Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at|http: //books. google .com/l
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adressefhttp: //book s .google . coïrïl
■^
^^
N>î<
i
i
SVLLBTXXr
M'LlLl^^m
< •
MOÎWMEÎCTAL
^-^ ^ î — • ■ ■ ■
>
OU
COLLECTION DE mÉMOIRES
BT DE BEIffSBIONBlIBNTS
rOVB SIITII 4 LA OOHFIGTIOR D*CRI STATIRIQUI OIS MOHUIIIHTS Dl LA FIAHCI,
OLAMriS CHBOHOLOGIQUIMIITT ,
PAR MM. DE CAUMONT, de Caen ; jouannet, de Bordeaux ; schweio-
HAUSBR, de Strasbourg; Bon. degaujal, de Limoges; l'Abbé
PAT8ANT, de Caen; bm. ghaubruc be grazaniies, de Montauban;
L. BE LA 8AV08AYB , de BloiS ; BE LA FONTENELLE BE VAUDORÉ ,
de Poitiers; gauvin, du Maus ; lambeet» de BayeuK ; be saolgy _,
de Metz ; hazé » de Bourges ; ma«sé, de Tours; le glat , de Lille;
M". BE LA GRANGE, de Paris ; VEBGNAtiB ROMAGNÉ81 , d'Orléauê;
MA88I0U , de la Rochelle ; jules renouyier , de Montpellier.
PUILli
PAR M. DE GAUMONT ,
Membre correspondant de T Institut de France.
mt
GABN. — A. HARDEL , SUCCESSEUR BE M. GHALOPIN .
PARIS. — DERACBE , EUE BU BOULOT , h"". 7.
ROUEN. — FRÈRE , QUAI BE PARIS.
i838.
THE NEW YORK
PUCLiCUBRARY
1 f *? 1 61
ASTOR, LENOX AMD
TI14>EN fOUNM^TIONa.
1808.
Le prix de VabonDement ait BuUetin est de t5 fr* par volame ,
franc de port.
Chaque volume se composera au moias de 8 numéros.
OiV s'abonne :
A Paris chez M. DEROCHE, rue du Bouloy, n^". 7, dépositaire
du Cours d'autiquités de M. de Caumont, qui recevra tout ce
qui concerne la rédaction du BuIletiD.
A Cabn I cbes M. le Oirecteur de la Société pour la conser-
vation des monuments , ra« des Jacobins , n®. 2}
A Rouen » ches M, FRÈRE.
1
*
BULLETIN MONUMEIITAL.— TOME iV , KVMEEO I.
TABLEAU CHRONOLOGIQUE
Des Monument^ historiques du département de
Tarn- et' Garonne ;
Paa m. le baron de CRAZÂNNES ,
Membre correspondant de rinstitut de France , Inspecteur divi-
sionnaire des Monuments historiques.
Les monuments antiques et du moyen âge , de Tarn-et-€a-
ronne , sont ignorés ou du moins bien peu connus; plusieurs
sont encore inédits. Les anciens historiens, chromqaenrs^ anna-
listes du Languedoc et du Querci ne se sont point attachés ii
les décrire. Le plus moderne et leplusrécentparmi cesderniers,
Cathala-Coture(i) , eu dit à peine quelques mots , comme par
manière d'acquit , et ne parle guère que des antiquités du
chef-lieu des Cadurci , Divona , aujourd'hui Cahors. L'esti-
mable ef savant archéologue du Midi , M. Du Mège , dans son
petit yojage , ou plutôt sa rapide excursion dans ce dépar-
tement, exécutée en 1831 , quoique la relation n'en ait paru
que cinq ans plus tard (2) , n'a fait lui-même qu'effleurer la
(1) Histoire politique, ecclésiastique et littéraire du Queid ,
par M. deGathala*Cpture •. a?oc«t en Parlement* Montauban «
trois folumes in-8^y 1785.
(2) Sous la forme de Lettres familières à un ami , et aiec ce
titre : a Voyage littéraire et art béolog' que dans le département
c de Tarn-et-Garonne. Pari», Trcuttel et Wurtz; brochure in-8".
c de 80 pages, 1826. »
Mais il cxUte, en manuscrit , aux archites de cette préfecture,
2 •MOIÎUMBKTS HISTORIQUES
iDatière qu'il était si capable de traiter à fond , et n'a pu
qu'eotrevoir en courant , ce pays et ses monuments pi os nom-
breux et plus dignes d'intérêt aux yeux de Tobseryateur qu'on
no le croit communément. Le sol fécond de Tarn-et-Garonne ,
incessamment sillonné sur tous les points par le soc de la
cbarrue , est toutefois moins ricbe en antiquités celtiques et
druidiques , que la partie limitrophe de son territoire qui ap-
partient au Haut-Querci et forme le département du Lot.
Nous allons signaler ici ceux qui sont parvenus à notre
connaissance, en commençant par les Dolmen j vulgairement
nommés Pierres- Levées , etc. (i).
PREMIÈRE PARTIE. AGE CELTIQUE.
§. L Pierres- Levées (Dolmen). — On trouve à une petite
distance de la ville de Caussade , et près du village d' Alignèrcs,
un de ces monuments dans lesquels quelques antiquaires ont
cru voir des autels druidiques, oii coula le sang des victimes
humaines , en T honneur de Mercure-Teutatès , mais que d'au-
tres archéologues ne regardent que comme des tombeaux ,
opinion qui semble prévaloir sur la première.
On remarque encore un Dolmen a Saint-Cirq, non loin de
sous le titre à' archéologie du département de Tarn- et- Garonne ,
un beau trayail de ce savant antiquaire» formant 4 TOlumes petit
ini^. de texte et un volume ou atlas grand in-f*. de desstns de mo-
numents de tous genres, décrits dans rou?rage , et entre autres
une monographie des sculptures du cloître deTéglfse de l'abbaye
de Saint-Pierre de Moissac. Il serait bien à désirer que cet im-
portant labeur fût imprimé aux frais du département , sur vote
de son Conseil général.
(1) Et aussi pierres branlantes , pierres qui virent , qui tour-
nent, pierres de minuit.
DU DEPAETBMEITT DB TARlf-ET*GAROHNE. 5
la même ville : on le nomme vulgairement La Toumbo del
Géant ^ c'est-à-dire la Tombe du Géant j il a été fouillé et
brisé. Les pierres dont il était formé avaient des dimensions
colossales , ainsi qn*on peut s'en convaincre par leurs débris.
Sons son emplacement on a trouvé des ossemcnls bumains : il
est placé dans un lieu désert.
On voit plusieurs autres Dolmen à Saint-Projet et dans la
forêt du Breton , près de Montricoui j ces derniers sont placés
sur des Tumuii, et formés de gros quartiers ou blocs de pier-
res brutes y ou plutôt de rocbers entassés h la manière des
constructions dites cyclopécnnes.
§ II. — Tombelles (Torobel , Tumnli). ~ Il existe plu-
sieurs Tumuli (i), soit d'origine celtique, soit d'origine
romaine, au Fin et sur le territoire de Bessens (près de
l'église de ce lieu), à Grisolles, à Castelmayran, dans la forêt
de Montecb (on a trouvé dans l'intérieur de ces derniers ,
en les fouillant , des médailles celtiques ou gauloises), dans
celle du Bretou , aux environs de Montricoux. Nous avons
déjà dit, au chapitre précédent, que ceux-ci sont composés
de rocbers placés les uns sur les autres , et qui rappellent assez
bien les murs cyclopéens.
On retrouve d'autres Tumuli 9i Piquecos^ à Cos, à Mira-
bel (2) , etc. , etc.
L'existence de pierres-debout (5) (Peuhan, Menhir)^
(1) On leur donne quelquefois le nom à^aggeres.
(2) Ce dernier Tumulus recoutrc , selon M. Do Mège ( Foyage
littéraire dans le département de Tarn et ^Garonne), uo sooter*
rain qui renferme, comme les Tumuli qu'on a décou?erts dans la
Troade » des ossements.
(3) On les nomme encore pierres-fittes , ou pierres'fiehrs ,
pierreS'Iattes , clc>.
4 MOIfVMEKTS mSTOBîQUES
moimnients moins remarquables et plus faciles à détruire que
les premiers , ne nous a pas été signalée dans ce département.
DEUXIÈME PARTIE. — AGE ROMAIIT.
§. I. Voies romaines, *-Deux voies romaines principales
(viœ militares ^ munitœ) circulaient dans leTarn-et-Garonne :
la voie de Tolosa (Toulouse) à Divona ( Cahoi*s) , marquée
sur la Table tbcodosienne ou de Peutinger , et celle de Tolosa
â Aginum (Agen) , qui n*est point indiquée dans les itinéraires
romains, du moins dans cette partie de son cours, car son
prolougement dH/éginnum k Burdigala (Bordeaux) figure h
la fois sur l'itinéraire d'Antouin et le document géographique
que nous venons de citer (i).
Voici les mesures des dislances itinéraires , et les mansio-
nés ou gîtes d'étapes intermédiaires de la route de Toulouse à
Cabors , d après la table :
TOLOSA (2).
FINES , Miliia passuum , XXVIL
COSA , Leugœ (3) VII.
BlBOiNE, ltugœ{k)yji,
(1) La Table Théodosienne ou de Peutinger.
(2) On comptait les distancer ilinéraires par miiles romains ou
italiques, dans la province romaine ou GauU Narbonnaise , dont
Toulouse faisait partie, et dont Fines était la limite dans cette
partie du territoire de la cité des Tolosates, Le mille romain est
de 756 toises.
(3) Cosa appartenant au territoire des Cadurci et à rAqiiitainc,
sa distance de Fines et de Bibone ou Dwona , doit être supputée
en lieues gauloises , qui étaient li mesure itinéraire en usage
dans Its Gaules , à l'exception de la province romaine. La lieue
gauloise égale 1134 toises.
(4)11 faut lire DIVONA, comme dans Titinéraire d' Antonio
DU DEPARTEMENT DE TARST-IT-GAROKins. 5
La Toie , en partant du cheMieu des Tolosates ^ se diri-
geait en ligne droite sur la position des Fines ou Bresso/les ,
selon M. Du Mége , et dont le poète Théodulpbe a dit (i) :
Nempë Tolosani locus est ruHsque Ctdurei
Extimus; hoc unit pagus uterque loco.
De la mansio de Fines , la route tendait , par Montauban ,
vers Cosa , aujourd'hui Cos , sur la rive droite de rAvcyroii ,
où la chaussée romaine est encore bien conservée , et facile k
reconnaître en plusieurs endroits 3 de ce point elle aboutissait ,
fSLv MoUhres , h Divona ou Cahors ^ et franchissait le Lot
sur le pont Notre-Dame, ah. l'on remarquait encore naguère ,
dans les parties inférieures , des traces de constructions
romaines ,'et par la route royale actuelle.
Venons maintenant à la voie de Tohsa à Aginnum. Nous
pensons que son point divisoire de celle de Divona , était à
Grisolles: elle parcourait Pinhao , autre Fines (2) des Tolo-
sales sur ce point, Sainl-Porquier et le territoire de Castrum^
Cerritcium (Castelsarrasin)^ de là , longeant la castraméta-
tien qui porte le nom de Gandaloit . et que des actes anciens
nomment Castrum- P^andalorum , elle traversait le Tarn
sur un pont en briques, dont les ruines, encore existantes,
attestent une construction romaine , entrait dans Moissac ,
ville ou Ton a découvert à diverses époques des antiquités qui
qui sert ici de eorreclif à la Table Théodosienne, souvent fanti?e
dans rortbographe des lieux.
(1) /il carminé, de pugnâ votucrum,
(2) Les mots Fignan, Hignan, Hignes, Pins, Feins, Hins, Heins,
comme celui de Termej, etc., indiquent ordinairement, lorsqu'ils
sont employés comme noms de lieux , des frontières ou limites
de territoire, des Confins , Fines*
j
6 MONUMENTS HISTORIQUES
portent le même caractère ; puis , s'élevaiit sur les hatiteors de
Malause, où Ton découvre aussi jouroeliement des moanments
appartenant à l'âge romain , dont nous aurons bientôt à nous
occuper , et où Ton sait qa un Castrum avait été établi , elle
descendait dans les plaiues riantes et fécondes des Nuiobriges
ou Agenais , en s* écartant peu , jusqu'à leur cité , du cours de
la grande route qui y conduit aujourd'hui. Les débris gallo-
romains que le soc de la charrue met fréquemment en évidence
dans son voisinage , attestent celui de la voie que nous signa-
lons. Ses mansiones ou mutationes devaient être placées à
Finhan et à Malause,
En outre de ces deux voies principales , on observe dans le
département de Tarn-et-Garonne une autre voie romaine dont
l'existence n'a point été mentionnée jusqu'à ce jour , et semble
n'être connue que dans les localités que parcourt cette route ,
appelée Clermontoise.
Elle a son embranchement sur celle de Toulouse à Agen ,
dans la commune de Clermont , département de Lot-et-Ga-
ronne ; elle entre dans celui de Tarn-et-Garonne par la com-
mune de Perville , passe à Castelsagrat, traverse les communes
de Saint-Nazaire , de Miramont , de Lauzerte et de Bouloc ,
d'où elle semble se diriger sur Moncuq , département du Lot.
La tradition qui s'est conservée dans le pays , suffirait sans
doute pour faire connaître l'origine de cette route ; mais on
trouve de plus sur son lit ou emplacement un assez grand
nombre de morceaux de pavés qu'il est facile de reconnaître.
On peut même la suivre dans toute sa longueur , entre les
deux points que nous venons d'indiquer. Dans la direction de
cette voie , on a découvert plusieurs monuments appartenant
h rère gallo-romaine , et particulièrement à Castelsagrat , à
Merle , où des fouilles ont mis au jour des fondements de
DU DlépAItTENEirT DE TAKH-ET*OAB0HVE. 7
constroctioot d'ëdi fiées , des pavés ea mosaïque , et beaucoup
de médailles impériales en bronze dans les trois modules.
Une route antique, paraissant venir de la Garonne et com-
muniquer avec la rive gauche du fleuve , tendait vers Mon-
taubao,dans In direction de Montech où Ton remarque auprès
de la forêt Un chemin pavé et beaucoup de briques romaines.
Cette voie traversait le Tarn au*dessons de remplacement ac-
tuel du faubourg de Yillcbonrbonet de la promenade du Cours
de Toulouse , à peu près vis à-vis des Albarcdes , mais plus
bas. La coupure et ses traces sont encore sensibles sur Tuue et
sur l'autre rives, mais plus particulièrement sur la droite,
d*où elle atteint la grande route actuelle de Moissac. On a
confondu à tort cette ligne avec celle de Tolosa k Divona.
Cette voie est-elle la même que celle dont ou trouve des indi-
cations \ Lafrançaise ?
Les autres restes de chaussées romaines que Ton rencontre
fréquemment dans le département, appartiennent le plus sou-*
vent aux voies dont it vient d*ètre question*
§. IL Camps Romains, ^^ On remarque encore quelques
ouvrages de castramétalion des Romains dans le Tarn-et-Ga-
ronne. Le plus important et le plus connu est le camp , ou >
d'après une tradition populaire et locale, la ville àHHispalia^
dont il n'est pourtant £siit mention ni dans les itinéraires
anciens , ni dans les historiens et les géographes de Tanti-
quilé et du moyen âge , ni même , à notre connaissance , dans
les chartes et antres titres et actes de cette dernière époque.
BispaUa est situé dans la plaine de Sainte-Rafine , com-
munes de Montauban et d'Àllnas , à une lieue et demie de
Montauban , tirant vers F ouest , à gauche de la route actuelle
de Paris ou dcCaussade , sur la rive gauche de TAveyron , et
j
8 MONUMBKTS HISTOBIQVES
vis-à-vis la mansio de Cosa et la voie de Tolosa à Divona ,
sur la rive droite avec laquelle rétablissement à^Hispalla
communiquait par an pont sur cette rivière, donton distiugue
encore , dit-on , quelques vestiges dans le» basses eaux.
Les raines ^Hispalia occupent an espace d'environ trois
quarts de lieue. Il serait difficile aujourd'hui d'en reconnaître
ou du moi us d'en tracer l'enceinte d'une manière régulièi*e et
précise j mais on y trouve des rues , des fondements d' habi-
ta tious , les restes d'une construction demi-circulaire qui pa-
raissent être ceux d'un cirque ou d'un théâtre; plusieurs
pavés en mosaïque , composés le plus souvent de petits cubes
noirs et blancs en marbre et en pierre > formant des encadre*
ments, des enroulements , etc. , etc.
Sur ce sol antiqae , on a découvert , en diflereats temps ,
des statues et des statuettes ou figurines en pierre , en marbre
et en brooze , entre autres un beau buste en marbre blanc ,
de petits meubles ou bijoux , et plus de 8oa médailles consu-
laires, impériales^ etc. , dans les trois métaux et les trois
modules ordinaires. Il paraît que les monnaies impériales ne
remontent pas plus haut que le règne de Néron ^ observation
qui pourrait servir à déterminer l'époque de la fondation
^Hispalia , si le fait était bien constaté. La terre qui les
recouvrait a également rendu à la lumière , et lui restitue
chaque jour, des fragments d'architecture et de sculpture,
des chapiteaux , des fûts et des tronçons de colonnes d'ordre
corinthien , en marbre et en pierre ; des tombeaux en
forme d'ange ; des inscriptions sépulcrales appartenant au
Paganisme (i)jet, au milieu de substructions et d'arra-
chements de murs antiques , de massifs et d'empâtements
(t) Oq y voit les Aigles D. M. Diis Mauibus.
DU D£P^BT£MEHT DE TA1I5-BT-GAB0NHE. 9
de maçoDoerie dont la couleur , la composition et la dureté
du mortier attestent assez Forigine et rendent le terrain
fort inégal , un nombre très* considérable , et sourent des
monceaux , de briques plates à rebord on à canal et de
recouvrement.
Nous venons de dire que ces ruines remarquables étaient
disséminées dans les communes de Montauban et d'Aibias ^
nous ajouterons cependant qu'elles se trouvent en plus grande
quantité dans cette dernière. Une borne ou pierrre limitante
de ces deux communes dans le local que nous décrivons ici ,
nous a paru mériter tout notre intérêt et tonte notre attention*
C'est un beau torse d'une statue en marbre blanc, plus grande
que nature, dont il n'existe plus que le buste et les cuisses ,
du moins à découvert et en évidence -, car les parties infé'
rieures sont enfouies dans la terre , sans doute depuis bien
des siècles. La tête et les bras manquent entièrement. Il ny a
pas long-temps qu'on ne distinguait bois de terre que la poi-
trine et les épaules de ce torse. OesamateursTontmisà décou-
vert jusqu'à mi-cuisses, et ce travail eût été continué , si les
habitants voisins de la borne , dans les mêmes communes , ne
se fussent fortement opposés à cette entreprise , redoutant un .
enlèvement ou un déplacement de ce monument terminal.
Cette statue , qui devrait être remplacée dans le lieu quelle
occupe par une borne ordinaire , et transportée à Montauban
dans un local convenable, n'est pas celle d'un dieu ou d'un
héros , puisqu'elle est. drapée ou vêtue , du moins en partie.
C'est, sans doule, celle d'un empereur, d'un César ou de
quelque magistrat, consul, préteur; peut-être d'un protec-
teur , d'un patron de la localité, elc. ; elle appartient au beau
temps de l'art , et à uue époque qui ne peut guère être posté-
rieure à Hadrien et aux Anlonins.
lO MOMVMBirrS histobiques
Oïl nous a montré dans la cour d'une maison d'habitation
de Cos, dont le sol est aussi riche en antiquités , et particu-
liciement en médailles , que celui dUHispalia , une autre sta-
tue déterrée dans ce dernier lieu. C'est un buste d'homme ,
se terminant en gaîne ou en hermès, qui peut avoir été un
dieu Terme.
Celte statue en pierre calcaire , de grandeur de trois quarts
de nature , est d'un travail assez grossier; un petit manteau
ou une draperie est jetée sur ses épaules et sa poitrine ; le reste
dn buste est nu jusqu'à la ceinture , ou Ton a sculpté une
feuille d'acanthe d'un assez bon style , à la place du Phallus
et à la naissance de la gaine , tronquée à sa partie inférieure,
La têle , dont les cheveux sont courts , est imberbe. Ce monu-
ment , découvert il y a une quinzaine d'années , a été mutilé
depuis cette époque ; il a été blanchi à la chaux en même
temps que la muraille à laquelle on Ta adossé. La tête, séparée
et ensuite rapprochée du tronc , a beaucoup souffert: on l'a
barbouillée ou badigeonnée d'une couleur briquetée; un des
bras a été brisé ^ et a disparu j le gauche , également séparé
du buste , nous a été reproduit. Il était replié h la hauteur
des hanches , et appuyé au corps j sa main fermée paraissait
tenir un objet qui n'existe plus, mais qui s'appuyait au bras,
et en suivait le mouvement : peut-être une corne d'abondance,
un rythoui etc.
Nous pensons que la prétendue ville à'Hispalia fut , dans
le principe , un de ces camps permanents (^castra staiiva) où
les Romains , qui ne faisaient jamais stationner leurs troupes
dans les villes en temps de paix, leur faisaient tenir garnison.
Ils plaçaient ces camps à côté de leurs voies, pour les protéger
et les défendre , et quelquefois même pour les construire , les
entretenir et les restaurer , ainsi que les ouvrages d'art aux-
DU DépABTEMBVT DE TABV-KT-G4R01firE. II
qnels on occnpait les l^ons , comme des aqueducs, des ponts, '
etc. Ces camps devinrent l'origine de plnsieurs Tilles , ^ Tépo*
qae du Bas-Empire et dans le moyen âge , d*où les mots de
Castrum et de Ckisiran souvent reproduits comme noms de
lieux, dans notre géographie des Gaules et de la France.
Yers la partie la plus avancée d'Hispalia , ^ Touest , et
touchant à FAveyron , on remarque sur la rive opposée quel*
ques maisons agglomérées qui ont gardé la dénomination de
Capde\^ille (tête de ville) , caput wrUs, Originairement, sous
les Romains , ce village ou hameau ne £iisait qu'un avec la
mando on vicus de Cos. Dans le moyen âge , ils formaient
encore une seule communauté : la séparation des deux terri-
toires n'eut lieu qu'en 1 700.
Cathala-Coture ( Histoire du Querci \ et , d'après lui , Du-
laure (Description des principaux lieux de la France), ont
parlé à^Hàpalia, <r Si l'on monte, lorsque les blés sont grands,
« disent ces écrivains , sur les coteaux situés au-dessus du vil-
« lage (de Cos), on voit ce terrain (celui XHispalià) , à peu
c près à vue d'oi:»eau ; il ofire alors le plan exact d'une ville
, « avec ses rues bien alignées , ses places publiques i les épis
« plus clair- semés dans les endroits des constructions, forment
•t ces traces , etc. »
Le même fait nous a été rapporté sur les lieux , mais nous
ne Tavons pas constaté : il n'a du reste rien d'étonnant.
Hispalia est un mot celtique, celtibérien ou ibérien^ plutôt
qae latin , comme Hispania , Ilispalis, etc.
Nous avons fait mention plus haut du camp de Gandaiou
ou des Vandales ( Castnim-Fandalonim ), entre Castelsar-
rasin et Moissac , vers le confluent du Tarn et de la Garonne.
Une tradition constante l'attribue aux Vandales , et son nom
semble en effet indiquer cette origine. Néanmoins , dans une
la BCOKUMBirTS HISTORIQUES
dissertâtîoD sur ce sujet , lue il y a plusieurs années h Taca-
démie des sciences , inscriptions et bellesrieltres de Toulouse ,
M. Du Mège a démontré le peu de probabilité de cette opinion;
et il n*a pas hésité; d'après la forme et la position de ce camp,
Toisia de la voie de Tolosa à Aginnum , et destiné à la pro"*
léger , cofaimc celui àiHispalia , la yoie de Tolosa à Divona
et la mansio de Cosa^ à avancer ^ en appuyant cette hypo-
thèse des plus fortes probabilités, que cet ouvrage de castra-
métâtion avait eu les Romains pour auteurs (1)5 mais , peut-
être , les barbares qui ont ravagé plus tard TAquitaine et la
Gaule Narbounaise , en ont-ils fait usage : circonstance qui
s'est reproduite plusieurs lois et dans différents lieux , lors de
rinvasion des barbares dans les Gaules et dans le moyen âge.
Le nom de Castelmayran ( Castrum- Mororum) , et plus
encore la configuration du terrain qui environne ce village ^
indiquent assez l'existence d'un camp dans ce lieu.
La découverte récente du buste d*nn empereur dans le voi-
sinage de cet emplacetuent , entre Castelmayran et Saint-
Aignan ; celle d*un grand nombre de médailles impériales; le
tumulus placé sur la hauteur qui domine cette position mili-
taire , semblent encore y attester la présence et le séjour des
cohortes légionnaires , plutôt que des soldats Mores, en admet-
tant rétymologie de Castelmayran , qui n'a peut-être pas plus
de rapport avec les Mores que celle de Castelsarrasin avec les
Sarrasins (a).
(1) Mémoires de l'aeadémie des sciences deTouloase» etc. ; 2*.
série, tome I » 2*. partie, page 65.
(2) C'est ainsi qu'à Toulouse et daos le reste du Languedoc , le
peuple doone généralement la déucmioatioa de Sarrasines à des
médailles ou monn)ies rt'connues pour celtiques, par Rartbélemy,
Audibert , M. Du Mège et tous les numismatislci.
BU DéPABTCMBlfT DE TÀBN ET-GAROHICB. l5
DciDs la direction de la voie de Tolosa à Aginnum , près
<)e Merle , s^ élève encore de nos jours une grande botte en
caïup retrancbé : la tradition locale qui en attribue la cons*
trnction aux Anglais, a conservé le souvenir d'une bataille qui
se serait livrée dans ce lieu. Des boulets de canon qu'on y a
trouvés en attestent le fait. Cependant , si ce combat eut lieu
entre des Français et des Anglais, la date n'en saurait être an-
térieure à celle de la bataille de Crécy , où il paraît que ces
projectiles furent employés pour la première fois.
Dans une partie de la commune de Douzac et sur la même
voie , le sol , d'une fertilité prodigieuse , est presque entière-
ment formé de détritus de corps humains ; et quoique Tliis-
toire ne nous ait point transmis le nom des deux armées dont
k sang inonda jadis ces campagnes , tout annonce que leurs
fronts se choquèrent dans cet emplacement.
Tout près de la, enire Donzac et Saint-Loup , on trouve les
mines d'un pont romain appartenant à la voie , et partout des
médailles romaines.
§. III. Autres constructions et monuments appartenant
aux Romains, — Quoique Moissac se recommande particu-
lièrement à l'âttenlion et à l'intérêt des archéologues et des
artistes, par ses monuments religieux et du moyen âge dont il
sera feit mention plus bat , cette ville , dont l'origine est ro-
maine ou gallo-romaine , possède encore quelques antiquités
qui font remonter son berceau à cette époque (i). Une des plus
intéressantes est sa voie militaire et les restes du pont sur la-
quelle elle traversait le Tarn. En démolissant une de ses piles,
(0 Cette tille, dit M. Du Mège , subsistait au moins dans le
Bas-Empire. Foyez le Voyage littéraire et archéologique , etc.
l4 MOlfVMBNTS HISTORIQ17BS
il y a quelques années , on a d^ouverl des fragments d'épées
romaines et des médailles impériales du Haut et du Bas-Em-
pire ; parmi d'autres débris antiques ^ dans le faubourg Saint-
Martin , on déterra en 1821 des tombeaux en marbre. L'an
d*cux, signalé par M. Du Mège, appartenait au IV*. on au Y'.
siècle. Un autre, également trouvé dans Téglise de Saint-
Michel, contenait une croix , aussi en marbre , dans laquelle
une relique était enfermée. A côté était une urne ou un vase
en terre, de la forme d*un prœfericulum. Vers le même temps
on fit aussi la découyerte d'un beau chapiteau corinthien et
de tronçons de colonnes en marbre^ etc.
M. Grivaud de la Yincelle , d'après un dessin de Beaumé-
nil , extrait d'une notice manuscrite de ce comédien-anti-
quaire ( I ) , sur Moissac , a fait graver dans son Recueil des
Monuments antiques découverts dans l'ancienne Gaule {7) ^
une urne cinéraire trouvée dans un jardin de cette ville, près
de réglise abbatiale, en 1 760, et remarquable par la matière,
la forme et le travail. Elle était de basalte olive foncé , d'un
grain fin et serré ; elle avait trois pieds quatre pouces de haut
sur deux pieds deux pouces de large , y compris les anses ,
hors de proportion avec le corp9 du vase rempli de débris
d'ossements avec une petite quantité de cendres. On y voyait
sculptés eu relief trois personnages entièrement nus , un
homme entre deux femmes qui cherchaient à l'entraîner cba*
(1) Les maBUScrits de Beauménil, contenant dea notices sur les
antiquités de plusieurs filles de France, existent dans les cartons
delà bibliothèque Maiarine, à Paris. Elles ont été écrites entre les
années 1760 et 1770 , pendant le séjour que cet antiquaire , plus
zélé qn*éclairé , faisait dans ces localités, comme comédien.
(2) Deux Tolo.mes et un Atlas de planches. Foyez tome 11 ,
page 98 ; et pi, XU , 2.
DU DÉPABT£MBNT Di TARN-BT-GAROMVC. l5
cooe de leur côte , taudis que dans rindëcision il paraît
craindre également de s'abandonner k Tune et h l'antre de
ses compagnes > si toutefois l'intention de l'artiste a été bien
saisie et bien tendue par le dessinateur. Le premier a peut-
être Youla représenter ici un homme veuf de deux femmes
qu'il aime d'une égale tendresse, et qui, dans le séjour des
morts , le réclament à la fois et aux mêmes titres , sans qu'il
puisse se décider à donner une préférence. Peut-être aussi est-
il an milieu de deux méchantes femmes qu'il redoute autant
Tune que Fautre. Enfin, faut-il Toir ici une allégorie el
rembarras d'un homme faible, placé entre le vice et la vertu,
sujet qui rappelle une ingénieuse composition de Corrège?
M. Griyaud, sur la foi de Beauménil , reproduit encore
dans son recueil (i) un chapiteau du cloître de Moissac, qu'il
croit romain et du IV". ou du Y', siècle , représentant une
danse d'enËints nus formant une chaîne. Nous n'ayons pu
retronyer'té morceaii du XIP. siècle , plutôt que des deux
premiers.
La fontaine de Landerose , décrite par Cathala-Coture et
Dulaure (p) , ii^est point un monument romain , comme on
Fa cru.
On a recueilli a Moissac un grand nombre de médailles du
Haut et du Bas-Empire, d'une assez belle conservation. Beau-
coup sont passées dans les mains des étrangers.
Nous ayons déjà parié du bourg de Saint-Jean-de-Malanse ,
placé sur l'ancienne voie de Tolosa à Aginnum , et sur la
route actuelle qui conduit de la première de ces yilles à la
(1) tome H, page 200; et pi. XXI, 1.
(2) Histoire du Querci. — t)escriptioD des principaux lieux de
la France.
l6 MONUMENTS HfSTORIQVES
seconde et à Bordeaux , et nous ayons émis la conjecture que
ce lieu avait dû être une des mansiones ou du moins desmu-
tationes de la voie.
Nous ferons usage , pour la description de Malause et de ses
monuments , d'une notice de M. Lagrète-Fossat , jena« litté-
rateur et archéologue de Moissac (i) , insérée dans FËcbo du
monde savant (2).
« Un peu au-dessous de la jonction du Tarn et de la Ga«
ronne , se trouve le bourg de Saint-Jean-de- Malanse... Les
ruines imposantes d'un château du moyen âge en dominent
d'autres plus antiques et d'une plus haute importance. Cest
un heureux hasard qui l'apprit aux archéologues, il y a peu
d'années. Yoici comment: un cultivateur , en labourant son
champ , ayant observé que sa charrue était arrêtée par des
blocs de pierre qui y étaient enfouis , se mit à défoncer son
terrain , afin de triompher de l'obstacle. Le premier résultat
de son travail fut la découverte d'un énorme chapiteau coria-
thien , et de plusieurs médailles romaines à l'effigie de Nerra.
Il trouva ensuite quelques mosaïques qui furent envoyées à
Agcn , à feu M. de Saint- Amans. Depuis , les antiquités de
Malause restèrent oubliées jusqu'en 1828, que M. Du Mcge
publia son voyage littéraire et archéologique dans le dépar-
tement de Tarn-et-Garonne.
« Les fouilles qu'on vient de mentionner, avaient misa nu
des fondements de brique et de pierre; ils furent enlevés et
vendus pour des constructions. Depuis, il n'est pas d'habitant
qui ne creuse dans son fonds pour en extraire des matériaux
analogues. Ces recherches ont souvent eu des résultats inté-
ressants pour la science. En voici quelques-uns :
(1) Secrétaire de la Société archéologique de Moissac , dite du
CloUre f et inspecteur des monumeDts historiques.
(2) l'^ division, n®. 3Jeudi 20 janvier 1836.
DU DCPABTIMBHT DE TARir«nV«AROHirV. 17
« On a cUconvert, en i8a6 et 1827, des lombeaax en
'piem , paurftitement eonaems, atec leurs couvercles k faces
trapétoïdes 5 en 1828 , noe slalne en Lrenze , baote d'environ
trois pieds : elle fut vendue à on fondeur d*Agen ^ en i85i «
un trè»*beau pavé en marlire , composé de losanges dont les
eôtés ont cinq ponces | kursnrËioe, alfernativemeiil blaticbe
et noire , conserve on poli remarquable; en i8S5f des troa*
çoos de colonne et dcnx corniches , dont une en marbre brun
présentant les caractères de celui de Saint-Béat. »
M. Lagrèze-Fossat , en continuant ses explorations du sol
de Malanse , a trouvé un assez grand nombre d'objets antiques ,
et, entre autres, trois nouvelks mosaïques. • La troisième »
dit l'arcbéologue de Moissac , est la miens conservée ; des seg*
méats de cercle d'un bien cendré sj dessinent , tournant avec
symétrie autour d'un pentagone de mètee couleur , tandis que
leurs cordes , douUement arquées , s'inclinent vers leur centre
00 leurs nœuds à reflet rose , s'entrdacent avec des triangles
d'un jaune clair. Le fond de la mosaïque est blanc. » Les
antiquités de Mâlause, explorées jusqu'à ce jour , sont parti-
culièrement situées entre l'ancienne voie et la grande route
moderne.
Attvillars est un point trop important par sa position na-
turellement fortifiée , et qui domine tout le cours de la Ga-
ronne, pour que les Romains ne s'y soient pas établis. Aussi
trouve-t-on dans ses environs beaucoup de médailles et de
fondements , et antres dcbris- considérables de monuments
d'une certaine importance , qui ont appartenu à cesconquc-
ranls-législaleurs de nos Gaules.
Il y a peu d'années qu'on a découvert à Castelsagrat , où
passait la vote dite Clermontoise, parmi d'autres débris de
l'âge romain , un buste de femme , en marbre blanc } aux eu.
|8 VONVMEVTS SISTORTQ'PES
virons àé Mira mont, sur la même voie., oo a trouvé, une •pe-
tite statue de femme , également en marbre : elle est nue , e€
parait représenter une Ténus. EUe a ilé recueillie pat M%
rinspecteur des écoles primaires du département. .
' A Piquecos , dans le voisinage de la voie de Taio^a h Di^
vona ) loealité où tout atteste le séjour des Romains , des iouilr
les ont rendu au jour une statuette en bronze de Minerve. La
déesse des arts et de la sagesse est représentée debout ^ elle est
vêtue d^un ample peplus ,û^oii se dégagent seulement la cuisse
et la jambe droite 5 elle a le bras droit élevé ef la main'aripon-
die et fermée , dans l'attitude de tenir une lance , un javelot^
etc. 5 dans le bras gauche est passé un très-grand bouclier. dé
forme ovale , sur lequel sont figurés un caducée et la tete.d«
Gorgone au-dessous. Cette figurine, qui n'a guère (|0O' huit
ou dix pouces de hauteur , offre un trèsrbeau style de draperie
et , eu général , d'exécution. Elle appartient aupuixl' bai à^Mi
Bigail de Lastours, conseiller de préfecture , à Montanbao^
On ne voit pas sans un vif intérêt , quand on descend dans
le vallon de Caylus, les mines d'un ancien château -fort placé
d'une manière très-pittoresque sur le sommet d'un rocher ,
autour duquel est groupée la petite ville h laquelle il a donné
son nom , et qui , selon une tradition locale que rien n'auto-
rise , quoiqu'elle ait été recueijlie par un historien de la pro-
vince, serait d'origine romaine , et aurait eu pour fondateur
un Caïus Liickis , chevalier romain , et prétendu Ueutei^nlr
de César dans cette partie de la Celtique (i). Cette fable ne
(1) La cité des Cadurci ne fut réunie à TAquitaine que rous
Auguste, qui la démembra du département de la Celtique. Plua
tard , dans la division de l'Aquitaine en trois provinces , elle fit
partie de la première.
DU DiPARTBMElIT DS TiJUI-BT-GAROjrKB. I9
demande pas nne réfutation séricnie (i)* Les rtfttei encore
imposants da châtean de Caylos furent visités, il y a envi-
roQ yingt ans , par MM. Monge et Bertbolet , «{ui y reconnu-
rent des traces de constr action romaine. Cette obsenration a-
été constatée depuis par plusieurs voyageurs et par nous- même.
Ces débris ne consistent plus que dans une tour carrée asses
élevée et qui parait être , du moins à sa base et dansaes parties
inférieures , un ouvrage du Bas-Empire. Ils étaient beaucoup
plus considérables à la fin du dernier siècle ; mais à cette
époque , c'est-à-dire au commencement de la révolution ^ ce
qu'avaient épargné jusqu'alors de cet édifice le temps et les
bommes , fut vendu comme propriété communale. Une vigne
s'élève -aujourd'hui dans l'enceinte du vieux Casirum.
En travaillant profondément le terrain pour le niveler , on
a trouvé plusieurs marches d'escalier en pierre. En plusieurs
endroits le bruit des outils des ouvriers était sonidemenl répélé
par des échos souterrains^ attestant l'existence de voâtes qu'on
n explorerait peut-être pas sans fruit.
On a trouvé en divers temps, à Caylus et dans ses environS|
un très- grand nombre de médailles romaines, mcme des pre-
miers Césars. Beaucoup circulent avec la monnaie ordinaire de;
cuivre. Outre les pièces en bronze , dans les trois modules ,
qu'on déterre toujours en plus grande quantité que celles
dans les autres métaux , on en découvre assez souvent en
argent et même en or j entre autres , un Trajan de la plus
belle conservation (un aureus] tout récemment rendu au jou^f.
Un chemin très-ancien , nommé \ Estrade {^ina sUnta)^
et que son nom et son genre de construction font attribuer aux
(1) Elle a élë reproduite naguère ^ans une notice insérée dens
rAnnuaire du dëpartemenf de Tarn-ct Garonne » 1837.
20 MOirVHEïrTS HISTOBtQUBS
Romains , circule près de Cajins , dans la direction de Saint-
Antonin à Cabors.
Dans la banliene de Caylns plusieurs noms de localités sem-
Ment offrir une étymologie latine et avoir appartenu à cette
langue , ou peut-être h. la romane , qui fut celle du moyen âge
dans cette province.
a L'origine de Mirabel , dont le nom est Mirabilis en
latin , dit M. Du Mège (i) , ^est entièrement inconnue ; mais
les monuments que Ton a découverts , soit dans son enceinte ,
soit dans le voisinage , indiquent une assez haute antiquité.
La fontaine qui , sous le nom de Saint- Beneck , existe dans
son territoire et dans laquelle on jette encore des pièces d'ar-
gent, est une àe ces sources sacrées auxquelles les Gaulois
offraient les mëtant les plus précieux. On a trouvé dans le
village de Lamourie une tête de Vénus en bronze doré. Les
médailles romaines ne sont pas rares dans cette partie da
département. 11 paraîtrait donc que les Cadurci adoraient
autrefois la fontaine de Mirabel , encore révérée aujourd'hui )
que les divinités de Bome furent honorées dans cette petite
région , et que le commerce y porta les monnaies chargées des'
images des Césars , etc.
Parmi les médailles découvertes à Mirabel , on en remarque
placeurs en or de Tempereur Honorius. Une de Constantin
fut trouTée dans les ruines du fort destiné à recevoir les habi-
tants pendant les jours d'alarmes (2) .
^Une branche de k voie romaine de Tolosa II DisHina pas-
sait li Mirabel, oh l'on en reconnaît les restes.
(1) Voyage littéraire et archéologique dans le département
de Tarn-ei-Garonne.
(1) Mirabel , qui n'est aujourd'hui qu'un bourg, fut autrefois,
une ville détruitepar la guerre. Les quartiers formés par les mai-
sons sont encore indiqués par des voies ou rues couvertes de
DU DEPÀATgMKirT DE TiaV-VT-aiROHlVI. 21
NonsaTons dqà parlé de lexialeooed'Qa UimuUàs k Mira«
beU Nous aurons encore à nous occuper des luonuments du
moyen âge de cette localité.
\. HoUères, on retrouve encore les traces de la voie de
DivQu^ ; des substroctions de fuurs et beaucoup de monuments
des Romains ^ des amphores et des urnes cinéraires , etc.
Beaucoup de médailles romaines ont aussi été retirées de la
terre , à NègrepUsse.
Il existait à la Mothe-d* Ardus, près de Montauban, une
forteresse romainp, sur |cs ruines de laquelle on construisit ,
dans le moyen âge, un diâteau qui dominait sur b contrée
qui s* étend des poster de cette ville joaqu'aux bords de TAvoy-
roa. U iut détruitt^eu i5$q % fâr les Montalbaoais^ sous les
ordres de kur gouyarueur Saint^Micbel : il n en reste plus
que l'assiette.
Catbab^Gdture fiât mention d'noe table sépulcrale conservée
dans réglise de la VoulTène , auprès de Puylaroque , sur la«
quelle est gcafvée cette inscription , qui existe encore :
IVLIAB. AVC. (I),
POiXVMHlVta. (3).
OPTVMO, (3) MARITO.
Poatuminiila ^ affcanohit de Julie Auguste , k un mari excellent,
briques et d'autres malMaux : on ne saurait féu ttler dans eelle-
pariie 4u tevituîre de Mirabel aaas tetrouf er ^ ruiu«4*
Cette ville» la, première des dix-huit villes, basses du Querci ^
fournissait à ce titre une dëputation aux états particuliers de
cette ville.
le fèrt de MlraM , qDù n'existe plus , était flanqué de quatre
tours snnuMitéea detsréUeauï ec percëes de meurtrières. Il tftatt
entouré de fofs^ qiii pqft^lit #uoore la Mf^^tifos$49di^^ rilh*
(OAVGySTiR. . .
(2) Sous entendu UBE^TA.
(3) Pour OPTÎMO.
J
aa iioirvMENTs historiqubs
Le même historien parle d'urnes de terre remplies de
cendres , décofiyertes à Bnmiquel ; d*ane pierre catée d'un
verre fort épaL« ^ d'un lacrimatoire de marbre blanc et de mé«
dailles en or , en argent et en bronze , trouvées à Lauzerte ^
d'antiquités et de mfédailles égal^nent explorées à Septfonds, k
Bidoanet, près doMeissâc, etc. , etc*
TBOIitfâMf PARTIE. — MOYEN ÂOWé
§. L Edifices religieux s CMtret; Egiises,*^heb édifices
religieux les ]^tts remarquables et tes ifin» intéressants sons le
rapport de Tart , appartenant au moyen âge , que possède tè
département de Tarn-et-Garonne , sont le cloître, le portail
et quelques parties de T^Iise dlO' l'ancienne abbaye de Sàint-^
Pierre de Moissac.
. Ces monuments, sans cesse visités, dessinés par les voyageurs^
les artistes qu'ils appellent à Moissac , ont aussi été décrits et
expliqués par plusieurs auteurs et particulièrement, en cqs
derniers temps , par M. Du Mège , daa^ son Yoiyage littéraire
déjà cité plusieurs fois dans ce rapport» Nous devons à ce savant
et laborieux arckéologue, qui les a beaucoup étudiés , une mo-
oographie enoere inédite , et dont une copie a été reiàise faat
lui aux archives de. la préfecture de Tarn-et-Garonne , des
curieuses seulptores doclcntre de Moissac et du porcbe de sOa
église. Par ses soins, plusieurs chapiteaux historiés xlu premier
de ces monuments ont été moulés en plâtre pour Técole spéciale
des beaux-arts à Paris et le musée de Toulouse.
Tout récemment encore ces restes précieux de la sculpture
et statuaire du XIP. siècle, ont été l'objet d'un examen artis^
tique et d'un rapp<Mrt officiel de M. Grille de BeuzeHn , jeune
antiquaire, chargé par M. le Ministre de l'Instruction publique
de visiter les monuments historiques du Querci.
DU 4>épAitTEiifeirT oe TABV-IT^OAROITHE. 25
Une nottvelle motioçrftfhîe de 0001 qui nom oecnpent ea
ce moment doit être jointe à ce rapport , dont nous allont
extraire le pesBa|[e relatif an cloître et k l'église de Moissac.
o Les restes de Tabbaye de Mcnssac , dit M • Grille de Ben^
zelia , se conposent d'oae ancienne toar dont les deux salles
iatérieares soperpOMOt présentent un ensemble d'iHie belle et
sévère architecture , de qaelqnes fragments de viens murs de
régllse qui possède encore k l'exAéiiear des ornements de fe-
nêtre. Une pierre incriistée maintenant dana le mur d'un
cbœnr plus moderne , donne la date de k conbéeratioo , et in-
dique les évoques qui aimstèrent à oeile céréiaenie , en io63 ;
l'empreinte en ^ été relevée^ Le reste de celte portion de Tédi'
fice est du XV** siècle. Mais- ce qui appelle particulièrement
Tatteotion , c'e5t le perobe acoolé au mole de la tour , et le
cintre qui s'étend au nord de Téglise. Le tympan ogive du
portail est occupé par un bas-rcUef qui représente le Seigneur
dans sa gloire , d*après T Apocalypse -, il e&l entouré d«& Symr
boles des Evaagélistes et de$ vingt^quatre.roi» qui chantent ses
louanges. Cette page est dans 0e genre une des plus, belles e|
des plua vastes qu'on puisse trouver, Aia nature des draperies^
au style du travail , au caractère des figwes , >ai eru recooT
uaitre Toenvre d'un axtisie grec f peut-être ua.de ceux qui sont
venus travailler k Chartres,^ et qui se.serak arrêté en chemin.
Aux deux cotés en retour , sont d'antres. bas-srelie& sur trois
rangs. A droite 1 des sujets tiré» de l'histoire de la Vierge ^ à
gauche, des persMoifieattonS' très-caractéristiques de k Luxur»
ei de l'Avarice , et de leur punition dans l'enfer* Lee moines
cherchaient à mettre en relief la Vertu qui devait les distin-
guer des autre» hommes ^ en poursuivant le vice contraire : ils
attaquaient le péché qui nuûait à raocroissemeut de leurs ri-^
ehessesr Aussi cette feprésenution est elle souvent répétée à
À
i4 MOmMBITil WSTOUQIIBS
Saiiite-Croii de Bordcam , à 'HoDimorilloD , k Saiot>^acques
dcRalUboone, «te.
EofÎD, le eloîlredoQtlea arcade* clives repOMBt anr quatre^
viogls cbapiteaux difTërenti , qai varient eacore lonTeBt sur
leurs quatre &ces , et présealent la saie presque entière de*
fait* de VAnden et du Kotman TestaDwat et <k U légende
des Saint*.
Voici en quel* termes boas non* eipriniou* daoa notre rap-
port , dans la sessiou du congru scientifiqne de France, teune
i Douai en i835 , sur les momament* hittcrique* du Lot etde
Ta ru -et- Garenne , au sujet de l'altenlat eomims en ifSi , sur
les sculpture* du portail de l'église de Hoîssac.
■ Ou doit déplorer les prétendues restaurations faites i
l'intérieur et k l'extérienr de l'élise abbatiale et aujourd'hui
paroÎKiiale de Maissac, et particulièrement aux sculplure*
nombreuses et irès-remarqQables de son porche ou partnil.
Ici , ce n'est plus d'un simple badigeon jaune qu'on a cuduit
d masqué les figures de* bas-ielieft , et celles des divers sujets
sculptés dans l'inlétiedr de VMtfice ; elles ont conùne disparu
MUS la croûte épaisse et les couches successives et muhlpUées
d'une peinture i l'huile grossie et compacte, de couleur
grise. NonssignalâmescettebarbarieJM. Vitet, alors inspe&
teur général des monuments historiques , k son passage à '
Montauban, en tS55. Noos raccompagnâmes sur les lieux ,
etilneputqnegémiraTeCBousdececrimede lèie-beanx^rts ,
dont il n'y a quo trop d'exemples, même dans de plus grandes
villes que Moissac(t).
(t) H. te Secrétaire de la Soei^U archfolDgl(|ue de Mvlisao
niHii écrit au suict deoelactede TaDdalisne i s Après aralr cmi*
• sultii le* meilleurs cliiaiistea d« Toulouse, j'ai eisajé d'caleier
DU BEPAaiftlIXIlT DK TAtV'KT-^AROlIKB. aS
Le doitre demande de« céparations indispeMftbbs et ar^
geates, qu'on évalue k «nesoBiine de 5,98a fir* , déas le devis
qui noua a ^té oommuoiqué.
Ou voit à AuTÎllan ime cbapelle btlie dam k XIV*. aiècle
par le ûmeux Bertrand de Got ( le fêfê ClémeotY )• Au
sosimet de l'arc k pleiu-cinire de cet édifice , 00 remarque le
moo<^raffl|De du Christ fonaé d'un X ( Chi) et d'u P ( Rho)
accompagné de droite et de^ gauche d'un A {Alpha ) et id'nn m
( Oméga )• L'inlérieiir du. monument ne répond point à l'a»-
pectjDonumental de son petit portail, reoMt'que avec vaisoB
l'auteur du Voyage littéraire*
L'église de Bessen» est reiRai^able par son architecture
romane à plein-cintre, qui a précédé le style ogi^aL
Le portail de l'église de Grisolles ( EcclesMa ) est digne lie
fixer l'atteotiou des amis de l'art dans le moyen âge. Nous en
emprunterons encore la description i M, Du Mige (i) : « Il
est de forme ogive ; les dix arcs dont il est composé sent en
brique j un arc extérieur qui sert d'encadrement est en pierre,
et couYcrt de sculptures } buit colonnes en marbre des Pyrné^
décorent le portai , et supportent des chapiteaui sus. lesquels
on a repré^nté quelques sujets tirés de l'Ëcriture Sainte , et
plqsien^ compositions allégoriques: 00 y vottVAanonciattoit,
l'Adoration des Mages, la Circoueisioo , la Fuite eu Egypte ,
le Baptême de Jésus-Christ , Jésus-Christ ressuscité , Tune des
« la eroftte faî talk notre portMl , teules ont été satis résultat ,
a tant elle est épaisse. Ui^p^ntN de cette 4ef elère ville , «fui a
« fait des essais en ma préseuee» m'a assoré quMl ne se cbsrgerait
« pas de remettre les choses dans leur ancien état pour 3,0QÔ fr.
« If faudrait gratter' atec soin et précautions , ce qui demaude-
« ralt beaueeupde temps et de patience, v
(]) Loco ciialo. y éd. saprà.
26 MOfrUHieifTS HISTORr<}VBS
Saintes firiliiiies , saim Pierre , ^int Paul , saint Martin Joo-
naat obe^rtiede son manteau à un pauvre, le même placé
entre deux acolytes , et le martyre de ce saint* Vti autre bai^
relief repir^enle ua sojet qui se trouve répété snr beaucoup
de monuments chrédens ^ et que Ton vuit sur quelques autres
que Ton adccouverts en Egypte. Vu bon et un Bmuvaisgënie,
ou plutôt un ange et un dëmon pesant les âmes de cèwL qui ne
sotttplos. Le pÂds des bonnes action^ l'emporte- t-ii? le gvnie
a'empa^de l'ame du juste et lui indique la route des demeures
célestes ; mais l'ame a-t-elle été souillée par le crime? le génie
du mal , le démon eu devient le maître , et la prceipîte dans
les régions infernales, n Le sujet de ce dernier tableau est ce
que les artistes appellent la pesée des ames^ fonctions souvent
attribuées à Tarchange saint Michel.
La tour do clocher de Caussade est un des monuments relr-
gicux do moyen âge ^ les^ plus intéressants que possède ce dé-
partement. Il est historique.
Le B. septembre i562 , Doras , chef d'un corps de protes-
tants, surprit Caussa^de et le détruisit presque entièrement.
Ceux des habitants" de cette ville qui ne voulurent point
embrasser le calvinisme , furent massacrés par ordre do^ vain-
queur 5 on précipita les ecclésiastiques do haut du clocher y
sur les pierres duquel on croit voir encore les traces du sang
de ees martyrs*
Ce monument se fsiit remarquer par son élévation, sa grâce
ei.sa légèreté. &a forme est. octogone , et chacun de ses huit
côtés .oijbre trois rangs de doubles croisées parfaitement symé-
triques et régulières. Il est en briques et supporté par un ou-
vrage considérable de forme carrée , qui lui sert de basiç et
qui est construit en moellons, revèlu d'un parement en pkvras
d'un petit appareil , avec des piliers buttants.
DU DSPlRTemHT DB TJIBIT-ET-GAROHHB. 1XJ
Cm parties infifarieures , qai paraisMnt fltuB aôcicnuts qoe la
fièche ou raiguille , pevwDt aToir été tortifiéet pour aenrir à
la défisnae dt ses habitants.
Les croisées en plein-cintre do clocker de Caossade rappela
k&t rarohiteolnre romane , antérieure au style o||îval , et la
forase de la tour et de son toit pyramidal , celle des clochen
octogones dn XI*, et sortent du XIP. sifcles.
Cet édifice est dans un eut de dégradation qt» commande les
plus ofgentes réparations* Chaque jour il s'en déuche des
briqueset des pierres qui meHent en danger la vie des pasmuts.
D'après im deyis tpie nous avons sons les yeai , les travaux
de restaoration de la tour du clocher de Caqssade «ont évalués
à une somme de 12,770 fr.
Noos avons déjà parlé de Mirabel. Son église , bâtie an
milien de ce qo'on appelle le Fbri (i), est en partie voûtée
ainsi que plasieors chapelles ^ le clocher , de forme octogone ,
est très-élevé. Le cimetière est sitoé ao nord de Tédifice et
entouré par les restes des mors de la forteresse.
On remarque des peintures curieuses sur les murs de l'an-
cien couvent des Bernardins de la Garde-Dieu , dans )a
même commune. Les^ vitra ni peints, dont on voit encore
des fragments , représentent des scènes tirées de Livres saints.
Avant la révolution f^les difiérentes paroisses situées dans
le territoire de Mirabel , ainsi que celles de Saint-Pierre et de
rHonor-de-Cos , se réunistsaient k Mirabel et aMaienl procès-
sionnellement au couvent de la Garde-Dieu, pour remercier
le Ciel d'avoir préservé ce pays de la peste qui ravagea les
contrées voisines.
L'église de Notte Dame*def^Mùèrefe$t encore célèbre, el
l'on y rient même de très^loin pour accomplir des vceui »
(0 ndtsuprà.
L'^lûe de Moalfeial est sous riavocalioa de tt^ot Martin.
?^ûus DC pooToos mieax &ire que de co{>ier l'aoteurda F^c^age
littéraire dans la description qu'il d^nne 4e cet édifice : « Sai
porte est en ogiye^ deux niches élctées,. placées de» deux coiés,
renfermaient- autrefois des statues. lia partie supérieure de ia
tour qiki servait de clocher a été démoUe^pendattt la rét«ia-«
tion. L'église fut autrefois décoréeaTec goût , et des Iftfaleaor
prcoieux y étaient pkeéfr^ On reÉiarque, dans le chceur , une
loAgoe tapiâseria qui retrace différentes soàœs de la légende
de saint Martin : c)eUe tapisserie est di^sée en seûse compartin;
uoents^ an^^^ssM^deduNOtne-oot Ut une.inscri|^tWi» » en. T^rs
firaoçais, qui explique, le^ sujet représenté. JUft inseriptious
sont tracées en caractères blancs sur un fonds écariat^. On ne
rapportera ici que les trois premières pour donner, une idée
du style : leur siijigularité ajoute à Tintérêt qu ofirecette tapis-
serie, monument {«récieu]^ du XI Y** sièjcle , ou de la prenûère
partie du. Xy®. '
1.
• Quant de Amiens Mertin se partist
Peur cheminer soubs loy panenne »
AU poTre son mantesti t>srtist
Faisant œuvre de fol chMstienne.
H.
Lui , reposant come endortny,- -
Dieu se appanist environné
De AngeU auqueU disoit ainsi :
Martin le maatcau m'a donné.
* ■ ë
Une fois, Martin tomba 4ans les picges de Fesprit malin j
mais la Vierge Marie yiut miraculeusement a son secoiirs , en
I^.fr4^tlû0tayec unpnguent, apporté par up ange^ remède
dont malheureusement on a perdu la recette coatre les chutes
du même genre. Voici le fait :
DU BépARTBMBBtT DB TAftir*ET-OABOI«lfE. lï^
llf.
te diable fit tomber Martio ,
Dftnt le tint navré grief femeat :
Unie sain et laaf fat le mati»,
Par Yeriii fVun «aint angueineiit
Qui fut par angel apporté ,
Dont fut oint et conforté
Par la Vierge et Mère Marie ,
Dont «« f ralaaore Ht guérie.
Satan ne s'en tint pas k ce premier essai de sa puissance ;
mais par la suite il eut toujours le dessons dans les nouvelles
embûches qu'il dressa contre notre saint et les mauvais tours
qu'il tenta de lui jouer.
Cette tapisserie est un don fait à l'église de Montpezat et h
son chapitre, par Tan ées prélats , du nom de Oesprez.
Deux monuments assez bien conservés existent encore dans
le chœur de Féglise de Montpezat. Ce sont deux statues sépuU
craies; l'une d'elles , selon la tradition , appartenait À Pierre
DespreZjévêque de Riez, archevèqne d'Aix, cardinal , légat en
France , et que l'on regarde comme le fondateur du petit cha-
pitre qçT fut établi k Montpezat 3 la statue est en marbre
blanc. L'auti*e monument représente aussi un évèqtie , et il
est probable qu'il appartenait de même à là famille Desprez
qui a produit plusieurs prélats (i) , et à- qui appartenait la
seigneurie de Montpezat.
La tour du clocher de Téglise de Ncgrepelisse , rappelle
celles de Catissade , de Moutricoux , de Monteck , de Finhan.
(I) Entre autres Jean de Leltes-Desprez de Montpezat, ablié
ëe M<^asac et éréque de Montaiiliaii, qui^aprèa afoir ré>igiië ses
bénéfices , embrassa la Réforme , se maria , et se relira à Genève
où il vécut plttêieora années.
5p MOlfVMElVTS SISl'OJilQVBS
L'église de Montricoux a été iiâtie par les Templiers , la croix
du temple est encore figuréesur la voûte de Tune deschapelles ;
le cimetière qui y est anoexé servit de sépulture aux membres
de cette milice leligieuseet guerrière. Uoe antre chapelle sé-
pulcrale a été construite au milieu de son enceinte* Cet asile
de la mort tonche également à leur ancienne maison, aujour-
d'hui le château.
L'église paroissiale deCaylus, ^nt ou attribue la fondation
aux Anglais, pendant leurdomination dans le Querci, est d'une
belle construction, son vitrage^est assez remarquable j sa yoû'e
réunit l'ogive et le pleiu*cintre ; son clocher, d'une cons-
truction récente (1720). présente une flèche octogone en pien^
de taille, sans balcon ni saillie.
On lit sur une dalle du paré de la nef, cette inacription :
«r Cjr gist ( 0 ^^ Coligny-Saligny , chevalier de Malte
quijut tué à Saint^Antonin ,le2i mai 1632. Requiescat in
pace. »
La pierre tumulaire qui porte cette épithaphe est longue
d'environ deux mètres, et taillée; dans. la partie supérieur^
se trouvait un écusson (le blason ou les armoiries de M. de
Coiigny-Saligny ), dont la sculpture a été brisée avec un d*
seau, dans la révolution.
Ce tombeau rappelle les guerres de Louis XIII contre les
protestants 5 ceux-ci assiégèrent Caylus et s'en emparèrent.
Des cruautés atroces furent exercées par eux contre les habi-
tants 'y le curé et son sacristain furent au nombre des victimes ;
ils avaient enfoui les meubles précieux d'église , qui n'ont pas
été retrouvés.
A la même époqtie, Louis XIII passa à Caylus, et logea dana
(1) I3n mot effacé.
DU DépAUTSMSB^ DE TARV-ET-GAROVICB. . Si
une maison sUuéesur la place (elle appartient aujourd'hui à
la familleFraissinet). Deux pierres avaient été incrustées dans
les murs de cette maison, en commémoration de cette visite :
Tune portait le nom du Roi et la date de son entrée à Caylus ;
sur l'autre étaient gravés ces mois : Saui^-garde ou logis du
Roi. Ces pierres existent encore. L'inscription de la première
a été en partie efiacée par Ui susceptibilité républicaine; mais
il est facile de la lire tonte entière*
L'église de Notre- Oame-Livron est situédans cette commune,
La voûte de ce monument est assez belle; la construction de
l'édifice paraîtremonter à une époque reculée. L'antique dévo-
tion qu'on lui a vouée et qu'on lui conserve , y attire tous les
ans une trentaine de processions. Le site de cette église est des
pi os. pittoresques. Les fables que l'on débite sur sa construc-
tion miraculeuse , l'existence d'un dragon qui se retirait dans
la grotte voisine d'oii s' échappe une fontaine ti*ès-abondante
et célèbre dans le pajs, doivent être réléguées au nombre
des contes populaires et des fausses légendes du moyen âge.
La ville de Monlauban ne présente à la curiosité du voya-
geur et aux études de l'artiste , d'autres édifices religieux de
l'époque qui nous occupe , que la tour du clocher de Saint-
Jacques , monument de la fin du moyen âge.
§. IL Châteaux. — Bruniquel ( Castrum Brunichildis ).
A ce château dont la première construction remonte aux hauts
temps du moyen âge , se rattachent un nom et des souvenirs
qui leclassent en première ligne parmi les monuments de cette
catégorie , appartenant au département de Tarn-et-Garonne.
L'histoire et la tradition attribuent également sa fondation à
la fameuse Brunehaud, reine d'Austrasie , qui fut mise par le
traité d'Audelot, vers l'an 58; , en possession du Qucrci , où
À
5% . MONUMENTS SISTORFi^VCS
l'on croit qu^elIe fît aussi bâtir le château de Monclar. Une
tour du premier de ces édifices porte encore le nom de réponse
de Sigebert , bien que le style de son architecture ne permette
gttèrede lui assigner une époque aussi reculée que le Vt*. siècle.
Assis an sommet d'un roc escarpé , sur la rive gauche de
l'Aveyron et sur les frontières du Querci et de FAIbigeois ,
l'aspect de ce fort presque inaccessible est âpre et sauvage. Si
on l'examine du côté de la rive droite de cette rivière , on re-
marque qu'il a été entièrement rebâti dans le goût moderne }
mais vu du côté de la ville , il présente des formes qui attes*
tent son ancienneté. Il ne reste pourtant rien de considérable
de l'édifice contemporain de la reine d'Austrasîe.
Le château de Monclar , rebâti dans le XV*. siècle , fut Je
nouveau détruit, en ijg5 , par les Montalbanals.
Le château de Montricoux , ancienne propriété des Tem-
pliers , «c n'offre de remarquable, dit M. Du Mège (i) , que la
partie inférieure d'une grande tour carrée', ayant à chaque
angle une tourelle , et quelques restes des murs de l'ancien
monastère des chevaliers de la milice du Temple. »
Les archives de 1* hôtel-de-ville possèdent plusieurs pièces
inédites , qui ne sont pas sans intérêt pour Fhistoire de cette
localité et de c^Ue de l'ancienne province du Querci. Il en a
été fait des transcriptions dans les derniers temps.
tl n'existe plus rien du château fortifié des vicomtes de
Saint'Antonin.Les ruines pittoresques et romantiques de celui
de Penne, sur les limites des départements du Tarn et de Tarn-
et-Garonne , et surtout les souvenirs qu'il rappelle , comman-
dent l'attention et rînlérêl du voyageur , qui salue de loin les
tours renversées et les murs crénelés et percés de nombreuses
(l) Locê citato y suprà.
Dt7 D&PAmTBMKNT DB TAEV-BT-GAHOirHI. 5*5
meartrièfes de ce manoir fêodal , construit snr le sommet d'un
rocher escarpé , et qui domine l'Ayeyron k une grande hau-
teur. Ce n'est ps sans quelque difficulté, et même sans quelque
danger , que Ton pénètre aujourd'hui dans l'enceinte de cet
édifice , au milieu des débris amoncelés sur son emplacement
et dans le voisinage.
Il serait difficile , dans l'état actuel des ruines du château
de Penne , de se Ëiire une idée exacte de son ancienne magni-
ficence , a répoque des amours de l'illustre troubadour et da
brare chevalier Raymond Jourdain , vicomte de Saint-Anto-
nin (i) , et de la belle châtelaine Adélays de Penne ^ au com-
mencement du XIII'. siècle (%).
Nous nous sommes déjà occupés du château de Caylus ,
comme castrum romain. Il ne nous fournira ici aucune nou-
velle observation , sous le rapport de l'art et de Thistoire ,
comme monument du moyen âge , bien qu'il n'ait pas été sans
importance dans ces temps de luttes sanglantes.
(1) Le vicomte de Saint-AntooiD , l'un des plus célèbres trou-
badours du Xlll*. siècle , acquit un grand renom poétique par
ses eansos on romsoces.
(1) La châtelaine de Penne , tendrement aimée du troQb<idour
Raymond Jourdain , fut sensible à son tour à la flamme et aux
chants du poète guerrier, qui fli pour elle plusieurs eansos. Mais
le valtureux cher^lier , au fori de ses heureuses amours , ayant
éié appelé à la guerre et dangereusement blessé , le bruit de sa
mort se répandit dans son pays. K cette uonvelle , Adélays déses-
pérée abandonna son donion féodal, et, renonçant pour toujours
au monde, fut easevelir sa douleur au fond d'un cloître.
L'affliciion du troubadour fut extrême, lorque , guéri de Sa
blessure et de retour dans sa patrie, il apprit la résolution de sa
Diattres^e , à Jamais perdue pour lui. Il se retira du monde, et
vécut long-temps dans une solitude profonde , k laquelle les
charmes d*Elisa de Montfort , éponae de Gnilhem de Gourdon ,
purent seuls Ven lever. 3
À
34 MONUMENTS mSTORlQVBS
Il serait pourtant à déûrcr <{ue ce qui eu reste encore pût
être conservé, ne (ut-ce qu'à titre de décoration de perspective
dans le paysage qu*il anime.
Sur le vaste plateau ou s* élevait, dans le moyen âge, le châ-
teau des Seigneurs de Montpezat, ou ne voit plus que quelques
paus de murailles. Simon de Montfort en avait fait raser une
première fois les tours et les habitations , après s'en èlre em-
paré y en I2i4*
Du château de Piquecos , oii Louis XIII avait établi sa de-
jneure et son quartier royal , pendant le siège de Montauban ,
il ne reste plus guère ^ dans son état d'intégrité , que la cha-
pelle. On a vu plus haut que des monuments celtiques et ro-
mains recommandaient aussi cette localité.
Nous avons déjà fait connaître ce qu'il restait du château
ou fort de Mirabel, ainsi que celui de Malause dont les ruines
majestueuses reposent sur d'autres ruines plus anciennes ,
comme dans le sein de la terre les débris des générations suc-
cessives reposent les uas sur les autres (i).
n n'en est pas ainsi du château de Bioule , dont les épaisses
et solides murailles, encore debout , attestent quelles furent sa
grandeur et sa force , lorsqu'il était destiné à protéger la petite
ville qui porte son nom. Du coté de Test, il était défendu par un
«rempart flanqué de trois grosses tours carrées, placées à une
égale diatance l'une de l'autre; un fossé d'eau courante, ali-
(1) tes guerres du moyen âge , et particulièrement celles des
Anglais et de Simon de Momfort; et, plus tard, celles de reli-
gion, si longues et si sanglantes dans le Querci ,ont causé la des-
truction de pre84]ue tous les châteaux-forts de cette province »
antérieursau X.VI^ siècle. On est aujourd'hui réduit à interroger
U poussière de ceux de Montech, de Nègrepelisse, de Lavilledieu,
deCos, de Sainl-Aotonin.
Z>V DBPARTEMEVT DE TABNBT-OAROHIfl. 55
loeoté par l'Aveyron , ea eropèclKiiit l'approche , et cette ri«
vière elle-même eu interdisait Taccès du c6té do sud. Là s'of-
fraieut aussi deux autres tours carrées ^ on en remarque une
semblable au milieu du mur qui sépare le château de la ter-*
rasse ; enfin , il en existe une autre k cinq étages , qui rrai-
semblablemenl était celle du donjon. Cette dernière est cons-
truite en pierres de taille , tandis que le reste de l'édifice ne
présente Temploi de ce genre de matériaux que jusqu'au i*".
étage seulement : les parties supérieures sont bâties en briques.
Non loin de ce lieu , il en est un autre nommé le Camp
(TAurîol ( i) , qui , si Ton consulte une tradition locale , senrit
de première assiette à la ville ou an bourg de Bioule , dont les
habitants sentirent plus tard la nécessité de rapprocher leurs
demeures do château appelé h les &ire respecter.
Il existe encore k Bruniquel , h Saint-Antonin , et dans
d'autres villes du Querci , des maisons parliculières appar-
tenant à IVpoque du moyen âge , et dont toutes les ouvertures ,
plus ou moins chargées de sculptures et d'ornements , sont en
ogive. Le genre de leur architecture et de leurs décorations ,
indique que les constructions appartiennent an XlIP. et au
XIV^ siècle.
La ville de Saint-Antonin possède un de ces édifices très-
temarqnable.
Nous ne connaissons pas dans le département de l'a rn-et-
Garonne de monument remarquable appartenant à la Renais^
sance proprement dite , c'est-à-dire au XVI*. siècle et aux
(1) On remarquera la ressemblance de ce nom avec celui de
Podium Aareolit Mons-Aureolus (Mont-Auriol) , première déno-
mination de la montagne sur laquelle s*élefa , au XUe. «iècle ,
la fille de Montauban , def enue alors Mom-Mbanus et Momi"
Jlba (le Mont des Saules).
J
36 MOlfVMEHTS HISTORIQUES.
r('gnes des derniers Valois , k Texccption de quelques maisons
particulières de villes, qui se font distinguer par la forme et
les ornements de leurs croisées , de leurs portes , et , en géné-
ral , par le style architectural de cette époque. La plupart des
cLâteaux modernes , comme ceux de Pompignan , Montbeton ,
etc. , sont des ouvrages du XYIP. et du XVI IP. siècle. Il en
est de même de quelques ^lises , et particulièrement de la ca-
thédrale de Montauban , sous le vocable de Notre-Dame , mo-
nument du règne de Louis XV , dégradé aujourd'hui par la
récente et maladroite restauration dos campa nilles qui déco-
raient sa façade. Il serait bien à désirer que les parties supé«
rieures des tours en fussent rétablies dans leur ordonnance
primitive*
Tel est Faperçu rapide des monuments historiques les plus
intéressants que possède le département de Tarn-et-Garonne ,
classés chronologiquement, coup-d*œil sans doute très-incom-
plet , et où bien des omissions se feront remarquer. Aussi ne
doit-il être considéré que comme une reconnaissance sommaire ,
un premier inventaire de nos richesses archéologiques et artis-
tiques , qu'il importe de dresser pour appeler sur ces mêmes
richesses Tattention et les sollicitudes du Gouvernement, de
Tadministration départementale et locale , et de tous les hom-
mes éclairés du pays , également appelés et intéressés à leur
conservation.
QJUBS iXI&(CIDll(I>ILD(BII(61l12S<
Séance du 5 février i858. — Le Conseil administratif
de la Société pour la Gonsenration des monuments s* est réuni
le 5 février i858. Il a pris connaissance d*nn rapport de
M. Cauyin sur la séance tenue au Mans sous sa préûdence
par les membres de la Société qui résident dans cette division,
La séance a eu lieu li THôtel de Ville le 4 janvier i8^8,
selon l'autorisation que le Conseil administratif en avait
donnée. Diverses communications ont été faites par MM.
Chau\in,Le Guicheux, Ernest Franchet et Tournesac.
— M. Cauvin a fait dans la même lettre un rapport sur le
Cours d'archéologie, professe au Mans, cette année, par
M. Fabhé Tournesac. Ce professeur , rempli de zèle , fait son
Cours à l'école ecclésiastique de St.-Joseph , où près de
quatre-vingts élèves écoutent se& leçons , et pour répondre au
désir qu'en ont témoigné quelques gens du monde , il a com-
mencé en même temps des conférences archéologiques qui ont
lieu deux fois la semaine dans le salon de M. Cauvin, — Le
Conseil a chargé M. Cauvin d*être son interprète auprès de
M. l'abbé Tournesac et de lui témoigner sa vive satisfaction.
— Il a été donné lecture d'une lettre par laquelle M. le curé
de St.-Gervais de Falaise consulte la Société sur le projet
formé par la fabrique d'agrandir le portail de cette église
en faisant disparaître les deux petites portes qui subdivisent
l'ogive principale de ce portique. Plusieurs membres du
Conseil y connaissant l'église St.-Gervais, n'ont pas balancé à
déclarer , malgré tout le désir qu'ils auraient de se trouver
d'accord avec la fabrique , que celte modification serait con-
traire au génie de l'architecture gothique. Au surplus , M.
38 VOWELtES 4RCBéOLOGTOrES.
Galerony dont le bureau a crn devoir demander Tavis^ a iàit
sur ce projet ua rapport circoostancié dout il a été donné
lecture et qui conclut au rejet du projet d'agrandissement de
la porte. Le Conseil a adopte à Funanimité les conclusions de
M. Galeron et arrêté qu*un extrait du procès-vcrbal serait
communiqué à la fabrique de St.-Gervais.
— M. le comte de Montalembert , pair de France , a été
nommé conservateur des monuments historiques du dépar-
tement de. la Seine.
MM. DvRAifD , architecte à Reims ;
CHAtrvEAXj , secrétaire de la Société de Tours;
MEWARD-BouRificHON , cbcf de bataillon du géuic en re*
traite , au Mans;
DuGUÉ , arcbéologue de la même ville;
DuMOULiNET , maire de Sle.-Suzanne (Mayenne) ;
MoRDBET , docteur-médecin au Mans ,
Ont été proclamés membres de la Société.
Séance du 29 mars i858. — Dans la séance du 29 mars
i858 , le Conseil a proclamé membres de la Société , MM. :
Larget , inspecteur de l'Académie de Clermout;
Victor Godard , avocat à Angers ;
ViiLERS , archilecle à Angers.
Le Conseil s'est ensuite occupé des réparations qui vont être
faites à l'église de la Haute-Allemagne , près Caen. M. Gau-
gain a annoncé que les travaux seront conduits de manière à
ménager la tour ; que , d'après les nouvelles dispositions ,
celle-ci devra se trouver à l'entrée de l'église , et que le chœur
sera placé dans uu prolongement que l'on doit établir à
l'extrémité occidentale du bâtiment actuel. M. i'abbé Dupré
a donné , de son côté , quelques explications sur le plan que
la commune se proposé d'adopter. Le Conseil a prié M. l'abbé
VOVTBLtBS ▲RCBÉOZ.OGIQUBU. 59
Paysant, sécrétai re-géncral de la Société^ de surwikr ioc
travaui de cette église lonqv'ils seront commencés. *- M. de
Caumoat a réclamé la protection de M. Pay&ant pour les
foDts baptismaux qui eiisteot dans (jaelques églises du diocèse.
Il a signalé plusieurs actes de vandalisme. M. Fabbc Paysant
a répondu qu'il donnerait des ordres pour la conservation des
anciens fonts qui méritent d'être respectés , et que dernière-
ment il a été assez heureux pour empêcher la destruction de
deux autels carrés en pierre qui existent dans l'élise de Ca-
hagnes (Calvados).
M. Lair a entretenu le G>nseil , de la maison dite des Gen- ,
darmes , dans un des faubourgs de Caen , qui se trouve au-
jourd'hui en tixs-mauvais état et menacée de destruction.
— - La Société pour la conservation des monuments vient
de perdre un de ses inspecteurs divisionnaires les plus distin-
gues , M. Artaud , chevalier de rordre de St. -Michel et de
la Légion d'honneur. M. Artaud, auteur de recherches d'un
grand mérite , avait fondé la belle collection lapidaire de la
ville de Lyon et le musée. Mommc de bonne heure corres*
pondant de l'Institut , il en devint membre honoraire en
i855 , après la mort de l'abbé De La Rue (i). Depuis long-
temps M. Artaud , fort âge et d'une sauté chancelante , vivait
retiré et travaillait peu ^ il est fâcheux qu'il n'ait pas
publié les nombreuses observations qu'il avait faites sur les
monuments romains du Midi de la France; car les faits qu'il
avait recueillis ont péri avec lui. — M. Artaud est mort dans
une petite maison agréablement située au milieu d'un jardin ,
(1) M. Artaud obtint alors 17 to!x ; son concurrent , M. de
Caumont, qui du reste a*écaii retiré nvant rétectioD , plein dç
respect pour l'âge et les talents de M* A.rU*idy obtint 9 voix.
4o »OT7V£LLBS ARCHEOLOGIQUES.
tout près de Tare de triomphe d'Orange, qu'il avait acquise
depuis quelques aouées , et où il passait la plus grande partie
de son temps.
—^L'ouverture du congrès scientifique de France est fîxce au
5 septembre. Voici quelques-unes des questions qui doivent
occuper la section d'archcologie :
Quelle est l'origine de l'architecture ogivale? Est-elle, comme
quelques personnes l'assurent , une modification de Fart grec
ou romain ?
Est-elle due , au contraire , comme d'autres F affirment > aux
Sarrazins, qui en seraient les inventeurs?
L'architecture ogivale a -t-elle pris naissance dans notre pays,
ou y a-t-elle été importée ?
A quelle époque apparait-elle en Europe , en particulier en
France? Quelle a été sa marche ? . S'est-elle propagée du nord
au midi , ou a-t-elle suivi une route inverse? On bien encore
a-t-elle apparu partout en même temps ?
Rechercher , relativement à Fintroduction de Fogive dans
l'architecture , quels sont les monuments de FAuvergne qui
offrent les caractères de Fépoque de transition de la période
romane ou bysantine à la période ogivale?
Le style ogival primitif était-il généralement adopté en
Auvergne au XIII*. siècle?
Déterminer rigoureusement quels sont les caractères archi-
tectoniques (forme , -dispositions, moulures , etc. , etc. ) qui
distinguent au XP. et au XII*. siècles^ les monuments religieux
de FAuvergne?
— Les séances générales de la Société pour la conserva-
tion des motmments , a Clermont , auront lieu les 7 , 3 et 9
septembre , dans la grande salle de la bibliothèque publique ,
de 7 à 10 heures du soir.
" ^"*p
FRAGMENT
De la relation d'tin voyage archéologique fait
en Normandie ^n 1 83 1 par JI/.Gally-Knight,
et publié à Londres en 1 836 , communiqué à
la Société pour la conservation des monu-
ments , par M. DE Caumont , directeur de la
Société (i).
CHAPITRE I".
Introduction. — Dieppe. — Ficamp.
Les dates ëtonoantes qae k Société des Antiquaires de Nor-
mandie a assignées h certaines églises de cette contrée , bities
dans le style en pointe , ne peuvent manquer d'exciter au plus
(1) Je compte insérer dans le Bulletin quelques articles tirés
des publications étrangères, relatires à i'I&istoire de Tart au
moyen âge t afin de tenir les lecteurs de ce recueil au courant
des progrès de la science en Allemagne, en Angleterre et en Italie.
L'article qui ?a suirre offre un extrait de la relation d'upe tour-
née archéologique en Normandie * , publiée i Londres par un
sa? ant du premier ordre , M. Galij-Kulght , membre du Parle-
ment, et qui a entrepris de longs foyages, et Tisité l'Orient dsis
le but d'étudier l'origine et les progrès de l'architecture ogiTsIè.
Quoique les monuments cités par M. Knight, dans cet ourrage,
soieât tous bien connus et déjà décrits , il nfà paru intéressaUt
de montrer comment ils ont été Jugés par M.Gally-Knight^ quant
à répoque à laquelle Ils remontent. A. db Caumont.
* An ftrchiMctural Tour si Vormanàr with aorn* rtmarkt oa Norman arrhi-
Mctura bjr Uu GftUj-Knigth VL P. LmJlon iS36.
4^2 M. GALtY-KNIGBT.
haut degré, dans les autres pays, la sarprisf et la curiosité. Oa
trouve dans son volume de mémoires pour Tannée i8a5 celte
assertion, qu'il existe àCoutaaces , à Mortain et dans d'autres
loûalités Normandes I des églises dant b coastriiction dabs le
Style en pointe, remonte au XP. siècle (i)^i la Fronce n*ayait
fait que réclamer pour elle la priorité de l'adoption de ce style,
il n'y aurait eu dans une semblable prétention rien d'étrange^
mais que Ton put trouver quelque part des monuments si an-
ciens, où les caractères du Styleen pointe atteignent un complet
développement , voilà qui est bien capable de faire naître
rétonnement.
Pour moi , ma surprise fut au comble , et je me décidai à
passer l'eau, pour voir et examiner de mes propres yeux ces
miracles d'architecture. Dans une occasion aussi importante,
je ne voulus pas me fier h mes seules observations , et j'en-
gageai un architecte de profession, M.Richard Hussey, h
m'accompagner dans mon voyage : j'avais besoin d'être aidé
d'un œil exercé qui examinât la construction des^ édifices, et
d'une main habile qui en dessinât les esquisses.
Nous quittâmes Brighton le 1 5 du mois de mai i8Si , et
après huit heures de traversée sur lé bateau â vapeur , nous
arrivâmes à Dieppe.
(t) Dans mon Cours, professé en 1830(V.letJV<'),J'ai réfuté cette
opinion éfîdemment erronée ; M.GallyKaight,qui cepeadaal n'«
publié son f oyage qa*ea 1836,ne parait connattre que les premiers
volumes de la Société des Antiquaires , imprimés à une époque
où la critique monumentale o*a?ait point enrore fait abandonner
une opinion qui paraissait basée sur des titres authentiques.
Mais depuis 1823 , époque à laquelle remonte la fondation de la
Société des Antiquaires, Jusqu'à 1830 et jusqu^à 1836, les éludes
nionu mentales out marché. Il est fâcheux que M. Gally-Knight
ne »e soit pas enquis de leurs progrès et des onvragcs qui ont
été publiés depuis dix ans. CNote de Jf. de CaumoniJ,
BXCUBSIOll MOmTMlHTAU ElT NORMAlTOUt. 4^
Dieppe est nue Tilleâ*uo «speci imposant^elle ettpresqii'en-'
1 ièremen t bâtie eo briqneSi et les maisons qui la oompotent, sont
sormoBtées de toits âerés, panemés de Incarnes. La ville a
une ceinture de petites collines qui , en certains endroits »
sont parA» de bouquets d*arbres. Dans cette partie de la côte
de France , les arbres ne redoutent pas plus le voisinage de
la mer que dans Tile de Wight.
La principale église de Dieppe , celle de St.-Jacques , est
oonstmite en pierre : elle est vaste et d^nne beauté assez re-
marquable; le transept snd remonte au commencement dm
XIIP. siècle; mais il doit avoir été , pour la pins grande
partie , rebâti deux siècle plus urd.
i6 mai.— -En partant de Dieppe^ nous traversâmes nn pays
montagneux ; sur les bauteurs la terre est nue j mais chaque
vallée a son ruisseau limpide , et son petit hameau, avec des
bois et de riants vergers.
Dans les environs du village de Cany, nous vîmes nn châ-
tean considérable^ qui est la propriété daducdeLuiembourg,
et que cette noble Osimille vient de temps en temps habiter.
A la descente d'une longue colline, nous trouvâmes la petite
ville de Fécamp , dont les maisons vinrent se grouper dans
l'origine autour d'un monastère autrefois célèbre. Elle est
située sur une hauteur, près d'une vallée qui s'ouvre sur la
mer. Ces lieux élevés participant ainsi au caractère religieux
de rédifice autour duquel se sont ralliés les différents membres
de la cité , ne peuvent manquer d'attirer l'attention et les
hommages des mariniers. Les fureurs révolutionnaires', qui
ont agité la France , n'ont pas épargné le monastère 5 mais
^'église subsiste encore : il eût été malheureux d'avoir k en
déplorer la ruine , car c'est un beau monument.
Il exista dans ces lieux, à une époque iieculée, un temple élevé
44 M. GALLY'KMIGBT.
par des mains cbaritables ; mais cet édifice eut i sobir le sort
qui en frappa tant d*autres^ il tomba sous les coups barbares
des boiomes da Nord ou Normands, qui n'étaient alors encore
que des pirates et des vagabonds idolâtres. -— Pendant toute
la durée du IX*b siècle , ces bordes terribles firent des incur-
sions sur les cAles de France. L'élise de Fécamp eut sa part
de leurs destructions et de leurs travaux restaurateurs. — Mais,
comme la restauration ne fut que partielle, Tédifice finit par
ressembler (et il eut cela de commun avec une foule d'autres
églises) à un vieux canif dont la lame et le mancbe auratenl
été renouvelés.
Le corps de l'église actuelle présente un caractère exclusif.
Il est construit dans le Style en pointe : la constrtiction est
solide et belle» Son architecture correspond i celle qui était
en usage au commencement du règne d'Henri III , roi d'An-
gleterre : c'est le plus ancien style en pointe. Un large trifo-
rium , ou galerie avec des arcades simples et divisées , occupe
l'un et l'autre côté de la nef. Dans la partie sud du cbœur ,
on remai-que des arcades qui annoncent une date plus récente^
elles sont supportées par une série de piliers remarquables
par leur élégance et leur l^èr^ , et qui ont, chacun en par-
ticulier , l'apparence d'un faisceau de tiges sveltes et déliées.
Derrière le maître-autel, existe une chapelle de la Vierge qui
est moins ancienne que le corps de l'église. Il n'y a que l'ab»
side drcttlaire k l'extrémité du chœur , deux chapelles laté-
rales au nord-est, et une partie de l'aile, qui portent des ves-
tiges Normands.
La restauration de l'église de Fécamp fut commencée par
JRichard , duc de Normandie , premier du nom. En 990 (r) ,
(1) Gallia Chrlstiana,
BXCURSIOir MOVUMCHTILB 1» ir<HlllAVDII. 4^
lé travail était si avancé , qa'oa procéda alors 2 h consécra-
tioQ de TédiGce. Le ûU dé Richard oontinva l'on^rage de ton-
père^ et , réglise finie , U y {pigiiit k monastèv^ qu'on- y voie
a^owré'htn.
L'abbé Wr^iiam , qai moarvi en- i ro7 , peir satiefait de*
Teitrémité est deTéglise qit*avait bâtie Richard, la renversa
et la reeonstraisit sur ime phs grande échelle (i)^. Il y ent, ^
cette occasion , une seconde consécratioir.
Dans ïe courant de* Tannée 1 167 (1) , n» incendie ravagea
une partie coosidéraUe de Fégltse. — C'est h l'abbé Radnlf,
qni mourut en- 12^0 , que l'a Gallia Christiana attribue l' hon-
neur d'avotr entrepris et terminé la seconde iestauration di>
monument.
Telles sont les traditions peu nombreuses qur sont pacvenues
jtisqu à nous relativement à ce célèbre monastère.
Si y aidés de ces ^tes , nous étudions les diUérentes partie»
du monument actuel, nous comprendrons natureUeineat qu'iL
peut fort bien se fiiire que les chapelles Normandes soient tool
ce quir reste des travau» entreprispar les ducs de Normandie ^
et que le corps de FégKse doic ètve k partie à laquelle travailla
Fabbé Radtilf, et qui fut un» œuvre d« BOtaUe progrès* La
construction de la cl^apeHe de la- Vierge est due probablement
à Tabbé William. (5)3 car tout porte à croire qu'il fut le pre-
mier abbé auquel on fît les honneurs d'une inhumation dans-
rintérienr de cette chapelle. Sa mort eut lieu eir ia6b. Le
côté sud du chœur est de plus fraîche date; son style sembir
(1) Orderieus VitaNs.
(2) lf67.~Flscau«eBsellloBasleviQiireomftMtiMicat.— ftobcrtiia
de RfoDte in appendice ad Sigebertum.
^3) 1260. — «Gulielmufrabbastumvlaitta cal ia aaetUo Beat»
Marier. » Gall. Clirist.
46 'Iff. GAtLT*lUllOilT.
indiquer qu'il appartient au XIV'. siècle; mais on n'apn^
trèuver dans les chroniques du couvent aucun document pré*
cis k cet égard*
11 ne reste rien des travaux autquek se livra leducRichardf .
seulement, on rapporte au temps où il vivait certaines fonda-
tions sur lesquelles reposent les ouvrages Normands qui.oat»
survécu , fondations qui ont besoin d*ètre observées de près ,^
pour qu'on puisse discerner leur véritable caractère.
On retrouve encore dans l'église quelques tombes abba-
tiales. La plus ancienne est celle de l'abbé Richard I«^ , qpi
mourut en laaS. Dans la belle chapelle de St.- André sont
les tombes de l'abbé William de Putot (i), qui mourut en
1297 , et de l'abbé Robert de Putot , dont le décès est constaté
avoir eu lieu en .i5a6. La statue de l'abbé Richard , qui est
couchée sur son tombeau , ne manque pas d'une certaine
grâce ; mais on lui trouve quelque chose de cette maigreur
qui caractérise la vieille sculpture* Les effigies des abbés Wil-
liam et Robert sont également couchées sur des tombes eu
forme d'autels } l'une et l'autre révèlent, par la hardiesse des
proportions et l'ampleur de la draperie, le progrès de l'art*
Les tètes s'abritent sons des dais; le plus récent est aussi le
plus chargé d'ornements. Les tombes en forme d'autels sont
enrichies d'un grand nombre de figures en relief*
(OUa minaserit que M* Linglois , de Rouen , a en sa possea-
aioQt rapporte que c'est à l'abbé William de Putot qu'est due la
construction de la chapelle de St.» André et celle de la chapelle
adjacente de St. -Jean.
IXCVASION MOSUMBITTALS BH HOBMAHDII.
CHAPITRE II.
Caudebec, — Kwes dt la Seine, — Saint- fFandrille. — - /«-
mièges. — - Saint Georges de BoschervilU»
Après avoir visité Fécamp , noas gagnâmes Yvetot o& nous
passâmes la nuit.
A Yvetot, Doos nous ifetrouvâmes snr an terrain élevé. A
peine lûmes-nous sortis de cette ville, que nous commençâmes
à descendre, en suivant les détours d'une longue gorge qui se
fraie un passage à traver&des collines boisées, jusqu'à la petite
> ville de Caudebec , dont les maisons éparses sont clairsemées
sur le bord de la Seine. Cest , sans contredit , un tableau
charmant et pittoresque , que ces groupes d'habitations, que
baignent les eaux du fleuve et ces bouquets d'arbres qui les
ombragent. Puis , au milieu de tout cela, rivière, v^étation ,
maisons , se balance majestueusement la croix d'une belle
église , avec sa pyramide en pierre. Cette église ne remonte
pas au-delà du XV". siècle.
En sortant de Caudebec , nous suivîmes un ehemin qui se
déroule sur le penchant i^ collines. De cet endroit, la vue
plonge sur des tableaux magnifiques et variés ; on entrevoit à
travers les arbres le beau fleuve et la vallée spacieuse qu'il
arrose. A l'aspect de ces blanches collines , avec leurs cailloux
qui scintillent et leurs franges de verdure , nous nous sommes
rappelés l'Angleterre. Il y a peu d'émotions comparables à
celle que l'on éprouve en traversant cette route un jour de
beau soleil. C'est la plus brillante de toutes les scènes où un
fleuve jotte son rôlc«
48 M. GALlY-KinGHT.
Nous ne tardâmes pas à arriver au sentier qui couduit à
ranciea monastère de St.-Wandrille j nous i'ajierçâmes de loi»
avec son cortège de bois et de collines. Les bâtiments du cou-
vent sont encore sur pied 5 mais il a'en est pas de même de
Féglise. Cehii qui , à la révolution , ea acheta la propriété ^
moyennant quelques assignats , séduit par la perspective <t&
l'avantage qu'il pourrait tirer des matériaux ^ en- ordonna, la
démolition. A la vue du monastère et des prairies qui Fenvi-
ronoent , je ne pus m'empêcher de songer qu'il serait hiem
facile de faire de ces lieux une villa délicieuse et un beau parc
dans le goût anglais. — ^N*est-ce pas là le sort heureux échu ca
partage à un grand nombre de couvents de ma patrie ?
A peine avions- nous repris la grande route que nous Fabao-
donnâmes encore pour aller visiter la célèbre abbaye de Ju-
mièges. La Normandie , et en particulier le département de
la Seine-Inférieure , comptent un grand nombre de couvents.
Ils durent, pour la plupart , leur existence aux pieuses inten-
tions des ducs de Normandie , avant et après l'époque où Tua
d'eux enleva à la pointe de Fépée la couronne d'Angleterre*
C'est surtout dans le courant du XI*. siècle qu'on les vit s'éle-
ver de toutes parts , alors que la province renaissant au bon-
heur, ne gardait plus de ses malheurs passés qu'un faible sou-
venir.
L'abbaye de Jumièges est située sur un terrain légèrement
exhaussé entre les collines et la Seine. Les bâtiments du cou-
vent ont disparu , à l'exception de la maison du portier dont
on a fait une maison d'habitation. Une partie considérable
de l'église fut détruite à la révolution ; mais les parties qui
restent sont heureusement (es plus anciennes et en même
temps les plus remarquables. Les reconstructions en pointe
sont en ruine , mais les tours Normandes subsistent encore.
VXCVBSIOll MOlfUMEHTlLB MV ITOBHINDII. 49
L'élise de l'abbaye de Jumièges est uo bel exemple de la
graode simplicité des anciens Normands , ses iondatears* Les
ornements y sonf extrêmement rares. Si on s'arrête avec ad-
miration devant cette église, c*est k cause de l'effet grandiose
produit par ses vastes dimensions. C'est dans les magnifiques
arcades placées sous la tour centrale * dans cette nef si longue ,
si large et si haute , dans cette façade occidentale si élevée , et
dans quelques autres traits portant le cachet de la grandeur et
de la hardiesse , qu'il faut chercher le secret du spectacle im-
posant que cet édifice présente.
Les arcades de la nef reposent sur des piliers auxqueb sont
attachées des demi^colonnes. Tous les chapiteaux sont qnis.
Quelques-uns d'entr'eux ont conservé des peintures Normandes .
qui imitent grossièrement les feuilles.
On voit à la partie supérieure des ailes, de l'un et de l'autre
côté de la nef, de larges galeries.Le toit a entièrement disparu.
L'édifice est , dans son entier , construit en blocs de craie
auxquels sont venus se mêler des cailloux empruntés aux mon-
tagnes voisines. Les pierres laissent enti^ elles des vides assez
larges.
Outre la tour centrale, qui est en grande partie ruinée, il
existe aux angles de la iàçade occidentale des tours que le
temps a épargnées. Elles revêtent tontes deux la forme octogo-
nale ; mais on remarque entre elles quelques légères différences.
Le portail ouest est complètement uni 3 i! a dans son caractère
quelque chose de romain. Son arcade circulaire , dépourvue
de toute espèce de moulure , rejiose sur deux cotounes.
A l'église de Tabbaye de Jumièges vient s'en joindre une
autre plus petite 3 son architecture, qui est assez bonne, révèle
Tépoque où le Style en pointe était en progrès.
La première église fondée à Jumièges (Gemeticum) fut bâtie
5o M. GALLY-KVIGBT.
par St.*Philberl en 655 , sous le règae de Clovis II , roi de
France (i). On en attribue la destruction aux Normands.
Par les soins du fils de RoHon , le duc William P*^* , l'église
de Jumièges se releva de ses ruines en 940 (2) ^ mais ses tra-
vaux consistèrent plutôt k réparer Tancienne église qu'à en
bâtir une nouvelle ; car nous voyons, un siècle plus tard ,
TaUbé Robert II jeter, k là même place, les fondements d'une
autre église* La consécration de cette dernière eut lieu en
1067 (5)5 et les restes Normands que l'on retrouve dans
réglise actuelle, constituent une partie de l'édifice qui l'a pré-
cédée.
Ce n'est que long-temps après que l'on reoonstruisit l'extré-
mité et le chœur dans le Style en pointe* 6n attribue ces tra-
vaux à l'abbé Robert , qui fut élevé depuis an siège archiépis-
copal de Rouen , et dont on trouve le tombeau dans l'église
de l'abbaye de Mortemer, où il fut inhumé en i25o (4)* Un
ancien manuscrit (5) nous le représente comme ayant entière-
ment rebâti Jumièges 5 mais les restes Normands qui frappent
les yeux dans le monument, suffisent pour prouver l'inexacti-
tude de cette assertion. Une foule d'opinions de cette nature
semées n^ligemment par les moines dans leurs chroniques,
ont arrêté à chaque pas l'historien, et n'ont pas laissé que de
produire une grande confusion.
L'an ia52 , époque à laquelle fut probablement terminée
la restauration de l'extrémité Est , l'église de l'abbaye de Ju-
mièges fut de nouveau consacrée.
En ce qui touche la petite ^lise , la seule découverte que
j'ai pu faire , c'est que les restes d'un abbé furent inhumés
dans son chancel , en i53o(6) ^ et que dix années plus tard
(I) Gâll. Christ. — W Idem. — (3) Idem.-^W Jdem.—i.i) Idem.
— (6) Idem,
KXCVtiSÏOV MOUVUENTAIie BN ITORMANDIB. Si
(en i34o) , Fabbé WiUiam VII fit subir k l'édifice de nom-
breuses et importantes modifications»
Cbarles YII avait une telle prédilection pour Jumièges,
qu'il fit ajouter au couvent un appartement k son usage :
hâtons'uous de dire que ce n'était pas apparemment la reli- •
giense beauté du monastère qui l'attirait en cet lieux : Agnès
Sorel f sa trop'belle mal tresse, demeurait dans le voîsiuage.
Le cQsur de cette cbarmante créature fut déposé dans cette
abbaye (i) et son corps enterré à Loches.
Non loin de l'abbaye se trouve l'église paroissiale de Ju-
mièges. C'est aussi un édifice Normand vaste et grandiose. On «
croit qu'elle fut fondée par les moines de Jumièges, vers 1 106,
alors que Wason était abbé. On y voit , de chaque côté de la
nef y des piliers carrés sans colonnes.
Elle est plus avantageusement située que l'abbaye; son front
domine une partie du fleuve.
Nous quittâmes Jumièges ; et après avoir regagné la grande
route, nous nous dirigeâmes vers la petite ville de Duclair, sur
les rives de la Seine.
A peine l'eûmes-nous dépassée , que nous commençâmes a
sentir que nous montions, et bientôt, laissant encore de côté la .
grande route, nous arrivâmes à l'ancienne abbaje de St.-
(1) Neastria p!a. On lit sur sa tombe Tépitaphe suivante :
« C} git damoiselle Agnès Seurelle , en son f ifanfc Dame de
Biénutë, Dissoldun, et Vernon sur Seine. Picteose ans pauvres.
Laquelle trépassa le 9«. jour de février , en Tau 1449. »
Cette expression Dame deBréauté, c'est-à-dire Dame du maDoir
de Bréauté, a induit en erreur plus d*an écrivain français;
regardaut l'R comme une lettre superflue, ils crurent être les
interprètes de la vérité en annonçant qu'Agnès était connue sous
le nom de la Dame de B sauté.
5l M. GAUT'KJIIGVT.
Georges de BoselierTÎUe , qui s'élève sor la pente oeeideaUle
d^uae haBte colline.
Le covvent est presqœ tofalenent détroit ; nais Tcglise est
restée saine et sauve , et eat Flionneor dt devenir parusse da
Hea.
5t.-Georges de BoscberviRe se rapproche, par ses dimen-
sions ma jestoeases , sa tonr centrale et sa grande fiiçade ooest,
des édifices Normands. Elle est simple comme feglîse de
Fabbaye de Jamicges; mais les ornements j sont cependant
moins rares.
Le portail est décore d'une série de belles moulures , et Fart,
a voulu embellir d'images les cbapiteauz de ses petits piliers ,
mais ses efforts n'^ont pas été bem*eux.
A Tintérienr , Fœil ne découvre aucune espèce de décora-
lions; seulement les cbapiteani^des colonnes ne se contentèrent
pas des peintures qui ornent ceux de Jumicges ; ris voulurent
se parer de feuillage et de quelques figures qui , pour le dire
en passant , sont assez grossièrement sculptées. Cest vers le
chœur de F^lise que Fon trouve les clHtpiteaux les plus ornés.
Un on deux groupe^ de figurés sont enchâssés dans les murs,
et ont Fapparcnce de médaillons.
Les arcades de fa nef s'appuient sur des piliers auxquels
sont venues s*accoler des demi-colonnes. Les transepts sont
t>éparés.de la nef an moyen de deux arcades qui reposent sur
un pilier unique , pourvu d*une base et d*un chapiteau.
Le chœur a conservé sa voûte Normande originelle.
On remarque dans celte de la nef une certaine bigarrure
qui semblerait indiquer qu'elle a remplacé, à. une époque
postérieure , un toil en bois qui formait la coui^erture
primitive.
Les fenêtres sont grandes , h tètes rondes , et ornf^es de
ncVBSlOV MOVUMCHTAIB EV VOEMAKDIB. 55
monlnres ^ elles lont flanqaëes , à l'exténear , de deux peliles
tiges de retrait.
La comkhe âoi» le toit coBsitte dans une monliire semi-
eircidaire naîe.
Les pierres qui composent les mors sont de moyen oe gran*
dear et ont la forme de carrés réguliers. Les jointures , si elles
ne soBt pas belles , sont do moins singalièrement larges.
Le chapitre est, avec Téglise, tout ce qui reste de Tabbaye*
Cest une belle salie oblongue , qui révèle par un mélange
de formes drcnlaires et de formes en pointe, le Style de tran-
sition.
Ce qui i^nd surtont Tabbaye de Su-Georges de Boscherville
iatéressante , c'est la certitude de sa date. On sait en effet
qu'elle fut fondée par Raoul de Tancarville (i) , chambellan
de Guillanme-le-Conquérant*
La consécration de l'église eut lieu en présence de Raoul
de Tancarrille , de son épouse et de deux de ses fils , Raoul et
Rabel.
En iii4) William, cinquième fils du fondateur, après
avoir expulsé de l'abbaye de Boscherville, les chanoines sécu-
liers qui l'habitaient , la donna pour résideuce à des moines
de l'ordre de St*-Bénoit. Ses travaux paraissent n'avoir eu
pour objet que les bâtiments du monastère. Dans l'autorisation
écrite que lui donna le roi Henri 1". , de couper du bois dans
la foret voisine, on trouve ces mots: c Omne Ugnum adopus
constructionU isUus abbatije necessariam* » fi n'est cepen-
(]} Dans la cfaarle de confirmation octroyée par Guillanme-le*
ConquérsDt, et dont il eni&te encore une copie à |a hibliothèque
publique de Rouen , on trouve formellement exprimé que Raoul
de Tancarville : Eccksiam reedificare cœpit à fundamentia et
eonsnmmavil.
5i M. GALLY-KiriGTH.
dant pas impossible qn'il se soit, dans le même temps , occupé
un peu de Féglise. Le grand portail ouest est tetlemeot plus
orné qo*on ne le faisait d'ordinaire à f époque du règne du
Conquérant, qu'on croirait volontiers qu'il lut plutôt l'ouvrage
du fils que celui du père.
La construction du chapitre est dueh l'abbé Victor, qui fut
élevé à la dignité d'abbé en 1 1 57, et qui mourut en 12 1 1 (i).
On croit que c'est vers le même temps qu'il fonda un cloître
qu'un de ses successeurs démolit dans le XYI*. siècle , pour
le reconstruire sdon la mode du jour*
Quand nous eûmes épuisé tout ce que l'abbaye de Boscher-
ville offre d'intéressant , nous retournâmes vers la grande
route. Après avoir franchi la crête de la colline, nous corn*
mençâmes bientôt k descendre j et alors se déroula sous nos
yeui un tableau aux couleurs brillantes, Rouen et ses environs.
Les tours de Notre-Dame , et de St.-Onen qui dominent toute
la vaste cité , les collines qui l'environnent , les verdoyantes
prairies , le fleuve , les îles , les vaisseaux dans le port , il y
avait dans tout cela quelque chose de riche , d^animé , de
riant , qui empruntait un charme nouveau aux rouges lueurs
d'un soleil couchant.
Nous ne tardâmes pas h, nous trouver transportés an milieu
de groupes nombreux de villas et de fermes 5 puis , nous en-*
trames dans une longue et majestueuse avenue , qui nous con-
duisit sur le quai où nous descencUmes.
(t) « Victor obiit ante aiinnm 1211 , sepuUns in capitule quod
ercxerat. » Gall. Christ.
BXGVBSIOir MOirVHEIITALB EK HORMAJ^TD». 55
CHAPITRE III.
Rouen,
Les embellittements nombreon qu'on a faits k Rouen, dans
ces dernières années , l'ont en partie dépouillée dn caractère
si pittoresque qu'elle reyètait autrefois. Un quai magnifique
qui se prolonge au loin sur la riTe de la Seine , et sur lequel
se déroule un long cordon d'habitations splendides et élevées,
a succédé k ces murailles grossières , k ces maisons en bois
plus grossières encore. La physionomie antique de la TÎlle
est efikeée ; k peine , dans Fintérienr , on retrouve encore
quelques rues qui ont conservé leur aspect originel. La raison
reconnaît l'avantage du changement ; mais l'imagination ne
peut s'empêcher de regretter ce qu'il a fait disparaître.
Quoi qu'il en soit, il n'est peut-être pas de ville qui possède
une plus riche collection de ces édifices en bois , qui autrefois
étaient universels. L'artiste eo parcourant la cité , rencontre
à chaque pas de quoi nourrir sa curiosité : partout la variété,
le pittoresque 5 partout des fenêtres k projection , des poutres
saillantes , des oorbeaux suspendus , des ornements &ntas«
tiques.
L'antiquaire qui s'est attendu k recueillir k Rouen une
ample moisson de vieui souvenirs , verra bientôt tristement
périr ses chères illusions. Les villes les plus florissantes sont
aussi celles qui ont gardé le moins long-temps leurs construc-
tions primitives. La main active du progrès renverse les
édifices antiques pour rendre la circulation plus facile et plus
prompte , on bien leur attribue les caractères particuliers au
siècle présent.
56 M. GlLLt-KiriGIIT.
Rouen fut la première résidence des ducs de Normandie ;
elle conserva long-temps cet honneur qu'elle dut partager
bientôt avec les yilles de Caen et de Falaise,
Rollon , premier duc Normand , se bâtit un cbâteau k
Rouen.
En 996 , Richard-Sans-Penr jeta les fondements d'un
autre château (i) auquel conduisait le vieux pont. Tout y
avait été originairement disposé par les soins et pour l'usage
du seigneur féodal 3 et ceci nous explique la différence 'qui
existait entre le nom et la destination de certains édifices; on
les appelait édifices publics , et leur disposition n'avait que
peu ou point de rapport avec cette dénomination.
Il ne reste aucune trace de ces palais 5 et c^est à peine si
Toeil découvre quelques vestiges du château bâti dans les siècles
suivants par Philippe Auguste dans un lieu plus élevé.
Mais si la ville de Rouen a vu s'effacer ses traita les plus
antiques , elle renferme du resl^ dans son sein une collection
précieuse et variée de monuments dtes divers styles qui se sont
succédé depuis le meilleur style en pointe jusqu'à celui que
Ton appelle style de la renaissance de François P'.
Eglise de Saint-Ouen. — Rouen peut se faire honneur de
l'un des plus parfaits modèles du Style en pointe. Je ne con-
nais , à vrai dire , rien de supérieur pour la beauté et l'élé-
gance, à son église de St.-Onen. Cest le véritable triomphe de
cette architecture. SA hauteur imposante, sa l^èreté artiste-
ment alliée it la force / son ornementation ni trop simple ni
(i)Ce château ëult situé dans les en? irons des hatles actueUes,
à peu de distance do fleufe, G^est là que rinfortuné Arthur» doc
de Bretagne , arraché à la Tille de Falaise, fut enfermé par le roi
Jean : il ne défait pas en sortir Tivant.
cxcuASioir mamvMKBràMM bh koamahdii. 57
Uûf eiagëré» , toi» ces caractères {Mvtés à un bmt iegré de
perfeelioBylai csHfpeDt on des pitaiien rangs dans k nomen-
clatore architectorale. L'âévation des cJiiws semble aroîr
été I jponr ainsi dire ^ le toor de force £iTOri des arcbilectes
français ; et dans celle de la nef de St.-Ooen, ils ont déployé
toutes les ressources de leur génie* La faaotenr des arcades la**
térales, qui est une conséquence de celle de la nef , et ks di*
mensions correspondantes de la double rangée de magnilkfdes
fenêtres ^ donnent k Tédifioe quelque cbose d'âa^neéi d'aérien,
qui lui est propre ; la yariété capricieuse et la délicatesse des
décorations , la broderie sinueuse des Csnètres 9 celle du tdf ,
la magnificence et la peinture exquise des TitrauXi ne laissent
rien k désirer. Je ne dois pas oublier de iMltre au nombre des
objets dignes d'admiration, ces belles fenêtres à rose, qui sont
toujours un des plus riebes ornements des ^lises o& elles se
trouvent , et qui sont arrivées en France à un degré de per-*
ièction inconnu ei| Angleterre.
L'bîstoire de Téglise de St.«Onen est bien capable de don-
ner une idée des destructions fréquentes auxquels étaient jadi^
exposés les moadments religieux , et elle appiisndra en mime
temps avec quelle facilité et qudile promptitude avait lieu leur
restauration.
La première église élevée sur le tenratn ocoopé pa^ l'église
actneUe, fut fondée par Clotaire, roi des Francs, vers 658 , et
placée sous l'invocation de St.-Piarre (1).
En 685 , elle ouvrit son sein aux restas de saint Ouen , qui
était mort , cinq ans auparavant , arcbevêque de Rouen (2).
Sa destruction fut l'ouvrage des Normands.
Vers 976 (5) , Ricbard !«'• , duc de Iformandie , entrât
(1) Nenstria pla. — (a) Orderlcus Yitalis. — (3). idem.
5
58 M» GALLY-KJIIGHT.
la construction d'une nouvelle égUse^ qui reçut le nom da
saint dont elle contenait les cendres» Elle fut achevée en,
1126 , et dix ans plus tard Tinoendie l'avait dévorée (1).
Grâce II Timpératrice Matliilde et h la pieuse assistance
d'autres grands perso^mages , une troisième église s'éleva ;
mais en laoi elle subit le même sort que la précédente (a).
Une autre lui succéda , et le même destin lui écliut'encore en
partage (5).
L'érecûon de l'église actuelle, qai est la cinquième, fut com-
mencée en iSig: comme on n'y travaillait que par inter-
valle , elle traîna en longueur jusqu'en i5i4« *— Elle est , en
définitive, restée incomplète^ car on négligea toujours d'élever
une de ses tours occidentales (4)-
Parmi les exemples très-rares à Rouen de l'ancienne archi*-'
tecture Normande , il ne faut pas oublier celui que renferme
l'un des beffrois à l'extrémité est de l'église de St -Ouen. On
l'appelle la Chambre aux Clercs 5 c'est un reste de la seconde
on de la troisième église, mais, selon toute probabilité, de cette
dernière.
La cathédrale est encore un monument qui se recommande*
à l'admiration de l'observateur; cependant, quelque belle
qu'elle soit , quelque vastes que soient ses dimensions , Sr»-
Ouen est plus belle et plus vaste encore»
Sa nef, qui joint l'élégance à la majesté , est construite dans
un bon style d'architecture ornée. Ce sont des colonnes et non
des arcades qtd séparent le chœur du reste de Téglise 5 ces
colonnes , combinées comme elles le sont avec les caractères
(1) Neustria pis. — (2) Galtîa Christlana. — (3) If eostria pia.
(4) L'église a 410 pieds de longueur» et la nef » 100 pieds de
hauteur.
BXGVBSIOir M01IVllBirT4LB BV VOBMABDU. $9
do Style en pointe , soot pins communes en France qu'en An-
gleterre. La grande façade occidentale révèle la corruption
du goût dans les temps modernes. Les fleurs, dont on a Touln
Fembellir, ne sont pas heureuses. Cest une grande niasse de
pierre , dépourvue de fenêtres , h Taspect triste et sévère ,
garnie dans tonte sa hauteur de figures , de tabernacles et
autres ornements 3 toutefois , il y a en elle quelque chose
d'immense et d'imposant qu'il est impossible de voir de sang<-
firoid.
Tout ce que Ton sait de l'histoire de la cathédrale de Rouen,
c^est que , élevée dans le courant du XP. siècle , elle fut dé-
truite par le feu en l'an 1200 (1), et que dans lapemière
moitié du XIIP. , l'architecte logelram, qui fut chargé vers
le même temps de la reconstruction de l'église de l'abbaye dû
Bec, s'engagea à restaurer rédifice dont il est ici question (3).
(1) « An DO f)00.— UrbsRothonagensiJ cum ipsâ matre ecclesiâ,
gravi Incendio corruit. 9 — Anonyml eontinuatio appendicis Eo*
berti deMoHte.
« M.G.C*~Hoc an no , IV idus Aprilis , in nocte Pasclue oom-
bnsta est tota ecclesia Rothomagensis , cum omnibus campanis p
libris et ornamentis eecleslse et masima p<ir8 dvitatis. v^-^Chron.
Rothom.
On peut voir, poarla confirmation de ce fait, un Bref conserfé
dans les archives de la Tour de Londres. Il porte ladatede la 2%
année du règne du prince Jean (1201); et il est ainsi conçu : « Ad
vestram credimus pervenisse notitiam qualiter ecclesia Rothoma-
gensis y qu« est nàter eccleslarnm Normannoram , quam pluri-
mùm diligimus , Igné combusta ait et fttnditùs ferè destructa,
ea propter rogamus « etc. , etc.
Je suis redevable de cet extrait» et de beaucoup d'autres ren-
seignements précieux, à robligeance de M. John Gage , dont le
nom est une garantie suffisante de réxactltude et du lèle con-
sciencleus avec lequel ont été faites les recherches.
(2) « La chronique de l'abbaye du Bec , en Normandie , fait
J
6o Bc. ga.let-ii:tig«t.
Qa xeU^uye des traces de soa travail au rei-de-chanssëe de la
tour nord ouest , et Aam la partie adjacente de la façade ocei«
dentale , ainsi que dans les portaik latéraux. Leur ai^tee-
ture est l'aneîen style en pointe ) elle diffère totalement de
rai'Gbitectare du portail central , et du style des ornements à
fleurs dont la façade occidentale fut lonç4eraps après enricbie.
La re&tauration de b cathédrale demanda pour être conduite
à teriae^ un siècle preac^ue entier j elle adA cependant être
achevée dans le courant du XIIP. siècle; car nous voyons
qu^eir 1^9 y le chapitre de la cathédrale (i)frouyaQt ta cha-»
pelle de la Viecge trop petite , la fitakittre, etcomprien^a
celk qui exiat^ aujourd'hui (2), C'est yers le même temps que
Ton entreprit la cpnstruelion du beaà portail nord, connu sous
le no^i de Peviail des libraires^ mais il ne fut entièrement
termûié qnen i47^«
La tour nord-ouest fut acheyée en i477* I^ tour de l'angle
&ud*e$t , la plu» grandiose de toutes , fut commencée en i^SS ,
et finie en i5o7.
C'est en iSog que Ton posa la première pierre de la façade
occidentale ; et , grâce aux bonnes intentions et au zèle actif
du cardinal d'Amboise , alors arçhev^u^ de Rouen 1 elle fat
terminée en i55o.
C'est égatement à la munificenoe de ce prélat que Von doit
le rtmouveltement du toit du chœur , dont il faut attribuer la
mention d'un nommé Ingelram , qui ayant en la conduite do
r^Uae do Notre^Damt à Ronen , an commenoemeiit d« XH*.
siècle , entreprit aussi Tëglise du nec, sont Rtekard III, abbé
dn lieu-, » -* Felibien , Bièt. de» arcbit* » U? . IV, p. SOS.
(t) Pommerayo ^ bis*, de Téglise métropolitaine de Ronen.
{!) Lu cathédiale a. 408 piada de kangncw , «l In nef, t4 pMa
de hauteur.
IXCVASIOH WtMVUgvréiM EM HOAMAHDIB. 6f
deslmctionà ce £Ua« des églises , la nëgligettce des plnobUrs.
Le feu s'y fil un passage es i5i4* L^ (Mt a^vel est pfau ileré
qae celui de la nef*
Le Palais de justice el ta Salledes procnrefurs , qw en ooir*
peseat une des ailes , sont deua riches «lenpks do sty W It
Bloins par et le moîos ilMiasif du XV'. siècle. La deruière fttt
construite en i493 , poar servir de l)oane , el Lottis XII y
joigoit» es i499t le Palais dé jastke^ qa'îl destina ana séances
d'une corn* des comptes. La Salk des pracureiits représente en
petil celk de Westminster.^
Rouen possède encore tin grand nombre d'édîficis ianc en
lois qu'en pierre , appartenant an style àe la renaîssanoe ,
style qsi correspond à eeloi q«e l'on praCtqaaât sons le tè^ne
de Jatqnes I*'» , roi d'An^ieterre , et que V^m pent appeler la
seconde transition.
Parmi les édifiées en pierre , en pent citer «ennie U plus
remarquable la maison de Bonrgteronde. La snperfhïîe éê ses
murailles est divisée, au nMq^endepîtlMtres^ en un certain
nombre dé compartiments j et «es compartimenls lout enrichiii
d'une ibnle de relieft pressés-, qtil seibblent plntftt cont&air à
rornement df un safon , qu'il celui d'un édifiée en pierre , con-
damné par sa position k essuyer h cboe des vents* Ces relief
, représentent l'entrevue db François I*'« et de Henri TIU.
Les appartements de l'abbesse » dans Faneien «onastcre de
Saint- Amaftd , composant nn antre exemple riebe et cnrieni
du style de U r^naissancer--^ Mais peni4tre n'ezisleni'ib pins
au)oard'bnî | ear le Govfent , quand nems k tisillnies , était
déjà & éioitié démoli*
Les denc monuments (pi rappellent ta pins batite antiquité ,
sont sttnés bôrs dsfr murailles y. aux dent extrémités' opposées
de k ville , l'un au kvant ^ l'antft an conobant.
J
6% M. GAULY-KiriGHT.
. A l'est, se troaye la petite église de Sainrt-Pàul , dont la date
est incoinMie , nai» qui biett eertaiaement appartient aîix
premiers jours dé Tareliiteeture normande. Le plan de cet
édifice a qiiel({ae chose de singulier. Son chancel est composé
de trois grands refraît» semt-cifrculaiFes , dont rtrn est à Tex-
irémité , et les dénie antres eccopent chaeun des cota. Sons le
toit de cette partie de Fégiise , se Yoient des corbeaux qui: sont
de natnre à exciter la curiosité : la plupart d'entre eux ont la
forme de tètes humaines.
L'église Saint-Paul est située sur une hauteur , au pied' àvt
Mont Sainte-Catherine j dans le yoisinage de la route qui mène
i Paris.
Le second monument, qui est pour Fantiquaired'^un prix
infini , parce que son origine reraontei une époque antérieure
<\ l'architecture normande , est la crypte de Saint-Gervais. Oa
la regarde comme celle où fut inhumé le corps dtt saint dans
le courant du IV*" . siècle.
La situation de l'église vient donner on grand poids à cette
assertion historique. Elle est bâtie sur un terrain élevé y k l'ex-
trémité occidentale de la ville, non loin de l'ancienne voie
romaine de Rouen à Lillebonne, et il est plus que probable
que le saint aura été enterré dans ces lieux ; car c'était alors
la coutume d'inhumer sur ks bords des routes , hors des murs
de la cité. La structure de la crypte est de cette classe de cons-
tructions simples et vigoureuses , faites pour traverser une
longue suite de siècles 3 les caractères particuliers que l'œil j
découvre encore , annoncent l'architecture romaine. On peut
observer entre les rangs de pierres , des rangées de briques
légères ou de tuiles. C'est là le système que , dans les derniers
temps de l'Empire , les Romains suivaient généralement pour
la construction de leurs murailles^ et on le trouve mis en usage
BXCVASION MOHVMBlfTALV IH IfOtBMAXSIir. 65
dans les murs As restes <y édifiées dé constractioii ronume ,
que Too troaTe dtons d'autres provioees dé France. Les mn-'
raiMes de ta erypte sont restées ce* qu'elles étaient dans Tori^
gine ^ maïs la vodAt a été restaurée , et Fafasidé polygonale re*
constriiîle. Il peut se faire qn'oa se soil servi i cet ei!èt des
débris de Faèside presédeote ^ ear les chapîleaax des dem»-
eolonnes qui décorent TextérieHr , appartiennent eertainement
à un mauvais style cParcfaiicctare romaine , et sont loin dr
ppuToir être rapportes à un ancien style normand.
L'élise en elle-même n^ofire rien de remarq^uable-. Ua
prieuré ^ qui aujourd'hui n'existe plus ^ en étail aatrefbis une-
des dépendances. Guilfaume-Iie-Conqoé'rant , se rappelant ,
dans sa dernsère maladie, la tranqnilttté profonde de cette
maison reUgieuse , s'y fit transporter» C'est là qujl- expira ;:et
c'est là aussi qjue se passa cette scène extraor^naire ^ ce révol-
tant speelacle de ba&sesse et d'ingratitude, o& Tés- prroets
peuvent puiser de salutaires leçons.. A peine le Conquérant
avait-ih fermé les yeux , que les seignenrs rassemblés autour
de son Ik de mort ,. coururent à la bâte à leurs cBâteaux ^ Tes
serviteurs qui avaient eu part aux dernières libéralités d»
prince , se précipitèrent hors dé l'appartement et disparurent,
et Te corps du graud* Bomme resta seul. La désertion (ut si
complète , que , lorsque le cierge arriva en procession à Saint*
Gervàis ,^ et que l'arebevêi^e eut décidé qne lé eorps serait
transporté à Caen., pour y être enterré dans l'église fondée
par le Conquérant , en ne put d'abord trouver personne qui
donnât ses soins an transport du cercueil. Enfin*, une de ces
âmes généreuses qui , dans les grandes occaaioBS , appafaissent
pour venger la nature bumaine du mépris que des actions
perverses- bii font à juste titre encourir , le cbevalier Herluin ,
qu'aucun lie» d« £imille n'atUebait à Guillaume , et qui
64 M. GAUT-KjriaHT.
n'était giiid4 dans m d^rche, quf par lesiospiiatîons de son
noble cœur , Tint prendre la place de ceai qei avaieat ottUié
leur devôîn Après avoir, fourni tout ce qui était néoessaife
aux funérailles, il fit enlever le corps, et Fescorta lui-même
jusqu'à Caen (i).
CHAPITRE IV.
ChapeUe de Sif'JulUn.-^LUm$'la*Forêt,'^ Couvent de
Moriemer*
Sur la rite méridionale de la Seine , à une lieue environ de
Rouen, existe une chapelle qui dut sou existence à Tnn de po»
rois. Elle porte le nom de chapelle deSt.-Julien. L'an i i6o (i),
Henri II d'Angleterre se réserva dans ces lieux une certaine
étendue de terrain ; une partie fut transformée en parc , et il
fit bâtir sur l'autre une demeure royale. Peu de temps après ,
il fonda , dans l'enceinte même du parc , un prieuré, dont la
chapelle est tout ce qui reste aujourd'hui.
Cette chapelle a été en butte aux ravages du temps et aux
mutilations des hommes ) le propriétaire actuel en a fait une
écurie* c Cela fait une très-bonne écurie , n'est*CQ pas ? i» me
dit le domestique qui me servait de cicérone , « cela devient
utile pour la première fois. »
(l)Ordéric Vital.— Une erreur littérale qui s'est glissée dans la
plupart des copies de Toutrage d'Ordérlc , a condiiit quelques
aatwira A écrire » que la lefée eu CMrpt du Gosquérani eal lie«
à SI.*(VMiife8 é^ Boaelierf 111e ; les copies portent ad sanefum
Gtor^m s au lieu de ad. sanftum G^rvasium; nais Titinéraire
suivi prooTe que c*eet de cette dernière abbaye qu'est parti le
cortè|;e funèbre.
(2) « Anno 1160. Henricus rex , parcum et mansioiicm regiam
fecit juita Rotbomagum. »-^Rupertus de Monte.
BXCVRSIOir MOHirMBlITAUl KM HOBMAHDIB. 65
La cha^Ue eonible eo nue nef dépoanmt d'ailes Utérales*
EUe a nue abside femi-circnlaice. Les deni-ooloBnes qû
s'élèyent de chaque c6té et dont la fonction est de soutenir le
toit| ont des cbapiteaax ornés de fooiliage. Le 1ns des murs
dans rinterienr , au nÎTcau des fenêtres , est oriié d'une suite
de denii«eoIonnes et d'arcades ctrcnlaires. Las footets et ks
portes 4mt des tites rondes. Sons le toit est une corniche con*
posée de tèles grotesques. L'eitéiieur des mnraîUea est afaso*
lument uni ; seulement on y voit çà et là de l^;ers contreforts
qui vont aboutir au toit. Le travail est partout excellent, et ,
à en juger par ce qui reste , l'édifice , dans ses beaux' jours, a
dû être un modèle de grâce et d'él^ance.
Comme je revenais il Rouen , mes souvenirs historiques me
induisirent au couvent des Bonnes-Nouvelles , fondé par
Mathilde , dans la joie que loi inspira la nouvelle de la con-
quête de l'Angleterre. Oi ne retrouve pas une seule pierre du
monument primitif (i)^ et l'élise qui , quelques siècles plus
tard , a pris sa place , a été convertie en barraque.
Un autre jour , je fis une nouvelle excursion ^ mais celle-ci
devait être plus longue. : je voulais visiter les ruines d'un
autre monument élevé par Henri II , l'ancien couvent de
Hortemer ^ dans ks environs de Lions*la-Forêt.
Je louai k cet efiet un cabriolet à Rouen, et je partis. Il
m'était réservi en cette occasion de connaître les désagré-
(0 U vpemière égUae fut terminée par Henri l*^ ; et c'est à
elle qu'on oonfta les restes d'Arthur, duc de Bretagne. Elle fet
iBcendiée en 1243. La seconde fut détruite par le feu du del en
1361. U troisième eut beaucoup à souffrir du fanatisme des Hu-
guenots en isea 9 et elle fut totalement ruinée par Henri IV , loin
du siège de Rouen en 1691. L'édifice actuel fut commencé en
I S03.-*Oeseript. de la Haule-Mormandle.
J
66 M. GALLT-KNIâflT.
inents qui àtlendeot FaiitiqQarire , lorsque soq zèle pour la
science le porte 2i étendre ses imrestigati'bns hors des grandes
routes de France, Si le cabt-iotiet nayait pas ett la force d*an
rfaariot, 'û n'aurait jamais pn sortir sain- et sauf du clieinin
de traverse qur conduit » Lions-la-Forèt. C'est avec une
peine infinie que noire eheyal parrenait k nous tiraiîler k
trayers des cailloux et des ornières, qui* nous maroteoaient
dans une danae continuelle et peu amusante. Il ne nous-ctaft
permis de respirer que lorsque nous- avions- de» champs à tra-
verser; en France, les champs sork ouverts , et oih'cnt au
^voyageur une ressource doot H ne manque jamais de profiter.
On arrive à Lions par une iiprèt à laquelle il dott soa sur-
nom • Cette foret , qui était autrefois immense , servit souvent
de théâtre aui chasses des ducs- de Normandie, qui- se livraient
avec enthousiasme à cet exercice, dent ils n'^avaient coniraeté
Thabitude q«*après leur établissement en- France. Les marins
ne son.t point chasseurs; et les Normands qui, sous la* conduite
de RoUon ,. envahû^nl la Neustrie , étaient des éeumeurs de
mer ; mais leur mélange avec ks Francs les initia aux usages
de cette natio»; ils assistèrent plus d^ une fois- à ces brillantes
parties de chasse qui faisaient les délices et Forgneil des rois
Mérovingiens (») , et leur naturel guerrier lès porta à adopter
une distraction qui devenait un aliment pour une ardeur que
de longs jours de \imz ne pouvaient éteindre. Eu' 929 , Guil-
laume P'. j duc de Normandie , éleva à Lions un bâliment,
dont k destination était en rapport avec sea amour pour la
chasse. Cet édifice devint plus tard uacli&teatt de haute im-
(i) Quand Cfofis partagea son royaume entre ses quatre fils ;
H légua à clncmi d'eux le droit de chasse dans là fv)rét de Guise
près So'ssoiis; le gibier y était en tetkî abondance, qu'aucini des
frères d aurait renoncé de boonc grâce à cet imf or ta ut pHtilége.
«XCVBSIOF IIOJIVMIIfTAI.E Vf NOBMAVOII. 67
porUnce. Nominer la iorèt de Ltoii«, c*eit rappeler les mille
et ime ayentores que ses mystérieux ombrages o'oat pu dé-
rober anx vieux cbroniqueors et aux romanciers.
Lions est situé sur un monticule, au milieu d'un Talion. Le
château et tout ce qui donnait de Timportance k la localité, a
disparu. Le bourg se compose de deux villages séparés ^ formés
par une réunion de maisons en bois; les deux parties commu-
niquaient autrefois entre elles an moyen de rues qui aujour-
d'hui n'existent plus. On y distingue un bâtiment^ qui de
couvent qu'il était anciennement, est devenu une mannfiictiire.
L'extérieur de quelques maisons annonce l'aisance de lenri
habitants, notamment celles du notaire et du pharmacien* On
y trouve même une salle de billard et un café, deux choses qui
en France sont indispensables. C'est avec plaisir que fenten-
dis parler de deux châteaux habités, qui se trouvent dans le
voisinage.
Le couvent de Mbrtemer n'est éloigné de Lions que d'une
distance de trois quarts de lieue environ. En gravissant la col*
lioe , ma vue plongea sur une forêt silencieuse et romantique,
l|ui était autrefois la propriété des moines , et où ils passaient
leurs heures de loisir.
Les restes du couvent spnt agi'éablement situés dans une
vallée profonde , environnée de collines boisées. Uu ruisseau
limpide serpente près des murs du monastère, et répand dans
ces lieux une délicieuse fraîcheur.
De toute l'église, il ne reste que des ruines qui occupent à
peine quelques pieds de terrain. Il n'y a de conservé que le
transept nord, à l'extrémité duquel se voit une grande fenêtre
circulaire , qui parait n'avoir jamais eu de broderie. A en
juger par la forme de l'arceau qui est encore attaché au mur
du transept , on est porté à penser que la voûte du toit était
68 M. CMXT-KjnGBT.
eo poiate ; iBaû tons ks remeigoeiiieots qn^io a ptt eibmnor
des rnioet, Yteoneot attester qw dans ta pins grande partie de-
l'édifice^ les ibrvieseircnEaires tenaient un rang presipie exelif-
sif. TouteiiMS ^ la £içade occidentale , qnt était encore d^out
il y a quelques années , et ûmti Taylor et Nodier nous ont
donné un croqm» , appartenait h Fancien style eo pointe.
Il est nue partie in comreint qui est adjacente à rq;tise , et
c*est la pins antiqne. Elle est itmewré^ presque intacte r c^est
on exemple cmieni du style de transttioa. Les fôrnes en
pointe y se»t milées ayec les lonnes eirculaires* Les portes dit
chapitre sont rondes , et ses knètres^^ qui datent de la même
époque, sont en pointe.
L'élise fut commencée en 1 154 (v)> aux frait cf Henri II ^
roi d^Angkterre; ce prince pressa teUeuient le» travaux, qu'en
troi» ans la nei et hes transepts furent teruiinés. Vers le même
temps sa mère , Fimpératrice Mathilde ,. (unda deux tastes
édifices destiné» à recevoir les étrangers»
L'existence du cliapitre doit remonter avant 1 1 74 (a) ; car
l'abbé Godefroy, qui mourut dans le courant de cette annéci y
(ut inhumé.
Son successeur (5) jeta les fondements de l'extrémité est de
Féglise , et à l'aide d'une somme de 100 livres^ dont le Roi
lui ^t présent , il put £iire (aire quelques pn^cès k cette
partie du monument. L'abbé Gmliaume , qui vint après lui ,
grâce à un secours de 8 livres que lui iouroit Frogenu^ ,
évèque de Séex , mit la dernière main à ta construction de
(1) Neustria pia.
(3) « Gaufridus abbas sepuHusest io capitule tl74. » Ifeustria
pia.
(aj <( Ricardas abbas oranla fundamenta capitrs eccIcsUe jecit,
et allquauld altiùa à terra elcvaTit» » Oleuatria pia.
BXCtTBtlOir MOKVMCVTAU tM VOIHAIIIHB. 6g
i'^Use (i). CTèst le mette abbë qui enyoja un de M6 morues
eu Aûgkterre pour y aeheter d« plomb : il en fit des eanaui .
qui Tiureot ioarnir un supplément d'eau aux euîsines du
couvent* On n'est pas parkitcment d'accord svr l'époque de
sa mort; les uns la placent en i^oo (a), les autres en iio5(5).
Enfin Robert II , archevêque de Rouen , consacra l'église
en 1209(4).
Il est asKz probable que c'est en dernier lieu que iut bfttte
la façade occidentale , au moment où le XII*.. siick allait se
fermer.
Je me suis longuement, étendu sur rbiatoiie du courent de
Mortemer , pai'ce que c'est chose assez rare que de rencontrer
un édifice éont les traditions nous aient eonserré toutes les
di£fêrentes phases.
Les restes dû couvent, el une partie de ses dépendances, ont
été dernièremesl acquis par un individu qui a le projet d'en
faire une maison de campagne j l'idée est bcmne sans doute ,
etJes résultats ne manqueront pas de réaliser ses errances.
A la Tue de ces HeOi , l'Anglais se croit transporté dans sa
patrie à l'époque du règne d'Henri TIU.
CHAPITRE V.
Bnone. — Lisieux*
Nous partîmes de Rooe» ;et, apiis avoit passé la Seine , du.
haut <Pune éminenee stioéo sur la rive méridionale , nous
(I) GoUdlBOS abbas. Tempore Ipsins , eccîesia tota pçrfecta
est. Ifeustrfa phi.
(3) Gallia Christ.— (3) Heustria pia.— (4>6iin« ChrfstlauK
j
7Ô M. G&lLT-KirfGHT. >^
pûmes jouir d*ao magoiiîque point de vue : noas ne nom
lassions pas de contempler la majesté du flenve et ses mille .
détonrs. Plas loin , sur la route, tious entrevîmes dans le
lointain ce monastère qui a tenu une place si honorable dans
les fastes de la science , Tabbaye du Bec (i)^ mais nous ne
' quittâmes point pour le visiter la route que nous suivions alors,
parce que nous savions qu'à Tcxception d'une tour et de
quelques bibles restes de Tédifice Normand, il est aujourd'hui
totalement démoli.
A Brione , nous changeâmes de chevaux. Là , nous eâmes
l'occasion d'observer quelques-uns des effets de la révolution
française. La maison qui est à présent occupée par le maître
'^ de poste , composait autrefois le château du seigneur de l'en-
droit. Les bâtiments trop vastes pour le propriétaire actuel ,
portent les traces d'une extrême négligence. Le jardin est
partout hérissé de ' ronces j et un ruisseau qui , sons la main
habile des anciens maîtres, s'était changé en étangs et en
canaux destinés k rehausser la beauté des lieux qu'il arrose ,
sert maintenant à faire marcher une usine. « On a substitué ,
dira-t-on , l'utile à l'agréable. » Je ne veux pas le nier : je
dirai seulement qu'il n'est pas un Anglais qui puisse soutenir
ridée de voir son jardin subir une semblable métamorphose.
(I) Le collège de Bec' dut son origine ans talenta da célèbre
Lanfranc, qui fut depuis archeféque de Cantorbéry. Lanfranc
était natif de la Lombardie; on ne sait trop ce qui le porta à
abandonner sa patrie : il tint s'établir à Bec» et entreprit de
donner des leçons. Gnillaume-le-Gonquérant entendit dter Ma
BOB avec éloge» et il fonlnt lui donner des preuTet de son
estime. 11 lui conféra la dignité d'abbé du monastère qu'il Tenait
de fonder à Caen, et après la conquête» il réle?a au siège arcbié-
piscopal de Cantorbéry.
ixcVB&toir MONVMnrTiLE m foimaitdii. 71
LisicQx est ttoe geolille petite Yiile , agréablement «tuée
dans on vallon ; on n* j Toit » sauf quelques exceptions , que
des maisons en bois.Notts eourùaes yisiter la cathédrale, dont
la date a donné lieu à de longues discussions : c'est un bel
édifice, bâti dans Tancien s^le en pointe } et , s'il était en
Angleterre , on pourrait , sans craindre de tomber dans
Terreur , le £iire remonter au règne de Henri III. Elle a de»
fenêtres en lancette ; mais les arcades reposent sur des piliers
dont les chapiteaux grands et massift , imitent, pour quelques-
uns, le chapiteau romain.
Il parait qu'autrefois sur le terrain occupé par la cathé-
drale actuelle, exista une église qui fut terminée en 1077.
Soixante ans plus tard, elle disparut au milieu de la tempête
excitée par la lutte entre Etienne et l'impératrice Mathilde.
Les comtes d'Anjou et de Poitiers , ayant fait une incursion
en Normandie, attaquèrent Lisienx. Il n'était pas d'usage à
^tte époque de respecter une ville piisè; on y mit le feu, et
la cathédrale périt au milieu de Tembrasenient général (t).
Arnulf, qui fiit évèque de Lisieux de i i4o h 1 182 , com-
mença la restauration da monument incendié et* lui fit faire
un grand pas : on lui a attribué l'église actuelle (a) ; mats, an
(f) « Tune Ibi eodesia sanctî Pétri cum totâ fillâ ooncremata.
est. »->Ordéric Vital , Histor. , lib. 13 , p. 916.
(2) Cette supposition semblait emprunter une force irrésistible
d*uDe épitaphe qu'on trouve ^a? ée sur une tombe dans l*église
actuelle :
< Hoc iemplum junetteque œdes^ sunt Prœsmlis oUm
Arnuifi anitquum Lexoviensiê opus. »
Mais les atiteurs de U Gallia Cbristiana nous démontrent claire-
ment que cette inscription n'est pas rtuscrfption primitifè, mais
qu'elle loi fut substituée plus tard, lor8qu*OB életa Un nooTeaU
monument en rbonneur déco prélat.
temps d'4rnul(, le style cd pointe avait k peine paru dans
cette partie de la France ) et Farckitectore de relise n*est jias
même rarcfaitectnre en pointe telle qu'elle était dans son
enlanoe , mais bien telle qu'elle devint ensuite , grâce aux
talents et à la persévérance des architectes* La date réelle de
l'église actuellement existante se trouve renfermée dans une
seule ligne de la Gallia Christiana. Dans le récit des événe-
ments qui signalèrent l'année 1326, elle rapporte que c'est
dans le cours de cette période que l'qglise de Lisieux devint la
proie des flanunes (i). Le second incendie fui suivi d'une se*
coude restauration de l'édîfieeé Plusieurs. piliers, ainsi que
leurs chapiteaux ^ paraissent appartenir plutôt au XII% siècle
qu'au XIII** } mais il est possible que certaines porûons de
relise précédente aient échappé au redoutable élément , et
aient été combinées , coomie cela fut fréquemment pratiqué ,
avec les nouvelles oonstruetîons. L'érection de la trmsième ca-
thédrale doit au moins dater du commencement de l'année
1167 5 car c'est en 1067 que l'évèque Falcon y lut inhumé
dan&le chœur (9); et il est probable qu'elle fut achevée
avant 1299 ^ car cette année^là , l'éveque Gnillauae lïL,
ajouta une du^lle au palais épiscopal (S) , et on peut sans
doute présumer qu'il n'aurait pas entrepris un ouvrage aussi
considéraUe , si la cathédrale elle^mèrae atait encore été in-
complète.
Si )e me suis trouvé capable de donner tous ces renseigne-
ments sur la cathédrale de Lisieux , c'est à la bibliothèque
publique de Caen que je le dois* Oien n'est pas la seule ville
de France qui possède use bibliothèque publique : il y en a
(1) « 1226^ Igné cemboata est Lexo?ienaia eodesia. > GaUi»
Christiana*
(2) Gallia Christ .-(3} Ibid.
EXCVBSTON MOnUMENTALB ER NOBMAITDIE. '}5
dans toutes Us grandes citÀ. Les livres sont disposés autour
d'iyie vsaste salle , et confiés aui soins de bibliothécaires sala-
riés : grâce à ceai-d , les lecteurs n*ont qu*ik dire un mot , et
looTrage qu'ils désirent est sur-le-champ remis entre leurs
mains. Je £iis des yceux pour la fondation d'institutions aussi
pi'écieuses dans les principales yîIIcs d'Angleterre. Dans une
contrée ou il se trouve tant de personnes qui souvent ne saveut
trop comment dépenser les heures de loisir que leur laissé leur
aisanee , oii l'éducation prend de jour en joar un développe-
ment plus considérable, h une époque où l'on ne peut se dis-
simuler le besoin de donner un aliment h cette activité dévo-
rante qui se manifeste de toutes paris , faciliter les lectures
scientifiques et morales, en établissant dans chaque partie du
royaume des collections où il serait loisible ^ chacun djslier
puiser , ce serait rendre k la société un service éminent et lui
procurer des délassaient» salutaires ; ce serait, en un mot ,
donner une direction utile aux fonds publics.
CHAPITRE VI.
Caen. — St. -Etienne.-^ St. -Nicolas. — Ste.- Trinité. — St.-
Georges du Cfiâlean. — Fresne-Camitly. — Anisy.
Des rocs calcaires entre lesquels s'étendent de vastes et fer-
tiles prairies sont un des caractères distinctiis de cette partie
de la Normandie où est située la ville de Caen. Caen antique
était appuyé sur un de ces rochers , mais , dans le laps des
temps , il s'agrandit par degrés et envahit une partie de la
plaine. Cette ville bien grande aujourd'hui et dans le voisi-
nage de laquelle se trouvent des carrières inépuisables, esl
6
1»^ M. GALLY-KMIGHT.
entièrement bâtie en pierre. On dit que dans Torigine elle ne
s^ctendait pas au-delà des limites de ia citadelle actneUe.
Caen compte un assez grand nombre d*ég1iaes ^ il en est plu-
sieurs de remarquables , notammrat les célèbres abbayes Ion-
dces par Guillaume-le-Conqiiérant et son épouse. Il ne faut
pas oublier non plus la pyramide de St. -Pierre qui s'élève
presqn au centre de la viilc et qui , de quelque coté qu'on
arrive , attire l'attention.
L'extérieur de l'église St.-Elicaiie étonne à la première vue;
l'œil est d'a^rd ébloui de cette multiplicité de pyramides
dont reflet est d'une rare beauté j à peine s'y est-il reposé un
instant qu'il devient évident pour lui qu'elles datent d'une
époque postérieure au temps de Gui llaume-le- Conquérant. Ce
sont des additions et des restaurations.
L'extrémité occidentale , le corps tout entier et rinlérienr
,de l'église , k l'exc^tion du chœur , sont demeurés , grâce à
leur force et k leur solidité , tels que les avait laissés le Con-
quérant. Les pierres dont sont construits les murs sont carrées
et ont un pied de largeur ; les jointures sont grandes et le
mortier épais.
Le portail occidental est uni. De chaque coté s'élèvent de
petites colonnes, et, si l'on découvre quelques moulures , elles
sont dépourvues de toute espèce d'enjolivement.
A voir l'extérieur si simple de sa façade occidentale , son
portail sans ornements ,'ses fenêtres à têtes rondes indivisées ,
l'église a une apparence de maigreur qui déplaît ^ mais que
l'on pénètre sous ses voûtes , et l'on verra que , si le style est
sévère , l'efTet est noble et imposant. L'architecte dédaignant
les coUQchets, a visé au sublime.
L'édifice a la forme d'une croix. Dans l'origine , on y
voyait trois absides : l'une d'elles , la principale , qui était
ncVRSIOH MOWMtNTAtE EV KORMAHDH. ']5
placée à rextrémité Est, a disparu 3 on retnmTe les deai autres
à TEst de diacnn de» transepts» Des piliers , aanjuek sont
attachées des demi^coloniies soutiennent les arcades qni s(-
parent la nef des ailes* Les demi^colonoes , qui s'élanoenl te
loD|; des faees des piliers jusqu'au toit , sont aUeraaliireiiiettt
ûmples et triples. Les chapiteaux des piliers consistent dans
un feuillage' de la plus grande simplicité. Les ouvertafos dn
iriformm sont larges et circulaires. Une moulure à double
filet détend le long des murs au-dessus des fenêtres dn c/eTei-
iory^ La Toûte de la nef e^ évidemment Normande; et il pe»t
cependant se faire qu elle ait été ajoutée à une époque plus ré^
cente* A en jt^r par la oonslmetion de certaines ^lîses , il
semblerait que les architectes Normands n^ayaient pas encore
eu le courage, avant le temps de Guillaume, de surmonter
de voâtes de pierre des édifices spacieux 5 et*il y a dans les
petites colonnes auxiliaires qui aident à supporter les TOÛles de
Sc-Etienne ^ dans la manière dont elle^ sont adaptées et dans
leurs ornements , quelque chose qui vient donner un nouveau
poids à ridée de Taddition-subscquente de la voâte en pierre.
Simon de Trevières , qui fut abbé de St.-Etienne , de i5i6
à 1544} reconstruisit Textrémîté Est et le chœur de réglise(i).<
Le style dn nonvel ouvrage n'appartient pas i f architecture
en faveur alors, mais à celle d'une péitode antérieure : Vdx^
chitecle comprit qu il fallait que ses constructions fussent
en harmonie avec . la simplicité du reste de l'édifice. Les fe-
nêii*es en lancette ne sont pas doubles , et on n'y trouve an*
eunc; trace, de cette broderie qui était Tornement favori du
(1) Ceei est une erreur , tout porte à croire que le chœur de
l'abbaye lest bien antérieur au temps de Simon de Trevières.
H.' Çally-Kuigbt a été induit en cireur par l'abbé De La Rue.
fNote du iraduçleur. ) .
76 M. GAIlY-KiriGHT. " *
XIV'. siècle 5 mais on .jwicontfe dans if antres prties de
rédifice 4cs canracïeres qui annoncent cette période.
La pyramide centrale, qai repose sur une partie de la toor
Normande ^ fat rebâtie dans le courant du XIT*. siècle : celte
. reeenutruction était devenue nécessaire par suile des nombreuses
et lài^es brècbeftt|«e les troopes ^s^^anes , «oos la conduite
de leur roi Henri V , ameat^fiiâssik Ia40iir , durant le si^e
de 1417 (t).
L'abbaye attenante k l'église fut fortifiée en 1 554* Les
habitants de Caen avaient vu les murailles de leur ville n'op-
paser qu'une bien faible résistance aux efforts d^Edouard III;
et ils résolurent de l'environner de nouveaux retranchements^
' mais les deux grands monastères , qui étaient situés hors des
mtirs, restaient alors dépourvus de défense , et ib obtinrent,
en conséquent de leur dangereux isQlement , la permission
de se protéger par eux-mêmes.
La pierre tumulaire qui nous rappelle aujourd'hui le nom
de Fillnstre fondateur de l'abbaye est la troisième qui ait été
consacrée k cette destination. La premîèFe fut détruite par les
huguenots, en i562 : ennemis implacables du culte catho-
lique , ib laissèrent dans ses temples de profondes traces de
leur fanatisme. La seconde subsûta jusqu'en 1 74^ ; à cette
époque les restes du Conquérant furent transférés du centre
de la nef dans l'intérieur du chœur; et en cette occasion une
nouvelle pierre vint occuper la place où on la voit encore
dujourd'hui. .
Lorsque Guillaume., après avoir fondé l'église « eut foitné
le projet de la dédier au premier martyr, il envoya k Besan-
(I) Il y a ici confusion , ce fut la tour de St.-Etlenne 1c fieux
qui fut refaite au XV*. siècle ; celle de 1* Abbaye ne l*a été qa*a«
XVl*. , après les ravages des protestauis. (^Note du tradj.
IXCVRSIOF MONUMBVTAtE IIT HOSMAVDIB. 77
çon des cammijsaires qu'il cliargea de demander en son ooin
une partie d*un des bras du saint dont les FrancsGofUtois
possédaient k précieuse relique, et sa prière fut bien accueillie.
L'abbaye a été transformée e» collège. ' '
Non loin de S^.* Etienne, se trouve i'égtis^^ dimr-ruHiée
de St.-Ntcolas, dei>t o» a fait des écuries pour les chevawi de
remonte. Sa construction date db Faimée io84. PSir suite
d'une Gonventioi» evtre le roi Guillaume et Fabbesse de Ste*^-*
Trinité , cette église dcvioT une nouvelle paroisse dépe«^ante>
de St«-Ëtiei>ne et desservie par na de ses moines. La nef con-
siste en sept piliers et autant d'arcades ; les pilier»' opt des.
cbapiteaox ornés de ieuillage. Le» ailes sotsT surmontée»^ de
voâtes unies. L'extéi;ieur de l'abside à l'extrémilé Est est dév
coré de demiroolomes qui s'éknoene, par ioCervaUes , de b
base h la cornicke. La oornidie qui s'étend tout autour de
réglise , consiste dans u«e moulure h double filet. Lamoulore
à filet qt» orne le portail oeeidl?nfa( est simple.
L'abbaye de Sle.*Trtnité fut Ibndfe par hi reine Metbilde
en 1066 , et Kéglise consacrée la m^ae année»
L'érection de cette- dernière eut lieo'la même- année- que
celle de l'église d»donquéranC , et cependant le caractère de
Tune est bien difiérent de celle de l'autre» On nemarque daiis^
l'église de Ste .^Trinité une plus grande proiosioD^ d'orne-
ments ; et cela fut &it dans riiitention>sans doute de mettre
de la variété dans Pardûtecture de deux édifice» contempo-
rains. La fiiçadeoccidentaleodreufr' contraste frappant avec
la sévérité ui> pe»âpre de-eelle do St.-Etienfie : on a répandu*
sur ses portails, se» fenêtre» et ses tours un loie prodigieux
de décorations. Dans l'intérieur, la moulure k la^ grecque* se
déroule autour des arcade» de la uef. Les piliers sont pli|s
étroits et plus légers. LescoloDne!^ placées S chaque extrémité
yS M. GALLY «lNIGHT.
des piliers sont plus ëleyées oldessiDées avec pliiS'de hardiesse.
Leurs chapiteaux sont décorés de feuillages de difiéreate»
espèoei4 .
Les arcades du transept , sons la tour centrale , sont Mrnée»
de nombreuses bandes de.qnatre-feniUes en ba» relie&w
Oq remarque , an-dessus de» arcades de la nel, on arran-
gement tout particulier : nne galerie légère tient la place dtr
triforium i les petites colonnes de cette galerie , . ceuibinée»
avec celles qui supportent le toit , ont des chapiteaux enriebts
d-nn feuillage au milieu duquel apparaissent quelques figurer
grotesques.
L'extrémité Est primitive , que l'on cherche vainement
dans l'église fondée par Guillaume , est, dansVcglise Sainte-
Trinité , demeurée tonte entière. Elle se compose de l'arcade
semi-circulaire accoutumée , et deux rangées de piliers en dé-
corent l'intérieur , les piliers inférieurs sont grands 5 les pi-
liers supérieurs sont de petite dimension* A Textérienr , on re-
murque autour des fenêtres quelques moulures.
Sous le chœur, se trouye nne vaste crypte ou chapdJe sou-
terraine , soutenue par une multitude de colonnes.
Les tours oceidentales portent des tracée apparentes de mu-
tilation. On dit qu elles furent en partie ruinées en i56o (t):
par les partisans de Charles-le-Hauvais, roi de Navarre ,
qui y dans ces jours de discorde , s'était établi â Mantes , et
qui^pour nuire an Dauphin, alors régent de France, Élisait de
fréquentes incursions dans les provinces limitrophes. Charle»-
le-Mauvais ne quitta cette partie de la France qu'en i565 ,
quand il se vit' forcé de conclure un traité de paix avec le
Dauphin , et qu'il reçut en échange de sa résidence de Mantes
la ville de Montpellier.
(1) Huet , Orig^Dcs de Caen.
BXCVESIOH MOlfUBIBlITALe E2f ROEIIAKDIE* 79
Le cooTeat qai touchait h lëglise fondée par MathiUe , f'itt
doitnë à des Bénédictioes de noble naissance» On autorisa Tab*-
besse , dans le XI V'.^ siècle , h fortifier son cloître , et elle
préposa à ia défense du fort un oflicier spécial. Le comman-
dement fat ia première ftfis confié h an Fercy.
Cs coQVcnt , dans les temps modiernes , a été rebâti en en*
tier. C'est anjovrd^hni on hôpitak Aux dames Bénédictines^
ont succédé les femmes^ les- plu» respectables et 1er plus ntrles
de celles qui s'enchaînent par des vœux sacrés , je venm parler
des Seeurs de charité. Que d'héroïsme dans ces frêles créatures l
Elles passent leur vie à consoler les affictions , à soulager les
deulenrs humaines.
L*%lise de Sam-Pierre, comme je Ta» di4 pfus haut , est
située pres(pie au centre de Caen. Cequ'ilf y a surtout en eHe
de remarquable , e*est une des pit» heureuses pyramides qui
aient pmai»>été élevécSi Sq grandeur ÎBiposante, sa légèreté
gracieuse, encfiem l'admiration relie- Tient rendre témoignage
de Fétat ie progrès auquel était parvenue l'archiCecture dans
la prentoère meicir du XIV*. siècle. *
Le chœur et ki nef de eette église appartiennent à îa fin du
Xlil*. et aocommélicémeDt du XiV*. siècle. Les bas-cotés ne
furent acbevés^qo un siècle pins tard» Les chapelles derrière le
chœnr , et une partie (fes voûte» ei> pierre, furent ajoutées on re-
construite» dains le XVI*. siècle , sous la direction d'Hector
Sohier , architecte de Caet^. L'exécution^en est parfaite , mais
elles sont trop cbargée^. On y remartpte le» formes cii*culaires
de la seconde transition. Ici encore se manifeste eette déplora-
ble manie d'éveiHer F attention par la nouveauté ; les efforts
' faits dans ce but n>'ont abouti bien souvent qu'à corrompre le
goût. Lorsqu'on était parvenu au dernier degré de l'échelle des
perfections architecturales , en rougissait de s'y arrêter , et le
8o M. GAJ.I.Y-KKIGHT..
résultat nécessaire de cette ambition, c'est qu*oa e3t tombé dans
la bizarrerie et Tcxagération. Aux clefs en pierre on a safasti-
tué des corbeaux disproportionnés ; ils sont penchés ters le sol
et paraissent sur le point de tomber.
Les arcades de la pef reposent sur des piliers massift* Oa
peut voir dans T ornementation de plusieurs chapiteaux , un
exemple de ce mélange peu naturel du sacré et du profane ,
des fictions populaires et des emblèmes religieux : au milieu
de ces caricatures plaisantes , de ces tètes grotesques de moines
et de nonnes » on aperçoit Aristote qui porte sa maîtresse sur
son dos , et Tristan qui passe la mer à califourchon sur son
épée, deux sujets tirés de nos vieilles chroniques, le premier
du Lai d' Aristote , le. second du roman de la Rose.
Dans rintérieur de la citadelle , on retrouve la chapelle
de Saint-Georges ,. mais tout caractère religieux en a disparu.
L'abbé De La Rue suppose qu elle appartient au X**. siècle.
Ce n est cependant qu en i i84qu il est parlé pour la première
fois , dans Thistoire , de ce monument , quand il fut destiné
aux séances d'une Cour des comptes ; et sa construction riche
d'ornei^ents, et surtout celle du portail, est biea propre k
faire contester se^ titres à une antiquité litussi reculée. Tottt
ce que nous savons, c'est que l'édifice existait en ii84*
L'erreur où I'oq est tombé vient de ce que l'on a coaiondu la
chapelle de Saint-Georges avec l'église paroissiale , qui était
sous l'invocation du même Saint, et qui occupait une partie
du terrain sur lequel a été élevée depuis la citadelle. C'est
Guillaume-le- Conquérant qui fit abattre toutes les maisons
qui se trouvaient en cet endroit , et qui le premier y fit cons-
truire un château , oii il venait parfois résider. Henri P**. y
fît des augmentations , et ajouta encore à la force de ses mu-
railles.
EÏCUBSIOir MOHWENTALE EW irOBHAllDlE. 8t
Non» fimet «oe loarnéc dans les campagnes ({ni aroniuent
Ift YÎlle de Caen , et nous eûmes le plaisir d'y reoeoalrer «(nel-
qnes exemples corienx de Tancienne archileciure iMiiiiaode»
Noos eûmes souvent occasion de remarquer , dans ces églises
raiales , ce ckanœl carré a son extrémilé , qui fat bientôt la
ionne mise le plus vidontiers en usage en Angleterre , mais
qu'on ne tronve que très*rarem«nt dans les antres parties de
la France.
An Fresne-CamiUy , k une lieue et demie enrirpn de Caeiif
existe one %tise dont k construction parait remonter an okh
ment précis oà la transition ent lieu ; s'il était possible qoe les
soupçons que Ton a à cet égard devinssent une réalité , cette
église revêtirait un caractère infiniment intéressant. L'édifice
parait avoir été créé d'un seul jet j du moins s'il y a eu quel-
que interruption , elle n'a pas été de longue durée ; et cepen*
dant il est construit en partie dans le style circulaire , en partie
dans le style en pointe. Dans l'intérieur du corps de l'élise ,
les formes circulaires dominent à l'exclusion des antres; mais
on y remarque , sur la muraille septentrionale , one série de
panneaux dout les sommets sont en pointe. Toutefois , ici
même la diiférence ne réside que dans la forme de l'arcade 5
car toutes les moulures et tous les ornements sont des copies
exactes de ceux qu'on voit prévaloir U où les formes circulaires
ont été conservées.
La date du chancel est plus récente. Il est carré à l'extré-
mité y et on y rciicouti'e d'aucieooes fenêtres à lancettes.
On trouve, à l'extrémité occidentale, one petite fenêtre
ronde ,. où existe en germe la belle rose des siècles suivants.
' L'église en entier est composée d'élégantes rangées de
pierres , artistement jointes.
Mous examinâmes avec soin la chapelle au rez-de-chaussée
Si M. GALLY-KjriGHT*
de la tour,, et la tour elle-même ^ mais il ue résulta de notre
exatiieo rieo qui pût oons faire croire que cette partie du mo-
uumeot est plus ancienne que la nef.
Une lieue plus loin se trouve le village d*Aiiisy t ou y ar-
rive pr un étroit sentier , dont on n'a jamais entrepris de
corriger les difficultés : il est bordé de chaque côté par une
levée de terre plantée d'arbres. Tout eu maudissant les défauts
des routes , on s*attend naturellement à trouver dans ce district ^
des villages d'un aspect aussi misérable que les chemins qui y
conduisent ^ mais on est bientôt agréablement désabusé. La
belle pierre de Caen a été employée à la construction des mai-
sous , et elles sont loin d'avoir une apparence de pauvreté. Il
n'y a dans l'église normande d'Anisy , à l'exception de se& pe-
tites fenêtres , et des pierres de ses murailles disposées en arêtes
de poisson , rien de bien remarquable.
CHAPITRE VIL
Falaise.
A sept lieues et demie environ an sud-est de Caen , existent
les ruines de l'un de ces châteaux qui étaient autrefois répan-
dus en si grand nombre dans cette province de France, et
dont il ne reste aujourd'hui que de très-rares vestiges. Le châ-
teau de Falaise était une des plus importantes forteresses des
ducs de Normandie : ce fut dans son enceinte que vit le jour
Guillanme-le Conquérant.
De ce château célèbre, une grande partie a survécu : on y
remarque surtout un bâtiment vaste et élevé : c'était le donjon.
Dans les forteresses normandes , le donjon n'était pas on lieu
de détention , mais bien l'habitation fortifiée du seigneur
EXCURSION MONUMEHTALB SH ROBMAUDIE. S'S
firodal. Il contebait des appartements h l'asage de sa famille et
de stê serviteojn^ et tout ce qui était propre k la sati^ction
de ses besoins ordinaires. C'est dans la tonr de Londres que
se troure Fédifioe le plus parfait en ce genre : nne partie du
second étage est oceopée par la cliapelle ^ la chambre do Con-
seil , qui serrait aussi probablement de salle de 6stto , est à
proximité du toit. Au rez-de*chaussée se trouvent des appar-
tements voûtés , qui semblent avoir été des cachots.
Le don)on de Falaise est bâti en pierres brutes / on a fait
entrer aussi dans sa construction , aux angles , dans les
contreforts et dans les parties voisines des fenêtres , quelques
pierres de taille. Ce qu'il y a de ces pierres est parfaitement
travaillé. Le travail surpasse de beaucoup , en netteté et en
élégance, celui que Ton rencontre oi*dinairement dans les
édifices normands les plus anciens d'Angleterre ; mais les
murailles semblent avoir subi peu d'iiltérations. Il ne reste
qaç deiix ou trois fenêtres. Elles sont unies , et subdivisées au
moyen d'un piliejr simple.
A l'un des angles du doujon s'élève une haute tour de foripe
circulaire ; elle est entièrement bâtie en pierres de taille , et
sa construction date bien évidemment d'une époque beaucoup
plus récente que le reste : on l'attribue a Talbot dont elle
porte le nom. C'est dans le donjon actuel , si l'on en croit les
historiens j que naquit Guillaume de Normandie.
Le château de Falaise paya son tiibut dans les siècles de
combat : il soutint neuf sièges consécutifs^ mais en raison de
sa situation y le donjon ne pouvait êtie le but des principales
attaques ; aussi u'eut-il toujours que très-peu de dommages à
soufirir. . .
En i4>7 ) après un siège de trois mois le château tomba
entre les mains d'Henri V , roi d'Angleterre : après cette lutte
$4 M. CALLT-KHfGHT?
si longue et «i apioiâtre , il oe resUit plus de lui qu'un tronc
liorriblenient mutile* C^est alors qu on traTaitla h la cobsUuc*
tian de la tour de Talbot.
Anjourd^hm le château n*est plus qti*ime ruine, mais une:
ruine noble et fière. Le donjon est assb sur un roc életé qni
domine .<un profond rarin, La campa^^ne aux enrirous offre:
«
un grand nombre de paysages pleini de cbarme.
Je dois iaire honneur des diverses particularités que je viens
de consigner dans ce chapitre ^ au zèle dé M. Hussey , qui vi-
sita Falaise après mon départ.
aiAFlTRE Vin.
iSayeux, — St." Gabriel. — Caiîiédral^ de Bayeux. —
La Tapisserie.
En partant de Caen , nous no'bs dirigeâmes vers Bayeox.
Au temps des cérémonies druidiques , Baycut fut une des ré-
sidences célèbres de ces farouches sacrificateurs. Depuis , le
séjour des ducs de Normandie dans ses murailles on lui attribua
un autre genre d'illustration. Alors , elle était entourée de
forêts sombres et mystérieuses : Les Druides y trouvaient
rombre que demandaient leurs rites sanglants; lés princes
normands s'y livraient avec ardeur à la chasse , leur exercice
favori. Mais, de ces forêts si fameuses à peine reste-t-il un
seul arbre.
Entre Caen et Bayeux, non loin du village de Creully où
Robert de Glocester avait un château , se trouvent les ruines
du prieuré de Sti^Gabriel , fondé par ce prince en ifa8 (t).
(1) Dans une chsrte qui appartient à l'abbé De La Rite est une
XXCVBMOir jftoHVlimrtALB BN irORMAirDIB. 85
De tout le inoonaieDt, il ne reste plus que le cbœiir de VégKait)
mais €e lambeaa d'un édifice remarquable tU bien propre à
éveiller Tiotérèt de rantiquaire ; c*est un eiemple cnrieax du
slyle nonnand fleuri. Robert (qui était fils naturel de Henri
1*'.) acquit, par aon mariage avec laiiUede Robert* Fita-
Haoïooy le titre de comte de Glooeater , et la propriété de vastes
-domaines eu Normandie. Il prêta pendant quelque temps Vap-
poi de son épée à la reine Matbiide, et durant la plus grande
partie du règne dTtienne / il ne sortit pas de sa résidenee de
Crenlly. C'est pendant son séjour dans ces contrées qo^it dé^
vint araoureui d*Isabelle , sœur de Richard de Douvres , évo-
que de Bayeux : de ses liaisons avec cettt dame naquit un fib ,
Richard-Fitz-G)mpte , qui succéda II son oncle dans Tépiscopat.
Bayeux est une ville tri te et négligée ; elle n*a qu'un titre
qui la reconanande à l'intérêt du voyageur , c'est son antique
ei4na)estueuse cathédrale. Ce monument a été victime de tant
de désastres , il a en besoin de tant de réparations , qu'il porte
la cachet de tous les styles qui se 8<mt succédé du XI** au XY*.
siècle.
Il fut commencé en io47 9 et consacré 5o ans plus tard
(1077) > ™^^' ^'^ ' '^^ '' '^^ presque lotaleteent détruit (i) ,
quand Henri I**". prît la ville d'assaut et y mit le feu. Désole
d'avoir été la cause d'une pareille calamité , ce prince voulut
recharger des frais de reslanration. En iiSg, un incendie
la ravagea encore (2) , et Philippe d'Harcourt , qui occupa le
coBvention faite entre Robert, comte de Glocester , et les moines
de Fécamp pour rétabliMcmeut d'an prieuré à 8t.*Oabriel , par
le comte. Cette convention est datée de ItlS.
(t) « 1400.— La ville (de Bftyoni)f nt empoHée et bri|^ avec te
temple que le Koy fit refaire après. » Du Moulin.
{2) a tuo.—lnceadie de la catbédrale de Bs^cux. » Du Moulin.
86 M. GAhLi'fMlGB.'m ,
siège é^ûicopal de Bayeux die 1 145 à 1 164 , est vegardé comme
ayao t réfMité le dommage ( i ) .
. Il n'est saos doute pas impossible qœ oe prélat soit pour
quelque chose dans cette seconde restauration | mais il est
certain, qu'en ii85 , lorsque Henri II (i)eat la pensée de ré-
server les premiers revenus des prébendes qui devenaient va-
cantes, pour les £iire servir ^ux réparations de ia cathédrale,
il restait encore beaucoup à faire.
Henri de Beaumont, qui , né en Angleterre , avait été élevé
à la dignité de doyen de La cathédrale de Salisbury , était à
cette époque évêque de Bayeux. Il fît Un arrangement pour
.rexéculion des travaux avec une confrérie d^ miÉçons, et ceux-
ci vinrent k Bayeux pour satisfaire à leurs engagements.
Heni'i de Beaumout mourut en xaoS , et fut inhumé dans le
chœur de Téglise ^ d'où il est peut-être permis d'induire qw:
le choeur était alors terminé.
Si nous consultons les preuves qui paraissent ressortir dçs
diverses parties de l'cdifice, nons ne pouvons nous empêcher
de penser que la crypte est la seule chose qui reste de la ca-
.tholraled'Odon^ que la nef , qui appartient au style normand
fleuri , fut comprise dans les restaurations qui eurent lieu dn
temps de Henri I^'. , et que rextrëmité Est est cette partie
.qui fut reparée à la suite de Fincendie de i iSg , et qui fut
complétée avant Tannée i2o5.
(1) <c Cathedralem suam» incendie concrematam , restaurasse
legitiir Pbilippos in Ciurtulario nigro capituli Bajocensis. Ad
aonum 1159. Qu» si fera sunt^etc. » Gall. Clirist., T. Xt, p. 363.
(2) Henricus II , anuo 1183, statuit cum canouicis reditus pr«^
lkendariiql^^)«noiiicamm deeedentium > usque ad an^um, ad re-
ficiendaiu ecclcAi^œdeputandos^^uod Urbanualli ratum habuit
Yllidiisoctobris. Gall. Cbrist* •
EXCVaSION ilONIJIlBirTALE BV irORMANDII. 87
Noos atons quelque raison de croire que les deux tours oc* >
cideutales iurcot éleyées , peut-être sur de vieux fondements ,
Tuoe par Richard de Douvres, Faulre par Philippe d'Har-
court , tons deux évèqoes de Bayeux ^ car celui-ci est enterré
aux pied de l'une, el Richard de Douvres dans Tintérienr do
laotre.
. Les transepts datent d'une époque beaucoup plus récente :
ib ne peuvent remonter au-delà de la première moitié du
XIV*. siècle.
La tour centrale (i) fut reconstruite par Févëque Louiï II
en 1479.
Non loin de la cathédrale se trouve un Hôtel-Dieu , fondé
par Robert d'Ablège, qui fut sacré évèque de Bayeux en iao6»
L'intérieur de la chapelle de cet hospice est un des exemples
les plus. élégants de l'ancienne architecture en pointe. Les fe^
iiètxes sont en lancette , avec des jambages unis et cannelés*
Robert d'Ablèges asf»ista aux funérailles de Philippe-Auguste ^
il mourut lui-même en i23i.
Nous pûmes contempler à notre aise dans l'H&tel-de-
Ville la fameuse tapisserie , dont on attribue la broderie k
la reine Mathilde et qui rappelle la Conquête d'Angleterre.
C'est une bande longue et étroite , et la délicatesse du travail
semble annoncer la main légère d'une jeune fille. Ce curieux
monument fut, jusqu'à la révolution , tenu enfermé dans un
coffre à la cathédrale. C'est dans un inventaire des ornements
de Notre-Dame de Bayeui qui porte la date de 1476 qu'on le
voit menlionné pour la première fois :
« Item , une tente très-longue et étroite de telle a broderie
(t) ftLudoticusII.Tarrim in medio ecclesiœ construxit 1479. »
Gall. Christ.
8ft M. G*LLV*KlllâHT.
a d4iiiàges et ésciipleaui faisans représentation de la Con-
« queste d'Angleterre , laquelle est tendue environ la nef de
o Tcglise le jour, et par lès octaves , des reliques. »
L*objet de la broderie est de prouver queGuillaoïnede Nor-
mandie avait h. la couronne d'Angleterre de meilleurs titres
que sa vaillante ëpce; Une moitié de la tapisserie est consacrée
k la représentation d'événements qui ont précédé la Conquête.
On y voit Edouard-le-Conliessenr exprimant à Guillaume la
résolution qu'il a prise de l'instituer son héritier. Harold y
est représenté comme un traître ^ un usurpateur. Ce sont là
des £iits qui sont rapportés par toutes les anciennes chroni«
ques,et qui par conséquent n'avaient pas été confiés à Tépouse
de Guillaume seule. La tapisserie contient d'autres sujets qui
pourraient faire révoquer eu doute son drigine« Ainsi , on y
trouve des boucliers ornés d'écussons , et cet usage n'a été in-
troduit, il est permis au moins de le supposer, que postérieure^
inent atex jours du Conquérant. On y remarque encore des allu-
sions aux Cibles d'Esope ,et ces fables n'étaient, dit-on, nullement
connues avant la traduction qui en fut faite par Henri P". ,
roi d'Angleterre. Mais, quoi qu'il en soit, le respect dont cette
tapisserie fut constamment environnée ne permet pas de sup-
poser qu'elle fut Touvrage d'une main vulgaire , et la répé-
tition fréquente de l'image d'Odon , frère utérin de Guil-
laume , porte fortement à croire qu'elle est due k un membre
de la famille du Conquérant.
L'ouvrage est , du reste , infiniment curieux pour les cos-
tumes à des usages du temps.
(IiUiuiie à un prochain numéro J,
i^m^'Hmmmamm
Siémoé extraordinaire à Agreua iè Si mats i8S8.— *
La Besace if est onfcrte à 4 lieves , daAS k grande nlle de
Mg'. l'BvèfQe do Bayeu , menbre do Conseil , a été
iiivifeé;à jnénder la année. M« k Soi»-préfet de Bayeax , M.
de Caamont , direetenr , et M» Lambert , membre du Cdoseit ,
om sî^ «« b«re»i« Ce dernier « rempli les fimettoos de
seerétaire.
M* Lambert a fupepoaë de faire placer des-iaaeriptîoos en
caM^lèfes diilempt MT kstuBkcadeideax évêqneB, cfteTon
liait «an» l'orgue , à dr<Âte et à gandie da vestibule de la ca-
tUdrak; Cette prapositien a été adoptée. MM. Lambert , de
MMy et Tbomine eut été diai^ da faire eiéefirter le tnryail.
M. Lambert a ndamé ebioite ^telqQes secours potir ré-
alise de S'.-Lonp , qai a le phis grand bemin de réparations.
Mf de .Ca«ilia»t a répondu qne le Conseil a mis à la disposi-
tion» èi^ boreau une somme de loo iranes , qoi sera peut-être
absorbée par le travail dont il vient d'èg:e parlé 5 et qa'il
croyait en oonséqnenoe pouvoir prendre .sor loi d'augmenter
de 5o £r#ncs h somme allooée par k Conseit.
Kfg*. rfv^ne a pris, la parole poor déclarer qu'il se
clmigoraît de stibvenir aox frm'qne poniraiem entraîner les
iflsociptioiis tomolaires^ si ies i5o francs qoe bit elpévevlê
GoQicil sont totalement absorims par l'égUae S'.-Lonp. M. de
Canmont a répondu qoc l'on pouvait compter sur cette allœa^
tiflM^ aool k.oaiidftiaai toutefois qne M. Lambert serait appelé
]i diriger le travail^ il a remenom Mg^. l'fivéqae de- la
gMmB»ité4Teokf«eUail(ficlitbieo «veair en aideâ k Société.
• • • ' •• /
90 iroirmus ÀmcvioibGKivBs.
M. l'abbé Tbomiae , cbanoioe , a' la une notice contenant
des vues très^ustes sur le mode que deyrait adopter la Société
pour que les réparations fassent en rapport ayec le style des
monuments. lia démontré que rono'obliendnipointàcet^rd
de résultats complètement satis&iéants tant qœ les membre*
de la Société ne seront pas cbargés de suiyre les trataux et de
snryeiller rexécntmn des détails architéctoniqnes. UassemUée
a adop]^ les yues très-sages de ce mémoire , et décidé qu'elle
donnera suite à la proposition qu'il contient. ^
' M. de Milly a firis k ce anjct la pirde, et présenté nue
proposition formulée en ces tér9ies :
i^*. Tons les projets de trayaux de réparation ou de recons*
truetioB à exécuter k la cathédrale de Bayeut seront commua
niques au fonctionnaire de la Société cbargé par elle de teitler
à la consenration de ce monument. Il examinerai et discutera
les plans , et son ayis y sera annexé, lors de Fenyoi au lii«
nistère. Apres Tapprobation ils lui seront commoniqués de
nouyean , ^t il eu snryeillera rexécuUon. ^ ^
. a®. Le Conseryateur sera appelé k la réception des trayaux ;
contre lesquels il protestera si l'exécution n'est pas conforme
au)[ plans. > ..
Ceye.proposition a été adoptée à l'ipnanimité. - '
Le mémoire de M. Tbomine se ter minait par une ptéj^
sition d'isolement pour la cathédrale. Ce prpjet a reçu la
sanction de TassemUée. Mg'. rEyèque et MM. de MUly >'
Lambert et Thoaûne se sont chargés de rédiger à ce sujet
une rédamation pour être soumise au Conseil générai et aïs
Conseil d'arrondissement. : ..:. tô
Oiyerses discussions se sontéfeyéei relaiiyement 1 laonnseiw
yation des égli)esd» diocèse. ^ ' ' * - ^ '•
. Ayant de clore la séaoee , les membres df Consul prémmi
eut admis deux nouyeaux membres , sayoir :
9«
i*. M. Oiriftnr pb» Cacnnm ) 1^ Bayem 5
^. M. DB Saubh , prûpriéuire , à Pkmpont (Galtadof).
^ Plnsieiiis codésiasdqiies , M. DespftlUèrei, anckn eonsal
([éiiâral, H. le marquis de Belii£Nit , M. Catlel, membre de
k Société des Antiqnaim , et autres notables babitants de.
Bayeoz ont assisté à la séance , ainsi qœ plnstears membres
de l'Assodation Nonnande. ^ -
-*^LaS^été pour la cons^nratioa des mOmunetots yiènt'de,
perdre encore un de ses mtmbres , M. Jules lliçbel , de
Caen , officier de la L%ion d'boaneur , Kenlenantrcolonel
d*artiUerie à Lorient. M. Blicbel , ancien élève de Técolé
pdytfchnîye , avait dans son bonortUe carrière vilîlaire
consacré ses loisirs à l'étnde de f bisioire nàtofoUe et des an-
tiquités; depuis quelque iemps surtout Farcbéologie était,
devenue son étude fiiTorite. M. Micbel était âgé de 54 ans»
Description de la eaààidf^ak de Béarnais, par' At.
fVùillez*'^iiw3A nous empressons de signaler à l'attention des
arcbéolgues iine ititéressante description de la catbédrale de
Beâovais , par M. Emmanuel Woflkx. On n'atait eu jusqu'id
sur ce célèbre monument que des notices trop suocinctee pour
sàm&ire pfeiaement la curiosité. Mais aujourd'hui , grâce
aut déssib plus circonstanciés , à l'analyse plus ttgoureuse
qoe nous donne M. WolNez , grâce surfotit i ses bHla
pbacbés ipÀ ne sont pas la partie la moins précieuse de son
ouvrage , il nous est permis d*acquérir une idée aussi complété
que possible de )*nn des édiOca religîent les plus remarquables
de France. Qui ne voudrait connaitre oMie majestueuse catbé*
drale qui vit s'incliner sous ses voûtes trois illustres tètes cou-
ronnées , qui a ouvert tant de fois son enceinte aux prélats les
*§.
plus distingués ptrkiur «aiiiiiMie ^ It or iframU ftf té , depus
Hoori de fram ^ .fiil de liMÎaJe-Gros , înaqn^à riéforimé
Fraafois de k RoebefOneaKk. On s«ic ^«e Tédifioe a essuyé
liien des reirerà, qu'il l^veiUé U soUicitiide de l'un de nos pfai^
grands prtBces , Franco» I^« , qu'on pape même aida m sêl
restaurâlion , qu'^fis malgré riatérèt géoéml que le ibobih
ment inspirait il n'en est pas moins.resté imp«r&k5 on Toodm
savoir alors ce qne cette masse d'efforts a prednit , qnels sont,
malgré son état 4'iraperfietion , les titres >de la eatbédralc ; k
l'admiratiott des àmîs dos «ru. L*ooyrage de M. WoYlles sa-
tisfera ^lehieiDieiit , sous tons les raf^rts , la curiosité des
lecteurs , des énidits etdes sanis des arts du noyon âge. Il se
composed'aD petit în-f<dio et de iS planches, dont taneest colo-
riée. Il se tront^s k la librairie départementale de %iiAc«k,
rue du BOttloy , n^ f.
—Nous vènonsde recevoir la description de Vignogoulet de
St.«FéUxrdf-l|0ataeA\i , dent AKmiatères de fei^me» du S|s-
Langoedoc » p^ M* JuWft Hepouvier , avec 8 beiles-planebes
devinées fàr M* Jt Sf JLatMreat. Cette pd»Ucatioa est aussi
satitfaiaajil», «nssi pftT&ke qne celles que nous devons déjà à
M* RenoQiior, k umnH f^t babile explorat^v 4es moatunem»
dtt midi de U Fvazioe ^t ,ku ejreyon de M. Laiivent. Novs
tspyons 4T^ ealîsfiwtioti q^e M* Renoovier et son eoUa-.
boTMar se pr^[K)iei|t d'^liq^r sufcceaivement dans leur
biaioîbe «t leur aroUteclArf, ions left moiHiiiieptsdes aneiena
dîoeistt du Bas-IiipgDedocj nou^ w pouf oos trof tes engager
k persister dans ce grflivd ^Jei , et à cçMa«er l'oaTJrage
cQBHBe ils l'ont conneiioé^
■\
I
I
■ I
J ,HI I , IS' ■■.' >•■ ' I I H- Il lin
SECOND FRAGMENT
De la relation d'un voyage archéologique fait
en Normandie en 1 831 par M% Gally-Knight,
et publié à Londres en 1 836 , communiqué à
la Société pour la conservation des monu-
ments, par M* DE Caumont.
CHAPITRE IX,
Carentan. — Ste.-Mère-Eglise.-^Montebourg.'^Falognes,
Après Bayenx nous visitâmes Carentan , qni possède une
bôfine église avec nne pyramide. L'architectnre de Yéiiûcè
est Normande ; on y remarque cependant certaines parties qui
portent les caractères du style en pointe. Il y a dans la nef des
contreforts complexes , et sons la tour , des arcades décorées
d*une grande quantité de moulures très-prononcées. Le chœur
est environné de piliers. On trouve des colonnes dépourvues
de chapiteaux , mais qui ont 4^s moulures à la base. L'extré-
mité E&t est dans le style du XIV*. siècle (i).
A Ste .-Mère-Eglise nous rencontrâmes un inonument reli*
gieux qui se rapproche beaucoup de celui de Carentan. A
(1) La mëmoirc de M. Gally-Knight €8Mel«» 4éCiiit , car la
pins grande iiartie de cette église appartient au atyle ogival de
la troisième époque. ^ JVoie de M, de CaumontJ.
8
94 M* ÊltLY-KfrifllIT.
Monteboorg se tronire un abbaye que noos allâmes visiter. On
sait qae son ëgliie fut cOosaciéè eu i i5â ; ttlaû il n'en reste
aujourd'hui aucun yestige debout. Le couvent fut, comme
tani d'autns , k ïst rétolution , rendu par parties h un certain
nombre de petits propriétaires qui , pour recneillrr de bons
matériaux , menèrent bon train Vœuvre de destruction. Oti oe
retrouva en sa pîace que des fondations et des décombrei ; et
rien n'indique h quel style il pouvait «ppârtenir. Il en exis*
tait encore des restes importants en 1817 ; À cette époque, un
membre de la Société des Antiquaires de Nowniindiff wBila ces
lieux , et comme s'il avait un pressentiment que ce qui restait
de rédifice allait bientôt disparaître , il résolut d*eo conserver
au moins le souvenir. Il publia dans la suite une description
et une histoire du monastère de Montebourg, et enrichit son
ouvrage de' trois vues de IVglise^ dessinées au milieu drs
ruines. Ces planches nous apprennent que le monument
était construit dans le style circulaire , à Texception des ar-
cades sous la tour centrale, et de cette tour elle-même, qui ré-
vélaient le style en pointe j mais ces portions peuvent avoir
été rebâties k une époque bien postérieure k la construction
primitive.
C'est Beaudouin de Reviers , comte de Devon , qui fit pres-
que seul les frais de l'érection du monument. Comme il avait
embrassé le parti de Geoffroy de Plantage net ,J1 s'était vu
forcé de se retirer en Normandie pour se soustraire au ressen-
timent d'Etienne deBlois, à qui était restée la victoire. L'église
fut consacrée en 1 1 52 par l'archevêque de Rouen, en pré-
sence d'Henri , alors duc de Normandie , et qui régna ensuite
ta AnglcMrre sous k non d'Henri IL
De Mcmtri^ourg niHis gagnâmes Vàlognes , petite ville fort
agi table. On y rencontre quelques maiious spacieuses avtec
BXCVBSION MQVIJMB]rTAl.B SIT NOBMANDU. g5
aii€ cour devant «t un jardin derrière , deox dioiei fpii en
France sont coniidérées comme les accessoires indispensable!
de rhôtel d*nn gentilhomme.
Noire but principal, en nous dirigeant yers Yalognes, était
d'avoir une eommuaicaticm particulière avec M. de Gerville ,
mefitbre distingué de la Société des Antiquaires de Normandie,
et Fun de ceux qui contribuent le plus h ses publications pé-
riodiques. Au temps de l'émigration , il passa plusieurs années
en Angleterre ; il y enseigna Fitalien , et y fit des études bo«
taniques , avec cette résignation philosopbique qui caractérise
le français. Aujourd'hui il a repris tout Tenjouement de son
pays natal , et il consacre ses instants de loisir k explorer le
sol, si riche en antiquités, de la province qu'il habite. Il nous
fit l'accueil le plus obligeant , le plus aimable , et je m'em-
presse de saisir l'occasion qui se. présente de lui en témoigner
ma reconnaissa nce •
CHAPITRE X.
Cfierbaurg. — Octeville. — Martinvast, — Briquebec. —
VeUognes. — Le Ham»
La contrée que nous traversâmes pour arriver à Cherbourg,
est semée de bois et de collines , et ornée de verdoyantes prai-
riesj elle oUre beaucoup de ressemblance avec les provinces
intérieures de l'Angleterre. Sur le rivage français, la végéta-
tion ne semble en aucune manière soufirir du voisinage de la
mer.
Cherbourg est dominé par des rochers hauts et escarpés , an
pied desquels il est situé. Cest une ville qui a peu d'impor-
tance par elie-roène f œ qui Ipi donne de Tintérèt ^ ce sont les
chantiers et les arsenaux dont elle est pourvue.
96 M. 6ALLY-Kffl«HX.
Nous ne tardâmes pas à la quitter ^ et nous nous mtines \
Érayir une montagne dont la longueur nous fatigua beaucoup.
ArrÎTes au sommet, nous trouyâmes le village d'Octeville, qui
renferme une yieille église Normande, dont la tour de form«
octogonale est bien faite pour éveiller la curiosité. Nous des-
cendîmes le côté de la montagne opposé k celui qui nons avait
conduit au sommet , tout en payant nôtre tribut d*admi ration
k ces forets et à la fraicbe verdure de ces coteaux qui embel-
lissent la campagne sur laquelle planait notre vue , et nons
atteignîmes le village de Martinvast , qui est situé dans la
vallée.Une prairie défendue par une clôture^ conduit à Téglise;
cet isolement dans lequel se trouve le monument , a quelque
cbose de religieux ; le petit cimetière est planté d*ifs antiques
et vénérables. L'église appartient à l'ancien style Normand.
A Textérienr de l'extrémité semi-circulaire , a l'Est , on re-
marque des demi-colonnes sveltes et déliées , surmontées de
cbapiteaux de forme ionique. Sous le tpit se trouve une cor-
nicbe composée de têtes grotesques. A l'intérieur , l'édifice a
une élévation imposante 5 il est voûté en pierre. Les arcades
qui supportent le toit^ révèlent la forme bizarre du fer à cheval .
Nous retournâmes. à Yalognes par une ronte diflTérente de
celle que nous venions de suivre j mais c'était toujours la
même campagne couverte de bois , les mêmes tableaux , la
même v^griété ^ c'est l'ame déjà pleine des douces émotions que
faisaient naître la beauté de ces lieux, que nous ari'ivâmes k
Briquebec. Il existe encore dans ce village des vestiges. consi-
dérables d'un château qui a successivement appartenu aux
Berlram , aux Paynel, et aux d'Estouteville. Situé à l'une des
deux extrémités du bourg qui a grandi sous sa protection ; ce
château occupe un terrain élevé , et commande une vaste
étendue de pays. Le donjon et Jcs mars de circonyallatioa
IZCVAflON MOHUMENTALI. IH ITOEMÂirDII. 97
soDt encore delraut , mais ils u'oot pu échapper tout4-fait aux
ravages da temps. Le donjon est octogonal, et k sol sur lequel
il a'appnie, est plus élevé que le reste. Dans une partie des
murailles de la cour, on rencontre des traces du XI*. siècle ;
le donjon date du XIY*. , et une autre partie du château ne
peut remonter au-deli du XYI*. siècle.
A notre retour k Yalogues , après un déjeAner que nous
offrit M. deXîerville , nous nous dirigeâmes vers le village du
Ham. -C'est un groupe d'habitations qui t'abritent au milieu
de nombreux bouquets d'arbres ; il louche à l'un de ces vastes
pâturages si communs dans la Basse-Normandie.
Kous y vîmes une vieille église qui est construite , en partie
dans le style circulaire y en partie dans Fancien style en
pointe. Les fenêtres étroites en lancette' ont une longueur
vraiment extraordinaire ^ je ne me rappelle pas en avoir
jamais vu de pareille dimension. On consenre dans cette église
un objet fort curieux , qui est tout ce qui reste d'une chapelle
qui existait autrefois dans les environs. Cest une pièce de
marbre qui formait autrefois le dessus d'un autel chrétien ;
elle porte une inscription qui date du temps de Théodoric ,
dont le r^ne remonte au YI*. siècle. Les caractères qui la
composent, sont pour la plupart romains; on y rencontre
cependant quelques innovations (i).
Non loin du village se trouve un antique manoir seigneu-*
rial- très-vaste, et une tour h toit conique qui renferme Tesca-
lier. Le nombre des vieux châteaux déserts que l'on prouve
dans les environs de Yalognes, est considérable ; les proprié-
taires les ont abandonnés pour yenir résider dans la ville.
(1) Cet avte! curieux a été transporté à Talognet et déposé
dans la bibliotbèque publique. r^^f* ^^ traduit, J,
9«
M. GAUY-lUriOHT.
CHAPITRE Xt.
CohmhL — St.'Saui^eur, Le château, Vahhaye. •—
Blanchelande* — La ffaye^du-Puits, -— Lessay. — >
Coutances*
Apiiès que M* de Geryîlle nous ent tracé l*îtinëraire qui
•devait ooQs £iire rencontrer ane foole d^objeis intéressants ,
nous loaâmes un cabricdet et nous enToyâmes notre équipage
nous attendre à Coûta nces.Cétait par des cbemins de traverse
que nous deVions voyager , et nous ne pouvions songer à nous
y aventurer dans une voiture à ressorts;
En sortant de Yalognes , nous n eûmes aucune raison pen*
dant trois lieues de nous plaindre de la route. La seule chose
remarquable qui s'offrit k nous^ce fut la belle église en pierre,
de Colombi , où sont pratiquées des fenêtres à lancette , d'une
longueur encore plus extraordinaire que celles de Féglise
du Ham.
Lorsque nous fâmes arrivés au sommet d*un long coteau ,
notre vue plana sur le bourg de S'. -Sauveur , et sur le châ-
teau démantelé et l'abbaye en ruines qui lui donnent de
rimportance. Ces restes, si pleins d'intérêt, sont situés sur le
penchant d'une petite colline , au pied de laquelle s'étend un
tapis de verdure où serpente un étroit ruisseau aux mille dé-
tours : la distance qui les sépare les uns des antres, est fort peu
considérable*
Cest dans la première moitié du X". siècle que F un des
clie& normands k qui RoUon avait donné , comme récom-
penses de leurs services , le pays que nous visitions alors , jeta
XXCVmklOJI MOirVMKilTALI EU ROEMLàlfDIl. gg
les fondeinents do château de S'.-Saavear. Ce cUteav de-
meura dans la Cuiiille du foadateur ja»qa au XU*t liècley oà
il devint, par suite d'un mariage , la propriété dea Tesson.
Vers là fin do même siècle , l'héritière de cette dernière fkr
mille accorda sa main et son cbâtean k nn d'Harconrt. En
1S28 , Geoffroy d'Hareonrt lit du manoir seigoeorial une £)r«
teresse imposante. Après lui , Edouai-d III , roi d'Angleterre
en apa nagea le célèbre Chandos. En défiuitiTe , à la suite de
hien d'autres ricissitades > le château a été transformé en* nn
h&pital.
On retromre des murailles , dea portes et des loors* Ce qui
nous frappa le pins, c'est une grande tour carrée > bâtie par
Chandos, à qui est due aussi la construction d'une des portes
de la forteresse.
Quand nous eilmes visité le château , notis trayersâmes le
boorg , où nous ne vîmes que qnelqoes maisons d'asaea bonne
apparence, qui appartiennent h de petits gentilshommes de
campagne. Parmi eni on remarque le représentant d'une
noble race , Tabbé de Percy , qui descend de la branche Nor«
mande de cette famille dont le oom est devenu à fameux en
Angleterre. On ne peut s'empêcher de se sentir pris d'une
sorte d'étonnement mêlé de re^pect^ la vue de ce débris d*une
. race qui a traversé tant de siècles, encore debout sur le sol
natal .
A deux lieues de St. -Sauveur se trouve le hameau de Pierre-
pont j c'est le berceau d'une autre noble famille d'Angleterre.
La Normandie abonde en souvenirs pareils ; et c'est ce qui
donne k ses vieux châteaux , à ses antiques abbayes tanl d'iu-
térèt aux yeux d* an anglab. Tout ici lui rappelle ou &a propre
famille, ou de glorieuses maisons dont le nom a retenti bien
des fois â ses oreilles^
4 00 .M.,GALI.T-ftJIIG|IT.
- Ifoossorâmes da boarg'pour aller visiter Fabbiye.
Les bâtiments da couyeat sont eueore debout , mais leurs
toits, n'abritent plos de moines ; ils ont changé de maîtres, et
sont tombés dans un délabrement pénible à voir.
< L'église est en ruines , et il n'en restera bientôt plus de
traces. Noos aperçûmes l'indhidu qui. en est actuellement
propriétaire , perché sur ses murailles, et occupé à en enlever
les pierres pour les faire servir à ses propres consti'uctions.
' Cette abbaye fut fondée par les Tesson , au temps où ils
étaient seigneurs de l'endroit. On la commença en 1067.
< L'jéglise. ne fot consacrée qu'en 1 160 ; elle resta inachevée
jusqu'au commencement du XIIP. siècle. A cette époque la ,
. famille d'Uarcourt , qui avait succédé aux Tesson dans k sei«
gneurie de St.-Sauveur , entreprit de la terminer , et on re-
UOQve encore ses armçs sur quelques-unes des clefs de pierre
du transept Sud. Il s'écoula donc 200 ans entre l'instant où
l'édifice fut commencé, et celui où on y mit la dernière main.
Il n'y a rien de bien extraordinaire dans cette circonstance ;
mais il nç faut pas oublier qu elle a conduit à des conclusions
erronées. On témoignait une certaine répugnance à imaginer
une interruption de si longue durée , et 00 se trouvait invo-
lontairement porté à assigner, à la partie la plus récente 4)S
l'édifice , une date à laquelle elle ne pouvait légitimement pré-
tendre.
-; Jusqu'à la hauteur du Iriforium., le style circulaire se
manifeste k l'exclusion de tout autre style d'architecture da-ns
rédifice ; il faut cependant en excepter le chœur, dont lac cons-
truction est sans aucun doute beaucoup plus récente. Mais
au-dessus du trifonum , c'est le tour du style en pointe 3 on y
reconnaît l'archileclurc du XIII*. siècle , et par conséquent il
faut rapporter cette partie du monument à la famille d'Hai'-
rourl.
EXCURSION MOHVMBUTALI BH NORMAIIDIB. lOX
< Dans le XIV'. siècle, Jeao Chandot , craiguant qot cette
%Use ne seryit aux projets de rennemi, la fit démanteler»Elie
fut réparée dans le coarant da XY*. siède. On reconnaît aisé-
Mient les réparations k k dillérence du stjfle.
Après ayoir quitté St.-Sanyenr , nous trayerslmes une con-
trée qu'embellissent des champs bien cultivés , et qui a une
apparence de vie et de richesse: mais il nous arriva bien
souyent de maudire les routes détestables qui y conduisent. A
peine pûmes-nous ajouter foi à ce que nous disait notre guide
lorsqu'il nous indiqua , comme la route dans laquelle nous
deyion^ entrer , quelque chose qui ayait l'air d'un fossé ayec
des bords éieyés et plantés d*arbres; il bllni bien cependant
nous résigner h y descendre. Les routes , en Normandie , ne
se sont pas ressenti de Tinflueuce des siècles de progrès. Elles
•sont en arrière de cent ans au moins, comparativement.li tout
ce qui les entoure : les champs se couvrent de riches moissons,
les villages sont bien bâtis , les fermes en grand nombre , tout
en un mot poite des traces d'ordre et d'industrie ^ et Ton a
bien droit de s'ctonner alors qu une population qui marche si
rapidement vers le progrès, puisse laisser subsister les chemios
les plus impraticables^ quand leurs chariots, leurs bêtes de
somme , quand eux-mêmes se trouvent chaque jour en danger
d'y être mis en pièces.
Pour satisfaire le désir que nous éprouvions de visiter Fan-
cicnue abbaye de Blanchelande, nous fûmes obL'gés de monter
ua chemin étroit; mais à peine y étions- nous entrés que nous
restâmes , à proprement dire , cloués sur la place. Nous eûmes
beau crier et (aire jouer le fouet ; force nous fut de descendre
el de nous servir de nos jambes. Nous marchâmes pendant
quelque temps sans rien découvrir devant nous 3 notre vue
était masquée par des coudriers cl d'autres arbres 3 enfin, nous
loa
M. GALLT-KNfCHT.
arriviiueft à un village ^ lur aa pUleau élevé ; tt alors nous
aperçûmes le bourg et le cbâtean de La Haye-da«PoîU , une
longue rangée de eoliiues , des pâturages eu aboudance , et ijss
clochers de plusieurs églises dans le lointain. Quand notu
eàiam trayené le Tillage , nous tottAbâmes dans uu autre sen-
tier obscur } et après a^vuir traverse un bois , nous nous trou-
vâmes bientôt transportés dans un vallon silencieux, qui, avec
ses arbres et sa verdure , compose un m te tout anglais, A
Textrémité de ce vallon existent les restes de Tabbaye de Blau-
chelandc; une émineuce la défend contre les vents du Nord ,
et les eaux limpides d*un ruisseau sans nom arrosent ses mu-
railles. La demeure de Fabbé, où les évêqocs de Coutanccs
venaient autrefois passer la lielle saison , est as.ez bien con-
servée ^ c'est aujourd'hui la maison d'habitation du fermier.
Sa Cimille avait connu Tabbaye dans des temps plus heureux,
et il se mêle toujours dans ses récits queU]ue souvenir des
anciens propriétaires.
11 ue reste presque aucun vestige de la consliuctiou primi-
tivej les faibles débris devant lesquels s'arrête le voyageur, re-
présentent , pour la plupat^t , les réparations que Télat de
rédifice a autrefois nécessitées. L'église consistait dans une
nef sans ailes. Aux murs latéraux sont, juxta- posés des pilastres
auxqueb viennent se juindie trois demi-colonnes qui vont
s' élevant jusqu'au toit pour le soutenir. Les parties originelles
de rédifice, que nous avons dit être en très-petit nombre, ap-'
particunent au style circulaire ^ la voûte cependant , dont on
retrouve quelques traces , parait avoir revêtu la forme en
pointe. Les chapiteaux des piliers et les moulures doivent être
rapportés au dernier Monnand.
La tour doit avoir été rebâtie en entier , et le portail occi«
dental date sans doute d'une période beaucoup plus récente.
SXCVRftlOir MOVVIIEIlTAil.. £H HOnMAMDIf. loV
Cetteo f i85 <{v>nt lieo la ooiisecrattoa 4* t'^iw- Ricbard
de La Haye, seigneur de I^a Haye-du*Piiiti , et faTori d*iletiri
II, roi d'Angleterre, fonda , de conoerl afec Matliilde de
Teroon , son ëpoose , l'abbaye de Biaockelande, en 1 155 , et
ne sonfirit pas qne d'antres que lui en fissent les frais. Il ne
yiùttt pas assex long-temps pour Toir le oonronnement de son
teorre. Mais sa Tenve, qu il procéda de ^o ans dans la tonbe,
se chargea de rachèveaient da projet qu'ils ayaient eooçn en*
semble*
La YÎe de Richard de La Haye M féconde en ces aTOntnres
si communes dans les siècles de léodalité , et qu'exploitent an-
joord'hui les romanciers et les poètes. Par son refus de pftter
serment de fidélité k Geoffroy , comte d'Aojon , qni avait
enrahi la Normandie et qui en resta pendant quelque temps
le maître , il encourut le ressentiment de ce prince 5 pour s'y
soustraire, il s'échappa h bord d'un navire ; mais cet navire
devint la proie d'un forban, et pendant plosieors années^ Ri-
chard souffrit tous les tourments d'une dure captivité. Cest
peut-être pour perpétuer le souvenir de son heureuse déli-
vrance et de son retour sur le sol natal, qu'il fonda le moiias-
fère de Blanchelande.
A la descente du coteau, nous rencontrâmes le village de La
Haye-dn-Puits,et nous visitâmes les ruines de son château qui
s^éiève sur une éminence. Un jeune fermier , propriétaire
actuel de ces débris, s'offrit à nous servir de 'guide. Il en avait
déjà fiait abattre la plus grande partie , et il exprima devant
nous son intention d'en faire autant du reste j on lui achète-
rait les matériaux pour les employer â la réparation des routes,
et œ vieux monument , nous dit-il , lui serait an moins de
quelque utilité. Nous ne pouvions lui objecter que Jes routes
ne demandaient pas k être réparées ^ mais ibuons était pé*
lo4 M. .GALLY-KNICaT.
nibit de penser que le château devait veaii salûfaire à ce
besoin dont nous n'avions (jue trop reconnu Teustence. Nous
pûmes encore admirer la majesté d'une belle four antique^
mais il est probable qu'aujourd'hui le voyageur qui se dirige-
rait vers La Haye-du-Puits dans le même but que nOus , ne
serait pas aussi heureux ^ sans doute , le bourg dépouillé
ipaintenant de ces ruines imposantes , son seul ornement, n'est
plus qu'une résidence o^cure et ignorée.
Au milieu des fondations du château ,' nous découvrîmes
quelques blocs de pierre -de grande dimension et de forme
carrée^ ils nous {parurent travaillés dans le style romain.
\ Dans le milieu du XI*. siècle , le château de La Haye-du-
Pqits appartenait à Turstin Halduc , fondateur de l'abbaye
de Lcssay. Odon , ison fils , était sénéchal au service de GuiU
laume-le-Conquérant. Le château passa successivement en
différentes mains 5 la résidence privée fut rebâtie dans la der-
nière moitié du XVP* siècle, A Tépoque de la révolution ^
elle était la propriété du Mq". de La Salie.
' Notre cabriolet étant enfin parvenu à se tirer des difficultés
qui entravaient sa marche, vint nous rejoindre à La Haye-du-
Puits. Son arrivée ne laissa pas que de nous causer un grand
plaisir : il nous reçut bientôt et nous conduisit à Lessay j nous
savions qu'il existait dans ee village une abbaye qui était ,
ainsi que son église , demeurée presque intacte. Ce monument
est moins agréablement situé qiie beaucoup d'autres maisons
religieuses 3 il est à Textrémité d'un vaste marécage.
L'église est un bel exemple du style Normand. Tout est
simple dans cet édifice ; mais tout aussi est grandiose ; on y
voit une tour centrale pleine de grâce bide noblesse. Le por-
tail occidental est plus orné que tout le reste ^ il offre cette
mouture à dents de chieu qui ne fut employée en Angleterre
BXCUBSION MOMUMINTALE lit' jrOBMAHDII. loS
quà la.fiû dn XII*. siècle. Les arcades dé la nef reposent sur
des piliers, et cbacan d'eux présente quatre retraits occapés par
des demi-colonnes. Le toit est en pierre; le choNir et une pariie
dé la nef ont conservé celai qu'ils ayaient dans Torigibe. La'
couyerture du reste de la nef consiste dans une voAte de plus
fraîche date 5 on y trouve des arceaux avec des moulures et des
clefs en pierre.Chaqne arcsdedu triforium estdiviséeau moyen
d'une petite colonne. Quant au triforium lui-même , il forme
la contre-partie exacte de celui de IVglise de Fécamp : la seule
difiërence réside dans la figure qu'affecte Tarcade.
Cest une question de savoir quelle est la partie de Tëglise
de Lessay qui fut Fouvrage de Turstin Halduc ; on n'est pas
même bien sûr qu'il ait travaillé \ la construction du monu-
ment. L'arrangement des colonnes qui se prolongent jusqu'au
toit, la voûte en pierre qui surmonte la nef, et le portail
occidental indiquent des temps peu éloignés j et à travers
l'obscurité qui enveloppe les annales de Lessay , on entrevoit
les traces de certains événements qui nous apprennent quelque
chose sur la destruction el la restauration de son église. On
y lit eu effet que Tabbayc de Lessay eut plus d'une fois ^ se
plaindre de la barbarie des âges : l'ennemi, à plusieurs re«
prises, Fattaqua et y mit le feu. Ces anuales rappellent encore
une consécration qui eut lieu en 1 178, des violences exercées
contre le monastère en i556, et les réparations qui les sui-
virent en 1 585, réparations qui ne furent terminées qu'en
.4i7 (i).
La consécration de 1778 peut témoigner de l'achèvement
de la. reconstruction presque totale de la partie Normande,
tandis que les dommages et les réparations qui datent du XIV*.
(t) Hevftlrla pia. ,
I06 M. OALLT-KNIttBT.
et du XY*. siècle^ expliqueai les caractères différents que l'on
i*eiiuir4{tte dans «ne maitié de la yoôle au-dessus de la nef»
En partant de Lessay , nous nous dirigeâmes lentement yei*s
Périers i où , à noire grande satisfaction , nous atteignîmes la
grande route. Noos parcourâmes alors plus commodément la
distance qui nous séparait de Coutances.
CHAPITRE XII.
Cathédrale de Coutances.
La cathédrale deG>utancesest au nombre de ceG monuments
qui , grâce à la date que leur a assignée la Société des Anti»
quaires de Normandie (i), ont éveillé la surprise et amené
de longues discussions.
Il est un fait dont il n*est pas permis de douter , c*est qu'en
io5o , à Fendroit où se trouve aujourd'hui la cathédrale ;
un édifice de même natui^ fut commencé par Tévêque Robert :
Geoffroy de Monbray , son successeur , y mit la dernière main
en io56 ; selon la Société des Antiquaires de Normandie (2) ,
il faudrait tenir pour certain que la plus grande partie de la
cathédrale actuelle est l'ouvrage de i'évêque Geoffroy ; en
(1) M.'Knight qui atVecte d'attribuer cette epinion à la Société
des Antiquatrea 1^ devrait savoir que les Sociétés publient les <ypi*
nions de leurs membres , sans prétendre les adopter : c'est un
principe bien connu et que la Société des Antiquaires de Londres
a constamment proclamé. M. Knight ne peut d*ii{lleurs iguorer
que Tautenr de Topinion qui! combat ici est M. de Gerville.
C Note du traduet.J
Çtj C'est-à-dire selon M. de GerTlIle. (^iVM^ du iradj
d avlici lenMs, q«e faïUflîoo da alyk en poialt cft Fnact ,
a préndéde ceat trente ans «m apfiaiiliMi cft Aeghtoie,
GnrtaiMesdat^iOBvmniiagedo cdta de peiiqgtr kaort
de tant d'aMm TÎlka; elle tet frt»nm CBtîcfeaeat délroiie
|iar feft NerMaads dans k eewMt da IX\ siccle. Uosièeket
deaii s'éœok aTaat qa'oo fit aocao effiirt pour la rekfer de
ses rancs. Eofio Robert , évAqae de Cmitancei , tn«if[i li
rcstanntioQ de T^liie; maît œ Ait suleat revive Geof-
froy 9 soD soooessear, penoonage de bante naûsaocef M
distiogné parles talents et set yertas, qui se d^vooa de tonte
son ame k racoomplissement de ces pienx travaux. Il fat
poissamment aidé dans son entreprise par les barone Nor«
mands , notamment par Tancrcde de Haoleville et ses six fils,
qui avaient yu k jour dans le diocèse de Conlaiiocs. A la tèle
d'noe bande d'aventariers , ils aTaient remporté des victoirps
qui tiennent moins de l'histoire qoe du romau* Maîtres de
l'Apolie et de la Sicile, ils avaient fait , k k sollicitation de
Geoflfroy , le sacrifice d'une partie considérable de leur butin
pour avancer la restauration de la cathédrale Normande. Le
monument fut consacré , eu 10S6 , en présence de Guillaume,
duc de Normandie, neuf années avant la Conquête d'Angleterre'.
Les événements que nous venons de rapportcr^sont authen«
tiques ; ils sont accompagnés de circonstances assex écktantes
pour iairc désirer de croire qu'ils ont signalé la construction
de rédifice que nous avons encore aujourd'hui sons les yeux.
Mais, nous le demandons, h quel style d'architecture la
cathédrale appartient-elle? Ressemble-t*elk aux monuments
qui furent élevés en Normandie vers les temps où Ton fait 1^
monter sa date? Ressemble-t-elle k S^ -Etienne de Caeu ^
comme pourrait nous le laire espérer la présence de GuiU
hume 11 sa dédicace ? Res8«mble-t*elk enfin k quelqu'un des
I08 lC«^GlLtY-a.HffCBT«..
ëdiiket ^ut fui'ÇQt élevé», à cette époqut, lur une fiartic
quelconque de la terre?
Bien loin de 11k , elle appartient an style en pointe avancé,
et les réparations datent d'une période plus récente.
C'est un bel édifice aox proportions vastes et élevées, décoré
avec goût. Ses deux tours occidentales qui se terminent en
pyramides, sont d'une beauté et d'une élévation peu commune ^
et ce qui n^est pas peu remarquable , c'est qu'elles sont finies
et qu'en même tenq» leurs caractères sont diflérents.
Dans l'intérieur de la cathédrale , on compte pins de œivt
pieds du sol k la clef en pierre de la voAte. Les arcades qni
séparent la nef des ailes latérales , sont soutenues par des
faisceaux de colonnes ^ des piliers accouplés environnent le
chcsur. Beaucoup des fenêtres sont évidemment moins aor .
ciennes que. le corps du monument.
Quelle conclusion l'observateur est- il spontanément conduit
à tirer de TiospectioD de l'édifice? Il n'hésite point tout d'à*
bord à affirmer que la cathédrale actuelle, ne peut êUe celle
qui fut consacrée en io56. Dira-t-on que c'ei^t un monument
de transition ? Ah l s'il avait existé , k cette époque, dans une
autre contrée, quelle qu'elle fût , quelque chose de semblable,
cette opinion donnerait sans contredit matière k réflexion j
mais il est impossible d'imaginer que le style en pointe ait pu
surgir ici tout d'un coup dans son plus haut degré de perfec-
tion, et que la révolution architecturale n'ait éclaté que plus
d'un siècle après cette, subi te apparition.
Tâchons maintenant de faire jaillir quelques lumières des
souvenirs obscurs que nous ont légués ces âges antiques.
Le Livre noir du Chapitre deCoutances est le document où
renvoient les Antiquaires français , et sur lequel ils ont basé
leur hypothèse.' Il fut compilé par les ordres et sous les yeux
KxcuBSioir MoummiTAU en nobmandie. 109
de Jean d'Essaj , ëln ér^ue de CoQUiioes en i^So ; et de oe
que ses pages ne lenlismieiit rien qai ah trait k des cliadge-
ments opérés daDsIaooostroetîon de lacafliédnile, on s'en fait
nne arme ponr coiicl«re cpi'îl est inpossible que des triTaiix de
celle espèce aient en lieo.Le Litre noir est maintenant perdu;
mais FaUé Tonslain de Billy ^ dans son Histoire do diocèse
de Contances , fait oae analyse eiprcsse de œ qa'il contenait ;
et c'est dans cet ontrage , ainsi qne dans U Gallîa Chri»-
tiana (i), qne nons apprenons que la partie do Liyre noir qde
l'étèqae Jean d'Essa j fit compiler sons ses yeax , n'était rien
de pins que l'énomération des droits de patronage du diocèse,
et révalnation de ce que ces droits rapportaient en ii5a ;
qu'il ne fiint pas Im donner pins d'importance qu'on n'en
accorderait k un Terrier ; -— je le demande alors , qu'il y ait
eu y k cette époque , des trayaux d'architecture commencés et
accomplis , esl*il proliable qu'un Kyre écrit dans un but tout
différent nous en eAt entretenus? Le silence du Livre noir ne
proute donc absolument rien. Voyons si en allant puiser k
d'autres sources , nous serons plus heureux.
Rien ne nous indique dans quel état se trouvait la cathé-
drale bâtie par Geoffroy au temps de Jean d'Essay. On ne
sait paa si elle est restée intacte jusqu'alors. Mais des inscrip-
tions , qu'il est encore possible de lire snr ses murs , nous ap-
prennent que quatre des chapelles attuéet au côté Nord de la
nef forent dotées par ce dernier éyèque loi-même , et cette
dotation donne ^ je dirai presque la certitude que c'est à lui
qu'en est eue la construction. Nous ayons aussi qœique raison
(1) « Coram eo eonfectum » sen potiùs inchoatum 1251 , Re-
gestuni de patrooatibus Dioccsis » ab integunento posteà dictum
Liber niger. »— Gallia Christ.
9
iio M. gailT'Kutgbt.
de peDser que c'est lut qui rebâtit le chceor on qui en aciieva
la restau iMtioD , parce qu'il e&t enterré au milieu de cette
partie de F église , et , sauf une seule exception , si moderne
qu*eUe ne peut être invoquée dans la question dont il s'agit ,
iltst le seul évoque qui ait été inlinmé dans cet endroit (t):
or l'on sait qu'autrefois c'était \k une distinction rémunéra'
toire que l'on décernait au fondateur. Nous avons donc entre
les mains des renseignements qui démontrent que des change-
ments considérables eurent lieu dans la seconde moitié du
XlIP. siècle , et des données historiques vont nous préciser
répoqne où ^'autres changements furent encore opérés dant
la construction de l'édifice.
L'an 1 556, peu de temps après la bataille de Poitiers ,'
Geoffroy d'Harcourt vint, k la tcte de son armée , attaquer la
ville de Coutances et s'en empara - mais la cathédrale où Ton
avait établi garnison résista à ses sommations et il se vit ré-
duit à en faire le siège. Une armée française ne tarda pas à le
lui faire lever ^ mais avant celte heureuse diversion , « ladite
église , dit un historien , avait été moult endommagée par le
siège que nos enemies mirent devant notre dite église , qui
lors était forte et par les pierres d'engin qu'ils jettèrent. »
Il ajoute que les dommages étaient tels que la cathédrale
« ^tait en voie de cheoir en ruine (2). »
Si le mal était si sérieux , nul doute que les réparations et
les changements opérés pour y porter remède n'aient été assez
considérables pour expliquer la dispanlion de toute trace du
travail primitif, si toutefois il en restait encore à cette époque.
Les troubles de France et de Normandie s'opposèrent pen-
(1) It mourut en 1274.
(2) Hist. manuscrite de Coutaiicea.
EXCURSION MOHUMflTTALB BH. HOBMAND». 1 1 l
dant quelques années à rexëcotion d*ane œuvre aussi impor-
tante que la réparation de la cathédrale ; mats Tannée i37 1 ,
k Tavënement de Sjlyestre de La Cervelle au siège é(»scopal
de ContanceSf Cliarles V, roi de France, lui accorda une forte
somme d'argent en considération des trayaux k poursuivre
dans son église (i). Quelques années après , Sylvestre adressa
un bref à toutes les paroisses de son diocèse pour les exhorter
à contribuer ^nx frais de réparation. Il poursuivit avec ardeur,
jusqu'au jour de sa mort , l'ouvrage qu'il avait entrepris , et
Fan 1387 (2) on l'inhuma dans la chapelle de la Vierge qu'il
avait fait construire à sesdépens, . .
^ Mais les travaux n'étaient pas tout-à«(ait arrivés k leuc
terme j ils durèrent encore plusieurs années (5). On a con-
servé une ordonnance du roi Charles VI qui conierç au Cha-
pitre de Coutances certains privilèges en récompense des sa-
crifices d'argent qu'il avait faits- pour la réparation de la
cathédrale , et un décret du même Chapitre de i4oa (4) noi|s
apprend, qu'à cette époque la restauration du monument'
n'était, point encore terminée.
. I^ous le demandons maintenant , la merveille annoncée
par la Société des Antùfuaires de.jKormandie (5) eH-eUe
autre chose qv'vn heve? Pf'est-il paa évident que la cathédifale
actiielle appartient en partie à la seconde moitié du XIII**
siècle, et en partie à une période postérieure de plua d!uf)
siècle à la date qui lui a élé assignée.
(t) Gall. Christ.
(2) Gall. Christ., tome XI , col. 8S7.
(3) Hlst. des éféques de Goatancea.
(4) Hist. manuacrHe de Coùtaneea.
(6) Ccst-A-dire par M. deGervlUe CNotedm ttaâ.J.
iti M. GAtLT-miGflT.
CHAPITRE XIII.
RàfHl^. -^ ASfààye de ffamUe.^ Gamty.
Nom è^lcffinm la ]omnée An ^5 mai k aller visiter
VAhêfftàt Haàibie, i qttaMiieclea et dauie eoTÎ^eii de Càh-»
En déMmdant un èôfeaii, ndùà noué retournâmes pour jouir
de la Tue de la Tille et de la cstliédrale. Cootances eèt siiu#è
sur une lidutéùr^ et la éatbédrale qui occupe la partie la plus
éleyée domine de ses tours majestueuses la dté qui lui lait
con^. Aux èotirOns, la campagne offre dés paysages pleins
de charmé et dé yariAé ; la tégëtaiion j est assez abondante ^
èl la terre se couvi^ partout dé verdure ^ ^n s*en ËtUait qiié
AO«l ne nous cirusSiOÉs die rètOcîir en Angletcf^ii^ei
Mais iiOuf firmes biefitôt distraite dé m» douces révérk» pr
rineessaute torture d'une route infernale , qui Houi cMig«a
dofttivre h pied notre voiftffèi La campagne était tcMjonrs
déliéieuse; les ckampi ï^ culiivfe^ les maisons respiraient
le bon goftt et f aisanee ; aiaift èétte route nuradite empoison-
nait les ânotiona qUe ou beau pays était bien propre k Hiire
naître^
Enfin nous aperçûmes^ k t0Ur'$ seul reste du ebiiean
de Hambie : elle s'appuie sur une éminence qu'environnent
de profondes vallées. On entrevoit dans le lointain des col-
lines et des monticules couronnés d*arbres.
Ijc château de Hambie était la propriété des Paynel ; une
branche de cette famille alla s'étBbbr en Angleterre et donna
son nom i h viUè de Kéwpért , dans lé IfortlHimptonshirt.
BZCU»SIOH MpHVtf^TAfgB Uf «okiiAjrois. IlS
ckiieclure Nonnaodt. «r- 1^ nponeiit n'eH pai él^PgA^ <>^ tUi
partager^ k sort du çVIletn qo'tllf n t«i ftifit tt ^ dk s'en-
«evelix^ dans la poussière-
et lions no9S 4irigeliiics vers le mooastère qui a'est qu'i 119e
Ueoe 4v iriUage. Après avwiir leng-teBips monté, nops eatrAnies
jdaBS un sentier fiXIomVf^» Va nons ceodnisît k on Ihn^ An
jQÎUeu de oe ïfm , npv^ j^ofis Ironvâncs triMMportés sor l|i
crête d'no mont qfî dom^V^ <uie IçUe TaU^; }^ jfmiu finbut
de Syenne se prédpîte en nnrmitranl dM^ |fMi sein et j
décrit mille pelitf 4^|i9Hn. jCopme noas traversions k 1^ en
descendant la colline ^ nou^ entiwTtffles T^ljife rainée d^
}'at»b«ye : elk est âtnée an pied de k moj^^gqe ^ dans un^
;retr^tç onverte enAre ks rodiers et k riiisse9% Il est ji^npoi-
sibk de ne pii« être frappé dn contres^ ,91^ Ç<iœ entre k
sim^on du cHieai^ et cfUe dm monestèx» : l'nnse ^loiitn ^
A« sipr k s^minet orgfeilkaY.d*une éipinence; l'antre a prê-
tre i^n site pins ,h9;Dii|)k 9 mids aussi pins. tranqiiil(é ; i^ i'nn
f édat, k tun^vlie; i L'antcek mysjtère^k sikiiçe j ppfiT^tr
ik êtie |onsd(i9x pins çonvjenaUeinent pkeés ?
L'%lîse de Tabbaje ^ entonrée de rninef assez JiiimVettse^
pour ponyjsijB rey^tir uft aspect piitoxes^jif^ £Ue se ^oppose
ffjniH» nctf dépon^vfie d'aiks^latérakSyde4rfns|q[m^^ni^,c)iQeur
isokayeç des cWpeile^^iirpère. |^ ijn^f e^t kWP^^^ étrcMle.
Sesninrailks sont d*one hantenr peu commun^;, son tfik 4
diipajrn. h» arcades, qm supportent k l^ur 9(^ aassi très-
^lées. JE;iksxqKh$ent sjif i^i^egr^^ tOfiUnfi^àe ferpf
octogonafe. Les^ fenetrea sont ea kncette et d'une longueur
remarquable.
Le cbœnr est enTkonné de colonne» qjû supportent des
Il 4 M. GALLY-KJflGHT.
arcades très-étroites. Les chapiteaux de ces colonnes sont dé-
corés d'an feoillage dessiné avec goât et délicatement travaillé.
Les arcades qui donnent entrée dans les chapelles derrière
le chœur sont circulaires. A l'extrémité de chaque transept
.on remarque une grande fenêtre en pointe. La tour a 4es fe-
'nètres à tètes rondes. L'extrémité Est n'existe plus. A Fexlé-
fiéur du chœur sont attachés des contreforts aériens unis.
' On retrouve encore une portion considérable de la maison
d'habitation du couvent , ainsi qu'une partie du cloître qui
présente des arcades circulaires et qui paraît être plus ancienne
que le resté des bâtiments encore existants. '
L'abbaye de Hambie fut fondée par Guillaume Paynel ,
à qui appartenait le château situé sur la colline. Il signa Tacte
de fondation en ii45 (i) , en présence d'Algare , évêque de
Coûta nces , et d'antres personnes respectables. — Si l'on en
croyait cependant les annales de Hambie, il faudrait attribuer
cet honneur à Jeanne Paynel : à les entendre , cette noble
dame aurait entrepris ces pieux travaux dans la première
'moitié du XY*. siècle. Mais nous ferons remarquer qu'un
courent et une église ne sont pas choses impérissables , et qu'il
est possible, et même probable , que , dans l'espacé de près de
trois siècles, ils soient tombés dans un tel état de ruine , ou
qu'ils . aient tant souffert delà barbarie des temps, qu'aux
jours de Jeanne ^ Paynel , il soit devenu nécessaire de les
lebâtir entièrement ou du moins d'y faire des réparations
considérables.
' Le style du moBudient parait , en général , antérieur à
rarchitectnré du XY*. siècle , et comme i) est certaines parties,
(1) Neuatria pia.
■xcum^iov momvmarràMJt, es sobiiabdib. ii5
»,q«i doDBtttt catrre dans les chapelles, par eiemple,
et les clc»i:nSy qm soal ooosliwtesdaiis le style cùrcabtre , il
eo rcMtite vue anomalie (|iit , il &nt en convenir , est bien
de aatttre à embarrasser. Cependant certaines portions de
Fancicu édifice peevent avoir sarvécn à sa roi ne ; les doitres
soiit probabl^Knt da nombre, et qnand il s*e$t agi de recoos-
liodion y on a po adopter des caractères' d^artbitectoré soran*
Bcs , ronMne cela arrive qnelqaefois, pour mettre les nouveaux
bâtiments pins en harmonie avec certaines parties , restes du
monastère ruiné. Noos avons ^ opter entre le XII*. et le
XIII*. siècle 3 et il est impossible que nous hésitions un seul
iustaat sur la question de savoir k laquelle de ces deux
époques Tensemble de Fédifice actuel doit être rapporté.
Jeauoe Faynel , dernier rejeton de cette ooble lamille ,
porta dans la maison des d'iîstouteviUt:, F héritage de ses pères.
Elle eut pour époux Louis d' Estoute ville , chevalier d'uue
haute valeur , qui défeudit avec succès le moot St.-Michel
contre les Anglais en i4^- II& furent enterrés tous deux dans
le chœur de l'abbaye où Fon voyait encore leurs tombes avant
la révolution*
Non loin de Fabbaye de Hambie se trouve un pont^ ce pont
Êrancbi , on arrive à uu endroit où la route se divise en deux
branches 5 Fooe conduit à Gavra) , et F autre à Perci. Ce
dernier village , berceau des ducs de Northumberlaod , est à
5 lieues environ de Hambie.
Après avoir visité Fabbaye, nous revînmes au bourg où
nous avions laissé notre cabriolet 5 nous y reprîmes nos places,
mais nous ne tardâmes pas à les quitter de nouveau et nous
nous vimés réduits à (aire toute la route de Gavray h pied.
Le$ chemins étaient pittoresques et la campagne aux environs
étail charmante. Eu traversant le village de St.-DeDÎs , nous
Il6 li« GAU.Y-|L9IG«T«
fômes tpQt étOQués de Toir des iiiai«w« de boaoe Siffègêuct,^
et même d'assez brillantes boutiques , dans ua iiea duat il est
presque impossible aux voitures d'approcber. Eofip nous ar^
rivâmes à Gayray , petite ville située sur les bords de la ri*^
vière de Syeone*
Là nous rejoignîmes la grande route ; bous remontâmes eo
cabriolet , et nous commençâmes an voyage plus paisible. Il
nous fut impossible d'être de retour à Coatances avaot minuit*
CHAPITRE XIV.
Sî.'ho.—La ca^iédraU.—EgUse de Ste.-Croia^.— Eglise
de Si.' Thomas de Cantorhéry. — Cerisy .
26 mai. — Coutaoces , comme nous avions pu le voir en def*
cendant une colline 4ur la route qui muàne à Hambie, est avan**
tageusement située sur une éminence , et commande une cam-
pagne aux paysages romantiques et variés» Elle n*est éloîgoéo
de la mer q^e d'une liene et demie environ ^ mais nn rideau
de montagnes lui en cacbe la vue. La ville actuelle n'est
qu'une ombi» de l'ancienne cité , et ses magnifiqaes ^lises
contrastent énormément avec les habitations oégligiaes qui les
entourent. C'est par le commerce que les villes vivent et proft*
plurent., et CoutaiKes n'est pas commerçante 5 ce qui n'empêcbe
pas qu'elle n'ait de vastes promenades publiques. Mais toutes
les villes de France pitf les leprs ; le peuple y Despire un air
qui entretient la. santé, et y trouva de nombreuses distcactioosà
ses peines et ^ m^ tra vaai(« Je m'étonne qu'on n'ait pensé à cnéer
rien de semblable dans aucone ville provinciale d'Angleterre.
En foittant Coulaooes pour gagnef* $^i<Lo , la campgae
que nous traversâmes noiis^ procura par sa variété une fovle
SXCVRSIOU MOVVMSSTAUI SU ITOBftAVIHB. tî^J
de seosfttîoiis délieinises : dts bois , 'les tergers , des pltèra([es ,
des hsies fleuries composent sa riante parare. Dans Végïim an
▼illage de S^.-Gilks , nous ofaserrânies encore ces fenêtres k
lancettes , dont k longueur a^ait d^ plusieurs fois eicil^
notre étonnement.
La TÎUe et la cathédrale de S^*Lo , lorsqu'on s'y dirige par^
le sud y se nconimandent k Tadmiration du Toyageur par lent
najestnense perspective. La nftle est en grande partie sitnée
sur une éminence que borne de trois eAlés un ravin k trawrs
lequel la rivière de Tire se fraie «a passage. La tadiédrala
occiqpe le sommet de la bauteur^ c'est l'église de Purham
en BÛniatnce. GeHe porition si imposante est souvent tombée
en partage ani cathédrales , et k mison en est laeik k ^om«
preodre. Elles étaient , pour k plupart , dans Farigine des
chapelles de châteaut ; et comme ceux-ci , pour des motifi dé
sûreté, étaient construits sur des hauteurs, les chapelles
avaient nécessairement k même position. A St.->Lo , la fora»»
resse iéodak & est écroulée dans des temps orageux , et sa cha-
pelle y qui avait partagé spn sort , renaissant iMentôt sous tue
forme plus ambitieuse , posséda seule une pkce dont die n'oc*
cnpait autrefois qu'une modeste partie.
St.-Lo est Une ville dont k célébrité remonte aux premiers
jours do moyen ige. L'escarpement naturel des lieun où s'é-
lève k <îlé aetuelk , ei^agea d'abord Gharlaaagne k y btûr
une forteresse pour la défense de la province. Il fanda en
mèsue temps, hors les nmraillesdu château fort , l'église et le
couvent de Ste .-Croix. Le château, k maison religieuse et les
habitations privées qui vinrent se grouper k l'eutour , for-
mèrent bientôt une ville qui fntpkcée sousl'invoqalion de k
Sainte k laquelle avait été dédiée l'abbaye. Mais , dans k
suite des temps, comme saint Lo était en frande" vénération
I l8 M» CALLY-RNrCHT.
f>ai-»i les habiWiDts de b province , la yille abaodoaoa son
^emier nom pour prendre celai qu elle porte aujoard'hui.
-->Saiul LoonLaud, qai virait dans le VI''. siècle, était
natif de cette prtie de la Normandie. La séduction des ri-
chesses ne put vaincre son penchant pour l'état ecclésiastique :
il prit les ordres , devint évèque de Coûta nces , et légua toute
:sa ^l'tuce à Téglise-Son souvenir fut « parmi ses compatriotes ,
une tradition de famille qui se perpétua de siècle en siècle 5
et son nom était environné d'un tel respeet, qu'il finit enûu
par l'emporter sur celui de Sainte-Croix (1).
i En 890 y le» normands â'emparèrciH de la ville' et de la
forteresse, et en firent un monceau de ruines. Certaines cités
furent plus long-temps que d'autres h se guérir des maux que
leur avaient fait souffrir ces fâcheuses invasions. S^*.-Croix
fut du nombre. Un siècle s'écouk avant qu'on eirt fait aucun
«ifort pour relever ses murailles. Toutes les villes de cette pro-
vince de Neustrie avaient été si horriblement maltraitées ,
qu'après la conquête normande les évéqoesde Coutancés rési-
dèrent, tantôt à Rouen, tantôt J^ Baye m, jusqu'à ce que
l'évi&que Robert, pour se mettre plus à portée des^acquitler de la
mission qui lui était confiée, établit en, ipsS sa résidence à
S ''.-Croix. Il entreprit la restauration de la ville et la recons*
truction de ses murailles ; il commença aussi l'érection d'une
catbédrale , à la même place qu'occupait anciennement la cha-
pelle de la forteresse. Ce monument fut dans la suite remplacé
par une construction nouvelle , que Ton revêtit des caractères
du style en pointe, et dont la consécration eut lien en 1202 :
c'est la cathédrale actuelle , qui a subi , dans le cours des
siècles, an grand nombre de changements. Ses dimensions
. (t}SC.*Lo ne s'ap^eUlt pas S**.*Croîi, mats JBriopère, {Note du
traductettrj.
KXCVRSIOir MOIVVMEViTALE KV ROBMAIIDIB. 119
Spacieuses , ses deux belles tours terminées en pyramides , m^-
ritient de fixer Tattentîon. La net et Tune des tours rérèlent
UQ style d'architecture pareil à celui qui était pratiqué sous le
roi Edouard I*'. L'autre tour fut ajoutée ou achtevée en i464 ;
et c'est aussi h cette époque que fut terminé le grand portail ,
tel qu'il existe aujourd'hui. Bien qu'il y ait des rapports
frappants de ressemblance entre l'architecture des églises fran-
çaises et eelle des églises anglaises contemporaines, on ren-
contre cependant dans les détails une énorme diUérenoe ; en
France , il y a dans les moulures moins de hardiesse et de
projection ; et dans les ornements, une tendance plus suivie k
se rapprocher des dessins romains.
' En se plaçant sur le penchant dé l'éminenoe ou s'élève la
cathédrale, la yue plane sur le vallon et la rivière, et s'y
arrête avec satisfaction.
' Après avoir visité la cathédrale , nous nous rendîmes à
réglise de S*'. -Croix ; nous eûmes une distance assez considé-
rable à franchir , car elle est située à Textrémité opposée de
la ville. Le couvent a cédé devant le torrent des siècleis , mais
l'église a victorieusement résisté. Les Ântiquanes' français
seraient tentés de la regarder comme l'œuvre de Charleroagne.
Il existe aujourd'hui en France un désir inquiet qui met
en mouvement les archéologues , désir qui ne tend à rien
moins qu'à constater dans cette contrée l'existence de quelque
monument carlovingien ; et il serait , il faut en convenir ,
assez surprenant que dans un pays où ce grand restaurateur
d'églises a laissé tant de traces de son beau zèle , il ne restât
ricQ aujourd'hui que l'on pût avec certitude rapporter à
son siècle. Toutefois , ce n'est pas encore l'église de S**. -Croix
qui doit venir combler les vœux des Antiquaires ; elle est
empreinte évidemment d'un caractère de grande antiquité ,
i
Vio M. GJkUY-KJfIGHT.
mais jH» «rcUlflCtnre correspond si bieo )i l^arcbitecjture da
XI*. siècle , et si pea à celle du pçtit nombre de monnimsiits
du VIII** que nous offreait d*aiitres pisys, que Tédifiç^ li^-
mème oKms injerdit de supposer qu'il i»«t pu ëcbj^jpjpor , a.u
ViSodalisne Boriuand. Quand il est de notoriété évi4eote qiie
Téglise diB Cbarlemagne était située bors des murs 4e la TiUaj
quand des documents authentiques yieiuient opus déntontrer
quf h, r^ge des Normands , Toués nlors au culte des j&uix
4ieu9 , «e tourna principalement contre les temples cbréûens,^
qmvd iRii9 il m impossible d'ékver aucun doute sur la des-
til|ç|iqp4e la forte^i^sse et de la ville enlîèfe , pourripns^ons
croire qu'une ^lise , sans moy«n de tro^iper les yeux des dé-
vasMuirs , sans aucune ressource ppur se défendre , se fût
senie saifTie? Et ne deTons-aous pas plutôt penser qu'elle est
sortie de ses cendres , en même temps que la ville ef la cathe-
dra , daps U première moitié du XI*, siècle ?
L'/églije présente quelques traits particuliers. Ses dimensioips
n'ont rien de vaste. Les arcades circulaires qui bordent la nef
ne reposent pas sur des piliers, mais sur des colonnes sur-
montées de chapiteaux à feuillage, imitation grossière des
chapiteaux romains^ Il n'y a pas identité per&ite entre les
deux côtés de la nei* Celui du sud est beaucoup plus uni que
l'autre ; sa corniche consiste dans une série de simples pierres ,
au lieu que celle du côté du nord se compose d'une décoration
normande soigneusement travaillée. De pareilles différences
sont connûmes; et la seule cbose qu'elles prouvent , c'est que
l'édifice n'a pus été construit d'un seul jet.
JUa port^ occidentale est grossièrement ofnée d'un groupe
de figures grotesques en haut relief) qui représentent la sou-
mission de l'Esprit du mal.
On aperçoit sous le toit une corniche composée d*nne série
de tèles monstrueuses.
nCVftilOV MOUVMftlTTALI •■ IlOBMlKDII, 191
Dans nue «ttM ptrtk ie It TiUe se trovre im édifice Amt
on a lait une IfaOe an blé , el fUt , àran^ la férdntioli , était
une ^Use sons FioToeation de saint Tbemas de botorbéry.
La fttmète église M àéHetée ttt 1 174. On y tfarailbrh ,
lorsqde Thoînas Beeket , après aToir sotfleré cdnfre lai la co^
1ère d'Henri , passa sAr le Gootioent et traiVfM S^-'Lù. On
était en ce moment ditisé mat le point de itatoir k quel saint
on dédierait la nonvdle église. L'illnstue fri^if if fiit coniarllé ,
et voici qoelle fnt sa réponse : « Qne Fé|^Uie soif toliée an
premier saittt qni terséra s(m sang ponr la M eaniolii|tie. *
La Providenèe lui résertaH à loi-même cette bénoraUe dédi-
cace. Il fut assassiné en 117 1 9 et canonisé déni ans après.
L^église fiit démolie en rS^f , et réAûe y telle qu'elle est an-
joard*litti^ en t6Jo«
La Tille de S*«-Lo dottsisM ed pkuéettff* grMipes sépdiéa.
D'un cèté elle s'étend jasque sftr la rite epposée du ratift*
Vers le ceortre en rèneotttre iloè nOntelle préfecture et un
palais de justice dans un état dT isolement oemplét*.
Notts quittâmes S*««>Lo pour (aire mue eiwnrslon h nbé liene
et demie de la TÎlle , an viUi^e dé Gerisy. C'est 14 qu^eiistatt
autrefois une Ûes abbayes les pliit iitipôHantès dé If (wmandie.
L'église du cbuyedt esl encotre debotii , et on en a fait F^llse
paroissiale du lieu : c'est un exemple fort intéressant de Far-
chitectnre sévère , maia grandiose desanciens Normands. Elle
offre tant de ressemblance avec la partie antique de l'élise
de S^-Etienne de Caen , qu'on peorutit presque employer les
nénes termes pour la déi^icei On f voit «tté nef avèe des
ailes latérales , des transepts^ un cbamtel sélni-cireulaire et
une tour centrale. Les arcades de la nef reposent siur des
piliers et des diînii-coloiltiei. Atl-deiiélls d'elles se tdt ij» tH-
Jbrium remarqi^abte par &« ^t^ùùâént. Les cbapileanx des
J
123 M. O.VLL>-lUriGTH.
piliers sont praçs d'un feuillage eotremêlé de figures d^animaux
et de petites tètes. t*oute espèce d^ornement est bannie des
autres parties de Tédifioe.
Les transepts sont séparés de la nef, comme à S^-Etienne
et à S*.-Georges de Boscberville. Le cbancel est resté tel qa^il
était.dans Torigine ; des colonnes en décorent F intérieur ^ les
fenêtres sont flanquées de demi-colonnes. La nef c|ie Téglisede
Cerisy ne se couvrit jamais d'une voûte en pierre : elle est en-
core, aujourd'hui surmontée d'un toit en bois; et c'est là un
fait digue de remarque , parce q u'il rend encore plus probable
la non-coutemporanéité de la voûte en pierre de S^-Etienne
de Caen et de ses murailles.
L'âl^baye do Cerisy fut fondée en io5o , par Robert , duc
de Normandie. Son départ pour la Terre-Sainte , oii il périt ,
le (orça d'interrompre son ouyrage, et Téglise resta inacbevée.
C'est Guillaume-le-Conquérant son fils qui la compléta.
La façade est moderne, et la longueur de la nef a été ré-
duite. Cette partie du monument subit d'importantes modifi-
cations dans le courant du XIV*« siècle , à l'époque où les
lapines bâtirçnt , en tète de la première église ^ un second édi-
fice qui devait servir d'église paroissiale. En 1812, celle-ci
souffrit beaucoup du feu du ciel , et elle fut renversée l'année
suivante*
CHAPITRE XV.
Tlumgny.'-^Vite. — Moriàin » h château , ^égUse eol-
légiaie. — L'aUaye Blanche.
Comme la ville que nous nous proposions de visiter après
S.S-Lo , éuit Mortain , nous primes la route qui y conduit le
plus directement.
«XCUltSION MOKIJMUHTALE KM N OEM AN DIE. ïuS
La carapagae que aous eûmes à traverser , préseotait les
mêmes caractères que celle par laquelle nous avions passé
pour arriver à S'.-Lo, des côteanx et des vallons, de vertes
prairies , des vergers, des haies d'arbres^
La première ville de quelque importance que nous ren-
contrâmes fut Tori^ny : elle est située sur une hauteur. Au
centre de cette . ville , sur une éminenoe , s'élève Tancienne
demeure des princes de Monaco, Derrière s*étendait autrefois
un vaste parc , et on avait vue sur des terrasses . des tapis de
verdure et des bosquets^ mais aujourd'hui oe cb&leau est à
demi renversé , et on en a fait une maison de ville. Oo a
percé à travers le parc une nouvelle route publique.
Nous visitâmes , h Torigny , T^lise de S'«-Laurent , qui
appartient k Tancienne architecture normande -, et celle de
I^otre Dame , qui ne conserve que peu de traces de cette ar-
chitecture , parmi lesquelles il £ftut citer la moulure conique
qui surmonte une des portes.
La distance qui sépare Torigny de Vire , est semée de col-
lines 'y mais la campagne est riche et souvent intéressante ,
notamment lorsqu'on traverse Fétroite vallée de chaque c6té
de laquelle se dessinent des rocs escarpés hérissés de brous-'
sailles.
Vire est une cité antique et pittorea[]ue : elle est située sur*
une hauteur qu'environnent de trois côtés de profonds ravins ,.
et qui présente tous les avantages que l'on peut désirer pour
la défense d'une forteresse. .Au point le plus élevé de l'émi
nence , le château se tient appuyé sur des rocs 5 aiijooni''hui
il ne reste plus de cet édifice que Je donjon normand et quel*
ques murailles. Comme nous revenions de visiter ses ruines ,
nous traversâmes une rue étroite et tortueuse , bordée de
maisons en bois , et qui aboutit k une arcade surmontée d'une
1^^ M< GâLLY-Knicrr.
liiur à iMrkge. Prwd trouférait Uk de quoi exercer son pîti-
ccAii , et fescoiffdK» Gitidioifés , blanelies et ëfevëes , vien-
draient jeter iiiie iattîère douée et cbarmamte au milieu des
sombres couleurs du tableau.
Sortis de Yire , nous voyageâmes à travers le même |>ays
aussi mOotneuz qu'auparayaui , sur ode roule passable 5 uos
yeux sf arrêtaient de temps en temps sur des yues riantes; c'est
ainsi que nous attagnimes enfin notre destination.
On pourrait décrire la sitnatioii de Mortain, pour ainsi dire
dans les mêmes tenues que celle de Yire ; cependant la nature
a tiMi)onrs ses Taf îëtes qu^il n'est pas toujours possible au lan-
gage de rendre sensibles. A Mortain , comme à Yire, une
éminence qui domine la ville avait séduit par les avantages
d'une position finttfiée< on y avait élevé une fiirteresse, et la
cité vivait tranquille sous sa protection. Les caractères, prin-
cipaux de la situation des deux villes sont les mêmes : mais la
scène qu'offre celle de Mortain a quelque cbose de plus en-
cbanteur, de plus attachant. Les vallées sont plus étroites , les
montagnes plus rocailleuses et mieux boisées ; le lit de la ri-
vière est plus large; l'ensemble du tableau nous rappelait les
paysages italiens et Tivoli , et les cascades qui murmuraient
au-dessus de nos têtes , et dont nous sentions la fraîcheur ,
fnstifiaioit encore ce rappreobement entre les objets de nos
jouissances passées et ceux de nos sensations présentes.
" Nos lecteurs ont entendu parler de ces rocs où l'aigle au^
dacicttx va déposer son nid : qu'ib aillent à Mortain , et qu'ils
disent n U rocber sur lequel est suspendu le château , n'est
point rimage de ce séjour £ivori dp roi des oiseaux. Un roc
escarpé , qui n'est lié à Féminence que par un étroit cordon
de pierre , laissait à peine un espace suffisant pour Tétablis-
senent d*nn château féodal. Là positidn formidable de la for-
BXCVBSIOH MWITMBfTALB M HOIMAHDIB. tl5
teresie ea fit antrefiiû une piaœ de k fim liaMe importonce.
Ses moraîll» forait hùnagéu et b prtenoe de jiliMienrs
pnaeet do seàif royd d'AsigleterM. Anjetnd^lini il ne reste
plus de ce cliâtcao câftre^*ooe aeole toor ; «ne hahititîon
modernie et en dëpéadmecs sont tonoetenleter an nte ce qo'il
âT4Ût de. rottontiqoe et dfinipottnt.
:. Dans.rialérienr de la ville , li peo de distanée do eliâteao ,
se trooye la fameose %lise coU%iale. Qa*il y avait loog temps
qoe )e désirais YOtr oe monoawnt ! Combien de fins me sois-je
bereé de Fespérance de voir sortir de eette église on rayon do
Imniire pour éclairer «ne question obseore ! Mais celle origine
dn stjle en pointe , c^est Tean qni s^éloigne de la boncbe
brAlanie dn malbeoreoi Tantale ; on ^en approcbe , on croit
dqà In saisir , et aossitôl elle Tons échappe.
La Société des AntiqnairesdeNorniBndie(i) fait remonter la
fondatioa de l'élise cdlégiale-de Rfortain k l'année to8i , et
elle Tondrait laire croire qu'elle est la mtme qne celle qui fut
coostruMe par Robert, cente de Mortaîn, frère de Gnillanme-'
le-Con(;ptérânt« Mab si. celte assertion était admise ^ Tintro*
dncticm dn i^k en pointe aurait été antérieure d^nn siècle à
répoquo il laquelle on Fa tonjoors rapportée. Je le demande: le
moniu|Dient porte*t-il Les caractères d'un style dans son etAnttJ
Yient-il rappeler celte lutte entre les deux arobiiecturea
rivales, ce mélange des fermes cttoulaires et -des formes en
pointe , dont les anciens édifices de France , et en. particulier
de Normandie , nous révèlent avec «ne évidence aussi frap*
pante qne ceux des autres pays , les nombreux résultats ? Loiii
de là , relise de Mortain , sauf une seule exception , dont il
sçra bienl&t parlé , est marquée toute entière au caèhét d*iin
. (1) C*esl-è<4ire M. de Oerfilte. ri^o/« <f« iraduct.J
lO
llG M. GALLT-KVIGHT*
Style uniqoe , et ce style , c est le style eo pointe développé :
arcades , portes , ieàèlres , tout est ca pointe* So foudation ,
éyidevuii^Qt. antérieure à celle de la catbédrale de Conta nées ,
parait a;vec non moins de certitude postérieure an XI*. siècle.
Elle ressemble plus, quant au style , a6i éditées dont la cons-*
tniction a signalé le r^ne d'Henri III , roi d'Angleterre , qn!
monta sur le trône en iat6, qu^aoi édifices anglais d'uue
autre période quelconque*
Elle nous montre quelques-unes -de ces variétés qui distin-^
guent Tarchilecture en poiole de France de celle d'Angle-
terre , et on y découvre quelques caractères tout particuliers^
A la diffîrence des églises de Norlnandie , et à l'instar seule*»
ment d^s églises Italiennes , elle fut dan& Torigine construite
sans tour. Elle est dépoor?oe de transepts. Ses arcades ne
reposent pas sur des piliers, mais sur deiicotonnes. Ses chapi-
teaux , ses moulures et tes ornemenu sont des copies exactes do
ceux que Ton letrouve dans les ^lises Normandes de style*
circulaire , et il y a loin de la à une preuve en fiiveur do^
l'antériofité de sa cohstriiction k Fintroductioà de la forme
nouvdle qu aJGfectèrent chaque partie d'un édiâce.
Les colonnes qui environnent le chœur soi|t épaisses et
eonrta; elles sont sormoatées de grands chapiteaux Normandr
dopt la déooraiion imite le feuillage. Les arcades de la neC
sont larges } celles du chœur sont siogultèremeut étroites/
Toutes les fenêtres sont en lancette. Quelques-unes ont une
forme obtuse. De chaque coté des fenêtres , il l'extérieur , oh'
voit des colonnes Normandes aux proportions déliées , sur-
montées de chapiteaux. *
Legnnd portail oocid^tal est en pointe. Les colonnes sont
de petite dimension.
1/édifice entier est bâti en pierres de tailfe de grandeur
ordinaire. Les jointures sont passablement lat*ges.
IXCVBSIOK MOWVMBHTAIB EV HOBMARDII. 12'J
Aojoiird*hin Téglise a une tour qui o'est pas située h Veiiré-
mité oocideatale , mais bien k Textrémité Est 5 ou roit , du
oolédnNord, la base d'vne antre tour destinée & correspondre
il la tour de TEst, Celle-ci est singulière : on y remarque , dé
ebaqoe coté , depnis 4e sommet , pour ainsi dire , jusqu'à la
base noe foule de fenles longues et étroites. Mais c^est là un
de ces mille caprices qui ne sont d'aucune importance pour la
fixation de la -daté d'un édifice* La construction de la tour
doit atoir été postérieure à celle de l'église , parce qu'elles ne
sont pas liées entre ellef et que la tour aboutit à Tune des fe-
nètics. Il y a aussi dans la muraille de cette dernière une
denî-arcade , qui send^k ayoir été destinée à prémunir la fe«
nètre envahie contre le danger de se voir bloquée.
Le portail dont le style difiere de l'arcbitecture du reste du
monametit est an Sud. Elle est large , de forme ronde , et de-
Corée des moulures Normandes ordinaires. Il serait , à vrai
dire , ttès-difficile'd'èxpliquer cette anomalie architecturale ,
si Ton tie:s!iqpereevail tout d'abord que la construction du
portail âe peut étire contemporaine de celle de l'église : la
muraille dans laquelle il est percé est beaucoup plus épaisse
que tonteS'les autres murailles de l'édifice, et se joint au mur
le plus siônce d'une manière tout-i- fait maladroite.
ILo'y a qu'une explication raisonnable à donner de cette
discordance qui existe entre le portail et l'église; le portail
doit avoir appartenu à l'église qui fut bâtie en 1082, et l'église
actuelle avait été reconstruite en entier à une époque plus ré-
cente.
Avant de faire de plus importants efforts pour démontrer
jusqu'à quel point l'évidence dés données historiques vient
corroborer l'opinion qui r^ort nécessairement de l'évidence
du style , il sera bop de placer ici la description d'un autre
10.8 M. GALLY-HKTOHT.
iDonumenl religieux situé dans le voisinsge j clk l'épandra un
rayon de luinièie de plus sui la question donHl's*agit.
Après avoir attentivement eiamsné dans ses motfdivs dé-
tails rëglise collégiale de Mortain , nous dpsceiKitiiies 4)«Dt 1*
vallée , et après, avoir traversé la rmèiie , nous nous mimes ik
gravir l'émraence opposée. Notis mavcliâmes enm»e cpieUfiM
temps avant d'arriver k Fabbaye Blanche , ancif^ii CMiveiit d«
nonnes , dont la situation est romanttcpie et ^îlencienw. Oa
sait qu'elle (ut fondée eo 1 165, par le llls de ot comte fleberl
i qni est due la construction de Féglise que novs venions de
visiter. Ce rapprochement de date entre lev de«x édîfiw^lbil
naturellemeot espérer que F un peut servi>r k ëclaircir ce que
Vautre a d* obscur , et cet espoir est légilinie. Examinons Je
>tyle de Tabbaye Blanche, et demajidons s'il présente le mdme
caractère de développement que l'église collégiale. Un coup
d'œil jeté sur l'édifice nous convaincra bientâ<;du oontrairi».
Dans l'abbaye , le style en pointe ne tieiit pasdanr b cdns*
tructioo une place exclusive ; ceiiaines parties portent; les trait»
du style circulaire , certaines autres eeox et la transîcioay «t
ce n'est que dans les parties, qu'il est permis de ooasidértpr
comme ayant subi des altérations que i'aiefailectuvotd' pointé
développée fait son apparition. A l'extrémité occidemuUf le»
fenètresont des tètes rondes: dans; le chœur une pointe obtuse.
Dans les transepts^ les fenêtres supéoieures revêtent lalbrme
circulaire , et les teoètres inférieures la forme en pointe. On
voit à chacune des deux extrémités^ à l'Est et; à FOiicst« wne
fenêtre k tète ronde. Les arcades sous la tour sont on pointe
')ti reposent sur des faisceaux de colonnes. Le toit est supporté
par des arcades de même forme* Toutes les colonnes ont des
chapiteaux Normands.
De cet examen il résulte clairement que l'abbaye Bbnche
IXCUBMOir MOHIUieilTALfi EU IfORMlUDIB. 11 9
porte Ici tratu d'us siyle be«4ieoiif plu» ancien que celui de
r^liie coU^iale dont ob vondrail (biire adoietlre l'anlériorité.
Une parde ds vieux clotlfe^ukûsle eacoce aajonrd'lHii Ses
Goloiines «Telle» , et les petites arcades circnlaires préseotent
de^.caractèrep que Ton ailrilNierait chez Dons au style eu pra«
tique dans les dernières années dn règne d* Henri II.
Il BOUS reste encore «o argaineni à faire yaloir contre Tan-
liquité pi étendue de l'église collégiale , et nous le poisons dans
les ruines de l'abbaje de Savigny , voisines de Mortain , dont
U fiHidatioB est due à la omnifioettce de ses aetgoeurs. L'église
de nsonastère , dont il reste encore des vestiges , ne fut com-
mencée qu'en 1 17a, et achevée que long- temps plus tard , et
cependant , ainsi que nous le dirons dans la suite, elle est
pour la plus grande partie construite dans le style circulaire.
En ce qui concerne l'abbaye Blanche, eu particulier, T his-
toire vient suffisamment eipliqner le peu d'acctord eii&tant
entre son architecture et la date de son érection. Robert fut
lait priaonnier k Tinchebray Tannée qui suivit immédiate-
ment kl fondation du monastère , et conduit en Angleterre où
il aonml qnelqoes années après. Les constructions commen-
cées ne forent pcobablenrent pas poursuivies durant la capii*
vite da fondateur. Plus tard , dans des temps plus heureoi ,
d'aotm comtea dt Mortain ont dft reprendre ces pieui
travaux.
Illaiaienant que nous avons démontré que l'église , que les
Antiqnairei fMçais signalent comme étant la même que celle
qui fut construite en 1081 , appartient h nu style beaucoup
plus réDBDt qu'un antn édifice qui ne fut bâti qu'à une époque
hina postérieure à celle précitée , quelle est , ielon nous , la
date réelle des deux églises que nous avons présentement sons
les yeux ?
l3o M. GALIY-KJriGVT.
' Pour répondre , ehercbons à quelle, époque, peut remonter
k destriietion de Tëglise de Mortain | quels sont les jours de
paix qui ont favorise l'érection des monuments religieux ; et
enfin quels sont les bommes dont les richesses étaient assez
considérables pour leur permettre de subvenir aux dépenses
de ces importants travaux.
Les temps d'orage et de destruction ne sont pas rares. Après
la bataille de Tincbebray , quand Henri P'. , roi d'Angle*
terre , déchargea son courroux sur Mortain , et fît de la plus
grande partie du château un monceau de ruines i lors des
querelles des comtes d'Anjou et de Blois , d'Henri II et des
barons Normands ; lors de l'invasion de la Normandie par
Phi lippe Auguste , et des horribles représailles exercées, après
l'assassitiat de leur jeune duc Arthur , par une multitude fu-
rieuse de Bretons qui , dans le cours de leurs dévastations ^
^ssercnt par Mortain et y mirent tout à feu et à sang; au
milieu de toutes ces tempêtes soulevées par cette fermentation
de la haine, de la vengeance^ de la passion des conquêtes, les
églises partagèrent le sort des villes*
Aux temps d'orage succédèrent des temps de calme. Sous
le gouvernement d'Etienne de Blois et de Guillaume sou fils \
pendant la plus grande partie du règne d'Henri II , Mortaiti
lut tranquille; elle respira encore un instant sous le règne du
roi Jean , et quand Philippe Auguste en fut devenu le maître,
elle eut de Ipngs jpurs de repos. Puis , elle se vit plu» tard
nt^ligée ; elle ne comptait plus que nominalement parmi les
résidences princîères.
En combinant ces diverses dates historiques avec les enseit
gnements que m'offrent la eonstmctipn et le style de l'édifice ,*
j'arrive k formuler mon opinion. Elle consiste à dire que
Téglise collégiale de Mortain eut beaucoup i souffrir dans la
BXCUmSIOir M0H1IMgllT4i.l IV. HOmMàHDII. l5f
latte entre Jcao'^m Terve et PliUimpe Angml», lottde U
part des Mldats fr«^oçaii, uni de U part desBretoasqa'aniauiit
un rif désir de Tengeance « et que lorsqu'à la giierre.eiit suc-
cédé la paii , elle fut recooslraite aTee. le secours du roi de
Fraaee.
Go sait fort lûeo que Philippe Auguste chercha h se cooe^
lier les cœurs de ses nouveaux sujets eo cousacranl des somnes
considérables k la restauration des ^lises Normandes qui
avaient eu leur part des maux irréparables d'une rivalité poli-
tique } ses rapports avec Mortaîn furent plus fréquents et plus
intimes , parce qu'il avait donné cette partie de la Normandie
à son ûls, le comte de Clermont^ et établi dans le château une
garnison de troupes royales.
En ce qui touche l'abfaaje , nous n'ayons également que
des données conjecturales. Son histoire pour nous se réduit k
connaître les noms, et rien que les noms de trois deses.plos
ancienne? aU>e»es : la première , Sainte Adeline , mourut en
1 1^5; la seconde , Bergooie , mourut .en 1170, et la troi-
sième , Minguidie , en 1 182.
Il n'est guère présumable que trois abhesses se soient suc-
cédé sans avoir vu , au moins., poser les premières pierres de
.leur %lise ; et nous savons, qu'Etienne , avant de devenir- roi
d'Angleterre , étendit les bianfàits de sa protection sur cette
abbaye. Il est donc permis de supposer que left parties de
i'édiike qui sontconsiruiles dans le style circulaîie remnotent
, au temps de ce prince , ii}ue les travaux marchèrent avec
knlenr , qu'il y eut mime qoelqn^interruptioo , <pm la partie
^ui rappelle la transition fut ajouiée dans les dernières, années
du règne d'Henri III , et que Vô^m lut complétée an coui*
meoeement de celui de Jean sans-Teure. Elle fut L'objet de
iest4«|rationl sérieuses et fréquentes : il en est une qui date
i5a M. GALfiV'KIflftVr. ^
jf.anevpcMiiiejMMz rMole^ de i'anaée t6o4* Mais, quels que
woitutlè$ia^YàM% qui (urenlfiiiu aiors, on a dA s*af tacher à
^eoseryer a l'édifice sa ph jakinoniie antique , car tout oé que
.nous en voyons aujonrd'liai porte les traits d^une ancienneté
non équivoque. Les anomalies qu on y remarque peuvent sans
-doute très-bien Veipliquer par les réparations que son état a
suemsîvtflient nécessitées.
CHAPITRE XVL
Sàvigny»
A trois lieues environ de Mortain se trouvent les ruines de
Tuoe drs fondations reUgienses leaplos célèbres de Norman-
die, Tabbayè deSavigny.
Ëllr obtint suocesÂvement la protection et la faveur des rois
d'Angleterre , fleuri I**"», Etienne et Henri II.
Son église fut respectée jusqu'à la i^évolution , mais, à cette
époque, cent qui prenaient à tâche deiclure du sol français
tout ce qui avait utf caractère de religion ne l'épargnèrent pas.
Une miconstanee m'ayant empêché de visiter Savigny, moi*
même , M. Husaey y alla seul , et à son retour il me eommu»
iiiqua les détails qu'on va lirr.
JLcs parties de Té^ise de Savigny , encore debout anpur-
4'luii ', se cooqposettt do mur de la bçade occidentale qui n'a
pas beaucoup sooifert 5 de la plus grande partie do mur de
l'aile méridionale 4e la nef , ainsi que d*une portion de eelle
4ii Nord , oelk-ci gravement endommagée , celle-là passable-
ment conservée j de la moitié de l'extâ-émité du transept Nord^
et de l'extrémité toute entière du transept Sud) l'une et l'autre
BxcvftSfoir MOBUiiarrALs m «oiMirotE. i^
âmms mu iuk de dégradaliaa plat 4m moiiis c— ipkf* Voilà ,
avae^MlqMt portioot de ifoimerieà TErt , eo qÉoi eoomte
r%lûe d'aajooid'kni; k rimérieur le sol est coufeft , k mie
fvofeodew étqmkfom pieds , de piermec ëe déeonbres.
D n'est fptèn pofliUe an miàem de ces débris nntiléi d'ac*
fiiérir «ne idée eerlaiae de oe qa'étah rarekheetore de Fédi-
fiee ; eapendaat on y reœnoait uo caraetèie piiHMtteé de
InuMÎtioii , et ih seablent participer pl«s do style eireslaite
ffÊt dn styk eo poiaie.
Les pilastres aeoolés aoi norailles de l'aile porteot des
diapilsaoi do dernier Nomaod, et les pierres saillantes des
avceaox de la Teàte priseotcat des OKmloses d*on earsetère
mélangé.
La ToAte de la nef , li partir de Tareeao 4|oi est dsneoré
Mâché an mor oceidentaL, ravinit selon nui, la fisraw en
pointe ; qoaot k cet arceao loi-mène , était il en pointe »
availHl la fonne drcolatre , c'est ce qn'nne conscience on peo
oraintÎTe se hasarderait difieilemant à décider*
La fcnètre eosidentale est goande^et remarqoahle ^ je la
crées finlB après conp , hien qne la natnre de la maçonnerie
n'offre rien qni tende àdémontrer qn'il en a élc reelkment
ainsi* £Ue est parlsgée en treb compartiments en pointe avec
on tteie an sommet. La porte occidentale mérite aossi de
fiier l'attention f m partie sopérîeure prend la forme do trèfle
offdineire.
Les transepts ont chacon , k l^r eitrémtté , one finiètre
eircnlaire* Selon moi, eiles n'ont jamais dâ avoir de bitiderie^
senlement nne rangée de moidores, déforme semi-elrcotaire ,
qniont pmsqne totalement disparn se déroulait antour d'elle
et compomit m bordure.
Une voâted'une étendoe considérable qui a servi à soutenir
des coostnietioiis sapiérienres est attenaote à Vé^lùé* On j vwt-
des arcades cirealaices «[«e supporleai des cohmee rannoi^
tm de chapiteaux da dernier Normand.
Sur une portion de ces voûtes repose «ncore une vaste asAle
oblongoe aux belles proportions qui parait aroir été le réfec-
toire de Tabbaye. Les anciennes fenfetres ontdispam, et- il ne
râte plus que la roAte qui est en pointe 5 ses arceaux sont: dé-
corés de laoflliires Nesmandesots'appQieot sur des pilastres k.
chapiteaux Normands. La porte d'entrée de la salle estteUe^
ment cachée par un monceau de décombres qu'il n'y a plus
que la partie supérieure qui soit Tisible. Cette porte .était dr-
culairc et euTiroonée d'une simple moulure en xig-xa|^. Un
pilier la divisait en deux parties , dont les sommets étaient
également einulaires. ■
' La maçonnerie est partout extrÂmement «impie et noie, et
le travail en- est excellent*
La date de l'élise est couàue^ L'abbé Josse la commença
en 1 1^5, pour remplacer une église plils ancienne qui n'avait
été terminée qu'en i ii4 9 i^î' V^^ ^^^ construite sur une si
petite échelle qu'elle n'était pas de nature à fiûre boiiuenr a
line abbaye dont Topuleoce était devenue proverbiale. Henri
I*'. , Etienne etHearill, lurent sueoéssivemettt, ainsi que
nous l'avons dit , les bienfidteure du monastère et aocruroit
etiooi^e ses vastes possessions. La oonséoration de la nouvelle
église n'eut lieu qu'en inao , en présence de l'archevêque de
Rouen et de plusieurs évèques Normands»
En iSâa, elle paya son Cribnt k la fureur des. guerres de
religion. Les calvinistes m.is6acrèreiit Fabbé, détruisirent les
orgues, brûlèrent ce qu'il y avait de construction en ïfou dans
Tëglise , enlevèrent les vases sacrés et pillèrent le trésor.
L'église fut restaurée par Claude du Bellay , qui fut abbé de
Savigny de i588à 1609.
BlcmSIOir MOJIVMBBTAIE KV KOaVAllDIB» lS5
CHAPITRE XVIL
jtyranckes» «^ Abbaye de la Lwûmé.
Le a8 mai , noas nous dirigeâmes Ters Ayraiicliei.
Uoe grande partie de k ronte <|iie noua aviosa à pifOMurtry
traverse le sommet d'une montagne foi domine on pays fiche
et* pittoresque 5 à mesore que nops avancions, nous entre-
Toyions dans le lointain la mer et le mont $t.-Mi€liel.
Ayranches s'élèye sur une hauteur dans une situaCÎDn déli-
cieuse.
Il existait dans cette ville un antique ^âleau dont il ne
reste que des murailles et quelques tours démantelées, to
ruines sont environnées de promenades publiques d*où la vue
s'étend sur des scènes o& la nature a épuisé toute la richesse
de ses pnceaux* Je suis monté au calvaire , et U., dans cet
endroit où s'élevait avant la révolution la cathédrale d' Avran-
ches et qui fut le théâtre des excès auxqoek se livra, une rage'
stupide contre le plus bel ornement de la cité, mes yeux
s'ariètèient sur le tableau le plus enchanteur qu'ils eussent
jamais contemplé. Quelle effet admirable a dû iaire cette ca-
thédrale , dans une aussi avanlageuse position « sur le point le
plus élevé de la plate-forme du château , isolée de tous les
autres édifices , et surmontée , comme elle Tétait, de deux mai'
jestueuses pyramides.
Combien d'ol^eta intéressants se disputaient mes regards «
de vastes plaines verdoyantes , des champs fertiles, des bois
touiius , une rivière sinueuse , la mer , puis la forme pyrami"
daie du mont St.-Michel , et son satellite , le roc de Tom-^
belaine , qui se dessinent dans le lointain.
l56 M. GALLV KNKilIT.
Arranckes ddtt être une résidence agréable. Tout y est à
bou marebé. Le elimât est doax , l'air salubre , la cam{>agne
aux eonroos ert cbarmaote et variée. Quant à la société, je
n'ai poîiil eu occasion de la juger ; mais je sais que dans un
grand oooArade vilks provinciales de France on peut passer
d* heureux moments au sein de réunions pleines de goût et de
eon^euaoeé.
NuQs louâmes à Avranches un cabriolet pour nous trans-
porter à Tabibaye de là Lnzerne. Nous voyageâmes pendant
quatre lieues sur une route assez bonne , puis nous entrâmes
dans un chemin de traverse que nous nous vîmes réduib ,
comme à Vordinatre , à parcourir à pied.
Nous arrivâmes au monastère. Cest un séjour plein de
cèrarme. Il est situe dans le vallon paisible du Thar , au
milieu d'une enceinte de boiis et de collines.
Tous les bâtiments sont parfaitement conservés. A Tépoque
de la révolution, ils devinrent h propriété d'un individu qui
en fit une manufacture de coton 5 son commerce n'ayant
point prospéré ,~tt y renonça.
Ii*égtise est demeurée intacte (i).
Elle porte les caractères de l'ancien style de transition. Les
arcades qui bordent la nef sont obtuses 5 celles qui supportent
la tour ont une pointe plus aiguë. Les arcades de ta nef re-
posent sur des piliers carrés.
' L'édifice est surmonté d'une voûte en pierre. Les arceaux
transversaux sont ronds et unis ; les arceaux diagonaux sont
garnis de moulures.
Les fenêtres sont circulaires. Le grand portail occidental
fl) Maih<*uirensementilii*en est plus de même auiourd*hui( 1838).
V. le 3*. f ololne du Biitletin , page 335 . r^ote du tntd.J
HCVRSIOll 1I01IVIIKNTA1.E Elf NORMANDII. I^^
revêt la mftiiie GorQie; il est décoré de arantartis NoriÉftndes ,
et flaiu|ué ^ pilien avec ded c^f it§AOK dan$ k nine alyle*
Au*d«ssQ» du foru»! st Irooye une faoilreeQ pointe sor^
.montée de. troi». retraits #ga)efOCBi en poinic, eroésde mou-
lares dentelfes.
Uextrénaité orientale est carrée , et en y Toit mie grande
feoètie en poiote^ il est assez probable que celle partie de
rédifice est ea entier le résoltal d'une recMitfi'iwtion*
Dans la tour , les fenêtres sont longues , élroitea et es lao*
cettes. Le sommet de la toar date d^utie épeqoe noiiit mh
cieuœ qœ la base.
La première pierre de cette église Ait poséf en 1 164 v^ ^
en fit la dédicace en 1178^ mais à cette épocfoe Fédifice ne se
composait encore qsie du cbaocd , do cboHir et destraosepis»
Rien ne nous apprend «ombien de temps doMhCet étal d'int*
perfection j toutefois y. comme labbaye de la LuaerAe-parirtt
avoir toujours yoiak de la faveur des Evâqves f Avrancbes , et
qu'en lao? , abcs qne la catbédiale de^pandait d^ repéra^
tions considérables , elle renonça en^sa laveur à on bénéfice»
que Tun dTentreeux lui avait autrefois conféiré pour aider à
l'érection de leur église : il est permis de conclure que la coos-
trnciion de ce dernier monument ne souffrit pas une longue
interruption , et qu*avant 1207 il était entièrement acbevé.
Dès 1 i43on avait fondéà la Luzerne une maison religieuse;
mais elle n acquit de Timportance qu'en 1 16a , par suite des
bienËiitsdoBt la combla la famille des S^*»Jean, bienfiiits qni
leur valurent Fhonoeor d'être regardés comme ses, seconds
fondateurs; Pabbaye et l'cgltse furent alors cbangéesde place.
- Les S^•JeAtt babitaient S'.-Je^ii*le-Tbomas, dans les en-
virons d^Avrancbes. Une brancbe de cette famille passa en
Angleterre., traduisit son ncmi en anglais et y iaîouta dans la
suite celui de Bolingbroke.
l58 M. GALtv-iLvtGtiir;
VMuqt de k Littcrne^vt beaucoup â souffrir dans les
gmnres du XIV*. aède. Yen la fin de cette j^rîode, Tabbé
Jean en Rodier se mit k la réparer , et , entre antres cboses ,
il rebâtit la partie mpérienre de la tour , et œtte reconstruc-
tion explique la différence de style qu'on y remarque.
Après avoir passé- quelque temps à yisiler le monastère ,
nous, le quittâmes pour gagoer h pied Faubeige où nous at-
tendait notre cabriolet* Nous rencontrâmes sur notre route
un yieui paysan qui nous regardait comme s*il voulait im-
|dorer ttoti« oonq^ssioii , mais'ii ne demandait rien. Enfin il
nous dit qu'il se trouvait maintenant tont^à-fait incapable de
travailler, et qo*il n'avait pu rien amasser pour ses vieux
}ours. « La Réyolution , lui dis-je , ne vous a donc pas ap^
porté le bien-être ?» ^-~ Eh ! non , Monsieur , répondit-il ;
ni cftUe-ci ^ m oàie d'autrefois. Us nous ont dit Vanmée der-
nière , comme il y a 4^ ans , que la Révolution viendrait
soulage k pauvre ; mais le pauvre est toujours resté pauvre. »
Tout ce que nous pouvions pour sa consolation était de lui
£iire une légère aumône.
Ifops rentrâmes a Avranckes oii nous passâmes la nuit.
CHAPITRE XVIU.
Mont St.'MickeL
Le lendemain 2g mai , nous prîmes des chevaux et un
guide à Avranches , et nous acheminâmes vers le Mont Saiiu-
MicheL A la mer basse^ on peut gagner le rocher i cheval*
P(ous e&mes soin de choisir les endroits où le sable est dur ,
et noire, voyage s'acheva sans acçidenf . Deux fois seulemcujt
nous eûmes à passer à gué de larges ruisseaux qui ne soat
Exi:ijmsio» iMttHNMiiTALi B* voftwAitiMB. tSg
îamMs à ICC. An ncoiid , l'eau <Uh profiNide , k cfwimt
irioleot , et k ^ent était contre nons. Ilot di^Tam afinçaient
diSciknient, et noi pieds plongeaient tdans V^an^ vais k
danger se dissipa bientôt ^ et ce rnissean nne fois derrière
nons y nous ne renoontrâmcs pas d'autres difficnltn h faincre.
De quelque cèté qu'on aperçoive k Mont S^-Micbel , k
point de tue est pittoresque. A sa base sont les murailks for-
tifiées , derrière lesquelles se retrancbe k petite viUe. Au-
dessus de la -vilk sont suspendus des rocbei-s , et les vastes
fondement sur ksquek reposent le couvent et la ville. Les
bâtimeuts du couvent , ses portes et ses murailles servent de
base 11 relise , et celle-ci pkne sur tout le reste et couioune
k sommet du Mont.
C'était un site bien eohvenabk que ce roc de granité , poar
une église placée sous Tiu vocation d'un saint dont les temples
étaient d'ordinaire bâtis dans des lieux élevés. Les Anglais
voulurent rivaliser avec les Normands , et le Mont S^-Michel
& Cornwal devint bientôt k contre^partk de celui dont nous
décrivons en ce moment les beautés.
On monte divers escaliers construits dans le roc , et Ton
pa&se sous plus d'une porte avant d'atteindre k couvent. La
dernière de ces portes est lourde et imposante : c'est probabk-
ment celle que l'abbé Thurslin bâtit en ia57«
Le couvent et l'église ont été cbangés en une maison de
correction ^ les bâtiments, pour être convertis k cet usage , eut
été divisés, et chaque division entourée d*une enceinte de
murailks, ce qui leur a fait perdi*e l'aspect intéressant qu*its
avaient autrefois. Les arcades qui bordaient k nef out clé
- murées j mais il est encore £icile de distinguer les coknues et
de s'apercevoir qu'eUcs avaient des cliapiteaut. Celte partie
de l'église appartient au XI*. siècle.
i4o m; gauy-iuiig«t.
Ou a (ait du cbceor la cbapelle do la prisçn actuelle. U fut
commencé en i^Sa , continué par interyalles par les abbés du
monastère, et ce ne fut qu'en iiSi qa';pii le termioa; C'est
un bel eiemple de Tarcbitecture en pointe; il est moins orné
que d'autres monuments contemporains , ce qu tient i la
dureté du granité dont on s'est servi pour sa construction*
Mais tout cela est peu de cbose en comparaison de la belle
salle y connue sous le nom de salle des cbevaliers. C'est nu
magnifique appartemept de forme oblongue dont la voûte en
pierre est supportée par une multitude de colonnes* L'bistoire
nous apprend que l'ordi'e des cbevaliers de St«-Micbel fut
institué par Louis XI « en 1469 5 il n'est donc guère possible
que cette salle ait été bâtie pour eux ; son style ressemble ^
celui du temp d'Henri III , roi d'Angleterreé Ce qu'il est
permis de supposer , c'est qu'elle était destinée h recevoir les
nobles et les princes qui venaient dévotement autrefois &ire
de fréquents pèlerinages an mont St.-Micbel. Mais il n'existe
aucune source d'où l'on puisse tirer qudqne renseignement
précis sur sa date.
La première église qui ait été bâtie en cet endroit , le fut
par Saint Anbert en 709» La seconde fut fondée par Ricbard,
duc de Normandie , et achevée en 996. En looi, un incendie
la dévora. Richard II , fils et successeur de Richard I''. ,
s'occupa en lo^a de la construction d'un nouvel édifice plus
magnifique que les précédents. La nef de cette église • qui
existe encore aujourd'hui , ne fut terminée qu'en 1060.
Le monastère du mont St.-Michel a été plus qu'aucun autre
en proie k de désastreux ravages , et les changements qu'il eut
h subir furent, en conséquence, plus nombreux et plus consi-
dérables. Dix fois le feu y exerça toute sa rage : le ciel et la
violence des hommes furent chacun de moitié dans ces fré-
SXGUmSIOV JMmMClfTALB E» NORMANDIE. ï^l
qaentes caiasiités ; fe cooveat était dcveiMl nue brtcrtsse , et,
en cette qualité , il sabissait , eoDiBie les antres eliâteauji locfit
toiitesJèscIiaiiocid€fla|B[iierre.llais oesdttafttrrsfareqtloaîeurs
avsitot vépaié» .i|iie ^soiifferls, et^ grâce à cette diUfeat^
seliiciuide , ïêkkaje tx Vé^âm ont coti$énré de nombreiues
traces de leur maçoifieeace et de leur ardîitectn^e jpitiOMiiqtw.
De retnar* à nttm petite anWge , s^rès a^our visité le
conveol , nous etateodlnies aoCre viedle hôtesse expràner ude
épinioii dont elle mil I nu les motiâ 3 combieo de peasées et
d*actic»is ict'-lM» n'iint pas d'antre moUle que celrâ qni appe-
lait «n soQrtfe sur les lètres ridée» de la bonae ftmîne. -— An
temps des Moines /disait^elle, tans les étrangers ivouTaîent
an eouf enf de la nOnrritnre et 110 abri, an lien qn'i présent ik
sont tensoUigés'de venir à mon anberge,et«Ue en. concluait
fortsagesMDl qu'on avait bien iafftdesuppinner b monastère.
' Notre gnsdfe avnil été tellement effrayé dn danger qu'il
aysÂt coom atee nous en passant à gué le secimd rnissean ,
qu en revenant il insista sur ta nécessité de prend» one «ntre
iMMMei nous éfitlimes donc le ruissean 5 mais nons filimei
obligés de laire un long circuit , qui retarda de beaueonp
notre ventrée dansia vUk d'Âvrancbes.
CHAPITKE XIX.
Pontorson* — Saumur. — Ckinon» — Fonîtvraud, —
Akncon,
Le 5o mai, nous partîmes pour Pontorson, la dernière ville
de Normaudie du côté de la Bretagne. Nous y vbitâmes une
^utrc église antique qui appartient en partie à rancieoue ar<
fikiteeiure Normande^ la fa$ade ocoidentale est de la première
••'•'••' ' ' • '• . 11;
l4a M. GALLY-KiriGHT.
transition , et il n'est pas permis de douter qu'elle n ait été
construite à une époqae postcpeure«
Cette façade présente un mélange de formes ciiTnbires et
de formes ogivales. Un retrait dont l'arcade est en ogive
comprend un portail à tête ronde et la fenêtre qni le sarmoole.
An-dessus de Tarcade en pointe, on remarque une autre ienêtre
divisée en deux parties dont les sommets sont circulaires;
la façade se termine en une sorte de pédiment à chaque angle
duquel se trouve une tourelle k jour. Pour la construction de
l'édifice on a employé la pierre de grantte que Ton rencontre
en abondance dans celte partie de la province de Normandie.
Le duc Robert , père de GuiUaume*le-Conquérant , bittt
en cet endroit une église, et le corps du moaument actuel
semble appartenir au temps de ce prince. Les jointures de ses
murailles S4mt larges , le mortier est grossier. La £içade occe
dentale doit avoir été reconstruite plus tard. Le château de
Pootorson fut brûlé en ii 71 (t) , durant les guerres où se
trouva engagé, i cette époque, Henri II , roi d'Angleterre. Il
est possible que Téglise ait eu quelque chose à aouffrir éias
la même circonstance. Le style dé la fiiçade a tant de rapports
avec celui de l'église de la Luzerne qu'il est naturel dépenser que
les deux monuments ont été bâtis i peu près à la même époque.
En quittant Pontorson , nous passâmes en Bretagne pour
visiter le fameux autel Druidique de Garnac (a) ^ de U nous
(1) « 1171 — CastrumPontisUrsonts combustnm est.Henricus
Rex venu ad Pontem Ursonem » Ex Robert! de monte appendice
ad SIgebertum.
(2) Les restes nombreux de ce temple , sa, situation au milieu
àft la pAIe bruyère qae lè vent de la mer agite, le rendent digne
de l'attention des antiquaires : H faut avouer , toutefois, que les
fragments de Tau tel de Stohebenge avec leur masse colossale
partent plus puissamment encore à rimagination.
BXCVAMON MOVVmirTAIJt HT HOBMAHDIB. M^i
fagDames Hantes , pois Ange» , H noas^rtivlnuét Uf loég é»
bc^lies rms de la Loiie jnsqu-à la jMm pelîla vilkdefiawin^
les pierres Itères et colorées dont elle est eoattmtlt éveiU
lèreot DOlie evrioaité ; i^eas y reaiarqttâiMt quelques «uÂioiis
de Iwane appavèiiee.
Mètre bot , en &iBittt ce yoyage ^ était de vwr Chiéeu , le
Windsor fnm^is de nés rois Nen&aiids , et Fonteyrattd ; liett
de knr tépuhnre.
Chinon est à cinq Heees eoTiro» de Sanmar et k tpmxtt
lieues de Toars. Notre yeîtttre rookîtf dottceeieiit le leog te
rives de fleafe , et eos r^ards tombaient par iufieryidles snr
des tableaux pleins d-inléfèt : des ta^tis, der ▼ignés ^ des
moftlaghes blanckes f des groupes neibfarenx de. naisens ,
quelques ebâieauv modesteé , des noyers aux Tasies braxclies';
à répais feuillege; )oigne&-y une population Yiye et enjouée y
les rayons d*un sdeil brâlant , et tOiù auret une idée des
Tuespittorescpies <pii se snecédàrent' devant^ doué et de»éÎDO-.
tions noAlureuses que^nous éprouviÉBes en 'parcourant ce pa<k
radis de laFtanoe. .' '
I^ ebAtean de Gbinon est aTaatagéusmnent situé sur une
émiBenoei cette pcèitîen élevée lui donne à» distancé Faspeét le
plus intéressant; Letemps a épargné une étendue demurs assèft
censidéraUe, et des tours qui dominent •fièrement la tiHe*.
Sauf une tour circulaire à Fun des angles, il ne leyte Meoli
i^st^e du ebâietiu-Noimand j rien de ee qu'on y. voit aujour-
d'hui ne remdnte au-'delà du Xiy*« et peut-être même du XVn
siècle : ce qu'il y a de pluscurieux, c'est'la haute tour à Feutrée;
Le plan général du château consiste en deux tâstes cours ,
où l'on pénètre par des ponts. Plus loin une autre, masse dé
ruines composé probablement ce qui reste de hr partie k plus
ancienne deFédifioef mais oà n^y retrouve , pour aitasi'dire^,
t44 • <• M. UAU.T-KVI01IT.
^pieite teuktîontf. A ma aogle d« la {mwiire cour le voient
les MmWflMet. de )plfttîeMi coîiHiei el Icnn inonkes «keminëes
I^aiMi» ^ Toa a do chftiaaii«il«iapiifi<|aei Lnnsprib
se perdent an loi a sar T immense étendue jdm flcnve^ qni irie«c
tattit k^m pied^^coalre la base dercntaence* La Tientte en
(M endroit est pins large 4|«e la Tawae à Windsor , et la
campagne qu'elle arrose plus Tariée que tout antre beau
]iayfage4*fiuvope* Je comprends sans peine qu'Henri il ait
;pii tant it plaire k sa résidence de Cibioon.
fyk revenant à Saomnr^ nons nous écartâmes de k mute
fponralier mrFonten!and.Soaspassâmesdu palaisà la tdmèe.
&M tioisinage deCUnon fit oatureAemeat confier à l'abèoye
de Famefiawl le dépôt précieilK.des cendres royales. Elle est
siMice dans nu* li«n (pMible et jretiré y à une liciie «oTiroo des
rives de la Loire «ft k trois lienes de ChitNw. •
L'église dont Teitérienr est demeuré intact, passe poar être
celle qni fiil eonuBeocéé par Foulques , cioquièaw comte
d'Anjou , en i taS. Elle a des transepts , et «inq aluides à
TeKtiéaiâé orimtala. Les parties le& plue aneieniiet de t'édifice
■0Qt daM le alfle cinmlairé. Il y * «m» k tour des arcades
eo ogive » et les Mktn d^ la tour «Ue^nème mvètent aussi
k farme Kgivak j mais ces anomalies doirsiU être b résultat
d^uise reeonslruction^ car oa ne voit dans l'église awcaoe autre
partie oà k atyk en pointe se révèle. Partout les chapiteaux ,
les monlttiies et les ornements sont riches , parkitemeot tra-
yailtésetliuaN frais qneVik n'avaient été finis que d'hier. On
s^est servi pour k construction du moanment de cette piene
bknche que l'on trouve en si grande quantité dans k voisinage.
. Tel est l'extérieur de l'église y mak l'intérieur a suln une
bku trislis qtétAïQQrphose. On l'a converti en une maison de
Corce , d bko qo'inlitBé dam 90 b«t 4t likv^ttiiaoe fi
d'humaniié , tout y a on aspad leponManU I^ia ipHiboi fOyakt
que noof faiiîow TÎiittr «'004 pat ecMnerré le«r liHiaiioo f ri-
niiiYe. Oo k»a vramÊfMti» dans »■ feoom ahav oè on les
négl^. Noua rtiranviaMa laa atataw» d^Heori II el d^ sa»
épouse y celles da la femna du roi Jaao-sani^Tam at 4^
Richard , Cœur-de-Iion, Tous ces personnages sont revèuia
do maoteao royal , dont la draperie manque de moelleui et
d^ainplenr. Les visagts ont été pins on omuos défignréa par le
vandalisme révolntîonnaire ; c'est celui de lUclianl qoi a le
moins sonfièrt. Son front est remarquablement large | il y a
dans tes traits une éonrgiqna expression 4e force et 4a résolut
tion qui a dA bire trembler les infidèiea« Ne serait-il pas à
désirer que «ette statue , au moins , put Itic transtirée dans un
lieu qui lui coA?iendrait bien miens au}Ottrd'bni 1 dans
Tabbaye de Westminster?
CombieD ne sont-elles pas fiieondea en sanTcnirs cas statues
de nos rois sur k terre étrangère J Cest tt tout ce qui reste e^
France de la domination anglaise ; mais elles ne sont pas une
source de regrets ^ la puissance de T Angleterve est ai^onrd^bui
bien plus solide que lorsqu'elle débordait sur le continent*
De Fontairraud nons regagnâmes Sanmur 9 puis Angers } de
là nous nons dirigeâmes vcra le Mans , oi^il y a une belle ca«»
tbédralet y nous primes ensuite h lonte d'Aleoçoo , où il u*y
a rien de remarquable | et nous rentrâmes en Normandie.
CHAPITRE XX.
6 )iiia. *-<*Siée^ , pauvre peti4e vtUe , mais le siège d^nn évi-
l46 ' M, CAÏÏiY-lLlIldMT. '
théy éî^pêtf^toakéqnenï ridiè d'une tsathédrale, est celle qui la
première nous tffirit qaelqn'jdtérèt.
' La cathédrale de Séetest eiieoipe un deees lâoûunietits aax-
qaek oii a assigné des dafttô qui repoosseut tonte creaneeé La
dernière qui ait été conservée en ce qui concerne cet édifice a
ëté représentée comme la date nécessaire ât Fédifice actuel
tout entier , et la possibilité de reconstructions dont oh
n'aurait pas enregistré l'époque a été complètement méconnue.
Sans doute , au temps oh Ton fait l'emonter la fondation de
la catliédrale actuelle , en io55 / fut commencée à Séez une
nouvelle catliédrale. Les éréniiments qui amenèrent cette rc-
cbnstruelton peignent trop bien Fétat de la société au moyen
Age y pour que f bésiteà en tracer ici un tableau succinct , bien
qu'ils n'aient aucun rapport avec rédifîce qui eiitte aujourd'hui .
^- Pendant quives goUrei'nàit le diocèse de Séèz , trois fils
d'un seigneur féodal des environs , les Sorrngîens , organi-
sèrent line bande de scélérats qui leii reconnurent pour leurs
cbefs, se jetèrent sur cette partie' de la provînce,la ravagèrent et
la pillèrent. Pendant quelque temps la' résistance fut faible : le
sQccès augmentant leur audace, ils s'^emparèrent delà cathedra le
deSéez, la fortifièrent et y établirent leur quartier général : de
là ils se répandaient dans les campagnes et les villes voisines ,
revenaient chargés dé butin et sourllaient le temple saint de
leurs- détestables orgii*sl A là fin, Vévèque parvint h persuader
à Grantmesnil et k d'autres barons de la province, de prendre
les armes contre eax et d'aller les attaquer dans ce château
fort de leur invention : les Soringiens s'y renfermèrent et
défièrent leurs ennemis'. L'évèque pour les forcer a en sortir
fit mettre le feu k quelques-unes des maisons en bois qui avoi-
si Datent la cathédrale. L'événement répondit à son attente :
lel Soringiens , à la tèt&-de leurs compagnons firent une sortie
EXGUBâlOir MOirVMlUITAUt IR «OftlIÂHDII. té^J
et fureDt tdilUs en pMccs. Mak Yio/omUt s'étendit phii /{ne
ne le Toulait l*ëyèqae : il enfvelt|ipa k caibedrale et eo cansa
kl ruine loule. Le ftpe te tronraît alors en France. Les en-
oeHts^ drives le ealonmitrent anpris do sonveuin pontife et
fiienremœà L<na <|«i c'éfait Tolootairemeiit qn il avait mis
le iw iaon-^liae. Celoirci aHa trovrer le pape , loi raconU
arvce ieanddse et pwp'an noindfes détails comment les
e^tlMat passées; Mats il parait qne liéoo n'ajouta pas
ta entine à les proies , ear il lai ordonna de rebâtir
l'église à ses dépens , pen eo peine des moyens par lesquels
rérêqne ponmil se procnrer l'argent nécessaire à œtte grande
entreprise. Ives partit : il alla invoqner à Apnlie ^ k Coos-
tantinople et dans d'antres villes b ckarité des fidèles : les
rielies et les grandi hii prMrcnC aide et assistance, et il revint
dans son diocèse eliargé d^annônes et de présents considé-
rables. Dès qu'il fut rentré ft Séec , il commença la constrac-
tion~d'nne nouvelle cathédrale : son plan était si vaste que le
monmnent ne fnt achevé qne 4® ans après (i).
Tdkest rUsloire de la reconstruction de io5S; passée
cette époque , d'^épnisses ténèbres couvrent les vicissitudes de
l'édifice ; et sauf quelques induction» plus ou moins légitimes,
quelques renseignements plus ou moins solides , rien ne nous
vient en aide pour £siire jaillir quelque lumière du sein de
cette profonde obscurité.
Cependant la catbédrale elle-même novs démontre par sa
construction qu'elle n'est pas celle du XI*. siècle. Le style
ogival y règne partout en souverain ; mais l'édifice présente
certaines variétés qui prouvent que l'édifice n'a pas été cons«
truit d'un seul jet. L'extrémité occidentale et la ocf sont los
(l)Ouil. de luniéges, lir» VII» chap. I3.
/
parties les plut ancMiies^ âlkft soolMtiefr dans U premtef
stjk en ^tkoU* De chaipie c«éé de k nef $' élèvent des co*
lonnes potnrmesvde beœs «t d» eliapiiçaittx y qni supportent
des afoadesen. ogra 4àtrnée&de inoiilttres>« Les fimâttes sont
en doaUe lancette. Le st|»lé qm doniioe dans ic^t», partie 4^
rëglise ressemble à celoâ ^qui. élail pratiquédnrànt le vègoe
d'Henri III , roi d'Augletef-re^
Les transepts et le chœar appartiennent à une époque loal-
lofait di^Krente. Leur architectnre est lestyle ogival décore.
• IVi riiistoire y ni les chroniques ne noua donnent deren*
seignements eiprès svr les événements. qui. amenèrent oelte
seconde reconstructÛMi qu'indiquent, évidemment les varia *«
tions de style ^ rien ne noiis apprend non plus & quelle époque,
les parties de Téglise qqi diilereut des autres furent construites..
Ce que nous savons, c'est que, en i i5o, Louis, roi de France,
irrité des perGdies de Jean,, fils de Guillaume Tâlvas, seigneur
de Séct, viut attaquer cette ville à la tête de forces redouiab)es^
s'en empara et y fjt porter la ilamme (i).Séeïfnt encofe bcûlée
par les anglais eifc 1:355.
Je serais porté à croire que la «athédrak du XI*. siècle ,
éprouva le même sort que la ville dans riocendte de i i5o ,
et se rdkva , comme l'ont Êiit tant d'autres églises., quand à
la guerre eut succédé k paix. Il semble quellej^'ait pas été
non plus épargnée dans le second inoendie de l35S , parce
qu'en i4o8 nous voy^ms Pierre, évèque de Séez , amasser des
fonds pour la réparer» : . .
Les dates de ces événements historiques correspondent assez
Uen avec Farcbitefitore du style du monument, et expliquent
(2) ADglieaao î^e, urbs ( sagium) consumpta est et fonditus
eversa » — Gall. Christ.
KxcrBSToir MuAivaiissTJkix en itobmandib. i49
d'une nûoière oaatL sfttidusaBle let difiefCfwes (fà'iia y rê-
nuirf «e. YoU^ da r«ste ^ lelkf qii'dks soal » la» ftiUe» res-
sooroct à Taide dts^udlés l'antiquaire peut essuya à pereef
)e Duage qui entoure la calliodrakf ^ cette pauvreté , cette fai-
blesse peut loi servir d'excuse , si ses opinions sont erronées $
mabeUedMlanssi Ta venir de ne pas însiater ayec tropdectn-
fianee sur ém Croyances, quelque )nste» qn'eUesloi pasaissent»
Kons Gohti0iiinie8.nfotre rottte » et 4 une Conrtx» diataneede
6i»glie , nous aperçûmes le château du duc de ce nomu C'est
na vaste édifice élevé snr une éninence , et environné
de bois. Leduc actuel , Tuo des plus distinguée; et en mÂme
temps des plus aimables bommes de France , passe une grande
partie de Tannée 4 oe cliâtean } &it , comme il Test , pour
}«ner un rôle important dans le grand drame politique ^ il
sait encore jouir des plaisirs simples de la campagne«
Broglit st une petite ville N^nrmande, bien propre el bâtie
en bois, uo€ysenie de son église est antique et grossière. Dans
l'intérieur de Tédifioe des pili^s plats supportent des arcades
circulaires unies; une aile latérale a été ajoutée , et la partie
originelle adjacente à l'aile moderne a été mise en rapport
avec celle-ci par l'insertion d'arcades en pointe sous les aruciens
demi-cercles. On a substitué a l'abside primitive une cbapclle
de la Vierge , bâtie dans le style en pointe. Dans la façade
occidentale, on a introduit i:émme ornement des arcades en*-
t relacées. La seule date que j'aie pu découvrir relativement &
cette ^lise est celle d'une consécration qui eut lieq en i2^4>
par les soins d'un évdque d'Ëvreuxl Cette époque parait être
celle oà les parties qui portent les caractères du style en poénte
forent ajoutées.
£n quittant Broglie ,..bous traversâmes une vallée xsouvtrte
de riches forets y et nous ne tardâmes pas à arriver k Bernay.
l5o M. «AlLY-lLirMVt*
Ccst grâce à ane pnisssmte abliaye de Bénédktios établie dans
aes nmn que cette TÎlle joint autrefois de qnelf ne cékbrité*
L^abhaye dont je parle foi fondée dans les prcsBières 9nnm
du XK SKcIe par JiHClk de Bretagne, époKie de Rkliaid II,
duc de NormaDdie.
On retrouve de nombreux vestiges du monimeiit prin^,
et c*est peut-être le plus ancien édifice de quelqn'importaraee
qui existe aujourd'hui en Normandie* A ce titre , il mérite de
fixer l'attention : il vient rendre un imposant témoignage du
génie grandissent simple des prcniiers IVormands. Il est vaste
et élevé , mais complètement dépourvu d*oraeiBents. Les ar-
cades circulaires unies qui bovident la nef reposent sur des
piliers reclangtilafres également unis, auxquels sont attachées
des colonnes. Les vides de ces dernières ne correspondent pas
exactement aux vides des piliers. Les colonnes appartiennent
à l'ancien style Normand ; elles sont surmontées de chapiteaux
variés, décorés de feuillage, sans qa*on voie poindre entre les
feuilles ces figures grotesques qui furent introduites plus tard.
Un de ces chapiteaux porte cette inscription : mefeeit Izem^
hardits* Dans la partie supérieure des transepts existe un
trifbnum , parsemé d^'ouvertui^es à tètes rondes , divisées au
moyen de petites colonnes.
L'église a deux ailes latérales , d^ transepts , une abside
principale à f extrémité du eheeur , et une autre abside à
chaque transept»
• La voâte en dôme qui surmonfte ks ailes est fort curieuse ;
elle semble appartenir à la première constrnctton.
L'abbaye (ut sécularisée à larévolution ^ et F église est devenue
la propriété de deux commerçants qui en ont faijt des magasins.
Bernay est située dan» une eharmâuMe vallée ^ arrosée par
une petite rivière.
(La fruité à un prochain numéro J,
r^^K:
CONSIDÉRATIONS ARCHITECTONIQUES
Sur les restaurations faites â la cathédrale de
Bayeu» et la surveillance qu'il conviendrait
d'exercer eur les travaux de ce genre ,
Par M. Yahhé THOMIIfEJJESMAZURES ,
CMaolJie iîi«Ui|m 4< ta CatlMmU de Bayoù (^
La catlédrale de Bayeux , sî sonreot ruinée , reconstruite ,
frappée de la Coudre et réparée , dévastée par les guerres et
rincendie , pais restaurée , présente dans ses détails nu en-
semble de notions Listoriques d'un Baut intérêt et d*élémen(i
curieux que Ton trouverait difficilement réunis ailleurs. Cest
une véritaI4e histoire de Tarcliitectarc dans le moyen âge. Et
sa crypte qui remonte â des temps antérieurs 2i fa première
construction du monument actuel, et ses tours fondées vers Fa»
1 046 , et les arcades de la nef construites par l'évêque Odon
avant 1077 , et ta voûte et le chœur et fabside terminés avant
i24< j ^^ ^^ chapelles latérales de la nef dont la dernièi-e an
I^ord, si remarquable par le dessin et la hardiesse de sa croisée ,
s'éleva Tan i3oo , et Télégante construction en r448 de la
lanterne qui sert de base à la tour de Thortoge^ enfin beaucoup
d'autres parties faites on restaurées à différentes époques suffisent
pour nous donner le caractère propre et particulier de chaque
r
(t) Ce mémoire a été la dans la séance tenue à Bayeux le 31
marsi par la Société pour la coniervation dea nonumeuts.
l5a SUR LES RBSTAVAATIÔirS FAITES •
sicfle. PuQturfis des XIH*. ,*XV*. et XVI*. siècles , armoires
avec Icars serrures du XIII*. , portes et ferrures du XIV*. \
autel et balustrade du XV*. , boiseries du XVI*, tout concourt
à nous tnoDtrer daos la cathédrale de Baycux la réunion des
productions de l'art dans les sieeles qui nous ont -p recédé*-
Il e^t évident , que dans un mongweat si fffécîrux
en souvenirs , on ne peut sans vandalisme refaire et cons-
truire suc de aouveaia plans aucune partie de cet édifice ;
c'est ici, plus que partout ailleurs , que les amis de l'antiquité
doivent s'aitacbei* à reproduire exactement et de la même
manière ce que le temps en détruit chaque jour. Aus<i ,
nous voudrions que jamais une pierre n'en fut arrachée par la
main de l'ouvrier^ sa us être aussitôt remplacée par une autre
pierre de même dimension et travaillée de la même inaaière.
C*cst ce principe conservateur , je dois le dire , qui
anime les administrateurs de la fabrique cathédrale.
Malheureusement nous regrettons que ce prindpe n'ait
pas été constamment suivi dans les grosses réparations faites
depuis un grand nombre d'années. La Ëibrique n'est appelée
à donner son avis que sur la nécessité des travaux k faire , et
jamais elle n'est consultée sur le mérite des dessins ou des
plans de restauration. Aussi lorsqu'on lui soumit en i856
un projet de nouvelle construction de toutes les chapelles,
au coté sud de la cathédrale , tout en manifestant fortement sa
pensée , elle ne put repousser l'innovation , que spécialement
à cause de Tinutiliié d'une partie de la dépense occasionnée
par ce travail. Depuis 1816 « de nombreuses réparations ont
en lien. La balustrade , qui couronne la nef et le chœur dans
toute leur étendue au côté sud de l'édifice, a été rétablie, ainsi
que la paitie supérieure des niches qui fait corps jsvec cette ba-
Instu^e. Nous voyons avec peine le» couronnements des oiciiei,
partMH oh il» tut été Mfriacës » toiu scolflfe dans mi style
unifimne^nir im nène deann aises iafigmilint ; k» colon*
netlef et le» cbapiteftax do hohistre gronièremeot tr«T«illés
n*oiit poMt la gi4oe do oe qiie^f«i retrouva dans les anciens
débris. La construction des pl«le*fenacf qni , depaîs 1817 »
a*cii point encore ncboWe , a iiût mutiler et disparaître
pfciqno tonta les gaff^ontlles acnlplnes et cnrienses des bas-
cotes de là nef | os tniml a nèuM , an Noed , dénaturé en
grande partie le caractère de l'édifice, et noos aonnnes encore
iBcnocéi «lia^ jêwt de désolations nonvelles.
En vous signabnt ainsi ^ndqws-nnes des dégradations k%
]dna apparentes , connises depuis certain nonbre d'années ,
î^ai dâ , Mrasienrs , en reoherekr les causes et ^ous les eipo-
ser« le les trouve dans la nanière dont les tramix sont auto-,
rîaés j ordonnée , enéeutés.
JLorsîiue k gonturoeorent Ait une albeotion ponr des
réparations^ il confie le soin de les ordonner «t snrmiler
hj un seul boHme , qui n*est comptAle et de sea actes et
de la diroetion q«*il donne i ses «vrrages ^'an gonverfie-
uent seul. C01 bomae est un avoUnNae , et , TUnsk sayez ,
Messieurs , i<vnt arehilecie habile a peino-44iit?re les inspira*^
tiona d'antrni et À cepmkiro ce qu'il a sous les yeux ; quand
on peut être auteur , on neae réduit point i de^eoir copiste.
L'ardiiieote éloigné du lien de à'opéffatîén ^ donne ses ordres
qnp sont bien on mal eséei^ Las trawnx sont lirrés ii la
naerei d'^ntrepoetteurs qui , ne voulant rien autre chose que
le profit , commencent par abattre et démolir tout ce qui peut
entrer dans ralkcation qui leur est faites et nous avéns tu ,
il y a quatre asis^ k pince et le :marteau su briser po^r obérer
la démoUâon cFun des pilier» qaW prétendait. en mine^
Encore si.ces démoUlieos ae faisaient avec, précaution ) Osais
l54 Sm les RCiïTÀVRATtmrS FAITES
nons atons gémi plus d'une fois de Tmr nncbrie des ouvriers
dëtroire'&ns les parties inférieures , àmestiEe qo'ils devaient
suréleTer de nouvelles constrnetions ; et les détériorations de*
Tiennent d*antant pins grandes qn'une lenfeor inconœyliUé
d'etécntion éternise nos traTaoz.
On conçoit aisànent que dans on ordre de choses; dans
kqnel , d'un eèté , personne antre qn'nne admiiHatratio» joea*-
trale qni ne connaît (fa'impaxfidfemeBtfaskesoiiai dé kt Iwa--
lilé , personne, £»^ , n'a lé droit de ceproohctr à un atocbir
tecte ancnne inesaetitnde on iiotiveaoté dans jes pians ^ oià,
d'vQ autre côté, des entrepreneurs eiéovtent sans aucune
sor?eftUance , et cberchent à se créer tous les traraux et toutes
les réparat^ns sur lesquelles ils peuveirt trouver du bénéfice ,
le monument ne peut qu'éphniver un dépéri^emeni continuel»
Quels remèdes peuvent être apportés à ces maux ? C'est une
question que je me sois laite depuis longtemps, et a|irès l'avoir
long-temps méditée , je n'ai pu trouver d'antre remède que la
suppression des causes de détérioration «
Le mal est d'abord l'autorité absolue et sans a,ucnn contrôle
de l'architede dans l'exécution des travaux autorisés ; en
second lieu , le défaut de surveillance y puis la précipitatioa
et le peu: de soin a^cua lesquels les entrepreneurs dànolifiseat ;.
enfin la lenteur des restaurations, lenteur qui provient ^
tant de la fiinte de larebitecte dont.on attend souvent les
plans et les ordres , ique de œUe dés entrepreneurs, qui
veulent se ménager toujours une ressource pour le temps de la
saison rigouHeu^.
Que l'architectesoit donc tenu /ayant aucune démolition
possible^ de présenter le dessin exact et complet des con»«
tructions existantes, tracé en noir, a^ec les restaurations
))re§etées tracées ou laiiées en une autre couleur. Que ce
A lA CATBKORALB DE BAYBVX. l55
dessin scpît communiqué k la Société pour avoir son aTÎt , tai^t
sur Teiactituds du dessin , que war U rérité historiqut et le
.mérile des constructions proposées.
Que l'entrepreneur ^ avant tonte démolition , ait taillé et
préparé les pierres qui doivent entrer dans k reconstruction ,
en sorte que le réublissement soit lait dans un laps de temps
désigné dans les devis, après lequel Tentrepreneur sera mis en
perte?
Que la démolition ne puisse se faire qu'avec les plus grandes
précautiotis » et en présence de rarchitecte ou de son surveil-
lant. Que les pierres de la démolition oe puissent être brisées
iivant la restauration totale , ni enlevées de manière à n'ètue
poiut représentées j en sorte qu'on puisse comparer les restes
de ce qui existait avec la construction nouvelle. .
Que i'enlrepreneor ne puisse faire Sfonbei? et descendre ses
échafaudages , les pierres de démolition et de reconstruction j
etc., que par un lien qui lui sera désigné , ei dont, k jcet eibt,
l'état devra être constaté d'^vaneepar prooès-veclMil , 'et par
les dessins de l'arckilecte communiqués, comme il est Ai^ diii,
à la Société pour reconnaître lenr exactitude ; afia que l'enr
trepreneur soit contraint après la reconstruction de répare^
tous les dégâts occasionnés par se^ ouvriers.
Que, dans tout les cas , la eonkmissian. désignée par la
Société puisse, qnand elle apercevra qoe)que dégradation -,
arrêter les travaux^ avec obligation toutefois d'en réfiérer de
suite k l'autorité •compétente. • *
Enfin que le travail exécuté ne soit point reçu avant d'avoir
été visité par la Sociélé et oomparé avec les dessins approuvé».
Ces précautions et cette snrveilknee eiercéos pair de»
bommes. qui ic livrent k. des recberckes particulières sur les
différents earactèies de l'architectere. dans les temps oubliés
i56 sen lis RBSTÀVRiLTioirs vànns
âe$ arciritectes sont , Messieurs , la seule garantie que la
France .piiMbé aToir de la owisenratimi de ses monuments.
Ces causes de dégradation ne sont pourtant pas^ Messieurs^
les seule^'que'fàie à vous signaler. Uaefiimiète qni pourrit
le mur de* la caliiéd^ale , un b^her , des bois de construc-
tion , inie ignoble barraque , appuya conM «et édifice , qui
en mutilent les ornements \ avaient inspiré k Mg'. TETèque
le dessein de faire la demande d'une portion de tlfrkvin
autour de la catbédrale , quand ufie partie des babitants
de Bayeux manifesta le désir d*isoler k une grande distance
'Oè monument si remarquable, qui fait roraeneat de la viUe.
Leur Toeu , m'a-t-on dit, adressé au Conseil général de
dépQFrtemeBt , présentail na plan dbrt. beau et de bon
goût , mais trop Taste et trop dispendieux pour recevoir
fonexécutîoa<Il suffirait, Mewieun, pour la Conservation
tde Tédifice^ que cet isolement s'étendit k une distanoe de ro
ou f 5 mètnes, que dans la suite on poiirmit enviropner d*one
grille comme les principaux monaments de la Fiance. :I\)ur
lOpérer cette grande amélioration , il n'est besoin que d'une
simple con<)taion sans aucuns ^aia de la part du départe-
ment.
Présentement, Messieurs , c'est' sur les réparations k fiiire
'prorbâinemeat à la catbédrale , que )e déiiDe surtout fixer
Tatteotion de la Société* li est nécessaire de restaurer le
portail , eH partie dénaturé , en partie voi^é par les an3
et le salpêtre; il est utile de relever deux tourelles «ir
kr bas-cètés près du chceor ; M. Tarcbilecte du déparie-
ment est prié de dresser k cet effet les devis coavenables.ponr
les env^yi^ auministère^ Nous attendoâs enooi^e le rétablisse-
ment des balustres et des pignons qui doivent surmoaiei*
M[>liatfQoe de» chapelles de la nef au cô4é du sud de la eatbé-
Jk tX GATU0ftAU Dl B4YIVX. ^5j
âràh ; cette restauration aotoris^ par le gooyeriMiBeDt sera
ûite dès iput M. l'architecte anra donné ses plans à Tenlre*
preneur. Je tous prie, Messieurs, de prendre tons les VM^yens
qui seront au. pouvoir de la Société pour empêcher toutes . les
d%radations et les anachronismes. Pour moi , Messieurs ,
comptez sur mon zèle et sur mes faibles efforts , pour remplir,
àulant qu'il dépendra de moi , les fonctions attachées au titre
de membre de la Société française pour la consenration des
monuments.
sa
•m
jM»^— ^ ( ■■■ ■ -mim^^^i I I > Il p ■ I ■ Il *■
NOTE
'Sur un ancien encensoir en argent , consente
dans la sacristie de la cathédrale de Trêves ,
Par m. de CAUMONT.
Les anciens ne connaissaient pas les encensoirs proprement
dits 5 ils renfermaient Tenccns dans une espèce de collrct
carré et le jetaienjt sur da feu contenu dans un vase ou cassolette
placée sur un trépied 5 les bas- reliefs , les frises et les médailles
qui montrent les vases pontificaux confirment cette vérité^ on
y Toit toujours le coffre Irencens, et jamais Tencensoir.
Il y a lieu de penser que Téglise grecque a devancé l'église
latine dans Fusagedes encensoirs portatifs aveo des chaînes.
En effet dans les plus anciennes peintures grecques bysantines,
les prêtres sont toujours représentés tenant de la main droite
un encensoir avec des chaînes^ et le livre des évangiles dans
la gauche.
L'encensoir k chaînes se voit souvent encore dans le tympan
des portes bysantines qui offrent en bas-relief la représenta-
tion de N. S. revêtu du péplum y et tenant d'une main le
livre des évangiles. Quand la figure de Dieu n'est pas entourée
des figures symboliques des quatre évangélistes, il arrive
ordinairement que deux anges placés de chaque coté , tiennent
des encensoirs. On en remarque aussi dans beaucoup d'autres
gujets du XII*. et du XIII*. siècle.
SVR Vn ASCIBU BKCSirSOIB É9 ABCBST* iS)
Tous les encensoirs sculptes dâns4es iMis-relteb de ottte
époque , m'ont présenté une formt globulaire , et dans leur
couronnement , Timage de petits toits et de tonrdles doi^t les
fenêtres à jour facilitaient k sortie de la famée. Tons offiraienl
le plus grand rapport de ibrme avec celui que nota avons
tronvë cette année , M. Dupré et moi , dans la sacristie de la
cathédrale de Trèyes. Ce curieux encensoir parfiûtemenl
cooserré est en argent massif.
Voici le dessin que M. Dupré a bit de cel encensoir , et
les notes descriptives qu*ii a rédigées en. présence de TofiginaL
« La partie supérieure de cet encensoir est na dôme ooto*
« gonal autour duquel règne une ceinture de to«n furlîfiées^
« au dessous sont quati*e grandes façades angulaires qui se
« coupent à angle droit par le sommet : et datis les angles
« rentrants de cette façade surgissent quatre grosses tours qui
« dissimulent très-adroitement le grand espace vide quiy serait
« resté y et forment comme la luise solide du système des
a fortifications plus élevées qu^eUes compUient (t). »
a Sur le centre des quttre grandes faces principales se dé*
a tachent autant d'hémispbères correspondants, quidonnenl
tt ane tournure plus gracieuse et plcts elliptique à Ponsefld^O
tt de rencensoir. C'est surtout dans les dessins qtt ététût ces
(0 J'ai TU dans de très-vieux Antipliona&res manuscrits ,
des dessins représentant tes murs extérieurs de Jérusalem ^
exactement de la même manière qne les dessins de la partie
supérieure ât notre eueensoir » avec ses tours fortifiées alterna*
tjveaient rondes et carrées, ses ouverlures dedéJwee, ses asidses
l>îett tracées , et f osqu'à des fer» de fance indiqués sur le.senunet
de rédittce. Ne serait-ce donc point là comme un pieux souvenir
de la ville sainte, la cité célèbre des pèlerinages et des croisades ?
rmie dé U, Dupré J.
i6o suB w JLNCinr huceksoib j» àmamn
m .bémiipbères, qae se rérèle le goÂtiysiiHîii» Sur ^eux cotés, '
« ce sont des animaux Ëmtastiqaes , et sur les denx aatre»,
« d)^ figures de renard entrelacées dans des cerdes garai» de
« . fleoroos ^ et semblant jouer on se défier mtiliieilement* Et
« oomme les interstices de ces dessins bizarres sont en crenx ,
c les reliefs n'en sont que plus netp et mieux accusés. Cest par
ic ces equœ^ yides , et par les fisuttres cintrées du couronne*
« ment supérieur que s'écbappait la fumée. Divers petits
M. ornements en saillie tendent i racheter k fuite trop brusque
« des bords les plus éloignés de la largeur , vers le point de
« )oncûon avec le pied de rencensoir. Ce pied , en argent
« comme tout le reste , est légèrement gravé en dessus , et
M porte intérieurement ^ne assez forte masse de plomb , pro-
fi. bablemeot pour ftciliterle balancement de Tenceosoir dans
fc les mains du thuriieraire. »
> Ls dessin fort eiaot de M. Tabbé Dupré (pi. I) , rapproché
def notes précédentes qu'il a bien voulu prendre k Trêves
pendant notre séjour dans cette ville , fera parfaitement com-
pr^pdre fiatérêt de cet antique o^et. Quant à Tépoque à la-
%icUeil irait. en rapporter l'origine, je pencherais pour la
première moitié du XIII*. siècle, en considérant qu'au XHI*.
siècle le style byzantin régnait encore en Alfemagne. (Voir
ce que j'ai dit i ce sujet dans le 5*. vol. du Bulletin, p. 347)*
Nous voyons d'ailleurs dans l'encensoir de Trêves , des ouver-
tures en quatre-feuilles qui , en supposant même que les
parties supérieures de l'enceQsoir n'aient pas été raccommodées
ou refaites à une époque très-postérieure ( ce qui serait très*
possiUe ) , annoncent au moins les premiers temps de l'ère
ogivale.
Quant au pied de Fencensoir , tout porte à croire qu'il a
é(é réparé j les feuilles imitant l'acanthe qui le garnissent ,
^i^/e&i. D1/û/m/r>^nU/ , ^Vy,Pl I"
W^'^Ê
(A
l,,/h''''if .1 Hanirl, à Cat.
THE NEW YORK
PUBLIC LIBRARYI
l
AêTOR, LENOX AND
TILOEN KHlflOATlOWt.
&B LÀ CàJUJBmMM Bft Vft&f IS. l6l
atmouoenl même une époque tm-r»pprocliée , corwlpourfaat
a^ règne de Louis XUI. On conçoit du lette que k support
de cet eniBttsoir ait Àé plus promptement mi qw le reste, et
qa*après ayoir été bossé ou détérioré \ il ait fiilia le refiûre.
Cest donc la partie centrale de l'ol^ qoi offre les caradiits
d'aocienneté les pins précis , c'est seulement cette partie qne
l*po pent mfiurder comme pouvant remonter an XIII% siècle*.
*w
' Il 4..r.i.. I I il. 1, ,1 .1 .K.I I, J^J^m.^^
SKDl^aïUklS i!LQkai]]II&4)a^D(fi]I(^(28«
Sr'ance administrative du a mai i858. — Le Conseil ad-
miin'âti'âttf de la Société pour la conseryatloo des monuments
s-c»V réuni le 'x mai. M. de Caumont a communiqué plusieurs
lettres. I^'une de M. Cardin , conservateur des monuments dn
département de la Vienne , annonce que Ton va sacrifier une
partie du château de Thouars et y faire passer une grande
roule : M. Cardin réclame avec énergie contre cette mesure
dévastatrice et demande que la Société en prévienne Texécu-
lion qui serait un sujet de regret pour tous les amis des arts et
des monuments. Il ajoute qu'il n*y a pas un moment à perdre
et que Ton est sur le point de se mettre à Fœuvre. M. de
Caumont a pensé qu'il serait bon d'adresser immédiatement
une réclamation au Ministre de l'Intérieur, et a proposé pour
cette lettre une rédaction qui a été adoptée par le Conseil et
signée séance tenante.
— Le Conseil a pris connaissance d'une circulaire du Mi-
nistre de l'Intérieur qui demande aux Sociétés savantes de
France quelles seraient les fouilles les plus importantes à en-
treprendre pour l'exhumation des antiquités gallo-romaines
ou autres qui existent dans les départements. La Société qui
peut agir dans un grand nombre de provinces par l'intermé-
diaire de ses Inspecteurs signalera au Ministre plusieurs points
qui pourraient être explorés ayec fruit par ses soins.
— M. Calvet , substitut du procureur du Roi à Figeac et
membre de plusieurs Sociétés savantes , a été proclamé Ins-
pccteur conservateur des monuments historiques du Lot.
*— M* BoissET , avocat à Caen , a été admis au nombre des
membres de la Société.
novvcLLES ABCHioLOiaïQiini. iG5
— Vue autre seAoce «dwimstratife à en lien k 19 î«in
i838, diins laquelle M* Paul p*Ah»hbavx, propriétaire an
châleauiie riUe-Marie ( Mauebe ), a été nomnié membre de
la Société,
— ^^On a eoieiido enioite une lettre dans laquelle les memWs
de la fabrique de la Ferté-Bernard eiprimaient k la Société
leur recoDoaisianee pour rallocation qu'elle leur a accordée
pour leur église et annonçant que les tra faux sont en pleine
activité*
"— Lecture a été donnée d'une lettre de M. Vatout annon-
çant qu'une somme de 5oo fr. a été alloofe à h Société par
le Ministre de Tlntérieur, h titre d'enconragement. M. de
€aumont a fait observer que M. Yalont avait fait espérer une
allocation beaucoup plus considérable.
— * Le Conseil a décidé que les fonctions de secrétaire*
général seraient remplies par M. Tabbé Maneeau , chanoine
de la métropole de Tours , pendant la session générale annuelle
qui s' ouvrira dans cette ville le ^5 juin.
•—Un grand nombre de membres de la Société pour la con-
servation des monuments se sont donné rendez-vous k Cler-^
mont , le 5 septembre , jour de l'ouverture du Congrès scien-
tifique de i858. M. de Caumont se propose d'explorer , après
cette réqnion , plusieurs départements du centre de la France
qu'il n'a point encore parcourus.
— La séance publique annuelle de la Société des Antiquaires
de Normandie aura Uen h Caen, le aj août i858 , sous la
présidence de M. Guizot.
— Une mort aussi regrettable qu'imprévue vient de frapper
M. Galeron , procureur du Roi k Falaise , membre du Conseil
général administratif de la Société et inspecteur des monuments
Lisioriqucs du département de TOrne. Cette perte sera vive-*
\
ment sentie par toutes hi Sociétés dont M. GaSeron ^ait
membre. Outre un gnmd nombre de mémoires sur l'archëo-
logie^ Fagriculture, l'industrie y etc. y M. Galeron a fvblîé une
statistique de rarrondisseroent de Falaise dans laquelle se
trouTent des détails historiques intéressants sur chaque com-
mune. Depuis la mort de Tabbé De La Rue y M. Galeron était
devenu propriétaire de la bibliothèque de ce saTaut et il s'oo
cupait de terminer des recherches très^pptofondies sur réta-
blissement des communes en Kormandie quand la mort est
Tenue le frapper dans la feroe de l'âge, au moment où il allait
retirer le plus de firuit dé ses études* La yille de Falaise, que
le seèle in&tigaUe de M. Galeron avait dotée de plusieurs
établissements scientifiques, fait une perte dont elle comprend
toute rétendue et qu'il est bien diflbâle de répver.
-^ Le compte*rendn de la 5*. session do congrès scitntifique
de France vient de paraître. L'analyse des travaux de la sec-
tion d'archéologie et d'histoire, rédigée par M. Bégin , ins-
pecteur des monuments de la Meurthe , offre un grand inté-
rêt. Cette section était présidée par M. de La Saossaye de
Blois, inspecteur divisionnaire de la Société.
Les autres sections ont produit des mémoires trèa*remar*
qiiabki» Le volume du congrès de 1857 , te 5«. de la collec-
tion , se compose de 634 P^g^ > il ^ orné de plusieurs
planches (1).
(1) P»ri« 9 tkei DertobCp rue du Bouloj 9 7.
TROISIÈME FRAGMENT
De la relation d'un wyage archéologique fait
tnNwmandieen i83 f pmrJIf. Gallt-Knight,
et publié à Londres en 1 836 , communiqué à
la Société pour la conservation des monu-
ments, par M. de Caumont.
mâm
CHAPITRE XXI.
Ei^reux.—St.-Taunn.^Châue de St^^Taurm.^ Châsse
de St.'Calmin*
'j Juin, — Noos traTersâmes uoe campagne qui n'a rien
d'ennnyeux et de monotone ^ des prairies et des veifers com-
posent et varient sa parare, des villages et des fermes rq[kandues
ça et là l'animent et lui donnent la vie. La ferme normande
qui est toujours à moitié bâtie en bois ( i) , toujours au milieu
d'un verger et toujours prot%ée par l'ombrage, n'est pas le
trait le moins intéressant des riants tableaux qu'on rencontre.
É chaque pas ^ la Normamlie nous rappelait l'Angleterre , et
surtout le d'Herefordshire.
Pfous ne fûmes pas long^^empa sans apercevoir Evreux.
Cest une ancienne ville, située au sein d'une. vallée fertile
qu'arrosent deux petites rivières. Elle possède de belles égliies,
parmi lesquelles on remarque surtout la cathédrale et l'élise
de St.wTaurin.
(t) Cette peinture ne s*applique qu*aux fermes de quelques
contrées de la Normandie y et l'auteur parle ici d'une manière
ttop (énéiiie. (^Nott du trad.J
l66 M. 6JkLLY-K.KIGBT.
La dernière a pris la place d^unt célèbre cliapelie bâtie par
St*-Laudalf, en méiaoire clu Saiot qiii le premier prêcha
r Evangile en Neustrie»
La cathédrale ^ à rexteptîon de rextrëmilé occidenlale qni
e&t moderne , appartient poar la plus grande partie au S<y4e
en pointe avancé. La rose et cinq petites fenêtres, h Tertre-
mité du transept sud , sont de très-bon goût. Les Itnêtres et
les ornements , à Fextrémité du transept nord , doivent dater
d'un siècle plus tard. Le choeur a beaucoup d'élévation et de
Hiajeslé j on y voit des eolo»iieB «veites arrangées en faisceaux.
On retrouve, de chaque coté de la nef, des colonnes et des ar-
cades circulaires qui appartiennent k une église plus ancienne.
Le désaccord qui existe entre les dtllérentes parties de
rédifice pourrait s'expliquer assez facilement. On sait, enefïei,
qu^en ii94> ^^ilipp^'^uguste, dans la. guerre contre le roi
Jean-sans-Terre , tomba sur Evreux , l'incendia et alla même
)usqu'À détruire ses églises. Cependant on doit apporter dans
cette explication beaucoup de réserve et de défiance, parce
qu'on s'est plu souvent à représenter comme une destruction
totale ce qui n'avait été qu'un dommage partiel ; et c'est \k
précisément ce qui est arrivé à l'égard d^Evrcux , oi!t la nef de
la cathédrale, qui fut consacrée en 1076, est encore debout. Il
n'est parvenu jusqu'à nous aucune tradition sur la reconstruc-
tion des parties de la cathédrale qui ont souffert dans celle
circonstance j mais la Gallia Chiistiana nous apprend que
Radulf II fut le premier évêque qui , après l'incendie, fut
inhumé dans la cathédrale. Ses prédécesseurs avaient été en-
terrés autre part. Cest peut-être une raison pour croire que
l» restauration ne fut achevée que sous Fépiscopal de Radulf
II. Ce prélat mourut en i256^ environ dix ans avant sa
mort , il avait ajouté deux chapelles à l'église.
Le palais épiscopal est attenant k la cathédrale ; c'est u«
mxcuESioir MOKVuiirTÂiiE bv vobmakdii. 167
eicwpk asan ourieax dtt tijle da XV^. ÀècW.X'arekiteeiure
des édifices priTés semble aywr toa)<»rs suivi pas à pas les
moanmeiits religieux dans les routes oà-cenx<«i entrèccot.
L'histoire de Féglise de St.-TaBrin est la ooaire^paptie de
celle de la cathédrale» A la place de fhamUe chapelle' de
Laodalf, se sont élevées, en ioa6 , par les ordres de Richard
II , duc de Mormandie, une ^lise et une abheye magnift^oes.
L'église de Richard lut k demi-renversée par Philippe^Au-
fuste, et rebâtie long«temps après dans le Styk en peinte*
' A l'extérieur du transept nord, qui est un reste de la pve-
mière égKse , existe une chose bien digne d^ètre-cufieuseiaent
examinée : c'est un exemple de cet orn^nent en teMie tmite que
les Romains introduisirent en Gaule> et <{ui fut copié par leurs
succesBeors. Il est composé de tuiles minées de forme et dé
graidenr différentes.
On a encore consenré dans cette église .une de ces magni-
fiques châsses qui sont devenues si rares. Elle fut destinée à
recevoir les reliques du saint, comme nous l'appitond son
inscription , et travaillée aux dépens de l'abbé Gilbert j en
laSb.
La matière en est riche -, sauf les coios et quelques parties
moins apparentes qui sont en cuivre doré , la châ^tse est tout
entière en argent doré. Sa formé est celle d'une chapelle
dans le Style en pointe. La partie architecturale est très^
soignée; les ornements sont riches et proportionnés aux
petites dimensions du reliquaire. Les compartiments des quatre
cotés sont décorés de bas - reliefs qui représentent certains
événemients de la vie du saint. La châsse était autrefois en-
richie de pierres précieuses; mais elle les a presque tontes
perdues au nulien deslenq^tes qtii ébranlèrent l'église.
Les' reliquaires , tels <}Ue celui de St.-Jaurin , étaieht
communsaux jours flortmals de r£glise.Ilfrsont une preuve
t68 M. GAUJT'^KiriimT*
du ftpgth iàm Tart de tntvaUer Vor , Tàrgeot et FéiMsl
à DBé é|MM|iie «tt le» beanK arts en ^inégal «Caient négligés.
Au)oiird*kai ies ûhàascB ^oe l'oo reinmvB dans les tnésors «les
églises eatholùpics sont peu nombreases , nais «lias sout
corieases comiae objets d*art, curieases parle jour ifa'elJes
rqiandeDt sur f architecture pratiquée alors ; car elles portent
tottjoors des eroomeats architectaiaox , mène quand elles
nWt peint nne forme architecturale* Les ornements des
cliâssés ks fias andennes sont dans le Style circulaire ou
don» k Styk roman ^ tniô^ pltts tard^ quand h Style en pointe
fol #4Qpfti» iU en prirent les caraeieres.
. J'ai eii4)eeaaftoa de YÎiiter wie autre de ces châsses dwia
la sacffîilie do jl'^fli^e de Mozac , près Riom ^ dans un d^^-*
tement de l'Avyergtie» EUe a la forme d'un sarcoi^age, et
porte les traits du Style roman. Elle e»t eu argent devé ,
oomme celle de St-^-Xauriu , et ornée de peintures en émail.
Cette ehâçse contenait les reliques de S*,.4^1min et de S^*".-
l^umadiei sqq ^pou^e ; et les peintures dont nous Tenions de
parler, p^ppré^esi^nt h^ diftérents actes de piété qoi signa-
lèrent leur yie. Une inscription grayée sur le reliquaire nous
apprend qu'il remonte au milieu du X*. siècle : « Petrus
abbas, porte l'inscription , hanc çapsam lecit pretio. » -*« Le
{nremier abbé de Mozac , qui ayait nom Pierre , était k la lete
4u monastère à l'époque que nou» yenons de citer.
CHAPITRE XXII.
Boutn»-^C^uddfec^--^Lillebonne.-^MontivUliers Gra^
yille. — Le Havre*
La campagne par laquelle nous passâmes pour arriyer &
Louyiers, offre la rakne yariété que Ik précédente. A peine
ayions^nous quitté cetto dernière yille , que. rexhaussement
IXCURSIOV MOirVlIBirTAU» BH ITO&MikND». 169
dalcnftiin tmt le^ael noiis voyagioiit,iMNiipMBitd*«pcrQevDir
ks ubkaoi eharmanïts qnt anbdlîswot les rms di k Smté
Quelques h«iim i^éconièrett , et now «0» letroovâmi» à
RoncA. Li , je me séparai de M. Hoasey , qm deraît rteler
quelques temps eneore en Normandie poor acberer plmieun
dessins. Je ne quittai Rouen qne très-tard dans la joiniée ,
de sorte qa*il était plus de minnit qaandf arrÎTai k Gandebêc.
La rônte de Rouen i Caodebec est eliarmdiifey et la
situation agréable de la gentille petite irillo ofl )t deseendii ,
me fit regrener de ne pas avoir un jour de pins k ma dKspo^
sitîon. Un pli quai en miniature , la largeor njealoBase
du fteuTe en cet endroit , lèi-allées onAragéas de la preme*
nade Toisine , tout se réunissait pour m'engager yrvement &
Biau toutes les séductions éekooèrent s je me rcsms on
xoyngt le UaÔÊmûin , et je pris la route qaà eondnit diffcc«-
tement an Hftvre. Je la quittai un instant pour tisiler liU»-
benne« Tent-on pénétrer au sein de celle partie dft la pro-
vince , on a à grarir les ccdlines qui bordent la Seine*
Durant une ascension longue et pénible , |'ens k pdrcoorit
des chemins de trayerse et des défilés ombragés par un épais
feuillage, qui laisse apercevoir par ioterraUes b Seine,
Caudebec , et la campagne qui embellit la rive opposée du
fleuve. Quand on est arrivé au sommet , la route conserve k
même nivea* jusqu'à ce qu'on aperçoive lillebonne } alors on
descend rapidement , pois on remonte eneore pour entrer
dans la ville.
La intnation de Lillebonne ( la JtUiohona des Romains)
est imposante ] elle repose sur une éminenœ environnée de
collines ; du ooté du sud est pratiquée une ouverture qui
pernKl d'entrevoir k Seine, qui prend en cet endroit la
forme d'un bras de mer.
I^O M. GALI.Y-&llIGmT«
Les restes do ekâleau oonronaent la hantenr. Oo reIroiiTe
le œrele de murailles qui «ntooFait la cear, une teur du
XY^. siècle, une aalre tour , el une énorme masie d'an-
ôennes cooétnictioDS Normandes. Un bâtiment moderne , qui
n'a âncmi earaetère guerrier , s'est éleyé au milieu des ruines
do coté du taord.
Les yienl débris Normands, paraissent avoir composé
autrefois la grande» salle du tbâteau. Ses murailles sont bâties
en moellon etr^couVériesde rangées étroites de pierres carrées»
Les fenêtres sont grandes et regardent toutes la cour»
Cbactme d'ellss est partagée en deux par une traverse <|ue
supporte une petite colonne y et est flanquée de deux tiges
de retrait. On reconnaît^ k la position des cheminées et à
certains autres signes, que la grande salle n'était pas au rezH)e<*
chaussée; marshiieBati premier étage,au^dessus d'une chambre
basse vo4tée. Des motifs de sAreté ont di\ ^re dans le principe
la cause de cette disposition.
Le château, ainsi que le terrain qu'il occupe, ont été
vendus tout réceramêUt à un négociant de Bolbec* J'enviai
k sort heureux de l'acheteur ; le site est si bien de nature»
se prêter à des travaux d'agrément t La cour , avec son
enceinte de murs vénérables , pourrait facilement devenir
l'avant-soène d*un joli parterre , qui viendrait aboutir
au vieil édifice Normand : il serait encore aisé d'tfb*
tenir d'intéressants points de vue. Mais le négociant de
Bolbec dirigera probablement ses travaux d'une tout autre
manière.
C'est précisément sous le château qu'ont été découverts et
soigneusement déblayés les restes d'un théâtre romain. On:
n'a retrouvé que des fcmdations et quelques faibles parties
des murailles extérieures. Ces murailles étaient construites
IXCUEMOV MOarVMtllTAI.B BIT NOmitAVDll. I7I '
4T«c des matéfiâttx de mèiDe «atare que Fédificc Normaùd,
et reeouverles de la iiêiiie manière.
Quelques années après celle dêcouTorle y on trMin , n^m
loiodM tlMitre, «ne slatue romaine en bronic deré » V^ï^
nie rappelle avoir vue k Londres. Elle présente des in%nlit&
curieuses : les membres sont bien dessinés } maie la tcte est
f rqisièremettt bite ; il semMe qn elle soil le résultai d'one
sufastitotiiin opivée j^ tard dans 00 sîèele d'ignorance.
Après avoir visité LiUebonae, j/i rajoigoi» la grando
roule.
A Harflenr^lein'eadétonmaienoore, et je descendis dans
uo large vallon pour gagner la jolie petite ville de Monti*
TiUiess, QJi existait autrefois un célèbre coaveik de Béué*
dietins.
L'église de Montivillicrs est demeurée intacte 5 sa tour ce»
traie, et une tour octogonale ii l'extrémité ouest , qui se
termine en pyramide, ont coneer^ toute leur majesté.
A l'exeeptioB de l'aile septentrionale , l'^se toute eirtiere
porte le cachet du ^le «irculaire. Les cbajuteaux des colonnes
de la nef sont de simples eubes ^ ceux dies colonnes du ebeeui*
sont déeoréii de feuillage. Le» transepts sont plus ornés. On
¥oit des moulitres se dessiner sur leurs murailles , et quelques
figures apparaître sor les chapiteaux de leurs colonnes; parmi
ces dernièffes, faperços b Sirène. Les demi-colonnes qui vont
soutenir le toit du chorar , ont pour chopileawe de vilains
monstres ridés. Le portail occidental est orné de quelques mon-
lures , dont deux révèknt le zigzag et la dent de scie.
On croit que l'église , telle qu'elle existe aujourd'hui , fut
commencée au moins au neraps d'Elisabeth , seconde abbesse ,
qui mourut en 1 1 1 7.
Je quittai Montivillicrs pour retourner h liarlleur. A peu
173 M. GâMT-«ViOKT.
de distanoe du Havre ^ je moulai à la pefite égtim de Gràvitte ,
qai est située snr une émiiieiiGe, à coté de k roule.
La presùèie ëglise qui fat bâtie en cet eudroit ^ était des-
tinée à recevoir daosson eoceiate k corps de sainte Honorine.
A rapproche des Normands , cette reliqne précieuse , pour k
smistraire'à tonte espèce de somIlttre,fiit transférée à Confians*
aor^Marne, nonkin de Paris. Les moines de Conflans, sédtnta
par .ka avantages atladiés à une teUe possession , ne vottlnrent
pins y quand l'orage fut passé ^ se dessaisir du dépèt qui leur
avait été confié. Cette détention illégitime knr valut une quan-
tité cônsidérabk d'oiir«ides , qni leur servirent II bâtir une
nouvelle église en io83j les restes de sainte Honorine y fvrent
déposé»et n'en sortirent plus. Cependant , les lieoit sanctifiés
dans l'origine par k présence du corps de la sainte , semblent
avoir conservé kur puissance d'attraction 3 et il en résulta
qu'à Gra ville s'ékva, dans la suite, une seconde église en
rhonœur de cette, même sainte Honi>rine.
Cette église est chargée d'une profusion d*orneniei>Ù. Les
chapiteaux des colonnes qui bordent k nel d'un côté , offireot
une multitude de figures variéest et grossières. Mais ce qu'il y
a de plu^ remarquable dans ce monument , c'est la décoration
euérieore des extrémités des transepts. On voit apparaître à
chacune d'elks ces arcades circukires' entrelacées , dont ks
iutersectiona enfantent k forme de l'arcade en pointe. Au**
dessus de ces arcades se déroule une longue série de figures
d'animaux, qui reposent sqr des corbeaux a têtes de monstres.
L'église a même, ce qui est assez étonnant eu égard à ses
dimensions étroites , sa tour centrak.
Oq ne connaît rien de certain relativement à k date de cet
édifice ; mais il est probable qu'il n'a pas été commencé bien
long-rtemps après l'achèvement de sa rivak , l'église de Confia us.
BXCVBSlOir HQBUIMIIXAU BK HOAMAMDIK. I75
La jalousie des moineft gardiens des lieux déshonorés , n'a dû
laisser échapper aucune occa&ionde stimuler la piété des pèle-
rins y et d*obtenir de leur charité les moyens de soutenir la
concurrence qu'avaient engagée les usurpateurs de Conflans.
Guillaume Malet, seigneur de.GfaTillC) fonda dans ces
lieux un nouveau monastère. Au lieu de clergé séculier , il y
introdoisit des chanoines réguUarSy etie«r donna le» dîmes
de toutes les %lises dont il avait le hénéfioe , en AnglefterM
comme en Mormaiidio« L'acAe de donattoo pavte la date de
z 2o3 } il fut conficmé k même aatoée par Walter , archevêque
de Ronen, Mais rien ae prouva que GuilUttliie Malet ^ tomt
^n construisant le monastère » ait touché ep vkak relise; le
style de ce dernier monument qui a de grands rapports avoe
1 architecture de Tégiise de Montivilliers, lui assigne une date
plus ancienne. S'il avait été bâti à la même époque que le mo*
nastère , il porterait les caractères du Style en pointe , puisque
son établissement en Normandie remonte à une époque anté<*
rieure à 1 2o5 , et que Téglise de l'abbaye de Fécamp et la ca-
thédrale de Rouen y qui renaissaient de leurs cendres-danscetto
même année , en révèlent bien certainement l'emploi.
. Guillaume Malet descendait de cei illustre chevalier qui
portait l'étendard de GuilIaume-le-Conquérant à lUstings, et
qui reçut y en récompense de ses beaux faits d'armes , des
terres considérables en Angleterre. Mais l'établissemeat de
cette famille ai»-delà du Détroit , ne fut pas de longue durée ;
le fils du porte*^ndard fut banni d'Angleterre par Henri P'.^
en nos, poor avoir embrassé la cause de AobertCourteheuse,
et rentra dans son pays natal.
De Gca ville au Havre la distance n'est pas grande ^ et je ne
tardai paa à y arriver } le lendemain ^ je montai à bord du
bateau à vapeur, et après quatorze heures de traversée j'étais à
Southamplon.
fjil M. GAbirV-KmctaT*
CHAPITRE XXIII.
De tarehiieciure Normande en Normandie.
Après avoir rendu eonple de moa voyage , et passé en
revue les diflKreots faits historiques que j*ai pu recueillir sur
ma route , je demande maioteuaDt cpi^on me permette de tirer
de ces iaits quelques iudoetioas^ soit relatiyenent à Tarchi-
tectura normande en particulier ^ soit rektivement aux travaux
des Normands en Firanee , comparés ayeclesroenumenbanglais
contemporains.
La première idée que Êiit naître la contemplation des édi-
fices normands , c'est qu'il est impossible de ne pas reconnaître
que si ,.ee qui est indubitable, leurs fondateurs ont adopté
Farchitecture et employé les aichitectes du pays conquis par
leurs armes, ils n'ont pas laissé que d'imprimer à leurs
travaux un caractère qui leur était propce. En leur qualité de
Barbares , ils ne se distinguaient pas seulement par leur force
physique , mais ils avaient encore en partage la vigueur et la
modération d'esprit. Ils étaient loin de ce vernis qui cachait
les vices d'une société dégénérée ^ et grâce peut- être à leur
éloignenent deeeCte civilisation dangereuse , ik se dérobèrent
à l'influence d'un sentiment exagéré , influence qui corrompt
le godt et amène la décadence des arts. Cette simplicité leur
apprit 11 mépriser ces artifices puériles , ces ornements lecher-
chcs , par lesquels on s'efibrce vainement de captiver l'admi-
ralioa , et ils se trouvèrent naturellement conduits à réaliser
des effets plus en harmonie avec la vérité. On a souvent répété
qiie le Midi est le domaine de rimaginalion , le Nord celui dé
r
■XCVESION M01llJlfBllTAI.B BU NOAMAHDIl. 175
la nimm : FarçMtceiarc sarniaiie d*tta c6lé , ràichitectore
nonmiide d« Tailre , TMDoeot readre oo MataDt témoîçnage
en fa^mir de cette opinioii.
Dans le X*. sièclr , à Tépoqne où les Normands obtinrent
la posscsuoii trattqnille de ûi Nenstrie , les monuments reH-
gieni qai 8or{;is8Ateiit dans d'autres provinces de France , se
£dsaieot moias remarquer par ta grandeur de leurs dimeiH
sions , que par Tabns misérable des eolifichett dont les caprices'
du mauvais goût se pbisaient k les reTetîr.
L'architecture, qui était partout en faveur alors, se rap->
proriiait auUDt de Tarobileeture romaine , que Téut des arU
pouvait le permettre. Le plao des édifices avait été emprunté
à Rome ; tes arcades circulaires, les colonnes et lea moulures
avaient la même origine. Mais les exigences d'un goAt dépravé
vinrent jeter un abime entre rimitation et Foriginal j tes cha-
piteaux et les portails se couvrirent d'une multitude de plates
gentillesses, d'images fantastiques, produits d'une imagina*
tion corrompue , et dont une main malhabile augmenuit en-
core la pitoyable apparence.
Les Normands apparurent au milieu de ce cahos de ridicules
fantaisies. Ib adoptèrent le plan consacré par une longue smto
de siècles et l'architecture établie ; mai» ils se déroWrent sa-
gement au despotisme des colifichets, et s'en remirent, pour le
soccès,à ta puissance des grandes idées de force, de grandeur et
de majesté. Les plus anciennes églises normandes sont aussi les
plus simples ; mais leurs dimensions grandioses leur assurent
des titres incontesUbles à fadmiratioa. Leur caractère est
sévère , mais sublime.
Les Normands hasardèrent en même temps une innovation
heureuse : ils ajoutèrent à leur église cette tour centrale que
l'on s'accorde généralement à regarder comme le trait le plus
i^nposant et rornemeot j^riaoipal de« moAHmeAUi teli^^awL.
I^es loars étaient b^aretwernent devieiiii«s , aT«iKt ks pcemÎBrn
essais des Normands en Neustrie , ano paitie iat^iranl» des
^tises^maig le. petit membre de c<;lles ^ Ton tvouvaîf h.
cette époque dans les. autres provinces de ^ranoc , na déeocai«at
que reitréflsiti ocddentale j et è peine si ^ Iun» de la NoroMia*
die, on po«vait rencontrer alors quelque «base qui méviiât le.
nom de toQr ceottale. Cependaal, pecsoone n*e»t disposé k
nier que l'effet général d'ane catbédrateet son apparevce ext*
térk^ure , d^f^n^ent principalement de cette partie de la coes-
tnietion. Otez it une égUse sa tour cfinirale ; pnis-plaoez-trwns;
de Qianièrelk embrasser d'un seul coup d'eeil Feasemble de
VédÂfice ) et dites-mdi si vous y décoiivrez quelque cbese ({«t
ressemUe à de la majesté.
Grandeitr , éléT4tion , sîmpltcâlé 4 force , telssont, avec la
V>iir centrale^ les caractères arcbiteetoniqoes que peuvent re-
vendiquer à )U3te tilre les édifices de fondation normande ; et
s'il est vrai que ces oenvres, qui portent encore des traces de»
Barbarie , comparées avec des monuments d'un meillettr âge ,
leur cèdeoil en beauté et en élégance , il est juste de mettre
aussi dans la balance les circonstances déiavorables où se-
trouvaiie^t. placés les iondatcor». Il peut arriver qu'il soit
besoin , à une certaine époque y de plus de génie pour parcou-
rir une carrière. moifis brillante «qu'il n'en faut, & une autre-
époç|ue^ pour remplir toutes les conditions de la perfection.
Sans dpnte ^ nous devons choisir les monuu^nts classiques
fOfnroe les. modèles à ipiikerj mais tandis que nous les recon-
naissons pour guide et que nous suivons leur étendard y nous
pe devons pas refuser à l' Architecture normande les éloges qui
lui sont réellement dus.
. Quant aux détails d'exécution , ils ne se firent d'abord re-
BXCURSIOV MOirUlltVTALS KJT ROBMAUDII. I77
maiMiiier que ptr lear solidité. Les murailles ^ient bâties en
nnellooeireeotivertetdepèiîlesfieri^caiTécs.Gesystè^ air«tt
été pmséikas les édifices que les Ronains avaieDt laissés der-
rière eax en Gaale. Lesoolonnes étaient, pour la plupart, com-
posées dévastes blocs de pierre. Peu à peu, etd*àbord dans le^
édifices -impartants, on commença' à se seryir poar la cons^
tmctiod des mnnilles , de pierres d*nne pins grande dimen-
sion; mais les jointures étaient larges ef le mortier était
grossier (V. la description de l'abbaye de Jamièges). Ad
temps de GoiUaome-ie-ConqQéraiit , les pierres prirent nne
forme carrée et s'alignèrent ; mais les jointures restèrent en-
core un peu lâirges, et le mortier ne perdit pas entièrement
son aspect rude et grossier.
On bâtissait aussi arec des pierres longues et étroites , qui
n'étaient pas disposées en rangées horizontales , mais qui s'in-
clinaient tantôt à droite , tantôt à gauche. €es rangs de pierres
tirèrent de la ferme et et la direction qu'ils afiectaient,le nom
d'arêtes de poisson. Leur usage ne se conserva pas long^temps
«prés le XK siècle.
Les murailles normandes étaient hrx épaisses , et on les
remplissait de petites pierres au milieu desquelles on répandait
abondamment du mortier. Cette combinaison finissait par
acquérir une dureté telle, qu'elle avait toute la force et l'impcné-
trabilité du roc. Plus tard , avec l'apparition des contreforts
disparut le besoin de cette espèee de murailles; la science plus
dairvoyante reconnut la possibilité de se pourvoir , k moins de
fraise! de travail , de clôtures d'une force au moins égale. Ce
serait se tromper qne de croire quelescontreforts étaient tont-à-
£iiti Acoi^ntis antpremiers'Kormands; mais ils ne s'en servaient
qn'à l'extérieur de leurs édifices , et semblaient ne les avoir
imaginés que pour rompre ce qu'une surface trop unie pouvait
1^8 M. GALLY-K.N1GBT*
avoir de monotone. La projection de ces conti'eforts ëiait si
légère,qne le r^e qu'ils jouaient dans le soutien de Tcdifioe^tait
presque nul. Du reste , ils ne dépanaient jamais ia corniche*
On reeodnait dans le plan de tontes les anciennes ^lises
normandes , celui des basiliques. Arextrémilése troavait an
retrait qui formait le choeur. Les pins grandes églises ont des
transepts et des ailes latérales qui sont séparies de la nef par
des airràdes. Les petites sont souvent dépourvue! tout à la fois
d'ailes latérales et de transepts.
Les arcades de la nef, reposent tantôt sur des piliers «nx*
quels sont attachées 4es demi-colonnes , et tantôt sur des eo«
lonnes simples : on ne renconti e , je dirai presqne jamais ,
ces énormes piliers à colonnes , qui sont très-communs dans
les églises normandes d'Angleterre. En France, excepté dans
une ou deux cryptes où l'appréciation de la masse â soutenir
vient justifier la préférence que l'on a donnée & la forée sur
la bei^uté , les piliers dont je parle sont totalement inooonns.
Bans l'architecture religieuse de France, les colonnessimples
ont précédé les piliers ; c'est là une anomalie qui ferait naître
l'étonnement, si on ne se souvenait II quel point la Ganle ,
avant l'invasion des conquérants des Gaules , s'était façonnée
aux caractères et aux usages romains.
Les colonnes ont toujours des thapiteanx ^ datis le principe
on n'y remarquait aucun ornement; mais yers le commence-
ment du XI'. siècle , on le^ décora de diverses espèces de fenil*
lage qui s'éloignaient jusqu'à un certain point des modèks
lomains , mais qui cependant tendaient encore k les imiter.
Les fenêtres sont toujours circulaires et indivisées; h l'ex-
térieur , elles sont flanquées de deux petites colonnes qui sup*
portent des impostes et des moulures.
On a quelquefois pratiqué dans le gable qui supporte la
porte d'entrée des églises, une pctile fenêtre circulaire.
EXCUBS10V liOIIVMe]ITAl.K IV MORlIAirDTE. 179
Les feaètres àe» ckâleaai et des édifices privés sont ordi-
nairement divisées par one colonne simple.
Les portails col des tètes roodes^ on 1rs orna par degrés
d'un nombre tonfoors croissant de monlnres semi-circulaires ,
et on les flanqna d'un nombre correspondant de petiiesco-
lonnnes } mais )e ne me souviens pas d*av<»r vu en Normandie
vn seul exemple de la substitution des figures ans colonnes des
portails , genre d'ornementation qui était devenu commun en
d'autres provinces de France an XII'. siècle. Jamais non pins
le partails de Normandie n'adoptèrent ce luxe de moolores qui
finit par caractériser les portails normands d'Angleterre^ Ils
conservèrent toujours une physionomie nn peu romaine.
Les monlinres les plus communes sont la billette , la tète de
clou j le cbevroo , le zigzag , la iiébule , Tétoile , la corde ,
réperon , la dent de dnen ; on employait 4inssi quelque-
fois plusieurs sortes de feuillages , comme le cep de vigne , le
laurier , le lierre, etc. La plupart de ces moulures avaient été
empruntées k l'arckitecturc de certaines autres provinces de
France ^ le zig zag lui-même, que l'on a coutume de considé-
rer comme d'origine normande , n'est pas d« tout normand.
La cornidie extérieure qifi environne le ^it des ^iises »
consistait quelquefm en une monlnre qui décrivait une série
de demi-cercles , et quelquefois c'était une série de pierres.
Ces pierres furent bientôt décorées dans le style déjà adopié
par la plupart des autres parties de la France , et se méta-
morpbofèrent en «êtes grotesques d'bommes et d'animaux . L'a-
doption de ces coi beaux li figures pour l'extérieur des églises ,
eut lieiii eii Norntandie avant Tintrodoction des images dans
l'intérieur des édifices.
Les voAles des premiàres églises normandes étaient en bois, à
Texccption de la partie qui surmonte If clianceî scmi-eirculaire,
l8o M. GALLY-&irN»T.
laquelle fut , de» Forigioe , yoûtée en pierre. Les ailes latries
étaient également voûtées en pierres. La nef des petites églises
rurales était quelquefois zeooayerle de la mtee nanière ;
quant aux nefs des grandes églises , on est k»n de pouvoir af-
firmer quelles adoptèrent ce modede couverture avant te XII*.
siècle. Mais dans la seconde moitié du siècle, l'emploi de oeife
voûte devint général , et on ne raba ndonna jamais dans la suite.
La voûte était composée ou de petites pierres à bain 4e
mortier , ou bien encore d*aa léger calcaire qu'on trouve
dans certaines parties de la Norâundie^
Jjk voûte la plus ancienne est dépourvue d'aroeam , et les
plus anciens arceaux n'ont point de moulures. '
Les arceaux sont d'ordinaire des cercles entrelacés. Ils sont
en pierres de taille, et les intervalles qui les séparent sont
remplis de la manière qve nous avons déjà décrite. Quelquefois
ces arceaux oonsislttrt en une série d'arcades^ en ferme de fers
à dbeval.
La voûte en dôme qui surmonte les ailes latérales de l'église
de l'abbaye de Bernay , est le seul exemple.de cette espèce que
l'aie vu eu Normandie.
Le premier Style normand et k plus pur r^na jusqu'à la
fin de la vie de Guillaume-le-Conquérant, depuis les pMH
mtères années -du X*. siècle jusqu'à la fin du XK
On a conaarvé des vestiges de la première arcbitecture nor-
mande ; mais il n'en est pas un aenl dont la date puisse ètve
établie aw» quelque oerdtude^ -— A peine si parmi tous ces
débris le X". aiècle a quelque cbose i réclamer.
L'église de l'abbaye de Bernay , qui doit avoir été com-
mencée dans la première moitié du XP. siècle , €st le plus
ancien édifice nonnand de quelque importance qui ait gardé
sa forme primitive* Uarckiiecture de l'extérieur est si simple,
XXCURSION MONinMNTALB BN NORMAITDII. iBt
qu'elle a quelque chose de monotone j mais leidimentioDS soat
gnndiÔMs et impoiantcsi.
Les églises des âblMiyes de Jomîèges et de Cerisy forent
commencées dans kpremiire moitiédn XI*. siècle. Le« parties
normandes de la cathédrale et de Téglise de S'.-Taurin à
Evreux , ainsi que celles de Téglise dn Mont S* .«Michel , ap*
prtiennent 2i la même période.
L'élise de l'abbaye de S*. -Georges de Bocherrille, et les
deni grandes ^lises de Caen ^ sont des exemples magnifiques
de TArchitecture normande an temps de Guillanme-le-Con-
quérant.
Tons ces édifices portent le cachet de la simplicité; mais
quelque décoration commence , avant la fin du règne du Con-
quérant , à s'introduire dans les détails : telle est la moulure
k frette qui se déroule autour des arcades de la ne€ dans l'église
de Mathilde h Caen , et que Ton voit encore dans certaines
parties de l'église de l'abbaye de S^-Georges de Bocher ville
et dans d'autres monuments religieux.
Le Style normand fienri avait dé)à acquis un certain dive«
loppement dans la première moitié du XII". siècle* On en a
no bd exemple dans les arcades de la nef de la cathédrale de
Bayeux. Elles sont ornées d'un grand nombre de moulures de
diverses espèces , travaillées avec beaucoup de goflt.
H existe nn antre exemple du Style nornumd fleuri dans les
environs de Bayeux : c'est l'église de S^«-Gabïiel , fondée par
Robert de Glocester en 1 1 28.
Une fois que la passion de l'ornement eut imposé silence à
nn senttiBent pins noble , on ne tarda pas à tomber dana la
lûzanrerie et l'extravagance , en admettant toutes les singuliè-
res décorations qu'on atait pris plaisir i imaginer dans d'autres
provinces de Franoe. Les monstres de k corniche envahirent
«4
l8a * M. GAILY-KiriGHT.
les portails ,■ des portails ils gagnèrent les chapiteaux de Tio-
térieur ; et bientôt il ne resta pas , dans tout Tëdifice , un seul
coin qui ne. fût défiguré par ces oraeinents bâtards et difFormes.
L'église de Tabbaye de Montivilliers , qui remonte h Faonëe
1 1 17 , et l'église de Graville présentent le Style fleuri à sou
dernier période d'exagération.
Il parait que cette fièvre atteignit son plus haut degré d'exal-
.tation dans la première moitié du XI P. siècle, et que, dans
la seconde. moitié elle descendit de quelques degrés. Dans la
' chapelle de S^- Julien , bâtie par Henri II vers l'année 1 162,
on voit encore grimacer quelques monstres hideux; mais ils
sont en petit nombre ; et l'ensemble de l'édifice vient rendre
témoignage du changement avantageux qui s'était opéré dans
Je goût des architectes.
Tant que régna le Style circulaire , les Normands n'appli-
quèrent jamais les écussons i la décoration de leurs églises*
Châteaux et Edifices privés.
Les villes et les maisons normandes ordinaires étaient en-
tièrement construites en bois , et elles ont conservé pour la
plupart, jusqu'à ce jour, cette apparence antique. Les châ* •
teaux qui n'avaient qu'un rôle à jouer , celui de la défense ,
devaient , selon cet adage : Qui veut la fin doit vouloir Us
moyens , présenter dans leur plan et leur construction un ca-
ractère principal; essentiel, celui de la force et de la résistance.
On devait aussi leur choisir un site que la nature s'était déjà
chargée de fortifier.
Le plan des châteaux normands était aussi nniforme que
pouvait le permettre la diversité des terrains oi!i ils étaient
situés. Le trait dominant était toujours le donjon, qui contenait
les appartements du seigneur , et qui serrait aussi de refuge à
EXCUKSION MOIfVMBVTAlB BR NOAM AVINE. l8S
la garnison , quand le» ouvrages eilériears venaieiit à être
forcés* Il était ordioaironent élevé sur un monticule artificiel ,
ou suspendu sur le bord d'un précipice. Les murailles, pour
la fortification desquelles Fart déployait toutes ses ressources,
étaient fort épaisses et se composaient d'uo sédiment répandu
entre deux murs solides. La surface consistait , tantôt en
rangées de pierres irrégulièrement disposées , et tantôt en pe-
tites pierres carrées à Tinstar des murailles romaines. Les
angles de l'édifice étaient ordinairement hatis en pierres de
taille; les fenêtres étaient en petit nombre ; et à moins qu'elles
ne fussent très-élcvées ou qu'elles ne regardassent la cour ,
elles ne méritaient pas le nom de fenêtres: c'étaient de simples
ouvertures.Ou n'arrivait à la porte d'entrée que par un escalier.
Sons le donjon étaient ordinairement des cacbots pour les
prisonniers.
Le donjon était placé entre deux cours défendues par des
murailles flanquées de tours. La tour d'entrée, que l'on ap*
pelait la Barbacane , servait tout h la fois de fortification ex-
térieure et de porte d'observation. La forteresse toute entière
était protégée par un large fossé.
Ce qui reste aujourd'hui des châteaux normands conservé
Il peine quelques traces de son ancienne construction 5 pres-
que tous ont souffert sièges sur sièges 5 ils ont été plusieurs fois
détruits et plusieurs fois reconstruits.
Le donjon de Falaise est peut-être le seul débris de château qui
réfléchisse les traits de la première architecture normande ( i).
Le château de Gisors, qui fut bâti par Guillaume Le Roux,
a perdu tout vestige de sa construction originelle.
(1) Nous possédons en Normandie plusieurs autres donjons
trèa4fttére88ants : voir la 6* partit de mon Cours d'Anitquité&\
fNote de If. de CaumoniJ»
)S4 M. GALlY-lUriOHT.
On peut <B dire autaot du chlteau de Gaillard , Torgneil
de ]Ueliafd*Gttur-4ie-Lioti qui Taviit crée. Il pressa tellement
les traTaui , ({lie le ohâlean {ut terotiné en une seule année.
Mais il eut dans la suite h soutenir plusieurs assauts oh il stie-
comha 5 et bien que , grâce à leur situation pittoresque , ses
tours modernes oe puissent manquer d*ètre toujours vues arec
plaisir, il ne jette aucune lumière sur le mode de construction
des cbâteaux du XII*. siècle.
11 ne reste du château de Néaufks qu'une grande tour cir-
culaire , qu'enyironoe un fossé profond.
JLes restes du cbâtean sur Epie sont considérables 5 mais son
ardûteetureest un mélange du dernier Normand et du premier
Style eP pointe.
Qa rf^dUTe dos vestiges de beaucoup d'aptres châteaux ^
mais tous appartiennent au dernier Normand ou k un style
pluf réosut CAceyre.
Dap$ quelqties forteresses , on construisit , à part du donjon ,
des appavleineats plus commodes et plus splendides, où le jour
et. l'air ae frayaient un passage plus fiicile. Mais , dans les
premiers temps , les fenêtres étaient toujours tournées vers la
cour , et les cbambres babitables se détacbAÎent du sol portées
.sur des arcades.. Dans la suite des temps , quand le danger eut
cessé d'être, continuel , les maîtres du château purent se donner ,
dans leurs appartements privés , de plus nombreuses jouissance».
Les saUes que Ton voit dans le château de Lillebpnne nous
fournisf^llt un des fôiempks les pins anciens de cette tendance.
Lfl vkgim diU Style circubire ou Roman dura en Normandie
jusqu'aux dernières années du XIP. siècle.
J'ai déjà parlé des exemples du Style en pointe que l'on a
prétendu appartenir au Xl^'^èçlç ^ ) ai n^oottré que ces pré-
tentioi^ n'éiâieat appuyées sur aucun tiire, cl qu'il ne fallait
pas s'y arrêter. Les cathédrales de Coatancés et db Séez et
L'églife coUigkltf de Mortaia ne font peint eieepiiod aui
règktf gënémlenieftl reipecrfes : il est teÉips que nods sortiont
de lenbarras momeolaaé e& nous « jet& dne noaiFtlle hypo*
ikhe fiMiiieitleBielit anooneée (i) , ponr revenir paisâbkmenl
am croyances ëtahUes»
La chapelle de S*«-Jidien , la partie la pins ancienne de
de Vëglise de St«-SàiiTeiir« VégMté de Tabbayé de Mortener ,
et un ^rand nonbre d'autres édifices démontrent d*niié Éianière
sniEsante que le style circulaire est i^é généralement en usage
}.usqn*i^ la lin du XII* « siècle.
Vers cette épo<{iie , kti arcades en pointe cominencërent à
apparaître en If ornfandte « mélangées d'abord a^ec les formes
circulaires du style précédent. Les Normands , comme tant
d'autres ^ Sont tout4-fait disposés h regarder le nduTeau style
oemme ayant commencé avec eux , et ils attribuent son ori-
gine, comme d'au&res Font £ait avant eut , à Tintersection
des cercles; mais c'est li une solution du problème qui parait
h peine satiAisaoftO) et^ conme le Style en pointe avait déjà
été pratiqué dans certaines autres provinces du Nord de la
France , il est nécessaire de se reporter i une double décou*
verte pour expliquer son apparition en Normandie.
Le Chapitre de l'abbaye de Mortemer, qui date de l'année
1 174 » et celui de l'abbaye de St.-£eoFges de Bocherville^ qui
remonte i ta fin du XII*« siècle ^ sont , parmi les exemples du
style de tranâtioa en Normandie , les plus anciens de ceux
sur les dates desquels il ne peut exister aucun doute. Il y a
tiop d'obscurité répandue sur l'abbaye Blanche et les abbayes
de Hambye et de la Luxerne pour accorder aux dates qu'on
leur assigne un casaetère d'évidence prononcée»
(I) Pdf M. de Gcrfiîle.^ r^ote <tu traduct.J
i86 m; gailt-rnicht.
Le senl trait distinctifda stylede transition normand réside
dans la forme des arcades qui subit nue modification : ce qii*OD
peut appeler l'esprit de Tarchitectiire n'a éténaUement altéré.
Les coloitaes avec leurs chapiteaui romana, les moulures et
les décorations ne sont que les répétitions de celles que l'eir
rencontre dans les édifices do style circukire.
Il ne lant pas euBiier non plus que l'élévation arclûtecto*
nique avait ton^ofirsété le but des efforts de ceax qui avaient
coneacré leur» talents à l'érection de temples chrétiens, et que,
grâce à la renaissance des beaux-arts , les niasses étaient deve-
nues moins lourdes , et les formes , celles des colonnes snrtont,
avaient commencé h prendre qnelqne cbose de svelte et
d'élancé. On a souvent remarqué que le génie du style romaia
était diamétralement opposé au génie du style en pointe; que,
tandis que le premier aimait les lignes horizontales ^ et se
souciait fort peu de prendre une direction élevée , le second
ne songeait qu'à s'élancer dans l'air. Voilà qui est parfaite-
ment vrai, si on oppose les monuments du style en pointe avec
rarcfaitecture classique d'une antiquité reculée. Mais n'est-il
pas ^alcEient incontestable que , dès que les Romains com-
mencèrent à bâtir des églises , ils donnèrent â rédifîce nn
étage de plus qu'à leurs temples ; et ils prenaient ainsi pour
guide dans la nouvelle route où ib entraient , non pas le
temple, mais la basilique. Cette modification dans le plan
produisit une augmentation de hauteur, et tant que l'art
conserva quelque chose de noble et d'élevé , les architectes
employèrent tous les moyens qui étaient en leur pouvoir pour
donner â leurs ^lises de l'élévation et de la majesté. Mais
quand vint le style en pointe,' comme il portait en lui-même
le principe de l'élancement, il entra dans une route plus
large et plus étendue, et indiqua une méthode plus £icile qui
BXCUA.SIOV MORUMEITTAU BIT WOAMARDtB. 187
fat suivie avec empreflaenieni p«r les liommes aoiqaels elle fut
d'une grande utilité.
C'est la voûte qui , la première , parait s'être modelée sur
les idées nouvelles; elle semble avoir revêtu la forme en
pointe (comme à Blanche-Lande et i Mortemcr ) , quand le
reste de l'édifiée était encore so»rinfloence du style circulaire.
En seconde ligne vinrent les fenêtres qui adoptèrent la
forme en lancette. Les lancettes très-longues sont celles qui
apparurent en dernier lien*
Ce fut^ensuite le tour des portails de se prêter au change*
ment : des portails il se communiqua aux arcades de la nef,
et finit par envahir par degrés tontes les parties de l'édifice.
Ce ne fut gnères qa*après avoir acquis tout son développe*
ment que la nouvelle ferme fit son apparition en Normandie.
Les modifications opérées dans FégKse def abbaye de Fécamp,-
et qui rappellent la première architecture en pointe, avaient
lieu en 1200, et c'est une ou deux années plus tard que l'on
commença la reconstruction de la cathédrale de Bouen.
Le changement de style en fit surgir an autre dans la ferme
de l'abside ou chancel. Il cessa d'être semi-circulaire et devint
polygonal 5 en Normandie, dans la plupart des grandes ^lises ,
le chancel a conservé cette dernière forme. Dans certaines
églises rurales , il est carré. A Louviers existe une église de
grande dimension dont le chancel est également carré; mais
comme cette forme fut rarement adbptée dans les édifices les
plus considérables , la fenêtre orientale ne prit jamais place y
sur le continent, entre les divers traits principaux d'ime ^lise.
Le premier style en pointe qui a pour caractère générique
la fenêtre en lancette , régna eaNormandie fasqn'à la seconde
moitié du XIII*. siècfc.
Dans le cours de cette période, on fit faire un grand pas aux
l88 Mr GÀMAJ-KSUiBT*
fèqêtres j on ^ydopqpt deux ou trois baeelles dans unearcacle
en pointe , et on orna d'une rose ou d'un tvifle l'eqpaise resté
liVe entre ks têtes des lancettes.
Alors aussi les contreforts extérieurs ftmnt appelés à )0fier
un rôle plus iuiportant ; ils partagèrent avec les murailles la
tliche de supporter les voûtes en pierre deveouei lubitueI4es;
et il fallut, pour qu'ils le fissent ayec suoeès, qu'on leur donnât
plus de projection et de hauteur. Dès qu'ils furent ainsi deve*
nus plus visibles , ils ne tardèrent pas k compter parmi les or-
nements additionnek, et à se décorer , au sommet , de crochets
et de pinacles. Enfin , la science faisant tous les jours de nou-
veaux progrès , fit sortir du néant les contreforts aériens , ces
auxiliaires puissants de l'objet fiivori du style en pointe. An
piemier aboi^ ils furent tout-à-fait unis , mais peu à peu ik
se procurèrent des ornements qui vinrent efiaœr ce que leur
aspect avait de monotone.
I^a cathédrale de liaieux est un bon exemple du premier
style en pointe noinaand* Cette église établit une difierence
bien remarquable eniire rarehitecture en pointe de France et
celle d'Angktf f re«
1^ style en poinle français conserva toujours quelque chose
du caractère romain* I#es colonnes simples continuèrent à être
introduites plna souvent, dans les. églises de France que dans
celles de la QKinde Bretagne. Ce sont d*ordinairc des colonnes
et non pas des pilieirs , qui environnent le chœur. Leurs cha-
piteaux se rapprochent beaucoup plus des chapiteaux romains.
Les moulures sont aussi des imitations des moulures romaines.
Dans certains édifices, la seule différence consiste dans la
iomie de l'arcade.
Yers k fin de la première moitié do XIU^. sièck , grâce i
(influence vivifiant des Cxoisades et aux nombreux efforts de
*r-
saint liOQ» , une impoUon yattc et puiisaiile se eonummi^tia
à Farchitectiure. La chapelle que œ prince ajouta & son pakts
royal de Paris , fut consacrée en i245 et lait épeqne dans les
annales de Tarchitectnre française* Dès ce moment le principe
d élévation fit des pro|;rès rapides, et le style en pointe reTètit
de jonr en joor des formes.pUis sayanteset pl«s gracienses« An
commencement du XIY*. siècle nn cbaogemeni s*opéra , qoi
a reçu dans ces derniers ten^ le nom de style flamboyant ,
à canse de la ressemblance qœ Ton prétend exister entre la
broderie sapérienre des fenêtres et l'ondoiement de la flamme.
Mais, après tout, le style flamboyant n'est rien antre chose
qne le premier essai da style fleuri , et peut-être n'est41 pas
astei distinct pour mériter une dénomination spéciale. Les
vices dn style fleuri ne se déclarèrent pas d*abord, et l'archi-
tecture demeura ce qu'elle était auparavant, grande et ma)es«
tueuse 5 cependant son véritable cara^re était une ornemen-
tation l%ère et délicate ; le mauvais goût se chargea de la
conduire par d^rés dans une route vicieuse , et l'on vit bien-
tôt édore tons les travers d'une décoration exagérée. Dans le
courant du XV*. siècle , le style en pointe commença en Nor-
mandie à tomber en décadence. U perdit peu à peu ses belles
proportions et tout ce qu'il avait pour plaire. Sa marche lan-
guissante se continua jusqu'au commencement du XVI** siècle ;
h cette époque on prit goût aux formes classiques, et l'archi-
tecture en pointe dut céder sa place an style de la renaissance.
CHAPITRE XXIV.
Architecture Normande d'Angleterre,
Après avoir suivi le style normand dans les vicisâtvdes qu'il
eut 11 subir dans son pays^ natal , examinons maintenant les
circonstances qui en signalèrent la pratique en Angleterre.
190 M. GÀLLY-KlflGRT.
On n'a aacune donnée certaine sur rarehitectnre qui fut en
usage dans cette contrée avant rintrodaetion du style normand.
Les autorités les plus compétentes en ces sortes de matières, ont
décidé que c'est \ peine s'il subsiste quelque signe auquel on
puisse reconnaître des restes d'édifices saxons. On a seulement -
lieu de soupçonner que certaines parties de quelques églises qui
portent les traces d'une antiquité très-reculée , et dont le style
diffère matériellement du normand, sont d'origine saxonne.
Leurs traits distinctifs consistent dans une imitation plus gros-
sière et plus maladroite du romain, et dans une combinaison
de formes diagonales et de formes perpendiculaires dans la
décoration extérieure des tours. Nous en ayons des exemples
dans la vieille église de Bartoo , dan» le Lineolnshire, et dans
celle d'Earl Barton dans le Northamptonshire. Le seul témoi-^
gnage à ajooter en faveur de leur origine saxonne , c'est qu'on
ne trouve en Normandietien de semblable.
Certaines personne*» ont cru que les églises saionnes , en gé-
néral, étaient des édifices en bois,* mai« cette opinion parait
être erronée \ car le grand Terrier qui Ëiit l'énumération de
1 700 églises , n'en signale qu'une seule comme étant bâtie en
bois; et Henri de Ilunttngdoa parlant d'une certaine église
dit; « Elle n'était pas construite en pierre, mais en bois , et
recouverte de roseaux , ainsi qu'on a coutume de le faire en
Ecosse. » Ceci démontre que cette espèce de construction
n'était pas en usage en Angleterre.
Non seulement les églises saxonnes n'étaient pas de simples
édifices en bois, mais quelques -unes d'entre elles , comme
nous rapprennent les vieux liistoriens , furent bâties à grands
frais et dans un style d'architecture 1res- orné.
Dans le courant du VII^. siècle, une église s*éleva à Lincoln ,
et Bede nous dit qu'elle était en pierre et d*unc exécution par-
EXCVIISlOir MOIIVMBIITALE EN HOEMâlTDIB. fgt
faite. L'église da moDastère de Wermoatb fut fondée en 675
par l'abbé Béuolt Biacopivs d'une noble famille du Nonbum*
berland , qui , à Tâge de aS ans , )|nitla le service du roi
Osfwy pour embrasser la Yie religieuse. Il fil venir de France
des ouvriers maçons, qu'il chargea de lui bâtir une église
dans le goât romain 5 et quand les travaui approcbèrent de
kor terme , il se procura d'autres ouvriers du même pays ,
habiles dans la fabrication des vitraui , qui travaillèrent aui
fenêtres.
L'élise du couvent de Ripon et la cathédrale d'Hexham
furent bâties toutes deux par Wilfrid , évêque d'York , dans
la seconde moitié du YII*. siècle ) elles étaient construites en
pierre et portées sur des colonnes et des arcades. Wilfrid ,
comme l'abbé Biscopius , fit venir des architectes et des ouvriers
étrangers j il les emprunta à Rome , à l'Italie » k la France et
à d'autres pays encore.
Daos le VIII*. siècle, Ethelbald , roi de Mercie , fonda le
monastère de Croyland ; et l'église de S'.-Pierre â York fut
rebâtie par l'archevêque Albert , et consacrée peu de temps
avant sa mort , qui eut lien en 780* Alcuin , dans la descrip-
qu'il donne de cette église , la dépeint comme ayant des co-
lonnes , des arcades et des portiques.
Dans le IX'. siècle , le^ incursions continuelles des Danois
vinrent interrompre le progrès des arts. Tous les monuments
.dont s'enorgueillissait rAngleterre furent détruits ; ce qa''il
fut permis d'entreprendre dans la période qui s'écoula jusqu^au
règne tranquille d'Edgard , se borna à des réparations et à des
travaux pour la défense du territoire. Avec Edgard, la paix
refleurit en Angleterre. C'est alors que l'aldermaa Aiwin
fonda l'abbaye de Ramsey et y bâtit une église. Ce dernier
édifice fut construit en six ans; en 974 il était achevé. Il était
192 M. GAUY-KJfIGilT.
en forme de croix ; on y tOf ail des coloanes y àe$ arc«de$ et
deui tours , doat Tune était supportée par quatre colodoeis oa
piliers placés au ceatre de T^lise* C'est , i ce qo'il parait , la
première église d*Aogleterre qqi ait eu uue tour dans cette
situation 9 et qui ait été bâtie en forme 4e croix.
Ces descA'iptions , que nous ont transmises ks vieilles Cro**
niques, semblent démontrer que Tarchitecttue saxonne était ,
comme celle de toutes le& autres contirées ^ une imitation d^
romain j mais il parait non moins démontré que lorsqu*on
entreprenait la consti uetion, d*ua édifiée de quelque impor»
tanee ^ c'éuit d'ordinaire k des architectes et à des ouvriers
étrangers que l'on avait recours 5 et il est sans doute permis
d'en conclure que les ouvriers nationaux étaient alors peu
habiles , peu expérimeAtés. L'établissement des Remains dans
la Grande Bretagne n'avait pas été d'assez longue durée , pour
qu'il leur eût été possible d'initier aux mystères de leur ar«
chitecture les artistes du pays^ le nombre des modèles qu'ils
laissèrent derrière eux fut nécessairement trcs-minime , et les
jours désastreux qui suivirent, firent rétrograder l'art dans la
route oh il était entré.
La seule conclusion légitime à laquelle nous puissions ar-
river, c'est que les architectes nationaux qui » dans les siècles
saxons , entreprirent en Angleterre des travaux architectoni-
quea , imitèrent moins heureusement les principes romains que
les architectes de& autres contrées-; et il y a tout lieu de croire
que même les monuments que l'dn a tant vantés, n'étaient
pas de grande dimension* L'égJUse de Fabbaye de R«'»msey ,
qui fut Tua de» ouvrage» saxons les moins anciens et en même
temps les plus célèbres , fut achevé en six ans 5 et il est incon-
testable que sa coostruetion aurait demandé beaucoup plus de
temps , si elle avait été eiccutéc sur une échelle de même
grandeur que celle des édifices normands.
SXCiTRSfOK MOMinifllfTAI.Ï EV NOVMANDk. I95
Le derpiei* oovrage laxon qui eut de Timportance , fut Vé-
glise 4e Tabbaye de Westminster , bâtie par Edouard-leCon-
iessenr en lofiS , ranoée q«i précéda la Conquête. On la re-
préaente conoM ayaat une physionomie diilérente de celle des
antRfl coostractions saxonnes d'Angleterre j cette dîfiërence ,
sans ancon 4o«te, oansislait dam une tendance bien marquée
Ters les ^neipes de oonstroctioa normande. L'enfance
d'Edouard- le -Conlesfeur s'était passée en Normandie, et
pendant tout son règne il mécontcpita ses sujets par ses efforts
continnels pour implanter en Angleterre les moeurs et les
ooutnmes normandes. M«iis le progrès qui se manifesta dans
Féglise de l'abbaye de Westminster, doit avoir été de beaucoup
an-dessooa de l'arcbitcctnre des églises contemporaines de
Nenstrio. Il reste quelques vestiges des travaux d'Edouard :
ce sont des portions de murailles , nne arcade élevée an c6té
sud dn chosiir , et le trésor ; on trouve dans celte dernière
partie des colonnes et des arcades oahjuées sur les modèles
romains*
En parlant des églises et des monastères qui surgirent après
la Conquête , Guillaitme de Malmsbury dit qu'ils liaient
ecNBStrnits d'après nne méthode nouvelle. Cette dernière cir-
constance , comme toutes celles qui nous ont précédemment
occupés, démontre qn*entre les constructions saxonnes et les
constnielîons normandes il a àé exister une différence bien
prononcée* Mais comme les unes et les autres étaient une imi-
tation des constructions romaines , tonte la différence consiste
nécessairement dans le grandiêse des dimensions , dans la
magnifieenee et la brillante exécution des ouvrages normands.
Cest le même style pour les deux périodes 5 mais dans la der-
nière il s'est déveieppé snr nne pins vaste échelle , et suivant
nne méttode plus habile et mietrx raisonnée.
I^ M. GALLT ILHfCIT*
Le fait est qu au temps de la Conquête , lei AuglinSaions
étaient à tous égards moins polis et moins ctyiiisÀ que les
Normands. On nous représente les pr^ers comme englou-
tissant dans leurs orgies d*iamienaes ricbesses , et réduits k
habiter des cabanes enfumées et misérables 5 tandis que les
Normands vivaient sobrement dans leurs mi^nifiques de-
meures. L*arcbitecture , comme les moeurs des Satons , était
brute et grossière.
Plus d'élévation et de majesté , plus de fini dans rozécatioo ,
et une addition de moulures et d'autres détaik d'ornemen-
tation , tels doivent être les nouveaux caractères que les
Normands introduisirent dans rarchiteoture anglaise. Celui
qui . plus que tout autre , parait avoir été l'instrument de ce
progrès, fut le célèbre Lanlranc, que Gnillaurae«le-Conqnérant
enleva à l'abbaye de Caen pour le revêtir de la dignité d'ar-
chevêque de Cantorbery. Il s'attacha avec zèle non seulement
à construire des ^lises de plus vaste dimension , mais encore
a faire venir en Angleterre des hommes capables de suivre ses
traces et de seconder ses projets. Un moine de Caen, Gnndulf ,
Tun des meilleurs architectes de son temps , attira Fattention
de Lan franc j les talents qu'il possédait lui valurent lesi^
cpiscopal de Rochester. Paul qui rebâtit l'élise de Fabhaye
de S^-Âlbans , était neveu de l'archevêque de Cantorbery.
Le plus ancien édifice normand qui existe en Angleterre ,
fut construit sous la direction de Gundulf. Après qu'il eut re«
bâti sa cathédrale de Rochester y cet évêque fut chargé par
Guillaume de diriger la construction de la Tour Blanche ,
dans la tour de Londres. Cestdans l'intérieur de cette tour
que subsiste la seule trace peut-être d'architecture religieuse
que nous ait transmis le siècle du Conquérant.
La chapelle dont je viens As parler , est par elle-mêtne une
EKCVBSIOir MOHUMEIfTAlE BIT KOR MAUDIS. %q5
preuve que les arts étaient h cette époque moi os avancés en
Angleterre qu'en Normandie. Nous ne ppavons mieux nous
en convaincre que par l'examen de cette église , qui , bien
que construite d'après le plan donné par Tuo des plus célèbres
architectes normands , est de beaucoup inférieure aux édifices
contemporains de l'autre côté du Détroit. On y trouve ces
lourds pilfers h colonnes, qni sont très-souvent usités dans les
églises normandes d'Angleterre , et que Ton cherche presque
vainement autre part. L'ensemble du monument est massif et
grossier.
Le toit de l'église, quoiqu'uni , offre de singuliers carac-
tères. C'est une voûte composée de petites pierres plates qui
baignent dans un lit de ciment. Ce lit de ciment a dû être
soutenu , jusqu'à ce qu'il eût pris de la consistance , par des
étais en bois.
Dans le cours du règne de Guillaume-Ie-Conquérant il
s'éleva un certain nombre d'abbayes , de cathédrales et de
châteaux -, mais il n'est aucun de ces monuments qui ait conservé
sa physionomie originelle. On pouvait voir encore , il y a
quelques années , a Cantorbery , un vestige de l'architecture
du temps dé ce prince — : C'était la tour septentrionale, à
l'extrémité ouest de la cathédrale , qui formait une partie du
travail de Lanfranc. Les pierres dont elle était construite ,
étaient irrégnlières , et les jointures très-larges.
Il est certains châteaux que l'on voudrait £aire passer pour
remonter au règne de Guillaume ^ mais , dès qu'on les examine
de près , on découvre bientôt qu'ils ont été l'objet de recons-
tructions postérieures. Tels sont les châteaux de Norwich et de
Rochester ^ le donjon de Conisborough et plusieurs autres.
En moins d'un siècle , presque toutes les cathédrales et les
églises abbatiajies d'Angleterre, sans com;)ter un grand nombre
196 M. GAltY-KNÏGHT.
d'églises paroissiales , forent ou reconstruites en entier , ou
du moins considëràblement corrigées , par les normands
que Guîilaume-le-Conqnérant et ses successeurs investirent des
emplois ecclésiastiques les pins élevés. A la suite de ces prélats
étrangers arriva en Angleterre Tarcbitecture normstnde, qui
ne tarda pas à y être naturalisée ; mais Tétat déplorable de
l'art dans ce pays eut pour résultat , dans cette circonstance ,
d'imprimer aux œuvres aouvellcs les caractères d*ua style
normand plus antique.
On se livra à de grands et nombreux travaux sous le règne
de Guillaume-le»Roux. €e prince était lui-même un babile
architecte, et il forçait ses sujets anglais h favoriser de leur
argent ses propensions vers les ouvrages d'architecture. Le
principal travail architectonique de son r^ne futlacoostruc-
tionde la grande salle de son palais de Westminster. Cette salle
fîit bien modiUée par Richard II ; mais il est resté d« nom-
breux vestiges de l'ouvrage primitif, et les dernières réparations
qu'on y exécuta permirent de les apercevoir très-distinctemeat.
La partie inférieure des murailles avait des parements en
moëllonj les pierres étaient disposées en lignes irrégulièresj les
jointures étaient larges. Les chapiteaux des colonnes sur les^
quelles reposaient les arcades circulaires de la galerie du
triforium , étaient des cubes unis. L'exécution de l'ensemble
était rude et grossière.
Le plan des églises qui s'âevèrent & cette époque en Angle-
terre , offrait en général une analogie frappante avec celui des
églises de Normandie. Elles avaient toutes un chancel semi-
circulaire , qui tomba dans la suite tellement en désuétude ,
que c'est à peine si l'on retrouve en Angleterre quelques
traces de son existence. On le distingue cependant encore dans
l'église de S'.-6arthetcmy-le-Grand à Londres, qui fut com-
EXCURSION MONVUNTAU gH JfOllIAilDII. I97
mencée en 1 1 a3 ; dans les églises cathédrales d*YoH^ , d'East*
flam ^ d'Essex et dans ^elqaes autres encore.
Les arcades de la nef reposaient ordinairement snr ces
lourds piliers k colonnes dont nons atons déjà parlé.
Les fenêtres et les portes ressemblaient k celles des ^Uii«
de Normandie. On introduisit par degrés les moulures nor*
mandes , en leur faisant subir quelques changements.
Les murailles étaient fort épaisses et dépourvues de contre»
forts k projection.
On peut voir des églises de rarchitectore du temps de
Guillaume-le-Roux , dans le chœur, les ailes latérale^et le
transept du milieu de la cathédrale de Durham ; dans les tour»
et le transept de Téglise de S'.-Albans; dans les parties les
plus anciennes de la cathédrale de Winchester , et enfin dans
Textrémité est de celle de Worcester.
Sous le règne de ce prince, les murailles furent bities d'nne
manière irrégulière , et les jointures continuèrent k itre larges ,
comme on peut le voir dans les cathédrales de Durham , de
Lincoln , de Winchester et autre part encore.
La longueur et la largeur des édifices n'étaient point en
rapport avec la hauteur , ce qui leur donnait une apparence
lourde et difficile. Les colonnes étaient épaisses ; leurs chapi-
teaux , tout-à-fait unis.
Quand on compare les édifices anglo-normands du règne
de Guillaume-le-Roux , avec les abbayes de Bosçherville et
les deux grandes églises de Caen , on ne peut s'empêcher de
reconnaître que l'architecture anglaise , au temps de ce prince ,
était bien loin de marcher de pair avec l'architecture qui flea-
rissait en Normandie sous le règne de son père.
Le même style prévalut dans la première partie du r^ne
de Henri I*'«, comme on peut le voir par les ruines du
i5
198 M. GiLLY-KNIGBT.
prieorédeâ^.-B^tolph à Colchester, qui fut bâti par un moine
normand , nommé Ernniph , daos les premières années du
rq[nrde ceprince.'On y retrouve les mêmes piliers à colonnes ,
les mêmes proportions tronquées , la même défectuosité de
moulures. Mais bientôt, dans le cours du même lègne , un de
ces hommes de génie qui impriment leur cachet au siècle dans»
lequel ik virent, donna à rarchitectnre un nouvel* élan.>
Roger Poor , évêque de Salisbury , normand d'origine , réu-
nissait en lui plusieurs capacités qu'il n'était pas rare de voir
alors embrasser par un seul homme : il était à la fois homme
d'église distingué, homme de guerre courageux, politique
profond , architecte habile. Peu scrupuleux sur la nature des
moyens h employer pour se créer des ressources , il consacrait
les richesses qu il recevait 4 titre d'aumône , de rançon ou
autrement , à la construction d'édifices destinés soit à conso-
lider son pouvoir , soit à perpétuer le souvenir de sa magni-
ficence. Il bâtit des cathédrales, des châteaux , des résidences
privées^ et voulut que ses œsvres portassent les caractères
d'un style tellement^supérieiçrr à celui qui était alors eu usage,
que le grand jpas qu'il fit faire à l'architecture a trouvé place
dans les pages de l'histoire. Guillaume deMalmesbury rappelle
que les murailles qui furent construites sous la direction de
Roger Poor , étaient si régulières et si unies et qu'elles avaient
de si belles jointures , qu'elles semblaient faites d'une seule
pierre. Si quelqu'un , avant Roger de Salisbury , avait ima-
giné cette amélioration , sa manifestation dans les œuvres de
ce préUt n'aurait pas été tant vantée par T historien. Les'
termes dans lesquels Guillaume mentionne cet événement,
nous donnent la date de l'introduction des belles jointures •
daasles murailles anglaises. Dès Ce moment , il s'opéra divers
autres progrès dans certaines parties de la construction II y
EXCUBSIOir MOH17MBVTALB Elf NORMAN OIB. I^g'
eut comme im commencement d^ornementation. Les portails
furent les premiers à marcher dans cette voie. Alors l'archi-
tectoré en Angleterre s'éleva an niveau de l'architcclare ncf-
mande au temps de Guillaume-le-Conqaérant.
On peut voir des exemples du style qui fut eo usage sons le*
rèçoe de Henri I*'., dans les nefs des cathédrales de GIou*
cesler , de Nowich , d'Ely , de Durham et de Southwell ;
—dans les tours latérales de la cathédrale d'Ëxeter , bâtie par
Warlevast, qui occupa le siège épiscopal de 1107 à iiSG^
•—dans la tour de S^ -James à S'.-Edmond; — dans le chapitre
de Rochester , dont la fondation eut lieu de 1 1 1 4 ^ m a5, par
les soins de ce même Ernolph , le fondateur de S*.-BotoIph U
Colchester , et «pie la mort de Gondulph fit monter au siège
épiscopal de Piochester 5 «— Dans le portail de l'église do
Cambridge^ — dans la nef de celle de Dnnstable;— dans
l'église de S^-Barthelemy-le-Grand à Londres, qui fut comment
cée en i ia5 5 —dans celle du S^-Sépulcre à Northampton ,
qui fut bâtie par Simon de Liz , second comte de Northamp-
ton \ à sod retour de la Terre-Sainte (Il mourut en 1 127) ; —
dans l'église de l'abbaye de Tewke&bury , commencée par
Robert Fitz Hamon qui mourut en 1 107 , et consacrée en 1 1 25 .
L'impulsion donnée à l'architecture se continua sous le
r^ne d'Etienne» Les proportions devinrent plus gracieuses^'
les moulures plus nombreuses et plus variées 3 les colonnes plus
svehes et plus élancées ; et les chapiteaux commencèrent à se
décorer de feuillage.
On peut citer pour exemples : — Le portail du chapitre dé
la cathédrale de Durham , bâtie par l'évêque Godefroy'-le-
Roux , de î i55 a 1 145 ; •— l'église da piieuré d'Acre à Nor-
folk , consacrée en 1 148 ; — L'église de S**.-Croii à Hamps-
hirê; — l'église cathédrale de Ripon ^ — S*»r-Fridewcde
aOO M. GALLY-KHIGHT.
•m
(aujourd'hui Teglise du Christ) k Oxford , qui fat conmencée
vers Tan i i5o , et terminée en i i8o.
Cest vers cette époque , ou un peu plus tard , que rarchi^
lecture domestique fît son apparition eo Angleterre» Mais il
est presque impossible de déterminer , d*aprè$ le plan et les
dimensions de quelques-uns de ces édifices privés qui se sont
conservés jusqu'à nous , si c'étaient des maisons d'habitation ,
ou seulement des salles d'assemblées dans les solennités pu-
bliques , ou enfin des appartements destinés à recevoir les lei-
gneurs féodaux et leur cour.
Le même plan fut invariablement mis en usage pour tous
les édifices de cette espèce : c'était toujours un parallélogram-
me à deux étages^ quelquefois le parallélogramme était double.
Le premier étage était voûté, selon la coutume normande , et
n'avait point de communication k l'intérieur avec l'étage su-
périeur. On arrivait à celui-ci par un escalier extérieur , qui
était probablement mobile. Le seul escalier fixe qui existe au-
jourd'hui, est celui qu'on voit h Cantorbery.
Tout porte à croire que l'étage inférieur était occupé par
les serviteurs , et l'étage supérieur par les maîtres.
On pouvait voir encore, il y a quelques années , k Sou-
thwark^ un exemple de L'architecture domestique normande.
Cétait r hôtellerie ou maison de ville des prieurs de Lewes.
La charte de douation de l'église de S'. -Olave , k Sonthwark ,
octroyée aux prieurs et au couvent de Lewes , fut confirmée
par Guillaume , second comte de Warren et de Surrey , et fils
du fondateur, qui mourut en Tf58. Nonobstant cette dona-
tion , il parait que les prieurs de Lewes louèrent en 1 170 et'
1 186 un logement à Londres ; et il est permis d'en conclure
que r hôtellerie dont nous parlons, ne fui bâtie que postérieure-
ment k cette époque. Les caractères généraux de la portion de
ixcuiHOH ifaiioiinfTAi.B «ir 9oiima9I>ii. aot
TMleHerie qui existait encore il y a quelque temps , ressem-
Liaient beancoap k cens qui lUstingnent le maomr de Boothby-
Paynel , la salk de Moue Ji S*.*Edittond , et rédifioe qoi porte
le nom dTeole de Pythagore k Cambridge,
En i8a6 , se voyait encore k Barneck , dans le Northaii4i-
tonshire , on manoir normand qni n a?ait point été construit
daos on but guerrier. Le principal trait de ce manoir, la
grande salle, u*ëtait point au res-de-cbaossée et u avait pas de
Yoûte au-dessous d'elle. Elle consistait en une nef on partie
centrale , et en deui ailes latérales. Les beUes jointures des
murailles de cet édifice démontraient que sa construction ne
remontait pas à une époque bien antérieure au milieu du XII*.
siècle.
A S^-Edmond eiiste m» édifice privé du style normand , qui
est connu sous le nom de Salle de Moïse. Il consiste en un
double paraltélegramme surmonté de deux étages; l'étage in«
férieur ne repose pas sur des voûtes. L'étage supérieur du plus
grand parallélogramme parait avoir consbtédans un vaste ap-
partement ^ qui composait probablement la grande salle du
manoir. On D^a aucun moyen de distinguer ^espèce de divi-
sion qui était ménagée dans Ke pins petit parallélogramme. Ota
retrouve des vestiges de murailles a^centeSi qui font penser
que l'édifice avait autrefois une étendue plus considérable.
Bootbby-Pbyncl , dans le Lincolnsbire , renferme un antre
manoir normand , bâti k pen-prés sur le même pka que celui
de S*.-£dra6od. Oa y voit une ebambrei ieu et une cbemi«
née , signe auquel on doit recénoaitre que l'édifice doat cette
cbambre fait partie , ne peut être antérieur Ji la seconde
moitié du XH*. siècle» Aux eitrémités, aussi bie» qu'aux ailes
du manoir , sont pratiquées des fenêtres;- et c'est là une cir-
constance qui repousse l'idée de l'adjonction d'un autre bâti-
ment au manoir de Boolhby-PaynfL
ftOa M. GAIXT*UllttHT«
A Ckristchufche, oo tronve lesvestigcs d'un édifice n^twiàmd
qui a aa&si une dieinioée.
' A Liaooln existe un autre édifice qui est cooiiu soiis le nom
d'Ecuries de Jonb Ganut , mais qui n'étai^t rien autre chose
en réalité qu'un local destiné aux réunions d'une société. Sun
arcbitecture est si ornée , qu'on place sa construction dans le
courant du règne de Henri IL • '
Ces divers exemples tendent à prouver que , vers le milieu
du XII*. siècle ) il commença à s'élever en Angleterre des ré*
âdences privées qui n'avaient aucun caractère défensif ; et
qu il existait alors, indépendamment des collèges , des maisons
abbatiales et des appartements habitables des couvents , des
exemples d'architecture domestique» Mais il y avait déjà long-
temps que les maisons d'habitation avaient revêtu des carac-
tères appropriés k la qualité de leurs propriétaires , et qu'on
avait en égard , dans leur construction , à ce qui pouvait leur
Aire plus commode et augmenter leurs jouissances.
Dans les premières années, du règne de Henri II , le même
style d'architecture continua à prévaloir conjointement avec
celui du i^ne d'Etienne ; mais il devint de plus en plus orné,
et finit par se confondre avec le style fleuri que nous avons vu
r^er en Normandie 5o ans plus tôt. Un ordre de moulures
plus diverses et plus finies vint entourer les arcades des nefs ;
— - les portails adoptèrent une ornementation de plus en plus
multipliée 3 •«— les chapiteaux se décorèrent de feuillage ; -—
oo vit s'intr,oduire un luxe prodigieux de figures ; mais ce ne
fat qu'&vec beaucoup de défiance et de réserve que Ton se
servit de ces images grotesques et grimaçantes que l'architcc-
lare normande répandit si libéralement dans ses œuvres. D'un
antre côté , le contact de l'architecture anglo-normande avec
l'architecture romaine, ne fut jamais aussi immédiat que celai
\
EXCVRSfOir MOVUMUITAll Bft VORMAVBII. ^mS
que 0005 r{?ileat les détails des églises de Hormeiidie. En
Angleterre , on mit beaucoup plus rasentnt en usage les co-
lonnes simples et isolées , et rarement aussi les aithitectei
anglais copièrent avec autant d'exactitude i dans leschapîtaanK
de leurs oolonoes , les modèles classiques. Dans les ^lises nor-
mandes de France y il y a quelque chose de plus romain ; ks
églises anglaises adoptèrent des caractères plus ornés ; mais
cette adoption n'eut pas lieu ayant le règne de Henri II : et
cela est si vrai , qu'aucun édifice de style décoré , comme Im
parties normandes de F^lise de l'abbaye de Malmesbiiry , ae
peut être admis à réclamer une date plus ancienne. •
On peut voir des exemples du style normand dn temps de
Henri II , dans la porte de l'abbaye de Bristol ^ ^— dam la
chapelle à l'extrémité occidentale de la cathédrale de'Durham ,
bâtie par révêquePudsey, de ii54i 1 197 ^ et dans lesportaib
latéraux de sa nef; — dans la nouvelle nef et dans le grand
portail occidental de la cathédrale de Rochester , etc.
Ce fut dans les dernières années du règne d'Henri II qa'eit
lien, en Angleterre ». la lutte entre le style circulaire el k
style cil pointe , lutte d'où sortit une architecture qui fut a^
pelée la Transition.
On leti'ouye d'anciens exemples de cette révolution archi-
tecturale dans l'abbaye de Rirkstal et dana celle de la Roche ,
dans le Yoïk&hire. Comme elles doivent leur existence k U
même cause , et qu'elles ont été bftties à pen près k la mène
époque, elles revfttent les mêmes caractères. Chacune d'elles
abritait des moines de Gteaux ; chacune d'elles naquit de b
querelle qui divisa les Bénédictins de la riche abbaye de S**.-
Marie d'York : nn certain nombte de Frères qni vonlaicnt
remplir leurs devoirs d'une manière plus consciencieuse , se
détachèrent du reste des moines, et, sons la direction du
^6^ 1i. «lUY-KinOHT.
prieur Rkliard , ils formèrent une congrë|ption séparée , ré-
^us k nyaliaer ponr la discipline ayec le monastère de Ri-
Taolx, la pins ancienne maison reltgiense de Tordre deCitcaux
-qm existât dans le nord de TAngleterre. Une partie dé ces
-moines rigides alla se créer un azile Ji Tombrc de la forêt de
^Fontaine ^ l'antre partie erra dans les lienx romantiques où
(i^éleva dans la suite l'abbaye de la Roche. Henri de Lacy
offrit k Alexandre , le frère du prieur Richard , de le mettre à
la tète de la maison de l'ordre de Citeanx qu'il avait le projet
de fonder à RirkstaL Les reclus de Fontaine furent les moins
beoftux ; l'abbaye qu'ils élerèrent fut détruite de fond en
comble par une soldatesque effrénée j et ce ne fut qu'en i2o4
qu'on jeta les fondements de l'église actuelle. Le monastère
de Kirkstal , au contraire , eut , à son aurore , une suite de
joars sans trouble et sans orage. Il fut commencé en 1 155 , et
l'abbé Alexandre Técut assez pour le voir , après trente ans de
travaux discontinus, complètement achevé. Il est de ces inler-
rnptions dans la construction d'un édifice, que l'histoire ne
prend pas la peine de conatater : l'abbaye de la Roche semble
-en avoir souffert de cette nature; car, bien qu'offrant k
beaucoup d'égards une analogie frappante avec celle de Kirk-
stal, elle parait cependant avoir été commencée quelques
années plus tard. On dit que le terrain qu'elle occupe , fut
donné par les seigneurs normands de Maltby et de Slade-
Hoolon , en 1 147 5 et une bulle du pape Urbain , qui con-
firme an monastère la possession de ses biens et de ses privi-
lèges I nous apprend que les bâtiments du couvent , au moins,
étaient devenus complets en 1 186. Il est probable que régli»c ,
i eettt époque , était tellement avancée qu'il était possible d'y
officier I mais nous n^avons aucun renseignement précis à cet
Vâhhàje de Kîfkstal est on momiiieDt précieui , en ce
qu'il est érident qo'elle fut bâtie dans les trente ans qui pré-
cédèrent l'année t «85; mais, comme on pentbien s'y attendre,
la nouvelle architecture n'a point encore l'ascendant, elle cide
à l'influence de l'ancienne. Les arcades de la nef sont en
pointe ; mais les colonnes sont massites , et les fimetres et les
pwtaibontlaformecirculaire. Quanti l'église de l'abbaye de
la Roche, bien qu'elle appartienne également an style de tran-
sition , que ses arcades en pointe soient surmontées de ienètres
drcttlaîres, et qu'elle renferme des moulures normandes et des
chapiteaux normands, elle offre moins de lourdeur dans sa
construction. Quoi qu'il en soit , ces deux édifices démontrent
qu'à l'époque de leur fondation le nouveau style ne frisait
que d'être reçu en Ai^Ieterre.
Vers le même temps , en 1170 , l'archevêque Roger se
servait du style en pointe dans la nouvelle crypte de l'église
cathédrale d'York.
Les premiers exemples du style de transition dont les dates
soient connues avec le plus de certitude, sont : — - la prtie
circulaire de l'église des Templiers à Londres , qui fut consa-
crée en 1 185 , et le chœur de la cathédrale de Cantorbery, qui
fut rebâtie après l'incendie de 1 176 , et où Jean de Sens , ar-
chitecte français , introduisit les caractères du style en pointe.
Oq peut encore rencontrer d'autres exemples dans la grande
tour & l'extrémité occidentale de la cathédrale d'Ely , bâtie
par l'évêque Ridel , qui mourut en 1 1895 —- dans la salle du
Comté à Okeham , dans le Rntlandshire; — dans l'élise de
l'abbaye de Glastonbury , etc.
Les nefs des cathédrales de Rochester et de Peterborongh ,
qui fuient reconstruites de 1170 li ii94) viennent prouver
que l'ancien mode de bâtir ne fut pas de prime abord sup-
planté par le nouveau style.
2o6 M. GALLY-RH1GHT.
£o même temps que le style de transition- apparut le sys-
tème des voûtes en pierre. On se servit d'abord de cette espèce
de couverture pour les parties les plus considérables cks églises
nngloises qui aV'^ieat été jusqu diors ordinairement couvertes
eu bois. En i i74<^"^u''™<>ii^^ d'une voûte en pierre le nouveau
cbo&ur de la cathédrale de Cantorbery. Le moine Gervais ,
daus rhistoire abrégée qu il fait de la restauration de ce chœur,
note en ces termes les diflérences qui existaient entre l'ancien
et le nouveau : « Dans Tun , les voûtes , dans l'enceinte ex-
térieure , étaient unies ; dans l'autre , elles étaient garnies
d'arceaux : dans le premier , c'était un lambris eu bois ; dans
le second , une arcade composée de pierres d'un grès léger. »
Il suit de là qu'avant la reconstruction du chœur dont il s'agit,
on avait coutume de couvrir d'iine voûte unie les parties pea
considérables dos édifices ; mais il ne s'ensuit pas du tout qu'il
(ût alors ordinaire de voûter en pierre des espaces plus vastes.
La voûte unie en moellon , avec on sans arceaux , avait été
adoptée plus tôt , pour les cryptes , les ailes latérales et les
chancels. Quant à la voûte dont nous avons vu un exemple
daus la chapelle de la Tour Blanche à Londres , elle fut , ainsi
que nous l'avons dit, introduite sous le rogne de Guillaume-
le-Conquérant. Giraldus Cambrensis rapporte que l'évêque
Alexandre surmonta d'une voûte en pierre la cathédrale de
Lincoln 5 cette voûte était si pesante qu elle ruina eu partie
les murs , quelques années plus tard ; mais les termes dans
lesquels s'exprime Giraldus sont si ambigus ,- qu'on ne sait
trop de quelle partie du monument il entend parler ; et les
couvertures en bois des cathédrales de Southwell , de Win-
chester et de Pelerborough , nous donnent lieu de penser que
la voûte en pierre de la cathédrale de Lincoln ne surmontait
que les ailes latérales. C'est lor^ de la cooslruction du chœur
SXCVBStOff MO■l)M«IITALf^ EU 90HMA1IDIB. 007
dt la cathédrale de Cantorberj , coottriicti^ qui a'eil pas de
beanooap postérieure à Tapplication des voàtes eo pierre aux
neis des plus grandes ^lises de Normciudie, que la même es-
pèce de couverture fut mise eo usage en Angleterre ; d*abord
la Toute eu pierre fut unie , puis par degré:> elle adopta certains
modes d*ornemeatation* Ce ne fut pas seulement dans les nou-
velles églises qu'elle vint prendre place ^ on la substitua encore,
dans une foule de cas, aux couvertures en bois de nos an-
cien ues cathédrales» Comme en Normandie, les contreforts à
projection et les contreforts aériens suivirent de près les voûtes
en pierre.
Dans les premièresannéesdnr^nedc Jean (laoa), Tévêque
Gode&oy de Lacy introduisit en Angleterre les fenêtres en
lancette , quand il s'occupa de construire le chœur de la ca-
thédrale de Winchester»
Vers le même temps, Hubert Waher , archevêque de Can-
torbery , qui mourut en 1307 , pratiqua dans la chapelle qu'il
bâtit k Lambeth, des fenêtres à triple laneette.
Dès lors le style circulaire tomba par degrés en désuétude :
toutefois , h l'abbaye de Fontaine , dont la première pierre
lut posée en iao4 , et qui ne fut terminée que 40 ans après ,
les fenêtres et les portes ont encore des têtes rondes ; nous
disons plus , c'est que dans l'église de Ketton , dans le Rutlans-
hire , qui date de 1252 9 on retrouve encore un exemple du
portail circulaire.
C'est sous le règne de Henri III que le style en pointé at'
teignit son plus haut degré de perfection ; et c'est alors aussi
4]ue les caractères qu'il revêt commandent le plus l'admiration.
On lui trouve un air de mâle vigueur et de chaste simplicité ,
qui loi permet de lutter avec avantage contre tous les styles
d'architecture qui lui ont succédé. Il se révèle avec éclat dans
2o8 M. GALLY-KiriGHT.
le chapitre , les transepts et dans ane partie du choeur de
l'abbaye de Westminster j •— dans le cbœur de Tëglise de SS-
Albain ; — dans la nef de la cathédrale de Lincoln j — dans
rcxtrémité occidentale de celle de Dorham ; — dans la nef de
la cathédrale de Worcester , qui date de 1 224 } '— dans la
nef et k tour en pyramide de celle de Lichfield j — dans le
transept sud de celle d'York , et dans la partie la plus ancienne
du chœur de celle de Southwell. Mais nulle part il ne se
déploie avec autant de splendeur que dans la cathédrale de
Salisbury , qui fut commencée en 1221 , et continuée sans ia-
terruption jusqu'à son entier achèvement*
Une différence notable signala l'établissement du style en
pointe en France et en Normandie. En Normandie , le chanccl
quitta la forme semi-circulaire pour revêtir en générai la
forme polygonale ^ en Angleterre , il prit en général la forme
carrée. Les chaocels de forme polygonale sont aussi rares en
Angleterre, que les chancels carrés dans les grandes églises
de Normandie } et c'est à cette différence de forme que les ca-
thédrales anglaises doivent ces magnifiques fenêtres orientales
qui constituent un des caractères les plus brillants de l'archi-
tecture religieuse d'Angleterre. Il est une autre dillérence
qu'il est encore facile de remarquer: elle consiste dans le
créneau qui forme ordinairement le parapet des églises an-
glaises, et qu'on ne rencontre jamais dans les monuments
religieux de France.
La période que Ton a coutume de considérer comme l'âge
d'or du style en pointe en Angleterre , est celle qui comprend
les règnes de nos deux premiers Edooards ; c'est l'aurore de
Tarchitecture connue sous le nom de Style décoré. Durant
cette période , le style en pointe adopta une ornementation
modérée y sans perdre rien de son caractère mâle et fier.
EXCITRSI09 MOirUMBHTAU EN NOKMAITDII. 209
Certaines peraooDes ; juges compëteots en ces aortes de ma-
tières , cmnpreiineot aussi le r^ne d'Edouard III dans cette
période^ mais la grande légèreté et les nombreuses décorations
par lesquelles Tarcliitecture se faisait remarquer k cette époque ,
n*ont pu être obtenues qu*au prix d'une diminution propor-
tionnée de force et de solidité.
Exemples du règne d'Edouard I*'* : *— Le transept nord
de la catbédrale d'York ; — une partie de la nef de l'abbaye
de Westminster ; — la tour centrale de Téglise catbédrale de
Lincoln ; -— l'abbaye de Tintern 5 — - le cbœur de la catbé-
drale d'Exeter 5 — la plus grande partie de celle de Wells ,
dont la consécration eut lieu en laSg; -* la cbapelle de la
Vierge et la tour pyramidale de la cathédrale de Lichfield*
Exemples du règne d'Edouard II : — La nef de la catbé*
drale d'York^ qui fut commencée en 1291^ elqui ne fut
achevée qu en i356 ; — l'aile sud de la catbédrale de
Gloucester.
Exemples du règne d'Edouard III : •— La tour ii lanterne
octogone de la catbédrale d'Ely ; •— la cbapelle de S^-Etienne»
dans celle de Westminster 5 -— le nouyeau choeur de l'q^Iise
cathédrale d'York , qui fut commencé en i56i , et ses
tours occidentales , auxquelles on mit la première main en
1370; — le cbœur de la catbédrale de Gloucester, qui ne fut
terminé qu'en i58i ; -— la partie la plus ornée et le chapitre
de la catbédrale de Soutbwell.
Peu après ravéoemeot de Richard II au tr^ne^ un chan-
gement se manifesta dans l'architecture anglaise j il se passait
aussi en France quelque chose de semblable h une révolution ;
mais les nouveaux caractères arcbitectoniques qui surgirent
en Angleterre, étaient d'une tout autre nature , el le contraste
qu'ils offraient avec les anciens était remarquable. Le but
2IO M» CAtLY-KffiOHT.
auquel OD yisatt principalement, était de prolonger aatani qaë
possible les lignes perpendiculaires ; et bien que daus la suite
des temps, cette espèce de style finit par présenter quelque
chose de saccadé , les efiêts qu'elle produisit dans ses bea*ix
jours ne laissèrent pas que d'éveiller Tadmiration : on le voyait
prendre possession de Textrémité tout entière d'an transept oo
d'une nef , et en se répétant dans les panneaux des«murs et la
broderie des fenêtres , imprimer a la partie qu'elle occupait
ainsi, un cachet de grandeur et de magnificence. L'extrémité
est de la nef de la cathédrale de Winchester est nu bel exemple
de ce style perpendiculaire.
Sous le règne de. Henri YI , une autre nouveauté se fit jour
qui vint frapper au cœur l'architecture (Rivale : l'arcade
4' élargit par d^rés, et à mesure qu'elle devenait plus large ,
elle perdait de «a beauté 3 elle finit par prendre une forme
obtuse et déprimée* Mous avons vu le même changement se
révéler dans l'architecture française. Joignez-y cette passion
d'ornement qui grandissait de jour en jour , et ces efforts pour
rendre la construction de plus en plus légère, et vous verres
sortir de cette révolution graduelle tous les vices du styler
fleuri qui amenèrent la dégénération et enfin la disparition
du stylé en points. Il paraît étrange que le mal se soit mani-
festé dans la chapelle du collège royal de Cambridge , et dans
celle de Henri VII k Westminster ; mais c'est souvent dansées
jours de prospérité que se répandent les nouvelles semences ,
et une fois qu'où a touché les dernières limites du bon
goût , le premier pas que l'on fait vous jette dans un système
tout contraire.
Sous le règne d'Henri YIII , le style en pointe était devenu
plus lourd et plus chargé : on peut en voir un exemple dans
la cathédrale de Bath qui fut commencée en i5oo et terminée
EXCURSIOIf MONUMEUTALB BU NORMANDIE. 211
en i555. Le style à celte époque avait perda tout soncharnic.
Dans le cours du règne d*£lisabeth , comme sous François 1*'.
en France , Tarchitecture ogivale passa de mode , el on en
revint aux priocipesde Târcbitecture romaine.
?foos nous sommes eiforcés de démontrer dans les pâiges
précédentes .*
1°. Que Texistea^e prétendue du style en pointe en Nor-
mandie vers Tannée io56 , n'est rien autre chose qu*un rêve ;
3*. Que les Normands, en adoptant le si y le romain cor-
rompu , lui imprimèrent des caractères qui leur appartenaient
en propre 3
3*. Qu'ils contribuèrent pour beaucoup au progrès des arts
en Angleterre ;
4^. Enfin, que Farcliitecture éprouva les mêmes vicissitudes
en Angleterre qu'en France , mais que , dans ces diverses ré-
volutions ^ la France eut toujours la priorité.
Nota. On voit combien de laits importants pour l'histoire
de l'art , renferme l'important ouvrage dont nous venons de
présenter la traduction : les judicieux aperçus présentés par
M. GâUy-Knight et le grand intérêt qu'ils présentent m'en-
gagent à faire connaître l'ouvrage de ce savant sur l'archi-
tecture Normande de Sicile. I^a traduction de cet ouvrage
déjà avancée paraîtra dans le 6*. volume du Bulletin monu-
mental^ peut-être me déciderai^je ^ placer dans ce même
volume un coup-d'œil comparatif sur l'état de Tarchitectuie
au Wi^. et au'XIIP. siècles dans les diilerentes parties de
la France.
(Note de M, de Caumtmt.J
•V
» »
CONSIDERATIONS GENERALES
Sur la Statistique monumentale du Bour-
bonnais ,
Pae m. L. BATISSIBRv
Membre de plusieura Sociétés lafantes»
ÈîKB celtiqi7b(i). — L'ère celtique n'a laissé sar notre sol
aucun monument important et bien anthentiqœ. Je n'ai pa&
TU une seule pierre , nne seule construction dont on puisse
rapporter l'origine aux époques qui ont précédé la domina*
lion romaine dans les Gaules , si ce n'est peut-être deui txh
mulus de très-grandes dimensions, aux environs de Monluçon*
On regarde comme celtique une espèce de Penlvan : plantée
au milieu de la plaine , près de Besson, cette pierre d'ailleurs,
qui a dû être apportée de fort loin , ne présente aucune forme
déterminée. On a encore attribué aux Gaulois la superposition
de plusieurs blocs qui se voient aux environs du Mayet-de-
Montagne , au domaine de Courtine» Ces blocs , connus dans
le pays , sous le nom de Rocs de Chalus , reposent sur une
montagne à base granitique , d'un grain friable. On. re-
marque ^ la surfitce de ces pierres des espèces de cuvettes que
quelques pei^nnes pensent avoir été creusées a la main : mais
tout me porte il tnroire qu'elles ne sont que le résultat de Tac-
Ci) Vantenr soit dans cet aperçu Tordre de classification établi
par M. de Canmont » dans aon Canra d'Antiquités monumentales.
STATISTIQUE MOHVMElfTAI.X DU BOVRBOVVAIS. Il5
Uon chimique de Fair et des eaux pluyiales , pendant no im-
mense espace de temps*
Tont le monde a entendu parler des pierres de larges et de
Thoul-SairUe-Croùc , snr les limites du Bourbonnais et de la
Marche; elles resteront loog-temps encoie amoncelées pour
montrer aux antiquaires k yenir , jusqu'à quel point peut
errer un archéologue enthousiaste. Quand, au commencement
de ce siècle , M. Baraillon annonça qu'il venait de découvrir,
dans des pays incultes et désert» , au milieu de plaines eou*
yertes de bruyères , et au sommet dt montagnes dénudées , des
roches druidiques gigantesques, le monde saVaot fut rempli
d'admiration et d'étonnement 5 car ce n'était pas seulement un
monument isolé que M. Baraillon yenait de signaler ^ c'était
toute nue cité celtique, ensevelie sous des champs arides. Ici ,
était l'antel pour les sacrifices ; là , était la pierre sur laquelle
trônait le chef gaulois ; au revers du coteau , ces blocs de
granit , qui jonchaient le sol , indiquaient de nombreuses sé-
pultures. Là-bas , sur le mamelon , on apercevait quelques
quartiers de roche ; M. Baraillon y voyait un Cromleck. Il
laut avoir lu les Recherches sur tes peuples Cam&iovicenses
de ce ^vant , et avoir ensuite visité les lieux qu'il décrit ,
pour se faire une juste idée des illusions fantastiques dans
lesquelles il est tombé. En général ^ les celtomanes nous ont
presque tous laissé des exemples des plus lourdes divagations;
aussi le ridicule ne leur a-t-il pas manqué. Un fait certain ,
acquis aujourd'hui à la science , c'est que les pierres celtiques^
si communes sur les bords de l'Océan , ^ont fort rares daps les
contrées du Centre et du Midi de la France.
£&E GALLO-BOMAiKE.-^Les monuiuents élerés'soos la do-
mination romaine dans les Gaules , sont ftrt rares en Bour-
16
ai4 <t?il tA 2«t'ATtSTTQl7B MOlfVMBNTALB
bonnais. Piasitnri de nos villes les plus anciennes, cependant,
ont été très- fréquentées par lescon(juérants latins , h en \%er
par les débris faonbiciii , mais tous incomplets , qui sont
arrivés pisqtt*à ooas. Bourbon, Yicby , Néris ont dû jouir , k
cause de (enrs eaui tbermales, d'une certaine vogue. Cetle
dernière ville snrtonl a Conservé des traces , bien effacées sans
doute, de son antique splendeur; il est peu d*endroits, en
France , où Ton ait recueilli plus de poteries de tonte espèce ,
plus de figurines de terre cuite et de statuettes de bronte, plus
de médailles , d'ustensiles et de fragments de marbre. Par
malheur , toutes ces précieuses eoriosités ont été dispersées ;
on a bien reconnu, sur remplacement de Tancienne cité, des
ruines de palais, d'aquéducs , de temples el de bains; mais
c'est tout. Près de Néris, on voit encore un camp romain,
dont les ctiaussées sont parfaitement conservées. Vichy est fiiou
moins riche que Méris en antiquités romaines ; pourtant les
sépulcres en pierre , les briques à rebords , les poteries , les
médailles , qu'on trouve perdus sous les décombres , amotw
celés dan»* les tertes de la Fille aux Juifs , donnent une idée
de rimportanee qu'a eue cette cité pendant rèregallo-vomaine.
11 ne reste plus à Bourbon aucun vestige du séjour que \^i
Romains ont dû faire auprès de ses eaux chaudes. Mais tout
le monde sait qa'on a découvert , dans les siècles passés , dex
restes de monuments considérables , et surtout quand on a
creusé les iondetnents de rétablissement thermal actuel.
Il y a encore dans le Bourbonnais plusieurs localités dont
r histoire se rattache a f occupation romaine. C'est d'abord
Thiel , la Sitiliaée la carte de Peutinger , et Chanteile la
Vieille , la Cantilia de la même carte ; c'est eusuite Cordes,
dont pAide CayliiB , Châlel-(ie-Keuvre et tout le coteau
oriental qui s'éieti4 4ie-là jfisqu'au confluent de la Siouie.
Notre province, de plus, était traversée par nn granrl nombre
m aovnovitAis. ai5
de ro'tesy dont plusètors étaient très*ÎHipoiiaiiloi| idkt élsiflnt
relies de Bourges à Cltrmont^ h Aniun «t. Lyon. Dans une
(oole d*endroil9 , vont raocoiUnK les resin ^ chaMs^s aa-
tiques , elvous voycs ^ leurs sarfaces de profoddes orDièra» ,
rre.osées par ka larges renés des ekars romaîiis. Mais ot
ir étaient pas aettlemeot ses eaos chaudes et soo beau ciel qui
^ttiraieut.les conquérants sur notre teraloire; sa pesitiea
géographique eu faisait un poste mi blaire de 1a plus bavte'
importance; placés an centre de leurs conquêtes , k 4|MEli|iie»
fournies kIc uarehe des cités des Arrernes ^ Aâ Eduenael des
Berruyers , qui seciMtaieut de temps etk temps ie )ûug qu'oa
faisait peser sur eux , les pfooofisuis> pttUTaienI , h la nouvelle
de la moindre iusurrectiou , diriger de Ik le» légions sur les
foyei'i» de ré^rolle. Le pays éuit riche , k nttui^ était belle ,
lesgéucraux romains ^ oubliaient «o pe» dans aos villes les .
délices de leur patrie absente.
Èai ROMAira. -^ La situation centrale de notre territoire ,
et la formation de la province aux dépens des .pays circonvoi*
sins , n unt pas doooé h la langue populaire seuleoient des ca-
ractères si variés^; elWft ont été aussi la cause de la diversité
des ktyles architectonicpies qui soot particuliers à n«5.édifîces
de la période romane» Toutefois , celte obsestxatioa ne peut
{Ktrter sur des moauments antérieurs au X'» siècle ^ il en reste
â peine deux ou trois que ïou puisse faire raisonnablenîent
remonter h cette époque;
Lies églises du XI*^ siècle , a« contraire , sont fort com-
munes , ainsi que celles du XII*. Le» constriMtions de la
partie méridionale du Bourbonnais .et celles 4e FAuvergne ,
ont la plus grande ressemyaoce entre elles» C'est identique*
ment le même plan ; si dos églises ne sont pas décorées de
mosaïque» , c'est q«e notre cont|rée ne fournit pas la même
ai6 SVR LA STATISTIQVB MOTOBtEirTAI.B
variété de imtériam que F Auvergne. Toutefois, daos.pla-
iiears édifices et , en particnUer , k Saint«Poiirçain , les cla-
veaux des arcades sont taillés en ipiinconoe; une autre parti-
cularité , c'est que les bas-cotés de presque toutes les églises ,
sur les bords de FÂllier , sont voûtés en demi-berceau. et
4X>ntrebutten(t ainsi la maltresse- nef. On voit la même disposi*
lion dans les belles églises d'Auvergne : les voûtes des gakries
qui xègneot au-dessus des collatéraux sont aussi en demi-
bereeaax*
Att-delà du Cber , sur la froutière du Berry, nous trouvons
une variété d'églises; qui doit avoir, i n'en pas douter, son
type dans le pays des Berruyers. L^extrémité orientale de ces
^lises se termine par deux étages de chapelles , qui sont au
nomlHre de trois^ les plus basses forment des espèces de crypte,
ks supérieures sont ékvées de j^usieurs pieds au-dessus de
Taire des nefi.
Au centre du Bourbonnais , les clocbers de plusieurs églises
affectent une disposition qui leur est toute spéciale; leurs
ouvertures , au lieu d'fttrs centrées , forment des angles rec-
tiligues; tek sont les clochers d'Antry , de Cbamblet , etc.
On retrouve Tinfluence bourguignonne à Yzenre , à Saint-
Menoux et k Souvigby. Les principales constructions reli-
gieuses du moyen âge , dans l'ancien pays des Eduens ,
prouvent que les arcbitecles ont eu surtout en vue rimitation
des belles portes romaines SArroux et de Saint- André k
Autun. Les piliers de tontes les voûtes et les galeries qui
régnent an-dessus des bas-côtés des basiliques d* Autun , de
Beaune , de Paray-le-Monial , etc. , sont, en efïet , décorés de
pilastres cannelés et de chapiteaux , copiés tout-à-fatt de ceux
des portes dont je viens de parler. Ces pilastres se retrouvent
anssi dans l'église, si misérablement ruinée aujourd'hui , de
la fameuse abbaye des Bénédictins de Cluoy. Or Souyigny
DV BOt'RBOHHA». ^^7
éuit nii a€$ monastère» les plus importanU qui relevât de
Quny : on conçoit donc très bien que les moines qui arri-
vaient de la fionrgogne , importassent chez nous lelir système
architecluraL On tronve , en cfict ,. des pilastres cannelés à
SouTigny. Quant k l'abside de Tëglisc de Saint-Menoux , qui
appartenait à noe abbaye de Bénédictines , il n'y a que des
pilastres. L'église des Bénédictins de la Charité-»ur-Loire est
également bâtie dans un goAt qui rappeUc| l'influence bour-
guignonne. On ne trouve nulle part ailleurs, dans le centre et
da9s rOuest de la France , ce système de pilastres cannelés( i) .
Sans doute on en voit dans quelques monuments du Midi , et
(I) Je n'ai pas été moins frappé que M. Batls^ier, <lrJ*««P'«î
des pilastres cannelé» au Xli*. sièrlc , daos ceitaine» ?"«<•» ^e la
FrMice, tandis ^ue dans d'autres ( ta France occirtenta|e , le nord ;
on n'en aperçoft pas d'ciemplcs. fai consignée ce «"let quelques
obscrvations^ans un tratai! inédit sur la géographie des strjtt
arckUectoniques. Après atoir cilé. dans ce Irâvail J adn»'"{^»«
église de la Cbarifé-sur-Loirc. celles de Saulleu . ^ A«iun ( catt^e
dîale ) , de Tournus , de S*. Méuoui , de Souvigy (^Vienne ), celle
de LaAsîinne ( S.iis«e ) . la caihédrale de Lyon * , et quelques
antres églises où l'ai observé des pilastres Cé*nnilés , je ""^ *r *
étendu sur la cathédrale de Langres, njonumenl très re^arquaDie
du Xll«. siècle, dont personne à ma connatssance ne s est encore
occupé de donner la description , cl qui offre une «"J^^
quantité de pilastres aussi nmarquabUs par «curs cbapneaux
corinthiens largement sculptés, que par leurs canneluics hardi-
ment profilées. Je compte io&ércr dans le bulletin quelques notes
sur cet édifice et une csquiMe de quelques-uns de st-s P"»*"^\* "
est bon de remarquer que les arcs de triomphe antiques de Lan-
gres . dont un est encore debout ( Voir le 3*. Toluroe de inMJ
cours d'anttqnités ) ,sont ornés de pilastres corinthien» cannelés
et je ne doute pas que celte circonstance n'ait déterminé lea arcni-
tectes de la cathédrale , à se servir de pilastres ponr la décoration
de cet édifice , imitant en cela les modèles antiques qu ils a? aient
sous les yeux, , , . ^.^
L'imitation de quelques chapiteaux a été Si heurense, queje sihs
resté un instant dans le doute sur Torigine de l'un de ceux qui
ont été employés à la décoration des contreforts ou arcs-boutams
de l'abside : j'ai cru un moment qu'il pourrait avoir été tiré fie
l'une des portes antiques *de la ville.
fTfoU de 4f. de CaumontJ.
* A Végliae ciitliédml* de fit^Jean de Lyon\ quel jwe» pilat«re« canne Waew-
tent dan« U chceur , partie la plui ancienne de 1 édifice y uolamment dans les
c«UatéraBS «t )e cr«i« daot quelques ftrcftdéi du ir^rùtm. ,
at8 SUR LA STilTf^TfQVE MONVMEiVTALE
en p;irffcn1ter à Vienne) mais là aussi, ils sonl copies des
ëditice8 romains. Nous ne eroyoos pas qu'on puisse vévo(|uer
en dinite ^origine bourgnignonne des pilastres qui se voient
en Butirbonuais, où il ta y ayait probablement, au moyen âge,
aiieuii monument romain de ce genre qu'on pût imiter.
Les ooustrudioQs , élevées dans notre pays du X^ au XIl'«
siècle inclusivement , offrent un mélange du style byzantin et
du style anglo*normand. Si elles sont ornées de billettes , de
zigzags, de cables, etc., cuvent aussi leurs liises et leurs
chapiteaux nous montrent le plus beau et le pla.s pur travail ,
exécuté dans le goût gréco- romain , soit dans les figures, soit
dans des entre-lacs d'une grande élégance. Elles ont aussi
pour ornement des raies-de-cœor ^ des oves , des feuillages
fouillés avec un art infini : en général , les ouvrages de
sculpture les plus parfaits de nos plus anciens édifices datent
(le la ûa du XII*. siècle.
Êbb ogivale. — L'ogive a été en usage en Bourbonnais dès
le XI*. siècle \ elle a été employée très-souvent dans nos
églises romanes concurremment avec Tare en plein cintre ,
surtout pour soutenir la yoûle an-dessus de laquelle s'élevait
le clocher du transept , la , ou il y avait une très-grande
fss^îsi^ À supporter. L'appareil de ces ogives est identiquement
le même que celui des cintres dont l'arcbivolte est déeorée
d'un arc doubleau ^ et ce n'est que long- temps après qu'elle
a été ornée de boudins. Nous n'avons dans notre province
aucune église de la l)e)le période ogivale àm^ XIII". et XIV*.
siècles : il n'y a guère que des chapelles ou des fragments
d' édifices, bâtis dans le système architectural de ces deux
époques. Au XV^. siècle, où la maison de Bourbon brillait
d'un éclat si resplendissant , on fit des monuments de très-
belles dimensions et du style le plus riche. Ces constructions
DV BOVBBOIIirAIS. ai§
ne U cMaieut en neo, ni poor TéJégaace des former , ni pour
rharmonie des proportioBS, an ^nûraUes rnoonments qu'où
-va visiter dans le Kord et dans l'Ouest de la France* La Sain 'e
Chapelle de Boarkoa , celte menreillense église , si ricbe en
■
sculptures, en vitraux et en peintures^ la nef cl les chapelles
des ducs dans la basilique de Souvigoy , et la cathédrale
malheareasement iuacheyée de Moulins , sont d'excellriUs
*% fpédmens de Tarcfaitecture do XY'. siècle , dans le centre de
la France. La Renaissance a*a laihsé chez nous aocno édiUoe
relijgieux qui vaille la peine d'être cité*
Architecture cwile et militaire»-^ Le Bourbonnais possède
un grand nombre de constructions civiles et militaires : débris
de cloîtres, châteaux et forteresses, pour la plupart en ruines,
bâtis du XII*. au XVlU*'. siècle. Ils n'o/lrent aucun caractère
qui les diflërencie des autres monuments de ce genre , qui
couvrent encore le sol de la France. Remarquons seulement
que les congrégations religieuses et les seigneurs choisissaient
également bien les lieux où ils s'établissaient. Presque tous
nos monastères sont assis dans de charmants vallons , au
milieu de campagnes fertiles ; un grand nombre aussi portent-
ils , dans leurs noms , le mot de J^al^ Les seigneurs , au con-
traire , recherchaient pour y placer leur aire , des montagnes
ou des rochers inaccessibles; et presque tous les châteaux sont
connus par des noms qui indiquent cette situation , comme
ceux de Montaigu et de la Roche- GiU llebaui , par exemple.
11 est très-peu de ces forteresses féodales qui s'élèvent sur des
monticules factices. Je n'ai jamais rencontré de ces Châteaux
à mottes du X*". au XI*. siècle , comme on en voit tant dans la
?(ormandie et dans le Nord de la France (i). On conçoit
très-bien que dans les pays de plaines, on ait posé les donjons
(1) Voir le Cours d'Antiquités de M. de Caumont , tome V*.
210 STATISTIQUE MOVi17»EHTAl.B DU DOURBOHNAlS.
sur des manielons eu terre ; m«iis en Bonrhonnaîs , la chose
n'clait pas tiécessairej on rencontrait trop d'émineoces na-
turelles dans nos coteaux et dans nos montagnes , sar lcs«
quellcs on pouvait établir dts constructions militaires domi-
nant au loin le pays.
Les châteaux de notre province se composent presque tous
de plusieurs enceintes murales concentriques , flanquées de
tours rondes , demi-cylindriques ou carrées. Une tour plus
haute s*élève à Fintérieur , et sert de donjon ^ et les bâtiments
d'habitation sont à Tabri derrière les remparts. Les principales
lignes de châteaux- forts s'étendent sur les deux rives de F Allier,
et sur celles de la Sioule.' On en trouve aussi une quantité
notible dans laMonlagne bourbonnaise. Les manoirs du XVI*.
cl du XVII*. siècle , les maisons de plaisance, ne conservant
que les apparences de forteresse , avec leurs fossés peu pro-
fonds , leurs tourelles aux toits coniques, et quelquefois leurs
galeries à mâchicoulis, ne sont pas rares dans nos campagnes.
Fendant la première moitié du siècle de la Renaissance, avant
la défection du Connétable , on avait augmenté et embelli le
palais de Moulins; d'autres châteaux, détruits depuis, avaient
été décorés aussi avec soin. A cette époque , le château de
Meillant, un des monuments les plus riches et les plus com-
plets de la dernière période ogivale , fut construit , dit-on ,
par le frère Jean Joconde. L'architecture, au XYII*. siècle,
n'a enrichi notre pays que de l'église de la Visitation de
Moulins , et du magnifique mausolée du duc et de la duchesse
de Montmorency. Le XVIII® • siècle n'a rien produit; et ,
quant à notre époque , absorbée par les travaux d'uliiilc
publique , elle a été complètement impuissante ; ses ouvrages
d'architecture n'ont ni caractère , ni originalité.
attwa&aas MOsiïAiiXïifmif^wi^
monumentale du Limousin.'^ll parait depuis
quelque temps an oavrage descriptif des monuments de Tan-
cienae province du Limousin. Ce recueil est parvenu II la
^4*. livraison, et sera continuée. Les planches nous ont paru
assez bonnes ; le texte purement rédigé renferme très-peu de
Afeaiis sur la date des monuments figurés. Parmi les planches,
nous 'en avons remarqué une , qui représente l'abbaje de
Sr.*Maf tial de Limoges, aujourd'hui détruite. L'un des dessins
jdacés sur cette planche est censé représenter Tabbaye telle
qn«He a existé du temps de Louis-le- Débonnaire ; mais il est
évident que si la partie basse du clocher peut être attribuée à
eelte époque , le reste de l'édifice n'était pas aussi ancien ,
car on y voit des fenêtres ogivales h plusieurs compartiments.
En général , on peut désirer que l'auteur de cet ouvrage
utile et important, dont on ne saurait trop encourager les
^rts , discute un peu plus longuement dans 3on texte les
questions d'art et d'époque relatives aux monuments figurés.
>
Monuments de t Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie,
•^-^us ce titre, M. A. Boblet a résolu de publier une collection
de gravures tant au trait que terminées , qui reproduiront
les différentes œuvres de peinture et de sculpture qui ont été
consacrées 1^ la gloire de sainte Elisabeth, et qui ont été recueillies
^ M. le €**• de Montalembert.
Cette collection sera composée i la fois de divers travaux
qvi datent des vieux siècles Catholiques , et li'antres qui , fruit
delà nouvelle école aHemande , serviront i montrer comment
«7
9%% HOOTBXSn AmCBi0l.0iMQlrBS»
Ton peat , même au sein de l'aDarchie morale et intellectoeUe
de nos)onrs, rattacher l'art noderûe i la pureté et à la sainlelé
de la pensée aucienne. Le sujet de cette collecttoo se trouyait
indiqué , de droit comme de iàit , dans V Histoire de sainte
Eiisaleth, qui ;k eu le privilège d'inspirer h tontes ks épo<{iie9
le ciseau et le pinceau des artistes chrétiens. M. le C**. de
Mcotaleiubert a profité de ses Toyages peur recueillir en Italie
et eu Allemagne tout ce qu'il a pu découviir de plus important
parmi les monuments relatifs à cette Sainte.
On reproduira en premier lieu les tableaux qui lui ont été
consacrés par les plus illustres représentants de l'ancienne
école florentine y Taddeo Gaddi (i35o} , le principal élève .^e
Giotto, et dij^^ne émule de son maître^ Andréa Orgagna (i5t9-
iSSg), le plus grand des peintres , des sculpteurs et des archi-
tectes de son temps, qui précéda Michel Ange dans cette triple
supériorité , et qui , certes , sous le point de vue chrétien , l'a
surpassé de beaucoup ; le bienheureux Frère Aogelico da
Fiesole (1387*1 455) , le plus accompli des artistes chrétiens;
enfin , Alessandro Botticelli (i487-i5i5), qui , au milieu de
la dégénération de Tart , due à l'influence des Médiçis , sut
rester fidèle a la poésie mystique de ses prédéceâscurs.
Passant de l'Italie k la vieille Allemagne , M. le O*. de
Montalembert donnera l'œuvre d'un peintre anonyme de la
pure et primitive école de Cologne (i35o- i4oo) , qui fut -poux'
l'Allemagne ce que l'école de Sienne avait été pour l'Italie ;
puis celle d*un peintre balois du XY*. siècle , dont le nom est
resté également inconnu; celle de Lucas de Leyde (i494*>545)y
qui termine le cycle des anciens peintres Catholique^i ^u^delà
du Rhin ; et enfin une mrniainre attribuée a Honiling ( 1 499-
1499) ' ^^ Fiesole de la Flandre , et tirée du céiêbre Bréviaire
Çrimani à Venise. Up grand vitrail de la cathédrale de Cot
lo|oe moDtfera saisie Elisftbetli iifotwm^ pbcje dans Tëglise-
lypo dt répoqne qu'elle a gkôfiée; le lM»-relief, presque
cootemporain de la.Sainte , qui orne son tombeau â Marbourg;
ceux plus récents que Ton Yoit slir ks autels de son église j la
cbâsse si célèbre où fnl lenftnné son eorps sacré ^ et la statué
qui a été pour M« le C*. de Mootalembert le premier indice
de r histoire de sainte Elisabeth, serviront k dire connaitite
la marche, parallèle de la aulpture et de la peinture des an-
ciennes écoles germaniques»
A ces pi-écienx débris d*un passé qui ne rcTiendra jamais',
M. Boblet (i) joindra des témoignages Tiyantsde la résurrec-
tion de ce ièu sacré de la foi qui l'animait , dans les œuTres
des artistes contemporains de F Allemagne. Frédéric Orerbeck,
la gloire de l'art chrétien de nos jours et le flambeau de sou
avenir, a bien voulu interrompre le cours des grands travaux
qu il poursuit au sein de la ville éternelle , pour enrichir
notre humble collection d'un dessin qui représente un des
traits les plus populaires de l'histoire de notre Sainte. On
verra ensuite le même sujet traité en bas-relief par Schwan-
thaler , qui occupe le premier rang dans la sculptuie nouvelle
d'Allemagne., comme Overbeck dans la peinture. Muller de
Cassel et Flatce du TyrcJ, qui oui tous deux cultivé sur le
sol d'Iulie les excellentiqs disposition» de leur nature germai
nique , nous ont apporté leur tribut.
La collection aura an moins trente planches sur quart-
colombier ; chaque plauche aura une ou deux pages de texte
explicatif, s.
Le prix de chaque livraison , contenant trois planches , sera
de 5 francs sur papier de Chine.
(I) Quai des AugustÎDS ,57.
JJimi iMCrainM aast-ta '^enle <6l les mSivatttes seroDt f u-
iUî^QS'de TÎi^ jmrf 'en wigt )<^fi juiqv'l^ k fin de k pabln
«fttioiii. (EœUnUdu Prospeeias.J
'-^niroductàom k thùttâpe de franee , o« De^er^ipimt
féffMque^ pratique ei monumênUie de 4a Gaule fustfU'k
'PékêU^ement de Ja Mimarchk. Cet ooirrage de MM.
AdiftUe de Joafiro; , de l'acadëmie de Rome , et Ernest Breton ,
iHHrrespoodaiit dpik Sooiété des Aa<li({aai«es de Nonoaiidie ,
est diyisé en a parties entièreoient distinctes : c^est usé
IwitmiBe coniplète de nqtre^ys avant k V*. ^ède , et un
-rmmé de Tétat des arts dans ks Ganks pendant k même
fiinode , comprenant ks Epo^nes Celtî^e , "Grèque , Gallo-
JElowAine H .duBasrEmpire. Toutes ks antûjiîités qui couvrent
Je sol de k France , sont représentées on décrites dans ce bel
ouvrage que des notes explicatives mettent à k portée même
dos lecteucs peu ^rsés dans les éludes monumentales (i).
-^Ott vient de commencer h Neven une publication archéo-
logique sur les monuments du Nivernais. L* ouvrage parait par
livraisons petitin«folio avec des lithographies; le tout imprimé
à Nevers : M. Morelkt , piofessenr de rhétorique, est un des
rédacteurs de ce recueil*
^-f A Troyes , M. Amành continue k description de son
intéressaaiB statistique monnmèntak du département de
TAube. Secondé par M. Colkt, dont TétàMissemefit litbogra*-
phiqne est remarqnaUe , et par un dessinateur de tallent ,
U. Arnanlt ne tardera pas k terminer oa ouvrage dont 9 li-
vraisons ont déjà paru : le format petit in-folio a été adopté*
(l)QuaiVolUireiSI.
mm
EXTRAIT
D'un Rapport adressé au Ministre de t Inté-
rieur ^ sur l'abbaye de Connues;
Par m. p. UÉRIMÉE ,
laitMXteor géoéral des mottameots hisloritfQCS de FraDee, ete.
L'abluye de Coaques, de Tordre de St*-Benoit, fnt fondée ^
diuon , yen La fin du III*. siècle dans une espèce de désert ,
au milicm des plus âpres montagnes du Rouergue. Si Ton' en
croit ses historiens , elle fut successivement ruinée par les
Ariens, puis par les Sarrazins (75o], et rétablie autant de fois ,
d*abord pa^ Clovis , puis par Pépin , roi d'Aquitaine* Mais ce
n'est pas l'histoire de la communauté dont j'ai à m'occuper
ici , je n'étodte que celle du monument , et il parait bien
constaté que l'édifice que nous voyons aujourd'hui fut cons-
truit presque en entier an commencement du XI'. siècle par
les soins de l'abbé Odalric ( io5o — 1060).
Le bourg de Conques , presque inaccessible pendant une
partie de l'hiver en raison de la difficulté des chemins, s'est
élevé autour et stu* l'emplacement de l'ancienne abbaye, dont
toutes les dépendances ont disparu l'une après l'autre , quel-
ques-unes fort récemment. L'église seule s'est conservée comme
paroisse ; elle est située sur un versant extrêmement roide ,
ayant sa façade occidentale tournée vers une vallée étroite.,
18
2a6 SVB L ikBBAYE DE COIfQVKS*
mais profoudc , qui sépare dcui murailles de rochers presque
verlicales. On ne pouvait choisir une retraite plus mélancoli-
que, ni plus couyenable a des âmes pieuses qui voulaient iufr
le monde.
L'église de Conques paraissant avoir servi de modèle à on
certain nombre de monuments dont j'aurai bientôt occasion de
vous entretenir, son architecture mérite d'ctre étudiée comme
un type. En^fTet , si Ton se rappelle les g^^andes richesses de
cette abbaye , les vastes connaissances et les relations étendues
de ses moines , on peut penser que le système qui présida k 9»
construction fut comme l'expression complète de Fart dans
une certaine époque et dans nne certaine province : ce dut
être le dernier mot des architectes de la France centrale dans
la première moitié du XI*. siècle.
Son plan figure une croix latine terminée à Test par trots
apsides semi-circulaires (i). Aussi larges que la nef, les trans-
septs sont partagés , comme celle-ci et comme le chœur , en
trois divisions longitudinales par des arcades surmontées dé
vastes galeries qui couvrent toute Fétendue des bas-côtés.
Deux chapelles s'ouvrent sur chacun des croisillons du tran-
sept 3 toutes les deux tournées à l'est , l'une trèsrgrande s'ap-
puyant au cbœur , l'autre d'un diamèti'e moitié moindre k
l'extrémité du croisillon. Trois portes donnent accès dans
l'église : la première k l'Occident . divisée en deux ventaux ;
les autres percées dans le mur occidental des transepts et fort
rapprocbées de la nef. A l'intersection des transepts s'élève
une coupole sous une tour octogone } deux autres tours carrées
flanquent la façade occidentale.
(1) Cette expression n*est pas exacte pour l'apside oentrale
dont la CAiirbe décrit presqtie les deux tiers d'un cercle; elle a U
forme d'un fer à cheTal resserré à ses extrémités.
jfv. Jr,
^^va/rûn.^
^'^/X.^,-/ yV^Vel ^Ca
thenewïohk
IpBBLIC LIBRARY]
TWKN fOUWPATtOWt.
sua I.*ABBAYB DB COHQUBS. IS^
Eo plan , les piliers de la nef représentent des carrés flan*»
qoés alteroatiyemeot sur tontes leurs ftees , les uns par des
colonnes , les antres par des pilastres. Cenx des transepts et
de la partie occidentale dn chœnr n'ont qne des colonnes ^
et , suivant une pratique assez générale , tout Théinicycle du
cbœur repose sur des colonnes isolées (i). On obseryera que
les piliers qui supportent la coupole au centre de r%liae,8ont
beaucoup plus épais que les autres , et de plus , renforcés, en
ce point ^ par le rapprocbement des piliers de la nef et dii
cboèur. En efiet , la largeur des collatéraux des transepts est
moindre que celle des arcades de la nei et du cbœur , et l'ali-^
gnement des piliers du transept a déterminé celui des pilieri
qui soutiennent la coupole. Telle est , je crois , la véritable
raison de ce rapprocbement des piliers au centre de l'église.
D'abord j'étais tenté de supposer à l'àrcbitecte l'intention de
donner ainsi une plus grande résistance aux bases de la tour ;
mais après un examen jrfua attentif ^ je n'y yoisplus qu'une
espèce de hasard , résultat forcé de la di£G§renoe de lai|;eur
entre les collatéraux de la nef et ceux de la croisée.
Nulle part dans l'élise on ne yoit d'ogiyes , et tontes les
arcades, bien que très-remarquablement éleyées, sont en plein-
cintre. Dans la néf et le cbœur les voûtes sont eu berceau :
0
elles sont d'arêtes dans les bas-côtés ^ partout renforcées d'arcs-
doubleaux très-épais. Les voûtes des galeries supérieures dé-
crivant un quart de cercle servent en quelque sorte d'arc-:
boutant aux voûtes de la grande nef , car leur sommet aboutit
précisément à la naissance de ces dernières. Isolée et accidentelle
(I) Il faut faire une exception pour le pilier qui touche à cet
hémicycle; il est carré et flanqué sur ses angles de minces eolon-
nettes engaiiées..
2taH SUR L ABBAYE DK CONQURS.
pour aiuM dire daos le Rooergne, cette disposition va devenir
caractéristique dans toutes les églises .vemaoes 4e I* Auvergne.
Je n*ai pas besoin d*a jouter que ces voûtes n'ont subi aucune
réparation. Construites avec le pins grand soin , de scbisles
fort dui-s noyés dans un excellent béton, et épaisses à la clef de
plus de o*^. 5a , malgré le délabrement de la toitore , elles
ltt*ont paru avoir très-peu souiiert ju.«qu'à ce jour.
Les galeries s*éclaircnt par des fenêtres percées dans les
murs latéraux. Du côté de la nef elles présentent de grandes
arcades géminées (i). Point de fenêtres au-dessous , et les arcs-
doubl^ux de la voûte s*appuient aux colonnes engagées qui
séparent ces arcades. Aujourd'hui les fenêtres de la galerie
étant boucbées, la nef est un peu obscure , car elle ne reçoit
de jour latéralement que par les fenêtres basses et étroites des
collatéraux. Même disposition dans le chœur, mais elle se
modifie pour la partie semi-circulaire du chevet. La galerie
s'abaisse brusquement de moitié de sa hauteur: au-dessns il y a
trois fenêtres séparées par quatre arcades ayengles^ répondant
les unes e| les autres aux arcades inférieures du chevet et
à celles de la galerie (a).
Au lieu d'une galerie pour réunir l'étage supérieur du chœur
à celui de la nef, il n'y a au sud et au nord des transepts
(1) La séparation entre ces arcades est marc|uée par des piliers
sur lesquels se prolongent des colonnes partant de Taire de la
nef et montant jusqu'aux retombées des arcs doubleanx. Ul on
entre les arcades inférieures il y â deé pilastres, ils sont surmon-
tés par des colonnes engagées, dont la base est à In hauteur du
plancher de la galerie. Rien de plus gauche que raju>tement de
ces pilastres avec les colonnes qui le..« >uiiiioiiteni.
(2) Lm araades de la galerie sont simples dans le chevet :
partant aiiteura elles sont géminées , divisées par des colouaea
accouplées sui? ant une ligne perpendicnlaire à Taxe des galeries.
SUR fc* ABBAYE D« CORQVC0. 3^9
qu*uo passage étroit , uoe espèce de ccN-uiche louteoue par nue
rangée de coosoles historiées comme celles que favais obser-
vées dans réglise de Figeac. A rOccident de la del oo trouve
une disposition pareille , en sorte qu'on peut iaire le tour de
réglise sans descendre k terre. Aujourd'hui Fou monte aux
galeries par une tourelle placée i l'extrémité du transept Sud»
mais une dlAérence marquée entre sou appareil et celui des
murs latéraux de Téglise , donne lieu de croire qu'elle n'ap-
partient pas à la construction primitive,
A l'trntrée de la nef, bien qu'un peu défiguré par des disposa*
tionsmoderneSyOn reconnaît facilement un narthex intérieur. Au
niveau du sol il se divise en trois salles carrées, correspondant
aux trois nefs de l'église , et recouvertes de voâtes d'arites
fort hasaes. Au-dessus se trouvent trois autres salles on tri-
bunes dool les voûtes artivept à peu près h la hauteur du aol
des galeries; vient enfin le passage étroit dont j'ai parlé
qui établit la communication entre ces galeries. Deux petites
tourelles peu saillautes se projettent en eacorbellement li
l'angle du narthex. Elle» contiennent des escaliers en hélice
qui con toisent des galeries de la nef aux tribunes du narthex
et aux étages supérieurs des tours occidentales* En guiae de
console , elle» reposeut sur une colonne byzantine , appuyée
elle-même sur un pilastre , qui soutient , ou plutôt parait
soutenir ces tourelles. St je ne me trompe, ces tourelles
se prolongeaient autrefois jusqu'à Faire des collatéraux et
leurs escaliers conduisaieiH aux salles supérieures du narthex
ainsi qu'auxgaleries de la nef.
. La tour centrale a deux rangs de fenêtres l'un au-dessus de
l'autre ; mais le dernier rang , aussi bien que la coupole et la
flèche qui la surmonte , sont des additions du XI V^ siècle
Voilà , avec k déplaecment des escaliers conduisant à la ga-
a3o SVH l' ABBAYE DB CONQUEiT.
lerie , la plos importante altération qu'ait subie le plan pri-
mitif; car , ailleurs , si des changements ont en lieu , ils ont
été exécutés assez peu de temps après la construction générale
pour ne pas la modifier d'une manière sensible , difficiles en
outre k constater,' car ils appartiennent au même système
d*architecture.
J'ai dit que Téglise de S**.-Foy est sombre. Deux fenêtres
étroites surmontées d''un œil-de-bœuf et percées dans la façade
occidentale 5 autant pour les &çades Nord et Sud des tran-^
septs; les ienètres de la coupole , les trois fenêtres du chevet ,
f nfin celles des collatéraux , voilà les seules ouvertures qui
donnent du jour dans l'édifice depuis que toutes celles de la
galerie ont été bouchées* Leur suppression est fâcheuse, ce me
semble , et contribue k entretenir dans Féglise une humidité
qvi , eti qnelqtief points , a occasionné des dégradations dans
les murs latéraux»
J'observe autour du chevet une disposition tonte nouvelle
pour moi, mais dont f aurai bientôt plus d'un exemple h citer.
C'est une espèce de banc avec une marche pour y monter ,
fanant le long des murs , entre les chapelles qui rayonnent
autour de l'hémicycle du chœur (t). Il semble que ç'aient
été autrefois des places privilégiées. Le long de ce banc ou
de ce stylobate (car on peut lui donner ce nom en raison des
colonnes engagées autour de$ chapelles qui s'y appuient ) , on
remarque un cordon d'ornements très-richement sculptés et
variés dans chacune de ses divisions. On y voit des oves d'un
beau travail et d'un caractère presque antique 5 quant aux
autres moulures , il n'y a qu'un dessin qui en pourrait faire
connaître la bizarrerie et la diversité.
(I) Ces chapelles sont sensiblement plus élefées qnc le chœur.
SVH L* ABBAYE DB COHQUU. 25 1
A reil^iearde Téglise , des c(,>atrerort$ laides , mais peu
saillaats, renforcent les mon d'ailleurs très-épais. Leur appa-
reil n'est point nnîforme. Généralement les contreforts sont
de pierres de taille , quelques uns pourtant n*ont que leurs
angles construits de la sorte et rintenralle est rempli par une*
espèce Xopus mcerittm . composé de gros fragments de schiste
brut. Les mors sont bt^is de la mèsie manière, sauf les fonda-
tions fermées de grosses pierres éqoarries et rangées pr
assises régulières, Cà et là , on remarque par dessus le schiste
un parement de moellons, et c'est le cas pour les apsides et la
façade, occidentale. J'y reviendrai teut-à-rbeure. La pierre
de taille est un gros rouge ou jaunâtre , on bien , mais plus
rarement , un calcaire très-fin. Cest cette dernière pierre'
qu'on a exclusivement em{Joyée pour roroemenlafion.
A l'intérieur de Tégltse cette ornementation se réduit è peu
près aux cbapitenux des colonnes ( car les pilastre:» n'ont que
desimpies tailloirs). *ll faut y ajouter les cordons d'oves et
les autres moulures art stylobate , quelques bas-reliefs appli-
qués sur les pendentif de la coupole , enfin deux grandes
statues élevées sur des consofes le l«ng de la paroi Nord du
transept (r).
Les chapîteaui présentent la variété ordinaire an style
byzantin , mais ïh ont entre eux un rapport général par leur
galbe qui se rapproche sensiblement du profil corinthien. On
en voh dliistoriés , d'autres ornés de rinceaux on de fe ni II âges
fantastiques, quelques-uns admirablement sculptés et d'un fini
merveilleux :: mais le plus grand nombre ne montre que «les
(f) Probablemenl ajoutées ters la fto du XII*. srècle. Les bas-
reliefs de la coupole sont plus anciens. Ce sont de grandea figures
d^auges et de saints d*aircurs d^vn travail fort grosster.
!l3l SVB t' ABBAYE DE COVqVES.
crocheU courts , aigus , qui paraissent comme les rudimeints à
peine ébauchés de très-larges ieuilles. De ce nombre sont
presque tous les chapiteaux du chœur, et je note ce fait comme
faisant exception & la règle presque générale qui donne h cette
partie du temple la décoration la plus riche et la plus élégante.
Ailleurs on observera avec surprise Fabsence absolue de symé-
trie dans la distribution des ornements. Non seulement deux
colonnes voisines, même accouplées, comme celles des galeries,
ont des chapiteaux de types très-difiërcnts , mais souvent à
coté d'un chapiteau très-riche ou en voit un autre presque
nud , h peine dégrossi, et cependant , autant ou plus en évi-
dence que le premier* Il se peut que le travail d'ornementa-
tion exécuté sur place soit demeuré imparfait , ou qu^il ait été
terminé avec précipitation» D^ailleurs j'ai vainement cherché
des traces de peintures ou de dorures sur ces chapiteaux , car
oa trouve plus d'un exemple de cette manière de remplacer le
travail lent du sculpteur.
. A l'extérieur, les fenêtres des apsides sont flanquées d'assez
jolies colonnettes byzantines , et autour du chevet règne un
cordon de modillons fantastiques parmi lesquels se repro*
duisent souvent les mêmes motifs. Ce sont des têtes ou plutôt
des bustes de chevaux.
Aujourd'hui un seul toit couvre l'église j il y en avait trois
dans l'origine , comme on peut s'en convaincre , eu voyant
sous la couverture actuelle des modillons et une corniche qui
sûrement n'étaient pas destinés à rester caches. Le toit des
collatéraux devait être fort plat 5 peut-être même n'étaient-ik
couverts que par une terrasse , circonstance remarquable dans
un pays où il tombe beaucoup de neige 5 mais il semble
qu'importée des pays chauds dans la France , l'architecture
b yzantine y ait subsisté quelque temps sans se modifier d'après
la différence des climats.
\
SUR L* ABBAYE DE CONQUES. ^55
Il n'y a point de crypte sous le chœur ; sans doule k cause
de la nature du sol qui est un roc y'iL II a fallu même l'enta*
mer pour niveler l'aire de l'élise.
J'arrive k la Ëtçade dont j'aurais dû peut-être parler plul6t.
Ce qui frappe d'abord , c'est sa bauteur , inusitée dans un
édifice de cette époque. Un vaste tympan en plein-cintre ,
encadré dans un fronton , surmonte la porte occidentale. Au->
dessus deux fenêtres longues et étroites avec une petite rose ,
laissant un grand espace lisse entre une moulure de billettes
à la base des fenêtres, et le sommet du fronton. L'appareil qui
en cet endroit n'est qu'un opus incertum , tandis que tout le
reste de la façade présente des assises régulières de moellons
taillés , prouve qu'autrefois il existait là un placage on une
décoration quelconque que le temps ou la main des hommes
a fait dispaiaitre. Le sommet des deux tours carrées qui flan-
quaient la façade est détruit 5 maintenant elles ne s'élèvent
pas plus haut que lu toit de la nef; c'est, dit-on , par suite
d'un incendie qui détruisit toute la toiture de Fcglise que ces
tours ont perdu leur amortissement. A leurs longues fenêtres
en forme de meurtrières , je soupçonne qu'elles ont pu avoir
une destination militaire.
De chaque côté des fenêtres qui surmontent la porte occi-
dentale , on observe quelques incrustations ou mosaïques gros-
sières , des étoiles rouges ou noires dans un cercle jaune , puis
des losanges ou des parallélogrammes obliques et disposés en
arête de poisson. Ce genre de décoration , d'un usage facile
en ce pays , 011 l'on trouve des matériaux de couleurs très-
tranchées parait ici comme jeté au hasard. En Auvergne', au
contra ire, nous le verrons reproduit en grand et avec une per-
sistance systématique.
Le tympan de la grande porte couvert de sculptures encore
254 svB l'abbaye db conques.
assez .bi<^n conservées, mérite une description détaillée. Bien
que le travail en soit barbare , on distingue dans sa composi-
tion plus d'art, et je dirai plus de sentiment, (ju'on n'en atten-
drait d'une époque aussi grossière. Enfin l'on y trouve quelques
traits curieux qui peignent les mœurs et les usages.
Une banderole légèrement ondulée entoure le tympan et
lui sert d'archivolte. Çà et ih , des têtes et des mains passnnt
au-dessus et au-dessous de la banderole semblent la soutenir
ou la déployer.
Le sujet de cet immense bas-relief est celui qui se trouve le
plus fréquemment reproduit h la même place : le Jugement
dernier. Trois zones horizontales divisent toute la composition
et comprennent chacune plusieurs groupes qui s'y rattachent».
Au centre de la zone du milieu , on voit le Christ assis sur
un trône dans unevesica piscis; à sa droite les élus, à sa
gauche les damnés; mcme disposition pour là zone inférieure.
]}^ anges portant la croix et les instruments de la Passion ,
d'autres sonnant de la tiompette, occupent le haut du tympan
ou la zone la plus élevée. Sur les traverses de la croix se lisent
les mots suivants à moitié eâacés :
50L. LANCEA. CL AVI . • . . VITAB • . . C • . STGNV.
cBvas. EBiT. m. cEio cvir . • . •; sur le haut de la croix
BBX iuDEOBVM; daus le nimbe du Christ: ivdex* Enfin des
banderoles au-dessus de la vesica piscis pottenl cette inscrip-
tion mutilée : . . i patbis hiei Fii>BLBS. . . hvc disce-
DITE A HE RBPROBATI.
Le Christ drapé tout-à-fait à l'antique ne manque pas de
noblesse 3 sa main droite se lève pour bcnir , tandis que de la
g.7uche il repousse les damnés. Dans cette figure , ki plus
/
'i'HENEWyoRit]
ïpnBiic umAm
ASTO», LENOX MHg
TaOEN fOUNDATlQtn.
1
SUB x' ABBAYE DS CONQUIS* 3^5
jurande et la mieux travaillée de tout le tjrmpab , oq ttoave
tous les carâctèiçs de la sculpture bysantiuc , la longueur du
corps , la grandeur exagérée des pieds et des mains., le^ plis
raides et pressés des draperies , et surtout le soin minutieux
apporté dans Texécution des plus petits détaib. Toutefois ,
comparée avec d'autres monuments de la même époque , elle
paraîtrait traitée avec un peu plus de largeur } on pourrait
dire , avec moins de recherche et de manière. La même ob-
serTation s'applique au reste à toutes les figures du bas-relief«
A la droite du Christ et sur la lone du milieu se groupent
les Elus , parmi lesquels une sainte très-rapprochée du Christ
me paraît être sainte Foy (Sancta Fidis), patronne de l'église 3
puis St. Pierre reconnaissable à ses clefs , suivi d'un vieillard
appujé sur des béquilles , et d'une foule de personnages, dif-
férents de sexe ei de profession. Le groupe le plus remarqua-
ble montre un abbé tenant sa crosse d'une main , et de
Tauli'e conduisant un roi , qui , la tête baissée et les genoux à
demi fléchis , semble frappé d'une vive terreur ; le moine au.
contraire, la tête levée, Tair confiant , présente son timide
acolyte en homme qui a l'assurance que personne ne saurait
être mal reçu en sa compagnie. Rien de plus naïvement co-
mique que ces deux figures. Elles ne sont au reste que l'ex-
pression d'une idée que les piètres commençaient déji h ex-«
ploiter en grand , la suprématie de l'autel sur le Irone.
Les personnages qui composent les différents groupes n'oc-
cupent pas tout l'espace de la seconde zone. Ils sont placés
sous deux espèces de frontons, et les intervalles du fond (entre
les frontons et le haut de la zone) sont remplis par des anges
de proportion plus petite et dans diilérentes attitudes , la
plupart tenant des banderoles qui portent les noms de Vertus
Théologales : fides. spes. cabitas. consTAjfciA. vMiLVTAji
3^6 S\m L* ABBAYE DE CONQUES.
(ûc)«Siir la même zooe, mais de Taiitre colé , c'est^-dire \ la
gauche du Christ , paraissent les daoïuës sé|)arës du Sauveur
par des anges qui les repoussent. Un Séraphin tient le livre
de vie qui se ferme au Jugement dernier , et pour plus de
clarté le livre porte Tinscription suivante : hic sigr attr
liBBR VITE. Les damnés ainsi que les diables mêlés avec eut ,
sont rangés sur deux lignes Tune au-dessus de l'autre. En
preuve de l'impartialité des fondateurs de Fabbaye , trois
moines dont un abbé , figurent parmi les réprouvés, pris tous
lès trois dans un filet que tient un démon. J'observe ensuite
un groupe qui aurdit pu inspirer an Dante , la description
du supplice de l'évèque Ruggiero , c'est un diable rongeant le
crâne d'un damné.
Deux vers au-dessus de cette zone expliquent la double
compositioti. Le premier au-dessus des bienheureux : sancto-
»VM CETVS iiTAT xpo ivDicB LETYS j l'autre du côté opposé
noBUTBS (sic) PBBVZR.^f SIC svHT fif MARIA R AFTi. Le mot mànu
n'est justifié que par le filet dont je viens de parler.
La zone inférieure représente encore le contraste des sup-
plices de l'Enfer avec les joies du Paradis. Deux frontons par-
tagent ce compartiment. D'un côté les élus sous des areades
par groupes de deux ou de trois, se dirigent vers la porte du
Paradis toute garnie de ferrures avec un énorme verrou et
une serrure de sûreté s'il en fut. Sur le fond au-dessus du
û'onton j on voit un autel avec le calice , puis des morts
sortant de leurs tombeaux, enfin une Sainte attirée par une
main gigantesque. C'est encore sainte Foy à ce que je suppose.
Deux légendes expliquent celte partie du bas-relief, l'une
tracée sur le cordon qui sépare la seconde zone de la troi-
sième , l'autre sur les rampants du fronton. Les voici : sic
OATVR ELECTIS AD CELI GAYDIA CimCTIS-^-GLORIA » AX REQVIES»
\
SVA i.'AllltAY£ Dft CONQUES. ^57
PEBPETVYS QUB hlBS CASTI PACIFICI MITES HETATIS AMICI
su: STAVT GAVOBnTB» SCCVHI HIL MBTVENTES.
Au centre de celle zone ^ prcciaéineot sous les pieds du
Chiiat, un ange «C un diable pèsent les âmes ^ le diable a Taîr
très-fiipon et chercbe évidemment k rendre sa part meilleure.
Eu opposition à la porte du Paradis , le sculpteur a placé
celle de FEnfer^ c'est une gueule monstrueuse , où. un diable
pousse les damnés. Ou voit ensuite sous on fronton correspon-
dant k celui des élus ^ un diable énorme , c*est je crois Satan
en personne , assis sur ton trône , tenant uu damné sous ses
pieds en guise de tabouret. Il est entouré de ses ministres et
des réprouves qui expient leurs crimes par différents genres
de supplices. Ou remarque englouti par la gueule diabolique
un chevalier tout armé , précipité avec son cheval qui s'abat
et le renverse la tète la première ^ puis un diable tenant une
harpe qui entonne quelque chosie dans la bouche d'un malheu-
reux pécheur (i)} un gourmand reconnaissable li un gros
ventre , obligé d'avaler quelques platâ de la cuisine infernale^
un homme et une femme , deux amants coupables , )e crois ,
étrangles de la même corde et trouvant , comme il semble ,
quelque consolation , ainsi que Francesca et Faolo , à souffrir
le même supplice j un avare pendu ^ sa bourse au col, pendant
qu'un serpent lui rouge les yeux 5 enfin^ un damné à la broche,
entouré de démons, dont les uns olficient comme cuisiniers et
les antres servent de chenets. — Tels sont les principaux
groupes de cette partie de la composition. Au-dessus on lit
les vers suivants :
PEHIS IWIV^CTl CRVCIATVB IJT IGNIUVS VSTI
DEMOU AS ATQ HEMVWT PERPETVOQ. GEMVNT
(2) On a f oulu , \e pense , munlrer le Mipplire de» Jon^çlrurs
dont la bouche n'a fait emcndreque des rbauts profanes.
258 SUR l'abbaye DC GOKQrBS.
FVRES MBNDACBS FAtSf CVPIDIQ RAPACCS
SIC SVNT DAMPHATI CVHCTI 8IMVL ET 8CEL£RATr
Enfin sor le linteaa de la porte est tracée cette inscription :
O PECCaTORES TRAWSMTTETI5) HISI MORES
ITOICIVM DVBVM YOBIS SCITOTE PVTVRTM
Il £iQt noter une particnlarité assez bizarre dans ces ins-
criptions. Les lettres sont en général sculptées en crenx , mais
il y eu a quclqaes-anes seulement pe/nfes^ et de ces dernièresy
la plupart sont efiàcëes. Par exemple , à la suite da dernier
vers, il y a nne vingtaine de lettres que le temps a rendues
illisibles. On en doit inférer que l'inscription a été augmentée
après coup 5 peut-être, la peinture du bas-relief est-elle fort
postérieure à la sculpture* JTaurais dû remarquer plutôt que
toutes les figures sont peintes, et quoique les couleurs semblent
assez modernes , elles sont appliquées sur unecoucbe ancienne
de même teinte et bien visible ebcore en quelques points.
Si je ne me trompe , dans cette variété immense de person-
nages accumulés sur ce bas-relief, il y a plus d'imagination
que n'en montrent d'ordinaire les compositions de cette époque^
et les amants étranglés de la même corde , Tabbé protecteur
du roi , le chanteur et le gourmand punis par oii ils ont
pécbé , aunoncent une certaine recherche d^idées qn on ne
s'attend pas à rencontrer dans les ouvrages d'une époque de
barbarie. Je remarque encore , malgré l'incorrection du
travail , une tentative constante pour arriver à l'expression ,
tentative quelquefois suivie du succès.
L'année dernière on a pratiqué une large tranchée le long
de la muraille nord de la nef et autour de l'apside , qui , en-
terrées à une profondeur notable , souffraient sensiblement de
l'humidité. Dans cette fouille on a découvert un grand nombre
de tombeaux en pierre appliqués contre les murs de l'église et
et empilés les uns au-dessus des autres. Quelques-uns de ces
SrR L*ABBAYB. OE COIIQUE.S. alSg
tombeaux sont en grès, la plopart eo pierre calcaire. Dans
presque tous , la place de la tête est marqnëe. On en voit
plusieurs qui ont sur le coté une espèce de porte mobile qui
s'ouvre au moyen de poignées de fer , mais les couvercles du
plus grand nombre sont scellés avec un mastic fort dur. Les
plus grands de ces sarcopbagei contiennent un gril en fer sur
lequel le cadavre était étendu. ÂU)Ourd*bui beaucoup de ces
tombeaui renferment encore des ossements et même dca sque-
lettes entiers , m£)is je n*ai pas euteudu dire qu^on y ait trouvé
des bijoux ou des ustensiles quelconques. Il- y en a fort peu
qui se distinguent par quelque décoration , el dans ce cas
elle se réduit à un soubassement ou bien h une nicbeavec des
colonnes et une arcature figurée. Tel est le tombeau de Tabbé
Bégon placé à Textérieur de la nef du côté sud. L*inKription
que je vais rapporter est gravée sur deux tablettes de marbre
noir , et les creux des lettres sont remplis de plomb. Entre les
deux tablettes se trouve un bas-relief de style bysantin sculpté
dans un calcaire gridâtre, et qui représente le Cbrist ayant à
sa droite St*.-Foy , à sa gauche un abbé, tous les deux cou-
ronués par un ange.
HIC BST ABB4S SITV8 ^OLLBBTI CVBA GBSS
DIVIN A L^B PBBrrVB IT BT AllBBA PIVKA : U
VIR DHO GBATVS C BST LAVOANOVS PEU SB
DE HOMUTB VBlQO VOCATVS CVIA VIR VBBBRAITDVS
HOC PBRAGBVS CLAVSTR WIVAT IIT BTBRKVM RB
VM QVOD VBRSVS GEM LAVDAKDO SVPBRVVIt
TB5DIT AD AVSTBTM
Il est vraisemblable que cette inscription et le tombeau ne
sont pas fort postérieurs au commencement du XII*. siècle.
Au sud de l'église attenant au transept , on remarque un
arceau porté sur des colonnes géminées lort basses. Voilà tout
ce qui reste du cloître bâti vers la fin du XI'* siècle par Tabbé
24o SUR l'aBB4YE DB COVQVES.
Bégon , ^et que Ton vient d'abattre tout récemment. Le style
des colonnes ne permet pas de douter qa'il ne (Ût presque
contemporain de la construction de Fëglise'.
Je transcris les vers suivants qu*on lit au-dessus d* une porte
en ruine qui donnait dans le cloître , mais je ne sais l quelle
partie du monument elle conduisait.
BAS BENEDIC VALVAS QVI MVHDVM RBX BONE SALVAS
BT KOS DE PORTIS SEMVL *-^ OMNES EUIPE MORTIS.
Enfin , je citerai une dernière inscription encore en vers
léonins , car il parait que les religieux de Conques disaient
grand cas de la poésie. Elle est gravée sur un linteau de
porte ayant la forme d'un fronton obtus.
tSTB MAGISTRORVM LOCVS EST SIMVL ET PVERORVM
MITTVHT QVAJTDÔ VOtVWT fflC (sic) RBS QVAS PBRDBRE NOtVlTT
Je me suis demandé vainement quel pouvait être ce lieu.
Le dernier vers donnerait à penser qu il s'agit d'un trésor ou
d*un tronc pour les pauvres , mais alors je ue sais que Ëtire
des maîtres et des eniants.
L'église de St'.-Foy est du petit nombre de celles qui , au
milieu de nob discordes civiles , ont conservé des vases et des
reliquaires précieux , soit par leur matière , soit par leur
origine. Pendant la révolution on distribua entre les habitants
du bourg tous ces reliquaires, et la tempête passée , chacun
s'empressa de les rapporter. Cet exemple , je ue dirai pas de
probité , mais de respect pour ces nobles et curieuses reliques
est malheureusement bien rare en France , et j'éprouve un
vif plaisir à le rapporter.
Voici les objets les plus remarquables que renferme le trésor
de l'église :
i*'. Le reliquaire le plus ancien est nommé l'A de Charle-
magne , et si la tradition est vraie , ce prince en aurait fait
don a Tablaye de Conques^ Son nom lui vient de sa forme
SV& k'abbayk m conques. %^t
qui &è rapproche en effet de celfe de la lettre A. Cest un
triangle dont la pointe est rarmontée d*ane bonle en cristal.
Les côtés sont couverts de cabochons et de quelques intaillei
antiques parmi lesquelles f^i remarqué nne TÎiCtoire écrivant
sur un bouclier , morceau d'un très-beau travail. Sur la base
du triangle s'élèvent deux statuettes eu bronze doré ( ou peut-
être en vermeil )• On reconnaît que cette base doublée d^uue
lame de cuivre.doré a été raccommodée maladroitement avec
des plaques qui ne proviennent pas du même reliquaire,
comme le font croire quelques lambeaux d'inscription qu'on
lit sur ces fragments. La forme des lettres et le nom de l'abbé
Bégou donnent lieu de croire que ces fragments reUKmtent au
XII*. siècle. Peut-être k cette époque ajouta »i-pn une base à
Ta de Qiarlemagne , car cette base^ sans en excepter les
stalueite»! paraît moins antienne' que les cotés du triangle»
Quoi qu'il en soit , voilà ce qu'on lit sur ces lames de enivre
doré: svM. noMiirtrtf qvb crvx.... puis..*, abbas rouMAvrv
BEGORELIQVIA8 QVSLOCavit...* . .
i"". Une statuette de St«.<-Foy en vermeil , baute d'environ
1 8 pouceset d'un travail qui me paraît remonter au XI*. iûècle.
I^ tête de la sainte ^ fort disproportionnée avec le corps ,
est peut-être une restauration relativement moderne , en tout
cas fort inférieure au reste , quant à rexécuttbn. Ou voit
répandues à profusion sur toutes ces statuettes des pierres pré-
cieuses y des intailles et des camées antiques , quelques-iins
assez grands et d'un fort beau caractère* J'ai surtout remarqué
un camée représentant la tète d'un empereur dont ks traité
m'ont paru offrir de la ressemblance avec ceux de Titus.
N'étant nullement préparé à trouver tant de richesses dans
un pareil désert , je ne m'étais pas pourvu de terre glaise ni
de plâtre pour prendre des empreintes , et dans le catalogue
des pierres antiques, je ne puis que citer mes souvenirs.
'9
24» sviL t'àiiÀYC o« €oiir<)m.
3*. Un émail bjaanlin ^ y^ crab de travail grec et fort
andeu, VeiAiutiou en eH siq^u^ière» La figure du laiut a
d*abord Mé gravée «n créai Mir «nt |p]«qiie de cuivre ^ à peu
près ocMDHM oa fait anjoard'hui pour «ne gravure sur boii ,
poil les crens ont éU remplis d'«Q énail ooioré « en fia tonte
la plaque a été polie* Le cuivre véservié antour des parties
énaillées en masque les couleurs. Sous ce napport, ee moioeav
curiem ressemble plutôt k une incnistaliiNi qu'à un éuiail A
prcpremeot parler.
4P* Une plaque de porphyre rouge carrée , eucbassée dans
de Vargeui niellé. Cette pièce est curieuse eu œ qu*cUe porte
nue date et peut servir ainsi k l'histoire de Tart du uieller A
ea )ugeff par b perfection du travail , il devait être dé^k
■ très^Avaucé ameonoaienceiiient du Xli*. siècle. Sur la trauclie
decexeKquaireyOa voitgravés et niellés avec kauooup de
soin et d'adresse dii-buU. petits bustes ceprcaentaut le Qirist ,
k ¥îeige^ Sl'^-Foy , Sl*-Cécile, St.4kpraise, St.-Vincent et
les douie apôtres. Voici rinscciptiou égaleniefU niellée :
nxtô. K. ivui w^uaYS nmcav^ ajAuAsraamis
uriscowa bt samcto fiais vt e«iiris mou Acurs
«00 ALTARB BUfiOHtS ABaATIS DaOiG^ViT
If^ D8 %n BV SBPVLGRO BIVS MVI.TA8QVg
ABUS SaMGTAS RBUQVIAS HIC HBPOSVrr
Ottoeuserveencore à Comptes quelques curieuses tapisseries
du &VK siècle f cepréseolaul la légende deSr,-Foy et de
St.«Capraise {t),
(t) M, te M! ùlstre cTe rintérleur a décide que rëgTise de Conques
serait^ eofnpMtcnMNii féj^avée. Le»4vftffiiix soRtfUr»gë« avec !>««»-
coup 4*t#leUig«Bae p^r m^BoUsonuadey svcbilectedM dép4rieiiH!iit
de t'Avryron i celte réparatiop lui fait le plus gr«ud hoaaeur.
^tMxon finirait amiittlle it fBIS#
Extrait du procè&'Verbal des iéanceê tenues par
la Société française pour la conservation et la
description des monuments historiques, dans
la ville de Tours ^ Indre-et-Loire J , depuis le
^5 jusquaul^gjuin i838*
ttANCB FVBLIQUB B'OUTBBTCft».
Prési<k»«e da M. db Caumobt » éireekmr*
JU fiéaace est onTnerie le a5 \mn t858, i ieax iMBies et
demie , dans la grande salle destinée anx fêtes pflUiqnes ,
hôlel 4e la pré&anre, que M. le comte d^Entcngnet ^ f rëfet
du département d'Indre-et-Loire 9 a bien ypuIq mettm à la
disposition de la compagnie.
Le bureau se compose de M. de Caumont » dindeur ;
M. Guti'iVi, iospeeleur divisionnaire; M. Mas^i ^ inspecteur
conservateur des monuments d'Iadre*et-Loice ; M« Gaugain^
trésorier de la société j MM. Riehelet, du Mans et Cbe^^p^eaux,
d'Evreux , membres du conseil administratif f M. de. Clin-
champs , président de la société a rcbéologique d*Avnboelies ,
etc.; M. le O^.de Monilivauit, président de la société acadé-
nii({ue de Tours; M. Tabbé Manceau^ chanoine honoraire de^
la métropole , chargé de remplir les fonctions de seofétaire
général , pour le tefpps de la sesijion.
^44 MSSIOff GÉNÉRALE ANNUELLE
Sont admis au nombre des membres de la Société , et
i|ivît4$ à^iégc/^ ' ; .. ,
MM, Tâbbé Du Fêtrb', vicaire général à Tours.
Db BoisviLLETTE , ingénieur des ponts et chaussées h
Châteaudun,
/Noël Champoiseav , membre de la société académique de
Tours.
Eliè Dru , membre de plusieurs académies, à Partbenay.
*^ DeBBAUREGARD, président de la cour royale d^Angers.
Le Clerc Guillory> négociant , à Angers.
TuRGOT, receveur des contributions , ihid.
L*abbé Maupoint , vicaire de Notre-Dame , ibid,
Victor Pa viB , imprimeAir , iàid*
A. Peschbbard , architecte , à Loches.
BoucBERiT, docteur-médecin . luembrede racadéinte de
Blois.
Baymood PoBNÎN , conservateur des archives d'Indre-et-
Loire*
BouRGOUGiroux , supérieur du grand séminaire de Tours.
Plailly , curé de St.*Pierre-des-Corps , k Touis.
Seytrb , secrétaire particulier de la préfecture.
GiBAUDBT, docteur-médecin, membre de plusieurs sociétés
savantes , couronné par Tacadémie des inscriptions.
Genty , supérieur du petit séminaire de Tours.
O*. DB Trobriant , propriétaire membre de plusieurs
sociétés savantes , à Tours*
Abraham , propriétaire , i^/^.
On remarque dans la salle , outre les membres mentionnés
ci dessus, M. F abbé Lot Un ^ chanoine du Mans * M. Desporteg,
du Mans ^ M. le C**. </e GtiUon , d'Avranches, M. le M'". Je
La Porte , de Vendôme ^ M . Chauveau, de Tours j M. Hou^
TEffVB A TOURS. %/^5
deheritâu Mans,* M. l'abbé Beurmattlt, du Maus i IVL. Des-
nos , d'ÂUiiçoa^ M. Chorin, curé de St»-Vic(tur (Sartbc)^
M. Boikau , de Blois.
Les places disfiusées pour U publie sont 0ccii|)ées pax
des dames et divers habitaoU de la viLle.
M. de Caumoat lit un rapport détaillé sur les travaux
de la société y sa marche pr<^ressivc , ses ressources, ses
espérances: puis il iiidi<|;ue f^iieUes demandes de secours
ODt été adressées depuis la dernière séance publique , et quelle
somnc Li société peut consacrer iuimédiateuieat à k conser-
vation des moauments de la contrée où elle tient sa. réunion
générale de i8S8»
M. Noël Cbampetsean prend ensuite la parote et présente
dans une es<^uisi»e auiimée et lapide , les principaux tratts de
r histoire ancienne de la Touraine :. cie discours est vivement
applaudi»
M» Bicbelet coHimHmqitfr,aii^nomdeM.de Caumont, ta tra-
duction de divers ouvrages publiés eu Angleterre , concernant
l'histoire de l'art. Un des Itagments coRuminiqués est de M.
Gally-Knigbt , savaat antiquaire Anglais.
M. DesiMS d'AlençoD donne des détails intéressants sut*
les voies romaines qjii traversent les- départements de FOrn«
'et de la Sarthe et présente twie carte indiquant les. principafcei
directions de ces ancieaaes voies.
Le même membre, M. Desnos , Ut une notic«sur lecbâtea»
de INouans ea Saonois.
« Lorsque^ dans le moyen âge, lies guêtres eontiotietles qui
désolaient la France, avaient fait de la plaine du Saonois
une espèce d'échiquier militaire placé entre le Mai m; ,
le Perche et la Normandie , oiv se vidaient contiutiellement
iJIfi SESSIOV GKN^HA&B AlTtlirELLE
\ei saiigla»lei quereller des puisMnces de f^poque , Rollaas
i peu de distaïuie d^ forteresses alors importantes de Ballon
et DaDgeul deyait figurer an nombre des places (ortes. Ce
obftteatt fl dû fttre dans le principe bâti au milieu d'un
marais entretenu à cette ëpoqne par T^oulement abondant et
continuel des eatx sortant deji sources de la Georgette*
Le cbâteau a été reconstruit sur les ruines d*un ch&tean
fort y occupé par Tnn des membres de riilustré femille des
Larocbefoucault , vers la fin du XV*. siècle.
Kouans , comme beaucoup d'autres lieux de la contrée ,
possède I outre son trésor caché dans les épaisses murailles du
cbâteau ^ ses fantômes et ses apparitions nocturnes*
M. de CauiDont prend la parok peur faire connaître les
serrioes que rendentà l'arcbéologie^ dans le diocèse de Beatnraia,
M. Barreau, professeur au grand séminaire de BeauTuis ^ et
VL. Beaude , prefeaseur li Fécole ecclésiastique de Goinconrt ,
près de la même Ville-, qui ont professé l'archéologie mottu*
jnentalc dans ces deux établissements. 11 demande qu'il aôit
fait mention au proeès-yerbal de là satisfaction que la société
éprouve en voyant avec quel dévouement cet enseîgnenient
«8t continué depuis trois ans. Un jour sans doute la société
pourra se réunir i Beauvais et renàereler publiquetoenl les"
personnes qui ont secondé ses rues; en attendant, le procès^
Terbal fera mention de l'iiitérét que la compagnie prend Aux
intéressants travaux de M. Barreau et à ceux de M. Beaude.
*
M. l'abbé Manceau , secrétaire général , met ensuite sous
les yeux de rassemblée la description d'un dolmert de grande
dincndoo , rédigée par leé élèves de l'écok de Gointourt (i).
(I) fleiii eHl3^«i devoir cHer ftl m UOàls éés àutetirt dé cette
THE NEW YORK
IPÏJBLIC LIBRARyI
A8T0R, lENOX ANS
TBNVB A TOVRS. tk^J
La Société prend un vif intérêt a cette communication , le
dessin hardi qui accompagne la notice est aussi TœuYre d^un
des élèves de M. Beaude ; M. de Caumont annonce k ce sujet
qu*il est dans Tintention d'olTrir h M. Beaude un ouvrage qui
puisse être donné cette an née en prix dans sa classe d* archéologie
monumentale.
Séance ordinaire du 26 Juin.
Présidence de M. Cavviit , inspecteur divisionnaire*
La séance est ouverte à 8 heures, M. Seytre remplit les
fonctions de secrétaire en Fabsenoe de M. Manccau. Plusieurs
nouveaux membressont proclamés par M. le directeur. Savoir :
M* Tabbé Mavdvit, professeur au petit séminaire de Tours.
M. Tabbé Bovcheb , id, id.
M. l'abbé BovRAssI, id. id»
M. rabbéGxiiEST, id, id.
H. Alowzo PfiAN , membre de plusieurs sociétés savantes ,
à St.-Aiguan ( Loir-et-Cher ).
M. Cbarlot, membre de plusieurs sociétés savantes, à
St.-Aigoan (Loir-et-Cher).
M. Jagv , propriétaire , I Tours.
Le procès- vei bal de la séance précédente est adopté.
M. de Caumont communique un grand nombre de lettres
description ; ce sont MM. A de Ha^vilie , If. Berlin , Gustave
Chêi*reau, Â. nUchel, H. Le Cferc, ff. de GttUlebon , E Cûponet,
r de MûT^
^48 SÛÂIfCB GÉN^RALB AlfKVKLLE
et de notes adressées h Toccasioa de la séance générale annuelle,
et rend compte de ce qu'elles contiennent.
On entend ensuite un rapport de M. le Baron deCrazannes,
inspecteur divisionnaire k Montauban, sur les départements
de sa division.
M. de Bbisvillette , ingénieur des ponts et chaussées à
Gliâteaudun , présente les magnifiques dessins et les plans
très-détaîllés qu^il a pris de k grande villa gallo-romaine
explorée par lui h Marboué près de Châteaudun : l'auteur
entre dans des détails aussi curieux que précis sur les décou-
vertes , qui ont occasionné le grand travail dont il donne
communication. Dans l'atlas considérable soumis à la Société ,
on trouve non seulement tous les plans géométriques de
l'édifice ^ mais des dessins de tous les fragments de sculpture
et de tous les objets mis k nud dans les fouilles. — La
Société reçoit avec reconnaissance la communication inté-
ressante de M. de Boisvillette et lui vote des remercimeots.
M. Tabbé Chorin , curé de St.-Victeur (Sarthe) lit une
notice sur un camp romain découvert près de Fresnay ,
et sur diverses médailles exhumées dans le même pays.
M. Noël Champoiseau offre, de la part de MM. Rivaux et
Corbiu, imprimeurs-lithographes, une vue de la ville de Tours
auXYII*. siècle, priseà vol d'oiseau et d'une grande dimension.
M. Champoiseau entre k ce sujet dans des détails précis
sur rétendue et les circonscriptions de la ville de Tours à
diverses époques , et que la vue de MM. Corbin et Rivaux
indique assez, clairement. — M* de Caumont prend la parole
pour remercier M. Champoisau et MM* Corbin et Rivaux
d'avoir exécuté ayec tant de précision et de netteté un
plan devenu très-rare , et dont l'intérêt est incontestable.
m II serait à désirer , continue M. de Canmont , que toutes
m
tbuve a tours. ^49
ff les anckooes ^raei faites à vol d'oiseau , et qui donnent
K exactement la physionomie de nos yiUes à cette époque ,
« mais qui maliteureusement sont pour la plupart très-rares,
<r fussent gfrayés de nouTean comme eelk de Tours , et c'est
« une henreose idée qui, nous Fespéroos, sera plus .tard
' 9 imitée dans d'autres TÎIfe». M. Cliarapoisea« qui a
<r beaucoup contribué À cette publication a donc droit à nos
« féKcttattons ainsi que les artistes habiles qi»i ont exécuté
« ce trayait avec tant de suecès. »
M. Jagu , de Tours , présente un tableau cbronok^ico-
synoptique de Fbistoire de Touraine , rédigé d'après la furme
okliDaire des tableaux synoptiques et renfermant on nombre
considérable de dates et de détails historiques.
La Société entend ensuite avec un vif intérêt la prélace de
l'important ouvrage de M. le C^. de Trobriant , de Tonrs ,
intitulé Fqjrage pittoresque en Bretagne* Ce moreeaa , écrit
avec un véritable talent, est entendu avec le plus grand plaisir
et sera relu en séance publique.
Présidence de Mg'* A. m Mohtblahc , archevêque de To«r».
A sept heures du soir , pès de 5oo personnes , parmr ies^
quelles on remarque un giand nombrede daoïes, remplnsentia
salle des séances. Le Graseil administratif apprenant qne Mg'r
l'arahevlque de Tours se trouve dane la salle, arrête que^ Sa
Grandeur sera invitée à présider la aéance. M. deCaumont ,
direetesr, fait part de cette déeision^ à Mg'« de Montblanc, qtû
veut bien se rendre à l'invitaties de la Société et occuper le
fauteuil : M» Dulltre , vieaiie -général, est invité à siéger au
bureau»
aSo SESSION GÙrfiRALB ANNUELLE
La séaiM^e étant déclarée ouverte , Mff*. l'arebevÊque pro*
nonce le discenr» snivant :
« MBSsnnjBs , \t suis heareiix de présider cette intéressante
réunion , et j'applaudis d'autant plus volontiers à vos nobles
efibrta, qne je sais que le but que b Société se propose est
religieux et cbrétien. Je n'en puis douter , en voyant dans
66DX qui la co«i|)osent des homines^ussi recommandables par
leur foi et leur piété , que distingués par leur science et leurs
talents*
« Déj& , Messieurs , la Société recueille les fruits de vos
uliki travaux « Les pierres disperaées du sanctuaire ont été
soigneusement rassemblées , de précieuses ruines ont été res-*
pectées ^ des monuments , dédaignés auparavant , ont été ap-
préciés et convenablement réparés, et l'antiquité , mieux étu-
diée et mieux comprise , a reconquis le rang et l'influence
qu'une génération moins bien inspirée que la nôtre lui avait
fait perdre. Grâce à vos savantes rechercbes , nous pouvons
lire aujourd'hui , sur les pierres comme dans les livres , les
diverses transformations que la Société a subies ^ suivre le
Christianisme dans ses développements et ses glorieuses con-
quêtes : d'abord comprimé par la persécution , creusant ses
temples dans les entrailles de la terre , et cachant ses mystères
dans les cryptes et les catacombes^ et bientôt deventi vainqueur,
élevant sur les ruines des temples païens ses vastes et snperlies
basiliques. Le mouvement imprimé à notre époque a été si
bien secondé , si bien dirigé par vous , Messieurs , que le goAt
du bean est aujourd'hui répandu dans toutes les cUsaes ; k
peuple lui^^nème comprend et admire les merveilles de l'art;
il ne passe plus avec indifiereneedevant nos cathédrales , il
se dit qu'il but qu'il y ait quelque chose de grand dans la re-
TBWVE A TOVHS. l5t
ligioii qui a ékté ces masses imposantes , et illes seine arec
«oe relig'i^ase admirati<m«
¥ Coatinnet, Messieurs, xùb importants travatit t la i^li-
gton et la patrie applaudissent h votre sèle , et roùs mérites
également bien de Tune et de Paotre.
« Cette belle prorinoe, que tous venez visiter, ne sera pas,
je Fespère, stérile ponr vous , et vous trouverez à admirer sur
cette serre, où César et ses légions , et ensuite le thaumaturge
des Gaules , notre glorieux saint Martin , ont laissé des traces
si profo^des^
■ Qu*il me soit permis. Messieurs, de féliciter noirè ville
de Tavantâge qu'elle a de vous posséder ; f aime h croire que
Je suis en cela Forgane de ses habitants , qui doivent an goût
et à la cqhvre des aru , la politesse exquise et Taménité de
mœurs qui les caractérise.
« J'émettrai , eti finissant , ttn vœu qui , f en suis sûr , e&t
aussi le v6tre i cVst de voir la religion refleurir en même
temps que les arts , et la foi , qm inspira h nos pères tant de
magnifiques monuments , reprendre sur leurs descendants sa
douce influedce et son bienfaisant empire» »
M* de Cauraont, directeur , prend la parole pour Mneroiar
M. Farekevêifue, au nom de la compagttie,de reacoaragettent
qu'il veut bien donner k ses travaut, en venant la présider* Il
ajoute que l'on a bien compris ks aentimeots qui amment les
membres de la Société. Ib sont convaincus que Fart ne peut
être séparé de la religion , et que Sans elle il n'y a pas de
science véritable.
Dès son origine , la Société a rédamé le çonéours dli okrgé
dont la vie méditative est à &vQfaU# aux études aéeieuSes et
approfondies* Auîonfd'bMi qile bous tonaMs priviSs des cor-
25a SESSION. GENERALE AIlirURLLB
poratioas religieuses auxquelles on doit les grands rooniYments
historiques, il faut que toute la populatiou éclairée de la
France , alliée au clergé, s'eflorce de combler celte lacuoe , et
d^achever les travaux des savants qui ont devancé notre gé-
nération. L'appel de la Société a été entendu, et tout fait au-
gurer que le XIX'. siècle pourra faire oublier les pertes, du
XVIIP.
M. Noël Cbampoiseau prend la parole y et décrit l'enceinte
de la ville de Tours , que la Société a visitées , ainsi que la
galerie , construite dans les soubassements des murailles
antiques»
M. Seytre lit an mémwre contenant une esquisse des prin-
cipales époques de l'histoire de Tours , et des aperçus sur
les époques les plus remarquables de la période qu'il décrit
dans ce mémoire.
La parole est & M. le vicomte de Trobriant, qui commu-
nique une brillante description du Mont-Saint-Michel et de
ses environs , en y rattachant l'exposé des faits historiques
dont le pays a été le théâtre.
M. le docteur Giraudet prononce un discours plein de
verve sur l'état actuel de l'art en France , sur les ravages
du vandalisme^ et sur la nécessité de s'opposer, par une
étude sérieuse de l'art , aux d^radatious et aux œuvres de
mauvab goût qui désolent nos provinces.
Les nouveaux membres dont les noms suivent sont pro«
clamés :
M. Dbsjodebt I de Tours.
M. l'abbé Mauffrais, id.
M. l'abbé DoRioif , id.
M. l'abbé GviLiABD , id.
M. Vabhé Chaavoz , curé de Monlloitis.
TEIIU£ ▲ TOVBS. 355
M. Henri Govinr , de Tours.
M. Alfred Laurevt , id.
M. RozB Cartibe, id.
M. MARfiVBBOir, id«
M. Tabbé Salmoh , id.
M. le Marquis de CEsé, id.
M. DE Cbrb fils , id.
Séance ordinaire du a^ juin.
Présidence de M. le O'.db Mohtlivault.
La séance est ouverte à huit heures et demie.
Après avoir reçu Thommage de divers ouvrages de M. Ver-
gnauh-Romagnési , la Société entend une notice de M. Bes-
nouin , chanoine honoraire à Tours, sur les monuments his-
toriques de la Tonraine. L'auteur cite plus de cent églises
qui datent du XI*., du XII*. et du XIII*. siècle ; il exprime
le désir que des fonds soient votés pour des réparations
urgentes.
M. Pescherard signale à l'attention de la Société l'église de
Mon trésor comme l'un des plus curieux monuments de la Re-
naissance , ainsi que Téglise de la Selle-Guenaud , qui doit
remonter à une époque fort ancienne. M. Manceau ^e plaint
que des réparations mal entendues aient défîguré cet édifice.
M. Alonzo-Péan communique une notice sur les monuments
historiques de Saint- Aignan.
M. Lange, de Saumur , lit un travail sur un monument sé«
paierai découvert récemment dans l'arrondissement de San**
mur ; divers objets trouvés dans ce monument prouvent qu'il
a54 sBssiojf ^(néftAiB AHirvaiLs
remoote à uoe grande antiquité* La Société adresse <ks renier^
ciments h M. Lange.
M. de Clittchainps présente un méiiioirt sur le Moot^Saiut*
Michel , dans leqnel il s'attache à décrire scrapiilesieiiient les
différentes partiels de ce grand édifice, à faire eoniiaitrc le«rs
dates précises et tes faits histori<|a0s qm s'y rattackeat*
M. Caavin Ut un mémoire snr Marmontiers, dont M« Boyer
du Mans est l'auteur. Frère de l'ancien organiste de cette oé*
lèbrc abbaye , M. Boyer «st en possession de divers documents
très-curieux , qui répandent beaucoup d'intérêt sur son mé-
moire*
H. Cheyreauiyd'Evreux , décrit des objets d*art q«i étaient
dans l'église d'Ecouis et qui ornaient le tombeau de Jean d<?
Marigny , archevêque de Rouen (i). Ces objets avaient été
achetés par un artisan qui les a conservés précieusement jnscju'a
sa mort: aujourd'hui sa Camille oflfre de les vendre au dépar-
tement deTEure : H. Chevreaux propose en conséquence k la
Société d'écrire au Conseil général de ce département^ pour
l'engager à acheter c^ morceaux curieui^ d'antiquités.
La Société s'empresse de s'associer au vœu de M. Chevreaux
et décide II l'unanimité qu'une lettre sera adressée au Conseil
général dje l'Eure.
La Société reçoit une notice de M. Johanneau , qui tend
k rectifier quelques explications données par M. Massé ,
architecte , sur des inscriptions latines exbtant à la voûte de
Saint- Julien de Tours.
Âpres un scrutin secret, la Société nomme MM. Manceau ,
(I) Ce sont une mitre et une crosse du XIV*. siècle; objets
qui ont éU décrits par M. Le Prévost , et fibres dans les
méMokes 4a la Société des «ntlqaahrca , d'après le dessin de
M. Lani|>ert.
TfiJfUB A TOVRS. a55
Koël Cliainpoiseao, Sey tre et Cueria, architecte » membres du
Coïkiieil d'ftdmiaisirAtion.
•ftANCK PVBLIQUK DU tl JOIN.
Présidence de M. dk Cavmovt.
La sàmee est oavene k j henres en présence d*aae assemUée
avssi nombreuse <{iie celle de la veille. MM. Caavîn, Bn Fétre,
de Cliochamps , Fabbé Manceaa , Seytre , Cbevreaui et
Gaagain «égent au bureau | le prooèi*T«rbal de la séance
précédente est adopté. Sont proclamés membres de la Société ,
M« CAATIB& Gaillako , d'Amboise.
M» Tabbé ViiKcirT,«e6rétaire de Mg'* rarcberêqnede Tours»
M. Adam , de Tours*
M* l'abbé Fovgeroux , id.
H. Jules Bacot de Romaits , id*
M* l'abbé Savmët ^ i>ttré de Su-Satiirnin , id.
M. Cbampoiseau lit, au nom de M. Le Sourd , de Locbes ^
un mémoire sur des bas-reliefs incrustés dans le transept de
l'église abbatiale de Beaulieu*
M* &ytre coumiunitpie , au nom de M. Juks Bacot de
Romans , une notice sur une urne cinéa»ire £u verje ^ décou-
verte k Tours.
M. Manceau lit un mémoire tres-étendn anr Tégliise métro-
poUtaiae de Tours , «Uns lequel il indi>(}<Be soigcieuseonent les
dates des divei^es parties de l'édifice. -^Commencé en 1 1 70^
il ne fut terminé qu^en i547* Si la cathédrale de Tours ne
peut être rangée parmi les œuvres les plus grandes de l'ère
ogivale , au moiu& doit-elle cire réputée comme l'une des
plus élégantes que possède la France.
a56 ^^ANGE GÉNÉBALE AITHUBLLE
Oq entend ensuite un mémoire de M. De La Sicotière ,
d*Aïeaçon , sur les monuments de Laval et des enviroas. .
M. lecomtedeTrobriant communique un nouveau frap^ment
de son voyage pittoresque en Bretagne» Ce chapitre qui con-
cerne le château deClisson, et qui est écrit avec le même
talent que les précédents , est entendu avec un vif intérêt et
vivement applaudi.
M. Richelet présente un essai sur T histoire de k peiotare
sur verre , suivi de quelques considérations sur les vitraux
de la métropole de Tours.
M. Seytre communique , de la part de M. le baron Jaleâ
Bacot de Romans , une notice concernant une léproserie ap*'
partenant d'abord aux Templiers , transférée aux Chevalierd
de St.-Jean de Jérusalem , et maintenant possédée par M,* le
baron de Romans , son père.
Le 28 juin , la Société a fait une excursion archéologique
à Langeais , où elle a été reçue avec empressement par M. le
Maire et M. le curé de la ville. Âpres avoir examiné avec le
plus grand soin le magnifique château et la curieuse église
de Langeais, un banquet auquel M. le Maire a bien voulu
prendre part a eu lieu dans un des principaux hôtels de
Langeais ; les membres de la Société sont ensuite remontés en
voiture et ont visité successivement la pile St.^Mars (i),
réglise, le château qui surmonte le coteau voisin^ l'aquéduc et
les autres monuments de Luynes. — Un compte sommaire de
(1) Une diflcossion s'est établie sur l'flge de ce monument. M, de
Caumont à dit que , selon lui , il porte tous les caracières d'une
construction des derniers temps de l'ère gallo-romaine.
TEKUB A TOVAS» 257
celte intéressante excursion a été renda par M. Cliampoiseau
dans la séance da ag. Les monuments explorés ayant déjà
fait Tobjet d'un rapportde M. de Caumont y inséré dans le 3*.
volume du Bulletin , nous ne croyons pas devoir en repro-
duire de nouveau la description.
Séance ordinaire du agfuin i858.
Présidence de M. db La Saussatb , inspectear-4iviâonnaire.
La séance est ouverte h 8 heures et demie : H. de Caumont
proclame membres de la Société ,
M. le comte de La Selle , de Saumur.
M. Fabbé Yiellecases , directeur au grand séminaire de
Tours.
M. MiTOK , maître de pension à Tours.
M. Lange, membre de plusieurs sociétés savantes, à Saumur.
M. de La Saussaye est invité k présider la séance et occupe
le fauteuil.
M. Massé , inspecteur des monuments d'Indre-et-Loire , lit
un rapport sur l'état des monuments historiques de ce dépar-
tement , puis il met sous les yeux de l'assemblée une suite de
lithographies et de dessins originaux , représentant les édifices
anciens les plus remarquables de la Touraine* M. Massé reçoit
les remerciments de ses confrères et leurs félicitations sur
l'exactitude qu'il a mise dans la représentation de ces édifices.
La parole est à M. Cauvin, qui communique une dissertation
sur la bataille de Pontvallin.
M. de La Saussaye présente son rapport annuel sur les
travaux de la Société, dans la division qui lui est confiée ^ et
20
k
358 SISSIOH CrhfÛtkALU AVRUELLE.
termine en réclamant des secours pour le posage des stalles de
Lonay (i), qui ont été achetées |Mir régfite de la Trinité
de Vendôme, et dont on n'a pu encore acquitter complètement
le prix*
On entend tin mémoire de M. Cbauvean, eonservatenr de la
bibliothèque publique et secrétaire de la société académique
de Tours , sur les manuscrits existant dans la bibliothèque
CQufiée à ses soins. Ce travail consciencieux est écouté avec un
grand intérêt* Il sera relu en séance publique et imprime
dans le bnlletin*
M. Giraudet présente diverses communications concernant
des objets antiques qu'il a trouvés à Vichy pendant son séjour
en cette ville , et dont la découverte lui a valu une médaille
de Tacadémie des inscriptions.
M; Champoiseau provoque une discussioil concernait Vâge
des morceaux de sculpture employés dans les murs antiques
de Tours ; il dit que plusieurs antiquaires les ont attribués
an temps d*Hadrien , et demande s'il s'élève & cet égard
quelque réclamation : per^nne ne demandant la parole , M.
Champoiseau rend un compte verbal de l'excursion archéolo-
gique de la veille.
8ÉA1IGB PUBLIQUE OU X9 lUIlf.
Préâdenoe de Mg'. i'Alchbvêqvb de Toiirs.
Mg*^. de Montblanc accepte l'invitation qdi Un e^t iatte de
présider la réunion et ofecupc le fauteuil.
(1) On a fait inentioii de ces atalles dans le 3*. volume du
Bnlletia.
TÏÏWVE A TOUAS. iSg
La Sôdëté apprend qne M. MéRiMés , inspecteur général
des monuments historiques , se trouve dans la salle ; M. de
Caumont, directeur y se rend près de lui pour riuriter à
prendre place près du président; M. Mérimée accède au
désir de la Société ; le bureau est disposé du reste conixne k la
séance publique du 26 juin.
Uordre du jour appelle la lecture du mémoire de M. de
Clincbamps^ d'Avranches, sur rbistoire de l'abbaye du Mont-
St.-Micbel, et Tâge des édifices qu*on y voit aujourd'liui.
M. Massé lit ensuite un rapport sur la cathédrale de Tours
et les réparations qu'on y a faites depuis quelques années.
M. l'abbé Du Fêtre, yicaire-général , prend la parole pour
annoncer que Mg'. l'archevêque voulant seconder les vues de
la Société, a décidé qu'un cours d'antiquités monumentales
serait professé l'année prochaine au séminaire de Tours (i) ,
et que le clergé du diocèse fera ses efforts pour arrêter les
dégradations des édifices , et donner une bonne direction aux
réparations qui seront faites. Si quelques églises gothiques
ont encore été récemment décorées dans le style classique ,
cela tient au petit nombre d'artistes qui aient encore étudié le
moyen âge et qui le comprennent, au peu d'années qui se sont
écoulées depuis que l'étude des styles du moyen âge a été pour
ainsi dire créée en France par M. de Caumont. Mais les con-
naissances qu'il a rendues si faciles se répandent , et bientôt
tout le monde pourra faire de l'architecture gothique : la
ville de Tours possède d'ailleurs des architectes qui étudient
avec goût cette architecture.
(1) M. de Caumont a offert » il y a deuj, ans, au séminaire de
ToQrs, un exemplaire de 6on Cours d'aiiliq^tti|.é8 i^Qi a^ étudié
par plusieurs ecclésiastiques ; Tun d'eux sera chargé de faire le
Cours.
26o SBSSIOir céHERALE ASTllVBLLE
M* (le Caumont prend la parole et reme^-cie ea peu de mois
Mg*^. Tarchevêque d'avoir biea touIu accéder au vœu de la
Société, relativement k l'enseignement de l'archéologie au
séminaire , et M. l'abbé Du Fêtre pour le concours qu'il
vent bien promettre à la Société , au nom du clergé.
M. Chauveau lit son important mémoire sur les manuscrits
de la bibliothèque de Tours.
On entend un morceau de M. de La Sicotière d'Alençon ,
intitulé: Considérations morales sitr les monuments anciens ,
La séance se termine par la lecture d'un morceau très-
remarquable du voyage pittoresque en Bretagne de M. le
0% de Ti'obriant; cette lecture est vivement applaudie.
Séance générale administrative du 5o juin.
Présidence de M. Righelet , membre du conseil.
A huit heures du matin , la Société se réunit en conseil
général administratif. M. Cauvin , inspecteur di?isionnaiie
appelée présider la séance , fait agréer ses excuses , et prie
M. Richelet , membre du conseil , d'occuper le fauteuil.
M. de Caumont , après avoir résumé les différentes de-
mandes de secours qui ont été faites pendant la session , croit
qu'il y a lieu de mettre à la disposition de M. Calvet, con-
servateur des monuments du Lot, une somme qui serait
employée à aider les travaux des desservants de certaines
églises anciennes qui se cou formeraient le plus scrupuleuse-
ment dans leurs restaurations aux prescriptions de l'inspecteur
de la Société.— Adopté.
TEKrg n Touns. 261
La ville de Laogeais est disposée à faire des sacrifices pour
acheter le château parfaMement conservé qu'on y voit encore,
et cette acquisition doit avoir lien aussitôt que le conseil
général viendra au secours du conseil municipal , en votant
une somme pour cet ol^t. La Société ne peut qtie seconder une
détermination si louable, que l'on doit surtout à M. leMaire
de Langeais, homme de goilt et dé talent, membre de la
Société et dn^ conseil général d'Indre-et-Loire. La Société
arrêtera Tunanimité, qu'elle contribuera pour 4oo ^r. k
cette acquisition , somme à laquelle on: évalue les frais de
contrat.
M. Tabbc Manceaif eipose que M. le curé- de Beaulîeu a
racheté, pour la sauver , l'église de St.-Lauient de Beaulien,
mais que cette église a besoi/i de réparations , et que la Société
pourrait accorder quelques secours pour cet objet , ne fât-oe
que pour encourager des actes aussi honorables que celui de
M. le curé de Beau lieu , et lui donner un témoignage de
satisfact ion . — A dopté .
L'église de Montrésor et celle du Pi'é an Mans sont recom-
mandées par M. Pescherardet M. Cauvin, comme ayant droit
h la sollicitude et aux secours de la Soeicté*.
Apres une discussioni laquelle prennent part MM. Canvin,
Richelet, Chevreaux, de LaSaussaye, Manceau, de Caumout,
le tableau suivant des allocations votées est ainsi arrêté et
approuvé :
Château de Langeais*,. 4*^o fr.
Eglises du département du Lot,. i5o
Eglise Je MoiUrésor, W)0
Eglise du Pré au Mans , 100
Eglise de Su-Laurcnt de Beaulieu , près Loches , 100
Total 85o fr.
26a SEssiov oéaûnALE ahuttelle
Sut le rapport et les ôonclnbionx de M. le directear , la
Société prockiae inspecteur divisionnaire « M* Comuirr y
de Clermont, conservateur des monnmeats du Pay-de-Dome;
k chef-lien de la division est fixé à Clenuont , elle comprendra
les départements dn Puy de-Dôme , de la Loire , du Cantal et
de la Haute-Loire.
M» de BoisviLLETTB,' ingénieur des ponts et chaussée», h
Châtrandan , est proclamé conservateur des monuments
dTure-et*>Loir.
M. Calvet , inspecteur des^monuments du Lot , est auto-
risé h. remplir les mêmes fonctions pour le département de la
Haute- Vienne , en attendant qu'un inspecteur puisse être
désigné pour ce département.
Séance ordinaire du 3o juin .
A dix heures la Société passe k la lecture des mémoires.
M. Desjoberts lit une notice sur la frise autrefois incrustée
dans les murs antiques de Tours, et vulgairement désignée
sous le nom de tombeau de Tumus.
M. Jagu lit un fragment considérable d'un voyage archéo-
logique dans le département d'Indre-et-Loire , dans lequel il
a consigné un grand nombre de détails sur chaque localité du
département.
Dans ce fragment , l'auteur décrit Amboise , le château de
Chantelonp, Tours, les villages de St.-Cyr - Le - Riche ,
Marmoutiers , Luynes, St.-Mars , Ussé, etc., etc.
M. Cauvin communique une notice de M. l'abbé Chorin ,
forcé de retourner dans sa paroisse , sur une pierre celtique et
deft cercueils en pierre observes dans le diocèse du Mans. M.
Cauvin parle eqsuite des travaux de restauration exécutés k
T«]l|:£ A TOVBf. l65
Verguetle » prà Gonlye ; la Sociilé arait TOté l'aaiiJe précj-
ileote ttoe allocation pour l'égliiie de celle coamuiDe , et Ton
ne peut qu'applaudir au bon goût qui • présidé à la retUnr»*
lion qui vient d'être faite*
M* Pornia préaeute un traTail étendu sur lei archiyes de
la préfecture d'Indre-et-Loire dont il est le conservateur.
M. de Caumonl oonuaDniqiie quelques fragments de sa
statistique monumentale do Calvados.
M* Champoiseau présente , an nom de M. LeSonrd , une
note sur quelques maisons anciennes^ de Beaulien , dans les-
quelles on remarque des anneaux suspend^ 4 des barres
de fer.
M. Massé entretient la cooqiagniç de quelques monuments
de Touraine^ particuliifemeiit remarquables.
ML Mftton lit ensuite an mémoire sor le duUeau de Villandry.
M. l'abbé Mancean annonce que dans plnsiesrs %lis«s du
XII*. sièele , on a élevé an chevet y. des frontons grecs qui ont
fait dispariâtre lea trois fenities qn'op y voit babitiiellement.
Il dii^ore celle innovation.
«ÉJkMCX: PUBLIQUE BC C&OTVUB ( 30 JUIII. ).
Frcsidence de M. db Cabmovt.^
On remarque dans la saâe la. mèiw affluenee d'auditeurs
que les jours précédents. MM. Cauvio, de La Saussaye,
Mdssé , Ricfaelet , Cbevreau , de CUnobamps , Manoea», et
I^oël Champoiseau sont appelés à siéger au bureau.
M.le directeur annonce que le conseil a décerné une médaille
d'urgcot à M. Tbc^enot , de Clerioont, pour ses travaux sur
la peinture sur verre. La médaille est déposée sur le bureau
a64 SSS8I0V oéNSRALB AKHVBLIB TBITIJE A TOURS.
et sera envoyée à M* Thcvenot. La fabrique dirigée par M.
Thévenot est en grande activité , elle a fourni déjà bon *
nombre de beaux vitraux (i).
On entend la lecture des mémoires présentés à la séance du
matin par MM. Pornin et Desjoberts. ( Voir le procès^verbal
précédent.)
. M. Noël Champoisea o présente une relation très-intéressante
de la course archéologique , faite par la Société , le ag , ef
indique ce que chacun des édiûces visités offre d'intéressant
et d'historique.
L'ordre du jour étant épuisé , M. de Caumont prend la
parole : après avoir jeté un coup-d'œil rapide sur les travaux
qui ont occupé la Société pendant 5 joins , il montre combien
ils ont été nombreux et intéressants, puis il adresse des remer«
ciments k tous les habitants de la Touraine , qui ont aidé la
Société de leurs lumières et de leur concours, il termine en
remerciant particulièrement Mg'. de Montbianc poar riutérêt
dont il a honoré la compagnie , et Tencouragement qu il a
bien voulu donner à ses travaux. M. le directeur termine en
déclarant close la session généra le de 1 858 .
Le membre du conseil remplissant les /onctions de secré-
taire général , ^
L^abbé Mangeav,
Chanoine de Tours.
(I) L*art du fitraît est en (i^rande prospérité k Clermont. M.
Thévenot est chargé de faire le vitrail complet d'une église de^
Paris. Une seconde fabrique dans la même ville, dirigée par
M. Emile ThiUault, est aussi en grande activité.
MÉMOIRES ET PIÈCES
Communiqués dans les Séances précédentes et
dont le Comité administratif a demandé V im-
pression dans le Bulletin.
NOTA. Plttèieors mëmoirea lus dans let séances n'ont pu être
imprimés, soit parce qu'ils n'étaient point terminés , soit parce
que lenri auteurs ont désiré les publier séparément.
\*m
DISCOURS
Sur la nécessité d'étudier t histoire de l'art et
d'arrêter le vandalisme ;
Pab m. le DocTBtTB GIRÂUDËT ,
Memlire de plusieurs académies, couronné psr Tacsdémie dealns»
criptiona pour êeè recherches sur les antiquités de Vichy ^
Après les époques de crise et de perturbation sociale , il
vient un moment où les esprits , fatigués de tout ce yain
fracas des peuples , cherchent hors du cercle dans lequel
s'agitent les passions humaines, un remède à leurs maux,
une compensation à leurs souffrances^ Tclude de T histoire est
2^ SVR LA nécKSSITi DfilUDfER
alors na besoin, an« soarce d'émotions pleines de cbarmes.
On demande an passé des leçons pour Ta venir, on Tent qu*il
raconte ce qu'il a vu , ce qu'il sait des mœurs et des usages de
nos pcres , de leurs lois , de leur industrie ; de leur goût danç
les arts. Cet ardent désir que l'intelligence éprouve de liie
dans les annales du passé , de se chercher elle-même dans les
générations éteintes ; comment le satisfaire ? A quelles sources
puiser? Quels documents consslter? Les chants populaires?
il nous reste «i peine quelques-uns de ceux que fit recueillir
Cliarlemagne : Le« anciens historiens ? ils ne s'enquéraient
que de ce qui regardait les prêtres , les nobks et les rois :
les chartes? celles que la convention n'a pas brûlées ont
été vendues à la livre : les Bénédictins ? leurs travaux, sont
inachevés; les monuments anciens? voila les véritables annales
de l'humanité. Leurs restes mutilés s'élèvent de notre sol
comme des phares destinés & éclaii*er la succession des âges ,
et à donner à ce qui est obscur , incAono, de la certitude et
de la réalité. Tous déposent de quelques laits dignes de nos
méditations. Sans ce noble témoignage , l'histoire ne serait
encore sans doute qu'un roman ou qu'une vaste légende. Cette
science , Messieurs j n'a pfis pour motif une siwpte satis&ction
de curiosité , elle a son système , ses préceptes , son utilité.
Qoand, le cœnr plein dn sentiment de notre gloire nationale ,
vous aurez étudié les travaux dn savant et modeste académi-
cien qui a bien voulu présider à notre réunion, vous ne
pourrez lésister h. l'attrait de vous joindre à lui , de le suivre
pas à pas dans sa recherche de$ faits matériels de l'histoire ,
que sa modestie nous permette de le dire , personne jusqu'ici
n'avait enseigné l'archéologie avec plus de charme et de
savoir. Dédaignant d'user son érudition à ajouter, comme la
plupart de ses devanciers , des doutes à des doutes , il a su
l'bistoibe de l'aet. 367
rétablir le caractère des grandes ëpoqoes deT^iirt. Soq Cours
i^ antiquités restera dans la scieoce comme uoe pix^étie du
passé , comme un appel de Ja providence à la reslaaration de
nos vieilles gloires monumentales. Pour intéresser, en vous
parlant de la société qu'il a fondée , de ses litres à la recon-
naissance du pays » de la sainte émulation qui règne
parmi ses membres , il n'est besoin d'aucun effort de talent ,
d'aucun artifice de style ; il sni£t d'être vrai.
Transportez- vous sur un des points les plus élevés du centre
de la France, parcourez des yeux le vaste espace qui se déroulé
à Yos pieds , semé de cbâteaux aux antiques murailles ^ ces
temples, restes magnifiques de la domination romaine , bâtis
avec des mines et sur des ruines 5 ces superbes monumeuts
élevés par la piété de nos pères , puis essayez de rétablir par
la pensée, la Gaule primitive avec ses dolmen et ses tumuli ,
la France des premières races et ses modestes églises, Ja France
du XIY*. siècle , et des nobles basiliques \ l'ogive bardie ,
aux arceaux allonges , la France de la .renaissance et ses
édifices , délicieux mélange d'art et de naïveté, de goût et de
finesse. Animez tous ces vieux souvenirs , ressuscitez les dans
toute la réalité de leur vie et de leur temps, et vous aurez une
Juste idée de la tâcbe que se sont imposée les amis et les colla-
borateurs de M. de Caumont. Riclies de tonte la science des
archéologues qui ont précédé, ils fouillent sans rciâcbeaox
sources de l'histoire , ils ne se lassent point de remuer des
débris, de les confronter, de les recueillir avec un soin;
religieux , et de les iuterr(^er. Confiants dans leur œuvre ,
ils ne désespèrent pas de relever de la poussière l'édifice
presque entier de notre vieille France , toujours belle , tou*
jours grande , toujours fière de son passé.
L'importance des résultats que celte société a obtenus , et
268 iVR LA nÉcE$sn'É d'étvdier
continue d'obtenir encore, est trop avérée pour que je faft^ne
votre attention Ik la démontrer. Mais , je le dis avec douleur ,
qujl que soit le cbarme et Tulilité des études archéologiques ,
la parole puissante du maître n'a su encoi'e triompher de
cette indifférence qu'on affèete en général pour tout ce qui
ne touche point aux intéicts du moment. £n vain cette science
offre à rhistcrien un guide fidèle , au philosophe de hauts
enseignements, à l'artiste des inspirations heureuses , au poète
d^aimables fictions, ThistorÎQa et le- philosophe , l'artiste et le
poète , refusent d'abaisser leur supériorité an modeste rôle de
bouquineurs de monuments.... Lisez les auteurs les plus mo-
dernes , et vous serez étonnes de leur ignorance de l'antiquité,
alors même que leurs ouvrages sont adoptés par Fuuivcrsité
pour l'instruction de nos enfants. J'^ai vu , iî y a peu de jours,
nue histoire de France, composée et publiée par un profes-
i>cur très'ha ut placé; en parcourant cette galerie de contre-
sens et d'anachronismes , j'ai d'abord été tenté de croire
qu'il y avait là une intention cachée , que c'était un recueil
de fautes k cort iger', une espèce de- cacographie en estampes.
Mais pas du tout , et c'est trè^f-sérieusement que le noble
professeur a fait£aire des gravures comme commentaires de
SCS tables synoptiques. Si jamais ce livre- vraiment curieux
vous tombe sous la marn , tous verrez entre autres merveilles
des fleurs de lys représentant les armes de la première race ,
TOUS admirerez la belle frégate qo'^a fait construire le roi
Thierry , avec agrès et coupe du dernier modèfe , vous n'ou-
blierez non plus de visiter le magnifîqne palais de Childéric
F''. , entièrement meublé a la moderne , nr sa belle galcriç
en ogives. Des ogives en 4^8 ! Yoilà qui réfute d'un seul trait
Boisserée et tous les antiquaires de l'Europe qui ont la simpli-
cité de ne vouloir faire remonter l'ogive que 5oo ans plus
/
i.'hi;toiiie de l*irt. 2G9
tard 'y enGn • un deasin tout aussi exact que oeux-ci , vous
apprendra qu'en 923 , sons Tillustre Raoul , on voyait des
portes en arc surbaissé , ou en anse de panier , comme on les
fit au XVI*. siècle.
En vérité , Messieurs , la liste des savants qui ont mal
employé ia science , ou qui sont tombés dans des erreurs
grossières y en parlant de Tantiquité figurée , est si longue ,
si longue , qu'il n'est plus possible d'en compter les noms.
Erasme étudiant une médaille ou un bas*relief, je ne sais trop
lequel , prend pour le patriarche Noë et ses deux fils , un
groupe représentant Brutus entre deux licteurs, Taigle et sa
couronne de laurier pour le pigeon qui porte la branche
d'olivier.
Régna rd , dans son démocrite amoureux , parle de clochers
et d'almanachs ; Boursanlt , dans son Esope , met à la cour
de Crésus un marquis et un colonel , peut-être avez-vous vu ,
il y a un an ou deux , un vaudeville intitulé : Us comices
étAtIvtn/es , quoique ces assemblées n'aient jamais eu lieu
qu'à Rome.
le m'arrête , je craindrais d'ajouter à ces noms les noms
des auteurs anciens et modernes qui ont écrit sur la Touraine.
Une considération qui n'a pas échappé à votre sagacité ,
Messieurs , c'est que si l'étude de Tarchéologie avait été ré*
pandue plutôt , et dans un cercle moins restreint, sa popula-
rité eût protégé les monuments de votre belle province contre
le marteau de la bande noire. Car il faut le dire , et le dire
haut , la dévastation du peu qui vous reste de votre vieux
Tours continue avec autant d'aveuglemeut que jamais. Le
vandalisme , fier de son passé ^ des encouragements qu'il a
reçus , des subventions qui loi ont été accordées pendant nos
orages politiques , se prélasse au milieu de ce riche musée
J
270 SUR LA NécËSSITé D*fnTDIBR
que le iiMiyeii âge et la renaissance s'étaient plu à embelUr.
Cliaqae jo«r il jette hes quelques-anes de ces magnifiques
pierres sor àesqutfUes étaient écrits taut de vieex souvenirs.
Singulière énigme que celle du XIX*. siècle ! Le vanda-
lisme a rasé Marmoutiers , k célèbre abbaye plus vieille que
la monarchie française. Il a &it»dc i*égli^ St.- Julien , chef-
d'œuvre du XIV'* siècle , une sale écurie , de St.*Clément
une balk , des Rccoilets une caserne , et de la tour de Qiar-
lemagne une fabrique de plomb de chasse ; il broie du cbiifou
fous les voûtes St.-Hilaire, la plus^ vieille église de Tours.
Un jour , et ce jour là , il était en habit d'adrainistraleur ,
il Élit sauter ia noble basilique de St.-Martin , il paye pour
cela , la tour en se brisant entraîne dans sa chute rexécnteur
de cet ordre impie , et ane voix sainte s'écrie : laisseft passer
la justice de Dien.
Le vandalisme a détruit les aiguilles de St.-Gatiett , mysté-
rieux symbole ignoré de la foule ; le vandalisme a recouvert
d'une épaisse couche de plâtre de superbes vitraux , ornement
de la métropole 3 le vandalisme a changé la nef sacrée des
Cordeliers en salle de apectadle ^ et quelle salle ! Dites -nous ,
vous qui tenez les communes en tutelle , si vous connaissez eu
Touraine UD édifice catholique roman , on gothique, ou de>
la renaissance, qu6 le vandalisme n'ait gâté , mutilé , défiguré.
Dans un de ses fréquents accès de monomanie , ne l'avez-
yotts pas vu acheter il y a peu de temps , deux charmantes
églises du XIP. et du XIIP. siècle , en abattre la charpente
et la revendre à vil prix.
Savez-vous ce qu'il a fait à Preuilly ? à sa vieille église
romane, encore vierge des souillures , encore deboot au
milieu de ruines nombreuses, comme un emblème de cette foi
impérissable qui voit s'éteindre et passer tontes les grandeurs
humaines.
L HISTOIRE DE L ART. 37 I
Il a jeté au-devant de Tapude, dont les.entre-eolonnements
sont mascpiés fiar de tniflérâbles boîsenes, un bel autel au
fronton grec ^ à peine il achère son œuvre de barbarie , que
le tonnerre , ce terrible messager de la justice divine , est
tombé sur le sanctuaire, comme s'il avait eu à venger cette
profanation de Fart.
A Chinon , le vandalisme a muré les fenêtres du chœur de
Téglise St.-Ëtienne , qui dataient* de la dernière époque du
style ogival , puis il a élevé là un baldaquin informe dont
le plein cintre est supporté sur des colonnes grecques.
Vous le voyeK , Messieurs , c'est toujours et surtout du van*
dalisme , c'est-à-dire de Tignoranee, de la brutalité.
D'où vient ce mépris de l'homme pour l'œuvre de ses pcres ,
d'oii vient cette impopularité des édifices £»ts par le peuple et
pour le peuple ? Les monuments historiques , ceux du moyen
âge surtout , ne rappellent-ils que des siècles de fanatisme et
de barbarie?
En présence de ces questions , les réflexions abondent , ^t
d'abord la cause du moyen âge est chose jugée et bien jugée.
Cette époque sur laquelle a pesé si long-temps un anathème
de malédiction n'a jamais été une époque de barbarie. On ne
trouve dans l'histoire d'aucun peuple un espace aussi long qui
ait contribué d'une manière plus évidente au mouvement
progrestsif de la civilisation , et où le génie àé l'homme ait eu
plus de hardiesse , plus de vigueur et de témérité. "Pendant
cette fertile tempête, le sentiment religieux animé d'une vie
nouvelle , élève ces longs pilastres , ces voûtes immenses, ces
" mystérieuses forets de pierre dont le grandiose et l'élégante
originalité nous péncirent d'admiration et de respect pour la
foi de nos pères. Dans l'histoire de l'humanité , il n'est point
d'époque plus intéressante , plus grande par elle-même, plus
sublime par ses résultats.
272 SUR LA NJËCRSSITe d'ÉTUDIISR L^ HISTOIRE DE L*ART.
Les flieeles de barbarie sont oeui où Ton déchire cbaque
jour les pages sacrées du livre de la tradition , ceux où Tamotir
du pays , où le sentiment de Famé ne disent plus rien à It
pensée , notre siècle est de ceux-là.
Loin de nous cependant , Tidée que le vice de notre situa-
tion soit irrémédiable. Dans ce chaos virant où s'agite le
génie de F époque , on sent encore que la société n'est pas
morte comme au siècle dernier, qu'elle ne dort pas mollement
dans son doute comme sur Fédrcdon d'une courtisane. S'il
y a un profond d^oât de l'actualité , il est des espérances
d'avenir j et la foi à Dieu , Tamour du pays , le culte de l'art,
n'otit pas entièrement disparu de la scène du monde, et main-
tenant que Feiïervescence des vaines disputes est passée ,
ranimons de tous nos moyens la nationalité des provinces, que
désormais elle se sentent vivre par elles-mêmes , qu'an lieu de
ces administrateurs cosmopolites sans affection pour la localité
qui les subit , on voie à leur tête de ces hommes dont le
modèle est si près de nous , qui aiment le pays , qui gèrent les
choses publiques en pères et non eu mercenaires , et les sou-
venirs locaux réchauffés par leurs soins , et les restaurations
de monuments faites avec amour, viendront renouer la chaîne
des temps , et rattacher les générations nouvelles au vieux sol
de la patrie.
SVK LIS MOirVMEVTS BISTOBrQlJBSy BTC. 37?
RAPPORT
Sur les Monuments historiques du département
de Loir-et-Cher, qu'il serait nécessaire de ré-
parer ou d'aehwer ; .
Pae m. de la saussaie ,
iMpeetenr ditiaioMiaire.
Epoqvb gauloise. -<- Les monuments que nous ont lëgués
les Gaulois ne sont pas de ùatnre à être répares; mais comme
leur nombre diminue rapidement et qu'ils trouvent des enne-
mis implacables dans les chercheurs de trésors qui en ren-
versent quelques-uns et dans les ingénieurs des ponts et
chaussées qui font briser tous ceux qui avoisinent les routes
pour en faire les empiétements 5 ne pourrait-on pas , d'une
part , acheter plusieurs de ces monuments , et de Tautre solli-
citer du gouvernement la défense de les employer aux travaux
des routes? ,
Epoqvb bomaihb. — Le seul monument Romain encore
debout dans le département de Loir-et-Cher est une espèce de
forteresse située sur les bords du Gier , près du village de
Tesée , Tasciaca , de la table de Pentinger. II. n'y a aucune
réparation à faire à ces murailles qui sont construites de ma-
nière à braver les siècles si la main de 1* homme ne vient pas
à Taide de celle du temps. Mais comme on peut craindi-e que
ai
27 î sua LIS MONUMENTS HlSTOftlQUBS
les paysans , possesseurs de ce mooament , ne cherchent un
jour à le démolir , Tacquisition que la Société pourrait en
faire , et qui ne saurait êlre très-onéreuse , conserverait an
pays le seul débris important d'un ouvrage dû au passage de
la civilisation romaine.
Epoque prâitque. — Je ne connais qu*un seul édifice de
l'époque Franque , Téglise de Mesland , dont le portail re-
marquable par sa triple archivolte , décorée de têtes plates ,
d*un dessin très-singulier , soufire beaucoup de la perte du
porche qui Tenvironuait et le garantissait de l'action destruc-
tive des pluies de TOuest. Les pierres de ce portail , naguères
encore d^une grande blancheur , commencent a se couvrir de
mousse et de lichens , et Tune des tètes plates s'est détachée de
la clef de voûte qui la supportait. La fabrique de Téglise est
trop pauvre pour làire reconstruire le porche et elle aurait
besoin d'une légère subvention.
Epoque fbavçatse. — La Fontaine-Louis XII est un joli
édifice du XY*. siècle qui figure sur l'album de tous les voya-
geurs des rives de la Loire. Depuis que trois des côtés de ce
monument , autrefois engagé dans un pâté de maisons qu'on
a abattues, paraissent à nud , du côté d'une grande place,
l'e/Iet désagréable qu'elle produit engage le Conseil municipal
à la détruire pour la remplacer par un de ces monuments
mesquins de l'art moderne auxquels on donne le nom de
château'd^eaiu Comme sous le rapport du goût, il y aurait
tout à perdre , d'une part , et rien â gagner de l'autre , je crois
qu'il vaudrait infiniment mieux engager le Conseil municipal
à conserver un édifice d'un genre très-rare en France et de
chercher à masquer le côté désagréable à la vue, en l'entou-
W DiPABTBMBKT DE tOIR-BT-CiUB . 276
rant d'un massif d'arbres de feaillages variés sur lesquels se
détacherait d'une manière très-pittoresque la façade de la fon*
taine.
Rbitaissance. — Je ne parlerai du château de Blois que
pour mémoire et pour déplorer la barbarie municipale qui a
converti en caserne le berceau de Louis XII , le. palais de
François I". , des Valois et de Gaston. Ce curieui assemblage
d'édifices de toutes les époques et remarquables tous , au plus
haut degré , sous le double rapport de l'histoire et de l'art ,
ne présentera bientôt plus que des murailles entièrement nues.
Il n'y a aucune réclamation à faire à l'égard du château de
Blois, aucune autorité k invoquer; le génie militaire y est seul
maître et la troupe de ligne seul conservateur (i).
Je ne suis entré dans aucun détail sur les édifices dont j'ai
parlé jusqu'ici , parce que je ne veux , cette année , appeler
spécialement l'attention de la Société que sur la conservation
d'un ouvrage d'art fort curieux , pour lequel il y a déjà eu ,
dans le pays ^ des démarches faites et de l'argent avancé , ce
sont les stalles sculptées de l'église de Lunay , acquises par la
Trinité de Vendôme qui les avait autrefois possédées.
L'église de la Trinité de Vendôme est le monument reli-
gieux le plus remarquable que possède le département de Loir-
et-Cher et Tun des plus curieux que nous ait légués l'archi-
tecture ogivale de la renaissance. Les fondements de l'église
primitive furent posés en io5a par Geoffroy Martel , comte
de Vendôme , et Agnès de Poitiers, son épouse ^ et la dédicace
(1) J'ai rendu, précédemment, justice an capitaioedii génie, M.
Donet, qui a conduit les travaux , et qui a mis tous ses efforts à
conserver le plus qu*il a pu le monument qu'il avait mission de
déshonorer (y. tome I*'. du Bulletin, p, 336).
Hj6 ATA Les MOirTTllB»TS «STÔHI^ES
en eut lieu Tni ffo4o. De ces cdnsIrvctiiNn prinilircs, il reste
eocore la svorntie , la croisée de la nctf leC Aeicàacher ^ irès-rc-
marqoaLle échantillon d'archilecture romane, qui s'éièw,
isolé , à quelque distance de l'église, suivant un antique usage
dont quelques-unes de nos yieifles basiliques tiffrent encbie
des exemples.
L'édîGce étant tombé presque «n ruines pendant les guerres
désastreuses qui signalèrent les règnes des premiers Talois , le
choeur de Téglise , la nef et les duipelles latérales ont été re^
construites à la fin du XY*. siècle par les soins de Louis de
Ciréreur , dernier abbé régulier de la Trinité. Ce fut arlors
qu*on cleya le portail , cbef-d'œuvre d'élégance 'et de goût ,
dans le style appelé quelquefois gothique-fleuri. Tons ers
trivAui furent dirigés par un moine de FaMiayc qui avait le
génie de Tarcbitecture et exécutés ,comnie le prouvent d*aocicns
registres , avec une économie non moins surprenante «|ue la
'beauté du plan et la richesse des détaib.
G; fut probablement k la même époque ^qoe ie chœur fut
décoré de stalles en bois sculpté dont les ornements, appropriés
au style de Tédifioe, sont une œuvre admirable de verve bur-
lesque ou pieuse dans le choix des sujets , de periecftion dans
le travail , d'élégance dans le dessin des arabesques et des
ogives. Ces belles stalles , vendues en ïjg% , ixmimc bois à
feu , furent heureusement achetées par un curé constitutionnel
qui les plaça dans son église à Lmiay , petite paroisse -du
Perche. Là , grâce à Tesprit paisible des habitants et k Tob»
scurité du lieu , elles traversèrent presque intactes le temps
des oinges révolutionnaires et se conservèrent inconnues jus-
qn*eii i835 entre les mains de bons paysans qui en ignoraient
la valeur. A cette époque, une notice très- remarquable lue à
la Société des Sciences et des Lettres de Blois , pr AI. de iV-
DU DérAATBIAENT ]>E lOIE-ET-CHBlI • V^^
tigny , l'an de ses membres , notice publiée dans le journal de
Loir-et-Cher du sg juillet de la même année, attira F^ttentiaa
sur le chef-d'œuvre ettfoai dan« f églist de Lunay. Le curé
dé la Trinilé, plein de zèle pour la conservation de sou église
dont il sah apprécier les beaiBés ^ conçut Fidée de lui resti-
tuer un monument de son ancienne splendeur. Secondé par
M. le Maire de Vendôme, il a traité de Tacquisitiou des stalles
avec la commune de Lunay ; mais cette coimncme , miewi in* -
truite du prix de ce qu elle possédait, a exigé des conditions qui
portent les frais d'achat à plu» de 5,ooo francs. Ceux d'instal-
lation ne peuvent aller à moins de i,ooo francs. Le Conseil
de fabrique do la Trinité a disposé de i,5oo francs, le Conseil
municipal de Vendôme en a voté autant, et M. le Minisfl'e de
r Intérieur , sur la demande du Préfet de Loir-et-Cher et sur
le rarpport que j'ai eu rhonnenc de loi ^dresser, a accordé
i,5oo fr. 0« espère que la Société pour la conservation des
Monuments consentira à donner le reste de la somme néces-
saire pour conserver â la France j où les monuments de la
sculpture en bois sont aujourd'hui si rares , une des œuvres
les plus complètes et les plus curieiises de cet art oublié depuis
le moyen âge.
^7^ SUR LBS MOBrUMENTS
RAPPORT
Sur les Monuments du département d' Indre-et-
Loire, appartenant à Vère Celtique et à l'ère
Gallo-Romaine ;
Par m. massé ,
Architecte, lospectrur des monuments de ce département.
Messi^bs , c'est aujourd'hui plus que jamais une tâche
difficile que de rendre compte avec exactitude de Tétat de
DOS monuments ^ de leur origine , de leur conser ration.
Ceux appartenant à Fépoque la plus reculée ne présentent
plus guère que des ruines , et nous voyons avec peine le
badigeon ou les restaurations mal entendues mutiler d'une
autre manière la plus grande partie de ceux qui nous restent.
L'intérêt de l'art et du progrès tout à la fois exige qu*on
remplisse avec conscience et avec courage la mission qu'on a
acceptée, quand surtout dégagée de tout intérêt privé, elle n'a
d'autre but que de rappeler l'attention et les recherches d'une
société savante sur tel ou tel monument. Je me pénétrerai tou-
jours, Messieurs, de cet esprit, lorqu'il s'agira de vous faire des
rapports sur l'état de nos monuments.
MoiiVMEiiTS Celtiques. — - Les plus remarquables sont le
dolmen de St.-Antoine-du-Rocher que j'ai dessiné avec soin ,
DU DépÂUTBIlElIT p'iNDBB-ETaoïBI. 279
et ceux situés près de Tilc Bouchard. Les Gaulois plaçaient
ordioairemeot sur le bord des grands cfaeimus ces monuments
élevés en T honneur de Teutaiès ou Mercure qui pi-ésidait
aux routes.
MoirvMBiiTS BoMAins. A Cœsarodunum , une grande
partie de Tenceinte romaine existe encore et présente wi pare^
ment en pierre de petit apparat , désigoépar Vitruve sous
les noms de mirmto lapide* A sa base , de gros blocs dans
quelques endroits, rappellent les monmneBts pélagiques.
lia partie supérieure est divisée inégalement par deux rangs
de belles briques d'un pied cfe surface environ sur dix-huit
lignes d'épaisseur. Les joints sont en mortier composé de
chaux , de sable et de ciment , et présentent une très-grande
dureté. Vis-à-vis le couvent des Ursulines , un bas-relief re-
ptésente une Diane , prccc(Éce d'un Génie dont la tète est
cntièi'ement fruste. Dufour , dans soi» histoire de TourainOi
page 24, jugeant diaprés Winkelmann , présume que ce bas-
relief n'est qu'ua fragment de stylobat&é
Abandonnaiirt cette question peu importante aujourd'hui ,
nons nous coutenieron» de signaler à votre attention ce bas -
relief remarquable , et qui rappelle la statuaire des beaux
temps de répoqkie romaine •
A quelques pas de là est un> fragment de pilastre cannelé
dont la courbure des camieaux est méplate , et pbis loin uno
excavatiou £siite depuis »n siècle environ permet de juger
l'épaisseur du mur dent le noyau onemplecton est en moellons
poses à bain de mortier. Parmi les bloes de pierre on y re-
marque des débrb de pilastres eannelés dont un* à canneanx
saillants. Une portion de lut de coh>Due dont les canneaox
oui pour rayou" moitié de leur diamètre*, et en£n un chapiteau
28o SUA tes BfOHUMBliTS
sculpté sur urne pieite dont k nature se rapproche assez de
celles tirées des carrières deSt.-Âignan-sorrCher«Ce ckapiteau
un peu mnlilé , de style coriotbîça ^ appsttieot à i'époqae de
décadence qui précéda Constantin.
Tous ces débris font donc au moins préjuger de Texis*
léBce d'an tempk et de plusieurs autres monuments déti'uits ,
peut-être rers la fin du IV'. siècle , sons l'empereur Gratien ,
époque k laquelle Saint Martin siégeait à Tours. Nous ne
pouTons , du reste ^ Messieurs , qu'établir une opinion hypo^
tbétique sur ces fragments intéressants.
La portion d'enceinte romaine que tous avez visitée , Mes-
sieurs, fixe d'une manière certaine la position de Cœsarodu"
num* Son développement est encore assez considérable. In-
terrompue lorsqu'on pratiqua la rue du faubourg St. -Pierre-
des-Corpfi, elle se prolongeait jusqu'au quai près la rue du
Port-Feti-Hugon , se repliait en ligne droite dans toute son
étendue jusqu à sa limite occidentale, au droit de la rue Sl.-
Manrice , et enfin venait se rattacher à la partie actuelle en
comprenant intrà nmros la cathédrale et une portion de
rarchevêché.
On remarque sur le quai , près l'ancienne ^lise St.-Libert,
quelques débris de cette même enceinte de construction et
d'appareil entièrement semblables au mur ci-dessus décrit.
Une construction faite tout récemment par le génie militaire
en a £iit disparaître une portion fort intéressante, terminée
par une tour pleine en partie et d*une grande épaisseur. A cet
endroit était une des portes d'entrée de Oesarodumim*
Dufour , dans ses recherches sur la disposition de cette an-
tique cité, croit que l'fayppodrôme du palais impérial pouvait
être à la partie Sud-Est du mur d'enceinte.
Avant d'émettre aucune opinion à cet égard, je crois devoir,
DU DipABTIMERT 1>*INDRE-IT-LOIRB. tftSi
MessMorSy entrer dans quelques défâik , sur la disnribotion
des anciens palais romains.
- On renomtK assez fréquemment dans la compnsilton des
anciens palais romains de grandes divisions j attenant pour
la plupart et destinées à la culture de Tesprit , ainsi qu'aux
exercices du corps» Le bel ouvrage de M* Uouet , arckilecte
du gontemement , peut nous donner une idée assez exacte de
leurs tliennes par ceux de Caracalla. Indépendamment de ces
denxétabUssements, venaient encore lesphensterium ou jeu
de paume, terminé par des portiques et gradins pour les spec-
tateurs et i rextrémité duquel était Yaleatonum , salle de
récréation, dans laquelle on se livrait à différents )enx, tels
qa*aux osselets, aux dés, aux calculi, etc. Enfîn le gymna*
4iimm avec son exèdre en Ibrme d*liémicycie y dont les murs
peints à fresque avec beaucoup d*art représentaient des faits
mythologiques ou les principaux événements des combats; le
premier , destiné ^ la promenade ; le second , consacré k la
conversation.
Quels étaient maintenant les palais impériaux construits
dans les Gaules , sous la domination romaine. Toutes les rc-
cberches n'amèneraient, je pi*ésume , à connaître, même dans
nos villes du Midi presque romaines , que de très-minimes
Fractions des parties qui composaient le plus souvent les palais
des empereurs en Italie. Ainsi , dans beaucoup de villes de
cette contrée de la France , on a découvert des monuments
lomaios, mais presque toujours, ils étaient destinés aux
culte ou aux délassements d'une population nombreuse.
En admettant donc qu'il existât un byppodrôme dans le
palais impérial , cbose que nous ne pensons pas^ parce que ces
établissements d'origine purement grecque s'étaient transfor-
més sous les Romains en amphitbcâtrcs et en cirques. Sa po-
sition, indiquée par Dufour, nous paraîtrait moins convenable
282 SXJR LES MONUMEZTTS
que dans remplacement à Test, figuré mr le plan qqe )*ai cru
devoir vous soumettre.
^ilia itAzay-le- Rideau. — A quelque distance d'Afay-
k'-Rideau, chef-lieu de canton de Tanondissement de Chinou,
situé au bord de Tlodre et au Sud de Tours, existent encore
les restes d'une.yilla romaine , dont les ruines appartiennent
au propriétaire du délicieux manoîr d'Axay , et n'en sont que
très-peu éloignées. Malheureusement aucune circonslance ne
vient en aide pour expliquer ces ruines. Plusieurs pièces de
proportions diâerentes en composent Fensemble, mais dénuées
complètement de détails , et sans aucunes traces d'ouvertures
ni de portes : on ne peut que former des conjectures sur leur
usage.
Une ferme en couvre une partie , et des fouilles faites dans
le voisinage ont eu pour résultat la découverte de différents
objets fort curieux , entr'autres quelques fragments de vases ,
un sygillum et un petit bas-rciief en porphyre rouge. De
nouvelles fouilles faites au milieu de ces ruines conduiraient
peut-être à les connaître mieux.
Sous la forme d'un rectangle allongé, la longueur totale de
la partie apparente est de SS*". 67 c. sur une largeur de 8"*.
45 c, et de 7"*. o5 c. , la hauteur moyenne étant d'un mètre,
A l'extrémité Nord , la première pièce a 9*°. 5o de longueur
sur 7"^. o5 de largeur. Cette pièce de même construction que
toutes les autres et présentant un double parement de petites
pierres, genre de construction connu sous le nom de 7»/nf£to
lapide, n'oSre aucunes traces de portes ni de croisées^ les ronces
et les pierres qu'on en dclaclie de temps en temps en recou-
vrent le fond. La deuxième , en se dirigeant du Nord au Sud
et n'ayant qu'un mètre trente-cinq centimètres de largeur ,
pouvait servir de corridor ou fauccs. Les deux autres qui
DU DÉPARTEMENT d'iNDRE-ET-LOIRE. 285
yienneni immédiatement après ont chacune quatre mètres
soixante-dix centimètres de largeur sur une longueur de
sept mètres trois centimètres.
Suivent quatre cabinets de trois mètres vingt-un centimètres
de longueur sur un mètre quatre- vingt*douzc Centimètres de
largeur. Enfin la dernière a dix mètres de largeur sur même
longueur de sept mètres trois centimètres.
Ne pouvant, Messieurs ; me faire une opinion positive sur
la destination de ces ruines , je ne serais pas cependant éloigné
de croire que cette partie de F habitation pouvait servir de
bains; les cabinets que je viens de vous citer, pouvaient
être \qfficium et le tepiclarium. Toutes les pièces qu elle
contient se retrouvent à peu près dans les bains des habitations
particulières chez les Romains.
Aqueducs, — • Luyoes , ancien Maille , Maliiacum , nous
a conservé jusqu*ici les ruines d'un magnifique aqueduc ,
destiné sans doute à fournir Teau nécessaire à rétablissement
romain assis sur ces hauteurs. Les sources du Cérain ou de
SembUincay alimentaient probablement cet aqueduc qu ont
décrit La Sauvagèrej et tous les historiens qui se sont occupes
de l'histoire de Tonraine. La construction de ses arcades est
de même nature que celle du mur d'enceinte que vous
avez viiitè , sinon que nous n'y avons remarqué de briques
que dan» les parties cintrées. Cet aqueduc était à peu
près placé perpendiculairement au cours de la Loire. Un autre
aqueduc situé sur la rive gauche du Cher & une distance d'un
quart de lieue environ de cette rivière, est adossé au coteau.
Nous n'avons remarqué dans ce dernier qu'une faible portion
en arcades , beaucoup moindre i{\xt celle qui nous reste de
l'aquéduc de Luynes. Cet aqueduc n'est, à proprement parler,
qu'un canal taillé dans les rochers du coteau , et dont les deux
^84 SUJl LES MOnUMSlfTS D'HfDBE'ET-LOIftB'.
extrésu té& , au droit du ya I loo si lue de ya n l k bo«ii|[ de Si. -Mar-
tia- le^Bea a , soet réunies pa r phnieurs arcades^ e lies sou i e acore
de même construcûon que les antres moanmeals déj4 décrits.
Il ne reste aujourd' Lui presque aucnocs traces des voies et
des camps romains dont les priacîpaax éiaieot k Layues et à
Amboise.
J'ai cru devoir , Messieurs , feroier cette période de oos
constructions romaines par la pile St.-Mars , mouumcat le
plus curieux peut-être de tous ceux de cette époque , qui nous
r jstent eu Touraine» La noure^le description qu'en a donnée
Tun de nos savants collègues ^ M. de La Saussaye , vann ins-
pecteur divisionnaire , est uue œuvre consciencieuse d*étude
et de savoir. En renvoyant k sa notice pour Thislorique de ce
monument, nous nous contenterons de dire que nous pi na-
geons Topinion de l'auteur , que la pile St.-Mars est bien un
monuroentromain.il ne faut en effet, pour en être bien
convaincu , qu'exaBÛoer avec soin ces briques, quoique de
proportioDS dil{érentes de ceiks employées dans le mur d'en-
ceinte dtt Cœsarodunum ) ces débris du mur voisin dont le
revêtement et Tappareil ne peuvent laisser Id inoîndre incer-
titude ^ enfin ^ ces mosaïques placées en effleurement k sa partie
supérieure , da^is lesquelles la pierre , la brique et le ciment
affectent des formes diilcrentes.
SUR l'^GLISI IliTROPOUTAIirB DE TOVES. SSS
PRÉCIS HISTORIQUE
Sur la €om$iruâtian de l' Eglise métropolitaine
de Tours;
Pab m. l'adbI MANCEAV ,
Cbanoiaf biMieraiil^* ftlcmbre 4« (WascU géaéral «doiialflntirâe
U Société Française pour la oonaervatioB des MooamMils.
Trois sièdea s'étaient écoulés depuis rimmolation da
Sanyeur , et les Cfaréûeus « multipliés à Tlufini , n'avaient pn
construire un seul temple digne de la sainteté de leurs mysi*
tères, digne de la grandeur du Dieu ^u ils adiNraient. Pendant
ces îottrs de deuil , de désolation et de sang , le non de Chré*
ti^i était un titre de persécution et de mort ; aussi , des grottes
proloodes , des retraites souterraines et presque inaccessibles
fnyenl-«lies les premières églises du Christianisme y les premiers
temples iln Christ. Mais ^pmnd i) plut ^ la divine Providen^w
d'arrêter le bras des jjourreaux , de faire respirer son Eglise ^
quand la Croix apparut sur ie diadème. des >Q§sars, quand élk
vint s'asseoir sur Je trône du igrand Con^MMUtin ^ elle chassa
rapidement les dieux du paganisme <de leun ten^ples ; ce foft
oowmtfoor s'installer h ionrplace^ et readreà une plusdigne
deslinalion les œwires de l'art , qui nejont jamais plus belles
que lorsqu'elles sont vdianssées par la moralité et le génie re-
ligieux. Cependant, aucnlle nooTeau il fallut de nouveaux
temples et unearchitcctareneuvdUe f<pii«xprimât ses tendances
s
J
286 PRÉCIS HISTORIQUE
mystérieases et mélancoliques. De ïk le style des églises , du
cinquième au douzième siècle , emprunté des basiliques
romaines, qui n^étaient autre cbose que des palais de justice et
des bourses de commerce. La voâle et le plein cintre triom-
phèrent partout de la rotonde du plafond et de la ligne droite.
La yoûte elle-même s'abaissa , les cintres s'écrasèi^ent dans ce
goût nouveau , qui^ dans sa massive pesanteur et sa sévère so-
briété d'ornements , ne manquait cependant pas de majesté.
Cest ce genre de style qu'en Italie ou appelle Lombard , en
Angleterre, Saxon, et ailleurs;^ Roman ou Byzantin.
La France ne possède plus maintenantqu'un bien petit nombre
d'églises de ce genre d'architecture. Les débris en deviennent
chaque jour de plus en plus rares 3 et parmi ceux que l'action
destructive du temps a épargnés ou que la main des hommes a
conservés , nous pouvons citer l'ancienne église collégiale de
Notre-Dame de Loches , aujourd'hui église paroissiale de S^.-
Ours , la vaste et imposante église de Preuilly , le clocher de
Cormery, les tours de S^- Julien, celles de Charlemagne et de
r Horloge , à Tours, qui semblent avoir échappé par prodige
h la destruction, pour protester a jamais contre les vandales
modernes ; ces vandales qui privèrent notre patrie du plus beau
monument élevé dans son sein en l'honneur du grand Saint ,
la gloire de la Touraine , qui pendant tant de siècles fît
briller notre ville d'un si i(if éclat.
Vers le XIP. siècle , une révolution s'opéra dans la structure
des édifices religieux. Les Arabes qui avaient conquis la Sicile
et l'Espagne , et dont la civilisation devançait de beaucoup
celle de l'Europe , avaient apporté dans ces deux contrées leur
architecture orientale , les dômes élancés , les minarets aigus ,
et les gracieuses ogives dont le goût ne faisait que de naitre.
Alors les Croisades aussi hâtèrent le mouvement intellectuel 3
SVR L^AgUSB MfrROPOLITâlNE DE TOURS. 287
rOrient dam son heareni contact avec l'Earope vint lai
prêter sa vigueur et sa vivacité. Les arts s'ébranlèrent sous sa
brûlante inspiration , et tout-à-coup Tarchitecture subit une
immense transfoi-mation. La iorme byzantine se retrempa de
la manière la plus beureasc dan:» le style oriental. Les lourds
portails s'allongèrent en arcs aigus. Les voûtes pesantes s'élan-
cèrent à d'immenses hauteurs. Les colonnes massives se fuse-
lèrent et se réunirent en £iisceanx 3 et partout au plein cintre
succéda l'ogive sariaiine , perfectionnée , embellie et étendue
dans SCS applications par le génie si particulier des artistes
chrétiens de l'Occident , que l'on peut appeler avec raison
l'architecture de cette époque , connue sous le nom si impropre
de Gothique, architecture Occidentale , et aussi architecture
Religieuse , tant elle était capable de perfectionner la sym-
bolique chrétienne , de rendre palpables les idées de la Foi ,
de réaliser sur la terre*la Jérusalem céleste chantée mille ans
auparavant par le prophète de Pathmos. En efièt, Messieurs, tout
dans une cathédrale du moyen âge a un langage expressif, un
langage qui devrait être compris par tous ceux qui la fréquen-
tent 3 et sa forme en croix et ses chapelles , nobles gloires qui
rayonnent autour de U tête du Christ ^ et ses vitraux brillants
dont les couleurs lumineuses, au lond d*cmpirée-, au lond cé-
leste , vont se réfléchir en rubis , en topazes , en saphirs , en
émeraudes , sur les colonnes, sur les muis, sur le pavé,
pour proclamer hautement que cette maison est la maison
. du Dieu qui remplit tout l'univers de sa gloire et de sa magni-
ficence; et ces verrières magnifiques, qui dans le silence du
plus profond recueillement annoncent h tous , à ceux-là même
qui ne savent pas lire, les mystères de la vie du Sauveur comme
sa divine Loi , et les actions saintes de leurs protecteurs et
leurs modèles : la pierre elle-même ne semble-i-elle pas se dé-
286 PBéciS BfSTOUlQVB
gager de hoialièiie , itwemr aérteane , et ens'élevaot en fiMrme
pyramidale ne semb&M-^eile pai ealever rhomaie de dessus la
teire pour relancer presque malgré lui vetB le Ciel ?
Tel fut le style qui servit de type aux constmeteurs de
ré|^se métropolitaine j car c'est dans la dernière moitié du
XIP. siède que fut conçu le projet de cette noble ^liae de
Tours-
Ce fut hors de la Tille romaine « de Cœsarodunum , que
durent nécessairement se réunir les premiers Tourangeaux
convertis & FEvengile par les prédications de leur premier
apôtre saint Catien , envoyé dans les Caaies par le pape saint
Fabien , vers la seconde moitié du III*. siècle. Dans le secret
ils étaient chrétiens , dans le secret , loin du regard des payons ,
ils célébraient leurs mystères , tant ils avaient h, redouter la
rage de leurs ennemis. Quand ils purent respirer un instant ,
quand ils purent puUiqaeiuent s'avouer chrétiens , leurs corps
cependant ne reposèrent pas avec les corps des autres citoyens 5
hors de la ville seulement il leur était permis de dqMser lea
ossements de leurs frères , et ce lieu , comme l'apprennent Iobb
ceux qui se sont occupés de l'histoire de Tooraine , est évir
demment 4:elai où plus tard furent déposés les restes de saiitf
Catien , près duquel plus tard encore furent bâtis l'église et
le ËMibourg de Notrc-Dame-k'-Riche.
La première église de Tours où les chrétiens commencèreni
Il s'assembler , ne doit donc point être placée dans l'enceânte
de Cœsaroduman , mais bien aux environs àvt premier cimc^
tière des chrétiens.
Vicrs cette époque , saint Lidoire , successeur de saint Catien ,
bâtit une église dans l'enceinte romaine ou de Cœsarodunum s
an moyen de l'abandonnement que fit de sa maison un ^ntu-
rion nommé Cornélius , snivautie témoignage de saint Jérôipe
SUR L £gL»B HiTROPOLITAtirB DB TOURS. 289
dauB sa 44'- éfitit h MarceUns , Saiat Gr^oirede Toms ,
Hv» X, di* 5i , dit qnece fot dans la huûsod d'nn séaateor
dont il oe nons transnet pas k nom. Qaoi qu'il eo soit , c'est
U qne fimol sacrÀ saint Martin et tous les cvéqnes 9ts sacoes*
aeiirs josqa'en 55 1 • Dès son origine , saint Martin k mit sons
TinTOcation d'un martyr, selon l'nsage dn temps; il la mît
sons celle de saint Maurice et de ses compagnons : elle y resta
jusqu'à la fin du XIII*. siècle ; alors elle porta indistinctement
le nom de S^*Maurice on de S'.-Gatien , mais ce dernier a
prévalu j et ce changement fiit opéré à Toccasion d'une ooo*
frérie que les chanoines araient établie en l'honneur de leinr
I**. érêque, pour l'achèvement de leur église.
Saint Grégoiie, son illustre successeur^ saint Gr^[oire ,
notre savant historien , perdant l'espoir de restaurer l'église
de saint Lidoire , l'abandonna , puis se mettant k l'œuvre « il
en éleva une autre plus belle qu'il décora de magnifiques
peintures , selon son propre témoignage , et la consacra de
nouveau sous le vocable de S^ -Maurice , en 58a.
Cette ^lite romane fut l'élise métropoliuine de Tours
pendant l'espace de 584 ans , c'est«li-dire jusqo>n 1 1€6 ^
qu'elle devint la proie des flammes.
Le roi Louis VII ne pouvant aller en personne secourir
les chrétiens de la Terre-Sainte , imposa sur tous ses sujets
la tfixe du lo*. de kurs revenus. A sou exemple Henri II
convoqua au Mans, le 17 mai 1166, les prélats et les sei-
gneurs de ses états d'outre-iner , et de leur avis il ordonna une
imposition générak , payable en cinq ans ; le premier terme
à raison de deux deniers par livre de tous les levenus et efiëls
mobiliers , et ks quatre autres à raison d'un denier seulement.
Pour éviter de dusses déclarations qui auraient pu être fiicile-
ment faites , il voulut que chaque particolkr allât h sa pa-
21
290 PBéaS BISTOEIQVE
roisse déclarer par sennent Umt ce cpi'il possédait de biens, et
poar oe, qu'il y eût un tronc qui devait recevoir dans les églises
les sommes qii-oa apporterait : rénnies dans la cathédrale, elWs
devaient toutes être transférées dans T^lise qui serait indiquée
par le Roi. La recette générale des deux Etals lut mise eu
dépôt dans la cathédrale de Tours bâtie par saint Gr^oire ,
du consenteuient du roi Henri. Soscion , alors archevêque de
Tours, comme métropolitain , prétendit au droit de faire porter
en Terre-Sainte par ses commissaires tons les deniers déposés
dans son église ; Henri s'y opposa , prétendant conGer h ses
commissaires les sommes perçues dans ses Etats ; Louis soutint
rarchevêque 3 Henri était trop fier et trop fort pour céder ^ la
qncrelie sVchaufiant y on en vint aux mains ; la ville de Tours ,
comme lieu du dépÂt, devait êti*e et fut eu etfêt ia première
victime des fureurs de la guerre 5 les flammes la détrnisirrnt
en partie, et n'épargnèrent point la cathédrale , qui depuis
cinq siècles ne cessait de rappeler toute la munificence 4o saint
Grégoire.
La paix se fit , mais trop tard pour }a ville et la cathédrale
de Tours. L'archevêque Soscion était un prélat d*na esprit
ardent , homme d'action , ami des arts ; il résolut de recons-
truire la cathédrale de Tours , mais suivant les inspirations
de rarchileclure nouvelle , de l'architecture ogiyale : il
s'entoura donc de ce qu il y avait de plus instruit, de plus
habile dans l'art de bâtir , et Tannée suivante , en 1 170 « il
f}t poser la première pierre de cette magnifique métropole ,
qui depuis tant de siècles fait l'admiration des connaisseurs.
Lorsqu'on tourne ses regards vers ce gigantesque enfan-
tement de l'art n*ligieux du moyen âge , vers ces somptueuses
bcisiliqnes que l'on trouve disséminées jusque dans les pro^
vioces lis.plus reculées , dans les villes les rnoin^ importantes j
SUB 1 EGLISE MiTPOPOLITAIVE DE TOURS. 29 1
on se danande par quelle merveille de riebesse et d'industrie
ont pu s'ékyer tant et de si magnifiques monuments. C'est que
ce n'était l'ouvrage ni de la richesse ni de l'industrie , mais
d'une puissance , hélas! bien diminuée aujourd'hui , la Foi 3
c est ce puissant levier qui a Ciit surgir comme par enchante-
ment toutes nos vieilles basiliques.
« A la voix des évêques , comme l'a si bien dit un de nos
« savants colbberateurs^ des peuples entiers se réunissaient
V p09T créer ces miraculeuses cathédrales 3 les rois y contri-
« huaient par leurs dons , les papes par leurs bulles, les poètes
« par leurs chants , les prêtres par leurs puissantes exhorta-
« tiens. Ce n'était pas l'œuvre d'une seule communauté, d'une
« seule province 5 c'était une œuvre qui intéressait toute la
<r Chrétienté , et pour laquelle on n'épargnait ni l'or ni le
a tempa^Les aumônes des Fidèles accouraient de tons les
a royaumes, et parfins des extrémités de l'Europe , pour cette
a fondation sacrée. Les pèlerins venaient jusque des contrées
« les plus éloignées, gagner les indulgences promises en se
« vouant , pendant des mois , des années entières , au saint
« travail, à l'œuvre de Dieu , à l'œuvre par excellence. Des
a associations d'ouvriers et d'artistes , exaltés à la fois par
« l'amour de l'art et de la Religion , dévouaient , avec une
u abn^ation que nous ne pouvons plus comprendre , leur
« existence entière , k l'accroissement et à l'embellissement de
« ces majestueux édifices avec lesquels leur ame s'était iden-
c tifiée. Les générations se succédaient, les incendies, les
a désastres de toute nature désolaient la contrée , les guerres
a bouleversaient le sol, sans que la pensée commune, la grande
« pensée du pays en souffrit aucune atteinte. Parfois , sans
a doute , on était contraint par le malheur des temps de sus^
a pendre Tœuvre ; mais , l'orage un fois calmé et le ciel rede-
39? rnécis histohique
a venu serein , on se remettait h la sainte lâelie , et soarent
« avec d^antant plus d*ardcnr , que ces iêrvents catholiques
« croyaient fermement que le Ciel ne leur enyoyait ces con*
« iradictions que pour mieux éprouver leurs vertos, et leur
u donner un moyeu plus sûr de signaler leur tèle pour la
as Religion. »
Telle fut rhistoii-e de notre cathédrale : commencée eu
1170, on y travaillait encore en i547* De 1^ ce proverbe
populai re : (Test interminable, c'est C œuvre de saint Maurice.
Ce fut Tarclievêque Soscion qui en posa la première pierre
et en commença les travaux avec les sommes échappées à l'in*
ccndie de 1 166 ; et dans l'espace de 90 années on vit s^élever
la plus belle partie de Téglise , cVst-à-dirc les 1 5 chapelles dn
.rond-point , le sanctuaire , le chœur , le transept oivla croisée
et la nef jusqu'au second pilier qui ne furent terminées qu'en
I3b6, sous l'épiscopal de Vincent dePcrmil. 5o ans plus
tard les deux portails dn transept arrivent à leur perfection.
108 ans plus tard , en iS^S, les chanoines, désespérant de
voir arriver à sa Hn leur cathédrale , arrêtée dans son pro-
longement , construisirent â leurs dépens, et avec 5oo livres
que leur envoya à cet effet Charles V dît le Sage en i?77 1
un clocher en bois au-dessus de la nef ] il fut détruit en
14^5, sous répiscopat de Jacques Gelo. Le jour de saint
Urbain , i5 mai , la foudre le détruisit ainsi que la cloche.
L'année suivante 1426 , le jour anniversaire de saint Urbain
et de l'inœndie du clocher en bois , le Chapitre arrête la con-
tinuation des deux tours jmnelles , qui déjà s'élevaient au<^
dessus dn sol de 5o pieds environ.
Enfin , en i45o , l'adrèvcroent de toute l'élise est aussi
arrêté ; on entreprend la construction de la nef , des latéraux
et des chapelles , depuis la deuxième pile jusqu'aux deux tours
I
SUB L*ÉGLM8 uélBOrOLlTAIVi^ DB TOURS. ^^
jumelles | rar.cheyè(|ile Philippe de RoeU|uis donoe 4^o cens
d'or, k cbapitre uae forêt pour aidei*li C^briqiie. Gnillaumc
Aofus, ebarpeolier , reçoit 58o livres pour la construction
de la charpente , ibais pour subvenir à tant d;; dépende:» ,
Jean , trésorier de l'église , obtient du pape Eugène IV «
indulgence pléaière pour tou> ceux qui visiteraient TfglijC
do Tours le jour de «la Translalion, de St.-Gatien et de
r Assomption de la sainte Viorfue « et. y (braient qtu^lquc
aumône. Les papes Sixte IV et Innocent VUI acoQfdeut les
mêmes privilèges aux mêmes conditions.
Sons le même épiseopat , 144^1 commencent les travaux
de la grande f;içade , qui u' arrivent h leur perfectîoQ qu'en
i5oo , sous Robert de Lenoocour alors arebevéqoe. Ce prélat
fait sculpter admirablement, à gauche de la façade» non loin
des portes , la stalue dt St»*Maurice et de cinq de ses compa-
gnons. Déjà les autres niches avaient été enrichies de» statues
deâ pontiics de l'église* Son» lui arrive à sa perfoetion la
plus grosse des deux toors , ainsi qu'on le voit à la clef ou à
la pierre qui termine 1q cooronoemeot de son petit dôme »
sur lequel est ff»êe b croix ; ou y lit : l'an mcoœcvii fusl-il
faict ce noble et glorieux édifiée. «A domino factiim est istud et
est rairabile inocalis nosti'is; »
Il eut aussi la gtoèic de terminer ce bel escalier en pierr»
à jour, se développant en spirale ^suspendu par enchantement
sur la clef des deux arcs croisés.
La deuxième tour ne fut achevée que quelques années
après, en i5479 pn les oSrandes d'un nommé Cové, qui
déjà avait généreusement contribué à la perfection de h grosse
tour , et aussi par le zèle du cardinal Caretia , archevêque
de Tours , lequel fit placer dans toutes les églises de son
diocèse des troues uuiqucmeut réservés à l'achèvement de cet
édifice.
j
!ig4 PRéciS «ISTORIQVC
Ici nous devons rappeler Texistenee de oetle j^lcbre asso-
ciation delà confrérie de Su-Gatien , qai contribua si puis-
samment 6 terminer l'œuvre de notre belle cathédrale ; leurs
noms sont conservés dans un manuscrit dont s*honore notre
bibliothèque publique. Depuis Tannée i45o jusqu'à celle de
i485 , le produit des indulgences fut très-considérable« A
cette dernière époque il devint presque nul , et c'est principa-
lement aux sacrifices des confrères de St.-Gatien que nous
devons Tacbèrraient de la métropole.
Le cordon qui unit les quatre travées des grandes voûfes,
et dont les deb supportent ks armoiries des archevêques qui
concoururent si puissamment è la réalisation de tant de vœux,
atte»teront h jamais le zèle et la science de ces hommes , que
h religion et Fart rendaient donUement frères.
Il est &cile de reconnaître que dans la construction de notre
cathédrale , les travailleurs employèrent trois principales
sortes de pierres , celle d'Ecorchevaux , vatUs concarum ,
près St.-Avertin , pierre remplie de coquillages ^ elle servit
k construire toutes les parties de Tœnvre , depuis l'apside
jusqu'au deuxième pilier de la nef, et tons les piliers de l'édi*
fice.
La seconde espèce de pierre fut extraite des carrières de
Marnay , près Yi!landry ^ pierre dure et fine* Elle servit à
construire presque ioutes les galeries intérieures. Enfin , celle
de Belle-Roche , près St.-Aignan , pierre tendre , d'un grain
très-fin , parfaite pour les sculptures 5 elle fut employée aux
travaux des tourset de toute la façade, aux XY'.et XIY^. siècles.
La charpente est tout entière de châtaignier et de la plus
belle conception. A cette cpo(]ae, d'^immenses iorèts de châtai-
gnier couvraient noire sol.
La dimension de Téglise dans œuvre , eàt de 289 pieds ,
SVB I. ËGUSE Rin-BOFOUTAIJrK DE TOVBS. '2g5
•de la cfoh ou du transept i54 pieds, ia largeur de la ùel 5o
pieds , des latéraux i5 pieds j la hauteur de la grande nef suu:»
clef 8a pieds , des latéraux S5 pieds ; des tours , celle du
uord aoOy du nidi 196 ^ la façade a d« largeur 102 pieds.
Comme vous le voyez, Messieurs , la basilique de Tours n*est
point prëciséioeut rc*uarf|ual>le par la majesté de sou étendue,
par le grandiose de son élévation et le gigantesque de ses pro^
portions 5 et sons ce rap|)art elle ne peut être comparée â celles
de Chartres, de Paris . de Bourges, de Rouen, d^Orlé;|ns et du
Mans , maïs elle se distingue par h richesse de s^ oriM^mcnts ,
la grâce de ses proportions , Félégance de ses arcades , le jet
hardi de s/eé voittes, et surtout par le nom)>re si multiplie de
ses fenêtres^ elle est comme entourée d'une muraille de verre,
(le mitrs diaphanes ; qu onla considère au levant, au couchant,
au mi<U , au twrd , tout est 1 )our , tout est transparent ; et,
prodige nniqiie , ses galeries intérieures sont vitrées comme
les grandes fenêtres, toute la grande façade est vitrée comme
Tespace qui reçoit \iis roses du temple.
On dirait qne les %oâ;te&soot suspendues ntraculeosement,
tant son! légers les murs ci les piliers qui les supportent.
La iorme de Tcglise est une ctoix latine , comme celle de
toutes les églises de cette époque , l'axe longitudinal est brisé
vers le transept ou h croisée , symbole touchant de la tête
penchée du Christ expirant , ei capiu incUnato expiravit.
Dans ks plans primitifs des basiliques des XII*. et XIII*.
bi'ccles , les chapelles ne se trouvaient qu'au pourtour du
chœur et du sanctuaire, nobles rayons de la couronne du
Christ, aussi es^-iiévi(tent que les chapelles latérales delà
nel ont été ajoutées aux XIV'.^ et XV*« siècles.
Douze chapelles accompagnent gracieusement les nefs.
Quinze autres rayonnent autour du rond-point ou apside.
1
ag6 pftécis HSToaiQUB
Seize piliers eo fftiseeaax de cobooettesentottreot le cliœQr
et le sanetuaire.
Seize autres aet^eai à encadrer la nef.
Les 4eux portails , du midi et jdo nord , se terminent par
un fronton pyramidal , les niches avec'dais et embases gar-
nissent les pied'droits des portes; autrefois de belles sculpttires
ornaient le tympan et Tintrados de la vonssare»
Mais ce qa'il y ayait de plus riche , de plus délicat , peut-
dtre en France y c'était le grand portail lorsqu'il était dans
toute sa pureté , lorsqu'il sortait des mains des travailleurs.
Alors les saints habitaient leurs niches, les prois des vous-
.sures de chacune des trois portes étaient ornées d'une multi-
tude de figures dont les sujets étaient tirés de la Légende. Alors
les couronnements des niches figuraient des petits édifices
isolés , des églises en miniature avec leurs verrières et leurs
compartiments j les caissons des soubassements représentaieut
en relief des chapitres de la Genèse ou des sujets allégoriques.
Encore telle que les mutilations de 95 nous l'ont laissée ^
elle est bien digne de notre admiration, La façade, de l'église
métropolitaine , avec sa grande porte et ses deux petites à
fronton pyramidal si délicatement découpé à jour , dont
les ouvertures sont ornées d'une si riche broderie , avec
ses cinq terrasses que décorent d'élégantes balustrades , ses
rosaces appliquées sur les murs , sa rose que couronnent si
heureusement sa galerie k aiguilles } et avec ses deux
clochers , dont le» ornements sont distribuez» avec tant de pro-
fusion et de somptuosité.
Dans le potrrtour de Téglise régnent des contreforts exté-
rieurs servant d^appui à des arcs-boutaots qui se projettent en
l'air avec une merveilleuse hardiesse , pour aller en aide aux
murs du grand comble dont ils consolident le sommet et les
▼o6tcs } en mène tenpt qa*iU dégorgent eu Iota lèt eiu
pluviales qui sembleat vomies par la bouche d'une fionlede
monstres fantastiques suspendus h f extrémité etlàrieoie de
ces grands ponts aériens.
Ainsi , dam sa eonstruction , Vigtim de Toors a parcouru
les quatre phases desqnatre p^riodcsdu styk ogival, indiquées
par le savant fondateur de notre Société , et elle pourrait par-
£iitement servir d'exemple à nu cours complet d'architecture
ogivale ; car dans h partie orientale, le beau style primitif
et le style secondaire y ont déposé tous leurs caractères,
fenêtres è lanœtles'simples , h lancettes géminées , à meneaux
avec rosaces , trèfles et qoatre-feuilles au sommet , colonnes
minces et allongeai, réunies en faisceaux, plus ou moins
dégagées du plein , avec ces voâtes hardies , dont les arceaux
s'appuient sur les massifs qui séparent les fenêtres.
La partie de Toccident présente les types de la troisième et de
là quatrième période gothique , ffeuri ou flamboyant 5 dessins
contournés , moulures prismatiques , colonnes remplacées
par de simples nervures , chapiteaux' ornés de feuilles
frisées , formant deux bouquets snperposés , flammes , cœurs
allongés , pyramides hérissées de crochets, festons , denelles,
extrême délicatesse des nervures , des desMos et de. tous les
ornemcuiS.
Puis les tours, surtout celle du midi, nous initient à Tcpoque
si fameuse que les uns appellent la renaissance , et. beaucoup
d'autres la décadence de fart : Tart ne put en eflet donner ,
à partir de cette époque , que des œuvres indignes d^ctre
comparées aux anciennes.
11 y a , Messieurs , sous ce monument que couronnent les
tètes légères de nos tours , de grands sujets de méditation , de
profonds enseignements , de frappantes leçons des vicissitudes
i
39S su» L^éoUâB MéTAOraUTAIRS DE TOVftS. '
homaines. BicD des siècles, bien des géoératioos sont K\
saperpoaj&y entassés les nos siir les autres ; cinq transforma-
tions caractérisées d'architectnre nMmwnentak annoncent de
ri.inibreuses réyolations dans les i lées comme dans les mœurs
dj notre nation ; les premières bases dn temple de k vérité
sont les débrisdn temple de Terreur, pus l'œuvre des Romains,
l'œuvre des rois de la deuxième race , l'œuvre de St.«Louis ,
' et enfin celle de François !"•
Je voulais , Messieurs , vous parler des belles verrières du
chœur de notre cathédrale 3 plus tard, si vous le peimeltcft ,
j'aurai rhonoeur de vous présenter l'histoire entière des sujets
qu elles contiennent.
Honorons y Messieurs, comme de grandes et précieuses
conoeptions de l'art, nos riches basiliques. Sachons aus&i admi-
rer eu elles la puissance de création et la persévérance de
nos pères, si dignes d'être imités. Vénérons , euQn , comme
les traditions vivantes des siècles écoulés, ces œuvres sublimes
qui, mieui que les livres, nous initient à l'histoire mystérieuse
des mœurs et de& croyances de nos ancêtres ^ sachons la pré-
server de la destruction , et transmettre à nos derniers neveux
ces précieuses reliques d^ temps passés , ces magnifiques
monuments de la foi.
iirscmirTioits m l'^dusi di s'.^JVii» m touas. 399
NOUVELLE EXPUGATION
Des inêeriptùms de fégK$e de Su-Julten de
Tours , adressée à M. d'Entraignes , préfet
d^Indre-^t'Loire , communiquée à ta Société
pour la conserçation des Monuments;
Pm m. Eloi JOHANNOT,
Membre de plaaleiirt Académies»
MoviiBi» IB PftépsT,
Je yiem de lire te MuUetm monumental q«e pnUîe M. de
Canmonti fy trouve, ume III, pageaSo, mie Ndice histo-
rique et archéoiogi^ue , sur Nglise aUûêiaie de St Julien
de Tours , par M* Massé , conserratenr des inoainoeals
d'Indre-et-Loire , daos kcfuelle l'antear figuiie et eipli<)«e
ainsi ]es trois ioscripliops qu'on voit encore à la voûte de cette
cglii^ , bâtie au XIII*. siècle :
1". -BJOE : EEDOR • P ( mef^isaidus Rhedonensis posult
A \ alqee ( somS'SMiendu ) oram
OE : ME ; FEC ( meam fèdt.
3*. -JOB (plusieurs tuots ^aeis) FBCIT \ Johanues.*.. Pecit.
3*. : M : DE («a mot iiiistùle) OB 1 Meuardus Dei gratié ^?
ME :FBC f eram mcamfecit.
5oo BIPUGâTION DftS llf.SCAiPTIQllS
Comme cette savante et curieuse notice a été lue , «Uns deux
séances de la Société pour la conservation et b description
des monuments , dans la ville in Mans, le ao et le ai juin
18^7 • qu'elle a été publiée dans un recueil qui fait autorité
e;i archéologie , et qu*elle intéresse un déparlcm^l voisin de
celui où je suis né , et i T illustration duquel \a't depuis long-
temps travaillé, fai fait une attention particulière à Texpli*
cation qui est donnée de ces inscriptions : je prends donc y
Monsieur y la liberté de vous en adresser une nouvelle.
Je suis convaincu : 1**. qu'au lieu de rdb y dans la première
inscription, il fallait ponctuer b • db , comme m • db , dans la
troisième ; par conséquent lire Reglnaldiis db redonu. ( l\c-
naiildde Rennes) au lieu de Reginaldus Rhedoncnsis \ Re-
nauld de Rhétlon), puisque la lettre unique qui précède db ,
dans la troisième inscription , était de même Tinitiale du aom
propra j a®, que les deux lettrées oa , dans la première et la
troisième inscription, n'étant pas précédées des trois points de
séparation des mots , devaient être la fin , cl non le comiftcn-
ceraent d'an bioI , et que ppb ne faisait qu*nn mot et non pas
trois on deux , et devait èire là prior et non j^&pQsnit oiquc
oram , comme a la M* Massé , sans tenir compte , après p ,
de 1*1 superposé 5 S^*. enfin qu'il fallait lire la première ins-
cription ainsi :
Reginaldus db rbdon'' p'iob mb FiBCtT»
C'est-à-dire: •< Renauld de Rennes ^ prieur (de St. -Julien
de Tours ) majait, »
Et non pas , Renauld > ou comme lit Cbalmel , Robert ,
prieu9* de Redon •
Redon se disait en latin du moyeu âge , Roio—Hmis , et
Rennes , Redonœ , comme on le vuit dans la Nôtitia Gai-
liaruni d'Adrien de Valois, et même Redonis qu'on lit sur
Bl LCOtlBfe DE SAIlfT-JVLIEir DE TOVBS. 5oi
Une iDonDaie de Conaq IV , doc de Bretagne 5 et il eti bica
•^>itis Traîseiiilil«Ue <{ii'il s*a^t ici d'nn prieor de Tabbaye
St.-Ji|Iieéi de Toars , que d*tto prienr de Redon on de
Rennes , quoiqu^il y ait en égatemenl , dans cei dent
villes, viic abbaye de Bëncdiclins, bien avant le XIIK
sièfle. Cc^ ainsi qu'on trouve dans l'histoire de Blois de
Bernicr , page êfi\ et ailleurs , Jokannes de Biesis , Jean
de Eloii , Johannes de Balgeniiaoo, Jean de Beaugenci ,
Roberius deCarnotû , Robert de Chartres : aiobi done , le
savant Chahnel s*e»t trompé le preaiier et a égaré M. Massé ,
en traduisant «/« Redonis ou mEooir , par prieur de Ridon ^
en pi^enaot ce surnom pour un titre. Ce Renauld de Rennes
devait être un prieur de Tabbaye mèiae de St.* Julien de
Tours, ainsi que les deui autres , Jean çt Menard , qui ,
selon les deux inscriptions suivantes , ont contribué aussi à la
reconslrudion de Téglise de celle abbaye , 00 plutôt seulement
de sa voûle , puisque e*csl à la voûte qo*on a placé ces inscrip*
tioss j ce qui est confirmé par la liste des Irois prieurs ou
abbés dé St.-Julien de la mètaie époque , dont M. Massé a
trouvé les noms dans un manuscritde la bibliotbéque publique
de Tours , relatils a Thistoire de cette église abbatiale. On y
lit que Reginaldus Jl^* du nom , en était abbé en iao4:
Joimnnes JII'. du nom , en 1910 ; Menardus , eu iai8 ;
et ces abbés sont rangés dans le v^auuscrit , dans le même
ordre que le sont les trois ioacriptioof , dans chacune des
travées de la voûle de TégUse*
D'où il suit <évideuBient i i^ quf M. Massé a le mérite au
moins d'avoir trcs^bteii déterminé lesuQW de ces trois prieurs,
ou abbés , tant d'après les initiales données par les inscrip-
tions que par les noms domés en toutes 4ettres par le manus-
crit; c'est une justice que je me plais à lui rendre ; iP. que
3o^ INSCBfPTIOlfS DE L*éGLfSe DB S^-JVUBH BB TOURS.
i jDÎliale du nom de ia première inscription n*est pas celte de
Rolfertus , comme le croyait feu , mon sayast ami , Chalmel ,
maison efiet celle de Reginaidus, non pas toutefois par le
motif que donne M. Massé , qui dit qne : « dans les trois
lettres BO£ , qui forment le premier mot de cette inscription ,
est an d, lettre qui ne peut entrer dans Roheri^ mais dans
Reginaidus 3 » puisque la syllabe de ne &it partie ni de
l'un ni de Fautre nom ^ et que si eUe en eât fait partie, il
eût fallu y trouver non seulement d , mais db ; 3®. qu'il faut
lire dans les deux autres inscriptions également: prior me
/ec^, savoir en eatier^dans ladeuûime, Hmannes^DE*— prior
me) FBCIT3 dans la troisième, uenardus i>e..,. prioR m
FBcii; c'est*à-dire : « Jean ou Menardprkur de tel ou tel
lieu (de naissance ) m'a fait 5 4''* ^tie ces abbés n'avaient
akrs que le titre de prior ou prieur* "
C'est maintenant k M* Massé à examiner de nouveau ces
trois inscriptions sur place , et h tlcher d'y retrouver des
traces des mots et des lettres qui manquent à la copie figurée
qu'il en a donnée , je né désespère pas d'apprendre > h moins
d'oubli ou de faute de la part du graveur en lettres, qu'il y
a en effet dans la première , comme dans la troisième , les
trois points \ entre r et db , et peut être aussi quelque vestige
du premier r de r'toR dans por , si le p ne tient pas lieu à b
fois de trois lettres , d'un P latin , d'un Pho grec , et d'un i ,
par un mélange de caractères dont on trouve d'autres exemples
à cette époque. Mais qu'il en trouve ou non des traces , l'ex-
plication que je viens de donner de ces trois incriptions n'en
est pas moins certaine.
Sim Vn FBAGMCIIT DE FBtSB , ITC» 5o5
NOTICE
Sur un fragment de frise trouvé dans les dé-
combres d*une muraille romaine , à Tours*
Par m. EcGèvB DESJOBERT ,
r
Membre de la Société poar la coeacrTalion des Monuroeats.
Dans une étude aussi sérieuse que celle des inonumcnts
antiques , il faut soumettre Tappréciation des objets au pins
rigoureux calcul , et n'admettre aucune supposition , si elle
nVst pas la conséquence des Ciits positifs. Le manque de sévérité
dans l'analyse , a conduit des archéologues , fort distingués
du reste, aux suppositions les plus bizarres. Une des plus amu*
santés , h mon avis, est celle que fait M. Robin , d'Angers, à
l'occasion d'une frise romaine provenant des ruines de l'an-
cien Cœsarodunum . Il pense que cette pierre , qu'A la prc»
mière inspection , il eût dû reconnaître pour une frise ,
n'est rien moins que le tombeau de Tu r nus , roi des Rutulcs,
tué par Enée nu siège de Laurente.
M. Robin était sous l'irifluenoe de la prétendue similitude
des mots Turnus et Turones. Peut-être désirait-il donner
aux Tourangeaux nne plus noble origine , ce qui sans doute
l'a conduit à cberclier le tombeau d'un prince qui n'a jamais
existé : lùanière de procéder qui était malheureusement à la
mode parmi les antiquaires d'autrefois.
Ce prétendu tombeau n*est autre chose qn'un fragment de
3a4' SUR Vif FRAOMSRT DV FRISE
frise, provenant de raotiqne Cœsarodunum, il faisait partie
de Tentableineat d*nn édifice public d'nac grande dimension ,
si Ton en juge d'après les proportions colossales de cette frise.
Elle est ornëe de deux rinceaux assez bien sculptés , réunis
par un vase. Le vase a sans doute fait penser à quelques
antiquaires que cette sculpture venait d*un tombeau ; mais
Tun des usages de rornemeutatiun grecque et romaine, est
de réunir l'extrémité de deux rinceaux ou de deux guirlandes,
par un nœud , une agrafe ou un vase et autres ornements. Le
bas-relief dont je parle en est un exemple La courbure des
feuillages enlace deux oibeaux , assex mal conservés, qui me
paraissent être des aigles ^ par Tcflet de Tunifiormité ordinaire
des frises, ils devaient être répétés k des disunces ^aies de
reutablement.
On voit encore les mortaises qui unissaient k la frise une
corniche qui est perdue. Quant h Farcbitrave, je pense qu'elle
n'a jamais existé. Cela me parait certain ; car en examinant
la pierre , on dislingue facilement sur un des côtés un double
rang de rosaces, interrompu h des intervalles ^aux; k ces
points d'interruption, la frise reposait sur des chapiteaux dont
le bord faisait saillie.
Les rosaces ornant le dessous de la frise entre les chapi-
teaux , empêchent toute supposition de la présence d'une
architrave. Cela ne doit pas étonner^ car on retrouve cette
omis&ion dans la plupart des édifices delà décadence romaine.
Cette sculpture , d'un bon style ^ mais d'une exécution
-négligée , est de 1^ même époque que les restes enfouis sous
la muraille gallo-romaine que nous avons visitée dans notre
excursion d'avant hier. Elle fut découverte au commen-
cement de ce siècle j on la déposa dans les jardins de la
préfecture .Ce séjour lui est fatal j l'humidité ronge les saillies
TBOUVé DAIS Vm MVBAILLB mOMAtlTE , A TOUBS* 5o5
de la scalptnre , la numsie en GomUe tes creux. Sa pkce me
parait être au miuée i où , ainû que la Société Ta déjà dit ,
il serait k dénier qu'une place ftt résenrée aux fragments de
sculpture épars daus notre ville, ou qui pourront être exhumés
d*un Jour k Tautre.
Le but de ce trayail y fait à la hâte , n'était pas de jeter un
nouveau jour sur Farchéologie romaine dont l'histoire est bien
connue , je voulais seulement détruire une interprétation
ridicule qui , par la foi qu'y attache le vulgaire ^ aurait pu
devenir une tradition.
a5
3o6 . MArrOBT sua tSS MOHiriftSIITS m fi4VAt.
RAPPORT
Sur les Monuments de Laval (Mayenne ) ,
adressé à M. de Cawnant ;
Par h. de la SICOTIÈRE ,
■•«pfclear deiMonumenta hittoiiqa^du iMpaiteaiciit de TOrac.
XarrÎTe de Layal o& j'ai passé quelques heures. J'ai cher*
ché À utiliser , mon court séjour dans cette ville , en visitant
ce qu'elle offre d'intéressant , et en rédigeant au retour , les
notes informes que j'avais recueillies i la hâte. Je vous les
envoie. A dé£siut d'antre mérite , cette lettre vous témoignera
du moins de mon zèle et de mon empressement ï suivre vos
excellents conseits*
Laval est une ville curieuse et peu connue. M. Verger, qui
a consacré plnneurs notices intéressantes aux antiquités de la
Mayenne (i) , se tait sur celles du chef-lieu. M. l'abbé
Gérault , curé d'Evron, vient de publier une description com-
plète de la belle église de ce bourg (a) . M. Yilliers prépare
une histoire de Laval, à laquelle il a préludé par la publica-
(f) Notice sur Inblalns, 1*. édition ,saifle dedÎTerses excur-
•loQS dans pinaienrs communes de la Mayenne, par F. G. Verger,
ln-8o. Nantca 1835.
Notice sur la Cbaire*an*Diablei, parle même. Poitiers 1835 in-S».
(a) ln-8». af ee atlaa , Laval.
RAPPOBT SUR LBS MOWMBHTS DIT LAVAL. $07
tion récente d'aoe brochure sur la téodalité. ConuBC vous le
voyez, le déparlement de la Mayenne ne manque pas d'hommes
qui s'occupent d'inventorier ses richesses historiques et monu*
mentales ^ )e ne sache pas toutefois que les monuments dont
j'ai à vous entretenir aient jamais été décrits , a moins que ce
ne soit dans les annuaires de la Mayenne , dont la collection
complète eit fort rare et fort chère. Je n'ai pu la consulter.
Je ne vous dirai rien de la partie moderne de Laval.
Depuis peu d'années , cette ville s'est embellie de quelque!
édifices publics , d'un plus grand nombre d'habitations par-
ticulières y dont bien des cités plus importantes pourraient lui
envier la fraîcheur etTél^ance. Ces édifices ne servent qu'à
mieux &ire ressortir l'antiquité du reste de la ville. Leur
blancheur contraste avec les murailles sombrei du vieux Laval,
le seul dont je veuille vous entretenir*
L'origine de cette ville se perd dans la nuit des temps : je
ne sais si réellement elle fut , ainsi qu'on Ta prétendu , bâtie
par Cbarles-le-Cfaauve , pour arrêter les courses des Bretons.
Toujours est-il que depuis le XI*. siècle elle figure dans l'his-
toire. Chef-lieu d'une des plus grandes seigneuries de France «
et patrimoine successif des Guy , des Montmorency , des Là
Trémouille , bien des événements importants se sont passés
dans r intérieur de ses murs ou dans ses environs. Chaque
siècle pourrait revendiquer le sien ; le XIII*. un concile 5 le
XY*. des luttes sanglantes entre les Anglais et les Français ,
plus d'un siège, plus d'un assaut^ la fin du XVIII*. , de
nombreuses rencontres entre les troupes de la Republique et
les débris de l'armée Vendéenne qui vint en ce pays après le
passage de la Loire mourir de ses victoires, la chouannerie et
tous les maux de la guerre civile. Aujourd'hui , Laval semble
se reposer de ses longues agitations dans le commerce et
5o8 B APPORT SUR LES MOflUMBVTS DE LATAL.
rinduMrie. La fabrication des foiles de lin , de chanvre et
de colon occupe on grand nombre de bnis , et met en circu-
lation d^énormes capitaux dans la YÎlie et aax environs. Les
homioes et les idées ont changé ^ l'aspect de la ville est resté
le jneme.
J'ai vu peu d'anciennes villes aussi intactes, du moins dans
quelques parties. Les bas-quartiers du Mans enx^mèmes ont un
caractère d'originalité moins prononcée. Ailleurs on admire les
détails échappés aux ravages des sièdesj là, c'est l'ensemble des
rues étroites, tortueuses, qui se mêlent et se brouillent dans tons
les sens ^ des bâtiments k solives sculptées, surplombant d'étage
en étage sur le pavé (1)5 des grafpes de maisons , pour me
servir des expressions pittoresques d'un grand écrivaiu(a),7M£
répandues en tout sens du sommet de la colline , se préci-
pitent en désordre^ et presque à pic sur ses flancs , jusquau'
bord de Veau , ayant tair les unes de tomber ^ les autres de
regrimper , toutes de se retenir les unes aux autres ; une
teinte sombre, noirâtre j une sorte d'odeur de vieux, de ren-
fermé; au milieu de tout cela ponitant , rien ou presque rien
qui rappelle les merveilles de l'art au moyen âge 5 je ne sais
quoi de simple , de médiocre , de bourgeois \ le XV'. siècle
enfin sans dentelles de bois, sans aiguilles de pierres, sans
tourelles , sans colonnes , sans statues , sans sculptures , mais
non pas sans charme , sans inléiêt. Voilà le vieux' Laval.
(t) Dans le quartier des balles, on foit des maisons de 6 à 700
ans, où l'on admire des poutres d'une longaenr et d*uoe grM*
sear prodigieuse. La tradition du pays dit qu^enbâtissant là dea^
maisons, on a placé ce» poutres au même lien où ci-defant étaient
les chênes,, sans aucuns frais de transport. Dict. univ. de la
Franee , par Roliert de Hessely. V. La? al.
(2) Victor Hugo -, N. D. de Paris , t. t.
BAPTOIT fIJA LB8 «lOVUMSyTS DE I.&TAL, 509
J'aurais pendecboieà dire de Faocien châteao, aujonrdlint
la prîsoD, qui s'élève avec sa vieille tonr aa bordde la rivière,
et donioe uoe partie de la ville ; d'une belle porte de dcfciise
Uaoqace de toors et parfaileiiieiit conservée 5 dn musée , où la
présence de que!qiic& objets intéressants, et notamment de ceai
découverts li ioblains par M. Verger , et l'extrènie obligeance
du conservateur , ne sauraient d^uiser une pauvreté trop
réelle. J'ai bâte d'arriver aux monuments religieux.
La principale église , celle de la Trinité , est iitacbevée.
Elle ofire d'ailleurs cette déplorable coBfusioB de tous les
styles, de toutes les- époques , si commune et cependant si
ouvertement contraire aux plus simples règles de la raison et
du )Min sens. Un portail moderne vous introduit dans une nef
sans latéraux dont la v«âte ogivale s*élauceavec une grande
hardiesse eu décrivant un ave lie large 'dimeiision. Comme
pour servir de transition- du chœur qui est ronun pur au mur
de cette neC y une arcade ogivale encadre deux fenêtres ^ plein
ciotre» Ce fait , qsiû se reproduit assez souvent , en attestant
l'usage simultané de l'ogive et du plein cintre, ne viendrait-
il point à l'appui de l'opiiiioa qjii n'a vu dans l'arcade en
tiers-point que l'^otrekicemeat des cintres , dans les nouvelles
formes que la combiuaiso» des aociciHies 7 Cette alliance de
deux styles qui semblent s'escinre , n'imiiqtierait-elle pas le
lâionnement de l'art j. les eliorts timides encore de la pensée
urchitectooique pour s'émanciper , et , libre des traditions du
passé , s'élancer dans des voies- nouvelles TQae Finiluencedu
goât oriental qui venait de pénétrer ea occident ait puissam-
ment co&lribué au développcmeat dtt> style ogival ; je l'admets
volontiers^ le XlP.~siècl6 Ci»t une époque de mou vemen trot de
iénovatiou^ le spectacle d'une ci vilisation étrangère et des mer-
veilles q^u'eUc avait cnlaDtées, devait nécessairement cbratilcr
5lO AAftPOET SVB LKS MOlTtJlllBIlTS DE LAVAL.
la foi déj^^ cbanoélante des vataqtKurs^ dans \&Btn tradUions ,-
leurs mœnrs et learsarts qni n'étaient, comme d^ordinaire^qne
rexprèssioQ de oesmœnrs; les encourager an changement , au
pr(^rès ^ mais de ce que Fadoption de Togive soit une réaction
indirecte de Torient vaincu , sur l'occident vaiqqnenr , s*en
auit-il qu'on doive regai*der la forme elle*mème comme une
importation directe des Croisades, comme une plante exotique
transplantée sous un ciel nouveau?... Problème plein de diifi-^
culte et d'intérêt , devant la solution duquel les maîtres eux-
mêmes ont reculé !.. .
Quoi qu'il en soit, l'église de la Tribité qui ne m'a riea
<>f{ert de remarquable à l'extcricur, et dont le chœur % trouve
disgracieuseinent coupé par quatre autels sur le même plan et
sfcir la même ligne , offre en revanche un certain nombre de
détails précieux ^ je suis trop peu connaisseur pour parler des
tableaux assez nombreux qa'elle possède, parmi lesquels plu- .
#ieurs cependant , et notamment une adoration des Mages de
grande dimension , m'ont paru dignes d'attention âous le i^p-
port de l'exécution. Toutefois , je ne saurais passer sous
âlence un tableau assez moderne dont le sujet est Sainte Eli-
sabeth, présentant son fils h l'enfant Jésus et k la Vierge. La
donatrice , jeune encore , vêtue de noir , et de figure assez
gracieuse , est à geuonx au bas du tableau , tenant un cœur à
la main. Â quelle époque a cessé cet usage de figurer le dona-
teur sur l'objet donné , usage dont nos verreries , nos missels
et nos premiers livres imprimés attestent la généralité? Deux
autres tableaux beaucoup plus anciens m'ont parn mériter une
mention. L'un représente la décollation de St. -Jean> Baptiste ^
deux soldats armés de hallebardes magnifiques , des docteurs
eu bonnet fourré , lé costume de la maîtresse d'Hérode , rap-
pellent tellement les temps de la ligue , que la pensée se
B JUPraAT SUR UM IMMiVMftllTS l» MVM* - 5l I
reforte îoT^loaUireBieat aai yicilles grarorai de la utfse
Méaifpée. L'autre tableau qui forme pendant à celui-ci, offre
d'un cftié le baptême du Cbrist f de Fautre la prédication de
Si.^eao. Feulritre un amateur décoii¥rirak*ildans.]e$ (ioraet
bizarrement tourmentées des arbres f la oouieQr verditrc^ du
londs , et les attitndes des personnages , on iotérd d'eiéentifwi
on de curiosité que je ne puis apprécier.
Une sutne de la Vierge en marbre blanc , el k dnice ,
bien que d*un travail assec délicat, sont pen remarquables.
Une antre statue plus importante ornait le tembeav d'un
bant dignitaire ecclésiastique. Void nnscription qui l'éceom-
pogne à sa place actuelle, dans la nef cb^ Féglise de ia Trinité :
« Jaœbat olim m»rmor istud k» ecclesîa san^ UscfaaeUs
Lavallensis en jus capitnit amio r4^i fundatores fuerunt
reveiendissitDi domta«i» Guilâelmos Ouvron, epseeopns Bhedo-
nensis necnon fraler ejtis Jobannes epîseefus Leooensts» Hoc
moBumentum hic bonorHice reponi earaTÎt Carohia Juanues
Matagrin bnjnsceeoelesiâe' Rirocbus Cenomaneosis eatbcdralis
canonicus bonorarios , aooodomini iBoS. »
Cette statue ^ degrandeur praKfue netin^ • est en marbre
blaneet d'une assez bonne eséentîon. Elle représente an évèque
coôebé , les mains pintes sur sa poitrine. Au^tessua de sa lête
est UQ dais eo msarbre <noir saiis omemeniSk
Deux fenêtres sont gamies-db yitranx peiols. Le «oloris de
r^ine de ces verrières est pariaîtemeol eonsetvé.^ Celui de
l'autre est'osé, terni comme $i ia pùmim^ awùApçmsé aie
nmr, J'ar tu peu d^exemples df une pareille altération As coo*
leurs. CeiHi qui se livrent à des études pralicpes- snr Wpuin-^
turesnr verre » poun aient coosnller avœ fniit ce vitraii ifaint
le ton contraste si vivement avec ceint dwitraii voisin qui
pavait eepepdaal dater de la même époque , c est-A-dire de la
5x3 V aimmr SUB les «oirtMevTS db tktÀt,
renaissance. Il représente nne Trinité enlonrée d'an eneâdre-
ment d'anges , de saints personnages, et de monstres, qn*on
ne s*âttendrait gnère k trouver en pareilk oompagnie. La
teinte noirâtre de certaines figures a véri taUement quelque
chose d'étrange, et j'ai peine k cooceroir cmament la nanire
des couleurs, on Vaction de l'air , a pu produire nn pareil .
résultat.
. A relise St.-Yéoérand , j'ai admiré un curieux portail de
la renaissâBce. Au milieu de cintres et de colonnes apparte-
nant éndemBBent il la nooveUe école, on voit deux petits dais
dans le genre gothique , ornés de fleurs , de ciseltn*es et de
dentelles trayaillées à pur avec une délicatesse admirable.
L'intérieur firarBÛlIe d'anachronismes bien plus choqnanls.
Le XVIII*. sîèele ^ et la date ( 1732 ) est là pour qu'on ne
puisse sTy inmiper , a ^ de par le bon goût , efirootément ajusté
ses misérables colifichets d'un jour , ses oves, ses volutes,- ses
draperies , ses lyres, ses-gmrbndes, ses chérubins boufts^
véritable l^re qui ronge le front de l'art et le défigure arant-^
de le tuer. • ••
Une fenêtre à vitram peints, la fàm andenne que j'aie
remarquée & Laval , dire une suite de petits tableaux tirés de
l'écritttre saintei J'ai reconnu quelques traits de la vie de
Moïse et de Balaam. Une autre fenêtre plus moderne , je crois,
représente le calvaire. Une bordure de petits tableaux em-
pruntés aux principale» scènes de la passion reçue k l'entour.
L'une et l'autre n'offrent qu'un intérêt secondaire.
La chaire est délicatement sculptée en bois y trop chargée
d* ornements peut-être^
Deux petits bas-reliefs en bois ou eu albâtre appendus dans -
une des chapelles m'ont paru remarquables, moias pour le fiai
de rexéeulioB que pour les couleurs dont ib sont peints^ et
qoi paraittent n'avoir pas été reloiicliëet , «t pour k fonds de
£kart de lys et de ftnillages d'or dont ib sont ornëi. Ces
objets se rencontrent rarement aossi IneD consenrés , et il est
trop sonveftt difficile d'étudier sons les épaisses oouclies de
peintures, dont tes siècles les ont barbouillés ^ l'idée primitive
de Tartisle , et le goàt da temps.
A quelque distance de Laral , assez près cependant pour
qii'elle paraisse dépendre de la ville , s'élève sur le bord de la
Mayr nne l'^lâe rurale d'Avesnières. Le batelier qoi me fit
passer la rivière pour m'y conduire , m'assurait naïvement
que c'était la plus belle ^lise de campa^^ qui se trouvât à
5o lieues à la ronde. Tf'y avait-il point quelque' peu d'exagé-
ration dans l'enthousiasme de ce brave bomme pour son
clocher? «Tosedire put , n'étant pas de la paroisse. Toutefois
cette église est véritablement curieuse , elle mériterait un exa-
men approfondi , détaitté.
La nef et les bas-côtés , de constrootion romane , se ter-
minent par des apsides circulaire» j mais l'apside de la nef ^
beaucoup plus large que les deux autres , est elle-même garnie
de trois petites apsidesiégalement dreulaire», forauint chapelle»
à ria^eur, et rayonaantà l'entoor' do sanctuaire. Cette
dispositioD est, je crois, bieik rare dans les monuments roman»,
même de la seconde époque. Elle atteste , ce semble , la dégé^
oéresceoce d'un^tyle , en même temps que le progrès de l'art.
L'austère et grave simplicité du roman prtoâtif est déjà bien
loin , et l'ogive approche k grands pas avec son cortège de
liches ornements.'
Le chœur est surmonté d'une tour romane v dont la flèche
a été reooBstruitè k une époque récente. Encore qu'elle accuse
je ne sais quelle prétention, h l'imitatioa du style go-
thique^ elle contraste d'une manière choquante avec le reste
5ti4 BJÉtonTSua u» «okumbmts db
de r^ifice. C'est le XVIII*. siècie greffé «ir lé XIlS la «oq«e
a pkunei de Louis XV sur la tète de Lonis-k-Gvos •« ds
l^ilippe* Augosletf» .
La preBiièretfbtie qai. fi«ppe cm «aliaot dans celle cgliae ,
ce «Qot deux de ces coioasales statues , si communes autrefois ,
si rares aujourd'hui dans TOnesl. L*imw replréieole Sc«^€àns^
toplie, et, véritahleroeot ^ Farliste a eeMe fois abusé de la
permissioa que se «ont^eti général altnbuée ses ocnfrèces , de
traiterasseEcavaliéfenentcefidoie protcetfiur du CIixisteiifMit*
Celte stalne est seandairusement laide. L'entre^ longue^ nûéev
immobile , eaveloj^ée d'une robe à plis toinbauts, a du luoias
quelques rapports éloignés avec ces ykiUes statues qui parioii
décorent Tentrée de nos cathédrales ; et , sous ce rapport ^ bu
pourrait lui pardonner jusqu'à un certain point, sa grossîmté
d'esiécution-.
L'intérieur offre peu d'intérêt* Parmi les chapiteaux dbs
colonnes , il eu est de fort bûarres , et pi ésentant , je crois ,
des odscoBna» Une fenêtre garnie de vitraux peints mente
aileotion. On voit au milieu la sainte Yict^e sur la tète de
laquelle le père et le fils posent une conronue. Le Su-Espiit
plane au-dessus sous la forme d'une colombe. Le haut du
vitrail est occupé par trois anges jouaot de divers instruments.
L'an tient une harpe , Faotre une sorte de violon avec un
archet , le troisième un triangle garni de clochettes. Les mé-
daiUous que Ton xemarque sur cette fenêtre attestait le goût
et l'époque de la reoakisaoce»
Parkrai^je encore de deux tableaux dont l'un , assez récent
et assez médiocre, représente la Passèon } an*des80us de chacun
des nombreux personnages^ se trouve une légende en fietits
caractères, explicative sans doute de leur conduites L'élévation
du tableau ne m'a pas pennisde relever exactement ces diverses
lAMPOliT <V» iES MOVVMBHTS DE I.ATA&. Sl5
inscripliocs» L'autre , Leaiicoap plus aocieq , esl iiyi&é en
Iroii panBeaw. Celai dtt Ditiien offce la Vierge teoatti too êb
mort sur tes genoux. Deux saintes femmes se tiennent à ses
côtés. Les deux autres panneaux sont occupés y. savoir : celui
de droite par iwi saint auréolé tenant en main une scie,
instrument probable de son martyre , et par on bomme à
genoux y en costume de prêtre , de la bouche duquel s'échappe
cette légende : ô mater pieiatis^ intercède pro nobis; celui de
gauche , par un prélat tenant sa crosse i la main , et par un
4utre prêtre à genoux ) la légende est celle-ci : ô maler. dolo^ .
rosaj pro nobis Jilium om* Les dorures qui briHeotrSur les
vêtements du prélat , les auréoles d'or qui ceignent la tète des
principaux personnages , la forme des lettres, leur couleur
même, qui n*cst pas uniforme, car la première lettre de
chaque légende est eu rouge et les autres sont noires , la dis-
posiiion du tableau en trois parties, me semUeraient , h
défaut du caractère bien prononcé de la peinture , assigner k
ce tableau une date assez reculée , et , je le crois , àiff^ d'iiH
tcrêt.
Je nai pas visité d'autres ^lises , et je crois que je n'en
avais pas d'auires à visiter.
Je relis ce que je viens d'écrire , et je m'aperçois ,. Monsieur
et cher confrère, qu'au lieu d'une description méthodique et
raisonnée de quelques édiûces religieux . je vous envoie fin*
vcntaire d'une partie des richesses , je dis trop , des curieisités
ou des singularités qu ils renferment , en bois em eu pierre ,
en marbre ou en peinture. A coup sûr , l'appréciation de
l'œuvre architecturale aurait réclamé une plus large part daoe
cette esqiûftsef toutefois je ne pense pas m'ètre enliiremeoe
fourvoyé.
Je ne conçois ps que Ton omette dans la description d'u»
r
«
5l6 BAffPOBT SUR LES MO]n7MfiirTS DE LAVAL.
édifiée, si beau qa*il soîl evtérienrement, les statues , tableaax,
reliquaires, has-reliefs, ornemeots de font genre, et de loin
âge qai pea{^eBt on parent son enceinte. Ils font partie essen-
tielle, int^;rante, do monament qni les renferme ; une mono-
graphie n'est complète que par lettr description.
Tout s'enchaîne dans Fart. L'architecture donne la main a
la sculpture, la scnlptnre a la statuaire, la statuaire à la
|ieinture. Les diverses branches de l'art , filles d'une même
tige , ne fleurissent pas toujours en même temps , ne se déve-
loppent pas toujours d'une manière égale sons le souffle des
hommes et des événements^ mais alors même que l'uue dVIIes
semble se nourrir de la substance qui devait servir à tontes,
qu'elle les ombrage pour iin temps de sa dédaigneuse supério-
rité I il y a pour le savant une étude curieuse à faire des causes
et des résnhats de cette perturbation. Là est le secret des in-
times rapports qui, dans le pregi*ès ou le dépérissement de l'une
des branches de l'art , préparent la renaissance , la transfor-
raatidn o« la mert de tout ou partie des autres. Pour celui qui
cherche dans le développement de l'art le développement de
la pensée humaine à travers les siècles , c'est une vérité hors
de contestation que , dans tous les temps , une des branches
de l'art correspond h l'une des tendances de cette pensée
comme à l'une des facultés de notre esprit. Progressive , rétro-
grade on stationnaîre , une des grandes divisions de Tart est
toujcmrs là , véritable thermomètre de Tune des tendances de
la pensée humaine , et parfois de la pensée humaine toute
entière !.••• Quand une investigaticm plus sérieuse et plus
complète des richesses que nous possédons dans tous les genres
aura plus tard permis de tirer des donnée» particulières quel-
ques règles générales , nous aurons fait uu pas immense vers
la vérité ^ notis aurons surpris à Thumanité un des plus beaux
RAPPORT StTR LB8 MOHVMBRTS DE LAVAI. 5l7
secrets de sa nature , eo surprenant celui des causes qui , à
certaîoes époques , arrêtent ou précipitent le déyeloppement
de quelques-unes de ses (acuités , au préjudice ou en faveur
des autres. Magnifique système^ où la décadence enseignerait
le progrès , et ou chaque partie viendrait à son tour expliquer
les autres parties de Tensemble ! ! !
Quelle mine riche et féconde d'ailleurs , que cette étude
sous un point de vue moins général , )e veux parler du point
de vue purement 'historique. Que de merveilles en or , en
cuivre , en marbre, en cire même se cachent dans la poussière
de nos vieilles cathédrales, véritables musées que chaque jour
dépouille au profit d'autres musées ! Au moyen âge Tart était
partout, en tout, sur tout. Quand il semeitait-une/ois en
frais de poésie , le colosse au gantelet d^acier écrivait ses
épopées sur la pierre (i) ; sur la pierre aubsi ^ sur le marbre,
sur le bois il écrivait ses satyres , ses chansons, ses moindres
lantaiûcsj chacun de ses produits est un symbole; chacun de
leurs restes a une signification historique; tout chez eux k son
seus, sa raison, sa portée. Quand on sait voir ^ a dit un
poète historien [i) , on retrouve l'esprit d*un siècle et la
physionomie d'un roi jusque dans un marteau déporte; et
pour caractériser l'art avec les expressions qu'emploie un antre
poète (5) en parlant de celui dont émane tout art comme toute
poésie , je dirais :
La goutte de roi^ à l'herbe auapcadue
Y réfléchit un ciel aussi vaste « aussi pur
Que l'inmenae océan dana ses plaines d'aaur.
(i) Sainte Beuve, poésie Française au XVi*. siècle,
(1, V. Hugo, N. D. de Paris , 1. 1.
(3) Lamartine. — Harmonies poétiques.
3i8 HAPPOET .SUR LIS MOUtlMBim DB IiATAL'.
Yoas avez admirabknieat compris tootcs 490 c^Mes , Mon-
sieur et cher confrère; vous ayesproebmé ces Tnrîtés depuis
long-temps* La publication de la sixième partie de Yotre Cours
d'antiquités monumentales en complétant yotre bel ouvrage ,
les mettra dans tout leur jour. Noble tâche que celle que tous
vous êtes imposée et dans Facoomplissement de laquelle on
doit $*estimer heureul et fier de pouvoir vous seconder !
Je suis bien loin de Laval , f y reviens pour vous répéter
<|ue ma mémoire ou mes notes out pu mal me servir sur un
certain nombre de points ^ et que js n'oseraisr guère assumer
la responsabilité absolue de toutes les opinions que fai émises
sur œ petit voyage. J*ai voulu appeler votre attention et
celle des amis de la science sur un point trop n^ligé. En
certaines matières , les erreurs sont encore d*utiles leçons.
P.S. n Ce travail était terminé , et déjlt imprimé en
« partie, quand Vai eu connaissance de la description des
« églises de St«-Yénérand et d* Avesnières « donnée par M.
« Mérimée^ dans son intéressant ouvrage : Notes d un voytk-
a geur dans l'ouest de la France. Je suis heureux de m'ètte
« rencontré avec lui sur presque tous les points. J'invoque*
« rais au besoin son autorité comme le suffirage le plus flalteur:
a on s'apercevra facilement que )e n*ai pas consulté son
« travail pour la rédaction du mien. La lecture de ses noies
€ ne m'a cependant pas engagé à supprimer la publication de
« cette lettre ; je crois ^'elle peut encore o£&ir quelque iu-
«( térêt, à raison des objets nombreux qui n'avaient pas fixé
« l'attention de M. Mérimée , et sur lesquels )'ai cru devoir
« insister. ■ (Note de- l'auteur.)
SVB UC& iTVOES AllCHéOL04lQVB$ , ETC. 3l9
RAPPORT
Adressé à h Société française pour la conserve-
tion et la deseripiion des Monmnents histo-
riques p en fuin 1 838 ;
Pab M- VERGNAUD-ROMACNÉSI ,
• . » •
Rien de biea reaiarquable e^ déoouTertes archéolegiques
et Iu;iU>ri()iies o'a eu lieu daos le départemeot da Loiret
depoi» mon dernier rapport , cependant :
A Menng-<surrLoire I an lien des Ttrir^^ an œntre d'nne
carrière de pierre dure , daos un trou en forme de puits
oUoog, perforé dans le banc de pierre îusqu!à Teau , et
comblé jusqn an dessus des plus hautes eaux par des débiis de
briques romaines el des fragments de yases romains de toute
patuce » s'est trouvé le squelette d'une femme dont les osse-
menis s'étaient affiiissés sur la meule supérieure d'un moulin
romain en pierre yolcanique». Ce squelette , en raison du peu
de largenr dn troo ( So centimètres sur go centimètres) , n a
l^n être, placé que debout su.r la meule formant plancher. Deui
anneaux ont été recueillis parmi les oisemeots des doigts ; Tun^
en simple ruban en argent, a dû être orné de lignes ou dessins
en creux , eflacés ou à peu près par le frottement. L'autre
anneau est de ta forme appelée cheyallère, il est en or très-
320 SUR LES irt'DBS ARCBéOLOOIQVBS
pur , son chaton est ane cornaline sanguine , une figure
d'homme nu , la tète seulement couverte du bonnet phrygien,
y est gravée en creux. Cette figure est d'un mauvais travail 3
elle parait tenir d'une main un miroir antique ,mal exprimé ,
et un glaive ou poignard la pointe en bas. De Tautre main ,
elle porterait suspendue une lampe afiectant la fonne d*une
croix. Ces divers attributs sont si mal exécutés qu'il est difficile
de deviner quel est le personnage ou la divinité que le graveur
a voulu représenter.
Cette découverte nous a donné l'occasion de visiter cette
localité qui touche à une voie romaine que nous avons signalée
dans un mémoire relatif à des antiquités trouvées non loin de
Bacon.
Des tumulus y existent encore , ib étaient jadis plus nom-
breux , le sol y est parsemé de beaucoup de débris de briques
romaines et de fragments de poteries communes et très-belles,
ce qui ne peut laisser aucun doute sur l'ancienne exbtence
d'habitations romaines ou gallo-romaines dans cet endroit (i).
— Non loin de Beaugenci , dans la vallée de Crosse , on a
déterré récemment un vase en bronze, d'un travail grossier
fait au marteau , et contenant i, 100 médailles de Pùstume ,
Gallien , Salonine , 0. Severa , etc.
— - Aucun de nos anciens édifices et de nos maisons remar-
quables n'ont été détruits depuis mon dernier rapport , et ne
semblent pour le moment menacés dé ruine. A Orléans , la
petite chapelle de St. -Jacques et son riche portail sont en
vente , et il est bien à craindre que ces riches sculptures ne
soient sacrifiées au besoin de tirer parti de ce local.
(0 Noas publierons incessamment un mémoire complet sur
cette d^ouverte et sur cette localité.
— - Les restaaratioos de coosolidation et d'entretien opérées
jusqu'ici à Tancienne ^Use de St.-Benoit, l'ont été d'ane
manière satisfaisante.
— - A la belle cathédrale d'Orléans , on a élevé en avant
des toitures de la belle nef latérale droite , entre les tours et
le pignon latéral , des pignons wnés , comme il en existait
déjà vers l'apside , pour lier le portail avec la petite tourelle
de la sacristie. Les pignons qu'on construit en ce moment ne
nous semblent point avoir été dans les intentions de l'archi-
tecte primitif qui n'a laissé aucune pierre d'attente pour les
marier h l'édifice. Toutefois , si l'on se tire avec adresse de la
difficulté de les placer à l'angle rentrant que forme le portail
latéral , ils ne seront pas d'un mauvais effet général.
— Des écrits archéologiques , historiques et statistiques ont
paru sur notre localité.
L'un intitulé : Statistique agricole et commerciale , etc.
de t arrondissement de Montargis , est un fort bon ouvrage
dû à M. Boyard, président à la Cour royale d'Orléans, et
dont nous avions oublié de parler dans notre dernier rapport.
La partie historique et archéologique n'a pu , en raison du
cadre de l'auteur , recevoir tous les développements qu'elle
demandait.
Un autre ouvrage est intitulé : Recherches historiques sur
la ville Jt Orléans , et a été publié par M. Lottin père. Le
troisième volume in- 8°. vient de paraître;, c'est une suite de
faits rangés par dates qui ne sont malheureusement pas sans
erreurs. Un travail de cette nature , pour rendre les services
c[u'on est en droit d*en espérer, devrait enfin être exécuté avec
unité de style , comme les tablettcb chronologiques de la Tou-
raine , par le laborieux et érudit Chalmel.
. Un tTQisième opuscule intitulé : Souvenirs historiques sur
a4
599 svn Eiâ énrom AmcnfouKiQiiit
tancienne abbaye de St.-ffenoit y a été réGemmeDt édile ^ et
Fauteur , M» Marchand ^ géomètre du cadaMre , a cru de?oiir
cet hommage au Heu de sa aaissance.
C'est en sottme no abrégé pur et simple des écrits de ûom
le Roy et de Pierre Chartier , conservés à notre bibliothèque
publique d'Orléans. \\ esï fâcheux que Tauleur n'ait pas
consulté Fauteur primitif Jaudot, mais k la vérité il n'en excstiç
pas de traduction ; la connaissance de ses écrits latins lui
eût évité bien des erreuis patentes. Par exeiUiple celle de
donner i' église actuelle de St.^Beaoit comme étant TégUse
première de Tabbaye fondée en 655 , tandis que les anciens
plans de ce monastère, et les chartes copiées par Jaudot,
prouvent qu'elle existait dans lia autre lieu qu'ils précisent
de la manière la plus claire et la pJus formelle (i)«
En outre , il n'eût point à coup sûr été tenté de réformer
Mabiilon et autres, sur la position de la tour de St. -Michel ,
qu'il place sans 'preuve au sud de l'église, tandis que touir las
plans anciens désignent par ce nom k seule et vraia tour qui
ait jamais existé à St^-Benoit , celle qui forme toujours Le
péristyle de l' église. La relation de l'espèce de siège , soutenu
par içs moift^ cootie François I'^ , est positive à cet égards
car elle dit que les religieux s'étaient retranchés et barricadé^
dans U tour St.-Michel , espèce de forteresse: en avant de
l'église, et .qui, jointe aux muraiUes, rendait le monastère
d-accès impossible pour d'Entraignes et ses troupes.
To*is les anciens pbns sans exeeplion la désignent par ce
nom , et Jaudot est bien précis ^^r son origine et sur sa posi-
tieu lorsqu'il dit :
<f Turrim ÇaQcti Michaëlis , qu» est in iogressu majoris
(i) Ces plans curieux eussent été )^hts h»ffvecsa«ta à publier
que les copies réduites de ce qui a été donué jusquid.
BANS 14 BVAlTSIffNT mi. lOW^T. 5aï
9 «c€le«ix ioriaeensia à (undiaiDeiMû constriMHre cosfix ( abfcas
c Gaiidiaos anno toa6V
L'anteur n*a pas prié garde qn^en contvoclîsaiit ses devan-
ciers sur ce poiot iaiereHaat , il coadapioait laî-soèxoe un
peu piiisloio s^a insoateoaiUe opiaîoD. Car il dit , pag& 76 ,
ce qui est vrai , qu'en septembre .16489 oochangeaies comma»
nications dn monastère avec l'église qui avaient lieu précé-
demment soos les cénacles qu'il prétend avoir dépendu de la
tour ou exhaussement qu'il dit être la' vraie tour de St.-
Michel.
La connaissance des écrits de Jaudot lui eût appris qu'il
ne vint de Bloisà St. -Benoît, comme il le dit lui-même >
qu'en 1680, pour travailler au recueil de chartes , etc. , de
l'abbaye, et que son travail fut terminé en 1681. Il ne vint
donc à St.-Eenoit que 5o ans environ après que les anciennes
communications avaient été bouchères, et les nouvelles établies,
telles qu'elles existent aujourd'hui encore en partie. Il n'a
donc pu parler que de l'entrée de l'église telle qu'elle était de
son temps , et dès-lors son texte ne peut donner lieu a aucun
doute. D'ailleurs , D. Mabillon , D. Chazal , qui tous deux
ont habité St.-Benoit, auraient été éclairés sur leur prétendue
erreur par les Bénédictins leurs confrères, s'ils s'étaient
trompés.
Beaucoup d'autres méprises se rencontrent dans cet opuscule,
sans parler d'une interprétation , peu intelligible , des ins-
criptions et des bas- reliefs de quelques chapiteaux de colonnes,
par des passages de l'Apocalypse.
En ce qui nous concerne personnellement , nous avons
publié depuis notre dernier rapport un supplément à la notice
historique sur l'ancienne église de St.-Pierre-en-Pont d'Or-
léans*
5^4 SVB LES irUDBS ARCBioi.OCIQVBS , BTG.
Uoe notice biographique et historique , par M. le comte
de Bizemont , directeur^iondateor du musée d'Orléans.
Euiin des documents inédits sur le siège d'Orléans.
Nous joignons à l'envoi de ce rapport un exemplaire de
chacune de ces publications , dont nous aimons à faire hom<-
mage à la Société , réunie à Tours.
lOJR DES MOmfMBMTfi IKKMTS DB tAUfT-AlGVAK. $35
NOTE
iSt/r les Monuments inédits les plus remarquables
des environs de St.-Aignan ;
Par mm. AtONZO PÉAN, propriélaire, cl CHARLÔT,
pLarmacien y à St«-AigDan,
MonuMBiTTS DU MOYEN AGB. — ChopeUe de St-'Luzare ,
commune, de Noyers, — : Cette chapelle, qui appartient au
style roman secondaire, est peu considérable. Elle présente
une difiërence seudible dans ses proportions. D'autant plus
resserrée qu'on approche du chevet , elle a son chœur plus
bas.que la nef, et Tap^ide moins élevée que son chœur. Elle
a en longueur environ 60 pieds , 30 dans la plus grande lar-
geur, et présente assez d'ornements pQur Fépoque de la cons-
truction , le X*. siècle.
«
Les ouvertures des fenêtres et des portas sont a plein cintre ,
d'une grandeur moyenne. Sur la porte du sud, se fait remar-
quer une archivolte ornée de quelques moulures en relief, et
de zig-zags simples. Les murs sont en appareil moyen ; les
parements formés de pierres symétriques de calcaire marin
demi-dur des environs. Le centre du mur offre un massif de
M
moellons irréguliers. La tour ou clocher , dont il ne reste
qu'un pan de muraille, est placée au-dessus du chœur, et
très- peu élevée au-dessus des toits. Les corbeaux ou modi lions
25
326 svm vÊs uoîivuEtm méùns
sont très-saillants , ornés de figures homaiDes grimaçantes ,
ou d'animaux h formes bizarre$.i jQn y remarque parfois des
boules entassées cinq ensemble , chose très-rare dans ce style.
La cornîcbe qui surmonte les modillons est ornée de zig-zags
9M^<^ et 4a 4c;sficQs eo ocbiqijrier*
Les colonnes ou ptliersjpb^cés.i rextérienr d^ cbœur sont
droits entre la base et les chapiteaux , sans renflement , mais
i^sex dégagés. On voit encore des r/eçtes de la voûte. Il n'en
existe plus maintenant, de portion entière que dans le chœur.
Cette voûte était en moellons d*un petit volume , noyés dans
le mortier. On y remarque l'absence d'arceaux. Ils sont rem-
placés par quatre angles peu saillants qui se croisent en forme
d'arcades an sommet , et viennent s'appuyer sur les quatre
piliers du chœur.
Les colonnes de la nef sont pesantes et courtes, formées de
gros fûts cylindriques , et d'un assemblage de demi-colonnes
assez minces, réunies en faisceaux. Sur les chapiteaux se
yoient en demi-relief des figures humaines bizarres, incor-
rectes . hideuses , ou des animaux monstrueux auxquels le
sculpteur s'est plu h donner la forme humaine.
yUrait colorié de la chapelle détruite de Notre-Dame"
de-Pitié^ à Saint- Aignan. — Ce vitrail , qui fait partie do
la collection de vitraux de l'un de nous, représente la résurrec-
tion de Lazare, et nous semble mériter L'attention des connais-
seurs , tant à cause du dessin et de la singularité des costumes,
quç de sa forme générale , que nous croyons appartenir à la
première époque de l'art»
MoKVMBiTTs Cblttqubs. — • PeulroH de Noyers. — Ce
grossier monument des Ceitcs , nos ayeux . est \me pierre
0HI murnicm du sAiin^AïuirMr. 5^7
brute^ fîgaiitast|qe y «flhcUni hibiinriiycainidale.^ et k»-
pkiièéeibdsleaol^:ftii.iiiili6A4*aiiainpliidiéltre4e «toUiafeU
boiflées:^ qni bit pavtîe de la foret de Groâ'^Boiê*
Cette perire J.iiDe atâmt qnarzente , mtiangie SàlmmuÊd
fcrrngipeiue, a coDwrré )iit(]ii*li œ temps sa forme bi'vié pri-
waiére ^ et f a^éreiice de sa eoQi)N)Bitioa iait espérer qu'il «e
Vy numifestcm pas de sitôt d'altération seoéible.
Son inclioaisoD est eiadenent Ters rontnt d'élé. Son
soBBMt b'apljtit dai»eette£raation«Sa base est piofondéiicpt
ealefrée, ee qui a dû proiwoîr de ja pesaotaor -mut jan m1
légsr , et de rarw—riation «nscessiffia do tcnttaa v^pétti*
Malgré cette circonstance , son élération est cnowe de puas <fe
trois aièb«s. Des jEemilles e«ée«tées«otMéîs<iam m nayoâ de
qiiel^s piedà i^oaflma prodait. Seolemeiil^ à «ne deaé*
liene enTiron de cifttep^fe^ sor ane «oUsntf BOiniita h
Grand-Mont, il a été découvert, il y a deux ans, nn enfouis-
sement assez considérable de hacbes gauloises en bronze , et
de monnaies celtiques et romaines, dont quelques échantillons
existent dans nos collections particulières.
Les habitants de la commune de Noyers , où ce penWan se
trouve situé , rapplPllvui /ifeiv tjîtie on fiche , probablement
de Tancienne appellation latine : petrafixa.
Sàrcopliage antique du château de Saint-Aignan. -—Ce
monument ne nous appartient point en propre , c'est une im-
portation qui remonte à une date peu ancienne. Vers la fin
de Fayant-dernier siècle , un seigneur de la maison de Beau-
villiers , ambassadeur à Rome , fit l'emplette dans la capitale
du monde chrétien de ce tombeau antique , pour y reposer
les restes de son épouse qui l'avait suivi dans ta mission diplo-
matique. Oublié depuis celte époque dans un coin obscur du
I
5^8 SUR DES MOirUMSHTS IlfiDITS. Dl SAIMT: AIGVAff.
diâtettu dé SaintpAignan , il fiit retKW^é , Fan dsinier , par
¥un et nous* Il est en marbre blanc de Pâros , et Q*â souffert
qa'une légère altération qui ^ réparée par un faiseur barbare,
fait mieux sentir ses bemités prinâiiiires. Sa forme est un
quadrilatère. Seiie per^nnagessonlptéssursa lace antérieure
8t coupent en diverses attitudes autour d'une jeune fille expi-
rante sur son- Ht de douleur. Ijes deox côtés sont occupés par
«des griffons , emblèmes ûe l'immortalité.
L'inscription retrouvée par le savant Eloi Johanneau ,
notre compatriote , dans les combles 'du château de Saint-
Aigoan , est gravée sur une bande de narbre indépendante
>du ^rcopbage.
- La forme générale de ce sarcophage , la sévère simplicité
-àe sa composition., nous semblent devoir le âûre rapporter
a l-nn des deux premiers siècles après Jésu8«Cbrist.
DicOUYIBTBS PAITtt flUUfS lA CfrABKlTTB-IffF. ^^
RAPPORT
Sur fe«. déeùuverte^ fkàes^ dam ta QlUir»ttC^
Inférieure en hS^j ;
Par irf. MOHEAU ,
Ltûéfsafmtttii de la CWeste-Fnthikiire , qni correspond
à raocieiirp^ys desSanloo», est une de» parties de fa France
les. plus rkhes •& débris^ do to«le» le» époques historiques ,
chaque* jour amèoe quelques décourertes : voici ceUes qui out
efiUea dao»<ranuiJe kSS^»
Epoqvs csLTn^UB.. — Dolmen du Combat . — Au milieu
des^diifieb de St..'>>Palats de Ro^^aux. , arrondissement de Ma-
reoiia», no«s avons déeouTert un dolme» enfoui soiis les
sables de< la forêt de- Coiurlaîs. Il est fait mention^ au XHK
sièek de cette fer^t, qui appartenait li Hugues de DidonRe ,
seigneur de Tonay-Cbarenle et de Royan. Ce seigneur donna
en fa34à i^abbeyedeSt.-Eftennt-disyâux le droit de chauf-
fage dans eette forêt qui était située auprès.
En 1857, tt<)e maison , appelée le Combot, située nu
milieu des dunes , fùteitTaBie parles sablés , on se hâte de fa
démolir, d'en transportée les pierre» à l entrée de ht 'forêt de
330 SVH LES J>^(HfYWIf«
Courlois , e| de la rétablir. Uoe large pierre^ presque entié-
remeat recouverte , existait dans les sables 3 le propriétaire
du Combot crut que cette pierce^était^^nsceptible de former
de la cbanx , il la fit dégarnir des sables qui l'entouraient ,
mais Tayaut trouvée impropre à l'objet qu'il s'était proposé ,
it- ri4baiidWina« Non» avons i^eo^nau dans» tetx& pierre uu
dolmen* La table est.bris^ea deux parties, et les piliers
encore engagés dans le sable ne se montrent qu'à moitié j
mais ik supportent encpre. la. gierre^boriTDntalement.
Le mouvement des sables dans les dunes met souvent à dé-
co^v«in«d'ACuçicsn9e&e(Mial)Nioti4Mift ^ kt- babtusir. prétendent
que la ville dlAnchcnne s'étendait jusque-là. La tradition
indique en effet une ville , appeler Âncboine , qui aurait été
recouverte par les sables. .
J^ village 4n MAiiKh€i<)dio , vniéa du. Combat , a peidu
depuis 35 ans plus de 5o maisons» 1^ ravage causé par la
mouvement des sabfes est extrême^, il suffit parfois de
qp^qu^ bençcs pour «m^vifir. iMie maisoa ^ cependant des
plantations de pins opérées dans ces^nea, par. la aoUieilode
du gouvernement, ont diminué beaucoup ces terribles eflèts.
£poQ>y9.&Qi4Àiif s» -*-f^|c«4i^ laNfpQMOiti/fe.'^'Rti^ de;'
I9 I^épontiière, coqmQDQ de Bor», Arir9ndis4enent4kSt.-Jean-
d'Augely , d^s le.li^i^ appe}é la Qive , pn^ été trquvé^ ^ «a
1 837 , des fQQdeii;ients de mujps rQinai^s ^i^ par lewréKiidbe^
paraissent avoir fait partie^ d'^n yi^us..
Le terrain qui pei^t avoir. 49 b^?clyir^^, ^ ^mA de fragpi^pla
de briques antiques , de ciment et de pierres provenant de
d^n^oUtions.
Il ne parait plus qu'un seul pa^ de, muraille. engafé.sQoa
un terrain élevé » e( neiaisMAt voii^ qu^ U cpvipe d^^v^ le.seï^
FAITES OâjTg LÀ CttAllEllYEfMréRIEVRB. Kt
de l'épttHiear , c'est une comtramimi enpief'res de petit appe''<
reit , liées aréc do eineot d'vne grande ànrtUé
On a troinré sous terré une chambre fstrée de cerrëiwen
pierres polies , elle a été détruite et les carteani' qm en sont
pfcyvenas ont été déposés an^vtllage de la Chanerièrr^ liront
i8 ponces decM, on:eo compte an moins 40''0n a ans»
rapporté do même lien beauconp de lyriques enlières de mène
grandeur que les carreaux. RBiran les débris de bri(|ne6 et de
pierres , on a troo^ des fragments de feuilles d*acantke de
grande dimension ^ provenant de quelque cbapîtean ^ ai sbr-
font nu tronçon de colonne en marbre cannelé en spsrale^
Dans le même temps que Ton s'occupait de ces foniUes^ on
démolissait la tour féodale dn château do la Néponâèrè ,
situé à aoo pas. Je flto suis empseisé do desiiner ce ^'il en
restait. J'ignore l'époque dé sa constmctiott qui parait être
dn XiV*. siècle 3 cette tour n existe plus maintenante On né
voit sur les lienx que des restes de démolitions et le fiomé dn
château qui pouvait avoir 4oo pieds de pourtour.
Le château do la Népootière appailenait au XIV'. sièdo
anx arehevâquès Parthenay»' Au XV* , il fut possédé par des
seignetiiv du nom de la penonno issus des TÎcomtes d^Acy ^
qui avaient rendu d^ grands services à la France contre leè
Anglaâs^ An XVK ,' via saignent de la N^pontière, étAti
Jean de la Rochebcaucourt , chambellan dn roi, et sénéchal
de Saintonge.
Piscnra de TfoVrofiïetni (Tduloà).*^Au lieu (MTéstritoéle
Novioregum^e l'itinéraire d'Autonîn , commune dé Sablon-
céctis, arrondissement deSàitites, terrain remarquable par les
débris dé pierres , de cinient , de briques , de marbre ^ dont
il est parsemé 5 par 1er médailles qu'on y a frouvée^^ par
d'anciennes découvertes , et enfin par le voistnafede aïonu-
5i5^ SUR IiBS DECOUVERTES
meoU antiques ^ des labottrenrs reocootrèrenl en 1&57 , uoe
suite de murailles , et priaeipalettent un bloe de inaçobnerie
formaat ua delut-cerele « et paraissant avoir appartenu à nue
citerne oii piscine.
^ Cette eoDstFuctionr cdmiiBe, de 9 pieds de large, est eoduibe
dans sa partie circulaire, d'un béton ou cimeat bien poli. Go
refi€ontre souveot en Sainlen^e de ces sertes^ de cavités ai^u-
leuses ouarrondies , et revêtues de pareil endatt. Je présume
qu'elles servaient de réservoiis pour des bains , et peut être
de baignoires-^ celle-ci paraît d'autant mieux avoir en cette
destination , qu'ion a trouvé:^ il y a environ 4o ans,' ont liypo-^
causte près du même lieu , il a été malh<mreusementilétr.uîr.
Le bassin dernièrement découvert commtmqnait par une
dale h quelques autres constructions j cette dale a éltdémoice,
mais OD voit encore ks |»erres demi-cylindriques de deux
pieds de ki^eur q«i la recouvraient. Le canal parait euuti-
mié sous terre , il serait Êicile d'en retrouver le prolongement
en faisant des fouilles.. J'ai déjÀ sig^nalé ce lise u comme un
point digne de fixer Tattentiou de» arebéologues. Des déblais
bien dirigés auraient quelques bons résultats. M» le sous-préiet
de Saintes a manilesté beaucoup de xèle eiè secondant nos
efforts à cet égard ^ il s'est .transporté sur les lieux , et }l va
solliciter du gouvernemeat les moyea& de. dçDner suite à nos
rechercbes.
Vases à Mediolanum ( Saintes )• — Une maison de la
yille de Saintes , d'une construction moderne , fut démolie
pour ékrgir une rue , dans k terrain qu'occupait autrefois
l'antique cité^ le terrain avait été une dépendant des jardins
ck Julius Argenus, et cet babitaat de Mediolanum l'avait
consacré ji des.. sépultures^
FAITES DAV^ LA CR ABIKiTB-lirFéaiBVflB* 555
Environ 5o urnes de diverses giandeurs , depsis 5 pouces
jasqu'à 9 , pi«t({«e toule» oitières , funint trouvées dana ce
lieu.
Ces vases sont (Tune terre demi^grcesière et delà même
forme , ils portent deux anses comme eertatns préféricules.
Diverses constructions en pidrre et briques, dont on trouve
les fondements , oecupaieul oe terrain , et c'est dans Tua de
ces compartiments formés par ces murs ,. que Ton rencontra
àith vases réunis* Les murailles reposaient sur des couches de
charbon , de cendré et d'huitres. Les hmtres en grande
abondance portaieist. leurs deux valves et n'avaient jaoutis
clé ouvertes. Il n'est pas rare de trouver de pareilles couches-
sous les monuments romains de Saintooge ^ bous en avons
remarqué sooveut sons des sépultures. On présume que ces
divers objets y étaient placés dans un but d'assainissemeDl.
•
Moyen ag^. — Armes à Saintes. — Auprès de Saintes ,
entre Tancien Amilion et TEpiocil , on a trouvé dans un
champ , plusieurs débris de murailles et une épée du moyen
âge.
A Taillebourg. En déblayant quelques restes des piles du
pont de Taiilebourg , dont le nom se rattache à celui de
St. -Louis , vainqueur des Anglais , on a rencontré quelques
armes perdues dans les sables de la Charente. Ce sont des
fers de lances , des vi retons et des épées. Une de ces épces a
été conservée , elle pouvait appartenir à un des soldats de
Louis IX y roi de France , ou du prince anglais ^ Henri II [.
A Tonnay -Boutonhe. Sur les ])prds de la Boutonne,
dans rarrondissemenl de St,-Jcau-d'Angély , était le château
334 DKCOWlATli FAITES DAITS E.A CHABBlfTB-IirFfBIEUBB.
de Tonoay , tour carrée du XIK siècle, éhiie sar la mofCe ,
et indi<(uée par M. de Canmont dans son Cours d^aatiquités
luonameiitales.
Ce doojon a^été reaversé en iSS^ , el Foa^a vidé raneiea
puits qui avait été ooitiUé.
Ou y trouva les ossements d'un-gnerricf atmé de pied en
cap, qu^oo avait probablement jeté dansée puits lors d'une'
attaque du château. Peut* être étak^» us âfaumoni , dont la
famille a iouimi pendant plusieurs sièdeâf des seigneurs k
Toonay-Boutonne» Les diverses parties de Fat mûre ont été
dispersées par lès onviieiY , je n'ai pu' me procurer que le
casque.
Telles sont les découvertes aKhéologiquesqni ont étéfaîtes^-
en 18^7, dans mon département, et que, en ma qualité
d'iospecteur des monuments historiques 9 )'aî cru devoir vous
signaler.
sua DES fOVULB^ A Fi^IAfi Pââs M saiutbs. 555
RAPPORT
Sur des fouilles à faire dans F arrondissement
de Saintes;
PàM M. MOREAU ,
Inspecteur des MoDoments historiques.
L'arrondissement de Saintes autrefois couvert de monuments
gallo-romains I en a conservé des restes souvent enfouis sous des
décombres et des remblais} il snifirait dans beaucoup d'endroits
d^eulever quelques pouces de terre pour rencontrer des objets
intéressants. Ce qu'on a recueilli en 1816, à la suite des
déblais, nous en fournit un exemple : plus de 5qo médailles,
des pierres tumulaircs portant des inscriptions , divei's usten-»
iiiles , et surtout le pi'onaos d'un temple avec les bases de sii
colonnes furent le résultat des rechercLes faites sur un seul
point de Mediolanum. De nouvelles fouilles qu'on entrepren-
drait dans les lieux où il existe des traces de constructions
antiques y donneraient beaucoup d'espérance. Je crois pouvoir
signaler , en conséquence , l'amphithéâtre de Saintes , ks
plaines de Couicoury « les anciennes maisons de Tamnum et
de Novioregum , les bains de Mediolanum , les champs de S^-
Séroine , le fort de Suzac : tous ces lieux sont dans Farrondis-
sèment de Saintes.
Amfkiûiiâtrc de Sainte, — L'amphithéâtre de Saintes
556 $tTR DBS FOUrtLfiS A FAIRE
fut ea partie détruit à une époque déjà fort ancienne ^ cinq
mètres de décombres siqnt au pied des murs. Si on enlevait C(s
terres et ces pierres, les archéologues pourraient arrêter leurs
idc^es sur la destination de certaines parties du monument ,
jusqu'à présent coigraatiques ; on mettrait probal)lemenl ' au
jour des caveaux, qucli}ues gradins et toute la base de Fédifice ',
on découvrirait pjut être dails les décombres des fragments
provenant des décorations supérieures : on trou vei ait les
bouclies des canaux qui doivent apporter, des eaux , et l'on
serait fixé sur Tcxistence on la non existence d'une naumacbie»
S'il était possible â'âcq<iérir les terres renfermées dans
Fintéricur , et de disposer de quelques fonds tels que ceux que
voulait allouer le ministre, il y a quelques années, et dont
on n'a pas profité, on pourrait , par des travaux plus étendus,
répandre sur ce monument un intérêt qu'il est loin d'avoir
aujourd'hui.
Bains. — Les bains de Mediolanum ont dé]à été fouillés
dans plusieurs parties, et c'est aux fouilles qu'on a dû la
découverte des cinq hypoeaustes dont il reste à peine deux
fragments ^ un mouvement de terre laisserait Tespoir de trou-
ver dans ce lieu quelques objets précieux : mais comment faire
des fouilles dans un terrain privé , ce serait encore une acqui-
sition à faire; tes frêles constructions qui existent encore se
détériorent chaque four, eîfes disparaîtront avant peu si Ton
ne se bâte de les retirer des mains des propriétaires vandales.
Corertroa/y. — Courcoury est situé sur une voie romaine
dont on voit encore les traces. Il existe dans ce lien des fonde-
ments de murailles visibles à la surface du sol , et des frag-
ments d'architecture, épal^ sur divers points. On y a trouvé
'^'TZ
I C if/r r J
DANS L'ARROlVDISSEMEJfT DE SAWTBS. K']
des. inédailles celtiqaes et romaines, de Tor en lingot,
et principalement ane tcle en marbre qui a été envoyée
à Paris.. Çoiu'courjeât un des lieux vers lesquels j'appellerai
F Attention du gouvernement pour faire des recherches daii^
riotérêt de l'aichcologie.
Novioreffum. — Le terrain silué près du village de Toulon,
ca^XoQ de Saujon , lequel, d'après Topinion delà plupart des
antiquaiccs, est le Kovioregum de l'itinéraire d^Aulonin,
Sil peut-èlrc le Noverum , oh le poêle Ausoue avait nue
maison dq ca;n|^giie, doit être le premier lieu où Ton diri-
gera dest recjierches avee.le plus de chances die succès. Les
débris de maçonnerie antique , répandus sur le sol en grande
quantité ; la découverte faite autrefois de fourneaux h. chauf-
fer des bains , et celle encore récente d'une piscine circulaire ,
enduite de stuQ : tout promet d'heureux résultats. .riu:sicvis
propriétaires iustruits des communes environnantes , telles
que Sablonceaux , St.-Romain , Saujon , nous sollicitent pour
faire des fouilles dans ce lieu , et nous pouvons espérer de
leur dévouement une participation éclairée et libérale.
Tamnum. — Tamnum n'est pas moins intéressant que
Rovioregum pour des recherches archéologiques : ce vicus
formé autrefois de nombreuses habitations , n'est plus mainte-
nant qu'une plaine rase n'ofiiraM qnedes cultures , mais coupées
çà et là de constructions enfouies., et de telle sorte que la végé»
tation des céréales s'opère avec une grande inégalité : aussi
voit-on , avant la moisson , se desï;iner , dans ces vastes champs
de Tamnum , l'ancienne distribution des édifices qui compo-
saient la mansion romaine 3 sur les parties où il reste des fon-
dements de murailles , le blé est peu élevé 3 ailleurs , où h
terre végétale est profonde, le chaume est d'une grande hauteur.
358 SUR BBS FOtJri:.LES' a fatrb pràii db saivtes.
Il y a ansst des «oastractiotis élevées au-dessus du sol r tcfl
est le plateau en pierres de petit appareil où est situé le monlin
dn Sa. Nous avoq^ vn plusieurs ol^cts iatéressaots que la
charme avait détournés pendant Topération dn labonr. Ce
liea^ voisin de Talmont qai en a tiré son nom , dépend ée la
commune de Barzan , canton de Cozes«
Susac. — Ancnn areliéol(^ae n*a encore parlé de Snsac.
■Cest pourtant un des points de la Santonie oii Ton voit des
constructions romaines. Susac est un cap sur la Gironde, corn»
mnne de S^-Georges^de-Didonne^ on y avait établi un fort
pendant les dernières guerres. Ce point pouvait avoir la même
destination du temps des Romains^ le rocher battu par les flots
est surmonté de nombreux fondements de murailles romaines;
les unes présentent leurs brisures dans le sens de l'épaisseur ,
les autres se montrent avec leurs parements. Le terrain où s6
trouve le fort a été remué pour former les fossés et les retràn*
chements, ce qui a occasionné Textraction d'une grande quan-
tité de brigues , maintenant éparses sur le sol. Je crois devoir
indiquer ce lieu.
St^'Sépoine^ — ie wt dois pas négli^r dé sigfiakrie terra in
appelé S^-Séroine , sitoé eu^dehocs de la ville de Saintes. Q£
lieiU est couvert de ruines ; on y a trouvé à diverses époques
des débf i» de colonnes , des inscriptions. II peut êtve ints an
nombre de ceux qui , dans l'arrondisscnent de SaiHles< , sont
dignes ds provoquer des fouilles utiles.
SOM Ut» «QlIVMUrTS M tA nOMOOmM. SS9
RAPPORT
Adressé à M. le Directeur de la Société ;
Pab m. i abbé AUDIEPKE ,
Coascrf atenr dtsa MoanmenU de la Oordogae t chefalier de la
légion d%0BBettr*
i^ppp»*
Comme conseiralenr des moDumeaJa hialortqoes du dépai-
tement de la Docdogne , ne» ef orU e'oot pas été enticrcmeDt
BDntiles cette aiipée : secondé pr M. le Préfcl, Toict ce 4}oe
Diws ayons obtenu, t®. Une ^ooune de aoefr. pour restaurer
la chapelle épiscopale située à la cité. Tons connaissez œ
gracieux monument : il porte la dd.le de iSsu Les sculptures
sont d'une délicatesse eiquise. ^om avons fait ouvrir les
iènètres ] le mur qui occupait le cintre ou arcade a été abattu
et nous ayons fail disparaître le badigeon et la cbaux qn on
ayait appliqués dans Tintérieur de Tédifice. Aujourd'hui oc
dirait un trayail neuf, il a refjrouyé toute sa frakheor. Je
ne yous ferai p^inl k deseripuion df ce petit cWf-d'oNiyre :
il suffit de dire qu'il appartient à la renaissance et qu'il «n
porte tout le caracièrè. D'f iUetirs vous le c^noaissez : depuis
¥0(1*6 yisite , cep^dani y pous «vops retrouvé sous la ckua
des détails qii'oa t^ pouH^i) Mppréokr.
I<t w>seil municipal » en oansentant k la reataïuTttioo ât
tm^ cbfip^li^ I a pris Tepgagf iiAffit d« la laisettr enûèpremeiit
aux arts.
2°. La viHc de Périgueux avait arrêté dans une délihé-
raûon qu'elle vendrak une coiileurriae trouvée enfouie il
y a 4 3DS. Cette couleuvrine avait été prise dans le siège de
Mniiidan , petite ville distante de Périgueux de 4 lieues , à
Tcpoque des troubles de la ligué.* Elle appartenait an seigneur
d'Aubeterre , un Bouchard de Montmorency. Elle fut donnée
à* la ville de Périgueux" ^ar le gouverneur, M. de Monpezat.
Ces faits .avec les dates se trouvent sur cette pièce, ce qui la
rend précieuse pour noUe mu^ée. On. allait la vendre à Bor-
deaux pour la fondre lorsque nous avons fait toutes les dé-
marches pour en obtenir I* «mwrvation : M. le préfet a écrit
au conseil municipal ^ et enfin la couleuvrine nous est restée.
Le conseil est revenu sur sa délibération.
5^. La tour de Matagœrre de i447 9 V^^ votis connaissez,
e&t menacée par notre architecte : elle déplaît à cause de
l'alignemeiitd'^ine rue : c'est la seule tour qui nous reste :
jusqu'à présent nous avons retardé sa chute : peut-être , par-
vicûdroits-nous à la sauver.
4*^* EnQn les cloîtres de l'abbaye de Cadoin étaient en
danger d'être abattus: noas avons fait tout ce qui a dépendu
'de tiouspour les rattacher à l'église et les conserver aux a ris.
Us remontent à ia renaissance et en ont tout le (îni. Le gou-
vernement nous a accordé 2,000 fr. , et nous espérons que h
conseil général fera le reste. Je regarde ces cloîtres comme xi
nous.
Tels sont nos faibles résultats; je dois dire cependant que
nous n'avons h déplorer la perte d'aucun monument, et nous
sommes assez secondés par la bienveillance publique et par
'fautorité. Ainsi , noire département peiit être classé parmi
ceux qui tiennent h conserver les iponumepts qu'ils possèdent.
BECBBRG1IES BT TRAVAUX ABt^HÉOLOGIQUES. 54 1
ETAT
Des recherches et des travaux archéologiques
dans les départements du LéOt^ de Lol-et*
Garonne et du Gers.
Paa m. lb babov CHAUDRUC DE CRAZANNES ,
lospecteur divisionnaire dea Monuments histotiqnes.
Lot.-— De nouvelles fouilles ont été faites récemment par
les soins et sous les yeux de M. Calvet , substitut du procureur
du Roi k Figeac, dans les communes de 3'*-Médard, de Pregne
et de S^-Jean-de-l'Espinasse , même arrondissement , sur le
local des Césarines y plateau vaste et élevé au sud-est de la
ville (le S*.-Céré.
Daos un prolongement de plusieurs centaines de mètres ^ on
y a misa découvert des restes de constructions en maçonnerie
des Romains , de murs de terrasses, de retranchements que
protégeait un fossé large et profond. Dans Tcnceinte de ce
camp romain , on a trouvé deux épces plates et à deux tran-
chants, ayant la forme de celle de ce peuple ; les débris
d'un casque , beaucoup de débris de poterie rouge , noire,
grise , couleur de brique j le plus grand nombre avait appar-
tenu à des amphores. Plusieurs médailles impériales en bronze,
dans les trois modules^, et en argent , à dater du règne d'Au^
guste : on en a aussi déterré de consulaires , de monétaires
en argent , etc. ; des clous, deux meules de moulin à bras en
26
S4^ BBCHBRCHES BT TRAVAUX ARCHEOIOGrQUBS ^
grès, des poids de terre cuite, etc. , oui également ctc mis à
découvert dans celte fouille.
Ce camp , et les retrancbements , à une lieue et demie de
distance du Puy-d'Issolu ( l'ancien Uxollodimunt ), paraissent
avoir clé un des points occupes par Tarmée romaine, employée
sous César et ^on li eu leuant C^7mmM5, contre lAicterius cl
Drappes , chef des Cadurci,
A Caliors , le musée départemental s'enrichit chaque jour
de nouvelles acquisitions et de découvertes locales , par les
soins de sa commission et de M. \e préfet de Lot , le comte
Ség u ier-d* Aguessea u .
Le propriétaiic du cMteau du comte Serenns , gouverneur
ou commandant des marches du Haut-Quercy , dans la seconde
moitié du YP. siècle , a feit don au département du Lot des
ruines imposantes et majestueuses de ce monument du has-
empire, consistant encore en deux belles tours carrées , revê-
tues de pierre de taille , et dans un mur d*enceinte parementé
de petites pierres , en forme d'un carré long , qui rappellent
Yopus reticulatuni»
J'ai également décidé le possesseur du terrain oi!i l'on re^
marque la fameuse pierre levée ou le dolmen de Li ver non ,
connue sous le nom de Pierre Martine^ à en faire Tabandou,
ainsi que de son emplacement , au même département.
Je joins ici deux dissertations , imprimées dans Fannuairc
statistique et administratif du Lot , de cette année -, l'une , sur
l'église ci-devant abbatiale et collégiale de Figcac , sous le
vocable de St.-Sauveur , fondation de Pépin-le-Bref , ou
plutôt de Pépin d'Aquitaine 5 et l'autre sur un édifice du
moyen âge , de la ville de Martel , qiifca reçu la dénomina-
tion vulgaire de Maison anglaise , et où mourut le prince
Henri le jeune ou au court mantcl , fils de Henri II d'Angle-
terre , et d'Aliénor d'Aquitaine, le 1 1 juin 1 1^3.
DANS LE l)épAllTEMEWT DU LOT. * 54^
Dans les annuaires du Lot ^ des années précédentes , f avais
déjà publié des mémoires ou notices : I. Sur i'hîstoire et les
moninnents antiques et du moyen âge , de la ville et de l'ar-
rondissement de Figeac. II. Sur les usuriers nommés Corsins,
Cahar&ins et Giorsins , et sur le pont de f^alandri^h Cahors>
bâti en partie avec le produit de l'aHiende dont les frap]>èrent
les magistrats de cette ville. III. Sur une mosaïque antique
inédite, récemment découverte dans l'enclos des ci-devant
religieuses Claristes de Cahors. J'ai aussi imprimé dans )a
revue afnglo-française : L Une notice historique sur la petite
ville de Bourg , et sur le célèbre orateur de Rec«Amadnr ,
auxquels se rattache un trait de la vie de Henri' d'Angleterre
au court mantel. II. Une autre notice sur le château dés
Anglais ou do Diable à Camèmerets, et sur le séjour et lés
méfaits des compagnies anglaises dans le Quercy. On a -vu dans
le P''. volume du Bulletin monumental , mon coup^l'œil sut*
les monuments historiques des divers âges, du département du
Lot.
LoT-BT-GAROBfl£. — J'ai publié , en ces dernières années^
diflérent5 mémoires et dissertations sur des antiquilé:» inédites
et pen connues , et inexactement décrites du dépaffleioent
de Lot-et-Garoaue , entr autres : L Revue encyclopédique.,
18 1 8. Lettre à M. Millin sur quelques monuments antique
qui existent à Agen et dans le pays des anciens Nitiobriges.
II. Mémoires de la Société royale des andquaires , tom. 11^
Mémoire sur les antiquités de la ville d'Agen , etc. III.
Revue anglo-Française , tom. II , Notice sur la ville d'Ai-
guitlon ( ancienne 0, moderne) , et sur le siège qu'elle
soutint en i345 et i346. IV. Mémoires de la Société royale
des antiquaires, tom. IX* Mémoire sur torigine d'Aginnutn,
344 BECHBBCHES BT TS^VAITX ARCRéoLOGIQVES
cité ilfts j\ttioMges, dans T Aquitaine. Lelli^essur un menu-
meiti itinéraire ei géographique de» Wiiiobriges* V. Mé-
moires de l'acadëmie des sciences de Toalovse, Umi. III
( non Telle série ). Lettre stir deux inscriptions antiques ;
l'une relative h un vœu fait pour la santé d^un emperaw ^
que ton croit être Julien le philosophe , et l'autre adressée
à un dieu topique inconnu, découvertes à St.^Cime > près
d'Aiguillon; sur la voie d'AQivvvn à Bitbdigala* YL
Mémoires de la Société archéologique do midi , tom. I ,
Disiferiation sur un autelvotif découvert au Mas^Agenois^
ei sur son inscription au dieu Ussubium.
On vient de faire imprimer à Agen , par sonscription ,
depuis la mort de Tanteor , l'histoire ancienne et moderne
do département de Lot-et*Garonne , par M. de St«-Amans 5
a Tol. in 8^* i856* Cet ouvrage, plein de recherches labo-
rieuses et érodites , fait bien connaître tons les événemenis
historiques de l'Agenois , depuis les Celtes (i) jusqu'à nos
jours.
M. Ladrix , président du tribunal de première instance
d'Agen , prépare des Mélanges Aquitaniquts qu'il va donner
an public an premier jour.
M. Dumége , de Toulouse , savant et laborieux archéolc^ue
dn midi , a imprimé dans les deux volumes qui ont paru des
mémoires dé la Société archéologique de Toulouse, plusieurs
dissertations avec plans , gravures de monuments , etc. , des
antiquités , les unes vraies , les autres apocryphes , enterrées
et déterrées, k Nérac , en ces derniers temps. Mais il est diffi-
cile de séparer ici riVroié du bon grain.
(1) On sait qoe le pays d« Nitwbnges fut démembré de la
Caltlqne et réuni à l'Aquitaine par Ang^sle.
DAJI$ LB DiPARTËMSlfT PV LOTST'GABOHVE. 545
M. Bréey , iospecteor cooservateur des monuments bisio-
riqaes du département , qui a publié, il y a deni ans, un
travail plein d'intérêt , sous le rapport de Tart et de This-
toire , accompagné de lithographies très«bien faites , suir
réglisc St.-Etienne d* Agen, ancienne cathédrale, fera paraltie
très-inceàsamment un ouvrage, encore plus important et d^uue
plus grande étendue., sur les monuments antiques du moyen
âge et de la renaissance de FAgenois : il en . grave lui-même
les dessins. M. Brécy est on sujet habile et fort disting*!^
malgré sa jeunesse. Il s'empressera de &ire hommage de son
nouveau travail k la Société pour la conservation et la publi*
cation des monuments historiques.
Depub les fouilles de la garenne de N érac, et la découverte
tr^s-réelle des fondements d*un édifice considérable ^ patois ,
villti , ctc . de belles mosaïques, d'un laSrum^ d'un taceUum
( tout le reste est mensonge et iourberie), aucune autre décou«
verte importante d'antiquités n'a eu lien è ma connaissance
dans le département de Lot-et-Garonne.
M. R. Nucbel , de la Société littéraire d'Agen , a pourtant
mis au jour, dans sa propriété, aux abords du fiiubourg
St.-Antoine , sur la voie de Toiosak Àginmun^ d'assez
beaux fragments d'un pavé en mosaïque i compartiments, ainsi
que beaucoup de médailles impériales en bronze* Ces sortes
de découvertes sont fréquentes sur i'efl»plaoement et aui en-
virons de l'ancien Agen.
On a inauguré dernièrement dans la principale salle de la •
bibliothèque publique de cette TiUe , le beau buste en marbre
de rantiquaireet naturaliste St..* Amans. Ce. monument, ou
cet hommagse , est le résultat d'une souseription. J'en ai donné
la première idée , aussi bien que du monument Champollion
J4rmic, à Pig.6ac (un obélisque égyptien en granit du Qoercy).
546 BECHBRCHES ET TRAVAUX ARCttéOLOGTQUES
Gers. — J'ai été nommé, en 1802, inspecteur conserva tenr
des monuments d'antiquités , sciences et arts du Gers , et j*en
ai rempli laborieusement les fonctions jusqu'à la fin de 1609.
Depuis cette dernière époque , )'ai entretenu une correspon-
dance assidue avec mon successenr , M. Sentetz fils , qui
possède encore aujourd'hui ce litre, et je suis revenu plusieurs
fois dans ce département : aussi ses monuments de tous les
âges et de tous les genres me sont->-i]s bien connus et familiers.
Je les ai observés et décrits avec tout le soin et l'exactitude
dont j'ai été susceptible dans mon ouvrage , encore inédit ,
intitulé: a Recherches archéologiques , historiques et lilté-
tt raires sur la Novempopulanie ou 3*. Aquitaine , et princi-
er paiement sur la partie de cette province romaine , formant
« aujourd'hui le départèmeat du Gers , suivies de notices sur
c( les lionmes de ce pays qui , en difKrents temps , se sont
« distingués à la guerre , dans les ajOiàires publiques , la
N magisferftture « le clergé , et qui ont travaillé avec succès
(c les sciences , les lettres et les arts , etc. , ouvrage accom-
« pagne d'uu atlAs de 4o planches gravées , et faisant deux
(( forts volumes' in-8^. d
Mon manuscrit composé de plus de 60 dissertations particu-
. Itères, et d'une introduction qui forme la moitié du P%
volume , a été communiqué en entier , soit à l'ancienne classe
d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut , soit -à i'aca->
demie des inscriptions et belles-lettres qui la remplace depuis
•1814. /
Il a été l'objet de plusieurs rapports faits au ministre de'
r intérieur , par cette savante compagnie, et couronné. et'
meationaé honorablement par elle à plusieurs reprises. Plu-
bieurs parties de ce travail ont aussi été soumises à la Société'
royale des antiquaires de France , à celle des archéologues du
DiRS LB D£lURTEMfiKT OU GBRS. 54?
Midi, etc., etc., et j'en ai Jétaché et fait imprimer séparément
l(*s ft'agments indiques ci- après. I. Voyage dans les départe*-
luents du midi de la France de Millia , U chapitre CXXIII
eu entier. IL Ditseriation sur un tombeau antkfue dEanze
inS^. f8o8. m. Dissertation sur deux monuments my
thriaqiêes , imprimés d.itw le Bulletin de la Société pliilom»-
thiquede Cordeaux. IV. Mémoiras delà Société archéologique
du Midi , tom» I. La ville de Lectoure a-t-elle été colonie
rof naine? V. Même recueil , tom. W^ Recherches sur i ori-
gine , lliisêoire et les monuments antiques et du moyen
âge , €ie la ville de Lectoure ( T*. et II*. parties ). VI.
Mémoii-e»de racadémîedes sciences de Toulouse, année i835.
Dissertation sur Rétablissement du christianisme dans la
Novempopulanie y son époque et ses circonstances, etc.;
plusieurs nouveaux mcuioircs extraits du même .travail ,
praltiont iiiccssammeul dans la revue de la Numismatique
frauçaise, les mémoires^de la Société des antiquaires de France)
et de celle des archéologues du Midi ,. etc. , eie*
On doit à &« Me Canaux , secrétaire général de la préfec-
ture du Gers , une bonne description imprimée de ce dépar-
tement ; Il M. Di'ulet, de Toulouse , une statistique égalemeut
imprimée de ce pays ; et à M. Sentetz , une fort bonne notice
descriptive et historique , souvent réimprÎEiée , de Téglise
métropolitaine de St*.-Marie d'Aucb»
Les parties du département du Gers les plus riches en
antiquités, et ks plus fécondes en découvertes de ce genre ,
et par conséquent celles que nous avons étudiées et explorées
avec le plus de soin , sont le local ou Tassiette antique
et leur banlieue , des villes â^Augusta Au&cjrum eu
Clinièerris ( Âocb ) , i^Elusa ( Eauze ) , de Lactora
( Lectoure ). On nous devra la découverte et la connaissance
f
*
I
548 RECHBRGHBS ET TRAVAUX ARCnéOLOGIQUBS.
d'un graod nombre de monameots , et particulièrement d*ire5-
criptions inédites , appartenant à œs cités gallo-romaines ,
et nne suite assez considérable à celles relalives aux tauro-
boles et trioboles de Lectoure, sous Marc-Aurèle et Gor-
dios-Pie, déjà publiées dans le XYP. siècle, parles soins
de Joseph Scaligcr et de Gruter, ainsi qu'à d'autres monu-
ments Tolifs et sépulcraux des Lactorates,
Eauze et Auch nous ont également offert une moisson assez
abondante en ce genre.
Le Gers , traversé par plusieurs voies romaines, offre de
beaux restes des ouvrages d'art que les conquérants des Gaules
y avaient pratiqués , entr'autres sur la voie de Clineberris h
Eliisa , oi Ton remarque un pont très-hardi , jeté , entre
deux collines qu'il réunit , sur le torrent de la Yierese.
On a découvert de belles mosaïques à Eauze ; M. Lêne Du
Co9 en a décrit et fait graver une remarquable dans le !*'•
volume des mémoires de la Société archéologique de Toulouse.
Je vais publier dans ce même recueil une belle insciipti on
inédite , du III*. siècle , conservée dans le cabinet de M. le
doclenr Layral , à Eanze.
Il existe , p.ir mes soins et ceux de M. Sentetz , un petit
musée, un une collection d'antiques^ à la bibliothèque com-
munale d'Auch. On y rassemble tout ce qu'on peut recueillir
en ce genre dans le département , où des fouilles bien enten-
dues et bien conduites seraient productives.
Parmi les collections particulières d'antiques, nous citerons
en première ligne , celles de MM* Dayrens , Sentetz , de
Cologne , Vidaillan , Masson , Layral.
LBTTfiB A l'occasion DBS SJÉAlfCBt oivÉlAUlS. 349
LETTRE
Adressée à M. de Caumont , à X occasion des
séances générales , tenues à Tours , en juin
i838;
Pab m. l abbé B***. ,
Chanoine de Tours (0*
MoifsiBTJR , nos espcraoces pour le succès de votre œayre,
ne sont pas des illusions, surtout pour ce qui concerne le clergé.
Leprêli^ , par état, a dû avoir dans tous les temps le secret
d'une égli!>e : aujourd'hui il veut, si on peut le dire , en con-
naître la lettre, sous le rapport monumental : et savoir allier
le' zèle pour la décoration de la maison de Dieu au respect dâ
an type de l'édifice, est un besoin de Tépoque que le cierge
commence à sentir et dont on aperçoit les beureux résultats.
(I) IV9U8 re||;Tettoii8 que l'auleur de cette lettre ait voulu , par
modestie, que son oom restât iocounu du public.
M. Tabbé B. a reodu les plus grands seryices, et secondé puis-
samment la Société , en lui prêtant l'iofluence de son caractère
et de son taleol. M. B.,ruD despretnierd prédicateurs deFrance»
chargé chaque année de prêcher des retraites ecclésiastiques ,
n'a jamais oublié de recommander à MM. les curés , de conserfer
à leurs églises le âtjrle qui les distingue , de leu.r inspirer le
goût des études historiques qui peuvent les conduire à mieux
en apprécier l'intérêt. La Société se trouvé heureuse d'offrir à
M. Tabbé B. l'expression de sa gratitude; elle espère qu'il vou-
dra bien continuer de coopérer à l'ceuvre auquel se sont dévoués
tous ses membres, et qu'il a si bien comprise.
55o LETl'BE A L'oCGiSION DES S^AKCBS GBllÉl^ALES
Je ne citerai que quelques exemples. — Uii des premiers
curés de Nantes a besoin d'une église pi a su se procurer des
fonds. On voudrait qu'il les employât à construire un temple
grec 'y il veut , lui , une bonne copie du style du Xtll**. siècle ;
il Taura , si Dieu lui donne vie. — On acliève dans ce moment,
pour la commun«iuté des Oiseaux à Paris , une grande et belle
chapelle ogivale. — Les Sœurs d'Evron avaient commencé , il
y a quelques années , une église , sur un plan ridicule ou pour
le moins insignifiant pnais deux prêtres, MM. Tournesac ,
du Mans , et Arthur Martin , résidant h Nantes , sont parvenus ,
à force de soins-, à corriger quelques défauts, et II donner à
Fintérienr de Védifice une physionomie convenable. — Non
loin de Laval , on construit une chapelle rurale du style pur
du Xnp siècle .Le dessin en est dû au même Arthur Martin, qui
joignant Thabileté de Tartiste à la science et à Tamour de Tart ,
a vaitdéji^ changé une grande pièce qui ue parlait point à Famé,
en une chapelle du XY*". siècle, qui^fait Fadmiration de tous les
amateurs. — Pour ce qui est des réparations et des décorations ,
le Gouvernement, et il faut lui en savoir gré , fait restaurer
avec goûl les grands édifices. Autant on applaudit aux travaux
qui s'exëcutçnt à S^-Denis , aux cathédrales de Rouep ,
d'Amiens et de Chartres^ autant on déplore la manie de
Fautre siècle, qui, avec son classique , ne sa yait que défi-
gurer nos églises de Châlous, de Verdun , et surtout de Metz,
clc. — Il y a donc un vrai progrès sous ce rapport. J'ose dire
qu'il y en a aussi pour le mode de décoration. Le chœur et
l'autel de S^-Nizier à Lyon , Fautel de Notre- Dame-de -Brou ,
la chaire de Compiègne , le nouveau bai>c d'œuvre.de Chartres ,
un maltre-autel actuellemcnl en coustruclion à S^.-Malo , la
belle chapelle de la Vierge de la cathédrale de Quimperj tous
ces objets , et bien d'auti'es qu'où ne peut uommer , sont exé-
TENUES A TOURS. 35^
cutés OU ornés de manière h cadrer avec le style des églises.
D'après ce simple aperça « nons poavons donc espérer pour
Fayenir de la science , surtout si on écoute vos utiles leçons ,
Monsieur , si Ton sait comprendre ce qu'il y a de vie pour Fart ,
dans ces séances* générales que vous tenez dans nos ailles , et
dans celte Société conservatrice qui doit se féUciler de vous
avoir pour fondateur.
Cependant il y a encore des obstacles k vaincre , il ne faut
pas se le dissimuler : Finsouciance de quelques bons ecclésias-
tiques, les exigences de certains marguilliers , le goût bizarre
des localités, et par-dessus tout la routine des artistes et ia
puissance des badigeonnenrs qui ne veulent pas comprendre
que la peinture d'un autel et d'une église n est pas la peinture
d'un salon ou d'uu café ; voilà les ennemis du bon genre en
fait d'ornements. Qu'on leur fasse une concession pour un
grand nombre d'églises de campagne , où Fabsence du style
autorise ces licences ^ soit ; mais pour ce qui concerne les cdi-
libes k caractère quelconque , il faut conseiller k qui de droit ,
la mesure qui a déjà été piise dans quelques diocèses ,
nommer un ou deux commissaires , nu ecclésiastique entendu
et un ami de Farebitecture , F un et Fautre du pays ; ensuite
qu'une main habile reproduise des modèles tirés des peintures
antiques. Malgré les ravages du temps et des hommes , nous
avons encore de bons originaux j il y a de précieux restes en
ce genre à Cuuault , à S^-Mesme de Chinon , dans une
cliapelle cachée de Saint-Front de Périgueux. Je ne parle pas
de celles que tout le monde connaît. Il fiaudrait encore en-
courager les ouvriers , et ajouter à leur vignole un petit sup-
plément sur Farchitectui e chrétienne. L'Ecole des arts et mé-
tiers d'Angers travaille beaucoup pour les églises^ si la Société
française pouvait se uellic eu rapport avec le directeur , il en
55a LETTRE A l' OCCASION DES séAKCSS GÉNÉRALES
résulterait ud avantage pour la science. Tons ces petits moyens
peuvent retarder les pr(^rès du mauvais goût , et empêcher
des dégradations. Il n'est pas si facile de remédier, dans Tin-
térêt de Tart , aux inconvénients de la législation ou des or-
donnances , qui souvent paralysent le zcle qui* voudrait sauver
des édifices, et à Faction puissante de la Commission des
bâtiments, qui s'obsline à faire des églises d*a près les types
des théâtres, des halles et des corps de-garde. Les églises de
Lorieut, de Morlaix , la nouvelle cathédrale de Rennes,
et cent autres constructions diront aux siècles à venir ce
que fut celui qui les bâtit. L'architecte d'une église qui
ne croit pas à une autre vie , est mort dès celle-ci , et son
œuvré aussi. Nous laissons à la Société conservatrice le soin
de remédier prudemment à ces graves inconvénients. Du reste,
le mal est moins grand que sous la Restauration. Comptons
sur cette intéressante jeunesse qui aime le beau , et qui arrive*
Enfin , Monsieur , puisque nous en sommes encore sur le
chapitre des obstacles, je finis par une réponse aux objections
qui se font sur Futilité et Fopportunité des connaissances ar-
chéologiques pour les ecclésiastiques 5 je dis des connaissances
ou teinture , pour beaucoup , et non pas de Iff science , qui ne
sera toujours que le partage du petit nombre. Or , la question
ainsi posée est résolue par Mgr. Févêque de ^eWe^ (Manuel
des connaissances utiles;. Voici les paroles de ce prélat, qui
sait lui aussi , ce qui est utile aux prêtres en fait de connais-
sances : •
« On admire maintenant nos anciennes cathédrales, dé-
« daignées il y a 60 ans. On parle surtout du style auquel
ce nous devons de si beaux monuments. Il nous semble que les
«t ecclésiastiques ne doivent pas rester étrangers à des connais-
« sauces qui se lient d'une manière si étroite aux fonctions que
TENUES A TOURS. 555
<x nous avons à remplir dans ces saints lienx Kous
« devons tenir à counaitie ï origine , les /ormes et la nomen-
« claiure de nos mouomeuts religieux ; d'autant plus
« que c'est souvent Tunique moyen de comprendre i'eiplica-
v tion de certains usages et de certaines cérémonies, qui
« renferment de respectables traditions et de salutaires
a insti'uctioris. »
P. S. Dans ses étroites limites , la Touraine renfermait de
grandes richesses , sous le rapport de Farcfaitecture religieuse,
civile et militaire.
Ces immenses ricbebses ont été peu connues et moins encore
appréciées : de là des pertes irréparables. Il ne reste pas de
vestiges des grandes et belles églises, -^ de Saint-Martin, dont
la démolition provoqua l'indignation de Napoléon ; — de
Marmoutiers, où Ton voyait encore , il y a 3o ans, le réfec-
toire, grand et élevé comme une belle église , avec ses feuêlres
géminées et en lancettes, ses voâles semblables à celles du
chœur de Saint-Maurice d'Angers, enfin l'escalier Il
reste encore la grotte d'où la civilisation se répandit par le
monde au IV*. et Y*, siècles^ il faut tâcher de la conserver,
ainsi que le portail. ->. Saint-Julien , vrai chef-d'œuvre , et
actuellement remise, écurie, et entrée d'une guinguette , a
fixé l'attention des amis des arts. Puissent leurs vœux se réa-
liser ! Que la Société ne perde pas de vue ce monument. *—
11 fant observer les jolis porches de Saint-Clément , devenue
halle, et demander que cet édifice soit rendu à sa destination.
-^ Le clocber de Beaulieu a besoin de réparations. Il faudrait
faire dessiner l'intérieur de Saint-Pierre , où le bel appareil
se montre au naturel. Ce monument et Notre-Dame-sur-l'cau •
près l>omfront , seraient des modèles à proposer pour la cons«
554 lETTRE A l'occasion DES SEANCES GÉNEBALES
tructioa des églises.^ Un des plus beaux morceaux de la Re-
naissance, lebefiroi deSt.-Antoine de Loches, a besoin d'une
réparation urgente. Quelques parties du portail de Sl.-Mesme
et du clocher de Corméry , sont les plus anciens monuments
de Farchitecture religieuse de la Touraine ; . . . . respecter
ces ruines. — Il y a encore en Touraine plus de loo églises
des XI% , XII*. et première moitié du XIII*. siècles , dont
plus de 4o méritent d'être observées -, plus de lo sont monu-
mentales : . . . . Preuilly , Loches , Amboise , Candes , Cor-
méry, etc. , etc. , sans parler des 20 ou 5o châteaux dont
quelques-uns du i*'. ordre. Il nous semble que les amis des
arts doivent profiter des séances générales de Tours pour faire
connaître les richesses archéologiques que le pays possède , et
ne rien négliger pour les soustraire , autant que possible , à
l'action destructive du temps et aux ravages des hommes.
Un certain nombre de ces beaux monuments mériteraient
bien d'être lithographies.
Tours étant la métropole d'une des plus grandes provinces
ecclésiastiques de France , il serait bon de jeter un coup-d'œil
rapide sur les monuments des diocèses suiiragants. Le Mans
a été étudié j Nantes et Angers sont peu connus , et cependant
ils méritent de l'être, surtout Angers, qui a été gouverné
par le plus grand bâtisseur du moyen âge. Pour bien connaî-
tre la Touraine sous le rapport archéologique , il faut étudier
4' Anjou. — Si on en excepte la belle cathédrale de Dol , le
chœur de Rhédon , le diocèse de Rennes n'est pas riche. Ce-
pendant on voit à Vitré une chaire extérieure en pierre qui
mérite d'être notée , ainsi que l'église à laquelle elle est acco-
lée. Les églises de Fougères et celle de Saint-Malo ne sont pas
non plus tout-à-fait indiflérentes.
Mais ce qui mérite toute l'attention des amis des arts , ce
TERtTES A TOURS. 555
qui doit entrer dans les vues de M. deCaïunont, c'est la
Bisse-Bre'.agnc . surtout la partie des anciens diocèses de
Trcguier et de St.-Faul-de-Léun. Que Ton commence par ics
principales églises de Dinan , que Ton s^ire la côte du nord*
Rien n'est comparable aux ruines de Beauport dans la baie de
Pimpol. Observez le cloître et la cathédrale de Tréguier , le
clocher de Kreskaer à St.-Paul , N. D. de Holgout. Que Ton
remarque jusque dans les églises de village la beauté des
porohes , des ossuaires ou reliquaires , les pierres tombales,
les croix primitives^ et surtout le calvaire de St.-Thégancc ,
et tant d'autres objets dignes de tout l'intérêt de Tarchéo-
logue. En Basse- Bretagne , on trouve dans les monuments ,
comme dans les habitants, un caractère distinctif qu'il faut
absolument étudier. Je fais des vœux pour que M. de Giu-
mont puisse tenir un congrès, soit a Quimper ; soit ii Brest ,
ou même h Morlaix (dans deux mois j'irai dans ce pays , j'en
dirai un mot aux amis de l'art). Enfin s'il m'était permis de
parler du midi , je dirais à la Société qu'elle doit profiter de
la puissance que donne les relations scientifiques , pour que
la curieuse église de Maglonc cesse d'être une étable ^ que
l'antique cathédrale de Vaison soit réparée , et que l'on con-
serve l'église souterraine de Montmajor.
Amiens , ao juin i858.
356 SUR LBS MANUSCRITS
MEMOIRE
Sur les manuscrits de la bibliothèque publique
de Tours;
Piin M. CHAUVAU ,
ConterTAlear de oet établissement , Secrétaire de la Société-ftct-
démiqae de la mèine fille.
Il ne s'est rencontré , dans les siècles même où les livres opt
jeté le plus vif éclat , que très-pea d'hommes assez &vorisés de
la nature pour être en quelque sorte universels , pour traiter
avec la même supériorité de talent tous les sujets qui sont du
ressort de Tes prit humain. Il est telle science , vous le savez ,
dont rétude approfondie absorberait la plus longue , la plus
laborieuse carrière , et nous ne manquerions pas de preuves ,
s'il en était besoin, pour justifier ces assertions, que je soumets
avec confiance à votre jugement. Jetons les yeui en effet
sur les immenses travau^c de ces doctes Bénédictins dont la
mémoire ne cessera d'être honorée par tous les hommes de
lettres. Libres des devoirs et des soins d'un monde auquel ils
avaient volontairement renoncé , exempts même de toutes les
obligations de la vie monastique qu'ils avaient embrassée ,
pense-t-on qu'avec tant de facilités pour l'étude , ils nous
eussent légué tous ces ouvrages dont l'immensité excite encore
notre étonnement , si chacun d'eux n'eût sagement fait choix
d'un sujet auquel il se cons$acrait uniquement. Sachons doue
nous préserver aussi d'une ambition qui, toute louable qu'elle
DB Là BIBLIOTHÂQUB DB TOmS. 557
poisM iîve^ égare trop souvent ceui qni 9*y laissent entratotr;
et nous «arons tonjonrs lieu de nous applaudir d'aToir soivi
ayec persévërance la carrière à laquelle nous noas sentions
appelé.
Mon but, en vous présentant ces réflexions, est de m'en fiiire
à nioi*mème une rigoureuse application. Le sujet que fai
entrepris de traiter , Tétude et la description des manuscrits
de notre bibliothèque publique, trouTerait parmi tous, MM»,
plus d'un digne interprète. Mais assez d'autres trayaux d'un
intérêt plus spécial, Tont occuper les archéologues, les hommes
de lettres, les saranis de tout genre, en un mot, que notre yille
s'applaudit de recevoir aujourd'hui dans ses murs ; et c*e8t
pour joindre un faible tribut il tant de richesses réunies , que
je me suis livré k ce travail vers lequel mes études de chaque
jour devaient naturellement diriger ma pensée.
Je viens de dire , MM. ^ que vous avez k vous occuper dans
cette trop courte session, de travaux d'un genre tout spécial.
Je suis loin de penser néanmoins que l'étude de nos trésors
bibliographiques puisse cire regardée par votts ccHume un
hors-^' œuvre. A ne considérer même les manuscrits que sous
le rapport littéraire ) quel intérêt ne doivent-ils pas exciter au
sein d'une assemblée dont tous les membres aiment et cultiveut
les belles-lettres? Mais je dirai plus^ loin d*être étrangers k la
science archéologique , ils s'y rattachent par tant de liens ,
qu'ils doivent nécessairement entrer dans le plan d'études de
tous ceux qui font de cette science le principal objet de leurs
travaux. Les manuscrits^ dit un savant bibliophile , ont con-
servé les procédés des arts et les ont mis sous les yeux des lec-
teurs par les figures dont ils sont ornés ^ et dans lesquelles on
peut voir les costumes des diflérentes époques du moyen-âge.
En nous faisant connaître l'écriture ancienne , ses abrévia-
*7
558 SUR LES MANUSCRITS
tioDS , ses variations , ils facilitent rélude de la diplomatique,
des chartes , des titres relatifs ani intérêts des peuples et à la
certitude de leur liistoire. Ansâ a-t-on toujours chercbé soi-
gneusement h les rc«!ueiTlir.
La bibliotbèc|ue de cette yille , inférieure peut-être à beau-
coup d'autres , si Ton ne considère que le nombre d'ouvrages
qu'elle renferme , "peut rivaliser par ses ricbesses manuscrites
avec les plus belles bibliotbéqnes de province. On ne sera pns
surpris de cette asseition en pensant qu'elle tes a puisées aux
sources abondantes que lui offraient tant de communautés reli-
gieuses que renfermait la Tonraine , et entre toutes les autres,
cette célèbre abbaye de Ma rmontiers dont le précieux héritage
en ce genre nous eût laissé peu de désirs & former si nous te
possédions aujourd'hui tel qu*il existait avant la destrnction de
ce monastère. Quels regrets ne doivent pas exciter en nous 1rs
pertes irréparables dont nous pouvons calculer l'élendueen con-
sultant les catalogues manuscrits qui sont sous nos yeux, et ceux
recueillis par le savant Montfàncon dans l'ouvrage qu'il a pu-
blié sous le titre de ; Bihliotheca nova manuscriptorum/ Ce
serait l'objet d'un chapitre que l'on pourrait intituler : Desi-
derata. Mais yainement formerions-nous des vœux pour rap-
peler 1^ nous quelques-uns de ces manuscrits dont le temps n'a
qjie trop consacré Tabsencc. Chaque bibliothèque publique ,
cbaque auteur même attache trop de prix i la possession de
ceux qu'il a su acquérir pour ne pas veiller avec le plus grand
soin à leur conservation.
Ce serait abuser de vos moments, MM. , et ne remplir
qu'imparfaitement le but que je me suis proposé , que de faii*e
ici la longue énumération de tous les manuscrits dont il ne
nous reste plus que le souvenir. Quelques indications som-
maires sur ceux auxquels nous devons attacher le plus de prix,
DI &▲ B»BIIOTBiQUB DE TQURS. 359
sttfRroDt pour Touft fiftire partager nos regrets* Je dois placer
en première ligne eette belle Bible da YIIP. siècle dont Fabbé
Virien et les moines de St.-Martîn firent présent k Cbarles-^
le-Chanve ponr témoigner sans doute k ce prince tonte leur
reconnaissance des bienfaits dont il les aTait comblés. On pense
qu'elle avait été &ite pour Charlcmagne par ordre d'Âlcuin
qui gouveroaii cette même abbaye. On y remarque eu effet
deux médailles en or, avec bustes, dont la première porte cette
inscription : David rex imperaior ^ et la seconde : KaroUis
rex Francor. On f^ait que Charlemagne s'était donné le nom
de David dans Fespèce d'académie formée sous ses auspices , et
il laquelle rUnivers^ité de Paris se rattache par une succession
de maîtres presque non interrompue. Cette Bible déposée en-
suite dans la cathédrale de Metz fut offerte, en 1675, par les
chaooines^ de cette église au ministre Colbert , et tient aujour-
d'hui un des premiers rangs parmi les manuscrits de la biblio^
thèque royale.
Nous avons à regretter aussi un livre des Evangiles , manus*
crit Anglo-Saxon, que possédait le Chapitre de St.-Gatien,
et que Ton disait écrit par saint Hilaire , ce qui le ferait re-
monter au IV*. siècle* Mais les caractères dont il est formé ,
bien diflérents de récriture gallicane de cette époque, an-
noncent une date postérieure de plus de 200 ans. Le manuscrit
des Evangiles écrit de la propre main de ce saint évêque , ap-
partenait en eflet \ la métropole de Tours , et lut légué par-
saint Perpet, évèque de cette ville, k son ami Euphrone , qui'
gouvernait alors Téglise d'Ântun.
Nous pourrions ajouter encore à cette liste le privilège de
révèque Ibbon , en écriture franco-gothique , de Tannée 'jio,
que Véglise de St. -Martin fit valoir dans ses démêlés avec les
archevêques de Tours , un Pentateuque de saint Catien . ma-
3Go SVB LB» MARUSCBITS
nuflcrit en vélia fort miace , k deux coJonnea, de la fin da
VIII*. siècle, et un autre manuscrit du Nouveau Tcstainint ,
appartenant i saint Marti u , peut-être celui que Fpn devait
au célèbre Âlcuin qui, retiré dans cette abbaye y s'y livra en-
tièrement }k la prière et k Fétude , et y fit de sa main une copie
ciactede TAncien et du Nouveau Testament.
Abrégeons « MM. , le técit af&igeant de nos désastres litté-
raires. Je ne Faî entrepris qu'avec peine et pour appeler vos
sympathies sur les trop justes regrats qu'ils doivent exciter en
nous. Je m'empresse d'opposer k ce rrcrit le tiblean consolant
des précieux manuscrits qui ont écbappé aux révolutions dont
notre bîbliotbèque fut tant de fois victime.
Il est généralement reconnu parmi les bibliophiles qu'il
n'existe pas de manuscrits antérieurs h Fère Chrétienne ,
excepté ceux trouvés dans les ruines d'Herculannm qni fut dr-
truite en Fan 79 de cette ire. Mais on sait qoe sur pins de
t,5oo rouleaux retirés des fouilles qui ont eu lieu depuis
17S6 1 i peine a-t-on )in en déchiffrer quatre, qui n'ool même
oQert au vœu des savants aucun fragment de œs pi*écieux ou-
vrages que l'antiquité ne nous a l^ués qu'en partie. Les trois
premiers traitent de la morale , de la rhétorique , de la philo-
scq^e d'Epicure , et le quatrième est «a poème de Philodcnns
coalie b musique. Apres les manuscrits d'Hercnlaonm, le plus
aneiea qui soit connu ne mnoute pas au-delà du IIP. aîcde ;
il renferme les 4 Evangiles en grec et en latin« Do monastère
de St.-Irénée de Lyon oi fut trouvé oe manuscrit , il est passé
dans la bibliothèque de FUniversité de Cambridge , à laqadKc
en fit don le célèbre llModore de Bèxe qui Pavait sans donie
acheté des Calviaisics qui pillèfcnt et détraîsùrent même F^lise
de ce monastère. L'Evangile de saint Marc, si l'un en croyait
la Iraditioii pepulaire , qui Tent que ee usannscrit soit de
DB 14 BtBLIOTU£QrB DE TOURS. 56 1
Tévangéliste lui-même, serait beaucoup plus ancien ; mais il
a ctë. démontré qu'il ne pouvait dater que du IV'. siècle. Il
faut de cette .époque reculée traverser un espace de 5ooans
pour arriver au plus ancien manuscrit de noire lûLtiot1icH|ne ,
qui appartient ainsi au VII*. siècle. Ce sont les prophéties
d^I^ïe , de Jérémie, d^Ezécbiel et de Daniel , écrites en lettre^
onciales , h gros traits , uu peu écrasées , telles que les em-
ployaient les copistes de ce temps. Ce manuscrit nous vient de
Marmoutiers. Il eu est un autre dont la date n*est pas constatée
d*une manière aussi précise, mais qui est évidemment antérieur,
il en juger par les caractères de Fécritore , et surtout par les
peintures singulières dont il est orné , et qui toutes attestent
Tenfauce de Fart. Il comprctid une partie de l'Ancien Testa-
ment.
On lit dans on mémoire du R. P. Don Mabillon, sur les
anciennes sépultures de nos Rois , que Charlemagne avait été
inbumé avec tous les insignes de la souveraineté, et tenant en
ses mains te livre îles Evangiles écrit en lettres d'or. Lors de
Touverture du tombe<in de ce prince au XI^ siècle , par ordre
de rempereur Olbon III , ce niannserit en fut retiré et déposé
h Aix-la-Cbapelle. Ëst-il te même que celui qu'on voy'iit
encore an commencement de ce siècle , i l'abbaye de St.-
Martin , près de Trêves , et que la princesse Ada , sœur de
Cbarlemagnc, avait fait écrire pour ce monarque? Notre
église de St. Martin Taurait-elle obtenu (conjecture , il faut
Tavouer , bien hasardée) , de la munificence de l'un de nos
Rois auprès desquels ce saint apôtre éBiic en si grande véné-
ration? Il est plu.s naturel de pen^ïcr qu'il a existé trois livres
des Evangiles semblables à celui que nous allons décrire , et
qui est bien digne d*avoir appartenu h Cbarlemagnc. C'est un
manuscrit sur vélin , grand in-4^. a deux colonnes , dont
56:^ SUR IBS MAKUSCRITS
récriture onciale romane-gallicane est du Y III*. siècle. A la
fin de revangile de saint Jean on trouve écrite aussi en lettres
d'or, mais d'une main plus récente, la formule du serment
que prêtaient les Rois de France, lorsqu'ils se faisaient recevoir
abbcs ou chanoines de St.-Martin« ?)os Bois de la 5*. race
crurent en effet ajouter à la dignité de leur couronne , en y
réunissant ces titres, et c'est à Hugues Capet que Ton doit cette
union» Toutes ces réceptions sont consignées dans l'histoire
manuscrite de saintMartin, dont nous parlerons tout-à-F heure,
et la première qui date de Tan 1237, est celle de Louis YIII ,
père de saint Louis.
Sancti Hilarii expositio super Mathœum, Ce manuscrit
de la fin du IX*. siècle, qui appartenait aux Capucins de Tours,
mérite aussi d'être distingué après ceux dont nous Tenons de
parler. Il est d'une écriture dite aiguë et mêlée d'ouciale , et
a été consulté par les Bénédictins dans leur grand travail sur
les Pères de l'Eglise.
r^ous ne terminerons pas cette description abrégée de nos
manuscrits de théologie, sans parler de celui d'Abeilard connu
sous ce titre ; aSic et non , qui a servi à la publication des
ouvrages inédits de ce célèbre docteur , pr M. Victor Cousin.
L'importance que l'on a attachée à ce manuscrit n'est pas due
seulement au nom de son auteur , mais aussi k sa rareté , puis-
qu'on n'en connaît plus que deux copies, l'une qui existe dans
la bibliothèque d'Avranches , et l'autre qui nous vient de
celle de Marmouliers. On sait qu'Abeilard , consulté par les
religieuses du Paraclet sur divers passages de l'Ancien et du
Nouveau Testament, joignit aux réponses qu'il leur adressa,
un traité dans lequel il rapporte les endroits de l'Ecriture
Sainte qui semblent se contredire , et les accorde ensuite par
une explication fort naturelle. Telle est l'origine de ce titre :
Sic et non , le oui et le non.
DE LA BIBLIOTnèQVC DE TOVBS. 565
Obligé de nons renfermer dans un cercle très-ci rcoDscr il .
nous passerons sous silence nos inanuscrils de droit civil e^
canonique , moins nombreux, il est vrai , que ceux des autres
classes, mais qui mériteraient cependant de trouycr place dans
un catalogue spécial et raisoïkaé^
Le premier que nous distinguerons dans la partie des sciences
et arts est un superbe Senèque in-I^« sur parchemin , ayec
lettres initiales en or, titres ei^ rouge et riches encadrements.
Ou y trouve après Téloge funèbre de Tempereur Claude , la
correspondance de ce philosophe avec Fapôtre saint Paul ,
correspondance retranchée comme apocryphe , de )a plupart
des éditions de Senèque. Divers auteurs étal)lisseut néanmoins
la probabilité et presque la certitude des rapports qui auraient
eiisté entre l'apotre et le phikisophe. Une antre opinion non
moins controversée, et qui partage encore \cs érudits, c'est
celle qui lui attribue les dix ttagédics qui nous sont parvenues
sons le nom de Senèque. Dans la bibliothèque existe aussi un
très-beau manu^crii de ces tragédies, qui faisaient suite aux
œuvres philosophiques , avant qu'on les en eât séparées pour
les classer parmi les belles- lettres.
Boëiiuî de conaQiationephiiosopkiœ;îA\ni Martin et Mar-
moutiers nous ont enrichis de huit manuscrtU des œuvres de
Boëce, la plupa rt du X V' . siècle, mais dont l' un remonte jusqn a u
X*. , et d^un plus grand nombre de manuscrits d'Aristote des
XIII'., XIV*. et X V*. siècles. Nous possédons encore, avec deux
exemplaires de Toui^rage original, une traduction très-curreuse
du livre des propriétés des choses, faite Tan de grâce .157s ,
par le commandement du- roi de France , Charles T ^ uti autre
miauscrit du X*. siècle, S. Àugustinus de musieâ, et sur
ce même sujet,, le traité qu'a publié Tun de nos compatriotes,
RenéOuvrard , de Cbinon. Nous tenons^ de la^ libéralité de
364 'VA LU MAHUscairrs
M. l'abbé Goillaid , Ton (!e nos plus saYaots bibliophiles, un
beau maniiacrit sur. Télin , coutenaot les statals da coHrge
foodé a Paris eo i555 , par Etieoae de Boui|[aeil , pour les
étudiants du diocèse de Tours.
Parmi les livres curieux nous ne citerons qne le testament de
Fempereur de la Cbioe , Ran-by , mort en 19223 la traduc-
tion française est jointe ao texte chinois; et un traité de vé-
nerie par Gaston de Foix , surnommé Phœbns ^ à cause de sa
beauté* Ce traité commence par un raisonnement singulier que
Fauteur tourne de dîAérentcs façons pour persuader k tons les
hommes d'aimer et de pratiquer l'exercice de la chasse, comme
un moyen sûr de ne point pécher et de parvenir au salut éter-
nel , parce que l'oisiveté seule en&nte le vice , et qu'un chas-
seur d'habitude ne peut jamais être oisif.
Entraîné par notre sujet plus loin que nous ne le pensions ,
nous ne pourrons qu'effleurer , quel qne soit l'intérêt qui s'y
rattache , les deux dernières parties qui nous restent à traiter,
celles de l'histoire et des belles-lettres.
Le premier maniucrit qui s'ollre k nous dans l'histoire
ecclésiastique contient les vies des apôtres , celles de saint
Cosme, saint Damien, saint Julien, et le récit de la découverte
de la vraie Croix , par sainte Hélène , mère de l'empereur
Constantin. Ce manuscrit en parchemin , avec lettres initiales
en or , of&e dans chacune de celles qui commencent on cha-
pitre , le portrait de l'apôtre dont la vie y est écrite.
' La bibliothèque possède quatre exemplaires de la vie et des
miracles de saint Martin , par Sulpice Sévère. Ces manuscrits
sont des XI*. et XIII'. siècles^ et l'on y remarque aussi, entre
autres sujets, une vie du même Saint , par Grégoire de Tours,
et l'ouvrage de ce prélat de gloriâ confessorum i
Vingt-un volumes in-f*. et in-4°. , tous relatifs & l'histoire
DE LA BIBUOTBâQVB DE TOURi. 365
de Marmoutief 8 ) quatre «ur celle de laint Martin et antant sur
saint Catien ;
L'histoire des archerèqaes de Tour», par Jean Leclerc de
Boisridean ;
Le martyrologe de saint Julien, et des mémoireiponr servir
à rhistoire de Fabbaye de ce nom.
L'ordre de Grammont, des Chartreux, des Filles de la
Mère de Dieu , et l'abbaye de St.-Paul de Cormery , y
trouvent également des détails historiques plus ou moins
étendus. On doit juger par tout ce que nous venons d'expo-
ser « que la bibliothèque peut offrir de riches et nombreux
matériaux k Técrivain qui voudrait traiter rhistoire ecclé-
siastique de cette province. Il n'en est pas de même , je le dis
i regret , de l'histoire civile , sur laquelle nous ne possédons
qu'une chronique des seigneurs d'Amboise , par Hervé de la
Queue , de Tordre des Frères Prêcheurs ^ et Ton ne peut
répondre que très-imparfaitement aux demandes que ne
manquent pas d'adresser h ce sujet le^étrafigers qui visitent la
Touraine, Heureusement^ les annales ecclésiastiques peuvent
suppléer parfois à ce déficit , et les archives de la ville de
Tours renferment de précieux documents sur l'histoire parti-
culière de cette ville , la plus intéressante pour nous.
Au nombre des ouvrages relatifs à Thistoire de la France et
de ses diverses provinces , nous citerons en premier lieu le
beau manuscrit qui contient la justification des droits de Louis
XI sur la Bourgogne. M. Massé , l'on des conservateurs de no»
monuments , a décrit avec soin ce manuscrit , qui parait
être de la fin du XV*. siècle. On y admire , entre autres or-
nement»], une miniature oili tous les personnages aux costume»
si brillants et si vrais, se détachent sur un fond d'aichitec-
ture d'une exécution dont la délicatesse se fait remarquer
jusque dans les moindres détails.
566 SVB LES HAirUSCRITS
Un ahrégë de T histoire cbrooologiqne des rois et dacs de la
Breiagac Armorique , ëcrit, ea 1640 , par le R. P. Doo IKoëi
Mars 'j
Une histoire de Lorraine , depuis Charles I*'. jusqu'à
Charles lY f que l'oo regarde comme ioëdite 5
La première partie des grandes chroniques de Froissart ,
contenant Thistoire dTdouard III , roi d'Angleterre )
Euiîa , une histuire de Charlemigne^ par Farchevèque
Turpin ^ qui y fait le récit des diverses expéditions de ce
prince en Espagne ^ et de la mort du paladin Roland , son
neveu y k la déroute de Roncevaox. On trouve à la suite , un
ouvrage de Darès le phrygien sur la guerre de Troie , tra-
duite du grec en latin , par Cornélius Népos.
Nos manuscrits sur l'histoire générale , saus être aussi
nombreux , n'offrent pas moins d'intérêt, et cous ne pouyoas
nous refuser au désir de citer parmi les plus remarquables ^
un recueil par extraits , de divers historiens grecs , an nombre
de quatorze , dû aux soins de l'empereur Constantin Porphy-
rogeuète; une histoire de Troie , écrite en 1287 , par Guidon
des Colonnes , où se trouve énoncée la prétendue dercenJance
des Francs , du prince troyen Francus } un autre ouvrage sur
la destruction de cette ville et l'établissement d'Enée en Italie ,
orné de dessins et de peintures du genre le plus bizarre ; et le
plus précieux de tous , le magnifique Tite-Live, grand in-f*.
sur vélin , à deux colonnes, enrichi de lettres initiales ^n or
et de deux tableaux représentant, T un , divers faits des pre-
miers temps de l'histoire romaine , et l'autre , la bataille de
Cannes, que le peintre a caractérisée non par deux boisseaux ,
mais par deux muids remplis d'anneaux d'or. Il est à remar-
quer que dans ce manuscrit, qui date du XI V*. siècle, on
prolonge de 20 ans le règne de Tarquin-le-Superbe Cette
Sfi LA BlBLIOTIliQVI DE JOVtLS» X*J
erreur , si c'en est une , est répétée dans an autre Tite^Liye ,
aussi manuscrit , moins riche que le premier , et postérieur
d'environ un siècle. Des onze exemplaires imprimés que pos«
scde la bibliothèque, depuis i5oi jusqu'à iGiS, le premier
seul établit cette différence dans la durée de ce règne.
Si je ne voulais rien omettre d'intéressant dans nos manus-
crits des belles-lettres , il faudrait , Messieurs , tous en pré-
senter un catalogue presque entier -, et je n'éprouve , en
commençant celte dernière partie de mon travail , que la dif-
ficulté de faire un choix , et le regret de ne pouvoir en dé-
crire qu'une partie* La plupart des classiques latins y ont leur
place , et Ton doit distinguer parmi eux un Térence du XIIP.
siècle , où sont représentés tous les personnages qui figurent
dans chaque pièce , et un Ovide du même temps , écrit sur
yélin , d'un caractère dont on ne saurait trop admirer la net-
teté et Textrême régularité. Un Cicéron de senectute, suivi de
Macrobe insomnium Scipionis ^ manuscrit du X* siècle^. un
autre de la même époque , contenant les hymnes de Prudence
et les commentaires de Priscieu sur le premier vers de chaque
livre de l'Enéide ; enfin plusieurs bibles en yers latins et
français, desXIP. et XIII*. siècles.
Les Komans sont la partie dominante de cette classe de ma-
nuscrits. La plupart sont en vers , et plusieurs écrits en langue
provençale ont été consultés avec fruit par M. Raynouard ,
dont les lettres déploreront long-temps la perte , lorsqu'il tra-
vaillait \ son ouvrage sur les poésies originales des Trouba-
dours. Vous remarquerez des romans moraux , tels que celui
des Déduits , composé en iSSg par de la Burgne» premier
chambellan du roi Jean , et par le commandement de ce
prince, pour l'instruction de sou quatrième fils, Philippe ,
duc de Bourgogne ; des romans de spiritualité qui ofirent la
\
368 SVR LES MAIIUSCRITS
vie de plasicors saints , içutre autres celle de Termite Bulaam
et du prince des Indes , Josapliat , atlribnée h saint Jean Da-
mascènc | des romans htstoiiques , dont deux tires de la guerre
de Troye, Thistoire de Troyic et celle dWlexandre le troyen ,
ei un troisième que Ton pourrait nommer pfnlôt nn poème ,
dans lequel Fauteur , qui est resté inconnu , chante les amours
de ParthoQopéus , comte de Blois , et de la belle Alelior , im-
pératrice de Constatiliitople. Une particularité remarquable
de ce roman , c*est que Fauteur qui écrivait vers le milieu du
Xil*. siècle, époque à laquelle les classiques grecs et latins
étaient peu connus en France, semble avoir pris_pour modèles
plusieurs endroits de leurs ouvrages. Un passage intéres-
sant dq son'poème rappelle la charmante fable de Psyché ;
un autre , Tode 2*» d* Anacréon i la louange des femmes. Nous
citerons ce dernier, dont le style, quoique rajeuni , donnera
une idée du génie et de la manière d'écrire de Fauteur , mais
surtout de son adoration constante pour le sexe qu'il s'est plu
c^ célébrer dans la personne de son héroïiic.
« Lorsque Dieu Ht toutes les créatures , il les orna de ses
ff dons. Selon Famour qu'il portait h chacune d'elles , il leur
« partagea ses présents. Il aima les femuies par-dessus tout ,
« et yoilà pourquoi il leur donna beauté et biens. Il fît de
<ir terre tout ce qui est sous le ciel ; mais le cœur des femmes,
tf il le fit de miel , et il leur donna plus de courtoisie qu'à
(X nulle antre» Dieu les aima 5 c'est pour cela que je les aime ,
« qu'en mon amour ne sens ni soif ni faim. Je tiendrais Dieu
« quitte de son beau paradis , si les dames au beau visage n'y
« entraient pas. »
Les romans de chevalerie , au nombre desquels on pourrait
classer celui de Parthonopéus, tiennent aussi une place remar-
quable dans notre bibliothèque. Il en est peu qu'on puisse
DB LA BfDLIOTRiQVE DB TOURS. 3(k)
rapporter aoi chevaliers de la table ronde ^ la plupart eélè-
brcnt les haot« faits des paladins qui brillaieot & la coar de
Charlemagne , et Ton aime à retrouver parmi eux cet Ogier
le Danois que n'a point oublié FArioste, et qui partagea souvei^
les périls et la gloire du fameux Roland. Nous ne parlerons
ici des aventures du très-noble , mais tiès-peu connu roi
Pontus , que pour signaler un ouvrage contenu dans le même
manuscrit et qui porte pour titre : le livre du secret des secrets
que filÂristoleel qu*it envoya au roi Alexandre. Cest un recueil
d'instructions de toute nature , données par ce pliilosopbc à son
ancien élève , dont lajdernière traite même de Tart de la guerre,
et qui toutes commencent par ces mots: Alexandre , cher
fik ; cxpiessions vraiment paternelles qui honorent également
le philosophe qui ne craignait pas de les employer , et le prince
qui aimait à les entendre.
Ici doit se terminer ^ Messieurs , le trayail que nous avons
entrepris , et que vous ne pouvez , dans Fétat oi!i il vous c:it
présenté, considérer que coînme une ébauche à laquelle la
main dn temps aurait li donner le dernier coup de pincean.
En apprenant que votre session de i858 devait avoir lieu dans
cette ville, la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire qui joint à
Fétude de cette science si importante, celle des arts et des belles-
lettres, s'est disposée à vpns faire les honneurs d'une contrée qui
ofTre tant d'intérêt au véritable archéologue. Et moi aussi ,
î'aime et )e sais apprécier la science que vous cultivez! Né et
élevédans une province où Fon peut en faire de si nombreuses,
de si savantes applications, f ai gé,mi, comme bien d'autres, des
pertes que nous avons éprouvées , et appelé Fattention de Fau-
torité sur les monuments qui ont échappé aux ravages du
temps , et à ceux plus redoutables encore d'uu cupide et éternel
vandalisme. Tous nos collcgncs partagent ces sentimeuts , et
5'jb MÀVV'Ctiirs DE Là btcuotbèqub de tours.
plusieurs d'entre eux y joigaent^ sur les diflërents arts qui
sont Tobjet de tos études , des connaissaooes spéciales que je
me plais h reconnaître. C'est h eux qu'il appartient de vous
parler de nos richesses archéologiques , et de tous diriger
dans vos savantes investigations. Les collections scientifiques
que renferme la ville de Tours ne pouvaient manquer d'attirer
vos regards 3 et ce n'est point en simples curieux, mais en
amateurs éclairés que vous avez su les visiter. L'examen seul
de la bibliothèque demanderait un temps que le peu de durée
de votre séjour parmi nous ne vous permet pas de lui consacrer*
Chargé de la conservation de ce précieux dépôt , il était de mon
devoir de vous en donner une juste idée , en vous offrant la
description des principaux manuscrits qui en forment la partie
la plus intéressante. Je remplis ainsi le double but , de ména-
ger pour vous des moments que réclament , sur tons les points
de la France , les utiles travaux auxqueb vous ne cessez de
vous livrer , et de concourir avec ceux de nos collègues que
TOUS avez entendus dans cette session , k vous faire connaître
tout ce que la Touraiuc dut jadis au zèle et au goût éclairé de
nos pères , et ce qui fait encore aujourd'hui l'illustratioa de
cette belle province.
SUR lA batâiub ds poNTyÂiLiir. 571
OBSERVATIONS
Sur la bataille de Ponivallin » livrée vers la
mi-septembre de l'année 1370 ;
Pae Mv CAUVm ,
Inspecteur difiaionnaire des MoDamenU hisloriqaet*
Les historiens, se copiant les ans les autres, dîscht que
Bertrand Dugue&clin était, avec son année , au cliâtean de
Tire> lorsqu'il reçut du chef de la division Anglaise, établie
h Pontvailin , le message qui lui demandait de fixer le jour
de la bataille.
M. Dubourg-d'Isigny,dans ses Recherches arclicologîqucs
mir thisloire militaire du château et de la ville de f^ire ,
émet la même opinion ; il Fappuie de Fauloritéde d*Argentré,
de Lobineau , de Morice et autres écrivains.
Mais si Ton considère la distance qui sépare Vire de Pont-
yallin , le peu de temps employé par le connétable pour la
parcourir, le mystère dont ce chef enveloppa sa marche ,
Fadresse avec laquelle il se déroba à Fennemi , on reconnaît
bientôt qu il occupait une auti^e position que celle désignée
par ces auteurs. L'on doit attribuer l'erreur dans laquelle ils
sont tombés , k l'absence d'un accent sur la dernière lettre du
mot Viré, suivant l'orthographe de ces temps-U.
Viré est une commune du canton de Brûlon , dans l'arron-
dissement de la Flèche , située à 57 kilomètres 0. du Mans y
et à 45 de Pontvailin. La position de son château sur un
5^1 SUB I.A BAT4II.LB DE PORTVALUll.
mamelon assez élevé , son pont-leyii et ses hautes murailles ,
lui donnaient encore, au commencement du XIX®. siècle, une
certaine importance. Aussi , la portion Sartbaise des années
royalistes 1^ choisit-elle , en i8i5 , pour être le point central
de ses opérations.
Yire, capitale du Bocage, dans la fiasse-Normandie, se
trouve éloignée de Pont yallin d'environ i5o kilomètres.
Cuvelier , auteur du Roumûntde Berirnnt du Glaiequim,
»
poème inédit , donne avec beaucoup de détails la marche de
ce connétable 5 nous avons donc adopté son récit comme le
plus exact et le plus conforme à la vérité.
Duguesclip , ayant pris la résolution d'aller attaquer les
Anglais et de les chasser de Pontvallin , mande Ik sa femme
de venir le trouver à Caen , et d'y apporter sa vaisselle (1).
Le prix de la vente de cette argenterie devait lui fournir les
moyens de payer ses troupes qui formaient un eûëctif de trois
mille hommes.
L'opération de la solde finie , le général prévient son armée
de se tenir prête ^ marcher au premier signal. Chacun , en
conséquence , fait ses dispositions', et pleins de confiance en
leur chef , tous brûlent du désir de le suivre.
" Bientôt le connétable abandonne Caen (2) , se dirige vers
le Maine; api es plusieurs jours de marche , il arrive à Viré ,
se loge , avec les principaux capi:aines , dans le château , et
fait camper ses troupes aux environs.
Thomas de Grautson , commandant les Anglais , en l'ab-
sence de Robert Knole , avait à Ponvallin 4) 000 hommes
d'élite, auxquels devaient se joindre les garnisons voisines (5).
(1) V le fragment n^ 1.
(2) V. le fragment n"". 2.
(3) V. le fragment n^. 3.
St71l LA BATAILLE DB POirTYALLAIir. 5']^
Infonné par ses espions de rarrivée du connétable, avec kqnel
il désirait se mesurer , il tint un conseil dans lequel il fut
arrêté qu'on enverrait un hérault demander an général fran-
çais de fixer le jour et le lieu pour une bataille.
Chargé d'une lettre et muni d'instructions (i) , le bérault
ne pense plus qu'à remplir sa mission. Il rencontre dans sa
route un messager de Duguesclin qui venait du Mans et retour-
nait vers son maîtie. 5' étant reconnus l'un et l'autre , ils
voyagent de compagoie, et arrivent au cbâteau de Yiré oi\
ils sont introduits. L' Anglais présente sa lettre k Duguesclin ,
qui , après en avoir entendu ia lecture , jura à voix basse de
ne pas manger avant d'avoir vu l'ennemi ^ puis s'adressant
au Hérault : oh sont, lui dit- il, les barons qui me font ce défi ?
à Pontvallain , lui repondit TAiiglais^ tous les détachements ,
à la vérité , -n'y sont pas encore réunis j mais les chefs vont les
presser de rentrer. Ils m'y verront sous peu , réplique notre
Breton. En même temps il récompense le hérault, lui dit qu'il
peut se reposer la nuit , et charge ses gens de le bien traiter.
Alqrs Duguesclin ordonne à toute sa troupe de monter a cheval
et de le suivre, pour aller livrer bataille aux Anglais; car il ne
veut s'arrêter ni jour , ni nuit, qu'il ne les ait rencontré.^
En vain ses capitaines lui représentent que la nuit est fort
noire 3 qu'il fait un vent impétueux et froid , avec une pluie
battante ', en vain ils rengagent à différer au len demain , que
le ciel soit éclairci et que la pluie ait cessé. Il leur répond'
qu'il est avantageux de fondre h Fimproviste sur l'ennemi
pour le surprendre 3 déclare qu'il ne prendra ni repos ni
nourriture avant d'avoir rencontré l'Anglais. Au reste, ajoute-
t-il, je n'oblige personne à me suivre ; mais ceux qui resteront
passeront pour des traîtres.
(1) Y. le fragment n*. 4. 28
374 ^1^ ^^ BATAILLE DE PONTVALLAm.
De suitie , il dispose sa petite année en trois corps : le mâré-r
clial d'Andregbem conduit la bataille forte de 800 hommes.
Dans arrière-garde , commaudée pair (Nivkf de Clisson et le
maréchal de Blainyille , se trouvent le comte du Perche , les
seigneurs de Rohan, de Vienne, de la Hunandaie, de Toarne-
mine , de Coetquen , de Monboarcher, etc. Ces chefe doivent
partir sncçessivement et à peu d*ioteryalle les uns des autres.
Lui-même y à la tête de l'avant-garde, composée de 5oo
combattants , sort dès le soir â« château de Viré , emmenant
le conue de St.-Pol , ses deax fils , Olivier Dognesdin son
frère , Alain et Olivier de ^ulny , Jean et Alain de Beaq-
mont ; et s'avance vers Pontvayaio. Jean de BeaiMkiont parle
de iairç sonner la trompette, afin qu'on puisse seralHer , car
la nuit était si noire qu'on ne saurait suivre de sentier. Je
m'en garderai bien, dit Bertrand5 les espions ne manqueraient
pas de prévenir Içs Anglais de mon arrivée.. Vienne qui peut ;
songeons à marcher ^ demain nous aurons la gloire d'avoir
battu les Anglais j. nous ne manquerons pas de chevaux , ainsi
n'épargnez pas les vôtres.
Après avoir marché toute la nuit , malgré l'obscurité et la
pluie , on arrive devant Pontvallain ^ le général accorde à sa
troupe une heure pour se reposer et prendre la nourriture que
chacun a apportée ^ puis officiers et solda is-montent k cheval;
ils aperçoivent les Anglais, forts de sept à huit cents hommes ;
avancent & demi portée du trait et déploient leurs éiendaru.
Comptant sur la surprise de ses ad;rersaires , et l'arrivée
prochaine des divisions qui Iç.suivent, Duguesclinse précipite
sur l'Anglais et renverse tout ce qui lui résiste 5 mais il allait
êirc. renversé par Granlson, lorsque le maréchal d'Andreghem
survient et rétablit le combat.
De Clisson rencontre un C3rps de a,ooo ennemis , au mo-
SUR LA BiTAItLLB DB POIfTVALLilN. ^')5
ment où ils allaient se joiodre à Tannëe; il les attaque^ et force
les capitaines h se rendre prisonniers.
La bannière de* Grantson fut abattue 5 ce général Iqi-mème
£iit prisonnier par le connétable ^ et Follicet par de Clisson*
Ainsi les Français remportèrent nue victoire complète. Les
débris de Farmée anglaise se retirèrent partie k Yaas^ et partie
k St.-Manre-sur- Loire.
Maintenant discutons le récit de nos historiens, l'eut-on
supposer que le connétable fût allé a Yire pour combattre les
Anglais , qu'il savait être sur la frontière S. £• du Maine ?
S'il eût occupé le cbâteau de cette ville , lorsque le bérault
lui remit sa lettre , eût-il juré de ne prendre aucune nourri-
ture avant d'avoir atteint l'ennemi , éloigné de plusieurs
journées de marcbe? Le soir il reçoit le défi de Grantson 5 le
lendemain, an point du joor,il se présente devant Pontvallain.
Son armée eût- elle pu , dans un si court intervalle , franchir
la distance qui sépare ces deux p(»nts? Le bérault, quoique
parti long-temps après la première division , allant seul , ne
Teût-il pas devancé et rendu compte de ce qui se passait?
Quand même il lui eÀt été impossible d'arriver assez tôt , le
commandant anglais, instruit par ses espions, de la marche
des Français , se f&t-il laissé surprendre ? N*eût-il p^s au con-
traire fait ses dispositions pour assurer le succès d'une bataille
qu'il avait provoquée , pour se rendre maître de la personne
de Doguesclin , qu'il s'était flatté de vaincre , et pour anéan-
tir son armée ou la faire prisonnière?
Ce n'est pas de Vire en Normandie que Dugnesclin partit
pour donner la bataille de Pontvallain j mais d'un lieu beau-
coup plus rapproché j de y i ré que l'on écrivait alors sans
accent sur la dernière lettre. Cuveliers , que nous avons cité ,
appelle ce château le chasiel de faille f il donne k Yaas , ok
les Anglais cherchèrent une retraite , le nom de f^aulx.
376 SUR LÀ BATAILLE DE POIfTVALlAIIf,
Preus^es extraites du Roumant de Bertranl du Glaiquin.
(i) Or fa Bertrant a Gaen qai «a femmt a mandée.
Et Bertrant , qnant ce Tint droitemeot au tier Jour,
Trestonte sa faisselle , sans penser a soleor ,
Engaga et livra et Tendy par tel 4our ,
Qoe toos lef cfae?ftlîers et soudoyers donneur
Ketint et soudoya et paya sans erreur »
Trois mille combataos , dont il fut condasenr.
Assez en y avoit , quavoient poufre atonr ,
Bertrant les ponr^ea d^armes et de conreonr
Vitaille flst charger , pourveance de valeur »
Et fit signifier environ et entour
Que cbascun après lai sen venist sans demour.
Droit & dhastet de Ville {a) , 4>u il a belle tour.
La Tonldra ordonner ses osts par bel atour.
Que des Englois ce dist approncbera la flonr ,
Qui entour Ponvalain prenaient lenr retour ;
Or approacbe aux Englois une parte greignour
Quant Bertrant de Glaiequin ot paye sa gent ,
Tant de sa grand yais^elle , comme de son argent ,
Dont il avait dEspaigne apportez largement.
Deux très bien aprester leur flst commandement
Comme pour enlx deffendre si besoin leur en prent.
Lors yeissies baubers voler communément,
Bacinets esclaircir et forbir ensement ,
Et espees forbir dont li acier resplant.
., r^bascun en son endroit se pourvoit noblement ,
Qu*il ne nous laira mie cy joquer longuement
• •••••••••«••••.••••*••
Or diray de Bertrant à la dure talent ,
Quant lu y et les seigneurs forent près bonnement ,
(a) Tille pour Yir« , eit A|outant raccent, Viré. L« mutuicrit ne présente ni
«ceenti , si apoetropliee, ni ponctuation.
SVB LA BJkT AILLE DE BORTVALLAUr. 377
Le coBgic denandff a sa ftmiiie au corpa gent.
(3) De Caen gentil se départit alant
A noble coMJ^gnie 8*en ?a delà Bertrant;
La oiat on sonner trompes et oliflànt ,
De maÎDfry hauts Instrumenta en desduisant,^^
Bertrant fat convoyé de mains boargol^ pui8sant8>s
Et sa mouiltter anssi lala convoyant.
Mains parler loi a dist, dont }e mîray taisant,
Quant vint au congie prendre a donc va larmoyante
Envera cbasteaa de Ville va Bertrant cheyauchant.
Tant ala Bertrant qae la gcnt Ta entrant
O loi les grans seigneurs qui le font compaignant.
Or fa li berd Bertrant qui le cuer ot ceriaio.
Par dedans le ctaastelo Ibi maint capitain »
Et les autres se sont logie dessus le plàin ;.
Loges aontdéfaniies et de fust et de fàin.
Li un court an mangier, et li autre an fain^
(3) A PontTalain estaient 11 Engtois de renom :
Premièrement y fu Thomas Cils de Granson ,
Qui fu du coonestable lieutenant ce dist on ;.
HUon de Carf ell'ay y fut o son penon ,.
Et Xresonelle anasl à la clere façon,
Et CiU de Oiegrefe qui David ot a nom;
Tomelin Felieon oublier ny doit on.
Bien edtoient Engloi^en icelle saison
Quatre mille ou pins , toutes gens delicon.-
Car'nolle n'estait pas en celle etablison
Pour dottbte de Bertrant esloigna le royon»
Att conseil sont aies tons les hautains barons.
(é) Or s'en ts II heraull tantost fa bien monter
Bt prist or argent qui la Dai fù livrer ; •
S* lettre noublia.^ ••.•....«....
Ainsi com H beranlt de quoy oy a?ex
• ■
378 SVB LA BATAILLE DB rOJfTVAUÀUf.
Aproucba le chastel et lost dont tous oez ,
Troufa deMos les champs deux jolis monestrer
£t un héraut qui fu Glayequin appeliez ;
Car a Bertrant estoit le heranlt dont oez.
Et reparait du Mens on a honne citez*
Quand Glayequiu peivcut li héraut bien montez^
Hauttement lui a dit beau compain dont venez.?,
Amis je suis héraut; par Dieu tous estes tel
De Thomas de Graoson plaines armes portez ;
Cest Toir dist li héraut par sainte Trinité,
Vous estea a Bertrand Glaieqain le nommes ;
Au tunique Je fois dont vous estes parez.
Or fons depri beau sire qu'a Bertrant me menez*
et Je ferai autant pour vous se vous voulez
Quant mestier en sera. •
Aussi li deux heraultx dont Je vous ai pariez.
Vont ensemble au chemin et ont si bien errez.
Qu'au chastel sont venus qui bien fu gardez;
On les laissa entrer tout à leur voulontes.
En my la noble cour ils ont Bertrant trouvez ,
O lui mains chevaliers de grans nobilitez.
Dist li herault Eogiois Dieu vous doint bonnes vie ,
Vous estes connestable de France ta garnie.
Thomas cils de Gransou de bataille vous prie ,
Qui est garde à preseatde la conestablie,
Huon de Carveltay ne si oublie mie ,
Et Tresonnelle aussi à la chière hardie.
Et David Holegrevequi vuule.ntiers tournie ,
Geoffroy Ourselay et la grant baronnie ,
Vous requerent un jour nommez et sans détrie
Qne bataille soit donnée et ottroye^
Et la place nommer et jurer et flancie.
Tenez vèez cy la lettre qu'ils vous ont envoyé.
Slfâ tA lATirLLB DB POHtVAtlAtir. 579
Bcrtrant a pris U lettre tantont la déployé,
A lire la bailla son secrétaire Helie ;
Et cils la lot ea haut foyant la baronnie
En la lettre ont troaye la devise Jolie ,
Telle qoon 11 heraiilt lears ot signifie.
Et quant Bertrand Tentend dame Dieu en mercic»
Lors jora dame Dlen k ba^se f oix série ,
Jamais ne mangera hors mise la nnltle
Sira voir Englois et toute leur matgnie.
Or oes de Bertrant qa'll flst )e tous emprie.
Bertrant en apella le heraolt messager ;
Hérault ce dit Bertrant entendes mon cnidler:
Ou pourrait on troufer ne en quel héritier
Les barons qui me fént cecy signiller?
Et H herault respond par les saints de Bavier
Bien près de Ponralain la sont Tenus logier ,
Pour bataille liTrer se sont la appoiuCier.
Amia oe dit Bertrant par Dieux le droiturler.
Ils me Tcrrolit brieAnent se Dieu me Tevtaydfer,
PlatUiitall plaist a Diea qu'il ne leur fnst mestier.
A son trésorier fisc Bertrant commandement
Con donne au messagier xiiij mars d'argent.
Et con lui donne a boire assez et largement;
Et se la nuit Toutoit preiMire hébergement.
On lui dresse bon lit qui faire soi rement.
(6) Bertrant fisc assaToir aux barons selgnoorii ,
Et aux l>ona cbeTallers et cseiiyers faitis ,
Et aux Talles serrans et soudoiers de pria
Que tost soient briefment eu armes ferrestiSy,
Et Toisent après lui très tous et petfs;
Car mais narresteray ne de Jour ne de nolt
Se scanra ou Eoglois sont arrestes et mis »
Par derant Pon?alain sfu desioubs dun laris ,
Dessus un sablonnfcr tn dehors des courtla
Aux Englois liTrera bataille et estrif ,
590 SUB XÀ BATAILLE DE JI>ONTVALLAlIf.
Tout aussi tost ce dist qu'il les aura choisi.
Sire Dieu francois et questce que tu dis ?
Ja est H noire nuit, cest li temps obscurci
Et vente d'un frais ?ent qui a ttaucier ce^ t pris »
Et si p!uet malement en accroissant tous dis>
I<îe liât si devers temps passez a des mois z
Nest homme qui durast ne de jour ne de nuit»
Avises vous Bertrant chlere sire et amie ;
Attendons a demain que jour soit esclairci
Et que cila temps sera achojsie et assis.
Et quant Bertrant oy de ses François les dis»
8i leur a dit en hault si quil fust bien oy :
A primes fait il boa dessus nos anemis;
Car ils seront bricfment attrapes et 80up|>ris«
Adieu le yen jamais ne seray desvestis ,
Ne je ne mangeray de pain blanc ne bis ,
Ne ne bevray de vin ne de piment jolis ^
Se maugre moi nen suis a la terre flatis
Sanray trouvez Englois et commancie estrie.
Yiengne a moi qui vouldra sans quérir nul destrî».
Car ceulx qui ny viendront par le corps Jésus Christ
De trahison seront reputes et près pris ;
Encuser en seront au roy de saint Dent»
He Dieu disent Crancois vescy un anlecrit !
Des or sen va Bertrant si brocha le destrier t
Ko sa route n'avoit pas vc escnyer
Qui avecque lui s'en vont qui ne losent laissier.
Dit Jehan de Beaumont a Bertrant le premier
Ce fust bon con fiist la trompette greiliier.
Afin con 9e peust autour de vous i;alier
Et con se peust mieux devers vous radrecier ^
Car li temps est si noir a vérité jugier »
Con ne scaura tenir ne voye ne sentier.
Et di»t Bertrant veez parolle de bergier.
Si ma trompette aloit m faisant son mestier.
Tel U poairoil olr espie ou messagier ^
hum LA BÂTAIU.B DE POVTVAUAIV. Vî
Qai aux Roglois yroit ma fenue iMiieicr.
Yieog qui puet TeiUr, pensons de chevattchier ;
Demain narons Eoglois t ailliasant nn denier*.
Çr fil li Bertrant à la chiere hardie
Bien près de PonTalain en vne praierie.
Le temps se reclarcy et si tacha la ploie
Et le soleil lera qoi luit et reflambie.
13 n petit a'arresta Bertrant et sa maignie.
Et regarda sa gent qui monlt et mesaisie.
Bertrant araisonna sa noble conipaigDfe.
Seigneurs ce dit Bertrant or soit ma Toix oje ;
Je scay moull bien quBnglois loin de cy ne sont mie ,
Alcr ne noua fsuldra ne lieae ne demie
Que nous les trou ferons dessus la praierie.
• ••••••»..•• ••••••••••
Ja serons si soarpris loisir n'auront mie
D'ordonner en convois leur grant conestablie ;
Aussi serons sourpris comme du falcon la pie.
Se nous sommes peu gent^ae nens nons doublons mie ;
Car nous aurons secoar de Dieu le fruit de vie
Et de nos gens qui fiennent au loing de la chancie.
Bertrant de Glaiequin flst rafraîchir sa gent ;
Mais petit leur valut leur rafraîchissement ,
Car trop furent mottillies et pênes ensement ;
Et leurs cheyaulx foules et lasses laidement.
Et non pour quand se sont ordonnes gensement
Et tous leurs draps escous en tordant fermement ,
Bien se sont convoyés et armea puissamment
Tons prest pour s'sssembler se le besoing les prent ,
Saroient pain et vip apportea en présent^
Dont couvées ce sont a ce desvinement.
M
• ••••••,•• •••••••••••••
Pais montent a cheval habandonneement
Et vont tant chevauchant quils voient clerement
Englois qui sur les champs sont arreateement,
À
382 SUK LA màTà!KLM Dt lOHTTAUAtll»
En aae ronte sont enimur fif wi vK| enii;
Les autres aux TiUaf e» preooieftt legemeui.
E Bettrant sea «euoita bannière abaissie »
Tellement qu'il ny ot baniere étpXojt ,
Ne trompette sonnée on ny brait ne ne crie;
Dessus leurs bassignes par semblable maiatrie
Orent mis de leurs draps qail né rebusenl mie»
Affin quEnglois pensassent quefust de leur nmignle*
Quent près furent d'Englois si qu» dnmy arrtite »
A pie sont descendus en my la prale»i«
Et puis se sont ranfies tout k Itewr commandie,
fit si ont descouverte mainte armenre joli*»
Et maîns penons le? es mainte enseigne drecis ;
Et approucliant Englois e« disant Dieu aye»
Monljoye Nostre Dame au Roy de saint I>enis
Glaiequln H meilleur Englois perdront la ?}«•
Lors ferirent sur Englois par telle lélonnie ,
Que chascun abati le sien sur la chaitele
Englois sont esbaby ly un brait lanttè crie ;
Qui les veist courir parmi loat scignonrie
Et fouira ca et la en mebant laide vie ;
El.crioient en baolt toir nostre ost est trahie.
A Thomas de Graeson fut la chose gehye
Que Bertrant est venus qui les Englois obastie
Et quant Thomas Ict sceut la cbiare en os marrie
A Dieu ! ce dist Thomas or scay Je sans faillie
Que mon henudt a qoe jeu ma lecire baillie
Ma amenez Bertrant par ti^hison bastie.
Thomas cils de Granson ne iy y» deslayant ,
Maintenant flst sonner sa trompette t elMaot »
Et ii Englois seront entour lui assemblMt ,
La environ viij* les ala on aeobranU
^— «-wr-^wr
SSd
QDlITiKIUUSS Aia(&ID]|(|>IMX&a(^Iin28a
I^ Conseil administratif de la Société fraeçaise pour la
coQseryation des monuments , s'est réuni à Gien le lo juillet;
Après avoir entendu Tanalyse de la correspondanœ , il a
nommé membres de la Société :
M. DE Saiiit.-Mjssmui, correspondant de riostitut, Il Dijon.
M* MAjuiARD BS Cbambubb, président de la oonunission
d'antiquités de la Cole-d'Or, à Dijon.
M. BouBDOv, clief de bataillon en retraite , à Caen.
M. Maiuabd de Chambure a été proclamé inspecteur ton^
serrateur des monuments de la Côte-d'Or.
Le conseil , après une discussion , dans laquelle MM. Dan
de la Vauterie , Méritte^Longchamp , Lair , d'Anisy , oot
successivement pris la parole j a autorisé les membres de la
Société , résidant dans le département d' Indre-et-Loire , h se
réunir pour délibérer , lorsque la conservation des édifices
de ce pays le rendra néoessaire.
Séance extraordinaire ^ du5i juiUei, à Pont^Audemer
( Eure). Cette séance a eu lieu à l'occasion de la séance géné-
rale , tenue dans cette ville par l'association Normande. M.
de Gaumont a présidé la séance. M. de Bordecôte , de Pont<-
Audemer , a rempli les fonctions de secrétaire.
M. le comte de Chastbulux , de Paris.
M. DE GUILLBBMY , id.
M. Le Refait , de Pont-Auderaer.
M* Le Nobmand , maître de pension , id.
Ont été nommés membres de la Société.
584 NOUVELLES ABCHéoLOGIQtJBS.
M. de Caumonta reoda compte des importantes découvertes
de constractîons gallo-romaines , faites près d*Avallon , sur
les propriétés de M. le comte de Cbastellux ^ ces ruines , et les
mosaïques trouvées au milieu d'elles, annoncent une villa
considérable, M. le comte de Cbastellux fait espérer un plan
de ces constructions.
M. Frédéric Nasse a entretenu la compagnie de ses re-
cbercbesdans T arrondissement de Lisienx.
M. Canel a fait un rapport , rempli d'intérêt , sur les mo-
numents historiques de Pont-Audemer et des environs. Ce
rapport sera publié dans le Bulletin.
Une enquête a eu lieu sur les réparations , faites depuis
quelques années , aux monuments de Târrondissement. MM.
Canel , Le Reiait , et de Bordecôte , ont donné a ce sujet tous
les renseignements que la Société pouvait déstrer.
Une somme de 5o fr. a été allouée peur aider à conserver
les vitraux de Téglise de Pont-Audemer.
De Bordecôte , secrétaire.
Séance du i8 aoât i858. Le conseil s'est réuni à Caeu
le i8 août. M. Théodore de La. Fresnaye , de Bernouville,
près Gisors , a été proclamé membre de la compagnie.
M. deCaumont a rendu compte des démarches qu'il a faites
au mois de juin , pour acquérir les ruines de l'abbaye de
Savigny (Mancbe}, et de l'espoir qu'il a de voir bientôt le
marché conclu , par les soins de M. de Milly , membre de la
Société, dont le château est peu éloigné de Savigny.
Destruction des anciens fonts baptisnumx, — Dans des
excursions, faites à diverses époques, dans ledépartement de la
Manche, M. de Caumont a remarqué que MM. les curés font
KouTELtBs abcrIokociqvbs. 585
disparaître les anciens fonts baptismaux en pierre , dont les
^li&es de ce pays possèdent encore un certain nombre , pour
y substituer des fonts modernes en marbre ; il en est malben-
reusement de même partout ailleurs Les marbriers favorisent
ce fâcheux penchant des curés , en les engageant à prendre à
bon compte les fonts qu'ils fabriquent d'ayance. Il serait à dési^
rer que les évêques ûssent à ce sujet des remontrances aux
cures , dans leurs visites pastorales.
Dans le diocèse de Coutauces surtout , on a détruit depuis
10 ans plusieurs cuves baptismales d'un grand intérêt ^ pour
mettre à leur place de petits fonts en marbre d'un style pi-
toyable. M. de Caumont a écrit à ce sujet k M. Fabbé de La
Mare , vicaire général du diocèse, qui prendra des mesures
pour arrêter le mal.
Examen de l'autel dtAvenas, — Il existe dans Téglise
d'Avenas, en Beaujolais , un ancien autel en pierre , signalé
comme pouvant remonter à l'époque de Louis4e-Débonnaire.
11 importait de vérifier cette assertion , et M. de La Saussaye
vient de se transporter à cet effet à Avenas ^ en revenant de
Lyon à Blois : voici ce qu'il nous écrit à ce sujet.
a L'église d' Avenas est curieuse , et bâtie comme le té-
V moigne Tinscription de l'autel , par un roi de France du
or nom de Louis, mais cette église et Tautel ne sont pas, à coup
a sûr, de l'époque qu'on leur a attribuée. L'inscription est
et loin d'être claire (i), j'en ai pris %kn fac-similé] j'ai des-'
(1) Cette inscription a été publiée ainsi qu'il suit, dans la
AeYue du Lyonnais , par M. Pericault;
Rex Ludovicus plus e/ virtutis amecgs
Offerta ecclesia m recipit ciintius istam
Lapade bissena fluilurus juUus ibat
Morsfingç^t obposita régis ad Iniitum*
k
»
586 ROUVELLBi ARCHÉOLOGIQUES.
ff sine aussi le bas-relief qai la surmonte et qui représente le
« roi offrant Féglise à un anachorète. L'église du bas-relief
« est fidèlement copiée sar celle dn village qui doit être du
s XIP. siècle on peut-être da XIII''. L'épithète de pû«f et de
« viriuUs amicus semble bien convenir à St. -Louis 5 dans
« tous les cas , il est impossible de faire remonter cet autel
« aiHlelà dé Louis VIII • »
•— Tombeau de Richard-aeur'de-Lîon , à Rouen. M.
Acbille Deville a fait pratiquer ^ dans le sanctuaire de la
cathédrale de Rouen , des fouilles qui ont amené une dé<^
ootiverte archéologrgoe fbrt importante. On a retrouvé, à deux
pieds de profondeur , au-dessous du pavé , la statue qui déco-
rait le tombeau de Richard'Coeur-de-Làon , et la boite qui
contenait le cœur de ce duc de Normandie (f ).
Cette statue a été trouvée à la place même qu'occupait le
tombeau , à gauche de TauteL Elle est longue de six pieds et
demi 5 Richard^ccettr-de-Lion y est représenté couché , ayant
kêes pieds un lion.
Le tombeau que surmontait cette statue couchée j était dans
l'origine entouré d'une grille d'argent , qui fut vendue au
XIIP. siècle ^ pour payer la rançon de St.-Louis^
*^ F^oyage en Crimée y au Caucase^ en Géorgie et €/»•
Arménie* ''^fA. Dubois de Montpereux a consacré plusieurs
années à visiter , dans un but purement scientifique , la
Crimée, le Caucase, la Géorgie , l'Arménie et les autres pro-
vinces transcaucasiennes de l'empire russe*
Parmi les nombretii renseignements de tout genre ,^ con-
tenus dans l'important ouvrage, auquel le voyage de M.
de Montpereux va donner lieu, on trouvera tout ce qui
(1) Le corps du prince arait été Mmnié à FôntetraïUt.
/
aroOTELLSs ABCBioLOGrQVES. 387
concerne Tarcliiteclare des contrées caucasieniies et de T Ar-
ménie , sujet qui a été jusqu'à ce moment, effleuré k peiné f»c
les yoy£^eur3; l'auteur a réuni en un corps d'0bservatioas
tout ce qui concerne ce sujet intéressant.
Il a partagé ces monuments en plusieurs classes d'après leur
style: i®. styie byzantin j 3<'. style arménien j S°. style géor*
gien 5 4°. style peisan , mauresque.
Dans une autre division de son .outrage , il a décrit les
cryptes , les tases antiques , les ouvrages en terre: cuite ,. les
statues , les tombeaux ,. les bas-rêliefj , etc.
Pour les cryptes , il a recueilli de nombreoY matériaui sur
celles d'Ouplostsikhé> bien antérieuics à notre ère, sur celles de
Vardûe que baignent les eaux du Cyrus, sur celles de Gouimé,
au bord de la Kvirila au sud du Caucase ^ il a aussi étudié
celles de Tépékerman , d'Inkerman , de Ma»goup en Crimée*
Lei ouvrages en terre cuite ne sont pas nombreux ^as et
pays, mais il n'en est pas de même des. ornements de tonsgenres^
en or , en argent , en yeiire , en pâtes coloriées qui viennent
des tumnlusde Kertcbe et d'autres points de la Crimée.
M. de Montpereux publiera une suite d'inscnpiions
grecques, géorgiennes , arméniennes et couiiques , cboisissant
celles qui ont un intérêt réel,
M. de Caumont a récemment visité M. Dubois de Montpe^
renx , près de Neufchâtel (Suisse) où il habite, et il a pu exa-
miner le précieux portefeuille du savant voyageur qui a bien
voulu loi faire part de ses observations avec la plus grande
obligeance. Il résulte des dessins et des recberches de M. de
Montpereux que la substitution de l'ogîve au plein cintre n'a
point eu lieu , dans les contrées qu'il a parcourues , plus tôt
que chez nous , car plusieurs églises arméniennes de 1 16a
environ sont escocc à plein cintre, et le système ogival ne
s'est guère introduit que vers le milieu du XII''. siècle. Ce
588 WOUVEtlES iB-GHEOlOGTQVBS.
résultat mérite d*ètre sigoalé aux lecteurs du Bulletin luonn-
mental 5 ils trouTeront dans Fourrage de M. de Montpereux ,
que toutes les bibliothèques publiques devraient s'empresser
d'acquérir , de précieux détails sur le style des églises armé-
Bien nés , leurs plans ordinaires , etc. , etc.
Congres scientifique de France* Sixième session. — Le
congrès scientifique de France a ouvert sa sixième session ,
h Cler mont- Ferra nd , le 5 septembre. Le nombre des
«embres inscrits s'est élevé à ii55« La réunion a duré
onze jours 3 la section d'archéologie était de toutes la plus
nombreuse (90 membres). Le bureau central du congrès était
composé de MM. de Caumont , pre^û^en^ ; Tailhand , prési-
dent à la cour deRiom. l•^ vice-président ; G**, de Raisimont,
a^. vice-président. MM. Le Coq et Bouillet , secrétaires géné-
raux. MM. de La Saussaye , de Blois 3 Grasset , de la Charité^
Hunattlt de la Peltrie, d'Angers; Tournesac, du Mans;
Chevreaux , d'Ëvrenx ; Thevenot , de La Mothe et Gonod , de
Clermont ; et plusieurs autres membres de la Société pour la
conservation des monuments , ont pris part aux discussions et
présenté des communications très-importantes.
La septième session aura lieu au Mans en 1859. ^^- ^^^'
vin , IVichelet et Anjobault , membres de la Société , ont été
chargés de remplir les fonctions de secrétaires.
On a remarqué parmi les membres du congrès de Clermont
sir Robert Brown , de Londres , membre de l'Institut de
France 3 sir Hary Inglies , membre du Parlement et de la
Société des Antiquaires de Londres 3 sir Melvil^ de Londres ;
M* Maravigna , professeur à Catane , Sicile ; M. Pollet ,
architecte de Lyon 3 M. Homer , de Londres ; et plusieurs
autres savants de distinction.
Vingt départements ont été représentés au congrès.
i iiti Uiil>4..il.. 8ir;'>.il ■ ■■ i' Uni
NOTICE
Sur les Monuments religieux les plus remar-»
quahles de t arrondissen^ent de J^nt-Audemer
(EureJ ;
Pxa M. CANEL ,
Membre de pliialenn Socîétéa Mvrates»
(Lue à la aéanee tenae à Pont-Audemer , par U Sodëté pe«r la
conservation des monamenta ).
Canton db Pont-Audimbb.
4
Eglise de Sl- Ouen , à Pont-Audemer.'^Elle est de deai
époques : le chœur appartient au XI*. siècle , la nef à la'
fin du XV*. et au commencement du XVI*. siècle.
Le chœur a été complètement défiguré par ceux qui , à dif-
férentes époques, ont prétendu Tembcllir. J'y signalerai,
cependant, un chapiteau fort grossièretiient sculpté, rcpré*
sentant deux combattants. La nef, construite de i485 h iSiS,
offre un mélange de style ogival et de style de la renaissance.
Quoique inachevée, elle est d'un fort bel effet 5 les vitraux ^
surtout^ sont très-remarquables.
Eglise de St.- Germain , à Pont-'Audemer, — Cette église,
souvent restaurée , parait être la plus ancienne de la ville.
Son orientatioii j du sud-oue$t au nord-est , m^ porterait à
29
croii-e qu'elle est du X'. siècle. Jadis le chœur ëlait termine
par trois apsides de forme arrondie ; deux ont été remplacées
au XI Y*, siècle , par une muraille droite , percée de deux
grandes feaêtres. Le clocher est du XIII*. siècle.
' EgUse dé Notre-Dame-du^Pré on du Sépulcre , à Pont-
Audemer.'^W ne reste plus qu'une partie de la nef de cette
église , qui présente tous les caractères de Fépoque de tran-
sition du roman au styl^ ogiral. Elle offre plusieurs détails
intéressants , notamment à son extrémité occidentale : je dois
surtout signaler , entre la grande porte d'entrée et la fenêtre
fliipérieure , une assez large saillie de la muraille , formant
une espèce de mâchicoulis , an-dessous duquel se déroule une
rangée de corbeaux , remarquables par leurs sculptures ^ ces
corbeaux sont presque contigus j les uns s'avancent sous les
mâchicoulis , les autres dépassent à peine la surface de la mu-
raille inférieure.
. L'église du Sépulcre est devenue propriété particulière et
sert de magasin à écorces.
Eglise de Nolre-Dame-de' Prêaux.^^'LaL commune de
Préaux conserve à peine la trace de la belle ^lise romane de
l'abbaye de S^-Pierre. La modeste église paroissiale , de la
même époque que la basilique conventuelle , a survécu au
riche monument qui l'avait si long-temps éclypsée j mais elle
n'oSie pas d'autre intérêt que w& huit cents ans d'existence.
 S^ -Michel de Préaux , une insignifiante église paroissiale |
en partie romane , a aussi survécu à l'église des religieuses.
Eglise de Selles ^ •^- Le cjocher , orné de corbeaux et de
fenêtres cintrées , appartient an XI*, siècle | et le reste de
édifice au XV.
DB l'ABRONDTSSSMeKT DE POHT- AVDEMER • Sgt
Eglise de Si^-Mards-sur-Risle* — L'église romane de S^-
Mards, Tuoe des plus remarqnables de nos campagnes, se
Tecommande sortont par son apside semi-circnlaire et par son
clocher , placé eu saillie an snd de Tédifice. I^ partie inférieure
de ce clocher est oroée de lancettes aveugles terminées en
pointe , tandis qne les décorations de Tétage supérieur sont à
plein cintre. Plusieurs parties ont été restaurées. L'église de
SS'Mards n'appartient plus & la commune.
Eglise de Fourme/br.— L'église de Fônrmelot est moderne;
mais son clocher , gpecimen de l'ancien édifice, appartient à
la seconde moitié du XI*. siècle. Il doit être signalé comme
l'un des plus remarquables de l'arrondissement de Pont*
Âudemer.
Eglise de Comeville. «^L'église de l'abbaye de Corneyille
et l'église paroissiale étaient contiguës. Cette dernière , seule ,
a été conseryée. Il n'y a que son portail roman qui mérite
d'être signalé*
Cautoit de Quiixibiitf.
0
EgUse de Quillebeuf. *— Les parties les plus anciennes de
cette église sont du XP. siècle. Le clocher et sa tourelle sont
très-ornés. Le portail est aussi fort remarquable , et la plupart
des pierres formant la muraille sont marquées de losanges en
creux. Le chœur , beaucoup plus moderne , est d'une gracieuse
simplicité. Les fenêtres ogivales de cette partie de l'édifice
lont ornées de peintures. La plus curieuse est la pr^nière dn
côte nord : elle représente la confrérie de la Charité , ayec les
costumes du temps.
SQ7 &UB LBS MOiriiUCKTS RBLIGIBVX
Eglise du Mardis- Fermer, — Cetlc <^gltS9, dédiée le VI
des Ides de décembre 1 129 > possède encoie cioq feuêtres à
plein cintre , de moyenne grandeur. Elles sont à demi-en-
foncées dans Tépaisseur de la mnraille. Deux simples cordons,
formés par des cannelores , les entourent complètement ; pais ,
à la surface de la muraille , deui autres cordons de même na-
ture régnent sur le bord de Touverture. Une fausse fenêtre
romane , ornée de dents de scie , est sculptée sur la muraille
du chœur.
Eglise d* Aizier. '^Elle a. été plusieurs fois restaurée 3 mais
elle se recommande encoi^e par un beau clocher roman à toi-
ture en pierre , et par soq apside semi>circulaire.
Eglise de Ste *- Croix sur- Aizier,--- Je ne trouve i y si-
gnaler que trois verrières du milieu du X\b. siècle.
Eglise de Boum^ille. — Avant i8?4 » c^tle église aurait
pu être visitée avec intérêt 5 mais elle ii^a conservé , de son
architecture primitive , qn un clocher lourd et disgracieux ,
qui parait appartenir au XIP. siècle.
Cantov de Rotjtot.
Eglise de Routot, — L'église de Routot est un monument
remarquable, ap)artcnai]t aux derniers temps de Tarchitec-; •
ture romane. . Le clocher , enrichi d'ornements variés , est
soutenu par des contreforts qui s'étendent , eu s'aplaiissant,
de la base au sommet , et qui sont décorés de bourrelets entre
lesquels règne une rangée d'étoiles. Le chœur est du même
style ; raaiâ le portail est du XVI". siècle.. Â l'intériettr , on
DB L*ABB1UtPli9SMBIIT 0B H»rT«AV0BMBlt. 3g5
remarque particalièrement les fenêtres et fausses feuètres du
chceur » aiosi que les sculptures des stalles.
Egiise de la Trinité de Totiberville.-^We est romane.
L'architecture en est fort grossière j la porte latérale , cou-
ronnée de sculptures plus délicates , parait atoir été retoncbée.
EgUsede Bctêrg-Ackard.^^Li portion de FégBae de Bourg-
Achard , la plus curieuse sous le poiiU de vue arcbitecturaft^
a été détruite y en 1829 , par la cbute du doeber. Le cbœur ^
qui a été conservé , n'offre rie«i k signaler ; mak quelques
objets curieux j ont écbappé k La destruction s ce sobt les fonts
baptismaux, monument curieux de Tart loman- j dès vitraux
peints , des stalies et un bauc d' œuvre (^ni fait l'admiration
des artistes et des antk^uaires..
Egiise de Falletol.^^Son portait roman est h seule partie
qui appelle Fattentioov
Egiise étEtreviUe. — Le clecber , élevé sué une ie^ aile»
qui, donnent i l'édifice k forme d'une croix, est la partie la
plus remarquable. Il est percé de quatçe fenêtres appartenant
à l\'poq^ue de transition du romaaaustyle ogîvaL
Eglise ^EturqiieMÎe.r^Eglise du XII*. siècle , dont la
pallie la mieux, conservée est le clocber.
EgUse de la Hay^e^Atdfree."^^ la mime époque que fa^
précédente,, elle lui ressemble dans beaucoup de détaib ; le
cloeher surtout a beatKot»p de rapporl&a vec celui^d'Ëturqueraie
Egiise de HauviUe, — La construction de cette égrise re-
5^ SVn LES MOKUAfSyïS HBLIGIBUX
moute à la jdeaxiéme moitié du XI*. siècle. Le portail et le
clocher sont les parties les plus remarqaables.
C^ITTOir DB BoVnG*TEBOVL0B»
Eglise de Bourg-téroulde, — Cette église ne présente aucun
détail important d'architecture j mais on peut y signaler trois
verrières , conservées lors de la reconstruction du chœur , ii
y a environ on siècle.
Eglise de FlancourL — Je ne trouve & y signaler qu*une
fenêtre qui m'a paru remarquable : coupée à angk droir ,
comme la plupart des fenêtres modernes ^ elle présente , dans
ses compartiments sculptés , tous les caractères de TarchiteC'
ture du XV®. siècle.
Eglise de Jlieillemont» »— Celte église n'offre aucun inté-
rêt ; mais on y trouve un tableau ( tout à la fois sculpture et .
peinture ) qui m'a paru mériter une mention honorable. 11
représeete , sculpté en demi-bosse , Jésus-Christ auprès d'un
vaisseau et soutenant saint Pierre sur les eanï. Ce travail sur
bois est recouvert d'une peinture grossière dont les nuances
^ont très-prononcées. La sculpture m'a paru être du XIV*. oil
XV*. siècle.
CabIOX SB MOKFORT'SUR-BISLB.
Eglise d^AppeviUe-Annebaut, -^ Reconstruite en i55o ,
cette église appartient cependant au style ogival par ses fenê-
tres, par sa porte principale et par ses arcades intérieures ;
mais son élégante tour carrée présente tous les caractères de
•J4 renaissance.
r
Eglise de BrétoL-^he clocher et le ciiœur de cette église
méritent d*être signalés. Uiie dés fenêtre du cbœur e$t ornée
(l*une colonne romane à £(it brisé ^ [c'esl-à-dire s^élevaut en
zig-zag. ^•
Eglise d'IBenfilkn — Bâtie en io5o. An chœur, la tête des
ogives est surmontée d''an£ découpure' en: dents de scie ; à K-in-
térienr , les arcades sont cintrées. ^
».
C^NTOlf DB ST.-GB9liaE«*DU^VlèvJt£j
■.1..; ' ..>
f
Eglise de Zdeuray.-^ljc style do XP. siècle s'y kti'ouvéi
notamment ^ dans le clocber , massif et presque saQS ornement ,
ainsi (\xïk rextrémîlé occidentale de la ûe( , décorée d^nne
simple lancette, aii-dessons de laquelle règne, dans la ma-
j^onnerie, une, double ligne de tuilesN disposées en arête de
poisson*Le reste de l'édifice est de plusieursépoquespostérieureSt
Eglise de iàlfoe'Poulain.'^llotte latérale romane bien
conserréet
Eglise de St^^Etienne-'irAtUer^'^lSWe date de la deuxième
moitié duXI^. siècle. Le clocber, la porte ogivale À colonnes
et cbapiteanx romane , et las modiUons de formes div^rsest,,
qui décorent la nef et le cbaor, méritent surtout d'êtne
signalés*^
CaVTOV !>% COBNBILUS^
Eglise de Morainville^^'^n clocber roman est remar-
quable par l-absence de tout ornement»
j
Sg6 nm ut utm^Mmm bmubibvx
CâiTTOir DB BEUtivaig.
Eglise de «SSr.-J!f^7o/btf»— Elle n'a conservé d'intéressant
que son vieux clocher roman.
Eglise de Foulbec. — Son )oli portail est le morceau d'ar-
chitecture le plus curieux qui existe dans nos églises rurales.
Il repose sur deux piliers prismatiques complèlemeut chargés
d'ornements de haut en bab. Au sommet de Tarcade romane «
on voit un agaeau pascal et un personnage à cheval , au-
4e3S0QS desquels voltigent des tètes de chérubiqs.
Eglise de FatouvUle, •— Porte latérale d'un beau style
roman.
Eglise de FiquefUur. — Eglise romane en forme de croix.
Note supplémentaire, relative aux restaurations
des Eglises.
De tout temps , il a existé des hommes ignorants qui ont
défiguré les constructions anciennes sous prétexte de les em-
bellir , et , malgré les efîbrts de la Société pour la conservation
des monuments , ces hommes ont encore parmi nous de
nombreux imitateurs, d'autant plus inexcusables, pour la
plupart , que les conseils ne leiir ont pas manqué.
L'arrondissement de Pont-Audemer est un de ceux qui ont
vu le plus de monuments déflorés par la main malheureuse
des maçons amateurs. Il n'est peut-être pas une église de cette
DB L'àJimOHDISSBMIRT DB POBT-AVDBMBR. 5g7
drcooscription qui n'ait eu i souffrir qaelqae acte de vanda-
lismc plus OQ moins déplorable. Depuis la cbate du clocher
de l'église de Bonrg-Acliard , occasionnée par la suppression
d'une partie des piliers de soatenoement , beaucoup d'autres
édifices religieux ont été déshérités de leur solidité ou de leurs
ornements les plus xsurieux , pour les motifs les plus puériles*
Je signalerai principalement :
L'égli&e Saint-Germain k Pont-Audcmer dont une partie a
été murée et dans laquelle on a supprimé deux charmants
couronnements d'autel du XVP. siècle , pour y substituer de
la menuiserie de salle à manger ;
L'église de Tourville qui a vu un ignoble badigeon s'é-
tendre sur des groupes de figures fort curieuses , tracées eo
noir à la voûte du choeur , et représentant de» sujets tirés de
la bible qui faisaient allusion , à ce que l'on croit , à l'histoire
locale de la commune ^
L'église de Selles si inconsidérément restaurée que le
conseil municipal, poussé par les plaintes de la population ,
sh cru devoir appeler sur cet objet l'attention de l'autorité
supérieure ;
L'église de Manneville-b-Raoult de laquelle on a Ëiit dis-
paraître , malgré les murmures des habitants , une vaste che-
minée fort ancienne , qui était adossée contre la muraille
du portail , à l'intérieur «... etc. '
Quand l'opposition d'une masse de citoyens est impuissante
pour empêcher de tels méfaits , peut-on espérer que des conseils
isolés seront entendus? je ne sais. Toutefois, il ne faut pas cesser
d'en avoir l'espérance. Peut-être arrivera-t-il ^ d'ailleurs ,
que la divulgation de ces actes de vandalisme imposera quelque
l'etenue à ceux qui en méditeraient de nouveaux.
NOTE
Sur t Eglise de La Celle-Guenand , adressée
par M. MoRïiAu à M^ de Caumojst.
On a signalé Féglise de la CeHe-Gaenaud , arroadisseinf^ot
de Loches , département d'Indre-et-Loire , comme datant du
VIII* siècle.
Permetlez- moi de vobs adresser à cet égard (Quelques oli*
çervations. Je pense que Féglise à& la Celie-Guenapd est très-
curieuse , très'digne des regards des amateurs ^ mais je ne pen»e
pas qu'elle soit du YIII*^. siècle» C'est à. d'à i^J^^^» ûties qu'elle
mérite tout Fintéçêt des archéologues.
Je Fai visitée pendant un voyage que f ai fait tout récem-i
ment ea Touraine. Malheureusement , je n ai pu prendre, ni
notes ni croquis; le temps me pressait ; et c'est avec le seul
secours» de, ma mémoire que je vais vous eu parler. Je tâcherai
pourtant que ma description soit e&acte , si elle nest pas aussi
complète que je le voudrais. ,
A mon avis , Fégtise de la Celle-GuenaDd est du XI% siècle.
Elle a tous les- caractères de Farehitecture de cette époque.
LUe est bâtie en croix. La (açade de Fouest est peicée d'une
porte à plein cintre ^ qui présente trois arcliivoltes supportées
par des colonnes cylindriques. L'aixhivolte la plus élevée est
ornée de masques régolicrement rangés côte à cote 5 celle du
milieu est chargée de sculptures où l'on distingue des enfants
qui ne sont pas sans grâce 3 les ornements de la dernière ne
SUH t'éOMSB DE LA CBLtE'GUElVA.NO* 399\
sont plus recoonaissaUles. Les chapiteaux des colonnes^. mu-,
tilés , usés par le temps , recouverts d'une épaisse couche de
chaux , n'offrent à Tœil qu'une masse à peu près informe. De •
chaque côté de la porte , sont deux portes bouchées , aussi à
plein cintre , et dont Funique archivolte s'appuie également
^ sur des colonnes cylindriques. La façade est partagée en deux
par ua cordon assez saillant , et scintenue par quatre contre-
foi tsd'un demi-pied environ d'épaisseur. Ces contreforts s'ar-
rêtent un peu au-dessous du cordon , et par conséquent n'ont
que la moitié de la hauteur de la façade. Deux s'élèvent aux
extrémités; les deux autres séparent la porte principale des
deux portes bouchées ^ en sorte qu'ik divisent Tétage inférieur
de la façade en trois parties d'une égale largeur.
Au milieu du gable s'ouvre une grande fenêtre dont le plein •
cintre est supporté par deux colonnes cylindriques. Elle est
surmontée d'un cordon orné de tètes de clous.
Le plein ciutre se rencontre partout dans les ouvertures des
constructions primitives. Les fenêtres de la nef et celles du
transept présentent les mêmes caractères que. la fenêtre de (a
façade ; seulement , celles de la nef sont beaucoup plus petites. .
Au-dessous de ces dernières courait une espèce de frise , qui
n'a pas encore entièrement disparu , et oi!i Ton voit des sculp-
lures bizarres.
Primitivement , le chœur devait se terminer en hémicycle^
et être accompagné de deux chapelles également arrondies. 0»
aperçoit encore le mur extérieur de la chapelle de gauche.-. Ce
mur est surmonté d'une corniche que supportent des modiilens
à &ces grimaçantes. A l'intérieur, la chapelle a été bouchée
par un mur droit. La chapelle de droite a été remplacée par
une sacristie dont les fenêtres II ogives indiquent la date du
XIV*. siècle. Le chœur est carré aujourd'hui , saos chapelles
400 $V% l'&SLISB DB LA CBltB-GVBlTAVD.
latérales. Il existe dans le pigoon nae fenêtre à lancettes dont
les arcs trilobés ont autant de régularité que de grâce.Mais
elle a été bouchée plus récemment en mauvaise maçonnerie ,
pour servir d'appui à un autel moderne fort insignifîant.
Le clocber s'élève au centre de Téglisc, ou, pour parler
plus exactement , sur le milieu du transept. Il est supporté par
quatre piliers carrés et couverts de demi-colonnes engagées
d'une forme grossière , et dont les chapiteaux sont sans aucune
espèce d'ornement. La voûte est une coupole sexagone , que
termine une large ouverture également hexagone. A l'extérieur,
le clocher est quadrangulaire , percé sur chaque lace de deux
fenêtres à plein cintre , avec archivolte. Il est surmonté d'une
flèche en charpente. La corniche s'appuie sur des modi lions
semblables à ceux dont j'ai parlé plus haut. L'escalier forme ,
à l'angle nord du clocher , une tourelle couverte en pierres ,
et qui se termine à la base du toit. A je ne sais quelle époque
et pour je ne sais quelle raison , on l'a abandonné et l'on a
construit un antre escalier dans le mur latéral de la nef , h
droite en entrant. Mais l'ancien escalier et la tourelle subsis-
tent dans un bon état de conservation.
Je pense , Monsieur , qu'il est difficile de ne pas reconnaître
dans l'église que je vieus de décrire , une église du XI*. siècle.
Tout dans sa construction primitive lui assigne cette date.
Mais il me reste à vous parler de ce qui , à mes yeux , fait
surtout le mérite et l'intérêt de cette église.
Originairement la nef n'ét^rit point voûtée. C'est environ
un siècle plus tard qu'uu seigneur de la GsUc peusa à ajouter
cette indispensable construction aux constructions primitives.
Ce projet n'était pas sans difficultés : les murs de la nef sont
d'une assez médiocre épaisseur ; l'arc à plein cintre qui sépare
la nef du traubcpt , supportait déjà le clocher 3 il pouvait y
ayoir da danger ii le charger davantage. Oi» pouTait prodsine
par la poussée des voûtes ua écarleiiienC qui aurait renversé
tout Fédifice. Il fallait donc construire une voûte qui ne
portât point sur les mmb latéraux de la nef , et qui ne toucha^
mèuie pas an mur intérieur du transept. Cest ce qu'on a fait.
Un mur> percé d*une arcade en tiers point, a été élevé ea
avant du mur du transept , dont il est éloigné d'un pied en-
viron. C'est ce mur qui , du côté du chœur , supporte tons lei
efforts de la voûte. Du côté de l'entrée , le mur de la façade de
l'ouest , fort épais , soutenu d'ailleurs par quatre contreforts ,
a été jugé suffisant pour porter une partie du fardeau des nou-
velles constructions. Oh y a rattaché la voûte par des piKers
carrés , couverts de demi-colonnes engagées. Puis y dans la
nef y quatre piliers d'une énorme grosseur , composés ^ poi\r
ainsi dire , de piliers accouplés dont les plus saillants sont
aussi couverts de demi-colonnes , se p nagent le poids des
trois voûtes qui abritent la nef tonte entière. Chacun de ces
piliers vient s'appuyer sur les murs laté.aux par un arc en
quart de cercle ^ qui n'est évidemment la que pour prévenir
récarteraent de la voûte.
Il est clair pour quiconque examine l'église avec attention,
que la voûte est uue œuvre ajoutée après coup, et qu'on pour*
rait l'enlever sans nuire h Tcdificc primitif. Pour me servir
d'une expression géométrique, elle est inscrite dans la nef.
Elle y est adhérente, mais elle n'en fait pas partie essentielle.
L'architecture nouvelle appartient au premier âge du style
ogival; tous les arcs sont en tiers point. Mais il faut le dire,
le travail en est fort grossier. On n'y trouve ni cette élégance,
ni cette délicatesse, ni cette légèreté qui sont les caractères dis-
tinctifs de l'architecture à ogives. Ij^^ nervures des voûtes,
loaladroitemeut arrondies j s'appuyent sur de petites col^nnei
'402 SVR L'fetïSB DE LÀ CELlÉ-GVENAKD.
cylindriques de deux à trois pieds de haut, qui s'ëlèvent k
chacun des angles au-dessus de la cornicLe qui surmonte les
piliers. Les chapiteaux épais et lourds sont chargés de sculp-
tures de la plus détestable exécution et du plus mauvais goût,
Le style ogival y soutient fort mal le voisinage du style
roman.
La première voûte du côté du chœur est plus longue que
les deux autres 5 elle se termine en une coupole de forme ovale
qui, m'a-t-on assuré, était ornée de peintures à fresque; mais
elle est aujourd'hui enduite d'une couche épaisse de chaux 5 et
je n'ai pu vérifier le fait.
La clei de la voûte qui est k rentrée de la nef, est formée
d'un écusson aux armes de la maison de Guenand selon toutes
ks apparences. Cet écusson est porté par un ange aux ailes
dépldyces. L'ange est assez habilement travaillé et rappelle
les sculptures de la fin du XII* siècle.
Sur le premier pilier à droite, on voit une pierre plate en
saillie, qui a certainement dû recevoir une inscription. Mais
il est impossible de rien distinguer sous la chaux qui la re-
couvre.
Toilà, Monsieur, quel est l'état actuel de l'église de la Celle-
Guenand. Si j'ai été clair dans ma description, vous pouvez
juger du degrjé d'intérêt qu'elle présente aux archéologues.
L* effet général de cette petite église est original et frappe au
premier coup-d'œiL II serait plus remarquable encore si l'hu-.
midité du lieu n'avait obligé d'exhausser le sol de sept ou huit
pieds, si j'en crois la tradition. Il parait que dernièrement des
fouilles ont fart recon^naitre trois carrelages superposés et sé-
parés les uns des autres par un intervalle de quelques pieds.
L'église est bâtie sur le bord d'un ruisseau qui devient torrent
en hiyer. H y a plusieurs années, Feau y entra si rapidement
et avec tant d'abondance que le sacristain qui sonnait YaU"
gelits^ fut obligé de se réfugier snr Fantel.
Vous m^apprendrez peut-être pas sans regret que cette
^lise a été soumise à des mutilations barbares. Sons prétexte
de Tassainir , on a élargi les fenêtres de la nef an midi t, eu
enlevant les arcbivolles et les colounes. Uuc fenêtre du tran-
sept a été reconstruite dans qd style qui n'a rien ni de Far-
cbitecture romane , ni de l'arcbitecture ogivale. Enfin on a
ouvert dans le mur qui sépare le cbœur de la sacri&tie , une
arcade en tiers-point , qui , en diminuant la force de ce mur ,
n amené la rupture d'un des piliers qui supportent le clocber,
et rendu la cbute de la voûte presque inévitable.
C'est une désolation dans le village , dont les babitants
sont fiers de leur église. La paroisse n'est pas asseï riche pour
&ire les frais de réparations aussi considérables* Il faudrait
que le Gouvernement vint à son aide. Mais qui le sollicitera
pour elle ?
Si l'association pouvait faire quelque chose, je crois que
ce serait de l'argent et des soins bien placés. Elle empêche*
rait la ruine d'une église qui, si elle tombait, ne serait certai-
nement pas relevée par la commune 5 car il y a impossibilité
absolue.
SB
mssft
NOTE
Sur quelques Monuments de Pamic f Loire-
Inférieure) ;
Par m. verger,
Inspecteur des Monumeois historiques de la Loire-Inférieure.
Je viens de faire un séjour d'iin mois aux bains de mer li
Pornic , petit port à l'emboucbure de la Lnire sur*la rive
gaucbe. J^ai eu occasion d'y visiter plusieurs antiquités assez
remarquables 5 et en ma qualité d'inspecteur des monuments
de la Loire-Inférieure, je me suis pei mis d'écrire au maire
de la commune où elles se trouvent, pour lui en recommander
la conservation. Je pense que la Société approuvera cette dé«-
marcbe.
L'élise de Sainte-Mitrie de Pornic^ k une demi^iene de
Pornic, a été d'abord église d'abbaye avant d'être église pa*
roissiale, et nos chroniqueurs parlent de son existence en i 107 •
Il est probable qu'elle était bâtie antérieurement* Il existe
une porte latérale au sud et une tour carrée au bas de la nef
qui pourraient eflëctivemeat se rapporter au X^ ou au XI* siècle
au plus tard. Nous avons peu de ces constructions dans notre
département. Cette porte est à plein cintre, surmontée d'une
archivolte unie. Les voussures, au nombre de quatre et for-
mant retraite, viennent se reposer sur des colonnes et sur des
piliers carrés aux pieds droits. Deux chapiteaux sont ornés de
fleurs assez grossièrement travaillées, et sur un des piliers
sum QiwiQUtt MOvvmiiiTs ob roninc. 4^ I
soat des figiii«s bizarres et d*iw trèsnioaiivais daMÎo» Deuxo^ !
iooaes sont travaillées : l'npe est ornée d'iu»^ fa|4oe de tdisadie
eircolai^e, Taptre d'une toraade en zigaag^
Il reste à la toar deux hauts piliers avec chapiteaux ddns Le
même goût , et Tespèce de corniche i{ni la termine est soalQnue
par des figures telles que celles que tous aUribuei à certtios '
monuments du X*. spècle*
Dans le cimetière de cette %lise est en outre le tombein
d'un guerrier inconnu (i)« Il a le costuine de chevalier* Cest
une large pierre posée an rexde terre, sur laquelle est scnlplée
ladite figure en demi- ronde bosse. Il y a sur l'entourage jdfts
caractères gothiques que personne eneore n'a pu interpréler.
Le costume du chevalier et la forme des caractères doivent
iaire reporter ce monument vers le XIIP ou XIV* siècle.
Entre Saiote^Abrieet Poroic, sur une élévation qui domiiie
le pays et la mer, on voit trois monticules ou tumuU faits de
main d'homme. Sous le premier se trouve une grotte de 7 à 8
pieds carrés, haute de 4 environ. Elle est formée par des
pierres verticales recouvertes d^une énorme pierre plate et
brute. Sur le second est un moulin à veot dont les fondements
reposent sur de fortes pierres^ débris de quelque monument
druidique, soit grotte soit dolmen.
Au milieu du troisième monticule est une galerie construite
de la même manière que la grotfe^ au bout de cette galerie est
une chambre carrée de 10 à 12 pieds , et hante de 5 à 6. Les
pierres qui forment la voûte de la galerie et de la chambre ,
(1^ Nous atons recherché dans le bUson de Bretagne qaelks
sont les maisons qui portent |a croix sur leurs armes , et nous
a? ons troufé que c'étaient les familles de Taucouleurs et de Ta-
guené : la maison de Yaucou leurs alliée à celle de Jointille a
fourni plusieurs croisés au XIIP. siècle*
3o
4o6 SUR QUELQUES MOlf17MEl«T9 DE PORNTC.
-qui ensemUe ont environ 3o pieds de long , sont très-grAndes.
La plus forte a plus de 12 pieds de longaear sar 7 à 8 de lar-
geur. La galerie a une entrée yers l'est et one antre vers le
nord.
Beavconp de nos antiquaires ont décrit de ces monnments
^qo'oir appelle pierres des géants, grottes de fées, etc. Il en
existe dans la Bretagne et dans le pays Chartrain, mais je crois
'qoe ceux de Saînte-Marie sont les seuls qui existent dans notre
département de la Loire-inférienre j c'est ce qui m'a engngé à
écrire ao maire, pour le prier de ne pas permettre, si on y
fait des fouilles, qu'on renverse les pierres de ces curieux et
antiques monuments. Quant à i'église et au tombeau, {e l'ai prie
d'appder un arcUtecte qaaud il y aura des réparations à faire
aux parties queje lui ai signalées, dans la crainte qu'un maçou
îgBonat ne détruise ce qu'il est essentiel de conserver.
DESCRIPTION
Des proies Romaines du département du Gers,
d'après les itinéraires anciens;
Pak m. le uAKoir CHAUDRUC DE CRAZANNES ,
bMpeoleiir 41? toloaiialre » Membre corretpoBdaftt de l'Iastitat.
Géographie ancienne,--^ lie département du Gers, centre
de rancieoiie Aquitai]ie-No'vempopulanie(i), et dont le terri-
toire possédait les deux capitales successives de cette province
Elusa (Eauze), la patrie du célèbre Ruiin , et Augusta Aus"
coram (Aucli) conserve pt offre encore aux antiquaires les
restes de plusieurs voies romaines dignes de tout leur intérêt.
Nous avons parcouru plusieurs fois l'itinéraire d'Antonin ,
la table tbéodosienne ou de Pcutinger elDanville à la main,
ces lignes de communication entre les divers peuples de la
Novempopulanie j nous avons reconnu les positions de leurs
mansions, de leurs stations, de leurs camps ou vigies , des
ouvrages d'art dont on retrouve les ruines sur leur cours ou
dans leur voisinage, et nous en avons fait la description que
nous offrons ici à nos lecteurs.
N® I. lier à Climberro Lugduruim Convenarum (ex iti-
nerario Antonini AugJ,
Cette route se dirigeait vers cette dernière ville (St-Bertrand),
(I) Jquitania tertia ; Nwempopulania,
4o8 VOTES BOMAÎVES
en parcourant le valion dePayie (i),et en traversant le ter«
ritoire de Monbur, Çernet, S^riac, Ca^elqau do Magnoac,
Mauléon, ville romaine, Ganssan, Notre- Dame-de-Garraison,
Tilleneqye, MoptoBeî^^n, etc.) rçoipUc^meaf «çtq^ de Mt^-
senbe était une forêt nommée dans les titres du moyen-âge ,
Manus Slva^ parce qu'elle avait, dii-on, la forme d'une
main. Les moines de Berdoo<îs la défrichèrent en 1260^ et y
établirent un hospice que plusieurs de ces moines habitèrent
aux Xni*' et XI V^ aièdes, et qui fui Torigine de la vkUq ao-
tnelle.
Noos allons donner les positions et les distances de cette
voie.
CUMVEURVll
BBLSISVJI M. p. (*) XF.
LVODVKrVM M. r. XXIV.
CUmhemim. Les manuscrits de F itinéraire varient beau-
coup sur rorthographé de ce nom de la ville d'Aucb. Le
manuscrit bandinieu porte Ciimberrum , ainsi que le manus-
crit de Lopgueil j mais les manuscrits de Naples et de
Paris , portent Climhrum , et celui du Vatican , GlfU-
hetrum ( quod à vulgato , littera M in duos seùta notum
est , dit Wesseling , itiner. pag. ^62 ^. Il j a CUb&re dans
la Table théodosicnne de Welser , et EUherre dans I9 calqtie
de Scheyb. Danville , la Bastie , veulent qu'on Use
Elim-Berrisy comme plus conforme au génie de la langue
basque. Ce mot de ^m, commun aux villes d'Auch et d'Eause
Clim-berris , Elnsa l^erris , se retrouve encore & Lectoâre , à
Toulouse. Il se traduit par celui de faubourg; le Berri d'Auch
et de Lectoâre , etc.
(I) Où était assise la fille romaine d*Auch.
(*) Mtllia passaum.
^
DU Dif*AlltffMiirf OV GBRS. 4^
' Beiêimmi H y a dabs quelque» ittatiflâcrlfs Béninufn Ùër-
sino, nom basqoe comme F indique la syllabd Bet. Nèils \fièû-
sons donc avec Dànville que cette dernière leçon doit être
préférée* Ce sayant géographe a placé cette position à Bcrret,
où Ton reconnaît encore les tracés de la chaussée romaine. Il
y a des manuscrits qui portent ici lé nombre X , d'autres
XV. Mais les uns ont supputé la distance d'Auch h Berret en
lieues gauloises , et les autres en milles romains.
LugJunum. Dans plusieurs manuscrits de ^itinéraire on lit
Lugudunum. « Quœ tectio mihiplacet , dit Wesseling, est
oppidum à Lugduno lugdunénsis G alliœ désigna mus, Pag.
457.* Mais la Tille de Lyon est aussi nommée Lugndunum
sur plusieurs monuments antiques» La ville de Mont-lczun ,
département de Lot-et-(îaronne, porte aussi, dans des litres fort
anciens, le nom deMons Lugudunum {pions et dtinum rendent
ici deux fois la même idée). Nous ne nous arrêterons pas à
discuter sérieusement féiymologie ou la traduction celtique de
léUgudunum^ Montagne des Corbeaux.
N^ IL A CUmberroAginum, (Exitiner. Anton,)
Yoici la direction de cette rotite , en partant d'Auch. — Ro-
quelaure — Puysegur — Montastruc — Bouillas — Lectoure.
On peut encore la reconnaître iàns presque tous les points, entre
ces deux villes; mais elle est surtout remarquable de Lectoure à
Agen. Elle est encore t#és-fréquôntée , et on la connaît sous la
dcnomioatioa vulgaire de Péyrlne (i). Voici la ligne qu'elle
parcourt, de Lectoui'è à Agen: — Le Poni-de-Pile — le
Mont-S^.-MartinvGonegue — Larroumieu — S*.-Mezafd— ^
(1) Bn kingue du pays^ro«/e pavée. On la nomme aussi Peyrine,
C'est le ntae mot.
4io. TOUS moMAun»
U Plome — lePassage-d-Ageo* Cette Toie est «inû marquée
âan& Fitinéraire :
CLIMBERRVM
LACTVRikM , M. P. XV
AGIAirTM , M, P. XV.
Lacturam. Oa peut voir ce que nous avons dit plus haut
sur cette capitale des Lacioratesy k laquelle nous consacrerons
aussi une notice particulière dans cet ouvrage.
Aginmim, Ville de la Celtique , réunie au département de
TÂquitaine par Auguste. Nous en avons décrit les antiquités
dans un mémoire imprimé \ Paris en 1820 , chez Smith ,
in-8°. Elles étaie X jusques alors en grande partie inédites*
N®. III. Ab Auscio Vasatam. (ex itinèr, à Burdigald
Hierusalem usquej,
La route romaine d'Auch à Bazas se fait encore reconnaître
facilement dans tout son cours. Dans la partie d'Auch k Eauze,
elle circule par Meilhan , où Ton voit encore une tour antique,
nommée dans le pays, fanal; Larroque , où Ton remar*
que également des ruines antiques , et une tour ou fanal de
construction romaine; Herbouc, entre S^-Jean-Po^tge et
Plehot , où Ton distingue aussi des débris de maçonnerie an-
tique , et on traverse la Baise, sur un pont remarquable par
son antiquité 3 Bronquens ; Yic ; Lanapax, où les. restes
de la voie sont remarquables , ainsi qu'un pont de cons-
truction romaine, sur le ruisseau de la Yicuse(i); Ra-
mousensj S^-Amand ^ où Ton a découvert , en diûérents
(1) Nommé le poni du Diable.
BV depiutbhsiit dv gbbs. 4^1
iMps , pluûemrs moniiinfacs de« ïàgd rimnia 5 enfin , Geuktt
(civitas) y L'ancienne cité d'Eause ovt Ehua.
Voici les nombres et les diitanres de cette Toie nuurqiiées>
par mutaUons (i)«.
CnriTUS ATSGIT&
MYXATIO yJOrJBSIA , SXVO.*^ Vlli^
eiYlTAS ELYZA, , It. xir.
3liVT.àTU> SCUTIO , I., Yim
MVXiTlO OSCIir.£IO ,. L. VltT.
MVXATIO TB£S ABBOMS , L» VHK.
UTITAS \ÂSàXAS y Id» Y^
Auscius.. On*Yoit par cet hinérairey que-Fon^croit ayoir
été composé Yers.Faa 555 de. ootre èœ , qu'il cette époqpe la
yille d'Auoh y. conune la plapart des autres, cités des Gaules ,
ayait quitté le nom qpiNlaiétait propre pour prendre celai de
son. peuple*
Vanesia. Cette mutation de^sait être asse^' Ymsine de la
riyière de Baïse. Vanesia parait être le même mot que
Baism , Vaida ; on sait.que lespenples de l'Aquitaine ont de
tout temps chaagé le ^ en .^ , et riciproqnement. Plusieurs
lieux placés^ur cette* rivière portent encore son vnom^ tels que
risle-Baïse , S'.-Paui-de-Baïse , etc. Wesseling.a pensé que
Kan^sia pourrait être Vic>-Fezensac, Dan ville y S*.rJeanr
(i>) fies distances da cet itinéraire sont ainsi indlqjiéea ,. parce
qu'il était destiné à on tout autre usage que l'itinéraire d*Ânto*
nin et la carte llléodosirnae, oùr les distances sont marquées pan
les mavtj/eit^on gltea d^étapes à.t% troupes on campagne.
* LBVGce , du celtique /eHj Itw , Uug , dont les Romains firent
1
4»^ voies AiMâllIiS
Pontgei M. WakkoMi a ern dctoir pla«fr ectle fOsiliOB h
Lésian.
Ektsa. Voyci œ que «h» afoas d^dit deoctte Tflle.
Mous lui coQsacrerous une notice à part dans la suite de
cet ouvrage. Nous remarqueroos ici qu'il faut prendre cette
position à Cieutat^ et non sur remptaéemeiif de la ville
actuelle , qui n'était qu'un faubourg de !a cité métropolitaine
des NovempopuU*
Scittmm. Banville a fort bien prouvé qu'il fallait lire
Sottium ou Sotium , l'ancienne capitale otf cfbef-lieu du
peuple Sotiate , doÉt il a déjà été question fort au long dans
cet ouvrage. La distance de Sos à Eatne, qui est évaluée
de g à lo.odo toises , convient , à une fraction de lieue
prèSj dit M. Danirillé, au calcul des huit lieues gauloises ,
tevoir, 9,073 toises. Un o mal formé, ajoute ce célèbre
géographe, a pu donner lieu de Caire les deux lettres CI ^
H d'éerire ScUium pour Sotium ( Foyez la notice de
r ancienne Gaule). La partie de la voie qui passe à Sos et
dans ia lande qui en porte le nom , est dans un état de
parfaite conservation.
Oscineio. Le lieu d'Esquies , selon Danville. D. Martin
avait placé cette mutation à Losse.
Fasatas* On voit que la ville de Basas , comme celle
d' Aucli , avait abandonné son nom particulier Coseiû Cossium
(qui se retrouve encore dans celui de Cousiots , donné aux
habitants des Laudes) , pour prendre celui du peuple dont
elfe était !a capitale.
N^. lY. AbAuseù) Tolosam. (ex itin. à Burd, Hierus.
usque)*
On remarque encore des traces sensibles de cette voie
ati ettviron» d'Anbiet et de Marsan , ôô là cliâifisécf fomainc
c»t assez Jiïea conservée en plasienrs endroiia. En toid les
umurtioM et les nombres :
C1V1TA& ATSCIVS.
MVTAlIO AO SEXTVM, L. VI.
MTTATIO HVRGYlfTERRO y L. YIU
MTTATIO BVCCOVIS , L. VU.
MVTATIO AD lOVEM , L. VXI.
CIYITAS THOLOSA , L. VU.
Ad sextum soas-entendn , lapidem, (7est'à-dire , à la
ftiiètne pierre on borne ; la &. lieuc^ gatiioise , en partant
d^Âneb, Cette ville use ici do privilège des cstpitales de
peuples, de compter les distances à partir de lenrposiiioti.
JDairviHe place cette mntfltioa k Gimone 5 mais remplacement
de cette ville n'était encore , au XU\ siède , qu'ufie forêt
iNknmée Plana Siha ^ qui , à cette époque , fut défrichée
par les moines de saint Benoît, seigneurs de Gimone jusqu'au
moment de la révolution. Cette petite ville a pris son nom de
la rivière de Gimone qui l'arrose.
Hungimverro, Selon Banville , Giscaro. Il existe encore
dans la direction de cette voie et le voisinage de la route actuelle
un lieu appelé les Hugons , nom qui a beaucoup d'analogie
avec celui de Hungunverro.
Bucconis^ position dont le nom se retrouve dans celui de
la forêt de Beuccone , qui borde encore , à gauche , la grande
route dans le lieu , et est une indication précieuse du cours de
l'ancienne voie sur ce point.
Ad lovem. Lêguevin^ d'après Banville et mon savant
confrère et ami , M. Damego. Pour peu que le calcul des dis-
tances s'y prêtât , nous préférerions placer cette position à la
4l4 VOIES BOMAIHBS
Salivât on à b Sauvetat , snr la voie , à eôîé de Lêgnevio.
Malgré riogéniease opioion de M. Dnmège sar roiighie de
ce deroier mot , en patois de la ioealité , Leougo^ldn, nous
pensons qu'il faut en citercher oniquement Fétymologie dans
le latin on le roman , kuga bina , qui indiqne la distance
de cette position k Tonlonse, denx lieues ordinaires da pays.
On trouve dans les itinéraires romains pfusieQrs lienx indi-
ques sous la dénomination de ad Jovem. Quelque temple,
qnelque oratoire on simpfement quefque anteî consacré à Ja-
piter leur aura donné ce nom. « Les temples , dit Dom
tt Martin, étaient souvent à la porte ou à l'entrée des Êia-
a bourgs de quelque ville remarquable- j» C'est ce qui avait
lieu ici par rapport à Toulouse. Le mot sauveiat indique
toujours un lieu ou il a eusté un^ temple ou un autel , et plus
prticulièrement dédié à Jupiter , ce dieu ayant le surnom de
sali^ator : Jupiter sau-veur*
Thoiosa. La Table tbéodosienne supprime la lettre h , ce
qui est plus conforme à Foi'lbographe reçue.
N**. Y. Alio iUnere à CUberre ( vel ab Auscio ) , Toio*
sam (ex TabuL P&UingJ.
CLIBEBKE ,
CkSlVO-UAGO , M. P. XV.
TOLOSA, M. P. XXVIIIl,
Danville, dans sa notice de l'ancienne Gaule, pense que
cette route n'avait rien de commun avec celle indiquée N^» IV.,
(itinéraire de Bordeaux à Jérusalem) , et dont on voit en-
core des vestiges près d'Âubiet, a trois cents pas de ce lieu, sur
la gauche en partant d'Auch , et qu'elle ne conduisait pas en
ligne droite à Toulouse. Les nombres rapportes dans la Table
DV DÉPAMTBMUIT Ml GBBS. /^îS
\
de Peotinger, excèdent ce qu'il y a d'espace entre Aoch et
Toulouse; et ritinëraire de Bordeaux h Jérusalem ne compte
que 34 lieues gauloises , au lieu de 44 1^^ donne la Table(i).
Ce qui a déterminé , ajoute Banville , la direction donnée à
cette route par CasinxhMago , c'est la eommnnîcation de ce
lieu avec un antre nommé AqiUs > à la droite de Toulouse.
CasiruhMago ou CasinO'Magtts mansio ou position
intermédiaire où aboutissait la voie par Pessan, Fanjaux
(famim Jovis) , Pontéfac , Lanrac, le Bézeril, en partant
d'Aucli , est vraisemblablement Casanx sur la Save , et plus
particulièrement Caumont (2) , château fortifié do moyen âge;
selon tontes les apparences , un Castrum était situé dans cette
commune au Bas* Empire. On remarque à Caumont des murs
et des restes de constructions romaines qui attestent son an-
cienne importance, et l'on y découvre souvent des médailles
impériales.
Cette route & Casaux se divise en deux branches, dont l'une
se dirige sur le pays de Comminges ou des Convenœ^ et l'autre
a sa direction un peu à droite de Toulouse , vers le point de
Sèches ou S^sees ( les Aquœ siccœ de l'itinéraire d'An-
touin)(5).
On a déjà vu que le Cliberre de la Table est Âuch.
(1) Poorya , toofefoîs , que la supputation des distances ait
eu lieu en milles romaios et non en lieues gauloises sur cette
carte, ce dont on a de nombreux exemples, bien que celte
dernière mesure itinéraire fût U seule admise dans l'Aquitaine;
car, dans le dernier cas , les 44 milles entre les deux citéa ne fe«
raient que les 34 lieues gauloises de ritinéraire de Jérusalem.
(2) C'est Topinion de M. Walckenaer.
(3) La dénomination aeule d'aquce-sicco! , qui annonce des
eaux desséchées , c'est-à-dire quelque dessèchement de marais
4^6 VOtfft ftMAlJIËS
N". "VI. A Ctiherre aquas ( Corwenarum ). ( qx Tabula
PeuUngerianâ . )
CLIBERBB
CASIKO MA6Q , M« P. XVi
AQTI$, M* F. • • .
La position i'Àquis sur la Table , el la direction que
prend à Casino Mago (Casaox ou le château de Canmont )
la route qui y conduit , sont une forte présomption et nous
donnent la presque certitude que ces Eaux sont les Aquœ
Convenarum de l'itinéraire d'Antonin (ab Aquis tarbellicis
Tolosam)^ dont le géographe Strabon fait également mention,
surtout si , avec Danyille et M. Dumège, on place leur source
à Capbern (i) , localité importante dans l'antiquité , par ses
thermes connus et fréquentés des Romains.
ôU d'eaux stagnantes, suffit pour indiquer qu'il ne peut y a?oîr
didcntitë entre cette mutation de la route de toolouse ft Bene"
karnum, poaition sans iMportance de cette ligne, et les Balhsoa
tbifriies â'jéqtus auxqueU aboutit une des branches de nMre
voie , et qui dans la Table Tbéodoslenne sont indiq.tlé8 par la
présence d*on de ces bâtiments carrés toujours figurés sur cette
carte pour indiquer un éiablissement tbermal.
(1) Il faut pourtant reconnaître qu'il est à peu près impossible
de s'assurer complètement du nom et de la position de Téta-
l>ii.*>semeDt thermal indiqué ici daoS la Table Théodosienne, la
distance de CasinO'Mago à Jquis n'y étant pas marquée, et le
nom tout court &" Acquis pouvant également convenir à plusieurs
localités pyrénéennes assez rapprochées les unes des autres , où
if existait déjà des établissements semblables et en réputation à
l'cpoque de la domination romaine, dars les districts limitrophes
des Coiii'e/i«e, des Jiigerrones ^eiCf comme Kncausse, Barbazan^
Capbern (dont il est ici question) , Bagnères de Luchon {i/ixo
bu iixo)j Bagnères de J^igorre {vicus aquensis , d^ns des in&crip*
lions. rQmaittcs), etc.
DU DépAmTCMUT mf GEES. 4(7
Noos Tenons de dire qu'à Cazaax l'iin des segments de la voie
CUAerte^ qui s*y divisait en dent branches, se dirigeait vers
le pays des Cbm^enie et le traversait (i).
Cette ronte encore viable et fréquentée ( car il est facile de
reconnaître 9 k Tinspection des lienx , qne la voie existante ne
doit guère , dans ancnne partie de son cours , s* écarter de Tan-
cienne ) , après avoir longé la rive droite de la Save , depuis
Casino-Mago josques k TIle-en-Dodon où elle traversait cette
rivière ponr suivre encore son littoral sur la gauche jusques k
Saint-Sabin , r^agnait de nonvean Tantre rive sur ce point,
et se jetant dans les terres , vers la droite , circulait par
Boulogne , Gensac , Notve-Oarae-de-Garraison , Uglas , Lane-
mezan , d*oè elle parvenait k Capbern , les Aquœ C^nveiuh
rum (a).
(1) Cette ? oie de Toulouse à Jquis par Caêimû^ya^t était |Mr-
tlcolièrement à Tosage des Toiast^f^^ Elle était Ivutile aux Atisci
et surtout aux habitants de Climberris ou Ctiberremaï en a?aleal
une plus courte et plus directe partant de Irur ville pour ae rendre
aux jéquœ Convenarum (la fole de Ciimberrum i Lugdunum par
Belsinum , If. 1 ).
La ? éritabla Indication de œtle «oie de W^rre k AqmU par
Cm$in9^iêmg9 seraH dofio
T0|.08A;r
Casino-Mago» m. p. xwiin
Aqvis, m. p.
car cette Kii^e était plus directe pour les Tonlonsaina que cette
de Tolooa à Aqum Canvtnanun par Jqma Siccm , Fefmosoim,
CaiagQTH^ • luigtfttnum €09retnv*um ( llîaw d'AnfioilIn )«
(2) Elle continuait 4on co«rs fcr» CLeMt (çivilM) ^ iQt aJt»outif •
sait à Bagnères de Bigorre (^aquensfs viens), A Cieuiat elle
offre de beaux restes de sa chaussée.
Ces circonstances et Tabsence des mesures itinéraires , entre
CasinO'Vago et Aquis rendront toujours tCs géographes pet*
4l8 VOTES ROHATirBS
N". VIL A Cliberre Ehisam ( ex Tab. Peut.).
«
Cette route nous paraît être la même que celle N^.III, malgré
Texcédant de trois lieues gauloises qu'ollrent les nombres de
cette dernière^ mais cet excédant peut provenir de quelque
erreur de copiste dans les anciens manuscrits de la Table de
Peutinger , ou bien encore de quelque diflérence dans la sup-
putation des distances itinéraires en milles romains et en lieues
gauloises , et Ton sait d* ailleurs toutes les fautes en ce genre
dont fourmille la carte dite de Peutinger. La parfaite connais-
sance que nous avons des localités, nous donne la certitude
qu il n'existe point deux voies romaines d'Auch à Eauze*
Voici les indications de celle marquée dans la Table.
ClilBBBaS
BBStiro , M. p. xiir.
8f.VSA M. p. X.
Besino* Dans quelques manuscrits ^ on Ut Besinum,
Wesseling , frappé de Fanalogie de de nom avec celui de
Belsinum ou Bersinum , position intermédiaire entre Anch
et Saint -Bertrand- de -Comminges , itinéraire d^Antonin
(suprà, N^. I.), a pensé que c'était une seule et même
mansion j mais la différence de direction des deux routes ne
permet pas d'embrasser cette opinion. Be&ino ou Besinwn
doit aussi tirer son nom de la rivière de Baïse. Dans son voi-
sinage , on trouve encore , non loin de cette ligne , un lieu
assez considérable et fort ancien , nommé Basian ; un autre
plexes entre Aquœ Convenarum et Jquensis vicus lorsque Is au*
ront à fixer cette position A'Aquis de la Table de Peutinger.
DU d£pABTBMEHT du GERS. 4 '9
Bésiée , etc. Cest toujours près de cette rivière qu il faut
chercher cette position , comme celle de Vanesia.
Ciusa^ d'après la copie de Welser. Dans le calque de Yoa-
Scheyb , Elusa.
N*. VIII. A Lactora Tolosam ( ex Tabiil. PeutingX
. Cette Toie , qui subsiste encore dans presque toute son éten-
due et qui est très-bien conservée en plusieurs endroits, suit la
direction suivante : Lectoure , Saint-Clar , Tournecoupc ,
Briquemont , Cox , Saint-Paul , Toulouse.
Elle est ainsi indiquée dans la Table de Peutinger :
LACTOEA ,
SisETALI, M. P. XVI.
T0L08A> M*. P. XX.
SàriaU. Saint-Clar (i). Danville a placé cette position
à Sarraut. Dans le calque de Von-Scheyb , ce mot est k moitié
effacé j et on ne peut lire que sa • . alt. Nous remarquerons
aussi que dans le calque de Von-Scheyb , premier segment ,
au lieu de Lactoaatis navci que portent la copie publiée
par Yelser et par suite presque toutes les éditions de celle
Table , on lit Lagtobatbs avgi. La carte, dans cet endroit ,
a beaucoup souffert 5 mais il est évident qu'en rétablissant les
lettres qui ont disparu, il faut écrire Lagtobatbs avsct,
nom des deux peuples dont les territoires se touchent et les
cités se suivent (route d'Agen à Auch) , et non lagtor&tes
HAVGi f comme les anciens éditeurs. VN du mot aqvitania
( figuré en. très-gros caractères sur le segment ) qui se trouve
placée entre les mots Lactorates et Ausci sur la copie de
Velser , a été Torigine de cette leçon vicieuse qui a si fort
embarrassé les commentateurs et les géographes.
(1) M. Walckenaer.
EXTRAIT
Du Procès-verbal des Séances gétiérales tenues
à Clermont (Puy-de-DàmeJ, les 7,8 et q
septembre 1 838 , pendant la durée du Congrès
scientifique de France, par la Société pour la
conserçation des Monuments*
i^mmmmi^
Séance dw] septembre i858.
La séance est ouverte à sept keures dn scnr, dans la grande
salle de la bibliotlièqne publique de Çiermont. Plus de 5oo
personnes notaUes de cette ville et les membres dn congrès
scientifique de France occupent dans k salle les places qm lenr
ont été destinées. — Le bureau se compose de MM» de CaU"
ment^ directeur 5 Bouillet^ inspecteur de la division dç Cler-
mont; de LaSaussaye^ inspecteur divisionnaire remplissiiAt
les fonctions de secrétaire»général ) TaUhâoid^ président ii i^
Cour royale de Riom; Grasset, inspecteur des monuments le
la Nièvre; C!i€\»reaujc fd'Eyrenx, membre ducon8eiK-^M"*'.la
marquise de Salverty de Riom, m^nbre de la Société, est priée
d'occuper un fauteuil au bureau.
Parmi les membres de la compagnie étrangers à la localité ,
on remarque MM. Hunault de la Peltrie, d'Angers, Poliet, 4e
Lyon, Alonzo Péan, de St.«Aignan (Loir-et-Cher).
M. de Canmont ouvre la séance par un rapport sur les tra-
vaux de la Compagnie; il annonce qu'une somme de 400 fr.
a été mise par le conseil , à la disposition des membres , pour
SEANCES GéllÉRALBS TKKVES ▲ GLEBMONT. 4^.1
être employée à des restaurations dani la division de Q^rraont ;
qu'en ontre, une médaille sera décernée h l'architecte qui
aura le mienx c(»npris le moyen âge dans le centre ou le
midi de la France*
M* Bouillet , inspecteur de la division de Clermont , donne
lecture d'un mémoire sur la statistique monumentale du dé-
partement du Puy-de-Dôme. Les difïérentes richesses archéo-
logiques de ce département sont successivement passées en
revue par M. Bouillet j leur classification établie avec soin
et les divers genres d'intérêt qui les recommandent, appréciés
avec critique et discernement. M. Bouillet a joint à sou tra-
I
vail une carte sur laquelle on peut connaître, à l'aide de
signes de convention , les monuments que l'on rencontre dans
chaque localité, Tépoque à laquelle ils appartiennent, etc., etc.
Le mémoire de M. Bouillet excite vivement l'intérêt de ras*-
semblée. La lecture en sera continuée à la séance du len-
demain.
M. de Caumont demande s'il ne serait pas utile de provo-
quer, de la part de l'administration locale, la disposition
d'un édifice , destiné k réunir les objets d'antiquité recueillis
dans !e pays.
M* Gonod répond que l'Administration a le projet d'aftecter
une partie des bâtiments des halles à l'établissement d'un
musée, et qu'en attendant, les objets qui devront y être dé-
posés seront placés dans des locaux dépendant de la biblio-
thèque publique.
M. Bouillet demande que les secours offerts par la Société,
pour la conservation des monuments de Clermont, soient
appliqués à la restauration de l'église de Mozat. La discussion
§
est ouverte sur l'emploi de ces fonds.
M. Thévéuot cite l'église de N. D. du Port, comme le
monument le plus recommandable sous le rapport de l'art.
5i
1
4^9 séAscB« ainaBiLEs
Plmfim BKndires f<Mii «bsenrer que eett^ églt«o a été
classa parini celles qm eiigeot le plu$ pi^sipteiBeat le$ s^r
€oqrsd(>iit dispose Iç Miqistre dorintéfieur^ quftd'aUleurs, Us
réparations que demande ua édi6ce au$$i important soqt
telles que le s^coarç ofiert par la Société serait in^ufilsaqt.
M. Malley, arcbitecte, expose que Téglise de Merdogoe po^-
§iède on portail de Fépoqnç romane primaire, masqoé aujour-
d'hui par des constructions qu'il serait utile d'abattre. On
GOQseryerajt ainsi et on ferait conoaiireeq même temp$ un
échantillon curieux et complètement ignoré du «tyle roman
le plus anciennement employé daus T Au vergue.
M* Hunault de La Peltrie désirerai^ que l'on choisit d'almrd
|es rooBi^ments situés le plus près des grandes routes ou des
endroilts fréquentés , afin que ces restaurations fussent plu,s
eot^nues et plus appréciées.
M, Malley fait observer que l'église de Merdogne s(ç trouye-
rait justement dans la condition la plus favorable à cet égard,
car e]b est située près de la montagne de Qergovie, Tua des
lieux de l'Auvergne qui est Je plus constamment Fobjet de la
curiosité des voyage qr^^ >e,
M. Grasset, de Mauriac^ appelle l'attention de la Société sur
l'égUse de St.-Necuire.
M. Bouillet observe que cette église dépend de l'arrondisse-
ment d'Issoire et qu'elle a été classée parmi lost monuq^ents
qqi doivent être réparés par les soins du ministère de Tinté-
rieur^ qu'en outre cet arrondissement possède trois corre$poi|-
dauts dq ministère ^ tous &rt zélés , et que l'on peut se fier à
eux pour rappeler l'atteatioti du ministre sur les promessej
qui Qi;it été faites en so» nom.
M. de Lalo discute les différentes demandes adressées k la
Soicj^ft^i il appuie c^lle relative k T^UsQ dft Alerdogne, en
TEHUBS Â CLBRMONT. 4^5
faisant surtout valoir cette circonstance , que la somme oferte
pr la Société serait suffisante pour exécuter les travaux de
restauration de cette petite église , tandis qu'elle serait toii(-
à-iait hors de proportion avec les réparations considérables
que réclament les autres églises dont il a été questipn.
Après de nouvelles observations ^ présentées par M. l'dbbé
Croizet, MM. Thévenot, Malley, et plusieurs autres membres,
la Société décide que la question ne sera résolue qu après
Texamen qui pourra être (ait de ces différents monuments ,
pendant les excursions proposées par le congrès scientifîque.
M. de Caumont demande qu'une enquête soit faite ^ Tégard
des réparations et restaurations qui. ont pu être exécutées
depuis quelque temps dans le département du Puy-de-Dôme ^
il en serait rendu compte h la^ séance du lendemain ; et Fop-
port unité et le mérite de ces restaurations seraient appréciés
par la Société.
La séance générale est levée à neuf heures. La Société se
forme en comité secret pour s'occuper de plusieurs questions
administratives.
M. Galeron, de Falaise , dont la Société a eu récemment à
déplorer la perte , est remplacé en qualité d'Inspecteur du
département de T Orne ^ par M. de La Sicotière, d'Alençon.
M. PoLiET , architecte à Lyon , est nommé Inspecteur des
monuments du département du Rhône*
M. Malley présente à la Société les premières livraisons d'un
ouvrage sur les églises romanes du Puy-de-Dôme. Des remer-
ciments lui sont adressés et une commission composée de
MM. Chevereau , Grasset et de la Saussaye , est chargée do
faire un rapport sur cet ouvrage.
La séance est levée à neui heures et demie.
4^4 • SBAirCSS GiirKRALBS
Séance du 8 septembre*
Présidence M. de Caumostt , directeur.
La séance est ouverte à linit hetires. Le borean est com-
posé coiume à la séance de la veille. M. le président in vile
à venir y prendre place M. Fabbc Tournesac, inspecteur
du département de la Sarthe, arrivé récemment à Clermont ,
et M. PoUet , nouvellement promu au titre d*inspecteur du
département du Rhône.
Le conseil de la Société ayant décidé la veille , que
M* Pollel , de Lyon , recevrait la médaille destinée à l'ar-
chitecte qui aurait le mieux compris le moyen âge dans le
centre ou le midi de la France , M. le président remet la mé-
daille à M. Pollet , et dans une courte allocution rappelle
tous les services rendus à Fart par cet habile archirecte , qui ;
élevé , comme les autres , dans Tétude et l'admiration exclu*
sives du style romain , a été l'un des premiers à s'en affranchir
et à revenir vers l'ancienne école nationale , à la comprendre
et à l'imiter dans les restaurations et les constructions qui lui
ont été confiées. M. Pollet a déposé sur le bureau de la
Socfété un grand nombre de plans et de dessins de difFérenls
travaux exécutés par lui , et qui justiGent pleinement le
témoignage de baule estime que la Société a voulu lui offrir.
M. Bouillet achève la lecture de son mémoire sur la sta-
tistique monumentale du déparlement du Puy-de-Dôme.
Cette dernière partie excite au même point que la première
l'attention de rassemblée.
M. le présidi?nt adresse au nom de la Socîétc des éloges à
M. Bouillet , pour avoir répondu d'une manière aussi corn-
TESVES A CLERM09T. 4^^
plète aux demandes ({u^^elle avait faites de travaux semblables.
M. de Caumoat lone particuKèi'eiiieDt la carte dressée par
M. BoaiUet, et la recoioniande à rattentiao-de ceO'X qui entre*
prendront des statistiques inottmnentales.
M. le D^ Hunank cite un. travail semblable à celui de
M. Bûuillet, exécuté à Angers par H. Godard»
M. Ardant cite également tin ouvrage de M. Altbu^, sur la
statistique du département de la Haute-Yienneet accompagiié
d'une carte tnaeée sur un plan analogue h celui de M.-Bouillet*:
M. le prcsidont répond à ees observations, en. rappelant,
qu'il n a. nullement prétendu donner la priorité absolue au
mémoire de M. Bouillet, mai« seulement le présenter comme
le premier qui- ait été rédigé d'uiie manière aussi complète ,
parmi eeux adressés à la Société sur la. demande qu'elle en .
avait fake.
Oa adopte- la proposition, faife par M. Tailliand , diâ de-
mander qjne le mémoire de iM. Bouillet soit inséré daus le
bulletin^
L'ordre du Jouf appelle la lecture des rapports sur les.
restaurations exécutées aux monuments historiques dans le
centre et le midi de la France.
M. Tbévenot «Npose que la restauration de l'église de Belley
qui devait être confiée aux soins de M. PoUet, lui a. été retirée
par suite des changements- survenus en i85o , dans l'adminis-
tration locale Les architectes^ chargés maintenant de cette
restauration, août nullement compris leur, mission et ont
complètement défig.uré cette église.. On gémit devoir livrée,
aux mêmes mai^s la cathédrale de Lyon« Des. trois églises-
romanes de cette ville échappées aux Vandales de 9?, une
seule, celle d'Ainny,. a dû sa eenservation à M. Follet;
les deux autrco disparaissent sous les coups des artistes déjà
42^ séAvcBS génIbales
sigoaif s par M. Thévenot , car la manière doat ils exëcntent
leurs travaax équivaut à une destruction*
La Société prenant en considération les iails grayes qui
Tiennent de lai être révélés ^arrête que le rapport de M. Thé-
yen ot sera adressé au Ministre de Tintérieur.
M. Taiihand, dans une communication yerbale, fait con-
naître les différentes positions occupées par les anciens châ-
teaux de r Auvergne. L'observation de ces positions et de leurs
rapports entre elles ont conduit M. Taiihand h penser qu'ils
avaient été établis de manière à combiner des signaux qui
produisaient à peu près Vtihi de nos télégraphes , qui
continuaient en même temps le vieux système gaulois des
criées et des feux allumés sur les hauteurs, et permettaient
de faire parvenir les nouvelles avec une célérité extraor*
dinaire , dont César nous a conservé le souvenir. M. Taiihand
prend occasion de ses lecherches snr les châteaux forts, pour
rectifier quelqties idées populaires à l'égard de ces forteresses.
Usant des lumières de la critique moderne , qui a fait ayee
Indépendance la part des avantages et des inconvénients des
différents systèmes politiques passés snr le sol de la Gaule,
M* Taiihand fait voir que ces châteaux forts, qui devinrent
plus lard un objet d'eflroi pour les populations, étaient^ dans
le principe , des lieux de refnge et de protection que ces
populations élevaient elles-mêmes avec empressement , et pour
lesquels elles fournissaient une garde on guet, comme on
disait alors. 11 a représenté les châtelaines écoutant les récits
des troubadours , et s' occupant des jeux des ménestrels et des
jongleurs 3 le châtelain combattant dans les joutes et les tour-
nois , en présence des dames et pour en obtenir les suffrages ,
passage des mœurs rudes et grossières de la féodalité aux
habitudes chevaleresques de h renaissanœ.
Vëaqtmit» bafrontAtion de H, TâilktOil^ ((aHl Mfrail
MBpotfiblt de rcpradnirv dans an procès^TeiiMrl, est ac^titfillft
par Les applaudUsemeou aoantmes de Vêmembli^i*
M» Ardaot dépose sar le bureaa oâ« aiafuetteeii htohî»^
d*an travail très» remarquable. Celte statuette â été tftttvë#,
il y a qoelqoes années^ dans le départemeot de la Érèiisc},
prèa d*on autei Tolîf élevé k Mercure présidant aux ^éimIs
ehenins qtii ÊiTOnsem les relations oommcrciales des penplei.
MËRCURIO YIATICO, portait l'inscription de F^iViei. l'rès
de là encore furent rencontrées àei patères et am^èi iMstrti^
Bieots da culte de Mercnre , ainsi que l'inscription Deo 3Iet-
turio snr Fuite des patères. Qtioiqne la statnéttte sefit.anjotfi'-
d'hoi dépouillée de seë altribafs, son attitude , là pésifiob
des bras et des knains font bien voir qu'elle teuàit U bei#rie
et le caducée. En outre , 1a "ressembLince de eétfe statuette avec
lastatue en argent découverte a Beribouville, achève de )U5ti6eir
la conjecture de M. Ardant dont le nénoire ddi^sé h l'Aca-
démie des iiisoriptions, k l'époque de la décotiverte de b
statuette qu'il a mise sous les jeux de la Société , obtiM
mN' médaille d^ôr.
M. Ardant prés^ite égalemenf une petite ^iiixtntt attfit^
en argent»
M. Tailhand pense que eèlte del'ttière figurine représentt
une fortune.
La séance est fevée à to Bturc»^
Séance du 9 sepienArêë
l^résIdeneecteM. deCaumont.
MMé k baron bi TàhkXfkÂt ^ de Brioude^ él GaiisIér ^
d'Amieot, sont proclamés membre» de k Sooiété et itavités 1^
siéger.
4^8 $ik9ets GéainÂV»
M* de CaoQMNit prend la parole poar rendre OMiple, au
nom de M"**, la marquise de Salverte , d*oiie dccoayerte im-
portaote faite à AUuye, en Nivernais, par M. de Chassy, son
gendre; li a été trouvé dans cette commune des vestiges d'une
villa dont les mars , encombrés de terre , ont été retrouvés
jusqu'à ude profondeur de sepC pieds. Huit appartements con»
;ligus ont déjà été déblayés , et ont ofiêrt un grand nombre de
\placages peints, de poteries brisées et des médailles de T époque
des Antooins. Ce qui a surtout fixé l'attention de M. de Cbassy,
ce sont : d^abord, une statuette en pierre de sept à buit ponces
de bautenr , représentant un Mercure assis , ayant à ses pieds
un coq , une tortue et un cbien (la tète de la statuette était
fortement endommagée),- plusieurs figurines en terre euite
d'une plus petite dimension et couvertes du bardo-^mcuUuSj
des médailles et d'autres objets .Deux voies romaines se croisaient
dans le voisinage. Qtiandles moissons commencent à mÀrir,on
recoâ naît facilement les traces de plusieurs murailles souter*
raines. M. de Cbassy se propose de continuer Tan procbain
ses fouilles.
M. Gonod présente à la Société un marbre tttmulaire , très-
remarquable sous les trois rapports': paléograpbique, philolo-
gique et symbolique. En effet, l'inscription de ce marbre
datée de 1^70^ oflre un spécimen très-beau des caractères
lapidaires de cette époque; elle porte plusieurs lignes en
langue vulgaire du XIIP. siècle, et est surmontée de deux
anges tenant dans un linceul une figurine qui représente l'ame
de la personne inbtimée.
M. PoUet lit un mémoire intitulé : Esquisse de l'état des
arts à Lyon.
M. de la Sa ussaye présente ensnite un rapport sur l'ouvrage
de M. Mallay, intitulé: Esmi sur les' églises romanes et
ro/nanO' byzantines du département du Puy-de-Dôme.
TEHVSS A CLBAMOIfT. 4^9
Dans 80D rapport , M. de la Sanssaye (ait ifemar^aer que
Tétodede Tart français a pris un tel développement, qu'il n'y
a plus de province en arrière du mouvement général qui nous
porte à déerire et à conserver nos anciens édifices nationaux,
11 rapporte h M. de Caumont , à son cours d'antiquités mofiU'
mentales et h la fondation de la Société qu il dirige, le zèle
qui se manifeste de toutes parts pour recueillir nos souvenirs
d'histoire liés h nos monuments d'art. Il pense que le nom de
M. de Caumont restera attaché à une époque que Ton pour-*
rait appeler la Renaissance de l'ari français. M. de la
Sanssaye continue ainsi son rapport :
« Parmi les ouvrages que le renouvellement des éludes de
c l'art français a produits , celui dont k commission a dû
• s'oGcnper, mérite une grande somme d'éloges. C'était, sans
c doute , UD véritable bonheur pour M. Maliay , que de se
« trouver dans un pays si bien partagé en édifices des pre-
* miers temps de notre architeclare; mais M. Mallay a mon-
a tré aussi un véritable talent dans sa manière de les dessiner
« et de les décrire. Quatre livraisons de l'importante publi*
« cation de notre collègue sont déjà parues^ elles contiennent
a les plans, coupes et élévations de la curieuse église de
u Motre-Damedu-Port , et de celles de Merdogne, de fiellaigne
« etd'Issoire. Tandis que les dessins nous font connaître avec
a une scrupuleuse fidélité, ces monuments dans tous leurs
a détails , le texte nous offre les dates des différentes coostmc-
« tions , étudiées dans le style même qui les cai actcrise , quand
« elles ne peuvent être tirées des chartes on des historiens. Ces
lA divers points de discussion sont recherchés avec bonne foi,
« et décidés avec une saine critique. »
M. de la Sanssaye lit ici quelques passages de la préface de
l'auteur , et termine ainsi ; « La commission a laquelle vous
45o liàiiGSf GéariAA|.BS
« avec wmiê le soin de juger l'ouvrage de M. MalUy, m*ài
<y chargé , messieurs , de tous ciprimer reslime toute parti-*
« cttlière" qu'elle fiiit de cette pnblicatioo; elle bous prie de
<r la recommander à tous les hommes voués a l'élude de aoa
(( antiquités nationales , et même de le présenter comme uu
« modèle bon à suivre par ceux qui veulent publier des m-
« vaux semblablesi »
M. de Caumont c(5nsulte M« Bouillet pour fixer le nombre
des départements qui composeront la circonscription de Tins*
pection divisionnaire qui lui est confiée. I/après les observa*
tions de celui-ci , cette circonscription est limitée aux quatre
départements composant Tancienne Auvergne*
La lecture d'un mémoire de M. Gonod sur la cathédrale
de Clermont, excite l'intérêt de l'assemblée* L'impression de
ce mémoire est votée par les membres de la Société.
M. de Caumont, après avoir adressé des remercinaenls ^
M. Gonod pour les recherches auxqtielles il s'est livré à l'égard
de Thistoire de la cathédrale de Clermont et de ses évêquesy
recommando à l'attention des antiquaires la recherche des
relations des visites pastorales laites dans lesdiocèsetf. On
trouve dans ces relations des fenseigoetnents précieux sur
beaucoup d'anciens usages que l'on ehercherait vainement
ailleurs.
M. de ta Saussaye appuie cette observation*
M. Chauvassaigne demande que la Société émette le vœu
que l'administration fasse dégager la cathédrale des cottslfuc**
lions qui sont appuyées le long de ses murailles et que la
salle de speetacle n'occupe plus , au mépris de toutes les cou*
venances, le bâtimeirt voisin de l'église. •*— La demande eft
adoptée.
La séance est terminée par la lecture d'une pièce de vers,
par M. le baron de Talayrat.
Tenu ES A CLERMONT. 01
M. de Caumont déclare closes les séances publiques de la
Société pour la conservation et la description des monuments
bisioriqnes h Clermont.
Séance administrative du lo septembre.
La Société s'est réunie en séance particulière le lo scp-
tcmbje ; elle a décidé que Li somme de 4^0 f^* dont elle pou-
vait disposer pour les monuments de 1* Auvergne , resterait
entre les mains de l'inspecteur divisionnaire qui , de conceit
avec les membres de sa division , aviserait à lui donner la
destination la plus utile.
Sur la proposition de M. Hunaull, la Société a décidé que
les membres qui ne sont pas abonnés au bulletin rece-
vront un rapport annuel sur Fétat de la caisse.
M. Fabbé Croiset a déposé sur le bureau deux petites tables
de marbre, qui étaient incrustées sur de grandes pierres tom-
bales dont Tabbc Lebœuf a rapporté les inscriptions. Il a
remarqué que les squelettes enfermés dans les tombes étaient
enveloppés d*argile rouge et verte , et qu'au-dessus de Faigile
était une coucbe de mortier. Le reste de la tombe était rem-
pli de terre , de débris de briques et de tuiles à rebords. Il a
encore remarqué qu'il y avait des tombes qui renfermaient
plusieurs squelettes.
M. Mallay a lu une notice sur la cbapelle de Vic-le-Comte.
Ont été proclamés :
Inspecteur des monuments du département du Cantal j
M. DE Lalot , procureur du roi à Mauriac;
Inspecteur des monuments du département de la Lozère,
M. Maliay , arcbitecte à Clermont;
Membres de la Société :
MM. GoKOD, de Clermont;
453 SEANCB6 TEiriTES A CUSKMONT.
Mathieu, de Clermont;
Adbia5 9 de Lezou (Puy-de-Dôme).
BoTTiN, de Paris, ancien secrétaire de la Société royale des.
antiquaires de France.
Séance du n septembre*
M. Grasset, maire de Mauriac (Cantal) , a été proclamé
membre de la Société.
M. Mallet a présenté une notice sur plusieurs monuments
religieux du département de la Lozère.
Diverses communications ont été faites par MM. Tailhaud,
Gbassbt, de Mauriac^ de Laiot, de Mauriac, etGoMon, de
Clermont.
L'inspecteur divisionnaire remplissant
les fonctions de Secrétaire général.
L. DE La Savssaye , de Blois.
-w^*
UN MOT
Sur les Antiquités de Genèçe, de Lausanne et
d^A^enches f Suisse J;
Pae m. de caumont.
GEKÈTR.-^La yille de Genève, comme tontes les anciennes
villes romaines , offre des inscriptions antiques éparses qu*il
serait curieux de réunir dans un musée. La plupart de ces ins-
criptions ont été publiées par Spon et par Orelios. D'autres
cependant , eo petit nbmbre , il est vrai, sont encore inédites.
Il y a lieu d^ espérer que la Société Archéologique qui vient
de se former pour la recherche des antiquités du canton de
Genève s'occupera de ce travail. Déj^, ainsi que )e Tai
appris de M. Duby , on a pensé à enlever des soubassements
de la cathédrale plusieurs pierres antiques qui oal été em-
ployées dans la maçonnerie et il parait que le Conseil
de régence a autorisé cet enlèvement qui sera fait du reste
avec toutes les précautions nécessaires pour que le monu-
ment n'en éprouve aucun mal. 11 est inutile de dire que d'autres
pierres seront immédiatement replacées dans les vides qui ré-
sulteront de cet enlèvement. Les inscriptions qui se trouvent
dans les soubassements de l'Hôtel de Ville et celles qui ont été
incrustées dans les murs de plusieurs maisons pourraient être
^enlevées de la mêm^ manière , et la ville de Genève posséderait
alors un musée lapidaire qui ofirirait presqn autant d'intérêt
454 STTR LB^ ikUTIQUITE» DE GENâvK ,
qaeceux de MaDheim , de Mayence et de Spire dont j'ai parlé
daos le 5". volame du Bulletin.
Déjà quelques fragments antiques soat réunis et placés sous
un hangard dans deux petites cours qui avoisinent le labora-
toire de chimie an musée. J'y ai compté kuit ioscriplioas , la
plupart tumulaires, deux autels et une colonne miUiaire.L'nn
de ces autels porte Tioscriplion suivante :
DEO INVIGTQ
GENTOU>CI
F»MIDIVS S$
TEBIirVS MIL.
X.BG. TIII AVG.
On Toit près de ces débris des fragments d*unecornicb'e co-
rinthien ne dont les modillons alternent avec des rosaces riche-
ment scnlptées. Ces fragments avaient été jetés pèle-mcle depuis
long-temps €t Ton en faisait peu de cas; mais la Société
Archéologique dont je parlais tont-à l'heure va les faire
ranger plus conveaablement en attendant qu'ils soient
déposés dans un musée. Elle a même fait faire provisoirement
une toiture en bois qui les garantira de la pluie et de rhcmû*
dite.
L'une dessalleadu musée d'histoire naturelle est oimsacrëe
aux objets antiques portatifs , et cette collection e^n renferme
d*assez curieux , placés dans une armoire vitrée à ganohe de
la porte d'entrée. J'y ai vu plusieurs bracelets en argent , un
bassin de même métal avec son manche absolument semblable,
quant h la forme , au bassin de cuivre que Ton voit dans
la collection de la Société des A ntiquaires de Normandie ,
une grande patère en argent , des anneaux , des agrafies et
anties objets ^ le l^t diéceiivert > il y a six aps , à Sk«-Geni6 en
FranM , i deai iieaes de Genève 5 une antre patère en argent
ressemblant à une petite casserole et trouvée à Rcgny en
Savoie, une base de statae en bronu! trouvée a St.-Pré , à six
lieues de Genève , canton de Yand , et sur laquelle on lit
rioscriptian snivaiite :
IVCAIfVS
CaàhéJrale. -*- La cathédrale de Genève est un des pins
cnrieux monuments du XIPt siècle que Von puisse observer ,
k cause des belles sculptures qui la décorent intérieurement,
Lq9 cbapiteaux sont d'une richesse très-remarquable. On y
voit, outre les ornements les plus variés dn style byzantin,
de9 figurines en fort relief ; quelques-uns portent des ins-
criptions. Ainsi on découvre sur F un d*eax an buste de
vieillard tenant d'une main un calice ^ de l'autre une espèce
de figure rayonnante* On lit au^^dessus de sa tète : Melchise^
eMu Sur un autre cluipiteau on distingue ces. mots :
SUrr^xit Christus* Les demi-colonnes d'un des piliers repré-
sentent Dieu au milieu des symboles des quatre Evangé-
listes sculptés sur quatre cbapiteaut de ces colonnes. La^
cimaises qui surmontent lescliapiicauxsoatà plusieurs endroits
décorées de feuillage ; il en est de même des cercles qui r^
couvrent quelques-uns des fûts des colonnes. Quant aux bases,
elles sont attiques , mais avec un epaiiouissement très* sensible
dn premier tore qni ae trouve orné de pattes* he% angles du
socle sont garnis de perles ou de pierreries. Plusieurs de ces
colonnes onides piédestaux asse^ élevés.
La disposition du cZ^res/oiy est assez singulière : on y voit
cinq arcades dont kt plus élevée est *att eentera. Cette arcade et
436 SUB LES AHTIQUITis DB GBffivE ,
celles qui Tavoisioeat 3oai ea (orme de lancettes , et ks deux
autres a trois lobes.
Le iriforàim se compose d'une galerie k plein cintre» Il y
a six petites arcades par travée.
La forme générale de Téglise St. «Pierre est celle d'nne croix
peu allongée. Deux tonrs sont placées anx extrémités des tran-
septs. La tour priocipale qui se trouve au sud a été recons-
truite en iSio, ainsi que Tatteste une inscription.
Laits AVNE. ^- La cathédrale de Lausanne oflVe nn cnrteux
sujet d*étude. Elle présente deux transepts , dont Fun (celui .
de Fonest) est précédé d'nn vestibule elliptique, fort remar*
qnable , auquel le portail et la façade actuelle ont été accollés
à la fin du XV". siècle on au commencement du XVI*.
L'édifice , si Ton excepte la partie dont je viens de parler ,
des chapelles et quelques fenêtres h peu près dn même temps ,
remonte an XII". et au XIIP. siècles. Le chœur parait pins
ancien que la nef : il présente une apside dont les collatéraux
font le tour , et Ton y remarque des moulures byzantines par-
faitement traitées , des chapiteaux très-bien fouillés et des
arcades cintrées mêlées h des ogives. J'ai aussi remarqué dans
les bas côtés quelques pilastres cannelés, comme on en troave
à la Char^lé-sur- Loire , k Anton , à Langres, et dans plusieurs
églises de la Bourgogne et du Bourbonnais. Des tombeaux
très-curieux du XIII**. et dn XIY*. siècle existent dans ces bas
côtés du chœur et mériteraient d'être publiés. Ce sont, pour
la plupart , des tombeaux d'évêques 5 on y voit aussi celni
d'un pape.
Dans la nef qui doit être un peu moins ancienne que le
chœur, et probablement dn commencement du XIII*. siècle,
k disposition des colonnes est assez remarquable : ici ellos
DE LAtrSANVE BT D'AYERCnES* êfi']
sont rénniesen faisceau on par agronpement ; pins loi a on
aperçoit deux colonnes cylindriques rapprochées , mais non
rënnies, ayant de chaque côté une colonnette faisant Toffice
de sous-fût et supportant l'archivolte *^ plus loin on découvre
une seule colonne cylindrique accompagnée d'une colonnette
de face , dans une autre arcade deux colonnes cylindriques
rapprochées.
Le triforium se compose d'arcades en ogive , comme on en
voit si souvent an XIII*. siècle; on en compte cinq dans
chaque travée.
Des arcades simulées ornent les murs des collatéraux; elles
offrent un arc à quatre lobes entre deux arcs trilobés.
Le portail latéral au sud , décoré de statues du XIII** siècle
mérite d'être remarqué.
Il est fâcheux que l'on n'ait encore publié que de mauvais
dessins de cette intéressante cathédrale, et elle a été très-
mal réparée : au lieu de chapiteaux byzantins, on a fait de
ridicules chapiteaux composites aux colonnettes extérieures des
fenêtres.
Le musée de Lausanne , placé dans le collège, est surtout
remarquable par sa collection d'objets d'histoire naturelle. Les
antiquités enfermées dans des armoires sont aussi fdrt intéres-
santes, en ce que la plupart ont été trouvées dans le pays et
près du lac de Genève, dont les bords étaient garnis d'habi-
tations sous la domination romaine. J'y ai remarqué une belle
lampe en bronze d'un pied environ de longueur, trouvée en
1824 à Nion , sur le bord du lac j; une vingtaine de figurines
antiques en bronze , des bracelets du même métal de difiérents
diamètres, des cercles ou bracelets' en pierre oUaire, absolu-
ment semblables à ceux que M. Legrand a découverts à Ecâjeul
et qu'il a offerts à la Société des Antiquaires de Normandie;
52
438 SUE LES ANTIQVITfs DE GCllèyB ,
4es hacbes de bronze, phisiears amptiores , des casseroles et des
passoires en bronze, des faucilles , des épées et des fers de lance
du même métal : le tout découvert dans les écrirons de la TÎUe.
Ay£ircHE&.— Je ne peux que signaler Avencbes , l'ancienne
Aveniicum Behedonim ^ comme Tun des plus en rieux em-
placements de ville antique que le voyageur puisse visiter.
Avencbes ne renferme pins aujourd'hui que douze .à quinze
cents babitants dont les maisons se trouvent groupées sur un
mamelon situe à l'une des extrémités de la ville romaine et
qui peut-être en portait le capitole^ mais on peut voir encoie
toute rétendue de Tancienne ville : une enceinte de murs
d'environ une lieue et demie de circuit en indique nettement
les limites. Avencbes est, conséquemmeut , du très -petit
nombre de villes qui ont conservé leurs murs d'enceinte* Ces
murs ont environ quatre pieds d'épaisseur et s'élèvent encore de
place en place à quatorze ou quinze pieds de bauteur. Quelques
brècbes ont été pratiquéesdansFeuceinte, mais elles sont encore
peu nombreuses , et il est à désirer que l'administration arrête
la démolition qui a été commencée sur plusieurs points dans
l'unique but de se procurer quelques moellons et de gagner
pour la culture , le sillon de quatre pieds de largeifr sur lequel
le mur est fondé* Ce mur est construit en moellon calcaire ^
dans les lieux où le parement est bien conservé^ les pièces
ressemblent à celles que j'ai désignées dans mon Cours 'sous
la dénomination de petit appareil allongé (i). Du reste, pas de
chaînes de briques, pas de briques pilées mêlées dans le ciment,
mais bien un sable à gros grains renfermant des petits galets.
Quoique quelques tours rondes existent dans la partie de
l'en ceinte orientée au nord , il me parait évident que ce mur
(0 11*. vulume, p. 165.
était pintôt uoe muraille de clôture qu*uo mur de guerre. Il
ne semble pas probable qu*il y ait eu un chemia de ronde
sur la créle ni qu il ait été crénelé , car il s'élève isolé des
lerres environnantes ; à l'intérieur de la place il n'était point
soutenu par des terrasses, et avec unç épaisseur si peu consi-
dérable il est difficile de suppaser qu'un chemin de ronjde ait
été établi au sommet.
La ville d'Âvenches, ainsi entourée de murailles, était
assise sur un terrain qui.s'élevait vers le sud-est et s'inclinait
doucement vers le nord-ouest jusqu'aux bords du lac de Morat.
Le terrain le moins élevé est celui qui parait avoir été occupé
par la partie la plus riche et la plus peuplée de la ville. C'est
là qu'on a trouvé un très-grand nombre de mosaïques d'un
travail soigné , dont une encore demeure sur place, protégée
par le toit d'un pavillon dont on l'a recouverte. Elle pré
sente au grand vase et plusieurs cercles concentriques encadrés
dans une figure quadrangulaiie aux angles de laquelle on
a figuré des poissons. Un très-grand nombre de fragments
d'autres mosaï<(ues ont été détnchés et transportés dansdiUé-
rents locaux oii on les voit encore.
Les principaux monuments publics, dont j'ai visité les
ruines, sont d'abord : le forum que j'ai décrit dans le. S".
volume de mon Cours d'antiquités (i) , et dont il reste encore
debout une colonne de marbre blanc, haute de 57 pieds.
Plus loin , on voit encore des thermes dont les bassius sont
revêtus de placages en marbre blanc pareil; et à peu de dis*
tance ; les soubassements d'un monument dont je n'ai pu me
rendre compte , et qui ne peut être autre chose qu'un tombeau
ou un petit temple.
Le théâtre était là , comme à Orange , et dans plusieurs
(1) Page 277.
44o »l^R l'es AVTfQTnlb DB ÙBtiRVE ,
antres TÎHes, placé le long do forom. Comine il D*aTait
îamais été mcsoré, j'ai pris les dimensioiBS de la corde qai cor-
i-espood au diamètre de Torchestre : fai trouTe i35 pieds. La
largeur dn massif occupé par les gradins est de 75 pieds»
La scène dont il ne reste plus de vestiges devait être garnie
eitérienrement d*nn portique qui donnait snr lefornmet fai-
sait face an rang d*arcadesdontnn des piliers est encore deboot.
On rapporte qoe pendant long-temps nn vaste four à chaax
était établi dans les mines du théâtre , et qu*on y a converti
en chaux une énorme quantité de frises et de chapiteaux an-
tiques. II est encore désigné sur les plans sous le nom de four
Il chaux et de tuilerie , parce qn ou y a fait au^i de la tuile.
Uamphithéâtre est visible dans la ville actuelle ; il forme
comme une espèce dé cratère au milieu du terrain de la petite
place du Citsino.
' Musée, •*- On a placé tout récemment dans une maison
située au-dessus des murailles antiques qui soutiennent les
terres près de Tamphilhéâtre des débris de monuments qui ont
été découverts depuis peu à Avenches , et Ton ne saurait trop
remercier les amis des arts qui pnten Theureuse idée de sauver
ainsi les derniers restes de Tantique splendeur de la cité. C'eat
surtout aux soins de M. de Dompierre , de Payerne , et à M.
Dolayre , ingénieur , qu on doit la précieuse collection qui s'y
trouve déjà réunie. Cesontd'abord des débris très- volumineux
de corniches dont j'ai pris on dessin. Ces corniches ont appar-
tenu à plusieurs monuments différents. Elles n'annoncent pas
une époque très-avancée 5 elles sont pesantes, et leurs mou-
lures sont assez médiocres , mais à côté de ces débris , Ton
en remarque une grande quantité d'autres d'un meilleur
goût, ainsi que beaucoup de fuis de colonnes de différents
diamètres. Parmi elles, j'en ai remarqué dont les fûts de 16
Dr I.ivSA1IN< BT I>'A¥BliCaS8. 44^
pouces de diamètre oat dea ba&cs couvertes de mouluies.
Dans cep cdoones , comme dans celles de Tare de triomphe,
de Besançon, et dans quelques autres^ que )'ai observées
aulrelois à Péiigueux , le premier tore h épuouit et 6 étend
fort loin au-deU du cylindre 5 F intervalle qui le sépare'
du second tore u*ofire plus la coupe ordinaire des senties.
Ces bases étaient du reste couvertes de moulures et d*uue
recherche qui annonce au moins le IIX'. siècle, et les colonnes
auxquelles elles appartiennent ont probablement été employées
h la décoration intéiteure. D'autres colonnes du diamètre de
10 à 12 pouces sont également déposées dans le musée, et ne
peuvent , TU leur petit diamètre ^ avoir été employées qu'à
riotérieur*
Le musée renferme plusieurs beaux chapiteaux corinthiens,
et des fûts de colonnes cannelées qui paraissent se rapporter
à ces chapiteaux , et doutée diamètre est de 22 pouces vers la
partie supérieure.
Plusieurs dcbrisd'inscviptions se rencontrent dans le musée.
L'une d'elles , gravée en caractères de quatre pouces , sur une
pierre de marbre , large de ro pieds et hante de 29 ponces,
avait été vraisemblablement inscrustée dans les murs de Tarn-
■
phithéâtre. L'inscription est entourée d'une moulure ou enea-
dremeut. Elle a malheureusement perdu quelques-unes de ses
lettres ; voici du reste les mots dont elle se compose :
Iir HOVORIH OOMVS DIVIITAI
HAVTAB A&VRAirCI ARIMIGI
SCHOLAM DB SVO IXSTRVXBRVRT;
h J> D D.
Cette inscription doit évidemment être restituée de la ma^
■
nièfe suivante .* In honorent domus divinœ Nautœ Aruranci
Aramici ( les Nantes de PAar , rivière A^Smsat) séolam de
sua instruxerunt loco daio decreto Decurionum .
Parmi les nombrenx débris de placages en marbre qui ont
été rénnis an mnsée , on en rema^rqne pins de t6o d'on pouce
d'épaisseur qui sont couverts de lettres , et donti^assemblagc
a dû former une très-longue inscription. Je suppose que ces
placages étaient appliqués en revêtement sur quelque édifice
public 5 peut-être contenaient-ils une ordonnance de police,
on quelque instruction à laquelle il fallait donner une grande
publicité. Il serait curieux de- réunir ces morceaux de
Boanière \ en reformer des mots et des pbrases , mais ils ont
été si long- temps disséminés qu* il restera toujours des lacunes,
et il n^est pas présumable qu'on p'uis&e jamais rétablir en
entier Finscription.
De curieuses peintures à fresque , qui ont dû être appli-
quées sur un plafond ou sur des murs verticaux , offrent des
dessins bleus et rouges sur un fond blanc. Des débris de
corniches en bronze , probablement destinées à la décoration
intérieure des appartements , sont avec des fragments de
statues de même métal au nombre de plus de 80 , petits et
grands. On remarque ensuite une collection ti'ès intéressante
de vases en bronze , ayant tous , ou la forme de nos bols en
terre cuite > ou celle d'un bassin plus ou moins profond.
Yoici les dimensions de trois de ces vases.
J
Diamètre.
Profondeur*
1*'. vase.
. 10 pouces.
6 pouces et demi.
1
a*, vase.
9
5
1
5*. vase.
9
5
Je ne ferai que mentionner les autres objets très- nombreux
DB LAVSAlflfB BT D^AVEHCHES. 44^-
qui remplissent ce musée : tes amphores y sont en très-grand
nombre , ainsi qne les marbres de diverses espèces que nous
trouvons employés en placage dans les anciens monuments
gMllo-romaitts da midi de la France. J'y ai distingué le
marbre blanc ordinaire, le marbre bleuâtre du Cypolin ,
le marbre rouge antique toujours employé mât , comme nous
Favons vu constamment employé dans le midi de la France 5
enândesophytes et quelque fragments de marbre vert antique.
I
NOTE
» •
Sur r appareil d'une tour de t enceinte murale
de Cologne ;
Par m. de CAUMONT.
Dans mon Cours d'antiquités (i), j'ai décrit plusieurs revête-
ments de murailles gallo-romaines des bas-temps ^ dans lesquels
les pierres d'appareil de nuances différentes sont disposées de
manière à simuler des mosaïques. La pi. XX de Fatlas a pré-
senté quelques exemples de ces appareils y tirés des murailles
du Mans. Plusieurs autres enceintes en France offraient de
semblables combinaisons , notamment celles de la ville de
Sens , qui malheureusement vont être détruites.
Une tour que l'on voit encore à Cologne présente un
exemple beaucoup plus remarquable encore que les précédents
de ce système d'ornementation employé par fois dans les murs
d'enceinte de nos villes 5 et comme elle n'a été , que je sacbe ^
décHte par aucun antiquaire français , j'ai cru devoir repro-
duire , dans le Bulletin , Tesquissc que je me suis procurée à
Cologne même , lorsque j'ai visité ce monument. Les mêmes
figures se trouvant répétées à des . intervalles égaui^ sur le
contour de l'édifice , j'ai dû me borner à représenter un
segment du cercle formé par ces ornements.
Comme on le voit , des pierres symétriques de couleur
différentes , taillées , pour la plupart , en losanges , en tri-
(1) Second folame» page 16/».
SVB l'aPPAHEII D*UfrB TOUR DE COLOGlTE. 44^
angles , etc., deisinent , par leur assemblage , des échiquiers ,
des espèces de roues et de petites arcades. Dans la partie sapé-
rieure , on remarque , de distance en distance , l'image d'un
petit temple tétrastyle surmonté d'un irooton triangulaire.
Ces différentes figures , dont le dessin ci-joint iera bien
mieux comprendre la forme et la disposition que Texplication <
la plus longue , sont formées ayec des matériaux de trois
couleurs principales. Les pierres blanches et noires ou grises^
et la brique , entrent surtout dans leur composition.
Reste h savoir II quelle époque on peut Caiire remonter cette
tour , et si elle doit être considérée comme ayant appartenu
à l'enceinte gallo-romaine de Cologne. Sur ce point, les
observateurs ont été partagés d'opinion : quelques-uns , et
entre autres M. le baron de La Doucette, dans le tome XI
des mémoires de la Société des antiquaires de France , p. 127 ,
ont regardé ce revêtement comme nepouvant appartenir qu'au
moyen âge. Il est vrai qu'en examinant les mosaïques d'appa-
reil , dont les églises d'Auvergne nous offrent des exemples,
on est frappé des rapports qai existent entre ce système d'orne-
mentation et celui de la tour de Cologne. II n'est pas jusqu'à
remploi de fragments de pierres volcaniques qui ne porte à
faire un rapprochement entre le monument qui nous occupe
et les églises d'Auvergne. Cependant Tappareil de la tour de
Cologne m'a présenté plus d'analogie avec ceux des dernier»
temps de l'ère gallo-romaine , qu'avec ceux du moyen âgCr
Quoi qu'il en soit, comme ces derniers offrent quelquefois uner ^
ressemblance complète avec le petit appareil gallo-romain , je
suis loin de vouloir attacher h cette observation plus d'impor-
tance qu'elle ne mérite , et de me prononcer sur l'âge d'un
monument dont l'époque est aussi incertaine^ et que d'ailleurs
je n'ai fait qu'entrevoû^ en passant à Cologne.
THE NEW YORK.
Nblic libraryi
ATTOR, LENOX AND
TliOEN FOUNDATION a.
NOTE
Sur les découvertes faites à Allûyprès de Neiger s
(V. le procès-verbal des séances tenues à
Clermont);
Par M. DE CHASSY.
Âlluy , canton dé Châtillon eo Bazois , département de la
Mièvre, serait, d'après M. Gilet, dçnt je tous envoie un article,
Tancien Alisincum de F itinéraire d*Antonin.
En exécutant mes fouilles , j'ai reconnu que la maison que
je fouillais était carrée avec une cour intérieure au milieu.
Le côté du nord, que j'ai fouillé, a une longueur de lo
mètres, sa largeur est de 5 mètres j chaque chambre a i4 pieds
carrés , il y en a dix. Les murs de séparation ont à peine
1 pied. Les autres côtés sont encore apparents à Toeil, et je
sais , par la tradition , qu'ils ont été fouillés par mon grand-
père , dont il est fait mention dans le petit ouvrage de M.
Gilet. Je vous envoie aussi les dessins de ce que j'ai trouvé de
plus remarquable , ce sont :
i^. Un Mercure , une bourse à la main , un bouc à sa
droite , un caducée à sa main gauche , un coq à sa droite
et une tortue sous son pied. gauche 5 il est assis sur un i'ocher ^
avec un manteau sur les épaules. Cette statue , toute mutilée
qu'elle est, ne laisse pas d'être apprcêiée par les amateurs,
comme un bon morceau de sculpture. Elle est en pierre blanche
qui n'est pas du pays.
2°. Des épingles ou agrafles en cuivre. Sur l'une est un
lion qui n'est pas bien rendu par le dessinateur.
44^ SUR LBS DÉCOUVBBTES FAITES A ALLUT.
3®. Un miroir métalliqiie qui était beaucoup plus grande
j'en ai laissé prendre à beaucoup de personnes, il m'en reste à
peu près 6 pouces carrés. .
4^. Des fcrs qui n'ont rien de remarquable, ce sont d'an-
ciennes pièces d'armes mangées par la riouille.
5^. Des poteries qm sernicnt curieuses si elles étaient en-
tières ; j'en' ai une quantité innombrable. Vous verrezsur
Tune d'elles Ofic, Bilicat, ce qui veut probablement dire
fabrique de Bilicat us.
6°. Deux pièces gauloises. J'ai trouvé en outre plus de i5o
médailles romaines dont je ne vous parlerai pas , car ce sont
celles que l'on trouve partout.
J'ai trouvé quatre statuettes. La première que vous voyez
représentée sous deux faces a la figure d'un homme. La deuxième
qui n'est pas représentée a celle d'une femme j son capuchon
encadre sa figure sans la cacher. Les deux autres ont la
figure de deux enfants de sexe différent 3 l'homme et l'enfant
tiennent une espèce de bourse à la main.
Xie portail de l'église paraît du XII*. siècle, en se reportant
à votre Cours d'antiquités.
Sous cette église est une crypte avec les peintures ^ fresque
parfaitement conservées. J'ai obtenu 100 fr. et j'en ai dépensé
autant pour faire nettoyer et fouiller jusqu'au carrelage cette
église souterraine. Encore un peu d'argent et l'on pourrait
réparer les peintures qui , toutes grossières qu'elles sont , font
encore un bel efiet, et peuvent faire voir l'antiquité de notre
église* ^
!P»7"
5-B— •— r
Tl. VJI.
U
Â
js r
m
/-. -•#■.•.
»•*
V _**
iTHE NEW YORK
^UBLIC LIBRARY
mrOR. LENOX AND
THDLN rOUNOATIOMS.
w
/
«
MEMOIRE
Sur Aïluy , par M. Gilet , communtqtœ par
M. DE CuASSY.
Dans rAnnnain de Tan X , p. 89 (i), od a dît que Yjéli-
sincum , dont il est fait deux fois mentioa dans F Itinéraire
d'Antonin , était A nisy : alors on avait suivi le savant M.
Danviile. Un examen particulier du pays a fait changer
de sefiiment; et dans F Annuaire de 1806, p. 77, en annon-
çant que Ton reviendrait sur la position à^ Alisincum ;
CD avait déjà de bonnes raisons pour douter de celle que
l'illustre géographe que Ton vient de nommer lui avait
donnée.
M. Sallonnyer, ancien officier du génie , est le premier qui
ait douté qu'Anisy fut Tancien Alisincum, parce que ce simple
hameau, composé d^ un fort médiocre château et d'une église pa-
roissiale seulement, situé sur la rive gauche de la rivière d' Aron,
n'ofïre aucun vestige d'antiquité, et que son sol , ainsi que
celui des environs, est h peu près vierge. Sachant , au con-
traire, que le petit hameau de Yillars , commune de Biches ,
sur la rive droite de la même rivière , à près de deux lieues
an-dessus d'Anisy,, r|pélait des débris multi(fiés , il conjec-
tura que ce pouvait être la position de cette ancienne vilie :
pour s'en assurer , il examina le local avec attention, et nous
engagea à nous en occuper. Quoique ce militaire ait , après
(f ) ABSttaire du déparlcment de la Niènre.
i
45o MéMOIBE iiUR ALLVYE.
Banville, fixé les r^^gards sur ce pomt de géc^rapliie ancienne,
on n^âdoplera pas entièrement son avis; et il xparait indubi-
table qu'Allnje , à une lieue encore au-dessus de Yiilars, est
la véritable* position S AUsincum*
D^Anville a d'abord fait une correction essentielle en
détruisant Topinion de Samson , généralement reçue, qui
confondait Alisincum avec Aquœ-Nisencii , Bourbon-Lanci ,
. et M. Sallonnyer s'est aperçu de l'insuffisance de cette correc-
tion.
Le haiieau de Yiilars est en effet remarquable par les vcs-
^ liges de monuments romains que son sol recèle. Les gens qui
r habitent disent, les uns, qu'il y avait un temple , les antres ,
une ville ou un couvent. Dans un petit héritage, sur la
f gauche du chemin descendant de Villers à TAron , il y a
beaucoup de tuiles à rebord , ce qui annonce que TédiGce
dont elles proviennent ne remonte pas au-delà du siècle d'Au-
guste , puisque l'on prétend que les premières tuiles parurent
sous cet empereur. On a trouvé dans le même endroit des
morceaux de terre cuite de 5 pouces de largeur sur une lon-
gueur inconnue , et 5 lignes et demie d'épaisseur , dont la
surface, -bombée dans le sens de la longueur, avait été
cannelée , et les cannelures étaient des demi-ci rconfcrencés de
cercles concentriques , décrites de deux points opposés pris sur
les deux grands côtés du parallélograiDme. Du côté de la
concavité, dans toute la longueur , il y avait a chaque bord
un filet demêq^ saillie et largeur que l'épaisseur du morceau
de terre cuite. La flèche du bombemenrétait au plus de deux
lignes. Le même sol contenait une multitude de fragments de
marbre , noirs , blancs, veines de rouge, de violet, de jaune,
un morceau de lumachelle de Carinthie 3 tous, par leurs petites
dimensions, leur peu d'épaisseur et leurs formes rondes,
mémoibb SUB ALLVYE. 4^1
carrées , rlioQibe$ , paraUélograini<]aes , avaient servi à un
carrelage li compartiments^ ou à des décorations par incrns-*
tation : un morceau blanc , large de six pouces , éjait cannelé
et provenait probablement d'un pilastre saillant. Parmi ces.
débris on voit des socles , des portions de chapiteaux. Le sieur
PooUet, auquel appartient l'héritage, en y fouillant de quelques
pieds, y a rencontré un pavé de marbre à compartiments,
des vases d'étain , deux autres vases en terre du pays ,
deux tuyaux de plomb qui se dirigeaient vers la rivière , des
marches dVscalier j nous y avons ramassé des morceaux de
verres parallélipipoïdes , de deux , trois et quatre lignes de
dimension , colorés en bleu , rouge, vert, brun , et diverse-
ment nuancés, qui sont certainement les débris d'une mosaïque.
Il y existe la meule gisante ou de dessous d'un moulin à
bras ; elle est en lave de Yolvic , a 1 8 pouces de diamètre
et est bien conservée. A la porte du domaine de M.
Gondier , il y a un tronçon de colonne , sculpté en feuille
d'eau , de ^ pieds de hauteur et de 1 5 pouces de diamètre 5
ce qui porterait le fût de la colonne à plus de 12 pieds , et à
1 5 avec l'entablement , non compris un socle ou un piédestal ,
quoiqu'il pût y avoir l'un ou l'autre. Ces proportions donnent
une idée assez avantageuse de l'édifice qui a existé en cet
endroit.
Ëii 1801 , on y trouva un torse ^ans tète ni membres , et
dont , par indiflérence ou pardéiaut de connaissances dans ce
genre, on fît si peu de. cas qu'il (ut réduit en n»ellon : nous y
avons encore vu un pied , c'était le droit ; il était sur un
socle de belle pierre calcaire blanche, d'un bon travail et
m
avait 9 pouces de longueur. Ainsi la statue était au moins de
grandeur naturelle.
Le sieur Poullet y trouva en 1807 , h côté d'un tombeau ,
45) MÉMOIBE SVB ALLI7TB.
deax petite instraments semblables et égaux, Tan en cuivre
et l'autre en- argent ; ils ayaieut la forme d'une cuillère;
leur longueur totale était de t4 centimètres , le mancbe en
avait I G et .demi , était quadrangulaire proche le cuillerou
où il avait 5 millimètres d'épaisseur 5^2 centimètres les
angles s'abattaient 3 il se termioaii* en cône tronqué , et avait
I millimètre et demi de diamètre h l'extrémité. Entre le
manche et le cuilleron il y avait une courbure d'un centi-
mètre, semblable à celle des boutoirs de maréchaux. Le
cuilleron , dont l'extrémité est relevée jusqu'au-dessus de la
direction du manche , a la figure d'un oméga majuscule [fort
allongé, dont la plus grande largeur est dç 56 millimèlres.
Ces deux instruments étaient accompagnés d'une balle sphérique
en laiton , sur laquelle étaient deux petits traits croisés X }
elle pesait 109 grains forts : le siUcus des Romains avait
à peu près le même poids. L'usage de cette balle pouvait servir
à peser les parfums , et les deux cuillers à les jeter sur le
brasier*
On trouva encore à la même époque quinze médailles ro-
maines en bronze, du moyen et du petit modules 3 trois de
Constantin-le-Grand , une d'Alexandre-Scvère , une dç Ger-
manicus , une de Constance , une de Maxime : les huit autres
étaient frustres. En 1 Bo5 ,, le sieur Poullet en rencontra
encore deux 3 mais nous n'avons pu en lire qu'une. La légende
était Imp. Maximianus. Imp. Aug,
Dans l'héritage à droite du chemin qui ya à la rivière , oju
remarque des décombres , maintenant couverts de -brous-
sailles. Ils ont ao à 5o mètres de largeur sur plus de 200 de
longueur , et se dirigeât de l'héritage précédent , au nord-
est , vers le petit coteau rapide de l'autre rive de l'Aron , au
sommet duquel est le petit hameau de Chamon. Ces débris
anÎTent h cocde de 5<h» mètres de lotig«e«r , conpml'if«ler«'
nipiMHi dont oa ti parler , d*«o «re decevde que paccourl
la rivière » dont la eoinrexité caC aa snd-^esl. Ib ont une-inter'^*
mplioD aux a^ipcDclMi d^ rAron, dn oèté de Chamoa. N*eit-«l*
pas Traisemblable qii^ils proviennent d'un a!qaëduO'({iit'aiiie*-
nait des eaux d*aii delà de Charnoo, h l'édifice qui était dain»
rkéritage diLsievr Poallet. L'ioterroptiioo Vers la rivière nd
poovait-elle pas être sorniootée par une arcade ou des tnyant'
rapportés par àes pilles? Ce qoi confirme cette idée , œ sont ,
parmi ces débris , des pierres de taille de plus de denx «être»
de longueur , un mètre de largeur , i6 à ij oeDiiractrea
d*épais8eur : sur Tune des grandes faces , il j a une rigole dé
trois centimètres de profondeur et d^enviroo 6 dédmètres de
largeur ; eette rigole était sans doute un cbemin d*eao% Rien
n'était plus propre qiie tout cela à persuader M. Sallonnyer ,
que Yillars est ÏAlisinciim de Titinéraire d'Antoain , mai^
s'il eût jeté un coup*d'œil sur AUnye ^ )e sais coavaiacnqu >^
aurait pensé difiéremroent.
Le mot Yiilars qui , suivant Ducange , dCrive de VUiarey
n'a jamais signifié qu'une maison des chtfmps^ nne métairie i
il n'a pa«, comme Alluye, le moindre rapport «stcAlîsincum^
On ne peut cependant pas disconvenir qu'il n'y ait eu dHM
cet endroit un établiisement romain assez imj^rtant : on
pourrait demander ice qu'il était, et pourquoi aon nom ',n'a
laissé aucune trace. Tous les objets amoncelés à Yillars , tels
que priions de colonnes , membres- d'^rohitecturei pavés k
compartiments y mosaïques , espèce de cuiliers et poids , aur
noncent.une métairie. E^ile prit le nom de Yillars , qui lui
convenait.
Alluye n'offre pas moins de vestiges, d'antiquités.
Dans le d^uap appelé, de Rèiiie-, sitné k Goo mètres nM^
35
4S$ MéMOlBB SUS AtLVYE,
est de Fégiise d'AHaye , on a sorti de 4erre pins de ving[l
tmnbes de grès dont le graio était très-fin. Il est de transport^
car il n'y a ancane espèce de grès dans Ja éommune ni aux
evvicoAs, Une pareille tombe parÀÎt à flear de lerie dans une
des rues d' Alla je. Deuxamtres, qui ont été tronvées dans
lefauboorg de St .-Martin, sont 'maintenant déposées dans
le jardin de la demoiselle Gondier : Tune d'elles porte 19
décimètnes' ( près de 6 pieds) de longueur , 4 ^^ ^^^^ ( P^^^
de i5 pouces ) de laideur par un bout , 1 et demi ( 5 ponces
et demi) par Tautre bout. Toutes ces mesures sont intérieures:
les parois ont un décimètre (près de 4 pouces) d'épaisseur.
M* Bèllon de Clias^ , ancien militaire , digne de croyance ,
dont ia maison de campagne est k Alluye, nous a assuré que
la plupart des tombes, trouvées dans le cbamp de Rème,
portaient des inscriptions que les habitants du lieu ne purent
lire : elles furent brisées pour en faire des meules et des
pierres à aiguiser. Le champ de Rème paraît avoir été le lieu le
plus ordinaire aux sépultures ^AUsineum i dans les nuits
sombres' de l'hiver , il s'y élève du gaz hydrogène qui s'en-
flamme par le contact de l'air , phénomène que le vulgaire
appelle feu-folet, et qu'il attribue à des revenants, des esprits
malins. Le nom de Rème , qne porte le champ dont il s'agit ,
ne tirerait-il pas son origine du verbe latin remeo, revenir ?
Dans une de ces tombes il y avait une médaille de bronze
doré , du grand modale , qui était de Trajan , avec plusieurs
petites boucles de fer. On déterra dans le même local trois
squelettes humains : celui du milieu avait la face tournée
vers le ciel et une épée dans la maiti droite; les deux autres
avaient la face contre terre et en main chacun une lance. M.
de Chassy-, dont la hauteur est de 5 pieds 10 pouces , mit
contre sa jambe le tibia de chacun de ces squelettes ^ il le
MBMOIBB HVVL AU.VYB. 455
irouTa de deux- pouces plu» long que ie sien* S'il o'a pas
commis d'erreur d'anatomie k cause des emboîtements des oa
dans les articulations , ces charpentes osseuses ont appartenu
à des espèces de géans. Exposées k Fair, à la pluie, et à la
gelée , elles se sont totalement décomposées.
Soit dans ces tourbes, soit aux environs , on a trouFé bea«'»
coup de médailles. M. de Cbassy.est parvenu à en recaeillîr
quatorze qu'il a bien voulu nous communiquer : une ^taît
de Nerva , une de Trajan , une de Lucille , fille de Mare^
Aurèle , deux de Maximien-Hercule , une d' Augnstule ^ le reste
était fruste el illisible. On en a trouvé beaucoup d'autres et on
en trouve tous les jours 3 mais la cupidité les porte chez les
brocanteurs.
Dans un autre héritage adjacent an champ de Rème , il y a
une multitude de fragments de tuiles k rebords et des sou-
terrains voûtés.
Des prés , appelés Marceau , proche et à Test d'Alluye ,
vis-à-vis de la maison de campagne de M. de Ghassy , conr
tiennent plusieurs vieilles masures , entre lesquelles il y a
beaucoup de scories vitreuses semblables à celles de nos bauts
fourneaux. Si, dans cet endroit, on a, comme il est impossible
d'en douter , réduit le minerai de fer , cela n'a pu se &ire par
les moyens maintenant en i|sage , car l'eau ne pouvait y âtre
employée comme principal moteur»
Qn ne peut ouvrir la. terre a AUuye et aux environs., que
l'on, n'y trouve des fondements de bitiments, des voûtes ,
de^.cbeiniqp ferrés, .des ossements, des lameacasçées, des
espcic^.de médailles ;.dans œs pièces, l'une 4e$ fiioes est con<
vexe et porte une tète de jeune homme 3 la &ce opposée est
conçay^et porte un.cKeval qui franchit no objet ressemblant
à.utt,.Yas^t<Il k^aix k souhaiter que. quelq»» amateur d'jwfi-
456 «éiioniB sm aiutte.
cpiitésy dent Iflibrtmie loi permetfrAÎt on sacrifiée pécuniaire,
fit faire âes faiMlles : on est jperswidé i^irelies œ seraient pas
iofniclaeosea»
Ëa f8o5>e« refiiisaol un aoeiett puitr, comblé éepats long-
temps, sur le champ de k Màladi>erie , situé h moins de
deux mille mètres d'AllUye, sur le chemin de Châlillon-en-
Baaois , on «a tira beaoéoop d'ossements , des fers à dieval,
«a vase aotique, ()ui, 'dit<on , est encore enire les mains
-de <|tiekiue personne du pay» et que. nous n^a-^^ons pu lions
proeuj'er^ei en tirant dn saliie dêu» ce même champ , ou a
trouvé on at|iiédiic k -^5 pieds de jirofbfideur. :
A deux cents mètres de F église d' Allofye , datis le chemin
de Châtilion , sur le ruisseau qui descend de la fohraine de
6t;-Martin, il y avait un petit pont où se céuriis>âicnt trois
'voies romaiiies dont les vestiges sont très-apparents en divers
endroits. L*une , h parlir du pont, se dirige a Test , entre les
champs de Billy et Allujr, passe auprès du <^amp de Rèine
qu'elle laisse au nord , bmuite , décrivant une courbe du côté
d'AHuye, elle traverse tes champs Noirs , ceux de Pont , et
«boutit au gué dn Pont. Là il y avait un pont dont les fonde-
ments de cinq pilessont visiMes lorsdes basses eant ' elles sont
construites en petn moellon appareille et à parement piqué ,
<?omme oeltii de ChMean-Chinon , du* temple de Janns et de la
pierre de Couard à Autun. A partir de U, la voie est assez
bien conservée dans une longueur d'environ 5o mètres, en
remoataot & Test an hameau da Pevft. EMe passait ensuite entre
Brinaytet, lebameaKides Ghamplongs, ati nord de'Limanmn,
àCommargny^ à St^-fionoré , par Beuvray , et enfin se rendait
à Aulimi > •
Utioiffntre roie ^ à ^XW du petit pont d^ Alltiye , traversait '
à r4Miêst'ins «fwe» de Bfîei» ^ les <$harops Gobenu , Matizot et
des EnGints , longeait sur la gaaclie la route actuelle de
Ckâtîllon h Nevers, paMaH à BoiileTille, an pré au Drahle,
au liainean de Prémoisson et au village de Sautzj. Cette direc-
tion^ indique qu'elle pouvait se rendre au camp j^omain qiii est
au dessus de St. -Sauge , et en fîn se réunir aux environs de
'St*-Revérien , à celle de CliâtcauChinon , h Entrains , etc.
La troisième voie passe dans le bourg actuel d*Alluye , suit
le chemin de Biches , dans lequel on en trouve des vestiges
apparents, ainsi que dans la forêt de Vincence, qu*elle traver»
sait en suivant h peu près lediemiiide Montigny sur-Canne^
ce qui est suffisant pour indiquer sa direction sur Deceiia ,
Occiae.
Rica ne nous amènerait & une CQiuifmntie aussi cei-taîiiA
que les dislao€ev>'iai*qiiéesdaw TtlifiéraM'e d*Aiitonin,&i elJie$
se rapportaient a celles quiexisletH MeUenem .o«tise A.I4tiye ,.
Aotuu el ùéci^ '^et il la«t eoav«o*r tfm sous ce rapport y
Anisy , étant un peu plus rapproché de ces deux villea, c«»-*.
viendrait mieift. 11 y a en ligne droite, d'un cô:é a6 mille
toises d' A 11 ti je h Aulun, qui, ù raison de 'j5ô toises par mille,
donneraient 54 mille romains, tandis qu'il n'en est marqué
i^e XXII dans rilifiérahre^ et de r»iitrecôté il y a environ
1.4 n'iWe toises d'AUuye k Déciza , faieMOI 18 milles, tatidis
qu'il n'en ecrt niaiiqué que XIV. Au résilie , peutrêtre s'agil-il
de lieues gauloist^s qui étaieni; d'ua liefa plus loognes que leSw
Oiilles.
Les détails dans ]es4|iiek. on vient d'entœr , snrtoiK les trois
voies romainest qiùabouiiAseat h Allume , persuadent c^Wisei
endroit était aucietiiiemeni une viJle iroportunle, que c était
V Alisincum de l'Itinéraire d'Antonio. Llanalogiede.ranciett
nom avec le moderoe, bien plus fj^a^^utc qu^ivée celui
d'Aiiiiiy , eii il n'y a aucune trace d'aulvi|uité.,.coaf) l'Hic celte
pvésoniplion.
t
/
45fi miuofmz stm A%xvt*'^ -n
qui tes, dent Uffortime lui peimetlrr
fit faifedes faNtUes: oy ^1>^^r/7p
iofriietiiciiSM.' *' gf^*^
temps, sur le char . /X- ^^ Catimonf ,
deux hhIIc inèlr /A^
^ . 1/, DE LASSAULX ,
^.. irtfavernement Prussien , à Coblentz.
fjssanlt , kabile architecte de Coblentz , est un fi^
M' . ^gf les premiers construit des monuments religieux
^^^itKflê du 'moyen âge. La lettre ci-jointe qu'il vient
^^^^ri M. de Canmont renferme des renseignements pré-
. aot nwA recommandons aux lecteurs du Bulletin monu-
^nt ht'
MOICSIBVII,
J'ai rbonnenr de vous remercier de votre gracieuse lettre
Ju 19 juillet dernier et de l'envoi de vos bulletins , que )'ai
étudiés avec toute la satisfaction possible. Dans notre iittéra-
ture allemande nous ne possédons rien de pareil . et je ne crois
1
f même pas qu'il y ait personne en état de réunir los matériaux
. nécessaires pour la composition d'un ouvrage semblable. D* un
^ autre côté , les bonnes monographies ne nous manquent pas )
l il vous sera peut-être agréable d'en connaître les titres : aussi
f vais- je les transcrire ici.
[ Boisserée. «-* Cathédrale de Cologne.
Le même. «— Lea monuments du Bas-fthin.
IITTRB DE M^M l^SfAULX, AB€«ITBOTtf A CC»U»TZ.*4^9
Molier. -— * M«nQHieBls da moyen âge^
Le mène* — Un fae-simile da plan originel de la cathé-
drale de Colegne.
Le mêsie^ — Description des eatliëd raies de Marbourg,
Liinboarg et Fribonrg.
iSr&ra^er.-— Descriptteo' des cathédrales deStrashoarg,
Fribonrg et Censtance«>
Sehweehlen. -^ Description- de la cathédbale de Meissein.
«SeAmû/l.-— Description delà cathédrale de Trèyes^ dés
églises de Ste.-Marîe et St.-Màthias de la
même Tille , et de celle d'Ecthernach , con-
sacrée en 1054.
Pepp» —Description de hi cathédrale deBafisbonne.
Idicantts, -— Bescrfption de l^église d'Halberstadt.
Lepshis» — Description de FégHse de Ndumbarg.
Kugler. — Description- dt l'église de Qoedelinbnrg.
TVetter. —Description de la cathédrale de Mayence.
Ciemens. -— Description âk f église de MagdeBourg,
Heidelos, — Description des églises de Naremberg.
SehîmmeL -— Mon orne nts de la Westphalie;
QuedtioUé — Monuments de Trêves.
Çuagli&, -^ Monuments As FAllemagne.
Tappe. — Monuments de k ville de Soest^
Putrich. — Eglise» de Saxe»
Le même. — Description de la cathédrale èe St.-Etienne
de Tienne.
Le même. •— Description de la cathédrale d'Angsbourg.
Le même. —-Description del'égHsede Stè.-Marie& Munich.
Sachre. — Eglises f Allemagne. "
Lange. — Eglises d'Allemagne.
Frieke, — Château de» chevaliers Teuteniques , à Marien-
berg près Dantzig.
Knapp et Giaieii«oA#i.*^Ba6ttN|«i» k Koiae.
iT^pp. -**-CobsUnictioD det orooneots gathii
A ces ouvrages il faut en ajosler un gnind Dombre d'aatres
que je ne ne rappelle pas en ce momenu II y aeocereroirvrage
de M« de Wiebekiog, rempli d'erreurs, mais qui contient
pourtant l)caucaup de choses intéressantes. Il vieiU . d'eu
paraître une traduction française. Les amres livres cités ne
renferment ^ en général , rien de scientiUque : ce sotrt des
ouvrages purement architectoniques.
Ce que vous avez eu la complaisance de m* écrire sur les
^lises circulaires ou polygonales^ ainsi que ce que jai trouvé
dans le 5**. volume de votre Bulletin, ma vivement intéressé ,
et j*ai vu avec une satis&ction toute particulière , que vous
pensez comme moi , que ces monuments n'ont pas été élevés
pour servir de haplistères, mais bien à Timitation du St.-
Sépulcre. Je tâcherai de me procurer les mémoires de MM.
de Cbergé , de Tournai et Bodin , sur les églises de Charron ,
de Rieux-Mérenville et de Fonlevrault. J'ai trouvé idans
Mabillon , Annales.de Tordre de St.rBénoit , tom. xiv,
pag. i5i, les plajDS d'une des abbayes les plus considérables,
celle de St .-Bénigne , bâtie par l'abbé Wilhelmus Divonensis.
Cette abbaye existe-:t*ellc encore? ou bien en'a-t-on d^nné une
plus ample desorij^tion ?
Dans le désir que j'ai de préseiïtervaa pnUic qifelques con-
sidérations impojttaûte^ sur les églises polygonales, j'ose vous
proposer de vous fournir la gravure de celle que nous avons à
Covera , en Tacoomp£|g<nant d'une courte notice* Si vous voulez
m'iudiquer le nombre d'éjnreuves qu'il vous fajut et me ai te où
je dois vous les adresser^. je m'empresserai de vous les laire
tenir.
. Pour convaincre /vp0 architectes de la possibilité de eons-
ÛWemtEClB A G06LCSTS. 4^1
mûre des églMè»dafDf let styles du moyen âge, elde récouoinie
de celte coiislroctieB sur celle des moaaiiieiits d'arcliîlectDr«
greo^ne oa roinniie ^ yt ¥Mis laûscrAÎ libre de ciioislr quel*
ques-ous des plai» des ^set dent j*âi dirigé rédificatioa , et
)'» riionaeur de tous iudiqoer les dépeases oocasiounées par
ces conatroctÎMis*
LVglise de CapeUen , cooyrani une suriaoe de 5^ 1 54 pieds
carres j a coûté • • 18^14^ ('•
Celle de Waldeacli , couvrant une surface de
5,254 piedscarrés , a coûté • i5,^i
Celle de Weisioailiuro, couvrant une surface
de 5,555 pieds carres , a coûté i3, i85
Celle de Baas, couvrant une surface de 3^52o
pieds carrés, a coûté i5,56i
Je ne compte pas les frais de transport qui ont
été fiiits par corvée.
Celle de Walwig , dont les fondements sont
très-profonds et qui couvre une surface de 4^ 1 1 5
pîeds carrés , a coûté 52,964
Celle de Cobern, couvrant une surface de 5,549
piedfi CArréft , a coûté • 3o,o8 1
Celle de GaU , couvrant une surface de 7,955
.pieds carrés , a coulé « 64>767
Celle de T^eis, couvrant une surface de 8,317
pîed« carrés , a coûté 106.970
Celle de Yaileodre, couvrant une surface de
15,574 piedscarrés, a coûté , 107, io5
Vous remarquerez sans doute que Téglisc de Trcis« qui est
bâtie dans le style ogival , est celle qui coûte le plus , puisque
les frais de sa construction sont presque doubles des frais de
.celle de Téglise de Gais qui est presque aussi grande ^ et
46a LBTTRE DE M. 1» LASSAULX ,
I
presque égant i ceux de la constraction de l'égKse de Valtendre
; qui couvre une surface presque double : cela tienl à ce que
le style ogival exige bien plus souvent l'emploi des pierres de
lai lie. Du reste, ces dépenses, quelque considérables qu'elles
soic:nt , ne permettent pas encore d'approcher de la richesse
des anciennes églises de ce style. Il n'en est pas de même de
celles du style roman , comme la siirvenance du style ogival a
interr(Hnpu les progrès qit'il aurait pu laire par la suite , le
peu de monuments qu il nous a légués, et qui sont peu connus
du public, peuvent être facilement surpassés. Il parait aujour-
d'hui, qu'en architecture, il faut s'en tenir aussi. à un juste
milieu.
Je prends encore la liberté de joindre à cette lettre , une
lithographie représentant une espèce de mosaïque ou plutôt
de marqueterie consistant en petites pièces de brique de deux
pouces de long sur huit lignes d'épaisseur , qui proviennent
r de briques longues de hait pouces et épaisses de quatre , que
l'on divise en fragments symétriques. Pour faire comprendre
comment s'assemblent ces petites pièces, j'ai divisé le plancher
en un certain nombre de parties de deux h trois pieds carrés
chacune, qui se disposent Tune après Fautre sur le dessin même
tracé sur une table dans l'intérieur d'un châssis mobile 5 00
remplit ensuite les intervalles de plâtre ou de ciment dont on
enlève le superflu au moyen d' une règle que l'on fait glisser sur
les bords du châssis. Quand Fappareilest suffisamment sec, on
ote le châssis , on retourne les pièces assemblées et on la re-
passe avec du sable soas un morceau de grès , pour lui donner
le poli nécessaire. A ce moyen , il est aisé de confectionner
I tous les compartiments ï un après l'autre, et de les poser ensuite
I La figure YI donne une section du plancher que Ton trouve
y dans une chapelle ronde qui fait partie d'un petit château
▲RCHITECTB A COBtlVTZ. 4^5
que j*ai bâti dernièrement dans le style roman y k. Reineck ,
près Andernach sur le Rhin , pour M. Belhmann HoUewey ,
riche professeur de Bonn. Les briquiçs sont de trois couieurs :
rouges , jaunes et grises , et )'ai l'espoir d'en obtenir encore
de diverses couleurs , pour le plancher du chœur de la uou-
-yelle église de Yallendve*
IVota, M. de Caomoot a, communiqué sommairement au
Congjès scientifique de France à Clermont, les résultais ob«
tenus par M. de Lassaoli , relativement k la construction des
édifices religieux dans le style du moyen âge. Il a fait remar-
quer que les architectes français ont en général beaucoup
mieux saisi le style roman que le style ogivaL Ou pourrait
citer, même dans les campagnes, des arcades romanes qui ont
été refaites d'uqe manière très-satisfaisante, au lieu que les
constructions ogivales sont , au moins en grande partie , plu-
tôt une parodie qu une sérieuse imitation de ce style.
MM. de La Saussaye , Mallet , architecte à Clermout , et
Pollet , de Lyon , ont eu lieu de faire les. mêmes ubscrvaliou»
dans le centre de la France. Ils s accordent avec MM« de Las-
saulx et de Caumont , pour admettre que les constructions k
plein cintre sont et plus faciles et moins coûteuses 5 les
variations de F ogive ofirant plus de diQculté dans Fexécutiou
que le style roman toujours le même dans sa forme, et
qui demande moins de fini dans ses sculptures et ses détails.
V
(f^. le compte-rendu de ia&» session du Congrès scien*
tifique^ pag. i3o.^
i^Lrik.
Simnee adminisitaiive du 27 octxAre i8S8. •— Le Goaseii
de U Société po«r la OMservatieii des oMoumealr, Vest l'éaiii
àCMiilesd octobre iSSSv Après l^aoalyw de la eorres{iotH
djnce, et rexpëditioo des affaires ceuvaDics, k Cësseil a
entenda an rapport verbal de M. de Caamont , sur Téiat des
■HBoumenle hietoriqees ikivilki de Boucg;e» , La Ctiartté-siir*
Loii'c , Ne?ers , Moulùos y 5t.-Pottrcaiii ^ Ai^ncpeirse , Riom |
ClermoBt , Thiers^ St«-Ëtieane , Lyon , Génère , Laosamar y
Avencbes , Friboorg , Berne , Neufcbalel , Besançon , Gray ,
Laagres^ Chamnont , Treycs et Sens* ,
En terminant ce long rapport , M* de Caumont a déploré
la destr action des murailles antiqoes de la ville de Sens, les
plos complètes que l'on possédât en France. Le conseil rauiii'-
cipal y sans tenir aocnn compte de Fintérèt que piésentent ces
murailles , a sollicité du Conseil d'état la permission de les
aliéner et de les détruire. 11 ne s*est trouvé, ni dans la ville
de Sens , ni dans le Conseil d'Etat , ni dans les Sociétés sa-
vantes de Paris , personne qui ait réelamé contre cet acte de
vaudalione. La demande du Conseil municipal de ^wa a élé
approuvée , et Fadministralion concède aux propriétaires dos
maisons voisines, les portions de murailles qui correspondent à
leurs terrains. Comme les murs romains , dont la partie supé-
rieare seuleaient «st en petit appareil , reufermeflt dans leur
partie inférieure une énorme quantité de belles pierres ,
presque toutes sonlplé^ ei proveiiant d^s monumeufs romains
de Fantique Agedincuni , plusieurs propriétaires ont trouvé
un bénéfice certain à liiire détruire la portion de mur qu'ils
avaient acquise, et déjà bon nombre de broches ont été pra-
tiquées dans l'enceinte murale, presque intacte il y a peu d'an-
n ées. Quelques-uns , sans détruire entièrement la muraille ,
es oôt arradié les revètemeiirs peur les employer dans leurs
eonstroelkN» noderses. Ewffi^ ra<liiiiBtstration manicîpale,
comme poar Uiler la destroeiioa complète d'un monument
qu'elle aurait de oonserrer à tout prix , fait exploiter comme
carrière • une pMiîedes murs qui n'a point encore été vendues'
M. de Caumont s*est empressé de visiter \ son passage M. le
sous-préfet de Sens el quelques amateurs, pour les inviter h
faire recueillir les plus intéressantes des pierres sculptées de
grande dimension, qui, à Sens, comme à Tours et ailleurs ,
forment la partie basse des murailles. Il a prié en même
temps M. Mérimée , inspecteur général des monuments histo-
riques , de donner des ordres pour que ces morceaux fussent
réunis dans un lieu public, pour former ainsi dans la ville
de Sens , uue Golleclion qui conservât au moins un souvenir
des anciens monuments de cette ville. M. Mérimée a écrit
immédiatement dans ce sens à M. le Préfet de F Yonne.
Au mois d^ octobre dernier^ des blocs ayant fait partie de
frises de corniciies, de colonnes et de pilastres, étaient déposés
sur la promenade , et on les retaillait pour les faire entrer dans
de nouvelles constructions. M. Lorne , jeune amateur, qui
possède à Sens un beau cabinet d'hisloire naturelle et d'aufi-
quités, a sauvé de la destruction plusieurs bas-reliefs ci un
tombeau très- bien conservé , offrant en pied la représentatioD
du défunt.
—M. le baron d^Huart, dé Metz, avait adressé au Conseil une
note concernant Féglise de Morlange (Moselle) qu'il &it ré-
parer au moyen d'une souscription^ et qui va ainsi être sauvée
de la destruction dont elle était menacée j le Conseil a décidé
qu^une somme de loo /r. serait mise à la disposition de
M. d'Huart pour aider aux travaux qu'il fait exécuter. Le
monument est du XII*'. siècle et présente quelques détails ia«
tcressants. *
466 NOUVEUBS AAGIléoi.O&fQUBSé
— rMv le caré de Querque^iHe (MUncbe) a réclamé quelques
secoors pour son église^ regardée nomme ane des plw andeooe*
de ce pays.
— M- Yatout, directear des mooumeats piAlics, a aimofioé
que la réclama tioa de la Société conoeroaAt le château de
Thouars, a^été communiquée à FadministratioD , et que
rédifice sera conservé sans altération..
— ^M. Wbiss, membre de Tlnstitut, à Besançon, a été proclamé
inspecteur-divisionnaire pour les départements du Daubs , du
Jura et de la Haute-Saône.
*— M. CoMMARMOVT , conservateur de la bibliothèque du
palais des arts à Lyon , a été nommé membre de la Société.
Séance du ig décembre* — M. de Caumont donne lecture
d'une lettre par laquelle M. Cauvin , secrclaire général du
Congrès qui aura lieu au Mans en septembre 1859, invite la
Société a déléguer quelques-uns de ses membres à cette réunion.
MM. Léchaudé d'Anisy , de Caen , Gaugain , id. , Du
Marlialla , conservateur des monuments du Finistère à
Quimper, sont désigaés pour représenter la Société au congrès.
Plusieurs réunions générales de la Société auront Heu pendant
la durée de la session , les ï5, 16 et 17 septembre.
•<— La réunion générale annuelle de la Compagnie, sera con-
voquée pour le 7 juillet, dans une ville qui sera ultérieurement
indiquée. .
—M. de Caumont annonce ensuite qu ila acc|uis une portion
des ruines de l'abbaye de Savigny , qui remonte à la première
moitié du XII*. siècle et qui lui a paru digne d'être conservée |
il a fait cette emplette pour son propre compte , afin que les
fonds dont la Société peut disposer soient employés à sauver
d'autres monuments, maïs il croit que la Compagnie doit
prendre ces ruines sous sa protection , en surveiller la conser-
Talion , et il propose en conséquence de nommer membre du
Cj^Bseil^ i^jr«fi9ik«eeipetit4«ftL I^Cointredéfflissioniiatre,M.
Alph. DBMiLLY,par les $oîn$, duquel le» mines de Sayigny ont
été acquises^ et de lui conférer en même temps la titre de
conservateur des monuments de Farrondissement de Mortain«
Cette proposition est adoptée à F unanimité.
—M. Dz MiLLY est proclamé membre du Conseil adminis-
tratif eo remplacement de M. Le Coinlre.
— D'après le marché conclu, plusieurs chapiteaux provenant
des démolitions faites à Savigny , devront être envoyés à
Mortain où ils formeront le noyau d'une collection d'anti-
quités pour l'arrondissement.
*— Le Conseil prend connaissance d'une délibération prise à
Poitiers par MM* de Lafontenelle, Cardip et Le Cointre, rela-
tivement à la restauration des tombeaux d'Oiron. Au moyen
des allocations de la Société pour la conservation des monu-
ments, de la Société des Antiquaires de l'Ouest et du Conseil
général des Deux-Sèvres, les tombeaux d'Oiron vont être
replacés et complètement restaurés.
—-Le Conseil proclame Inspecteur des monuments du dépar-
tement de la Haute-Marne , M. GiRAui^T DE PjKANGBT , membre
de plusieurs Sociétés savantes à Langres.
-—Sont proclamés Membres de la Société, sur la proposition
de MM. Commarmont, de Lyon , et de Caumont :
1{M» Pii»Toi.BT DB saiitt-Fbrgeux , membre de plusieurs So-
ciétés savantes, à Langres;
Dabi)(8i>, architecte de la ville de Lyonj
Gbos , architecte a Lyon ,
DioiER-PfiTiT , vice président de la Société des Amis
d^ Arts , à Lyon :
Perbin , imprimeur a Lyon ;
BovBT , curé de St.-Just , à Lyon ;
468 irotrvBUKs AfteH£oi.oGtQimi.
MM. EYifAtTD, à Lyon^
MERjoinvr, «Krectent \la grand sémkiaire'éeAayooii»»^
BtifET , architecte À Angers»
— Le Cooseîl prend connaissance (Time demande de M. 1c
Cure dé Cheux (Calvados) , qui désirerait qne la Société lai
aidât à réparer son église , Tune des plus intéeessantes des
églises rurales de Normaridie , et figurée dans l'ouvrage de
Cotmann. Une somme de 5o fr. lai est accordée par le Conseil,
h titre d'encouragement*
— Ouvrage de M, le duc. de Serra di Falco^ sur tarcki"
iectureen Sicile, M. le duc Serra di Falco, de Païenne, membre
de plnsienrs Académies et Sociétés savantes, vient de doter
rhistoire de Tartd'un ouvrage fort impcHiaBtsarFarcliiteGtnrc
de Sicile. Ce livre, format grand in-F»., qui a pour titre : Del
duonto di Monreale e di altre^ se divise en trois chapitres. Le
premier est exclusivement consacré à décrire les beautés de la
eatbcdraledeMontréalc j dans Icsecood, raateur passe en revue
les églises normandes de Sicile les plus remarquables et b»
mieux conservées , ia Capeila Palateria , la cathédrale de Ce-
faln , ctc«, etc. Enfin dans le troisième et dernier chapitre , il
traite de la forme générale des églises sicilo- normandes.
M. Serra dr Falco a joint à son ouvrage vingt-huit planches
qui en rehaussent encore le mérite*
Nous nous bornerons , quant à présent , à signaler cette piH-
blication intéressante aux lecteurs du Bulletin , parce qn un
homme qui en parlera mieux que nous , puisqu'il a visité la
Sicile et qu*il a étudié avec sotn lesmonuments, que M. de Fal-
con â décrits, M. GiraultdePrangey, de La ngres, s'occupe de
préparer , au sujet de cet ouvrage , t»n article que nous espérons
bientôt offrir à nos lecteurs.
DescripHon des monument» anciens et' modernes de ia
^mme. — M. Lombârt , arehitçote, membre oomspondani
de la Société d'Archéologie de la SoAKme , a entrepris la des*
criplion des mooumeuu le» plus curieux de ce dépariementi
Les deux premières livraisons de soo ouvrage ont déjà pitra,
et elles foQl désirer la puUieation des suivantes. Le défaut
d^space nous iiiierdit toute cttation , et noiis sommes même
réduits à nous absleuir de oonaidérations particulières sur la
manière dont il a traité son sujet. Nous nou^ bornerons à re*
commander son travail aux lecteurs du Bulletin. La Picardie
ofire , sous le rapport monumental , des richesses qu'il importe
de connaître, et la description qu'en a donnée M. Lombard ,
dégagée de tous détails superflus , pleine de clarté et de préct-
&iim , ne peut manquer d'être accueillie avec faveur. Les réilc*
lions qu'il a semées dans son ouvrage se font remarquer par
leur sagesse , et témoignent du discernement et du bon goât
de f observateur.
Inscription relei^e à Poitiers par M. Le Cointre. — Dans
l'i^lise St.-Hilaire de Poitiers , à trois pieds environ au-dessus
d^nn tombeau a moitié sorti de terre , dans on arceau pratiqué
hf l'extrémité du croisillon droit de l'édifice, se trouve eoebâssée
une inscription que M. Le Cointre^Dopont vient de relever.
Lès deux premiers mots manquaient, et il lésa suppléés. Nous-
donnoos ici rinscription telle que Ta lue M. Le Coiatre:
Pro Constantino de/uncta fUcito psalmos
' Sors hominum titubât sicutvaga fluminis unda;
Nam modo quod validum mox liquet oectUaum,
Censju dU'es, homo pauper non fidus adesio ,
Ifam ielluris opes auferei una dies.
Ut Constantmus tutnuh qui elaàditur iUo
Bives honore fait et sua déstriàuU,
JttfirmiSt nudiSf ccecis, vidais et egenis
Omnibus et studuit omnia se fieri,
Jtque Pater noster quod sibi sit requies, 34
Poème de M. Bqy^ sur' l'éducation. — Une cearrc
vraiment utile et méritoire , est celle que vient 4'accomplir
M. Boyer, ancien professeur de rétborique au collège du
Manset/ife/7t£re delà Sociéié pourla conservation desmonu^''
ments : un poème sur Téducation manquait à la littérature
ftançaise ; il Ta entrepris et s'est acquitté avec succès de sa
Boble tâche. On doit douUement féliciter M. Bojer du travail
auquel il a consacré ses veilles ! méditer un sujet aussi grave
pendant de longues années et le développer sur des bases aussi
larges, c'était déjà bien mériter des amis de la morale et de
l'humanité ; mais donner à son ouvrage une lorme aussi sédui«
santé que la forme poétique, &e condamner > pour rendre plus
agréable à la jeunesse une lecture dont on doit se promettre de
si utiles résultats , à des travaux plus longs et plus pénibles,
c'était j« crééer des droits certains à la reconnaissance de la
Société. L'auteur^ nous dit que son poème est l'œuvre de vingt
années de peines , et on le croira facilement après l'avoir lu :
il a traité son sujet avec conscience* A une époque où les livres
écritsdansle même esprit ({ne celui de M. Boyer sont si rares,
il faut vivement se réjouir de sa publication. Le dévouement de
l'auteur mérite une récompense : si Flnsiitut jetait les yeux sur
M* Boyer pour lui décerner un des prix Monthion, il faut
convenir qu'il ferait un choix que tons les amis de la morale
s'empresseraient de ratifier.
Mesures prises pour la conservation du château de
Preny. -«— MM. Simon , inspecteur des monuments de la
Moselle , et Bégin , inspecteur des monuments de la Meurtbe ,
ont provoqué dans le sein de l'Académie de Metz, la nomina-
tion d'une commission chargée de préparer un rapport sur le
château de Preny , édifice du moyen âge , dont les ruines pré-
sentent beaucoup d'intérêt. Lesenquêtes qui ont eu lieu ont fait
conpaitre que le château avait été au commencement de la ré-
1
fdlttion, «clieté par un siear deGoerre (te Nancy, qui depuis a
para ne plus penser k son acquisition ; quand il y a en des
mesures conservatoires li prendre , c'est le gouyernement qui
a'en est chargé et a fait les frais des travaux ; de sorte qu'il
règne maintenant de Tiocertitude sur le point de savoir quel
est le véritable propriétaire. La Ck>mmission voudrait qu*on*
s'occupât dès ce moment de soutenir la porte d'entrée^ dont
rautorité administrative paraît vouloir opérer la démolition-
dans l'intérêt de la sûreté publique. Le rapport n'a pas encore
été lu, parce qu'on attend an dessin qu'on y joindra pour qu'on
poisse juger de l'utilité de la demande. Lès autorités locales
et les Sociétés savantes de Metz et de Nancy prennent un|grand
intérêt k la conservation du monument et sont disposées \
seconder activement les démarches qui seront faites pour le
sauver , par les inspecteurs de la Société pour la conservation
des monuments.
Fouilles faites à JuUains (Mayenne) , par M. Verger ,
conservateur des monuments de laLoire-Inférieure, — Dans le
Ghamp-de9*Clochesà Jublains, on a découvert une pierre portant
cefragmenl d'inscription : IC. .. ET HE. De pins, iiaététrouvé
deux médailles : la première, petit bronzé , semée d'étain , tête
radiée, nom effacé, Divus PP, Aug. *, revers : Apollon debout,
appuyé sur une lyre, et de l'autre main tenant une fleur à
trois branches 5 ApolUni conservatori *, la deuxième, petit
bronze quinaire ; Constàns PP. Aug* ; revers : deux guer*
riers debout 5 au milieu une enseigne : premier mot effacé , '
exercitus; un mortier de la forme de nos mortiers actuels de
cuisineet de pharmacie*
Yoici le délail des principaux objets trouvés dans le jardin
du presbytère ; vase en terre rouge avec anses ^ vase en terre
47^ nwmasM aiuks ieuai^VH.
soQceav^flewr&oa fenUkS'y vas^en terre rcnqpe aLréctÊimi
dessin , pluspiofend et semblable an dessin dopnë par M. àéi
Caamont dans son Cours- ctamUi^ités ^ à la pK XXIY , n^ 5^
If lie petite tasse unie ayant la forme de nos bcds à chocolat j-
une piocbe avec une douille djans laqudle on aperçdlt Itst
r^tes du maocbe*
Peu de temps avant , M. Lelasseux avait trouvé dans son
î^din un fragment de chapiteau en grès d'un assez bon travail,
lUie tête d'ampboi^e avec ses deux, anses.
I4e& résultats principaux des fouilles du ekanp nomm^^ le'
Clos-Poulain , sont : un petil (er recourbé a]|anc la enraie'
d'une portion d'agrafe 5 un mocs de bride est fer ; iw fragment'
de vase avec figure en relief ; un joli petit maoehe en bronse^
d'un petit couteau : dans la partie inférieure on voit un trofi-
oigi était le clou qui retenait la latte j deax^fi en 1er ; un sin*
gulier instrument en fer, dont la figure ne se trouve pas dans-
nos livres sur les antiquités 3 un vase en terre noire d'une jolie
forme j des fragments de. poteries rouges avec figures ; trois
petits anneaux de bronze , mais non destinés à orner la mainf .
tfois petits anneaux en argent j; un cercle en fer de dix centi-
mètres , qui semble une ancienne lame d'épée ; plusieurs frag«i
ments de poterie ronge , noire , grise , etc. : sur les fragments -
de poterie rouge , M. Verger a lu trois noms de fabricants :
QF. MACCA. MAILLEDO. F. OF*S£VËAI ; ce dernier nom
se trouve dans ceux qui ont été donnés par M. de Caumont;
enfin , quinze médailles romaines en bronze avec les noms de
Canstaniiamiê , Cmpus, /hUoninus , ete»
Tous les ol^ets recueitlis dans ces diverses louiUes oui
été déposés au musée de Laval par les soins de M. Yergtr : on
trouvera des détails j^ws ilendos suir cette fouille , dans l'Echo
du. nponde savant.
RAPPORT
Sur les Monuments du Puy-de-Dôme t lu dans
les Séances générales tenues à Clermont par
la Société française pour la conser9atian des
Monuments ;
Par m. BOUILLET ,
Inspecteur diviftionnaire des monuments historiques.
La Société , après m'ayoir conféré l'année dernière le titre
de conseryateur des monaments da département du Pny'-de-
Dôme , Tient de m' honorer , tout récemment , du titre élevé
d'inspecteur divisionnaire. Je vous en dois l'ayea , Messieurs ,
plus d'un de nos savants collègues de cette province, se
seraient mieux acquittés de cette importante mission, que je ne
considère , moi, que comme un encouragement que la Société
a voulu donner à des efforts dirigés, il est vrai , vers un but
utile , mais dont le succès peut seul donner des droits à votre
bienveillance. En l'acceptant , je ne perds pas de vue les
devoirs qu'elle m'impose , et tout ce que j'ai de zèle sera con-
sacré à leur accompli>3ement.
Lorsqu'il a été arrêté que la Société française pour la
conservation et la description des monuments hisloriqmes ,
viendrait tenir 4es séances générales dans notre ville y h
55
/
474 STATISTIQUE MORUMENTALB
l'époqne da congres , le savant et modeste fondateur de cette
utile institution a désiré que je yons fisse connaître ce que
nous possédons de monuments histfiriqnes. Je vais essayer , à
Fa ide des notes que je rassemble depuis long-temps , de vous
rendre compte des principaux faits qui s'y rapportent. Heu-
reux si je puis par cette faible esquisse soutenir votre attention
et obtenir votre indulgence.
Les œoBoments historiques , livrés depuis long-temps à une
déplorable destruction, ont enfin pris dans T histoire des
nations le rang qui leur appartient. Partout , les gouverne-
ments s'associant aux généreuses pensées qui vous animent ,
font entreprendre de grands travaux , et par leurs soins , une
surveillance sévère est exercée sur ces antiques restes du passé.
En Finance , grâce aux laborieuses recherches d'hommes
éclairés , que la gloire de leur pays a émus et excités , nous
sommes dans une ligne satisfiiisante de progrès. A la tête de
ces hommes , auxquels no«s devons tant de gratitude , on ne
peut se dispenser de placer notre laborieux président ^ M. de
Camnont. Son cours d'antiquités monumentales n'a pas seule-
ment créé une science nonvcUe, il a répandu dans les provinces
-et dans tontes les classes de la Société, le goût de cette science,
5a sagacité kÛA fait pressentir qu'elle y deviendrait bientôt
nu SBJet d'étude et de noble émulation ) l'expértence est venue
confirmer ses prévisions. De tonte part les efforts se multiplient,
des comUnssions se forment , des sociétés archéologiques s'or-
ganisent. Connne une religion nouvelle , la conservation des
témoins soonlainïs des grandeurs passées de la France , est
devenue en. quelque sorte un culte, l'objet d'une occupation
de tons, les jovrs , de tous les instants.
Il «vans appartient , Messieurs , de donner \ ces élans de
ïèle , 61' aux projets >qu ils feront naître , «oe utiie directioB .
PU DÉPARTEMBVT DU FUT*DE-l>OMB. 47 5
C'est maintenant qae tout s'approfondit , qnc le goût des arts
s'étend et se popularise } que les esprits sérieux consacreut
leurs Teilles h l'étude des antiquités nationales^ qu'il faut,
soigneusement les décrire, qu'il faut les faire connaître;,
afin de multiplier le nombre de leurs protecteurs et de les
entourer du respect qni leur est dû.
L'Auvergne, qui a joué on si grand rôle dans tous les temps^
renferme des monuments de toutes les époques: monuments
gairiois ou celtiques , monuments romains , monuments d«
moyen âge et de la renaissance*
Les monuments gaulois , après ceux du moyen âge , y soi^
les plus nombreux .
Pour faciliter les recherches et les études que ceux de vous,
Messieurs , étrangers à notre pays , voudraient entreprendre ,,
\e vais essayer d'esquisser , en m'abstenant de tout sysi-
tème, de tout commentaire, la statistique monumentale du
département du Puy-de-Dôme. Les courses que j'ai faites
depuis plus de YÎngt ans , m'ont permis de visiter et de des^i**
ner même , en grande partie ; ce qui nous reste d'anciens
monuments. La carte que j'en ai dressée , et que je suis heu-
reux de pouvoir mettre sous vos yeux , pourra aussi , je Tes-
père, iaciliter vos recherches. Cette carte a été dressée d'après
les indications du programme rédigé , il y a déjà quelque
temps ^ par l'académie des inscriptions et belles-lettres. Elle
indique la position et la forme des monuments gaulois ou
romains 5 les vestiges des routes anciennes , les colonnes
milliaires , les emplacements où Ton a trouvé des antiquités ,
les anciennes abbayes ou monastères , les églises , les châteaux
féodaux , ceux d'une époque moins éloignée , etc. Un peu
plus tard , je pourrai , je i'espèie , achever et vous communi-
quer de seBibUbks cartes , pour le^ départements du Cantal et
4^6 8TATI8TIQ1TB MOVVMEVTALE
de la Hante-Loire, et donner dans ce genre an traFail complet
en ce qni concerne Tancienne Auvergne.
Pour la desciiption que je vais avoir Fhonneur de tous
soumettre, je suivrai Tordre chronologique en commençant
par ce que noos avons de monuments gaulois ou celtiques.
Je ne vous entretiendrai que de dolmens , de menhirs , de
cromleckset de tumulns. Je m* abstiendrai , quant à présent ,
de vous parler des nombreuses grottes et des souterrains qui
existent dans nos montagnes , et qui tontes sont citées comme
ayant été la demeure des fées ou au moins celle des prêtres
gaulois , ^ £^f»^e^ , que César appelait les maîtres de la
science et de la sagesse. Pour ne pas trop abuser de vos mo-
ments précieux , j'éviterai aussi , en vous parlant des autres
monuments , d'appeler votre attention sur des restes de cons-
tructions dispersés et de peu d'importance , que Ton pourrait '
tout aussi bien attribuer aux Francs , aux Romains, qu'à nos
ancêtres les Gaulois. Au surplus, tous ces débris, tontes ces
grottes se trouvent indiquées sur ma carte monumentale.
I"*. ÉPOQUE.—- MOHUMEHTS GÀUI.OIS*
Les monuments auxquels on donne ce nom ont été^ à ce
qu'il parait , très-nombreux sur le sol de l'Auvergne , si l'on
en juge par ceux qni restent , et par les débris de ceux qui
. ont été renversés.
§. L Polmens ^ Mallus ou mUels Druidiques*
On peut voir un dolmen très-beau , en granité , k St.-Nec-
taire , au-dessus de rétablissement thermal de M. Boette , sor
un terrain appelé Perney. Il est dessiné dans le voyage pitto*
DU DibAnTBMElfT DU PUY-DE-DOME. 477
resque de M. Ck. Nodier, inaÎA sous des formes si gigantesques,
si dispreportioooées qu il n'est pa&reeooiMMssable.
Uo antre, anssi en gjranite, se ¥oit à une petite lieue
d'AmbeFt ,. a»-des50us du viUage de Boissière, sur la droite ,
et à une qiuarantaine de toises de I» route q^ èonduit à Ckr-
mont , pAT St.-Amant-Roche-Sayine.
Il en existe ^z autres qot sont cités dans les monument»
celtiques de Cambry , F un an sud de St .-Germai a-La mbran ,
snr un menlicnle , près le hameau d'Escoudatia. , sous Su-
Geryasy ; Tantre , daus^fes montagnes , entrer Sauxillang^s et
St. -Germa in-Lherm. St.-Nectaire en pessède deux autres en-
core ; mais ils sont reuTecsés.^ Tun , dans la prairiede Sailies^
l'autre sur la montagne de Châteauneuf. Prèsde Clermont , à
Toucst dfcvPuy drCrouel , dans hs vignes, entce.Ie Pny et le
chemin d'Heibet à Coux'non , il en existe un. aussi eu beau
granité blanc ^ui a été renversé dej^ut s pea d'années. Beau-
coup de grandes pierres qui ont fait partie de ces sortes de
monuments , sont faciles k distinguer dans notre pays ; ^ea
connais sur plusieurs poEnfSk
Jusqn à ce jour , la science n'a pas écfaircr d^^nne manière
bien satisfaisaute la destination de ces monuments chez, les
Gaulois. Les uns £»s considèrent comme des autels élevés par
les Celtes- à leurs divinités , et sur lesquels on^ immolait les
victimes- humaines ; d'antres croient y voir des tombeaux.
L'ignorance, ou plutôt l'incurie , et T insouciance,^ succédant
à la sévéritédes ordonnances,.deseapitHtairesdeCharkmagae,
ont presi^ue toujpurs été les causes de leur destruction- j l'espoir
d'y trouver des trésors a pu y contribuer également. ^
§. IL Menhirs, Peulrens ^ pierres debout , etc.
Malgré la hante antiquité à laquelle ces monuments re-
J
4
^«5 gTATISTIQUB MOUVMEIITAIB ^
de la Hante-Loire, et donner dans ce genre w|^ /
en ce qui concerne l'ancienne Auvergne, J^j ^
Pour la description que je vais av^^^ / f ^Js^
soumettre, je suivrai l'ordre chronf^y ^ ^ .„i,e
par ce que nous avons de momfij f • y en
Je ne vous entretiendrai que d, j ^ i ^
cromlecksetdetumulus. Jer ^/^ / ., sads
de vous parler des norobrer / J. ^, f ^ ^^^ çn
existent dans nos monta/ ^' • ,^ pieds
ayant été la demeure •/ ^^ jç milieu du
gaulois, les Dntidr ' ^^^
science et de la sr ^ ^^^^^^ ^ ^^:^^ j,^^^ aévalioa
ments précieuf ^^^^^^
monuments ^^ ^^^ j^ Puy-de-1 a-Poix , sur la gaucLe du
truclions ^aulieu , près du chemin de Lyon.
tout *''^^^^^ à côlé du pont d'Aubierre , dans un pré verger
*°^ '^.'t la route d'Issoire.
8** f ^fltre , sur le cbemiu de Thedde à St.-Genès-Cbampa-
gt an autre II une petite distance de ce dernier point , sur
«^ cbemin du hameau de Châtras à Beaune.
Ces deux derniers, et un troisième qui existe à Yillars,près
Clermont , sont surmontés de croix.
On peut encore en voir un autre II St.-Genès-du-I\etz ,
arrondissement de Riom.
Et entre Basse et le lac de Chambon , etc.
La destination de ces monuments nous est à peu près
inconnue j quelques-uns ont été dressés pour servir de signaux,
/ mais le plus grand nombre ont été au moins , à ce que Toa
oroit , érigés en mémoire d'un événement important , comme
\
\\
DU bIpartimbiit dv pvy-dk-dome. 479
%ai»ll6, une victoire , un traité entre deux tributs, etc»
^^aatres ont avancé qu'ils se trouvaiait presque ton*
l[ès de Tumulos, Je n'en connais pas de placés ainsi
Viementdu Puy-de-Dôme.
Ovmlecki ou enceintes de Pierre.
>
^ ' \ ce genre sont rares dans notre province.
^ ^nsac et St.-Gervasy , arrondissement
angement de perres qui pourrait
. un de ces Cromleks , une de ces espèces
justice que les Gaulois établissaient au milieu des
.«Ajps ou des forêts.
§. lY. Pierres branlantes.
Il esl bien démontré aajourd'hui qile ces monuments ,
Gompoeésde deux pierres, d'an voleme pins ou moins consi*
dérable , superposées l'une sur l'autre , ne sont point en
général Teflet d'un jeu de la nature ou du hasard. Ils ont
été évidemment érigés par la main des hommes, et leur usage
a été à peu près général sur notre globe 5 on en trouve cbex
toutes les nations. Les Druides s'en servaient ^ comme on le
suppose , pour tirer des augures , par le mouvement plus ou
moins fort que leur frauduleuse adresse sayait leur imprimer.
L'Auvergne possède plusieurs de ces curieux monuments,
A côté du hameau de l^ont^la-Côte , près Celle , il en
existe un , connu sous le nom de St,'Foutain on de Roche
Ifraniaire. Dnlaure en a parlé dans un mémoire inséré au 12'.
volume des mémoires de la Société des antiquaires de France.
Il coBsistoen un bloc de granité, d'une longueur de 20 pieds
48o STATISTIQUE MORUUENTAIB
eaviroD , posé sur une rocbe de même nature , et qui peut
recevoir , par l'effet du mouyement , un balancement très-
apparent. Dans le pays on y attache , encore de nos jours ,
des idées religieusesj on dit que c'est la Vierge qui l'apporta
de fort loin dans son taUiev.
Dulaure parle encore , dans le mémoire cité ^ de la pierre
qui danse , laquelle se trouve à Test , et au-dessus de la ville
de Thiers , sur la oime du coteau qui domine la rive droite
de laDurole»
Une anitre pierre branlante , appelée k roche de Deveix ,
non moins remarquable , et d'une forme allongée , portée sur
une pierre debout , existe entre Rochefort et la mooiagne de
la Roche-Sanadoire , sur la droite du vaHoo^ au-dessus du
domaine appelé chez Barrât» Cette pierre , qui a attiré aussi
l'attention de notre savant compatriote Dulaure, a 22 pieds
dans sa plus grande largeur , 8 pieds d'épaisseur et 6 pieds de
hauteur , en y comprenant le rocber qui lui sert de base* Une
secousse légère lui imprime un mouyemeot de bascule qu'elle
conserve sensiblement pendant quelques secondes*
Au sud-est et à un quart de lieue du château de Sémier ,
au-dessus de Billom^ on petit encore voir un autre de ces mo-*
numents»
Je connais des rochers ; surmontés d'autres rochers, qu'on
pourrait prendre pour des pierres braalantes, mais qu'on ne
doit considérer, selon moi , que comme deseiiets du hasard.
Auprès du hameau de l'Etang , entre Durtol et Chamat , on
en voit uof, assez singulièrement posé , connu dans le pays
sous le nom de Rei de la Pila , Roi de la pile , un autre sur
le chemin de Geyrat h St.-Genesi-Champanelle , d'autres dans
le parc de Theix , ete.
Voilà, MM. , ce qui a été )Uâqu ici découvert de plus re-
BV DipARTBBIBHT DU PUT-DB-DOMB. 4^1
marqnable sar nos monaments véritabfeineDt gaulois. Notre
collègue, M. Tabbé Croizet, aussi zéH pour l'archéoliogie
que pour les sciences naturelles , a bu à Tacadémiie de
Clermoot , sur ces sortes de monuments, mais plus particu-
lièrement sur ceux que l'on trouve dans les environs d'Issoire y
un mémoire queje regrette beaucoup de ne pas connaître.
§ V. Tumulus ou TombeUes.
Je plaee ici ces monuments , parce qu'on les regarde géné->
ralement comme antérieurs II la conquête des Gaules.
II en existe plusieurs en ferre jectisse dans ce département».
Us n'ont pas été fouillés pour la plupart. Je n'en connais pas
en pierres amoncdécs.
On peut en voir un très-beau au sud d'Ennezat , très-près
de l'église j il a été fouillé à ce que l'on croit.
Aux Martres d'Ârtières , il en existe deux assez rapproché»
l'un de l'autre : le plus petit parait n'avoir jamais été fouillé ;
le grand l'a été , lorsqu'on a construit la chapelle dite de
St.-Amant, qui est en ruine aujourd'hui.
A côté de ces deux Tumulus , il existait un cimetière d'où
l'on a retiré, il y a six ou sept ans, un grand' nombre de
tombes en domite. Dans un cercueil construit en briques à
rebords, liées par do ciment rouge romain,. on découvrit
quatre-vingt et quelques médailles romaines , grand bronze ,
appartenant au Haut-Empire. Au milieu de ces médailles , se
trouvait une petite pierre calcaire , sur les côtés de laquelle
sont gravés en lettres romaines les noms de plusieurs membres
de la famille Balbini. J'ai visité les lieux à l'époque des fouilles
et j'ai été assez heureux pour me procurer les médailles et la
pierre.
k
4^3 STATISTTI^UB MORVM&HTAJIB
> C'est' aoiN aaprld de» Martres d^Arettères^ snr les Iti&îlesde
k eamrauiie de Lassât, qu'on trotiTa ^ en 1756 , nne monne
d'en&Dty et renfermée dans an double cercifêii. Rien n'indi-
quait , suivant le procès-irerbal qui en fut dressé lors de la
découyerte, l'origiae de cet enfant. Cette momie fut traa^rlée
k Paris et déposée an mus^ , o& elle est encore.
Ces détails , quoique se rapportant aux sépultures , m'ont
un peu fait sortir de' mon sujet , j'y reyiens.
Auprès de Charbonnier, canton de St.-Germain-Lembron,
il existe un de nos plus beaux Tnmulus j il n'a pais: été fouillé.
Un autre que Ton peut voir auprès d'Olbi , paraît n'avoir
^pas été fouillé non plus. Dans la plaine de Giat, plusieurs
monticules semblent être aussi des Tnmulus auxquels on n'a
jamais touché.
Auprès du petit Orcet, & la base sud de Gergovia , on voit
dans les prés un autre de ces monuments qui a été entamé,
il y a une vingtaine d'années, et dans lequel on a trouvé
deux flambeaux , une médaille de Méron et une d'Antonin*
le-Pieux.
Auprès de l'Etang de la Chaux Mongros, au-dessus de
Yic*le-Comte, il en existe un qui , je crois, n'a pas été fouillé 5
un antre auprès de Thuret : enfin on en signale encore un
autre non loin de Messeix , canton de Bourg^Lastic , mais je
ne le connais pas.
§ yi. Champs de sépulture»
Indépendamment du Champ de sépulture ou cimetière des
Martres d'Aretières , dont je viens de vous parler , nous en
possédons trois autres bien caractérisés. Le premier, le plus
DU DifASTEMENT DU PUY-DE-DOME. 485
important est celui qui eiiste auprès de Gelle , cantoa de
Rochefort , h coté de la Yoie romaiûe qai conduisait de Lyon
h Bordeaux* On eu a relire, il y quelques années, un très-
grand nombre de tombes en domite.
Le secood , tris-renommé dans le pays , est placé dans les
cbamps au uord et près de Bromoat , canton de Pontgiband.
hc$ cultivateurs n'y font pas la moioldre fouille sans y décou-
vrir quelques objets intéressants* Bromont est connu depuis
long-temps des antiquaires , par les belles découvertes de
M. Bouyon, décrites dans les mémoires de la Société des An-
tiquaires de France.
Le troisième de ces cimetières a un caractère tout-à-fait
gallo* romain ^ on vient tout récemment de le fouiller en par-
tie* Il se trouve au terroir appelé f^alttre , entre le sud de
Clermont et le village de Beaumont , auprès du nouveau cime-
tière des Hôpitaux. Il y a trois ans qu'on y découvrit un
tombeau en maçonnerie , renfermant le squelette d'une iemme
et deux médailles , moyen bronze , l'une d'Âgrippa et Tautre
d'Antonin* On vient d'en extraire quelques beaux vases eu
verre et une très-grande quantité de vases et d'urnes cinéraires
lacrymatoires en terre commune , remplis , pour la plupart ,
de cendres et d'ossements. On y a trouvé quelques fîgarines
en terre , quelques médailles du Haut -Empire , quelques
lampes et beaucoup de grands clous en fer. Il paraît que ce
cimetière avait déjà été fouillé , car plusieurs des vases qu'on
y a recueillis étaient renversés.
Les découvertes de tombeaux et de vases einéraires que l'on
a faites , à plusieurs reprises dans le voisinage de Clermont ,
savoir : i^. auprès du Hameau d'Herbet 5 2^. sur le plateau ,
avant d'arriver à Beaumont; S*', près de là dans les vignes à
droite de la côte de Landel , pourraient bien faire supposer
484 STATISTIQUE MONUMENT AU
qu'il existe U d'autres Champs de sépnltnres; nuis comme
rien jusqu'ici ne Ta prëcisémeat eoiislaté , \e ae les admets pas
encore dans ma classifîeatioa.
II*. ÉPOQUE. — MONUMENTS ROMARISr'
On sait que k grande politique des Romains , en entrant
dans les Gaules , fut de civiliser les peuples vaincus. Pour y
parvenir , ils construisirent des habitations , des temples , des
théâtres, des bains, etc. C'est ainsi que dès le premier siècle
de la conquête, on voit l'Auvergne, considérée probablement
comme un point central , se couvrir d'établissements de tout
genre , dont il ne reste malheureusement que de très-faibles
traces. Cette province , si renommé» par sa richesse , par ses
monuments , par la fertilité de son sol, devait plus que toute
autre, attirer l'attention des peuples barbares qui , à diverses
époques , se ruèrent sur la France. Ne nous étonnons donc
pas de ne retrouver aujourd'hui que quelques vest^es de tant
de chefs-d'œuvres de l'art et de la civilisation.
Il n'e»t aucun de vous, MM. , qui n'ait connaissance du &-
menx temple de TVasso, la divinité guerrière des Gaulois,
qui pendant an moins deux siècles , a fart l'ornement de la cité
Aq% Avernes. Grégoire de Tours décrit les magnificences de
ce temple dont les murs intérieurs étaient revêtus de riches
mosaïques.. Dans les fouilles faites à diverses époques peur de
nouvelles constructions , au point cnlmfnantde la ville , où il
est présumable que le temple existait , on a recueilli des tron-
çons de colonnes , des fragments de cltapileaux et de corniches
en marbre blanc , ainsi que des blocs énormes de granité et de
DU PÉPABTBMEMT DU /UY-DK DOME. 4^5
gros , taillés el sculplés. Dans le même iemps , c'esl-à-dire ver»
Tan 62 de J. C. , Zénodorc employa dix ans à exécuter une
statue qui surpassait en grandeur le célèbre colosse de
Rhodes. Elle était placée dans Tenceiote de la cité. Le temple
et la statue lurent détruits , selon toute apparence , à l'époque
de rinvasion de Chrocus , cbef des Vandales , qui ravagea
l'Auvergne. Grégoire de Tours dit que c est en l'année ^64.
Il ne nous reste également que des souvenirs de quelques
autres temples qui auraient existé en Auvergne : un à Montjuzet
(Mons Jovis), près Clermont, était consacrée Jupiter, un
autre consacré à Bacchus , couronnant la montagne de Chan-
turgues (Campus orgius)^ aussi près de Clermont.
On peut encore en citer deux , que l'on présume avoir été
consacrés à Jupiter, savoir : un à Artonne (Aratonantis), lieu
qui fut , dit-on , au temps des Romains , une ville florissante;
et le second mis à découvert à Joze , il y a une douzaine d'an-
■
nées , par les eaux de l'Allier.
Comme beaucoup d'autres provinces , l'Auvergne , si Ton
en excepte quelques murailles dans l'intérieur ou dans le voi-
sinage de notre ville , conserve à peine quelques restes de
monuments romains.
On a découvert au Mont-Dore , en faisant des fouilles pour
le nouvel établissement therm^tl , de beaux débris d'un édifice
appelé Panthéon y f\\x\ existait encore en grande, partie , vers
1740 , en face des anciens ihermes romains La forme de ce
panthéon que M. le docteur Bertrand , inspecteur des eaux
du Mont-Dore , a eu l'heureuse idée de feire reproduire , sur
l'emplacement même , était celle d'un parallélogramme. Plu-
sieurs beaux restes de colonnes chargées de sculptures du meil-
leur goût , sont conservés soigneusement sur place.
Le nouvel établissement thermal renferme plusieurs piscines
486 STATISTIQUE MONVftlËirTALB
qni disaient partie de celui des Romains, et M. Bertraod 9
réani dans son cabinet , an Mont-Dore , tons les petits objets
et les médailles que les fouilles ont fait dëcoavrir.
Dans le voisinage de Clermont , nous possédons une portion
de muraille de construction évidemment romaine , laquelle
aurait, fait pat fie, à ce que l'on croit, d'un temple. On pecit
la voir aux Salles, au sud-ouest et très-près de la ville* Au
même aspect , à la base nord du petit Puy-de-Montandon , on
peut voir également les restes d'une longue muraille appelée
Mutaille des Sarrazins , bâtie en moellons taillés régnlière»
ment, et qui porte tousics caractères d'une constractioa ro-
maine. Le nom donné à cette muraille ne peut lui venir que
du fait de sa destruction par les Sarrazins, qni, dans leur
passage en Auvergne , vers 750 , brûlèrent et saccagèrent le
pays.
§. IL J^oies romaines.
La position du peuple des Avernes , dans le centre des
Gaules et son importance , ont dû nécessiter des voies de com-
munication sur son territoire. Aussi reconnait-on , dans ce
département , des traces de plusieurs voies romaines ou gallo-
romaines.
A l'est, il en existait une ouverte du temps d' Agrippa ,
préfet des Gaules^ laquelle allait des montagnes de Mouton -
celle ^ Yichy , et de là à Chantelle^ Néris , Cbateau-Meillan ,
Bourges , etc.
Une seconde , créée ou au moins réparée pai* les soins de
f empereur Claude. , et plus tard par ceux d'Adrien, suivait
une ligne de l'est à Touest , et passait par Vollore, Billom ,
Pérignat-ez-Alliçr, Cournon, Clermont, Villars, LaGardeile,
DIT DéPABTElHKT DU FUY-DE-DOME. 4^7
«
près Olby, Celles, TEstivai, et de là se dirigeait sar Limoges;
on pent en voir de beaax restes sur plusieurs points* Sidoine
Apollinaire et Bergter (Histoire des grands [chemins de
l'empire , p. 'Jii ) parlent de cette voie qui ouvrait une com-
munication entre Lyon et Bordeaux.
Un embrancliement se dirigeant sur Ussel . avait son point
de départ près du viilage de Celles. Cette vote particulière eit
parfaitement conservée sur une grande étendue , à partir d*au-
près de Briston, jusqu'au Chavanon et au-delà de cette rîviève
jusqu'à Cbassinvar, près d'Ëguraode p dans la Corrèze. Elle
traverse, entre les Hameaux de Cornes et de Vilsebroux , ub«
vaste plaine appelée Yillefeu , où Ton trouve beaucoup de
fragments de tuiles à rebords.
Une quatrième voie partait de Vicbj , eoadnisait an Mont-
Dore par les bois de Raûdan , Aigueperse , Oermont , Oiloii ,
Beaune-k'froid ^ le lacChambon , Diane et le Pu j-4le4' Angle,
et du Mont-Dore se dirigeait dans le Cantal , en passant sur
la rive gaucbe de la Dordogne près de la Bourboule. On en
trouve des traces à St.-Pardoux-Lalour , à Bagnols , etc.
Un- einquième partait de Clermont et se dirigeait à Rues*
sium^ capitale des Vellaves (St.-Panlien de Haute-Loijre )*
M* Le comte -de Laiser a dit à la 4 *• section du congrès scîeo-*
tifique , qu'il en avait déoouvert des traces auprès de Beaulieu,
arrondissement d'Issoire.
Une sixième vQÎe traverse wae partie de l'arrondissement
d'Ambert , dans la direction du sud-est au nord-est. M. le
idœteur Missoux , maire de Pour nols , a dit dans les annales
de noice Académie , qu on pouvait , avec nn peu d'attention ,
la suivre dans une étendae de vingt kilomètres environ» Elle
prenait naissance , selon toute apparence , près de Gergovia ^
et passait y saivaal les obâervations de MM» Mathieu et Mis^
488 STATISTKJVE MO|IUMBIITAiE
soax , à Vie IcsComte. Auprès de Foarnols , on lai donaè le
nom de Chemin ferré on Chemin de la reine Marguerite* '
§. III. Pierres ou colonnes militaires*
On a troQvé plusieurs pierres de ce genre dans le départe-
ment du Puy-de-Dôme.
- Une à Péoignat-ez- Allier, qui portait une inscription au
nom d* Adrien.
Une autre encore en place, mais mutilée, est au nord et près
de Vollore-yille. Elle fut élevée vers Fan 45 , en rhonneur
de l'empereur Claude , après sa conquête de la Grande-Bre»
tagae.
Bergier , dans son histoire des grands chemins de Tempire
romain (page 719), nous rapporte deux autres inscriptions de
colonnes milliaices qu'il tenait de Savaron , Fauteur des ori-
gines de Clermoht. L*une existait auprès de Billom , au lieu
appelé Perche , et l'autre à Fligei , sur les limites de l'Auvergne
et du Gévaadan.
Pïous possédons encore deux de ces mêmes colonnes, mais
sans inscriptions : l'une existait auprès d'Aigueperse , et elle
a été tout i'écemment transportée à Clei^mont j l'autre se troure
sur la petite route d'Issoire k Nonnette.
§. IV. Camps romains.
Ayant de vous entretenir des camps dont on trouye des traces
en Auvergne , et que l'on suppose être romains , permettez-
moi , MM., d^appeler un instant votre attention sur d'autres
camps , ou au moins d'autres stations militaires d'une époque
plus reculée. Je ne vous dirai qu'un mot de notre famense
DU DBPABTEMEKT DU PUT-DJe-DOME. 4^
Gfirgo?ie ; assez d'auteuirs ea ont parlé , iiioi*ittèiiie yt !• ai dé^*
crite assez longuement. Aujourd'hui plus de doute, je orbis,
sur son ideotité avec celle dont parle César; cVst bien U la
Gergovie qu'il signale dans ses commentaires , et où il apprit
à connaitre.La valeur de Tillustre Vercingetorix. La montagne
de Gergovia est encore pour nous une mine inépuisable d'objets
de ia plus haute antiquité ^ lés pédailles gauloises de toutes tes
époques y sont particulièrement abondantes.
Upe autre statioif évidemment gauloise, par toutes les àé*
couvertes qui y ont été faites, a existé sur le plateau de Goretit
peu éloigné de Gergovia. Croirait-on que cette montagne si
riche en antiquités et en médailles , n'ait été , je ne dirai pas
décrite, mais même citée sous le point de vue archéolc^iqoe^
dans aucun des nombreux ouvrages publiés sur l'Auvergne?
Le premier je l'ai signalée dans un ouvrage imprimé en i85i;.
La description de cette montagne exigerait des détails qui
ne sauraient trouver leur place ici. Je dois me borner aujour-
d'hui à vous l'indiquer comme un objet digne de votre intérêt
et de vos études.
A une demi-lieue de Ponigibaud, k côté de Toornebise , k
travers les laves de la coulée volcanique , en quelque éorte
infranchissable , du Puy-de-Oôme , on trouve sur un assez
grand espace , des murailles en pierres sèches , qui indiqueât
évidemment l'enceinte d'un établissement militaire. Quelques
parties ont dû servir de foitifications; les autres, par leur
disposition , paraissent former l'enceinte des habitations. On
croit même reconnaître aux extrémités , les locaux qui ser-
vaient de postes d'avertissement ou de corps-de garde. A
plusieurs aspects , il existe des fossés plus ou moins profonds ,
' ouvrages de la . nature et que la main des hommes a pu
agrandir. A l'est , par exemple , le roc vif, le^granite , a éjé
56
490 jsrArvsnqut mokumehtaui
TÎiiUeiiieiit caliiUé. Ce Iwv^st «ppelé Cami^ des Chazaloux.
M. Henrier , de PoatgiliaQd , en a levé le |>ian , et m*a permis
d'en preodre une co|ne. Il est îacootestable que ees cariease»
coostroctioDs ont été exéeatées pcHir servir de retrancbemeiit
i ao grand nombre de^ecsoniies ; mais k quelle époque ? CVst
ce qu'il est difficile de déeider. On a découvert , à plnsieur»
reprises , dans le voisinage , des Saches et d'antres objets
gaalois en broaze* Tout récemnient encore on vient d'y dé*
couvrir une espèce de faucille et une belle lance en bronze
que )e possède 5 ces cûrconstances ne pefmettent-elies pas de
croire que ces eoBstmctînns datent de l'époque celtique. On
ne saurait tirer aucune induction de la découverte qu'3f firent
des beigers il y a 28 on 5o ans, d'une boite pleine de mon^
naies du moyen âge et notamment de deniers de Clennotit du
XI*. siècle 3 celui qui y avait (ait ce dépôt était certainement
fondé II croire qu'il ne pouvait choisir un lieu plus sûr.
Je dois éviter en ce moment d'entrer dans d'au très détails sur
ce singulier camp. Il faudrait ,, pour en faire apprécier toute
l'importance, donner à ces détails un développefn^t que je
ne puis me permettre ici.
Arrivons aux Camps romains.
A Gondole , au sud de Clermunt , il eiiste un erafdacemcnt
triangulaire, d'une assez grande surface , qui porte le nom de
Camp de César. Il est défendu , du côté du sud , par une
levée de terrain ', à Test , par la rivière d'Allier , et au nord-
ouest , par la petite rivière de Lauzon assez profondément
encaissée. Ce camp , à cause de sa proximité de Gergovia , mé-
rite de fixer l'attention des antiquaires.
A Randanne^ résidence de M. le comte de Monllosier, sur
Tune des branches de la coulée de laves du Poy-de- la- Vache ,
,on aperçoit uite espèce de camp dans l'enceinte duquel M. de
DV DttPABTBMBlIT BIT PUT-^DI-DOMB. 49*
Moolloaier & découvert réœmiiHnit des instruments en fer et
en bronze et une médaille consulaire d'argent^ de la Jkmilte
Comelia. On remarqua sur oet emplacement les traces de
quelques constructions.
Au nord et près de Giat , on appelle b Camp un lieu oft il
existe i%alemcnt des TC^tiges de très-anciennes constructions.
Entre Masaje et l'Etang du Fung , on donne aussi le nom
de Camp k un terrain assez vaste sur lequel on remarque des
restes de murailles , des fragments de tuiles à rebords et deï
fragments de poterie rouge fine.
Sur le plateau basaltique de Montcelez , près St.-Germaia^
Lembron , de même qn*auz limites du Pu j-de-Dôme et du
Cantal , auprès de Beaulieu ^ on donne le nom de camp à dé
vastes plaines sur lesquelles on remarque des mouvements de
terrain que l'on attribue a oi Romains. J'ai visité avec quelque
soin ces deux dernières localités ^ et je d(HS dire que je n'y ai
rien observé qui puisse intéresser l'archéologie.
Je connais encore dans nos montagnes plusieurs autres tra-
vaux de castramétation , mais qui ont plutôt rapport au moyen
âge qu'à l'époque gallo-romaine.
»
§. Y. AifUéducs.
Les restes d*un aqueduc qui conduisait les eaux de Fontanas
\ Clermont , se laissent vdir encore aujourd'hui sur plusieurs
points. Le grand orage du 25 septembre i855, qui a porté
de si violentes atteintes à la belle voie romaine qui traverse
Yillars, a mis à découvert cet aqueduc sur une grande éten-
due , à ia base du bois de Yillars. La destruction de ce bel
ouvrage date , à ce que rapportent nos anciens auteurs , de
Tan 55% , époque à laquelle Thierry , roi d'Austràsie et fils
49^ STATISTIQUE M01VV MENT ALI
aîné de Clovis, vint assiéger la ville des Avernes (Clermonl)
et saccager le pays , pour se venger de ce que cette ville, sur {
le bruit de sa mort^ avait reconnu pour maître son frère
Childebert. i
Entre Fontanas et le Pny-de-Châteix sur lequel était le châ-
teau de Waifre on Gaifre , duc d'Aquitaine , incendié par '
Pcpin'le Bref en 761 , il existe à gauche du chemin , des por- » '
tiens d*un petit aqueduc taillé d^ns le granité. Gomme c'est {
près du Gol qui sépare Châteix d^une autre montagne, qu'on
en perd la trace , il 7 a lieu de présumer qu'il était destiné k
conduire les eaux au château de Gaifre.
On cite un autre aqueduc romain bien conservé , à la source
de la Crédogne , an pied de Monton celle , arrondissement de
Thiersj j'ai bieo trouvé dans cet endroit, une portion delà
voie romaine de Vichy , auprès de laquelle on dit qu'il se
trouve : mais je n'ai pu l'y découvrir.
En opérant tout récemment un défoncement de terrain près
le hameau d'Herbet , on a mis à découvert une portion d'un
autre aqueduc qui conduisait les eaux des belles sources de
Loradoux à ce hameau 01^ l'on voit encore, je dois le dire en
passant , les restes d'une très-ancienne église et 011 l'on ne fait
jamais de fouilles sans découvrir des antiquités gallo-romaines.
Ce que j'ai vu de cet aqueduc , solidement construit en béton
formé de chaux et de scorie rouge /me fait croire que sa cons-
truction remonte à une époque très-reculée.
§• VI. Etablissements thermaux.
L'Auvergne, que les effets de la chaleur centrale du globe
ont bouleversée de tant de manières, est assurément l'une des
provinces de France qui possède le plus grand nombre de
BU dIpABTEMEST du JPU Y-DE- DOME. 49^
lources minérales, chaudes on froides | elle a dft, sousce
rapport, attirer Fattention des Romains. Aussi, nous reste-t-il
des preuves multipliées et incontestables du soin que le peuple
roi a mis à y former des établissements thermaux.
LeMont-Doreen possédait. un très-important, que Ton croit
être VÀquis calidis de la carte de Peutinger. On peut voir
encore en place dans le nouvel établissement, de grandes et
belles piscines qui en dépendaient.
A Clermont , on a découvert les restes de plusieurs établis-
sements assez considérables; un en creusant les fondements du
palais de justice et de la prison ^ un antre en faisant ies
fondements de la maison de M. le colonel Prévost , auprès
de la place du lanrean; un troisième a existé an sud de la
ville, dans un terrain appartenant à M. Planet. A Fépoque
des fouilles que Ton a faites sirr ce dertiier terrain , il était
facile de voir que la destruction de l'établissement que Ton j
découvrit , était due à un incendie. J'y ai recueilli plusieurs
objets gallo-romarns , des fibules, ies épingles en os et en
bronze , etc.
A St. -Mars, près Clermont , oii les eaux minérales portent
encore le nom de Bain de César , on a découvert , lors des
réparations qu'on y a faites il y a une vingtaine d'années , des
restes de constructions romaines , des médailles du Ha ut- Em-
pire que je possède , et des fragments de cette belle poterie que
les Romains appelaient Terra campana. Entre ce dernier
établissement et '\e moulin de St.- Victor , il subsiste encore ,
dans un jardin et dans les vignes , de beaux restes de murs
romains et des apparences d'aquéducs qui faisaient , selon tonte
apparence ^ partie d'un grand établissement thermal.
Sar le bord de la route de Bordeaux , auprès du hameau du
Pont-des-Eaux , on a aussi découvert il y a peu de temps, des
4sh{ sTATiSTiQVB MojsxnmràJk^
restes d*iiB éigbUssement de ce geare âppaHeâa^ a ïifmfm
|;aUo-romaliie«
§. VII. Oi/eis divers.»
Indépendamment de tous les monuments antiques dont )e.
viens de vous entretenir, il en est d*auties encore non moins
importants pour Thistoire , mais qu'il est difficile de classer çt
de détailler dans une description aussi rapide. Je veux parler
des objets épars , gaulois et romains , que l'on a découverts et
que Ton découvre journellement, tels que tombeaux, statues
et statuettes, fabriques de poteries , mosaïques, colonnes j bas-
reliefs, inscriptions, vases de terre et de verre, armes, médailles,
€te.,etc., et une multitude d'autres objets plus ou moins utiles
dans les besoins de la vie. Si seulement depuis 25 ou 5o ans ,
les administrateurs de notre département avaient mis quelque
soin à faire rassembler les objets qui ont été retirés du sein de
la terre et qu'il était facile de se procurer , nous posse'derions
aujourd'hui un musée des plus importants. Il est difficile de se
Élire une idée juste des choses précieuses que l'on a laissé perdre
et de celles qui ont été enlevées à l'Auvergne.
IIP. EPOQUE. — MOYEN AGE.
§• I. Edifices religieux,
Gt sont particulièrement les édifices religieux du moyen
âge qui se font remarquer en Auvergnet Cette province, consi-
dérée à juste litre comme terre classique pour plusieurs branches
de l'histoire naturelle , mérite aussi une mention partieulière
pour Fétude de l'archéologie. Sous le rapport de l'histoire de
i'àrt , nos églises satisferont, je n'en doute pu , veire eorioûté.
p
PluftLeiirft d'entre eUei appartemni h I4 j^ode^opnftae , ont
une phyâonomîe qai kur est propit, un typeparMolier,
qu'on oe retrouve ni dans le nturd ni dans le midi de ht
France. Vous ponnez. Messieurs, mettre d*aocord les opinions
partagées sur Tépoque de leur construction; quelques per*
sonnes les considèrent comme étant du IX*v siècle, d'autres en
portent la construction au XI'^
Nous possédons aussi du temps de la période çotbiqne iti
monuments trè^remarqoables»
Notre savant colique , M. Jules Renonvier , dans la des*
çripiioo architectooique qu'il a donnée de nos éçlists, dans
le Bulletin de la Société , yons aura suflisimnieat préprés à
les visiter.
De son côté , un autre de nos coUègoes , IL Malla j , arekî-
tecte Je cette ville , vient de publier les premicces Hvraisonf
d'un bel ouvrage sur nos églises romanes et rontauo-byzatt»
Unes.. Les études spédsles auiquellesse livre M. Mallay , aoos
geimettent d'e&péter que la lacone qne Ton regretfe de vmt
dans la description de nos monuments religteux , sera bîeO'»
lot remplie» Les encouragements qu'il ne peut manqoerde
recevoir , pour cette publication , le détermineront sans doutey
à nous donner plus tardla description de nosédifices gothiques
et de la renaissance»
Au surplus , MU. , ce qni a été poUié par MM. Remmvier
et Mallay me dispensera , quant à présent , d*entrer dans de
longs détails sur nos monmnests retigieut. Je me bornerai à
les citer au lieu de les décrire.
L'église de Notre]- Dame - du - Port ^ celles d'Issoire, de
Brionde,d*Orci valide St.-Nectaire , de St.-Salurnin , de St.-
Genès(à Thiers), de Mozat^ de St.-HiUire-la-Ccofcietde Me*
tiat , attirent le plus Tattcntion des archéologues connaisseurs.
4g6 fTATunQVB uonnmmtTàMx
: Notre-Ikiiii-éo Port, qui dmt être , sans contredit , consi-
dérée comme type du style roman-anTergnat , a été fondée
^d VI*. siècle; mais ayant été brûlée par les Normands
en 855 (i), elle fot reconstruite dans le courant dn IX**.
siècle y . par Saint Sigou , évèque de Clermont. Son plan
il^présenle nne croix latine , divisée en trois ne6. Ao-dessons
du cbœur existe une crypte, dont rarcliitectore est aussi
tres-caractéristiqae. Cette église qui promet une belle page
k Phistoire d* Auvergne , est en tout bien remarquable. A
L'extérieur, le pprtail méridional supporte des sculptures
Qial heureusement un peu mutilées j à Textérieur , les murs
présentent dans le baut des defisins très-riches en mosaïques.
Nos autres églises de cette époque , ou au moins de ce même
ordre d'architecture (roman secondaire), sont plus on moins
richement ornées de sculptures et de mosaïques. Indépendam-
ment des églises que je viens de nommer , celles de Chama-
lières , de Yolvic , d'Ennezart , de Maringues , etc. , méritent
aussi d'une manière particulière de fixer yotre attention.
Tontes ces églises forment un ensemble caractérisant parfaite-
ment un genre d'architecture qui ne se retrouve guère que
dans la Basse* An vergue.
. La fin du XI*. siècle et la première moitié du XII'. ont
produit dans notre contrée , une multitude de petites églises
qui portent un cachet particulier, toujours dn roman secon-
daire. Celles de Royat , de Bourg-Lastie , de Briifont , de José,
de Çulhat,.dQ St.-Germain-Lembron , de Nescher, etc. etc. ,
peuvent en donner une idée.
(1) M. J Reaonvier dit 824. C'est, je crois, une erreur » car les
Normands n*ont commencé leurs ravages en France» qu'à partir
de 638, et qu'ils ne sont venus eu Auvergne qu'en 853.
DU DÉTAETBIIBIIT DU FÙY-DB-DOMB. 497
§. IL Styk ogival.
*
Le style ogival primitif on rarebitectare de transition a eu,
comme vous savez, Messieurs, une très-courte durée en France ^
Iç gothique orné a . succédé presque immédiatement au style
roman. Je ne connab que quelques exemples de ce genre d'ar*
chitectnre , les voici :
. A Germont , T^lise du couvent des Saintes-Mariés , jadis
des Jacobins, construite vers 13203
L'église d'Aigueperse, dont la date m'est inconnue 5
Le chœur de l'église de St.-Amable , à Riom j
La nef latérale de l'église d'Ennezat ^
L'église de St.-Geryais, etc.
Le style ogival secondaire nous a laissé de beaux édifices.
Motre cathédrale, commencée sur un plan très- vaste , en 1248,
et continuée jusqu'en 1265 , serait un véritable chei-d' œuvre
si elle avait été achevée. Néanmoins , dans ce qu'elle est , elle
peut intéresser à ua haut degré les amis de la belle architec-
ture. Son ornementation intérieure est d'une élégance, d'une
légèreté des plus remarquables. Son extérieur , d'un style go-
thique complet , très- recherché. Ses verrières , si habilement
restaurées par deux de nos collègues , MM. Thévenot et Thi-
baud , méritent un examen attentif. On peut y étudier avec
fruit l'art de la peinture sur verre , car cet édifice renferme ,
sous ce rapport , de beaux produits des XIII*. , XIV*. , XY*.
et XYI*. siècles. L'heureuse restauration de quelques-unes de
ces verrières , brisées par l'horrible grêle du 28 juillet i855,
me parait également digne d'être remarquée.
L'élise de Montferrand; celle plus remarquable encore de
St.- Jean d'Ambert , l'église du Marturet et la Stc. -Chapelle
4^3 STATISTI^VB MOBWS|fTAI.t
de Rîom , loni aussi da style ogival. Cette sainte cfcapeDe ,
l'une des trœs que pcaiedie notre département , a été con&trnite
▼ers la fin du XI V**. siècle (1)5 elle n'est pas seulement re-
iQav({uable par son architecture légère » Ma verrières ont droi^
an&^i à votre admiration.
Ces monuments que vous vi&it«ret, en diront plus k vns yeoi
que la description que je pourrais von» en Ciire. Ib renferment
un grand nombre de sculptures et d'objets cnrieui qne , pour
mou compte I )e mettrai beaucoup de soin à vonalaire remar-
quer , mais que je ne puis détailler ici.
§. III. Châteaux,
Cbaque province , cbaque cité doit mettre on grand înlcrct
à conserver les noms de ses grands hommes , de ses grandes
familles. Il doit en être de même à Tégard des mooumcnls
que chacune d'elles possède. Il est essentiel à sa gloire de faire
i^ssorlir aussi la part qu^etle a prise aux luttes que la monar-
chie et la religion ont en h. soutenir. L'Anivergne qui , dans
le moyen âge comme à ' toutes les époques , a joué un si grand
r6le, ne saurait , lorsqu'il est question des événements de ces
temps reculés , ne pas y conserver la place qui lui appartient.
Ses prélats , depuis seize siècles 3 ses ducs , et après eux ses
comtes et ses dauphins 5 sa noblesse qui , à différentes époques ,
déploya tant de courage , donnent à cette province un relief
que rien ne peut effîieer. Aussi dans tous les temps a-t-elle excité
Tenvie de peuples nombreux. Les Yisigoths l'enlevèrent aux
Romains vers 4?^ ;Clovis la conquît sur ces barbares en bo'j»
(!) Les deux autres sont la Ste.-Chapelle de Vie le-Comle » Cou*
dëe par les comtes d'Auvergne et celle d'Aigucperse , fondée par
Louis de Bourbon ^ eomte de Montpensier , dauphin d'AuTergne ,
en t475.
DV OBPARTEMEIIT DU I>VY-D£-dQMB. 499
Le$ Sarrazios la ravagèrent de 75o à 733. .En 761 , Pépin ,
poursuivant Gaifre , duc d* Aquitaine ^ qui ne voulait pas M
reconnaître vassal de la couronne , laissa sur ses pas les traces
des plus terribles ravages. En 855, 864» 869, 916 et 925, les
Normands , ces idolâtres vagabonds, saccagèrent , pillèrent et
incendièrent les villes , les bourgs et les villages qui se trou«
vaient sur leur passage. Nos chroniques font aussi mention
des dévastations commises par les Anglais de i557 a i5go , et
de celles causées par nos dissensions religieuses , pendant U
seconde moitié du XVP. siècle. Plus tard , dans le but de faire
cesser la domination des seigneurs , les vexations des gentils-
hommes et pour fortifier la puissance royale , le cardinal de
Richelieu , et après lui le cardinal Mazarin , obéissant aux
ordres du grand roi , commandèrent la démolition de nos châ-
teaux les plus importants. A ces époques (i 655, i656et 1667),
Qu vit disparaître ceux de Nonnette , de Vodables , d'Usson ,
d'Ybois , de Buron , etc. La chute de ces principaux châ'eaux
entraîna celle d'un grand nombre d'autres demeures féodales
moins importantes, mais aussi curieuses pour l'histoire du
pays et pour l'histoire de l'art. Quelques-unes cependant échap-
pèrent à cette vaste destruction et sont venus jusqu'à nous ^
tels sont les châteaux de Murol , de Tournoëlle , de Pontgi-
l;»aud , de Ravel , etc. Presque toutes nos montagnes coniques
étaient couronnées de donjons qui furent , pour la plus grande
partie , détruits par ordre de Louis XIY , vers i655. La con-
damnation d'un grand nombre de nos châtelains par la cour
des grands jours , en i665, occasionna aussi la ruine de plu-
sieurs de ces manoirs féodaux. Je ne vous ferai pas ici un long
et fatigant dénombrement des châteaux qui couvraient le sol
. de l'Auvergne 5 ils sont figurés sur ma carte , ainsi que les
villes et les bourgs qui furent fortifiés dans le moyen âge;
5oO ITATISflQVB MOITVHEVTALB DU PUY-DB-DOMS.
Ce que nous possédons de mieux en architecture de la re-
naissance , se voit principalement k Clermont , à Riom et à
Montferrand dans des maisons particulières , ou dans les orne-
mects de quelques fontaines publiques.
Ce que nous avons de plus remarquable en maisons de bois
du XVI*. siècle, se trouve h Thiers et à Montferrand.
En monuments contemporains , notre province est peu
ricbe. Je me bornerai à citer notre nouvel bôlel-de-ville ,
dont on apprécierait mieux la belle arcbitecture si de iachenx
obstacles n*en gênaient pas la vue.^ notre balle aux grains ,
qu'une intelligente restauration a récemment embellie , en
l'appropriant mieux à sa destination devenue de jour en jour
plus importante. Je citerai encore l'établissement thermal du
Mont-Dore , h la création duquel a si puissamment concouru
un homme de bien, un homme célèbre, M. Raraond, qui pen*
daut sept ans , a jeté tant d'éclat sur l'administration de ce
département, et dont le nom, cher aux sciences comme à l'ami-
tié , sera toujours vénéré- en Auvergne. £nfin j'indiquerai ,
comme édiûces dignes de votre intérêt , le Palais de la cour
royale et la Maison centrale de Riom , etc.
Ici, Messieurs, se termine la tache que je m'étais imposée. J'ai
à m'excuser auprès de vous de la longueur des détails aux-
quels je me suis laissé entraîner. Je m'estimerai heureux si
les hommes laborieux qui m'entendent et qui ont déjà rendu
de si grands services à Tfaistoire, peuvent trouver dans ce
tableau , sans doute bien impar£ait , quelques renseignements
utiles. Je vous dois , Messieurs , de sincères remercîments pour
votre bienveillante indulgence.
COUP-D'ŒIL
Sur les Ou^ages publiés en Allemagne, concer-
nant t^ architecture du moyen âge ;
«
Par m. MICHELANT ,
Membre de la Société française pour la GonserTation des Mona*
ments , directeur de la Re? ue d'Austrasie , à Metz.
Un fait assez bizarre qui, à toutes les époques, s^est reproduit
cbez les peuples civilisés , c'est que Fétnde dont ils se sont le
moins préoccupés , est celle de leur propre histoire. Avant
d'interroger les monuments de leur sol ou ceux de leur langue
et de leur littérature , ils vont fouiller un passé que des siècles
séparent et auquel ils ne se rattachent que d'une manière indi*
recte. Depuis la renaissance , notre pays n'a pas cessé de
s'occuper des Grecs et des Romains, de leurs arts et de leur
littérature, et il a fallu que dix-huit siècles eussent passé sur
la vieille terre Gauloise et treize sur la Conquête fraoque,
avant qu'il songeât à jeter un coup- d'oeil sur ses premières
années.
L'Allemagne elle-même, si attachée à ses antiques mœurs ^
si amoureuse de son passé , a partagé long-temps cette indiffé-
rence. Rompant ainsi le fil delà tradition, elle Vest lancée
dans des études archéologiques qui n'avaient aucun rapport
avec ses origines : et les riches et nombreux monuments dont
l'art avait couvert son sol au moyen âge , elle les délaissait
5oi SUB LES OUVBAtiBS PVSLtés E1V ALLEll4GltB ,
pour étudier avec passion ceux des Romains dont elle trouvait
peu de vestiges chez elle.
Une juste réaction s'est enfin opérée dans les esprits, en fa-
veur d'objets si dignes de notre culte. Les richesses qui nous
environnent et qu'un insouciant dédain négligeait, sont enfin
exploitées avec ardeur , et les deux pays marchent actuelle-
ment d'un pas égal dans cette voie. Depuis long-temps déjà
l'Allemagne étudie atec on zèle, que nous n'avons pas encore
su imiter, son ancienne littérature nationale; mais nous ne tar-
derons pas à la suivre de près. Plus avancés dans uûe autre
route , nous pourrons peut-être la guider. En effet , lorsqu'en
France s'est éveillé le goût du moyen âge , il s'est trouvé un
homme qui, se plaçant à la tête du mouvement, a dirigé ses
efforts. Groupant autour de lui tous les travaux , il les a fait
aboutir à un centre commun 5 il a imprimé l'unité aux re-
cherches , les a rendues plus faciles par un enseignemeiit oral
et écrit qui a ûxé la science , en a classé les éléments d'unt
manière exacte et précise. Enfin , par la fondation de la Sociéii
Jhûncaise pour la conservation des Monuments et la piMiea^
tion du Bulletin monumental, il a posé les bases d'une grande
ceuvre vraiment nationale, et qui ne peut plus manquer de réus-
sir. L'Allemagne, au contraire, si ardente au travail, a produit
peut être plus de recherches que nous dans cette branche 5
mais livrée à l'arbitraire, elle a marché au hasard. Les prin-
cipes de la science a rchi tectonique au moyen âge , ont été
parfois méconnus pour satisfaire Tamour-propre national j ils
ont été quelquefois confondus : les classifications et leur déno-
minations sont devenues vagues et incertaines. Aussi de
cette quantité d'ouvrages qu'elle a produits , il ne résulte pas
encore un grand progrès. 11 serait trop long d'entrer dans
l'appréciation de chacune de ces œuvies. Tout au plus est: il
COirCtBNAIIT t*ABCmrTtCTt7BE DV MOTVlT AGP. 5o5
pCttsible de }et6r an rimpte coup â*ttil biUiograpbiqoc sur les
Dombrenxt productions qa*t faitsargir le monTement imprimé
depttis quelques années sentement aux études dn moyen âge.
Dans les nombreot joaroaut consacrés a nx études purement
bistortqnes , il se rencontre souvent des articles fort curieux
sur l'arcbitectonique ^ mais ce sont en général des travaux de
peu d*étendtte et tellement disséminés qu'il serait bien difficile
de les citer tous et de les réunir. Nous n*avons à nous occuper
ici que des travaux de quelque étendue et formant un tout
complet. Leur nombre, asset considérable du reste, secompse
presque entièrement de monographies* Quelques -unes sont
accompagnées de considérations générales sur Tarchiteclure ,
qui eu doublent Tintérêt. D'autres forment des publications
de luxe ornées de planches nombreuses magnifiquement exe*
cutée85 le reste ne contient que des descriptions parfois on peu
riches, purement locales , et par conséquent ayant peu de va-
leur scientifique.
Il existe un fort petit nombre de traités spéciaux sur Tarchi •
tectonique et on peut les réduire Êicilement à deux ou trois au
plus. Il faut mettre au premier rang FouvragedeSieglitz, inti*
tulé ! i^/te/enne architecture allemande, quia paru en 1820,
un volume in-4^. avec 54 feuilles de planches in-F^. j mais son
prix élevé en rend l'acquisition peu facile. Du reste Stîeglitz ,
déjh connu par d'importanfes recherches sur l'histoire de Far-
ohitecture chez les différents peuples , était on des hommes les
plus capables de traiter convenablement ce sujet. Depuis il a
publié on abrégé de l' histoire de l' ArcJiitecture à ses diverses
pérhéks^ (|ni a eu plusieurs éditions, dont la dernière a paru
en 1854, un vulumein-8°. avec ^i planches. On a également
de loi une description de l'église St.-Kuuibert à Rochlitz :
un vol. ÎB-d". de 100 pages enriron , avec trois planches
/"
5o4 su» LES OVVB AGES PUBLIES EK ALLEMAGNE ,
lithi^raphiccs , 1829. Dans la même année a para une conrte
dissertation de Heller, d'une vingtaine de pages in-8^. , sur
la construction des anciens châteaux cbevaleresques ( Ritter-
burg) en Allemagne. En i85f nous troùyons une brochure de
Kamohr, de 80 pages, intitulée : de l'Origine des écoles d^ïW"
chitectureaumqyenâge ; puis le grand ouvrage du chevalier
deMoller, directeur de la galerie de Damstadt, sous le titre de
Histoire de V art en Allemagne par les monuments , princi'
paiement au moyen âge; l'ouvrage se composait de deuxparties
contenant chacune 80 feuilles de texte servant d'éclaircissement
à 40 planches gravées , dont quelques-unes étaient coloriées.
Une seconde édition a paru en 1857.
Quoique ne rentrant pas dans cette catégorie , mais faute de
pouvoir le classer plus convenablement, nous ciieronsici l'on*
vrage du célèbre M. de Wi^heking, directeur-général des
ponts et chaussées en Bavière , membre correspondant de l'Ins-
titut , etc. , çur l'Influence qu'exercent dans l'étude de l'histoire
les descriptions critiques des monuments de l'antiquité et dû
moyen âge : dissertation assez volumineuse qui comprend
22 planches gravées et lithf^rapliiées et 70 feuilles de texte
in-4°*9 ^"^ publiquement à la session du Congrès historique
tenue à Nuinberg, le 25 septembre i855 , et dont l'assemblée
a ordonné l'impression. Nous terminons enfin cette nomen-
clature par Touvrage de Yogt : plans et élévation des bâtiments
religieux et civils germano-chrétiens au moyen âge^ un vol*
in-8 de 200 pages.
Ce qui vient ensuite se compose de la description des
monuments et édifices soit religieux , soit militaires d'un pays,
d'une ville on de monographies.
Dans la première classe, où sont pou r la plupa rt des ouvrages
de luxe , il iaut citer d'abord , en suivant l'ordre chronO'
COHCnSAHT l'aBCBTBCTURB dit MOTBir AGB. 5o5
iogiqae : les Monoments de Fart ancien à Liibecle , par les
architectes Schusser et Tiichbein ; trois livraisons grand in-f^.
comprenant chacune sept planches lithographiées , i85r et
i85a* Ëosaîte viennent saccesnvement les monainents de Fer''
jdiitectore snr le Rhin , da VII*. au YIII*. siècle , in-foL
Cette publication se recommande spécialement par un nom que
nous allons voir reparaître avec plus d* éclat et qu'a déjà illu^
tré son dévouement constant pour l'art allemand au moyen
âge, sous quelque face qu'il se soit produit. Nous avons nommé
Solpice Boisserée , pins connn par son grand travail sur la ca«
thédrale de Cologne. En i854 parfit le panorama des princi*
pans châteaux forts de l'Allemagne , par Gerat et Lange , par
livraisons in-4° contenant quatre lithographies et trois feuilles
et demie de texte. Cet ouvrage est analogue à celui que Gott-^
schalk avait publié fort antérieurement , mais qui s'occupait
exclusivement de F Autriche. En i856 : Histoire des châteaux,
abbayes et couvents sur les bords du Rhin et dans les pro-
vinces de Clèves., Julien» , Berg et Westphalie , par de Mering
et Weyden : chaque livraison comprenant environ loo pages
de texte in-8^. avec planches iQ-4®. , et les églises au moyen
âge ; vues intérieures gravées par Beuther et publiées â Berlin,
.format grand-impérial i^. , sans texte.
Kannëe i856 a été plus riche que la précédente : elle a vu
paraître simultanément Fouvrage de Grneber : Ornements ar-
chitetoniques allemands , tirés des constructions des XIII*«
et XIV'. siècles en Bavière ; six feuilles in-^. de planches et
deux de texte. Fragments d'architecture gothique , par God*
fried Grohmann , ouvrage dédié aux artistes, aux architectes,
etc. : six livraisons de quatre planches in-4^. , sans texte. Le plus
important est celui de Bœtlicher, sous le titre de : FArchiteclure
de bois au moyen âge. Son prix élevé en rend malheureuse-
5?
So6 sua LBS OUVRAGES PUBUés ElT ALiEMlGlIB ,
ment Tacquisition difficile^ car il offre ane coUectioo, dessinée
avec le^soin le plus rare, des plus beaux produits de la sculp-
ture sur bois et des arts industriels de Tépoque, dans leur
application à Farcbitecture. Chaque livraison contient six
feuilles in-I<>. gravées et coloriées : il en parait une tous les six
mois. L'œuvre n*est pas encore terminée j mais après son achè-
vement y on pourra la considéi'er comme un véritable menu-
ment élevé à Fart.
En 1837 , Minntoh a commencé à publier les Monuments
deTartau m 3y en âge dans la Marche de Brandebourg;* La.
première livraison composée de cinq planches et cinq Feuilles
de texte in-f'. , comprenait ceux du XI*. au XIII*. siècles:
roals celte publication est fort inférieure à la suivante que
Ton peut considérer comme une des plus remarquables en
ce genre : ce sont les Monumeots de Tart architectural au
moyen âge dans les deux Saxes, le Brunswick , etc. , publiés
par Puetrich en collaboration avec le peintre Geyser le jenne ,
sous la direction de Stieglitz. La première partie représentait
l'église de Wechselburg en deux livraisons formées de treize
planches grand in-f*. et dix feuilles et demie de texte même
format. La deuxième partie donnait Merseburg dans la Saxe
prussienne , neuf planches et neuf feuilles et demie de texte.
La troisième enfin , la Porte dorée à Freyberg , nenf planches
et cinq feuilles de texte. Dahl , norwégien de naissance, pro-
fesseur de peinture à Dresde, mu par un sentiment d'amoor et
d'orgueil national , a publié en cette même année 1857 9 ^
monuments les plus remarquables d'architecture des premiers
siècles de la Norwège , construits en bois. Les trois premières
livraisons composées en tout de quinze planches grand in*f^
et trois feuilles de texte, décrivent les églises de Bergund,
Urnes et Hitterdal. La première livraison seule^ de ces ouvrages
CONCERITANT l'aBCUITSCTURB i)V MOY£iY âOS. 5of
t paru en 1857 , et les autres successivemeut. Il en est de
même de quelques autres; mais pour éviter d'y reyeiiir , nous
ferons toujours dater leur publication à partir de la première
livraison. Outre la continuation de celles-ci, i858 en a vu
commencer encore une autre , F Histoire et description des
anciens châteaux forts de la Prusse, par MuUer , employé a la
bibliothèque universitaire de Breslau : in-3°. avec gravures^
La première partie renfermait la Silésie et le comté de Glatz.
Nous arrivons maintenant aux Monographies, et parmi
celles-ci , personne ne refusera le p^'emier rang au grand
ouvrage de Sulpice Boisserée ; la cathédrale de Cologne : des-
sins^ coupes, etc. Dans cette magnifique entreprise, Boisserée
supposant l'édifice complètement acheté sur les dessins de Far*
chitecte , en donne la description la plus exacte par grandes
masses ou avec les plus petiis détails. Elle se compose de deux
volumes in-F*. : Fun de texte, et Fautre de planchesquisontau
nombre de dix-huit. Mais son prix est excessif et ne le met à la
portée que des plus riches bibliothèques. On peut placer immé-
diatement après, non dans Fordre chronologique , mais sous le
rapport de l'exécution , la cathédrale St.-£tienne à Vienne ,
avec ses monuments d'art, par Tschischka , i852. Quarante-
trois magnifiques planches gravées sur cuivre^ in-f°., et huit
feuilles de texte , même format, en fqnt également un ouvrage
de luxe; mais son prix de beaucoup inférieur le rend plus
accessible que celui de Boisserée.
Puis a la suite de ces deux grandes publications , viennent
quantité d'autres ouvrages dont nous nous contenterons de don-
ner la nomenclature. N'ayant pas été à même de les juger ,^ nous
en ferons Fénumération avec toutes les indications qu'ont pu
donner les recherches bibliographiques les plus exactes. Il en
est quelques-uns sans doute de peu d'importance, surtout
5o8 SUA UBS OWAiGBS PUBLIES EH ALLEMAGNE.
an point de Toe de i'architecfore. D'antres , au contraire, sont
tont-à-&ît dignes de se ranger à la soite des deux premiers qne
nous yeDODS de citer. Dans notre ignorance à cet égard, il
nous suffira de n*eo avoir omis aucun , laissant h. la sagacité
do lecteur à les classer comme il le jugera, le pins convenable*
ment» Le seul mérite de cette notice sera celai d'une scrupu-
leuse exactitude , nous n'en revendiquons pas d*autre.
Ici Tordre chronologique nous ^rvira encore à ranger les
matériaux recueillis dans nos recherbbes , à remonter à 18:27.
Daas cette même année, nous trouvons d'ahord une description
de la cathédrale de Paderborn, historique , artistique , etc., un
Tolume ia-8^.
1828. L'ancienBe église Ste.-Marie à Arnstadt et le cloître y
attenant, par Hellbach : 5 pi. et 160 pages de texte.
t83o. L*ancien cloître de Bebenhausen, par GraH, architecte :
1 1 graT.a plans in-K et a feuilles et demie de texte.
l852* L'abbaye d'Âltenberg, près Cologne, aVec éclaircisse-
ments historiques , par Boisserée : 1 5 feuilles litho-
graphiées , grand in-f*. et 3 pages et demie de texte.
•— Le palais de l'empereur Barberoussse Frédéric I , dans
la forteresse de Geltinhaùsen ; avec documents sur la
maison d'Hohenstauien et l'art de son temps : i5 gra-
vures grand in-f». , 21 feuilles de texte, par Hun-
deshagen .
«M La cathédrale de Magdebnrg , par Clemens , conseiller
et inspecteur des bâtimenis,et Rosenthal, archi-
tecte : 2 livraisons grand-impérial , i». de 6 pi.
lithog. La 1'". livraison avait paru en t85i.
— Description des forteresses de Rheiosiein et Reicheusr
tein , et de l'église St.-Ciément sur le Rhin 5 histoire,
documents , objets d'art , etc., par le chanoine Dabi :
I pL lithog. et 5~o pages de texte in-8<>.
COHCIBKAKT l'aBCHITECTURB i)U MOYOT AGI. $0^
— " Histoire et descriptionde TadcienDe abbaye de Camp,
près Rheiaberg ayee noe vne iithogr • et 160 pages de
texte io-8°. , par Micheb , prêtre , etc.
— Histoire de l'église des Carmes déchaussés k Brfurht^par
Moiler : 84 pages i&t-S^., et ua plan de rançiéa
cloître ^lithogr. -
i853. Description, du St..-Tombeaa à Gorlitz 1 5 planches et
texte.
— • L'église de St^Jac^pes à Magdebiîrgy pajr Ir pasteur
Reinhardt^aoo pages in^8°. ^nn plan et 2 vues îq-^.
— - L'ancienne forteresse impériale de Salzburg , près
Neustadt sur la SaaL, par le baron Augyiste de Salz-
burg rin-4^. avec deux Tues, un plân^,, vignettes jet
80 pages de texte ..(Cet ouvrage a eu deux édrtiocis.)
—- La cathidrak de Wecden-, monumeat de la ligne des
princes Guelfes-; hi&toice et description , par Tar*
chitecte Bergmann^ : 8 ieuilles lithogr^ et 3o pages
de texte in»4°-
1 854* La cathédrale, de Trêves, par Hansen^ r histoire et des-
criptioaj extrait des feuilles provineialc&du Rhia«
— Description et vue- de la grande salle des^ Chevaliers
au château d'Ërlach, dans FOdennald : S feuilles de
texte et l5 vues à Taqua-tinte in-4^»,.par de Krest.
— Descri plion- historieo-tepographique de l'ancien ne cha-
pelle de Akenfi!irtb,près Nuvnberg, par le baron de
Soden- : 64 pages xA-8";,avec un plan et 5 vnesin-4®,
— « Histoire de l'ancienne abbaye impériale de Bnrtscheid,
bâtie au VU*, siècle , par Quins , bibliothécaire k
Aix-la-Chapelle. M. Quins s'occupe avec la plus
grande activité de l'histoire de tous les monuments ,
etc., situés aux environs d'Aix-la-Chapelle : en
StO S1TX LES OtTVBAGES PUBLlés BIT ALIEMAGVB,
i83o, il avait publié une description liistoricpie des
cbapelle et château de Bernsberg; en i856, nous
troui^rons encore quelques travaux intéressants dus
h sa plume laborieuse*
*— Le château et la cathédrale de Mersebarg , leurs me-
onmenfs , curiosités; arcH; une vue de la cathédrale
în-4®« et 64 pages êe texte in-S**. , par Otto.
•-« La cathédrale St.* Biaise à ftrunswick, bâtie par Henri-
le-Lion , duc de Saxe et de Bavière , avec ses monu-
ments , les tombeaux des privces êe la maison de
Brunswick- Lunebourg : 120 pages de texte in-S^''.
et 4 lithographies , par Goerges (Cest une deuxième
éditifi») *
— La cathédrale de Cologne, par de Noël : petit in-i9.
Cette petite notice est maintenant à sa 3*. édition.
i835. La cathédrale de Meisseas : 24 planches lithogr. et
160 pages de texie , par QDHert. Cet ouvrage est du
savant bibliothécaire de Dresde connu par d'impor-
tants travaux bibliographiques.
•» La cathédrale de Mayence par Wetter, architecte 5 avec
des considérations sur le développement du style ogi«
val, etc. , en France et en Allemagne, et Finfluence
de Fart lombard et byzantin sur ces pays : un plan
demi-P' et i5o pages grand in- 12. La cathédrale
de Mayence a été décrite d'une manière pins étendue,
dans un ouvrage du docteur Werner, doyen du cha-
pitre, commencé en 1827 , et qui n'a été terminé
qu'en 1857. . -
— • liCS monuments du chœur de l'église du château k
Pforzheims, par Gustave Mulfer ; une gravure grand
ithS^. et 2 feuilles et demie de texte.
GCMrCERirAirT l'aBCHITECTUUE du M0YE9 AOI. 5ll
— • Histoire et descriptioo ie U catkëdrale de Rœnigsberg ;
de» ouTrages d*art qu'elle coatient , ayee une intro-
duetioB sur Tart de l'Ordre Teutoni<^ue en Prusse
et surt<mt daos les plu& aDcieuDjes-construclious reli-
gieuses de révêcbé de Samland, par les doeleur Geb-
sefy professeur, et Hagea, super-iatendaut : ua fort
volume in-8*. de y>o pages et .8 planebes lithogr.
— L'église St*^Pierre et Ste.-Céeile k Cologne y par de
Mériag : itt^ia. , 60 pages.
•— Des images daas le sa nci uaire des églises cbpétîenties dn
. Y", an XIY**. sièele , dissertatiou archéologique.^ par
le docteur Jean- Georges MuUer de Trêves : a litbog.
in -4^. j :so pages de telle.
i856. La cathédrale de Bamberg ai«« ses monuBieftis ^.iDin-
beasi, armoiries, inscriptions, etc., par Landgrafi :
nœ gravure, 5 Utliog. et 180 pages de texte grand
— Rosaees gothicfuesde TancieiHie architecture aHemande
dans réglise de Dobran , par Niepperdey de Post-
dam : 52 feuilles lithog»avec texte explicalif,
— L'architecture gothique et son origine, démontrée par
FégliseSt.-«lacqucs et autres de Ratisbonae, par Popd
etBulau : format grand aigle.
*— L^église Ste.- Catherine à Oppenheim , monument de
l'art allemand du XIII'. siècle , par Hubert Muller :
34 planches ia-i^. et fa feuilles de texte in-4^.
— Histoire et description de l'église de St .-Pierre, l'hôpital
St.-jVIartia anciennement collégiale des chanoines
réguliers et du cloître Ste.-Anne : une planche
lilhog, et 160 pages de texte , par Quins.
— L'ancienne collégiale St.^Jacques , depuis couvent des
Sis mjn XBS outbag]^ HiBi.t& xir alibmagiic/
Claristes , et le cloître St. -Léonard , avec iiotice$ stor
la peioiure sur verre , etc. , par le même : in-S*.
-^ La cathédrale de Magdebarg , dessinée et publiée par
Munnich Tin-fr.
1857. La forteresse de Risberg eu Franconie , par Heller :
i5o pages in-8^ et 2 planches iu-f'»
— Le couvent de Michaelsberg de Tordre des Bénédictins,
< et l'hôpital Ste.-Catherine avec le tombeau de St.-
Otton : in-8®. , 5 knille» de texte et une planche
in-f^*., par Landgrafi de Bamberg.
— • La cathédrale de Halberstadt, histoire, architecture ,
antiquités : 3 feuilles et demie de texte in-P. et
6 planches gravées sur acier, par le docteur Lncanus.
— La eathédrarle de €ol<^ne , par de Noël , 2*» édition 5
description historique et archéologique : 4 planches,
80 pages grand in 12.
— La cathédrale de Mayence et ses monuments , par Wer-
ner, docteur, doyen du chapitre commandeur , etc. :
5 gro» volumes k>8^.
— L'église collégiale à OEhringen , par AIbncht : plan
in-4®« et 60^ pages in-8<>.
i858. Description et histoire de l'église du château à Qued-
linburg , des antiquités qu'elle renferme, avec des
notices sur l'église de St. Vippert près Quedlinbui|;,
celles du cloître i Grœningue, de Gernrode, de
Frohe , Druebeck , Hugsburg , Conrardsburg , avec
plans, dessins de détaib, par le docteur Ranke,
directeur, et Kugler, professsenr : 8 pi. , voL in-8<>«
de 200 pages.
En terminant cette notice , nous devons ajouter que npus
tl'ayions pas encore reçu le catalogue de Leipzig du a*, se-
COirCERNAHT L ARGHITfiCTVBB HV UOTBN AGE.
5i5
mestre , ce qui ne nous permet pas de donner une idée exacte
des prodoctioQS de Tantiée i858 : d*fti^ars il ne £int pas
oublier que plusieurs publications cominençëes dans les années
1 855-56 et 57 , sont loin d'être terminées , et qu'elles conti-
nuent à paraître successivement : il faut donc les ajouter à
celles qui sont nées en 18SS , pour apprécier an juste la valeur
du mouvement qui s'est produit depuis quelques années dans
cette branche importante de. recbcrchcfr Historiques. Il ne se
ralentira pas sans doute : les efiorts du passé nous servent de
garant pour l'avenir.
PROMENADE ARCHÉOLOGIQUE
De Clermota à Bourges, par Néris, Montluçon
et St.'Amand , faite en nwembrei^Z^ (i);
Paa m. BOQILLET ,
Inapectenr di?idonnaire des monumeDU historiques.
La partie do département du Pay-de-d&me que l'on traverse
ponr entrer dans le département de l'Ailier , à Texception de
Montferrand et de Riom, présente pen de choses remarquables.
Montferrand et Riom possèdeivc des restes de Farchitectare de
la renaissance, bien dignes de fixer Tattention des archéoloçnes*
L'église de St.*Amable , «bosk cette seconde ville , est de trois
épo<{aes bien marquées. Le bas, c'est-à-dire les trois nefs, sont
d'architecture romane , avec arches ogivées ; le chœur est très-
întéressant pour notre province , car il nous présente un bel
exemple d'architeelsrr de transition ou gothique primitif.
Quelques-unes des maisons et des fontaines publiques de Riom ,
sont ornées de sculptures des XV'. et XVI'. siècles , qui rap-
pellent le ciseau habile de Germain Pilon. L'église du Martn-
ret , d^on architecture ogivale simple , n'a rien de particulier
dans son intérieur; l'eitérieur an contraire, et notamment la
(1) L^ lecture de ce mémoire était annoncée k Ta Société Fran*
çaice pour la conservation àt» moouments historiques, lors des
séances générales tenues k Clermont , du Tau fo septembre 1838;
elle n'a pas eu lieu ft cause de rabondance des matières.
monBiiiim AticniiotOGtqvE, 5t5
fiiçacle de l'onest, sont bien ornes. La Sie «-Chapelle, Tone
des trois ^e possède l'AoTergne , est digne anssi de remarque*
Ce monument, qui n'est malheureusement phis livré au culte,
a été construit rers la fin du XIV*. siècle , par Jean II , comte
d'Auvergne. Ses vitraux , du même temps que Fédifice , sont
très-esdmés. Les nouvelles dispositions intérieures do local en
rendent Fétode fiidle.
Riom est une jolie petite ville bies ptreés". Les fossés hideux
et fétides qui lui servaient d'enceinte dans le moyen âge , sont
aujourd'hui des boulevards ; plantés de beaux arbres , et des
promenades délicieuses.
En quittant Riom , le premier village que Ton traverse est
St.-Bonnet , qui n'a de bien curieux que le costume de ses ha-*
bitanis. Près de là , à Diavayat , autre village , il existe une
pierre plantée on menhir en granité, d'au moins quatorze
pieds de hauteur. Il en est parlé vers le milieu du siècle der-
nier dans le journal de Trévoux } fài déjà eu occasion de le
dire. On le voit à l'eotrée du village , engagé en partie dans
un mur.
Combronde, chef-lieu de canton , où l-oo arrive bientôt,
a eu ) à ce que l'on croit , un des premiers monastères de
l'Auvergne , Sondé en 5o6; mais il n^en existe pas le moindre
vestige aujourd'hui. Soif église très-petite a été restaurée à
difiérentes époques 5 quelques parties èa cbœur seulement soot
du XI"*, siècle.
Entre Combronde et 9t.-PardottX , on devra visiter Tune de
nos églises byzantines les plus intéressantes , l'un de ces cu-
rieux moooHients dont la France s'appauvrit tonales jours.
Entre Combronde etSt.-Pardoux, dis- je, très-près.de la route,
on verra l'église de St«-Hilaire-la-Croix , qui porte le nom de
la Rouée 3 sa forme est celle de nos églises qui ont un carac.
5l6 nbOUKADB AECllioUIGI^m
tère , on type partkolier cTaicbilectBre aoTe^oate. La porte
do Dord et les chapîteaax de ooloones à l'iiiténeor de ïéçhat
soot on oe peot plus remarquables.
Les mines dn diâteaa de Blot-le-Rocker , déchirées par le
temps y s'aperçoÎTent ioag-temps araot d'arrirer à Méaat , ao
sommet d'an petit mamelon dominant la vallée tortoense , mais
ravissante, de la Sionle. Un pen an-dessoos des mines dn cliâ-
teao j en suivant le cours de la rivière , on peut voir anssi les
restes de celui de Tancienne famille de Cha vigny*
La petite ville de Menât » placée près du bassin pittoresque
de la Sionle , possédait une ancienne abbaye de Bénédictins de
Clnny,qBi;selonGr%oiredeTonrs,fut fondée par St.-Ménélce,
son premier aUé , vers 6ia. L'église eiiste encore , mais en
mauvais état 5 on y remarque plusieurs chapiteaux de colonnes
très-inléressants. Il ne reste que quelques beaux débris dn
monastère.
Bfontaigut , Mons acubu , par£ûtement nommé à cause de
sa situation , a eu aussi on château, mais il n'en reste que de
bien faibles traces.
Dans le cimetière qui )oint la ville de Montaignt au $ud«
ouest ^ on voit un de ces fanaux ou bnternes des morts qui
étaient destinés^dans les temps de maladies épidémiques et con-
tagieuses, à entretenir le fis» et la Itmière^ lorsque toute corn*
munication était interrompue , même entre les plus proches
voisins. Dans d'antres temps y. ces fanaux servaient de phares
aux voyageurs égarés, et leur rappelaient que là éteit un lien
saint.
L'Auvergne » possédé plusieurs de ces petits, monuments de*
venus très-rares aujourd'hui.
DB CLERMOAiT A BOUBCfe. 5l7
DiPARTBMEVT DB L^AlLIBB.
Néris.'^Tiétis j j4quœ Neri^ de la carte de Pentioger ,
est bâti au centre de deiix.yallées, snr le plateau qu'occupait
raDcienoe ville de ce nom. Néria qui, au dire de l'antiquaire
Baraillon , aurait été , du temps des Romains , une des plus
grandes et des plus belles villes des Gaules , n'a plus aujour-
d'hui que i,ooo à i,3oo habitants, et l'importance que lui
donne ses eaux thermales. Les antiquaires se sont exercés sur
l'origine de &on nom , sur les dévastations qu'elle a supportées
et sur sa destruction. Les uns ont attribué sa fondation à Ne*
ron , d'autres font dériver son nom des mots celtiques IVer eau
et ias chaude , etc. On croit généralement qu'elle fut saccagée
sous Constant II ^ restaurée par Julien et ses successeurs ,
saccagée de nouveau sous Clovis , et enfin détruite par les
Normands.
Les environs de Néris présentent plusieurs beaux restes de
la grandeur et de la domination des Romains. Ces conquérants
du monde y avaient construit un établissement thermal de
grande dimension , dont les restes ont été détruits^ou enfouis ^
lors de la construction du nouvel établissement. Comment
comprendre que de nos jours, chez une nation aussi grande ,
aussi civilisée que la nôtre , il faille déplorer la perte ou la
mutilation des anciens et curieux monuments, à mesure que
le hasard les fait découvrir.
Les fouilles que ce nouvel établissement a nécessitées , ont
encore misau jour un grand nombre d'inscriptions^ de statues,
de colonnes, de chapiteaux , de médailles et de vases de terre
et de verre qui ont été malheureusement dispersés , comme
cela arri^'e presque toujours. On conserve cependant, dans une
5ao pftoiffnrAùB abch£olôoi<^b
Montbupn. — ^ Mootliiçoo , chef - Heu ^^Arrondissement ,
Tnae des vil tes les plus ancieanes et ks pins importantes da
Bonrbonnais , est à une petite distance de Néris 5 sa sitoation
est agréable , son histoire mérite aussi qoelqoe attention.
On a longuement disserté sur son origine et sur Fétymologie
de soft nom ; les uns croient qu'elle a été fondée par Lucms ^
fik de Gmstance-Chlore 5 d'autres par Ludurus , proconsul
des Gaules 5 d'autres encore pensent qu'elle doit son accrois-
sement k son Toisinage et ï la ruine de la 'ville de Néris. Sons
la seconde race de nos rois, elle a été le chef-lieu d'une seigneu-
rie qui est passée dès le X'. siècle dans le domaine des Bour-
bons (1).
Les Anglab qui se rendirent maîtres de la Guienne et du
limousin , prirent Montluçon en 1 1 7 1 et l'occupaient encore
en 1 188, époque à laquelle Philippe-Auguste le reprit.
Dans le XIV'. siècle , les Anglais y revinrent de nouveau
apporter la guerre* Ils furent battus près de la yille, lors de
leur retraite de Belleperche. De cet éTénement, l'un de ses
faubourgs prit le nom de la Presle ou du combat , et l'on
institua une confrérie du St.-Esprit, appelée les Qievauxfugs,
qui se réunissait chaque a nuée à la Pentecôte , pour célébrer
l'anniversaire de J' heureuse fuite de l'ennemi et de la déli-
vrance de la ville. Ses autres faubourgs ont aussi des noms qui
proviennent de ce combat^ ainsi celui de la Gironde^ pai-ce que
des troupes levées sur les bords de cette rivière et appartenant
aux Anglais , l'ont occupé; celui de Breloni, parce que les
Bretons de l'armée anglaise y ont logé , etc.
Montluçon , i cause de sa situation et à cause de son voisi-
(1) J'ai fait connattre dans la Revue de la Nomiflinatiqae Fran-
çaise, S*, année, page lio , des monnaies inédites de deux de
ses seigneurs , Guy-de-Dampierre et Eudes.
DB CLSRWOSrT A DOVJUÏ8$. 531
oage des possesMon$ des Anglais , axeu d^imposantes for4ificii-
lions ^ des murs épais, flaaqnésde 4o tours, en protégeaient les
approches. Plasiears lettres patentes des rois de France et des
docs de Bourbonnais , imposent aux habitants des provinces
voisines , Tobligation d'entretenir les fortifications et d*y tra-
vailler. Ces mars qui étaient en ruine dès le comffiencenient
du XIV*. siècle , ne furent complètement réparés qu'en 1610;
celte date se lit sur la tour neuve qui , h ce qu'il parait , a
terminé la reconstruction ordonnée en 1692 par Henri IV.
Le& fossés qui l'entouraient étaient pleins d'eau. Quatre portes
seulement en facilitaient l'entrée.
Le château placé au centre de la ville , sur un rocher es-
carpé , était lui-même fortifié. Pendant long-temps il a appar-
tenu à des seigneurs particuliers , avant d'entrer dans la maison
de Bourbon. On en attribue la reconstruction au duc Louis II,
qui y faisait souvent sa résidence et qui y est mort.
D'après un mémoire clairement et savamment écrit par
M. Brugière-de-Lamothe , sous-préfet de Montluçon , le lien
où se trouve la ville aujourd'hui, semble être celui qu'occu*
pait la Gei^ovie des Boiens , dont il est question an 7*. livre
des Commentaires de César. On a aussi beaucoup discuté sur
la localité où a existé précisément cette place; aujourd'hui,
lorsqu'on connaîtra les recherches de M. Brugière-de La-
mothe , ce point paraîtra si bien reconnu , qu'il sera difficile,
ce me semble , de conserver des doutes sur son véritable em-
placement.
Montluçon offre encore de beaux restes d'antiquités gau-
loises, ou au moins gallo-romaines. Très-rapprochés de ses
faubourgs ^ au nord et au sud, on peut voir deux tumulus bien
conservés j le premier à Château-Vieux , à côte de l'ancienne
route de Bourges, l'ancienne voie romaine di Avaricunt aux
58
^1 FSoifeirADE AvméoKOGiQrE
Aquœ Neri; Fanfre, h rentrëmité do faubourg des Porg«s,
ao point où cette même rôie romaînese réunissait à celle de
MedioUtmêm (Château -Meilian) k AugusUmemetum (Cler-
mont).
Dans le Toisinâge , sur nu rayon de deux lieues , tout au
plus , on peut voir eneore d^autres tumulus: un à Domérat,
un à Givrette , un i Argenty , et enfin un quatrième à Reugny.
Dans le faubourg St.-Pierie, on trouvera un pont romain
à cinq arcbes , appelé pont Vieux. Un autre pont appelé pont
Bufidé , a existé près de là snr le Citer ] M. Brugièr^de-
Lamotbe en a le premier reconnu et signalé les débris. Les
archives de Montloçon fvnt mention des réparations qui y
furent faites en i3o7 et en 1509. Ou connaltencore les vestiges
d^un autre pont découvert dans Tancien cimetière du bourg
de la Cheplande , etc.
Les restes de plusieurs voies romaines , assez bien conser-
Tées , les tombes en pierre , les débris de poteries , de tuiles ,
de moulins à bras , et les médailles romaines, qui ont été dé»
couverts k Montlnçon , prouvent an moins que , si cette ville
n'a ps existé antérieurement k la domination des Romains ,
elle était connue de ce peuple-roi.
Montlnçon a encore des choses dignes d'attirer l'attention ^
ce sont ses maisons de bois avec poutres sculptées et charpentes
bien ajustées. C'est la porte Fouquet et la porte St«-Jean , c'est
sa fontaine du XV». siècle , sa vieille croix, etc.
Ses deux églises ne présentent rien de remarquable. Notre*
Dame a été construite on an moins restaurée en 162a , et
St. -Pierre est de i658.
Trajet de Monîhupn à ^SL^Amand^^-La. route de Mont-
lnçon à St.-Amand offre peu d'agrément , la campagne a un
aspect de fertilité des plus monotones; les ondulations du
PB CtBmMOZIT A BOlTBttBS. 5lS
temia soot à pctoe saffisantes poar Iqî oter rappareoee d^tine
plaine ani&rme. On sait la droite da Cher , et de distance en
distance on aperçoit le canal du Berry qui passe à St.-Amand
et à BourgeSt Ce canal commencé en 1807 , prend naissance
k Montlnçon; il est alimenté par le Cher. Sa coastrnotion a
Talu à cette yille an fort joli pont et lui procure Tayantage
dfnné communication imjportante avec le Berry et la Touraine.
Les yilla^ qoe Ton trayerse 00 cenx qai ayoisinent la*
roMte , ne présentent rien de bien remarquable. L'élise de'
St*-VictQr en forme de croix grecqne , est assez jolie d'a^^t , -
mais très-simple d'ornements. Le petit castel de Reagny , vé«
ritable pigeonnier £iodal , ayait ses fossés , son pont-leyis , e»
au-deyant , sa chapcUe. Le haraeaa de Vallon , sar la gauche'
du Cher , n'a de remarquable et de bien apparent qné 1» beUe>
flèche da clocher de son ^lise.
Dir AaTBMENT DU CasB.
SL'Amand. — St.-Amand est une jolie petite yille qui a
été construite au confluent de ]a Marmande et du Cher , sur
remplacement où se tenaient anciennement les foires d'Oryal.
Son histoire est tout-à-fait liée à celle de cette dernière loca-
lité. Oryal était le chef-lieu d'une seigneurie appartenant au
connétable d'Âlbret 5 il fut pris et brûlé par les Anglais , en
i4io. Après ce désastre, les habitants, pour se mettre à Tabri^
profitèrent d'abord de quelques baraques construites pour les
marchands sur une place appelée St,-Amand, y construisirent
des maisons, en formèrent un bourg qui prit le nom de St.-
Amand. Charles d'Albret, sire d'Oryal , fit clore de murailles
ce bourg en 14^4* Son église est antérieure, selon son archi-
tecture , au commencement du XV^. siècle 5 elle est assez
remarquable , sans qu'on pubse cependant y signaler queh]ues
ornements particuliers.
534 PR<MfeirADE ARCHBOLOGlQrE
St.'-Amaod est anjourcThoi un cbef-lîeu d'arrotidissemeiiC
do déparlement dn €her, et sa popalatioa est d*à pen près
7,000 âmes. Il ne préi»ente rien qui puisse particfdièreiiient
fixer l'attention des iroy agents , mais Tarcbéologae ne pént
oublier que là fut le berceaa d*iin sayant antiquaire, H. Raoul
Rochette.
A e&té de St.-Aniand , sur une petite montagne , an bord
do Cher, on pe«t encore voir qaelqoes restes dn fameaz cbâ-
teao de Mont-Rond , qui passait pour une des plus fortes places
dji royaume. Sa constmction était da XI Y*, stède. Marimilien
de Bétbane , duc de Snlly , qui en a été propriétaire , y avait
frft ajouter de nouvelles foiiifications. Le grand Condé en
devint possesseur en i65o , et augmenta encore ses moyen» de
défense. Pendant les troubles de i65o à l65a, il était occu(>é
jiar les partisans des princes, armés contre l'autorité royale.
Il se rendit en i652 au comte de Palluan , après un si^e d'un
an , et il fut démoli immédiatement après.
F'iÙage de Drévant. — Au sud de St.-Amand presqn'à la
sortie de la ville , on quitte la route de Montluçon pour
prendre à droite le cheraio de Drévant. Ce chemin parfaite-
ment conservé sur quelques points , est l'ancienne voie ro-
maine d*Alicbamps à Néris.
En moins d'une petite beure, on arrive à l'emplacement de
cette ancienne ville , dont aucune étymolc^e , aucune tradi-
tion ne rappelle l'existence, le nom même n'a pas été conservé.
Caylus , qui en parle dans ses antiquités gauloises , le nomme
Milan. Drévant n'est plus aujourd'hui qu'u A très-petit village ,
mais on y retrouve des ruines qui anuoncent incontestable-
ment qu'il a existé là une grande cité. On y voit les restes
d'un temple que M. Raoul Rochette appelle un prétoire ,
PS cuanoiTT A Bev««B9« SaS
âe deux établisseaivtiCs de bmas H d*ifa i^ste tliéfttfe doat
on reconnaît fe plmpavt dkrs éislribotioiu* PfosieBrs des
yoniitoire» de ce tiiéâtie «at résisté aox- injures dm temps.
Si Fou traterse le Che* et le eaoal qpi le )okit , ov verr&y
en face de Dréyant^ uacaupromaii» que la cavte de Cassini
indifjae et nomuie Cétm^ de César. Diào$^ T intérieur de œ
cai^ , il eiBte un puits qui était dtstiné à Tusage des troupes»
Le sikoce et la soJbocfe qu'on velrouve aujourd'hui an
sttUeU'de ees ruioes de Dréyaot ont quel^gie cboae d'impo-
sant. S» Ton se représente la^ qpantité dressemenls cFliouinies
et d'anîmeus ffii ont été* Isouvés dan» ^amphithéâtre ,
mèlés^à des ehulnes de fer , k des boules* d'uni poids couâdéi^
rable , on se reportera' malgré soi à ces temps de persécution
et de barbarie, où. L'on, se dounail la 'cruelle récréation dé
voir ^vorer par dies bêtes iérooe», les néophites qui avaient
embrassé la nouvelle religion. Eloignons de notre pensée ces
temps d'erreur et do lanatisoK , jetons ui» voile sur ce hideus
tableau y ne parlons q|ne des monuments i tout porte à penser
que la defttKuction. de ceux de Drévaot a été causée par le feu.
On reconnaUr» eucoi» l'importance de Vancien Drévaut ,
si l'on se dirige en droite bgne-dvcoté delà route de Montlo-
(00 ^ on tvouivera les restes duo> a qoéduc qui y amenait des
eaux f de la vÎYÎere de Marmande..
Je dois à la compèaîsance dfrM» Ifaigirière , de St.-Amand ,
d^avoir très4>ien'y»Drévant 3 ses- recherche» et ses fouilles sur
cette remarquable localité lui ont procuré une collection pré-
cieuse , ^méduilk» et de divers objets* antiques , qu'il a eu
aussi la e<miplaisance de me montrer.
Je ne crois pas devoir entrer dians d^'autres détails sar les
divers- momuneots dont on voit de beaux restes h Orévant.
Plusieurs de vous. Messieurs, coooaibi>ent le travail que notre
Saé PBonnrADB AmoiiMOGiqim
tMèg^e^ M. Baié,a poUié, dans Ksnodctt sur les andqm-
la el Mr Jei oMMumenii du Berrj ^ c'est donc dans la des-
ioB qa*ii en a donnée, ^pie l'on doit dbmber ces délub.
TrajH de Si*-Amand à Bourges. — En qmtbat St.-
Amand on aperçoit bientôt sar la lisière d'nn bois , à gancbe
et prés de la ronte, randenoe abbaye de Noir-Lac , appelée
^ifldtîfenKnt la Maison Dien , on Ton a établi, depuis pen,
nne mann&cinrede porœlatoe. Cette abbaye, dont il ne resie
pins guère qoe Téglise et des bâlinents modernes , a été fondée
en I i5o , par Ebbes y**, seigneur de Cbarenton. £lle^ dépen-
dait d« monastère de la Celle-Bmèie , qui existait près de le.
Très-près de ce point, sont les limites du pays des anciens
Bitsriges ( peuple duBerry ). Très-près de le aussi , an mmns
àœ que Ton croit, se trouye le point central de la France. A.
k descente de la Gelle^Broyère , à deui lieues de St.-Amnnd ,
ou Toit sur Je milieu de la route une coloniie milliaire dé-
oouterteà Alichamps, en 17SS , par l'abbé Pajannet , ex pla-
cée où elle existe aujourd'hui par les soins du duc deBéthuoe-
Charrost, en 1799* ^^ bauteur est d'à peu près 6 pieds. Le
nom de Teropereur qui Ta érigée , a- disparu , probablement
lorsqn^on a fait un tombeau de cette colonne. Ce qu'il reste 4e
l'inscription est en très- bel les lettres romaines , mais ualbeu-
rensement presqn'illisible. Il indique que la colonne était
placée à 4 lieues de Bourges , à 1 3 lieues de Cbâteaumeiiiant
et à a5 de Néris.
Bruyère , aujourd'hui petit village , conserve encore quel-
ques restes de son ancienne grandeur , on y voit les ruines de
ses murs d'enceinte , celles de ses portes, celles de son château
et les vestiges de ses chapelles. La chapelle de rhôpital, avant
d'avoir été consacrée à Saint Matbnrin, ét^it^ dit-on, un
MB CUBAMOMT A BOVBGCf. $37
iDQttnBient rimaîn. Soa égUâe b)eaintio« luërile de fiier
l'aUenlioo, non aeuicinent.par son archilectareinlérieiireymaîs
eocore par les scBlptofc» de ta façade»
Aliehanpi qui n'est qu'à «ne petite demi-iiene de Bni jère,
élait aussi , k ee qv'il parall^ an lies très^koportant. La voie
romaiae qui eondvisak de Bourges k Néris , y passait» Les
iboillev qu'on y a lailes à difiërentes époque», ont mis k dé-
coQverl on grand nombre d'objets antiques. La cofeime de
Brayàre y dont noos Tenons de perler ^ ainsi qu aa magnifique
tombeau orné de seulptwnes, que M"^. Beccbeu eonscrre à
St.-AroaDd , ea provieuoent,
A partir d'AUcbamps jtuqii-'à Bourges , peu de choses atti"
feront l'atteation de rarcbéelogve. Il traversera ki f^aiae de
Jarriol, le terrain le plus maigre, penlrêtre> du Berry. Au
pelit hameau de Coudson , il apercevra cependant de beaux
restes de Faocieiuie voie romaine , doàt oovs avons parié déjà
plusieurs
^our^ef*— *MM)iiKtetitiett, n^est pas comme en déifie penser,
de Élire iei T historique de la vieiUe , très- vieille et très-
t4itércssattte viUe de Bourges. Cette yille a été si so»yent dé-
crite , si souvent citée qu'eu ne peut plus donner aujourd'hui
que des com|»lationS'5 ains» je serai bref. Je Mie bornerai à
citer les principauE fiiils de son histoire , et k signaler ses
priocipasx moanments , sa €athédi*ale notamment , que fe
désirais depuis long-temps coooaître.
L'origine de ia ville de Bourges , l'ancien /^varicum , re-
monte, comme on le sait, à l'auliquilé la plus reculée. Elle
était la capitale de la Gaule Celtique , ]5g ans avant la fon-
dation de Rome , et jouissait du privilège de loi fournir des
souverains. Après un siège très-long , César en devint maître.
SaB PROMENADE AUCUéOLOGiqVt
Elle est restée jusqn*en 47^ sous la domloatioQ des Romains ,
et à cette époque , elle tomba sous celle des Yisigblbs. Après
la bataille de Vouillé , où Clovis défît Âlaric / elle se soamh
volontairement j et après la mort de Clovis, elle entra dans
Je royaume d'Orléans, qui éclint en partage à Clodomir.
En 6i4 , elle fut réunie à la couronne, par Glotaire IL
Comme métropole de l'Aquitaine, la ville de Bourges, a cté la
résidence d'un piéiet. Les Gotbs rcmpiacèreot ce ^préiet par
un duc auquel Clovis substitua un comte. Bourges a donc ea
ses comtes, ses souverains héréditaires, jusqu'en l'année r 100,
que Herpin , l'un d'eux , vonlaat faire partie de la prenaière
croisade, vendit son comté à Philippe I*'., moyennant 60,000
sou^d'or. En i36o, le roi Jean, érigea Bourges eo duché-
pairie , en iaveiir de Jean de France , son fîls.
La ville de Bourges , qu'un auteur célèbi-edu XVI^. siècle,
appelle la mère des hommes les plus savants , a soutenu beau-
coup de sièges et a été prise et reprise plusieurs* fois. Elle fut
en partie détruite, eu 585, par les Poitevins, les Tourangeaux
et les Ai^evios. Pépin le^Bief s'en ewpara , après un long
siège, en 762. En 898, les Normands la, prirent et la pillèrent*
Elle résista vigoureusement au siège do doc de Bourgogne ca
i4i^« En i562 , les protestants , sons h» ordres du duc de
Montgommery , s'en emparèrent par surprise et s'y livrèrent
à tous les désordres imaginables. Ils la prirent de nouveau en
161 5 et la rendirent l'année suivante au maréchal -de Monti-
gny , gouverneur de la province.
Les sièges, les blocus ne sont pas ks seuls désastres que
cette ville ait éprouvés j elle lut ravagée par divers incendies
et dépeuplée par des pestes. Aujourd'hui encore sa population
est loin de répondre a son étendue. Elle est placée dans une
situation agréable, sur un côleau, entouré d'une vaste plaine.
DB CIERMONT A BOtTBGBS. 5^29
Elle est enyîronDée de fortes morailles romaines et d*on grand
nombre de grosses toai*s , qui malheureusement disparaissent
chaque jour. On y entre par sept portes. Son enceinte qui a
reçu à diifërentes époques des accroissements , est d'au moins
une lieue 5 ses rues sont bien percées , mais la disposition des
maisons , placées entre cour et jardin , les rend tristes. Elle
possède de belles promenades et de belles places publiques. Le
jardin de rarchevèque , propriété de la ville , est ouvert tous
les jours au peuple.
Plusieurs de ses édifices remarquables ont disparu.
La forteresse appelée GrosscrTour, construite du temps de
Pépin , fut détruite en i65i , par ordre de Louis XIV , à la
demande des habitants pour lesquels elle était plus désavanta-
geuse que profitable. Cette forteresse a servi de prison d'état :
le duc d'Orléans qui régna plus tard sous le 00m de Louis
XII , y a été détenu pendant trois an».
La Stc .-Chapelle fondée en i4oo^ par Jean I*'., duc de
Berry , et que Tou cousidérait comme l'npe des plus riches et
des plus belles Stes*-cbapelle» de France, n'existe plosj Louis
XV en ordonna la suppression en 1 757 , etc.
Tout n'a cependant pas dispara : Bourges possède encore
des édifices et des monuments dignes d'un grand intéirèt.
Sa cathédrale, dédiée h St .^Etienne, et que l'on peut assuré-
ment considérer comme un des plus beaux monuments d'archi-
tecture gothique qui soient en France , mérite une attention
toute particulière. Placée au point culminant de la ville , elle
domine la vaste plaine qui Tenvironne. Sa construction com-
mencée en 845 °'^ ^^^ achevée que plus de cinq siècles après.
Son plan est un parallélogramme qui se termine à l'orient ,
comme les anciennes basiliques , par un hémicycle ^ à l'occi-
dent elle est décorée d'une belle façade avec des tours quadrao-
53o FlUNiBHADB ARCSâOMIGIQini
gnlaircsd'io^ak baatear. Celte &çade , p^bée svr aa poritli
dé douze marches , est d'uo grandiose adoûrable 5 elle a trois
étages et est ornée de plusieurs galeries à balustrades gotfaic|oes
et d*uoe magnifique rosace de 37 pieds de diamètre. La largeur
de Tenseii^le de la £içade est de 169 pieds , non compris
rarc-boQtant de la Tieille tour.
Je n'entrerai pas ici dans la description des dé£aiats d'amte
qu on reproche aux divers architectes qui en ont été chargés;
je n'approuve pas , je dois le dire aussi , les critiqoes amères
qu'on a laites des travaux de MM. Pagot, d'Orléans, et
JuUien , de Bourges , qui ont restauré Textérienr de celte ca-
thédrale.
Cinq portiques voûtés en ogive et du style le pins riche et
le plus élégant , donnent entrée h l'église du coté du sud. Le
portique principal et central et lesdenx de droite , sont décorés
de statuettes représentant des sujets pris dans Tancien et le
nouveau Testament, dans F Apocalypse et dans la vie des
Saints. Le premier , le plus à droite , représente nn long dé-
tail du martyre de St. -Etienne. Sur le second, on a représenté
l'histoire du baptême de Léoeade , sénateur romain qui com-
mandait dans les Gaules pour l'emperewr Dice , et celui de
St.-Lndre , son fik , par St.-Ursin« Le portique principal a
six rangées de statuettes figurant la cour céleste*
Les deux portiques h gauche du spectateur , plus modernes
que les autres, sont ornés de diverses sculptures représentant
les principaux traits de la vie de Jésus-Chri&t , depuis sa nais-
sance jusqu'à son ascension.. Les dernières rangéej de niches
de ces deux portiques, ont un grand intérêt historique ponr
Bourges : elles contiennent les statues de ses saints évèques,
et des saints et saintes honorés dans le diocèse.
Des deux tours , la plus élevée a été commencée s«r les plans
DB clerMont a bovbocs. 55 1
de Gnillaninede Pèllevoisîn . architecte de Bourges, en i5o8,
sur remplacement d'une autre tour qui s*est ëoroulée le 5 1 dé-
cembre i5o6 'j son achèvement date de i538. Sa hauteur jus-
qu'à la p]ate-forme k laquelle on arrive par un escalier à vis
de 3g6 marches , est de ao4 pieds (i). Elle porte le nom de
tour neuve ou four de beurre -, nom qui lui vient de ce qu'elle
a été bâtie en partie avec le produit des sommes payées par les
habilanlspour obtenir la permission de faire usage de beurre
et de lait pendant le carême.
L'autre tour qu'on nomme Tour Sourde ou Vieille tour,
n'a que i58 pieds de hauteur. Elle est soutenue par un pilier
d'une grosseur considérable et par un arceau dont on ignore
la date , on les considère comme ayant été d'une difficile
exécution.
Cette magnifique église a encpre deux portiques latéraux
pleÎDS d*inlérct ; celui du nord qui porte le nom de Notre-
Dame-de-Grâce , et celui du sud que l'on appelle portique de
l'Archevêque. Ces deux portiques présentent un exemple eu*
rieux de sculpture byzantine du XIP. siècle.
Une grande simplicité règne dans le surplus de l'extérieur
de ce bel édifice^ les murs sont sans ornement^ les soixante
arcs-boutants qui soutiennent et fortifient les cinq nefs, sont
surmontés d'obélisques gracieux. Une galerie , bordée d'une
])aluslrade h jour , règne autour du grand comble.
Uintérieur de Tégliseest des pi us majestueux et des plus im-
posants : c'est une basilique sans croix, dont la longueur est de
34B pieds, et la largeur de I25. Elle est éclairée par 5g
grandes croisées , ornées de magnifiques, vitraux des XIIP. ,
(1) Dans les beaux jours , on aperçoit, à l'œil nu, du haut de
cette tour, les montagnes des chaînes du Puy-de-Dôme et du
Mont-Dore.
53i FBOHElfADE ARCHéOLOGiQUE
XIV'., XV*. el XVI*. siècles. La voille est sontenne par 60
piliers très-élégants et très-légers , raagés de manière à former
cinq oefs. La priocipale a 1 14 pieds de Kariitear et 58 pieds
de largeur d'noe colooae a Faotre. La haaienr moyeaué des
colounes jasqu'aax chapiteaux , est d*un peu plus de Stz pieds.
La sacristie est une chapelle gothique étégaale , construite
en i44^ ou i45o , avn frai» de Jacques Cœur. Ou compte dans
le surplus dix-huit autres ch»pelk», décorées eu partie de
sculptures et de riches vitraux.
Les cnriem ont en^are k examiner da-ns ce superbe édifice :
I*. les tableaux, dont quelques-uns méritent des éîoges^ 2®. les
stalles du chaor , sur quelques-unes desqueTlesi sont sculptés ,
par le fameux Slodtz , ks bustes de plusieurs archevêques dé
Bourges j 5®. le jeu d'orgue très-beau , composé de 1 740 tuyaux ;
4°- l'horloge gothiqae que Ton voit sous une des arcades , à
drofte^ en entrant par la porte occidentale. Ce chef-d'œuvre
' porte k date de r423. Indépendamment des heures , le cadran
marque le eomrs du solefl et celui de la Tuœ.
Il faut visiter aussi la crypte on Tëglise souterraine du même
temps que féglise hante, qoi renferme le tombeau de Jean P'. ,
duc de Berry et d'Auvergne , frère de Charles V, provenant
de la StCe-Chapelle. Autour de ce tombeau , on voit plusieurs
belles statues en marbre Btanc , parmi lesquelles on distingue
celle du maréchal de Montigny , goovernem* du Berry ^ et trois
autres appartenant à fa famille de TAubespine.
Cette cgHse souterraine renferme encore un vaste raoreean
i de sculpture du commencement du XIV*. siècle , repi-éscotaut
I un saint-sépulcre , maïs d'une exécution un peu grossière.
Ici doit se terminer ce que yai à dire de la cathédrale de
Bourges , véritable prodige de hardiesse^ de g,énie et de goût.
I M. Hazé , notre confrère , que je suis satisfait de citer ici , Ta
f
k
DE CLERM09T A BOVBGES. 5*^5
beaneonp mieux fait ressorlir par de beaux dessins dus à son
crayon lia bile.
Dans cette iDême ville , il existe trois autres ^lilses : Notre-
Dame , St.-Boanet et St. -Pierre- le-Guil]ard , mais qui sout
luio de présenter rintéi*êtde la cathédrale; St.-Bonnet a des
YÎlranxde la fabrique de Fauconnier , de i544 9 remarquables
par la beauté du dessin «t des couleurs.
^ Les autres monuments ou édifices de Bourges , sont le palais
ardiiépiscopal ; T hôtel de ville , maison de Jacques Cœur ,
fameux argentier de Charles VII } Thôtel des Allemands, et
celui qui sert à T école normale.
Le palais archiépiscc^al est un grand et magnifique bâti-
ment moderne^ dans lequel est la bibliothèque de la ville;
au-devant est un vaste jardin , bien tracé . qui sert de prome*
nade publique. On y voit un obélisque, élevé par souscription
h la mémoire du. duc de Béthune-Charrost.
L'hôtel de Jacques Cœur , qui sert aujourd'hui en même
temps d'hôtel de ville et de palais à la cour royale et aux tri-
bunaux y fut bâti dan^Tespce de dix années , de i44^ ^ i4^^*
C'était, pour son temps, Tune des pins belles maisons particu-
lières du royaume ; de nos jours , c'est probablement un des
monuments du XV'. siècle le mieux conservés que possède la
France. On peut y voir des constructions de deux époques très-
éloignées, car Jacques Cœur a profité de deux tours qui
faisaient partie des remparts de la ville construits par les
Romains.
^ Ici je m'arrête , ne voulant pas , lors même que j*en aurais
la possibilité, anticiper sur le doinaioc de notre collègue,
M. Hazé , qui a si bien commencé la description de ce remar-
quable monument, dans ses notes historiques sur les antiquités
et les monuments du Berry.
554 PROMSWADte ARC^éOLOGIQUlS
Je dois lui laisaer ainsû la descriptioa de Tiaténear, si rcraar-
qnable, si gracieux et si élëgaot de T hôtel des AHemiiidsv
qui sert d'école aux sœurs bleues, et où l'on eroit que Leois XI
est né le 3 juillet 1425.
Je dois citer seulement la maison de Cujas ou koiel
Salyit^ riatérieur de la maison occupée aujourd'hui par l'école
normale, le curieux portique du comn^ncement du XI*', siècle,
que l'on voit à gauche eu ej;itraut à Bourges , par la barrière
St.-MicheL Ce portique , au surplus , a déjà été décrit par
mon savant collègue, M. Gilbert, dans le tome XII*. des mé-
moires de la Société royale des Antiquaires de France.
Je ne dois rien dire non plus d'un grand nombre de
maisons remarquables parleurs décorations extérieures et par
leur ancienneté , non plus que des autres antiquités que j'ai
visitées dans le voisinage de Bourges. C'est à M. Hazé qu'est
réservée cette honorable tâche 3 ceux qui connaissent ce qu'il
a déjà fait sur le Berry , savent que nul ne peut mieux que
lui nous faire connaître les curiosités de cette intéressante
province*
i>
sss?
NOTE
Sur le tombeau d'un porte-aigle de la i4*«
légion , récemment découvert à Mayence ;
Par m. de CAUMONT.
Dans une notice sur les pierres tombales des musées de
Mayence, de Manlicim et de Spire, insérée au 5*^. vol. du
Bulletin monumental, page ^10 , je cite comme une des plus
curieuses de la collection de Mayence celle de Cneius Musivs,
découverte il y a peu d'années, dans Tancien cimetière de
Moguntiacum,eX qui n'a pas encore été publiée. Depuis Tim-
pression de mon article, plusieurs personnes auxquelles j'ai fait
voir le croquis que je me suis procuré de cette pierre , m'ont
engagé à le faire paraître dans le Bulletin.
Oo voit par cette esquisse, la forme des pierres tumulaircs
les plus remarquables , de celles qui offraient une niche ren-
fermant l'image du défunt sculpté en pied, avec un ironlon à
la partie supérieure , et sous la niche, un piédestal portant
une inscription.
Si Ton en juge par la grossièreté du travail , il paraît très-
probable , comme on Fa pensé à Mayence , que ces pierres
érigées par des soldats à la mémoire de leurs compagnons
d'armes , étaient sculptées par les soldats eux-mêmes ou par
des hommes qui oe faisaient poiut de ce travail une occupation
habituelle; mais si les formes sont incorrectes, les soldats
sculpteurs devaient copier, 'sans rien omettre d'essentiel , le
costume militaire , les armes et les autres accessoires qui ,
chaque jour , frappaient leurs regards. Aussi les tombeaux
556 SVH Uî TOMDB.IU DVH POUTB* AIGKE
dont je parle , ont-ils paru d'iiu kaiit intérêt sous ce rapport ,
et mériter, d être Ggurésau moins en partie.
Quoi qui! en soit, le guerrier repréieulë sur le tombeau
dont j'ofl're Tirnage, était un des officiers supérieurs, Vaquilifcr
de la i4'. légion. L'inscription gravée sur le souliassemeat ne
peut laisser aucun doute à ce sujet. Elle aons apprend qu'il
s'appelait Cneius Musius, quil élai/^fUs de Tilus de la trilni
Galeria, qu'à l'époque de sa mort, il éUiiidanssa Sa', années
avait 1 5 ans de service (t), et qu'enfin le monument avait été
élevé par les soins de M. Musius, sonjrcre.
On sait que la t4'. légion firent ina , surnommée victrix^
a tenu long-temps garnison àMayence.
Sur ce tombeau , Cn. Musius est représenté debout tenant de
la main droite l'aigle de la légion. Celte aigle a ses ailes levées
verticalement et réunies par une petite couronne de laurier.
Elle tient au bec une bulle qui, comme on sait, était une
espèce d'amulette habituellement attachée aux enseignes des
légions(a).Sousles pieds do cet oiseau, qui ressemble beaucoup
mieux à un gros pigeon qu'à un aigle , sont des foudres qui se
trouvent représentées également sur le bouclier de Cn. Musius.
Ce bouclier, de forme ovale , est posé à terre et sert d'appui a
la main gauche du personnage.
Le ceinturon se fermice par quatre lanières, dont une seule-
ment est engagée dans l'ardillon de la boucle. La planche ci-
jointe me dispense de décrire la cuirasse et les autres pièces du
costume.
(1) Une iusoriptioB Inmulalre trouvée récemment Ik Bordeaui ,
et publiée par M. Jooannety U\X meotlon d'un Lucioa Antonsit*
de la tribu Galeria. A Sagonte, il existe deux inscriptions rn
l'honneur d'un peraonnaip de la même tribu , portant les mém< .h
noms. Plusieurs autres Inscriptions se rapportent à des membrrs
de la tribu Galeria,
(2) V. le second volume de mon Cours d'antiquités , p. 300.
POUR U CONSBRVATlOlf Dm MOKUaKMTS. M5
Mavtouchit , directeur du sémiiuâre , Mans.
Cloqhsav ^ id. ^ id.
GoBiL , directeur des étodes am séminaire ^ id.
Lakdki. , ancieo cooseilkr de préfecture , id«
De La Rve , architecte du département , id.
Baoul DE Moif nssoH , propriétaire , id.
De Cliitcramps , id. , id.
GuiLLois , curé du Pré, id.
Choriit , curé de St.-Victeur , St.;yicUHir (Savtbe).
L'abbé Bouybt , professeur de pbilosopbie , Mans.
Le D*. DE Mailly , ancien Pair de France>Reqaeîl (Sacthe)*
O*. DE TiLLY , propriétaire, Mans.
Etoc-Dcmazy , secrétaire de TAcadémie , id.
Db CHATEAvroBT, membre de plusieurs Sociétés savantes, id.
BiEABD aîné, prc^riétaire à Pontlieue (ftirtbe ).
Le Chat, propriétaire j Mans.
Fgvlard , id. , id«
GuBBBKAirT, directeur des contributions indirectes, an Havre.
Epbrem Houbl , directeur du baras , Quimper.
Mg'. fEvêque de Séex , Séez.
O. Dis Chambobs , lieutenant général , Montfort-Lamaury.
Dt PiPEBET ( Amédée ) , membre de F Association Normande ,
Lisîeux.
DsspiMOSB , id. , Caen.
TaiBAPLT , professeur de mathématiques , Lisieux.
Delauitat , supérieur eu séminaire de Fontainebleau*
De Cliitchaiips , président de l'Académie , Ayraiicbes«
De la SicoTiÀBB , avocat , Alençon.
^ESHOS , membre de plusieurs Académies , id.
Le général G**. Coutabd ,, id. , Palis.
Yebdibb , professeur de mathématiques , Mans.
4o
Mé LISTflT IN» MMBftfiS M LA SOGliTA riANÇihf^E
Basse , maire , dépiAC , ^«iis.
Le Gris de La Pomiieratb . propriétaire , id*
Rousseau , proftaseiw h récolepriflhaire tdpéfMire j id«
Le O*. DE SoLBBji^ y propriétaire , i<L
IfoBEAV , sapérieur de la maison de St;-Jodepli , id.
De m AmsiuiL^ prêtre,. prof eaaeor à la maison deSt*«Joeepli, id.
BouRMAULT , id. , id. , id.
DoREAU , secrétaire de Mg'. Févêqitè dm Maos ^ id.
Roter , adcieo professeipr , id;
Lambroit , vicalre-gédérai ^ id;
€*«• i>B ÇiiAOUEGES 9 Piacé (Sattlie);
F*^'. Etoc La Touche , memlut df TAeiidémie , Mans.
David , architecte ^ id»
MicHBt I lieutenant-colonel d'artillerie \ LorîenU
0«. Héracle. de PoE.imr ac , propriétaire 4 Onlrelai&e (Caivadds),
O*. de CoisLiir f id, , Montvarin (Seiae^Iiiférievre).
Le BbucBBR DU Vigny , membre de rAssociatipn Ifonnaiide ,
Contances*
L'abbé Dfispoif Ts , Curé de St«<-Nicolas ^ id;
DuFREiTE , ingénieur des ponts et chaussées , Cherbodtf •
Massy-^Desmaisohs^ bâtonnier de Tordre desavooats,C6atances,
Le €'*• DE TuRGOT f pair de France , Liitathciiil (Calvados).
L'abbé DupRé^membre de la Société des Antiquaires, Avranicbes.
L'abbé DE Dreux-Breze , Paris.
L'abbé Gerau&t , curé d'Ëvron , Evfon (Mayenne).
De Bei^x aru , propriétaire 1 Haas« . .
Boursier , procureur du roi , id*
GuEP?N> substitut du procureur 4u roi , id.
SiMOir , secrétaire de F Académie , Mett.
Micrelaht. membre de^rAcadéoiie . id.
Bêgin , id. , id.
Em«». B«". d'Huabt , ii. , id.
DsGOVTni (AIpluMne) , jubmtat àt^ ftpcmmu im ttâ , Iki^*
Db JuBfcovaT , nenbi'e de ptmieurs Aeadcmes , Km».
Cholbt , membiire de i' Acad&nie , Ifâncj.
L'abbé Chaussuii , rapésiear da petit tispîiiaîfe , Heli*
Lb Massov , ingëmeur en cbcf des ponts et ebann^ , H*
HoGARD j membre de F Académie , Ëpinal.
Le M<{**. DB YiLtBKEVTB^TftABs , Bsembvedrrinflltlirtf lfBQC]pb
LucY , receveur géoéml , ^etz.
GvBBBiBB DE DunAst , pfésident de T AoadMt , fbocj»
Mq ". DE ViEwiTAY , propriëuiie , Val (Saiibf)*
Panl DE YiEBirAT , id. , id.
Gabridi pb Vibhha'V , id. > iîd.
Henri de VxEirNAT , id. , id.
Le Guichevx, id. , Fresoay.
GALLEKirE, caré de S^*.-Cërotte (Sarthe)*
Delavitbt , ciii:é de Notre-Kame , Ateoçea*
L'. Cbautassaigvb , maire de «Hircdeors, Glermont.
Le Dbv i Architecte du département da Puy-de-Dôme , id*
Emile Thimuxi) , architecte ,.ClermOQt-Ferrattd.
LabbéC«43ifSBt,(Cttréde Néohers, Néehers (Ptty-de4>oBie)»
TnévEHOT , «secrétaire de l'Académie, Clefmont«Ferrand.
Mallat , architecte , id.
L*abbé Fbet , cure .de Champs (Orne).
L'abbé LAYFEtAT y.pcofesseor an sAmnaîrede ViUîers*le«£eG
(Calvados).
Tailhabd, président de Chen^bre ri la Cour royale , Kiom.
Jp4X1l>«âiM:Yff«(f>ti«Q^tl^pt4egeI)dariBecie,Cbrnu)n^Ferrand.
luui^x , archiieci^ dR département 4» Cher , Bourges.
L'aby JBf^vwi , f^ofes^ecu* au séminaire du Mans.
«48 LISTE DIS mmiIBS M Là S<|piÉTÉ PHAUÇAISB
PoiXBT , conservatenr de la bîbliotkèqae pidtliqiie , Yilié.
Edom y ÎDspectenr de l'Acadépiie , Caen.
OoBÎlle DB Lamottb 9 propriétaire , Qenaoal-Ferraiil.
GfAijyfiMr^ secrétaire de l'Académie , Toort.
llEVA&n-BounincBOF , chef de bataillon do génie , Mans.
VvGvi y membre de ploâeQrs Sociétés sayantes j id.
DuMOVLurBT , maire de S'^.-Siizanne (Mayenne)*
MoHDHET , médecin , Mans»
O*. na MoNTALBittBBT , pair de France , Paris.
DuH>HO , architecte de la ville de Reims , Reims.
LARoi, inspeetenr de TAcadémie , Clermom.
Yictor GoDABD , avocat , ADgers.
F*. ViLURS y architecte , id.
DeSallek, membre de 1* Association Normande , Pierrepont
(Calvados).
Calvet , id. , sufastitat , Cahors.
BoissET, avocat, Caen.
Pattl D* AiGiTAux , propriétaire , Ile-Marie (Manebe).
L*abbé vu FiiRB , vicaire-général , Tours.
Db BoisvillettE) ingénieur des ponts et chaussées, Châteandun .
Noël Champoise AU, membre de la Société académique de Tours.
Elie Dau , membre de plusieurs Académies , Parthenay.
Db Bbavbbgard , président de la Cour royak , Angers.
Lbclebc Gvillory , négociant , Angers.
TuRcoT , receveur des contributions , id.
L*abbé Maupoiitt , vicaire de Notre-Dame , id.
Victor Pavie , imprimeur , id.
A. Pbscherard , architecte , Loches.
BoucBERAT , docteur-médecin , membre de l'Académie , Blois.
Raymond PoRirirr , conservateur des archives , Indre-et-Loire.
BovRGouGKoux , Supérieur du grand séminaire , Tours.
fOim Là OOMSitVATIOll DIS MOlfUttiltS. M9
Plailly , caré de St.-Pierre-de^Corp6 , Tours.
Sbttrb , aecrctaire particolier de la prëfeetore , id^
GiBAVDBT y doctenr-mëdecin y membre de plosiears SociMs
Savantes , eoaroooé |Nrr l'académie des loseriftioDSi id«
GiiTTT , snpériear da petîl séminaire , id.
O*. DK TBOtBiikirT, membre de plusieurs Sociétés satanles, idi
L'abbé BlAVBvrr , profeaieur au petit séminaire , id.
L'abbé BovcnBa}, id. , id.
L'abbé BouB issi * id. , id.
L'abbé GsviST , id. , id.
Alonzo P^Air , ménbre de plusieurs Sociétés savantes , St>
Aignan (Loir-et-Cber).
Charlot , membre de plusieurs Sociétés sayantes , id.
Jagu , propriétaire , Tours.
DasjOBBRT , id.
L'abbé M avfbais , id.
L'abbé DoBioir , id.
L'abbé GuiiXABD , id.
L'abbé Chabvoz , curé, Mont-Louis. i
BdstéyB , maire de Langeais ( Indre-et^^ Loire )•
Henri Goum , propriétaire, Tours.
Alfred Lavbent , id.
Rose Cartier , id. '
Margueroit , id.
L'abbé Salmôn , id.
Le Mqi*. de Cer£ , id.
De Csni , fils , id
€arttbr-Gailiabd> Amboise.
L'abbé YiircBKT , secrétaire de Mg'. F Arcbcyique , Towrsi»
L'abbé Foi7GBR0Vx 2 id.
Adam , id.
$&% USn DIS M EMBftES DE L4 SOCIÉTÉ PRAnÇâlSK.
Ybmbhil , n^ociabt , Lyon.
David , aToaë an Hayre-de-Grace.
L*abbé CoCBtj , men^J^re de plnsienn Académies^ id*
Imbebbu , avocat à Ambert (Puy-de-Dôme).
Il fanl ajouter. & cette liste MM «les fonctionnaires qui fout
de droit partie de )a Société , conformément à Part. 6 des
statuts. Savoir : les Ministres d'Etat , T Inspecteur général des
monnments bistoriqnes j MM. les Recteurs d'Académie et les
Eviqaes de France.
< I 11^ I mtÊ»
iÊ^m.im
TABLE DES MATIÈRBg.
Pages*
Tableau chronologique des monuments de Tarn-eX-
Garonne , par M, de Cbazani^c^ i
Wûuvelles archéologiques 57
Voyage archéologique en Normandie , par M.
CALLY'Kyioirr^niemdre du parlement Britannique;
l". fragment ^ 41
Nouvelles arhéologiques. 89
Voyage archéologique en Normandie , par M,
Galiy-Kh iGHT 5 rï.". fragment 195
Considérations architectoniques sur les restaurations
faites et la cathédrale de BayéuXy et la surveiU
lance qu'il conviendrait d'exercer sur les travaux
"de ce genre , par M. Vabbé Thomtne-Desmâzubes. i5i
Note sur un ancien encensoir en argent, conservé
dam la sacristie de la cathédrale de Trtyes , par*
-M. m C'AtmoirT.. i58
Nouvelles archéohgiijues ^ . . . . 161
Troisième fragment 'd't*n i>ôyagé archéologique en
Normandie f par M, Gally-Kwight i'65
Considérations générales sur* la statistique monu'
mentale du Bourbonnais , par M. L. Bâtissiez ... û 1 a
NouvfUes archéologiqties, • . c. 219
extrait d'un nxpport adressé' au' Ministre de Vlnté»
rieur ^ sur f abbaye de Conques ( Aveyron ) ^'par •
i
TABIB DBS MATliRBS*
Pages.
M. P. MiRiM^B. inspecteur- général des Monu-
menls hislorjU/ues ^^5
Extrait du prochs^verbal des séances tenues par la
Société pour la conservation des Monuments , dans
la ville de Tours ^ depuis le ^5 jusqu'au ngjuin
i858 245
Discours sur la nécessité d'étudier Vhistoire de Part
et ^arrêter le vandalisme , par M, le docteur Gi-
RAVDBT 265
Rapport sur les monuments historiques du départe-
ment de Loir et- Cher qu'il serait nécessaire de ré-
parer ou d'achever , par M. de La Saussayb 273
Rapport sur les monuments d Indre et-Loire , appar-
tenant à l'èreCeltique et à l'ère G allô- Romaine^
par M. Masse 278
Précis historique sur la construction de £ église mé-
tropolitaine de Tours , par M. l'abbé Mavceau. • . 285
Explication des inscriptions de t église de St. -Julien
de Tours y par M. Eloi Johamiteav 299
Notice de M, Eag. Desjobert , sur un fragment de
Jrise trouvé dans les décombres d'une muraille ro-
maine à Tours 5o5
Rapport sur les monuments de Laval , par M. os La
SicoTiERB * ^06
Rapport de M, Vebgii au d-Rom a gn ësi, ^t/r les études
archéologiques dans le département du Loiret. ... 3 19
Note sur les monuments médits les plus remarquables
des environs de St.-Aignan^ ^r MM. Aloozo
Pean et Chariot 525
Rapport sur les découvertes faites dans la Charente-
Inférieure en 1837 , par M. Morbav.. • . • 329
k
TABLB DEK BiATliBB9*
Pages.
Bapportsur des fouilles à faire dans l'arondissement .
de Saintes , par le même. . , 355
Rapport sur tes monuments de la Dordogne, par
' M, rabbé AuDiBBiTB 339
Etat des recherches et des travaux archéologiques
dans les départements du Lot, de Lot^^^- Garonne
et du Gers , par M. le baron Ce au dru c de Gaa-
zASTNES ' ; . . . 34 1
Lettre adressée à M. de Caumont, à f occasion des
séances générales tenues à Tours en juin 1 838 ,
par M. rabbé B***. 349
Mémoire sur les manuscrits de la bibliothèque de
Tours , par M, Chauveau 356
Observations sur la bataille dePontvallain, livrée vers
^ la mi'Septembre de Cannée 1370 , par M. CAuvnf . 37 1
Nouvelles archéologiques 383
Notice sur les monuments religieux les plus remar-
quablcs de l'arrondissement de Pont-Aùdemer ,
par M, Ganbl 389
Note sur l'église de la Celle-Guenaud , par M, Mo-
REAU 396
Note sur quelques monuments de Pornic (Lpire-In/é-^
rieitrej , par M. Verger 4^4
Description des voies romaines du département du
Gers , d'après les itinéraires anciens , par M» le
baron Chavdruc de Crazanmes. ^ofj
Extrait du procès-verbal des séances générales tenues
à Clermont (Puy-de-Dôme) , les 7,80/9 sep*
tembre i838, pendant la durée du Congrès scien'
tiftffue par la Société pour la conservation des
Monuments • • •*•.•••••• 4^^
Pages*
Un moi sur les àntiqtdtés de Genève , de Làûsitnrie
et dAvenches ( Suisse) , par M. db CAUiléoîfT. . . . 4^3
Note sur Vappareil d'une tour de tenceinte murale
de Cologne , par le même ; 444
Mémoire sur Alluyé , par M. de Chassy 44^
Lettre adressée % M, de Càumont , par M. i>E Las-
SAVLX , architecte du gous^emement Prussien , à
Coblentz ; ; : 458
Nouvelles archéologiques t ' 4^4
Statistique monumentale du département du Puy^
de-Dôme j par M, Bovillbt 4?^
Sur les ouvrages ptdfliés en Allemagne concernant
r architecture du moyen âge , par M. Michel akt 5oi
Promenade archéologique de Ctermont à Boiirges ,
parlemém' 5r4
jfote sur le tombeau deCneïns Musius , à Maycnce ,
par M, Dfi. Caumont. 535
Liste dés Membres. » • 55q
rà bk lA ritit DÉS 'ttift&ss.
• ■ I •
4
»
C\j^W^is/S 1 F
( -^L /Et tl \S /^N
xxKU i rip x/
AQVILIFLEC XILII (. L \
'^''WilVi FR\TERP()>î[r
Jati .VtfJiç <// ji/tri/fiirf . )
1
IthE NEW YORK
'lïBLIC LIBRARY
A8T0R, LENOX AND
TILOCN FOUNDATION».
iii-.^ -— ■■: -1 .-:— ^^ w..^-'.^.j^Br : =r
NOTE
Sur r inscription précédente ^ par un inembre
de l'Institut (Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres).
Incertain sur Finterprétatioa da mot Veleias , dans Fins-
criplion précédente, nous avons consulté un des pl^s savants
philologues deFEurope, membre de l'académie des inscriptions,
qui a mis la plus grande obligeance à n^us répondre. Nous
nous empressons de reproduire la note intéressante qu^il a ea
la bonté de nous adresser, regrettant seulement que ce savant,
ne nous ait pas permis de citer son nom.
m
L*inscription au sujet de laquelle vous me faites l'honneur
de me consulter^ n'offre aucune difficulté. Je pense qu'on peut
la lire ainsi : cseius mvsivs , Titi rilius , okLcria [tribu] ,
VELBiAS , JLvnorum xxxii , sTi?endiorum xv , AQvrurer
ttxdoms XIV avmnœ, Marcus mvsivs , etc.
LatfibuGa]eria(GA0UGAL. sur les marbres) était la onzième
parmi lestrente-cinq/ri^ i^e^ere^de la république Romaine 5
voyez SigoninsDe jure antùjfuo civium Romanoruni 11, 5 ^p,
5i-5g9^ et Boindin, Discours sur les tribus Romaines^ dans les
Mémoires de notre Académie, 1. 1, p. gS (je cite Téd. de la Haie ,
in- 13). Nous connaissons deux peuples nommés Feliates ^ au
singnlier FelUiS] l'un dans les montagnes de la Ligurie , d'a-
près Pline , Hist. nat. m , 5, 7 3 l'autre dont le chef-lien était
P^eleiacium on Felia, non loin de Plaisance, id, ib* m, i5, 20.
, On pourrait donc croire que Musius était né chez l'un ou chez
l'autre 5 mais il me semble plus naturel de supposer que Yelias ,
39
558 iroTB SUR l'iitscriptiov phIcIdehtb.
avec aoe légère altération oa d'après sooaDcieoae orthographe
(patros , Alexandroa) , était devenu un cognomen , une es-
pèce dftnom de famille , comme nous le voyons souvent dan*
tous les pays de l'Eurqpe : Bourgoin , Bourguignon , Berton ,
Lebreton , Lallemant , Lenormant , Lorin , Picard. D'ail-
leurs , sur les marbres , ce troisième nom , cognomen , se
place toujours après l'indication de la tribu. Ainsi , Monsieur ,
yotre inscription nous apprend que « Marcus Musius Yeleias,
« fik de Titn^, de la tribu Galeria, porte-aigle de la XIY". lé«
c gion bis , mourut à l'âge de 53 ans , après i5 ans de service,
« et que son frère Marcus Musius , lui a élevé ce monument* »
J'ai écrit porte-aigle , bien que ce mot ne se trouve pas dans
le dictionnaire de FAcadémie .* le grade Saquilifer étant très-
supérieur à celui de signi/èr , porte-cnsigne ^ je n'ai point
voulu irriter les mânes du |eune guerrier peut-être fort suscep-
tible sur ce point , malgré l'air de douce bonhomie que ses
traits semblent annoncer. Quant à la date de notre inscription,
elle doit remonter au moins à l'époque de Septime-Sévère oa
de Caracalla. Après le règne de ce dernier qui éleva tous les
honunes libres de Tempire au rang de citoyens Romains, la
mention des tribus constatant auparavant le droit d'électeur et
d'éligible, devient eilrèmemcnt rare sur les marbres (i).
D'ailleurs nous savons positivement que vers la fin du se-
cond et au commencement du troisième siècle de notre ère la;
Legio XIV gemma, étant appelée en outre Martin et Vicinx ,
était stationnée à Mayence. Voyez les inscriptions recueillies
par Joseph Fochs^^^/fe GeschichU von Maùtz^ Mayçnçe 177 1^
in-S*'. , tome i, p. i44*
(f) Zacharla, Instituzione antiquariO'lapidaria ^ Roma 1770»
iJi-8*.;p. 134/
tm
LISTE
Des Membres de la Société française^ fOur la
€onser9alion des Monuments^ dan^ tordre
de leur réception*
RREi
Db Cavmovt , coraespbndant de E^Ibititat , fondateur de h
Société , Caen.
Lair (Pierre- Aimé)., membre de plaûenrs Académies, Caen.
De BfeAVREPAiRB DE LoxivAOHV., a QCÎeD ministre plénipoten-
tiaire, Falaise.
L'abbé Danibl , reeteur de FA^démie , Caem
De Magheviub , membre de plnsieurs Académies , Caen.
GvY , arcbiiecte , Caen.
Lambert , conservateur de la bibliothèque publique, Bayeux.
De La Chouquais , président k la Cour royale , Caen.
LécHATJDi d'Akisy,. membre de plusieurs^ Académies, Caen.
BbIiLivbt, membre de la Société des Antiquaires ^ Caen.
De Crazahvbs , membre de l'Institut , Montaubau'.
DuMiftB DE La Haye , secrétaire de la Société arcbéologiquey
Toulouse.
De La Foeteubllbde YA^noRé, correspradantdeFInstitut,
Poitfers%
Le GiAY y correspondant deFlDStitut , Lilk.
Le Mq''. Le VEit , membre de plusieurs Académica, Roque*
fort ( Seine-Inférieure )•
»«• USTE ras HEnUS DE Là SOatlÉ FEARÇySB
JooAXBiT, memhie de riostitiit, Boidcasi.
Le Paévost , id. et de la Chaiobre des dépotés, Bemay.
Di La Saussatb , membre de rinstitot , Blois.
DcviftLS , correspondant de F Institut , Rouen,
PiUT , membre de k Société royale des Antiquaires , Nîmes,
ThmviEM , conseiller de Préfecture , Méxtèrcs.
ScswBiGiLAVSEB , membre de l'institut , Strasboai|[.
CAmrnr , membre de plusieurs Académies , Le Mans.
DEGnrBvcHT, secrétaire de la Société des Antiquaires, St.-Omer.
De Yauqueuv (leB^.) , membre de plusienrsSociélés sa vantea,
Ailly~, près Falaise.
^▲iTGEois f membre de plusieurs Académies , Laigle.
Beaudot , membre de l'Académie , Dijon.
De Miilt , membre de l'association normande , Bayeax»
Db Tbrtu , propriétaire , Argentan.
y*. DB GiJiToir , membre de la Société des Antiquaires ,
Ayranebes,
Dû GiXAY , membre de plunenrs Académies, Gonlies(Sartbe).
Rbt 5 membre de la Société des Antiquaires de France, Paris.
' O^. de Vibraye , membre de plusieurs Académies , Blins.
De Bov ville , id. , id.
Hermand (Alexandre), membre de la Société des Antiquaires,
St. -Orner.
E. DE Neuville , id. , id.
RoMAlir DE GlVBNCHT , id. , id« ^
BouiLLET , membre de plusieurs Sociétés savantes , Clertnont-
Ferrand.
De Jobal , id. , Blois
Le ComTRE-DupoKf , id. , Alençon.
CoRBET , maréehal-de-camp , Paris.
L'abbé Paysant , vicaire^généial , Caen.
POCa Lk QDMSE&TATKm DES MOmmOim 541
Larob j membre de plosieiirs Soeiétés sayaDles , €âea« *
MÉÉITTfi-LoirGCRAMP , îd. , id«
Requin , membre de plusieurs académies , Avignon •
De Gaujai. (le B*'''.) , membre de rinstitut , Paris.
Laugier de Chartaouze (le B*" '.) , ancien député , Arles.
Rastoul (Alphonse ), professeur au Collège royal, Avignon.
De St.^Pol , avocat général , Montpellier.
De Tovaral , membre de plusieurs Académies ^ Narbonne.
De Sairtex, conservateur de la lùbliotbèque publique, Auch.
MoRELLET , professeur de rhétorique , Nevers.
Castaigre , conservateur de la bibliothèque publique , An-
goulème.
MoREAv , conserratenr de la bibliothèque publique , Saintes.
Briquet , membre de la Société des Antiquaires de TOuest ■
Niort.
Ardart , membre de plusieurs Sociétés savantes , Limoges.
De Perhovet , id. , Renbés.
L'abbé de La Mare . vicaire général , Coutances. .
Grilie de Bevzelir , membjpe de la Société des Antiquaires
de France , Paris.
C". DE Bb AUFORT , membre de la Société des Antiquaires de
Normandie , Plain-Marais (Manche).
L'abbé Gautier , aumôuier du colite , Lisieux.
Rerouvier , président de l'Académie , Montpellier^
L'abbé Auoierre , vicaire général , Périgueux.
SrERCER SMn R, membre de la Société royale de Londres, Caen.
Chevreaux , secrétaire de la Société d'agriculture , Evreux.
De FoRMEviLLE , Conseiller à la Cour royale , Caen.
I)e La Rue , secrétaire-général de TAcadémie , Evreux.
C^'. DE Calorre , conservateur de Chambord , Blois.
Cardir , membre de i)luaieuis Académies, Poitiers.
«éS LISTÉ DBS HBMBBBS DE LA SÙQtXÈ FHAHÇAISE
Gaavbs , secrétaire-général de la préfecture , id* , BeaaTais.
Du Marhalla , membre de plasieur» Acàdéoiies , Qnimper^
De Ste.-Hbbminb , id. j Niort.
BoiiEAu , icf. , Toars.
Boirinr-PEUEUX , docteur en médecine , id. , Beaagency*
' L'abbé BvHOT , professeur de théologie , idv , Contanees.
Dubourg-d'Isigr if , membre de plusieurs Académies , Vire.
Marquise de RAKooGirB , id. , Paris..
Y'*' de Bastille, id. , Caen.
Le Bastard du M£j<rEUR , id.^ Lesconat (Finistère).
Emile SouvBSTBE , id. , Brest»
GuYESSB , id. , id.
Le G**. DE La Fruglaye, id. , Morlaix.
De Larghaittel , id. , Qoimper.
Félix DE La Roque , id. ^ Caen.
Cbarles Dursus , id. , id»
Charles de VAUQUELnr , id. , id*
Gaugaih , id. , id.
De Bordecotb , membre de Fassociation normande , Pont-
Audemer.
De Golbêrt , membre de Flnstitut , Colmar»
YERGNAUD-RoMAGifÉsY , membre de plusieurs Académies ,
Orléans. •
Lafont de Cujala , id. , Age».
De L^ Grange (le Mq'*.), id. , députa, Paris.
GouBOT, membre de plusieurs Académies, Caumont (Calvados).
RiGBARD , id. , Remiremont.
Joyau , avocat , id. , Caen.
Mg'. Bouvier , Evoque du Mant»
L'abbé LoTTin , chanoine, secrétairede Févêché , Mans.
L'abbé Cheverbau , professeur de théologie , Mans.
VÙUK U CONSERVATION DES MONUMENTS. 543
CRABtBMAGVK j membre de plusieurs Sociétés sayantes ^ Cliâ-
teauroax.
Dan de La Yauterib , id* y Caen«
Le Tbilier , inspectear dei écoles prùnaires, id«
Massiou , juge d'instructioQ , La Rochelle.
Raoul de BABBAci, membre de plusieurs Sociétés savantes ,
Angers.
Huit AUXT de La Peltrib ^ id. , id.
Edouard de Gossbttes ^ id. , Montreuil-sar-Mer*
De Yaize , id. , Paris.
CouRTT , id. , Gaen.
Daudigné de Resteatt , id. , Mans.
DbBellefille, id. , Mans. .
Uabbé TovBifESAc , id. , Mans.
MASsé , id. , Tours.
Moqdin-Taitdon , professeur h la Faculté , Toulotise.
Auguste Grasse, membre de plusieurs Académies^ La Charité-
sur-Loire.
C*. DB BiRBif GBR , id. y Coutances.
La Greze-Fossat , id. , Moissac.
H. Brecy , id. , Agen. .
Gh. JouBBRT , id. , Beaulieu (Maine-et-Loire).
De St.-Agn AN, préfet, Lille.
LbBaillif , chanoine honoraire , Mans.
Ahiubault , conseryateur de la bibliothèque , Mans.
Db Langlb , membre de plusieurs Académies, Yitré»
De Troismarquet , conseiller à la Gonr royale , Douai.
Taffin , conseiller municipal , id.
Ludolphe de MonTPiirçoN , propriétaire , Gherilly (Loiret).
Le Gh". deTouchbt , propriétaire , Gaen.
Passy (Antoine) , ancien préfet , Paris.
544 LISTR DES ItEMBRES DE LA SOCIÉTÉ FRÂl!<iÇ%ISE .
RiTAi?i.T y membre de plusieurs S^étés mantes , Mans.
BsLoirGRAiBE , id. , Verdun.
Herhit , id. , Paris»
Le M''. DE La Porte ^ id. , Yendème.
Louis Paris , archiviste , id. , Reins.
Pur AULT , architecte , Blois.
Target , préfet do Calvados, Caeo.
De Saulcy, capitaine d'artillerie, oorresp^ de Tlnstitat^ Metz.
M*"*. DE Rei&bt^ propriétaire , Roaen.
Chauvin-Lalande, id. , Pisieux (Sarthe).
A. Dughalais , id. , Beaagency.
DoiRARD , architecte du département de la Manche.
Lruillier, capitaine d'état-major, Blois.
L'abbé Mavcbau , vicaire de la métropole , Tonrs*
Mg^ l'Evêque de Bayeiix , Bayeux.
M"'''. laMq'^.BBSALVERTE^ Riom.
Desportes , conservateur du Musée ^ Mans.
RicHELET , membre de plusieurs Académies , id.
Mq''. DE FoRTiA d'Urbaii , memlure de l'Institut , Paris.
Blissoit , naturaliste , Mans.
Heurtebise , supérieur du séminaire , id.
HovDEBBRT , pc^^îdent de la Société académique , id.
L'abbé Bercy , professeur au séminaire , id.
Drovet , membre de plusieurs académies , id.
Frédéric Nasse , id. , Lisieux.
Beauvais de St.-Paui., id.,St.*Michel-de-SaTaigne (Sarthe).
Adolphe Espavlart ^ id* , Mans.
Ollivier , juge, id. , Valence.
Li ASARD, membre de plusieurs Académies, Mathieu (Calvados).
Thomine-Desm AZURES, chanoine, Bayeux.
Desjobbbt , membre dei ta Société académique , Mans.
I
i
r
r
* <
FEB 1 0 1939
1