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Full text of "Bulletin et annales de l'Académie d'archéologie de Belgique"

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ANNALES 



I»K 1;ACADÉM1F D'AIICIIKOLOGIK DE BELGIQUE. 



PROTECTEUR 



SA MAJESTÉ 



LE ROI. 



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LlCÂOili DIRCHI 



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BELGIQUE. 



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3- SÉRIE , TOME VI. 



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ON S'ABONNE AUX ANNALES DE L'ACADÉMIE : 



à Anvers : 

SfrrfUrial génôral, i*», Rue Léopold, 

à Bruxelles : 

ciifxC. IIIQIIRDT, Rue de la Régence. 
etrhfzG. A. YAlTRIfiT, Rue Si. Jean. 



à Londres : 

rhez WILLIAUS Se NORGATE , 
\ i , Ilenrietla-Slreet , Coveiil-Gardeii. 

à Edimbourg : 

Uème maison, 20, Soulli Frederick-Slreel. 



ANVERS, 

IMPRIMERIE J. PLASKY, PETITE RUE GODDAERT, 6. 

1880. 



o^^,'l . 



LA 



LÉGENDE D'ANVERS 

PAR 

M. LE Colonel H. WAUWERMANS, 

Président annuel de l'Académie. 



Lorsque les légions romaines, conduites par César, péné- 
trèrent dans nos contrées , elles s'attendaient à y trouver un 
peuple absolument sauvage. Klles furent très-impressionnées 
d'y trouver chez des populations qui n'étaient que barbares, 
des germes de civilisation, des principes de morale que Tacite 
envie mélancoliquement pour la société romaine , et même , 
les rudiments d'une histoire! « La, dit l'historien, per- 
> sonne ne rit des vices; corrompre et se laisser corrom- 
» pre , ne s'appelle pas : suivre le siècle. Les bonnes mœurs 
» ont plus d'empire que n'en ont ciilleurs les bonnes lois. » 

Chaque fois que les Romains marchèrent au combat 
silencieux et disciplinés comme nos soldats modernes, ils 
furent frappés de se voir accueiUis par des lignes de bar- 
bores entonnant avec un enthousiasme religieux leur chant 
de guerre, pour réveiller le souvenir de la gloire des 
ancêtres, et s'exciter à défendre avec courage le sol natal. 
* Ils chantent, dit Tacite, dans des vers antiques qui sont 



— 6 — 

» toute leur histoire et toutes leurs annales, le Dieu Tuisto 
» et son fils Mann^ né de la terre, le fondateur de leur 
» race. » Quelques-uns de ces chants sont parvenus jusqu'à 
nous. 

Il est remarquable que les premières œuvres historiques 
que l'on connaisse des divers peuples, se présentent con- 
stamment sous la forme élevée de poésies épiques et 
lyriques. Les voyageurs modernes ont constaté ce fait chez 
les sauvages du Brésil et de Java, de même que Y Iliade et 
VOdyssée nous restent comme les premiers documents de 
riiistoire de la Grèce ancienne. « Les nations dans leur âge 
» héroïque, dit Chateaubriand , sont poètes ; les barbares 
» ont la passion de la musique et des vers ; leur muse 
"» s'éveille aux combats , aux festins , aux funérailles. » Ce 
fait se présente d'une manière si constante qu'on peut 
dire qu'il est d'ordre naturel. Il s'explique d'ailleurs 
aisément. 

C'est d'abord au foyer de la famille que se forment les 
traditions d'une race. L'ancêtre, jaloux de stimuler l'audace 
de ses enfants , et aussi de conserver le souvenir des hauts 
faits de sa vie , raconte l'histoire de ses pères , et les événe- 
ments auxquels lui-même a pris une part. Telle fut Tori- 
gine des Sagas d'Islande, dont le nom signifie récit de 
l'aïeule. Composer ces récits de manière à assurer leur 
transmission est la préoccupation générale ; à défaut de 
l'écriture on y applique le rythme, la mesure, la mélodie. 
Le guerrier privé par son âge , ses blessures, de conquérir 
une gloire nouvelle , s'y applique avec passion pour se 
dédommager de son inactivité forcée et perpétuer sa 
mémoire dans la génération nouvelle, préparée au culte 
des pieux souvenirs. 

C'est ainsi que beaucoup d'anciens poètes comme Homère 



- 7 — 

et Ossian étaient aveugles. La transmission intégrale de 
ces chants devient presque article de foi protégée par 
les lois. En Chine, de graves châtiments sont, dit-on, 
infligés aux audacieux qui introduisent des variantes dans 
les chants du Chi-King, recueilUs par le célèbre Confu- 
cius. C'est à ce fait sans doute , qu'il faut attribuer l'exis- 
tence de certaines traditions voyageuses qui, après avoir 
pris naissance dans la Slavie , dans le Caucase et peut- 
être dans rinde , accompagnent les grandes migrations 
vers rOccident, comme la buée que soulève le soleil, et se 
retrouvent en Suède, enNorwège,en Islande et même en 
Ecosse , en Normandie et jusque dans le royaume de Naples. 
Tout chef ambitieux choisit dans la nation les poètes les 
plus habiles, pour célébrer ses exploits dans les assemblées 
publiques, exalter sa gloire devant les alliés étrangers aux 
réceptions de sa cour, honorer sa mémoire à ses funérail- 
les. Tels furent les rapsodes de la Grèce, les bardes de la 
Gaule , les druides et les meistersingers de la Germanie , 
les scaldes de la Scandinavie , et plus tard les trouvères , les 
troubadours. La poésie devient un art. Compagnon du chef, 
souvent associé à ses travaux, confident de ses projets, 
ministre de ses volontés, le poète partage sa gloire. La 
poésie d'abord simple , naïve, presque enfantine, souvent 
rapide et pleine de sentiment comme un chant en langue 
basque célébrant la défaite de Roncevaux, découvert 
dans un couvent de Fontarabie , au siècle dernier par 
Latour d'Auvergne et que l'on considère comme l'un des 
types de l'art primitif, cette poésie se charge rapidement 
d'ornements. Le mythe, le symbole sert à voiler certaines 
nécessités de la poUtique, à masquer les erreurs, les fai- 
blesses. Si , tomme on le voit souvent, le poète est chargé 



— 8 — 

de fonctions sacerdotales, la poésie devient Tun des éléments 
du culte religieux. 

Pour peu que le récit se rapporte à un peuple d'une 
culture intellectuelle peu élevée , à une époque héroïque 
ayant exercé une influence sur la destinée de la nation , 
ridée du merveilleux s'y introduit aisément et rapidement. 
« Dans les chants de la Grèce moderne, dit Edgar Quinet, 

> que manque-t-il àKaraïskoky, à Botzaris,à Tzamados, à 
» Nikilas le turcophage , pour devenir des types généraux 
» de l'épopée ? Presque toutes les actions des cleptes 
1^ contemporains sont attribuées à des puissances surhu- 

> niaines. Ils conversent avec leurs sabres, avec les têtes 
» coupées , avec le fleuve qu'ils traversent, avec les mon- 
» tagnes qu'ils gravissent; les oiseaux aux ailes d'or leur 
» parlent le langage magique, souvent un seul accomplit 
i> des exploits pour lesquels suffirait à peine une armée 
» entière. » 

L'amour du merveilleux qui semble inné chez l'homme, 
contribue à la déformation systématique du récit et 
l'histoire sacrée n'y échappe pas plus que l'histoire profane. 
Orderic Vital nous apprend que de son temps, au XII""® 
siècle, on ne connaissait la vie des saints que par les chan- 
sons des ménétriers. 

Toutes les religions ont des légendes qui ont dojmé nais- 
sance à des superstitions populaires. 

Le mot légende^ lui-même {legendum ^ à liie ou qui doit 
être lu) a pour origine les versets qu'aux premiers temps du 
Christianisme, on lisait chaque jour dans les monastères 
pour rappeler le dévouement, l'héroïsme, la charité des 
saints et des martyrs, et réchauffer la foi, à l'imitation de 
la mischna des juifs. Peu à peu les récits naïfs se sur- 
chargent d'amplifications de rhétorique, la métophore y 



— 9 — 

prend place, au point de créer une sorte de mythologie 
chrétienne qui altère la doctrine. La Légende dorée de 
Jacques de Vorase ou Voragine, évêque de Gènes, mort en 
1298, œuvre d'une imagination déréglée, avide de merveil- 
leux, en est un exemple. Elle nous confirme le succès 
réservé à ce genre de production , car on prétend que nul 
livre, après la Bible, n'eut autant d'éditions successives. 

Le symbolisme y est constamment employé pour masquer 
les difficultés que ne peut saisir Timaginalion populaire. 

Veut-on par exemple voiler les points de doctrines qui 
divisent St.-Pierre et St.-Paul et marquer l'unité de leur 
œuvre commune , on raconte encore en Bretagne « que 
9 les deux saints étant venus prêcher dans TArmorique , 
p résolurent de bâtir chacun une chapelle , des deux côtés 
» de la rivière ; ils avaient l'un et l'autre des matériaux 

> mais ne possédaient qu'un seul marteau. Chaque soir le 
î» saint qui avait acheré le travail de la journée, jetait son 
» marteau à son compagnon au-dessus de la rivière et 
» celui-ci l'employait le lendemain. Les deux chapelles 
» s'élevaient également, par ce travail alternatif, pour 
p glorifier Dieu. ï> 

Dans cette voie l'imagination ne connaît aucun frein ; 
l'auteur de grandes actions est comparé à un jf^ant; celui 
qui se rend coupable de faiblesse est quaUfié de nain, La 
chronique de St. -Denis nous représente Charlemagne , qui 
avait hérité de l'énergie de son père Pépin-le-Bref, et de 
son grand père Charles-Martel, de la beauté de sa mère 
€ Berthe-aux-grans-piés » sous forme d'un géant : a homme 

> estoitde grant corps et de forte estature; sept pies avoit 

> de long, à la mesure de son pié; le chef avoit réond ; 

» les yeux grans comme escarboucle, de si grande 

» force estoit qu'il estendoit trois fers de cheval, tous 



— 10 - 

> ensemble légièrement, et levoitun chevalier armé sur sa 
» paume, de terre jusqu'à mont. De joyeuse, son épée 
» coupoit un chevalier tout armé. » 

C'était presque manquer à un héros que de ne pas lui 
attribuer une origine divine et le faire débuter par une 
victoire contre un dragon, comme le Fafnir des Nibelun- 
gen, qui procure à Sigurdj fils du roi Sigmundy descen- 
dant d'Otim, la merveilleuse épée Gram, fendant un 
flocon de laine poussée contre elle par le courant d'an 
fleuve, et lui fait don de l'incomparable cheval Grami qui 
traverse les flammes. L'adulation revêt les formes les plus 
variées que complique encore la superstition. 

Une action extraordinaire s'explique par le concours des 
agents de la cabalistique : gnomes , ondins, sylphes , sala- 
mandres, esprits de la terre, des eaux, de l'air ou du feu. 
Dans le moyen âge, les pactes avec le diable, les chasses 
sauvages, les revenants, les loups garons se multiplient 
dans des ballades tour à tour naïves ou effrayantes. 

Les légendes sont l'une des formes de l'histoire. Jamais 
ce fait n'a été méconnu. De même que de nos jours on 
recueille avec le plus grand soin les récits slaves, les 
chants serbes, les Gwertz bretons, souvenirs confus des 
Nordmanns, des Rimes finnois, de même Charlemagne déjà 
faisait collectionner tous les chants nationaux francs pour 
reconstituer l'histoire de sa race. <f Chants populaires, 
y> s'écrie le poète Mickiewicz , arche d'alliance des temps 
» anciens et nouveaux, c'est en vous qu'une nation 
» dépose les trophées de ces héros, l'espoir de ses pen- 
» sées et la fleur de ses sentiments ; vous avez la garde 
» des souvenirs nationaux. La flamme dévore les œuvres 
» du pinceau, les brigands pillent les trésors, le chant 
» échappe , survit et court parmi les hommes. » 



— 11 

La légende qui survit dans la mémoire, aux monuments 
détruits par la barbarie , nous permet de remonter aux 
époques les plus mystérieuses de la destinée des peuples. 
Les Eddas d'Islande par exemple , collection de récits ver- 
baux recueillis par Saemund Sigfusson, surnommé Inn- 
Frôdi, (le savant) vers 1133, dont le nom vient de Odda^ 
(enseigner) , remonteraient suivant Topinion la plus com- 
mune au IV^ ou au V"^® siècle, sinon plus haut encore, 
c'est-à-dire à une époque où toute autre tradition historique 
fait défaut chez les peuples du Nord. 

Si les légendes sont Tune des sources les plus précieuses 
de l'histoire, elles sont aussi la plus difficile à consulter. 
Déjà déformées par Tart poétique, elles subissent une 
altération nouvelle par leur réunion, pour constituer les 
Cycles ou épopées nationales destinées à conserver le sou- 
venir d'une grande époque, tels que les Nibelumjen, où 
les récits isolés d'auteurs divers et inconnus, rapprochés 
entre eux , introduisent une confusion de noms , de faits , 
propre à dérouter l'historien le plus érudit en altérant 
toute idée chronologique et toutes les indications géogra- 
phiques. Cette confusion est telle qu3 beaucoup de savants 
ont émis des doutes sur l'origine historique de la plupart 
des épopées nationales, et les considèrent comme des 
œuvres de pure imagination, comme une mythologie sym- 
boUque empruntée à l'étude de la nature , au mouvement 
des astres et à la philosophie. Une telle hypothèse ne nous 
paraît guère îidmissible , car les peuples enfants sont peu 
enclins à créer des œuvres abstraites, tandis qu ils se 
laissent facilement entraîner à amplifier les faits réels. 

L'origine historique de beaucoup de légendes et épopées 
nous semble bien démontrée ; sans cette origine nous 
comprendrions mal comment ces Nibelungen , par exem- 



— 12 — 

pie, simple roman, auraient pu survivre à l'action du 
temps. Leur texte même repousse cette interprétation : 
« Les anciennes traditions, » dit le poêle germain en débu- 
tant, « nous rapportent des merveilles et nous parlent de 
» héros dignes de louange, d'exploits audacieux, de fêtes 
p joyeuses, de pleurs, de gémissements. Vous allez enlen- 
^ dre redire l'histoire merveilleuse de ces guerriers valeu- 
» reux. » 

En admettant cette origine historique, en rapprochant 
entre elles les épopées des divers peuples en les comparant 
aux vestiges archéologiques trouvés ça et là dans le sol, ou 
a réussi à rétablir avec de fortes présomptions d'exacti- 
tude bicMi des faits historiques remarquables. 

Par exemple Thistoire de la grande migration Kimri- 
Celtique, qui venue du Pont-Euxin après la prise de 
Troie , se fixe en Scanie et de là envoie de hardis cor- 
saires sur toutes les côtes de T Atlantique, jusqu'au Golfe 
de Gascogne, y fondent partout des colonies, ou plutôt 
des repaires de piraterie, principalement dans les îles 
de la Zélande, dans l'Armorique et en Bretagne. Ce fait 
explique les singulières réminiscences de la guerre troyenne 
que Ton retrouve dans toutes ces contrées, par exemple 
chez nous dans la fable de la fondation de Tongres et de 
Beauvais, par Bavo, descendant de Priam et Roi des 
Belges. L'analyse des Sagas et des Nibelangen conduit à 
admettre avec autant de certitude l'existence du loyal et 
magnanime Sigurd, chef franc, établi sur le Bas-Rhin, 
probablement vers l'an 317, précurseur des Merowigh et 
Chlodewigli, que la réalité du fabuleux Pharamond dont 
l'existence n'est démontrée par aucun document historique. 

Malheureusement l'interprétation de la légende , faussée 
par des causes si multiples, est des plus difficiles et l'on 



— 13 — 

doit craindre en Tessavaiit de se laisser entraîner à créer à 
son tour , une légende nouvelle. 

Un auteur très sérieux, Marcadé, le commentateur du 
Code civil, nous montre par un exemple curieux dans un 
petit livre intitulé : Comme quoi Napoléon n'a jamais 
existé, les résultats bizarres auxquels on peut arriver par 
l'abus du symbolisme. Il suppose un philosophe rationaliste, 
qui après avoir donné une leçon d'histoire sur la grande 
épopée guerrière du commencement de notre siècle, 
explique à ses auditeurs, dans quatre siècles par exemple, 
comment cette histoire n'est en réalité qu'une fiction sem- 
blable a V Odyssée et comment ce prétendu empereur des 
Français, aussi fabuleux quMIomère, n est que le symbole 
du soleil ou (ï Apollon (Né-Apoléon) , qui se lève à 
rOrient et se couche à TOccident, comme le conquérant 
moderne commença sa carrière en Egypte, pour régner 
sur la France et s'éteindre àSte-Ilélène. Nous n'essaierons 
pas de reproduire les détails de cette thèse bizarre , écrite 
dans un style brillant, pétillant d'esprit, qui doit être lue 
telle qu'elle a été composée. Si l'histoire est susceptible 
de pareilles transformations , combien ne sont pas plus 
étranges encore celles que peut subir la légende que l'on 
essaie de ramener à la vérité ? Nous citerons le f;iit d'un 
grave professeur allemand , Trautwetter de Miltau, qui ne 
veut voir dans les Nibelungen qu'un Iniité de chimie ! 
L'Épopée germanique réduite à une recette d'apothicaire !!!.... 
Comparant le poème à la méthode généralement adoptée 
par les alchimistes , de voiler le secret de leurs préparations 
par des récits de convention , accessibles seulement à leurs 
adeptes, dans lesquels les divers métaux sont person- 
nifiés : Yor par le soleil, Yargenl parla lune, le cuivre par 
Vénus, Véiain par Jupiler et leurs réactions dans le creuset, 



- 14 -^ 

symbolisée, comme dans le poème d'Auguste Barbier, par 
une lutte de personnes, Trautvvetter arrive à supposer que 
dans les Nibehmgertj Elzel représente la chaux , Gunther 
le carbone, Siegfried racide-clilorhydrique, Brunhill l'acide- 
carbonique ; le meurtre de Siegfried n'est que la neutrali- 
sation de racide-chlorhydrique ! Le grave et savant 

Zeuner, en rapportant cette incroyable interprétation 
ajoute sérieusement : « qu'elle ne lui parait reposer sur 
» aucun fondement certain ! . . . . » 

Un vieux proverbe dit : « Il n'y a pas de fumée sans feu ! » 
Je me persuade, ainsi que je le disais précédemment, que 
toutes les fois que le roman persiste dans la mémoire des 
hommes, il doit avoir une origine sérieuse, alors même que 
la vérité arrive à se fausser au point de disparaître presqu'en 
entier sous les compléments que lui ont donnés l'imagination 
de ses propagateurs. A ce titre je me suis demandé sou- 
vent si l'étude de la légende singulière du géant Antigon , 
le fondateur d'Anvers , si dédaigneusement écartée par les 
historiens modernes, ne pourrait pas jeter quelque jour 
sur l'histoire si obscure de cette ville , dans la période qui 
précède le X® siècle. 

Ne croyez pas, MM., que je veuille vous démontrer 
l'existence positive du géant anversois, dont notre confrère, 
l'archiviste de la ville , conserve cependant encore précieu- 
sement les os. Je ne pousserai pas l'amour de l'Archéolo- 
gie jusqu'à m'extasier devant ces vestiges, comme le fit 
Albert Durer en 1521. — «J'ai vu, dit il, dans son journal 
D de voyage, les jambes du grand géant. La partie de 
i> dessous des genoux est longue de quatre pieds, lourde 
» et épaisse. De même ses omoplates ; une seule est plus 
» large que le dos d'un homme fort. J'ai vu encore d'autres 
i> os de lui. Cet homme qui a dû avoir une taille de 18 



— 45 — 

» pieds a régné à Anvers et fait de grands miracles que 
» les seigneurs de la ville ont écrit dans les livres. i> — 
Après avoir contribué, pendant la construction des fortifi- 
cations d'Anvers à rassembler les mètres cubes de vestiges 
paiéontologiques de ce genre qui ornent aujourd'hui le 
musée de Bruxelles, je devrais pourtant croire à une race 
de géants ! — Ne m'attribuez pas non plus l'idée de pré- 
tendre à la parfaite authenticité de la légende , qui avec 
ses variantes nombreuses et incertaines, a encore de nos 
jours le caractère vague d'une tradition verbale et mal 
définie. Je ne nierai pas qu elle puisse appartenir aux 
romans fantaisistes recueillis par Lucius de Tongres au 
XIII"»® siècle, — (( ensuivant,» disait-il, « les moissonneurs 
réunis comme les épis de la gerbe, » — que nous a con- 
servé le cordelier Jacques de Guise dans ses Annales de 
Hainautj rédigés au XIV'"° siècle. Lucius de Tongres ne 
tend à rien moins qu'à nous restituer toute une dynastie de 
33 souverains commençant àliavo P*", cousin germain de 
Priam , Tan 775 avant l'ère chrétienne, et finissant à Andro- 
madas au temps de César ^ Je ne chercherai môme pas à 
fixer l'origine précise de la légende , mais en l'étudiant il 
m'a semblé difficile de ne pas y reconnaître certains faits 

* Nous reproduirons celte liste qui nous parait ainsi conçue : a Bavo, fonda- 
» leur de la race, — Bavo Belgenéus, — Bavo-le-Lion , — Bavo-le- Loup , — 
» Bavo-le-brun^ — Brunehuld , -— Bruno, — Aganipus 1^, — Aganipu8 II, — 

> Andangerius,— Herisbrandus, — Vrsus, usurpateur détrôné par Ursa, fille 
» du précédent et son époux Gurgunsius, — Sisilius, — Friscemhaldus , — 

> Wariger, — Leoninus, — Léopard I' , — Léopard II ^ — Leopardinus^ — 
» Camber, — Melbrand, — puis les Ducs Blandinus , — Suardus, — les chefs 
1 des républiques : Léo I' , — Léo II , — Goomer , — Taynard, — Ursarius, 
» — Andromadas, 

(POTViN, Nos premiers siècles litU-r aires.) 
Un poète ancien n*eut pas manqué de constater le singulier rapprochement que 
l'on peut faire entre Lr.o-ninuSj — LEO-pard, — LEO-pardinus ^ — Léo et 
notre moderne LEO-pold. 



— i6 — 

remarquables. Prenons Tun des plus anciens textes, dans 
le Catalogue des villes et cités assises es trois Gaules , de 
Claude Champier, publié à Lyon en 1575 et reproduit par 
M. Le Poitevin de la Croix. 
<r Julius César estant en Gaule, regnoit un merveillieux 

> géant nommé Druon , de la hauteur de 15 coudées , plein 
» de cruauté et de tyrannie, lequel se tenoit sur le rivage 

> de la rivière de l'Escaut en un fort chasteau (situé en un 

)• maretz) par luy édifié et contraignoit celuy Geat tous les 
» passans par la dicte rivière de laisser la juste moitié de 
» tous leurs biens et marchandises. Et si y avoit aucune 
» faute, le tout étoit confisqué, avait le marchât ou voitu- 
» rier une main coupée, parquoy le lieu s'appelait Hanerp 
* (lisez Hand'Werpen) c'est-à-dire laisse-main (lisez jeter- 

> main) y maintenant et par succession des temps nous 

i> nommons Anvers. Celuy horrible et criminel Geat fut 
» défait et occis par un chevalier de César. Et jusques 

» aujourd'hui montrent ceux d'Anvers, les os du dit Geat, 
» leur premier fondateur. » 

Les versions varient ; le texte flamand au XVI« si^*cle 
reproduit par Mertens et Torfs, d'après un placart impri- 
mée du XVI® siècle, nomme le géant Tigon^ en latin, dit-il 
Antigon, et indique BraboniuSj parent de César, comme 
son vainqueur. — D'autres, Silvins Brahon, duc de Bra- 
bant, réminiscence du J5ai'0 de Lucius de Tongres, qui 
épousa Zwana , cousine de César ; — d'autres encore préten- 
dent que les vainqueurs du géant furent sept jeunes gens, 
fondateurs des sept familles patriciennes d'Anvers : Aleyns, 
Hobokcn^ Dode, Volckaerts^ Wilmaers^ Impegem et Pape. — 

Nous ne relèverons pas les anachronismes évidents de 
cette légende , racontée déjà par le secrétaire de la ville 
Nicolas De Clork, mort en i351, et nous reconnaîtrons même 



— 47 — 

tout d'abord, qu'elle semble principalement symboliser la 
grande querelle du droit d'étape qui troubla si souvent Ja 
tranquilité d'Anvers au moyen-âge. Mais si Ton prétend 
que cette légende ne remonte pas au-delà du XIV* siècle , 
nous constaterons que la mention d'un château entouré de 
marais indique au moins la tradition , le souvenir vague , 
de faits anciens, dont l'origine devait être oubliée au XIV^ 
siècle où l'o.i s'occupait peu de géologie et de l'étude phy- 
sique du sol. 

Lorsque, nous basant sur les nivellenients modernes, 
nous restituons à l'Escaut les plaines d'alluvions conquises 
sur la marée au moyen des digues , nous voyons appa- 
raître sur le territoire d'Anvers, à l'emplacement actuel de 
la place St. -Walburge, un îlot formé probablement par 
des atterrissements successifs produits par lifi choc du 
Schyriy (dont l'importance fut autrefois plus considérable 
qu'elle ne l'est aujourd'hui puisqu'il porta des bateaux ,) et 
des eaux limoneuses de l'Escaut. Cet ilôt relié â la terre 
ferme par des plaines boueuses que l'on nommait Waterland 
(terrain d'eau\ probablement découvertes à marée basse et 
recouvertes d'eau à marée haute, répond par sa forme, 
très-exactement à la description que César donne d'un 
oppidum de marais, tels que ceux qu'il rencontra chez les 
VenèleSj lors de son expédition dans la péninsule Armori- 
caine : — <c Telle était la disposition des places des Venètes, » 
dit-il, > que situées à l'extrémité de langues de terre et de 

> promontoires, elles n'offraient ni accès aux gens de pied 

> lorsque la mer était haute, — ce qui arrive constamment 

> deux fois par jour, — ni aux vaisseaux , que la mer en se 
» retirant laissait à sec sur le sable. » Ce double obstacle 
rendait très-difficile le siège de ces villes. 



— 18 — 

Si rou ne peut pus affiriner d'une manière positive 
l'époque précise à laquelle ce site commença à être habité , 
on peut du moins dire que ce fut non par un caprice du 
sort , mais en vertu d'une loi naturelle qu'il devint une 
ville. 

Un grand fleuve coulant à travers de vastes plaines 
devient nécessairemeut le témoin muet de bien des souf- 
frances, de bien des misères. Il offre aux opprimés des pays 
qu'il traverse une route facile vers la liberté ; il est la ten- 
tation permanente des hommes d'aventure qu'une barque, un 
tronc d'arbre, suffit à porter au loin, chariant ainsi une sorte 
de sédiment humain, qui ne s'arrête qu'à lïi mer. Dans les îles 
du délia ^\es exilés, les oullaws^ trouvent un abri contre leurs 
persécuteurs, et aussi des ressources abondantes pour leur 
subsistance par la chasse et la pêche. Peu à peu ils forment 
tribu; presque toujours ils se livrent d'abord à la piraterie, 
puis ennoblis par le travail et la rude existence de l'homme 
de mer, population énergique, courageuse et intelligente, 
ils arrivent à donner naissance à une cité commerciale et 
maritime. Telles furent les origines de Venise, de Gênes, 
de Hambourg, de Brème, et telle fut aussi, croyons-nous, 
celle d'Anvers. 

Ce ne fut pas au hasard que son emplacement fut choisi 
à l'embouchure du fleuve. « Les peuples de la Germanie , » 
dit Tacite , « n'habitent point des villes ; ils vivent disper- 
^ ses et séparés , selon qu'une fontaine , un champ , un 
» bois, leur a plu. Leurs villages ne sont pas comme les 
D nôtres, formés de maisons qui se joignent et se tiennent ; 
i> chacun entoure la sienne d'un espace libre ». — Toutes les 
fois qu'on constate l'existence d'un semblable canton habité 
dans les temps anciens, on arrive aussi à reconnaître sur 



— 19 — 

un point voisin un site propre à constituer un lieu de retraite, 
où laboureurs, chasseurs et pasteurs se réunissaient pour 
résister ensemble à Tennemi commun. Les vestiges des 
anciens oppida (jue nous connaissons prouvent que ces 
barbares possédaient déjà une véritable habileté à choisir 
de semblables refuges, aussi bien en pays de montagnes 
que dans la plaine maritime. Plus d'un fut remplacé dans 
la suite par un burg antique, qui lui-même fit place un 
château féodal, puis à une forteresse moderne. Dans le Ras- 
Escaut, rilôt d'Anvers seul pouvait remplir les conditions 
d'une semblable retraite ou forteresse primitive, et son 
existence donne déjà la présomption de Torigine fort an- 
cienne d'un premier centre de population ; c'est à cet 
oppidum de marais j qui jusqu'à 1200 a formé la première 
enceinte d'Anvers, que fait évidemment allusion la légende 
dWntigon et de son a Chdleau entouré de maretz. "ù 

Remarquons encore que les principaux centres d'habi- 
tation en terue ferme devaient se trouver précisément aux 
points oùrembarquemeiit vers Toppûiam devait être le plus 
facile à haute marée, c'est à dire dans la presqu'île de Deurne 
baignée par le Schyn, et dans celle duKiel rongée parl'Es- 
caut ; tous les autres points soiit séparés de Tilot par des 
terres vaseuses à marée basse, tandis quel Kiel et Deurne 
permettent l'embarquement à toute marée. C'est au Kiel 
que les historiens amoureux de latinité ont prétendu 
avoir trouvé les vestiges d'une ville romaine peu probable ; 
à Deurne, St.-Willebrord a fondé un monastère de l'ordre de 
St.-Benoit, au miUeu d'une population presque sauvage. 
Au XIV^ siècle , époque à laquelle on fait remonter la 
légende, toute trace de ces marais, de ce Waterlaiid que 
Ton a nommé improprement depuis Vaderland (patrie), 
avait disparu. En 1 124 déjà on y avait construit la chapelle 



— !» — 

Notre-Dame, et vers 120U , sous Henri i*', la ville recevait 
son premier agrandissement, ce qui prouve que le marais 
avait déjà dû disparaître par les endiguements. Il faut donc 
admettre que la légende nous conserve au moins le sou- 
venir des temps antérieurs. Je suis tenté de croire 
qu*elle n'est qu'une nouvelle version d*une légende plus 
ancienne. 

On trouve en effet dans la Sat/a de Thiderik de Bern 
(Théodoric de Vérone), rédigée en Norwège à la fin do 
XIII* siècle, un récit de la lutte du chevalier errant Heimiy 
campagnon de Thiderik, né à Hamaburg (Hambourg), dont 
l'analogie avec la légende aversoise est remarquable, aussi 
bien par les personnages qui y apparaissent que par la 
description du site où le fait s'accomplit. Le rapprochement 
entre ces deux: versions me parait d'autant plus justifié qu'en 
effet la saga de Thiderick débute précisément par Thistoire 
de Sisibey femme de Sigmtind et mère de SiVjftird évidem- 
ment empruntée à notre légende de GenevièveMie Brabanl. 
« Durant l'exil de Thiderick , son frère d'armes Heimi 
Studasson, avait vécu dans les forêts désertes (du /?as- 
IUiin)j d'où il sortait de temps à autre pour ravager les 
domaines de Sifka. Lorsqu'il apprit la mort de ce der- 
nier, il se repentit de ses péchés et résolut de se faire 
moine. li se présenta dans l'enceinte du monastère de 
Vadincusan (Deurne ?) à cheval et eu armes et demanda 
à parier à l'abbé! — c Je m'appelle Lodvig, dit-it, et 
j'ai ma famille dans l'Aumlungaland, » puis déposant 
sa cotte de mailles , sou heaume , son bouclier et son 
épée aux pieds de l'abbé , il se jeta à ses genoux et 
ajouta : c Seigneur, je consacre à Dieu mon cheval, 
mes armes, mes vêtements et mes biens, qui ne valent 
pas moins de dix ixiille livres d'or et d'argent, et je désire 



— 21 — 

môi-méiAé étitrer dans ce mokiastèré pour y faire péni- 
tence de me» péché». » — Tous leè frères »'éCriêl'ent 
que celle résolution élail ceiiainetnenl inspirée par 
Dieu même. Ils jugeaient à ses habits qu^il était de haule 
condition, el ce qui leur plaisail, c'étaient les richesses 
qu'il leur apportait. — t Fais relever ce postulant » 
dirent-ils à l'abbé c el accueille sa demande ; il deviendra 
la gloire de notre ordre. » — L*abbc hésitait ; il craignait 
d*avoir peine à se faire obéir de ce rude champion , 
mais les moines vainquirent sa résistance. Lodvig fut 
conduit à l'église et prit l'habit monastique- — 

Le géant Aspiliariy fils de Nordian, possédait beaucoup 
de chàleaiix dans le pays de Lungbardi (Ménapie?) et 
il s'appropriait iiijustement les terres, Tor, les joyaux 
d'aulrui, car personne ne pouvait lui résister. Il usurpa 
un domaine du monastère et aux remonstrances de l'abbé 
il répondait : — « J'ai de meilleurs titres que vous à la 
possession de ces biens ; je le prouverai en combat 
singulier. Désignez un champion et si je succombe, 
vous aurez non*seulement le domaine ^ mais tous mes 
biens. » — Les moines ne pouvaient refuser d'adopter 
ce système de procédure admis par les lois du pays, 
mais ils ne purent trouver de champion disposé à prendre 
leur défense. 

« L'abbé en était fort affligé et lorsque Heimi lui demanda 
la cause de sa tristesse, il répondit : — * Aspelian s'est em- 
paré de nos terres et nous provoque au combat en champ 
clos parce que nous les lui réclamons ; pei*sonne ne 
veut combattre pour nous, quoique nous ayons promis à 
notre champion , rémission des péchés dont il se serait 
confessé. > — J'ai donné ma personne au monastère, 
lui dit Heimi, et je veux aussi le défendre au péril 



— 22 — 

> de ma vie ; rendez-moi mes armes! » — L'abbé craignant 
» l'influence qu'il pourrait acquérir sur le monastère 
» cherchait un faux-fuyant: « — On ne peut te rendre 
» ton épée, lui dil-il; elle a été employé pour forger 
» des serrures de portes, ni ton équipement qui a été 
» vendu pour de l'argent». Cette annonce transporta Heimi 
» de colère. — <f Moine, dil-il à l'abbé, vous. autres gens 
» d'église vous avez la science des livres, mais vous n'en- 
» tendez rien à la chevalerie ! Si vous aviez su ce que 
» valaient mes armes, vous vous seriez bien gardé de 
» vous en défaire. Il faut que vous soyez possédé du démon 
» pour n'avoir pas trouvé d'autre métal pour les ferrures 
j> de votre porte que ma vaillante épée Ncylring I Vous me 
» le paierez ! » Et dans sa fureur il secoua si vivement 
yt l'abbé qu'il lui cassa quatre dents. Les moines entendant 
» nommer la célèbre Naglring comprirent que le novice 
» qu'ils avaient devant eux était l'illustre Heimi ^ fils de 
» Sludas, et ils s'empressèrent d'aller chercher son armure 
» qui avait été enfermée dans une armoire. En revoyant 
» son équipement en bon état, son glaive brillant, Heimi 
» fut transporté de joie au souvenir des beaux jours passés. 
» Il demanda ce qu'était devenu son cheval Rispa. — « On 
y> l'a employé à traîner des pierres pour construire Tc- 
» glise , lui répondit l'abbé ; il est mort depuis plusieurs 
» années ». Les moines ajoutèrent : « Nous allons faire cher- 
» cher dans le pays les plus beaux chevaux et lu pourras choi- 

> sir le meilleur ». — On amena à Ileimi les meilleurs 
» coursiers (lu'onpiH trouver dont plusieurs étaient dressés 
» aux exercices chevaleresques. Heimi en choisit un et lui 
» donna diins le flanc un coup de poing si violent qu'il le 
» renversa. On lui en présenta un second ; lui passant la 
» main sur le dos il lui cassa l'épine dorsale ». — Ces 



— 23 — 

» chevaux ne valent rien, dit-il, il m'en faut un meil- 
» leur. » — On lui amena alors un grand cheval vieux et 
n maigre ; Heimi reconnut son fidèle lîispa. Il le secoua 

> de toutes ses forces et le cheval resta immobile ; il le 
» tira par la crinière et par la queue sans le faire bouger : 
» — Te voilà donc retrouvé, mon bon Rispa, s'écria-t-il 
» avec joie ! Quelque vieux et maigre que tu sois, tu n'as 
» pas ton pareil au monde ». — Rispa fut conduit à l'écurie 
T» et grassement nourri d'avoine pendant sept semaines, il 

> redevint gras et luisant comme aux beaux jours de sa 

> jeunesse. 

» 1/abhé fit alors informer Aspelian qu'il acceptait le 

> combat et lui désigna un îlot (S^^ Walburge?) où il ren- 

> contrerait son adversaire. Le géant s'iuma, monta sur 
» Alpandily animal qu'on nommait un oléplinnt. Les 
» moines et l'abbé s'étant embarqués avec leur chîim- 

• pion, le conduisirent dans l'ilôt où ils le laissèrent, lui 

> souhaitant bonne chance après avoir prié Dieu de le 
» protéger. 

» Heimi monta en selle, sans le secours des élriers, 
» et s'élança au galop vers le géant. — « Quel est ce petit 

> homme qui vient à moi ? s'écria le géant. Que me 
yi veux-lu? Prétends-tu combattre contre moi? J'aurais 

* honte de te tuer ; retourne et va-t-en bien vite! — Chien 
» de géant, répliqua Heinri, si grand que tu sois, Je te 

> rendrai si court avant de nous séparer que tu auras 
» besoin de te redresser pour me regarder en face ! — Il mit 

> sa lance en arrêt , éperonna son cheval et courut sus 
» au géant qu'il atteignit sous le bras , mais sa lance se 
» brisa contre la solide armure d'Aspilian. La hallebarde 
» de celui-ci passa au-dessus de Heimi ; elle était lancée 

d'une telle force qu'elle s'enfonça en terre à une si 



— 24 — 

9 grande profondeur qu*Gn n'a pas pu ia retrouver. Henri 
» saisissant son épée, coupa la main droite de son adver* 

> saire, puis lui enleva de la cuisse un morceau sî gros 
» que les chansons allemandes disent qu'un cheval n'en 
9 saurait traîner davantage. Le géant se laissa tomber de 
» manière à écraser Ueimi dnirs sa chute, mais Heimi se 

> liant à son agilité n'essaya pas de le détourner; il passa 
1» entre les jambes d'Aspiliaii et n'eut aucun mal. Les 
» moines entendirent un grand fracas, sentirent le sol 
» trembler sous leurs pieds , et voyant leur ennemi tomber 

> ils entonnèrent le kyrie eleison , rendant grâce à Dieu. 
Ce récit de la Saya et notre légende anversaise, ne 

semblent-ils pas empruntés à une même origine , peut- 
être à une version primitive perdue aujourd'hui? 

Le fait de la reproduction d'un récit belge dans l'extrême 
nord, n'a rien qui doive nous étonner. Les rapprochements 
entre le poème germanique des Nibelungen et les Eddas 
Scandinaves sont si nombreux qu'on ne peut douter que 
ce soit le même récit, où les noms, l'ordre de la composition 
seuls se modifient avec la langue. Les Nibelungen eux- 
mêmes, en racontant exclusivement des scènes qui ont 
pour théâtre les pays Bas-Rhénans , sont plutôt un poème 
flamand, qu'un poème germanique. 

Certains auteurs, frappés de ces circonstances ont été 
jusqu'à affirmer que ces récits ne sont qu'une version 
allemande d'un ancien poème les Nevelingen , perdu de 
nos jours, mais né sur notre sol ; ce fait a même trouvé une 
confirmation dans la découverte faite par M. Serrure, d'un 
fragment du chant d'Hadibrand et d'Hildebrand en vieux 
flamand. 

La migration de la légende anversoise a pu s'opérer par 



- 86 — 

la même voie que celle des Nevelingen et riiistoire â*An<^ 
vers nous permettra peut-être d'en suivre la trace. 

Je me suis étonné souvent du peu d*importance que let 
bistorïens d'Anvers accordent aux soiivenits Scandinaves , 
aux invasions des North-manSy qui dominent cependant dans 
toute riiistoire primitive de la cité. J'ai la conviction que si 
imitant les Allemands, nous essayions de reconstruire 
notre histoire en nous plaçant plus exclusivement au point 
de vue national ^ cessant de vouloir faire à tout prix 
d*Anvers une ville romaine, dont Texistence probléma- 
tique ne supporte pas la critique, pour en faire résolu- 
ment une ville belge, nous arriverions à des résultats 
bien plus importants que ceux établis jusqu'ici. Nul d'entre 
nous n'essaierait d'écrire T histoire de la Kabylie au moyen 
des seuls récits des Français médiocrement informés. ... « 
Cessons donc de refaire l'histoire de notre pays , unique- 
ment parles écrits de César et de Tacite, quelque précieux 
qu'ils soient , et sachons à notre tour oublier Arminius 
pour rétablir la gloire de Hermann le vainqueur de 
Varus !««•«.. 

Avant l'arrivée des Romains, nous verrons apparaître 
sur nos côtes, les pirates normands, ainsi que nous le 
disions , venus du Jutland , du Gothland , du Catland , de 
la Nordalbingie, qui fondent des établissements dans le 
Holstein. la Frise, la Zélande, et jusqu'en Bretagne et en 
Angleterre. Ces colonies ont partout un caractère identique 
très remarquable, et leurs traces se retrouvent encore de nos 
jours. Ce sont de véritables oppidums de marais^ tantôt 
naturels , tantôt perfectionnés par le travail humain , que 
Ton nomme werfen dans le Schleswig, werden ou waarden 
ou même tcrpen en Frise, Vliedbergen en Zélande, 
doncken ou dampen en Flandre, hille en Angleterre. Ils 



— 26 — 

consistent tantôt en petits ilôts de 30 ou 40 mètres île 
diamètre , tantôt en véritables oppidums de plusieurs hec- 
tares , élevés au-dessus du niveau de la mer par des moyens 
artificiels, où les pirates établissaient leurs magasins et 
trouvaient un abri. Presque toujours leur site est choisi de 
manière qu'entourés d*eau à marée haute , leur abord à 
mer basse soit défendu par des marais vaseux , afin de 
déjouer l'attaque d'une flotte. Ils répondent exactement 
à la description d'un établissement de ce genre que visita 
Pline (l'ancien)^ dans le pays de Khaukes (Oldenbourg) : — 
« L'Océan débordant à grands flots deux fois par jour, dit-il, 
» fait douter si cette terre appartient à la terre ou à la 
» mer. Une population misérable occupe des buttes natu- 
» relies, ou des tertres dressés par la main des hommes, à 
ï une hauteur que la marée ne dépasse jamais. Lorsque les 
» flots cachent les alentours , vous prendriez ces habitations 
» pour autant de vaisseaux qui voguent en pleine mer ; 
» quand les eaux se sont retirées, vous les prendriez pour 

» des navires échoués Pour cuire leurs aliments , 

» pour réchauffer leurs membres glacés par la brise, 
» les habitants façonnent des mottes de terre boueuse 
5) (la tourbe) séchées au soleil par le vent. ^ — c Ce n'est 
)> presque pas une terre {pocne terra non est), » dit le rhé- 
teur Eumène. 

Les lies de la Zélande durent être l'un des plus consi- 
dérables de ces étabUssemenls. Trois grands fleuves, le 
Rliin, la Meuse et l'Escaut, permettaient aux barques des 
pirates de pénétrer au loin dans les terres ; les nombreux 
bras qui les relient entr'eux assuraient leur fuite, lorsque, 
chargées de butin, elles étaient poursuivies par des bateaux 
ennemis. Uile des Bataveshahiiée selon Tacite par desCottes 
venus à la suite de dissensions domestiques du Catland, située 



— 27 — 

au Nord du Julland près du détroit du Catlegat, les îles 
de la Ménapie, Walcheren^ Schouwcn^ Beueland, renfer- 
raeiit encore de nombreux vestiges de ces tertres. On les 
retrouve même en Flandre, à Yscndyck (Ysendonck) 
Meerdonck, Axel et jusqu'aux environs d'Anvers, à W'il- 
marsdonck. Le Werf on ilôt de St. Walburge répond lui- 
même à cette description et justifie Tétymologie du mot 
Anvers : Acn 7 Werf. 11 forme comme Tavant-poste de la 
Ménapie vers le plat pays. 

A cette population de marins énergiques, exilés <le leur 
patrie par la misère , vinrent sans doute se joindre d'autres 
exilés de l'intérieur des terres, fuyant le long des lleuves, 
migration qui eut lieu principalement à l'époque de la 
conquête de César, ainsi qu'il résulte de son propre 
récit. Puisant une force nouvelle dans leurs rudes tra- 
vaux, dans leur misère, ils résistent au conquérant, qui 
de Taveu de Salluste ne parvint jamais à les soumettre 
complètement. 

L'histoire nous les montre en révolte constante contre 
la domination romaine, qui cherche vainement à les asser- 
vir; ils sont aussi en relation continuelle avec le Nord. — En 
47 c'est un Caninéfate Gannasque^ qui dirige la révolte des 
Kliaukes contre les légions de Corbulon, — En 70 la levée 
de boucliers du Batave Ciuilis dans Tile des Caninéfates 
(Beierland) y menace l'empire romain d'un danger aussi 
îjrand que celui qui après la prise de La Riielle par les 
iltieux de mer y devait mettre fin à la domination espagnole. — 
Kn287, un Ménapien, Carausius chargé par Maximien de 
veiller à la sûreté des cotes menacées par les Normands, 
'^it allicince avec eux et tente de se faire proclamer Auguste, 
puis cherche un refuge dans les colonies Scandinaves de la 
Grande Bi*etagne. — Tous les eflbrts des généraux romains, 



- 28 - 

Ids belle9 campagnes de Germanicus, de Tibère D*ont d*âutre 
but que de couper leurs communications avec la Frise du 
Nord , de môme que le canal creusé par Drusus entre le 
Rhin et TYssel (an 12), et plus tard ceux creusés par 
Corbulon et Pompeius entre la Meuse et le Zuyderzée 
(an 47 et en 55). — Ils conservent avec le Nord des relations 
maritimes que ne peuvent détruire les campagnes de rtiev 
de Constance Chlore. — Au IV« siècle, par leur alliance 
avec les Teutons venus d'outre Rhin , ils fondent la Toa^an- 
drie entre la Meuse et le Demer , d'où partit la terrible 
attaque des Francs qui lit reculer les Romains. — Une 
chrom'que du VII^ siècle , YÈpitome de Grégoire de Tours, 
nous rappelle cette alliance sous forme de légende, c Un 
jour, « dit l'auteur anonyme, » au temps de Télé, CIo- 
» dion était avec sa femme au bord de la mer. I^ femme en 
^ allant se laver dans la mer fut épouvantée par un monstre 
"» marin qui , pareil au minotalure court sur elle. Dana la 
» suite, fécondée, soit par le monstre, soit par son époux, 
> elle mit au monde un fils qui fut nommé Merwig^ et 
Y c'est la cause que les rois francs s'appelent Mérovingiens.! 
— Plus tard encore lorsque amollis au contact des Romains 
les Francs s'unissent à eux, Ténergie de la Ménapie se 
réveille, et c'est avec son appui, cimenté par d'anciennes 
relations, que les Normands choisirent les boucVies de 
l'Escaut pour débarquer et menacer l'empire chancelant 
des faibles successeurs de Gharlemagne. — Faut-il nous 
étonner après ces faits que Tinfluence Scandinave apparaisse 
dans tous les souvenirs qui se rattaclieiit aux origines 
d'Anvers. Analysons-les rapidement : 

Découverte d'un autel votif à la déesse Sandraudiya 
avec inscription latine, a Zundert près d'Anvers en 1812. 
Cette divinité inconnue des Romains indique, comme la 



— 29 — 

Nehalennia {rou\ée à Domburg en 4647, un culte autoch- 
tone, sillon Scandinave, qui conserve ses caractères originaux 
dans un pays subjugué plutôt que soumis à Rome et 
en fusion imparfaite avec elle. — Le débarquement de 
S^® Dymphne^ vierge chrétienne, née dans une colonie nor- 
mande de l'Irlande, venant chorcher à Anvers chez des 
congénères un asile contre ses persécuteurs (VIl™^ siècle.) 

— L'apostolat deS^ Willebrord qui , après avoir évangélisé 
la Frise et le Holstein , poursuit tout naturellement sa mis- 
sion au bord de TEscaut chez un peuple parlant la même 
langue et déjà visité par S^ Eloi ; l'apôtre nous le dépeint 
comme abandonné à des instincts naturels presque sauvages. 

— La donation de l'église des SS. Pierre et Paul (plus tard 
S^ Walburge) dans l'îlot d'Anvers, en vertu d'un acte daté 
d«Weîmoden (Brème), le 20 octobre 725, à St. Willebrord 
évêque d'Utrecht, par le Prince cT Anvers Rohingus et son 
épouse Bebeliney et la cession en échange, du couvent de 
Tomme (Deume ?) à Fermin abbé du monastère de Querco- 
larloni (?). 

I^ Prince d^ Anvers sur lequel l'histoire n'est pas fixée, 
ne semble-t-il pas quelque Viking du Nord, maître d'An- 
vei's, et n'a-t-il pas une singulière parenté avec son voisin 
Heimi de Hambourg de la Saga de Thiderick 9 

Le géant Antigon ou Aspil-Jan, fils de Nord-Jan, sym- 
bolise sans aucun doute la formidable puissance Nord- 
albingienne, qui pendant plus de dix siècles résiste sur les 
Iwds de l'Escaut, aux efforts des peuples les plus puissants. 

Partout où l'on retrouve des Werfen^ preuve manifeste 
^Q séjour des Scandinaves , on rencontre aussi la tradition 
^^u géant j t|.ui par la suite des temps symbolise le droit 
^ hnUeu , institution commençant toujours par la pîra- 
^^fie, comfne le hongo pi-élevé par les sauvages de 



— 30 — 

l'Afrique sur nos voyageurs modernes, pour devenir en- 
suite la douane source régulière des revenus d'un État. 
On lit par exemple dans le Remisier van diverse mande- 
mentoi, manuscrit du XV® siècle appartenant aux Archives 
d'Anvers: — «Dans ces Pays-Bas, habitoient jadis des 
D géants d'une haute taille; ils résidoient sur les bords des 
i) fleuves, à Anvers, à Ter Goes, à Leyden, à Nimègue 
ï> et fesoient payer tributs et tonlieux aux voyageurs. 
» Celui ([ui sèjournoit à Leyden étoit le plus puissant et le 
» plus fort ; aussi étoit-il craint par ses confrères. Il avoit 
ï> rhabitude de conduire (Iciden) les voyageurs près des 
» autres géants, d'où sa ville prit le nom de Leyden 
» {Leiden) » 

En succombant , le géant d'Anvers implante dans le sol 
sa hallebarde et y imprime à jamais le souvenir de son 
passage, qui se retrouve dans le caractère énergique et 
persévérant des Flamands, comme dans leur originalité et 
leur fidélité aux souvenirs du passé, au milieu des révolu- 
tions les plus terribles, et à travers toutes les dominations 
étrangères. Le géant après avoir vaincu tant d'attaques 
brutales tombe enfin sous les coups de la civilisation qu'il 
avait méconnue, représentée dans la légende sous des for- 
mes multiples: Jules C^^sar, (les Romains), Salvius Bràbon 
(les Belges vaincus et soumis) , Zwana , (les Suèves, les 
Sicambres et les colonies germaines que les Romains oppo- 
sent à la Ménapie), Heimi et les familles patriciennes (les 
Francs), l'abbé de Quercoladora ou de Vadincusan (l'in- 
fluence chrétienne). 

Toute légende a sa morale. Voici celle qui pour moi 
découle de la nôtre : nul ne peut nier le génie propre 
de notre race qui s'affirme dans les arts, dans la littéra- 
ture avec un caractère souvent empreint d'une naïveté 



— 31 -- 

un peu brutale, mais aussi avec des formes puissantes 
par la couleur et la masse, qu'aucun autre peuple 
n'a pu imiter, car elles sont le résultat de notre lem- 
parément. On peut dire qu'AnUfjon a des descendants 
et survit dans sa postérité. Unissons nos efforts pour 
conserver le culte du passé, ajouter à sa gloire, et leur 
règne sera durable, mais repoussons aussi tout ce qui peut 
nous diviser ; respectons le langage de nos pères, mais 
craignons surtout de nous isoler du mouvement général, 
en un temps où la rapidité des relations internationales 
tend vers Tunification de l'expression de la pensée , car 
à notre tour, comme le géant Anligon, nous serions vaincus 
par le progrès et la civilisation. 



ETUDE 

SUR UN 

RELiaUAIRE PHYLACTÈRE 

DU XII« SlÈCr^E 

PAR 

M. D. A. VAN BASTELAER, 

MEMBRE CORRESPONDANT A CHARLEROI. 



PRÉLIMINAIRES. 

« 

Le propriétaire d'un superbe reliquaire phylactère du 
X1I« siècle, la exposé pendant quelque temps dans le mu- 
sée archéologique de Gharleroi *. C'est une œuvre d'art 
national. J'ai vu, même au musée de la porte de Hal, très 
peu d'émaux et surtout de travaux de dorure spéciale de 
ce genre, d'une exécution aussi parfaite et d'une aussi ad- 
mirable conservation ; voilà ce qui m'engage ù le décrire, 
convaincu que ce travail ne peut manquer d'exciter l'inté- 
rêt de tout amateur. 

Phylactère signifie proprement préservatif. Ce fut d'abord 
le nom donné aux amulettes que la superstition inventa et 

* Cet objet appartient aujourd'hui à révôché de Tournay. 



\ 



■•4 



1 



I 

I. 



— sa- 
que les hommes portaient sur leur corps dans le but de se 
préserver de divers maux. On les tenait surtout pendues 
au cou. Par une coutume , qui existe encore , les chrétiens 
de l'église primitive y substituèrent des objets religieux, 
des images et des reliques de saints, dans de petites 
boîtes ou reliquaires cachés qui prirent le même nom. 
Plus tard ce nom passa aux grands reliquaires que les offi- 
ciants tenaient suspendus sur la poitrine pendant les pro- 
cessions et d'autres cérémonies du culte. Ces mêmes phy- 
lactères furent, dans la suite, munis parfois d'une douille 
et portés au bout d'un bâton ou hampe, à la manière mo- 
derne. C'est ce qui se fit en effet pour l'objet qui nous 
occupe. Il était orné de quatre boutons aux quatre som- 
mets ; le bouton inférieur fut supprimé à un certain mo- 
ment, (vers le XV^ siècle 3emble-t-il), et remplacé par une 
douille. 

Description générale. 

Ce phylactère, comme beaucoup d'objets analogues de 
la même époque , est en dernière analyse une planchette 
en chêne recouverte de deux feuilles épaisses de cuivre 
rouge, dont l'antérieure, qui fait la face, est émaillée et la 
postérieure, qui forme le dos ou le revers, est bronzée et dorée. 

Il affecte la forme d'une quarte-feuilles et a O'^Sl de haut, y 
compris le carré central dont les côtés sont de O"»!! et servent 
de bases aux quatre lobes. Chacun de ces lobes figure la 
moitié d'un cercle ou plutôt d'une ellipse dont le grand dia- 
mètre mesure 0»"45 et le petit On>10. 

Quatre petits lobes presque circulaires , d'environ O'^OS 
de diamètre, se trouvent intercalés entre les lobes principaux 
et sont attachés aux angles du carré central, ce qui donne 
au diamètre diagonal de l'objet une longueur de 0"»22. 



— 34 — 

Le chanlrein est recouvert par le rebord de la feuille de 
cuivre repliée et ornée d'une suite de rosettes et de feuil- 
lages repoussés et dorés. 



» « 



Les grands lobes offrent à Tavers une œuvre admirable 
d'énriail en champ levé dont nous nous occuperons longue- 
ment ci-apres. Us sont terminés chacun par un bouton en 
forme de mignonne pomme de pin joliment ciselée. Celle du 
sommet du reliquaire porte un anneau qui servait de belière. 
Le tout est bordé d'un collier de minces perles étampces 
et dorées. 

Quant aux petits lobes, ils n'ont pas cette bordure 
de perles ; mais on y voit la tête des clous qui fixent le 
cuivre au bois. On croirait qu'ils sont bien plus modernes 
que le reste et qu'ils ont été ajoutés ou renouvelés après 
coup. Ils sont d'or pleins, ne portent aucun ornement, 
n'ont aucune grâce et paraissent seulement destinés à en- 
cadrer quatre gros cabochons ovales de 0'"020 à 0'"022 sur 
0""028 à 0"'030, dont deux imitant Téméraude et deux imi- 
tant le rubis. 

Le carré du centre, formant la boîte du reliquaire, est 
encadré de quatre bandes de cuivre plusieurs fois enlevées 
et remises et qui semblent être de longtemps postérieures 
aux ornements voisins. Elles servent à maintenir le verre 
qui recouvrait les reliques. Ces bandes ou lamelles de cuivre 
ont perdu presque complètement leur dorure et portent 
une guirlande étampée de jolis fleurons encadrés par d'élé- 
gants et sinueux rameaux repliés en volutes et se joignant 
en cœur, semblables mais non identiques dans les quatre 
côtés. 



« * 



Pour les accessoirs qui entourent la relique même , ils 



— 35 — 

sont de la fin du XVII* siècle et n'offrent aucune impor- 
tance artistique. Ce sont quelques dessins grossiers , enlu- 
minés de vermillon et d'indigo , et au milieu une croix avec 
deux banderoles, le tout tracé sur gros papier, découpé et 
collé sur soie rouge, encadré et fixé par un ovale de cuivre 
et portant les inscriptions suivantes : 

« Fragmenta sactissimae crucis. » 

« De pracsopio Dni » 

< De scpulchro et vcstimcnto Marix. v 

« De sepulchro Domini nostri. » 

Sous cette croix, on voit les objets suivants: 

Une bannelette de vieux papier portant les mots suivants : 

« E sepulchro Domini. > 
« E vesti mentis Maria. » 
i De presipio Salvatoris. » 

Un autre papier rosé, plié et d'une écriture plus an- 
cienne : 

« De Sn>« Cruce Christi. » 

Une autre bandelette avec : 

c De ligno. » 

Et à côté deux grumeaux de pierre blanc sale , un gru- 
meau de bois brunâtre de 0^002 à 0™003 cubes et deux 
petits éclals de bois noir de 0'"0i5 sur O^OOl . 

Voilà ce qui, n'offrant qu'un intérêt purement religieux, 
importe peu dans un article archéologique et ce que je n'ai 
pas cru devoir faire reproduire sur la planche jointe à ce 
travail. 

Le sujet historique et légendaire. 

Il me reste maintenant à expliquer les admirables émaux 



— 36 — 

qui couvrent les grands lobes ou médaillons de la quarte- 
feuilles. 

L'auteur a pris pour sujet l'invention de la Sainte-Croix 
et en a peint une histoire mêlée de légende , à laquelle on 
ne peut refuser la qualité d'être dramatique. 

Quelques détails historiques doivent nécessairement ac- 
compagner la description de l'œuvre. 



* 



Les payens, restés maîtres pendant de longs siècles, 
du tombeau du Sauveur, y avaient accumulé d'im- 
menses remblais et l'empereur Adrien avait fait construire 
au-dessus un temple consacré à Vénus . Il voulait rendre im- 
[)0ssible le culte du St-Sépulcre « et faire que , si quelqu'un y 
venait pour adorer , il parût adorer Vénus », dit un auteur 
dont nous allons parler, et il ajoute : «à cause de ça l'en- 
droit avait cessé d'être fréquenté et était tombé dans 
l'oubli. » 

La tradition en conservait le souvenir, et l'on savait 
même que les trois croix du calvaire avaient été, selon la 
coutume des juifs , jetées au bas de la montagne et enter- 
rées avec les autres instruments du supplice, pendant que 
les cadavres des suppliciés restaient sur le Golgotha , ex- 
posés à toutes les intempéries, au milieu des ossements 
blanchis qui recouvraient ce lieu de supplice, et de sépul- 
ture ou plutôt de pourriture de la dépouille mortelle des 
coupables atteints par la justice. 

On sait que le corps du Christ échappa seul au sort 
commun, parce qu'il lut donné à Joseph d'Arimathie, qui 
alla l'ensevelir au pied de lu montagne , dans une grotte 
entourée d'un jardin particulier entre le Calvaire et les 
murs de Jérusalem. 



— 37 — 

Après plus de deux siècles l'empereur Constantin fit 
abattre le temple de Vénus et transporter les décombres au 
loin. Ce travail mit à déi:ouvert le tombeau du Seigneur. 
L'évéciue de Jérusalem était alors St-Macaire. Aussitôt fut 
bàlie, en six ans, par Constantin, l'immense, belle et 
luxueuse église du St-Sôpulcre, autour du tombeau sacré. 



* ♦ 



Ste-Hélène, mère de l'empereur Constantin, était venue 
à Jérusalem à la fin de ses jours, à soixante-dix-neuf ans, 
dans le seul but de retrouver la Sie-Groix. Elle fit faire des 
recliei'clies sur la partie orientale du Calvaire, et donna 
elle-même ses instructions après avoir profondément mé- 
dité sous l'inspiration du ciel, après avoir fait étudier la 
question et surtout après avoir recueilli sur les lieux tous 
les renseignements possibles relativement à l'endroit précis 
où il fallait chercher. 






Les BoLFANDiSTKS, {3 mai : [nuenliou de la Sb'-Croix 
— 4 mai : St-Judas le Cyriaque), discutent une ancienne 
légende où Sl-Judas le Cyriaque, intervient activement 
dans la découverte de la vraie croix. Le texte grec de cette 
légende, reproduite par Jacques Gretsp:r (1600) et par 
FjiANÇOis CoMBKFiLS (XVI1° siècle) est emprunté par ces 
deux auteurs à André, archevêque de Crète (700). Les 
BoLLANDiSTKS pensent aussi que ce récit a une origine 
grecque; ils en ont môme vu le texte à Rome, disent- 
ils, in Codice Valicano 866. D'après des manuscrits 
fort anciens de Mombritius, et des monastères de St- 
Martin et de St-Maximin à Trêves , ils reproduisent un texte 
latin qu'ils regardent comme une traduction du grec, mais 
ils nous apprennent que ce récit est apiocryphe , bien qu'il 



— 38 - 

date de la plus haute antiquité et ils semblent le regarder 
comme symbolique; Judas y représentant le peuple juif 
dans son intervention pour la découverte. Ils nous font con- 
naître que Je synode de septante évoques , réuni en 494 par 
le pape St-Gelase P"", considéra cette légende comme une 
fable et la rejeta du Catalogue des écritures saintes arrêté 
par ce synode. 

Cette légende, quelle qu'en soit l'origine, a été répétée 
encore par St-Guégoiue DE Touns (VI« siècle), St-Notker 
(VIII« siècle) , Magnence Raban * (IX« siècle) , Drepanius 
Florus de Lyon (IX^ siècle), St-Maximin Abbé (XI1« 
siècle), Jacques de Voragine (X1I1« siècle), * etc. etc. Il 
n'y a aucun doute qu'elle ne fut vulgaire au moyen âge, et 
connue de l'arstisle qui a fait le reliquaire que nous dé- 
crivons, puisqu'il Ta suivie dans le développement du sujet 
qu'il a traité. Nous ne saurions mieux faire que de rapporter 
textuellement certains passages de celle légende d'après 
Jacques de Voragine dans sa Légende dorée. 



* * 



€ Lorsque Hélène fut arrivée à Jérusalem , elle ordonna 
de réunir auteur d'elle tous les docteurs juifs qui purent 
se trouver dans le pays entier. . . . 

« Les Juifs, saisis de crainte, se disaient les uns aux 
autres : « quel est , selon vous , le motif qu'a eu la reine en 

* Raban Maur ou Hrabanus Magmentius. 

* Giacoho da Varaggio (Jaque» de Varagin ouVoragi:(e ou VARAXK)liagio- 
graphe italien, né â Varaggio près de Gcnes vers 1238, mort en 1296, entra chez 
les Dominicains, fut pendant 18 ans provincial de la Lombardie, puis archevêque 
de Gènes en 1292. U doit sa célébrité à une vie des saints , devenue populaire 
sous le titre de Légende dovce , composée en latin et intitulée : IJistoria lomtfar' 
dica seu Legenda sanclorum. CeiXe histoire fut reçue .ivec enthouMnsme par les 
contemporains qui lui donnèrent son nom de Leganda avrea. Ce livre fut cnti- 
qué, avec passion, suitout parles protestants. 11 a été traduit plusieurs fuis. 



— 39 - 

< nous faisant réunir ? t L'un d'eux , nommé Judas y dit : c Je 
« sais (|u'elle veut apprendre de nous où est le bois de la 
« croix sur lequel Jésus-Christ a été crucifié. Faites donc 
« attention à ce que personne ne le lui révèle. Sinon, vous 
€ avez la certitude que notre loi sera anéantie, et que nos 
€ anciennes traditions seront détruites de fond en comble. 
« Mon aïeul Zachée a annoncé à mon père Simon, et mon 
« père Simon en mourant m'a dit :» Observe, mon lîls, 
« si l'on te demande ou est la croix du Christ, de ne pas 
« le révéler, quels que soient les tourments auxquels tu 
€ t'exposes; car depuis ce moment, ce ne sera plus la 
a nation juive qui régnera * , mais ceux qui adorent le cruci- 

^ Cette idée domino dans une autre partie du récit où Jacques de Varaginb 
expose l'origine légendaire de Tarbre qui servit pour la construction de la croix. 
Ce récit est assez curieux pour q>ie nous en fassions un extrait. Le lecteur nous 
pardonnera celle digression. 

t On lit dans révangile de Nicodëme qu'Adam étant très vieux et infirme, 
son fils Seth s'approcha des portes du paradis et demanda de l'huile du bois de 
miséricorde pour Trotter le corps de son père. Et Tarchange Michel lui apparut et 
lui dit : t Ne pleure point et ne supplie point pour obtenir de ce bois de miséri- 
1 corde; car tu ne pourras en avoir que loi'sque cinq mille cinq cents ans auront 
» été accompli ». On voit ailleui^ qu'un ange apporta à Seth un petit rameau de 
l'arbre divin et lui ordonna de le planter sur le mont Liban. 11 est dit aussi dans 
une histoire qu'ont les Grecs, mais elle est apocryphe, qu'un ange remit à Seth du 
bois de l'arbre qui avait été la cause du péché d'Adam , en lui disant que lors- 
qu'il porterait du fruit , son père serait guéri. 11 revint et trouva son père mort , 
et il planta cette branche sur son tombeau. Et cette branche crût, et elle forma 
uu grand et bel arbre qui dura jusqu'au temps le Salomon. 11 faut laisser au ju- 
gementdu lecteur de décider si ces choses sont vraies, elles ne se lisent dans 
aucune chronique ni histoiie authentique. Salomon, voyant un si bel arbre, or- 
donna de le couper et de le placer dans le temple du Seigneur. 

c Mais, comme le dit Jean Deletii, on ne put trouver aucun endroit où l'on 
pût le placer convenablement , car tantôt , il était trop long et tantôt , au con- 
traire, il était trop court. Et si, à cause de l'exigence du local, on le raccour- 
cissait convenablement , il paraissait aussitôt avoir si peu de longueur qu'il ne 
pouvait plus servir. Les ouvners se fàr hèreiit et le laissèrent de côté, et le pla- 
cèrent sur un étang pour qu'il servit de pont aux passants. Lorsque vint la reine 
de Saba, attirée par la renommée de la sagesse de Salomon, et qu'elle voulut 
passer sur cet étang, elle \it en esprit que le Sauveur du monde devait être sus- 
pendu sur ce bois , et , par respect , elle ne voulut point passer dessus , mais elle 



- 40 - 

c fié ; car le Christ était le fils de Dieu. i& El je répondis : «Mon 
« père, si nos pères ont su que Jésus-Christ était réelle- 
« ment le fils de Dieu, pourquoi Tont-ils attaché au gibet 
« de la croix? » et il répondit : « Le Seigneur le sait, car 
« jamais il n'a inspiré leur conseil. Les Pharisiens firent 
« crucifier Jésus-Christ , parce qu'il les reprenait de leui^ 
(L vices. Le troisième jour « il est ressuscité et il est monté 
(L au ciel, comme ses disciples Tont vu. Mon frère Etienne a 
« cru en lui et il a été lapidé par les Juifs remplis de rage in- 
« sensée. Prends donc garde, mon fils , de ne pas t'aviser de 

« blasphémer le Christ ou ses disciples » « Les Juifs 

« dirent donc à Judas : Nous n'avons jamais entendu choses 
« semblables ; mais si la reine s'informe auprès de nous à 
« cet égard , veille à ne rien lui révéler de ce que tu nous as 
c: dit ». 

Tel est le sujet du premier médaillon , ou compartiment 
semi-circulaire qui forme la branche droite du reliquaire. 

Ce médaillon représente Ste-Ilélène assise et interro- 
geant les Juifs sur le lieu où la sainte croix fut enterrée. 

L'inscription : 

C ELENA. REGINA. » 

ne laisse aucun doute sur ce point. 



radora. On lit cependant dans Vllisfoive scolanlUjue que la reine de Saba vit ce 
bois dans le temple, et lorsqu'elle fut retournée au palais, elle dit à 2Saloinon 
que celui qui devait être sus^pendu sur ce bois occasionnerait par sa mort lades- 
truction de Tcmpire juif. Suloinon fit alors enlever ce bois et il ordonna qu'on 
l'ensevelit au fond des entrailles de la tone. Ce fut ensuite à l'ei dioil où il avait 
été enterré que fut creusé la Piscine prohati(jue^ et ce n'était pas seulement à 
cause de la descente de l'ange , mais aussi à cause de la vertu du bois, que se 
faisait la commotion des eaux qui rendaient la santé aux malades. Quand appro- 
cha le moment de la passion de Jésus-Cbridt, ce bois vint surnager sur les eaux, 
et les Juifs, le voyant, le prirent et en fuvonncroiitla croix du Soij^ncur. » 



— 41 - 

La seconde inscription précise la nationalité des person- 
nages, coiffés d'ailleurs déjà du bonnet pointu Juif: 

a lYDEI. » 

et le nom de leur chef : 

a CV. IVDA. » 

Ce dernier nom appartient à la légende, comme nous 
l'avons vu. 

Judas avait vendu le Christ son maitre, un autre Judas 
fut l'instrument que lu providence choisit, après la mort 
du Messie, pour aider à sa glorification et à la preuve de sa 
divinité. Telle semble être la signification mystique de ce 
récit légendaire; mettant en opposition le premier Judas 
chargé de son horrible forfait, avec le second Judas chargé 
de réparer ce crime ici bas par la découverte et l'exalta- 
tion de la sainte Croix , la glorification du Christ, de son sup- 
plice et de sa divinité. 

Hélène ne réussit pas d'abord ni par la persuasion , ni par 
la menace , que semble indiquer son bras levé. Elle ne put 
rien tirer des compagnons de Judas, pas plus que de celui- 
ci et pour leur délier la langue il fallut employer les grands 
moyens. Elle donna Tordre de les jeter au feu, dit la lé- 
gende. 

C'est le sujet du second médaillon , ou branche gauche 
L'inscription est : 

C .IVDAS. TERRITS. » 

et plus bas l'indication naïve de la fournaise : 

a IGNIS. » 

Nous continuons à citer la légende antique. 

« Saisis de craintealors, les Juifs livrèrent Judas, disant : 



— 42 — 

« Voici un juste et le fils d'un prophète qui a une parfaite 
connaissance de la loi, et il t'indiquera tout ce que tu de- 
mandes. » 

« Alors Hélène les renvoya tous, et elle garda seulement 
« Judas et elle lui dit : Je te propose la mort ou la vie : 
« choisis ce que tu préfères. Montre-moi l'endroit qui s'ap- 
« pelle Golgotha, où le Seigneur a été crucifié, afin que je 
« puisse trouver la Ciroix. » Judas répondit : « Comment 
« puis-je connaître cet endroit, puisque deux cents ans et 
« plus se sont écoulés et je n'étais pas encore né ?» La 
reine répliqua : « De par Jésus-Christ je te promets que je 
D te ferai mourir de faim , si tu ne me dis pas la vérité. » 
Elle ordonna donc qu'il fut jeté dans un puits desséché, et 
qu'il y fut livré aux angoisses de la faim. Et après qu'il y 
fut resté six jours sans prendre de nourriture, il demanda 
le septième jour qu'on le délivrât, et il promit d'indiquer 
où était la Croix. Il fut donc retiré et conduit à l'endroit 
qu'il désigna ; cl lorsqu'il eut prié, la terre trembla soudai- 
nement, et une odeur de parfum admirable se répandit 
si bien que Judas, étonné, se mita applaudir des deux 
mains, et à s'écrier : «En vérité, Jésus-Christ, tu es le 
a Sauveur du monde. » 






« Ensuite Judas se ceignant le corps , poursuit la légende, 
se mit à creuser vigoureusement ; et quand il eut creusé 
dans un espace de vingt pieds, il trouva trois croix enfouies 
sous terre, et il les porta aussitôt à la reine »». 

On trouva aussi, dit la tradition, le titre de la vraie croix, 
la lance et les clous. 

Notre légende dit que plus tard, « comme la bienheu- 
reuse Hélène n'avait pas les clous qui avaient attaché le 



— 43 — 

Sauveur, elle pria Judas, (qui avait été baptisé, sous le 
nom de Cyriaque, et était, à cette époque, devenu évêque 
de Jérusalem , après St-Macaire), d'aller à Tendroitoù avait 
été la Croix et de chercher les clous. Quand il fut venu, et 
qu'il se fut mis en oraison , les clous lui apparurent aussitôt 
sur la terre, resplendissant comme de l'or. Et il les prit et 
les porta à la reine, y 

< St-Ambroise dit que Ton reconnut la vraie croix à 
l'inscription qu y avait fait placer Pilate. » 

Mais on croit généralement que le titre était détaché et 
fut trouvé en terre à côté de trois croix sans cpi^on pût 
dire à laquelle il avait appartenu; détail iiue notre artiste 
a perdu de vue et méconnu ne remarquant pas, dans sa 
naïveté, qu'en maintenant le titre attaché à la sainte croix , 
il rendait inutiles les miracles terminant la légende qu'il 
continue à suivre dans son œuvre. 

La découverte fait le sujet du troisième médaillon ou 
lobe inférieur de la quarte-feuilles. Il représente la fouille 
et la découverte des trois croix. 

Judas , indiqué par l'inscription : 

a ivdàs » 

est occupé à déterrer la troisième croix entouré de curieux 
et d'ouvriers juifs , dont l'un tient déjà sur son épaule les 
deux autres croix exhumées, on y lit l'inscription : 

« CRVX. INVENTA • 



• « 



€ Mais, continue la légende, comme on ne savait pas 
distinguer la croix de Jésus-Christ de celle des deux larrons, 
on les mit au milieu de la ville, et voilà qu'alors vers 
l'heure de none, il vint à passer un jeune homme que 
l'on portait au cimetière. Judas fit arrêter le cercueil , et il 



- 44 - 

mit la première et la seconde croix sur le corps du défunt, 
mais il ne bougea pas ; et lorsqu'on posa la troisième croix, 
il ressuscita aussitôt. » 

Ce miracle est représenté au quatrième et dernier mé- 
daillon ou lobe supérieur, on y lit Tinscriplion : 

a SCA CRVX » 

et plus bas : 

« .DEFVNCTVS. SVSCITATVS 9 

La légende ajoute : « Ou lit dans les histoires ecclésias- 
tiques qu'une femme du premier rang, dans la ville , gisait 
à demi morte, et Macaire, évoque de Jérusalem, apporta 
la première et la deuxième croix, mais il n'en relira 
aucun effet; il apporta la troisième, et la femme se leva 
aussitôt complètement guérie » *. 

• 

Nous terminons par une dernière citation de la légende, 
qui semble en quelque sorte en exprimer la moralité ou 
plutôt la signification mystique , et qui lui donne la portée 
môme que nous lui avons donnée en la commençant: 

4L Et le diable vociférait dans Tair disant: « OU Judas 
« qu'as tu fait ? Judas que tu m'as fait de mal ! Un autre 
c Judas, écoutant mes conseils avait accompli la perdition, 
« et toi, tu me reiiies et tu as fait découvrir la croix du 
« Christ. Il m'avait fait gagner beaucoup d'àmes, et tu vas me 
« faire perdre tout ce que j'avais gagné. Grâce à lui, je 
« régnais sur le peuple, et tu es cause que mon empire 
€ va être détruit. Mais je me vengerai de toi et je sus- 



1 La croix , renfermée dans une cImssc en argent Tut donnée à Tcvôque de Jéru- 
salem , qui ne la montrait au peuple que le vendredi. Saint- Hélène en emporta 
cependant une portion pour Constantin qui voulut bien la partager avec Homo. 



— 45 — 

f citerai contre toi, un roi qui, abandonnant le culte de la 
« Croix , le fera à force de tourments abandonner la loi du 
€ crucifié. » Ce qui désignait l'empereur Julien , qui plus 
tard se saisit de Judas, devenu évoque de Jérusalem, 
et lui fit endurer de grands supplices et enfin le fit 
périr martyr. Judas entendant le diable qui hurlait ainsi, 
n*eut aucun effroi, mais il maudit le diable et lui dit: « Que 
« Jésus-Christ te condamne à l'abîme du feu éternel. » 
Ensuite Judas fut baptisé ; il reçut le nom de Cyriaque ; et 
révoque de Jérusalem étant mort, il fut ordonné à sa 
place. > 

L'œuvre d'émail. 

Quand on étudie de près le travail de l'artiste , on con- 
state qu'il est de bonne main. Les figures ont du caractère; 
celle de Judas est marquée d'un cachet d'originaUté et d'iden- 
tité qui la fait reconnaître partout. Les poses sont bonnes en 
général et le geste est naturel. Les draperies et surtout les 
vèteinents sont bien traités. Toutefois le dessin, les orne- 
ments , l'ensemble enfin , porte le cachet artistique du XI® 
et XII® siècles et est entaché de certaihes difficultés inhé- 
rentes au travail d'émaillure. 

Les défauts de l'artiste sont les défauts de son siècle. 

Voici à ce point de vne quel(|ues remarques qui , sans 
ôlerdu mérite du travail, sont intéressantes à noter. 



¥ * 



On sent que dans cette œuvre naïve , l'artiste voulant en- 
fermer son sujet dans quatre petits médaillons d'une dimen- 
sion déterminée et exiguë , s'est trouvé mal à l'aise. Il n'a 
su se décider à diminuer la proportion de ses figures et à 
les mesurer à son cadre, souvent son œuvre déborde ; c'est 



r 46 

ainsi que diverses parties et notamment la tête de la reine 
Hélène, et Tauréole qui l'entoure dépassent le bord. Dans 
tous les médaillons , Tun ou l'autre pei'sonnage appuie son 
pied ou sa main sur le cadre. 

Il en est ainsi dans le médaillon inférieur du bras et du 
pied de deux croix qu'un Juif doit porter sur son épaule et 
qu'il porte réellement derrière son dos , parce que Tartiste, 
ne pouvant présenter ces objets de profil , les a placés de 
face. Pour montrer la tête des personnages qui ne tra- 
vaillent pas à coté de celui qui fouille et dont par consé- 
quent, il fallait faire voir les pieds et la bêche, l'artiste, 
se trouvant embarrassé , s'est décidé à mettre le dernier à 
un niveau beaucoup plus élevé , c'est-à-dire à une hauteur 
de plus de la moitié de son corps au-dessus du niveau de 
ses compagnons. 

Dans le médaillon supérieur, le personnage qui porte la 
croix semble juché sur quelque chose , pour être à portée 
du ressuscité assis sur une civière à dos d'hommes ; et 
ayant trop peu de place pour se placer à l'aise entre la 
civière et le bord du cadre, il se tient courbé, se trouvant 
à la gène et serré sous le cercle de la bordure. 

Mais une naïveté admirable et d'une force qu'on rencon- 
tre rarement, môme au XII*^ siècle, le siècle des naïvetés 
artistiques, c'est le Juif qu'on jette dans la fournaise, au 
médaillon de gauche. On le pousse , on le lire par la tête et 
les cheveux, il résiste de toutes ses forces avec désespoir, 
et n'ayant rien autre sous la main, il se cramponne forte- 
ment au bord du cadre pour ne pas tomber au feu. 

On remarquera que l'artiste du XII* siècle a déjà coiffé 
ses personnages de bonnet juif pointu si commun dans les 
œuvres datant de deux ou trois siècles plus tard. 



— 47 — 



* « 



Quant au travail d'émaillure proprement dit, il est par- 
fait. C'est l'émail incrusté en taille d'épargne du XII<» siècle, 
connu plus tard sous le mom de champ levé. 

Toutes les figures des personnages sont épargnées et res- 
sortent en belle dorure sur fond vitrifié. Les traits et la che- 
velure se détachent en fine gravure dont les entailles sont 
remplies d'émail bleu. En un mot tous les contours de per- 
sonnages, de figures, de draperies, de flammes, etc., etc. , 
sont en cuivre épargné par l'artiste et doré pour séparer les 
émaux , ou en fine gravure niellée d'émail bleu pour séparer 
les parties dorées. 

Les inscriptions sontaussi traitées en émail bleu. On sait 
qu'elles caractérisent les émaux rhénans et maestrichtois 
desXII» et XIII« siècles. 






L'étude qui précède ne laisse aucun doute et il s'agit 
ici d'une œuvre remarquable de Técole dite liégeoise ou 
maestrich toise. 

Ce qui caractérise nos émaux nationaux de l'époque, ce 
qui leur donne leur brillant et distingue sûrement ces 
œuvres des produits français, limousins et autres, c'est 
l'emploi de Témail purpurain trùs-vif, la profusion de bleu 
lazulite, de vert foncé et blanc pur, le tout se nuançant et 
s'harmonisant pour donner diverses teintes, de^ssiner et draper 
gracieusement les tissus et les vêlements, etc., donner enfin 
des transitions du blanc aux teintes pales qui sont du plus 
bel effet. 

On peut joindre à ces caractères le grand soin et la net- 
teté du coup de burin pour dégager les lignes de taille de 
garde dorées, qui délimitent les formes et les traits des 



— 48 — 

ligures niellées ; ou émail lées de bleu puis Tabondance 
même des personnages aussi nombreux et aussi grands 
que possible, et enfui Timportance, la complication des 
sujets dans chaque médaillon, le tout traité en émail sauf les 
figures des personnages qui ne sont que niellées d'émail. 

Il s'agit ici d'un ouvrage du pays ; car il porte tous les 
caractères que nous venons de détailler. 

La Dorure. 

Le revers du reliquaire ne porte pas d'émail; c'est un 
travail de dorure spéciale avec fond de cuivre bronzé, sur 
la nature duquel je reviendrai plus loin. La bordure est très 
simple et sans relief ni ornement, ni collier de perles, 
comme à l'avers. 

fies quatre grands lobes sont eux-mêmes plats et sans re- 
liefs. Ils portent une ornementation identique, abondante 
et riche. C'est une arborescence soutenant une pomme au 
sommet et se ramifiant en quatre volutes latérales qui se 
subdivisent de cent façons et vont projeter de toutes parts 
des feuillages légers, des lleurons élégants, des veiles tor- 
tueuses , etc. 

Les quatre petits lobes circulaires qui séparent les pré- 
cédents, que nous avons dit dater probablement d'une 
époque postérieure, portent chacun, sur fond de bronze 
foncé ou plutôt noir, une grande et élégante fleur de lys 
étampée et dorée, entourée de fleurons, pommes, épis et 
feuillage, de mêmes motifs que les ornements des grands 
lobes, mais portant un autre style et un autre cachet. 

Le compartiment carré qui forme le centre est tout tra- 
vaillé en relief, et présente, sur un champ quadrillé, le 
symbole mystique de Dieu le Père : la main divine éten- 



^ 49 — 

due, ou la droite du Très-Haut, sortant d'une large 
manche de vêtement et entourée d'un nimbe lobé cruci- 
fère. Les ombres sont formées par le cuivre épargné par 
le doreur et passé au bronze foncé. 

Ce genre de dorure , comme l'émail qui précède , est 
tout à fait spécial aux XII® et XIII** siècles. Plus que cet 
émail encore, il caractérise un genre d'orfcvrerie propre 
à nos contrées. 

Archéologie. 

Le moyen-âge et surtout le néo-moyen-âge , ont laissé 
dans le pays wallon belge un grand nombre d'oeuvres 
d'orfèvrerie artistique et surtout d'objets d'église, reli- 
quaires , chasses , etc. 

Ceux qui sont en cuivre ou en or émaillé, et surtout en 
cuivre doré, ont attiré l'altention. C'est qu'en effet cette 
catégorie d'objets dont je veux parler portent d'ordinaire 
un cachet propre, qui empêche de les confondre avec les 
produits de Torfèvrerie étrangère. 

Ce sont des œuvres dues aux mains d'artistes des mo- 
nastères qui longeaient le Rhin . la Meuse , la Sambre , 
etc. Maestricht est surtout renommé pour la production 
d'objets d'émaux spéciaux à nos contrées et leur a donné 
son nom. 



« * 



Ce qui distingue spécialement ces objets d'orfèvrerie , 
c'est une dorure en dessins d'un genre spécial et caracté- 
ristique sur champ épargné de cuivre rouge brun , teinté de 
bronze, plus ou moins noirâtre. C'étaient des branchages 
en spirales, feuillages, grappes, vrilles, épis, fleurs de 
lys, etc. etc. 

4 



1 



— 50 - 

Ce genre de dorure , est tout à fait propre aux bords du 
Rhin et de la Meuse , et est limitée à la dernière moitié 
du XII® siècle et à la première du XIII«. M. Becquet 
appelle avec raison l'attention des orfèvres sur ce procédé, 
aujourd'hui abandonné et même peu connu, qui semble 
avoir réuni les qualités de solidité et de beauté. 

* 

Cette dorure se faisait par un procédé particulier que 
le moine Théophile fait connaître. Voici comment cet au- 
teur en décrit l'application à la pièce de cuivre rouge, 
préalablement mise en état , martelée et polie ou ciselée. 
Il décrit d'abord la manière de communiquer au métal une 
teinte rouge brun ou bronze sombre , et même noire dans 
quelques compartiments, sur laquelle la dorure ressort 
admirablement : 

«Prenez, dit l'auteur, de l'huile de semences de lin, et 
du bout du doigt, imbibez légèrement, mais complètement 
la pièce ; rendez alors la couche parfaitement égale au 
moyen d'une plume d'oie. Tenez l'objet sur des charbons 
ardents , au moyen d'une pince, jusqu'à ce qu'elle s'échauffe 
modérément et que l'huile soit liquifiée ; égalisez-en de 
nouveau la couche au moyen de la plume et remettez au 
feu. Il faut renouveler cette manœuvre jusqu'à dessication 
et durcissement complet de l'enduit. 

» Quand la pièce sera refroidie spontanément, sans 
(lu'oii l'ait surtout trempée à l'eau , on y dessinera en grat- 
tiint et comme en rasant avec soin les fleurons et les or- 
nements désirés, au moyen de lames d'acier fort aiguës, 
lout en épargnant les champs qui doivent rester noirs 

» Aussitôt que la plaque métallique aura été convenable- 
niLMit ornée par ce rattissage artistique, on- la décapera 



— M — 



aussitôt au moyen d'une composition de pierre de vin * et 
de vif argent et l'on procédera sans retard à la dorure. 
Lorsque celle-ci sera exécutée , on laissera refroidir spon- 
tanément l'objet sans le tremper à l'eau ; puis on le polira 
et on le colorera comme nous Tavons indiqué. » • 



* * 



Nous venons de voir que ce procédé artistique appartient 
à peu près à la même patrie et au même âge que l'émail 
dont nous venons aussi de parler. Ces deux genres d'orne- 
mentation se rencontrent du reste assez souvent sur un 
même objet. 

L'émail spécial qui nous occupe a été nommé émail de 
Maestricht et il a été admis assez longtemps que tons les 
objets de ce travail étaient originaires des ateliers de cette 
ville, mais comme on l'a prouvé, on rencontre certaines va- 
riétés de ces produits qui proviennent d'autres sources. 
M. Becquet , le savant archéologue qui a fait une élude re- 
marquable de reliquaires analogues à celui qui nous occupe ^ 
attribue une partie de cette production artistique d'émaux 
et surtout de dorure spéciale, aux moines de Waulsortsur 
xMeuse, près Dinant. Cet auteur fait remarquer en effet que 

* Crème de tartre brute. 

' c Quomodo denigratur cuprutn, — < Dcinde toile oleum, quod fit de semine 
Hiii , et cum digito superlinies per omnia tenue, atque cum penna anseris sequa- 
bis; et tenens cum forcipe, pones super prunas ardentes. Cumque modicum 
incalucrit, et oleum liquefactum fuerit, denuo cum penna aequabis, rursumque 
impones prunis , sicque faciès donnée exsiccetur 

f Cum refrigeratum fuerit non in aqua sed per se , cum ferreis rasoriis yalde 

acutis rade diligenter flosculos , ità ut campi remaneant nigri Cum vero 

lamina diligenter rasa fuerit , statim invivabis eam cum confectione vinicii lapi- 
dis et vivo argento , et mox deaurabis ; deauratamque non exstingues in aqua , 
sed perse refrigerabitur , poliesque sicut supra dictum est, et eodem modu 
colorabis. » 

Theoph^li preabyteri et monachi libri III seu diversorum artium scheduta , 
lib. lu cap. LXXI. 

' Voir Annales du Cercle archéologique de Namur, T. XH, p. i51. 



KO 



le musée de Namur renferme plusieurs de ses objets 
cieux qui viennent de Dinant et des environs. 

J'ai des raisons de croire que l'exécution de ce gei 
d'orfèvrerie artistique, chargée d'émail et surtout de a 
dorure sur cuivre bronzé que l'on dit spéciale à la hî 
Meuse n'était pas seulement originaire de cette soui 
mais qu'elle fleurissait aussi sur les rives de la SambreJ 

La Sambre , comme la Meuse et le Rhin , avait ses 
naslères où plusieurs artistes travaillaient avec ardeur] 
talent et parfois même avec génie 

A Oignies on s'occupait beaucoup d'orfèvrerie et le frôj 
Hugo y a créé un grand nombre d'oeuvres artistiques 
haut prix et qui sont appréciées à leur juste valeur et d( 
beaucoup sont réunies dans le trésor du couvent des sœi 
de Notre-Dame de Namur. Dans les abbayes de Lobbeî 
d'Aulne etc. , on pratiquait aussi les arts avec grand succ< 

J'ai connu plusieurs de ces pièces d'orfèvrerie en émail 
dorure sur cuivre rouge bronzé , qui devaient avoir cet! 
origine , non seulement parce qu'on les a retrouvées à pro: 
mité de ces monastères ; mais surtout parce qu'elles appar- 
tenaient à des établissements qui avaient directement dé- 
pendu de ces grandes communautés. 

Le musée royal de la porte de Hal renferme plusieurs 
pièces d'orfèvrerie de cette nature qui viennent des bords 
de la Sambre et entre autres de l'abbaye de Floreffe. 

Le phylactère qui a fait l'objet de ce travail est dans ce 
cas. Il appartenait au prieuré de Sart-les-moines à Cour- 
celles , et selon toute probabilité venait de l'abbaye de 
Lobbes. 11 resta dans les archives du prieuré lors de sa 
suppression et il tomba aux mains des successeurs à qui 
revint légitimement l'héritage des derniers moines. 
Marcinelle, ce 17 décembre 4878. 



\ 



^ 



LES 



PISTOLETS DE L'EMPEREIR 



NOTICE SUR L'ARTILLERIE DE CAMPAGNE DE CHARLES-QUINT 

en 1554 

PAR LE 

L^ -Colonel P. HENRARD. 



C'est à Gustave-Adolphe qu'on fait remonter le plus 
souvent l'emploi de rartillerie légère sur le champ de 
bataille, et on semble ignorer qu'un siècle avant lui les 
Allemands en possédaient déjà de très mobile, qu'ils fai- 
saient marcher avec leur cavalerie, à l'avant-garde dans les 
mouvements offensifs et à l'arrière-garde dans la retraite. 
A ce sujet, dans ses Commentaires ^ Louis d'Avila, parlant 
de l'armée protestante (1546), est très catégorique : <i Parce 

> costé , dit-il , marchoit un très grand esquadron de gens 

> à cheval, accompaignez de huict ou dix pièces d'artillerie ; 

> à main gauche d'eulx venoit ung peu plus loing ung aul- 
* tre bien gros esquadron de gens à cheval accompaigné 

> d'autres vingt pièces d'artillerie ; et ainsi marchoit toute 



— 54 ~ 

> leur chevalerie répartie en esquadrons et accompaignée 

> de leur artillerie laquelle venoit estendue par la cam- 
» paigne , comme leurs chevaulx , non qu'elle fust menée 
» pièce après aultre , mais arrangée de front , pour tout à 
1 ung coup pouvoir tyrer les pièces que bon leur eust sem- 
» blé. (Liv. ly p. 30). > Et ailleurs encore c ...et par leur 
» arrière-garde estoient demeurez tous leurs chevaulcheurs, 

> avec aussi toutes leurs pièces d'artillerie de camp qu'ilssou^ 
» loient mener en Tavant garde. » (Liv. I, p. ©9, v°). 

Quelques années plus tard, plusieurs écrivains fran- 
çais accusent la présence dans Tarmée de Charies-Quint 
d'une artillerie légère plus mobile encore. Dans son récit 
du combat de Renty (13 août 1554), Jean de Mergey, dans 
ses Mémoires^ parle de € quatre pièces de campagne mon- 
V tées sur quatre roues que deux chevaax menaient au 
» galop > comme appartenant à l'armée de l'empereur. Fran- 
çois de Rabutin, dans ses Commentaires ^ cite aussi: c trois 
» ou quatre pièces de campagne portées sur quatre roues, 
» qu'on pouvoit prompteraent tourner à toute main , et 
» depuis ont été appelez pislollclz de l Empereur. > Enfin 
Guillaume de Saulx , seigneur de Tavannes , qui a aussi 
écrit des Mémoires sur cette époque , nous apprend que 
plusieurs de ces canons furent pris par les Français. 

Une relation flamande de cette campagne de 1554, écrite 
selon toute apparence par un officier d'artillerie de Tépoque, 
traduite par notre regretté confrère M. Louis Torfs et publiée 
dans le t. IV, 2® série, de nos Annales, en parlant des per- 
tes en matériel éprouvées dit que les Français , indépen- 
damment d'un double canon et d'un demi canon {dobbele 
courlaiiwey half courtauwé) s'emparèrent aussi d'un petit 
chameau et d'une pièce tournante (een kemclken en een 



— 55 — 

drayende slopken) Les deux premières sont respectivement 
des calibres de 20 et de 24 livres, ce ne sont donc pas elles 
qui peuvent figurer dans Tartillerie légère ; mais il en est 
autrement des deux autres. 

La pièce tournante répond assez bien à celle dont parle 
Rabutin : t qu'on pouvait promptement tourner à toute 
9 main ; > mais qu'était ce kemelkeny et faut-il en conclure 
que Charles-Quint faisait porter de petits canons par des 
chameaux, comme le premier consul Bonaparte, dans sa 
campagne d'Egypte, en fit porter à ses dromadaires ? On 
pourrait le prétendre , en citant à l'appui un passage de 
Paul Jove qui, en parlant de l'artillerie de Soliman sous les 
murs de Vienne, en 1529, dit qu'elle se composait de 300 
bouches à feu, d'un calibre très faible , et dont chacune 
était portée par un chameau (t. Il, liv. XXX , page 242 , 
traduction de Domenichi). Mais des documents, d'une authen- 
ticité non douteuse, nous permettent de donner de cette 
expression une explication plus satisfaisante. 

On sait que le grand arsenal de rartillerie de Tempereur 
dans les Pays-Bas se trouvait à Malines ; il était, à l'époque 
dont nous parlons, sous la garde de Jehan Dubois ; mais com- 
me celui-ci « ne pouvait bonnement s'absenter de cette place 
> pour tenir le compte des munitions qui se mènent et dis- 
» tribuent aux champs , i> Marie de Hongrie , par lettre 
patente du 3 mars 1552 (vieux style), avait commis Jehan 
Van der Thommen « à la garde de l'arlillerie aux champs, p 
au gages de 36 patars par jour, après versement préalable, 
entre les mains du contrôleur de l'artillerie , d'un caution- 
nement de 600 livres. 

Or, dans Y Etat et spécification des artilleries et amuni- 
lions de guerre de V Empereur ^ envoyez au camp de Sad}^^. 



— 56 — 

Majesté, de Vannée i554 , adressez à Jehan Van der 
Thommeny etc., nous trouvons, sous le nom de receptes et de 
missesj représentant ce qu'aujourd'hui dans l'administra- 
tion des gardes d'artillerie nous appelons les remises et 
consommations , les articles suivants : 

RECEPTE. 

Folio 2. — Item, encore receu dudit commis Jehan Dubois, six faulcon- 
neaux tirantz les balles de fer environ deux livres , les cinq 
fonduz par Pastenaeken et le sixième par Rcmy * , montez sur 
leurs aiïust lymonniers ayant chergeoirs et poussoirs. 

MISSES. 

Le xiije d*aoust fuirent envoyez trois desditz faulconncaux de la con- 
dvite de... gentilhomme de Tartillerie à la montagne de Faul- 
comon, laquelle nous gens de guerre avoient gaingné, et fut 
par l'armée du Roy reprins et emmenez lesdits trois faul- 
conneaux. 

Le xxvijo d'aoust fuirent envoyez et mis au chasteau de Renty trois des- 
ditz faulconneaux , avecq leurs appartenances, comme cher- 
geoirs , poussoirs et nectoirs. 

Au verso du même feuillet, il est également question de 
douze demi-fauconneaux , dont trois venus de Bruxelles et 
neuf de Valenciennes ; six furent aussi envoyés le 13 août 
avec le même gentilhomme de Tartillerie , dont le garde, 
par esprit de bonne camaraderie sans doute, a laissé le nom 
en blanc , « devers Faulcomon , dont y fust prins ung par 
» l'armée de France et les cinq aultres saulvez, mais perdu 
ï tout leur esquippaige, comme chergeoirs, poussoirs et 
» sacquellets de pouldre. ^ 

Ml est question ici de RemydeHallut qui, comme Pastonacken, était 
établi Tondeur d*artillerie à Malines. Nous donnerons prochainement une note sur 
ce que nous avons pu accueillir de données touchant les fonderies de canons dans 
notre pays. 



— 57 — 

Deux espèces de bouches à feu sont donc restées entre les 
mains des Français : trois fauconneaux de deux livres montés 
sur affûts limoniers, et un demi-fauconneau dont le ca- 
libre n'est pas indiqué , non plus que l'espèce d'affût sur 
lequel il était monté. 

Mais un autre compte va nous renseigner à ce sujet, celui 
de € Jehan Dubois pour deux années finies le dernier 
» jour de décembre 1559, » mentionne, folio 13, «23 demi 
» faulconneaux venus d'Allemagne sous la conduite de 
1 Messire Philibert de Mastaing , seigneur de Sassignies , 
» lieutenant de l'artillerie», avec d'autres pièces, et qui 
avaient été fondues par Maître Grégoire Loffler. Nous y 
trouvons : 

Folio 14, vo f trente six affutz tournantz pour demy faulconneaux 

▼enuz d'Âllemaigne. » 

Folio 116. — c vingt-trois demy faulconneaux délivrez à Alonso del Canto 

par ordonnance de la Reyne. 

Folio 119. — « à Âlonso del Canto, 18 affutz de demy faulconneaux avec 

20 testes de fer ou agunnellas (?) servans aux dits afTutz. 

Folio 126. vo — à Âlonso del Canto, 67 roeues servans aux 23demy faul- 
conneaux. 

Folio 144. v« — a 10 chargeoirs poussoirs que nectoirs pour demy faulcon- 

netz, qui font 20 basions , et est à entendre que à ung bas- 
ton ou fust tient le chargeoir et poussoir et à Taultre le 
nectoir. 

Il est donc bien question ici d'affûts tournants à quatre 
roues, dont deux servent à l'avant-train ; et, en effet, dans 
le premier compte de Jehan Van der Thommen pour Tannée 
1553, nous trouvons la rubrique suivante : 

Folio 3,v» — Item, six demy faulconneaux montez sur leurs affûts tour- 
nants à quatre roeues et lymon avec les chargeoirs et poussoirs , 
amenez par Hubert Walput de Malines à la ville d*Aire le 4« jour 
du mois de may. 



. - 58 - 

Il y a là un progrès bien marqué. Sur les bas-reliefs du 
tombeau de François I'' , qui datent à peu près de l'époque 
dont nous nous occupons, nous constatons encore l'absence 
d'avant-trains aux canons ; les limons étaient adaptés direc- 
tement aux flasques de rafTùt, dont la crosse traînait par 
terre ou bien était soulevée par le poids de la bouche à feu, 
dont on abaissait alors fortement la volée à l'aide du coin 
de pointage placé sous la culasse. Tel était sans doute en- 
core l'affût limonier du fauconneau , car dans la nomencla- 
ture des avant-trains dont il est question dans le compte 
que nous examinons, il est fait mention de ceux pour ca- 
nons, demi-canons, coulevrines, demi-serpentines , sacres, 
tandis que pour les fauconneaux nous ne trouvons que 
la reccpte de c deux paires de bras de lymons. > 

On remarquera aussi que, dans la perte des demi-faucon- 
neaux, le garde mentionne les sacqaellets de poudre, ce qui 
fait remonter au milieu du XVI« siècle l'usage de la gar- 
gousse. En effet, nos comptes nous apprennent l'emploi de 
de «1900 aulnes de canevas,... emploie à faire les cartu- 
« sers ou sacqz pour tirer fine pouldre aux grosses pièces » 
(folio 144,) et plus loin (folio 496) ils citent 6850 cartusers 
pour canons, 4650 pour demi-canons, 2000 pour lesdemi- 
coulevrines , 1700 pour les demi-serpentines, 2100 pour 
les fauconneaux. Sous le nom de fine pouldre , il faut ici 
entendre la poudre non grenée , ce que nous nommerions 
le poussier ; l'emploi des sacs était en quelque sorte obligé 
dans ce cas pour faciliter le chargement. 

En poursuivant nos investigations dans les comptes des 
années subséquentes , nous trouvons, dans le «compte der- 
» nier de Jehan du Boys, des artilleries et munitions de 
f guerre mises et distribuées de la garnison de Malines 



— 59 — 

1 pour 14 mois , finis le derrenier jour du mois de février 
1 4557 » (v. s.). 

Folio 77 V* c Six aflfusts ou eameaulx toumana pour demi faulcon- 

neauz , 

et dans le compte suivant de Jehan de Remicourt, qui avait 
succédé à Dubois, il est fait mention (folio 8 verso) de <i six 
Y aflùts ferrez ou eameaulx tournans , servans pour demy 
» faulconneaux. > 

Il n'est pas douteux que cette dénomination de eameaulx , 
donnée à des affûts d'une nature particulière , ne soit un 
terme consacré par l'usage et qui devait son origine à une 
forme caractéristique. C'est cette forme qui nous frappe dans 
le croquis accompagnant cette notice , et qui n'est qu'un 
calque fidèle d'un dessin à la plume appartenant aux archives 
du royaume. Il ne porte ni échelle, ni date^ mais l'inscription 
placée au-dessous d'un cercle dans l'angle gauche de la 
feuille : La juste rondeur de la balle, est évidemment 
d'une écriture du XVI** siècle ; elle nous apprend que le ca- 
libre de la pièce était de 35 à 36 millimètres. Le boulet de 
fonte pouvait donc peser environ 4 livres de Nuremberg 
de 0^4575. 

Il n'est pas douteux que la pièce qui , par sa longueur , 
appartient à la famille des coulevrines, ne soit allemande, 
comme l'étaient celles dont il est question dans le compte de 
de Jehan Dubois ; elle a la plus grande analogie avec celles 
représentées dans les planches de l'ouvrage de Senlîtenberg, 
maître de l'artillerie de Dautzig dans la seconde moitié du 
XVI* siècle, et que l'auteur des Études sur le passé et Vave- 
nir de V artillerie a reproduites dans son t. III , p, 267 , 
planche 42. La pièce est divisée en trois parties séparées 



- 60 — 

par des moulures ; la lumière semble au centre d'un orne- 
ment en relief formant une sorte de récipient pour la 
poudre d'amorce. Le cul-de-lampe à la culasse et Textré- 
mité de la volée sont ornés de feuilles d*acanthe ; les anses 
sont en forme de dauphins y enfin les plates-bandes de cu- 
lasse et de volée portent une masse et un grain de mire bien 
caractérisés. 

L'affût se compose de deux flasques parallèles, fortement 
cintrés au milieu , reliés par diverses entretoises en bois et 
par des chevilles en fer ; leurs deux extrémités reposent sur 
des essieus peu élevés. Dessus-bandes, maintenues par des 
clous d'applicage et des étriers ou liens en fer , renforcent 
les flasques sur toute leur longueur, pendant que leur partie 
cintrée est encore solidifiée par une bande de recouvrement 
latérale, avec clous d'applicage et boulons d'assemblage avec 
rosette. 

La partie supérieure des cintres est reliée par une semelle 
en fer servant de base à deux supports des tourillons de la 
bouche à feu. Le troisième point d'appui de celle-ci est 
l'appareil de pointage. Il se compose de quatre parties en 
fer : l'' Une longue lame courbée vers le bas , fixée sous la 
semelle porte-tourillon, et dont la queue se relève pour 
former le collet de support d'une vis de pointage ; 2° deux 
verges, s'engageant dans les fourches au-dessus des tourillons 
pour empêcher la pièce de se dégager, et se prolongeant 
ensuite, en se cintrant fortement, pour se réunir à une 
pièce transversale s'appuyant sur la lame ; 3® un étrier repo- 
sant sur les deux verges , servant de troisième point d'appui 
à la bouche à feu et qu'une tige en fer réunit à Técrou de 
la vis de pointage ; 4® enfin la vis de pointage avec manivelle 
qui, par son mouvement , entraîne Técrou, l'étrier de sup- 
port, et provoque l'abaissement ou le relèvement de la 
culasse de la pièce. 



— 61 — 

Le diamètre des roaes de^ deux trains n*est pas le même , 
et sans doute les extrémités des flasques vers la culasse de 
la pièce étaient réunies par une entretoise percée d*une 
lunette pour le passage d'une cheville-ouvrière fixée sur l'es- 
sieu d'avant-train. Ce dernier porte deux armonts courbés , 
qui se rapprochent pour recevoir le bout de la pièce de 
bois réunissant les deux limons. Deux crochets, fixés à ces 
derniers, servent à accrocher les traits. 

Une sorte de servante , fixée à la bande de recouvrement 
du centre des flasques et qui avait sans doute son analogue 
de l'autre côté , paraît devoir servir à soulever l'affût lors- 
qu'on veut l'accrochera l'avant- train. 

Il est incontestable que tout ce système réalise un pro- 
grès marqué sur ce qui existait à cette époque en France, et 
on conçoit que les chroniqueurs de cette nation aient cité, 
en caractérisant sa mobilité, cette artillerie légère. Faut-il 
nous étonner cependant de ne plus la rencontrer dans la 
suite ? Le combat de Renty où, pour la première fois, elle 
apparaît à notre connaissance sur le champ de bataille , ne 
lui fut pas favorable et, sans doute à cause du peu d'habi- 
leté du gentilhomme qui la conduisait, elle tomba en partie 
entre les mains de l'ennemi; son faible calibre,l]et par suite 
son peu d'efficacité, n'offraient pas une compensation suffi- 
sante à l'emploi des nombreux chevaux que comportait son 
train, car les munitions devaient être transportées dans des 
voitures particulières qui ne pouvaient suivre leurs pièces 
dans les mouvements rapides ; il en résultait que celles-ci 
devaient se taire après avoir tiré les quelques coups que 
pouvaient emporter les servants, et attendre ensuite l'arrivée 
des chariots à munitions pour recommencer leur feu. 

L'introduction dans les armées du mousquet^ arme à feu 



— 62 - 

portative de fort calibre, fort lourde , uniquement employée 
jusqu*aIors dans les sièges , que le duc d'Albe mit sur 
répaule du soldat en y ajoutant une fourchette pour appuyer 
le canon pendant le tir, et dont ilanna quinze hommes par 
enseigne dans Tinfanterie qull amena en 1567 dans les 
Pays-Bas * , tint lieu de cette artillerie légère , et lui fut 
supérieure sous bien des rapports ; les chameaux de Tem- 
pereur Charles-Quint, venus d'Allemagne et que les Alle- 
mands avaient peut-être empruntés aux Turcs, nos maîtres 
à celte époque , ne reparurent plus sur les champs de 
bataille. 



* Voir les Commefitaircs de Bernardino de Mendoça^ t. I, p. 49 , édition de 
la Société de Thistoire de Belgique. 



DU 



DROIT D'ASILE 



EN BELGIQUE 



PAR 



M. J. J. E. PROOST, 

Membre titulaire à. Bruixellear: 






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; M r- ' ^ -' 



'--' Lj \ v-^ 



Considérations générales sur le droit d'asile 
international et le droit d'asile religieux ^ 

L'asile, au point de vue politique et international, est le 
droit pour tout étranger qui arrive dans un pays quelconque, 
d'y jouir de la protection des lois, tant qu'il ne s'en rend pas 
indigne et sauf les restrictions apportées à ce droit par les 
traités et les conventions conclus entre les puissances. 



* Piincipules sources de ce travail : Molivum juris imprcssum mandato 
illusinssimi et revevctidisshni domim Humberli Guilielmi archiepiscopi 
MechliriieiisiSj iii-12o 1700. — Discussion hi::torique, juridique et politique de 
rimmunité réelle des églises, in-12® sans date. — Deductio pro immxmitate 
ecclesicutlica locali quam serenissimœ principi Mariœ Elisabclhœy Belgii 
gubernatrici^ offert Henricus josephus episcopus brugensis. Petit in-4® sans 



/ 



/ 



— 04 — 

Le droit public rte raiiliquité n'autorisait guère Tex- 
tradilion des individus qui , réfugiés chez un peuple , 
invoquaient la protection des dieux nationaux ; tout au plus 
autorisait-il celle d'un étranger qui dans le pays même où 
il s'était réfugié s'était rendu coupable d'un crime envers 
un autre étranger. Du moins on regardait en ce cas l'em- 
ploi des représailles comme licite. Mais pour livrer un 
citoyen à un peuple étranger, il fallait que son crime envers 
ce dernier fût tel que son extradition ne pouvait être 
refusée ù la juste vindicte de la nation offensée. 

Considéré au point de vue du droit civil, ecclésiastique et 
criminel, l'asile était un lieu de refuge et de sûreté où les 
criminels se retiraient afin de se mettre à couvert de la 
sévérité de la loi. Son domaine, restreint d'abord aux églises, 
ne tarda pas à s'élargir. Il s'étendit successivement aux 
cimetières, aux abbayes, aux couvents, aux écoles, aux 
hôpitaux et en général à tous les lieux pieux et aux établis- 
sements de bienfaisaiice. L'Église ouvrait donc de nombreux 
lieux d'asile en même temps qu'elle exerçait la juridiction 
pénale d'une manière très étendue. 

La connexité qui existait entre l'asile religieux et l'asile 
international est évidente. Celui-ci est en quelque sorte le 
corollaire du premier et il est facile de démontrer histo- 
riquement comment il en découle et de démontrera travers 
le temps et son origine et sa filiation. 

Dans l'antiquité , au moyen âge et même pour certains 



dale. — De Guasco. Le droit d'asile, 2 vol. in-12. — Wallon. Du droit d'asik, 
in-8*». — Uk iJKAUHEPAinK. Essai sur l'asile reinjieux dans l'empire romain et 
le tnotuirchie franraiae, [Biidiolhètjnc de l'École des Charles, Série H , tomes 
IV et V.) — Proost. Histoire du droit d'asile religieux eu Belgique , Messager 
des Sciences historiqtœs de Belgique, années 18G8 à 1809. — Archives de l Au- 
diencCydes Conseils prive et d'Étal^ de la chancellerie des Pays-Bas à Vienne 
— comptes des oîficicrs de justice , aux Archives du royaume. 



— 65 — 

pays jusque vers le milieu du XVIII® siècle , c'était dans 
Tasile religieux que les coupables prenaient leur refuge. 
Les lieux sacrés étaient des places franches, soustraites à la 
juridiction du souverain et formant en quelque sorte un 
territoire indépendant du territoire du pays ; pour les y 
arrêter il fallait traiter de puissance à puissance avec l'au- 
torité ecclésiastique et en obtenir Textradition. Dès lors 
ceux qui se trouvaient compromis obtenaient sans franchir 
la frontière un refuge d'autant plus assuré qu'il était défendu 
par les foudres de l'excommunication. Mais lorsque l'asile 
religieux fut tombé en désuétude, les criminels durent cher- 
cher à l'extérieur un abri contre les poursuites de la justice. 
L'asile international remplaça l'asile rehgieux et il parcourut 
successivement toutes les phases de son histoire ; comme 
lui il procurait dans le principe l'impunité au coupable , il 
fut peu à peu amoindri par les traités et les conventions où 
Ton introduisit les restrictions qui jadis furent apportées 
dans la jouissance de l'immunité locale à la suite d'accords 
conclus entre l'autorité spirituelle et le pouvoir séculier. Il 
y fut stipulé que les grands malfaiteurs tels que les 
assassins, les voleurs de grand chemin, les incendiaires, 
en seraient exclus et on y proclamait même qu'il fallait pour 
déterminer les cas d'indignité s'en référer au droit ecclé- 
siastique. 

Depuis l'établissement de rapports plus réguliers entre les 
états modernes, d'après le principe de leur indépendance 
réciproque, Tusage a consacré partout les règles suivantes : 

m 

\^ Chaque Etat est maître de refuser l'entrée de son ter- 
ritoire aux étrangers réfugiés et aux étrangers en général. 
Cependant des considérations d'humanité font accorder 
facilement l'autorisation de séjour sur un territoire , en im- 
posant l'accomplissement de certaines conditions. 



-^ GC — 

2° 1/exlracliliorl ne s'npplique pas aux nationaux rentrés 
dans leur patrie. 

3^ Les demandes se font par voie de commission roga- 
toire. Elles énoncent les faits et les motifs sur lesquels 
elles sont fondées. 

4** Si l'individu inculpé est sous le coup de poursuites 
dirigées contre lui dans le pays même où il s'est réfugié, il 
peut y élre jugé avant qu'on procède à son extradition. 

5° L'individu, dont l'extradition est consentie, ne peut 
être poursuivi qu'à raison du crime pour lequel elle a été 
obtenue. 

,G<^ Aucun gouvernement n'est tenu de recevoir les indi- 
vidus inculpés, dont l'extradition lui est proposée, s'il n'a 
pas contracté un engagement formel à ce sujet. 

Aujourd'hui, grâce aux nombreux traités d'extradition 
que les nations ont conclus entre elles, le coupable trouve 
à peine un coin de terre où il puisse échapper aux lois de 
son pays. L'électricité et la vapeur prêtent leurs ailes à la 
Némésis vengeresse. Réunis par une sorte de solidarité 
dans un but de défense réciproque , les États auxquels il 
demande asile, le rejettent de leur sein. 

En vain il franchit les montagnes, les fleuves, les mers 
môme il sera atteint par le mandat, celte fiction légale, qui 
le touchera dans son plus lointain refuge. 



§11. 

Le droit d'asile religieux depuis les premiers 
siècles du moyen âge jusqu'à la constitution 
Grégorienne. 

Dans l'antiquité païenne , le droit d'asile fut admis en 
faveur des criminels, et il devait en élre ainsi quand on 



— 07 - 

songe aux crimes et aux turpitudes dont les dieux eux- 
mêmes étaient souillés : Mercure présidait au vol, Vénus 
encourageait les plus honteuses débauches et le père des 
dieux avait été asservi à toutes les faiblesses de Thumanité. 
Dés lors les hommes, qui adoraient de semblables divinités-, 
n'étaient-ila pas tenus de faire de leurs temples des asiles 
toujours ouverts aux malfaiteurs et il était impossible de 
leur refuser un pardon pour des fautes dont les immortels 
avaient fourni tant d'exemples. Bailleurs la mythologie 
nous montre les habitants de l'Olympe fugitifs, proscrits et 
cherchant un asile sur la terre ; il n'est donc pas étonnant 
que les hommes à leur tour aient réclamé la dette de 
riiospilalité et la protection de leurs autels. 

Les empereurs chrétiens, en arborant la croix sur les 
temples païens, ne voulurent pas en chasser les malheureux 
qui s'y réfugiaient et ils les maintinrent dans la jouissance 
de rimmunitô locale, qui n'exista d'abord que pour donner 
aux évéques le temps d'intercéder en faveur des coupables. 

Sous la domination franque le droit d'asile Ji'esl plus lu 
simple intercession du prêtre ; il se révèle avec toutes les 
prérogatives et tous les attributs d'un droit positif. Il ne se 
borne plus à protéger momentanément le coupable et à lui 
ménager l'intervention des évoques, mais il lui assure la 
grâce de la vie, grâce qui djcoule d'un compromis fait au 
moyen delà composition entre l'accusé et sa famille. 

Il présente donc, sous ce rapport, des caractères très dif- 
férents de ceux que lui avaient attribués les lois romaines, et 
cechangement s'explique quand on considère que la Bel- 
gique n'obéissait pas à Justinien et qu'elle était tombée au 
pouvoir des peuples de la Germanie. Chez ces peuples 
l'État ne s'érigeait pas en vengeur de tous les crimes (\i\\ 
blessaient les particuliers et abandonnait souvent à l'olTensé 



— 68 ^ 

OU à sa famille le soin du châtiment. Leut*s lois permet- 
taient, il est vrai, aux coupables de racheter le droit de 
vengeance et déterminaient elles-mêmes la base de sem- 
blables transactions ; mais du crime à la composilion il y 
avait nécessairement quelque moment d'intervalle et le droit 
de vengeance ne s' éteignant que par le payement réel de la 
composition , les accusés se trouvaient à la merci de leurs 
ennemis, ce qui aurait occasionné de grandes perturba- 
tions, 11 a donc fallu que les lois vinssent à leur secours en 
donnant au roi, à ses officiers de justice et même aux sei- 
gneurs le pouvoir de contraindre roifenso et ses proches 
d'accorder la paix à roiTenseur pour un temps limité et en 
retour d'une certaine somme qu'ils recevaient et que l'on 
nommait : fredum, vrede^ heri hanmim. Cet état de choses 
porta les nouveaux conquérants, dés (juils eurent embrassé 
le christianisme, à attribuer le droit d'asile aux églises et 
autres lieux sahits dans le but de mettre TolTenseur à 
l'abri de la colère de ToITensé. 

Lorsque ces nations fières et belliqueuses se furent sou- 
mises au joug de l'Évangile elles admirent comme lois, les 
décisions des conciles et leurs princes, à l'effet de relever 
l'autorité de rÉglise, se faisaient un devoir d'en assurer 
l'exécution. Le concile d'Orléans, convoqué par Clovis (511) 
y glissait l'autorité du droit romain qu'il interprétait à sa 
manière : « quant aux homicides, aux adultères et aux 
voleurs, s'ils se réfugient à l'église, nous voulons qu'on 
observe ce qui est réglé p;u* les canons ecclésiasticjues et 
ordonné par lu loi romaine : qu'il ne soit permis de les tirer 
ni du parvis de l'église, ni de la maison é|)iscopale, qu'ils 
ne soient point Uvrés avant qu'un serment prêté sur l'Évan- 
gile ne les ait garantis de la mort, de lu mutilation et de 
toute peine semblable, de façon pourtant qu'ils conviennent 



— 09 — 

tivec la personne lésée d'une juste satisfaction. » 1 /esclave 
même, sous le poids d'un crime atroce {rcatu alrociore 
cîi//)ab/Ws) trouvait dans l'asile remise de toute peine corpo- 
relle et ne pouvait être soumis qu'aux manjucs d'ignominie 
ou aux travaux. 

Aux XIII* et XIV° siècles,les violations de ce droit devinrent 
très fréquentes. Assiéger les lieux d'immunité, les entourer 
de gardes, chasser le réfugié par le fer ou par le feu, 
l'enchaîner à l'autel et le faire mourir d'inanition, tels 
étaient les moyens que Ton employait pour éluder le droit 
d'asile quand on n'allait. pas jusqu'à arracher violemment de 
leur refuge ceux qui craignaient les poursuites de la justice. 

Du reste les atteintes portées à ce droit s'expliquent par 
lelal même de la société. Pai'tout l'abus le plus révollant 
delà force, partout l'oppression du faible et du pauvre, 
les turpitudes de tous genres impunies, parfois même 
autorisées par les excès des grands. C'est ainsi que nous 
voyons Régnier, comte de lliunaut, que ses forfaits firent 
destituer et reléguer en Pannonie, profaner audacieusement 
l'abbaye de Lobbes. « Ce prince, dit M. Voss, {Lobbes, 
son abbaye et son chapitre, t. I, p. 274) poursuivait de 
sa haine le chevalier Oduin. Celui-ci, cruignant d'être 
surpris, ne sortait jannais sans être entouré de gardes. Un 
jour qu'il était venu à Lobbes se remettre des fatigues 
de la guerre, il alla seul à l'église St-Ursmer, comme 
en un lieu d'asile, laissant ci et là les gens d'armes se 
reposer aussi quelque peu. Régnier n'eut pas plus tôt 
appris celte nouvelle qu'il accourut pour assouvir sa ven- 
geance. Oduin s'enfuit au fond de l'église auprès du sé- 
pulcre des saiiits patrons et se cacha dans un touïbeau qui 
y était ouvert. Régnier entra en fureur dans le temple et 
le chercha partout. L'ayant enfin trouvé dans ce tombeau, 



— 70 — 

il l'entraina jusqu'au milieu du parvis et là lui trancha la 
tête sans avoir égard ni à la sainteté du lieu , ni au druit 
d'asile dont il jouissait y>. 

A ces excès l'Église chrétienne voulut opposer une digue. 

Ses temples devinrent des asiles toujours ouverts à 
l'opprimé, asiles qu'on ne violait jamais impunément, et 
de ses tribunaux partaient des arrêts auxquels les coupables 
ne pouvaient se soustraire parce que la société entière était 
chargée de les exécuter. 

Parfois ils étaient astreints à faire amende honorable en 
présence de l'éveque ou de son officiai et à promettre de 
respecter désormids rimmuuilé locale des églises, des 
cimetières et autres places franches. 

f]n 1210, un suppôt du chapitre de Tournai, nommé 
Jacques Leclerc, avait dans une émeute commis un homicide 
et s'était réfugié dans l'enceinte de l'église cathédrale. Le 
magistrat, sans tenir compte du droit d'asile ni du privi- 
lège qu'avait le chapitre de connaître exclusivement des 
crimes et délits de ses membres et suppôts , avait fait 
enlever le coupable de cet endroit et , malgré toutes les 
réclamations de l'éveque Gossuin , il l'avait fait pendre 
sous les murs mêmes de l'enclos du chapitre. Cet acte de 
violence venant à la suite d'une séné d'autres actes attenta- 
toires à la juridiction temporelle de l'éveque et du chapitre, 
avait donné lieu à une procédure longue et irritante qu'on 
désirait de part et d'autre voir terminer de commun accord. 
Le magistrat reconnaissait qu'il avait outrepassé ses droits, 
mais il se refusait à payer l'amende qu'il avait encourue «le 
ce chef, l^es deux paities convinrent alors de solliciter 
l'arbitrage de Walter de Marvis , successeur de l'évoque 
Gossuin. Le projet présenté par ce prélat fut longtemps 
discuté. Modifié notablement (huis ses dispositions , il fut 



— 71 — 

enfin accepté par le magistrat et confirmé par un acte 
revêtu du sceau de la commune , portant la date du premier 
vendredi de décembre 1227. 

D'après les dispositions principales de cet acte, le magis- 
trat était tenu de détruire la potence et de la brûler sur la 
place, sans pouvoir en placer une nouvelle au môme en- 
droit. Les restes du supplicié devaient être exhumés pour 
être déposés dans un autre lieu avec les honneurs de la sé- 
pulture. Il s'obligeait aussi pour le passé â une amende de 
mille marcs d'argent et à réparer les dommages causés par 
les différentes émeutes suscitées à l'occasion de cette 
affaire. Il s'engageait de plus à respecter le droit d'asile, 
sous peine d'une amende de mille marcs d'argent pour 
chaque contravention. 

Ce mode de réparation paraîtrait étrange aujourd'hui, 
avilissant même pour l'autorité qui s'y soumettrait, mais il 
était dans les mœurs du temps et se pratiquait ordinaire- 
ment en des cas semblables. Souvent nous voyons les ma- 
gistrats de nos fières cités, solliciter humblement de l'ordi- 
naire du diocèse ou de son délégué la rémission des cen- 
sures qu'ils avaient encourues, en portant atteinte à l'immu- 
nité ecclésiastique. En 1272, les magistrats brabançons de 
Maastricht, qui avaient arrêté un malfaiteur réfugié dans 
réglise St-Servais de cette ville, durent à cause de cette 
violation se soumettre à une pénitence publique. Par sen- 
tence du comte de Looz, agissant au nom du duc de Bra- 
bant, ils furent condamnés à assister à la procession en 
grand costume un dimanche à l'église St-Servais et l'autre 
à Notre-Dame et à y faire amende honorable au doyen. 

Ces sortes de réparations envers l'Église étaient fréquen- 
tes en ce temps. 

J/an 127G , un nommé Blaret , après avoir poignardé sa 



— 72 — 

femme , se réfugia dans Téglise de St-Pierre à Lille où 
il bravait la justice séculière. A rnould, seigneur de Gisoing, 
sur les len*es duquel s'était commis le crime, n'hésita 
pas à arracher le coupable de son asile et à le faire pendre. 
Mal lui en prit. Le chapitre de St-Pierre jeta Texcommuni- 
cation sur le seigneur de Câsoing qui n'en fut relevé qu'après 
avoir été chercher le pendu au gibet et l'avoir rapporté 
sur son dos dans Téglise de St-Pierre où on l'obligea de 
baiser plusieurs fois sur la bouche le cadavre. Il dut ensuite 
assister en habit de deuil aux prières publiques qu'on fit pour 
le salut de la prétendue victime avec une solennité extra- 
ordinaire, aux frais du seigneur, (-e n'est pas tout, on lui 
imposa, à lui et aux seigneurs de Cisoing, ses successeurs, 
d'accompagner la procession de Lille chaque année, vêtu 
d'une cotte d'écarlate, à cheval, une verge blanche à la 
main en l'honneur de TÉglise. C'était ce cheualier rouge qui 
figurait à la procession de Lille jusqu'en l'an 1562. A 
Tournai une maison de la rue du Cygne, incendiée en 
1741 , portant pour enseigne: au cheualier rouge , rappelait 
cet événement. 

Mais là ne se bornait pas toujours la punition des trans- 
gresseurs du droit d'nsile, on les obligeait le plus souvent à 
payer en outre une certaine somme , dont une partie ser- 
vait à consacrer le souvenir de leurs crimes et de leur 
châtiment dans un tableau que l'on suspendait à la place la 
plus apparente du cliœur avec une inscription latine, 
flamande ou française. En 1454, le magistrat de Malines, 
qui avait fait enlever du cimetière des carmes et exécuter 
deux assassins, dut en réparation de cet attentat faire faire 
deux vitraux, dont l'un devait être placé au couvent de ces 
religieux et l'autre à Cîimbrai et où étaient représentés la 
Sainte Vierge , St. Jean-Baptiste , St. Géry et St. Aubert , 
évéque de Cambrai. 



- 73 — 

D'autrefois on les condamnail à offrir à Téglise des ima- 
ges en cire figurant les violateurs dans une attitude humble 
et suppliante; C'est à cette dernière réparation que fut 
soumis en 1354 Nicolas de Lalaing , grand bailli de Hainaut. 

Ce seigneur, qui cherchait par tous les moyens à étendre 
la domination de la comtesse de Hainaut, Marguerite 
d'Avesnes, avait jeté son dévolu sur une partie du domaine 
delà célèbre abbaye d'Anchin. Chicanes, contestations, 
procès, il avait mis tout en œuvre pour parvenir à son but 
et confisquer au profit de sa souveraine les droits seigneu- 
riaux qui appartenaient à l'abbé du monastcre. Aucun de 
ces moyens ne lui ayant réussi, il crut que la force et la 
violence lui donneraient ce que la justice elle bon droit lui 
avaient dénié jusqu'alors. A la tête de quatre de ses nobles 
et de quarante hommes d'armes, il envahit le village de 
Pecquencourt où il renversa la domination du prélat, en 
chassant le magistrat et ceux qui y exerçaient le pouvoir 
au nom de Tabbaye et en y établissant des officiers de son 
choix. Le prieur, le sous-prieur et trois des principaux moines, 
après lui avoir résisté avec courage, voyant qifil était im- 
possible d'arrêter ses empiétements, songèrent à mettre 
leur personne à l'abri d'un coup de main et se retirèrent 
dans fenclos du monastère ; mais le respect que Ton pro- 
fessait alors pour le droit d'asile, ne les sauva pas en 
cette circonstance de la colère de Messire de Lalaing, 
il les enleva de leur retraite et les amena prisonniers 
pour les punir de ce qu'ils avaient osé défendre les préro- 
gatives de l'abbaye. 

L'autorité ecclésiastique songea aussitôt à châtier les cou- 
pables et une réparation leur fut imposée. Le sire de Lalaing 
et ses chevahers furent condamnés à offrir à févêque d'Ar- 
ras chiq figures en cire, du poids de 13 livres chacune et 



- 7/* — 

ornées de leurs écussons, la corde au cou el revêtues de 
leurs babils et signes distinctifs. 

L'anriende honorable eut lieu le 7 février 135i avec une 
très grande solennité. 

Messire de Lnlaing, grand bailli de Hainaut, tête nue et 
la liart sur les épaules , se rendit de l'église de Pecquen- 
court jusqu'à Tendroit où il avait arrêté les moines. Ses 
complices le suivaient et comme lui portaient le signe d'iu- 
famie. Le cortège, après avoir déposé les cinq figures, se 
remit en marche et s'arrêta au pied du maître -autel de 
l'église abbatiale. Là tous s'agenouillèrent et supplièrent 
Tabbé Rodolphe et tous les moines présents de vouloir leur 
pardonner et recevoir l'offrande des flambeaux en expiation 
des attentats dont ils s'étaient rendus coupables. 

Le prélat d'Anchin les reçut alors à merci , mais sous les 
conditions suivantes : Nicolas de Lalaing devait faire hom- 
mage de sept plateaux d'argent du poids de quatre marcs et 
s'obliger d'entretenir à perpétuité deux cierges pesant quatre 
livres, qui brûleraient constamment pendant les offices 
divins. En outre le roi de France Jean II lui ordonna de faire 
don d'un plat d'or et d'un cierge et cela parce qu'il avait été 
le chef et finsligateur des violences, auxquelles les reli- 
gieux avaient été en butte. Enfin les cérémonies expiatoires 
se terminèrent pnr le serment que fit Nicolas de Lalaing de 
vivre en bonne intelligence avec ceux d'Anchin et pour 
plus de sécurifé il en donna caution. 

En souvenir de cette amende honorable , les cinq figures, 
représentant le sire de Lalaing et ses quatre chevaliers, res- 
tèrent exposées devant un crucifix dans la chapelle des ma- 
tines, et les quarante flambeaux furent appendus aux co- 
lonnes de pierre de chaque côté du maître-autel. 

Mais de toutes les peines , usilôes en cas de violation du 



— 75 — 

droit d'asile, il n'en était pas de plus lourde que Tinterdît 
ou lexcommiiuicalion lancée contre une communauté en- 
liêre. Cétait à beaux deniers qu'il fallait le racheter et les ma- 
gistrats étaient, en outré , astreints à des voyages sans nom- 
bre pour obtenir la levée de Tanathème sous lequel gisaient 
leurs administrés. Il est certain qu'on abusait singulièrement 
(le ce moyen de répression. Frappé des inconvénients qu il 
présentait, le pape Innocent IV défendit d'excommunier 
des corps entiers alin que Tinnocent ne fût puni en même 
temps que le coupable et ordonna de le fulminer contre ceux 
seulement qui avaient commis le méfait. En 1247, le même 
pontife renouvela cet ordre en ce qui concernait la ville 
d'Ypres. Mais ces sages prescriptions ne furent guères ob- 
servées, nous n'en voulons d'autre preuve que l'interdit qui 
fut lancé en 4379 sur la ville de Binclie. 

Hauduin de Poslil avait été traîtreusement assassiné et ses 
meurtriers s'étaient sauvés dans l'église de St- Ursmer. Un 
pareil forfait ne pouvait cependant rester sans châtiment, 
aussi le prévôt, Gérard Dobies^ s'empressa-t-il de faire 
arrêter les coupables. A cette époque la justice criminelle 
était expéditive et ne laissait jamais languir ceux qui avaient 
à passer par ses mains. Le bourreau de Mons fut aussitôt 
mandé à Binche où il soumit à la question deux des quatre 
assassins ; dès le lendemain trois de ces malheureux 
eurent la tête tranchée, le quatrième fut ramené en prison 
à la prière de quelques seigneurs et des bonnes gens. 
Toutefois il n'obtint pas sa grâce et le bourreau l'exécuta 
quelques jours après le supplice de ses compagnons. 

Evidemment il y avait là une violation flagrante du droit 
d'asile. L'autoiité ecclésiastique s'en coui'rouça et rendit les 
pauvres Dinchois, qui n'en pouvaient mais, responsables 
du trop de zèle que leur prévôt avait mis à punir les meur- 



- 7G — 

triei-s de Bautluin de Postil ; le plus terrible des analhômes, 
rinlerdil fut lancé contre la ville. On envoya immédiate- 
ment une députation à Cambrai à reflet de représenter à 
révéque Jean de TSerclaes les circonstances dans les- 
quelles le crime avait été commis et vengé. Le prévôt 
offrait même de faire amende honorable et demandait 
qu'on voulût lui pardonner, réœncilier Téglise et suspendre 
l'interdit, mais Tévôque ne se déclara pas satisfait de cette 
démarche et de ce que les doyens lui avaient écrit ; il ré- 
pondit qu'il ferait prendre des informations. Ce fut tout ce 
que les députés purent en obtenir. 

Cependant l'éveque envoya à Binche deux notaires pour 
ouvrir une enquête sur la violation du droit d'asile et, les 
perquisitions terminées , il fit juger l'aflaire en cour d'église. 
Son officiai déclara l'église et le cimetière profanéô, le pré- 
vôt et ses complices excommuniés. Et après celte sentence 
le prélat ne voulut accorder la grâce des coupables qu'à 
des conditions qui parurent inadmissibles ù Gérard Dobies. 
Il ne restait plus qu'un moyen de fléchir l'évéque, c'était 
l'intercession de la duchesse de Brabant Jeanne, qui par 
son premier mariage avec le fils du comte de Ilainaut avait 
reçu Binche en douaire. Cette princesse accueillit avec 
bienveillance la supplique des bourgeois de la pauvre ville 
interdite et fit plaider leur cause auprès de Jean de T'Ser* 
claes. Celui-ci, qui jusque-là s'était montré c dur et estrai- 
gne », ne demeura pas insensible aux vœux de la dame de 
Binche et permit de réconcilier l'église à des conditions 
auxquelles le prévôt se soumit. 

La réconciliation eut lieu le 24 août, jour de la fête de 
St-Barthélemi. Rien de plus solennel que celle cérémonie 
ou le clergé déployait une pompe inouïe et bien propre à 
inspirer aux masses le respect des lois de l'Église. D'après 



— 77 — 

le Irailé conclu avec Tévêque de Cambrai, quatre cercueils, 
couverts de draps blancs à croix noires, furent portés à 
I église et Ton olïrit douze cierges de six livres chacun en 
réparation de l'attentat commis contre le droit d'asile. Le 
cardinal de Poitiers accorda l'absolution au prévôt et à ses 
complices, toutefois ce ne fut qu'au commencement de 
septembre que l'interdit fut définitivement levé. 

Mais l'Église n'était pas seule à lutter pour ce privilège 
et elle rencontrait des auxiliaires dans les cités et les com- 
munes qui faisaient de leurs enceintes de véritables asiles 
où l'on trouvait toute sécurité contre les poursuites de la 
justice. 

Le décret de Godefroid de Fontaines, évêque de Cam- 
brai, porté en 1227 à l'effet de réglementer l'exercice delà 
juridiction de l'official, des prévôt et échevins de l'évèque 
dans la ville elle territoire de Cambrai, contient deux ar- 
ticles remarquables qui viennent à l'appui de notre asser- 
tion : 

A. L. Après, se homecide d'autre liu entre en le citeit, 
se personne sera sauve, fors de tant la justice enseignera. 

A. LL Après, kikonkues coupaulesu fourfais entre en lo 
cité, sauf sera et li cités le doit détenir tant comme il se- 
ront apparilliet d'estro à justice selon le loi de le citet, 
fors cliiaus desquels il est espéciemment expressés. 

Les criminels pouvaient se réfugier à Valenciennes et la 
ville de Tournai, par une coutume très ancienne, permet- 
tait à ceux qui fuyaient les poursuites de la justice pour ho- 
micide non commis par manière de murdre ou de trahison, 
d'y demeurer paisiblement comme en un lieu d'immunité. 

La commune de Dijon n'était pas moins jalouse du main- 
tien de ce privilège et nous la voyons soutenir au XV^ siècle 
un procès célèbre contre un homme puissant qui avait osé 
méconnaître ses franchises. 



- 78 — 

Dans les premiers jours de novembre 4455, un médecin, 
nommé Pierre d'Estaing, se disant attaché à la maison du 
duc de Bourbon, arriva précipitamment au couvent des 
Jacobins de Dijon et réclama Tusage du droit d'asile. Le 
médecin se reposait depuis quelques jours à l'abri , derrière 
les immunités du monastère, lorsque le mercredi 7 novem- 
bre, entre huit et neuf heures du matin, arrive sous pré- 
texte d'entendre la messe, Jean de Bauffremont, seigneur 
de Mirebeau et de Bourbonne : il était accompagné de deux 
de ses enfants naturels , dont l'un était moine Jacobin , et 
de plusieurs serviteurs armés. Les chevaux de la petite 
troupe avaient été conduits sans bruit dans l'écurie d'une 
auberge voisine. A peine le sire de Bauffremont avait-il 
franchi la porte du couvent, qu'il rencontra Pierre d'Es- 
taing sous les arcades du cloître. Aussitôt il se jette sur lui, 
en l'injuriant et l'épée nue. Ses compagnons en font autant, 
et , malgré les cris et la résistance des moines accourus , ils 
entraînent le médecin hors du couvent, le garrottent, l'at- 
tachent sur le dos d'un cheval amené tout exprès, puis ga- 
gnant au galop la porte de la ville, ils conduisent d'une 
traite leur prisonnier au château de Mirebeau. 

A la nouvelle de ce scandale, le maire et les échevins 
s'émeuvent. En effet, outre le mépris flagrant d'un privi- 
lège consacré par la charte de commune , il y avait eu vio- 
lation d'un couvent. Dès le lendemain de l'attentat, des dé- 
putés se rendent au nom de la ville à Mirebeau pour deman- 
der au sire de Bauffremont réparation du dommage causé à la 
commune,mais celui-ci les éconduit par des réponses évasives. 
Les moyens amiables ayant échoué, il fallut en venir aux voies 
de rigueur. Mais c'était un adversaire redoutable à attaquer, 
car Jean de Bauffremont n'était pas seulement un seigneur 
puissant , un allié de la maison de Bourgogne , il était de 



— 79 — 

plus un des fidèles serviteurs du duc. Toutefois les officîei'S 
de la conimune ne se découragèrent pas , et surent si bien 
plaider leur cause auprès du duc Philippe-Ie-Bon , que ce 
prince adressa dès le 9 décembre Tordre à son bailli de 
Dijon de se transporter immédiatenient à Mirebeau, de 
délivrer le prisonnier et de le restituer au lieu nieme où 
il avait été pris^ enfin d*afnener sans délai les coupables 
au château fort de Talant. 

Sur cet ordre pôremptoire, Philippe de Courcelles, 
écuyer tranchant du duc et bailli de Dijon , se rend le 
31 décembre à Mirebeau, accompagné de sergents et 
d'hommes d'armes. Les portes du château étaient fermées 
et barricadées. Après avoir heurté par trois fois à la porte 
principale et fait sonner du cor à l'entrée du pont levis , 
le sire de Courcelles voit enfin paraître le bâtard Jean de 
Huppes, guetteur, qui, pour toute réponse déclare, que 
son maître est aïjsent et qu'il a laissé l'ordre, en partant, 
de n'ouvrir à qui que ce fût. Le bailli exhibe le mande- 
ment du duc, menace le guetteur, le tout inutilement. 
Alors il prononce solennellement la confiscation du château 
de Mirebeau , et , en signe demain-mise, append les bâtons 
ducaux à la grand'porte ; puis , après avoir rassemblé la 
population du bourg à son de trompe, il fait crier, tant 
devant le château qu'à la halle , un ajournement au sire 
de Bauffremont , à ses complices et au bâtard de Ruppes 
d'avoir à comparaître par devant lui, le 10 janvier suivant, 
à peine de bannissement et de confiscation définitive des 
biens de tous les ajournés. 

Jean de Bauffremont, en présence de cette intervention 
du duc, crut que le plus sûr était de se soumettre, et vint 
se constituer prisonnier au château de Talant. Quant à .ses 



— 80 — 

complices, traqués de tous côtés, ils furent arrêtés le 11 
mars et confrontés le même jour avec leur maitre. 

C*est alors seulement que le sire de Mirebeau se décida 
à parler à cœur ouvert et raconta comment un certain 
frère Olivier, de Tordre des Jacobins, qu'il n'avait jamais 
vu, était venu le trouver de la part d'un médecin de 
Moulins en Bourbonnais, nommé Pierre d'Estaing, se 
disant gentilhomme et de [)lus proche parent du pape. Ce 
médecin, au dire du moine, se faisait fort de lui ap- 
prendre, moyennant fmanœ, la manière de se procurer 
tous les ans quarante ou cinquante mille écus d'or, par 
une science occulte à laquelle il donnait le nom de ligue. 
Sur ces assurances et après plusieurs allées et venues du 
frère Olivier, faifes bien entendu aux frais de Jean de 
Bauffremont, celui-ci s'était décidé à se rendre lui-même à 
Moulins pour négocier avec d'Estaing, puis, comme les 
préparations nécessaires à l'ijeuvre étaient, au dire de l'alchi- 
miste , fort délicates et ne devaient pas durer moins de trois 
mois, il avait pris le parti d'amener à Mirebeau et d'hé- 
berger dans son château d'abord un serviteur du médecin, 
enfin le médecin lui-même. Le prix convenu d'avance entre 
les parties et déposé par le sire de Bauffremont chez un 
marchand de Moulins était de cinq cents écus d'or. Mais 
une fois en pied dans la maison, d'Estaing en avait profité 
pour tirer de sa dupe de nouvelles sommes : c'étaient à 
chaque instant des cadeaux pour sa femme, pour ses 
valets, voire même pour sa chambrière. Cependant, le 
temps s'écoulait et la fameuse ligne n'avançait pas. A la 
suite de plusieurs scènes, le sire de Mirebeau, qui com- 
mençait à s'impatienter avait exigé du médecin le serment 
solennel de ne pas mettre le pied hors du château avant 
l'achèvement complet de ses opérations alchi liques. Mais 



— 81 — 

un beau jour, Bauffremonl revenant d'un voyage à Villers 
les Pots, avait trouve maison vide : le médecin, profitant de 
son absence, s'était évadé par une fenêtre et avait couru 
se réfugier au couvent des Jacobins de Dijon. 

Ce récit terminé, le maire et les échevins déposèrent 
leurs conclusions. Us demandaient que le sire de Baufîre- 
mont payât une amende de dix mille écus d'or, à employer 
aux fortifications de la ville et que ses complices fussent 
abandonnés à leur justice. Ce dernier point ayant été 
accordé, ils rendirent un jugement par lequel les coupables 
étaient condamnés à des peines très dures. La sentence, 
en effet, portait « que, à ung jour de dimanche, qu'il 
» viennent tout nuz et deschaulx , chascun une torche en 
» leurs mains , pesant trois livres, devant la porte Guil- 
» laume, par laquelle ilz traynèrent ledit maistre Pierre 
» d'Kstain hors de ledite ville et illec cryeront mercy,tous 
» à genoulx, à messires les maieur eteschevins, qui seront 
» pour ce appelez devant ledite porte, cryant aussi mercyà 
» toute la ville, en confessant que le prinse par ledit 
» seigneur et par eulx dudit maistre Pieire ilz ne le deb- 
» voient point faire, et puys réciteront l'amende honorable, 
1 et après qu'ils ayent chascun copé ung poing ; et lesquelles 
» torches après qu'ilz seront faite l'amende honnorable, 
^ qu'ilz les aient offry au grand haulté, (autel) desdis frères 
» prescheurs ; et au regard de ce qu'ilz ayent chascun 
» copé un poing, qui vouldra préférer miséricorde à requé- 
» rir de justice qu'il soient condampnez en une amende 
» pécunielle, chascun selon sa faulculté et à tenir prisoin , 
» jusques il les ayent paiées et après qu'il soient banis de 
]» la ville et banlieue de Dijon. » 

Les complices de Jean de BaulTremont subirent cette 
condamnation le premier dimanche d'avril suivant. Quant 



— 82 — 

au principal coupable, raffuire traioacn longueur et ne ce fut 
que le 25 nnrs 14G7 (n. st.) que le duc Philippe lui accorda 
son pardon et lui restitua ses biens , sauf les droits de la 
ville et moyennant bonne et sûre caution. Alors commença 
une suite de procédures pendant lesquelles le sire de Mire- 
beau mourut. L'mstance fat reprise en 1462 contre Marr- 
guérite de Chàlon, sa veuve, et Pierre de Bauiïremont, son 
fils, et sur Tordre du duc renvoyée au parlement de Bour- 
gogne, lors séant à Beaune. 

Enfin le 12 janvier 1470 (n. st.) intervint un arrêt du 
parlement qui condamna les héritiei^ de Jean de Bauiïre- 
mont à une amende de quatre mille livres envers la ville , 
amende qu'un arrangement amiable réduisit à mille livres. 

Il importait cependant de circonscrire dans' d'étroites 
limites un droit qui donnait lieu à de si scandaleux abus 
que souvent le repos public en était troublé. En 1390, des 
malfaiteurs qui s^étaient retirés dans Téglise du béguinage 
de Diest avec femmes et enfants , avaient transforme cette 
maison de prière en une vraie taverne. Ils s'y livraient à 
des excès de tous genres : le jeu alternait avec les orgies 
les plus éhontées et telle était leur audace qu'ils y alimen- 
taient un brasier au moyen de débris de meubles. La fumée 
abîmait les livres et les tableaux et troublait même le ser- 
vice divin. 

Au commencement du siècle suivant, les gens de sac et 
de corde avaient organisé une espèce de terreur à Bruxelles 
et dans les environs , grâce à l'impunité qu'ils obtenaient 
par les nombreux lieux d';isile. 

Ils y étaient à l'abri de toute poursuite , car la menace 
d'excommunication en faisait des jardins des Hespérides et 
mieux que le dragon de la fable les défendait contre les 
entreprises des officiers du duc et de la ville. Ces «ibus, il est 



- 83 —, 

atsâ de se le figurer, devinrerit trop préjudidabtes à la 
sécarité publique y aussi Jean IV et le tnagistrat deman* 
dèrent-ils »u pape une bulle restrictite du droit d'asile. 
Martin V, qui occupait alors le siège de St-)*ierre, ac- 
cueillit favorablement leur supplique et pur une bulte du 
3janvier 1418, dé.-Jara iiidigres du prifvîlège de rimmitnité 
locale : 

1* Les voleurs et les larrons de grand cbeAiiii ; 

2<^ Ceux qui i-avafgeaient les champs ; 

3^ Ceux qui dressaient des embûches aux voyageurs ; 

4'' Ceux qui commettaient un vol dàtis xînë église ; 

Sr Ceux qui se reridaient coupables d'homicide dans Tes- 
IX)ir de se réfugier dans Une église. 

Sotis le régné de Philippe-le-Bon, les frèl'es prêcheurs 
à Anvers furent en butte à toutes sortes de Vexations, l^es 
assassins, les voleurs, les incendiaires s'établissaient ôur 
le terrahi de leur couvent, d'où ils âllaietit piller le voisi- 
nage et faire main basse sur tout ce qu'ils rencontraient. 
Leur audace était si grande qu'ils introduisaient des femmes 
de mauvaise vie au milieu des cloîtres et qu'ils enlevaient 
de force les cellules des pauvres religieux. Philippe-le-EJon 
par une ordonnance du 14 juillet 4435, tnil un frein à ces 
turpitudes et défendit aux fugitifs de demeurer au-delà de 
trois jottpg dans le couvent, âpi\ s quoi les officiers de jus- 
tice avaient J)lein droit de les y arrêter. Les désordres con- 
tinuèrent à se produire, paraît-il, jusqu'à la fin du XVl'^ 
siècle, pwsque Martin Rithove, évêque dTpres, décréta 
dans son synode diocésain que tout réfugié qui se permet- 
trait de profaner l'asile par des excès ou des fesHns serait 
adraofteslé pair le pasteur et, smI ne se i^endait pas à ses 
bons avis, ft devait être expulsé dé la place privilégiée. 

Vers le nwlieu rfd XV* siècle, les vioRttiotis et les sacri- 



— 84 — 

léges étaient devenus si fréquents à Anvers que Tauto- 
rité ecclésiastique elle-même s'en alarma et prit des me- 
sures rigoureuses pour y mettre un terme. En vertu d'une 
concession du pape Pie II du 19 novembre 1461, l'écoutète 
fut autorisé à arrêter pendant les foires de la ville, en lieu 
d'immunité, les incendiaires, les voleurs de grand chemin, 
les homicides volontaires , ceux qui ravageaient les champs 
et enfreignaient la paix ou qui conjuraient contre la liberté 
de l'église ou les statuts de la ville. L'official de Cambrai, 
Giselbert ordonna même , quelques années plus tard , au ma- 
gistrat sous peine d'excommunication et d'une amende de 
cent marcs, de chasser les criminels des lieux sacrés. Enfin 
un concordat solennel fut conclu, le 30 mars 1514, entre les 
bourgmestres et échevins et l'éveque Jacques de Croy, 
touchant l'expulsion des malfaiteurs réfugiés dans les églises 
et autres places franches. 

I/autorité ecclésiastique laissait donc au juge séculier le 
pouvoir de sévir, mais elle se réservait le droit d'examiner 
si les accusés méritaient ou non la jouissance de l'imunniité 
locale. C'est pour avoir méconnu cette prérogative de la 
cour spirituelle qu'un différend s'éleva vei's 1525 entre le 
bailli d'Alost et Tofficial de Cambrai. 

Un homme qui appartenait à une famille noble, Jacques 
van den Maie, coupable de plusieurs crimes, s'était sauvé 
dans l'église d'Erembodegem , près d'Alost. Le bailli do 
cette ville , convaincu que ses délits ne méritaient aucune 
miséricorde, envoya Etienne de Meyere, à Bruxelles, pour 
demander à l'oflicial de l'éveque de Cambrai l'autorisation 
de l'arrêter en son asile; 

Pendant ces pourparlers le bailli eût soin de mettre des 
gardes autour du cimetière afin de rendre toute tentative 
d'évasion impossible. Cependant cet officier et les hommes 



— 85 — 

de fief d'Alost , lorsqu'ils eurent examiné les charges qui 
pesaient sur Jacques van den Maie, ordonnèrent, sans atten- 
dre la décision de la cour spirituelle, Tarrestation de ce 
dernier et le firent mettre en prison. On manda immédiate- 
ment le bourreau de Gand, les poursuites suivirent leur 
cours , et comme les présomptions de culpabilité étaient 
suffisantes, van den Maie fut mis à la question et torturé. 

Mais cette procédure ne tarda pas à être interrompue, 
grâce à une menace d'excommunication que Taulorité 
ecclésiastique fulmina contre les juges. L'official voulait non 
seulement que le bailli abandonnât Taccusation, mais il lui 
enjoignait encore de rétablir Taccusé en lieu d'asile. Force 
fut donc à cet officier de renvoyer le bourreau et de députer 
de nouveau Etienne de Meyere vers la cour spirituelle 
pour qu'elle permit le jugement et l'exécution de Jacques 
van den Maie. Sur ses instances l'official chargea un com- 
missaire de prendre des informations en la ville d'Alost, et 
d'après son rapport, il déclara Taccusé indigne de la jouis- 
sance du droit d'asile. 

Au XVI® siècle, le droit romain, cjui déjà sous les princes 
de la maison de Bourgogne avait imprimé à l'administration 
de la justice ce cachet de grandeur disparu depuis des 
siècles dans le naufrage du monde antique, parvint à éta- 
blir définitivement sa prépondérance et à exercer de nou- 
veau sur l'univers l'empire de la sagesse et de la raison. 
Désormais le droit d'asile s'efface devant le droit de répres- 
sion qui se dégage des entraves qu'il avait subies jusque- 
là ; aucune mesure radicale n'est prise, il est vrai, dans 
notre pays contre son existence, mais chaque décret le dé- 
pouille de ses prérogatives et lui ravit une catégorie de 
criminels. Tels furent les édits de Charles-Quint du 22 juin 
1537 et du 18 septembre 1542, et l'ordonnance de son suc- 
cesseur Philippe II en date du 5 juillet 1570. 



— 86 — 

Pendant que nos souverains »'enbrQme&t d'îtttémier HAant 
que possible les inconvénients qui résuHaient de te grtode 
étendue du dri»t d'asile, en France il diîiparaissàU con^- 
plùleinent de la législation. Pour TaboUr tes rôi* trcs chré- 
tiens procédèrent doucement et sans brait. Piu^iedrs ordon- 
nances y avaient acbenainé peu à peu. En 1539, François I 
transigeait encore avec ce privilège et se coutenlait de la 
restitution préalable des criminels «sauf aies réintégrer s'il 
y esclieoit ». Henri II n'en parlait déjà plus dans sa loi de 
1547 : « Si un meurtre a été commis, lors sera faite dèile et 
entière perquisition et recherches par toutes les maisons, 
églises et franchises ^ pour se saisir réaumœent et de fait 
des (lits meurtriers et assassina teurs. » 



§ m. 



Le droit d'Asile religieux depuis la constitution 
Grégorienne {jusqu'à la promulgation de la 
Bulle : <f^ Ex quo divina » de Benoit XÎIL 

Le pape Grégoire XIV ligure au prenner rang des légis- 
lateurs du droit d'asile. Il réunit en un seul corps de doctrine 
tous les principes qui régissatei»! ce privilège et qui avant 
son pontificat se trouvaient disséminés dans ur> grand nom- 
bre (le décrétâtes, de bulles et de disposititïn» de coriciles. 
Cet acte célèbre, connu sous le nom de Consliluèion Gré* 
gorienne, devint désormais la règle de conduite poar toutes 
les affaires d'immunité locale et Grégoire XIV mil aiiïsi le 
sceau à la réiornrve ina^jurée par ses prédécesseurs. 



— 87 — 

On ne saurait méconnaître que cette bulle, bien que con^ 
firmant d* anciens usages , ne consacrât en quelque sorte 
la prépondérance du clergé en matière d'asile. I^es juges 
séculiers y virent une menace contre les prérogatives de 
Tautorité civile ; ils commencèrent donc à revendhiuer 
avec plus de hardiesse le pouvoir d'examiner si les accusés 
étaient dignes de la protection de FÊglise. Ils heurtaient 
aimsi de front la Con$Hlulion Grégorienne et préparaient , 
par ces nouvelles tendances , la voie aux violents conflits 
qui surgirent au XVIII® siècle et qui portèrent les derniers 
coups à rimmunité locale. 

Cependant, ce droit, que Tautorité séculière cherchait à 
amoindrir y luttait encore victorieusement contre le droit 
de répression. £» 1597 ^ à la fêle de l'Invention de la 
Sainte-Croix, un conseil de guerre venait de condamner à 
mort un soldat en garnison à Matines, lorsqu* une jeune fille, 
à Vexemple des Vestales romaines dont la présence sauvait 
les criminels y se présenta y revêtue d'm^ parure de fiancée, 
devant la Cour martiale et déclara vouloir épouser ce mal- 
heureux « 

A cet étrange epectî^cle, accoururent pèle-mële et le 
peuple et les soldats, les {emmes surtout se montrèrent en 
grand nombre. De là tmnulte et désordre dont notre héros 
profita pour s'enfuir dans la métropole de St-Romlmut. Le 
gw*verneur général, Tarehiduc Albert, ordonna au magis- 
trat de le faire arrêter, mais celui-ci, par lettre du 7 mai, 
informa ce prince que le ?oldî/t depuis sa retraite à f église 
avait déjoué toutes les recherches. D'ailleurs , rarchevéc^ue 
Matbïas Va*nden Hove avait déjà refusé au bourgmestre et 
aux €>fikiers du régiment de leur livrer le soldat réfugié en 
aÂle. 

J-e pouvoir ecclésiastique ne cessait d*élever la voix pour 



•v 



— 88 — 

défendre ce privilège ; en 1630, le synode d'Anvers, 
dans le but d^éviter les difficultés qui naissaient du droit 
d'asile , prescrivit , sous peine d'excommunication , la rigou- 
reuse observation de la bulle de Grégoire XIV. Des théolo- 
giens et des canonistes lui donnèrent même une extension 
qu'elle ne comportait pas , de là l'impunité acquise et en 
quelque sorte consacrée en faveur des criminels. 

Aussi les archiducs Albert et Isabelle furent-ils obligés de 
venir en aide aux officiers de justice, dont l'action était 
constamment paralysée, et de leur permettre, par fart, 21 
de redit du 1 juillet 1616, d'arrêter dans les lieux de refuge 
les vagabonds, les voleurs et autres bandits. 

Il était devenu nécessaire de déployer d'autant plus de 
sévérité contre les malfaiteurs que le clergé subalterne leur 
fournissait souvent l'occasion de s'échapper. - 

Les bourgeois de Louvain , impliqués dans les troubles 
dont cette ville fut le théâtre en 1684, durent leur salut à 
l'extrême mansuétude de certains chefs de communautés 
religieuses ; ils les avaient reçus en effet dans leurs cou- 
vents pour les soustraire à la grande sévérité que- le gou- 
vernement semblait vouloir imprimer aux poursuites. 
Évidemment les exigences de la répression ne permettaient 
pas de les y laisser en paix, tel fut l'avis de la chambre du 
Conseil de Brabant, qui avait été envoyée à Louvain, avec 
mission de sévir contre les émeutiers : elle soutint que 
d'après les lois, usages et concordats du pays, dans les cas 
de sédition et de crime de lèse majesté, le droit d'asile ne 
devait pas être respecté et elle ordonna au procureur 
général d'arrêter les accusés nonobstant toute réclamation. 
Cependant, par déférence pour l'autorito ecclésiastique, le- 
gouverneur général avait député à l'archevêque de Malines 



— 89 — 

le fiscal Bouton pour tacher de s'entendre et de concilier les 
immunités de TÉglise avec les intérêts de TËtat, mais 
cette démarche échoua devant les scrupules du prélat qui 
craignait d'outrepasser ses pouvoirs. Les perquisitions com- 
mencèrent donc dans les couvents ; les cordeliers air;lais 
reçurent la visite du procureur général et du maïeur de lu 
ville accompagnés d'une force armée imposante. 

Ce fut en vain que les religieux essayèrent de s'opposer à 
l'investissement de leur cloitre , et firent entendre les pro- 
testations les plus énergiques. F^e procureur général ordonna 
de n'en tenir aucun compte ; rien n'échappa aux investigations 
de la justice, et on fouilla le couvent dans tous les sens, 
espérant y trouver les coupables. Toutefois cette visite, 
qui ne dura pas moins de six heures, n'amena aucun 
résultat. 

Il en fut de même chez les carmes déchaussés où les 
ordres du Conseil furent exécutés avec la dernière rigueur. 
L'autorité ecclésiastique y vit une atteinte portée à ses 
immunités et le nonce da pape à Madrid , le cardinal 
Mollini, adressa au gouverneur général des plaintes amures 
au sujet de la violation du droit d'asile. 

Une question d'immunité locale souleva, en i672, entre 
le grand Conseil de Malines et le Conseil de Flandre un 
conflit qui ne manque pas d'intérêt; il s'agissait de décider 
si le droit d'asile était sujet aux règlements des causes cri- 
minelles ou s'il rentrait dans le domaine des affaires ci- 
viles, à propos d'une double arrestation opérée dans l'abbaye 
d'Eename , en vertu d'un mandat du procureur général de 
Flandre. Les deux accusés avaient été incarcérés à Gand ; 
ils y furent, malgré les réclamations du prélat d'Eename, 
réduits à une dure captivité et l'un d'eux subit l'horrible 



— 90 — 

torture connue sous le nom iYHalsbant K Dans orre lettre 
écrite au nonce apostolique, Tabbé exposa ces faits et fit 
remarquer combien il était irrégulier d'appliquer à la ques- 
tion avant Texamen du privilège d'asile ; il supplia le re- 
présentant du pape de vouloir poursuivre au conseil privé 
la cassation d'une semblable procédure. Il prit également 
son recours au roi et sa requête fut envoyée avec demande 
d'avis aux conseillera fiscaux du grand Conseil de Malines. 
Ceux-ci déclarèrent que l'exception invoquée par l'abbé était 
préjudicielle « et par conséquent sur l'adjudication ou refus 
d'icelle doit estre fait droict avant passer à des afflictions 
corporelles des accusés pour l'irréparabilité qui résulteroit 
du procédé contraire. » 

Le grand Conseil ordonina donc au Conseil de Flandre de 
décider la question de l'immunité locale avant de juger 
l'affaire au principal ^ mais le procureur général^ loin de 
se rendre à cette injonction, prétendit que le cooseil de 
Flandre n'avait pas d'ordre à recevoir du grand Conseil dans 
un procès où il s'agissait d'un meurtre qualifié ^ et que cette 
haute cour ne pouvait pas s'immiscer en uo procès criminel 
soumis au Conseil de Flandre. Le 5 juillet 1672, les con- 
seillers fiscaux démontrèrent l'inanité des assertions du 

• 

procureur général ; d'après eux la question d'infmumté 
n'était pas assujettie aux règlements des causes crimineltes, 
mais était comprise dans le domaine des affaires civiles. 
Sur cet avis , le grand Conseil ordonna de rechef au Con- 
seil de Flandre de décider la question d'asile dans un délai 

* VHalsbant ou collier était ^in\\ de pointes à l'intérieur et fixé par des 
cordes aux (Quatre coins de' la chambre. On fe m%ttarit ain'hi au cou* du pi*év)eAti 
que Kon faisait assidoirsui* tm trépied', les bras liés derrière le dos, les jambw 
relevées au moye» d'autres cordes. U lui était donc très diflicile, pour ne pas dire 
impossible, de se* maintenir en équilibre et le i#>oiuJie choc lui faisait entrer 
les pointe^ de fer dans le cou, 



— 9i — 

de huit jours, sous peine de révoquer par devant lui. îl 
ne fut pas oWigé d'en venir à cette extrémité et le Conseil 
de Flandre porta une sentence statuant que l'arrestation 
avait été légalemant faite et ordonna que les accusés 
seraient néanmoins remis en lieu franc. 

Si le droit d asile enrayait les poursuites criminelles et 
assurait parfois l'impunité aux coupables, il est aisé de 
conjprendre quelle influence néfaste il a dû exercer sur la 
discipline militaire. En 4077, le prince d'Orange ne vou- 
lut mettre de garnison ni à Mons, ni à St-Ghislain, il re- 
doutait trop les conséquences de l'immunité locale. Con- 
sultée sur l'étendue qu'il convenait de conserver à ce pri- 
vilège, la faculté de l'un et l'autre droit de l'université de 
Louvain, établit une distinction entre les déserteurs, 
d'après le culte qu'ils professaient. Elle émit aussi l'opinion 
que les évoques pouvaient , à cause de la raison d'Etat , per- 
mettre l'arrestation de soldats réfugiés dans les lieux saints. 
Cependant elle ne devait pas se faire à main armée. 

Le Grand Conseil de Malines et le Conseil de Brabant 
furent également saisis de la question. Le gouverneur géné- 
ral, duc de Villahermosa , adopta la manière de voir de ce 
dernier et par un édit public il déclara que les déserteurs 
ne pouvaient pas jouir de l'immunité des églises et autres 
lieux pieux et que ceux qui voudraient s'en prévaloir se- 
raient arrêtés dans leur refuge par les officiers séculiers 
et livrés ensuite au juge militaire. 

Cette mesure ne semble pas avoir extirpé le mal puisque 
quelcjues années après lorsqu'on était sur le point d'entrer 
en campagne avec les armées alliées, le roi d'Angleterre 
Guillaume III et l'Electeur de Bavière obtiennent de l'ar- 
chevêque de Malines, Humbert de Précipiano, un man- 
dement destiné à prévenir, autant que possible, les nom- 



— 92 — 

breuses désertions que facilitait le droit d'asile. Frappé du 
préjudice qu'elle.^ causiieat à Li dis^ipliae militaire , son 
successeur le cardinal d'Alsace demanda au pape Clément 
XI de vouloir promulguer contre les déserteurs une bulle 
restrictive de ce privilège. I^ souverain pontife se rendit 
à son désir et lui permit de défendre à tous les supé- 
rieurs des couvents et des églises de recevoir les soldats, 
qui se réfugieraient en lieu saint, pour déserter ou pour 
commettre d'autres délits militaires. 

Le pape donnait plein pouvoir de livrer aux ofliciers tous 
les soldats qui se trouveraient alors en asile, à condition 
que Tautorité militaire s'engngeàt à ne leur infliger aucune 
punition et à les laisser revenir sous les drapeaux. Si les 
coupables s*obstinaient à ne pas se soumettre aux lois de la 
discipline, l'archevêque était autorisé à les faire sortir de 
leur franchise au bout de trois jours, et ce laps de temps 
passé, à les mettre dans ses prisons pour s'assurer de leurs 
personnes : en cette hypothèse il devait porter l'affaire à 
la connaissance delà cour de Home. Le pape accorda celte 
permission pour le terme d'un an, mais l'archevêque pou- 
vait en obtenir la prolongation jusqu'à extirpation complète 
des abus que la bulle tendait à réprimer. 

Le cardinal-archevêque de Cambrai obtint également, en 
1719, un induit qui l'autorisait à laisser arrêter en lieu d'asile 
les soldats accusés de désertion ou d'un autre déht militaire. 

Le commencement du XVIII® siècle vit naître un conflit 
des plus violents entre les deux autorités. Tout semble 
avoir concouru pour le rendre à jamais célèbre dans les 
annales du droit criminel aux Pays-Bas : le lang élevé des 
personnages en cause , l'archevêque de Malines , le pro- 
cureur général du grand Conseil, le roi même ; les mesures 
extrêmes auxquelles de part et d'autre on s abandonna, ex- 



^ 93 — 

communication du procureur général, saisie du temporel 
du prélat; enfin les incidents de l'affaire qui démontrèrent 
que le droit d'asile était devenu la pierre d'achoppement 
de la justice et la sauvegarde des criminels et que par con- 
séquent il importait^ non-seulement de le restreindre , mais 
de l'abolir entièrement et de le faire disparaître de notre 
législation. Voici les faits : 

Une dame qui appartenait sans doute au demi monde de 
répoque, joue le premier rôle dans le prologue de cette 
affaire. Blessée d'une plaisanterie que le capitaine don Carlos 
de Saladraz s'était permise sur son compte , la belle pé- 
cheresse résolut de se venger» en le tuant de ses propres 
mains, et elle s'oublia, en effet, jusqu'à Taltaquer au pied 
de l'autel de l'église des Ursulines. Son dessein ayant échoué, 
elle n'en continua pas moins ses menaces de bouche et par 
écrit et finit par se mettre en rapport avec un nommé 
François Van Ophoven qui s'était offert pour servir d'in- 
strument à cette implacable vengeance. Van Ophoven dé- 
ploya un grand zèle à venger notre héroïne, car il dressa 
sans retard un guet-apens au capitaine , qui , toutefois, par- 
vint à s'échapper, grâce au secours de quelques personnes. 

Dès le lendemain, le bruit du crime se répandit en ville, 
le grand Conseil s'en alarma , tandis que ceux du magistrat 
se livraient à d'activés recherches afin de découvrir le cou- 
pable. Elles ne devaient pas être longues; on le trouva 
bientôt chez les dominicains, où il réclamait le droit d'asile. 

Le grand Conseil, ayant fait appeler alors l'official M. de 
Coriache lui demanda l'autorisation de mener Van Ophoven 
en prison. Loin de regimber, le dignitaire ecclésiastique 
promit d'aller donner les ordres nécessaires et, accom- 
pagné de Thuissier lîaltaille, se dirigea vers le cloître des 
dominicains. Déjà les commissaires du magistrat y étaient 



— 94 — 

réunis: aussi l'arreslalion s*opéra sans aucun délai, aeus 
réserve néanmoins de l'immunité locale qui pouvak appar- 
tenir & l'accusé. Celui-ci, à cause de ses blessures, fut 
conduit en chaise jusqu'à la prison. 

Cependant le «tagistrat avait fait défense au geôlier de 
laisser sortir ou communiquer Van Ophoven avec personne, 
consigne qui fut observée â l'égard de son avocat , quoique 
porteur d'une permission de roflîcial. De son côté, le grand 
Conseil prit la même mesure, à l'effet de décider si Van 
Ophoven devait jouir ou non de l'asile religieux. Informé de 
cette conduite, l'official commença immédiatement l'instruc- 
tion de l'affaire et cita devant soii tribunal, au moyen d'affi- 
ches publiques, l'écoutètede la ville ettous ceux qui oseraient 
prétendre que l'accusé ne devait pas jouir du droit d'asile. 

En présence de ce fait, les conseillers fiscaux présen- 
tèrent une requête, dans laquelle il protestaient contre la 
manière d'agir de l'official. Mais déjà l'archevêque de Ma- 
lines avait obtenu gain de cause auprès de l'Electeur Maxi- 
milien Emmanuel et l'ordre fut donné de faire remettre 
Van Ophoven an cloître des dominicains, en vertu de la 
sentence de la cour ecclésiastique. 

Ici commence un nouvel épisode qui n'est pas le moins 
intéressant. Le grand Conseil prétendit que le dénouement 
du conflit avait été arraché par surprise. Sa représentation 
fût l'envoyée devant le Conseil d'Etat et le roi déclara ensuite 
que !e parlement de Malines pouvait et devait connaître, 
à l'exclusion du juge d'Eglise, de tout ce qui concerne le 
privilège de l'immunité locale et lui enjoignit de procéder 
immédiatement à l'instruction de l'affaire. En conséquence 
de cet ordre , le grand Conseil porta un décret statuant que 
Van Ophoven serait remis au couvent et confia au procu- 
reur général, M. Du Jardin, la mission de se transporter 



— 96 — 

à la prison dans le catrosse du président pour conduire 
l'accusé chez les dominicains. Mais Van Ophoven ne voulut 
point entendre parler de celte offre de liberté ; il déclara, 
an contraire, qu'il ne sortirait de son cachot que par l'au- 
torité de l'archevêque, puisqu'il avait été interné de la part 
de la cour spirituelle. 

IjC procureur général fut donc obligé de différer lexécutioii 
de la sentence et d'aller rendre compte au grand Conseil de 
ce qui s'était passé. Celui-ci lui intima Tordre de retourner 
à la prison, et en cas de refus ultérieur, de contraindre 
Van Ophoven de déférer aux ordres de la cour. 

JjB procureur général s'y rendit donc de nouveau, assisté 
de deux huissiers et de cinq sergents de récoulùte de la 
ville ; mais il eut beau renouveler ses sommations , ce fut 
en vain : il fallut en venir à l'emploi de la force. Il nous est 
impossible de décrire la soene qui se produisit alors , aussi 
croyons-nous devoir citer textuellement le passage suivant 
du faclum qui nous a fourni ces détails : 

« Sur quoy estant survenus Tofficial, le secrétaire, le 
greffier, deux appariteurs et deux valels de rarcheveque , 
ils se mirent tous en devoir d'empêcher Texécution du 
décret du grand Conseil, se fourrant entre le prisonnier, 
huissiers et sergeants, avec autant de chaleur que de criall- 
leries. Et comme un desdits sergeants nommé Feyens , 
ayant rencontré une jambe étendue contre le pilot de la 
porte d'au milieu de la prison, qui empôchoit qu'on ne pût 
faire sortir le prisonnier, ôta par force cette jambe qu'il ne 
pouvait reconnaître dans la foule et l'obscurité, il en reçut 
un coup sur le ventre , et en même temps entendit la voix 
du secrétaire Kerckhove, disant : vousprennez ma jambe; 

8 



-. 96 - 

et quoiqaé le dit sergeant lui fit sur le champ ses excuses 
et qu*il ne scavait pas que c'éloit ou auroit été sa jambe, le 
secrétaire néantmoins ne put s'empêcher de répliquer qu'il 
Tapprendroit bien, en criant à haute voix : je vous excom- 
munie, ce qu'il répéta à diverses reprises, conjointement 
avec Tofficial , quoyque personne ne les eut maltraités , iiy 
de fait, ny de parolle. 

Cependant Tofficial ayant remarqué que parmy ces 
désordres le prisonnier se trouvoit poussé jusqu'aux trailles 
de la porte luy dit : venez avecq moy, je vous mènei*ay aux 
Dominiquains, le prennoil pour cela à même temps par les 
bras, ce qui donna lieu au conseiller et procureur général 
de faire fermer la porte de la prison jusqu'à ce qu'il en 
auroit été faire raport. Aussi à moins d'un quart d'heure 
après, rhuissier Bataille revint à la prison, fit rentrer le 
prisonnier dans le lieu de sa détention et puis ouvrit la 
porte de la prison , de laquelle de suite lesdits officiai , 
secrétaire, greffiers et appariteui's et valets sortirent libre- 
ment. » 

Cependant Tarchevêque, considérant la conduite du par- 
lement de Matines comme une nouvelle injure à la juridic- 
tion et à l'immunité ecclésiastiques, fit successivement par- 
venir au procureur général deux protestations avec menace 
d'excommunication, s'il ne se désistait pas de son entreprise. 
M. Du Jardin nen tint aucun compte, et à la suite d'une scène 
des plus tumultueuses qui signala le transfert de l'accusé 
de la prison au lieu d'asile, ce magistrat fut excommunié 
par Id voix des prédicateurs dans les églises de St-Rom- 
baut et de Saint Jean et par des affiches publiques *. 

^ Voici en quels termes était conçue la sentence d'excommunication : 
f .... Visis etiam caeteris actis ad hanc causam spectanlibus^omnibusque mature 
1 consideratis et perpensis cum reverendis admodum dominis praeposito , de- 



- 97 - 

A rexcommunicalion de son procureur général, le grancj 
Conseil répondit par un décret qui dénote à quel degré 
d'effervescence en étaient arrivées les parties. En effet, 
celte Cour condamna Tarchevêque à 6,000 florins d'amende, 
avec ordonnance aux conseillers fiscaux de les prendre sur 
son temporel ; elle lui ordonna de lever l'excommunication 
contre le procureur général , sous peine de dix mille autres 
florins d'amende en cas de relard. Enfin , Yaqiiœ et ignis 
interdiçtio des anciens Romains fut infligée au prélat, puis- 
que le parlement de Mulines défendit à tout sujet du roi de 
communiquer avec lui ou de lui fournir, directement ou 
indirectement, des vivres, jusqu'à ce que réparation eût 
été donnée de l'attentat dirigé contre le grand Conseil. 

L'intervention de l'autorité souveraine était devenue indis- 
pensable pour calmer les esprits ; car il importait de ne pas 
laisser dégénérer en désordre un conflit qui prenait des pro- 
portions aussi inquiétantes. C'est ce que fit le roi par deux 
lettres, Tune adressée au grand Conseil et l'autre à l'arche- 
vêque . 11 ordonnait au premier de surseoir à toute procé- 
dure contre ce prélat et de lui rendre les amendes qu'il 
pouvait avoir encourues. Le criminel , qui avait donné lieu 



> canoét capilulo nobtro melropolitico , a'iitlioritate Dci omnipotentis Putrîs et 

• Filii et Spiiitiis sancti et bcatorum apostolorum Pétri et Pauli , Sancti Rutnoldi 
1 et omnium sanctorum , exigente contumacia dicti D. Philippi Dujardin, inio 
» crescente per nova attentata tam in person:irn nobtrani quam officialis nostri , 
1 et per inva^iones in jurisdictionem et iminunitatem ecclesiasticam , utentes 
9 In€^diis defensionis in casu praesenti opportunioribus, doclaramus in his scrip- 
» lis D. Philippum Dujardin incurrisse cxcoii municationem majorera latae sen- 
» tentiae ob facta in praeinsertis litteris monilorialibus no^tris expressa, et nihil- 

> ominus, in quantum opus excommunicainiis ettamdiu vitandum denuncîamu!>, 
» donec resipuerit. Mandantes ut praesentes litcrae ad vahas eci-le»icie nostrae 

• metropolitanae et ecclesiae parochialis Sancti Joannis in hiic civitate afTigan- 

• tur et per praescntarum ecclesiarum concionatores prima die opportuna c sug- 
1 gestu promulgentur ut spiritus ejus in die judicii salvus fiat. Ita pronuntiantes 

> etc. » 



au différend, devait être relire de la prison con/ointenienl 
par les officiers du grand Conseil et de l^archevèque. Par 
ordre du roi , Humbert Guillaume de Précipiano dut nl>- 
soudre en son oratoire les mininlres du grand Conseil qui 
avaient été frappés d*anathème. 

Cependant rarchevôque de Matines n'obtempéra pas im- 
médiatement à cet ordre et M. Dujardin, procureur géné- 
ral du grand Conseil, ifobtint la levée de Texcommunica^ 
tion lancée contre lui qu'en 4703 et aux conditions insérées 
dans un acte du vicaire général Van Susteren. 

Si dans le pays de IJége on ne voyait jamais surgir sem- 
blable conflit^ c'est que le souverain y réunissait en sa 
personne la plénitude du pouvoir séculier et de Taulorité 
ecclésiastique. Les princes évoques avaient d'ailleui*s sou- 
mis le droit d'asile à des entraves aussi étroites que celles 
qu'il subissait aux Pays-Bas. Par Tarlicle 10 de la paix de 
Jeheffe ou de Yottem de l'an 1331 il était statué que Tim- 
munito des églises ne saurait profiter aux personnes cou- 
vaincues de grands crimes. Ce principe reçut encore une 
sanction nouvelle lorsque en 1623, le prince Ferdinand de 
Bavière porta, en qualité de duc de Bouillon, une ordon- 
nance qui défendait aux Augustins de cette ville défaire de 
leur couvent un refuge pour les criminels. € Comme quel- 
(lues bourgeois de noire cité de Liège, écrivait-il au père 
prieur, se fui.ssent adressez a notre gouverneur prévôt de 
Bouillon pour Fappréliension de quelques soldats ayant assisté 
a certain vol des choses appartenantes à plusieurs desdis nos 
bourgeois, entendons que pour empesclier ladite appréhen- 
sion , vous les auriez receu et tenu en vostre cloistre. Et 
comme notre intention ne soit que les maisons de religion 
servent d'nsile à gens altainclz de crimes attroces, comme 
vollcrie et brigandage , nous avons bien voulu faire entendre 



- 99 ^ 

par ceste nostre mécontentement et défendre bien expressé- 
ment de recevoir doresnavant aulcuns malfaiteurs et crimi- 
nels aux encioz de vostre maison affiii que radminisfratioti 
de justice ne soit par ce moyen empesché à nos officiers *. » 

Au XVIII* sit'cle, l'asile attribué aux palais des souverains 
n'était pas complètement tombé en désuétude. Celle im- 
munité remonte à la plus haute antiquité; en effet, de 
même que les peuples ont envisagé la divinité comme la 
protectrice de l'innocence opprimée , de même aussi ils ont 
donné à leurs rois cette qualité et les prérogatives qui en 
découlent. 

Pareille franchise fut encore invoquée à Bruxelles le 
3 décembre 1748. A cette date Ambroise d'Ophoven se 
présenta, accompagné de son frère, à la prison duTreuren- 
berg en cette ville. A peine eurent-ils franchi le seuil de la 
porte qu'ils se mirent à maltraiter la geôlière , qui était 
venue leur ouvrir et à exiger qu'elle leur donnât les clés 
du cachot, où se trouvait détenue pour dettes la femme 
d'Ambroise d'Ophoven. La lutte ne fut pas longue : acca- 
blée de coups, la geôlière se hâta de remettre les clés. 
Grâce à cet acte de violence, la femme d'Ophoven , suivie de 
son mari et de son beau-frère, sortit hbrement de prison. 
Ces derniers, avant de quitter le Treurenberg et dans le 
but de rendre l'évasion plus facile , avaient jugé prudent de 
mettre la geôlière elle-même sous les verrous. Ils se diri- 
gèrent ensuite vers le Parc, qui, comme dépendance du 
palais, jouissait de l'immunité locale. Mais ils y furent 
bientôt arrêtés et conduits à la grand-garde , où ils récla- 
mèrent leur liberté, en se fondant sur le droit d'asile. 

* Nous devons cette pièce intéressante 9 roblt^eance Je M. Oceray. Qu'il reçoive 
û rexpresfiiop de notre gratitude, 



Kl 



— iOO — 

Dans cette occurrence, le marquis de Prié consulta l'office 
fiscal du Conseil de Brabant qui jugea que les coupables 
étaient indignes du privilège , comme s'étant échappés par 
force des mains de la justice. Quant à la femme d'Am- 
broise d'Ophoven, elle fut renvoyée le 3 avi'il 1719 devant 
le Conseil de Brabant. 



§IV. 



Le droit d'asile religieux depuis la promulga- 
tion de la Bulle : c Ex quo divina ^ jusqu'à sa 
suppression. 

Il s'était formé au XVIII* siècle une école de juriscon- 
sultes fortement imbue des idées gouvernementales. 

Faire une guerre à outrance à tout ce qui pouvait anni- 
hiler ou amoindrir la suprématie du pouvoir royal sur tout 
autre , telle était sa devise et en quelque sorte son cri de 
ralliement. 

Les églises y selon ces jurisconsultes , faisaient partie du 
territoire de l'État et étaient sujettes à l'autorité souveraine. 
Consacrées au culte, elles étaient, d'un autre coté, sou- 
mises à la puissance ecclésiastique, mais pour les affaires 
seules qui touchaient à la religion. Ils prétendaient que 
lasile attribué aux lieux sacrés ne concernait en aucune 
manière le service divin et qu'il n'avait d'autres résultats 
que de soustraire les coupables à la justice et de leur 
assurer l'impunité. Ils y voyaient donc une question pure- 
ment politique , de là la conséquence que c'était à l'autorité 



— 101 - 

séculière de le réglementer, de l'augmenter , de le res- 
treindre ou même de l'abolir. 

Celte théorie n'était que le corollaire de la doctrine des 
jurisconsultes qui proclamaient que les juges ecclésiastiques 
n'avaient pas de territoire et qu'ainsi il ne leur appartenait 
pas de s'occuper des coupables réfugiés à l'église, soit 
pour les arrêter, soit pour les juger. 

A cette assertion les canonistes opposaient le décret du 
roi Philippe II sur Texécufion du synode de Cambrai , décret 
qui accorde au juge ecclésiastique l'autorité sur le territoire, 
au moins en ce qui concerne la juridiction spirituelle. 

En présence de ce désaccord, la cour de Rome crut devoir 
nettement formuler ses prétentions. Benoît XIII, par la 
h\û\e Ex quo divinaj du 8 juin 1725, confirma donc et 
étendit la constitution de Grégoire XIV Cum alias nonmillij 
et introduisit de nouvelles exceptions pour la jouissance du 
droit d'asile. Mais ces concessions ne parurent pas assez 
radicales et le pouvoir séculier se mit à épier le moment 
où il pourrait reprendre la part d'autorité dont les représen- 
tants de l'Église avaient été investis. Le droit d'asile entre 
désormais dans sa dernière période , c'est à son agonie que 
nous allons assister. 

En 1728, les capucins du couvent d'Eupen, au pays de 
Limbourg, mus par un sentiment de pitié, ourdirent une 
petite conspiration en vue de sauver de la mort une femme 
dont tout le crime était de s'être trouvée avec une bande 
d'Égyptiens. L'exécution de la sentence avait été suspendue 
pendant trois jours à l'effet de lui permettre de s'initier aux 
devoirs du christianisme sous la direction des susdits reli- 
gieux et de se préparer ainsi au suprême passage. Elle 
trouva entretemps une nouvelle exception dilatoire, elle se 
prétendit enceinte. Il fallait donc faire constater si son as- 



sèrlion était vraie ou faasse , oudsi te maîeur d*Eupèh résô- 
lut-ildela transférer dans la ville de Limbout^. Cest alors 
que ieâ capucitis crurent le moment favorable pour mettre 
leur projet à exécution «t s'entendirent avec quelques filles 
dévolu du trerô-ordrô, qui, sous prétexte de donner Fin- 
Ètftiotiott reHgieose à la condamnée , facilitèrent sa fuite jus- 
qu'à l'entrée de la cour du ooux'ent de ces religieux. 

Là une poterne s'entr'ouvi-it comme par enclianteuïent 
et déjà notre héroïne s'apprêtait à la franchir quand, dans 
sa précipitation, elle fit un faux pas et tomba d'une ma- 
nière si malencontreuse qu'une partie de son corps se trou- 
vait dans la cour du couvent, l'autre sur la voie publique. 

Cependant les gardes du maîeur avaient eu le temps de 
la rejoindre et s'efforçaient de la tirer hoi*s de la poterne. 
Mais ils avaient compté sans les pères capucins qui, de 
leur coté, se trémoussaient pour la faire entrer dans leur 
enclos. La lutte resta quelques instants indécise, toutefois la 
victoire demeura aux gardes qui emmenèrent immédiate- 
ment 'la captive au lieu de sa détention. Les capucins 
l'y suivirent aussitôt et la réclamèrent en vertu du 
privilège de l'immunité locale qui, d après eux, venait 
d'être violée. Ils échouèrent néanmoins dans leur nouvelle 
tentative ; le lendemain ils adressèrent une requête contre 
le maîeur d'Eupen au vice-archidiacre et officiai deCondroz, 
à Teffét de faire remettre la prisonnière en asile sous peine 
d'excommunication . 

Le Conseil privé, consulté en celte matière, émit l'avis 
que. dans l'hypothèse môme où la cour des capucins serait 
une place franche , la captive ne devait pas en jouir attendu 
qu'elle tombait sous le dispositif du placard du 29 décembre 
1725, émané contre les Égyptiens et autres vagabonds de 
cette espèce, auxquels un décret des archiducs avait 



— 403 — 

déjà dénié la jouissance du droit d'asile. La gouvernante 
générale adopta ces conclusions et des mesures furent prises 
immédiatement pour en assurer la mise à exécution. 

En présence d'une nouvelle difficulté survenue, en 1732, 
à Luxembourg, à propos d'un soldat qui s'était sauvé chez 
les Récollets, Marie Elisabeth , dont la constante préoccu- 
pation était de ne froisser en rien l'autorité spirituelle, 
supplia l'empereur (Iharles VI de vouloir régler la question 
du droit d'asile au moyen d'un concordat avec la cour de 
Rome. Mais ce monarque, loin d'admettre la demande de 
sa sœur, lui répondit qu'au juge séculier seul appartenait 
le pouvoir de décider si un criminel méritait ou non la 
protection de l'Église (dépêche du 19 juillet 1732). 

Cependant cette disposition ne sortit ses pleins effets 
qu'après la mort de l'archiduchesse Marie Elisabeth. La 
pieuse princesse , obéissant à des scrupules de conscience, 
s'était constamment refusée à la publier, et elle fut trouvée 
dans sa cassette par le comte de Ilarrach , qui d'après 
l'ordre de l'impératrice Marie-Thérèse, l'adressa , le 10 avril 
1742 , aux conseils supérieurs de justice. 

Un nouveau décret, en date du 31 octobre 1753, vint 
encore corroborer les mesures restrictives que l'autorité 
séculière avait jusque là apportées à la jouissance de l'asile. 
11 statuait que la réquisition à adresser à l'évèque n'était 
qu'une formalité de bienséance, une attention pour le 
caractère épiscopal , mais qu'elle n'était nullement essen- 
tielle. Cependant aux termes du décret, les juges devaient 
par déférence avoir recours à l'ordinaire du diocèse afin 
d'obtenir la permission d'arrêter les criminels. L'évèque , 
ou son vicaire, était tenu de la donner tout de suite, si on 
la demandait de bouche , et dans les vingt-quatre heures, 
si l'autorité sécuUère la réclamait par écrit. Le gouverneur 

9 



— 104 — 

général autorisait aussi les magistrats ou juges des endroits 
où révoque ne résidait pas, à se saisir des criminels réfugiés 
en asile et à y faire, à cet effet, telles visites et perquisitions 
qu'ils jugeraient nécessaires. 

Frappé des grands inconvénients qui résultaient de l'asile 
que l'on accordait aux militaires , le prince Charles de 
Lorraine résolut de l'abolir entièrement à leur égard. Par 
un décret en date du 24 mai 1760 il priva les déserteurs de 
la jouissance de ce privilège, et par un autre décret du 
28 mai 1770 il statua qu'à l'avenir aucun soldat, déserteur 
ou non, ne pourrait la revendiquer. Il apporta, il est vrai , un 
tempérament à cette disposition en informant les évêques 
que les déserteurs, retirés des places franches , ne seraient 
phis punis de mort , à moins qu'ils ne fussent coupables 
d'un. crime capital (8 octobre 1770). 

Le droit d'asile allait évidemment à son déclin. Dès le com- 
mencement de l'année 1776, les cours de justice furent con- 
sultées sur une ordonnance que Timpératrice Marie-Thérèse 
venait de porter dans ses états héréditaires et qui abolissait 
pour ainsi dire le privilège de l'immunité locale. Elles trans- 
mirent leurs avis au conseil privé, qui, après s'être entouré 
de toutes les lumières possibles , se prononça dans une con- 
sulte du 2 juillet 1781. Il y proposait l'aboUtion de l'asile 
pour tout criminel , et comme corollaire que les juges pour- 
raient arrêter les coupables dans les lieux privilégiés, sur 
le même pied que partout ailleurs, et sans devoir faire au- 
cune réquisition à ce sujet. Cependant aucune décision ne 
vint sanctionner ce projet et ce ne fut que pendant l'occupa- 
tion de notre pays par les Français que le droit d'asile fut 
rayé de notre législation. 

Au résumé, nous pouvons dire que le droit d'asile s'est 
révélé d'abord comme protecteur de l'innocence opprimée ; 



— 105 — 

c'était un moyen d'échapper aux premiers mouvements d'un 
despote en courroux et de procurer à la partie lésée des dé- 
dommagements plus avantageux que celui d'un supplice sté- 
rile. L'humanilé l'autorisait contre la sévéïité excessive des 
lois pénales ; à son contact elles s*adoucirent et s'impré- 
gnèrent, en quelque sorte , comme d'une rosée bienfaisaixle 
de cet esprit d'humanité qui doit présider même à la répres- 
sion des plus grands forfaits. Il dégénéra ensuite en abus, 
mais ce ne fut qu'après avoir accompli sa mission civilisa- 
trice, et à l'époque où l'action d'une justice régulière se sub- 
stitua à la vengeance individuelle. 



HISTOIRE 



DE LA 



VILLE DE CHIEVRE8 



PAR 



l'Abbé L. A. J. PETIT. 

curé de Baudour, 
Membre Honorai le de TAcadùmie. 



Ex pîarihiis iintim, 



AVANT-PROPOS. 

Le 49 mars 1PG7 , M. Charles Père , docteur en médecine, 
originaire de Cliièvres, envoya à la Société des Sciences, 
des Arts et des Lettres du Mainaut, un manuscrit intitulé : 
Notice historique sur la petite ville de Chièures en Hainaiit, 
extraite presqu'enlièrement des Annales du Uainaul^ par 
Jacques dk Guyse , que déjà il avait donnée en feuilletons 
dans Y Écho de la Dendre ^ ce qui empêcha, sans doute, 
la commission composée de MM. Lacroix, Devillerset Rouvez 
de conclure à Timpression demandée par Fauteur. 

La môme année M. Devillers fit sur le même sujet une 
notice bien intéressante qui fut insérée dans le tome VII 



— 107 — 

des Annales du Cercle Archéologique de Mons. Puisque 
nul auteur n'a donné l'histoire de celte ancienne ville , j'ai 
tâché de la faire , en recueillant ça et là des événements 
qui s'y rattachent et en formant un tout complet que j'ai 
l'honneur de soumettre à la bienveillante appréciation de 
Messieurs les Membres de l'Académie d'Archéologie de 
Belgique, dont le siège est à Anvers. 

J'ose espérer qu'ils voudront bien accueillir favorable- 
ment mon travail, et s'ils l'en jugent digne le faire insérer 
dans le recueil des publications de notre savante compagnie , 
en mémoire du cinquantième anniversaire de l'indépen- 
dance de la Belgique. 

Baudour , le 4 Juin 1880. 

L. A. J. PETIT, curé de Baudour^ 

Membre eUectif de la Société des Sciences, des Arts, 
et des Lettres du Ihiinaut ; du Cercle Archéologique 
de Mons , et membre honoraire de TAcadémie d'Ar- 
chéologie de Belgique, etc. 




INTRODUCTION. 



La petite ville de Chièvres, Tune des vingt-quatre villes 
des quarante baronnies et des douze pairies de Tancien 
Comté de Hainaut, faisait depuis Tan 1150 partie de la 
Chàtellenie d'Ath ; elle était chef-lieu d'un baillage qui com- 
prenait la terre de Lens et renferinait le dépôt des archives 
de toutes les seigneuries du comte d'Egmont^ elle députait 
deux membres au Tiers-État du Hainaut, ressortissait, pour 
la justice scabinale, du chef-lieu de Mons ; ressortissant au- 
jourd'hui de Tarrondissemenl administratif d'Ath et judiciaire 
de Mons , elle est chef-lieu d'un canton de milice et de justice 
de paix : Elle est aussi la résidence de deux notaires^ de deux 



-. 109 — 

médecins, de deux médecins-vélérinaires et de deux phar- 
maciens. 

Situation. — Elle est située à 21,5 k. (4 lieues V2)N. 0. 
de Mons et à 5 k. (1 lieue) N. N. 0. d'Ath. 

La commune deChièvres qui en 1830 se composait de la 
ville, située à l'extrémité N. 0. du territoire et à un quart de 
lieue de la grande route de Mons à Ath , et de ses six 
hameaux, savoir : Horimetz, L'Hoves, Ponchaux *, rue 
du Bois , Petit-Chièvres-en-Arbres ', Petit-Chièvres-en-Ton- 
gre 3 et Waudignies, est bornée au N. par les communes 
d'Ath, Maffles, Arbres et Attre ; à TE. par celles de Bruge- 
lelte et de BaulTe ; elle touche au S. aux territoires de 
Neufmaisons et Ilerchies ; et à TO. à ceux de Grosage , 
Ladeuze , Tongre-Saint-Martin et Tongre-Notre-Dame. 

Hydrographik. — Elle est arrosée à son extrémité N. 
parlaDendre, la Hunelle et TEau-Blanche ; celte der- 
nière reçoit le ruisseau de Grand-Rien , qui serpente sur 
le territoire du S. au N. Les trois premiers cours d'eau don- 
nent le mouvement à quatre moulins ; enfin le canal de 
Blaton à Ath la traverse. 

Population. — En 1486 le nombre des foyers de la ville 
n'était que de 100 ; en 1750 de 410 ; en 1784 Chièvres 
avait 2013 habitants. En 1831, la commune de Chièvres con- 
tenait 535 maisons et comptait 3055 habitants ; en 1872, 

' et '. Font aujourd'hui partie des communes d'Arbres et de Mdfnes. 
Est réuni à U commune de Tonj^rc. 



— 110 — 

il y avait à Chièvres 369 maisons ayant 2511 habitants, à 
L'Hove 33 maisons ayant 183 habitants, à Horimetz 54 
maisons avec 278 habitants et à Waudignies 241 maisons 
avec 1248 habitants ; ce qui donne 607 maisons avec 422U 
habitants. En 1873 la population était de 3292 ; en 1874 de 
3315 ; en 1876 de 3364; en 1878 de 3318 habitants dis- 
persés sur une étendue de 2160 hectares. Le territoire de 
Chièvres était anciennement plus étendu, car il compre- 
nait le territoire du village actuel de Grosage. 

ÉLECTEURS. — En 1874 pour les Chambres 85 ; en 1875 
87 ; en 1876, 87 ; en 1878, 81 ; pour le Conseil provincial 
en 1874, 187 ; en 1875, 101 ; en 1876, 186; en 1878, 104; 
pour le Conseil communal, en 1874, 312 ; en 1875, 314 ; 
en 1876, 320 ; en 1878, 328 ; personnes aptes à faire par- 
tie du jury, en 1874, 7 ; en 1875 , 13 ; en 1876 , 10 ; eu 
1878, ; commerçants appelés à éhre les membres du 
tribunal de commerce, en 1874, 1 ; en 1875,1 ; en 1876,1 ; 
en 1878, 2. En 1870, M*" le juge de paix E. A. Lepoivre fut 
élu Sénateur, en remplacement de S. A. le Prince de Ligne. 

Étymologie. — Le nom de cette ville se trouve écrit de 
diverses manières dans les anciens chartes : Chirvia, en 
1084 et en 10£6 ; Chervia, en 1060 ; Cervia, en 1117, en 
1148, en 1184 et en 1186 ; Cirve, en 1105 et en 1245 ; 
Chryrve, auXIII® siècle; Cirvia, en 1207, 1208,1212, 1217 
et 1250 ; Chierve, Chierves, Cierve, Chièvre, Chèvre, Chiè- 
vres, Chèvres du Xlll^ au XVIII® siècle *. 

* Devillers, Annales du Cercle Archéologique ^ \, VII, p. 165. 



^ u\ — 

M. ChoUn, repoussant rétyniologie du nom de celle ville 
donnée par Jacques de Guyse , dit qu'il signifie lout sim- 
plement Manse de Cervius. Il dit que Horimelz , signifie 
champs fertiles, de heri et demetZy mas mots romans. 
HovBj c'est-à-dire ferme, du mot tudesque hoba, howa ^ 
Vaudignies pourrait venir de Vandales et de la terminaison 
gnies ce serait ainsi place des Vandales *. 

Sol. — Malgré l'étendue de son territoire , cette com- 
mune présente sur tous les points une surface plane , sur- 
tout au S. Ce n'est qu'au N. et àl'O. que cette uniformité 
est interrompue par des monticules en pente rapide. La 
ville de Chièvres est située entre deux éminences , dont 
Tune au S. et l'autre au N. — Le terrain, argileux au N., 
est un peu marécageux au S. et argilo-sablonneux au centre. 

Les terres labourables forment quatre classes : la première 
argileuse , douce et friable a quarante à cinquante centi- 
mètres de couche végétale ; la deuxième est argileuse, 
tendre, un peu humide et profonde de vingt-deux à trente- 
deux centimètres ; la troisième comprend des terres argi- 
leuses, fortes et mélangées de beaucoup derocailles, ou 
lendres et humides, sur un fond de sable jaune ou de 
glaise, de dix-sept à vingt-deux centimètres de profondeur ; 
la quatrième est une terre noirâtre , tourbeuse, très-humi- 
de, dont la couche végétale n'a que neuf à onze centimètres 
de profondeur. 

• Chotin, Éludes élytnologiques , p. 47. 

' Père (Charles)f Notice historique sur Chièvres, 



— 112 — 

AGRICULTURE. — Lcs principales productions du sol sont 
le froment, le seigle, le méteil, l'orge d'été et d'hiver , 
l'avoine, les féveroles, le foin, le trèfle, le colza, le lin et 
les pommes de terre. On récolte un peu de tabac et de 
chicorée. Fruits en abondance, tels que pommes, poires, 
cerises, pêches, abricots et noix. La culture de la menthe 
y est d'un bon rapport. 

Cette commune renferme une soixantaine d'hectares de 
prés : ces prairies sont coupées par une multitude de rigoles 
qui servent à leur irrigation ; les plus productives occupent 
les rives de la Dendre. On cultive les diverses espèces de 
légumes et d'arbres fruitiers dans les jardins, qu'entourent 
des murs ou des haies vives. Les vergei^ attenant , ainsi 
que les jardins , aux habitations , offrent une plantation 
vigoureuse. Quelques petites parcelles de bois taillis et 
futaie , disséminées sur le territoire , forment une conte- 
nance d'environ deux hectares : l'essence des taillis consiste 
en coudriers, charmes et fusains ; la futaie se compose 
d'un petit nombre de chênes, frênes, charmes, bouleaux 
et bois blancs ; ces bois sont médiocrement garnis et d'une 
faible croissance. 

Prairies bordées de frênes , saules et bois blancs ; on y 
trouve aussi des ormes , des peupliers et des aunes. — 

Pépinières. — Ce terroir est en général de bonne qua- 
lité : il ne renferme que très-peu de terrain non productif. 
— Les exploitations sont à grande, moyenne et petite tenue. 



— 413 — 

Le système des jachères n'est plus suivi que pour les terres 
(lu troisième et quatrième ordre. On emploie ordinairement 
pour engrais le fumier, la chaux et les cendres de tourbe. 
— Élève de chevaux pour l'agriculture , de gros et menu 
bétail. Volaille : poulets , dindons et canards. On soigne un 
peu l'éducation des abeilles. Les lièvres et les perdrix sont 
très nombreux. On pèche dans les divers cours d'eau la 
tanche, le brochet et l'anguille. Fréquentation du marché 
d'Ath «. 

Commerce et Industrie. — Le commerce d'exportation 
en grains , graines , farine , huile , liqueurs, épiceries, quin- 
cailleries, tuiles, pannes et carreaux. 

Le filage du lin et le tissage des toiles donnent de l'occu- 
pation à un grand nombre d'individus. Anciennement il y 
avait à Chiôvres une distillerie pour l'essence de Menthe, 
appartenant à la famille Leclercq ; deux distilleries agri- 
coles dont l'une appartenait à Dooms et l'autre aux sieurs 
Pierman ; il n'y a que quelques années que cette dernière 
ne fonctionne plus. Il y a en outre deux fabriques do 
pannes et de carreaux , dans Tune desquelles on fait des 
poteries; deux moulins à farine, trois moulins à huile, 
dont un est mû par un manège, quatre brasseries, deux 
salines, une petite savonnerie, une filature de coton activée 
par des mécaniques, une blanchisserie et une tanneiie. Une 
carrière de pierre de taille au hameau de THove. 

• Van deb Maelen , UUt. gcog. de la %rovxnce de Ilainaut , p. 421 et 122. 



— 114 ^ 

FoiUES ET MARCHÉS. — Il s'y tenuil une foire aux che- 
vaux le neuvième jour après Pâques , un marché le mardi 
de chaque semaine el le 1®"" et 3® mardi de chaque mois, 
grand marché aux bestiaux. l.a foire aux chevaux n'existe 
plus depuis environ 40 ans. 

Voies de communications. — Autrefois les communica- 
tions de la ville de Chiôvres étaient diificiles , et en elfet , 
nous lisons qu'eu 1787 les États avaient exposé l'impossi- 
bilité très-fréquente de transporter des grains et d'autres 
deni'ées de ce canton , et la position triste où se trouvait 
Chièvres, la seule des douze bonnes villes dans ce cas, 
par les mauvais chemins qui Tealourent et rendent tous les 
accès impraticables pendant la meilleure partie de Tannée 
allant même pendant celui de la foire , qui est le premier 
lundi après les Pâques. 

Les communications de cette ville ont été facilitées: 
1" par le bras de chaussée d'une demi lieue , reliant Chièvres 
à la roule d'Ath, près de la chasse royale, qui a été con- 
struit par les États du Hainaut, en vertu d'octroi de 
Joseph II, du 29 octobre 1787 : 

2° Par la route de Chièvres à Saint-Ghislain. Les Etats 
provinciaux avaient reconnu, dès 1828, l'utilité de cette 
route, qui n'a été décrétée que le 27 mars 1837. Elle 
fut adjugée par arrêté royal du 7 septembre 1842 à 
MM. Duchàteau, frères, de Grand'Glise, fut achevée en 
1845, moyennant une dépense totale, évaluée à Frs. 476,179; 



— 115 — 

rÉtat est intervenu pour Frs. 125,000. La concession expire 
le 18 octobre 1935 ; * 

3® Par le chemin de fer de Mons à Ath, ayant sur le 
territoire d'Attre, la station indiquée jusqu'en 1879 Ghièvres- 
Attre, et depuis cette époque, Mévergnies-Attre , où se 
trouvaient les bureaux de la poste «lux lettres et du télé- 
graphe pour Ghiôvres, transportés à la station de Chièvres, 
ville en 1879 ; 

Et ^^ par le chemin direct de Saint-Ghislain à Maftles, 
ayant une station à l'entrée de Waudignies, appelée Wau- 
dignies-Neufmaisons et une seconde auprès de la ville de 
Chièvres. — Deux ponts sur le canal, l'un levis et l'autre 
tournant, ce dernier est près de la ferme de la Ladrei'ie. 

11 y a quatre ponts en briques et pierres, dont deux à 
Chièvres ; un sur Tembranchement de la route d'Ath à 
Mons, et le quatrième sur la chaussée d'Alh. Le chemin 
d'Ath à Saint-Ghislain traverse la ville de Chièvres, dont 
l'intérieur est pavé. Deux ponts ont été construits pour les 
routes vicinales et 2 ponts-aqueducs sur la Ilunelle. 

Armes. — Les armes de la ville de Chièvres sont de 
gueules à trois lions d'or. Nous donnerons d'abord Thistoire 
conjecturale de cette ville, ensuite nous écrirons son his- 
toire positive, que nous diviserons en partie civile, en 
partie religieuse et de bienfaisance. 

* De SoiGNiES. Mémoires et puhlications de la Société des Sciences, Arts 
et UUies du Hainaut , t. IX , 3* série , p. 2i3 et 280. 



CHAPITRE I. 
Histoire Conjecturale. 

Jacques de Guyse, on nous donnant Torigine de Chiùvres 
et en rappelant des faits qui se seraient passés en celte 
ville depuis Tan 57G avant J.-C. jusqu'en 453 après J.-C, 
a-t-il voulu reproduire une légende héroïque et fabuleuse 
composée d'après des chants de gestes du cycle de Charle- 
magne , ou écrire une histoire véritable ? c'est ce que nous 
ne déterminons pas ; mais nous disons que les historiens 
romains ne rapportent rien de ce qu'avance cet anaaliste. 
Quoi qu'il en soit, avant d'aborder les annales de Chièvres 
donnons l'histoire conjecturale de celte ville. 

Le roi Servius \ ayant trouvé au fond des bois, un ter- 
rain couvert d'arbres, de moissons et de fontaines, fit 
abattre et arracher tous les arbres sur un espace de quatre 
mille pas carrés , et fit bâtir sur cet endroit une grande 
ville, à laquelle il donna son nom, et qui se nomme encore 
aujourd'hui Servie, ou le Sart de Servin. Il éleva des tours 
et des portes, construisit des ponts et des remparts, 
entoura la place de fossés , de murailles très-fortes et en 
fit pour lui et les siens une place de sûreté *. 

Une nuit que l'armée du roi Servius se reposait avec 
sécurité de ses travaux , elle fut attaquée vigoureusement 

' G* Roi de Rome qui commença à régner Tan 175 de la fondation de la ville et 
57G ans avant J.-C. 

* Jacquks Dk Gcyse. Annales du Hainaut ^ traduction du marquis du For- 
tia, t. ll.cli. XXXVI,p. 13i. 



— H7 — 

de trois côtés diflererits, par les garnisons de Fanum Mer- 
curii (Blaton), d'Hostile (Tournai) et de Porlc-Delge (Esca- 
nalTes), qui firent un grand carnage des Romains et de la 
nation de Servius ^ 

Tarquin-le-Superbe (an de Rome 220, avant J.-C. 532), 
vint attaquer et assiéger la ville bâtie par le roi Servius, 
qui avait renversé la ville d'Hostile ; la place fut attaquée 
avec vigueur et reçut plusieurs dommages, en perdant un 
grand nombre de ses défenseurs ; mais les habitants qui 
résistaient comme des lions à leurs adversaires, soutinrent 
les efforts multipliés des ennemis durant treize mois, 
enfin Tarquin s'en rendit maître -. 

La Servie , (Chièvres) demeura ennemie des Belges ^. 

Brennus (général des Gaulois Senonais, ayant vaincu les 
Romains, 388 ans avant J.-C), envoya des députés aux 
habitants de Chièvres, pour les engager à se soumettre; 
mais ils refusèrent avec fierté *. 

Alors Brenus et Brennus jurèrent dans leur colère , de 
détruire ce peuple, qui rentra dans ses foyers ^. 

Enfin les habitants de Servie frappés des dangers qui les 
menaçaient, acceptèrent les conditions de paix ^. 

Plus tard les Servions ou habitants de Chièvres se joi- 
gnirent au roi des Belges pour marcher contre les Saxons ''. 

Le roi des Herciniens marcha contre la ville de Chièvres ^ ; 
mais concevant des craintes du côté de Tournai et d'Ablaton 

m 

• Jacques De Guyse. t. H, liv. H, ch. XXXVUI, p. 4i3. 





ID. 


t. H. liv. n, ch. UI, 


p. 203. 




lo. 


t. Il, liv. ni, ch. XIV, 


p. 319. 




ID. 


t. n, liv. ni,ch. xxni, 


p. 351. 




ID. 


t. II, liv. m, ch. XXIV, 


p. 355. 




lo. 


t. m, liv. m, ch. xxvn, 


p. 363. 




ID. 


t. III, liv. III. ch. LXXl, 


p. 25. 




ID. 


t. III,liv. III, ch. LXXVI, 


p. 43. 



— 148 - 

(Blalon) qu'il n avait pu réduire, il résolut d'élever en face 
de Chiùvres, au milieu des bois et des marais et sur le 
chemin du temple de Pan (mont Panisel-lez-Mons) un chà- 
teau-fort qui porterait son nom et qui s'appelle encore 
aujourd'hui Ilerchies. De ce point d'appui il dirigea ses 
attaques sur Chièvres, dont les habitants , secourus par les 
Nerviens, les Mercuriens et les Ruthenes, se défendirent 
avec courage, et, sans se nietti'e en peine de la garnison 
d'Herchies sauvèrent leur ville et leurs biens ^ 

Arioviste, roi des Saxons (58 ans avant J.-C), étant venu, 
pilla et dévasta Chiùvres ^, qui peu après fut regardée comme 
sujette immédiate des cités de Belgis ou de Nervio ^. 

Mais ses habitants ne se rendirent point près de César 
avec les autres habitants du royaume *. 

Pendant qu'on travaillait à la construction du château de 
Chier-Ueu (Quaregnon) les garnisons de Mercuriale (Blaton) 
et de Chièvres fondirent tout-à-coup sur les travailleurs, 
et engagèrent un combat dans lequel chaque parti perdit 
beaucoup du monde. Enfin les Romains reculèrent des bords 
(le la rivière l'ouvrage qu'ils avaient commencé , et l'ayant 
transporté presqu'au milieu des marais , ils le continuèrent 
jusqu'à ce qu'ils l'eussent entièrement achevé, en se dé- 
fendant toujours contre les attaques de leurs adversaires. 

Lorsqu'ils eurent fini de fortifier leur nouveau château, 
Jules César forma le siège de la cité de Mercure, dont il 
se rendu maître après plusieurs combats et des pertes assez 
graves. Il mit le feu à la ville, et forma ensuite le blocus 
de Chièvres, qu'il attaqua avec vigueur, et qui, après s'être 



< Jacques DE GuYïE, l. UI, liv. ni, ch. LXXVII, p. 45. 
s ID. l. n[, liv. ni, ch. LCIV, p. 115. 

» ID. l. m, liv. IV, ch. XXI, p. 207. 

♦ ID. t. ni, liv. IV, ch. XXXIII, p. 'JM53. 



— no — 

défendue coat'àgôusemetit , et avoir tué un graàd noitobre 
d'ennemis, fut en proie à toutes les horreurs de la famine 
et finit par être prise , pillée et brûlée par César (57 ans 
avant J.-C.)*. 

Galba s'appliqua à réparer la ville de Chièvres , dont le 
territoire lui paraissait fertile. Il restaura d'abord le château 
et le fortifia ; ensuite il permit aux anciens habitants de 
relever à Tenlour leurs cabanes, et résolut d'établir à ja- 
mais son séjour en ce lieu , en y attirant sa femme , ses 
enfants et toute sa famille , ses esclaves et ses servantes. 
Ce Galba , qui fut le premier comte de Nervie , fit rebâtir 
neuf châteaux dans son comté, et les céda pour demeures 
à ses fils et à ses filles. Sa postérité s'est noblement con- 
servée dans ces châteaux ^. 

Pendant que Drusus et Tibère étaient campés avec leurs 
légions sur les bords du Rhin et de la Meuse , Claude alla 
au-devant d'eux avec ses Rémois ; d'un autre côté , Néron 
passant par Chièvres , à la tète de ses légions , des Gaulois 
et des Tournaisiens , s'avança jusqu'au bois de César ^. 
(An 59 après J.-C.) 

Notre annaliste laisse ici dans l'oubli Chièvres pendant 
près de quatre siècles , et puis il écrit : l'an du Seigneur 453 , 
Attila , roi des Huns , avec Valamar , roi des Ostrogoths et 
Ardarîc, roi des Gépides et Hernac, Guindhzit et Tuide- 
mer, leurs fils, suivis d'une foule innombrable d'hommes 
du Nord, envahirent la Gaule avec fureur; et se répandant 
dans l'Austrasie inférieure, ravageant Bavai, Famars, le 
château de César, Valenciennes, Ablaton , Chièvres , Tour- 
nai, Arras et tout endroit fortifié, s'assignèrent proférable- 

« Jacques de Qvyse t. IH, 1. IV, ch. XXXVH, p. 270 et 277. 
* 10. t. III, 1. V, ch. II, p. 403. 

> ID. t. ni, 1. V, ch. XXUI, p. 466. 

10 



— 12Q — 

ment à toute autre, 'celle contrée naturellement fertile et 
inexpugnable ^ 

Apres ces événements quatre siècles se sont encore écou- 
lés sans qu*il soit parlé de Chièvres dans les auteurs qui 
ont écrit l'histoire des peuples ; ce ne fut qu'au IX® siècle 
qu'on commença à rapporter des faits positifs que nous 
allons décrire dans notre histoire de Chièvres. 

Néanmoins dans le rapport que le collège des Bourg- 
mestre et échevins fit au Conseil communal, le 1®"" octobre 
4842. On lit: 

Nous voyons dans Thistoire que le Seigneur de Chièvres 
a assisté au baptême de Charles Martel qui eut lieu à ller- 
stal, près de Liège, la veille de la Penlecôto de Tan 700. 



CHAPITRE II. 



IIlSTOIRK DE LA VjLLE DE ChIÈVRES. — PARTIE CiVILE. 

Antiquité de Chièvres. — Seigneurs. 

L'antiquité de Chièvres est attestée par un denier d'ar- 
gent, frappé sous Charles-le-Chauve , en 877, et portant la 
légende : Cervia monela. Quelques exemplaires de cette 
pièce ont été découverts, au moyen âge et récemment 
encore, dans les environs de Chièvres *. On trouve sous la 
ville des travaux souterrains. 

Seigneurs de Chièvres. 
Le premier qui soit connu dans Thistoire est le comte 

* Jacques DE GuYSE, l. VI» 1. VIII, ch. IV, p. "23, 

^ Charles- le^Chauve fit frapper des deniers d*argcnt en la plupart des villes de 
ion royaume: mais nulle part autant qu'en Hatnaut, puisque l'abbé Ghesquière 
observe dans son mémoire monétaire que l'on en frappa à Lcslinnes, à Mens, à 
Maubeuge, à Chièvres, à Condé et à Valenciennes. 



— 121 — 

Egbert , seigneur de Chièvres , qui affranchit , en 936 , une 
nommée Godarde, sa servante, aveugle dès son bas âge, 
qui avait récupéré la vue par l'intercession de St-Ghislain *. 

Vers Tan 1007 Guérie le Sor qui se donnait comme parent 
et héritier de Gérard de Roussillon demanda et obtint la 
main de la fille unique de Rasson , seigneur de Chièvres *. 

Dès Tan 1076, Chièvres fut une des douze pairies du 
Hainaut et en 1084, Wautier, son seigneur, en était Pair. 

Waucher de Chièvres, chevalier, signa en 1093 une 
charte par laquelle le comte Bauduin affranchissait quati*e 
de ses esclaves , n la condition qu'ils seraient asservis ii 
Sl-Ghislain , avec toute leur postérité '. 

Gui, seigneur de Chièvres et du Sart , épousa Ide , petite- 
file de Béatrix de Hainaut , sœur de Régnier IV. Il souscrit 
une charte de Bauduin, datée de 1117 , en faveur de Tabbaye 
de St-Denis, à laquelle on contestait ses droits sur le 
chapitre de St-Pierre, à Mons *. 

En 1120 , il signa un acte par lequel le prévôt Lambert 
renonçait en faveur de l'abbaye de St-Denis en Broqueroie, 
à toutes les prétentions qu'il avait sur le village de Bougnies. 

En 1125 le noble nom de Chièvres se montre et devient 
un embarras pour le comte de Hainaut. 

En 1128, Ide, veuve de Gui, donna la liberté à quelques 
serfs pour les assujetir au monastère de St-Ghislain *. 

En 1138 , Nicolas de Chièvres , fils d'Isaac , châtelain de 
Mons, prévôt de la cathédrale de Cambrai, fut élu d'une 
voix unanime évoque et sacré peu après par le métropo- 
litain archevêque de Rheims ®. 

* Monuments , t. VUI, p. 277. 

* PouRCELRT-LiENARD , le seîgncur Flobère, p. 59 et GO. 

* Monuments, t. VQI , p. 333. 

* MiRiEUS , up, dtp. 1. 1 , p. G78. 
' Monuments , t. VUI , p. 351. 

* HosSART, llist, eccl. et prof, du Hainaut^ 1. 1, p. 25G. 



422 

Ide, fille de Gui, dame de Chièvres, seconde fondatrice 
de Cljîsleii^zliie.i, épjusi en !•* noces Gilles deCbin et Ber- 
laimont qui fut lue en 1151 au siège de la forleresse de 
Roucourt, située entre Péquencourt et Arleux et qui appar- 
tenait à Bauduin. — Ide, épousa en 2^ noces Rasse de 
Gavre qui prétendait que la vente de la terre d*Ath au comte 
Bauduin était illégale et qu^elle violait les droits qu'il tenait 
de sa mère. Il tenta de s'opposer à l'érection d'une for- 
teresse ; mais Bauduin envoya des troupes à Biicquy, afin 
de soutenir les travailleurs et le château fut terminé au 
grand déplaisir de Gavre. L'année suivante, 1172, sa 
noble bannière étincelait au milieu des troupes de Bauduin 
rassemblées pour marcher contre le duc de Limbourg. De 
ce mariage il eut deux enfants : Rasse de Gavre et Béatrix. 
— Ide épousa en 3** noces Nicolas de Rumigny dont elle eut 
deux lils : Nicolas et Hugues. 

Ide augmenta la fondation de Ghislenghien , balit et dota 
la chapelle de Notre-Dame de la Fontaine à Chièvres, y 
fonda un hôpital pour les pauvres et une maison pour les 
lépreux , et les dota de bons revenus : et par les ordres 
ecclésiastiques établit à Chièvres deux processions : après 
la mort de ses trois maris , elle se fit religieuse à Ghis- 
lenghien *. 

En 1150 Rasse de Gavre , fils et héritier du Seigneur de 
Ghiùvres, qui avait été grand bouteiller ou échanson hérédi- 
taire do Flandre , soutenu par le comte de Flandre, leva une 
armée et fit irruption dans lesbaillagesdeLessines,d'Alost, 
d'Kscauaffles, de Flobecq etc., où il mit tout à feu et à 
sang •. 

liasse de Gavre et Nicolas de Rumigny, Seigneurs de 

< VlNCiUNT, cont. par Ruteau. Annales du Hahiaut , p. 221. 
« LsaNKUCQ — JouRET, //M^ d6 Lesaines, p. 10. 



— 123 — 

Chièvres, donnèrent en 1184 des franchises et des libertés 
à leur ville de Chièvres et confirmèrent ses lois et sa paix K 
Ils accordèrent en 1195, à Oslon d'Arbre, en augmenta- 
tion de son fief, les droits de moulure et de pêche, à 
Chièvres, dans une certaine limite, et s'interdirent le pou- 
voir de faire bâtir plus de moulins dans cette paroisse 
qu'ils n'en avaient, sinon en cédant la moitié au dit Sieur 
d'Arbre *. Le maire et les échevins de Chièvres sont cités 
comnae témoins a cet acte. 

Rasse, sire et baron de Gavre, chevalier, comte 
d'Everghem , Seigneur de Liedekerke etc.. Pair de Flandre 
à titre de Gavre, et de Hainaut à titre de Chièvres se croisa 
en 1200. 

Rasse de Gavre, Seigneur de Chièvres, donna à l'abbaye 
d'Epinlieu, près de Mons, pour fentretiende deux lampes 
dans l'église de cette communauté , une rente annuelle d'un 
muid en blé dur, à prendre, à la Noël, à la moulure de 
ses moulins de Chièvres, par charte donnée au mois d'août 
1244. A cette charte append le sceau de ce Seigneur, avec 
contre-sceau aux armes de Chièvres '. 

Le fief de Chièvres, tenu du comte de Hainaut, fut cédé 
en 1286, au comte Jean d'Avesnes, par Nicolas de Ru- 
migny , chevalier , seigneur de Quiévrain , qui ne s'en réserva 
que l'usufruit. 

En 1295, le seigneur de Chièvres pour correspondre aux 
vœux du comte de Hainaut, bâtit à Mons un hôtel magni- 
fique, comme le firent aussi les seigneurs d'Enghien, de 
Naast, de Chimay etc., mais ces hôtels furent vendus lors- 
que les comtes ayant fait l'acquisition de plusieurs princi- 

* Jacques de Guyse , t. XIl , p. 280. 

* De Villers, Annales du Cerle Archéologique y t. VU, p. 167. 
' Idem. 



— 124 - 

pautés allèrent y fixer leur résidence. L'hôlel de Chièvres 
fut donné aux Clarisses et converti en i785 en magasin et 
en boulangerie militaire ^ 1317-1318 Hues de Fagneulles, 
sire de Wiège , renonce à tout ce qu'il peut prétendre 
contre Guillaume , comte de Ilainaut , à cause de la vente 
de la terre de Chièvres, faite par Nicolas, dit le Begke de 
Rumigny, sononcle^ à feu Jean, comte de Hainaut^ 

Au commencement du XIV® siècle, le fief de Chièvres, 
après avoir passé en plusieurs mains, fut donné en apanage 
à Robert, sixième fils de Jean 1, comte de Namur. Ce 
seigneur établit à Chièvres, en 1363, une foire aux chevaux 
qui devint très-importante et qui fut confirmée par plusieurs 
souverains de Hainaut ^. 

En 1428 , la seigneurie de Chièvres entra dans la maison 
de Croy. 

Antoine, sieur de Croy et de Renty, comte de Porclen, 
de Guines, etc., fut premier chambellan du duc de Bour- 
gogne , chevalier de la Toison d'Or et puis grand maître 
en 1463, par la faveur de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne 
qui à sa prière donna le 9 février 1438 un règlement aux 
archers de la ville de Chièvres *. En 1440 il avait acheté 
du duc d'Orléans une moitié de la ville de Chièvres *eten 
1473 , l'autre moitié lui fut donnée par le duc de Bourgogne 
en récompense de ses services ^. Il mourut fort âgé en 1475. 



* HossART, HhL (/u Hainaut, t. H, p. 49. 

* Arch,deLil!e,h,hVi. 

* HosSART, Uist.du Hainaut, t. H, p. 49. 

* ViNCHANT, cœH, par RUTEAU ,p. 394, 
B Délices des Pays-Bas ,1, HI, p. 259. 

* Voir chap. IH. 

On Ut dans ]e Cartulaire des Pairies du Ilaitwut, 

« En 1474. Messire Anthoine sire deCioy, ron;lc de Poflliyen, seigneur de 
Benty et de Chièvres , tient de mon dit soi^^neur lo duc , un fier Iti^ge et en parie, 
environ le moitiet de ladite ville^ terre , justtice eib'* de Chierve et du Sait 



— 425 -- 

Ce sieur de Croy avait épousé en premières noces Jeanne 
de Roubaix, fille de Jean, seigneur d'Hezele et d'Agnès de 
Lannoy, qui le fit père de Marguerite, alliée à Henry, 
vicomte de Montford en Hollande. 11 prit une seconde 
alliance avec Marguerite de Lorraine, dame d'Arschot et 
de Bierbeck , fille puînée d'Antoine, comte de Vaudemont 
et de Marie Harcourt, dont il eut plusieurs enfants au 
nombre desquels Philippe qui suit : 

Pliilippe de Croy , premier de ce nom , sire de Croy , 
d'Arschot,de Renty,de Chièvres, etc., mourut en 1611 , il 
avait épousé Jacqueline de Luxembourg, fille de Louis, 
comte de St. -Paul, etc., conélable de France et de Jenne de 
lîar, sa première femme ; et il en eut Henri, Antoine et 
Guillaume qui suit : 

1^ Henri de Croy qui mourut en 1514, encore jeune. Il 
avait épousé Charlotte de Chàteau-Briant dame de Loigny 
au Perche et laissa Guillaume de Croy qui fut élevé à Lou- 
vain et dès Tan 151G, n étant âgé que de 18 ans, on le 
nomma évéque de Cambrai, après la mort de Jacques de 
Croy, son oncle. L'année suivante le Pape Léon X, le fit 
Cardinal, archevêque de Tolède, primat d'Espagne. Il mou- 
rut à la Diète de Worms, l'an 1521, âgé de 23 ans, d'une 
chute qu'il fit à la chasse. — Robert de Croy, évéque de 

dudit Chierve, partant ail encontre de luy-meismes qui Tautre moitiet y a, se 
comprendant icelle moitiet en cens et rentes d*argent d'avoine et de bled , de 
chappons et de pouilles, aiissy en terres ahannables, en prez, en boix, en viviers, 
inœlins, rivières, mortes mains , droitures, eschéances de serfs, de bastars et 
d'aubaitis; en tonnieulx, enaflbrages , en estollages,en cognoissance de francque 
Térité, en hauile justice , moyenne et basse sur tout le dit iief ; en loix, eu 
amandes et fourfaictures, en services et droitures d'érilages et en plusieurs et 
grand plentet de fiefs quy tenus en sont : et avecq ce, en plusieurs autres mem- 
bres et parties à ycclluy fief appertcnans et appendans. De tout lequel fief que 
coutiiiuiiément on nomme le terre de le Val, on peut ravoir en cbacun an envi- 
ron, et soit bceu que le lout de la ditte terre de Chierve appartient nuement 
audit seigneur, t 

(Communication de M, V avocat J?. Matthieu ^ à MonêJ 



— 426 — 

Cambrai , en 1519 » par résignation de son frère , publia de3 
ordonnances synodales en 1551, et mourut le 31 août 1556. 
— Charles de Croy, obtint l'évêché de Tournai l'an 1524, 
par résignation de Louis Gaillaitl. Il a été abbé d'Afflighemi 
de Haumont et de St-Ghislain, il mourut en 1564. — Jacque^ 
line, femme d'Antoine , marquis de Berghes sur TEscaut. — 
Chailotte, abbesse de Ghislengbien. — Hélène, mariée a 
Jacques de Luxembourg et Philippe de Croy qui suit : 

2^ Antoine de Croy , évéque de Térouane , mort le 21 
septembre 14â5 , an Tile de Chypre , revenant de la terre 
sainte. 

3^ Guillaume de Croy , qui suit : 

Guillaume de Croy, seigneur de Chièvres, duc de Soria, 
chevalier de la Toison d*or, gouverneur de la personne de 
Charles d'Autriche, qui fut depuis empereur, nommé 
Charles^Quint, fut grand bailli de Hainaut en 1503: il se 
signala sous les rois de France Charles YIII et Louis XII , 
à la conquête de Naples, et au recouvrement du duché de 
Milan , après avoir obtenu Tagréraent de son maître Tarchi- 
duc Philippe d*Autriche, fils unique et successeur de Marie 
de Bourgogne. La première rupture survint peu de temps 
api^s entre la France et VEspagne; et Jeanne d'Arragon, 
femme de Tarchiduc, étant devenue héritière de la der- 
nière de ces monarchies. Le seigneur de Chièvres discon- 
tinua de porter les armes pour les Français et vivait en 
repos dans la province de llainaut lorsque Tarchiduc l'en 
tira pour lui donner une commission qui marquait assez 
que oe prince le préférait aux plus grands seigneurs des 
Pays-Bas. Il l'y laissa pour gouverneur lorsqu'il passa eu 
fispagne. Philippe , archiduc et roi de Caslille , étant mort 
laissa deux fils, dont Tainé nommé (Uiarles n'avait que six 
ans. On lui avait donné le nom de duc de Luxembourg, et 



-" 427 - 

il prit le titre d'archiduc après la mort de son père. Le 
seigneur de Chièvres fut choisi pour son gouverneur et son 
tuteur. Après s'être rendu illustre par toute l'Europe , et 
après avoir rendu des services très-considérables à Tempe- 
reur Charles-Quint, il mourut à Worms, au mois de 
mai 4523, d'un poison que ses ennemis lui avaient donné, 
étant âgé de 63 ans. Le duc d'Arschot, son neveu, lui 
succéda dans ses charges et dans la faveur de l'cmpe* 
reur. 

Philippe de Croyll, fils d'Henri et de Charlotte de Chà- 
teau-Briant, dame de Loigny en Perche, chevalier de la 
Toison d'or, fut créé duc d'Axschot par l'empereur Charles V 
qui se servit de lui en diverses occasions. Il épousa en 4*"®* 
noces Anne de Croy, princesse de Chimay, fille aînée de 
Charles et d'Anne d'Albret, dont il eut plusieurs enfants, 
parmi lesquels Charles de Croy, mort en 4549. 11 prit 
une seconde alliance avec Anne de Lorraine, veuve de René 
de Nassau-Chàlon , prince d'Orange , et fille d'Antoine, duc 
de Lorraine , d'où vint Charles de Croy. 

Charles de Croy , marquis de Renty , seigneur de Chièvres, 
de Neufmaisons, de groupelles vielles et neuves, vicomte 
de Bourbourch et de Gravelingue, seigneur de Nieuland 
etc., chevalier de la Toison d'or, et employé au service de 
Charles V et du roi Philippe , son fils , roi des Espagnes , 
en qualité de colonel de mille chevau-légers , décédé en son 
château de Renty, le 4*^'' août 4565, âgé de 38 ans et inhumé 
dans l'église de Chièvres, époux d'Anne de Renesse , décédée 
à Condé le 9 novembre 4586 , âgée de 54 ans , aussi inhumée 
dans l'église de Chièvres. Ils avaient eu de leur mariage : 

Anne de Croy, marquise de Renty, dame de Chièvres 
qui épousa en 4'"*^* noces Emmanuel Philippe de Lalain , 
sieur de Montigny, puis marquis de Renty par sa femme^ 



— 128 — 

chevalier de lu Toison d'or, mort en 1590, de ce mariage 
est uce Jeanne de Lalain qui suit : et en 2®» noces Philii>pe 
de Groy, comle de Solre. 

En 15S6, on frappa deux médailles : sur l'une à l'avers 
se trouve un écusson parti ayant à senestre les armes de 
Lalain et à dextre celles de Croy-Renty, surmonté d'une 
couronne de marquis , autour on lit : Anne de Croy 7n. d. 
Renty d. d. ch.; au revers Técu est aux armes de Lalain, 
entouré du collier de la Toison d'or et surmonté de la cou- 
ronne de marquis, autour on lit: e. d, Lalaine m. (/. Renty 
d. mo etc. sur Tautre : à Tavers écu aux armes de Renty , 
entouré du collier de la Toison d'or surmonté de la couroniie 
de comte , autour on lit : ou que soit Croy , au revers écu 
aux armes de Croy-Renty, surmonté d'une couronne de 
comte , au chef P. A , ainsi qu'à la pointe : autour on lit : 
Penser y faut Croy *. 

Jeanne de Lalain, seule héritière de Condé, Renty, 
Chièvres épouse Jean de Croy, comte de Solre, de ce ma- 
riage est née Anne Marie de Croy, chanoinesse de Mons*. 
Jean de Croy donna pour l'administration de la ville de 
Chièvres un règlement au nom de Charles-Philippe de Croy 
marquis de Renty, qui suit : 

PhiUppe III du nom , sire de Croy , duc d'Arschot , prince 
de Chimayetc, mourut le 11 décembre 1595, après s'être 
acquit beaucoup de réputation durant les troubles du Pays- 
Bas. Il épousa en première noces Jeanne d'Halluin, fille de 
Jean , sieur de Comines , et en secondes Jeanne de Blois , 

1 Ces médailles sont en la possession de rauteur de cette histoire. 

* Le 6 juin 1609, Jean de Croy s' de Molembaix et Beaufort, au nom de Jeanne 
de Lalaing, fait faire relief à elle échue par la mort de Alexandre de Lalaing, che- 
valier , marquis de Renty, son frère « comprenant le chàleau que Ton dit de Croy 
à Condé, la tei re et paii ie de Chièvres. Atxhivea de l'État à Mons, Beg. aux 
reliefs 1601, f» 132, v* 309. 



— 129 — 

fille de Louis, sieur de Trélon, du premier mariage il eut 
Charles, duc de Croy et d*Arschot, manjuis d'Ilavré etc. 
mort en 1612, il avait épousé Diane de Dompmarliii, fille 
héritière de Guillaume, baron de Fontenoy, et de celte 
union est issu Charles Alexandre qui suit : 

Charles Alexandre , sire et duc de Croy , marquis d'Havre , 
comte de Fontenoy , châtelain de Mons, mort assassnié dans 
son palais à Bruxelles , d'un coup de mousquet qu'on lui 
tira par une fenêtre , le 15 novembre 1624 ; il avait épousé 
Jolente de Ligne , de laquelle il eut une fille unique Marie 
Claire qui suit : 

Marie-Claire, duchesse de Croy, grande d'Espagne de 
première classe , marquise d'Havre, comtesse de Fontenoy 
et princesse du St. Empire , mariée en premières noces , le 
13 octobre 1627 avec Charles-Philippe-Alexandre de Croy, 
marquis de Renly, créé duc d'Havre l'année de son ma- 
riage, 1627 , par lettres patentes du roi d'Espagne Philippe 
IV, décédé le 13 novembre 1640. Marie-Claire, devenue 
veuve , * ayant hérité les titres et les biens de Charles , son 
mari, dont elle épousa en secondes noces l'an 1643, le frère 
consanguin Phillippe-François de Croy, vicomte de Langle 
seigneur de Tourcoing. Elle avait une fille nommée Marie 
Ferdinande. 



* 31 octobre 1641, Marie Claire de Croy, duchesse d'Havre, etc., fait faire au 
nom de Philippe Eugène de Croy, son fils mineur, relief pour la seigneurie 
de Chièvres dont il avait hérité de son père Charles Philippe de Croy. Archives do 
l'État à Mons, Reg. aux reliefs 1369, t» 96, n« 312. 

Le 7 décembre 1644, Philippe Eugène de Croy, marquis de Renty, arrivé à l*ége 
de 15 ans, relève en personne la terre et pairie de Chièvres. 7c/em, Reg. aux 
relieCs 1644, f* 17. 

Le 8 juin 1655, Philippe Eugène de Croy, novice carme, fait faire rappoi-t de la 
terre et pairie de Chièvres pour servir d*absurance au contrat passé entre lui et 
le prince Claude Lamoral de Ligne et relatif aux arrérages de rentes dues sur 
Tengagère de Baudour acquise par ce dernier et que Philippe Eugène de Croy, 
s'était engagé à payer. Idem^ Reg. aux deshéritances 644, f^ 178 y, n« 279. 



— 130 - 

La terre de Chièvres , érigée en baronnie passa dans la 
maison d'Egmont, par le mariage qui eut lieu en 4659 de 
Marie-Ferdinande de Croy *, marquise de Renty , chanoinesse 
de St. VVaudru, à Mons, avec Philippe Lamoral, comle 
d'Egmont, prince de Gavre, grand d'Espagne, chevalier 
de Tordre de la Toison d'or , vice roi de Sardaigne , lequel 
mourut le 46 mars 4682. Son épouse étant venue habiter son 
château de Chièvres y mourût aux nones de janvier 4683 
et son corps fut inhumé à Chièvres • ; dans le chœur de lu 
chapelle de Notre-Dame de la Fontaine ; mais en 4798, il fut 
transféré dans l'église , au pied de l'autel où Timage de Notre 

^ Le 12 mai 1659, Marie Ferdinandc de Croy, marquise de Renty fait faire relief 
de la terre et pairie de Chièvres à elle échue par la mort civile de Philippe 
Eugène de Croy , son frère, devenu carme profès au couvent de Bonne Espérance 
lez Valenciennes. /lrc/ur;es de l'état à Mons. Reg. aux reliefs 1658, (^ 7 v% u« 314. 

> Louis Ernest , comte d'Egmont , le 21 avril 1683 fait faire le relief de le ville 
et pairie de Chièvres et des seigneuries de Grousage et Neufmaison , fiefs dont il a 
hérité par la mort de Marie Ferdinande de Croy , sa mère. Idem. Beg. aui reliefe 
1675 , i^ 180. 

Procope François, comte d^Egmont, le 10 février 1695, fait faire relief d'un 
fief liège consistant en la terre et pairie de Chièvres, à lui échu par la mort de 
Louis Ernest, comte d*Egmont , son frère. Idem. Reg. aux reliefs 1675, (^ 180. 

Le 4 septembre 1708. Requête adressée par Antoine de Brabant , bailli des 
terres et pairies de Chièvres et Rebaix , la Hamaide , exposant que par le décès 
de Procope François , comte d'Egmont arrivé le 15 septembre 1707 , en Espagne , 
toutes les terres et seigneuries de la maison d'Egmont sont dévolues à Marie 
Claire Angélique, comtesse d*Egmoiit , sa sœur aînée , épouse Nicolas Pignatelli, 
duc de Bisacha, général des armées de S. M. au royame de Naplcs et comme à 
la révolution arrivée Tan passé en cet état ledit seigneur avec le vice-roi et sei- 
gneurs défendants la ville de Gaête , qu*il a été détenu jusqu*à présent dans des 
châteaux forts , que sa dame a été longtemps malade à Rome. Reliefs 1697, f^ 104 
n»316. 

Le 15 mai 1711 , Marie Claire Angélique , comtesse d'Egmont , épouse de Ni- 
colas Pignatelli fait relever la terre et pairie de Chièvres, à elle échue par le 
décès de Procope François comte d*Egmont, son frère, mort le 15 septembre 
1707. Reg. aux Reliefs , 1697 , f» 127 , n» 316. 

Le 26 juillet 1715 Nicolas Pignatelli au nom de Procope Marie, comte 
d'Egmont , son fils mineur fait relever la terre et pairie de Qiièvres dont il a 
hérité de sa mère Marie Claire d'Egmont , décédée en mai 1714. Rcç. aux relief:» 
1697,1^168. 



Dame devait être honorée , il est aujourd'hui devant le 
rnaîlre-autel, à Tendroit où une croix est gravée sur le 
pavement. On ignore ce qu'est devenue la pierre tumulaire 
qui se trouvait dans la chapelle de Notre-Dame, Tépitaphe 
de la comtesse d'Egmont ayant clé conservée, nous la 
transcrivons ici : 



Ex rnortalibus prima 

Ex linea regiœ genlis de Croy-Renly 

Poslrcma 

Ad pedes D. Virginia Mutris ex volo jacct 

Maria-Ferdinanda do Groy 

Ex ducibus de Groy, d*Aerschot et d*Havr6 , S. R. I. 

Princeps, mardi, de Ueniy, Dnadc Chièvres , Bar. de 

lihuminghcn , d'Esperlecques , Nieulant, GoupcUes, 

Gampagne, Gontes, Ncufmaisons, Vice-co mi tissa de 

Bourbourg, Gravelincs, Fauquembcrg, etc. 

Vidua 

Phiiippi comitis d*Egmont, nati Juliœ^ 

Montium , Glivix et Geidriaî ducis, aurci 

Vellcris equitis, Hispaniarum magnatis^ 

S. R. I. et Gaveras principis et Sardinia^ 

Proregis, Equilatus belgici lanceati et 

Extcri pi*aefectus général is , ad rogem Anglise 

Legali cxlraordinarii etc. 

Quem ultra Europam in Africam individua sccuta est , 

Fidelis non defuit morienti Idib. raartii M.D.c.LXXxn , 

In regni metiopoli Gagliari , 

Post emensum terra , mariq ; imraensum iter , 

Ad lares redux , tauti et tam chari conjugis no 

Diutius dividua foret, in c^lum sequuta est^ 

Nonis januarii m.d.c.lxxxih , 

Fundatis tribus hcbdomadatim perpetuis pro amborum 

Quiète bac in sacra sede missis. 

Lector, apprccare. 



— 132 — 



Filii duo, filiae quatuor suporstites optimis parentibufi 

Maesti posuere 
Monumentum. 



La première des mortels 

De la branche royale de Croy-Renty 

La dernière, 

Aux pieds delà Sainte Vier^f e- Mère , selon son vœu , 

gft Marie-Ferdinande de Croy , 

Issue des ducs de Croy, d'Aei^schot et d'ilavré , 

Princesse du Saint Empire Romain, marquise de Rcnty , 

Dame de Chièvres , Baronne de Rhuminghen , d'Rsperlecques , 

Nieulant , Coupelles , Campaprne , Contes , Neufmaisons , 
Vicomtesse de Bourbourg , Gravelincs, Fauquemberg, etc. 

Veuve 

De Philippe, comte d*Egmont, né à Juliers , 

Duc de Mons , de Clèves et de Gueldre , chevalier 

De la Toison d*Or , Grand d'Espagne , 

Prince du Saint Empire Romain et de Gavre, vice-roi 

De Sardaigne , général en chef de la cavalerie de lanciers 

Belge et étrangère, ambassadeur extraordinaire 

Auprès du roi d'Angleterre , etc. 

Qu'elle suivit au-delà de l'Europe et près de l'Afrique , 

Sans pouvoir s'en séparer, et assista fidèlement à sa mort, 

Arrivée aux Ides de Mars (16 mars) 1682, à Cagliari , 

Capitale du royaume. 

Après un voyage extrêmement long par mer et par terre , 

De retour dans ses foyers , pour n'être pas plus longtemps 

Séparée d'un si grand et si riche époux , elle le suivit au 

Ciel , au nones de janvier 1683 , 

Après avoir fondé trois messes à perpétuité pour le repos 

De tous deux , dans cette sainte chapelle. 

Lecteur, une prière. 

Deux fils et quatre filles survivants, remplis de tristesse, 

Ont érigé à leurs excellents parents 

Ce monument. 



- 133 -" 

Depuis cette époque , celle seigneurie appartient à la fa- 
mille de Pignatelli , dont un membre Nicolas Pignalelli, duc 
dcBisachia, comte de St. Jean, général d'artillerie aux 
Pays-Bas, gouverneur général des armées dans le royaume 
de Naples, neveu du pape Innocent XII, avait épousé 
Marie-Claire-Angélique d'Egmont, Chanoinesse de St.- 
Waudru, sœur et unique héritière de Louis-Ernest et de 
Procope-François , comtes d'Egmont, laquelle mourut le 
4 mai 1714. 

Procope-Marie d'Egmont Pignatelli , prince de Gavre fils 
du précédent, succéda par la mort de ces deux oncles, au 
comte d'Egmont, à charge de porter le nom et les armes. Ce 
prince est né a Bruxelles , le 24 novembre 4703 ; il épousa 
Tan 1717, Henriette" Julienne de Duras, fille du maréchal 
de ce nom*. Il eut pour successeur Gui-Félix d'Egmont 
Pignatelli, comte d'Egmont, prince de Gavre etduSt. Empire 
Romain, après qui vint Casimir d'Egmont Pignatelli de Juliers 
et de Bisache , comte d'Egmont et autres lieux , prince de 
Gavre et du St. Empire, grand d'Espagne de 1**® classe, pair du 
pays et comté de Hainaut , maréchal des camps et armées du 

' Délices des Pays-Bas, t. V, p. 126. 

Le 6 janvier 1719, Procope Marie d'Ej^mont Pignatelli, comle d'Egmont , 
prince de Gavre et du St. Empire, comme parvenu à chef du bail, fait faire relief 
de la terre et pairie de Chièvres, dont il a hérité de sa mère Marie-Claire-Angé- 
lique , comtesse d'Egmont décédée en mai 17 Ik 

Reg. au relief 1716. f » 23 , r.» 317. 

Le 10 avril 174 if Gui Félix d'bgmont Pignatelli, comte d*Egmont, prince de 
Gavre et du St. Empire romain , fait faire relief de la ville , terre et pairie de 
Chièvres, à lui échue par le trépas du Procope Antonin Philippe Charles d'Eg- 
mont Pignatelli, son père arrivé à Naples le 22 mai 1743. 

Reg. aux reliefs 1736 f<» 209-214, n« 319. 

Le 3 avril 1751 Casimir Pignatelli.. comte d'Egmont, prince de Gavre et du 
Saint-Empire fait faire relief de la ville, terre, baronnie et pairie de Chièvres 
à lui échue par la mort de Gui Félix d'Egmont , son frère germain, arrivé le 3 
juillet 1753. 

Reg. aux reliefs 1751, f« aS, vol. 96, n» 321 



— lai — 

roi. Il possédait les pairies de Longueville , de T^éns , de 
Rebaix, il avait épousé dame Eroesl le Duc Trouille dont il 
eut une filîe nommée Alphonse-Julia-Félix qui épousa 
Gonzague Pignatelli, comte d'Arragon. Ils assistèrent à la 
bénédiction de la grosse cloche de Chièvres fondue par J. B. 
Michel et Nicolas Lambert en 1781 et la nommèrent 
Casimir-Julie. 

Par suite des jours malheureux de 1789 la seigneurie Ae 
Chièvres a cessé d'exister et les biens vendus ont été 
acquis par divers particuliers , comme nous le dirons plus 
loin. 

Avant de passer au chapilœ suivant nous rappellerons ici 
Texplicalion de quelques termes qui y sont employés : Fief^ 
terre, seigneurie, ou droits qu'on tient d'un seigneur do- 
minant à la charge de foi et hommage ou de quelques 
redevances — franc- fief , celui que possédait un roturier, 
avec concession et dispense du souverain, contre la règle 
commune, qui ne permettait pas aux roturiers des fiefs. 

Arrière- fief, celui qui relevait d'un fief déjà relevant d'un 
autre, — fief liège, qualité d'un fief qu'on tient nuement 
d'un seigneur, et en raison de quoi on devient son homme 
lige. 

Fief mouvant, fief qui relevait d'un autre fief, ou mouvance. 
« Le fief ample est celui qui aux mutations par succession ^ 
» vente, échange, ou autrement ne doit que le droit de 
» Cambrelage , qui est de 32 patars hainaut ; mais le fief liège 
» est celui qui par dessus le droit de Cambrelage doit aux mu- 
* talions par vente, échange et autres d'entre-vifs, aussi bien 
» que les fiefs amples doit encore à la mort du propriétaire ou 
^ usufruitier de son chef, le cheval d'armes avec les armures 
» du défunt. Je dis i^ à la mort du propriétaipe ou usufrui- 
» lier de son chef, afin d'exclure le mari, lequel possédant 



— 4î« — 

> fi^f'lio^ eïi action de sa femme, n'est tenu de payer cheval 

> et armes à son trépas , je dis en 2« lieu , d'un propriétaire 
» ou usufruitier pour faire voir que tel droit lige de cheval 
» et armes n'est dû à la mort d'une personne du sexe fé- 
i> minin ; mais 32 patars seulement. Je dis en 3® lieu : à 
» la mort d'un usnfryilier, pour montrer que ce n'est pas 
ï seulement à la mort d'un propriétaire jouissant , que tel 
p droit de cheval et armes se lève ; mais encore au trépas 
ï d'un simple usufruitier, c'est-à-dire , qu'il faut pour don- 
» ner lieu à ce droit, ou qu'un propriétaire jouissant soit 
1 mort, ou un usufruitier seulement; car à la mort d'un 

> simple propriétaire qui ne jouit encore de rien, il n'est 
ï pas dû de cheval et armes. » — FHef simple n'est autre 
» chose qu'un fief qui n'a aucune justice ^ 



CHAPITRE IIL 

Seigneurie de Ciiièvres et de ses Fiefs en 1473. 

c Messire Anthoine, Sire de Groy, comte de Porthyen, 
^ seigneur de Renty et de Chièvres , tient de mon dit sei- 

> gneur le duc de Bourgogne , ung fief liège et en parie , 
î environ la moitié de ladite ville, terre, justice et S"° de 
» Chièvre et du Sart dûdit Chièvre, partant allencontre de 
» luymeismes qui l'autre moitiety a, se comprendant icelle 

> moitiet en cens et rentes d'argent, d'avoine et bled, de 
ï chappons et de pouilles , aussi en terres ahannables, en 
* prez, en boix, en viviers, moelins, rivières, mortes- 
» mains, droictures, escheances de serfs, de bastards et 



* André Boulé. InslUutwn du droit coithimicr du pays du Hainaut^ 
t. H, p. Si, cl siiiv, 

11 



— 436 — 

» d'aul)aincs , en tonniculx, en afîorages , en cstalhiges, en 
» coiignoissance de francque vérité, ea haulte justice, 
» moyenne et basse surtout ledit fief ; en loix, en amendes 
» et fourfaictures, en services et droictures d'éritages, et 
» en plusieurs et grant plentet de fiefs quy tenus en sont : 
j et avecq ce, en plusieurs aullres ipembres et parties à y 
» celluy fief appartenans et appendans. De tout lequel fief 
f que communément on nomme le terre de le Val, on peut 
» ravoir en chacun an environ et soit sceuque le tout de la 
» dite terre de Chièvre. 

ï> (Relevée par Messire Phle Eugène de Croy , marquis de 
» Renty, le 7 décembre 1G4i) appartient nuement audit 
» seigneur. 

» De laquelle terre de Chièvre sont tenus et mouvans les 
» fiefs et arrières fiels que s'en suit : 



Nom des fiefs 

nagcnrieu A NeufviUcs. 

Dettinsart. 

Le bois de le court. 



Cantcranc. 

Callebroecq. 

Cracol à Lons. 

Lo Haye Iluart près (1« Ncu- 

%illes. 
Il essarta Maffles. 
Hyollut. 
Hantes. 
Lupart. 
Lcstrelin. 
Montegnies S* Cristophe et 

liantes. 
De le Motte à Masnuy S> Jean. 



Noms des FEUDATAinES . 

Jean Jocquct, «iemeurant à Draine. 
Jacques Séjournet, demeurant à A th. 
Messire Jean , Seigneur do Ligne , cheva- 
lier. 
Ernoul de Millecamp. 
Hostele Balère, demeurante Chièvrcs. 
Jean de le Porte, dem^ à Mons. 
Willeme Ghabodans Lombart. 

Massin Demoulin, dem^à Ath. 

Simon Cochin de Mons 

Voyez Montegnies. 

Massin Demoulin. 

Cath. Lasne, veuve d*Arn. Séjournet. 

Messire Simon de Lalaing , chev. fils de 

Mad. de Barbançon. 
Messire Ant. Rolin , seig. d'Aimeries, de 

Lens, cap. gén. gd bailli de Uainaat. 



— 137 — 



Rentes sur le fief de Jean Le- 
roy à Gbiëvres. 

Rentes sur ]es héritages ap. 
auxhér. Pierre d^Espaigne. 

Rentes sur le moulin du 
Parcq a pp. à Tabbaye 
d'Hasnon. 

Rentes sur le moulin de Chiè- 
vrcs. 

Terrageà Roisin. 

En la couture de Robechou- 

sart. 
En la couture de la Vigne. 
Etre Bavay et Sebourg. 



Jean Ilanot de Chièvres. 



Gilles Raudarae de Cbiévres. 



Gilles de le Croix. 



A Chièvres. 



Dancan Waubert , demeurant à Chièvres, 

Jean de Wargny , demeurant à Valen- 

cienncs. 
Jacquette , Glle de Martin Boghart, 

dem^ à Ath. 
Demoiselle Peronne Lasne. 
Pierart de Boussoitde Val. 

1. Messire Jean de Ligne. 2. 3. D«i>« Jeanne 

Marbreau, V* de Quentin Canart, dem<. 
à Mons. 4, Jean Legas conseiller de 
monsieur le duc de Bourgogne, 

5. Jean Leroi, demeurant à Chièvres. 

6. 7. Jean de Ploich. 

8. Jean Mahieu, demeurant Muns. 

9. Jacquemart le merchier, dem^ à Ath. 

10. Gilliart de la Ramoucrie , dem^ à Gages. 

11. Jean Ghailliart , dem^ à Chièvres. 

12. Sire Jean le Bidault, prêtre. 

13. Crochin , demeurant à Ath. 

14. Jean Ghaillart. 

15. Placquet. 

16. Diie Marie Raynes , fille de feu le seig- 

neur de Raynes. 
A Hérimetz près de Chièvres. i . Jean de le Warde. 

2. Colart Le Fevre^ à cause d'Alix Sirct , sa 

femme. 

3. Jean Despretz , fils de Nicaise d' à Mons, 
Près de llove. 1 . Colart Le Fevre etc. 

2. Martin Bidault. 

3. Gilles Bidault. 



— 138 — 



En la couture du Jay. 
A Iropignios 
A Mairies. 



A Masnuy S^ Jean. 

A S^ Martin près deChièvres. 
A Ncuruiaisonsi. 



Près le pont de fer. 
à Wauili^ncs. 



Roisin et Menurin. 



Julien le Waitte. 
Nicaisse dit Drissoult du Uarbcch. 

1 . Rolant de la Cattoire. 

2. Jean de le Warde. 

3. Nicolas de Péissant, demeurant à Mons. 

4. Jean de Moulin, dcni^ à Ath. 

5. I)il« Joanne le Beghe de Grosa^e. 

G. Les demoiselles de S^* Waudru à Hou.s. 
DU» Isabeau de Gcnly , V« de Tassard de 

Masnuy. 
Ghossart Buart. 

1 . Madame do Gondé à cause de ses enfants . 

2. Cette dame l'acquit de W^^ de le Motte. 

3. Colart Jaquemart à Neufmaisons. 

4. Jean Lesenne à Neufmaisons. 

5. Jacquemart Griet, demeurant à Arbre. 

6. Jean Gabaret , demeurant à Yalenciennes. 
Julien de Gillenghien , dero^ à Ath. 
Martin llubin, demeurant à Yalenciennes 

i . Golart Fayon, demeurant à Yalenciennes. 
2. Golin Gharlet , fils de feu Jean. 
3 et 4. Galhérine Lasne Y» d*Arn. Séjournet. 
5. Dclie Jeanne Baudame Y^ de Jacquet de 

Jauche. 
G et 7. Jean le Bosquillon , demeurant à Ath. 

8. Jean Bourse, demeurant à Yalenciennes. 

9. Colin Ghailliart. 

10. Martin Bidault de Ghièvres. 

11. Isabeau Golbrant. 

12. Dciio Pcronne L'asne, Y» de Jaquet 

Boisliauwe. 

13. Jean Simon , demeurant à Langhcsaing. 

14. Jeanne Golbrant, demeurant à Yalen- 

ciennes. 

15. Jacques Lcfcvre. 

Messire Buuduiu dit Baubry de Roisin. 



— 439 — 



Arrières-Fiefs de Bettinsart. 

à Amfroipont. 

à Bettinsart. 

Derrièro Té^lise de St-Jean, 

à Cbièvres. 
à Chièvres. 

au Leghar. 

au Qucsnil le Cocq. 

à Vellerelles-le-Sec. 

Arrières-Fiefs de Caracol. 

Bagenrieu près de Neufvilles. 

à Jurbise. 

à Monlij^ny-lez-Lens. 

Arrière-Fief d*IIyollet. 
à Grosage. 

Arrières-Fiefs de 

MONTIGNIES ST-GhRISTOPHE. 

à Bematifosse. 

Hors la porte de Bertaitnont. 

à Congnicamp. 

à Hantes. 1 • 

4. 
5. 

6. 

7. 

8. 
9. 

Arrières-Fiefs. 

à Montenv. 1 . 

2. 



La Vo de Brouxelles , demeurant à Mons. 
Antoine Bourguignon. 
Jean le Carlier. 

1o NicoUe Boiliauwe, 2° Jean Lebrun, 

dem^ à Chièvres. 
Jean de le Loge. 

Picrot d'Hasnon, demeurant à Ath. 
Simon de Solre , dem^ à Mon» , à cause 

de sa mère Marie Leurent. 



Jean Jocquet , demeurant à Braine. 
Picrot Isabeau. 

Jacquemart de le Grange, di^mcurant à 
Mons. 

Rosette Le Beghe dite de Grousage. 



Josse Despretz , demeurant à Maubeuge. 

Jean Leleu , demeurant A Mons. 

Josse Desprez. 

2 et 3. l'Abbé d'Asne qui l'acquit de 

Florent du Parcq. 

Jean Lospin, demeurant à Monligny. 

Sire Niolle Bonnart, prêtre, dem^ â 

Beaumont. 
llanot Barat, demeurant à la Buissière. 
Martin Motte, dem^à Beaumont, au para- 

vant Jean Cauwcsin. 
Idem. 
Jean Robert , demeurant à Pinche. 

Michaut Dufour, demeurant à Hurtebise. 
Sire Grart Wasteau, prêtre. 



- 140 — 



à Onnezies. 
a Solre-8ur-8ambre. 
à Warquignies. 
à Wiheries. 



Jean de Goegnies , écuyer . 
Ilainin Foureau. 

Jeanne Duparcq V« de Quentin Festeaut 
i • Xposse d*Eslesmes , demeurant à Mau- 
beuge. 

2. Jean Dufour, Tatné, demeurant à Solre- 

sur-Sambre , 

3. Jean Amourette , demeurant à Binche. 



Arriêres-Fiefs de le Motte. 



à Masnuy-St-Jean. 



à 



Arrière-Fief du Fief de 
Jean Màhibu. 

au Sart de Chièvres. 
Ariière-fief du fief de D«W« 

Eléonore de le Rosière. 
Arrïère-fief de Bagenrieu. 

La Grange a Neufvilles. 

à Jurbise. 

à Masnuy St-Jean. 

à Montegny. 

à 



i . Jean Leleu , demeurant à Mons. 

2. Hanot Goste , fils de feu Pierart, de 

Masnuy-St-Jean. 
3. D«iie Isabeau de Genly , V« de Tassart de 

Masnuy. 
Tassart de Masnuy , fils de feu Tassart et 

d*Isabeau de Genly , 

Situé à Hove. 

Messire Jean Ghillart , prélre. 
Nicnisse dit Briffault du Harbil. 

Mabile de Bruxelles V« de Jean de le Lo^^c 

Guillem. de Belaimont, dem^ à Uautrage. 
Jean Gadot. 
Martinel Hachez. 

1 . Ghobert Joie , fils de feu Jean , dero^ à 

Mons. 

2. Jean de Bachin dit Grant- Rang. 

3. Jean Ghoret, demeurant àijombise. 

3. Marie d*Oudimout veuve de Ghislain 

d'Ollies. 
5. Watier llenrottc , demeurant à Mons. 



Arriêres-Fiepsde Roisin. 
Le bois à Foutriau. 



Jacquemart Jalley , demeurant à Yalen- 
ciennes. 



.- 441 — 



Bnibant de Maurinj^, 



Rentes sur Brabant. 

Bouvegnies. 
Le Coutinelle. 

La Deuze à St-Vaast. 
Haudaing à Mauraing. 
Louvegnies. 
Marchipont. 

Un 8^ de terrage de Mauraing 
et d'Auttreppe un autre 
quart. 

St-Pielon. 



Jacquemart Fievet, demeurant à Mau- 



raing. 



Arrières-Fiefs. 



Une maison à Sebourg. 



Le Sart à le Loge. 

Le sart à le loge tenant au 

bois de George de Sart. 
Verelles. 



à Angreau. 



à Ângre. ♦ 

aux Arsillières. 



Une maison à Bavay. 
à Bavissiel. 



à Bry. 



1, 
2. 
3. 
4. 



Jean de Frasne , fils de Jean et Valen- 

ciennes. 
Messire Jean de Lausnoy. 
Jacquemart Lebrun , demeurant à Valen<- 

ciennes. 
Jean Mahin, demeurant à Mons. 
Jean Iluart , fils de feu Jacquemart. 
Messire Jean Seigneur de Haynin. 
Madame Marie de Lalaing , comtesse de 

Chimay et dame de Quievrain. 
Golart Cordier , encore vivant et mourant 

pour les pauvres de Roisin. 

Messire .Phil. de Barbançon, Seigr di 
Yiege et chevalier auparavant de M. 
le Sénéchal du Hainaut. 



Délie Marie de Harchies qui fut femme 

de Rolant de Wadripont. 
Tassart de Masnuy , demeurant à Mons. 
Idem. 

Georges de Sart , écuyer , femme de feu 

WildeSars. 
Jean Bernier , dcm^ à Angre qui l'acquit 

de Jean Fauviel Tatné. 
Georges du Sart. 
Jacquemart de Soire, à cause do sa 

femme fille de feu Pierre Ghanteraine. 
Lyon de Proisi , fils de feu Gharembault. 
Messire Thiery Robault, Seigneur de 

Bruoel. 
Madame Marie de Lai ai n. 
Idem au paravant Willeme de Buy. 
Grart Rivart , demeurant au Quesnoy. 
Jacquemart de Solre, à cause de sa 



— 142 — 

femme GUe de feu Pierre Chantraine. 
5. Idem. 
Près le moolÎQ. Jacquemart de Lestaple de le Gloye, 

demeurant à Flamengerie. 
i Ghiply. Jean de Honn , demeurant à Mons. 

à Eth. 1 . Quentin le Bocheux ^ fils de feu Bauduin. 

2. Messire Tbieh de Robault. 

3. Messire Thicri de Robault. 

4. George de Sars. 

Au terroir de la Flamengerie. 1 . Jean Malifert , dem^ à Roisin, 

2. Jacquet de le Staple, dem^ à la Flamea- 

geiie. 

3. Saudart de Haussy , dem^ à Cambray. 
à Kievrain. 1. Grart Rivart, dem^ au Qucsnoy. 

2. Jacquemart Colle , dem^ à Tournay. 
â Mauraing. i . Jean de Montvent , à cause d*Anne du 

Gard in , sa femme. 

2. Jacquemart Lebrun^ dem^ à Valen- 

cienncs. 

3. Bauduin de Roisin , dit Chastellain. 
Id. en rentes pour un obit La doyenné de Téglise de Maubeuge. 

ordonné jadis par M^e de 
Roisin. 

Id. Jacques Henné, demeurant à Valcn- 

ciennes. 
àSt.-Pieton. 1. Messire Philippe de Barbançon aupam- 

vaut Waltier du Marcz de St. -Piéton. 

2. Philippon Le Beuf. 

3. Evrard Ansseau. 

à Quievrechin. Jean Lecourte dit du Buisson | dem< à 

Valenciennes. 
à Roisin. 1 • Jacquemart Lebeau, dcni^ à Valenciennes. 

2. Jacques de Solre. 

3» Jean Fiefvet, fils de feu Jean. 

4. Jean Bernier, dem^ à Angre qui Tavait 

acquis de Jean Fauiiel , Taîné. 
à Gusc(;nies. Golart Martin de Mons. 



— 143 — 



à St.-Vaast. 1 

2 
Terrag« à Sébourg. 



Arrière fief d'Eth. 

Ârrière-ficf du fief Jean Mau^ i . 

vert, 
Situé à Maaraing. 2. 

3. 
à Roisin et Mauraing. 
Rentes situées à Roisin. 



Jacquel , femme de Saudart de Bury 

Messire Jean de Lausnoy. 

Mcssire Jean de Lausnoy , qui Tncquit de 

feu Simon Nocquart, fils de Simon. 
(Il ne s'en trouve aucun dans le cartu- 

laire , ils n'y sont qu'annoncés.) 
Golart de Bavay. 

Colart Robert. 

Ilanuon BrigouUe. 

Jacquemart Lebeau , dcm^ à Mons. 

Idem. 



Arrières-Fiefs de la maison 
DE Bavât. 

Le petit Quesnoy. 

Fief ecclissé du petit quesnoy. 



1. 
2. 



Marie de liaudent veuve d'Ernoul Dive , 

écuyer. 
Jean de Rosiel , fils de Colart dem^ à 

Bavay. 
Frasté à Haudrut. 
Pieratt de Haudrnt, dem^ à Lon«;lievillc. 



Arrières-Fiefs a 
louyeqnies 

Bugnies. 
Le Cambe. 
Fierut à Bugnies. 

Une partie de la terre du 

Maisnil. 
Obies. 

Le bois de Polongre. 
Warelles. 

Wattegnies. 

àBry. 

à Damousies. 



Thicrri de le Loge , demeurant à Mons. 

Idem. 

Mons. Loys de Luxembourg, comte de 

S. Fol. 
Messire Jean de Sars, Seigneur de 

Maisnil. 
Messire Thieri Robault , Seigr de Bruelle, 

ebev. 
Jean de la Porte, demeurant à Mons. 
Ernoul de la Hamaide, Seigneur de 

Condé. 
Messire Jacques Seigr de Marquettes, 

cbevalier. 
Pbil. de Ilaynin , Seigneur d'Anfroipont. 
Sire Nicole de la Car noyé , prêtre. 



— 144 — 



à Flaroengcrie. 



â Louvi^ies. 



à Osies. 

à Soisin. 
à St.-Vaast. 

ÂRRIËRES-FlEFS DK PlETON. 



Toussaint Bernard, demeurant à Bruxel- 
les. 
i . Jean de Patoul , demeurant à CipW. 

2. Jean lièrent, dem* à Bavay. 

3. Pierart dit Brougnart Finet. 

4. Phil. deHaynin, Seigneur d*Anfroiiiont. 
i • Reni Collart dit Happart , dem^ à Osies. 
2. Jean Brumeau , dem^ à Maubeuge. 

1 et 2. Jacquemart Lebeau , dem^ à Mons. 
Messire de Lannoy , Seigneur de Main- 
goval , cheTalier. 



Le moulin à cave à St-Pieton. i . Jean Le Grene. 

2. Jean Le Briseur. 

3. Soutart le Brasseur. 

4. Evrard Ansseau , dem^ à Valenciennes. 



AnniÈRES-PiEFS d'Hârveng. 

La Coulure de Jumappes. 
A Baume tau. 



à Karmegny. 
A Ilarveng. 



Phil. de Hoves, écuyer, dem^ à Mons. 
i • Jean de Pacques, dem^ à Mons. 

2. Jean Hubin de Hornut. 

3. Pierot d'Oremus. 

1 . Colart Martin , demeurant à Mons. 

2 . Xplion , demeurant à Tournay. 
1 • Golart Musteau , dem^ à Mons. 

2. Andrien Waltier. 

3. Messire Jean de Havrech , dit de le Motte. 

chevalier. 

4. Jean Havrech , dit de le Motte , écuyer. 

5. Jacquet Goispeau , demeurant à Mons. 

6. Jean Dreulin. 

7. Thomas Estievenart , demeurant à Mons. 

7. Jean Fournaux , clerc dubaillage de Hai- 

naut au lieu de Gaisot Pierart , demeu- 
rant à Mons. 

8. Ernoul Régnier , dem^ àHarveng , aupa- 

ravant Golart de le Gour. 



— J45 — 
. «• Roland de Ho ve , demeurant à Mons . 

ÂRRIÉRES-FlEFS DU PETIT 
QUESNOY. 

Aadignies. Josse de Sars , seignenr d'Angre. 

Bernot Idem. 

Entre Bavai et le petit Ques- 1 . Jean Aupaix , demeurant à Binche. 
noy. 

2. Antoine Vredeau de Lille* 
Prés du petit Quesnoy. 1. Grart de Renlies^ demeurant à Mons. 

2. Jean Bredoul , dem^ à Hon. 
A Sourhon. i . Jean Bouillit de Jonc, dem' à Maubeuge. 

2. Pierre le Cherf ^ 

Nous aurions pu donner l'étendue, les limites, les droits 
etc. de chacun de ces fiefs et arrières-fiefs etc., voire même 
les parties qui en ont été augmentées ou éclissées ; mais 
notre travail eût été trop long et peu intéressant pour la ville 
de Chièvres ; nous nous contenterons donc de dire qu*il y a 
aux archives de TÉtat à Mons huit registres des fiefs de la 
pairies de Chièvres et un.e liasse de laquelle nous donnons 
plus bas une partie qui nous paraît devoir piquer la curio- 
sité de ceux qui nous liront : c'est le dénombrement et la 
cour féodale de Chièvres au XVIII® siècle , nous suivrons les 
déclarations qui ont été faites poursatisfaire aux ordonnances 
de Sa Majesté Tlmpératrice et Reine le 22 juin 1752 et le 
Sjanvier 1753. 

Hugues Joseph Dezomberche, écuyer , seigneur de Ciply , 
tient un fief-liége du sieur comte d'Egmont à titre de la 
pairie de Chièvres, la terre et seigneurie de Montignies 
St.-Christophe , Tune des anciennes baronies de Hainaut, 
prévôté de Binche, diocèse de Liège, à laquelle compète 

* Comte UE S*.-Gekois, Monuments anciens , t. I, p. 16-20. 



— 146 — 

toute justice, haute, moyenne et basse partout le terri- 
toire et le droit à Toffice de conuoitre de franche véiîté par 
concession de l'empereur Charles V , dépêchée ù Bruxelles 
au mois d'avril 1529. 

Louis Marie , comte de Sl.-Aldegonde de Noii-s Carmes et 
d'Hertin tient du comte d'Egmont etc. deux fiefs-lieges et 
mouvans dudit Chièvres, consistant en toutes les terres, 
baronies et seigneuries de Roisin, Mauraing et Flameu- 
geries, château, maison et forteresse environnée d'eau, 
viviers, basse-cour et édifices etc., et en toutes justices 
haute, moyenne et basse. 

Le comte de Fénal est propriétaire d'un fief-liege , con- 
sistant en la seigneurie de Crakol relevant de la ville et pai- 
rie de Chièvres , consistant en une maison , belle grange , 
jardin et entrepressure, séans à Lens etc. ayant toutes jus- 
tices moyenne et baisse. 

Jean Philippe Gaillard , avocat , pensionnaire de la ville 
de Mons, est possesseur d'un fief ample , consistant en cinq 
bonniers de terre labourable , savoir : quatre en la couture 
de Fassignies , terroir de Tongres-St. -Martin, proche de la 
censé de Laghaie. Un autre consistant en l'héritage d'un aul- 
nois contenant trois journels auprès ex-Sars Calixte. 

Emmanuel Gaillard, son frère, capitaine au régiment 
d'Aremberg, propriétaire d'un fief ample mouvant de la 
pairie de Chièvres , consistant en quatre bonniers de terre , 
appelé le fief de Solem, gisant sur la maladrie de Neufvilles. 

Jean Baptiste Terrare de Maffles est propriétaire d'un fief 
ample nommé le fief Hellart, situé audit Maffles mouvant 
et relevant du comte d'Egraout , consistant en deux bonniers 
de prairie. 

François Coquereau, prêtre , tient un fief ample mouvant 
de Monseigneur le comte , en la pairie de Chièvres, gisant 



— 147 — 

à Arbre sur Chièvres , consistant en trois journels et demi 
en la couture du buisson d'Arbre. 

Maître Henri Dubois, prêtre, tient un fief ample, consis- 
tant en un bonnier de terre en deux pièces, gisant sur la 
dépendance de Chièvres. 

André Dubreucq tient un fief ample consistant en une 
maison, grange, étable, cour et jardin séant à Maffles. 

Philippe Hannoye, seigneur de Gommanpont, tient un 
fief ample de six bonniers et demi de terre, séant au terri- 
toire de Poncheau, jugement de Chièvres et dix jonrnelsen 
la couture de Villers. 

Terre et seigneurie de Bettisart appartenant à son Exel- 

lence le prince AUexandre de Cor tenue en fief- 

liege , relevant de la terre et pairie de Chièvres, consistant en 
toute haute, moyenne et basse justice , en une maison 
entourée d'eau, censé, grange , édifices , et jardin. Item en 
une autre maison enseignée le Coquelet, le tout contenant 
vingt-deux bonniers en plusieurs pièces, en rentes seigneu- 
riales, etc. 

Maximilien de llaynin , écuyer, tient le fief de Callebreucq 
mouvant de la terre de Chièvres, se comprenant en une 
maison, chambres, granges, étables, jardins, entrepres- 
sures, contenant trois journels 71 verges, gisant entre la 
ville de Chièvres et le Hove et 17 bonniers 88 verges et 
demie de terre sur différentes coutures de Chièvres. Le 
même Maximilien tient un fief ample mouvant de la terre 
de Chièvres consistant en 6 journels de terre labourable en 
la couture de Robsomsart. Item un fief mouvant d'un demi 
bonnier en la même couture. 

Messire Jean-Baptiste-Joseph de Masnuy tient fief et 
seigneurie Lamotte à Masnuy-St-Jean , mouvant de la ville, 
terre et pairie de Chièvres avec justice haute, moyenne 



- 148 — 

et barjse, en rentes d'argent et droits seigneuriaux, droit de 
plantisy de chasse , pèche, alTorage et gambage, en suc- 
cession de serfs, bàtnrds et aubains, en maison, fossé, 
basse-cour, grange, étable, marais, chaussée, jardin et 
pâturage , en trois bonniers et demi de pâture, un bonnier 
de pré, six journaux de bois et 36 bonniers de terre labou- 
rable. 

J. F. Waghemart, propriétaire d'un fief ample tenu et 
mouvant de la prairie de Cbièvres, consistant en deux 
bonniers, un journel et 55 verges de teiYeen trois pièces 
situés à Masnuy-St.-Jean. 

Gilles Campion, fermier et ancien mayeur de Givry 
possède un fief dit le Colombier, gisant à Neuf maisons, con* 
sistant en deux bonniers de terre et pâture. 

J. II. Disbecq tient un fief ample, dit le fief de Croget, 
consistant entrois journelsde terre labourable à Neufmaisons. 

Guillaume Albert Disberg, demeurant à Mons, régisseur 
des biens de Philippe Vanrode, déclare un fief ample 
nommé Faulkenberghe , consistant en quatre bonniers, un 
jOurnel , 70 verges de terre labourable en 5 pièces en la 
couture des Auwis, sous la dépendance de Chièvres. 

Antoine René Desmoulins, licentié ès-lois, avocat' et 
greffier échevinal de la ville d'Ath, propriétaire d'un fief 
ample relevant de la terre de Chièvres, consistant en 30 sols 
deniers de rente en argent, d2 chapons Va ^H^ seliers Va 
d'avoine Tan , qui se lèvent sur plusieurs héritages situés à 
Mairies. 

François Michel Raoux d'Ath lient un fief ample consis- 
tant en cinq bonniers, un journel de terre labourable, 
nommé le fief de Solem, séant au Mont Hallez, jugement 
do Chièvres. 

De liacre lient un fief ample de la seigneurie de Chièvres, 



— 449 — 

consistant en un bonnier de terre labourable, situé en la 
coulure des Coquerons, territoire dudit Chièvres, lequel 
a été relevé par le S. De Beugnies, bailli de ladite sei- 
gneurie, le il mars 4729, pour M. Albert de Bacre. 

Messire Charles-Antoine-Dieudonué Cossé de Semeries, 
chevalier, demeurant à Mons, tient deux fiefs amples: le 
premier d'un journel V3 de pré et le second de trois journels 
nommé le fief d*Hion. 

Item tient un fief ample la levée deiSjarbes au cent sur 
6 bonniers de terre labourable en plusieurs pièces situés 
en la coulure de Villers à Maffles. 

Le receveur des héritiers de la dame baronne de Roly fait 
connaitre qu'il est vassal de la terre et pairie de Chièvres 
et que la comtesse tient un fief ample mouvant, la censé de 
la Motelette^ situé à Neufmaisons, consistant en une maison 
chambre, grange, étable, jardin, enclos de fossés et six 
bonniers de terre en différentes pièces et coutures. 

Hugues Dumont lient un fief ample, nommé le fief de 
Frayon, consistant en quatre rasières, deux quartiers 
d'avoine, 22 chapons 7* et 24 liv., 16 sols 5 deniers d'argent 
tournois, compris trois rentes de main-ferme ; ledit fief 
sur divers héritages séants sur le terroir de Chièvres, 
Tongres Notre-Dame et Neufmaisons. 

Augustin Houzeau de la Perrière, écuyer, demeurant à 
Mons, tient un fief ample, nommé la Perrière, consistant 
en 18 journaux de terre labourable en 2 pièces situés à 
Neufmaisons en la couture du bois de Chièvres. 

Baron de Malengreau tient un fief consistant en onze 
journaux de terre en une pièce, couture des eaux vives sans 
aucune pérogative , ni droit ni justice. 

Jean-Jacques-François Stocquart tient un fief ample con- 
sistant en trois bonniers V2 de terre labourable gisant à 



— 150 — 

Maffles. Item demibonnier, demi journel en la couture de 
Iloqueron, dessous Neufvilles. Item 5 journels Va ^n la 
môme couture , tenant à Tabbaye de Vicogne et aux pauvres 
de Chievres. 

Pierre François Lelong, tient un fief ample, consistant en 
6 journels GG verges environ, de terre labourable à Neuf- 
maisons. 

Léopold Bernart Ledru , demeurant à Baudour , tient un 
fief consistant en dix journels dix verges de pré et pâture 
applantés d'arbres, situés à Horimez, jugement dudit Chievres 
nommé le fief de la Motte-Rossillon. 

Pierre François Lelong, demeurant à Belœil , tient un fief 
ample, situé à Grosage, consistant en 6 journels et demi de 
terre labourable, fief mouvant. 

Amand Lemaire lient un fief ample de six journels de 
terre en la couture de Coquerons, tenant au bois de Beaumont 
enclavé dans le territoire de Tongres-St-Martin , rapportant 
30 livres Tan de rente ; le fond appartenant à Messire 
Jean de la Kethuille. 

Jacques François Vanrode tient un fief de sept journels 
ou environ de terre séant à Horimez terre dudit Chievres, 
en la couture des Fourques. 

Maître Jean Joseph Dubrucquez , curé de Veleines , tient 
un fief ample de onze journels de terre, en la couture de la 
grande bruyère. Item un autre consistant en dix journels en 
la couture de Monniau. Item un autre de cinq journels en 
la couture de la petite bruyère. Item un autre consistant en 
un vieux bonnier en la couture Delmorée. 

Ghislain Petit tient un fief ample consistant en une mai- 
son et héritage d*un vieux bonnier, situé en la rue du 
bois de Chievres. 

Messire François, baron Dehïero, demeurant en son châ- 



— 451 — 

teau de Rempemont, tient deux fiefs: i^ un fief ample, 
nommé le fief Delraolte , gisant à Ardempont de Chièvres , 
consistant en un demi bonnier de jardin applanté d'arbres 
fruitiers , avec les fossés , et le 2® consistant en quatre bon- 
niers, soixante parties de terre labourable en une pièce 
tenant à la couture de Palloriau, à la Croix de pierre. 

François Alexandre de Robaulx, écuyer, seigneur de la 
franche terre de Hantes, tient un fief liège mouvant, en 
la franche terre et seigneurie de Hantes, consistant en 
toute justice haute, moyenne et basse, ayant à raison 
d'icelle droit de chasse et de pêche sur toute son étendue. Un 
droit de deux sols blancs annuellement sur chaque manant, 
trois sols forts sur chaque cheval tirant raye à val et raye à 
mont. Item droit de tontine, de laisne, afTorage,de breuvage, 
droit de corwées. 

Laurent-François de Block tient un fief ample en deux piè- 
ces, consistant 4® en un bonnier et 40 verges sur la cou- 
lure de Vilers, en terre labourable et le 2« contenant trois 
journels tenant aux pauvres d'Arbres , aux héritiers Robert , 
à Guillame de St-Moulin. 

Jean-Baptiste Jotjse , bourgeois de la ville de Mons , tient 
un fief de quatre bonniers de terre labourable. 

A. Deltufoz, époux de dame Anne Marie Bonnier, tient un 
fief ample et mouvant consistant en trois journels de terre 
labourable séant en la couture de Gocqueron en-dessous du 
moulin de Tongres St-Martin. 

i^. B. Ledru tient un fief nommé Rossilion consistant en 
dix journels de terre, gisant à Aurimet sur le territoire de 
Chièvres . 

Les biens composant la seigneurie de Chièvres ayant 
été saisis par ordre de la cour souveraine de Hainaut, le 

12 



-« 152 - 

27 avril 1643 , furent , depuis lors , administrés par rautorilé 
de celle cour. 

Les comptes de la seigneurie de Chièvres rendus à la 
cour sont déposés aux archives judiciaires de TÉtat à Mons, 
on y voit qu'année commune la seigneurie de Chièvres rap- 
portait en argent : 15, Î75 liv., 3 sols 7 den. et 3 p. de den- 
en blé: 1240 rasières 2 quartiers 2 pintes et en avoine: 
1082 rasières 1 quartier 2 pintes et un tiers de pinte '. 

Pour terminer ce chapitre nous ferons remarquer que 
presque tous les seigneurs des terres à clocher avaient la 
haute justice ; mais , comme le dit un auteur qui traite des 
droits seigneuriaux, fief et justice n'ont rien de commun ; 
c'est-à-dire que l'on pouvait avoir la justice du village 
sans posséder le fief qui en porte le nom , et réciproque- 
ment. Il faut aussi remarquer qu'il y avait plusieurs espèces 
de seigneuries. On distinguait notamment entre le seigneur 
justicier, le seigneur féodal et le seigneur direct ou foncier. 
Le seigneur féodal était le propriétaire d'un fief ou d'un 
franc alleud noble. Le seigneur direct ou foncier était celui 
duquel relevait un héritage tenu à cens et pour lequel le 
tenancier était obligé de payer au seigneur une rente an- 
nuelle. Le seigneur justicier était celui qui avait droit de 
créer juges et autres officiers. 

La révolution française a aboli les fiefs, elle en a attribué 
la propriété à ceux qui les possédaient , en les dispensant 
des obligations qu'ils avaient contractées envers le seigneur 
suzerain. Elle a également aboli les droits seigneuriaux , un 
seul exepté : c'est la rente que le seigneur foncier perce- 
vait annuellement sur les biens qu'il avait concédés. Ce 
n'était pas là, du reste, un droit seigneurial proprement 

< Comptes des années 164i, 45 et suivantes. 



- 453 — 

dit, c'était le résultat d'une transaction très-licite môme 
aujourd'hui, une constitution de rente moyennant l'aliéna- 
tion d'un immeuble. Seulement, aujourd'hui, toute rente 
est rachctable , au lieu qu'on ne pouvait se libérer entière- 
ment envers le seigneur foncier qu'avec son consentement. 

On sait que les baillis représentaient le seigneur et en 
défendaient les intérêts et les droits. On ne possède pas la 
suite de ces fonctionnaires. Le plus ancien qui soit men- 
tionné est du XIIP siècle. 

Voici les noms de ceux qui se succédèrent jusqu'à la 
révolution française : 

Mahieu Vilain; mort le 14 avril 1517. 

Jean Delmont; écuyer, mort le 12 octobre 1553. 

Messire Jean Laurent; mort en 1608. 

Jean de Gortembosse ; mort le 19 septembre 1039. 

Claude Malapert ; écuyer, mort le 31 août 1059. 

Nicolas Desenfans ; mort le 2 septembre 1667. 

Michel Ange de Woerden ; mort en 1671. 
1708. Antoine de Brabant. 

De Gomenpont ; mort en 1723. 
1723. De Beugnies ; mort en 1729. 

Arnould François Surquin ; mort le 7 mars 1742. 
1743. Hannoye de Gomenpont. 
1756. Kovahl. 
1765. Dubus. 

Receveurs. 

Hector Lescuyer ; mort le 18 mai 1583. 
1642. Philippe de Gavre. 

1648. Nicolas Dessenfans ; mort le 2 septembre 1667. 
1667. François Ignace Francquet. 
1669. Louis Joseph Dumont. 



_ 154 _ 

* * m 

1735. X:j-!.- J.5r; •. O^Cr.-rZ. 
17n. Je::» J^. j :es E»j C riiez. 



CHAPITRE IV- 
Chronologie historiqae. 

FniU princiifiux th puis le Cj!nr}i:rtC-:»n':nl ilu Xl^ sicck 

JHSJHCfl 155S. 
\ns FOUTIFICATIOXS DE ChIÈVRKS. 

Xôus lisons dans Ja^^qnes De Guyse el dans Vinehanl S 
i|ue vers l'an 10)7, Guêric-le-SvM', nul»!e bai\>n, assisté de 
|iliisieiirs nations qni voul. tient eoniiuérir des terres, enva- 
hit le comté de Nervie, aussi appelé Bracbanl. Apnt 
usurpé tout le pays qui avait appartenu à Géranl de Rous- 
silli)n, il se l'appropria, disant qu'il descendait de ce même 
Gérard. Il pilla tout le comté ; soumit toutes les forteresses, 
les villes, les châteaux, et leur imposa des services nou- 
veaux. Ayant choisi Leuze pour sa résidence, il fit clevor 
la tour principale du donjon et creusa de larges fossés. 11 
entoura de murailles les villes de Grammont, Lessincs, 
Alost, Chiùvres, Flobecq et Escannaflle et guerroya puis- 
samment contre ses ennemis 

Pairik de Chièvues et Ciiatelleme d*Ath. 

Apres 1076, la comtesse Richilde et son fils Baùduin 

* 

1 iACQVKS DE GuYSE, t. IX , liv.|XlV, chap. LU, p. 45t. — Vinciunt, cont. par 

RUTTEAU, p. lui). 



— 455 — 

établirent douze Pairs, des principaux Seigneurs de la 
province, relevant du château de Mons et assistant le 
coinle dans le jugement des causes graves où Tintùret de 
la noblesse était en jeu. Les pairs n'avaient, sans doute, 
rl'autre préséance que celle de rancieimeté de leur pairie. 
Dans riiôtel de Vicogiie à Valenciennes on voyait le seigneur 
(le Cliiùvres le premier. Dans la suite des temps le Pair 
(le Chiùvres fut le duc d'Havre (jui portait de gueules à 
trois lions d'argent, couronnés, armés et lampassés *. 

liasse de Gavre, voyant que Bauduiti IV, le bâtisseur, 
comte de Hainaut, avait acheté do Gilles de Trasegnies la 
ville d'Ath, sur laquelle il croyait avoir des droits du chef 
de son épouse Ido^ lui déclara la guerre. Celte guerre 
entr'eux fut d'autant plus sérieuse pour le comte Ijauduin 
(|ue le seigneur de Gavre avait appelé à son secours 
JMiilippe, comte de Flandre et Thierry d'Alsace. Jls étaient 
sur le point d'en venir aux mains, quand pour épargner le 
s;uîg des peuf^les, ils fii'eiit des propositions de paix. Le 
comte IJauduin consentit à donner une certaine somme 
d'argent à Gavre pour pouvijir rester possesseur de la 
ville et de ses dépendances. Il forma de celte belle portion 
du Hrabant une chàtellenie considéiable dans laquelle il 
mit Condé, Leuze, Cihiévres, etc., et y établit des châtelains 
pour gouverneurs. 

La Seigneurie de Chiévres appartenait en 1184 à Nicolas 
fie Kumigny et à liasse de Gavre. Ces Seigneurs donnèrent 
eu cette année, des franchises et des libertés a la ville, et 
conlirmérenl ses lois et sa paix. Déjà à cette époque la 
commune était formée, puisqu'elle avait son maire et ses 
échevins. 

• VinciiaNt, coiil. par Uuttkau, p. 9. — Reifflmbiihc, llist. du Comté de 
Ilahiaitt, t. 1. p. 175. 



— 156 — 

Marguerite de Conslantinople confirmn, en 4248, les 
privilèges de la ville de Chièvres. 

Guerre des Ronds. 

En 4254\ Marguerite, comtesse de Hainaut, priva les 
nobles de leurs emplois, et mit à leur place des flamands. 
Jamais le mépris des lois ne fut plus outré , jamais la déso- 
béissance plus ouverte, les révoltes plus communes, les 
meurtres plus journaliei-s. Dans ce temps là, un boucher de 
Chièvres, nommé Gérard le Rond, se rendit à la foire d'Atli, 
pour y acheter du bétail. Il y trouva un bœuf fort gras et fort 
beau, que son propriétaire lui vendit seulement seize pièces 
d'or , parce qu'il ci-aignait que les vassaux de la comtesse 
ne le lui enlevassent. — Comme il retournait chez lui, 
neuf de ces vassaux Tarrètèrent et lui ordonnèrent de 
leur céder le bœuf. Des paroles on en vint aux coups ; ils 
assassinèrent Gérard et emmenèrent l'animal à Ath, où ils 
le vendirent moyennant douze pièces d'or au châtelain, né 
dans le comté d'Alost, et qui était un des leurs. 

Les six fils de Gérard, * tous bouchers comme lui, 
prirent aussitôt les armes, et, pleins de rage, battirent la 
campagne pour découvrir les meurtriers. Leurs recherches 
furent inutiles ; alors ils portèrent le cadavre de leur père 
sur le marché de Chièvres et invitèrent le peuple à la 
vengeance. 

Le quatrième jour après ce funeste événement, les lils 
de Gérard, ayant disposé, le mieux qu'ils purent, de ce 
qu'ils possédaient, réunirent leurs parents, leurs amis et 
leurs serviteurs, au nombre de soixante, qui s'armèrent 

* En 1428 on trouva encore à Chièvres» un de leui*s dcâcondants du uotn de 
Collart le Rond. 



— 457 — 

(le tout ce qui leur tomba sous la main. Leur premier soin 
fut rrobserver la manière de vivre des vassaux ; assemblés 
la nuit dans un bois, comme les francs-juges, ils résolurent 
de les attaquer. Plusieurs de ceux-ci devaient célébrer à 
table la SL-Martin , à Mélin, à Arbre et à Lens. Les mai- 
sons où ils étaient, furent escaladées, enfoncées; on les 
égorgea sur les débris fumants de l'orgie, et aux femmes 
qui partageaient leur débauche, on se contenta de leur 
couper le nez, les lèvres, une oreille, le menton, ou de 
leur arraclier les yeux. Ce coup fait, les Ronds marchèrent 
toute la nuit , pour arriver à Thuin , petite ville dépendante 
de révêché de Liège, où on leur donna asile, et, le len- 
demain, ils écrivirent au bailli de Hainaut, pour Tinformer 
(le ce qu'ils avaient osé, et de leur intention irrévocable 
(le mettre à mort tous les vassaux de la comtesse, comme 
traîtres et assassins de leur père. 

Jean du Rosoy, seigneur d'Audenarde, et le bailli du 
Hainaut, envoyèrent contre eux des hommes d'armes. 
Douze de ces cavaliers furent enveloppés par les Ronds, 
qui leur firent grâce , à condition quils iraient dire aux 
seigneurs de Hainaut qu'ils exposaient leur vie contre les 
vassaux de la comtesse de Flandre, sans faire de tort à 
qui que ce fût ; qu ils étaient trois cents qui avaient juré 
haine à ces oppresseurs ; mais a eux seuls. 

On commença alors à mieux comprendre les intentions 
<les Ronds , que bien des gens avaient pris pour des mal- 
fjiiteurs ; mais presque tout le monde les favorisa en secret. 
Ils pourchassèrent si vivement leurs ennemis , depuis la 
St.-Martin, que le jour de St. -Thomas, apôtre, il n'en 
restait plus un seul dans le Hainaut. — Ils en avaient 
exterminé quatre-vingt-quatre. 

Mieux disciplinés, organisés en société permanente dont 



— 158 — 

le symbole était un grand cousu sur leurs capuces ou 
leura surcots, ils revinrent à Thuin vers la fête de Noël. 

Jean d*Avesnes profita des troubles qu ils faisaient dans 
le Hainaut pour s'emparer des villes de ce comté , en Tab- 
sence de sa mûre ; ils les enrôla pour l'expédition de 
Zélande , en 1253 , et ils y donnèrent des preuves d'une 
valeur éclatante. Chargés des dépouilles des flamands , ils 
revinrent au nombre de 560, à Liège, où on les reçut avec 
honneur. 

Leur dernière retraite fut au château d'Enghien , qu'ils 
défendirent, au nombre de 700, contre le duc d'Anjou, 
en 1255. 

Le roi de France St. Louis et Henri, duc de Brabant, 
ménagèrent la paix avec la comtesse Marguerite : ses enfanls 
prisonniers lui furent renvoyés, le comte d'Anjou renonça 
généreusement aux prétentions qu'il pouvait avoir sur le 
Hainaut. Tout se pacifia et les Ronds rentrèrent dans Tor- 
dre , en 1278. 

Deuxièmes Fortifications de Chièvres. 

Vers l'an 1355, on commença à relever les fortifications 
de la ville de Chièvres , on creusa des fossés , on voulait en 
faire une forteresse. 

Pour subvenir aux dépejises, le 24 février 13G5, il fut 
concédé et accordé aux échevins et jurés de la ville de 
(Ihièvres « de prendre certaines assises et maletotes de 
» breuvages qui seraient dispensés en la dite ville : ainsi 
"» pour cascun lot de vin vendut à broque deux deniers, 
» pour cascun tonniel de vin qui vendus sera en gros 20 
» sols, et de toutes Keuwes à l'avenant; pour cascun lot de 
» chiervoise une obole et pour deux lots de gondalle une 
» obole, pour cascun lot de mies un denier. » 



i 



— 159 — 

Les travaux des fortifications traînèrent en longueur et 
en 1384 ils n'étaient point encore achevés ; c'est pourquoi 
la concession susdite fut, le 7 février 1384, prolongée pour 
le terme de douze ans et on y ajouta môme que la ville de 
Chièvres pouvait, si cela lui était agréable, avoir et prendre 
des assises « sur les cervoises par rasières de grains , 
ï comme on le faisait à Mons, on augmenta la male- 
» tote du vin d'un denier \)ïiv lot qui serait vendu en 
» ville *. » 

Jean I , comte de Namur , établit en 13G3 , à Chièvres 
une foire aux chevaux qui avait lieu le lundi saint, et que 
le duc Albert de Bavière confirma en 1305 2. 

Lorsqu'en 13G6, on voulut assiéger le château d'Enghien, 
Chièvres fut choisi pour être le rendez-vous général dos 
troupes. 

En 1386 le seigneur de Chièvres accompagna avec d'au- 
tres seigneurs le comte de Bourgogne à Mons ^, 

Peu de temps après la ville de Chièvres fut presque en- 
tièrement ruinée par un incendie , elle devint fort déserte : 
pour la repeupler, le duc Albert alîranchit, le 8 octobre 1391 , 
le marché hebdomadaire du mardi , de toute imposition 
qu'y levait le comte de Hainaut sur les marchandises, 
moyennant toutefois une redevance aiuiuelle de la paît de 
la ville , de 30 livres 5 sols blancs , il déclara en outre cpie 
tous ceux qui se trouveraient à ce marché ne pourraient èive 
arrêtés pour dette *. 

Le 23 juin 1427 des députés de la ville de Chièvres assis- 

< Annexe IH. 

* ViNCHANT, conl, par Rutteau, p. 3Ui. — Acluellemeut la foire des chevaux, 
se tient le neuvième jour après Pâques. 

* ViNciiANT, cont. par Rutteau, p. 358. 

* Annexe Ul. 



— 160 — 

tèrent , comme témoins , â la prestation de serment que le 
duc de Bourgogne fit en l'église de St-Waudru, àMons,en 
qualité de Mambour, gouverneur et héritier présomptif du 
comté de Hainaut ^ 

Quand le duc de Croy devint seigneur de Chièvres, la ville 
était fortifiée : son enceinte murale était percée de trois portes 
flanquée de tours et bordée de fossés. 

Cette forteresse était confiée à la garde des bourgeois. 

Nous ne pouvons passer sons silence le règlement que 
Philippe , duc de Bourgogne , donna aux archers de la ville 
de Chièvres le 9 février 1437 (1438 st. n.) : 

« Philippe, par la grâce de Dieu , duc de Bourgoingue, de 
j 1» Lothier, deBrabant et de Lembourg, conte de Flandres, 

I » d'Artois, de Bourgoingne, palatin de Haynnau, de Hollande, 

I » de Zellande et de Namur, marquis du Saint-Empire, 

> seigneur de Frise , de Salins et de Malines , à tous ceulx 
» qui ces présentes lettres verront, salut. Comme noz amez 
» les compaignons archiei's de la ville deChierve en Haynnau, 

> appartenant icelle ville à nostre très chier et féal cousin, 
» conseillier et premier chambellan et seigneur de Croy, nous 
» ayant fait remonslrer que , en toutes noz villes et autres de 
» nostre dit pays et conté de Haynnau ou au moins le grei- 
» gneur partie d'icelles, a une certaine compaignie et con- 
» frarie de arcliiers en certain nombre du sèrement, du 
» jeu de Tare à main, et à cause de la dicte confrarie et 
» d'icellui sûrement , ont certainnes lettres de previllcges 
» de nous et nos prédécesseurs contes et contesses de 
ï Haynnau. C'est assavoir: premièrement, quilz puissent 
» eslire ung d'eulx qui soit notable personne, pour estre 
» leur connestable et chief en ce cas pour par eulx estre obéy 
» ainsi qu'il appartient. 

' De ViLLKRs , Les séjours du duc de Bourgogne en Hainaut , p. 6. 



- 164 — 

» Item, qu'ilz puissent eslever et mettre sur icelle con- 
» frarie pour la maintenir honnestement, ainsi qu'il est 
» accoutumé de faire en tel cas. 

i> Ilenij qu'ilz puissent estre en icelle compaignie et con- 
» frarie jusques au nombre de vint compaignons du dit 
» sûrement, qui soient souffisant et habilles, et dudit sùre- 
. ment de l'arc à la main. 

T> Ilem^ quilz ne puissent cstre desmis ne déportez de 
» la dicte compaignie et confrarie sans cause raisonnable et 
> sans avoir commis aucun cas pourquoy ilz le doient estre. 

» Item, que quant aucun décédera ou yra de vie à trùspas, 
» que en son lieu ils en puissent mettre et eslire ung autre 
ï souffisant et habille comme dit est, sans croistre ne dimi- 
» nuer le dit nombre, et tout par le gré et Conseil de leur 
» dit contestable. 

» Item, qu'ilz puissent faire uue fois l'an robes et chap- 
» parons de livrée , dont pour leur aydier à ce faire, chacun 
ï d'eulx prendra et aura pour une fois chacun an vint solz, 
ï monnaie de nostre dit pays de Haynnau, sur la ville où ils 
* seront demeurans et par le gré d'icelle. 

3 Item, qu'ilz pourront porter leurs armeures telles que 
1» archiers ont acoustumé de porter sans mal faire par nos- 
» diz pays et conté de Ilaynnau , tant èsdictes villes que de- 
» hors, et sans à ceste cause encourir envers nous ne autre- 
ï ment en aucune partie ou amende. 

j Ilem^ que se pour aucunes debtes on vouloit faire aucune 
» exécution de justice sur les biens d'aucuns d'iceulx con- 
» nestable aux archiers on ne pourra nullement prendre, 
» exécuter ne vendre leurs dictes armeures. 

T^ Itemy que lesdiz connestable et archiers seront francs, 
» quittes et exemps de contribuer aux tailles et impostz qui 
> ont eu ou auront cours en icelles villes où ils sont demou- 



— 102 — 

» rans en la forme et niani'>re que les archiers des villes 
» qui ont lesdiz prévilKges, en usent et ont accoutumé de 
1 user. 

c Item y et que pour cause desdiz previllèges les dessus 
» diz connestable et archiers sont et seront tenuz, obligiez 
» et abstrains à ce que toutes et quantes fois que nous ou 
>. nos successeurs contes de Ilavnnau aurons ou auront be- 

m 

» soing <le leur service , en armes ou autrement , ils y ren- 
» dront et seront en la compaignie et au mandement de nous 

> et de nos officiei's, toutes et quantes fois que requis en se- 
î) ront parn)i ces toutes voyes ijue quant ilz seront en icellui 
» nostre service , nous leur p îverons ou ferons payer gaiges , 
* c'est assavoir: [)Our cliacua jour audit connestable quatre 
» solz, et à chacun desdiz autres archiers deux solz de nos- 
» tre dicte monnoye de Hayimau , avecques leurs despens 
)> raisonnables. Et en ce cas (jue ne leur furnissions ou fe- 
» rions furnir lesdiz dépens en ce lieu , les diz connestable 
» et archiers aumnt et prendi'onl de nous, c'est assavoir: 
» icellui connestable huit solz, et chacun d'iceulx archiei's 
» (juatre solz do nostre dicte monnoye de Haynnau. Etoultre 

> ce, seront tenuz do faire charier et mener à nos despens 
y> leurs dictes arnieures et basions francementet quillenient. 
» Et il soit ainsi que en icelle ville de Chierve aitgrant noni- 
» bre et quantité de bons compaigijons qui voulentiers se 
» esbabtent duditjeu de Tare à main, et désirent avoir 
» semblables previllèges , compaignie et confrarie de ar- 
» cliiers cpie ont les devant nommez es auties villes dessus 
» dictes, en nous suppliant liUmblemenl que, de noslre 
» grâce, leur veuillons donner et ottnïyer lesdiz sembla- 
it blés previllèges. » 

» Savoir faisons (jue tant pour la : u^iiionlation , sécurité 
7> et delTense de la dessus dicte ville de Chierve, et pour 



- 163 — 

> considération de ce qui dit est, comme pour contempla- 
» cion en faveur de nostre dit cousin de Croy, qui de ce 
) nous a semblablem.'înt supplié et requis; nous auxdessu- 
ï diz compaignoiîs arcliiers de la dicte ville de Chierve et 
i> chacun d'eulx avons donné , oltroyéet consenti , donnons, 
» ottroyon>> et consentons , de nostre grâce, plaine puissance 
D et autorité especiale par ces présentes , que d'oires en avant 
» jusques au nombre de vint personnes archiers , ils puis- 
» sent maintenir ladicte coiifrarie et estre , demourer et 

> résider en ladicte ville de Chierve, en continuant ledit 
* jeu de Tare à main, et que au sourplus en ccste partie et 

> autrement, pour et h cause d'icelle confrarie et jeu de 
i> l'arc , ilz jouissent et usent plainement de tous et cha- 
» cun des previllogcs cy-dessus déclarez : c'est assavoir de 
i> telz et semblables droiz, franchises et libertez que ont 
» fait, font et feront les autres compaignons archiers 
1^ estans es confraries par nous ou nosdiz prédécesseurs 
» établies en nos villes de Soingnics, d*Ath, et de Braine- 
ï le-Gomte , et que en icelles ilz soient maintenus, entre- 
ï tenus et gardez comme il appartiendra , pourvu que 

» lesdiz connestable et compaignons et confrères dudit * 
î> Chierve voulans joir desdiz previllèges, droiz, fi'anchises 
D et libertez soient habilles et souffisant audit jeu de Tare à 
ï main. Toutes voyes , nous entendons que quand lesdiz 
» connestable et archiers de ladicte ville de Chierve yront 
» ou seront hors, au service d'icelle, leurs diz gaiges dou- 
» bleront et seront leurs dites armeures et bastons portez, 
» chariez, menez et ramenez aux despens de la dessus dicte 
^ ville de Chierve. Si donnons en mandement à nostre grant 
» bailli de Haynnau, au bailli, mayeur, et échevins dudit 
1^ lieu de Chierve et à tous nos autres bailhz, justiciers et 
» officiera de nostre dit pays et conte de llaynnau , présens 



— 164 — 

» et à venir et à chacun d'eulx si comme à lui appartiendra, 

> que de noz présens grâce, don, ottroy, consentement, 
» congié et licence, et des diz previllèges , droiz , franchises 
jD et libertez facent, souffrent et laisssnt les devant diz connes- 
» table et archiers de Chierve et chacun d'eulx joïr et user 
» entièrement , plainement et paisiblement par la manière 
» dessus déclarée, sans à eulx ou aucun d'eulx faire ou 
» donner ne souffrir estre fait ou donné aucun destourbier 
» en empêchement au contraiie. Car ainsi nous plaist-il et 
» voulons estre fait. En tesmoing de ce, nous avons fait 

> mettre à ces présentes nostre séel de scret en absense du 
» grant, sauf en autres clioses nostre droit etTautruy en 

> toutes. Donné en notre ville d'Arras, le x® jour de février, 
ï l'an de grâce mil quatre cens et trente sept *. » 

Un incendie ayant de nouveau détruit une grande partie 
de la ville, en 1459, on la voyait tous les jours diminuer en 
bourgeois, ce qui donna sujet au duc de Bourgogne d'y 
établir une foire à la sainte Michel , avec des franchises pour 
les étrangers et du profit pour les bourgeois *. 

En 148:2, Guillaume de Croy, seigneur de Chièvres, 
accompagné de quelques gentils-hommes, tous officiers, ne 
pouvant souffrir que les Français, qui s'étaient emparés de 
Walcourt, ravageassent les villages voisins de cette ville , les 
attaqua, les défit et obUgea le commandant des Français 
de rendre la ville '. 

Le seigneur de Chièvres et celui de Chimay, se rendirent 
en 1489, à Enghien , avec du monde dans le dessein d'atta- 
quer les troupes de Philippe de Clèves qui assiégeaient 



* Archives de VElai à Mona , Section des corps de métiers et compagnies 
militaires. 

« ViNCHANT , cont. par Rutteau , p. 396. 

* H. P. M. Delewarde, Uiat, gén. du Ha^naut , t. V , p. 303. 



— 165 — 

la ville (Je Hal, à leur arrivée Clùvesleva le siège, congédia 
ses troupes et laissa ses morts dans les fosses, par trop 
d'empressement pour la retraite *. 

En 1498 , on afficha aux portes de Ghièvres et de Valen- 
ciennes les franchises de deux foires à Saint-Ghislain obte- 
nues de l'archiduc *. 

Charles de Groy, évoque de Tournai, se rendit àGand le 
25 février 1500 et y baptisa Gharles-Quint. 

Guillaume de Groy, grand bailli du Hainaik, fut chargé 
en 1502 de la transaction qui eut lieu entre Tarclâduc et lo 
clergé du Hainaut pour la taille du clergé, pour bien saisir 
la portée de cet acte remontons un peu plus haut : 

Le 25 mai 149i, le président de Bourgogne et le seigneur 
de Molembais demandèrent aux États du Hainaut, au nom 
de Tarchiduc 3000 florins d'or à prendre sur le Hainaut, 
pour chasser du château d'IIesdain la garnison qui depuis 
longtemps, par ses fréquentes courses, pillait le pays; mais 
les prélats présents refusèrent cette somme, à cause de la 
taille, qu'on avait dessein de mettre sur le clergé, contre 
toute raison et contre leurs privilèges. La taille ayant été 
imposée, le clergé intenta un procès. 

Le 21 février 1496, Tarchiduc insista sur la demande qu'il 
avait faite de 15,000 écus qui lui furent accordés. 

Le 15 février 1497, l'archiduc demanda de lui accorder, 
pendant six ans consécutifs une certaine somme d'argent, 
pour son entretien; elle lui fut accordée, mais pour quatre 
ans seulement. 

Le 24 août 1497, l'archiduc demanda 25,000 écus, pour 
mettre des troupes en garnison sur les frontières de la Guel- 
dre , mais le clergé ne voulut rien accorder. 

* R p. M. Deiewarde, Hist. Géti. du Hainaut, t. V, p. 310. 

* Monuments , t. VIII , p. GOO. 



— 166 — 

Le procès susmentionné ayant duré près de deux ans et 
étant tout instruit et prêt à être jugé par le grand Conseil, 
il fut enfin anéanti par ce prince en vertu d'une transaction, 
accord et appointement qu'il fit avec le clergé, au mois de 
novembre do Tan 1501, portant en substance que le clergé 
du Hainaut ne sera tenu h Vavenir de contribuer ovec les 
deux autres membres de rÉtal , en quelque manière que ce 
soit, aux aides et aux tailles, excepté dans le cas permis 
par le droit écrit; mais en sera toujours quitte et exempt, 
à condition de fournir 50,000 livres, une fois, de quarante 
gros, monnaie de Flandres, payables en-déans huit ans, 
par égale portion , chaque année, laquelle écherrait à Noël , 
en la commençant au jour de la résurrection prochaine, 
comme il paraît par la lettre de Tarchiduc, insérée dans 
celle de Guillaume de Groy qu'on peut lire dans les Moyiu- 
menls^ p. 602 et suivantes ^ 

I/archiduc d'Autriche, plus tard l'empereur Charles V 
vint à Ghièvres passer quelques jours chez son gouverneur 
Guillaume de Groy, et en 1505, pendant un séjour qu'il 
faisait chez son tuteur, il fut présenté aux habitants de la 
ville d'Ath, par Marguerite d'Autriche, sa tante*. 

Les peuples des Pays-Bas ne voulant pas être gouvernés 
par Maximilien, qu ils disaient être assez chargé du poids de 
l'empire, se contentèrent pendant dix-huit mois (15U7-1508) 
d'élre réglés par les États de chaque province, ayant toute- 
fois tous les égards possibles pour Guillaume de Groy, 
seigneur de Ghièvres et d'Arschot, qui avait été établi gou- 
verneur du jeune Charles et des provinces par le roi Philippe 
lorsqu'il partit pour l'Espagne; mais les États généraux 



1 Mon umen fs, l. VHI , p. 593 , 594 , 595 , 598 et 001. 
- ViNCHANT , cont. par Rutteau , p. 39(5. 



— i67 — 

s'étant assemblés au commencement de Tannée 1508, crurent 
qu'il fallait une autorité royale pour soutenir le poids des 
affaires et résister aux ennemis du pays; car Charles d'Eg- 
lïiont prétendant au duché de Gueldre faisait la guerre au 
Brabant, pillant laC4ampine, faisant des prisonniers avec le 
secours des Français qui causaient de grands dommages, 
et en faisaient craindre encore de plus grands. 

Les États résolurent donc d'un consentement unanime 
d'envoyer des ambassadeurs à l'Empereur pour le prier do 
venir prendre le gouvernement des Pays-Bas. Guillaume 
de Croy et le chancelier Hauthem furent choisis pour cette 
négociation importante. Ils allèrent trouver ce prince en 
Autriche et le haranguèrent avec tant d'éloquence et 
d'adresse que Maximilien accepta cette grande charge ; mais 
comme ses affaires ne lui permettaient point de venir aux 
Pays-Bas aussitôt qu'on le souhaitait , il établit Marguerite, 
sa fille, veuve du duc de Savoye, gouvernante générale ; lui 
donna des conseillers selon le choix des Etats dont le chef 
fut le seigneur de Chièvres ^ 

En 4515 Philippe de Croy et Antoine de Croy furent 
créés chevaliers de la Toison d'or. 

Le 12 novembre de la même année, le seigneur de Chièvres, 
assista à Mons au serment que Charles V fit pour le main- 
tien des privilèges du pays de Hainaut *. 

Le 15 décembre suivant, on trouve le seigneur de Chièvres. 
grand chambellan, signataire de l'édit que Charles V donna 
à Bruxelles, concernant les libertés et les privilèges du 
comté de Hainaut ^. 



* R. p. M. Delwarde. Hist, géti. du Hainaut, l. V, p. 353. 
- De Boussu. Hist. de la ville de Movs , p. 460. 

' R. P. M. Delwarde. Hist. gén. du Hainaut, p. 3G9. — Dk Boussu. Hist. de 
la ville de Movs, p. 169. 

13 



-^ 168 — 

La dame de Chièvres acheta, en 1520, à Mons , l'hôtellerie 
de Borne Agace, pour y bâtir un couvent au dévot frère 
Alard, son confesseur, religieux du tiers ordre de la maison 
de Brugelelte. Il fut admis ainsi que ses frères en religion par 
les magistrats, à condition d'assister et de soigner les pes- 
tiférés. Le couvent fut nommé de Ste-Croix *. 

En 1520, les Espagnols étaient mécontents que le roi les eut 
quittés pour aller en Allemagne ; et d'ailleurs ils ne pouvaient 
souffrir le gouvernement des seigneurs des Pays-Bas ; car 
après la mort du mémorable Cardinal Ximenès, il avait 
confié l'administration des affaires au Cardinal Adrien, qu il 
avait fait vice-roi de ses royaumes, et au seigneur de Croy- 
Chièvres, marquis d'Ai^chot, baron de Chièvres, et les 
avait mis tous deux à la tête de ses conseils. Le premier était 
bon , mais faible ; le second était intéressé et entreprenant; 
aussi se rendit-il maître de tout. Les Espagnols se plaignaient 
donc que ces étrangers amassaient toutes leurs plus belles 
pièces d'or, se donnaient à eux-mêmes ou vendaient les gran- 
des charges, et distribuaient les plus riches bénéfices à leurs 
gens : entre autres le seigneur de Chièvres avait pourvu 
son frère de l'archevêché de Tolède , et lui avait obtenu 
le cardinalat par le crédit de Charles-Quint, le nouveau 
cardinal avait résigné à son frère Robert l'évéché de Cambrai 
dès Tan 1519 ; Tévéque de Tournai et le marquis d'Ai^chot 
l'avaient mis en possession , l'un de l'évéché, et l'autre du 
duché de Cambrai. Les deux frères moururent à Worms 
pendant la tenue de la Diète , Tan 1521 '. 

En 1528, Philippe de Croy II donna à la confrérie des 
archers de Chièvres un drapeau. 



< R. P. M. Delwardr . Hisr. gén, du Hainauty t. V , p. 370. 
* Idem , p. 382. 



— 469 — 

Pendant le XVI® siècle et le XVII® il y avait ordinaire- 
ment à Chièvres une garnison espagnole. 

En 1543, la reine Marie , régente , donna la conduite des 
troupes à Philippe de Croy qui alla ravitailler Hinsberg au 
mois de mars ; au retour il fut attaqué par le duc de Glèves 
près de Ziltart, il se défendit avec beaucoup de valeur et 
de courage ; mais le lieu étant désavantageux, il perdit la 
bataille *. 

Charles-Quint et Philippe II, obligés pour subvenir aux 
dépenses de la guerre de se procurer de l'argent et n'obte- 
nant des États que des aides insuffisantes, empruntèrent 
plusieurs fois des sommes considérables aux villes du 
Ilainaut, Pour prêter à leur souverain , ces villes devaient 
elles-mêmes emprunter Targent nécessaire. Le monarque 
devait pour ce motif leur engager, en garantie hypothécaire, 
une partie de ses domaines. En 1554, les villes de Mons, 
Ath, Enghien, Soignies, Condé, Braine-le-C4omte et 
Chièvres avaient, à la requête de Charles-Quint, levé en 
constitutions de rentes un capital de 50,000 livres de 40 
gros ; par lettres du 3 décembre cet empereur leur aban- 
donnait comme garantie jusqu'au remboursement de cette 
somme, tous ses revenus et notamment tous ses bois de 
Mormal *. 

Deux ans après, ces mômes villes empruntèrent un capital 
de 85,000 Uvres de 40 gros la livre, pour aider le roi Phi- 
lippe II à supporter les frais d'entretien de son armée. 
En garantie de ce capital, ce monarque leur assigna, le 31 
décembre 1556, les produits de ses domaines et spéciale- 



* R. p. M. Oelwardb, HUt, gén, du Hainaui , t. V , p. 430. 

* DeviLLERs. Cartulait'e des rentes et cens dus au Comté de flainaut par la 
soc, des bibliophiles belges, t. H , p. 408. 



- 470 — 

ment de ses bois de Mormal, de la censé du donjon à 
Naast, la taille de bois de Naast ^ 

Le 9 mai 1^8, ce même monarque leur accorda de 
nouvelles lettres d'indemnité *. 

Ces emprunts n*étiiient point remboursés en d5fô; il 
existe même deux arrêts du Conseil des fînances du roi, datés 
du 45 décembre, relatifs à cet objet. Le premier est un 
ordre donné au receveur des domaines de laisser jouir les 
villes de Mons, Ath, Enghien, Soignies, Braine-le-Comte, 
Condé et Chièvres , de la censé delà seigneurie de Thieusies, 
affectée, avec d'autres parties des domaines en Hainaut,en 
hypothèque pour les sommes que ces villes avaient avancées 
au souverain, conformément aux lettres patentes de Philippe 
II, du 31 décembre 1556. Le second oblige le receveur de 
Hal à laisser les villes de Mons, Ath, Enghien, Soignies, 
Condé et Chièvres, jouir paisiblement des bois de sa recelte 
donnés en garantie des rentes héritières et viagères au 
capital de 136,000 livres de 40 gros la livre, qui ont été 
constituées sur le crédit de ces villes à Teffet de satisfaire 
aux pressants besoins du roi ^. 



CHAPITRE V. 
Principaux faits de 1558 à 1799. 

Le Château. 

Vers l'an 1560, Guillaume de Croy, marquis de Renfy, 
seigneur de Chièvres etc., chevalier de la Toison d'or et 
son épouse Dame Madame Anne de Renesse firent con- 

^ Devillers, Carlulaire des rentes, etc., t. H, p. 409. 
s Archives de Lille , 26* reg. des Chai-tes , n> 144-146. 
' Devillers. Cartulaire des rentes etc., t. U, p. 410. 



— 471 — 

slruire un château à Chièvres. Il est encore debout, à Tex- 
ception de son donjon ; sa façade , en pierre de taille , s'élève 
à rextremité de la place. Vendu en 1825, par les héritiers 
<lu prince Pignatclli , l'acquéreur s'empressa de faire démolir 
le donjon , dont le rez-de-chaussée servait de prison. Lors 
de la démolition de cette tour, on a découvert un certain 
nombre de jetons portant pour légende, à Tavers : soffrir 
vaincra Croy, au revers : doubler n'en fauU Renesse. 

L'intérieur de ce manoir est complètement défiguré , les 
quelques vestiges de ce qui faisait la décoration des salles 
sont disséminés. C'est ainsi qu'un manteau de cheminée aux 
armes de Croy-Renty décore actuellement un estaminet de 
la localité. La résidence des anciens ducs a été succesive- 
ment occupée par le curé delà paroisse, par un pensionnat 
de demoiselles, par un brigade de gendarmerie et par un 
pharmacien. 

Les archiducs vinrent à Chièvres le 22 février 1600 *. 

Le 23 mars 1623 des députés de la ville de Chièvres 
allèrent prêter serment à Bruxelles entre les mains de l'in- 
fante Isabelle-Claire-Eugénie *. 

Règlement pour Vadminhlralion de la ville de ChièureSj 
accordé par Jean de Croy , au nom de Charles- Philippo^ 
de Croy, marquis de Renty. 

» Ordre et règlement que haut et puissant seigneur Mes- 
» sire Jean de Croy, comte de Solre , chevalier de l'ordre 
» de la Toison dor, capitaine de la garde des archiers de 
> corps de Sa Majesté etc. au nom et de la part de aussi 



* R. p. M. DCLYTABDE , t. v, p. 631. 
' KOURDIN, Tables annlytiques, p. 86. 



172 — 

» h.iut et puissant seigneur Messire Charles-Philippe de 
» Croy, marquis de Renty, gentil homme de chambre et 
capitaine de la garde allemande de Sadite Majesté etc., a 
ordonné aux bailly, mayeur et échevins de la ville de 
Chièvres d'obsen'er à Tavenir pour la meilleure police de 
ladite ville et autrement comme s'en suit, le tout néan- 
moins jusque à rapel dudit seigneur marquis. 
1 Premièrement , que le gouvernement, direction, audi- 
tion des comptes, conduite et manutention des biens et 
actions, revenus, négoces, la promotion et conférence de 
états et entremisses non-seulement de ladite ville et tout 
ce qui en dépend ; mais aussi de ceux concernans, com- 
pétans et apartenans à Teglise parochiale , ensemble à tous 
autres membres pieux d'icelle, compôlera et appartien- 
dra ainsi que de tems immémorial on la pratique et qu'il 
devait avoir esté continué, aux bailly, mayeur et esche- 
vins de lad. ville présentement en état et à leurs succes- 
seui*s,et que, sans l'intervention dudit bailly, mayeur et 
» cinq échevins pour le moins , n'en pourra être vaillable- 
D ment déterminé, conclu et ordonné aucune chose. 

» Que toutes ordonnances et décrets résultants d'eux et 
» (jui se devront définir sans affection et partialité à la plus 
» grande pluralité des voix, seront expédiées par le grefiier 
» de ladite ville, puis après enregistrées pour la plus 
» grande validité, instruction et appaiseraent de la pos- 
1 térité, au livre ordinaire des résolutions de la même 
» ville , qui coustumièrement est en la garde dudit greffier 
> sera aussi concurrant et numératif avec celui des prénom- 
» mez. 

» Et sera de nulle valeur ce qui sera et peut avoir été autre- 
» ment ordonné et conclu. 
» Si au futur y écheoit aucun nouveau cas et incident 



- 173 — 

» d'importance notable concernant ladite ville et communauté 
1 icelui devra être représenté en pleine et publicq assemblée, 
» à ceux du conseil de ladite communauté pour en être 

> déterminé au meilleur et plus grand avis que faire se pourra. 
» En outre, que sans exprès consentement desdits du Con- 

> seil et communauté, au nom de la plus saine partie, et 

> oclroy de Sa Majesté ou du grand bailly ne se pourront plus 
» lever aucuns deniers à fraix sur ladite ville, asseoir maltôtes 
i> et subsides ni arrenter aucuns varesquaux, ne soit pour 
j le bien commun , et l'accord des héritiers les plus voisins 
» et marchissans contre les mêmes waresquaux. D'ailleurs, 
ï comme Ton entend n'y avoir que deux clefs du ferme 
» de la dite ville , lesquelles se gardent ordinairement par les 
» deux premiers échevins, a été ordonné au bailly dud. 
ï Chiévres d'en faire fiiire une troisième avec une bonne 
» serrure , laquelle troisième clef sera délivrée au premier 
» échevin tenant la résidence hors du clos de lad. ville pour 
"ù la plus grande assurance dudit ferme. 

9 En outre, comme passé quelques années y aurait eu 
» contention entre ledit mayeur et les échevins modernes 
» et précédons pour aucuns émolumens et profit de tous 
» casuels, dérivans par recours qu'on dit à nouveau héritier 

> et autrement. Ton ordonne que, pour si petite impor- 
î tance , il n'entrent plus avant en telle contestation , et 
>• qu'ils demeurent par ensemble d'accord et en bonne 
» correspondance, et qu ils en fassent, en cas ultérieur 
» débat , telle réparation et distribution qui s'en observe 
» et pratique en autres villes et villages situés au pays de 
» Haynau sous le chef-lieu de la ville de Mous comme est 

> celle dudit Chiévres, sans user l'un sur l'autre de pré- 
» vention ou usurpation. 

» De plus, combien que jusques à présent le pasteur 



— 174 — 

» est seulement iuterveuu à raudition des comptes de Té- 

> glise parochiale, non de ceux de Noire Dame, des pauvres, 
1 et de tous autres membres pieux dépendant de tems im- 
» mémoral de l'autorité du seigneur dudit Chièvres , et par 
» conséquent ouïs et examinez par ledit bailly , mayeur et 
1 échevins, néantmoins pour certains bons respects que Ton 
» accorde audit pasteur présent et à venir qu il puisse être 
1» présent à l'audition des comptes. 

» Le dit bîiilly dudit Chièvres présent et à venir fera ob- 
1^ server ce que dît est sans dissimulation et le fera enre- 

• gistrer dans ledit livre de résolution afin que personne 

> tant pour le présent que le futur n'en puisse prendre 
1 cause d'ignorance. 

> Aîant au surplus le dit S*" comte ordonné que si, en 
» tout ce que dit est ou autres affaires à l'avenir , se ren- 
» contre quelque difficulté uUérienrelesd. bailly, mayeur et 
ï échevins auront à en aviser à ceux du conseil des Seig'' 
» comte et marquis pour leur en faire rapoit et ordonner 

ce que conviendra. 

1» Fait à Bruxelles, ce 5™® de mars xvf vint et quatre; 
» était signé , par ordonnance de mondit seigneur : Frauc- 

* ken avec paraphe K » 

En 1625 la guerre s'étant rallumée entre le roi d'Espagne 
Phillipp IV et les Provinces-Unies : on fit entendre aux États 
qu'il fallait contribuer aux (rais de cette importante querelle; 
c'est pourquoi ils s'assemblèrent à Mons , et résolurent de 
donner 70,000 florins ; mais à cause que celte somme ne 
pouvait encore secourir le Roi que faiblement , par rapport 
aux frais excessifs qu'il avait à soutenir, la souveraine 



> MonSy Archives souveraines du Conseil de Uainaul^ dossier n« 35835 des 
procès jugés. 



- 475 — 

Infante proposa aux États Tassiette d'une taillo capitale, qui 
fut agréée et établie sur le pied suivant : 

On taxe les prévôts et doyens à 34 livres. 

Les chanoines et chanoinesses à 6 liv. 

Les curés de ville à 5 liv. 

Ceux du plat pays à 3 liv. 

Le reste du clergé à 30 gros. 

Les seigneurs et gentils hommes à 50 liv. 

Les conseillers à 20 hvres. 

Les avocats et greffiers à 42 liv. 

Les avocats postulants à 8 liv. 

Les médecins à 8 liv. 

Les bourgeois vivants de leurs biens à 6 liv. 

Les marchands à proportion de leur trafic ^ 

En juin 4635, les ennemis hollandais et français, entrant 
dans le pays, on fortifia Mons , Ath, etc. et comme les 
fossés de Chièvres étaient remplis en certains endroits et 
les mui-s des fortifications détruits , on rétablit les fossés et 
on répara les murs. 

En 4643, les gouverneur , mayeur et échevins de la ville 
de Chièvres mirent à raval la collecte des trois xx*"** de- 
niers de tous les biens héritiers et rentes tant foncières que 
mobilières de la juridiction de la ville de Chièvres •. Vers 
cette époque le comte de Coupigny avec sa compagnie de 
cent cuirassiei's était en garnison à Chièvres '. 

En 4664 on renouvela le pilori, son collier de fer, sa 
chaîne et ses crampons : il était surmonté d'un vase et de la 
bannière seigneuriale et érigé sur la place de Chièvres , 
aussi appelée le marché ; elle est vaste et régulière ayant la 

< De Boussu , Hist, de la viUe de Mons, p. 965. 

* Archives de l'État à Mons. 

* LafqntainE; hist, de N,-D. de la Fontaine honorée à Chièvres , p. 159, 



— 476 — 

forme d'un parallélogramme. Le 28 août 1665, le maréchal 
de Turenne vint lui-même avec 30 escadrons et 2500 hommes 
de pied exécuter un fourrage du côté de Chièvres. 

Et le 3 septembre le marquis de Coeuvres, lieutenant 
général de Tarmée de La Fer té , vint au fourrage du côté de 
Chièvres. L'armée de Turenne avait fourni 8 escadrons 
commandés par un colonel. On y perdit quelques fourra- 
geurs *. En 4668 la magistrature de Chièvres invoque N. D. 
de la Fontaine contre le fléau de la peste qui sévissait dans 
tous les environs et la ville ne ressentit aucune atteinte de 
la terrible contagion*. 

L'an 1671 lors du séjour de Louis XIV dans la ville d'Ath, 
le sieur Michel Ange de Woerden , natif de Chièvres et qui 
était alors bailli fit une inscription qui plut tant au roi que 
pour lui en témoigner sa gratitude , il le fit chevalier d'hon- 
neur de son conseil souverain à Tournai : peu après , du 
parlement ; ensuite il le créa baron. Voici cette inscription : 

Ludovicus XIV , Dei gratiâ Francise et 

Navarraî rex , cxpeditionis conjugis 

Marias Theresiae jui*a susceptœ simul 

Et imperii gallici , in bac urbe limitem 

Finxit blandientem et omnia pollicentem 

Fortunam publicse pncis amore moderatus , 

Verè maximus : qui diversissimas inter se 

Virtutes consocians , interque victorias , 

Pacifici nomen adeptus , dum regni fines 

Extenderet , unus potuit de tota Europa 

Simul, iniô do bostibus bcne mcrcri, 

Qnarum laudeni ut Atba in pcrpetuum 

Testis inesset , primis cum munitionibus 

Septam gallici mctam et pagnaculum fecit 

Anno 4671. 

1 MoNNiER, hist, de Vabbaye de Cambron, p. 146. 
« Lafontaine, Idem y p. 173. 



— 177 — 

Nous la traduisons : 

« Louis XIV , par la grâce de Dieu , roi de France et de Na- 
varre , voulant soutenir les droits de la Reine Marie-Thérèse , 
son épouse, et de son empire français , en établit les limi- 
tes dans cette ville. En quoi il parut très-grand, se laissant 
ainsi vaincre par l'amour de la paix, plutôt que de répondre 
aux appas riants de la fortune , qui lui promettait tout. 

Lui, qui réunissait en sa personne sacrée, une infinité de 
vertus, et de victoires, préféra néanmoins le nom de paci- 
fique , lorsque par la guerre il pouvait étendre ses limites. 

Cette modération lui fit mériter ce grand nom de toute 
TEurope et força, même ses ennemis, d'en convenir, 
quand il choisit Ath , pour en être le témoin perpétuel , 
le faisant environner de belles fortillcations Tan 4G71, pour 
servir de bout, et de défense au royaume de France, p 

L'an 4674, le prince de Condé, général en chef de l'ar- 
mée de France dans notre pays, craignant que l'armée 
espagnole, renforcée de celle de l'empereur d'Allemagne, 
et de la Hollande , ne vint assiéger la ville d'Ath , com- 
manda à M. de Tilladet, le 12 septembre, de venir avec 
son régiment de dragons, brûler tous les fourrages et les 
maisons de la ville et des foubourgs de Chièvres. Cet ordre 
fut exécuté impitoyablement. Conformément à la réserve 
portée dans cet ordre, on épargna les églises, les habita- 
tions du seigneur, des Pères de l'Oratoire et des sœurs 
grises *. 

Par suite de cet événement quelques pignons et murailles 
furent si ébranlés aux portes de St-Martin et de St-Jean 
qu'on dût les vendre pour les démolir entièrement *. 

^ Histoire des miracles de N. D. de la Fontaine , en la ville de Chièvres, 
n. e. 1877 , p. 176, 
* Archives de l'État à Mons, 



— 178 — 

En 1681 le commandant de Chièvres recevait 15 patacons 
par mois. Il y avait dans la ville un corps de garde pour 
lequel on mettait en adjudication la fourniture de la houille ^ 

Le chef de l'armée française envoya en 1692 le duc de 
Choisœul à Chièvres avec 20 escadrons de dragons et 16 de 
cavalerie , pour se porter au besoin vers le pont d*Espierres ; 
le camp du duc avait la gauche a Chièvres et le front vers 
Aths. 

Le maréchal de Villeroi vint le l®"" octobre 1697 à Chièvres 
pour y cantonner et le 6 courant il se retira sur les terres 
du roi très-chrétien '. 

La 13 octobre 1706, Tarmée alliée s'empara d'Ath sous 
le comte d'Overkerke, s'avança forte de 22 à 25,000 hommes 
dans la plaine de Cambron , où elle se rencontra avec celle 
de Marlborough. 

Ces deux armées avaient la droite à Chièvres y la gauche 
à Lens et le ruisseau derrière elles. 

Le 14 août 1707, les Français sous le duc de Vendôme, 
vinrent camper à Chièvres *. 

Par ordonnîince du 14 janvier 1747 la ville de Chièvres 
devait fournir 30,055 livres, elle fut autorisée par les États 
du Hainaut à lever de suite 17,885 liv. 6 sols, 8 deniers de 
divers particuliers en donnant 633 liv. 16 sols, 7 deniers de 
rente redimible tant au denier 25 que 24 argent fort que 
la ville remboursa par une taille , après la guerre terminée 
en 1749 ». 

« Au XVIII® siècle , sous le règne de Marie-Tliérèse , le 

< Archives de VÉtat à Mom. 

s Clément Monnier, Annales du Cercle Archéologique de MonSy t. XIV , 
p. 162. 

* Badoklet, Tabbé Louis, Vabbaye de Ghisletijkienen temps deguerrCyp,^. 

* Idem , idem , t. XIV , p. 169. 

* Archives de VÉi(U à Mons, 



— 479 — 

• gouvernement chercha à rétablir Tordre dans Tadminis- 
» tration des communes. Une ordonnance du 24 septembre 
1 4749, art. 4, prescrivit aux autorités locales de trans- 

> mètre au gouvernement général un état des renies qu elles 
» avaient constituées timt durant la dernière guerre que 
1 précédemment. Le mayeur et les échevins de Péruwelz 

» dressèrent cet état. On y trouve : 4° une rente de 

» 136 liv. 7 sols 3 deniers, créée au profit des pauvres de 
» Chièvres en vertu d'un octroi du 15 mars 1730, au ca- 
» pital de 3,500 livres, laquelle avait été employée à la 

> restauration de l'église. » 

(L. A. J. Petit, Hisl. civ. elrel. delà ville de Péruwelz y 
p. 29.) 

Dans la liste des villes, bourgs etc. dressé et divisée par 
Bailliages, ^Châtellenies etc. par lettre du Conseil privé 
de Sa Majesté datées de Bruxelles 21 mars 4772. Sous la 
rubrique Chàtellenîe d'Ath , on lit : La ville de Chièvres , le 
Sart de Chièvres, le moulin, le pont de fer, St-Joseph, 
la seigneurie et censé d'Aulmeries , le hameau du chêne à 
Augenies , la maison des Pères , la commanderie. 

A cette époque, Chièvres avait son comptoir, Tannée 
1772 donna 12,918 fls.10«.7d.:. les V20®' et demi donnèrent 
9,406 fls.O». 9*^. : le vingtième et demi 1295 fls. W. ; l'im- 
position des feux 409 fls. et l'imposition des cheminées 
1809 fls. «. 

HoTEL DE Ville. 

En 1773 un incendie embrassa une grande partie de la 
ville, rhôtel de ville fut entièrement consumé; déjà en 

* DuBUissON. Bibliothèque publique de Mon». 



— 180 — 

1775 des propositions furent faites pour la reconstruction 
do cet édifice; mais ce ne fut quen vertu d'un octroi 
du grand bailli et du Conseil souverain de Hainaut, du 
28 février 1782 qu'il fut reconstruit , il coûta 8,000 livres ou 
fr. 7,256.23, le seigneur comte d'Egmont contribua pour 
200 livres de France. 

Ci'est un édifice aussi convenable que modeste, situe 
sur le marché en face de l'ancien château. L'horloge de 
l'hôtel de ville a été achetée en 1788, elle fut d'abord placée 
au clocher de l'église paroissiale. 

J^a ville de Chièvres , si grandement éprouvée à difierentes 
époques , sut , par la générosité de son seigneur et l'acti- 
vité de ses habitants, renaître chaque fois de ses cendres 
et reprendre son rang parmi les villes , ses habitants pro- 
fitèrent des temps de paix , sous les archiducs pour se re 
lever et couler des jours heureux pendant le siècle qui sui- 
vit les jours de deuil. 

Marie-Thérèse , princesse si connue par ses vertus et si 
haute sagesse , eut à peine fermé les yeux (29 novembre 
1780), que l'horizon se rembrunit et que son fils Joseph II, 
en voulant tout innover, finit bientôt par tout gâter. 

Ça et là à front du marché s'élèvent encore plusieurs 
maisons de construction espagnole, entr'autres une partie 
de l'oratoire occupée par M. le notraire Roucloux , le refuge 
de l'abbaye de Vicogno où se trouve la gendarmerie. 

La place de Chièvres fut démantelée sous le règne de 
Joseph II, de môme que diverses autres fortifications des 
Pays-Bas Autrichiens. 

Il reste néanmoins une partie des murs d'enceinte. Des 
tours , une seule, la tour de Gavre, située au nord, est 
demeurée intacte ; c'était une espèce de forteresse , on y 



^ 181 — 

voit deux souterrains , Tun au-dessus de l'autre , grand 
chacun d'environ trois mètres 50 centimètres de haut sur 
deux 50 centimètres de circonférence. Dans l'un on voit un 
gros anneau placé dans la voûte lors de sa confection , ce 
qui fait présumer que l'on y faisait justice dans le temps , 
ou du moins que ces lieux avaient cette destination. Le se- 
cond souterrain est fermé par une trappe et Ton n*y peut 
descendre qu à Taide d'une échelle. 

La tour de Ste-Maiie est considérablement réduite et on 
ne voit plus rien de celle de Ste-Cathérine, au midi, si ce 
n'est une éminence marquant son emplacement. D'autres 
tours encore ont dû exister; mais on n'en voit plus de 
traces. Quant aux portes , elles disparurent successivement. 
La première, celle du faubourg de Notre-Dame, fut dé- 
molie en avril 1786; la deujcième, vers le faubourg de 
St.-Martin, en juillet 4703, et la troisième, dans la direc- 
tion du faubourg de St.-Jean, eu 1708. A partir de 1782-83 
époque de la démolition des forteresses de Mons et d'Ath , 
il n'a plus été permis de fermer les portes de la ville qui 
par suite, ont été enlevées. — Dans les années 1780 à 1701 , 
le pays se trouvait ardemment divisé : les impérialistes 
et les patriotes, levaient respectivement leurs drapeaux 
jusque dans les plus obscurs villages. Les réformes de l'em- 
pereur Joseph II avaient fait naître beaucoup de désaffec- 
tion parmi ses sujets Relges. 

Les avocats Vandernoot et Vonck dirigeaient les mouve- 
ments des patriotes. Partout l'association pro avis cl focis 
comptait ses adeptes. — Des événements considérables 
venaient de surgir. La déclaration de la déchéance de Tem- 
pereur Joseph II, sa mort arrivée le 20 février 1700, la 
proclamation de l'indépendance du pays. 
Les deux parties luttaient par tous les moyens en leur 



— 182 — 

pouvoir. Les monastères étaient exposés aux coups de 
main des personnes imbues des idées philosophiques de 
Joseph II ; tandis qu'à Chièvres des ouvriers de Flobecq dé- 
molissaient la chapelle de Notre-Dame de la Fontaine, 
résidence des oratoriens, Marie Claire de Melin, née à 
(Chièvres le 21 août 1729, supérieure du monastère de 
Flobecq et M. le directeur, quoique couchés enjoué el 
menacés de mort, résistèrent le 2 juin 1790 à une bande de 
pillards, au nombre de quatre cents armées de fusils, de 
faulx etc. et Tennemi en présence de tant de courage se 
relira *. 

Ces scènes de brigandage étaient un signe du temps ; 
elles présageaient d'autres orages, elles signifiaient que 
l'heure de la grande révolution sociale allait bientôt sonner. 

En effet, quatre ans ne s'étaient pas écoulés que la 
sanglante révolution française se levait comme l'ouragan, 
pour renverser tout à sa suite, royauté, noblesse, clergé. Elle 
succédait à la philosophie athée du XVIII® siècle, à laquelle 
elle empruntait son langage déclamatoire. 

Des hostilités commencèrent bientôt dans la Belgique et 
les Français s'emparèrent de notre pays après la bataille 
de Jemmappes. pour Tévacuer Tannée suivante, après 
leur défaite à Neerwinde. 

Le jeune empereur François II fit lui-même la campagne 
suivante et ses troupes firent des prodiges de valeur ; mais 
la victoire remportée par l'armée française dans les plaines 
de Fleurus , fut une affaire décisive pour le sort de la Bel- 
gique et elle assura la conquête de nos belles provinces à 
le République Française, qui leur imposa ses lois et son 
organisation politique (26 juin 1794). 

* PoURCELET-LiÉNARD , Histoire de Flobecq , p. 196. 



— 183 - 

Dès le commencement de l'année 1796, on supprima à 
Chièvres l'ancienne administration ; on créa une municipa- 
lité et ses membres furent forcés de remplir leurs fonctions : 
Alexandre De Le Lienne, F. Pottiez et L. Estin en firent 
partie. 

Aux jours de la terreur, les bons habitants de Chièvres 
virent de sinistres figures parcourir la ville. L'oratoire et le 
couvent devinrent l'objectif des émissaires français : L'ora- 
toire appartenait à un ordre enseignant, son école était 
bien fréquentée. La révolution française avait décrété de 
respecter les ordres enseignants et hospitaliers. Mais, 
grâce à une supercherie , on vit les émissaires français déva- 
liser l'oratoire, le couvent et sa chapelle, d'où les pères 
et les sœurs furent expulsés, au nom de la fraternité et 
de la liberté. Les biens sont vendus. Nous passons sous 
silence les noms des acquéreurs , nous contentant de don- 
ner l'époque des diverses ventes de biens nationaux situés 
à Chièvres qui eurent Heu à Ath. 

8 et 11 Vendémiaire an VII , 29 septemb. et 2 octob. 1798. 

4 et 8 Brumaire an VII , 25 et 29 octobre 1798. 
11 et 21 Nivôse an VII , 31 déc. 1798 et 10 janv. 1799. 

4 et 8 Pluviôse an VII, 23 et 27 janvier 1799. 
14 et 18 Ventôse an VII, 4 et 8 mars 1799. 
11 et 21 Ventôse an VII, 1«^ et 11 mars 1799. 
24 et 28 Ventôse an VII, 14 et 18 mars 1799. 

11 et 18 Germinal an Vil, 3 et 7 avril 1799. 
28 Germinal et 1^^ Floréal an VII , 17 et 20 avril 1799. 
24 et 28 Floréal an VII , 13 et 17 mai 1799. 

21 et 24 Pairial an VII , 9 et 12 juin 1799 «. 

* FouRDiN. inv. anal, des archives de la ville d'Ath, t. U, n» 115G, ilGOt 
1171, 1173. 1179, 1181, 1182, 1185, 1187, 1191 et 1195. 

14 



— 184 — 

Notariat. 

Par décret du 20 juin 1704 un notaire fut établi à Chièvres 
et le 24 septembre 1713 il fut supprimé pour être rétabli 
ensuite : 

1704 Demacquefasse Nicolas Joseph. 
An VII François Emmanuel. 
AnX Lefebvre François Emmanuel. 
An XIII Lefebvre François Emmanuel J*». et Roucloux Henri. 
1830. Emmanuel Dupret et Roucloux. 
1840. Staquez et Roucloux. 

4874. Debrieret 1877 Staquez fils. Le premier a fait con- 
struire près de la station de Chièvres un hôtel qui figure- 
rait avec honneur dans une grande ville. 



CHAPITRE VI. 
1799 à 1878. 

Depuis lors jusqu'à Tan 1829, il ne se passa plus rien de 
bien remarquable à Chièvres ; mais Tannée suivante , 1830, 
les chierviens donnèrent de bonnes preuves de leur bravoure 
et de leur attachement à la patiie, rappelons ici à quelle 
occasion. 

Il y avait quinze ans que la Belgique était réunie à la 
Hollande et ces deux pays formaient le royaume des Pays- 
Bas soumis à la maison d'Orange Nassau. Mais depuis 
plusieurs années les Belges avaient adressé a leur Roi 
Guillaume leurs plaintes contre Tinjuslice qu'il exerçait 
contre les Belges, plus de cinq cent mille signataires belges 
lui adressèrent des pétitions, en lui exposant les griefs delà 
nation. Ils demandèrent le dégrèvement d'une partie des 
taxes dont ils étaient chargés , et qui pesaient notamment 



sur leurs denrées. Ils réclamèrent avec soumission l'exécu- 
tion légale de leur loi fondamentale qui était violée, foulée 
aux pieds par les ministres, et interprétée au détriment 
des peuples. 

Ces pétitions , l'espoir des Belges , ne recevaient que cette 
réponse devenue banale : « Le roi prendra votre demande 
en considération. » Cependant le temps s'écoulait , les années 
se succédaient sans amener aucun résultat et les pétition- 
naires apprirent enfin que leurs réclamations étaient passées 
au greffe, c'est-à-dire, jetées au cabinet de Toubli. Les Bel- 
ges voyaient les emplois les plus honorables occupés par 
les Hollandais. 

La langue française qui était dominante en Belgique fut 
proscrite.^ Les trésors de la Belgique furent englobés dans 
ceux de la Hollande, quelques citoyens notables, de fortune 
indépendante , de principes connus , d'un esprit éclairé firent 
parler leur plame éloquente contre un système éminemment 
contraire à l'intérêt national. Le pouvoir détruisit la liberté 
de la presse , mit les écrivains en accusation , les incarcéra, 
les jugea , et en définitif les condamna au bannissement. 

Les peuples qu'ils avaient défendus , tremblant pour eux- 
mêmes , restaient timides et silencieux devant ces déplo- 
rables condamnations. Le commerce s'anéantissait, les mi- 
sères publiques augmentaient, l^es travaux ralentissaient, 
la cherté des denrées s'accroissait encore, les deniers du 
pauvre tarissaient , la mendicité reparaissait , l'ouvrier sans 
onvrage demandait du pain et l'oreille royale était fermée 
aux clameurs publiques des Belges. Le peuple ne put souffrir 
plus longtemps. Les Bruxellois prirent l'initiative, l'insur- 
rection de Bruxelles commença. 

Depuis le 25 août jusqu'au Si- septembre, plusieurs com- 
bats eurent lieu entre les Belges et les Hollandais et le sang 



— 486 — 

coulait chaque jour dans les rues de la capitale. Toutes les 
villes fortes de la Belgique se soulèvent, leurs babilanls 
chassent de leur enceinte les garnisons hollandaises. D'un 
côté M. Louis Joseph Dehaul, origiaire de Chièvres, 
se signale par son patriotisme et son intrépide énergie, il 
fit partie du conseil de résistance institué à Louvain en 1830; 
d'un autre côté M. Philippe Charles Emmanuel Dupret 
notaire à Chièvres , court le 30 août arborer le drapeau 
national à la tour de St-Julien à Ath, lorsque cette ville 
était encore au pouvoir de l'ennemi, et contribue à la tête 
de ses ouvriers ti préparer la reddition de cette place et part 
pour Bruxelles et combat le 26 septembre, aux abords du 
Parc dans les rangs des volontaires atliois *. 

Je ne puis passer sous silence Auguste Piermant • Pierre 
Leclerq et Gustave Demelin , ce dernier tomba sous les balles 
des ennemis ^. Le feu était croisé et faisait un grand carna- 
ge dans l'armée ennemie. Les Hollandais durent prendre 
la fuite. Le chirurgien Boôl s'est signalé à Louvain 

* M. Dupret fui décoré de la croix de fer et pensionné. Voir la liste nomina- 
Mvo des citoyens décorés de la croix de fer, publiée diaprés le Moniteur 18G5. 

> Le médecin Demelin, descendant des Demelin de Chièvres, était originaire 
d*Ath| arrivé tout récemment de Batavia et encore fiévreux se mit néamoinsà 
la tête d'une poignée de braves et tenta d'entrer de force dans le Parc, où les 
Hollandais se trouvaient retranchés. Cette tantative lui valut un biscalenqui 
entra par le côté droit de la poitrine. Transpoilé chez le docteur- chirurgien 
Limauge qui lui fit l'extraction du projectile qui l'avait frappé ; mais il ne survé- 
cut que quelques heures à l'opération et le docteur Limauge fit transporter le corps 
de Demelin, Place des Martyrs où il fut inhumé. 

Le lendemain de sa mort un de ses amis écrivit la pièce de vers qui suit : 

HONNEUR AU BRAVE DeMELIN. 

Air : Ruisseau qui baignes cette rive ! 

L 
Alors que les soldats bataves 
Foulaient aux pieds toutes les lois , 
La patrie en deuil à nos braves 
Partout fit entendre sa voix. 
Mais Demelin l'entend.... il vole 



Art de Guérir. 

Il y a a Chièvres l^une maison de santé pour les personnes 
des deux sexes qui a été établie par M. Pary et qui est 
continuée par M*"* sa veuve. 

i"" Quatre médecins ^ 

3^ Deux pharmaciens , 

4^ Deux vétérinaires , 

et 5p Une sage femme diplômée. 

Au secoura d*un sol orphelin 
Des Martyrs ravir Taiirôole...., 
Honneur au brave Demelin ! (bûj, 

IL 
Mais avant que le plomb le frappe 
11 recueillait d'autres lauriers. 
On le vit vrai fils d*Ësculape , 
Alléger les maux des guerriers. 
Cependant Tairain gronde et tombe ; 
Pour lui Toracle Sibyllin 

A parlé le héros succombe 

Honneur au brave Demelin 1 {biaj. 

III. 

11 succomba mais non sans gloire 

Victime d*un zèle indompté 
En lui Tamour de la victoire 
Germait avec l:i liberté 

Elle luit le beli,'e Fadore , 

Mais jouet d*un fatal destin 
H n*a pu voir sa douce aurore , 
Honneur au brave Demelin I {bisj, 

IV. 
Bravant une horde en furie , 
toi I dont les derniers soupirs 
Furent pour Thonneur , la patrie ! 
Dors en paix aux rhamp des martyrs 
Sur ta tombe la croix , la rose 
Ont marqué ton brillant déclin , 
De pleurs l'amitié les arrose 
Honneur au brave Demeiin ! (f^h)» 



— 188 — 



Armoiries de Chièvres. 



cr 



Par arrêté royal du 6 février 4837, le roi Léopold i 
révoqua les sceaux des communes de sou royaume et déter- 
mina la forme de ceux dont il voulait que les administrations 
fissent usage , en laissant toutefois la faculté à chaque com- 
mune de reprendre ses anciennes armoiries. 

« Par délibération du l^*" juin 4837, le conseil communal 
» de Chièvres, considérant que la ville de Chièvres a, de 
ï temps immémorial, des armoiries particulières ; qu'il y a 
» lieu de solliciter l'autorisation nécessaire pour en pouvoir 
» faire usage;.... arrête : L'autorité supérieure est priée 
f d'accorder l'autorisation à la ville de Chièvres , de pouvoir 
p se servir de sceaux portant pour empreinte les armoiries 
» qui lui ont été attribuées , conformément au dessin ci-joint 
» et consistant en trois lions sur un fond blanc. 

» Le dessin qui est produit au dossier, est un fragment, 
» de la carte héraldique du Ilainaut de 1774. C'est par 
» erreur que le conseil indique le fond blanc. Ce desshi 

> représente un château à trois tourelles, surmontées de 
» bannières d'or, portant en face un écusson de gueules à 
p trois Uons d'argent, non armés, ni lampassés (c'est-à-dire 

> sans ongles, ni dents, ni langue , dits morts nés). Il n'est 
9 pas probable que ces trois tours fassent partie des armoir- 
ï ries ; car elles ne sont pas portées sur un écu , ce qui est 

> indispensable ; elles sont de couleurs qu'on n'admet pas 

> en héraldique ; l'antique maison communale de Chièvres 
ï qui porte en sculpture , sur la façade , les armoiries de la 
» commune , indique seulement un écu à trois lions. Le scel 
1 communal qui paraît remonter aune haute antiquité, ne 
» porte également pas de tourelles. Il esta supposer qaele 
» dessinateur de la carte héraldique aura par fantaisie 



— 189 -- 

» dessiné un château p:jrtant les armoiries de Chièvres pour 
» faire allusion «à la maison communale qui porte eiîective- 
> ment les armoiries de la localité sur sa façade. Sur la 
» carte, les lions sont morts nés ; cependant ceux qui sont 
» indiqués sur le sceau communal, sont armés. D'après ces 
j> observations, on reconnut les différences suivantes entre 
» le dessin et le sceau : le dessin représente un château à 
» trois tourelles, portant en face un écu de gueules à trois 
1 lions morts nés d'argent, tandis que le sceau ne porte 
» point de château ; les trois lions du dessin sont tournés à 
ï dextre, tandis que le second lion du sceau ôst tourné à 
» senestre, et que les trois lions du sceau sont armés ; la 
» difformité de l'empreinte de ce sceau ne permet pas de 
» voir s'ils sont lampassés. 

» Quant aux lions, on fit observer qu'ils devaient être 
» d'or et non d'argent. 

Ces observations furent faites par le ministre au gouver- 
neur du Ilainaut, et ce dernier consulta M. Lacroix archi- 
viste de Mons. Celui-ci fit connaître qu'outre la carte héral- 
dique, il a vu à la bibliothèque de celte ville, un ouvrage 
de A. J. Prudhomme, qui est la copie de celui de l'avo- 
cat Laisné , où l'on trouve les armoiries composées de 
gueules à trois lions d'or. Les Délices de Pays-Bas ^ t. 2, p. 
346 , édit. 4743 , portent par erreur : trois lions d'argent. 
Quant au château pavillon de la carte héraldique, M. Lacroix 
pensait qu'il ne fait point partie des armoiries, c'est un hors 
d'œnvre ajouté pour l'ornement , car les écussons des 24 
autres villes qui entourent la carte , y sont figurés avec 
de semblables accessoires , sauf celui de Mons qui a un 
château dans son blason. 

Les pièces restèrent au ministère ; et un rapport au 



— 190 — 

roi, en date du 6 décembre 1837, proposa au roi Tarrèté 
qui reconnaît les armoiries de Cbièvres \ 

I^'arrêté royal du 48 décembre 1837 confirma lesdites ar- 
moiiies : de gueules à trois lions morts nés , d'or *. 

Prison communale. 

Il y avait ci-devant une prison communale , hoi*s de la 
porte Notre-Dame , nous ne nous rappelons pas le moment 
de sa démolition ; mais elle date de mémoire d'homme. 

Il existait àThôtel de ville une prison ou lieu de sûreté, 
composée de trois places, saines, sûres, mais dépourvues 
de mobilier. Deux de ces places étaient voûtées d'une brique 
en anse de panier sur 75 centimètresd'élévalîon , les lucarnes 
étaient en fortes pierres avec bon grillage tant au dedans 
qu'en dehors. Le pavement était formé de forts quartiers 
de pierres dans le fond avec ciment, le tout recouvert d'uiie 
brique de champ bien maçonné. 

En 1878, les locaux de cette prison de passage furent 
convertis en une salle magnifique, qui, en attendant qu'elle 
soit affectée à un service administratif, sert provisoirement 
d*école de musique. 

GENnARMERIE. 

En 1842, quatre gendarmes à pied furent envoyés anx 
frais de l'Etat et de la province à Cliièvres. Après avoir oc- 
cupé qnelque temps l'ancien château , on les établit dans Tan- 
cienne maison de refuge de l'abbaye de Vicogne , qui fut 
longtemps habitée par le bourgmestre Criquelion ^ qui en 

1 Extraits analytiques du dossier du ministère de Tintéi ieur, l^e div. n* il, ^OO- 

« Annexe VU. 

' En 1845, M. Criquelion fut décoré de Tordre de Léopold. 



— 191 — 

était devenu propriétaire. M. le receveur Michaux l'ayant 
achetée la revendit à la province. 

J-.a brigade de Chièvres a dans la dépendance desonres* 
sort les commune d'Attres , de Brugelette , de Ladeuze , de 
Mévergnies, de Neufmaisons, de Tongre-Notre-Dame et de 
Tongre-St-Martin. 

Sociétés. 

Il y a àChièvres deux sociétés de musique, l'harmonie et 
les fanfares ; trois sociétés de tireurs à la perche dont la 
plus nombreuse , celle de St. Sébastien , a été Fobjet d'une 
distinction flatteuse dans l'acceptation par S. A. R. le duc 
de Brabant (aujourd'hui le Roi Léopold II) de la présidence 
d'honneur de ladite société. Cette société qui est très- 
ancienne, reçut un règlement de Philippe, duc de Bour- 
gogne, le 9 février 1437 et possède un drapeau et un 
collier qu'elle reçut, en 1528, de Philippe de Croy II, 
seigneur de Chièvres. 

Faits administratifs. 

Par résolution du Conseil communal du 8 décembre 1841, 
approuvé par la Députation permanente le 12 février 1842, 
on perçoit un droit sur le marché. 

Le 1 octobre 1842, en vertu de la loi communale , art. 70, 
le collège des bourgmestre et échevins donna dans une séance 
publique au Conseil communal un rapport sur Tadministrar 
tion et la situation des affaires de la ville. On y voit que 
le budget de la ville pour cette année s'élevait à la somme 
de 14,064 fr. 63 c. y compris 9,107 frs. 28 c. des recettes 
extraordinaires. Les dépenses à 11,816 frs. 22 c. et l'excé- 



— 192 — 

dant à 2,248 fr. 41 c. Les biens communaux ne produisaient 
que 220 fr. 65 c. annuellement et les rentes s'élevaient en 
total à 196 fr. 35 c. 

I>e compte de Fannée 1873 accuse un reliquat de fr. 3,224.ffî 
sur lequel il fut prélevé une somme de 1500 francs pour 
être employée en acquisition d'obligation belge à 4 V^ 7o- 
Ce placement a été réalisé « suivant la dépèche de M. le 
ministre des finances du 21 septembre 1874. 

En présence des sacrifices énormes que la \illesadù s'impo- 
ser pour la construction de l'école du hameau de Waudignies 
et la restauration de l'église de St. -Martin et de ceux qu elle 
devra nécessairement faire encore pour la restauration sus- 
dite , le conseil échevinal proposa en 1874 de rétablir une 
taxe sur le débit en détail des boissons alcooliques que le gou- 
vernement a abolie depuis 1871. Le 19 décembre il présenta 
un règlement pour rétablissement et le recouvrement de 
cette taxe qui serait perçue d'après ce tarif :1'* classe 8 frs; 
2 classe 6 frs. La perception de cette dite imposition a été 
approuvée par arrêté royal du 4 février 1875. 

Le 31 octobre 1874, il avait été décidé de continuer les 
travaux de la restauration de la tour de Téglise jusqu'au 
point où prennent naissance les encorbellements sur lesquels 
reposent les tourelles à constuire , d'après le projet dressé 
par M. J. B. Mottrie, architecte de la ville d'Ath, qui a été 
approuvé par M. Ministre de la justice, le 22 avril 1872. 
La réalisation de ce projet de restauration devant en- 
traîner une très-forte dépense et l'état financier de la 
ville ne pouvant y faire face , l'administration communale 
proposa de contracter, par Tentremise du crédit communal 
un nouvel emprunt, remboursable en 66 annuités au maxi- 
mum de 5 o/o du capital à emprunter. Le 13 janvier 1876 
on décréta que cet emprunt serait de Ivs. 54,000 et l'auto- 



- 193 — 

risation nécessaire à cette fin fut accordée le 18 juillet 
suivant. 

Garde-Civique. — Sapeurs-Pompiems. 

D'après les contrôles formés en exécution de Tart. 24 de 
la loi du 8 mai 1848, la garde-civique présentait en 1874, 
un effectif de 221 hommes et la réserve de 380 hommes. 
— Les sapeurs-pompiers volontaires ont été fondés en 
vertu d'un arrêté royal, par M. l'avocat de Bay qui fut le 
l"* commandant et par Pary Declercq qui fut lieutenant. 

L'organisation du corps de pompiers, dit le rapport 
administratif, ne laisse rien à désirer. Il est composé de 30 
hommes, ayant deux pompes-trauis et un matériel de 
sauvetage. Les hommes sont suffisamment exercés et le 
matériel est complet. En 1875, le corps de pompiers fit 
pendant Tété des manœuvres qui marchèrent très bien et 
démontrèrent que le corps tel qu'il est organisé peut rendre 
tous les services qu'on en attend. 

Dans trois incendies qui eurent lieu dans la ville en 1878, 
les pompiers arrivèrent aussitôt sur les lieux du sinistre et 
en peu de temps se rendirent maîtres du feu. Cette même 
année, lors de l'incendie de la ferme de Berqueletle, sise 
sur le territoire d'Herchies aux confins de celui de Chièvres, 
ils rendirent de grands services en préservant le corps de 
logis et d'autres bâtiments qui n'étaient pas encore atteints 
par le feu. Et la société qui avait assuré la ferme, leur 
donna lin gage de sa reconnaisance pour les services rendus 
en cette circonstance, en leur adressant une superbe 
médaille en argent. 

Un arrêté royal de septembre 1879 a nommé lieutenant 
Criquelion-Criquelion et sous-lieutenant J.-B^« Deschamps. 



— 194 — 

Pouce. 

Aux deux agents de police, on demanda en 1875, d'en 
adjoindre un troisième qui serait spécialement chargé de la 
surveillance de la ville et de ses faubourgs. On proposa 
aussi de nommer un cantonnier chargé de la surveillance 
des chemins et de la direction des travaux de voirie , avec 
qualité de verbaliser. Ces nominations n'avaient point encore 
eu lieu en 1878. 

C0NFÉRE4NCES. 

En 4872, le sieur Helin, de Monlignies-lez-Lens , élève 
diplômé de l'école d'horticulture de Vilvorde , commença à 
donner à Chièvres des conférences sur la culture et la taille 
des arbres. Ces conférences ayant été fréquentées assidû- 
ment par de nombreux auditeurs et les résultats qu*eiles 
ont donnés étant très-satisfaisants, l'administration corn 
munale , ayant reconnu la grande utilité qu'elles seraient pour 
la ville, s'adressa à l'autorité supérieure en 1874, pour la 
prier d'y régulariser cette branche de l'enseignement agri- 
cole. M. le Ministre de l'intérieur, prenant cette demande 
en considération, institua, par son arrêté du 4 juillet de la 
même année , des conférences publiques sur l'arboriculture 
fruitière, chargeant le dit Helin de les donner. Le gouver- 
nement intervint pour la somme de fi-s. 150 dans la dépense 
des conférences. — En 1875, M. Pary, Tun des auditeurs 
les plus assidus de ces conférences, passa ses examens 
pardevant le jury établi à Vilvorde et reçut un certificat de 
capacité. 

Les conférences furent de plus en plus suivies : elles sont 
du reste très-intéressantes aux points de vue technique et 
pratique. 



— 195 — 

Le 49 novembre 4876, M. Leyder a donné dans le grand 
salon de rhôlel-de-ville, une conférence sur l'alimentation 
du bétail, ce jeune et savant professeur de l'Institut agricole 
de Gembloux a tenu pendant près de trois heures suspendus 
sous le charme de sa parole facile et éloquente les auditeurs 
extrêmement nombreux qui y assistaient, et qui se sont 
retirés très-satisfaits et vraiment enchantés de la manière 
dont le conférencier a su se mettre à la portée de tout le 
monde. 

Concours agricole. 

Le concours agricole qui a été organisé les 46 et 47 juin 
4878, par la Société Brabant-Hainaut, a obtenu un véritable 
succès et a dépassé toutes. les espérances tant par le grand 
nombre des chevaux et des bestiaux qui ont été exposés que 
par les diverses variétés de produits de tous genres qui 
ont figuré. En effet, plus de deux cents chevaux de premier 
choix et plus de deux cents tètes de bétail du plus grand 
mérite ont été présentés. 

On a surtout remarqué avec le plus vif intérêt , parmi les 
nombreux instruments agricoles exposés, une moisson- 
neuse-lieuse venant de la maison Walther Wood, la première 
qui ait paru en Europe , mais l'emploi n'en a pas paru 
praticable dans ce pays a cause que la culture y est trop 
divisée. 

Une chose qui mérite d'être notée et qui atteste qu'on 
n'aurait pu faire un meilleur choix d'hommes compétents 
pour composer le jury , c'est que tous les chevaux qui ont 
été primés à Chièvres et qui ont été présentés à l'exposi- 
tion internationale de Paris et au concours de Charleroy y 
ont obtenu des distinctions. 



- 196 — 

Nous rendons un juste hommage de reconnaissance en 
adressant nos chaleureuses félicitations aux orçanisateurs 
de notre exposition et notamment à MM. Mondez et 
Deramaix, président et secrétaire de la section Chièvres- 
Ath , pour le rôle et le dévouement dont ils ont fait preuve 
à l'occasion de cette solennité *. 

Finances. 

Ije hudget de la ville en arrêté la séance du Conseil 
le 26 février d878 pour Tannée courante, a été approuvé 
par la Députation permanente du Conseil provincial le 
13 avril suivant, de la manière ci-après : 

ReceUes extraordinaires 39,285.46 

apnt une destination spéciale 112,454.58 

ordinaires 6,570. 5 

Revenus de biens et de capitaux 762.31 
divers 13,170.59 

Total (général des recettes 172,242.69 

DÉPENSES. 

Dépenses ordinaires 39,285.16 

A 112,454.58 

• extraordinaires 6,570. 3 
» pour services spéciaux 2,700. ~ 
» pour cbemirs vicinaux 13,961 .16 
» pour rinstruction publique 9,325. — 

• pour la bienfaisance 1,176.12 

Total général des dépenses 185,472. 5 

Balance. 

Recettes 172,242.69 

Dépenses 185,472. 5 

Le rapport imprimé donne nn oxédant de frs. 18^569.94 
tandis qu*il y a un dénci( de 13,229.36 

^ Rapport snrla situation administrative et financière du 21 décembre 1878. 



— 497 — 

Le compte de la ville pour Texercice 4877 avait été 
approuvé par Tautonlé supérieure comme suit : 

CHAPITRE I. 

Recettes extraordinaires 

Reliquat du compte de 1876 36,222.50 
Autres recettes extraordinaires. 
Remboursement parlai bureau de bienfaisance et les hospi- 
ce:: de la part incombant à la ville dans le fond commun insti- 
tué par Fart. 10 de la loi du 14 mars 1876 sur le domicile de 

secours. 1,009.20 

CHAPITRE II. 
Recettes affectées a des services spéciaux. 

Montant du rôle de la voirie 5,447.— 

des centimes additionnels pour la voirie 6^514.84 

Subside de TEtat pour Técole de musique 250. — 

de la Province 50. — 

de rËtat pour les conférences agricoles 150. — 

Instruction publique. 

Allocation du Rureau de Bienfaisance 115. — 

Subside de TÊtat 5,141.— 

Subside de la Province 208. — 

CHAPITTE III. 
Recettes ordinaires. 

Centimes additionnels aux contributions 2,164.22 

Taxe personnelle permanente 2,500. — 

Taxes sur les chiens 363.— 

Locations des places au marché et droit au poids public 725.95 

Droit sur les débits de boissons alcooliques 1,000.— 

Intérêts de capitaux et fermages 742.91 

Expédition des actes de TËtat civil 20. — 
Revenu attribué aux communes par Fart. 12 de la loi du 

18 juillet 1860 portant abolition des octrois 13,150.59 

Total général des recettes 75,774.21 



- 198 — 
TITRE 1 . 

DÉFENSES. 

CHAPITRE I. 
Dépenses ordinaires. 
Trailement du secrélaire 2,000.— 
Subside à la caisse -ie relraile des secrétaires 60.— 
Frais de bureau 496.43 
Timbres des registres de TÉlat-civil 86.40 
Confoclion de ces registres 3.50 
Indemnité à remployé de PÉlal-civil 20.— 
GhauTfage et éclairage 80.- 
Abonnement au bulletin des lois et au mémorial admi- 
nistratif ^« — 
Frais des listes électorales 'ÎÛ. — 
Traitement du concierge 300.— 

SECTION II. 
Frais de recette 

Remises au receveur 704.54 

SECTION III. 
Dépenses pour propriétés cobimunales. 

Contributions des biens communaux 15.56 

Assurances contre l'incendie 32.20 

Entretien des bâtiments 507.42 

Entretien du mobilier 227.53 

SECTION IV. 

Traitement des agents de police 1400. — 

Frais d'habillement i50.— 

Entretien des pompes à incendie 305.60 

Entretien de l'horloge et traitement du conducteur 50.— 

Traitement du sonneur de la cloche de retraite. 30.— 

Eclairage et entretien des réverbères 511.55 

Entretien et paoprété des rues 246. — 

Entretien des pompes, puits et fontaines 35.20 

SECTION VIII. 

Milice. — Garde Civique 

Indemnité pour la conduite des miliciens 40. — 



— 499 — 

Fi'ais de toute nature relatifs à la Garde-Civique 49.10 

SECTION IX. 
Pensions aux anciens employés. 
Pension de retraite au Garde-Champétre Guilmot 200.» 

SECTION X. 

Cultes. 

Indemnité de logement au Vicaire 300* — 

Supplément de traitement au Vicaire 300. — 

SECTION XI. 

Fêtes publiques. 

Célébration de fêtes publiques 927.89 

Subside à la Société de musique 600. — 

CHAPITRE II. 
Dépenses extraordinaires. 

SECTION VU 
Comptes, 
Dépenses par rappel i 445. 83 

CHAPITRE ni. 
Dépenses pour les services spéciaux. 

SECTION PREMIÈRE. 
Capitaux. 
Amortissement de la dette 4800.— 

SECTION II. 
Chemins vicinaux. 
Entretien des PAVAGES , des empierrements. 
Construction de pavages et empierrements 10,610*3 

15 



— 200 — 
SECTION m. 

LxSTRrCTIOX PCBUQCE. 

Dépenses relatives aax écdîes primaires 7454.75 

Distribation des prix 130, — 

Dépenses relatives à Fêcole d^adultes 319.— 

Id. id. de musique GOO. — 

Id. aux conférences sur Tarboricalture 300.— 

Id. à la bibliothèque publique 77.50 

Fermag:e du jardin de Tinstituteur du centre 40.— 

SECTION IV. 

Bienfaisance. 

Part de la ville dans le fonds commun institué par la loi du 
14 mars 1876, (art. 6 cHO) 1,009.20 

Total général des dépenses 36,503.56 

Balance. 

Les recettes s'élevaient à 75,774.21 

l^s dépenses à 36,503.56 

Restant net 39,270.65 

Afin que ce restant concorde avec Icsrecottcs extraordinaires du budget 
de 1878 nous y ajoutons Frs. 13.51 qui, sans doulc, ont été omis. 

Maires de la ville et du sabt de Chièvres. 
1413. Jean de Jauche. 

1559. Pierre Farinart. 

1583. Jean Raghel. 

Nicolas de le Sille, décédé le 18 septembre IfiOî). 

1264. Philippe de Gavre. 

1GS2. Jean Baptiste Dubus. 

1707. Jean Baptiste Surqnin. 

1727. Jean Accarin. 

1758. Pierre Everard. 



— 201 — 

1788. De Melin. 

4794. Eclin. 

An VII (1797) Duray, officier municipal. 

An XII Maire, Criquelion. 

Bourgmestres. 

1818. Criquelion, Isidore. 

1848. Berton, A. F. J. 

1849. François, Jules. 

1850. Debay,Phil. 
1857. Criquelion, Phil. 
1871. François, Jules. 
1876. Deschamps. 

Bourgmestres. Echevins . 

1788. Dubois Eclin Roland. 

Moreau Dupommeroeul 

Druenne Rousseau. 

4760. Id. Moreau Criquelion. 

Dupommeroeul . . Degand. 

Rousseau Demarlière. 

1791. Id. Druenne Id. 

Rousseau Rogiero. 

Degand Criquelion. 

1 792. Eclin François Id. 

Demarlière Debavay. 

Rogiero Druenne. 

4794. Roland. Criquelion Marcil. 

Duray Everard. 

Deschamps Coulon. 

An XII, Chevalier, adjoint. 

4818. Hauquier P. 3^.. Roucloux. 
1820. Marcil. M. A . . . . Id. 



— 202 — 

4831. Battard Aug Vacat. 

1832. Roucloux Demelin, Albert. 

1834. Id. Marcil, Michel. 

1837. Id. Vacat. 

1839. Vacat Id. 

1840. Berton,A Id. 

1841 . Pierman , A. S . . . Berton , A . 
1843. Berton , A Lorfèvre , P. J. 

1848. Lorfèvre ........ Slacquez , A. 

1849. Debay, Phil Jouret , Hippolyle. 

1850. Jouret , Hipolyle . . François , Jules. 

1851. François, Jules... Vacat. 

1852. Id. Criquelion. Phil. 
1857. Id. Varlet, François. 
1864. Id. Dehaut,P. 
1869. Id. Marcil, L. A. 
1871. Deschamps, C . . . Jean, C. L. 
1876. Lepoivre, Edmond Id. 

Greffier. Receveurs. 

1788. Largilière. 1788. Bavay. 

1791. Druenne. 

Secrétaires. 

1818. Miroir, François. 1818. Nickmilder, Louis. 

1849. Dubois, François. 1841. Roland, J. B. 

1852. Jouret, G. 

1861. Tranchant. 

1875. Paray. 

Juges. Huissiers. 

An VII (1797) Decoutray, Alexi^j. 1788. Boulerdal. 
An XI Largilière. An VII (1797). Leclercq , Julien. 

1836. Lepoivre. E. A. 1813. Duvivier. 

1879. Lepoivre (fils) Alph. 1868. Lafosse, A. D. A, 



— 203 ^ 



Partie Religieuse et de Bienfaisance. 



CHAPITRE I. 
Juridictions Anciennes et Modernes. 

L'église (le Chièvres faisait partie du diocèse de Cambrai 
qui au XI® siècle fut divisé en six districts ou archidiaconés , 
à chacun desquels ou donna un dignitaire spécial : en effet 
dans une charte de 1046 ^ on lit : 

1° archidiaconé du Cambrésis , 2« archidiaconé de Valen- 
ciennes, 3^ archidiaconé de Hainaut, ¥ archidiaconé de 
Brabant, 5** archidiaconé de Bruxelles et G^ archidiaconé 
d'Anvers. Il est probable que ces six archidiaconés répon- 
daient à un pareil nombre de subdivisions ipagi minores) du 
pays des Nerviens. 

Le pagus bracbatensis renfermait les archidiaconés de 
Brabant et de Bruxelles. Dans Tarchidiaconé de Brabant 
se trouvait le décnnat de Chièvres. 

En 1186, les èvêques de Cambrai et d*Arras soumirent 
le clergé de Hainaut à des collectes ou tailles fort onéreuses; 
mais les abbés, les doyens et les collèges, ainsi que les curés , 
se concertèrent à Mons sur une exaction si criante, et furent 
unanimement d'avis de consulter le comte dans cette grave 
circonstance. Sur la proposition du vénérable doyen de 
Soignies , ils demandèrent au comte ses conseils et son ap- 
pui. Bauduin, après de mures réflexions, et en protestant 
de son respect et de son obéissance au pape et aux dits 
évéques , chargea le seigneur de Trasegnies de faire con-. 

* Lk Glay. Cameracttm chribiiamoi n p. 380. 



— 204 — 

naître au clergé assemblé à Mons sa déterminalion. Le sei- 
gneur de Trasegnies s'exprima ainsi : c Vénérables seigneurs 
» ici réunis, le comte, notre illustre prince et seigneur, et 
» son conseil , voyant avec effroi la ruine de la patrie , la dila- 
» pidation de vos églises, et la misère du peuple, compà- 
» tissent à votre douleur et la partagent. Si vous avez été battus 
» de verges, il ne permettra pas que vous receviez des coups 

> de scorpion. Rendez donc à César ce qui est à César, et 

> à Dieu ce qui est à Dieu , c'est-a-dire servez dans vos 
» églises ce Dieu qui est notre Dieu comme il est celui des 

> évê(iues , en lui offrant des actions de grâces, des priè- 
» res et des sacrifices pour le seigneur comte et pour le salut 
» du pays ; mais rendez en temps et lieu à César ce qui est 
» à César, et si vos oppresseurs font la moindre injustice 
» à vos personnes, à vos églises ou à vos serviteurs et sujets, 
i^ le comte répondra pour vous et dus ce moment vous êtes 
t tous placés sous sa sauve-garde. Mais le seigneur comte 
» exige que les noms de toutes les églises et de tous les 

> curés qui partagent votre résolution soient inscrits, afin 

> qu'on puisse connaître ceux qui ne sont pas avec vous , 
p et distinguer par là le sacré du profane. » Alors les ecclé- 
siastiques réunis s'en retournèrent pleins de joie , en ren- 
dant mille actions de grâces à Dieu et au prince *. 

Voici les noms des paroisses et des collèges du décanat 
deChièvres : 

Abechies (Aubecbies). -- Ath. — Artre (Attre). —Arbre. 
— Autreppe. — Bazecele (Basècles). — Baffe (Bauffe). — 
Baillœil (Belœil). — Baissily (Bassily). — Bauvegnies. — 
Bernissart. — Blaton. — Blequi (Bliquy). — Bois de Les- 
sines. — Bouvignies (Bauvignies). — Boutegnies (Branli- 

< Jacques de Guyse. Annale9, x% t. xn, p. 335. 



— 205 - 

gnies). — Brugelettes. — Chirvia (Ghièvres). — Gambron. 

— Gambron St.-Vincenl. — Ghaslel Gambron (Gambron- 
casleau). — Gastel juxta thuizies (Casteau). — Galceya Bea- 
Ub MariaB (Chaussée Notre-Dame). — Gondé. — Denden- 
ghien. — Ellignies (Ellignies Ste.-Anne). — Erbaut. — 
Estambruges (Stambruges). — Estenkerke (Steenkerke). — 
Endenghien. — Endignien. — Flobecq. — Foulent (Fouleng). 

— Ghages (Gages). — Ghillenghien (Ghislênghien). — Gi- 
becque (Gibecq). — Grandeglize (Grandglise). — Gronsage 
(Grosage). — Gondreghien(Gondregnies.) — Haussilly.— Hau- 
trege (Hautrages). — llamaide (Lahamaide). — Herchou- 
wez. — Harchies. — Herchies. — Hellebiecque ([lellebecq 

— Helipont. — Ilerignies (Hergnies). — Hornes (Horrues). 

— Houes (Hoves). — Hembise. — Hussegnies. — Hunsegnies 
(Huissegnies). — Yerbaut. — Yzer (Isières). — Jerchonwez. 

Irchonwez). — Keuaucamp (Quevaucamps). — Lens. — 
Lessines. — Laighesain (Lanquesaint). — Landerise (Ladeu- 
ze). — Ligne. — Lombize. — Mauvy-Sancti Pétri (Masnuy- 
SL-Pierre). — Masny Sancti Joannis (Masnuy-St.-Jean). — 
Mainwaut (MainvauU). — Mellin (Meslin TEvèque). — Me- 
wregnien (Mevergnies). — Montigny (Monlignies-lez-Lens). 

— Moulembaix (Moulbaix). — Nova Villa (Neufvilles). — 
Noeves-Maisons (Neufmaisons). — Obienies. — Ogi. — 
Ormegnies (Ormeignies). — Ostich (Ostiches). — Oudeghien 

Œdenghieu). — Ouligien (Ollignies). — Papignien (Papi- 
gnies). — Pimmerœul(Pommerœul). — Rebaix, — Silly — 
Sirault- — Songnies (Soignies). — ïhievencelles (Thivencelles) 

— Tongres-St. -Martin. — ïongres Notre-Dame. — Tonne- 
haut. — Tericourt (Thoricourt). — Tourp (Tourpes). — 
Wanes. — Wanezebecque (Wannebecq). — Wandelencourt 
(Wadehncourt). — Vianne. — Ville (Ville-lez-Pommerœul). 



— 206 — 

— Villers-St.-Amand. - Villeret (Villerot). — Vies-Condet 
(Vieux-Condé). — Wandeke (Wodecq) •. 

De ces cent noms , 9 sont inconnus et 5 sont situés daus 
d'autres décanats. 

Le décanatde Chièvres comptait encore au XV* siècle 70 
églises paroissiales ; mais en 1559 on en détacha Lessines. 

— Bassilly, — Bois-de-Lessines. — Bouvignies. — Ellezelle. 

— Flobecq. — Fouleng. — Ghislenghien. — Gibecq. — 
Gondregnies. — Lahamaide. — Hellebecq. — Isières. — 
Lanquesaint. — Lombise. — Mainvaut. — Melin. — Ogy. 

— Ollignies. — Ostiches. — Papignies. — Rebecq. — 
Silly. — Thoricourt. — Wannebecqet Wodecq pour former 
avec les paroisses d' Acren , Biévene , Enghien , Everbecq , 
etGhoy, le décanat de Lessines, qui plus tard fut aussi 
divisé. 

Voici les noms des paroisses qui composèrent le décanat 
de Chièvres jusqu*à la révolution française de 1789 , nous 
y joignons la taxe que chacune d'elles devait payeràTévéque. 



Arbre avec MafQe , sa succursale 


XX livre 


jEglise de St-Julien 
^*° (Eglise de Sl-Marlin 


XLV > 


XXV > 


AUre avec MervergnicSy sa succursale 


XL > 


Aubechies . 


XX > 


Bassëcles avec Wadelencourt , sa succursale 


XXX > 


Bauffe 


XXV « 


Belœil 


XX 1 


Bemissart 


XX 1 


Blaton 


XL » 


Blicquy avec MouUmix, sa succursale 


XL • 


Brugelette 


L > 



< Benezech , Etudes sur Vhist. de Haynaut do Jacques de Guyse , p. 79 , 8D 
et 81. 



— 207 — 



Cambron 




XXX 


livre 


Casteau-lez-Thieusies 




XX 




Chaussée Notre-Dame 




XX 




Chièvres 




XL 




Gondé K 




XL 




Ellfgnies S^ Anne 




XL 




Erbeau 




XII 




Gage avec Gambron-Gasteau 




XXX 




Grosage 




XX 




Harchies avec Grand'-glise , sa 


succursale 


XXV 




Hautrages 




XXV 




Hierchies 




XL 




Hergnies '. 




XX 




Horrues 




XXXII 




Huissegnies 




XXV 




Irchonwelz avec Villers Notre-Dame , sa succursale 


XXV 




JurLise avec Erbisœul , sa succursale 


XL 




Lens 




L 




Ligne 




XL 




Louvignies-lez-Soignies 




XV . 




Masnuy St-Jean 




XXV 




Masnuy St-Pierre 




XV 




MoDtignies-lez-Lens 




XL 




Neufmaisons 




XX 




Neufvilles-lez-Soignics 




XXXV 




Ormeignies 




XX 




Pommerœul 




XX 




Sirault 




XL 




Soîgnics 




X 




Stainbruges avec Quevaucainps 


, sa succursale 


XXV 




Sieenkerque 




XL 




Tongre Notre-Dame 




XXX 




Tongre St-Martin 




XXX 




Thivencelle >. 




XX 





' Appartient aujourd'hui â U France. 

Idem. 
> Idem, 



— 208 — 

Toarpes XXX IWres. 
Vieuz-Gondé <. 

Ville-Poromerœul XX i 

YiUerot XV » 

Villers-Saint-Âmand XXV >. » 

Le doyen du décanat de Chièvres n*était pas toujours le 
curé de cette ville, et, en effet nous voyons qu'en 4453 
(n. st. 1454) le doyen de Chièvres était le curé de S^Julien, 
a Âtb. 

En i692, on trouve Philippe Huet, curé de Tongre 
Notre-Dame, doyen de Chièvres. 

En 1778, c'est encore le curé de SWulien, a Ath, le 
R. Defrenne. 

A la nouvelle organisition du diocèse de Tournai, en 
1803, le décanat de Chièvres ne s'étendit plus que sur les 
dix-neuf paroisses suivantes : 

1. Chièvres. — 2. .4rbre. — 3. Attre. — 4. Blicquy. — 
5. Brugelette. — 6. Fouleng. — 7. Gages. — 8* Gibecq. — 
9. Gondregnies. — 10. Grosages. — 11. Huissignies. — 
12. Irchonwelz. — 13. MafQes. — 14. Mevergnies. — 
15. Moulbaix. — 16. Ormeignies. — 17. Tongre S*-Martin. 
— 18. Tongre Notre-Dame. — 19. Villers S^-Amand. 

Depuis celte époque Autreppe , Ladeuze , Villers Notre- 
Dame et Waudignies , situés dans le décanat de Chièvres 
ont été érigés en paroisses. 

La population du doyenné de Chièvres est de 20,079 ha- 
bitants. 



* Appartient maintenant à la France. 

* Leglay, Catneracum christianum , p. 501. 



— 209 -- 

CHAPITRE IL 

Église, Cimetière, Cure et maison des vicaires. 

§ /. Église. 

L'autel de Chièvres fut donné , en 1108 , à Tahbaye d'Een- 
ham, par Odon, évêque de Cambrai K 

En 1234, Godefroid, évêque de Cambrai, le démembra 
de celui de Grosages *. 

Jl passa à la Congrégation de l'Oratoire en 1626 et lui 
appartint jusqu'à sa suppression arrivée en 1794. 

Enfin il fut démembré de Waudignies en 1875. 

L'église de Chièvres est dédiée de toute ancienneté, à 
Sainte Martin. On Téleva, en 1543, sur l'emplacement de 
l'église précédente. 

Construite dans le slyle ogival tertiaire, cette église a 
trois nefs et un transsept : elle mesure dans œuvre , depuis 
le chevet du chœur jusqu'au seuil de la porte principale 43 
mètres Va de longuer, ainsi divisés : 10 mètres pour le 
chœur sur une largeur de 7 mètres 50 centimètres ; avant 
chœur, 6 mètres sur une largeur de 20 mètres ; le transsept, 
5 mètres 50 centimètres sur une largeur de 33 mètres; le 
vaisseau, 12 mètres sur une largeur de 20 mètres ; la tour 
10 mètres sur une largeur de 5 mètres. A l'entrée de l'a- 
vant chœur se trouvent deux gros piliers. Le chœur est à 
pans coupés ; le vaisseau en y comprenant le transsept et 
l'avant chœur a 4 travées ; la tour est en dehors du vaisseau ; 
l'escalier pour y aller se trouve dans l'épaisseur de la 
muraille. 11 y a deux sacristies, l'une à droite et l'autre à 
gauche du chœur , elles remplissent les coins formés par 
ce dernier et l'extrémité du vaisseau. L'édifice est éclairé 

1 Annexe I. — > Annexe II. 



- 210 — 

par douze grandes fenêtres à meneaux en pierre : trois 
éclairent le chœur, deux Tavant chœur, deux le transsept 
quatre le vaisseau et celle qui est au-dessus de la porte 
principale éclaire le jubé. La porte latérale est au bas du 
vaisseau vers la cure , autrefois elle était garnie d'un porche 
en maçonnerie contre lequel était incrustée une grande 
pierre portant cette inscription : 

Ci devant gisent les corps d'Eloy Delehaye 

fils d'André et de tazele Reghem , fille de 

Jean Reghem et de Françoise de le Haye , 

et de Gabrielle de Bay, sœur germaine de 

Pierre de Bay curé et doyen de Chiëvres , de 

Michel i^^ fondateur, et de Jean de Bay 

père de Jacq. de Bay, 2< fondateur du 

collège de Bay à Louvain. En mémoire 

desquels, ledit Eloy, décédé le 29 novembre 1650, 

et Marguerite Dubois , son épouse , fille 

d'Antoine et de Yolente Deramaix , décédée 

le i7 avril 1664, avec (5« degré) Anne-Louise 

Delehaye alliée à Martin-François et 

Pierre de le Haye allié & Marie-Françoise 

Moreau , leurs enfants ont posé cette pierre. 

R. I. Pace. Les dits de le Haye et Moreau 

conjoints ont eu trois enfants mariés , savoir : 

Louis , Marie-Adrienne , et Cécile-Thérèse 

de le Haye. Ci gisent les corps de Jacq. 

François Botteau , fils Melchior et d'Anne 

Caroberlin décédée le 29 novembre 1748. Lesdits 

Botteau et de le Haye conjoints ont eu 

3 enfants mariés , savoir : Jenne-Thérèsc , Jean 

Ghialain et Victor-Joseph Botteau , septième 

degré. 

En 1646, des réparations urgentes furent faites à la tour , 
à deux voûtes de Téglise et au petit portail et Ton renou- 
vela en grande partie la charpente. 



— 214 — 

Le roi donna 3000 florins et permît l'assiette d'une taille 
de six livres au bonnier ^ 

Au mois de septembre 4684, un colonel français venu de 
Leuze, fit sauter le clocher, qui fut restauré en 1705. C'est 
ce que rappelle rinscription suivante , gravée sur une pierre , 
auprès du portail : 

D. 0. M. 

Ecclesise hujus pnrochise 

turrim 

heu ! quondam patriaB gloriam 

sed Marte Gallico dirutam 

anno 1(384. 

Gongregationis cura, Bailivi ducUi , 

scabinorum zelo , 

ac totius populi applausu 

sic tandem reparatam 

anno 1705. 

Borbonio et Âustriaco 

Iberise sceptrura œmulantibus 

armorum strepitu 

tota fatiscente 

Europa ; 

pristinœ aemulabunds formas 

noverit ditior posteritas. 

Elle a été rétablie par les libéralités du seigneur, du 
bailly et des habitants ; mais elle a perdu beaucoup de sa 
hauteur primitive. L'ancienne flèche était plus élancée que 
la moderne, et flanquée de quatre clochetons. 

Il y avait jadis un petit campanille entre le chœur et la 
nef : sa disparution est regrettable , il avait à sa base 2 mètres 
641 centimètres carrés, il était élevé de 3 mètres et demi, 
une flèche de 6 mètres sur l'assise de 2,641"™ le surmontait. 

< Archives de VÉlat à Mofis, 



~ 212 — 

La tour avait cinq cloches : Tune des cloches qui furent 
enlevées pendant la révolution française de 4789, existe 
encore : elle se trouve dans la tour de la maison com- 
munale de Lessines : sur cette cloche, qui est de moyenne 
dimension, est figurée une croix semée de fleurs de lys : 
entre les cordons de son couronnement, on lit rinscription 
suivante en caractères gothiques : « Charles Guillaume de 
Croy, seigneur de Chievres , Tan M.V.C. et VIII '. > 

Il lui reste encore deux cloches, dont la principale porte 
rinscription : 

Casimirum Juliam, Pignatelli ab Egmont cornes Gavr, 
S. iî. /. jmnccps Hisp. oplim. Velleris aurai, eq. torq, 
par. cl haro Servio &c 8c Alphonsa Julia Félix plia 
ejua unica ah Egmonl Pignal. Ludovid Gonzago Pigna- 
telli Arragon. comilis de Fulenles Ibero quoque optimalis 
P. I. principi fidissima conjux inter henediclionis solcm- 
nia nominabant. D, J. J. Ducornet, vice past. urb. Cerv, 
& D"^ Ernest Le duc de Trouille. D. Dubus Gub. uxorc 
nomine procurai, gerentibus pro hac 2^, 3^ et 4* una 
fusisa^ 1781. — J.B. Michel cl Nicola Lombaro fondeur. 

La seconde porte rinscription : 

Perilluslris ac prœnobilis Dominus Gaslo Dargoul 
prœliorum generalis nec non urbis Athensis gubemator 
ac prœnobilis Maria Antonia Depestre nxor prœnobilis 
domini Ferdinandi Pollart Toparchœ in Herimez et urbis 
Athensis ejusdem territori castellani mihi notweti dedere, 
— Fecil S. T. Barbieux Torn. an 1776. 

L'église de Chièvres renferme plusieurs tombeaux remar- 
quables et un assez grand nombre d'épitaphes. 

Deux pierres tumulaires incrustées dans le mur du chevet 
portent les inscriptions suivantes : 

< Lesneucq JouRET , Histoire de Lessines^ p. 58. 



^- 213 — 

Hanlt et très illustre Mcssire Guillaroe de Groy marquis de Renty 
seigneur de Uhierves , de Neufmaisons, des Gouppelles vieilles et neueves 
vicomte de Bourbourch et Gravelingue et seign. de Niculand etc. Chlr de 
Tordre de la Thoison d*or etc. après son eagc de xxxviii ans employé 
valeureusement au service des guerres contre les Fi'ançois de l'empereur 
Charles cincquiesme et du roy Philippe des Espaigncs son filz en chef et 
conlonnel de mil chevaulx légers décédant en son chastcau de Renty le 
premier d'aoust 1565 ordonna son corps estre transporté et inhumé en 
ceste église de Ghierves soubs la voulte construite au costé de ceste sépul- 
ture Dieu veuille posséder son ame éternellement en récompense de sa 
valleur et générosité quy notoire est et at esté en ce monde 



Haulteet très illustre dame Madame Anne de Renesse vefvc et douaigiere 
de Mcssire Guillame de Groy marquis de Renty etc. passant de ce monde 
à Taultre en la ville de Gondé le ix jour de novembre 158G en son eage 
de 51 ans ordonna son corps cstre rapporté et posé en ceste église de 
Chierves joinct à colluy dudict seigneur son raary et que ceste sépulture 
leur fust faicte et bastic pour mémoire aux prières de leurs bien veuillantz 
subjectz ce que Messire Rmanuel de Lalaing et dame Anne de Groy sa 
compaigne leur fille ont accomply Dieu la veuille autant exalter au ciel 
comme sa vertu at esté excellente en la terre 

Sur une pierre du pavement , posée sous les épitaphes 
précédentes, on lit : 

Sous la voulte construite en ce coer de Téglise 

p<iroissiale de Ghierves pour feu de haulte mémoire 

Guillaume seigneur de Groy vivant marquis de 

Renty, seigneur du dit Ghierves etc. Ghlr. de l'ordre etc. 

gist et repose le corps de noble et vertueuse 

damoiselle Mademoiselle Anne de Renesse, la vi« 

fille de feu Jean de Renesse en son 
vivant chlr. seigneur Deldrenmalle , Masny , etc. 

et sœur de haulte et puissante dame Madame 

Anne de Renesse marquise douaigiere dudict Ren- 

ty vefve de mondict s»* le marquis , laquelle 



— 214 — 



(lamelle passa de ce monde en TaiiUre audict 
Chierves le ix jour d'apvril Tan 



1574 avant pasques 

dont ame soit en 

paix et gloire 

éternelle 

1574. 

A côté est une autre pierre tumulaire , portant celte 
épitaphe : 

Chy devant gist mais- 
tre Pierre Debais en 
Bon temps doiens et 

curé de Chierves 
chanoine de Sougnis 

qui trépassa l'an 

MVC LU le VIII 

novembre 
Priez Dieu pour son ame. 

A gauche de Tautel dédié à N.-D. de la Fontaine, il y a 
un fort beau mausolée, en marbre noir, ayant la forme 
d*un catafalque. On y lit sur la face principale : 

Soubz ceste tobe gist le corps de dame Charlotte d'Elmot feme en se vivat 
deMessire Jean Lauret chevalier sr de Preumotaulx et d'Âudregnies premier 
coseiller du Price en so coseil à Mons et bailly de ceste ville et pacrie de 
Chierves en y attedatceluy dud^ s' so mari quat il plairat à Dieu le sublever 
de cette vie humaine et la luy comuer e céleste sa clemece divine lear 
veuille faire part aux bones prières de ceulx et celles qui jecteront lœil sur 
ceste sépulture icelle dame trespassa le xm de Septembre 1604^ la ville de 
Mons lieu de leur residece. 

Requicscatin pace resurrectionê^expectans atque ad eam aspirans. 

Sur la face de droite : 



-« 215 — 

Perfecta charitas foras mittit timorem 

I Joan. 4. 

Qui timet homineni cito corruet. 

Qui sperat in Dno sublcvabitur. 

Proverb. cap. 29. 

Lauret de Preumotaul Pennetier 

espoir non crainte 

Laurent de Premotaul. fsicj. 

Hamel Martigny 

Coscia mes ut cuicqz sua est, ita 

cocipit intra 

Pectora pro facto 

Speqz metumqz 

Suo. Ovid. fast. i 

espoir en Dieu 
non craitedu mode. 

Sur la face latérale de gauche ; 

Spiritus promptus sit 

etiamsi caro infirma 

Liesse en deuil 

D'elmont. 

Liesse d'esprit 

en corps doleureux 

Les blasons qui ornaient ce monument en ont été enle- 
vés. 

Une pierre tombale posée contre un pilier du transsept, 
représente dans un encadrement formé par deux colon- 
nettes supportant un entablement, les défunts agenouillés 
au pied du calvaire et ayant derrière eux leurs patrons saint 
Nicolas et sainte Barbe. Au bas de ce monument, on lit : 

au. devt- de. la. pnte. epitafT. repose, le. corps. 
Nicolas, de. le. Sille. vivant, mayeur. de. ceste 
ville, quy. eaigé. de. 75. ans. y. trespassa. le. iSeT^re, 
1609. et. celui, de. Dai«. Barbe. Du Quesnoit. 

16 



— 216 — 

son. ei^peuze. laq^l*. caigée. de. 67 ans. et iO 

mois, après, avoir tenu. 9pai;;nie. 9iugalle. 

à son marit. 49 ans. et demi, y deceda le 20« 

novembre. 160G. lequel, de. le. Sille. est fudatr 

a perpétuité, (de quoy. la divine. ma<o Ten 

veuille rémunérer au ciel) de 30 flori l'an 

de. rente, pour, estre. erapliez. en achapt. de 

draps, en. revestir. les. paures. vefves. et orphelins, de ceste. proiche 

aussy. de 21. flori. 17 patars et dei. de samble. rete 

pour. une. messe basse, a célébrer, tous, les 

Diman.de. Tan. a. Tautel. icy. contigu. de monsieur 

S^ Martin, imediatem. quant. Ton. 9manche la 

bénédiction, de. Teauwe. et. de trois, obitz 

annuelz. en. la 9noissancc des s" du. magistrat 

dont le tout est. icy. rcpnté. pour mémoire 

à. la postérité. Priez, pour leurs âmes. 

Les deux épitaphes suivantes, gravées sur pierre , sont 
placées contre les piliers de chaque côté de l'entrée du 
chœur. 

à droite : 



Soubz ceste lame gist le s'. 

Jehan Delmont , escuyer 

sr de Ghislenghien 

bailly de Ghierves et depuis 

M« d*hostel au duc d'Arschot 

Capn« d'une enseigne de gens de 

pied, au pourchas duquel 

ceste église dud. Chierve» a 

esté rebastie et le clocher 

édifié. Saisy de maladie a la 

prinse de Terouane en mourut 

audit Ghierves le 12« décembre 1553 

et damoyselle Anne Baudane 

sa femme inhumée en la 

chapelle de S^ Jacques de ce lieu. 



à gauche : 



— 247 — 



DUMOMT 



Maljipert 



HOUSSIER 



La Motte 
LeGat 



NIL 1^X0NSULTE. 

Cy devant reposent 
les corps de noble 
damoiselle mad^^» Madeleine 
de Zoniber^h ditte de Liettre 
déeédée le 21 me d'octobre 
1670, en son temps femme 
de feu monsieur Adrien 
Dumont dit de Rampemont 
ecuier Sr du Pon-Gelin le 
corps duquel gist à Gaige 
et do noble damoiselle 
Mad"e Marie Marguerite 
Thérèse leur fille décédée 
le 28d*Âoust 1691 qui fonda 
son obil et celui de la ditte 
damoiselle sa mère a per- 
pétuité dans cette église. 
Priez Dieu pour leurs âmes. 



DEzoMBEnaii 



Bous Y 



Masuy 



Mahieu dit 
bosquiau 



Un autre monument funèbre, placé dans la muraille, au 
fond de la nef latérale de gauche, présente un bas-relief en 
albâtre ayant pour sujet: L Annonciation ^ et de chaque 
côté un seigneur et une dame agenouillés devant un pupitre. 
Au bas , on lit cette épitaphe : 

Gy devant gist damoiselle Marie 

de la Houssière vefve feu 

Thiry Du mont vivant escuyer 

seigneur de Rampemont Gaiges. 

etc. laquelle après plusieurs 

belles légations faites au peau- 

vrcs de cette ville est décédée le 

17 d'Avril 1614. Priez Dieu pour 

son ame. 



- 218 — 



Sur des pierres du pavement : 

Ferdinandus 

Mauritius 

Ignatius 

Dumont obiit 

16« Junii 1727 

R. I. P. 

R. P. Ferdinandus 

Dumont 

obiit 80 septembrisi711 

R. I. P. 

Icy gist Gérard Houssier en son temps s^ de Ga^jes et De la Motte sur 
le calon qui trépassa le., de mars 1598. Et aussi damoiselle Catherine 
Ganol (Le reste est indéchiffrable.) 

Ici repose le corps de 

Sr Claude de Malapert 

Harvilly en son temps ecuier 

Sr de Wartons bailly de la 

Ville , terre et pairie 

de Chièvres, qui trépassa le 

XXXI d'AoustMDG.LIX. 



En attendant la résurrection reposent les corps d'honorables personnes 

les S. Jean Louis Dumont 

décédé le 13 d'Avril 172G , âgé de 60 ans , et 

de damoiselle Marie-Tbérèse 

Despinoy sa femme décédée 

le 23 Avril 1751 âgée de 

78 ans , et auprès d'eux 

Ferdinand Maurice 
Ignace , leur fils , vivant 



— 219 - 

prêtre de TOratoire , 

décodé le 19 Juin 1727 

âgé de 33 ans , comme aussi 

De darooiselle Marie Ursule leur 

fille décédée le 21 de mayi747 

âgée de 47 ans. 

Prie Dieu pour leurs âmes 

Requiescant in pace. 



MORS OMNIÀ FR\NGIT. 

D. 0. M. 

Ci gist le corps 

du sieur Gérard 

Brison receveur des 

pauvres et natif de 

cette ville , chirurgien 

major du régiment du 

brigadier Berckhoefe 

muni de brève au 

Service deL. U. P. les estais 

généraux et âgé 

de 42 ans décédé le 17 Xbre 

1711. Requiescat 

in pace 



D. 0. M. 
Ci gisent les corps de Arnould François 

Surquin , bailly et receveur d*Eenam 

lils Gérard et de Marie Ghislain décédé 

i'u célibat le 7 mars 1742, âgé de 75 ans 

ayant fondé ici un obit : Item G'^rard 

François Surquin frère germain audit 

bailly et au sieur Jean-Bapte Surquin 

curé de Tourpe fondateur de 12obits 

à Tourpe et d'une bourse de 550 livres 

Tnn pour étudier ses parents à Louvain 



— 220 — 

ou Douai , deux ans en filosophie , cinq 

en théologie , et un au séminaire 

décidé le 12 aoust 4740, âgé de 66 ans 

et «le Marie-Françoise Yandamme son 

épouse décédée le 4770 ûgée 

de 89 ans : en mémoire desquels 

leurs enfants sœur Bernardine sœur 

grise à Chièvres , sœur Flore nct^ 

sœur noire à Lessines , Marie-Thérèse 

Marie-Àngeline , Marie-Françoise et 

Marie-Catherine Surquin leur ainée 

alliée à Pierre Everard de Wannebecq 

fils de Jacq. et de Marie-Catherine Bulteau 

petit fils de Marie-Michelle de Semoulin 

et de Pierre Everard fils de Jacq. et de 

Christine Delaunoit , fille de Benoit 

et de Jenne Plaitin fille de Gilles 

et d'Isabelle Lemartre fille Hector 

et de Jeanne Debay sœur germaine au savant 

Michel De Bay premier fondateur 

et au sieur Pierre De Bay dont Tépitaphe 

est icy dessus la porte de 

la sacristie , ont posé cette pierre. 



Sous l'escalier de la chaire à prêcher , on voit une pierre 
tumulaire d'une date assez ancienne. Un chevalier et sa 
femme y sont représentés. C'est la sépulture de Jean de 
Guise et de son épouse. 

Mobilier de l'Église. 

Le mobilier provient généralement de diverses commu- 
nautés religieuses supprimées. 

Pendant les mauvais jours de la révoUUion l'église de- 
meura ouverte au culte et pendant un bon quart de siècle 



- 221 -- 

on se contenta d'entretenir l'édifice dans lequel on mit 

un ameublement qui n'était point en rapport avec son slyle. 

Le chœur, dit M. De Villers, otTre une belle décoration. 

« En avant est le maître autel. Derrière celui-ci se trouvent 

> les stalles , dont les panneaux sont ornés de peintures 

> représentant quatre scènes de la vie de St. Bernard. 

1 Contre la muraille du chevet , on voit une toile de 
1 mérite dont le sujet est le Christ en croix , ayant à ses 
» côtés la Sainte Vierge el St.-Jean. Ce tableau a été don- 

> né, en 1707 , par la dame de Chièvres, dont il porte les 

> armes, ainsi que le rappellent les deux chronogrammes 
» suivants. 

sIGGlNE reDeMptor passUs 
GoMpatItUr ChrTsto Deo. 

1 On prétend que la figure de Marie reproduit les traits 
» de la donatrice. 

» Des statues en bois de St. Jacques , de St. Philippe de 

> Néry , de St. Charies-Borromée et de St. Ambroiseachè- 
V vent la décoration du sanctuaire. 

> A rentrée du chœur est un magnifique lutrin-pélican, 

> en cuivre, l'oiseau symbolique est debout 'sur un globe, 
» image de la terre , reposant sur un fût d'une fort belle 
» forme , dont le pied hexagone est supporté par trois lions 

> couchés,rappelant les armoiries de Chièvres. L'ensemble 

> du lutrin a 1 mètre 70. 

» Cette œuvre d'art porte le millésime de 1484, autour 
» du pied on lit cette inscription qui forme un quatrain de 
vers hexamètres : 



— 222 — 

Pulcre Drugen ville que cuU gignit 

hanonie. dets Ducelier recte Juhes 

me dédit ob xptn. civis m'cator honesf 

mille quater getis trib* ano 9sociati8 '. 

» Indépendamment du maître-autel , il y a quatre autres 
» autels , aux extrémités des nefs. 

» Le jubé placé auprès du portail appartenait à Fabbaye 
> de Nazareth d'Ath. Au bas de la nef latérale de gauche, 
i> sont placés les fonds baptismaux , de style ogival. Une 
D copie de la Descente de Croix de Rubens, décore le mur 
1 de la nef opposée. 

y> La chaire de vérité semble avoir appartenu à une 
i> église dédiée à Saint Jacques, car ses trois panneaux 
» représentent ce saint, sous des costumes dilTérenls. » 

L'église de Chièvres possédait autrefois des chasses pré- 
cieuses. Parmi les objets de valeur qu'elle a conservés, on 
remarque : 

Un bassin rond, en cuivre repoussé et estampé, et sur 
lequel sont représentés, au centre, Adam et Eve, sous 
l'arbre de la science du bien et du- mal. (Fin du XV^ 
siècle. *). 

Un reliquaire ogival, en argent. 

Une chasuble et deux dalmatiques, portant les armes de 
la famille d'Aremberg. 

Ces ornements proviennent de l'ancienne chapelle de 
N.-D. de la Fontaine : ils datent du milieu du XVII® siècle. 
Les broderies des orfrois, figurant des fleurs, sont faits 
avec beaucoup de déUcatesse et de bon goût. Au centre de 
la croix de la chasuble , dans un médaillon, la sainte Vierge 



' Fut exposé à Malines ; à Paris en 1878 et à BruxrUos en 1880. 
' Fut exposé à Malineâ. 



- 223 — 

est représentée, tenant l'Enfant Jésus, ses pieds reposant 
sur le croissant et sa tête entourée d'étoiles. La restauration 
de ces ornements a été faite en 4861, à Taided'un subside 
de l'État. La dédicace de Téglise de Chièvres était autre- 
fois solennisée le troisième dimanche de mai. 

Un ancien usage liturgique s'est conservé dans cette 
église, l^a jeudi-saint, on y lave les pieds à douze vieillards, 
auxquels on donne un verre de vin , un pain et un poisson. 

Des travaux extraordinaires et des plus urgents ont été 
commencés à l'église et au clocher en mars 1842, par 
suite d'adjudication publique du 10 janvier , ils étaient 
évalués alors aune somme de frs. 6,600.39. La fabrique ne 
possédant aucune ressource pour faire eiTectuer lesdites 
réparations, la ville dût intervenir dans cette dépense pour 
moitié ; elle a réclamé et obtenu des subsides de TÉlat et 
de la province pour couvrir l'autre moitié. 

Un rapport ultérieur de l'architecte provincial Motrie, en 
date du .18 juin , constata que la dépense faite jusqu'à ce 
jour pour travaux exécutés à cet édifice s'élevait à la somme 
de frs. 4,669.23. 

Jl fit connaître que les ouvrages restant à faire pour 
remettre l'église et le clocher dans un bon état d'entretien, 
ouvrages aussi indispensables que ceux qui ont été exécu- 
tés , attendu qu'ils pouvaient compromettre la solidité de 
l'édifice et nuire aux nouveaux, s'élevaient à une somme 
de frs. 14,094. Les deux sommes réunies formant un total 
de frs. 18,764.19. La ville réclama de nouveaux subsides 
de l'État et de la province pour une moitié de la dépense 
et l'autre moitié, elle la couvrit par les économies qu'elle 
avait faites. 

M. l'abbé Gondry , curé et doyen de Chièvres pour mettre 
ses paroissiens plus à l'aise dansTéglise, recula l'autel qui 



— 224 — 

se trouvait au milieu du chœur jusqu'à son chevet. Il déplaça 
le jubé qui s'avançait dans le vaisseau de l'église et mit les 
orgues sous le clocher. Quelques années après il amena 
son conseil de fabrique et l'administration communale à 
faire rendre à cet édifice son caractère primitif. Le 15 mai 
4870 l'architecte Motrie d'Ath présenta un projet de restau- 
ration qui fut approuvé par le Conseil communal dans sa 
séance du 5 octobre suivant. A défaut de ressources le 
conseil de fabrique se fit autoriser à employer une somme 
de frs. 7000 qu'il devra récapitaliser dans la suile sur les 
économies qu'il pourra faire , la commune , la province et 
l'État vinrent d'abord pour frs. 53,000 auxquels elles ajou- 
tèrent plus tard frs. 10,000. Secondés dans cette grande 
entreprise par le secrétaire communal M. Du Bois, on vit 
bientôt reparaître ces belles pierres bleues taillées qu'une 
main malheureuse avait cachées sous le plâtre et le badi- 
geon. Le porche latéral qui n'olTrait rien de remarquable 
disparut : le pavement de Téglise fut renouvelé et les 
fenêtres retrouvèrent leurs meneaux. Par suite des démar- 
ches de ce zélé pasteur quelques bons paroissiens fournirent 
l'argent nécessaire pour garnir de vitraux peints les fenêtres 
du chœur. 

lia restauration de l'intérieur du monument touchait à sa 
fin quand Monseigneur Dumont , évêque de Tournai , le 
promut à un poste plus éminent, à la cure de St. Julien, à 
Ath (1873). On restaura Textérieur de l'église et on rendit 
à la tour la force et le caractère qu'elle avait autrefois. Kt 
au lieu d'une triste muraille qui clôturait le cimetière en 
face de l'entrée principale de l'église, on mit un beau gril- 
lage en fer. 

Les autels et les stalles n'étaient pas en rapport avec le 
style de l'église, M. Tabbé Charles Lafontaine en arrivant à 



— 225 ^ 

Chièvres conçut le projet de les changer et pour parvenir à 
son but, il commença par relever le culte de Notre-Dame 
de la Fontaine, en rééditant son histoire à laquelle il ajouta 
diverses pièces en vers, il fit aussi graver Tirnage de celte 
Vierge puissante autour de laquelle il rappela en vers les 
miracles opérés par cette mère de bonté et ces œuvres 
furent vendues au profit de Téglise. Bientôt Notie-Dame 
de la Fontaine eut un autel admirable devant lequel vont 
prier les fidèles et y déposer leurs olTrandes. 

Le chœur fut garni de belles stalles , derrière lesquelles 
se trouve un lambris magnifique en style ogival, et l'ancien 
calvaire fut restauré. 

Cet érudil , dévot et zélé curé-doyen avait à peine com- 
mencé sa cinquième année que Monseigneur Dumont, cou- 
naissant ses talents et appréciant ses mérites , l'appela à 
Tournai et l'y nomma chanoine titulaire de sa cathédrale 
en février 1879. 

Puisse M. l'abbé Lambert, son successeur, marchant sur 
ses traces, continuer la décoration de la maison de Dieu ! 

§ 2. — Confrérie des trépassés. 

Avant la révolution française il y avait dans l'église parois- 
siale de Saint-Martin à Chièvres une confrérie des trépassés 
érigée cânoniquement et dont voici le règlement : 

« Les vicaires généraux du siège archiépiscopal de Cam- 
bray vacant : 

A tous ceux qui ces présentes verront, salut : 

Sur la requeste à nous présentée par les prestres de 
l'oratoire à Chièvres, afin de vouloir ériger en l'église 
paroichialle de St. Martin au dit lieu une confrérie des 
trespassez qu'ils avaient obtenue de Rome , le 4 d'apvril 



— 226 — 

du pnt. an 1651. Nous y acquiesçants, érigeons et par ces 
pûtes, establissons laditte confrérie au grand autel de la 
susditte église, à la gloire de Dieu et le soulagement des 
âmes afin de mieux unir fidèles vivants et trespassez. 

1. Et afin de maintenir laditte confrérie en vigueur, Nous 
ordonnons que lesdits pbres en aient la surintendance et 
administration. Les obligeant de faire tous les ans compte 
et renseignement des biens et aulmosnes reçues au profit 
de laditte confrérie : comme ils ont accoutumé de faire de 
tous les autres biens de laditte église dont ils ont particu- 
lièrement l'administration. 

2. Pour y donner un bon règlement, nous ordonnons que 
ses constitutions, offices et fonctions soient tels qu'il 
s'ensuit. 

3. Tous fidèles chrétiens de bonne vie et rennomée d'un 
et d'autre sexe , y pourront être reçus , desquels l'intention 
principale sera l'avancement de la gloire de Dieu , du salut 
de leurs âmes et le soulagement de celles du purgatoire. 

4. Tous confrères et consœurs prendront peine d'assister 
aux offices et prières qui se feront pour les trespassez, 
spécialement aux messes solennelles que ladite confrérie 
fera chanter le jour des âmes , le 2 novembre , et toute son 
octave : de saincte Agnès, le 21 janvier ; de St. -Pierre et de 
St. -Paul, le 29 juin : les premiers lundys des advent et 
quaresme. 

5. Lesdiis jours il se disposeront deuement pour gagner 
les indulgences et par toutte sorte de suffrages et prières , 
ils soulageront lésâmes du purgatoire. 

6. Ils seront soigne jx de se rendre à l'église, sur les 
cinq heures du soir de l'octave des âmes , pour y recepvoir 
la bénédiction de très Saint-Sacrement, à laquelle se chan- 
tera le Pie Jesxi dne dona eia requiem y par trois fois, puis 



— 227 — 

se fera quelque exhortation au peuple en faveur des âmes 
satispatissantes : à la fin de laquelle en chantera les 
psaumes Miserere mei Deus et De profundis. Ensuite la 
2« bénédiction du très Saint-Sacrement avec le triple chant 
du Pie Jesu, Puis procession avec ledit sacrement dans l'en- 
clos de l'église: finalement la 3® bénédiction comme dessus. 
Ce qui s'observera encore chaque troisième dimanche du 
mois après vespres avec la procession dedans ou dehors 
l'église selon la comodité. 

7. A laquelle se chantera le répons libéra me domine etc. 

8. Secondant la pieuse intention de sa Sainteté, intimée 
par son brève apostolique , ils tascheront de s'exercer en 
touttes sortes d'œuvres de dévotion et de charité : et ce 
particulièrement en faveur des àgies souffrantes en purga- 
toire, signament de se tenir tousjours et en tous lieux, 
respectueusement en la présence de Dieu, sans comettre 
chose , qui luy puisse desplaire : de rapporter touttes leurs 
pensées, parolles et œuvres , à la plus grande gloire de 
Dieu , de hanter les sacrements de Téglise avec la disposi- 
tion réquiese et jamais par routine et forme d'acquit , de bien 
observer les commandements de Dieu et de l'église, d'estre 
soigneux à instruire leurs enfants , serviteurs et servantes 
et sujets en la foy, crainte de Dieu et des choses de leur 
salut : d'empêcher les médisances et mauvaises parolles , 
pardonner les injures reçues : faire aulmosnes , visiter les 
malades : et générallement pratiquer les œuvres de miséri- 
cordes spirituels et corporels : et faire en sorte que par 
leur vie exemplaire , ils soient recongnus être vrayment de 
la confrérie des trespassez. 

9. Au son de l'heure ils dirent dévotement requiescant in 
pace. Semblablement au rencontre du cimetière, sépulture, 
ou croyx parmy les chemins. 



— 228 — 

10. Ils auront un soing particulier d'imprimer dans leurs 
âmes et de celles de leurs enfants et sujets, une cordiale 
dévotion envers les trespassez : leur faisant réciter le de 
pro/e/ndts après grâces : les envoyant à la messe, et procès 
sion des trespassez : se servant d'eux pour donner Taul- 
mosne aux pauvres : les exhortant et animant par toultes 
voyes convenables à prier pour eux. 

11. Néanmoins lesdits confrères et consœurs seront 
advertys qu'en l'omission de tout ce que dessus, il n'y at 
aucun péché : ne soit que d'ailleurs il y ayt par les coman- 
dements de Dieu ou de l'église. 

12. Or pour furnir aux frais de messes et offices de 
laditte confrérie, nous trouvons bon, que ceux et celles 
qui s'y enrolleront , donnent en aulmosne, à leur entrée 
chacun cinq patars et un palar par an, sans autre obliga- 
tion toute leur vie. 

13. Nous ordonons pareillement qu'il y ait un comis 
député par la congrégation des pbres de l'oratoire , afin de 
tenir note des deniers, légats, pourchas, troncq et sem- 
blables obventions, appartenants à la bourse ordinaire des 
trespassez : pour renseigner le tout à laditte congrégation qui 
en devra faire recepte et mises et comtes de l'église paroi- 
chialle par un chapitre exprès , qu'on nommera la bourse 
des trespassez : comme elle fait de tous autres offices de 
laditte église. 

14. Et afin de ne pas surcharger laditte confrérie par le 
nombre d'offices , et messes solennelles : nous entendons 
que lesdits deniers conjointement furniront (par reparlisse- 
ment et honoraire raisonable) à touttes les messes ordi- 
naires des trespassez qui se chantent tous les lundys de 
l'an. Item à une messe solennelle chasque jour de l'octave 
des trespassés : comme aussy les quatre jours choisis pour 



— 229 — 

pour ceste confrérie, asçavoir de saincte Agnès xxj« de 
janvier, des aposlres saint Pierre et St.-Paul, le 29® de juin : 
les premiers lundys des ad vents et de quaresmes et au 3® 
dimanche du mois, corne dist est. B^ncore à l'office de la 
bénédiction du très St. -Sacrement le soir du dernier jour 
de la susdite octave , et non plus , afinque lesdits offices et 
messes chantées estant annuellement furnis et salariés, le 
boni montant à quelque somme notable soit converty en 
renies, pour des canons d'icelles en descharger par lesdits 
prêtres, d'autres messes basses à l'autel privilégié , pour les 
âmes du purgatoire en général et ce par l'advis et consen- 
tement mutuel de la susditte congrégation , et auditeurs des 
comptes de l'église. 

15. L'exécution de touttes lesquelles constitutions et 
ordonnances, Nous vicaires généraux susdits, recomman- 
dons, à tous ceux et celles de ceste confrérie: approuvants 
quant à quant le petit live intitulé la confrérie des fidèles 
trespassez canoniquement érigée dans Tégise paroichialle de 
St.-Martin à Chièvres afin de le donner à quiconque s'y 
enrollera et prendre cognaissance de son debvoir ; permet- 
tants qu'il soit imprimé, aux effets susdits. En foy de quoy 
avons aux présentes signées par notre secrétaire, fais 
apposer le scel du siège archiépiscopal. Donné à Gambray le 
vingt-huitième jour de septembre mil six-cent-cinquante-un. :p 

Biens. — La confrérie des trépassés possédait 1 journel , 
20 verges de terre qui rapportait douze livres, elle possédait 
encore 1 16 livres , 5 sols , 6 deniers. — Il est bien regrettable 
qu'on n'ait point rétabli cette confrérie après la révolution. 



— 230 — 

§ 3. — Biens et revenus de l'église paroissiali: 

AU 30 JUIN 4781. 

1. Herbe du cimetière 7.— liv; 

2. Trois journels de terre labourable à BaufTe en la couture 

de la croix de bois. 37.— » 

3. UnjourneldeterreàChièvresenlacouturedelaBruyère, 25. — » 

4. Un demi bonnicr de terre en la couture de Lachy tra- 
versé par le piedsente allant au moulin de Tongre 

SI Martin. 63.— » 

5. Un journel en la couture de Tépinette au Petit-Chièvres , 

tenant au chemin d'Huissignies à Ath. 18. — » 

6. Un journel en la couture de Ilincheval. 10. — i 

7. Un journel et demi de terre labourable en la couture de 

la pelite-Bruyère 20.— > 

8. Un journel de terre à terrage en la couture de Favarcq. 9. — • 

9. Cinquante verges de terre labourable en la couture 
Payelle, tenant au sentier allant à Neufmaisons. 1!.— » 

10. Un journel et demi en la couture de Robesonsart. 18. — » 

11 . Un demi bonnier de terre labourable en la couture de 

la Morée. 34.— • 

12. Quatre-vingts verges de terre labourable en la couture 
de Bavaucamp 

13. Un journel et demi de terre labourable en la couture 
du Poirier Sauvage. 

14. Trois journels de terre à terrage en la couture de 
Robesonsart. 

15. Un demi bonnier de pré séant au voisinage du trou Boyart 

Ces biens furent appréhenrlés à la révolution française. 
Biens appartenant a la chapelle de Lorette 

16. Trois journels de terre labourable en la couture de la 
borne S^ Jean , tenant au chemin de Huquebacq , la 

piésente allant à Ladeuze les traverse 36.— liv. 



11.— 


10» 


24.- 


liv. 


26.- 


> 


19.- 


1 



— 231 — 

Ce bien a été restitué à Téglise de Chièvres en vertu de 
l'arrêlé du gouvernement du 7 thermidor an 11 , et perdu 
ensuite pour Téglise. 

BlEXS APPARTENANT A l'ÉGOLE DOMINICALE. 

17. Un demi bonnioreldemi journcl séant à Grosaj^e en la 

couture de Sait Culice 20. — Liv. 

18. Six-vingts de terre labourable, séant à Lo llove , tenant 

au chemin allant à liorimoz. 12. — » 

Biens appartenant au gantuaire fondé par 

STIÉVi^:NARD DE GlIUISE. 

19. Un journel déterre labourable en la couture du Poirier- 
Sauvage. 20. — liv. 

20. Un demi bonnier et demi journel de terre labourable 

séant en la couture des Fourques. 22. — » 

21. Un bonnier et demi journel de terre à terrage en la 
même couture y coupés par la piésente allant de Ghicvres 
àBauffe. 40.— » 

22. Un journel de terre labourable en la couture du Poirier- 
Sauvage. 29. — » 

23. Trois journels de terre labourable en la môme couture , 
tenanlau chemin allant du pont boileau à Tongre. 51. — ^ 

24. Un demi bonnier de terre séant en la couture des Eauwis. 50.— » 

25. Un demi bounier de terre labourable àtcrrage en ladite 
couture des Eauwiâ , tenant à la piésente allant à Bruge- 

lelle. 50. — » 

26. Un journel vingt verges sans dîmes , vers l'Épinetto à 
Beltingue. 20. — » 

27. Deux journels de terre labourable séant en la couture 

de Robcsonsart. 30.— » 

28. Quarante-cinq verges de terre labourable, en la couture 
des Eauwis, tenant à la piésente allant de la chapelle de 

Lorette à BaufTe. 8.— » 

17 



— 232 — 

29. Six journels et demi de terre labourable à terrage en la 

couture de la prairie. 120.^ LiT. 

30. Trois journels et vingt verges de terre labourable en la 
couture de la prairie tenant au Rieu. 40.— > 

31 • Deux journels et demi de terre labourable à terrage 
en la couture de la Petite- bruyère , tenant au chemin , 
allant à Waudignies. 20.— i 

32. Demi bonnier et demi journcl de terre labourable de 

terrage en la couture de la prairie. 26. — » 



Tous ces biens ont été restitués à Téf'lisu de Chièvres 
en vertu de l'arrêté du gouvernement du 7 thernnidor an 11 ; 
mais repris dans la suite et perdus pour Téglise. 

Biens appartenant a la chappele de Notre-Dame 

DE LA Fontaine. 

33. Un demi journel environ de pré gisant en la Bourgnar- 

derie, tenant au Rieu. iO.— t 

34. Un demi bonnier ou environ de pâture tenant à la 

ruelle Marchille. 67.— > 

35. Un demi bonnier de pâture gisant à Paloîau. 24.— > 

36. Un demi bonnier de pré tenant à la ruelle. 17.— > 

37. Deux portions desdits prés. 51.— » 

38. Troisième portion du pré, contenant un demi bonnier, 

tenant au chemin de Chièvres à Neufmaisons. 17.— > 

39. 4« portion contenant un journel 50 verges. 13.— » 

40. 5< portion de pré, contenant un journel 50 verges, 

tenant au chemin de Chièvres à Neufmaisons, 13.— • 

41 . Un journel et demi de terre en la couture de la Haute- 
Bruyère, tenant au chemin de Quevrcmont. 19.— • 

42. Un tiers de bonnier séant en la couture de la Haute- 
Bruyère. 20.— i 

43. Cinq journels de terre en la couture des Eauwis , tenant 
au chemin de la croix deSt-Ghislain, à la couture des 
Fourques. 190,— • 



— 233 — 

44. Six joumels de terre , sans dîme , en ladite couture des 
Eauwis, tenant au comte de Rumignies , au R. P. et au 

vert chemin. 100. — liv, 

45. Six joumels et demi de terre labourable en ladite cou- 
ture des Eauwis , tenant au chemin de Cambernoit , aux 

terres de la seigneurie de Chièvres , etc. 178. — i 

46. Un demi bonnier et quatre-vingt-dix verges de terre 
labourable à terrage , séant en ladite couture dos Eauwis, 
tenant aux terres de la chapelle de Ghuyse, à celles de 
Notrr-Dame de griice , aux pauvres de Brugelctto et aux 
religieuses de Chièvrcs. 25. — » 

47. Un demi bonnier de terre labourable gisant en la cou- 
ture de TEpinctte à Hetroin.'ue, tenant de côtés aux 

Pères de l'oratoire de Chièvres. 40. — » 

48. Un demi bonnier de terre labourable séant en la couture 
de la grande bruyère, tenant au sieur De Marlier de 

Mons. 25. — » 

49. Deux tiers en six journels de terre labourable , séant 

aux bosquets , le tiers environ restant. 30. — » 

50. Un demi bonnier de terre labourable à terrage séant 

aux dits bosquets , tenant aux religieuses. 20. — » 



Total.... 1583 liv. 10s. 

Ces biens furent saisis à la révolution française et vendus *. 

Tous ces biens furent confisqués à la révolution française ; 
mais en 1804 , la fabrique de l'église prit possession de 97 
rentes dont deux montant ensemble à 602 francs 73 cen- 
times , au capital de 17,597 francs 47 centimes , dues par la 
ville de Chièvres , comme il est dit dans un tableau formé 
le 14 mars 1817, en exécution de l'arrêté du 19 août pré- 
cédent ; un arrêté du 10 avril 1819 maintint la fabrique dans 
la possession de ses rentes. 

Ladite ville paya en 1804, 1805 et 1806 les 602 francs 
73 centimes qu'elle devait, comme il conste par le compte 

* Archives de l'État à Mons. 



— 234 — 

du 27 septembre 1807 ; mais un compte de 1823 prouve que 
Li ville ne donnait plus alors que 299 francs 93 centimes. 
Il est probable que le décret du 21 août 1810 avait fait 
changer les dispositions de la ville à Tégard de la fabrique. 
Quoiqu'il en soit, elle remboursa en i83i?, au moyen d'un 
capital de 5,998 francs 80 centimes, tandis qu'elle devait 
annuellement pour les fondations, la somme de 320 francs 
32 centimes, comme il appert, parle relevé des comptes de 
de 1780 à 1785 qu elle payait avant la révolution. Le capi- 
tal susdit replacé au dernier 25 ne produisit plus que 239 
francs 95 centimes et la fal)ri(iuo perilit ainsi annuellement 
XO francs 27 centimes ([u'ello répartit sur toutes les rentes 
que la ville devait. La fabrique seule supporta cette perle, 
parce qu avant la révolution française, à l'exception d'une 
petite partie, toutes les renies dues par la ville à l'église 
paroissiale étaient alTectées à des fondations que Ton continua 
à exonérer, malgré les pertes de prés de deux tiers de ren- 
tes dues par la ville , ce qui fit présumer que la ville ne 
voulut rembourser que des rentes affectées aux fondations 
de la paroisse et non celles qu'elle devait <iux chapelles de 

r 

Stiévenard (Etienne) de Ghuise et de Notre-Dame de la Fon- 
taine qui furent perdues pour la fabrique. 

Le comte d'Egmont devait à Téglise la somme de fr. 333.55 
centimes annuellement au capital de 9,339 francs 40 centi- 
mes dont 240 francs 71 centimes au capital de 6,739 francs 
83 centimes étaient affectés à des fondations. M. Lefebvre 
de Tournai représentant dudit comte remboursa en 1827 , 
10,587 francs 39 centimes, par conséquent 1,247 francs 
93 centimes plus qu'il devait àlëglise paroissiale. 

Par arrêté royal du 3 décembre 1819 la fabrique a été 
envoyée en possession de -/s*^* d'une rente de 357 livres, 



— 235 — 

20 sols, 10 derniers, au capital de 10,000 livres, due par 
Henri Hoyois , ferniier àBauffe. 

La fabrique prit possession en 1804 d'une partie de terre 
de 37 ares 29 centiares (120 verges), cette partie occupée 
par nubreu(iuez , fut échangée avec M. Tranchent en 1823 
contre une de la contenance de 41 ares 80 centiares, sise 
en la coulure du Poirier Sauvage. 

11 fut de nneme de la 5® partie du demi-bonnier de la 
couture de Pierroye dit des Cinq églises. 

Depuis Tan 1837 les revenus de Téglises furent augmentés 
par des dons faits à charge d'offices religieux : 

1° Madame v® Charles Louis Van Cazeele , née Catherine 
Joseph Delecluse laissa un capital de 1000 francs. 

2** Monsieur Blondelle (Louis) clerc parroissial , donna un 
demi bonnier déterre, sis à Chievres. 

3° M. Maître Aimé Joseph Demasure, légua un capital de 
500 francs. 

4° M"® Rosalie Mauroy, légua aussi un capital de 500 francs. 

5^ M. Maximilien Danneau, un capital de 300 francs. 

G'' M. Jean-Baptiste Criquelion , 700 francs. 

7° Philippe-Joseph Criquelion, 700 francs. 

8*^ M. Louis-François-Joseph Miroir. 

9° Iléritiore de M^'® Pierpoint , curé doyen. 

40° M. Goervie, Curé-doyen, 620 francs. 

'11° M. Aubert, ancien vicaire, 500 francs. 

12° M. Gondry, curé-doyen. 

l^a fabri(jue posstde donc en ce jour : 

1** Kn biens fonds: 1 hectare, 22 ares, 89 centiares, 
divisés en trois parlies rnpportîmt annuellement. Frs. 250. — 

2° Intérêts des argents placés sur hypothèque. 1,149.01 

et 3° id sur l'État 840.— 



Total Fr. 2,239.04 



— 236 — 

La fabrique est dans un état assez précaire, et en effet, 
le compte de 1875, approuvé par la Députation permanente 
du Conseil provincial n'accuse qu'un excédant de 6 francs 
58 centimes. 

Le budget de 1876 s'élevait en recette à frs. 4,093-15 et 
en dépenses à fr. 4,092-74 et le compte de 1877 ne donnait 
qu'un reliquat de 39 francs. 



§ 4. Charges. 

Le chiffre placé devant le mot obit est Vannée de la 

fondation. 

1586* Obit de Madf^iio Anne de Renesse la cadette, de Jean Gosseau et 
autres. 

1472. Obit de Michel Boisleau et Alice Delesinne , sa femme. 
Obit de Jean Dachier. 

4449. Obit d*Aniand et Jean Crobin. 

1473. Ohit d'Erasme Collebrant, Jean Picron et autres. 
Obit de Mahieu Picron , Jean Patoue et autres. 

Obit de Martin Quintin et Margueritte Robetle et autres. 
Obit de Martin Du Pomerœul et Isabeau De Beugnies , sa femme. 
1580. Obit de D<^'ï*» Josinne Menwerne femme à feu Pierre De Gavre, 
seigneur de Bougnies. 
Obit de Cola ri Charlez et autres. 
1517. Obit de Mahieu Vilain, bailli de Chièvres", déct^dé le 14avriM5i7. 
1524. Six obits de Messire Guillaume do Croy, seigneur de Chièvres et 

madame Marie de lîamal , sa ft^ume. 
1586. Deux obils do Mossire Guillaume de Croy, marquis de Renly et 

madame Anne do Renesse , sa femme. 
1500. Obit de l)<?iïo Françoise Du Peissanl et Nicolas Larvasline, son 

mari , seigneur de Granmez. 
1553. Obit de Jean d'Elmont, déct^dé le 12 octobre 1553 et autres. 
1583. Obit de Jean Kaghet et Anne Lelouchier , sa femme. 

Obit de Germain Lemay et Jeanne Monchaux , sa femme. 



— 237 ~ 

Obit de François Descaubecq et Jeanne Déloge , sa femme. 

Obit d'Anne Pouillon , veuve de Pierre Loiseleur. 

Obit d*Honoré Bernard et Âdrienne Salez, sa femme. 

Obit de Marie Dupuiche. 

Obit de Gille Dupuiche et Marie Bruneau , sa femme , Salomon 

Demoustiez et autres. 
Obit de Marq Normand, prêtre. 
Obit de Jacques Gosset, et Jeanne Dusart, sa femme. 
Obit de Jacques Gosset, fils et Agnès Leplat, sa femme. 
Obit d'Agneau Deramaix , et Barbe Gosset , sa femme. 
Obit de Da«iie Jenne Grégoire et Julien Baudame, son mari. 
Obit de Pierre Deramaix, Jacques Beart et autres. 
1609. Obit de Nicolas de le Sille et da<'ile Barbe Duquennois , sa femme. 

Obit de Pierre Bousscau et D^^^^ Jenne De le Sille , sa femme. 
i604. Obit de Maître Jean Bouchy^ pasteur de Chièvres. 
Obit de Jean Deramaix et Jenne Lebon , sa femme. 
Obit de Martin Deramaix. 

Obit de Jean et Martin Deramaix et leurs femmes. 
1642. Obit de Philippe De Gavre , mayeur et receveur Je Chièvres et 

dvUe Jenne Duquesnois, sa femme. 
1608. Obit de Messire Laurent de Premonteau et Dame Charlotte d'Elmont, 
sa femme. 
Deux obils pour Maître Pierre d'Espagne. 
Deux obits d'André Dufrasne et d^^^^ Catherine Dubrcucquez. 
1658. Obit de M. Antoine Dubois et Anne Caulier, sa femme. 
Obit de Margueritte Gossuin et Adrienne, sa sœur. 
Obit de Paquier Gossuin et Jenne Soyez, père et mère. 
Obit de Da«iic Françoise De Harchics , veuve de Baudin de le Mire 
seigneur de Brilon. 
1347. Deux obits du sr Charles De Harchies et Da«ï*e Anne Laurent de 
Premonteaux. 
Obit de Da«"e Jenne Bruneau veuve de Grégoire Lallefeur. 
Obit de Da«i'<: Gilette de Premonteaux et du s^ Vandendique , son 

mari. 
Deux obits de Pierre Floret et de Marie Legrand , sa femme. 
Obit de Nicolas Covart. 
1G40. Obit de Messire Louis De Lannoy , seigneur de Ilauport. 
Obit de Bernard Dclcave et d'Anne Delhoye. 



— 238 — 

OLit de Gilles MaUmart. 

Ol.it de Catherine Coulon , femme de Gilles Mai^mart. 
Obit d^André Maismart, fils de Gilles. 
Obit de Philipotte Watlier. 
Obit de Barbe Dupont , femme d^Arnould II cl in. 
Obit de Pierre Houssier et DacU« Jenne Milot , sa femme. 
15G6. Obit de Jacques Lecuyer et Da«Uc Antoinette Crulay , sa femme. 

Cinq messos du Vénérable fondées par Marie Patouc , veuve de Jean 
Brouet. 
1GÛ4. Heures canoniales durant Toctave du S^ Sacrement fondées par 

Messire Jean Laurent de Premonteaux. 
1687. Messe du S^ Sacrement pendant Toctave fondée par M«u« Jenne 
Billot veuve de Pierre Houssier. 

A l'autel S^ Nicolas. 

Une messe basse par semaine le vendredi fondée par Adrien Florel. 
1009. Trente-trois nic^'scs basses fondées par Nicolas de le Sille et Barbe 

Duqucnnois , sa femme. 
Quinze messis fondées p^ar daei^e Josinne Menwerne pour elle et pour 

Blaximilien cl Anne de Gavre^ ses enfants. 
1G02. Six messes pour Maître Nicolas Lelong, curé de Beloeil et 

doyen de Cbièvres. 
Douze messes, une chaque premier Vendredi du mois fondées par 

da<:l'C Antoinette Lemaire et Jean Bernard, son mari. 

A V autel S^ Jacques, 

Messe S^o Barbe fondée par Da«-iie Isabeau Gollebrant. 

Obit Jean Doghuise,fils d'Arin. 
4500. Obit Jean Bernard, fils Gilliard. 

Deux obitsJean Bernard et Daei^o Antoinette Lemaire. 
1569. Obit de Jacques de S' Génois , seigneur de Ladeuze. 

Obit de Michel Neffe. 

Deux obils de Nicolas Marisalle et Marguerite Peprez sa femme. 

Obit Thomas 'le Launois. 

Cent vingt- quatre messes basses fondées par sire Gérard d'Elmont, 
prêtre et chanoint^ de la cathédrale Notre-Dame à Tournai. 
1614. Obit de Marie de la Houssier et du sr Thery Dûment, son mari. 



— 239 — 

Quatre obits d'André Duquennois et D^ll^^ Margueritte Lecàmbicr , 
sa femme . 

à l'Autel de Notre Dame de grâce, 

1697. Dix messes basses fondées par Marie Dupuiche veuve du sr Thomas 

Leclercq. 
1583. Obit de Jean Raghet et dae^o Jeanne Sejournet^ sa femme. 

Messe de Missus, fondée par Jacqueline Ducarnois, Yve Sr Verly. 
Obit de Pierre Vos. 

Obit de Marie Delhayc , femme de Pierre Vos. 
Obit de Sacrée Simon , mère de Pierre Vos. , 

1670. Obit de Madame Anna Van Deraamer, femme à Mr le baillly De 
Worden. 
Obit de sr Jean Lebrun et da^n* Isabeau Lecuyer, sa femme. . 
Obit dacHe Marie Thérèse. Dumont. 
4670. Obit de Marie Magdeleine Dezombcrghe , mère de Marie Thérèse 
Dumont. 
Obit du se François d'AIoy ef dac^^o Françoise Dubus , sa femme. 
4675. Obit du R. P. Adrien Charlez, prêtre de TOratoire. 
Obit du R. P. Eugène Delille , prêtre de l'Oratoire. 
Obit de Jeanne Renard. 

Obit de da«il« Marie Ghislain , veuve du sr Jean-Baptiste Dubus. 
Deux obits de Gérard Rogier et sa femme. 
Obit de Nicolas Boulredalle et de Marie Lebrun , sa femme. 
Obit de s^ Jacques d'Espagne et de da^no Margueritte Lecuyer. 
Obit de sr Philippe Adrien Vandereest et da®ii<) Emercnce Druneau 
son épouse. 
4750. Cinq obits du sieur Jean François Demacqfosse , prêtre , son père 
et sa mère . 
Obit de Ghorez el de Marie Madehiine Carlier , sa femme. 
Deux obits de da^le Marie Joseph Vandcreest. 
Obit de Jenne Palernotte et d*Adrien Dubreucquez, son mari. 
Obit du R. P. Dubus, prêtre de l'Oratoire et François Dubus, 
pasteur de Vczon. 
4760. Obit du s' Jacques François Dubus , pasteur de Vezon. 
4760. Obit de da«îtï" Marie Margueritte Dubus , sœur dudit François. 
4760. Trois messes du St. Sacrement fondées par Jacques François 
Dubus. 



— 240 — 

Deiix obits de Gérard Houssier et Gathenne Legay, sa femme. 

mars 1598. 
Obit de maitre Jacques Maismart. 
1742. Obit du srArnould François Su rquin. 17 mars 1742 
Obit de M^re François et Philippe De Gavre , prêtre. 
Trois obits de da^^ie Margueritte et Anne De Gavre. 

à V Autel privilégié. 

Trois messes basses de Me^^es Margueritte et Anne De Gavre. 
Une messe basse pour la confrérie des Trépassés. 
1552. Douze messes basses , une chaque l«r lundi du mois pour André 
Duquennois et da^i« Marguentte de le Gambier. 
Une messe basse pour Matthieu Roly. 
1723. Douae messes basses pour le R. P. Jean Surqutn. 
Un obit pour frère Michel Delattre. 

Soixante messes basses dont huit pendant Toctave du St. Sacrement 
fondées en 1695 par da^^io Jacqueline d'Espagne. 

à l'Aulel de St.-MarUn. 

Une messe journalière et un obit le jour de S^-Étienne » fondés 

par Etienne Deghuise . 
1700. Quatre obits de maitre Laurent et ses parents. 
Obit de Françoise Lemercier. 
Obit lie frère Martin Destrevelle. 
Obit de George Ghorez. 

Sept messes basses pour da«ii« Marie Fautré , fondées en 1652. 
Le 1er Vendredi de chaque mois , salut de S^«-Croix , fondé en 

1728, par Adrien Vandereest et da*^'® Marie Joseph, sa sœur. 
Deux messes basses , fondées en 1752, par Jean-Baptiste De Bay. 
Deux obits fondés , le 27 décembre 1767 , pour da^^ta Antoinette 

d'Espagne et le s*" Nicolas Desenfants , son mari^ 
Obit pour da<i^^* Antoniette Desenfanset le s' Louis Joseph Dumont, 

son mari. 
Obitdeda*^^o Marie Thérèse Rogier et deux messes basses, fondées 

par da^llo Caroline Demacqfosse , sa fille. 
Obit du Rf Pf Dubreuc^uez, prévôt de TOratoire et qqré dudit 



— 341 — 

Chèvres , du s' Louis Joseph Dubreucquez et da<^"« Marie Augu&- 
stine Derbaix y son épouse. 22 septembre 1766* 
Quatre messes bas&es pour le s^ Jean Louis Dumont et Marie Thérèiie 
Despinoy et parents 1777. 

Lorette, 

Obit de Pierre d'Espagne , prêtre et clerc en 1618. 

Une messe basse tous les samedis fondée par M^r« André Ghorez^ 

prêtre de laditte chapelle de Lorette. 
Une messe basse pour Anne Pouillon et Pierre Loiseleur , son.nuuri. 
Une messe basse pour Nicolas Legrand et Jean Pouillon. 

Chapelle Notre-Dame. 

Cinq messes basses : ier» le jour de la Nativité , â« de la Conception 
3« de l'Annonciation , 4« de la Visitation et 5« de TAssomption de 
la Ste. -Vierge, pour Christophe d' Agira condator de Tarmée na- 
vale de sa Majesté catholique. 

Cinq messes basses pour le sr Charles de Harchies. 

Une me^se basse pour Messire Charles de Gavre, comte de Baurieu. 
1560. Obit de W^ Hugues Bourgeois , prévôt de Beaumont. 

Obit de Guillaume Foucart et une messe basse . 

Une messe basse le jour de l'Annonciation pour François Lemercier. 
1564. Obit de Monseigneur Charles De Croy, duc d'Arschot, le 22 juin. 

Messe de St. -Gilles par Gilette Crulay. 

Messe de St. -Charles pour Charles Milet. 

Obit de Françoise Lemercier. 

Obit de Catherine Constant. 

Obit de Maître Noël de Mérode , pasteur de St. -Nicolas à Tournai. 

Messe des saints Anges Gardiens, fondée par le R. P. Eugène 
Delille , prêtre de l'Oratoire. 

Six messes basses de la passion, fondées par Jenne Museur. 

Mftsse et office de St. Joseph , 19 mars , fondés par M'f« Jacques 
Demoulin , pasteur de S^ Nicolas à Valencicnnes. 

Obit solennel pourM' Nicolas delà Ville, chanoine de Cambray. 

Obit de Robert Ghoret , Mario Magdeleine Carlier et Marie Vanno- 
sem, ses deux femmes. 

Obit du Sr Daniel Florent Lelercq , 



— 242 — 

1694. Messe de S^ Charles Boromée fondée par Charles Raghet, prêtre 

de l'Oratoire. 
i640. Deux cent soixante deux messes qui se déchargent à onze heures à 
rintention de Monseigneur le duc d*Archost et de Madame de 
Melun y sa femme. 
Messe solennelle du jour de la procession du pèlerin 'qui est le 
dimanche après l'Ascension. 
.1614. Trois messes pendant TOctave de TAssomption , fondées parDa^^^ 

Marie de la Houssier , veuve de Thiry Dumont* 
.1683. Obit de Madame la comtesse d'E^^mont, la veille des Rois. 

Le cantuaire de Boussu fondé par Pierre , comte de Boussu , par 
lettres du 7 mars ICOO ; ce cantuaire consiste à 3 messes par 
semaine, le lundi, le mercredi et le vendredi, etc. 
Un obit le 21 avril pour Pierre , comte de Boussu. 
1711 . Messe fondée tous les samedis par le S^ Petit , greffier. 

Messe de la protection de la S'© Vierge , fondée par frère Michel 

De Lattre , à célébrer dans l'octave des âmes. 
Messe de la Présentation de la S^ Vierge , fondée par Jacqueline 
d'Espagne , 1695. 
1758. Obit du Sr Nicolas Joseph Demacqfosse, greffier de Chièvres. 

Obit de da"o Marie Thérèse Rogier, femme dudil S»" Dcmacqfofse 

Deux messes basses pour les mêmes. 

Deux messes basses pour Mad. Marie Anne Verly. 

Messe en Thonnour des S. S. Anges gardiens à l'intention du R. P. 

Claude Coureur. 
Quatorze messes à l'intention du Sr Joseph Croon. 1704. 
Obit de da^'e Anne Caroline Demacqfosse, fondé en 1766. 
Obit de MadoHe Anne Caroline Demacqfosse. 
Obit de da»e Marie Anne Verly, fondé le 12 juillet 1760 K 

A l'exception des offices du Cantuaire de Stiévenard 
(Etienne Degluiise et de ceux de la cliapelle de Notre-Dame 
de la Fontaine , qui ne sont plus exonérés à cause que 
leurs biens , après avoir été restituées à Téglise de Chièvres 
en vertu de Tarrété du gouvernement du 7 thermidor 

* Archives de l'État à Mons\ 



— 243 — 

an XI, furent ensuite perdus pour elle, mais on exonère 
encore la plupart des autres. 
Nous joignons ici les nouvelles fondations : 

i . Quatre obits par an pour Charles Louis Yancazéele et Catherine Joseph 
Delecluse , sa femme. 

2. Quatre obits par an pour Louis Blondello , Nicolas Blondelle, Marie 

Thérèse Brosset , son rpouso , et MaricvAnne Chevalier, épouse en 
Ire* noces de Nicolas Blondelle. 

3. Obit })0ur Maître Aimé Joseph DtMnasure ^ mns>e du S' Sébastien et 

messe en l'honneur de N.-U. des sept douleurs, fondés par ledit 
Mire Dcmasure. 

4. Deux obits pour Rosalie Mauroy. 

5. Un obit pour Jean Baptiste Griquelion et un pour Philippe Griquelion. 
G. Deux obits pour Louis F. J. Miroir et son épouse Lucidille Griquelion. 

7. Un obit pour M'rc Bernard-Joseph Pierpoint, ancien .curé-doyen dé 

Ch lèvres. 

8. Un obit pour M'rc paul Coewie , ancien curé-doyen de Chièvres. 

9. Un obit pour M^r^H. J. Aubert, ancien vicaire de Chièvres. 

10. Un obit pour M'«*o Louis J. J. B. Gondry, ancien curé- doyen de 
Chièvres. 

Art. 2. Clmetièhe. 

Le cimetière est aussi ancien que l'église qu il environne, 
on y voit quelques pierres tumulaires dont deux sont plus 
remarquables , elles sont scellées dans le mur extérieur du 
chevet du chœur , Tune d'elles représente en relief : 

Au centre la Vierge Marie tenant l'enfant Jésus ; à dextre, 
un homme, mains jointes et à genoux: à senestre , deux 
femmes dans la même attitude. 

Malheureusement , Tépitaphe rimée , en caractères gothi- 
ques, qui se trouve gravée sur ce tableau , est fortement 
détériorée. On distingue pourtant encore que le monument 



— 244 — 

dont il s'agit, a été élevé parleurs enfants à Aimiant Cochin , 
qui fut mayeur et échevin de Chièvres et à ses deux femmes : 
Juliane et Maigne (Madeleine) qui furent inhumés dans Tàtre. 
L'épitaphe se termine ainsi : 

Nos Dieux piteulx en ait roerchy 
Prié pour eulx quant passé chy. 

L'autre représente aussi en relief : un blason à senestre 
et à dextre un crucifix , en-dessous tournés vers le crucifix ; 
à dextre deux femmes à genoux ayant les mains jointes et 
à senestre : sept hommes les mains jointes et à genoux. 

En dessous on lit : 

Cet épitaphe a faict poser George 

Despretz père en mémoire de son 

père Jean Despretz qui gisent ici en 

son teps brasseur de la tradeloire q décéda 

27 d*ap. 1597 et Marguerite de Hue sa femme 

Seconde qui décéda 14 d'aost 1598 et 

leurs enfants , priez Dieu pour leurs âmes. 

Contre la muraille de clôture : 

Ici repose 

le corps de Louis F. J. Miroir 

époux de Lucidille Griquelion 

décédé à Chièvres , sa ville natale , 

le 10 Juillet 1862 , à Tâge de 68 ans , 

après avoir été pendant plus de 30 ans 

grefûer de la justice de paix , 

secrétaire communal et des hospices 

de Chièvres , Marguillier de cette paroisse , 

et membre de Tédilité de cotte villle , 

époux modèle , aimé , dévoué , chrétien fervent. 

Daigne le Seigneur récompenser par 



— 245 — 

les joies éternelles sa vie vraiment chrétienne. 

Il a fondé deux obits à perpétuité pour le repos 

de son âme et celle de son épouse. 

R. I. P. 



D. 0. M. 

Celui qui craint Dieu 
Honore ses parents. 



A la mémoire de 

Michel Ange Marsil 

décédé le 21 mars 1839 

époux de 

Joséphine Mauroy 

décédée le 19 novembre 1858 

et de sa sœur 

Rosalie Mauroy 

décédée le 5 octobre 1867 

R. I. P. 



Dans Tattente de la résurrection bienheureuse 

témoignage de piété filiale de deux sœurs 

envers un père , une mère 

et quatre frères tendrement aimés. 

Jean Baptiste Dehaut , décédé le 

9 mai 1819 

Angélique Paternottre , décédée le 

12 juillet 1857. 

Louis Dehaut , professeur à Tuniversité 

de Liège, décédé le 1er jaillet 1841 , 

Philibert Dehaut, décédé le 15 novembre 1863, 

Auguste Dehaut , auditeur militaire 

à Gand , décédé le 20 mai 1866 , 

Pierre Dehaut , avocat et échevin 

de cette ville , décédé le 18 décembre 1867. 

R. I. P. 



— 216 — 

A la Ki-m-ire de 

M. Th'J : 5 >re Fra".: >1> Hevraert 

r.-r à Bra\e!I^ le !S JAav.er ITî^ 

d^réiê c.-r.îrr'ii-ur de> c.>a:r:: JL jns à Chièvres 

le 9 avril 1S)6. 



D. O. M. 

lui r» :•:^e 

Ma:î^ Ar.n-^ T*.; : " -* L^^noau 

ii-v 'i'^^ A C:\ vr-s le 
tîG n .> V : : r. V . e 1 M* 5 , 
à r»ije il'* N.» ans. 
R. 1. P. 

D. 0. M, 

Ici repose 

le corps de 

Julie Constance Gosse 

épouse de Jules François , 

décêdée à ChièTres 

le 26 février i8C8 

à rà^e de 63 ans. 

R. I. P. 



D. 0. M. 

Ici repose 

le corps de 

5farie Mélanie Demelin, 

épouse de Alexandre Rogier , 

née à Alh le 23 octobre 1821 , 

dccédée à Chièvres 

lel mai 1865. 

R. I. P. 



— 247 — 

Art. 3. — Cure. 

Depuis runion de lu cure à TOratoire, le curé n'eut 
point d'habitation particulière ; mais après la suppression 
de celte maison religieuse, le curé habita une partie 
du château, jusqu'en 1823, où celui-ci fut vendu ; 
c'est à coite époque que sur une partie du cimetière on 
construisit la cure actuelle dont la charpente fut faite avec 
les bois provenus de cette partie du cimetière ; la cure a 
coûté 13,850 francs. Kii 1870, la corniche de la cure fut 
remplacée et on crépit la façade de ce bâtiment qui se 
trouve ainsi dans des meilleures conditions d'entretien. 

Doyens, Curés et Curés-Doyens. 

Gautier, doyen de Chièvres, rend, en 1180, une sen- 
tence d'arbitre en faveur de Ghislenghien , au sujet des 
dîmes de Lescherie à Marcq. En 1183, il fut choisi au 
nombre des arbitres , dans une difficulté survenue entre 
Gobert, abbé de Crépin et Lombart, abbé de Saint-Ghislain, 
à l'occasion des dîmes d'Harmignies. Il signa, en 1184, une 
sentence définitive par laquelle on laissait à l'abbaye de 
Saint-Ghislain certaines dîmes sur des terres situées entre 
les villages d'Audregnies et d'Elouges K II vivait encore en 
1190. 

Ferin, doyen de Chièvres en 1198-99-1200 etc. Ferinus 
decanus de Chirvià *. 

Gérard, doyen de Chièvres, en 1225, fut choisi arbitre 
avec les curés de Jurbise et de Viane, pour une difficulté 
survenue entre l'abbé de Saint-Ghislain , l'abbé de Cam- 



1 MonumefUSy t. VUI, p. 391. 
' Cartul, de Cambron , p. 741. 

18 



— 248 — 

broii, l'abbesse de Ghislenghien et le curé d'Herchiei, 
touchant les dîmes sur six bonniers de terre, situés à Lens ^ 
Il vivait encore en 1226. 

Guillaume, (Wilhelmus) figure dans un acte passé à Blicquy 
en 1227. 

Nicolas, doyen en 1229 vivait encore en novembre 1243, 
à celte époque on trouve Radamo, curé. 

Nicolas, mentionné dans le cartulaire de Cambron en 
1260 «. 

Jehans, priestres cureis de Horrues, doyen de Chièvres 

en 1309 ^. On trouve à cette époque N , curé , et 

Habemus, chapelain perpétuel. 

Jehan de le Fore, curé de Chièvres en avril 1354, fut 
nommé commissaire pour la séparation de TOstrevant, 
le 24 dudit mois , par la comtesse Marguerite de Hainaut. 

En 1453, (st. n. 1454), le doyen de Chièvres était le 
curé de St.-JuUen, à Ath. 

Guillaume Bermerain, doyen de Chièvres, assista, en 
1523, à rassemblée du clergé qui eut lieu dans l'hôtel de 
Saint-Ghislain à Mons, où il fut résolu d'accorder en don 
gratuit à l'Empereur, payables en deux termes, à la NoS! 
et au mois de mars de Tannée suivante , les sommes deman- 
dées pour payer les gens d'armes , qui étaient sur la fron- 
tière du Hainaut et menaçaient d'y faire de grands dégâts, 
s'ils ne recevaient au plus tôt leur solde *. 

Pierre Debais , chanoine de Soignies , d'abord curé de 
Brugelette, puis de Chièvres , doyen de chrétienté, décédé 
le 8 novembre 1552. 



1 Monuments, t. VIII, p. 422. 
- Car/, de Cambron , p. 8i9. 
» Idem, p. 931. 
« Monuments, t. VIU , 021. 



— 249 — 

André du Pomerœul, devint curé de Chièvres en 
juin 1553, il fut doyen de chrétienté , il mourut le 4®^ 
janvier 1558. 

Érasme Begliin , licencié en théologie, doyen de Chièvres, 
vivait encore en 4569. 

Jean Bouchy, licencié en théologie, devint curé à la 
St-Jean-Baptistel578, il vivait encore en juillet 4604. 

Maître Nicolas Lelong, curé de Belœil et doyen de 
Chièvres. 

Quintin Goulon , (ailleurs Crinon ou Crignon) né à Lens , 
devint chanoine de Cambrai en 4617. 

Jean de la Molle, licencié en théologie, devint curé 
en 4647. Il fut le i^^ prévôt de l'Oratoire de Chièvres: sa 
mort arriva le 29 septembre 4642. 

Legrand, licencié en théologie, doyen de Chièvres et 
curé d'Ath , en 4642. 

Jacques de Flines, prévôt de l'Oratoire, curé de la ville, 
mourut le 46 juin 4663. 

Adrien Charlez, prévôt de l'Oratoire 4675. 

Eugène Delille, était prévôt et curé en 4690. 

Philippe Huet, doyen de Chièvres et curé de Tongre 
Notre-Dame , en 4692. 

Mire Marc Laurent, fut prévôt et curé vers 4700. 

Hugues François du Breucquez, né à Chièvres, prévôt 
et curé vers 4745, il mourut en 4735. 

Jean François Hankart, né à Nouvelles, curé de 4735 
au 42 juin 4770, date de sa mort. Pendant sa vie M^"^ 
Algrain, curé de St. Julien à Ath, était doyen de Chièvres, 
il continua à l'être jusqu'à sa mort, il eut pour successeur 
M. R. Defrenne aussi curé de St. Julien à Ath et doyen de 
Chièvres, il l'était encore en 4778. 

Charles Alexandre Defuisseaux , né à Mons , nommé curé 



— 230 — 

en 1770, miinlenu en 1893, doyen du canton de Chièvres 
en 1815, mourut le 17 octobre 182G. 

Pendant qu'il n'était que curé il y eut pour doyen de 
Chièvres, en 1780, A. Iluet, curé de Tongre Notre-Dame, 
et en 1789. Ch. J. Dubois, aussi curé de Tongre Notre-Dame. 

A dater de 1815 il n'y eut plus que des curés-doyens. 

Pierre Joseph Galopin, né à Braine-le-Comle, venu delà 
cure d'IIuissignies en 1820, mort le 10 août 1830. 

Bernard Joseph Pierpoint, né à Mons, le 30 novembre 1705, 
venu de la cure décanale de Merbes-le-CluUenu , mort le 
15 juin 1856. 

Paul Goewie, né à Knghien, le 30 mai 1805, venu de lu 
cure de Baudour, en novembre 1850, passe à Dour en 1801. 

Louis J. J. B. Gondry, né à Tournai en 1818, venu de la 
cure de Fontaine TEvéque (ville haute) en 1861 , doyen de 
St. Julien à Ath, en 1873. 

Charles Lafontaine, né à Rance en 1830, précédemment 
curé à Sirault, curé-doyen de Chièvres en 1873, chanoine 
titulaire de la cathédrale de Tournai en 1879. 

F. E. Lambert, né à Frasnes-lez-Buissenal, en 1826, 
auparavant curé de Maulde , curé doyen de Chièvres en 1879. 

Art. 4. — Vicaires. 

Avant l'arrivée des Oratoriens à Chièvres , il y avait une 
maison qui servait de demeure aux quatre vicaires. Cette 
maison était chargée de 100 sols à payer annuellement aux 
pauvres du dit Chièvres. Après l'arrivée des Oratoriens 
cette maison fut convertie en une école pour les enfants. 

Les Oratoriens tenaient une école gratuite pour les garçons 
on y donnait entre autres des leçons de latin. Cetle école a 
été fermée à leur suppression , démolie ensuite ; en cet 
endroit se trouvait en 1842 la demeure de la veuve Van der 



— 251 — 

Nippe, rue Notre-Dame. Après la révolution il n'y eut plus 
qu'un vicaire qu'on logeait dans une maison de location , 
plus lard il y en eut deux qui se logeaient en ville avec 
l'indemnité de logement que la ville leur accordait ; aujour- 
d'hui un seul vicaire habile la ville et le second habile le 
prieuré des Préinonlrés, établi à Waudignies. 



CHAPITRE III. 

Des Chapelles, 

§ 1. Notre-Dame de la Fontaine et son ancienne 

chapelle *. 

A quelques pas de la place communale de Chievres , entre 
l'antique château des comtes d'Egmont et la maison des 
Oratoriens, coule une fontaine qu'alimente une source pure 
et abondante. 

Sur le bord de cette fontaine croissait , au commence- 
ment du XII® siècle, un sureau au bois duquel on avait 
attaché une image de la sainte Vierge. Quoiqu'étant l'objet 
d'une vénération particulière, cette madone restait exposée 
aux injures de l'air ; lorsqu'une pieuse châtelaine, Ide, 
darne de Chievres, dont l'époux lut le pieux chevalier Gilles 
de Chin, fit construire, en 4130, une chapelle adossée à 
l'arbre. On y plaça l'image vénérée qui dès lors ne fut plus 
désignée que par le nom de N'otre Dame de la Fontaine. 

Pendant le XIV® et le XV® siècle , le recours à Notre- 
Dame devint très-fréquent, et des prodiges de tous genres 
s'opérèrent par son intercession. C'est ainsi qu'en 1310 un 

1 Pe Rel'ME. Les Vierges mivacideuscs de la Belgique ^ p. 1G2 et suiv. 



— 252 — 

charpentier nommé Huart Picavet, demeurant en face de 
la fontaine, fut guéri de la goutte, après avoir invoqué la 
sainte Vierge ; et, en reconnaissance de ce bienfait, il lui 
offrit un dais (chapiteau). L'an 1345, un Normand logea 
Paris, souffrait d'une goutte universelle ; il se fit transpor- 
ter à Ghièvres et y obtint sa guérison. Pour perpétuer le 
souvenir de ce bienfait , il fit reconstruire la chapelle de la 
fontaine , et donna les fonds nécessaires pour en bâtir une 
semblable en Normandie. La même année le Sénéchal de 
Ilainaut fut guéri d'une apoplexie, et il voulut que l'on éri- 
geât une statue en bois noir de la Vierge qui resta toujours 
dans cette chapelle comme un témoignage de sa gratitude. 

Plus tard , des prisonniers , faussement accusés , obtin- 
rent leur délivrance par l'intercession de Notre-Dame , et 
l'on constata en môme temps la guérison de divers cas de 
surdité , d'hydropisie , de hernie , d'épilepsie , de gouttes 
et d'autres infirmités externes. 

Au siècle suivant, une guérison merveilleuse donna une 
nouvelle force à la confiance en Notre-Dame de In Fonfnine 
et fut aussi l'origine delà procession dite du Pèlerin. 

Ce fait, sérieusement prouvé, est le plus curieux de la 
légende. 

En 4568, un Normand de Saint-Denis-lez-Gisoire , nom- 
mé Antoine Deprés, étant venu en Belgique, fut atteint d'un 
mal externe aux jambes , qui nécessita un traitement de six 
mois à l'hôpital d'Alost. Dans ses souffrances, il implora 
le secours de la sainte Vierge honorée à Ghièvres ; car ce 
sanctuaire était connu dans son pays depuis la guérison du 
Normand, bourgeois de Paris , en 4345. 11 se fit conduire 
à la chapelle par son ami , Jean de Pienne , et dès le lende- 
main de son arrivée, 30 mai, il y entendit la messe, Le ma- 
lade éprouva d'abord de fortes douleurs, mais bientôt 



— 253 — 

après, rhumeur s'écoula de ses jambes amaigries et elles 
reprirent leur vigueur primitive. 

Ce changement subit étonna tous les assistants et causa 
une grande émotion. Mais dans la crainte que cet étranger 
ne fût un imposteur, le bailli, le mayeur et les échevins le 
retinrent jusqu'à ce qu'on eût constaté , par une enquête 
faite à Alost et dans son pays, que son mal était réel. Les 
témoignages recueillis à cette occasion furent transmis à 
l'archevêque de Cambrai, Maximiliende Berghes ; celui-ci 
le communiqua aux docteurs des universités de Louvain et 
Douai . 

La guérison du pèlerin normand fut jugée miraculeuse ; 
l'archevêque l'annonça comme telle , le jour de la Toussaint 
4569. A cette occasion on lit une procession en actions de 
grâces , et on ordonna de la renouveler chaque année, le 
dimanche qui suit l'Ascension, avec une octave qui se ter- 
minait à la Pentecôte. 

Dix ans plus tard, une autre guérison fut constatée : un 
enfant de dix ans , Nicolas Populaire , né à Lens , avait les 
membres tellement contractés que ses genoux s'appuyaient 
contre la poitrine et y laissaient une empreinte douloureuse. 
Ses parants invoquèrent la Vierge Marie ; bientôt après , 
l'enfant put venir à pied remercier sa bienfaitrice à Chièvres 
(1579). Pendant toute sa vie, il ne manqua jamais déporter 
la croix à la procession du pèlerin , vêtu de blanc et mar- 
chant nu-pieds. F-.es habitants de Lens prirent part à l'obli- 
gation que Nicolas Populaire accomplissait : ils se rendirent 
en foule à celte procession et offrirent chaque année un 
cierge à Notre-Dame. Cette pieuse coutume s'est conservée 
jusqu'aujourd'hui. 

Il existe à Lens une confrérie de Notre-Dame de la Fon- 
taine ; ses membres arrivent à Chièvres de bon matin, y font 



— 254 — 

chanter une messe et accompagnent la procession avecleur 
bannière. 

Vinchant nous a conservé le souvenir cVune confrérie 

érigée dans la chapelle même de la Fontaine. « Geste con- 

D frairie est divisée en sept bandes , sçavoir : de gens d*é- 

^ glise , de laboureurs , viniers , bouchers , tasneurs , 

» drappiers et toilliers. Tous les ans l'une desdites bandes 

» est tenue à son tour de présider à la grande et solennelle 

» procession de Notre-Dame qui se fait en la ville de Chièvres 

» au plus proche dimanche après la feste de la décollation 

» Saint Jean-Baptiste, tellement que ceste bande qui lors 

» préside, eslit, et choisit, par quatre confrères jurés 

» députés, un roy, lequel avec couronne , sceptre et robe 

» magnifique , marche en ladite procession, ayant à ses deux 

» costés six autres confrères revestus de mesmes habits 

-ù que luy , et est suivy de toute sa bande. Ladite confrairie 

» a esté , en Tan 1581 , le 20 d'avril , bénéficiée de belles 

» et salutaires indulgences parle pape Grégoire XIII. Ladite 

» confrairie est aussi appelée la confrairie de la eh nn ri rlU *. 

Les religieuses de Ghislenghien , dont le monastère fut 
établi parlde de Chièvres , devaient, aux termes d'une or- 
donnance de Nicolas de Chièvres, évêque de Cambrai, 
datée de 1153, se rendre en corps, avec leur chasses, à 
la procession de Chièvres : Tévêque Henri de Berghes, les 
en dispensa, en 1480, et remplaça cette pratique pieuse 
par d'autres dévotions 2. 

Un règlement pour la police et la présence à tenir à la 
procession de Chièvres , formé par le bailli , le mayeur et 
les échevins , les connétables de la confrérie et les principaux 

« Vinchant, Annales du Uainaul i3W . t, UI. p. 12C. (Edition des Biblio- 
philes de MoDs). 
* Brasseur. Origines omnium Hannotiiœ cosfiobiorum , p. 128, 



— 255 — 

habitants de cette ville , fut homologué par le Conseil de 
Hainaut, le 12 août' 1724 *. 

Parlons de la chapelle de Notre-Dame de la Fontaine. 

Celle qui avait été bâtie par Je Normand, en 1315, fut 
remplacée, en 1326, par une autre plus grande : on éleva 
Tautel de celle-ci à l'endroit où croissait jadis le sureau. 

En 1632 un pieux prélat de Vicogne, Monseigneur Mathias 
Bar, pour donnera la chapelle son complément nécessaire, 
résolut d'y ajouter un beau chœur. Le pignon fut alors rem- 
placé par un mur circulaire d'un fort bel effet , et le puits , 
un peu écarté des balustres de l'autel , de manière à se 
trouver au milieu de la nef. Ainsi cette belle fontaine , où 
l'on puise de l'eau qui produit tant de ^uérisons , occupa 
précisément le centre de l'édifice. Celui-ci, y compris l'an- 
tique chapelle St-Jean et celle de St-Philippe de Néri , for- 
mait une croix , et présentait un ensemble très-régulier. 

Ainsi subsista la chapelle jusqu'en 1798, époque à laquelle 
elle fut démolie. 

D'après des souvenirs restés dans la localité, la façade 
de la chapelle supportait une tour carrée , surmonté d'une 
flèche ou minaret , gracieusement arrondi , comme le profil 
d'une cloche. Un dôme à jour couronnait le centre de 
l'édifice. L'intérieur en était fort curieux : outre les trois 
autels on y voyait une tribune à l'usage de la famille d'Eg- 
mont et une galerie composée de balustres en cuivre , qui 
était établie au-dessus de la corniche, sous le dôme. L'ori- 
fice du puits était garni d'un marbre poli ; des tiges de fer 
soutenaient une poulie à laquelle deux seaux étaient sus- 
pendus. 

Parmi les offrandes pieuses dont était orné ce sanctuaire, 
on remarquait surtout un petit navire d'argent. C'était un 

* annexe VI. 



— 256 — 

témoignage de reconnaissance de Marie-Ferdinande de 
Croy, marquise de Renly, veuve de Philippe, comte 
d'Egmont , décédé le 16 mars 1682 , vice-roi de Sardaigne. 
Après la mort de son époux , la comtesse revenait de ce 
pays dans sa patrie , à bord d'un vaisseau anglais. Le vais- 
seau fut jeté par la tempête sur les côtes d'Afrique où il 
faillit sombrer, et courut risque de tomber au pouvoir des 
coi'saires d'Alger ou de Tunis. Dans ce péril, ia comtesse 
invoqua Notre-Dame de la Fontaine, et elle eut le bonheur 
d'arriver au port. C'est alors qu'elle offrit à la Sainte 
Vierge une représentation fidèle du vaisseau qui l'avait 
ramenée en Belgique. La marquise de Croy mourut dans 
son hôtel de Chièvres , et fut enterrée dans la chapelle de 
la Fontaine. 

Les biens de la chapelle de Notre-Dame de la Fontîdne 
se composaient de vingt-et-une parcelles de terrain , louées 
829 livres de Hainaut et de trente-et-une rentes , produisant 
un revenu de 1103 livres 10 sols. Les offrandes produisaient 
en moyenne 121 livres. Les charges entraînaient une dépense 
de 1707 livres 19 sols, année commune ; elles consistaient 
en frais d'anniversaires (119 livres) , de messes et offices 
fondés (189 livres), du salut journalier (55 livres), et de l'en- 
tretien du bâtiment et du service intérieur. La chapelle était 
desservie par les prêtres de l'Oraloire : un maître de chant, 
un organiste et des enfants de chœur y étaient attachés '. 

Lors de l'invasion française , ce vieux sanctuaire de 
Marie fut supprimé, ses biens confisqués et l'édifice lui- 
même ne larda pas à être vendu. L'acheteur fit venir de 
Flobecq des ouvriers pour le démolir , et comme le pro- 
priétaire et les démoUsseurs mirent une activité extraor- 

> Archives du rayatnue, Chambres des Comptes. — Etats des biens du dergé 
pp 1789, no 92, vol 70?, 



— 257 - 

dinaire à renverser cette construction , elle ne tarda pas à 
disparaître. 

Ces vandales modernes croyaient pouvoir trouver des 
trésors ou des objets précieux , soit dans les murs , soit dans 
le puits ; mais ils furent déçus dans leurs espérances ; rien 
n'avait été caché ; le mobilier avait déjà été saisi par la régie 
du domaine national. 

Il ne leur restait plus que l'espoir de trouver quelques 
bijoux dans la tombe de la comtesse d'Egmont. La dalle 
funéraire fut donc soulevée , le cercueil de plomb ouvert , 
et le cadavre de la noble femme profané. On lui ôta ses 
joyaux, les riches étoffes et les linges qui la couvraient, et 
Ton rejeta ses restes dans la fosse qui s'était remplie d*eau 
provenant de la fontaine. Après cette révoltante violation 
de sépulture . les misérables se retirèrent, chargés de tout 
ce qui avait quelque valeur. C'est alors que Ton retrouva 
parmi les ruines l'antique statuette de la Sainte Vierge, en 
pierre blanche de très petite dimension et sans valeur extrin- 
sèque. Les démoUsseurs n'avaient pas même daigné la 
ramasser. 

Elle fut placée aussitôt , mais en morceaux rattachés par 
des bandelettes, en l'église de Chièvres , qui était restée 
ouverte au culte. 

Le corps de la marquise fut également transféré dans 
l'église, au pied de l'autel * où l'image de Notre-Dame devait 
être honorée. 

Les matériaux provenant de la chapelle restèrent long- 
temps dispersés sur le sol. 

Plus tard, surTemplacemeiit de la chapelle onconstrui 



1 II est aujourd'hui devant le maître autel , à Teiidroit où une croix est gravi! 
sur le pavement. 



— 258 — 

sit une grange , à rextrémité de laquelle on ménagea un 
couloir pour aller puiser de l'eau provenant de la source de 
Notre-Dame. 

L'invocation de N.-D. de la Fontaine était populaire à Mens. 
Pendant les guerres , sa statue y était transportée avec 
l'agréation du magistrat, dans la chapelle échevinalede St- 
Georges,où le souvenir de ces translations était conservé 
par des chronogrammes. 

En outre , on voyait dans la chapelle de Ghièvres une ban- 
nière portant les armoiries de Mons , avec le millésime 
1581. * 

Pendant deux siècles , depuis 1594 jusqu'en 1794 , la bour- 
geoisie de Valenciennes vint aussi en procession le jour du 
pèlerin et offrir un gros cierge. 

La fête du Pèlerin est fort populaire à Ghièvres. On la 
célèbre le dimanche dans l'octave de l'Ascension. En ce 
jour , les habitants de Lens font célébrer la messe à Notre- 
Dame de la Fontaine. Ils arrivent processionnellement, au 
son du tambour, et sont reçus, à l'entrée de la rue de l'Eglise, 
par le clergé de la paroisse de Ghièvres. 

Après le départ des habitants de Lens, commence la 
messe paroissiale qui est suivie d'une procession solennelle, 
parmi les rues de la paroisse, dont voici l'itinéraire : on des- 
cend par la rue Notre-Dame , où l'on fait une station à la 
chapellede Notre-Dame de la Fontaine. On traverse la place, 
on suit la rue du Grand-Viviei* et le faubourg Saint-Martin, 
jusqu'au premier sentier, à droite, <iu'on prend jusqu'au 
chemin appelé le Trou des Vaches. (H s'y trouvait jadis une 
chapelle). On suit ensuite le chemin de Mons, en face du 



* Abréyé de l'histoire deu wiracles de Notre-Dame de la Fontaine , honorée 
en la ville de Chièvres, à Mons, chez Pierre Pion, iu-12. pp. 10 et 11. 



— 259 — 

sentier qu'on vient de quitter Jusqu'à ce qu'on en rencontre 
un autre, à droite, qui mène à la chapelle Saint-Joseph. 
Station. On poursuit le chemin, traversant le point Boileau, 
jusqu'au pavé de Saint-Gliislain. On suit celui-ci, adroite, 
jusqu'au sentier à gauche, longeant la haie d'un jardin. Ce 
sentier conduit à la chapelle Saint-Thomas. Station. On 
prend le chemin vis-à-vis du sentier que l'on vient de quit- 
ter, jusqu'à la chapelle des Trois-Images. Station. On suit 
le cliemin à droite, jusqu'au pont dos Brebis qu'on tra- 
verse, et l'on arrive à la chapelle Saint- Jacques, au pignon 
d'une maison. On remonte à droite le sentier qui côtoie la 
maison , pour prendre ensuite le premier, à gauche, menant 
à h chapelle Saint Jean-Baptiste. On suit, à gauche, le che- 
min d'Ath, puis le premier sentier de droite, conduisant à 
la chapelle Sainte-Elisabeth. Station. On embouche le chemin 
en face de l'ancienne chapelle , on traverse un autre chemin, 
pour poursuivre le sentier. Station , à la chapelle de Notre- 
Dame de Bon-Secours. On continue le même sentier jusqu'à 
Notre-Dame de Lorette, puis jusqu'au pavé, qu'on poursuit 
à droite, pour revenir à l'église. 

§ 2. La chapelle de S^ Jean. 

L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, en dernier lieu de 
Malte, possédait au faubourg Saint-Jean, une chapelle, 
douze bonniers et demi de terre labourable et cinq bonniers^ 
de prairie. Ces biens étaient régis par le commandeur du 
Piéton. La chapelle, dont Jacques de Guyse rapporte la 
dotation à Ide de Ghièvres ^ , existe encore. C'est un édifice 
de style roman fort remarquable par sa pureté. Sa façade 

* Jacques de Guyse. Annales du IlainatU, t. XI, p. 228. 



— 260 - 

est percée , au centre d'une porte en plein cintre ; dans 
le tympan se trouvaient gravées les armoiries du comman- 
denr de Louvois, qui sont actuellement effacées. Ueux 
ouvertures bordées de pierre et pratiquées dans le pignon, 
qui est en briques , servaient de clocher avant Tannée 1738 ; 
une cloche était suspendue dans chacune de ces ouver- 
tures. Mais, à cette époque, une des deux cloches ayant 
été enlevée, on plaça l'autre dans un petit clocher en 
charpente que Ton construisit entre le chœur et la nef. 

La commanderie du Piéton avait, à Ghievres, seigneurie 
et justice sur les propriétés de Tordre, quelle louait à un 
fermier. Elle y créait un mayeur et des échevins, lesquels 
assistaient au siège des rentes qui s'y tenait chaque année, 
pour y percevoir leurs droits. Cette magistrature se servait 
d'un sceau échevinal , sur lequel étaient représentés Saint- 
Jean et la croix de Tordre. Un chapelain desservait la 
chapelle de Saint-Jean : il y disait trois messes par semaine. 

Aujourd'hui, la nef de la chapelle est convertie engrange 
et louée à un particuUer. Le chœur seul est conservé au 
culte. Cependant, chaque année pendant Toctave de Saint- 
Jean , la nef est évacuée et rendue aux nombreux fidèles 
qui viennent alors en pèlerinage à la chapelle. Celle-ci 
appartient à M. Pieman, propriétaire à Soignies *. 

Episode du droit d'asile à Chièvres dû à M. Vavocat 

Gonzalès Descamps. 

Le droit d'asile des églises et des monastères, respecté 
généralement pendant tout le haut moyen-àge , devint vers 

* Devillers. Annales du Cercle Archéologique de MonSy t. VII, p. 192. 



~ 261 — 

les XI V*' et XV® siècles, la source de nombreux conflits 
entre le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir civil. Celui-ci 
supportait difficilement que l'action régulière de la justice 
pùl être entravée par les immunités des lieux-saints et 
cherchait par tous les moyens à le restreindre et à Tabolir. 

Le criminel était quelquefois arraché de vive force du 
lieu où il avait trouvé asile. Dans la plupart des cas néan- 
moins les officiers seigneuriaux ne voulant pas violer ouver- 
tement ce droit se bornaient à investir l'église ou le 
couvent de façon à l'arrêter s'il tentait de fuir. Si dans ces 
conditions , on parvenait à s'en emparer , l'autorité religieuse 
inten'enait et examinait si l'appréhension s'était faite sans 
léser ses privilèges ; souvent elle obtenait la délivrance et 
la liberté du prisonnier. 

Les chevaliers de Rhodes, autrement appelés chevaliers 
de Malte, possédaient le droit d'asile dans leur chapelle de 
Saint-Jean , située aux portes de Chièvres. En 1428-1429 , 
ils eurent des difficultés avec Antoine de Croy, seigneur 
de cette ville, à l'occasion d'un individu du nom de Hallois 
qui, après s'y être réfugié, (ut pris par ses sergents. Le 
commandeur du liainaut-Cambrésis fit à ce sujet une en- 
quête pour connaître s'il y avait eu. violation du droit ou 
si le réfugié s'était fait emprisonner volontairement. 

Ces faits sont racontés assez longuement dans les passages 
suivants, extraits du compte de Jacquemars de Pacques, 
receveur de la commanderie de Hainaut-Cambrésis. 



^ Ce document conservé aux Archives de rÊtat à Mons, Ordre de Malle^ est 
intitulé : c'hest li comptes et rensengnemens, que, hault et poissant signeur, 
frère Foukault de Rochechoart, commandeur de la Morée, Flandres et Haynnau 
et à son sage et discret Conseil fait et rent Jacquemars de Pacques de tout chou 
entièrement qu'il a rechupt et levct , osui payet et delivret des biens , cens , 



~ 962 — 

€ Item, est ventés que pour chou que uns jovenez 

> home, appielleten surnom Hallois, avoît navret l'un des 
» serviteurs Mori>eiiirieur de Crohv à Chierve, il se alla 

> tenir et prendre terre sainte en Téglise Saint-Jehan, à 
» Chierve. Et a ce li cause , les offiscuyers doudit signeur 
» allèrent asseir (assiéger) ledite église pour prendre et 
» avoir à Merchiet ledit Hallois. Sourcoy lidit Jaquemars , 

> à l'ordenanche dou Conseil de le religion , alla audit lieu 

> accompaignez dou cappelain de Sars, de j notaire, de ij 

> tiesmoings pour savoir à quel cxiuse, il avoient assise le 

> dite églize, ne y celle bollewerkié , mais ils ne sceurent 

> si tost la endroit venir que lidis Hallois ne fuist mis en 
» le piison doudit signeur à Chierve. Et pour chou ledit 
» Jakemarsalla demander audit Hallois, en le présence doudit 
» notaire et de plusieurs tiesmoings, si comme Hania 
» Ghalon, Piérart Bourlée, Colart le Ron et aultrez ad ce 
» appielés, separ sen gret, il estoit vuidiés hors de l'église ; 
» liiuels respondiet distqueoyl. Mené mains, li offiscuyer 
» doudit seigneur de Crohy, misent et restabUrent ledit 
» Hallois en ledite église. Et tantost apriès ce qu il y fu 
:> veims et restablis , il s'en alla son chemin viers le pays 
» de Flandrez. Se paya lidit Jaquemars pour despens fais 
» à celi voye, ce qu'il s'enssuit. Premiers audit notaire, 
» parmy le instrument qu'il fist de ce que lidis prisonnière 
iD dist, que par son gret estoit widiés hors de le église, 

> une couronne de France de xlvj s. as ij tiesmoings qui 
» estoient archiers parmy le leuwier de leurs chevaulx et 
» des chevaulx ledit notaire et cappelain de Sars, xxxiijs. 

> r^t pour lez despens doudit curet de Sars , le notaire et 

reniez et revenus appartenans a le dile commanderie de Haynnau et de Catn- 
bresis , depuis le nuit de Saint-Jehan Baptiste qui fu Tan mil iiij<: et xxTÎii, 
jnsquez à le nuit Saint-Jehan-Baptiste l'an mil iiij<: et xxix. 



— 2«S — 

» Pacqaez, fais adont à Chierve, parmy leurs chevaaix 
ï xxxj. s. montent ces parties ex s. 

Pour les dépens de frère Piere Lamant, lieutenant de 
trésorier de Rodes, Andrieux Puche, Ghobiert Joye, 
Ghui Bjurdon, et aultrez à une journée que on se mist 
ensamble, avoecq les offlscuyers doudit signeur de Croy 
pour le fait doudit Hallois, apriès ce qu'il fu restablis en 
ladite égllze Saint Jehan à Chierve , que adont fu conclut 
que des cosez devant ditez, on devoit faire remonstranee 
audit signeur de Croy , et que se on avoit meffait enviers 
le dite religion , on le voroit amender Ix s. » 

Cette relation n'est pas seulement intéressante au point 
de vue de nos anciennes coutumes, elle apporte un ren- 
seignement historique sur l'un des principaux faits de 
rhistoire de notre province. Tout le monde connaît l'émou- 
vant récit fait par Jacques de Guyse de la conspiration des 
Ronds du Hainautj sous Marguerite de Constantinople , qui 
prit son origine de l'assassinat de Gérard le Rond , bour- 
geois de Ghièvres, par les officiers de cette comtesse*. 

Le document que nous publions prouve qu'une famille 
de ce nom existait à Chièvres. Colart le Ron, mentionné 
comme témoin, serait-il un des descendants du malheureux 
boucher , cause innocente de cette guerre civile qui ensan- 
glanta le Hainaut pendant de longues années? Nous lais- 
sons aux chercheurs le soin d'éclalrcir cette question. 
Qu'il nous suffise de constater que cette petite mention 
semble confirmer au moins dans un détail, le récit du 



^ Annales du Hainaut, liv. XX édit. du marquis de Fortia t. XX, p. 116 et 55 
— Delwarde^ t. IV, p. 9. Emile Ûusillion, lieutenant d^artillerie : Jcakmb 1a 
Flamande. Bruxelles 1841. 

19 



^ 264 — 

chroniqueur Hénnuyer, traité de fable par plusieurs <le nos 
écrivains ^ . 



§ 3. Chapelle de Notre-Dame de Lorette. 

Dans une petite chapelle en pierre , située sur la route 
de Chièvresà Arbre, se trouve une statue de la S^® Vierge, 
connue sous le nom de Notre-Dame de Loretle, qui date 
du Xni® siècle. Cette chapelle possédait des biens fonds 
que nous avons énumerés en donnant les biens de Téglise. 

Auprès de la ferme occupée actuellement par M. Ange 
Deramaix-Criquelion , artiste-vétérinaire du gouvernement 
pour le canton de Chièvres, se trouve une chapelle en 
pierre sur laquelle on lit : 

L. J. 

Marsil 

pèlerin de S^** 

ViHIvine, décédé 

le 8 oclobiv 18i2 

R. I. P. 



CHAPITRE IV. 

Ancien couvent. 

OralorieJis, 

Saint-Philippe de Néry, né à Florence, fonda en 4564 
la Congrégation des Oratoriens d'Italie. Ce fut dans les 

- A. Wauters, Henri III, duc de Brabant , dans le bull. de racad. roy. de 
Belg. 2» série, t. XXXIX , p. i53et55,contes1crcxactitadedu récit deJ. deCuîse^ 



— 265 -^ 

conférences ecclésiastiques quil institua, que TOratoire 
prit naissance. De jeunes lévites, des prêtres zélés s'asso- 
cièrent à Saint-Philippe pour travailler à la sanctification 
desàmcs, en exerçant les saintes fonctions du ministère 
ecclésiastique. Il réunit ses coopérateurs , leur donna des 
statuts, et voulut (lu'ils vécussent en communauté, sans 
cependant être liés par aucun vœu; car il pensait 
qu'une fervente charité serait un lien assez fort pour unir 
les différents membres de sa congrégation. Leurs statuts 
furent approuvés par (Grégoire XIII en d575 et confirmés 
par Paul V en 1612. 

La première maison de TOratoire, fondée dans le Hainaut, 
fut celle de Chièvres. Elle dut son origine au zèle de Jean 
de la Motte, licencié en théologie, curé de celte petite 
ville depuis le mois de juin 1617; il fonda cette maison 
en 1626, comme on le voit par une lettre qu'adressa à ce 
respectable ecclésiastique , le 3 octobre de la même année 
Monseigneur Van der Burch, archevêque de Cambrai. 

Dans cette lettre , le zélé prélat approuve la nouvelle 
fondation. 

On procura aux Oratoriens une demeure convenable et 
M. de la Motte , dans sa pieuse soUicitude pour les intérêts 
spirituels de ses paroissiens , par l'entremise de Charles- 
Philippe de Croy , duc dMIavré , marquis de Renty , seigneur 
de Chièvres *, et de l'ambassadeur d'Espagne à Rome * 
obtint du souverain Pontife Urbain VIII , la confirmation 
de Térection canonique de TÔratoire à Chièvres et l'union 
perpétuelle de la cure de Chièvres à cette congrégation. 

Les lettres apostoliques qui accordent cette faveur com- 



* Annexe IV, 

• Annexe V. 



— 386 ~ 

mencent par ces mots : Ciim inter uheres fructus . .L'abbé et 
les moines d'Eenham abbaye située auprès d'Audenanle^qui 
étaient collateurs de la cure de Chièvres, consentirent à 
celle union ainsi que Farchevéque de Cambrai. 

€ Pour former sa communauté , Jean de la Motte s'associa 
» avec des prêtres aussi et plus riches que lui, lesquels 
» à la faveur de la cure et de leur patrimoine commei>cèrent 
^ à vivre ensemble et en commun, ayant pour principal 
» soutien la chapelle de la Sainte- Vierge qui fournissait 
ï des sommes considérables pour tous les services qu'il y 
» rendait, il incorpora entre autre un nommé Mrdtre Jean 
^ Loquet qui avait sa maison contiguê à celle de la cure, 
» lequel en reconnaissance céda sa maison et héritage qui 
» servit de basse-cour à lOratoire avec une autre maison 
> qu'il acquit du s** de Gavre. 

D Ces révérends Pures à leur mort ont laissé à ladite 
» congrégation ce dont ils pouvaient disposer: l'un laissa 
» dix journels de pâture , sur lesquels il y avait une mai- 
^ son , grange et étable ; d'autres des rentes annuelles 
i> dont les unes dans la suite des temps furent renarities ; 
p d'autres avec dix journels et censé qui furent vendus 
1^ pour satisfaire aux frais d'un procès que ladite Congré- 
» gation perdit au sujet d'un cantuaire qu'avait fondé en 
i> leur église Maître Marc Laurent, pasteur de Baudour. 

M. De la Motte fut le i^' prévôt de TOratou-e de Chièvres ; 
il se démit de sa cure, le 20 octobre 1630, et mourut le 
29 septembre 1642. 

> L'an 1638 ou 16i0 les Oratoriens reçurent parmi eux 

le chevalier De I^anoy et plus tard le s>' Jeau Siouquin, 
» prêtre , qui furent d'un grand secours à la congrégation 
» tant le contant (argent comptant?) qu'ils avaient que par 
» le bien fond qu'ils cédèrent à l'Oratoire après leur mort. 



— 267 — 

» Depuis, on a continué à demander à clmque sujet en- 
» trant dans la Congrégation, quelque bien en fond, s*il 
» était en état de pouvoir le donner. 

» La congrégation acheta onze bonniers de méchante 

> terre que le procureur avait repris sur recoUrs en 1700 
» à 90 livres de rente qui était chargée dô trente^ix 
» livres envers les S^* Vanderest et Mondas. Elle acquit 
» encore neuf à dix journels d'autre terre assez bonne ; 
» puis trois journels de terre du S** Leclercq , bailli de 
» Meslin-l'Evêque ; le s^ Petit, greffier, a légaté audit 
Y Oratoire, ensuite de deshéritance , deux bonniers de terre 

> à charge d'uite messe , chaque semaine à l'autel de la 
» Vierge ^ 

La communauté de TOratoire nommait Tun de ses 
membres pour desservir la paroisse pendant trois ans : ce 
terme expiré , le desservant pouvait être réélu immédiate- 
ment, ce qui était le cas le plus ordinaire ; mais il arrivait 
aussi que la réélection n'avait lieu qu'après plusieurs ter- 
mes de trois ans remplis par d'autres. 

La maison de résidence avec celle y joignant venant du 
s"" Philippe de Gavre, gisait à front de rue et marché, il 
y avait deux cours, bûcher, grange, écuries et brasserie, 
tenant à Notre-Dame de la Fontaine, au Père Valentin 
Louquet, prêtre de l'Oratoire et au rempart. 

Le jardin de l'Oratoire contenait deux journels et demi 
environ , il était auparavant appelé le Pré du tartreau. Une 
autre partie acquise par l'Oratoire y fut jointe avec em- 
prise dans les deux parties suivantes, ayant détourné le 
ruisseau pour former le jardin de la congrégalion , borné 

< Manuscrit de H. F. EMjbhoucquez, prévôt de l*Oratoire et curé de Chièvres , 
toininutiiqué par M. Gonzalês Descamps, avocat à Mons. 



^- 2C8 — 

par ledit ruisseau, par le fossé de la ville, parles liériliers 
de la veuve Verly, représentés par Pierre Brisart, par les 
liériliers du R. Pure Raghet , représenté par Quinlin 
Illondelle, et par le vivier du moulin de Karau. 

11 y avait, en 4794, sept prêtres dans cette maison, le 
prévôt était François Joseph Robette de Ville-Pommerœul , 
le desservant de la cure Charles Alexandre Defuisseaux, 
de Mons, qui était aussi receveur de la communauté; 
Charles Quast, procureur; frère François Jonard, cavier; 
et Bourlard, sacristain. Cette maison religieuse fut suppri- 
mée par la révolution française sur la fin du siècle dernier. 

Voici la nomenclature des terres dépendantes tant de 
l'église paroissiale, que des chapelles et de la communauté: 



es. 



Ë«,'Use paroissiale 5 bon. 1 journ. 80 venj 

Chapelle de Lorette. . . . • » 3 > 

Confrérie des trépassés » 1 20 

Chapelle de Ghuize 9 2 55 

Notre-Dame de la Fontaine 12 2 14 

La maison de TOratoire laisse à titre de bail. 23 2 ()5 

Idem fait valoir 24 2 ï't 

Idem possède un bois contenant 11 3 

Total 88 bon. 2 journ. 48 verbes 

Ces biens unis aux rentes ou offrandes fournissaient un 
revenu annuel. 

L'église paroissiale produisait , 2347 li v. 3 * 6 << 

La chapelle de LoreUe 46 7 8 

La confrérie des trépassés 12 » • 

I^ chapelle de Ghuise 594 12 3 

Notre-Dame de la Fontaine 1485 16 10 

Les revenusannuelsde la maison de rOratoire 6368 15 1 

Total 10,854 liv. 15» 4 «< ' 
* Archives de VElal à Mons. 



Les Oratorieiis , comme nous Tavons dit, tenaient une 
école gratuite pour les garçons et leur donnaient des 
leçons de latin. 

Outre les Oratoriens huit Capucins staiionnaires du mo- 
nastère d'Ath prêchaient et confessaient à Chièvres et dans 
d'autres localités ^ 



CHAPITRE V. 
Établissements de Charité. 

§ 1. Léproserie. 

Ide de Chièvres, devenue veuve de ses trois maris et 
ayant pourvu à l'établissement de ses fils et de ses filles , 
s'occupa à bâtir des églises et des monastères. D'abord elle 
construisit à Chièvres sur la rivière, en 4112, une lépro- 
serie entourée de grands bâtiments et de murs, avec une 
église pourvue de cloches , dans laquelle elle fonda une 
messe quotidieime à perpétuité ; et près du bâtiment des 
lépreux elle fit élever un autre bâtiment pour des religieux, 
où elle établit un maître et des frères, avec Tautorisation 
du souverain pontife. Le pape Lucius ill confirma et 
approuva par une bulle cet établissement, lui accorda des 
privilèges, et donna aux religieux et au maître des terres, 
des prés, des bois, des eaux et des revenus suffisants. 

Grégoire IX, la cinquième année de son pontificat, 
exempta, par privilège spécial , le maître de la léproserie 
de Chièvres, ainsi que tous les religieux de celte maison , 
et leurs biens, tant mobiliers qu'immobiliers, de toute 

' FoiHDiN. hiveut, Anal, des Archives du la ville d'Alh, 



— 270 — 

Bervitude et de tout impôt ecclésiastiques, et les rendit 
libres. Ce privilège fut confirjané par le pape Alexandre IV, 
la ciiKjuième année de son pontificat. Enfin Iiuioccnt IV, 
la troisième année 4^ son pontificat^ accorda certaines indul- 
gences aux bMiifaiteurs 4e cette maison, comme on le voit 
par les bulles qui se conservent encore dans l'église parois- 
siale de Saint-Martin à C4hièvres ^ 

Vers la fin du seizième siècle, lorsque la maladie cessa, 
les revenus de la léproserie furent réunis à ceux de Thô- 
pital qui lui était substitué par la fondatrice. 

Les édifices fureat convertis en bâtiments de ferme. I^ 
chapelle, en style roman, existe encore : c'est un bel 
échantillon de cette architecture. 

Quant aux messes fondées dans la chapelle, elles furent 
exonérées dans Téglise paroissiale. 

§ 2. Hôpital. 

C'est aussi Ide de Chièvres qui fonda, vers 1190, hoi-s 
du vieux bourg {extra burgum aptiquum)^ un liôpilal pour 
y nourrir les pauvres , les veuves , les orphelins et les 
pèlerins. Elle le dota de terres et de revenus suffisants , y 
établit un maître et six religieux sous Tautorité de févéque 
de Cambrai , et y fonda une chapelle à perpétuité , dont il 
amortit les revenus. Cet hôpital avait pour patron St. Nicolas. 

La direction de cet hôpital était anciennement confiée à 
un prêtre ou autre personne idoine, aux gages et émolu- 
ments repris par acte du 27 juin 1657 par lequel on lui 
assignait une chambre au dit lieu, un petit jardin, avec le 
cçintpaire de St. Nicolas pour y célébrer tous les jours la 

I Jacques de Guyse , t. XI, p. 226, 228. 



- 274 - 

messe , avoir soin des malades , pauvres et orphelins qui y 
étaient envoyés. 

Cet hôpital jouissait autrefois d'un revenu : 

i^ en argent 7310 Uv. 18 sols. 

2^ en grains 10 muids 2 rasières. 

3^ eu avoine 2 muids 1 rasière 2 quaitiers. 
et 4^ en plumes 40 chapons Vs* 

Voici l'inventaire de l'hôpital, qui fut dressé le 30 jan- 
vier 1793. 

c Dans la place de la garde un coffre appartenant à 
1 ladite maison , avec quelques linges pour les malades , un 
» chaudron en cuivre , une basinoire , une demi douzaine 
» de tasses, une demi douzaine d'écuelles servant à Thôpi- 
» tal, un pot de fer, une bouilloire, une poëlle , deux 
» tables, une demi douzaine de chaises en paille, sept 
» assiettes , quatre cuillères d'étain , quatre fourchettes en 
> fer, deux seaux, trois caseroUes de terre, un fourneau 
» en bois. 

» Quatre Uts avec paillasse et couvertures et petites gar- 
» nitures, une caisse en cuir pour chercher les malades, 
1 un cuvier, un fauteuil en bois, un cezan, une cuvelle. 
» Une chapelle avec son autel desservie par lesOratoriens, 
» une petite cloche pour sonner à la messe ; un autre 
* coffre avec un crucifix en bois et quatre bouquets , une 
» marmite en cuivre, un bassin d'étain. 

» Ceci a été fait en présence de deux administrateurs 
» provisoires de la ville qui ont signé. » 

Les pauvres de la commune de Grosage possèdent le 
droit d'entrer à l'hospice de la ville de Chièvres à l'effet 
d'y être traités et soignés avec le revenu de cet établisse- 
ment sans que le bureau de bienfaisance de cette commune 
iaterviçnnç dans aucun frais, lorsqu'ils sont atteipl^ de 



- 272 — 

maladies ordinaires qui ne sont pas contagieuses. Ce droit 
leur vient de ce que la commune de Grosage faisait ancien- 
nement partie de celle de Chièvres, connue sous le nom de 
Hameau du Grousaîge. Ce n'est que Tannée 1234 quil a 
été érigé en paroisse distincte de celle de Chiévrcs et n'a 
été érigé en commune que Tannée 1793 à la demande de 
l'administration du canton deLensdont on faisait partie sons 
le gouvernement de la république française. 

On trouve dans les archives de la commune de Grosage 
une ordonnance du conseil souverain de Sa Majesté impé- 
riale catholique aux sieurs maïeur et échevhîs de la ville 
de Chièvres, de fournir aux aliments des orphelins de 
Grosage des biens des pauvres du dit Chièvres. 

Le droit de la commune de Grosage n'a jamais été inter- 
rompu, on peut le prouver par une série d'extraits d'actes 
de décès des pauvres de cette commune qui y ont été con- 
duits et traités par le médecin de Thospice. 

Du reste, le 2i décembre d 839, M. Criquelion , bourg- 
nieslre de Chièvres écrivait administrativement ù M. 
le commissaire d'arrondissement d'Ath que la réclamation 
de l'administration de Grosage est fondée ; en effet les 
pauvres de ce village sont en possession depuis la sépa- 
ration de la ville de Chièvres à laquelle il était autre- 
fois sréuni, du dioit d'être admis, traités et soignés à 
Thospice de notre ville quand ils sont atteints de mala- 
dies graves non contagieuses et parmi avertissement 
préalable. 

Ensuite du mauvais état de salubrité et de délabrement 
de l'ancien hôpital et sur la proposition du médecin de 
TétabUssement, la commission administrative a décidé le 
31 mai 18C6 et le décret impérial du 15 septembre 4810 a 
autorisé la construction d'un nouvel hôpital qui eut lieu en 



— 273 -^ 

1843. Ce nouvel hôpital construit sur Théritage de l ancien : 
mais plus vaste, bien aéré, dans une position élevée, a 
coûté 48,000 francs. 

Le vicaire de Chievres, lorsque son intention est libre , y 
décharge le cantuaire. 

L'administration des hospices se réunit tous les dimanches 
en séance à Thôtel de ville. 

Le revenu de rétablissement était en 4842 de fr. 22,460.49 
y compris une somme de fr. 44,767.36 de recette extraor- 
dinaire. 

Les dépenses étaient fixées àfr. 47,484.63. —En 4842 on 
construisit une école pour Vinslruction des filles pauvres. 
De bonnes et dignes sœurs furent là non seulement pour 
instruire , mais pour les former au travail ; mais en 1879 
ayant donné leur démission, elles furent remplacées par des 
laïques. 

Les orphelins sont placés en pension chez fies particuliers 
aux frais de Thospice. 

Le compte de 4873, approuvé par la Députation Perma- 
nente du Conseil provincial le 4 septembre 4874, avec un 
reliquat de fr. 25,857.55 sur lequel on préleva une somme 
de fr. 24,000 qui a été employée en achat d'obligation de la 
dette publique belge à 4 Vg 7o aujourd'hui convertie à 4 7o- 

Voici le mouvement de la population de l'hôpital en 4874; 

Existant au 4®^ janvier 4874. 20 
Admis pendant 4874 23 

Sortis par décès 7 

Nombre d'individus. \ ' • ^ » 

» par guerison ou autre 

cause. 

Restant au 34 décem. 4874 47 

Bien que les malades aient été constamment entourés de 
tous les soins désirables duns cet établissement et y eussent 



^ 274 - 

trouvé tout le confortable possible , on o'étaît néamoiiis pas 
encore parvenu à vaincre la répugoance que Ton rencontrait 
ordinairement chez la plupart des personnes qui étaient 
invitées à s y rendre pour y être traitées ; ce qu'il fallait 
évidemment attribuer aux secours qui leur étaient accordésà 
domicile et qui profitaient bien plus à la famille qu'au malade. 

Dans un état de choses si préjudiciable pour la santé des 
malades comme pour les intérêts des hospices, la commis- 
sion administrative dut prendre des mesui^es pour y obvier. 

Un projet d'agrandissement et d'appropriation de l'hôpital 
fut dressé par M. l'architecte Moltrie ^ Ce pmjet modifié 
en suite des observations du Conseil supérieur d'hygiène 
publique, ayant été approuvé par arrêté royal du 14 noven> 
bre 1875 et l'entreprise des travaux à faire pour l'exécution 
de ce projet fut adjugée , le 11 janvier 1876, au sieur Meu* 
risse , entrepreneur de la restauration de l'église , pour le 
prix de 21,500 francs. Cette adjudication a été approuvée 
par la Députatiou du Conseil provincial , conformément à 
l'avis du Conseil communal de la ville dô («hièvres, en date 
du 15 mars 1876. 

L'établissement de quatre nouvelles salles permet de clas^ 
ser par catégorie de maladie les personnes qui sont admises 
à l'iiôpital , et comme conséquence , de leur donner des soins 
plus appropriés à leurs besoins. Aussi la commission adminis- 
trative des hospices ne délivrant plus de secours aux mala- 
des traités à domicile qu'avec la plus grande réserve et en 
cas d'absolue nécessité ; il en résultera un grand bien-être 
pour les malades et une notable économie pour rétablisse- 
ment ^. 



< Rapport sur la bituation adm. et fin. de la ville de Çhièvres , le ^ npv. 187^< 
* Idem, du 8 sept. 1876. 



— 275 — 

t 

Situation financière au 2i Septriibre 1878. 

Reliquat du compte précédent 32,548.87 

Capitaux et autres recettes ayant une destination spéciale. . . 1,060.20 
Recettes imprévues 1^025.74 

Recettes onoiNAiRES. 

Revenus de biens et de capitaux 25,560.33 

Total général des recettes... 60,195.14 

Dépenses ordinaires. 

A'Iministralion 2,178.50 

Frais do recette 766.81 

Dé|)ejrise& pour les propriétés 1 ,445 .96 

Charges 500. — 

Dépenses de bienfaisance 21 ,450. — 

Rappels 8,478 .56 

Dépenses imprévues 250. — 

Total général des dépenses... 35,069.83 

Balance. 

Les recettes s'élèvent à 60,195.14 

Les dépenses 35,069.85 

Excédant... 25,125.31 

Le cautionnement du receveur des hospices civils de la 
ville de Chièvres a été fixé à frs. 40,000 par la commission 
administrative des hospices suivant sa délibération du 
12 juillet 4877, dûment homologuée dans la séance du 
Conseil communal du 24 août suivant. Celui fourni par le 
Sieur Jean-Baptiste Dooms, pour garantie de sa gestion 
comme receveur des hospices civils de cette ville, que le 
Conseil communal approuva dans sa séance du 5 janvier 4878, 



— 276 — 

consiste en une parcelle de terre contenant un liectare, 
96 ares, 90 centiares, située en la ville de Chiùvres et 
d'une valeur de frs. 15,000 *. 

§ 3. (Souvent des Sœurs Grises. 

Ce couvent fut fondé par Mademoiselle Quintine de Jauche, 
en 1427 et cette fondation fut approuvée par les lettres 
de Nicolas, cardinal du titre de Sainte-Croix, légat du 
pape Eugène IV, en date du 14 septembre 4435. 

La pieuse fondatrice établit les religieuses du Tiers-Ordre de 
S^François dans la maison même qu'elle occupait à Chiùvres. 
Cette maison était composée d'un dortoir , d'une infirmerie, 
d'une lavandrie, d'écoles, de chambres d'hôtes, d'une basse- 
cour et d'un jardin potager auquel on ajoutaunjournel de ter- 
rain appelé le fief de Rumignies^ séant rue Hoche que les 
religieuses avaient acheté de Jean Bruneau -. 

La chapelle de ce couvent fut consacrée par Monseigneur 
Godefroid, évêque suffragant de Cambrai, le 28 avril 1477. 

Les religieuses au nombre de vingt-six se vouaient au 
soin des malades et des infirmes et à l'instruction des filles ; 
elles récitaient le bréviaire romain. 

En 1655, à cause des guerres des Français elles furent 
obligées de se réfugier dans les villes d'Ath et de Mons, 
où elles demeurèrent pendant deux ans. Elles dépensèrent 
alors les deniers capitaux de 4997 livres et après les guerres 
elles durent dépenser les deniers capitaux 670 livres pour 
rétablir leur monastère délabré. 

En 1703 , elles durent encore dépenser les deniers capi- 
taux de 533 Uvres, à cause de la cherté des vivres.^ 

' Rapport sur la situation adm. et fin. de la ville de Chièvres du 21 septem- 
bre 1878. 
* Archives de l'Etat à Mona. 
' Jdem, 



— 277 — 

Sans Tassistance de messieurs les révérends religieux des 
abbayes d'Eenham, de Cambron, de Vicogne et de M. 
Deltenre d'Alh, leur bienfaiteur, lesdites sœurs auraient 
consumé tous les capitaux de leurs revenus. 

Le 20 août 1720 , Vauguste Empereur Charles VI, amor- 
tit une maison réunie et incorporée au couvent, laquelle 
servait de logement au directeur des sœurs. 

Les sœurs possédaient io bonniers , un journal et 55 verges 
(le terre dont huit bonniers 49 verges furent amortis le 
20 août 1740. De ces 15 bonniers, le couvent en occupait 
10 bonniers 2 journels et 99 verges et louait en bail 4 bon- 
niers 2 journels et 56 verges qui lui donnait un revenu de 
3065 livres 8 sols 1 denier et la 3® partie d'un denier: sur 
ce revenu après avoir payé les obits , messes et autres char- 
ges il ne lui restait que 1365 livres 4 sols 1 denier et un 
tiers de denier et avec ce produit il fallait nourrir et entre- 
tenir deux directeurs dont un infirme et Tautre faisant les 
fonctions dudit infirme , auquel on donnait pour gage 300 
livres ; deux valets auxquels on payait 190 livres : deux ser- 
vantes qui recevaient HO livres et une troisième qu'on nour- 
rissait pro deo à cause de ses infirmités. Il ne restait donc 
que 765 livres 4 sols 1 denier et un tiers de denier pour 
trente-trois personnes et Tentretien des bâtiments. C'est 
pourquoi elles se firent autoriser à collecter dans tous les 
Pays-Bas. Et malgré leur état préciaire le 23 octobre 1784 
Sa Majesté, empereur et roi, assigna à Jean Ficher une 
pension annuelle de 75 florins argent courant de Brabant, 
sur le couvent *. 

La communauté fut supprimée sur la fin du dernier siècle 
par les lois révolutionnaires, le couvent fut vendu. Les 

* Archives de VÉlal à Mo7is. 



— 27Ô — 

acquéreurs Henri Colbranl et Ambroise Duwelz de Mons se 
firent autoriser le 14 février 1793 à le démolir et principale- 
^ ment les cloîtres et TégUse. 

Lors de la suppression il y avait quinze religieuses, la 
supérieure était Caroline Collet de Commercy en Loraine, 
sœur Rosalie Nicaise était vicaire , sœur Aldegonde Del- 
fosse et sœur Angélique Quenneson, assistantes. 
Un prêtre séculier était leur directeur. 
i Plus tard , un maître maçon , nommé Dui'ay , habitant 

I de Chièvres, racheta les bâtiments qu'il loua en partie aux 

Sœurs de la Providence, sous le pastorat de M. le curé- 
doyen Gondry : elles y ouvrirent une école d'élèves payantes 
qui répond très-avantageusement à Tattente des parents ; 
mais en 1880, sous le pastorat de M. Lambert, la maison 
attenante fut achetée et sur son emplacement on construi- 
sit un couvent, ayant des classes, non seulement pour les 
élèves payantes , mais aus^i pour les pauvres et la maison 
jadis occupée par les sœurs fut exhaussée et agrandie de 
manière à pouvoir y loger un instituteur et avoir des 
classes pour les garçons. 

§ 4. — Hospice des Vieillards. 

Cet hospice a été institué , en 1827 , par le sieur Jean-Bap- 
tiste Roland, il contient quatre demeures, dans chacune 
desquelles deux vieillards sont logés. On lit sur le frontis- 
pice l'inscription suivante : 

Hanc senibus pauperibtis domuiii aedificare 

jussit Jnhannes Baptista Roland , curante 

Domino Labrique , parocho in Tun^re. 



— 279 — 

Il est pourvu à Tentretien de cette itiaisoa avec le 
produit da deux tiers en une rente annuelle et parpôtuelle 
de frs. 37.40. 

§ 5. — Pauvres veuvks. 

Une maison comprenant quatre demeures pour les pauvres 
veuves , située dans la rue liojhe , a été établie par Marie 
de lu lloussière, veuve de Thierri Dumont, vivant écuyer, 
décédé le 17 avril 4G14. Ce bâtiment est bien entretenu. 

Jean Tlaghet leur fonda , en 1 700 , une distribution annuelle 
de 300 pains et deux rasières de blé. 

§ 6. — École Dominicale. 

Michel Vandercamere fonda le 4Ô novembre 1039 une 
école pour les fêtes et dimanches, depuis une heure jusqu^à 
deux heures et demie pour renseignement de la lecture 
de l'écriture et du catéchisme , aux filles de la paroisse 
seulement. Sont appelées à tenir cette école des filles à l'ex- 
clusion des prêtres, autres séculiers, religieuses, femmes 
mariées ou veuves. 

Nous avons dit que celte école possédait un demi bonnier 
et demi journel de terre situés à Grosage,en la couture du 
Sart Culice et six-vingts verges aussi de terre située à L'hove, 
tenant au chemin allant a Horimez. 

Les administrateurs sont le doyen , le bourgmestre et le 
premier échevin. 

§ 7. Bureau de Bienfaisance. 

Le bureau de bienfaisance possède peu de ressources, 
ses biens sont loués publiquement. 11 administre les 

20 



— 280 — 

diverses fondations faites en faveur des pauvres nécessiteux, 
et noLimnient celles de Nicolas Delessille, deRagliet, pour 
les malades et les orphelins, de Técole dominicale et de 
Taumône des communs pauvres. Les revenus annuels soiit 
d*uno trentaine de mille francs. 

Secours aux indigkns. 

Une somme de 2000 francs prélevée sur le revenus de 
rhospice et du bureau de bienfaisance est distribuée annuel- 
lement aux pauvres à domicile. Ils reçoivent aussi à titre de 
secours du charbon et du seigle pour environ sept cents 
francs chaque année. Indépendamment de ces secoui's il 
est déUvré mensuellement aux infirmes, vieillards ou autres 
indigeiis incapables de gagner leur vie une somme totale 
et annuelle de 1700 francs environ sur Thospice. Eu 1842, 
il y avait 175 familles qui prenaient part aux distributions. 

Le budget du bureau de bienfaisance pour l'exercice 1874 
s'élevait en recettes à frs. 1,924.25 et en dépenses à 
frs. 1,019.32. Celui de 1875 s'élevait en recettes à 
frs. 0,623.25 et en dépenses à frs. 1,092. 90. Celui de 1876 
s'élevait en recettes à frs. 2,220.88 et en dépenses à 
frs. 2,004.24. Celui de 1878 s'élevait en recettes à 
frs. 4,931.21 et en dépenses à frs. 4,229.69. Excédant 
frs. 751.25. 



CHAPITRE VI. 

RkFUGE des PnÉMONTRÉS DE VlCOGNE. 

Saint-Norbert jeta les fondements de son ordre en 1120, 
et vint s'établir avec ses conripagnons au diocèse de JaxoUj 



— 281 - 

dans un vallon solitaire nonnmé Prémontré , d'où cet institut 
a pris son nom. 11 donna à ses religieux Thabit blanc et la rc}»le 
deSt-Auguslin. Cet ordre fut approuvé par le pape lîonorius 
en 1426. Dans deux voyages que St-Norbert fit à Valen- 
ciennes, il gagna le bienheureux Hugues qui lui succéda à 
Fabbaye de Prémonlré lorsqu'il fut élevé sur le siège de 
Magdebourg, et un hermite dit Guido qui demeurait dans 
la foret de Vicogne et qui embrassa avec ses compagnons la 
règle de St-Norbert : il fut le premier abbé de Vicogne. 

L'abbaye de Vicogne possédait sur la place de Chièvres 
une maison connue sous le nom de refuge , après avoir passé 
par diverses mains, Pottiez, Criquelion, Uooms, Marchand , 
Michaux, elle est occupée aujourd'hui par la gendarmerie. 
Outre certaines propriétés foncières, 30bonniers 90 verges 
divisés en 21 parties que l'abbaye avait à Chièvres , elle 
avait encore le grand dimage : quatre gerbes au cent contre 
l'église et l'abbaye d'Eenan deux, labbaye de Ghislenghien 
aussi deux et l'église de Chièvres une , ce qui faisait 9 au 
cent sur 708 bonniers 1 journel et 9 verges. L'abbaye de 
Vicogne avait encore sur les héritages qui étaient de la 
terre et seigneurie de Chièvres sur Arbre et Attre, (envi- 
ron 80 bon.) deux gerbes sur 9 de dime; l'église et l'abbaye 
de Ghislenghein une; l'église et l'abbaye d'Eenan, une; 
l'Eglise et l'abbaye d'Epinlieu, trois; l'abbaye de Liessies 
et le curé d'Attre, une et demie. 



CHAPITRE VIL 
Instruction publique. 

Avant la révolution française de 1789, l'instruction était 
donnée à Chièvres par des religieux pour les garçons et par 



— 282 — 

des. relijjieuses pour les filles. Plus tard M. Miroir tînt une 
école mixte et après lui M. Genuudet. Dans la suite MM. 
Genaudet tinrent une école de garçons, d'abord dans leur 
propre maison située rue de l'église ; mais en i867 l'ad- 
ministration communale aidée par la Province et l'Élal 
ayant fait construire à l'angle de la place et de la rue du 
Moulin un bel édifice qui sert de logement pour Tinstitu- 
leur et qui renferme des classes pour les garçons, M. Léon 
Genaudet, instituteur communal et M. Auguste Genaudet, 
sous-instituteur, s'y établirent. L'autorité supérieure avait 
imposé à l'administration de fournir un jardin à Tinslituteur 
et le conseil communal avait pris l'engagement de le faire 
sur une partie du rempart ^ MM, Genaudet ayant été 
en 187i admis â la pension, le conseil communal, après 
que les formalités préliminaires eurent été remplies , procéda 
à leur remplacement dans sa séance du 7 avril de la même 
année. M. Desplanches, Victor, élève diplômé de l'école 
normale de Nivelles et sous-inslituteur à Tournai, fut 
nommé en remplacement de M. Genaudet, Léon, elle 
sieur Lagage, Victor, instituteur diplômé de l'école normale 
de Bonne-Hspérance, fut nommé en remplacement de M. 
Genaudet, Auguste. L'un et l'autre furent admisà prêter le 
serment, par arrêté de M. le gouverneur, en date 
du 20 avril susdit. 

Les deux nouveaux titulaires firent preuve de zèle et de 
dévouement, leurs connaissances justifient complètement 
le choix de l'administration. 

Les garçons appartenant à la ville et au hameau de 
L'hove, au nombre de 85 fréquentèrent celte école en 
1875 ; 81 en 1876, 70 en 1878. 

< Happort sur la situaUon aJministralivc cl financière du i7 octobre i87i. 



— 283 - 

Au concours qui eut lieu dans le canton de Chicvres en 
1876, les quatre élèves qui y furent présentés obtinrent 
des distictions: M» I^eroy, Joseph ^ a remporté le prix 
d'excellence; MM. Vandestroden , Victor et Petit, Jules » 
ont obtenu le premier prix ert partage et M. Pottiez , Looa, 
le cinquième prix. 

Au concours qui eut lieu en 1878 entre les élèves du 
l®"" ressort, les élèves Bresart, Florent et Pruart^ Frédéric 
ont obtenu un second et un troisième prix. 

Filles. 

Lorsque Tadministration des liospices eut appelé des; 
sœui^ de la Providence pour prendre soin de l'hôpital, o» 
construisit des classes dans lesquelles elles donnèrent Tin*, 
siruction aux jeunes filles de la ville et du hameau de 
I/hove au nombre de 76 en Tannée 1873, de 83 en 1876, 
de 77 en 1S78. Celle école était adoptée ; mais en 1870, les 
sœurs institutrices ayant donné leur démission , elles furent 
remplacées par des institutrices laïques. 

Institutions libres pour les filles. 

Pendant quelques années il y eut dans l'ancien chàleau 
un pensionnat de demoiselles et quand les maîtresses se 
retirèrent, les demoiselles De Haut ouvrirent chez elles un 
pensionnat qu'elles tinrent Tespace de 32 ans et lorsqu'elles 
Tabandonnèrent M. le doyen Gondry ouvrit dans la rue de 
l'église un externat de demoiselles tenu par les sœurs de 
la Providence. A la lîn de Tannée 1879 M. le doyen Lambert 
«îuvrit dans la rue Iloche une école que les sœurs de la 
Providence tiennent pour les filles pauvres de la ville et 
du hameau de L'hove. 



— 284 - 

ÉCOLE DE MUSIQUE. 

L'école de musique établie en 1871 continue à bien 
maréhen; les élèves toujours plus nombreux, montrent 
beaucoup de zèle et suivent les cours avec assiduité. On 
peut dire que cette institution a produit les meilleurs effets 
et a considérablement développé le goût musical dans la 
ville de Chiëvres. 

Bibliothèque populaire. 

En 1874, le conseil communal ayant décrété rétablisse- 
ment d'une bibliothèque populaire, porta à son budget 
une allocation de frs. 100 en sollicitant le concours deFEtat 
et de la province. 

Le concours de la province a été refusé ; mais M. le 
ministre de l'intérieur répondant au désir de l'administra- 
tion, envoya en 1S75 un exemplaire de trente publications 
destinées à la susdite bibliothèque. 

En 1875 et 1870, l'administration communale acheta 
100 volumes et le gouvernement envoya trois ou quatre 
publications intéressantes. De sorte que la bibliothèque 
populaire ne compte que 200 volumes environ. 



CHAPITRE VIII. 

l^GLISE DE WaUDIGNIES, CURÉ ET COUVENT. — ÉcOLES 

COMMUNALES . 

§ 1. — ÉGLISE. 

L'an 1868, sur un terrain, situé le long de la chaussée 
de Saint-Ghislain à Chièvres, non loin des ruelles, achète à 



— 285 — 

M. le comte de Nedonchel, M. Gondry , curé doyen de 
Chièvres, mu par le zèle du salut des âmes, après avoir 
collecté près des personnes aisées, avec le concours des 
hîibitants de Waudignies, jeta les fondations d'une église 
qui serait demeurée longtemps inachevée , si la Providence 
n'avait suscité un prêtre riche de son patrimoine et zélé , 
M. PoUet, curé d'Huissignies pour mener l'œuvre commen- 
cée à bonne fin. 

Ce généreux prêtre acheta les travaux commencés et 
d'après un plan donné par l'habile architecte , M. Curpe.ntier 
de Belœil , il érigea une église romane ayant une nef et un 
transsept. 

Cet édifice mesure dans œuvre en longueur, depuis le che- 
vet du chœur jusqu'au transept, 8 mètres ; le transsept a 
6 mètres 80 centimètres et depuis le transept jusqu'à la 
porte d'entrée 17 mètres : le chœur mesure en largeur 6 
mètres 40 centimètres, le vaisseau 9 mètres et le transept 
20 mètres, l^a tour se trouve à l'angle formé par le tran- 
sept et le vaisseau ; elle est surmontée par une belle flèche 
en bois recouverte en ardoises. On a pratiqué un jubé dans 
la tour. Il y a deux sacristies. 

Cette église dédiée à St- Philippe, apôtre, patron du 
courageux M. Pollet, fut bénite le 1^' mai 4871 pàt Mon- 
seigneur Jean Baptiste Ponceau , vicaire général da diocèse 
de Tournai. 

M. l'abbé Pollet y exerça le premier les fonctions de curé. 

En 1875 , par suite d'un arrangement fait avec Monseigneur 
révêque de Tournai , le révérend chanoine E. Van Meer- 
beek, prémontré de la maison de Grimbergen , vint complé- 
ter l'œuvre de M. Pollet. 

Quoique Téglise n'ait jusqu'à ce jour d'autre revenu que 



— 286 — 

le produit des chaises i elle sera, néannioiDs, bientôt un 
petit bijou. 

Une confrérie de Notre-Dame de Lourdes y est érigée, 
elle compte déjà un boa nombre de confrères et de con- 
sœurs. 

Cette église n'est pas reconnue par le gouvernement ; par 
conséquent le titulaire n'en reçoit point de traitement. 

§ 2, — Cure. 

M. Pollet , ayant acheté quelques parties de terre auprès 
de l'église , bâtit d'abord une cure d'un style assez original 
et cependant commode , mais trop petite si le prieuré devait 
être composé de plus de trois Pères et de leur domestique. 
Le jardin se trouve entre la cure et Téglise. 

§ 3. — Couvent. 

Il bâtit ensuite une maison pour des religieuses enseignan- 
tes. Elles établirent d'abord deux classes pour les filles et 
une école gardienne , en octobre 1879 elles ajoutèrent une 
classe pour les garçons. Les dimanches les religieuses s'oc- 
cupent encore des filles plus grandes. La communauté se 
compose de cinq religieuses du tiers-ordre de Saint Fran- 
çois venues de leur maison mère de Farciennes. 

M. Pollet tenta d'établir un cimetière , mais il échoua 
dans son entreprise , et cependant, vu la distance, à par- 
courir pour aller à celui de Chièvres , il serait bien néces- 
saire d'en avoir un à Waudignies. 

Les révérends chanoines prémonlrés ont acheté l'église, 
la cure et le couvent pour la somme de 70 ,000 francs. 



— 287 — 

Instruction publique. 

Écoles de Waudignie$. — Garçons. 

Depuis longtemps il y avait à Waudignies, le long de la 
route de St-Ghislain à Chièvres une école de garçons tenue 
par M. Detrain , père , dont la santé affaiblie par ses longues 
années de service , réclamait un auxiliaire ; c'est pourquoi 
le 6 juin j 874 l'administration communale nomma aux fonc- 
tions provisoires de deuxième instituteur à l'école primaire 
du hameau de Waudignies, Camille Detrain , ancien élève 
diplômé de l'école normale de Bonne-Espérance , qui par 
arrêté de M. le gouverneur du 14 septembre de la même 
année, fut appelé à prêter serment entre les mains de Tin- 
spectcur cantonal de l'enseignement primaire. 

En 1875 l'école était fréquentée par 80 garçons, en 1876 
par 75. Au concours qui eut lieu cette année dans le canton 
de Chièvres deux élèves de M. Detrain ont primé : M. Jules 
Dechèves a eu le 8® prix , et M. Victor Lebrun, le premier 
accessit en partage avec M. Jean-Baptiste Delplace, de 
MafUes. 

L'école comptait 77 élèves en 1878 ; au concours qui eut 
lien entre les élèves du premier ressort, l'élève Jules 
Dechèves obtint un troisième prix. 

Filles. 

L'école des filles dirigée par M*'® Penninkx élait en 1875 
fréquentée par 64 élèves ; en 1876 par 68 ; en 1878 par 68. 
Cette demoiselle devenue l'épouse de M. Camille Detrain 
continue adonner sa classe. 

L'administration communale de Chièvres , aidée par la 
province et l'état^ a fait construire, il y a quelques années, 



— 288 — 



non loin de Téglise de Waudignies , des classes pour les 
garçons et pour les filles et des logements pour l'institu- 
teur et rinstitutrice* 



CHAPITRE IX. 
Bourses d'études. 

Ragliet (Charles) curé deChiùvres, fonda, le 13 juin 1604 
des bourses pour la philosophie et la théologie en faveur des 
enfants de chœur de l'église de Chièvres , à la collation du 
curé, du bourgmestre et du plus ancien de la cour de 
Chièvres. Revenu : 192 francs. 

Surquin (Jean- Baptiste) fonda, le 8 septembre 1723, des 
bourses pour la philosophie et la théologie en faveur de ses 
plus proches parents. Revenu : 320 francs. 

Demacqfosse iAïuie-Christine) fonda , le 11 décembre 
1758 , des bourses pour les études ecclésiastiques de philo- 
sophie et de théologie , en faveur : 1° de ses plus proches 
parents ; 2*» des jeunes gens peu fortunés de la ville et de 
la terre de Chièvres, à la collation du curé de la ville. 
Revenu : 364 francs. 



CHAPITRE X. 

Personnages distingués de la ville de Chièvres. 

Ide de Chièvres , fondatrice de Tabbaye de Ghislenghien , 
en 1126. 
Gérard de Chièvres , abbé de Vicogne, mort en 1247, 
Philippe Bouchi, savant jésuite, né en 1574. 



— 289 — 

Géry Rivisius , avoué de Malines Jurisconsulte de mérite 
et érudit , né vers, 1580. 

Jean De la Haye , dit Servius , jésuite , savant théologien , 
mourut à Douai en 1614 à Tàge de 74 ans. 

Quentin Crignon, curé de Chièvres » puis chanoine, 1617. 

Jean Farinart , abbé de Cambron et écrivain , né en 1560, 
mort en 1635. 

Michel Ange, baron de Woerden , né en 1629, mourut à 
Lille en 1699. 

Louis De Haut , professeur-écrivain , né en 1805 , mort 
en 1841. 

En terminant ce mémoire sur la ville de Chièvres , nous 
nous faisons un devoir de remercier MM. De Villers, archi- 
viste de rÉtat à Mons , Ernest Mathieu et Gonzalès Decamps 
avocats en la même ville, Ange Deramaix , artiste-vétéri- 
naire du gouvernement à Chièvres, nos commissaires MM. 
le chanoine E. Reusens et P. Génard, archiviste. Puisse 
notre travail intéresser les amis de notre histoire nationale 
et particuHèrement les habitants de Chièvres auxquels il 
rappelle de curieux souvenirs ! 



ANNEXES. 



L 

OdON, ÉVÊQUE de CaMDRAI, donne i/AUTEL de CUIÊVRES 

A l'abbaye d'Eeniiam. (1108). 

In notnine sancte et individue Tiiiiitatis. 

Ego Odu , clemenlia Dei cameracensium episcopus , pie 
peticioni fi*atis noslri Tancradi, abbatis de Etmin, condes-» 
cendens, pro salute anime mee meorumque predecessoruDi, 
altare sancti Martini de Cima sancto Balvalori sancteque 
genitrici Dei virgini Marie liberum sine persona canonioe 
tradidi, salvo quidem jure pontificaU qiiod, In terminid 
sinodalibus , per annos singulos episcopo cameracensi sive 
ministris ejus solvendum est* Quod donum né quis violare 
présumât, auctoritate Dei et nostra sub anathemate inler- 
dicimus, et, ad corroborandum, kartulam istam sigilUnostri 
impressione signamus. Hujus donationis testes hii quorum 
signa subsignatorum preseus habet paginula. S. Rodulfi, 
Anselli, Theodorici, Everardi, Archidiaconorum. S. Goif- 
fridi , Gerardi , Lamberti , Maceliiii , Cameracensium cano- 
nicorum. S. Segardi decani. Factum est hoc anno dominice 
incarnalionis M*^ C^ VIII, indictione 1* ejusdem vero pon- 
tificisanno tercio. 

Carlvlaire de Vabbaye (TEenham, aux Archives du 
royaume , à [Vvixe|les, fol. 49. 



— 291 — 
II. 

J^V PAUOISSK DE GliOSAGE EST DÉMEMBRÉE DE L'ÉGLISB 

MÈRE DE CniÈVUES. (1234). 

Godefridus, Dei gratia cameracensis espiscopus, universîs 
Christi fidelibus prîEsens scriptum visuris salutem in 
Domino. Noverit universitas veslra , quod , cum villa de 
Grosagio a matrice ecclesia Cerviensi nimium distaret, et 
exinde quam malla pericula pervenissent, et in posterum 
poluissenl pervenire , lam de pueris baptisandis quam de 
infirmis visitandis; pauperes pprochiani dicli loci nobis 
humililer supplicarunt et supplicare fecerunt, ut nos super 
hoc remedium apponentes diclam ecclesiam a matrice 
ecclesia Cerviensi separaremus, et inde unam matricem 
ecclesiam constilueremus , cum jam dicti parochiani , tam 
de suc proprio quam de eleumosynis ad constiluendam ibid- 
em unam ecclesiam erogalis redilus ac proventus valoris 
decem librarum albarum acquisivissent. 

Nos autem piœ supplicationi dictorum parochianorum 
condescendenles, considérantes etiam profectum animarum, 
et etiam quod beneficium cervienî?e pingue erat, dictum 
locum de Grosagio auctoritate episcopali et de consensu 
personae ac presbyteri dicti loci a parochia Cerviensi sepa- 
ravimus, et inde unam matricem ecclesiam construximus. 
Et ad perficiendum competens beneficium in dicta parochia 
Grosagîi, de consensu personae ac presbyteri Cerviensis 
ordinamus quamdam decimationem , infra subscriptos ter- 
mines contenlam, ad presbiterum de Grosagio perpétue 
pertinere. Tennini autem séparantes decimationem paro- 
chiae Cerviensis et Grosagiiincipiunt a seigncuria de Ladeuze 
usque ad stralam Cerviensem versus Grosagium, et a terra 
Waiteri Herbet juxta terras de Roumont usque ad viam 



— 292 — 

Cervîensem , et a sarto Anselmi de Hardempont conjunclo 
sarto Roberti Sans cervelle, et a sarto Mathœi firumal 
adhaîrente sarto domini Brongnardi de Denegrî. Omnes 
aulem terrœ contentae a terminis praescriptis usque ad 
Grosagium, sunt de parochia dicli Irci. 

Praîterea omnes parochiani habitantes seu habituri in 
longum et latum a loco, qui dicitur Roumont, usque ad 
Grosagium, et omnes eorum decimae minutœ ad ecclesiam 
de Grosagio in perpctuum pertinebunt ; majores autem 
decimae cum décima Uni ad ecclesiam Cerviensem. 

Pncterea illam eamdem portionem, videlicet tertiam, 
quam presbiteri Cervienses solebant habere in proventibus 
altaris Grosagii, antequam fuisset facta separatio dicta con- 
tra personam dicti loci , illam eamdem tantum habebit 
presbiter parochialis de Grosagio contra personam antedic- 
tam. Nos autem, tam propter novam ecclesiae Grosagii 
fundationem ac dicti loci pauperlatem quam divinae pietatis 
intuitu, ecclesiam de Grosagio ab omni procuratione, tam 
episcopali quam archidiaconi seu decani, penitus eximimus 
et exemptam denunciamus, salvis tamen duobus solidis 
alborum annuatim domino cameracensi pro cathedralico a 
presbilero dicti loci reddendis. 

llaec autem omnia acta sunt tam de consensu personce Cer- 
viensis quam de Cervia et Grosagio presbyterorum , salvo 
jure personaî cerviensis in omnibus decimis tam majoribus 
quam minutis, oblationibus ac aliis proventibus ad ecclesiam 
ipsam pertinenlibus. Et eadem percipiet ecclesia Cervien- 
sis in parocliia de Grosagio de cetero , quœ percipere con- 
suevit in matrice ecclesia Cerviensi. 

Ut autem hoc ralum seu firmum in perpetuum perseve- 
ret, sigillum nostrum praesenli chartulae appendere dignum 
du xi m us. 



- 293 — 



Actum anno Domiiii millesimo duoente^îmo trigesimo 
quarto. 

Copie sur papier ordinaire à la cure de Grosage. 



III. 

Octroi accordé a la ville de Chièvres par Guillaume 
DE Bavière, pour l'aider a terminer des fortifi- 
cations. (8 DÉCEMBRE 1391). 

Guiilaumes de Bavière, contes d'Ostrevant et gouvre- 
neres de Ilaynnau. 

Faisons sçavoir a tous que par deviers nous ont envoyet 
souffisamment li eskevin , juret et communaltez de le ville 
de Chierve , et nous ont remoustret et infuurmet comment 
nos très-redoubtés sires et pures, à leur supplication, pour 
forfefier et faire un fort de le ville de Chierve, il leur avait 
concédé et accordé de prendre certaines assises et maletotes 
de buvrages qui seroient dispensés en le dite ville si comme 
pour cascun lot de vin vendut a brocque deux deniers, pour cas- 
cun tonniel de vin qui vendus sera en gros vint sols, et de toutes 
Keuwes à l'avenant ; pour cascun lot de Chiervoise une obole 
et pour deux los de goudalle une obole , pour cascun lot de 
mies un denier, et pour le pourfil euissent des tiérées et 
des fossés qui fait seroient en ledite ville, et de ce faire 
compte cascun an en appiellant le recepveur de Haynau et 
les gens dou seigneur de Laval, avecq plusieurs aultres coses 
a ce servans , si qu'il nous est apparut par lettres scellées 
de nodit très redoubtet seigneur et signées deueinent qui 
estoienl en datte de l'an mil trois (cent) siissante chuincq , 
le vînt-quattrysmc jour dou mois de février, lesquelles let- 
tres ont depuis estet prolongies et li termes alongies le 



— 294 — 

lîerme de douze anées à venir , seloncq leur forme et teneur 
enlirement, etavecq ce, adjouslel que s'il plaisoit a chieuls 
ie le dicte ville de Cihierve de avoir et prendre leurs assises 
des cervoises par rasieres de grains , que prendre le puis- 
sant, ensique on fait en le ville de Mons par le conseil du 
recepveur de llaynau , qui le sera pour le temps , et en fai- 
sant compte cascun an, comme dit est, avec plusieurs coses 
à ce servans, ensi que veut le avons, pour aultres lettres 
scellées et signées de nodit très redoubtet signeur et en datte 
de Tan mil trois cent qualre-vins et quattre , le septysme 
jour de février. Et pour tant que les dits eskevins, jurés et 
communaltez ont veut et sentit que les dictes assises estoient 
de petit prisavanchir le dicte forterece, et que selon le com- 
mencement d'icelle se parfaite n'estoit, ce seroit et poroit y 
eslre au grant grief , blasme et damage de ledicle ville et dou 
pays, ils nous ont remontre t que acroistre volsissions ledicle 
maletote dou vin un denier à cascun lot qui vendus seroit en 
ledicte ville. Kl oultre que pour moutepliier le markiet de le 
ville et lesdictes assises de vin et d'autres buvrages estre 
de plus grand valeur pour le commun peule qui venir y poroit , 
que les gens venans à iceluy markiet vendans aucunes 
communes denrées de vivres qui est nommés menus ton- 
nieulx qui pooit monter cascun an. . . . estoit adont censis la 
somme detrente-siislibvres, chuincq sols blancs pour nous et 
pour nos parceniers qui participation et part y pueent et 
doivent avoir, il nous pleuist que ycelle somme chou qui par 
no recepveur de Haynnau seroit trouvet que valoir deveroit 
cascun an fast recheut , pris et levet ens es dictes assises. 
En faisans avons et a nos dis parceniers paiement cascun 
an , et par coy les gens qui venroient audict markiet en 
fuissent déportet. Et de ces choses li dit eskevin, juret 
communaltet nous aient suppliiet en grant instance que 



- 295 — 

incliner y vosissions. Nous comme gouvreneres et héritiers 
dou dict pays, pour ce que au bien commun et publique 
verrons adies labourer, en entretenant et accomplissant le 
bon plaisir et teneur des lettres de nodict très redoubté 
seigneur dont par ci-dessus est faite mentions; par la 
délibération de plusieurs de nostre Conseil, sour clameur 
et supplication des eskevins, jurez et communaltez de le 
dicte ville, pour le moutepliement et avancement d'icelle 
et à le fin que lidicle forlrece puist estre plustost avanchie 
et parfaite à l'honneur et proufit de le dicte ville et pays, 
de nostre souverayneté et grâce espécial, avons conchedé 
et accordé , concédons et accordons et volons que depuis 
le jour de Noël prochainement venant ens ou lui que lidit 
de le ville pooient prendre deux deniers à cascun lot de vin, 
il en puissent prendre et recepvoir trois, et ossi que toutes 
les autres assises seloncque le teneur des lettres de nos dit 
très-redoubtet signeur, et toutes autres coses dont elles 
pucerit faire mention soit entretenues en tous cas et en 
toutes manières. Car par ces présentes lettres les concé- 
dons , gréons et approuvons , et sans aucune cose excepter. 
Et volons et accordons que no dicte grâce puist durer et 
dureceletiermededouze anées coniinuellesles etacomplies 
après ledit jour de Noël. Et ossi nous plaist que lidis com- 
muns tonnieuls soit relaissiés à recepvoir tout ledit terme 
et que on le puist prendre sous les dictes assises et faire 
paiement cascun an de le dicte somme u de telle qui acor- 
dée sera à nous et à nos dis parceniers. Chou entendut 
que le dictes assise en recepte et des mises qui s'en dévoient 
faire pour le dicte fortrôce et commun tonnieu payer, si 
que dit est, lidit eskevinet jurez, ou non et pour le ville, 
seront tenut u leur commis en ce kas de caskun an compter, 

21 



.- 296 — 

en appiellant no recepveur de Haynau , qui le sera pour le 
temps, elaucunsde parle signeur de Lauval, en le manière 
accoustumce. Si mandons et commandons à tous nos subgés 
et justichiaules et en dessous nostre souveraynelé, et 
requérons à tous autres habllans u repairans sans contre- 
dit as dis eskevins et jurez , à leur comis u à celui u chiaulx 
qui droit y aroicnt par cens u outrement que faire pueent, 
sans fraude, et tiegnent et acomplissent toutes les coses 
par cbi deseure escriptes, sans enfraindre ne aler alencontre 
en manière aucune. Car ensi volons que fait soit. Par le 
tiesmoing de ces lettres scelées de nostre séel. Données à 
Mons en Haynau , Tan de grâce mil trois cent quatre vins 
et onze, wit jours el mois de décembre. 
Origin. parchemin , sceau enlevé. 

(Archivée de l'État à Monê.} 



IV. 

Requête de Charles Philippe de Groy, seigneur de 
Chièvres a sa sainteté Urbain VIII, pour demander 

LA CONFIRMATION DR L'ÉRECTION CANONIQUE DES OrATO- 
RIENS ET l'union DE LA CURE DE ChIÉVRES A CETTE 

Congrégation. (30 octobre 1631.) 

Sanctissimo domino dno Urbano divina providentia Papaî 
VIII seu illustrussiino ejus datario Carolus Phillppus de 
Croy, dux de Havre, marchio de Renty , cornes de Fontenoy 
etc. dominus de Chièvres. 

Notum facimus quod ad instantiam 111*"' archiep caméra- 
cencis consenserimus jam ab annis circiter sex ut pro ma- 
jore Dei , ac B. V. Mariaô cultu , in oppido nro dicte de 
Chièvres, diocesis cameracen in Belgio, et in provincia 
hannoniœ sito, erigeretur Congregao Presbyterorum soecu- 



— 397 — 

larium de oratorio nuncupata sub instiluto cong. Romanae per 
S. Philippum Nerium fundalae , idipsum approbantibus et op- 
tantibus dilectis magistratu populuque dicti oppidi nobis sub- 
diti que eidem congregalioni de resîdenlia et Subsidiis vitae 
nrvs per coniractus ad hoc initos , et a curia Montensi dictas 
Provinciœ judice âupremo confirmatos sufficientér provi* 
derunt, cumque nobis notum sit qui fructus ab ea sic 
noviter erecta dictis subditis nris provénerint quique ceHo 
gperari possint tam iiicolis quam advenis dictum oppidum 
visîtantibus ratione peregrinationis celeberrime et antiquis-* 
sime ad B. Mariam de fonte dictam. Nos dicte congregaolB^ 
canonicam institutionem ^ et confirmationem , ejusque per-* 
petaam manulentionem unice desiderantes humillime sup^ 
pUcamus quatenus Yestra Sanctitas dictam cong« canonice 
instituât et confirmet sub instituto dictœ congregaoiâ 
RomanoB eidemque sic institute perpétue unire dignetur 
curam parochialem ejusdem oppidi nri , una cum omnibus 
juribus suis et fractibus , idipsumi poslulantibus et rationes 
hujusmodt unionis approbantibus dicto Archiepo tanquam 
ordinario magistratu popnloque dicti oppidi nrî^acceden- 
tibusqae consensu coUatorid , et consénsu modemi moderui 
possessoris dicta) curae bis adjunctis. In quorum fid^ni bas 
manu propria subsigiiavimus et sigillo nro majori munire 
fecîmus. Datum BnixelUs die uUima octobrie anno 1631. 

Signatum : dux de Havre, marquis de Renly, cura sigillo 
ejus minori impresso in carta. 

Concordat cum suo orîginali exhibilo à R^^ superiore 
dictœ congregaois oratorii cérviensis quod infrascriptus 
notarius aplicus testateur. 

Cerviaa 18» novembris 1631 , 

Sig. Ragiiet^ 

(Archives de VÉtat à Mons.) 



— 298 — 
V. 

Matière des lettres de son exellence a l'ambassa- 
deur d'Espagne a Rome. (1632). 

Come son Excellence u permis passé quelques années à 
la requête de M. l'archevêque de Cambray que se format 
en sa ville de Chièvres une congrégation des pires de 
l'Oratoire sous l'institut de St-Philippe et que pour l'éta- 
blissement d'icelle congrégation , elle a donné de les no- 
vembre de l'année précédente 1631 à sa Sainteté une sup- 
plique dont est ici joint une copie autentique , le requérant 
que lad. congrégation fut canoniquement confirmée et aussi 
que la cure paroissiale de sad. ville fut unie et annexée à 
lad. congrégation avec le consentement des collateurs et 
possesseurs modernes de lad. cure et avec les instantes 
prières dudit archevêque et aussi desdils magistrats, bour- 
geois et manans de sad. ville, et come ne s'est encore 
jusqu'à présent donnée l'expédition de sa requestre qui fait 
son excellence prie led. ambassadeur vouloir s'adresser à 
sa Sainteté , ou quelques cardinaux pardevant lesquels lad. 
affaire se traite et de les supplier en donner une favorable 
expédition, vu qu'elle ne puisse être préjudiciable à per- 
sonne, ains, grandement utile pour sa ville et le pèlerinage 
de Notre-Dame , qu'il est l'un des plus anciens et célèbres 
de ce Pays-Bas. 

{A rchivea de l'Étal à Mons,) 



VI. 
i Règlement pour la police et la préséance a tenir a 



LA PROCESSION DE LA VILLE DE ChIÊVRES , HOMOLOGUÉ 

PAR LE Conseil souverain de Hainaut , le 12 août 1724. 
Comme à messeigneurs les grand bailli, président et 



— 299 — 

gens du Conseil souverain à l'empereur et roi en Haynau, 
ait été présenté requête de la part de père Hugues-François 
du Breucquez , prévost de l'oratoire et curé de Chièvres , 
exposant qu'ayant veu les inconvéniens et abus qui ne 
manquaient jamais d'arriver, même avec assez de scandai, 
à la procession de ladite ville , tant à raison des ridiculs 
présents qu'autres sujets, qui ne pouvaient absolument 
être tollérez dans les conjonctures de ce siècle^ s'était 
tenu obligé de travailler pour obtenir qu'elles fussent chan- 
gées : à quel eiTect il avait dressé un project qu'il avait 
tenu le plus util et édifiant , tant pour le service divin , que 
la décoration de ladite procession , qu'il avait présenté tant 
au seigneur comte d'Egmont, seigneur dudict Chiùvros , 
qu'aux sieurs bailly, mayeur et échevins, connestables des 
confréries , et principaux bourgeois , qui avaient d'abord 
déclaré que cette manière prescrite à observer à la ditte 
procession était fort convenable et édifiante , et qu'ils l'ap- 
prouvaient pour autant qu'elle pouvoit les toucher, ainsi 
que se voioit de l'attestation du greffier avec le secl aux 
causes de ladite ville à la suite desdites anciennes obser- 
vances et du projet des formalités décentes à observer, 
allant jointes sous la lettre Â, que les vicaires généraux 
l'aToient aussi approuvez, après avoir examiné , ainsi qu'ap- 
paroissoit de la missive du S^ Marion , secrétaire du vica- 
liat, adressée au remontrant, le deux du mois d'aousl 1724, 
allant jointe sous B; mais comme il ne pouvoit être exécuté 
sous l'authorité souveraine , il venoit très hublement sup- 
plier mesdits seigneurs de l'approuver et émologuer, de 
conséquence déclarer qu'il seroit observé en toute sa forme 
et teneur, et de suite ultérieure les cotisations et amendes 
y portées exécutoires. 
Duquel project la teneur s'ensuit : 



— 300 — 

1. Tous droits de privilège de la confrérie seront main- 
tenus comme d'ancienneté. 

2. Chaque bande choisira un roy, tous les sept ans et 
viendra avec ses six commis, chercher la couronne, la 
veille de la dédicace à douze heures et assisteront aux 
vêpres à deux heures. 

3. Le jour de la dédicace, à neuf heures, ils se ren- 
dront en corps à la chapelle et prenneront leurs places 
accoutumées. 

4. Tous les commis de chaque bande avec ceux qui leur 
ont servi de Roy , se rendront aussy à la mesme heure pour 
assister à la grande messe et se poseront aux places qui leur 
seront préparées. 

5. Le Roy régnant présidera, avec ses six commis, à la 
procession , munis chacun d'un flambeau , ayant sur leurs 
manteaux un ruban ou une médaille à la boutonnière , repré- 
sentant le saint de leur bande. 

6. Le Roy marchera avec le s' Bailly ou son représentant 
derrière le prêtre ofliciant. 

7. Les six commis des cinq bandes restant (car il n'est pas 
question du clergé qui ne bougera jamais de son rang) mar- 
cheront aussy en rang, se succédant alternativement à ladite 
procession , ayant aussy chacun un flambeau , et au milieu 
de leur corps celuy qui leur a servi de Roy avec son flambeau. 

8. Les flambeaux s'achèteront aux frais de la confrérie 
et seront mis en dépôt du sacristin, n'ayant pas d'autre 
usage qu'à cette procession , celles du jour du Vénérable 
et celle du Pèlerin, auxquelles tous les commis des six 
bandes avec leur Roy, seront tenus y assister ou d'y envoi- 
ier une personne de leur part , sous peine de cinq patars 
d'amende au profit de la conlrérie ; lesdis flambeaux se 
distribueront par le valet de chaque bande. 



^ 301 — 

9. La procession sera telle qu'au Pellerin , exce^)té qu'on 
ira de la place par la rue St. Jean, et on reviendra îi la 
chapelle par la rue des Veuves. 

10. Le Roy régnant avec ses six commis auront quatorze 
livres pour diner ensemble. 

14- Au dernier coup des Vespres ,ils se rendront en corps 
à ladite chapelle ponr assister à TofUce et pour être présents 
au couronnement d'un nouveau Roy de la bande qui doit 
leur succéder et dont les commis présenteront à serment , 
comme de iîoutume , au père prévost et au curé , en présence 
du sieur Bailly. 

12. Le Lundy à sept heures du malin , on convoquera , 
par la grosse cloche, les sieurs bailly, roy et commis 
régnant, les sieurs mayeur et eschevins , à Teffect de se 
rendre à la chapelle , d'où , avec le clergé chantant , sorti- 
ront en ordre et dévotion, avec les feretteset torches, qui 
s'embelliront aux h*ais de la confrérie, croix, confanons, 
pour marcher le grand tonr delà Vierge, selon l'ancienneté, 
à leur retour, on chantera une messe solennelle pour les 
confrères trépassez, qui se déclareront le Dimanche à la 
prédication. 

13. Tous les receveurs des bandes seront tenus de don- 
ner hic et nunc leurs listes des noms de leurs confrères , 
avec leurs cotisations , afin de pouvoir dresser un registre 
exact de chaque bande et recognaitre k quoy un chacun 
peut être cottisé chaque année ; la première r4ssiette sera de 
six patars, la seconde dequattre patars et la troisième de 
deux patars , les veuves ne payant qu'à moitié. 

14. Chaque confrère devra avoir payé sa cotisation pour 
le jour de TAssomption de la sainte Vierge , sur peine du 
double et seront soumis à la contrainte entre ledit jour de l'As- 
somption et le jour de la dédicace. 



- 302 — 

45. La recette se fera par un député de chaque bande qui 
aura le huitième denier de la livre et sera tenu de rendre 
compte à un député de chaque bande huit jours après la 
dédicace, et le boni sera mis en mains du pasteur , pour être 
appliqué suivant leurs intentions , ensuite de sa quittance. 

16. Le boni résultant desdits comptes ne pourra jamais 
être diverti à d*autre usage qu à Tembellissement desdites 
processions, non plus que tout ce quise paye annuellement par 
le mambour des pauvres au siget de cette fondation, et après 
ledit embellissement, lesdites taxes se diminueront adratam. 

17. Chaque confrère comis ou non comisaura, après sa 
mort , une messe basse à l'autel privilégié en ladite chapelle 
qui s'annoncera au prône le dimanche précédent. 

18. Uu Roy venant à mourir dans son année de royauté, 
aura une messe de requiem chantée en ladite chapelle , i 
laquelle assisteront les six comis en corps, qui ensuite 
feront devoir de se choisir un autre Roy , qu'ils présenteront 
à serment, comme est dit cy-devant. 

On donnera aux sonneurs de la paroisse, quarante patars, 
à ceux de la chapelle, huit ; aux porteurs de ferettes, six 
patars ; aux porteurs des confanons , deux patars ; aux deux 
.premiers sergeants , pour tenir ordre dans la dite procession 
chacun sept patars. Les offices se payeront cemme d'an- 
cienneté , sçavoir : douze livres pour chaque grande messe. 



Extrait du livre des résolutions de la maison de 

VILLE DE ChIÈVRES, AU SUJET J)E L' AVANT-PROJET. 

A l'asseuiblée du 15 Aoust 1723 , avec convocation ordi- 
naire , a été présenté le plan de la nouvelle procession 
^érigée sous le nom de Notre-Dame de la Fontaine, et avant 
de résoudre on est convenu de donner copie dudit plananx 



— 303 — 

comis des sept bandes, pour rexaminer avec leur confrères 
et venir Taccepter ou répugner. Le 24 d'Aoust , nouvelle 
assemblée fut faite, ou ont été présents : 

Le Révérend père Du Breucquez , prévost et curé ; 

Le s>' de Gomenpont , bailly ; 

Le sr Jean-Baptiste Surquin , mayeur. 

ESCHEYINS. 

Jean Accarin , bourge maîlre , 
Jacques Dominique Moreau , 
Jacques Botteau , 
Quintin Duboi» , 
Louis-Joseph Dubreucque. 

Ceux de la confrérie de S^ Anne : 
Âmould Posteau. 
Jacques Descamps. 
(en marge) accepté par icelle confrérie , 

Ceux de la confrérie S^» Catherine. « 

Jean-François Boutredal. 
Hugue Cottelle. 
Accepté aussy. 

Mre Pierre La Rivière. 
Jean Hubert Le Mye. 
Jacques Pies Delbare. 
Jean* François Bernard. 
Pierre Carlier. 
Florent I^eclercq. 
Charles Pies Delmotte. 
Accepté. 

Le sr Jean Louis Dumont. 
Joseph Breuze. 
Quintin Blondel. 
Gérard Surquin. 



St. Eloy. 



St. Jean. 



- 804 - 

Jacques-Antoine de Grandmont. 
Jacques-Dominique Moreau. 
Gbislain de Grandmont. 
Accepté. 

St. Antoine. 

Le s' Surquin , mayeur. 
Jacques-François Botteau. 
Le s' Ijej^rand , greffier. 
Simon Dclhaye. 
Martin Bleau. 
Jean Cliauvin. 
Michel Populaire. 
Albert GoUe. 
Ântome List. 
Accepté. 

SS. GllESlMN EN GrESPI.MEN. 

Mathieu Delhaye. 

Garles List. 

Pbles Dubois , fils d'Etienne. 

Jacques Descamps , filj d'Antoine. 

Martin Descamps. 

Joseph Delgambe. 

Accepté. 

Mais comme ce changement ne se peut faire sans l*auto- 
riié de messieurs les vicaires-généraux , sede vacante^ les 
remontrans les supplient en tous respects de le leur accor- 
der ^ déclarant que, mettant à néant tous les dite ridicules 
présents , il sera suivi et observé de point eu point en tout 
son contenu. 

Etait signé : H. F. Du IJreucquez, prévost de rOraloireet 
curé de Chièvres. 

Le contenu de Texposé ci-dessus est approuvé tant par 
les sieurs bailly, mayeur et eschevins que par les princi- 
paux manuus et chefs de coiifréries de ladite ville de Cbiè- 



— 305 — 

vres, ce qu'atteste le soussigné greffier de la dite ville, 
ayant à cet effect icy apposé sa signature avec le scel aux 
causes de la dite ville , le deux du mois d'octobre 1723. 

Tesm. était signé: par ordonnance N. Legrand. 

De scel aux causes de ladite ville y étant apposé surnleuUe. 

Les grand fiailly, président et gens dudit conseil de Sa 
Majesté impériale et catholique , ayant reveu la requête du 
père Hugues-François, Du Breucquez, prévost de l'Oratoire 
et curé de Chièvres , et pièces jointes , ouy le rapport du 
conseiller Hanot, tout considéré, ont entériné et entérinent 
le Project dont il s'agit et cy-dessus repris ; en conséquence , 
il devra être observé et exécuté en tous ses points , selon 
sa forme et teneur. Ainsi prononcé le 12 d'Aoust 1724. 

Extrait du 84« rég. aux dépêches du grand bailli et du 
conseil de Hainaut fol. 1 à 6. 

(Archivée de VÉtal â Mons). 



VIL 

Pasinonie, 3^ série t. vu, p. 610, u^ 873. 

18 Décembre 1837. — Arrêté qui accoide à la ville de 
Chièvres {Hainaut) la confirmation de ses armoiries. {Bull, 
ojfic. n^ CXLV.) 

Léopold, Roi des Belges. 

A tous présens et à venir , Salut. 

Vu la délibération du Conseil communal de Chièvres 
(Hainaut), en date du 1^^ juin dernier, tendant à obtenir 
la confirmation de ses armoiries qui ont été octroyées 
anciennement à cette ville ; mais dont les titres de conces- 
sion sont égarés ou détruits ; 

Considérant que des doucuments dignes de fol, établis- 
sent suffisamment , en Tabsence d*actes authentiques , que 



~ 306 — 

la ville de Chièvres est en possession depuis une époque 
très reculée d'armoiries particulières ; 

Vu notre arrêté, en date du 6 février 1837, réglant la 
forme des sceaux des communes ; 

Sur le rapport de notre Ministre de l'intérieur et des 
affaires étrangères ; 

Nous avons accordé et accordons à la commune de 
Chièvres , les présentes lettres confirmatives avec autorisa- 
tion de continuer à avoir et à porter les armoiries, dont elle 
a usé jusqu'aujourd'hui , telles qu'elles sont figurées et 
coloriées au milieu d'icelles et qui sont : 



DK GUEULES 



LIONS MORTS 




A TllOIS 



NÉS, d'or, 



Notre Ministre de l'intérieur et des affaires étrangères est 
chargé de l'exécution des présentes , qui seront insérées au 
Buletin officiel. 

Donné à Bruxelles , le 18 décembre 1837. 

Léopold 

Par le Roi 

Le Minisire de Vlnlérieur et des affaires Étrangères. 

DE Theux. 






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L'ÉGLISE 



NOTRE-DAME D'ANVERS 



ET LE 



PROJET D'AGRANDISSEMENT DE CE TEMPLE ENi^ ùt ^- -,.. 






p. GENARD X./0/- 



« / 



^ 



Membre EfTectif. 



La plupart des villes flamandes possèdent, tant sous le 
rapport civil que religieux , des monuments qu'elles consi- 
dèrent ajuste titre comme les témoins de leur ancienne 
puissance et Théritage d'un passé glorieux. Si Bruges, 
Gand et Ypres citent avec fierté leurs beffrois, leurs 
halles et leurs églises cathédrales, Bruxelles, Louvain 
et Anvers montrent, avec non moins d'orgueil, leurs 
hôlels-de-ville et leurs antiques églises cullégiales. Con- 
struits la plupart entre les années 1200 et 1520, ces édifices 
sont en outre des types de l'architecture ogivale dans notre 
pays. 

L'église Notre-Dame d'Anvers fut de tout temps l'objet de 



22 



— 308 — 

la prédilection de nos concitoyens. Pour son édification la 
population de notre ville s'est imposée les plus grands sa- 
crifices. En la construisant, nos ancêtres semblent avoir 
voulu élever ua monument digne des œuvres les plus con- 
sidérables de l'antiquité. 

Nousl'avons dit ailleurs*, l'histoire ignore le nom deTarchi- 
tecte à qui Ton doit le plan primitif de l'église, dont le chœur 
fut commencé vers 1Î50 ; mais elle nous a conservé la 
mémoire des artistes qui consacrèrent leur génie à l'édi- 
fication de la grande tour. 

Ce gigantesque monument est sans doute l'œuvre de Pierre 
Appelmans fils de Jean*, architecte mort en 4434 et qui fut 
remplacé immédiatement par M® Jean Tac; celui-ci, étant 
décédé en 1449, eut pour successeur M® Éverard , qui con- 
serva la direction des travaux jusqu'en 1473. Alors il fut 
remplacé par M® Herman de Waghemakere, le vieux, qui 
dirigea les travaux jusqu'en 1502 ; son fils Dominique de 
Waghemakere lui succéda, et fut assisté, depuis 1521 
jusqu'en 1530 ^ par M® Rombaut Keldermans, architecle 
de Matines. Tous ces artistes consacrèrent également leurs 
soins à la construction du vaisseau de Téglise. 

Il y avait près de deux siècles que l'on avait jeté les fon- 
dements du chœur de l'église N.-D. et un siècle que Pierre 
Appelmans avait commencé la construction de la grande 
tour, lorsque Ton trouva que le grandiose monument 



1 V. notre notice sur l'église N.-D. insérée dans le T. I. du recueil des Inserip' 
tiona funéraires et monumentale» de la province d'Anvert, 

- M. le chev. Léon de Burbure nous a fait connaître les travaux de ces grands 
architectes dans le Tome 1, p. 351, de la Biographie Nationale, 

> V. notre biographie des architectes de Waghemakere dans le T.IX, p.4âS>,des 
Bulletins des Commissions Boyales d'Art et d'Archéologie , et dans le T. V, 
p. 887 de la Biographie Nationale. 



— 309 — 

n'était pas encore assez vaste pour répondre aux idées am- 
bitieuses des Anversois. En présence de l'extension qu'a- 
vait pris le commerce de notre ville, la Commune dispo- 
sait de ressources considérables qui lui permettaient de 
songer à de gigantesques entreprises. 

L'architecte dirigeant les travaux, le célèbre Ilerman de 
Waghemakere , fut chargé d'ajouter plusieurs annexes au 
temple, d'abord ver» 1475 les vastes chapelles du St-Sacre- ' 
ment et de la Ste- Vierge, ensuite en 1491 le chœur de Jéru- 
salem, oratoire également connu sous le nom de chapelle 
de la Circoncision ou du Magistrat, Vingt-sept ans plus 
tard , en 1518, son fils Dominique termina la grande tour 
en la surmontant d'une flèche, qui pour n être pas entière- 
ment dans le style du reste de Tédifice , n'en est pas moins 
un chef-d'œuvre de hardiesse et de composition. 

Telle quelle étciit à cette époque, l'église N.-D. mesurait 
en longueur 117 mètres sur 65 mètres de largeur aux tran- 
septs et aux chapelles du Saint Sacrement et de la Sainte 
Vierge, c'est-à-dire qu'elle avait des dimensions à peu près 
égales à celles de la cathédrale achevée de Cologne. 

Malgré des proportions aussi colossales , l'église de 
N.-D. ne répondait pas encore aux vues de nos an- 
cêtres. Depuis longtemps ils regrettaient qu'un exhausse- 
ment du sol, en 1419, avait fait perdre aux piliers du chœur 
les belles proportions qu'on y admirait jadis , et qu'ils n'é- 
taient plus en harmonie avec les autres parties de l'édi- 
fice. On était au commencement du XVP siècle, une des 
époques les plus importantes de l'histoire d'Anvers ; le 
commerce de cette ville , qui alors était des plus étendus 
et des plus florissants, y avait répandu une opulence dont 
on ne connaissait pas d'exemple. Les chanoines pensèrent 
avec raison que les ressources ne leur manqueraient pas 



— 3i0 — 

pour achever un monument dont tout Anversois devait 
être fier. Ils formèrent donc le projet de démolir l'abside 
qui subsiste encore aujourd'hui, de la remplacer par un 
chœur plus élevé et d'y ajouter une crypte ou église 
souterraine. 

Le plan de celte nouvelle construction, que l'on confia 
au talent des architectes Dominique de Waghemakere et 
Rombaut Keldermans et à laquelle on donna le nom de 
nouvelle œuvre (nieuw werk) devait être très remarqua- 
ble, si Ton en croit une description du temps. 

Deux rangées de fenêtres superposées (probablement un 
Iriforiurriy au-dessus duquel auraient été construites les 
fenêtres proprement dites), s'y seraient montrées avec 
leurs formes élégantes ; le toit aurait été placé à une 
grande hauteur, et notre temple aurait présenté ainsi 
ces profils élancés et sveltes qui lui manquent tant soit peu 
aujourd'hui. Quatre tours se seraient élevées aux portails, 
et auraient mis notre église au premier rang parmi les 
monuments les plus considérables du monde. 

On commença à exécuter ce projet grandiose ; le 14 juillet 
4521, l'empereur Charles-Quint voulut en poser la première 
pierre, en présence de son beau- frère, Christiern, roi de 
Danen)ark, de plusieurs chevaliers de la Toison d'Or et 
des autorités civiles et religieuses d'Anvers. 

L'abbé de St-Bernard, Pierre Cruyt, envoyé impérial 
près la cour de Christiern, chanta à celte occasion la 
grand*messe et la fabrique, suivant Tusagede l'époque, pré- 
senta à l'empereur deux paires de gants, pour lesquelles 
elle paya, d'après les comptes de l'église, IGescaUns 6 gros. 
Elle paya également 2 escalins pour faire graver rinscri[>- 
tion suivanle sur la pierre pdsée par l'empereur : 



— 311 — 

IMPEIiATOR 

CESAR CAR0LL8 QUINTUS AIIGUSTUS 

LAPIDEM 

POSUIT 

lUlUUS IULII MDXXl ^ 

l/administralion de l'église poursuivit les travaux avec 
un zèle extraordinaire ; en peu d'années on vit s'élever une 

' La pose de la première pierre du projet de I52î,aé élesajeld^unbeau tableau 
point par M. Franz Vinck et appartenant à M. le notaire Gliarles Dhanis, à Anvers. 

Voici les renseignements que nous fournissent à ce sujet les comptes de l'église 
el dont, en partie, nous devons la communication à lobligeance de M.L.Theunis- 
sen, marguiilier-secrétaire de Noire-Dame : 

Comptes de Cannée 1520 21. 

« Belaelt Meester Rombout endc Meester Dominicus (Keldermansel de ^Vaghe- 
makerp) t*sam6n op patroen van den nieuwen cboer : 37 i^ 10 se. 

c Uetaelt voireen clouwcn cu«:rdfn mede te trecken de mate vin den nieuwen 
choore : XHl Vi gr. 

« Betaelt nog voir twee stocken mede te meten : 10 Vf S^' 

u Betaelt dcnselven Meester Rombout, voir ern wambuys lakene hem toegescyt 
dat hy hem haesten soude int maken van denselven patroene: 37 se. d. 

« Betaelt den neve van Moesteren Rom boute, want dat hy meester Rombout 
behulpich was, drinckgeit : 6 se. 3 d. 

' Bf^taelt Meester Karolon van der Ou.ven, voir de supplicaoie die hy voir de 
Kercke aen de Keyserlyckc Majesteyl gemaecl liadde : 9 se. C d. 

« Betaelt van der grooterclocken te luydcn doen de Keyser den ierslen stoeii 
leyde : 2 se. 6 d. 

« Betaelt voir twee paer hantscoenen denKeyserlicken Majesteyl gepresenteert, 
doen hy den ier»ten steen leggen soude, dccn paer van X se. ende van Xll gr. 
vlacins, compt : XVI se. VI d. 

» Ghesconcken den meesters van den werrkc melten anderen «;licsellen.tsamen 
te veiieren op ten selven dach : XI st. VJ d. 

« Jielaelt van den datum op ten ierbten sleen le houden die de Keyscr leyde 
: 2 se. 

Compte de 1 .21-22. 

f Vicrriemen papiers ende 1 liem grofendc gioct papier ahoer Meester iJomi- 
eus ende Rombout t* samen : 12 se. 

Compte de 1522-23. 

« Betaelt ende gegeven Meester Peeteren van Vyanen, voir syn patroen vau 
den nieuwen Kercken, dat hy beworpen hadde, ex gracia :3i se. 



^ 312 — 

foule de piliers , et bientôt le chœur et les bas-côtés au- 
raient été terminés ; mais une catastrophe imprévue fit ces- 
ser tout-à-coup les travaux. Un incendie terrible éclata le 
6 octobre 1533. « Le notaire Bertryn * prétend, » disent 
MM.Mertens et Torfs dans leur histoire d'Anvers, « que le feu 
provint de tourbe mal éteinte. Le secrétaire Grapheus, de son 
côté , raconte qu'un cierge mit le feu à un rideau qui le conn- 
muniqua à l'autel de St-Gommaire. Quoiqu'il en soit, les 
flammes, qui avaient attaqué d'abord les bas-côtés , firent 
des progrès si rapides, qu'en peu de temps l'édifice entier pré- 
sentait l'aspect d'un volcan. Déjà les soliveaux, les poutres, 
les chevrons et la toiture étaient entièrement brûlés et le 
plomb fondu ruisselait des gouttières , déjà la plupart des 
autels étaient réduits en cendre, et le grand portail, qui 
était en bois, avait pris feu ; déjà les flammes montaient en 

« Betaeit van eenen coker dat patroen van der nieuwen Kercke inné te 
bewacrne : li se. 3 d. 

« Betaeit van diversen lyken, die vuytghegravcn waren,weder tereerdden te 
doen, vier ghesenen tsamen : 16 st. 

« Betaeit van twee groote putten te gravcn daer men de lycken inné begroef 
die vuytgegraven worden : 7 se. 6 d. 

Compte de 1523-24. 

« BctaeU Adriaen den mandemaker, van XI Vs*" decksteenen daer den nieuwen 
muer van den niemven ehoor mede gedect is : li se. 4 Y* d. 
Denselven nog van VI V**' nets dat daer noeh gebrakt : 11 se. 

Compte de 1525-26. — {Wit werck). — 

« Betaeit Stcven Raes, op de leveringhe van den rechtstaen van den zydoren 
aen de nieu Kereke ende pyleru met arduynen : 25 iP. 

K Symoen Mommaerts, van 23 wendeltrappen gelevert aen de nieu Kercke, 4 i 
17 se. 9 d. 

Compte de 1527-28. 

« Betaeit van den masten te brengen daermen aen de nieuw Kerck roedc 
gestelt heeft : XIU Vtgr. 

* La chronique du notaire Bertryn vient d'être publiée par les soins de M. le 
chevalier Gustave van Havre, dans la collection des travaux de la Socirtc des 
Bibliophiles Anveraois, 



— 313 — 

épaisses colonnes vers la tour et enveloppaient les traverses 
et les contre-forts, lorsque le bourgmestre Lancelotd'Ursel 
accourut sur le lieu du sinistre, et qu'aidé par une foule 
considérable , il entreprit d'éteindre l'incendie. "» 

« La tâche n'était pas facile. La niultitude, frappée de stu- 
peur, avait déjà perdu tout espoir de conserver l'église et 
allait abandonner le monument à son triste sort. D'Ursel 
cependant ne se laissa pus décourager; il se hâta de 
rétablir Tordre et de diriger les moyens de secours. Ses 
paroles, mais avant tout, son exemple et son dévouement, 
parvinrent à faire renaître le courage dans tous les cœurs. 
Trois cents hommes intrépides étaient là: ils attaquèrent 
lennemi avec vigueur, et s'efforcèrent, en versant l'eau à 
flots, d'éteindre l'incendie. Enfin grâce au zèle, à l'admi- 
rable sang-froid et à l'habile direction du noble bourgmes- 
tre , au point du jour on était maître du feu, mais l'incen- 
die avait déjà fait des ravages effrayants. Aussi serait- 
il bien difficile de décrire le triste état où se trouvait l'église : 
cinquante-sept autels ne présentaient plus que des masses 
calcinées, et la toiture carbonisée gisait sur le pavé sous 
un monceau de cendres. Et telle avait été la fureur des flam- 
mes, que plusieurs piliers étaient fendus de haut en bas. » 

Quelque étendu que fut le désastre qui avait frappé la 
fabrique , le zèle des fidèles n'était pas moins grand pour 
le réparer. Des dons et des aumônes furent recueillis par- 
tout, et l'année suivante , la coupole était déjà reconstruite; 
Adrien Michiels coula, d'après le dessin du peintre Cîom- 
maire van Neerbroek , la statue du Sauveur, qui jusqu'en 
1798, en décora l'extérieur. Les confréries, les gildes et 
les corporations rivalisèrent de zèle pour relever les autels 
détruits. Dominique de Waghemaker dirigea les travaux, 
et employa toutes les ressources de son talent pour restau- 



— 314 — 

rer un temple qu'il avait connu dans toute sa splendeur. 
Mais la nouvelle œuvre lui abandonnée, au point qu'on neu 
entendit plus parler. 

Une circonstance impréNoie la rappela en 1679 à la mé- 
moire de nos concitoyens. Le chanoine Siger Goubau , sous- 
trésorier du Chapitre, venait de décéder dans une maison sise 
au jardin du Chapitre plus connu sous le nom de Papen- 
hof; parmi les objets vendus à sa mortuaire se trouvaient 
deux parchemins qui furent adjugés à Tavocat Égide-Char- 
lemagne Nys, jurisconsulte de mérite et archéologue 
distingué * ; on sut plus tard que ces parchemins n'étaient 
autres que les plans originaux du projet de Charles V. 

Dès que la fabrique eut connaissance du fait , elle rô- 
clama de l'avocat Nys la restitution des plans qui lui 
avaient été adjugés par erreur ; mais notre jurisconsulte 
refusa de satisfaire à celte invitation et un procès lui fut 
ntenté devant l'amman de la ville. M. le chevalier de 
Burbure, de qui nous tenons ces intéressants détails, dit que 
parmi les témoins cités dans l'aflaire, se trouvait le capi- 
taine Behaghel. Cet officier déposa devant le magistrat qu il 
» avait vu les plans en question chez l'avoccit Nys , et que 
» l'église y était fîguiée avec quatre tours ; qu'il y avait 
» aussi trois rangées de fenêtres à des hauteurs différentes ; 
» quHl savait pertinemment que depuis un temps immémorial 



^ Voyez sur Tavocat Nys les Atonales Anivet-pienses du jésuite Daniel Papen- 
broeck, T. I, pp. VI-VII. Nous avons publié dans la Revue Le Vlaamschesdiool. 
(année 1856, p. 1D8) une pièce de vers qui prouve que si ce jurisconsulte avait 
voulu , il aurait pu se faire un Leau nom dans les letties flamandes. 

< En 1GC0 le compte de la Fabiique contient aux dépenses , le pas>agc suivau* 
relatif à ce procès : < Divcrsdie uytgaven : 

Item aen den procureur de Ncfl', voor diversche onkosten ghedten iu 1 proc» 
jegens den heer advocaet Nys,over de tcekeninghe van de Kerck;by quittancie; 
Guld. 38-1 VfSt. • 



( I 




IHOJhT D'ACr.AM ISSI yiM' UE h'ÉCLlSE LU KOTRE-rAME 

EN 1521. 
PLAN DES COLONNES ENCORE EXISTANTES. 



- 317 - 

» ces deux dessins sur parchemin avaient appartenu aux 
» archives de la fabrique et avaient été conservés au Papcn- 
» hof, » 

Quelle fut l'issue de ce procès ? Nous l'ignorons , tou- 
jours est-il que les plans ne Tirent pas retour à l'église , du 
moins on ne les a pas retrouvés dans ses archives lorsiiue, 
il y a une trentaine d'années, M. le chevalier de Burbure 
voulut bien se charger du classement de ce vaste dépôt. 

Tel était l'état de la question, lorsqu'une circonstance 
inopinée nous fit retrouver, non pas les plans originaux de 
Dominique de Waghemakere et de Rombaut Keldermans, 
mais les restes mêmes du projet dont l'empereur (Iharles V 
avait si solennellement posé la première pierre. Il y a environ 
trente ans, pendant qu'on exécutait quelques travaux dans 
l'ancien jardin du chapitre , connu sous le nom de Papevhofj 
on découvrit de distance en distance des fûts de pihers 
d'une grosseur peu commune. Le chevalier I.éon de 
Burbure et l'auteur de cette notice, qui se trouvaient 
alors par hasard dans le jardin, frappés par cette décou- 
verte singulière, invitèrent l'architecte M. Joseph Durlet 
à s'assurer si d'autres piliers étaient encore enfouis sous le sol. 

Onze colonnes, d'environ dix-sept pieds de hauteur, sor- 
tirent des décombres. Le plan ci-joint prouve assez qu'elles 
auraient formé un chœur avec des bas-côtés. 

<i On peut se faire une idée » écrivions-nous en 1856 \ » de 
l'étendue de cet édifice, quand on considère que le chœur 
actuel avec ses bas-côtés et les chapelles n'occupent tout au 
plus que la moitié de sa superficie. Ses proportions archi- 
tecturales n'auraient pas été moins considérables. D'après 
une gravure qui se trouve dans la première édition de la 

* V. Noire nolice précitée dans lo recueil d^s Inacripfions funéraires cl mouu' 
mentales de la province (T Anvers , T. I, p.XXXlV. 



~ 318 — 

description des Pays-Bas^ par I.ouis Guichardin, et dont nous 
donnons ici le fac-similé, les murs extérieurs des bas-côtés 
du nouveau chœur auraient eu la hauteur de la grande 
nef actuelle. De même que Téglise, le nouveau chœur 
aurait été construit en style ogival. Nous devons cependant 
faire remarquer que la gravure semble indiquer qu'où 
aurait employé le style tertiaire ou flamboyant. 

« Un seul point nous paraît obscur dans le projet de 1521 ; 
c'est la question de savoir comment on aurait rattaché le 
nouveau chœur aux tiutres parties de l'église. En effet, 
d'après le plan , le chœur a une toute autre direction que 
le reste de l'édifice, et nous ne pouvons admettre qu'en 
achevant ce nouveau projet, on eût négligé l'ensemble, véri- 
table caractère de toute œuvre artistique. De nouvelles 
découvertes donneront peut-être un jour Texplication de 
ce fait. » 

Hélas ! après des années de recherches , nous ne sommes 
pas encore à même de percer ce mystère. I^oin de là, une 
trouvaille des plus importantes semble le rendre de plus en 
plus impénétrable. Un jour, en examinant la riche collec- 
tion de dessins de toutes sortes conservés aux archives de la 
ville, nous mîmes la main sur un plan grossièrement fait dont 
la singularité nous frappa à première vue. 

Il se trouvait adossé à un plan du marché aux fruits 
{Frvylmerkt) hors la porte connue sous le nom de Cis/cnie- 
poorL dans la nouvelle ville et contenait en tête les mots : 
« Ervebuyten dePislernepoorl cnde ooc de nieuwe choor ;» 
plus bas rinscripliun suivante: ^hclhcghinselvandcnnieM- 
wen choor H onser vrouwen. — Endc crve gclcgcn teyen île 
Fruytmerklin de Nieiiwslat, met noch erve vooi hel Ooslers- 
huys oni eenen hof aldaer te maken. » 

Sans le moindre doute nous avions devant nous le plan 



LA .XOUVEr.LE ŒUVHE. — VUE PRISK DU CtMKTlERF, 

I (ArjornD'Fiui i.a place verte") en 1500. 



— 321 ^ 

terrier du projet (ragrandissement de TégUse N. I). de 1521 ! 

Premier objet de remarque : 

L'orientatioa du plan des archives est en tous points con- 
forme aux colonnes trouvées dans le jardin du Papenhof. 
Joindre le nouveau chœur à l'église actuelle nous semble 
tout-à-fait impossible. Supposer que Ton eut Tidée de démolir 
ce vaste édifice, serait taxer nos ancêtres de folie. — Ce 
point reste donc à Tétat de question. 

Comme le plan dressé en 1856, le croquis conservé à 
l'hôtel-de-ville donne en premier lieu le dessin du chœur 
de l'église existante. Une inscription faite antérieurement à 
celle du titre du plan, est conçue en ces termes : ^den ouden 
coor 32 voel ; den ommeganck mit de cappellenSl voel ; ^ 
c'est-à-dire que le chœur actuel encore existant avait 
32 et chacun des bas-côtés 31 pieds d'Anvers de largeur* ; 
mesure à peu près exacte puisque ces deux parties du monu- 
ment ont respectivement une largeur de 9 mètres 40 cent, 
et de 8 mètres 70 cent. 

La nouvelle œuvre (nieuw werk^) se composait d'après 
le plan, d'un vaste chœur, {nieiiwen coor,) autour duquel 
auraient régné des bas-côtés avec pourtour, donnant accès 
à neuf chapelles, dont les deux premières auraient été de 
véritables églises ayant des issues dans le transept. 

La porte de l'église du côté sud, également indiquée sur 
le plan, aurait, comme celle qui existe aujourd'hui, été 
surmontée d'une grande fenêtre ogivale. 

Le dessin prouve de nouveau que de Waghemakere et 
Keldermans avaient adopté pour leur projet le style flam- 
bloyant ou ogival de la dernière époque. 

Les proportions de la nouvelle œuvre étaient, nous l'avons 
déjà dit, colossales. Si l'église actuelle a une largeur de 

< Le pied d'Anvers mesure ii pouces ou 28G.8 millimètres. 



— 322 — 

65 mètres , celle projetée en 1521 en aurait compté pour 
le moins 130 , c'est-à-dire que sa largeur aurait surpassé 
la longueur du temple actuel ; la longueur du nouveau 
chœur aurait dépassé celle de l'église existante ! 

La gravure ci-jointe copiée du plan des archives par les 
soins de M. Gustave Royers, ingénieur de la ville, permettra 
de se formar une idée du projet del5'21 ; nous comprenons 
que l'empereur Charles V le jugeait assez important pour 
y attacher son nom. 

La découverte du plan terrier du nieuw werk fait dou- 
blement regretter la disparition des dessins de Djminique 
de Waghemakere et de Rombaut Keldermans , ne fut-ce 
même qu'à titre de preuve du talent de ces célèbres archi- 
tectes ; l'intérêt s'accroîtra encore, si comme nous l'espé- 
rons, on dégage un jour le magnifique chœur de l'église 
actuelle ; on se trouvera probablement alors en présence 
d'une quantité de colonnes , de murs et de contreforts qui 
donneront au quartier un aspect des plus pittoresques. 

Quoi qu'il en soit, ne regrettons pas outre mesure la non- 
exécution et la perte du plan de 4521. Sous le point de 
vue architectural , l'église Notre-Dame n'aurait probable- 
ment pas gagné en importance par un agrandissement 
disproportionné , fait dans un style qui s'éloignait de plus 
en plus du projet primitif. 

Déplorons plutôt que, depuis trois siècles, les circonstances 
n'aient pas permis de songer à l'achèvement d'un monu- 
ment qui devait compter parmi les merveilles créées par la 
main de l'homme. En voyant ce qui se passe en Allemagne, 
où après les efforts de tant de générations , on est enfin 
parvenu à terminer le splendide dôme de Cologne, ne peut- 
on pas s'étonner qu'à notre époque où, grâce au dévelop- 
pement du commerce et de l'industrie, on peut songer de 





'l^- 



PBOJET D AGUANniSSKMKNT DE L EGLISE NOTRE-DAME 

DE 1521. 
PLAN DU NOUVEAU CHŒUR. 



23 



— 325 — 

nouveau à de grandes entreprises monumentales , personne 
n'ait fait des tentatives pour achever la cathédrale d'Anvers? 

L'amour de la patrie serait-il moins fort chez nous que 
chez nos voisins d'outre-Rhin ? Nous ne le croyons pas : 
en voyant élever des édifices tels que le gigantesque palais 
de justice de Bruxelles, nous avons la certitude que les 
fonds ne manqueraient pas pour terminer un monument de 
la valeur de l'église Notre-Dame d'Anvers. Il ne nous manque 
qu'une initiative puissante, et celle initiative trouvée, on 
marcherait hardiment de l'avant, les nobles sentiments 
qui de tous temps ont guidé nos concitoyens triompheraient, 
nous en sommes sûrs , des plus grandes difficultés. 

Puissent nos paroles trouver de l'écho et réveiller dans 
quelques cœurs cet amour des grandes entreprises dont 
les siècles passés nous ont légué de si nombreux exemples. 
Puisse Anvers comme Cologne fêter un jour l'achôve- 
ment de son antique cathédrale ! 



LE PROJET DE DÉMOLITION 



DE LA. 



CATHÉDRALE D'ANVERS en 1798. 



Notice par- P. GÉNARD 

Membre EflTectif. 



Parmi les faits déplorables passés à Anvers^ à la fin 
du siècle dernier, il en est peu qui aient plus vivement 
émotionné le public, que le projet de démolition de la cathé- 
drale d'Anvers et de sa tour incomparable, formulé en 1798 
par Tadministralion centrale du département des Deux- 
Nèthes. 

Dans un mémoire inséré en 1856, au tome premier du 
Recueil des Inscriptions funéraires et monumentales de la 
province d'Anvers, nous avons rendu hommage au courage 
et au patriotisme de MM. Jean-Etienne Parys, Corneille 
Peeters, Charles de Roy et Jean-François Bastiaensens , 
citoyens courageux qui, en ces jours néfastes, sauvèrent de 
la destruction une des merveilles de Tarchitecture ogivale ; 
nous livrons aujourd'hui à la publicité la correspondance 
concernant un projet à la réalité duquel l'avenir aura peine 
à croire et qui prendra place parmi les actes de vandalisme 



-. 327 — 

(es p)o9 extraonlinarres oonçus par la raison humaine dans 
ses moments crêgarement. 

Le 21 septembre 1797, le service religieux avait été sus- 
pendu dans les églises d'Anvers, et le 27 du même mois, 
vers 5 heures du soir, la cathédrale fut fermée avec une 
grande mise en scène, à la suite d'une décision de la commis- 
sion municipale du 4 vendémiaire an VI, affichée dans les 
principales rues de la ville. Le temple était i^empli de 
mande, toute la population s'y était donné rendez-vous; 
\e^ agents de la municipalité eurent de la peine à entrer 
dans rédifice et à s'y frayer un passage. 

La fermeture de rt'îglise donna lieu à un crime odieux. 
Le citoyen François Roche, officier de la municipalité *, 
excité par un zèle républicain exagéré, ayant voulu haranguer 
la foule, fut frâppê d'un coup de marteau dont il mourut peu 
de temps après. « Ce meurtre, » écrivait leciloyen Dargonne, 
commit^saire du directoire exécutif, « n'est que la suite d'une 
impradenceet d'un excès de zèle d'une part, et de l'autre, 
de l'emportement d'un fanatique. Et certes il n'en manque 
pas dans le canton *. » 

Chose inconcevable , l'auteur de ce crime ne fut jamais 



< François Roche, natif de Paris, avait épousé MarguerKe Chavagnaz. U mourut 
^e 6 rendémialre an VI, (^c 15, d*après son acte de décès,) âarts son domicile, rue 
Ëveniy. Non» ne voyons pas à quel titre Roche faisait partie d« lu municipahté 
d'Anvers. Suivant le rapport de l'admiiùstration centrale du département, eii 
date du 7 vendémiaire an VI, « il était otllcier municipal à Paris au com- 
mencement de 1793, et depuis le 9 thermidor de Tan 111, il avait gémi plusieurs 
mois dans les prisons, victime de son patiioti^mc. Il laissa à Paris uue Cèmme 
9t trois enfauif dans la plus grande détresse. U soutenait leur existence en par- 
tagtHâut avec eux le faible produit de ses travaux. » L'administration exprimait 
res^ii^ que le gojveinement « voulût bien secourir cette iofortunée famille. » 
l^lF.RTKNS et ToRFS. Geêchiedenis van Aviweq^en^ T. VI, p. (305. 

^ \ifyez Les rapports pubhés in exteuêo dons r//t«4oir^ c^'/tuven» par MM. 
M^HTENS et ToBfS.T. VI, p. 60V-611. 



— 328 — 

dénoncé à la justice, au point que, d'après MM. Merlenset 
Torfs, on crut un instant o: à Tintervention d'une puis- 
sance surnaturelle ^ » 

La fermeture de la cathédrale et des autres églises de la 
ville n'était que le prélude des actes de vandalisme proje- 
tés par quelques agents de la république, parmi lesquels 
on doit citer en premier lieu les membres de l'adminis- 
tration centrale du département. Ces rigides citoyens qui , 
à chaque instant, faisaient ostentation de leure vertus 
civiques, ne visaient à rien moins qu'à faire table rase de 
tous les monuments qui rappelaient le culte catholique. Ils 
avaient à la municipalité, siégeant a la Maison commune, 
jadis ril6tel-de-Ville , un digne représentant dans la per- 
sonne du commissaire du directoire exécutif, Simon-Pierre 
Dargonne, personnage qui , dit-on, se vengeait des avanies 
qu'en sa qualité de maître de danse, il avait autrefois essuyées 
à Anvers. Dargonne cependant valait mieux que ses col- 
lègues de Tadministration centrale ; s'il partageait leur haine 
contre la e royauté et la superstition, » il nourrissait un grand 
amour pour les arts, et aurait volontiers transformé en 
musées tous les édifices remarquables que les décrets de la 
republique venait de distraire de leur destination primitive *. 

Dans leurs entreprises barbares et anti-nationales, nos 
gouvernants avaient cependant compté sans le patriotisme 
et le sentiment religieux des Anversois. Parmi ces derniers 
il y en avait plusieurs parfaitement au courant de la nou- 

« Lococit., T. VI, p. 474. 

^ Le citoyen Simon-Pierre Dargonne qui remplit un si graml rôle lors de la 
seconde occupation française en 1794-99 , était né en 1749, à Dieppe, dôpai te- 
mont de la Seine inférieure; il était lilsde Pierre Dargonne et d^tlli^abet h Jacques 
et , dit-on , d'origine noble. H avait été page à la cour de Baxière ; sa famille eut 
beaucoup de revers. Un de ses flores partit pour PAmérique ; sa sœur réMil» 
longtemps à Anvers. Quant à lui, il ne fit professeur de musique et de danse. Kn 



— 329 — 

velle législation et qui étudiaient les moyens de sauver nos 
temples de la dévastation et de la ruine ; nous citerons , 
entre autres, Corneille Peeters, médecin licencié, Charles 
de Roy, membre de la commission des hospices, sans 
connpter les principaux membres delà municipalité, 

Un arrêt, du directoire du 26 nivôse an VI autorisait les 
municipalités a mettre les temples fermés à la disposition des 
prêtres assermentés. Pour sauver la cathédrale , on engagea 
le préire soumis Jean-liaptiste Mortelmans , à réclamer cette 
église pour son usage. Il ne réussit pas dans sa supplique , 
maison lui donjia l'église St.-Jacques, qui, de cette manière, 
échappa à la spoliation. 

Nos concitoyens ne se tinrent pas pour battus ; ils 
s'adressèrent au prêtre assermenté P. J. Mertens qui, le 26 
fructidor an VI (12 septembre 1798), renouvela la demande 
faite par Mortelmans et fit appuyer sa requête par les 
citoyens Corneille Peeters et Charles de Roy. 

i.a demande fut présentée à la municipalité dans la séance 
du 6 vendémiaire an VII (27 septembre 1798,) et y reçut 
le meilleur accueil ; les citoyens Georgerie et Franck Tap- 
puyèrent chaudement. Elle allait obtenir la sanction de 
l'assemblée, lorsque le commissaire Dargonne ise leva et 
s'opposa à la mise au vote ; le représentant du pouvoir 
exécutif prétendait qu'on devait lui laisser au mains deux 
jours pour consulter l'administration centrale du départe- 
ment. 



177i, il vint habiter à Anvers, où , dit-on, il eut peu de sucrés. Nommé com- 
missaire du directoire exéculif, il épousa à l'âge de 49 ans. le 20 vonlôbean VI 
(10 mui-s 1709), Ad Tienne- Agnès-Tlicrèse Cerisier, âgée de 4^2 ans et native de 
Maubeuge , département du Nord. H n'en eut pas d^enfants. Plus tard il se retira 
à Vilvorde où il jouissait d'un revenu de 5.000 francs. A lu fln de ses jours sa 
raison s*altcra et il mourut le 22 mai 1839 dans une maison de santé à St-Josse- 
tcn-Noode, âgé de 89 ans , 7 mois et 20 mois. Voyez : P. Vissciiers , Geachiede- 
nis van St. Andricskerk. T. H. p. 331-33i. 



La lettre de ûargonnedu 6 vendémiaire aa VI, (27 sep- 
tembre i798) est un chef-d'œuvre de perfidie. Mettant en 
doute la bonne foi de ses collègues de la municipalité et 
surtout des citoyens Geoi'gerie et Franck, magistrats qu'il ne 
craint pas de dé9iguer par leui^ noms, la commissaire 
s'élève contre la prise en considéra^tion de la proposition 
foite y et insinue que la réouverture de la cathédrale au culte 
pourrait donner lieu à de graves inconvénients. Un officier 
municipal n* avait-il pas été assassiné dans ce temple? 

£n outre les paroisses de St.-Jacques et de St.-Ândré 
éliûeut plus que suffisantes pour le peu de prôlrea' asser- 
mentés résidant à Anvers. L'ouverture de nouveaux locaux 
était parfaitement inutile, a Certes » disait notre com- 
missaire, « le nombre des assistants, qui n'augmente pas 
dans lea églises de ces prêtres, ne nécessite nullement 
cette mesui^ ; d'une autre part je suis instruit quunc infi- 
uilé de i)^rsonnea sont disposées à souscrire et faire telle 
f^otimission que Von voudra exiger; non qu'elUssepropo- 
a^Ht de f^'vquenter les temples des minisires du culte qui se 
sont SQumis 4 la loi , n\Qis par la crainte de la destruelion 
de ces monumens de la dévotion de leurs pères. % Sous 
ce dernier rapport Dargonne n'avait pas mal jugé les 
Anverspis ! 

Dargonne avait demandé à radmiiûstration centrale une 
réponse pour la séance de la municipalité fixée au lendemain. 
L'épitre ne se fit pas attendre. Elle est grosse de menaces. 
Au lieu d'indiquer au commissaire « les moyens de fixer 
la marche de Tadministration municipale, d a c est nous, » 
disent les membres de Tadministration centrale, * c'est 
UQUS, citoyen commissaire, qui nous chargeons de lu 



t 0*après iib« liste dressée, le 4 nivôse ain VU, il n*y en avait que U^izo dans U 
commune d'Anvers. 



— mi — 

% 

régulariser dans le cas où , contre notre attente , elle serait 
contraire aux lois et arrêtés existans, et vous pouvez toujours 
compter sur la fermeté avec laquelle nous provoquerons la 
punition des malveillans de toute espèce. » 

Nous verrons plus loin si nos administrateurs centraux 
s'en tiendront toujours aux lois et arrêtés eanstanis , et si 
eux-mêmes n'auront pas besoin d'être rappelés à Tordre 
< comme malveillants et désobéissants aux lois du pays. » 

Mais passons. Le 43 vendémiaire an VII suivant, (4 octo- 
bre 4798,) l'administration centrale écrivit au citoyen Jac- 
ques Ramel deNogaret, alors Ministre des finances, l'inconce- 
vable lettre qui restera comme un monument de haine aveugle 
et de stupidité. Cette pièce qui fut éditée pour la première fois 
par M. Charles-Louis Torfs dans sa Nouvelle Histoire d' An- 
vers, provoquai, \o\ s de sa publication, unétonnemenl général, 
ne pouvait croire à tant d*aberration d'esprit, à tant d'igno- 
rance et d'injustes préventions contre les grandes productions 
artistiques des siècles passés; aujourd'hui que grâce à la 
générosité de M. le colonel Henrard, ce document est déposé 
aux Archives communales d'Anvers , nous devons bien cer- 
tifier son existence dont d'ailleurs la parfaite authenticité 
ôst prouvée par les Archives de la province. 

« Nous croyons » disent los administrateurs centraux au 
Ministi^ des finances de la république , qu'ils mesuraient 
probablement , maïs disons le haut , bien à tort , à leur taille , 
% »€U8 croyons devoir vous donner connaissance des motifs 
qui nous délerwiinent à mettre en vente la ci-devant église 
cathédrale de cette commune , dont nous venons d'ordon- 
ner l'estimation. Ce temple est immense et ne pent êtro 
considéré comme un monument précieux qu'à cause des 
matériaux qui le composent. Il contient une quantité çonsi- 



— 332 — 

dérable de plomb , de fer , de cuivre et de fort belles char- 
pentes. 

:»• La tour qui en dépend ne se soutient que par la quantité 
de fer et de plonib qu'elle renferme ; encore menace-t-elle 
d'une ruine très-prochaine , si Ton ne continue de dépenser 
12 à 15,000 l. par an pour son entretien; il faudrait même 
une somme plus considérable, vu que les réparations à y 
faire seraient incalculables , parce que Ton a cessé de Ten- 
tretenir depuis l'an 1790. > 

D'ailleurs , cette église « occupait un local {sic! qui serait 
infiniment mieux consacré à agrandir et régulariser une 
place que la muiucipalité d'Anvers et nous avons sollicité 
de former au corps législatif et pour la formation de laquelle 
nous avons demandé à être autorisés à faire quelques démo- 
litions. Il 

Au milieu de cette place on aurait « élevé un monument i 
à la mémoire de Roche , tué, comme nous l'avons dit , lors 
de la fermeture de l'église. 

Cette dernière considération était une de celles qui c déter- 
minaient le plus l'administration centrale r à vendre cetédi- 
fice, pour l'aliénation duquel elle aurait pris toutes les mesu- 
res préliminaires nécessaires, afin que celle-ci pût tourner 
au plus grand profit de la république. » L'administration cen- 
trale invitait le Ministre, dans le cas où sa lettre ferait naître 
quelques observations (!), à les lui transmettre. L'épitre portait 
les signatures de trois membres de l'administration centrale, 
dont nous ne citerons pas les noms , ces graves citoyens 
étant dignes d'être traités sur le même pied que le destruc- 
teur du temple de Diane *. 

* Voyez la lettre dans le T. II , p. 457 , de Touvrage : Nieuwe geëchiedenit van 
i497/i<*t'i7it>)i,c/oorLouE\viJKToRFS. publié cil i8(j(j. Ci* document appartenait à cette 
époque à M. George, capitaine d artillerie, et une copie en avait été faite par 
M. le chevalier Léon de Burbure. 



— 333 — 

Il va sans dire que la missive de nos administrateurs cen- 
traux fut accueillie avec étoimement par le Ministre des 
finances qui, en homme d'esprit, ne partageait probablement 
pas la haine de nos gouvernants contre les monuments 
célèbres rappelant des anciens souvenirs. 

Sa réponse se fit longtemps attendre ; lui et ses succes- 
seurs étant bien déterminés à ne donner suite aux proposi- 
tions malsaines de l'administration centrale , qu'après une 
étude approfondie de la question dans l'examen de laquelle 
on voulait lui faire prendre un sot rôle. 

Cependant les habitants d'Anvers continuaient à solliciter 
la réouverture de l'église N.-D. Pour éviler tout motif de 
refus de la part de la municipalité , ils avaient même proposé 
de recevoir cet édifice dans l'état où il se trouvait et de se 
charger de son entretien. 

Dans sa séance du 15 vendémiaire an VII (6 octobre 1798), 
la question fut de nouveau introduite au conseil municipal 
et l'assemblée se prévalant d'un arrêté postérieur à celui 
du directoire exécutif du 5 brumaire an VI , était sur le point 
d'accéder aux propositions qui lui étaient faites, lorsque 
Dargonne vint de nouveau s'opposer à la prise d'une décision. 
« Je n'ai trouvé, » écrivit notre commissaire dans sa lettre 
du 16 vendémiaire an Vil, à l'administration centrale, 
« je n'ai trouvé de moyens de parer l'elTel de cette nouvelle 
tentative , qu'en faisant n marquer aux administrateurs 
qu'il existait dans cette église une grande quantité d'objets 
d'art à enlever, d'autres dont la vente devait incessamment 
avoir lieu, 'et qu'avant cette double opération, il y aurait 
la plus grande imprudence à consentir à la demande faite 
à l'administration. » 

Dargonne, qui n'en veut qu'au culte et qui, fait digne 
de remarque dans un commissaire de sa trempe , professe 



— SM — 

une grande admiration pour les œuvres d'art, craint cepen- 
dant que sa lettre ne soit m«il interprétée par les fortes tètes 
de Tadministi^ation centrale , et qu^elle n^engage ces vandales 
à décréter soit la vente , soit la démolition de la cathédrale. 
Il émet donc Tidée de convertir cet édifice en mx($ée 
nationaL 

Par des ai^uments qui lui font honneur , il fait ressortir, 
c que cette commune , après avoir perdu la plupart des 
chefs-d'œuvre qui y attiraient les étrangers , peut avoir 
l'espoir de conserver quelques bons tableaux qui lui restent 
encore, » Nous avons, ajoute notre commissaire avec utie cer- 
taine énergie , » € nous avons au moins autant de droit de 
prétendre à cette faveur, que la ville de Gand qui vient 
d'obtenir pour cette fin la ci-devant église de St.-Pierre. i 
Évidemment tousles Anversoisse seraient rangés de l'opinion 
de Dargonne ! Mais l'administration centrale ne comprenait 
pas la chose de la même manière que notre commissaire et 
dans sa réponse du i9 vendémiaire, elle lui répondit 
brutalement ce qui suit : t Nous avons reçu, citoyen, voli'e 
lettre du 16 du courant, dans laquelle vous nous instruisez de 
nouveau des intentions que continue de manifester la muni- 
cipalité d'Anvers, de faire ouvrir l'église cathédrale de cette 
commune ; ces intentions de la municipalité n'auront bien- 
tôt plus d'objet et la vente de celte église y mettra un terme.^ 

Et ces menaces . l'administration centrale allait bientét 
les mettre en exécution. Déjà le 13 août 4798 on avait enr 
levé de la cathédrale tous les signes extérieurs du culte, 
tels que les croix qui surmontaient les tours et les toits, 
ainsi que la statue du Sauveur placée au-dessus de la cou- 
pole. Le 21 octobre on lit remeltre par le carillonneur , l'hor- 
loger et les veilleurs, les clefs qui donnaient accès à la 
tour , de peur que le peuple ne s'en servît pour sonner le 



— 335 — 

locsin. Un mois plus tard^ le 15 novembre et les jours sui- 
vants, tous les meubles et objets d'art qui ornaient l'église 
N.-D.furentmis publiquement en vente. Ainsi que nous l'avons 
dit ailleurs, * une somme de fr. 17,270.81 fut le produit 
total d'un temple auquel nos ancêtres avaient consacré 
des millions. L'intérieur ne présentait qu'un amas de 
décombres. Les agents de la convention avaient poussé 
leur rage dévastatrice jusqu'à enlever les pierres tumu- 
laires qui composaient le pavé de l'antique église. 
A tort ou à raison, l'opinion publique désignait les membres 
de l'administration centrale comme les auteurs de ce 
désastre . 

Des paroles d'exécration sortaient de toutes les bouches ; 
aussi le 30 novembre fit-on enlever les battants , les bascules 
et les cordes des cloches ^ tellement on appréhendait un 
soulèvement général. Ces objets furent transférés à ÏEeck- 
hofow magasin de la ville , situé dans la rue du Couvent. 

Ces actes de violence , commis à froid , produisirent un 
effet diamétralement opposé u celui qu'en espérait l'admi- 
nistration centrale. Au lieu d'abattre l'opposition , ils l'or- 
ganisèrent. Il se forma à Anvers un groupe d'hommes 
énergiques qui s'imposèrent la tâche de sauver la cathé- 
drale, à n'importe quelles conditions, fût-ce même au prix 
de leur Uberlé. 

Nous avons déjà cité les sieurs Peeters et de Roy. Nous 
devons joindre à ces courageux citoyens l'imprimeur du 
département Jean-Étienne Parys,le boutiquier Jean-François 
Bastiaensens, l'architecte Jean Blom, les entrepreneurs J.-F. 
Cornet et Jean Roelants et les officiers municipaux Jacques 
PhUips et Pierre-Joseph van Grimbergen. Dans la lutte qu'ils 
allaient ôiilièprendi-e toMte un corpé ausai puissant que l'ad- 

^ Voyez notre notice précitée, p. XXXVUl. 



— 336 ^ 

miDistralion centrale, ils ne faillirent pas un instant au 
mandat qu'ils s'étaient imposé et ils ne se retirèrent du 
champ de bataille qu'après avoir remporté sur leurs adver- 
saires une victoire complète auprès du gouvernementdupays. 

Faisons plus ample connaissance avec ces dignes conci- 
toyens ; nous leur devons un hommage d'autant plus grand, 
que tous n'étaient pas enfants d'Anvers et que , par consé- 
quent, dans leur lutte contre l'arbitraire et l'igno- 
rance , ils n'étaient guidés que par le seul désir de faire le 
bien et d'épargner à leur patrie la honte d'un acte de van- 
dalisme équivalant à un forfait. 

Corneille Peeters, fils de Pierre et de Jeanne Feyens, 
était né en 1749, à Borsbeeck, village situé aux environs 
d'Anvers ; il avait fait des études scientifiques sérieuses et 
avait obtenu le diplôme de docteur en médecine. De son 
mariage avec Françoise-Caroline-Benoîte de Winter, il avait 
eu trois enfants dont l'ainé , en 1800 , avait atteint l'âge de 
19 ans. A cette époque , il habitait une maison de la rue des 
Sœurs noires, portant le n^ 1793 de la l*"* section *. 

Jean-Étienne Parys avait vu le jour en 1753 ; il avait 
contracté mariage avec Guillemine Smits et avait établi une 
typographie d'une certaine importance dans une maison de 
la longue rue Porte-aux-vaches, marquée section 1, n^ 1799. 
Il était par conséquent un des proches voisins de Peetei-s ; 
son alliance avec ce dernier est d'autant plus remarquable 
qu'il était l'imprimeur en litre de l'administration centrale 
du département, et que, son opposition aux actes de ce 
corps, pouvait lui causer un préjudice notable *. 

^ CeUe maison porte aujoonl'hui le N» 14. Corneille Peeters mourut le 18 
novembre 1828 dans une maison sise près de la Boucherie et marquée section l'* 
N» 278. Il avait 78 ans 10 mois et 28 jours. 

* Jean-Ëtienne Parys mourut le 23 février 1806 ; sa veuve alla habiter la ville 
do Lierre le 28 octobre 1809. 



^ 337 — 

Anne-Charles de Roy, natif de Paris, était fils de Charles- 
Antoine et d'Anne-Françoise des Rochers. Il était inscrit 
aux registres de Tétat-civil comme rentier et fut nommé p:u' 
)a municipalité aux fonctions de membre de la Commision 
des Hospices, conjointement avec les citoyens Keersmakers, 
Georgerie, deMoor et Franck. Il avait épousé Anne-Cathe- 
rine van Polfliet et habitait une maison du Vieux Marché 
aux Cordes, ou plutôt du Vieux Marché aux Blé, marquée 
n'* 531 de la 3® section * . 

Jean-François Bastiaensens était né à Breda, le 23 juin 
1760. Il habitait Anvers depuis 1788, et y exerçait la pro- 
fession de boutiquier, dans une maison sise à la Place 
Verte et portant le m 436 de la 3° section *. II était veuf de 
Jeanne -Elisabeth Ritter et était lié d'amitié avec de Roy, 
dont il était le voisin et dont il signa en 1804 l'acte mortuaiie. 

L'architecte Jean lilora , né le 13 novembre 1748, à 
Weiler, dans le diocèse de Cologne, vint habiter Anvers 
en 1768. Élève de notre Académie royale de peinture , il y 
remporU, en 1775, le premier prix d'architecture et, deux 
ans plus tard, le premier prix de perspective ; d'après les 
archives de St. Luc, il cultivait aussi la peinture et déjà 
en 1780, il remplissait les fonctions de sous-professeur 
d'architecture, de géométrie et de perspective auprès de 
notre premier institut artistique. 

Le 9 janvier 1780, il fut promu au grade de professeur, 
titre qu'il conserva, même sous le gouvernement de la répu- 
blique française. Pendant plusieurs années il remplit aussi 
les fonctions d'architecte de la ville, de la municipalité et 
de l'administration centrale du département. De son mariage 

* CeUe maison porte aujourd'hui le n» 15; Anne-Charles de Roy y mourut le 
13 germinal an XII (3 avril^lSOi) à l'âge de 78 ans. 
- Aujourd'hui^le n» 15 de la Place Verte. 



— 338 — 

avec Anne-Thérese Antoine étaient nés plusieurs enfants 
dont quelques-uns moururent eu bas-àge. En 1800 il habitait 
une maison de la Plaine de Malines , section 4 , n* 15 *. Lié 
d'amitié avec les premiers artistes de l'époque , sa com- 
pétence en matières d'architecture était reconnue par tous*. 
Le peintre Matthieu-Ignace van Brée TalTectionnait par- 
ticulièrement. 

Jacques Philips, homme de loi, naquit à Caen en 1752; 
républicain sincère , il eiitra dans la municipalité d'Anvei^, 
qu'il prérjida en 171)9. En 1800, il habitait la maison S. 2, 
n® 077 ^ dans laquelle il mourut le 16 vendémiaire an XI 
(8 octobre 1802). 11 avait épousé Susanne Watson, appar- 
tenant probablement à une famille anglaise. Il en eut un 
fils portant les noms de François- Hardi Philips. 

Enfin Pierre-Joseph van Grimbergen , né à Anvers le 25 
septembre 1752, fils de Jean -Charles van Grimbergen et de 
Christine Wirckx. Officier de la municipalité , depuis 1797, 
il demeurait à cette époque dans la longue rue Neuve, et 
eut de grand revers de fortune. A la fin de sa vie, il fut 
sujet à des attaques d'apoplexie. En 1824 il occupait avec 
sa femme Jeanne-Catherine Ferrier, un quartier d'une 
maison de la rue de TEIan (Reynders). 

L'architecte Blom eut l'honneur d'entrer le premier en 
lice. Déjà le 7 vendémiaire an V (28 septembre 1790), l'admi- 
nistration municipale, sur les faux bruits qu'on répandait à 
dessein sur l'état de solidité de la cathédrale, lui avait 
demandé si en vérité la tour de cet édifice t menaçait en 
manière quelconque un péril prochain d^écroulement et si 
son état présageait quelque malheur aux personnes qui 
passeraient dans les avenues de la dite tour ? » 

t Aujourd'hui le n^ 14 de la rue de h Porle Si -George. 
* L'architecte Jean Blom mourut à Anvers, le 12 juin 1825. 
' Cette maison porte aujourd'hui le n^ 13 de la rue du Navet. 



— 339 - 

Notre artiste, après inspection des lieux , avait complète- 
ment rassuré nos édiles et leur avait péremptoirement 
prouvé qu il se passerait encore des siècles, avant que, par 
le travail des temps, notre église principale, chefrd'œuvre 
de construction, eût à inspirer des craintes de chute. A 
son tour, par dépêche du 5 frimaire an Vil (23 novembre 
1798), le Ministre de Tintérieur François de Neufchateau, 
à qui probablement on avait transmis les étranges proposi- 
tions de Tadministratioa centrale , requit cette dernière à 
lui transmettre « divers renseignements sur la consistance 
et l'état tant de Téglise cathédrale d'Anvers que île la tour 
qui en dépend. » 

En présence de cette injonction, l'administration centrale 
crut ne pouvoir mieux faire que de prier l'architecte Blom 
de dresser un plan de cet édifice , avec sa coupe et son 
élévation ; on invitait en même temps l'artiste à déterminer 
« les sommes nécessaires à la réparation et à l'entretien de 
l'église » et à reconnaître « si elle présentait ou non, dans 
ses parties ou dans son ensemble, des objets dont la con- 
servation put intéresser les arts. » C'était aller à confesse 
chez le diable ; le fait prouve cependant que le gouverne- 
ment ne procédait pas à la légère dans une question de 
cette importance et qu'à Paris on était loin de se laisser 
prendre dans les filets mal tendus de notre administration 
centrale. 

Le travail demandé à l'architecte Blom était considérable 
et quoique cet artiste eût consacré une partie de sa vie à 
l'étude de notre cathédrale, il lui fallait assurément plusieurs 
mois pour exécuter les plans demandés par le gouvernement. 
Il y songea sérieusement, mais le temps lui manqua pour 
mettre immédiatement la main à l'œuvre. 

Le 17 pluviôse suivant (5 février 1799) , radrainistration 

24 



— 34Ô — 

centrale rappela sa demande en invitant Blom à se hâter 
de terminer le travail que le Ministre de rintérieur dési- 
rait recevoir depuis longtemps. Dans sa lettre du 27 du 
même mois y notre architecte fit connaître les motifs qui 
ne lui avaient pas permis de donner immédiatement suite 
au désir de ses commettants. « Il avait » disait-il, t eu le 
malheur de se démettre le pouce de la main droite. » A cet 
accident se joignait la rigueur d'une saison c peu propre 
pour un travail de cette nature , travail auquel il ne pourrait 
se livrer en cet instant sans compromettre sa santé, vu 
l'état d'humidité continuelle de Tair qu'on respire dans le 
vaste et antique vaisseau de la cathédrale ! ^ D'ailleurs l'ad- 
ministration n'ignorait pas que c son existence était mainte- 
nant la seule ressource de sa famille, à qui il devait sa 
conservation » ; il semble résulter de cette déclaration que 
l'artiste venait de perdre ses fonctions d'architecte de l'admi- 
nistration centrale. 

Notre architecte promettait cependant de commencer le 
travail dès qu'un changement se serait produit dans l'at- 
mosphère. Il est possible que les raisons invoquées par Blom 
soient vraies , mais nous savons de bonne part qu'il retar- 
dait l'exécution des dessins pour d'autres motifs. On s'atten- 
dait à un changement de gouvernement et on espérait voir 
promulguer des lois qui auraient sauvé les monuments 
anciennement consacrés au culte. Temporiser était donc 
une tactique qui pouvait être utile à la cathédrale. 

Grâce à la générosité de ses filles les dames Jeanne- 
Catherine et Marie-Joséphine Blom * , nous possédons 
aujourd'hui, au Musée d'antiquités d'Anvers,les plans dressés 
à celte occasion par l'éminent architecte. En voyant les 

1 Marie-Joséphine Blom, née le t22 juin 1793, contracta mariage avec Jean- 
Baptiste Smets et mourut à Anvers, le 30 juin 1878. 



^ 341 - 

soins que Tartisle a mis a l'exécution de ces dessins , oïl 
peut dire qu'il a travaillé con amore ; s'il est vrai que 
ses levées laissent parfois à désirer sous le rapport de la 
pureté du style, on n'en peut accuser que le goût de 
l'époque qui n'entendait rien aux constructions ogivales. 

Blom travaillait encore à ces plans lorsque le général 
Bonaparte fit son coup-d'état du 18 brumaire (9 novembre 
1799); le 7 nivôse an VIII, (28 décembre suivant), parut le 
fameux décretdes consuls stipulant que « les citoyens des com- 
munes qui étaient en possession au premier jour de l'an II, 
d'édifices originairement destinés à l'exercice d'un culte 
continueraient à en user librement sous la surveillance des 
autorités constituées et aux termes des lois des 41 prairial 
an III et 7 vendémiaire an IV , pourvu et non autrement que 
les dits édifices n'eussent point été aliénés jusqu'alors. » 

Un décret du même jour réglait la question si importante 
de la formule du serment du clergé ; toutes les dissidences 
entre les catholiques et les républicains cessaient comme 
par enchantement. 

A peine ces décrets qui devaient apaiser les troubles 
religieux et sauver la cathédrale, étaient-ils connus à Anvers, 
que les sieurs Peeters,Bastiaensens, de Roy et Parys s'adres- 
sèrent à la municipalité pour l'inviter à vouloir leur accorder 
l'ouvertureef l'usage de cet édifice non aliéné. « Ils se sou- 
mettaient à ce que les lois ordonnaient et statuaient sur 
cet objet, y^ 

Dans sa séance du 23 pluviôse suivant (12 février), la 
municipalité présidée par le citoyen Geoi'gerie et en présence 
des citoyens Moreaux, Philips, van Hal, van Grimbergen, 
Melerio , Desruelles et Raeymaeckers , administrateurs 
municipaux , de Dargonne , commissaire du gouvernement, 
et de P.-G. de Moor, secrétaire en chef, accorda la 



— 3« — 

demanda des péUlioQiiatped et dédda de Jeor envoyer ime 
copie de Tarrêlé ainsi qu'au commissaire de pobce de la 
3» section. Le 13 février les clefs de l'église Surent remises au 
docteur Peeters, qui les fit parvenir immédialementau citoyen 
Jean-Pierre van DjHik^ ancien concierge de la cathédrale. 

Dargonne, qui avait assisté auK délibérations de la muni- 
cipalité , agissait-il de bonne foi envers ses collègues ou bien 
dénonça-t-il perfidement leurs actes aux autorités supérieu- 
res? Nous rignorons, mais, il est constant quil reçut le 
27 pluviôse, (16 février) une lettre par laquelle il était invité 
à communiquer sur le cham^) à Tadministration centrale, 
une expédition de Tarrêlé ordonsant la réouverture de la 
ci-devant église cathédrale. 

I/administration centrale ne put contenii* sa colère en lisant 
les termes formels de Tan^été de la municipalité. Comme 
elle vit que sa superbe proie allait lui échapper sur le terrain 
de la légalité , elle chercha d'autres moyens pour arriver à ta 
démolition de la cathédrale. «Informée, » disait-elia^ c que 
cet édifice est tellement endommagé que plusieurs de ses 
parties intérieures menacent ruine ; considérant que l'arrêté 
des consuls devait nécessairement excepter et jusqu'à répa- 
ration , les édifices dont le mauvais état pouvait faire craindre 
quelque danger, et que la loi du 24 août 1790 chargeait 
les administrations locales de prévenir les accidents qui 
pourraient résulter de la chute des bâtiments en péril, elle 
suspendait provisoirement l'arrêté de la municipalité et 
ordonnait de remettre les clefs au commissaire du gouver- 
nement près l'administration centrale, qui était chargé de 
prendre des mesures de concert avec elle pom* que le 
bâtiment fût remis dans un état convenable à recevoir -des 
citoyens. » En effet , il parait que nos administrateurs cen- 
traux, épouvantés eux-mêmes des actes de vandalisme qu'ils 



— 348 — 

aTftient bissé commettre dans f église de Notre'*>t)ame, ne 
cmignmenv rien pitiH que de les vomt exposés mix yeiax 
sévères de leurs oonoitoyens ! 

Dès qu'on eut connaissance de cette décision, le sieur Parys 
s'empressa d'aller reprendre chez le concierge van Dyck les 
clef^ de l 'église et ce ne fut que le lendemain que Dargonne 
vint les requérir auprès du citoyen Peeters« Ce dernier ré- 
pondit le même jour au commissaire du directoire qu'il 
« n'était pas le déposit^âre des clefs , mais que^ pour ppou^ 
ver combien il désirait toujours se soumettre aux lois et 
aux fonctionnaires qui en sont les organes, il allait sur-le- 
champ communiquer la lettre qu'il venait de recevoir aux 
citoyens qui avaient^ conjointement avec lui^ demandé l'ou- 
verture de la cathédrale , conformément à l'arrêté des con- 
suls. » Lui et ses co-signa taire» se seraient adressés en 
même temps à l'administration municipale et dés qu'ils 
en auraient obtenu une réponse, ils se seraient empressés de 
faire part des résolutions prises au commissaire d^ gou*- 
vernement. 

Et en effet, le 1 ventôse suivant (20 février 1800) nos 
énergiques concitoyens exposèrent à la municipalité les faits 
qui venaient de se passer. Avec une logique irrésistible, 
ils informèrent nos édiles qu'ils avaient différé de remettre 
les clefe de l'église au citoyen Dargonne, jusqu'à ce qu'ils 
eussent prévenu de sa réclamation l'autorité dont ils avaient 
reçu ces instruments et que cette dernière leur eût noti- 
fié sa décision. 

La municipahté se trouva justement froissée de Timmixlion 
de l'administration centrale dans les affaires dont la connais- 
sance n'appartenait qu'en deuxième lieu à cette dernière, 
c Cétait à la municipalité qu'incombait la surveillance des 
bâtiments en péril , ainsi que celle des lieux publics 1 » 



— 344 — 

Il allait donc surgir un conilit d*atlributions dont il était 
impossible de prévoir Tissue. C4ependaut la municipalité, 
qui voyait fort bien que, dans la question à traiter, le 
droit et la raison étaient de son côté , ne voulut pas com- 
promettre le beau rôle qu elle avait à remplir par des déci- 
sions violentes ou intempestives. Elle décida de combattre 
ses adversaires jusque dans leurs derniers retranchements 
sans sortir cependant un moment du vaste cercle où la loi 
et la modération lui permettaient de se mouvoir. Voyant 
que Tadministration centrale continuait à prétendre que la 
cathédrale menaçait ruine, elle nomma une commission 
composée des citoyens Blom, architecte, et Roelauts et Cor- 
net, entrepreneurs de bâtiments, pour constater l'état réel 
de l'édifice et pour en faire un rapport qui serait communi- 
qué à l'administration centrale. Les officiers municipaux van 
Grimbergen et Mellerio devaient accompagner ces gens de 
Tart et prendre soin que le public ne fût pas admis dans 
l'église pendant l'expertise. 

Il est à remarquer que Dargonne trouva convenable de ne 
pas assister à la séance et que la municipalité, se conformant 
à la loi, nomma un des siens, le citoyen van Nereaux , pour 
remplir les fonctions de commissaire du gouvernement. 

Le lendemain l'administration centrale se réunit à son tour. 
Elle ne se composait que de trois membres , du commissaire 
du gouvernement et du secrétaire-adjoint. Informée par son 
commissaire , disait-elle, que l'administration municipale 
ne se mettait pas en devoir d'exécuter l'arrêté de l'adminis- 
tration centrale qui la chargeait de déposer entre les mains 
dudit commissaire les clefs de la ci-devant cathédrale, elle 
arrêtait que * si cette remise n'avait pas eu lieu ce jour 
même avant six heures du soir , elle aurait considéré 
cette non-exécution de ses décisions comme' un refus et se 



- 345 — 

réservait de prendre à l'égard de la municipalité telles 
mesures -que de droit. De plus, elle rendait personnelle^ 
ment responsable chaque membre de l'administration 
municipale de l'exécution de son arrêté et des désordres 
qui pourraient résulter de sa désobéissance. i> 

Plus le langage de l'administration centrale devenait vio- 
lent, plus celui de la municipalité restait calme et digne. 
Sans céder le moindre de leurs droits, nos édiles répon- 
dirent le 3 ventôse par une lettre qui , sous la forme la plus 
convenable, équivalait à une fin de non-recevoir. « Lorsque, ^ 
écrivaient-ils à l'administratien centrale, « votre arrêté du 
27 pluviôse qui suspend l'exécution du nôtre du 23 du 
même mois, nous est parvenu, nous avions déjà optem- 
péré à la demande qui nous avait été faite par des citoyens 
de cette commune , de leur laisser la jouissance de la ci- 
devant cathédrale , conformément à l'arrêté des consuls en 
date du 7 nivôse dernier. En conséquence, i> poursuivaient- 
ils avec énergie, a il nous est impossible de satisfaire à votre 
arrêté de ce jour concernant la remise à faire des clefs de la 
cathédrale, mais, » ajoutaient-ils en dernier lieu, « pour vous 
mettre à portée de prendre les mesures que vous jugerez 
convenables pour les retirer des mains des détenteurs actuels, 
nous vous informons que les signataires de la pétition sur 
laquelle nous avons accordé l'ouverture de cet édifice, sont 
les citoyens Bastiaensens , Peeters, Parys et de Roy, et 
que d'après les informations que nous avons prises, ce 
sont eux qui sont maintenant dépositaires de ces clefs. » 
La lettre était signée par le président Georgerie et le 
secrétaire de Moor. 

Une deuxième lettre envoyée le même jour aux mêmes 
fins par le commissaire près de l'administration centrale 
fut suivie d'une réponse identique. « Nous avons, » disaient 



— 846 — 

nos municipaux , c donné à l'adrainistralion , près laquelle 
Vous exercez vos fonctions , les noms des dépositaires des 
clefs; veuillez vous concerter avec elle pour atteindre 
le bat que vous vous proposez l'un et l'autre. > 

Ces lettres firent éclater Torage qui couvait depuis long- 
temps. 

L'administration centrale, qui voulait déverser sur la 
municipalité une partie de l'impopularité qui l'écrasait et 
qui n'osait plus agir publiquement de peur de provoquer 
un soulèvement général, ne trouva rien de mieux que 
de taxer de rébellion la conduite modérée de nos édiles. 
€ Vous avez fait, ^ écrivait-elle le même jour, « la remise des 
clefs aux citoyens que vous désignez dans votre lettre de 
ce jourd'hui. C'est donc à vous à les faire rendre et les 
transmettre au commissaire du gouvernement près de nous. 
Tout retard montrera de votre part une rébellion aux ordres 
supérieurs. » Après avoir itérativement ordonné à nos 
municipaux de se faire rendre ces clefs auxquelles personne 
n'osait toucher, et de les faire déposer entre les mains du 
commissaire du département, elle les avertissait de la 
rupture de la correspondance : « celte lettre » disaient nos 
administrateurs centraux, « est la dernière que vous rece- 
vrez de nous à ce sujet. » On voit qu'à radministration 
centrale Tinsolence égalait la méchanceté et la barbarie. 

Comme toujoure , la réponse de la municipalité fut digne 
et pleine de convenance. « Loin de vouloir nous mettre en 
état de rébellion aux ordres supérieurs, i> écrivait- elle sous 
la date du 5 ventôse , (24 février) à l'administration cen- 
trale, « nous désirons, au contraire, sincèrement faire tout 
ce qui est en nous pour en assurer l'exécution /orsguerîOt4S 
pouvons le faire sans nous compromettre . » 

En effet, sans se dédire, nos édiles ne pouvaient satis- 



— 347 — 

faire aux injonctrotis de l'administration centrale qui étaient 
cotitraires,non seulemenf à Tarrêté des consuls, mais encîore, 
comme nous le verrons plus loin, à la vérité, du moins 
pour ce qui concernait l'état de conservation de la cathé- 
drale. 

Après avoir annoncé qu'elle venait de communiquer la 
lettre de l'administration centrale aux citoyens auxquels 
les clefs de Téglise N.-D. avaient été remises, la munici- 
palité finissait sa dépêche par le paragraphe suivant : « En 
conséquence, citoyens administrateurs , nous croyons avoir 
fait tout ce que notre devoir nous dictait , et nous vous 
invitons à croire que nous n'avons jamais eu la plus légère 
intention de nous mettre en opposition à vos résolutions. 
La preuve s'en trouve dans la mesure ci-dessus énoncée , 
dans laquelle nous avons persisté, malgré V opposition qu'a 
faite le commissaire du gouvernement près de nous^ à 
Venvoy de la susdite copie. * La connaissance de ce dernier 
fait est d'une importance capitale : il semble donc prouvé 
que le rôle de Dargonne manquait de franchise; notre 
commissaire y dut en partie sa chute. 

Presque en même temps que la lettre de l'administra- 
tion centrale, la municipalité reçut le rapport de l'architecte 
Blom et des entrepreneurs Roelants et Cornet sur l'état 
de conservation de la cathédrale. Si jamais gouvernants 
reçurent un brevet de mauvaise foi, ce furent bien les mem- 
bres de l'administration centrale. Des hommes de réputation 
dont à cette époque, personne n'osait mettre en doute les con- 
naissances et la grande compétence, y déclarèrent qu'après 
« l'examen le plus scrupuleux et le plus strict de toutes les 
parties de l'édifice, depuis les fondements jusqu'au toit, ils 
avaient trouvé et reconnu et affirmaient d'après les connais- 
sances de leur art, que ce bâtiment était de la plus grande- 



— 348 — 

solidité , qu'il n'y avait pas même l'ombre du danger et 
qu'il n'exigeait aucune réparation quant à sa solidité , mais 
qu'il en avait seulement besoin quant à l'embellissement et 
à la propreté dont l'un et l'autre n'existaient plus par le 
démolissement des autels et autres ornements. » 

Ils avaient tro uvé sur les toits quelque dommage fait par 
€ l'abatage des croix, » mais, ajoutaient-ils, ce dommage 
trôs léger ne mettait pas le bâtiment en danger et pouvait 
être aisément réparé avec quelques planches et quelques 
ardoises. Ils déclaraient enfin que l'église N.-D. « pouvait exis- 
ter sans réparation, plus d'un siècle, sans que, dans cet espace 
de temps, elle put être considérée comme uu bâtiment en 
péril et qu'il pût y avoir le moindre danger pour les person- 
nes qui s'assembleraient dans son intérieur, i^ 

En présence de ces pièces, l'administration centrale 
écumait de rage. Ne pouvant se venger ni sur les consuls 
pour la publication de leur arrêté du 7 nivôse, ni sur 
la municipalité qui en avait assuré l'exécution, ni sur 
les architectes qui avaient constaté la solidité du monu- 
ment, ils s'en prirent à deux membres isolés du magistrat, 
les citoyens Philips et van Grimbergen et aux citoyens 
Peeters et Parys , dépositaires des clefs de l'église. 

Par un arrêté pris en séance du 13 ventôse an VIII 
(4 mars 1800) Tadministration centrale suspendit les deux 
premiers de leurs fonctions se réservant de lancer un man- 
dat d'arrêt contre les deux derniers. « Informée , » disait- 
elle, « qu'il s'est élevé au sein de la municipalité un parti 
d'opposition dont la force (sic) d'inertie entrave toutes les 
opérations d'administration publique; que Tinfluence de ce 
parti d'opposition s'est plusieurs fois manifestée lorsqu'il 
s'est agi d'exécuter les dispositions prises par l'administra- 
tion centrale, dans diverses circonstances et que c'est prin- 
cipalement à cette influence qu'elle doit attribuer l'inexé- 



— 349 — 

cîution de son arrêté du 27 pluviôse dernier relatif à la remise 
des clefs delà ci-devant église cathédrale, et la lettre indé- 
cente élevée (sic) contre elle à cette occasion, au nom de 
l'administration municipale d'Anvers ; informée que les 
citoyens Philips et van Grimbergen avaient, en quelque 
sorte, créé ce parti et n'avaient pas cessé d'en être l'àme, elle 
les suspendit de leurs fonctions ! Expédition de l'arrêté 
devait être envoyée au ministre de l'intérieur, avec invi- 
tation d'en solliciter la confirmation auprès des consuls, 
ainsi qu'au citoyen Dargonne , qui était chargé de son exé- 
cution et de sa notification aux individus (sic) qu'il con- 
cernait. 

Sans attendre la confirmation requise des consuls, Dar- 
gonne eut le triste courage de mettre cet arrêté à exécution 
et la séance de la municipalité du 15 ventôse an VIII (6 mars 
1800) fut consacrée à un acte d'ostracisme unique dans notre 
histoire locale. 

La municipalité courbait momentanément la tête : il fut 
décidé que les clefs de l'église seraient remises aux com- 
missaires du gouvernement , conformément à l'arrêté du 
27 pluviôse; de plus on enregistra, sans commentaires, la 
notification de l'arrêté suspendant de leurs fonctions les 
citoyens Philips et van Grimbergen, officiers municipaux. 

On sent à la lecture de ce document que les décisions 
de l'Administration centrale avaient provoqué une grande 
irritation et que, pour ne pas envenimer les débats, on s'en 
tenait à une simple constatation des faits. Mais si la muni- 
cipalité fléchissait devant l'administration centrale, il n'en 
était pas de même des courageux concitoyens à qui nos 
édiles avaient fait la remise des clefs de l'église. 

Lorsque le commissaire de police de la 3® section se 
présenta le 15 ventôse (6 mars) devant les citoyens Peeters 



— 360 — 

et Paryâ, ceux-ci lui répondirent par procès-verbal que 
Tusage de la cathédrale leur ayant été accordé en vertu d*un 
arrêté de la municipalité ^ basé sur celui des consuls du 
7 nivôse, ils ne pouvaient se dessaisir des clefs ; cependant 
pour ne pas avoir Tair de s'opposer directement ou indi- 
rectement à la décision de Tadminislration centrale du 
27 pluviôse dont une copie leur avait été transmise par la 
municipalité , et qui ne pouvait entraver Texécution des 
décrets des consuls, ils consentaient et promettaient de ne 
pas ouvrir la cathédrale au public avant que les consuls 
n'eussent prononcé sur l'opposition faite par l'administra- 
tion centrale à l'arrêté du 7 nivôse. 

Cette réponse augmenta encore, si possible , l'irritation de 
l'administration centrale. Le juge de paix A.-J. Begoden, 
officier de police judiciaire, fut chargé de lancer un mandat 
d'amener contre les citoyens Parj^s et Peeters. Ce fonction- 
naire s'acquitta de sa mission le 19 ventôse (10 mars 1800), 
parle ministère de l'huissier Antoine Willebors. Ce dernier 
ayant requis nos deux concitoyens de le suivre, cettx-ci 
obéirent immédiatement aux ordres donnés au nom de la loi. 
Mais deux jours après, le 21 ventôse, de concert avec leurs 
confrères de Roy et Bastiaensens, ils adressèrent au ministre 
de l'intérieur une protestation, véritable monument de 
courage et de fierté civique. <r Citoyen ministre, » disent nos 
concitoyens, « Texécution des lois est suspendue dans le 
département des Deux-Nèthes ; l'abus de pouvoir le plus 
inouï y succède. L'arbitraire le plus révoltant y est à Tordre 
du jour et — c'est l'administration centrale qui commet tous 
ces désordres ! 

« C'est elle que nous dénonçons par la présente pour 
s'être opposée arbitrairemeiit et sans motifs, à l'arrêté des 



— 3&1 — 

consuls du 7 nivôse derxûer, mis à exécution par Tadmini- 
slration municipale de la commune d'Anvers. » 

Après avoir fait connaître les rétroactes du conflit et 
signalé la suspension de leurs fonctions des citoyens 
Philips et van Grimbergen, Peeters, Parys, Bastiaensens 
et de Roy rendent un hommage mérité à la fermeté de ces 
magistrats en disant que l'administration municipale , par 
son arrêté du 15 ventôse, av.iit prouvé a qu'elle avait 
réellement perdu son àme. » Citant ensuite l'arrestation 
des sieurs Peeters et Parys , nos concitoyens ajoutent : 
« A-t-on jamais vu, citoyen ministre, une pareille prévari- 
cation ? A-t-on jamais vu un pareil abus de pouvoir ? A-t-on 
jamais vu enfin une pareille fureur de dominer ? Quoi ! 
l'administration centrale ne se contente pas de maltraiter la 
municipalité, qui lui est subordonnée , et de lui commander 
l'infraction des lois, elle veut encore se mettre au-dessus 
des consuls et des lois mêmes ! » 

L'acte d'accusation finissait par le passage suivant à 
l'adresse de l'administration centrale. «Elle vous dira peut- 
être (citoyen ministre .) comme elle a voulu insinuer à l'ad- 
ministration municipale , qu'elle craignait que le peuple 
ne se soulevât à la vue des dilapidations commises dans la 
cathédrale, mais qui, » disaient Peeters et ses co-signataires, 
c qui les a souffertes, ces dilapidations ? Qui les a autorisées ? 
Qui a vendu ou souffert qu'on enlevât, sans être vendues, 
jusqu'aux pierres qui couvraient l'entrée des tombeaux et 
formaient une partie du pavement de l'église ? — C'est l'ad- 
ministration centrale ! t^ 

» Elle pouvait donc avec raison craindre un soulèvement 
contre elle-même , mais cette crainte ne l'autorisait pas â 
s'opposer à l'exécution de l'arrêté des consuls. D'ailleurs , 
citoyen ministre, cette crainte était chimérique et nous 



— 352 — 

vous assurons qu'il ne pouvait y avoir aucun danger, puis- 
que notre intention n'a jamais été d'ouvrir cette église au 
public avant de l'avoir fait réparer et fait disparaître toute 
trace de dilapidation. 

« Et puis, t> ajoutaient ils avec sarcasme, « et puis Tad- 
ministration municipale chargée de la police, qui avait su en 
vendémiaire et brumaire an VII, résister avec quarante 
hommes de garnison, aux brigands de l'extérieur et à ceux 
de rintérieur, aurait bien su comprimer les séditieux, qui 
auraient voulu venger sur V administration ceiilrale les 
dilapidations commises par ses ordres ou sa connivence 
dans Véglisc cathédrale ! » 

De crainte que cette protestation ne parvînt à son adresse, 
Parys la mit sous presse et en lira un grand nombre d'exem- 
plaires. Nous en avons un devant nous, doré sur tranche ; 
il nous a été d'une grande utilité dans la rédaction de cette 
notice. 

Le coup porté à l'administration centrale avait frappé 
juste ; disons plus , il l'anéantit. Le gouvernement de l'étal 
vit dans la pétition de Peeters et de ses co-signataires une 
nouvelle preuve qu'il fallait mettre immédiatement un terme 
à l'anarchie qui régnait à Anvers. Il y pourvut en hâtant 
l'arrivée du préfet qui devait prendre en mains la direction 
du département. Le digne d'Herbou ville, dont le souvenir 
est encore si vivace chez nous , s'empressa de redresser les 
torts d'une administration hahieuse et barbare. Dirigé 
par de grandes idées, il s'empressa de sauver ce temple, 
témoignage immortel de l'art de nos pères. A la demande 
souscrite par Peeters , Parys, de Roy et Bastiaenssens, il 
s'empressa de répondre le 25 floréal an VIII (45 mai 1800) 
par un arrêté qui en restituant à nos concitoyens les clefs, 
objets de tant de disputes, leur permit enfin de déblayer à 



— 353 — 

leurs frais et de rétablir dans un état convenable à Texercice 
du culte, la ci-devant cathédrale d'Anvers. Toutes les 
décades, ils devaient rendre compte du progrès de leurs 
opérations. L'architecte Blom qui avait fait le devis des 
réparations à faire et qui les avait évaluées à 40,690 francs, 
fut chargé, par dépêche du 5 prairial suivant (25 mai 4800), 
de surveiller et de diriger le travail. Évidemment on ne 
pouvait faire choix d'un artiste plus compétent. 

L'ouvrage fut poussé avec vigueur ; Peeters , Parys 
de Roy et Bastiaensens eurent le bonheur de le voir cou- 
ronné de succès. 

« Le 49 du mois d'avril 4800 » dit le concierge van Dyck 
dans les notes manuscrites qu il a laissées de cette orageuse 
époque, « on m'a restitué les clefs de l'église, et le 24 du 
même mois on a commencé à réparer la coupole ; ensuite 
on a restauré le toit de toute l'église avec les gouttières , 
puis les fenêtres et les façades. » On voit que Peeters et 
ses compagnons n'y allaient pas de main morte. 

Une nouvelle administration dont le maire Jean-Étienne 
Werbrouck était le chef, avait pris place à T hôtel-de- ville , 
et comme suite au concordat du 45 juillet 4804 , un con- 
seil de fabrique avait été installé dans la cathédrale qui 
désormais prenait le simple titre d'église de Notre-Dame. 
Le 23 floréal an X (43 mai 4802), les marguilliers Edmond- 
Jean-Baptiste Cambier, Jean van Hal, Jean-Baptiste- Joseph 
Beeckmanset Joseph-Antoine-Charles van Praet demandèrent 
au maire l'autorisation de rouvrir ce temple « pour y exercer 
publiquement le culte de la religion catholique, apostolique 
et romaine. » Le style enthousiaste de la requête prouve 
surabondamment la joie qui inondait le cœur de tous les 
Anversois. 

Le maire accéda immédiatement à la demande des mar- 



— 554 — 

guiUiers -et dans sa réponse du "24 floréal an X{14 mai 4802), 
il retraça noblement la mission que l'administration de l'église 
aurait à remplir. « Cet édifice majestueux » disait-il « réparé 
et embelli par vos soins, sera un monument durable 
qui attestera à la postérité la piété qui vous anime et le 
bon goût qui vous distingue. i> 

» Je bénis avec vous le gouvernement sage qui nous a 
rendu la paix et la religion. Il a promis des récompenses 
aux artistes qui travailleraient à embellir nos temples et déjà 
le peintre reprend la palette , le statuaire son ciseau ; dans 
peu les ravages et les dévastations du vandalisme seront 
réparés, d Quelle différence de langage avec celui de Tad- 
ministration centrale du département des Deux-Nèthes ! Il 
n'y avait cependant qu'un an que ce corps qui né semblait 
vouloir régner que sur des ruines, était rentré dans le néant. 

Le samedi 16 mai 1802, flxé pour la réouverture de 
l'église N.-D. fut pour les Anversoisun grand jour defèle 
dans lequel Peeters, Parys, de Roy*, Bastiaensens , Bloja, 
Philips et van Grimbergen recueillirent les fruits de leur 
courage ; ils triomphaient enfin d'une administration tyran- 
nique et détestée et se virent bénis d'une population 
reconnaissante qui se plaisait à rendre publiquement hom- 
mage à leurs vertus civiques. Déjà le 30 jcnai 1800, le 
bureau des marguillers, nouvellement constitué, les avait 
remerciés officiellement dans la maison de M. Beeckmans. 

En outre le pouvoir municipal était vengé des injures 
de l'administration centrale ; les abus de pouvoir avaient 
cessé dans les différentes régions de la hiérarchie admini- 
strative. La commune d'Anvers, outragée dans la personne 
de ses mandataires, relevait dignement le front. 

* D'après les notes du concierge van Dyck, ce fut de Roy qui, àses fraîa, fit 
déblayer rinté rieur de leglise. 



— 353 — 

Mais comme l'avait fait remarquer l'architecte Blom, le 
temple, tout en ne menaçant aucunement ruine , réclamait 
cependant de grandes restaurations , surtout en présence 
des dévastations commises par ordre supérieur. 

Le 29 messidor an XI (18 juillet 4803), le premier consul 
visita Anvers ; connaissant l'attachement des Anversois à 
leur antique cathédrale, dont il appréciait d'ailleurs le 
caractère grandiose, Bonaparte accorda généreusement une 
somme de fr. 15,000, « pour servir aux réparations de l'église 
d'Anvers.» Plus tard, en 1827, sous le gouvernement de S. M. 
le roi Guillaume I des Pays-Bas, le conseil de régence ordonna 
la restauration de la grande tour. On sait qu'en 1815 , ce 
souverain avait daigné rendre à l'église deux des tableaux 
de P. P. Rubens qui avaient embelli ce temple jusqu'aux 
temps de la conquête française ; en échange d'autres pein- 
tures, placées au Musée de la ville , il l'avait enrichi en 
outre d'un troisième chef-d'œuvre qui, jusqu'à la même 
époque , avait été l'ornement de l'église Ste. Walburge. 

Les travaux de restauration de la grande tour continués 
sous le gouvernement de LL. MM. Léopold I et Léopold II, 
furent dirigés successivement par les architectes commu- 
naux Pierre-Bruno Bourla, François-Jacques Stoop et Pierre 
Dens ; elles se poursuivent en ce moment sous la conduite 
de M. Gustave Uoyers, ingénieur de la ville. D'après 
les comptes de la commune, elles ont déjà coûté la somme 
ronde d'environ fr. 900,000 *. 

La restauration des bâtiments de l'église et celle de la 
petite tour entreprises par la fabrique furent commencées 
en 1844 sous la direction de M. François Durlet, architecte 
à qui l'on doit le dessin des splendides stalles qui ornent 

« A la fin de rannée 185i, les dépenses s'élevaient â fr. 567,977.58; et à la fin 

de rezercice 1857 , à fr. 647,219.81. 

25 



— 35G — 

* • • • 

le cliœur de Véglise; à sa mort arrivée le 2 mars 1867, il 
eut pour successeur M. Eugène Gife, architecte de la pro- 
vince et. qui, à peine entré en fonctions, accomplit avec talent 
la reslauration de l'ancien chœur de Jérusalem aujourd'hui 
la chapelle de St. Antoine de Padoue. 

M. Durlet avait évalué les travaux de restauration de l'église 
Notre-Dame à la somme de fr. 1,078,258,15; la fabrique, 
le conseil comnmnal, la province et l'état s'entendirent 
pour Tallocation de subsides afin de faire face à des dépen- 
ses aussi considérables. 

Dans l'article précédent*, nous avons exprimé le désir 
de voir, à Timitation de ce* qui s'est fait à Cologne , terminer 
l'édifice de la cathédrale d'Anvers. Si jamais ce vœu 
s'accomplit , et notre amour-propre national nous le fait 
espérer, Tœuvre de conservation opérée par Peeters, Parys, 
de Roy et Adriaensens aura une inappréciable valeur. 

11 y a près d'un siècle que fadministration centrale du 
département des Deux-Nèthes fit la sotte proposition de 
démolir la cathédrale d'Anvers. L'histoire a rélégué dans 
l'oubli ces nouveaux vandales qui auraient privé Tart 
d'une de ses merveilles ; mais elle a rései^vé ses pages d'or 
à la mémoire des généreux citoyens qui, au prix des plus 
grands sacrifices, sauvèrent l'église N. D. de la ruine. Si 
un jour la ville d'Anvers élève un monument à Pierre 
Appelmans, l'architecte à qui elle doit Tincomparable tour 
de son imnîense dôme , elle n'oubliera pas d'inscrire 
sur le piédestal de la statue les noms de Peeters et de ses 
collègues , désormais inséparables de celui du célèbre 
artiste. * 



' L'église Notre-Dame d'Anvers cl le projet d'agrandissement de re tempU 
en i52i. 



— 357 — 



DOCUMENTS 



i. 

EXTRAIT 

du registre aux délibérations de la commission municipale du 
canton d'Anvers, chef-lieu du département des Deux-Nèthes. 

Séance du 4 vendémiaire ^^^ année de la république française , une et 
indivisible. (25 septembre 1797.) 

Présens : les citoyens Heynaud, président , Arbcltier, Guedon, Roche, 
DEELE5f et Richard, commissaires municipaux, Dargonne, commissaire 
du directoire exécutif et Masschu , secrétaire général. 

La /commission municipale de la commune d*Anvers. 

Considérant qu*il ne sVst pré.^enté aucun ministre de culte , à rcffet de 
remplir les formulité.s prcâcrites par la loi du 7 vendémiaire an 4 , 
depuis son afficlieetsa publication, qu'ils ont mieux aimé jusqu'à présent 
cesser leurs fonctions , et que cette indifférence de leur part , expose par- 
ticulièrement les citoyens attachés au culte catholique à être privés de 
leur ministère. 

Considéi*ant que les magistrats du peuple, organes des lois et chargés 
de leur pleine et entière exécution , doivent prévenir tous les 'abus qui 
pourraient résulter de cette conduite. 

Considérant que depuis la publication de la loi , les temples sont fré- 
quentés par une grande quantité de personnes sans qu*aucune formalité 
prescrite à cet égard ait été remplie , ce qui pourrait donner lieu à des 
l'assemble ments dangereux pour la tranquillité publique. 

Considérant que les temples , comme tous autres lieux de réunion de 
citoyens , sont sous sa surveillance immédiate* 

Considérant enfin qu*il est instant d'assurer l'entière exécution de la loi 
du 7 vendémiaire an 4 , dont la publication s'est faite , et notamment des 
articles 13, 14 , 15 , 16 , 17 , de la dite loi. 

Le commissaire du directoire exécutif entendu, Arrête : 

\o Les scellés seront apposés par qui t(e droit sur toutes les églises, 
temples, chapelles particulières et autres monuments ci-devant consa* 
crés aux cérémonies du cuite. 

2o Lesdits locaux resteront clos et fermés, jusqu'à ce que le choix et les 



démarches pour en obtenir Touvertare et la jouissance , soient faits dans 
les formes voulues par Tarticle 17 de la dite loi , dont la teneur sait : 
c L'enceinte choisie pour Texercice d*un culte sera indiquée et déclarée 

> à l'adjoint municipal , dans les communes au-dessous de 5000 âmes , et 

> dans les autres , aux administrations municipales du canton ou arron- 
1 dissement. Cette déclaration sera transcrite sur le registre ordinaire de 
» la municipalité ou de la commune , et il en sera envoyé expédition au 

> greffe de la police correctionnelle du canton. 

» 11 est défendu à tous ministres du culte et à tous individus d'user de 
» ladite enceinte , avant d*avoir rempli cette formalité. > 

3° Le présent sera imprimé et affiché dans les deux langues, pour que per- 
sonne n'en prétende cause d'iji^norance. 

49 Copie du présent sera envoyé à l'administration centrale du dépar- 
tement. 

Pour extrait conforme. 
Par la commission municipale, 

Le secrétaire général, 
C. Masschu. 



IL 
EXTRAIT 



du registre aux arrêtés de la co'mmission municipale du canton 
d'Anvers^ chef-lieu du département des Deux-Nèthes. 6 vendé- 
miaire an VI (27 septembre i797). 

La commission municipale du canton d'Anvers , chef- lieu du dépar- 
tement des Deux-Nèthes , iqformée que depuis l'affiction de son dernier 
arrêté relatif à l'entière exécution de la loi du 7 vendémiaire an 4, des 
particuliers se sont introduits dans les lieux destinés au culte. 

Considéi*ant que cette violation, des propriétés ne peut être que le fruit 
de quelques conseils perfides. 

, Considérant qu'il est de son devoir d'avertir les citoyens égarés, des 
dangers auxquels ils s'exposent en se conduisant ainsi ; voulant arrêter toute 
espèce d'attentat porté à la sûreté des personnes et des propriétés. 



— 359 — 

Considérant que toute dilapidation est un délit : 
Le commissaire du directoire exécutif entendu , 

Arrête : 

io Les citoyens qui ont enlevé et soustrait des temples de cette commune 
et autres lieux desitnés aux cultes les objets qui y étoient déposés pour 
l'usage commun , seront dénoncés aux tribunaux , pour être poursuivis 
comme voleurs et dilapidateurs. 

2o Ceux qui auroient soustrait un ou plusieurs de ces objets et qui 
dans les 24 heures n*auroient pas fait aux commissaires de police de leur 
section la déclaration des objets qulls ont soustraits et des motifs qui ont 
pu les déterminer à faire cette soustraction , seront poursuivis avec la 
même rigueur. 

3^ La commission rend responsables des délits qui se sont commis tous 
ceux qui ont eu jusqu'à présent la surveillance immédiate de l'intérieur des 
temples. 

4<> Les commissaires de police se transporteront sur-le-champ avec la 
force armée nécessaire pour faire rentrer les objets soustraits et arrêter 
les délinquants ou dilapidateurs trouvés en flagrant délit. 

5** Tout dépositaire des clefs des temples et autres lieux destinés au 
culte sera tenu sur-le-champ de remettre les clefs aux commissaires de 
police de leur (sicj arrondissement, ou aux officiers municipaux. 

Fait en séance le 6 vendémiaire an 6^ présens les citoyens Reynaud, 
président, ârdeltier, Roche, Deelen , Riciurd, commissaires de la 
commission municipale, Dargonne, commissaire du directoire exécutif 
et Massghu , secrétaire général. 

(signé) Arbeltier, Reynaud, président et Masschu, 
secrétaire général. 

Pour extrait conforme : 

Le secrétaire général , 
C. Massghu. 



— 360 — 
IIL 

* 

Requête du prêtre assermenté Jean-Baptiste Mortelmans *. 

3« Bureau. 

Ind. 

13^. 

A Tadministration municipale du département de Deux-Nèthes. 

Citoyens ÂDMiNi8TRàTEURS , 

Déjà je TOUS ai demandé l'ouverture d^une église ; peut- être mettez-vous 
du relard à cette délibération , parce que je n'ai pas nommé l'église. Je 
demande donc la cathédrale , que j'espère que vous voudrez m'ouvrir au 
plutôt, pour y exercer les cérémonies du culte catholique et apostolique. 

Salut et fraternité , 

J.-B. MORTELUANS. 



IV. 

Requête à la municipalité pour Vobtention de la cathédrale, 

Arr t u8 Anvers, 26 fructidor, sixième année de 

Yend»«. 

la République française une et indivi- 

ygf^g^ sible. (42 septembre 1798) 

A l'administration municipale du canton d'Anvers, chef-lieu du 
département des Deux-Nèthes. 

GiToiENS Administrateurs, 

Appuiant sur la liberté de religion et les loix citées dans l'arrêté du 
directoire exécutif du 26 nivôse de cette année, les soussignés réclament 
en vertu des dites loix et arrêté, l'église ci-devant Notre-Dame de cette 

* Diaprés son acte de serirrnl, Mortelmans portail les prénoms de Jo$ei>h' 
Adrien. On sait que le clcigé était a^lieinl à faire un serment i\ohaiiieà1aroyavU; 
conformément aux ordres du Saint-Siège , la plupart des ecclésiastiques anvpr>ois 
refusèrent de le prononcer. Par leur décret du 7 nivôse an 8 (28 déceuïbre 17119) 
le» consuls de Ih république anétèient que « tous les fouet iounaiivs publii-:», 
ministres des cultes, instituteurs et autres pen^onnes qui étaient par les luis 
antérieures assujettis à un serment ou déclaration quelconque, y satisferaient 
parla déclaiation suivante: Je pi'omets fidélité à ia Con»lilulion. b Le clergô 
s'empressa d*y déférer. 



— 3(il — 

commune , qui est une double paroisse. Nous o:ions espérer ^ citoiens 
administrateurs, que vous ne tarderez plus à nous la faire ouvrir, pour 
que nou!} y assistions au culte catholique et apostolique qui y sera exercé 
par un ministre soumis à la loi qui signe avec nous. 

Et pour prévenir tout délai ultérieur , veuillez dire si nous devons dres- 
sernos pétitions séparément ou conjointement, car nous sommes prêts à 
suivre les loix , afin que nous ne soions plus privés des édifices qui sont 
donnés aux communes par Tarrôté ci-dessus mentionné. 

Salut et respect. 

P. F. Mbrtbns, prêtre obéissant. 
G. Peeters , Med. Lie 
Charles de Roy. 



V. 

Extrait du procès-verbal de la séance de la municipalité du 6 ven- 
démiaire an 7 de la république française (27 septembre il 98). 

Présents : les citoyens Verbclen , président , Gabriels , Franck , Gûorjp'e- 
rie , van liai, Phillips, Gathuyser, aJaiinistrateurs municipaux, Dafo^onne, 
ommissaire du directoire exécutif, et Masschu , secrétaire en chef. 

• ■••••.••••«•••.•....•«...•......•••.••.••••••••••..■.■••••. .....a 

La discussion sur les ouviirturcs djs enlisas ci-devant Njtre-Dame et St- 
George est remise à la première séance pour être difOnitivoment statué 
sur Tobjet dont il s^a^^it. 



YL 

Lettre du commissaire Vurgonnc à l*admini}stration centrale, 

N»» 48. Anvers, le G vendémiaire an 7. 

(27 Sept. 1708.) 

A l'administration centrale. 

Citoiens Administrateurs, 

Depuis plusieurs dd'cades, les citoiens Kersmakers et Mcrtcns, (irétres 
assennciités, ont présenté dos pétitions en forme de déclaration jmr les- 
quelles ils annoncent vouloir exercer leur culte , Tun dans Té^lise St- 



— 362 — 

George , l'autre dans l'église de Noire-Dame. Par je ne sais quel mouve- 
ment spontané , la presque totalité des membres composant radmiDÎati'a- 
tion municipale a semblé vouloir adopter un arrêté proposé par le citoyen 
Georgerie et fortement soutenu par le citoyen Franck. J'ai cru devoir 
tempérer la chaleur que Ton mettait à le faire passer en demandant que 
Von différât deux jours ^ aGnquc^ pendant cet intervalle, je pus vous consal- 
ter , ce que je fais. 

Plusieurs raisons paraissent devoir empêcher Touverture de ces tem- 
ples : io la vente de l'un d'eux est décidée ; 2* dans Tautre , un officier 
municipal a été assassiné en remplissant ses fonctions; 3^ ces deux bâti- 
ments sont en ce moment pleins d'objets, les uns réservés comme objets 
d*art , les autres déjà inventoriés pour être vendus ; 4» les dispositions de 
Tarrêté du directoire exécutif du 5 brumaire an 6 conçu en ces termes : 
le directoire exécutif y sur le rapport du ministre des finances y arrête 
que les biens , maisons preshytèrales el églises des cures non desservie 
diins les neuf départemens réunis ^ et de celles où le culte serait exercé 
par les ecclésiastiques qui n'auraient pas fait le serment exigé en dernier 
lieu par la hisseront séquestrés et mis sous les mains de la nation, 
pour être régis et administrés comme les autres biens nationaux ^ jusqu'à 
ce qu'il en soit autrement ordonné. 

Quand bien même cet arrêté, dont Ténoncé est très clair, n'existerait 
|>as , d'antres motifs militeraient encore pour ce que ces églises ne soycnt 
point ouvertes ; d*une part le nombre des prêtres ass^ermentés n'étant que 
de sept, déjà divisés entre les paroisses St-Jacques et St-Ândré, ne semble 
point exiger qu'on accorde l'ouverture des deux locaux demandés et certes 
le nombre des assistans qui n'augmente point dans les églises de ces 
prêtres ne nécessite nullement cette mesure; d'une autre part, je suis in- 
struit qu'une infinité de personnes sont disposées à souscrire et faire telle 
soumission que l'on voudra exiger d'elles, non qu'elles se proposent de 
fréquenter les temples des ministres du culte qui se sont soumis à la loi , 
mais par la crainte de la destruction de ces monumens de la dévotion de 
leurs pères. Guidé par toutes ces considérations , j'ai cru devoir vous (aire 
connaître ce qui se passe , en vous invitant à me répondre de manière à 
ce que je puisse fixer la marche de l'administration municipale qui me 
paraît en ce moment diamétralement opposée aux dispositions de l'arrêté 
du directoire. 

P. -S. Veuillez, s'il est possible, me répondre pour la séance de demain. 



— 363 — 
VII. 

Jiêjiotisc de l'administration centrale au commissaire Dargonnc. 

Liberté Égalité 

Département Anvers , le 7 v< ndémiaire ]*nn 7 de la 

DES Deux-Nètiies. républic{ue irançaire, une et indivisible 

— (28 septembre 1798). 

Il* Bureau. 

Section dks Domaines L'administration centrale du département des 

'^^ ^' Deux-Nèthes, 

au commissaire du directoire exécutif près 

l'administration municipale d'Anvers. 

Nous avons reçu, Citoyen, votre lettre du 6 du courant par laquelle 
vous nous instruisez des dispositions qu'a manifosté(e^) la municipalité do 
s'interposer pour faire accorder l'usage des éjjlises dites *Vo/re-Dûni(? et 
George de cette commune au culte catholique. 

Nous vous remercions de Tempressement que vous avez mis à nous en 
instruire et des renseigneraens que vous nous donnez: quant à la demande 
que vous nous faites de vous indiquer les moyens de fixer la marche de 
l'administration municipale, c'est nous. Citoyen Commissaire, qui nous 
chargeons de la régulariser dans le cas où, contre notre attente, elle 
serait contraire aux lois et arrêtés ixistans, et vous pouvez toujours 
compter sur la fcimeté avec laquelle nous provoquerons la punition des 
malveillans de toute espèce. 

Salut et fraternité. 

Les administrateurs , 
CllOMEL J. Saumkr 

A. De Broux P. van Breda, préh». 
AuiiERT, secr. gén. 



- 364 — 

VIII. 

Letlre de V administration centrale au ministre des finances. 

13 vendémiaire an 7, (4 octobre 1798.) 



2* Bureau. 
Domaines N\tionalx. 



L'admininistration centrale du département 
_ des Deux-Nètbes 

Vente de l*église au ministre des finances. 

CATHÉDRALE D*ÀNVEKS. 
5 S« N. 1902 DE L*ËNGt. 

Citoyen Ministre, 

Nous croyons devoir. vous donner connoiosance des moti qui nous 
déterminent à mettre en vente la cy-Jevant église cathédrale de cette 
commune, dont nous venons d'ordonner Tcstimation. 

Ce temple est immense et no peut être considéré comme un monument 
précieux qu*à cause des matériaux qui le cornposent. Il contient une 
quantité considérable de plomb, de fer, de cuivre et de fort belles 
charpentes. 

La tour qui en dépend ne se soutient que par la quantité de fur et de 
plomb qu'elle renferme ; encore menace 't elle d'une ruine très prochaine, 
si Ton ne. continue de dépenser 12 à 15^000 1. par an pour son entretien; 
il fuudroit môme une somme plus considérable, vu que les réparations à 
y faire seroient incalculables , parce que Ton a cessé de l'entretenir de))uls 
l'an 1790. 

Cette église occupe d'ailleui*s un local qui seroit infiniment mieux con- 
sacré à ngi^randir et régulariser une place que la municipalité d'Anvei's et 
nous avons sollicité d.i former au corps législatif et pour la formation de 
laquelle nous avons demandé à être autorisés â laire quelques démolitions. 

C'est au milieu de cette place que nous avons proposé d'élever un monu- 
ment n la mémoire de l'infortuné Rocher, qui a été assommé à coups de 
marteau sous l'écharpe municipale dans cette même église, qui rappelle 
sans cesse aux patriotes , aux amis de l'humanité , le souvenir douleurcux 
\\(' cet assassinat , ouvrage du fanatisme. 

Cette dernière considération est une de celles qui nous déterminent le 
plus à vendre cet édifice, pour l'alirnaiion duquel nous prendrons toutes 
lus mesures préliminaires nécessaires afm <ju'ellc puisse tourner au plus 
grand profit de la république. 



— 305 — 

Nous VOLS invitons j, Citoyen Ministre, dans le cas .o4 notre lettre .ferait 
naître quelques observations , à nous les transmettre ^ ^ 
Anvers^ le 13 vendémiaire an 7 , (4 oct. 1798.) 

F. VAN Breda, prÔ8*. 
J. Saunier. 
AuBEUT, secr. gén. 



IX. 

Lettre du commissaire Dargovve à Vadminislration centrale. 

Anvfira , le 16 vendémiaire an 7. 

(7 octobre 1798)- 

A l'administration centrale. 

Citoyens AnuiNtsTRATEURS , 

Appuyé «ur un aiTÔté posténeur à Tarrèté du directoire exécutif du 
5 brumaire an 6 , cité dans ma lettre du 6 vendémiaire , là municipalité , 
dans sa séance d'hier, était sur le point de permettre là réouverture de 
l'église cathédrale et de la mettre à la disposition de quelques particuliers, 
qui , comme je vous Tai déjà fait connaître , proposent de la recevoir dans 
l'état où elle est et de se charger de son entretien. 

Je n'ai trouvé de moyens de parer l'effetde cette nouvelle tentative, qu'en 

faisant remarquer aux administrateurs , qu'il existait dans cette église une 

grande quantité d'objets d'art à enlever , d'autres dont la vente devait inces- 

.^amment avoir lieu, et qu'avant cette double opération, il y aurait la plus 

grande imprudence à consentir à la demande faite à l'administration. 

Je ne vous cache pas , Citoyens Administrateurs , que je regarderais 
l'ouverture de ce temple comme un acte très-impoHtique; puisqu'il ne ser- 
virait qu'à alimenter les passions et les haines particulières. L'ouverture 
de la paroisse Jacques et André en sont la preuve convaincante; avant 
qu'elle ait eu lieu, la paix la plus profonde régnait entre les habitués de 
ces églises; aujourd'hui celui qui se rend dans ces temples., e§t re,^ardcpa r 
son voisin comnioschismntiqiie et celui-ci, à son tour, le considère comme 
un esprit fort , comme un hérétique , qui se refuse à fréquenter la maison 
du Seigneiir. Il ^'ensuit de cet état de choses , que les discordes intesti- 

' La phrase finissait par les mots : de suite , qui furent hilTés. 



— 366 ~ 

nés se propagent , les Damilles mêmes se désunissent , et |*ar suite, l'on 
déteste la république , qui les a £ût naître. 

Les meubles une fois vendus , les objets d*art enlevés , Ton Ta , n'en 
doutez pas, renouveller les poursuites pour obtenir la libre jouissance 
de la cathédrale , et je ne voin guères alors le moyen d'en détourner Vusage 
que Ton en veut faire , que de la demander au corps léi^^islatif , pour y 
placer un muséum nationaL Certes , cette commune , après avoir perdu 
la plupart de ses chef-d*œuvres qui y attiraient les étrangers , peut avoir 
Fespoir de conserver quelques bons tableaux qui lui restent encore. Nous 
avons au moins autant de droit de prétendre à cette faveur, que la ville de 
Gand qui vient d*obtenir pour cette fin la ci-devant église de Si. Pierre. 
Par ce moyen détourné , vous arriveriez infailliblement au but qu*il nous 
serait bien avantageux , et sous différents rapports , que vous puissiez 
atteindre : 

io De soustraire ce temple au culte, qu'il serait à désirer que Ton pût 
contenir dans la plus grande nullité et à qui il faut, quclquM soit, ne 
point donner de consistance ; 

2^ De former de ce vaste local un lieu propre à déployer avec soin l'im- 
mense quantité de tableaux , entassés en ce moment dans quelques salles 
du local de l'école centrale où ils se déterriorent et pourrissent au 
grand scandale des jeunes artistes , qui pourraient les venir étudier et qui 
gémissent de s'en voir privés ; 

d<> De se trouver à Tavance disposé à recevoir notre part du triage des 
tableaux, qui se fait dans ce moment, on se fera bientôt, dans la capitale 
du monde libre, et dont, conformément à une loi , il nous revient notre 
part comme chef-lieu de département. Voyez quel service rendu à la 
raison et aux L(e)aux-art8 ! Vous serez sans doute pénétrés des mêmes consi- 
dérations , et d'après cela je ne doute pas que vous ne dirigerez la marche 
de l'administration municipale dont la pente est très favorable au clergé 

Voilà la 4ni« fois que la pétition pour l'ouverture de l'église cathédrale 
est reproduite et que je suis parvenu , malgré l'acharnement que l'on 
semble y mettre, à faire stater toutes dispositions filiales, mais je ne ré« 
ponds pas d'être toujoura aussi heureux. Veuillez donc m'aider à £aire le 
bien que j'aime. 

Salut et fraternité. 

(Signé) S. P. Dâboonub. 



— 3G7 — 

X. 

Dêponse de l'administration centrale au commissaire Dargonne. 

Liberté Égalité. 

2«* Bureau. Anvers , le 10 vendémiaire an 7 de la république 

DÉPARTEMENT française, une et indivisible) 10 Ocl. 1798 ) 

DES Deux-Nètiies. 

— L'administration centrale du département des 

DoM". Nationaux. Deux-Nèthes , 

No 48. 

Au citoyen Dargonne, commissaire du directoire exécutif près 
Tadministration municipale d'Anvers. 

NoBs avons reçu , Citoyen . votre lettre du 16 du courant , dans laquelle 
vous nous instruisez de nouveau , des intentions que continue de manifester 
la municipalité d'Anvers , de faire ouvrir l'église cathédrale de cette com- 
mune; les intentions de la municipalité n'auront bientôt plus d'objet et la 
vente de cette église y mettra un terme. 

En attendant y nous avons besoin d'avoir quelques renseignements sur la 
manière , dont cette église a été fermée ; nous désirons savoir aussi com- 
ment et par qui les scellés ont été apposés; il doit y avoir un procès-verbal 
rédigé qui contienne ces détails , vous nous obligerez de le faire parvenir. 

Salut et fraternité. 

Les administrateurs du département des Deux-Nèthes , 
Chomel J. Sgunier 

F. VAN Breda prés^ 
AuBERT , secr. gén. 



— 368 — 

XI. 

Rapport du commissaire Dargonne sur la fermeture de l'église 

Notre-Dame. 

N<» 48. Anvers , le 23 vendéminin^ an 7 de la Répu- 

blique. (14 octobre 1798). 

A radministration centrale. 
GiToiENS Administrateurs , 

L'église cathédrale a été fermée en vertu d'un arrêté municipal dont ci- 
joint copie *; les clefs ainsi que celles de toutes les autres églises de la com- 
mune ont été déposées au secrétariat d'où elles ne sont sorties que pour 
être remises aux commissaires chargés par la direction des domaines de 
dresser les inventaires des objets qu'elles pouvaient i*enfermer; cette opé- 
ration achevée, les clefs ont été i*apporlées et ne sont ressorti es du secré- 
tariat , que pour être remises aux domaines à l'effet de faire, procéder aux 
ventes des meubles et autres elfets renfermés dans ces locaux. 

Lors de la clôture des différentes églises de ce canton il n'a point été ap- 
posé de scellés ; les membres de la commission municipale qui ont exé- 
cuté cette mesure , se sont contentés de fermer toutes les portes dans Tin- 
térieur, et par le dehors celles par où ils sont sortis. Voilà citoiens 
administrateurs, les éclaircissemens que vous m'avez demandés. 

J'ajouterai toutefois que la clôture des églises a été faite avec tant d'in- 
cpnsidération de la part de la commission municipale que les pièces rela- 
tives à l'assassinat d'un de ses membres ont à peine été dressées. Cet événe- 
ment malheureux peut avoir détourgé son attention et comme elle j'ai été 
tellement pénçtré de la perte d'qn homme que j'estimais beaucoup « que 
je n'ai pas pensé à requérir d'elle des mesures plus régulières. 



S. P. Daugonne. 



« V. p. 36. 



— 3G9 — 

XII. 

lettre de la municipalUé à Varchilecle Dlom pour lui demander un 
rapport sur l'état de solidité de la cathédrale. 

Liberté Égalité. 

3» Bureau. Anvers le 7 vendémiaire 5° annôc républicaine 

— (28 septembre 1796.) 

DÉCADE. 

Le commissaire du deuxième bureau de l'admi- 
nistration municipale d'Anvers , chef-lieu du 
département des deux Nèthes. 

Au citoyen Dlom, aicfailccte de la commune. 
* Citoyen/ 

En conséquence du rapport fait parle commissaire près la municipalité 
de cette commune , tendant à ce que Ton prenne des renseignements 
convenables et satisfaisantes si la tour de la cathédrale menace, on 
manière quelconque, un |)éril prochain d'écroulement ou autre ^ si son élat 
actuel présa;;e quelque hialhetir. aux personnes qui passeraient dans les 
avenues de la tour, vous voudrez bien prendre inspection de la tour précitée 
pour, 8ur voire rapport, être disposé ce que de raison. 

Salul et fraternité 
Franck. 



XIII. 

Nomination par Vudministration centrale de Varchitcctc Dlom y pour 
faire rapport sur Vùtat de Véylise cathédrale et dresser les plans 
de ce monument. 

S»» DuRE^vu ' Extrait du registre aux arrêtés de l'administra- 

— tion centrale du département des Deux-Nèthes, 

DoMAiNKS i5 frimaire an VII, (5 décembre 1798.) 

Nationaux. 

L'administration centrale du département des Deux-Nèthes. 

Vu Ijn lettre du ministre de Tlntérienr en date du 3 frimaire courant 
dans laquelle il l'invite à lui transmettre divers rensei^^nements sur la 



— 270 — 

consistance et Tétat tant de réalise cathédrale d^Ânvere que de la tour qni 
en dépend. 

Oui le commissaire du directoire exécutif; 

Considérant qu'elle ne sauroit trop s'empresser de satisfaire aux désira du 
ministre nommant un homme de l'art qui fasse le travail demandé. 

Arrête : Qu'elle charge le citoyen Blora, architecte en cette commune , 
de vérifier l'état dans lequel se trouve ladite cathédrale, y compris la toor, 
de déterminer les sommes nécessaires à sa réparation et à son entrelien, 
de reconnoître si elle présente ou non dans ses parties ou dans son en- 
semble des objets dont la conservation puisse intéresser les arts ; de dres- 
ser procès-verbal du tout, et de lui transmettre le plan de cet édifice «Tec 
sa coupe et son élévation. 

Fait en séance à Anvers, le quinze frimaire an 7. Présens : les citoyens 
van Breda, président, Saunier, Ghomel, Poney, de Broax, administra* 
tours ; Leveque , commissaire du directoire exécutif, et Aubert , secréUire 
général. 

Pour extrait conforme. 
Par l'administration centi*a1e du département des Deux-NèUiea. 

Pr le secrétaire général , 
Van Breda, prés*. 



XIV. 
Rappel de la lettre précédente. 

Liberté Égalité. 

2"»« Bureau 

DÉPARTEMENT DES DEUX ^"^^'*' ^^ ^^ P'^^^^^® *" ^ ^« '* république 

NftTiiES. française, une et indivisible (5 février 1799). 

Domaines nationaux. L'administration centrale du département des 

Deux-Nèthes. 

Au citoyen Blom, architecte, à Anvers. 

Vous avez été chargé par nous. Citoyen, par arrêté du 15 frimaire 
dernier, de vérifier Fétat dans lequel se trouve la cy-devant cathédrale de 
cette commune, d'en dresser procès- verbal et de le transmettre à cette 



— 371 — 

administration avec le plan de cet édifice , de sa coupe et de son éléva- 
tion. Deux mois se sont écoulés depuis que vous avez reçu cette commission 
qui devrait déjà être remplie. Il nous semble néanmoins que ce temps vous 
aurait dû suffire pour satisfaire à notre demande; veuillez donc vous hâter 
de terminer ce travail que le ministre de Tintéricur désire lui être soumis 
depuis longtemps. 

Salut et fraternité. 

Les administrateurs du département des 2 Nèthes. 

Ghomel. 

A. DE Broux, 

E. S. PONCY. 

AuBERT, secrétaire général. 



XV, 

Réponse de l'architecte Blom. 



2ld pluviôse an VIL 
(14 février 1799.) 



A Tadministration centrale du département des Deux-Nèthcs. 

Citoyens Administrateurs , 

Je me serais très certainement empressé de remplir vos ordres , si des 
causes imprévues n'avaient pas arrêté mon zèle. 

Au moment où je reçus votre lettre du 15 frimaire dont vous rappelez' 
les dispositions dans celle du 17 courant , j'avais eu le malheur de me dé- 
mettre le pouce de la main droite ; à cet accident se joignit la rigueur 
très-âpre d'une saison d'ailleurs peu propre pour un travail do cette nature, 
travail auquel je ne pourrais me livrer en cet instant, sans compromettre 
ma santé, vu Fêtai d'humidité continuelle de l'air que l'on respire dans le 
vaste et antique vaisseau de la cathédrale , et vous n'ignorez pas que mon 
existence est maintenant la seule ressource de ma famille à qui je dois sa 
conservation. Cependant quelqu'ayent été les difficultés que m'opposaient 
les ménagements à prendre pour éviter les effets du froid excessif, le désir 
de vous satisfaire et de mériter de plus en plus l'estime que vous voulez 
bien faire de moi , m'a déterminé à commencer le travail que vous me 

2Ç 



-. 372 — 

demaodez ; je pois donc vous assurer, citoyens administrateurs , qu'au mo- 
ment très prochain d*un changement dans Tatmosphèro je m*empresscrai à 
TOUS mettre à m^me de remplir les vues du ministre. 

Anvers , le 2G pluviôse an 7. 

Salut et fraternité. 

J. Blov. 



XVI. 

Recherches de VarehUecte Blotn^ ayant rapport à ses plans de la 
cathédrale , communiqués au ministre des finances et déposés aujour- 
d'hui au musée d'antiquités d'Anvers, 

HOOGTE VAN 0. L. VrOUWEN TOREN TOT Antvverpen, volgens ver- 

SGUBTDENE SGHRTVERS EN METINGEN. 

Antwenysctie vMten. 

i • Volgens Abraham Ortelius • 466 

2. » L. Guichardin 420 

3» > Mirsus,. 410 

4. . » Blaeu 420 

5. > Le Roy , in het Marchionatus 451 Vi 

Doch, volgens de printe , gcgraveerd door W. Hollar , welko 

feiy voegt in gezegd.werk , schynt hetî dat hy in de voorgemelde 

hoogte niet begrepen beef^ die van het kruys , zynde 15 voe- 

I tcn» ende vervolgens soude hy de totaele hoogte van den toren 

bepaeld bebben op 466 i/^ voet. 
. 6. In den Théâtre sacré de Brahant , ze^t hy de hoogte 

te zyn , begrepen het kruys 466 

7. Roelans, in zyne Chronyke^ zcgt dat de hoogte des torens 

van den grond tôt onder het kruys is 432 

het kruys 16, en den haen 3 voeten ; dus saemen ^i 

: Hy zegt deze metinge geschied te zyn met eencn grapho- 

mcter van 1 Vi^^^^ diameter. 

.8. Papebrochius , van den grond tôt den laelsten trap, 

teU415 V. r- Het steenwerk daer boven 17. — En het kruys 

ittt^t ûfin haco ,18.'/s voeton ; te saemen . ; •••....•• 450 Vi 



— 373 — 

9. Volgens een manuscript op het Stadhuys berustende.. . 472t. iV,<'. 

iO. Joannes-Franciscus Hcribortus in 1676 420 

11. J. Blom 424v.7Vâ'*. 

12. J. B. Wouters, van den grond tôt boven den haen... 431 v.07t<l* 



c Den thorcn, zegt de opsteller ecner bescbryving der stad Ântwerpen in 

1752 verschenen, is een van de schoonste, verhevenste en de hoohgste 

gobouwen die daer syn in gants het landt ; desen bouw is begonst in het 

jaer 1352, ende dit overtrelfelyck werck is volmaeckt 1424. Desen thoren 

is hoogh 622 ende van malcanderen gerekent op 7 duynien hooghte, comt 

396 voeten in hooghte van trappen ; nu van den hooghsten ti*ap tôt aen 

het beginsel daer het vergultis geweest syn 17 voet, het kriiys is hoogh 16 

voeten 12 breedt, den haen is hoogh 3 voet ende 3 voet breedt 

en 7 duym, vreegcnde 45 pont, ende den vergulden bol die onder het 

kruys is , is in dé circutnferdntie bit oitilooj) 5 voet' en 6 duymen; in het 

jaer 1649 is den haen met den bol vergult , ende in het selve jaer op den 

thoren gestelt , âls bouwmeéster was P. Stevens, ende in 't jaer 1692 is 

de spille alwaer den haen op draeyt door den wint geforceert geweest 

ende wederom door den architect Joannes-Balthazar Bouvaert opgestelt. 

De hooghte van den gront is 432 voeten gemeten door J. T. Roelants met 

een graphoroeter van eenen voet en half diameter ; daer hangen in desen 

thoren 60 klokken, vraervan de grootste genoemt wordt Garolus, voerende 

den naemvandenonverwinnclyken keyzer Carolus den V<^«a, vandien naem, 

welke klocke veele uren verre wort gehoort , heeft twee schoone beyaerden 

ofte klocken-spel, waervan den eenen behoort aen de weerdige heeren van 

het Capittel der selve kercke, ende den anderen aen de edele heeren van 

het Mâgistraet; heeft oock schoone ure-wysers welcke anno 1541 syn 

gemaeckty behonden in hunne circumferentie ofte omloop 94 voeten. » 



N. B. Verscheydene van deze schryyers en konstenaeren , laeten ons in 
de onzçkerheyd.tot waer zy hnnne metingen bepaeid hebben. Het schynt dat 
eenige der zelve, maer alleenlyk zouden geven de boogte van het steenwerk, 
ende daer nicl bygevoegd hebben het kruys en den haen daer bovenstaende.' 

Ik ben van gevoelen <}at'de-twee laeste metingen N<> 11 en 12, die zyn 
op de welke best staet te maeken is , alzoo die met nauwkeurigheyd door 
die konstenaeren in eygen persoon , ende volgens myne onderrigtînge met 
die middelen ofte werktuygen volbracht zyn die de ondervindinge voor de 



— 374 •- 

zekerste heeft bezegeld, ende aizoo ik voôr oogen hcbbe die gedetaillecrde 
metinge daer J. B, Wouters, zoo voege ik , alhier daervan eene copye : 

c Door order van d'Heer Lunden^ Thresoricr Generael dcr Sta<1l 
Antwerpen, hebbe ik J. B. Woulers, meester atcenhouwer ende steds- 
klimmcr , gemeten de hoogte van den stadstoren , waer omirent dient 
bemerkt te worden het volgende : 

Dat de metinge langs de 622 trappen onderworpen is aen erreur, 

uyt dien dat de zelve vcrschillende zyn van hoogte , hetgeene waerschync- 

lyk is geschied om den contour van de zelve te conserveeren. Dus dat de 

metinge door my is gedaen van het top van den haen tôt aen den grond 

van de kleyne niches , welke hoogte van aldaer is als volgt : 

Voet daym. 

Den haen is hoog • 3. 

id breed 4 voeten , 
id weogt48 ponden. 

Het kruys is hoog • «•..... iO. 3 Vi 

id breed 5 voet 9 duym. 

Den vergulden bol onder het kruys is hoog i. 9 

In de circumferentie 5 voet 7 duym. 

De taefelschyf heeft eene circumferentie van 17 voeten 
8 duym. 

Van onder den bol , tôt aen de zoo genoemde taefelschyf ^ 
en van daer tôt aen den grond van de kleyne niches , wc- 
zcnde de plaetse alwaer moet gesteld worden de stellagio 
buyten den toren , word bevonden eene hoogte van •• 38« 

Van de voorschreven niches gemeten met een afdaelende 
lood , tôt op de balustrade van do kleyne gaendery , ende het 
zelve aldacr op den waeterpas gesteld zynde , word bevonden 
eene hoogte van • 12. 1 

Van de voornoemde kleyne gaenderye , tôt op den grond 
der groote gaenderye , op de zelve manier gecalculeerd , 
word bevonden 57. 6 

Van den grond der groote gaenderye, tôt op den grond van 
de gaenderye van den wyzer 87. 7 

Van aldaer tôt opde zoo genoemde vierde kacmer. ...••• 65« 8 

Van de voornchreven vierde kaemer , alwaer de opengaende 
valten beginnen, tôt op den grond van de kercke, met het zelve 
lood gemeten , worden bevonden t •••••.•••••• • 154. 10 

Dus dat de geheelo hoogte van den toren in zicb begrypt,.. 431. OVt 

Aldus ^oroclon den 24 Augusty 1774. 



-► 375 — 

fl^^NOTS EN BREEDTE VAN 0^ L. VrOUWE £fil&E. 

Volgena roetingc van den scbilder d'Heur, is die kerke^ lang 

binnen haere mueren • 412. 3 

Idem. Kruysbeuk is , ook binncnkantmuer 232. 3 

In bet jaer 1798, beeft den arcbitecte Blom die kerke geme- 

ten , en die bevonden, beure lengte, ook binnenkantmucr. . • 413. 19 

endc den kruysbeuk 231 . 6 

Aenteekening van den Architecte Blom, 

De beele lengte van de kerk , binnenkantmuer, is 411 — 4 

De lengte van den kruysbeuk 232 — 2 1/^ 

De breedte van de kerk in het midden 185 — 4^^ 

Nota, Den kruysbeuk naest den kant van bet Groen Kerk- 

bof is breed 40 — 472 

Maer naest den kant van de Lyuwaedmarkt is den zelven 

beuk maer .breed . 40 — 1 7« 

IIOOGTE DER KERK. 

Van den platten grond , in den grooten beuk tôt onderkant 
welfsel 95 v.83/^d. 

Uyt den platten grond van bet presbyterium, in de cboor , 
tôt onderkant welfsel 87 v.5%d. 

Uyt den platten grond van bet presbyterium, tôt bovcnkant 
van bet kapiteeltjen van de goticke kolommen , daer bet 
welfsel uyt spant in de cboor 57 v.9Vsd. 

KOEIEL. 

Buytenzyde tôt aen de peer 197 voet. 

Kletne toren. 

lloogte tôt aen do yzeren spil, uyteynde van bet klcyn 
torentjc 228 voct. 

Groote toren. 

De errste luykacmer is boog 43 voeten. 

De Iweede kaemcr is hoog 96 »/, voctcn ; de distancie is 53 7* voeten. 

De derde kaemer is hoog 127 voeten ; de distancie is 30 7« voeten. 



— 376 — 

De vîerde kaemer islïoog lÔ4Vt voeten ; de dÎKtancie i$27 V, voeten. 
De vyfde kaemer is hoog 192 Vs voeten ; de. distancie is 38 voeten. 
De vyfde kaemer aan den wyzer is hoog 223 voet Vt duym ; de distancie is 
31 voet 2 Vj ciùym. 

• • • • « . • ■ « 

De zesde tôt het belfort is hoog 262 Vs voeten ; de distancie is 39 voeten. 

De zevende , de blauwe galery is hoog 307 7s voeten 1 Vs duym ; de distan- 
cie 45 voet 1 7, duym. 

De achtste galèry is hddg 361 Vs vbetén ; de distancie is 54 Vs voeten. 

De laatste tmppen en s^alery zyn hoog 373 voeten ; de distancie is 11 '/* 
voeten , 617 trappen '. 



XVII. 

Arrêt de la municipalité concernant V enlèvement d^unc clôture en 

planches dans la cathédrale. 

Liberté. Éoalité. 

DÉPARTEMENT DES Extrait du registre aux arrêtés de la commiS' 
Deux-Nètiies. ^{qj^ municipale du canton d'Anvers , Chef-liot 

Canton et ^" département. des Leux-Nèlhes. 

Municipalité — 

d*Anvers , Chef-lieu. Séance du 22 ventôse , septième année de la ré- 

— publique française , une et indivisible , (12 mars 

1799.) 

• • 

Présents les citoyens Gouget-Deslandres, prési- 
dent, Leloib , Gabriels , administrateurs muni- 
cipaux , ÂUGER , commissaire du directoire 
exécutif^ Gleizes , S»"* en chef. 



La commission municipale du canton d*Anvers, chef-lieu du 
département des Deux-Nèthcs. 

Vu le rapport de son second bureau concernant une clôture en planche 
qui existe dans la ci-devant cathédrale de cette commune , laquelle avait 

' D'après les calculs de rarchitecte Louis SeiTure , la grande tour de l'église 
N.-D. mesure en hauteur 122 mètres 925 millimètres. Voyez l'ouvrage intitulé : 



— 377 — 

pour objet d'interdire le passage dans la cathédrale du côté de la chambre 
des pauvres et de mettre les scellés apposés sur les effets qu'elle renfermoit 
à Tabri des entreprises de la malveillance. 

Considérant que tous les effets et ornements de la ci-devant cathédrale 
se trouvent vendus et que cet édifice ne renferme plus rien qui pourroit 
tenter la cupidité ; qu'en conséquence les motifs qui ont donné lieu à 
établir une clôture en planches n'existent plus. 

La commission municipale, le commissaire du directoire exécutif 
entendu , arrête : le commissaire près le 2® bureau est autorisé à mettre 
le nombre d'ouvriers nécessaires pour défaire la clôture en planches , qui 
existe dans la ci-devant cathédrale de cette commune. 

Toutes les planches composant la clôture dont s'agit seront déposées dans 
le grand magasin de la commune. 

Pour expédition conforme , 
Par la commission municipale, 

Le secrétaire en chef , 
Gleizes. 



XVIIl. 

Arrêté deê consuls de la république française en date du 7 nivôse an 8j 
(28 décembre il09J relatif aux édifices destinés à l'exercice d'un 
culte (2 Bulletin des lois , 342, No 3515) >. 

Les citoyens des communes qui étaient en possession , au premier jour 
de l'an 2 , d'édifices originairement' destinés à roxercico d'un culte, con- 
tinueront à en user librement sous la surveillance des autorités constituées, 
et aux termes des lois des 11 prairial an 3 et 7 vendémiaire an 4, pourvu , 
et non autrement, que lesdits édifices n'aient point été aliénés jusqu'à 
présent; auquel cas, les acquéreurs ne pourront être troubles ni inquiétés, 
sous les peines de droit. • 



c La tour de Véglise de Notre-Dame , on ancienne cathédrale d'Anvers, me- 
surée et dessinée par L. Serrure^ architecte et professeur à l'académie Royale 
d'^\nvers etc. Réduite et expédiée sous la direction de Vauteur , par P, Erkcs, 
son élève, Anvers 1837-1838, 8 feuilles grand atlas et twtice historique in 4^ 
< Voyez l'arrêté du 2 pluviôse, an 8. 



— 378 — 

XIX. 

Lettre des citoyens C. Pveters^ J. Bastiaensetis , C. de Roy et ParySy pour 
ohievir de la municipalité Vouverture et l'usage de la cathédrale^ 

Liberté Égalité 

Anvers 4 le 13 pluviôse an 8, (2 février 1800). 

A Tadminislration municipale du canton d'Anvers. 

Exposent les soussignés citoiens domiciliés dans la commune d*Anvers<, 
qu'en vertu de Tarrêté des consuls de la république française toas les 
édifices originairement destinés à Texercice d'un culte et qui n'ont point 
été aliénés jusqu'à présent, doivent être rendus à l'usage des citoiens et 
des communes. 

Qu'attendu que la ci-devant cathédrale en cette commune n'est pas 
encore aliénée et que partant l'arrêté des consuls en date du 7 nivûse 
dernier donne l'autorisation de réclamer ledit édifice pour en user libre- 
ment aux termes de lois du 11 prairial an 3 et 7 vendémiaire an 4. 

Les pétitionnaires iiivitentcette administration à vouloir bien leur accorder 
l'ouverture et l'usage dudit édifice pour y exercer leur culte , se soumettant 
à ce que les lois ordonnent et statuent sur cet objet. Quoi fesant etc. 

(Signé) G. Peeters, médecin, J. Bastuense.n'S, 
Charles de Rot, J.-E. Parts. 



XX. 

Rapport à la municipalité sur la pièce qui précède. 
3« Bureau 
Police. Rapport. 

Les citoiens Peelers , Bastiaensens , de Roy et Parys, habitans de cette 
commune, demandent l'ouverture de la cathédrale, conformément à l'arrêté 
des consuls du 7 nivûse , pour y exercer le culte catholique. 

* Cette lettre porte le N« 1 dans la brochure imprimée chez Parys. 



— 379 — 

Cette demande , fondée sur l'arrêté qu'ils réclament, paroît pouvoir être 
accordée ; en conséquence le commissaire de votre 3® bureau propose le 
projet d'arrêté suivant : 

(Suit l'arrêté de la municipalité du 23 pluviôse an 8). [12 février 1799] 
(V. la pièce No XXI). 

Présens, Georgerte, van Nereaux , Philips, van Hal, Grimokrgen, 
Mellerio , Desruelles et Raymaekers. 

Le 23 pluviôse an 8. 



XXL 

Arrêté de la municipalité accordant l'autorisation demandée dans la 

pièce No XJX ». 

DÈPP^RTEMRNT DBS EXTRAIT du registre aux arrêtés de l'administra- 
Deux-Nêthes. tion municipale du canton d'Anvers^ chef-lieu 

^ du département des Deux-Nèthes, 

Canton et Munici- 
palité d'Anvers. 
Chef-lieu. 

Séance du 23 pluviôse 8« année de la république française une et indi- 
visible (12 février 1800). 

Présens les citoyens Georgerie, président, van Nereaux;, Philips, 
van Hal, van Grimbergen, Melerio, Desruelles et Raeymagkers, 
administrateurs municipaux , Dargonne , commissaire du gouvernement et 
de Moor , secrétaire en chef. 

Vu la pétition des citoyens Peeters , Bastiaensens , de Rot et Parts, 
habitans de cette commune , tendante à ce que l'ouverture et l'usage de 
l'édifice , dit la cathédrale leur soit accordé pour y continuer à exercer le 
culte catholique. 

Vu l'arrêté des consuls du 7 nivôse , y relatif; 

Considérant que les citoyens de cette commune étaient en poissession do 
cet édifice , qui est originairement destiné à l'exercice du culte catholique 
au Ir jour de l'nn H et qu'il n'a point été aliéné jusqu'à présent. 

Le commissaire du gouvernement entendu arrête : Que conformément 

* Pièce N« 2 de la brochure imprimée chez Parys. 



- 380 — 

à l*aiTé(é des consuls du 7 nivôse dernier, les pétitionnaires peuvent con- 
tinuer à user librement de l'édifice dit la cathédrale en cette commune ^ 
pour y ezei'cer leur culte, sous la surveillance des autorités constituées, 
et aux termes des lois du 11 prairial an 111 et 7 vendémiëre an IV. 

Copies du présent seront envoyées aux pétitionnaires et au commissaire 
de police de la 3« section pour leur gouverne. 

Fait en séance municipale ce 23 pluviôse an VIII. 

(si^é) Jb. Georgerie et p. G. dbMoor. 

Pour extrait conforme : 

Le secrétaire en chef, 
(signé) P. G. DE MooR. 



XXII. 

Lettre de V administration centrale au commissaire Dargonne deman- 
dant la communication de Varrétè de la municipalité concernant 
l'ouverture de la cathédrale. 

Liberté Égalité 

Département des Anvei*s , le 27 pluviôse , an VIII de la république 

Deux-Nèthks. française, une et indivisible. (16 février iSOO). 

L'administration centrale du département des Deux-Nëthes. 

Au commissaire du gouvernement près la municipalité d'Anvers. 

Nous vous invitons , Citoyen , à nous transmettre sur le champ expédi> 
lion de l'arrêté pris par l'administration municipale , ordonnant la réouver- 
ture de la ci-devant église cathédrale. 

Veuillez faire droit à notre demande. 

Salut et fraternité. 

(signé) d'Olislager , 
L. Mesigh, 
Spin'nael , sr« adjt. 



— 381 — 

XXIII. 

Arrêté de l^ administrât ion centrale suspendant les effets de celui de la 

municipalité^. 

Liberté Ëgauté. 

Département DES Extrait du registre aux délibérations de l'admi- 

Deux-Nèthes. nistration centrale du déparlement des Deux- 

5- Bureau. Nèthes, séante à Anvers. 

Haute Police. 

Séancft du 27 pluviôse l'an VIII de la république française une et indi- 
visible. Présens les citoyens Mesigh , président ; tan Breda , d'Olislae- 
6ER , ÂUBERT , administrateurs ; Ogez , commissaire du gouvernement y et 
SriNNAEL, secrétaire-adjoint. (46 février 1800.) 

L'ADMINISTRATION CENTRALE du département des Deux-Nèthes , vu 
l'arrêté de l'administration municipale du canton d'Anvers , qui en 
vertu de l'arrêté des consuls de la république du 7 nivôse dernier » a 
remis à la disposition des citoyens l'église ci-devant cathédrale de cette 
commune d'Anvers. 

Informée que cet édifice est tellement endommagé , que plusieurs de 
ses parties intérieures menacent évidemment ruine. 

Considérant que ledit arrêté des consuls doit nécessairement excepter et 
jusqu'à réparation les édifices dont le mauvais état peut faire craindre 
quelque danger. 

Considérant que la loi du 24 août 1790 charq:c les administrations lo- 
cales de prévenir les accidents qui pourraient résulter de la chute des 
bâtiments en péril. 

Ou! le commissaire du gouvernement* 

Arrête. !<> L'effet de l'arrêté de l'administration municipale d'Anvers 
précité est provisoirement suspendu. 

2« Expédition du présent sera adressé dans le jour à ladite administra- 
tion municipale. 

3^ Les clefs seront remises au commissaire du gouvernement près l'ad- 
ministration centrale , qui prendra des mesures de concert avec elle , pour 
que le bâtiment soit remis dans un état convenable A recevoir les citoyens. 

Pour extrait conforme , 
par l'administration centrale du département des Deux-Nèthes, 

Signé : Spinnael , secrétaire adjoint. 



' Pièce N» 3 de la brochure imprimée chez Parys, 



— 382 -- 

XXIV. 

Lettre du commissaire Dargonne au citoyen Peeters demandant la remise 
au commissaire central des clefs de la cathédrale *. 

Liberté. Égalité. 

Anvers le 29 pluviôse^ an S de la réjmblique 
française , une et indivisible. (18 féyrier 1800). 

Le commissaire du gouvernement près l'administration municipale d'An- 
vers , chef-lieu du département 

Au citoyen Pebters, médecin. 

Citoyen , 

En vertu d'un arrêté de l'administration centrale du 27 courant , qui 
ordonne la remise des clefs do la cathédrale au bureau du commissaire 
central , je vous requiers de vous conformer à l'ordre qu'il vient de me 
remettre à ce sujt^t et du déposer endéans le jour lesdites clefs â son 
bureau. 

Salut et fraternité, 
(signé) S. P. Dargonne. 



XXV. 

Réponse du citoyen Peeters au commissaire Dargonne <. 

Ânvei*s, le 29 pluvi<)se an 8 (18 février 1800). 

Peeters , médecin , au commissaire du gouvernement près l'administra- 
tion municipale du canton d'Anvers. 

Citoyen Commissaire, 

En réponse à votre lettre de ce jour, j'ai l'honneur de vous informer que 
je ne suis pas le dépositaire des clefs que vous me demandez, mais pour 
vous prouver combien je désire toujours me soumettre aux lois et aux fonc- 
tionnaires qui en sont les organes, je vais sur le champ communiquer votre 
lettre susdite aux citoyens qui ont conjointement avec moi demandé l'ou- 
verture de l'église cathédrale conformément à l'arrêté des consuls en date 

< Pièce N<> 4 de la brochure imprimée chez Parys. 
' Pièce N« 5 de la même brochure. 



^ 383 — 

du 7 nivôse dernier, et aussitôt que nous aurons réponse de Tadministra- 
tion municipale, à laquelle nous nous adressons égiilcment, je m*empresse- 
rai de vous faire part des résolutions que nous aurons prises. 

Salut et fraternité, 
(signé) C. Peeters. 



XXVI. 

Lettre des citoyens Peeters, Bustiacnsens, de Roy et Parys à la 

municipalité •• 

Anvers , le 4«^r ventôse an 8 de la république 

(20 février 1800). 

Les citoyens soussignés à Tadministration municipale d'Anvers. 

Citoyens Administrateurs , 

Par notre pétition du 15 pluviôse dernier, nous avons demandé , aux 
termes de l'arrêté des consuls du 7 nivôse dernier, Tusage de régf2ti6ca//}<^- 
drale de cette commune , dont les habitants d'Anvers étaient en possession 
au premier jour de Tan II , et à l'époque de la réunion de la Belgique à la 
France , laquelle église depuis ce tems n'a pas été aliénée. 

Vous avez bien voulu , Citoyens Administrateurs , faire droit à notre de- 
mande et nous remettre les clefs de ladite église, pour continuer à en li^cr 
librement , sous la surveillance des autorités constituées et aux termes des 
lois des 11 prairial an III et 7 vendémiaire an IV. 

Mais depuis nous avons reçu , le 29 pluviôse , une lettre écrite par le 
citoyen Dargonne , en sa qualité de commissaire , au citoyen Peeters , 
médecin , l'un des soussignés , laquelle est ainsi conçue. 

a Citoyen, 

3 En vertu d'un arrêté de l'administration centrale du 27 courant , 
» qui ordonne la remise des clefs de la cathédrale au bureau du commis- 
» saire central , je vous requiers de vous conformer à l'ordre qu'il vient 
» de me remettre à ce sujet et de déposer endéans le jour lesdites clefs 
» à son bureau. » 

Salut et fraternité, 
(Signé) Dargonne. 

1 Pièce N<» 6 de la brochure citée. 



— 384 — 

D'après cette lettre , Citoyens Administrateurs , nous aTons différé de 
remettre les dites clefs jusqu'à ce que nous en avons prévenu Taotorité 
dont nous les avions reçues et qu'elle nous eut donné li-dessus sa décision. 

Nous vous prions en conséquence, Citoyens Administrateurs, de Touloir 
bien nous indiquer ce que nous avons i faire. 

Notre demande primitive étant fondée sur la loi et Tarrété desconsois, 
nous croyons qu'en y obtempérant vous avez satisfait à son vœu ; vous 
avez motivé votre arrêté d'hadhésion sur la même loi et nous ne pensons pas 
que l'administration centrale , par une mesure particulière , veuille ou 
puisse entraver son exécution. 

Nous attendons avec confiance pour jouir de la dite église que vous 
veuillez bien empécber les obstacles que l'autorité supérieure pourrait 
opposer à nos légitimes réclamations, en suspendant le vœu de la loi et 
l'arrêté des consuls et l'etTet de votre arrêté du 23 pluviôse dernier. 

Salut et respect , 
(Signé) G. Pebters , médecin , J. BASTiiŒNSfiNS , C. de Roy et Pmits. 



XXVII. 

Arrâtâ. de la municipalité nommant Varchitecte Blom et les entrepre- 
neurs Roelants et Cornet comme experts pour examiner l'état de la 
cathédrale en compagnie des officiers municipaux van Grimbergend 
Mellerio ^ 

L'administration municipale de la commune d'Anvers. 

Vu l'arrêté de celle centrale en date du 27 pluviôse , qui suspend l'ex^ 
cntion de celui do cette administration , concernant l'ouverture de Véglise 
ci-devant cathédrale ^ conformément à celui des consuls du 7 nivdse 
dernier. 

Vu la lettre des citoyens Pëeters , de Roy, Parys et Bastuensens, 
datée d'hier, etc. 

Considérant que la surveillance des bâtiments en péril , ainsi que la police 
des lieux publics, appartient aux administrations municipales. 

Considérant qu'il résulte de l'arrêté central susdit, que plusieurs pa^ 
ties intérieures de cet édifice menacent ruine. 

Considérant qu'il est du devoir des administrations municipales de 
prévenir les dangera qui pourraient résulter des b&timents en péril. 

* Pièce N® 7 de la brochure citée. 



— 385 — 

Le faisant fonctions du commissaire du gouvernement entendu^ arrête : 
Que les citoyens Blom, architecte , Hoelants et Cornet^ entrepreneurs de 
bâtimens , se transporteront audit édifice ))our en constater i*état réel , et 
qu'ils en feront de suite leur rapport à cette administration , pour être 
communiqué à celle centrale , à Teffet d'obtenir le rapport ou le maintien 
de son arrêté précité. 

Les citoyens VA4N Grimbergen et Mellerio accompagneront les gens 
de l'art ci-dessus désignés , et auront soin que le public ne soit pas admis 
dans ladite église lors de l'expertise. 

Fait à Anvers , en séance du 2 ventôse an 8. 

(Sigfné) J. Philips, pour le président; de Moor, secrétaire-général. 



XXVJII. 

Arrêté de V administrai ion ordonna^U à lamunicijjalilé de remettre ai>ant 
6 heures du soir les clefs de la cathédrale au commissaire central ^ 

DÉPARTEMENT dCS LIBERTÉ. ÉOALITÉ. 

Dedx-Nèthks. Extrait du registre aux délibérations de l'admi- 

nistration centrale du département des Deux^ 
Nèthes. 

Séance du 3 ventôse an 8 de la république française une et indivisible. 
(22 février i800). Présens les citoyens Mesigh, président; Aubert, van 
Breda, administrateui*s ; OGEZ,commissaire du gouvernement^ et Spinnael, 
secrétaire adjoint. 

L'ADMINISTRATION CENTRALE du département des Deux-Nèthes. 

Informée par le commissaire du gouvernement près d'elle, que l'admi- 
nistration municipale d'Anvers ne se met pas en devoir d'exécuter l'arrêté 
de cette administration en date du 27 nivôse dernier, qui la charge de 
remettre audit commissaire les clefs de la ci-devant église cathédrale; 
arrête : 

. Que l'administration municipale d'Anvers remettra, avant six heures de 
ce soir, Icsdites clefs au commissaire du gouvernement près cette admini- 
tratiori ; faute de ce faire , celte non-exécution sera considérée comme un 
irefuset en conséquence l'administration se réserve de prendre, à l'égard de 
ladite municipalité, telle mesure que de droit. Elle rend personnellement 

* Pièce No 8 de la brochure citée. 



— 386 ^ 

responsable chaque membre de radministration municipale de Texécation 
du présent et des désordres qui pourraient résulter de sa désobétsance. 

Pour extrait conforme , 
par radministration centrale du département des Deux-Nèthes. 

(Signé) Spinnael , secrétaire-adjoint. 



XXIX. 

TjCttve du secrétaire de V administration centrale au président de la 
municipalité, concernant la remise des clefs '. 

Liberté. Égalité. 

Département Anvers , le 3 ventôse ^ an 8 de la République 

iiES Deux-Nêthes française, une et indivisible. (22 février 4800). 

Le secrétaire général de radministration centrale du département 

des Deux-Nëthes. 

Au président de l'administration municipale d'Anvers, 

Vous trouverez sous pli, Citoyen Président, copie d'une délibération de 

radministration centrale prise dans sa séance de ce matin; vous voudrez 

bien la communiquer sur le champ aux membres de votre administration, 

et me certiHer la réception en annonçant Theure à laquelle la remise 

vous en sera fiiite. 

Salut et fraternité , 

(Signé) Spinnael, secrétaire-adjoint. 



XXX. 
Réponse de la municipalité à l'administration centrale t. 

Anvers , le 3 ventôse an 8 (22 février 1800)> 

L'administration municipale , etc. 

A l'administration centrale du département des Deux-Nèthes. 

Citoyens administrateurs , 

Lorsque votre arrêté du 27 pluviôse qui suspend l'exécution du nôtre du 
23 du môme mois nous est parvenu , nous avions déjà obtempéré & la der 

* Pièce n** 9 de la brochure citée. 
' Pièce no 10 de la même brochure. 



— 387 - 

mande qui nous avait été faite par des citoyens de cette commune , de leur 
laisser la jouissance de la ci-devant cathédrale , conformément à Tarrété 
des consuls en date du 7 nivôse dernier. 

En conséquence, il nous est impossible de satisfaire à votre arrêté de 
ce jour concernant la remise à faire des clefs de cet édifice. 

Mais pour vous mettre à portée de prendre les mesures que vous jugerez 
convenables , pour les retirer des mains des détenteurs actuels , nous vous 
informons que les signataires delà pétition sur laquelle nous avons accordé 
l'ouverture de cet édifice, sont les citoyens Bastiaensens , Peeters, 
Parts et de Rot ^ et que d'après les informations que nous avons prises 
ne sont eux qui sont maintenant dépositaires de ces clefs. 

Salut et fraternité , 
(Signé) Georgerie, président^ de Moor, secrétaire. 



XXXI. 

Lettre du commiaaairc central à la municipalité >. 

Liberté. Égalité. 

DÉPARTEMENT DES Anvcrs , le 3 ventôse, an 8 de la République 
Deux-Nétiies. française , etc. 

Le commissaire près l'administration centrale du 
département des Deux-Nèthes. 

A l'administration municipale d'Anvers. 

J'ai en vain réclamé , Citoyens , l'exécution de l'arrêté de l'administra- 
tion centrale qui ordonne que les clefs de la cathédrale me seront re- 
mises , je vous invite et requiers au besoin de me faire remettre sur le 
champ lesdites clefs et de donner à cet effet les ordres nécessaires à ceux 
qui en sont les possesseurs actuels. 

Salut et fraternité , 
(Signé) Ogez. 



* Pièce N<^ 11 de la même brochure. 

27 



— 388 — 

XXXH. 

Réponse de la minicipalité au commissaire central K 
* '^"^ Anvers , le 3 ventôse , an 8 (22 Kvrier 1800). 

L'adminislralion municipale de la commane d* An vers. 
Au commissaire du gouvernement près celle centrale. 
Citoyen , 

IPdu^ nous requerrez par votre (ettre de ce jour de vous remettre les 
cle^ de la ci-devant oathédrale , oonforméineRt à l'arrêté de Tadministn- 
tion centrale en daié du 27 plavvôse. 

Nous venons de recevoir de celte administration un arrêté de la même 
date que votre lettre , tendante au même but ; nous lui avons répondu 
que nous ne pouvions y satisfaire par nous-méme, puisque, conformément 
à Tarrôté des consuls du 7 nivôse dernier, nous avions ordonné le 23 cou- 
rant l'ouverture de cette éj^Iise; nous avons donné à Tadministration , 
près laquelle vous exercez vos fonctions , les noms des dépositaires des 
clefs ; veuUez vous concerter avec elle pour atteindre le but que vous 
vous proposez Tun l'autre. 

Salut et fraternité, 
(Suivent les signatures). 



XXXIII. 
Lettres de V administration centrale à la municipalité ^. 

Liberté. Égalité. 

DÉPARTCMKNT DES Auvers» le 3 ventôse an 8 de la république frin- 

Deux-Nêtiies. çjiJjj^ , une et indivisible. 

L'administration centrale du département des Devz- 
Nëthes à radministration municipale do eaotoo 



d'Anvers. 



Citoyens ^ 



Par votre arrêté du 22 du mois passé, nous vous avons chargé de son 
exécution, et puisque vous avez fait la remise des clefs aux citoyens que 

« Pièce N» 12 de la même brochure. 
« l*ièce N» 13 de la brochure citée. 



— 389 — 

vous désignez dans votre lellr& de ce jourd'hui , c'est donc à vous à les 
faire rendre et les transmettre au commissaire du gouvernement près de 
nous. Tout retard montrera de votre part une rébellion aux ordres supé- 
rieurs; en conséquence nous vous chargeons expressément de vous les 
faire rendre et de les faire transmettre sur le champ au commissaire du 
gouvernement près de nous. 

Nous vous avertissons en outre que cette lettre est la dernière que vous 
recevrez de nous à ce sujet. 

Salut et fraternité , 
(Signé) Mesigh, Aubert, Ogez. 



XXXIV. 
Réponse de la municipalité à l'administration centrale ^ 

— Anvers le 5 ventôse an 8 (24 février 1800.) 

L'administration municipale de la commune d'Anvers , à celle 
centrale du département des Deux-Nèthes. 

Citoyens Administrateurs , 

Loin de vouloir nous mettre en état de rébellion aux ordres supérieurs, 
nous désirons au contraire sincèrement faire tout ce qui est en nous pour 
en assurer l'exécution , lorsque nous pouvons le faire sans nous compro- 
mettre. 

Pour satisfaire pleinement à votre lettre du 3 courant (que nous n'avons 
ouverte qu'aujourd'hui, n'ayant pas eu de séance hier) nous vous annonçons 
que nous venons de transmettre aux citoyens auxquels les clefs de la 
ci-devant cathédrale ont été remises en exécution de l'arrêté des consuls du 
7 nivôse dernier, copie du vôtre "11 pluviôse aussi dernier, avec invitation 
ne s'y conformer strictement. 

En conséquence, Citoyens Administrateurs, nous croyons avoir fait tout ce 

.que notre devoir nous dictait, et nous vous invitons à croire que nous 

n'avons jamais eu la plus légère intention de nous mettre en opposition à 

vos résolutions. La preuve s'en trouve dans la mesure ci-dessus énoncée, 

* Pièce N° 14 de la brochure citée. 



— 3D0 — 

dans laquelle noas atons persisté, malgré Topposition qu*a faite le commis- 
saire da gouvernement près de nous , à renvoi de ta susdite copie. 

Salut el fraternité. 
Les administratenni municipaux de la commune d* Anvers. 

(Suivent les signatures.) 



XXXV. 

Rapport de Varehitccte J. Blom el des entrepreneurs J. F. Cornet 
el Jean Roelants sur Vétat de la cathédrale *. 

Copie. 

L'an huit de la république française etc., le quatre ventôse; nous soussignés, 
Blom, architecte, Roelxnts et Cornet, entrepreneurs de bâlimens, 
nous sommes transportés , en vertu de Tarrôté de l'administration muni- 
cipale en date du deux ventôse môme mois, à Téglise ci-devant cathédrale, 
accompagnés des citoyens van Grimbergen et Mellerio, administrateurs 
municipaux , qui, après ôtre entrés avec nous dans ladite église , nous ont 
requis d'examiner cet édifice , et d'en constater l'état réel de solidité ou de 
péril , à quoi nous avons procédé sur le champ et en leur présence , et 
après l'examen le plus scrupuleux et le plus strict de toutes les parties de 
cet édifice , depuis les fondemens jusqu'au toit , nous avons trouvé et 
reconnu, et nous affirmons d'après les connaissances de notre art, que ce 
bâtiment est de la plus grande solidité ; qu'il n'y a pas môme l'ombre du 
danger , et qu'il n'a besoin d'aucune réparation quant à sa solidité ; mais 
qu'il en a seulement besoin quant à l'embellissement et à la propreté , 
dont l'un et l'autre n'existent plus , par le démolissement des autels et 
autres ornemens. 

Nous avons trouvé sur les toits quelque dommage fait par l'abattage des 
croix, mais ce dommage très léger ne met le bâtiment en aucun danger, 
et peut ôtre aisément réparé avec quelques planches et quelques ardobes. 

Nous déclarons enfin que ce bâtiment pourrait exister sans réparations 
plus d'un siècle, sans que dans cet espace de temps il pût être considéré 

* Pièce No 15 de la même brochure. 



— 391 — 

comme un bâtiment en péril, et qu*it pût y avoir le moindre danger pour 
les personnes qui s'assembleraient dans son intérieur ; en foi de quoi nous 
avons dressé le présent procès- verbal pour servir et valoir ce que de droit • 
les jours , mois et an que dit est à Anvers. 

(Signé) J.-F. Cornet, J. Blom, architecte, et Jean Hoelans. 



XXXVl . 



Arrêté de l'administration centrale suspendant de leurs fonctions les 
officiers municipaux Philips et van Grimbergen , (4 mars 1800 0- 

CopiE. Extrait du registre aux délibérations de Vadmini- 

~^ slration centrale du département des Deux- 

Nèlhes^ séante à Anvers. 

Séance du 13 ventôse de Fan 8 de la république française une et indi- 
visible. Présens les citoyens Mesigh , président; van Breda, âudert, 
d*()lisl\eger , administrateurs; Ogez, commissaire du gouvernement, 
et VAN DER Mey , secrétaire général. 

L'administration centrale du département des Deux-Nèthes, considé- 
rant que malgré }>es fréquentes exhortations et ses instructions multipliées, 
l'administration municipale du canton d'Anvers ne maintient pas les lois 
dont l'exécution lui est confiée. 

Informé qu'il s'est élevé au sein de cette administration un parti d'oppo- 
sition dont la force d'inertie entrave toutes les opérations d'administration 
publique , que l'influence de ce parti d'opposition s'est plusieurs fois ma- 
nifestée lorsqu'il s'est agi d'exécuter les dispositions prises par l'admini- 
stration centrale dans diverses circonstances^ et que c'est principalement à 
cette influence qu'elle doit attribuer l'inexécution de son arrêté du 27 plu- 
viôse dernier, relatif à la remise desnlefs de la ci-devant église cathédrale, 
et la lettre indécente élevée (stc) contre elle à cette occasion au nom de 
l'administration municipale d'Anvers. 

Informée que les citoyens Philips et van Grimdergen ont en quelque 
sorte créé ce parti , et n'ont pas cessé d'en être Tàme. 

Considérant que de l'inexécution des ordres de l'autorité supérieure , 

' Pièce N« IG de la même brochure. 



— 392 — 

sartoat lorsqu'il s'agit de mesares conservatriées de la tranqùilité publi- 
que , résulte(nt) nécessairement les plus graves inconvéniens , et qu'il est 
urgent de prévenir le désordre qui pourrait s'ensuivre. 

On! le commissaire du gouvernement , et en vertu des lois qui lui don- 
nent ce pouvoir , arrêtent ce qui suit : 

lo Les citoyens Philips et van Grimbergen , administrateurs munici- 
paux du canton d'Anvers , sont suspendus de leurs fonctions. 

2o Expé'lition du présent sera envoyée au ministre de l'intérieur , avec 
invitation d'en solliciter la confirmation auprès des consuls de la républi- 
que. 

3* Il en sera également envoyé copie au commissaire du gouvernement 
près l'administration municipale du canton d'Anvers , lequel est chargé de 
son exécution et de sa notification aux individus qui le concerne. 

Pour copie conforme , 
Par l'administration centrale du département des Deux-Nèthes. 
(signé) VAN DER Mey, secrétaire général. 

Pour copie conforme, 
I^e commissaire du gouvernement , 
(signé) S. P. Dargonme. 



XXXVIL 

Lettre de V administration centrale à la municipalité,^ 

Copie Liberté Égalité 

"^ Anvers , le 14 ventôse , an 8 de la i^épublique fran- 

DU mLli^H^lt DES ««*^« ""^ ^* indivisible (5 mai-s 1800). 

deux- th s. L'administration centrale du département des 

HauteTolice. Deux-Nèlhes 

" A celle municipale du canton d'Anvers, 

Citoyens , 

Sous différens prétextes frivoles vous avez jusqu'à ce jour suspendu 
l'exécution de notre arrêté du 27 pluviôse dernier concernant la ci-devant 
église cathédrale de cette commune. 

« Pièce N* 17. 



— 393 - 

Noos vous rappelions pour la demfère fois que ce n^est point à vous 
niuB aux autorités. supérieures .& examiner »le« «raisons qui nous ont déter- 
miné à prendre cet arrêté. Voire devoir à vous.est de le faire exécuter sans 
restriction et sans délai. 

Nous vous, prévenons donc que si demain les clefs de cet édiAce ne sont 
pas remises aux termes dudit arrêté , l'administration centrale saura par 
des moyens de rigueur vous faire rentrer dans la ligne qui vous est tracée 
par les Ipis. 

Salut et fraternité 
(Signé) Mesigh , D'Olislaeger, van Breda , âubert 
et VAN DER Me Y , sec. gén. 



XXXVITI. 



Extrait du procès -va^bal de la séance de la municipalité du 15 ven^ 
tôse an 8 de la rép^ française, (6 mars 1800). 

Pressens les citoyens Georobrie, président, Vannereaux ^ DES Rvjilles, 
McLLERio , Raeym AEKERS , administrateurs municipaux » DABGONfiiE^ com- 
missaire du Gouvernement , et de Moor , secrétaire. 

La séance s^ouvre par la lecture du procès- verbal du 13 dont la rédac- 
tion est adoptée. 

L'administration reçoit de celle centrale sa lettre du 14 ventôse , ten- 
dante à ce que les clefs de la ci-devant cathédrale de cette commune 
soient remises pour demain conformément à son arrêté du 27 pluviôse 
dernier; en conséquence l'administration charge le commissaire du Sm* 
bureau de la stricte exécution des dispositions quo la dite lettre renferme. 

L'administration adopte ensuite sur le rapport du commissaire du S^* 
bureau, un projet d'arrêté qui ordonne au commissaire de police de la Sm* 
section de se faire remettre les clefs de la ci-devant cathédrale par celui 
ou ceux qui en sont détenteurs. 

Le commissaire du gouvernement, sur l'invitation de Tadministration , 
donne communication de l'arrêté centrale , qui suspend de leurs fonctions 
les citoyens Phillips et van Grimbergen , administrateui-s municipaux. 



(Signé) P. G. DE MooR , sec. 

* C'est à tort qu'à la p. 20, 1. 29, le nom de cet administrateur municipal est 
écrit MoREAUX ; 1. Vanneraux. 



— 394 — 

XXXIX. 

CoPiB. Extrait du registre aux délibérations de Vadmi- 

~~ nistration municipale du canton d'Anvers^ chef- 

lieu du département des Deux-Nèthes. * 

Séance du 15 ventOse an 8 de la république fran- 
çaise une et indivisible (6 mars 1800). Présens 
les citoyens Georoerib , président ; Mellerio , 
DES Ruelles , Yannereaux , Rabymieckers , 
administrateurs municipaux ;D4R60NNE, commis- 
saire, et DE MooR , secrétaire général. 

L'administration municipale du canton d'Anvers , 

Vu la lettre de Tadministration centrale en date du 14 ventôse , qui 
ordonne à cette municipalité la remise des clefs de la ci-devant cathédrale. 

Considérant que rien ne doit s'opposer à la remise desdites ciels ; le 
commissaire du gouvernement entendu , arrête, 

Qu'il est ordonné au commissaire de police de la 3<n« section de se faire 
remettre en vertu du présent lesdites clefs par celui ou ceux qui en sont 
les détenteurs. 

Le commissaire de police remettra les clefs au bureau du commissaire 
du gouvernement près l'administration centrale sous récépissé. 

Pour copie conforme , 

Par l'administration municipale , 

Le secrétaire , (signé) P. G. de Moor. 



XL. 

Réponse des citoyens Peetera et Parys au commissaire de police de la 
3^ section qui les sommait de lui remettre les clefs de la cathédrale, ' 

QQPI2 Anvers, le 15 ventôse an 8 (6 mars 1800.) 



Les citoyens Peeters et Parys répondent que l'usage de l'église cathé- 
drale leur ayant été accordé en vertu d'un arrêté de la municipalité , basé 
sur celui des consuls du 7 nivôse dernier , ils ne peuvent se désnisir des 

* Pièce N* 18. 
« Pièce N» 19. 



— 305 ^ 

clefs ; que cependant pour ne pas avoir l'air de s'opposer directement ou 
indirectement à celui de l'administration centrale du 27 pluviôse , dont 
copie leur a été transmise par la municipalité , et qui ne peut entraver 
l'exécution de celui des consuls du 7 nivôse susdit , ils consentent et pro- 
mettent de ne pas ouvrir publiquement Véglise cathédrale avant que les 
consuls aient prononcé sur l'opposition faite par l'administration centrale à 
l'exécution de leur arrêté du 7 nivôse. 



XLI. 

Lettre de la municipalité à l'administration centrale faisant con- 
naître laréponse des citoyens Peeters et Parys au commissaire de 
police de la 3« section, 

Anvers, le 16 ventôse an 8 (7 mars 1800). 

L'administration municipale d'Anvers à celle centrale. 
Citoyens Administrateurs, 

En conformité de votre lettre du 14 courant, par laquelle vous nous 
rappelez à l'exécution des dispositions de votre arrêté du 27 pluviôse der- 
nier , concernant la remise des clefs de la ci-devant cathédrale de cette 
commune, 

Nous vous envoyons copie de l'arrêté que nous avons pris en date de 
hier et par lequel nous enjoignons au commissaire de police de la 3e section 
à se transporter chez les détenteurs desdites clefs , afin que ces derniers 
ayent à lui en faire la remise , pour qu'il puisse d'après ce , les déposer 
sous récépissé au bureau du commissaire du gouvernement près votre 
administration. 

Mais , Citoyens Administrateurs, ledit commissaire s'étant présenté chez 
lesdits détenteurs , vient de nous faire passer le procès-verbal que vous 
trouverez cy-joint et par lequel il conste qu'ils se sont refusés de les lui 
remettre. 

Salut et fraternité. 

G. n. DES Ruelles, 
Pour le président. 

Frapin , 
Secrétaire ad intérim. 



- 396 — 

XLII. 
Mandat d'amener du citoyen Parya *• 

^"i^- De par la loi. 

Nous A. J. Beqoden, juge de paix et ofûcier de police judiciaire du canton 
d'Anvers , premièi*e section , département des Deux-Nèthes , mandons e t 
ordonnons à tous exécuteurs de mandemens de justice, d'amener devant 
nous, en se confoi'niant à la loi, le citoyen Parys , imprimeur, demeurant é 
Anvers , rue âgé d'environ 

taille de cheveux et sourcils 

nez bouche menton visage 

pour être entendu sur les inculpations dont ledit Parys est prévenu, 
requérons tous dépositaires de la force publique de prêter main forte en 
cas de nécessité pour Texécution du présent mandat. 

Anvers , le 19 ventôse an 8 de la république française 
une et indivisible (10 mars 1800). 

(Signé) A. J. Begoden. 

Pour copie conforme, 
(Signé) A. WiLLEBORS. 



XUII. 

Procès- Verbal. 

(10 mars 1800). 

L'an 8 , de la république française , le 19 ventôse à heures de 

je soussigné Antoine Willebors , huissier patenté 
admis près la justice de paix de la première section du canton d'Anvers, 
département des Deux-Nèthes , y demeurant section 3^ N® 1990, en vertu 
du mandai d'amener délivré par le citoyen A. J. Begoden, officier de police 
judiciaire , qui précède, signé et scellé du sceau de ladite justice de paix, 
me suis transporté au domicile du citoyen Parys , ou étant et parlant à sa 
personne , je l'ai requis de me suivre au nom de la loi , à quoi il a obéi. 

(Signé) A. Willebors. 
» Pièce N« '20. 



— 397 -" 

XUV. 

Mandat d'amener du citoyen Peeters. < 
Ck)PiE. 
~ De par la loi. 

Nous A. J. Begoden , juge de paix et officier de police judiciaire du 
canton d'Anvers , première section , département des Deux-Nôthes , man- 
dons et ordonnons à tous exécuteurs de mandemens de justice d*amener 
devant nous, en se conformant à la loi, le citoyen G. Peeters , médecin, 
demeurant à Anvers , rue âgé 

d'environ taille de cheveux et sourcils 

nez bouche menton 

visage pour être entendu sur les inculpations dont ledit Peeters 

est prévenu , requérons tous dépositaires de la force publique de prêter 
main forte en cas de nécessité pour l'exécution du présent mandat. 

(Signé) A. J. Begoden. 

Pour copie conforme, 
(Signé) A. WiLLEBORS. 



XLV. 

Procès-Verbal. 

L*an 8 de la république française , le 19 ventôse à heures de 

je soussigné Antoine Willebors , huissier patenté, 
admis près la justice de paix de la première section du canton d'Anvers, 
département des Deux-Nèthes, y demeurant, section 3 , N» 1990, en vertu 
du mandat d'amener délivré par le citoyen A. J. Begoden, officier de 
police judiciaire , qui précède, signé et scellé du sceau de ladite justice de 
paix , me suis transporté au domicile du citoyen Peeters , où étant et par- 
lant à sa personne, je l'ai requis de me suivre au nom de la loi, à quoi il 
a obéi. 

(Signé) A. Willebors. 

« Pièce No 21 . 



— 388 — 

XLVI. 

P roteatutton adressée par les citoyens Peeters, Parys, de Roy et 
Bastiaensens au Ministre de Vintêrieur contre les actes de 
l'administration centrale. 

Anvers le 21 ventôse an 8 (12 mars 1800.) 
Pbbters, médecin, 
Parts, imprimeur, 
DE Roy, membre de la commission des hospices, et Bastuknssns. 

Au Ministre de Vintêrieur, 
Citoyen ministre, 

L'exécution des lois est suspendue dans le département des Deux-Nètbes, 
Tabus de pouvoir le plus inouï lui succède, l'arbitraire le plus révoltant 
y est à Tordre du jour et c'est l'administration centrale qui commet tous 
ces désordres I 

C'est elle que nous vous dénonçons par la présente , pour s'étro. oppo- 
sée, arbitrairement et sans motifs, à l'arrêté des consuls du 7 nivôse der- 
nier, mis à exécution par l'administration municipale de la commune 
d'Anvers ; 

C'est elle qui a arbitrairement suspendu de leurs fonctions deux 
membres de ladite administration municipale, qui emportent les regrets 
de tous les amis de l'ordre ; 

C'est elle qui a excédé ses pouvoirs en ordonnant à un juge de paix de 
décerner mandat d'amener contre deux de nous, les citoyens Peeters et 
Parys ; 

C'est elle qui a, par cette mesure arbitraire , fait enfreindre à ce juge de 
paix les dispositions très précises de l'art. 97 de la loi du 3 brumaire an IV. 

Nous ne nous attacherons pas. Citoyen Ministre, à vous faire l'énuméra- 
tion de tous les griefs des administrés contre cette administration , nous nous 
bornerons à celui qui nous concerne , il est assez grave pour mériter votre 
aniroadversion , et nous ne savons que, vous en donner connaissance, 
c'est être assurés d'en obtenir le redressement. 

Nous n'imiterons pas dans cette dénonciation l'administration centrale 
dans ses arrêtés , nous joindrons des preuves à ce que nous avançons , et 
nous défions de les contredire ou même de les atténuer. Ces preuves sont 
les actes mêmes de cette administration et sa correspondance. 

11 s'agit de l'ouverture de Véglise cathédrale d'Anvers. 



— 309 — 

Nous présentâmes, Te 13 pluviôse, à radminislration munictpale la 
pétition dont la copie est ci-jointe sub n» i. (N» XIX de la présente notice). 

Le 23 du même mois cette administration prit un arrêté, par lequel, en 
conformité de celui des consuls du 7 nivôse dernier , elle nous accorda 
^'usage de cette église, sous la condition de nous conformer aux lois. 
Copie de cet arrêté est annexée sub n<> 2. (N» XXI). 

L'administration centrale ayant eu connaissance de cet arrêté en prit 
un , le 27 du même mois , par lequel elle suspendit TefTet de celui de la 
municipalité du 23. Ses motifs furent que Téglise était en danger et mena- 
çait ruine. Vous trouverez copie dudit arrêté, sub n» 3. (No XXIII). 

Le 29, le commissaire du gouvernement près la municipalité écrivit 
au citoyen Pebters , pour le requérir de remettre dans le jour les clefs 
delà caf/tédraîe au commissaire central. Vous trouverez copie de ladite 
lettre et de la réponse du citoyen Peeters , sub n* 4 et 5. (No XXIV et 
XXV). 

Le icr ventôse courant, nous écrivîmes à l'administration municipale la 
lettre dont la copie ci-jointe porte le n» 6. (N® XXVI). 

Cette administration prit le lendemain l'arrêté que nous joignons 
sub no 7. (No XX VII). 

Celle centrale en prit un le 3, dont copie sub no 8 (N» XXVIII) avec 
une lettre d'envoy, sub no 9. (N© XXIX). 

L'administration municipale répondit de suite par la lettre ci-annexée 
sub no 10. (No XXX). 

Elle reçut le même jour du commissaire central celle dont copie est 
ici sub no 11, (No XXXI) et y fit la réponse sub no 12. (No XXXIl). 

L'administration centrale luiécnvit aussi sous la même date, celle-ci jointe 
par copie sub no 13, (No XXXIII) mais cette lettre n'ayant été remise à la 
municipalité qu'après la levée de sa séance, elle ne fut ouverte et répondue 
que le 5 ; vous avez copie de cette réponse sub n© 14. (No XXXIV), 

Le 4, l'arrêté municipal du 2 reçut son exécution, et le procès^- 
verbal de visite dressé par les experts fut remis à la municipalité qui 
en envoya quelques jours après copie à l'administration centrale ; une copie 
de ce procès-verbal est annexée à la présente sub no 15. (No XXXV). 

L'administration centrale voyant la fausseté du considérant de son 
arrêté du 27 pluviôse démontrée , aurait dû rapporter ledit arrêté , et nous 
nous attendions qu'elle l'eût fait aussitôt qu'elle aurait reconnu qu'on 
l'avait trompée et que sa religion avait été surprise , mais au contraire elle 
persista et nous convainquit que ce que nous avions pris jusqu'alors pour 



— 400 — 

erreur n*étail qu'obstination , esprit de parti ^ vengeance et acharnement. 

Le 13 elle prit un nouvel arrêté par lequel elle suspendit de leurs fonc- 
tions Ici) citoyen.4 Philups etVAN Grimbergen, administrateurs municipaux 
de la commune d'Anvers, auxquels elle attribue la fermeté avec laquelle 
la municipalité avait refusé jusqu'alors de s'opposer à l'exécution de Far- 
rété des consuls précité. Cet arrêté est joint en copie sub n» 16 (XXKVI). 

Le 14 du mois courant, la municipalité reçut de l'administration centrale 
la lettre indécente et tyrannique dont copie se trouve ici sub n® 17. (XXX VII) 

L'administration municipale prouva par l'arrêté qu'elle prit le 15 et dont 
la copie porte le n« 18 (N® XXXIX) qu'elle avait réellement perdu son âme. 
Cet arrêté nous fut communiqué le même jour par le commissaire de 
police de la S*»^ section , avec sommation de lui remettre les clefs ; nous 
fîmes à la sommation la réponse cirjointe sub n» 19 , (N<* XL) il en dressa 
procès-verbal et se retira. 

Nous nous imaginions que les persécutions de l'administration centrale 
se borneraient là et qu'elle se contenterait de vous exposer l'afiEaire, de 
vous en remettre les pièces pour les transmettre aux consuls en les invi- 
tant de prononcer sur cet objet ; nous étions si forts de notre bon droit 
et si assurés de la justice du gouvernement français régénéré , que nous 
altendions avec la plus grande sécurité sa décision que nous croyions que 
l'administration centrale avait sollicitée, nous n'avions pas même eu 
l'idée de vous adresser nos réclamations , nous avions encore assez bonne 
opinion de l'administration centrale pour croire qu'elle vous avait fait un 
exposé véridique de cette affaire , mais elle nous a bientôt détrompés, et 
nous a bien prouvé que nous nous étions endormis dans une fausse sécu- 
rité. 

Le du mois courant , le juge de paix de la première section a décerné 
contre les citoyens Peeters. et Parys un mandat d'amener ; ils ont obéi 
et sur la demande du premier de connaître ses dénonciateurs et les dépo- 
sitions des témoins entendus à sa cbarga , le juge de paix lui a dit qu'il 
n'avai( encore fait aucune instruction préalable, et qu'il n'agissait qu'en 
vertu d'une lettre de ra4ministration centrale, qu'il lui a montrée sans lui 
en donner lecture. 

A-t-on jamais vu, Citoyen Ministre, une pareille prévarication? A-t-on 
jamais vu un pareil abus de pouvoir? A-t-on jamais vu enfin une pareille 
fureur de dominer? Quoi, l'administration centrale ne se contente pas de 
maltraiter celle municipale qui lui est subor(|pi>néc , et do lui commande 
l'infraction d%$ lois ; elle vaut enoQre se mettre av^-4^svi« dç^ cqfiçalâ et 



— 401 -- 

dos lûU roômes.! Elle a voulu s*arrx)gcr le droit de rectifier par son arrêté 
du 27 pluviôse celui des consuls du 7 nivôse , et elle 8*est acquis une telle 
influence dans le département y que le juge de paix a respecté ses ordres 
arbitraires plus que l'article 97 de la loi du 3 brumaire an 4, qui dit en 
termes : c La plainte, quoique si^^née et affirmée par le plaignant, ne peut 
seule et sans autre preuve ou indice autoriser le juge de paix à décerner 
un mandat d'amener etc. » ; ici il n'y a pas de plainte, mais un ordre a suffi. 
1^68 deux mandats d'amener sont ci-joints sub n< 20 et 21. (N»* XLlIetXLJV). 

Ne us venons, Citoyen Ministre, de vous exposer les faits avec candeur 
et vérité , toutes les pièces sont à Tappuy, elles prouvent en même temps 
et le fondement de notre dénonciation et les torts de l'administration cen- 
trale. 

Elle vous dira peut-être, comme elle l'a voulu insinuer à l'administration 
municipale , qu'elle craignait que le peuple ne se soulevât à la vue des 
dilapidations commises dans la cathédrale. 

Mais qui les a soufiTertes ces dilapidations ? qui les a autorisées ? qu» a 
rend^ott souffert qu'on enlevât sans être vendues jusqu'aux pierres qui cou- 
vraient l'entrée des tombeaox et formaient une partie du pavement de 
l'église ? C'est l'administration centrale ! 

Elle pouvait donc avec raison craindre un soulèvement contre elle-même, 
mais cette crainte ne l'autorisait pas à s'opposer à l'exécution de l'arrêté 
des consuls ; 

D'ailleurs, Citoyen Ministre, cette crainte était cbimérique et nous vous 
assurons qu'il ne pouvait y avoir aucun danger , puisque notre intention 
B'a jamais été d'ouvrir cette église au public , avant do l'avoir fait réparer 
et fait disparatti'e toute trace de dilapidation. 

Elt puis, l'administration municipale chargée de la police , qui avait su en 
vendémiaire et brumaire an YII , résister avec 40 hommes de garnison , aux 
brigands de l'extérieur et à ceux de l'intérieur, aurait bien su comprimer 
les séditieux , qui auraient voulu venger sur l'administration centrale les 
dilapidations communes par ses ordres ou sa connivence dans l^éylise cathé- 
drale. 

Vous voyez, Citoyen Ministre, qu'il n'y avait pas lieu à l'opposition scan- 
daleuse qu'a faite l'administration centrale des Deux-Nëthes , à l'ouverture 
de la cathédrale d'Anvers, autorisée par la municipalité conformément à 
l'arrêté des consuls du 7 nivôse dernier. 

Nous nous abstiendrons de toutes réfLezions ultérieures. 



— 402 — 

Notts vous invilofDi à mettre cet exposé et les pièces y joiotes soi» les 
yeux des consuls , iU prononceront, ils feront justice. 

Salut et respect 
(Si<rné) C. Peeters , médecin, J. E. Parts, imprimcar 
de l'administration centrale, Bastiaensexs, 

G. DE Rot. 



XL VIL 



Ai'rêlé de l'administration centrale du i8 venlâsCy an 8,(9 mars iSOO) 
nommant l'architecte Blom pour faire un devis des travaux de 
réparations à faire à la cathédrale. 



S"« Bureau. 
Domaines Nationaux. 



1'« Section. 



Extrait du registre aux arrêtés de Vadmini- 
stration centrale du département da 
Immeubles Deux-Nèthes. 



RÉGIE. 



L'administration centrale du département des Deux-Nèthes. 

Vu la lettre du citoyen Ledougiibr . directeur de l'enregistrement et du 
domaine national de ce département par laquelle il Finforme qu'il est 
urgent de faire quelques réparations aux couvertures de la ci-devant ^lise 
cathédrale do la commune d'Anvers, afm de prévenir des dé;^ts consi- 
dérables qui en seraient la suite , l'invitant en conséquence à nommer un 
expert à l'effet de procéder au devis estimatif des réparations à faire aux 
dites couvertures 

Vu l'art. 2 de la loi du 20 ventôse, an 5, qui autorise les administrations 
centrales à ordonner les réparations aux maisons nationales toutes fois 
quelles n'excèdent pas la somme de cent cinquante francs. 

Le commissaire du gouvernement entendu , 

Arrête qu'elle nomme le citoyen Blom, architecte, A i'elf et de procéder âon 
devis estimatif des ouvrages et réparations reconnus urgents aux couvertures 
de l'église de la ci-devant cathédrale d'Anvera, de tout quoi il dressera procés- 
verbal entre les mains du receveur des domainesqu'il déposera dans les trois 



— 403 ^ 

jours an bureau d'Anvers, qui est autorisé à faire effectuer par économie 
les travaux qui auront été reconnus nécessaires et indispensables pourvu 
qu'ils n'excèdent pas la somme de cinquante francs. 

Ledit citoyen Blom se concertera, dans le cours de ses visites, avec le 
dit receveur des domaines qui lui donnera des indications sur les travaux 
dont s'ai^t. 

Arrête en outre qu'expéditions du présent arrêté seront expédiées tant 
audit citoyen Blom , qu'au receveur des domaines pour leur information 
réciproque. 

Fait à Anvers en séance le 18 ventôse l'an 8. Présents les citoyens Mesioh 
président, d'Olislager, AuBERT , vanBreda, administrateurs, Ogez, 
commissaire du gouvernement , et van der Met, secrétaire général. 

Pour copie conforme , 
Par l'ad^^on centrale du dép^ des Deux-Nèthes. 
Le secrétaire général, 
Spinnael, secr. 



XLVIII. 
Devis de l'archUecte Blom en date du 29 germinal an 8 (9 avril iSOO). 

L'an huit de la république française , une et indivisible, le vingt-neuf 
germinal ; 

Je soussigné architecte à Anvers, en vertu des dispositions reprises dans 
l'arrêté de l'administration centrale du 18 ventôse dernier et sur l'invi- 
tation du préfet de ce département , me suis transporté à la cy-devant 
cathédrale d'Anvers, à l'efTet de procéder à un devis estimatif des répara- 
tions à faire aux couvertures de cet édifice , où étant j'ai scrupuleusement 
examiné la situation de la toiture de la coupole dudit bâtiment et j'ai esti- 
mé que les frais des travaux qu'il était strictement nécessaire d'effectuer, 
pourrait s'élever à la somme de cinquante huit francs , seulement à l'égard 
de ladite coupole. 

En foi de quoi j'ai dressé le présent procès-verbal pour servir et valoir 
ce que de droit. 

Anvers , les jour , mois et an que dessus. 

J. Blom. 



88 



— 404 — 

XLIX. 

Déclaration des citoyens Peeters , Parys , de Roy et Basliaensens devant 
le Préfet du département le citoyen Herhouville. 

Soumission pour Les soussignés s'engagent à faire transporter 

L*oBTENTiON DE l'ou- j^g décombres qui se trouvent à la ci-devant 

VKRTURE DE L'ÉGLISE cathédrale , et à rendre cette église dans Tétai 

CATHÉDRALE DE LA ' ... 

COMMUNE d'Anvers. ^"'*^ convient pour rexercice du culte catho- 

— lique. 

En conséquence de cette soumission , ils invitent le citoyen Préfet ilear 

nccordor l'ouverture de ladite église ; ils lui donnent l'assurance qu'il n'y 

aura , tant qu'on y travaillera , que les ouvriers à qui l'entrée sera permise. 

Ils saisissent avec empressement cette occasion pour l'inviter à croire au 

sentiment de respect avec lequel ils ont l'honneur d'être 

G. Peeters , médecin. 
J. E. Parts, impnmeur. 
Charles de Roy. 
J. Bastiaensens. 



L. 

Arrêté du préfet en date du 95 floréal an VIII fi5 mai iSOOJ accordant 
la demande des pétitionnaires Peeters et consorts. 

Le Préfet du département des Deux-Néthes. 

Vu la pétition souscrite des citoyens Peeters , médecin , J. E. Parts , 
imprimeur, Charles de Rot et J. Bastiaensens, portant en substance 
qu'ils s'engagent à faire transporter les décombres qui se trouvent dans la 
ci-devant cathédrale d'Anvers , pour rendre cet édifice dans l'état qu il 
convient pour l'exercice du culte. Ils demandent l'ouverture de ladite 
église , et donnent l'assurance de n'y laisser entrer autres que les ouvriers 
qui seront employés au déblayement. 

Vu le devis estimatif et énonciatif des dépenses indispensables dressé 
par le citoyen J. Blom , architecte , dont communication a été donnée aux 
pétitionnaires. 

arrête : 
1<> La faculté demandée par lesdits pétitionnaires de pouvoir déblayer, 
â leurs frais , et rétablir dans un état décent et convenable à l'exercice du 
culte la ci-devant église cathédrale d'Anvers , leur est accordée. 



— 405 - 

2o Que pour cet effet les clefs leur ont été remises. 

3*> Que les ouvriers employés auxdits travaux seront exactement paies 
de leur salaire au plus tard toutes les décades. 

4^ Que lesdits pétitiiDnnaires me rendront compte toutes les décades du 
progrès de leurs opérations. 

50 Que les décombres provenant de ces opérations seront, aussi aux frais 
des pétitionnaires, transportés directement sur la partie du quay destiné 
ordinairement à recevoir ces sortes de vidanges ou décombres. 

6^ Enfin qu'expédition du présent arrêté sera remise aux pétitionnaires 
susdits, ainsi que copie collationnée du devis estimatif, pour par eux se 
conformer strictement aux clauses dudit arrêté et à chacun des dix premiers 
articles du devis. 

Fait à Anvers , ce 25 floréal an VIII (15 mai 1800). 

(signé) G. Herbouyille. 

Pour copie conforme. 

Le secrétaire général , 

VAN DER Mby, sec. adj. 



LI. 

Lettre du Préfet à l'architecte Blom , par laquelle il charge cet artiste 
de la surveillance des travaux à exécuter à la cathédrale. 

DÉPARTEMENT . , ^ ... ^ ^^ . ,,,^^^ 

jjgg Anvers le 5 prairial an 8 (25 mai 1800). 

Deux-Nèthes. 

— Le préfet du département des Deux-Nèthes^ au citoyen 

2* Bureau. Blom, architecte à Anvers. 

Je vous remets ci-joint , citoyen , copie de l'arrêté que j'ai pris le 
25 floréal qui autorise les citoyens Peeters, médecin, J. E. Parts, 
imprimeur, et Charles de Roy , de faire les réparations nécessaires à 
l'église cathédrale d'Anvers , d'après le devis estimatif que vous en avez 
dressé. 

Vous voudrez bien surveiller ce travail, tenir la main à ce qu'il s'exécute, 
conformément au devis et m'en rendre compte. 

Je vous salue , 
G. Herbouyille. 
Rtalle, secrétaire général 



— 406 — 

LU. 

DevU de Varchitecte Blom^ en daie du 9 floréal an 8. 

Devis estimatif des dépenses qu*entratneront l'enlèvement des décombres, 
Tabatage des masses de maçonnerie informes et inutiles et autres débris de 
divers monuments restés dans le local de la cy-devant cathédrale d'Anvers, 
ainsi que les différens travaux qu'il est indispensablement nécesaire d'effec- 
tuer dans ce bâtiment, tant pour réparer les dégradations occasionnées par 
suite des démolitions de toute nature qui y ont ont été faites, que pour le 
rétablir convenablement et dans l'intérieur et à l'extéiieur ; suivant les 
détails cy-après mentionnés. 

Savoir : 

Florins. 

io Pour l'abatage des masses de maçonnerie qu'il convient de 
faire disparaître et le transport de tous les décombres existans 
dans l'église ; cy 1750.— 

2<> Pour les réparations en maçonnerie à faire tant dans l'in- 
térieur qu'à l'extérieur de l'édifice ; cy. 2800.— 

3o Pour tous les ouvrages qui sont du ressort des tailleurs de 
pierres ; cy • • 1800. — 

4» Pour les réparations les plus urgentes à effectuer par le 
plombier ; cy « % . . . 1400.— 

5» Pour les réparations à exécuter à la toiture par les ardoi- 
sicrs; cy 800.— 

6» Pour réparations au vitrage ; cy • 490. — 

7o Pour tous les ouvrages à exécuter par le charpentier; cy. • 280.— 

8o Pour les fermetures, ferrures et autres objets concernant le 
serrurier; cy 240.— 

9^ Pour les réparations à faire aux colonnes et autres orne- 
ments; cy 370.- 

Nota : 11 convient de choisir à cet effet des plafonneurs de préfé- 
rence aux maçons, les premiers étant plus propres à exécuter 
ces sortes d'ouvrages. 

10» Pour blanchissage de diverses places de l'église et enduc- 
tion à l'huile où il sera nécessaire , • . . . 520.— 

ilo Pour frais imprévus ; cy 300. — 

Total 10,690 fl. 

Dressé par le soussigné par ordre du Préfet du département des Deux- 
Nèthes. 

Anvers, le 9 floréal an 8. J. Blom, architecte. 



— 407 - 

un. 

Extrait des registres aux procès-verhaux de l'église Notre-Dame. 

1800 mey 30, hebben d'heerCiLMBiER,d'heer vanHal, d*heer Beeckmans, 
en d'heer van Praet , hunnen voorigen loffelyken dienst van kerkmeesters 
met eenen nieuwen iever hernomen en ten huyse van d*heer Beegkmans , 
werden door hem bedankt d'heer Parys met de syne, die deze kerk 
gevraegd en verkregen hadden, bedankt voor hen gedaen devoir. 



UV. 

Arrêté du maire autorisant le citoyen J, van Praet à réclamer des 
objets provenant de l'ancienne cathédrale, 

DÉPARTEMENT Auvcrs , le 9 ventôse an IX (28 février 1801). 

DES 
DEUX'NÉTHES. 

1" Bureau. Le maire de la ville d'Anvers, 

fol. 17. 

Vu la pétition du citoyen C.-J. van Praet , préposé à la restauration de 
la cathédrale, pour lui et ses confrères , tendante à ce que des effets non 
vendus apppartenant à la cathédrale et déposés dans différents endroits et 
particulièrement dans Téglise des ci-devant Jésuites, lui soient remis pour 
servira la restauration de ladite é<,Mise de la cathédrale, 

Considérant que ces effets sont une propriété réellement dépendante do 
la cathédrale , à laquelle ils doivent être remis rans délai, 
Arrête : 

Art : 1«r. Tous les effets ayant appartenu i la cathédrale et qui sont 
maintenant déposés dans Téglise des Jésuites, seront remis au citoyen 
van Praet en sa qualité susdite. 

Art. 2. Le citoyen van der Straelbn , adjoint de la mairie, est chargé 
de surveiller ladite remise ; il en dressera inventaire et en tirera un 
récépissé. 

Art. 3. Expédition du présent sera délivré audit citoyen van Praet. 

Pour copie conforme. 
Le secrétaire, 

BOURGERET. 



— 408 — 

LV. 

Lettre du Bureau des Marguilliers de l'église Notre-Dame au Maire 
Jean-Etienne Werbrouck demandant la réouverture de ce temple au 
culte «. 23 floréal an X. (13 mai 1802.) 

No 1374. 

Les Marguilliers de l'église de la Sainte Vierge y paroisse de la ville 

d'Anvers, 

au citoyen Maire de la même ville. 

Citoyen Maire ! 

A peine le premier Consul de la république française avait séché nos 
pleurs par le don précieux de la paix générale , que par une suite de sa 
sollicitude paternelle , il s'occupa de rendre aux habitans de la France le 
libre culte de la religion et la splendeur aussi ancienne que majestueuse, 
aussi édifiante que consolante de la religion catholique , apostolique et 
romaine , déclarant que le gouvernement la reconnaît comme celle de la 
grande majorité des citoyens français. 

Et afin de ne pas être frustré plus longtems d'un bienfait incalculable , 
qui, depuis tant de siècles, a fait tout le bonheur des individus de la répu- 
blique en général , et des habitans de cette ville en particulier , nous 
eûmes la satisfaction de voir parailre la convention arrêtée entre le gou- 
vernement français et Sa Sainteté Pie Vil, suivie des articles organiques. 

A l'article premier nous trouvons : « La religion catholique , aposto- 
9 lique et romaine sera librement exercée en France : son culte sera 
public. » 

A l'article douze de cette convention , il est dit : a Toutes les églises 
» métropolitaines^ cathédrales ^ paroissiales et autres ^ non aliénées^ 
» nécessaires au culte , seront mises à la disposition des évêques. » 

Et l'article neuf du titre deux des ministres , section première, dit: 
» Le culte catholique continuera d'être exercé sous la direction des 
» archevêques et évêques dans leurs diocèses et sous celle des curés dans 
> leurs paroisses. > 

Finalement, l'article 60 section 2 de la circonscription des paroisses 
veut : a Qu'il y aura au moins une paroisse par justice de paix, » 

* En marge : Autoriser l'ouverture par un arrêté et faire une belle lettre. 



— 409 — 

En conséquence , les marguilliers de l'église cathédrale et paroisse de la 
Sainte Vierge en cette ville, soussignés, vous exposent, Citoyen Maire, que 
ladite église , une des plus belles de TEurope, vient d*étre restaurée avec 
des fraix immenses , et mise en état pour y recommencer incessamment 
l'exercice du service divin de ta religion catholique , apostolique et romaine, 
ainsi que les instructions y afférantes, comme prédications solennelles 
appelées sermons , et celles connues sous le nom de stations de l'Âvent et 
du Carême , cathéchisme , etc. 

Que les citadins d'Anvers n'ont qu'un désir ardent, et ne forment que le 
même vœu bien prononcé , de voir ce superbe temple rendu au culte si 
chéri de leurs ayeux. 

Eh I qui connaît mieux ce désir et ce vœu , que vous , Citoyen Maire, 
qui sçait mieux que vous, avec quelle onction notre sainte religion y a 
fleuri sous Tépiscopat de l'illustre prélat Joseph-Anselme Werbrouck, 
votre oncle paternel, pasteur qui fut arraché si inopinément à son troupeau ! 

En partageant votre juste douleur, nous nous rappelions aussi tous avec 
vous, avec quelle splendeur le service divin y fut exercé sous le dernier 
chef du chapitre, votre digne frère, le vénérable doyen, moissonné à la 
fleur de sa brillante carrière, et à qui nous ne pouvons nous dispenser 
d'appliquer ces paroles mémorables : consummatus in brevi , explevit 
tempora muUa ! 

Les soussignés osent donc se flatter en s'adressant à vous (qui marchez 
sur les traces de ces grands hommes,) avec une contiance illimitée, que vous 
n'aurez rien de plus empressé que de condescendre à la demande des 
supplians et au cri unanime de vos concitoyens , en les authorisant de 
rouvrir la paroisse de la Sainte Vierge , pour y exercer publiquement le 
culte de la religion catholique , apostolique et romaine, ainsi que tontes les 
instructions y relatives et afiërantes, et pour y entonner, dans l'effusion de 
nos cœurs: Domine, salvam fac rempuhlicam , Domine y sqIvos fac Con- 
sules ! en se conformant aux règlemens de police que le gouvernement 
jugera nécessaires pour la tranquillité publique. 

Salut et respect , 
(Signé) Edmundus Cambier. 
9 Jean van H al q.q. 
» Jean BAPie. Joseph Beegkmans, q. q. 
» J. van Praet. 

Anvers, le 23 floréal an 10 (13 mai 1802). 



— 440 — 



LVI. 



Réponse du Maire autorisant Vouverture de Véglise Notre-Dame. 



Anvers , le 24 floréal an 10 (14 mai 1802). 



2« Bureau. Le Maire de la ville d'Anvers aux citoyens Eom. 

~ Gaiibier, Jn.-F. Van Hal, J.~B.-Joseph Beegkuans 

Ouverture DE ^^ j ^^^ Prket, Marguillers de Téglise Notre-Dame 

L EGLISE N.*UAME* 

_ d'Anvers. 



Citoyens^ 

Je m'empresse de répondre au vœu que vous m'exprimez , par votre 
pétition en date d'hier, en vous adressant mon arrêté de ce jour qui vous 
autorise à rouvrir Téglise Notre-Dame. Cet édifice majestueux ^ réparé et 
embelli par vos soins, sera un monument durable qui attestera à la posté- 
rité la piété qui vous anime et le bon goût qui vous distinguo. 

Je bénis avec vous le gouvernement sage qui nous a rendu la paix et la 
religion. 11 a promis des récompenses aux artistes qui travailleraient à 
embellir nos temples et déjà le peintre reprend la palette, le statuaire son 
ciseau ; dans peu les ravages et les dévastations du vandalisme seront 
réparés. 

Je vous prie d'agréer mes remercîments sincères pour ce que votre 
pétition contient de flatteur pour ma famille et pour moi personnellement. 
En m'eirorçant de marcher sur les traces de mes parents qui ont occupé des 
sièges ecclésiastiques en cette ville , je justifierai la confiance que vous 
me témoignez. 

J'ai l'honneur de vous saluer avec une très-parfaite considération. 

Werbrougk. 



— 411 — 

UVTl. 

Arréié du Maire concernant la réouverture de Véglise Notre-Dame. 

2* Bureau. 
Ouverture 

DE L*É6USE DE LA StE. 

Vierge D'4VNyERS. 
Registre aux arrêtés. 



Le Maire de la ville d'Anvers. 

Vu la pétition présentée par les Marguillers de Téglise paroissiale de la 
Ste.- Vierge , pétition dans laquelle ils expriment leur vœu et celui de leurs 
concitoyens pour Touverture de l'église précitée. 

Considérant que le concordat passé entre le gouvernement français et la 
Cour de Rome a été publié en cette ville et que rien ne s'oppose à ce que 
le vœu général de ses habitants soit rempli. 

Arrête : 

L'ouverture publique de l'église paroissiale de la Ste .-Vierge d'Ânvors 
est accordée aux pétitionnaires , en leur susdite qualité de marguilliers, à 
charge par eux d'observer régulièrement les dispositions des loix relatives 
à Texercice du culte catholique , en ce qui peut les concerner. 

Expédition du présent sera adressée aux citoyens ci -dessus désignés 
pour leur direction. 

Fait en l'hôtel de la Mairie de la ville d'Anvers , le 24 floréal- an 10 
(14 mai 1802). 

Werbrougk. 



LV. 

Extrait d'une notice sur l'église de Notre-Dame, 

C'est depuis cette mémorable journée (18 brumaire) que cette église, qui 
avait été fermée et plusieurs fois menacée d*étre vendue pour la démolir, a 



— 4i2 — 

été oaverle le joor de la publication du concordat. Depuis ce tems , les 
respectables mar^iliers ont rivalisé de xèle avec les maîtres de chapelles 
pour rétablir cette superbe basilique , pour quel rétablissement Tempe* 
reur, lors de son séjour à Anvers en l'an ii, accorda 15,000 francs. 

Le portail , Tordue, la chaire , Tautel de St.-Antoine, les paveuiens dans 
le chœur et les chapelles, etc., donnent une idée avec quelle ma^ificence 
ces dignes administrateurs désirent opérer cette restauration. On leur devra 
que cette église pourra être comparée aux plus belles de toute la Belgique. 



LYIU. 



Extrait des notes du concierge de l'église Jean-Pierre van Dyck, 

Den 16 mey 1802 is onze cathédrale kerk ingewyd door den eerweerden 
heer Seerwaert, plebaen der zelfde kcrk , 's morgens ten 5 ure \ tôt dien 
dienst heelt men aen de groote kerkdeur gesteld eene tatel met een kleed 
op en eene schotel met zout en eenen tob met water om te vryden en de 
muren der kerk te besproeyen van buyten ; ten tweede eene tafel aen den 
autaer met een kleed op en eene schotel met assche, eene met zout en een 
fleschken met wyn en eenen eemer met water voor de wyding van bin- 
nen , en op iedere tafel een wy waterborstel van hysope voor de besproeying 
van de kerk. Deze wyding is geschied op de manier als volgt : ten eerste is 
het water gewyd aen de groote deur en dan is de kerk besproeyt van buyten 
en dan heeft men geleyd een tapyt met twee kussens voor den autaer voor den 
wyder op te liggen ten tyde van de litanie van aile Heiligen die is gesongen 
en andere psalmen en versen ; ten tweede heeft men aen den autaer gewyd 
het water, den wyn, de assche en het zout en dan ondereen gedaen om van 
binnen de kerk te besproeyen hetwelk is gedaen dry mael. En daer zyn by 
geweest vier muziekanten , serpent, capellanen, 3 kleyne kanonikken, voor 
den gregoriaenschen zang, en eenige groote kanonikken en twee assistenten 
met choorkappen , twee cantors met choorkappen en den wyder ook met 
eene choorkap, al in het wit, en de twee kosters voor het wywater te dragen , 
en na de wyding is de mis gedaen in faux-bourdon , en , ten 10 ure , is 
gedaen de groote mis in groot muziek door den plebaen van Bomberghen van 
het noordk wartier , en , ten 5 ure , het lof in groot muziek door den plebaen 



-- 413 — 

Seerwaert voornoemd van het zuydkwartier; deze twee missen zyn met 
het lof gcdaen in het rood , alzoo het was den feestdag van St. Joannes- 
Nepomucenus. 

Denzelfden dito is geweest het cerste lyk in de kerk van den heer 
WillemsenH, en kerklyk afg^ezongen van den voornoemden heer Seerwaert 
met de capellanen en flambeeuwen. 



LIX, 

Don fait par le premier Consul d'une somme de fr. 15,000 pour la res- 
tauration de Véglise Notre-Dame, (21 juillet 1803.) 

RÉPUBLIQUE Française. 

Anvers , le 2 thermidor an 11 de la république française. 

Le Général Gouverneur du Palais, au Maire d'Anvers. 

J'ai l'honneur de vous prévenir , Citoyen Maire , que le premier Consul 
fait don d'une somme de quinze mille francs, pour servir aux réparations de 
l'église d'Anvers ; je vous prie de faire avancer cette somme par le receveur 
du déparlement, qui la tirera à vue sur le citoyen R. Steve, (?) trésorier 
du gouvernement à Paris. Je le préviens de cette disposition. 

J'ai l'honneur de vous saluer , 
(était signé) Dupon. 

Pour copie conforme, 

Par le Maire de la ville d'Anvers. 
Lj Secrétaire, 

BOURGERET. 



— 414 - 
LX. 

Notes de M. François GyselSf chef du i«r Bureau de V Hôtel de ville. 



l'Église de Notre-Djuie. 

En exécution d*an décret de la convention du 7 vendémiaire an IV de 
la république (29 septembre 1795), les églises furent supprimées en France. 

Ce décret reçut son exécution à Anvers en vertu d*un arrêté de la muni- 
cipalité du 28 septembre 1797. Deux jours avant sa fermeture, un grand 
nombre de personnes se rendirent à Téglise de Notre-Dame pour en enle- 
ver les meubles et les ornements ; le surplus fut vendu de manière qu'il 
ne restait pour ainsi dire que les murs nus. 

A défaut d'amateurs pour les acheter , la majeure partie des églises ne 
furent point vendues sous la république, telles que celles de Notre-Dame, de 
St. -André et de St.-Jacques Cette dernière resta làéme à la disposition 
des prêtres assermentés pour y célébrer le service divin. 

Au mois de mai 1802, toutes les églises fermées furent réouvertes 
en vertu du concordat conclu entre le premier Consul Bonaparte et le Pape. 
Par suite de ce rétablissement , les églises dévastées obtinrent plusieurs 
ornements provenant des couvents et abbayes supprimés. C'est ainsi que 
l'autel de la chapelle de St. -Antoine provient de la chapelle du St.-Sacre- 
ment de l'église de St -Michel ; la statue et les reliques de St. -Antoine 
proviennent du couvent supprimé des capucins. Le maître-autel de l'église 
de St.-André provient deTabbaye de St.-Bemard, etc. 

Depuis des siècl es le vaisseau de l'église de Notre-Dame n'avait pas été 
convenablement entretenu, et différentes parties de son ensemble menaçaient 
ruine. En 1844 les travaux de réparations à exécuter furent évalués par 
l'architecte Durlet à fr. 1,075,258.15. Pour y pourvoir en partie, le con- 
seil communal vota un subside de fr. 100,000, payables par 20<n<'S ; la pro- 
vince fr. 50,000, payables par ^mt* • ]a fabrique de l'église un concours 
annuel de fr. 5,000 et le gouvernement un subside de fr. 8,000 pour 
chacun des exercices 1847 et 1848 et de fr. 15,000 pour les années sui- 
vantes. 

A la fin de 1860, les dépenses faites s'élevaient déjà à fr. 373,517.39 et 
sur l'ensemble des subsides alloués il ne restait plus à recevoir pour solde 
qu'une somme de fr. 172,000. Cependant à cette dernière époque, d'après 



— 415 - 

de nouvelles évaluations de Tarchitecte, les dépenses qui restaient à faire 
encore s'élevaient à fr. 1,467,355.75, de sorte que sur le pied d'une 
dépense annuelle de fr. 50,000 il s'écoulerait encore près de 30 ans avant 
d'arriver à une restauration complète. 

La tour de Notre-Dame. 

Ce magnifique monument fut commencé entre 1420 et 1423 et terminé 
en 1518. D'anciennes relations en attribuent le plan à l'Italien Giovanni 
Ameuo, et son élève Pierre Smit dit âppelman du surnom de son père 
qui était fruitier *. 

Plusieurs fois la hauteur de la tour a été mesurée et toujours avec un 
résultat plus ou moins différent , entre autres par le maître tailleur de 
pierres Wouters, le géomètre Witdoeck, père, et en 1825 par les 
architectes Serrure et Bourla, d'après lesquels la hauteur est de 122"! 
925in , non compris la barre de fer qui supporte la croix et le coq , ni les 
trois pieds d'exhaussement du sol à sa base pour le mettre de niveau avec 
le pavé de l'église. 

La tour tient, quant à sa hauteur , le quatrième rang après la plus haute 
pyramide de TÉgypte (Chéops) qui a 147 m. de hauteur; la tour du Munster 
de Strasbourg en a 142 ; la tour St. Etienne à Vienne 138 et la coupole de 
St. Pierre à Rome 132. 

On monte au faite de la tour par 622 marches de 18 cent, de hauteur. 
Le coq a une hauteur de 90 cent, sur 1 m. 20 cent, de longueur et son 
poids est de 55 kil. 

La cloche dite Gabriel qui sonne l'heure, fut fondue en 1449 ; elle est 
d'un poids de 11,000 livres. Le bourdon dit Carolus , fut fondu en 1507 ; 
il pèse 16,000 livres et Charles-Quint en fut le parrain. Le carillon , qui se 
compose de 99 cloches, se fit entendre pour la première fois en 1458. Les 
quatre cadrans placés en 1863 ont été fournis par l'horloger Vital Silva et 
le fondeur en cuivre Prémereur de Grammont. Us ont coûté 1rs. 24,825. 

Le diamètre de chaque cadran est de 6 m. 75 cent, ce qui lui donne 
une longueur développée de 21 m. 21 cent, et une supei*ficie de 35 m. 
80 cent. Les chiffres ont une longueur de 1 m. 20 cent ; l'aiguille marquant 
l'heure a une longueur de 2 m. et celle des minutes de 2 m. 55 cent. 

1 M. le chev. L. de Burbure a rectifié cette allégation erronée dans sa notice sur 
les architectes Jean et Pierre Âppelmana publiée dans la Biographie nationale. 



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Vers ]a fin du dernier siècle on avait acquis la conviction que la tour 
exigeait des réparations urgentes ; mais le manque de ressources empêcha 
d*y pourvoir. En 1827 on a commencé les réparations le plus urgentes et 
vers la fin de 1841 , les dépenses faites s*éievaient à frs. 186,470.91 sup- 
portées exclusivement par la ville. Â partir de cette dernière époque, le gou- 
vernement et la province étant intervenus dans les frais de restauration , les 
travaux furent poussés avec activité, et à la fin de 1860, l'ensemble des 
dépenses s'élevait déjà à frs. 722,276.90. Dans ces frais considérables la 

part de la ville a été de Frs. 543,676.90 

Celle de TÉtat de • 108,550.— 

Celle de la province de » 70^050.— 

Ensemble Frs. 722,276.90 
Depuis lors les travaux se continuent. 



TABLE DES MATIÈRES. 

PAGES. 

La Légende d'Anvers , par M. le colonel H. Wauwermans, président 
annuel de TAcadéniic 5 

Étude sur un Reliquaire Philactère du Xlle siècle , parM. D. A. Van 
Bastelver , membre correspondant à Cbarleroi 32 

Les Pistolets de l'empereur. - Notice sur l'artillerie de campagne 
de Cbarles-Quint en 1554, par M. le Lt.-Golonel P. Henrard. .... 53 

Du Droit d'Asile en Belgique , par M. J. J. E. Proust, membre titu- 
laire à Bruxelles. 63 

Histoire de la ville de Chièvres , par l'abbé L. A. J. M. Petit, curé 
à Baudour, membre honoraire de l'Académie 106 

L'Église Notre-Dame d'Anvers et le projet d'agrandissement de ce 
temple en 1521 , par P. Génard , membre effectif 308 

Le Projet de démolition de la cathédrale d'Anvers en 1798. — Notice 
par P. Génard , membre effectif 326 




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