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Di,ilizMb,GOOglc
BULLETIN
DI L4
SOCIÉTÉ POLTHATHiaUE
DB MORBIHAN.
Mb, Google
MbiGooglc-
BULLETIN
SOCIÉTÉ POLMTHIOVÉ
sxx Q3 sa SB 12 CD <£:^ sa- <i
PREMIER SEMESTRE.
-«SB* ANNÉE 1866.' tiP-
VANNES
niîRlMEBTE DE L. GALLES, BLE LE LA PRÉFECTOKE.
DigilizBdbjGOOglc
Mb, Google
•7
SOCIÉTÉ POLÏKATHIQUE DU MORBIHAN.
PROCËS-YERBAIIX DES SËANCES.
150* SÉANCE.
30 Jant?ïER 1866,
PRÉSIDENCE DE H. G. DE CLOSHADEDC.
Installation du Président,
En cédant le fauteuil de la Présidence à son successear, M. Ârrondeau
se félicite de la situation prospère dans laquelle il cède la direction de
la Société , et la remercie du concours qu'elle lui a prêté pendant
ranoée.
M. de Closmadeuc exprime ensuite à la compagnie ses sentiments de
gratitude pour la position qu'elle lui a faite par son vote du 26 dé-
cembre, i au moment où la Société, vivant d'une viequiluiest propre,
» n'a jamais été si prospère , moment où elle tient une place considé-
> rable dans le concert des Sociétés européennes , et où sa renommée
y s'ufflrme par ses travaux, parses découvertes et les preuves les moins
> douteuses de son dévouement à la science. ■ M. le Président, s'ar-
rétant à cette considération , expose ensuite la marcbe suivie avec per-
sévérance par la Société : les travaux d'exploration qu'elle a dirigés et
exécutés dans le département, et les heureux résultats qui eu ont été la
conséquence.
La Société remercie M. de Closmadeuc de son allocution et décide
qu'elle era insérée au Bulletin du 1*' semestre.
Admiision de nouveaux Membres.
M. le P. Delineau est admis en qualité de membre titulaire.
H. Uoriëre , professeur de faculté & Caen , comme membre corres-
pondant.
DigitizcdbyGOOgle
Dépôt pour la Bibliothèque,
U. le Président dépose pour la Bibliothèque :
La revue des Sociétés savantes. — Septembre et Octobre 1865,
Bulletin (iMiifiineDtal. ^ M> de GaitiaoBt.
BuBeân û$ la Sadété d'agricultm-e, ^cieDces et arts de Heaax.
Annales de la Société d'agriculture , sciences et arts du Pay.
Hémoires de la Société académique d'arcbéolof^ie , sciences et arts
As é ép a rtement de l'Oise.
Bulletin de la Société du Venddmois.
Principes d'agriculture rationnelle de H. Crnssard.
Journal des Saiants. — Décembre 1865,
M. Taslé dépose, en spv pom^ pom* la BibUotbèone, divers ouvrages
de condiiflîologie.
As nom de U. Bohard , lieutenant de vaisseau à Lonent et membre
de la SQfliétt 1 Ui 6o^ d^se pour les Uaséss de lamhrcos échan-
tillons de minéraux provenant presque tous d'Espagne et quelques
fossiles recueillis sur la côte des Basques k Biarritz ; d'autres fossiles
trouvés aux environs de la Flèche (Sarthe); diverses pièces de mon-
naies romaines, françaises et chinoises ; deux fragments de stalactites
pris par te donateur dans la grotte du Port-de-France (Nouvelle-Calé-
doiMe)i edSii une hacbç et un fragment de hache ué^-ealédo^^ne, et
00 uQrceati dn couteau de même (irigine- Ces haolies et cç couteau d«
la Nouvelle-Calédonie soQt d'une forme «t d'unç matière analt^ae mx
haches celtiques. Le donateur explique dans sa lettre d'envoi le procéda
employé par les in$ulaire& pour fixer ce« «utils à ttn manche eu bois à
l'f^de de flls de Coco et à donner k l'i&struineQt complet la forme 4'ang
herminette. Ils s'en servaient pour çrenaer (eurs canots après eo avoir
carbonisé Iq bois è, l'aide du feu,.
D4n; sûu ouvrage, p«ge 43, U. ViUbé H^hé parle d» œs muva^tit»
çn ifôagâ à U NauveDe-Zélaude, à O-^Taïti, etc. -^ Im Fflnse^Daiaeute
de M. Bol^ard viennent coofirm^ l'exactitwdu des reaseijnwBeela oon-
sjgaés dwis VEtm sur les AtUiquifis à^ Morbikgn,
La SiQfù^ T9t» dfs reœen^ineRlj} k tous, ces donateors.
H. de Olosmadettc met sons les yeux de h Société :
1° Divers fragments de poteries provenant du dohnen dç Kou^rin en
firech. Ces polenee paraissent «voir été confectionaées au tour ;
2° D'autres fragments de poteries recueillis sous le dolmen de Manné-
Becker-Noz en Quihé; oa^ un da cb& &ragmuits présente, comme orne-
mentation ,, va $!^tèiac d9 U^ea pQintilléfis par»lléle« , ful T^pftellent
iftS pfllçrifïs de l^cadu e» Cajra»4 et 4q ^f-^ii «b AwadM.
>dby Google
Tombelle de Kervian. _ ,
3<> Un .certain nombre d'objets troarés en fouitlaDt nne tomtieUe à
Kervian en Carnac , dans la propriété de M. Guyot , notaire à Auraj.
La tombelle , sitnée sur une éminence , en rue de la rivière de Crach ,
ajantune base circulaire de 14"° de diamètre sur 1",'50 de hauteur, se
composait exclusivement de pierres amoncelées (galgals). En la démo-
lissant , les ouvriers ont rencontré parmi les pierres quelques gros
fragments de mortiers en granit , analogues à ceux de Crubelz (Musée)
et deux têtes de lances en bronze, à douille d'une longueur de 0",16.
La tombelle recouvrait une construction circulaire de 5" de diamètre,
formée de 9 supports en granit dressés verticalement; et, inscrite dans
ce cercle, une galerie formée de 6 autres supports orientés au S.-E. ,
le monument représentant ainsi, dans son ensemble, une allée centrale
et deux chambres closes latérales, auxquelles il manquait les tables
pour coostitoer un dolmen complet. On a trouvé les trois chambres du
dolmen remplies de terre noirâtre parsemée de charbons et d'une
quantité considérable de poteries de toutes sortes, dont quelques-unes
sont rouges , et ornementées à leur surface ; de nombreuses esquilles
en siJes pyromaque ; an fragment de grain de collier en terre cuite , et
une quantité énorme de gros galets aplatis , de granit et de quartz ,
circulaires ou ellipsoïdes, et formant le pavage des trois compartiments
du dolmen.
Météorologie.
M. Arrondeau, président de la conmiission départementale de mé-
téorologie , rend compte des opérations dont la Société lui a cbn^é le
soin sur la demande de M. le Préfet. — La commission a pris connais-
sance des documents mis â sa disposition. L'orage qui a éclate à Vannes,
dans la nuit du 8 au 9 Janvier, a donné l'idée de faire à cet égar.d uD
premier essai. Des bulletins adressés dansla journée aux maires de 19
chefs-lieuK de canton, et qui ont été retournés avec une grande exac-
tita^^ ont fourni des indications à l'aide desquelles il a été possible de
tracer un croquis de la marche d'un second orage qui a éclaté dans la
soirée du 9. — Cepreiuier essai est d'un bon angure pour L'avenir.
Lettre d'un soldat de 1682.
M. Rosenzweig donne lecture d'une lettre qu'il a trouvée récemment
dansles archives de l'hôpital de Ploërmel. Écrite en 1682, elle porte
pour suscriplion le nom de M. des Clozeaux-Berthelot , procureur au
siège- royal de Ploërmel", mais, dit l'auteur, elle est en réalité adressée
à sa mère par un jeune soldat , Julien Brnnel , du régiment de Nor-
mandie, tenant alors garnison dans le pays de Uége, aux Pays-Bas, Ce
.dbyGoogle
qitt frappe le plni & la lectare de cette pièce , c'est l'étroite parenté da
soldat de 1682 avec le militaire français de notre époque. Mais un poiat
sur lequel Julien Brune! est bien de son pays , c'est son faible pour Ja
particule; il s'appelle de son autorité privée M. de Champ-Fleury, et il
vent que, dans sou acte de naissance qu'il demande, son père soit qua-
lifié de Noble homme et sa mère de Demoiiellt au lieu de hmoraJtle
femme.
annales torîentahes.
Le Secrétaire cotamence ensuite la lecture d'un nouveau travail de
H. Jégou intitulé : Annales Lorientaises , faisant suite à un travail déjà
publié sous le titre du Faouëdic-Lisivy.
Le 1" chapitre de cette 2= partie concerne l'Ile de Saint-Michel,
assise au milieu de la rade de Lorient. Àujourd'hai domaine de l'État,
déptjt de poudre et de munitions , cette lie n'est plus" qu'un désert , si
l'on ne tient compte du poste â''une dixaine d'hommes commandés par
un officier d'artillerie ; c'est là en effet toute sa population. — Elle fut
constituée de nos jours, sous le règne de Charles X, en un Lazaret.
Antérieurement aux temps les plus reculés de notre histoire, elle porta
le nom de TanQuelhen : on y remarque un tumulus sur lequel a été
élevé une chapelle dédié à Saint-Michel. Au xi« siècle , l'Ile comme la
contrée environnante était comprise dans un grand canton féodal
nommé Kemmenet-heboe et Guémeni, Teboy o\x Treboy. — Le pins
ancien titre qui fasse mention de cet Îlot est de 1037 (D. Monce, etc.)
Budget de 1866-
La Société, appelée à régler son budget, décide qu'un crédit de 75 fr-
sera inscrit pour prix à distribuer, s'il y a lieu, aux jeunes gens qui se
seront faits remarquer par leurs progrès et leur assiduité aux cours
professionnels ouverts sous son patronaj;e. — Des remerdments sont
votés à M. Peyron, trésorier de la Société.
La séance est levée à deux heures et demie.
, Le Secrétaire, A. CUT*T'JeilABD,
.dbyGoogle
151' SÉANCE.
2T FÉVBÏEB 1866,
PRÏSIDENCE DE H. 0. DE CLOSHASEUG.
PROCÈS-VERBAL LU ET ADOPTÉ.
. Dieis de deux membru. — A l'onverture de la séance M. le Président
s'exprime ea ces termes :
( Messieurs, j*ai le regret de voas annoncer la mort de deux de nos
collègues : l'nn , membre honoraire , avait été un des premiers membres
delà Société naissante en 1826, M. le docteur Prosper Claret, décédé S
Saint-Germain-en-Laye , dans sa 79* année; le second, H. J. de
Frân'cheville, mort à l'Sge de 52 ans.
■ Tous ceux qui ont connu ces deux collègues que nous venons de
perdre, tous ceux qui ont été à même d'apprécier leur intelligence et
leur honnête caractère , se joindront à nous pour rendre hommage à
leur mémoire.
> Eu nous associant au deuil de deux familles, et en consignant
dans le procËs-verbal de la séance l'expression de nos regrets, nous
remplirons un devoir de convenance et de bonne confraternité. »
La Société adopte avec une sympathique unanimité la motion de
son Président.
M. le Président dépose 1» pour la Bibliothèque :
Recueil des sipes sculptés sur les monuments mégalithiques du
Morbihan, par M. de Cussé, membre de la Société,
Se quelques fossiles de l'âge miocène , découverts près de Toulouse,
par M. le docteur Noulet, membre de la Société.
Fossiles et cailloux travaillés des dépOts quaternaires de Clermont et
de Venerque (Haute-Garonne), par le même-
Étude sur les fossiles du terrain eocène supérieur du bassin de
l'Agout (TarnJ, par le môme.
Mémoires sur les coquilles fossiles des terrains d'eau douce du Sud-
Ouest de la France , par le même.
>dbyGo,05?le
— ^ —
De.]a répartkioa stratjgrapbiqae d«s corps orga^fi46 fossiles dans le
lerraiD tertiaire moyen ou miocène d'eau douce du SudrK)aest de la
France, par le même-
Mémoires de la Société impériale d'agriculture, sciences et arts
d'Aogers.
Revue des Sociétés savantes. Novembre et Décembre 1865.
Hémoires de la Société dunkerquoise.
Bulletin monumental de M. de Gaumont.
Monographie topograpbique, historique et statistique de Thoré
(Loir-et-Cher), par M. le comte de Rochambeau, memb. de la.Soc.
Une carte météorologique, donnée par M. le Préfet du Morbihan,
membre de la Société.
2« Pour le Musée :
- H. Duportal, inspecteur des coDtribotionB directes en retraite, fait
don 1» d'un échantillon de plomb argentifère de la mine de Pontpéan ;
â° de deux échantillons de diorite de la même mine ; 3° d'un nouveau
carbonate de fer de même provenance; i" de deas échantillons de
sfibistes herborises de la baie de Saiot^Brieuc.
M. de Cussé dépose le fac simile du bracelet en or trouvé dans la
tourbière de la Grande-Briëre, au village de la Ménagerais , en Bssné,
prés Pont-Château (Loire-lDf'«). (Acheté par le musée de St-Germain.)
M. G. D'Ault-Dumesnil dépose deux petits cells en bronze trouvés
aux envkons de Dinan.
M., le docteur Fouquet remet, par l'entremise de M. G, d'Ault-
Dumesnil, des échantillons d'une roche granitique dans laquelle le
feldspath est remplacé par du soufre. Ces échantillons ont été pris par
M. Fouquet dans une anse située sur la côte de Plœmeur, entre Lomener
et la pointe du Talnt. Tous les rochers de celte petite baie ont la même
composition et présentent, dans leur épaisseur qui est considérable,
des veines de quaitz et des veines de feldspath.
La Société vote des remercîments à ces donateurs.
Le même membre lit la note suivante :
« Dans la commune de PÎeucadeuc, au dessus de la Morinaisetde
la Ville-Bil;, se dressent, sur un sommet de la lande de Laovaux,
trois grandes -pierres à bassins autour-desqueites ont été élevés, an
temps des Celtes indépendants, de nombreux menhirs groupés dans le
même ordre qu'ils le sont au Brétin , qne de ce tien on aperçoit distinc-
tement dans rOuesl.
Là ont certainement vécu quelques-uns de nos vieux, ancêtres, et,
je vous en apporte pour preuve, un fragment de cett en grès, bien
pôii, trouvé sous des débris, entre les menhirs et la Ville-ilily ; mais
là aussi ont vécu des hommes d'autre race, car on y a mis au jour,
en creusant des fossés,' noo-sealemeot des restes de constructions
romaines, mais encore des accumulations de cendres et de charbons
>dby Google
— «r —
démweonén ti ifouH, tt J àiïfteliïtiesatiiiées, !l téSiWn'nO.eBftMWJr,
an btiTi d%&e voie t-offialne et près d'ntie borne vuttre portant; le ndu
de Viclorinaa.
Les toiles à rebords et le fraient de tettm qaé Je dépose pMt tibtte
Musée, établissent le mélange des denx races au mâtne lien oa ati
Aàins leur établissèmeirt saccessif an même point, t
Lu Pbinlé-des-Èmigrét. — M. Taslé père croit devoir signaler S la
Société ûtie erreur historique qui tend à se propager dajis tiotre vltle
deVannesetque semblent autoriser des actes émanas det^aaminislration.
Sans des affiches offlciellcs placardées sur nos murs pour annoncer
l'ouveriure d'une enquête sur le projet de relier par Un cbémin dé
halage le Pont-Vert à la pointe de ConleaUi on (tit tpie «eU»^ |ierte le
nom de Poinle-des- Émigrés.
( J'ai déjà en t*Dceasion, dit M. Taâlë, de protester une première fois
contre cette fausse dénomination lorsqu'elle se produisit dans une
pétition du tribunal de commerce communiquée an conseil municipal.
> Il existe en effet sur la rive droite de la petite baie de Larmor, à la
sortie du port de Vannes » et à 340 mètres enfiron en aval du Pont-Vert,
une langue de sable où l'on fusilla bon nombre des prisonniers faits à
l'aMre de Qnibéron,en 1795. Cette langue de sable, située au-dessous
et à VEit de la propriété de i'Hermitage , est conligue aux parcelles de
terre qui portent, àla section Edo plan cadastral, les n°* 2&, 29 et 30;
Elle avait alors une plus grande étendue qu^aujnnrd'htti.
> En souvenir des terribles scènes de sang qui s'y étaient accomplies,
elle reçut dans la population vannetaise le nom sinistre de Pointe-de»~
émigrés.
> Aucune exécution d'émigrés n'a eu lieu â la pointe de Cooleau.
> En 1S14 on 1815, les ossements des prisonniers fusillés aiHlesions
de l'Hermitage furent exhumés et déposés à la cathédrale dans le caveau
de la chapelle Saint-Louiè oii l'on transporta également les restes de
ceux qui tombèrent sur la place de la Garenne ou au bord de la mètae
baie de Larmor , au-dessous du village d'Arcal. Ces éXhlimatlODâ Ont
dû être constatées par un procès-verbal administratif.
> Un épisode de ces drames de lugubre mémoire, qui coQtèrent la vie
â tant de victimes, impressionna vivement nos concitoyens. L'un des
condamnés conduits à la Pointe-des-émigrés (H. Du NédO, ]e crois)
subit avec ses compagnons le feu des troupes chargées de Vexécuiion,
et il tomba avec eux, mais sans avoir été atteint. Malheureusement
pour lui, dans sa précipitation à fuit*, Il se releva sans attendre le
départ du di^tachement , et voulut gagner la rive opposée ; mais la mer
était basse, et le malheureux s'engagea jusqu'aux genouJi dans des
vases qui paralysèrent ses mouvements. Le tambour de la troupe
rapet-çnt et saisiâsaut un fusil qui était resté cbargé , Il le traversa
d'une balle et retendit mort. >
>dby Google
Lectnre est contînoêe des Annales Lorientaises. Dans le chapitre
■ intitulé : Seigneurs d'Bennebont, l'auteur expose les longs procès qni
divisèrent les moines de Sainte-Croix et les seigneurs d'Heonebont,
c'est-à-dire da grand fief de Keœmenet-Heboé, au sujet de la pro-
priété du Prieuré de l'Ile Saint-Michel.
Le chapitre V fait connaître l'importance féodale de cet îlot. De
temps immémorial certains droits féodaux y étaient attachés; droits
d'ancrage, de passage, impôt snr les mesures de vin vendu oa
consommé au port de Blavet, etc.
Le chapitre VI traite de l'Ile de Groix et de Saint-Gurthiern qui y
était établi du temps de Grallon, roi on comte de Cornonaille.
La séance est levée à trois heures et demie.
U Secrétaire, A. CtUYOT-^OHABO.
15'r SÉANCE.
27 Mars 1866.
presidence de. h. g. de closhadeuc.
PROCÈS-VERBAL LU ET ADOPTÉ.
M. le Président dépose pour la Bibliothèque :
Annales de la Société d'horticulture et de botanique de l'Hérault, —
Tomes IV et V.
Mémoires lus à la Sorbonne en 1865. (Histoire, etc.)
Revue des Sociétés savantes. — - Tome III, janvier 1866.
Bulletin de la Société archéologique de Nantes. — Tome V.
Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d'histoire
et d'archéologie. — Tome IX.
Mémoires de la Société impériale d'archéologie du midi de la France.
Bulletin de la Société académique de Brest.
Promenades de la Société linnéenne de Normandie.
Excursions entre la Hotiblonniëre et Lizieux, et à Arromanches.
Note sur deux espèces nouvelles de mylilidées fossiles, trouvées dans
le Calvados, par M. Morière (membre de la Société polymathique).
Note sur un dépdt de grès dans la commune de Sainte-Opportane
(Orne). — • Par le môme.
Digitizcdby Google
— R —
Note sur plosieors cas târatolt^qaes oDerts parle colza. — Parle
môme.
Transformations des étamines eo carpelles dans plnsieurs espèces de
pavot. — Par le même.
Quelques observations critiques sur les espèces du genre monotropa L,
Note sur quelques herborisations faites en i860. —Par le mémo.
Compte-rendu de l'excursion de la Société linnéenne de Normandie,
à Trouville-snr-mer.
De l'industrie fromagère dans le Calvados.
Note sur le grès de Saiute-Opportune et sur la formation liasique
dans l'Orne. — Par le même.
Note sur les crustacés fossiles des terrains jurassiques (Calvados).
Notes géologiques eimioéralogiques recueillies en Normandie.
Note sur une fraxinelle monstrueuse. — Par le même.
Essai sur l'étal de l'agriculture dans la Seine-Intérieure.
Inauguration de la nouvelle galerie du jardin des plantes de Caen.
— Par le même.
Résumé des conférences agricoles :
i" Sur la conservation du cidre ;
2" Sur la culture, le rouissage et le teillage du lin;
3» Sur l'industrie beurrière ;
4" Sur le semis ou la plantation du blé en lignes;
5" Sur les fumiers;
Discours prononcé à la séance solennelle de rentrée des facultés de
Caen. — Par le môme.
Journal des Savants. {Février 1866.)
M. Taslé fait don de divers volumes traitant de l'ornithologie.
M. le Président annonce à la Société que M, le Préfet met à sa dispo-
sition, sur le crédit de 2000 fr. dont il dispose, une somme de 800 fr.
pour être employée intégralement à des recherches et à des fouilles de
monuments. Si les dépenses pour la conservation des monuments
historiques ne prennent qu'une partie de la somme de 1200 fr. encore
disponible, M. le Préfet se fera un plaisir de donner l'excédant à la
Société polymathiqne pour la même destination. La Société vote des
remerciemenls à M. le Préfet et aux donateurs mentionnés ci-dessus.
Monnaies trouvées à Quinipily,
H. Arrondeaa offre à la Société, au nom de H. Jouanno , l'un de ses
membres, un lot de monnaies romaines trouvées à Quinipily, près Baud.
Ce lot comprend six monnaies impériales d'argent de billon et douze de
bronze, sans compter neuf petits bronzes plus ou moins trustes.
Parmi les dix-huit pièces' de module moyen, dont les tjpes elles
revers sont en général assez bien conservés, il y en a un à l'effigie de
l'empereur Valérien , deux de Pempereur Gallien , son fils, nn de Salo-
>dbyGÔ05jle
Bfn6, femaié dâ GBllîefi, ètnx à l'^fSgle 4e Glatlâe l« Gdftit(itié et
UD de Quintille, son frère, qui ne régaa qae quelques jours.
hes autres moanaiet se rapportent aux usurpateurs qtLÎ revêtirent la
pourpre dans les Gaules, sous les règnes des emiiereiira prêtâtes.
Ainsi nous en aroQs cinq de Postamas (dont quatre en billon), deux
de Victorintiâ, trois deTétricns, un de Tétricus le jeune, associé à
l'Empire par son père. Tontes ces monnaies appartiennent ainsi à la
fin du m* siècle de l'ère chrétienne, de l'an 253, époque de raTëli«->
ment de l'empereur Valérien, à l'an 273, où Tétriôns quitta le pouvoir,
efi ee Ufranl lai-môme k l'empereur Aurëlien.
Les renseignements fournis sur la provenance de ces pièces, qdi
feraient partie, paraK-it, d'une tronraille assez imporlâiité, oe
permettent paâ de prèjager si elles proviennent d'un tfésof enfoui à
dessein, ou si elles se trouvent dispersées sons les débfie d'un édifice
ruiné. Quoiqil'il en soit, d'après leur date j il estperiâis, ce semble,
de conjeeturer que leur possesseur aurait péri lers des iovasiQue des
barbares du Nord qui furent battus et chassés par l'empôreut Pfobus ,
peu d'années après l'époque à laquelle furent frappées les mo&Dàies
dont 11 s'agit.
H. Tasié, en qualité d'ancien conservateur du Husée archéologique,
demande ensuite la parole pour donner des explications sur un jeloa
en or qui , inscrit au catalogue , ne se trouve plus au musée. M. Taslé
expose que ce jeton a été échangé contre trois monnaies en or de ducs
de Bretagne que la collection ne possédait pas. L'échange a eu liea
avec l'assentiment des conservateurs-adjoints. — La Société approuve
ce qui a été fait en cette circonstance et saisit cette occasion pour
réitérer à M. Taslé l'expression de sa gratitude pour les soins qu'il a
prodigués aux collections archéologiques du Musée pendant tout le
temps qu'il y a rempli les fonctions de conservateur.
Lecture est continuée des Annalti lorientaUes,
Le Chapitre VH traite de la Terre noble dei Montagneti Elle donnait
ebn nom au prieuré de Saint-Mlobel et formait la plus grande partie e^
8ob domaifie , car elle se composait au xi" siède de huit village de la
paroisse de Plœiaeur. En 1750 les dépendances de ce domaine com-
prenaient seize villages répartis en deux groupes, qui s'étendaient l'un
vers la rade de Lorient, de la Perrière à la maison du Prieur, l'autre
âepuisKernereljnsqu'èLomeuer, parallèlement, à la mer. Â ces posses-
sions s'ajoutaient des dîmes sur la moitié de Guidel et en Flœmeur sur
dix-sept villages. C'état donc un grand et Hche prieuré que celui de
Saint-Michel des Montagnes. Aussi, lorsqu'au xVi" siècle, l'abbaye dâ
Sainte-Croix de QuiiAperlé en fut dépouillée, on priva d'un seul Cdup
8oiI trésor d'un revenu annuel d'environ 3TO0 livres; somme énortné
pour cette époque.
>dby Google
— M —
Le Chapitre Vin a pour titre : N.-I>, ie Lturmort SiÎHle JVmnoc , la
Madeleine. Au moyen-âge , la Bretagne se couvrit, pour ainsi dire,
d'une fpiantité innombrable d'églises, couvents, chapelles on oratoires;
mais nulle part, peut-être, cet état de choses ne fut aussi frappant que
anr le littoral de l'Évfiché de Vannes , principalement sur la paroisse
de Ploemeur et dans l'Ile de Groix. Celle-ci comptait àatrefois, dans
ses huit frairies , douze chapelles , l'église paroissiale non compris^. Gn
Plœmenr, il existait, sur ses quinze frairies, vingt-sept chapelles dont
les principales sont celles que nous avons citées et dont l'auteur fait
cûDDattre rorigine, l'imporlance et la ruine. Fresque toutes loe Autres
ont disparu
La séance est levée à trois heures et demie.
Le Secrétaire, A. «IJY0T-40MABD.
153' SÉANCE.
24 Avril 1866.
PRESIDENCE DE H. G. DE CLOSMADEDG.
ÉTAIENT présents:
UH. Fonquet, Taslé, de Cussé, Ârrondeau, Damonr, Lallematid»
Hauricet, l'abbé Lomenech, le P. Delineau, Juhel, de La HitoUe,
Pavot, Rosenzweig, Hauricet fils, Délivré, de BrenilpoQt , de Limar,
Grandpair, E. de Lamarielle, L. Galles, Salmoa, Salmon-Laaboorgëre,
de Séciilon, Peyron, Vibert et Guyot.
PROCÈS-VERBAL LU ET ADOPTÉ.
M. le Président informe la Société que M. Damour, membre de
l'institut, assiste à la séanre. Lecture est immédiatement donnée d'une
lettre de M. le surintendant des Beaux-Arts, comte de Nieuwerkerke,
qui donne missiou à M. Damour de visiter les collections du Musiie de
Vanaes, et de demander à la Société polymathique la permission de
prendre des fac-timile de quelques objets choisis sous nos vitrines.
Cette lettre est ainsi congue :
>dbyG005jIe
f H. le Président,
> H. Damonr a bien touIq se charger, comme membre de la com-
mission d'organisation du Musée de Saint-Germain , de tous prier de
nous confier les originaux da Musée de Vannes qu'il choisira afin d'en
faire le moulage , et de compléter ainsi la collection des différents types
des instruments de l'âge de pierre du Morbihan.
i'ie TOUS prie de remercier, en mon nom, la Société polymatbique
de Vannes du concours qu'elle a déjà bien Toulu nous prêter,
> Veuillez agréer, etc.
Le Sénaleur, Surintendant des Beaux-Arlt ,
Comte DE NiEUWERKERKE. >
M. Damour expose en effet que sa mission n'a pas d'autre but , et
que ces fac-similé sont destinés au Musée impérial de Saint-Germain.
Il a Tisité en détail le Musée archéologique, et il est heureux de féliciter
la Société de ses inestimables richesses; nulle part on ne trouverait une -
collection si variée et si brillanle d'antiquités celtiques. La Société,
conformément du reste à une précédente délibération portant sur te
même objet, renouTelle l'autorisation demandée, et décide qu'elle
remet à H. Damoar et au conservateur du Musée le soin de faire le
choix des objets.
M. de Glosmadeuc soumet à l'examen de la Société :
i° Un fragment de celtse , remarquable au triple point de vue de sa
proTenance, de sa forme et de ses dimensions. Il a été récemment'
découTert dans t'tle de Gavr'inis ; il se rapporte, quant à la forme , à
ce genre de cellEe relativement rare, dont l'extrémité opposée au
tranchant, est conoïde; en troisième lieu , il appartient à un celtœ de
dimension colossale, tellement colossale que notre Musée n'a pas son
pareil.
2* Un très beau celtae de couleur Tert-noire, admirablement poli, et
ayant ses arêtes latérales remplacées par une surface longitudinale,
limitée elle-même par deux arêtes secondaires, et s'étendant presque
de la pointe au tranchant.
M. Damour, auquel on fait passer les objets, reconnaît que la compo-
Ntion minérale du premier cellœ est une diorite. Quant au second ,
c'est une substance minérale, excessivement rare, variété de jadéite
que M. Damour a désigné sous le nom de ckloromélanite et dont le
gisement n'est pas encore connu.
M. le Président remercie M. Damour de ces renseignements et le
félicite de nouveau, au nom de la Société , des résultats si intéressants
qu'il a obtenus, en analysant plusieurs objets de notre Musée, résultats
consignés dans son mémoire adressé à l'Institut.
Digitizcdby Google
H. le Président dépose ensuite pour la Bibliothèque :
Le bolletiD de la SociéLé archéologique et historique du Limousin.
La revue des Sociétés savantes, — Février 1866.
Les mémoires de laSociétéacadémique de Maine-et-Loire, XVII» et
AVllI" volumes.
Le buLletia de la Société de statistiques, sciences et arts du dépar-
tement des Deux-Sèvres.
L'annuaire statistique, historique et administratif du Morbihan. —
Far M. Lallemand.
Le journal des savants. — 'Mars 1866.
Congrès scientifique de France (Amiens). — 1866.
Études sur les eaux minérales de Vais (Ardôche).
M. Damonr donne dix exemplaires de son travail sur la composition
des haches en pierre trouvées dans les monuments celtiques et chez les
tribus sauvages.
M. Délivré fait don d'une ammonite fossile trouvée dans des matériaux
de coostructions provenant des environs de Saumur.
La Société vote des remerctments aux donateurs.
Sont admis en qualité de membres titulaires de la Société :
HH. Perrin, pharmacien à Vannes ; Vibert, employé des contributions
indirectes; Garoier, propriétaire à Sarzean.
H. Fouquet donne lecture de la note suivante :
< Tout ce qui relait n'est pas or, et tout ce qui est jaune n'est pas
soufre.... n parait, d'après nos géologues, que j'ai pris le talc d'noe
protogyne pour du soufre dans un granité, soit, et j'admets une
rectification à ma communication de l'avant-derniëre séance, je la
réclame même. Hais pour être beaucoup moins curieux, les échan-
tillons que j'ai remis à la Société n'en offrent pas moins un certain
intérêt, puisqu'ils démontrent que le département possède, à la câte
de Plœmenr, nne protogyne dont le talc est d'un jaune de soufre à
tromper l'œil. Je n'avais pas encore observé de talc de cette couleur. >
MoRumenls Galh-Bomalju.
t Comme il est utile, je crois, défaire connaître à la Société tous les
points où les Romains ont eu des établissements dans notre département,
je viens vons en signaler deux qui montrent encore des restes de leu
occupation.
> Au nord du village de La Bréhiat, enMarzaQ, â 3 kilomètres 1/2 de
La Boche-Bernard, près la route de La Boche à Mnzillac, s'élèvent, sur
la hauteur de Kemcboux, deux moulins connus dans la localité sous
le nom de moulins de Marzan. Le sommet de cette butte isolée est pour
ainsi dire pavée de débris de briques à crochets et sans crochels.
>dbyG005jle
mais tous de la iiério⣠8<>U(>-^9a)âiCLe, |te ca soatuwt on -déwvTrs on
vaste et remarquable horizon.
> Près et au sud de la petite Tille de La Rochç-Bemard, dans un très
grand champ en face du village de La Grée, et sur le bord de l'ancieu
ehemin de La Roche à Férel, on trouve, ici et là, des débris de briques
et de poteries anciennes. (Un fragment mis squs les yeux de la Société
a dû appartenir à une vaste amphore.)
> J'ai donné, dans le temps, connaissance à la Société d'une décou-
verié faite h Kerhom, en,PIœineHr, de six esltœ, de deux fragoients de
celtœ, de débris de poteries, de charbons et de granités brûlés, sous
Une accumulation de caillon^E de quarti roulés. Je dépose aujourd'hui
un fragment de poterie recueilli sur ce point, te lendemain de la
découverte. Cet échantiUona beaucoup de rapport avec celui que j'ai
obtenu dans la fouille que j'ai faite au pied du menhir du Talot , en
PhMieur. >
Lecture est continuée des Annales lorientaises.
Incorporé à l'abbaye de Sainte^Croix de Quûnperlé, Saiol-Jficheln^t
pas d'histoire particulière et ce n'est qu'au xvie siècle qu'on trouve ,
dans, les annales de cette abbaye, un fait qui intéresse le prieuré.
Ce fait est le décès de Guy Quirisec, archidiacre de Vannes, que
Dom Placide Le Duc qualifie de prieur commendalaire du prieuré de
Saint-Michel, i La commende s'était donc déjà fourrée dans tes
prieurés dépendants devant que de saisir l'abbaye »
L'auteur expose ensuite les effets désastreux de ce régime des com-
mandes sur la plupart des établissements ecclésiastiques.
Au chapitre X- l'auteur rappelle comment les religieux de Sainte^
Croix consentirent à l'union du prieuré de Saintr-Michel au collège des
Prêtres de l'oratoire de Nantes, et en prend occasion pour donner
quelques détails sur la célèbre congrégation des pères de l'oratoire de
Jésus. Cette union eutlieu en 1613, et à partir de ce moment jusqu'en
1790," les oraloriens, comme les bénédictins de Quimperlé, firent
administrer le spirituel et le temporel de leur prieuré par des fermiers,
des chapelains et des vicaires perpétuels, etc.
La séance est levée  trois heures et detnie.
.Le Secrétaire, A. «UTOT-drOHABD.
>dby Google
154' SÉANCE.
29 Mai im-
PRÉSIDENCE DS H- G. DÇ CI,OSMADEDC.
ÉTA1ER7 PRÉSENTS :
VU. Taslé, ie Cassé, Uanricet père, ÂrroadeaB, Latlemand, d'Autt
IH)iaes[)il(K.)r ^^ Brenilpont, Salmon-Lanboai^ère , Jubel , d'Aull*
PomeËQiUG.), S^mon, de Limur, Jao deLagillardaie, Nanricetfils,
Ë. de'LanamUfi, Gilles, Tesaier, Peyron et Gujot.
PROCÈS-VERBAL LU ET ADOPTÉ.
H. le Président dépose pour la bitJiothèqae :
La Revue arcbéologiqne du Midi de I9 France.
Les Hémaires de la Société liitéraire de LyoQ.
Annales de U Société historique et itraliéolqgique de Cb^teau-
Thierry (Aisne).
De l'armemeot des Romains et des Celtes à l'époque de la guerre
des Gaules, par Léon Fallue.
Mémoires lus à la Sorbonne en avril 1865.
Rapport verbal fait à la Société française d'archéologie sur diveia
monuments, par H. de Caumout.
Histoire de la ville et du port de Brest, par M. Levot. — (Souscrip-
tion de la Société.)
Coap-d'œil sur quelques points de l'histoire générale des peuples
slaves et de leurs voisins les Turcs et les Finnois, par M. Auguste
Viquesnel.
Revue des Sociétés savantes des départements. — Mars 1866.
M. de Closmadenc, en présentant à la Société deux paniers remplis
de débris de poteries anciennes , expose qu'ils viennent d'être décou-
verts au milieu des ruines d'une construction gallo-romaine, élevée
sur pilotis dans un jardinet situé xlerrière la minoterie Droual„ &
Vannes, sur le cours d'eau qui descend de l'étang du Duc à la Garenne.
Sous les décombres et enfouis profondément dans la vase, on a re-
çuejlU ; l" ttne ciuantité considérable» de tuiles romaÏBes à çrw;^^ «t
>dby Google
de tessons de poteries diverses , tels que goidots et anses d'amphores ;
2" une quantité non moins considérable de poteries fines, de couleur
rouge, en terre samienne, décorées extérieurement de dessins en
relief, représentant des sujets variés, mythologiques ou autres. —
Deux ou trois fonds de ces Tases de luxe portent l'estampille de fa-
brique en lettres romaines.
Est admis comme membre titulaire de la Société M. Ch. de Kerret ,
propriétait-e à Braspartz (Finistère).
Une souscription nationale est ouverte A Rouen pour le rachat de la
tour du Donjon, dite de Jeanne Darc. Répondant à l'invitation qui lui
a été adressée parle comité central, la Société décide à l'unanimité
qu'elle souscrira pour une somme de 50 francs.
H.' ArroDdeaa donne lecture d'une lettre par laquelle M, Constantin,
proviseur, chargé de la direction du collège de Lorient, rend compte
d'une excursion qu'il a faite à Croix : l'Ile est grande, dit-il, et les
indicalions qu'on y peut obtenir sont rares et sans précision ; aussi
a-t-il tiré grand parti du Guide des touristes et du Catalogue des mo-
numents historiques du département. Jusqu'à ce jour aucune explora-
tion n'a été tentée. Les monnaies envoyées à la Société, en 1864, ont
été trouvées dans le Porl-Tudy, sur la grève. Aucun dolmen ne paraît
avoir été fouillé, protégé sans doute par une habitude invétérée.
Nulle part l'auteur n'a pu constater l'existence de tumulus; mais la
base des dolmens est généralement enfouie dans un monticule ou
exhaussement formé par l'accumulation des pierrailles, mauvaises
herbes, etc., rejetées des champs voisins au moment des travaux agri-
coles. En terminant son intéressante communication, l'auteur promet
de retourner bientôt dans cette lie et d'y essayer quelques recherches
bien circonscrites. La Société ne peut qu'encourager M. Constantin
dans l'exécution de ce projet, et décide qu'elle mettra à sa disposition
l'allocatioD nécessaire pour les recherches qu'il croira devoir entre-
prendre.
M. d'Ault-Dumesnil donne lecture d'un travail intitulé : Recherches
mr la provenance des granits qui ont servi d élever les monuments dits
celtique».
Dans l'impossibilité d'analyser cet intéressant mémoire , nous devons
Dous borner à citer la conclusion :
« 1° Les pierres qui ont servi à l'usage indiqué ont été trouvées à la
surface du sol et n'ont pu être extraites des carrières et encore moins
6tre apportées de loin (sauf quelques exceptions), puisqu'elles re-
posent, dans la plupart des cas, sur un sol formé de roches entière-
ment semblables.
1 2° La présence de ces pierres sur le sol est due à un phénomène de
désagrégatioD; eUes formaient des noyaux pltts durs dans la m&sse
>dby Google
— sya —
granitique, dont les parties les moins tenaces se sont désagrégées et se
désagrègent tous les jours sons do» yeux.
> Z" Toute explication du pUénomèoe, fondée sur un transport dilu-
vien et glaciaire, est erronée.
> 4» Les pierres branlantes doivent leur origine â nue superpositition;
ce sont des noyaux dont la base s'est exfoliée et les a ainsi laissées en
équilibre.
> 5" Donc rosciltalion peut être an fait purement naturel, et coomie
on ne peut prouver l'intervention de ta main de l'homme dans sa mise
en action ,. il faut admettre l'explication la plus probable , c'est-à-dire
la cause naturelle.
>0"^iifin,il est rationnel de penser, comme le dit M. Cb.Desmoultns,
que les Celtes ont profité du phénomène naturel et se sont servis des
pierres branlantes comme des autres monuments. Ces pierres appar-
tiennent donc à la géologie par leur origine et peut-être à l'archéologie
par leur usage. >
Lecture est donnée par H. Lallemand d'un rapport de H. Fouqnet,
relatif à une exploration qu'il a faite à La Grée-Hahé , en Plnherlin ,
avec le concours de H!l. Jutiet et Ernest de Lamarzelle. Le lieu cité se
Uvuve non loin d'une voie romaine secondaire qui, traversant le bourg
communal, aboutit à l'Ardoise, sur la grande voie de Vannes à Rieux.
Il est i peu pr^s an centre d'une contrée où les Romains ont laissé des
traces d'un long séjour et d'une sérieuse occupation , et qui est com-
prise entre Molac et Limerze!, Questembert et Rochefort. Les explo-
rateurs ont d'abord visité deux chambres, l'une de 3% 70 sur 9, l'autre
de S'OjlO aussi sur fi^jôG ; on y a trouvé seulement des débris de po-
teries grossières , les uns de couleur noirâtre , les autres d'un jaune
roux ; mais à l'i°> vers l'ouest se présente ( un singulier édifice qui
> mérite une attention toute particulière et une description minutieuse,
> parce qu'il n'existe pas dans tout le Morbihan un seul monument qui
» s'en approche.
I C'est un octogone régulier dans nn octogone parfaitement régulier
aussi. L'octogone intérieur mesure de dedans en dedans et d'un angle
à l'angle opposé 6'>>,76. Chacun des huit cAtés a 2'°,60 de longueur.
L'épaisseur des murs, tous en petit appareil, est de û'Ogëi.
> L'octogone extérieur , qui est partont à une distance de 3'|,26 de
l'octogone intérieur, et forme avec lui une espèce de vestibule ou cor-
ridor , a des murs de même épaissen** , et chacun de ses côtés mesure
5°,92 de longueur. D'un angle extérieur à l'angle extérieur opposé on
compte 16i°,66 , et c'est la plus grande étendue de ce monument qui
enceiol ainsi un terrain de moins de 200 mètres de surface. Quelle a
pu être la destination de ce double octogone ? Il ne reste pour nous ,
dit l'auteur, d'autre Idée admissible que celle de l'existence à La Grée-
Mabé d'un petit temple rwnain. »
>dby Google
— XVU! —
M. de Closmadenc continue la lecture de son travail historique sur
la Chirurgie et la Barberie eo Bretagne avant la RéToltjtion.
Lorsque l'édit de Louis XIV , da S2 février 1692, vint créer des
chaînes ie.midtcim conseillers du Roy et de chirurgient jurés aux
rapports, la communauté ùas maîtres chirurgiens-barbiers de Vannes
se trouyait déjà organisée et fonctionnait depuis_ longtemps à l'ombre
de ses franchises. Les maîtres étaient nombreux , parmi lesquels le
premier chirurgien du Roi , Félix , eut à choisir deux chirurgiem jurés
aux rapport* qu'il destinait à la ville de Vannes.
Le 7 du mois de septembre, une réunion extraordinaire eut lieu.
Tous les maîtres chirurgiens-barbiers de Vannes furent convoqués à
cette réunioc que présidait le sieur Lemier des Places , docteur eu
médecine, conseiller du Roy. Il s'agissait de voter les nouveaux siatuit
que la Compagnie avait rédigés dans une séance précédente (là août
1694).
Le corps des chirurgiens de Vannes ne fut pas unanime. Trois oppo-
sitions se firent joor, et les statuts furent arrêtés en 15 articles. M. de
Closmadeuc donne le texte de ces curieux statuts, extrait du registre
de la communauté des maîtres chirurgiens-barbiers de Vannes. Les
statuts furent approuvés par H. le sénéchal de Vannes qui ne biffa
qu'un seul paragraphe : celui par lequel les barbiers avaient la' pré-
tention d'exclure les bâtards de la maîtrise en chirurgie.
La séance est levée à trois heures et demie.
Lê Secrétaire , A. ttUVOT-JOHABD.
155^ SÉANCE.
36 Juin 1866.
PKtSISBHCE DB H. 0. DE CL08HA0BUC.
PROCÉS-TERBAL LU Et ADOPTÉ.
M. le Pré^dent déposeponr la biMiotfièque :
Les aAoale» de la Société impériale d^agriculture, industrie, sciences,
arts et belles-lettres du département de la Loire (Saint-Étienne).
Hémoires de la Société, idipéritle (l'agriculture , sciences et arts
d'ArgerB. .
Études aas les caiUoox ronlés.idelaDerdogne, par M. Ch. Des-
moulios. ' ' «
Joorail des Savants^ — Mai 1866.
>dbyG005jle
— XIJE —
Est admis en qaatité de membre titnlaire delà Société H. le colonel
Filbol de Camas, résidant à Vannes.
Leclare est donni^e d'un arrêté, en date du 14 jaio 1866, aux termes
dii([nel M. le Préfet du Morbihan autorise la Société polymathicpie di
Morbihan à faire des fouilles dans les dunes domaniales de QuibéroD.
La Société vote des remerciements à M- le Préfet.
Dans une tournée qu'il vient de faire, M. le docteur Fouquet a eu
occasion de recueillir quelques objets qui lui paraissent assez intéres-
sants pour être offerts à la Société, et de relever quelques observations
qu'il lient à lui communiquer.
« Je dépose d'abord, dit l'anteur, pour les collections géologiques et
minéralogiques, un schiste talquenx, avec modules de màcles, que j'ai
trouvé et pris à Baud, arrondissement de Napoléouville, puis un schiste
argileux mâclé ramassé par moi à l'établissement romain de La Grée-
Mahé, en Pluherlin, arrondissemeot de Vannes.
> Après les fouilles que nous avons faites en ce lieu, il a été trouvé,
au-dessous de l'are» de l'octogone, que je crois avoir été un temple
romain, un vase contenant, dit-on, des cendres et des fragment^ d'os
calcinés. Cette découverte récente ne change rien à mon opinion sur la
destination du monument que nous avons étudié ; car, avant l'établisse-
ment de ce temple, un mort a pu être brûlé, et ses os placés là, quand
il n'y avait encore qu'un camp romain à La Grée-Mahé, ou les édifica-
teurs de ce temple ont tenu à déposer les restes consumés d'un mort
vénéré, là même où ils voulaient fonder un édifice religieux.
> Maintenant, Messieurs, je vous remets, pour les collections archéo-
logiques, une cuillère en buis, dont le pied sculpté représente soit ou
évêque, soit un abbé crosse et raltré. Je penche pour l'abbé, par cette
raison que la cuillère a été trouvée, avec un titre du xvii" siècle, dans
le mur d'une vieille maison qu'on vient de démolir au bourg de Saint-
Congard, et qui portait, je ne sais pourquoi, le nom de l'HOpital. Vous
savez que le couvent des Camaldules de Roga a été fondé , en Saint-
Congard , en 1673, par Henri de Guénégaud , marquis de Plancy , et,
peut-être, un habitant de Saint-Congard aurait-il pris plaisir à sculpter,
sur buis, un supérieur de cette maison ?
> Enfin , je dépose , pour être placée dans votre bibliothèque , une
carte cochinchinoise trouvée dans un fort de Saigon , lors de la prise
dece-fort par les Français. Je tiens ceUe carte de H. J. J. Daigre, ca-
pitaine au loDg'Cours, que vous connaissez tous ,. et je m'empresse de
vous la remettre en son nom. ».
La Société vote des remerciementâ sa donateur.
H. Fouquet, dans sa tournée, a revu, et toujours avec qq vif latérêt,
le délicieux bijou de granit nommé la Chapelle de Kemasdeden. Cette
admirable chapelle,laplas belle iDconteatablement de tout le MorbibaD.a
>dby Google
été,snrnosdemandesréitérées, classée parmilesmoQumeQtshistoriqnes;
l'aiitenr regrette que cette protection de l'État ne semble pas eu assorer
la coQservalioû. L'épais badigeon et les moisissures vertes qui re-
Goorrent ses élégantes nervures et ses sculptures si délicates, n'ont pas
disparu; ses belles fresques altérées, ses nombreux clochetoDs mutilés
ne sont pas restaurés Kernascteden est un lieu perdu où réside un
seul vicaire , et c'est pour cela, sans doute, qu'on néglige, non-seule-
ment la. restauration, mais encore la conservation de sa chapelle. L'aa-
teur estime qu'il appartient à la Société d'élever la voix en faveur d'un
mooument si remarquable, et de le recommander, avec instance, ,à
l'attention de H. le Préfet, et, aussi, à l'intérêt puissant de U. le mi-
nistre des cultes et de M. le ministre des beaus-arts.
Lecture est continuée des Annales lorientaises. Apres avoir exposé,
dads le chapitre XI, un aperçu des crimes et dévnstaiiom dont le
prieuré de Saint-Michel fut le théâtre pendant la première moitié du
XVn« siècle, l'auteur traite, au X1I'=, de l'établissement de la Compagnie
des Indes orientales, t A l'époque où l'important procès du prieuré
contre Nicolas Riou , sieur du Roz, nous a conduits (1671), un fait
considérable venait de se passer dans le pays. La Compagnie des Indes
orientales avait obtenu, en 166i, le Port-Louis pour siège de l'arme-
ment de ses flottes, et, deux années après, elle établissait ses magasins
et ses chantiers de constructions navales à l'embouchure du Scorff, sur
la lande du Faouëdic, en la commune dé Plœmeur.
> Dans rorigioe , cet établissement , appelé L'orient on l'Enclos de
L'orient, dépendaitdu Port-Louis, on, si l'on vent, Lorienl était une
annexe du Port-Louis, principal siège de la Compagnie et demeure de
ses principaux agents.'La disposition des lieux devait avoir pour con-
séquence de multiplier considérablement les passages d'une rive à
l'autre. Mais, on l'a vu, le droit de passage appartenait au prieuré de
Saint-Michel. Aussi vit-il grossir rapidement le produit qu'il retirait de
la location de ce droitde passage. En 1677, ]e Trépas de Sainte-Catherine,
comme on l'appelait, "se loue déjà 50 livres par an, et, il obtient- 150
livres en 1702 : c'était tripler en 25 ans. Toutefois, ce droit féodal ne
tarda pas à se voir battre en brèche. Les progrès de Lorient ne s'arré-
tant pas, des bateliers de la ville naissante s'avisèrent de louer leurs
embarcations, de temps à autre, pour le trajet direct de cette ville à
Port-Louis. Les premières réclamations ne furent pas écoutées, puis ,
lorsque lesOratoriensse décidèrent â intervenir sérieusement, en 1710,
ils trouvèrent un service de batellerie régulièrement organisé entre
Lorient et Port-Louis , et tous leurs efforts échouèrent contre cette
usurpation.
» Lorient, qui avait débuté en 1666, grandissait peu à peu avec des
intermittences provenant de la situation politique du royaume. En 1719,
cette ville Gommeaça à secouer la torpeur où, pendant dix années, Ta-
>dbyG005jle
— XÏI —
vaient fait sonvent retomber les vicissilndes des affaires pnbliqaes. La
grande Compagnie des Indes, qai venail de se former avec On privilège
de 50 années, vint lui apporter cette activité, ce développement qai en
firent bientôt nn objet d'admiration pour la France, et de jalousie pour
ses ennemis. »
L'aateur entre ensuite dans quelques détails snr les diters agrandis-
sements de la cité et l'estension continae de la célèbre Compagnie.
le Secrétaire, A, eUTOV-«OHABD.
156* SÉANCE.
3i JtnLLET 1866.
PRËSIDENCE DE U. DE CLOSHADEDC.
éTaieht présents :
HU. Fouquet, Taslé, de Cussé, Peyron, Hauricet, père, l'abbé
Lomenech, L. Galles, E. de Lamarzelte, Arrondeao, Rosenzwelg,
l'abbé Piéderriëre, Salmou, Salmon-Laaboui^ère, Tessiet, Juhel,
Mauricet, fits, etGuyot.
PROCÈS-VEBBAL LU ET ADOPTÉ.
M. le Président dépose pour la bibliolhëqne :
Les mémoires de la Société académique d'agriculture, des sciences,
arts et belles^lettres de l'Aube, â Troyes.
Bulletin de la Société arcbéologique de Naqtes.
Mémoires de la Société de slatislique des Deux-Sèvres., à Niort.
Choix de pièces lues aux séances de l'académie de La Rochelle.
Le Moniteur de l'archéologie, par H. Coustou, à Montauban.
Hémoires de la Société d'émulation du Doubs.
Journal des Savants. Juin 1S66^
■ M. L. Galles dépose pour le musée Une carte très nettement dressée
des monuments celtiques dii canton d'Auray.
La Société vote des remerciements au dona^eur.
H. de Cussé donne lecture d'un rapport concernant les fouillas faites
dans la comipune de la Trinité-sur-mer, au Cumulus appelé, eut)retoi9,
iiVfloKrick et io Ftyie, enfrançais.,,.
>dby Google
La forme ivimitire de ce monament devait mesnrei 50 nètrea en
longueur snr 30 de largeor. < Dès les premiers travaux, dit l'auteur ,
il nous a été donné de reconnaître que nous avions bous les yeux un
moDument d'une coDstitation particulière. Le sol naturel était recou-
vert d'une couche de sable épaisse de Oi" 30 à O-a 40 dans lequel étaient
implantées verticalement ou obliquement et sans ordre ni distances
régulières, d'énormes pierres plates on dalles, variant de dimensions .
depais un mètre jusqu'à li"70 de hauteur, dans les vides desquelles,
et les recouvrant, se trouvait uu galgal, en tout semblable à celui
de Mané-er-H'roëk. > Une seconde tranchée, ouverte à angle droit
sur la première, n'a servi qn'à faire découvrir d'autres pierres plates
du même genre et dans un désordre tel qu'il a été impossible de leur
trouver une disposition soit eu cercle, soit en étoile, en parallé-
logramme on en alignement. En résumé, la nature de ce monument n'a
pa être expliquée , et les objets trouvés sont rares et sans importance.
H. l'abbé Piéderrière donne lecture d'an travail relatif i la seigneurie
de Largoaët, en Elven, dont le centre était le château d'Elveo. 11 a
pu en examiner les archives, dont les premiers titres manuscrits
remontent à 1470.
c Quelques savants ont voulu tirer le nom de Largouet des deux
mots bretons ar et coët, qui signifient paya sur boit on au milieu
de» boit; suivant d'autres, il viendrait d'an antre mot breton qui
exprime sang, apanage du sang.
■ Cette dernière étymologie semblerait plus probable, puisqu'une
charte du cartulaire de Redon nous montre, au commencement du .
X" siècle, un prince du sang ducal possesseur de Largouet : Derrien,
fils d'Alain-le^Grand, comte de Vannes, roi de Bretagne. > .
L'anteur après avoir exposé la longue filiation des nombreux
seigneurs de ce comté, jusqu'à l'année 1793, entre dans quelques
détails sur la seigneurie elle-même.
< L'étendue de cette seigneurie peut être fixée comme il suit,
d'après les aveux. Elle 'partageait avec Rochefort les paroisses de
Snlniac,LarréetHolac. Elle comprenait les paroisses d'Elven, Treffléao,
Saint-NolF, Saint-Avé, Plaudreo et Monterblanc sa trêve, Grand-Champ,
Plnmergat en partie, Pluneret en partie, Plœren, Plougoumelen ,
Baden presque en entier, Arradon et l'Ile-aux-Moines sa trêve, les
paroisses de Saint-Pierre et Saint-Patern, en partie (Vannes); enân
elle avait quelques pièces en Pluherlin et en Saint-Jean-Brévelay.
Elle avait deux sièges de juridiction, l'an à Vannes, dans la maison
de ville, ancienne chambre des comptes des ducs de Bretagne, et un
autre à Auray, dans l'auditoire royal. »
H. l'abbé Piéderrière dépose pour les archives de la Société la copie
d^e diane da duc Go&an IH, en faveur des ïep^riieFSj 1160.
>dby Google
— XXHI —
c Grâce ans bienreillantea commanieatioDs de M. dn Perron de l«
Ferronais et du Oningo, H. l'abbé a rencODlré ce document dans les
archives du château du Ferron, en Hauron. Julien-François Placide
du Ferron possédait l'original de ladonation de Conan aux Templiers
comme titre de famille; craignant de le perdre et roulant en faire
profiler le public, il le remit, le li avril 1785, aux archltes de la
Tille de Rennes, et s'en fit délivrer une copie authantique. ■
C'est cette copie qui est tombée entre les mains de H. l'abbé
Piéderrière. Elle est parfaitement écrite sur velin et d'une lecture
facile pour tous. Cet acte, rédigé à Kemper-Corentin, coostate que dès
1160,c'est-à-dire peu d*années après la fondation de cet ordre fameui,
Conan, duc de Bretagne, comte de Richmond, donne à la maison
des Hospitaliers de Jérusalem (domui iherosolimilane hotpitalitatis] i
libres et exemptes de toutes charges (ab omnibus consuetudinibut) en
tous lieux et en toutes leurs parties, des aamUneries {eUmoiine) att
nombre de plus de 60, situées dans les diverses parties de la Bretagne.
H. de Closmadenc lit le rapport concernant les fonitles faites par la
Société dans les communes de Carnac et de Ploaharnel.
Ces fouilles ont porté sur huit dolmens et un tamulus, dont Toici
les noms :
10 Dolmen de Kroch.
2o Dolmen de Rnnesto.
3" Dolmen de Mané-klud-er-iér.
4" Dolmen d'en Autérien.
h^k, B, C, D. — Qaatre dolmens de Kiaval.
6° Tumulus de Rumentur.
Ces fouilles ont amené la découverte d'une foule d'objets, qui
doivent enrichir le mnsée : d'innombrables poteries celtiques, des silex
taillés, des celtse, des grains en terre cnite et en callais, quelques
ossements. Un des dolmens de Kiaval a présenté ceci de particulier ,
que huit pierres de ses parois sont sculptées, et présentent des orne-
mentations et des signes gravés du genre de ceux de Gavrinis, et du
Mané-Lud.
H. Louis'Galles donne lecture d'un rapport sur les tonilles opérées
sons les nombreux dolmens de la Trinité-sur-mer. Neuf tombeaux ont
été explorés ; les principaux sont : le Mein-er-Roh , dont la chambre
a 3 mètres de longaenr sur 1™ 90 de largeur et i" 80 de hauteur; les
objets trouvés consistent en un couteau de silex pjromaqne et force
débris de vases de formes variées.
Ër Roh, â l'ouest de Kmarker. Ce dolmen se compose d'une allée,
d'une chambre et d'un cabinet; les supports sont au nombre de qninze.
La longueur du ibonnment est de 5 mètres. On ; a trouvé une pointe
de flèche à: ailerons en silex, de 0,030 sur 0,023 de largeur; tout prj^
.dbyGoôsle
- SïIV —
Tin petit silex taijlé aoalogDe aux plus petits conleanx des cavernes de
la Dordogae , de nombreux fragments de poteries dont l'ornemeDlatioD
apportera de nonvean éléments à la connaissance de la céramiqae des
Deux antres monuments du même genre snr nn monticule an nord
de ta rivière, de Cracti et à Test de l^vilor. Ils sont séparés l'un de
l'autre par nn espace de 3» 50 seulement. Le plus au nord, formé
d'une chambre et d'an corridor, a les dimensions suivaDtes :
Longueur de la chambre 2» 70
Largeur 2 70
Longueur de l'allée 3 50
Laideur , 65
Celles du second sont :
Chambre.... ! ^ <0 de longueur.
( 3 90 de largeur.
ABée : longueur 4 30
On a trouvé dans ces dolmens des couteaux en silex, des hacbes
en diorite et des fragments de poteries en terre jaunâtre.
La séance est levée à trois heures et demie.
Le Secrétaire, A. «IIT0T-40HABD.
15T SÉANCE.
28 AOVT 1866.
PRSSI9ENGB DE H. 6. DE CLOSH&DEVC.
ÉTAIENT PRÉSENTS; - <
HH. Fonqnet, Taslé, de Çnssé, Arfondeau, Lailemand, Jan de
Lagillardaie, Grandpair, Tessier, de Limnr, Salmon, de Camas, Perrib,
Hauricet fils,. de Sécillon, Chaufâer, Délivré, de Breuilpont et Gujot.
PROCÈS-VERBAL LU ET ADOPTÉ.
Note sar une lame de silex trouvée à Venerqne (Haute-Garonne).
Recherches chimiques sUr l'essence et l'buile fine contenues dans les
Scojts de la Criste marine , par M. Hérouard , pharmacien à Belle-lte ,
menibre correspoudant de la Société.
ûigitizodbyGOOgle
— ÏXT —
Spartacns, tragédte-monologDeeDTiD acte et eo vers, par M. Alfred
Saurel, membre delà Société.
Note sur deux végétaux fossiles trouvés dans le département An
Calvados, par H. Moriëre, professeur à la faculté des sciences dé'Caeo,
membre de la Société. -
Note sur la lettre de M. Alph. de Ratisbonne relative aux plaotes im-
portées par H. Ch. Desmonlius , sous -directeur de Vlostitut des
provinces.
Distribution des récompenses accordées aux Sociétés savantes le
7 avril 1866.
Journal des Savants. — Juillet 1866.
H. Jan de Lagillardaie dépose pour )a Bibliotbëqne, au nom .de
H. DangiD , receveur, de l'enregistrement à Huzillac, un volume manus-
crit, io-folio, des États de Bretagne assemblés à Rennes en Tannée 1776.
La Société vote des remerciements à ces divers donateurs.
H. le Président donne lecture de la lettre suivante qu'il â reçue de
Son Esc. M. le Ministre de rinstructioD publique:
Paris, H Août 1866.
H. le Président, j'ai rhonneur de vous informer que, par arrêté du
13 août dernier, j'ai attribué une allocation de 400 fr. à la Société
polymathique de Vannes. J'ai été heureux 'd'encourager ainsi les tra-
vaux de cette Compagnie et de lui donner un nouveau témoignage de
mon intérêt.
Recevez, etc.
La Société décide qu'une lettre de reflierciement sera adressée en
son nom à H. le Ministre de l'iastruction publique.
Sont nommés membres titulaires de la Société : HH. Vagnair, agrégé
de l'Université, professeur île seconde au lycée impérial d'Amiens, et
H. l'abbé GniUotin., vicaire à Noé-Blandie, canton .de Bain-de-Bretape
(Ille-et-Vilaine). ■
Lecture est donnée du XUI< Chapitre des .Annales lorientaises, inti-
tulé : Le père Fouché.
€ Au mois d'août 1769 expiraient les cinquante ans de privilège
accordés, en 1719, à la Compagnie des Indes orientales pour la navi-
gation et le commerce au-delà du Cap de Bonne-Espérance, dans les
mers de l'Inde et de la Chine. A cette époque où toutes les Idées libé-
rales étaient en fermentation , les privilèges dont la Compagnie sollici-
tait la prorogation furent l'objet de nombreuses et vives publications
coubBdictoires.... Le Ooaveroement se montra favorable aux. idées
>dby Google
nonreUes; il suspendit les privilèges de la Compagnie des Indes....
Cette décision cansa une grande émotion parmi les actionnaires de la
célèbre compagnie, qui décidèrent de faire offrir à l'État la cession
pleine et eutière de leurs établissements, vaisseaux et matériel, tant
en France que dans l'Inde, moyenDaDl une indemnité de 30 millions.
Louis XV accepta la proposition , et, le 7 avril 1770, le domaine de
l'État prit possession de toutes les propriétés de la Compagnie des
Indes, parmi lesquelles était compris le magnifique arsenal de Lorient
avec ses dépendances. Dans le nombre se trouvait nie Saiot-Michel;
mais Louis XY dut la recueillir avec les charges du contrat de 1726,
c'est-à-dire à titre d'afféagiste seulement et moyennant le paiement
d'une rente annuelle de 290 livres aux Oraloriens de Nantes. Cette
situation se continua jusqn'à la Révolution, dont le sonHle ât dispa-
raître les Oratoriens. L'un des derniers prienrs de Saint-Michel devint
l'une des célébrités réTolntionnaires, le père Foacbé, qui n'est autre
que le duc d'Otraote, le ministre de la pohce de Napoléon I". et
de Louis XVIII tt l'homme dont l'histoire s'est vengée d'un seul mot:
celui de traitre. •
H. de Closmadeuc lit un rapport concernant les fouilles faites dans
les dolmens de ^a\i et dé Park-er-Guérëu :
Le dolmen de ^m, ta Crach, se- compose d'nne chambre et d'une
galerie.
La chambre, à peu près régulièrement circulaire, ayant 2 mètres de
rajon, est formée par neuf supports en granit et un seul fragment de
table. — Hauteur du dallage à la table : l'°,10.
La galerie, longue de 3",20 sur l^jaû de large, est limitée par
cinq menhirs, sans table de recouvrement. ' — Chambre et galerie
étaient littéralement comblées de terre et de pierres.
On a rencontré dans la chambre :
- 1° Une très grande quantité de poteries et de charbons; quelques-
unes de ces poteries sont ornementées à l'extérieur;
2° Des silex ouvrés, parmi lesquels on remarque des lames prisma-
tiques et triangulaires, et une très belle tête de flèche à ailerons,
en silex ;
3"Ud cell», en grès;
i-" Un cellae, en agate , de couleur de corne rosée, transparent dans
tonte sa longueur et d'un fini achevé ;
5° Deux fragments de mortiers en granit, analogues à ceux de
Crnbelz.
Les fouilles du second dolmen (Park-er-Guérèo) n'ont donné, comme
résultat, que de nombreuses poteries, presque toutes en pâte rouge et
avec des dessins.
USecrétairt, A. «Uirev-dOMABD,
>dbyG005jle
158' SÉANCE.
. 35 Septembre 1866.
PRfiSIDENCE DE H. FOOQUET.
%
âTAIENT PHÉSEHTS :
HH. Taslé, de Cussé, L. Galles, Jan de LagiUardaie, E. de
Laii)ar2elle, Délivré, l'abbé Lomenech, de Ltâiur, Hauricei fils, Peyroo,
le P. Delineau, Tessier et Guyot.
PROCÈS-VERBAL LD ET ADOPTÉ.
H. le Président dépose pour la Bibliothèque :
Revae des Sociétés savaules. — Juin 1866.
Bulletin de la Société médicale d'émulation de Paris.
Annales de la Société linnéenne du département de Haine-et-Loire.
Congrès scientifique de France (Aix en Provence). — 1866.
Moniteur de l'archéologie, — Août 1866. — H. Couston.
Journal des savants. — Août 1 866.
H. le Président donne lecture d'anelettreparlaqnelle H. René Galles
inrorme la Société qu'appelé par une décision récente à remplir les fonc-
tions de son nouveau grade à la division d'Alger , il se sépare avec un
vif regret de la Société polymaihique du Morbihan dont il désire néan-
moins rester membre.
La Société, qui ne saurait oublier les précieux services que lui a ren-
dus l'active et savante coopération de U. René Galles, le remercie des
sentiments sympathiques exprimés dans sa lettre, et désireuse de lui
donner un témoignage de gratitude, inscrit, à rnnanimité, M- Galles an
nombre de ses membres honoraires.
Le R. P. Delineau annonce également que, rappelé à Paris, il cesse
avec regret de faire partie de la Société polymatbique.
Lecture est donnée d'une lettre par laquelle M. Jégou, membre rési-
dant à Lorient, informe qu'il a reçu avis d'une découverte intéressante
récemment faite dans le canton de Baod, en la commune de Pluméliau.
Il s'agit d'un très grand nombre de monnaiesromaines trouvées au
village de Kerézent par des paysans occupés à défoncer nue pièce de
terre. Comme toujours, ces monnaies étaient contenues dans un vase qui
a été brisé. Il a été constaté qu'elles appartiennent toutes'à ta deuxième
moitié da ni" siècle. On a découvert dans le même endroit difiërents
autres objets plus on moins entiers. — La Société remercie H. Jégou
de sa commonicatioD.
>dby Google
— xxvin —
M. Peyron, grâce à nne communication qui lai a çté faile, doDoe lec-
ture d'un récit de l'enlèvement de TAv de Pancemont, raconté par
Ini-mfime. Ce document n'est qu'une partie de la lettre de Mef de Pan-
cemont à S. Exe. le ministre des cultes, à la date du 27 Août 1806. —
Le récit complet sera iœpiimé ultérieurement.
Le Secrétaire, «. «ÙvoT-d
159' SÉANCE.
30 Octobre i866.
pbSsioence de h. g. de closkadedc.
ÉTAIENT présents:
HU. Taslé, deCussé, Hauricet përe, Ârrondeau, de Limnr,
Rosenzveig, Hauricet fils, Chauffier, l'abbé Lomenech, Juhet,
E. d'Ault-Dumesnil, de Lamarzelle, P. Kerviler, Lallemand, Perrin,
Tessier et Guyot.
PROCÈS-VERBAL LU ET ADOPTÉ.
' H. le Président dépose pour la bibliolhëque de la Société :
Bictionoaire archéologique de la Gaule, l"> livraison.
Revue archéologique du midi de la France.
Annales de la Société historique et archéologique de Cbâteaa-Thierry.
Aperçu général sur la numismatique gauloise.
Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de
l'Yonne, 1864, 1865. 1866.
Notes sur les dents de Ptérodoa-DasyurOîdea , de Chceropotamw
parietuù et de Dichobune leporinum, retirées du calcaire lacustre du
Has-Saintes-Puelles [Aude), par le docteur J.-B..Noulet, de la Société.
M, le Président dépose, comme don fait au musée par H. Martine,
jeune , un vase gallo-romain trouvé dans un terrain servant de chantier
entre la place. Ca6«/{o et la rue du Roulage. Ce vase, qui a la forme
d'une carafe munie d'une anee, esi entier et semble tout neuf; il était
enfoui au milieu de nombreux débris du même genre et de la môme
époque.
M. P. Kerviler fait don d'un fragment de fort vitrifié d'Ecosse.
La Société vote des remerciements aux donateurs.
H. Laltemïutd annonce son intention d'ouvrir cet hiver un coairs
public sons le patronage de la Société.
>dby Google
— XXIX —
Notre confrère se propose de Irailer des sources et des origines de
l'histoire de Bretagne.
La Société remercie M. Lallemand de cette détermination qui ne
peut que tourner au profil de la science historique de notre province.
H- Arrondeau, président de la commission départementale de météo-
rologie , donne lecture d'un travail ayant pour titre : Statistique- des
Grêles conatatées dans te département du Morbihan, de 1822 fi AS^i^
soit pendant une période de 43 ans. L'auteur a utilisé pour l'étude
des orages anciens les documents conservés aux archives départe-
mentales concernant les pertes occasionnées par les grêles dans les
différentes communes du département. H ne saurait avoir la prétention ,
de donner par ce moyen tine statistique complète des orages à grêle
qui ont éclaté dans le département pendant la période indiquée;
toutefois les faits recueiUis sont assez nombreux pour que des omissions
partielles n'aient pas d'influence sur les conséquences générales à
déduire des faits constatés. La plus remarquable de ces conséquences,
celle qui frappe immédiatement les yeus à la vue de la carte présentée
par l'auteur, c'est l'inégale répartition des grêles sur les différents
points de notre territoire. Tandis, en effet, que les grôles sont très
rares dans les cantons du littoral et de l'ouest , elles s'accamnlent au
contraire sur les cantons du centre et surtout du nord-est. S'il est
prématuré de Vouloir assigner les causes de ces remarquables diffé-
rences, il est difficile , toulefois, de ne pas penser que la constitution
du sol y entre pour quelque chose, si l'on remarque que ta grêle
semble affectionner les terrains granitiques. La rareté relative des
grêles sur le littoral pourrait aussi conduire à attribuer an voisinage
de la mer une inQuence préservatrice dont la cause nous échappe. Ce
curieux travail sera inséré au prochain bulletin.
Lecture est continuée des annales lorientaises. Le chapitre XIV a
pour titre le Lazaret. A la révolution , l'Ile Saint-Michel, devenue
propriété nationale, fut mise à la disposition du ministère de la marine
qui y plaça un gardien pour veiller à ta conservation des bâtiments
existants. L'administration de la marine ne tarda pas à reconnaître
à l'ile Saint-Hichel un genre d'utilité précieux pour le service
sanitaire des bâtiments de la flotte. Plusieurs fois, sous la République
et sous l'Empire , des équipages des bâtiments de guerre atteints
dn scorbut et de la dysenterie y furent soignés ; ces équipages y cam-
paient sous la lente, et ceux des malades qui succombèrent furent
inhumés dans l'Ile. Car l'État ne flt aucune dépense d'installation pour
cet objet; bientôt môme Saint-Michel fut abandonné pour l'ancien
couvent de Sainte-Catherine, où de vastes bâtiments permettaient d'y
traiterles maladies et tes affections contagieuses. Cet abandon, toutefois,
ne dura pas longtemps; l'idée d'utihser 111e Saint-Michel pour le trai-
temeot des maladies contagieuses ou considérées comme telles, prit
Digitizfcdby Google'
nue sérieuse coosistance. L'anteur expose en détail la longue et labo-
rieuse organisatiOD de cet éiablissement sous la Restauration. — Après
la RévolulioD de lS30,qui renouvela presque toutes les administrations,
rameablement du Lazaret risquait fort de rester dans l'oubli, lors-
qu'un événement imprévu se chargea d'y pourvoir. Pendant rautonine
de l'année lS30,le choléra désolait le nord de l'Europe. Le ministre de
l'iatérietir éveilla l'attention de l'intendance sanitaire de Lorient sur
l'apparition de l'épidémie et lui recommanda la plus grande surveillance
sur les bâtiments qui arriveraient du nord.
Le Laiaret fut alors complété : né pour ainsi dire de la fièvre jaune
d'Amérique, il dût son adièvement au choléra asiatique. — Chose sin-
gulière, à partir de ce moment, le Lazaret diminue d'intérêt; les quaran-
taines d'abord assez fréquentes deviennent de plus en plus rares; puis
arrive l'an 1850 on un décret du président de la République le
supprima aiosi que ceux du Boacaad, près Rayonne, et du Hoc, près du
Havre. Antre temps Rentrée en possession de Saint-Michel,
l'administration dé la marine en a transformé les vastes bâtiments en
magasinsâe pondre Et projectiles, protégés par des paratonnerres.
Le Secrétaire , A. «UVOT-JOHABD.
160" iSÉANCE.
27 Novembre: 1866.
pbëbidelfce de k. 6. de closhadeuc.
: ÉTAIENT PRÉSENTS :
UU. Fonqoet, Taslé père, PeyroD , de Cussé, Manricet père,
de Qnéral, Lallemand, Rosenzweig, de Limur, L. Galles, Jan de la
Gillardaie, Caradee'(Amb.), Délivré, Manricet fils, Pavot, Salmon-
LauboDrgère, de Sédition-, Saumon, 'Taslé Sis, de Camas, E. de
Lanurzelle' et Gujot. '
nOCÎS-ÏKRB'U 10 kl ADOPTÉ.
H. le Fnésident défkose pour la Ribliothèque de la Société :
La Revue des Bociétéa suvantes.-t- 3i trimestre 1866.
MémoireB de TAcadémie du Gard.— 186^-1864.
Annales de la Société d'horticulture et de botanique de l'Hérault.
— T. 6. . • .- - ., - - ■■' ■
Journal, des Savants. —Octobre 1866,
Bulletin de la Société .archéologique de Nantes.
Statistiqae historique et monumentale du canton de Baifl> armidis-
sèment de Redon.
>dbyG005jle
— XXXI i-
II est fait don aa Hasée, par HM. de Cnssé et L. Galles, de fragments de
briques vernissées , ornementées, provenant de ruines existant dans
llledeConlo.
M. le Président expose qu'il a eu l'honneur d'un entretien avec M. le
Préfet, au sujet de la Société polymatiiique. M. le Préfel lui a déclaré
qu'il n'a jamais cessé d'être animé' des meilleures intentions pour la
Société, dont il s'honore de faire partie ; et que, s'il a supprimé dans le
budget départemental l'article relatif à la bibliothèque , il l'a fait dans
l'iniérôt seul de la Société et pour lui offrir des facilités et des compen-
sations qu'elle n'avait pas sous les administrations précédentes. H. le
Préfet tenant à dissiper tous les doutes , et voulant couper court aux
interprétatioits contraires , a également déclaré à M. le Président qu'il
désavoue tout autre rOle que celui de protecteur désintéressé de la So-
ciété. Il reconnaît qu'elle est Je-meilleur juge et doit rester seule ap-
préciatrice de ses besoins. Il lui laisse toute latitude et toute initiative
à cet égard. H n'est jamais entré dans l'esprit de M. te Préfet d'exiger
d'elle qu'elle demande des subventions pour telle ou telle destination
spéciale de préférence à telle autre. Sa volonté formelle a toujours été,
au contraire, et sera toujours de laisser la Société parfaitement libre, et
de ne faire droit qu'aux demandes délibérées et exprimées par la
Société, avec laquelle du reste il n'entend jamais entrer en communica-
tion que par l'intermédiaire de son président , qui seul a mission et
autorité de la représenter.
M. le Président donne lecture de deux lettres de M. le Préfet qui ap-
prouvent ces déclarations faites en son nom et les confirment. Dans la
seconde lettre, H. le Préfet, joignant la preuve à sa déclaration, informe
la Société que, sur le crédit de 1866, il lui reste une somme de 300 à
400 fr. et la prie de désigner l'emploi qu'elle désire en faire.
La Société accueille ces communications avec un vif sentiment de sa-
tisfaction et vote des remerciements à M. le Préfet pour ses déclarations
aussi nettes que libérales.
La Société décide en ontre , conformément. à l'avis unanime du bu-
reau , qu'elle adressera à M. le Préfet une demande de subvention de
400 fr. décomposée ainsi qu'il suit : 200 fr. pour couvrir une partie
des frais de publication de la Flore départementale , et 200 fr. destinés
à l'achat de montres ou vitrines pour le Musée archéologique.
Sur la proposition de M. Mauricel, la Société décide que tes pièces
qui viennent d'établir les rapports à venir de M . le Pr^et avec la So-
ciété, seront conservées aux archivas et transcrites sur le registre des
procès-verbaux.
ÂPcccaslonde ces communications, M. le président Caradec fait
connaître qu'au conseil général , dans sa dernière session , il a appelé
d'une manière toute spéciale la bienveillance de M. le Préfet sur la So-
ciété potyioaUiiqae. Il le félicite de voir que M. le Préfet lui témoigne
>dby Google
— xxxn —
unintérêttoujonrs croissant: Du reste, plusieurs membres do conseil
géoéral, et principalement M. le général Trochu, ont vivement exprimé
leur admiration pour les richesses archéologiques recueillies et con-
servées dans le Musée.
M. L. Galles a remarqué, lors des fouilles faîtes récemment pour la
conduite du gaz, que le mur gallo-romain, faisant la continuation de
celui qui se trouve derrière les maisons Le Joubious et Daigre, près le
Marché-au-Seigle , coupe la rue Saint-Salomon à angle droit entre la
maison Daigre et la suivante. La partie qui a été vue à découvert of-
frait tous les caractères de la construction gallo-romaine. On y a re-
marqué quelques fragments de brique provenant probablement des
cordons qui coupaient le mur à différentes hauteurs et qui présentent
le même caractère que celles des murailles près de l'ancienne préfec-
ture. Il serait curieux de découvrir la suite .de ces substructions , qui
devraient se rencontrer dans les fondations du mur d'enceinte , vers le
jardin de M. Mauricet.
M. Guyot expose ensuite que, grâce à l'obligeance de M»' Bécel , il a
pu prendre sur le registre des correspondances de l'évéché le récit
complet de l'enlèvement de Vif de Pancemout dont M. Peyron a com-
muniqué la première partie à la Société. Ce document n'est autre , en
effet, que la lettre même par laquelle Mr^ Tévéque informe S-. Exe. le
ministre des cultes , à la date du 27 août 1806 , de révènemeut dont il
a pensé être victime le 23 de ce mois.
Arrêté à quelques kilomètres de Vaunes. en allant donner )a conlir-
matioD ans fidèles de Monterblanc , par cinq individus armés de ^utes
pièces. M»' l'évoque ne fut relâché qu'après s'éire engagé à fournir uile
somme de 24,000 fr. outre la mise en liberté de deux réfraciaires pris
la veille aux environs de Sulniac.
Instruit de cet acte audacieux , l'empereor Napoléon I" exprime son
vif mécontentement de la conduite tenue en cette circonstance , et par
l'Évéque et par le Préfet de Vannes, dans deux lettres insérées au tome
13 de sa correspondance, n'>M07'l2 et 10713. Quand, quelques mois
plustatd, ^. M. apprit le décès du vénérable prélat, Elle ne se rappela
plusqne les services rendus par Me' de Pancemont, et voulut que sa
statue en marbre fCil placée dans la cathédrale de Vannes. Cette volonté
impériale n'a pas eu de suite.
Mais les.individns qui avaient opéré l'acte coupable furent arrêtés les
armes à la main aux environs de Vannes, jugés dans la salle de la
mairie de .cette ville et condamnés à la peine de mort. .
Copie du jugement rendu par la commission militaire spéciale établie
à Vannes est lue et mise sous les yeux de la Société.
La séance est levée à trois heures.
Le Secrétaire, A. euY<nr-«eiiABD.
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ALLOCUTION DE H. DE GLOSHADEIIG
EN PRENANT LE FAUTEUIL DE Li PRiSlDEHCB-
Hbssiedrs et CHEBS COLLËGTIES,
Je De sais Traiment en qnels teroaes vods remercier de la position
qac vous m'avez faite par le Tote da 26 décembre.
Comment mes premières paroles ne seraient-elles pas des paroles de
gratitude? à quel moment me conâes-voas le -soin de marcher à la
tâte de la Société polymalhiqae du Morbihan ?
An moment où la Société , vivant d'une vie qui lui est propre, n'a
jamais été si prospère ; au moment où elle tient une place con-
sidérable dans le concert des Sociétés européennes, et où sa re-
nommée s'affirme avec éclat par ses travaux continus, ses utiles
découvertes et les preuves les moins douteoses de sod dévonement
à la science.
En remettant entre mes mains cet insigne honneur de la présidence
dans Un tel moment, vous n'avez choisi, je le sais, ni le plus digne,
ni le plus capable d'accomplir une tâche de cette importance. Si je
l'oubliais, il me sucrait, pour m'en faire souvenir, de jeter les yeux
sur ceux qni m'ont précédé dans es fauteuil;
Mais an moins. Messieurs, vous me faisseres cette douce illusion de
croire qu'en me nommant, vous avee ora accorder vos sn&t'Qges à un
de vos collègues les plus zélés et les plus désireux de bien faire,
et, avant tout , à un des plus soucieux des succès de la Société et de
son indépendance.
Cette hante et honorable position qni voils appartient, comme
Société savante, est votre ouvrage.
C'est pour cela que vous ne devez compte à personne des félicitations
qui vous sont adressées ici par la voix de votre ancien et de votre
nouveau président. Réjouissons-nous en famille. Rien de plus légitime.
Car c'est quelque chose, par le temps qui coiirt, pour une modeste
Société de province, de sortir de la foule et d'apporter sa pierre k l'é-
diSce que la science élève à la gloire du XDC* siècle ; et c'est
quelque chose aussi de pouvoir se dire qu'on n'a rien à eovier aux
Sociétés qui poursuivent le même but.
En effet. Messieurs, tout d'abord, pour satisfaire ce besoin qui est
en nous de glorifier le pa;s natal, et pour rendre bommage aa
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sentiment patriotique qui nalle part ne s'éveille avec aatant de viTadtd '
que dans les cœurs bretoos, combien y a-t-il de Sociétés littéraires et
archéologiques en France, qui jouissent, au même degré que nous, des
avantages dus à une position géographique- exceptionnelle?
La Société du Morbihan est née et a grandi au sein même de cette
belle province de Bretagne, qui nous est chère, et vers laquelle les
étrangers sont poussés par un irrésistible attrait, comme autrefois les
lettrés du temps de. Cicéron étaient attirés vers la Grèce .
Terre privilégiée s'il en Tut, qui conserve sa physionomie originale,
riche en paysages, riche en monuments, riche en souvenirs, et qui
porte sur ses flancs de granit, comme de nobles cicatrices, tant de raines
respectables et dignes d'admirationt
N'est-ce pas sur nos cAtes morbihannaises et dans nos forêts que
se dressent, comme des dé&s éternels à la curiosité, ces merveilleuses
constructions de l'âge de pierre, si nombreuses et si imposantes
qu'aucun pays ne peut en montrer qui les surpassent?
Carnac, Locmariaker, GavrinisfH trois noms qui nous sont
familiers, et qui ne cessent de résonner d'une façon étrange à l'oreille
des archéologues et des touristes du monde entier.
Détournez le regard de ces grands monuments dont l'origine est à
peine entrevue à l'aube de la nationalité armoricaine, et saisissez
enfin le flambeau vacillant de l'histoire : que voyez vous?
Vous êtes en présence de la plus puissante conftidération maritime
de la Gaule: La république des Venètes, sujet d'inquiétude et
d'envie pour les Romains dont les ancêtres avaient vaincu Carthage,
Le pavillon vénétique flotte en souverain sur TOcéan. De nombreux et
solides navires entretiennent un commerce inouï.
Un jour vint où la fortune leur fui contraire. Les Commentairet de
César è. la main, TOU8*retrouvez ici les mêmes rivages découpés eu
anses et en promontoires que le flu^ et le reflux couvre et découvre
alternativement. Vous retrouvez la mer ouverte et orageuse
[mare apertum) où fut livré le dernier combat. Ses flots ont englouti,
avant le coucher du soleil, la prospérité commerciale et l'indépendance
de l'Armorique.
Désorm^ùs la Vénétie est tributaire de Rome. Les légions plantent
leurs tentes sur le sol. Le génie latin s'empare de l'Armorique et la
façonne à son gré; ici, traçant des routes, là, fondant des camps, des
forteresses et des villes qui deviendront florissantes. Les riantes
collines qui entourent le golfe du Morbihan voient s'élever de
charmantes villas. Sons leurs mines, hier encore, la Société allait
chercher les traces des conquérants et de nombreux témoignages de
leur vie domestique.
Les monuments de l'époque gallo-romaine devront chanceler & leur
tour, st s'écrouler sous les pas de nouveaux envahisseurs; races du
Nord, oa races germaaiqiies qui, avec ces débris, élèveront des
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-3 —
châleaas-forts et des chapelles chrétiennes. Ruines sar raines, de telle
manière que preaqae partout vous pouvez séparer les trois couches :
la pierre blanche de granit de l'époque armoricaine primitive, la
brique rouge à crochet, importation romaine, et l'ardoise bleue déta-
chée du dopjoD féodal.
Dans quelques localités les vieux monaments sont seuls restés
debout. A Locmariaker, par exemple, les ruines romaines étouffent
dans une épaisse ceinture de hauts tumulus et de dolmens; et à
Vannes, le manoir épicopal, où fut signé l'acte de réunion de la
Bretagne à la France, est en poussière; tandis qu'à deux pas, la
puissance romaine se révèle par des pans de murs entiers, reconnais-
sablés à leurs cordons de briques.
Quel champ varié d'observations et d'études I
N'est-ce pas autour de nous que se parle la langue bretonne que
l'érudition moderne aime à considérer comme la langue des peuples
celtiques ? N'est-ce pas dans nos campagnes que bourdonnent les
chansons inédites où se reflète la poésie populaire, et ces naïves
légendes que des mains amies sont allées cueillir sous le manteau des
vieilles cheminées I Chansons et légendes écloses à l'ombre des
hêtres m au bord des claires fontaines, sans date et sans noms
d'auteur , dont il faut tenir grand compte cependant, parce qu'à défaut
d'autres documents, elles sont les seuls témoignages de la vitalité
des nations disparues, et de leur passage sur la voie de l'humanité.
J'avais donc raison, Messieurs, de vous dire en commençant que
DOBs étions favorisés, et que jamais pays ne fut plus propre à faire
germer et fleurir au soleil les produits d'une Sodété avide de
littérature, d'histoire, ou d'archéologie.
« Vaut avez des tréiors autour de vow, Ton ne saurait tr<^ eom
encouragtr d tn faire profiter le mmtde gavant. ■ Voilà ce que m'écri-
vait, il ; a quelques mois, une des illustrations db l'archéologie.
Oui, la Société poiymatiqae du Morbihan cultive un terrain
éminemment fertile. Gardienne et patronne de tout ce qui reste d'ua
passé qui n'est pas sans grandeur; fid^e à sa devise: utile dulei, elle
a te mérite de n'avoir d'autre ambition que de servir la science, en
procurant à ses membres de nobles sQjets d'étude et de ilonces
récréations.
Voyons les résultats.
Il vous a sufS de quelques années ponr amasser une abondante
récolte de faits, d'observationset de découvertes sur les points les plus
intéressants de l'histoire locale et de l'archéologie nationale. La S ociéié
du Morbihan n'a pas tardé & prendre rang parmi les premières
Sociétés de France; de telle sort« que, suivant l'aveu qui m*était
récenupent fait par t'iUastre U. de Gaumont, c'est d'elle qu'on attend,
désormais nn pen de lumière pour éclairer les grandes questions de
l'origine ou des migrations des peuples occidentatix.
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— 4 —
En même temps qae vons-vous engagiez résolameot dans cette voie,
votre premier soin était de rassembler, dans nn musée, les matériaax
et les pièces justificatives de vos efforts.
Dans cette vieille tour du Connétable, si délabrée , mais qui
cependant parait bâtie d'hier quand ou compare sou âge k celui des
antiquités qu'elle renferme, vous avez peu à peu, avec une patience
iuouie , accumaté des trésors arcbéologiques sans pareils : une admi-
rable collection de sépultures primitives arrachées aux grands tumutus
et aux dolmens, et une rariété étonnante d'ornements et d'attributs
lunéraires, qui rendent témoignage de l'industrie et des coutumes
religieuses des premières peuplades qui ont foulé le sol de la Vénétie
armoricaine.
Honneur aux Àrehiologuet du MorbihanI s^écriait UQ visileur de
notre Musée , et il consignait l'expression de son enthousiasme sur le
registre, où vous pouvez lire sa signature.
Acceptons reloge, Messieurs. La renommée de Husée archéolo-
giques de Vannes est européenne, et il a cela de vraiment précieux qne, ,
pour le former, la Société n'a eu qu'A fouiller le sol du Morbihan;
tandis qu'il n'est pas jusqu'aux premiers musées de France et de
l'étranger, qui n'aient mis de l'empressement k parer leurs vitrines
d'objets appartenant & la Bretagne.
La plus belle ha(^e celtique en pierre noire (ehlorométanile)
que possède le musée de Clony, provient du Morbihan. C'est un
présent d'un de nos collègues.
Le musée impérial de Saint-Germain a une place spéciale pour le
cadeau que la Société polymathique a fait à l'Empereur, d'un
magnifique celtaa en jade et de perles vertes exhumés du tnmulus du
mont Sainl-Michel de Carnac.
Tout récemment. S- H. achetait an prix de 2500 fr. pour le même
musée,un riche bracelet celtique en or massif, trouvé dans la tourbe de
la Grande-Briëre. Et c'est la Société polymathique du Morbihan qui
a eu la primeur de la découverte, puisque les premiers vous avez vu
l'objet exposé sur cette table, et que vous en avez garanti l'antheuticité
par l'insertion du rapport dans vos Bulletins.
Avant peu, le même musée de Saint-Germain étalera dans ses galeries
une série de fac-similé de nos principaux tnmulus et dolmens, ainsi
que des objets que vous avez sous vos vitrines, et, j'ose le dire, aucun
musée de France ne sera plus avantageusement représenté.
Jusqu'au musée d'anthropologie de Paris qui vous doit la pièce la
plus curieuse de sa collection : ce crâne extraordinairement dolichocé-
phale du Manné-Beker-Noz , en Quibérou, qui a fait le sujet d'une si
remarquable étude de H. le D' Broca.
Presque toutes les Sociétés de France et de l'étranger sont eu
' relation avec nous. Le gouvernement s'est intéressé k nos travaux, en
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— 5 —
nous accordant, à différentes reprises, des sobyentions importantes.
De tontes parts nous viennent des encouragements et des félicilations.
Des notabilités considérables ont tenu à honneur d'entrer en
communication ou de s'a^ilier à notre Compagnie.
A notre appel, des savants de premier ordre sont devenus nos
collaborateurs :
M. Malaguti, doyen de la Faculté des sciences de Bennes, le cé-
lèbre chimiste auquel nous devons les premières analyses d'ossements
et de terres sépulcrales de Tumiac et du mont Saint-Michel ;
Deux autres chimistes de l'école des mines, MU. Delvaax et Rigout ;
M. le docteur Broca, secrétaire-général de la Société d'anthro-
pologie, dont le savant rapport est inséré in extenso dans notre
Bulletin ;
H. Samael Ferguson, membre de l'Académie de Dublin, qui a
inauguré une série de recherches relatives au\ sculptures lapidaires
de nos dolmens, recherches du plus haut intérêt, reprises et
continuées avec soin par notre nouveau conservateur;
M. Damour, de l'Institut, qui nous a fourni des résultats si cnrieux
sur la nature et le gisement des pierres de couleur dont sont
fabriqués la plupart de nos celt» funéraires et les grains de nos
colliers.
Lorsque le Ministre de riostruction publique a fait appel autSociétés
de France pour composer le répertoire archéologique de chaque
département, celui de notre habile archiviste a été prêt un des
premiers et a obtenu au concours une mention honorable.
Quand M. de Caumout, Président de la Société française d'archéologie
a voulu connallre l'opinion des Sociétés provinciales sur quelques
points concernant la classification des trois âges de pierre , de bronze
et de fer, il n'a pas manqué de s'adresser à vous; et la valeur qu'il
attachait à votre réponse est attestée par ses remerclments et par l'in-
sertion textuelle de vos observations dans le Bulhiia monumental.
Quand le Comité de topographie des Gaules, institué sous les
auspices du Moniteur de l'Instruction publique, a invité chaque Société
départementale de France à lui composer an tableau synoptique des
monuments dits celtiques, votre travail, élaboré par une commission y
s'est trouvé achevé en peu de jours. Le Comité supérieur vous eu a re-
mercié, en accompagnant ses remerclmeuts d'éloges flatteurs dont
vous n'avez pas oublié les termes.
Ajouterais-je qu'il n'est pas un journal scientifique, pas une revue
dont les colonnes ne vous soient ouvertes; pas un compte-rendu de
Société où votre nom, ou celui de quelques-uns de vos membres ne
soient cités; pas une solennité annuelle de la Sorboone où vous n'ayez
été représentés par plusieurs de vos dignitaires et collègues; pas un
Bulletin des séances où vos fouilles ne soient mentionnées, vos
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déeonTertes accoeillies arec borthenr, et vos opÏDioDs prises e&
CDDsidératîoD.
Vous avez eu voire part, et une large part dans la distribution des
récompenses; médailles d'honnçar et mentions boaorables aa concoors
des Sociétés savantes et à rinstilat.
Tels sopt les étals de service de la Société polymathique da
Morbihan; voiKi ses ricbesses, son tribnt à la sdence, et ses titres k
la reconnaissance du monde savant.
Et si je me complais, Messieurs, à étaler devant yods, comme
Président, ces titres de noblesse, c'est que vons pouvez dire d'eux ce
que Cornelia disait de ses fils : Yailà met iréaon.
Soyons donc Sers de cette haute ethonorableposition que la Société a
sa conquérir. MaintenoDs-noas au rang que les derniers concoars nous
ont assigné. Redoublons d'efforts. Ils'eu faut que la mine soit épuisée;
il s'en faut que nos archives aient livré tous leurs secrets, et il s'en faut
beaucoup aussi que la vérité sur les monuments que nous explorons
soit connue toule entière. Que nos travaux à venir ne démentent pas
l'opinion qu'on a de nous. Que chaque membre s'attache à servir les
intérêts et à rehausser la considération de la Société à laquelle il
appartient, et nous aurons ainsi la satisfaction de voir nos travaux se
lier intimement au progrès de la science, et en particulier à l'histoire
de L'Archéologie nationale.
En terminant, Messieurs, je ne puis m'empôcher d? reporter mes
regards en arrière pour y fixer une date qui marque l'origine de
notre Société.
n y a quarante ans de cela, en l'année i826, ils étaient quinze
concitoyens de Tannes, animés de l'esprit d'étude et de recherche,
quinze amis qui fondèrent la Société polymathique du Morbihan.
De ces quinze membres fondateurs , il en restait encore quatre
parmi nous au commencement de l'année 1865. — La mort vient de
nous ravir l'un d'eux : un homme honorable entre tous, un lettré de
bon aloi, un savant d'une loyauté scientifique proverbiale, celui qui
connaissait le mieux la minéralogie de notre département. — J'ai
nommé M. Galles , père.
Son souvenir, Messieurs, nous est cher ù plus d'un litre. — Il fut,
je l'ai dit, un des fondateurs de la Société et un de ses présidents les
les plus appréciés. C'est lui qui, dans une réunion préparatoire,
le 26 mai 1826, prononça un discours dans lequel il traça admirable-
ment le plan d'une Société départementale , qui allait devenir la
Société polymathique du Morbihan.
En commençant cette nouvelle année, Messieurs, c'est donc un
devoir pour nous de déposer l'expression unanime de nos regrets sur
la tombe de notre excellent et vénéré collègue, qui fut un savant aussi
instruit que modeste et un homme de bien.
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LE PASSAGE SUR LA VILAINE
DE LA VOIE ANTIQUE DE PORTDS-NAMSETTJM A DARTORITUM.
SITÏÏATIOir DE DDBETIE.
(Pir H, G. ie Cloniudene.)
Lorsque panit, en 186i, te Riiumê du travail dt la Ctmmitiiùn de
topographie des Gaulet sur les voies romaines, je m'occupais très acti-
vemeot de recherches historrqaes sar La Boche-Bernard, et j'en étais
arrivé à acqaérir la prcnve que l'origine de la petite ville où je suis né
ne remontait pas an-delà da xi* siècle. J'avais ponr garant de mon
opinion l'ananimité des âocoments historiquee et DOe connaissance
parfaite des lienx.
Ma curiosité fut donc mise en éveil quand je 1ns (page 8 da
Résumé) [i) que la voie romaine de Portiu-Narmutum à Dartoritum
passait à La Roche-Bernard, et que de pins Cétttit là qu'on devait
fixer Duretie ie la table de Feulioger.
Cette année (1865), la carte topographique ùe la Gaule « tu le Jour,
travail recommandable auquel on n'a sans doute adressé tant de cri-
tiques amëres que parce qu'on n'a pas assez tenu compte des difficultés
de l'entreprise, et aussi parce qu'on oublie on peu, en le critiquant,
que le caractère de ce travail est essentiellement préparatoire. Ces
lignes d'étade n'auraient-elles d'antre mérite que celni d'appeler loya-
lement les éclaircissements et le contrôle des savants qui s'oecupent
d'archéologie locale, qu'il faudrait encore, ce me semble, en avoir de
la reconnaissance aux aliteurs.
Sur cette carte topograpbique je retroave le tracé de la voie antique
indiqué comme traversant la Tilaine à La Roche-Bernard , et ta station
de Bnretie marquée dans ce Heu sans un point d'interrogation.
Le désir d'élre utile â la science, en répondant à l'appel de la
Commietion dt topographie de» Gaules, m'oblige à protester contre ces
deux erreurs. Ma conviction est arrêtée; je n'ai rien négligé pour la
fonder sur des raisons solides, et j'ai tout récemment encore visité les
lieux qui me sont familiers depuis mon enfance.
Au surplus, la question se débat sur nn terrain singulièrenient
limité, et j'espère ne pas en dépasser les limites.
(1) Les Voiee romaine» en Gaule, etc. par Alei. Bortrand, itU. — Carie topoirrapti.
UlymzodbyGOOglC
— 8 —
Uq Tasie réseaa de routes construites par les Bomains a couvert
rÂrmoriqae ; les unes de premier ordre et comme de première néces-
sité, destinées à faciliter le transport des légions, à relier les grandes
cités capitales entre elles, à favoriser le mouvement commercial, et,
en définitive, à affermir la conquête en ouvrant de larges débouchés
au Qot de la civilisation gréco-latine; les autres secondaires, sous
forme d'embranchements variés, di^gées de mettre en rapport des
centres de population moins considérables, des forteresses ou des cam-
pements, ou même de simples villas de plaisance du genre de celles
que la Société polymatbique du Morbihan a fouillées sur la câte
armoricaine d'Arradon.
Toutes ces voies antiques ont été tracées, achevées, entretenues
avec un soin extrâme, multipliées et perfectionnées suivant les cir-
constances, pendant une période de temps qui n'a pas duré moins de
quatre siècles. Malgré les immenses désastres qui ont suivi, et Tabandon
presque complet dans lequel les routes romaines ont été laissées du-
rant tout le moyen-âge, il a été néanmoins possible, de nos jours, d'en
réunir les tronçons enfouis sous les bruyères ou égarés au milieu des
ruines, de façon  en reconstituer le plan dans son merveilleux
Certes les débris que nous recueillons dans ta poussière des vieilles
voies et sous les décombres d'établissements gallo-romains en Bre-
tagne ne sauraient être comparés, pour la profusion et la richesse, aux
antiquités splendides qui fourmillent dans la péninsnle ilahque, ni
même à celles que le midi de la France montre avec orgueil ; mais ce-
pendant, ici comme là-bas, le pied des vainqueurs du monde a laissé
son empreinte sur le sol, et, par un contraste étrange, nul pays, aussi
bien que l'ancien territoire des Yenètes, n'a eu le privilège de con-
server, à cftté de ses ruines romaines, les grandioses monuments des
âges antérieurs.
Il est constant qu'au ni" siècle de notre ère, une grande voie partait
de Parlui Namnetum (Nantes) et poussait jusqu'à l'extrémité occiden-
tale de la péninsule armoricaine {Gesocribate), traversant successive-
ment le territoire des Namnètes, celui des Yenètes et le pays des
Ossismiens [Namnetet — Feneli' — Oasùmii, de César).
Or^ sur quel point du parcours de la Vilaine se trouve le passage ds
cette grande voie qui conduisait de Forlus-Namnetum à Dartoritum,
c'est-à-dire de la capitale des Namnètes à celle des Yenètes? A quel
endroit de cette voie correspond la station de Duretie ? Voilà mon sujet.
Tout restreint que soit le cadre dans lequel s'agite la question, on
verra que les difScnltés ne manquent pas.
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Les documents écrits qne l'histoire nous a laissés, qai ont trait ài-
Tâctement à la question, peuvent se réduire à un seul : La Carte de
Peutinger. C'est elle, ea effet, et elle seule, qui nous atteste qu'entre
la capitale des Veuèles et celle des Namnëles, les Romains avaieot
tracé ane grande voie destinée à relier le^ deux peuples et les deux
cités.
La carte de Peutinger atteste en outre qu'une station intermédiaire
existait, et que cette station avait nom Duretit,
Toujours, suivant cette carte, Duretie est à XX lieues gauloises de
Dartorilum et à XXIX lieues de Portut-Namnttum; c'est-à-dire que la
station est plus rapprochée de quelques lieues (IX) de VaoDes que de
Nantes.
Relatireraent à la première question : Où est le passage de la voie
sur la Vilaine? Les témoignages historiques et géographiques de l'anti-
quité sont muets. César, qui a traversé celte rivière pour aborder le
territoire des Venëtes, ne la nomme même pas, laissant ainsi le champ
libre aui commentateurs qui ne se sont pas fait faute de parler pour
lui. On sait seulement que la rivière est désignée par Ptolémée sous le
nom de : ««ra^x h^»( {fluvitu Heriut), et qne, plus tard, pendant le
moyen-âge, les chartes latines l'appellent : Visnonia, Vicinona, Vice-
nona, Yindania, Vigelaaia. Aodré Thevet la nomme Vigelame (Cosmog.
univers. 1515).
Quant à la table de Peutinger, elle ne mentionne même pas le cours
de la Vilaine, et l'auteur place sans scrupule Dartoritum et Duretie au
sud du fleuve Liger, par conséquent sur la rive gauche de la Loire.
Oa n'est pas plus ignorant en géographie.
Une seule ressource restait donc : prendre le bâton du touriste et
s'en aller sur les lieux mêmes retrouver le tracé des vieilles voies,
quitte à s'efforcer ensuite de mettre les résultats obtenus par l'explo-
ration directe d'accord avec les données de ta carte de Peutinger ou
autres documents anciens suspects d'inexactitude, et (ont prêt à faire
peu de cas de ceux-ci, chaque fois qu'ils sont démentis par l'obser-
vation.
Dans la discussion qui va suivre, on ne me reprochera pas d'avoir
dévié de cette lipe.
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I« PARTIE.
Fassage de In TOatne.
Un fait semble désormais avoir été mis hors de doute par les (ravaux
des exploralenrs bretons qni se soDt occnpés des voies romames dans
notre pays, c'est que la Vilaine est réellement trarersée, entre son
embouchure et la ville de Bedon, par deux anciennes voies.
La première voie, décrite avec un soin minutieux par M. Bizeul (1),
passe à Mieux (Morbihan) et met 5?am' {Loire-Inférieure) en communi-
cation avep Vannes. Elle a été tant de fois signalée depuis M. de Robien
et Ogée (t), et tant de fois parcourue par nos compaliiotes et collègues
qui ont traité le sujet, que nous n'avons eu aucune peine à la recon-
naître nods-mëme, quand nous avons, à différentes reprises, visité
les lieux.
La deuxième grande voie, non moins authentique, et, suivant nous,
beaucoup plus importante, mentionnée par U. de Robien [3), admise
par Cayot-Délandre (4), par M. de Courson (5) et tout récemment par
la Commission de topographie des Gaules (6), passe la Vilaine beaucoup
pins près de sou embouchure. Cette deuxième voie est indubitablement
la grande artère qni reliait les deux cités armoricaines Vannes et
Nantes. Nous l'avons suivie et étudiée avec le plus grand soin, dans
ses deux tronçons qui aboutissent à la rivière de Vilaine, et nous
espérons bien démontrer, à propos du point précis du passage de la
voie , que ce passage est à environ cinq kilomètres en av^l de La
Roche-Bernard.
Donc, pour nous pas de doute possible, deux grandes voies armori-
caines mettent en communication le territoire des Ramnètes et celui
des Venètes : la première va de Vannes à Blain, la seconde de Vannes
à Nantes. A laquelle dé ces deux voies romaines s'applique le tracé
ronge de la carte de Peutingerî et accessoirement où est Duretie?
Toute la question est là.
Le système de Blaiu, capitale des Namnëtes, édifié par M. Bizeul,
est connu de tout le monde. Pour lui, la vraie voie, la voie principale
qui traverse la Vilaine, c'est celle de Rieux. A ce propos M. Bizeul a
résumé, en les complétant, les opinions émises par Samson, Danville,
(1) Des VoUt romaitKs de fa Brelagae. — Annuaire du.UarLitiaa, 1611.
(3) Dict. d'Ogée. — Art. Rieui.
(3>i/ontMm( de M. de Robien (BiMiolhèque de Remua), xviii* siÉcle.
\i) Le Morbihan, par Cayot-Délandre. — 1841.
(5) CoTlulaire de l'abbaye de Redon. — 1663.
(6) Oavr. m.
Digitizcdbv Google
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rabbé Gallet, Ogëe et âatres. Les preaves en faveOr de la thèse ne
sonl ps toutes également bonnes, et nous verrons pins loin, en re-
cherchant Daretie, que des objectisos considérables nons donnent le
droit de rejeter le système de H. Bizeul soBtenn arec taat d'ardenr
de sa part.
La Commission de topographie des Ganies , chargée d'ane lâche,
considérable, parait avoir travaillé principalement sur les documents
historiques anciens : les Commentaires de César, les Géographies de
Strabon et de Plolémée, la Table de Peutlnger et l'ilinéraire d'Antonin.
Elle a dû voir au premier coup-d'œil le côté faible du système de
M. Bizeul. Aussi s'est-elle gardée de faire passer la vole à Rieux.
Préoccupée avant tout des chiures romains qui marquent les distances
snr la Carte de Peutinger et s'appuyaol avec raison sur des considéra-
tions politiques et militaires qui out leur importance, la Commission
des Gaules a redressé la courbe que M. Bizeul faisait suivre à la voie,
et du même coup elle a fixé le passage de celte vote et la situation de
Daretie à La Roche-Bernard I
Malheureusement, en ce qai concerne La Roche-Bernard, cette
décision de la Commission topograpbique des, Gaules ne saurait' être
acceptée. Nous la repoussons avec force, parce que la petite ville de
La Roche-Bernard est une création du moyen-âge, et que les titres du
Gartulaire de Redon nous font assister à sa fondation au xi^ siècle (1) ;
parce que jamais personne n'y a signalé, et que nous-môme, enfant
du pays, nous n'y avons jamais rien découvert qui ait le cachet gallo-
romain : ni roule, ni substruclioDs, ni chaussée, ni débris de pont,
ni briques à crochet, ni monnaies impériales, ni antiquités d'aucune
sorte remontant au-delà du moyen-Sge; enfin, parce que la tradition
locale, d'accord avec l'histoire et l'observation, raconte qu'ancienne-
ment le grand passage de la Vilaine n'était pas à La Roche-Bernard ,
mais au-dessous, entre la commune de Férel et celle de Marzan, là
oïl elle passe réellement, là oii nous l'avons constaté nous-môme après
tant d'autres.
Cette grande voie, H. de Robien la connaissait et Ta décrite. C'est la
voie ancienne de Nantes à Vannes, passant à quelques kilomètres en
aval de La Roche-Bernard, et dont M. Bizeul n'a tenté de diminuer
l'importance, en l'appelant : Voie de Blain à Port-Navalo, que parce
qu'il tenait à la voie de Rieax comme entrant dans son système de
Blain, capitale des Namnèles.
La voie romaine, sur laquelle nousappelons l'attention, pari de Nantes
et se confond à peu près partout jusqu'à Pont-Château avec la route
(I) Voir U mtg A i U ao de cet article.
.dbyGoOgIC
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impériale actnelle. On a fait observer pins d'une fois que les ingénieurs
de H, le duc d'Aiguilloo avaient établi la route moderne sur le tracé de
l'ancienne. Les vestiges de celle-ci ont donc pu être effacés an
xvni* siècle, presque complètement jusqu'à Pont-Château. Ainsi donc,
pour me servir des expressions de Cayot-Délandre ■ en admettant
même que les recherches infructueusement faites par H. Eizeul entre
Nantes el Ponl-Châleau doivent enlever tout espoir de retrouver les
traces d'une voie romaine dans ce trajet, il ne faut pas en conclure
comme lui que cette voie n'a jamais existé. ■
Environ à moitié chemin de Pont-Château à La Roche-Bernard^ à
Toucst du château de La Bretiebe, et à la hauteur de l'auberge, de
Bellevue, la voie romaine se sépare de la roule moderne, en déviant
i gauche. Dès-lors elle reprend tous ses caractères, et on peut la
suivre, comme nous PavoRs fait, à travers les communes d'Herbignac
et de Férel jusqu'à la rivière de Vilaine.
Nous avons marqué par une ligne rouge, sur noire carte, le tracé
de la voie : de Bellevue, elle passe par l'ancien manoir du Boù-
Marqui, puis à l'est de la VUle-Henor (ou ville au nord) , puis fîte
entre la maison de Kerrohert et la gentilhommière de Kerio, qu'elle
laisse sur la droite, et les moulins à vent du Fozeau el du grand
Trigut, qu'elle laisse à environ 100 mèlres à gauche. De là, la voie se
dirige vers le pays de Vhte en Férel, jusqu'à la rivière.
Dans ce trajet, la voie conpe successivement la route de La Roche-
Bernard à Herbignac, et celle de La Roche-Bernard à Péneslin, en
passant tout à cdté de la ferme appelée le Pontù ou la Cour du
Ponlis.
Sur la grande lande du Fozeau, entre la roule d'Herbignac et celle
de Péneslin, entre les villages de I^ahé et de Htalet, c'est-à-dire
particulièrement dans la 3» et la 4' subdivision du cadastre de Férel, le
tracé de la voie est admirablement conservé sur un long parcours. La
chaussée se distingue par son exhaussement el sa surface bombée an
milieu de ces grandes landes. Elle n'a pas moins de 10 à 15 mètres
de large. Dans les points où le caillontage supérieur a disparu par
l'usage, les assises des grandes pierres bien unies s'aperçoivent par-
faitement dans toute la largeur de La voie- Dans un partage fait récem-
ment des landes communales, la vieille voie a servi de limite, et, sur
plusieurs points, les paysans, en creusant leurs douves de clAtnre, ont
coupé le bord de la voie, dont ils ont enlevé les larges dalles de pare-
ment pour la confection des fossés.
En regardant le long de ces coupures, ou distingue très bien la
traînée non interrompue des grosses pierres plates formant le stra-
tumen du chemin et recouvertes d'un lit de cailloux et de terre
végétale.
Je ferai remarquer, en passant, que ces énormes matériaux agencés
>dby Google
— 13"
par couches régulières snr toute la ligue proVienDent nécessairement
de carrières de granit éloignées, aucune carrière n'existant dans le
voisinage immédiat de la Toie, ce qui témoigne de l'importance du
travail.
A partir de la croix de Kertaîet , un peu avant d'atteindre la rive
gauche de la Vilaine, la voie se rétrécit et perd ses caractères en dégé-
nérant en un petit chemin vicinal, lequel gagne le grand village de
risle. Cet effacemeot de la voie arrive presque toujours , pour les
chemins antiques, lorsque des villages plus modernes se sont élevés
sur leur trajet ou au voisinage. La ligne routière se rétrécit et se
creuse par le fait des empiétements de terrains, et, dans quelques cas,
se dérobe complètemeut sous les clôtures nouvelles qni lui empruntent
leurs matériaux. Veut-on reconnaître infailUblement une ancienne
voie, il faut s'éloigner des lieux habités, et en chercher la trace snr
les landes incultes ou dans les forêts; c'est là qu'elle apparaîtra avec
ses caractères originels.
Ici, la voie abordait sans doute le village de l'Isle en Férel, après
avoir légèrement contourné le coteau sur lequel il est bâti. De là elle
descendait au lieu dit le Passage, juste en face du château de VIsIe
situé sur la rive opposée {en Marzan).
Dans les anciens titres de la baronuie, la voie que nous décrivons
s'appelle partout oâ elle est apparente : te Chemin pavé, le vieux
Chemin. Plus d'un aveu que nous avons vu porte qu'une propriété du
voisinage est bornée au nord ou au sud par le Chemin pavé. Les
paysans de Férel et d'Herbigaac ne le nomment pas autrement que
te Chemin pavé, te Chemin ferré, tes hautei Routes, et quelquefois ta
Voie de la Ducketse ou la Voie des Romains.
Le cadastre la désigne sous le nom de : ancien Chemin de Nantes â
Vannes. Il n'est pas jusqu'à des dénominations portées au plan cadastral
dans la section de l'Isle en Férel qui n'aieot leur intérêt, puisqu'elles
s'appliquent à des parcelles voisines de la voie : le Champ du grand
Chemin; le Champ des Courses; le Clos du Soudard, et le nom singu-
lier de Cetardes donné à un grand nombre de pièces. Puis, aux
abords de la Vilaine, c'est le Chemin et le Champ du Passage; les
Bauches du Passage et le Passage lui-même , lien d'embarquement.
La curieuse légende de la Princesse et de la Pie morte, s'appliquant
à plusieurs voies romaines de Bretagne , nous a été contée par
M. Btzeut à propos de la voie de Rieux. La même légende est ré-
pandue, dans la commuée de Férel, sur le Chemin pavé de l'Isle, et
voici en quels termes un de nos parents nous l'a transmise, comme
la tenant de la bouche d'un vieux paysan :
< Le château de llsle, ou du Gué de Vlsle , était autrefois un beau
et fort château habité par des princes puissants. Ils gardaient tout le
pays et la navigation de la Vilaine, aa travers de laquelle on jetait,
>dbyG005Jle
" 14 —
chaque soir, une grande chaîne de fer, qui allait d'un bord à l'autre.
La dacbcsse Anne s'y plaisait et souvent y rerenàit. Mais comme ses
affaires la demaDdaient parfois ailleurs, et que , faute de chemins, les
voyages étaient longs et fatigants, elle résolut d'en faire un de son
château à sa bonne ville de Nantes. Elle St venir des ouvriers et
réunit tous ses vassaux, qui commencèrent un grand travail qu'elle
avait tant à cœur d'achever qu'elle y pensait jour et nuit. Mais les
travaux allaient lentement à cause de la sécheresse et des rochers du
sol. Un matin que la duchesse visitait l'ouvrage, elle vit quelque
chose de noir sur la terre fraichemeot remuée, et manda à un ouvrier
de voir ce que c'était : ■ C'est, rëpondit-il. Madame; une taupe qui
faisait, elle aussi, sa route, quand lamort l'a prise. ■ -^ Ces paroles
donnèrent â penser à la duchesse qui fit tristement cette réQexioa :
A quoi bon tant de desseins et de labeQrs pour en arriver où est celte
béte ! Peu de temps après elle ordonna d'abandoouer les travaux (1). >
Les ingénieurs romains ont préféré gagner la contrée de VIsU en
Férel, et non La Roche-Bernard. Pour ceux qui connaissent les lieux ,
cette préférence est justiSée par des raisons lopographiques.
Un tracé allant directement de Pont-Château à La Rocbe-Bernard
trouvait des obstacles considérables. Avant d'atteindre la crête escarpée
sur laquelle est bâtie la ville, il faut traverser l'étang et le ruisseau du
Rodoir encaissé dans une vallée profonde , et par conséquent il eût
fallu jeter sur ce ruisseau un pont et une chaussée. La pente qui
descend de la ville à la rive est extrêmement raide et représentée par
des roches à pic. La rivière est très large et très profonde dans cet
endroit. De plus, un énorme récif, nommé la Truie, fait saillie hors
de reau, an milieu de la rivière, en face de La Uoche-Bernard. Or, la
présence de cet écueil sous-marin, en divisant le courant, ai^:mente
les dangers du passage qui ne pouvait s'effectuer qu'en bateau. Toutes
ces difficultés, que des travaux modernes cent fois repris et cent fois
modifiés sont parvenus à tourner (la chaussée du Rodoir, la chaussée
du passage, le pont suspendu), se sont présentées aux ingénieurs ro-
mains; et ils ont préféré diriger leur voie vers l'isle, à environ i ou
5 kilomètres au-dessous de La Roche-Bernard, parce que de Bellevue
â ce point le terrain est assez égal, qu'on évite la profonde coulée du
Sodoir, et que la descente vers la rivière est lufloiment moins
escarpée.
Nons pensons, comme H. de Robieu, qu'oo passait la Vilaine dans
no bac, et, dans les grandes occaùons, sur qb pont de bateaux.
(1) IfUre ds M. G. de Cm. — l» Novembre 1865.
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Aucune trace de pont ne se remarque sor les iWFds. L^eodrolt du
passage, sur la rive opposée, porie de temps immémorial le nom de
Gui de Ville.
Cette déDomination étonnera ceux qui sont habitués à considérer le
mot gué comme esprimant ordinairement un point de rivière qu'on -
peat passer à pied', sans le secours de bateau. Ici la rivière est très
profonde etTaseuse sur ses bords. Jamais elle n'a été guéable dans cet
endroit. Dans la langue du pays, le Gué de Phle est simplement
synonyme de : Passage de llsle. C'est le vadum latin dans son accep-
tion la plus générale , c'est-à-dire celle qui dérive du verte vadere
aller. Les faits couârment cette explication. Ainsi, un peu plus haut
sur la Vilaine, en face La Roche-Bernard, le village qui touche le
patiage s'appelle : Guédac, mot qui signi&e simplement : Le village où
il y a UQ passage. Car, pas plus à La Roche-Bernarâ qu'à l'Isle , la
rivière n'est guéable.
Donc, le Gui de Plsle ne signifie pas autre cbose que le passage de
risle. C'est dans ce point que se remarque nne sorte de langue de
terre à base tle rocher, au sommet de laquelle s'élevait le manoir
ducal de l'Isle [Mantrium de In$ula propè Racham Bemardi. — Dom
Horice, p. 41 . — Preuves) où sont morts Jean I" et Arthur II (1286-
1312).
Avant d'être un château dncal, le manoir de risie était sans doute
us eattillum romain, destiné à surveiller la voie et à protéger le pas-
sage de la Vilaine. C'est t'opinion -émise par tous les écrivains qui ont
décriât les lieux (Ogée, Cayot-Délandre, Bizeul, Piéderrière). C*est
aassi la nâtre (1).
Au-delà de l'isthme, sur lequel on décourre encore les ruines du
obâtean, la voie commence par une longue chaussée empierrée jetée
sur la coulée et le ruisseau de l'Isle; cette chaussée, solidement cons-
truite et bien conservée, se termine par un lieux pont k une seule arche
en plein-cintre, tout-^fait analogue aux ponceaax en pierre établis
par les Romains sur les ruisseaux des marais.
De l le sillon de la voie, à peine apparent sous la bruyère, montait
obliquement par une pente très rapide jusqu'au sommet du cAieaa sur
lequel est bili le rillage de Bellian {Beleyen. — Ville des Prêtres).
Du village de Belliany la voie se dirige au nord-ouest jusqu'à la
linoitc des commanes d'Arzal et de Harzan, s'avance au nord dans la
grande lande d'Arzal, en laissant sur la gauche le bourg d'Arzal et le
viUage de lantitrn (à 600 mètres environ], et aboutit à la route
impériale actuelle de la Roche^Beroard à Vannes au niveau du cabaret
appelé Croiz-duSerf. ~~JiAB8 la lande d'Arzal particulièrement, le
trajet de la voie ancienne est très reconnaissable. Elle s'y montre avec
{]) Voir la note B i U fiQ de est irlicle.
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les dimenùons et les caractères que nons loi avoDs déjà reconaas
sar la me gaache de la Vilaine dans les commanes de Férel et
d'HerbigDac.
En avant da village de SelUan, le plaleaa gui domine i'ia fois le
passage et les ruines da diâiean de r/i(«, est coavert de débris
romains sur une grande étendue ; ce sont d'innombrables briques à
rebord, des tessons de vases, des matériaux de petit appareil dispersés
çà et là sur le sot. On reconnaît même sous les touffes de lande et de
fougère des sabstroc^ons régulières maçonnées. Les fossés et les talas
du village sont semés de tuiles à crochet. Lors de ma dernière
excursion , j'ai' rapporté un grand nombre de ces tailes , et des
fragments de grandes amphores, tout^à-fait semblables à celles que
possède le musée de Vannes, salle gallo-romaine.
Il y a quelques années/ le hasard mit à découvert une fontaine
pavée, qui existe encore. En creusant, pour des besoins agricoles,
la noë ou prairie basse qui la suit, les paysans retirèrent des tuyaux en
brique rouge et dure, sur une longueur de plusieurs mètres. La
direction des tuyaux était telle qu'ils semblaient partir de la fontaine
de Betlian et se rendre an château de l'Isle.
Si je ne me trompe, je suis le premier i signaler l'existence de ces
mines romaines sur le plateau de Belléan, et je m'en étonne, car tous
ces débris sautent aux yeux. Ils prouvent que la situation de Belléaa
et de l'Isle eu Marzau a été occupée longtemps avant la construction
féodale da duc Jean le Roux. Ils tendent à prouver en outre que le
château dit de Tlsle a remplacé un castetlum élevé par les Romains.
L'établissement romain de l'Isle et de Belléan dominait le débarcadère
et faisait tête à la voie.
En arrière de Belléan, on remarque, dans la lande, un large et
profond fossé, avec talus, qui descend en droite ligne jusqu'au bas
du ravin où. coulent le ruisseau et l'étang de l'Isle. Deux hauts mon-
ticnles en forme de bastions s'élèvent de chaque côté du ruisseau^ en
rapport avec le fossé précédent, ils semblent compléter le système de
défense de ce celé. Un peu t droite, et sur la colline, est le village da
Château-Gaillard, où' les briques romaines se retrouvent encore.
Du reste, il faut bien le dire , il n'est pas besoin de chercher beau-
coup ponr découvrir des tuiles romaines dans toute cette région qui
entoure le passage de l'Isle. J'ai marqué en rouge, sur ma carte, les
lieux où on en rencontre; par exemple, au village du Verfin et de la
Fontaine-Vertin y sur la rive droite de la rivière, et, sur la rive
gauche, au village de l'Isle, à la fontaine Morveo, etc., toutes cir-
constances qui concourent à établir l'importance de la circonscription
pendant la domination romaine.
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— n —
M. de Robien, qui a été dans notre pays le premier explorateur des'
voies antiques, et parait les avoir décrites de visu, n'a pas manqué de
signaler celle qui nous occupe. Il lui fait traverser la Vilaine, un peu
plus bas que le gué de Tlste, à la hauteur du manoir de Noy en Arzal.
Je cite le passage :
■ Il (le t\i%m\a) passe dans la paroisse d'Herhignac entre les maisons
de Kerobert et Kerlo à dnicte et les moulins à vent du Fozeau et du grand
Tregu à gauche; entuyte il se rend en droicture à la rivière de filayne,
dans le seul endrotct propre à former une descente aisée La rive opposée,
dans la paroisse d'Anal, est aussy d'une pente facile, et sur le fond mesme
du chemin est bâtie la maison noble de NoS. De là le chemin quitte le bourg
^ Arzal , le laissant à gauche de mesme que le village de Lantiern , et tra-
verse le chemin de liantes à Fannes à un cabaret nommé la Croix du
Cet/...., • (HaDuscrit de H. de Robien.)
Nous avons visité tons les Ueax, et anjourd'hui encore, malgré la
préférence que nous sommes teulé d'accorder- au tracé par Tlsle,
après examen, nous n'csons docner tort à M. de Robien, qui a peut-
.élre constaté ce qui n'existe plus maintenant, c'est-A-dire des û*aces
réelles du passage de la voie eor les rives de la Vilaine qui corres-
pondent à Noy. D'un autre côté, la tradition, que j'ai recueillie dans le
pays, rapporte que le passage de Ifoy est effectivement plus ancien
que celui de V/sk. Des paysans m'ont afûrmé tenir de leurs ancêtres
qu'avant de passer à l'isie ou passait à Noy — La ligne ponctuée en
rouge de notre carte représente le trajet de la voie indiquée par
H. de Robien.
Mon observation personnelle ne me donnaut que des résultats néga-
tifs, j'ai voulu interroger un de mes honorables collègues, très
compétent, et qui habite la commuoe d'Arzal, M. Lorois, de Broel.
Je lui ai demaodé si, plus heureux que moi, il avait retrouvé des
traces non douteuses de la voie romaine sur le point précis indiqué
par la tradition à Noy. Voici la réponse :
■ La tradition sigQde ce tracé, et, d'après la disposition des lieux ,
il est difficile qu'elle n'ait pas raison. De la Croix de Kertalet (Férel),
c'est le tracé le plus naturel et le plus facile pour atteindre la rivière.
> La direction parfaitement droite suivie par la voie jusqu'à la Croix
de Kertalet est déjà une grande probabilité que la voie continuait en
droite ligne par le chemin encore existant jusqu'au point nommé le
Maguéro (1), et que de là elle descendait le long d'un vallon mainte-
nant couvert de prés jusqu'au bord de la Vilaine, au coin nord-est du
. (1) H' 'le La Uonneraje a ÎAi remarqner quelque part que.» mot de Maguiro ou
Mi^hero se renconlre ordinairement éws l» io\siaite des voies romunei. — Moglier, en
bretOQ , signifie : munille , enceiale , forlerease , elc.
3
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palus de llsle , juste en face de Noj. A ce coin nord-est da pains, U
existe beaucoup de pierres pUtes rapportées. Peut-être proviennent-
elles de la chaussée détruite.
. • Sur Ij rive droite les restes de la voie aux abords de la rivière
sont inieuxj:onservéB que sur la rive gauche. Entre la maison de Noy
et la rivière , il n'y a pins qu'un pré parfaitement nivelé , mais dont la
pente douce offre un emplacement admirable, presque unique sur
toute la cAte, pour établir une route jusqu'aubord de l'eau. En arrière
de la maison de Noy, et dans une direction perpendiculaire à la
rivière, l'avenue a dû être établie sur la voie romaine. La forme de
l'avenne, la nature de l'empierrement confirment ici la tradition. Au
baut de l'avenue, la voie incline un peu à droite vers le nord eLse
perd dans un chemin étroit et dans des terres cultivées. Mais quelques
cents mètres plus loin, quand on rejoint la lande au sud-est d'Arzal,
on retroQve la voie dans un état parfait de conservation.
I C'est de ce point surtout, quand on examine la direction de la
ronte depuis la Grois-du-Serf , la petite courbe indiquée entre la lande
et les clos de Noy, qu^il est impossible de douter que la voie ne des-
cendit à Noy même. Une fois dans la lande, vous savez que la voie se
continue parfaitement reconnaissable jusqu'à la Crpïx-âa-Serf. *
(LeUre de H. Lorois, 23 octobre 1865.)
J'ai cité ce long extrait de lettre, parce qa'il émane d'un homme
qui connaît parfaitement les lieax, et parce qu'il est d'une clarté et
d'une exactitude remarquables. Il confirme ce fait qui résultait déjà
de mes observations, à savoir : qu'à partir de la Croix de Kertalet en
Férel d'une part, jnsqn'à la lande d'Arzal d'autre part, le tracé de la
voie antique est indécis. En d'autres termes, ses deux tronçons qui
aboutissent, l'un i la rive gauche l'autre à la rive droite de la Vilaine,
sont aujourd'hui à peu près complètement effacés, de même que les
chaussées d'attérage. A I4oy en Arzal, aussi bien qu'en face de Noy en
Férel, les vestiges de construction romaine, s'il y en a en, ont dis-
paru. A peine rencontre-t-oo çà et li, dans les fossés Aa palu» de
î'Isle et de l'étier du Drézet, quelques briques à rebords dont la pro-
venance est douteuse, et dont la signification est d'un intérêt secon-
daire, puisqu'elles entrent dans la composition des clôtures modernes ,
et puisque personne ne nie que toute celte région , voisine â'nae
grande voie, ait été fréquentée et occupée pendant l'époque gallo- -
romaine.
Ce qu'il est bon de faire ressortir , c'est que la situation exception-
nelle de I'Isle en Harzan n'a pas échappé aux Romains, qui semblent
l'avoir choisie de préférence pour y établir une situation fortifiée dont
les ruines existent. Ce qui n'est pas moins certain, c'est que dans
aucun litre ancien il n'est fait allusion au passage par Noy, tandis
qu'on passe au Guè-âe-Plsk de temps immémorial. Aa commencemeat
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da iT» aiède, le passage de l'isle dessert le chemin de Nmtet à
Vennet: et sud importance est telle qae les moines de Prières 7 mettent
opposition, prétendant qu'il est dans les limites de celui de La Rocbe-
Bernard qui lenr appartient. Il fallut qu'en 1421 le duc de Bretagne
confirmât le passage de l'Isle en en assurant les revenus à l'abbaye.
Dès-lors , le passage de l'Isle f nt exploité par les Religieux de Prières
jusqu'à la Sévolntion (1).
Oq aurait tort néanmoins de rejeter absoloment la tradition locale
qui, comme je l'ai dit plus haut, s'exprime par le dicton suivant:
Stvant de potier à La Roche, on paaiail d Piste, et avant de paêter d
Ville, on pwfott d Nay.
D'autre part, on doit tenir un grand compte de l'opinion de M. de
Robien , qui explorait les lieux il y a plus d'un siècle , et qui a pu voir,
i cette époque, des débris de chaussée qui ont disparu depuis. Il faut
reconnaître que le trajet par l'Isle présente certaines difficultés de
terrain qai ne se rencontrent pas à Noy. Par Noy, la route est plus
directe et aborde la rivière par une pente plus aisée qu'à l'Isle.
£d l'absence de preuves matérielles, et dans l'embarras qui résulte
de notions aussi vagues , la lice est ouverte anx conjectures. La voie
a-t-elle , dès le principe, passé du palus de l'Isle à Noy, et, plus lard,
)es ingénieurs romains, préoccupés avant tout de la position inex-
pugnable de l'Isle , et voulant l'utiliser au point de vue stratégique , se
sont-ils décidés à faire une légère modification au tracé primitif eu
transportant le passage à quelques cents mètres en amont, c'est-à-dire
au Gué-de-risie, au pied du Caitetlum et de la station de Belléan?
C'est là une hypothèse que nous émettons sous toutes réserves, parce
qu'il lui manque la preuve directe.
Quoiqu'il en soit, pour ceux qui ont va les lieux, il est de toute évi-
dence que le passage de la Vilaine, pour être en correspondance avec
la voie romaine qu'on suit jusqu'à la Croix-de-Kertalet, ne pouvait
avoir lieu qu'à Noy ou à l'Isle, les points intermédiaires de la cdte
étant absolument inabordables par suite de la présence d'une chaîne
de rochers taillés à pic.
Ad surplus, qu'on place le passage de la Vilaine au Gué-de-l'Isle ou
à Noy, cela ne change rien à la direction générale de la voie. En
Jetant les yeux sur la carte , on se rendra mieux compte de la
différence médiocre qui existe entre le tracé de H. de Robien, que
je ne rejette pas, et celui de l'Isle, pour lequel j'incline. On s'as-
(I) tlae uUstropbebarriUe eut lieu, le mardi de la PentecAle, ea 1709. Les chalands
do passage de llsle, sutcha^ës de monde, sombrèrent au milieu de la Vilaine. Qnatre-
viogt-dii personnes, presque tous paroissiens de Uariaii, lUreal noffea. Les registres de
d^cjs de la commune rendent téaioigaage de ce sinistre. — Suivant une piè«e que nous
posuédoo*. s^née du subdflégué de l'intendance de La Roche- Bernard, le passage de l'Isle,
CD 1771 , donnait encore à l'abbaje de Piîérps ua leTenn de JtOO Imei, ,
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snrera en outre que les denx lignes ponctuées en rouge divet^entes
ee rejoignent des deux côtés, à fort peu de distance du rivage.
J'ai dit qae, dans la grande lande d'Ârzal , la voie romaine était très
reconnaissal>le. Elle croise la route impériale à ta Croix-du-Serf, passe
à droite de la maison de Kerven et de la chapelle Notre-Dame de Grâce,
puis laisse à gauche les moulins et la maison de Lineae, gagne l'étang
de Petimur, près Muzillac, remonle par une pente douce an cAté occi-
dental de l'étang, traverse le village de Brehoity , file à gauche de la
chapelle de Saint-Gourlay , traverse une seconde fois la route im-
périale, et entre dans la commune d'Ambou. La même voie se poursuit
dans la commune de Surzar, gagne Nojalo, et, iDclioant adroite,
pousse vers Vannes.
C'est SQr le bord de la voie , en Surzur , qu'un paysao de Lescomo
découvrit, en 1835, une pierre monnmeatale haute d'un mètre, de
forme cylindrique , qui est actuellement au musée de Vauoes , où nous
l'avons dessinée. — Elle porte gravée en creox l'iascription suivaate ,
sur cinq lignes :
IHP . CAES .
PIAVONIO
VICTORINO
PIO . FELICI
AUG.
c'est-à-dire : Imperalori Ctesari Piavonio Viclorino pio felici Auguste.
Le texte de l'inscription suffit pour établir la date de l'érection de la
colonne votive. C'est l'année 268 de notre ère. (Voir le dessin, pi. it.)
Cayot-Délandre remarque avec raison que celte colonne est d'antant
plus curieuse que l'auteur de V Iconographie romaine prétend qu'il
n'existe -d'autres témoignages historiques de la souveraineté de
Posthumus et de ses successeurs dans les Gaules que des médailles et
quelques camées (1).
Dans l'endroit où la découverte en a été faite (à an kilomètre à l'est
du bourg de Surzur), on peut encore aujourd'hui constater les traces
Toiei le icxte , d'ipris H. Kzeal : LtcEare de H. Rerer:
IM PCAES IMPCAESKPI
VICTORIN AVOMIOVIC
PE CPP TORINO PEVC
OS ce PSG COR
LEVC LEVC
PSQOR.
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— 21 —
d'oD ancien campement. C'est an milieu de débris de tuiles à crochet ^
de leasoDs de poteries, de cendres et de charbons répandus sur une
grande surface que la pierre votive a été trouvée.
11 résulte des détails qui précèdent , et rien n*est mieux proavé
pour nous , que la rivière de Vilaine, entre son embouchure et Redon,
.est traversée par deux voies romaines.
L'une de ces voies passe à Bieux. C'est la voie si bien décrite et
étudiée par H. Bizeul, sous le nom de Vannes à Angers, par Blain.
L'autre passé à 4 ou 5 kilomètres en aval de la Roche-Bernard , au
Gui-de-riite, ou d Noy. C'est la voie principale et directe de Portui-
Namnetum k Barioritum [de Nantes à Vannes) , reconnue par U. de
Robien, mentionnée par Cayot-Délandre,.et admise en principe par M.
de Courson , dans la carte annexée au Cartulaire de Redon, et par la
commission de topographie des Gaules.
La Commission de topographie des Gaules , en faisant passer la voie
à La Roche-Bernard même, et en la confondant avec la route impériale
actuelle, a commis une erreur, que rien ne justifie.
Entre Porttti-Namnetum (Nantes) et Dartorilum (Vannes) la table
théodosienne ou de Pentinger indique une station intermédiaire :
Durelie. Qu'est-ce que Duretie ? Ce mot s'applique-il à une ville ou
simplement â une station ? Cette station était^lle dans les terres , ou
sur la Vilaine ? Sur quel point du parcours de celle-ci î Était-ce sur la
rive gauche, on sur la rive droite ? On peut poser toutes ces questions,
en présence de la table de Pentinger, échantillon vraiment naïf de la
science cartographique an m« siècle (1).
Loin de moi la pensée de profiter des obscurités qui planent sur le
sujet, pour faire de Durelie nu champ de bataille où viendraient lutter
les tenans acharnés d'un tournoi archéologique. Deux provinces ne
sont pas en jeu , comme à Aiise. Je veux écarter toute discussion oi-
seuse, et traiter la question simplement.
Une première remarque. Le mot Duretie, écrit en toutes lettres dans
la carte de Peutinger, offre ceci de vraiment singulier qu'il est le seul
(1) Celte date attribuée il la Carte de Peutinger ne peut Stre qu'une conjectore ; car nmu
n'ignorons pu ï combien de discussions l'origine de ce docymeat géographique i donné lieu.
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sabstantif ayant cette déùneoce tM parmi les cinq cents et qnelqaes
noms de la Table théodosteane et de lltiaéraire d'Aotonin. Aussi ,
quelques historiens modernes écrivent : Daretia, mot qui a ses congé-
nëres dans Lutttia, YaUntia, Deeilia, etc. , etc.
H. Alfred Haury, de riusiiiut, qui a refait une édition de la Carie de
Peutinger , d'après le manuscrit de Tienne, a copié : Burette ou même
Burette , et non Durelia. Il est donc permis de supposer que la termi-
naison du mot Daretie n'est pas authentique et que. le premier copiste
du manuscrit a mal lu la carte originale qu'il avait sous les yeux. Riea
ne s'oppose du reste à ce qu'on admette que la faute consiste unique-
ment i avoir substitué le mot Duretie au mot Duretia.
Le manuscrit de Vienne (d'après la copie de M. Haary] porte réelle-
ment Buretie, de même que Barloritum. Ce dernier nom s'appliquant
bien évidemment au Dariorigum [A-fKfiyn) de Ptolémée, on est jusqu'à
un certain point autorisé à conserver Darloritum et Durttie, dénomi-
nations adoptées par la majorité des commentateurs.
Or, quelle est l'élymologie de Dwtiia 7
Nous admettons d'abord comme très rationnel cette thèse : que, la
plupart du temps , les peuples conquérants se sont approprié les
expressions du pays qu'ils occupaient; par conséquent, que beaucoup
de noms propres inscrits dans les géograpbies antiques, notamment
dans la Carte de Peutinger, sont empruntiës à la langue usuelle des
populations gauloises.
n est donc possible et même infiniment probable que le mot Daretie
n'est qu'une corruption d'un mot celtique primitif ou l'association de
plasieurs noms exprimant un sens, comme le plus grand nombre des
noms propres bretons.
Dans cette supposition , si rapportant le mot Duretie à la langue
bretonne, nous tentons d'en extraire les radicaux, nous pouvons sans
effort le décomposer en deux mots : Deur-ret, qui signifie littérale-
ment l'eau qui coule précipitamment, c'est-à-dire rivière au courant
rapide. Si vous latinisez le mot, vous obtenez : Deur-ret-ia , lieu où
il y a une rivière rapide. Entre i>eur-retia et Duretie de la Carte de
Peatinger la ressemblance est presque parfaite.
Ainsi donc, pour nous, sous toutes réserves et en partant de ce fait
probable que Duretie correspond à une dénomination celtiqae, la
Carte de Peatinger indiquerait uniquement : qu'entre Dartoritum et
Portus-Namaetum il y a une rivière, et que dans le point où la voie
passe la rivière il y a une station , une étape : Duretie.
La carte ne dit que cela, et comme c'est le seul document qui
nomme Duretie, l'obscurité ne peut être attribuée au conflit des
textes.
D'Anville , le premier, a imaginé qu'il fallait lire Darerie au lieu de
Digitizcdby Google
— 23 -
DareUe (i). Celle varianle ne change rien aa sens , puisque le mot
fcerr en breton signifie ; impétuosité, et que Durerie'OQ Deur-berrie
yoadrait dire ainsi : la rivière impétueuse. Mais cette lecture (Durerie)
a un autre avantage , celui de fournir l'expliL-ation du nom de
«vTi/iK H^tc {fluvitti Berius), donné par Ptolémée à la rivière de
Vilaine. L'espression Durerie de la Carte de Peatinger signifierait de
cette façon : une station sur la rivière Herius (Qeur-Herr).
D'un autre cOté, si on préfère la lecture de M. Manry ; Baretie , od
pourra, si l'on veut, en combinant cette lecture avec celle de d'Ân-
TÎlle (Burerie), trouver les deux mots bretons : Broa-Berr, paya de la
rivière Herius.
Bien entendu que je n'ai pas la prétention d'énumérer ici tontes les
explications plus ou moins fondées auxquelles on peut âtre conduit en
torturant le texte, c'est-à-dire en déplaçant ou eu remplaçant une ou
plusieurs lettres du mot Duretie. Par exemple : Deûr-eiih, rivière du
blé; deâr-ii, rivière basse; deûr-iskû, rivière sale, etc. etc. Le lilde
Procuste est familier aux chercbeurs d'étymologie.
En s'en tenant à la première épreuve étymologique, Deur-nt-ia,
lieu où il y a uùe rivière, il est évident que l'explication s'adaptera
également à Rieux, à La Roche-Bernard, à l'Isle, et à tout autre point
situé sur les bords de la Vilaine.
Nous avons dit pourquoi Duretie ce pent ôtre recherchée à La
Bocbe-Bemard, où il n'y a pas trace de voie ni d'antiquités romaines.
Nous écartons donc comme inadmissible l'opinion de la CommissioD
de topographie des Gaules,
Restent Rieux et l'Isle : deux points sur la Vilaine , l'un à 30 kilom.
aa-dessus, l'autre à 4 kilom. au-dessous de La Rocbe-Benianl , là o&
passent deux grandes voies de communication auxquelles nous recon-
naissons, avec ceux qui les ont explorées , tous les caractères de voies
romaines.
DHvetle il BlenxV
La thèse de la situation topographique de Duretie à Rieux est moins
ancienne qu'on ne le suppose. Elle ne remonte qu'au xvir' siècle. Le
géographe Sanson, imité en cela par l'abbé Gallet, en trouve la preuve
dans le mot Duretie qu'il décompose en dottr-eaa et Retie', qui, sui-
vant lui, veut dire Rieox (2).
Sanson et Tabhé Gallet n'oublient qu'une chose , c'est de nous
apporter la preuve que Rieux a été appelée autrefois Retie. L'hypothèse
est formellement contredite par les documents historiqaes. Le pins
(1) Noàee itt Coutet, p. 317. — D'AsTille.
(2) Carte gtograph. de U. Sanwa, 1651, la-P>. — Histaiie de Brelagaa de Dom Horice,
p. 856, lome i.
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— 24-
ancien titre que nons connaissions est une charte de l'année 888, dans
laquelle on nomme le duc de Bretagne Alaa , qui habite en paix sod
chftteau de Rens ■ In castello Beua quietisiime kabitani. ■ Une antre
charte, datée de 895, mentionne également le Casullitm Rnu (1).
D'AoTille, nons l'avons vu, corrige Durerie, et traduit hardiment
Durerie par passage de l'Herius, ce qui, soit dit en passant, D'avance
pas la question relativement à Rieux. •
U. de RobieD s'exprime ainsi : * Il y a beaucoup d'apparence qut
Rieua! était raneienife Duretia, ou Duretie, marquée dans CItinéraite
^Antoràn • It Ici, M. de Robien confond la Carte de Peutinger avec
l'Itinéraire d'Ântonin, qui ne nomme même pas Duretie.
On en était là, lorsqu'il y a une trentaine d'années, les antiquaires
bretons reprirent l'étude des voies romaines dans ta Bretagne :
MM. Gaillard, Croîzer, Cayot-Délaodre, Le Déan, de La Monneraye,
Fouquet, Housset, et à leur léte le respectable M. Bizeul, celui qui a
le plus largement contribué à la découverte et à l'élude du réseau .
breton.
M. Bizeul, quoique très disposé à recueillir des ai^ments en faveur
de la voie de Rieux, avoue que toutes ces explications étymologiques
invoquées par Sanson et D'Anville sontbien peu conclantes. (Ouv. cités.)
Dans son ouvrage sur le Morbihan , Cayot-Délandre revient snr ce
chapitre, et, sans repousser l'opinion de Duretie placée à Rieux, il ne
se dissimule pas les objections. Ainsi il fait la remarque, déjà con-
signée par M. Bizeul, que l'emplacement actuel de Rieux, ce que les
gens du pays appellent encore la ville de Rieux, n'offre pas trace de
débris romains. Il observe en outre que le pont qui existait ancienne-
ment à Rieux, et dont on découvre encore quelques pieux à marée
basse, n'est pas en correspondance de direction avec la voie romaine
qui aboutit de l'autre côté de la rivière, et partant, que ce pont n'était
sans doute pas romain. Si on vent rencontrer des tuiles romaines, il
faut passer sur la rive gauche et gagner les villages d'Enrienx et de
La Rochelle.
Une sentence de la cour de Ploêrmel , au xin« siècle , mentionnée
par M. de Courson dans son édition du Cartulaire de Redon, semble
assez bien venir à l'appui de l'assertion de Cayot-Délandre et établir
que le pont de Rieux n'était qu'une constmctioii contemporaine du
i^âteau féodal, et adaptée à son usage :
La Cour décide c... Que les dicta a6é et hourgeois de Rodon sont
tenus d moitié au reparement de une porte assise au pont de Reux ,
laquelle est appelée communément la porte Rodontnse.... • et de plus
à toutes les autres réparations nécessaires telles que cordages pour
lever et baisser < lepont-levis d laisser passer les vaisseaux.» — (Aude
grâce 1288, Sent, du Présid. de PIoérmeL]
(S) Cartul. de Redoo, p. 313 et 816.
>dby GoOSk
— 25 —
Comme on le voit, si les découvertes et les trayaux modernes tendent
à mettre hors de donte qu'une voie romaine trayersait la Vilaine à
Rieux; si uu grand nombre deTuines échelonnées le long de celte
TOie sont incontestablement d'origine romaine, il s^cn faut de beau~
coup qa'on ait avancé dans la démonstration de la thèse qui consiste à
accepter, avec Nicolas Sanson , que Durelie était à Rieux.
La comparaison des noms ne fournit ancune donnée certaine, et
l'exploratioD impartiale des lieux mène à ce résultat négatif : qu'aucune
ruine, qu'aucun débris" romain n'a été jusqu'ici rencontré sur l'empla-
cement de Rieux actuel. Les débris romains se rencontrent de l'autre
côté de la rivière, au village d'Enrieux (kent-Rieux, chemin de Rieux),
et au village de La Rochelle. Dira-t-on que là était Durelie? M- Bizeul
ne Ta pas osé. Il se contente de citer la tradition du pays qui raconte
qu'il a existé un établissetuent romain dans ce lieu, ce qui n'est pas
ijiable, et que cet établissement se nommait la ville de Brou t
Mais voici bien une autre objection. Celle-là s'adresse directement
au système de M. Bizeul. La station de Durelie n'est désignée que sur
la Carte dite de Peutinger. Or, il suffit de jeter les yeux sur cette carte
pour s'assurer que, dans l'intention de son anteur, Duretie est fixée
sur la ligne droite , et à peu près parallèle au littoral, qui relie Portus-
Xamnetum et Dartoritum (Nantes et Vannes). Donc, Duretie ne peut
être à Rieux, puisque, suivant M. Bizeul, la voie de Rieux est celle qui
va de Dartoritum (Vannes) à Jw/iomajM* (Angers) en passant par Blain,
et qu'en admettant un tronçon de, roule de Blain à Nantes, la voie
représenterait une ligne doublement brisée , ayant son milieu très
éloignée de l'Océan.
Une objection plus grave se tire de la comparaison des dislances
chiffrées de la Table de Peutinger. Il faut bien reconnaître que dans
cette ébauche puérile de carte géographique , composée primitivement
peut-être par quelque sous-otflcier des cohortes impériales chargé
des étapes, la seule chose vraiment précieuse , ce sont les chiffres qui
spécifient les distances de chaque station. Ici , je suis de l'avis de la
Commission de topographie des Gaules, tout en tenant compte des
critiques restrictives de M. Quicherat, les chiffres de la Table de
Peutinger sont généralement exacts. C'est en cela surtout que le do-
cument antique a une grande valeur.
D'après des calculs qu'on peut considérer comme aussi rapprochés
que possible de la vérité, la lieue gauloise équivaut à 2,221 mètres.
La distance de Dartoritum à Portus-Namnetum étant représentés
dans la Carte de Peutinger par les chiffres XX + XXIX (c'est-à-dire par
49 lieues gauloises), il en résulte que cette distance mesure 108^,829.
Si maintenant, sur une carte moderne , nous mesurons à vol d*oiseau~
la distance qui sépare Nantes de Vannes , nous comptoits environ
104 kiloiQ., de manière que le chiffre de la ligne itinéraire moderne se
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— 26 —
rapproche tellement da chiffre noté daes la Carie de PenUnger
(101 : 108) qae de toute nécessité la voie romaine doit le pins pos-
sible affecter ane direction rectiligne , sons peiee de voir son parcoars
dépasser le chiffre de 108 kilom. ou 49 lieues gauloises.
On voit distiDctement ici la pensée dominante qui présidait à la
confection des routes romaines, dont le tracé suit ordinairement des
lij^nes droites c excepté, dit H. de Caumont, lorsque des obstades
naturels, tels que des montagnes, des ravins profonds, des ma-
rais, etc., s*opposeDt à cette direction. > {Cours d?ant\q, II« partie.
Ère gallo-romaine.)
La ligne qui représente la voie de Nantes à Vannes, en passant par
Blain etparRieux, est une ligne brisée, formant deux coudes qui
augmentent nécessairement les distances.
Or, cette ligne brisée, mesurée au compas sur la carte, ne donne
pas un parcours moindre de 115 kilomètres. En évaluant à 4 et môme
8 kilomètres en sus l'augmentation de distance due aux pentes inévi-
tables etaux inflexions intermédiaires de la route, on arrive à un
chiffre de 123 kilomètres, ce qui fait un peu plus de 51 lieues gau-
loises.
D'un autre côté, la Carte de Peutinger marque rinterralle qui
sépare Bartoriluùi (Vannes) de Duretie par le cbiftre XX (20 lieues
gauloises , c'est-à-4ire 41>',120).
Or, la distance à vol d'oiseau de Vannes à Rient est de 50 kilomèt.,
et le parcours réel n'atteint pas moins de 58 kilomètres.
Donc, la distance de Vannes à Rieux dépasse 25 lieues gauloises.
Pour la distance de Rieux à Nantes , comparée à celle de Daretie de
la Carte théodosienne, môme divergence de chiffres.
La Carte de Pentinger marque XXIX (29 lieues gauloises = 61"' ,409) ,
et le tracé de la route de Rieux à Nantes par Blain mesure an moins
72 kilomètres, soit plus de 32 lieues gauloises.
En face de pareils écarts dans les chiffres , il faut donc , ponr
esquiver la difficulté, ou admettre que les indications numériques de
la Table de Peutinger sont fausses , tout en retenant le nom de Duretie ,
ou déclarer franchement que la voie qui passe  Rieux n'est pas celle
de la Carie de Peutinger, et parlant que la station dû Duretie doit être i
recherchée ailleurs qu'à Rieux.
DMTéUe à l'Ialet
Ce sont sans doute des considérations de cette nature qui ont déter-
miné les auteurs de la nouvelle carte des Gaules à placer Duretie à La
RQj:he-6ernard, confondant ainsi à dessein le trajet de la voie romaine
avec celai de la route impériale moderne.
Quant à nous, nous n'hésitons pas plus qu'eux à refuser à la voie de
>dby Google
— 27-^
Rienx tonte assiaulation avec la grande voie aTmoricaine de Portup-
Namutum à Dartorilum, désignée dans la Carte dile de Pentinger; et
cela par une raison bien simple, c'est qne la voie romaine qui passe
la Vilaine à l'Isle en Férel, aa-dessous de La Boche-Bernard , et que
noos avons décrite plus haut, est au moins aussi bien sinon mieux
démontrée que celle de Rieux, et que, beaucoup mieux qu'elle, elle
remplit les conditions du problème : voie'aussi directe qne possible de
la capitale des Namnëtes à celle des Yenëtes, ayant une direction sen-
siblement parallèle au littoral, à peu de distance de t'emboucbure de
la Vilaine et des cOtes de l'Océan, ayant conservé jusqu'à nos jours
tons ses caractères distinctifs, et présentant sur différents points de
son parcours des traces évidentes d'établissements ou de campements
romains, particulièremeot au Gué de fiait, sur le plateau de Belléait,
et au village de Letcomo en Surzur, où a été découverte la colonne
votive dédiée à Piatoniut Victorinw tmperator.
Enfin, cette voie par Tlsle parcourt exactement la même distance
qui est indiquée par la Table de Peutinger, c'est-à-dire que la distance
da Vannes à Nantes, en ligne droite, et en passant par l'Isle, mesure
49 lieues gauloises, environ 108 kilomètres.
Bien plus , les 20 lieaes gauloises de la Carte antique (entre Darto-
rilum et Duretie) s'appliquent à merveille à la distance actuelle de
Vannes à la Vilaine , ati niveau de l'Isle , en suivant le tracé de la
voie romaine qui traverse les communes de Nojalo, Surzur, Muzillac,
Arzal et Marzao. (Voir la carte.)
Donc, si la ligne rouge de la Carte de Peutinger signifie quelque
chose, et si les distances chiffrées ea lettres romaines correspondent
réellement à ce tracé, il n*y a pas à hésiter; 11 faut conclure que la
voie de Porttu-Ifamtuttim à Dartoritum est bien celle que nous avons
décrite, celle qui passe la Vilaine à 4 ou 5 kilomètres en aval de La
Roche-Bernard.
Et, d'un antre c6té,.si le mot Baretù, déAguré ou non par le
copiste, n'est pas une chimère , et si effeaivement il exprime l'idée
d'une station sur la rivière de ta Vilaine, cette station, à tout prendre,
est mieux placée à l'Isle en Marzan qu'à Rienx.
Un jour que je songeais an moyen de mettre d'accord les deux
mots : Duretie et Gui-de-VltU , je rencontrai an de mes amis auquel
je contai mon embarras. Voyons, me dit-il, cet endroit que vous
appelez Gué-de-riile en Harzan est situé aux abords d'une rivière?
— Sur la rivière même de Vilaine, et dans te point oii se dégorge le
ruisseau de l'étang de l'Isle , répondis-je.
— Est-ce que ce pays appartient à la Bretagne bretonnante?
— Plus mainteDant , repris-je, mais dans l'ancien temps on y parlait
>dbyG005jle
la langue celtique; la preuve en est que lou9 les noms de lieux envi-
roudanls sont restés bretons , et je liii citai de mémoire :
1° Dans la commune de Harzan : Coet-Redaret , Kerjantil, Ker-
touart, Kerhouarn, Kerbarh,Kersouiarch, K»rbataitle,Tretner, Ptnhap,
Le Gairic, Kertbesche, etc.;
3° Dans la commune d'Arzal : Kerun, Lantiem, Kerùel, Broutl,
Bourgerel, Trinehué , Ktrgouh;
3» Et dans la commune de Férel : Kerlalet, Kergamel, Roeker,
■ Ktrmahè, Treguet , Tremorel, Kernoil, etc.
— Eh bien, reprit mon ami, dans les vieux parchemins, comment
désigoait-on le Gué de Vlile, le Château de Vlslel
— Yadum de Insuld, Castellum de Intuld, répliqnai-je.
— Allons plus haut que ce lalin suspect des Cartulaires, et remon-
tons au-delà du moyen-âge, au temps où ce nom de l'isle {Insula)
était représenté par une dénomination celtique. Comment dit-on Isle
{Ineula) en breton ?
— Jtiit ou Enie, répartis-je.
— Alors, riposta mon ami, j'ai le droit de supposer que Deur-Enii
était le nom de cette station de risle , expression composée qui peut
signifier riïière dé Tlle (detir-eau — «n^s-Ile), ou même passage de
l'Ile, si on tient compte, avec M. de Caumont, de cette remarque que
le mot durus ou ditrum (dérivant du celtique (four-eau), signifie
toujours, dans les noms propres de Tancienne Gaule, une station sur
un cours d'eau , un paieage, de même que le mot dun ou dunum im-
plique an contraire l'idée de hauteur.
Si maintenant vons latinisez le mot Deur-Enes, vous avez : Dur'
enetia. Serrez le mot, en supprimant la syllabe intermédiaire
(Dur\en\elia), reste Durelia. C'est le même procédé qui de Aouxoruxia
^Lucoutia) de Ptolémée, a fait T.uieiia, et de Metiotedum (Helun)
de César, le lUeekdum de riUnéraire d'Antonin.
U n'y a plus de difficulté , reprit mon ' ami ; tous pouvez admettre
avec moi que Darelia est une altération du mot Durenetia, qui lui-
même dérive de Deur-Enez, qui signifie quelque chose comme YaduM
de Intulâ, passage ou gué de l'isle , c'est-à-dire le nom actuel.
— Vous ne m'avez pas convaincu, répliqnai-je.
— Alors, repartit mon spirituel ami, vous n'entendez rien aux
mystères de l'étymologie. Vous nierez que de Guenet les Romains ont
fait Yeneli et les modernes Vannes. Vous nierez que du celtique pri-
mitif Roïko, on ait fait Rothonum, Regidtmum et Redon, et vous
resterez confondu des transformations suivantes des noms de la rivière
de Vilaine : Vicenona, Ticenova, Visnonia, Vindania, Vigelania,
Vigelaine, Vilaine. — Sur ce, nous nous séparâmes, mon ami se
souciant fort peu de continuer l'argument, et moi me rappelant la
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DiBilizodbjGoOglc
réflexion d'un ancien : En fait d'éiymologie , les mots sont comme les
cloches , auxquelles ou fait dire ce qu'on veut.
3e citerai seulement pour mémoire, parce qu'elle a suscité une cor-
respondance entre la Commission de topographie des Gaaies et la
Société polymathique du Morbihan, l'opinion de M. Ramé, qui ne
désespère pas, paratt-il, de trouver un rapport d'étymologie entre le
village du Drezet en Férelelle nooide Durétie. Nous observerons à
H. Bamé que Le ûrezet, ou Drezec, Drezeuc, des aociens titres ne
signifie pas autre chose que le village des ronces (^reû-Ronces) ; de
même que Radeuec signifie village des fougères; Drennec, le village
des épines; Banalec, le viUage des genéis; Quistinic, le village des
châtaignes, etc.
Au surplus, le village de Drezec en Férel, situé sur une colline à
une assez grande distance de la Vilaine , est séparé de la voie romaine
par une profonde vallée. Nous n'y avons jamais rencontré, sauf
quelques briques éparses; de vestiges de voie, ni d'établissement
gallo-romain d'une certaine importance.
Il est permis maintenant de se demander comment .ce nom de
Durétie, inscrit en toutes lettres sur la ligne rouge de la Carte théodo-
sienne, ne reparait plus dans la suite, même modifié et altéré par la
tradition séculaire. Nous avons cherché avec ardeur sur les lieux
mêmes, aux abords de la voie, une dénomination ayant un rapport
étymologique ou synonymique quelconque avec Durétie.' Nos recherches
ont été vaines. Nous le regrettons; mais nous n'en sommes pas surpris.
On ne doit pas perdre de vue que bien d'autres noms cités sur la
Carte de Pentinger sont dans le môme cas. Le mot Dartoritum appli-
qué à la capitale des Venètes (civitas Fenetum) n'a laissé aucune trace
dans la tradition du pays, pas plus que les mots Condate et Vorganium
désignant des localités bien reconnues : Rennes et Carhaix. Vingt peuples,
et des peuples conquérants, se sont succédé depuis dix-huit siècles
sur le sol de l'Armorique; chacun d'eux a disposé à son gré des
appellations topographiques en leur faisant subir des transformations
de tonle nature, ou même en les supprimant pour les remplacer par
d'autres. Dans cet immense naufrage où se sont heurtés tant de noms
propres appartenant à des peuples et à des idiomes divers, si quelques-
uns ont été sauvés, un grand nombre n'ont laissé d'eux que des
épaves, et un bien plus grand nombre ont été engloutis, avant d'ar-
river jusqu'à nous. Le nom de Durétie a disparu avec tant d'autres.
Pourquoi s'eaélonner? Le rdie de l'archéologue est de méditer sur
des ruines :
• Campoi ubi Tnya fuit ! p
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La discQSsioD étant épuisée, je me résume:
I.
Deax voies antiques, romaioes d'origine, traversent la Vilaine:
l'une à Rieux, c'est la voie de Vanaes à Angers, passant par Blain ;
l'autre au-dessous de La Roche-Bernard, à i ou 5 kilomètres environ ,
à risie ou à noy. Celte dernière est la grande voie armoricaine que la
Carte de Peutinger indique cooune la vote directe de Porliu-Nomn»'
tum à Dartoritum.
II.
La station de Durétie, que plusieurs antiquaires se sont efforcés de
placer k Rieux, est iûcertaine, et semble même beaucoup mieux
s'adapter à rétablissement romain de l'Isle (en Harzan).
III.
En faisant passer la Toie romaine à La Rocbe-Beroard et en y fixant
l'emplacement de Durétie, la Commission de topographie des Gaules a
commis une double erreur , qui sera infailliblement rectifiée à la
deuxième édition de son travail.
s:? CD "^ip ;:& S3<:
A.
La Roclie-Beniard.
La petite ville de La Rocbe-Bemard , située sur la rive gauche de la Vilaine ,
aujourd'hui cheMieu de canton diidépaTiementduïIortiihan, Taisait partie du
diocèse de Nantes avant la Révolulion.
Bâtie et en quelque sorle perchée sur la crête d'une haute colline qui domine
le cours de la Vilaine et l'étier auquel aboutit le courant du Hodoir, elle est
environnëe de chaque côté d'une ceinture de ravins profonds et de montagnes
très accidentées. L'extrémilé de la colline atteint la rivière sous forme d'un gros
rocher à pic que baignent le flux et le retlus de la marée. Le rocher a nom : Le
Rocher-Bernard (rupes ou roca BernardtJ. Jamais position ne fut mieux choisie
pour asBoir un de ces chftteaux-forts féodaus, du genre de cens qui servaient en
ei grand nombre de refuge aux barons du moyen-j^e.
Digitizcdby Google
- 31 —
On sut combien nos cAtes et dot riiières de Bretagne eurent i souffrir des
excursions des Kormands, surloui depuis le vtir siècle. Des uuées de pirates
inondaient annuellement la contrée. Plus d'une fois leurs barques remontèrent
la Vilaine , et la descendirent , cbargés de bulin. De temps & autre un cbefde
bande attardé fixait sa résidence sur le bord du fleuve , dans quelque lieu
inaccessible , véritable repaire , d'rà le nouveau seigneur s'imposait au pays au
trais-quarls dépeuplé, et s'en adjugeait au loin la possession par droit de
conquête. Villages , avec leurs babilsns et leurs bestiaux , terres , vignes ,
moulins, écluses, chaussées, passages, tout devenait matière â exploiter , et
allait être la source d'une multitude de droits seigneuriaux.
Les cartulaires de nos abbayes nous laissent assez entrevoir sous de sombres
couleurs la figure de ces étranges conquérants, qui pour la plupart , venus du
Nord , s'étaient échoués volontairement sur la plage armoricaine , particulière-
ment sur les cAleaux de la Vilaine. — Uais la fin du monde approche avec l'an
mille. Tous ces hommes de guerre , souillés de meurtres , dont la vie n'a été
qu'un long brigandage, ne voient pas sans efTroi les ruines qu'ils ont accumulées
autour d'eux. Ceat un sauve-qui-peut général. Avant de mourir, chacun s'ero-
presse de racbeter ses crimes ; et nous les voyons remettre en tremblant aux
moines du voisinage , ce qu'ils n'ont acquis qua par la violence et les exactions.
Celui-ci fait don , & de pieux solitaires , d'un terrain où s'élèvera l'abbaye de
Redon (Cart. de Redon. Chart. i , ii , m , iv. — Ann. 833). Celui-là, espérant
dans la miséricorde divine , leur donne en présent un village qu'il tient de son
père ; sa maison , ses Termes oii demeurent ses paysans , fonds et édilîces , les
prés, les pâturages, les eaux et cours d'eaux, meublés et immeubles, les cultures
et les triches et toutes leurs dépendances (Chart. t. — 833j.
Un autre est malade et se sentant mourir , il offre aux mêmes religieux sa
lésidence avec ses habitations et ses babitans , et trois hommes (Chart. vu. 833.)
Cet autre , à titre de restitution , fait un cadeau analogue , à la conditon qu'on
chantera cent psaumes et trois cents messes pour le repos de son âme [Cartul.
de Redon. Ann. 868. Chart. xxi).
Cet autre fait amende honorable pour avoir maltraité des hommes au service
du couvent, enlevé des porcs, des vaches, un cheval, et fouetté les colons
(Chart. xxxii. Ann. 868).
TJn autre , sur ses vieux jours se fait raser et prend l'habit , dans l'abbaye de
Saint-Gildas-des-Bois (Dom Horice. Preuves. Tgm. i , p. 493).
■ Mundi termina adpropinquante , — Tuinis crebracentitms. — Considé-
rant grtwitudinem peccatorum meorum. — Si aliquid de rébus nostris locts
tanctorum vel sitbstantiie pattpertim con/erimut , hoc nobit procul dubto in
mtemam beatitudiaem retribtiere confldimus, — Dierum meorum adeue
finem cognoicens » Telles sont les formules de cent Chartes, qui nous
sont parvenues , et qui consacrent des donations biles aux abbayes de Redon et
de Saint- G ildas-d es-Bois.
Le premier qui prit terre sur le rocher oii devait s'élever la petite ville de La
Roche-Bernard , fut un homme de cette trempe: d'origine leutonique, il se
nommait Bembart. Les Chartes latines du xi* siècle le désignent sous le nom
de : Bemardut de rupe , Bernard de la Roche. Plus lard sa résidence s'appel-
lera : Rupet Semardi, ou Roca Bernardi , Roche-Bernard.
Au commeacement du xi> siècle , Siraon , fils de Bernard , du haut de ion
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— 82-
rocher , est seigneur du pays. C'est lui qui foDde l'abbaye de Saint-Gildas-dea-
Bois , en 1026. Son chàleau ou camp de la Etocbe [cattellum vet caslmm de
/iupe) dépeud de ia paroisse de Niviitnc. Aussi , l'acte de donaiioa fait bd 1063
par Bernard ii, est signé devant l'église de Nivillac [ante ectesiam sanctl
Pétri in Niuillac) Cartul. de Redon. Charte ccc\[.
La fille de La Rocbe-Bernard n'est pas née. La preuve , c'est que trente-deux
ans plus lard (eo 1095) les fils de Simon de la Hocbe (nobUissimi milites
ejusdetn castrivicariijare heredilario) font, par acte authentique, don aus
Bénédictins de Bedon d'un emplacement près du château pour bâtir une église ,
et de trois arpens de terre poùrjaire un bourg {cum tribus jugeribus terrx
ad burgvm faciendum. [Cbarte ccr.Lxiu. Cartul. Bedon). La Cbarte est datée tn
castello de Rupe.
Ud peu plus tard , par une autre cbarte , du commencement du xii" siècle ,
c'est encore Bernard de la Bocbe qui , sur ses vieux jours , se réfugie au couvent
de Saiot-Cildas-des-Ëois , et se fait moine. Il est tellement infirme , dit la Charte,
qu'incapable de faire proression de ses propres mains, ses fils furent obligés de
s'avancer à l'autel, en son lieu ^l place. Il donne un emplacement de cimetière
près d'une croix, pour y bâtir une église (Dom Morice. Preuves , 1. 1 , p. i93).
En vertu du même pacte , Bernard 11 donne au couvent la moitié de son passage
de la Hocbe , et la dime du vin de tous les navires qui vont et viennent par eau,
La bourgade s'élève au m* siècle. La seigneurie de La Bocbe-Bernard fait
souche. Au XV' «iècle , la petite l)ourgade possède plusieurs chapelles de
médiocre importance , celle de Saint-Jacques ou Saint-James entre autres ,
dépendant d'un prieuré ; celle de Noire-Dame , qui existe encore ; et enfin la
chapelle de l'Hospital, cMe dertûhn tlleoaolhuue maladrerie, que la tradition
rapporte aux Templiers.
Toutefois La Roche -Bernard, siège de la baronnie, n'a pas d'église paroissiale.
Ce n'est qu'une trêve de Nivillac , et elle le sera jusqu'à la Révolution.
A partir du xvt* siècle, la ville que Philippe Lenoir, dans son précieux manuscrit
(Hisioire de la réformation en Bretagne) appelle encore un gros bourg , va
prendre une importance considérable. Le vieux Castetlum de Rupe n'existe
plus. Le château de la baronnie est à deux lieues de là , ù La Bretëcbe. La
seigneurie de la Bocbe-Bernard est passée dans les mains de Dandelot de Coligny,
par son mariage avec Claude de Rieux.
Dandelot se pose en apôtre de la réforme en Bretagne. Il fait une tournée dans
ses terres, accompagné de deux ministres-, bientôt l'église calviniste est constituée.
La Roche-Bernard demande ua pasteur. C'est Louveau qui arrive de.Beaugency,
Le lOjuillet 1561 , le premier prêche authentique a lieu ù son de cloche , dans
la chapelle de Notre-Dame , en présence d'un immense concours de gentils-
hommes et de peuple. La première église calviniste en Bretagne est fondée. Sous
la protection de leur seigneur, les religionnaires affluent dans la petite ville, dont
la population s'accroît. Dans les temps difficiles, ce sera un refuge. Les exercices
religieux se font dans un temple , le dôme de l'bôpital , ou la nohie femme de
Dandelot , Claude de Bieux sera inhumée. Puis l'heure des épreuves arrive pour
le troupeau. La Ligue le disperse. Néanmoins le Calvininisme se traîne encore à
la Bocbe-Bernard jusqu'à la fin du xvii' siècle , et expire à la révocation de l'édit
de Nantes, l'ne autre fws , nous espérons raconter , dans une monographie
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-39-
spéciale, toutes les circonslances de l'histoire du Calvinisme à La Roche-
Beroard (1). Il EufHt à notre sujet d'avoir établi que l'origine de la petite ville ne
remoDle pas au-delà du xi° siècle , et d'afiirmer , au nom de l'expérience , que
l'inspectiiHi Atteutive des liaux mène t des rfeultats uëgalift, en tout point
conforoies aux notions historiques.
B.
L'auteur des brutales brioch. nous apprend que le manoir ducal de l'Isle,
en Marzan , a été fondé par Jean le Roux , au xiii° siècle , par conséquent , vers
la môme époque que le château de Sucini», près Sarzeau. — Ce qui est cerlain,
c'est que Jean le Houx , qui venait de fond» l'abbaye de Prières, mourut au
château de risie en 1386.
En 1487, François H concède le diàteau et la seigneurie de l'tsle aux moines
de Prières , pour se libérer de cerlaines redevances. — Le prisagc ne fut terminé
qu'en 149*.
En 1489 , la duchesse Anne couHrma la cession ; puis on la voit , l'année sui-
vante , 15 décembre 1490 , faire don du château et de la seigneurie au maréchal
de Bieux. De 11 , des difTicultés sans nombre se terminant par un accord entre
l'abbaye et le maréchal, qui reçoit en dédommagement quatre tenues au Bois-
de-Roz.
Le château avait sans doute été démantelé et en partie démoli pendant les
guerres du xy siècle. Le 2 janvier 1498, Charles Vlll accorde aux religieux de
Prières les impôts de billot et autres en Harzan et Arzai pendant dix ans , à U
coadilion qu'ils restaureront et rebâtiront le chftteau de l'Isle.
Dne hôtellerie s'était établie près du passage, en 1489. La duchesse Anne
l'exempta de l'impôt de fouage et biUot , 1489 , et l'anoUit.
D'après une pièce authentique datée de i777 , les droits du péage dn passage
de risIe étaient p^çus comme il suit :
Par homm« , .par obérai , mule , bœuf et vache 1 sol.
Par chèvre, veau et mouton 3 deniers.
Par poic i sol.
Par chaise de toute espèce 12 sols.
Par litière 8 sols.
Par carrosse ou berline , , 30 sols.
Ptr charrette chargée 12 sols.
(1) La Rqehti'Bemard tt son hàfoiTC. — Ouvrage iilédit.
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FOUILLBS K IK GRËE-HAHË. EN PLUHERLIN.
(U. la D> Fmqaet.)
HSSSIBDSS ,
Avant de vous donner le détail des foailles arcbéolog^qnes qae noas
venons de faire à La Grée-Mahé , MH. Jahel, de Lamarzelle et moi ,
souffrez que je vops entretienne nn instant du pays dans leqnel nous
avons établi nos recherches. Ce que j'ai à vous en dire ne peut être
étranger aux questions dont je vais avoir forcément à m'occuper devan
TOUS.
Depuis longtemps je connaissais la Grée-Mahé et les ruines romaines
qu'on y observe; plusieurs fois déjà j'avais suivi avec qnelqne soin,
et toujours avec intérêt , la voie romaine secondaire qui 7 passe.
Cette voie, après avoir franchi l'Ârs au Pont-de-l'Ëglise, se dirige an
sud-est pour gravir obliquement nn bant et raide soulèvement schis-
teux , jusqu'à nn point culminant (A) où l'on observe encore de nos
jours un terrain fouUlé et des briques romaines. De ce point élevé , la
voie descend droit an sud et se divise, près d'une ancienne croix de
granit, en deux branches dont l'une marche vers l'est et passe devant
le Pont-au-Roux, tandis que l'autre , teudanl toujours au sud , longe
le cdté est des étabUssements romains de La Grée-Mahé et de Carno-
guen ,~ traverse 'le boarg de Plnherlin , cdtoie à Touest les ruines
romaines du Bézy pour aller, à travers un pays très accidenté, tomber
à l'Ardoise, sur la grande voie de Vannes i Rieux. Celte voie du Pont-
de-l'Eglise à l'Ardoise est indiquée de nos jours, comme beaucoup
d'autres, du reste , par un grand nombre de vieilles croix qu'ont éta- .
blies, sur son trajet, les populations qui, au moyen-âge, usaient encore
de ces voies sans les entretenir, ce qui les rend souvent difficiles à
reconnaître.
La voie dont je viens de vous donner le parcours , dans la commune
de PluherUn , devait relier les deux rives de l'Ars et desservir tous les
établissements romains dont on a déjà constaté l'existence h Ker-
bricon, à Coëdigo, au Quinquizto en Molac, à Talhoët, à La Grée-Mahé,
à Camoguen , au Moténo , à Caréven et à la ville-Julo en Plnherlin. Je
ne connais pas, dans le Morbihan, de contrée où les romains ont laissé
plus de traces d'un long séjour et d'une sérieuse occupation , que celle
qui est comprise entre Molac et Limerzel , entre Rochefort et Questem-
bert. Or, La Grée-Mahé se trouvant être le point à peu près central de
Digitizc'dbyGOOgle
Di,ilizMt,.GOQg|c ,
Kkmur extérieur.
STtJiJww* ûihlay* oit iiûieait
. aniroRRcnutiJ AtB (imtttUioiu.
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DiBilizodbjGoOglc
cette coDtrée ainsi limitée, toqs comprenez, tout d'abord, l'importance
que ce lieu a dA avoir aux yeax de dominateurs qui , de là , surveil-
laient le- cours de l'Ârs et leurs nombreux établissements.
Maintenant, Messieurs , je me place au point culminant (A) que la
voie romaine atteint après son passage de l'Ars.
Sur ce point, le sol a été tourmenté par le pic et la bfiche ; les débris
de brïqaes s'y montrent avec assez d'abondance , mais fragmentés en
très petits morceaux. Le propriétaire de La Grée-Mahé (M. Lamary) ,
secondé par l'ancien cnré de Rochefort (H. Marot), a fait là des
foailles , Ù y a quelques années , et 7 a déterré une médaille antique
tellement fruste, qu'on n'a pu la déterminer sllrement, bien que
H. Marot , à qui elle est restée , la croit être de Tibère.
Eb ce point , on jouit d'une vue cbarmante et Ton domine au nord
la profonde vallée où l'Ars serpente , et au sud nu léger vallon oà
coule le ruisseau qui sépare Carnoguen de La Grée-Mabé.
En descendant directement au sud on ?tncontre , à mi-pente , un
énorme rejet de terre (B) qui règne de l'est à l'ouest dans une éten-
due de 58 mètres , et forme , à ses deux extrémités , des courbes dans
lesquelles on a fait des tranchées récentes qui démontrent que ce rejet
n'est composé que de terre et de pierrailles schisteuses propres an sol
qui est tout scbisteus lui-môme. En partant de la courbe qui est à
Test, et en marchantvers le sud, on retrouve, au-dessus d'un chemin
creux qui n'est qu'un fossé, le gros rejet de terre (C) qui s'étend
jusqu'à la hauteur du village de Carnoguen où il tourne vers l'onest ,
et se marque, en large saillie, dans le milieu d'un pré (F). A ce village
de Carnoguen on découvre de tous les cdtés des débris de briques
romaines. Si l'on remonte et qu'on se place à la courbe ouest , en
jettant les yeux dans le sud-ouest , on distingue facilement une lai^e
saillie en dos d'âne sous les sillons cultivés d'un champ , et (Ktte
saillie se dirige encore de La Grée-MaL^ sur Carnoguen. Le terrain
compris entre ces différents rejets de terre et les saillies du sol cultivé
peut être évalué à 4 hectares. Dans le milieu de ce terrain à double
pente coule un petit ruisseau , et au côté ouest ou trouve une source
vive très abondante.
Si de la courbe ouest on marche droit à l'ouest pendant 75 mètres,
on rencontre un petit édifice en carré long (D) dont les murs ruinés
montrent encore le petit appareil romain en granit à grains fins. Ces
murs, mis à nu par des fouilles antérieures aux nôtres, n'ont pas au-
jourd'hui plus de 30 centimètres de hauteur au-dessus de leur base ,
si ce n'est au côté nord où ils ont près d'un mètre, et forment talus
entre crnyère et chemin. Cette petite pièce mesure 2 mètres 90 centi-
mètres en largeur et 5 mètres 90 centimètres en longueur du nord au
sud. Une fouille dans le sol intérieur ^e ce petit édifice nous a donné
de nombreux débris de poteries grossières, les ans de cooleor noirâtre
et les autres d'an jaune roux.
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 12 mètres de cette petite chambre oq en relève deax antres
attenantes {Ë), plus vastes et disposées obliquement et en ligne brisée
du sud au nord. La plus méridionale mesure en dedans de ses murs
3 mètres 10 centimètres en largeur et 9 mètres en longueur. La plus
septentrionale compte 3 mètres 70 centimètres sur 6 mètres 60 centi-
mètres de dedans en dedans aussi. Les murs dégagés par d'autres
fouillears que nous n'ont plus que 20 centimètres au-dessus de leur
base et sont arasés au sol. La première chambre ne laisse voii; à l'ouest
que la moitié de son mur de ce cûté , et le mur de ce même côté
manque complètement à la seconde chambre , ainsi que la moitié da
mur dans la partie nord. La destruction a fait là largement son oeuvre.
Une particularité singnUère est à noter ici : c'est que de l'angle nord-
est de celte dernière chambre part obliquement un mur qui va se
perdre à nn petit ch^nin de desservance qui longe tout ce que nous
venons de décrire , et disparait complètement sans donner trace au-
delà de ce chemin. Ce mur faisait-il partie d'une quatrième pièce ou se
rendait-il à la première petite chambre décrite, pour former ainsi une
cour intérieure utile au service des diverses parties de l'habitation?,..
Quelques coups de pioche dans l'intérieur des deux dernières
chambres n'ont rien pu produire , parce qu'on ne trouvait là que le sol
naturel et des racines d'arbres.
Enfin , à H mètres de la double chambre et toujours directement à
l'ouest se trouve un singulier édifice qui mérite une attention toute
particulière et une description minutieuse , parce qu'il n'existe pas ,
. dans tout le Morbihan j un seul monument qui s'en rapproche. C'est
an octogone régulier dans un octogone parfaitement régulier aussi (0).
Bien certainement cet édifice a été plusieurs fois fouillé et refouillé,
et, à ma connaissance , MM. Lamary et Marot y ont fait des recherches
fructueuses. J'ai vu, entre les mains de M. Marot, des clous et des
pattes-fiches de grande dimension en fer , des plaques de marbre
blanc teinté et veiné de rouge , des tuiles à rebords et des tuiles plates
fort épaisses et entières, des blocages en ciment, des débris de poteries
et un fragment de verre fin. Tous ces objets provenaient de l'édifice
octogone où chaque curieus qui. a passé a cru devoir faire quelques
trous et quelques dégradations. On a même pratiqué une brèche au
côté sud de l'octogone intérieur, et deux eûtes de l'octogone extérieur
faisant angle aussi au sud ont disparu complètement sous nu chemin de
desservance de la ferme.
L'octogone intérieur mesure de dedans en dedans et d'un angle à
l'angle opposé 6 mètres 70 centimètres. Chacun de ses huit côtés a 2
mètres 60 centimètres de longueur. L'épaisseur de ses murs , tous en
petit appareil régulier et en granit à grains fins , est de 64 centimètres.
L'octogone extérieur qui est partout à une distance de 3 mètres 26
cealimëtres de l'octogone intérieur et forme, avec lui, une espèce de
DigitizcdbyGOOgle
Testibnle on coiridor , a des murs de môme épaisseur , et chacun de
ses côtés mesure 5 mètres 92 centimètres en longueur. D'un angle
extérieur à l'angle extérieur opposé on compte 16 mètres 66 centi-
mères, et c'est la plus grande étendue de ce monument qui enceint
ainsi un terrain de moins de 200 mètres de surface.
Nos fouilles ont mis à nu un area ou plancher intérieur formé d'une
couche de chaux et sable de 25 centimètres d'épaisseur. Un area
exactement semblable et placé à la môme hauteur régnait dans tout
le corridor , et ce qu'il y a de plus particulier, c'est qu'un area,âK
même construction , de même épaisseur et élevé à la même hauteur ,
régnait au pourtour extérieur de tout l'édifice.
Les murs intérieurs et extérieurs formant les deux octogones
prennent tous leur base au sol naturel et sur dalles de schiste à un
mètre 10 centimètres au-dessous de Varea. Ils diffèrent un peu d'eux-
mêmes en dessus et en dessous de ce point; ainsi, en dessous, les
angles sont saillants à l'extérieur et les murs sont plus épais. Au
niveau de l'areail y a retrait, et les angles des deux octogones jusque
là aigus et saillants sont coupés carrément et forment des espèces de
pilastres dont les angles latéraux font saillie sur les deux' côtés des
deux octogones qui les touchent.
En dehors du mur d'enceinte de l'octogone intérieur, nous avons
observé, au côté ouest, un épais crépissage à chaux et à sable, recou-
vert d'un stuc se nivelant à la saillie du mur de fondation et à la
saillie des pilastres. Le stuc était partout colorié ; d'abord en gris dans
sa partie inférieure , puis en rouge au-dessus , et cette large bande
rouge était surmontée et bordée d'un lizeré jaune de la largeur d'un
centimètre. Ce lizeré en ligne droite formait , de distance en dislance ,
alternant tantôt en haut et tantôt en bas , des expensions de même lar-
geur qu'elle et aussi de même couleur qui ne dépassaient pas un
centimètre.' Au-dessus de cette ligne le crépissage au stuc paraissait
prendre une teinte verdâtre.
L'octogone extérieur présentait directement à l'est, et sous un fossé
qu'il a fallu entamer, une disposition toute particulière. On trouvait là,
à 2 mètres 80 centimètres l'une de l'autre, deux maçonneries régu-
lières de 52 centimètres d'épaisseur sur une longueur de 1 mètre 05 ;
elles étaient accolées à la partie intérieure du mur, sans en faire
partie. En face de ces deux maçonneries et du côté opposé du même
mur existaient aussi deux maçonneries de môme longueur et de môme
épaisseur, mais avec les angles extérieurs arrondis. Ces maçonneries
différaient de toutes les autres parce qu'elles étaient constituées en
pierres plates , en moellon de granit et non plus en pierres réguli^e-
ment cubiques de granit. Nous avons dû supposer, (ne trouvant nulle
autre part traces d'ouvertures), qu'une porte large de 2 mètres 80cen-
.timèlres devait se trouver entre ces maçonneries accessoires, ou que ces
.dbyGoogle
— M— -
DH^nneries fi*éta1ent~ elIes-iiiSmes i^nè iti pas de portes de 4 mètre
05 centimètres d^ourertar^'. GËtte â6niiëre supposition prend qaelqne
consïBtaùce par la découverte , près de la maçonnerie intérieure de
droite , d'âne dalle de grès , marbrée do flttrations ferruginenses ,
épaisse de pins de 6 centimètres , polie snt* nne de ses faces , et asée
légèrement snr celte face par des ft-ottements qni pourraient bien avoir
été des frottements de pieds. Quoi qa'il en soit de nos suppositions,
nous avons trouvé, en ce point du vestibule, des traces évidentes d'un
feu fort vif ; car il' y avait là des charbons , des scories de fer et des
vitrifications. , '
Toutes les pierres des mars , à l'ititérieur du petit octogone , étaient
rejointoyées au ciment et avec un soin qui ne permet pas de penser
qu'elles aient été jamais recouvertes d^un crépissage quelconque. Ces
joints avaient été lissés aii fer.
Nous avons recueilli dans nos fouilles un fragment de marbre blanc
teintéet veiné de rouge; trois fragments d'un vase en terre, épais et
grossier, d'dti brun roux ; une anse de vase antique â saillies longitu-
dinales tordues ; des fragments de tuf ; tioe fibule en bronze à ressort
en boudin , mais brisée au ressOrt'rnéiUë ; lib 'fragment de verre fin
ornementé, ' sur Vne face de lignes' droites, fines et circulaires; des
stucs elitrépissages diversement coloriés^ bedncoup de clous et de
pattes-fiébesen fet-, de grandes dimensions; un' 'petit disque en terre
cuite letTotrge'pertfé d'iin trou rond au centré ; \itt carreau en grès poli
et 'une énorme quantite'de pierres cubiques , de tulles à rebords et de
tuiles de recouvrement ; enfin (et ceci prouve la visite en ce lieu de
fouineurs et de'curlenxjî nous avo'ns Ihiuv^, à une grande profondeur
en terre, ubsoudeLùuis'XVI;'' ■ "■ '
Il Dotts reste , M^siëUrs, après ces desbriptidtis minutieuses, à vous
donner nos' impressions , hoâ idées et ffûs' suppositions , sur toutes les
choses d6nt nous Venoné' de Vous ciilrètenîr. ''
La vahe enceinte à gtos'i'eifets dé teWè a'dft' être un camp militaire
qile nOuS croyons art)ir été pet'niaTlent , etâ'ÉauSe de l'importance du
lieu , el pour lir protection des «ombreuses babliations qui l'entourent ,
depfèfeottdeloinV^ii nord, à l'ouê*Cet ad sud.' l-es débris de briques
e( la médaille romain», au sommet de U erée4fthé, marquent quHly
a eu là un poste de surveillance pour éclairer la voie, le campet les
habitations; - ■ ■' ■-■■"'' ■'■ '- - "'i ■
Mais ,qbe^c était U< destination dti' doublé octogone ? '
Certes ,■ ilinetoffibe' pa^ dans t'idé« qae'tîet édifice si singulier ait été
dti^tiaé à' des mages dotoestiqses. Une) esdlepièlée 'entourée d'un cor-
ridor bien'^lM vaste ^R'elle n'a'guÈ»E pu ôtre habitable et n'a pas dû
êtrehBbiliô#.< "■ •' ^^ ■■■ " ■ y—^'--^ ■"■ ^ ■ ■
Ce n'est pas non plus une touP'tid''<KleBSe ,' car ou ne s'avise pas
d'orner de marbres et de stucs coloriés un édifice purement militaire .-
>dby Google
autour â'nn poste de fiu^rrs, e^.sjurtoiHiPPjdonBe aa;(,niarg de c^.paste
plus 64 centiiaètres d'^paM^W- Vne tpur militaire doit; être sur,iBftnt^
d'une plais-fonne,etnou8B'avoii*p»s trouvé trace4'uD,^calwr d'accès..
Au contraire, nous avons, trouvérdf"^ 1^^ '^i'*'''S' de Xédiace^ des
iodices qui doue poj'tgiit it.peqssr.qV-il ^^'^ surmonté d'u# ^tme.
Ainsi, BOUS arons retexé ,u(ie,'gfaqdsi briiiaÇià rel)ord^, ddi^ plate,
coDWQDous les voyons. tAu^oii^t, majs, avGC|la. cambxuxe n^ç^aire,
poar recouvrir une yoi)f,6 ,à^mvRitc\>i^iTe,. . IjEous. avons .dé^err^ des
débris de ces briques , les unes encore adhérentes à d'épais tilocafies , ,
^ les autre» portant encore en plaç^ 4ç granfl^ çlons ^ur, les cOté» let
à leur angle coupé. ,. ,,, ,
Il ne reste, pour no.Tjs,,d'aiilrç idé^admîssible ,,fli}e ceijle ^ei'exisr
tence, à La Grée-Mahé, d'un petit temple romain- Ce temple, entouré de
son corridor intécieiir, çt , î'un parvis, extérieur nivelé à chaux et à
sable, a dû servir au\$acfiâces. religieux d'une contrés dans laquelle
je vous ai eité un très,, ^a^d .nombre d'habitations rpmaines. Je
pourrais encore enncpir rja nomenclature que je vous ei) ai fajte ,. çn y
ajoataotKreob, IePeLit^9jflc,i^^r^is,,Bpjyiignac,etc.^etc> .., ,. ..
On coonajU des teo»ples. roinajns,, circulaires et., aussi .des i^gjfileg
octogones.. J'ai.trquvé.dftne MooU^acoii,.(, %, pl.,xi^iii, un templç dont
le plan^IH-ésentEt un 9ct«gon^,p(iif)p|j,(^é ,dansuq;.octQggn&cPçjpliqué
aus&i. et;qnLqB diSëreiidut^EnpIeii^^a dGéerMàM.que par.^es.compli-
cations^uiiii&sDntqu^ ^s eI)j(:|lixep;)e^^•saln£limp9rlance au. point, de
vue de.ladestination. . .(.n,,... . ,. ■ ■., ■ ■<■ ,.■ ■
Sans doute le tempV^d^^^^'^^il^bé^slde.U'ès. petite dimension,
mais dans le culte polythéiste ces monun^;i^s.,.LQiD. des, grands centfQS
de population» étaient 4fiP^u4'^^'}4vQ) p^ifce, qpg.ctiaçuQ y allait à son
heure ,r prier et sacrififir,, ^pJtJ^lémeD.tj ^o.it aYÇC.Les, .^çjils.n)pmbre3
de sa famille. Une pariicular^é Que.i'ai nptée. nijÇ.por^Ç;^„çi;qir^ ;à,de^
sacri8ii)e»,saflgUQt^,auitçq)plp dç.J<? Qrê,e-Hah^.;,<;.'ftst,V|^finfÉideMucs
en dedans dâl'oct()gan^i.yi^rieiir,,,oA rl.ûS; pit^n^gs, .étaient ^ujie^eDt
rejointo^ées au cii»ent^ itfl^^euL .powf„Qji nous,ayon!L Vp^yé d9f jtrace»
de l'aetiondu. feu poiirraiit'ieu.ôlr,e„celui,oAii;qn brûlait, «ertaipes
paitiesdefi v;iolimes.({i£cie^piire'^qppsËiiion pu^qu'>l yifi.fu, avoir
làincen^.) ■■■ ■■ -■■■,.!.■. -.■■n.; ... ;■.•■!.■ ■■> .', -
Si nous n'avons pas trouvé de dallage en place, c'est que la .destrucr
tion a sévi là brutalement «ti^ttCi.leS'fpoJllfiur^ tqui lont ptoct)é. avant
nous 'OntMilevéle pet'âe4allA«<flui^panvai«ntefister enc«i]e. J'aiim
entrelosmaioideH. Mjir|0t,dâ<graadeataile6 cw^es^fort Caisses, et
onié«g, sun une face, de: oerelQftjCoiK«ntriquet ,al^erDant régJ^lièrement
en sailUes et en crenx> et M. Lamary, comme H. Harot, aCSnoantles
aviur renieillifts en place su Poreadu temple..
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MÉMOIRES
DTffl DÉPUTÉ DE U NOBLESSE ADÎ ÉTATS DE BBSTAfiNE
«e IVt* * ITM.
(Pu H. G. de Clonudcuc.)
Les mémoires anxqnels j*empninte anjonrd'bai no sujet de lecinre
sont inédits. Livrés par les hasards d'une enchère anx mains d'un
débitaot de tabac, c'est à la prévoyance d'an de nos collègues, M. le
D' Juhel, qu'ils doivent d'avoir échappé à la destrnctioo.
La coQvertare et le titre du mauuscrit avaient déjà dispara avec qd
certain nombre de feuillets; mais ce qui en reste est encore considé-
rable, et j'espère qa'avant pea j'anraila bonne fortune de publier en
entier ces précieux, documents.
L'auteur des mémoires , dont je me réserve de dire plus tard le
nom, était député de la noblesse aux États de Bretagne, sous la
Régence. Il a été à la fois acteur et témoin des événements qui ont
remué la province, de 1715 à 1725. — Son récit, très circonstancié,
est adressé à son lils sons forme de journal confidentiel.
Loyal et franc gentilhomme, d'une instruction solide, lettré à la
manière du duc de Saint-Simon , notre historien breton esl avant tout
dévoué corps et âme aux intérêts de son pays. Son cœur se serre au
spectacle des abus qui débordent, et les empiétements du pouvoir
royal ne sont à ses yeux qu'autant d'attentats aux privilèges et à l'in-
dépendance de la Bretagne.
Mûri par une expérience des hommes et des choses qui lui donne le
droit de les juger sévèrement, rien ne l'arrête, lorsqu'il s'agît de la
vérité. Son récit, chargé de faits, est émaillé de portraits crayonnés
de main de maître et de réflexions qui dénotent une probité rare et le
patriotisme le plus pur.
Dtt fond de sa solitude , l'auteur compose ses mémoires sur des notes
prises jour par jour ans séances des Étals, et c'est merveille de le
suivre, car il se révèle à nous non-seulement comme observateur mais
encore comme écrivain.
Sa critique, souvent acerbe, est mitigée par la plus entière bonne
foi et une loyauté qui charme. Il dévoile hardiment les trames odieuses
et les intrigues de HM. les Commissaires royaux, qui tour à tour s'en-
tendent pour exploiter la malheureuse province, de concert avec les
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— Jl —
k^iUBts. En «laaiité de gentilhâmme , il D*a que pea d'estimé fdtà le
tiers-état qui, à cette époque, ne se compose guères que de fonctiOD-
naires gagnés aus gens da roi. Mais l'esprit de caste ne l'aveagle pas,
et il juge vertement la turbulence frivole du corps de la noblesse à ces
tenues d'États qui ont suivi le triste dénouement de la conspiration de'
Pontcallec. Il ne ménage pas non plus son mépris pour l'ordre da
clergé dont it tlétrit TambitioD et l'égoïsme servile.
Décidément, le vieux gentilhomme fait bande à part avec quelques
puritains comme lui , fourvoyés dans le tourbillon des assemblées déli-
bérantes. Il jette sur tout cela un regard de dédain mêlé de regrets et
d'épouvante. Comme autrefois Snlly à la cour de Louis XIII, il hausse
les épaules en passant à côté des jeunes hobereaux galonnés d'or et
des abbés fardés qui ne voyant que plaisirs à ces tenues d'États, se
plongent dans des fêles somptueuses et se soucient davantage des
dames d'atour de M"^« la maréchale d'Estrées que des affaires de' la
Bretagne. Pourquoi ne pas le dire? Dans ces pages autographes ,
écrites de la main d'un père pour Téducalion pohtique de son fils, on
sent, à chaque pas, comme un souffle avant-coureur des grandes ré-
formes qui pointent à l'horizon du xviri» siècle. — Soit qu'il nous
retrace tous les détails de la conspiration de Pontcallec, soit qu'il
' nous introduise aux assemblées tumultueuses des États , où s'agitaient
trop souvent des débats stériles, l'auteur s'arrête de'temps en temps
et jette le cri d'alarme. Où va le Gouvernement avec son système de
despotisme et d'accaparement des libertés publiques? Où vont les
peuples accablés de vexations et d'impôts qui les réduisent au déses-
poir? Où va la malheureuse province de Bretagne, traitée par le pou-
voir en pays conquis, indignement ruinée par la cupidité de ceux
qui ont la confiance du Roi? — Le députe aux États de Bretagne,
soixante ans avant la révolution, crie a la décadence et appelle, sans
s'en douter, avec une éloquence farouche, la tempête de 89.
Si j'en juge par les extraits qui ont été pubhés du journal de M. de
Bobien, dont le manuscrit est déposé à la bibliothèque de Rennes, les
Mémoires que je possède sont incomparablement plus intéressants. ' —
Plus âgé que M. de Robien, notre auteur est un témoin oculaire; il a
même joué un rôle dans les événements qui ont préparé la conspi-
ration des quatre gentilshommes' décapités à Nantes. Il parle de visu,
tandis que M. de Robien n'a écrit son journal que sur des documents
fournis longtemps après.
En outre, je trouve , dans mon auteur, ce que je ne trouve pas au
môme degré chez M. de Robien : une Spreté de sentiments honnêtes,
nne bauteur de vue, une indépendance et, par-dessus tout, un dévoue-
meat sans égal aux libertés et aux franchises de la Bretagne, son
pays.
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-ai H-
d'j^Rcécntqrd ti*^ .Sacrée, i-^fl^l^remièrf pp^tie et la ^os importante
est cpii^rée^aarépit^^^rënements ppUtùjtio? auxquels l'ai^teur a été
mété. La dp)i;ii^e parité reoferm^ ^B& uwUitiide de lûècés détachées,
en prose qu en vers,, sur les> sujets les .plas variés , copiées à l'avea-
tore etsuiraob l'Io^iralioD in moment.
JLa.partiç tûstoriqne s& &oiopose-.de pcès 4^300 pages ia-f», dans
l'orijtp 8uii;aiit : - ,. .. , , y., , .
: !• ïln méMoîre (qai nVst sdtis douté $fl'UDe copie) sar les teoues
dilata de Sahit-'Brreucfl715)'etDiiîaù (i 717)1' avec des notes critiques
marginales ' écrites de la màitl de l'auteuh'— Ce mémoie, auquel
manqueiït les premiers' feriilleis', comprend H'5 pages in-f»,
2° La nah'aUon conâdentieHe de la Cod^piratiân de Pontcallec. —
29 pages in-P; ' ' ' > . .
îf" La tenue des États d'Ancenis (1720). — 57 pages in-P.
■«•'Lliticéndie dé Rennes (1720];'— 4 pa^esin-f".
'&• La teftffe des États de Nâïites (1722)', -^41 pages in-f".
B-La teiiue des Ét&ts de Satnt-iBHeu'ts (1724). — 13 pages in-K
,..-, , > M. ,1^,. .. Lui.. : ui-ii Un- -l.'i'.l ^■■■' ■ ■-.- _J' '■•
■Je publie anjOardîbiii'le-G^pitr&^i Qil<irelatifaui ÉtatefâeSaJat-
Briew (172A).,y6ns jpg^ree voufrtnénie^de'la vitleor dePcenvre par
ceti'écbantilloQ., <et>vous acfpervezj'commel mai, la«oQTiclJoo;qa6
la piyiliaaUoQ.ds ces mâw>ir«s>'^rft un -MDvice oonsid^able rendu à
rbiatoinedeBpetâgnc-. ri, ■■ . ■■■.■-*,.•■)■-. -..n-
^ ■■''lai'sepienibfe'ift^. '■ ''■■■''' ■■'■■■'<'•■ ■' ■'' ■". ■ ■■■
cJeneim'ati^Ddoisp&st.mfin'Qlev'âjwiaiS'décrire aacnBe4enne des
Eetatsplusi préjudiciable aux. droits- ebjux., privilèges de ISiproviBce
que eelles.dsDJHanetde Naeiesi Hâis^eHesm'ont été l'une iSt l'autre
queJçs, ^étoiùtaires Cmie < liberté ..loAitrabl^^ On y gBFdoit eacore
qntiqa*«it^f do<ineE|ife''¥ovs iBUezi'Toir' daasœlie .deisiËstats de
Saint-Brieuc (1724) y porter des coups mortels, dont je ne ju«a pas qne
laprovBjce.afefelfcHi.jaBHiis,'. u--,,,-,-. i,»..-' o
iCe n'est pluaà râKaod^dit doa.gratmtqueiron exige une: soumission
aveugle. iI/dqi met pow. feBdematkt qus les Estais De>s(wiroieat agir,
ordonner n; prendre aucun arraB^emeBtbmeEateen ae-qni toui^e
l'entérieur de leurs affaires qne du consentement de HH. les Commis-
saires de S. H., qui en même temps prétMdeot disposer sonverat-
DisitizcdbyGodglc
-i 43 --
nement de tons les fonds, en^îre la destination sàns'qae tes ^tats
s'y paissent opposer n; par leurs ordonnances ny par lenrs retnon-
trancea ; et pour le proaier invinciblement ils se servent de Tauthoritê
absolne et arbitraire pour entrer dans l'assemblée ; ils y font enregis-
trer un arrest dn conseil qui casse une délibération qui ne regardoit
qoe le boa ordre qui se devoit garder et conserver dans les Ëstats, et
delenr propre mouvement, sff sentant sontenns de ce même pouvoir
arbitraire, sans y être en aucune sorte aatorisés par S. H.^'ils biffent,'
en présence d'un corps pour lequel ils dévoient avoir nn peu plus
d'égards et d'attention , une de leurs ordonnances,, la pkns judicieuse et .
lapins sage, ordonnance qui ne regardoit et ne touchoit ea rien les .
in^réls du Roy, et ea substitnejit une autre en sa place : violeace diHit ■
il n'y avait encor jamais eu d'exemple; qui sa{ipe par le fondement
jusqu'à l'ombre de la liberté, et qui rend inutile et mesme à charge
l'assemblée des Estais.
Car s'il est sans réplique et s^ns discussion que: ce qui est eï:priiQé
dans les instructions que le Roy donne i ses commissaires soit.exécuté
de point en point, soit pourTimposiMon, soit pour la.façpn d'imposer,
soit pour la distribution des fonds, soit pour l'employ qui doit en être
fait, je demandé à tout bomme srasé ee que c'est qbe l'assemblée àhs
Estats, qai ne laissent pas de cosster beaucoup à ia province. NonS'
exemptent-ils de quelque levée extraordisaire : la eapitalionj les coo-
trêles, le tabac, les franiv'fiefs, le papier tùobrâ, le clnqnffntiesme, -
le pied fourché, la ceinture de la Reyne , le joyeux avioement, lama^-
gistrature, les arts et métiers? tout n'est-il pas taxé et levé dans cette
province avec mille fois plus de dureté et .{ffttaclian qu'ailleurs ?
N'y a-tr-il pas un intendant qui y tranche du souverain , et qui n'est
point longtemps sans se corrompre, quelque réputation qu'il ait ene
partout ailleurs, par la licence qu'on lui donne de ne rendre nul
compte ny à la cour ny à la province de son adoiinistration au sujet
de la finance, doât-it ordondèHa'pércépUon ■loht'sealj'ésueil dange-
reux où SB brise le plus souvent la vertu la plus austère ?
A quoy servent donc lesBtats, je le répète encore? Aregorfer de
biens dix ou douze personnes unies les unes ^vec les BUlres'poar la '
destruction du pays, à satisfaire U' ci^idtté, Tavarieeetl'brgilMl de
gens ambitieux qui s'imagloent faire leur cour en fonlnftavx pieds
l'honneur et la probité, en s&erifiaDt de'pa'àvrespeoples à leurs avan*-
céments et i leur fortune. ■' ■ '■, •'■■'
C'est de la sorte que se sont comportéa HK. les CommissaireB et
ceux qui maniaient les affaires aux derniers Estais de SatoC^Btieuc, et
l'on doit à rimhécillité du chef etil'iat^rest comme i la dàrettdes
autres les malheurs que je vais décrire.
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— 44 —
H. la duc d'Orléans, qni rassembloit en sa pnwmae le pins de taleat
et de perfection avec )e pins de dérauts et de faiblesse, étoit mort eu-
bitement à Versailles, ainsy qu'il l'aToît désiré. Son âls, qui eslott
à l'Opéra à Paris , ne pot être adverty assez à temps poar obtenir
la place de i" ministre qu'on avait cra Jusqu'alors indigne d'an prince
du sang. H. Ic'Dac, se troarant à Versailles aa moment de celte mort,
profita de l'occasion Carorablé et l'alla sur le champ demander an Roy,
qui la Iny accorda sans hésiter pour avoir l'approbation facile de
l'ancien érêqne de Fréjus, son précepteur, et dans le mesme moment
on presta le serment de fidélité entre les mains de Sa Majesté.
C'esloit donc H. le diic (de Bourbon) qui tenoit les resnes de l'Estal
sous un jeune Roy qui n'aimoit que son plaisir et la chasse, et qui ne
Toaloit entendre parler d'aucune affaire.
Je ne scay par quel malheur pour la province S. A. et M. le maré-
chal d'Estrées ne prirent pas bien ensemble. Il y a apparence que
H. Dodun, qui du plus bas étage s'étoit élevé jnsqu'ù la diarge de
contrôleur général, et qui sceut s'attirer, prêt à tomber, la bien-
veillance de ce prince , n'y contribua pas peu.
Le Maréchal, ans Estais de Nantes, n'avoit point voulu recevoir par
son canal aucun ordre de la conr ; il t'avoit traité publiquement avec
un mépris qu'un homme ée peu souffre avec plus d'impatience qs'un
anU-e ; il avoit attaqué sa probité et assearé que c'étoit un homme
sans foy ny loy qui auroit immolé Dieu et l'Estat pour se •maintenir
dans sa chaîne et acquérir des richesses. Dodun avoit été adverty et
instruit de tout. Il est aisé de juger de la haine qu'il portoit à ce
maréchal. Cependant ce fut luy que M. le Duc choisit pour négocier
avec le maréchal d'Estrées, et pour scavoir s'il n'étoit pas dans le
dessein d'aller tenir les Estais de Bretagne. Il scavoit que personne
n'estoit plus propre à faire exécuter les volontés du Roy sans com-
mettre son autorité, qu'il avoit trouvé le moyen de parvenir à tout ce
qu'il désiroit, en faisant toujours croire aux Estais qu'il ne vouloit que
ce qui estoit da leur utilité et de leur bien. L'on n'avoit encor point
veu en Bretagne île commandant si honorable ny si bonneste et sy poly
sans rien perdre de la majesté et de la grandeur. M»^ la Maréchale le
surpassoit en<:ore en ce point, et l'on peut dire qu'ils estoient tous
deux devenus l'idole des Bretons.
H. le Duc soubaitoit donc que le Maréchal eût encor tenu à Saint-
Brieuc les Estais. Mais il jugeoil que cette place méritoit bien la peine
de Iny estre demandée, et qu'il eût regardé son choix comme une
grâce. Au contraire le Maréchal se croyant avec raison nécessaire, et
ayant juré qu'il ne viendroit point en Bretagne si le Prince ne luy en
parloit et l'assuroit qu'il y estoit utile pour le service du Roy, on noircit
auprès du prince cette démarche hautaine qui luy envoya Dodun pour
scavoir sa dernière 'résolution, qui fut qu'il iroit sous trois jours à
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^45^
Versailles, qa'il se préBenteroiideyant S. A., qne, si ielle Iny comman-
doit quelque chose du Roy, il obéiroit, slDon qu'il demeareroit à
Paris. Il ; alla se présenter trois fois devaat lay; il oe Ini paria de ries.
Le Maré<Âal s'eo re?int à Paris, résolu de n'en pas faire davantage.
S. Â. insinua dans le monde qu'il a'aroit pu convenir avec luy de
prix, ce qui terairoit biea toutes ses autres grandes qnalitiis, si cela
estoit vray.
Sons le règne de Louis XIV où tous les fonds de l'Bslat se dissipoient
avec'tant de profusion, jamais commandant ne s'estoit ayisé d'exiger
de l'argent pour venir remplir la place du Roy. L'on estoit assez
content de l'honneur qn'iL y avoit d'estre choisy pour commander à
une des plus grandes et des plus belles provinces da royaume , et d'en
toucher les justes appointements. Ce ne fut que pendant la régence du
duc d'Orléans, qui donnoit à toutes mains, qae ce détestable abus
s'introduisit, abus d'autant plus pernicieux que celuy qu'on nomme à
cette honorable place ne la regarde plus qne comme un employ merce-
naire par lequel il lui est permis de prendre per fas et nefaa et de
s'enrichir ou restablir ses affaires aux dépens de tout ce qui en peut
arriver.
Effectivement, à la façon dont, depuis plusieurs années, on traite
cette province, qui ne diroit qu'elle vient d'estre subjuguée sar les
ennemyg du Roy, tant elle est abandonnée â l'avidité de ceux qui la
gouvernent, et qu'elle ne fasse plus une des meilleures portions de
l'Estat I
Le maréchal d'Estrées répandit dans le monde de son costé que, s'il
avoit refusé de venir tenir les Estats, c'est qu'on ne luy avoit pas voulu
donner carte blancbe comme aux précédentes tenues, où il y avoit
mille fois plus de difScultés à surmonter qu'à ceux-ci, et qu'il n'estoit
point fait pour exécuter les volontés violentes de Dodun, ny pour ne
pouvoir agir ny prendre aucun party saos ses ordres; que c'estoit ce-'
pendant à quoy ou avoit voulu l'assujétir. Comme touie cette négocia-
tion ne se passoit qu'entre le contrôleur général et luy, ne s'en estant
jamais expliqué avec M. le Duc , le premier fit entendre que ces airs
de hauteur blessoient l'autorité suprême dont il estoit revêtu, et en-
gagea S. A. à nommer pour aller tenir les Estats le maréchal d'Âlègre
dont il estoit sûr de disposer à sa guise. On Iny assigna 200,000 liv.
ponr sa dépense. Ce maréchal estoit sans contredit d'une des meilleures
maisons de France. Il avoit serry le Roy dans ses armées avec distinc-
tion. Il n'avoit point obtenu le bâton de maréchal par la brigue ny par
la faveur, mais se l'esloit acquis par ses services.- C'estoit d'ailleurs un
bon^ gentilhomme, honoeste et civil, qui auroit esté ravy de faire
plaisir, s'il s'en estoit réservé le pouvoir, mais si peu capable de
l'employ oà on le destinoit par la médiocrité de son génie et par le peu
d'expérience qu'il avoit de la façon dont on doit traiter les affaires.
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qu'il cQDTenoit'liip-ineBme ^B^ltelloil bien qu'il s'en rapportât h ceux
,qnile»awoteDt.eïHÏBf>aBtmaBi6ei, et qa'it n'aToît regarde cette place
queconine iiDe'réwHpeiMe et an secours pour restablir ses affaires
délabrées; que sur «e i)ied4à il s'estait engagé i faire exécuter tout ce
Hm estait, coiiteDu ^tis ses iuBtruetiens de poiut eu point, mais qu'il
.n'r seiKMt pas replis, et qce-la deuxième f<Hs il demanderoit permission
âe poaWir négocier arâc tes Estats sur certains articles qui lui pa-
raissaient aussy bien qa'à eux forthijuBtes; mais que pour cette tenae
■iLbUoitEObâir sans disfHwaMi.
GeLareu parut ci naturel et û«iiicère eASi fort de la portée de son
génie qu'^n ne se prK point à lu5 ny qu'on ' ne luy imputa point toutes
.les dénarcbee e^trafiràissires qu'il fit dans cette assemblée, et jjucles
iiiipiitati«i& tombèrent toutes, comme elles le dévoient, sur ceux qui,
scachant qu'il n'estdit capable- de rien, l'avoient choisy pour se rendre
maîtres des affiiras. Ca-îti alors que les yeux s'ouvrirent et que l'on
rit quo U haiueiqae l'on avoitconçue contre te maréchal de Mon-
teaqiûoi , qui ne poussa jamais les choses à l'excès de cetuy-cy, ne
dardât pas seule retomber sur luy.
.. Le.baQtiomnte d'Allègre renoit d'eipouser en seconde noce, à l'âge
()e.?2:ans, une jeune debioiselle qili aroit passé toute sa vie m coa-
^ept. et qHiseuremeot en avoit bien coinservé les manières. Elle
n^avoU ny esprit^r ni beauté, ny ancuife sorte de grâce. Ce qui la
rendmt.plus, souffrable, c'est qu'eHe ne diSoit pas on mat, et qu'elle
avoit toiJQars de<grraâs yeux ouverts et une gueule béante pour estre
attentive iitoutce que l'on disoit auquel «Ile ne comprenoitrien. Elle
a pâmé' trois mois en Bretagne , sans avoir pu retenir le bom d'aucun
Itonuae.eit dlauGune-lemnas; Tout ce qn'onluy entendit Jamais pro-
nppc^^ caifo^ ; *. Ban)eur H'-eb M>«, donuËz-moy viste un écu pour
UfietcoGoamnauté laquelle je'mMDtéresee; elle est panvre cbmme Job
BUT lie fw^ier, et Dien TouS'en récompensera.» Ce qu'ilyadepis
^'estjqqe cette .cbauBoa qu'elle «voit été 45 jours è estudier et à
apprendre.,. dora pentUnt tous des Estais,' «t qu'elle se faseholt quand
oH'S'ennuyoitide.luy.doÉner. Si jamais le bonbomme et elle font des
entants, spirituels., il faudra convenir que le sens commun haltère et se
répare sans qu'on tienne de ceux qui tous ont donné la vie.
Cette médiocrité d'esprit et cetle-âgsre disgracieuse déplaisoient fort
à nos petits maîtres de cour, qui cent fois plus imbécilles s'imaginent
:gueitâat;le mérite cootiste dauscinq oû sir mauvais dictons qui, répétés
cent fois le Jaur-, deviennent lesc^ide fondement de leurs conversations.
Avec ce.bel étalage, ils regardoient ceux qui' composoient les provinces
conmie des sauvages- que la moindre fumée éblouit comme eux, ce qui
les fit juger finement que H">« la maréchale d'Ëstrées avoit réussy par
ses manières gracieuses et polies â s'attirer restime et l'amitié de la
noblesse k m PQ>M qu'eUe les diqxMoit à suivre presque tonjoui-s ses
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seatimen»» golU estait ^xff-^i^ititfeâg^&wmieâtiiùiiï^'psjibàr-
tme mille fois plna de nrédjii.aar les ««prite>qa9 tesihoiiiiiieB, qa^l
eslovt par. coas^^ofnt d'qna néo^uté > abselœ é'^ea- chercher me qô) lia
copiaât. 0^ jeiièreot les jenti, sao la.ail9idtiHaréclial,-Mr de'B«p(fr-
Inonde,.IaqaelLeavoitl'ta9naea1^â'âtre:amieâ»'Jl<»°'de'Prie,'maUI<âfie
de. S..^, le Duc, et ponvoitt pu* Ijt .les iftrrir dans Isotb 1m)s»(iib. Elle
estoittrè^riche,.etiouojt,aaiiea époit?aatabla, ce qai'ne lanse pas
d'^eater. Quoiqu'elle ifil(^B,,«U&awteticar dsBSs aade&»-agré-
meos qu'elle savoit mettre à profit ea^lemps et lien; son grantf fils
Iç plqs débanché des joav^S'iiena'^ââ E^ria.'SQiTyd'sq sgréablË et
complfisiint cortège deïiiCJotiX'sexeiSi'les nos payés, («swttres âlLss
suivante^ et biQaraisaate&, amussroifint.lai ieuneesa qni-est toajoors le
plus à. craindre aui EstaUjifitjDy douAWoienl desoGOOpktiOQs plâs
sérieusçsqpecellesd'alIt^^aDDerses.vaisidaiislasénali. ■■>■
C'est ainsï que raisoQiwent lfipiarqDis41IerjQaalt(DodHii) et celtty
(riDtendsptJ qui sous Im] déviait, ioats le plus grand rOle atix Estatâ.
Hais ils^ trompèrent r^iii fit l'autre dftD» leurs oonjeetares. Ces pro-
Tinciaux de Bretons qui à leur aTis-ealoient sots comme desidindons',
tenuQ alors à ]a mode>ei,â>,r4pétitiQBi, trouvèrent qus' la copte' ne
ressembloit pas à rorigiqBk|,>qu'eU0 (U*>t'âe<Ril{)ennoDde)in'aYOit-ny Ëe
fonds d'e^p^t nj oetiâ p<Âit^sse m61iâ>d« ^^odeor qui en. même téâips
jaisojt aimer, ^ respecter M<¥P.ila Hri'dlfiatrdes; que' ses boanétet^s
. estoient .fa(lgs^ saps «oât, oy 3ans eHoaii^oD des petsoimes ,- oe i (jai''B0Ul
l£s reAd^sé^ai^les et.fiattsjtKsâ.d'fKUâurs' presque uDlqueiBeDt'0>cttit^
du jeu qule^t S(i;pa&sioQ <bHnûianlâ,ifsGl. înt^eMée',- te-qa! bien loin
de, l^eog^gfir .d'aWcir ifi <Uai4écbal' quand 'loi' deux' antres commis-
saires l'i^rpient mis en fnneiv, et.deiJus fûre connoltpe<qli'it'se'âéMd-
Jioroit ep ^pplaudissADt- AiRP^Tii do»9)asgidl)S' estraQgôres'.'êlIe' l'&riimdit
encQE.d'iïvanlâji^ dans U prainteh<jyile^£stat8*estoi«nt'librH,'âe'a'e
paspbt^if dJ^ ^Ue liy^ss.^u'sUe .préleadoitletn^'cxtonfaerëi Son
père. .en ^venoiHe^ tjnvi.'.Àu:Ueii de âUpsû»nrdaD$ïeS'e9prit^''paT
desmaqi^ï^ gracieu*es,]'£llsiim£ba(}OititouioQM dei'la''eolèré"deisoa
père, que, j&voJW conseiller diiaitnelte, deAécbir^ temie trep-hautbki
qui De ÇQpvâDoit point à laplop^de eaux t qoi elle tdnojt ce^iiâtMAfS,
et qui tout au plus De poaKQit'arairid''âfEetqu'aaprôsdetrois>onqnatt'é
jeunes gens qui, âiEoient*Us,< en avotent 6iit U cobqHeste plus par va-
nité que par goût. . . ;. ^c il-. '■■■. 1 ■■ ''■■ ■ ■'■ •'■ ''
Un s^ifl nommé H.. le>Gi Ae'la^'ttinàre' eD"esWit"réritaMemé(it
amoureux, mais comote tliavoit anbsjf l'Aoe-beHe et bien placée', 'Il se
pariageoit. et estoJt aassyJ^oBiiûtoïendaDs Paeieoiblée 'qde' tendre
lorsqu'il embra^soit les g(iDpuxid& t&:beUe suDtDoée. ' '- ■''
Il eût été heureux que «etteipasfion Bt MQe de l'intérAt-eassant laissé
aussy libre M. de Brilhq3i^SI).i°' -canunissaire après- le Maréchal et
U. de Brou;t «anmissair^^ iOiLMBWil; iom les deuji^ ajaitt esté oou-
>dby Google
— -» —
imta» que le Haréchil estoit un homme incapaUe d'agir par )of-
meBDie dj de prendre aacoa party, et qa'ils n'avûrat poiot esté
b-ompés daBs le cbok qa'its en aroient fait de eoncert avec Dodaa ,
s'onireot pour la 2* fois de leur vie , ponr le goareraer k lesr mode ,
en se cédaat matuellement ce qu'ils avoient le plas à oœor de faire
réussir, en sorte que ce pauvre Maréchal ne fat que l'exécuteur de
l£urs odieuses entreprises.
Ils ne luy donnèrent pas même la pennissioQ d'énoncer leors vo-
lontés suprêmes.
J'ai déjà dit que le 1" président estoit un bcmime entreprenant,
partial et intéressé, toujours remply d'idées fastes dans lesquelles il
éctiouoit le plus souvent, mais, qui ne se rebutant point par la honte
qui cnrejaillisaoit sur luy, estoit prêt le lendemain de former un autre
projet auss; chimérique qu'il poussoit avec la même ardeur, quelque
peu d'apparence qu'il y eût de réussir. C'estoit assez d'être dans les
affaires pour avoir chez luy un libre aller, et le Ubre aller ne se
donooit pas pour rien. 11 estoit ud; par le sang à un des fermiers gé-
néraux de la province, et par une amitié achetée avec toutes les
autres , les fermiers avoient gagné dans les précédents baux des
sommes immenses et avoient fait valoir un urgent imaginaire à M" la
i* présidente. Ils en estoieut regorgés mais non pas rasasiés. Ainsy il
fallûit, pour que les fermiers fussent continués, estre maître de l'adju-
dication, en éloignant toutes les autres compagnies qui se formoient en
grand nombre et ne laisser ny pouvoir ny autorité aux Estais. C'est de
quoy il convint avec l'intendant.
Cetuy-ci, sans avoir un grand génie, avait seeu tromper depuis
8 années une des meilleures parties des personnes de la province, et
comme je l'ay dit s'estoit soutenu dans la réputation d'un homme de
probiLâ et sans tache, à l'abry de la haine que l'on avoit concene pour
le M>i de HoDtesquiou, et du bon gouvernement du M*) d'Estrées où il
ne luy avoit donné aucune part. Il se développa tout eatier à ces
Estais, dès qu'il se vit en estât de tailler eu plein drap, par l'igno-
rance et le pouvoir que luy en donna le maréchal d'AÏëgre. Ce ne fat
plus cet homme qui, après avoir ménagé les intérêts du Roy, ne s'oc^
cnpoit, disoit-oD , que du soin de soulager les peuples. Ce n'estoit plus
cet homme qui escoutoit sans prévention et avec patience le pauvre
également que le riche , et qui leur rendoit une exacte justice. Ce
n'estoit plus l'enoemy des gens d'affaires qui réprimoit sévèrement leur
licence et leurs exactions, qai vouloit tout voir par luy-mesme et ne
s'en jamais âer à des secrétaires infidèles et intéressés ; ce n'estoit
plus cet homme facile à aborder, prompt à expédier et d'an travail
infatigable; sa femme estoit morte; sa famille, qui estoit nombreuse,
n'avoit plus de raisûD de publier partout ses louanges et ses vertus et
de loettrç ua voile sur les délaats qui estolent tels que je nepuis cont-
DigitizcdbyjGOOgle
-■49 —
prendre colnnie on a pa en estre si longtemps la dope.' F^rsoDite n^
porta si loin Torgnail et ta dareté da cœur et de l'esprit. SitAt qu'il
domine, il faut que tout fléchisse sons Iny; une juste résistance à ses
volontés l'irrite et le met en foreur; il rebute ceux qai veulent la; par-
1er raison, avec un mépris qui perce jusqu'au fond de l'âme. Le crime
ne Iny coaste rien; il ne se donne même pas la peine de le colorer.
Il n'y a qui que ce soit ny plus mou ny plus efféminé ny plus adonné â
ses plaisirs, et à ces sortes de plaisirs honteux qu'on ne pardonne pas
aux plus jeunes gens. Le travail luy est dur et insupportable. Âuss;
ses secrétaires disposent de toutes les affaires, et pillent de tous costés,
car on asseure qu'il ne prend point personnellement. Toute conversa-
tion charmante ou spirituelle l'embarrasse et l'ennaye. Il hait à la
mort tout ce qui s'appelle honnête homme et homme fait, et n'a pour
amys que i ou 5 jeunes gens corrompus k qui seul il sacrifie, et qui
du matin jusqu'au soir le louent et l'applaudissent, parce qu'ils scavent
qu'il avale la louange, comme des barbades; il n'y a
presque de repas chez Iny, de parties de campagne que pour eux et
pour les maltresses de ce voluptueux intendant. C'est là qu'on pousse
toute sorte de débauche à son dernier période, que la religion et
l'honneur sont foulés aux pieds, et oà le seul épicurianisme est
vénéré; car ils se vantent tous d'être philosophes du 1"' rang, qui
suivent ce que leur inspire la nature, et gui se mettent an-dessus de
tout le reste. C'est de la^ sorte que se gouverna ce grand homme pen-
dant la tenue des Estats, sans que souvent on pût se l'imaginer ny
le croire, tant les yeux avoient esté longtemps fermés sur son chapitre.
Ce qui acheva de les faire ouvrir k tout le monde, ce fut l'amour
violent et peu ménagé qn'il eut pour la femme de Hichans, séneschal de
Reoneâ, qui sccat dans un âge avancé Iny inspirer des sentiments si
vifs et si emportés qu'il ne les poavoit contenir un moment. Ce fut
dans cette -boutique que l'on connolt assez pour avoir fourny tous les
moyens propres à ruiner cette malheureuse province, qu'il conclut le
desselo de l'accabler entièrement, et qu'il fut enhardy â
H est vray que presque tous concoururent k sa perte , les présidents
des ordres, les procureurs généraux scindics, le trésorier, le corps de
l'Église, grande partie de la noblesse, le tiers et les officiers servant le
Roy, ne donnèrent pas moins d'atteinte aux droits et aux privilèges de
la province que les Commissaires de S. H.
Il n'y eut donc que vingt ou trente anciens gentilhommes, quelque-
fois soutenus de la jeunesse qui n'estoit point corrompue par la crainte
du par les promesses, gui pendant tous ces Estais soutinrent avec une
fermeté inviolable les restes d'une liberté agonisante, et qui pour cela
essuyèrent même de lenr corps tous les dégoûts que l'on puisse ima-
giner, et qui n'en remportèrent que la douleur de voir tons leurs
efforts inutiles poar le soulagement des peuples, le plus grand nombre
i
>dby Google
esMfDf ^i^ OUI Qir des intérêts particnliflra ou iatimiâéii par lei mer
jDf^ 4^ G«iuQÎie«rd& QUi osoieot dire -piibltaiienieDt que tt. le Dac
esioU DQ biMQae entier et violent, gai ne Tooloit entencb-e parler
(l*A|içw privilège dès qu'ils De s'accordoient pas aux volontés dn Roy,
et flu'ila leqr Aroient décltiFé poaitiTement que si quelqu'un estoit assez
osé po^r s résister sur quçlque article que ce Ait, qu'il ne s'agissoit
plus à^^fdi]&, mais de prisons, de pacbots et de roues. On oe pat s'em- .
pècl\er de répondre ^ ces Messieurs qu'au ne croyoit pas que S. A.
applaudi^ au portrait qu'ils en faisoient; que la France estoit nn pays
trop policé pour ; pouroir exercer un si cruel traitemeat, et dans le
fond de son cœur l'on pensa que ceux qui te dépeignoient de U sorte
méri^isnt mieui les cachpts que ceux qu'ils eu menaçoient.
Cependant, tout considéré, les menaces firent plus d'effet que les
cliarfiQes de H*"' de Rupermonde. Cbacua se disoit : Pourquoi nous
commettre et nous roidir mal  propos et sans espérance do réussir
coDtre des f ioleuces que nous ne sommes point en estât d'empêcher ;
nos privilèges sont certains, il est vrsy; toute la justice est de notre
costé ; mais tout le pouvoû* est de l'autre; et pour qui aous comi^et-
tons-uoiM? pour des infrals qui ne nous savent aucun gré de notre
sacrifice, et qui ont mojfis d'égards pour ceux qui Tont fait que pour
les autres- I^s exemples sopt récents. Qu'a-tnin fait, quelle marque
^ recoKoaissance a-lron donnée k ceux. qui ont est^ exilés pour le
mesmie sujet? Oa les a hués aussy sauvent que les autres qui ont sa-
crifi.é la province k leur fortune. On s'en est mocqné, et accusé de
TOQtoJLT par U s'élever aa-4essus des autres. Voilà comme cbascun rai-
SjpnuoH; ce qui estant apprécié et exagéré par les émissaires de MK. les
Commissaires fut un des prijicipaux motifs de la mollesse avec la-
quelle le corps de la i;u>bleâse agit dans toute cette tenue d'Ëstats.
Outre cela, que pouvoit-ou attendre de Guillaume, évesqae de
S*-Brieuc, président de L'Église ; il avoit obtenu cet évesché par la
fraude, et tous ses autre& bénéfices par simonie, et pour les services
honteux qu'il avoit tendus à Tévesque de Nantes, Pisan, qui par re-
conuaissance lay fit tomber cet érescbé qui estoit donné à son neveu ,
k ce.qu,'U m'a dit lay-mesme, eo substituant s(U(iu»adç baptême e«
la place de celuy de ce malheureux neveu.
Pendant qu'il avoit e^é aux Ësiats en qualité d'abbé, il en avoH
toujours esté l'ennemy et l'espion, et riea Q'estoit si extraordinaire que
de voir présider à cette asseçpjalée un bomme qu'on ne vouloit pas, aux
Estais de S^-Srieuc (1115), souffrir porter l'avis de si, chambre aux
autres chambres, tant on estoit asseuré qa'il estoit mauvais, dès qu'il
en estoU cbargé. Les boaneurs ne changèrent point ses mœurs. Il D'en
-devint que plus iasoleut et plus hardi, et ne se démentit point de la
nianvaise opinion que Ton avoit concene de luy.
j;^ ni^$°^ d'Ancenjs, ^ estoit ^Teun ^c de Bé^iwe i P^«id?lt
>dby Google
eoeore la noble^e , qBok[a*iI ett cent fois jard et pnitis Mi Estate de
Nantes de ne jamais occuper cette place, qui loy estoit trop honortibfe
pour en parler de la sorte. 100,000 livres qui lay furent comptées Itiy
firent oublier ses sermens. Il eut si grand peur, pendant toute la
teoQe, de les dissiper ea eutier, qu'il ne put souffrir qu*OD discutât les
affaires les plus de conséquence et les pins essentielles. Il les roaioit
toutes brûler et toujours selon son avis qui assurément n'estoit pas le
meilleur; et sitAt qu'on s'y vooloit opposer, il sortoit de ses gonds,
accabloit â^Djures atroces ceux qui avoient droit de le faire, énonçolt
hardiment contre l'avis de son ordre, ou y tronquoit et y cbangeoit ce
qui ne luy estoit pas agréable; et si l'on s'en plaignoit, il entrait dans
des emporiemens si bai et si indignes qn'il fit perdre bientAt le reste
de l'estime et de l'amour que Ton avoit conceu pour luy aux Estais
d'ÂDcenys. Il brusquoit souvent les personnes avant qu'elles eussent
parlé on lorsqn'eltes oommençoient à le faire ; par les préventions qn'il
se forgeoit qu'ils n'estoient pas de son sentiment, il disoit hautement
que les Estais ressmibloient aux halles de Paris, tenue injurieux qu'on
ne lui panJoonwa jamais; qn'il esLoit bien fou, luy quioccupoit une
des plus belles places du royaume, qui pouvoît se vanter d'avoir la fa-
veur de son Roy et tous les phii grands et les plus agréables élablisse-
mens, de tes quitter pour venir présider à une multitude de brouillons
qui pour l'ordinaire ne scavoient ce qu'ils disoient ny ce qu'ils vou-
ioient; mais aossy qu'on Iny ponrroit couper le cou sur le throne du
commandant, si jamais ilyrevenoit On peut juger si des discours
aussi peu convenables luy attirèrent l'amitié et la conBance de la
noblesse , et combien une telle désunion du chef avec les membres fut
préjudiciable à ta province.
L'ordre de l'Eglise suivit sa route ordinaire, soutenu de l'exemple
de ses fn^dents. Il regarda les plus solides intérêts de l'assemblée
comme chose étrangère et indifférenle, oà n'ayant aucune part, ils
poavoient avoir tonte la complaisance qu'exigent d^eux MM. les Com-
missaires. Cette voie pouvoit leur procurer quelque avantage ou da
moins beaucoup d'agréments, et l'autre (voie) de faire le bien ne leur
paroisBoit d'aucune utilité. De plus la noblesse voulut s'ingérer de
marcher de pair et d'avoir mesme séance qu'eux, c'est-à-dire les
évesqnes, audace téméraire qui les outra et qui les fit jurer qu'ils ne
seroient jamais de leurs amys pendant tonte la tenue, motif humble et
généreux pour abandonner ce qu'ils dévoient à leurs troupeaux. Sacri-
fier tout an peuple est bien digne des ministres des autels.
L'ordre de la noblesse, quoique plus nombresx et plus épuré ren-
, fèrmoit anoore dans son sein ane infinité de membres verreux et gan-
grené», et pour le malheur de la ' prorince la plupart de ceux qui -
composoieid ce corps si agité de différentes passions oà il s'estoit laissé
enualDer par 1» quantité de bi^es que les dficiers des Estate avoient
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Sonaéts, qu'il ns composa qu'un chaos de mille idées extraordinaires
et confQses qu'il fat impossible de rëanir. L'un estoit venu k la. teste
de 20 de ses amis pour soutenir le président de Bedée dans sa charge
dont mal à propos on le vonloit destituer et ne conooissoit point
d'autre affaire que celle-là. L'autre au contraire s'estoit rendu à
St-Brienc à la leste de 20 autres pour le faire destituer comme traître
à sa patrie, après avoir sans le consentement des Estais et du Par-
lement poursuivy la réunion des deux semestres du Parlement.
Ceux-là cbantoient les touauges du trésorier Bouexière, la délicatesse
de sa table, sa libéralité, sa propreté, ses agréments, sa manière par-
ticulière de s'ajuster et la préférence qu'on luy devoit sur un genre
de genlilhomme tel que le sieur S<-Luc, qui n'avoit jamais été que
commis. Ceux-ci publioient hautement qu'il falloit que les Estais
fussent fous pour laisser un pareil petit-maître et ud aussi grand dissi-
pateur disposer à son gré de rous les fonds de la province, sans aucune
caution, sans solvabilité, ny sans avoir exécuté aucune des conditions
qu'on luj avoit imposées en luy donnant sa charge, et qu'il ne falloit
point douter qu'il ne fit infaitllblemènt le second tâme de M.
d'Harrouy , et comme ils n'avoient les uns et les antres d'autre
point de vue que ce qui les avoit engagés à sortir de chez eux, s'il
s'agissoit de donner leur avis sur quelque affaire sérieuse, qui ne re-
gardoit que les peuples, vous entendiez une inanité de voix confuses
s'élever et crier : Je suis d'avis de continuer le beau Bouexière tréso-
rier; non, disoient les autres, nous voulons M. de St-Luc. C'est un
traître, répondoient d'autres faussets; il n'y a digne de l'être que le
chevalier de Cicé, ou Bourneuf. Eu vain s'égosilloit-on pour leur faire
entendre qu'il n'estoit point question de ces Messieurs, mais des
fouages, et qu'on les prioit de dire leur avis : C'est de continuer H. de
La Bouexière, disoitl'un, et moy délire le chevalier de Cicé, disoit
l'autre. Il estoit impossible d'en tirer davantage. Je pense que ny les
uns ny les autres n'en estoient les maîtres. Les officiers en charge
avoientbien pris leurs mesures du cosié de la Cour; mais les Commis-
saires s'apercevant que toutes ces inutiles brigues mettroient sûrement
la dissension parmy la noblesse, et qui avoieot pour point fixe de
l'affaiblir, et de les accabler et assujétir les uns par les autres, n'é-
pargnèrent rien pour les entretenir dans leurs idées.
Ceux qui s'aperçurent de ces mouvements irréguliers, et qui n'es-
toient qu'en trop petit nombre, firent de vains efforts poar faire
entendre aux uns et aux autres que toutes ces prédilections mal réglées
alloient porter le coup mortel i la province, et que si on ne se réanis-
soit pour faire le bien sans acceptation, l'on alloit tomber dans le
précipice d'oà l'on ne sortiroit jamais. Si quelqu'un se sentoit émen de
ce discours sensé, il trouvoit forcément auprès de luy quelque complai-
sant ou espion des Commissaires ou du Président qui luy disoit : Ne
.dbyGoodc
— 53-
Toyez-voug pas que cenx qui tous oni parlé de la sorte soiit des gens
qai, sons prétexte de bîea public, roudroient se rendre recommandables
et Dous dominer tons; ils croient, quand ils parlent, que ce sont des
oracles et qu'il n'y a de bon sens que dans leur leste; si l'on n'est pas
de leur avis, on est des traîtres et des perfides. Ils poussent tout à
l'extrémité et veulent qu'on les suive aveuglement. Cela pourroit être
bon si nous avions une armée de 200,000 hommes sur nos frontières;
mais à présent. Monsieur, croyez-moy, il faut obéir purement et sim-
plement sans raisonner. Les loix, les privilèges, les contrats passés
avec S. M., les droits les plus authentiques ne sont regardés à la Cour
que comme des cblmères dont elle laisse les peuples et mesme les
nobles se repaître , à condition de décider souverainement de tout,
sans y avoir nul égard, n'estant que des termes dont on se servoit
autrefois , dont elle veult bien encor user , quoiqu'ils ne soient plus à
la mode. Tous ces Messieurs qui font les zélés et qui voudroient
brouiller la carie ne cherchent qu'à se faire craindre pour attraper
quelque chose; s'ils avoieot la moindre authorité, nous serions cent
fois plus malheureux que nous ne sommes. Ne voyons-nous pas déjà
comme Du Cloerquer fait l'important avec son habit de peau de lapin ?
Ne s'imagine-t-il pas être le plus bel esprit du monde parce qu'il parle
haut et toujours sans scavoir ce qu'il dit? Croyez-moy, Monsieur,
tenons-nous toujours au tronc de l'arbre; c'est de là d'où coulent les
grâces et les récompenses; les peuples ne méritent pas qu'on fasse rien
pour eux; ce sont des ingrats incapables de reconnoissance; c'est à la
Cour qu'il faut s'attacher, b Néron, à Héliogabale, s'ils poavoient
redevenir nos maîtres, renoncer à cette vertu farouche qu'on admire
si vous voulez dans les espaces imaginaires, mais que peu de gens
veulent suivre, parce qu'il fault trop prendre sur ses passions et sur
son penchant naturel.
Ce discours n'est point inventé. Je Vay entendu répéter souvent mot
pour mot et toujours produire son effet, car il y avoit cette différence
eolre ces Estats cy et ceux de S'-Brienc (illS), que c'estoit assez de
vouloir soutenir avec force les droits de la province pourestre hué
de tons les costés. On avait changé de mœurs et de maximes. Il faut
aussy être sincère et convenir qu'il y avoit bon nombre de gentilshommes
qui vouloient primer et faire les importants, et qui par jalousie se dé-
chiroient les uns les autres du malin au soir. D'autres vouloient qu'on
les crût bien auprès des puissances, et pour le faire présumer leur
faîsoient mille bassesses. Ceux qui en rioient vouloient faire tourner
sur eux l'encens et le parfum. Les gentilshommes équivoques n'épar-
poient ny flatterie ny présent ny mesme leur honneur auprès du
Président pour l'engager à les nommer de toutes tes commissions,
croyant avec raison que cela les honoreroit dans les siècles à venir.
Ceux qui les frondoient crevaient de dépit dans le fond de leurs cœurs
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da U {nréférenee qu'on km donnoit. Eafla je d'stoîs point rea, à
aacBoe tenoe, tiQt da âUcordance dans I0 corps ds la noblesse n; le
rendre sy i^n de justice.
Les officiers de S. H. qnl k ces Estats Tinr^t en plis grand nombre
parce qu'il n'y aroit point de gnerre, et parée que la plupart avoient
reçu des lettres de convocation du R07, contre la règle et l'ordre ordi-
ùaire, ne donnant pas mesme lear voix sons le règne de Louis XIV,
et cet abna ne s'eslant glissé que pendant la régence du duc d'Orléans.
Mais ce qui les atliroit le pins, c'est que les fonds excédant de beau-
coup les dépenses, ils espéroient tons se faire donner de grosses
gratifications; pour cela ils sToient besoin du consentement des Com-
missaires, sur le principe qn'ils ont estably que les Kstats ne peuvent
disposer de rien sans leur approbation autborisée d'arrêt du conseil,
ce qui les leur rendit si dévoués et si soumis qu'ils oublièrent ce qu'ils
dévoient à leur patrie, en contrebalançant toujours l'avis de. la no-
blesse, lorsqu'ils ne poavoient la séduire. Ils allèrent jusqu'à la
menacer qu'ils viendroient aux prochains Estats en si grand nombre
qu'elle ne pourroit plus leur faire la loi; et lorsqu'on leur reprocboît
cette manière d'agir, ils répondoient que dès qu'ils estoieat an service,
ils n'estoient plus d'aucun pays , qu'ils estoient au Roy et tenus d'exé-
cuter et de faire exécuter ses ordres jusqu'au point d'aller brûler les
maisons de leurs pères, de leurs frères et de leurs amys, si 00 le leur
commandoit; qu'ils ne dévoient avoir en vue que leur fortune et leur
avancement ; qu'ils perdroient l'an et l'autre en ne consentant pas
aveuglement à ce que MH. les Commissaires demandoient à la pro-
vince ; que l'ambition estoit leur partage; que les Estais n'estoient point
en eslat de les récompenser des peines et des travaux qu'ils avoiënt à
souffrir dans le métier de la guerre.
Après ce récit s'étonnera-t-on encor de tout ce qui s'est fait dans
cette assemblée? Se vit-il jamais une telle désunion ?
A l'égard du tiers, l'intendant prétendit en estre le souverain,
parce qu'il préside aux communautés et qu'ils ne peuvent disposer de
leurs fonds qu'eïi vertu de ses ordounances, que c'est devant ses com-
missaires que se tiennent leurs comptes , et qae ceux que les commu-
nautés députent aux Estats luy doivent aussy estre soumis. Il ne dit
pas que tous ces droits qu'il s'arroge sont des retractions aux an-
ciennes lotx établies, et qu'ils détruisent et anéantissent entièrement
Tordre da tiers , qui estoit eelny qui autrefois prraoit les plus
sages elles plus fermes délibératktns, et qui pour ainsy dire servoit
de boussole à toute l'assemblée. Cependant l'intendant, pour affermir
son antborité sur ce corps, fit venir un arrêt du conseil qui cassoit eue
délibération des Estate qui donnoit la préséance au séaécbal de Nantes
sur le dépuU de sa cmuauDauté. Cette délibératimi estoit fondée sur
ce qse le sàid de Nantes, e» cas tf absence éa président ea de
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^àraité, ^réMdoh dié drofi M Uëirb^ et ni» rtfigi'dDIt que lIntëHear itëi
Estât». Il &i efitter le litaréchal pour crdotmer l'enreglstreHieiil de cet
arrêt. Il 3 exerça bien d'astres vioieDces, coniile on le ?errs daas la
suite. Se plast Micbaiix, s^ëchal, étoit à la teste de cet ordre.
Michaux prétendoit s'estre acquis le droit de oomoier aux commissiotis,
mctif paissant d'estre de soU avis gui ue tetlddit jadldis qu'à la destrno-
tiOQ des privilèges. Pour la plupart de ceu^ que l'on députe â présent,
quoique , pctlr en dire la vérité , il y eût i ces Estais dans ce corps des
gens de distinction et de mérite , qui souvent prirent de très salutaires
partis, mais qui menacés danS les tertties les plus durs parl'ibtendantj
et voyant qu'on n'agissoit que par^vioience et pat- la force, y cédéreilt
et ne Toolureut pas se perdre.
Les deux procureurs généraux sciUdies , le trésorier et tous les
autres offiders des Estats, loin d'en soutenir lés intérêts eonttne H
estoit do devoir de lear charge, né travaiUSrétit qu'à l&s réddire dahs
la dépendance. Ils esUiienl les plus fidèles ministres des Commissait'es,
et ils y estoient engagés par plasiears motifs de crainte et d'intér£l.
Par les conditions auxquelles ils avoienl été esllis aux Estais d'Ao^
cenys et auxquelles ils s'estoient soumis, ils estoient dépossédés de
droit i, ceux-cy et ne pouvoient plus exercer que par une nouvelle
élection. Il estoit très problématique, quelqae brigué qu'ils eussent
fait, qu'ils eussent été continués, surtout le procureur de Bedée et le
trésorier, parce qu'il y en avoit deux fortes contre eux, si les ÉstatB
eussent esté les maîtres do ces élections. Il avoil donc fallu, pour de-
meurer dans ces postes lucratifs, s'adresser h ta Gour^ et par 1& se dé-
vouer entièrement aux Commissaires.
Le P. de Bedée avoit déplu et aux Ëstats et au Parlement, en
sollicitant sans en avoir conféré ny aux uns ny aux autres le Parlement
ordinaire de semestre qu'il estoit. Il avoit réussy^ et le changement
déploisoit fort à tous les ordres. Les seuls P. à mortieret le procureur
général qui avoient agi de concert avec le P. de Bedée avoieot lien
d'estre contents. Le 1*^ Président , qui n'aVoit point esté consulté dans
cette affaire en estoit outré ; et comme il estoit t'eunemy juré de Bedée
pour ce sujet et pour bien d'autres, il fit rejaillir sur Iny toute la peine
quechàcDÎ) ressentoit de cette mutation. Ilavoitoutrecelaea des tracas-
series et des discussions arec l'évesque de Nantes , Pisan , qui les avoit
fait mettre tous deux dans te régiment de ta calotte, rÊgitaeot élably
à la Cour en faveur des mauvaises testes, et le sujet fut que, lorsqu'ils
allèrent présenter au Roy les cahiers de remontrance, cér^onie assez
grave pour y faire quelqae attention, et que le Roy leur dit de re-
mettre leara cahiers entre les mains du Secrétaire d'Estat , ils ne les
trouvèrent point. L'évesque de Nantes en attribuoit la faute k Bedée,
disant qu'il estoit de son devoir et de ea charge de tes porter; l'autre
assurolt qu'il n'en avoit jamais été chargé, «t qu'il D'ettoit pas casse
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qae l'éresqae de Nantes les eût oabtiés sar sa table. Cette âispnte fit
be^aconp rire le Roy et toate la Cotir, et HH. les depuis et sdcdics
des Eslat£ furent le si^et de toutes les [riaisauteries du jour.
Tout ce que je viens de dire n'estoit que le prétexte de la baine que
Ton avoit pour Bedée. Son air impérieux et décisif eu estoit la véritable
cause. Personne ne )e ponvoit endurer patiemment. Hais ce qu'il
avoit plus à craindre et dont il ne se déâoit point, c'estoit les coups
fourés de son confière Coëtlogon, bomme insatiable et avide d'hon-
neur. 11 Bcavoit que le caractère peu souple de Bedée n'avoit pas esté
agréable à la Cour; il voyoit nue brigue formée contre Inj dans la
province; il crut qu'il avoit trouvé le moment de devenir seul sciodic
et il travailla par sous main plus que personne à le déposséder. Hais il
ignoroit que te Président estoit sûr des Commissaires, auxquels il n'eût
pas été si obéissant si toutes ces raisons ne l'y avotent contraint,
puisqu'avec beaucoup d'esprit, de mémoire et d'éloquence, on peut
dire qu'il a un fond de droicture qui n'est pas dans le sang des Coët-
logon, qui regorgent de bien et d'honneurs qu'ils ont reçus de la pro-
vince, se sont toujours unis avec tous ceux qui ont esté ses plus mortels
ennemjs et qui ont le plus travaillé à sa destruction. On dit que
U de cette maison est celuy qui le premier enhardit le mi-
nistre à n'avoir aucun égard i nos loixet à nos privilèges, et qu'à
l'abry de cet advertissement, il pilla et tira des sommes exorbitantes
des Estais.
Une antre raison aussy pressante et anssy intéressante rendoit le
P. de Bédée complice de toutes ces indignes manoeavres des Commis-
saires, n avoit veu les Estats de Nantes combler, sans scavoir pourquoy,
scm collègue de biens, et les Commissaires approuver des dons exces-
sifs qui eussent, sans cela, esté inutiles, et luy avoit eu la douleur
d'être refusé d'une bien moindre somme, parce qu'il n'avoit point
esté assez ranpant; car c'est de caractère que tous les bienfaits dé-
pendent dans cette vie , et parmy les hommes avec lesquels nous
vivons. Comment réparer cette brèche t Ce ne peut estre qu'au dépens
de la liberté de la province, et en se servant du mesme prétexte que
Coëtlogon, qu'il avoit beaucoup dépensé dans son voyage de Paris, et
auquel on avoit donné 12000 livres de gratification, quoiqu'il n'ait
que 7,500 livres de gage. Il falloit aussy les obtenir, puisqu'il passe
en coutume que lorsque vous avez une fois fait une gratidcation aux
Estais, elle devient comme une dette que voue estes obligés de payer à
cbaqse tenue. Ceseroit déshonorer, dit-on, le P. de Bedée que de ne
luy pas donner la mesme somme qu'on a accordée à son collègue,
abus qui devroit bien corriger de faire des dons excessifs, souvent
sans autre sujet ny raison, ce qui est bien à notre honte, qae ceux
d'un bon on mauvais dîner, qui oblige cependant ces Messieurs d'avoir
une table qui l«ur cQoste, qu'ils ne tiendront pas à leur dépens, et
DigitizcdbyGoOglc
— 57-
qtt'il est'jagte qae les e^ts' payent, pntsgo'ils l'exigent Aqnôy sertT
cette table? A cotroii^re, à distraire Les officiers de leurs devoirs et
de leurs affaires. Et de qneUe ressource pent-elle eatre, s'il est vray
qa'à peine chaque particiûier y peut manger nne fois? C'est par là que
nans nous forgeons des liens , et que nous donnons sans règle ni me-
sura des sommes qui, pour estre approuvées des Commissaires, en-
gagent ceux qui devroient soutenir les loix et les privilèges à les
abandonner et à les' enfreindre.
Le trésorier avoit anssy des inquiétudes qui n'estoient pas mal fon-
dées. Il avoit pris à la sollicitation de la noblesse le S' S^Luc,
gentilbomme très bien aparenté d'auprès de S'-Brieuc pour !>' commis ;
ne s'en trouvant pas content ou en voulant mettre un antre -'à sa
place, il l'avoit congédié , ce qui avait si fort piqué S'-Luc qa'il
résolut anssy de le supplanter. Ce n'estoit pas une médiocre entre- '
prise, n avoit à faire au petit mallre du 1" rang , qui ne sachant
que faire, comme il l'a avoué luy-mesme, des sommes immenses
qu'onluyavoit données aux Estais de Nantes, sans qu'il les eût de-
mandées ni osé espérer , les dissipoit avec la mesme facilité qu'il avoit
en à les obtenir. 11 faisoit la chère la plus délicate de Paris, et
avec ce qu'il y avoit de plus à la mode et de plus grand à la Cour. Il
eu estoit même aux parties unes avec les ministres et les maîtresses
de Qos dieux. De là il est aisé de juger que le pauvre St-Luc avec
UB long mémoire très vray mais qui trahissoit le secret d'un bomme
qui l'avoit employé, à quoy je ne puis a^ilaudir, fut bien receu à Fon-
tainebleau oà il l'alla »
Ici s'arrête te récit, plusieurs pages ayant été détachées da ma-
nuscrit et ayant disparu.
LETTRE D'UN SOLDAT BRETON A SA MÈRE (i68S).
(Par U. L. Rosenzvnig.)
En fouillant récemment dans les archives de l'bApital de Ploërmel ,
j'y rencontrai un petit document qui, sans être d'une haute in^rtance^
me parut cependant de nature à intéresser, ne ffU-ce qu'an instant,
mes confrères de la Société polymaUiique pour lesquels j'eapris dès-
lors une copie. C'est une lettre non datée, mais annexée à une autre
pièce gui en fixe la rédaction au mois de novembre 1682 ; bien que la
snscnption porte le nom de Motuimr 9et Clostawx~BerlhtU>t , pro-
cureur nu siège royal de Ploiirmtl , elle est, en réaUié,. adressée par
>dbyG005jle
an enfant âe la Bi^^« A sa mère, par nti jenne solfliit 36 rë^meiit
de Normandie lenant alors ganiisoB dans le pays de Liège , snx Pdi^s-
8as. Malgré qnelques irrégularités d'orlhographe et certaines tonrnurès
de phrases qui rappellent assez le style épistolaife du conscrit mo-
derne, julien Brnnel (si toutefois il est l'auteur de [jette lettre qui ne
porte pas de signature) est éridemmeâtlettt^} D'éËt'il pas, d'ailleurs,
le neveu de M. le procnrenr Des Clozeaux ?
Ce qui m'a le plus frappé en lisant cette pièce, t'est l'étrnte pareiité
dn soldat de 1682 arec le militaire français de notre époque. Batailleur
et vantard comme lui , bavard an point d'étouSer soiis iôs trois pages
toutes noircies de sa missive dont il remplit entiOre les bords, les rares
alinéas restés libres et jusqu'au côté de l'adresse j Juliea Bronel nota
donne, sans le savoir, dans un récit où les faits sont exposés de la ma-
Bière la plus rapide et la plus décoitsne , une esquisse assez enacle de
cette époque de notre histoire, dont la gloire a été depuis égalée tnals
non surpassée, où le poète s'écriait ;
« Grand Roi, cesse de vaincre ou je cesse d'écrire. ■
Pois, au milieu des mouvements de troupes et des péripéties de la
goerre^ se réveille à chaque ibstant le souveoir dn sol natal , si vif
surtout dans nefs campagnes. Tous les payt sont passés saccessivement
en revue ; il y a un mot pour celui-ci, un mot pour celui-là ; on prenâ
plaisir à les Bommer l'uti après l'antre, sans oublier, sotivenir plus
intime sans doute, certaine p(iv"> ■ la dernière personne à qtti on a
parlé à Ploërmel. >
La bière de Liège n'a pas fait non plus trop de tort an cidre de la
Bretagtie: • 5t Jtfortjfeur JV*", dit Branel, veut m'entoyer wt àhmriot
plein de pommes, je te lui renverrai plein de tabac. ■
En même temps il adresse au pays des nouvelles de ceux de ses
compatriotes giTlt a retrouvés au service , et il nous fournit, en pas-
sant, l'occasion de constater que le paysan breton n'a pas , sous cer-
tains rapports, beaucoup appris depuis deux cents ans.
Il est un point sur lequel notre jeune soldat est bien de son époque ,
(car le xvu« et le xviii" siècles n'ont rien à envier au xix» à cet égard,)
il a un faible pour la particule. Le fils d& maître-peintre Gilles Brunel
et de Jacquette Bigneîot s'appelle, de son autorité privée, Monsieur Du
Ckampfleiiry ; il rotigit même de son prénom de Julisn qu'il biffe aus-
Bltdi après t'ivoir écrit par inadvertance, et il insiste toat particulière-
ment sar lé manière dont il faudra formater l'adresse de la réponse
qu'il attïmdj Le papier va lai manquer qu'il revient encore sur ce
chapitre^ ée peor qu'on n'ait |)as bien cotnpris ses intentions; il vest
^e ton oncle Des Gloseaax, aneien commis-grefSerj lai envoie une
copie dé son a«te de naissance dans laquelle le mailre^peintre soit
qaalMè de fio&ft AMune^ et où les lùote honorable femme, accolés as
■DisitizcdbyGOOglc
— 89 —
aem de sa mère, fasswt place à eelni de demoUèlU.' flhis ttoâ, It eu
fera sans doute une dame. La mère Bninel, qui ne sait al Un ai
écrire , doit être, en vérité, bien Qëre de son gars.
Hais où noaa retronvons tout entier le soldat de dos jours, cVst
dans la façon pins ou moins habile avec laquelle (permettez-moi l'ex-
pression consacrée en pareil cas) Monsieur du Cbampfleur; ftre tM«
carotte à sa famille pour en obtenir de l'argent. Quoiqu'il n'ait pas
encore 25 ans (s'il les avait, son patrimoine verrait beau jeu), il a
déjà plus d'une fois, paralt-il, eu recours k la bourse du fo^er do-
mestique; peulr-étre est-il & craindre qu'elle ne lui soit enân fermée.
Aussi comme il appelle à son aide tons les artifices I II a compris que
tonte réflexion, toute hésitation lai serait funeste; il annonce que le
régiment va partir on ne sait pour quel pays. Clomme il.esploite la
sensibilité maternelle t 11 a commis une faute grave que les règlements
punissent d'un châtiment terrib.e, la mort; il va être passé par les
armes, et il s'étend avec une certaine complaisance sur les détails de
l'exécution. Un peu d'argent pourrait le saaver, mais il n'ose plus
espérer d'en recevoir, ce qui ub l'empécbe pas d'indiquer un peu plus
loin le plus sûr moyen de lui en faire parvenir. Puis au speetacle de
sa mort il joint l'énumératioa de ses fatigues journalières, des dan-
gers qu'il court en ces temps de guerre, de ses privations de tontes
sortes, dont l'une des plus grandes est de ne pouvoir écrire plus sou-
vent au pays , parce qu'il n'a pas l'argent suffisant pour retirer les
réponses de la ooste.
Tout cela ne l'empécbe pas d'avoir de temps en temps, coame doqs
l'avons vu, le petit mot pour rire; mais l'ensemble du tableau est véri-
tablem^it effrayant ; aucune mère n'ettt pu le regarder sans frémir, et
madame Brunel n'était pas plus dure que les antres. Peul-dlre s'écria-
t-eUe à plusieurs reprises, comme Géronte : t Que diable allait-il faire
dans cette galéret > mais, comme lui, elle paya; et, pour payer, il lui
fallut emprunter; c'est son billet qui est joint à la lettre en question.
Son fils lui demandait ia livres, elle lui en envoya douze; il va sans
dire que c'était pour la dernière fois. Quant aux prétentions nobi-
liaires, BOUS ignorons ce qu'il en advint; peut-être tes CbampOeury
d'aojoard'bm pourrkient-ils nous l'apprendre.
TEXTE DE LA LETTRE.
• Ma ttii chère mère , la présante est pour tous faire sçavoir de mes
DOBvelles et le lieu où je suis qui est à Philipeville au pays de Liège ,
où je suis arrivé dès le 9* octobre dernier, et ce qnim'a empesché de
TOUS Mcrire plot tost, c'est que je croions en sortir de jour h antres,
, comme je n'en suis pas encore bien assuré ; mais mon capitainne m'a
assuré que se ne seroit que vers le mois de jaimer on feavrier; c'est
>dbyG005jle
— flO —
poarqnO^T) ma- chère mère, je tous snplie de me faire sçavoir de vos
noarelles et l'eslat de vostresaoté et de celles de mon cousin et coa-
siane Des Oozeanx et de toottela maisODiiée; pourmoy, je tous direz
que la mienne est bonne, Dien mercy, pour à présant; et me faire la
grâce que de me mander aussi si tous avez recen la lettre que j'écrivit
de Nantes, arec mon petit livre de marque, et comme tous en avé
accordé. Je tous direz aussi, mais avec regret de le tous faire sçavoir,
c'est que Irois jours après eslre arrivé icy, et ayant rencontré quelques
coDuoissance, nous fument assembles dans un cabaret pour boire
bouteille, à la sortie duquel il survist querelle, tellement qu'il en de-
meura un sur la place, et un camarade à moy et moy qui fume blessé,
sçavoir moy 'au bras gauche, dont je m'en suis faict b'aicté et ay esté
goéry dans trois sepmainnes, sans que rien en ayt en ta connoissance
que le chirugien qili m'a traicté, pour quoy il me demande deux
bagouères (1) qui font sept livres 10 s. de France, et dont je luy
promet payer, l'assurant d'en recevoir de jour à autres, et le priant
de n'en rien dire, ce qu'il me promet; car, s'iLToudroit, il nous des-
couvrïroit très bien , et ne faudroit point d'autres thesmoins pour dous
faire patser, mon camarade et moy, par les armes, ne chercbant pas
tant de forme de justice icy comme l'on faict cheix nous, n'ayant ni
juge, ni -procureur advocat, ni notaires; il n'i a rien que le conseil de
guerre qui tient tous les mois, où il est bien faict mourir des soldatz,
sçavoir ceux qui sont descouverlz d'avoir mis la main à l'espée (9) et
qui ont tuez, et ceux qui ont désertés et qui ont esté prlns; depuis que
je suis arrivé, j'en ai desjà vea passer dix par les armes où nous
asistons pins de trois mil soldatz armez, avec trante ou quarante tam-
bours et aultant de trompettes. Et, comme je né le moyen de satisfaire
ce chirugien et cellni qni me sauve la vie, c'est à vous, ma très chère
et honnorée mère, que je m'adresse pour obtenir cette grâce que de
m'envoyer an moins une pistolle (3) pour rachepter vostre pauTre Sis
de te dangé, quoyque pour cella je ne crois pas avoir ce bonheure
que de TOUS pouvoir jamais voir ni vous remercier de ce, et vous de-
uunder pardon , une foy avant que de mourir, des peinnes et travaux
que je TOUS ay donné; mais je le vous demande par la présante, les
larmes anx yeux et le regret au coeur de vous avoir ainsi laissée et
abandonnée pour jamais , pour prandre une telle fatigue que celle que
je pris; de trois nuictz il m'en faut couché une au Tant, à la nege
jusque â mi-jambe, en santinelle sur des bastions à tour et rang,
sçavoir deux hœures de suiltes, estant tout prouche de l'ennemy
(t) HooaaU des Psjs-Bas.
(3) Va» ordonnança de Louii XIV venait de confirmer lout récemniBBt (1679) les édiH
sévêrei de Henri IV et de Louis SOI sut lo duel. -
(3) La idstole valait 10 livres.
DigitizcdbyGOOgle
— 6* -
comme nous sommes, n'estant esloigné que de i petHes lieaes, oà
bien souvant il nous prennent quand on rat an bois, et nons qni pre-
nons des leurs aussi quant on est les plus fortz, et dont on rand les
nns pour les autres. C'est tout ce que je vous puis mander poar &
présant, ma très cbère mère, sinon que de tous suplier de recheiT de
me faire ceste grâce encore nne foy en vostre vie; se sera peat-esire
tout le partage que j'espère en voslre bien et au mieb pareillement,
si ce n'est en deus ou trois ans d'ic; que j'espère obtenir un billet de
mon capitainne pour 2 ou 3 mois, pour aller faire quelques affaires
que je pouréz Iny faire acroire, et, s'il ne veult, je apris icy qu'il ne
faudroit que m'adresser à Monsieur le Commissaire-général (1) de
Dostre régimant, quand il nous passeroit en rereue, qu'il me le feroit
bien donner, si pour lors il n'i a point de guerre quel a à présant. Il
court bruict que l'enemy, qui est l'Espaignol^ (2), vent entrer en son
pajs de Liège, qui est le pays où nous sommes et 6 ou 7 antres villes
où il y a aussi garnison comme icy ; mais cella estonne (3) fort pea le
Roy de France ; on faict pas moins travailler aux fortifications d'icelles
et on ce mocque de Iny en avansant plus avant. Scaché d'avec mon
oncle Des Clozeaux. si pour lors que j'auré mon Âge de 35 ans, Iny
envoiaol un pouvoir, ou bien à vous , de vendre mon logis de la Porte-
d'en-Hant (4), passé par-devant notaires royaux, quand je seré à une
vUle où il y en aura, s'il serait bon, pour vous en faire bi^ sur le
dernier de vos jours et m'en envoyer quelque pistoUe, si je suis encore
vivant et en lieu de tes recevoir; et attendant de vous cette responce
qnl sera incontinant la présanle receue , car le capitainne mesme n'est
pas .bien sûre de rester tant icy, n'attandant que l'ordre du Roy de
jour à autres pour aller en Gascoigne ou en Almaigne, on bien en
Flandre, n'estant pas assuré auquel de ces trois lieues. Je demeure,
ma très chère mère, vostre très humble serviteur et flls : Du Champ-
Qeury Bmnel. Vous metterez, s'il vous plaist, l'adresse comme ensoilt;
A Monsieur da CbampQeury, soldat en la compaignye de Monsieur
Deslandes , capitainne au bataillon de Monsieur de Beaulien, du régi-
mant de Normandie, proche la porte de Réaumnr, à Phitipville^ pays
de Liège. Ne payé point le port , et chargeré la lettre à la poste, si il y
a de l'argeant. Je ne vous escriré pas souvent, tant que je seré en gar-
nison, car il me fauderoiU jûoer 8 jour pour retirer la réponce. Faietos
mes baises-mains à mon cousin et cousinne Des Clozeaux et à toutte la
maisonnée, à monsieur Dufresne et à Coudray, et à la Dufresne, la
dernière personne à quijé parléà Ploërmel, à Gouvello et à Ghantrel ,
(1) Sorte d'intcDdaat militaire.
{i\ Après l'iDiasIon de h Hollande et la conquâle de la Fraaclie-Gomlé, Loais 3CIV élût
entré en ilsace et dans les Pa^is-Bas espagnols où Yaubaa maltipliait les fortifications.
{3} C'est-à-dire ; inquiète.
(i) Quartier de Floanoel.
>dby Google
et mon^eor de lia VUIe-Hollftt (I) et à tontte sa maisonnée, et enfin,
poar avoir plus tost faict, à toas mes bons amis, sans oublier monsienr
Dn Vallain, et Iny dite que, s'il Teolt m'envoier an chariot plaio de
pomme, je le lay renvoiré plain de tabac, estant à bon marché comme
Ûest. Le pain est chère, le vin 50 s. le pot; laiviande, le bœnre,
en&n tOQt (^ëre icy, sinon ce tabac, et la bierre qui nevauU qae
i liardz de Liège ; c'est pourquoy tons les soldatz prye Dien que nons
sortions bieotost d'icy, et moyanssi, mais qae ce soit après avoir
receu de vos aonvelles et de celles de mon coasin et cousinne Des
Clozeaux, lesquels sont saplié de s'enquérir de leurs tante Berthelot ,
de la veave ou enffans de François Robert, qai est la nonce de Joseph
Berthelot son â)a, du bourg de Glac (2) , et les assurer de ta santé de
Gaillaume Bobert fils de ladite veuve , qni est aussi le frère de let de
Joseph Berthelot, lequel auptie sa mère on ses frères de lay faire
Bçavoir de leurs nouvelles par la mesme responce que j'erre rece-
voir, qsi est un aoldalï au régimant de la marinne royalle et men amy,
qui me preste quelquefoys de l'argeant, quand il en a, et moy pareille-
ment. Je né autres nouvelles à vous mander pour & présant, sinon
qu'il passe ioumeUement des cavalliers jusqu'au nombre de 1000
depuis pn mois, et bien aultant d'iffenterye, qui vont en Flandre , et
le mémoire des provinces que je passé de Bretaigne en Geauvais-sur-
mere (3), les Sables-d'Auloigne, le Ponéton, la France (4), la Beaosse,
la GauUe (&), la Bris, la Fieardye , la Tirache, les Ardainnes et Liège ,
et passé par la ville de Tours et par Orléaud oii je oéjoarné. Mes
baises-mains à mademoiselle de Prétannei et à toutte sa maisonnée.
Vous AivÉi au père et à la ntère de Douté que leurs ûls est cassé ,
estant trop jeune, mais le affttainne le retient pour de l'argeant qu'U
luydoibtponr son engagement, pour des soalliers, poar an habit et
pour une peracque qu'il porte à présant, ayant esté razé à cause qa'il
ne se peignoit point. Mes baises-mains à la veuve Banneville et à
toutte sa maisonnée, à cause que je faict ma dêpance cbeix une veuve
qni s'apelLe aussi BaneviUe, qailui faict aussi ses baisemains à caase
de moy, et qui a aussi trois filles et deux garçons comme elle. Envoie
moy, s'il voas plaist, un aultant de mon âge (6) qui est dans le bault
de la p^te armoire en un petit carreau de papier commun, signé de
mon oncle Des Clozeaun qui le poura bien faire, ayant esté commis
an greffe cheU Pontminière, qui change naUrt en luble homnu et
demoÏMife Jacquette. a
(1) Alors tpidic de PloBrnwl.
(1) Aujourd'hai GuiUae daiiï le Uortnhon,
(3) Lùei Beauvoir-mr-Uer ea Vendée.
(1} C'cst-à-^^e 1« P«ïS qui s'étend sur la nie dnûle de b Loire.
(5) Sans doute l'aDcieDDe province d'Qe-de-Fijnce.
(6) C'ett-i-^re : me copie de mon acte de n
>dby Google
ANIfALES LOItlEHTAISES.
L'île SAÏNT-MICHEL. — prieuré, ^ UzARET,
(Paru. J^a.)
Sar les cAles de Bretagne qui sont si piuoresqaes, il est cependant
rare de reacootrer on ensemble de paysages, ausai variés, asssi
cbarmaats, que ceux qai s'of^ent de tous eûtes aux regards de l'artiste
cootemplaot la rade de Loriest, à rtiénre de la pleiae-mer.
Dans es brillant panorama, le site qui attire le plus Tattention, s'il
n'est pas celui qui flatte le plus le sentiment artistique, c'est, sans
contredit, celui de la petite lie Salnt-Hichel, assise au milieu de la
rade, ^ peu près à égale distance de Lorient et de Port-Louis, anssl
près de la câte de Riantec que de celle de Plœmeur, et qui semble
si heureuse d'étaler, aux yeux des Lorieutais, de riantes maisons et de
frais boaqaets d'arbres.
Hais malheureusement, ici, comme dans une salle de spectacle,»
qui enchante n'est qu'apparent, et l'œil subît le cbarme d'une illusion.
En effet, descendons la rade; approchons-nous de Saint-Michel, et
le tableau, que tout à l'heure on admirait, ne présentera plus qu'une
monotone et froide symétrie. A cet assemblage de maisons on sent
qu'il nianque quelque chose : la vie t.... Au milieu de ces cours, sons
ces arbres , sur cette plage , c'est à peine si l'œil remarque de temps
en temps, de loin en loin, un habitant. Bientâton di^inifue sur les
édilices de nombreux paratonnerres; on découvre des piles de bmilets
de tout calibre; puis des batteries de canons, raogées par étages, diri-
geant leurs gueules menaçantes vers l'entrée de la rade.
Cet Ilot, de loin et à l'instaet si gai , si attrayant, tu de l'embarc»-
dëre et des quais de Lorient, tous doDpe froid maintenant. C'est un
désert; c'est un sol qui vous semble abandonné tout fraîchement par
ses habitants I
L'tle Saint-Hicbel est en effet à pea ^% inhabitée , ou du moins
elle n'a que quelques gardiens, semblable à une propriété priuàère
dont les maîtres sont absents. Domaine de TËtat, dép6t de poudres et
de munitions de la marine impériale, aujourd'hui Saint-Hidiel est
occupé par un poste d'une dizaine d'hommes, commandé par an offir
cier d'artillerie : c'est là toute sa population.
Cependant le touriste, observateur de sa nature, remarque la ^v^
positic^i à^ batûtaMons^^Q Ttte; pour liU> ellea ne seioblent pas ayoir
>dby Google
w-64 _
été constniiteg pour on simple dépAt de poudres ; ce De sont pas là des
magasios, et, d'ailleurs, Q apprend que cette occupation militaire ne
date que d'une quinzaine d'années. Qu'était donc , demaode-t-il ,
qu'était Saint-Michel avant sa destination actuelle ?
— Antérieurement à la destination présente, cette lie constituait un
établissement que l'on nomme Lazaret, -c'est-à-dire un Ijeu spédal et
isolé, od Ton met en quarantaine les marchandises et les personnes
Tenant d'un pays où règne une maladie contagieuse. Toutes les habi-
tations que l'on remarque au nord de la muraille qui partage Saint-
Hichel en deux parties ont été construites et disposées pour ce lasaret,
dont la création date du régne de Charles X.
~ Bien, mais avant Charles X; avant le lazaret, que faisait-on en
cette lie? qu'y voyait-on?
Telles sont les questions que l'on entend fréquemment formuler sur
le pont du petit steamer qui sillonne la rade, vingt fois par jour, de
lorient à Port-Louis et de Port-Louis à Lorienl. Le touriste qui pose
ces questions reste la plupart du temps sans obtenir de réponse.
Nous allons essayer, dans cette notice, de satisfaire à sa légitime
curiosité, s'il consent à nous suivre à travers les ténèbres du passé, à
la lueur pour ainsi dire intermittente de quelques documents authen-
tiques, luenr que nous avons essayé de fortifier par de consciencieuses
recherches.
I
« Aux temps les plus reculés de notre histoire, l'Ile Saint^-Hichel
> porta le nom de Tanguetken.
» De l'union de cette lie avec un fief, ou terre noble, de la paroisse
I dePlœmeur, nommé les Montagnes, et avec certains domaines de
» l'Ile de Croix, se forma, au onzième siècle de notre ère, un élablis-
> sèment religieux nommé Prieuré, dont l'Ue Saint-Mictiel était le
> siège et portait le titre, sous le nom de Prieuré de Saint-Michet-dei-
1 Montagne», ou de Saint-Michel et des Montagnes.
» Ce prieuré dépendait primitivement du couvent ou abbaye de
» Saiote-Crois~de-Quimperlé , de l'ordre de ClleauK ; plus tard il
> passa aux mains des Pères de l'Oratoire de Jésus, du collège de
1 Nantes, qui le conservèrent jusqu'à la révolution de 1789..,. »
Tel est, pour les temps qui s'arrêtent à la Révolution française, le
résumé que l'on peut faire de l'histoire de l'iie Saiat-Hichel ; nous
nous proposons particulièrement de le développer.
Quand on remarque l'admirable disposition de nos c6tes pour une
population maritime, la situation de cet Ilot, faisant en quelque sorte
la porte d'entrée des deux rivières du BUvel et daScorffj on s'étonne,
>dby Google
— 65 —
toalgré soi, de ne décoaTrir dans tonte l'histoire de Saint-Michel qne .
le froc da moine ou la robe du prôtre : les Béoédictins de Quimperlé
on les Oratoriens de Nantesl.... C'est presque une déception.
L'imagination, se reportant vers ces époques barbares où la force
faisait loi , était disposée d'avance à découvrir sur les quatre hectares
qui forment toute la superficie de cet Itot quelque rôle féodal im-
portant.
S'il avait été possible de remonter plus avant dans notre histoire
locale, notre curiosité eût peut-être rencontré des éléments plus dignes
d'intérôt, c'est-à-dire s'accordant davantage avec nos premières im-
pressions. C'est qu'en effet l'Ile Tanguethen, par-delà les temps histo-
riques, doit avoir joué un certain rôle. Ce qui tend à le démontrer,
c'est ce monticule placé à son centre, et sur lequel on aperçoit 'un
pavillon carré que couvrent les couleurs nationales.
Ce monticule est ce que les archéologues nomment un tumultu ,
c'est-à-dire un amoncellement de pierres recouvrant un ou plusieurs
cercueils : c'est un tombeau gigantesque, peut-être celui d'un Celte
puissant, d'un valeureux Venète (1) I
Sur cette éminence, élevée par les mains des anciens peuples ré-
pandus sur nos rivages , existait autrefois (peut-fitre des vestiges en
existent-ils encore) une chapelle dédiée à l'archange saint Michel,
comme sur cet autre monticule de Carubc, antique monument devenu
plus célèbre depuis les fouilles récentes pratiquées par la Société poly-
mathique du Morbihan.
C'est sans doule à cette chapelle, placée sous le vocable de saint
Michel, 'jue l'Ile Tanguethen a dû de changer son nom.
Mais si les tumuius, ainsi que les menhirs , les dolmens et les antres
monuments de pierre des mfimes temps qui couvraient naguères les
côtes du Morbihan, et qui disparaissent si rapidement depuis quelques
années fous la pioche du cultivateur, la masse du cantonnier et aussi,
il faut le reconnaître, par l'effet des fouilles de l'archéologue; si ces
Ténérables contemporains des âges reculés peuvent être invoqués
comme un témoignage de l'antique importance de cette contrée et de
la puissance de ses peuples, ce sont là toujours, malheureusement,
des monuments muets qui ne nous ont encore rien révélé deThistoire
des hommes qui les élevèrent. Ils excitent la surprise, l'étonnement
dn touriste et du savant, sans jamais satisfaire complètement leur
curiosité.
Ces monuments sont des livres de pierre, impénétrables sinon pour
(1) I Halgrd la petitesse de l'isle de Saint-Hichel, isie qui gtl dans la baie de Lorïeat ,
> les Venètes ne l'ont pas négligée, et ils y ont élabli un Montisgtl pour conserver le SOU-'
■ venir de quelqu'un de leurs héros: Car des tombeaux ai gigantesques n'étaient pas paur
■ des liommes d'un niérile vuliaice. ■ — VéïM Mah£.
6
>dbyGoo5jle
um, «B wm vov t« lAm «rw^ ■Qi)d)pe. iPea Hchestts tnMol»t
eHÉOM «OQt fi(|f(wifii i»ni ce tasaulQ» ite l'l!« Tan^vellieo, oqihm
dans celui de C«r«»a. n'ea d^otons pas. Uijs, qu'elles i liennrept
r^^çtéee. PiMirquoi le? pn arr.a*^er? Pourquoi rectierûb«f , paut- les
livrer ap^ aBalïses 4ft Gbiinieta on du n^i^raltilo < voattite s'il B'^agoeait
4eiu«(odoate«ûoà'iobtïfWHure3, tes récites )i«iB«iRt abrités mob e^i
monticules de pierres? Pourquoi troubler les ceudres, toujoura Tinéi-
r^i, dea géaat* qui ï r^Kneut? I<ef «testes, en s'acoumulul mr qd
wmbeàa, lui ealèreraient-iU doD« wq earat^Q uoré, inviol^tfif
P'aiUeuTs, ces joyau aiHiqa«f que l\m admire »aas les Titrïnes Ai
ICuaée ffiorbibaoniaie, ces analsses si^eiuifigiiM ooti» «M-iU rien ré^lé
des &e(rete du pissé? Hétai uool eoyons bieii eertaîDi que ce serait
^opt avssi vainemeQt que Voq tspteraH de pénétrer le rajatére <lo ce
tamolus de Saint-Hicbel (').
A une autre éfioqae plqs Fai^recfaée de )a nétre, a> tenp» de roc-
cupalùm râmaiae, qaiapesépeadantqnaU'^ «iè^teB stirnotr6p3]«,ne
iUJâeâot après eUe de U cirilisatipu armoricaine qu'elle avait détmtte
que sesmonnmeots sacrés; à cette époque, dispp^-wiBS, ilsembleniLit
qoe llle Saiot-Hicbel tarmix cosine la trait d'union d(s dsai rites de
la rade. Sur sa s^ucbei en eSet, au yillage de Swte-Catberiae et
daos la haie de Kerzo, «n découTr« encore de nos jours des d^Mis de
^^iq^es et des vesti^ de constructions reiDÙDçs. Et. me sa droite ,
c'est oa «omea pu^poir ^i porte le qou de Kee-Simvi, tradactiof
bïetonne du latin YiÙa-Romana.
Hais n'iasiatotis pas sur ces énigmeB; çoBteatoos-sofis d'en poser les
termes, pour signaler W^ vçbéolog^es les rtÀsons qui tendraient i
faire admettra potir QQtre Hé çoe in^i-ta9(¥ iac9U«e duts as fasse
8î\ns bo^iiei (IJ.
II
Ail onzième siftcle , 'éptrçne'oà remontent dans l'histoire de Bretagqe
4e& pramJèrfts mentieiiis de Tlle Tan^etheti, le pa^ dans lequel noua
!ttoHs trouTons étaA compris dans '^n grand cantpn féodal nomma
^en^en«t-Bebo€ oti Thebot, ^ ^Ouénuni-Teba^ et Tr«b<^ Aan^ dçs
actes du xvïftMde.
Le Kemmenet-HeboË était situé à rexlréniité occidentale de Téyè&ié
('} La SodJÙ poljmatbjqiu tais» 1 l'aDtenr li respoDsabDiU de son opioioB.
\l) An Md-CHiest Se V\h, S existe notwx oœ viqiUç croix de granit, wm bffidit , i'ar
pièi une tradklioa, repgieraieat les restes huoiaûis d'ua coloofi aillais. Nom n'^oqs liw
lUceoTeA qui iosGBit ceitt alt^atioa qui s'a çepeDdant tiaa dlnvuseoUatila.
DigitizcdbyGOOgle
— IM —
Aï Tannas â»t ii ffiisait pvHe, aar les ceDâoa ée NrAcbé de iC«v
npawUcE. Il avait poarfîëgeseigneerial an chftteaDrfoft, Gitaésurla
rive droite du Blavet, sur U partie de la fille d'Heaneboot appelle
la Vieille- yiitt. Ses limites étaient à l'oaest la LaUa etl'Ëllé, depuis
la am: jusqa'i le paroiase de Priziac; an nord, Priaiae, Saint-C^adâc-
Trégone), Lignol et PeraqneQ qui dépendaient d'an anire Kemmenet,
le KemmenÊt-Guinganip ou Guémené-Gnégant, aujourd'hui Guémené-
sar-Sccrff; à l'est, les paroisses de Guère et de iielrand; la riviÈre da
filaret et l'Océan au sud : l'Ile de Groix en faisait partie.
Ouïe le principe nous STions été disposé à éloigner davantage à l'est
fit.aa sad les limites territoriales du KeBuacnet-Heboë, en les étendant
jusqu'aux paroisses de Baud , Camors , Pbivigner, Landaul et Landé«
vaut, où il aurait confiné à l'ancieniie baronnie de Lanvans, et jnsqn'ji
la rivière d'Étel, limite d'un grand &ef appelé Kaër. Hais les maîtres
de la science ont-prononcé; ils ont dédaré nettement que jamais le
Keauuenel-Heboë n'occupa la rive gauche du Btavet ; nous avons ddi
respecter leur sentiment , fondé d'ailleurs sur des documents plus
«oKiiets que ceux qu'il nous a été donné de consulter.
Quoi qu'il fin soit, l'ile Tanguetàen, ou Saint-Michel , ainsi qae lllot
Toisic placé à enviroo cent mètres de la rive ganche du Blavet, l'Ilot de
Sainte-Catherine dont nous aurons occasion de parler dans le coues
de cette notice, firent positivement partie du Kemmenet-Heboë. -
Le plus ancien seigneur connu de ce pays se nommait Béranger. U
vivait au commeocemeot du onzième siècle. Son fils, Hugolin, on
Huélin, lui succéda : on le voit figurer, avec le titre de seigneur
d'Btnnthont, au nombre des témoins d'une donation faite, en 1027, à
l'abbaye de Redon, et, deux années après, il comparait çncore, à
l'occasion de la fondation de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperïé
par Allain Gaignart, comte de Cornouailles, dont il étail.le beau-frère,
pour avoir épousé la sœar da comte , qui se nommait ^van ou
Bavmst.
Huélin s'intéressa personnellement, à ce qu'il eemèle, à l'établisse-
ment religieux fondé par son beau-frère dans le voisinage du Kemme-
net-Heboë. En 1037, participant à soa tour à cette œuvre pieuse, il
fit donation aux moines de Quimperïé de IHle de Tanguethen et dis
églises de Saint-Gurthiern et de Sainl-Méioir et leurs territoire»,
églises situées dans Vile de Graix : cet acte fut passé en présence de
plusieurs seigneurs de Kemmenet-Hehot, {et plures alii de Kemvienet-
Beboe.)
€ Cette donation , ajoute Dom Placide Le Duc, en la rapportant dans
71 sa chronique de l'abbaye de Sainte-Croix, a aidé à fonder un prieuré
» qui s'appelle Saint-Michel-des-Montagnes, qui est proche le Port-
ï Louis, a
Cet acte de 1037, coutena dans le recueil lûstoriqaé de Dom Morice,
>dby Google
— $8 —
est le plas ancien titre qni fasse mentioa de llle TangnèÛien. On ne
saurait affirmer si cette tle et les églises de Saint-Garlhieni et de
Saint-Uéloir , de tlle de Groix , formèreat dans l'origiae toQt le
prieuré de Saint-Hitdiel-des-HontagDes , on si l'abbaye de Sainte-
Croix, possédant déjà des terres dans la partie orientale de la pa<
roisse de Plœmenr , la pins voisioe de Tangnethen , la terre des
Montagnes, constitaée dès-lors en prieuré, si cette abbaye n'a pas
réuni, après la donation de 1037, celle possession de terre ferme anx
deux lies qui faisaient l'objet de la libéralité de Huélin. Ce qu'il y a de
certain , c'est que l'on voit notre prieuré désigné constamment sous le
titre de Saint-Michel-des-Montagnes, avec l'Ile Tangnethen (que nous
nommerons désormais Saiut-Mictiel) pour siège, quoique Ja terre des
Montagnes en Plcemeur, dont le nom entrait dans le titre de ce do-
maine religieux, ne fût pas comprise dans l'acte de 1037. En d'autres
termes, on ne sait ni quand ni comment la réunion de Tanguethen et
des égUses de Groix se fit à la terre des Montagnes, pour en former
notre prieuré.
Toici donc un nouvel anneau ajouté à cette longue chaîne de terres
monacales qui bordèrent, an moyen-âge, sans solution de continuité ,
toutes les cAtes de révâctié de Tannes, depuis la Laita jusqu'à la
Vilaine :
L'abbaye de Saint-Maurice ;
Le Prieuré de Lanenec;
— de Saint-Hi^el-des-MoDtagnes;
— de Gâvre ;
— de Saint-Cado ;
— de Quibéron ;
— de La Trinité;
— de Locmaria-Kaër ;
— de l'Ile d'Arz ;
L'abbaye de Rtinys ;
Le prieuré de Saiot-Cyr ;
Et ea&a l'abbaye de Prises.
C'était là ane fatale organisation qui , tenant du reste au système
féodal , ne pouvait manquer d'arrêter tout réfeii, de comprimer pour
longtemps tout essor des populations de ces eûtes vers les entreprises
maritimes qui firent la gloire de leurs ancêtres , ces anciens Venètes
que rhistoire a justement nommés tta Carthaginoit du Nord!
DigitizcdbyGOOgle .
Cette lie Tangaethen, qa'était-elle au momeot de son UDion &
l'abbaye de Sainte-Croix ?
Était-ce nae terre laïque ? N'était-ce pas une terre ecclésiastique
entre les mains des seigneurs d'Hennebont, comme cela se rencontrait
assez fréquemment à cette époque malgré les excommunications des
Papes(l)? Ne formait-elle .pas déjà un de ces établissements religieux
qui se multiplièrent sur les câtes et dans les lies arinoricaines , à partir
du cinquième siècle,, et qui furent pour la plupart ruinés ou détruits
par les invasions des Normands? N'aTait-elle pas du moins dépendu
jadis d'un de ces établissements?
L'acte de 1037, déjà cité, ne donne aucun détail à ce sujet; maïs
un passage du Cartulaire de l'abbaye de Quimperlé permet une inter-
prétation.
Dom Le Duc, rhistorien de cette abbaye, dont il fut l'un des reli-
gieux, dans le releré des différentes donations qui lui furent faites à la
fin du xi> siècle, mentionne une de ces libéralités accordée au monat-
tire de Saint-Michel, ce qui marqucy ajoute-t-il, qu'il y avait quelque
eonventualité.
Qu'on le remarque bien ici, l'emploi du mot monoflère, dont la
signification est prise habituellement pour /t>« habité par dex moines,
par une congrégation religieuse, Ûxe l'attention de Dom Le Duc.
C'est que, sur ces propriétés monacales unies à des abbaye, ils
n'existait ordinairement qu'un seul religieux^ portant le titre de prieur,
-qui était chargé pour le compte de l'abbaye de TadministratiOD du
spirituel et du temporel.
Le prieuré de Saint-Michel a-t-il-fait, dans le principe, une déroga-
tion à cette règle ? L'abbaye de Sainte-Croix, qui ne pouvait *tre en-
core bien riche, étant si près de ses commencements, alirait-elle,
aussitôt la donation de Uuélin et dés la formation du nouveau prieuré ,
établi sur Tanguethen un monastère pour y placer un certain nombre
de religieux , au lieu de débuter par un établissement plu$ modeste et
moins codtenx â l'usage d'un seul religieux , d'an prieur ?
Cela n'est pas vraisemblable.
Toutefois, si le mot monastère du Cartulaire de Quimperlé a été
écrit avec intention et avec la signification que bous lui donopos, il
serait possible d'en expliquer l'emploi de la manière suivante :
C'est qu'il existait, au moment de la donation du seigneur d'Henne-
bont et antérieurement à la formatioD d'un prieuré de Saint-Hichel-
(1) Vojra la S<C0Ddle de Ulnn (1139).
>dby Google
des-Montagnes , un convent sur llle Tanguethem, en sorte que
l'ensemble des possessions accordées à l'abbaje de Sainte-Croix était
formé de terres ecclésiastiques.
Cet état de choses a fort bien pu se continuer entre les mains de?
nouveaux possesseurs, jusqu'au moment d'une Douvelle organisation
par la formation d'un prieuré dans lequel entra la terre des Mon-
tagnes.
DomLe Duc, parlant de la donation de 1037, dit, on ne l'a pas
oublié : a Cette donation a aidé & fonder ua prieuré qui s'appelle
> Saint-Michel-des-Montagnes » ; mais il ne dit pas à quelle époque
cette fondation a eu lieu.
D'o& la conséquence : que la donation de Uuélin se composait, sons
le répétons, de terres ecclésiastiques : un couvent et deux églises ; que
le convent s'est maintenu jusqu'à la fin du si» siècle, toutefois sous la
dépendance de Sainte-Croix, et que le prieuré de Saint-Michel-des-
Hontapes est postérieur à cette époque.
Fait singulier, il est vrai, que celui d'un laïque, d'un seigneur dis-
posant- d'un monastère au xi« siècle, mais possible après tout de la
part du seigneur d'Hennebonl qui disposait par le même acte des
églises de Saint-Curtbiern et àa Saint-Héioir de l'Ile de Groix : ee qui
n'est pas contesté.
IV
Selgnenra d'Beun«I>ont>
Qui possède procède, dit le proverbe.
Hélast les procès, cette plaie de la propriété, pouvaient atteindre
les moines comme les laïques, et l'Ile Saint-Michel, ou, pour parler
' plus exactement, le prieuré de Saint-Hichel-des-Montagnes, en fournit
bientôt aux moines de Sainte-Groix la racheuse occasion.
Guillaume , seigneur d'Hennebont , c'est-ii-dire du grand fief de
Kemmenet-Heboë dont nous avons parlé, revendiqua certains droits
seigneuriaux on féodaux que les moines de Qnimpcrlé prétendaient
appartenir, au contraire, à leur prieuré de Saint-Michel-des-Mon-
tagnes. Guillaume vivait au commencement du xip siècle et était ,
selon toute apparence, le petit-flls de Huélin. « Guillaume estant de-
» venu le seigneur de Hennebond après la mort de son père Tanpy,
> nous vexoit avec bien de l'injuslice pour les terres du prieuré de
» Saint-Michel-des-Monlagnes, faisant enlever par force tons les re-
> venus que nous avions droit de retirer »
Ainsi s'exprime l'historien de Sainte-Croix, chez lequel nous puisons
une grande partie des détails de cette notice.
Ces mots : enlever par force, semblent indiquer de la part des
moines une certaine résistance aux prétentions ée leur hôitt ëI poissant
DigitizridbyGOOglc
««THsflfrfl. Da vmé, m<Miii-\0i le» lamn de 0«h^ei4é éUMnt
tsnaiies; Ils ae eSdaiem pas faclletnent, noria le verroBâ bientôt; et,
dans d'astres cantostatiofls qui ont acquis plus de célébrité que celle
dont itods BOBS occupons, ih en âonoèrebt des prearea éclatantes;
soflB Tonlsds parler des ddmèlés des deux abbayeâ de Aedob ëI dB
QuiropeHé as si^ei de la pesseesion de Belle-Ile, démêlés dâtis teequeld
OD vit plusieurs fois les deux adversaires , pour souWiûr iéUti prétfid-^
tioDs, rsoourlt- h l'ai^i&eut de la force armée.
Haia l'affaire ia prl&aré d9 SainUUlehel a'alta pas â de telles èKlré-
vkës; elle m termina pacltlquemeat â la gt-iade satisfaeUoa de l'abbé
de QHitbpeiié dans uâ« réonlon acrfennelle, &t il iraiia de {tair &TM le
uignear Gaillaaitie.
■ Pour mettre Sn an différend, continue notre bénéâiotto, QulllBom*
» d'Heuneboiid eoa»«btlt â s'cq rapporter m témoignage de let gens
» et des nfiU'es, et profit que , si leur rapport aots estait farot-alflej
» il n'entreprendroit plus sur dos biens
> Tout «e meode eitant dobc assemblé en présenee audit OiiIIIàiime,
» en son cbasteaa de Uennebond , l'on praoédx au téntoi^uige, qui se
X Sst E30S doute avec sermeitt. Us (tes témoins) asaenrërent donc ^nc
» les religiesi ne payoient rien an seigneur du pà^, ny aucune lerée ,
> nj rente, nj taille, n j aucune charge onéraire ; mais que ne bien do>
i meuroit stable et aBseuré à l'abbé et aus r^igieuK de Sainte-Croix,
» estant eiempt et déchargé de toste redevance, et que tous les offi-
1 ciers dévoient en ëlre retirés , i cela; près qus l'abbé ou Le religieux
> qui admintstroit le prieuré avoit voulu choisir pour In; faire bCQce.
» Ils acijoustèrent de plus que le neigneur mesme du pays et ceux de
» sa suite, quand ils passaient à l'isle de Gronais, dévoient preodre
> chez le prieur un' disné on soupe une fois seulement, et cela encore
> de bonne volonté. De plus, s'il estoit averti de se trouver à Farmée
» dd Duc, tl devait recevoir de la part dp religieux administrateur la
• cbai^ d'an cheval de pain, ayant fait envoyer par sou écujer le
« cheval jusqu'au bourg ou village de KeranGroës(KergrMxJ, et la
> somme devoit estre rendue Jusqu'à ce lieu »
Ceci , nous le répétons, se passait vers le commencemôul da doo-
Kiëme sifrcls.
A peu près vers la m£me époque, Rivalten, frère cadet de Suilladme,
dane Iniuel nous croyons reconnaître le plus ancien seigneur de Tré-
faven, château féodal ptaoé à l'embouchure du Scorff, dont la juridic-
tion s*étMd3it sor une partie des paroisses de iesbin , Quéven ,
Pkemeuretsur^rtiederUedeGroix, Rivallon tenait à l'égard t^s
moines ds SaiDtfr-Croix une oonduile différente de celle de son frère
aîné : il aceiHilait au prieur ds Saint-Hicbel une redevanee ^twi mine
de froment à prendre eur le village de Treisfaven pour les âmes de la
vicomtette Hoditrn et de ton (ils Baudoin.
>dbyG005jle
— "72 —
En H6*,Soliman) chevalier, seigneur de Hennebont, flls oupetit-
âls de Gnillaume, renouvela les mômes prétentions que ce dernier sur
le prieuré de Saint-Michel. Cette deuxième contestation se termina à
peu près de la même manière que l'autre; mais le détail de ce qui se
passa à cette occasion, conservé par l'abbé de Quimperlé qui en fut le
contemporain, contient une peinture des mœurs du temps qui mérite
d'être remarquée.
Voici la traduction qu'en donne la chronique de Quimperlé :
< Parce que les vérités sont affoiblies auprès des enfants des hommes,
» s'exprime l'abbé de Sainte-Croix, Rivallon I«', nous avons cru devoir
D mettre par écrit cemment de grands différends entre Dom Rivallon,
> nouvellement abbé, et Soliman, aussi nouveau seigneur de Hepne-
> bond, ont été terminés.
» Us convinrent donc entre eux du lieu et du temps où et quand ils
> se dévoient trouver pour vuider celte affaire , savoir : à Pontscorft,
> la veille de Sainl^Matbieu.
» L'abbé s'y trouva avec ses moines estant bien garni de ses papiers
> et de ses témoignages, et Soliman s'y trouva aussi avec ses cheva-
> liers et les gentilshommes de Kemenet-Heboë. Od produisit et leut
» la déposition que les témoins rendirent en prt^sence de Guillaume,
» fils de Tanguy, autrefois de Henpont, et qui fut reçue et confirmée
> de sa part, où l'on trouva écrit que le seigneur de Henpont n'a rien
> du tout en la terre de Saint-Michel et qu'il ne doit lever aucun droit,
I sinon un disné.ou soupe, une fois seulemenl quand il passe dans
> risle de Grouais, et une somme de pain quand il se rend à l'armée
> à la suite du Suc. Et pour ce qui est des enfants de Dougaallon qui
> soustcnoient que la prévosté leur appartenoit dans la terre de Saint-
» Michel, l'on vit bien que leur prétention estoit très fausse, et qu'il
ï ne doit point y avoir d'autres officiers, sinon ceux que le moine ad-
» œinistrateur du prieuré y voudra mettre. Ce qui ayant esté leu et
> exposé aux chevaliers et gentilshommes du pays deKemenet, ils
ï élevèrent la voix en mesrae temps en disant : Ce témoignage est vé~
B ritable , et nous asseurons que nos pères ont esté véritables et justes
■ en ce point »
Voili donc encore une fois l'indépendance du prieuré de Saint-
Michel-des-Moutagnes solennellement reconnue, et désormais les
moines de Quimperlé en jouiront sans autre charge que celle du dîner
ou du souper à servir au seigneur d'Hennebont ou peut-êlre de Tré-
faven (le seigneur mesmc du pays), lorsqu'il se rendait en l'Ile de
Groix, une fois seulement, c'est-à-dire à chaque mutation de seigneur,
et une somme de pain , faisant la charge d'un cheval, lorsque ce
seigneur partait pour l'ost du Duc : marques bien légères de vassalité.
DigitizcdbyGOOglc
Si le revenu de l'Ile Saint-Michel n'avait consisté que dans le produit
de son sol, la générosité du seipeur Huélin, en ce qui concernait
cette lie, eût été assurément d'un très mince avantage pour les moines
de Sainte-Croix. Mais l'importance de notre lie, au moyen-âge, ne
consistait pas seulement dans le produit de ses quatre hectares de
superficie.
De temps immémorial, certains droits seigneuriaux y étaient atta-
chés. Les possesseurs de cet Ilot prélevaient des impdts sur les navires
qui jetaient l'ancre dans le havre de Blavet, ou qui remontaient les
rivières du Blavet et du ScorfE ; les marchandises de ces navires étaient
frappées de redevances à leur profit; le droit de tripaj, c'est-à-dire de
passage, entre les paroisses de Plœmeur et de Rianlec, étahli sur la
rade entre la pointe de Bec-er-Groix (La Perrière à Colin) et Sainte-
Catherine , leur apparteDait. Et enfin, un impôt plus surprenant, celai
des mesures du vin vendu ou consommé au port de Blavet, était encore
dans les attributions des propriétaires de Saint-Michel : voilà pour les
revenus de cette Ile.
Mais ce n'est pas tout. Saint-Michel jouissait d'une prérogative d'un
ordre plus élevé : du droit de juridiction sur le port et havre de Blavet,
et de celai d'appréhender et punir tes contrevenants au paiement des
redevancesobîigatoirespour les navires, les marchandises et les me-
sures à vin (1).
Ces diverses attributions d'origine et de nature toutes féodales nous
ramènent naturellement à la première idée que l'heureuse position de
Saint-Michel avait fait naître dans notre esprit, c'est-à-dire qu'autre^
fois un pouvoir militaire ou féodal quelconque avait dû y être exercé :
ces redevances , cette juridiction n'en seraient-elles pas les signes
certains?
Nous pouvons entrevoir maintenant le véritahle but des contestations
faites aux moines de Quimperlé par les descendants de Huélin ,
Guillaume et Sohman, et les enfants de Douguallon , leur sergent
féodé. Possesseurs par le grand fief de Kemmeoet-Heboë de tout le
cours navigable dn Blavet et du Scorff, les seigneurs d'Heonebont
durent naturellement conserver à des vassaux la possession ou le par-
tage d'an droit quelconque sur la navigation et la pohce de ces deux
rivières et sur les impôts qui en étaient l'a
(1) Ce dioit anden de juridiction et de perceplioa d'impSts an poit et hlire de BlaTCl ,
c'est-è-dire sur la riïe gaucb) de la rivière de Blavet, ne semble-t-il pas ioiliqDer que pri-
mititement le Kemmenet-Heboë eût d'autres limites méridionales que celles qui lui sont gé-
uâralemeut recunnues ?
Mb, Google
= M =
Hais Haélin, seigncnr à moitié moine, avait-il songé h toat? ATait-il
fait une réserve quelconque en coocédant Itle Tangaelhen ans moines
de Sainte-Croix, ses frères, comme il les nommait?
• Non, affirmaient leurs abbés, bien garnis de leur» papiers. En nous
» donnant Tanguethen , le seigoear Huélio , de défote mémiûrf , nous
> a tout doonë, sans exeaptioa ni réserve. Nous poesddona Taogiielbeii
• comme il le possédait, au même titre que lui , comme propnétaires
• et comm« seigaears. Â nous seuls et à nos moiiea appartient le droit
2 d^établir sur le prieuré de Salnt-Hidiel-des-MootQgnes des ofSciers
» justiciers et des collecteurs de nos revenus , comme le pratiquait
1 avast nous le seigneur Huélio» notre bienfaiteurt i qui nous sa de-
» vions rien -, escepté l'hommasie. >
Remarquons} en effet, que les légères marques de raasalité, oonais-
taut dans les obligations An dintf et de h lommt de jicfn dont il a
été question , semblent particulièrement oonceroer la terre dea Hoa-
tagnes, en Plœmeur, une des parties du prieuré, que l'Ile Tanguethen
et rUe de Groix, et que les droits et privilèges importants, qui devaient
surtout offusquer les seigneurs d'Hennebont, dépeodaieat de Saist-
Hichel (1), Cependant il faut reiionnaltre que, lors des deux oontesta-
. tiens relatives au prieuré, i) ne fut fait aucune distinction dans le sens
que nous indiquons ; qu'il y est question de tout le prieuré et bob de
tel ou tel membre de cet établissement.
Il serait difficile d'admettre que Tinstitution des droits sur les navires
et les marchandises, etc., de ceux de juridiction dépendant de TUe
Saint-Michel soit postérieure à la donation de 1037. Ces droits, ces
privilèges devaient être aussi anciens que le grand GùmmandemetU
féodal nommé Kemmenet-Heboê, en admettant que la formation de cet
important caoton maritinie ne date que de la féodalité. Elle était dose
bien ancienne cette juridiction maritime de l'Ile Saint-Hichel, cette
sorte A'' Amirauté; car ce droit de justice, sur le port et bâvre dâ Blavet,
des navires et marchandises n'était pas antre chose I
Exercés au nom des moines de Quimperlé par l'ofScier institoé par
eux ou par le moine administrateur du prieuré de Saiol-Uicbel, ces
droits féodaux , cette juridiction maritime furent revendiqués plus tard
par les Pères de l'Oratoire da coUége de Nantes. Hais ce fut en vain.
I>âurs prétentions rejetées une première fois , le 14 août 1636 ^ par
[l] tfads le djnombrement des Taisaui reodsnl l'hommage au vicomte de Rnban, aetgoeur
de tout U Keûicnenet-Keboê en 1396 , on reitisiS]ue >eS nom* de GuiHo de» Monlaignei et
de Guillo le priovr : ces deux noms se snÎTent dans le pmcis-ferbal de dénombremènl.
Nans y iDjoni na seni individu rendant deoi bommsgies dlsCiacbi : l'un en qualiU de pricnr
de SeJDt-Hlehei-des-Honlagnes , £'est-t-dire jioiir lITe qui farmaH h titre et le aiége du
pHeeré, M l'ialre pour ta terre des Uantagnes, désighfe connne («rre hotte dans Afiamils
>dby Google
laChârmbfé des comptes (levantes, le forent eoéôréj le âfijsitîer
1682, par les commissaires réformateurs du domaioe d'ilènnebont,
faute de pièces justifîcatiTes. Ces ecclésiastiques ne se préseotèreot
pas, à ce qu'il parait, deraut les commissaires du Roi, comme les
moines de Quimperlé devant les seigneurs d'Hennebont, c'est-à-dire
t bien garnis de leurs papiers et de leurs témoignages. »
Plus tard, nous aurons occasion de voir les Pères de l'Oratoire j
moins heureux quoique aussi intéressés que les Âbbés de Sainte-Groijc,
fie Conserver des prérogatives, des diverses sources de puissance et
de richesses qui avaient dépendu de temps immémorial de l'île Saiilt-
Michel (d), que le droit de trépas de Bec-er^roix, et encore le léuf
verrons-nous bientiitt virement disputé.
L1I« d« Srolx.
Les églises de Saint-Gurthiern et de Saint-MélOir ont-elles partagé
primitivement l'Ile de Groix en deux paroisses, ou Saînt-Gurtliiern
a-t-il été un prieuré et Saint-Méloir le siège principal de l'Ile? Ce Sont
là des questions que nous nous contenterons de poser sans chercher à
les résoudre : nous avons pour principe, pour habitude, de ne baser
nos opiûions que sur des faits précis et des documents authentiques,
et ici les uns et les autres nous font défaut. Toujours est-il qu'après
là donation de 1037, Groix, entre les mains des moines de Quimperlé,
ne forma qu'une seule paroisse, administrée par un vîcaire perpétuel
qui relevait directement du prieur de Saiot-Michel-des-Montagnes : ce
dernier portait le titre de recteur primitif de l'île de Groix (S).
(1) Du il mars 1686 , miau et dérKiinbrtnenl présentés en la Chambre dei camplts de
Nantes, par les Pères rie l'Oratoire de ceUe ville, du prieuré ai Saint-Mi cbel-^s-HontagnM,
Arr£t rendu sur net aven, te 11 août gnivant , portant que i les droits de jusliw du port et
hSvre de Bbvet, des quatre pote de via d'entrée sur chaque vaisseau ou charte portant neuf
pipes de vin, déctaai^É aux ports de Henoebont et Poolscorff ou ailleurs en ladite rivière;
d'un minos de sel ; et garde du Jaiiloa (sic) des mesures de vin ; des visites sur lesdjtes me-
sures 1 et d'appréliender et punir 1rs coDlrevenaols , • seraient rayés de cet aveu , faute de
jiKtiScition, — Du S8 janvier 1 68% , arrêt des commissaires de h rérormalion du domaine
d'Hennehunt , qui maintient les radiations de l'arrflt rie la Chambre des comptes de iG36 . —
(Eitrait d'une lole des archives de la «énéchaussée d'Heanebonl. — Il serait iohfressaot de
recourir aux aveux de 1636 et 1633 et aux arrêts qui les concernent; nous reconnaissons
que ces pièces auraient été ponr nous d'un grand necours pour celle nnlir>e , oraiB il n'est pis
dMBé & tmil le orande de péûArw dans les archives de la Chambre de» comptes de Nantes).
(3) te 2t juin , a lien , aux environs de Lorient , la binédklion des Couraux , Rie qni
àdire , chaque année , beaucoup d'étranjers. Le clei^é do Pliemeur, i la tjte d'une proces-
sloti, quitte Lai^Dt in bateaux et se dhrige, an milieu des Couraux, i la rencontre d'uile
semblable ptocession partie de 111e de Orrlii. Une fois i^itniâ, les dem dtt^ éntamiBnt Sts
>dbyGoo5jle
— 76 —
La pins antique des deux églises, le temple chrétien le pins ancien
de rile de Grois était probablement Saint-Gurthiern, qai devait son
origine à un saint personDage que Ton punirait peut-être considérer
comme l'un des apôtres do celle partie de l'Armorique. Voici ce que
nous en apprennent les légendes :
Gurthiern (OU , suivant les dialectes , Gunthiern, Guzierne, Gozierne
on Gohieme) était un petit roi de Cambrie. Voulant se détacher du
monde ponr se vouer entièrement au service du Dieu des Chrétiens,
Gurttiieru abandonne son royaume et se retire en l'Ile de Groix pour y
mener l'existence d'un pieux anachorète. Pendant longtemps ses vertus
n'eurent pour témoins que les pêcheurs de l'île; mais enfin sa réputa-
tion de sainteté, s'étant répandue sur la cèle voisine, parvint jusqu'aux
seigneurs de la contrée, les seigneurs de Kemmenet-Heboë , puis
jusqu'aux comtes de Vannes et de Cornonailies.
Grallon , roi ou comte de Cornouailies , fit don au saint ermite d'une
partie de terrain au confluent des rivières l'Isole et l'Ellé, à l'endroit
même où fut bâti, quelques siècles plus tard, le monastère de Sainte-
Croix de Quimperlé : ce tien se nommait alors Anaurot. Grallon fit des
efforts pour déterminer Gurthiern à quitter sa retraite de l'Ile de Groix
et à se fiser dans ses domaines.
Bientôt le comte de Vannes, à son tour, lui donna des marques de
libéralité. Saint Gurthiern ayant par des prodiges préservé de la fa-
mine le territoire du comte, ce seigneur recçnnaissant lui donna une
terre, nommée Vegnac, sur la rivière de Blavet, terre qui dans la
suite s'est appelée Ker-vignac et est devenue paroisse. Chacun la
connaît. Saint Gurthiern y moumt au commencement du vi« siècle.
Voilà ce que racontent les légendes.
Ce qu'd y a de certain, c'est que le culte de saint Gurthiern était
anciennement en très grande faveur dans toute celte contrée ; Groix et
la cête voisine. Outre l'église de Groix que nous connaissons , la cha-
pelle du petit prieuré de Douélan , non loin de l'embouchure de la
Laita, en fac« de Groix, lui était dédiée; les moines de Qnimperlé Ini
élevèrent un oratoire dans leur enclos dès le xi" siècle, el les paroisses
de Saint-Caradec-lès-Hennchont et de Kervignac, de chaque cûté du
Blavet, eurent chacune leur chapelle de Saint-Gurthiern. Aujourd'hui
Kervignac seul possède encore les ruines de la sienne; mais le nom de
Locohierne (Loc-Cohiern «u Gohiern , altération de Gurthiern) , con-
servé par des villages ou des manoirs, rappelle encore, de nos jours,
hymnes et procèdent 1 11 béDédiclioa de II mer, des 6lets et des nombreui bileSDi At pé-
cheurs présenU à celte cârdmoDÏe. An momenl de la rencontre des deai paroisses àe Plœineat
el de Groii *n mllien de la mer, chacun peul remarquer que la croit de Groix silue celle de
Plcernenr, en s'abaissanl devant elle. Il nons semble que ce fait est une marque IradlUon-
nello de ranciea état de choses, c'est-â-dil'e qa'il rappelle l'étal d'infériorilé dans lequel se
trouTail aatretois le Vicaire perpHuel de Groix via-à-Tis du Reefeur de PltemeDr.
Mb, Google
— n —
sur les deux rives daBIavet, l'antique réputation de ce pieax solitaire,
contemporain de saintç Ninnoc et de ses compagnons, autres apûtres
daKemmenet-Heboë, dont nous aurons occasion de parler dans le
cours de cette notice.
Groix, sous les moines de Qnimperlé, forma, avons-nous dit, nné
seule paroisse desservie par un vicaire perpétuel. Celui-ci était ina-
movible. Présenté par l'abbé de Sainte-Croix , il était institué par
révéque de Vannes. Cet ecclésiastique ne jouissait d'aucun des revenus
ordinaires des paroisses , revenus désignés sous le nom de canaux ou
rectoriaux, qui consistaient dans le produit des terres appartenant à
l'église, les dîmes, les oblations, etc. A Groix, ces produits étaient
perçus pour le compte des moines de Quimperlé , comme les autres re-
venus du prieuré de Saint-Micbel. Ce délégué du prieur était à ce que
l'on appelait la poriion congrue, c'est-à-dire qu'il touchait des appoin-
tements fixes , auxquels il ajoutait le béné&ce de ses quêtes. Hais â
Croix, pays alors très pauvre, souvent ravagé par l'ennemi et les pi-
rates, et dont la principale industrie était la pèche, bien loin d'être
aussi lucrative alors que maintenant, les quêtes ne pouvaient grossir
beaucoup l'escarcelle du pauvre vicaire. Aussi arriva-t-il plusieurs fois
que, pour suppléer à la sordidité d'un traitement qui n'était que de
150 livres à la fin du xvu» siècle , des vicaires perpétuels de Groix se
chargèrent à forfait de la recette des revenus des moines de Quimperlé,
dans leur lie, pour réaliser les profits habituels que procurait alors
ce que l'on appelait les fermes ecclésiastiques.
L'Eglise de Saint-Méloir parait avoir été anciennement la paroisse de
Groix; mais depuis longtemps ce titre appartient à l'église de Saint-
Tndy : nous ignorons à quelle époque ce changement a pu se faire.
Sainl^GurtMern, ou Loguthiern, fat toujours désigné sous le nom
de prieuré, peut-être en souvenir de l'ermite qui y avait habité, à
moins cependant que ce ne soit par la raison^que les prieurs de Saint-
Michel y avaient une habitation pour séjourner dans l'Ile k Toc-
casioD (1),
Quant aux possessions territoriales qui pouvaient dépendre de Saînt-
Méloir et de Saint-Gurtlnern , faute d'un document précis, nous ne
pouvons en donner le détail. Les quelques renseignements contenus
sur ce sujet dans la chronique de Sainte-Croix sont des plus obscurs,
cependant ils sont dignes d'attention.
n s'agit encore de ce procès entre Guillaume d'Hennebont et l'abbaye
de Quimperlé, que nous avons eu occasion de rappeler. Continuant la
(1) Quelques caleadriera bretoDS domuienl aDcieniiemeat le titre i'Abbé à saint Gurthiem.
— Les terres da piienrë de ce uoin d»; !11e de Graii furent à pei près les premières pos-
sessions ecclésiastiques vendues dans la Uorbiban par suite de la loi de 1790. Une dame
Proleau , de Groix , les sdieta poiu 27,S0O livres devant le directoire du dittiict d'Beuiie-
UHitt le ie iémùnt 1700.
>dby Google
trjtdodion âa ^ocnmeiit qiû «opcerae ce procè»* dscuwot 4<wt dabs
rei^ettçDs Tiremeot de d« pas po^éder ^ texte , le b^é4i(iti8
Dom Le Dac ajonte :
( Et pour ce que nous devons recevoir sur l'Ile de Grouais, ledit
■» GaiUapme , seigneur de Henseboot , en reodit téonoigQagti de sa
1 propre bouche : Id est epUeopum. [Je laisse à deviner, c'est Dom Le
> Duc qst parie , s'il veut dire qae l'Evesque y a ses droits épiscopaHx,
> ou biea ù , suivant le privilège de la fondalioa qui donne droit épi^
k copal au monastère sur les terres acquises ou à acquérir, le monas-
» tère 5 avait le droit de TEvesque), et Preibyterium (ce sont les
> ikoits rectoriaax] ; enfin Ton y avait toutes les dismes de l'isle [1), et
» cinq villages qui soDt : Locgulhiern, Locmariaker, Haelrecb, Loc-
> qielaer, Kerbrankeo, exempts de toutes redevaaces. >
VII
1« Tenw de» HMttofBM.
La Terre nohie des ISontagnes, pour nous servir de l'expression
d'anciens titres de la principauté de Guémeoé, cette terre qui donnait
son nom au prieuré de Saint-Michel et formait la plus grande partie de
son domaine, se composait au xi» siècle de huit villages de la paroisse
dePlcemenr, nommés, selon le Cartulaire de Sainte-Croix : Keran-
tto^ , KerrigualiM , Kerhaiiion , Kerguenmunnuc , KerconHouarn ,
Kercruth, Eercttelen, Anutthorhic, noms peut-être mal rendus dans
les anciens titres, mais que 'l'on retrouve cependant encore aujour-
d^i, pour la plupart, avec plus ou moins d'altération, dans les noms
de lieux actuels de la paroisse de Plœmeçr.
13ne note des archives de la principauté de Guémené , de 1750, nous
fournit l'état delà terre des Montagnes à cette époque; la voici tex-
toeSement :
« Le village de Kerdiret, contenant trois tenues ;
» Le village de Kerrivalan ;
> Le «Hage de Kersottay ou KeroUay ;
> Le village de Kergroix , de 35 journaux, dont la moitié engagée
« lors des aliénations ecclésiastiques .et sur laquelle il ne se paye que
* la dcune ;
» Le village de Kersilliou, ou Keriliou , de 80 journaux ;
» Beax pièces de terre chaude au village de Kerambrey, à domaine
5 Le village du Bourhic ;
I Une piècie de terre piToche le village de K^idlea oa Kergnelleo ;
. DigitizcdbyGOOgle
i» fce ïiBwt 4e «WWHftr, de 100 j(mHii»iB (
» t-s village de KerblaUy, io 30 jQufoau^t (
) Le village de Kerveunannec, de 60 joomïmi}
>La maison de Kermelo et le village en dépendant, aliénés à
» M. Pierre Rioa, ea 1511, avec plusieurs cbîfsrenies dnejj sur ledit
> village de Kermélo, vendus k la charge de raqnis;
» A.U village de Quilisoye, ^ll^ piËoe de teire 4« HjJQQimainiifiin-
1 HiéePeiiâstèFp, à domaine congéabl^j
> Inédit viUage de QoiUsoye, de 70 jourxtauxj
1 Le TilUge Ae KerLedern^ ;
> Le village de Lomenair;
> Lç village de Kerlaret. i
Au XI" siècle, avoDs-Qous dit, il y avait huit villages sar 1* terre des
Montagqes; eu 1750, les dépeodaiices de ce village comprenaient
seize villages. Cette différence peut, jusga'à un certain point, s'explir
quer par un accroissement de population et une eittenSiiaQ de cultures
sur les dépeMances des villages primitifs ; mais il serait possible aussi
d'attribuer une partie de cet état de choses à de nonvelteiS âc^ui^itioD?
ou à de nnurellês donations.
Quoiqu'il «n soit, aux deux époques extrfioies, eu examiofintLficart^
de PkBpjËur, on remarque 4]ae la lerre des Montagnes et ses dép^-
dapoes fa>rmaient natnreUemeot deux groupes de villages biçn distindfu
Le premiçr groupe formait une sorte de presqu'île boraée au wiAi
et à l'ouest par la rivière du Ter, à l'est par la rade de Lwïe^t et a|i
Bord par l'étang et le ruisseau du Faouédic. Il s'élendalt de l'est k
rouest, depuis la pointe de Bee-er-Groii (la Perrière) jusqu'au-delà
de la maison du Prieur, sur une longueur de près de quatre mille
niètres- Cette surlace renfermait primitivement les villages de Ker^n»
u-o^s, Kerri£ual(ui, Kerbaelioa et Kergueomunouc, outre la Uaiu^
des Montagnes, et, en 1750, on y voyait les village deKerjgroix.,
Kerrivalan, KeroUé, Kervennannec, Kermélo, Kerdiret, Quilisoye et
Kerderne : nous ne nous occupons, bien entendu, que des dépen-
dances du prieuré.
Le deuxième groupe, situé à près d'une lieue au sud du premier,
s'étendait dans la partie méridionale de Plœmeur, parallèlement à la
mer, depuis Kernével jusqu'à Lomener. Il renfermait, au xi" siècle,
les villages de Kerconbouarn , Kercruth, Kercuelen et Auanborhic,
et, en 1750, ceux de Lomener, Le Bourhic, Kerlaret, Kergaellen,
Keriliou et Kerblaisy.
^itt»Bt«Hc viUages^e Kerambrey (eu Kerambleyî) et de Ker^uller,
cités dapsl? note de 1750, ilnonsaétéùipoasMed'eQreoeaiBaltreet
même d'en âoupçonaer la situatios.
Outte cee deux eante&s oonsidérables qui conSlKuaient la terre dçs
Montagnes, le prieuré ^vait encore d'astres droits dans la paroisse de
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Plœmear, qni coosistaient dans l'impAt ecclésiastiqae appelé la dtme ,
c'est-à-dire le droit de prélever une certaine portion des fruits de la
terre sur leurs propriétaires.
« Des dlsmes nous avons la moitié de Gaidel, et en Plœmeur la
> disme de dis -sept villages. >
Il est Traisemblable que le Cartulaire de Qaimperlé confond les
dîmes du prieuré de Lanneoec avec celles du prieuré de Saiot-rMichel.
Le premier avait effeclivemeoL la majeure partie de ses revenus ecclé-
siastiques dans la paroisse de Guidet^ tandis que jusqu'à présent nous
n'y avons rien déconveri; qui dépendit de Saint-Hichei.
Nous ignorons quels étaient les dix-sept villages dont il est question
à propos des dîmes de Saint-Michel dans la paroisse de Plœmeur. La
chronique de Quimperlé ne les nomme pas ; mais , ce qu'il y a de cer-
tain, c'est que celte prérogative fructueuse s'exerçait, au nom du
prieur de Saint-Michel, sur plus du quart de cette paroisse.
En effet, sur les quinze frairics qui fraclionnaient Plœmcur, les
quatre que nous considérons comme étant les plus riches, autrefois
comme aujourd'hui, relevaient dn prieuré pour l'impôt 'des dîmes.
C'étaient les frairies de Locunolay, de Sainl-Phelan, du Damany et de
Kerguelen, Les trois premières comprenaient tout le terrain qui s'étend
depuis la rivière du Ter jusqu'aux confins de la paroisse de Quéven ;
quant à la frairie de Kerguenel, elle se trouvait entre Larmor et
Lomener(l).
D'après ce que nous venons de voir, c'était donc un grand et riche
prieuré que celui de Saint-Michel-des-Montagnes avec toutes ses terres
et ses révenus ecclésiastiques et féodaux. Aussi, lorsqu'au xvi' siècle
l'abbaye de Sainte-Croix en fut dépouillée , on priva d'un seul coup
son trésor d'un revenu annuel d'environ deux mille livres, c'est Dom
Le Duc qui le reconnaît : somme énorme pour cette époque t
{1)tes aalres frairies de Plcemeor étaient : Le liourg. Sainl-Liurenl , Kertafsm ,
Larmor, KerrueBr, Kerveneus, Keréren, Travalaën, Lanneoec, B«usem, Ponnonen.
Greii éiail divisée en buti frairies : Loetudy , Le Mené , Lomaria , LoguelUs , Lomelaêr ,
Saiat-Laar«Dl , Saint-Jeaa , Stiiiile>Brigitle.
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^y «T\ T"»^ r> ^~p^ ip H i rw^
DU TUMULUS NOHHË EK HOURICH. OU U VIGIE,
mi PUS u comm N u nnni-sn^B,
Exécutée au frai* du départonust par Wf . <• Caaié «t IL. (UUh.
n existe, enclavés dans les dernières maisons qui coaronneot la
colline snr les flancs de laquelle s'élève le bonrg de La Trinité-sar-
Mer, les restes d''un tnisnlus conna dans le pays sons le nom de Tigie
{Er HoarickJ. Sa forme primitive, qui était ellipsoïde, autant qa'oa
peut en juger, devait mesurer cinquante mètres de longueur sur
trente de largeur. Par suite des emprunts qui lui ont été faits pour les
constructions environnantes, sa hauteur moyenne est réduite à environ
deux mètres au-dessus du sot naturel, sauf en up point correspondant
au centre, doD( l'élévation a été augmentée pour former ud monticule
de siK mètres de haut, terminé par une plate-forme serrant de vigie,
d'où lui est venu son nom.
C'est au travers de cette élévation que nous avons on devoir onrrlr
une tranchée de l'est à l'ouest, pensant que, suivant les observations
faites lors des fouilles du tumnlus de Tumiac et de celui de HaDé-«r- -■
Hroèg, avec lesquels notre tamulus avait similitucte d'a^iect, nous
devions nous trouver plus particolièrementxlaus la direction de rentrée
da dolmen que nous cherchions.
Dès les premiers travaux, il nous a été donné de reconnaître que
nous avions sons les yeux un monument d'une constitution particnliëre.
Le sol naturel était recouvert d'une couche de sable de mer épaisse de
trente à quarante centimètres , dans lequel étaient implantées vertica-
lement ou obliquement, et sans ordre ni distances régulières, d'énormes
pierres plates ou dalles, variant de dimension depuis un mètre jusqu'à
un mètre soixante-dix de hauteur, dans les vides desquelles et les
recouvrant se trouvait un galgal en tout semblable à celui du Hané-
er-Hroèg. Ne pouvant nous rendre compte de ce genre de construction,
et pensant que ces pierres, qui se montraient plus nombreuses et plus
volumineuses dans ta paroi nord de la tranchée, annonçaient que le
dolmen était de ce côté, ne voulant d'ailleurs laisser aucune partie
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inexplorée, nous flmes ooTrir ana traacbée se dirigeant da«ad-aa
nord et conpant, par conséquent, la première tranctiée à -angle droit.
Comme précédemment, nous n'avons rien trouvé de ce que nous
cherchions; les pieùes plates se tout montËées Scbées dans le sable,
aussi nombreuses, aussi volumineuses, et dans un désordre tel qu'il
nous a été impossible de leur trouver une disposition soit si cercle,
soit en étoile, en parallélogramme ou en alignement.
H. René Galles, dont Texpérience vous est connue, Messieurs, a
visité nos travaux, et, comme nous, n'a pu expliquer la nature du
monument qui nous occupe.
Dans la tranchée aboutissant à l'ouest, enfouie dans le galgal à une
profondeur de cinq métrés, nous avons trouvé la moitié, snr la hauteur,
d'an tronc de pyramide quadrandnlaire en pierre calcaire, percé en
son centre d'un trou grossièrement fait par percussion avec un instru-
mèot pointu , et devant vraiseniblablemeat avoir servi de base à un
objet maintenu perpendiculaire.
A environ un mètre plus bas, enfouie dans^Ie sable qui recouvre le
sol naturel, une fusaïole, ou grain en terre cuite percé, mesurant:
diam. Ô'",OiO; épaiss. Oj^OSS; de gros morceauK de charbon, un éclat
de silex, deux petits fragments d'une poterie brune faite à la main et
trois ou quatre morceaux de.granit fortement pénétrés d'une substance
bitumineuse, noire, brûlant avec flamme en répandant unelorte odeur
de résine.
Dans la tranchée aboutissant au n(H^, également enfoui dans le
sable, un couteau en silex, brisé aux deux extrémités, ajantO™,100de
loDgaeur sur (H ,035 de largeur.
Tous ces objets étaient placés dans bd sol non remanié depuis la
construction du tnmnlus.
Comme vous le voyez, Messieurs, la fouille dont voOs. avez bien
voulu nous charger n'a pas été très fructueuse pour votre masée; mais
elle aura eu pour résultat de faire connaître un monument nouveau, au
moins dans notre département.
Espérons que d'autres explorateurs, plus heureux ou plus savants,
pourront nous donner une explication satisfaisante sut l'usage d'un
monument qui ne nous semble pas avoir pu servir de sépaltare.
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LES DOLHENS DE LA TRIHITÊ-SBE-MER.
(Pur HH. L d« Cossé etL. GiOei.)
Chargés par la Société polymathiqne de faire faire des foaiUes an
tumalus de la Vigie, noas n'avons pas cru mieux utiliser les longs
instauts de loisir qui nous restaient qu'en opérant qaelqaes recherches
sons les dolmens si nombreux de cette petite commune. Cesrecherdies
nous ont été singulièrement facilitées par le bon vouloir des habitants
qui nous oot donné toutes les permissions nécessaires; nous devons
mentionner' en parttcnlier l'excellent accneil de M. te maire de La
Trinité, qui a compris que de semblables recherches devaient plus
tard attirer les voyageurs et augmenter le bien-être de la commnne.
Nous venons vous donner. Messieurs , nn rapport succinct mais exact
de ces fouilles, eo faisant abstraction surtout de tonte hypothèse,
quelque basée qu'elle nons paraisse, persuadés que nous sommes
qu'en matière de monuments mègalitiques il faut s'en abstenir absolu-
ment. Ce que nous allons vous lire est donc an simple exposé, comme
an journal de nos opérations.
Le numéro de i^acun des dolmens dont la desraiption va suivre
correqwnd à ceux du plan que nous plaçons soos vos yeux.
Dolmen^ nompté Heu-br-Roh . à l'ouest de la Vigie.
Ce4olmea, ouvert an sud, se compose d'une chambre carrée an
fond, qui se termine probablement en allée. Nous disons probable-
ment, parce qu'un mur de clôture ayant été construit sur cette allée
perpendiculairement à l'axe du dolmen, nous n'avons pu poursuivre
les fouilles de ce cAté. La table qui recouvre la chambre a été exhaussée
vers le nord-onest au moyen d'un pilier de pierre qui porte sur le sol,
et vers l'angle sud-ouest par deux pierres posées entre la table et le
support de ce cété. La présence du pilier dont nous venons de parler
n'a pas permis de fouiller l'angle nord-ouest de la chambre, car son
ébranlement eût pu déterminer la chute de la table et la mine du mo-
nument. (PLI, fig. 1.)
La chambre a 3 mètres de longueur sur 1«,90 de largeur aa nord
et l^gOO au sud; la hauteur intérieure est d'environ i^tSO; huit sup-
ports soDt apparents, abstraction faite da pilier.
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— w —
Nons arons tronré dans ce momunent, à la hantem* du dernier
support du cOté de l'Est, un couteau en silex pyromaque de O^jOÎK)
de long; à l'angle sad-ouest, un morceau de résine couleur chocolat,
paraissant avoir été coulé, qui brttle avec facilité, en répandant une
fumée noire et intense dont l'odeur est analogue à celte de l'encens ou
du benjoin.
Touchant le troisième support à l'Est , nous avons rencontré debout
sur le dallage les débris notables d'un vase brun-rougeâtre à fond
plat, allant en s'élargiesant jusqu'à une certaine hauteur, puis se rélré-
«issanl pour former le bord. Sa partie supérieure , faiblement érasée ,
est ornée en quatre endroits de trois moulures verticales rapprochées
qui, parlant du bord, viennent se terminer à la panse par un bouton.
— Bimenâons : hauteur 0o,19; diamètre à la base 0~,100, à la
panse 0«,2iO, au bord 0"','id5.
Tout près se trouvaient les fragments d'an vase en terre bmn-
Tonge, forme bol, à fond bombé, orné sur sa panse de bossettes allon-
gées, placées horizontalement au hant de la panse, — Hauteur 0",080;
diamètre 0-,143.
Enfin, contre la paroi ouest, était nn troisième vase fragmenté et
renversé sur te dallage, l'ouverlore en bas. Ce vase , en terre brune, de
même forme et portant la même ornementaUon que le premier décrit ,
a 0",135 de hauteur, 0",090 de diamètre à la base, et 0»,175 de dia-
mètre à Touvenure. Sous ce vase, qui a^té enlevé avec le plas grand
soin, nous en avons trouvé un second, qui avait été introduit dans le
premier et renversé avec lui, l'orifice sur le dallage. Nous avons pu
l'extraire presque intact ; il est en terre rougeâtre , à fond légèrement
bombé; sa partie supérieure, faiblement évasée,. présente, en quatre
points,. une ornementation analogue à celle que nous venons de dé-
crire , sauf le bouton terminal qui fait défaut; il a O'BjOSS de hauteur
et 0iv,145 de diamètre. Noos avons minutieusement examiné la terre
qiill contenait, et nous n'y avons trouvé qu'un éclat de silex et deux
petits galets, l'un en schiste, l'autre en quartz blanc.
Plusieurs éclats de silex ont été recueillis parmi les terres du dohnen,
ainsi qu'une assez grande quantité de tessons.
Le dallage, composé de pieires plates, était bien conservé et repo-
sait snr une couche de terre battue.
N" 9.
Ce dolmen, ruiné et bouleversé, est situé â l'Est de la caserne de
^dual; on n'en voit plus que quelques supports qui semblent former
un cabinet attenant à une chambre. (PI. I, fig. 2.)
DigitizcdbyGOOglc
No 5.
Ces restes de dolmeo , sitaés aa sud-ouest du mur d'endos du châ-
teau du Laz, De consistent qu^endeux grands supports plantés à angle
droit.
N» 4.
Dolmen nommé Eft Roh, à l'ouest de IÇmarker.
Ce dolmen , situé sur un monticule , se compose d'nne allée ouvrant
à TEst, d'une chambre et d'un cabinet an sud de la chambre. La table
qui recouvrait une partie de cette chambre a été défdacée, et un de
ses angles est tombé sur le sol intérieur, ce qui n'a pas permis de le
fouiller vers le nord-ouest. La communication entre ta chambre et ie
cahinel est très étroite; les supports sont au nombre de quinze; la
longueur du monument est de 5 mètres environ. (Pl^Iifig. i.)
Sur le dallage, qui était assez bien consBrvér'€ous~avons trouvé
un grain de collier en agalmatohte, de forme irrégulière , ayant 0>° ,037
de long sur O^jOSO de diamètre moyen et percé de part en part.
Au même point, une pointe de flëctie à ailerons, en silex ; cet objet,
«st intact et mesure 0°',030 de longueur sur 0<°,023 de largeur. Tout
près, nons avons rencontré ap petit silex taillé analogue aux plus
petits couteaux des cavernes de la Dordogne ; il a 0°>,033 de long sur
O-.OOT de large.
An cAté nord, se trouvait un petit fragment de fer oligiste, usé irré-
gulièrement sur toutes ses faces et paraissant avoir servi de polissoir,
Enfin, à la jonction de l'allée et de la chambre, nous avons ren-
contré un objet en or pur, formé de deus calottes sphériques soudées
ensemble. L'ornementation de la face supérieure consiste en un
bouton rapporté et sondé, formant le centre de quatre cercles con-
centriques faits au repoussé; l'autre face, percée d'un trou central
communiquant avec l'intérieur, porte soudées les restes d'une lame
d'or qui a été brisée; à la jonction des deux calottes se trouvent deux
petites gorges ornées de cannelures perpendiculaires. Le diamètre de
cet objet est de 0" ,032, son épaisseur de û^jOlG. (')
Parmi les terres du dolmen se trouvait un fragment de bracelet en
bois, analogue à celui qui a été découvert au tumulus de Saint-Galles,
en Arradon. Ce fragment a O^jOS de long et une épaisseur de 0'",611
sur O^.OOS.
Sous le dallage de ce dolmen existait une forte couche de galets en
quartz blanc.
Gst objet, qiN nout crojoas d'une épuqae postérieure aux mires objett Irouiés dans
>dbyGoo5jle
— 88 —
NoQS avons recaeilli avec le pins grand soin de nombrenx fragments
de poteries dont les ornements vont apporter de nouveaux éléments à
la connaissance de la céramique des dolmens. Noas avons pn reconsti-
tner des portions notables de vases dont noos coyoDS devoir donner
nne description aussi exacte que possible.
1° Des fragments d'au moins deux vases en terre ronge ornés de
bandes horizontales et alternées; les unes unies et divisées en trois
par deux traits au pointillé, les antres couvertes de lignes diagonales
aussi an pointillé.
2> Fragments d'un vase en' terre brun-rongeâtre , forme tulipe,
orné de bandes horizontales alterneiives : Tune unie et séparée en trois
par deux traits au pointillé, l'autre couverte de lozanges formés par
des lignes diagonales au pointillé. '
3" Fragments d'un antre vase en terre bmn-rongeâtre i bords
droits, légèrement évasés, se rattachant an tond par une arête mousse
qni forme panse. Le fond parait aller en diminuant pour se terminer
par une base aplatie. Son ornementation, analogue à celle du précé-
dent, consiste en bandes alternatives, l'une formée de lozanges, .
Tantre unie , divisée en trois par deux traits an pointillé.
4° Fragments d'dn grand vase en terre rongedtre ; ce vase devait
avoir le fond bombé, et sa panse se rétrécissait à quelque distance du
bord qui montait droit et se terminait saus évasement. Il est orné de
bandes horizontales offrant tantôt des dents de scie, tantôt de simples
lignes diagonales au pointillé, et de deux bandes unies ornées d'une
ligne de gros points en creux.
5° Un vase presque entier, en terre brune, forme tulipe, à fond
rentrant. Ce vase est orné, dans presque toute sa hauteur , de lignes
horizontales tracées à la pointe. Ces lignes, d'un parallélisme qni laisse
beauconp à désirer, accnsent un ouvrier peu habile, quoique la fac-
ture du vase soit assez bonne. — Haut. 0",130; diam. 0"',145.
6" Fragment d'un vase en terre noire , forme bol. Cette terre est
mieux cuite que la plupart de celles qui forment les poteries des
dohnens.
T" Fragments de vase en terre rougeâtre orné de petites lignes en
creux assez régulièrement espacées, semblables à celles que pourrait
produire un ongle.
8° Quelques fragments d'un vase en terre brune, orné de bandes
horizontales alternativement unies et couvertes de hgnes diagonales
au pointillé.
Enfin , beaucoup d'antres fragments de poterie plus conunnne mêlés
à des écUt$ de silex.
DigitizcdbyGOOglc
Ce dolmeo^, sitné an nord de l^vilor et oavert à l'Bst, ne présente
pins qae six supports formant une chaoïbre à pea près carrée et le
conuneDcement d'une allée. (PI. I, fig. 5.)
H» 6.
Ces deax dolmens se trooTent sur une éleratiou de terrain dans une
lande au nord de l^marker. Ils sont ouverts à l'Est. La fouille qae
nous y avons faite ne nous a donné que de faibles résultats consistant
en quelques fragments de poteries.
Le plus au nord, à chambre carrée, a son entrée plus près delà
paroi sud de la chambre qui mesure 2'°,70 en carré. La longueur dé
l'allée est d'environ i^iOO, et sa largeur varie entre i'OjOO et I^ÎO; la
table de la chambre est déplacée et repose sur ie sol intérieur ; on
compte en tout onze supports.
L'autre dolmen est plus petit, et nous n'avons pu le fouiller en entier
â cause du déplacement de ses tables. La chambre parait être ovale et
assez basse. Noos avons rencontré dans l'allée quelques fragments de
poterie faisant partie du même vase. (PI. I, fig. 6.)
N" 7.
Ce dolmen,, situé à l'Est de Penber, oe présente plas que deux ou
trois supports.
N« 8.
Ces dolmens sont situés sur nn petit monticule au bord de la rivière
de Crach et à l'Est de Kvilor. On avait commencé à les iouiller, il y a
deux ans, mais cette première fouille n'avait produit que quelques
fragments de poterie.
. Les deux dolmens sont séparés l'un de l'autre par un espace de
3»,50. Le plus au nord, formé d'une chambre et d'un corridor, a lès
dimensions suivantes :
Longneur de la chambre 2","I0
Largeur. 2 70
Longueur de l'allée 3 50
. Largeur 65
Les tables manquent, excepté un fragment de l'une d'elles qui sub-
siste encore à. la jonction de l'aQée avec la chambre; les supports sont
an nombre de dix-huit.
Le dolmen du sud n'a pas non plus de tables, à l'exception d'une de
>dby Google
celln qni recooTraient le corridor; U u compose de quatorze sni^rte.
Teid ses dimeDsions :
Longueur de la chuabre 3^,10
Lai^ear 2 90
Longneor de l'allée 4, 30
Largeur 80
Dans ces deux dolmens, la chambre a Vone de ses parois latérales
droite et formant na angle droit avec celle dn tond , tandis qae Taotre
paroi latérale décrit une courbe pour aboutir à I''allée. [PI. I, Sg. 8.)
Dans les déblais rejetés aocienoemeiit de ce dolmen , doqs avons
trouvé iin couteau en silex de 0»,075 , deux éclats de silex, quelques
fragments de poterie et m grain de tollier en callaïs, de forme k peu
près triangulaire, mesurant 0",018 sur 0»,015 avec une épaisseur
de 0-,004.
La fouille que nous avons faite dans l'autre dobuen nous a procuré
les objets suivants :
Ua couteau en silex extrêmement pointu, de 0<°,0g4 de longueur;
deux autres couteaux de fonne ordinaire , ayant Ton 0^,087 et l'autre
0°,116 de longueur; une hache eu diorite, brisée à la pointe et
mesurant O^jOeo de long sur 0»,040 de large ; une autre bâche en
diorite, brisée à la pointe, ayant O^jOB? de longueur sur une largeur
de 0<°,048 ; une pendeloque en ardoise, de forme trapézoïdale, percée
au milieu , longue de 0i>,Û31 et large de 0-,0a3 ; cinq édaU de silex ;
à l'entrée de la chambre , des fragments de poteries en terre jaunâtre :
nous en avons pu former la plus grande partie d'un vase en forme
de bombe, et à anses horizontales.
Dans ce dolmen , ainsi que dans les autres que nous avons fouillés ,
la plupart des objets recueillis par nous étaient en place, et quoique
les moQomeats fussent en partie ruinés , au moins dénudés presque
entièrement de leurs lumulus, noiis ne craignons pas d'affirmer qu'au-
cunes fouilles antérieures aux nôtres ne sont venues changer les dis-
positions de ces sépultures. .
■ N" 9.
Ces deux dolmens , situés k l'ouest de Btisper , ont été presque tota-
lement minés par la constmctiou d'un mur eu pierres sèches qui les
cadieméme en partie. Ils étaient ouverte au sud et placés sur une
ligne nord'Sod au lieu d'être parallèles comme d'habitude. (PI- I,
flg.9.)
>dbyG00glC
s
ilLi-s (le 11
l«)0.)
TI.i
^^,
TÇSwft*.
DigiiizMb; Google
SOIE SDR DES FOUILLES
opârAbs BH ISU
DANS LES DOLMENS DE ¥^SV , A PARK-ER-GUËRËN
(Pir H. le Di A. de CkMinidBtK,;
Le dobnen qae j'ai fooillé avec le concours de M. Alphonse HartiD ,
-est placé à la partie culminante d'un bois , dit Coët-1^0.
Ce bois, situé dans la commune de Cracb, à l'ouest du bourg, dont
il est distant de cinq cents mètres environ , dépend de la terre de
^gnrioné.
Si Ton prend la ronte qui mène de Cracb au passage du Laz , on
rencontre au sortir du bourg, à gauche, dans le Park-er-Roh, près le
Peadrëg , un magnifique dolmen ruiné , mentionné dans notre cata-
logue. Ua peu plus loin , à droite , on voit le bois de ^sù. Et , si avant
d'arriver an village de Loufang, on se dirige encore à droite, à travers
un bois de sapin, en vue de la chapelle de Saint-Jean, on aperçoit une
petite colline , sur laquelle sont assis deux beaux dolmens encore rai-
nés; c'est le Park-er-Guérën. Je signale ces deux dolmens, car notre
catalogue les passe sous silence.
La fouille de l'un de ces dolmens a été pratiquée presque sans ré-
aulUt.
Le dohnen de l^sû , plus intéressaut , est orienté au sad-est ; il a une
chambre et une galerie.
La galerie , longue de 3 mètres 20 centimètres , sur 1 mètre 20 cen-
timètres de large, est constituée par trois supports ou menhirs à
gauche et par deux seulement, adroite, le support intermédiaire de
ce cAté ayant disparu. Dallage grossier. Hauteur des menhirs : 1 mètre
et pas de table.
La chambre, à peu près régulièrement çircalaire, ayant deux mètres
de rayon, est limitée par- neuf pierres debout. Les deux menhirs qui font
face à l'entrée de la chambre , supportent encore une table qui nous
donne 1 mètre 60 centimètres de longueur, sur une laideur de 1 mètre
SO centimètres. Hauteur du dallage à la table : f mètre 10 centimètres.
(PL H, figure 7.)
Lorsque noas avons commencé notre travail, la galerie et la chambre
étaient littéralenïeut comblées de pierres et de terre. On apercevait, i
peine, rextrémité de quelques-uns des menhirs, et, aa miliea de la
>dbyGoo5jle
-90-
cbambre , il nons a falla abattre on gros sapin , xiià ; avait pris racins
depuis nne cinquantaine d'anoées.
En dégageant la galerie, noas ne rencontrons que des tessons de po-
teries celtiques. Nous en recueillons également dans \i chambre : les
uns eu pâte relativement fioe, avec des dessins ; d'autres, au contraire,
sont très grossiers, et recouverls d'une croûte épaisse de charbon.
Avec de la patience, il nous a été possible d'arriver à reconstituer Tou- .
vertare presque toute entière d'une urne très grossière dont le rebord
épais présente un dessin composé de lignes parallèles entrecoupées de
façon à former des losanges. Celte ouverture devait avoir, à l'état com-
plet, 20 centimètres de diamètre.
En entrant dans la chambre, à droite, sur le dallage , la pioche de
l'ouvrier rencontre et brise en deux fragments un Beau cetleB, Restauré,
il est long de il centimètres sur 4 centimètres à sa partie tranchante.
Ce ceitœ, couleur de corne légèrement rosée , est d'une transparence
parfaite, et d'un âni achevé. 11 parait èire en quartz-agate. Plus loin,
nons trouvons une tète de flèche à ailerons, en silex bleuâtre, à bords
finement dentelés en scie. Elle est intacte, et analogue, pour la perfec-
tion de la taille, à celle que nous avons , mon frère et moi , déposée au
Musée archéologique de la Société , après nos recherches de Crnhelz
(1864). En avançant, nous reneillons encore nn.celtœen grès, très gros-
sier, offrant cependant un caractère particulier qui mérite une mention
spéciale. Ici] l'extrémité inférieure, au lieu d'avoir un bord trancbaut,
' est taillée à pan émonssé ; deux lames en «Hex , du genre de celles
qu'on désigne improprement sous le nom de couteaux en.sileXf sont
mises de cAté. Nous ramassons, en même temps, de nombreux silex,
des cailloux roulés et des fragments de charbon.
La chambre , ainsi que la galerie , avait un dallage grossier , géné-
ralement constitué par des pierres plates de dimensions variées , repo-
sant sur une couche de terte grise, parsemée de fragments de charbon.
Nous récoltons dans cette terre de nombreux tessons de poterie. Disons
toutefois, qu'au-dessous de la table unique, les pierres de dallage spnt
plus larges , plus polies , et semblent avoir été usées. 'C'est là que nous
trouvons une pierre de 30 centimètres de long, sur 25 de large , en
granit , offrant sur une de ses faces i nne cavité assez régulièrement
circulaire , très polie , figurant un véritable mortier. Nous mentionne-
nn deuxième fragment de granit , moins grand que le précédent ,
creusé et poli de la même manière , et ayant dû servir aux mêmes
usages.
Le second dolmen que nous avons fouillé , [graissait devoir nous
donner de meilleurs résultats que le précédent. Au Park*-er-Guérèn',
où le monument était miedx conservé , nous n'avons rencontré que des
fragments de poterie, mais ici, ils sont tons avec des dessins. Il nous a
été possible de refaire, d'une part, denxfonds d,'ume, et de l'autre , le
>dbyG005jle
— «.—
tiers, à pea près, d'ooe troisi&me-en poterie ronge, beanconp plas fine
et beaucoup pins dore, tnatile d'ajouter que de oombreux silex, de noio-
breax cailloux roulés, et des fragments de charbon , ont été extraits
de cette terre ooire et onctueuse qui recouvre souvent les dalles de
nos dolmens bonlversés.
Le dolmen de Park-er-Guérën présente uae particularité que je tiens
à noter avant de terminer sa courte bistoire . Dirigée de t'est à l'ouest,
l'entrée, au lieu d'être ouverte, est fermée par une énorme pierre de-
bout, dépassant de chaque cAté les menhirs latéraux. Ceux-ci sont au
nombre de quatre , denx de chaque cAté. L'espace étroit compris entre
ces cinq pierres est fermé vers la chambre par une nouvelle pierre
debout, qui intercepte tonte communication avec la seconde partie du
tombeau. La chambre , de forme irrégulièrement carrée , est close en
avant par deux pierres debout se réunissant à angle obtus. Snr les
cdtés également par deux pierres ; une seule fait la paroi du fond.
Relativement, ce dolmen est petit. Galerie : 1 mètre 60 centimètres de
long sur 70 centimètres de large, et 1 mètre de haut. Chambre : 1 mètre
70 centimètres de longueur, sur 1 mètre 50 centimètres de largeur, et
1 mètre de hauteur. Il existe encore une table à la jonction de la
chambre avec )a galerie. Pour fouiller celte dernière, il nous a fallu en
extraire deux, qui.la comblaient dans tonte sa longueur. La galerie nous
a donné l'urne en terre ronge ; la chambre, les deux autres fonds noirs,
à dessin pointillé.
A côté, se trouve un grand dolmen qui a été fouillé depuis longtemps
et dont il ne reste qu'une grande table, celle de l'entrée. Je me con-
tente de le signaler.
RAPPORT
EUS
M FOUILLES FAITES PAR LA SOCIÉTÉ FOLTMATHIQUE
Soita la dirsGtioB de Hlf . René Gallea , Greuy et da Clo«iiad«i(C.
(U. G. de Closmadenc, rapporlear.)
Le Comité des fouilles nous ayant confié la mission de diriger des
recherches dans les monuments dits celtiques des communes de Carnac
et de Ploahamel , nous venons vous rendre compte de nos opérations
et de leurs résultats.
>dbyG005jle
— w -
Les fouilles ont pcurté particaUërement sur. hait dolmens el no
tamalug.
Noos DO citerons, bien entendu , que pour mémoire, un monticule
élevé sur la falaise de Quibéron qai , par sa forme , ses dimensions et
ses caractères extérieurs, nous avail laissé supposer qu'il pouvait ren-
fermer UD mopument [uoéraire. Après deux journées de travail , nous
nous sommes assurés que nous n'avions affaire qu'à une butte de
sable , et nous avons arrêté les fouilles de ce côté.
Avant d'aller plus loin , nous tenons à remercier publiquement les
propriétaires des terrains sur lesquels ont été pratiquées nos fouilles.
Aucun d'eux n'y a mis d'entraves , et quelques-uns nous ont accordé
l'aulonsation dans les termes les plus courlois et sans condition. Nous
nous plaisons à rendre particulièrement ce témoignage à H. Jégo, maire
de Plouha^-nel; à M. Le Toullec, inspecteur d'enregistrement à Vannes;
à M"" Henrieue de Gouvello , el à M. C" de Gouvello.
1* DOLHEN DE ftROH (PLOinuniiEL).
Le premier dolmen touillé est celui de H<'ob. Situé à quelque distance
au sud de Ploubarnel, ii se compose d'une seule table posée sur trois ou
quatre supports. Orienté à l'est, il était enfoui jusqu'à la table. Nous
l'avons déblayé complètement. On a trouvé , sur le roc qui servait de
plancher â la cham^ire, une grande quantité de terre noirâtre, du char-
bon el des poteries brisées. Un des fragments présente, sur une surface
brune et comme lustrée, un genre d'oruementalion, d'une très grande
' élégance. Si Ton en croit les bruits de la conirée , le dolmen de tçtoh
aurait déjà été fouillé, il ; a une trentaine d'années ; on y aurait trouvé
plusieurs cellœ en pierre, et des poteries.
s» DOLHEN DE RUNESTO. — (PLOimuiiiEt.)
Le village de Runesto est situé à droite de la route, avant d'arriver à
Plonharnel.
Le' dolmen , situé dans un cbamp , n'a qu'une seule cbambre circu-
laire constituée par huit supports et une table ; orienté à l'est; enfoui
jusqu'à la table. iPl. li, flg. S).
Le déblaiement de la crypte nous a donné : du terreau, des char-
bons, de rares poteries et un silex taillé.
M. Louis Galles possède le croquis de trois celtse eo jadéite , qui ont
été trouvés autrefois sous ce dolmen.
3* DOLMEN DU HANË-KLUD-ER-IÉR (Butte du PERCUOtR des Poules.)— (Carn*(4.
Ce dolmen , situé à droite de la route d'Âuray à Plouharnel , avant
d'arriver à la hauteur du village de ^iavat, est remarquable, bien que
ses tables aient disparu.
DigitizcdbyGOOgle
Représentez-Tons tine longue galerie de 10 mitres de longaenr , sar
i mètre de large, orieotée à l'est , avec trois cabinets latéraux ^an aa
sud et deux an nord). Chaque cabinet a en moyenne S mètres, dans les
deux sens , et communique avec la galerie. Le plan du monument est
arrêté par trente menhirs debout, on supports ; pour plancher, le roc.
{PL n, fig. 3t.
On a extrait, tant de la galerie que des cabinets, une grande qnantité
de terre, de charbons, de poteries, un gros grain en terre cuite percé,
quinze silex pyromaqaes diversemeot taillés et tin fragment qui parait
avoir appartenu à un celts.
(< DOLMEN EK AUT^UEU (lis AorcLS.) — (Cuiiuc,)
Le dolmen d'en Âatérieu est situé au-dessous du village du même
nom, à quelque distance à gauche de la route de Plouharnel. Il se
compose d'une longue et étroite galerie tarminée par une chambre
incomplète : dix-neuf supports et trois tables. La longueur totale du
monument intérieur est de ^<^ 70. La galerie est foil étroite : elle n'a
qu'an mètre de largeur , et dans le point de jonctioQ de Vallée et de la
galerie, il n'y a que 65 centimètres de largeur. Orientation : sud-est.
(PI. II, fig. i.) La chambre et l'allée étaient complètemeoL eacombrées,
et enterrées jusqu'aux tables.
On a trouvé , profondément : de la terre noirâtre, parsemée de char-
bons; une quanlité énorme de poteries, parmi lesquelles un vase en
forme de grossier creuset, presque entier; un fragment de quartz; on
couteau en silex ; treize silex taillés dont an , long de 7 centimètres ,
. est lancéolé, et des fragments de tube en fer.
5« LES DOLMENS DE IQWAL. — (Cahnu.)
Les dolmens de l^aval sont au nombre de quatre (trois & droite, et
un à gauche de la route d'Âuray à Plouharnel). Nous les désigoerons
parles lettres A, B, G, D. (PI. H, fig. 5).
l" Solmom A, B, C, adroite de la route.
Les trois dobnens A, B , C forment un groupe de dolmens construits
sur un tertre naturel , appelé Hané Gréonëg (butte de la frênaie) , au
bord de la route, à environ quatre kilomètres de Plouharnel. Avant les
' fouilles, les trois dolmens étaient à peu près complètement enfoais
jusqu'aux tables. •
Dolmen À. — Ce dolmen se compose d'une chambre spacieuse et
d'une longue galerie , dont l'entrée est orientée an sud. La longueur
totale du monument, dans œuvre, est de 8" 50; la chambre carrée a
une largeur de 2<* 30 , et mesure en hauteur du sol au plafond 3" ; la
galerie d'accès, longue de ^as de 6», a «ne largeur moyenne de 1» 6^
>dby Google
-84-
Lemonament, dans son ensambleiest formé de treize menhirs on
supports plantés Terticalentent, elde quatre tables de recoarrepient ,
en granit.
Les foailles du âohnen  ont mis à décoavert na grossier dallage de
pierres plates posées sur le roc, eotre le roc et le» dalles, nn très
grand nombre de cailloux roalés, provenant sans doate de la plage
voisine ;sar les, dalles,. une conche épaisse de terre et de terreau noi-
Tâtie [épandns en abondance dans la chambre et l'allée , et mélangés
avec une grande quantité de charbons ; une masse considérable, de po-
teries, la plupartbrisées, aussi remarquables par la diversité des formes
que par la variété des décorations extérieures dont quelques-unes sont
revêtues.
A.|*entrée de la chambre , et sur un m£me point, on a recueilli : un
petit ceitte en fibrolite, long de 0^,037 ; cinq silex taillée, à bords cou-
paots ou à pointes aiguës ; une tête 4e Sèche en silex ; un fragment' de
quartz transparent; deux grains en terre cuite, aplatis, percés d'un
trou, du genre de ceux qu'on a désignés improprement sons le nom
de pesons de fuseaux ; nne pierre calcaire , d'une forme particulière ,
se rapprochant de celle d'un celtœ, incrustée de coquillages fossiles.
Dolmen B. — Ce dolmen, parallèle au précédent, dont il n'est séparé
que par un espace de quelques mètres, a des dimensions plus considé-
rables, orientation également au sud, riogtrqnatre menhirs ou supports,
et quatre tables. La longueur totale, dans œuvre, (chambre et galerie)
est de 1 mètres. La cbambre, à elle seule, mesure 3o,35 en tous sens;
hauteur du sol au plafond : 2 mètres.
Ce dolmen à galerie, fort remarquable par ses proportions colossales,
l'est surtout par les sculptures que présentent un certain nombre de
supports de la chambre et de la galerie. On compte jusqu'à huit pierres
des parois , dpot les larges surfaces intérieures sont sillonnées d'orne-
mentations ou de signes gravés. Après le monument de Gavrinis, qui
l'emporte sur tous les autres, le dolmen B, de l^iaval, notis offre le plus
curieux échantillon de la sculpture lapidaire caractéristique des tom-
beaux armoricains, saqs en excepter les cryptes du Mané-Lud et du
Petit-Mont. La chambre était aii irois-quarls comblée, la galerie l'était
complètement. Commè^ dans le dolmen précédent , le sol était recou-
vert d'un lit de cailloux roulés, sur lequel portait un dallage de pierres
plates iriréguhères.
On a trouvé une quantité considérable de terre et de terreau noirâtre
et de charbns, ainsi qu'un assortiment noodjreux de poteries brisées,
dont la plupart sont déjà recollées par les soins et la patience de notre
conservateur, H. de Cussé, et orseot, les vitrines du Musée de Yannes.
On a recueilli en outre, sur le plancher 4e la chambre, deux fragments
osseux, dont un appartenant, bien évidemment , à la- dlapbyse d'un os
long: na buméms , par exemple; un grain eo teire cuite , percé, de
UigitizodbyGOOgle
Di,ilizMb,G00glc
— 95 —
coulear ro^eâtre ; no antre grain en terre caite,j)las deose, QoirAtre,
commf lastré extérienreiheDt, et. d'une forme spéciale ; un r-ogoon de
quartz rouge.
Dolmen C. — Placé entre les deux dolmens précédents,' à'ia hauteur
des chambres^ iliéar est perpeadicnlaire, sans communiquer atec eux.
Orlenlatioo à l'est ; Ignguear , dans œuvre , 6 mètres ; largeur, 2» ,20 ;
hanteufi 10 centimètres. Composition : 9 menhirs oa supports, et trois
tables. Le plancher de la crypte est représenté par n'ois dalies larges
et épaisses, allant d'un saison à l'autre.
La caTité funéraire était remplie de pierres et de terre. On y a re-
cueilli, au milieu da terreau, et profondément, quelques rares poteries,
et un couteaa en silex, loôg de Op,075.
> Dolmen D , de Éeriaral . ■ .
Le dolmen D est'silué en vue des dolmens précédents, mais à gauche
de la route, au milieu d'une lande sur laquelle on voit dispersés un cer-
tain nombre de meQhirs.Il est remarquable. par les dimensions énormes
des matériaux qui le composent. Vingt-deux supports et trois tables de
recouvrement ; une longue galerie de 9 mètres de longueur) orientée à
l'est, avec trois cabinets latéraux, dont deux au nord, et un au sud.' '
Le déblaiement des crypte's a donné une grande quantité de ter-
reau noirâtre et de charbons ; d'innombrables poteries brisées, aussi
variées de forme que d'ornementation ; dans la galerie principale. Vers
le miheu, deux gros grains en terre cuite, ronds , percés d'un trou ,
couleur rougeâlre; deux rondelles aplaties et percées, dé couleur
terte , en turquoise (callaïs de M; Damour) , analogues aux' grains de
collifir de Tamlac et du ment Saint-Micbel ; deuit couteaux en silex ;
an fragment de quartz hyalin.
fl* TUHULUS DU HANÉ-RUUENTUa (prts dif nUige de KreUD.),— (CaBIUcJ
Situé sur le sommet d'une colline; tombelle en forme de <^ue très
diéprimé; base circulaire d'un diamètre de 22 mètres environ et d'une
hauteur. a'enTiron 3'",60; composé en. presque totalité de terre, avec
un noyau central de. pierres (galgal) de 61" ,40 de diamètre et 1>>,10
de hauteur. Dans le galgal, est ménagée une chambre longuedeS^^SO,
dont il ne reste plus que la paroi ouest (?}, la paroi opposée ayant
disparu par suite de ïouillee anciennes.
Les parois de cette .crypte ont ceci de remarquable qu'elles sont
«miposées d'uu mur de pierres sèches comme à Crubelz.
Crypte remplie de terre ; une couche de sable de mer un , répandu
sur le sol. _ ,
On a troaré dans la chambre, appuyée contre la paroi, une unie en
terre cuite, à quatre anses, entière, bau(e de d«,155, et quelques
fragments de poteries et de. charbons; un p^let en tarte coite,- Doe
petite boule 'en terre cuite, deux silex-tailléâ'.
Sam le tomolas : ou fragment insigniâaiit de bronze.
wbyGoosIe
Après ce compt^-reodn, aussi exact mais aasstsacdDCt que possible,
des recherches qne noas venons de faire an nom de la Société on sons
ses auspices, il n'est pas sans intérêt d'en envisager les résultats d'nne
façon générale.
Noas avoDs mis & décoarert hd certain nombre de dolmens, dont
la plupart étaient antitrois-qnarts enfouis et inaccessibles à l'intérieur.
Le trarail de déblaiement aura en pour premier effet, en les rendant
abordables, de permettre de les mieux étudier et d'appeler sur eux
l'attention des visiteurs.
Eq même temps, nous arons en la bonne tortano de recueillir sous
les tables une foule d'objets curieux destinés i accroître les richesses
denotre-Husée, déjà si riche en antiquités du même genre. Tontefois,
nous nous empressons de reconnaître que, si ces fouilles oot donné
des résultats matériels qui se traduisent par une augmentation notable
de nos trésors archéologiques, aucun de ces résultats n'est de nature
à contredire ni même à modifier sensiblement ' les notions donti la
science est redevable aux explorations et aux recherches antérieures
de la Société.
Les monuments sur lesquels ont porté nos fouilles, et qui appar-
tiennent aux contrées privilégiées de Carnac et de Plouliaroel, étaient
en majorité signalés ou connus, quoiqu'ils fussent presque tous plus
ou motos enterrés dans les restes de leurs tombelles primitives, et
quoique leurs galeries funéraires fussent encombrées jusqu'aux tables.
Aussi, bien qu'aucun d'eux ne nous ait offert de traces de fouilles ré-
centes, du moment qae le dolmen se trouvait en quelque sorte décoo*
ronné'de son tumulos, il nous était ccHumandé de ne conclure qu'avec
circonspection et d'être sobre de commentaires.
td, comme partout, nous avons retrouvé la tradition populaire
muette sur la vraie destination des dolmens, mais unanime pour attester
l'existence merveilleuse de trésors cachés dans leur sein. Pas un qui
n'ait sa légende, et cette opinion invétérée, en laissant supposer qne
la cupidité a tenté plus d'un fouilleur dans les temps anciens comme de
nos joUrs, explique en partie au ntoios les innombrables ruines dont le
sol armoricain est parsemé.
Heiativement à la tombelle de Rumentur, oâ nous avons découvert
une urne entière , un vieux paysan nous racontait que jadis un prêtre
s'avisa, pendant la nuit, de commencer des foifilles en ce lien. Grâce
& une étude spécifde du sujet, od peu de magie s'; mâlaid sans doute,
>dby Google
il 8a¥ait que le travail devait , poar réossir, être opéré Â jeàn et dans
le plus profond silence.
Les ouvriers en étaient informés solenoellement. Gependant, qnand
la trouée pénétra dans la chambre mystérieuse , un monceau d'or et de
diamants apparut et produisit un tel éclat qu'un des traraiileurs laissa
tomber sa pioche et poussa une csdamation. Soudain, le trésor t'évï-
Douit comme l'ombre d'Ëur>dice, et le vieux prêtre s'en retourna an
presbytère découragé. - '
Au village d'en Autérien, on voit encore un colossal dolmen engagé
sous les fondations mêmes d'une chaumière. Ce nom d'en Ântérteu,
signifiant (le village) des autels, a dû lui être donné à une époque oit
la tradition vraie était déjà perdue sur la destinatloo enclosivement
funéraire des dolmeos. .
Comme monuments , tous ces dolmens se rattachent par de& carac-
tères communs : situation sur des sommets, et, la plupart du tentps,
dans des terrains rocailleux et iocuites; plan et mode .de' constructicm
uniformes, constitués par des blocs de pierre dont les dimensions ^co-
lossales étonnent, juxtaposés ou superposés sans trace de ma^noerie
nî de ciment; constructions qu'on peut ramener au tjpe primitif,
lequel est ordinairement représenté par un certain nombre de menhirs
debout et alignés, couverts d'une ou plusieurs tables, le tout arrangé
de (açon à limiter des cavités intérieures : chambres ou galeries.
L'orientation de tous ces dolmeas est sensiblement la même,. variant
de l'Est au Sud , sauf de rares exceptions; t'est là la loi qui préside
à l'orientation de tous nos monuments dits celtiques.
Si nous pénétrons dans les détails, en ne raisonoant toutefois que
sur les dolmens que nous venons d'explorer, nous voyons que taotêt
le monument est un simple dolmen, c'est-à-dire des piliers bruts sur-
montés d'une table et formant une chambre unique comme à l^roh et
à Runesto; tantôt il est accompagné d'une longue galerie (Bi.iaTal,
enAulérieu, Hané-Klud-er-iér); tantôt le dolmen, avec ou sans ga-
lerie, est isolé; tantôt plusieurs dolmens sont groupés sur le même
lieu et en quelque sorte associés, ex. : les trois allées couvertes du
Hané-Gréonëg (î^iaval). Ailleurs, à la galerie principale, sontannexés
des cabinets latéraux, en nombre impair (dalmens D de lUaval et
dolmen de Klud-er-iér).
. Riçn de fixe relativement à la forme des chambres et à leurs dimen-
sions (longueur,, largeur et hauteur). Le. plus ordinairement, la
chambre est irrégnlièrement carrée. Cependant nous avons vii la
chambre affecter la forme parfaitement circulaire comme dans le
dofmen de Koët-l^su. Le nombre des blocs qui servent de supports et
des tables qui les recouvrent est également variable.
On peut s'assurer de même .qu'il n'y a aucune règle «onstante au
sDjet des plancbers des cryptes. Ici, c'est le roc & peiné égalisé qui
1
>dby Google
(orme le plancher (dolmen âeEroh); là, le sol est recouvert d'an lit de
cailloux maritimes surmonté d'an dallage de pierres plates de moyenne
grandeur (dolmens A et B de Kiaval); ailleurs, te plancher de la
crjpte est constitué par des dalles énormes de granit, allant d'un
support i l'autre (dolmen C de I^iaval).
. Un. seul de ces dolmens à galerie nous a présenté sur ses parois des
décorations ou inscriptions lapidaires (le dolmen B de ^iaval). On
compte jusqu'à huit pierres de supports sculptées, tant dans la chambre
que dans Tallée. Nous ne croyons pas nous tromper en disant que le
dolmen B de I^iaval nous offre, après le monument de Gavrinis, le
plus remarquable échantillon du genre sculptural appliqué aux dol-
mens, et qu'il sera visité avec intérêt par les archéologues.
Nous avons à peine besoin d'ajouter que,'dans aucun de ces dolmens,
nous n'avons observé de rigoles et de bassins destinés à faciliter
l'écoulement du sang des victimes, suivant l'expression complaisante
et sempiternelle de quelques touristes à imagination vive. Un de ces
dolmens (celui d'en Autérieu, je crois.) présente à la surface supérieure
de ses tables des rainures plus ou moins profondes et régulières; mais
îî suffit d'y jeter les yeui pour s'assurer que ces empreintes sont le
résultat de tentatives faites pour diviser le bloc et l'exploiter pour des
usages relativement modernes.
Les objets découverts par nos fouilles ne diffèrent pas des objets
qu'on rencontre habituellement dans les chambres funéraires des mo-
numents dits celtiques du Morbihan.
En général, les chambres ou galeries intérieures sont plus on moins
complètement enfouies et comblées. Il n'est pas rare de constater, aux
premiers coups de pioche, un péle-méle de matériaux et d'objets qui
appartiennent ostensiblement k des époques différentes. Ainsi, sous
certains dolmens de Locmariaquer que nous pourrions citer , sans
. parler d'objets plus modernes, on a plus d'une fois rencontré, même
à une assez grande profondeur, des briques à rebords, des monnaies
impériales, des fibules en bronze, des poteries et des statuettes en
terre blanche, ne remontant pas au-delà de l'époque gallo-romaine.
Ici, c'est-à-dire sous les dolmens de Carnac et de Plouharne! que
nous venons de fouiller et de décrire, ce mélange n'a pas été remar-
qué. Aucun objet caractéristique de la civilisation gréco-latine n'a été
été découvert.
Il faut noter, toutefois , sans y attacher une importance bien dé0nie
et sans en tirer aucune conséquence, la rencontre de longs morceaux
de fer très oxydés, à 0<°,75 sous les tables d'un des dohnens de liiiaval
et sons le dolmen d'en Autérieu, et d'un fragment de bronze à. fiu-
mentpr (lances en bronze à l^vian).
A mesure que les fouilles dégagent les galeries et pénètrent plus
profondément, c'est-à-dire en approchant du sol, les traces de boule-
>dby Google
Tersement deviennent p}us' douteuses, tandis que les preuves maté-
rielles autbeDtiques de la sépulture primitive sous tes dolmens se
révèlent.
Partout, surleplaocherdes cryptes, nous avons rencontré, etsou-r
vent en quantité considérable , ce terreau particulier, noirâtre et
onctueux, que nous mettons sous les yeux de la Société, et qu'on a
comparé avec raison à la terre des tombes.
Partout des charbons disséminés çà et là, en très grand nombre ,
indice de cérémonies on de coutumes dans lesqueUes le feu jouait un
rôle.
Le nombre de cailloux roulés (qnartz on granits), déposés dans les
cryptes, est quelquefois considérable, comme à ^iaval. Ces cailloux
roulés sont analogues à ceux qui jonchent la plage de Quibéron, Dé-
posés dans les tombeaux armoricains, ils avaient sans doute une signi-
fication religieuse qui échappe.
Dans une seule crypte (6 de I^iaval), il nous a été douné de recueillir
des fragments de squelette, peu volumineux mais caractéristiques,
soit qu'ailleurs les ossements aient été soustraits et dispersés par l'effet
de dévastations anciennes, soit que, dans la plupart de ces tombeaux
antiques, les siècles, dont personne ne connaît le nombre, se soient
chargés de faire disparaître à la longue, et par une lente décomposi-
tion , toute trace du tissu osseux.
Les poteries que nous avons extraites de nos dolmens de £amac
sont en nombre considérable. Presque toutes sont brisées. Rien u'fst
plus varié que ces échantillons de céramique primitive, sous le rapport
des dimensions, de la forme, de la couleur, de la pâte employée, et
même des ornementations. C'est une confusion étrange, dont on ne
peut se faire une idée que quand on a assisté à des fouilles semblables.
Sous le même dolmen on rencontre à la fois des poteries d'une grossiè-
reté inouïe à côté de fragments de vases très soignés et dénotant une
certaine recherche. Ainsi, les fragments d'ornes caliciformes, sans
anse . brunes ou rouges , à décorations gravées extérieurement,
touchent des fessons de pots noirStres , poreux, épais comme le doigt,
mal cuits et criblés de grains quartzeux.
Les fouilles des dolmens d'er Roh (Arradon), Rcado (Carnac) , Rhéno
(Baden) , I^vihan (Carnac], jcc, /ce, iic, nous avaient déjà fourni beau-
coup de spécimens de vases à dessins.
Nos fouilles dernières viennent d'augmenter encore notre collection.
Quelques-uns de ces dessins sont nouveaux pour nous. 11 faut citer
entre autres un fragment trëis remarquable extrait du dolmen de I^roh
et plusieurs autres provenant des allées couvertes de Kiaval.
Sous tobs ces dolmens nous avons recueilli des silex ouvrés , en
nombre variable. Les uns sont des lames de silex pyromaque, plus ou
moins longues, aplaties, affectant ordinairement la forme prismatique
DigmzcdbyO'aOgle
-400 —
-triSDgvlaire ooquadraiignlaire, qu'on désigne vnlgairement sons le
nom impropre de coateani en silex. Les antres reasembleot à de
petites lances on & des léles de flëcbe , à des grattoirs ; le plus grand
nombre ne sont qae des esquilles en silex à bords coupants on à
sn^et aigus.
Sans entrer dans les généralilés, il est impossible de ne pa$ 6tre
frappé du rapport intime qui existe entre ces silex diversement taillés
déposés sons nos dolmens et les instruments également en silex décon-
verta jonntellement dans les cavernes ossifëres et dans les ruines des
babitatioDs lacustres. Même composition minérale, mémo industrie.
La récolle de celtœ n'a pas été abondante. Un seul celt» a été dé-
couvert (sons la galerie A de Hiaval). Il est en fibrolite et remarquable
par sa petite dimension.
Les gro6 grains en terre cuite, ronds ou aplatis, percés d'un trou ,
se montrent fréqnemmentsous les dolmens. Nos fouilles nous en ont
donné sept. H. Hortïllet, avec les archéologues italiens, désigne ces
objets BOUS le nom de fusaiohs. Celte dénomination est d'autant plus
impropre que jamais ces grains légers en terre poreuse n'ont été des
pesons de fuseau. Nous- préférons, quant à nous, les considérer sim-
plement comme des grains de collier ou des amulettes portatives.
Les deux grains en pierre verte, percés, 'trouvés sous le dolmen sud
de l^iaval, sont les analogues des graine en pierre de couleur qui com-
posent les superbes colliers de Tamiac et du mont Saint-Michel. Us
■fUt en callaïs, sorte de turquoise, dont M. Bamour nous a fait coa-
uattre l'analjse dans an mémoire lu à l'Institut et inséré dans la Revue
archéologique.
Sous le rapport de la construction, le tumulns de Rumentur, au
centre duquel a été découverte une urne entière, ne saurait être mis
à cMé des dolmens que nons avons, fouillés en même temps. Le monu-
ment dont il parait se rapprocher le plus est celui de Crubelz. A
Rumentur comme à Crubelz, les parois de la crypte étaient constitués
par des murs en pierres sèches, et si, dans la première crypte, nous
D'avoQS pas trouvé les tables formant le plafond de la chambre, on
peut jusqu'à un certain point supposer qu'elles ont été enlevées après
les premières fouilles, dont nous avons reconnu les traces.
Et maintenant. Messieurs, en terminant, si on nous demande ce
que ces dernières fouilles noua ont révélé sur le peuple qui a élevé ces
tombeaux et sar sa place dans la chronologie humaine, nous sera-t-il
permis, saDs être taxé de paradoxe; de répondre qu'elles ne nous ont
rida appris, et qu'il doos faut à regret laisser la page blanche sur
>dbyG005jle
— 101 ^
laquelle l'archéologie écrira pent-étre un jotir le nom et la date de
ces premiers habitants de l'Atmorique, dont les cendres reposeiit
sous ies doimeas.
Modestes pionniers d'une scenoe née d'hier, ne nous laasoM pas
d'observer; multiplions les faits, accamulons les découvertes. Appelons
de tous nos vœux la lumière sur ces grandes questions qui touchent à
l'origine el^ à la migration des FTces; mais gardons-nous, par trop de
précipitation, de prendre pour les rayons de la vérité scientiflqne les
lueurs incertaines que projette l'hypothèse qai s'égare dam les ié~
nèbres. Mieux qu'aucune autre , la Société polymathique da Morbihan
est en position d'afficher cette réserve et de s'en tenir à la recoramaa-
dation du sage : Potim eitlere quam frogrtdi fer temtbrai.
PHÉNOMÈNE DE DÉNUDATION ET DE 9ÉSAfiB£fiA.7I0N.
RECHERCHES
SUR LA PROVENANCE DES GHAHITS QUI ONT SERTI A ÉLÉVBR (£5
MONUMENTS BITS CELTIQUES.
(Par M. Gtoltioj d'AnlI-DamMidl. J
L'origine de ces immenses blocs de granit qui ont servi à élever les
monuments dits celtiques a, de tout temps, attiré rattantion des ar-
chéologues et des géologues. Mille explications, plus ou moins ingé-
Diense , ont été invoquées pour expliquer leur provenance. Les ans ,
emportés par leur imagination et enthousiasmés par ta grandeur de ces
monuments, les ont fait venir de distances considérables , de plusieurs
kilomètres, quelquefois même de centames de kilomètres , leur faisant
ainsi traverser, sansaucuneespècededifâculté,lesruisseaus,)esriyières,
les vallées, les marais , les collines et les coteaux ; rien pour eax n'a
pu arrêter la puissance des Celtes. Les autres, au contraire, s'ont voulu
voir qu'un phénomène purement naturel ; ils ont attribué la préseoce
de tous ces blocs à une action diluvienne, et les ont qualifiés de blocs
erratiques ; séduits par l'aspect du terrain , ils snt ainsi . tranché la
qaesiioQ de visu sans remonter aux causes, sans examiner d'où, ces
blocs avaient pu être entraînés , et sans rechercher les traces qu'ils
avaient dû laisser dans leur parcours sur les autres parties du sol.
Entourés de toutes parts de ces gigantesiiiues débris ., sur un '.terrais
classique comme celui du Morbihan , nous avons pa les étudier dans
toutes les positions; r^etaut toute espèce d'opinion {irécaai;u£, ants
>dby Google
-> 102 —
allons examiner les faits et en tirer les conclnsioDs qai nons paraîtront
les plus rationnelles.
Quelques persoDne& prétendent que les Celtes avaient tout simple-
ment esploité les carrières dont les pierres paraissaient les plus
aptes à leurs constructions. Cette opinion ne nous parait pas très fon-
dée, car, si ces peuples avaient eu des moyens assez puissants pour ex-
h^ire'de pareils blocs, ils auraient pu aussi les tailler, leur donner une
(orme régulière, symétrique, et, au lieu de ces monuments grossiers, ne
portant aucune trace de taille , nous Terrions des monuments artiste-
ment travaillés ; les pierres en seraient également disposées , puisqu'ils
pourraient les choisir; nous ne rencontrerions pas dos constructions
faites de matériaux aussi dissemblables. Mais, nous dira-t-on, les Celtes
n'araient aucune idée de l'art, ils ne cherchaient nullement la régula-
rité^ Cette objection' n'est pas sérieuse ; la construction de nos monu-
ments démontre assez clairement le contraire : aussitôt qu'il dépendait
d'eux, ils les ornaient selon leurs moyens, ces grossières sculptures que
nous retrouvons partout en sont les témoins. Il n'est pas inutile de faire
remarquer , avec M. de Cussé , qu'ils choisissaient les pierres les plus
tendres, par conséquent les plus faciles à tailler , pour exécuter leurs
dessins, ce qui prouve le peu de perfection de leurs outils,
Les découvertes faites dans tons nos dolmens prouvent suffisamment
la véracité de cette hypothèse; nulle part d'instruments en métal, tous
les outils trouvés sont en pierre , en pierre dure il est vrai,jad«(e ,
jade, fibrolite et silex, mais ne pouvant servir en aucune manière à des
travaux de taille de pierre ; nous n'entendons pas par là dire qu'ils
n'ont pu sculpter avec eux ces signes que nous voyons , c'est , au con-
traire , une opinion qui nous parait presque prouvée ; mais seulement
qu'ils n'ont pu donner une forme à ces immenses blocs. On n'aura pas
la prétention dte dire que ces peuples ont pu extraire des pierres de
cette importance avec ces faibles haches. On ne peut non plus invoquer
chez nous l'usage de métal, nous en aurions évidemment trouvé
quelque trace.
Pour nous, il nous parait impossible que les Celtes aient pu extraire
leurs pierres des carrières : ils les ont trouvées à la surface du sol ; ils
n'ont pu encore moins les transporter â de grandes dislances, puisqu'à
très peu d'exceptions près, tous nos monuments sont élevés sur ud sol
de granit semblable à celui qui les compose. On a longtemps prétendu
que le granit des monuments de Carnac était inconnu dans le pays et
avait dû être apporté de très loin ; l'examen a depuis prouvé que c'était
une grave erreur , et que le granit sous-jacent et celui de toute la
contrée était bien de rafime nature que celui des menhirs. Parmi tous
les monuments que nous avons visités, Locmariaquer ferait seul excep-
tion ; nous recherchons en ^ce moment l'origtoe de ces granits, et nous
verrons , dans un prochain mémoire , à quelle cause il faut remonter
pour expliquer leur présence sur un sol étranger.
UiaitizodbyGOOgIc
Convaincns que les Celtes n'ont pu élever leurs monranenls qu'avec
des roches isolées du sol et prise sur les lieux mêmes ou à de faibles
distances , nous allons rechercher si nous ne pourrions pas expliquer ,
par un phénomène naturel, la présence de ces blocs à la surface du sol.
Nous terrons , en outre, que quelques-uns de ces monuments sont un
pur jeu de la nature, et que la main de l'homme n'a en rien contriboé
à leur éléTatioD.
Les granits du Morbihan présentent des variétés assez nombreuses ,
on doit surtout en distinguer deux , dont les caractères extérieurs sont
nettement tranchés et qui jouent , dans la constitution géologique de la
contrée , ainsi que dans la nature du sol , des rôles différents. Le pre-
mier, à petits grains, est composé de feldspath hlanc, de quartz gris et
de mica noir ; il est généralement associé au gneiss. La seconde variété
est le granit à gros grains, roche qui domine dans la contrée occupée
par les monuments dits celtiques. Lorsque te granit à gros grains est
en contact avec le granit à petits grains , il présente des passages
presque insensibles de Tnn à l'autre, de sorte qu'on pourrait croire que
ces deux variétés sont contemporaines ; mais , quand on les considère
dans leur ensemble , le granit à gros grains est visiblement pos-
térieur.
Les montagnes formées de granit à gros grains sont constamment
arrondies, et, selon la facilité de désagrégation de la roche, leur surface
est couverte de blocs de rochers.
Les granits à petits grains ne se décomposent que lentement, tandis
qne le granit à gros grains se décompose avec la plus grande facilité ,
il a une grande tendance à s'exfolier concenlriquement , c'est-à-dire
par couches sphéroïdales ; tous les pays granitiques nous en offrent des
exemples. Cetle désagrégation donne à nos copeaux une physioncHnie
arrondie, leurs surfaces sont couvertes de blocs et de sable incohérent.
L'altération journalière des granits est surtout visible sur les croies ,
elles sont parsemées d'éhormes blocs , tantôt épars, tantôt accumulés ,
figurant assez bien l'image d'un chaos. C'est là qu'il faut aller chercher
tes véritables carrières des Celtes , là est l'origine de ces immenses
blocs qui ont servi à élever leurs monuments ; ils n'ont fait qu'utiliser ,
les matérieux que la nature leur avait préparés.
Tous nos terrains sont couverts de gros blocs, tantôt disséminés dans
DOS landes , à demi enfoncés dans le sable, tantdt gisant encore sur les
rochers d'où ils ont été détachés. Ils ressemblent tont~à-fait aux blocs er-
ratiques que l'on trouve dans les autres pays ; mais ici , on ne peut les
regarder comme tels, car la constitution des roches sous-jacentes est de
même nature que les blocs.
11 est , du reste , facile de constater et d'expliquer la désagrégation.
Plusieurs phénomènes y concourent, les intempéries des saisoDsycon-
tribuent pour leur part; l'eau, en effet, décompose facilement le
>dby Google
-10*-
tftldqiath du granit, qai est un silicate d'alnmineet de potasse. La
gelée, a eocore noe bien grande inOnence , car l'eau pénètre dans les
petites fentes de. la roche , et , au moment où elle se congèle , elle dé-
termine nne rnplure par suite de la dilatation. Nous avons pu, bien des
fois, constater cet effet sur le granit à gros grains ; on le voit se diviser
en plaques qui se séparent parallèlement à la surface extérieure de la
roche. Cette action agit bien plus lentement sur le granit à petits grains
dont le feldspath est beaucoop moins gros , et offre, par conséquent,
moins de fentes par où l'eau pourrait pénétrer.
Je pourrais approuver mon opinion d'une foule d'exemples pris sur
notre sol. En e^t , quoi.de plus concluant que cette longue crâte gra-
nitique dénudée qui s^éteod de la commune de Houstoir-ac vers celle
de Plumeltn : là ce sont d'immenses blocs, épars ou accumulés de mille
façons différentes ; ici , ce sont des rochers entassés les uns sur les
autres et figurant assez exactement un dolmen , un menhir ,. une pierre
ébranlante; ne dirait-on pas un véritable atelier de monuments, celtiques?
Ces vastes débris sont le résultat d'une décomposition lentement
opérée par la suite des âges. Il est facile de reconnaître cette cause de
désagrégation dans la forme arrondie des bloc dont la base s'exfolie et
s'enlève par couches. La décomposition est quelquefois complète , et
alors les blocs devîeuneut libres , roulent ou glissent capricieusement
les ans sur les autres , selon la déclivité du terrain , et de ces entasse-
ments naissent toutes espaces de formes, parmi lesquelles nous avons
remarqué les pierres branlantes, qui ont particulièrement frappé notre
attention par leur position bizarre , mais qui ne sont par le fait qu'an
par jeu de la nature.
La pierre du bourg de Brecb , près Aura; , est le seul exemple bien
caractérisé que nous ayons dans le Morbihan. Celte pierre se trouve
placée au sommet d'une pyramide de roches granitiques de dix mètres
de hauteur ; elle semble glisser et prête i se précipiter dans le ruisseau
qui borde ses flancs. Malgré nos efforts, nous -ne pûmes réussir à l'é-
branler, Cayot-Délandre af&rme , dans son histoire des monuments du
Morbihan , que cette pierre se laisse ébranler au moindre choc ; notre
savant auteur ajoute ensuite que c'est une grave erreur de regarder
cette pierre comme un monument celtique , et qu'elle doit la hardiesse
de sa pose à quelque convulsion du sol qui l'a ainsi suspendue par un
de ces hasards d'équilibre dont elle n'est pas le seul exemple. Il est
évident, d'après la position occupée par cette pierre, qu'il n'est pas
possible de lui attribuer nne autre cause qu'un phénonjène naturel.
Tels sont les faits : il ne peut donc être question d'un transport dilu-
vien, comme quelques géologues ont voulu le prétendre : lamajorité de
blocs est en place ; enlln , leur superposition peut s'être effectuée en
place même par la désagrégation des roches sous-jacentes , on s'être
faite par entraînement, c'esl^à-dire que des blocs désagrégés sur une
pente ont été précipités et amoncelés sur ta base de la colline.
>dby Google
- 105 —
La position des blocs ainsi jetés dans tons les sens, selon- le hasard
de la désagrégation , donne à ces terrains une physionomie que je ne
puis mieux qualifier, avec M. Charles Desmoulins, que par l'expression
de pseudo erratique, si remarquable au premier aspect. La théorie des
blocs erratiques a, du reste, été.invoquée par plusieurs géologues pour
expliquer la présence de tous ces blocs sar notre sol.
En effet, si un géologue parcourt rapidement nos vastes landes, son
attention sera nécessairement attirée par nn nombre plus ou moins
considérable de blocs de granit, libres, plus ou moins saillants, quel-
(fuefois rares et clair-semés ; ailleurs, en quantités innombrables.
Presque toujours ils offrent une forme sphérique , et leurs angles sont
émoussés. Notre observateur, qui.ne voit nulle part de roche en place ,
nulle part d'arêtes vives, croira d'abord qu'il est sur un terrain de ,
transport et que ces blocs sont roulés, erratiques.
Si l'impression première fait place à la réflexion, des circonstances
embaixassantes naîtront alors dans son esprit.
Comment concilier l'idée d'un transport dilnvien avec des blocs sur
perposés deux à deux , trois à trois , sur une surface unie , sur un mji-
melon, sur le penchant d'un coteau.
Ici celte superposition sera due à la rupture d'un seul bloc, en detix
ou trois, la cassare en est quelquefois encore fraîche , d'autres fois,
enfin, les arêtes, se sont successivement arrondies.
Ailleurs, et c'est ce qui prouve surtout la marche du phénomène, les
blocs affectent une forme spérique et montrent des traces d'undélite-
ment concentrique ; on voit encore auprès deux des écailles qui s'en
détachent journellement.
Concluons maintenant, en résumant les faits.
lo Les pierres qui ont servi à élever nos monuments dits celtiques
ont été trouvées à la surface du sol, et n'ont pu être extraites des car-
rières, et encore moins être apportées de loin (sauf quelques excep-
tions) puisqu'elles reposent , dans la plupart des cas , sur un sol formé
de roche entièrement semblable.
3" La présence de ees pierres sur le sot est due à un phénomène de
désagrégation, elles formaient des noyaux plus durs dans la masse gra-
nitique dont les parties les moins tenaces se sont désagrégées et se
désagrègent tous les jours sous nos yeux.
3" Tonte explication du phénomène, fondée sur un transport dilaviea
et glaciaire, est erronée.
4' Les pierres branlantes doivent leur origine à mae superposition ,
ce sont des noyaux dont la base s'est exfoliée et les a ainsi laissées en
équilibre.
5* Donc roecillation peut être tin fait purement naturel, et, comme
oD ne peut prouver l'intervealion de la main de L'houHue dans sa mise
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— 106 —
en action, il faat admettre l'explication la plus probable, c'est-à-dire la
cause oatarelle.
6° Enfin, il est rationnel de penser, comme le dit H. Ch. Desmonlins,
qne les Celtes ont profité du phénomène naturel et se sont servi des
pierres branlantes comme des antres monuments.
Ces pierres appartiennent donc à la géologie par leur origine et pent-
être i l'archéologie par leur usage. ' '
8'VA.vxeix'Kovm
DES
GRÊLES CONSTATÉES BANS lE DÉPARTEMENT DU MORBIH0 ,
de 1822 & 18«i.
(Par H. Arrondeau.)
Messieurs ,
Conformément aux instructions de l'Observatoire impérial , nous
avons utilisé, pour l'étude des orages anciens, les documents conservés
aux archives départementales concernant les pertes occasionnées par
la grêle dans les diSérentes communes du département. Les états de
pertes que nous avons ainsi pu relever s'appliquent à une période
de 43 ans, de iSi'i à 186:1. Sans doute, on ne saurait se flatter d'avoir
par ce moyen une statistique complète àei orages à grêle qui ont
éclaté sur le département pendant la période indiquée. Il î a proba-
blement des lacunes dans la série des documents que nous avons dé-
pouillés : les administrations locales ont pu mettre plus ou moins
d'exactitude à dresser leurs étals de pertes ; des grêles tombées sur
des terrains non cultivés ou dépouillés de leurs récoltes n'ont pas été
signalées, comme n'ayant occasionné aucun dégât.
Quoiqu'il en soit, la période considérée est assez longue, les faits re-
cueillis assez nombreux, pour que ces omissions partielles n'aient pas
d'influence sur les conséquences générales que nous voulons déduire
des Faits constatés. La plus remarquable de ces conséquences, celle qui
frappe immédiatement les yeux à la vue de la carte que j'ai L'bonnenr
de présenter à la Société, c'est l'inégale répartition des grêles sur les
différents points de notre territoire. Tandis que les cantons du littoral
et de l'ouest restent à peu près vierges , les puints noirs qui indiquent
les grêles s'accumulent au contraire sur les cantons dn centre et sur-
tout du nord-est. Le canton de Malestroit, en particulier, jouit à cet
égard d'un triste privilège , puisqu'on y constate 39 grêles , tandis
qne la moyenne n'est qne de 7 par canton.
>dby Google
Toici , en effet , comment se classent les 37 cantons du département
dans l'ordre croissant du nombre des grêles qui y sont signalées :
NOMBRE
NOUBRE
CANTONS.
des
CANTONS.
àti
CnËLES EN 13 ANS.
GRÊLES EN 43 «NB.
-
Lorieot, ^
Tannes (Est)
Plœmeur ,
La Roche-Bernard,
7
Quibéron,
La Gacilly,
Sarzeau,
Baud,
Pontscorffj
Port-Louis,
,
Guémené ,
NapoléoDville,
8
Huzillac,
Guer,
Qnestembert,
9
Auray,
! i
AUaire ,
Palais,
1 '
Locminé,
Vannes (Ouest),
La Trinité, J '"
Grand-Champ ,
3
Josselin,
a
EWeo ,
Belz,
Rochefort, ■> .„
Plouay, 1 ^^
Heonebont,
^
Rohan ,
14
Faonët,
Gourin ,
! ^
Ploërmel, » .o
S-Jean-Brévelay, ( ^'^
Cléguérec,
1 »
Mauron ,
20
Pluvigner,
Malestroit,
39
On TOit que les cantons de Malestroit, Uauron, Ploërmel et Saint-
Jean-Brévelay sont à beaucoup près ceux où les grêles sont les plus "
fréquentes. Les communes particulièrement frappées sont Le Roc-
Saiût-André qui a été grêlé hait fois; Missiriac, Néant et Ploërmel,
six fois; Mauron, La Chapelle, Rufflac, Campénéac, Sérent,Caro,
cinq fois chacune, Dans les autres cantons, nous trouvons seulement
une commune, Bubry, qui a été grêlée six fois, et une autre, Crédin,
qui l'a été cinq fois. Nous comptons, au contraire, i02 communes sur
lesquelles aucune grêle n'a été signalée.
Il serait sans doute prématuré de Tonloir assigner les causes de ces
remarquables différences. 11 est difficile toutefois de ne pas penser que
la constitution du sol y entre pour quelque chose, si l'on remarque, en
comparant là carte ci-joinle â la carte géologique du département, que
la grêle semble affectionner les terrains schisteux, et qu'elle épargne
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— 108 —
généralement, au contrairCi ]es terrains granitiqaes (1). C'est pour
mettre ce fait en évidence que nous avons indiqué sur la carte la dis-
tribution générale du territoire entre ces deux sortes de terrains. Sans
prétendre trouver la cause du phénomène dans la composition minera-
logique du sol, ne pourrait-on pas attribuer une inQueuce marquée à
la structure et au reliet du terrain f En efiFet, tandis que le sol grapi-
liqne présente généralement des surfaces aplanies et des sommets
arrondis, les couches redressées des schisles offrent des crêtes den-
telées, des arêtes aiguës, très favorables â l'accumulation du fluide
électrique et propres ainsi à provoquer l'action réciproque du sol et
des nuages orageux qui planent à sa surface.
La rareté relative des grêles sur le littoral pourrait aussi nous con-
duire à attribuer au voisinage de la mer une influence préservatrice
dont la cause nous écLappe. Ce serait à cette influence que notre dé-
partement devrait le petit nombre des grêles qui ravagent son terri-
toire, comparativement à ce que l'ou observe pour des départements
placés dans des conditions différentes. Il suffit, par exemple, de com-
parer notre carie à celle de la Cête-d'Or qui nous a été envoyée
comme spécimen; quoiqu'elle s'applique à un laps de temps moins
long que la. nôtre , cette dernière est beaucoup plus chargée. Pour une
période de 28 ans,, la COte-d'Or offre plus de 800 grêles, tandis que
les 43 années que nous avons relevées pour notre département ne nous
en ont donné que 281 (2]. 11 est vrai que, pour ne se faire aucune
illnsion à cet égard, il faudrait tenir compte de la nature des cultures.
Dans un pays vignoble comme la Côte-d'Or, les récoltes sont exposées
Sus ravages de la grêle depuis la floraison de la vigne jusqu'à l'époque
des vendanges, c'est-à-dire pendant toute la saison des orages. Chez
nous, au contraire, les pertes, ne pouvant guère affecter que la ré-
colte des céréales, seraient presque nulles pendant les derniers mois
de l'été. A ce point de vue, on pourrait admettre que la culture du
sarrazin, plus répandue dans Tarronclissenient de Ploërraet, contribue
à accroître l'étendue des pertes constatées dans ses cantons.'
Quoiqu'il en soit, si l'on veut parvenir à apprécier les circonstances
locales qui influent sur la formation et la fréquence des grêles^ il parait
constant qu'il n'y a pas d'autre voie à suivre que de comparer les
i^sultats bien constatés pour des départements placés dans des condi-
tions analogues ou différentes , en tenant compte de la nature et du
relief du sol, de la présence des cours d'eau, du voisinage de la mer
ou des montagnes et de la nature des cultures (3). C'est à ce titre et
comme élément d'information que nos recherches nous semblent avoir
quelque iutérêl, et c'est ce qni nous fait espérer que la Société voudra
bien leur donner la publicité de son bulletin.
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— 109 —
Note 1. La commnaeile Bubrj, dont le sol est grinilique et snr le lerribiire da- laquelle
sii'grélflS ont été néaamoiDS coasUt^es', prÉseaie i cet égard une exception remarquable,
11 ferait iutéressaot de rechercher si quelque circooslajice locale peut donner l'eipUcation de
celle anomalie. En tout cas, cette exception sufDt pour nous avertir de la réserve que nous
devons apporter dans nos conclusions.
2, Il n'est pas sans intéril de comparer entre elles le; di^érentes années de la périude
qn'embrasseol nos recherches. Ntnis en trouvons sefit pendant lesquelles- aucune perte par la
grêle n'a été signalée dans le département. Ce sont les années 1833, il, 18, 5i, 56, 63 ,
et 63. Les années les plus désastreuses sont, ait contraire, les année;
1836 et 1837 pendant lesquelles 10 coinn.unes ont été ravager; par la grSle;
1846 el 1859 — 11 [dem
18S0 — 18 Idem
184îet,1861 — 13 Idem
1835 — U Idem . .
. 1839 — 15. Idem
18îa ~ 16 Idem
1852 — , as Idtm
si 1859 — 27 /rfent
Dans cette dernière année , SO conlaïunes étaient atteintes le même jour, 9 août.
Parmi les grêles qui présentent des circonstances exceptionnelles de violence , nous dte-
rons celle du 1. juin 1832 i Inguiniel. D'après le rapport du maire, les grains étaient delà
grosseur d'un poids dé plomb d'unt demi-livre; les vitres de l'église furent brisées et les
récottes hachées sur une étendue d'une demi-heue carrée autour du bou[j,
A Brech , le 19 mai 1829 , on signalait des grjlons gros comme des halles de fosil.
3. On allribue oi;4'''^'''e n'eut au voisinage des forêts une action marquée sur la fréquence
des grEles. Rien dans les faits qui concernent ooire département ne semble justifier cette
opinion. Car, si nous trouvons quatre grêles i| Tréhorenleuc sur la lisière de la foret de
de Paimpont, nous n'en voyons constater qu'une seule i Camors, et on n'en signale même
aucune à Ljnouée, quoique ces deux communes comprenneut les forêts les plus étendues'
NOTICE
SDH
MONSEIGNEUR AMELOT, ÉVÊQUE DE VANNES EN 1790;
, (Note de .M. Carado, recleur de BrandiTy.)
Les bons habitants des environs de Vaanes, pleins de respect et
d'amoar pour leur premier pasteur , le voyant garder à vue , dans son
palais (!'piscopaI, par les patriotes de Vannes , formèrent le généreux
projet (le le délivrer de cette espèce de captivité , et se réunirent à cet
effet le 7 février 1791, au lieu dit Le Bondon. Là, il fut résolu que l'on
s'armerait pour aller demander compte au Directoire de cette ix)ndaite
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— HP —
envers le premier pastenr da département. Le treize da même mois ,
ces conrageax pajsans se présentèrent en armes devant Vannes. Deux
jqnrg avant de se porter à ces extrémités , ils avaient adressé an
Directoire de cette ville une délibération rédigée au Bondon même,
dans laquelle ils prévenaient le Directoire qu'ils viendraient en
chercher la réponse, et l'on tint parole. Ils furent traités comme des
révoltés. La garde nationale, accusée par eux d'en vouloir à la vie de
leur évéque , prit tes armes , et , secondée des dragons de Lorient ,
des jeunes gens de celte ville, ainsi que du régiment de Walhs, qui
avait été appelé par le district de Vannes et qui formaient , réunis , un
corps de! 500 hommes, elle attaqua les paysans sur la roule de Rennes,
en blessa onze ou douze , et Hl trente el un prisonniers , y compris les
blessés. Les Lorientais se portèrent alors à l'évôché , dans le dessin de
forcer M. Araelot à faire le serment, mais le vénérable prélat s'enfuit
par une porte de son jardin qui donnait sur le séminaire, et alla se ca-
cher dans un grenier, chez le nommé Léonard, dil Champagne. Le len-
demain, il sortil de cette retraite et se dirigea, à travers la campagne ,
vers I^ango; situé dans la commune de Plescop, et maison de campagne
des évéques de Vannes.
Ne se trouvant pas en sûreté dans cet endroit, il se rendit au presby-
tère de Plumergat , et voulant y entrer incognito , il allait escalader les
murs du jai-din, lorsqu'il y aperçut la sœur du recteur qui y était entrée
par hasard. Celte fille, étonnée de s'entendre appeler par son nom, re-
garde au haut du mur , voit un individu qui s'y tenait cramponné par
les mains, et qui lui demandait s'il n'y avait pas une porte pour entrer.
Cette dernière lui ayant répondu qu'il y en avait une , la lui ouvrit , el
fut fort surprise de reconnaître son évéque. Ce fut là qu'il demeura ca-
ché, el habillé en simple prélre, depuis le 14 jusqu'au 32. Pendant ce
temps, les prêtres des environs s'y rendaient pour )e consulter, et
allaient prendre leurs récréations au Reslogoro où demeurait le vicaire, ■
et là, ils jouaient à la houle el s'amusaient à d'autres petits jeux. 'Après
ces divers amusements, les paysans du même village les priaient de
manger du lait de caillebottes. Les bons campagnards, qui n'avaient
d'autres couverts à leur offrir que des cuillers en bois , dont la plupart
étaient encore grossièrement travaillées, s'aperçurent que l'un de la
compagnie n'avait jamais mangé avec une pareille cuiller, tant il s'en
servait maladroitement. Alors l'un d'entre eux , s'adressant à son rec-
teur, lui dit dans sa simplicité ; mais, M. le recteur, quel est ce prélre,
il D'est pas Breton, il ne sait pas manger avec une cuiller en bois.
Pendant ce temps là, un détachement de Bleus qui parcourait la
campagne passa par le hourg de Plumergat , et M. Quéric, craignant
qu'une fouille domicUiaire ne fit découvrir la retraite de l'évoque , fit
jeter sa ceinture, ses souliers el autres insignes dans les lieux d'aisance.
Cependant , le sapérieur du séminaire et le principal du collège qui
DigitizodbyGOOglc
— m —
était président do département, et d'autres ecclésiastiqnes avaient prêté
le serment après la fuite de leur évoque. GËoés par leur conscience, et
ne sachant ce qu^était devenu M. Amelol, ils faisaient tout ce qui dé-
pendait d'eux pour découvrir sa retraite. Le supérieur ayant ouï dire
qu'il était à Pluvigner, prit un cheval et s'y rendit en toute hâte, M.
Pasco , recteur de cette paroisse , lui assura qu'il n'était pas chez lui ,
mais qu'il avait eu vent qu'il était au presbytère de Plumergat. M. Le
Gai se rendit aussitôt dans ce dernier bourg, et, entré chez le recteur,
il dit ces paroles qui marquaient assez son repentir -; Voulez-vous rece-
voir un transfuge , vous avez Monseigneur ici, je désirerais lui parler.
M. Amelot, voyant que sa retraite était connue , lui donna audience et
se décida à revenir à Vannes, Il s'y rendit le 22 et décida le supérieur,
le principal. M, Bonnel et leurs complices à rétracter le serment qu'ils
avaient eu la faiblesse de prêter le 15.
Le 28 du même mois, il fut arrêté et conduit à Paris le 1" mars, par
deux gardes-nationaux de Lorient, comme un criminel. M. Grioe ,
prêtre et sons-principal du collège voulut l'accompagner et ne pat ob-
tenir la permission. Le 5 mars, on annonça à l'Assemblée national^
l'arrivée de l'évêque de Vannes dans la capitale, mais on ne voilpas
qu'il ait été mandé à la barre. Dans le mois d'octobre suivant, il quitta
Paris où il avait été retenu jusque alors et se retira en pays étranger.
Parti de Vannes sans pouvoir rien emporter avec lui, M, Amelot se
trouva bientôt en pays étranger , dépourvu de tout moyen d'existence.
Alors , il écrivit à M. Le Pricl , prêtre et régent de mathématiques au
collège de Vanues,' de lui faire passer ses couverts d'argent qu'il lui
avait confiés avant son arrestation , et qui étaient déposés diez M. Le
Priol père, au village du Raouët, près le bourg de Baud. M. Le Priol ne
trouvant pas sage de lui faire passer de pareils objets, préféra les
vendre à M. l'abbé Guillo, et lai en fit passer le pris. Une partie de ces
couverts se trouve actuellement entre mes mains : l'autre partie, qui
était entrfi les mains de M. Quéric, mort recteur de Pluvigner , fut ven-
due lors da décès de ce dernier. Ce même curé, pendant une mission
qu'il faisait faire dans sa paroisse , reçut de M, Amelot, alors à Paris,
plusieurs bouteilles de vin, en reconnaissance de la bonne hospitalité
qu'il en avait reçu lors de sa laite de Vannes.
>dby Google
ENLEVEMENT
DE
MONSEIGNEUR DE PANGEMONT . ËVÊQUE DE VANNES.
RACONTÉ PAR LUI-UÉME. (Anes, de L'ËTËSHi.)
Jogemant des coupables. — Documents recueillis par le Secrétaire
de la Société.
A Son Exe. le Ministre des Cultes. — S7 Août i806.
Je (lois à votre bienveillance constante pour ma personne le compte
officiel d'un événement dont je pensai être la victime , samedi dernier,
33 de ce mois. Depuis quatre années de paix et de tranquillité, il
surprendra beaucoup sans doute Votre Ëxcelleuce, qui y prendra an
vif intérêt; mais il lui fera admirer aussi )a Providence qui veille
toujours sur ceux qui mettent leur confiance dans sa protection toute
puissante.
Le samedi, 33 août 1806, je partis de chez moi en voiture,
accompagné de H. Allain , un de mes vicaires génératix, de mon
secrétaire (1), et de mon domestique (2), pour aller donner la confirma-
tion aux fidèles de Mouterblanc, éloigné de Vannes d'environ quatre
lieues. J'arrivais à trois-quarts de lieue à peu près de cette destination,
vers neuf heures du malin , quand tout-à-ctfup ma voiture est arrêtée
sur une lande nue et découverte, et cernée par cinq individus armés
de fusils simples, fusils à deux coups, une espingole, pistolets d'arçon
et poignards sons la chemise. Leur chef se présente à la portière et me
remet un billet non signé, portant en substance que, si les deux indi-
vidus arrêtés dernièrement en Sulniac ne sont pas rendus sous hiiit
heures au village de l'Ange eu Saint-Jean, on fusillera les personnes
arrêtées, et qu'elles subiront le même sort si la gendarmerie se pré-
sente pour marcher à leur défense. J'avais à peine lu ce laconique
billet que, s'adressant à moi : Vous avez lu, Monsieur, me dit le chef,
et bien, descendez. Je voulus en vain parler au milieu des jurements
et des blasphèmes; je fus tiré violemment de ma voiture, et, le pistolet
\\) H. l'ubM Jarr;.
(2) Qui devint plus tard U. l'abbé Théliot, clianoine' de la Cithédrala de Vaones, décédé
>dby Google
- 113 -
sur la poitrine, on me déponilla de mon cbapeao, de ma soutane : ils
sont remplacés par des fêLemenlsde paysao, la capote de mon cocher ,-
le gilet et le chapeau du maire de Monlerblanc, venu pour mlndiqner
la route à travers la lande. Mon secrétaire reçoit aussi l'ordre de quitter
sa soutane et de se rebâtir de l'tiabit de mon domestique. A peine ce
travestissement est-il terminé, mon grand-vicaire est remis en voiture,
et on lui dit : Si vous aimez votre évêque , allez trouver H. le préfet
avec le billet que vous avez, crevez, à'il le faut, .cm deux rouet, et
touvenex-vous que sous huit heures ceux-ci perdront la vie. J'étais
alors avec mon secrétaire, puis on me place avec rudesse sur le cheval
de mon domestique , et on nous pourchasse rapidement à travers la
lande jusqu'à une demi-lieue environ du lien de mon arrestation; là,
mes ravisseurs conçurent quelque inquiétude à la vue de mes bas
violets; ils en firent prendre et payer une paire de'colon assez mat-
propre dans une maison voisine, et se mirent en devoir de me les
passer aux jambes; mais on renonça à cette précaution, mon sonlier
devenanl trop étroit, et on continua la marche jusqu'à un chemin
creux et couvert, où on nous fit faire une halte pour nous offrir
quelque nourriture : nous étions à jeun l'un et l'autre. Comme on vit
que nous n'étions pas habitués à l'eau-de-vie, le chef expédia un des
siens pour chercher du vin dans quelque maison voisine; comme il ne
revenaif pas de suite , un autre fut envoyé qui ne revint pas de suite
non plus. Alors le chef, impatient de ces délais et jaloux de mettre sa
proie en sûreté, donne l'ordre de repartir. On me Ql faire divers circuits
dans une vaste lande, et lorsque je fus arrivé à une portfie de fusil d'un
bois, on me sépara de mon secrétaire, et bientût nous fûmes réunis
à l'aide du sifQet. On me Qt de suite un siège composé de branches
d'arbre et couvert de genôt et fougère, et on me recommanda de parler
très bas.... Dans cette situation, on ne pensa plus qu'à se féhciter dn
succès de ce coup de main et à se livrer à la joie. On essuie les armes,
on se sèche au soleil de la pluie de la nuit précédente , et on s'occupe
du dîner : du beurre, des œufs durs, de l'eau-de-vie en faisaient tous
les frais. J'avais à peine commencé ce repas que tout-à-coup des cris,
des coups de fusil se font entendre et redoublent à mesure qu'on
approche. A l'instant, ces ravisseurs sont répandus aux diverses extré-
mités du taillis et reviennent en disant ; Ce tant les bleus. Tous
sautent sur leurs armes qu'ils amorcent, bien résolus d'en faire usage
s'ils sont atteints. Pendant ce préparalif extrêmement court, je leur
adresse les paroles les plus dduces, et je leur offre de les couvrir de ma
personne, je ne suispas entendu : on me saisit avec violence pour me
mettre sur mon cheval, et, à pas précipités, je suis emporté à travers les
branches, les ronces et les épines ; on me fait franchir un large fossé
et, sans égard à l'accablement oii cette alerte m'avait jeté, on continue
de pousser mon cheval au grand trot jnsqa'à un champ planté de gendts
>dbyG005jle
— 114 —
fort élevés, où j*arriTat aa boat de trois-qnarts d'henre environ,
épuisé de fatigue. J'y restai jusque vers cinq heures du soir, atlendant
ou l'arrivée des deux prisonniers réclamés ou la mort.... Ils arrivèrent
enfin, et, après an conseil secret tenu à peu de distance de moi, on
m'annonce que je vais partir pour Vannes. Je le crus, et déjà nous
nous en félicitions, moi et mon secrétaire, qui s'attendait à être du
retour. Hais quel fut mon étonnement, quand j'appris que tout n'était
pas fini et que j'allais être renvoyé seul. «Vous allez ôtre reconduit.
Monsieur, jusqu'à la grande route, me dit le chef, par un des miens
que je vais désigner ; mais , avant de partir, vous allez me donner .
votre parole qu'étant rendu à Vannes, vous me ferez tenir sûrement ,
demain avant l'heure de midi, à tel lieu qu'il vous plaira de désigner:
1» le billet remis ce matin à votre grand-vicaire ; 2» votre anneau
jaune servant à vos fonctions épiscopales; 3" votre crois de la Légion-
d'honneur; 4° la somme de 24,000 livres en or, bien comptés. Quel
est le lien, quel est celui de vos prêtres que vous choisissez pour
votre dépositaire. > Âpres quelques moments de réflexion , je lui indi-
quai M. le desservant de Saint-Avé. « Cela suffit, reprit ce chef auda-
cieux; prenez ce petit morceau de bois; j'en garde un semblable,
par-devers moi. Votre commissionnaire à Saint-Avé remettra celui que
je vous présente à M. le desservant, en même temps que les obiets que
j'exige, et celui que je garde lui sera remis aussi par celui que j'en-
verrai. Il lui servira de quittance et de décharge à votre égard,
gardez-vous de le perdre. Je retiens votre secrétaire pour otage, et
souvenez-vous 'bien que si, demain à midi, ma demande n'est pas
remplie, 11 sera fusillé. >
U fallut bien consentir à ces dures conditions. Mon secrétaire les
accepta avec transport, me voyant hors de danger, m'embrassa dans
le plus délicieux seotiment, puisqu'il faisait son devoir, et nous nous
séparâmes. Je fus alors livré entre les mains d'un de ceux remis le
matin en Uberté. Il me reconduisit jusqu'à la grande route. Je lui
parlai pendant trois-quarts d'heure en évëque et en père , et il m'é-
couta avec un respectueux silence ; il me soutint tout ce temps sur mon
cheval avec une extrême complaisance et voulut m'embrasser en me
quittant, ainsi que je l'avais fait envers ses autres compagnons. Je ne
fus au plus que dix minutes seul sur la grande route. La Providence
m'offrit un des ecclésiastiques de Grand-Champ, M. Hharh, qui m'ac-
compagna chez H. le desservant de Meucon. Je m'y reposai un instant
le corps et l'esprit, et tous deux voulurent me suivre jusqu'à Vannes.
A peine avais-je fait sur la route une centaine de pas que je trouvai
àma rencontre hommes, femmes, enfants de tout âge, de toute con-
dition, de tout sexe. Les cris de joie, les transports d'allégresse, des
larmes d'attendrissement sur toutes les figures; enfin, tout ce que
rame sensible de Votre Excellence sentira beaucoup mieux que je ne
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.— 115 —
puis l'exprimer, tel fut le spectacle que j'eus sous les yeux pendant
une grande lieue de chemin. Ceux que les infirmilés et l'âge empê-
chèrent de venir à ma rencontre étaient prosternés aux pieds des
aulcls dans toutes les églises qui n'araient point été abaudounées
depuis la nouvelle de mon enlèvement.
j'arrivai enfin à Vannes au milieu de cette foule immense; mats
l'émotion que me causa cet accueil fut si violente, et elle succédait si
rapidement aus maux que je venais d'éprouver, que je ne pus la sou-
■ tenir : je tombai évanoui à la barrière. Cette faibtes.'',e dura trois-qnarts
d'heure, au bout desquels je vis que j'avais été accueilli par M. Keyser,
respectable bourgeois de celte ville. Mon intention était d'aller droit Â
la cathédrale pour remercier Dieu, et de là chez M. le Préfet, qui
venait de me rendre et la liberté el la vie. Cette faiblesse y mit obstacle;
je fns cependant chez M. le Préfet, où je fus à peine entré que j'en
éprouvai une seconde pendant laquelle les docteurs me firent transpor-
ter chez moi, au milieu des flambeaux multipliés placés sur toutes les
fenêtres spontanément. Les eaux employées pour me rendre la con-
naissance, et surtout le vinaigre qu'on me mil dans les yeux, m'ont
■ laissé sur celte partie' un brouillard tel que jusqu'à ce jour on a été
obligé de rae conduire la main pour donner ma signature.
Votre Excellence croira sans peine qu'après une satisfaction si vive-
ment marquée â mon retour, toutes les bourses me furent ouvertes.
En effet, en moins d'une heure, le supérieur de mon séminaire, que
j'avais chargé de la réception de ces fonds , se trouva avoir 12,000 liv.
de plus qu'il ne fallait. Je fis de suite mes billets à chacun en particu-
lier, et je me hâiai de l'envoyer au lieu convenu et à l'heure prescrite;
elle ne tarda pas à être remise aux mains de mes ravisseurs qui, après
l'avoir bien comptée, délivrèrent mon secrétaire, qui rentra à Vannes
vers huit heures du soir, le diraancbe.
La joie que rae causa celle de la ville de Vannes , le triomphe de ma
rentrée dans ses murs est trop gravé dans mon cœur pour s'en efi'acer
jamais. Faudra-t-il que la punition des coupables vienne l'empoisonnei".
Abl Excellence, un évoque est un père; il est toujours à sa place
quand il demande grâce : aidez-moi donc à l'obtenir de Sa Majesté,
et mon bonheur sera complet.
J'ai l'honneur, etc.
Signé : t ANT.-XAV., iv, de Vannes,
Exécuté à quelques kilomètres d'un chef-lieu de déparlement , à
l'époque la plus glorieuse de l'Empire, cet acte audacieux affecta vive-
ment l'Empereur, ainsi que l'attestent les deux lettres insérées dans
sa correspondance et qu'on trouvera plus loin.
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— «6 -
Qnand, quelques mois jdas tard. Sa Majesté apprit le décès da véné-
nble prélat, Elle ne se rappela plus que les services readas par
Vf de PaDcemont, et transmit à son ministre des cultes ane lettre par
' laquelle Napoléon I'' ordonnait qu'une statue de marbre ttt placée
dans la cathédrale de Vannes à la mémoire de H«' de Paocemont. Ce
document fut transmis à MM. les Vicaires généraux avec la lettre
sniranle :
Le liuslrt des Colles, Grud-OSder de la L^oD-d'l»DBeir,
 MM. U$ Yicairti généraux et Àdminittrateuri du diocite de Fannttt
SEDE VACANTE.
MH. les Ticaipes généraux , j'ai l'honneur de tous transmettre copie
d'une lettre de S. H. l'Empereur et Roi, datée du camp impérial de
Finckestein (près de Dantzig), le 5 mai présent mois, et relative à
feu M. l'Eféque de Vannes.
n est beau de Toir l'Empereur, à la tôle d'une armée triomphante,
au milieu d'innombrables trophées amoncelés par la victoire, enri-
ranné de tout l'appareil de la puissance, décerner aui vertus modestes
d'UD pasteur des âmes les honneurs d'une statue et déposer sur sa
tdte le témoignage public de son estime et de ses regrets.
Rien de ce qui est grand, rien de ce qui est utile n'échappe à
Napoléon ; il protège tous les genres de bien , il récompense tous les
genres de mérite. Hier, il ordonnait que le bronze destructeur, pris
sur l'ennemi par nos braves, servit à ériger une statue à H. le sénateur
général d'Hantpoul. Il fait élever aujourd'hui, sous les voâtes mêmes
du temple où H. l'Evéque de Vannes exerçait son apostolat, un monu-
ment à la mémoire de ce prélat.
La religion a ses héros comme ta gloire , et nous recueillons aussi le
fruit de leurs travaux. Quels immenses services ne rendent-ils pas au
traîne, à l'humanité, à la patrie, ces pontifes vénérables dont le saint
ministère est destiné à propager toutes les vérités et à inspirer toutes
les vertus ! Il leur appartient de triompher de tous les amours-propres
par leur douceur; de conjurer par la charité les orages suscités par
les haines ; d'aller au-devaint de tous les maux avec une sollicitude
acttve et tendre; d'adoucir les mœurs desbommes par leurs instruc-
tions et leurs exemples; de faire germer dans les âmes toutes les
vertus honnêtes ; de fortifier le lien des lois par celui de la conscience ,
et de placer en quelque sorte la société entière sons la puissante ga-
rantie de l'Auteur même de la nature. Cette paix publique si précieuse
à l'État, cette concorde des familles, cette fidéhté des serviteurs , ce
zèle des citoyens, ce dévouement de la jeunesse au grand nom de
Napoléon ; ces biens soDt soavent leur ouvrage. Les peuples en
DigitizodbyGoOgle
-117 -
joajssent, et ne remontent pas à leur &oarce. i<e Prince la .rannaU, et
il s'applaudit chaque jour d'afoir rétabli la religion sur ses antiques
bases , et d'avoir, pour ainsi dire , rendu la fie à ce clergé de France,
.si distingué de tout temps dans l'Église universelle par ses lumières,
ses talents et ses vertus.
Vous avez été à portée. Messieurs, d'apprécier l'influence salutaire
que peut exercer un bon évéque sur les esprits et sur les coeurs. On
n'oubliera jamais dans l'ancienne Bretagne la déplorable situation où
se trouvait le diocèse de Vannes , lorsque H. Meynaud-Pancemonl vint
en prendre l'administration. Cette malheureuse contrée, dont les
habitants se sont toujours signalés par leur cocstaot attachement à la
religion de cos pères, était le théâtre des manœuvres perfides des
Anglais. Le génie de l'Empereur avait mis un terme aux fureurs de la
guerre civile; mais une fermentation sourde était adroitement entre-
tenue par nos éternels ennemis. L'esprit de parti , ahmeoté par la
corruption, défendait au présent d'effacer les souvenirs du passé, et
empoisonnait dans leur germe les espérances de l'avenir. La diversité
des opinions politiques favorisait le brigandage , et l'appât da brigan-
. dage entretenait la diversité des opinions politiques. Les dissensiODs
religieuses qui s'étaient élevées dans toutes les parties de l'Empire,
avaient pris, dans le Morbihan, tons les caractères d'une guerre de
religion, et avaient laissé dans ce département des traces profondes
que le temps seul semblait pouvoir effacer. Une circonstance particu-
lière aggravait le mal. Plusieurs évoques de l'ancienne Bretagne
s'étaient retirés en Angleterre, et, au grand scandale de la religion et
de la patrie, y étaient demeurés après le rétablissement des autels en
France. Vainement le chef de l'Éghse et celui de l'Empire s'étaient
unis pour les rappeler de cette terre étrangère, la plus constante et la
plus cruelle ennemie du nom catholique , ils avaient méconnu la voix
du père commun des fidèles, et ne s'étaieot-ils pas exposés à la mé-
connaître, en s'abandbnnant aus suggestions insidieuses d'un gouver-
nement qui regarde la reconnaissance de la suprématie spirituelle da
Pape comme un délit, et la subversion de ta France comme un devoir.
Du sein de cette terre de discorde , de ce pays dont la foi fondamen-
tale est l'intolérance et ta persécution, aussi mauvais citoyens que
mauvais prêtres, ils recevaient une impulsion fanatique et fermaient
l'oreille à la voix de leur conscience et à celle de la patrie. Était-ce là
le refuge qui convenait à des évéques? Élait-ce parmi les détracteurs
de UËglise de saint Pierre , parmi les ennemis du culte dont ils avaient
été les ministres, que des prélats cathohques et français devaient
chercher des prolecteurs? Etait-ce par le sacrifice des prioçipes du
catholicisme qu'ils devaient acheter cette protection? Par leur séjour
et par leur conduite en Angleterre, ils manquaient à l'honneur et à la
patrie, ils trahissaient leur foi.
>dby Google
— 118 —
Ces hommes qui , pendant nos troubles civils et religieux, avaient
exercé nne influence dangereuse, s'efforçaient de la conserver par la
perfidie de leurs inspirations. Profitant des fautes commises par les
autorités incertaines qui s'étaient rapidement succédé dans le cours
de la Révolution, ils cherchaient par des machinations criminelles à
égarer l'opinion des peuples sur les véritables intentions du héros qui
a tout réparé. Le Concordat confondit l'imposture. On vit la justice
et la paix s'embrasser dans ce traité solennel qui garantit à jamais
l'union si précieuse du Sacerdoce et de l'Empire. Mp Meynaud-Pan-
cemont, nommé à l'évécbé de Vannes , fit connaître à ses loyaux
Bretons la loyauté des intentions et les grandes vues de notre auguste
Souverain. Il sut inspirer à tous ses coopérateurs', à tout son clergé,
celle charité évangéUque dont il offrit lui-même un si parfait modèle.
Bientôt, les traces des anciennes dissensions religieuses disparurent.
Les pasteurs et les fidèles furent ramenés à l'unité, les sujets au de-
voir, presque toutes les âmes à la religion. Comme un ange de lu-
mière et de pais, il était auprès de ses diocésains l'interprète des
sentiments paternels du monarque, et reportait au monarque les
témoignages touchants de leur 'fidélité et l'hommage respectueux de
leur admiration et de leur reconnaissance. Il usa de toute l'influence
de la religion pour cicatriser la plaie de l'État , et il procura à la reli-
gion, dans son diocèse, tout l'éclat et tout l'accroissement qu'elle peut
recevoir du concours de la puissance publique.
Vous jugerez convenable, Messieurs,- de faire connaître aux peuples,
par tous les moyens qui sont en votre pouvoir , la lettre de Sa Majesté;
Ils n'entendront pas sans une douce émotion l'expression noble et
touchante des sentiments do notre auguste Souverain et de sa conti-
nuelle sollicitude pour leur bonheur et pour le bien de la religion.
Us n'apprendront pas sans reconnaissance , et sans être saisis de cet
enthousiasme d'amour si naturel aux cœurs vraiment français , que
Sa Majesté regrette de n'avoir pu encore les visiter , et qu'elle se pro-
pose d'aller voir par ses propres yeux celle partie si intéressante de ses
peuples, toujours présente d sa pensée.... ^ « La gloire du Prince se
communique à nous, et sa puissance nous soutient.. . Si le Prince
savait, dit le peuple : ces paroles sont «ne espèce d'invocation et une
preuve de la confiance qu'on a en lui. (Montesquieu, Esprit des lois.)*
il ne restera donc plus rien à désirer aux peuples du Morbihan. Le
Prince aaii déjà. Messieurs, et se propose d'aller tout voir par lui-
même, et de réparer bientôt par sa présence tout ce qu'ils ont souffert
des tnallieurs des temps passés.
J'ai l'honneur d'êlt-e , Messieurs, avec une considération distinguée.
PORTALIS.
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COPIE DE U LETTRE DE S. M. L'EMPEREDR-M
A ^m Ministre da Cultes sur la mort de Ui* HEiHKiD-pAHCBiioirT ,
' Évigue de F'annes.
H. Portaltg, Doas arons appris avec une profonde doalenr la mort
de notre bien-aimé évèqae de Vannes, Heynaud-Pancemont. A la
lectnre de votre lettre, les vertus qui distingoaieot ce digne prélat, les
services qu'il a rendus à notre sainte religion, à notre conronne, à
DOS peuples; la situation des églises et des consciences dans le Mor-
bihan, au moment où il arriva à l'épiscopal ; tout ce que nous devons
à son zèle, à ses lumières, à cette charité évangéliqae qui dirigeait
toutes ses actions ; tous ces souvenirs se sont présentés à la fois à
notre esprit. Nous voulons que vous fassiez placer sa statue en marbre
dans la cathédrale de Vannes. Elle excitera ses successeurs à suivre
sOD exemple, à suivre le chemin qu'il'ieur a tracé; elle fera connaître
tout le cas que nous faisons des vertus évangéliqnes d'un véritable
évéque , et couvrira de confusion ces faux pasteurs qui ont vendu leur
foi aux ennemis éternels de la France et de la religion catholique,
apostolique et romaine, dont toutes les paroles appellent l'anarchie ,
la guerre, le désordre et la rébellion. Enfin, elle sera, pour nos
peuples du Morbihan, une nouvelle prelive de l'intérêt que nous prer
nons à leur bonheur. De toutes les parties de notre Empire , c'est tme
de celles qui sont le plus souvent présentes à notre pensée, parce que
c'est nne de celles qui ont le plus souffert des malheurs des temps
passés. Nous regrettons de n'avoir pu encore la visiter ; mais un des
premiers voyages que nous ferons, à notre retour dans nos États , ce
sera de voir par nos' propres yeux cette partie si intéressante de nos
penples. Cette lettre n'étant pas à autre fin, nous prions Dieu qu'il
vous ait en sa sainte garde.
De notre camp impérial de Finckesteia, le, 5 Mai 1801.
Sipé : NAPOLÉON.
Pour copie conforme :
Le mnisire des Cultes, PORTUJS.
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PIECES iCSTIFIUTlTES.
CORRESPONDANCE DE L'EMPEREUR NAPOLÉON I".
N" 10712. A M. Portais.
SaiDt-Cloud , 31 Août 1806.
J'ai la avec peine l'événement de Vannes. La conduile da Préfet
dans cette circonstance est inconcevable. Quant à l'Éïèque, on me
dit qu'il a renvoyé l'anoeau que je lui avais donné et la décoration de
la Légion-d'honneur aux brigands qui l'ont arrêté; je ne puis croire
une tell3 lâcheté. Toutefois, je désire que vous me fassiez un rapport
là-dessus. L'Évêque, comme un autre homme, devait savoir mourir
plutôt que de commettre une bassesse. J'attends le rapport que vous
me ferez pour fixer mes idées.
NAPOLÉON.
N> 10713. A M. de Ckampa^y.
Saint-Cloud, 31 Août 1806.
Monsieur de Champagny, témoignez mon extrême mécontentement
an Préfet da Morbihan de ce qu'il a compromis et déshonoré l'aatorité.
n a donné là nn exemple funeste et dont d'autres individus seront les
victimes. Je n'avais pas le droit d'attendre d'un homme qui a servi
dans les armées avec distinction un pareil oubli de ses devoirs et du
premier intérêt de l'ordre public. Bien loin de relâcher les brigands,
il devait faire courir la gendarmerie et mettre tous les moyens en
œuvre pour les arrêter par la force. Ce qui pouvait arriver ensuite ne
pouvait être prévu par personne , et quelque précieuse que soit la vie
d'un évêque, d'un citoyen, d'un magistrat, quand c'eût été le fonc-
tionnaire le plus élevé en dignité et le plus pfécieux à l'État, il n'avait
pas le droit de compromettre l'autorité et de déshonorer ainsi la loi.
NAPOLÉON.
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COHKISSION ULITÂlItB SPÉCULE fiTÂBLŒ A VANNES.
JUGEMENT
Qui condamne à 'o peine de trwrl les nommés Edouard Lahate de Saint-
HiLAiBE et Jean Billi , convaincus d'avoir fait partie de la bande qui a
arrêté M. l'Évéque de Cannes et M. l'abbé Jabrt , son Secrétaire ; d'avoir
exigé d'eux une contribution de la somme de 24,600 livres; d'avoir fait
feu sur la gendarmerie, et d'avoir tué le brigadier Jean Beaui, dit Thivier.
Cejourd'bui, 6 octobre 1807, la Commission militaire spéciale établie
par ordre de M. le général Paillardj l'un des commandants de la Légion-
d'hooneur, commandant le département du Morbihan , en dale do pre-
mier du même mois , composée , d'après la toi du 19 fructidor an 5, et
conformément au décret impérial du 17 messidor an 12, de:
MM. Corroller, chef d'escadroo de la gendarmerie impériale, présid.;
Braungard, capitaine au 103» régiment ,
MuUer , capitaine au iT» régiment ,
Quesnel , idem
Gamecin , idem
Vandecotte , , tdei»
Pierre-Antoine Gérard, capitaine, aide4e-camp, faisant les
tondions de joge rapporteur ;
Tous nommés par M. le général Paillard . en vertu des ordres à lui
transmis par M. le sénateur Demont, grand-officier de la Légion-
. d'honneur, et commandant provisoirement la 13» division militaire ;
Assistés de H. Jean-Claude Conrtot, brigadier à pied de la gendar-
merie, à la résidence de Vannes, greffier nommé par le rapporteur ; .
Lesquels ne sont parents , ni alliés entre eux, ni des prévenus , au
degré prohibé par les lois.
La commission, convoquée par ordre de M. le général Paillard, s'est
réunie dans la salle de la mairie de Vannes, à l'effet de juger les
nommés
Edouard Lahaye de Saint-Hilaire, natif de Saint-Hilaire-des-Landes
■(lUe-et-Vilaine) , âgé de 30 ans ou environ , taille d'un mètre 625 rail-
limètres , visage rond et plein , un peu marqué de petite vérole , teint
beau, yeux bruns et vifs, sourcils très marqués, barbe noire ,
Et Jean Bitly, natif de Berric (Morbihan), âgé de 33 ans, taille d'un
mètre 652 millimètres, cheveux, sourcils et barbe châtains, yeux gris,
nez aquiltn, boncbe moyenne, menton fourchu, visage ovale : les deux
dents incisives et celles correspondantes à la mâchoire inférieure lui
manquent ;
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— 122 —
Prévenns ,
i' D'avoir porté les armes'conlre la France ;
â° D'avoir fait partie des brigands qui infestaient le département da
Morbihan ;
B" D'avoir été pris, les armes à la main, faisant feu snr les personnes
qni voulaient les arrfiter , et d'avoir tué le brave Jean Beaux , dit Tbi-
vier, brigadier de la gendarmerie ;
■i° D'être ceux qni , le 23 août 1806 , enlevèrent M. de Pancemont ,
évoque du Morbihan . et M. l'abbé Jarry, son secrétaire , qu'ils mirent
à contribution d'nne somme de vingt-quatre mille francs.
La séance ayant été ouverte , M. le président a demandé au rappor-
teur la lectufc des pièces de la procédure ; cette lecture terminéf , le
président a ordonné à la garde d'amener les accusés , lesquels ont été
introduits, libres et sans fers, devant la Commission-
Interrogés de leurs noms, prénoms, âges, professions, lieux de nais-
sance et domicile;
Le premier a répondu se nommer Edouard Lahayede Saint-Hilaire,
natif de S.-Hilaire des Landes (Ille-et-Vilaine) , âgé de 30 ans on envi-
ron, depuis longtemps sans domicile fixe, ayant eu pour dernier la
commune de Saint-Hilaire.
Le second a répondu se nommer Jean Billy, âgé de 33 ans, natif de
Berne (Morbihan), apprenti maréchal.
Après avoir fait prêter interrogatoire aux accusés, par l'organe du
président, sur le contenu de l'accusation dirigée contre eux.
Ouï le. rapporteur en son rapport, et les accusés dans leurs mojens
de défense , tant par eux , que par leur défenseur officieux , M. IRialan
fils, avocat à Vannes, le président a demandé anx membres de la Corn- ,
mission s'ils avaient quelques observations â faire ; sur leurs réponses
négatives, et avant d'aller aux opinions, il a ordonné aux accusés de se
retirer, et Us ont été reconduits à la prison, par leur escorte-
La Commission délibérant à huis-clos, le président a posé les ques-
tions ainsi qu'il suit ;
1° Le nommé Edouard Lahaye de Saint-Hilaire , qualifié ci-dessus ,
accusé d'avoir porté les armes contre la France, est-il coupable ?
2" D'avoir fait partie des brigands qui infestaient le département du
Morbihan, est-il coupable?
3" D'avoir été pris, les armes à la main, faisant feu sur les personnes
qui voulaient l'arrêter, est-il coupable ?
4" D'être celui qui , le 23 août 1806, présidait à l'enlèvement de M.
l'évêque do Morbihan , et de M, Jarry , son secrétaire , qu'il mit àcon-
tributioD d'une somme de vingt-quatre mille francs, est-il coupable ?
Les voix recueillies séparément sur chacune des questions ci-dessus,
en commençant par le moins ancien de grade, le président ayant émis
son opinion le dernier, la Commission a déclaré, à l'unanimité , que
>dbyG005jle
— i23 -
. l'accnsé est coupable d'avoir porté les armes contre la France : qn*il est
coupable d'avoir été pris les armes à la main ; qu'il est coupable d'avoir
arrêté M- l'évéque du Morbihan , et M. Jarry, son secrétaire, et d'avoir
exigé d'eux une contribution de la somme de vingt-quatre mille francs.
1" Le nommé Jean Bitiy, prévenu d'avoir porté les armes contre la
France, est-il coupable ?
%" D'avoir fait partie des brigands qui infestaient le département du
Morbihan, est-il coupable ?
3» D'avoir été pris les armes à la main, est-il coupable ?
i' D'avoir fait partie de la bande qui a enlevé M. l'évêque de Vannes,
et M. l'abbé Jarry, et d'avoir exigé d'eux une contribution de la
somme de vingt-quatre mille francs, est-il conpable f
Les voix recueillies comme ci-dessus, le président ayant émis son
opiniob le dernier, la Commission déclare, à l'unanimité, que le nommé
yean fîi/Ztf, qualifié ci-dessus, est coupable d'avoir porté les armes
contre la France ; qu'il est conpable d'avoir tait partie des brigands qui
infestaient le département du Morbihan ; qu'il est coupable d'avoir été
arrêté , les armes à la main, faisant feu; qu'il est coupable d'avoir
arrêté M. l'évêque de Yannes et M. l'abbé Jarry , et d'avoir exigé d'eux
une contribution de la somme de vingt-quatre mille francs.
Sur ce , le président a posé les questions relatives à l'application de
la peine.
Les voix recueillies de nouveau, dans la forme indiquée ci-dessus,
ta Commission condamne, à l'unanimité, à la peine de mort, les nommés
Edouard Lnhaye de Saint-Hilnire , et Jean Billy , conformément aux
articles 2 , 3 et 4 de la loi du 30 prairial an m de la République fran-
çaise, ainsi conçus :
Art. 2. * Les individus qui, contre leur serment de soumission aux
» lois de la république, auront conspiré ou se seront armés contre elle,
• seront punis comme rebelles.
Art. 3. « Les chefs, commandants et capitaines, les embaucheurs et
« les instigateurs de rassemblements armés, sans l'autorisation des au-
B torités constituées, soit sous le nom de Chouans ou sous telle autre
» dénomination , seront punis de la peine de mort.
Art. 4. > Les hommes armés pris dans ces rassemblements, s'ils sont
» déserteurs , ou étrangers au département où ils seront pris , seront
i punis de la même peine. •
Condamne en outre lesdits Sainl-Bilaire et Billy , aux dépens de la
procédure et aux frais du présent jugement, qui sera imprimé au,
nombre de deux mille exemplaires , pour être distribué et affiché ; et
déclare leurs biens acquis et confisqués au profit du gouvernement ;
Et attendu qu'il est constant que le nommé François Le Mars, a reçu
chez lui lesdits Lakaye de Saint-Hilaire et Billy; qu'il ne l'a pas dé-
claré d'abord à la gendarmerie ; et qu'il est cause , par son silence , de
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-184 —
la mort dn brave Beaux, dit Thivier, le .renvoie à la disposition de
S. Exe. Mt' le, ministre de la poUce générale ;
Enjoint an rapporlenr de lire de saite le présent jngemeift aox con-
damnés ;
Ordonne qu'il en sera envoyé, dansles délais prescrits par la loi, à la
diligence du rapportenr, une expédition à LL. EE. les miDistres de
)a guerre et de la police générale, au général-séoateur commandant
la 13< division , et à H. le général Paillard , commandant le départe-
ment du MorbitiaD ;
Ordonne en outre que le présent jugement sera mis à exécution dans
les vingt-quatre heures, à la diligence du rapporlear.
Fait , clos et jugé , sans désemparer, en séance publique ; à Vannes ,
les jour, mois et an susdits. La minute nignéej. M. H. Corroller, prè-
lideni ; Braangardi Huiler, Qnesnel, Gamecin, Vandecolte, capitaines ;
Gérard, capitaine-rapporteur ; Courtot, greffier.
Le 1 octobre 1807 , à dix heures du matio , nous Pierre-Antoine Gé-
rard , aide-de-camp , capitaine-rapporteur de la Commission militaire ,
assisté de M. Jean-Claude Courtot , brigadier de la gendarmerie à la
résidence de Vannes , greffier nommé par nous , eu vertu de la loi du
17 messidor an xii, avons fait exécuter les nommés Lakaye de Samt-
Hilaire et Jean Bitly, arrêtés les armes à la main, faisant feu, et ajant
tué un brigadier de gendarmerie : ces deux individus condamnés à la
peine de mort, par jngement d'hier, rendu par la Commission militaire
assemblée en la mairie de cette ville , par ordre de M. le général Pail-
lard, l'un des commandants de ta Légion-d'honoeur , commandant le
déparlement du Morbihan.
A Vannes, les jour, mois et an que dessus.
Le Capitaine-rapporteur, GÉRARD.
Courtot, Secrilaire-greffUr.
Pour copie conforme :
GERARD, Capitaine-rapporteur.
Courtot, Greffier.
DigitizcdbyGOOgle
ANNALE LORIENTAISES.
L'ILE SAINT-MICHEL. — Prieuré. — Lazaret.
(Par M. JéEoa.)
vra.
Nalr^DMne d« Larmar. — SalnM<NinHoe. >- 1« Maf ddMa*.
An moyen-âge, la Bretagne se couvrit, pour ainsi dire, d'aoe quantité
innombrable d'églises, couvents, chapelles ou oratoires. Daos toute
paroisse , outre l'église principale , chaque trêve , chaque frairie , avait
généralement une, et quelquefois même plusieurs chapelles. Tout châ-
teau, tout manoir de quelque importance, avait également son oratoire
particulier, chacun sait cela; mais nulle part, croyons-nous, cet état
de choses ne fut aussi frappaut que sur le littoral de l'évêché de Vannes,
principalement sur la paroisse de Plœmeur et dans l'Ile de Groix.
Celle-cicomptait autrefois, dans ses huit frairies, douze chapelles,
Don compris l'église paroissiale. C'étaient celles de Saint-Tudy , Saiut-
Gurthiern, Saint-Méloir, Saint-Jean, Saint-ûildas. Saiat-Hichel, Saint-
Nicolas, Saint-Laurent, Sainte-Brigitte, La Trinité , Locmaria, et une
autre encore dont le uom nous échappe.
Sur la grande paroisse de Plœmeur, il existait an seizième siècle ,
outre l'église paroissiale dédiée à Saint-Pierre (comme la plupart des
églises des paroisses dont le nom commence par la lettre P, selon ce
que prétend le P. Albert le Grand), vingt-sept chapelles sur ses quinze
frairies : Saint-Bieuzy , Saint-Quinlin , Saint-Thuriau, Saint-Léonard ,
Saint-Armel, Saint-Maudé, Saint-Mathurin, Saint-Tugdual, Saint-Simon
et Saint-Jude, Saint-Germain, Saint-Antoine, Saint-Adrien, Saint-
Christophe (des Montagnes), Saint-Christophe (de Scorff), Saint-Laurent,
Saint-Michel, Saint-Gabriel, Saint-Nicolas, Keroman, Sainie-Ninnoc ,
Sainte-Anne, N.-D. de Plascaër, N.-D. deLarmor, Locmaria, La Made-
leine, La Vraie-Croix et La Croix-Neuve.
Plus ancienuement leslieux dits : Houstoir-Berhiet, Moustoir-Phelan,
Saint-Déron, Saint-Uhel {i), Quéhello-Congard, Loc-Gueltas et Loo-
Mener (pour Mêler, Méloir} , eurent sans doute des chapelles dédiées
(1) S.iint-llbel , pour JudicaSl , formait autrefois une chapellenie dépendant du cliâl«3U
uoisin di: Tréfaven ; on perd les traces de celle cbapellenie vers le xv siècle , époque à
parUi de laquelle les seules diapelles priTalives da Trétiveu étaient celles de Saint-Ctiristopbt
et de Salnl-Âimel.
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— 126 -
aux saints et saintes dont ils portaient les noms, et sar la frairie de
Loc-Cunolé (pour Guénolé), un liea quelconque fut probablement
autrefois consacré â Saint-Guéaolé.
Ce nombre surprenant d'édifices religieux agglomérés sur cette partie
extrême de l'évéché de Vannes, doit être considéré comme le signe
certain d'une piété profonde; mais si l'on veut remarquer que la ma-
jeure partie des saints patrons de' ces chapelles apparlienncnt au cata-
logue des premiers propagateurs du Christianisme dansPArmorique, du
111" au Vfi' siècle, n'y trouvera-t-on pas l'indice d'une populationconsi-
dérable vers ces mômes temps, sur le territoire maritime qui nous oc-
cupe, malgré certains documents qui nous le représentent comme à
peu près désert , la légende de sainte Ninnoc enti-e autres? C'est da
moins par une raison de même nature, que ronatirédel'accumulatioQ
des monuments dits druidiques ou celtiques , sur te lilloral du même
éTéché, la conséquence de la présence d'une grande agglomératioQ
d'habitants. D'ailleurs , on n'ignore pas que le centre de la péninsule
bretonne se trouvait autrefois couvert de bois, et que par conséquent,
la masse de sa population devait en occuper le littoral. Cet état de
choses a dû se modifier , surtout à partir du viii* siècle , par suite des
invasions et des ravages périodiques des Normands , invasions dont le
premier effet dut être , évidemment , de provoquer de la part de popu-
lations énervées à la suite de quatre siècles de domination étrangère ,
un reflux vers l'intérieur de la presqu'île, vers les forêts.
En ce qui concerne le prieuré de Saint-Michel, cinq ou sis de ces
chapelles de Plœraeur lui appartenaient. Nous avons déjà nommé la
chapelle de Saîot-Miebel , bâtie au centre de l'tle de ce nom , sur le
sommet du Tumulus, selon l'usage constant d'élever -sur des hauteurs
les temples dédiés à cet archange, en mémoire de sou apparition célèbre,
au V" siècle, dans les montagnes de la Galabre fin monte Gargano). Sur
la même lie, on voyait une antre chapelle, dédiée à N.-D. de Plascaër.
Tout près de là, sur la pointe de Bec-er-Groix, dans un champ nommé
er-Gorlannau, il y avait une chapelle Saint-Gabriel. La maison prieurale
des Montagnes avait sa chapelle particulière, sous le vocable de Saint-
Christophe. Dans le voisinage du village de Kervenannec, s'élevait une
chapelle Saint-Nicolas; quelque part, non loin de Kermelo peut-être ,
le prieuré possédait encore une chapelle Saint-Antoine, sur laquelle
nous n'avons trouvé que des mentions très vagues.
Que dire aujourd'hui de ces nombreuses chapelles de Grqix et de
Plœmeur, la plupart disparues? Que dire particulièrement des chapelles
du prieuré , dont pas une pierre , pas un vestige peut-être n'existe au-
jourd'hui î Cest vainement que l'on persisterait à en vouloir décrire
l'importance et l'architecture : titres , traditions, matériaux, tout
manque à ta fois : le temps, hélas t n'a rien épargné.
Cependant, sous le rapport de l'architecture aussi bien que sous celui
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— 127 —
delà célébrité, on doit croire que la chapelle de N.-D. de Larmora dû,
de tout temps, éclipser ses rivales. Il est du moins avéré qae la renom-
mée de cette chapelle, quoique très grande encore aujourd'hui, parmi
les marins particuliÈrement, s'étendait fort loin autrefois; à tel point,
qu'il a fallu la vogue plus moderne d'un pèlerinage célèbre , celui de
Sainte-Anne d'Auray, pour lui faire perdre son antique prestige.
Nous en trouvons la preuve dans uno déclaration rendue au roi, le .
19 avril 1640, par Pierre Le Chalton, procureur de la fabrique de Lar-
mor, des biens immeubles et revenus temporels de cette chapelle. On
y lit : « Le casuel du revenu de laquelle chapelle consistant à présent
» ep fort peu d'oblatioQs , les dévotions étant diverties par l'église et
> chapelle de Sainte-Anne, en la paro sse de Pluueret, près Auray; en
» laquelle chapelle de Nostre-Dame de Larmor est requis de faire de
" grandes réparations des ruines qui y arrivent journellement , étant
s située sur le bord de la mer. ■*
La chapelle de Larmor , qui présente un mélange fort peu remar-
quable de divers genres d'architecture, mélange qu'expliquent parfai-
tement les nombreuses réparations dont se plaignait Pierre Le Chatton,
renfermait anciennement les tombeaujt d'un grand nombre de familles
nobles du pays et même des environs i ceux, des seigneurs du Ter ,
Kermassonnet, Kerivilly, Chefdubois, Kervegan en Arzanno , La San-
draye en Guidel, elc. Dans un aveu rendu au roi le 29 novembre 1519
par Jean de la Saudraye, après la mort de Charles de la Saudraye son
père, il est dit : c Pareillement â luy apartient et est en pocession d'avoir
• une chapelle prohibitiB've à tous autres en l'esglise et chapelle de
• Nostre-Dame de Larmor située en la paroisse de Plœmeur au costé
> de i'épistre et ses armes en la vistre du pignon et en costé en plu-
» sieurs endroicts de ladite chapelle, i Aujourd'hui, on peut encore voir
dana le parvis de la chapelle , de ce même côté de l'épltre , deux 1res
vieilles pierres tombales, décorées d'armoiries, mais à peu près
frustes.
A chacun de ces seigneurs, qui avaient droit de lombes, en/euf, banc
et accoudouer, dans la chapelle de Larmor, et qui payaient au trésor de
la chapelle certaines rentes , le trésorier était tenu de fournir deux
cierges d'une livre de cire, le jour de la lète de la Chandeleur. Tous ces
droits honoriSques étaient, nous le répétons, une source de revenus
pour la chapelle, car alors, comme aujourd'hui, les honneurs se
payaient. On a vu Pierre Le Chatton constater le tort considérable qu'é-
prouvait Larmor , depuis la découverte miraculeuse faite par le bien-
heareux Nicolazic, dans le champ dn Boceno (1625) ; les seigneurs de
Plœmeur firent comme les pèlerins, ils cessèrent à leur tour de fré-
quenter Larmor, désertèrent leurs bancs armoriés , délaissèrent leurs
tombes et enfeus de familles et cessèrent de payer les rentes dues à cette
chapelle. C'est ce que nous apprend une déclaralioià du 5 juillet 1689 :
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c n estoit dil, déclare le fabrique eo charge , quactilé d'aatres rentes
> pour les tombes et bancs de la noblesse , mais qui ne se payent
« plus;.... » LexviP siècle a été fatalà S,-D.deLarmort
l4i plupart des chapelles de Groix et de Plœraieur, dont on a lu le dé-
nombrement, ont disparu, avons-nous dit; en effet, il n'eiiste plus que
l'église paroissiale de Saint-Tudy et les chapelles Saint-Jean et de La
Trinité sur l'île de Groix. Et des Tingt-sept chapelles de Plœmeur.il
ne reste plus que celtes de Saint^Bieuzy , Saint-Léonard, Saint-Haadé ,
Saml-Simon etSaint-Jude, Saint-Mathurin, Keromao, Saint-Christophe
(de Scorff),Saint-Thuriau, Saint-Armel, Sainte-A.nDejiarmor et la
■ Vraie-Croix.
Mous le répétons, pas une des chapelles du prieuré de Saint-Michel-
des-Hontagnes n'existe aujourd'hui, et, comme nous aurons occasion
de le mentionner pour quelques-unes, leurs ruines elles-mêmes ne sont
plus. La chapelle actuelle de Saint-Michel est moderne.
Titres, traditions, tout manque, avons-nous dit, pour rechercher
l'origine des chapelles de Plœmear et de Groix- Cependant, il faut en
excepter Saint-Gurlhiern de Croix, dont nous avons, dit quelques mots;
et Sainte-Ninnoc ouLannenec, et encore La Madeleine, deux chapelles
dePlœmenr, dont nous ne pouvons omettre les intéressantes origines.
Les actes de Bretagne rapportent que, vers le milieu du v siècle,
une princesse de Cambrie (aujourd'hai la Cambrie est, en Angleterre,
le pays de Galles), suivie d'un grand nombre de ses compatriotes des
deux sexes, chrétiens comme elle, émigra pour venir débarquer sur un
point de la côte armoricaine qui prit le nom de Pull-Ilfin, et se trouvait
situé dans les environs de Plœmeur.
Cette princesse , nommée Ninnoc Guengustle , aussitôt débarquée ,
députa quelques-uns des notables de la troupe vers le chef du pays ,
nommé Erech ou Guerech, et en obtint ooo-seulemeot la permission de
s'établir sur ses domaines, mais encore la concession pour elle et
pour les siens d'un vaste canton alors désert, situé dans le pays de
Plœmeur, m plèbe quœ dicitur Pluemur, sur les bords de la mer, au
sud des possessions d'Erech , ad auatralem plagam juxla mare : ce qui
permet de supposer que le Pull-Ilfin de 4-50 pourrait fort bien être le
Pouldu actuel, à l'embouchure de la rivière de Quimperlé. Dans le
nombre de ces chrétiens gallois. les uns se dispersèrent par l'Armorique
pour y prêcher l'évangile; 'd'autres plus nombreux demeurant sur les
lieux concédés par Erech , élevèrent une chapelle et un monastère où
Ninnoc se retira avec plusieurs bonnes filles , et ils se fixèrent aux en-
virons de cette chapelle et de -ce monastère. Trente-huit ans après,
cette princesse y mourut en odeur de sainteté , et le nom de Sainte-
Ninnoc resta désormais aux établissements pieux qui lui devaient leur
origine.
Tel est le résumé de la vie de sainte Ninnoc, dégagé des amplifica-
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tioDs nébaleases de sa légende. Dans ce smiple récit, on peat tronver'
non-sealemeDt l'origine de notre chapelle de Sainte-Nlnnoc on Lao^
nenec, mais encore un exemple de ces nombreuses émigrations des lies
anglaises vers la petite Bretagne, émigrations signalées par l'histoire
dans le courant du v* siècle , et y voir en outre l'origine de la paroisse
de Plœmeur ; car il est permis de douter que cette contrée maritime ,
devenue déserte à la suite de la longue domination romaine, fût ché-
tienne au moment de l'arrivée de la princesse cambrienne et de ses
compagnons.
Mais la légende de sainte Ninnoc présente encore une sorte d'intérêt;
c'est que le monastère fondé par elle, en Plœmeur, est probablement
l'exemple le plus antique , non-seulement d'an monastère de SUes dans
les Gaules, mais encore d'un prieuré. Il est vrai que le document d'où
se dégage ce fait remarquable laisse, par ses expressions mêmes,
douter de son authenticité. Quoiqu'il en soit, la rareté du fait nous
engage à extraire le passage qui s'y rapporte , du recueil de la Vie
des Saints de Bretagne , du Père Albert-le-Grand.
• Le susdict prince Erekh, estant un jour allé à la chasse, poursuivit
■ si vivement un cerf es envipoos du monastère de saincte Ninnok,
■ qu'il fut contraint de se sauver dans son église, et, entrant de course
■ dans le chœur où elle assisloit au divin service, se jelta à ses pieds
V demi-mort de lassitude : les chiens le suivoient de fort près, mais
> estans arrivez à un petit ruisseau qui est au-devant de l'église de
> saincte Ninook, ils s'arrestèrent tout court, sans passer plus avant;
• le Comte y arrive incontinant, et, eslonné de voir sa meulte abboyer
> extraordinaire ment et ne vouloir passer outre, descend de cheval,
■ et, accompaigné de ses gens, entre dans l'église, où il trouva saincte
« Neonok accompaignée de ses filles, et de l'autre costé du chœur
> Gurlehentelius (son oncle et son parrain) et ses religieux qui dian-
» toient l'Office divin; mais ce qui l'eatonna fut de voir le cerf qu'il
> ponrsuivoit couché au:^ pieds de la Saincte, comme en un azile a»-
> seuré. se mocquer des vains efforts des chasseurs et des chiens. D
> la salua, et toute sa vénérable compaignie, et ayant congédié ses
> domestiques, demeura huict jours entiers en ce lieu, conférant sou-
> vent avec la saincte, à laquelle il donna plusieurs belles terres et
> revenuz pour l'accomodation de son monastère , laquelle donaisoa
> il fil ratifier par le Métropolitain et autres Evesques de Bretaigne, et
> par ses frères Michel , comte de Rennes , et Budic , comte de Cor-
• nouaille et autres seigneurs en une assemblée tenue à cet effet , de
■ laquelle donaison il fit faire des lettres et Chartres authentiques ,
• lesquelles il mit sur l'autel avec un calice et patène d'or plein de Tin.
a Voici l'acte de donaison, qui est daltéde l'an, 458.
• Au nom de la Saincte et individuë Trinité , et de la très heureuse
■ Vielle Uarie , et par la vertu de la Saincte Croix , je Guerek par la
d
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— 130 -
t'_ grâce de Dieu, duc de la petite Bretaigoe, en présence des évesqnes,
> comtes et principaux seigneurs de Bretaigoe, donne et ociroye de mon
• propre béritaige à la Saincte Vierge et Servante de Dieu Nennûk et à
■ ses successeurs, afin qu'elle aye mémoire de prier pour les âmes de
> mes parens vivans et trespassez, et pour le salut de mon àme, et
• de ceux de ma race qui doivent succéder et pour l'Estat de mon
» Royaume, le lieu qui de son nom s'appelle Landt-Nennok, el toutes
» la paroisse (totam pkbem) qui s'appelle Plouemeur , avec toutes ses
» terres cultivées ou non cultivées »
Comme notre intention n'est pas de faire ici l'histoire du prieuré de
LanneDec et que nous n'avions pour but que d'indiquer l'origine de
la chapelle de ce nom, enjambons les siècles pour nous occuper de
la Hadeleioe.
Ici, pas un document qui nous serve de guide; nous croyons qu'il en
existe cependant ; mais pour le moment, la tradition verbale, la légende
locale si i'on veut, fortifiée par des faits, formera la base de notre récit.
Voici donc ce que l'on raconte au sujet de la chapelle de la Madeleine
de la paroisse de Plœmeur.
Vers le quinzième siècle , une horde de bohémiens , sortie on ne sait
d'où, mais ayant vraisemblablement traversé l'Europe, se croyant sans
doute parvenue à l'extrémité du monde, arrêta sa course vagabonde entre
, le Scorff et l'Ellé , sur le territoire du Prince , ou plus exactement , du
Sire de Guémené, puisque le grand fief de ce nom ne fut érigé en prin-
cipauté qu'en 1571.
Ces étranges voyageurs, que chacun fuyait avec effroi , et que les po-
pulations anathématisaient en quelque sorte , en les classant avec les
Lépreux, ces parias du moyen-âge, sous la dénomination commune de
Cacoiu, sollicitèrent du Sire de Guémené, des terres pour y fixer définiti-
vement leurs tentes, voulant demander au travail et à l'industrie , pour
vivre.lesressources qu'ils n'avaient cherchées jusqu'alors, et de généra-
tions en générations peut-être, qu'au moyen de jongleries, de rapines et
pis encore souvent. Ce seigneur, pratiquant l'hospitalité comme autre-
fois le comte Erech, accorda à ces bohémiens, non loin de Lannenec,
une certaine portion de terres incultes, prise dans un vaste canton de
terres vaines et vagues nommé Lande de Behoy, sur les confins des
trois paroisses de Plœmeur, Lesbin et Guidel. Ces parias y fondèrent
en effet un -village qui prit le iiom de PouUou-Riantec , lieu qui existe
encore en la commune de Plœmeur sous le nom défiguré de Poultorio.
Contraints de vivre entre eux, de se marier entre eux, comme les
lépreax, ces nouveaux venus, dont tes descendants ont été pendant
plusieurs siècles poursuivis dans le pays soos le nom injurieux de_
Cacous, qui n'y est peut-être pas encore complètement éteint, ces
nouveaux venus, disons-nous, chrétiens ou du moins convertis bientôt
au christianisme, ne pûuvantfréquenler les églises avec le commun des
>dbyG005jle
— 131 —
fidèles, se virent obligés d'élever à leurs frais un humble oratoire au mi-
lien de leur village, oratoire qui fut placé sons la dédicace de sainte
Madeleine, patrone ordinaire des léproseries. Cette chapelle a
disparu, mais elle existait encore à la fin du xvii' siècle commele
prouvent divers actes de la paroisse de Plœmenr; ainsi, à la date
du 8 avril 1668, il est fait mention, sur les registres des décès de
cette paroisse, de l'inhuaiation de Pierre Le Meur, cordier, dans Péglùe
de la Magdeleine de Plœmeur.
La chapelle de la Madeleine est tombée avec le préjugé qui l'avait fait
élever; les anciens Cacous ayant réussi peuà peu à se faire admettre au
milieu de la population environnante, à obtenir l'entrée des églises com- '
munes et à participer par des mandataires aux délibérations de ce que
l'on appelait le Général de la paroisse, c'est-à-dire les représentants de
la généralité des habitants, ne relevèrent pas les raines de leur chapelle
particulière. Cet exemple fut suivi à peu près à la même époque par
les habitants de l'antique léproserie de Kerroch, près Hennebont, qui
possédaient aussi une chapelle de la Magdeleine (1).
IX.
On vient d'assister â la formatiou du prieuré de Saiut-Michel-des-
Montagnes; on connaît sa situation, l'importance de ses droits,
l'étendue et la variété de ses domaines. Incorporé à l'abbaye de
Sainte-Croix de Quimperlé, Saint-Michel n'a pas d'histoire parti-
cuhère, et il faut arriver au xvi' siècle pour découvrir dans les
. annales de cette abbaye, un fait qui intéresse notre prieuré.
(1] La léproserie de Kerroch, près Hennebont, était très ancienne, son origine reiDOutait
an moins à la fin du x[i« siècle , si on lui applique ce passage de l'acte d'affrancblssemenl des
terres du prieuré de Notre- Daaie-d Hennebont inséré au tome i" col, 783 des preuves de
D. Horice : et mila in qua leprosi habitant.
D'après un acte des notaires d'Hennebont, du 9 féirier 1733 , TOici quelle était la abla-
tion de la chapelle de Kerrocb et ce qu'elle détint :
t Elle était située à l'issue du village , au midi du grand chemin qui condnil d'Henntbont
1 à PonlscarlT, et conduisant au levant à l'église paroissiale de Saint-Garadec et séparée
• par les fossés des terres d'Arnanlc... dans laquelle chapelle la messe se disait pour lesdîts
> habitants Gordieis dudit village.... ■
Depuis longlemps , cetle chapelle étant tombée en ruines • et étant devenue dangereuse
par élre posée sur le grand chemin ■ les cordiers de Kerroch en avait cédé les matériaui
qui entrèrent dans les réparations de l'église paroissiale de Sainl-Caradec ; eteniln, t'empli-
cenent mente en fut vendn par cet acte de 1733 i un sieur MaïUn, d'HennelwiU, par les
cordiers de Kerroch • descendants des fondateurs de cette chapelle. •
Aujourd'hui il n'eiiste donc plus ni ruines , ni vestiges , ni souvenirs peut-jtre de cette
chapelle de la Magdeleine ; cependant , dans l'humhle habitation d'une veuve Perroo , voisine
de l'église de Saiot-t^radec , on peut encore voir la statue de 11 patrone des eordieis d>
Keiroch.
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— 182 —
A Dette époipie , Ssinte-Croix ressentit les premiers symptdines de
décadence, et ce fat, selon tonte apparence, le prienré de Saint-
Michel qui ea fat l'occasioD. En relevaDt à )a date do ii mars 4514,
Sot le nécrologe de l'abbaye, le décès dé Gay Qnirisec, archidiacre de
Tannes , dom Placide Le Doc le qualifie de Prieur commendataire du
prievri dé Saint-Michel ; pais il ajoute : f Je remarque cecy, pour
* faire voir que la commande s'estoit déjà fourrée dans les prieurés
ï dépendants, devant que de saisir l'abbaye. >
Ce fait méritait en effet d'être signalé , d'abord parce qu'il était un
des exemptes les plus anciens de l'introduction da régime des com-
meodes; puis, parce que c'est à Èe système que l'abbaye de Sainte-
Croix, de même que la plupart des établissemeoEs ecclésiastiques,
pouvait attribuer, dès le xvif siècle, qu'on le remarque bien , une
décadence soit réelle, soit inuDinente.
Eu effet, étranger le plus souvent à l'ordre, à la congrégation relt-
gleuse ou à rétablissement ecclésiastique qui possédait te béné&ce,
l'abbé, le prieur, le recteur on le chapelain commendataire, lequel
fort souvent n'était ni clerc ni moine , s'attribuait personnellement une
large part du revenu de son bénéfice, sans souci de son administra-
tion, de son entretien, ni de ses charges, du moins de ses charges
extraordinaires. Simple usufruitier, le commendataire n'était nulle-
ment intéressé à l'entretien et à la conservation d'une -chose dont i)
n'avait qu'une jouissance précaire. Dès lors , monastères , chapelles et
paroisses, n'ayant plus d'épargnes pour faire face aux dépenses ex-
traordinaires , pour réparer les perles et efTacer les désastres des temps
difficiles , durent végéter en attendant une ruine complète.
Aussi, l'introducUon du système des conunendes donna-t-elle nais-
sance à de fréquentes contestations entre les bénéhciers et leurs
commettants. On vit bientAt tel couvent, jadis florissant, réduit an
déaiiiUBnt le plus affligeant, et ses moines contraints de plaider pour
obtenir contre leur abbé commendataire des sentences et des arrêts
qui l'obligeassent à pourvoir è, leur entretien et à les retirer, eux et
leur monastère, de l'état de misère où ils étaient abandonnés.
Ce régime désastreux s'étendit bientôt jusqu'aux paroisses ; nous
poarrions dire qu'elles farent aHligées de la même plaie. Le pasteur de
Croix, dépendance du prieuré de Saint-Michel, celui de Saint-Gilles,
d'Hennebont, dépendance de l'abbaye de La Joie , étaient vicaires
perpétueft, relevant, le premier d'un priear et le deuxième d'une
abbesse, d'une femme, qui étaient leurs recteurs primitifs. Mais les
recteurs de Saint-Caradec-lès-Uennebont, de Caudan et de Plœmeur ,
qui étaient titulaires de leurs paroisses, n'avaient une position ni plus
indépendante, ni beaucoup plus avantageuse. Les revenus rectoriaux
de Saiut-Caradec appartenaient au chapitre de Vannes ; ceux de Caudan
à l'archidiacre du même diocèse, et quant à PloBmear> prélèvement
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-m-
fatt ies dîmes de quatre frairies qui dépendaient du prieuré de Saint"
Michel, ainsi que nous t'avons dit, les recteurs de cette paroisse
veDaient en partage, pour le surplus de leurs revenus, avec le prieur
de Lannensc, les ai}bés de Sainte-Croix et de Saint^Haurice , et encore
le chapitre de Vannes.
Il est vrai que, dans cette dernière paroisse, l'importance du casuel ve-
nait réparer l'exiguilé du traitement de son recteur ; l'affluence des pèle-
rins à la chapelle Notre-Dame de Larmor était la source de ses principales
receltes qui baissèrent rapidement, on l'a vu, par suite de l'événement
miraculeux de Sainte-Anne-d'Auray. Peu s'en fallut encore que cettQ
précieuse ressource des oblations de Larmor n'échappât complètement .
aux mains des recteurs de Plœmeur; voici comment.
En 1613, un certain prêtre, du nom de Lucas Le Lesié, s'imagina
de s'investir sans façon de ia chapellenie de Larmor et de s'en attri-
buer le revenu et les oblations; il prétendit, mais sans pouvoir en
exhiber les preuves , que la Cour de Rome lui en avait délivré le titre-
De quel droit, c'est ce que messire Le Leslé se donnait fort peu la
peine d'expliquer. C'était une grosse affaire pour le recteur de
Plœmeur, nous en connaissons la raison; aussi, Henry Le Nenez (c'est
le nom du recteur de Plœmeur sous lequel cet événement eut lieu) ne
laissa-t-il pas longtemps l'intrus en repos. Traduit devant le prési-
dial de Vannes, Lucas Le Leslé, ne pouvant justifier de ses droits, fut,
par sentence du 30 août 1614, expulsé de la chapellenie de son inven-
tion , et par la suite Henry Le Nenes et ses successeurs demeurèrent
paisibles possesseurs des revenus et du casuel de Notre-Dame dç
Larmor (1).
Pour clore cet aperçu du désordre qui régnait, avant 1789, dans
l'administration et la répartition du temporel des couvents et des
(1) Les décimjleurs fLrangers réduisai«nl tellcmeat les revenus curiaDX de Pkemenr que
le recteur de celte vaste paroisse avait son revenu annuel très inférieur i celui de la petite
paroisce voisine de Ouéieo. dunt le recteur ne partageait avec personne. Voici, d'après nne
déclaration laileen vertu d'un décret du 13 novembre 1190, déclaration émanée des recteurs
de Plœmeur et de Ouéven, quels étaient 1 cette époque le revenu et les charges de ubacnne
des paroisses :
Plcemeur. — La dlme produisait BDouellemenl 19i5 livres qui , ajoutées i une rente de
60 livret sur la paroisse de Lorient , faisaient un revenu brut de 1305 livres. Les chapes
maniaient i 549 livres 14 sous : ce qui réduisait te revemi du recteur de Plœmenr i
795 livres 6 sous.
Quéven.— La dtme ï la 33' gerbe produisit, en 11S9, 361 minats de seigle , 49 minoU.
de fioment et 40 misots d'avoina, le U>ut talanl, d'après l'apprécis d'HeuDebont, 3955 livres
7 sous 3 denieis. Les cbaiges montaient en totalité i 491 livres, dont 350 an vicaire ,
166 livres pour décimes (?) et 75 livres pour l'entretien du presbjtére. 11 restait net au rec-
teur de (Juéven 1564 livres 7 sous 3 deniers.
Bien entendu qu'il n'est ici question que des revenus tppelés curiaui ou rectoriaui , c'esl-
i-dlre des revenus foncier» ; car , bous le rapport du rmnel , du produit des odrandts ,
quêtes, messes, etc., Il paroisse de Quéven était bi» inHrieDre à ce|lB do PJœaear.
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— 134 -
églises, qni, certes, dans des conditions semblables, ne méritait pas le
nom de patrimoine des pauvres, nous ajouterons que la mense de cer-
taines abbayes a élé quelquefois unie à des paroisses. Ainsi, pendant
plus de soixante ans, la mense abbatiale de Rillé, près Fougères,, a
appartenu à la paroisse de Saint-Louis de Lorient, et formé ce que
l'on pourrait appeler le traitement de son recteur.
Mais ne nous éloignons pas davantage de notre sujet.
Voilà donc le prieuré de Saint-Mi cliel-d es-Montagnes tombé en eom-
meude. Désormais, il ne sera plus que nominativement sous la dépen-
dance des abbés de Sainte-Croix, qui participeront bte'n encore, pendant
.quelque temps, à son administration religieuse par l'institution des
chapelains et celle des vicaires perpétuels , mais qui ne verront plus le
trésor de l'abbaye encaisser son revenu de plus de deux mille Uvres.
On a vu que le premier prieur commendataire de Saint-Michel se
nommait Guy de Quirisec, qui mourut archidiacre de Vannes en i514.
Ses successeurs nous sont inconnus jusqu'à Charles de Bourgneuf,
évéque de Nantes, titulaire du même bénéfice en 1613 , an moment où
l'abbaye de Sainte- Croix en supporta la perte définitive.
Iic« Pères de l'OraUdre.
Le XVI» siècle fut donc pour l'abbaye de Quimperlè , ainsi que ponr
la plupart des monastères, le commencement d'une ère de déca-
dence. Aux commendataires succédèrent bientôt de nouveaux fléaux.
François I" entama le trésor des couvents pour le paiement de sa
rançon; Charles IX et Henri III taillèrent dans le vif des possessions
monastiques arrondies pendant les siècles du moyen-ûge; ils déta-
chèrent une portion de ces propriétés au profit du domaine royal.
L'abbaye de Sainte-Croix eut à subir, comme les autres , les effets de
ces mesures spoliatrices, dictées et légitimées cependant par la néces-
sité d'État. C'est ainsi que la terre de I^mélo et une partie du village
de ïiigroix furent démembrés du prieuré de Saint-Michel : on a vu pré-
cédemment Pierre Riou devenir acquéreur de Rmélo , en 1517.
Les malheurs de Sainte-Croix ne devaient pas s'arrélerlà. 11 était
dit que cette abbaye se verrait dépérir en détail jusqu'au jour où te flot
de 17S9 viendrait l'atteindre et l'engloutir.
En 1613, elle perdit définitivement le prieuré de Saint-Michel-des-
Montagnes.
t Le 9 décembre 1613, les rehgieux de Sainte-Croix consentirent à
> l'union du prieuré de Saint-Michel-des-Montagnes au collège des
» Prestres de l'Oratoire de Nantes, à la charge de payer cinquante Uvres
> de pension au monastère à chaque feste de Nostre Seigneur Jésus-
» Christ ea Janvier. • (D. Le Suc.)
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— 135 —
Cette fois , ce ne sont pas les télés couronnées qoi canseot l'affliction
de l'abbaye, ce sont des ennemis qu'elle nourrit dans son propre sein;
elle peut du moins le soupçonner.
A cette époque (161 3), Sainte-Croix avait pour abbé commendataire
l'évâque de Paris, François-Henri de Gondy (1), et le prieur commen-
dataire de Sainl-Hichel-des~Moutagnes était Tévéque de Nantes,
Charles de Bourgneuf : tous deux protégèrent la congrégation des
Pères de l'Oratoire à sa naissance, et ce fut à l'instigation de Charles
de Bourgneuf que ces ecclésiastiques fondèrent à Nantes un collège qui
ne tarda pas à devenir célèbre.
Les moines de Quimperlé purent donc avoir quelques raisons d'at-
tribuer à ces deux personnages, qui les touchaient de si près, une
mesure qui favorisait les Oratoriens, mais qui entraînait pour les pre-
■ miers la perte déflnitive du prieuré de Saint-Micbet.
Avant de continuer notre sujet, an mot sur la congrégation des Péret
de VOratoire de Jésus.
C'était une association de prêtres, dont l'état était purement ecclé-
siastique; ils ne prononçaient aucun vœu, ni simple, ni solennel, et
leur mission principale était la prédication et l'enseignement de la jeu-
nesse dans les collèges et les séminaires.
Fondée à Paris , le 11 novembre 1611 , par Claude de Bérulle, qui
plus tard devint cardinal; autorisée par lettres-patentes royales le
2 janvier suivant, et approuvée par le Souverain Pontife en 1613,
celte congrégation, honorée du titre de fondation royale, eut, dès son
apparition , la faveur de la Cour et l'appui du clergé de Paris, qui avait
à sa tête François-Henri de Gondy. A l'aide de ces puissantes protec-
tions, Claude de Bérulle vit son œuvre s'étendre rapidement, tant en
France qu'i l'étranger; mais on peut croire aussi qu'une grande part
de ce succès était due, non-seulement au mérite et aux vertus du
fondateur et à celles des premiers prêtres qui s'attachèrent à lui, mais
encore à leurs statuts.
En effet, les Pères de l'Oratoire de Jésus, communément appelés
Oratoriens, se reconnaissaient et se plaçaient sous la dépendance im-
médiate des évêques dans le diocèse desquels ils avaient leur établis-
sement, «ne travaillant que par eux, que sous eux et pour eux. »
Bien plus, dans les paroisses ils se soumettaient à l'autorité hiérar-
chique des curés, < administrant les Sacrements par leur autorité
B expresse et non autrement, comme les chapelains de leurs pa-
• poisses. ■
(t) Paiïs ne fut érigé en archevêché qu'ea 1632, en titeat de ce mime FraDcais-Hergri
de Gandy, qui mourut Tanaée suivaate. Sdu iiéveu, Jean-FcâDCois-Paul de Gondy, cardinal
de R«lz, éplcmcnt archevêque de Paris et sbbé de Quimperlé, fut l'un des principaux agi-
laleurs du royaume pendaûl les (roubles de la Fronde.
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— 136 —
Une telle règle, nne pareille sonmission, qai les distingaaieDt de la
plupart des autres ordres religieus , ne pouvaient manquer de pro-
curera ceux qui les pratiquaient l'accueil bienveillant du clergé sécu-
lier : c'est ce qui arriva. De tous côtés, les Pères de rOratoir»fnreiit
appelés, sollicités, et le nombre de leurs maisons s'accrut tellement
que , moins d'un siècle après sa fondation , leur ordre comprit quatre-
vingts succursales, dont soixante-deux en France (1).
Voilà comment, le 9 décembre 1613 , le prieuré de Saint-Michel fut
détacbé de Tabbaye de Sainte-Croix et uni au collège des Pères de
l'Oratoire de Nantes : une rente de cinquante livres au profit du mo-
nastère de Quimperlé fut le seul débris qui lai resta d'une possesson
d'euvirOD six siècles.
A partir de ce moment jusqu'en 1790, les Oratoriens, comme les
Bénédictins de Quimperlé, firent administrer le spirituel et le temporel
de leur prieuré par des fermiers, des chapelains et des vicaires per-
pétuels.
Le revenu de Saint-Michel était encore Important à cette époque ,
malgré le détachement de la terre de Hmélo et du village de l^groix;
mais la maison prieurale et les chapelles, dont nous connaissons le
nombre et la position,. se trouvaient dans le délabrement le plus dou-
loureux.
C'est que la guerre civile avait passé par là , depuis moins de vingt
ans, pillant, brûlant, saccageant sur sa route les rives du Blavetet du
Scorff. Plœmeur, Caudan , Ilcnnebont, Sainte-Catherine, Locmalo,
Blavet (le Port-Louis} conserveront dans leur histoire locale des sou-
venirs lamentables des temps désastreux de la Ligue, qui firent, pour
ainsi dire, de notre pauvre Bretagne le funeste rendez-vous des haines
religieuses, de l'ambition et du brigandage! Les églises, les chapelles,
les croix, les emblèmes religieux de tout genre se ressentirent particu-
lièrement du pillage et de la dévastation : triste effet des guerres de
religion , où chaque parti , creyanl servir sa propre cause , s'en prend,
dans sa fureur insensée et stapide , à tout ce qui appartient aux
croyances de son adversaire, et s'en va dtSmolissant des temples, dé-
capitant des croix , mutilant des statues, lacérant des tableaux. Le
déchaînement de cette tempête humaine vint profaner la petite cha-
pelle de Saint-Pierre de Blavet, ravager les autels du prieuré de
Saint-Hichel , et renverser le beau calvaire qui s'élevait à l'endroit où
l'on voit aujourd'hui un moulin à vent, sur la colline qui domine la
maison des Montagnes , là où, cent cinq^uante plus tard, d'autres
ennemis du sol breton vinrent dresser leurs tentes : les Anglais , com-
(1) On <»Dfond quelquefois cette cuDgrégation avec nne autre du même nom roadée â
Rome , en 1575 , par eaiiil Philippe de Mti , et qui compte l'illustre cardinal Baroolus au
sombre de ses gfuéraux.-' Voyez Hertnast, Hùloîn (Us Ordres religieux. — Rouen, 1710.
Mb, Google
— 137 —
mandés par le général Synclair, se préparant à attaquer Lorieat, an
mois d'octobre 1746.
Les Oratoriens trouvèrent donc leur nouvean domaine dans le plos
triste étal. Ils s'occupèrent immédiatement des réparations les plus
urgentes; d'abord, de la maison, du prieur, et de la chapelle Saint-
Michel, litre el siège du prieuré. Quant aux autres chapelles, ils re-
mirent à d'autres temps le soin de les rétablir et de les rendre au culte.
Nous verrons que leurs projets à cet égard ne se réalisèrent jamais.
XI.
(Moica et 4éT««tatlonB.
L'un des premiers fermiers dii prieuré de Saint-Michel, sous les
Oratoriens, fut noble homme Nicolas Riou, sieur du Roz, petit-fils
Traisemblabiement de Pierre Riou , l'acquéreur de la terre de I^méto
en 1577(1).
Durant le bail du sieur du Roz, deux malheureux événements fon-
dirent coup .sur coup sur le prieuré. Au mois de février 1638, un in-
cendie dévore la maison des Montagnes, et, moins de trois ans après,
le chapelain , dom Jacques Grandin, se rendant à la chapelle de l'Ile
Saint-Michel, tombe dans le chemin, frappé d'un coup d'arquebuse.
La rumeur publique signala deux actes de vengeance, el Nii:oIas Riou
fut fortement soupçonné d'en ôtre l'auteur ; mais les recherches de la
justice furent vaines; les preuves manquèrent pour conûrmer les'
soupçons , et Riou cessa d'Être inquiété.
Cependant ces catastrophes successives, attribuées à tort ou à raison
à Nicolas Riou, le fait beaucoup moins contestable de la mésintelli-
gence avec laquelle ce fermier du prieuré avait constamment vécu
avec les chapelains qui habitaient la maison des Montagnes , dans les-
quels il ne voyait peut-être que des surveillants incommodes de
l'audacieuse exploitation de son bail; toutes ces circonstances contri-
buèrent à laisser pendant quelques années l'infortuné Grandin sans
successeurs. Ce lurent des vicairiis de la paroisse de Plœmeur qui
desservirent les chapelles du prieuré. Mais cette vacance avait pour
(1) Nicolas Riou, sieur du Roz, Guillaume Riou, sieur du Plessii, et Jérdme Riou, sieur
de Launa; , fiaient eofanls de Jacques Riou, sieur de Lomaria , fermier du domaine du Roi
dans la juridiction d'Henuebont , et de Marie de {fmoriai. Ils produisirent leurs titres i la
rèforniation de la noblesse de Bretagne , en 1 669 , furent déboutés et condamnéa à 100 li'res
d'amende. Mais leur mère appartenail à une famille noble du pays de Qulmper. une branche
de la fimille de Ifmorial, Oiée à celle époque au iien noble du Hanvot. {Pour armes ; d'azur
au gresliet d'argent accompagné de trois Heurs de Ijs de mSme.) — Le sieur de Lomaria
aiait un frère, leaû Riou, ^leur de )£mëlo , tiiant en 16S5, dont la femme se nommait
FraiMoise du Quermeor.
>dby Google
- 188 —
graveîncoiiTénieiitrabandpn delà maison priearale; une pareille si-
tuation ne pouvait se prolonger indéiiniment sans un pri^judice notable
pour les Oratoriens. Aussi, pour sortir d'embarras, pour concilier,
autant que faire se pouvait, leurs intérôlF avec le voisinage inquiétant,
sinon dangereux, de leur fermier, ils lui vendirent les édifices du
prieuré, et lui consentirent la haiUée de leurs droits fonciers; en un
mot, ils convertirent le prieuré de Saint-Michel-des-Monlagnes en
domaine congéable. Les actes sont du 27 septembre i6i9.
Dans l'opinion des Pères de l'Oratoire, une paix durable, une paix
avantageuse mCme, allait désormais régner sur leur prieuré : plus
d'inquiétudes pour l'enlreiien elles réparations de leurs chapelles et
de leur maison des Montagnes, Riou en étant chargé. Plus de chape-
lains à entretenir, un prêtre de la paroisse se ciiargerait de desservir
les deux chapelles de Saint-Christophe et de Saint-Michel, les seules
qui restassent debout, et Riou venait de coniracter l'obligation de
rétribuer cet ecclésiastique. Tout allait donc être pour le mieux , et
pour le sieur du Roz et pour les Oratoriens.
Mais ces derniers ne tardèrent pas ù s'apercevoir combien ils s'é-
taient abusés ; bientôt ils eurent la preuve qu'ils avaient installé au
cœur du prieuré son plus dangereux ennemi.
En effet, à peine les actes de 16i9 sont-ils signés que Nicolas Riou,
n'ayant plus d'entraves, plus de témoin qui le gène, s'abat sur le
prieuré comme un vautour sur une proie. Avenues, bois de haute futaie et
de décoration, tout est rasé, tout est vendu. Des pans de murailles des
chapelles de Noire-Dame du Plascaër, Saint-Gabriel et Saint-Nicolas
restaient encore debout, il les fait abattre. C'est un moulin , le moulin
à vent des Montagnes, qu'il élève avec les ruines de Saint-Nicolas;
quant à celles de Notre-Dame du Plascaër et de Saint-Gabriel, il les
fait transporter par bateaux au manoir du Plessix, en Caudan, pour y
construire des écuries. La chapelle Saint-Michel, dans laquelle on ne
célébrait plus les offices depuisl6-i5, tant elle était délabrée, voit
murer ses ouvertures en 1650, pour éviter les profanations intérieures,
et quant à la maison du prieur, jardin , colombier , murs de clôtures ,
tout est abandonné, tout tombe en ruines ; le désordre et la dévasta-
tion sont au comble t
Les malheureux Pères de l'Oratoire sont prévenus de ce qui se
passe, ils n'ignorent rien, et cependant ils hésitent à y mettre un
terme. C'est que la famille Riou est puissante dans le pays par le
nombre, les alliances et la fortune , et ils soupçonnent peut-être que,
dans les procès, les influences comptent pour quelque chose ; ils ne
peuvent ignorer, en effet, que de leur temps il arrivait à des juges de
prendre en considération la qualité des plaideurs autant que le mérite
de leur cause, pourprononcer leurs sentences. Mais, enfin, las des
audacieuses déprédations de Riou, perdant patience, poussés à bout.
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les Oratorieas formèrent conlre lui, devant la juridittion royale
d'Henneboiit, une demande de résiliation des contrats de 1649 et de
dix mille livres de dommages et intérêts pour le préjudice qui leur
avait été causé.
Commencé en 1652, le procès durait encore dix-huit ans après.Xe
7 mars 1671 , on procédait à une enquête. De nombreux témoins pré-
sentés par les Oratoriens viennent déposer; ils sont unanimes pour
attester la vérité des faits reprochés à Riou. La déposition de l'un de
ces témoins va nous donner une idée exacte de l'état dans lequel Riou
avait rais le prieuré.
■ Pierre Le 'Fichant, laboureur de terre, demeurant au village de
n l^sallan, en la paroisse de Plœmeur, aagé de trente-sept ans ou
• environ..,, depoze.... et dict :
« ,\voir bonne coignoissance que vingt ans il y a , comme le père et
ï la mère du depozani estoyent vassaux du sieur Duplessîx Riou, il
» vist et ayda ensemble avecq Richard Le Fichant, son frère aisné , à
■ l'aide du nommé Mathurin La Brosse maistre masson aussy homme
et subject dudict sieur Duplessix, desmollir et prendre les pierres
» de taille quy estoyent dans une ruine de chapelle en l'isle Saint-Mi-
> chel despendant dudict prieuré, nommée Noatre-Dame du Plasquair,
» et avoir aydé à porter au bord de la mer pour mettre dans une cha-
B loupe quantitez de pierres de taille à la prière tit requeste du sieur
^ ■ dn Roz et du sieur Duplessix son frère, à l'ayde et en présence de
» leurs valletz et icelles pierres de taille tirées de ladicie chapelle
a avoir rendu dans une chaloupe audict manoir du Plessix et disoit
» estre lesdictes pierres pour la construction d'une escurie que ledict
B sieur Duplessix faisoit faire dans sondict manoir. Dict aussy le de-
> pozant que ta mesme sepmaine qu'il fust prendre lesdictes pierres
» enladicte chapelle du Plasquair, comme il alloil, il et sondict frère,
» coupper de la httière et mottes en une lande nommée Baic-er-Groix ,
» il vist le nommé Paul Le Faouëdic et un autre particulier nommé
B Pierre Connan qny avoyent chacque sa barre de fer sur leurs
» espaulles, ausqueiz ayant demandé où ilz alloyent avecq leurs dittes
B barres de fer, ils firent reponce audict depozant quilz alloyeni
» prendre touttes les pierres de tailles quilz auroyent pu trouver dans
> la chapelle de Sainct Gabriel despendant dudict prieuré. Et inconti-
• nant vict le tesmoign venir après eux ledit sieur du Roz les ayder à
» tirer ladicie pierre de taille, laquelle ile firent transporter au bord
B de la mer par la charrette de Catherine Adam, mère du depozant,
B et ensuilte mettre dans deux chaloupes et rendre proche le manoir
» du Plessix pour la construction de, ladicte escurye. Dict outre avoir
veu les vestiges et antiens emplacement d'un moullin à vent des-
B pandant dudict prieuré scittué proche ladicte chapelle de Sainct-
• Gabriel dans un parc nommé er Gorlannau, lequel moullin estoit en
BigitizcdbyGOOgle
-140 —
• meilleare sitnalioD et pins commode que n'est cellay qae ledict sienr,
È du Roz a faict depuis conslruire où estoit scittuée la Croix da
> Prieur (i). Dict aussy avoir veu la fuye despandante dudict prieuré
• en bonne réparation et bien guarny de pigeons, mesme depuis
> longtemps après que ledict sieur du Roz en a esté possesseur, mais
» par deffaut de réparation estre tombée en ruine.... >
Enfla, les faits dont se plaignaient les PËres de l'Oratoire de Nantes
étant bien établis, bien constatés,' Riou fut condamné par sentence de
la juridiction d'Hennebont , du 29 août 1671, à leur payer quatre mille
livres de dommages et intérêts pour dégâts et dégradations commis sur
le prieuré de Saint-MicheMes-Montagnes, et les malencontreux con-
trats de 1649 furent résiliés.
Les PÈres de l'Oratoire triomphaient; mais les vieilles chapelles de
Saint-Nicolas, Saint-Gabriel , Notre-Dame du Plascaër, mais le beau
calvaire du prieuré ne se relevèrent jamais de leurs ruines, et c'est
vainement qu'on en chercherait aujourd'hui les vestiges : il n'en reste
plus qu'un lointain , mais toujours intéressant souvenir (2).
(1) I U croix de pierre d« laille , sppel<<e la Croii du Prieur , > dil on autre témoin ,
( qui avait sept 1 liuit marches eu carré, et le baston d'environ doute pieds de hauteur,
■ laquelle croii avoil esté ruisnée pendant les guerres... ■
(3) Les Oratoriens n'abandonnèrent cependant jaiuais le projet de reconstroire la cbapelle
Saint-Nicolas. En elfet, dans un bail do prieuré cooseali, le SB juin 1765, à Françuls-Clé-
meiil Audouyn, aieur de Villéon, ou lit : • Enlreliendront lesdils sieur et dame preneurs la
1 maisoD prinupate (des Uontagnes) et la chapelle y joignaate (chapelle Saint-CbristopbeJ et
» ceite 4t Siûnt-NicoUu ionqu'tUe sera rebâtie. .. ■
>dby Google
RAPPORT
SUR LE
MUSÉE D'fflSTOIRE' NATORELLE DE L\ SOCIÉTÉ POLTMATHIQOE.
ANNÊSa 1S8B BT !•<•.
(Par H. Tasié, père.)
Messieurs ,
Des circonstances impérieuses ne m'ont pas permis de tous pré-
senter, l'année dernière, l'état de situation de vos denx musées. Je le
regrette d'autant plus que , cessant à cette époque mes fonctions de
conservateur de vos collections archéologiques, j'aurais voulu qu'il me
fût possible d'en constater l'importance au moment oil mou successeur
en recevait le dépôt. Il aurait trouvé dans ce compte-rendu le point de
départ du rapport qu'il va vous faire aujourd'hui. Mais je le répète,
le temps m'a manqué; des travaux urgents et sérieux ne m'out pas
laissé un seul instant de loisir.
Ma tâche se borne désormais à vous entretenir des accroissements
annuels de vos collections d'histoire naturelle, et à vous en soumettre
un aperçu sommaire. Cette fois, mon exposé comprend les résultats
obtenus eu 1865 et 1866.
l'> Hanunifères.
Les dispositions do local, les dimensions des armoires, les ressources
bornées de vos budgets ne permettent pas de collectionner nos grands
mammifères morbihannais, etj'ai dû me préoccuper exclusivement de
recueillir les petites espèces indigènes dans notre département.
Le genre Marte, dont vous ne possédiez auparavant qu'une espèce,
la M. fouine, est représentée aujourd'hui par neuf sujets appartenant
à six espèces (1). La marte-hermine y figure sous ses diverses livrées
d'été , d'hiver et de passage. La collection s'est en outre accrue d'un
blair-eau (2), d'un hérisson (3), d'une chauve-souris (4) et de sept ron-
geurs (5), parmi lesquels je' citerai deux espèces intéressantes : le rat
nain et le campagnol des ruisseaux.
(1) Uuslcla martes Lin. — M. foiaa Briss. — H. vison Un. — H. pulorïas Un. —
U. enainea Lin. — U. vulgaris Un.
(3) Taïus europaeus Schreber,
(3) Eiiiiai;en$ evropsns Sckftb.
(1) VL'iperlilio noctub Un.
(5) Uns sjlvïticus Un. — H. decumaaus HaU. — U. mnsculus Zi». — H. ratlus Un,
— a. muiutus PaU. — Mjohis uitela Gm. — ArricoU glareoluï Sehreb,
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— 142 —
2' Oiseaux.
Soixante-douze individus de tout sexe et de tout -âge, généralement
préparés et montés avec soin, ont pris place dans vos armoires, lés
uns pour combler les vides causés par le ravage des insectes, les autres
pour faciliter l'étude en montrant chaque espèce sous ses différents
plumages, selon le sexe, l'âge ou la s3ison> Enfin, quelques sujets
appartenant à des espèces que vous n'aviez pas encore possédées sont
venus accroître votre série d'oiseaux morbihannais dans laqnelle il
n'existe plus que de rares lacunes (i).
30 Reptiles.
En 1865, notre collègue, M. l'abbé Bara, a fait don à la Société de
32 flacons renfermant divers reptiles, les uns exotiques, les autres
appartenant à la Faune morbitiannaise.
40 Radiaiies échinodennsE.
Je me suis appliqué, depuis deux ans, à réunir les animaux de cette
classe. Nos vitrines en contiennent aujourd'hui quarante sujets environ
pris surnos côtes, soit par M. de Gussé, soit par moi; mais la série des
genres et des espèces est encore trop incomplète pour qu'il soit pQs-
sible d'en opérer le classement.
5° Crustacés.
La collection des espèces indigènes s'est considérablement accrue.
M. de Cussé l'a augmentée de 10 individus; j'en ai recueilli 39. Parmi
ceux-ci se trouve le Corystes dmlatus de Latreille, qui vit sur le sable
assez loin des côtes, et que l'on ne peut rencontrer que durant les plus
basses mers d'équinoxe. Si, à l'époque d'une marée exceptionnelle,
alors que lé flot laisse momentanément à sec des plages qui ne dé-
couvrent presque jamais, vous voulez les parcourir et les explorer ,
vous serez d'abord attristé de la monotonie du sol que vous foulez aux
pieds; vous cherchez en vain autour de vous quelque indice d'un ôtre
animé. Le sable est uni comme une glace; la vie parait éteinte ou
plutôt n'avoir jamais existé sur cette grève que vous regrettez d'avoir
visitée. Mais prenez patience; le spectacle va bientôt changer, et vos
(1) Les oiseaux nauteauiL sont les sulvaais : Rcgulus cristatus Brite. (M. el F.) — Antbus
obscntus Penn. (M. el F.) — A. spinoleHa Degl. (M,) — Molacilla Rayl Degl. (M.) —
CIdcIus aqualicus Bedist. — Saiicola œnaalhe Mey. (H. et F.) — Sylvia borleasis Mey. —
Pliyllo pneus le trnchllus Ck. Bonap. — Hippolals poljglotUi de Sel. — Calamuherpe anio^
dinacea Soie. — Calamodsla aqualica Degl. — Columbu livia BrUs. (M. F, et jeune Sge.)
— Charadrius mioor ifeg. — Numenius phœopus tin. — Tringa Teramlnckîi LeisI —
Larus cauus lÀii. — L. fuscui Lin. — Tbalassidroua Leacliii Tetnm. — Anser brus Lin.
— A. sjlïeïtria Lin.
>dbyGoo5jle
— lis —
déceptiûDS de naturaliste ne seront pas longues. Le flot monte enûn à
riiorizou; aussitôt et avant que vous ayez pu vous apercevoir du renver-
sement de la marée, la surface si polie de la plage se hérisse de toutes
parts, comme ii un signal donné et habilement exécuté, de légers
monticules coniques qui ne tardent pas à s'ouvrir pour donner passage
à quelques coi-ystes et à des milliers de mollusques , et parmi ceux-ci
h nos grosses espèces de bucardes, dont le pied long et rouge comme
du sang ne suffit pas pour les soutenir en l'absence de l'élément où ils
vivent. Privés du point d'appui que leur offre la mer, vous les voyez
autour de vous rouler sur le sable comme s'ils éiaicnl ivres. Mais
hfltcz-vous de jouir de cette scène qui vous captive et de faire votre
récolte; le Hot monte toujours, d'autant plus rapide qu'il s'est éloigné
davantage, et que la grève est plus plate. Il arrive enfin et recouvre
tous ces êtres marins dont vous regretterez le plus souvent de n'avoir
pas fait une sufûsante provision.
6» Hollnsqnes.
La collection coochyliologique du Morbihan qui, à la fin de l'année
1864, contenait environ 350 espèces, en comprend en ce moment 425,
savoir :
Acéphales.... 156
Céphalés 269
425
Le nombre des échantillons a été, en outre, plus que doublé, et il
nous reste désormais bien peu de nouvelles découvertes à faire autour
de nous dans cette branche de l'histoire naturelle.
Mais, pour classer convenablement cette collection de plus eh plus
nombreuse , il devenait urgent de lui consacrer l'une des vitrines déjà
si remplies où sont déposées vos coquilles exotiques. ÂSn d'obtenir
l'emplacement nécessaire, sans recourir à l'achat de nouveaux meubles,
dépense essentiellement improductive et que ne permet pas l'état sou-
vent pitj.;aire de nos finances, je vous avais proposé , il y a près d'un
au , de réduire vos espèces étrangères à quelques types les plus inté-
ressants et les mieux caractérisés de chaque genre, et à créer ainsi
une sorte de Gênera qui me semblait devoir être étudié ou consulté
avec fruit. La Société n'ayant pas paru approuver mon avis, comme
elle est p'.-opriétaire de ses collections et qu'elle en a fait les frais, je
me suis incliné, c'était mon devoir, devant sa décision, el je me suis
borné à obtenir des vides en enlevant la majeure partie des échantillons
qui m'appartenaient. Puis, j'ai fait un noilvel aménagement général,
* opération minutieuse et de longue haleine, qui m'a permis de disposer
d'une vitrine entière pour nos mollusques morbihannais.
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— 144 —
7° Géoloçrie.
Mon coUaboraienr, M. G. d'Autt-Dumesnil qni, précédemment,
STait complété et classé les minéraux du département, a commencé à
réunir des échantillons de la géologie morbihannaiso. L'armoire des-
tinée à cette collection en renferme déjà 88, et le nombre en serait
bien plus considérable, si des devoirs de famille d'abord, et, plus tard,
des raisons de santé ne l'avaient éloigné de Vannes pendant la majeure
partie de l'année qui finit. Je vous remercie d'avoir de nouveau associé
à la conservation du Musée d'histoire naturelle notre jeune et laborieux
collègue, dont la modestie el l'urbanité égalent le mérite et le savoir.
J'ai peut-être insisté outre mesure sur des détails qui n'offrent d'In-
térêt qu'à un nombre restreint de mes collègues, et il vous tarde
d'entendre le rapport qui va vous être présenté sur te cabinet d'archéo-
logie. Et puis, une école nouvelle, qui a ses savants et ses disciples,
traite de rêveries surannées, indignes de notre siècle, la croyance en
un Dieu créateur, et jette au panier les œuvres immortelles de ces
grands génies qui ont fondé la science de l'histoire naturelle sur le
principe de rimmutabilité des espèces se perpétuant par une fécondité
indéfinie. Elle ne veut voir dans la série des êtres, depuis l'aninaalcule ,
microscopique jusqu'à l'homme inclusivement, qu'un seul et unique
germe ou point de départ, une cellule primitive autour de laquelle se
sont groupées peu à peu de nouvelles cellules. Celles-ci se sont trans-
formées insensiblemennt dans une suite incommensurable de siècles,
car leur système n'admet ni commencement ni fin, et elles ont produit
d'abord les animaux lés plus imparfaits; ces derniers, à leur tour,
passant continuellement les uns dans les autres, et se perfectionnant
de plus en plus par l'effet de nouvelles sélections naturelles, ont enfin
créé le règne animal tel qu'il s'offre à nos yeux éblouis d'une si mer-
veilleuse harmonie. A entendre les maîtres de cette école étrange , qui
suppriment Dieu d'un trait de plume par la raison péremploire que
dès lièvres mâles renfermés dans une cave avec des lapins femelles
auraient donné naissance à des hybrides qui continueraient à être fé-
conds dans leur descendance (c'est, en effet, le seul cas de transforma-
tion invoqué par H. Cari Vogt à l'appui du système cellulaire, et
encore est-il contesté), à les entendre, dis-je, l'homme lui-môme, si
fier de son intelligence et de ce feu sacré qui l'anime et qu'il croyait
une émanation de la divinité, n'est après tout qu'un singe plus ou
moins perfectionné. Eve était une guenon ; Adam était un gorille , un .
chimpanzé ou un orang-outan; M. Vogt incline pour le chimpanzé,
en nous laissant néanmoins la liberté du choix ; la Rcience nouvelle ne *
nous interdit pas la recherdie de la paternité du genre hantiain , Dieu
cependant excepté.
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— 445 —
Il est QD point essentiel, selon moi, que ces sarantsme semblent
laisser prudemment dans l'Ombre . et sur lequel pourtant une explica-'
lion précise est nécessaire. La création, disent-ils, telle qu'elle existe
actuellement, est le résultat de sélections naturelles inconscientes,
c'est-â-dire du hasard agençant un plus ou moins grand nombre de
cellules spcondaires autour d'une cellule unique etprimitiTe. De ces
agglomérations accidentelles qui n'obéissaient â aucune loi sont issns
les animaux et les plantes. Mais enfin cette cellule primitive , tont infi- ,
nimenl petite que vous la supposiez, ou plutôt la matière qui la consti-
tuait, d'où venait-elle? qui l'avait créée, quelle force supérieure
l'avait douée de cette prodigieuse faculté de reprodluction et de trans-
formation?
Janvier 1867.
RAPPORT
L»ÉTAT DU MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE
pendant l'année 1806.
Messieurs,
En acceptant les fondions de Conservateur gne tous m'avez fait
l'honneur de me confier, j'ai accepté en même temps l'obligatioD de
m'occuper sérieusement du Musée archéologique, qui tient une place
si importante parmi les autres musées de l'Europe.
Mes premiers soins se sont portés sur les curieux objets de l'époque
préhistorique, comme formant la collection la plus remarquable de
Votre musée , et étant celle qui attire plus particulièrement les regards
des visiteurs. La place étant limitée, j'ai cru devoir adopter et faire
construire des vitrines verticales, comme étaot celles qui renfermaient
le plus d'objets , dans un espace restreint, tout en facilitant davantage
l'étude.
En adoptant ce nouveau mode, j'ai pu exposer, en deux vitrines,
les objets si nombreux provenant des fouilles de Tumiac, I^cado,
Moustoir-Camac, Mané-Beker-Noz , Hgonfals et Mont-Sainl-Michei.
Les dons de quelques membres de la Société, ainsi que le produit
des fouilles exécutées avec les fonds du département, ont augmenté
vos richesses archéologiques dans une si grande proportion que, sans
10
>dby G0b<
— »46-
Tai^ient si gracieusemeot accordé par H. le Préfet ponr constmire de
DonTelIes vitrines, ane grande partie des objets provenant des fonilies
des dolmens de Plouharnel , Carnac et La Trinité fassent restés en-
fermés dans leurs caisses.
Si je me sais pins particaliërement occupé des objets de l'époque
préhistorique , je n'ai pas négligé les objets gallo-romains et da
mojen-âge.
Les fouilles de ^an et Hané-Bonrgerel ont reçu une installaiion
défiDitive.
J'ai pu mettre en ordre et déterminer, avec l'aide de MM. L. Galles,
René I^Tîleret Cbaufder, les médailles romaines, baroniales et bre-
tonnes, ainsi que les empreintes de sceaax.
Le catalogae descriptif des objets de l'âge de la pierre et du bronze
est fait : je me réserve, à son égard , de tous faire ultérieurement une
proposition pour sa publication.
Messieurs , il r^te encore beaucoup à faire ; mais j'espère , avec
votre bienveillant appui, mener à bien la tâche que vous m'avez con-
fiée. Crojez bien que je saurai par mon zèle reconnaître l'honneur
qae vous m'avez fait en me nommant votre Conservateur.
Permettez-moi de terminer en remerciant HH. G. d'Âult-Dttmesnil,
L. Galles, I^viler, Ghauffier et de Sécillon pour le concours obligeant
qu'ils ont bien vonln me prêter pour l'arrangement de vos collections.
DORS FAITS AD KDSÉE.
HÉDULLES.
H. Jonaono. — Dix-huit médailles romaines trouvées à Qoinipily,
près Baod. Ce lot£St ainsi composé : 1 Valérieu, 2 Gallien, 1 Salouine,
g Postume, 2 Victorin père, 2 Tétricus père, 2 Télricus fils,
2 Claude n, dit le Gothique, et 1 Quintille.
H. Boyer, commissaire de marine. — Sept médailles romaines trouvées
à Port^Tudy, en Groix. Elles sont de Trajan , Hadrien , Marc-Àurèle ,
Faastine, Sévère-Alexandre , Postume et Trajan-Dèce.
H. da LagilUrdaie. — Quelques médailles et monnaies françaises et
étrangères.
H. l'abbé Piéderrière. — Un gros et un demi^ros de François n,
OD franc d'Henri m, uo blanc de Jean IV. Cette pièce , frappée à Gaé-
Taude. pendant la période d'imitation, est copiée sur les pièces de
Flandre ; elle semble très curieuse anx numismates et mérite d'être
étudiée. — Ces monnaies ont été trouvées à Rufâac.
La Société a acheté dix médailles espagnoles , dont neuf en argent et .
vue eo bronze, tronvées à la gare du cheffliu de fer.
-Digitizcdby Google
. HDSÉE CELTIQUE.
MM. de Closmadeuc. — Fragments de poteries et éclata de sUex pro-
venant des dolmens de ^Tihaa en Carnac, ^oaarin ea Brech, et do
tumulus de I^groix en Carnac.
H. G. de Closmadeuc. — Un fragment de cellaa trouvé dans l'Ile de
Gavrinis.
M. Fouquet. — Un fragment de celtJB trouTé à la Ville-Bilj en
Pleucadeuc; un fragment de celtae en grès trouvé sous un menhir à ta
Moriaais en Pleucadeuc.
M. E. de Lamarzelle. — Un celto en diorite (Pluherlin).
M. G. d'Ault-Dumesnil. — Deux petites haches en bronze (enTirons
de Dinan, Ille-et-Vilaine).
M. de Cussé. — Fac-similé d'an bracelet en or trouTé dans la toar-
biëre de la Graode-Briëre , près Pontchâteau (Loire-Inférieure).
Les fouilles enécntées par HH. G. de Closmadeuc, R. Galles et Gressy
dans les communes de Carnac, Plouharnel, ont produit deux vases en
terre cuite, à peu près intacts, un grand nombre de fragments de
poteries, dont quelques-uns sont ornés de dessins, des silex et un
petit celtfe en agalmatolite.
Les fouilles des dolmens de La Trinité-sur-Her , exécutées par HH.
L. Galles et de Cussé , ont amené un résultat analogue. Dans le dolmen
d'er Roh , situé près du village de Bfmarker , un objet en or d'usage et
d'ane époque Idcoqdus a été trouvé.
La nomenclature de tous les objets trouvés dans les fouilles des
communes de La Trinité, Plouharnel et Carnac ne peut être faite ici
à cause de l'espace restreint qui nous est réservé.
ÉPOQUE GÂLLO-ROXÀIItB.
Briques et poteries trouvées dans des raines à La Grée-Uahé, en
Pluherlin. — M. le D' Fouquet.
Fragment de vitri&catioD provenant d'un fort vitrifié eo Ecosse. —
H.René Kviler.
Fragments nombreux de poteries, dont quelques-uns ornés de dessins
en relief. — Minoterie Droual , rue du Roulage.
Un vase entier et un fragment de vase trouvés rue du Roulage , à
Vannes. — Don de H. Martine, jeune.
DËPOTS.
Deux vases funéraires des anciens Péruviens. — M. René Galles.
Poteries, celtœ et une pierre sculptée provenant du dolmen du
Petit-Mont en Arzon. — MM. L. Galles et de Cussé.
Poteries, deux celtœ, une perle en callaïs et plusieurs silex taillés
provenant de» deux dolmens de ^vîlor, en La Trinité-sur-Mer. —
HM. L. Galles, de Cassé etl^vUer.
>dbyGoo5jle
ALLOGDTIOIII DE 1. G. DE CLOSIADEUC
EM OmnART LE riUIEUlL DE U PRÉSIDENCE.
aéANOB DU 29 JANVIBR 1 867.
HSSSIEUBS BT TRÈS HONORES COLLÈGUES,
Je ne masquerai pas à cette vieille coutume qui veut que tous les
aas, eu iaMallaot sou nouveau bureau, cliaque Société, par l'organe
da président sorlaut, consacre quelques moments au dénombrement
de son personnel, et à rénumération de ses travaux.
Il n'est pas sans intérêt d'envisager ainsi périodiquement l'espace
parcoani pendant l'année qui s'est écoulée. Rien de plus juste aussi
que de compter les collègues qui se sont ralliés en route, en même
l«mps qu'os doitne une parole d'adieu ou de regret à ceux que les
bazards de la vie ou la mort ont séparés de nous.
Pieuse coutume, devoir même auquel se conforme le généra!
d'armée, le soir d'une bataille, alors qu'avant de tirer vanité de sa
victoire, il lui faut compter sesmortsj
Pour one Société comme est la nOtre, Messieurs, U ne s'agit ni de
bruyantes fanfares, ni de trophées sanglants, ni de hauts faits dont
s'empare la reooramée aux cent bouches;
Hais cependant, qui peut dire que nous ne représentons pas an
petit corps d'armée, bien humble, bien modeste; et que, tout modeste
qu'il soit, nous ne combattons pas aussi nous, dans une intention
méritante et pour un noble but : la vérité et la liberté demi la icience'î
C'est donc aujourd'hui le moment, Messieurs, de passer en revue
notre jiersonael, et notre œuvre de l'année 1866.
Au 1" janvier 1866, la Société poljmathique comprenait 123 membres
titulaire*, et une cinquantaine de membres honoraires, correspondants
00 associé».
Nous avons perdu quatre membre* titulaires : la mort nous en a
enlevé trois : U. de Francheville, H. de Lescouët, M. Lorans; le
quatrième a donné sa démission pour cause de départ : c'est le père
Delineau.
Payons h U mémoire des trois pretoiers collègues no juste tribut de
regret....
DigitizcdbyGOOgle
_U9„
Onze noQveaax membres ont été reçqe ijans le cojirajit iJe rsQQ^fi
échue. Ce sont MM. Noulet , Detineau, Perrin, Yiberl, Garnier,
de Kerrel, de Camas , Wagnair , l'abbé Guillotin , Pironneaii et
G. de Lamarzelle. Aujourd'hui mônxe trois nouvelles présentations
seront faites.
De telle sorte, vous le voyez, que le chiffre total des membre^
titulaires, qui l'année dernière, à pareille époque, était de 123 se
trouve porté aujourd'hui au chiffre de 133 menibres. Différence
en plus : 10.
Le nom même de Société polymathique. Messieurs, indique que
toutes les spécialités sont admises, et que nous assnrons notre marche,
grâce au concours de tous les efforts. Conservons le nom, pour con-
server la chose. C'est un bien.
Cette anoée , en effet , nous avons vu se prodnire des travaax variés
et des communications sur des sujets divers : Etudes historiques, pages
extraites des archives locales ; observations snr les sciences physiques
et naturelles ; notes relatives à l'archéologie, et rapports sur des fouilles.
Chacun de ces travaux est mentionné ou inséré dans nos procès-
verbaux, ou dans les bulletins semestriels que vous avez enire Içs
mains.
Les sciences proprement dites ont été représentées par an travail
de M. G. D'aull-Dumesnil, sur 1° la provenance des granits ayant
servi dans le Morbihan à l'érection des monuments dits celtiques; 2o deux
communications sur la météorologie, particulièrement celle relative &
ia statistique des grêles dans le Morbihan , par H. Arrondeau.
Les principaux mémoires ou documents ayant trait à l'histoire sont
compris sons les titres suivants :
1" Lellre d'un toldal breton d sa mère, 1682. — Par M. Rosenzweig.
i" Les Étala de Saint-Brieue . 1724 (extrait des mémoires inédits
d'an dépoté de la noblesse] . — Par M. G. de Closmadeuc.
3° tes Annales lorientatses, — Par M. Jégon.
4" Vn travail sur la seigneurie de Largouët. — Par M. Tabbé
Piéderrière.
Je mentionnerai, en mdme temps, comme faites sous les anspices
de la Société , les conférences publiques de notre laborieux collègue
H. Lallemand , sur les origines historiques de la Bretagne.
EnBn , le catalogue à% la Flore morbibannaise : un bon et utile
travail dont sont chargés MM. Tasié et Arrondeau ; la première partie,
la plus importante, est prête et doit être incessamment livrée 4
l'impression .
De son coté, l'archéologie a fourni, par ordre de date :
1° Un rapport de M. le docteur Fouquet, sur les fouilles et la décou-
verte d'un monament gallo-romain, à la Grée-Hahé, en Plubwlin.
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— 150 —
2* Une note de H. A. de Qasmadenc , d'Anraj , snr les toaiUes de
deux dolmens, en Crach.
3> Les rapports de MH. de Cnssé et L. Galles, snr les foailles de
monnments dits celliqaes , dans la commune de la TriDÏté-sar-mer.
4^ Un rapport de M. G. de Closmadenc , sur les fouilles de dolmens et
de tnmnlus dans les communes de Carnac et de Plouharnel. — Une
note de M. Constantin sur 111e de Groix.
5> ËnSn nn grand nombre de communications relatives à des
décoavertes d'antiquités faites sur diSérenls points du département,
et- dont la mention existe aux procès-verbaux des séances.
Les nombreuses fouilles opérées par la Société ont eu pour résultat
matériel d'enrichir notre musée d'une foule d'objets antiques, appar-
tenant, la plnpart, à ce qu'on est convenu d'appeler les temps
primitifs.
Cette année encore, Messieurs, comme les années précédentes,
ai~je besoin de le faire remarquer , l'archéologie a tenu une grande
place, la principale dans vos préoccupations et dans vos travaux.
Ceet. dans cette voie que la Société s'est senti portée de préférence
et que les plus notables sacrifices, de temps et d'argent, ont été faits.
Le vent est à l'archéologie, dit-on, U n'est personne qui n'y applau-
disse, puisque après tout il s'agit d'exploiter une mine fraîchement
ouverte et de fournir des matériaux précieux à une science nouvelle,
qui en a tant besoin.
Ce serait nn mal si ces tendances, trop exclusives, devaient avoir
pour résultat de faire oublier l'étude de sciences plus importantes,
incomparablement plus utiles, et j'ose le dire, sans craindre la contra-
diction, non moins attrayantes que l'archéologie. J'ai nommé, les
sciences proprement dites, dont la nature fait tous les frais : la
physique, la chimie, la botanique, la zoologie, la géologie, et toutes
celles qui en émanent. Ah t si avec vous. Messieurs, je suis coupable
d'avoir contribué pour ma petite part, à maintenir la Société dans le
courant qui l'entraîne, qu'il me soit permis de rendre ici un
hommage sincère à ces nobles sciences physiques et naturelles, qui
ont guidé nos premiers pas dans la carrière médicale, et auxquelles,
pour mon compte, je n'ai jamais voulu dire adieu.
Certes, l'histoire des monuments antiques est digne d'appeler l'atten-
tion d'une Société savante. L'étude de ces débris du passé, que nous
foulons çons nos pieds, est pleine de séduction. 11 y a longtemps que
Bernardin de Saint-Pierre, dans son poétique langage , a composé
nn chapitre sur le charme des raines.
Auquel de nous n'est-il pas arrivé, en gravissant les collines qui
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— 151 —
bordent le golfe du Morbihan, ^us un ciel d'avril on de mai,
d'apercevoir au loin , parmi les bruyères , une sorte de table de pierre
Mancbe, et de s'écrier; voilà un dolmen t Une émotion du même
genre faisait tressaillir Jean-Jacques, au souvenir des Charmettes,
lorsqn'en découvrant dans les buissons de Bellevne, une petite fleur
bleue, il s'écriait : ah! voilà une pervenche I
A Dieu ne plaise que je veuille ralentir l'ardeur de la Société pour
les explorations d'archéologie ! tout nous y convie : l'heure et la saison ■
propices, la nouveauté du sujet, l'imprévu des découvertes, le plaisir
d'errer hbrement â travers champs en compagnie d'amis de sont^oix,
et ce je ne sais quoi qn'on respire toujours sur la terre natale,
suivant la pensée du poêle :
Nescio qtta natale solum dutcedine cunctos ,
Ducit... et immemores non sinit eue tui.
Mais, remarquez le bien, cette archéologie qui fait nos délices ^
n'est digne de ce nom qu'à la condition de prendre pour guides
les sciences positives. Elle n'a de chance de porter des fruits qu'à
la condition d'employer les méthodes et les procédés' exclusivement
scientifiques.
Aussi voyez, sans aller bien loin, qnel appui les sciences dont j'ai
cité les noms lui ont prêté déjà I quelles clartés soudaines elles ont
répandues sur les ténèbres des monuments dits celtiques! que
d'erreurs détruites ! de découvertes fécondées par une sage obser-
vation 1 que de faits acquis, dignes de prendre rang dans Tbistoire de
notre pauvre humanité, qui est si vieille qu'elle a oublié jusqu'au
lien et à la date de sa naissance t
Qui a dirigé les archélogues dans leurs recherches sur les procédés
mécaniques à l'aide desquels tes peuples primitifs transportaient ces
énornes blocs de granit et les posaient en équilibre? Qui a inspiré
le roi Christian VII, quand il s'est essayé à résoudre le problème
de la construction des allées-couvertes de la Scandinavie? n'est-ce pas
la physique?
Quelles sont les sciences qui nous ont révélé définitivement la vraie
destination des dolmens? qui a reconnu, mesuré et analysé les
ossements? n'est-ce pas l'anatoraie? n'est-ce pas la chimie?
On n'ose plus parler des géants ensevelis sous les monuments dits
celtiques du Morbihan, depuis que l'observation la plus rigoureuse
a établi que les squelettes découverts appartiennent à un peuple
dont la stature n'est pas sensiblement différente de celle des peuples
modernes ; et si quelque certitude doit luire un jour sur l'histoire ,
muette encore, des races humaines endormies sous ces tombes de
pierre , n'est-ce pas à l'anthropologie que nous le devrons ?
>dby Google
C'est la cbimie, grflce à ses roerreillenx instrnniBiits, qai nons a
fixés Biir les différents modes funéraires usités dans les temps antiques :
l'inhamation et rincinératioD. C'est elle qui doqs a démontré que ce
qne, jusqu'à Cayot-Delandre , on avait, au Hané-Lud , pris pour les
cendres de milliers de victimes humaines , n'était que de la vase
desséchée : démonstration capitale, car elle vous âte le droit jusqu'à
nouvel ordre de répéter à satiété que les premiers habitants de l'Armo-
riqae égorgeaient leurs semblables dans la cérémonie des funérailles.
C'est elle, la chimie, qui a analysé nos bronzes celtiques et ,da même
coap, nous a permis d'apprécier le degré de perfection inouie de
Tart métallurgique dans la Gaule , avant l'ère chrétienne-
Et la géologie, cette science prodigieuse, dont Robert Peel disait :
< Regardez à deui fois avant d'entrer en discussion avec les géologues,
00 vous pourriez être vaincus. > N'est-ce pas elle qui nous a édifiés
sur la nature minérale , et la provenance exotique de la plupart des
objets funéraires enfouis sous nos dolmens ?
Que savioDs-DOUs sur les haches de pierre et sur les magnifiques
colliers de Tumiac et du Mont-Sainl-Michelî Par la voix de M. Damonr,
membre de l'institut, la minéralogie nons a dit : ce ceitae de couleur
verdâtre et translucide est en jadéite. La matière qui le compose pro-
vient de l'Asie centrale et particulièrement de la Mongolie. Cet autre
celtœ, de couleur vert-foncée, presque noir, est en chloromélanite. La
provenance de ce minéral est inconnue, et son gisement est encore à
découvrir.
Les perles ou pendeloques vertes ou bleues dès colliers sont formées
d'une espèce de turquoise, qui n'a son analogue qu'en Perse; pour
ladésigherM.Damour emprunte un nom à Pline l'ancien rcoiloM^ Voici
des fibrolites étrangères au département duMorbihan, et qui paraissent
avoir été prises dans les départements de la Haute-Loire et du RhOne,
tant elles ont de ressemblance avec les échantillons qu'on y recueille
aujourd'hui.
Tons ces silex pyromaqnes , et ils sont innombrables ceux qu'on
rencontre sons les dolmens, — couteaux, têtes de flèche, esquilles,
fluc/et, sont également d'ane substance étrangère au sol de la
Bretagne. La minéralogie nous signale les terrains calcaires d'où
ils ont pu être extraits, et nous montre les traces de l'exploitation
dans les carrières du Grand-Pressigny et ailleurs.
' Vous comprenez tout de suite , Messieurs , quels horizons ces décla-
rations scientifiques ouvrent à l'histoire à peine ébauchée des nations
armoricaines primitives, et quelles conjectures on peut en tirer sur
leurs usages, leurs migrations ou leurs relations commerciales.
C'est de même à la paléontologie et à l'anatomie comparée qne nous
devons de pouvoir rapprocher les découvertes opérées sous nos
dolmens , des découvertes ideatiques faites dans les cavernes ossifères.
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-158 —
daD8 le dilavinm , et même dans les terraiss tertiaires sapérieurs, où
Dous trouvons des objets d'iDdostrie hsmaine associés pôle-niéte
avec des squelettes d^animaux fossiles, dont l'espèce est éteinte. Ce
qui a permis à l'archéologie de se poser, sans blasphème, car la
recherche de la vérité n'est jamais un blasphônie , la question de savoir
si rorigioe de l'humanité ne doit pas être reculée' bien an-^elâdes
limites établies par des chronologies aussi insufflsantes qu'arbitraires. ■
Pour rentrer dans notre sujet, qui oserait prétendre aujourd'hui,
avec certitude, que les peuples qui ont construit les dolmens sont ces
mêmes Gaulois qui assiégèrent le Capitole ; et que les mômes mains-,
qui ont consacré les celtsâ en jadéite, ont tenu la faucille d'or, qui
devait couper le gay la sixième nuit de la nouvelle lune, suivant le
rile de la rehgion des Druides ?
Fouillons donc nos vieux monuments de pierre ; recueillons précieu-
sement la poussière qui y est ensevelie. Après tout, quel que soit le
nom qu'on leur donne et quel que soit leur âge, ce sont les cendres des
ancêtres.
Mais, je vous en supplie, Messieurs, ne perdez pas de vue les
sciences merveilleuses, auxquelles l'étude de la nature est échue eu
partage : les minéraux , les plantes, les animaux, toutes les choses et
■ tous les êtres de la création , formés d'après des types immuables ,
et soumis, dans leur développement et leur durée à des lois éternelles,
dont nous n'avons qu'à célébrer la piagique grandeur. Pourquoi ne
le dirais-je pas? puis que cette pensée me vient sur les lèvres : il y
a plus à apprendre, plus à admirer dans l'épillet d'nne graminée ou
dans l'aile d'un lépidoptère que dans tous les dolmens et menhirs de
la cête armoricaine; et j'ajoute que le jour où l'archéologie n'aura
plus un celtae ni une brique à rebord à découvrir, le printemps, en
ramenant chaque année les fleurs et les nids d'oiseaux, ne cessera de
mettre sous les yeux du naturaliste , avec le spectacle admirable de la
vie universelle , l'inépuisable sujet de ses études et ses méditations.
Ainsi donc, tenons en grand honneur les sciences naturelles pour ce
qu'elles valent, pour les services qu'elles rendent, et pour ce qu'elles
donnent de joaissances pures à ceux qui les cultivent. Applaudissons
de tout cœur à ceux de nos collègues qui y consacrent leurs loisirs.
Il est bon que, chaque fois que l'ignorance ou le caprice lente
d'introduire des erreurs sous le couvert de l'archéologie , les sciences,
physiques et naturelles, semblables à des sentinelles vigilantes , jettent
le cri d'alarme : « On ne passe past •
Le mot a été prononcé souvent, Messieurs, depuis la naissance de
l'archéologie et à son- sujet, et chaque fois la vérité en a tiré profit.
Les observations fausses , les opinions chimériques , les systèmes
absurdes ont dû rebronsser chemin, et retonrner au foyer des cer-
veaux creox, d'où ils D'auraient jamais dû sortir.
>dby Google
— 154 —
Je Toas demande pardon, Messieurs, de celle digression ; anssi bien je
m'aperçois que la cause, dont je me fais l'hnmbie défenseur, est gagnée
d'avance dans vos esprits. Je revendique pour les sciences, la place qui
leur est due, dans toute Société savante; or, qu'avez-vous fait par votre
vole- du 27 décembre dernier? quels sont ceux qui devront, cette
année, marcher à la tête de la Société? je distingue précisément trois
de nos coUègnes, dont l'autorité et le mérite nous sont connus, qui, toute
leur vie , se sont adonnés avec amour à l'étude des sciences naturelles.
A ce titre, Messieurs, sans qu'il soit besoin de les nommer, je les
salue comme mes anciens et comme mes maîtres , et je remercie la
Société d'avoir remis le dépôt de ses destinées annuelles entre leurs
mains.
Messieurs, je ne veux commettre ni un oubli, ni une injustice. Après
cet éloge des sciences proprement dites, je tiens , en terminant, à faire
ressortir devant la Société l'avantage et l'utilité des recherches his-
torique. Félicitons de tout cœur ceux de nos collègues qui, par leur
position officielle ou par la nature de leurs goiîts, sont à même de
puiser chaque jour auxsonices vives de l'histoire, représentées par nos
vieilles archives.
Il faut bien qn'on sache que l'histoire véridique, complète et impar-
tiale de la Bretagne est encore â faire; et si quelque bénédictin de
l'école moderne se sent capable de l'entreprendre, et y réussit, il le
devra , en grande partie , aux. efforts des travailleurs zélés qui s'ap-
pliquent aujourd'hui à la découverte, à la mise en ordre et à l'étude des
documents inédits. Notre département est plus riche qu'on ne le croit,
en documents de ce genre. Le devoir de la Société polymatique est d'en
accueilhr la communication avec reconnaissance, et d'en facililer la
publication , par tous les moyens. Notre plus grand historien, Augustin
Thierry, l'a dit , et c'est pgr là que je termine : • Vkisloire nationale
est, four tous les hommes du même pays, une sorte de propriété
LISTE DES SOCIÉTÉS SAYitiTES
■v«e lesquelles
LA SOCIÉTÉ POLTUATHIQUE EST EN RELATION.
Académie des belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle.
Académie du Gard, à Nîmes.
Commission départementale des antiquités de la Seine-Infértenre ,
à Rouen.
Société d'agriculture, sciences, arts et belles-let^es de l'Aube, à Troyes.
>d6y Google
-155 —
Société archéologique de la province de Constantine (Algérie).
— des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, à Guéret.
, — archéologique du Midi de la France , à Toulouse.
— académique de Brest.
— ■ d'horticulture et de holanique de l'Hérault, à Montpellier.
— archéologique d'Iile-et-Vilaine , à Rennes.
— d'agriculture, sciences, arts et commerce du Pny (Haute-Loire).
— archéologique de la Loire-Inférieùre, à Nantes.
— d'agriculture , sciences et arts d'Angers.
— linnéenne d'Angers.
— académique d'Angers.
— d'agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, à Châlons.
— . dunkerquoise pour Tencouragement des sciences , arts , etc., à
Dunkerque.
— littéraire de Lyon.
— d'histoire et d'archéologie de Châlons-sur-Saôoe.
— des, sciences, belles-lettres et arts du départ' du Var, à Toulon.
— d'émulation de la Vendée, à Napoléon-Vendée.
— archéologique et historique du Limousin, à Limoges.
— des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, à Auserre.
— des Antiquaires d'Ecosse , à Edimbourg.
— des sciences de l'Ille-et- Vilaine, à Rennes.
— archéologique du Vendômois, à VendOme.
— d'agriculture, sciences et arls de Heaux.
— littéraire et scientifique de Castres (Tarn).
— cambrienne (The cambrian archaelogical association).
— de statistique, sciences et 'arts des Deux-Sèvres, à Niort.
— d'émulation de Dinan (Ciltes-du-Nord).
— historique et archéologique à Château -Thierry (Aisne).
— d'émulation, ù Besançon (Doubs).
— impériale d'agriculture-induslrie, à Saint-Étienne,
— académique d'archéologie, sciences et arts, à Beauvais (Oise).
— savoisienne d'histoire et d'archéologie , à Chambéry.
— d'archéologie, sciences, arts et belles-lettres de la Mayenne,
à Mayenne.
— des lettres et des sciences , à Redon (Ille-et-Vilaine).
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MEMBRES
DE LA SOCIÉTÉ POLYMATHIQUE DU MORBIHAN
AU î" JAUVIBR 1867.
BUREAU PENDANT L'ANNÉE 1866.
HH. G. DE Closhadeuc , Président.
FouQUET, Vice-Président.
GuTOT -JoHARD , Secrétaire.
Taslé père, Conservateur du Musée d'histoire Datnrelle.
De CussÉ, ConserTatenr du Musée archéologique.
Peïros, Trésorier.
ÉON, Secrétaire-adjoint
D'AULT-DUHESSIL, ( -, , .. . ,
r .^„ r'.^owi^-,,^ } Conservatenrs-adiomts.
G. DE Closhadeuc, 1 '
L. G&LLBS , )
MEMBRES TITULAIRES (Rësidahts).
MM.
Reneufve , Préfet du UortnhaD.
Mr Bécel, Érêque de Vannes.
LiLLEHïNT , Maire de Vannes.
AitRONDGAD, Inspecteur d'Académie.
BiUDic, Avoué.
BvBCADLT, Avoué.
Cabadec (AmbroiseJ, Président du tri-
liunal civil.
Cabadec [Auguste), Propriétaire.
Ca«LRiER, Architecte de )a ville et du
diocèse.
Cbauffier (Ixuis) , Élève de l'école de
Chartres.
G. DE Closhadeuc, Médecin.
Conte de la MAisoNPonT, Trés.-payeur.
De Cussë , Propriétaire.
Dantu, Médecin.
D'adlt-Duhesml (E.), Propriétaire.
D'ault-Duheshil [G.), Propriétaire.
DELi^DRE, Directeur des Douanes.
D^UTHË, Inspecteur de l'instructioD
primaire.
DtiLAUBETJS DE LU Babbe, Propriétaire.
ËON , premier Commis à la direction
des Contribuiinns directes.
Éparvieb, Sul>stitut du procureur imp.
FiLnoL DE Cahas, Colonel,
FoucHARD (l'abbé) , Vicaire général.
FoDCËRE , Conseiller de préfecture.
FouQUEi, Médecin.
DeFrëminville, Ingénieur.
De la Fbuglaie , Propriétaire.
Galles (Louis).
GlUNDPAIR, Juge.
>dby Google
GuTOT-IoHiBi>, es-Professeur, Commis
de riDspectioD Bcadé:nique.
HàRDT DE LA LkRGÈBB ,' Général de
lirigade.
UâWKE, Artbitecle du déparfemeol.
JpLLiTET, Notaire.
JotiBDAN fils , Avocat.
Ds Keiser, Avoué.
Lallehand , Juge de paix.
Lallehent fils. Conseiller de préfecl.
E, De Lamabielle, Agent-voyer.
De Untivt , premier Commis à la di-
reclioQ de l'EDregigtremeDt.
De LiMOB, Membre du Conseil général.
Madricet père, Médecin. {H. F.) *
Mauricet filfi , Médecin.
MoRio, Médecia.
MOSTFOBT, Juge.
DeMohtlaur, Propriétaire.
Pavot, Chef de divisioD à la préfecture.
PËHtEit DE LA HiTTOLLE , Directeur de
la maison ceolrale.
Pehrin , pharmacien.
Peibon , Banquier.
PocARD-^viLER, (René), Ingénieur des
ponts et chaussées.
De Québal , Médecin (M. F.)
RosEwiwEiG , Archiviste du départera'.
Saluck-Laubourgèbe, Juge.
Salmon , Bibliothécaire de la Yille.
De SiiciLLOM, Propriétaire..
Taslé père , ancien Notaire |M. F.)
Taslë Bis , NoUire.
Tessier , ancien Président du tribunal
ViflEBT, Employé des Contribut. indir.
Mp Gaiailhas, anc. ÉvêquedeVannes.
Bellouabd , Médecin à Beignon,
Bernard, Doct. -médecin à Carhaix.
Bertrand, Capitaine Adjudant-major
"u 74» de ligne, à Cbambéry.
BouARD , Lieut. de vaisseau, à Lorient.
BoMiEHANT , Propriétaire à Pluneret.
Boulangé, Ingénieur en cbefàArras.
Bourrais, Sous-Commissaire de ma-
rioe, à Lorient.
De la Bourdonnate , Membre du Con-
seil général , à Grand-Champ,
De Bbéhifr , Propriétaire à Josselin.
De Bheuilfont, Propriélaire à Rennes. '
Cahescasse, Docteur -médecin à Elven.
Caradec [Albert) , Avocat à Rennes.
De Closmadeuc , Médecin i Auray.
D&Closmadedc, Notaire à La Roche-
Bernard.
Constantin , Proviseur-administrateur
du collège de Lorient,
Corhili , Avocat i Lorient.
GoLÉ (Léon), Propriélaire à Arradon.
De Cran , Clerc de notaire au Croisic.
Le vicomte de Das , Propriét. à Paris.
Delaunaï, g reflier - comptable de la
maison centrale, i Clermont (Oise).
Desnoters, Bibliothécaire du Muséum
d'histoire naturelle, k Paris.
Dn Bodan, Conseiller à la Cour de
Cassation , i. Paris.
Mïf DuBRBUiL, Archevêque d'Avignon.
DuHadt-Plessix, Ingénieur en chef,
a Laon.
Du Cbastelligr , Correspondant de
riosiitut, à ^nuz [Finistère].
DvuoDLiN DE Paillard, Propriétaire â
Sarzeau,
Drd, Notaire à Ponlchâiteau.
A. de Francseville , Membre du Con-
seil général , à Sarïeau.
It. Galles, I^ous-Id tendant militaire.
Gabnier, Propriétaire à Sarzeau.
Gaultier du Mottaï , Propriétaire à
Pléria (Côtes-du-Nord).
Graio de ^AVENANT, Notaire à Pëaule.
Grato de iîAVENANT, Ëludiant, à Paris,
Gresst , Médecin à Carnac.
' U. F. décent les membres foodateurs de U Société en 1826.
DigitizodbyGoOglc
Gdillotin , Notaire à Caden.
GuiLLOTiM ( l'abbé )j Vicaire à Noé-
Blanche (IlIe-et-Vilaioe).
GuiLLobi (l'abbé), Vicaire général de
Me' l'Ëvèqiie de la Guadeloupe.
Hallëguen , Médecin à Chàleaulin.
J&N DE Li GiLL«LHDitiE , Contrôleur des
^ODtribulioDS directes, à Paris.
Jehan [de Saiot-Clavien) , Homme de
lettres, à Tours.
Jëgou , Greffier du tribunal, à Lorient.
JootiCNo, Architecte à Napoléonville.
JoaEL, Hédecin à Questembert,
De Keridec, Propriétaire à Henoebont.
De lUntiET , propriétaire à Braspariz
(FinistèreJ.
Le comte Li Caoïi de Rocbahbead,
Propriétaire à Paris, rue Scribe, 7.
Le Dibehder, Doct.-médeciD à Lorient.
Le Febvre , Préfet d'Ille-et-Vilaiue, à
Bennes.
Le Mauff , Médecin & Sarzeïu.
Le Tourneau , Médecin à Paris ,
Saint-Lazare, 119.
Lomenech (l'abbé) , Curé-doyen à Plu-
vigner.
LoBois , Propriétaire & Arzal.
MAetiËBo, Juge de paix à Queslembert.
Hercadieb, Uédecin-roajor au 93* de
ligne.
Meunieb, Sous-lieutenant au 92° de
ligne, à Oran (Afrique).
Db la Uomnerate, Membre du Conseil
général , à Caro.
DuNoDAT, Propriétaire à JosselÎD.
NouLET (le h'} , Professeur â l'école de
médecine de Toulouse.
pANCEOUCKE, Propriétaire à Arradon-
Patot (Albert), Sous -lieu tenant au 17'
chasseurs, i Toulouse,
PinOKKEAu , Avocat à Rennes.
ROPARTZ , Avocat à Guingamp.
Rossignol, ancien Conservateur-adjoint
des Musées impériaux, à Saint-Ger-
main -en- Laye.
Le comte de Saint-Llc , Propriétaire i
Guelguiflin (Finistère).
Saubel, Vérificateur des douanes, à
Lorient.
TnoHAs-KEitcii.DO , Député au Corps
législatif. .
Vaghaib, Professeur au Lycée impérial
d'Amiens.
Yebbieb, Professeur de mathématiques
a(i Lycée impérial d'Agea.
MEMBRES HONORAIRES, C0RREP0NDANT8 00 ASSOCIÉS.
Aimé de Solahd, Président de la So-
ciété linnéenne d'Angers.
Augustin , Propriétaire à Quimper.
Bara (l'abbé), Recleur à Saint-Brieuc-
de-Mauron.
BAUDoniN - Desvarattes , ancien Géo-
mètre du cadastre, à Vannes.
Dahour , Membre de l'Institut, à Paris.
De Bonstetten , Chambellan honoraire
de S. M. l'Empereur d'Autriche , à
Thune {Suisse),
De la Borderie, Directeur de [iRevue
de Bretagne et f^endée, à Vitré
DuvAL , ancien Professeur, à Quimper.
Bbongniabt (Ad.), Professeur au Jardin
des plantes, à Paris.
Clabet aine, Conseiller honoraire de la
cour de ReoDes, à Vannes.
CouBTiLLiEB, Naturaliste, à Saumur.
Delvaux, attaché à l'Ëcole impériale
des Mines , à Paris.
Élie be la Prihaudate, à Milltanab.
Galles (Félix], Procureur général à
Montpellier.
Grégoire , Ingénieur à Paris.
Gvillanton, Officier d'infanterie de
marine.
Hërocard , Pharmacien à Belle-Ile.
Jaqueuet, Ingénieur en chef, àAgen.
Julien , Receveur de l'Enregistremeot,
à Étables (Câtes-du-Nord).
De Keranflech , Propriétaire à Mûr
(Câtes-du-Nord).
Le Gal (Fulgence), Proviseur du Lycée,
à Napoléonville.
Le Gal, Percepteur à Plœmeur.
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Le duc ne Lutkes , à Paris.
Mauouan, Propriétaire a l.orieot.
MiDiticE, Juge de paix à Marie-Galaatle.
HoiGMo (l'abbé), Direcleur du journal
tes Mondes, à Paris.
UoBiËBK, Professeur A la Faculté des
sciences , à Caen.
PdfliEB , Professeur au Lycée de Na-
poléon ville.
Peslin, Professeur à la Faculté des
s de Rennes.
PociBD-ÇviLEB , Capitaine de frégate
en retraite, à Vannes.
pRADJEE (Ernest), Colonel d'inlïnterie
de ligne.
Pradier (Edmond), Capitaine de fré-
gate, âLorieat.
Pbadieb (César), Capitaine de frégate,
à Lorient.
RicoDT, Docteur-médecin, à Paris.
Rio , Homme de lettres, à Paris.
Power, JeanneKe, Membre de plu-
sieurs Sociétés savantes, "à Paris.
Trochu , Propriétaire A Betle-ile.
ViEtsNKT , Memlire de l'Académie fran-
çaise, à Paris.
Lucas (l'abbé) , Vicaire à Caro.
Nicolas (l'abbé). Recteur à Malguénac.
Le Mauguen (l'abbéj. Curé à Gourin.
DflÉASO (l'abbé), Recteur A Quistinic.
Le Votée (l'abbé) , Recteur à La Croii-
Heliéan.
jîsiHO (l'abbé), Recteur i Locoal.
Terpieh (l'abbé), Curé à Pontscorff.
Le Flocb , Juge de paix à Pluvigner.
De la Uittolle, Officier d'iafanterie ,
à Vannes.
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