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Full text of "Bulletin monumental"

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COLLECTION  DE  mÉMOIRES 

BT  DE    BEIffSBIONBlIBNTS 

rOVB  SIITII  4  LA  OOHFIGTIOR  D*CRI  STATIRIQUI  OIS  MOHUIIIHTS  Dl  LA  FIAHCI, 

OLAMriS  CHBOHOLOGIQUIMIITT  , 

PAR  MM.  DE  CAUMONT,  de  Caen  ;  jouannet,  de  Bordeaux  ;  schweio- 
HAUSBR,  de  Strasbourg;  Bon.  degaujal,  de  Limoges;  l'Abbé 
PAT8ANT,  de  Caen;  bm.  ghaubruc  be  grazaniies,  de  Montauban; 

L.  BE  LA  8AV08AYB  ,  de  BloiS  ;  BE  LA  FONTENELLE  BE  VAUDORÉ  , 

de  Poitiers;  gauvin,  du  Maus  ;  lambeet»  de  BayeuK  ;  be  saolgy  _, 
de  Metz  ;  hazé  »  de  Bourges  ;  ma«sé,  de  Tours;  le  glat  ,  de  Lille; 
M".  BE  LA  GRANGE,  de  Paris  ;  VEBGNAtiB  ROMAGNÉ81 ,  d'Orléauê; 
MA88I0U ,  de  la  Rochelle  ;  jules  renouyier  ,  de  Montpellier. 

PUILli 

PAR  M.  DE  GAUMONT , 

Membre  correspondant  de  T Institut  de  France. 


mt 


GABN.  —  A.  HARDEL  ,  SUCCESSEUR  BE  M.  GHALOPIN . 

PARIS.        —  DERACBE  ,  EUE  BU  BOULOT  ,  h"".  7. 
ROUEN.      —  FRÈRE ,  QUAI  BE  PARIS. 

i838. 


THE  NEW  YORK 

PUCLiCUBRARY 

1  f  *?  1 61 

ASTOR,  LENOX  AMD 
TI14>EN  fOUNM^TIONa. 

1808. 


Le  prix  de  VabonDement  ait  BuUetin  est  de  t5  fr*  par  volame , 

franc  de  port. 

Chaque  volume  se  composera  au  moias  de  8  numéros. 


OiV  s'abonne  : 


A  Paris  chez  M.  DEROCHE,  rue  du  Bouloy,  n^".  7,  dépositaire 
du  Cours  d'autiquités  de  M.  de  Caumont,  qui  recevra  tout  ce 
qui  concerne  la  rédaction  du  BuIletiD. 

A  Cabn  I       cbes  M.  le  Oirecteur  de  la  Société  pour  la  conser- 
vation des  monuments ,  ra«  des  Jacobins ,  n®.  2} 
A  Rouen  »     ches  M,  FRÈRE. 


1 

* 


BULLETIN  MONUMEIITAL.— TOME  iV ,  KVMEEO  I. 


TABLEAU  CHRONOLOGIQUE 

Des  Monument^  historiques  du  département  de 

Tarn- et'  Garonne  ; 

Paa  m.  le  baron  de  CRAZÂNNES  , 

Membre  correspondant  de  rinstitut  de  France ,  Inspecteur  divi- 
sionnaire des  Monuments  historiques. 


Les  monuments  antiques  et  du  moyen  âge  ,  de  Tarn-et-€a- 
ronne  ,  sont  ignorés  ou  du  moins  bien  peu  connus;  plusieurs 
sont  encore  inédits.  Les  anciens  historiens,  chromqaenrs^  anna- 
listes du  Languedoc  et  du  Querci  ne  se  sont  point  attachés  ii 
les  décrire.  Le  plus  moderne  et  leplusrécentparmi  cesderniers, 
Cathala-Coture(i)  ,  eu  dit  à  peine  quelques  mots ,  comme  par 
manière  d'acquit ,  et  ne  parle  guère  que  des  antiquités  du 
chef-lieu  des  Cadurci ,  Divona  ,  aujourd'hui  Cahors.  L'esti- 
mable ef  savant  archéologue  du  Midi ,  M.  Du  Mège ,  dans  son 
petit  yojage  ,  ou  plutôt  sa  rapide  excursion  dans  ce  dépar- 
tement, exécutée  en  1831 ,  quoique  la  relation  n'en  ait  paru 
que  cinq  ans  plus  tard  (2) ,  n'a  fait  lui-même  qu'effleurer  la 

(1)  Histoire  politique,  ecclésiastique  et  littéraire  du  Queid , 
par  M.  deGathala*Cpture  •.  a?oc«t  en  Parlement*  Montauban  « 
trois  folumes  in-8^y  1785. 

(2)  Sous  la  forme  de  Lettres  familières  à  un  ami  ,  et  aiec  ce 
titre  :  a  Voyage  littéraire  et  art  béolog' que  dans  le  département 
c  de  Tarn-et-Garonne.  Pari»,  Trcuttel  et  Wurtz;  brochure  in-8". 
c  de 80  pages,  1826.  » 

Mais  il  cxUte,  en  manuscrit ,  aux  archites  de  cette  préfecture, 


2  •MOIÎUMBKTS  HISTORIQUES 

iDatière  qu'il  était  si  capable  de  traiter  à  fond ,  et  n'a  pu 
qu'eotrevoir  en  courant ,  ce  pays  et  ses  monuments  pi  os  nom- 
breux et  plus  dignes  d'intérêt  aux  yeux  de  Tobseryateur  qu'on 
no  le  croit  communément.  Le  sol  fécond  de  Tarn-et-Garonne  , 
incessamment  sillonné  sur  tous  les  points  par  le  soc  de  la 
cbarrue  ,  est  toutefois  moins  ricbe  en  antiquités  celtiques  et 
druidiques ,  que  la  partie  limitrophe  de  son  territoire  qui  ap- 
partient au  Haut-Querci  et  forme  le  département  du  Lot. 

Nous  allons  signaler  ici  ceux  qui  sont  parvenus  à  notre 
connaissance,  en  commençant  par  les  Dolmen j  vulgairement 
nommés  Pierres- Levées  ,  etc.  (i). 

PREMIÈRE  PARTIE. AGE  CELTIQUE. 

§.  L  Pierres- Levées  (Dolmen). — On  trouve  à  une  petite 
distance  de  la  ville  de  Caussade ,  et  près  du  village  d' Alignèrcs, 
un  de  ces  monuments  dans  lesquels  quelques  antiquaires  ont 
cru  voir  des  autels  druidiques,  oii  coula  le  sang  des  victimes 
humaines  ,  en  T  honneur  de  Mercure-Teutatès ,  mais  que  d'au- 
tres archéologues  ne  regardent  que  comme  des  tombeaux , 
opinion  qui  semble  prévaloir  sur  la  première. 

On  remarque  encore  un  Dolmen  a  Saint-Cirq,  non  loin  de 

sous  le  titre  à' archéologie  du  département  de  Tarn- et- Garonne  , 
un  beau  trayail  de  ce  savant  antiquaire»  formant  4  TOlumes  petit 
ini^.  de  texte  et  un  volume  ou  atlas  grand  in-f*.  de  desstns  de  mo- 
numents de  tous  genres,  décrits  dans  rou?rage ,  et  entre  autres 
une  monographie  des  sculptures  du  cloître  deTéglfse  de  l'abbaye 
de  Saint-Pierre  de  Moissac.  Il  serait  bien  à  désirer  que  cet  im- 
portant labeur  fût  imprimé  aux  frais  du  département ,  sur  vote 
de  son  Conseil  général. 

(1)  Et  aussi  pierres  branlantes ,  pierres  qui  virent  ,  qui  tour- 
nent, pierres  de  minuit. 


DU    DEPAETBMEITT    DB   TARlf-ET*GAROHNE.  5 

la  même  ville  :  on  le  nomme  vulgairement  La  Toumbo  del 
Géant  ^  c'est-à-dire  la  Tombe  du  Géant  j  il  a  été  fouillé  et 
brisé.  Les  pierres  dont  il  était  formé  avaient  des  dimensions 
colossales ,  ainsi  qn*on  peut  s'en  convaincre  par  leurs  débris. 
Sons  son  emplacement  on  a  trouvé  des  ossemcnls  bumains  :  il 
est  placé  dans  un  lieu  désert. 

On  voit  plusieurs  autres  Dolmen  à  Saint-Projet  et  dans  la 
forêt  du  Breton  ,  près  de  Montricoui  j  ces  derniers  sont  placés 
sur  des  Tumuii,  et  formés  de  gros  quartiers  ou  blocs  de  pier- 
res brutes  y  ou  plutôt  de  rocbers  entassés  h  la  manière  des 
constructions  dites  cyclopécnnes. 

§  II.  —  Tombelles  (Torobel ,  Tumnli).  ~  Il  existe  plu- 
sieurs Tumuli  (i),  soit  d'origine  celtique,  soit  d'origine 
romaine,  au  Fin  et  sur  le  territoire  de  Bessens  (près  de 
l'église  de  ce  lieu),  à  Grisolles,  à  Castelmayran,  dans  la  forêt 
de  Montecb  (on  a  trouvé  dans  l'intérieur  de  ces  derniers  , 
en  les  fouillant ,  des  médailles  celtiques  ou  gauloises),  dans 
celle  du  Bretou ,  aux  environs  de  Montricoux.  Nous  avons 
déjà  dit,  au  chapitre  précédent,  que  ceux-ci  sont  composés 
de  rocbers  placés  les  uns  sur  les  autres ,  et  qui  rappellent  assez 
bien  les  murs  cyclopéens. 

On  retrouve  d'autres  Tumuli  9i  Piquecos^  à  Cos,  à  Mira- 
bel  (2) ,  etc. ,  etc. 

L'existence  de  pierres-debout  (5)  (Peuhan,  Menhir)^ 

(1)  On  leur  donne  quelquefois  le  nom  à^aggeres. 

(2)  Ce  dernier  Tumulus  recoutrc ,  selon  M.  Do  Mège  (  Foyage 
littéraire  dans  le  département  de  Tarn  et  ^Garonne),  uo  sooter* 
rain  qui  renferme,  comme  les  Tumuli  qu'on  a  décou?erts  dans  la 
Troade  »  des  ossements. 

(3)  On  les  nomme  encore  pierres-fittes  ,  ou  pierres'fiehrs , 
pierreS'Iattes ,  clc>. 


4  MOIfVMEKTS    mSTOBîQUES 

moimnients  moins  remarquables  et  plus  faciles  à  détruire  que 
les  premiers  ,  ne  nous  a  pas  été  signalée  dans  ce  département. 

DEUXIÈME  PARTIE.  —  AGE  ROMAIIT. 

§.  I.  Voies  romaines,  *-Deux  voies  romaines  principales 
(viœ  militares  ^  munitœ)  circulaient  dans  leTarn-et-Garonne  : 
la  voie  de  Tolosa  (Toulouse)  à  Divona  (  Cahoi*s)  ,  marquée 
sur  la  Table  tbcodosienne  ou  de  Peutinger  ,  et  celle  de  Tolosa 
â  Aginum  (Agen) ,  qui  n*est  point  indiquée  dans  les  itinéraires 
romains,  du  moins  dans  cette  partie  de  son  cours,  car  son 
prolougement  dH/éginnum  k  Burdigala  (Bordeaux)  figure  h 
la  fois  sur  l'itinéraire  d'Antouin  et  le  document  géographique 
que  nous  venons  de  citer  (i). 

Voici  les  mesures  des  dislances  itinéraires  ,  et  les  mansio- 
nés  ou  gîtes  d'étapes  intermédiaires  de  la  route  de  Toulouse  à 
Cabors  ,  d  après  la  table  : 

TOLOSA  (2). 

FINES ,  Miliia  passuum  ,  XXVIL 
COSA  ,  Leugœ  (3)  VII. 
BlBOiNE,  ltugœ{k)yji, 

(1)  La  Table  Théodosienne  ou  de  Peutinger. 

(2)  On  comptait  les  distancer  ilinéraires  par  miiles  romains  ou 
italiques,  dans  la  province  romaine  ou  GauU  Narbonnaise ,  dont 
Toulouse  faisait  partie,  et  dont  Fines  était  la  limite  dans  cette 
partie  du  territoire  de  la  cité  des  Tolosates,  Le  mille  romain  est 
de  756  toises. 

(3)  Cosa  appartenant  au  territoire  des  Cadurci  et  à  rAqiiitainc, 
sa  distance  de  Fines  et  de  Bibone  ou  Dwona  ,  doit  être  supputée 
en  lieues  gauloises  ,  qui  étaient  li  mesure  itinéraire  en  usage 
dans  Its  Gaules  ,  à  l'exception  de  la  province  romaine.  La  lieue 
gauloise  égale  1134  toises. 

(4)11  faut  lire  DIVONA,  comme  dans  Titinéraire  d' Antonio 


DU   DEPARTEMENT   DE  TARST-IT-GAROKins.  5 

La  Toie  ,  en  partant  du  cheMieu  des  Tolosates  ^  se  diri- 
geait en  ligne  droite  sur  la  position  des  Fines  ou  Bresso/les , 
selon  M.  Du  Mége ,  et  dont  le  poète  Théodulpbe  a  dit  (i)  : 

Nempë  Tolosani  locus  est  ruHsque  Ctdurei 
Extimus;  hoc  unit  pagus  uterque  loco. 

De  la  mansio  de  Fines  ,  la  route  tendait ,  par  Montauban , 
vers  Cosa ,  aujourd'hui  Cos  ,  sur  la  rive  droite  de  rAvcyroii , 
où  la  chaussée  romaine  est  encore  bien  conservée  ,  et  facile  k 
reconnaître  en  plusieurs  endroits  3  de  ce  point  elle  aboutissait  , 
fSLv  MoUhres ,  h  Divona  ou  Cahors  ^  et  franchissait  le  Lot 
sur  le  pont  Notre-Dame,  ah.  l'on  remarquait  encore  naguère  , 
dans  les  parties  inférieures  ,  des  traces  de  constructions 
romaines  ,'et  par  la  route  royale  actuelle. 

Venons  maintenant  à  la  voie  de  Tohsa  à  Aginnum.  Nous 
pensons  que  son  point  divisoire  de  celle  de  Divona  ,  était  à 
Grisolles:  elle  parcourait  Pinhao ,  autre  Fines  (2)  des  Tolo- 
sales  sur  ce  point,  Sainl-Porquier  et  le  territoire  de  Castrum^ 
Cerritcium  (Castelsarrasin)^  de  là ,  longeant  la  castraméta- 
tien  qui  porte  le  nom  de  Gandaloit .  et  que  des  actes  anciens 
nomment  Castrum- P^andalorum  ,  elle  traversait  le  Tarn 
sur  un  pont  en  briques,  dont  les  ruines,  encore  existantes, 
attestent  une  construction  romaine ,  entrait  dans  Moissac  , 
ville  ou  Ton  a  découvert  à  diverses  époques  des  antiquités  qui 

qui  sert  ici  de  eorreclif  à  la  Table  Théodosienne,  souvent  fanti?e 
dans  rortbographe  des  lieux. 

(1)  /il  carminé,  de  pugnâ  votucrum, 

(2)  Les  mots  Fignan,  Hignan,  Hignes,  Pins,  Feins,  Hins,  Heins, 
comme  celui  de  Termej,  etc.,  indiquent  ordinairement,  lorsqu'ils 
sont  employés  comme  noms  de  lieux  ,  des  frontières  ou  limites 
de  territoire,  des  Confins ,  Fines* 


j 


6  MONUMENTS  HISTORIQUES 

portent  le  même  caractère  ;  puis ,  s'élevaiit  sur  les  hatiteors  de 
Malause,  où  Ton  découvre  aussi  jouroeliement  des  moanments 
appartenant  à  l'âge  romain ,  dont  nous  aurons  bientôt  à  nous 
occuper ,  et  où  Ton  sait  qa  un  Castrum  avait  été  établi ,  elle 
descendait  dans  les  plaiues  riantes  et  fécondes  des  Nuiobriges 
ou  Agenais  ,  en  s* écartant  peu  ,  jusqu'à  leur  cité ,  du  cours  de 
la  grande  route  qui  y  conduit  aujourd'hui.  Les  débris  gallo- 
romains  que  le  soc  de  la  charrue  met  fréquemment  en  évidence 
dans  son  voisinage  ,  attestent  celui  de  la  voie  que  nous  signa- 
lons. Ses  mansiones  ou  mutationes  devaient  être  placées  à 
Finhan  et  à  Malause, 

En  outre  de  ces  deux  voies  principales ,  on  observe  dans  le 
département  de  Tarn-et-Garonne  une  autre  voie  romaine  dont 
l'existence  n'a  point  été  mentionnée  jusqu'à  ce  jour ,  et  semble 
n'être  connue  que  dans  les  localités  que  parcourt  cette  route  , 
appelée  Clermontoise. 

Elle  a  son  embranchement  sur  celle  de  Toulouse  à  Agen  , 
dans  la  commune  de  Clermont ,  département  de  Lot-et-Ga- 
ronne ;  elle  entre  dans  celui  de  Tarn-et-Garonne  par  la  com- 
mune de  Perville  ,  passe  à  Castelsagrat,  traverse  les  communes 
de  Saint-Nazaire  ,  de  Miramont ,  de  Lauzerte  et  de  Bouloc  , 
d'où  elle  semble  se  diriger  sur  Moncuq ,  département  du  Lot. 
La  tradition  qui  s'est  conservée  dans  le  pays ,  suffirait  sans 
doute  pour  faire  connaître  l'origine  de  cette  route  ;  mais  on 
trouve  de  plus  sur  son  lit  ou  emplacement  un  assez  grand 
nombre  de  morceaux  de  pavés  qu'il  est  facile  de  reconnaître. 
On  peut  même  la  suivre  dans  toute  sa  longueur ,  entre  les 
deux  points  que  nous  venons  d'indiquer.  Dans  la  direction  de 
cette  voie ,  on  a  découvert  plusieurs  monuments  appartenant 
h  rère  gallo-romaine ,  et  particulièrement  à  Castelsagrat ,  à 
Merle ,  où  des  fouilles  ont  mis  au  jour  des  fondements  de 


DU   DlépAItTENEirT   DE   TAKH-ET*OAB0HVE.  7 

constroctioot  d'ëdi fiées  ,  des  pavés  ea  mosaïque  ,  et  beaucoup 
de  médailles  impériales  en  bronze  dans  les  trois  modules. 

Une  route  antique,  paraissant  venir  de  la  Garonne  et  com- 
muniquer avec  la  rive  gauche  du  fleuve  ,  tendait  vers  Mon- 
taubao,dans  In  direction  de  Montech  où  Ton  remarque  auprès 
de  la  forêt  Un  chemin  pavé  et  beaucoup  de  briques  romaines. 
Cette  voie  traversait  le  Tarn  au*dessons  de  remplacement  ac- 
tuel du  faubourg  de  Yillcbonrbonet  de  la  promenade  du  Cours 
de  Toulouse ,  à  peu  près  vis  à-vis  des  Albarcdes ,  mais  plus 
bas.  La  coupure  et  ses  traces  sont  encore  sensibles  sur  Tuue  et 
sur  l'autre  rives,  mais  plus  particulièrement  sur  la  droite, 
d*où  elle  atteint  la  grande  route  actuelle  de  Moissac.  On  a 
confondu  à  tort  cette  ligne  avec  celle  de  Tolosa  k  Divona. 
Cette  voie  est-elle  la  même  que  celle  dont  ou  trouve  des  indi- 
cations \  Lafrançaise  ? 

Les  autres  restes  de  chaussées  romaines  que  Ton  rencontre 
fréquemment  dans  le  département,  appartiennent  le  plus  sou-* 
vent  aux  voies  dont  it  vient  d*ètre  question* 

§.  IL  Camps  Romains,  ^^  On  remarque  encore  quelques 
ouvrages  de  castramétalion  des  Romains  dans  le  Tarn-et-Ga- 
ronne.  Le  plus  important  et  le  plus  connu  est  le  camp  ,  ou  > 
d'après  une  tradition  populaire  et  locale,  la  ville  àHHispalia^ 
dont  il  n'est  pourtant  £siit  mention  ni  dans  les  itinéraires 
anciens  ,  ni  dans  les  historiens  et  les  géographes  de  Tanti- 
quilé  et  du  moyen  âge ,  ni  même ,  à  notre  connaissance  ,  dans 
les  chartes  et  antres  titres  et  actes  de  cette  dernière  époque. 

BispaUa  est  situé  dans  la  plaine  de  Sainte-Rafine ,  com- 
munes de  Montauban  et  d'Àllnas ,  à  une  lieue  et  demie  de 
Montauban  ,  tirant  vers  F  ouest ,  à  gauche  de  la  route  actuelle 
de  Paris  ou  dcCaussade  ,  sur  la  rive  gauche  de  TAveyron  ,  et 


j 


8  MONUMBKTS   HISTOBIQVES 

vis-à-vis  la  mansio  de  Cosa  et  la  voie  de  Tolosa  à  Divona  , 
sur  la  rive  droite  avec  laquelle  rétablissement  à^Hispalla 
communiquait  par  an  pont  sur  cette  rivière,  donton  distiugue 
encore ,  dit-on ,  quelques  vestiges  dans  le»  basses  eaux. 

Les  raines  ^Hispalia  occupent  an  espace  d'environ  trois 
quarts  de  lieue.  Il  serait  difficile  aujourd'hui  d'en  reconnaître 
ou  du  moi  us  d'en  tracer  l'enceinte  d'une  manière  régulièi*e  et 
précise  j  mais  on  y  trouve  des  rues ,  des  fondements  d' habi- 
ta tious  ,  les  restes  d'une  construction  demi-circulaire  qui  pa- 
raissent être  ceux  d'un  cirque  ou  d'un  théâtre;  plusieurs 
pavés  en  mosaïque  ,  composés  le  plus  souvent  de  petits  cubes 
noirs  et  blancs  en  marbre  et  en  pierre  >  formant  des  encadre* 
ments,  des  enroulements  ,  etc. ,  etc. 

Sur  ce  sol  antiqae ,  on  a  découvert ,  en  diflereats  temps  , 
des  statues  et  des  statuettes  ou  figurines  en  pierre ,  en  marbre 
et  en  brooze  ,  entre  autres  un  beau  buste  en  marbre  blanc  , 
de  petits  meubles  ou  bijoux ,  et  plus  de  8oa  médailles  consu- 
laires,  impériales^  etc. ,  dans  les  trois  métaux  et  les  trois 
modules  ordinaires.  Il  paraît  que  les  monnaies  impériales  ne 
remontent  pas  plus  haut  que  le  règne  de  Néron  ^  observation 
qui  pourrait  servir  à  déterminer  l'époque  de  la  fondation 
^Hispalia ,  si  le  fait  était  bien  constaté.  La  terre  qui   les 
recouvrait  a  également  rendu  à  la  lumière ,  et  lui  restitue 
chaque  jour,  des  fragments  d'architecture  et  de  sculpture, 
des  chapiteaux  ,  des  fûts  et  des  tronçons  de  colonnes  d'ordre 
corinthien  ,  en    marbre  et  en  pierre  ;    des  tombeaux  en 
forme  d'ange  ;  des  inscriptions  sépulcrales  appartenant  au 
Paganisme  (i)jet,   au  milieu  de  substructions  et  d'arra- 
chements de    murs  antiques ,  de  massifs  et  d'empâtements 

(t)  Oq  y  voit  les  Aigles  D.  M.  Diis  Mauibus. 


DU   D£P^BT£MEHT   DE   TA1I5-BT-GAB0NHE.  9 

de  maçoDoerie  dont  la  couleur ,  la  composition  et  la  dureté 
du  mortier  attestent  assez  Forigine  et  rendent  le  terrain 
fort  inégal ,  un  nombre  très* considérable  ,  et  sourent  des 
monceaux  ,  de  briques  plates  à  rebord  on  à  canal  et  de 
recouvrement. 

Nous  venons  de  dire  que  ces  ruines  remarquables  étaient 
disséminées  dans  les  communes  de  Montauban  et  d'Aibias  ^ 
nous  ajouterons  cependant  qu'elles  se  trouvent  en  plus  grande 
quantité  dans  cette  dernière.  Une  borne  ou  pierrre  limitante 
de  ces  deux  communes  dans  le  local  que  nous  décrivons  ici , 
nous  a  paru  mériter  tout  notre  intérêt  et  tonte  notre  attention* 
C'est  un  beau  torse  d'une  statue  en  marbre  blanc,  plus  grande 
que  nature,  dont  il  n'existe  plus  que  le  buste  et  les  cuisses , 
du  moins  à  découvert  et  en  évidence  -,  car  les  parties  infé' 
rieures  sont  enfouies  dans  la  terre ,  sans  doute  depuis  bien 
des  siècles.  La  tête  et  les  bras  manquent  entièrement.  Il  ny  a 
pas  long-temps  qu'on  ne  distinguait  bois  de  terre  que  la  poi- 
trine et  les  épaules  de  ce  torse.  OesamateursTontmisà  décou- 
vert jusqu'à  mi-cuisses,  et  ce  travail  eût  été  continué ,  si  les 
habitants  voisins  de  la  borne  ,  dans  les  mêmes  communes  ,  ne 
se  fussent  fortement  opposés  à  cette  entreprise  ,  redoutant  un  . 
enlèvement  ou  un  déplacement  de  ce  monument  terminal. 

Cette  statue  ,  qui  devrait  être  remplacée  dans  le  lieu  quelle 
occupe  par  une  borne  ordinaire ,  et  transportée  à  Montauban 
dans  un  local  convenable,  n'est  pas  celle  d'un  dieu  ou  d'un 
héros ,  puisqu'elle  est.  drapée  ou  vêtue ,  du  moins  en  partie. 
C'est,  sans  doule,  celle  d'un  empereur,  d'un  César  ou  de 
quelque  magistrat,  consul,  préteur;  peut-être  d'un  protec- 
teur ,  d'un  patron  de  la  localité,  elc.  ;  elle  appartient  au  beau 
temps  de  l'art ,  et  à  uue  époque  qui  ne  peut  guère  être  posté- 
rieure à  Hadrien  et  aux  Anlonins. 


lO  MOMVMBirrS  histobiques 

Oïl  nous  a  montré  dans  la  cour  d'une  maison  d'habitation 
de  Cos,  dont  le  sol  est  aussi  riche  en  antiquités  ,  et  particu- 
liciement  en  médailles  ,  que  celui  dUHispalia  ,  une  autre  sta- 
tue déterrée  dans  ce  dernier  lieu.  C'est  un  buste  d'homme , 
se  terminant  en  gaîne  ou  en  hermès,  qui  peut  avoir  été  un 
dieu  Terme. 

Celte  statue  en  pierre  calcaire  ,  de  grandeur  de  trois  quarts 
de  nature  ,  est  d'un  travail  assez  grossier;  un  petit  manteau 
ou  une  draperie  est  jetée  sur  ses  épaules  et  sa  poitrine  ;  le  reste 
dn  buste  est  nu  jusqu'à  la  ceinture ,  ou  Ton  a  sculpté  une 
feuille  d'acanthe  d'un  assez  bon  style  ,  à  la  place  du  Phallus 
et  à  la  naissance  de  la  gaine  ,  tronquée  à  sa  partie  inférieure, 
La  têle ,  dont  les  cheveux  sont  courts ,  est  imberbe.  Ce  monu- 
ment ,  découvert  il  y  a  une  quinzaine  d'années  ,  a  été  mutilé 
depuis  cette  époque  ;  il  a  été  blanchi  à  la  chaux  en  même 
temps  que  la  muraille  à  laquelle  on  Ta  adossé.  La  tête,  séparée 
et  ensuite  rapprochée  du  tronc  ,  a  beaucoup  souffert:  on  l'a 
barbouillée  ou  badigeonnée  d'une  couleur  briquetée;  un  des 
bras  a  été  brisé ^  et  a  disparu  j  le  gauche  ,  également  séparé 
du  buste  ,  nous  a  été  reproduit.  Il  était  replié  h  la  hauteur 
des  hanches  ,  et  appuyé  au  corps  j  sa  main  fermée  paraissait 
tenir  un  objet  qui  n'existe  plus,  mais  qui  s'appuyait  au  bras, 
et  en  suivait  le  mouvement  :  peut-être  une  corne  d'abondance, 
un  rythoui  etc. 

Nous  pensons  que  la  prétendue  ville  à'Hispalia  fut ,  dans 
le  principe ,  un  de  ces  camps  permanents  (^castra  staiiva)  où 
les  Romains ,  qui  ne  faisaient  jamais  stationner  leurs  troupes 
dans  les  villes  en  temps  de  paix,  leur  faisaient  tenir  garnison. 
Ils  plaçaient  ces  camps  à  côté  de  leurs  voies,  pour  les  protéger 
et  les  défendre ,  et  quelquefois  même  pour  les  construire  ,  les 
entretenir  et  les  restaurer  ,  ainsi  que  les  ouvrages  d'art  aux- 


DU   DépABTEMBVT    DE   TABV-KT-G4R01firE.  II 

qnels  on  occnpait  les  l^ons ,  comme  des  aqueducs,  des  ponts,  ' 
etc.  Ces  camps  devinrent  l'origine  de  plnsieurs  Tilles ,  ^  Tépo* 
qae  du  Bas-Empire  et  dans  le  moyen  âge ,  d*où  les  mots  de 
Castrum  et  de  Ckisiran  souvent  reproduits  comme  noms  de 
lieux,  dans  notre  géographie  des  Gaules  et  de  la  France. 

Yers  la  partie  la  plus  avancée  d'Hispalia  ,  ^  Touest ,  et 
touchant  à  FAveyron ,  on  remarque  sur  la  rive  opposée  quel* 
ques  maisons  agglomérées  qui  ont  gardé  la  dénomination  de 
Capde\^ille  (tête  de  ville) ,  caput  wrUs,  Originairement,  sous 
les  Romains ,  ce  village  ou  hameau  ne  £iisait  qu'un  avec  la 
mando  on  vicus  de  Cos.  Dans  le  moyen  âge ,  ils  formaient 
encore  une  seule  communauté  :  la  séparation  des  deux  terri- 
toires  n'eut  lieu  qu'en  1 700. 

Cathala-Coture  (  Histoire  du  Querci  \  et ,  d'après  lui ,  Du- 
laure  (Description  des  principaux  lieux  de  la  France),  ont 
parlé  à^Hàpalia,  <r  Si  l'on  monte,  lorsque  les  blés  sont  grands, 
«  disent  ces  écrivains ,  sur  les  coteaux  situés  au-dessus  du  vil- 
«  lage  (de  Cos),  on  voit  ce  terrain  (celui  XHispalià) ,  à  peu 
c  près  à  vue  d'oi:»eau  ;  il  ofire  alors  le  plan  exact  d'une  ville 
,  «  avec  ses  rues  bien  alignées ,  ses  places  publiques  i  les  épis 
«  plus  clair- semés  dans  les  endroits  des  constructions,  forment 
•t  ces  traces ,  etc.  » 

Le  même  fait  nous  a  été  rapporté  sur  les  lieux  ,  mais  nous 
ne  Tavons  pas  constaté  :  il  n'a  du  reste  rien  d'étonnant. 

Hispalia  est  un  mot  celtique,  celtibérien  ou  ibérien^  plutôt 
qae  latin ,  comme  Hispania ,  Ilispalis,  etc. 

Nous  avons  fait  mention  plus  haut  du  camp  de  Gandaiou 
ou  des  Vandales  (  Castnim-Fandalonim  ),  entre  Castelsar- 
rasin  et  Moissac  ,  vers  le  confluent  du  Tarn  et  de  la  Garonne. 
Une  tradition  constante  l'attribue  aux  Vandales ,  et  son  nom 
semble  en  effet  indiquer  cette  origine.  Néanmoins  ,  dans  une 


la  BCOKUMBirTS  HISTORIQUES 

dissertâtîoD  sur  ce  sujet ,  lue  il  y  a  plusieurs  années  h  Taca- 
démie  des  sciences  ,  inscriptions  et  bellesrieltres  de  Toulouse  , 
M.  Du  Mège  a  démontré  le  peu  de  probabilité  de  cette  opinion; 
et  il  n*a  pas  hésité;  d'après  la  forme  et  la  position  de  ce  camp, 
Toisia  de  la  voie  de  Tolosa  à  Aginnum  ,  et  destiné  à  la  pro"* 
léger ,  cofaimc  celui  àiHispalia ,  la  yoie  de  Tolosa  à  Divona 
et  la  mansio  de  Cosa^  à  avancer  ^  en  appuyant  cette  hypo- 
thèse des  plus  fortes  probabilités,  que  cet  ouvrage  de  castra- 
métâtion  avait  eu  les  Romains  pour  auteurs  (1)5  mais  ,  peut- 
être  ,  les  barbares  qui  ont  ravagé  plus  tard  TAquitaine  et  la 
Gaule  Narbounaise  ,  en  ont-ils  fait  usage  :  circonstance  qui 
s'est  reproduite  plusieurs  lois  et  dans  différents  lieux  ,  lors  de 
rinvasion  des  barbares  dans  les  Gaules  et  dans  le  moyen  âge. 

Le  nom  de  Castelmayran  (  Castrum- Mororum)  ,  et  plus 
encore  la  configuration  du  terrain  qui  environne  ce  village  ^ 
indiquent  assez  l'existence  d'un  camp  dans  ce  lieu. 

La  découverte  récente  du  buste  d*nn  empereur  dans  le  voi- 
sinage de  cet  emplacetuent  ,  entre  Castelmayran  et  Saint- 
Aignan  ;  celle  d*un  grand  nombre  de  médailles  impériales;  le 
tumulus  placé  sur  la  hauteur  qui  domine  cette  position  mili- 
taire ,  semblent  encore  y  attester  la  présence  et  le  séjour  des 
cohortes  légionnaires ,  plutôt  que  des  soldats  Mores,  en  admet- 
tant rétymologie  de  Castelmayran  ,  qui  n'a  peut-être  pas  plus 
de  rapport  avec  les  Mores  que  celle  de  Castelsarrasin  avec  les 
Sarrasins  (a). 

(1)  Mémoires  de  l'aeadémie  des  sciences  deTouloase»  etc.  ;  2*. 
série,  tome  I  »  2*.  partie,  page  65. 

(2)  C'est  ainsi  qu'à  Toulouse  et  daos  le  reste  du  Languedoc  ,  le 
peuple  doone  généralement  la  déucmioatioa  de  Sarrasines  à  des 
médailles  ou  monn)ies  rt'connues  pour  celtiques,  par  Rartbélemy, 
Audibert ,  M.  Du  Mège  et  tous  les  numismatislci. 


BU    DéPABTCMBlfT    DE   TÀBN  ET-GAROHICB.  l5 

DciDs  la  direction  de  la  voie  de  Tolosa  à  Aginnum  ,  près 
<)e  Merle ,  s^ élève  encore  de  nos  jours  une  grande  botte  en 
caïup  retrancbé  :  la  tradition  locale  qui  en  attribue  la  cons* 
trnction  aux  Anglais,  a  conservé  le  souvenir  d'une  bataille  qui 
se  serait  livrée  dans  ce  lieu.  Des  boulets  de  canon  qu'on  y  a 
trouvés  en  attestent  le  fait.  Cependant ,  si  ce  combat  eut  lieu 
entre  des  Français  et  des  Anglais,  la  date  n'en  saurait  être  an- 
térieure à  celle  de  la  bataille  de  Crécy ,  où  il  paraît  que  ces 
projectiles  furent  employés  pour  la  première  fois. 

Dans  une  partie  de  la  commune  de  Douzac  et  sur  la  même 
voie  ,  le  sol ,  d'une  fertilité  prodigieuse  ,  est  presque  entière- 
ment  formé  de  détritus  de  corps  humains  ;  et  quoique  Tliis- 
toire  ne  nous  ait  point  transmis  le  nom  des  deux  armées  dont 
k  sang  inonda  jadis  ces  campagnes ,  tout  annonce  que  leurs 
fronts  se  choquèrent  dans  cet  emplacement. 

Tout  près  de  la,  enire  Donzac  et  Saint-Loup ,  on  trouve  les 
mines  d'un  pont  romain  appartenant  à  la  voie  ,  et  partout  des 
médailles  romaines. 

§.  III.  Autres  constructions  et  monuments  appartenant 
aux  Romains,  —  Quoique  Moissac  se  recommande  particu- 
lièrement à  l'âttenlion  et  à  l'intérêt  des  archéologues  et  des 
artistes,  par  ses  monuments  religieux  et  du  moyen  âge  dont  il 
sera  feit  mention  plus  bat ,  cette  ville  ,  dont  l'origine  est  ro- 
maine ou  gallo-romaine  ,  possède  encore  quelques  antiquités 
qui  font  remonter  son  berceau  à  cette  époque  (i).  Une  des  plus 
intéressantes  est  sa  voie  militaire  et  les  restes  du  pont  sur  la- 
quelle elle  traversait  le  Tarn.  En  démolissant  une  de  ses  piles, 

(0  Cette  tille,  dit  M.  Du  Mège ,  subsistait  au  moins  dans  le 
Bas-Empire.  Foyez  le  Voyage  littéraire  et  archéologique  ,  etc. 


l4  MOlfVMBNTS   HISTORIQ17BS 

il  y  a  quelques  années ,  on  a  d^ouverl  des  fragments  d'épées 
romaines  et  des  médailles  impériales  du  Haut  et  du  Bas-Em- 
pire ;  parmi  d'autres  débris  antiques  ^  dans  le  faubourg  Saint- 
Martin  ,  on  déterra  en  1821  des  tombeaux  en  marbre.  L'an 
d*cux,  signalé  par  M.  Du  Mège,  appartenait  au  IV*.  on  au  Y'. 
siècle.  Un  autre,  également  trouvé  dans  Téglise  de  Saint- 
Michel,  contenait  une  croix  ,  aussi  en  marbre  ,  dans  laquelle 
une  relique  était  enfermée.  A  côté  était  une  urne  ou  un  vase 
en  terre,  de  la  forme  d*un  prœfericulum.  Vers  le  même  temps 
on  fit  aussi  la  découyerte  d'un  beau  chapiteau  corinthien  et 
de  tronçons  de  colonnes  en  marbre^  etc. 

M.  Grivaud  de  la  Yincelle  ,  d'après  un  dessin  de  Beaumé- 
nil  ,  extrait  d'une  notice  manuscrite  de  ce  comédien-anti- 
quaire (  I  ) ,  sur  Moissac ,  a  fait  graver  dans  son  Recueil  des 
Monuments  antiques  découverts  dans  l'ancienne  Gaule  {7)  ^ 
une  urne  cinéraire  trouvée  dans  un  jardin  de  cette  ville,  près 
de  réglise  abbatiale,  en  1 760,  et  remarquable  par  la  matière, 
la  forme  et  le  travail.  Elle  était  de  basalte  olive  foncé ,  d'un 
grain  fin  et  serré  ;  elle  avait  trois  pieds  quatre  pouces  de  haut 
sur  deux  pieds  deux  pouces  de  large  ,  y  compris  les  anses  , 
hors  de  proportion  avec  le  corp9  du  vase  rempli  de  débris 
d'ossements  avec  une  petite  quantité  de  cendres.  On  y  voyait 
sculptés  eu  relief  trois  personnages  entièrement  nus  ,  un 
homme  entre  deux  femmes  qui  cherchaient  à  l'entraîner  cba* 

(1)  Les  maBUScrits  de  Beauménil,  contenant  dea  notices  sur  les 
antiquités  de  plusieurs  filles  de  France,  existent  dans  les  cartons 
delà  bibliothèque  Maiarine,  à  Paris.  Elles  ont  été  écrites  entre  les 
années  1760  et  1770  ,  pendant  le  séjour  que  cet  antiquaire  ,  plus 
zélé  qn*éclairé  ,  faisait  dans  ces  localités,  comme  comédien. 

(2)  Deux  Tolo.mes  et  un  Atlas  de  planches.  Foyez  tome  11 , 
page  98  ;  et  pi,  XU  ,  2. 


DU    DÉPABT£MBNT   Di  TARN-BT-GAROMVC.  l5 

cooe  de  leur  côte ,  taudis  que  dans  rindëcision  il  paraît 
craindre  également  de  s'abandonner  k  Tune  et  h  l'antre  de 
ses  compagnes  >  si  toutefois  l'intention  de  l'artiste  a  été  bien 
saisie  et  bien  tendue  par  le  dessinateur.  Le  premier  a  peut- 
être  Youla  représenter  ici  un  homme  veuf  de  deux  femmes 
qu'il  aime  d'une  égale  tendresse,  et  qui,  dans  le  séjour  des 
morts  ,  le  réclament  à  la  fois  et  aux  mêmes  titres ,  sans  qu'il 
puisse  se  décider  à  donner  une  préférence.  Peut-être  aussi  est- 
il  an  milieu  de  deux  méchantes  femmes  qu'il  redoute  autant 
Tune  que  Fautre.  Enfin,  faut-il  Toir  ici  une  allégorie  el 
rembarras  d'un  homme  faible,  placé  entre  le  vice  et  la  vertu, 
sujet  qui  rappelle  une  ingénieuse  composition  de  Corrège? 

M.  Griyaud,  sur  la  foi  de  Beauménil ,  reproduit  encore 
dans  son  recueil  (i)  un  chapiteau  du  cloître  de  Moissac,  qu'il 
croit  romain  et  du  IV".  ou  du  Y',  siècle ,  représentant  une 
danse  d'enËints  nus  formant  une  chaîne.  Nous  n'ayons  pu 
retronyer'té  morceaii  du  XIP.  siècle ,  plutôt  que  des  deux 
premiers. 

La  fontaine  de  Landerose ,  décrite  par  Cathala-Coture  et 
Dulaure  (p)  ,  ii^est  point  un  monument  romain  ,  comme   on 
Fa  cru. 

On  a  recueilli  a  Moissac  un  grand  nombre  de  médailles  du 
Haut  et  du  Bas-Empire,  d'une  assez  belle  conservation.  Beau- 
coup sont  passées  dans  les  mains  des  étrangers. 

Nous  ayons  déjà  parié  du  bourg  de  Saint-Jean-de-Malanse  , 
placé  sur  l'ancienne  voie  de  Tolosa  à  Aginnum ,  et  sur  la 
route  actuelle  qui  conduit  de  la  première  de  ces  yilles  à  la 


(1)  tome  H,  page  200;  et  pi.  XXI,  1. 

(2)  Histoire  du  Querci.  —  t)escriptioD  des  principaux  lieux  de 
la  France. 


l6  MONUMENTS    HfSTORIQVES 

seconde  et  à  Bordeaux  ,  et  nous  ayons  émis  la  conjecture  que 
ce  lieu  avait  dû  être  une  des  mansiones  ou  du  moins  desmu- 
tationes  de  la  voie. 

Nous  ferons  usage  ,  pour  la  description  de  Malause  et  de  ses 
monuments ,  d'une  notice  de  M.  Lagrète-Fossat ,  jena«  litté- 
rateur et  archéologue  de  Moissac  (i) ,  insérée  dans  FËcbo  du 
monde  savant  (2). 

«  Un  peu  au-dessous  de  la  jonction  du  Tarn  et  de  la  Ga« 
ronne  ,  se  trouve  le  bourg  de  Saint-Jean-de- Malanse...  Les 
ruines  imposantes  d'un  château  du  moyen  âge  en  dominent 
d'autres  plus  antiques  et  d'une  plus  haute  importance.  Cest 
un  heureux  hasard  qui  l'apprit  aux  archéologues,  il  y  a  peu 
d'années.  Yoici  comment:  un  cultivateur ,  en  labourant  son 
champ ,  ayant  observé  que  sa  charrue  était  arrêtée  par  des 
blocs  de  pierre  qui  y  étaient  enfouis ,  se  mit  à  défoncer  son 
terrain  ,  afin  de  triompher  de  l'obstacle.  Le  premier  résultat 
de  son  travail  fut  la  découverte  d'un  énorme  chapiteau  coria- 
thien  ,  et  de  plusieurs  médailles  romaines  à  l'effigie  de  Nerra. 
Il  trouva  ensuite  quelques  mosaïques  qui  furent  envoyées  à 
Agcn  ,  à  feu  M.  de  Saint- Amans.  Depuis  ,  les  antiquités  de 
Malause  restèrent  oubliées  jusqu'en  1828,  que  M.  Du  Mcge 
publia  son  voyage  littéraire  et  archéologique  dans  le  dépar- 
tement de  Tarn-et-Garonne. 

«  Les  fouilles  qu'on  vient  de  mentionner,  avaient  misa  nu 
des  fondements  de  brique  et  de  pierre;  ils  furent  enlevés  et 
vendus  pour  des  constructions.  Depuis,  il  n'est  pas  d'habitant 
qui  ne  creuse  dans  son  fonds  pour  en  extraire  des  matériaux 
analogues.  Ces  recherches  ont  souvent  eu  des  résultats  inté- 
ressants pour  la  science.  En  voici  quelques-uns  : 

(1)  Secrétaire  de  la  Société  archéologique  de  Moissac  ,  dite  du 
CloUre  f  et  inspecteur  des  monumeDts  historiques. 

(2)  l'^  division,  n®.  3Jeudi  20  janvier  1836. 


DU   DCPABTIMBHT  DE   TARir«nV«AROHirV.  17 

«  On  a  cUconvert,  en  i8a6  et  1827,  des  lombeaax  en 
'piem ,  paurftitement  eonaems,  atec  leurs  couvercles  k  faces 
trapétoïdes  5  en  1828 ,  noe  slalne  en  Lrenze ,  baote  d'environ 
trois  pieds  :  elle  fut  vendue  à  on  fondeur  d*Agen  ^  en  i85i  « 
un  trè»*beau  pavé  en  marlire  ,  composé  de  losanges  dont  les 
eôtés  ont  cinq  ponces  |  kursnrËioe,  alfernativemeiil  blaticbe 
et  noire ,  conserve  on  poli  remarquable;  en  i8S5f  des  troa* 
çoos  de  colonne  et  dcnx  corniches ,  dont  une  en  marbre  brun 
présentant  les  caractères  de  celui  de  Saint-Béat.  » 

M.  Lagrèze-Fossat ,  en  continuant  ses  explorations  du  sol 
de  Malanse ,  a  trouvé  un  assez  grand  nombre  d'objets  antiques , 
et,  entre  autres,  trois  nouvelks  mosaïques.  •  La  troisième  » 
dit  l'arcbéologue  de  Moissac  ,  est  la  miens  conservée  ;  des  seg* 
méats  de  cercle  d'un  bien  cendré  sj  dessinent ,  tournant  avec 
symétrie  autour  d'un  pentagone  de  mètee  couleur ,  tandis  que 
leurs  cordes ,  douUement  arquées ,  s'inclinent  vers  leur  centre 
00  leurs  nœuds  à  reflet  rose ,  s'entrdacent  avec  des  triangles 
d'un  jaune  clair.  Le  fond  de  la  mosaïque  est  blanc.  »  Les 
antiquités  de  Mâlause,  explorées  jusqu'à  ce  jour ,  sont  parti- 
culièrement situées  entre  l'ancienne  voie  et  la  grande  route 
moderne. 

Attvillars  est  un  point  trop  important  par  sa  position  na- 
turellement fortifiée ,  et  qui  domine  tout  le  cours  de  la  Ga- 
ronne, pour  que  les  Romains  ne  s'y  soient  pas  établis.  Aussi 
trouve-t-on  dans  ses  environs  beaucoup  de  médailles  et  de 
fondements ,  et  antres  dcbris-  considérables  de  monuments 
d'une  certaine  importance  ,  qui  ont  appartenu  à  cesconquc- 
ranls-législaleurs  de  nos  Gaules. 

Il  y  a  peu  d'années  qu'on  a  découvert  à  Castelsagrat ,  où 
passait  la  vote  dite  Clermontoise,  parmi  d'autres  débris  de 
l'âge  romain  ,  un  buste  de  femme  ,  en  marbre  blanc }  aux  eu. 


|8  VONVMEVTS   SISTORTQ'PES 

virons  àé  Mira  mont,  sur  la  même  voie.,  oo  a  trouvé,  une  •pe- 
tite statue  de  femme  ,  également  en  marbre  :  elle  est  nue  ,  e€ 
parait  représenter  une  Ténus.  EUe  a  ilé  recueillie  pat  M% 
rinspecteur  des  écoles  primaires  du  département.  . 
'    A  Piquecos ,  dans  le  voisinage  de  la  voie  de  Taio^a  h  Di^ 
vona  )  loealité  où  tout  atteste  le  séjour  des  Romains ,  des  iouilr 
les  ont  rendu  au  jour  une  statuette  en  bronze  de  Minerve.  La 
déesse  des  arts  et  de  la  sagesse  est  représentée  debout  ^  elle  est 
vêtue  d^un  ample  peplus  ,û^oii  se  dégagent  seulement  la  cuisse 
et  la  jambe  droite  5  elle  a  le  bras  droit  élevé  ef  la  main'aripon- 
die  et  fermée  ,  dans  l'attitude  de  tenir  une  lance ,  un  javelot^ 
etc.  5  dans  le  bras  gauche  est  passé  un  très-grand  bouclier. dé 
forme  ovale  ,  sur  lequel  sont  figurés  un  caducée  et  la  tete.d« 
Gorgone  au-dessous.  Cette  figurine,  qui  n'a  guère  (|0O' huit 
ou  dix  pouces  de  hauteur ,  offre  un  trèsrbeau  style  de  draperie 
et ,  eu  général ,  d'exécution.  Elle  appartient  aupuixl' bai  à^Mi 
Bigail  de  Lastours,  conseiller  de  préfecture  ,  à  Montanbao^ 
On  ne  voit  pas  sans  un  vif  intérêt ,  quand  on  descend  dans 
le  vallon  de  Caylus,  les  mines  d'un  ancien  château -fort  placé 
d'une  manière  très-pittoresque  sur  le  sommet  d'un  rocher  , 
autour  duquel  est  groupée  la  petite  ville  h  laquelle  il  a  donné 
son  nom  ,  et  qui ,  selon  une  tradition  locale  que  rien  n'auto- 
rise ,  quoiqu'elle  ait  été  recueijlie  par  un  historien  de  la  pro- 
vince, serait  d'origine  romaine  ,  et  aurait  eu  pour  fondateur 
un  Caïus  Liickis ,  chevalier  romain  ,  et  prétendu  Ueutei^nlr 
de  César  dans  cette  partie  de  la  Celtique  (i).  Cette  fable  ne 


(1)  La  cité  des  Cadurci  ne  fut  réunie  à  TAquitaine  que  rous 
Auguste,  qui  la  démembra  du  département  de  la  Celtique.  Plua 
tard  ,  dans  la  division  de  l'Aquitaine  en  trois  provinces  ,  elle  fit 
partie  de  la  première. 


DU    DiPARTBMElIT   DS  TiJUI-BT-GAROjrKB.  I9 

demande  pas  nne  réfutation  séricnie  (i)*  Les  rtfttei  encore 
imposants  da  châtean  de  Caylos  furent  visités,  il  y  a  envi- 
roQ  yingt  ans ,  par  MM.  Monge  et  Bertbolet ,  «{ui  y  reconnu- 
rent des  traces  de  constr action  romaine.  Cette  obsenration  a- 
été  constatée  depuis  par  plusieurs  voyageurs  et  par  nous- même. 
Ces  débris  ne  consistent  plus  que  dans  une  tour  carrée  asses 
élevée  et  qui  parait  être ,  du  moins  à  sa  base  et  dansaes  parties 
inférieures  ,  un  ouvrage  du  Bas-Empire.  Ils  étaient  beaucoup 
plus  considérables  à  la  fin  du  dernier  siècle  ;  mais  à  cette 
époque ,  c'est-à-dire  au  commencement  de  la  révolution  ^  ce 
qu'avaient  épargné  jusqu'alors  de  cet  édifice  le  temps  et  les 
bommes  ,  fut  vendu  comme  propriété  communale.  Une  vigne 
s'élève -aujourd'hui  dans  l'enceinte  du  vieux  Casirum. 

En  travaillant  profondément  le  terrain  pour  le  niveler  ,  on 
a  trouvé  plusieurs  marches  d'escalier  en  pierre.  En  plusieurs 
endroits  le  bruit  des  outils  des  ouvriers  était  sonidemenl  répélé 
par  des  échos  souterrains^  attestant  l'existence  de  voâtes  qu'on 
n  explorerait  peut-être  pas  sans  fruit. 

On  a  trouvé  en  divers  temps,  à  Caylus  et  dans  ses  environS| 
un  très- grand  nombre  de  médailles  romaines,  mcme  des  pre- 
miers Césars.  Beaucoup  circulent  avec  la  monnaie  ordinaire  de; 
cuivre.  Outre  les  pièces  en  bronze ,  dans  les  trois  modules  , 
qu'on  déterre  toujours  en  plus  grande  quantité  que  celles 
dans  les  autres  métaux  ,  on  en  découvre  assez  souvent  en 
argent  et  même  en  or  j  entre  autres ,  un  Trajan  de  la  plus 
belle  conservation  (un  aureus]  tout  récemment  rendu  au  jou^f. 

Un  chemin  très-ancien  ,  nommé  \ Estrade  {^ina  sUnta)^ 
et  que  son  nom  et  son  genre  de  construction  font  attribuer  aux 

(1)  Elle  a  élë  reproduite  naguère  ^ans  une  notice  insérée  dens 
rAnnuaire  du  dëpartemenf  de  Tarn-ct  Garonne  »  1837. 


20  MOirVHEïrTS   HISTOBtQUBS 

Romains ,  circule  près  de  Cajins ,  dans  la  direction  de  Saint- 
Antonin  à  Cabors. 

Dans  la  banliene  de  Caylns  plusieurs  noms  de  localités  sem- 
Ment  offrir  une  étymologie  latine  et  avoir  appartenu  à  cette 
langue ,  ou  peut-être  h.  la  romane ,  qui  fut  celle  du  moyen  âge 
dans  cette  province. 

a  L'origine  de  Mirabel ,  dont  le  nom  est  Mirabilis  en 
latin ,  dit  M.  Du  Mège  (i) ,  ^est  entièrement  inconnue  ;  mais 
les  monuments  que  Ton  a  découverts  ,  soit  dans  son  enceinte  , 
soit  dans  le  voisinage  ,  indiquent  une  assez  haute  antiquité. 
La  fontaine  qui ,  sous  le  nom  de  Saint- Beneck  ,  existe  dans 
son  territoire  et  dans  laquelle  on  jette  encore  des  pièces  d'ar- 
gent, est  une  àe  ces  sources  sacrées  auxquelles  les  Gaulois 
offraient  les  mëtant  les  plus  précieux.  On  a  trouvé  dans  le 
village  de  Lamourie  une  tête  de  Vénus  en  bronze  doré.  Les 
médailles  romaines  ne  sont  pas  rares  dans  cette  partie  da 
département.  11  paraîtrait  donc  que  les  Cadurci  adoraient 
autrefois  la  fontaine  de  Mirabel ,  encore  révérée  aujourd'hui  ) 
que  les  divinités  de  Bome  furent  honorées  dans  cette  petite 
région  ,  et  que  le  commerce  y  porta  les  monnaies  chargées  des' 
images  des  Césars ,  etc. 

Parmi  les  médailles  découvertes  à  Mirabel ,  on  en  remarque 
placeurs  en  or  de  Tempereur  Honorius.  Une  de  Constantin 
fut  trouTée  dans  les  ruines  du  fort  destiné  à  recevoir  les  habi- 
tants pendant  les  jours  d'alarmes  (2) . 

^Une  branche  de  k  voie  romaine  de  Tolosa  II  DisHina  pas- 
sait li  Mirabel,  oh  l'on  en  reconnaît  les  restes. 

(1)  Voyage  littéraire  et  archéologique  dans  le  département 
de  Tarn-ei-Garonne. 

(1)  Mirabel ,  qui  n'est  aujourd'hui  qu'un  bourg,  fut  autrefois, 
une  ville  détruitepar  la  guerre.  Les  quartiers  formés  par  les  mai- 
sons sont  encore  indiqués  par  des  voies  ou  rues  couvertes  de 


DU   DEPÀATgMKirT   DE   TiaV-VT-aiROHlVI.  21 

NonsaTons  dqà  parlé  de lexialeooed'Qa  UimuUàs  k  Mira« 
beU  Nous  aurons  encore  à  nous  occuper  des  luonuments  du 
moyen  âge  de  cette  localité. 

\.  HoUères,  on  retrouve  encore  les  traces  de  la  voie  de 
DivQu^  ;  des  substroctions  de  fuurs  et  beaucoup  de  monuments 
des  Romains  ^  des  amphores  et  des  urnes  cinéraires ,  etc. 
Beaucoup  de  médailles  romaines  ont  aussi  été  retirées  de  la 
terre ,  à  NègrepUsse. 

Il  existait  à  la  Mothe-d* Ardus,  près  de  Montauban,  une 
forteresse  romainp,  sur  |cs  ruines  de  laquelle  on  construisit , 
dans  le  moyen  âge,  un diâteau  qui  dominait  sur  b  contrée 
qui  s* étend  des  poster  de  cette  ville  joaqu'aux  bords  de  TAvoy- 
roa.  U  iut  détruitt^eu  i5$q  %  fâr  les  Montalbaoais^  sous  les 
ordres  de  kur  gouyarueur  Saint^Micbel  :  il  n  en  reste  plus 
que  l'assiette. 

Catbab^Gdture  fiât  mention  d'noe  table  sépulcrale  conservée 
dans  réglise  de  la  VoulTène ,  auprès  de  Puylaroque  ,  sur  la« 
quelle  est  gcafvée  cette  inscription ,  qui  existe  encore  : 

IVLIAB.  AVC.  (I), 
POiXVMHlVta.  (3). 
OPTVMO,  (3)  MARITO. 

Poatuminiila  ^  affcanohit  de  Julie  Auguste ,  k  un  mari  excellent, 

briques  et  d'autres  malMaux  :  on  ne  saurait  féu  ttler  dans  eelle- 
pariie  4u  tevituîre  de  Mirabel  aaas  tetrouf  er  ^  ruiu«4* 

Cette  ville»  la, première  des  dix-huit  villes, basses  du  Querci  ^ 
fournissait  à  ce  titre  une  dëputation  aux  états  particuliers  de 
cette  ville. 

le  fèrt  de  MlraM  ,  qDù  n'existe  plus ,  était  flanqué  de  quatre 
tours  snnuMitéea  detsréUeauï  ec  percëes  de  meurtrières.  Il  tftatt 
entouré  de  fofs^ qiii pqft^lit  #uoore  la  Mf^^tifos$49di^^  rilh* 

(OAVGySTiR.   .  . 

(2)  Sous  entendu  UBE^TA. 

(3)  Pour  OPTÎMO. 


J 


aa  iioirvMENTs  historiqubs 

Le  même  historien  parle  d'urnes  de  terre  remplies  de 
cendres ,  décofiyertes  à  Bnmiquel  ;  d*ane  pierre  catée  d'un 
verre  fort  épaL«  ^  d'un  lacrimatoire  de  marbre  blanc  et  de  mé« 
dailles  en  or  ,  en  argent  et  en  bronze  ,  trouvées  à  Lauzerte  ^ 
d'antiquités  et  de  mfédailles  égal^nent  explorées  à  Septfonds,  k 
Bidoanet,  près  doMeissâc,  etc. ,  etc* 

TBOIitfâMf  PARTIE. — MOYEN   ÂOWé 

§.  L  Edifices  religieux  s  CMtret;  Egiises,*^heb  édifices 
religieux  les  ]^tts  remarquables  et  tes  ifin»  intéressants  sons  le 
rapport  de  Tart ,  appartenant  au  moyen  âge  ,  que  possède  tè 
département  de  Tarn-et-Garonne  ,  sont  le  cloître,  le  portail 
et  quelques  parties  de  T^Iise  dlO'  l'ancienne  abbaye  de  Sàint-^ 
Pierre  de  Moissac. 

.  Ces  monuments,  sans  cesse  visités,  dessinés  par  les  voyageurs^ 
les  artistes  qu'ils  appellent  à  Moissac  ,  ont  aussi  été  décrits  et 
expliqués  par  plusieurs  auteurs  et  particulièrement,  en  cqs 
derniers  temps ,  par  M.  Du  Mège  ,  daa^  son  Yoiyage  littéraire 
déjà  cité  plusieurs  fois  dans  ce  rapport»  Nous  devons  à  ce  savant 
et  laborieux  arckéologue,  qui  les  a  beaucoup  étudiés ,  une  mo- 
oographie  enoere  inédite ,  et  dont  une  copie  a  été  reiàise  faat 
lui  aux  archives  de.  la  préfecture  de  Tarn-et-Garonne  ,  des 
curieuses  seulptores  doclcntre  de  Moissac  et  du  porcbe  de  sOa 
église.  Par  ses  soins,  plusieurs  chapiteaux  historiés  xlu  premier 
de  ces  monuments  ont  été  moulés  en  plâtre  pour  Técole  spéciale 
des  beaux-arts  à  Paris  et  le  musée  de  Toulouse. 

Tout  récemment  encore  ces  restes  précieux  de  la  sculpture 
et  statuaire  du  XIP.  siècle,  ont  été  l'objet  d'un  examen  artis^ 
tique  et  d'un  rapp<Mrt  officiel  de  M.  Grille  de  BeuzeHn  ,  jeune 
antiquaire,  chargé  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
de  visiter  les  monuments  historiques  du  Querci. 


DU  4>épAitTEiifeirT  oe  TABV-IT^OAROITHE.  25 

Une  nottvelle  motioçrftfhîe  de  0001  qui  nom  oecnpent  ea 
ce  moment  doit  être  jointe  à  ce  rapport ,  dont  nous  allont 
extraire  le  pesBa|[e  relatif  an  cloître  et  k  l'église  de  Moissac. 

o  Les  restes  de  Tabbaye  de  Mcnssac ,  dit  M •  Grille  de  Ben^ 
zelia  ,  se  conposent  d'oae  ancienne  toar  dont  les  deux  salles 
iatérieares  soperpOMOt  présentent  un  ensemble  d'iHie  belle  et 
sévère  architecture  ,  de  qaelqnes  fragments  de  viens  murs  de 
régllse  qui  possède  encore  k  l'exAéiiear  des  ornements  de  fe- 
nêtre. Une  pierre  incriistée  maintenant  dana  le  mur  d'un 
cbœnr  plus  moderne ,  donne  la  date  de  k  conbéeratioo ,  et  in- 
dique les  évoques  qui  aimstèrent  à  oeile  céréiaenie ,  en  io63  ; 
l'empreinte  en  ^  été  relevée^  Le  reste  de  celte  portion  de  Tédi' 
fice  est  du  XV**  siècle.  Mais-  ce  qui  appelle  particulièrement 
Tatteotion  ,  c'e5t  le  perobe  acoolé  au  mole  de  la  tour ,  et  le 
cintre  qui  s'étend  au  nord  de  Téglise.  Le  tympan  ogive  du 
portail  est  occupé  par  un  bas-rcUef  qui  représente  le  Seigneur 
dans  sa  gloire ,  d*après  T Apocalypse  -,  il  e&l  entouré  d«&  Symr 
boles  des  Evaagélistes  et  de$  vingt^quatre.roi»  qui  chantent  ses 
louanges.  Cette  page  est  dans  0e  genre  une  des  plus,  belles  e| 
des  plua  vastes  qu'on  puisse  trouver,  Aia  nature  des  draperies^ 
au  style  du  travail ,  au  caractère  des  figwes ,  >ai  eru  recooT 
uaitre  Toenvre  d'un  axtisie  grec f  peut-être  ua.de  ceux  qui  sont 
venus  travailler  k  Chartres,^  et  qui  se.serak  arrêté  en  chemin. 
Aux  deux  cotés  en  retour ,  sont  d'antres. bas-srelie&  sur  trois 
rangs.  A  droite  1  des  sujets  tiré»  de  l'histoire  de  la  Vierge  ^  à 
gauche,  des  persMoifieattonS' très-caractéristiques  de  k  Luxur» 
ei  de  l'Avarice  ,  et  de  leur  punition  dans  l'enfer*  Lee  moines 
cherchaient  à  mettre  en  relief  la  Vertu  qui  devait  les  distin- 
guer des  autre»  hommes ^  en  poursuivant  le  vice  contraire  :  ils 
attaquaient  le  péché  qui  nuûait  à  raocroissemeut  de  leurs  ri-^ 
ehessesr  Aussi  cette  feprésenution  est  elle  souvent  répétée  à 


À 


i4  MOmMBITil   WSTOUQIIBS 

Saiiite-Croii  de  Bordcam  ,  à 'HoDimorilloD ,  k  Saiot>^acques 
dcRalUboone,  «te. 

EofÎD,  le  eloîlredoQtlea arcade*  clives repOMBt anr  quatre^ 
viogls  cbapiteaux  difTërenti ,  qai  varient  eacore  lonTeBt  sur 
leurs  quatre  &ces  ,  et  présealent  la  saie  presque  entière  de* 
fait*  de  VAnden  et  du  Kotman  TestaDwat  et  <k  U  légende 
des  Saint*. 

Voici  en  quel*  termes  boas  non*  eipriniou*  daoa  notre  rap- 
port ,  dans  la  sessiou  du  congru  scientifiqne  de  France,  teune 
i  Douai  en  i835 ,  sur  les  momament*  hittcrique*  du  Lot  etde 
Ta  ru -et- Garenne  ,  au  sujet  de  l'altenlat  eomims  en  ifSi ,  sur 
les  sculpture*  du  portail  de  l'église  de  Hoîssac. 

■  Ou  doit  déplorer  les  prétendues  restaurations  faites  i 
l'intérieur  et  k  l'extérienr  de  l'élise  abbatiale  et  aujourd'hui 
paroÎKiiale  de  Maissac,  et  particulièrement  aux  sculplure* 
nombreuses  et  irès-remarqQables  de  son  porche  ou  partnil. 
Ici ,  ce  n'est  plus  d'un  simple  badigeon  jaune  qu'on  a  cuduit 
d  masqué  les  figures  de*  bas-ielieft ,  et  celles  des  divers  sujets 
sculptés  dans  l'inlétiedr  de  VMtfice  ;  elles  ont  conùne  disparu 
MUS  la  croûte  épaisse  et  les  couches  successives  et  muhlpUées 
d'une  peinture  i  l'huile  grossie  et  compacte,  de  couleur 
grise.  NonssignalâmescettebarbarieJM.  Vitet,  alors  inspe& 
teur  général  des  monuments  historiques ,  k  son  passage  à  ' 
Montauban,  en  tS55.  Noos  raccompagnâmes  sur  les  lieux  , 
etilneputqnegémiraTeCBousdececrimede  lèie-beanx^rts , 
dont  il  n'y  a  quo  trop  d'exemples,  même  dans  de  plus  grandes 
villes  que  Moissac(t). 

(t)  H.  te  Secrétaire  de  la  Soei^U  archfolDgl(|ue  de  Mvlisao 
niHii  écrit  au  suict  deoelactede  TaDdalisne  i  s  Après  aralr  cmi* 
•  sultii  le*  meilleurs  cliiaiistea  d«  Toulouse,  j'ai  eisajé  d'caleier 


DU   BEPAaiftlIXIlT   DK  TAtV'KT-^AROlIKB.  aS 

Le  doitre  demande  de«  céparations  indispeMftbbs  et  ar^ 
geates,  qu'on  évalue  k  «nesoBiine  de  5,98a  fir* ,  déas  le  devis 
qui  noua  a  ^té  oommuoiqué. 

Ou  voit  à  AuTÎllan  ime  cbapelle  btlie  dam  k  XIV*.  aiècle 
par  le  ûmeux  Bertrand  de  Got  (  le  fêfê  ClémeotY  )•  Au 
sosimet  de  l'arc  k  pleiu-cinire  de  cet  édifice ,  00  remarque  le 
moo<^raffl|De  du  Christ  fonaé  d'un  X  (  Chi)  et  d'u  P  (  Rho) 
accompagné  de  droite  et  de^  gauche  d'un  A  {Alpha  )  et  id'nn  m 
(  Oméga  )•  L'inlérieiir  du.  monument  ne  répond  point  à  l'a»- 
pectjDonumental  de  son  petit  portail,  reoMt'que  avec  vaisoB 
l'auteur  du  Voyage  littéraire* 

L'église  de  Bessen»  est  reiRai^able  par  son  architecture 
romane  à  plein-cintre,  qui  a  précédé  le  style  ogi^aL 

Le  portail  de  l'église  de  Grisolles  (  EcclesMa  )  est  digne  lie 
fixer  l'atteotiou  des  amis  de  l'art  dans  le  moyen  âge.  Nous  en 
emprunterons  encore  la  description  i  M,  Du  Mige  (i)  :  «  Il 
est  de  forme  ogive  ;  les  dix  arcs  dont  il  est  composé  sent  en 
brique  j  un  arc  extérieur  qui  sert  d'encadrement  est  en  pierre, 
et  couYcrt  de  sculptures }  buit  colonnes  en  marbre  des  Pyrné^ 
décorent  le  portai  ,  et  supportent  des  chapiteaui  sus. lesquels 
on  a  repré^nté  quelques  sujets  tirés  de  l'Ëcriture  Sainte ,  et 
plqsien^  compositions  allégoriques:  00  y  vottVAanonciattoit, 
l'Adoration  des  Mages,  la  Circoueisioo ,  la  Fuite  eu  Egypte , 
le  Baptême  de  Jésus-Christ ,  Jésus-Christ  ressuscité ,  Tune  des 


«  la  eroftte  faî  talk  notre  portMl ,  teules  ont  été  satis  résultat , 
a  tant  elle  est  épaisse.  Ui^p^ntN  de  cette  4ef  elère  ville ,  «fui  a 

«  fait  des  essais  en  ma  préseuee»  m'a  assoré  quMl  ne  se  cbsrgerait 
«  pas  de  remettre  les  choses  dans  leur  ancien  état  pour  3,0QÔ  fr. 
«  If  faudrait  gratter' atec  soin  et  précautions ,  ce  qui  demaude- 
«  ralt  beaueeupde  temps  et  de  patience,  v 
(])  Loco  ciialo.  y  éd.  saprà. 


26  MOfrUHieifTS  HISTORr<}VBS 

Saintes  firiliiiies ,  saim  Pierre ,  ^int  Paul ,  saint  Martin  Joo- 
naat  obe^rtiede  son  manteau  à  un  pauvre,  le  même  placé 
entre  deux  acolytes ,  et  le  martyre  de  ce  saint*  Vti  autre  bai^ 
relief  repir^enle  ua  sojet  qui  se  trouve  répété  snr  beaucoup 
de  monuments  chrédens  ^  et  que  Ton  vuit  sur  quelques  autres 
que  Ton  adccouverts  en  Egypte.  Vu  bon  et  un  Bmuvaisgënie, 
ou  plutôt  un  ange  et  un  dëmon  pesant  les  âmes  de  cèwL  qui  ne 
sotttplos.  Le  pÂds  des  bonnes  action^  l'emporte- t-ii?  le  gvnie 
a'empa^de  l'ame  du  juste  et  lui  indique  la  route  des  demeures 
célestes  ;  mais  l'ame  a-t-elle  été  souillée  par  le  crime?  le  génie 
du  mal ,  le  démon  eu  devient  le  maître ,  et  la  prceipîte  dans 
les  régions  infernales,  n  Le  sujet  de  ce  dernier  tableau  est  ce 
que  les  artistes  appellent  la  pesée  des  ames^  fonctions  souvent 
attribuées  à  Tarchange  saint  Michel. 

La  tour  do  clocher  de  Caussade  est  un  des  monuments  relr- 
gicux  do  moyen  âge  ^  les^  plus  intéressants  que  possède  ce  dé- 
partement. Il  est  historique. 

Le  B. septembre  i562 ,  Doras ,  chef  d'un  corps  de  protes- 
tants, surprit  Caussa^de  et  le  détruisit  presque  entièrement. 
Ceux  des  habitants"  de  cette  ville  qui  ne  voulurent  point 
embrasser  le  calvinisme ,  furent  massacrés  par  ordre  do^  vain- 
queur 5  on  précipita  les  ecclésiastiques  do  haut  du  clocher  y 
sur  les  pierres  duquel  on  croit  voir  encore  les  traces  du  sang 
de  ees martyrs* 

Ce  monument  se  fsiit  remarquer  par  son  élévation,  sa  grâce 
ei.sa  légèreté.  &a  forme  est.  octogone ,  et  chacun  de  ses  huit 
côtés  .oijbre  trois  rangs  de  doubles  croisées  parfaitement  symé- 
triques et  régulières.  Il  est  en  briques  et  supporté  par  un  ou- 
vrage considérable  de  forme  carrée ,  qui  lui  sert  de  basiç  et 
qui  est  construit  en  moellons,  revèlu  d'un  parement  en  pkvras 
d'un  petit  appareil ,  avec  des  piliers  buttants. 


DU    DSPlRTemHT   DB   TJIBIT-ET-GAROHHB.  1XJ 

Cm  parties  infifarieures ,  qai  paraisMnt  fltuB  aôcicnuts  qoe  la 
fièche  ou  raiguille  ,  pevwDt  aToir  été  tortifiéet  pour  aenrir  à 
la  défisnae  dt  ses  habitants. 

Les  croisées  en  plein-cintre  do  clocker  de  Caossade  rappela 
k&t  rarohiteolnre  romane ,  antérieure  au  style  o||îval ,  et  la 
forase  de  la  tour  et  de  son  toit  pyramidal ,  celle  des  clochen 
octogones  dn  XI*,  et  sortent  du  XIP.  sifcles. 

Cet  édifice  est  dans  un  eut  de  dégradation  qt»  commande  les 
plus  ofgentes  réparations*  Chaque  jour  il  s'en  déuche  des 
briqueset  des  pierres  qui  meHent  en  danger  la  vie  des  pasmuts. 

D'après  im  deyis  tpie  nous  avons  sons  les  yeai ,  les  travaux 
de  restaoration  de  la  tour  du  clocher  de  Caqssade  «ont  évalués 
à  une  somme  de  12,770  fr. 

Noos  avons  déjà  parlé  de  Mirabel.  Son  église ,  bâtie  an 
milien  de  ce  qo'on  appelle  le  Fbri  (i),  est  en  partie  voûtée 
ainsi  que  plasieors  chapelles  ^  le  clocher ,  de  forme  octogone , 
est  très-élevé.  Le  cimetière  est  sitoé  ao  nord  de  Tédifice  et 
entouré  par  les  restes  des  mors  de  la  forteresse. 

On  remarque  des  peintures  curieuses  sur  les  murs  de  l'an- 
cien  couvent  des  Bernardins  de  la  Garde-Dieu ,  dans  )a 
même  commune.  Les^  vitra  ni  peints,  dont  on  voit  encore 
des  fragments ,  représentent  des  scènes  tirées  de  Livres  saints. 

Avant  la  révolution  f^les  difiérentes  paroisses  situées  dans 
le  territoire  de  Mirabel ,  ainsi  que  celles  de  Saint-Pierre  et  de 
rHonor-de-Cos ,  se  réunistsaient  k  Mirabel  et  aMaienl  procès- 
sionnellement  au  couvent  de  la  Garde-Dieu,  pour  remercier 
le  Ciel  d'avoir  préservé  ce  pays  de  la  peste  qui  ravagea  les 
contrées  voisines. 

L'église  de  Notte  Dame*def^Mùèrefe$t  encore  célèbre,  el 
l'on  y  rient  même  de  très^loin  pour  accomplir  des  vceui » 

(0  ndtsuprà. 


L'^lûe  de  Moalfeial  est  sous  riavocalioa  de  tt^ot  Martin. 
?^ûus  DC  pooToos  mieax  &ire  que  de  co{>ier  l'aoteurda  F^c^age 
littéraire  dans  la  description  qu'il  d^nne  4e  cet  édifice  :  «  Sai 
porte  est  en  ogiye^  deux  niches  élctées,. placées  de»  deux  coiés, 
renfermaient- autrefois  des  statues.  lia  partie  supérieure  de  ia 
tour  qiki  servait  de  clocher  a  été  démoUe^pendattt  la  rét«ia-« 
tion.  L'église  fut  autrefois  décoréeaTec  goût ,  et  des  Iftfaleaor 
prcoieux  y  étaient  pkeéfr^  On  reÉiarque,  dans  le  chceur ,  une 
loAgoe  tapiâseria  qui  retrace  différentes  soàœs  de  la  légende 
de  saint  Martin  :  c)eUe  tapisserie  est  di^sée  en  seûse  compartin; 
uoents^  an^^^ssM^deduNOtne-oot  Ut  une.inscri|^tWi»  »  en.  T^rs 
firaoçais,  qui  explique,  le^  sujet  représenté.  JUft  inseriptious 
sont  tracées  en  caractères  blancs  sur  un  fonds  écariat^.  On  ne 
rapportera  ici  que  les  trois  premières  pour  donner,  une  idée 
du  style  :  leur  siijigularité  ajoute  à  Tintérêt  qu  ofirecette  tapis- 
serie, monument  {«récieu]^  du  XI Y**  sièjcle ,  ou  de  la  prenûère 

partie  du. Xy®.  ' 

1. 
•    Quant  de  Amiens  Mertin  se  partist 
Peur  cheminer  soubs  loy  panenne  » 
AU  poTre  son  mantesti  t>srtist 
Faisant  œuvre  de  fol  chMstienne. 

H. 

Lui ,  reposant  come  endortny,-  - 
Dieu  se  appanist  environné 
De  AngeU  auqueU  disoit  ainsi  : 
Martin  le  maatcau  m'a  donné. 

*  ■  ë 

Une  fois,  Martin  tomba  4ans  les  picges  de  Fesprit  malin  j 
mais  la  Vierge  Marie  yiut  miraculeusement  a  son  secoiirs  ,  en 
I^.fr4^tlû0tayec  unpnguent,  apporté  par  up  ange^  remède 
dont  malheureusement  on  a  perdu  la  recette  coatre  les  chutes 
du  même  genre.  Voici  le  fait  : 


DU   BépARTBMBBtT  DB  TAftir*ET-OABOI«lfE.  lï^ 

llf. 

te  diable  fit  tomber  Martio  , 
Dftnt  le  tint  navré  grief  femeat  : 
Unie  sain  et  laaf  fat  le  mati», 
Par  Yeriii  fVun  «aint  angueineiit 
Qui  fut  par  angel  apporté  , 
Dont  fut  oint  et  conforté 
Par  la  Vierge  et  Mère  Marie  , 
Dont  ««  f ralaaore  Ht  guérie. 

Satan  ne  s'en  tint  pas  k  ce  premier  essai  de  sa  puissance  ; 
mais  par  la  suite  il  eut  toujours  le  dessons  dans  les  nouvelles 
embûches  qu'il  dressa  contre  notre  saint  et  les  mauvais  tours 
qu'il  tenta  de  lui  jouer. 

Cette  tapisserie  est  un  don  fait  à  l'église  de  Montpezat  et  h 
son  chapitre,  par  Tan  ées  prélats ,  du  nom  de  Oesprez. 

Deux  monuments  assez  bien  conservés  existent  encore  dans 
le  chœur  de  Féglise  de  Montpezat.  Ce  sont  deux  statues  sépuU 
craies;  l'une  d'elles  ,  selon  la  tradition  ,  appartenait  À  Pierre 
DespreZjévêque  de  Riez,  archevèqne  d'Aix,  cardinal ,  légat  en 
France ,  et  que  l'on  regarde  comme  le  fondateur  du  petit  cha- 
pitre qçT  fut  établi  k  Montpezat  3  la  statue  est  en  marbre 
blanc.  L'auti*e  monument  représente  aussi  un  évèqtie  ,  et  il 
est  probable  qu'il  appartenait  de  même  à  là  famille  Desprez 
qui  a  produit  plusieurs  prélats  (i)  ,  et  à-  qui  appartenait  la 
seigneurie  de  Montpezat. 

La  tour  du  clocher  de  Téglise  de  Ncgrepelisse ,  rappelle 
celles  de  Catissade ,  de  Moutricoux ,  de  Monteck ,  de  Finhan. 

(I)  Entre  autres  Jean  de  Leltes-Desprez  de  Montpezat,  ablié 
ëe  M<^asac  et  éréque  de  Montaiiliaii,  qui^aprèa  afoir  ré>igiië  ses 
bénéfices  ,  embrassa  la  Réforme ,  se  maria ,  et  se  relira  à  Genève 
où  il  vécut  plttêieora  années. 


5p  MOlfVMElVTS   SISl'OJilQVBS 

L'église  de  Montricoux  a  été  iiâtie  par  les  Templiers ,  la  croix 
du  temple  est  encore  figuréesur  la  voûte  de  Tune  deschapelles  ; 
le  cimetière  qui  y  est  anoexé  servit  de  sépulture  aux  membres 
de  cette  milice  leligieuseet  guerrière.  Uoe  antre  chapelle  sé- 
pulcrale a  été  construite  au  milieu  de  son  enceinte*  Cet  asile 
de  la  mort  tonche  également  à  leur  ancienne  maison,  aujour- 
d'hui le  château. 

L'église  paroissiale  deCaylus,  ^nt  ou  attribue  la  fondation 
aux  Anglais,  pendant leurdomination  dans  le  Querci,  est  d'une 
belle  construction,  son  vitrage^est  assez  remarquable  j  sa  yoû'e 
réunit  l'ogive  et  le  pleiu*cintre  ;  son  clocher,  d'une  cons- 
truction récente  (1720).  présente  une  flèche  octogone  en  pien^ 
de  taille,  sans  balcon  ni  saillie. 

On  lit  sur  une  dalle  du  paré  de  la  nef,  cette  inacription  : 

«r  Cjr  gist (  0  ^^  Coligny-Saligny  ,  chevalier  de  Malte 

quijut  tué  à  Saint^Antonin  ,le2i  mai  1632.  Requiescat  in 
pace.  » 

La  pierre  tumulaire  qui  porte  cette  épithaphe  est  longue 
d'environ  deux  mètres,  et  taillée;  dans. la  partie  supérieur^ 
se  trouvait  un  écusson  (le  blason  ou  les  armoiries  de  M.  de 
Coiigny-Saligny  ),  dont  la  sculpture  a  été  brisée  avec  un  d* 
seau,  dans  la  révolution. 

Ce  tombeau  rappelle  les  guerres  de  Louis  XIII  contre  les 
protestants  5  ceux-ci  assiégèrent  Caylus  et  s'en  emparèrent. 
Des  cruautés  atroces  furent  exercées  par  eux  contre  les  habi- 
tants 'y  le  curé  et  son  sacristain  furent  au  nombre  des  victimes  ; 
ils  avaient  enfoui  les  meubles  précieux  d'église  ,  qui  n'ont  pas 
été  retrouvés. 

A  la  même  époqtie,  Louis  XIII  passa  à  Caylus,  et  logea  dana 

(1)  I3n  mot  effacé. 


DU   DépAUTSMSB^  DE   TARV-ET-GAROVICB.  .    Si 

une  maison  sUuéesur  la  place  (elle  appartient  aujourd'hui  à 
la  familleFraissinet).  Deux  pierres  avaient  été  incrustées  dans 
les  murs  de  cette  maison,  en  commémoration  de  cette  visite  : 
Tune  portait  le  nom  du  Roi  et  la  date  de  son  entrée  à  Caylus  ; 
sur  l'autre  étaient  gravés  ces  mois  :  Saui^-garde  ou  logis  du 
Roi.  Ces  pierres  existent  encore.  L'inscription  de  la  première 
a  été  en  partie  efiacée  par  Ui  susceptibilité  républicaine;  mais 
il  est  facile  de  la  lire  tonte  entière* 

L'église  de  Notre-  Oame-Livron  est  situédans  cette  commune, 
La  voûte  de  ce  monument  est  assez  belle;  la  construction  de 
l'édifice  paraîtremonter  à  une  époque  reculée.  L'antique  dévo- 
tion qu'on  lui  a  vouée  et  qu'on  lui  conserve ,  y  attire  tous  les 
ans  une  trentaine  de  processions.  Le  site  de  cette  église  est  des 
pi  os.  pittoresques.  Les  fables  que  l'on  débite  sur  sa  construc- 
tion miraculeuse  ,  l'existence  d'un  dragon  qui  se  retirait  dans 
la  grotte  voisine  d'oii  s' échappe  une  fontaine  ti*ès-abondante 
et  célèbre  dans  le  pajs,  doivent  être  réléguées  au  nombre 
des  contes  populaires  et  des  fausses  légendes  du  moyen  âge. 

La  ville  de  Monlauban  ne  présente  à  la  curiosité  du  voya- 
geur et  aux  études  de  l'artiste ,  d'autres  édifices  religieux  de 
l'époque  qui  nous  occupe  ,  que  la  tour  du  clocher  de  Saint- 
Jacques  ,  monument  de  la  fin  du  moyen  âge. 

§.  IL  Châteaux.  —  Bruniquel  (  Castrum  Brunichildis  ). 
A  ce  château  dont  la  première  construction  remonte  aux  hauts 
temps  du  moyen  âge  ,  se  rattachent  un  nom  et  des  souvenirs 
qui  leclassent  en  première  ligne  parmi  les  monuments  de  cette 
catégorie ,  appartenant  au  département  de  Tarn-et-Garonne. 

L'histoire  et  la  tradition  attribuent  également  sa  fondation  à 
la  fameuse  Brunehaud,  reine  d'Austrasie  ,  qui  fut  mise  par  le 
traité  d'Audelot,  vers  l'an  58;  ,  en  possession  du  Qucrci  ,  où 


À 


5%     .  MONUMENTS   SISTORFi^VCS 

l'on  croit  qu^elIe  fît  aussi  bâtir  le  château  de  Monclar.  Une 
tour  du  premier  de  ces  édifices  porte  encore  le  nom  de  réponse 
de  Sigebert ,  bien  que  le  style  de  son  architecture  ne  permette 
gttèrede  lui  assigner  une  époque  aussi  reculée  que  le  Vt*. siècle. 

Assis  an  sommet  d'un  roc  escarpé ,  sur  la  rive  gauche  de 
l'Aveyron  et  sur  les  frontières  du  Querci  et  de  FAIbigeois , 
l'aspect  de  ce  fort  presque  inaccessible  est  âpre  et  sauvage.  Si 
on  l'examine  du  côté  de  la  rive  droite  de  cette  rivière  ,  on  re- 
marque qu'il  a  été  entièrement  rebâti  dans  le  goût  moderne } 
mais  vu  du  côté  de  la  ville ,  il  présente  des  formes  qui  attes* 
tent  son  ancienneté.  Il  ne  reste  pourtant  rien  de  considérable 
de  l'édifice  contemporain  de  la  reine  d'Austrasîe. 

Le  château  de  Monclar  ,  rebâti  dans  le  XV*.  siècle  ,  fut  Je 
nouveau  détruit,  en  ijg5 ,  par  les  Montalbanals. 

Le  château  de  Montricoux ,  ancienne  propriété  des  Tem- 
pliers ,  «c  n'offre  de  remarquable,  dit  M.  Du  Mège  (i) ,  que  la 
partie  inférieure  d'une  grande  tour  carrée',  ayant  à  chaque 
angle  une  tourelle ,  et  quelques  restes  des  murs  de  l'ancien 
monastère  des  chevaliers  de  la  milice  du  Temple.  » 

Les  archives  de  1* hôtel-de-ville  possèdent  plusieurs  pièces 
inédites ,  qui  ne  sont  pas  sans  intérêt  pour  Fhistoire  de  cette 
localité  et  de  c^Ue  de  l'ancienne  province  du  Querci.  Il  en  a 
été  fait  des  transcriptions  dans  les  derniers  temps. 

tl  n'existe  plus  rien  du  château  fortifié  des  vicomtes  de 
Saint'Antonin.Les  ruines  pittoresques  et  romantiques  de  celui 
de  Penne,  sur  les  limites  des  départements  du  Tarn  et  de  Tarn- 
et-Garonne ,  et  surtout  les  souvenirs  qu'il  rappelle  ,  comman- 
dent l'attention  et  rînlérêl  du  voyageur  ,  qui  salue  de  loin  les 
tours  renversées  et  les  murs  crénelés  et  percés  de  nombreuses 

(l)  Locê  citato  y  suprà. 


Dt7  D&PAmTBMKNT  DB  TAEV-BT-GAHOirHI.  5*5 

meartrièfes  de  ce  manoir  fêodal ,  construit  snr  le  sommet  d'un 
rocher  escarpé ,  et  qui  domine  l'Ayeyron  k  une  grande  hau- 
teur. Ce  n'est  ps  sans  quelque  difficulté,  et  même  sans  quelque 
danger  ,  que  Ton  pénètre  aujourd'hui  dans  l'enceinte  de  cet 
édifice  ,  au  milieu  des  débris  amoncelés  sur  son  emplacement 
et  dans  le  voisinage. 

Il  serait  difficile  ,  dans  l'état  actuel  des  ruines  du  château 
de  Penne ,  de  se  Ëiire  une  idée  exacte  de  son  ancienne  magni- 
ficence ,  a  répoque  des  amours  de  l'illustre  troubadour  et  da 
brare  chevalier  Raymond  Jourdain ,  vicomte  de  Saint-Anto- 
nin  (i)  ,  et  de  la  belle  châtelaine  Adélays  de  Penne  ^  au  com- 
mencement du  XIII'.  siècle  (%). 

Nous  nous  sommes  déjà  occupés  du  château  de  Caylus  , 
comme  castrum  romain.  Il  ne  nous  fournira  ici  aucune  nou- 
velle observation  ,  sous  le  rapport  de  l'art  et  de  Thistoire , 
comme  monument  du  moyen  âge  ,  bien  qu'il  n'ait  pas  été  sans 
importance  dans  ces  temps  de  luttes  sanglantes. 

(1)  Le  vicomte  de  Saint-AntooiD  ,  l'un  des  plus  célèbres  trou- 
badours du  Xlll*.  siècle ,  acquit  un  grand  renom  poétique  par 
ses  eansos  on  romsoces. 

(1)  La  châtelaine  de  Penne  ,  tendrement  aimée  du  troQb<idour 
Raymond  Jourdain  ,  fut  sensible  à  son  tour  à  la  flamme  et  aux 
chants  du  poète  guerrier,  qui  fli  pour  elle  plusieurs  eansos.  Mais 
le  valtureux  cher^lier ,  au  fori  de  ses  heureuses  amours ,  ayant 
éié  appelé  à  la  guerre  et  dangereusement  blessé ,  le  bruit  de  sa 
mort  se  répandit  dans  son  pays.  K  cette  uonvelle ,  Adélays  déses- 
pérée abandonna  son  donion  féodal,  et,  renonçant  pour  toujours 
au  monde,  fut  easevelir  sa  douleur  au  fond  d'un  cloître. 

L'affliciion  du  troubadour  fut  extrême,  lorque  ,  guéri  de  Sa 
blessure  et  de  retour  dans  sa  patrie,  il  apprit  la  résolution  de  sa 
Diattres^e  ,  à  Jamais  perdue  pour  lui.  Il  se  retira  du  monde,  et 
vécut  long-temps  dans  une  solitude  profonde ,  k  laquelle  les 
charmes  d*Elisa  de  Montfort ,  éponae  de  Gnilhem  de  Gourdon  , 
purent  seuls  Ven lever.  3 


À 


34  MONUMENTS   mSTORlQVBS 

Il  serait  pourtant  à  déûrcr  <{ue  ce  qui  eu  reste  encore  pût 
être  conservé,  ne  (ut-ce  qu'à  titre  de  décoration  de  perspective 
dans  le  paysage  qu*il  anime. 

Sur  le  vaste  plateau  ou  s* élevait,  dans  le  moyen  âge,  le  châ- 
teau des  Seigneurs  de  Montpezat,  ou  ne  voit  plus  que  quelques 
paus  de  murailles.  Simon  de  Montfort  en  avait  fait  raser  une 
première  fois  les  tours  et  les  habitations ,  après  s'en  èlre  em- 
paré y  en  I2i4* 

Du  château  de  Piquecos ,  oii  Louis  XIII  avait  établi  sa  de- 
jneure  et  son  quartier  royal ,  pendant  le  siège  de  Montauban  , 
il  ne  reste  plus  guère  ^  dans  son  état  d'intégrité  ,  que  la  cha- 
pelle. On  a  vu  plus  haut  que  des  monuments  celtiques  et  ro- 
mains recommandaient  aussi  cette  localité. 

Nous  avons  déjà  fait  connaître  ce  qu'il  restait  du  château 
ou  fort  de  Mirabel,  ainsi  que  celui  de  Malause  dont  les  ruines 
majestueuses  reposent  sur  d'autres  ruines  plus  anciennes , 
comme  dans  le  sein  de  la  terre  les  débris  des  générations  suc- 
cessives reposent  les  uas  sur  les  autres  (i). 

n  n'en  est  pas  ainsi  du  château  de  Bioule  ,  dont  les  épaisses 
et  solides  murailles, encore  debout ,  attestent  quelles  furent  sa 
grandeur  et  sa  force  ,  lorsqu'il  était  destiné  à  protéger  la  petite 
ville  qui  porte  son  nom.  Du  coté  de  Test,  il  était  défendu  par  un 
«rempart  flanqué  de  trois  grosses  tours  carrées,  placées  à  une 
égale  diatance  l'une  de  l'autre;  un  fossé  d'eau  courante,  ali- 

(1)  tes  guerres  du  moyen  âge ,  et  particulièrement  celles  des 
Anglais  et  de  Simon  de  Momfort;  et,  plus  tard,  celles  de  reli- 
gion, si  longues  et  si  sanglantes  dans  le  Querci  ,ont  causé  la  des- 
truction de  pre84]ue  tous  les  châteaux-forts  de  cette  province  » 
antérieursau  X.VI^  siècle.  On  est  aujourd'hui  réduit  à  interroger 
U  poussière  de  ceux  de  Montech,  de  Nègrepelisse,  de  Lavilledieu, 
deCos,  de  Sainl-Aotonin. 


Z>V    DBPARTEMEVT   DE   TABNBT-OAROHIfl.  55 

loeoté  par  l'Aveyron ,  ea  eropèclKiiit  l'approche ,  et  cette  ri« 
vière  elle-même  eu  interdisait  Taccès  du  c6té  do  sud.  Là  s'of- 
fraieut  aussi  deux  autres  tours  carrées  ^  on  en  remarque  une 
semblable  au  milieu  du  mur  qui  sépare  le  château  de  la  ter-* 
rasse  ;  enfin ,  il  en  existe  une  autre  k  cinq  étages ,  qui  rrai- 
semblablemenl  était  celle  du  donjon.  Cette  dernière  est  cons- 
truite en  pierres  de  taille ,  tandis  que  le  reste  de  l'édifice  ne 
présente  Temploi  de  ce  genre  de  matériaux  que  jusqu'au  i*". 
étage  seulement  :  les  parties  supérieures  sont  bâties  en  briques. 

Non  loin  de  ce  lieu ,  il  en  est  un  autre  nommé  le  Camp 
(TAurîol  (  i) ,  qui ,  si  Ton  consulte  une  tradition  locale ,  senrit 
de  première  assiette  à  la  ville  ou  an  bourg  de  Bioule ,  dont  les 
habitants  sentirent  plus  tard  la  nécessité  de  rapprocher  leurs 
demeures  do  château  appelé  h  les  &ire  respecter. 

Il  existe  encore  k  Bruniquel ,  h  Saint-Antonin ,  et  dans 
d'autres  villes  du  Querci ,  des  maisons  parliculières  appar- 
tenant à  IVpoque  du  moyen  âge ,  et  dont  toutes  les  ouvertures , 
plus  ou  moins  chargées  de  sculptures  et  d'ornements ,  sont  en 
ogive.  Le  genre  de  leur  architecture  et  de  leurs  décorations , 
indique  que  les  constructions  appartiennent  an  XlIP.  et  au 
XIV^  siècle. 

La  ville  de  Saint-Antonin  possède  un  de  ces  édifices  très- 
temarqnable. 

Nous  ne  connaissons  pas  dans  le  département  de  l'a rn-et- 
Garonne  de  monument  remarquable  appartenant  à  la  Renais^ 
sance  proprement  dite ,  c'est-à-dire  au  XVI*.  siècle  et  aux 

(1)  On  remarquera  la  ressemblance  de  ce  nom  avec  celui  de 
Podium  Aareolit  Mons-Aureolus  (Mont-Auriol) ,  première  déno- 
mination de  la  montagne  sur  laquelle  s*élefa  ,  au  XUe.  «iècle  , 
la  fille  de  Montauban ,  def enue  alors  Mom-Mbanus  et  Momi" 
Jlba  (le  Mont  des  Saules). 


J 


36  MOlfVMEHTS   HISTORIQUES. 

r('gnes  des  derniers  Valois ,  k  Texccption  de  quelques  maisons 
particulières  de  villes,  qui  se  font  distinguer  par  la  forme  et 
les  ornements  de  leurs  croisées ,  de  leurs  portes ,  et ,  en  géné- 
ral ,  par  le  style  architectural  de  cette  époque.  La  plupart  des 
cLâteaux  modernes  ,  comme  ceux  de  Pompignan ,  Montbeton  , 
etc. ,  sont  des  ouvrages  du  XYIP.  et  du  XVI IP.  siècle.  Il  en 
est  de  même  de  quelques  ^lises ,  et  particulièrement  de  la  ca- 
thédrale de  Montauban ,  sous  le  vocable  de  Notre-Dame ,  mo- 
nument  du  règne  de  Louis  XV  ,  dégradé  aujourd'hui  par  la 
récente  et  maladroite  restauration  dos  campa  nilles  qui  déco- 
raient sa  façade.  Il  serait  bien  à  désirer  que  les  parties  supé« 
rieures  des  tours  en  fussent  rétablies  dans  leur  ordonnance 
primitive* 

Tel  est  Faperçu  rapide  des  monuments  historiques  les  plus 
intéressants  que  possède  le  département  de  Tarn-et-Garonne  , 
classés  chronologiquement,  coup-d*œil  sans  doute  très-incom- 
plet ,  et  où  bien  des  omissions  se  feront  remarquer.  Aussi  ne 
doit-il  être  considéré  que  comme  une  reconnaissance  sommaire , 
un  premier  inventaire  de  nos  richesses  archéologiques  et  artis- 
tiques ,  qu'il  importe  de  dresser  pour  appeler  sur  ces  mêmes 
richesses  Tattention  et  les  sollicitudes  du  Gouvernement,  de 
Tadministration  départementale  et  locale  ,  et  de  tous  les  hom- 
mes éclairés  du  pays ,  également  appelés  et  intéressés  à  leur 
conservation. 


QJUBS  iXI&(CIDll(I>ILD(BII(61l12S< 


Séance  du  5  février  i858.  —  Le  Conseil  administratif 
de  la  Société  pour  la  Gonsenration  des  monuments  s* est  réuni 
le  5  février  i858.  Il  a  pris  connaissance  d*nn  rapport  de 
M.  Cauyin  sur  la  séance  tenue  au  Mans  sous  sa  préûdence 
par  les  membres  de  la  Société  qui  résident  dans  cette  division, 
La  séance  a  eu  lieu  li  THôtel  de  Ville  le  4  janvier  i8^8, 
selon  l'autorisation  que  le  Conseil  administratif  en  avait 
donnée.  Diverses  communications  ont  été  faites  par  MM. 
Chau\in,Le  Guicheux,  Ernest  Franchet  et  Tournesac. 
—  M.  Cauvin  a  fait  dans  la  même  lettre  un  rapport  sur  le 
Cours  d'archéologie,  professe  au  Mans,  cette  année,  par 
M.  Fabhé  Tournesac.  Ce  professeur  ,  rempli  de  zèle  ,  fait  son 
Cours  à  l'école  ecclésiastique  de  St.-Joseph  ,  où  près  de 
quatre-vingts  élèves  écoutent  se&  leçons ,  et  pour  répondre  au 
désir  qu'en  ont  témoigné  quelques  gens  du  monde  ,  il  a  com- 
mencé en  même  temps  des  conférences  archéologiques  qui  ont 
lieu  deux  fois  la  semaine  dans  le  salon  de  M.  Cauvin, — Le 
Conseil  a  chargé  M.  Cauvin  d*être  son  interprète  auprès  de 
M.  l'abbé  Tournesac  et  de  lui  témoigner  sa  vive  satisfaction. 

— Il  a  été  donné  lecture  d'une  lettre  par  laquelle  M.  le  curé 
de  St.-Gervais  de  Falaise  consulte  la  Société  sur  le  projet 
formé  par  la  fabrique  d'agrandir  le  portail  de  cette  église 
en  faisant  disparaître  les  deux  petites  portes  qui  subdivisent 
l'ogive  principale  de  ce  portique.  Plusieurs  membres  du 
Conseil  y  connaissant  l'église  St.-Gervais,  n'ont  pas  balancé  à 
déclarer ,  malgré  tout  le  désir  qu'ils  auraient  de  se  trouver 
d'accord  avec  la  fabrique ,  que  celte  modification  serait  con- 
traire au  génie  de  l'architecture  gothique.  Au  surplus ,  M. 


38  VOWELtES    4RCBéOLOGTOrES. 

Galerony  dont  le  bureau  a  crn  devoir  demander  Tavis^  a  iàit 
sur  ce  projet  ua  rapport  circoostancié  dout  il  a  été  donné 
lecture  et  qui  conclut  au  rejet  du  projet  d'agrandissement  de 
la  porte.  Le  Conseil  a  adopte  à  Funanimité  les  conclusions  de 
M.  Galeron  et  arrêté  qu*un  extrait  du  procès-vcrbal  serait 
communiqué  à  la  fabrique  de  St.-Gervais. 

—  M.  le  comte  de  Montalembert ,  pair  de  France  ,  a  été 
nommé  conservateur  des  monuments  historiques  du  dépar- 
tement de. la  Seine. 

MM.  DvRAifD  ,  architecte  à  Reims  ; 

CHAtrvEAXj ,  secrétaire  de  la  Société  de  Tours; 

MEWARD-BouRificHON ,  cbcf  de  bataillon  du  géuic  en  re* 
traite ,  au  Mans; 

DuGUÉ ,  arcbéologue  de  la  même  ville; 

DuMOULiNET  ,  maire  de  Sle.-Suzanne  (Mayenne)  ; 

MoRDBET  ,  docteur-médecin  au  Mans , 

Ont  été  proclamés  membres  de  la  Société. 

Séance  du  29  mars  i858.  —  Dans  la  séance  du  29  mars 
i858  ,  le  Conseil  a  proclamé  membres  de  la  Société  ,  MM.  : 

Larget  ,  inspecteur  de  l'Académie  de  Clermout; 

Victor  Godard  ,  avocat  à  Angers  ; 

ViiLERS ,  archilecle  à  Angers. 

Le  Conseil  s'est  ensuite  occupé  des  réparations  qui  vont  être 
faites  à  l'église  de  la  Haute-Allemagne  ,  près  Caen.  M.  Gau- 
gain  a  annoncé  que  les  travaux  seront  conduits  de  manière  à 
ménager  la  tour  ;  que ,  d'après  les  nouvelles  dispositions  , 
celle-ci  devra  se  trouver  à  l'entrée  de  l'église ,  et  que  le  chœur 
sera  placé  dans  uu  prolongement  que  l'on  doit  établir  à 
l'extrémité  occidentale  du  bâtiment  actuel.  M.  i'abbé  Dupré 
a  donné ,  de  son  côté ,  quelques  explications  sur  le  plan  que 
la  commune  se  proposé  d'adopter.  Le  Conseil  a  prié  M.  l'abbé 


VOVTBLtBS   ▲RCBÉOZ.OGIQUBU.  59 

Paysant,  sécrétai re-géncral  de  la  Société^  de  surwikr  ioc 
travaui  de  cette  église  lonqv'ils  seront  commencés.  *-  M.  de 
Caumoat  a  réclamé  la  protection  de  M.  Pay&ant  pour  les 
foDts  baptismaux  qui  eiisteot  dans  (jaelques  églises  du  diocèse. 
Il  a  signalé  plusieurs  actes  de  vandalisme.  M.  Fabbc  Paysant 
a  répondu  qu'il  donnerait  des  ordres  pour  la  conservation  des 
anciens  fonts  qui  méritent  d'être  respectés ,  et  que  dernière- 
ment  il  a  été  assez  heureux  pour  empêcher  la  destruction  de 
deux  autels  carrés  en  pierre  qui  existent  dans  l'élise  de  Ca- 
hagnes  (Calvados). 

M.  Lair  a  entretenu  le  G>nseil ,  de  la  maison  dite  des  Gen- , 
darmes ,  dans  un  des  faubourgs  de  Caen  ,  qui  se  trouve  au- 
jourd'hui en  tixs-mauvais  état  et  menacée  de  destruction. 

— -  La  Société  pour  la  conservation  des  monuments  vient 
de  perdre  un  de  ses  inspecteurs  divisionnaires  les  plus  distin- 
gues ,  M.  Artaud  ,  chevalier  de  rordre  de  St. -Michel  et  de 
la  Légion  d'honneur.  M.  Artaud,  auteur  de  recherches  d'un 
grand  mérite ,  avait  fondé  la  belle  collection  lapidaire  de  la 
ville  de  Lyon  et  le  musée.  Mommc  de  bonne  heure  corres* 
pondant  de  l'Institut ,  il  en  devint  membre  honoraire  en 
i855  ,  après  la  mort  de  l'abbé  De  La  Rue  (i).  Depuis  long- 
temps M.  Artaud  ,  fort  âge  et  d'une  sauté  chancelante ,  vivait 
retiré  et  travaillait  peu  ^  il  est  fâcheux  qu'il  n'ait  pas 
publié  les  nombreuses  observations  qu'il  avait  faites  sur  les 
monuments  romains  du  Midi  de  la  France;  car  les  faits  qu'il 
avait  recueillis  ont  péri  avec  lui.  —  M.  Artaud  est  mort  dans 
une  petite  maison  agréablement  située  au  milieu  d'un  jardin  , 


(1)  M.  Artaud  obtint  alors  17  to!x  ;  son  concurrent ,  M.  de 
Caumont,  qui  du  reste  a*écaii  retiré  nvant  rétectioD  ,  plein  dç 
respect  pour  l'âge  et  les  talents  de  M*  A.rU*idy  obtint  9  voix. 


4o  »OT7V£LLBS    ARCHEOLOGIQUES. 

tout  près  de  Tare  de  triomphe  d'Orange,  qu'il  avait  acquise 
depuis  quelques  aouées  ,  et  où  il  passait  la  plus  grande  partie 
de  son  temps. 

—^L'ouverture  du  congrès  scientifique  de  France  est  fîxce  au 
5  septembre.  Voici  quelques-unes  des  questions  qui  doivent 
occuper  la  section  d'archcologie  : 

Quelle  est  l'origine  de  l'architecture  ogivale?  Est-elle,  comme 
quelques  personnes  l'assurent ,  une  modification  de  Fart  grec 
ou  romain  ? 

Est-elle  due  ,  au  contraire  ,  comme  d'autres  F  affirment  >  aux 
Sarrazins,  qui  en  seraient  les  inventeurs? 

L'architecture  ogivale  a -t-elle  pris  naissance  dans  notre  pays, 
ou  y  a-t-elle  été  importée  ? 

A  quelle  époque  apparait-elle  en  Europe ,  en  particulier  en 
France?  Quelle  a  été  sa  marche  ?  . S'est-elle  propagée  du  nord 
au  midi ,  ou  a-t-elle  suivi  une  route  inverse?  On  bien  encore 
a-t-elle  apparu  partout  en  même  temps  ? 

Rechercher  ,  relativement  à  Fintroduction  de  Fogive  dans 
l'architecture  ,  quels  sont  les  monuments  de  FAuvergne  qui 
offrent  les  caractères  de  Fépoque  de  transition  de  la  période 
romane  ou  bysantine  à  la  période  ogivale? 

Le  style  ogival  primitif  était-il  généralement  adopté  en 
Auvergne  au  XIII*.  siècle? 

Déterminer  rigoureusement  quels  sont  les  caractères  archi- 
tectoniques  (forme  , -dispositions,  moulures ,  etc.  ,  etc.  )  qui 
distinguent  au  XP.  et  au  XII*.  siècles^  les  monuments  religieux 
de  FAuvergne? 

—  Les  séances  générales  de  la  Société  pour  la  conserva- 
tion des  motmments ,  a  Clermont ,  auront  lieu  les  7 ,  3  et  9 
septembre ,  dans  la  grande  salle  de  la  bibliothèque  publique  , 
de  7  à  10  heures  du  soir. 


"  ^"*p 


FRAGMENT 

De  la  relation  d'tin  voyage  archéologique  fait 
en  Normandie  ^n  1 83 1  par  JI/.Gally-Knight, 
et  publié  à  Londres  en  1 836 ,  communiqué  à 
la  Société  pour  la  conservation  des  monu- 
ments ,  par  M.  DE  Caumont  ,  directeur  de  la 
Société  (i). 


CHAPITRE  I". 
Introduction.  —  Dieppe.  —  Ficamp. 

Les  dates  ëtonoantes  qae  k  Société  des  Antiquaires  de  Nor- 
mandie a  assignées  h  certaines  églises  de  cette  contrée ,  bities 
dans  le  style  en  pointe ,  ne  peuvent  manquer  d'exciter  au  plus 

(1)  Je  compte  insérer  dans  le  Bulletin  quelques  articles  tirés 
des  publications  étrangères,  relatires  à  i'I&istoire  de  Tart  au 
moyen  âge  t  afin  de  tenir  les  lecteurs  de  ce  recueil  au  courant 
des  progrès  de  la  science  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Italie. 
L'article  qui  ?a  suirre  offre  un  extrait  de  la  relation  d'upe  tour- 
née archéologique  en  Normandie  * ,  publiée  i  Londres  par  un 
sa? ant  du  premier  ordre ,  M.  Galij-Kulght ,  membre  du  Parle- 
ment, et  qui  a  entrepris  de  longs  foyages,  et  Tisité  l'Orient  dsis 
le  but  d'étudier  l'origine  et  les  progrès  de  l'architecture  ogiTsIè. 
Quoique  les  monuments  cités  par  M.  Knight,  dans  cet  ourrage, 
soieât  tous  bien  connus  et  déjà  décrits ,  il  nfà  paru  intéressaUt 
de  montrer  comment  ils  ont  été  Jugés  par  M.Gally-Knight^  quant 
à  répoque  à  laquelle  Ils  remontent.  A.  db  Caumont. 

*  An  ftrchiMctural  Tour  si  Vormanàr  with  aorn*  rtmarkt  oa  Norman  arrhi- 
Mctura  bjr  Uu  GftUj-Knigth  VL  P.  LmJlon  iS36. 


4^2  M.    GALtY-KNIGBT. 

haut  degré,  dans  les  autres  pays,  la  sarprisf  et  la  curiosité.  Oa 
trouve  dans  son  volume  de  mémoires  pour  Tannée  i8a5  celte 
assertion,  qu'il  existe  àCoutaaces  ,  à  Mortain  et  dans  d'autres 
loûalités  Normandes  I  des  églises  dant  b  coastriiction  dabs  le 
Style  en  pointe,  remonte  au  XP.  siècle (i)^i  la  Fronce  n*ayait 
fait  que  réclamer  pour  elle  la  priorité  de  l'adoption  de  ce  style, 
il  n'y  aurait  eu  dans  une  semblable  prétention  rien  d'étrange^ 
mais  que  Ton  put  trouver  quelque  part  des  monuments  si  an- 
ciens, où  les  caractères  du  Styleen  pointe  atteignent  un  complet 
développement ,  voilà  qui  est  bien  capable  de  faire  naître 
rétonnement. 

Pour  moi ,  ma  surprise  fut  au  comble ,  et  je  me  décidai  à 
passer  l'eau,  pour  voir  et  examiner  de  mes  propres  yeux  ces 
miracles  d'architecture.  Dans  une  occasion  aussi  importante, 
je  ne  voulus  pas  me  fier  h  mes  seules  observations ,  et  j'en- 
gageai un  architecte  de  profession,  M.Richard  Hussey,  h 
m'accompagner  dans  mon  voyage  :  j'avais  besoin  d'être  aidé 
d'un  œil  exercé  qui  examinât  la  construction  des^ édifices,  et 
d'une  main  habile  qui  en  dessinât  les  esquisses. 

Nous  quittâmes  Brighton  le  1 5  du  mois  de  mai  i8Si  ,  et 
après  huit  heures  de  traversée  sur  lé  bateau  â  vapeur ,  nous 
arrivâmes  à  Dieppe. 

(t)  Dans  mon  Cours,  professé  en  1830(V.letJV<'),J'ai  réfuté  cette 
opinion  éfîdemment  erronée  ;  M.GallyKaight,qui  cepeadaal  n'« 
publié  son  f  oyage  qa*ea  1836,ne  parait  connattre  que  les  premiers 
volumes  de  la  Société  des  Antiquaires  ,  imprimés  à  une  époque 
où  la  critique  monumentale  o*a?ait  point  enrore  fait  abandonner 
une  opinion  qui  paraissait  basée  sur  des  titres  authentiques. 
Mais  depuis  1823 ,  époque  à  laquelle  remonte  la  fondation  de  la 
Société  des  Antiquaires,  Jusqu'à  1830  et  jusqu^à  1836,  les  éludes 
nionu mentales  out  marché.  Il  est  fâcheux  que  M.  Gally-Knight 
ne  »e  soit  pas  enquis  de  leurs  progrès  et  des  onvragcs  qui  ont 
été  publiés  depuis  dix  ans.  CNote  de  Jf.  de  CaumoniJ, 


BXCUBSIOll   MOmTMlHTAU   ElT  NORMAlTOUt.  4^ 

Dieppe  est  nue  Tilleâ*uo  «speci  imposant^elle  ettpresqii'en-' 
1  ièremen t  bâtie  eo  briqneSi  et  les  maisons  qui  la  oompotent,  sont 
sormoBtées  de  toits  âerés,  panemés  de  Incarnes.  La  ville  a 
une  ceinture  de  petites  collines  qui ,  en  certains  endroits  » 
sont  parA»  de  bouquets  d*arbres.  Dans  cette  partie  de  la  côte 
de  France  ,  les  arbres  ne  redoutent  pas  plus  le  voisinage  de 
la  mer  que  dans  Tile  de  Wight. 

La  principale  église  de  Dieppe ,  celle  de  St.-Jacques ,  est 
oonstmite  en  pierre  :  elle  est  vaste  et  d^nne  beauté  assez  re- 
marquable; le  transept  snd  remonte  au  commencement  dm 
XIIP.  siècle;  mais  il  doit  avoir  été  ,  pour  la  pins  grande 
partie ,  rebâti  deux  siècle  plus  urd. 

i6  mai.— -En  partant  de  Dieppe^  nous  traversâmes  nn  pays 
montagneux  ;  sur  les  bauteurs  la  terre  est  nue  j  mais  chaque 
vallée  a  son  ruisseau  limpide ,  et  son  petit  hameau,  avec  des 
bois  et  de  riants  vergers. 

Dans  les  environs  du  village  de  Cany,  nous  vîmes  nn  châ- 
tean considérable^  qui  est  la  propriété  daducdeLuiembourg, 
et  que  cette  noble  Osimille  vient  de  temps  en  temps  habiter. 

A  la  descente  d'une  longue  colline,  nous  trouvâmes  la  petite 
ville  de  Fécamp ,  dont  les  maisons  vinrent  se  grouper  dans 
l'origine  autour  d'un  monastère  autrefois  célèbre.  Elle  est 
située  sur  une  hauteur,  près  d'une  vallée  qui  s'ouvre  sur  la 
mer.  Ces  lieux  élevés  participant  ainsi  au  caractère  religieux 
de  rédifice  autour  duquel  se  sont  ralliés  les  différents  membres 
de  la  cité ,  ne  peuvent  manquer  d'attirer  l'attention  et  les 
hommages  des  mariniers.  Les  fureurs  révolutionnaires',  qui 
ont  agité  la  France  ,  n'ont  pas  épargné  le  monastère  5  mais 
^'église  subsiste  encore  :  il  eût  été  malheureux  d'avoir  k  en 
déplorer  la  ruine  ,  car  c'est  un  beau  monument. 

Il  exista  dans  ces  lieux,  à  une  époque  iieculée,  un  temple  élevé 


44  M.   GALLY'KMIGBT. 

par  des  mains  cbaritables  ;  mais  cet  édifice  eut  i  sobir  le  sort 
qui  en  frappa  tant  d*autres^  il  tomba  sous  les  coups  barbares 
des  boiomes  da  Nord  ou  Normands,  qui  n'étaient  alors  encore 
que  des  pirates  et  des  vagabonds  idolâtres.  -—  Pendant  toute 
la  durée  du  IX*b  siècle  ,  ces  bordes  terribles  firent  des  incur- 
sions sur  les  cAles  de  France.  L'élise  de  Fécamp  eut  sa  part 
de  leurs  destructions  et  de  leurs  travaux  restaurateurs. — Mais, 
comme  la  restauration  ne  fut  que  partielle,  Tédifice  finit  par 
ressembler  (et  il  eut  cela  de  commun  avec  une  foule  d'autres 
églises)  à  un  vieux  canif  dont  la  lame  et  le  mancbe  auratenl 
été  renouvelés. 

Le  corps  de  l'église  actuelle  présente  un  caractère  exclusif. 
Il  est  construit  dans  le  Style  en  pointe  :  la  constrtiction  est 
solide  et  belle»  Son  architecture  correspond  i  celle  qui  était 
en  usage  au  commencement  du  règne  d'Henri  III ,  roi  d'An- 
gleterre :  c'est  le  plus  ancien  style  en  pointe.  Un  large  trifo- 
rium ,  ou  galerie  avec  des  arcades  simples  et  divisées ,  occupe 
l'un  et  l'autre  côté  de  la  nef.  Dans  la  partie  sud  du  cbœur , 
on  remai-que  des  arcades  qui  annoncent  une  date  plus  récente^ 
elles  sont  supportées  par  une  série  de  piliers  remarquables 
par  leur  élégance  et  leur  l^èr^ ,  et  qui  ont,  chacun  en  par- 
ticulier ,  l'apparence  d'un  faisceau  de  tiges  sveltes  et  déliées. 
Derrière  le  maître-autel,  existe  une  chapelle  de  la  Vierge  qui 
est  moins  ancienne  que  le  corps  de  l'église.  Il  n'y  a  que  l'ab» 
side  drcttlaire  k  l'extrémité  du  chœur ,  deux  chapelles  laté- 
rales au  nord-est,  et  une  partie  de  l'aile,  qui  portent  des  ves- 
tiges Normands. 

La  restauration  de  l'église  de  Fécamp  fut  commencée  par 
JRichard ,  duc  de  Normandie ,  premier  du  nom.  En  990  (r) , 

(1)  Gallia  Chrlstiana, 


BXCURSIOir   MOVUMCHTILB  1»  ir<HlllAVDII.  4^ 

lé  travail  était  si  avancé ,  qa'oa  procéda  alors  2  h  consécra- 
tioQ  de  TédiGce.  Le  ûU  dé  Richard  oontinva  l'on^rage  de  ton- 
père^  et ,  réglise  finie  ,  U  y  {pigiiit  k  monastèv^  qu'on- y  voie 
a^owré'htn. 

L'abbé  Wr^iiam  ,  qai  moarvi  en-  i  ro7  ,  peir  satiefait  de* 
Teitrémité  est  deTéglise  qit*avait  bâtie  Richard,  la  renversa 
et  la  reeonstraisit  sur  ime  phs  grande  échelle  (i)^.  Il  y  ent,  ^ 
cette  occasion  ,  une  seconde  consécratioir. 

Dans  ïe  courant  de*  Tannée  1 167  (1) ,  n»  incendie  ravagea 
une  partie  coosidéraUe  de  Fégltse.  —  C'est  h  l'abbé  Radnlf, 
qni  mourut  en- 12^0  ,  que  l'a  Gallia  Christiana  attribue  l' hon- 
neur d'avotr  entrepris  et  terminé  la  seconde  iestauration  di> 
monument. 

Telles  sont  les  traditions  peu  nombreuses  qur  sont  pacvenues 
jtisqu  à  nous  relativement  à  ce  célèbre  monastère. 

Si  y  aidés  de  ces  ^tes ,  nous  étudions  les  diUérentes  partie» 
du  monument  actuel,  nous  comprendrons  natureUeineat  qu'iL 
peut  fort  bien  se  fiiire  que  les  chapelles  Normandes  soient  tool 
ce  quir  reste  des  travau»  entreprispar  les  ducs  de  Normandie  ^ 
et  que  le  corps  de  FégKse  doic  ètve  k  partie  à  laquelle  travailla 
Fabbé  Radtilf,  et  qui  fut  un»  œuvre  d«  BOtaUe  progrès*  La 
construction  de  la  cl^apeHe  de  la-  Vierge  est  due  probablement 
à  Tabbé  William.  (5)3  car  tout  porte  à  croire  qu'il  fut  le  pre- 
mier abbé  auquel  on  fît  les  honneurs  d'une  inhumation  dans- 
rintérienr  de  cette  chapelle.  Sa  mort  eut  lieu  eir  ia6b.  Le 
côté  sud  du  chœur  est  de  plus  fraîche  date;  son  style  sembir 

(1)  Orderieus  VitaNs. 

(2)  lf67.~Flscau«eBsellloBasleviQiireomftMtiMicat.— ftobcrtiia 
de  RfoDte  in  appendice  ad  Sigebertum. 

^3)  1260.  — «Gulielmufrabbastumvlaitta  cal  ia  aaetUo  Beat» 
Marier.  »  Gall.  Clirist. 


46  'Iff.   GAtLT*lUllOilT. 

indiquer  qu'il  appartient  au  XIV'.  siècle;  mais  on  n'apn^ 
trèuver  dans  les  chroniques  du  couvent  aucun  document  pré* 
cis  k  cet  égard* 

11  ne  reste  rien  des  travaux  autquek  se  livra  leducRichardf . 
seulement,  on  rapporte  au  temps  où  il  vivait  certaines  fonda- 
tions sur  lesquelles  reposent  les  ouvrages  Normands  qui.oat» 
survécu  ,  fondations  qui  ont  besoin  d*ètre  observées  de  près  ,^ 
pour  qu'on  puisse  discerner  leur  véritable  caractère. 

On  retrouve  encore  dans  l'église  quelques  tombes  abba- 
tiales. La  plus  ancienne  est  celle  de  l'abbé  Richard  I«^ ,  qpi 
mourut  en  laaS.  Dans  la  belle  chapelle  de  St.- André  sont 
les  tombes  de  l'abbé  William  de  Putot  (i),  qui  mourut  en 
1297  ,  et  de  l'abbé  Robert  de  Putot ,  dont  le  décès  est  constaté 
avoir  eu  lieu  en  .i5a6.  La  statue  de  l'abbé  Richard ,  qui  est 
couchée  sur  son  tombeau  ,  ne  manque  pas  d'une  certaine 
grâce  ;  mais  on  lui  trouve  quelque  chose  de  cette  maigreur 
qui  caractérise  la  vieille  sculpture*  Les  effigies  des  abbés  Wil- 
liam et  Robert  sont  également  couchées  sur  des  tombes  eu 
forme  d'autels }  l'une  et  l'autre  révèlent,  par  la  hardiesse  des 
proportions  et  l'ampleur  de  la  draperie,  le  progrès  de  l'art* 
Les  tètes  s'abritent  sons  des  dais;  le  plus  récent  est  aussi  le 
plus  chargé  d'ornements.  Les  tombes  en  forme  d'autels  sont 
enrichies  d'un  grand  nombre  de  figures  en  relief* 

(OUa  minaserit  que  M*  Linglois ,  de  Rouen  ,  a  en  sa  possea- 
aioQt  rapporte  que  c'est  à  l'abbé  William  de  Putot  qu'est  due  la 
construction  de  la  chapelle  de  St.» André  et  celle  de  la  chapelle 
adjacente  de  St. -Jean. 


IXCVASION   MOSUMBITTALS   BH   HOBMAHDII. 


CHAPITRE  II. 


Caudebec,  —  Kwes  dt  la  Seine,  — Saint- fFandrille.  — -  /«- 
mièges.  — -  Saint  Georges  de  BoschervilU» 

Après  avoir  visité  Fécamp ,  noas  gagnâmes  Yvetot  o&  nous 
passâmes  la  nuit. 

A  Yvetot,  Doos  nous  ifetrouvâmes  snr  an  terrain  élevé.  A 
peine  lûmes-nous  sortis  de  cette  ville,  que  nous  commençâmes 
à  descendre,  en  suivant  les  détours  d'une  longue  gorge  qui  se 
fraie  un  passage  à  traver&des  collines  boisées,  jusqu'à  la  petite 
>  ville  de  Caudebec ,  dont  les  maisons  éparses  sont  clairsemées 
sur  le  bord  de  la  Seine.  Cest ,  sans  contredit ,  un  tableau 
charmant  et  pittoresque ,  que  ces  groupes  d'habitations,  que 
baignent  les  eaux  du  fleuve  et  ces  bouquets  d'arbres  qui  les 
ombragent.  Puis ,  au  milieu  de  tout  cela,  rivière,  v^étation  , 
maisons ,  se  balance  majestueusement  la  croix  d'une  belle 
église ,  avec  sa  pyramide  en  pierre.  Cette  église  ne  remonte 
pas  au-delà  du  XV".  siècle. 

En  sortant  de  Caudebec  ,  nous  suivîmes  un  ehemin  qui  se 
déroule  sur  le  penchant  i^  collines.  De  cet  endroit,  la  vue 
plonge  sur  des  tableaux  magnifiques  et  variés  ;  on  entrevoit  à 
travers  les  arbres  le  beau  fleuve  et  la  vallée  spacieuse  qu'il 
arrose.  A  l'aspect  de  ces  blanches  collines ,  avec  leurs  cailloux 
qui  scintillent  et  leurs  franges  de  verdure  ,  nous  nous  sommes 
rappelés  l'Angleterre.  Il  y  a  peu  d'émotions  comparables  à 
celle  que  l'on  éprouve  en  traversant  cette  route  un  jour  de 
beau  soleil.  C'est  la  plus  brillante  de  toutes  les  scènes  où  un 
fleuve  jotte  son  rôlc« 


48  M.   GALlY-KinGHT. 

Nous  ne  tardâmes  pas  à  arriver  au  sentier  qui  couduit  à 
ranciea  monastère  de  St.-Wandrille  j  nous  i'ajierçâmes  de  loi» 
avec  son  cortège  de  bois  et  de  collines.  Les  bâtiments  du  cou- 
vent sont  encore  sur  pied  5  mais  il  a'en  est  pas  de  même  de 
Féglise.  Cehii  qui ,  à  la  révolution  ,  ea  acheta  la  propriété  ^ 
moyennant  quelques  assignats ,  séduit  par  la  perspective  <t& 
l'avantage  qu'il  pourrait  tirer  des  matériaux  ^  en-  ordonna,  la 
démolition.  A  la  vue  du  monastère  et  des  prairies  qui  Fenvi- 
ronoent ,  je  ne  pus  m'empêcher  de  songer  qu'il  serait  hiem 
facile  de  faire  de  ces  lieux  une  villa  délicieuse  et  un  beau  parc 
dans  le  goût  anglais. — ^N*est-ce  pas  là  le  sort  heureux  échu  ca 
partage  à  un  grand  nombre  de  couvents  de  ma  patrie  ? 

A  peine  avions- nous  repris  la  grande  route  que  nous  Fabao- 
donnâmes  encore  pour  aller  visiter  la  célèbre  abbaye  de  Ju- 
mièges.  La  Normandie  ,  et  en  particulier  le  département  de 
la  Seine-Inférieure ,  comptent  un  grand  nombre  de  couvents. 
Ils  durent,  pour  la  plupart ,  leur  existence  aux  pieuses  inten- 
tions des  ducs  de  Normandie  ,  avant  et  après  l'époque  où  Tua 
d'eux  enleva  à  la  pointe  de  Fépée  la  couronne  d'Angleterre* 
C'est  surtout  dans  le  courant  du  XI*.  siècle  qu'on  les  vit  s'éle- 
ver de  toutes  parts ,  alors  que  la  province  renaissant  au  bon- 
heur, ne  gardait  plus  de  ses  malheurs  passés  qu'un  faible  sou- 
venir. 

L'abbaye  de  Jumièges  est  située  sur  un  terrain  légèrement 
exhaussé  entre  les  collines  et  la  Seine.  Les  bâtiments  du  cou- 
vent ont  disparu ,  à  l'exception  de  la  maison  du  portier  dont 
on  a  fait  une  maison  d'habitation.  Une  partie  considérable 
de  l'église  fut  détruite  à  la  révolution  ;  mais  les  parties  qui 
restent  sont  heureusement  (es  plus  anciennes  et  en  même 
temps  les  plus  remarquables.  Les  reconstructions  en  pointe 
sont  en  ruine ,  mais  les  tours  Normandes  subsistent  encore. 


VXCVBSIOll   MOlfUMEHTlLB  MV  ITOBHINDII.  49 

L'élise  de  l'abbaye  de  Jumièges  est  uo  bel  exemple  de  la 
graode  simplicité  des  anciens  Normands ,  ses  iondatears*  Les 
ornements  y  sonf  extrêmement  rares.  Si  on  s'arrête  avec  ad- 
miration devant  cette  église,  c*est  k  cause  de  l'effet  grandiose 
produit  par  ses  vastes  dimensions.  C'est  dans  les  magnifiques 
arcades  placées  sous  la  tour  centrale  *  dans  cette  nef  si  longue , 
si  large  et  si  haute ,  dans  cette  façade  occidentale  si  élevée ,  et 
dans  quelques  autres  traits  portant  le  cachet  de  la  grandeur  et 
de  la  hardiesse ,  qu'il  faut  chercher  le  secret  du  spectacle  im- 
posant que  cet  édifice  présente. 

Les  arcades  de  la  nef  reposent  sur  des  piliers  auxqueb  sont 
attachées  des  demi^colonnes.  Tous  les  chapiteaux  sont  qnis. 
Quelques-uns  d'entr'eux  ont  conservé  des  peintures  Normandes . 
qui  imitent  grossièrement  les  feuilles. 

On  voit  à  la  partie  supérieure  des  ailes,  de  l'un  et  de  l'autre 
côté  de  la  nef,  de  larges  galeries.Le  toit  a  entièrement  disparu. 

L'édifice  est ,  dans  son  entier  ,  construit  en  blocs  de  craie 
auxquels  sont  venus  se  mêler  des  cailloux  empruntés  aux  mon- 
tagnes voisines.  Les  pierres  laissent  enti^  elles  des  vides  assez 
larges. 

Outre  la  tour  centrale,  qui  est  en  grande  partie  ruinée,  il 
existe  aux  angles  de  la  iàçade  occidentale  des  tours  que  le 
temps  a  épargnées.  Elles  revêtent  tontes  deux  la  forme  octogo- 
nale ;  mais  on  remarque  entre  elles  quelques  légères  différences. 
Le  portail  ouest  est  complètement  uni  3  i!  a  dans  son  caractère 
quelque  chose  de  romain.  Son  arcade  circulaire ,  dépourvue 
de  toute  espèce  de  moulure ,  rejiose  sur  deux  cotounes. 

A  l'église  de  Tabbaye  de  Jumièges  vient  s'en  joindre  une 
autre  plus  petite  3  son  architecture,  qui  est  assez  bonne,  révèle 
Tépoque  où  le  Style  en  pointe  était  en  progrès. 

La  première  église  fondée  à  Jumièges  (Gemeticum)  fut  bâtie 


5o  M.    GALLY-KVIGBT. 

par  St.*Philberl  en  655  ,  sous  le  règae  de  Clovis  II ,  roi  de 
France  (i).  On  en  attribue  la  destruction  aux  Normands. 

Par  les  soins  du  fils  de  RoHon ,  le  duc  William  P*^* ,  l'église 
de  Jumièges  se  releva  de  ses  ruines  en  940  (2)  ^  mais  ses  tra- 
vaux consistèrent  plutôt  k  réparer  Tancienne  église  qu'à  en 
bâtir  une  nouvelle  ;  car  nous  voyons,  un  siècle  plus  tard , 
TaUbé  Robert  II  jeter,  k  là  même  place,  les  fondements  d'une 
autre  église*  La  consécration  de  cette  dernière  eut  lieu  en 
1067  (5)5  et  les  restes  Normands  que  l'on  retrouve  dans 
réglise  actuelle,  constituent  une  partie  de  l'édifice  qui  l'a  pré- 
cédée. 

Ce  n'est  que  long-temps  après  que  l'on  reoonstruisit  l'extré- 
mité et  le  chœur  dans  le  Style  en  pointe*  6n  attribue  ces  tra- 
vaux à  l'abbé  Robert ,  qui  fut  élevé  depuis  an  siège  archiépis- 
copal de  Rouen ,  et  dont  on  trouve  le  tombeau  dans  l'église 
de  l'abbaye  de  Mortemer,  où  il  fut  inhumé  en  i25o  (4)*  Un 
ancien  manuscrit  (5)  nous  le  représente  comme  ayant  entière- 
ment rebâti  Jumièges  5  mais  les  restes  Normands  qui  frappent 
les  yeux  dans  le  monument,  suffisent  pour  prouver  l'inexacti- 
tude de  cette  assertion.  Une  foule  d'opinions  de  cette  nature 
semées  n^ligemment  par  les  moines  dans  leurs  chroniques, 
ont  arrêté  à  chaque  pas  l'historien,  et  n'ont  pas  laissé  que  de 
produire  une  grande  confusion. 

L'an  ia52  ,  époque  à  laquelle  fut  probablement  terminée 
la  restauration  de  l'extrémité  Est ,  l'église  de  l'abbaye  de  Ju- 
mièges fut  de  nouveau  consacrée. 

En  ce  qui  touche  la  petite  ^lise ,  la  seule  découverte  que 
j'ai  pu  faire  ,  c'est  que  les  restes  d'un  abbé  furent  inhumés 
dans  son  chancel ,  en  i53o(6)  ^  et  que  dix  années  plus  tard 

(I)  Gâll.  Christ.  —  W  Idem.  —  (3)  Idem.-^W  Jdem.—i.i)  Idem. 
—  (6)  Idem, 


KXCVtiSÏOV   MOUVUENTAIie   BN   ITORMANDIB.  Si 

(en  i34o) ,  Fabbé  WiUiam  VII  fit  subir  k  l'édifice  de  nom- 
breuses et  importantes  modifications» 

Cbarles  YII  avait  une  telle  prédilection  pour  Jumièges, 
qu'il  fit  ajouter  au  couvent  un  appartement  k  son  usage  : 
hâtons'uous  de  dire  que  ce  n'était  pas  apparemment  la  reli-  • 
giense  beauté  du  monastère  qui  l'attirait  en  cet  lieux  :  Agnès 
Sorel  f  sa  trop'belle  mal  tresse,  demeurait  dans  le  voîsiuage. 

Le  cQsur  de  cette  cbarmante  créature  fut  déposé  dans  cette 
abbaye  (i)  et  son  corps  enterré  à  Loches. 

Non  loin  de  l'abbaye  se  trouve  l'église  paroissiale  de  Ju- 
mièges.  C'est  aussi  un  édifice  Normand  vaste  et  grandiose.  On    « 
croit  qu'elle  fut  fondée  par  les  moines  de  Jumièges,  vers  1 106, 
alors  que  Wason  était  abbé.  On  y  voit ,  de  chaque  côté  de  la 
nef  y  des  piliers  carrés  sans  colonnes. 

Elle  est  plus  avantageusement  située  que  l'abbaye;  son  front 
domine  une  partie  du  fleuve. 

Nous  quittâmes  Jumièges  ;  et  après  avoir  regagné  la  grande 
route,  nous  nous  dirigeâmes  vers  la  petite  ville  de  Duclair,  sur 
les  rives  de  la  Seine. 

A  peine  l'eûmes-nous  dépassée  ,  que  nous  commençâmes  a 
sentir  que  nous  montions,  et  bientôt,  laissant  encore  de  côté  la  . 
grande  route,  nous  arrivâmes  à  l'ancienne  abbaje  de  St.- 


(1)  Neastria  p!a.  On  lit  sur  sa  tombe  Tépitaphe  suivante  : 
«  C}  git  damoiselle  Agnès  Seurelle  ,  en  son  f ifanfc  Dame  de 
Biénutë,  Dissoldun,  et  Vernon  sur  Seine.  Picteose  ans  pauvres. 
Laquelle  trépassa  le  9«.  jour  de  février ,  en  Tau  1449.  » 

Cette  expression  Dame  deBréauté,  c'est-à-dire  Dame  du  maDoir 
de  Bréauté,  a  induit  en  erreur  plus  d*an  écrivain  français; 
regardaut  l'R  comme  une  lettre  superflue,  ils  crurent  être  les 
interprètes  de  la  vérité  en  annonçant  qu'Agnès  était  connue  sous 
le  nom  de  la  Dame  de  B sauté. 


5l  M.    GAUT'KJIIGVT. 

Georges  de  BoselierTÎUe ,  qui  s'élève  sor  la  pente  oeeideaUle 
d^uae  haBte  colline. 

Le  covvent  est  presqœ  tofalenent  détroit  ;  nais  Tcglise  est 
restée  saine  et  sauve  ,  et  eat  Flionneor  dt  devenir  parusse  da 
Hea. 

5t.-Georges  de  BoscberviRe  se  rapproche,  par  ses  dimen- 
sions ma jestoeases ,  sa  tonr  centrale  et  sa  grande  fiiçade  ooest, 
des  édifices  Normands.  Elle  est  simple  comme  feglîse  de 
Fabbaye  de  Jamicges;  mais  les  ornements  j  sont  cependant 
moins  rares. 

Le  portail  est  décore  d'une  série  de  belles  moulures  ,  et  Fart, 
a  voulu  embellir  d'images  les  cbapiteauz  de  ses  petits  piliers , 
mais  ses  efforts  n'^ont  pas  été  bem*eux. 

A  Tintérienr ,  Fœil  ne  découvre  aucune  espèce  de  décora- 
lions;  seulement  les  cbapiteani^des  colonnes  ne  se  contentèrent 
pas  des  peintures  qui  ornent  ceux  de  Jumicges  ;  ris  voulurent 
se  parer  de  feuillage  et  de  quelques  figures  qui  ,  pour  le  dire 
en  passant ,  sont  assez  grossièrement  sculptées.  Cest  vers  le 
chœur  de  F^lise  que  Fon  trouve  les  clHtpiteaux  les  plus  ornés. 

Un  on  deux  groupe^  de  figurés  sont  enchâssés  dans  les  murs, 
et  ont  Fapparcnce  de  médaillons. 

Les  arcades  de  fa  nef  s'appuient  sur  des  piliers  auxquels 
sont  venues  s*accoler  des  demi-colonnes.  Les  transepts  sont 
t>éparés.de  la  nef  an  moyen  de  deux  arcades  qui  reposent  sur 
un  pilier  unique ,  pourvu  d*une  base  et  d*un  chapiteau. 

Le  chœur  a  conservé  sa  voûte  Normande  originelle. 

On  remarque  dans  celte  de  la  nef  une  certaine  bigarrure 
qui  semblerait  indiquer  qu'elle  a  remplacé,  à.  une  époque 
postérieure  ,  un  toil  en  bois  qui  formait  la  coui^erture 
primitive. 

Les  fenêtres  sont  grandes ,  h  tètes  rondes ,  et  ornf^es  de 


ncVBSlOV   MOVUMCHTAIB  EV   VOEMAKDIB.  55 

monlnres  ^  elles  lont  flanqaëes ,  à  l'exténear ,  de  deux  peliles 
tiges  de  retrait. 

La  comkhe  âoi»  le  toit  coBsitte  dans  une  monliire  semi- 
eircidaire  naîe. 

Les  pierres  qui  composent  les  mors  sont  de  moyen oe  gran* 
dear  et  ont  la  forme  de  carrés  réguliers.  Les  jointures ,  si  elles 
ne  soBt  pas  belles ,  sont  do  moins  singalièrement  larges. 

Le  chapitre  est,  avec  Téglise,  tout  ce  qui  reste  de  Tabbaye* 
Cest  une  belle  salie  oblongue  ,  qui  révèle  par  un  mélange 
de  formes  drcnlaires  et  de  formes  en  pointe,  le  Style  de  tran- 
sition. 

Ce  qui  i^nd  surtont  Tabbaye  de  Su-Georges  de  Boscherville 
iatéressante ,  c'est  la  certitude  de  sa  date.  On  sait  en  effet 
qu'elle  fut  fondée  par  Raoul  de  Tancarville  (i) ,  chambellan 
de  Guillanme-le-Conquérant* 

La  consécration  de  l'église  eut  lieu  en  présence  de  Raoul 
de  Tancarrille  ,  de  son  épouse  et  de  deux  de  ses  fils ,  Raoul  et 
Rabel. 

En  iii4)  William,  cinquième  fils  du  fondateur,  après 
avoir  expulsé  de  l'abbaye  de  Boscherville,  les  chanoines  sécu- 
liers qui  l'habitaient ,  la  donna  pour  résideuce  à  des  moines 
de  l'ordre  de  St*-Bénoit.  Ses  travaux  paraissent  n'avoir  eu 
pour  objet  que  les  bâtiments  du  monastère.  Dans  l'autorisation 
écrite  que  lui  donna  le  roi  Henri  1". ,  de  couper  du  bois  dans 
la  foret  voisine,  on  trouve  ces  mots:  c  Omne  Ugnum  adopus 
constructionU  isUus  abbatije  necessariam*  »  fi  n'est  cepen- 

(]}  Dans  la  cfaarle  de  confirmation  octroyée  par  Guillanme-le* 
ConquérsDt,  et  dont  il  eni&te  encore  une  copie  à  |a  hibliothèque 
publique  de  Rouen  ,  on  trouve  formellement  exprimé  que  Raoul 
de  Tancarville  :  Eccksiam  reedificare  cœpit  à  fundamentia  et 
eonsnmmavil. 


5i  M.   GALLY-KiriGTH. 

dant  pas  impossible  qn'il  se  soit,  dans  le  même  temps ,  occupé 
un  peu  de  Féglise.  Le  grand  portail  ouest  est  tetlemeot  plus 
orné  qo*on  ne  le  faisait  d'ordinaire  à  f  époque  du  règne  du 
Conquérant,  qu'on  croirait  volontiers  qu'il  lut  plutôt  l'ouvrage 
du  fils  que  celui  du  père. 

La  construction  du  chapitre  est  dueh  l'abbé  Victor,  qui  fut 
élevé  à  la  dignité  d'abbé  en  1 1 57,  et  qui  mourut  en  12 1 1  (i). 
On  croit  que  c'est  vers  le  même  temps  qu'il  fonda  un  cloître 
qu'un  de  ses  successeurs  démolit  dans  le  XYI*.  siècle ,  pour 
le  reconstruire  sdon  la  mode  du  jour* 

Quand  nous  eûmes  épuisé  tout  ce  que  l'abbaye  de  Boscher- 
ville  offre  d'intéressant ,  nous  retournâmes  vers  la  grande 
route.  Après  avoir  franchi  la  crête  de  la  colline,  nous  corn* 
mençâmes  bientôt  k  descendre  j  et  alors  se  déroula  sous  nos 
yeui  un  tableau  aux  couleurs  brillantes,  Rouen  et  ses  environs. 
Les  tours  de  Notre-Dame ,  et  de  St.-Onen  qui  dominent  toute 
la  vaste  cité ,  les  collines  qui  l'environnent ,  les  verdoyantes 
prairies ,  le  fleuve ,  les  îles ,  les  vaisseaux  dans  le  port ,  il  y 
avait  dans  tout  cela  quelque  chose  de  riche ,  d^animé ,  de 
riant ,  qui  empruntait  un  charme  nouveau  aux  rouges  lueurs 
d'un  soleil  couchant. 

Nous  ne  tardâmes  pas  h,  nous  trouver  transportés  an  milieu 
de  groupes  nombreux  de  villas  et  de  fermes  5  puis ,  nous  en-* 
trames  dans  une  longue  et  majestueuse  avenue ,  qui  nous  con- 
duisit sur  le  quai  où  nous  descencUmes. 

(t)  «  Victor  obiit  ante  aiinnm  1211 ,  sepuUns  in  capitule  quod 
ercxerat.  »  Gall.  Christ. 


BXGVBSIOir  MOirVHEIITALB   EK   HORMAJ^TD».  55 


CHAPITRE  III. 
Rouen, 


Les embellittements  nombreon  qu'on  a  faits  k  Rouen,  dans 
ces  dernières  années ,  l'ont  en  partie  dépouillée  dn  caractère 
si  pittoresque  qu'elle  reyètait  autrefois.  Un  quai  magnifique 
qui  se  prolonge  au  loin  sur  la  riTe  de  la  Seine ,  et  sur  lequel 
se  déroule  un  long  cordon  d'habitations  splendides  et  élevées, 
a  succédé  k  ces  murailles  grossières ,  k  ces  maisons  en  bois 
plus  grossières  encore.  La  physionomie  antique  de  la  TÎlle 
est  efikeée  ;  k  peine ,  dans  Fintérienr ,  on  retrouve  encore 
quelques  rues  qui  ont  conservé  leur  aspect  originel.  La  raison 
reconnaît  l'avantage  du  changement  ;  mais  l'imagination  ne 
peut  s'empêcher  de  regretter  ce  qu'il  a  fait  disparaître. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  n'est  peut-être  pas  de  ville  qui  possède 
une  plus  riche  collection  de  ces  édifices  en  bois ,  qui  autrefois 
étaient  universels.  L'artiste  eo  parcourant  la  cité ,  rencontre 
à  chaque  pas  de  quoi  nourrir  sa  curiosité  :  partout  la  variété, 
le  pittoresque  5  partout  des  fenêtres  k  projection ,  des  poutres 
saillantes ,  des  oorbeaux  suspendus ,  des  ornements  &ntas« 
tiques. 

L'antiquaire  qui  s'est  attendu  k  recueillir  k  Rouen  une 
ample  moisson  de  vieui  souvenirs ,  verra  bientôt  tristement 
périr  ses  chères  illusions.  Les  villes  les  plus  florissantes  sont 
aussi  celles  qui  ont  gardé  le  moins  long-temps  leurs  construc- 
tions primitives.  La  main  active  du  progrès  renverse  les 
édifices  antiques  pour  rendre  la  circulation  plus  facile  et  plus 
prompte ,  on  bien  leur  attribue  les  caractères  particuliers  au 
siècle  présent. 


56  M.   GlLLt-KiriGIIT. 

Rouen  fut  la  première  résidence  des  ducs  de  Normandie  ; 
elle  conserva  long-temps  cet  honneur  qu'elle  dut  partager 
bientôt  avec  les  yilles  de  Caen  et  de  Falaise, 

Rollon  ,  premier  duc  Normand  ,  se  bâtit  un  cbâteau  k 
Rouen. 

En  996  ,  Richard-Sans-Penr  jeta  les  fondements  d'un 
autre  château  (i)  auquel  conduisait  le  vieux  pont.  Tout  y 
avait  été  originairement  disposé  par  les  soins  et  pour  l'usage 
du  seigneur  féodal  3  et  ceci  nous  explique  la  différence  'qui 
existait  entre  le  nom  et  la  destination  de  certains  édifices;  on 
les  appelait  édifices  publics ,  et  leur  disposition  n'avait  que 
peu  ou  point  de  rapport  avec  cette  dénomination. 

Il  ne  reste  aucune  trace  de  ces  palais  5  et  c^est  à  peine  si 
Toeil  découvre  quelques  vestiges  du  château  bâti  dans  les  siècles 
suivants  par  Philippe  Auguste  dans  un  lieu  plus  élevé. 

Mais  si  la  ville  de  Rouen  a  vu  s'effacer  ses  traita  les  plus 
antiques ,  elle  renferme  du  resl^  dans  son  sein  une  collection 
précieuse  et  variée  de  monuments  dtes  divers  styles  qui  se  sont 
succédé  depuis  le  meilleur  style  en  pointe  jusqu'à  celui  que 
Ton  appelle  style  de  la  renaissance  de  François  P'. 

Eglise  de  Saint-Ouen.  —  Rouen  peut  se  faire  honneur  de 
l'un  des  plus  parfaits  modèles  du  Style  en  pointe.  Je  ne  con- 
nais ,  à  vrai  dire ,  rien  de  supérieur  pour  la  beauté  et  l'élé- 
gance, à  son  église  de  St.-Onen.  Cest  le  véritable  triomphe  de 
cette  architecture.  SA  hauteur  imposante,  sa  l^èreté  artiste- 
ment  alliée  it  la  force  /  son  ornementation  ni  trop  simple  ni 

(i)Ce  château  ëult  situé  dans  les  en? irons  des  hatles  actueUes, 
à  peu  de  distance  do  fleufe,  G^est  là  que  rinfortuné  Arthur»  doc 
de  Bretagne ,  arraché  à  la  Tille  de  Falaise,  fut  enfermé  par  le  roi 
Jean  :  il  ne  défait  pas  en  sortir  Tivant. 


cxcuASioir  mamvMKBràMM  bh  koamahdii.  57 

Uûf  eiagëré» ,  toi»  ces  caractères  {Mvtés  à  un  bmt  iegré  de 
perfeelioBylai  csHfpeDt  on  des  pitaiien  rangs  dans  k  nomen- 
clatore  architectorale.  L'âévation  des  cJiiws  semble  aroîr 
été  I  jponr  ainsi  dire  ^  le  toor  de  force  £iTOri  des  arcbilectes 
français  ;  et  dans  celle  de  la  nef  de  St.-Ooen,  ils  ont  déployé 
toutes  les  ressources  de  leur  génie*  La  faaotenr  des  arcades  la** 
térales,  qui  est  une  conséquence  de  celle  de  la  nef ,  et  ks  di* 
mensions  correspondantes  de  la  double  rangée  de  magnilkfdes 
fenêtres  ^  donnent  k  Tédifioe  quelque  cbose  d'âa^neéi  d'aérien, 
qui  lui  est  propre  ;  la  yariété  capricieuse  et  la  délicatesse  des 
décorations ,  la  broderie  sinueuse  des  Csnètres  9  celle  du  tdf , 
la  magnificence  et  la  peinture  exquise  des  TitrauXi  ne  laissent 
rien  k  désirer.  Je  ne  dois  pas  oublier  de  iMltre  au  nombre  des 
objets  dignes  d'admiration,  ces  belles  fenêtres  à  rose,  qui  sont 
toujours  un  des  plus  riebes  ornements  des  ^lises  o&  elles  se 
trouvent ,  et  qui  sont  arrivées  en  France  à  un  degré  de  per-* 
ièction  inconnu  ei|  Angleterre. 

L'bîstoire  de  Téglise  de  St.«Onen  est  bien  capable  de  don- 
ner une  idée  des  destructions  fréquentes  auxquels  étaient  jadi^ 
exposés  les  moadments  religieux ,  et  elle  appiisndra  en  mime 
temps  avec  quelle  facilité  et  qudile  promptitude  avait  lieu  leur 

restauration. 

La  première  église  élevée  sur  le  tenratn  ocoopé  pa^  l'église 
actneUe,  fut  fondée  par  Clotaire,  roi  des  Francs,  vers  658 ,  et 
placée  sous  l'invocation  de  St.-Piarre  (1). 

En  685 ,  elle  ouvrit  son  sein  aux  restas  de  saint  Ouen ,  qui 
était  mort ,  cinq  ans  auparavant ,  arcbevêque  de  Rouen  (2). 

Sa  destruction  fut  l'ouvrage  des  Normands. 

Vers  976  (5) ,  Ricbard  !«'• ,  duc  de  Iformandie ,  entrât 

(1)  Nenstria  pla.  —  (a)  Orderlcus  Yitalis.  —  (3).  idem. 

5 


58  M»   GALLY-KJIIGHT. 

la  construction  d'une  nouvelle  égUse^  qui  reçut  le  nom  da 
saint  dont  elle  contenait  les  cendres»  Elle  fut  achevée  en, 
1126  ,  et  dix  ans  plus  tard  Tinoendie  l'avait  dévorée  (1). 
Grâce  II  Timpératrice  Matliilde  et  h  la  pieuse  assistance 
d'autres  grands  perso^mages ,  une  troisième  église  s'éleva  ; 
mais  en  laoi  elle  subit  le  même  sort  que  la  précédente  (a). 
Une  autre  lui  succéda ,  et  le  même  destin  lui  écliut'encore  en 
partage  (5). 

L'érecûon  de  l'église  actuelle,  qai  est  la  cinquième,  fut  com- 
mencée en  iSig:  comme  on  n'y  travaillait  que  par  inter- 
valle ,  elle  traîna  en  longueur  jusqu'en  i5i4«  *— Elle  est ,  en 
définitive,  restée  incomplète^  car  on  négligea  toujours  d'élever 
une  de  ses  tours  occidentales  (4)- 

Parmi  les  exemples  très-rares  à  Rouen  de  l'ancienne  archi*-' 
tecture  Normande ,  il  ne  faut  pas  oublier  celui  que  renferme 
l'un  des  beffrois  à  l'extrémité  est  de  l'église  de  St -Ouen.  On 
l'appelle  la  Chambre  aux  Clercs  5  c'est  un  reste  de  la  seconde 
on  de  la  troisième  église,  mais,  selon  toute  probabilité,  de  cette 
dernière. 

La  cathédrale  est  encore  un  monument  qui  se  recommande* 
à  l'admiration  de  l'observateur;  cependant,  quelque  belle 
qu'elle  soit ,  quelque  vastes  que  soient  ses  dimensions  ,  Sr»- 
Ouen  est  plus  belle  et  plus  vaste  encore» 

Sa  nef,  qui  joint  l'élégance  à  la  majesté ,  est  construite  dans 
un  bon  style  d'architecture  ornée.  Ce  sont  des  colonnes  et  non 
des  arcades  qtd  séparent  le  chœur  du  reste  de  Téglise  5  ces 
colonnes ,  combinées  comme  elles  le  sont  avec  les  caractères 


(1)  Neustria  pis.  —  (2)  Galtîa  Christlana.  —  (3)  If eostria  pia. 
(4)  L'église  a  410  pieds  de  longueur»  et  la  nef  »  100  pieds  de 
hauteur. 


BXGVBSIOir  M01IVllBirT4LB   BV  VOBMABDU.  $9 

do  Style  en  pointe ,  soot  pins  communes  en  France  qu'en  An- 
gleterre. La  grande  façade  occidentale  révèle  la  corruption 
du  goût  dans  les  temps  modernes.  Les  fleurs,  dont  on  a  Touln 
Fembellir,  ne  sont  pas  heureuses.  Cest  une  grande  niasse  de 
pierre ,  dépourvue  de  fenêtres ,  h  Taspect  triste  et  sévère , 
garnie  dans  tonte  sa  hauteur  de  figures  ,  de  tabernacles  et 
autres  ornements  3  toutefois  ,  il  y  a  en  elle  quelque  chose 
d'immense  et  d'imposant  qu'il  est  impossible  de  voir  de  sang<- 
firoid. 

Tout  ce  que  Ton  sait  de  l'histoire  de  la  cathédrale  de  Rouen, 
c^est  que ,  élevée  dans  le  courant  du  XP.  siècle ,  elle  fut  dé- 
truite par  le  feu  en  l'an  1200  (1),  et  que  dans  lapemière 
moitié  du  XIIP. ,  l'architecte  logelram,  qui  fut  chargé  vers 
le  même  temps  de  la  reconstruction  de  l'église  de  l'abbaye  dû 
Bec,  s'engagea  à  restaurer  rédifice  dont  il  est  ici  question  (3). 

(1)  «  An  DO  f)00.— UrbsRothonagensiJ  cum  ipsâ  matre  ecclesiâ, 
gravi  Incendio  corruit.  9  —  Anonyml  eontinuatio  appendicis  Eo* 
berti  deMoHte. 

«  M.G.C*~Hoc  an  no ,  IV  idus  Aprilis  ,  in  nocte  Pasclue  oom- 
bnsta  est  tota  ecclesia  Rothomagensis ,  cum  omnibus  campanis  p 
libris  et  ornamentis  eecleslse  et  masima  p<ir8  dvitatis.  v^-^Chron. 
Rothom. 

On  peut  voir,  poarla  confirmation  de  ce  fait,  un  Bref  conserfé 
dans  les  archives  de  la  Tour  de  Londres.  Il  porte  ladatede  la  2% 
année  du  règne  du  prince  Jean  (1201);  et  il  est  ainsi  conçu  :  «  Ad 
vestram  credimus  pervenisse  notitiam  qualiter  ecclesia  Rothoma- 
gensis y  qu«  est  nàter  eccleslarnm  Normannoram  ,  quam  pluri- 
mùm  diligimus ,  Igné  combusta  ait  et  fttnditùs  ferè  destructa, 
ea  propter  rogamus  «  etc. ,  etc. 

Je  suis  redevable  de  cet  extrait»  et  de  beaucoup  d'autres  ren- 
seignements précieux,  à  robligeance  de  M.  John  Gage ,  dont  le 
nom  est  une  garantie  suffisante  de  réxactltude  et  du  lèle  con- 
sciencleus  avec  lequel  ont  été  faites  les  recherches. 

(2)  «  La  chronique  de  l'abbaye  du  Bec ,  en  Normandie ,  fait 


J 


6o  Bc.  ga.let-ii:tig«t. 

Qa  xeU^uye  des  traces  de  soa  travail  au  rei-de-chanssëe  de  la 
tour  nord  ouest ,  et  Aam  la  partie  adjacente  de  la  façade  ocei« 
dentale ,  ainsi  que  dans  les  portaik  latéraux.  Leur  ai^tee- 
ture  est  l'aneîen  style  en  pointe  )  elle  diffère  totalement  de 
rai'Gbitectare  du  portail  central ,  et  du  style  des  ornements  à 
fleurs  dont  la  façade  occidentale  fut  lonç4eraps  après  enricbie. 
La  re&tauration  de  b  cathédrale  demanda  pour  être  conduite 
à  teriae^  un  siècle  preac^ue  entier  j  elle  adA  cependant  être 
achevée  dans  le  courant  du  XIIP.  siècle;  car  nous  voyons 
qu^eir  1^9  y  le  chapitre  de  la  cathédrale  (i)frouyaQt  ta  cha-» 
pelle  de  la  Viecge  trop  petite ,  la  fitakittre,  etcomprien^a 
celk  qui  exiat^  aujourd'hui  (2),  C'est  yers  le  même  temps  que 
Ton  entreprit  la  cpnstruelion  du  beaà  portail  nord,  connu  sous 
le  no^i  de  Peviail  des  libraires^  mais  il  ne  fut  entièrement 
termûié  qnen  i47^« 

La  tour  nord-ouest  fut  acheyée  en  i477*  I^  tour  de  l'angle 
&ud*e$t ,  la  plu»  grandiose  de  toutes ,  fut  commencée  en  i^SS , 
et  finie  en  i5o7. 

C'est  en  iSog  que  Ton  posa  la  première  pierre  de  la  façade 
occidentale  ;  et ,  grâce  aux  bonnes  intentions  et  au  zèle  actif 
du  cardinal  d'Amboise ,  alors  arçhev^u^  de  Rouen  1  elle  fat 
terminée  en  i55o. 

C'est  égatement  à  la  munificenoe  de  ce  prélat  que  Von  doit 
le  rtmouveltement  du  toit  du  chœur ,  dont  il  faut  attribuer  la 

mention  d'un  nommé  Ingelram  ,  qui  ayant  en  la  conduite  do 
r^Uae  do  Notre^Damt  à  Ronen  ,  an  commenoemeiit  d«  XH*. 
siècle ,  entreprit  aussi  Tëglise  du  nec,  sont  Rtekard  III,  abbé 
dn  lieu-,  »  -*  Felibien ,  Bièt.  de»  arcbit*  »  U? .  IV,  p.  SOS. 

(t)  Pommerayo  ^  bis*,  de  Téglise  métropolitaine  de  Ronen. 

{!)  Lu  cathédiale  a.  408  piada  de  kangncw ,  «l  In  nef,  t4  pMa 
de  hauteur. 


IXCVASIOH  WtMVUgvréiM  EM  HOAMAHDIB.  6f 

deslmctionà  ce  £Ua«  des  églises ,  la  nëgligettce  des  plnobUrs. 
Le  feu  s'y  fil  un  passage  es  i5i4*  L^  (Mt  a^vel  est  pfau  ileré 
qae  celui  de  la  nef* 

Le  Palais  de  justice  el  ta  Salledes  procnrefurs ,  qw  en  ooir* 
peseat  une  des  ailes ,  sont  deua  riches  «lenpks  do  sty  W  It 
Bloins  par  et  le  moîos  ilMiasif  du  XV'.  siècle.  La  deruière  fttt 
construite  en  i493 ,  poar  servir  de  l)oane ,  el  Lottis  XII  y 
joigoit»  es  i499t  le  Palais  dé  jastke^  qa'îl  destina  ana  séances 
d'une  corn*  des  comptes.  La  Salk  des  pracureiits  représente  en 
petil  celk  de  Westminster.^ 

Rouen  possède  encore  tin  grand  nombre  d'édîficis  ianc  en 
lois  qu'en  pierre ,  appartenant  an  style  àe  la  renaîssanoe  , 
style  qsi  correspond  à  eeloi  q«e  l'on  praCtqaaât  sons  le  tè^ne 
de  Jatqnes  I*'» ,  roi  d'An^ieterre ,  et  que  V^m  pent  appeler  la 
seconde  transition. 

Parmi  les  édifiées  en  pierre ,  en  pent  citer  «ennie  U  plus 
remarquable  la  maison  de  Bonrgteronde.  La  snperfhïîe  éê  ses 
murailles  est  divisée,  au  nMq^endepîtlMtres^  en  un  certain 
nombre  dé  compartiments  j  et  «es  compartimenls  lout  enrichiii 
d'une  ibnle  de  relieft  pressés-,  qtil  seibblent  plntftt  cont&air  à 
rornement  df  un  safon ,  qu'il  celui  d'un  édifiée  en  pierre ,  con- 
damné par  sa  position  k  essuyer  h  cboe  des  vents*  Ces  relief 
,  représentent  l'entrevue  db  François  I*'«  et  de  Henri  TIU. 

Les  appartements  de  l'abbesse  »  dans  Faneien  «onastcre  de 
Saint- Amaftd ,  composant  nn  antre  exemple  riebe  et  cnrieni 
du  style  de  U  r^naissancer--^  Mais  peni4tre  n'ezisleni'ib  pins 
au)oard'bnî  |  ear  le  Govfent ,  quand  nems  k  tisillnies ,  était 
déjà  &  éioitié  démoli* 

Les  denc  monuments  (pi  rappellent  ta  pins  batite  antiquité , 
sont  sttnés  bôrs  dsfr  murailles  y.  aux  dent  extrémités'  opposées 
de  k  ville ,  l'un  au  kvant  ^  l'antft  an  conobant. 


J 


6%  M.   GAULY-KiriGHT. 

.  A  l'est,  se  troaye  la  petite  église  de  Sainrt-Pàul ,  dont  la  date 
est  incoinMie  ,  nai»  qui  biett  eertaiaement  appartient  aîix 
premiers  jours  dé  Tareliiteeture  normande.  Le  plan  de  cet 
édifice  a  qiiel({ae  chose  de  singulier.  Son  chancel  est  composé 
de  trois  grands  refraît»  semt-cifrculaiFes  ,  dont  rtrn  est  à  Tex- 
irémité ,  et  les  dénie  antres  eccopent  chaeun  des  cota.  Sons  le 
toit  de  cette  partie  de  Fégiise  ,  se  Yoient  des  corbeaux  qui:  sont 
de  natnre  à  exciter  la  curiosité  :  la  plupart  d'entre  eux  ont  la 
forme  de  tètes  humaines. 

L'église  Saint-Paul  est  située  sur  une  hauteur  ,  au  pied'  àvt 
Mont  Sainte-Catherine  j  dans  le  yoisinage  de  la  route  qui  mène 
i  Paris. 

Le  second  monument,  qui  est  pour  Fantiquaired'^un  prix 
infini ,  parce  que  son  origine  reraontei  une  époque  antérieure 
<\  l'architecture  normande ,  est  la  crypte  de  Saint-Gervais.  Oa 
la  regarde  comme  celle  où  fut  inhumé  le  corps  dtt  saint  dans 
le  courant  du  IV*" .  siècle. 

La  situation  de  l'église  vient  donner  on  grand  poids  à  cette 
assertion  historique.  Elle  est  bâtie  sur  un  terrain  élevé  y  k  l'ex- 
trémité occidentale  de  la  ville,  non  loin  de  l'ancienne  voie 
romaine  de  Rouen  à  Lillebonne,  et  il  est  plus  que  probable 
que  le  saint  aura  été  enterré  dans  ces  lieux  ;  car  c'était  alors 
la  coutume  d'inhumer  sur  ks  bords  des  routes ,  hors  des  murs 
de  la  cité.  La  structure  de  la  crypte  est  de  cette  classe  de  cons- 
tructions simples  et  vigoureuses  ,  faites  pour  traverser  une 
longue  suite  de  siècles  3  les  caractères  particuliers  que  l'œil  j 
découvre  encore ,  annoncent  l'architecture  romaine.  On  peut 
observer  entre  les  rangs  de  pierres  ,  des  rangées  de  briques 
légères  ou  de  tuiles.  C'est  là  le  système  que  ,  dans  les  derniers 
temps  de  l'Empire ,  les  Romains  suivaient  généralement  pour 
la  construction  de  leurs  murailles^  et  on  le  trouve  mis  en  usage 


BXCVASION   MOHVMBlfTALV   IH   IfOtBMAXSIir.  65 

dans  les  murs  As  restes  <y édifiées  dé  constractioii  ronume , 
que  Too  troaTe  dtons  d'autres  provioees  dé  France.  Les  mn-' 
raiMes  de  ta  erypte  sont  restées  ce*  qu'elles  étaient  dans  Tori^ 
gine  ^  maïs  la  vodAt  a  été  restaurée ,  et  Fafasidé  polygonale  re* 
constriiîle.  Il  peut  se  faire  qn'oa  se  soil  servi  i  cet  ei!èt  des 
débris  de  Faèside  presédeote  ^  ear  les  chapîleaax  des  dem»- 
eolonnes  qui  décorent  TextérieHr ,  appartiennent  eertainement 
à  un  mauvais  style  cParcfaiicctare  romaine ,  et  sont  loin  dr 
ppuToir  être  rapportes  à  un  ancien  style  normand. 

L'élise  en  elle-même  n^ofire  rien  de  remarq^uable-.  Ua 
prieuré  ^  qui  aujourd'hui  n'existe  plus  ^  en  étail  aatrefbis  une- 
des  dépendances.  Guilfaume-Iie-Conqoé'rant ,  se  rappelant  , 
dans  sa  dernsère  maladie,  la  tranqnilttté  profonde  de  cette 
maison  reUgieuse ,  s'y  fit  transporter»  C'est  là  qujl- expira  ;:et 
c'est  là  aussi  qjue  se  passa  cette  scène  extraor^naire  ^  ce  révol- 
tant speelacle  de  ba&sesse  et  d'ingratitude,  o&  Tés- prroets 
peuvent  puiser  de  salutaires  leçons..  A  peine  le  Conquérant 
avait-ih  fermé  les  yeux ,  que  les  seignenrs  rassemblés  autour 
de  son  Ik  de  mort ,.  coururent  à  la  bâte  à  leurs  cBâteaux  ^  Tes 
serviteurs  qui  avaient  eu  part  aux  dernières  libéralités  d» 
prince ,  se  précipitèrent  hors  dé  l'appartement  et  disparurent, 
et  Te  corps  du  graud*  Bomme  resta  seul.  La  désertion  (ut  si 
complète ,  que ,  lorsque  le  cierge  arriva  en  procession  à  Saint* 
Gervàis  ,^  et  que  l'arebevêi^e  eut  décidé  qne  lé  eorps  serait 
transporté  à  Caen.,  pour  y  être  enterré  dans  l'église  fondée 
par  le  Conquérant ,  en  ne  put  d'abord  trouver  personne  qui 
donnât  ses  soins  an  transport  du  cercueil.  Enfin*,  une  de  ces 
âmes  généreuses  qui ,  dans  les  grandes  occaaioBS ,  appafaissent 
pour  venger  la  nature  bumaine  du  mépris  que  des  actions 
perverses- bii  font  à  juste  titre  encourir ,  le  cbevalier  Herluin , 
qu'aucun  lie»  d«  £imille  n'atUebait  à  Guillaume ,  et  qui 


64  M.  GAUT-KjriaHT. 

n'était  giiid4  dans  m  d^rche,  quf  par  lesiospiiatîons  de  son 
noble  cœur ,  Tint  prendre  la  place  de  ceai  qei  avaieat  ottUié 
leur  devôîn  Après  avoir,  fourni  tout  ce  qui  était  néoessaife 
aux  funérailles,  il  fit  enlever  le  corps,  et  Fescorta  lui-même 
jusqu'à  Caen  (i). 


CHAPITRE  IV. 


ChapeUe  de  Sif'JulUn.-^LUm$'la*Forêt,'^ Couvent  de 

Moriemer* 

Sur  la  rite  méridionale  de  la  Seine ,  à  une  lieue  environ  de 
Rouen,  existe  une  chapelle  qui  dut  sou  existence  à  Tnn  de  po» 
rois.  Elle  porte  le  nom  de  chapelle  deSt.-Julien.  L'an  i  i6o  (i), 
Henri  II  d'Angleterre  se  réserva  dans  ces  lieux  une  certaine 
étendue  de  terrain  ;  une  partie  fut  transformée  en  parc ,  et  il 
fit  bâtir  sur  l'autre  une  demeure  royale.  Peu  de  temps  après , 
il  fonda ,  dans  l'enceinte  même  du  parc ,  un  prieuré,  dont  la 
chapelle  est  tout  ce  qui  reste  aujourd'hui. 

Cette  chapelle  a  été  en  butte  aux  ravages  du  temps  et  aux 
mutilations  des  hommes  )  le  propriétaire  actuel  en  a  fait  une 
écurie*  c  Cela  fait  une  très-bonne  écurie ,  n'est*CQ  pas  ?  i»  me 
dit  le  domestique  qui  me  servait  de  cicérone ,  «  cela  devient 
utile  pour  la  première  fois.  » 

(l)Ordéric  Vital.— Une  erreur  littérale  qui  s'est  glissée  dans  la 
plupart  des  copies  de  Toutrage  d'Ordérlc ,  a  condiiit  quelques 
aatwira  A  écrire  »  que  la  lefée  eu  CMrpt  du  Gosquérani  eal  lie« 
à  SI.*(VMiife8  é^  Boaelierf  111e  ;  les  copies  portent  ad  sanefum 
Gtor^m  s  au  lieu  de  ad.  sanftum  G^rvasium;  nais  Titinéraire 
suivi  prooTe  que  c*eet  de  cette  dernière  abbaye  qu'est  parti  le 
cortè|;e  funèbre. 

(2)  «  Anno  1160.  Henricus  rex  ,  parcum  et  mansioiicm  regiam 
fecit  juita  Rotbomagum.  »-^Rupertus  de  Monte. 


BXCVRSIOir  MOHirMBlITAUl  KM  HOBMAHDIB.  65 

La  cha^Ue  eonible  eo  nue  nef  dépoanmt  d'ailes  Utérales* 
EUe  a  nue  abside  femi-circnlaice.  Les  deni-ooloBnes  qû 
s'élèyent  de  chaque  c6té  et  dont  la  fonction  est  de  soutenir  le 
toit|  ont  des  cbapiteaax  ornés  de  fooiliage.  Le  1ns  des  murs 
dans  rinterienr ,  au  nÎTcau  des  fenêtres ,  est  oriié  d'une  suite 
de  denii«eoIonnes  et  d'arcades  ctrcnlaires.  Las  footets  et  ks 
portes  4mt  des  tites  rondes.  Sons  le  toit  est  une  corniche  con* 
posée  de  tèles  grotesques.  L'eitéiieur  des  mnraîUea  est  afaso* 
lument  uni  ;  seulement  on  y  voit  çà  et  là  de  l^;ers  contreforts 
qui  vont  aboutir  au  toit.  Le  travail  est  partout  excellent,  et , 
à  en  juger  par  ce  qui  reste ,  l'édifice ,  dans  ses  beaux' jours,  a 
dû  être  un  modèle  de  grâce  et  d'él^ance. 

Comme  je  revenais  il  Rouen ,  mes  souvenirs  historiques  me 
induisirent  au  couvent  des  Bonnes-Nouvelles ,  fondé  par 
Mathilde ,  dans  la  joie  que  loi  inspira  la  nouvelle  de  la  con- 
quête de  l'Angleterre.  Oi  ne  retrouve  pas  une  seule  pierre  du 
monument  primitif  (i)^  et  l'élise  qui ,  quelques  siècles  plus 
tard ,  a  pris  sa  place ,  a  été  convertie  en  barraque. 

Un  autre  jour  ,  je  fis  une  nouvelle  excursion  ^  mais  celle-ci 
devait  être  plus  longue.  :  je  voulais  visiter  les  ruines  d'un 
autre  monument  élevé  par  Henri  II ,  l'ancien  couvent  de 
Hortemer  ^  dans  ks  environs  de  Lions*la-Forêt. 

Je  louai  k  cet  efiet  un  cabriolet  à  Rouen,  et  je  partis.  Il 
m'était  réservi  en  cette  occasion  de  connaître  les  désagré- 

(0  U  vpemière  égUae  fut  terminée  par  Henri  l*^  ;  et  c'est  à 
elle  qu'on  oonfta  les  restes  d'Arthur,  duc  de  Bretagne.  Elle  fet 
iBcendiée  en  1243.  La  seconde  fut  détruite  par  le  feu  du  del  en 
1361.  U  troisième  eut  beaucoup  à  souffrir  du  fanatisme  des  Hu- 
guenots en  isea  9  et  elle  fut  totalement  ruinée  par  Henri  IV ,  loin 
du  siège  de  Rouen  en  1691.  L'édifice  actuel  fut  commencé  en 
I  S03.-*Oeseript.  de  la  Haule-Mormandle. 


J 


66  M.   GALLT-KNIâflT. 

inents  qui  àtlendeot  FaiitiqQarire  ,  lorsque  soq  zèle  pour  la 
science  le  porte  2i  étendre  ses  imrestigati'bns  hors  des  grandes 
routes  de  France,  Si  le  cabt-iotiet  nayait  pas  ett  la  force  d*an 
rfaariot,  'û  n'aurait  jamais  pn  sortir  sain- et  sauf  du  clieinin 
de  traverse  qur  conduit  »  Lions-la-Forèt.  C'est  avec  une 
peine  infinie  que  noire  eheyal  parrenait  k  nous  tiraiîler  k 
trayers  des  cailloux  et  des  ornières,  qui*  nous  maroteoaient 
dans  une  danae  continuelle  et  peu  amusante.  Il  ne  nous-ctaft 
permis  de  respirer  que  lorsque  nous-  avions- de»  champs  à  tra- 
verser; en  France,  les  champs  sork  ouverts  ,  et  oih'cnt  au 
^voyageur  une  ressource  doot  H  ne  manque  jamais  de  profiter. 
On  arrive  à  Lions  par  une  iiprèt  à  laquelle  il  dott  soa  sur- 
nom •  Cette  foret ,  qui  était  autrefois  immense ,  servit  souvent 
de  théâtre  aui  chasses  des  ducs- de  Normandie,  qui- se  livraient 
avec  enthousiasme  à  cet  exercice,  dent  ils  n'^avaient  coniraeté 
Thabitude  q«*après  leur  établissement  en-  France.  Les  marins 
ne  son.t  point  chasseurs;  et  les  Normands  qui,  sous  la*  conduite 
de  RoUon  ,.  envahû^nl  la  Neustrie ,  étaient  des  éeumeurs  de 
mer  ;  mais  leur  mélange  avec  ks  Francs  les  initia  aux  usages 
de  cette  natio»;  ils  assistèrent  plus  d^ une  fois- à  ces  brillantes 
parties  de  chasse  qui  faisaient  les  délices  et  Forgneil  des  rois 
Mérovingiens  (»)  ,  et  leur  naturel  guerrier  lès  porta  à  adopter 
une  distraction  qui  devenait  un  aliment  pour  une  ardeur  que 
de  longs  jours  de  \imz  ne  pouvaient  éteindre.  Eu'  929  ,  Guil- 
laume P'.  j  duc  de  Normandie  ,  éleva  à  Lions  un  bâliment, 
dont  k  destination  était  en  rapport  avec  sea  amour  pour  la 
chasse.  Cet  édifice  devint  plus  tard  uacli&teatt  de  haute  im- 

(i)  Quand  Cfofis  partagea  son  royaume  entre  ses  quatre  fils  ; 
H  légua  à  clncmi  d'eux  le  droit  de  chasse  dans  là  fv)rét  de  Guise 
près  So'ssoiis;  le  gibier  y  était  en  tetkî  abondance,  qu'aucini  des 
frères  d  aurait  renoncé  de  boonc  grâce  à  cet  imf  or  ta  ut  pHtilége. 


«XCVBSIOF   IIOJIVMIIfTAI.E  Vf  NOBMAVOII.  67 

porUnce.  Nominer  la  iorèt  de  Ltoii«,  c*eit  rappeler  les  mille 
et  ime  ayentores  que  ses  mystérieux  ombrages  o'oat  pu  dé- 
rober anx  vieux  cbroniqueors  et  aux  romanciers. 

Lions  est  situé  sur  un  monticule,  au  milieu  d'un  Talion.  Le 
château  et  tout  ce  qui  donnait  de  Timportance  k  la  localité,  a 
disparu.  Le  bourg  se  compose  de  deux  villages  séparés  ^  formés 
par  une  réunion  de  maisons  en  bois;  les  deux  parties  commu- 
niquaient autrefois  entre  elles  an  moyen  de  rues  qui  aujour- 
d'hui n'existent  plus.  On  y  distingue  un  bâtiment^  qui  de 
couvent  qu'il  était  anciennement,  est  devenu  une  mannfiictiire. 
L'extérieur  de  quelques  maisons  annonce  l'aisance  de  lenri 
habitants,  notamment  celles  du  notaire  et  du  pharmacien*  On 
y  trouve  même  une  salle  de  billard  et  un  café,  deux  choses  qui 
en  France  sont  indispensables.  C'est  avec  plaisir  que  fenten- 
dis  parler  de  deux  châteaux  habités,  qui  se  trouvent  dans  le 
voisinage. 

Le  couvent  de  Mbrtemer  n'est  éloigné  de  Lions  que  d'une 
distance  de  trois  quarts  de  lieue  environ.  En  gravissant  la  col* 
lioe ,  ma  vue  plongea  sur  une  forêt  silencieuse  et  romantique, 
l|ui  était  autrefois  la  propriété  des  moines  ,  et  où  ils  passaient 
leurs  heures  de  loisir. 

Les  restes  du  couvent  spnt  agi'éablement  situés  dans  une 
vallée  profonde ,  environnée  de  collines  boisées.  Uu  ruisseau 
limpide  serpente  près  des  murs  du  monastère,  et  répand  dans 
ces  lieux  une  délicieuse  fraîcheur. 

De  toute  l'église,  il  ne  reste  que  des  ruines  qui  occupent  à 
peine  quelques  pieds  de  terrain.  Il  n'y  a  de  conservé  que  le 
transept  nord,  à  l'extrémité  duquel  se  voit  une  grande  fenêtre 
circulaire ,  qui  parait  n'avoir  jamais  eu  de  broderie.  A  en 
juger  par  la  forme  de  l'arceau  qui  est  encore  attaché  au  mur 
du  transept ,  on  est  porté  à  penser  que  la  voûte  du  toit  était 


68  M.   CMXT-KjnGBT. 

eo  poiate  ;  iBaû  tons  ks  remeigoeiiieots  qn^io  a  ptt  eibmnor 
des  rnioet,  Yteoneot  attester  qw  dans  ta  pins  grande  partie  de- 
l'édifice^  les  ibrvieseircnEaires  tenaient  un  rang  presipie  exelif- 
sif.  TouteiiMS  ^  la  £içade  occidentale ,  qnt  était  encore  d^out 
il  y  a  quelques  années  ,  et  ûmti  Taylor  et  Nodier  nous  ont 
donné  un  croqm» ,  appartenait  h  Fancien  style  eo  pointe. 

Il  est  nue  partie  in  comreint  qui  est  adjacente  à  rq;tise  ,  et 
c*est  la  pins  antiqne.  Elle  est  itmewré^  presque  intacte  r  c^est 
on  exemple  cmieni  du  style  de  transttioa.  Les  fôrnes  en 
pointe  y  se»t  milées  ayec  les  lonnes  eirculaires*  Les  portes  dit 
chapitre  sont  rondes ,  et  ses  knètres^^  qui  datent  de  la  même 
époque,  sont  en  pointe. 

L'élise  fut  commencée  en  1 154  (v)>  aux  frait  cf  Henri  II  ^ 
roi  d^Angkterre;  ce  prince  pressa  teUeuient  le»  travaux,  qu'en 
troi»  ans  la  nei  et  hes  transepts  furent  teruiinés.  Vers  le  même 
temps  sa  mère ,  Fimpératrice  Mathilde ,.  (unda  deux  tastes 
édifices  destiné»  à  recevoir  les  étrangers» 

L'existence  du  cliapitre  doit  remonter  avant  1 1 74  (a)  ;  car 
l'abbé  Godefroy,  qui  mourut  dans  le  courant  de  cette  annéci  y 
(ut  inhumé. 

Son  successeur  (5)  jeta  les  fondements  de  l'extrémité  est  de 
Féglise ,  et  à  l'aide  d'une  somme  de  100  livres^  dont  le  Roi 
lui  ^t  présent ,  il  put  £iire  (aire  quelques  pn^cès  k  cette 
partie  du  monument.  L'abbé  Gmliaume ,  qui  vint  après  lui , 
grâce  à  un  secours  de  8  livres  que  lui  iouroit  Frogenu^ , 
évèque  de  Séex ,  mit  la  dernière  main  à  ta  construction  de 

(1)  Neustria  pia. 

(3)  «  Gaufridus  abbas  sepuHusest  io  capitule  tl74.  »  Ifeustria 
pia. 

(aj  <(  Ricardas  abbas  oranla  fundamenta  capitrs  eccIcsUe  jecit, 
et  allquauld  altiùa  à  terra  elcvaTit»  »  Oleuatria  pia. 


BXCtTBtlOir  MOKVMCVTAU  tM  VOIHAIIIHB.  6g 

i'^Use  (i).  CTèst  le  mette  abbë  qui  enyoja  un  de  M6  morues 
eu  Aûgkterre  pour  y  aeheter  d«  plomb  :  il  en  fit  des  eanaui . 
qui  Tiureot  ioarnir  un  supplément  d'eau  aux  euîsines  du 
couvent*  On  n'est  pas  parkitcment  d'accord  svr  l'époque  de 
sa  mort;  les  uns  la  placent  en  i^oo  (a),  les  autres  en  iio5(5). 

Enfin  Robert  II ,  archevêque  de  Rouen ,  consacra  l'église 
en  1209(4). 

Il  est  asKz  probable  que  c'est  en  dernier  lieu  que  iut  bfttte 
la  façade  occidentale ,  au  moment  où  le  XII*..  siick  allait  se 
fermer. 

Je  me  suis  longuement,  étendu  sur  rbiatoiie  du  courent  de 
Mortemer ,  pai'ce  que  c'est  chose  assez  rare  que  de  rencontrer 
un  édifice  éont  les  traditions  nous  aient  eonserré  toutes  les 
di£fêrentes  phases. 

Les  restes  dû  couvent,  el  une  partie  de  ses  dépendances,  ont 
été  dernièremesl  acquis  par  un  individu  qui  a  le  projet  d'en 
faire  une  maison  de  campagne  j  l'idée  est  bcmne  sans  doute , 
etJes  résultats  ne  manqueront  pas  de  réaliser  ses  errances. 
A  la  Tue  de  ces  HeOi ,  l'Anglais  se  croit  transporté  dans  sa 
patrie  à  l'époque  du  règne  d'Henri  TIU. 


CHAPITRE  V. 
Bnone.  —  Lisieux* 


Nous  partîmes  de  Rooe»  ;et,  apiis  avoit  passé  la  Seine ,  du. 
haut  <Pune  éminenee  stioéo  sur  la  rive  méridionale ,  nous 

(I)  GoUdlBOS  abbas.  Tempore  Ipsins ,  eccîesia  tota  pçrfecta 
est.  Ifeustrfa  phi. 
(3)  Gallia  Christ.— (3)  Heustria  pia.— (4>6iin«  ChrfstlauK 


j 


7Ô  M.   G&lLT-KirfGHT.  >^ 

pûmes  jouir  d*ao  magoiiîque  point  de  vue  :  noas  ne  nom 
lassions  pas  de  contempler  la  majesté  du  flenve  et  ses  mille  . 
détonrs.  Plas  loin ,  sur  la  route,  tious  entrevîmes  dans  le 
lointain  ce  monastère  qui  a  tenu  une  place  si  honorable  dans 
les  fastes  de  la  science  ,  Tabbaye  du  Bec  (i)^  mais  nous  ne 
'  quittâmes  point  pour  le  visiter  la  route  que  nous  suivions  alors, 
parce  que  nous  savions  qu'à  Tcxception  d'une  tour  et  de 
quelques  bibles  restes  de  Tédifice  Normand,  il  est  aujourd'hui 
totalement  démoli. 

A  Brione  ,  nous  changeâmes  de  chevaux.  Là  ,  nous  eâmes 
l'occasion  d'observer  quelques-uns  des  effets  de  la  révolution 
française.  La  maison  qui  est  à  présent  occupée  par  le  maître 
'^  de  poste ,  composait  autrefois  le  château  du  seigneur  de  l'en- 
droit. Les  bâtiments  trop  vastes  pour  le  propriétaire  actuel , 
portent  les  traces  d'une  extrême  négligence.  Le  jardin  est 
partout  hérissé  de  '  ronces  j  et  un  ruisseau  qui ,  sons  la  main 
habile  des  anciens  maîtres,  s'était  changé  en  étangs  et  en 
canaux  destinés  k  rehausser  la  beauté  des  lieux  qu'il  arrose , 
sert  maintenant  à  faire  marcher  une  usine.  «  On  a  substitué  , 
dira-t-on  ,  l'utile  à  l'agréable.  »  Je  ne  veux  pas  le  nier  :  je 
dirai  seulement  qu'il  n'est  pas  un  Anglais  qui  puisse  soutenir 
ridée  de  voir  son  jardin  subir  une  semblable  métamorphose. 

(I)  Le  collège  de  Bec' dut  son  origine  ans  talenta  da  célèbre 
Lanfranc,  qui  fut  depuis  archeféque  de  Cantorbéry.  Lanfranc 
était  natif  de  la  Lombardie;  on  ne  sait  trop  ce  qui  le  porta  à 
abandonner  sa  patrie  :  il  tint  s'établir  à  Bec»  et  entreprit  de 
donner  des  leçons.  Gnillaume-le-Gonquérant  entendit  dter  Ma 
BOB  avec  éloge»  et  il  fonlnt  lui  donner  des  preuTet  de  son 
estime.  11  lui  conféra  la  dignité  d'abbé  du  monastère  qu'il  Tenait 
de  fonder  à  Caen,  et  après  la  conquête»  il  réle?a  au  siège  arcbié- 
piscopal  de  Cantorbéry. 


ixcVB&toir  MONVMnrTiLE  m  foimaitdii.  71 

LisicQx  est  ttoe  geolille  petite  Yiile  ,  agréablement  «tuée 
dans  on  vallon  ;  on  n*  j  Toit  »  sauf  quelques  exceptions  ,  que 
des  maisons  en  bois.Notts  eourùaes  yisiter  la  cathédrale,  dont 
la  date  a  donné  lieu  à  de  longues  discussions  :  c'est  un  bel 
édifice,  bâti  dans  Tancien  s^le  en  pointe  }  et ,  s'il  était  en 
Angleterre ,  on  pourrait ,  sans  craindre  de  tomber  dans 
Terreur ,  le  £iire  remonter  au  règne  de  Henri  III.  Elle  a  de» 
fenêtres  en  lancette  ;  mais  les  arcades  reposent  sur  des  piliers 
dont  les  chapiteaux  grands  et  massift ,  imitent,  pour  quelques- 
uns,  le  chapiteau  romain. 

Il  parait  qu'autrefois  sur  le  terrain  occupé  par  la  cathé- 
drale actuelle,  exista  une  église  qui  fut  terminée  en  1077. 
Soixante  ans  plus  tard,  elle  disparut  au  milieu  de  la  tempête 
excitée  par  la  lutte  entre  Etienne  et  l'impératrice  Mathilde. 
Les  comtes  d'Anjou  et  de  Poitiers  ,  ayant  fait  une  incursion 
en  Normandie,  attaquèrent  Lisienx.  Il  n'était  pas  d'usage  à 
^tte  époque  de  respecter  une  ville  piisè;  on  y  mit  le  feu,  et 
la  cathédrale  périt  au  milieu  de  Tembrasenient  général  (t). 

Arnulf,  qui  fiit  évèque  de  Lisieux  de  i  i4o  h  1 182 ,  com- 
mença la  restauration  da  monument  incendié  et*  lui  fit  faire 
un  grand  pas  :  on  lui  a  attribué  l'église  actuelle  (a)  ;  mats,  an 

(f)  «  Tune  Ibi  eodesia  sanctî  Pétri  cum  totâ  fillâ  ooncremata. 
est.  »->Ordéric  Vital ,  Histor. ,  lib.  13  ,  p.  916. 

(2)  Cette  supposition  semblait  emprunter  une  force  irrésistible 
d*uDe  épitaphe  qu'on  trouve  ^a? ée  sur  une  tombe  dans  l*église 
actuelle  : 

<  Hoc  iemplum  junetteque  œdes^  sunt  Prœsmlis  oUm 
Arnuifi  anitquum  Lexoviensiê  opus.  » 

Mais  les  atiteurs  de  U  Gallia  Cbristiana  nous  démontrent  claire- 
ment  que  cette  inscription  n'est  pas  rtuscrfption  primitifè,  mais 
qu'elle  loi  fut  substituée  plus  tard,  lor8qu*OB  életa  Un  nooTeaU 
monument  en  rbonneur  déco  prélat. 


temps  d'4rnul(,  le  style  cd  pointe  avait  k  peine  paru  dans 
cette  partie  de  la  France  )  et  Farckitectore  de  relise  n*est  jias 
même  rarcfaitectnre  en  pointe  telle  qu'elle  était  dans  son 
enlanoe ,  mais  bien  telle  qu'elle  devint  ensuite ,  grâce  aux 
talents  et  à  la  persévérance  des  architectes*  La  date  réelle  de 
l'église  actuellement  existante  se  trouve  renfermée  dans  une 
seule  ligne  de  la  Gallia  Christiana.  Dans  le  récit  des  événe- 
ments qui  signalèrent  l'année  1326,  elle  rapporte  que  c'est 
dans  le  cours  de  cette  période  que  l'qglise  de  Lisieux  devint  la 
proie  des  flanunes  (i).  Le  second  incendie  fui  suivi  d'une  se* 
coude  restauration  de  l'édîfieeé  Plusieurs. piliers,  ainsi  que 
leurs  chapiteaux  ^  paraissent  appartenir  plutôt  au  XII%  siècle 
qu'au  XIII** }  mais  il  est  possible  que  certaines  porûons  de 
relise  précédente  aient  échappé  au  redoutable  élément ,  et 
aient  été  combinées ,  coomie  cela  fut  fréquemment  pratiqué  , 
avec  les  nouvelles  oonstruetîons.  L'érection  de  la  trmsième  ca- 
thédrale doit  au  moins  dater  du  commencement  de  l'année 
1167  5  car  c'est  en  1067  que  l'évèque  Falcon  y  lut  inhumé 
dan&le  chœur  (9);  et  il  est  probable  qu'elle  fut  achevée 
avant  1299  ^  car  cette  année^là ,  l'éveque  Gnillauae  lïL, 
ajouta  une  du^lle  au  palais  épiscopal  (S) ,  et  on  peut  sans 
doute  présumer  qu'il  n'aurait  pas  entrepris  un  ouvrage  aussi 
considéraUe ,  si  la  cathédrale  elle^mèrae  atait  encore  été  in- 
complète. 

Si  )e  me  suis  trouvé  capable  de  donner  tous  ces  renseigne- 
ments sur  la  cathédrale  de  Lisieux ,  c'est  à  la  bibliothèque 
publique  de  Caen  que  je  le  dois*  Oien  n'est  pas  la  seule  ville 
de  France  qui  possède  use  bibliothèque  publique  :  il  y  en  a 

(1)  «  1226^  Igné  cemboata  est  Lexo?ienaia  eodesia.  >  GaUi» 
Christiana* 

(2)  Gallia  Christ .-(3}  Ibid. 


EXCVBSTON   MOnUMENTALB   ER   NOBMAITDIE.  '}5 

dans  toutes  Us  grandes  citÀ.  Les  livres  sont  disposés  autour 
d'iyie  vsaste  salle ,  et  confiés  aui  soins  de  bibliothécaires  sala- 
riés :  grâce  à  ceai-d ,  les  lecteurs  n*ont  qu*ik  dire  un  mot ,  et 
looTrage  qu'ils  désirent  est  sur-le-champ  remis  entre  leurs 
mains.  Je  £iis  des  yceux  pour  la  fondation  d'institutions  aussi 
pi'écieuses  dans  les  principales  yîIIcs  d'Angleterre.  Dans  une 
contrée  ou  il  se  trouve  tant  de  personnes  qui  souvent  ne  saveut 
trop  comment  dépenser  les  heures  de  loisir  que  leur  laissé  leur 
aisanee ,  oii  l'éducation  prend  de  jour  en  joar  un  développe- 
ment plus  considérable,  h  une  époque  où  l'on  ne  peut  se  dis- 
simuler le  besoin  de  donner  un  aliment  h  cette  activité  dévo- 
rante qui  se  manifeste  de  toutes  paris ,  faciliter  les  lectures 
scientifiques  et  morales,  en  établissant  dans  chaque  partie  du 
royaume  des  collections  où  il  serait  loisible  ^  chacun  djslier 
puiser ,  ce  serait  rendre  k  la  société  un  service  éminent  et  lui 
procurer  des  délassaient»  salutaires  ;  ce  serait,  en  un  mot , 
donner  une  direction  utile  aux  fonds  publics. 


CHAPITRE  VI. 


Caen. — St. -Etienne.-^  St. -Nicolas.  —  Ste.-  Trinité. — St.- 
Georges  du  Cfiâlean.  —  Fresne-Camitly.  —  Anisy. 

Des  rocs  calcaires  entre  lesquels  s'étendent  de  vastes  et  fer- 
tiles prairies  sont  un  des  caractères  distinctiis  de  cette  partie 
de  la  Normandie  où  est  située  la  ville  de  Caen.  Caen  antique 
était  appuyé  sur  un  de  ces  rochers ,  mais ,  dans  le  laps  des 
temps ,  il  s'agrandit  par  degrés  et  envahit  une  partie  de  la 
plaine.  Cette  ville  bien  grande  aujourd'hui  et  dans  le  voisi- 
nage de  laquelle  se  trouvent  des  carrières  inépuisables,  esl 

6 


1»^  M.    GALLY-KMIGHT. 

entièrement  bâtie  en  pierre.  On  dit  que  dans  Torigine  elle  ne 
s^ctendait  pas  au-delà  des  limites  de  ia  citadelle  actneUe. 

Caen  compte  un  assez  grand  nombre  d*ég1iaes  ^  il  en  est  plu- 
sieurs de  remarquables ,  notammrat  les  célèbres  abbayes  Ion- 
dces  par  Guillaume-le-Conqiiérant  et  son  épouse.  Il  ne  faut 
pas  oublier  non  plus  la  pyramide  de  St. -Pierre  qui  s'élève 
presqn  au  centre  de  la  viilc  et  qui ,  de  quelque  coté  qu'on 
arrive ,  attire  l'attention. 

L'extérieur  de  l'église  St.-Elicaiie  étonne  à  la  première  vue; 
l'œil  est  d'a^rd  ébloui  de  cette  multiplicité  de  pyramides 
dont  reflet  est  d'une  rare  beauté  j  à  peine  s'y  est-il  reposé  un 
instant  qu'il  devient  évident  pour  lui  qu'elles  datent  d'une 
époque  postérieure  au  temps  de  Gui llaume-le- Conquérant.  Ce 
sont  des  additions  et  des  restaurations. 

L'extrémité  occidentale  ,  le  corps  tout  entier  et  rinlérienr 
,de  l'église  ,  k  l'exc^tion  du  chœur  ,  sont  demeurés  ,  grâce  à 
leur  force  et  k  leur  solidité ,  tels  que  les  avait  laissés  le  Con- 
quérant. Les  pierres  dont  sont  construits  les  murs  sont  carrées 
et  ont  un  pied  de  largeur  ;  les  jointures  sont  grandes  et  le 
mortier  épais. 

Le  portail  occidental  est  uni.  De  chaque  coté  s'élèvent  de 
petites  colonnes,  et,  si  l'on  découvre  quelques  moulures ,  elles 
sont  dépourvues  de  toute  espèce  d'enjolivement. 

A  voir  l'extérieur  si  simple  de  sa  façade  occidentale ,  son 
portail  sans  ornements  ,'ses  fenêtres  à  têtes  rondes  indivisées , 
l'église  a  une  apparence  de  maigreur  qui  déplaît  ^  mais  que 
l'on  pénètre  sous  ses  voûtes ,  et  l'on  verra  que  ,  si  le  style  est 
sévère  ,  l'efTet  est  noble  et  imposant.  L'architecte  dédaignant 
les  coUQchets,  a  visé  au  sublime. 

L'édifice  a  la  forme  d'une  croix.  Dans  l'origine ,  on  y 
voyait  trois  absides  :  l'une  d'elles  ,  la  principale ,  qui  était 


ncVRSIOH   MOWMtNTAtE   EV  KORMAHDH.  ']5 

placée  à  rextrémité  Est,  a  disparu  3  on  retnmTe  les  deai  autres 
à  TEst  de  diacnn  de»  transepts»  Des  piliers ,  aanjuek  sont 
attachées  des  demi^coloniies  soutiennent  les  arcades  qni  s(- 
parent  la  nef  des  ailes*  Les  demi^colonoes ,  qui  s'élanoenl  te 
loD|;  des  faees  des  piliers  jusqu'au  toit ,  sont  aUeraaliireiiiettt 
ûmples  et  triples.  Les  chapiteaux  des  piliers  consistent  dans 
un  feuillage' de  la  plus  grande  simplicité.  Les  ouvertafos  dn 
iriformm  sont  larges  et  circulaires.  Une  moulure  à  double 
filet  détend  le  long  des  murs  au-dessus  des  fenêtres  dn  c/eTei- 
iory^  La  Toûte  de  la  nef  e^  évidemment  Normande;  et  il  pe»t 
cependant  se  faire  qu  elle  ait  été  ajoutée  à  une  époque  plus  ré^ 
cente*  A  en  jt^r  par  la  oonslmetion  de  certaines  ^lîses ,  il 
semblerait  que  les  architectes  Normands  n^ayaient  pas  encore 
eu  le  courage,  avant  le  temps  de  Guillaume,  de  surmonter 
de  voâtes  de  pierre  des  édifices  spacieux  5  et*il  y  a  dans  les 
petites  colonnes  auxiliaires  qui  aident  à  supporter  les  TOÛles  de 
Sc-Etienne  ^  dans  la  manière  dont  elle^  sont  adaptées  et  dans 
leurs  ornements ,  quelque  chose  qui  vient  donner  un  nouveau 
poids  à  ridée  de  Taddition-subscquente  de  la  voâte  en  pierre. 
Simon  de  Trevières ,  qui  fut  abbé  de  St.-Etienne ,  de  i5i6 
à  1544}  reconstruisit  Textrémîté  Est  et  le  chœur  de  réglise(i).< 
Le  style  dn  nonvel  ouvrage  n'appartient  pas  i  f  architecture 
en  faveur  alors,  mais  à  celle  d'une  péitode  antérieure  :  Vdx^ 
chitecle  comprit  qu  il  fallait  que  ses  constructions  fussent 
en  harmonie  avec .  la  simplicité  du  reste  de  l'édifice.  Les  fe- 
nêii*es  en  lancette  ne  sont  pas  doubles ,  et  on  n'y  trouve  an* 
eunc;  trace,  de  cette  broderie  qui  était  Tornement  favori  du 

(1)  Ceei  est  une  erreur  ,  tout  porte  à  croire  que  le  chœur  de 
l'abbaye  lest  bien  antérieur  au  temps  de  Simon  de  Trevières. 
H.'  Çally-Kuigbt  a  été  induit  en  cireur  par  l'abbé  De  La  Rue. 

fNote  du  iraduçleur.  )    . 


76  M.   GAIlY-KiriGHT.  "  * 

XIV'.  siècle  5  mais  on  .jwicontfe  dans  if  antres  prties  de 
rédifice  4cs  canracïeres  qui  annoncent  cette  période. 

La  pyramide  centrale,  qai  repose  sur  une  partie  de  la  toor 

Normande  ^  fat  rebâtie  dans  le  courant  du  XIT*.  siècle  :  celte 

.  reeenutruction  était  devenue  nécessaire  par  suile  des  nombreuses 

et  lài^es  brècbeftt|«e  les  troopes  ^s^^anes  ,  «oos  la  conduite 

de  leur  roi  Henri  V ,  ameat^fiiâssik  Ia40iir ,  durant  le  si^e 

de  1417  (t). 

L'abbaye  attenante  k  l'église  fut  fortifiée  en  1 554*  Les 
habitants  de  Caen  avaient  vu  les  murailles  de  leur  ville  n'op- 
paser  qu'une  bien  faible  résistance  aux  efforts  d^Edouard  III; 
et  ils  résolurent  de  l'environner  de  nouveaux  retranchements^ 
'  mais  les  deux  grands  monastères ,  qui  étaient  situés  hors  des 
mtirs,  restaient  alors  dépourvus  de  défense ,  et  ib  obtinrent, 
en  conséquent  de  leur  dangereux  isQlement ,  la  permission 
de  se  protéger  par  eux-mêmes. 

La  pierre  tumulaire  qui  nous  rappelle  aujourd'hui  le  nom 
de  Fillnstre  fondateur  de  l'abbaye  est  la  troisième  qui  ait  été 
consacrée  k  cette  destination.  La  premîèFe  fut  détruite  par  les 
huguenots,  en  i562  :  ennemis  implacables  du  culte  catho- 
lique ,  ib  laissèrent  dans  ses  temples  de  profondes  traces  de 
leur  fanatisme.  La  seconde  subsûta  jusqu'en  1 74^  ;  à  cette 
époque  les  restes  du  Conquérant  furent  transférés  du  centre 
de  la  nef  dans  l'intérieur  du  chœur;  et  en  cette  occasion  une 
nouvelle  pierre  vint  occuper  la  place  où  on  la  voit  encore 
dujourd'hui.  . 

Lorsque  Guillaume.,  après  avoir  fondé  l'église  «  eut  foitné 
le  projet  de  la  dédier  au  premier  martyr,  il  envoya  k  Besan- 

(I)  Il  y  a  ici  confusion  ,  ce  fut  la  tour  de  St.-Etlenne  1c  fieux 
qui  fut  refaite  au  XV*.  siècle  ;  celle  de  1* Abbaye  ne  l*a  été  qa*a« 
XVl*. ,  après  les  ravages  des  protestauis.         (^Note  du  tradj. 


IXCVRSIOF   MONUMBVTAtE   IIT   HOSMAVDIB.  77 

çon  des  cammijsaires  qu'il  cliargea  de  demander  en  son  ooin 
une  partie  d*un  des  bras  du  saint  dont  les  FrancsGofUtois 
possédaient  k  précieuse  relique,  et  sa  prière  fut  bien  accueillie. 

L'abbaye  a  été  transformée  e»  collège.      '  ' 

Non  loin  de  S^.* Etienne,  se  trouve  i'égtis^^  dimr-ruHiée 
de  St.-Ntcolas,  dei>t  o»  a  fait  des  écuries  pour  les  chevawi  de 
remonte.  Sa  construction  date  db  Faimée  io84.  PSir  suite 
d'une  Gonventioi»  evtre  le  roi  Guillaume  et  Fabbesse  de  Ste*^-* 
Trinité ,  cette  église  dcvioT  une  nouvelle  paroisse  dépe«^ante> 
de  St«-Ëtiei>ne  et  desservie  par  na  de  ses  moines.  La  nef  con- 
siste en  sept  piliers  et  autant  d'arcades  ;  les  pilier»'  opt  des. 
cbapiteaox  ornés  de  ieuillage.  Le»  ailes  sotsT  surmontée»^  de 
voâtes  unies.  L'extéi;ieur  de  l'abside  à  l'extrémilé  Est  est  dév 
coré  de  demiroolomes  qui  s'éknoene,  par  ioCervaUes ,  de  b 
base  h  la  cornicke.  La  oornidie  qui  s'étend  tout  autour  de 
réglise ,  consiste  dans  u«e  moulure  h  double  filet.  Lamoulore 
à  filet  qt»  orne  le  portail  oeeidl?nfa(  est  simple. 

L'abbaye  de  Sle.*Trtnité  fut  Ibndfe  par  hi  reine  Metbilde 
en  1066 ,  et  Kéglise  consacrée  la  m^ae  année» 

L'érection  de  cette- dernière  eut  lieo'la  même- année- que 
celle  de  l'église  d»donquéranC ,  et  cependant  le  caractère  de 
Tune  est  bien  difiérent  de  celle  de  l'autre»  On  nemarque  daiis^ 
l'église  de  Ste  .^Trinité  une  plus  grande  proiosioD^  d'orne- 
ments ;  et  cela  fut  &it  dans  riiitention>sans  doute  de  mettre 
de  la  variété  dans  Pardûtecture  de  deux  édifice»  contempo- 
rains. La  fiiçadeoccidentaleodreufr' contraste  frappant  avec 
la  sévérité  ui>  pe»âpre  de-eelle  do  St.-Etienfie  :  on  a  répandu* 
sur  ses  portails,  se»  fenêtre»  et  ses  tours  un  loie  prodigieux 
de  décorations.  Dans  l'intérieur,  la  moulure  k  la^  grecque*  se 
déroule  autour  des  arcade»  de  la  uef.  Les  piliers  sont  pli|s 
étroits  et  plus  légers.  LescoloDne!^  placées  S  chaque  extrémité 


yS  M.    GALLY  «lNIGHT. 

des  piliers  sont  plus  ëleyées  oldessiDées  avec  pliiS'de  hardiesse. 
Leurs  chapiteaux  sont  décorés  de  feuillages  de  difiéreate» 
espèoei4  . 

Les  arcades  du  transept ,  sons  la  tour  centrale ,  sont  Mrnée» 
de  nombreuses  bandes  de.qnatre-feniUes  en  ba»  relie&w 

Oq  remarque ,  an-dessus  de»  arcades  de  la  nel,  on  arran- 
gement tout  particulier  :  nne  galerie  légère  tient  la  place  dtr 
triforium  i  les  petites  colonnes  de  cette  galerie , .  ceuibinée» 
avec  celles  qui  supportent  le  toit ,  ont  des  chapiteaux  enriebts 
d-nn  feuillage  au  milieu  duquel  apparaissent  quelques  figurer 
grotesques. 

L'extrémité  Est  primitive  ,  que  l'on  cherche  vainement 
dans  l'église  fondée  par  Guillaume ,  est,  dansVcglise  Sainte- 
Trinité  ,  demeurée  tonte  entière.  Elle  se  compose  de  l'arcade 
semi-circulaire  accoutumée ,  et  deux  rangées  de  piliers  en  dé- 
corent l'intérieur ,  les  piliers  inférieurs  sont  grands  5  les  pi- 
liers supérieurs  sont  de  petite  dimension*  A  Textérienr ,  on  re- 
murque  autour  des  fenêtres  quelques  moulures. 

Sous  le  chœur,  se  trouye  nne  vaste  crypte  ou  chapdJe  sou- 
terraine ,  soutenue  par  une  multitude  de  colonnes. 

Les  tours  oceidentales  portent  des  tracée  apparentes  de  mu- 
tilation. On  dit  qu  elles  furent  en  partie  ruinées  en  i56o  (t): 
par  les  partisans  de  Charles-le-Hauvais,  roi  de  Navarre  , 
qui  y  dans  ces  jours  de  discorde ,  s'était  établi  â  Mantes ,  et 
qui^pour  nuire  an  Dauphin,  alors  régent  de  France,  Élisait  de 
fréquentes  incursions  dans  les  provinces  limitrophes.  Charle»- 
le-Mauvais  ne  quitta  cette  partie  de  la  France  qu'en  i565 , 
quand  il  se  vit'  forcé  de  conclure  un  traité  de  paix  avec  le 
Dauphin ,  et  qu'il  reçut  en  échange  de  sa  résidence  de  Mantes 
la  ville  de  Montpellier. 

(1)  Huet ,  Orig^Dcs  de  Caen. 


BXCVESIOH    MOlfUBIBlITALe   E2f   ROEIIAKDIE*  79 

Le  cooTeat  qai  touchait  h  lëglise  fondée  par  MathiUe ,  f'itt 
doitnë  à  des  Bénédictioes  de  noble  naissance»  On  autorisa  Tab*- 
besse ,  dans  le  XI V'.^  siècle ,  h  fortifier  son  cloître ,  et  elle 
préposa  à  ia  défense  du  fort  un  oflicier  spécial.  Le  comman- 
dement fat  ia  première  ftfis  confié  h  an  Fercy. 

Cs  coQVcnt ,  dans  les  temps  modiernes  ,  a  été  rebâti  en  en* 
tier.  C'est  anjovrd^hni  on  hôpitak  Aux  dames  Bénédictines^ 
ont  succédé  les  femmes^  les-  plu»  respectables  et  1er  plus  ntrles 
de  celles  qui  s'enchaînent  par  des  vœux  sacrés ,  je  venm  parler 
des  Seeurs  de  charité.  Que  d'héroïsme  dans  ces  frêles  créatures  l 
Elles  passent  leur  vie  à  consoler  les  affictions ,  à  soulager  les 
deulenrs  humaines. 

L*%lise  de  Sam-Pierre,  comme  je  Ta»  di4  pfus  haut ,  est 
située  pres(pie  au  centre  de  Caen.  Cequ'ilf  y  a  surtout  en  eHe 
de  remarquable  ,  e*est  une  des  pit»  heureuses  pyramides  qui 
aient  pmai»>été  élevécSi  Sq  grandeur  ÎBiposante,  sa  légèreté 
gracieuse, encfiem  l'admiration  relie- Tient  rendre  témoignage 
de  Fétat  ie  progrès  auquel  était  parvenue  l'archiCecture  dans 
la  prentoère  meicir  du  XIV*.  siècle.  * 

Le  chœur  et  ki  nef  de  eette  église  appartiennent  à  îa  fin  du 
Xlil*.  et  aocommélicémeDt  du  XiV*.  siècle.  Les  bas-cotés  ne 
furent  acbevés^qo  un  siècle  pins  tard»  Les  chapelles  derrière  le 
chœnr ,  et  une  partie  (fes  voûte»  ei>  pierre,  furent  ajoutées  on  re- 
construite» dains  le  XVI*.  siècle ,  sous  la  direction  d'Hector 
Sohier ,  architecte  de  Caet^.  L'exécution^en  est  parfaite ,  mais 
elles  sont  trop  cbargée^.  On  y  remartpte  le»  formes  cii*culaires 
de  la  seconde  transition.  Ici  encore  se  manifeste  eette  déplora- 
ble manie  d'éveiHer  F  attention  par  la  nouveauté  ;  les  efforts 
'  faits  dans  ce  but  n>'ont  abouti  bien  souvent  qu'à  corrompre  le 
goût.  Lorsqu'on  était  parvenu  au  dernier  degré  de  l'échelle  des 
perfections  architecturales ,  en  rougissait  de  s'y  arrêter  ,  et  le 


8o  M.  GAJ.I.Y-KKIGHT.. 

résultat  nécessaire  de  cette  ambition,  c'est  qu*oa  e3t  tombé  dans 
la  bizarrerie  et  Tcxagération.  Aux  clefs  en  pierre  on  a  safasti- 
tué  des  corbeaux  disproportionnés  ;  ils  sont  penchés  ters  le  sol 
et  paraissent  sur  le  point  de  tomber. 

Les  arcades  de  la  pef  reposent  sur  des  piliers  massift*  Oa 
peut  voir  dans  T ornementation  de  plusieurs  chapiteaux ,  un 
exemple  de  ce  mélange  peu  naturel  du  sacré  et  du  profane  , 
des  fictions  populaires  et  des  emblèmes  religieux  :  au  milieu 
de  ces  caricatures  plaisantes ,  de  ces  tètes  grotesques  de  moines 
et  de  nonnes  »  on  aperçoit  Aristote  qui  porte  sa  maîtresse  sur 
son  dos ,  et  Tristan  qui  passe  la  mer  à  califourchon  sur  son 
épée,  deux  sujets  tirés  de  nos  vieilles  chroniques,  le  premier 
du  Lai  d' Aristote ,  le.  second  du  roman  de  la  Rose. 

Dans  rintérieur  de  la  citadelle ,  on  retrouve  la  chapelle 
de  Saint-Georges ,.  mais  tout  caractère  religieux  en  a  disparu. 
L'abbé  De  La  Rue  suppose  qu  elle  appartient  au  X**.  siècle. 
Ce  n  est  cependant  qu  en  i  i84qu  il  est  parlé  pour  la  première 
fois ,  dans  Thistoire  ,  de  ce  monument ,  quand  il  fut  destiné 
aux  séances  d'une  Cour  des  comptes  ;  et  sa  construction  riche 
d'ornei^ents,  et  surtout  celle  du  portail,  est  biea  propre  k 
faire  contester  se^  titres  à  une  antiquité  litussi  reculée.  Tottt 
ce  que  nous  savons,  c'est  que  l'édifice  existait  en  ii84* 
L'erreur  où  I'oq  est  tombé  vient  de  ce  que  l'on  a  coaiondu  la 
chapelle  de  Saint-Georges  avec  l'église  paroissiale  ,  qui  était 
sous  l'invocation  du  même  Saint,  et  qui  occupait  une  partie 
du  terrain  sur  lequel  a  été  élevée  depuis  la  citadelle.  C'est 
Guillaume-le- Conquérant  qui  fit  abattre  toutes  les  maisons 
qui  se  trouvaient  en  cet  endroit ,  et  qui  le  premier  y  fit  cons- 
truire un  château ,  oii  il  venait  parfois  résider.  Henri  P**.  y 
fît  des  augmentations ,  et  ajouta  encore  à  la  force  de  ses  mu- 
railles. 


EÏCUBSIOir   MOHWENTALE   EW   irOBHAllDlE.  8t 

Non»  fimet  «oe  loarnéc  dans  les  campagnes  ({ni  aroniuent 
Ift  YÎlle  de  Caen  ,  et  nous  eûmes  le  plaisir  d'y  reoeoalrer  «(nel- 
qnes  exemples  corienx  de  Tancienne  archileciure  iMiiiiaode» 
Noos  eûmes  souvent  occasion  de  remarquer  ,  dans  ces  églises 
raiales ,  ce  ckanœl  carré  a  son  extrémilé ,  qui  fat  bientôt  la 
ionne  mise  le  plus  vidontiers  en  usage  en  Angleterre ,  mais 
qu'on  ne  tronve  que  très*rarem«nt  dans  les  antres  parties  de 
la  France. 

An  Fresne-CamiUy ,  k  une  lieue  et  demie  enrirpn  de  Caeiif 
existe  one  %tise  dont  k  construction  parait  remonter  an  okh 
ment  précis  oà  la  transition  ent  lieu  ;  s'il  était  possible  qoe  les 
soupçons  que  Ton  a  à  cet  égard  devinssent  une  réalité ,  cette 
église  revêtirait  un  caractère  infiniment  intéressant.  L'édifice 
parait  avoir  été  créé  d'un  seul  jet  j  du  moins  s'il  y  a  eu  quel- 
que interruption  ,  elle  n'a  pas  été  de  longue  durée  ;  et  cepen* 
dant  il  est  construit  en  partie  dans  le  style  circulaire ,  en  partie 
dans  le  style  en  pointe.  Dans  l'intérieur  du  corps  de  l'élise , 
les  formes  circulaires  dominent  à  l'exclusion  des  antres;  mais 
on  y  remarque ,  sur  la  muraille  septentrionale ,  one  série  de 
panneaux  dout  les  sommets  sont  en  pointe.  Toutefois ,  ici 
même  la  diiférence  ne  réside  que  dans  la  forme  de  l'arcade  5 
car  toutes  les  moulures  et  tous  les  ornements  sont  des  copies 
exactes  de  ceux  qu'on  voit  prévaloir  U  où  les  formes  circulaires 
ont  été  conservées. 

La  date  du  chancel  est  plus  récente.  Il  est  carré  à  l'extré- 
mité y  et  on  y  rciicouti'e  d'aucieooes  fenêtres  à  lancettes. 

On  trouve,  à  l'extrémité  occidentale,  one  petite  fenêtre 
ronde  ,.  où  existe  en  germe  la  belle  rose  des  siècles  suivants. 

'  L'église  en  entier  est  composée  d'élégantes  rangées  de 
pierres ,  artistement  jointes. 

Mous  examinâmes  avec  soin  la  chapelle  au  rez-de-chaussée 


Si  M.   GALLY-KjriGHT* 

de  la  tour,,  et  la  tour  elle-même  ^  mais  il  ue  résulta  de  notre 
exatiieo  rieo  qui  pût  oons  faire  croire  que  cette  partie  du  mo- 
uumeot  est  plus  ancienne  que  la  nef. 

Une  lieue  plus  loin  se  trouve  le  village  d*Aiiisy  t  ou  y  ar- 
rive pr  un  étroit  sentier ,  dont  on  n'a  jamais  entrepris  de 
corriger  les  difficultés  :  il  est  bordé  de  chaque  côté  par  une 
levée  de  terre  plantée  d'arbres.  Tout  eu  maudissant  les  défauts 
des  routes ,  on  s*attend  naturellement  à  trouver  dans  ce  district  ^ 
des  villages  d'un  aspect  aussi  misérable  que  les  chemins  qui  y 
conduisent  ^  mais  on  est  bientôt  agréablement  désabusé.  La 
belle  pierre  de  Caen  a  été  employée  à  la  construction  des  mai- 
sous  ,  et  elles  sont  loin  d'avoir  une  apparence  de  pauvreté.  Il 
n'y  a  dans  l'église  normande  d'Anisy  ,  à  l'exception  de  se&  pe- 
tites fenêtres ,  et  des  pierres  de  ses  murailles  disposées  en  arêtes 
de  poisson  ,  rien  de  bien  remarquable. 


CHAPITRE  VIL 

Falaise. 


A  sept  lieues  et  demie  environ  an  sud-est  de  Caen  ,  existent 
les  ruines  de  l'un  de  ces  châteaux  qui  étaient  autrefois  répan- 
dus en  si  grand  nombre  dans  cette  province  de  France,  et 
dont  il  ne  reste  aujourd'hui  que  de  très-rares  vestiges.  Le  châ- 
teau de  Falaise  était  une  des  plus  importantes  forteresses  des 
ducs  de  Normandie  :  ce  fut  dans  son  enceinte  que  vit  le  jour 
Guillanme-le  Conquérant. 

De  ce  château  célèbre,  une  grande  partie  a  survécu  :  on  y 
remarque  surtout  un  bâtiment  vaste  et  élevé  :  c'était  le  donjon. 
Dans  les  forteresses  normandes  ,  le  donjon  n'était  pas  on  lieu 
de  détention  ,   mais  bien  l'habitation  fortifiée  du   seigneur 


EXCURSION   MONUMEHTALB   SH   ROBMAUDIE.  S'S 

firodal.  Il  contebait  des  appartements  h  l'asage  de  sa  famille  et 
de  stê  serviteojn^  et  tout  ce  qui  était  propre  k  la  sati^ction 
de  ses  besoins  ordinaires.  C'est  dans  la  tonr  de  Londres  que 
se  troure  Fédifioe  le  plus  parfait  en  ce  genre  :  nne  partie  du 
second  étage  est  oceopée  par  la  cliapelle  ^  la  chambre  do  Con- 
seil ,  qui  serrait  aussi  probablement  de  salle  de  6stto ,  est  à 
proximité  du  toit.  Au  rez-de*chaussée  se  trouvent  des  appar- 
tements voûtés  ,  qui  semblent  avoir  été  des  cachots. 

Le  don)on  de  Falaise  est  bâti  en  pierres  brutes  /  on  a  fait 
entrer  aussi  dans  sa  construction  ,  aux  angles  ,  dans  les 
contreforts  et  dans  les  parties  voisines  des  fenêtres  ,  quelques 
pierres  de  taille.  Ce  qu'il  y  a  de  ces  pierres  est  parfaitement 
travaillé.  Le  travail  surpasse  de  beaucoup ,  en  netteté  et  en 
élégance,  celui  que  Ton  rencontre  oi*dinairement  dans  les 
édifices  normands  les  plus  anciens  d'Angleterre  ;  mais  les 
murailles  semblent  avoir  subi  peu  d'iiltérations.  Il  ne  reste 
qaç  deiix  ou  trois  fenêtres.  Elles  sont  unies ,  et  subdivisées  au 
moyen  d'un  piliejr  simple. 

A  l'un  des  angles  du  doujon  s'élève  une  haute  tour  de  foripe 
circulaire  ;  elle  est  entièrement  bâtie  en  pierres  de  taille ,  et 
sa  construction  date  bien  évidemment  d'une  époque  beaucoup 
plus  récente  que  le  reste  :  on  l'attribue  a  Talbot  dont  elle 
porte  le  nom.  C'est  dans  le  donjon  actuel ,  si  l'on  en  croit  les 
historiens  j  que  naquit  Guillaume  de  Normandie. 

Le  château  de  Falaise  paya  son  tiibut  dans  les  siècles  de 
combat  :  il  soutint  neuf  sièges  consécutifs^  mais  en  raison  de 
sa  situation  y  le  donjon  ne  pouvait  êtie  le  but  des  principales 
attaques  ;  aussi  u'eut-il  toujours  que  très-peu  de  dommages  à 
soufirir.  .    . 

En  i4>7  )  après  un  siège  de  trois  mois  le  château  tomba 
entre  les  mains  d'Henri  V ,  roi  d'Angleterre  :  après  cette  lutte 


$4  M.    CALLT-KHfGHT? 

si  longue  et  «i  apioiâtre  ,  il  oe  resUit  plus  de  lui  qu'un  tronc 
liorriblenient  mutile*  C^est  alors  qu  on  traTaitla  h  la  cobsUuc* 
tian  de  la  tour  de  Talbot. 

Anjourd^hm  le  château  n*est  plus  qti*ime  ruine,  mais  une: 
ruine  noble  et  fière.  Le  donjon  est  assb  sur  un  roc  életé  qni 
domine  .<un  profond  rarin,  La  campa^^ne  aux  enrirous  offre: 

« 

un  grand  nombre  de  paysages  pleini  de  cbarme. 

Je  dois  iaire  honneur  des  diverses  particularités  que  je  viens 
de  consigner  dans  ce  chapitre  ^  au  zèle  dé  M.  Hussey ,  qui  vi- 
sita Falaise  après  mon  départ. 


aiAFlTRE  Vin. 

iSayeux,  —  St."  Gabriel.  —  Caiîiédral^  de  Bayeux.  — 

La  Tapisserie. 

En  partant  de  Caen  ,  nous  no'bs  dirigeâmes  vers  Bayeox. 
Au  temps  des  cérémonies  druidiques ,  Baycut  fut  une  des  ré- 
sidences célèbres  de  ces  farouches  sacrificateurs.  Depuis ,  le 
séjour  des  ducs  de  Normandie  dans  ses  murailles  on  lui  attribua 
un  autre  genre  d'illustration.  Alors ,  elle  était  entourée  de 
forêts  sombres  et  mystérieuses  :  Les  Druides  y  trouvaient 
rombre  que  demandaient  leurs  rites  sanglants;  lés  princes 
normands  s'y  livraient  avec  ardeur  à  la  chasse ,  leur  exercice 
favori.  Mais,  de  ces  forêts  si  fameuses  à  peine  reste-t-il  un 
seul  arbre. 

Entre  Caen  et  Bayeux,  non  loin  du  village  de  Creully  où 
Robert  de  Glocester  avait  un  château  ,  se  trouvent  les  ruines 
du  prieuré  de  Sti^Gabriel ,  fondé  par  ce  prince  en  ifa8  (t). 

(1)  Dans  une  chsrte  qui  appartient  à  l'abbé  De  La  Rite  est  une 


XXCVBMOir  jftoHVlimrtALB   BN   irORMAirDIB.  85 

De  tout  le  inoonaieDt,  il  ne  reste  plus  que  le  cbœiir  de  VégKait) 
mais  €e  lambeaa  d'un  édifice  remarquable  tU  bien  propre  à 
éveiller  Tiotérèt  de  rantiquaire  ;  c*est  un  eiemple  cnrieax  du 
slyle  nonnand  fleuri.  Robert  (qui  était  fils  naturel  de  Henri 
1*'.)  acquit,  par  aon  mariage  avec  laiiUede  Robert* Fita- 
Haoïooy  le  titre  de  comte  de  Glooeater ,  et  la  propriété  de  vastes 
-domaines  eu  Normandie.  Il  prêta  pendant  quelque  temps  Vap- 
poi  de  son  épée  à  la  reine  Matbiide,  et  durant  la  plus  grande 
partie  du  règne  dTtienne  /  il  ne  sortit  pas  de  sa  résidenee  de 
Crenlly.  C'est  pendant  son  séjour  dans  ces  contrées  qo^it  dé^ 
vint  araoureui  d*Isabelle ,  sœur  de  Richard  de  Douvres  ,  évo- 
que de  Bayeux  :  de  ses  liaisons  avec  cettt  dame  naquit  un  fib , 
Richard-Fitz-G)mpte ,  qui  succéda  II  son  oncle  dans  Tépiscopat. 

Bayeux  est  une  ville  tri  te  et  négligée  ;  elle  n*a  qu'un  titre 
qui  la  reconanande  à  l'intérêt  du  voyageur ,  c'est  son  antique 
ei4na)estueuse  cathédrale.  Ce  monument  a  été  victime  de  tant 
de  désastres ,  il  a  en  besoin  de  tant  de  réparations ,  qu'il  porte 
la  cachet  de  tous  les  styles  qui  se  8<mt  succédé  du  XI**  au  XY*. 
siècle. 

Il  fut  commencé  en  io47  9  et  consacré  5o  ans  plus  tard 
(1077)  >  ™^^'  ^'^  '  '^^  ''  '^^ presque  lotaleteent  détruit (i)  , 
quand  Henri  I**".  prît  la  ville  d'assaut  et  y  mit  le  feu.  Désole 
d'avoir  été  la  cause  d'une  pareille  calamité ,  ce  prince  voulut 
recharger  des  frais  de  reslanration.  En  iiSg,  un  incendie 
la  ravagea  encore  (2) ,  et  Philippe  d'Harcourt ,  qui  occupa  le 

coBvention  faite  entre  Robert,  comte  de  Glocester ,  et  les  moines 
de  Fécamp  pour  rétabliMcmeut  d'an  prieuré  à  8t.*Oabriel ,  par 
le  comte.  Cette  convention  est  datée  de  ItlS. 

(t)  «  1400.— La  ville  (de  Bftyoni)f  nt  empoHée  et  bri|^  avec  te 
temple  que  le  Koy  fit  refaire  après.  »  Du  Moulin. 

{2)  a  tuo.—lnceadie  de  la  catbédrale  de  Bs^cux.  »  Du  Moulin. 


86  M.    GAhLi'fMlGB.'m    , 

siège  é^ûicopal  de  Bayeux  die  1 145  à  1 164 ,  est  vegardé  comme 
ayao t  réfMité  le  dommage  (  i  ) . 

.  Il  n'est  saos  doute  pas  impossible  qœ  oe  prélat  soit  pour 
quelque  chose  dans  cette  seconde  restauration  |  mais  il  est 
certain,  qu'en  ii85  ,  lorsque  Henri  II  (i)eat  la  pensée  de  ré- 
server les  premiers  revenus  des  prébendes  qui  devenaient  va- 
cantes, pour  les  £iire  servir  ^ux  réparations  de  ia  cathédrale, 
il  restait  encore  beaucoup  à  faire. 

Henri  de  Beaumont,  qui ,  né  en  Angleterre ,  avait  été  élevé 
à  la  dignité  de  doyen  de  La  cathédrale  de  Salisbury ,  était  à 
cette  époque  évêque  de  Bayeux.  Il  fît  Un  arrangement  pour 
.rexéculion  des  travaux  avec  une  confrérie  d^  miÉçons,  et  ceux- 
ci  vinrent  k  Bayeux  pour  satisfaire  à  leurs  engagements. 
Heni'i  de  Beaumout  mourut  en  xaoS ,  et  fut  inhumé  dans  le 
chœur  de  Téglise  ^  d'où  il  est  peut-être  permis  d'induire  qw: 
le  choeur  était  alors  terminé. 

Si  nous  consultons  les  preuves  qui  paraissent  ressortir  dçs 
diverses  parties  de  l'cdifice,  nons  ne  pouvons  nous  empêcher 
de  penser  que  la  crypte  est  la  seule  chose  qui  reste  de  la  ca- 
.tholraled'Odon^  que  la  nef ,  qui  appartient  au  style  normand 
fleuri ,  fut  comprise  dans  les  restaurations  qui  eurent  lieu  dn 
temps  de  Henri  I^'. ,  et  que  rextrëmité  Est  est  cette  partie 
.qui  fut  reparée  à  la  suite  de  Fincendie  de  i  iSg ,  et  qui  fut 
complétée  avant  Tannée  i2o5. 

(1)  <c  Cathedralem  suam»  incendie  concrematam  ,  restaurasse 
legitiir  Pbilippos  in  Ciurtulario  nigro  capituli  Bajocensis.  Ad 
aonum  1159.  Qu»  si  fera  sunt^etc.  »  Gall.  Clirist.,  T.  Xt,  p.  363. 

(2)  Henricus  II ,  anuo  1183,  statuit  cum  canouicis  reditus  pr«^ 
lkendariiql^^)«noiiicamm  deeedentium  >  usque  ad  an^um,  ad  re- 
ficiendaiu  ecclcAi^œdeputandos^^uod  Urbanualli  ratum  habuit 
Yllidiisoctobris.  Gall.  Cbrist*    • 


EXCVaSION   ilONIJIlBirTALE   BV   irORMANDII.  87 

Noos  atons  quelque  raison  de  croire  que  les  deux  tours  oc*  > 
cideutales  iurcot  éleyées ,  peut-être  sur  de  vieux  fondements , 
Tuoe  par  Richard  de  Douvres,  Faulre par  Philippe  d'Har- 
court ,  tons  deux  évèqoes  de  Bayeux  ^  car  celui-ci  est  enterré 
aux  pied  de  l'une,  el  Richard  de  Douvres  dans  Tintérienr  do 
laotre. 

.  Les  transepts  datent  d'une  époque  beaucoup  plus  récente  : 
ib  ne  peuvent  remonter  au-delà  de  la  première  moitié  du 
XIV*.  siècle. 

La  tour  centrale  (i)  fut  reconstruite  par  Févëque  Louiï  II 
en  1479. 

Non  loin  de  la  cathédrale  se  trouve  un  Hôtel-Dieu ,  fondé 
par  Robert  d'Ablège,  qui  fut  sacré  évèque  de  Bayeux  en  iao6» 
L'intérieur  de  la  chapelle  de  cet  hospice  est  un  des  exemples 
les  plus. élégants  de  l'ancienne  architecture  en  pointe.  Les  fe^ 
iiètxes  sont  en  lancette ,  avec  des  jambages  unis  et  cannelés* 
Robert  d'Ablèges  asf»ista  aux  funérailles  de  Philippe-Auguste  ^ 
il  mourut  lui-même  en  i23i. 

Nous  pûmes  contempler  à  notre  aise  dans  l'H&tel-de- 
Ville  la  fameuse  tapisserie  ,  dont  on  attribue  la  broderie  k 
la  reine  Mathilde  et  qui  rappelle  la  Conquête  d'Angleterre. 
C'est  une  bande  longue  et  étroite ,  et  la  délicatesse  du  travail 
semble  annoncer  la  main  légère  d'une  jeune  fille.  Ce  curieux 
monument  fut,  jusqu'à  la  révolution  ,  tenu  enfermé  dans  un 
coffre  à  la  cathédrale.  C'est  dans  un  inventaire  des  ornements 
de  Notre-Dame  de  Bayeui  qui  porte  la  date  de  1476  qu'on  le 
voit  menlionné  pour  la  première  fois  : 

«  Item ,  une  tente  très-longue  et  étroite  de  telle  a  broderie 


(t)  ftLudoticusII.Tarrim  in  medio  ecclesiœ  construxit  1479.  » 
Gall.  Christ. 


8ft  M.  G*LLV*KlllâHT. 

a  d4iiiàges  et  ésciipleaui  faisans  représentation  de  la  Con- 
«  queste  d'Angleterre ,  laquelle  est  tendue  environ  la  nef  de 
o  Tcglise  le  jour,  et  par  lès  octaves ,  des  reliques.  » 

L*objet  de  la  broderie  est  de  prouver  queGuillaoïnede  Nor- 
mandie avait  h.  la  couronne  d'Angleterre  de  meilleurs  titres 
que  sa  vaillante  ëpce;  Une  moitié  de  la  tapisserie  est  consacrée 
k  la  représentation  d'événements  qui  ont  précédé  la  Conquête. 
On  y  voit  Edouard-le-Conliessenr  exprimant  à  Guillaume  la 
résolution  qu'il  a  prise  de  l'instituer  son  héritier.  Harold  y 
est  représenté  comme  un  traître  ^  un  usurpateur.  Ce  sont  là 
des  £iits  qui  sont  rapportés  par  toutes  les  anciennes  chroni« 
ques,et  qui  par  conséquent  n'avaient  pas  été  confiés  à  Tépouse 
de  Guillaume  seule.  La  tapisserie  contient  d'autres  sujets  qui 
pourraient  faire  révoquer  eu  doute  son  drigine«  Ainsi ,  on  y 
trouve  des  boucliers  ornés  d'écussons ,  et  cet  usage  n'a  été  in- 
troduit, il  est  permis  au  moins  de  le  supposer,  que  postérieure^ 
inent  atex  jours  du  Conquérant.  On  y  remarque  encore  des  allu- 
sions aux  Cibles  d'Esope ,et  ces  fables  n'étaient,  dit-on,  nullement 
connues  avant  la  traduction  qui  en  fut  faite  par  Henri  P". , 
roi  d'Angleterre.  Mais,  quoi  qu'il  en  soit,  le  respect  dont  cette 
tapisserie  fut  constamment  environnée  ne  permet  pas  de  sup- 
poser qu'elle  fut  Touvrage  d'une  main  vulgaire ,  et  la  répé- 
tition fréquente  de  l'image  d'Odon ,  frère  utérin  de  Guil- 
laume ,  porte  fortement  à  croire  qu'elle  est  due  k  un  membre 
de  la  famille  du  Conquérant. 

L'ouvrage  est ,  du  reste ,  infiniment  curieux  pour  les  cos- 
tumes à  des  usages  du  temps. 

(IiUiuiie  à  un  prochain  numéro J, 


i^m^'Hmmmamm 


Siémoé  extraordinaire  à  Agreua  iè  Si  mats  i8S8.— * 
La  Besace  if est  onfcrte  à  4  lieves ,  daAS  k  grande  nlle  de 

Mg'.  l'BvèfQe  do  Bayeu ,  menbre  do  Conseil ,  a  été 
iiivifeé;à  jnénder  la  année.  M«  k  Soi»-préfet  de  Bayeax ,  M. 
de  Caamont ,  direetenr ,  et  M»  Lambert ,  membre  du  Cdoseit , 
om  sî^  ««  b«re»i«  Ce  dernier  «  rempli  les  fimettoos  de 
seerétaire. 

M*  Lambert  a  fupepoaë  de  faire  placer  des-iaaeriptîoos  en 
caM^lèfes diilempt MT  kstuBkcadeideax  évêqneB,  cfteTon 
liait  «an»  l'orgue ,  à  dr<Âte  et  à  gandie  da  vestibule  de  la  ca- 
tUdrak;  Cette  prapositien  a  été  adoptée.  MM.  Lambert ,  de 
MMy  et  Tbomine  eut  été  diai^  da  faire  eiéefirter  le  tnryail. 

M.  Lambert  a  ndamé  ebioite  ^telqQes  secours  potir  ré- 
alise de  S'.-Lonp ,  qai  a  le  phis  grand  bemin  de  réparations. 
Mf  de  .Ca«ilia»t  a  répondu  qne  le  Conseil  a  mis  à  la  disposi- 
tion» èi^  boreau  une  somme  de  loo  iranes ,  qoi  sera  peut-être 
absorbée  par  le  travail  dont  il  vient  d'èg:e  parlé  5  et  qa'il 
croyait  en  oonséqnenoe  pouvoir  prendre  .sor  loi  d'augmenter 
de  5o  £r#ncs  h  somme  allooée  par  k  Conseit. 

Kfg*.  rfv^ne  a  pris,  la  parole  poor  déclarer  qu'il  se 
clmigoraît  de  stibvenir  aox  frm'qne  poniraiem  entraîner  les 
iflsociptioiis  tomolaires^  si  ies  i5o  francs  qoe  bit elpévevlê 
GoQicil  sont  totalement  absorims  par  l'égUae  S'.-Lonp.  M.  de 
Canmont  a  répondu  qoc  l'on  pouvait  compter  sur  cette  allœa^ 
tiflM^  aool  k.oaiidftiaai  toutefois  qne  M.  Lambert  serait  appelé 
]i  diriger  le  travail^  il  a  remenom  Mg^.  l'fivéqae  de- la 
gMmB»ité4Teokf«eUail(ficlitbieo «veair  en  aideâ  k  Société. 

•     •  •      '  ••  / 


90  iroirmus  ÀmcvioibGKivBs. 

M.  l'abbé  Tbomiae  ,  cbanoioe  ,  a'  la  une  notice  contenant 
des  vues  très^ustes  sur  le  mode  que  deyrait  adopter  la  Société 
pour  que  les  réparations  fassent  en  rapport  ayec  le  style  des 
monuments.  lia  démontré  que  rono'obliendnipointàcet^rd 
de  résultats  complètement  satis&iéants  tant  qœ  les  membre* 
de  la  Société  ne  seront  pas  cbargés  de  suiyre  les  trataux  et  de 
snryeiller  rexécntmn  des  détails  architéctoniqnes.  UassemUée 
a  adop]^  les  yues  très-sages  de  ce  mémoire ,  et  décidé  qu'elle 
donnera  suite  à  la  proposition  qu'il  contient.  ^ 

'  M.  de  Milly  a  firis  k  ce  anjct  la  pirde,  et  présenté  nue 
proposition  formulée  en  ces  tér9ies  : 

i^*.  Tons  les  projets  de  trayaux  de  réparation  ou  de  recons* 
truetioB  à  exécuter  k  la  cathédrale  de  Bayeut  seront  commua 
niques  au  fonctionnaire  de  la  Société  cbargé  par  elle  de  teitler 
à  la  consenration  de  ce  monument.  Il  examinerai  et  discutera 
les  plans ,  et  son  ayis  y  sera  annexé,  lors  de  Fenyoi  au  lii« 
nistère.  Apres  Tapprobation  ils  lui  seront  commoniqués  de 
nouyean ,  ^t  il  eu  snryeillera  rexécuUon.  ^  ^ 

.  a®.  Le  Conseryateur  sera  appelé  k  la  réception  des  trayaux  ; 
contre  lesquels  il  protestera  si  l'exécution  n'est  pas  conforme 
au)[  plans.  >   .. 

Ceye.proposition  a  été  adoptée  à  l'ipnanimité.  -        ' 

Le  mémoire  de  M.  Tbomine  se  ter  minait  par  une  ptéj^ 
sition  d'isolement  pour  la  cathédrale.  Ce  prpjet  a  reçu  la 
sanction  de  TassemUée.  Mg'.  rEyèque  et  MM.  de  MUly  >' 
Lambert  et  Thoaûne  se  sont  chargés  de  rédiger  à  ce  sujet 
une  rédamation  pour  être  soumise  au  Conseil  générai  et  aïs 
Conseil  d'arrondissement.  :        ..:.  tô 

Oiyerses  discussions  se  sontéfeyéei  relaiiyement  1  laonnseiw 
yation  des  égli)esd»  diocèse.   ^   '  '    *        -    ^ '• 

.   Ayant  de  clore  la  séaoee ,  les  membres  df  Consul  prémmi 
eut  admis  deux  nouyeaux  membres ,  sayoir  : 


9« 

i*.  M.  Oiriftnr  pb»  Cacnnm  )  1^  Bayem  5 
^.  M.  DB  Saubh  ,  prûpriéuire ,  à  Pkmpont  (Galtadof). 
^  Plnsieiiis  codésiasdqiies ,  M.  DespftlUèrei,  anckn  eonsal 
([éiiâral,  H.  le  marquis  de  Belii£Nit ,  M.  Catlel,  membre  de 
k  Société  des  Antiqnaim ,  et  autres  notables  babitants  de. 
Bayeoz  ont  assisté  à  la  séance ,  ainsi  qœ  plnstears  membres 
de  l'Assodation  Nonnande.  ^    - 

-*^LaS^été  pour  la  cons^nratioa  des  mOmunetots  yiènt'de, 
perdre  encore  un  de  ses  mtmbres ,  M.  Jules  lliçbel ,  de 
Caen ,  officier  de  la  L%ion  d'boaneur ,  Kenlenantrcolonel 
d*artiUerie  à  Lorient.  M.  Blicbel ,  ancien  élève  de  Técolé 
pdytfchnîye ,  avait  dans  son  bonortUe  carrière  vilîlaire 
consacré  ses  loisirs  à  l'étnde  de  f  bisioire  nàtofoUe  et  des  an- 
tiquités; depuis  quelque  iemps  surtout  Farcbéologie  était, 
devenue  son  étude  fiiTorite.  M.  Micbel  était  âgé  de  54  ans» 

Description  de  la  eaààidf^ak  de  Béarnais,  par' At. 
fVùillez*'^iiw3A  nous  empressons  de  signaler  à  l'attention  des 
arcbéolgues  iine  ititéressante  description  de  la  catbédrale  de 
Beâovais ,  par  M.  Emmanuel  Woflkx.  On  n'atait  eu  jusqu'id 
sur  ce  célèbre  monument  que  des  notices  trop  suocinctee  pour 
sàm&ire  pfeiaement  la  curiosité.  Mais  aujourd'hui  ,  grâce 
aut  déssib  plus  circonstanciés ,  à  l'analyse  plus  ttgoureuse 
qoe  nous  donne  M.  WolNez  ,  grâce  surfotit  i  ses  bHla 
pbacbés  ipÀ  ne  sont  pas  la  partie  la  moins  précieuse  de  son 
ouvrage ,  il  nous  est  permis  d*acquérir  une  idée  aussi  complété 
que  possible  de  )*nn  des  édiOca  religîent  les  plus  remarquables 
de  France.  Qui  ne  voudrait  connaitre  oMie  majestueuse  catbé* 
drale  qui  vit  s'incliner  sous  ses  voûtes  trois  illustres  tètes  cou- 
ronnées ,  qui  a  ouvert  tant  de  fois  son  enceinte  aux  prélats  les 


*§. 


plus  distingués  ptrkiur  «aiiiiiMie  ^  It or  iframU  ftf  té ,  depus 
Hoori  de  fram  ^  .fiil  de  liMÎaJe-Gros ,  înaqn^à  riéforimé 
Fraafois  de  k  RoebefOneaKk.  On  s«ic  ^«e  Tédifioe  a  essuyé 
liien  des  reirerà,  qu'il  l^veiUé  U soUicitiide  de  l'un  de  nos  pfai^ 
grands  prtBces ,  Franco»  I^« ,  qu'on  pape  même  aida  m  sêl 
restaurâlion  ,  qu'^fis  malgré  riatérèt  géoéml  que  le  ibobih 
ment  inspirait  il  n'en  est  pas  moins.resté  imp«r&k5  on  Toodm 
savoir  alors  ce  qne  cette  masse  d'efforts  a  prednit ,  qnels  sont, 
malgré  son  état  4'iraperfietion  ,  les  titres  >de  la  eatbédralc  ;  k 
l'admiratiott  des  àmîs  dos  «ru.  L*ooyrage  de  M.  WoYlles  sa- 
tisfera ^lehieiDieiit ,  sous  tons  les  raf^rts ,  la  curiosité  des 
lecteurs ,  des  énidits  etdes  sanis des  arts  du  noyon  âge.  Il  se 
composed'aD  petit în-f<dio et  de  iS  planches,  dont  taneest  colo- 
riée. Il  se  tront^s  k  la  librairie  départementale  de  %iiAc«k, 
rue  du  BOttloy ,  n^  f. 

—Nous  vènonsde  recevoir  la  description  de  Vignogoulet  de 
St.«FéUxrdf-l|0ataeA\i ,  dent  AKmiatères  de  fei^me»  du  S|s- 
Langoedoc  »  p^  M*  JuWft  Hepouvier ,  avec  8  beiles-planebes 
devinées  fàr  M*  Jt  Sf  JLatMreat.  Cette  pd»Ucatioa  est  aussi 
satitfaiaajil»,  «nssi  pftT&ke  qne  celles  que  nous  devons  déjà  à 
M*  RenoQiior,  k  umnH  f^t  babile  explorat^v  4es  moatunem» 
dtt  midi  de  U  Fvazioe  ^t  ,ku  ejreyon  de  M.  Laiivent.  Novs 
tspyons  4T^  ealîsfiwtioti  q^e  M*  Renoovier  et  son  eoUa-. 
boTMar  se  pr^[K)iei|t  d'^liq^r  sufcceaivement  dans  leur 
biaioîbe  «t  leur  aroUteclArf,  ions  left  moiHiiiieptsdes  aneiena 
dîoeistt  du  Bas-IiipgDedocj  nou^  w  pouf  oos  trof  tes  engager 
k  persister  dans  ce  grflivd  ^Jei ,  et  à  cçMa«er  l'oaTJrage 
cQBHBe  ils  l'ont  conneiioé^ 


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SECOND  FRAGMENT 

De  la  relation  d'un  voyage  archéologique  fait 
en  Normandie  en  1 831  par  M%  Gally-Knight, 
et  publié  à  Londres  en  1 836  ,  communiqué  à 
la  Société  pour  la  conservation  des  monu- 
ments, par  M*  DE  Caumont. 


CHAPITRE  IX, 

Carentan. — Ste.-Mère-Eglise.-^Montebourg.'^Falognes, 

Après  Bayenx  nous  visitâmes  Carentan ,  qni  possède  une 
bôfine  église  avec  nne  pyramide.  L'architectnre  de  Yéiiûcè 
est  Normande  ;  on  y  remarque  cependant  certaines  parties  qui 
portent  les  caractères  du  style  en  pointe.  Il  y  a  dans  la  nef  des 
contreforts  complexes  ,  et  sons  la  tour ,  des  arcades  décorées 
d*une  grande  quantité  de  moulures  très-prononcées.  Le  chœur 
est  environné  de  piliers.  On  trouve  des  colonnes  dépourvues 
de  chapiteaux  ,  mais  qui  ont  4^s  moulures  à  la  base.  L'extré- 
mité E&t  est  dans  le  style  du  XIV*.  siècle  (i). 

A  Ste .-Mère-Eglise  nous  rencontrâmes  un  inonument  reli* 
gieux  qui  se  rapproche  beaucoup  de  celui  de  Carentan.  A 

(1)  La  mëmoirc  de  M.  Gally-Knight  €8Mel«»  4éCiiit ,  car  la 
pins  grande  iiartie  de  cette  église  appartient  au  atyle  ogival  de 
la  troisième  époque.  ^  JVoie  de  M,  de  CaumontJ. 

8 


94  M*    ÊltLY-KfrifllIT. 

Monteboorg  se  tronire  un  abbaye  que  noos  allâmes  visiter.  On 
sait  qae  son  ëgliie  fut  cOosaciéè  eu  i  i5â  ;  ttlaû  il  n'en  reste 
aujourd'hui  aucun  yestige  debout.  Le  couvent  fut,  comme 
tani  d'autns ,  k  ïst  rétolution ,  rendu  par  parties  h  un  certain 
nombre  de  petits  propriétaires  qui ,  pour  recneillrr  de  bons 
matériaux  ,  menèrent  bon  train  Vœuvre  de  destruction.  Oti  oe 
retrouva  en  sa  pîace  que  des  fondations  et  des  décombrei  ;  et 
rien  n'indique  h  quel  style  il  pouvait  «ppârtenir.  Il  en  exis* 
tait  encore  des  restes  importants  en  1817  ;  À  cette  époque,  un 
membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Nowniindiff  wBila  ces 
lieux ,  et  comme  s'il  avait  un  pressentiment  que  ce  qui  restait 
de  rédifice  allait  bientôt  disparaître  ,  il  résolut  d*eo  conserver 
au  moins  le  souvenir.  Il  publia  dans  la  suite  une  description 
et  une  histoire  du  monastère  de  Montebourg,  et  enrichit  son 
ouvrage  de' trois  vues  de  IVglise^  dessinées  au  milieu  drs 
ruines.  Ces  planches  nous  apprennent  que  le  monument 
était  construit  dans  le  style  circulaire ,  à  Texception  des  ar- 
cades sous  la  tour  centrale,  et  de  cette  tour  elle-même,  qui  ré- 
vélaient le  style  en  pointe  j  mais  ces  portions  peuvent  avoir 
été  rebâties  k  une  époque  bien  postérieure  k  la  construction 
primitive. 

C'est  Beaudouin  de  Reviers ,  comte  de  Devon  ,  qui  fit  pres- 
que seul  les  frais  de  l'érection  du  monument.  Comme  il  avait 
embrassé  le  parti  de  Geoffroy  de  Plantage  net  ,J1  s'était  vu 
forcé  de  se  retirer  en  Normandie  pour  se  soustraire  au  ressen- 
timent d'Etienne  deBlois,  à  qui  était  restée  la  victoire.  L'église 
fut  consacrée  en  1 1 52  par  l'archevêque  de  Rouen,  en  pré- 
sence d'Henri ,  alors  duc  de  Normandie  ,  et  qui  régna  ensuite 
ta  AnglcMrre  sous  k  non  d'Henri  IL 

De  Mcmtri^ourg  niHis  gagnâmes  Vàlognes  ,  petite  ville  fort 
agi  table.  On  y  rencontre  quelques  maiious  spacieuses  avtec 


BXCVBSION   MQVIJMB]rTAl.B  SIT  NOBMANDU.  g5 

aii€  cour  devant  «t  un  jardin  derrière ,  deox  dioiei  fpii  en 
France  sont  coniidérées  comme  les  accessoires  indispensable! 
de  rhôtel  d*nn  gentilhomme. 

Noire  but  principal,  en  nous  dirigeant  yers  Yalognes,  était 
d'avoir  une  eommuaicaticm  particulière  avec  M.  de  Gerville , 
mefitbre  distingué  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie, 
et  Fun  de  ceux  qui  contribuent  le  plus  h  ses  publications  pé- 
riodiques. Au  temps  de  l'émigration ,  il  passa  plusieurs  années 
en  Angleterre  ;  il  y  enseigna  Fitalien ,  et  y  fit  des  études  bo« 
taniques ,  avec  cette  résignation  philosopbique  qui  caractérise 
le  français.  Aujourd'hui  il  a  repris  tout  Tenjouement  de  son 
pays  natal ,  et  il  consacre  ses  instants  de  loisir  k  explorer  le 
sol,  si  riche  en  antiquités,  de  la  province  qu'il  habite.  Il  nous 
fit  l'accueil  le  plus  obligeant ,  le  plus  aimable ,  et  je  m'em- 
presse de  saisir  l'occasion  qui  se.  présente  de  lui  en  témoigner 
ma  reconnaissa  nce  • 


CHAPITRE  X. 


Cfierbaurg.  —  Octeville.  —  Martinvast,  —  Briquebec.  — 

VeUognes. — Le  Ham» 

La  contrée  que  nous  traversâmes  pour  arriver  à  Cherbourg, 
est  semée  de  bois  et  de  collines ,  et  ornée  de  verdoyantes  prai- 
riesj  elle  oUre  beaucoup  de  ressemblance  avec  les  provinces 
intérieures  de  l'Angleterre.  Sur  le  rivage  français,  la  végéta- 
tion ne  semble  en  aucune  manière  soufirir  du  voisinage  de  la 
mer. 

Cherbourg  est  dominé  par  des  rochers  hauts  et  escarpés ,  an 
pied  desquels  il  est  situé.  Cest  une  ville  qui  a  peu  d'impor- 
tance par  elie-roène  f  œ  qui  Ipi  donne  de  Tintérèt  ^  ce  sont  les 
chantiers  et  les  arsenaux  dont  elle  est  pourvue. 


96  M.    6ALLY-Kffl«HX. 

Nous  ne  tardâmes  pas  à  la  quitter  ^  et  nous  nous  mtines  \ 
Érayir  une  montagne  dont  la  longueur  nous  fatigua  beaucoup. 
ArrÎTes  au  sommet,  nous  trouyâmes  le  village  d'Octeville,  qui 
renferme  une  yieille  église  Normande,  dont  la  tour  de  form« 
octogonale  est  bien  faite  pour  éveiller  la  curiosité.  Nous  des- 
cendîmes le  côté  de  la  montagne  opposé  k  celui  qui  nons  avait 
conduit  au  sommet ,  tout  en  payant  nôtre  tribut  d*admi ration 
k  ces  forets  et  à  la  fraicbe  verdure  de  ces  coteaux  qui  embel- 
lissent la  campagne  sur  laquelle  planait  notre  vue  ,  et  nons 
atteignîmes  le  village  de  Martinvast ,  qui  est  situé  dans  la 
vallée.Une  prairie  défendue  par  une  clôture^  conduit  à  Téglise; 
cet  isolement  dans  lequel  se  trouve  le  monument ,  a  quelque 
cbose  de  religieux  ;  le  petit  cimetière  est  planté  d*ifs  antiques 
et  vénérables.  L'église  appartient  à  l'ancien  style  Normand. 
A  Textérienr  de  l'extrémité  semi-circulaire ,  a  l'Est ,  on  re- 
marque des  demi-colonnes  sveltes  et  déliées ,  surmontées  de 
cbapiteaux  de  forme  ionique.  Sous  le  tpit  se  trouve  une  cor- 
nicbe  composée  de  têtes  grotesques.  A  l'intérieur ,  l'édifice  a 
une  élévation  imposante  5  il  est  voûté  en  pierre.  Les  arcades 
qui  supportent  le  toit^  révèlent  la  forme  bizarre  du  fer  à  cheval . 

Nous  retournâmes. à  Yalognes  par  une  ronte  diflTérente  de 
celle  que  nous  venions  de  suivre  j  mais  c'était  toujours  la 
même  campagne  couverte  de  bois ,  les  mêmes  tableaux  ,  la 
même  v^griété  ^  c'est  l'ame  déjà  pleine  des  douces  émotions  que 
faisaient  naître  la  beauté  de  ces  lieux,  que  nous  ari'ivâmes  k 
Briquebec.  Il  existe  encore  dans  ce  village  des  vestiges. consi- 
dérables d'un  château  qui  a  successivement  appartenu  aux 
Berlram  ,  aux  Paynel,  et  aux  d'Estouteville.  Situé  à  l'une  des 
deux  extrémités  du  bourg  qui  a  grandi  sous  sa  protection  ;  ce 
château  occupe  un  terrain  élevé ,  et  commande  une  vaste 
étendue  de  pays.  Le  donjon  et  Jcs  mars  de  circonyallatioa 


IZCVAflON   MOHUMENTALI.  IH   ITOEMÂirDII.  97 

soDt  encore  delraut ,  mais  ils  u'oot  pu  échapper  tout4-fait  aux 
ravages  da  temps.  Le  donjon  est  octogonal,  et  k  sol  sur  lequel 
il  a'appnie,  est  plus  élevé  que  le  reste.  Dans  une  partie  des 
murailles  de  la  cour,  on  rencontre  des  traces  du  XI*.  siècle  ; 
le  donjon  date  du  XIY*. ,  et  une  autre  partie  du  château  ne 
peut  remonter  au-deli  du  XYI*.  siècle. 

A  notre  retour  k  Yalogues ,  après  un  déjeAner  que  nous 
offrit  M.  deXîerville ,  nous  nous  dirigeâmes  vers  le  village  du 
Ham.  -C'est  un  groupe  d'habitations  qui  t'abritent  au  milieu 
de  nombreux  bouquets  d'arbres  ;  il  louche  à  l'un  de  ces  vastes 
pâturages  si  communs  dans  la  Basse-Normandie. 

Kous  y  vîmes  une  vieille  église  qui  est  construite ,  en  partie 
dans  le  style  circulaire  y  en  partie  dans  Fancien  style  en 
pointe.  Les  fenêtres  étroites  en  lancette'  ont  une  longueur 
vraiment  extraordinaire  ^  je  ne  me  rappelle  pas  en  avoir 
jamais  vu  de  pareille  dimension.  On  consenre  dans  cette  église 
un  objet  fort  curieux ,  qui  est  tout  ce  qui  reste  d'une  chapelle 
qui  existait  autrefois  dans  les  environs.  Cest  une  pièce  de 
marbre  qui  formait  autrefois  le  dessus  d'un  autel  chrétien  ; 
elle  porte  une  inscription  qui  date  du  temps  de  Théodoric  , 
dont  le  r^ne  remonte  au  YI*.  siècle.  Les  caractères  qui  la 
composent,  sont  pour  la  plupart  romains;  on  y  rencontre 
cependant  quelques  innovations  (i). 

Non  loin  du  village  se  trouve  un  antique  manoir  seigneu-* 
rial- très-vaste,  et  une  tour  h  toit  conique  qui  renferme  Tesca- 
lier.  Le  nombre  des  vieux  châteaux  déserts  que  l'on  prouve 
dans  les  environs  de  Yalognes,  est  considérable  ;  les  proprié- 
taires les  ont  abandonnés  pour  yenir  résider  dans  la  ville. 

(1)  Cet  avte!  curieux  a  été  transporté  à  Talognet  et  déposé 
dans  la  bibliotbèque  publique.  r^^f*  ^^  traduit,  J, 


9« 


M.   GAUY-lUriOHT. 


CHAPITRE  Xt. 


CohmhL  —  St.'Saui^eur,  Le  château,  Vahhaye.  •— 
Blanchelande*  —  La  ffaye^du-Puits,  -—  Lessay.  — > 
Coutances* 


Apiiès  que  M*  de  Geryîlle  nous  ent  tracé  l*îtinëraire  qui 
•devait  ooQs  £iire  rencontrer  ane  foole  d^objeis  intéressants , 
nous  loaâmes  un  cabricdet  et  nous  enToyâmes  notre  équipage 
nous  attendre  à  Coûta nces.Cétait  par  des  cbemins  de  traverse 
que  nous  deVions  voyager ,  et  nous  ne  pouvions  songer  à  nous 
y  aventurer  dans  une  voiture  à  ressorts; 

En  sortant  de  Yalognes ,  nous  n  eûmes  aucune  raison  pen* 
dant  trois  lieues  de  nous  plaindre  de  la  route.  La  seule  chose 
remarquable  qui  s'offrit  k  nous^ce  fut  la  belle  église  en  pierre, 
de  Colombi ,  où  sont  pratiquées  des  fenêtres  à  lancette  ,  d'une 
longueur  encore  plus  extraordinaire  que  celles  de  Féglise 
du  Ham. 

Lorsque  nous  fâmes  arrivés  au  sommet  d*un  long  coteau  , 
notre  vue  plana  sur  le  bourg  de  S'. -Sauveur  ,  et  sur  le  châ- 
teau démantelé  et  l'abbaye  en  ruines  qui  lui  donnent  de 
rimportance.  Ces  restes,  si  pleins  d'intérêt,  sont  situés  sur  le 
penchant  d'une  petite  colline  ,  au  pied  de  laquelle  s'étend  un 
tapis  de  verdure  où  serpente  un  étroit  ruisseau  aux  mille  dé- 
tours :  la  distance  qui  les  sépare  les  uns  des  antres,  est  fort  peu 
considérable* 

Cest  dans  la  première  moitié  du  X".  siècle  que  F  un  des 
clie&  normands  k  qui  RoUon  avait  donné ,  comme  récom- 
penses de  leurs  services ,  le  pays  que  nous  visitions  alors ,  jeta 


XXCVmklOJI    MOirVMKilTALI   EU   ROEMLàlfDIl.  gg 

les  fondeinents  do  château  de  S'.-Saavear.  Ce  cUteav  de- 
meura dans  la  Cuiiille  du  foadateur  ja»qa  au  XU*t  liècley  oà 
il  devint,  par  suite  d'un  mariage ,  la  propriété  dea  Tesson. 
Vers  là  fin  do  même  siècle ,  l'héritière  de  cette  dernière  fkr 
mille  accorda  sa  main  et  son  cbâtean  k  nn  d'Harconrt.  En 
1S28 ,  Geoffroy  d'Hareonrt  lit  du  manoir  seigoeorial  une  £)r« 
teresse  imposante.  Après  lui ,  Edouai-d  III ,  roi  d'Angleterre 
en  apa nagea  le  célèbre  Chandos.  En  défiuitiTe ,  à  la  suite  de 
hien  d'autres  ricissitades  >  le  château  a  été  transformé  en*  nn 
h&pital. 

On  retromre  des  murailles ,  dea  portes  et  des  loors*  Ce  qui 
nous  frappa  le  pins,  c'est  une  grande  tour  carrée  >  bâtie  par 
Chandos,  à  qui  est  due  aussi  la  construction  d'une  des  portes 
de  la  forteresse. 

Quand  nous  eilmes  visité  le  château ,  notis  trayersâmes  le 
boorg  ,  où  nous  ne  vîmes  que  qnelqoes  maisons  d'asaea  bonne 
apparence,  qui  appartiennent  h  de  petits  gentilshommes  de 
campagne.  Parmi  eni  on  remarque  le  représentant  d'une 
noble  race ,  Tabbé  de  Percy  ,  qui  descend  de  la  branche  Nor« 
mande  de  cette  famille  dont  le  oom  est  devenu  à  fameux  en 
Angleterre.  On  ne  peut  s'empêcher  de  se  sentir  pris  d'une 
sorte  d'étonnement  mêlé  de  re^pect^  la  vue  de  ce  débris  d*une 
.  race  qui  a  traversé  tant  de  siècles,  encore  debout  sur  le  sol 
natal . 

A  deux  lieues  de  St. -Sauveur  se  trouve  le  hameau  de  Pierre- 
pont  j  c'est  le  berceau  d'une  autre  noble  famille  d'Angleterre. 
La  Normandie  abonde  en  souvenirs  pareils  ;  et  c'est  ce  qui 
donne  k  ses  vieux  châteaux  ,  à  ses  antiques  abbayes  tanl  d'iu- 
térèt  aux  yeux  d*  an  anglab.  Tout  ici  lui  rappelle  ou  &a  propre 
famille,  ou  de  glorieuses  maisons  dont  le  nom  a  retenti  bien 
des  fois  â  ses  oreilles^ 


4  00  .M.,GALI.T-ftJIIG|IT. 

-  Ifoossorâmes  da  boarg'pour  aller  visiter  Fabbiye. 

Les  bâtiments  da  couyeat  sont  eueore  debout , mais  leurs 
toits,  n'abritent  plos  de  moines  ;  ils  ont  changé  de  maîtres,  et 
sont  tombés  dans  un  délabrement  pénible  à  voir. 
<  L'église  est  en  ruines ,  et  il  n'en  restera  bientôt  plus  de 
traces.  Noos  aperçûmes  l'indhidu  qui. en  est  actuellement 
propriétaire ,  perché  sur  ses  murailles,  et  occupé  à  en  enlever 
les  pierres  pour  les  faire  servir  à  ses  propres  consti'uctions. 
'  Cette  abbaye  fut  fondée  par  les  Tesson ,  au  temps  où  ils 
étaient  seigneurs  de  l'endroit.  On  la  commença  en   1067. 
<  L'jéglise.  ne  fot  consacrée  qu'en  1 160  ;  elle  resta  inachevée 
jusqu'au  commencement  du  XIIP.  siècle.  A  cette  époque  la  , 
.  famille  d'Uarcourt ,  qui  avait  succédé  aux  Tesson  dans  k  sei« 
gneurie  de  St.-Sauveur ,  entreprit  de  la  terminer ,  et  on  re- 
UOQve  encore  ses  armçs  sur  quelques-unes  des  clefs  de  pierre 
du  transept  Sud.  Il  s'écoula  donc  200  ans  entre  l'instant  où 
l'édifice  fut  commencé,  et  celui  où  on  y  mit  la  dernière  main. 
Il  n'y  a  rien  de  bien  extraordinaire  dans  cette  circonstance  ; 
mais  il  nç  faut  pas  oublier  qu  elle  a  conduit  à  des  conclusions 
erronées.  On  témoignait  une  certaine  répugnance  à  imaginer 
une  interruption  de  si  longue  durée  ,  et  00  se  trouvait  invo- 
lontairement porté  à  assigner, à  la  partie  la  plus  récente  4)S 
l'édifice ,  une  date  à  laquelle  elle  ne  pouvait  légitimement  pré- 
tendre. 

-;  Jusqu'à  la  hauteur  du  Iriforium.,  le  style  circulaire  se 
manifeste  k  l'exclusion  de  tout  autre  style  d'architecture  da-ns 
rédifice  ;  il  faut  cependant  en  excepter  le  chœur,  dont  lac  cons- 
truction est  sans  aucun  doute  beaucoup  plus  récente.  Mais 
au-dessus  du  trifonum  ,  c'est  le  tour  du  style  en  pointe  3  on  y 
reconnaît  l'archileclurc  du  XIII*.  siècle ,  et  par  conséquent  il 
faut  rapporter  cette  partie  du  monument  à  la  famille  d'Hai'- 
rourl. 


EXCURSION   MOHVMBUTALI    BH   NORMAIIDIB.  lOX 

<  Dans  le  XIV'.  siècle,  Jeao  Chandot ,  craiguant  qot  cette 
%Use  ne  seryit  aux  projets  de  rennemi,  la  fit  démanteler»Elie 
fut  réparée  dans  le  coarant  da  XY*.  siède.  On  reconnaît  aisé- 
Mient  les  réparations  k  k  dillérence  du  stjfle. 

Après  ayoir  quitté  St.-Sanyenr ,  nous  trayerslmes  une  con- 
trée qu'embellissent  des  champs  bien  cultivés  ,  et  qui  a  une 
apparence  de  vie  et  de  richesse:  mais  il  nous  arriva  bien 
souyent  de  maudire  les  routes  détestables  qui  y  conduisent.  A 
peine  pûmes-nous  ajouter  foi  à  ce  que  nous  disait  notre  guide 
lorsqu'il  nous  indiqua ,  comme  la  route  dans  laquelle  nous 
deyion^  entrer ,  quelque  chose  qui  ayait  l'air  d'un  fossé  ayec 
des  bords  éieyés  et  plantés  d*arbres;  il  bllni  bien  cependant 
nous  résigner  h  y  descendre.  Les  routes  ,  en  Normandie  ,  ne 
se  sont  pas  ressenti  de  Tinflueuce  des  siècles  de  progrès.  Elles 
•sont  en  arrière  de  cent  ans  au  moins,  comparativement.li  tout 
ce  qui  les  entoure  :  les  champs  se  couvrent  de  riches  moissons, 
les  villages  sont  bien  bâtis ,  les  fermes  en  grand  nombre ,  tout 
en  un  mot  poite  des  traces  d'ordre  et  d'industrie  ^  et  Ton  a 
bien  droit  de  s'ctonner  alors  qu  une  population  qui  marche  si 
rapidement  vers  le  progrès,  puisse  laisser  subsister  les  chemios 
les  plus  impraticables^  quand  leurs  chariots,  leurs  bêtes  de 
somme ,  quand  eux-mêmes  se  trouvent  chaque  jour  en  danger 
d'y  être  mis  en  pièces. 

Pour  satisfaire  le  désir  que  nous  éprouvions  de  visiter  Fan- 
cicnue  abbaye  de  Blanchelande,  nous  fûmes  obL'gés  de  monter 
ua  chemin  étroit;  mais  à  peine  y  étions- nous  entrés  que  nous 
restâmes ,  à  proprement  dire  ,  cloués  sur  la  place.  Nous  eûmes 
beau  crier  et  (aire  jouer  le  fouet  ;  force  nous  fut  de  descendre 
el  de  nous  servir  de  nos  jambes.  Nous  marchâmes  pendant 
quelque  temps  sans  rien  découvrir  devant  nous  3  notre  vue 
était  masquée  par  des  coudriers  cl  d'autres  arbres  3  enfin,  nous 


loa 


M.    GALLT-KNfCHT. 


arriviiueft  à  un  village  ^  lur  aa  pUleau  élevé  ;  tt  alors  nous 
aperçûmes  le  bourg  et  le  cbâtean  de  La  Haye-da«PoîU  ,  une 
longue  rangée  de  eoliiues ,  des  pâturages  eu  aboudance ,  et  ijss 
clochers  de  plusieurs  églises  dans  le  lointain.  Quand  notu 
eàiam  trayené  le  Tillage ,  nous  tottAbâmes  dans  uu  autre  sen- 
tier obscur }  et  après  a^vuir  traverse  un  bois ,  nous  nous  trou- 
vâmes bientôt  transportés  dans  un  vallon  silencieux,  qui,  avec 
ses  arbres  et  sa  verdure ,  compose  un  m  te  tout  anglais,  A 
Textrémité  de  ce  vallon  existent  les  restes  de  Tabbaye  de  Blau- 
chelandc;  une  émineuce  la  défend  contre  les  vents  du  Nord  , 
et  les  eaux  limpides  d*un  ruisseau  sans  nom  arrosent  ses  mu- 
railles. La  demeure  de  Fabbé,  où  les  évêqocs  de  Coutanccs 
venaient  autrefois  passer  la  lielle  saison ,  est  as.ez  bien  con- 
servée ^  c'est  aujourd'hui  la  maison  d'habitation  du  fermier. 
Sa  Cimille  avait  connu  Tabbaye  dans  des  temps  plus  heureux, 
et  il  se  mêle  toujours  dans  ses  récits  queU]ue  souvenir  des 
anciens  propriétaires. 

11  ue  reste  presque  aucun  vestige  de  la  consliuctiou  primi- 
tivej  les  faibles  débris  devant  lesquels  s'arrête  le  voyageur,  re- 
présentent ,  pour  la  plupat^t ,  les  réparations  que  Télat  de 
rédifice  a  autrefois  nécessitées.  L'église  consistait  dans  une 
nef  sans  ailes.  Aux  murs  latéraux  sont,  juxta- posés  des  pilastres 
auxqueb  viennent  se  juindie  trois  demi-colonnes  qui  vont 
s' élevant  jusqu'au  toit  pour  le  soutenir.  Les  parties  originelles 
de  rédifice,  que  nous  avons  dit  être  en  très-petit  nombre,  ap-' 
particunent  au  style  circulaire  ^  la  voûte  cependant ,  dont  on 
retrouve  quelques  traces ,  parait  avoir  revêtu  la  forme  en 
pointe.  Les  chapiteaux  des  piliers  et  les  moulures  doivent  être 
rapportés  au  dernier  Monnand. 

La  tour  doit  avoir  été  rebâtie  en  entier  ,  et  le  portail  occi« 
dental  date  sans  doute  d'une  période  beaucoup  plus  récente. 


SXCVRftlOir   MOVVIIEIlTAil..  £H   HOnMAMDIf.  loV 

Cetteo  f  i85  <{v>nt  lieo  la  ooiisecrattoa  4*  t'^iw-  Ricbard 
de  La  Haye,  seigneur  de  I^a  Haye-du*Piiiti ,  et  faTori  d*iletiri 
II,  roi  d'Angleterre,  fonda ,  de  conoerl  afec  Matliilde  de 
Teroon ,  son  ëpoose ,  l'abbaye  de  Biaockelande,  en  1 155 ,  et 
ne  sonfirit  pas  qne  d'antres  que  lui  en  fissent  les  frais.  Il  ne 
yiùttt  pas  assex  long-temps  pour  Toir  le  oonronnement  de  son 
teorre.  Mais  sa  Tenve,  qu  il  procéda  de  ^o  ans  dans  la  tonbe, 
se  chargea  de  rachèveaient  da  projet  qu'ils  ayaient  eooçn  en* 
semble* 

La  YÎe  de  Richard  de  La  Haye  M  féconde  en  ces  aTOntnres 
si  communes  dans  les  siècles  de  léodalité ,  et  qu'exploitent  an- 
joord'hui  les  romanciers  et  les  poètes.  Par  son  refus  de  pftter 
serment  de  fidélité  k  Geoffroy ,  comte  d'Aojon ,  qni  avait 
enrahi  la  Normandie  et  qui  en  resta  pendant  quelque  temps 
le  maître ,  il  encourut  le  ressentiment  de  ce  prince  5  pour  s'y 
soustraire,  il  s'échappa  h  bord  d'un  navire  ;  mais  cet  navire 
devint  la  proie  d'un  forban,  et  pendant  plosieors  années^  Ri- 
chard  souffrit  tous  les  tourments  d'une  dure  captivité.  Cest 
peut-être  pour  perpétuer  le  souvenir  de  son  heureuse  déli- 
vrance  et  de  son  retour  sur  le  sol  natal,  qu'il  fonda  le  moiias- 
fère  de  Blanchelande. 

A  la  descente  du  coteau,  nous  rencontrâmes  le  village  de  La 
Haye-dn-Puits,et  nous  visitâmes  les  ruines  de  son  château  qui 
s^éiève  sur  une  éminence.  Un  jeune  fermier  ,  propriétaire 
actuel  de  ces  débris,  s'offrit  à  nous  servir  de 'guide.  Il  en  avait 
déjà  fiait  abattre  la  plus  grande  partie ,  et  il  exprima  devant 
nous  son  intention  d'en  faire  autant  du  reste  j  on  lui  achète- 
rait les  matériaux  pour  les  employer  â  la  réparation  des  routes, 
et  œ  vieux  monument ,  nous  dit-il ,  lui  serait  an  moins  de 
quelque  utilité.  Nous  ne  pouvions  lui  objecter  que  Jes  routes 
ne  demandaient  pas  k  être  réparées ^  mais  ibuons  était  pé* 


lo4  M.  .GALLY-KNICaT. 

nibit  de  penser  que  le  château  devait  veaii  salûfaire  à  ce 
besoin  dont  nous  n'avions  (jue  trop  reconnu  Teustence.  Nous 
pûmes  encore  admirer  la  majesté  d'une  belle  four  antique^ 
mais  il  est  probable  qu'aujourd'hui  le  voyageur  qui  se  dirige- 
rait vers  La  Haye-du-Puits  dans  le  même  but  que  nOus ,  ne 
serait  pas  aussi  heureux  ^  sans  doute  ,  le  bourg  dépouillé 
ipaintenant  de  ces  ruines  imposantes ,  son  seul  ornement,  n'est 
plus  qu'une  résidence  o^cure  et  ignorée. 

Au  milieu  des  fondations  du  château  ,' nous  découvrîmes 
quelques  blocs  de  pierre  -de  grande  dimension  et  de  forme 
carrée^  ils  nous  {parurent  travaillés  dans  le  style  romain. 
\  Dans  le  milieu  du  XI*.  siècle  ,  le  château  de  La  Haye-du- 
Pqits  appartenait  à  Turstin  Halduc ,  fondateur  de  l'abbaye 
de  Lcssay.  Odon ,  ison  fils ,  était  sénéchal  au  service  de  GuiU 
laume-le-Conquérant.  Le  château  passa  successivement  en 
différentes  mains 5  la  résidence  privée  fut  rebâtie  dans  la  der- 
nière moitié  du  XVP*  siècle,  A  Tépoque  de  la  révolution  ^ 
elle  était  la  propriété  du  Mq".  de  La  Salie. 
'  Notre  cabriolet  étant  enfin  parvenu  à  se  tirer  des  difficultés 
qui  entravaient  sa  marche,  vint  nous  rejoindre  à  La  Haye-du- 
Puits.  Son  arrivée  ne  laissa  pas  que  de  nous  causer  un  grand 
plaisir  :  il  nous  reçut  bientôt  et  nous  conduisit  à  Lessay  j  nous 
savions  qu'il  existait  dans  ee  village  une  abbaye  qui  était , 
ainsi  que  son  église ,  demeurée  presque  intacte.  Ce  monument 
est  moins  agréablement  situé  qiie  beaucoup  d'autres  maisons 
religieuses  3  il  est  à  Textrémité  d'un  vaste  marécage. 

L'église  est  un  bel  exemple  du  style  Normand.  Tout  est 
simple  dans  cet  édifice  ;  mais  tout  aussi  est  grandiose  ;  on  y 
voit  une  tour  centrale  pleine  de  grâce  bide  noblesse.  Le  por- 
tail occidental  est  plus  orné  que  tout  le  reste  ^  il  offre  cette 
mouture  à  dents  de  chieu  qui  ne  fut  employée  en  Angleterre 


BXCUBSION    MOMUMINTALE   lit' jrOBMAHDII.  loS 

quà  la.fiû  dn  XII*.  siècle.  Les  arcades  dé  la  nef  reposent  sur 
des  piliers,  et  cbacan  d'eux  présente  quatre  retraits  occapés  par 
des  demi-colonnes.  Le  toit  est  en  pierre;  le  choNir  et  une  pariie 
dé  la  nef  ont  conservé  celai  qu'ils  ayaient  dans  Torigibe.  La' 
couyerture  du  reste  de  la  nef  consiste  dans  une  voAte  de  plus 
fraîche  date  5  on  y  trouve  des  arceaux  avec  des  moulures  et  des 
clefs  en  pierre.Chaqne  arcsdedu  triforium  estdiviséeau  moyen 
d'une  petite  colonne.  Quant  au  triforium  lui-même ,  il  forme 
la  contre-partie  exacte  de  celui  de  IVglise  de  Fécamp  :  la  seule 
difiërence  réside  dans  la  figure  qu'affecte  Tarcade. 

Cest  une  question  de  savoir  quelle  est  la  partie  de  Tëglise 
de  Lessay  qui  fut  Fouvrage  de  Turstin  Halduc  ;  on  n'est  pas 
même  bien  sûr  qu'il  ait  travaillé  \  la  construction  du  monu- 
ment. L'arrangement  des  colonnes  qui  se  prolongent  jusqu'au 
toit,  la  voûte  en  pierre  qui  surmonte  la  nef,  et  le  portail 
occidental  indiquent  des  temps  peu  éloignés  j  et  à  travers 
l'obscurité  qui  enveloppe  les  annales  de  Lessay ,  on  entrevoit 
les  traces  de  certains  événements  qui  nous  apprennent  quelque 
chose  sur  la  destruction  el  la  restauration  de  son  église.  On 
y  lit  eu  effet  que  Tabbayc  de  Lessay  eut  plus  d'une  fois  ^  se 
plaindre  de  la  barbarie  des  âges  :  l'ennemi,  à  plusieurs  re« 
prises,  Fattaqua  et  y  mit  le  feu.  Ces  anuales  rappellent  encore 
une  consécration  qui  eut  lieu  en  1 178,  des  violences  exercées 
contre  le  monastère  en  i556,  et  les  réparations  qui  les  sui- 
virent en  1 585,  réparations  qui  ne  furent  terminées  qu'en 

.4i7  (i). 

La  consécration  de  1778  peut  témoigner  de  l'achèvement 
de  la. reconstruction  presque  totale  de  la  partie  Normande, 
tandis  que  les  dommages  et  les  réparations  qui  datent  du  XIV*. 

(t)  Hevftlrla  pia. , 


I06  M.    OALLT-KNIttBT. 

et  du  XY*.  siècle^  expliqueai  les  caractères  différents  que  l'on 
i*eiiuir4{tte  dans  «ne  maitié  de  la  yoôle  au-dessus  de  la  nef» 

En  partant  de  Lessay  ,  nous  nous  dirigeâmes  lentement  yei*s 
Périers  i  où ,  à  noire  grande  satisfaction  ,  nous  atteignîmes  la 
grande  route.  Noos  parcourâmes  alors  plus  commodément  la 
distance  qui  nous  séparait  de  Coutances. 


CHAPITRE  XII. 
Cathédrale  de  Coutances. 

La  cathédrale  deG>utancesest  au  nombre  de  ceG  monuments 
qui  ,  grâce  à  la  date  que  leur  a  assignée  la  Société  des  Anti» 
quaires  de  Normandie  (i),  ont  éveillé  la  surprise  et  amené 
de  longues  discussions. 

Il  est  un  fait  dont  il  n*est  pas  permis  de  douter ,  c*est  qu'en 
io5o  ,  à  Fendroit  où  se  trouve  aujourd'hui  la  cathédrale  ; 
un  édifice  de  même  natui^  fut  commencé  par  Tévêque  Robert  : 
Geoffroy  de  Monbray  ,  son  successeur  ,  y  mit  la  dernière  main 
en  io56  ;  selon  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie  (2) , 
il  faudrait  tenir  pour  certain  que  la  plus  grande  partie  de  la 
cathédrale  actuelle  est  l'ouvrage  de  i'évêque  Geoffroy  ;  en 

(1)  M.'Knight  qui  atVecte  d'attribuer  cette  epinion  à  la  Société 
des  Antiquatrea  1^  devrait  savoir  que  les  Sociétés  publient  les  <ypi* 
nions  de  leurs  membres  ,  sans  prétendre  les  adopter  :  c'est  un 
principe  bien  connu  et  que  la  Société  des  Antiquaires  de  Londres 
a  constamment  proclamé.  M.  Knight  ne  peut  d*ii{lleurs  iguorer 
que  Tautenr  de  Topinion  qui!  combat  ici  est  M.  de  Gerville. 

C  Note  du  traduet.J 

Çtj  C'est-à-dire  selon  M.  de  GerTlIle.  (^iVM^  du  iradj 


d  avlici  lenMs,  q«e  faïUflîoo  da  alyk  en  poialt  cft  Fnact , 
a  préndéde  ceat  trente  ans  «m  apfiaiiliMi  cft  Aeghtoie, 

GnrtaiMesdat^iOBvmniiagedo  cdta de peiiqgtr  kaort 
de  tant  d'aMm  TÎlka;  elle  tet  frt»nm  CBtîcfeaeat  délroiie 
|iar  feft NerMaads dans k eewMt  da  IX\  siccle.  Uosièeket 
deaii  s'éœok  aTaat  qa'oo  fit  aocao  effiirt  pour  la  rekfer  de 
ses  rancs.  Eofio  Robert ,  évAqae  de  Cmitancei ,  tn«if[i  li 
rcstanntioQ  de  T^liie;  maît  œ  Ait  suleat  revive  Geof- 
froy 9  soD  soooessear,  penoonage  de  bante  naûsaocef  M 
distiogné  parles  talents  et  set  yertas,  qui  se  d^vooa  de  tonte 
son  ame  k  racoomplissement  de  ces  pienx  travaux.  Il  fat 
poissamment  aidé  dans  son  entreprise  par  les  barone  Nor« 
mands ,  notamment  par  Tancrcde  de  Haoleville  et  ses  six  fils, 
qui  avaient  yu  k  jour  dans  le  diocèse  de  Conlaiiocs.  A  la  tèle 
d'noe  bande  d'aventariers ,  ils  aTaient  remporté  des  victoirps 
qui  tiennent  moins  de  l'histoire  qoe  du  romau*  Maîtres  de 
l'Apolie  et  de  la  Sicile,  ils  avaient  fait ,  k  k  sollicitation  de 
Geoflfroy  ,  le  sacrifice  d'une  partie  considérable  de  leur  butin 
pour  avancer  la  restauration  de  la  cathédrale  Normande.  Le 
monument  fut  consacré ,  eu  10S6 ,  en  présence  de  Guillaume, 
duc  de  Normandie,  neuf  années  avant  la  Conquête  d'Angleterre'. 

Les  événements  que  nous  venons  de  rapportcr^sont  authen« 
tiques  ;  ils  sont  accompagnés  de  circonstances  assex  écktantes 
pour  iairc  désirer  de  croire  qu'ils  ont  signalé  la  construction 
de  rédifice  que  nous  avons  encore  aujourd'hui  sons  les  yeux. 

Mais,  nous  le  demandons,  h  quel  style  d'architecture  la 
cathédrale  appartient-elle?  Ressemble-t*elk  aux  monuments 
qui  furent  élevés  en  Normandie  vers  les  temps  où  Ton  fait  1^ 
monter  sa  date?  Ressemble-t-elle  k  S^ -Etienne  de  Caeu  ^ 
comme  pourrait  nous  le  laire  espérer  la  présence  de  GuiU 
hume  11  sa  dédicace  ?  Res8«mble-t*elk  enfin  k  quelqu'un  des 


I08  lC«^GlLtY-a.HffCBT«.. 

ëdiiket  ^ut  fui'ÇQt  élevé»,  à  cette  époqut,  lur  une  fiartic 
quelconque  de  la  terre? 

Bien  loin  de  11k ,  elle  appartient  an  style  en  pointe  avancé, 
et  les  réparations  datent  d'une  période  plus  récente. 

C'est  un  bel  édifice  aox  proportions  vastes  et  élevées,  décoré 
avec  goût.  Ses  deux  tours  occidentales  qui  se  terminent  en 
pyramides,  sont  d'une  beauté  et  d'une  élévation  peu  commune  ^ 
et  ce  qui  n^est  pas  peu  remarquable  ,  c'est  qu'elles  sont  finies 
et  qu'en  même  tenq»  leurs  caractères  sont  diflérents. 

Dans  l'intérieur  de  la  cathédrale ,  on  compte  pins  de  œivt 
pieds  du  sol  k  la  clef  en  pierre  de  la  voAte.  Les  arcades  qni 
séparent  la  nef  des  ailes  latérales ,  sont  soutenues  par  des 
faisceaux  de  colonnes  ^  des  piliers  accouplés  environnent  le 
chcsur.  Beaucoup  des  fenêtres  sont  évidemment  moins  aor  . 
ciennes  que.  le  corps  du  monument. 

Quelle  conclusion  l'observateur  est- il  spontanément  conduit 
à  tirer  de  TiospectioD  de  l'édifice?  Il  n'hésite  point  tout  d'à* 
bord  à  affirmer  que  la  cathédrale  actuelle,  ne  peut  êUe  celle 
qui  fut  consacrée  en  io56.  Dira-t-on  que  c'ei^t  un  monument 
de  transition  ?  Ah  l  s'il  avait  existé ,  k  cette  époque,  dans  une 
autre  contrée,  quelle  qu'elle  fût ,  quelque  chose  de  semblable, 
cette  opinion  donnerait  sans  contredit  matière  k  réflexion  j 
mais  il  est  impossible  d'imaginer  que  le  style  en  pointe  ait  pu 
surgir  ici  tout  d'un  coup  dans  son  plus  haut  degré  de  perfec- 
tion, et  que  la  révolution  architecturale  n'ait  éclaté  que  plus 
d'un  siècle  après  cette,  subi  te  apparition. 

Tâchons  maintenant  de  faire  jaillir  quelques  lumières  des 
souvenirs  obscurs  que  nous  ont  légués  ces  âges  antiques. 

Le  Livre  noir  du  Chapitre  deCoutances  est  le  document  où 
renvoient  les  Antiquaires  français  ,  et  sur  lequel  ils  ont  basé 
leur  hypothèse.'  Il  fut  compilé  par  les  ordres  et  sous  les  yeux 


KxcuBSioir  MoummiTAU  en  nobmandie.         109 

de  Jean  d'Essaj ,  ëln  ér^ue  de  CoQUiioes  en  i^So  ;  et  de  oe 
que  ses  pages  ne  lenlismieiit  rien  qai  ah  trait  k  des  cliadge- 
ments  opérés  daDsIaooostroetîon  de  lacafliédnile,  on  s'en  fait 
nne  arme  ponr  coiicl«re  cpi'îl  est  inpossible  que  des  triTaiix  de 
celle  espèce  aient  en  lieo.Le  Litre  noir  est  maintenant  perdu; 
mais  FaUé  Tonslain  de  Billy  ^  dans  son  Histoire  do  diocèse 
de  Contances ,  fait  oae  analyse  eiprcsse  de  œ  qa'il  contenait  ; 
et  c'est  dans  cet  ontrage ,  ainsi  qne  dans  U  Gallîa  Chri»- 
tiana  (i),  qne  nons  apprenons  que  la  partie  do  Liyre  noir  qde 
l'étèqae  Jean  d'Essa  j  fit  compiler  sons  ses  yeax  ,  n'était  rien 
de  pins  que  l'énomération  des  droits  de  patronage  du  diocèse, 
et  révalnation  de  ce  que  ces  droits  rapportaient  en  ii5a  ; 
qu'il  ne  fiint  pas  Im  donner  pins  d'importance  qu'on  n'en 
accorderait  k  un  Terrier  ;  -—  je  le  demande  alors ,  qu'il  y  ait 
eu  y  k  cette  époque ,  des  trayaux  d'architecture  commencés  et 
accomplis ,  esl*il  proliable  qu'un  Kyre  écrit  dans  un  but  tout 
différent  nous  en  eAt  entretenus?  Le  silence  du  Livre  noir  ne 
proute  donc  absolument  rien.  Voyons  si  en  allant  puiser  k 
d'autres  sources ,  nous  serons  plus  heureux. 

Rien  ne  nous  indique  dans  quel  état  se  trouvait  la  cathé- 
drale  bâtie  par  Geoffroy  au  temps  de  Jean  d'Essay.  On  ne 
sait  paa  si  elle  est  restée  intacte  jusqu'alors.  Mais  des  inscrip- 
tions ,  qu'il  est  encore  possible  de  lire  snr  ses  murs ,  nous  ap- 
prennent que  quatre  des  chapelles  attuéet  au  côté  Nord  de  la 
nef  forent  dotées  par  ce  dernier  éyèque  loi-même ,  et  cette 
dotation  donne  ^  je  dirai  presque  la  certitude  que  c'est  à  lui 
qu'en  est  eue  la  construction.  Nous  ayons  aussi  qœique  raison 


(1)  «  Coram  eo  eonfectum  »  sen  potiùs  inchoatum  1251 ,  Re- 
gestuni  de  patrooatibus  Dioccsis  »  ab  integunento  posteà  dictum 
Liber  niger.  »— Gallia  Christ. 

9 


iio  M.  gailT'Kutgbt. 

de  peDser  que  c'est  lut  qui  rebâtit  le  chceor  on  qui  en  aciieva 
la  restau iMtioD  ,  parce  qu'il  e&t  enterré  au  milieu  de  cette 
partie  de  F  église ,  et ,  sauf  une  seule  exception  ,  si  moderne 
qu*eUe  ne  peut  être  invoquée  dans  la  question  dont  il  s'agit , 
iltst  le  seul  évoque  qui  ait  été  inlinmé  dans  cet  endroit  (t): 
or  l'on  sait  qu'autrefois  c'était  \k  une  distinction  rémunéra' 
toire  que  l'on  décernait  au  fondateur.  Nous  avons  donc  entre 
les  mains  des  renseignements  qui  démontrent  que  des  change- 
ments considérables  eurent  lieu  dans  la  seconde  moitié  du 
XlIP.  siècle  ,  et  des  données  historiques  vont  nous  préciser 
répoqne  où  ^'autres  changements  furent  encore  opérés  dant 
la  construction  de  l'édifice. 

L'an  1 556,  peu  de  temps  après  la  bataille  de  Poitiers  ,' 
Geoffroy  d'Harcourt  vint,  k  la  tcte  de  son  armée ,  attaquer  la 
ville  de  Coutances  et  s'en  empara  -  mais  la  cathédrale  où  Ton 
avait  établi  garnison  résista  à  ses  sommations  et  il  se  vit  ré- 
duit à  en  faire  le  siège.  Une  armée  française  ne  tarda  pas  à  le 
lui  faire  lever  ^  mais  avant  celte  heureuse  diversion ,  «  ladite 
église ,  dit  un  historien  ,  avait  été  moult  endommagée  par  le 
siège  que  nos  enemies  mirent  devant  notre  dite  église ,  qui 
lors  était  forte  et  par  les  pierres  d'engin  qu'ils  jettèrent.  » 
Il  ajoute  que  les  dommages  étaient  tels  que  la  cathédrale 
«  ^tait  en  voie  de  cheoir  en  ruine  (2).  » 

Si  le  mal  était  si  sérieux  ,  nul  doute  que  les  réparations  et 
les  changements  opérés  pour  y  porter  remède  n'aient  été  assez 
considérables  pour  expliquer  la  dispanlion  de  toute  trace  du 
travail  primitif,  si  toutefois  il  en  restait  encore  à  cette  époque. 

Les  troubles  de  France  et  de  Normandie  s'opposèrent  pen- 

(1)  It  mourut  en  1274. 

(2)  Hist.  manuscrite  de  Coutaiicea. 


EXCURSION    MOHUMflTTALB   BH.  HOBMAND».  1 1  l 

dant  quelques  années  à  rexëcotion  d*ane  œuvre  aussi  impor- 
tante que  la  réparation  de  la  cathédrale  ;  mats  Tannée  i37 1  , 
k  Tavënement  de  Sjlyestre  de  La  Cervelle  au  siège  é(»scopal 
de  ContanceSf  Cliarles  V,  roi  de  France,  lui  accorda  une  forte 
somme  d'argent  en  considération  des  trayaux  k  poursuivre 
dans  son  église  (i).  Quelques  années  après ,  Sylvestre  adressa 
un  bref  à  toutes  les  paroisses  de  son  diocèse  pour  les  exhorter 
à  contribuer  ^nx  frais  de  réparation.  Il  poursuivit  avec  ardeur, 
jusqu'au  jour  de  sa  mort ,  l'ouvrage  qu'il  avait  entrepris ,  et 
Fan  1387  (2)  on  l'inhuma  dans  la  chapelle  de  la  Vierge  qu'il 
avait  fait  construire  à  sesdépens,  .    . 

^  Mais  les  travaux  n'étaient  pas  tout-à«(ait  arrivés  k  leuc 
terme  j  ils  durèrent  encore  plusieurs  années  (5).  On  a  con- 
servé une  ordonnance  du  roi  Charles  VI  qui  conierç  au  Cha- 
pitre de  Coutances  certains  privilèges  en  récompense  des  sa- 
crifices d'argent  qu'il  avait  faits-  pour  la  réparation  de  la 
cathédrale  ,  et  un  décret  du  même  Chapitre  de  i4oa  (4)  noi|s 
apprend,  qu'à  cette  époque  la  restauration  du  monument' 
n'était,  point  encore  terminée. 

.  I^ous  le  demandons  maintenant ,  la  merveille  annoncée 
par  la  Société  des  Antùfuaires  de.jKormandie  (5)  eH-eUe 
autre  chose  qv'vn  heve?  Pf'est-il  paa  évident  que  la  cathédifale 

actiielle  appartient  en  partie  à  la  seconde  moitié  du  XIII** 

siècle,  et  en  partie  à  une  période  postérieure  de  plua  d!uf) 

siècle  à  la  date  qui  lui  a  élé  assignée. 


(t)  Gall.  Christ. 

(2)  Gall.  Christ.,  tome  XI ,  col.  8S7. 

(3)  Hlst.  des  éféques  de  Goatancea. 

(4)  Hist.  manuacrHe  de  Coùtaneea. 

(6)  Ccst-A-dire  par  M.  deGervlUe    CNotedm  ttaâ.J. 


iti  M.    GAtLT-miGflT. 


CHAPITRE  XIII. 
RàfHl^.  -^  ASfààye  de  ffamUe.^  Gamty. 

Nom  è^lcffinm  la  ]omnée  An  ^5  mai  k  aller  visiter 
VAhêfftàt  Haàibie,  i  qttaMiieclea  et  dauie  eoTÎ^eii  de  Càh-» 

En  déMmdant  un  èôfeaii,  ndùà  noué  retournâmes  pour  jouir 
de  la  Tue  de  la  Tille  et  de  la  cstliédrale.  Cootances  eèt  siiu#è 
sur  une  lidutéùr^  et  la  éatbédrale  qui  occupe  la  partie  la  plus 
éleyée  domine  de  ses  tours  majestueuses  la  dté  qui  lui  lait 
con^.  Aux  èotirOns,  la  campagne  offre  dés  paysages  pleins 
de  charmé  et  dé  yariAé  ;  la  tégëtaiion  j  est  assez  abondante  ^ 
èl  la  terre  se  couvi^  partout  dé  verdure  ^  ^n  s*en  ËtUait  qiié 
AO«l  ne  nous  cirusSiOÉs  die  rètOcîir  en  Angletcf^ii^ei 

Mais  iiOuf  firmes  biefitôt  distraite  dé  m»  douces  révérk»  pr 
rineessaute  torture  d'une  route  infernale  ,  qui  Houi  cMig«a 
dofttivre  h  pied  notre  voiftffèi  La  campagne  était  tcMjonrs 
déliéieuse;  les  ckampi  ï^  culiivfe^  les  maisons  respiraient 
le  bon  goftt  et  f  aisanee  ;  aiaift  èétte  route  nuradite  empoison- 
nait  les  ânotiona  qUe  ou  beau  pays  était  bien  propre  k  Hiire 
naître^ 

Enfin  nous  aperçûmes^  k  t0Ur'$  seul  reste  du  ebiiean 
de  Hambie  :  elle  s'appuie  sur  une  éminence  qu'environnent 
de  profondes  vallées.  On  entrevoit  dans  le  lointain  des  col- 
lines et  des  monticules  couronnés  d*arbres. 

Ijc  château  de  Hambie  était  la  propriété  des  Paynel  ;  une 
branche  de  cette  famille  alla  s'étBbbr  en  Angleterre  et  donna 
son  nom  i  h  viUè  de  Kéwpért ,  dans  lé  IfortlHimptonshirt. 


BZCU»SIOH  MpHVtf^TAfgB  Uf  «okiiAjrois.  IlS 

ckiieclure  Nonnaodt.  «r- 1^  nponeiit  n'eH  pai  él^PgA^  <>^  tUi 
partager^  k  sort  du  çVIletn  qo'tllf  n  t«i  ftifit  tt  ^  dk  s'en- 
«evelix^  dans  la  poussière- 

et  lions  no9S  4irigeliiics  vers  le  mooastère  qui  a'est  qu'i  119e 
Ueoe  4v  iriUage.  Après  avwiir  leng-teBips  monté,  nops  eatrAnies 
jdaBS  un  sentier  fiXIomVf^»  Va  nons  ceodnisît  k  on  Ihn^  An 
jQÎUeu  de  oe  ïfm ,  npv^  j^ofis  Ironvâncs  triMMportés  sor  l|i 
crête  d'no  mont  qfî  dom^V^  <uie  IçUe  TaU^;  }^  jfmiu  finbut 
de  Syenne  se  prédpîte  en  nnrmitranl  dM^  |fMi  sein  et  j 
décrit  mille  pelitf  4^|i9Hn.  jCopme  noas  traversions  k  1^  en 
descendant  la  colline  ^  nou^  entiwTtffles  T^ljife  rainée  d^ 
}'at»b«ye  :  elk  est  âtnée  an  pied  de  k  moj^^gqe  ^  dans  un^ 
;retr^tç  onverte  enAre  ks  rodiers  et  k  riiisse9%  Il  est  ji^npoi- 
sibk  de  ne  pii«  être  frappé  dn  contres^  ,91^  Ç<iœ  entre  k 
sim^on  du  cHieai^  et  cfUe  dm  monestèx»  :  l'nnse  ^loiitn  ^ 
A«  sipr  k  s^minet  orgfeilkaY.d*une  éipinence;  l'antre  a  prê- 
tre i^n  site  pins  ,h9;Dii|)k  9  mids  aussi  pins.  tranqiiil(é  ;  i^  i'nn 
f  édat,  k  tun^vlie;  i  L'antcek  mysjtère^k  sikiiçe  j  ppfiT^tr 
ik  êtie  |onsd(i9x  pins  çonvjenaUeinent  pkeés  ? 

L'%lîse  de  Tabbaje  ^  entonrée  de  rninef  assez  JiiimVettse^ 
pour  ponyjsijB  rey^tir  uft  aspect  piitoxes^jif^  £Ue  se  ^oppose 
ffjniH»  nctf  dépon^vfie  d'aiks^latérakSyde4rfns|q[m^^ni^,c)iQeur 
isokayeç  des  cWpeile^^iirpère.  |^  ijn^f  e^t  kWP^^^  étrcMle. 
Sesninrailks  sont  d*one  hantenr  peu  commun^;, son  tfik  4 
diipajrn.  h»  arcades,  qm  supportent  k  l^ur  9(^  aassi  très- 
^lées.  JE;iksxqKh$ent  sjif  i^i^egr^^  tOfiUnfi^àe  ferpf 
octogonafe.  Les^  fenetrea  sont  ea  kncette  et  d'une  longueur 
remarquable. 

Le  cbœnr  est  enTkonné  de  colonne»  qjû  supportent  des 


Il 4  M.    GALLY-KJflGHT. 

arcades  très-étroites.  Les  chapiteaux  de  ces  colonnes  sont  dé- 
corés d'an  feoillage  dessiné  avec  goât  et  délicatement  travaillé. 
Les  arcades  qui  donnent  entrée  dans  les  chapelles  derrière 
le  chœur  sont  circulaires.  A  l'extrémité  de  chaque  transept 
.on  remarque  une  grande  fenêtre  en  pointe.  La  tour  a  4es  fe- 
'nètres  à  tètes  rondes.  L'extrémité  Est  n'existe  plus.  A  Fexlé- 
fiéur  du  chœur  sont  attachés  des  contreforts  aériens  unis. 
'     On  retrouve  encore  une  portion  considérable  de  la  maison 
d'habitation  du  couvent ,  ainsi  qu'une  partie  du  cloître  qui 
présente  des  arcades  circulaires  et  qui  paraît  être  plus  ancienne 
que  le  resté  des  bâtiments  encore  existants.  ' 

L'abbaye  de  Hambie  fut  fondée  par  Guillaume  Paynel , 
à  qui  appartenait  le  château  situé  sur  la  colline.  Il  signa  Tacte 
de  fondation  en  ii45  (i) ,  en  présence  d'Algare  ,  évêque  de 
Coûta nces  ,  et  d'antres  personnes  respectables.  — Si  l'on  en 
croyait  cependant  les  annales  de  Hambie,  il  faudrait  attribuer 
cet  honneur  à  Jeanne  Paynel  :  à  les  entendre ,  cette  noble 
dame  aurait  entrepris  ces  pieux  travaux  dans  la  première 
'moitié  du  XY*.  siècle.  Mais  nous  ferons  remarquer  qu'un 
courent  et  une  église  ne  sont  pas  choses  impérissables  ,  et  qu'il 
est  possible,  et  même  probable  ,  que  ,  dans  l'espacé  de  près  de 
trois  siècles,  ils  soient  tombés  dans  un  tel  état  de  ruine  ,  ou 
qu'ils .  aient  tant  souffert  delà  barbarie  des  temps,  qu'aux 
jours  de  Jeanne  ^  Paynel  ,  il  soit  devenu  nécessaire  de  les 
lebâtir  entièrement  ou  du  moins  d'y  faire  des  réparations 
considérables. 

'  Le  style  du  moBudient  parait ,  en  général ,  antérieur  à 
rarchitectnré  du  XY*.  siècle ,  et  comme  i)  est  certaines  parties, 

(1)  Neuatria  pia. 


■xcum^iov  momvmarràMJt,  es  sobiiabdib.  ii5 

»,q«i  doDBtttt  catrre  dans  les  chapelles,  par  eiemple, 

et  les  clc»i:nSy  qm  soal  ooosliwtesdaiis  le  style  cùrcabtre ,  il 

eo  rcMtite  vue  anomalie  (|iit ,  il  &nt  en  convenir ,  est  bien 

de   aatttre  à  embarrasser.  Cependant  certaines  portions  de 

Fancicu  édifice  peevent  avoir  sarvécn  à  sa  roi  ne  ;  les  doitres 

soiit  probabl^Knt  da  nombre,  et  qnand  il  s*e$t  agi  de  recoos- 

liodion  y  on  a  po  adopter  des  caractères'  d^artbitectoré  soran* 

Bcs ,  ronMne  cela  arrive  qnelqaefois,  pour  mettre  les  nouveaux 

bâtiments  pins  en  harmonie  avec  certaines  parties  ,  restes  du 

monastère  ruiné.  Noos  avons  ^  opter  entre  le  XII*.  et  le 

XIII*.  siècle  3  et  il  est  impossible  que  nous  hésitions  un  seul 

iustaat  sur  la  question  de  savoir  k  laquelle  de  ces  deux 

époques  Tensemble  de  Fédifice  actuel  doit  être  rapporté. 

Jeauoe  Faynel ,  dernier  rejeton  de  cette  ooble  lamille  , 
porta  dans  la  maison  des  d'iîstouteviUt:,  F  héritage  de  ses  pères. 
Elle  eut  pour  époux  Louis  d' Estoute ville ,  chevalier  d'uue 
haute  valeur  ,  qui  défeudit  avec  succès  le  moot  St.-Michel 
contre  les  Anglais  en  i4^-  II&  furent  enterrés  tous  deux  dans 
le  chœur  de  l'abbaye  où  Fon  voyait  encore  leurs  tombes  avant 
la  révolution* 

Non  loin  de  Fabbaye  de  Hambie  se  trouve  un  pont^  ce  pont 
Êrancbi ,  on  arrive  à  uu  endroit  où  la  route  se  divise  en  deux 
branches  5  Fooe  conduit  à  Gavra)  ,  et  F  autre  à  Perci.  Ce 
dernier  village ,  berceau  des  ducs  de  Northumberlaod ,  est  à 
5  lieues  environ  de  Hambie. 

Après  avoir  visité  Fabbaye,  nous  revînmes  au  bourg  où 
nous  avions  laissé  notre  cabriolet  5  nous  y  reprîmes  nos  places, 
mais  nous  ne  tardâmes  pas  à  les  quitter  de  nouveau  et  nous 
nous  vimés  réduits  à  (aire  toute  la  route  de  Gavray  h  pied. 
Le$  chemins  étaient  pittoresques  et  la  campagne  aux  environs 
étail  charmante.  Eu  traversant  le  village  de  St.-DeDÎs  ,  nous 


Il6  li«  GAU.Y-|L9IG«T« 

fômes  tpQt  étOQués  de  Toir  des  iiiai«w«  de  boaoe  Siffègêuct,^ 
et  même  d'assez  brillantes  boutiques ,  dans  ua  iiea  duat  il  est 
presque  impossible  aux  voitures  d'approcber.  Eofip  nous  ar^ 
rivâmes  à  Gayray  ,  petite  ville  située  sur  les  bords  de  la  ri*^ 
vière  de  Syeone* 

Là  nous  rejoignîmes  la  grande  route  ;  bous  remontâmes  eo 
cabriolet ,  et  nous  commençâmes  an  voyage  plus  paisible.  Il 
nous  fut  impossible  d'être  de  retour  à  Coatances  avaot  minuit* 


CHAPITRE  XIV. 


Sî.'ho.—La  ca^iédraU.—EgUse  de  Ste.-Croia^.— Eglise 
de  Si.'  Thomas  de  Cantorhéry.  —  Cerisy . 

26  mai. — Coutaoces ,  comme  nous  avions  pu  le  voir  en  def* 
cendant  une  colline  4ur  la  route  qui  muàne  à  Hambie,  est  avan** 
tageusement  située  sur  une  éminence ,  et  commande  une  cam- 
pagne aux  paysages  romantiques  et  variés»  Elle  n*est  éloîgoéo 
de  la  mer  q^e  d'une  liene  et  demie  environ  ^  mais  nn  rideau 
de  montagnes  lui  en  cacbe  la  vue.  La  ville  actuelle  n'est 
qu'une  ombi»  de  l'ancienne  cité  ,  et  ses  magnifiqaes  ^lises 
contrastent  énormément  avec  les  habitations  oégligiaes  qui  les 
entourent.  C'est  par  le  commerce  que  les  villes  vivent  et  proft* 
plurent.,  et  CoutaiKes  n'est  pas  commerçante  5  ce  qui  n'empêcbe 
pas  qu'elle  n'ait  de  vastes  promenades  publiques.  Mais  toutes 
les  villes  de  France  pitf  les  leprs  ;  le  peuple  y  Despire  un  air 
qui  entretient  la. santé,  et  y  trouva  de  nombreuses  distcactioosà 
ses  peines  et  ^  m^  tra  vaai(«  Je  m'étonne  qu'on  n'ait  pensé  à  cnéer 
rien  de  semblable  dans  aucone  ville  provinciale  d'Angleterre. 

En  foittant  Coulaooes  pour  gagnef*  $^i<Lo ,  la  campgae 
que  nous  traversâmes  noiis^  procura  par  sa  variété  une  fovle 


SXCVRSIOU  MOVVMSSTAUI  SU  ITOBftAVIHB.  tî^J 

de  seosfttîoiis  délieinises  :  dts  bois ,  'les  tergers ,  des  pltèra([es , 
des  hsies  fleuries  composent  sa  riante  parare.  Dans  Végïim  an 
▼illage  de  S^.-Gilks ,  nous  ofaserrânies  encore  ces  fenêtres  k 
lancettes ,  dont  k  longueur  a^ait  d^  plusieurs  fois  eicil^ 
notre  étonnement. 

La  TÎUe  et  la  cathédrale  de  S^*Lo ,  lorsqu'on  s'y  dirige  par^ 
le  sud  y  se  nconimandent  k  Tadmiration  du  Toyageur  par  lent 
najestnense  perspective.  La  nftle  est  en  grande  partie  sitnée 
sur  une  éminence  que  borne  de  trois  eAlés  un  ravin  k  trawrs 
lequel  la  rivière  de  Tire  se  fraie  «a  passage.  La  tadiédrala 
occiqpe  le  sommet  de  la  bauteur^  c'est  l'église  de  Purham 
en  BÛniatnce.  GeHe  porition  si  imposante  est  souvent  tombée 
en  partage  ani  cathédrales ,  et  k  mison  en  est  laeik  k  ^om« 
preodre.  Elles  étaient ,  pour  k  plupart ,  dans  Farigine  des 
chapelles  de  châteaut  ;  et  comme  ceux-ci ,  pour  des  motifi  dé 
sûreté,  étaient  construits  sur  des  hauteurs,  les  chapelles 
avaient  nécessairement  k  même  position.  A  St.->Lo ,  la  fora»» 
resse  iéodak  &  est  écroulée  dans  des  temps  orageux  ,  et  sa  cha- 
pelle y  qui  avait  partagé  spn  sort ,  renaissant  iMentôt  sous  tue 
forme  plus  ambitieuse ,  posséda  seule  une  pkce  dont  die  n'oc* 
cnpait  autrefois  qu'une  modeste  partie. 

St.-Lo  est  Une  ville  dont  k  célébrité  remonte  aux  premiers 
jours  do  moyen  ige.  L'escarpement  naturel  des  lieun  où  s'é- 
lève k  <îlé  aetuelk ,  ei^agea  d'abord  Gharlaaagne  k  y  btûr 
une  forteresse  pour  la  défense  de  la  province.  Il  fanda  en 
mèsue  temps,  hors  les  nmraillesdu  château  fort ,  l'église  et  le 
couvent  de  Ste  .-Croix.  Le  château,  k  maison  religieuse  et  les 
habitations  privées  qui  vinrent  se  grouper  k  l'eutour ,  for- 
mèrent bientôt  une  ville  qui  fntpkcée  sousl'invoqalion  de  k 
Sainte  k  laquelle  avait  été  dédiée  l'abbaye.  Mais ,  dans  k 
suite  des  temps,  comme  saint  Lo  était  en  frande"  vénération 


I  l8  M»    CALLY-RNrCHT. 

f>ai-»i  les  habiWiDts  de  b  province  ,  la  yille  abaodoaoa  son 
^emier  nom  pour  prendre  celai  qu  elle  porte  aujoard'hui. 
-->Saiul  LoonLaud,  qai  virait  dans  le  VI''.  siècle,  était 
natif  de  cette  prtie  de  la  Normandie.  La  séduction  des  ri- 
chesses ne  put  vaincre  son  penchant  pour  l'état  ecclésiastique  : 
il  prit  les  ordres  ,  devint  évèque  de  Coûta nces ,  et  légua  toute 
:sa  ^l'tuce  à  Téglise-Son  souvenir  fut  «  parmi  ses  compatriotes , 
une  tradition  de  famille  qui  se  perpétua  de  siècle  en  siècle  5 
et  son  nom  était  environné  d'un  tel  respeet,  qu'il  finit  enûu 
par  l'emporter  sur  celui  de  Sainte-Croix  (1). 
i  En  890  y  le»  normands  â'emparèrciH  de  la  ville' et  de  la 
forteresse,  et  en  firent  un  monceau  de  ruines.  Certaines  cités 
furent  plus  long-temps  que  d'autres  h  se  guérir  des  maux  que 
leur  avaient  fait  souffrir  ces  fâcheuses  invasions.  S^*.-Croix 
fut  du  nombre.  Un  siècle  s'écouk  avant  qu'on  eirt  fait  aucun 
«ifort  pour  relever  ses  murailles.  Toutes  les  villes  de  cette  pro- 
vince de  Neustrie  avaient  été  si  horriblement  maltraitées , 
qu'après  la  conquête  normande  les  évéqoesde  Coutancés  rési- 
dèrent, tantôt  à  Rouen,  tantôt  J^  Baye  m,  jusqu'à  ce  que 
l'évi&que  Robert,  pour  se  mettre  plus  à  portée  des^acquitler  de  la 
mission  qui  lui  était  confiée,  établit  en,  ipsS  sa  résidence  à 
S  ''.-Croix.  Il  entreprit  la  restauration  de  la  ville  et  la  recons* 
truction  de  ses  murailles  ;  il  commença  aussi  l'érection  d'une 
catbédrale ,  à  la  même  place  qu'occupait  anciennement  la  cha- 
pelle de  la  forteresse.  Ce  monument  fut  dans  la  suite  remplacé 
par  une  construction  nouvelle  ,  que  Ton  revêtit  des  caractères 
du  style  en  pointe,  et  dont  la  consécration  eut  lien  en  1202  : 
c'est  la  cathédrale  actuelle ,  qui  a  subi ,  dans  le  cours  des 
siècles,  an  grand  nombre  de  changements.   Ses  dimensions 

.   (t}SC.*Lo  ne  s'ap^eUlt  pas  S**.*Croîi,  mats  JBriopère,  {Note  du 
traductettrj. 


KXCVRSIOir   MOIVVMEViTALE   KV   ROBMAIIDIB.  119 

Spacieuses ,  ses  deux  belles  tours  terminées  en  pyramides  ,  m^- 
ritient  de  fixer  Tattentîon.  La  net  et  Tune  des  tours  rérèlent 
UQ  style  d'architecture  pareil  à  celui  qui  était  pratiqué  sous  le 
roi  Edouard  I*'.  L'autre  tour  fut  ajoutée  ou  achtevée  en  i464  ; 
et  c'est  aussi  h  cette  époque  que  fut  terminé  le  grand  portail , 
tel  qu'il  existe  aujourd'hui.  Bien  qu'il  y  ait  des  rapports 
frappants  de  ressemblance  entre  l'architecture  des  églises  fran- 
çaises et  eelle  des  églises  anglaises  contemporaines,  on  ren- 
contre cependant  dans  les  détails  une  énorme  diUérenoe  ;  en 
France ,  il  y  a  dans  les  moulures  moins  de  hardiesse  et  de 
projection  ;  et  dans  les  ornements,  une  tendance  plus  suivie  k 
se  rapprocher  des  dessins  romains. 

'  En  se  plaçant  sur  le  penchant  dé  l'éminenoe  ou  s'élève  la 
cathédrale,  la  yue  plane  sur  le  vallon  et  la  rivière,  et  s'y 
arrête  avec  satisfaction. 

'  Après  avoir  visité  la  cathédrale ,  nous  nous  rendîmes  à 
réglise  de  S*'. -Croix  ;  nous  eûmes  une  distance  assez  considé- 
rable à  franchir ,  car  elle  est  située  à  Textrémité  opposée  de 
la  ville.  Le  couvent  a  cédé  devant  le  torrent  des  siècleis ,  mais 
l'église  a  victorieusement  résisté.  Les  Ântiquanes' français 
seraient  tentés  de  la  regarder  comme  l'œuvre  de  Charleroagne. 
Il  existe  aujourd'hui  en  France  un  désir  inquiet  qui  met 
en  mouvement  les  archéologues ,  désir  qui  ne  tend  à  rien 
moins  qu'à  constater  dans  cette  contrée  l'existence  de  quelque 
monument  carlovingien  ;  et  il  serait ,  il  faut  en  convenir  , 
assez  surprenant  que  dans  un  pays  où  ce  grand  restaurateur 
d'églises  a  laissé  tant  de  traces  de  son  beau  zèle ,  il  ne  restât 
ricQ  aujourd'hui  que  l'on  pût  avec  certitude  rapporter  à 
son  siècle.  Toutefois ,  ce  n'est  pas  encore  l'église  de  S**. -Croix 
qui  doit  venir  combler  les  vœux  des  Antiquaires  ;  elle  est 
empreinte  évidemment  d'un  caractère  de  grande  antiquité  , 


i 


Vio  M.   GJkUY-KJfIGHT. 

mais  jH»  «rcUlflCtnre  correspond  si  bieo  )i  l^arcbitecjture  da 
XI*.  siècle ,  et  si  pea  à  celle  du  pçtit  nombre  de  monnimsiits 
du  VIII**  que  nous  offreait  d*aiitres  pisys,  que  Tédifiç^  li^- 
mème  oKms  injerdit  de  supposer  qu'il  i»«t  pu  ëcbj^jpjpor ,  a.u 
ViSodalisne  Boriuand.  Quand  il  est  de  notoriété  évi4eote  qiie 
Téglise  diB  Cbarlemagne  était  située  bors  des  murs  4e  la  TiUaj 
quand  des  documents  authentiques  yieiuient  opus  déntontrer 
quf  h,  r^ge  des  Normands ,  Toués  nlors  au  culte  des  j&uix 
4ieu9 ,  «e  tourna  principalement  contre  les  temples  cbréûens,^ 
qmvd  iRii9 il  m  impossible  d'ékver  aucun  doute  sur  la  des- 
til|ç|iqp4e  la  forte^i^sse  et  de  la  ville  enlîèfe ,  pourripns^ons 
croire  qu'une  ^lise  ,  sans  moy«n  de  tro^iper  les  yeux  des  dé- 
vasMuirs ,  sans  aucune  ressource  ppur  se  défendre  ,  se  fût 
senie  saifTie?  Et  ne  deTons-aous  pas  plutôt  penser  qu'elle  est 
sortie  de  ses  cendres ,  en  même  temps  que  la  ville  ef  la  cathe- 
dra ,  daps  U  première  moitié  du  XI*,  siècle  ? 

L'/églije  présente  quelques  traits  particuliers.  Ses  dimensioips 
n'ont  rien  de  vaste.  Les  arcades  circulaires  qui  bordent  la  nef 
ne  reposent  pas  sur  des  piliers,  mais  sur  des  colonnes  sur- 
montées de  chapiteaux  à  feuillage,  imitation  grossière  des 
chapiteaux  romains^  Il  n'y  a  pas  identité  per&ite  entre  les 
deux  côtés  de  la  nei*  Celui  du  sud  est  beaucoup  plus  uni  que 
l'autre  ;  sa  corniche  consiste  dans  une  série  de  simples  pierres , 
au  lieu  que  celle  du  côté  du  nord  se  compose  d'une  décoration 
normande  soigneusement  travaillée.  De  pareilles  différences 
sont  connûmes;  et  la  seule  cbose  qu'elles  prouvent ,  c'est  que 
l'édifice  n'a  pus  été  construit  d'un  seul  jet. 

JUa  port^  occidentale  est  grossièrement  ofnée  d'un  groupe 
de  figures  grotesques  en  haut  relief)  qui  représentent  la  sou- 
mission de  l'Esprit  du  mal. 

On  aperçoit  sous  le  toit  une  corniche  composée  d*nne  série 
de  tèles  monstrueuses. 


nCVftilOV   MOUVMftlTTALI   •■    IlOBMlKDII,  191 

Dans  nue  «ttM  ptrtk  ie  It  TiUe  se  trovre  im  édifice  Amt 
on  a  lait  une  IfaOe  an  blé ,  el  fUt ,  àran^  la  férdntioli ,  était 
une  ^Use  sons  FioToeation  de  saint  Tbemas  de  botorbéry. 

La  fttmète  église  M  àéHetée  ttt  1 174.  On  y  tfarailbrh , 
lorsqde  Thoînas  Beeket ,  après  aToir  sotfleré  cdnfre  lai  la  co^ 
1ère  d'Henri ,  passa  sAr  le  Gootioent  et  traiVfM  S^-'Lù.  On 
était  en  ce  moment  ditisé  mat  le  point  de  itatoir  k  quel  saint 
on  dédierait  la  nonvdle  église.  L'illnstue  fri^if if  fiit  coniarllé , 
et  voici  qoelle  fnt  sa  réponse  :  «  Qne  Fé|^Uie  soif  toliée  an 
premier  saittt  qni  terséra  s(m  sang  ponr  la  M  eaniolii|tie.  * 
La  Providenèe  lui  résertaH  à  loi-même  cette  bénoraUe  dédi- 
cace. Il  fut  assassiné  en  117 1  9  et  canonisé  déni  ans  après. 
L^église  fiit  démolie  en  rS^f  ,  et  réAûe  y  telle  qu'elle  est  an- 
joard*litti^  en  t6Jo« 

La  Tille  de  S*«-Lo  dottsisM  ed  pkuéettff*  grMipes  sépdiéa. 
D'un  cèté  elle  s'étend  jasque  sftr  la  rite  epposée  du  ratift* 
Vers  le  ceortre  en  rèneotttre  iloè  nOntelle  préfecture  et  un 
palais  de  justice  dans  un  état  dT isolement  oemplét*. 

Notts  quittâmes  S*««>Lo  pour  (aire  mue  eiwnrslon  h  nbé  liene 
et  demie  de  la  TÎlle ,  an  viUi^e  dé  Gerisy.  C'est  14  qu^eiistatt 
autrefois  une  Ûes  abbayes  les  pliit  iitipôHantès  dé  If  (wmandie. 
L'église  du  cbuyedt  esl  encotre  debotii ,  et  on  en  a  fait  F^llse 
paroissiale  du  lieu  :  c'est  un  exemple  fort  intéressant  de  Far- 
chitectnre  sévère ,  maia grandiose desanciens Normands.  Elle 
offre  tant  de  ressemblance  avec  la  partie  antique  de  l'élise 
de  S^-Etienne  de  Caen  ,  qu'on  peorutit  presque  employer  les 
nénes  termes  pour  la  déi^icei  On  f  voit  «tté  nef  avèe  des 
ailes  latérales ,  des  transepts^  un  cbamtel  sélni-cireulaire  et 
une  tour  centrale.  Les  arcades  de  la  nef  reposent  siur  des 
piliers  et  des  diînii-coloiltiei.  Atl-deiiélls  d'elles  se  tdt  ij»  tH- 
Jbrium  remarqi^abte  par  &«  ^t^ùùâént.  Les  cbapileanx  des 


J 


123  M.    O.VLL>-lUriGTH. 

piliers  sont  praçs  d'un  feuillage  eotremêlé  de  figures  d^animaux 
et  de  petites  tètes.  t*oute  espèce  d^ornement  est  bannie  des 
autres  parties  de  Tédifioe. 

Les  transepts  sont  séparés  de  la  nef,  comme  à  S^-Etienne 
et  à  S*.-Georges  de  Boscberville.  Le  cbancel  est  resté  tel  qa^il 
était.dans  Torigine  ;  des  colonnes  en  décorent  F  intérieur  ^  les 
fenêtres  sont  flanquées  de  demi-colonnes.  La  nef  c|ie  Téglisede 
Cerisy  ne  se  couvrit  jamais  d'une  voûte  en  pierre  :  elle  est  en- 
core, aujourd'hui  surmontée  d'un  toit  en  bois;  et  c'est  là  un 
fait  digue  de  remarque ,  parce  q  u'il  rend  encore  plus  probable 
la  non-coutemporanéité  de  la  voûte  en  pierre  de  S^-Etienne 
de  Caen  et  de  ses  murailles. 

L'âl^baye  do  Cerisy  fut  fondée  en  io5o ,  par  Robert ,  duc 
de  Normandie.  Son  départ  pour  la  Terre-Sainte ,  oii  il  périt , 
le  (orça  d'interrompre  son  ouyrage,  et  Téglise  resta  inacbevée. 
C'est  Guillaume-le-Conquérant  son  fils  qui  la  compléta. 

La  façade  est  moderne,  et  la  longueur  de  la  nef  a  été  ré- 
duite. Cette  partie  du  monument  subit  d'importantes  modifi- 
cations dans  le  courant  du  XIV*«  siècle ,  à  l'époque  où  les 
lapines  bâtirçnt ,  en  tète  de  la  première  église  ^  un  second  édi- 
fice qui  devait  servir  d'église  paroissiale.  En  1812,  celle-ci 
souffrit  beaucoup  du  feu  du  ciel ,  et  elle  fut  renversée  l'année 
suivante* 


CHAPITRE  XV. 


Tlumgny.'-^Vite. — Moriàin  »  h  château  ,  ^égUse   eol- 

légiaie.  —  L'aUaye  Blanche. 

Comme  la  ville  que  nous  nous  proposions  de  visiter  après 
S.S-Lo  ,  éuit  Mortain ,  nous  primes  la  route  qui  y  conduit  le 
plus  directement. 


«XCUltSION    MOKIJMUHTALE    KM    N  OEM  AN  DIE.  ïuS 

La  carapagae  que  aous  eûmes  à  traverser ,  préseotait  les 
mêmes  caractères  que  celle  par  laquelle  nous  avions  passé 
pour  arriver  à  S'.-Lo,  des  côteanx  et  des  vallons,  de  vertes 
prairies  ,  des  vergers,  des  haies  d'arbres^ 

La  première  ville  de  quelque  importance  que  nous  ren- 
contrâmes fut  Tori^ny  :  elle  est  située  sur  une  hauteur.  Au 
centre  de  cette .  ville ,  sur  une  éminenoe  ,  s'élève  Tancienne 
demeure  des  princes  de  Monaco,  Derrière  s*étendait  autrefois 
un  vaste  parc  ,  et  on  avait  vue  sur  des  terrasses .  des  tapis  de 
verdure  et  des  bosquets^  mais  aujourd'hui  oe  cb&leau  est  à 
demi  renversé ,  et  on  en  a  fait  une  maison  de  ville.  Oo  a 
percé  à  travers  le  parc  une  nouvelle  route  publique. 

Nous  visitâmes ,  h  Torigny ,  T^lise  de  S'«-Laurent ,  qui 
appartient  k  Tancienne  architecture  normande  -,  et  celle  de 
I^otre  Dame ,  qui  ne  conserve  que  peu  de  traces  de  cette  ar- 
chitecture ,  parmi  lesquelles  il  £ftut  citer  la  moulure  conique 
qui  surmonte  une  des  portes. 

La  distance  qui  sépare  Torigny  de  Vire  ,  est  semée  de  col- 
lines 'y  mais  la  campagne  est  riche  et  souvent  intéressante  , 
notamment  lorsqu'on  traverse  Fétroite  vallée  de  chaque  c6té 
de  laquelle  se  dessinent  des  rocs  escarpés  hérissés  de  brous-' 
sailles. 

Vire  est  une  cité  antique  et  pittorea[]ue  :  elle  est  située  sur* 
une  hauteur  qu'environnent  de  trois  côtés  de  profonds  ravins ,. 
et  qui  présente  tous  les  avantages  que  l'on  peut  désirer  pour 
la  défense  d'une  forteresse.  .Au  point  le  plus  élevé  de  l'émi 
nence  ,  le  château  se  tient  appuyé  sur  des  rocs  5  aiijooni''hui 
il  ne  reste  plus  de  cet  édifice  que  Je  donjon  normand  et  quel* 
ques  murailles.  Comme  nous  revenions  de  visiter  ses  ruines  , 
nous  traversâmes  une  rue  étroite  et  tortueuse  ,  bordée  de 
maisons  en  bois  ,  et  qui  aboutit  k  une  arcade  surmontée  d'une 


1^^  M<  GâLLY-Knicrr. 

liiur  à  iMrkge.  Prwd  trouférait  Uk  de  quoi  exercer  son  pîti- 
ccAii ,  et  fescoiffdK»  Gitidioifés  ,  blanelies  et  ëfevëes ,  vien- 
draient  jeter  iiiie  iattîère  douée  et  cbarmamte  au  milieu  des 
sombres  couleurs  du  tableau. 

Sortis  de  Yire ,  nous  voyageâmes  à  travers  le  même  |>ays 
aussi  mOotneuz  qu'auparayaui ,  sur  ode  roule  passable  5  uos 
yeux  sf  arrêtaient  de  temps  en  temps  sur  des  yues  riantes;  c'est 
ainsi  que  nous  attagnimes  enfin  notre  destination. 

On  pourrait  décrire  la  sitnatioii  de  Mortain,  pour  ainsi  dire 
dans  les  mêmes  tenues  que  celle  de  Yire  ;  cependant  la  nature 
a  tiMi)onrs  ses  Taf  îëtes  qu^il  n'est  pas  toujours  possible  au  lan- 
gage de  rendre  sensibles.  A  Mortain ,  comme  à  Yire,  une 
éminence  qui  domine  la  ville  avait  séduit  par  les  avantages 
d'une  position  finttfiée<  on  y  avait  élevé  une  fiirteresse,  et  la 
cité  vivait  tranquille  sous  sa  protection.  Les  caractères,  prin- 
cipaux de  la  situation  des  deux  villes  sont  les  mêmes  :  mais  la 
scène  qu'offre  celle  de  Mortain  a  quelque  cbose  de  plus  en- 
cbanteur,  de  plus  attachant.  Les  vallées  sont  plus  étroites ,  les 
montagnes  plus  rocailleuses  et  mieux  boisées  ;  le  lit  de  la  ri- 
vière est  plus  large;  l'ensemble  du  tableau  nous  rappelait  les 
paysages  italiens  et  Tivoli ,  et  les  cascades  qui  murmuraient 
au-dessus  de  nos  têtes  ,  et  dont  nous  sentions  la  fraîcheur  , 
fnstifiaioit  encore  ce  rappreobement  entre  les  objets  de  nos 
jouissances  passées  et  ceux  de  nos  sensations  présentes. 
"  Nos  lecteurs  ont  entendu  parler  de  ces  rocs  où  l'aigle  au^ 
dacicttx  va  déposer  son  nid  :  qu'ib  aillent  à  Mortain ,  et  qu'ils 
disent  n  U  rocber  sur  lequel  est  suspendu  le  château ,  n'est 
point  rimage  de  ce  séjour  £ivori  dp  roi  des  oiseaux.  Un  roc 
escarpé ,  qui  n'est  lié  à  Féminence  que  par  un  étroit  cordon 
de  pierre  ,  laissait  à  peine  un  espace  suffisant  pour  Tétablis- 
senent  d*nn  château  féodal.  Là  positidn formidable  de  la  for- 


BXCVBSIOH   MWITMBfTALB   M  HOIMAHDIB.  tl5 

teresie  ea  fit  antrefiiû  une  piaœ  de  k  fim  liaMe  importonce. 
Ses  moraîll»  forait  hùnagéu  et  b  prtenoe  de  jiliMienrs 
pnaeet  do  seàif  royd  d'AsigleterM.  Anjetnd^lini  il  ne  reste 
plus  de  ce  cliâtcao  câftre^*ooe  aeole  toor  ;  «ne  hahititîon 
modernie  et  en  dëpéadmecs  sont  tonoetenleter  an  nte  ce  qo'il 
âT4Ût  de.  rottontiqoe  et  dfinipottnt. 

:.  Dans.rialérienr  de  la  ville ,  li  peo  de  distanée  do  eliâteao , 
se  trooye  la  fameose  %lise  coU%iale.  Qa*il  y  avait  loog  temps 
qoe  )e  désirais  YOtr  oe  monoawnt  !  Combien  de  fins  me  sois-je 
bereé  de  Fespérance  de  voir  sortir  de  eette  église  on  rayon  do 
Imniire  pour  éclairer  «ne  question  obseore  !  Mais  celle  origine 
dn  stjle  en  pointe ,  c^est  Tean  qni  s^éloigne  de  la  boncbe 
brAlanie  dn  malbeoreoi  Tantale  ;  on  ^en  approcbe ,  on  croit 
dqà  In  saisir ,  et  aossitôl  elle  Tons  échappe. 

La  Société  des  AntiqnairesdeNorniBndie(i)  fait  remonter  la 
fondatioa  de  l'élise  cdlégiale-de  Rfortain  k  l'année  to8i ,  et 
elle  Tondrait  laire  croire  qu'elle  est  la  mtme  qne  celle  qui  fut 
coostruMe  par  Robert,  cente  de  Mortaîn,  frère  de  Gnillanme-' 
le-Con(;ptérânt«  Mab  si.  celte  assertion  était  admise  ^  Tintro* 
dncticm  dn  i^k  en  pointe  aurait  été  antérieure  d^nn  siècle  à 
répoquo  il  laquelle  on  Fa  tonjoors  rapportée.  Je  le  demande:  le 
moniu|Dient  porte*t-il  Les  caractères  d'un  style  dans  son  etAnttJ 
Yient-il  rappeler  celte   lutte  entre  les  deux  arobiiecturea 
rivales,  ce  mélange  des  fermes  cttoulaires  et  -des  formes  en 
pointe ,  dont  les  anciens  édifices  de  France ,  et  en. particulier 
de  Normandie ,  nous  révèlent  avec  «ne  évidence  aussi  frap* 
pante  qne  ceux  des  autres  pays ,  les  nombreux  résultats  ?  Loiii 
de  là  ,  relise  de  Mortain  ,  sauf  une  seule  exception ,  dont  il 
sçra  bienl&t  parlé ,  est  marquée  toute  entière  au  caèhét  d*iin 

.  (1)  C*esl-è<4ire  M.  de  Oerfilte.  ri^o/«  <f«  iraduct.J 

lO 


llG  M.   GALLT-KVIGHT* 

Style  uniqoe ,  et  ce  style ,  c  est  le  style  eo  pointe  développé  : 
arcades ,  portes  ,  ieàèlres ,  tout  est  ca  pointe*  So  foudation  , 
éyidevuii^Qt. antérieure  à  celle  de  la  catbédrale  de  Conta  nées , 
parait  a;vec  non  moins  de  certitude  postérieure  an  XI*.  siècle. 
Elle  ressemble  plus,  quant  au  style ,  a6i  éditées  dont  la  cons-* 
tniction  a  signalé  le  r^ne  d'Henri  III ,  roi  d'Angleterre  ,  qn! 
monta  sur  le  trône  en  iat6,  qu^aoi  édifices  anglais  d'uue 
autre  période  quelconque* 

Elle  nous  montre  quelques-unes -de  ces  variétés  qui  distin-^ 
guent  Tarchilecture  en  poiole  de  France  de  celle  d'Angle- 
terre ,  et  on  y  découvre  quelques  caractères  tout  particuliers^ 
A  la  diffîrence  des  églises  de  Norlnandie ,  et  à  l'instar  seule*» 
ment  d^s  églises  Italiennes ,  elle  fut  dan&  Torigine  construite 
sans  tour.  Elle  est  dépoor?oe  de  transepts.  Ses  arcades  ne 
reposent  pas  sur  des  piliers,  mais  sur  deiicotonnes.  Ses  chapi- 
teaux ,  ses  moulures  et  tes  ornemenu  sont  des  copies  exactes  do 
ceux  que  Ton  letrouve  dans  les  ^lises  Normandes  de  style* 
circulaire  ,  et  il  y  a  loin  de  la  à  une  preuve  en  fiiveur  do^ 
l'antériofité  de  sa  cohstriiction  k  Fintroductioà  de  la  forme 
nouvdle  qu  aJGfectèrent  chaque  partie  d'un  édiâce. 

Les  colonnes  qui  environnent  le  chœur  soi|t  épaisses  et 
eonrta;  elles  sont  sormoatées  de  grands  chapiteaux  Normandr 
dopt  la  déooraiion  imite  le  feuillage.  Les  arcades  de  la  neC 
sont  larges }  celles  du  chœur  sont  siogultèremeut  étroites/ 
Toutes  les  fenêtres  sont  en  lancette.  Quelques-unes  ont  une 
forme  obtuse.  De  chaque  coté  des  fenêtres ,  il  l'extérieur ,  oh' 
voit  des  colonnes  Normandes  aux  proportions  déliées ,  sur- 
montées de  chapiteaux.  * 

Legnnd  portail  oocid^tal  est  en  pointe.  Les  colonnes  sont 
de  petite  dimension. 

1/édifice  entier  est  bâti  en  pierres  de  tailfe  de  grandeur 
ordinaire.  Les  jointures  sont  passablement  lat*ges. 


IXCVBSIOK   MOWVMBHTAIB   EV  HOBMARDII.  12'J 

Aojoiird*hin  Téglise  a  une  tour  qui  o'est  pas  située  h  Veiiré- 
mité  oocideatale ,  mais  bien  k  Textrémité  Est  5  ou  roit ,  du 
oolédnNord,  la  base  d'vne  antre  tour  destinée  &  correspondre 
il  la  tour  de  TEst,  Celle-ci  est  singulière  :  on  y  remarque  ,  dé 
ebaqoe  coté ,  depnis  4e  sommet ,  pour  ainsi  dire ,  jusqu'à  la 
base  noe  foule  de  fenles  longues  et  étroites.  Mais  c^est  là  un 
de  ces  mille  caprices  qui  ne  sont  d'aucune  importance  pour  la 
fixation  de  la  -daté  d'un  édifice*  La  construction  de  la  tour 
doit  atoir  été  postérieure  à  celle  de  l'église ,  parce  qu'elles  ne 
sont  pas  liées  entre  ellef  et  que  la  tour  aboutit  à  Tune  des  fe- 
nètics.  Il  y  a  aussi  dans  la  muraille  de  cette  dernière  une 
denî-arcade ,  qui  send^k  ayoir  été  destinée  à  prémunir  la  fe« 
nètre  envahie  contre  le  danger  de  se  voir  bloquée. 

Le  portail  dont  le  style  difiere  de  l'arcbitecture  du  reste  du 
monametit  est  an  Sud.  Elle  est  large ,  de  forme  ronde ,  et  de- 
Corée  des  moulures  Normandes  ordinaires.  Il  serait ,  à  vrai 
dire ,  ttès-difficile'd'èxpliquer  cette  anomalie  architecturale  , 
si  Ton  tie:s!iqpereevail  tout  d'abord  que  la  construction  du 
portail  âe  peut  étire  contemporaine  de  celle  de  l'église  :  la 
muraille  dans  laquelle  il  est  percé  est  beaucoup  plus  épaisse 
que  tonteS'les  autres  murailles  de  l'édifice,  et  se  joint  au  mur 
le  plus  siônce  d'une  manière  tout-i-  fait  maladroite. 

ILo'y  a  qu'une  explication  raisonnable  à  donner  de  cette 
discordance  qui  existe  entre  le  portail  et  l'église;  le  portail 
doit  avoir  appartenu  à  l'église  qui  fut  bâtie  en  1082,  et  l'église 
actuelle  avait  été  reconstruite  en  entier  à  une  époque  plus  ré- 
cente. 

Avant  de  faire  de  plus  importants  efforts  pour  démontrer 
jusqu'à  quel  point  l'évidence  dés  données  historiques  vient 
corroborer  l'opinion  qui  r^ort  nécessairement  de  l'évidence 
du  style  ,  il  sera  bop  de  placer  ici  la  description  d'un  autre 


10.8  M.    GALLY-HKTOHT. 

iDonumenl  religieux  situé  dans  le  voisinsge  j  clk  l'épandra  un 
rayon  de  luinièie  de  plus  sui  la  question  donHl's*agit. 

Après  avoir  attentivement  eiamsné  dans  ses  motfdivs  dé- 
tails rëglise  collégiale  de  Mortain  ,  nous  dpsceiKitiiies  4)«Dt  1* 
vallée ,  et  après,  avoir  traversé  la  rmèiie ,  nous  nous  mimes  ik 
gravir  l'émraence  opposée.  Notis  mavcliâmes  enm»e  cpieUfiM 
temps  avant  d'arriver  k  Fabbaye  Blanche  ,  ancif^ii  CMiveiit  d« 
nonnes ,  dont  la  situation  est  romanttcpie  et  ^îlencienw.  Oa 
sait  qu'elle  (ut  fondée  eo  1 165,  par  le  llls  de  ot  comte  fleberl 
i  qni  est  due  la  construction  de  Féglise  que  novs  venions  de 
visiter.  Ce  rapprochement  de  date  entre  lev  de«x  édîfiw^lbil 
naturellemeot  espérer  que  F  un  peut  servi>r  k  ëclaircir  ce  que 
Vautre  a  d* obscur  ,  et  cet  espoir  est  légilinie.  Examinons  Je 
>tyle  de  Tabbaye  Blanche,  et  demajidons  s'il  présente  le  mdme 
caractère  de  développement  que  l'église  collégiale.  Un  coup 
d'œil  jeté  sur  l'édifice  nous  convaincra  bientâ<;du  oontrairi». 
Dans  l'abbaye  ,  le  style  en  pointe  ne  tieiit  pasdanr  b  cdns* 
tructioo  une  place  exclusive  ;  ceiiaines  parties  portent;  les  trait» 
du  style  circulaire ,  certaines  autres  eeox  et  la  transîcioay  «t 
ce  n'est  que  dans  les  parties,  qu'il  est  permis  de  ooasidértpr 
comme  ayant  subi  des  altérations  que  i'aiefailectuvotd' pointé 
développée  fait  son  apparition.  A  l'extrémité  occidemuUf  le» 
fenètresont  des  tètes  rondes:  dans;  le  chœur  une  pointe  obtuse. 
Dans  les  transepts^  les  fenêtres  supéoieures  revêtent  lalbrme 
circulaire ,  et  les  teoètres  inférieures  la  forme  en  pointe.  On 
voit  à  chacune  des  deux  extrémités^  à  l'Est  et;  à  FOiicst«  wne 
fenêtre  k  tète  ronde.  Les  arcades  sous  la  tour  sont  on  pointe 
')ti  reposent  sur  des  faisceaux  de  colonnes.  Le  toit  est  supporté 
par  des  arcades  de  même  forme*  Toutes  les  colonnes  ont  des 
chapiteaux  Normands. 

De  cet  examen  il  résulte  clairement  que  l'abbaye  Bbnche 


IXCUBMOir   MOHIUieilTALfi   EU  IfORMlUDIB.  11  9 

porte  Ici  tratu  d'us  siyle  be«4ieoiif  plu»  ancien  que  celui  de 
r^liie  coU^iale  dont  ob  vondrail  (biire  adoietlre  l'anlériorité. 

Une  parde  ds  vieux  clotlfe^ukûsle  eacoce  aajonrd'lHii  Ses 
Goloiines  «Telle» ,  et  les  petites  arcades  circnlaires  préseotent 
de^.caractèrep  que  Ton  ailrilNierait  chez  Dons  au  style  eu  pra« 
tique  dans  les  dernières  années  dn  règne  d* Henri  II. 

Il  BOUS  reste  encore  «o  argaineni  à  faire  yaloir  contre  Tan- 
liquité  pi  étendue  de  l'église  collégiale  ,  et  nous  le  poisons  dans 
les  ruines  de  l'abbaje  de  Savigny  ,  voisines  de  Mortain ,  dont 
U  fiHidatioB  est  due  à  la  omnifioettce  de  ses  aetgoeurs.  L'église 
de  nsonastère ,  dont  il  reste  encore  des  vestiges ,  ne  fut  com- 
mencée qu'en  1 17a,  et  achevée  que  long- temps  plus  tard ,  et 
cependant ,  ainsi  que  nous  le  dirons  dans  la  suite,  elle  est 
pour  la  plus  grande  partie  construite  dans  le  style  circulaire. 

En  ce  qui  concerne  l'abbaye  Blanche,  eu  particulier,  T  his- 
toire vient  suffisamment  eipliqner  le  peu  d'acctord  eii&tant 
entre  son  architecture  et  la  date  de  son  érection.  Robert  fut 
lait  priaonnier  k  Tinchebray  Tannée  qui  suivit  immédiate- 
ment kl  fondation  du  monastère ,  et  conduit  en  Angleterre  où 
il  aonml  qnelqoes  années  après.  Les  constructions  commen- 
cées ne  forent  pcobablenrent  pas  poursuivies  durant  la  capii* 
vite  da  fondateur.  Plus  tard ,  dans  des  temps  plus  heureoi , 
d'aotm  comtea  dt  Mortain  ont  dft  reprendre  ces  pieui 
travaux. 

Illaiaienant  que  nous  avons  démontré  que  l'église ,  que  les 
Antiqnairei  fMçais  signalent  comme  étant  la  même  que  celle 
qui  fut  construite  en  1081 ,  appartient  h  nu  style  beaucoup 
plus  réDBDt  qu'un  antn  édifice  qui  ne  fut  bâti  qu'à  une  époque 
hina  postérieure  à  celle  précitée ,  quelle  est ,  ielon  nous  ,  la 
date  réelle  des  deux  églises  que  nous  avons  présentement  sons 
les  yeux  ? 


l3o  M.  GALIY-KJriGVT. 

'  Pour  répondre ,  ehercbons  à  quelle,  époque,  peut  remonter 
k  destriietion  de  Tëglise  de  Mortain  |  quels  sont  les  jours  de 
paix  qui  ont  favorise  l'érection  des  monuments  religieux  ;  et 
enfin  quels  sont  les  bommes  dont  les  richesses  étaient  assez 
considérables  pour  leur  permettre  de  subvenir  aux  dépenses 
de  ces  importants  travaux. 

Les  temps  d'orage  et  de  destruction  ne  sont  pas  rares.  Après 
la  bataille  de  Tincbebray ,  quand  Henri  P'. ,  roi  d'Angle* 
terre  ,  déchargea  son  courroux  sur  Mortain ,  et  fît  de  la  plus 
grande  partie  du  château  un  monceau  de  ruines  i  lors  des 
querelles  des  comtes  d'Anjou  et  de  Blois  ,  d'Henri  II  et  des 
barons  Normands  ;  lors  de  l'invasion  de  la  Normandie  par 
Phi  lippe  Auguste  ,  et  des  horribles  représailles  exercées,  après 
l'assassitiat  de  leur  jeune  duc  Arthur ,  par  une  multitude  fu- 
rieuse de  Bretons  qui ,  dans  le  cours  de  leurs  dévastations  ^ 
^ssercnt  par  Mortain  et  y  mirent  tout  à  feu  et  à  sang;  au 
milieu  de  toutes  ces  tempêtes  soulevées  par  cette  fermentation 
de  la  haine,  de  la  vengeance^  de  la  passion  des  conquêtes,  les 
églises  partagèrent  le  sort  des  villes* 

Aux  temps  d'orage  succédèrent  des  temps  de  calme.  Sous 
le  gouvernement  d'Etienne  de  Blois  et  de  Guillaume  sou  fils  \ 
pendant  la  plus  grande  partie  du  règne  d'Henri  II ,  Mortaiti 
lut  tranquille;  elle  respira  encore  un  instant  sous  le  règne  du 
roi  Jean ,  et  quand  Philippe  Auguste  en  fut  devenu  le  maître, 
elle  eut  de  Ipngs  jpurs  de  repos.  Puis ,  elle  se  vit  plu»  tard 
nt^ligée  ;  elle  ne  comptait  plus  que  nominalement  parmi  les 
résidences  princîères. 

En  combinant  ces  diverses  dates  historiques  avec  les  enseit 
gnements  que  m'offrent  la  eonstmctipn  et  le  style  de  l'édifice  ,* 
j'arrive  k  formuler  mon  opinion.  Elle  consiste  à  dire  que 
Téglise  collégiale  de  Mortain  eut  beaucoup  i  souffrir  dans  la 


BXCUmSIOir  M0H1IMgllT4i.l   IV.  HOmMàHDII.  l5f 

latte  entre  Jcao'^m  Terve  et  PliUimpe  Angml»,  lottde  U 
part  des  Mldats  fr«^oçaii,  uni  de  U  part  desBretoasqa'aniauiit 
un  rif  désir  de  Tengeance  «  et  que  lorsqu'à  la  giierre.eiit  suc- 
cédé la  paii ,  elle  fut  recooslraite  aTee.  le  secours  du  roi  de 
Fraaee. 

Go  sait  fort  lûeo  que  Philippe  Auguste  chercha  h  se  cooe^ 
lier  les  cœurs  de  ses  nouveaux  sujets  eo  cousacranl  des  somnes 
considérables  k  la  restauration  des  ^lises  Normandes  qui 
avaient  eu  leur  part  des  maux  irréparables  d'une  rivalité  poli- 
tique }  ses  rapports  avec  Mortaîn  furent  plus  fréquents  et  plus 
intimes ,  parce  qu'il  avait  donné  cette  partie  de  la  Normandie 
à  son  ûls,  le  comte  de  Clermont^  et  établi  dans  le  château  une 
garnison  de  troupes  royales. 

En  ce  qui  touche  l'abfaaje ,  nous  n'ayons  également  que 
des  données  conjecturales.  Son  histoire  pour  nous  se  réduit  k 
connaître  les  noms,  et  rien  que  les  noms  de  trois  deses.plos 
ancienne?  aU>e»es  :  la  première ,  Sainte  Adeline ,  mourut  en 
1 1^5;  la  seconde ,  Bergooie ,  mourut  .en  1170,  et  la  troi- 
sième ,  Minguidie ,  en  1 182. 

Il  n'est  guère  présumable  que  trois  abhesses  se  soient  suc- 
cédé sans  avoir  vu ,  au  moins.,  poser  les  premières  pierres  de 
.leur  %lise  ;  et  nous  savons,  qu'Etienne ,  avant  de  devenir-  roi 
d'Angleterre ,  étendit  les  bianfàits  de  sa  protection  sur  cette 
abbaye.  Il  est  donc  permis  de  supposer  que  left  parties  de 
i'édiike  qui  sontconsiruiles  dans  le  style  circulaîie  remnotent 
,  au  temps  de  ce  prince ,  ii}ue  les  travaux  marchèrent  avec 
knlenr ,  qu'il  y  eut  mime  qoelqn^interruptioo ,  <pm  la  partie 
^ui  rappelle  la  transition  fut  ajouiée  dans  les  dernières,  années 
du  règne  d'Henri  III ,  et  que  Vô^m  lut  complétée  an  coui* 
meoeement  de  celui  de  Jean  sans-Teure.  Elle  fut  L'objet  de 
iest4«|rationl  sérieuses  et  fréquentes  :  il  en  est  une  qui  date 


i5a  M.   GALfiV'KIflftVr.  ^ 

jf.anevpcMiiiejMMz  rMole^  de  i'anaée  t6o4*  Mais,  quels  que 
woitutlè$ia^YàM%  qui  (urenlfiiiu  aiors,  on  a  dA  s*af tacher  à 
^eoseryer  a  l'édifice  sa  ph  jakinoniie  antique ,  car  tout  oé  que 
.nous  en  voyons  aujonrd'liai  porte  les  traits  d^une  ancienneté 
non  équivoque.  Les  anomalies  qu  on  y  remarque  peuvent  sans 
-doute  très-bien  Veipliquer  par  les  réparations  que  son  état  a 
suemsîvtflient  nécessitées. 


CHAPITRE  XVL 
Sàvigny» 


A  trois  lieues  environ  de  Mortain  se  trouvent  les  ruines  de 
Tuoe  drs  fondations  reUgienses  leaplos  célèbres  de  Norman- 
die, Tabbayè  deSavigny. 

Ëllr  obtint  suocesÂvement  la  protection  et  la  faveur  des  rois 
d'Angleterre ,  fleuri  I**"»,  Etienne  et  Henri  II. 

Son  église  fut  respectée  jusqu'à  la  i^évolution ,  mais,  à  cette 
époque,  cent  qui  prenaient  à  tâche  deiclure  du  sol  français 
tout  ce  qui  avait  utf  caractère  de  religion  ne  l'épargnèrent  pas. 

Une  miconstanee  m'ayant  empêché  de  visiter  Savigny,  moi* 
même ,  M.  Husaey  y  alla  seul ,  et  à  son  retour  il  me  eommu» 
iiiqua  les  détails  qu'on  va  lirr. 

JLcs  parties  de  Té^ise  de  Savigny ,  encore  debout  anpur- 
4'luii  ',  se  cooqposettt  do  mur  de  la  bçade  occidentale  qui  n'a 
pas  beaucoup  sooifert  5  de  la  plus  grande  partie  do  mur  de 
l'aile  méridionale  4e  la  nef ,  ainsi  que  d*une  portion  de  eelle 
4ii  Nord ,  oelk-ci  gravement  endommagée  ,  celle-là  passable- 
ment conservée  j  de  la  moitié  de  l'extâ-émité  du  transept  Nord^ 
et  de  l'extrémité  toute  entière  du  transept  Sud)  l'une  et  l'autre 


BxcvftSfoir  MOBUiiarrALs  m  «oiMirotE.  i^ 

âmms  mu  iuk  de  dégradaliaa  plat  4m  moiiis  c— ipkf*  Voilà  , 
avae^MlqMt  portioot  de  ifoimerieà  TErt ,  eo  qÉoi  eoomte 
r%lûe  d'aajooid'kni;  k  rimérieur  le  sol  est  coufeft ,  k  mie 
fvofeodew  étqmkfom  pieds ,  de  piermec  ëe  déeonbres. 

D  n'est  fptèn  pofliUe  an  miàem  de  ces  débris  nntiléi  d'ac* 
fiiérir  «ne  idée  eerlaiae  de  oe  qa'étah  rarekheetore  de  Fédi- 
fiee  ;  eapendaat  on  y  reœnoait  uo  caraetèie  piiHMtteé  de 
InuMÎtioii ,  et  ih  seablent  participer  pl«s  do  style  eireslaite 
ffÊt  dn  styk  eo  poiaie. 

Les  pilastres  aeoolés  aoi  norailles  de  l'aile  porteot  des 
diapilsaoi  do  dernier  Nomaod,  et  les  pierres  saillantes  des 
avceaox  de  la  Teàte  priseotcat  des  OKmloses  d*on  earsetère 
mélangé. 

La  ToAte  de  la  nef ,  li  partir  de  Tareeao  4|oi  est  dsneoré 
Mâché  an  mor  oceidentaL,  ravinit  selon  nui,  la  fisraw  en 
pointe  ;  qoaot  k  cet  arceao  loi-mène ,  était  il  en  pointe  » 
availHl  la  fonne  drcolatre ,  c'est  ce  qn'nne  conscience  on  peo 
oraintÎTe  se  hasarderait  difieilemant  à  décider* 

La  fcnètre  eosidentale  est  goande^et  remarqoahle  ^  je  la 
crées  finlB  après  conp  ,  hien  qne  la  natnre  de  la  maçonnerie 
n'offre  rien  qni  tende  àdémontrer  qn'il  en  a  élc  reelkment 
ainsi*  £Ue  est  parlsgée  en  treb  compartiments  en  pointe  avec 
on  tteie  an  sommet.  La  porte  occidentale  mérite  aossi  de 
fiier  l'attention  f  m  partie  sopérîeure  prend  la  forme  do  trèfle 
offdineire. 

Les  transepts  ont  chacon  ,  k  l^r  eitrémtté ,  one  finiètre 
eircnlaire*  Selon  moi, eiles  n'ont  jamais  dâ  avoir  de  bitiderie^ 
senlement  nne  rangée  de  moidores,  déforme  semi-elrcotaire , 
qniont  pmsqne  totalement  disparn  se  déroulait  antour  d'elle 
et  compomit  m  bordure. 
Une  voâted'une  étendoe  considérable  qui  a  servi  à  soutenir 


des  coostnietioiis  sapiérienres  est  attenaote  à  Vé^lùé*  On  j  vwt- 
des  arcades  cirealaices  «[«e  supporleai  des  cohmee  rannoi^ 
tm  de  chapiteaux  da  dernier  Normand. 

Sur  une  portion  de  ces  voûtes  repose  «ncore  une  vaste  asAle 
oblongoe  aux  belles  proportions  qui  parait  aroir  été  le  réfec- 
toire de  Tabbaye.  Les  anciennes  fenfetres  ontdispam,  et- il  ne 
râte  plus  que  la  roAte  qui  est  en  pointe  5  ses  arceaux  sont:  dé- 
corés de  laoflliires  Nesmandesots'appQieot  sur  des  pilastres  k. 
chapiteaux  Normands.  La  porte  d'entrée  de  la  salle  estteUe^ 
ment  cachée  par  un  monceau  de  décombres  qu'il  n'y  a  plus 
que  la  partie  supérieure  qui  soit  Tisible.  Cette  porte  .était  dr- 
culairc  et  euTiroonée  d'une  simple  moulure  en  xig-xa|^.  Un 
pilier  la  divisait  en  deux  parties ,  dont  les  sommets  étaient 
également  einulaires.     ■ 

'  La  maçonnerie  est  partout  extrÂmement  «impie  et  noie,  et 
le  travail  en- est  excellent* 

La  date  de  l'élise  est  couàue^  L'abbé  Josse  la  commença 
en  1 1^5,  pour  remplacer  une  église  plils  ancienne  qui  n'avait 
été  terminée  qu'en  i  ii4  9  i^î'  V^^  ^^^  construite  sur  une  si 
petite  échelle  qu'elle  n'était  pas  de  nature  à  fiûre  boiiuenr  a 
line  abbaye  dont  Topuleoce  était  devenue  proverbiale.  Henri 
I*'. ,  Etienne  etHearill,  lurent  sueoéssivemettt,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit ,  les  bienfidteure  du  monastère  et  aocruroit 
etiooi^e  ses  vastes  possessions.  La  oonséoration  de  la  nouvelle 
église  n'eut  lieu  qu'en  inao ,  en  présence  de  l'archevêque  de 
Rouen  et  de  plusieurs  évèques  Normands» 

En  iSâa,  elle  paya  son  Cribnt  k  la  fureur  des.  guerres  de 
religion.  Les  calvinistes  m.is6acrèreiit  Fabbé,  détruisirent  les 
orgues,  brûlèrent  ce  qu'il  y  avait  de  construction  en  ïfou  dans 
Tëglise ,  enlevèrent  les  vases  sacrés  et  pillèrent  le  trésor. 
L'église  fut  restaurée  par  Claude  du  Bellay  ,  qui  fut  abbé  de 
Savigny  de  i588à  1609. 


BlcmSIOir   MOJIVMBBTAIE  KV  KOaVAllDIB»  lS5 


CHAPITRE  XVIL 
jtyranckes»  «^  Abbaye  de  la  Lwûmé. 

Le  a8  mai ,  noas  nous  dirigeâmes  Ters  Ayraiicliei. 

Uoe  grande  partie  de  k  ronte  <|iie  noua  aviosa  à  pifOMurtry 
traverse  le  sommet  d'une  montagne  foi  domine  on  pays  fiche 
et* pittoresque 5  à  mesore  que  nops  avancions,  nous  entre- 
Toyions  dans  le  lointain  la  mer  et  le  mont  $t.-Mi€liel. 

Ayranches  s'élèye  sur  une  hauteur  dans  une  situaCÎDn  déli- 
cieuse. 

Il  existait  dans  cette  ville  un  antique  ^âleau  dont  il  ne 
reste  que  des  murailles  et  quelques  tours  démantelées,  to 
ruines  sont  environnées  de  promenades  publiques  d*où  la  vue 
s'étend  sur  des  scènes  o&  la  nature  a  épuisé  toute  la  richesse 
de  ses  pnceaux*  Je  suis  monté  au  calvaire ,  et  U.,  dans  cet 
endroit  où  s'élevait  avant  la  révolution  la  cathédrale  d' Avran- 
ches  et  qui  fut  le  théâtre  des  excès  auxqoek  se  livra,  une  rage' 
stupide  contre  le  plus  bel  ornement  de  la  cité,  mes  yeux 
s'ariètèient  sur  le  tableau  le  plus  enchanteur  qu'ils  eussent 
jamais  contemplé.  Quelle  effet  admirable  a  dû  iaire  cette  ca- 
thédrale ,  dans  une  aussi  avanlageuse  position  «  sur  le  point  le 
plus  élevé  de  la  plate-forme  du  château ,  isolée  de  tous  les 
autres  édifices ,  et  surmontée ,  comme  elle  Tétait,  de  deux  mai' 
jestueuses  pyramides. 

Combien  d'ol^eta  intéressants  se  disputaient  mes  regards  « 
de  vastes  plaines  verdoyantes  ,  des  champs  fertiles,  des  bois 
touiius ,  une  rivière  sinueuse ,  la  mer ,  puis  la  forme  pyrami" 
daie  du  mont  St.-Michel ,  et  son  satellite  ,  le  roc  de  Tom-^ 
belaine ,  qui  se  dessinent  dans  le  lointain. 


l56  M.   GALLV  KNKilIT. 

Arranckes  ddtt  être  une  résidence  agréable.  Tout  y  est  à 
bou  marebé.  Le  elimât  est  doax ,  l'air  salubre  ,  la  cam{>agne 
aux  eonroos ert  cbarmaote  et  variée.  Quant  à  la  société,  je 
n'ai  poîiil  eu  occasion  de  la  juger  ;  mais  je  sais  que  dans  un 
grand  oooArade  vilks  provinciales  de  France  on  peut  passer 
d*  heureux  moments  au  sein  de  réunions  pleines  de  goût  et  de 
eon^euaoeé. 

NuQs  louâmes  à  Avranches  un  cabriolet  pour  nous  trans- 
porter à  Tabibaye  de  là  Lnzerne.  Nous  voyageâmes  pendant 
quatre  lieues  sur  une  route  assez  bonne  ,  puis  nous  entrâmes 
dans  un  chemin  de  traverse  que  nous  nous  vîmes  réduib , 
comme  à  Vordinatre ,  à  parcourir  à  pied. 

Nous  arrivâmes  au  monastère.  Cest  un  séjour  plein  de 
cèrarme.  Il  est  situe  dans  le  vallon  paisible  du  Thar  ,  au 
milieu  d'une  enceinte  de  boiis  et  de  collines. 

Tous  les  bâtiments  sont  parfaitement  conservés.  A  Tépoque 
de  la  révolution,  ils  devinrent  h  propriété  d'un  individu  qui 
en  fit  une  manufacture  de  coton  5  son  commerce  n'ayant 
point  prospéré  ,~tt  y  renonça. 

Ii*égtise  est  demeurée  intacte  (i). 

Elle  porte  les  caractères  de  l'ancien  style  de  transition.  Les 
arcades  qui  bordent  la  nef  sont  obtuses  5  celles  qui  supportent 
la  tour  ont  une  pointe  plus  aiguë.  Les  arcades  de  ta  nef  re- 
posent sur  des  piliers  carrés. 

'  L'édifice  est  surmonté  d'une  voûte  en  pierre.  Les  arceaux 
transversaux  sont  ronds  et  unis  ;  les  arceaux  diagonaux  sont 
garnis  de  moulures. 

Les  fenêtres  sont  circulaires.  Le  grand  portail  occidental 

fl)  Maih<*uirensementilii*en  est  plus  de  même  auiourd*hui(  1838). 
V.  le  3*.  f ololne  du  Biitletin ,  page  335 .  r^ote  du  tntd.J 


HCVRSIOll   1I01IVIIKNTA1.E   Elf    NORMANDII.  I^^ 

revêt  la  mftiiie  GorQie;  il  est  décoré  de  arantartis  NoriÉftndes , 
et  flaiu|ué  ^  pilien  avec  ded  c^f it§AOK  dan$  k  nine  alyle* 

Au*d«ssQ»  du  foru»!  st  Irooye  une  faoilreeQ  pointe  sor^ 
.montée  de. troi». retraits #ga)efOCBi  en  poinic,  eroésde  mou- 
lares  dentelfes. 

Uextrénaité  orientale  est  carrée ,  et  en  y  Toit  mie  grande 
feoètie  en  poiote^  il  est  assez  probable  que  celle  partie  de 
rédifice  est  ea  entier  le  résoltal  d'une  recMitfi'iwtion* 

Dans  la  tour ,  les  fenêtres  sont  longues ,  élroitea  et  es  lao* 
cettes.  Le  sommet  de  la  toar  date  d^utie  épeqoe  noiiit  mh 
cieuœ  qœ  la  base. 

La  première  pierre  de  cette  église  Ait  poséf  en  1 164  v^  ^ 
en  fit  la  dédicace  en  1178^  mais  à  cette  épocfoe  Fédifice  ne  se 
composait  encore  qsie  du  cbaocd ,  do  cboHir  et  destraosepis» 
Rien  ne  nous  apprend  «ombien  de  temps  doMhCet  étal  d'int* 
perfection  j  toutefois  y.  comme  labbaye  de  la  LuaerAe-parirtt 
avoir  toujours  yoiak  de  la  faveur  des  Evâqves  f  Avrancbes ,  et 
qu'en  lao?  ,  abcs  qne  la  catbédiale  de^pandait  d^  repéra^ 
tions  considérables ,  elle  renonça  en^sa  laveur  à  on  bénéfice» 
que  Tun  dTentreeux  lui  avait  autrefois  conféiré  pour  aider  à 
l'érection  de  leur  église  :  il  est  permis  de  conclure  que  la  coos- 
trnciion  de  ce  dernier  monument  ne  souffrit  pas  une  longue 
interruption  ,  et  qu*avant  1207  il  était  entièrement  acbevé. 

Dès  1  i43on  avait  fondéà  la  Luzerne  une  maison  religieuse; 
mais  elle  n  acquit  de  Timportance  qu'en  1 16a  ,  par  suite  des 
bienËiitsdoBt  la  combla  la  famille  des  S^*»Jean,  bienfiiits  qni 
leur  valurent  Fhonoeor  d'être  regardés  comme  ses,  seconds 
fondateurs;  Pabbaye  et  l'cgltse  furent  alors  cbangéesde  place. 
-  Les  S^•JeAtt  babitaient  S'.-Je^ii*le-Tbomas,  dans  les  en- 
virons d^Avrancbes.  Une  brancbe  de  cette  famille  passa  en 
Angleterre.,  traduisit  son  ncmi  en  anglais  et  y  iaîouta  dans  la 
suite  celui  de  Bolingbroke. 


l58  M.  GALtv-iLvtGtiir; 

VMuqt  de  k  Littcrne^vt  beaucoup  â  souffrir  dans  les 
gmnres  du  XIV*.  aède.  Yen  la  fin  de  cette  j^rîode,  Tabbé 
Jean  en  Rodier  se  mit  k  la  réparer ,  et ,  entre  antres  cboses  , 
il  rebâtit  la  partie  mpérienre  de  la  tour ,  et  œtte  reconstruc- 
tion explique  la  différence  de  style  qu'on  y  remarque. 

Après  avoir  passé-  quelque  temps  à  yisiler  le  monastère  , 
nous,  le  quittâmes  pour  gagoer  h  pied  Faubeige  où  nous  at- 
tendait notre  cabriolet*  Nous  rencontrâmes  sur  notre  route 
un  yieui  paysan  qui  nous  regardait  comme  s*il  voulait  im- 
|dorer  ttoti«  oonq^ssioii ,  mais'ii  ne  demandait  rien.  Enfin  il 
nous  dit  qu'il  se  trouvait  maintenant  tont^à-fait  incapable  de 
travailler,  et  qo*il  n'avait  pu  rien  amasser  pour  ses  vieux 
}ours.  «  La  Réyolution ,  lui  dis-je ,  ne  vous  a  donc  pas  ap^ 
porté  le  bien-être  ?»  ^-~  Eh  !  non ,  Monsieur ,  répondit-il  ; 
ni  cftUe-ci  ^  m  oàie  d'autrefois.  Us  nous  ont  dit  Vanmée  der- 
nière ,  comme  il  y  a  4^  ans ,  que  la  Révolution  viendrait 
soulage  k  pauvre  ;  mais  le  pauvre  est  toujours  resté  pauvre.  » 
Tout  ce  que  nous  pouvions  pour  sa  consolation  était  de  lui 
£iire  une  légère  aumône. 

Ifops  rentrâmes  a  Avranckes  oii  nous  passâmes  la  nuit. 


CHAPITRE  XVIU. 
Mont  St.'MickeL 


Le  lendemain  2g  mai ,  nous  prîmes  des  chevaux  et  un 
guide  à  Avranches ,  et  nous  acheminâmes  vers  le  Mont  Saiiu- 
MicheL  A  la  mer  basse^  on  peut  gagner  le  rocher  i  cheval* 
P(ous  e&mes  soin  de  choisir  les  endroits  où  le  sable  est  dur  , 
et  noire,  voyage  s'acheva  sans  acçidenf .  Deux  fois  seulemcujt 
nous  eûmes  à  passer  à  gué  de  larges  ruisseaux  qui  ne  soat 


Exi:ijmsio»  iMttHNMiiTALi  B*  voftwAitiMB.         tSg 

îamMs  à  ICC.  An  ncoiid ,  l'eau  <Uh  profiNide ,  k  cfwimt 
irioleot ,  et  k  ^ent  était  contre  nons.  Ilot  di^Tam  afinçaient 
diSciknient,  et  noi  pieds  plongeaient  tdans  V^an^  vais  k 
danger  se  dissipa  bientôt  ^  et  ce  rnissean  nne  fois  derrière 
nons  y  nous  ne  renoontrâmcs  pas  d'autres  difficnltn  h  faincre. 

De  quelque  cèté  qu'on  aperçoive  k  Mont  S^-Micbel ,  k 
point  de  tue  est  pittoresque.  A  sa  base  sont  les  murailks  for- 
tifiées ,  derrière  lesquelles  se  retrancbe  k  petite  viUe.  Au- 
dessus  de  la  -vilk  sont  suspendus  des  rocbei-s ,  et  les  vastes 
fondement  sur  ksquek  reposent  le  couvent  et  la  ville.  Les 
bâtimeuts  du  couvent ,  ses  portes  et  ses  murailles  servent  de 
base  11  relise ,  et  celle-ci  pkne  sur  tout  le  reste  et  couioune 
k  sommet  du  Mont. 

C'était  un  site  bien  eohvenabk  que  ce  roc  de  granité ,  poar 
une  église  placée  sous  Tiu  vocation  d'un  saint  dont  les  temples 
étaient  d'ordinaire  bâtis  dans  des  lieux  élevés.  Les  Anglais 
voulurent  rivaliser  avec  les  Normands ,  et  le  Mont  S^-Michel 
&  Cornwal  devint  bientôt  k  contre^partk  de  celui  dont  nous 
décrivons  en  ce  moment  les  beautés. 

On  monte  divers  escaliers  construits  dans  le  roc ,  et  Ton 
pa&se  sous  plus  d'une  porte  avant  d'atteindre  k  couvent.  La 
dernière  de  ces  portes  est  lourde  et  imposante  :  c'est  probabk- 
ment  celle  que  l'abbé  Thurslin  bâtit  en  ia57« 

Le  couvent  et  l'église  ont  été  cbangés  en  une  maison  de 
correction  ^  les  bâtiments,  pour  être  convertis  k  cet  usage ,  eut 
été  divisés,  et  chaque  division  entourée  d*une  enceinte  de 
murailks,  ce  qui  leur  a  fait  perdi*e  l'aspect  intéressant  qu*its 
avaient  autrefois.  Les  arcades  qui  bordaient  k  nef  out  clé 
-  murées  j  mais  il  est  encore  £icile  de  distinguer  les  coknues  et 
de  s'apercevoir  qu'eUcs  avaient  des  cliapiteaut.  Celte  partie 
de  l'église  appartient  au  XI*.  siècle. 


i4o  m;  gauy-iuiig«t. 

Ou  a  (ait  du  cbceor  la  cbapelle  do  la  prisçn  actuelle.  U  fut 
commencé  en  i^Sa ,  continué  par  interyalles  par  les  abbés  du 
monastère,  et  ce  ne  fut  qu'en  iiSi  qa';pii  le  termioa;  C'est 
un  bel  eiemple  de  Tarcbitecture  en  pointe;  il  est  moins  orné 
que  d'autres  monuments  contemporains ,  ce  qu  tient  i  la 
dureté  du  granité  dont  on  s'est  servi  pour  sa  construction* 

Mais  tout  cela  est  peu  de  cbose  en  comparaison  de  la  belle 
salle  y  connue  sous  le  nom  de  salle  des  cbevaliers.  C'est  nu 
magnifique  appartemept  de  forme  oblongue  dont  la  voûte  en 
pierre  est  supportée  par  une  multitude  de  colonnes*  L'bistoire 
nous  apprend  que  l'ordi'e  des  cbevaliers  de  St«-Micbel  fut 
institué  par  Louis  XI  «  en  1469  5  il  n'est  donc  guère  possible 
que  cette  salle  ait  été  bâtie  pour  eux  ;  son  style  ressemble  ^ 
celui  du  temp  d'Henri  III ,  roi  d'Angleterreé  Ce  qu'il  est 
permis  de  supposer ,  c'est  qu'elle  était  destinée  h  recevoir  les 
nobles  et  les  princes  qui  venaient  dévotement  autrefois  &ire 
de  fréquents  pèlerinages  an  mont  St.-Micbel.  Mais  il  n'existe 
aucune  source  d'où  l'on  puisse  tirer  qudqne  renseignement 
précis  sur  sa  date. 

La  première  église  qui  ait  été  bâtie  en  cet  endroit ,  le  fut 
par  Saint  Anbert  en  709»  La  seconde  fut  fondée  par  Ricbard, 
duc  de  Normandie  ,  et  achevée  en  996.  En  looi,  un  incendie 
la  dévora.  Richard  II ,  fils  et  successeur  de  Richard  I''. , 
s'occupa  en  lo^a  de  la  construction  d'un  nouvel  édifice  plus 
magnifique  que  les  précédents.  La  nef  de  cette  église  •  qui 
existe  encore  aujourd'hui ,  ne  fut  terminée  qu'en  1060. 

Le  monastère  du  mont  St.-Michel  a  été  plus  qu'aucun  autre 
en  proie  k  de  désastreux  ravages ,  et  les  changements  qu'il  eut 
h  subir  furent,  en  conséquence,  plus  nombreux  et  plus  consi- 
dérables. Dix  fois  le  feu  y  exerça  toute  sa  rage  :  le  ciel  et  la 
violence  des  hommes  furent  chacun  de  moitié  dans  ces  fré- 


SXGUmSIOV   JMmMClfTALB   E»  NORMANDIE.  ï^l 

qaentes  caiasiités  ;  fe  cooveat  était  dcveiMl  nue  brtcrtsse ,  et, 
en  cette  qualité ,  il  sabissait ,  eoDiBie  les  antres  eliâteauji  locfit 
toiitesJèscIiaiiocid€fla|B[iierre.llais  oesdttafttrrsfareqtloaîeurs 
avsitot  vépaié»  .i|iie  ^soiifferls,  et^  grâce  à  cette  diUfeat^ 
seliiciuide ,  ïêkkaje  tx  Vé^âm  ont  coti$énré  de  nombreiues 
traces  de  leur  maçoifieeace  et  de  leur  ardîitectn^e  jpitiOMiiqtw. 
De  retnar*  à  nttm  petite  anWge  ,  s^rès  a^our  visité  le 
conveol ,  nous  etateodlnies  aoCre  viedle  hôtesse  expràner  ude 
épinioii  dont  elle  mil  I  nu  les  motiâ  3  combieo  de  peasées  et 
d*actic»is  ict'-lM»  n'iint  pas  d'antre  moUle  que  celrâ  qni  appe- 
lait «n  soQrtfe  sur  les  lètres  ridée»  de  la  bonae  ftmîne.  -—  An 
temps  des  Moines /disait^elle,  tans  les  étrangers  ivouTaîent 
an  eouf  enf  de  la  nOnrritnre  et  110  abri,  an  lien  qn'i  présent  ik 
sont  tensoUigés'de  venir  à  mon  anberge,et«Ue  en. concluait 
fortsagesMDl  qu'on  avait  bien  iafftdesuppinner  b  monastère. 
'  Notre  gnsdfe  avnil  été  tellement  effrayé  dn  danger  qu'il 
aysÂt  coom  atee  nous  en  passant  à  gué  le  secimd  rnissean  , 
qu  en  revenant  il  insista  sur  ta  nécessité  de  prend»  one  «ntre 
iMMMei  nous  éfitlimes  donc  le  ruissean  5  mais  nons  filimei 
obligés  de  laire  un  long  circuit ,  qui  retarda  de  beaueonp 
notre  ventrée  dansia  vUk  d'Âvrancbes. 


CHAPITKE  XIX. 


Pontorson*  —  Saumur.  —  Ckinon»  —  Fonîtvraud,  — 

Akncon, 

Le  5o  mai,  nous  partîmes  pour  Pontorson,  la  dernière  ville 
de  Normaudie  du  côté  de  la  Bretagne.  Nous  y  vbitâmes  une 
^utrc  église  antique  qui  appartient  en  partie  à  rancieoue  ar< 
fikiteeiure  Normande^  la  fa$ade  ocoidentale  est  de  la  première 

••'•'••'  '     '  •  '•  .    11; 


l4a  M.    GALLY-KiriGHT. 

transition ,  et  il  n'est  pas  permis  de  douter  qu'elle  n  ait  été 
construite  à  une  époqae  postcpeure« 

Cette  façade  présente  un  mélange  de  formes  ciiTnbires  et 
de  formes  ogivales.  Un  retrait  dont  l'arcade  est  en  ogive 
comprend  un  portail  à  tête  ronde  et  la  fenêtre  qni  le  sarmoole. 
An-dessus  de  Tarcade  en  pointe,  on  remarque  une  autre  ienêtre 
divisée  en  deux  parties  dont  les  sommets  sont  circulaires; 
la  façade  se  termine  en  une  sorte  de  pédiment  à  chaque  angle 
duquel  se  trouve  une  tourelle  k  jour.  Pour  la  construction  de 
l'édifice  on  a  employé  la  pierre  de  grantte  que  Ton  rencontre 
en  abondance  dans  celte  partie  de  la  province  de  Normandie. 

Le  duc  Robert ,  père  de  GuiUaume*le-Conquérant ,  bittt 
en  cet  endroit  une  église,  et  le  corps  du  moaument  actuel 
semble  appartenir  au  temps  de  ce  prince.  Les  jointures  de  ses 
murailles  S4mt  larges ,  le  mortier  est  grossier.  La  £içade  occe 
dentale  doit  avoir  été  reconstruite  plus  tard.  Le  château  de 
Pootorson  fut  brûlé  en  ii  71  (t) ,  durant  les  guerres  où  se 
trouva  engagé,  i  cette  époque,  Henri  II ,  roi  d'Angleterre.  Il 
est  possible  que  Téglise  ait  eu  quelque  chose  à  aouffrir  éias 
la  même  circonstance.  Le  style  dé  la  fiiçade  a  tant  de  rapports 
avec  celui  de  l'église  de  la  Luzerne  qu'il  est  naturel  dépenser  que 
les  deux  monuments  ont  été  bâtis  i  peu  près  à  la  même  époque. 

En  quittant  Pontorson ,  nous  passâmes  en  Bretagne  pour 
visiter  le  fameux  autel  Druidique  de  Garnac  (a)  ^  de  U  nous 

(1)  «  1171  —  CastrumPontisUrsonts  combustnm  est.Henricus 
Rex  venu  ad  Pontem  Ursonem  »  Ex  Robert!  de  monte  appendice 
ad  SIgebertum. 

(2)  Les  restes  nombreux  de  ce  temple ,  sa,  situation  au  milieu 
àft  la  pAIe  bruyère  qae  lè  vent  de  la  mer  agite,  le  rendent  digne 
de  l'attention  des  antiquaires  :  H  faut  avouer ,  toutefois,  que  les 
fragments  de  Tau  tel  de  Stohebenge  avec  leur  masse  colossale 
partent  plus  puissamment  encore  à  rimagination. 


BXCVAMON   MOVVmirTAIJt   HT   HOBMAHDIB.  M^i 

fagDames  Hantes ,  pois  Ange» ,  H  noas^rtivlnuét  Uf  loég  é» 
bc^lies  rms  de  la  Loiie  jnsqu-à  la  jMm  pelîla  vilkdefiawin^ 
les  pierres  Itères  et  colorées  dont  elle  est  eoattmtlt  éveiU 
lèreot  DOlie  evrioaité  ;  i^eas  y  reaiarqttâiMt  quelques  «uÂioiis 
de  Iwane  appavèiiee. 

Mètre  bot ,  en  &iBittt  ce  yoyage  ^  était  de  vwr  Chiéeu  ,  le 
Windsor  fnm^is  de  nés  rois  Nen&aiids ,  et  Fonteyrattd  ;  liett 
de  knr  tépuhnre. 

Chinon  est  à  cinq  Heees  eoTiro»  de  Sanmar  et  k  tpmxtt 
lieues  de  Toars.  Notre  yeîtttre  rookîtf  dottceeieiit  le  leog  te 
rives  de  fleafe ,  et  eos  r^ards  tombaient  par  iufieryidles  snr 
des  tableaux  pleins  d-inléfèt  :  des  ta^tis,  der  ▼ignés ^  des 
moftlaghes  blanckes  f  des  groupes  neibfarenx  de.  naisens , 
quelques  ebâieauv  modesteé ,  des  noyers  aux  Tasies  braxclies'; 
à  répais  feuillege;  )oigne&-y  une  population  Yiye  et  enjouée  y 
les  rayons  d*un  sdeil  brâlant ,  et  tOiù  auret  une  idée  des 
Tuespittorescpies  <pii  se  snecédàrent'  devant^  doué  et  de»éÎDO-. 
tions  noAlureuses  que^nous  éprouviÉBes  en 'parcourant  ce  pa<k 
radis  de  laFtanoe.  .'    ' 

I^  ebAtean  de  Gbinon  est  aTaatagéusmnent  situé  sur  une 
émiBenoei  cette  pcèitîen  élevée  lui  donne  à»  distancé  Faspeét  le 
plus  intéressant;  Letemps  a  épargné  une  étendue  demurs  assèft 
censidéraUe,  et  des  tours  qui  dominent  •fièrement  la  tiHe*. 

Sauf  une  tour  circulaire  à  Fun  des  angles,  il  ne  leyte  Meoli 
i^st^e  du  ebâietiu-Noimand  j  rien  de  ee  qu'on  y.  voit  aujour- 
d'hui ne  remdnte  au-'delà  du  Xiy*«  et  peut-être  même  du  XVn 
siècle  :  ce  qu'il  y  a  de  pluscurieux,  c'est'la  haute  tour  à  Feutrée; 

Le  plan  général  du  château  consiste  en  deux  tâstes  cours , 
où  l'on  pénètre  par  des  ponts.  Plus  loin  une  autre,  masse  dé 
ruines  composé  probablement  ce  qui  reste  de  hr  partie  k  plus 
ancienne  deFédifioef  mais  oà  n^y  retrouve ,  pour  aitasi'dire^, 


t44  •         <•  M.   UAU.T-KVI01IT. 

^pieite  teuktîontf.  A  ma  aogle  d«  la  {mwiire  cour  le  voient 
les  MmWflMet.  de  )plfttîeMi  coîiHiei  el  Icnn  inonkes  «keminëes 

I^aiMi»  ^  Toa  a  do  chftiaaii«il«iapiifi<|aei  Lnnsprib 
se  perdent  an  loi  a  sar  T  immense  étendue  jdm  flcnve^  qni  irie«c 
tattit  k^m  pied^^coalre  la  base  dercntaence*  La  Tientte  en 
(M  endroit  est  pins  large  4|«e  la  Tawae  à  Windsor ,  et  la 
campagne  qu'elle  arrose  plus  Tariée  que  tout  antre  beau 
]iayfage4*fiuvope*  Je  comprends  sans  peine  qu'Henri  il  ait 
;pii  tant  it  plaire  k  sa  résidence  de  Cibioon. 

fyk  revenant  à  Saomnr^  nons  nous  écartâmes  de  k  mute 
fponralier  mrFonten!and.Soaspassâmesdu  palaisà  la  tdmèe. 

&M  tioisinage  deCUnon  fit  oatureAemeat  confier  à  l'abèoye 
de  Famefiawl  le  dépôt  précieilK.des  cendres  royales.  Elle  est 
siMice  dans  nu*  li«n  (pMible  et  jretiré  y  à  une  liciie  «oTiroo  des 
rives  de  la  Loire  «ft  k  trois  lienes  de  ChitNw.  • 

L'église  dont  Teitérienr  est  demeuré  intact,  passe  poar  être 
celle  qni  fiil  eonuBeocéé  par  Foulques  ,  cioquièaw  comte 
d'Anjou ,  en  i  taS.  Elle  a  des  transepts ,  et  «inq  aluides  à 
TeKtiéaiâé  orimtala.  Les  parties le& plue aneieniiet  de  t'édifice 
■0Qt  daM  le  alfle  cinmlairé.  Il  y  *  «m»  k  tour  des  arcades 
eo  ogive  »  et  les  Mktn  d^  la  tour  «Ue^nème  mvètent  aussi 
k  farme  Kgivak  j  mais  ces  anomalies  doirsiU  être  b  résultat 
d^uise  reeonslruction^  car  oa  ne  voit  dans  l'église  awcaoe  autre 
partie  oà  k  atyk  en  pointe  se  révèle.  Partout  les  chapiteaux , 
les  monlttiies  et  les  ornements  sont  riches ,  parkitemeot  tra- 
yailtésetliuaN  frais  qneVik  n'avaient  été  finis  que  d'hier.  On 
s^est  servi  pour  k  construction  du  moanment  de  cette  piene 
bknche  que  l'on  trouve  en  si  grande  quantité  dans  k  voisinage. 
.  Tel  est  l'extérieur  de  l'église  y  mak  l'intérieur  a  suln  une 
bku  trislis  qtétAïQQrphose.  On  l'a  converti  en  une  maison  de 


Corce  ,  d  bko  qo'inlitBé  dam  90  b«t  4t  likv^ttiiaoe  fi 
d'humaniié ,  tout  y  a  on  aspad  leponManU  I^ia  ipHiboi  fOyakt 
que  noof  faiiîow  TÎiittr  «'004  pat  ecMnerré  le«r  liHiaiioo  f ri- 
niiiYe.  Oo  k»a  vramÊfMti»  dans  »■  feoom  ahav  oè  on  les 
négl^.  Noua  rtiranviaMa  laa  atataw»  d^Heori  II  el  d^  sa» 
épouse  y  celles  da  la  femna  du  roi  Jaao-sani^Tam  at  4^ 
Richard ,  Cœur-de-Iion,  Tous  ces  personnages  sont  revèuia 
do  maoteao  royal ,  dont  la  draperie  manque  de  moelleui  et 
d^ainplenr.  Les  visagts  ont  été  pins  on  omuos  défignréa  par  le 
vandalisme  révolntîonnaire  ;  c'est  celui  de  lUclianl  qoi  a  le 
moins  sonfièrt.  Son  front  est  remarquablement  large  |  il  y  a 
dans  tes  traits  une  éonrgiqna  expression  4e  force  et  4a  résolut 
tion  qui  a  dA  bire  trembler  les  infidèiea«  Ne  serait-il  pas  à 
désirer  que  «ette  statue ,  au  moins ,  put  Itic  transtirée  dans  un 
lieu  qui  lui  coA?iendrait  bien  miens  au}Ottrd'bni  1  dans 
Tabbaye  de  Westminster? 

CombieD  ne  sont-elles  pas  fiieondea  en  sanTcnirs  cas  statues 
de  nos  rois  sur  k  terre  étrangère  J  Cest  tt  tout  ce  qui  reste  e^ 
France  de  la  domination  anglaise  ;  mais  elles  ne  sont  pas  une 
source  de  regrets  ^  la  puissance  de  T  Angleterve  est  ai^onrd^bui 
bien  plus  solide  que  lorsqu'elle  débordait  sur  le  continent* 

De  Fontairraud  nons  regagnâmes  Sanmur  9  puis  Angers }  de 
là  nous  nons  dirigeâmes  vcra  le  Mans ,  oi^il  y  a  une  belle  ca«» 
tbédralet  y  nous  primes  ensuite  h  lonte  d'Aleoçoo ,  où  il  u*y 
a  rien  de  remarquable  |  et  nous  rentrâmes  en  Normandie. 


CHAPITRE  XX. 

6  )iiia.  *-<*Siée^ ,  pauvre  peti4e  vtUe ,  mais  le  siège  d^nn  évi- 


l46  '         M,  CAÏÏiY-lLlIldMT.  ' 

théy  éî^pêtf^toakéqnenï  ridiè  d'une  tsathédrale,  est  celle  qui  la 
première  nous  tffirit  qaelqn'jdtérèt. 

'  La  cathédrale  de  Séetest  eiieoipe  un  deees  lâoûunietits  aax- 
qaek  oii  a  assigné  des  dafttô  qui  repoosseut  tonte  creaneeé  La 
dernière  qui  ait  été  conservée  en  ce  qui  concerne  cet  édifice  a 
ëté  représentée  comme  la  date  nécessaire  ât  Fédifice  actuel 
tout  entier ,  et  la  possibilité  de  reconstructions  dont  oh 
n'aurait  pas  enregistré  l'époque  a  été  complètement  méconnue. 
Sans  doute ,  au  temps  oh  Ton  fait  l'emonter  la  fondation  de 
la  catliédrale  actuelle ,  en  io55  /  fut  commencée  à  Séez  une 
nouvelle  catliédrale.  Les  éréniiments  qui  amenèrent  cette  rc- 
cbnstruelton  peignent  trop  bien  Fétat  de  la  société  au  moyen 
Age  y  pour  que  f  bésiteà  en  tracer  ici  un  tableau  succinct ,  bien 
qu'ils  n'aient  aucun  rapport  avec  rédifîce  qui  eiitte  aujourd'hui . 
^-  Pendant  quives  goUrei'nàit  le  diocèse  de  Séèz ,  trois  fils 
d'un  seigneur  féodal  des  environs  ,  les  Sorrngîens ,  organi- 
sèrent line  bande  de  scélérats  qui  leii  reconnurent  pour  leurs 
cbefs,  se  jetèrent  sur  cette  partie'  de  la  provînce,la  ravagèrent  et 
la  pillèrent.  Pendant  quelque  temps  la' résistance  fut  faible  :  le 
sQccès  augmentant  leur  audace,  ils  s'^emparèrent  delà  cathedra  le 
deSéez,  la  fortifièrent  et  y  établirent  leur  quartier  général  :  de 
là  ils  se  répandaient  dans  les  campagnes  et  les  villes  voisines , 
revenaient  chargés  dé  butin  et  sourllaient  le  temple  saint  de 
leurs-  détestables  orgii*sl  A  là  fin,  Vévèque  parvint  h  persuader 
à  Grantmesnil  et  k  d'autres  barons  de  la  province,  de  prendre 
les  armes  contre  eax  et  d'aller  les  attaquer  dans  ce  château 
fort  de  leur  invention  :  les  Soringiens  s'y  renfermèrent  et 
défièrent  leurs  ennemis'.  L'évèque  pour  les  forcer  a  en  sortir 
fit  mettre  le  feu  k  quelques-unes  des  maisons  en  bois  qui  avoi- 
si Datent  la  cathédrale.  L'événement  répondit  à  son  attente  : 
lel  Soringiens  ,  à  la  tèt&-de  leurs  compagnons  firent  une  sortie 


EXGUBâlOir   MOirVMlUITAUt   IR  «OftlIÂHDII.  té^J 

et  fureDt  tdilUs  en  pMccs.  Mak  Yio/omUt  s'étendit  phii  /{ne 
ne  le  Toulait  l*ëyèqae  :  il  enfvelt|ipa  k  caibedrale  et  eo  cansa 
kl  ruine  loule.  Le  ftpe  te  tronraît  alors  en  France.  Les  en- 
oeHts^  drives  le  ealonmitrent  anpris  do  sonveuin  pontife  et 
fiienremœà  L<na  <|«i  c'éfait  Tolootairemeiit  qn  il  avait  mis 
le  iw  iaon-^liae.  Celoirci  aHa  trovrer  le  pape ,  loi  raconU 
arvce  ieanddse  et  pwp'an  noindfes  détails  comment  les 
e^tlMat  passées;  Mats  il  parait  qne  liéoo  n'ajouta  pas 
ta  entine  à  les  proies  ,  ear  il  lai  ordonna  de  rebâtir 
l'église  à  ses  dépens ,  pen  eo  peine  des  moyens  par  lesquels 
rérêqne  ponmil  se  procnrer  l'argent  nécessaire  à  œtte  grande 
entreprise.  Ives  partit  :  il  alla  invoqner  à  Apnlie  ^  k  Coos- 
tantinople  et  dans  d'antres  villes  b  ckarité  des  fidèles  :  les 
rielies  et  les  grandi  hii  prMrcnC  aide  et  assistance,  et  il  revint 
dans  son  diocèse  eliargé  d^annônes  et  de  présents  considé- 
rables. Dès  qu'il  fut  rentré  ft  Séec ,  il  commença  la  constrac- 
tion~d'nne  nouvelle  cathédrale  :  son  plan  était  si  vaste  que  le 
monmnent  ne  fnt  achevé  qne  4®  ans  après  (i). 

Tdkest  rUsloire  de  la  reconstruction  de  io5S;  passée 
cette  époque ,  d'^épnisses  ténèbres  couvrent  les  vicissitudes  de 
l'édifice  ;  et  sauf  quelques  induction»  plus  ou  moins  légitimes, 
quelques  renseignements  plus  ou  moins  solides ,  rien  ne  nous 
vient  en  aide  pour  £siire  jaillir  quelque  lumière  du  sein  de 
cette  profonde  obscurité. 

Cependant  la  catbédrale  elle-même  novs  démontre  par  sa 
construction  qu'elle  n'est  pas  celle  du  XI*.  siècle.  Le  style 
ogival  y  règne  partout  en  souverain  ;  mais  l'édifice  présente 
certaines  variétés  qui  prouvent  que  l'édifice  n'a  pas  été  cons« 
truit  d'un  seul  jet.  L'extrémité  occidentale  et  la  ocf  sont  los 

(l)Ouil.  de  luniéges,  lir»  VII»  chap.  I3. 


/ 


parties  les  plut  ancMiies^  âlkft  soolMtiefr  dans  U  premtef 
stjk  en  ^tkoU*  De  chaipie  c«éé  de  k  nef  $' élèvent  des  co* 
lonnes  potnrmesvde  beœs  «t  d»  eliapiiçaittx  y  qni  supportent 
des  afoadesen.  ogra  4àtrnée&de  inoiilttres>«  Les  fimâttes  sont 
en  doaUe  lancette.  Le  st|»lé  qm  doniioe  dans  ic^t»,  partie  4^ 
rëglise  ressemble  à  celoâ  ^qui. élail  pratiquédnrànt  le  vègoe 
d'Henri  III ,  roi  d'Augletef-re^ 

Les  transepts  et  le  chœar  appartiennent  à  une  époque  loal- 
lofait  di^Krente.  Leur  architectnre est  lestyle  ogival  décore. 
•  IVi  riiistoire  y  ni  les  chroniques  ne  noua  donnent  deren* 
seignements  eiprès  svr  les  événements. qui.  amenèrent  oelte 
seconde  reconstructÛMi  qu'indiquent,  évidemment  les  varia  *« 
tions  de  style  ^  rien  ne  noiis  apprend  non  plus  &  quelle  époque, 
les  parties  de  Téglise  qqi  diilereut  des  autres  furent  construites.. 
Ce  que  nous  savons,  c'est  que,  en  i  i5o,  Louis,  roi  de  France, 
irrité  des  perGdies  de  Jean,,  fils  de  Guillaume  Tâlvas,  seigneur 
de  Séct,  viut  attaquer  cette  ville  à  la  tête  de  forces  redouiab)es^ 
s'en  empara  et  y  fjt  porter  la  ilamme  (i).Séeïfnt  encofe  bcûlée 
par  les  anglais  eifc  1:355. 

Je  serais  porté  à  croire  que  la  «athédrak  du  XI*.  siècle  , 
éprouva  le  même  sort  que  la  ville  dans  riocendte  de  i  i5o  , 
et  se  rdkva  ,  comme  l'ont  Êiit  tant  d'autres  églises.,  quand  à 
la  guerre  eut  succédé  k  paix.  Il  semble  quellej^'ait  pas  été 
non  plus  épargnée  dans  le  second  inoendie  de  l35S  ,  parce 
qu'en  i4o8  nous  voy^ms  Pierre,  évèque  de  Séez ,  amasser  des 
fonds  pour  la  réparer»  :      .      . 

Les  dates  de  ces  événements  historiques  correspondent  assez 
Uen  avec  Farcbitefitore  du  style  du  monument,  et  expliquent 

(2)  ADglieaao  î^e,  urbs  (  sagium)  consumpta  est  et  fonditus 
eversa  »  —  Gall.  Christ. 


KxcrBSToir  MuAivaiissTJkix  en  itobmandib.         i49 

d'une  nûoière  oaatL  sfttidusaBle  let  difiefCfwes  (fà'iia  y  rê- 
nuirf «e.  YoU^  da  r«ste  ^  lelkf  qii'dks  soal  »  la»  ftiUe»  res- 
sooroct  à  Taide  dts^udlés  l'antiquaire  peut  essuya  à  pereef 
)e  Duage  qui  entoure  la  calliodrakf  ^  cette  pauvreté ,  cette  fai- 
blesse peut  loi  servir  d'excuse ,  si  ses  opinions  sont  erronées  $ 
mabeUedMlanssi  Ta  venir  de  ne  pas  însiater  ayec  tropdectn- 
fianee  sur  ém  Croyances,  quelque  )nste»  qn'eUesloi  pasaissent» 

Kons  Gohti0iiinie8.nfotre  rottte  »  et  4  une  Conrtx»  diataneede 
6i»glie  ,  nous  aperçûmes  le  château  du  duc  de  ce  nomu  C'est 
na  vaste  édifice  élevé  snr  une  éninence  ,  et  environné 
de  bois.  Leduc  actuel ,  Tuo  des  plus  distinguée;  et  en  mÂme 
temps  des  plus  aimables  bommes  de  France ,  passe  une  grande 
partie  de  Tannée  4  oe  cliâtean  }  &it ,  comme  il  Test ,  pour 
}«ner  un  rôle  important  dans  le  grand  drame  politique  ^  il 
sait  encore  jouir  des  plaisirs  simples  de  la  campagne« 

Broglit  st  une  petite  ville  N^nrmande,  bien  propre  el  bâtie 
en  bois,  uo€ysenie  de  son  église  est  antique  et  grossière.  Dans 
l'intérieur  de  Tédifioe  des  pili^s  plats  supportent  des  arcades 
circulaires  unies;  une  aile  latérale  a  été  ajoutée  ,  et  la  partie 
originelle  adjacente  à  l'aile  moderne  a  été  mise  en  rapport 
avec  celle-ci  par  l'insertion  d'arcades  en  pointe  sous  les  aruciens 
demi-cercles.  On  a  substitué  a  l'abside  primitive  une  cbapclle 
de  la  Vierge ,  bâtie  dans  le  style  en  pointe.  Dans  la  façade 
occidentale,  on  a  introduit i:émme  ornement  des  arcades  en*- 
t relacées.  La  seule  date  que  j'aie  pu  découvrir  relativement  & 
cette  ^lise  est  celle  d'une  consécration  qui  eut  lieq  en  i2^4> 
par  les  soins  d'un  évdque  d'Ëvreuxl  Cette  époque  parait  être 
celle  oà  les  parties  qui  portent  les  caractères  du  style  en  poénte 
forent  ajoutées. 

£n  quittant  Broglie  ,..bous  traversâmes  une  vallée  xsouvtrte 
de  riches  forets  y  et  nous  ne  tardâmes  pas  à  arriver  k  Bernay. 


l5o  M.    «AlLY-lLirMVt* 

Ccst  grâce  à  ane  pnisssmte  abliaye  de  Bénédktios  établie  dans 
aes  nmn  que  cette  TÎlle  joint  autrefois  de  qnelf  ne  cékbrité* 
L^abhaye  dont  je  parle  foi  fondée  dans  les  prcsBières  9nnm 
du  XK  SKcIe  par  JiHClk  de  Bretagne,  époKie  de  Rkliaid  II, 
duc  de  NormaDdie. 

On  retrouve  de  nombreux  vestiges  du  monimeiit  prin^, 
et  c*est  peut-être  le  plus  ancien  édifice  de  quelqn'importaraee 
qui  existe  aujourd'hui  en  Normandie*  A  ce  titre ,  il  mérite  de 
fixer  l'attention  :  il  vient  rendre  un  imposant  témoignage  du 
génie  grandissent  simple  des  prcniiers  IVormands.  Il  est  vaste 
et  élevé ,  mais  complètement  dépourvu  d*oraeiBents.  Les  ar- 
cades circulaires  unies  qui  bovident  la  nef  reposent  sur  des 
piliers  reclangtilafres  également  unis,  auxquels  sont  attachées 
des  colonnes.  Les  vides  de  ces  dernières  ne  correspondent  pas 
exactement  aux  vides  des  piliers.  Les  colonnes  appartiennent 
à  l'ancien  style  Normand  ;  elles  sont  surmontées  de  chapiteaux 
variés,  décorés  de  feuillage,  sans  qa*on  voie  poindre  entre  les 
feuilles  ces  figures  grotesques  qui  furent  introduites  plus  tard. 
Un  de  ces  chapiteaux  porte  cette  inscription  :  mefeeit  Izem^ 
hardits*  Dans  la  partie  supérieure  des  transepts  existe  un 
trifbnum  ,  parsemé  d^'ouvertui^es  à  tètes  rondes  ,  divisées  au 
moyen  de  petites  colonnes. 

L'église  a  deux  ailes  latérales ,  d^  transepts  ,  une  abside 
principale  à  f  extrémité  du  eheeur ,  et  une  autre  abside  à 
chaque  transept» 

•    La  voâte  en  dôme  qui  surmonfte  ks  ailes  est  fort  curieuse  ; 
elle  semble  appartenir  à  la  première  constrnctton. 

L'abbaye  (ut  sécularisée  à  larévolution  ^  et  F  église  est  devenue 
la  propriété  de  deux  commerçants  qui  en  ont  faijt  des  magasins. 

Bernay  est  située  dan»  une  eharmâuMe  vallée  ^  arrosée  par 
une  petite  rivière. 

(La  fruité  à  un  prochain  numéro J, 


r^^K: 


CONSIDÉRATIONS  ARCHITECTONIQUES 

Sur  les  restaurations  faites  â  la  cathédrale  de 
Bayeu»  et  la  surveillance  qu'il  conviendrait 
d'exercer  eur  les  travaux  de  ce  genre , 

Par  M.  Yahhé  THOMIIfEJJESMAZURES  , 
CMaolJie  iîi«Ui|m  4<  ta  CatlMmU  de  Bayoù  (^ 


La  catlédrale  de  Bayeux ,  sî  sonreot  ruinée ,  reconstruite , 
frappée  de  la  Coudre  et  réparée ,  dévastée  par  les  guerres  et 
rincendie ,  pais  restaurée  ,  présente  dans  ses  détails  nu  en- 
semble de  notions  Listoriques  d'un  Baut  intérêt  et  d*élémen(i 
curieux  que  Ton  trouverait  difficilement  réunis  ailleurs.  Cest 
une  véritaI4e  histoire  de  Tarcliitectarc  dans  le  moyen  âge.  Et 
sa  crypte  qui  remonte  â  des  temps  antérieurs  2i  fa  première 
construction  du  monument  actuel,  et  ses  tours  fondées  vers  Fa» 
1 046 ,  et  les  arcades  de  la  nef  construites  par  l'évêque  Odon 
avant  1077 ,  et  ta  voûte  et  le  chœur  et  fabside  terminés  avant 
i24<  j  ^^  ^^  chapelles  latérales  de  la  nef  dont  la  dernièi-e  an 
I^ord,  si  remarquable  par  le  dessin  et  la  hardiesse  de  sa  croisée , 
s'éleva  Tan  i3oo ,  et  Télégante  construction  en  r448  de  la 
lanterne  qui  sert  de  base  à  la  tour  de  Thortoge^  enfin  beaucoup 
d'autres  parties  faites  on  restaurées  à  différentes  époques  suffisent 
pour  nous  donner  le  caractère  propre  et  particulier  de  chaque 

r 

(t)  Ce  mémoire  a  été  la  dans  la  séance  tenue  à  Bayeux  le  31 
marsi  par  la  Société  pour  la  coniervation  dea  nonumeuts. 


l5a  SUR   LES   RBSTAVAATIÔirS   FAITES      • 

sicfle.  PuQturfis  des  XIH*.  ,*XV*.  et  XVI*.  siècles ,  armoires 
avec  Icars  serrures  du  XIII*.  ,  portes  et  ferrures  du  XIV*. \ 
autel  et  balustrade  du  XV*. ,  boiseries  du  XVI*,  tout  concourt 
à  nous  tnoDtrer  daos  la  cathédrale  de  Baycux  la  réunion  des 
productions  de  l'art  dans  les  sieeles  qui  nous  ont -p recédé*- 

Il  e^t  évident  ,  que  dans  un  mongweat  si  fffécîrux 
en  souvenirs ,  on  ne  peut  sans  vandalisme  refaire  et  cons- 
truire suc  de  aouveaia  plans  aucune  partie  de  cet  édifice  ; 
c'est  ici,  plus  que  partout  ailleurs ,  que  les  amis  de  l'antiquité 
doivent  s'aitacbei*  à  reproduire  exactement  et  de  la  même 
manière  ce  que  le  temps  en  détruit  chaque  jour.  Aus<i , 
nous  voudrions  que  jamais  une  pierre  n'en  fut  arrachée  par  la 
main  de  l'ouvrier^  sa  us  être  aussitôt  remplacée  par  une  autre 
pierre  de  même  dimension  et  travaillée  de  la  même  inaaière. 

C*cst  ce  principe  conservateur  ,  je  dois  le  dire  ,  qui 
anime  les  administrateurs  de  la  fabrique  cathédrale. 
Malheureusement  nous  regrettons  que  ce  prindpe  n'ait 
pas  été  constamment  suivi  dans  les  grosses  réparations  faites 
depuis  un  grand  nombre  d'années.  La  Ëibrique  n'est  appelée 
à  donner  son  avis  que  sur  la  nécessité  des  travaux  k  faire  ,  et 
jamais  elle  n'est  consultée  sur  le  mérite  des  dessins  ou  des 
plans  de  restauration.  Aussi  lorsqu'on  lui  soumit  en  i856 
un  projet  de  nouvelle  construction  de  toutes  les  chapelles, 
au  coté  sud  de  la  cathédrale ,  tout  en  manifestant  fortement  sa 
pensée ,  elle  ne  put  repousser  l'innovation  ,  que  spécialement 
à  cause  de  Tinutiliié  d'une  partie  de  la  dépense  occasionnée 
par  ce  travail.  Depuis  1816  «  de  nombreuses  réparations  ont 
en  lien.  La  balustrade ,  qui  couronne  la  nef  et  le  chœur  dans 
toute  leur  étendue  au  côté  sud  de  l'édifice,  a  été  rétablie,  ainsi 
que  la  paitie  supérieure  des  niches  qui  fait  corps  jsvec  cette  ba- 
Instu^e.  Nous  voyons  avec  peine  le» couronnements  des  oiciiei, 


partMH  oh  il»  tut  été  Mfriacës  »  toiu  scolflfe  dans  mi  style 
unifimne^nir  im  nène  deann  aises  iafigmilint  ;  k»  colon* 
netlef  et  le»  cbapiteftax  do  hohistre  gronièremeot  tr«T«illés 
n*oiit  poMt  la  gi4oe  do  oe  qiie^f«i  retrouva  dans  les  anciens 
débris.  La  construction  des  pl«le*fenacf  qni ,  depaîs  1817  » 
a*cii  point  encore  ncboWe ,  a  iiût  mutiler  et  disparaître 
pfciqno  tonta  les  gaff^ontlles  acnlplnes  et  cnrienses  des  bas- 
cotes  de  là  nef  |  os  tniml  a  nèuM ,  an  Noed ,  dénaturé  en 
grande  partie  le  caractère  de  l'édifice,  et  noos  aonnnes  encore 
iBcnocéi  «lia^  jêwt  de  désolations  nonvelles. 

En  vous  signabnt  ainsi  ^ndqws-nnes  des  dégradations  k% 
]dna  apparentes  ,  connises  depuis  certain  nonbre  d'années , 
î^ai  dâ  ,  Mrasienrs ,  en  reoherekr  les  causes  et  ^ous  les  eipo- 
ser«  le  les  trouve  dans  la  nanière  dont  les  tramix  sont  auto-, 
rîaés  j  ordonnée ,  enéeutés. 

JLorsîiue  k  gonturoeorent  Ait  une  albeotion  ponr  des 

réparations^  il  confie  le  soin  de  les  ordonner  «t  snrmiler 

hj  un  seul  boHme ,  qui  n*est  comptAle  et  de  sea  actes   et 

de  la  diroetion  q«*il  donne  i  ses  «vrrages  ^'an  gonverfie- 

uent seul. C01  bomae est  un  avoUnNae  ,  et ,  TUnsk  sayez  , 

Messieurs ,  i<vnt  arehilecie  habile  a  peino-44iit?re  les  inspira*^ 

tiona  d'antrni  et  À  cepmkiro  ce  qu'il  a  sous  les  yeux  ;  quand 

on  peut  être  auteur ,  on  neae  réduit  point  i  de^eoir  copiste. 

L'ardiiieote  éloigné  du  lien  de  à'opéffatîén  ^  donne  ses  ordres 

qnp  sont  bien  on  mal  eséei^  Las  trawnx  sont  lirrés  ii  la 

naerei  d'^ntrepoetteurs  qui ,  ne  voulant  rien  autre  chose  que 

le  profit ,  commencent  par  abattre  et  démolir  tout  ce  qui  peut 

entrer  dans  ralkcation  qui  leur  est  faites  et  nous  avéns  tu  , 

il  y  a  quatre  asis^  k  pince  et  le  :marteau  su  briser  po^r  obérer 

la  démoUâon  cFun  des  pilier»  qaW  prétendait. en  mine^ 

Encore  si.ces démoUlieos  ae  faisaient  avec,  précaution  )  Osais 


l54  Sm  les   RCiïTÀVRATtmrS  FAITES 

nons  atons  gémi  plus  d'une  fois  de  Tmr  nncbrie  des  ouvriers 
dëtroire'&ns  les  parties  inférieures ,  àmestiEe  qo'ils  devaient 
suréleTer  de  nouvelles  constrnetions  ;  et  les  détériorations  de* 
Tiennent  d*antant  pins  grandes  qn'une  lenfeor  inconœyliUé 
d'etécntion  éternise  nos  traTaoz. 

On  conçoit  aisànent  que  dans  on  ordre  de  choses;  dans 
kqnel ,  d'un  eèté ,  personne  antre  qn'nne  admiiHatratio»  joea*- 
trale  qni  ne  connaît  (fa'impaxfidfemeBtfaskesoiiai  dé  kt  Iwa-- 
lilé ,  personne,  £»^ , n'a  lé  droit  de  ceproohctr  à  un  atocbir 
tecte  ancnne  inesaetitnde  on  iiotiveaoté  dans  jes  pians  ^  oià, 
d'vQ  autre  côté,  des  entrepreneurs  eiéovtent  sans  aucune 
sor?eftUance ,  et  cberchent  à  se  créer  tous  les  traraux  et  toutes 
les  réparat^ns  sur  lesquelles  ils  peuveirt  trouver  du  bénéfice , 
le  monument  ne  peut  qu'éphniver  un  dépéri^emeni  continuel» 

Quels  remèdes  peuvent  être  apportés  à  ces  maux  ?  C'est  une 
question  que  je  me  sois  laite  depuis  longtemps,  et  a|irès  l'avoir 
long-temps  méditée ,  je  n'ai  pu  trouver  d'antre  remède  que  la 
suppression  des  causes  de  détérioration  « 

Le  mal  est  d'abord  l'autorité  absolue  et  sans  a,ucnn  contrôle 
de  l'architede  dans  l'exécution  des  travaux  autorisés  ;  en 
second  lieu ,  le  défaut  de  surveillance  y  puis  la  précipitatioa 
et  le  peu: de  soin  a^cua  lesquels  les  entrepreneurs  dànolifiseat  ;. 
enfin  la  lenteur  des  restaurations,  lenteur  qui  provient  ^ 
tant  de  la  fiinte  de  larebitecte  dont.on  attend  souvent  les 
plans  et  les  ordres ,  ique  de  œUe  dés  entrepreneurs,  qui 
veulent  se  ménager  toujours  une  ressource  pour  le  temps  de  la 
saison  rigouHeu^. 

Que  l'architectesoit  donc  tenu /ayant  aucune  démolition 
possible^  de  présenter  le  dessin  exact  et  complet  des  con»« 
tructions  existantes,  tracé  en  noir,  a^ec  les  restaurations 
))re§etées  tracées   ou  laiiées  en  une  autre  couleur.  Que  ce 


A  lA  CATBKORALB  DE  BAYBVX.  l55 

dessin  scpît  communiqué  k  la  Société  pour  avoir  son  aTÎt ,  tai^t 
sur  Teiactituds  du  dessin  ,  que  war  U  rérité  historiqut  et  le 
.mérile  des  constructions  proposées. 

Que  l'entrepreneur  ^  avant  tonte  démolition ,  ait  taillé  et 
préparé  les  pierres  qui  doivent  entrer  dans  k  reconstruction , 
en  sorte  que  le  réublissement  soit  lait  dans  un  laps  de  temps 
désigné  dans  les  devis,  après  lequel  Tentrepreneur  sera  mis  en 
perte? 

Que  la  démolition  ne  puisse  se  faire  qu'avec  les  plus  grandes 
précautiotis  »  et  en  présence  de  rarchitecte  ou  de  son  surveil- 
lant. Que  les  pierres  de  la  démolition  oe  puissent  être  brisées 
iivant  la  restauration  totale ,  ni  enlevées  de  manière  à  n'ètue 
poiut  représentées  j  en  sorte  qu'on  puisse  comparer  les  restes 
de  ce  qui  existait  avec  la  construction  nouvelle.  . 

Que  i'enlrepreneor  ne  puisse  faire  Sfonbei?  et  descendre  ses 
échafaudages ,  les  pierres  de  démolition  et  de  reconstruction  j 
etc.,  que  par  un  lien  qui  lui  sera  désigné ,  ei  dont,  k  jcet  eibt, 
l'état  devra  être  constaté  d'^vaneepar  prooès-veclMil ,  'et  par 
les  dessins  de  l'arckilecte  communiqués,  comme  il  est  Ai^  diii, 
à  la  Société  pour  reconnaître  lenr  exactitude  ;  afia  que  l'enr 
trepreneur  soit  contraint  après  la  reconstruction  de  répare^ 
tous  les  dégâts  occasionnés  par  se^  ouvriers. 

Que,  dans  tout  les  cas ,  la  eonkmissian. désignée  par  la 
Société  puisse,  qnand  elle  apercevra  qoe)que  dégradation -, 
arrêter  les  travaux^  avec  obligation  toutefois  d'en  réfiérer  de 
suite  k  l'autorité  •compétente.  •  * 

Enfin  que  le  travail  exécuté  ne  soit  point  reçu  avant  d'avoir 
été  visité  par  la  Sociélé  et  oomparé  avec  les  dessins  approuvé». 

Ces  précautions  et  cette  snrveilknee  eiercéos  pair  de» 
bommes.  qui  ic  livrent  k.  des  recberckes  particulières  sur  les 
différents  earactèies  de  l'architectere.  dans  les  temps  oubliés 


i56  sen  lis  RBSTÀVRiLTioirs  vànns 

âe$  arciritectes  sont  ,  Messieurs  ,  la  seule  garantie  que  la 
France  .piiMbé  aToir  de  la  owisenratimi  de  ses  monuments. 

Ces  causes  de  dégradation  ne  sont  pourtant  pas^  Messieurs^ 
les  seule^'que'fàie  à  vous  signaler.  Uaefiimiète  qni  pourrit 
le  mur  de*  la  caliiéd^ale ,  un  b^her ,  des  bois  de  construc- 
tion ,  inie  ignoble  barraque ,  appuya  conM  «et  édifice ,  qui 
en  mutilent  les  ornements  \  avaient  inspiré  k  Mg'.  TETèque 
le  dessein  de  faire  la  demande   d'une   portion  de  tlfrkvin 
autour  de  la  catbédrale  ,  quand  ufie  partie  des  babitants 
de  Bayeux manifesta  le  désir  d*isoler  k  une  grande  distance 
'Oè  monument  si  remarquable,  qui  fait  roraeneat  de  la  viUe. 
Leur  Toeu  ,  m'a-t-on  dit,  adressé  au  Conseil  général  de 
dépQFrtemeBt  ,  présentail  na   plan  dbrt.  beau  et   de  bon 
goût ,  mais  trop  Taste  et  trop  dispendieux    pour  recevoir 
fonexécutîoa<Il  suffirait,  Mewieun,  pour  la  Conservation 
tde  Tédifice^  que  cet  isolement  s'étendit  k  une  distanoe  de  ro 
ou  f  5  mètnes,  que  dans  la  suite  on  poiirmit  enviropner  d*one 
grille  comme  les  principaux  monaments  de  la  Fiance.  :I\)ur 
lOpérer  cette  grande  amélioration  ,  il  n'est  besoin  que  d'une 
simple  con<)taion  sans  aucuns  ^aia  de  la  part  du  départe- 
ment. 

Présentement,  Messieurs ,  c'est'  sur  les  réparations  k  fiiire 
'prorbâinemeat  à  la  catbédrale  ,  que  )e  déiiDe  surtout  fixer 
Tatteotion  de  la  Société*  li  est  nécessaire  de  restaurer  le 
portail ,  eH  partie  dénaturé ,  en  partie  voi^é  par  les  an3 
et  le  salpêtre;  il  est  utile  de  relever  deux  tourelles  «ir 
kr  bas-cètés  près  du  chceor  ;  M.  Tarcbilecte  du  déparie- 
ment  est  prié  de  dresser  k  cet  effet  les  devis  coavenables.ponr 
les  env^yi^  auministère^  Nous  attendoâs  enooi^e  le  rétablisse- 
ment  des  balustres  et  des  pignons  qui  doivent  surmoaiei* 
M[>liatfQoe  de»  chapelles  de  la  nef  au  cô4é  du  sud  de  la  eatbé- 


Jk  tX  GATU0ftAU  Dl  B4YIVX.  ^5j 

âràh  ;  cette  restauration  aotoris^  par  le  gooyeriMiBeDt  sera 
ûite  dès  iput  M.  l'architecte  anra  donné  ses  plans  à  Tenlre* 
preneur.  Je  tous  prie,  Messieurs,  de  prendre  tons  les  VM^yens 
qui  seront  au. pouvoir  de  la  Société  pour  empêcher  toutes .  les 
d%radations  et  les  anachronismes.  Pour  moi ,  Messieurs , 
comptez  sur  mon  zèle  et  sur  mes  faibles  efforts ,  pour  remplir, 
àulant  qu'il  dépendra  de  moi ,  les  fonctions  attachées  au  titre 
de  membre  de  la  Société  française  pour  la  consenration  des 
monuments. 


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jM»^— ^   (        ■■■  ■  -mim^^^i    I    I  >  Il  p  ■     I       ■  Il       *■ 


NOTE 

'Sur  un  ancien  encensoir  en  argent ,  consente 
dans  la  sacristie  de  la  cathédrale  de  Trêves , 

Par  m.  de  CAUMONT. 


Les  anciens  ne  connaissaient  pas  les  encensoirs  proprement 
dits  5  ils  renfermaient  Tenccns  dans  une  espèce  de  collrct 
carré  et  le  jetaienjt  sur  da  feu  contenu  dans  un  vase  ou  cassolette 
placée  sur  un  trépied  5  les  bas- reliefs ,  les  frises  et  les  médailles 
qui  montrent  les  vases  pontificaux  confirment  cette  vérité^  on 
y  Toit  toujours  le  coffre  Irencens,  et  jamais  Tencensoir. 

Il  y  a  lieu  de  penser  que  Téglise  grecque  a  devancé  l'église 
latine  dans  Fusagedes  encensoirs  portatifs  aveo  des  chaînes. 
En  effet  dans  les  plus  anciennes  peintures  grecques  bysantines, 
les  prêtres  sont  toujours  représentés  tenant  de  la  main  droite 
un  encensoir  avec  des  chaînes^  et  le  livre  des  évangiles  dans 

la  gauche. 

L'encensoir  k  chaînes  se  voit  souvent  encore  dans  le  tympan 

des  portes  bysantines  qui  offrent  en  bas-relief  la  représenta- 
tion de  N.  S.  revêtu  du  péplum  y  et  tenant  d'une  main  le 
livre  des  évangiles.  Quand  la  figure  de  Dieu  n'est  pas  entourée 
des  figures  symboliques  des  quatre  évangélistes,  il  arrive 
ordinairement  que  deux  anges  placés  de  chaque  coté ,  tiennent 
des  encensoirs.  On  en  remarque  aussi  dans  beaucoup  d'autres 
gujets  du  XII*.  et  du  XIII*.  siècle. 


SVR  Vn   ASCIBU   BKCSirSOIB    É9    ABCBST*  iS) 

Tous  les  encensoirs  sculptes  dâns4es  iMis-relteb  de  ottte 
époque ,  m'ont  présenté  une  formt  globulaire ,  et  dans  leur 
couronnement ,  Timage  de  petits  toits  et  de  tonrdles  doi^t  les 
fenêtres  à  jour  facilitaient  k  sortie  de  la  famée.  Tons  offiraienl 
le  plus  grand  rapport  de  ibrme  avec  celui  que  nota  avons 
tronvë  cette  année ,  M.  Dupré  et  moi ,  dans  la  sacristie  de  la 
cathédrale  de  Trèyes.  Ce  curieux  encensoir  parfiûtemenl 
cooserré  est  en  argent  massif. 

Voici  le  dessin  que  M.  Dupré  a  bit  de  cel  encensoir ,  et 
les  notes  descriptives  qu*ii  a  rédigées  en.  présence  de  TofiginaL 

«  La  partie  supérieure  de  cet  encensoir  est  na  dôme  ooto* 
«  gonal  autour  duquel  règne  une  ceinture  de  to«n  furlîfiées^ 
«  au  dessous  sont  quati*e  grandes  façades  angulaires  qui  se 
«  coupent  à  angle  droit  par  le  sommet  :  et  datis  les  angles 
«  rentrants  de  cette  façade  surgissent  quatre  grosses  tours  qui 
«  dissimulent  très-adroitement  le  grand  espace  vide  quiy  serait 
«  resté  y  et  forment  comme  la  luise  solide  du  système  des 
a  fortifications  plus  élevées  qu^eUes  compUient  (t).  » 

a  Sur  le  centre  des  quttre  grandes  faces  principales  se  dé* 
a  tachent  autant  d'hémispbères  correspondants,  quidonnenl 
tt   ane  tournure  plus  gracieuse  et  plcts elliptique  à  Ponsefld^O 
tt  de  rencensoir.  C'est  surtout  dans  les  dessins  qtt  ététût  ces 


(0  J'ai  TU  dans  de  très-vieux  Antipliona&res  manuscrits  , 
des  dessins  représentant  tes  murs  extérieurs  de  Jérusalem  ^ 
exactement  de  la  même  manière  qne  les  dessins  de  la  partie 
supérieure  ât  notre  eueensoir  »  avec  ses  tours  fortifiées  alterna* 
tjveaient  rondes  et  carrées,  ses  ouverlures  dedéJwee,  ses  asidses 
l>îett  tracées ,  et  f osqu'à  des  fer»  de  fance  indiqués  sur  le.senunet 
de  rédittce.  Ne  serait-ce  donc  point  là  comme  un  pieux  souvenir 
de  la  ville  sainte,  la  cité  célèbre  des  pèlerinages  et  des  croisades  ? 

rmie  dé  U,  Dupré J. 


i6o  suB  w  JLNCinr  huceksoib  j»  àmamn 

m  .bémiipbères,  qae  se  rérèle  le  goÂtiysiiHîii»  Sur  ^eux  cotés,  ' 
«  ce  sont  des  animaux  Ëmtastiqaes ,  et  sur  les  denx  aatre», 
«  d)^  figures  de  renard  entrelacées  dans  des  cerdes  garai»  de 
« .  fleoroos  ^  et  semblant  jouer  on  se  défier  mtiliieilement*  Et 
«  oomme  les  interstices  de  ces  dessins  bizarres  sont  en  crenx , 
c  les  reliefs  n'en  sont  que  plus  netp  et  mieux  accusés.  Cest  par 
ic  ces  equœ^  yides ,  et  par  les  fisuttres cintrées  du  couronne* 
«  ment  supérieur  que  s'écbappait  la  fumée.  Divers  petits 
M.  ornements  en  saillie  tendent  i  racheter  k  fuite  trop  brusque 
«  des  bords  les  plus  éloignés  de  la  largeur  ,  vers  le  point  de 
«  )oncûon  avec  le  pied  de  rencensoir.  Ce  pied  ,  en  argent 
«  comme  tout  le  reste ,  est  légèrement  gravé  en  dessus ,  et 
M  porte  intérieurement  ^ne  assez  forte  masse  de  plomb  ,  pro- 
fi.  bablemeot  pour  ftciliterle  balancement  de  Tenceosoir  dans 
fc  les  mains  du  thuriieraire.  » 

>  Ls  dessin  fort  eiaot  de  M.  Tabbé  Dupré  (pi.  I) ,  rapproché 
def  notes  précédentes  qu'il  a  bien  voulu  prendre  k  Trêves 
pendant  notre  séjour  dans  cette  ville ,  fera  parfaitement  com- 
pr^pdre  fiatérêt  de  cet  antique  o^et.  Quant  à  Tépoque  à  la- 
%icUeil  irait. en  rapporter  l'origine,  je  pencherais  pour  la 
première  moitié  du  XIII*.  siècle,  en  considérant  qu'au  XHI*. 
siècle  le  style  byzantin  régnait  encore  en  Alfemagne.  (Voir 
ce  que  j'ai  dit  i  ce  sujet  dans  le  5*.  vol.  du  Bulletin,  p.  347)* 
Nous  voyons  d'ailleurs  dans  l'encensoir  de  Trêves ,  des  ouver- 
tures en  quatre-feuilles  qui  ,  en  supposant  même  que  les 
parties  supérieures  de  l'enceQsoir  n'aient  pas  été  raccommodées 
ou  refaites  à  une  époque  très-postérieure  (  ce  qui  serait  très* 
possiUe  ) ,  annoncent  au  moins  les  premiers  temps  de  l'ère 
ogivale. 

Quant  au  pied  de  Fencensoir  ,  tout  porte  à  croire  qu'il  a 
é(é  réparé  j  les  feuilles  imitant  l'acanthe  qui  le  garnissent , 


^i^/e&i.  D1/û/m/r>^nU/  ,  ^Vy,Pl  I" 


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THE  NEW  YORK 

PUBLIC  LIBRARYI 


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AêTOR,  LENOX  AND 
TILOEN  KHlflOATlOWt. 


&B  LÀ  CàJUJBmMM  Bft  Vft&f IS.  l6l 

atmouoenl  même  une  époque  tm-r»pprocliée ,  corwlpourfaat 
a^  règne  de  Louis  XUI.  On  conçoit  du  lette  que  k  support 
de  cet  eniBttsoir  ait  Àé  plus  promptement  mi  qw  le  reste,  et 
qa*après  ayoir  été  bossé  ou  détérioré \  il  ait  fiilia  le  refiûre. 
Cest  donc  la  partie  centrale  de  l'ol^  qoi  offre  les  caradiits 
d'aocienneté  les  pins  précis ,  c'est  seulement  cette  partie  qne 
l*po  pent  mfiurder  comme  pouvant  remonter  an  XIII%  siècle*. 


*w 


'     Il  4..r.i..  I     I    il.       1,  ,1   .1         .K.I  I,  J^J^m.^^ 


SKDl^aïUklS  i!LQkai]]II&4)a^D(fi]I(^(28« 


Sr'ance  administrative  du  a  mai  i858.  —  Le  Conseil  ad- 
miin'âti'âttf  de  la  Société  pour  la  conseryatloo  des  monuments 
s-c»V  réuni  le  'x  mai.  M.  de  Caumont  a  communiqué  plusieurs 
lettres.  I^'une  de  M.  Cardin  ,  conservateur  des  monuments  dn 
département  de  la  Vienne  ,  annonce  que  Ton  va  sacrifier  une 
partie  du  château  de  Thouars  et  y  faire  passer  une  grande 
roule  :  M.  Cardin  réclame  avec  énergie  contre  cette  mesure 
dévastatrice  et  demande  que  la  Société  en  prévienne  Texécu- 
lion  qui  serait  un  sujet  de  regret  pour  tous  les  amis  des  arts  et 
des  monuments.  Il  ajoute  qu'il  n*y  a  pas  un  moment  à  perdre 
et  que  Ton  est  sur  le  point  de  se  mettre  à  Fœuvre.  M.  de 
Caumont  a  pensé  qu'il  serait  bon  d'adresser  immédiatement 
une  réclamation  au  Ministre  de  l'Intérieur,  et  a  proposé  pour 
cette  lettre  une  rédaction  qui  a  été  adoptée  par  le  Conseil  et 
signée  séance  tenante. 

—  Le  Conseil  a  pris  connaissance  d'une  circulaire  du  Mi- 
nistre de  l'Intérieur  qui  demande  aux  Sociétés  savantes  de 
France  quelles  seraient  les  fouilles  les  plus  importantes  à  en- 
treprendre pour  l'exhumation  des  antiquités  gallo-romaines 
ou  autres  qui  existent  dans  les  départements.  La  Société  qui 
peut  agir  dans  un  grand  nombre  de  provinces  par  l'intermé- 
diaire de  ses  Inspecteurs  signalera  au  Ministre  plusieurs  points 
qui  pourraient  être  explorés  ayec  fruit  par  ses  soins. 

—  M.  Calvet  ,  substitut  du  procureur  du  Roi  à  Figeac  et 
membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes ,  a  été  proclamé  Ins- 
pccteur  conservateur  des  monuments  historiques  du  Lot. 

*—  M*  BoissET ,  avocat  à  Caen  ,  a  été  admis  au  nombre  des 
membres  de  la  Société. 


novvcLLES  ABCHioLOiaïQiini.  iG5 

—  Vue  autre  seAoce  «dwimstratife  à  en  lien  k  19  î«in 
i838,  diins  laquelle  M*  Paul  p*Ah»hbavx,  propriétaire  an 
châleauiie  riUe-Marie  (  Mauebe  ),  a  été  nomnié  membre  de 
la  Société, 

— ^^On  a  eoieiido  enioite  une  lettre  dans  laquelle  les  memWs 
de  la  fabrique  de  la  Ferté-Bernard  eiprimaient  k  la  Société 
leur  recoDoaisianee  pour  rallocation  qu'elle  leur  a  accordée 
pour  leur  église  et  annonçant  que  les  tra faux  sont  en  pleine 
activité* 

"—  Lecture  a  été  donnée  d'une  lettre  de  M.  Vatout  annon- 
çant qu'une  somme  de  5oo  fr.  a  été  alloofe  à  h  Société  par 
le  Ministre  de  Tlntérieur,  h  titre  d'enconragement.  M.  de 
€aumont  a  fait  observer  que  M.  Yalont  avait  fait  espérer  une 
allocation  beaucoup  plus  considérable. 

— *  Le  Conseil  a  décidé  que  les  fonctions  de  secrétaire* 
général  seraient  remplies  par  M.  Tabbé  Maneeau ,  chanoine 
de  la  métropole  de  Tours , pendant  la  session  générale  annuelle 
qui  s' ouvrira  dans  cette  ville  le  ^5  juin. 

•—Un  grand  nombre  de  membres  de  la  Société  pour  la  con- 
servation des  monuments  se  sont  donné  rendez-vous  k  Cler-^ 
mont ,  le  5  septembre  ,  jour  de  l'ouverture  du  Congrès  scien- 
tifique de  i858.  M.  de  Caumont  se  propose  d'explorer ,  après 
cette  réqnion ,  plusieurs  départements  du  centre  de  la  France 
qu'il  n'a  point  encore  parcourus. 

—  La  séance  publique  annuelle  de  la  Société  des  Antiquaires 
de  Normandie  aura  Uen  h  Caen,  le  aj  août  i858 ,  sous  la 
présidence  de  M.  Guizot. 

—  Une  mort  aussi  regrettable  qu'imprévue  vient  de  frapper 
M.  Galeron ,  procureur  du  Roi  k  Falaise ,  membre  du  Conseil 
général  administratif  de  la  Société  et  inspecteur  des  monuments 
Lisioriqucs  du  département  de  TOrne.  Cette  perte  sera  vive-* 


\ 


ment  sentie  par  toutes  hi  Sociétés  dont  M.  GaSeron  ^ait 
membre.  Outre  un  gnmd  nombre  de  mémoires  sur  l'archëo- 
logie^  Fagriculture,  l'industrie  y  etc. y  M.  Galeron  a  fvblîé  une 
statistique  de  rarrondisseroent  de  Falaise  dans  laquelle  se 
trouTent  des  détails  historiques  intéressants  sur  chaque  com- 
mune. Depuis  la  mort  de  Tabbé  De  La  Rue  y  M.  Galeron  était 
devenu  propriétaire  de  la  bibliothèque  de  ce  saTaut  et  il  s'oo 
cupait  de  terminer  des  recherches  très^pptofondies  sur  réta- 
blissement des  communes  en  Kormandie  quand  la  mort  est 
Tenue  le  frapper  dans  la  feroe  de  l'âge,  au  moment  où  il  allait 
retirer  le  plus  de  firuit  dé  ses  études*  La  yille  de  Falaise,  que 
le  seèle  in&tigaUe  de  M.  Galeron  avait  dotée  de  plusieurs 
établissements  scientifiques,  fait  une  perte  dont  elle  comprend 
toute  rétendue  et  qu'il  est  bien  diflbâle  de  répver. 

-^  Le  compte*rendn  de  la  5*.  session  do  congrès  scitntifique 
de  France  vient  de  paraître.  L'analyse  des  travaux  de  la  sec- 
tion d'archéologie  et  d'histoire,  rédigée  par  M.  Bégin  ,  ins- 
pecteur des  monuments  de  la  Meurthe ,  offre  un  grand  inté- 
rêt. Cette  section  était  présidée  par  M.  de  La  Saossaye  de 
Blois,  inspecteur  divisionnaire  de  la  Société. 

Les  autres  sections  ont  produit  des  mémoires  trèa*remar* 
qiiabki»  Le  volume  du  congrès  de  1857 ,  te  5«.  de  la  collec- 
tion ,  se  compose  de  634  P^g^  >  il  ^  orné  de  plusieurs 
planches  (1). 

(1)  P»ri«  9  tkei  DertobCp  rue  du  Bouloj  9  7. 


TROISIÈME  FRAGMENT 


De  la  relation  d'un  wyage  archéologique  fait 
tnNwmandieen  i83  f  pmrJIf.  Gallt-Knight, 
et  publié  à  Londres  en  1 836 ,  communiqué  à 
la  Société  pour  la  conservation  des  monu- 
ments,  par  M.  de  Caumont. 


mâm 


CHAPITRE  XXI. 

Ei^reux.—St.-Taunn.^Châue  de  St^^Taurm.^  Châsse 

de  St.'Calmin* 

'j  Juin,  —  Noos  traTersâmes  uoe  campagne  qui  n'a  rien 
d'ennnyeux  et  de  monotone  ^  des  prairies  et  des  veifers  com- 
posent et  varient  sa  parare,  des  villages  et  des  fermes  rq[kandues 
ça  et  là  l'animent  et  lui  donnent  la  vie.  La  ferme  normande 
qui  est  toujours  à  moitié  bâtie  en  bois  (  i) ,  toujours  au  milieu 
d'un  verger  et  toujours  prot%ée  par  l'ombrage,  n'est  pas  le 
trait  le  moins  intéressant  des  riants  tableaux  qu'on  rencontre. 
É  chaque  pas  ^  la  Normamlie  nous  rappelait  l'Angleterre ,  et 
surtout  le  d'Herefordshire. 

Pfous  ne  fûmes  pas  long^^empa  sans  apercevoir  Evreux. 
Cest  une  ancienne  ville,  située  au  sein  d'une. vallée  fertile 
qu'arrosent  deux  petites  rivières.  Elle  possède  de  belles  égliies, 
parmi  lesquelles  on  remarque  surtout  la  cathédrale  et  l'élise 
de  St.wTaurin. 

(t)  Cette  peinture  ne  s*applique  qu*aux  fermes  de  quelques 
contrées  de  la  Normandie  y  et  l'auteur  parle  ici  d'une  manière 
ttop  (énéiiie.  (^Nott  du  trad.J 


l66  M.   6JkLLY-K.KIGBT. 

La  dernière  a  pris  la  place  d^unt  célèbre  cliapelie  bâtie  par 
St*-Laudalf,  en  méiaoire  clu  Saiot  qiii  le  premier  prêcha 
r Evangile  en  Neustrie» 

La  cathédrale  ^  à  rexteptîon  de  rextrëmilé  occidenlale  qni 
e&t  moderne ,  appartient  poar  la  plus  grande  partie  au  S<y4e 
en  pointe  avancé.  La  rose  et  cinq  petites  fenêtres,  h  Tertre- 
mité  du  transept  sud  ,  sont  de  très-bon  goût.  Les  Itnêtres  et 
les  ornements ,  à  Fextrémité  du  transept  nord ,  doivent  dater 
d'un  siècle  plus  tard.  Le  choeur  a  beaucoup  d'élévation  et  de 
Hiajeslé  j  on  y  voit  des  eolo»iieB  «veites  arrangées  en  faisceaux. 
On  retrouve,  de  chaque  coté  de  la  nef,  des  colonnes  et  des  ar- 
cades circulaires  qui  appartiennent  k  une  église  plus  ancienne. 
Le  désaccord  qui  existe  entre  les  dtllérentes  parties  de 
rédifice  pourrait  s'expliquer  assez  facilement.  On  sait,  enefïei, 
qu^en  ii94>  ^^ilipp^'^uguste,  dans  la. guerre  contre  le  roi 
Jean-sans-Terre ,  tomba  sur  Evreux  ,  l'incendia  et  alla  même 
)usqu'À  détruire  ses  églises.  Cependant  on  doit  apporter  dans 
cette  explication  beaucoup  de  réserve  et  de  défiance,  parce 
qu'on  s'est  plu  souvent  à  représenter  comme  une  destruction 
totale  ce  qui  n'avait  été  qu'un  dommage  partiel  ;  et  c'est  \k 
précisément  ce  qui  est  arrivé  à  l'égard  d^Evrcux ,  oi!t  la  nef  de 
la  cathédrale,  qui  fut  consacrée  en  1076,  est  encore  debout.  Il 
n'est  parvenu  jusqu'à  nous  aucune  tradition  sur  la  reconstruc- 
tion des  parties  de  la  cathédrale  qui  ont  souffert  dans  celle 
circonstance  j  mais  la  Gallia  Chiistiana  nous  apprend  que 
Radulf  II  fut  le  premier  évêque  qui ,  après  l'incendie,  fut 
inhumé  dans  la  cathédrale.  Ses  prédécesseurs  avaient  été  en- 
terrés autre  part.  Cest  peut-être  une  raison  pour  croire  que 
l»  restauration  ne  fut  achevée  que  sous  Fépiscopal  de  Radulf 
II.  Ce  prélat  mourut  en  i256^  environ  dix  ans  avant  sa 
mort ,  il  avait  ajouté  deux  chapelles  à  l'église. 

Le  palais  épiscopal  est  attenant  k  la  cathédrale  ;  c'est  u« 


mxcuESioir  MOKVuiirTÂiiE  bv  vobmakdii.  167 

eicwpk  asan  ourieax  dtt  tijle  da  XV^.  ÀècW.X'arekiteeiure 
des  édifices  priTés  semble  aywr  toa)<»rs  suivi  pas  à  pas  les 
moanmeiits  religieux  dans  les  routes  oà-cenx<«i  entrèccot. 

L'histoire  de  Féglise  de  St.-TaBrin  est  la  ooaire^paptie  de 
celle  de  la  cathédrale»  A  la  place  de  fhamUe  chapelle'  de 
Laodalf,  se  sont  élevées,  en  ioa6 ,  par  les  ordres  de  Richard 
II ,  duc  de  Mormandie,  une  ^lise  et  une  abheye  magnift^oes. 
L'église  de  Richard  lut  k  demi-renversée  par  Philippe^Au- 
fuste,  et  rebâtie  long«temps  après  dans  le  Styk  en  peinte* 
'  A  l'extérieur  du  transept  nord,  qui  est  un  reste  de  la  pve- 
mière  égKse  ,  existe  une  chose  bien  digne  d^ètre-cufieuseiaent 
examinée  :  c'est  un  exemple  de  cet  orn^nent  en  teMie  tmite  que 
les  Romains  introduisirent  en  Gaule>  et  <{ui  fut  copié  par  leurs 
succesBeors.  Il  est  composé  de  tuiles  minées  de  forme  et  dé 
graidenr  différentes. 

On  a  encore  consenré  dans  cette  église  .une  de  ces  magni- 
fiques châsses  qui  sont  devenues  si  rares.  Elle  fut  destinée  à 
recevoir  les  reliques  du  saint,  comme  nous  l'appitond  son 
inscription ,  et  travaillée  aux  dépens  de  l'abbé  Gilbert  j  en 
laSb. 

La  matière  en  est  riche  -,  sauf  les  coios  et  quelques  parties 
moins  apparentes  qui  sont  en  cuivre  doré ,  la  châ^tse  est  tout 
entière  en  argent  doré.  Sa  formé  est  celle  d'une  chapelle 
dans  le  Style  en  pointe.  La  partie  architecturale  est  très^ 
soignée;  les  ornements  sont  riches  et  proportionnés  aux 
petites  dimensions  du  reliquaire.  Les  compartiments  des  quatre 
cotés  sont  décorés  de  bas  -  reliefs  qui  représentent  certains 
événemients  de  la  vie  du  saint.  La  châsse  était  autrefois  en- 
richie de  pierres  précieuses;  mais  elle  les  a  presque  tontes 
perdues  au  nulien  deslenq^tes  qtii  ébranlèrent  l'église. 

Les' reliquaires  ,  tels  <}Ue  celui    de  St.-Jaurin ,  étaieht 
communsaux  jours  flortmals  de  r£glise.Ilfrsont  une  preuve 


t68  M.   GAUJT'^KiriimT* 

du  ftpgth  iàm  Tart  de  tntvaUer  Vor ,  Tàrgeot  et  FéiMsl 
à  DBé  é|MM|iie  «tt  le»  beanK  arts  en  ^inégal  «Caient  négligés. 
Au)oiird*kai  ies  ûhàascB  ^oe  l'oo  reinmvB  dans  les  tnésors  «les 
églises  eatholùpics  sont  peu  nombreases  ,  nais  «lias  sout 
corieases comiae objets  d*art,  curieases  parle  jour  ifa'elJes 
rqiandeDt sur  f  architecture  pratiquée  alors  ;  car  elles  portent 
tottjoors  des  eroomeats  architectaiaox ,  mène  quand  elles 
nWt  peint  nne  forme  architecturale*  Les  ornements  des 
cliâssés  ks  fias  andennes  sont  dans  le  Style  circulaire  ou 
don»  k  Styk  roman  ^  tniô^  pltts  tard^  quand  h  Style  en  pointe 
fol  #4Qpfti»  iU  en  prirent  les  caraeieres. 
.  J'ai  eii4)eeaaftoa  de  YÎiiter  wie  autre  de  ces  châsses  dwia 
la  sacffîilie  do  jl'^fli^e  de  Mozac  ,  près  Riom  ^  dans  un  d^^-* 
tement  de  l'Avyergtie»  EUe  a  la  forme  d'un  sarcoi^age,  et 
porte  les  traits  du  Style  roman.  Elle  e»t  eu  argent  devé  , 
oomme  celle  de  St-^-Xauriu  ,  et  ornée  de  peintures  en  émail. 
Cette  ehâçse  contenait  les  reliques  de  S*,.4^1min  et  de  S^*".- 
l^umadiei  sqq  ^pou^e  ;  et  les  peintures  dont  nous  Tenions  de 
parler,  p^ppré^esi^nt  h^  diftérents  actes  de  piété  qoi  signa- 
lèrent leur  yie.  Une  inscription  grayée  sur  le  reliquaire  nous 
apprend  qu'il  remonte  au  milieu  du  X*.  siècle  :  «  Petrus 
abbas,  porte  l'inscription ,  hanc  çapsam  lecit  pretio.  »  -*«  Le 
{nremier  abbé  de  Mozac  ,  qui  ayait  nom  Pierre ,  était  k  la  lete 
4u  monastère  à  l'époque  que  nou»  yenons  de  citer. 


CHAPITRE  XXII. 

Boutn»-^C^uddfec^--^Lillebonne.-^MontivUliers Gra^ 

yille. — Le  Havre* 

La  campagne  par  laquelle  nous  passâmes  pour  arriyer  & 
Louyiers,  offre  la  rakne  yariété  que  Ik  précédente.  A  peine 
ayions^nous  quitté  cetto  dernière  yille  ,  que.  rexhaussement 


IXCURSIOV   MOirVlIBirTAU»  BH   ITO&MikND».  169 

dalcnftiin  tmt  le^ael  noiis  voyagioiit,iMNiipMBitd*«pcrQevDir 
ks  ubkaoi  eharmanïts  qnt  anbdlîswot  les  rms  di  k  Smté 
Quelques  h«iim  i^éconièrett ,  et  now  «0»  letroovâmi»  à 
RoncA.  Li  ,  je  me  séparai  de  M.  Hoasey ,  qm  deraît  rteler 
quelques  temps  eneore  en  Normandie  poor  acberer  plmieun 
dessins.  Je  ne  quittai  Rouen  qne  très-tard  dans  la  joiniée , 
de  sorte  qa*il  était  plus  de  minnit  qaandf  arrÎTai  k  Gandebêc. 
La  rônte  de  Rouen  i  Caodebec  est  eliarmdiifey  et  la 
situation  agréable  de  la  gentille  petite  irillo  ofl  )t  deseendii , 
me  fit  regrener  de  ne  pas  avoir  un  jour  de  pins  k  ma  dKspo^ 
sitîon.  Un  pli  quai  en  miniature  ,  la  largeor  njealoBase 
du  fteuTe  en  cet  endroit ,  lèi-allées  onAragéas  de  la  preme* 
nade  Toisine  ,  tout  se  réunissait  pour  m'engager  yrvement  & 


Biau  toutes  les  séductions  éekooèrent  s  je  me  rcsms  on 
xoyngt  le  UaÔÊmûin ,  et  je  pris  la  route  qaà  eondnit  diffcc«- 
tement  an  Hftvre.  Je  la  quittai  un  instant  pour  tisiler  liU»- 
benne«  Tent-on  pénétrer  au  sein  de  celle  partie  dft  la  pro- 
vince ,  on  a  à  grarir  les  ccdlines  qui  bordent  la  Seine* 
Durant  une  ascension  longue  et  pénible  ,  |'ens  k  pdrcoorit 
des  chemins  de  trayerse  et  des  défilés  ombragés  par  un  épais 
feuillage,  qui  laisse  apercevoir  par  ioterraUes  b  Seine, 
Caudebec ,  et  la  campagne  qui  embellit  la  rive  opposée  du 
fleuve.  Quand  on  est  arrivé  au  sommet ,  la  route  conserve  k 
même  nivea*  jusqu'à  ce  qu'on  aperçoive  lillebonne }  alors  on 
descend  rapidement ,  pois  on  remonte  eneore  pour  entrer 
dans  la  ville. 

La  intnation  de  Lillebonne  (  la  JtUiohona  des  Romains) 
est  imposante  ]  elle  repose  sur  une  éminenœ  environnée  de 
collines  ;  du  ooté  du  sud  est  pratiquée  une  ouverture  qui 
pernKl  d'entrevoir  k  Seine,  qui  prend  en  cet  endroit  la 
forme  d'un  bras  de  mer. 


I^O  M.   GALI.Y-&llIGmT« 

Les  restes  do  ekâleau  oonronaent  la  hantenr.  Oo  reIroiiTe 
le  œrele  de  murailles  qui  «ntooFait  la  cear,  une  teur  du 
XY^.  siècle,  une  aalre  tour  ,  el  une  énorme  masie  d'an- 
ôennes  cooétnictioDS  Normandes.  Un  bâtiment  moderne  ,  qui 
n'a  âncmi  earaetère  guerrier ,  s'est  éleyé  au  milieu  des  ruines 
do  coté  du  taord. 

Les  yienl  débris  Normands,  paraissent  avoir  composé 
autrefois  la  grande»  salle  du  tbâteau.  Ses  murailles  sont  bâties 
en  moellon  etr^couVériesde  rangées  étroites  de  pierres  carrées» 
Les  fenêtres  sont    grandes  et  regardent    toutes    la  cour» 

Cbactme  d'ellss  est  partagée  en  deux  par  une  traverse  <|ue 
supporte  une  petite  colonne  y  et  est  flanquée  de  deux  tiges 
de  retrait.  On  reconnaît^  k  la  position  des  cheminées  et  à 
certains  autres  signes,  que  la  grande  salle  n'était  pas  au  rezH)e<* 
chaussée;  marshiieBati  premier  étage,au^dessus  d'une  chambre 
basse  vo4tée.  Des  motifs  de  sAreté  ont  di\  ^re  dans  le  principe 
la  cause  de  cette  disposition. 

Le  château,  ainsi  que  le  terrain  qu'il  occupe,  ont  été 
vendus  tout  réceramêUt  à  un  négociant  de  Bolbec*  J'enviai 
k  sort  heureux  de  l'acheteur  ;  le  site  est  si  bien  de  nature» 
se  prêter  à  des  travaux  d'agrément  t  La  cour ,  avec  son 
enceinte  de  murs  vénérables ,  pourrait  facilement  devenir 
l'avant-soène  d*un  joli  parterre  ,  qui  viendrait  aboutir 
au  vieil  édifice  Normand  :  il  serait  encore  aisé  d'tfb* 
tenir  d'intéressants  points  de  vue.  Mais  le  négociant  de 
Bolbec  dirigera  probablement  ses  travaux  d'une  tout  autre 
manière. 

C'est  précisément  sous  le  château  qu'ont  été  découverts  et 
soigneusement  déblayés  les  restes  d'un  théâtre  romain.  On: 
n'a  retrouvé  que  des   fcmdations  et  quelques  faibles  parties 
des  murailles  extérieures.  Ces  murailles  étaient  construites 


IXCUEMOV   MOarVMtllTAI.B  BIT   NOmitAVDll.  I7I    ' 

4T«c  des  matéfiâttx  de  mèiDe  «atare  que  Fédificc  Normaùd, 
et  reeouverles  de  la  iiêiiie  manière. 

Quelques  années  après  celle  dêcouTorle  y  on  trMin  ,  n^m 
loiodM  tlMitre,  «ne  slatue  romaine  en  bronic  deré  »  V^ï^ 
nie  rappelle  avoir  vue  k  Londres.  Elle  présente  des  in%nlit& 
curieuses  :  les  membres  sont  bien  dessinés }  maie  la  tcte  est 
f  rqisièremettt  bite  ;  il  semMe  qn  elle  soil  le  résultai  d'one 
sufastitotiiin  opivée  j^  tard  dans  00  sîèele  d'ignorance. 

Après  avoir  visité  LiUebonae,  j/i  rajoigoi»  la  grando 
roule. 

A  Harflenr^lein'eadétonmaienoore,  et  je  descendis  dans 
uo  large  vallon  pour  gagner  la  jolie  petite  ville  de  Monti* 
TiUiess,  QJi  existait  autrefois  un  célèbre  coaveik  de  Béué* 
dietins. 

L'église  de  Montivillicrs  est  demeurée  intacte  5  sa  tour  ce» 
traie,  et  une  tour  octogonale  ii  l'extrémité  ouest ,  qui  se 
termine  en  pyramide,  ont  coneer^  toute  leur  majesté. 

A  l'exeeptioB  de  l'aile  septentrionale ,  l'^se  toute  eirtiere 
porte  le  cachet  du  ^le «irculaire. Les  cbajuteaux  des  colonnes 
de  la  nef  sont  de  simples  eubes  ^  ceux  dies  colonnes  du  ebeeui* 
sont  déeoréii  de  feuillage.  Le»  transepts  sont  plus  ornés.  On 
¥oit  des  moulitres  se  dessiner  sur  leurs  murailles ,  et  quelques 
figures  apparaître  sor  les  chapiteaux  de  leurs  colonnes;  parmi 
ces  dernièffes,  faperços  b  Sirène.  Les  demi-colonnes  qui  vont 
soutenir  le  toit  du  chorar ,  ont  pour  chopileawe  de  vilains 
monstres  ridés.  Le  portail  occidental  est  orné  de  quelques  mon- 
lures ,  dont  deux  révèknt  le  zigzag  et  la  dent  de  scie. 

On  croit  que  l'église ,  telle  qu'elle  existe  aujourd'hui ,  fut 
commencée  au  moins  au  neraps  d'Elisabeth ,  seconde  abbesse , 
qui  mourut  en  1 1 1 7. 

Je  quittai  Montivillicrs  pour  retourner  h  liarlleur.  A  peu 


173  M.  GâMT-«ViOKT. 

de  distanoe  du  Havre  ^  je  moulai  à  la  pefite  égtim  de  Gràvitte , 
qai  est  située  snr  une  émiiieiiGe,  à  coté  de  k  roule. 

La  presùèie  ëglise  qui  fat  bâtie  en  cet  eudroit  ^  était  des- 
tinée à  recevoir  daosson  eoceiate  k  corps  de  sainte  Honorine. 
A  rapproche  des  Normands ,  cette  reliqne  précieuse ,  pour  k 
smistraire'à  tonte  espèce  de  somIlttre,fiit  transférée  à  Confians* 
aor^Marne,  nonkin  de  Paris.  Les  moines  de  Conflans,  sédtnta 
par .ka  avantages  atladiés  à  une  teUe  possession ,  ne  vottlnrent 
pins  y  quand  l'orage  fut  passé  ^  se  dessaisir  du  dépèt  qui  leur 
avait  été  confié.  Cette  détention  illégitime  knr  valut  une  quan- 
tité cônsidérabk  d'oiir«ides ,  qni  leur  servirent  II  bâtir  une 
nouvelle  église  en  io83j  les  restes  de  sainte  Honorine  y  fvrent 
déposé»et  n'en  sortirent  plus.  Cependant ,  les  lieoit  sanctifiés 
dans  l'origine  par  k  présence  du  corps  de  la  sainte ,  semblent 
avoir  conservé  kur  puissance  d'attraction  3  et  il  en  résulta 
qu'à  Gra ville  s'ékva,  dans  la  suite,  une  seconde  église  en 
rhonœur  de  cette,  même  sainte  Honi>rine. 

Cette  église  est  chargée  d'une  profusion  d*orneniei>Ù.  Les 
chapiteaux  des  colonnes  qui  bordent  k  nel  d'un  côté ,  offireot 
une  multitude  de  figures  variéest  et  grossières.  Mais  ce  qu'il  y 
a  de  plu^  remarquable  dans  ce  monument ,  c'est  la  décoration 
euérieore  des  extrémités  des  transepts.  On  voit  apparaître  à 
chacune  d'elks  ces  arcades  circukires'  entrelacées ,  dont  ks 
iutersectiona  enfantent  k  forme  de  l'arcade  en  pointe.  Au** 
dessus  de  ces  arcades  se  déroule  une  longue  série  de  figures 
d'animaux,  qui  reposent  sqr  des  corbeaux  a  têtes  de  monstres. 

L'église  a  même,  ce  qui  est  assez  étonnant  eu  égard  à  ses 
dimensions  étroites ,  sa  tour  centrak. 

Oq  ne  connaît  rien  de  certain  relativement  à  k  date  de  cet 
édifice  ;  mais  il  est  probable  qu'il  n'a  pas  été  commencé  bien 
long-rtemps  après  l'achèvement  de  sa  rivak ,  l'église  de  Confia  us. 


BXCVBSlOir   HQBUIMIIXAU  BK   HOAMAMDIK.  I75 

La  jalousie  des  moineft  gardiens  des  lieux  déshonorés ,  n'a  dû 
laisser  échapper  aucune  occa&ionde  stimuler  la  piété  des  pèle- 
rins y  et  d*obtenir  de  leur  charité  les  moyens  de  soutenir  la 
concurrence  qu'avaient  engagée  les  usurpateurs  de  Conflans. 

Guillaume  Malet,  seigneur  de.GfaTillC)  fonda  dans  ces 
lieux  un  nouveau  monastère.  Au  lieu  de  clergé  séculier  ,  il  y 
introdoisit  des  chanoines  réguUarSy  etie«r  donna  le»  dîmes 
de  toutes  les  %lises  dont  il  avait  le  hénéfioe ,  en  AnglefterM 
comme  en  Mormaiidio«  L'acAe  de  donattoo  pavte  la  date  de 
z  2o3 }  il  fut  conficmé  k  même  aatoée  par  Walter ,  archevêque 
de  Ronen,  Mais  rien  ae  prouva  que  GuilUttliie  Malet  ^  tomt 
^n  construisant  le  monastère  »  ait  touché  ep  vkak  relise;  le 
style  de  ce  dernier  monument  qui  a  de  grands  rapports  avoe 
1  architecture  de  Tégiise  de  Montivilliers,  lui  assigne  une  date 
plus  ancienne.  S'il  avait  été  bâti  à  la  même  époque  que  le  mo* 
nastère ,  il  porterait  les  caractères  du  Style  en  pointe ,  puisque 
son  établissement  en  Normandie  remonte  à  une  époque  anté<* 
rieure  à  1 2o5  ,  et  que  Téglise  de  l'abbaye  de  Fécamp  et  la  ca- 
thédrale de  Rouen  y  qui  renaissaient  de  leurs  cendres-danscetto 
même  année  ,  en  révèlent  bien  certainement  l'emploi. 
.  Guillaume  Malet  descendait  de  cei  illustre  chevalier  qui 
portait  l'étendard  de  GuilIaume-le-Conquérant  à  lUstings,  et 
qui  reçut  y  en  récompense  de  ses  beaux  faits  d'armes ,  des 
terres  considérables  en  Angleterre.  Mais  l'établissemeat  de 
cette  famille  ai»-delà  du  Détroit ,  ne  fut  pas  de  longue  durée  ; 
le  fils  du  porte*^ndard  fut  banni  d'Angleterre  par  Henri  P'.^ 
en  nos,  poor  avoir  embrassé  la  cause  de  AobertCourteheuse, 
et  rentra  dans  son  pays  natal. 

De  Gca ville  au  Havre  la  distance  n'est  pas  grande  ^  et  je  ne 
tardai  paa  à  y  arriver }  le  lendemain  ^  je  montai  à  bord  du 
bateau  à  vapeur,  et  après  quatorze  heures  de  traversée  j'étais  à 
Southamplon. 


fjil  M.  GAbirV-KmctaT* 


CHAPITRE  XXIII. 
De  tarehiieciure  Normande  en  Normandie. 

Après  avoir  rendu  eonple  de  moa  voyage ,  et  passé  en 
revue  les  diflKreots  faits  historiques  que  j*ai  pu  recueillir  sur 
ma  route ,  je  demande  maioteuaDt  cpi^on  me  permette  de  tirer 
de  ces  iaits  quelques  iudoetioas^  soit  relatiyenent  à  Tarchi- 
tectura  normande  en  particulier  ^  soit  rektivement  aux  travaux 
des  Normands  en  Firanee ,  comparés  ayeclesroenumenbanglais 
contemporains. 

La  première  idée  que  Êiit  naître  la  contemplation  des  édi- 
fices normands  ,  c'est  qu'il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître 
que  si  ,.ee  qui  est  indubitable,  leurs  fondateurs  ont  adopté 
Farchitecture  et  employé  les  aichitectes  du  pays  conquis  par 
leurs  armes,  ils  n'ont  pas  laissé  que  d'imprimer  à  leurs 
travaux  un  caractère  qui  leur  était  propce.  En  leur  qualité  de 
Barbares ,  ils  ne  se  distinguaient  pas  seulement  par  leur  force 
physique ,  mais  ils  avaient  encore  en  partage  la  vigueur  et  la 
modération  d'esprit.  Ils  étaient  loin  de  ce  vernis  qui  cachait 
les  vices  d'une  société  dégénérée  ^  et  grâce  peut- être  à  leur 
éloignenent  deeeCte  civilisation  dangereuse ,  ik  se  dérobèrent 
à  l'influence  d'un  sentiment  exagéré  ,  influence  qui  corrompt 
le  godt  et  amène  la  décadence  des  arts.  Cette  simplicité  leur 
apprit  11  mépriser  ces  artifices  puériles ,  ces  ornements  lecher- 
chcs ,  par  lesquels  on  s'efibrce  vainement  de  captiver  l'admi- 
ralioa  ,  et  ils  se  trouvèrent  naturellement  conduits  à  réaliser 
des  effets  plus  en  harmonie  avec  la  vérité.  On  a  souvent  répété 
qiie  le  Midi  est  le  domaine  de  rimaginalion ,  le  Nord  celui  dé 


r 


■XCVESION    M01llJlfBllTAI.B   BU   NOAMAHDIl.  175 

la  nimm  :  FarçMtceiarc  sarniaiie  d*tta  c6lé ,  ràichitectore 
nonmiide  d«  Tailre ,  TMDoeot  readre  oo  MataDt  témoîçnage 
en  fa^mir  de  cette  opinioii. 

Dans  le  X*.  sièclr ,  à  Tépoqne  où  les  Normands  obtinrent 
la  posscsuoii  trattqnille  de  ûi  Nenstrie ,  les  monuments  reH- 
gieni  qai  8or{;is8Ateiit  dans  d'autres  provinces  de  France ,  se 
£dsaieot  moias  remarquer  par  ta  grandeur  de  leurs  dimeiH 
sions ,  que  par  Tabns  misérable  des  eolifichett  dont  les  caprices' 
du  mauvais  goût  se  pbisaient  k  les  reTetîr. 

L'architecture,  qui  était  partout  en  faveur  alors,  se  rap-> 
proriiait  auUDt  de  Tarobileeture  romaine ,  que  Téut  des  arU 
pouvait  le  permettre.  Le  plao  des  édifices  avait  été  emprunté 
à  Rome  ;  tes  arcades  circulaires,  les  colonnes  et  lea  moulures 
avaient  la  même  origine.  Mais  les  exigences  d'un  goAt  dépravé 
vinrent  jeter  un  abime  entre  rimitation  et  Foriginal  j  tes  cha- 
piteaux et  les  portails  se  couvrirent  d'une  multitude  de  plates 
gentillesses,  d'images  fantastiques,  produits  d'une  imagina* 
tion  corrompue ,  et  dont  une  main  malhabile  augmenuit  en- 
core la  pitoyable  apparence. 

Les  Normands  apparurent  au  milieu  de  ce  cahos  de  ridicules 
fantaisies.  Ib  adoptèrent  le  plan  consacré  par  une  longue  smto 
de  siècles  et  l'architecture  établie  ;  mai»  ils  se  déroWrent  sa- 
gement au  despotisme  des  colifichets,  et  s'en  remirent,  pour  le 
soccès,à  ta  puissance  des  grandes  idées  de  force,  de  grandeur  et 
de  majesté.  Les  plus  anciennes  églises  normandes  sont  aussi  les 
plus  simples  ;  mais  leurs  dimensions  grandioses  leur  assurent 
des  titres  incontesUbles  à  fadmiratioa.  Leur  caractère  est 
sévère  ,  mais  sublime. 

Les  Normands  hasardèrent  en  même  temps  une  innovation 
heureuse  :  ils  ajoutèrent  à  leur  église  cette  tour  centrale  que 
l'on  s'accorde  généralement  à  regarder  comme  le  trait  le  plus 


i^nposant  et  rornemeot  j^riaoipal  de«  moAHmeAUi  teli^^awL. 
I^es  loars  étaient  b^aretwernent  devieiiii«s ,  aT«iKt  ks  pcemÎBrn 
essais  des  Normands  en  Neustrie  ,  ano  paitie  iat^iranl»  des 
^tises^maig  le.  petit  membre  de  c<;lles  ^  Ton  tvouvaîf  h. 
cette  époque  dans  les.  autres  provinces  de  ^ranoc ,  na  déeocai«at 
que  reitréflsiti  ocddentale  j  et  è  peine  si  ^  Iun»  de  la  NoroMia* 
die,  on  po«vait  rencontrer  alors  quelque  «base  qui  méviiât  le. 
nom  de  toQr  ceottale.  Cependaal,  pecsoone  n*e»t  disposé  k 
nier  que  l'effet  général  d'ane  catbédrateet  son  apparevce  ext* 
térk^ure ,  d^f^n^ent  principalement  de  cette  partie  de  la  coes- 
tnietion.  Otez  it  une  égUse  sa  tour  cfinirale  ;  pnis-plaoez-trwns; 
de  Qianièrelk  embrasser  d'un  seul  coup  d'eeil  Feasemble  de 
VédÂfice  )  et  dites-mdi  si  vous  y  décoiivrez  quelque  cbese  ({«t 
ressemUe  à  de  la  majesté. 

Grandeitr ,  éléT4tion ,  sîmpltcâlé 4  force ,  telssont,  avec  la 
V>iir  centrale^  les  caractères  arcbiteetoniqoes  que  peuvent  re- 
vendiquer à  )U3te  tilre  les  édifices  de  fondation  normande  ;  et 
s'il  est  vrai  que  ces  oenvres,  qui  portent  encore  des  traces  de» 
Barbarie ,  comparées  avec  des  monuments  d'un  meillettr  âge  , 
leur  cèdeoil  en  beauté  et  en  élégance ,  il  est  juste  de  mettre 
aussi  dans  la  balance  les  circonstances  déiavorables  où  se- 
trouvaiie^t.  placés  les  iondatcor».  Il  peut  arriver  qu'il  soit 
besoin  ,  à  une  certaine  époque  y  de  plus  de  génie  pour  parcou- 
rir une  carrière. moifis  brillante  «qu'il  n'en  faut,  &  une  autre- 
époç|ue^  pour  remplir  toutes  les  conditions  de  la  perfection. 
Sans  dpnte  ^  nous  devons  choisir  les  monuu^nts  classiques 
fOfnroe  les.  modèles  à  ipiikerj  mais  tandis  que  nous  les  recon- 
naissons pour  guide  et  que  nous  suivons  leur  étendard  y  nous 
pe  devons  pas  refuser  à  l' Architecture  normande  les  éloges  qui 
lui  sont  réellement  dus. 
.   Quant  aux  détails  d'exécution  ,  ils  ne  se  firent  d'abord  re- 


BXCURSIOV   MOirUlltVTALS   KJT   ROBMAUDII.  I77 

maiMiiier  que  ptr  lear  solidité.  Les  murailles  ^ient  bâties  en 
nnellooeireeotivertetdepèiîlesfieri^caiTécs.Gesystè^  air«tt 
été  pmséikas  les  édifices  que  les  Ronains  avaieDt  laissés  der- 
rière eax  en  Gaale.  Lesoolonnes  étaient,  pour  la  plupart,  com- 
posées dévastes  blocs  de  pierre.  Peu  à  peu,  etd*àbord  dans  le^ 
édifices -impartants,  on  commença'  à  se  seryir  poar  la  cons^ 
tmctiod  des  mnnilles ,  de  pierres  d*nne  pins  grande  dimen- 
sion; mais  les  jointures  étaient  larges  ef  le  mortier  était 
grossier  (V.  la  description  de  l'abbaye  de  Jamièges).  Ad 
temps  de  GoiUaome-ie-ConqQéraiit ,  les  pierres  prirent  nne 
forme  carrée  et  s'alignèrent  ;  mais  les  jointures  restèrent  en- 
core un  peu  lâirges,  et  le  mortier  ne  perdit  pas  entièrement 
son  aspect  rude  et  grossier. 

On  bâtissait  aussi  arec  des  pierres  longues  et  étroites ,  qui 
n'étaient  pas  disposées  en  rangées  horizontales  ,  mais  qui  s'in- 
clinaient tantôt  à  droite ,  tantôt  à  gauche.  €es  rangs  de  pierres 
tirèrent  de  la  ferme  et  et  la  direction  qu'ils  afiectaient,le  nom 
d'arêtes  de  poisson.  Leur  usage  ne  se  conserva  pas  long^temps 
«prés  le  XK  siècle. 

Les  murailles  normandes  étaient  hrx  épaisses  ,  et  on  les 
remplissait  de  petites  pierres  au  milieu  desquelles  on  répandait 
abondamment  du  mortier.  Cette  combinaison  finissait  par 
acquérir  une  dureté  telle,  qu'elle  avait  toute  la  force  et  l'impcné- 
trabilité  du  roc.  Plus  tard  ,  avec  l'apparition  des  contreforts 
disparut  le  besoin  de  cette  espèee  de  murailles;  la  science  plus 
dairvoyante  reconnut  la  possibilité  de  se  pourvoir  ,  k  moins  de 
fraise! de  travail ,  de  clôtures  d'une  force  au  moins  égale.  Ce 
serait  se  tromper  qne  de  croire  quelescontreforts  étaient  tont-à- 
£iiti Acoi^ntis  antpremiers'Kormands;  mais  ils  ne  s'en  servaient 
qn'à  l'extérieur  de  leurs  édifices ,  et  semblaient  ne  les  avoir 
imaginés  que  pour  rompre  ce  qu'une  surface  trop  unie  pouvait 


1^8  M.   GALLY-K.N1GBT* 

avoir  de  monotone.  La  projection  de  ces  conti'eforts  ëiait  si 
légère,qne  le  r^e  qu'ils  jouaient  dans  le  soutien  de  Tcdifioe^tait 
presque  nul.  Du  reste ,  ils  ne  dépanaient  jamais  ia  corniche* 
On  reeodnait  dans  le  plan  de  tontes  les  anciennes  ^lises 
normandes  ,  celui  des  basiliques.  Arextrémilése  troavait  an 
retrait  qui  formait  le  choeur.  Les  pins  grandes  églises  ont  des 
transepts  et  des  ailes  latérales  qui  sont  séparies  de  la  nef  par 
des  airràdes.  Les  petites  sont  souvent  dépourvue!  tout  à  la  fois 
d'ailes  latérales  et  de  transepts. 

Les  arcades  de  la  nef,  reposent  tantôt  sur  des  piliers  «nx* 
quels  sont  attachées  4es  demi-colonnes ,  et  tantôt  sur  des  eo« 
lonnes  simples  :  on  ne  renconti  e ,  je  dirai  presqne  jamais  , 
ces  énormes  piliers  à  colonnes ,  qui  sont  très-communs  dans 
les  églises  normandes  d'Angleterre.  En  France,  excepté  dans 
une  ou  deux  cryptes  où  l'appréciation  de  la  masse  â  soutenir 
vient  justifier  la  préférence  que  l'on  a  donnée  &  la  forée  sur 
la  bei^uté ,  les  piliers  dont  je  parle  sont  totalement  inooonns. 

Bans  l'architecture  religieuse  de  France,  les  colonnessimples 
ont  précédé  les  piliers  ;  c'est  là  une  anomalie  qui  ferait  naître 
l'étonnement,  si  on  ne  se  souvenait  II  quel  point  la  Ganle  , 
avant  l'invasion  des  conquérants  des  Gaules ,  s'était  façonnée 
aux  caractères  et  aux  usages  romains. 

Les  colonnes  ont  toujours  des  thapiteanx  ^  datis  le  principe 
on  n'y  remarquait  aucun  ornement;  mais  yers  le  commence- 
ment du  XI'.  siècle ,  on  le^  décora  de  diverses  espèces  de  fenil* 
lage  qui  s'éloignaient  jusqu'à  un  certain  point  des  modèks 
lomains ,  mais  qui  cependant  tendaient  encore  k  les  imiter. 

Les  fenêtres  sont  toujours  circulaires  et  indivisées;  h  l'ex- 
térieur ,  elles  sont  flanquées  de  deux  petites  colonnes  qui  sup* 
portent  des  impostes  et  des  moulures. 

On  a  quelquefois  pratiqué  dans  le  gable  qui  supporte  la 
porte  d'entrée  des  églises,  une  pctile  fenêtre  circulaire. 


EXCUBS10V   liOIIVMe]ITAl.K   IV   MORlIAirDTE.  179 

Les  feaètres  àe»  ckâleaai  et  des  édifices  privés  sont  ordi- 
nairement divisées  par  one  colonne  simple. 

Les  portails  col  des  tètes  roodes^  on  1rs  orna  par  degrés 
d'un  nombre  tonfoors  croissant  de  monlnres  semi-circulaires , 
et  on  les  flanqna  d'un  nombre  correspondant  de petiiesco- 
lonnnes }  mais  )e  ne  me  souviens  pas  d*av<»r  vu  en  Normandie 
vn  seul  exemple  de  la  substitution  des  figures  ans  colonnes  des 
portails ,  genre  d'ornementation  qui  était  devenu  commun  en 
d'autres  provinces  de  France  an  XII'.  siècle.  Jamais  non  pins 
le  partails  de  Normandie  n'adoptèrent  ce  luxe  de  moolores  qui 
finit  par  caractériser  les  portails  normands  d'Angleterre^  Ils 
conservèrent  toujours  une  physionomie  nn  peu  romaine. 

Les  monlinres  les  plus  communes  sont  la  billette ,  la  tète  de 
clou  j  le  cbevroo  ,  le  zigzag  ,  la  iiébule  ,   Tétoile ,    la  corde  , 
réperon  ,  la  dent  de  dnen  ;  on  employait  4inssi    quelque- 
fois plusieurs  sortes  de  feuillages ,  comme  le  cep  de  vigne ,  le 
laurier ,  le  lierre,  etc.  La  plupart  de  ces  moulures  avaient  été 
empruntées  k  l'arckitecturc  de  certaines  autres  provinces  de 
France  ^  le  zig  zag  lui-même,  que  l'on  a  coutume  de  considé- 
rer comme  d'origine  normande  ,  n'est  pas  d«  tout  normand. 
La  cornidie  extérieure  qifi  environne  le  ^it  des  ^iises  » 
consistait  quelquefm  en  une  monlnre  qui  décrivait  une  série 
de  demi-cercles  ,  et  quelquefois  c'était  une  série  de  pierres. 
Ces  pierres  furent  bientôt  décorées  dans  le  style  déjà  adopié 
par  la  plupart  des  autres  parties  de  la  France ,  et  se  méta- 
morpbofèrent  en  «êtes  grotesques  d'bommes  et  d'animaux .  L'a- 
doption de  ces  coi  beaux  li  figures  pour  l'extérieur  des  églises , 
eut  lieiii  eii  Norntandie  avant  Tintrodoction  des  images  dans 
l'intérieur  des  édifices. 

Les  voAles  des  premiàres  églises  normandes  étaient  en  bois,  à 
Texccption  de  la  partie  qui  surmonte  If  clianceî  scmi-eirculaire, 


l8o  M.    GALLY-&irN»T. 

laquelle  fut ,  de»  Forigioe ,  yoûtée  en  pierre.  Les  ailes  latries 
étaient  également  voûtées  en  pierres.  La  nef  des  petites  églises 
rurales  était  quelquefois  zeooayerle  de  la  mtee  nanière  ; 
quant  aux  nefs  des  grandes  églises ,  on  est  k»n  de  pouvoir  af- 
firmer quelles  adoptèrent  ce  modede  couverture  avant  te  XII*. 
siècle.  Mais  dans  la  seconde  moitié  du  siècle,  l'emploi  de  oeife 
voûte  devint  général ,  et  on  ne  raba  ndonna  jamais  dans  la  suite. 

La  voûte  était  composée  ou  de  petites  pierres  à  bain  4e 
mortier ,  ou  bien  encore  d*aa  léger  calcaire  qu'on  trouve 
dans  certaines  parties  de  la  Norâundie^ 

Jjk  voûte  la  plus  ancienne  est  dépourvue  d'aroeam ,  et  les 
plus  anciens  arceaux  n'ont  point  de  moulures.  ' 

Les  arceaux  sont  d'ordinaire  des  cercles  entrelacés.  Ils  sont 
en  pierres  de  taille,  et  les  intervalles  qui  les  séparent  sont 
remplis  de  la  manière  qve  nous  avons  déjà  décrite.  Quelquefois 
ces  arceaux  oonsislttrt  en  une  série  d'arcades^  en  ferme  de  fers 
à  dbeval. 

La  voûte  en  dôme  qui  surmonte  les  ailes  latérales  de  l'église 
de  l'abbaye  de  Bernay ,  est  le  seul  exemple.de  cette  espèce  que 
l'aie  vu  eu  Normandie. 

Le  premier  Style  normand  et  k  plus  pur  r^na  jusqu'à  la 
fin  de  la  vie  de  Guillaume-le-Conquérant,  depuis  les  pMH 
mtères  années -du  X*.  siècle  jusqu'à  la  fin  du  XK 

On  a  conaarvé  des  vestiges  de  la  première  arcbitecture  nor- 
mande ;  mais  il  n'en  est  pas  un  aenl  dont  la  date  puisse  ètve 
établie  aw»  quelque  oerdtude^  -—  A  peine  si  parmi  tous  ces 
débris  le  X".  aiècle  a  quelque  cbose  i  réclamer. 

L'église  de  l'abbaye  de  Bernay ,  qui  doit  avoir  été  com- 
mencée dans  la  première  moitié  du  XP.  siècle ,  €st  le  plus 
ancien  édifice  nonnand  de  quelque  importance  qui  ait  gardé 
sa  forme  primitive*  Uarckiiecture  de  l'extérieur  est  si  simple, 


XXCURSION  MONinMNTALB   BN   NORMAITDII.  iBt 

qu'elle  a  quelque  chose  de  monotone  j  mais  leidimentioDS  soat 
gnndiÔMs  et  impoiantcsi. 

Les  églises  des  âblMiyes  de  Jomîèges  et  de  Cerisy  forent 
commencées  dans  kpremiire  moitiédn  XI*.  siècle. Le«  parties 
normandes  de  la  cathédrale  et  de  Téglise  de  S'.-Taurin  à 
Evreux ,  ainsi  que  celles  de  Téglise  dn  Mont  S* .«Michel ,  ap* 
prtiennent  2i  la  même  période. 

L'élise  de  l'abbaye  de  S*. -Georges  de  Bocherrille,  et  les 
deni  grandes  ^lises  de  Caen  ^  sont  des  exemples  magnifiques 
de  TArchitecture  normande  an  temps  de  Guillanme-le-Con- 
quérant. 

Tons  ces  édifices  portent  le  cachet  de  la  simplicité;  mais 
quelque  décoration  commence ,  avant  la  fin  du  règne  du  Con- 
quérant ,  à  s'introduire  dans  les  détails  :  telle  est  la  moulure 
k  frette  qui  se  déroule  autour  des  arcades  de  la  ne€  dans  l'église 
de  Mathilde  h  Caen  ,  et  que  Ton  voit  encore  dans  certaines 
parties  de  l'église  de  l'abbaye  de  S^-Georges  de  Bocher ville 
et  dans  d'autres  monuments  religieux. 

Le  Style  normand  fienri  avait  dé)à  acquis  un  certain  dive« 
loppement  dans  la  première  moitié  du  XII".  siècle*  On  en  a 
no  bd  exemple  dans  les  arcades  de  la  nef  de  la  cathédrale  de 
Bayeux.  Elles  sont  ornées  d'un  grand  nombre  de  moulures  de 
diverses  espèces ,  travaillées  avec  beaucoup  de  goflt. 

H  existe  nn  antre  exemple  du  Style  nornumd  fleuri  dans  les 
environs  de  Bayeux  :  c'est  l'église  de  S^«-Gabïiel ,  fondée  par 
Robert  de  Glocester  en  1 1 28. 

Une  fois  que  la  passion  de  l'ornement  eut  imposé  silence  à 
nn  senttiBent  pins  noble ,  on  ne  tarda  pas  à  tomber  dana  la 
lûzanrerie  et  l'extravagance ,  en  admettant  toutes  les  singuliè- 
res décorations  qu'on  atait  pris  plaisir  i  imaginer  dans  d'autres 
provinces  de  Franoe.  Les  monstres  de  k  corniche  envahirent 

«4 


l8a  *  M.    GAILY-KiriGHT. 

les  portails  ,■  des  portails  ils  gagnèrent  les  chapiteaux  de  Tio- 
térieur  ;  et  bientôt  il  ne  resta  pas ,  dans  tout  Tëdifice ,  un  seul 
coin  qui  ne.  fût  défiguré  par  ces  oraeinents  bâtards  et  difFormes. 
L'église  de  Tabbaye  de  Montivilliers ,  qui  remonte  h  Faonëe 
1 1 17 ,  et  l'église  de  Graville  présentent  le  Style  fleuri  à  sou 
dernier  période  d'exagération. 

Il  parait  que  cette  fièvre  atteignit  son  plus  haut  degré  d'exal- 
.tation  dans  la  première  moitié  du  XI P.  siècle,  et  que,  dans 
la  seconde. moitié  elle  descendit  de  quelques  degrés.  Dans  la 
'  chapelle  de  S^- Julien ,  bâtie  par  Henri  II  vers  l'année  1 162, 
on  voit  encore  grimacer  quelques  monstres  hideux;  mais  ils 
sont  en  petit  nombre  ;  et  l'ensemble  de  l'édifice  vient  rendre 
témoignage  du  changement  avantageux  qui  s'était  opéré  dans 
Je  goût  des  architectes. 

Tant  que  régna  le  Style  circulaire  ,  les  Normands  n'appli- 
quèrent jamais  les  écussons  i  la  décoration  de  leurs  églises* 

Châteaux  et  Edifices  privés. 

Les  villes  et  les  maisons  normandes  ordinaires  étaient  en- 
tièrement construites  en  bois ,  et  elles  ont  conservé  pour  la 
plupart,  jusqu'à  ce  jour,  cette  apparence  antique.  Les  châ*  • 
teaux  qui  n'avaient  qu'un  rôle  à  jouer ,  celui  de  la  défense  , 
devaient ,  selon  cet  adage  :  Qui  veut  la  fin  doit  vouloir  Us 
moyens ,  présenter  dans  leur  plan  et  leur  construction  un  ca- 
ractère principal;  essentiel,  celui  de  la  force  et  de  la  résistance. 
On  devait  aussi  leur  choisir  un  site  que  la  nature  s'était  déjà 
chargée  de  fortifier. 

Le  plan  des  châteaux  normands  était  aussi  nniforme  que 
pouvait  le  permettre  la  diversité  des  terrains  oi!i  ils  étaient 
situés.  Le  trait  dominant  était  toujours  le  donjon,  qui  contenait 
les  appartements  du  seigneur  ,  et  qui  serrait  aussi  de  refuge  à 


EXCUKSION   MOIfVMBVTAlB   BR   NOAM  AVINE.  l8S 

la  garnison ,  quand  le»  ouvrages  eilériears  venaieiit  à  être 
forcés*  Il  était  ordioaironent  élevé  sur  un  monticule  artificiel , 
ou  suspendu  sur  le  bord  d'un  précipice.  Les  murailles,  pour 
la  fortification  desquelles  Fart  déployait  toutes  ses  ressources, 
étaient  fort  épaisses  et  se  composaient  d'uo  sédiment  répandu 
entre  deux  murs  solides.  La  surface  consistait ,  tantôt  en 
rangées  de  pierres  irrégulièrement  disposées ,  et  tantôt  en  pe- 
tites pierres  carrées  à  Tinstar  des  murailles  romaines.  Les 
angles  de  l'édifice  étaient  ordinairement  hatis  en  pierres  de 
taille;  les  fenêtres  étaient  en  petit  nombre  ;  et  à  moins  qu'elles 
ne  fussent  très-élcvées  ou  qu'elles  ne  regardassent  la  cour  , 
elles  ne  méritaient  pas  le  nom  de  fenêtres:  c'étaient  de  simples 
ouvertures.Ou  n'arrivait  à  la  porte  d'entrée  que  par  un  escalier. 

Sons  le  donjon  étaient  ordinairement  des  cacbots  pour  les 
prisonniers. 

Le  donjon  était  placé  entre  deux  cours  défendues  par  des 
murailles  flanquées  de  tours.  La  tour  d'entrée,  que  l'on  ap* 
pelait  la  Barbacane ,  servait  tout  h  la  fois  de  fortification  ex- 
térieure et  de  porte  d'observation.  La  forteresse  toute  entière 
était  protégée  par  un  large  fossé. 

Ce  qui  reste  aujourd'hui  des  châteaux  normands  conservé 
Il  peine  quelques  traces  de  son  ancienne  construction  5  pres- 
que tous  ont  souffert  sièges  sur  sièges  5  ils  ont  été  plusieurs  fois 
détruits  et  plusieurs  fois  reconstruits. 

Le  donjon  de  Falaise  est  peut-être  le  seul  débris  de  château  qui 
réfléchisse  les  traits  de  la  première  architecture  normande  (  i). 

Le  château  de  Gisors,  qui  fut  bâti  par  Guillaume  Le  Roux, 
a  perdu  tout  vestige  de  sa  construction  originelle. 

(1)  Nous  possédons  en  Normandie  plusieurs  autres  donjons 
trèa4fttére88ants  :  voir  la  6*  partit  de  mon  Cours  d'Anitquité&\ 

fNote  de  If.  de  CaumoniJ» 


)S4  M.   GALlY-lUriOHT. 

On  peut  <B  dire  autaot  du  chlteau  de  Gaillard ,  Torgneil 
de  ]Ueliafd*Gttur-4ie-Lioti  qui  Taviit  crée.  Il  pressa  tellement 
les  traTaui ,  ({lie  le  ohâlean  {ut  terotiné  en  une  seule  année. 
Mais  il  eut  dans  la  suite  h  soutenir  plusieurs  assauts  oh  il  stie- 
comha  5  et  bien  que ,  grâce  à  leur  situation  pittoresque  ,  ses 
tours  modernes  oe  puissent  manquer  d*ètre  toujours  vues  arec 
plaisir,  il  ne  jette  aucune  lumière  sur  le  mode  de  construction 
des  cbâteaux  du  XII*.  siècle. 

11  ne  reste  du  château  de  Néaufks  qu'une  grande  tour  cir- 
culaire ,  qu'enyironoe  un  fossé  profond. 

JLes  restes  du  cbâtean  sur  Epie  sont  considérables  5  mais  son 
ardûteetureest  un  mélange  du  dernier  Normand  et  du  premier 
Style  eP  pointe. 

Qa  rf^dUTe  dos  vestiges  de  beaucoup  d'aptres  châteaux  ^ 
mais  tous  appartiennent  au  dernier  Normand  ou  k  un  style 
pluf  réosut  CAceyre. 

Dap$  quelqties  forteresses ,  on  construisit ,  à  part  du  donjon , 
des  appavleineats  plus  commodes  et  plus  splendides,  où  le  jour 
et.  l'air  ae  frayaient  un  passage  plus  fiicile.  Mais  ,  dans  les 
premiers  temps ,  les  fenêtres  étaient  toujours  tournées  vers  la 
cour ,  et  les  cbambres  babitables  se  détacbAÎent  du  sol  portées 
.sur  des  arcades..  Dans  la  suite  des  temps ,  quand  le  danger  eut 
cessé  d'être,  continuel ,  les  maîtres  du  château  purent  se  donner , 
dans  leurs  appartements  privés ,  de  plus  nombreuses  jouissance». 
Les  saUes  que  Ton  voit  dans  le  château  de  Lillebpnne  nous 
fournisf^llt  un  des  fôiempks  les  pins  anciens  de  cette  tendance. 

Lfl  vkgim  diU  Style  circubire  ou  Roman  dura  en  Normandie 
jusqu'aux  dernières  années  du  XIP.  siècle. 

J'ai  déjà  parlé  des  exemples  du  Style  en  pointe  que  l'on  a 
prétendu  appartenir  au  Xl^'^èçlç  ^  )  ai  n^oottré  que  ces  pré- 
tentioi^  n'éiâieat  appuyées  sur  aucun  tiire,  cl  qu'il  ne  fallait 


pas  s'y  arrêter.  Les  cathédrales  de  Coatancés  et  db  Séez  et 
L'églife  coUigkltf  de  Mortaia  ne  font  peint  eieepiiod  aui 
règktf  gënémlenieftl  reipecrfes  :  il  est  teÉips  que  nods  sortiont 
de  lenbarras  momeolaaé  e&  nous  «  jet&  dne  noaiFtlle  hypo* 
ikhe  fiMiiieitleBielit  anooneée  (i) ,  ponr  revenir  paisâbkmenl 
am  croyances  ëtahUes» 

La  chapelle  de  S*«-Jidien ,  la  partie  la  pins  ancienne  de 
de  Vëglise  de  St«-SàiiTeiir«  VégMté  de  Tabbayé  de  Mortener , 
et  un  ^rand  nonbre d'autres  édifices  démontrent  d*niié  Éianière 
sniEsante  que  le  style  circulaire  est  i^é  généralement  en  usage 
}.usqn*i^  la  lin  du  XII*  «  siècle. 

Vers  cette  épo<{iie ,  kti  arcades  en  pointe  cominencërent  à 
apparaître  en  If ornfandte  «  mélangées  d'abord  a^ec  les  formes 
circulaires  du  style  précédent.  Les  Normands ,  comme  tant 
d'autres  ^  Sont  tout4-fait  disposés  h  regarder  le  nduTeau  style 
oemme  ayant  commencé  avec  eux ,  et  ils  attribuent  son  ori- 
gine,  comme  d'au&res  Font  £ait  avant  eut ,  à  Tintersection 
des  cercles;  mais  c'est  li  une  solution  du  problème  qui  parait 
h  peine  satiAisaoftO)  et^  conme  le  Style  en  pointe  avait  déjà 
été  pratiqué  dans  certaines  autres  provinces  du  Nord  de  la 
France ,  il  est  nécessaire  de  se  reporter  i  une  double  décou* 
verte  pour  expliquer  son  apparition  en  Normandie. 

Le  Chapitre  de  l'abbaye  de  Mortemer,  qui  date  de  l'année 
1 174  »  et  celui  de  l'abbaye  de  St.-£eoFges  de  Bocherville^  qui 
remonte  i  ta  fin  du  XII*«  siècle  ^  sont ,  parmi  les  exemples  du 
style  de  tranâtioa  en  Normandie ,  les  plus  anciens  de  ceux 
sur  les  dates  desquels  il  ne  peut  exister  aucun  doute.  Il  y  a 
tiop  d'obscurité  répandue  sur  l'abbaye  Blanche  et  les  abbayes 
de  Hambye  et  de  la  Luxerne  pour  accorder  aux  dates  qu'on 
leur  assigne  un  casaetère  d'évidence  prononcée» 

(I)  Pdf  M.  de  Gcrfiîle.^  r^ote  <tu  traduct.J 


i86  m;  gailt-rnicht. 

Le  senl  trait  distinctifda  stylede  transition  normand  réside 
dans  la  forme  des  arcades  qui  subit  nue  modification  :  ce  qii*OD 
peut  appeler  l'esprit  de  Tarchitectiire  n'a  éténaUement  altéré. 
Les  coloitaes  avec  leurs  chapiteaui  romana,  les  moulures  et 
les  décorations  ne  sont  que  les  répétitions  de  celles  que  l'eir 
rencontre  dans  les  édifices  do  style  circukire. 

Il  ne  lant  pas  euBiier  non  plus  que  l'élévation  arclûtecto* 
nique  avait  ton^ofirsété  le  but  des  efforts  de  ceax  qui  avaient 
coneacré  leur»  talents  à  l'érection  de  temples  chrétiens,  et  que, 
grâce  à  la  renaissance  des  beaux-arts ,  les  niasses  étaient  deve- 
nues moins  lourdes ,  et  les  formes ,  celles  des  colonnes  snrtont, 
avaient  commencé  h  prendre  qnelqne  cbose  de  svelte  et 
d'élancé.  On  a  souvent  remarqué  que  le  génie  du  style  romaia 
était  diamétralement  opposé  au  génie  du  style  en  pointe;  que, 
tandis  que  le  premier  aimait  les  lignes  horizontales  ^  et  se 
souciait  fort  peu  de  prendre  une  direction  élevée ,  le  second 
ne  songeait  qu'à  s'élancer  dans  l'air.  Voilà  qui  est  parfaite- 
ment vrai,  si  on  oppose  les  monuments  du  style  en  pointe  avec 
rarcfaitecture  classique  d'une  antiquité  reculée.  Mais  n'est-il 
pas  ^alcEient  incontestable  que ,  dès  que  les  Romains  com- 
mencèrent à  bâtir  des  églises ,  ils  donnèrent  â  rédifîce   nn 
étage  de  plus  qu'à  leurs  temples  ;  et  ils  prenaient  ainsi  pour 
guide  dans  la  nouvelle  route  où  ib  entraient ,  non  pas  le 
temple,  mais  la  basilique.  Cette  modification  dans  le  plan 
produisit  une  augmentation  de  hauteur,  et  tant  que  l'art 
conserva  quelque  chose  de  noble  et  d'élevé ,  les  architectes 
employèrent  tous  les  moyens  qui  étaient  en  leur  pouvoir  pour 
donner  â  leurs  ^lises  de  l'élévation  et  de  la  majesté.  Mais 
quand  vint  le  style  en  pointe,' comme  il  portait  en  lui-même 
le  principe  de  l'élancement,  il  entra  dans  une  route  plus 
large  et  plus  étendue,  et  indiqua  une  méthode  plus  £icile  qui 


BXCUA.SIOV   MORUMEITTAU  BIT   WOAMARDtB.  187 

fat  suivie  avec  empreflaenieni  p«r  les  liommes  aoiqaels  elle  fut 
d'une  grande  utilité. 

C'est  la  voûte  qui ,  la  première ,  parait  s'être  modelée  sur 
les  idées  nouvelles;  elle  semble  avoir  revêtu  la  forme  en 
pointe  (comme  à  Blanche-Lande  et  i  Mortemcr  )  ,  quand  le 
reste  de  l'édifiée  était  encore  so»rinfloence  du  style  circulaire. 

En  seconde  ligne  vinrent  les  fenêtres  qui  adoptèrent  la 
forme  en  lancette.  Les  lancettes  très-longues  sont  celles  qui 
apparurent  en  dernier  lien* 

Ce  fut^ensuite  le  tour  des  portails  de  se  prêter  au  change* 
ment  :  des  portails  il  se  communiqua  aux  arcades  de  la  nef, 
et  finit  par  envahir  par  degrés  tontes  les  parties  de  l'édifice. 

Ce  ne  fut  gnères  qa*après  avoir  acquis  tout  son  développe* 
ment  que  la  nouvelle  ferme  fit  son  apparition  en  Normandie. 
Les  modifications  opérées  dans  FégKse  def  abbaye  de  Fécamp,- 
et  qui  rappellent  la  première  architecture  en  pointe,  avaient 
lieu  en  1200,  et  c'est  une  ou  deux  années  plus  tard  que  l'on 
commença  la  reconstruction  de  la  cathédrale  de  Bouen. 

Le  changement  de  style  en  fit  surgir  an  autre  dans  la  ferme 
de  l'abside  ou  chancel.  Il  cessa  d'être  semi-circulaire  et  devint 
polygonal  5  en  Normandie,  dans  la  plupart  des  grandes  ^lises , 
le  chancel  a  conservé  cette  dernière  forme.  Dans  certaines 
églises  rurales ,  il  est  carré.  A  Louviers  existe  une  église  de 
grande  dimension  dont  le  chancel  est  également  carré;  mais 
comme  cette  forme  fut  rarement  adbptée  dans  les  édifices  les 
plus  considérables ,  la  fenêtre  orientale  ne  prit  jamais  place  y 
sur  le  continent,  entre  les  divers  traits  principaux  d'ime  ^lise. 

Le  premier  style  en  pointe  qui  a  pour  caractère  générique 
la  fenêtre  en  lancette ,  régna  eaNormandie  fasqn'à  la  seconde 
moitié  du  XIII*.  siècfc. 

Dans  le  cours  de  cette  période,  on  fit  faire  un  grand  pas  aux 


l88  Mr  GÀMAJ-KSUiBT* 

fèqêtres  j  on  ^ydopqpt  deux  ou  trois  baeelles  dans  unearcacle 
en  pointe ,  et  on  orna  d'une  rose  ou  d'un  tvifle  l'eqpaise  resté 
liVe  entre  ks  têtes  des  lancettes. 

Alors  aussi  les  contreforts  extérieurs  ftmnt  appelés  à  )0fier 
un  rôle  plus  iuiportant  ;  ils  partagèrent  avec  les  murailles  la 
tliche  de  supporter  les  voûtes  en  pierre  deveouei  lubitueI4es; 
et  il  fallut,  pour  qu'ils  le  fissent  ayec  suoeès,  qu'on  leur  donnât 
plus  de  projection  et  de  hauteur.  Dès  qu'ils  furent  ainsi  deve* 
nus  plus  visibles ,  ils  ne  tardèrent  pas  k  compter  parmi  les  or- 
nements additionnek,  et  à  se  décorer ,  au  sommet ,  de  crochets 
et  de  pinacles.  Enfin ,  la  science  faisant  tous  les  jours  de  nou- 
veaux progrès ,  fit  sortir  du  néant  les  contreforts  aériens ,  ces 
auxiliaires  puissants  de  l'objet  fiivori  du  style  en  pointe.  An 
piemier  aboi^  ils  furent  tout-à-fait  unis ,  mais  peu  à  peu  ik 
se  procurèrent  des  ornements  qui  vinrent  efiaœr  ce  que  leur 
aspect  avait  de  monotone. 

I^a  cathédrale  de  liaieux  est  un  bon  exemple  du  premier 
style  en  pointe  noinaand*  Cette  église  établit  une  difierence 
bien  remarquable  eniire  rarehitecture  en  pointe  de  France  et 
celle  d'Angktf  f  re« 

1^  style  en  poinle  français  conserva  toujours  quelque  chose 
du  caractère  romain*  I#es  colonnes  simples  continuèrent  à  être 
introduites  plna  souvent,  dans  les. églises  de  France  que  dans 
celles  de  la  QKinde  Bretagne.  Ce  sont  d*ordinairc  des  colonnes 
et  non  pas  des  pilieirs ,  qui  environnent  le  chœur.  Leurs  cha- 
piteaux se  rapprochent  beaucoup  plus  des  chapiteaux  romains. 
Les  moulures  sont  aussi  des  imitations  des  moulures  romaines. 
Dans  certains  édifices,  la  seule  différence  consiste  dans  la 
iomie  de  l'arcade. 

Yers  k  fin  de  la  première  moitié  do  XIU^.  sièck ,  grâce  i 
(influence  vivifiant  des  Cxoisades  et  aux  nombreux  efforts  de 


*r- 


saint  liOQ» ,  une  impoUon  yattc  et  puiisaiile  se  eonummi^tia 
à  Farchitectiure.  La  chapelle  que  œ  prince  ajouta  &  son  pakts 
royal  de  Paris ,  fut  consacrée  en  i245  et  lait  épeqne  dans  les 
annales  de  Tarchitectnre  française*  Dès  ce  moment  le  principe 
d élévation  fit  des  pro|;rès  rapides,  et  le  style  en  pointe  reTètit 
de  jonr  en  joor  des  formes.pUis  sayanteset  pl«s  gracienses«  An 
commencement  du  XIY*.  siècle  nn  cbaogemeni  s*opéra ,  qoi 
a  reçu  dans  ces  derniers  ten^  le  nom  de  style  flamboyant , 
à  canse  de  la  ressemblance  qœ  Ton  prétend  exister  entre  la 
broderie  sapérienre  des  fenêtres  et  l'ondoiement  de  la  flamme. 
Mais,  après  tout,  le  style  flamboyant  n'est  rien  antre  chose 
qne  le  premier  essai  da  style  fleuri ,  et  peut-être  n'est41  pas 
astei  distinct  pour  mériter  une  dénomination  spéciale.  Les 
vices  dn  style  fleuri  ne  se  déclarèrent  pas  d*abord,  et  l'archi- 
tecture demeura  ce  qu'elle  était  auparavant,  grande  et  ma)es« 
tueuse  5  cependant  son  véritable  cara^re  était  une  ornemen- 
tation l%ère  et  délicate  ;  le  mauvais  goût  se  chargea  de  la 
conduire  par  d^rés  dans  une  route  vicieuse ,  et  l'on  vit  bien- 
tôt édore  tons  les  travers  d'une  décoration  exagérée.  Dans  le 
courant  du  XV*.  siècle ,  le  style  en  pointe  commença  en  Nor- 
mandie à  tomber  en  décadence.  U  perdit  peu  à  peu  ses  belles 
proportions  et  tout  ce  qu'il  avait  pour  plaire.  Sa  marche  lan- 
guissante se  continua  jusqu'au  commencement  du  XVI**  siècle  ; 
h  cette  époque  on  prit  goût  aux  formes  classiques,  et  l'archi- 
tecture en  pointe  dut  céder  sa  place  an  style  de  la  renaissance. 


CHAPITRE  XXIV. 

Architecture  Normande  d'Angleterre, 

Après  avoir  suivi  le  style  normand  dans  les  vicisâtvdes  qu'il 
eut  11  subir  dans  son  pays^  natal ,  examinons  maintenant  les 
circonstances  qui  en  signalèrent  la  pratique  en  Angleterre. 


190  M.   GÀLLY-KlflGRT. 

On  n'a  aacune  donnée  certaine  sur  rarehitectnre  qui  fut  en 
usage  dans  cette  contrée  avant  rintrodaetion  du  style  normand. 
Les  autorités  les  plus  compétentes  en  ces  sortes  de  matières,  ont 
décidé  que  c'est  \  peine  s'il  subsiste  quelque  signe  auquel  on 
puisse  reconnaître  des  restes  d'édifices  saxons.  On  a  seulement - 
lieu  de  soupçonner  que  certaines  parties  de  quelques  églises  qui 
portent  les  traces  d'une  antiquité  très-reculée ,  et  dont  le  style 
diffère  matériellement  du  normand,  sont  d'origine  saxonne. 
Leurs  traits  distinctifs  consistent  dans  une  imitation  plus  gros- 
sière et  plus  maladroite  du  romain,  et  dans  une  combinaison 
de  formes  diagonales  et  de  formes  perpendiculaires  dans  la 
décoration  extérieure  des  tours.  Nous  en  ayons  des  exemples 
dans  la  vieille  église  de  Bartoo ,  dan»  le  Lineolnshire,  et  dans 
celle  d'Earl  Barton  dans  le  Northamptonshire.  Le  seul  témoi-^ 
gnage  à  ajooter  en  faveur  de  leur  origine  saxonne ,  c'est  qu'on 
ne  trouve  en  Normandietien  de  semblable. 

Certaines  personne*»  ont  cru  que  les  églises  saionnes ,  en  gé- 
néral, étaient  des  édifices  en  bois,*  mai«  cette  opinion  parait 
être  erronée  \  car  le  grand  Terrier  qui  Ëiit  l'énumération  de 
1 700  églises ,  n'en  signale  qu'une  seule  comme  étant  bâtie  en 
bois;  et  Henri  de  Ilunttngdoa  parlant  d'une  certaine  église 
dit;  «  Elle  n'était  pas  construite  en  pierre,  mais  en  bois  ,  et 
recouverte  de  roseaux  ,  ainsi  qu'on  a  coutume  de  le  faire  en 
Ecosse.  »  Ceci  démontre  que  cette  espèce  de  construction 
n'était  pas  en  usage  en  Angleterre. 

Non  seulement  les  églises  saxonnes  n'étaient  pas  de  simples 
édifices  en  bois,  mais  quelques -unes  d'entre  elles ,  comme 
nous  rapprennent  les  vieux  liistoriens ,  furent  bâties  à  grands 
frais  et  dans  un  style  d'architecture  1res- orné. 

Dans  le  courant  du  VII^.  siècle,  une  église  s*éleva  à  Lincoln , 
et  Bede  nous  dit  qu'elle  était  en  pierre  et  d*unc  exécution  par- 


EXCVIISlOir   MOIIVMBIITALE   EN    HOEMâlTDIB.  fgt 

faite.  L'église  da  moDastère  de  Wermoatb  fut  fondée  en  675 
par  l'abbé  Béuolt  Biacopivs  d'une  noble  famille  du  Nonbum* 
berland ,  qui ,  à  Tâge  de  aS  ans ,  )|nitla  le  service  du  roi 
Osfwy  pour  embrasser  la  Yie  religieuse.  Il  fil  venir  de  France 
des  ouvriers  maçons,  qu'il  chargea  de  lui  bâtir  une  église 
dans  le  goât  romain  5  et  quand  les  travaui  approcbèrent  de 
kor  terme ,  il  se  procura  d'autres  ouvriers  du  même  pays  , 
habiles  dans  la  fabrication  des  vitraui ,  qui  travaillèrent  aui 
fenêtres. 

L'élise  du  couvent  de  Ripon  et  la  cathédrale  d'Hexham 
furent  bâties  toutes  deux  par  Wilfrid ,  évêque  d'York ,  dans 
la  seconde  moitié  du  YII*.  siècle  )  elles  étaient  construites  en 
pierre  et  portées  sur  des  colonnes  et  des  arcades.  Wilfrid , 
comme  l'abbé  Biscopius ,  fit  venir  des  architectes  et  des  ouvriers 
étrangers  j  il  les  emprunta  à  Rome ,  à  l'Italie  »  k  la  France  et 
à  d'autres  pays  encore. 

Daos  le  VIII*.  siècle,  Ethelbald ,  roi  de  Mercie ,  fonda  le 
monastère  de  Croyland  ;  et  l'église  de  S'.-Pierre  â  York  fut 
rebâtie  par  l'archevêque  Albert ,  et  consacrée  peu  de  temps 
avant  sa  mort ,  qui  eut  lien  en  780*  Alcuin  ,  dans  la  descrip- 
qu'il  donne  de  cette  église ,  la  dépeint  comme  ayant  des  co- 
lonnes ,  des  arcades  et  des  portiques. 

Dans  le  IX'.  siècle  ,  le^  incursions  continuelles  des  Danois 
vinrent  interrompre  le  progrès  des  arts.  Tous  les  monuments 
.dont  s'enorgueillissait  rAngleterre  furent  détruits  ;  ce  qa''il 
fut  permis  d'entreprendre  dans  la  période  qui  s'écoula  jusqu^au 
règne  tranquille  d'Edgard ,  se  borna  à  des  réparations  et  à  des 
travaux  pour  la  défense  du  territoire.  Avec  Edgard,  la  paix 
refleurit  en  Angleterre.  C'est  alors  que  l'aldermaa  Aiwin 
fonda  l'abbaye  de  Ramsey  et  y  bâtit  une  église.  Ce  dernier 
édifice  fut  construit  en  six  ans;  en  974  il  était  achevé.  Il  était 


192  M.   GAUY-KJfIGilT. 

en  forme  de  croix  ;  on  y  tOf  ail  des  coloanes  y  àe$  arc«de$  et 
deui  tours ,  doat  Tune  était  supportée  par  quatre  colodoeis  oa 
piliers  placés  au  ceatre  de  T^lise*  C'est ,  i  ce  qo'il  parait ,  la 
première  église  d*Aogleterre  qqi  ait  eu  uue  tour  dans  cette 
situation  9  et  qui  ait  été  bâtie  en  forme 4e  croix. 

Ces  descA'iptions ,  que  nous  ont  transmises  ks  vieilles  Cro** 
niques,  semblent  démontrer  que  Tarchitecttue  saxonne  était , 
comme  celle  de  toutes  le&  autres  contirées  ^  une  imitation  d^ 
romain  j  mais  il  parait  non  moins  démontré  que  lorsqu*on 
entreprenait  la  consti  uetion,  d*ua  édifiée  de  quelque  impor» 
tanee  ^  c'éuit  d'ordinaire  k  des  architectes  et  à  des  ouvriers 
étrangers  que  l'on  avait  recours  5  et  il  est  sans  doute  permis 
d'en  conclure  que  les  ouvriers  nationaux  étaient  alors  peu 
habiles ,  peu  expérimeAtés.  L'établissement  des  Remains  dans 
la  Grande  Bretagne  n'avait  pas  été  d'assez  longue  durée ,  pour 
qu'il  leur  eût  été  possible  d'initier  aux  mystères  de  leur  ar« 
chitecture  les  artistes  du  pays^  le  nombre  des  modèles  qu'ils 
laissèrent  derrière  eux  fut  nécessairement  trcs-minime ,  et  les 
jours  désastreux  qui  suivirent,  firent  rétrograder  l'art  dans  la 
route  oh  il  était  entré. 

La  seule  conclusion  légitime  à  laquelle  nous  puissions  ar- 
river,  c'est  que  les  architectes  nationaux  qui  »  dans  les  siècles 
saxons ,  entreprirent  en  Angleterre  des  travaux  architectoni- 
quea ,  imitèrent  moins  heureusement  les  principes  romains  que 
les  architectes  de&  autres  contrées-;  et  il  y  a  tout  lieu  de  croire 
que  même  les  monuments  que  l'dn  a  tant  vantés,  n'étaient 
pas  de  grande  dimension*  L'égJUse  de  Fabbaye  de  R«'»msey  , 
qui  fut  Tua  de»  ouvrage»  saxons  les  moins  anciens  et  en  même 
temps  les  plus  célèbres ,  fut  achevé  en  six  ans  5  et  il  est  incon- 
testable que  sa  coostruetion  aurait  demandé  beaucoup  plus  de 
temps ,  si  elle  avait  été  eiccutéc  sur  une  échelle  de  même 
grandeur  que  celle  des  édifices  normands. 


SXCiTRSfOK    MOMinifllfTAI.Ï  EV   NOVMANDk.  I95 

Le  derpiei*  oovrage  laxon  qui  eut  de  Timportance ,  fut  Vé- 
glise 4e  Tabbaye  de  Westminster ,  bâtie  par  Edouard-leCon- 
iessenr  en  lofiS ,  ranoée  q«i  précéda  la  Conquête.  On  la  re- 
préaente  conoM  ayaat  une  physionomie  diilérente  de  celle  des 
antRfl  coostractions  saxonnes  d'Angleterre  j  cette  dîfiërence  , 
sans  ancon  4o«te,  oansislait  dam  une  tendance  bien  marquée 
Ters  les  ^neipes  de  oonstroctioa  normande.  L'enfance 
d'Edouard- le -Conlesfeur  s'était  passée  en  Normandie,  et 
pendant  tout  son  règne  il  mécontcpita  ses  sujets  par  ses  efforts 
continnels  pour  implanter  en  Angleterre  les  moeurs  et  les 
ooutnmes  normandes.  M«iis  le  progrès  qui  se  manifesta  dans 
Féglise  de  l'abbaye  de  Westminster,  doit  avoir  été  de  beaucoup 
an-dessooa  de  l'arcbitcctnre  des  églises  contemporaines  de 
Nenstrio.  Il  reste  quelques  vestiges  des  travaux  d'Edouard  : 
ce  sont  des  portions  de  murailles ,  nne  arcade  élevée  an  c6té 
sud  dn  chosiir ,  et  le  trésor  ;  on  trouve  dans  celte  dernière 
partie  des  colonnes  et  des  arcades  oahjuées  sur  les  modèles 
romains* 

En  parlant  des  églises  et  des  monastères  qui  surgirent  après 
la  Conquête  ,  Guillaitme  de  Malmsbury  dit  qu'ils  liaient 
ecNBStrnits  d'après  nne  méthode  nouvelle.  Cette  dernière  cir- 
constance ,  comme  toutes  celles  qui  nous  ont  précédemment 
occupés,  démontre  qn*entre  les  constructions  saxonnes  et  les 
constnielîons  normandes  il  a  àé  exister  une  différence  bien 
prononcée*  Mais  comme  les  unes  et  les  autres  étaient  une  imi- 
tation des  constructions  romaines ,  tonte  la  différence  consiste 
nécessairement  dans  le  grandiêse  des  dimensions  ,  dans  la 
magnifieenee  et  la  brillante  exécution  des  ouvrages  normands. 
Cest  le  même  style  pour  les  deux  périodes  5  mais  dans  la  der- 
nière il  s'est  déveieppé  snr  nne  pins  vaste  échelle ,  et  suivant 
nne  méttode  plus  habile  et  mietrx  raisonnée. 


I^  M.   GALLT  ILHfCIT* 

Le  fait  est  qu  au  temps  de  la  Conquête ,  lei  AuglinSaions 
étaient  à  tous  égards  moins  polis  et  moins  ctyiiisÀ  que  les 
Normands.  On  nous  représente  les  pr^ers  comme  englou- 
tissant dans  leurs  orgies  d*iamienaes  ricbesses ,  et  réduits  k 
habiter  des  cabanes  enfumées  et  misérables  5  tandis  que  les 
Normands  vivaient  sobrement  dans  leurs  mi^nifiques  de- 
meures. L*arcbitecture ,  comme  les  moeurs  des  Satons ,  était 
brute  et  grossière. 

Plus  d'élévation  et  de  majesté ,  plus  de  fini  dans  rozécatioo , 
et  une  addition  de  moulures  et  d'autres  détaik  d'ornemen- 
tation ,  tels  doivent  être  les  nouveaux  caractères  que  les 
Normands  introduisirent  dans  rarchiteoture  anglaise.  Celui 
qui .  plus  que  tout  autre ,  parait  avoir  été  l'instrument  de  ce 
progrès,  fut  le  célèbre  Lanlranc,  que  Gnillaurae«le-Conqnérant 
enleva  à  l'abbaye  de  Caen  pour  le  revêtir  de  la  dignité  d'ar- 
chevêque de  Cantorbery.  Il  s'attacha  avec  zèle  non  seulement 
à  construire  des  ^lises  de  plus  vaste  dimension ,  mais  encore 
a  faire  venir  en  Angleterre  des  hommes  capables  de  suivre  ses 
traces  et  de  seconder  ses  projets.  Un  moine  de  Caen,  Gnndulf , 
Tun  des  meilleurs  architectes  de  son  temps ,  attira  Fattention 
de  Lan  franc  j  les  talents  qu'il  possédait  lui  valurent  lesi^ 
cpiscopal  de  Rochester.  Paul  qui  rebâtit  l'élise  de  Fabhaye 
de  S^-Âlbans ,  était  neveu  de  l'archevêque  de  Cantorbery. 

Le  plus  ancien  édifice  normand  qui  existe  en  Angleterre  , 
fut  construit  sous  la  direction  de  Gundulf.  Après  qu'il  eut  re« 
bâti  sa  cathédrale  de  Rochester  y  cet  évêque  fut  chargé  par 
Guillaume  de  diriger  la  construction  de  la  Tour  Blanche , 
dans  la  tour  de  Londres.  Cestdans  l'intérieur  de  cette  tour 
que  subsiste  la  seule  trace  peut-être  d'architecture  religieuse 
que  nous  ait  transmis  le  siècle  du  Conquérant. 

La  chapelle  dont  je  viens  As  parler ,  est  par  elle-mêtne  une 


EKCVBSIOir   MOHUMEIfTAlE   BIT   KOR MAUDIS.  %q5 

preuve  que  les  arts  étaient  h  cette  époque  moi  os  avancés  en 
Angleterre  qu'en  Normandie.  Nous  ne  ppavons  mieux  nous 
en  convaincre  que  par  l'examen  de  cette  église ,  qui ,  bien 
que  construite  d'après  le  plan  donné  par  Tuo  des  plus  célèbres 
architectes  normands ,  est  de  beaucoup  inférieure  aux  édifices 
contemporains  de  l'autre  côté  du  Détroit.  On  y  trouve  ces 
lourds  pilfers  h  colonnes,  qni  sont  très-souvent  usités  dans  les 
églises  normandes  d'Angleterre ,  et  que  Ton  cherche  presque 
vainement  autre  part.  L'ensemble  du  monument  est  massif  et 
grossier. 

Le  toit  de  l'église,  quoiqu'uni ,  offre  de  singuliers  carac- 
tères. C'est  une  voûte  composée  de  petites  pierres  plates  qui 
baignent  dans  un  lit  de  ciment.  Ce  lit  de  ciment  a  dû  être 
soutenu  ,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  pris  de  la  consistance ,  par  des 
étais  en  bois. 

Dans  le  cours  du  règne  de  Guillaume-Ie-Conquérant  il 
s'éleva  un  certain  nombre  d'abbayes ,  de  cathédrales  et  de 
châteaux  -,  mais  il  n'est  aucun  de  ces  monuments  qui  ait  conservé 
sa  physionomie  originelle.  On  pouvait  voir  encore ,  il  y  a 
quelques  années ,  a  Cantorbery ,  un  vestige  de  l'architecture 
du  temps  dé  ce  prince — :  C'était  la  tour  septentrionale,  à 
l'extrémité  ouest  de  la  cathédrale ,  qui  formait  une  partie  du 
travail  de  Lanfranc.  Les  pierres  dont  elle  était  construite  , 
étaient  irrégnlières  ,  et  les  jointures  très-larges. 

Il  est  certains  châteaux  que  l'on  voudrait  £aire  passer  pour 
remonter  au  règne  de  Guillaume  ^  mais ,  dès  qu'on  les  examine 
de  près ,  on  découvre  bientôt  qu'ils  ont  été  l'objet  de  recons- 
tructions postérieures.  Tels  sont  les  châteaux  de  Norwich  et  de 
Rochester  ^  le  donjon  de  Conisborough  et  plusieurs  autres. 

En  moins  d'un  siècle ,  presque  toutes  les  cathédrales  et  les 
églises abbatiajies d'Angleterre, sans com;)ter  un  grand  nombre 


196  M.   GAltY-KNÏGHT. 

d'églises  paroissiales ,  forent  ou  reconstruites  en  entier  ,  ou 
du  moins  considëràblement  corrigées  ,  par  les  normands 
que  Guîilaume-le-Conqnérant  et  ses  successeurs  investirent  des 
emplois  ecclésiastiques  les  pins  élevés.  A  la  suite  de  ces  prélats 
étrangers  arriva  en  Angleterre  Tarcbitecture  normstnde,  qui 
ne  tarda  pas  à  y  être  naturalisée  ;  mais  Tétat  déplorable  de 
l'art  dans  ce  pays  eut  pour  résultat ,  dans  cette  circonstance , 
d'imprimer  aux  œuvres  aouvellcs  les  caractères  d*ua  style 
normand  plus  antique. 

On  se  livra  à  de  grands  et  nombreux  travaux  sous  le  règne 
de  Guillaume-le»Roux.  €e  prince  était  lui-même  un  babile 
architecte,  et  il  forçait  ses  sujets  anglais  h  favoriser  de  leur 
argent  ses  propensions  vers  les  ouvrages  d'architecture.  Le 
principal  travail  architectonique  de  son  r^ne  futlacoostruc- 
tionde  la  grande  salle  de  son  palais  de  Westminster.  Cette  salle 
fîit  bien  modiUée  par  Richard  II  ;  mais  il  est  resté  d«  nom- 
breux vestiges  de  l'ouvrage  primitif,  et  les  dernières  réparations 
qu'on  y  exécuta  permirent  de  les  apercevoir  très-distinctemeat. 
La  partie  inférieure  des  murailles  avait  des  parements  en 
moëllonj  les  pierres  étaient  disposées  en  lignes  irrégulièresj  les 
jointures  étaient  larges.  Les  chapiteaux  des  colonnes  sur  les^ 
quelles  reposaient  les  arcades  circulaires  de  la  galerie  du 
triforium ,  étaient  des  cubes  unis.  L'exécution  de  l'ensemble 
était  rude  et  grossière. 

Le  plan  des  églises  qui  s'âevèrent  &  cette  époque  en  Angle- 
terre ,  offrait  en  général  une  analogie  frappante  avec  celui  des 
églises  de  Normandie.  Elles  avaient  toutes  un  chancel  semi- 
circulaire  ,  qui  tomba  dans  la  suite  tellement  en  désuétude  , 
que  c'est  à  peine  si  l'on  retrouve  en  Angleterre  quelques 
traces  de  son  existence.  On  le  distingue  cependant  encore  dans 
l'église  de  S'.-6arthetcmy-le-Grand  à  Londres,  qui  fut  com- 


EXCURSION   MONVUNTAU  gH  JfOllIAilDII.  I97 

mencée  en  1 1  a3  ;  dans  les  églises  cathédrales  d*YoH^ ,  d'East* 
flam  ^  d'Essex  et  dans  ^elqaes  autres  encore. 

Les  arcades  de  la  nef  reposaient  ordinairement  snr  ces 
lourds  piliers  k  colonnes  dont  nons  atons  déjà  parlé. 

Les  fenêtres  et  les  portes  ressemblaient  k  celles  des  ^Uii« 
de  Normandie.  On  introduisit  par  degrés  les  moulures  nor* 
mandes ,  en  leur  faisant  subir  quelques  changements. 

Les  murailles  étaient  fort  épaisses  et  dépourvues  de  contre» 
forts  k  projection. 

On  peut  voir  des  églises  de  rarchitectore  du  temps  de 
Guillaume-le-Roux ,  dans  le  chœur,  les  ailes  latérale^et  le 
transept  du  milieu  de  la  cathédrale  de  Durham  ;  dans  les  tour» 
et  le  transept  de  Téglise  de  S'.-Albans;  dans  les  parties  les 
plus  anciennes  de  la  cathédrale  de  Winchester ,  et  enfin  dans 
Textrémité  est  de  celle  de  Worcester. 

Sous  le  règne  de  ce  prince,  les  murailles  furent  bities  d'nne 
manière  irrégulière ,  et  les  jointures  continuèrent  k  itre  larges , 
comme  on  peut  le  voir  dans  les  cathédrales  de  Durham ,  de 
Lincoln ,  de  Winchester  et  autre  part  encore. 

La  longueur  et  la  largeur  des  édifices  n'étaient  point  en 
rapport  avec  la  hauteur ,  ce  qui  leur  donnait  une  apparence 
lourde  et  difficile.  Les  colonnes  étaient  épaisses  ;  leurs  chapi- 
teaux ,  tout-à-fait  unis. 

Quand  on  compare  les  édifices  anglo-normands  du  règne 
de  Guillaume-le-Roux ,  avec  les  abbayes  de  Bosçherville  et 
les  deux  grandes  églises  de  Caen  ,  on  ne  peut  s'empêcher  de 
reconnaître  que  l'architecture  anglaise ,  au  temps  de  ce  prince , 
était  bien  loin  de  marcher  de  pair  avec  l'architecture  qui  flea- 
rissait  en  Normandie  sous  le  règne  de  son  père. 

Le  même  style  prévalut  dans  la  première  partie  du  r^ne 
de  Henri  I*'«,  comme  on  peut   le  voir  par  les  ruines  du 

i5 


198  M.   GiLLY-KNIGBT. 

prieorédeâ^.-B^tolph  à  Colchester,  qui  fut  bâti  par  un  moine 
normand  ,  nommé  Ernniph ,  daos  les  premières  années  du 
rq[nrde  ceprince.'On  y  retrouve  les  mêmes  piliers  à  colonnes , 
les  mêmes  proportions  tronquées  ,  la  même  défectuosité  de 
moulures.  Mais  bientôt,  dans  le  cours  du  même  lègne ,  un  de 
ces  hommes  de  génie  qui  impriment  leur  cachet  au  siècle  dans» 
lequel  ik  virent,  donna  à  rarchitectnre  un  nouvel*  élan.> 
Roger  Poor  ,  évêque  de  Salisbury  ,  normand  d'origine ,  réu- 
nissait en  lui  plusieurs  capacités  qu'il  n'était  pas  rare  de  voir 
alors  embrasser  par  un  seul  homme  :  il  était  à  la  fois  homme 
d'église  distingué,  homme  de  guerre  courageux,  politique 
profond  ,  architecte  habile.  Peu  scrupuleux  sur  la  nature  des 
moyens  h  employer  pour  se  créer  des  ressources ,  il  consacrait 
les  richesses  qu  il  recevait  4  titre  d'aumône  ,  de  rançon  ou 
autrement ,  à  la  construction  d'édifices  destinés  soit  à  conso- 
lider son  pouvoir ,  soit  à  perpétuer  le  souvenir  de  sa  magni- 
ficence. Il  bâtit  des  cathédrales,  des  châteaux  ,  des  résidences 
privées^  et  voulut  que  ses  œsvres  portassent  les  caractères 
d'un  style  tellement^supérieiçrr  à  celui  qui  était  alors  eu  usage, 
que  le  grand  jpas  qu'il  fit  faire  à  l'architecture  a  trouvé  place 
dans  les  pages  de  l'histoire.  Guillaume  deMalmesbury  rappelle 
que  les  murailles  qui  furent  construites  sous  la  direction  de 
Roger  Poor ,  étaient  si  régulières  et  si  unies  et  qu'elles  avaient 
de  si  belles  jointures ,  qu'elles  semblaient  faites  d'une  seule 
pierre.  Si  quelqu'un  ,  avant  Roger  de  Salisbury ,  avait  ima- 
giné cette  amélioration  ,  sa  manifestation  dans  les  œuvres  de 
ce  préUt  n'aurait  pas  été  tant  vantée  par  T historien.  Les' 
termes  dans  lesquels  Guillaume  mentionne  cet  événement, 
nous  donnent  la  date  de  l'introduction  des  belles  jointures  • 
daasles  murailles  anglaises.  Dès  Ce  moment ,  il  s'opéra  divers 
autres  progrès  dans  certaines  parties  de  la  construction   II  y 


EXCUBSIOir    MOH17MBVTALB    Elf  NORMAN OIB.  I^g' 

eut  comme  im  commencement  d^ornementation.  Les  portails 
furent  les  premiers  à  marcher  dans  cette  voie.  Alors  l'archi- 
tectoré  en  Angleterre  s'éleva  an  niveau  de  l'architcclare  ncf- 
mande  au  temps  de  Guillaume-le-Conqaérant. 

On  peut  voir  des  exemples  du  style  qui  fut  eo  usage  sons  le* 
rèçoe  de  Henri  I*'.,  dans  les  nefs  des  cathédrales  de  GIou* 
cesler ,  de  Nowich ,  d'Ely ,  de  Durham  et  de  Southwell  ; 
—dans  les  tours  latérales  de  la  cathédrale  d'Ëxeter ,  bâtie  par 
Warlevast,  qui  occupa  le  siège  épiscopal  de  1107  à  iiSG^ 
•—dans  la  tour  de  S^ -James à  S'.-Edmond; — dans  le  chapitre 
de  Rochester ,  dont  la  fondation  eut  lieu  de  1 1 1 4  ^  m  a5,  par 
les  soins  de  ce  même  Ernolph  ,  le  fondateur  de  S*.-BotoIph  U 
Colchester ,  et  «pie  la  mort  de  Gondulph  fit  monter  au  siège 
épiscopal  de  Piochester  5  «—  Dans  le  portail  de  l'église  do 
Cambridge^ — dans  la  nef  de  celle  de  Dnnstable;— dans 
l'église  de  S^-Barthelemy-le-Grand  à  Londres,  qui  fut  comment 
cée  en  i ia5  5  —dans  celle  du  S^-Sépulcre  à  Northampton  , 
qui  fut  bâtie  par  Simon  de  Liz ,  second  comte  de  Northamp- 
ton  \  à  sod  retour  de  la  Terre-Sainte  (Il  mourut  en  1 127) ; — 
dans  l'église  de  l'abbaye  de  Tewke&bury ,  commencée  par 
Robert  Fitz  Hamon  qui  mourut  en  1 107 ,  et  consacrée  en  1 1 25 . 

L'impulsion  donnée  à  l'architecture  se  continua  sous  le 
r^ne  d'Etienne»  Les  proportions  devinrent  plus  gracieuses^' 
les  moulures  plus  nombreuses  et  plus  variées  3  les  colonnes  plus 
svehes  et  plus  élancées  ;  et  les  chapiteaux  commencèrent  à  se 
décorer  de  feuillage. 

On  peut  citer  pour  exemples  :  —  Le  portail  du  chapitre  dé 
la  cathédrale  de  Durham ,  bâtie  par  l'évêque  Godefroy'-le- 
Roux  ,  de  î  i55  a  1 145  ;  •—  l'église  da  piieuré  d'Acre  à  Nor- 
folk ,  consacrée  en  1 148  ;  —  L'église  de  S**.-Croii  à  Hamps- 
hirê;  —  l'église  cathédrale  de  Ripon  ^  —  S*»r-Fridewcde 


aOO  M.   GALLY-KHIGHT. 

•m 

(aujourd'hui  Teglise  du  Christ)  k  Oxford ,  qui  fat  conmencée 
vers  Tan  i  i5o  ,  et  terminée  en  i  i8o. 

Cest  vers  cette  époque ,  ou  un  peu  plus  tard  ,  que  rarchi^ 
lecture  domestique  fît  son  apparition  eo  Angleterre»  Mais  il 
est  presque  impossible  de  déterminer  ,  d*aprè$  le  plan  et  les 
dimensions  de  quelques-uns  de  ces  édifices  privés  qui  se  sont 
conservés  jusqu'à  nous  ,  si  c'étaient  des  maisons  d'habitation  , 
ou  seulement  des  salles  d'assemblées  dans  les  solennités  pu- 
bliques ,  ou  enfin  des  appartements  destinés  à  recevoir  les  lei- 
gneurs  féodaux  et  leur  cour. 

Le  même  plan  fut  invariablement  mis  en  usage  pour  tous 
les  édifices  de  cette  espèce  :  c'était  toujours  un  parallélogram- 
me à  deux  étages^  quelquefois  le  parallélogramme  était  double. 
Le  premier  étage  était  voûté,  selon  la  coutume  normande ,  et 
n'avait  point  de  communication  k  l'intérieur  avec  l'étage  su- 
périeur. On  arrivait  à  celui-ci  par  un  escalier  extérieur  ,  qui 
était  probablement  mobile.  Le  seul  escalier  fixe  qui  existe  au- 
jourd'hui, est  celui  qu'on  voit  h  Cantorbery. 

Tout  porte  à  croire  que  l'étage  inférieur  était  occupé  par 
les  serviteurs ,  et  l'étage  supérieur  par  les  maîtres. 

On  pouvait  voir  encore,  il  y  a  quelques  années ,  k  Sou- 
thwark^  un  exemple  de  L'architecture  domestique  normande. 
Cétait  r  hôtellerie  ou  maison  de  ville  des  prieurs  de  Lewes. 
La  charte  de  douation  de  l'église  de  S'.  -Olave ,  k  Sonthwark , 
octroyée  aux  prieurs  et  au  couvent  de  Lewes ,  fut  confirmée 
par  Guillaume ,  second  comte  de  Warren  et  de  Surrey ,  et  fils 
du  fondateur,  qui  mourut  en  Tf58.  Nonobstant  cette  dona- 
tion ,  il  parait  que  les  prieurs  de  Lewes  louèrent  en  1 170  et' 
1 186  un  logement  à  Londres  ;  et  il  est  permis  d'en  conclure 
que  r  hôtellerie  dont  nous  parlons,  ne  fui  bâtie  que  postérieure- 
ment k  cette  époque.  Les  caractères  généraux  de  la  portion  de 


ixcuiHOH  ifaiioiinfTAi.B  «ir  9oiima9I>ii.        aot 

TMleHerie  qui  existait  encore  il  y  a  quelque  temps ,  ressem- 
Liaient  beancoap  k  cens  qui  lUstingnent  le  maomr  de  Boothby- 
Paynel ,  la  salk  de  Moue  Ji  S*.*Edittond ,  et  rédifioe  qoi  porte 
le  nom  dTeole  de  Pythagore  k  Cambridge, 

En  i8a6 ,  se  voyait  encore  k  Barneck ,  dans  le  Northaii4i- 
tonshire  ,  on  manoir  normand  qni  n  a?ait  point  été  construit 
daos  on  but  guerrier.  Le  principal  trait  de  ce  manoir,  la 
grande  salle,  u*ëtait  point  au  res-de-cbaossée  et  u  avait  pas  de 
Yoûte  au-dessous  d'elle.  Elle  consistait  en  une  nef  on  partie 
centrale ,  et  en  deui  ailes  latérales.  Les  beUes  jointures  des 
murailles  de  cet  édifice  démontraient  que  sa  construction  ne 
remontait  pas  à  une  époque  bien  antérieure  au  milieu  du  XII*. 
siècle. 

A  S^-Edmond  eiiste  m»  édifice  privé  du  style  normand ,  qui 
est  connu  sous  le  nom  de  Salle  de  Moïse.  Il  consiste  en  un 
double  paraltélegramme  surmonté  de  deux  étages;  l'étage  in« 
férieur  ne  repose  pas  sur  des  voûtes.  L'étage  supérieur  du  plus 
grand  parallélogramme  parait  avoir  consbtédans  un  vaste  ap- 
partement ^  qui  composait  probablement  la  grande  salle  du 
manoir.  On  D^a  aucun  moyen  de  distinguer  ^espèce  de  divi- 
sion qui  était  ménagée  dans  Ke  pins  petit  parallélogramme.  Ota 
retrouve  des  vestiges  de  murailles  a^centeSi  qui  font  penser 
que  l'édifice  avait  autrefois  une  étendue  plus  considérable. 

Bootbby-Pbyncl ,  dans  le  Lincolnsbire ,  renferme  un  antre 
manoir  normand ,  bâti  k  pen-prés  sur  le  même  pka  que  celui 
de  S*.-£dra6od.  Oa  y  voit  une  ebambrei  ieu  et  une  cbemi« 
née ,  signe  auquel  on  doit  recénoaitre  que  l'édifice  doat  cette 
cbambre  fait  partie  ,  ne  peut  être  antérieur  Ji  la  seconde 
moitié  du  XH*.  siècle»  Aux  eitrémités,  aussi  bie»  qu'aux  ailes 
du  manoir ,  sont  pratiquées  des  fenêtres;-  et  c'est  là  une  cir- 
constance qui  repousse  l'idée  de  l'adjonction  d'un  autre  bâti- 
ment au  manoir  de  Boolhby-PaynfL 


ftOa  M.   GAIXT*UllttHT« 

A  Ckristchufche,  oo  tronve  lesvestigcs  d'un  édifice  n^twiàmd 
qui  a  aa&si  une  dieinioée. 

'  A  Liaooln  existe  un  autre  édifice  qui  est  cooiiu  soiis  le  nom 
d'Ecuries  de  Jonb  Ganut ,  mais  qui  n'étai^t  rien  autre  chose 
en  réalité  qu'un  local  destiné  aux  réunions  d'une  société.  Sun 
arcbitecture  est  si  ornée  ,  qu'on  place  sa  construction  dans  le 
courant  du  règne  de  Henri  IL  •      ' 

Ces  divers  exemples  tendent  à  prouver  que  ,  vers  le  milieu 
du  XII*.  siècle  )  il  commença  à  s'élever  en  Angleterre  des  ré* 
âdences  privées  qui  n'avaient  aucun  caractère  défensif  ;  et 
qu  il  existait  alors,  indépendamment  des  collèges  ,  des  maisons 
abbatiales  et  des  appartements  habitables  des  couvents  ,  des 
exemples  d'architecture  domestique»  Mais  il  y  avait  déjà  long- 
temps que  les  maisons  d'habitation  avaient  revêtu  des  carac- 
tères appropriés  k  la  qualité  de  leurs  propriétaires ,  et  qu'on 
avait  en  égard  ,  dans  leur  construction  ,  à  ce  qui  pouvait  leur 
Aire  plus  commode  et  augmenter  leurs  jouissances. 

Dans  les  premières  années,  du  règne  de  Henri  II ,  le  même 
style  d'architecture  continua  à  prévaloir  conjointement  avec 
celui  du  i^ne  d'Etienne  ;  mais  il  devint  de  plus  en  plus  orné, 
et  finit  par  se  confondre  avec  le  style  fleuri  que  nous  avons  vu 
r^er  en  Normandie  5o  ans  plus  tôt.  Un  ordre  de  moulures 
plus  diverses  et  plus  finies  vint  entourer  les  arcades  des  nefs  ; 
— -  les  portails  adoptèrent  une  ornementation  de  plus  en  plus 
multipliée 3  •«—  les  chapiteaux  se  décorèrent  de  feuillage  ;  -— 
oo  vit  s'intr,oduire  un  luxe  prodigieux  de  figures  ;  mais  ce  ne 
fat  qu'&vec  beaucoup  de  défiance  et  de  réserve  que  Ton  se 
servit  de  ces  images  grotesques  et  grimaçantes  que  l'architcc- 
lare  normande  répandit  si  libéralement  dans  ses  œuvres.  D'un 
antre  côté ,  le  contact  de  l'architecture  anglo-normande  avec 
l'architecture  romaine,  ne  fut  jamais  aussi  immédiat  que  celai 


\ 


EXCVRSfOir   MOVUMUITAll  Bft  VORMAVBII.  ^mS 

que  0005  r{?ileat  les  détails  des  églises  de  Hormeiidie.  En 
Angleterre ,  on  mit  beaucoup  plus  rasentnt  en  usage  les  co- 
lonnes simples  et  isolées ,  et  rarement  aussi  les  aithitectei 
anglais  copièrent  avec  autant  d'exactitude  i  dans  leschapîtaanK 
de  leurs  oolonoes ,  les  modèles  classiques.  Dans  les  ^lises  nor- 
mandes de  France  y  il  y  a  quelque  chose  de  plus  romain  ;  ks 
églises  anglaises  adoptèrent  des  caractères  plus  ornés  ;  mais 
cette  adoption  n'eut  pas  lieu  ayant  le  règne  de  Henri  II  :  et 
cela  est  si  vrai ,  qu'aucun  édifice  de  style  décoré ,  comme  Im 
parties  normandes  de  F^lise  de  l'abbaye  de  Malmesbiiry ,  ae 
peut  être  admis  à  réclamer  une  date  plus  ancienne.  • 

On  peut  voir  des  exemples  du  style  normand  dn  temps  de 
Henri  II ,  dans  la  porte  de  l'abbaye  de  Bristol  ^  ^— dam  la 
chapelle  à  l'extrémité  occidentale  de  la  cathédrale  de'Durham , 
bâtie  par  révêquePudsey,  de  ii54i  1 197 ^  et  dans  lesportaib 
latéraux  de  sa  nef;  —  dans  la  nouvelle  nef  et  dans  le  grand 
portail  occidental  de  la  cathédrale  de  Rochester ,  etc. 

Ce  fut  dans  les  dernières  années  du  règne  d'Henri  II  qa'eit 
lien,  en  Angleterre  ».  la  lutte  entre  le  style  circulaire  el  k 
style  cil  pointe ,  lutte  d'où  sortit  une  architecture  qui  fut  a^ 
pelée  la  Transition. 

On  leti'ouye  d'anciens  exemples  de  cette  révolution  archi- 
tecturale dans  l'abbaye  de  Rirkstal  et  dana  celle  de  la  Roche , 
dans  le  Yoïk&hire.  Comme  elles  doivent  leur  existence  k  U 
même  cause ,  et  qu'elles  ont  été  bftties  à  pen  près  k  la  mène 
époque,  elles  revfttent  les  mêmes  caractères.  Chacune  d'elles 
abritait  des  moines  de  Gteaux  ;  chacune  d'elles  naquit  de  b 
querelle  qui  divisa  les  Bénédictins  de  la  riche  abbaye  de  S**.- 
Marie  d'York  :  nn  certain  nombte  de  Frères  qni  vonlaicnt 
remplir  leurs  devoirs  d'une  manière  plus  consciencieuse ,  se 
détachèrent  du  reste  des  moines,  et,  sons  la  direction  du 


^6^  1i.  «lUY-KinOHT. 

prieur  Rkliard ,  ils  formèrent  une  congrë|ption  séparée  ,  ré- 
^us  k  nyaliaer  ponr  la  discipline  ayec  le  monastère  de  Ri- 
Taolx,  la  pins  ancienne  maison  reltgiense  de  Tordre  deCitcaux 
-qm  existât  dans  le  nord  de  TAngleterre.  Une  partie  dé  ces 
-moines  rigides  alla  se  créer  un  azile  Ji  Tombrc  de  la  forêt  de 
^Fontaine  ^  l'antre  partie  erra  dans  les  lienx  romantiques  où 
(i^éleva  dans  la  suite  l'abbaye  de  la  Roche.  Henri  de  Lacy 
offrit  k  Alexandre ,  le  frère  du  prieur  Richard ,  de  le  mettre  à 
la  tète  de  la  maison  de  l'ordre  de  Citeanx  qu'il  avait  le  projet 
de  fonder  à  RirkstaL  Les  reclus  de  Fontaine  furent  les  moins 
beoftux  ;  l'abbaye  qu'ils  élerèrent  fut  détruite  de  fond  en 
comble  par  une  soldatesque  effrénée  j  et  ce  ne  fut  qu'en  i2o4 
qu'on  jeta  les  fondements  de  l'église  actuelle.  Le  monastère 
de  Kirkstal ,  au  contraire ,  eut ,  à  son  aurore ,  une  suite  de 
joars  sans  trouble  et  sans  orage.  Il  fut  commencé  en  1 155 ,  et 
l'abbé  Alexandre  Técut  assez  pour  le  voir ,  après  trente  ans  de 
travaux  discontinus,  complètement  achevé.  Il  est  de  ces  inler- 
rnptions  dans  la  construction  d'un  édifice,  que  l'histoire  ne 
prend  pas  la  peine  de  conatater  :  l'abbaye  de  la  Roche  semble 
-en  avoir  souffert  de  cette  nature;  car,  bien  qu'offrant  k 
beaucoup  d'égards  une  analogie  frappante  avec  celle  de  Kirk- 
stal,  elle  parait  cependant  avoir  été  commencée  quelques 
années  plus  tard.  On  dit  que  le  terrain  qu'elle  occupe ,  fut 
donné  par  les  seigneurs  normands  de  Maltby  et  de  Slade- 
Hoolon ,  en  1 147  5  et  une  bulle  du  pape  Urbain  ,  qui  con- 
firme an  monastère  la  possession  de  ses  biens  et  de  ses  privi- 
lèges I  nous  apprend  que  les  bâtiments  du  couvent ,  au  moins, 
étaient  devenus  complets  en  1 186.  Il  est  probable  que  régli»c , 
i  eettt  époque ,  était  tellement  avancée  qu'il  était  possible  d'y 
officier  I  mais  nous  n^avons  aucun  renseignement  précis  à  cet 


Vâhhàje  de  Kîfkstal  est  on  momiiieDt  précieui ,  en  ce 
qu'il  est  érident  qo'elle  fut  bâtie  dans  les  trente  ans  qui  pré- 
cédèrent l'année  t  «85;  mais,  comme  on  pentbien  s'y  attendre, 
la  nouvelle  architecture  n'a  point  encore  l'ascendant,  elle  cide 
à  l'influence  de  l'ancienne.  Les  arcades  de  la  nef  sont  en 
pointe  ;  mais  les  colonnes  sont  massites ,  et  les  fimetres  et  les 
pwtaibontlaformecirculaire.  Quanti  l'église  de  l'abbaye  de 
la  Roche,  bien  qu'elle  appartienne  également  an  style  de  tran- 
sition ,  que  ses  arcades  en  pointe  soient  surmontées  de  ienètres 
drcttlaîres,  et  qu'elle  renferme  des  moulures  normandes  et  des 
chapiteaux  normands,  elle  offre  moins  de  lourdeur  dans  sa 
construction.  Quoi  qu'il  en  soit ,  ces  deux  édifices  démontrent 
qu'à  l'époque  de  leur  fondation  le  nouveau  style  ne  frisait 
que  d'être  reçu  en  Ai^Ieterre. 

Vers  le  même  temps  ,  en  1170 ,  l'archevêque  Roger  se 
servait  du  style  en  pointe  dans  la  nouvelle  crypte  de  l'église 
cathédrale  d'York. 

Les  premiers  exemples  du  style  de  transition  dont  les  dates 
soient  connues  avec  le  plus  de  certitude,  sont  :  — -  la  prtie 
circulaire  de  l'église  des  Templiers  à  Londres ,  qui  fut  consa- 
crée en  1 185 ,  et  le  chœur  de  la  cathédrale  de  Cantorbery,  qui 
fut  rebâtie  après  l'incendie  de  1 176 ,  et  où  Jean  de  Sens ,  ar- 
chitecte français ,  introduisit  les  caractères  du  style  en  pointe. 
Oq  peut  encore  rencontrer  d'autres  exemples  dans  la  grande 
tour  &  l'extrémité  occidentale  de  la  cathédrale  d'Ely ,  bâtie 
par  l'évêque  Ridel ,  qui  mourut  en  1 1895  —-  dans  la  salle  du 
Comté  à  Okeham ,  dans  le  Rntlandshire;  —  dans  l'élise  de 
l'abbaye  de  Glastonbury ,  etc. 

Les  nefs  des  cathédrales  de  Rochester  et  de  Peterborongh  , 
qui  fuient  reconstruites  de  1170  li  ii94)  viennent  prouver 
que  l'ancien  mode  de  bâtir  ne  fut  pas  de  prime  abord  sup- 
planté par  le  nouveau  style. 


2o6  M.    GALLY-RH1GHT. 

£o  même  temps  que  le  style  de  transition-  apparut  le  sys- 
tème des  voûtes  en  pierre.  On  se  servit  d'abord  de  cette  espèce 
de  couverture  pour  les  parties  les  plus  considérables  cks  églises 
nngloises  qui  aV'^ieat  été  jusqu  diors  ordinairement  couvertes 
eu  bois.  En  i  i74<^"^u''™<>ii^^  d'une  voûte  en  pierre  le  nouveau 
cbo&ur  de  la  cathédrale  de  Cantorbery.  Le  moine  Gervais , 
daus  rhistoire  abrégée  qu  il  fait  de  la  restauration  de  ce  chœur, 
note  en  ces  termes  les  diflérences  qui  existaient  entre  l'ancien 
et  le  nouveau  :  «  Dans  Tun  ,  les  voûtes ,  dans  l'enceinte  ex- 
térieure ,  étaient  unies  ;  dans  l'autre ,  elles  étaient  garnies 
d'arceaux  :  dans  le  premier ,  c'était  un  lambris  eu  bois  ;  dans 
le  second ,  une  arcade  composée  de  pierres  d'un  grès  léger.  » 
Il  suit  de  là  qu'avant  la  reconstruction  du  chœur  dont  il  s'agit, 
on  avait  coutume  de  couvrir  d'iine  voûte  unie  les  parties  pea 
considérables  dos  édifices  ;  mais  il  ne  s'ensuit  pas  du  tout  qu'il 
(ût  alors  ordinaire  de  voûter  en  pierre  des  espaces  plus  vastes. 
La  voûte  unie  en  moellon  ,  avec  on  sans  arceaux  ,  avait  été 
adoptée  plus  tôt ,  pour  les  cryptes  ,  les  ailes  latérales  et  les 
chancels.  Quant  à  la  voûte  dont  nous  avons  vu  un  exemple 
daus  la  chapelle  de  la  Tour  Blanche  à  Londres ,  elle  fut ,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit,  introduite  sous  le  rogne  de  Guillaume- 
le-Conquérant.  Giraldus  Cambrensis  rapporte  que  l'évêque 
Alexandre  surmonta  d'une  voûte  en  pierre  la  cathédrale  de 
Lincoln  5  cette  voûte  était  si  pesante  qu  elle  ruina  eu  partie 
les  murs ,  quelques  années  plus  tard  ;  mais  les  termes  dans 
lesquels  s'exprime  Giraldus  sont  si  ambigus ,-  qu'on  ne  sait 
trop  de  quelle  partie  du  monument  il  entend  parler  ;  et  les 
couvertures  en  bois  des  cathédrales  de  Southwell ,  de  Win- 
chester et  de  Pelerborough  ,  nous  donnent  lieu  de  penser  que 
la  voûte  en  pierre  de  la  cathédrale  de  Lincoln  ne  surmontait 
que  les  ailes  latérales.  C'est  lor^  de  la  cooslruction  du  chœur 


SXCVBStOff    MO■l)M«IITALf^  EU   90HMA1IDIB.  007 

dt  la  cathédrale  de  Cantorberj ,  coottriicti^  qui  a'eil  pas  de 
beanooap  postérieure  à  Tapplication  des  voàtes  eo  pierre  aux 
neis  des  plus  grandes  ^lises  de  Normciudie,  que  la  même  es- 
pèce de  couverture  fut  mise  eo  usage  en  Angleterre  ;  d*abord 
la  Toute  eu  pierre  fut  unie ,  puis  par  degré:>  elle  adopta  certains 
modes  d*ornemeatation*  Ce  ne  fut  pas  seulement  dans  les  nou- 
velles églises  qu'elle  vint  prendre  place  ^  on  la  substitua  encore, 
dans  une  foule  de  cas,  aux  couvertures  en  bois  de  nos  an- 
cien ues  cathédrales»  Comme  en  Normandie,  les  contreforts  à 
projection  et  les  contreforts  aériens  suivirent  de  près  les  voûtes 
en  pierre. 

Dans  les  premièresannéesdnr^nedc  Jean  (laoa),  Tévêque 
Gode&oy  de  Lacy  introduisit  en  Angleterre  les  fenêtres  en 
lancette ,  quand  il  s'occupa  de  construire  le  chœur  de  la  ca- 
thédrale de  Winchester» 

Vers  le  même  temps,  Hubert  Waher ,  archevêque  de  Can- 
torbery ,  qui  mourut  en  1307  ,  pratiqua  dans  la  chapelle  qu'il 
bâtit  k  Lambeth,  des  fenêtres  à  triple  laneette. 

Dès  lors  le  style  circulaire  tomba  par  degrés  en  désuétude  : 
toutefois ,  h  l'abbaye  de  Fontaine ,  dont  la  première  pierre 
lut  posée  en  iao4 ,  et  qui  ne  fut  terminée  que  40  ans  après  , 
les  fenêtres  et  les  portes  ont  encore  des  têtes  rondes  ;  nous 
disons  plus ,  c'est  que  dans  l'église  de  Ketton ,  dans  le  Rutlans- 
hire ,  qui  date  de  1252  9  on  retrouve  encore  un  exemple  du 
portail  circulaire. 

C'est  sous  le  règne  de  Henri  III  que  le  style  en  pointé  at' 
teignit  son  plus  haut  degré  de  perfection  ;  et  c'est  alors  aussi 
4]ue  les  caractères  qu'il  revêt  commandent  le  plus  l'admiration. 
On  lui  trouve  un  air  de  mâle  vigueur  et  de  chaste  simplicité , 
qui  loi  permet  de  lutter  avec  avantage  contre  tous  les  styles 
d'architecture  qui  lui  ont  succédé.  Il  se  révèle  avec  éclat  dans 


2o8  M.   GALLY-KiriGHT. 

le  chapitre ,  les  transepts  et  dans  ane  partie  du  choeur  de 
l'abbaye  de  Westminster  j  •—  dans  le  cbœur  de  Tëglise  de  SS- 
Albain  ;  —  dans  la  nef  de  la  cathédrale  de  Lincoln  j  —  dans 
rcxtrémité  occidentale  de  celle  de  Dorham  ;  —  dans  la  nef  de 
la  cathédrale  de  Worcester ,  qui  date  de  1 224 }  '—  dans  la 
nef  et  k  tour  en  pyramide  de  celle  de  Lichfield  j  —  dans  le 
transept  sud  de  celle  d'York ,  et  dans  la  partie  la  plus  ancienne 
du  chœur  de  celle  de  Southwell.  Mais  nulle  part  il  ne  se 
déploie  avec  autant  de  splendeur  que  dans  la  cathédrale  de 
Salisbury ,  qui  fut  commencée  en  1221 ,  et  continuée  sans  ia- 
terruption  jusqu'à  son  entier  achèvement* 

Une  différence  notable  signala  l'établissement  du  style  en 
pointe  en  France  et  en  Normandie.  En  Normandie ,  le  chanccl 
quitta  la  forme  semi-circulaire  pour  revêtir  en  générai  la 
forme  polygonale  ^  en  Angleterre ,  il  prit  en  général  la  forme 
carrée.  Les  chaocels  de  forme  polygonale  sont  aussi  rares  en 
Angleterre,  que  les  chancels  carrés  dans  les  grandes  églises 
de  Normandie  }  et  c'est  à  cette  différence  de  forme  que  les  ca- 
thédrales anglaises  doivent  ces  magnifiques  fenêtres  orientales 
qui  constituent  un  des  caractères  les  plus  brillants  de  l'archi- 
tecture religieuse  d'Angleterre.  Il  est  une  autre  dillérence 
qu'il  est  encore  facile  de  remarquer:  elle  consiste  dans  le 
créneau  qui  forme  ordinairement  le  parapet  des  églises  an- 
glaises, et  qu'on  ne  rencontre  jamais  dans  les  monuments 
religieux  de  France. 

La  période  que  Ton  a  coutume  de  considérer  comme  l'âge 
d'or  du  style  en  pointe  en  Angleterre ,  est  celle  qui  comprend 
les  règnes  de  nos  deux  premiers  Edooards  ;  c'est  l'aurore  de 
Tarchitecture  connue  sous  le  nom  de  Style  décoré.  Durant 
cette  période ,  le  style  en  pointe  adopta  une  ornementation 
modérée  y  sans  perdre  rien  de  son  caractère  mâle  et  fier. 


EXCITRSI09   MOirUMBHTAU   EN   NOKMAITDII.  209 

Certaines  peraooDes  ;  juges  compëteots  en  ces  aortes  de  ma- 
tières ,  cmnpreiineot  aussi  le  r^ne  d'Edouard  III  dans  cette 
période^  mais  la  grande  légèreté  et  les  nombreuses  décorations 
par  lesquelles  Tarcliitecture  se  faisait  remarquer  k  cette  époque , 
n*ont  pu  être  obtenues  qu*au  prix  d'une  diminution  propor- 
tionnée de  force  et  de  solidité. 

Exemples  du  règne  d'Edouard  I*'*  :  *—  Le  transept  nord 
de  la  catbédrale  d'York  ;  —  une  partie  de  la  nef  de  l'abbaye 
de  Westminster  ;  —  la  tour  centrale  de  Téglise  catbédrale  de 
Lincoln  ;  -—  l'abbaye  de  Tintern  5  — -  le  cbœur  de  la  catbé- 
drale d'Exeter  5  —  la  plus  grande  partie  de  celle  de  Wells  , 
dont  la  consécration  eut  lieu  en  laSg;  -*  la  cbapelle  de  la 
Vierge  et  la  tour  pyramidale  de  la  cathédrale  de  Lichfield* 

Exemples  du  règne  d'Edouard  II  :  —  La  nef  de  la  catbé* 
drale  d'York^  qui  fut  commencée  en  1291^  elqui  ne  fut 
achevée  qu  en  i356  ;  —  l'aile  sud  de  la  catbédrale  de 
Gloucester. 

Exemples  du  règne  d'Edouard  III  :  •—  La  tour  ii  lanterne 
octogone  de  la  catbédrale  d'Ely  ;  •— la  cbapelle  de  S^-Etienne» 
dans  celle  de  Westminster  5  -—  le  nouyeau  choeur  de  l'q^Iise 
cathédrale  d'York  ,  qui  fut  commencé  en  i56i  ,  et  ses 
tours  occidentales ,  auxquelles  on  mit  la  première  main  en 
1370;  —  le  cbœur  de  la  catbédrale  de  Gloucester,  qui  ne  fut 
terminé  qu'en  i58i  ;  -—  la  partie  la  plus  ornée  et  le  chapitre 
de  la  catbédrale  de  Soutbwell. 

Peu  après  ravéoemeot  de  Richard  II  au  tr^ne^  un  chan- 
gement se  manifesta  dans  l'architecture  anglaise  j  il  se  passait 
aussi  en  France  quelque  chose  de  semblable  h  une  révolution  ; 
mais  les  nouveaux  caractères  arcbitectoniques  qui  surgirent 
en  Angleterre,  étaient  d'une  tout  autre  nature ,  el  le  contraste 
qu'ils  offraient  avec  les  anciens  était  remarquable.  Le  but 


2IO  M»   CAtLY-KffiOHT. 

auquel  OD  yisatt  principalement,  était  de  prolonger  aatani  qaë 
possible  les  lignes  perpendiculaires  ;  et  bien  que  daus  la  suite 
des  temps,  cette  espèce  de  style  finit  par  présenter  quelque 
chose  de  saccadé ,  les  efiêts  qu'elle  produisit  dans  ses  bea*ix 
jours  ne  laissèrent  pas  que  d'éveiller  Tadmiration  :  on  le  voyait 
prendre  possession  de  Textrémité  tout  entière  d'an  transept  oo 
d'une  nef ,  et  en  se  répétant  dans  les  panneaux  des«murs  et  la 
broderie  des  fenêtres ,  imprimer  a  la  partie  qu'elle  occupait 
ainsi,  un  cachet  de  grandeur  et  de  magnificence.  L'extrémité 
est  de  la  nef  de  la  cathédrale  de  Winchester  est  nu  bel  exemple 
de  ce  style  perpendiculaire. 

Sous  le  règne  de. Henri  YI ,  une  autre  nouveauté  se  fit  jour 
qui  vint  frapper  au  cœur  l'architecture  (Rivale  :  l'arcade 
4' élargit  par  d^rés,  et  à  mesure  qu'elle  devenait  plus  large  , 
elle  perdait  de  «a  beauté  3  elle  finit  par  prendre  une  forme 
obtuse  et  déprimée*  Mous  avons  vu  le  même  changement  se 
révéler  dans  l'architecture  française.  Joignez-y  cette  passion 
d'ornement  qui  grandissait  de  jour  en  jour ,  et  ces  efforts  pour 
rendre  la  construction  de  plus  en  plus  légère,  et  vous  verres 
sortir  de  cette  révolution  graduelle  tous  les  vices  du  styler 
fleuri  qui  amenèrent  la  dégénération  et  enfin  la  disparition 
du  stylé  en  points.  Il  paraît  étrange  que  le  mal  se  soit  mani- 
festé dans  la  chapelle  du  collège  royal  de  Cambridge  ,  et  dans 
celle  de  Henri  VII  k  Westminster  ;  mais  c'est  souvent  dansées 
jours  de  prospérité  que  se  répandent  les  nouvelles  semences  , 
et  une  fois  qu'où  a  touché  les  dernières  limites  du  bon 
goût ,  le  premier  pas  que  l'on  fait  vous  jette  dans  un  système 
tout  contraire. 

Sous  le  règne  d'Henri  YIII ,  le  style  en  pointe  était  devenu 
plus  lourd  et  plus  chargé  :  on  peut  en  voir  un  exemple  dans 
la  cathédrale  de  Bath  qui  fut  commencée  en  i5oo  et  terminée 


EXCURSIOIf    MONUMEUTALB    BU    NORMANDIE.  211 

en  i555.  Le  style  à  celte  époque  avait  perda  tout  soncharnic. 
Dans  le  cours  du  règne  d*£lisabeth  ,  comme  sous  François  1*'. 
en  France ,  Tarchitecture  ogivale  passa  de  mode ,  el  on  en 
revint  aux  priocipesde  Târcbitecture  romaine. 

?foos  nous  sommes  eiforcés  de  démontrer  dans  les  pâiges 
précédentes  .* 

1°.  Que  Texistea^e  prétendue  du  style  en  pointe  en  Nor- 
mandie vers  Tannée  io56 ,  n'est  rien  autre  chose  qu*un  rêve  ; 

3*.  Que  les  Normands,  en  adoptant  le  si  y  le  romain  cor- 
rompu ,  lui  imprimèrent  des  caractères  qui  leur  appartenaient 
en  propre  3 

3*.  Qu'ils  contribuèrent  pour  beaucoup  au  progrès  des  arts 
en  Angleterre  ; 

4^.  Enfin,  que  Farcliitecture  éprouva  les  mêmes  vicissitudes 
en  Angleterre  qu'en  France ,  mais  que  ,  dans  ces  diverses  ré- 
volutions ^  la  France  eut  toujours  la  priorité. 

Nota.  On  voit  combien  de  laits  importants  pour  l'histoire 
de  l'art ,  renferme  l'important  ouvrage  dont  nous  venons  de 
présenter  la  traduction  :  les  judicieux  aperçus  présentés  par 
M.  GâUy-Knight  et  le  grand  intérêt  qu'ils  présentent  m'en- 
gagent à  faire  connaître  l'ouvrage  de  ce  savant  sur  l'archi- 
tecture Normande  de  Sicile.  I^a  traduction  de  cet  ouvrage 
déjà  avancée  paraîtra  dans  le  6*.  volume  du  Bulletin  monu- 
mental^ peut-être  me  déciderai^je  ^  placer  dans  ce  même 
volume  un  coup-d'œil  comparatif  sur  l'état  de  Tarchitectuie 
au  Wi^.  et  au'XIIP.  siècles  dans  les  diilerentes  parties  de 
la  France. 

(Note  de  M,  de  Caumtmt.J 


•V 


»  » 


CONSIDERATIONS  GENERALES 

Sur  la  Statistique  monumentale  du  Bour- 

bonnais , 

Pae  m.  L.  BATISSIBRv 
Membre  de  plusieura  Sociétés  lafantes» 


ÈîKB  celtiqi7b(i).  —  L'ère  celtique  n'a  laissé  sar  notre  sol 
aucun  monument  important  et  bien  anthentiqœ.  Je  n'ai  pa& 
TU  une  seule  pierre  ,  nne  seule  construction  dont  on  puisse 
rapporter  l'origine  aux  époques  qui  ont  précédé  la  domina* 
lion  romaine  dans  les  Gaules ,  si  ce  n'est  peut-être  deui  txh 
mulus  de  très-grandes  dimensions,  aux  environs  de  Monluçon* 
On  regarde  comme  celtique  une  espèce  de  Penlvan  :  plantée 
au  milieu  de  la  plaine ,  près  de  Besson,  cette  pierre  d'ailleurs, 
qui  a  dû  être  apportée  de  fort  loin ,  ne  présente  aucune  forme 
déterminée.  On  a  encore  attribué  aux  Gaulois  la  superposition 
de  plusieurs  blocs  qui  se  voient  aux  environs  du  Mayet-de- 
Montagne ,  au  domaine  de  Courtine»  Ces  blocs ,  connus  dans 
le  pays ,  sous  le  nom  de  Rocs  de  Chalus ,  reposent  sur  une 
montagne  à  base  granitique ,  d'un  grain  friable.  On.  re- 
marque ^  la  surfitce  de  ces  pierres  des  espèces  de  cuvettes  que 
quelques  pei^nnes  pensent  avoir  été  creusées  a  la  main  :  mais 
tout  me  porte  il  tnroire  qu'elles  ne  sont  que  le  résultat  de  Tac- 
Ci)  Vantenr  soit  dans  cet  aperçu  Tordre  de  classification  établi 
par  M.  de  Canmont  »  dans  aon  Canra  d'Antiquités  monumentales. 


STATISTIQUE  MOHVMElfTAI.X  DU  BOVRBOVVAIS.         Il5 

Uon  chimique  de  Fair  et  des  eaux  pluyiales ,  pendant  no  im- 
mense espace  de  temps* 

Tont  le  monde  a  entendu  parler  des  pierres  de  larges  et  de 
Thoul-SairUe-Croùc ,  snr  les  limites  du  Bourbonnais  et  de  la 
Marche;  elles  resteront  loog-temps  encoie  amoncelées  pour 
montrer  aux  antiquaires  k  yenir  ,  jusqu'à  quel  point  peut 
errer  un  archéologue  enthousiaste.  Quand,  au  commencement 
de  ce  siècle ,  M.  Baraillon  annonça  qu'il  venait  de  découvrir, 
dans  des  pays  incultes  et  désert» ,  au  milieu  de  plaines  eou* 
yertes  de  bruyères ,  et  au  sommet  dt  montagnes  dénudées ,  des 
roches  druidiques  gigantesques,  le  monde  saVaot  fut  rempli 
d'admiration  et  d'étonnement  5  car  ce  n'était  pas  seulement  un 
monument  isolé  que  M.  Baraillon  yenait  de  signaler  ^  c'était 
toute  nue  cité  celtique,  ensevelie  sous  des  champs  arides.  Ici , 
était  l'antel  pour  les  sacrifices  ;  là ,  était  la  pierre  sur  laquelle 
trônait  le  chef  gaulois  ;  au  revers  du  coteau ,  ces  blocs  de 
granit ,  qui  jonchaient  le  sol ,  indiquaient  de  nombreuses  sé- 
pultures. Là-bas ,  sur  le  mamelon ,  on  apercevait  quelques 
quartiers  de  roche  ;  M.  Baraillon  y  voyait  un  Cromleck.  Il 
laut  avoir  lu  les  Recherches  sur  tes  peuples  Cam&iovicenses 
de  ce  ^vant ,  et  avoir  ensuite  visité  les  lieux  qu'il  décrit , 
pour  se  faire  une  juste  idée  des  illusions  fantastiques  dans 
lesquelles  il  est  tombé.  En  général  ^  les  celtomanes  nous  ont 
presque  tous  laissé  des  exemples  des  plus  lourdes  divagations; 
aussi  le  ridicule  ne  leur  a-t-il  pas  manqué.  Un  fait  certain  , 
acquis  aujourd'hui  à  la  science ,  c'est  que  les  pierres  celtiques^ 
si  communes  sur  les  bords  de  l'Océan ,  ^ont  fort  rares  daps  les 
contrées  du  Centre  et  du  Midi  de  la  France. 


£&E  GALLO-BOMAiKE.-^Les  monuiuents  élerés'soos  la  do- 
mination romaine  dans  les  Gaules ,  sont  ftrt  rares  en  Bour- 

16 


ai4  <t?il    tA    2«t'ATtSTTQl7B   MOlfVMBNTALB 

bonnais.  Piasitnri  de  nos  villes  les  plus  anciennes,  cependant, 
ont  été  très- fréquentées  par  lescon(juérants  latins  ,  h  en  \%er 
par  les  débris  faonbiciii ,  mais  tous  incomplets  ,  qui  sont 
arrivés  pisqtt*à  ooas.  Bourbon,  Yicby ,  Néris  ont  dû  jouir  ,  k 
cause  de  (enrs  eaui  tbermales,  d'une  certaine  vogue.  Cetle 
dernière  ville  snrtonl  a  Conservé  des  traces ,  bien  effacées  sans 
doute,  de  son  antique  splendeur;  il  est  peu  d*endroits,  en 
France ,  où  Ton  ait  recueilli  plus  de  poteries  de  tonte  espèce  , 
plus  de  figurines  de  terre  cuite  et  de  statuettes  de  bronte,  plus 
de  médailles ,  d'ustensiles  et  de  fragments  de  marbre.  Par 
malheur ,  toutes  ces  précieuses  eoriosités  ont  été  dispersées  ; 
on  a  bien  reconnu,  sur  remplacement  de  Tancienne  cité,  des 
ruines  de  palais,  d'aquéducs  ,  de  temples  el  de  bains;  mais 
c'est  tout.  Près  de  Néris,  on  voit  encore  un  camp  romain, 
dont  les  ctiaussées  sont  parfaitement  conservées.  Vichy  est  fiiou 
moins  riche  que  Méris  en  antiquités  romaines  ;  pourtant  les 
sépulcres  en  pierre  ,  les  briques  à  rebords ,  les  poteries ,  les 
médailles  ,  qu'on  trouve  perdus  sous  les  décombres  ,  amotw 
celés  dan»* les  tertes  de  la  Fille  aux  Juifs  ,  donnent  une  idée 
de  rimportanee  qu'a  eue  cette  cité  pendant  rèregallo-vomaine. 

11  ne  reste  plus  à  Bourbon  aucun  vestige  du  séjour  que  \^i 
Romains  ont  dû  faire  auprès  de  ses  eaux  chaudes.  Mais  tout 
le  monde  sait  qa'on  a  découvert ,  dans  les  siècles  passés ,  dex 
restes  de  monuments  considérables ,  et  surtout  quand  on  a 
creusé  les  iondetnents  de  rétablissement  thermal  actuel. 

Il  y  a  encore  dans  le  Bourbonnais  plusieurs  localités  dont 
r histoire  se  rattache  a  f  occupation  romaine.  C'est  d'abord 
Thiel ,  la  Sitiliaée  la  carte  de  Peutinger ,  et  Chanteile  la 
Vieille ,  la  Cantilia  de  la  même  carte  ;  c'est  eusuite  Cordes, 
dont  pAide  CayliiB ,  Châlel-(ie-Keuvre  et  tout  le  coteau 
oriental  qui  s'éieti4  4ie-là  jfisqu'au  confluent  de  la  Siouie. 
Notre  province,  de  plus,  était  traversée  par  nn  granrl  nombre 


m  aovnovitAis.  ai5 

de  ro'tesy  dont  plusètors  étaient  très*ÎHipoiiaiiloi|  idkt  élsiflnt 
relies  de  Bourges  à  Cltrmont^  h  Aniun  «t.  Lyon.  Dans  une 
(oole  d*endroil9 ,  vont  raocoiUnK  les  resin  ^  chaMs^s  aa- 
tiques ,  elvous  voycs  ^  leurs  sarfaces  de  profoddes  orDièra» , 
rre.osées  par  ka  larges  renés  des  ekars  romaîiis.  Mais  ot 
ir  étaient  pas  aettlemeot  ses  eaos  chaudes  et  soo  beau  ciel  qui 
^ttiraieut.les  conquérants  sur  notre  teraloire;  sa  pesitiea 
géographique  eu  faisait  un  poste  mi  blaire  de  1a  plus  bavte' 
importance;  placés  an  centre  de  leurs  conquêtes ,  k  4|MEli|iie» 
fournies  kIc  uarehe  des  cités  des  Arrernes  ^  Aâ  Eduenael  des 
Berruyers  ,  qui  seciMtaieut  de  temps  etk  temps  ie  )ûug  qu'oa 
faisait  peser  sur  eux  ,  les  pfooofisuis>  pttUTaienI ,  h  la  nouvelle 
de  la  moindre  iusurrectiou ,  diriger  de  Ik  le»  légions  sur  les 
foyei'i»  de  ré^rolle.  Le  pays  éuit  riche ,  k  nttui^  était  belle  , 
lesgéucraux  romains  ^  oubliaient  «o  pe»  dans  aos  villes  les  . 
délices  de  leur  patrie  absente. 

Èai  ROMAira.  -^  La  situation  centrale  de  notre  territoire , 
et  la  formation  de  la  province  aux  dépens  des  .pays  circonvoi* 
sins ,  n  unt  pas  doooé  h  la  langue  populaire  seuleoient  des  ca- 
ractères si  variés^;  elWft  ont  été  aussi  la  cause  de  la  diversité 
des  ktyles  architectonicpies  qui  soot  particuliers  à  n«5.édifîces 
de  la  période  romane»  Toutefois ,  celte  obsestxatioa  ne  peut 
{Ktrter  sur  des  moauments  antérieurs  au  X'»  siècle  ^  il  en  reste 
â  peine  deux  ou  trois  que  ïou  puisse  faire  raisonnablenîent 
remonter  h  cette  époque; 

Lies  églises  du  XI*^  siècle  ,  a«  contraire ,  sont  fort  com- 
munes ,  ainsi  que  celles  du  XII*.  Le»  constriMtions  de  la 
partie  méridionale  du  Bourbonnais  .et  celles  4e  FAuvergne  , 
ont  la  plus  grande  ressemyaoce  entre  elles»  C'est  identique* 
ment  le  même  plan  ;  si  dos  églises  ne  sont  pas  décorées  de 
mosaïque» ,  c'est  q«e  notre  cont|rée  ne  fournit  pas  la  même 


ai6  SVR   LA  STATISTIQVB  MOTOBtEirTAI.B 

variété  de  imtériam  que  F  Auvergne.  Toutefois,  daos.pla- 
iiears  édifices  et ,  en  particnUer ,  k  Saint«Poiirçain ,  les  cla- 
veaux des  arcades  sont  taillés  en  ipiinconoe;  une  autre  parti- 
cularité ,  c'est  que  les  bas-cotés  de  presque  toutes  les  églises , 
sur  les  bords  de  FÂllier ,  sont  voûtés  en  demi-berceau.  et 
4X>ntrebutten(t  ainsi  la  maltresse- nef.  On  voit  la  même  disposi* 
lion  dans  les  belles  églises  d'Auvergne  :  les  voûtes  des  gakries 
qui  xègneot  au-dessus  des  collatéraux  sont  aussi  en  demi- 
bereeaax* 

Att-delà  du  Cber ,  sur  la  froutière  du  Berry,  nous  trouvons 
une  variété  d'églises;  qui  doit  avoir,  i  n'en  pas  douter,  son 
type  dans  le  pays  des  Berruyers.  L^extrémité  orientale  de  ces 
^lises  se  termine  par  deux  étages  de  chapelles ,  qui  sont  au 
nomlHre  de  trois^  les  plus  basses  forment  des  espèces  de  crypte, 
ks  supérieures  sont  ékvées  de  j^usieurs  pieds  au-dessus  de 
Taire  des  nefi. 

Au  centre  du  Bourbonnais ,  les  clocbers  de  plusieurs  églises 
affectent  une  disposition  qui  leur  est  toute  spéciale;  leurs 
ouvertures ,  au  lieu  d'fttrs  centrées  ,  forment  des  angles  rec- 
tiligues;  tek  sont  les  clochers  d'Antry  ,  de  Cbamblet ,  etc. 

On  retrouve  Tinfluence  bourguignonne  à  Yzenre ,  à  Saint- 
Menoux  et  k  Souvigby.  Les  principales  constructions  reli- 
gieuses du  moyen  âge  ,  dans  l'ancien  pays  des  Eduens  , 
prouvent  que  les  arcbitecles  ont  eu  surtout  en  vue  rimitation 
des  belles  portes  romaines  SArroux  et  de  Saint- André  k 
Autun.  Les  piliers  de  tontes  les  voûtes  et  les  galeries  qui 
régnent  an-dessus  des  bas-côtés  des  basiliques  d*  Autun ,  de 
Beaune  ,  de  Paray-le-Monial ,  etc. ,  sont,  en  efïet ,  décorés  de 
pilastres  cannelés  et  de  chapiteaux ,  copiés  tout-à-fatt  de  ceux 
des  portes  dont  je  viens  de  parler.  Ces  pilastres  se  retrouvent 
anssi  dans  l'église,  si  misérablement  ruinée  aujourd'hui ,  de 
la  fameuse  abbaye  des  Bénédictins  de  Cluoy.  Or  Souyigny 


DV  BOt'RBOHHA».  ^^7 

éuit  nii  a€$  monastère»  les  plus  importanU  qui  relevât  de 
Quny  :  on  conçoit  donc  très  bien  que  les  moines  qui  arri- 
vaient de  la  fionrgogne ,  importassent  chez  nous  lelir  système 
architecluraL  On  tronve ,  en  cfict ,.  des  pilastres  cannelés  à 
SouTigny.  Quant  k  l'abside  de  Tëglisc  de  Saint-Menoux  ,  qui 
appartenait  à  noe  abbaye  de  Bénédictines ,  il  n'y  a  que  des 
pilastres.  L'église  des  Bénédictins  de  la  Charité-»ur-Loire  est 
également  bâtie  dans  un  goAt  qui  rappeUc|  l'influence  bour- 
guignonne. On  ne  trouve  nulle  part  ailleurs,  dans  le  centre  et 
da9s  rOuest  de  la  France ,  ce  système  de  pilastres  cannelés(  i) . 
Sans  doute  on  en  voit  dans  quelques  monuments  du  Midi ,  et 

(I)  Je  n'ai  pas  été  moins  frappé  que  M.  Batls^ier,  <lrJ*««P'«î 
des  pilastres  cannelé»  au  Xli*.  sièrlc ,  daos  ceitaine»  ?"«<•»  ^e  la 
FrMice,  tandis  ^ue  dans  d'autres  (  ta  France  occirtenta|e ,  le  nord  ; 
on  n'en  aperçoft  pas  d'ciemplcs.  fai  consignée  ce  «"let quelques 
obscrvations^ans  un  tratai!  inédit  sur  la  géographie  des  strjtt 
arckUectoniques.  Après  atoir  cilé.  dans  ce  Irâvail  J  adn»'"{^»« 
église  de  la  Cbarifé-sur-Loirc.  celles  de  Saulleu .  ^  A«iun  (  catt^e 
dîale  )  ,  de  Tournus ,  de  S*.  Méuoui ,  de  Souvigy  (^Vienne  ),  celle 
de    LaAsîinne  (  S.iis«e  ) .  la  caihédrale  de  Lyon  * ,  et  quelques 
antres  églises  où  l'ai  observé  des  pilastres  Cé*nnilés  ,  je  ""^  *r  * 
étendu  sur  la  cathédrale  de  Langres,  njonumenl  très  re^arquaDie 
du  Xll«.  siècle,  dont  personne  à  ma  connatssance  ne  s  est  encore 
occupé   de   donner   la    description  ,  cl  qui  offre  une  «"J^^ 
quantité  de  pilastres  aussi  nmarquabUs  par  «curs  cbapneaux 
corinthiens  largement  sculptés,  que  par  leurs  canneluics  hardi- 
ment  profilées.  Je  compte  io&ércr  dans  le  bulletin  quelques  notes 
sur  cet  édifice  et  une  csquiMe  de  quelques-uns  de  st-s  P"»*"^\*  " 
est  bon  de  remarquer  que  les  arcs  de  triomphe  antiques  de  Lan- 
gres  .  dont  un  est  encore  debout  (  Voir  le  3*.  Toluroe  de  inMJ 
cours  d'anttqnités  )  ,sont  ornés  de  pilastres  corinthien»  cannelés 
et  je  ne  doute  pas  que  celte  circonstance  n'ait  déterminé  lea  arcni- 
tectes  de  la  cathédrale ,  à  se  servir  de  pilastres  ponr  la  décoration 
de  cet  édifice ,  imitant  en  cela  les  modèles  antiques  qu  ils  a? aient 
sous  les  yeux,  , ,  .    ^.^ 

L'imitation  de  quelques  chapiteaux  a  été  Si  heurense,  queje  sihs 
resté  un  instant  dans  le  doute  sur  Torigine  de  l'un  de  ceux  qui 
ont  été  employés  à  la  décoration  des  contreforts  ou  arcs-boutams 
de  l'abside  :  j'ai  cru  un  moment  qu'il  pourrait  avoir  été  tiré  fie 
l'une  des  portes  antiques  *de  la  ville. 

fTfoU  de  4f.  de  CaumontJ. 

*  A  Végliae  ciitliédml*  de  fit^Jean  de  Lyon\  quel  jwe»  pilat«re«  canne Waew- 
tent  dan«  U  chceur  ,  partie  la  plui  ancienne  de  1  édifice  y  uolamment  dans  les 
c«UatéraBS  «t  )e  cr«i«  daot  quelques  ftrcftdéi  du  ir^rùtm.  , 


at8  SUR    LA    STilTf^TfQVE    MONVMEiVTALE 

en  p;irffcn1ter  à  Vienne)  mais  là  aussi,  ils  sonl  copies  des 
ëditice8  romains.  Nous  ne  eroyoos  pas  qu'on  puisse  vévo(|uer 
en  dinite  ^origine  bourgnignonne  des  pilastres  qui  se  voient 
en  Butirbonuais,  où  il  ta  y  ayait  probablement,  au  moyen  âge, 
aiieuii  monument  romain  de  ce  genre  qu'on  pût  imiter. 

Les  ooustrudioQs ,  élevées  dans  notre  pays  du  X^  au  XIl'« 
siècle  inclusivement ,  offrent  un  mélange  du  style  byzantin  et 
du  style  anglo*normand.  Si  elles  sont  ornées  de  billettes  ,  de 
zigzags,  de  cables,  etc.,  cuvent  aussi  leurs  liises  et  leurs 
chapiteaux  nous  montrent  le  plus  beau  et  le  pla.s  pur  travail , 
exécuté  dans  le  goût  gréco- romain  ,  soit  dans  les  figures,  soit 
dans  des  entre-lacs  d'une  grande  élégance.  Elles  ont  aussi 
pour  ornement  des  raies-de-cœor  ^  des  oves  ,  des  feuillages 
fouillés  avec  un  art  infini  :  en  général ,  les  ouvrages  de 
sculpture  les  plus  parfaits  de  nos  plus  anciens  édifices  datent 
(le  la  ûa  du  XII*.  siècle. 

Êbb  ogivale.  —  L'ogive  a  été  en  usage  en  Bourbonnais  dès 
le  XI*.  siècle  \  elle  a  été  employée  très-souvent  dans  nos 
églises  romanes  concurremment  avec  Tare  en  plein  cintre , 
surtout  pour  soutenir  la  yoûle  an-dessus  de  laquelle  s'élevait 
le  clocher  du  transept ,  la  ,  ou  il  y  avait  une  très-grande 
fss^îsi^  À  supporter.  L'appareil  de  ces  ogives  est  identiquement 
le  même  que  celui  des  cintres  dont  l'arcbivolte  est  déeorée 
d'un  arc  doubleau  ^  et  ce  n'est  que  long- temps  après  qu'elle 
a  été  ornée  de  boudins.  Nous  n'avons  dans  notre  province 
aucune  église  de  la  l)e)le  période  ogivale  àm^  XIII".  et  XIV*. 
siècles  :  il  n'y  a  guère  que  des  chapelles  ou  des  fragments 
d' édifices,  bâtis  dans  le  système  architectural  de  ces  deux 
époques.  Au  XV^.  siècle,  où  la  maison  de  Bourbon  brillait 
d'un  éclat  si  resplendissant ,  on  fit  des  monuments  de  très- 
belles  dimensions  et  du  style  le  plus  riche.  Ces  constructions 


DV  BOVBBOIIirAIS.  ai§ 

ne  U  cMaieut  en  neo,  ni  poor  TéJégaace  des  former ,  ni  pour 
rharmonie  des  proportioBS,  an  ^nûraUes  rnoonments  qu'où 
-va  visiter  dans  le  Kord  et  dans  l'Ouest  de  la  France*  La  Sain 'e 
Chapelle  de  Boarkoa ,  celte  menreillense  église ,  si  ricbe  en 

■ 

sculptures,  en  vitraux  et  en  peintures^  la  nef  cl  les  chapelles 
des  ducs  dans  la  basilique  de  Souvigoy  ,  et  la  cathédrale 
malheareasement  iuacheyée  de  Moulins ,  sont  d'excellriUs 
*%  fpédmens  de  Tarcfaitecture  do  XY'.  siècle ,  dans  le  centre  de 

la  France.  La  Renaissance  a*a  laihsé  chez  nous  aocno  édiUoe 
relijgieux  qui  vaille  la  peine  d'être  cité* 

Architecture  cwile  et  militaire»-^  Le  Bourbonnais  possède 
un  grand  nombre  de  constructions  civiles  et  militaires  :  débris 
de  cloîtres,  châteaux  et  forteresses,  pour  la  plupart  en  ruines, 
bâtis  du  XII*.  au  XVlU*'.  siècle.  Ils  n'o/lrent  aucun  caractère 
qui  les  diflërencie  des  autres  monuments  de  ce  genre ,  qui 
couvrent  encore  le  sol  de  la  France.  Remarquons  seulement 
que  les  congrégations  religieuses  et  les  seigneurs  choisissaient 
également  bien  les  lieux  où  ils  s'établissaient.  Presque  tous 
nos  monastères  sont  assis  dans  de  charmants  vallons  ,  au 
milieu  de  campagnes  fertiles  ;  un  grand  nombre  aussi  portent- 
ils  ,  dans  leurs  noms ,  le  mot  de  J^al^  Les  seigneurs ,  au  con- 
traire ,  recherchaient  pour  y  placer  leur  aire ,  des  montagnes 
ou  des  rochers  inaccessibles;  et  presque  tous  les  châteaux  sont 
connus  par  des  noms  qui  indiquent  cette  situation  ,  comme 
ceux  de  Montaigu  et  de  la  Roche- GiU llebaui ,  par  exemple. 
11  est  très-peu  de  ces  forteresses  féodales  qui  s'élèvent  sur  des 
monticules  factices.  Je  n'ai  jamais  rencontré  de  ces  Châteaux 
à  mottes  du  X*".  au  XI*.  siècle ,  comme  on  en  voit  tant  dans  la 
?(ormandie  et  dans  le  Nord  de  la  France  (i).  On  conçoit 
très-bien  que  dans  les  pays  de  plaines,  on  ait  posé  les  donjons 

(1)  Voir  le  Cours  d'Antiquités  de  M.  de  Caumont ,  tome  V*. 


210  STATISTIQUE  MOVi17»EHTAl.B  DU  DOURBOHNAlS. 

sur  des  manielons  eu  terre  ;  m«iis  en  Bonrhonnaîs  ,  la  chose 
n'clait  pas  tiécessairej  on  rencontrait  trop  d'émineoces  na- 
turelles dans  nos  coteaux  et  dans  nos  montagnes ,  sar  lcs« 
quellcs  on  pouvait  établir  dts  constructions  militaires  domi- 
nant au  loin  le  pays. 

Les  châteaux  de  notre  province  se  composent  presque  tous 
de  plusieurs  enceintes  murales  concentriques ,  flanquées  de 
tours  rondes  ,  demi-cylindriques  ou  carrées.  Une  tour  plus 
haute  s*élève  à  Fintérieur ,  et  sert  de  donjon  ^  et  les  bâtiments 
d'habitation  sont  à  Tabri  derrière  les  remparts.  Les  principales 
lignes  de  châteaux- forts  s'étendent  sur  les  deux  rives  de  F  Allier, 
et  sur  celles  de  la  Sioule.'  On  en  trouve  aussi  une  quantité 
notible  dans  laMonlagne  bourbonnaise. Les  manoirs  du  XVI*. 
cl  du  XVII*.  siècle ,  les  maisons  de  plaisance,  ne  conservant 
que  les  apparences  de  forteresse ,  avec  leurs  fossés  peu  pro- 
fonds ,  leurs  tourelles  aux  toits  coniques,  et  quelquefois  leurs 
galeries  à  mâchicoulis,  ne  sont  pas  rares  dans  nos  campagnes. 
Fendant  la  première  moitié  du  siècle  de  la  Renaissance,  avant 
la  défection  du  Connétable  ,  on  avait  augmenté  et  embelli  le 
palais  de  Moulins;  d'autres  châteaux,  détruits  depuis,  avaient 
été  décorés  aussi  avec  soin.  A  cette  époque  ,  le  château  de 
Meillant,  un  des  monuments  les  plus  riches  et  les  plus  com- 
plets de  la  dernière  période  ogivale ,  fut  construit ,  dit-on  , 
par  le  frère  Jean  Joconde.  L'architecture,  au  XYII*.  siècle, 
n'a  enrichi  notre  pays  que  de  l'église  de  la  Visitation  de 
Moulins  ,  et  du  magnifique  mausolée  du  duc  et  de  la  duchesse 
de   Montmorency.  Le  XVIII® •  siècle  n'a  rien  produit;  et , 
quant  à  notre  époque  ,  absorbée  par  les  travaux  d'uliiilc 
publique  ,  elle  a  été  complètement  impuissante  ;  ses  ouvrages 
d'architecture  n'ont  ni  caractère ,  ni  originalité. 


attwa&aas  MOsiïAiiXïifmif^wi^ 


monumentale  du  Limousin.'^ll  parait  depuis 
quelque  temps  an  oavrage  descriptif  des  monuments  de  Tan- 
cienae  province  du  Limousin.  Ce  recueil  est  parvenu  II  la 
^4*.  livraison,  et  sera  continuée.  Les  planches  nous  ont  paru 
assez  bonnes  ;  le  texte  purement  rédigé  renferme  très-peu  de 
Afeaiis  sur  la  date  des  monuments  figurés.  Parmi  les  planches, 
nous  'en  avons  remarqué  une ,  qui  représente  l'abbaje  de 
Sr.*Maf  tial  de  Limoges,  aujourd'hui  détruite.  L'un  des  dessins 
jdacés  sur  cette  planche  est  censé  représenter  Tabbaye  telle 
qn«He  a  existé  du  temps  de  Louis-le- Débonnaire  ;  mais  il  est 
évident  que  si  la  partie  basse  du  clocher  peut  être  attribuée  à 
eelte  époque  ,  le  reste  de  l'édifice  n'était  pas  aussi  ancien  , 
car  on  y  voit  des  fenêtres  ogivales  h  plusieurs  compartiments. 
En  général ,  on  peut  désirer  que  l'auteur  de  cet  ouvrage 
utile  et  important,  dont  on  ne  saurait  trop  encourager  les 
^rts  ,  discute  un  peu  plus  longuement  dans  3on  texte  les 
questions  d'art  et  d'époque  relatives  aux  monuments  figurés. 

> 

Monuments  de  t Histoire  de  sainte  Elisabeth  de  Hongrie, 
•^-^us  ce  titre,  M.  A.  Boblet  a  résolu  de  publier  une  collection 
de  gravures  tant  au  trait  que  terminées  ,  qui  reproduiront 
les  différentes  œuvres  de  peinture  et  de  sculpture  qui  ont  été 
consacrées  1^ la  gloire  de  sainte  Elisabeth,  et  qui  ont  été  recueillies 
^  M.  le  €**•  de  Montalembert. 

Cette  collection  sera  composée  i  la  fois  de  divers  travaux 
qvi  datent  des  vieux  siècles  Catholiques ,  et  li'antres  qui ,  fruit 
delà  nouvelle  école  aHemande ,  serviront  i  montrer  comment 

«7 


9%%  HOOTBXSn  AmCBi0l.0iMQlrBS» 

Ton  peat ,  même  au  sein  de  l'aDarchie  morale  et  intellectoeUe 
de  nos)onrs,  rattacher  l'art  noderûe  i  la  pureté  et  à  la  sainlelé 
de  la  pensée  aucienne.  Le  sujet  de  cette  collecttoo  se  trouyait 
indiqué  ,  de  droit  comme  de  iàit ,  dans  V Histoire  de  sainte 
Eiisaleth, qui  ;k  eu  le  privilège  d'inspirer  h  tontes  ks  épo<{iie9 
le  ciseau  et  le  pinceau  des  artistes  chrétiens.  M.  le  C**.  de 
Mcotaleiubert  a  profité  de  ses  Toyages  peur  recueillir  en  Italie 
et  eu  Allemagne  tout  ce  qu'il  a  pu  découviir  de  plus  important 
parmi  les  monuments  relatifs  à  cette  Sainte. 

On  reproduira  en  premier  lieu  les  tableaux  qui  lui  ont  été 
consacrés  par  les  plus  illustres  représentants  de  l'ancienne 
école  florentine  y  Taddeo  Gaddi  (i35o} ,  le  principal  élève  .^e 
Giotto,  et  dij^^ne  émule  de  son  maître^  Andréa  Orgagna  (i5t9- 
iSSg),  le  plus  grand  des  peintres ,  des  sculpteurs  et  des  archi- 
tectes de  son  temps,  qui  précéda  Michel  Ange  dans  cette  triple 
supériorité  ,  et  qui ,  certes ,  sous  le  point  de  vue  chrétien ,  l'a 
surpassé  de  beaucoup  ;  le  bienheureux  Frère  Aogelico  da 
Fiesole  (1387*1 455) ,  le  plus  accompli  des  artistes  chrétiens; 
enfin  ,  Alessandro  Botticelli  (i487-i5i5),  qui ,  au  milieu  de 
la  dégénération  de  Tart ,  due  à  l'influence  des  Médiçis ,  sut 
rester  fidèle  a  la  poésie  mystique  de  ses  prédéceâscurs. 

Passant  de  l'Italie  k  la  vieille  Allemagne ,  M.  le  O*.  de 
Montalembert  donnera  l'œuvre  d'un  peintre  anonyme  de  la 
pure  et  primitive  école  de  Cologne  (i35o-  i4oo) ,  qui  fut  -poux' 
l'Allemagne  ce  que  l'école  de  Sienne  avait  été  pour  l'Italie  ; 
puis  celle  d*un  peintre  balois  du  XY*.  siècle ,  dont  le  nom  est 
resté  également  inconnu;  celle  de  Lucas  de  Leyde  (i494*>545)y 
qui  termine  le  cycle  des  anciens  peintres  Catholique^i  ^u^delà 
du  Rhin  ;  et  enfin  une  mrniainre  attribuée  a  Honiling  (  1 499- 
1499)  '  ^^  Fiesole  de  la  Flandre ,  et  tirée  du  céiêbre  Bréviaire 
Çrimani  à  Venise.  Up  grand  vitrail  de  la  cathédrale  de  Cot 


lo|oe  moDtfera  saisie  Elisftbetli  iifotwm^  pbcje  dans  Tëglise- 
lypo  dt  répoqne  qu'elle  a  gkôfiée;  le  lM»-relief,  presque 
cootemporain  de  la.Sainte ,  qui  orne  son  tombeau  â  Marbourg; 
ceux  plus  récents  que  Ton  Yoit  slir  ks  autels  de  son  église  j  la 
cbâsse  si  célèbre  où  fnl  lenftnné  son  eorps  sacré  ^  et  la  statué 
qui  a  été  pour  M«  le  C*.  de  Mootalembert  le  premier  indice 
de  r histoire  de  sainte  Elisabeth,  serviront  k  dire  connaitite 
la  marche, parallèle  de  la  aulpture  et  de  la  peinture  des  an- 
ciennes écoles  germaniques» 

A  ces  pi-écienx  débris  d*un  passé  qui  ne  rcTiendra  jamais', 
M.  Boblet  (i)  joindra  des  témoignages  Tiyantsde  la  résurrec- 
tion de  ce  ièu  sacré  de  la  foi  qui  l'animait ,  dans  les  œuTres 
des  artistes  contemporains  de  F  Allemagne.  Frédéric  Orerbeck, 
la  gloire  de  l'art  chrétien  de  nos  jours  et  le  flambeau  de  sou 
avenir,  a  bien  voulu  interrompre  le  cours  des  grands  travaux 
qu  il  poursuit  au  sein  de  la  ville  éternelle  ,  pour  enrichir 
notre  humble  collection  d'un  dessin  qui  représente  un  des 
traits  les  plus  populaires  de  l'histoire  de  notre  Sainte.  On 
verra  ensuite  le  même  sujet  traité  en  bas-relief  par  Schwan- 
thaler ,  qui  occupe  le  premier  rang  dans  la  sculptuie  nouvelle 
d'Allemagne.,  comme  Overbeck  dans  la  peinture.  Muller  de 
Cassel  et  Flatce  du  TyrcJ,  qui  oui  tous  deux  cultivé  sur  le 
sol  d'Iulie  les  excellentiqs  disposition»  de  leur  nature  germai 
nique ,  nous  ont  apporté  leur  tribut. 

La  collection  aura  an  moins  trente  planches  sur  quart- 
colombier  ;  chaque  plauche  aura  une  ou  deux  pages  de  texte 
explicatif,  s. 

Le  prix  de  chaque  livraison ,  contenant  trois  planches ,  sera 
de  5  francs  sur  papier  de  Chine.  

(I)  Quai  des  AugustÎDS  ,57. 


JJimi  iMCrainM  aast-ta  '^enle  <6l  les  mSivatttes  seroDt  f u- 
iUî^QS'de  TÎi^  jmrf  'en  wigt  )<^fi  juiqv'l^  k  fin  de  k  pabln 
«fttioiii.  (EœUnUdu  Prospeeias.J 

'-^niroductàom  k  thùttâpe  de  franee ,  o«  De^er^ipimt 

féffMque^  pratique  ei  monumênUie  de  4a  Gaule  fustfU'k 

'PékêU^ement  de  Ja  Mimarchk.  Cet  ooirrage  de  MM. 

AdiftUe  de  Joafiro; ,  de  l'acadëmie  de  Rome ,  et  Ernest  Breton  , 

iHHrrespoodaiit  dpik  Sooiété  des  Aa<li({aai«es  de  Nonoaiidie , 

est  diyisé  en  a  parties  entièreoient  distinctes  :  c^est  usé 

IwitmiBe  coniplète  de  nqtre^ys  avant  k  V*.  ^ède ,  et  un 

-rmmé  de  Tétat  des  arts  dans  ks  Ganks  pendant  k  même 

fiinode ,  comprenant  ks  Epo^nes  Celtî^e ,  "Grèque ,  Gallo- 

JElowAine  H  .duBasrEmpire.  Toutes  ks  antûjiîités  qui  couvrent 

Je  sol  de  k  France ,  sont  représentées  on  décrites  dans  ce  bel 

ouvrage  que  des  notes  explicatives  mettent  à  k  portée  même 

dos  lecteucs  peu  ^rsés  dans  les  éludes  monumentales  (i). 

-^Ott  vient  de  commencer  h  Neven  une  publication  archéo- 
logique sur  les  monuments  du  Nivernais.  L* ouvrage  parait  par 
livraisons  petitin«folio  avec  des  lithographies;  le  tout  imprimé 
à  Nevers  :  M.  Morelkt ,  piofessenr  de  rhétorique,  est  un  des 
rédacteurs  de  ce  recueil* 

^-f  A  Troyes ,  M.  Amành  continue  k  description  de  son 
intéressaaiB  statistique  monnmèntak  du  département  de 
TAube.  Secondé  par  M.  Colkt,  dont  TétàMissemefit  litbogra*- 
phiqne  est  remarqnaUe  ,  et  par  un  dessinateur  de  tallent , 
U.  Arnanlt  ne  tardera  pas  k  terminer  oa  ouvrage  dont  9  li- 
vraisons ont  déjà  paru  :  le  format  petit  in-folio  a  été  adopté* 

(l)QuaiVolUireiSI. 


mm 


EXTRAIT 

D'un  Rapport  adressé  au  Ministre  de  t Inté- 
rieur ^  sur  l'abbaye  de  Connues; 

Par  m.  p.  UÉRIMÉE  , 
laitMXteor  géoéral  des  mottameots  hisloritfQCS  de  FraDee,  ete. 


L'abluye  de  Coaques,  de  Tordre  de  St*-Benoit,  fnt  fondée  ^ 
diuon ,  yen  La  fin  du  III*.  siècle  dans  une  espèce  de  désert , 
au  milicm  des  plus  âpres  montagnes  du  Rouergue.  Si  Ton' en 
croit  ses  historiens ,  elle  fut  successivement  ruinée  par  les 
Ariens,  puis  par  les  Sarrazins  (75o],  et  rétablie  autant  de  fois , 
d*abord  pa^  Clovis ,  puis  par  Pépin  ,  roi  d'Aquitaine*  Mais  ce 
n'est  pas  l'histoire  de  la  communauté  dont  j'ai  à  m'occuper 
ici ,  je  n'étodte  que  celle  du  monument ,  et  il  parait  bien 
constaté  que  l'édifice  que  nous  voyons  aujourd'hui  fut  cons- 
truit presque  en  entier  an  commencement  du  XI'.  siècle  par 
les  soins  de  l'abbé  Odalric  (  io5o — 1060). 

Le  bourg  de  Conques  ,  presque  inaccessible  pendant  une 
partie  de  l'hiver  en  raison  de  la  difficulté  des  chemins,  s'est 
élevé  autour  et  stu*  l'emplacement  de  l'ancienne  abbaye,  dont 
toutes  les  dépendances  ont  disparu  l'une  après  l'autre  ,  quel- 
ques-unes fort  récemment.  L'église  seule  s'est  conservée  comme 
paroisse  ;  elle  est  située  sur  un  versant  extrêmement  roide  , 
ayant  sa  façade  occidentale  tournée  vers  une  vallée  étroite., 

18 


2a6  SVB    L  ikBBAYE    DE    COIfQVKS* 

mais  profoudc  ,  qui  sépare  dcui  murailles  de  rochers  presque 
verlicales.  On  ne  pouvait  choisir  une  retraite  plus  mélancoli- 
que, ni  plus  couyenable  a  des  âmes  pieuses  qui  voulaient  iufr 
le  monde. 

L'église  de  Conques  paraissant  avoir  servi  de  modèle  à  on 
certain  nombre  de  monuments  dont  j'aurai  bientôt  occasion  de 
vous  entretenir,  son  architecture  mérite  d'ctre  étudiée  comme 
un  type.  En^fTet ,  si  Ton  se  rappelle  les  g^^andes  richesses  de 
cette  abbaye ,  les  vastes  connaissances  et  les  relations  étendues 
de  ses  moines ,  on  peut  penser  que  le  système  qui  présida  k  9» 
construction  fut  comme  l'expression  complète  de  Fart  dans 
une  certaine  époque  et  dans  nne  certaine  province  :  ce  dut 
être  le  dernier  mot  des  architectes  de  la  France  centrale  dans 
la  première  moitié  du  XI*.  siècle. 

Son  plan  figure  une  croix  latine  terminée  à  Test  par  trots 
apsides  semi-circulaires  (i).  Aussi  larges  que  la  nef,  les  trans- 
septs  sont  partagés ,  comme  celle-ci  et  comme  le  chœur ,  en 
trois  divisions  longitudinales  par  des  arcades  surmontées  dé 
vastes  galeries  qui  couvrent  toute  Fétendue  des  bas-côtés. 
Deux  chapelles  s'ouvrent  sur  chacun  des  croisillons  du  tran- 
sept 3  toutes  les  deux  tournées  à  l'est ,  l'une  trèsrgrande  s'ap- 
puyant  au  cbœur ,  l'autre  d'un  diamèti'e  moitié  moindre  k 
l'extrémité  du  croisillon.  Trois  portes  donnent  accès  dans 
l'église  :  la  première  k  l'Occident .  divisée  en  deux  ventaux  ; 
les  autres  percées  dans  le  mur  occidental  des  transepts  et  fort 
rapprocbées  de  la  nef.  A  l'intersection  des  transepts  s'élève 
une  coupole  sous  une  tour  octogone }  deux  autres  tours  carrées 
flanquent  la  façade  occidentale. 

(1)  Cette  expression  n*est  pas  exacte  pour  l'apside  oentrale 
dont  la  CAiirbe  décrit  presqtie  les  deux  tiers  d'un  cercle;  elle  a  U 
forme  d'un  fer  à  cheTal  resserré  à  ses  extrémités. 


jfv.  Jr, 


^^va/rûn.^ 


^'^/X.^,-/  yV^Vel    ^Ca 


thenewïohk 
IpBBLIC  LIBRARY] 


TWKN  fOUWPATtOWt. 


sua   I.*ABBAYB   DB   COHQUBS.  IS^ 

Eo  plan ,  les  piliers  de  la  nef  représentent  des  carrés  flan*» 
qoés  alteroatiyemeot  sur  tontes  leurs  ftees ,  les  uns  par  des 
colonnes ,  les  antres  par  des  pilastres.  Cenx  des  transepts  et 
de  la  partie  occidentale  dn  chœnr  n'ont  qne  des  colonnes  ^ 
et ,  suivant  une  pratique  assez  générale ,  tout  Théinicycle  du 
cbœur  repose  sur  des  colonnes  isolées  (i).  On  obseryera  que 
les  piliers  qui  supportent  la  coupole  au  centre  de  r%liae,8ont 
beaucoup  plus  épais  que  les  autres ,  et  de  plus ,  renforcés,  en 
ce  point  ^  par  le  rapprocbement  des  piliers  de  la  nef  et  dii 
cboèur.  En  efiet ,  la  largeur  des  collatéraux  des  transepts  est 
moindre  que  celle  des  arcades  de  la  nei  et  du  cbœur ,  et  l'ali-^ 
gnement  des  piliers  du  transept  a  déterminé  celui  des  pilieri 
qui  soutiennent  la  coupole.  Telle  est ,  je  crois ,  la  véritable 
raison  de  ce  rapprocbement  des  piliers  au  centre  de  l'église. 
D'abord  j'étais  tenté  de  supposer  à  l'àrcbitecte  l'intention  de 
donner  ainsi  une  plus  grande  résistance  aux  bases  de  la  tour  ; 
mais  après  un  examen  jrfua  attentif  ^  je  n'y  yoisplus  qu'une 
espèce  de  hasard ,  résultat  forcé  de  la  di£G§renoe  de  lai|;eur 
entre  les  collatéraux  de  la  nef  et  ceux  de  la  croisée. 

Nulle  part  dans  l'élise  on  ne  yoit  d'ogiyes ,  et  tontes  les 
arcades, bien  que  très-remarquablement  éleyées,  sont  en  plein- 
cintre.  Dans  la  néf  et  le  cbœur  les  voûtes  sont  eu  berceau  : 

0 

elles  sont  d'arêtes  dans  les  bas-côtés  ^  partout  renforcées  d'arcs- 
doubleaux  très-épais.  Les  voûtes  des  galeries  supérieures  dé- 
crivant un  quart  de  cercle  servent  en  quelque  sorte  d'arc-: 
boutant  aux  voûtes  de  la  grande  nef ,  car  leur  sommet  aboutit 
précisément  à  la  naissance  de  ces  dernières.  Isolée  et  accidentelle 


(I)  Il  faut  faire  une  exception  pour  le  pilier  qui  touche  à  cet 
hémicycle;  il  est  carré  et  flanqué  sur  ses  angles  de  minces  eolon- 
nettes  engaiiées.. 


2taH  SUR    L  ABBAYE    DK   CONQURS. 

pour  aiuM  dire  daos  le  Rooergne,  cette  disposition  va  devenir 
caractéristique  dans  toutes  les  églises .vemaoes  4e  I* Auvergne. 
Je  n*ai  pas  besoin  d*a jouter  que  ces  voûtes  n'ont  subi  aucune 
réparation.  Construites  avec  le  pins  grand  soin  ,  de  scbisles 
fort  dui-s  noyés  dans  un  excellent  béton,  et  épaisses  à  la  clef  de 
plus  de  o*^.  5a  ,  malgré  le  délabrement  de  la  toitore ,  elles 
ltt*ont  paru  avoir  très-peu  souiiert  ju.«qu'à  ce  jour. 

Les  galeries  s*éclaircnt  par  des  fenêtres  percées  dans  les 
murs  latéraux.  Du  côté  de  la  nef  elles  présentent  de  grandes 
arcades  géminées  (i).  Point  de  fenêtres  au-dessous ,  et  les  arcs- 
doubl^ux  de  la  voûte  s*appuient  aux  colonnes  engagées  qui 
séparent  ces  arcades.  Aujourd'hui  les  fenêtres  de  la  galerie 
étant  boucbées,  la  nef  est  un  peu  obscure  ,  car  elle  ne  reçoit 
de  jour  latéralement  que  par  les  fenêtres  basses  et  étroites  des 
collatéraux.  Même  disposition  dans  le  chœur,  mais  elle  se 
modifie  pour  la  partie  semi-circulaire  du  chevet.  La  galerie 
s'abaisse  brusquement  de  moitié  de  sa  hauteur:  au-dessns  il  y  a 
trois  fenêtres  séparées  par  quatre  arcades  ayengles^  répondant 
les  unes  e|  les  autres  aux  arcades  inférieures  du  chevet  et 
à  celles  de  la  galerie  (a). 

Au  lieu  d'une  galerie  pour  réunir  l'étage  supérieur  du  chœur 
à  celui  de  la  nef,  il  n'y  a  au  sud  et  au  nord  des  transepts 

(1)  La  séparation  entre  ces  arcades  est  marc|uée  par  des  piliers 
sur  lesquels  se  prolongent  des  colonnes  partant  de  Taire  de  la 
nef  et  montant  jusqu'aux  retombées  des  arcs  doubleanx.  Ul  on 
entre  les  arcades  inférieures  il  y  â  deé  pilastres,  ils  sont  surmon- 
tés par  des  colonnes  engagées,  dont  la  base  est  à  In  hauteur  du 
plancher  de  la  galerie.  Rien  de  plus  gauche  que  raju>tement  de 
ces  pilastres  avec  les  colonnes  qui  le..«  >uiiiioiiteni. 

(2)  Lm  araades  de  la  galerie  sont  simples  dans  le  chevet  : 
partant  aiiteura  elles  sont  géminées  ,  divisées  par  des  colouaea 
accouplées  sui? ant  une  ligne  perpendicnlaire  à  Taxe  des  galeries. 


SUR   fc* ABBAYE    D«   CORQVC0.  3^9 

qu*uo  passage  étroit ,  uoe  espèce  de  ccN-uiche  louteoue  par  nue 
rangée  de  coosoles  historiées  comme  celles  que  favais  obser- 
vées dans  réglise  de  Figeac.  A  rOccident  de  la  del  oo  trouve 
une  disposition  pareille ,  en  sorte  qu'on  peut  iaire  le  tour  de 
réglise  sans  descendre  k  terre.  Aujourd'hui  Fou  monte  aux 
galeries  par  une  tourelle  placée  i  l'extrémité  du  transept  Sud» 
mais  une  dlAérence  marquée  entre  sou  appareil  et  celui  des 
murs  latéraux  de  Téglise  ,  donne  lieu  de  croire  qu'elle  n'ap- 
partient pas  à  la  construction  primitive, 

A  l'trntrée  de  la  nef,  bien  qu'un  peu  défiguré  par  des  disposa* 
tionsmoderneSyOn  reconnaît  facilement  un  narthex  intérieur.  Au 
niveau  du  sol  il  se  divise  en  trois  salles  carrées,  correspondant 
aux  trois  nefs  de  l'église ,  et  recouvertes  de  voâtes  d'arites 
fort  hasaes.  Au-dessus  se  trouvent  trois  autres  salles  on  tri- 
bunes dool  les  voûtes  artivept  à  peu  près  h  la  hauteur  du  aol 
des  galeries;  vient  enfin  le  passage  étroit  dont  j'ai  parlé 
qui  établit  la  communication  entre  ces  galeries.  Deux  petites 
tourelles  peu  saillautes  se  projettent  en  eacorbellement  li 
l'angle  du  narthex.  Elle»  contiennent  des  escaliers  en  hélice 
qui  con  toisent  des  galeries  de  la  nef  aux  tribunes  du  narthex 
et  aux  étages  supérieurs  des  tours  occidentales*  En  guiae  de 
console  ,  elle»  reposeut  sur  une  colonne  byzantine  ,  appuyée 
elle-même  sur   un  pilastre ,  qui  soutient ,  ou  plutôt  parait 
soutenir   ces  tourelles.  St  je   ne  me  trompe,   ces  tourelles 
se  prolongeaient  autrefois  jusqu'à   Faire  des    collatéraux  et 
leurs  escaliers  conduisaieiH  aux  salles  supérieures  du  narthex 
ainsi  qu'auxgaleries  de  la  nef. 

.  La  tour  centrale  a  deux  rangs  de  fenêtres  l'un  au-dessus  de 
l'autre  ;  mais  le  dernier  rang  ,  aussi  bien  que  la  coupole  et  la 
flèche  qui  la  surmonte ,  sont  des  additions  du  XI V^  siècle 
Voilà  ,  avec  k  déplaecment  des  escaliers  conduisant  à  la  ga- 


a3o  SVH    l' ABBAYE    DB   CONQUEiT. 

lerie  ,  la  plos  importante  altération  qu'ait  subie  le  plan  pri- 
mitif; car ,  ailleurs ,  si  des  changements  ont  en  lieu ,  ils  ont 
été  exécutés  assez  peu  de  temps  après  la  construction  générale 
pour  ne  pas  la  modifier  d'une  manière  sensible ,  difficiles  en 
outre  k  constater,'  car  ils  appartiennent  au  même  système 
d*architecture. 

J'ai  dit  que  Téglise  de  S**.-Foy  est  sombre.  Deux  fenêtres 
étroites  surmontées  d''un  œil-de-bœuf  et  percées  dans  la  façade 
occidentale  5  autant  pour  les  &çades  Nord  et  Sud  des  tran-^ 
septs;  les  ienètres  de  la  coupole ,  les  trois  fenêtres  du  chevet , 
f  nfin  celles  des  collatéraux  ,  voilà  les  seules  ouvertures  qui 
donnent  du  jour  dans  l'édifice  depuis  que  toutes  celles  de  la 
galerie  ont  été  bouchées*  Leur  suppression  est  fâcheuse,  ce  me 
semble ,  et  contribue  k  entretenir  dans  Féglise  une  humidité 
qvi ,  eti  qnelqtief  points ,  a  occasionné  des  dégradations  dans 
les  murs  latéraux» 

J'observe  autour  du  chevet  une  disposition  tonte  nouvelle 
pour  moi,  mais  dont  f  aurai  bientôt  plus  d'un  exemple  h  citer. 
C'est  une  espèce  de  banc  avec  une  marche  pour  y  monter , 
fanant  le  long  des  murs  ,  entre  les  chapelles  qui  rayonnent 
autour  de  l'hémicycle  du  chœur  (t).  Il  semble  que  ç'aient 
été  autrefois  des  places  privilégiées.  Le  long  de  ce  banc  ou 
de  ce  stylobate  (car  on  peut  lui  donner  ce  nom  en  raison  des 
colonnes  engagées  autour  de$  chapelles  qui  s'y  appuient  ) ,  on 
remarque  un  cordon  d'ornements  très-richement  sculptés  et 
variés  dans  chacune  de  ses  divisions.  On  y  voit  des  oves  d'un 
beau  travail  et  d'un  caractère  presque  antique  5  quant  aux 
autres  moulures  ,  il  n'y  a  qu'un  dessin  qui  en  pourrait  faire 
connaître  la  bizarrerie  et  la  diversité. 

(I)  Ces  chapelles  sont  sensiblement  plus  élefées  qnc  le  chœur. 


SVH    L* ABBAYE    DB   COHQUU.  25 1 

A  reil^iearde  Téglise ,  des  c(,>atrerort$  laides  ,  mais  peu 
saillaats,  renforcent  les  mon  d'ailleurs  très-épais.  Leur  appa- 
reil n'est  point  nnîforme.  Généralement  les  contreforts  sont 
de  pierres  de  taille ,  quelques  uns  pourtant  n*ont  que  leurs 
angles  construits  de  la  sorte  et  rintenralle  est  rempli  par  une* 
espèce  Xopus  mcerittm .  composé  de  gros  fragments  de  schiste 
brut.  Les  mors  sont  bt^is  de  la  mèsie  manière,  sauf  les  fonda- 
tions fermées  de  grosses  pierres  éqoarries  et  rangées  pr 
assises  régulières,  Cà  et  là  ,  on  remarque  par  dessus  le  schiste 
un  parement  de  moellons,  et  c'est  le  cas  pour  les  apsides  et  la 
façade,  occidentale.  J'y  reviendrai  teut-à-rbeure.  La  pierre 
de  taille  est  un  gros  rouge  ou  jaunâtre  ,  on  bien  ,  mais  plus 
rarement  ,  un  calcaire  très-fin.  Cest  cette  dernière  pierre' 
qu'on  a  exclusivement  em{Joyée  pour  roroemenlafion. 

A  l'intérieur  de  Tégltse  cette  ornementation  se  réduit  è  peu 
près  aux  cbapitenux  des  colonnes  (  car  les  pilastre:»  n'ont  que 
desimpies  tailloirs).  *ll  faut  y  ajouter  les  cordons  d'oves  et 
les  autres  moulures  art  stylobate  ,  quelques  bas-reliefs  appli- 
qués sur  les  pendentif  de  la  coupole ,  enfin  deux  grandes 
statues  élevées  sur  des  consofes  le  l«ng  de  la  paroi  Nord  du 
transept  (r). 

Les  chapîteaui  présentent  la  variété  ordinaire  an  style 
byzantin  ,  mais  ïh  ont  entre  eux  un  rapport  général  par  leur 
galbe  qui  se  rapproche  sensiblement  du  profil  corinthien.  On 
en  voh  dliistoriés ,  d'autres  ornés  de  rinceaux  on  de  fe  ni  II  âges 
fantastiques,  quelques-uns  admirablement  sculptés  et  d'un  fini 
merveilleux  ::  mais  le  plus  grand  nombre  ne  montre  que  «les 


(f)  Probablemenl  ajoutées  ters  la  fto  du  XII*.  srècle.  Les  bas- 
reliefs  de  la  coupole  sont  plus  anciens.  Ce  sont  de  grandea  figures 
d^auges  et  de  saints  d*aircurs  d^vn  travail  fort  grosster. 


!l3l  SVB    t' ABBAYE    DE    COVqVES. 

crocheU  courts ,  aigus ,  qui  paraissent  comme  les  rudimeints  à 
peine  ébauchés  de  très-larges  ieuilles.  De  ce  nombre  sont 
presque  tous  les  chapiteaux  du  chœur,  et  je  note  ce  fait  comme 
faisant  exception  &  la  règle  presque  générale  qui  donne  h  cette 
partie  du  temple  la  décoration  la  plus  riche  et  la  plus  élégante. 
Ailleurs  on  observera  avec  surprise  Fabsence  absolue  de  symé- 
trie dans  la  distribution  des  ornements.  Non  seulement  deux 
colonnes  voisines,  même  accouplées,  comme  celles  des  galeries, 
ont  des  chapiteaux  de  types  très-difiërcnts ,  mais  souvent  à 
coté  d'un  chapiteau  très-riche  ou  en  voit  un  autre  presque 
nud ,  h  peine  dégrossi,  et  cependant ,  autant  ou  plus  en  évi- 
dence que  le  premier*  Il  se  peut  que  le  travail  d'ornementa- 
tion exécuté  sur  place  soit  demeuré  imparfait ,  ou  qu^il  ait  été 
terminé  avec  précipitation»  D^ailleurs  j'ai  vainement  cherché 
des  traces  de  peintures  ou  de  dorures  sur  ces  chapiteaux ,  car 
oa  trouve  plus  d'un  exemple  de  cette  manière  de  remplacer  le 
travail  lent  du  sculpteur. 

.  A  l'extérieur,  les  fenêtres  des  apsides  sont  flanquées  d'assez 
jolies  colonnettes  byzantines  ,  et  autour  du  chevet  règne  un 
cordon  de  modillons  fantastiques  parmi  lesquels  se  repro* 
duisent  souvent  les  mêmes  motifs.  Ce  sont  des  têtes  ou  plutôt 
des  bustes  de  chevaux. 

Aujourd'hui  un  seul  toit  couvre  l'église  j  il  y  en  avait  trois 
dans  l'origine ,  comme  on  peut  s'en  convaincre ,  eu  voyant 
sous  la  couverture  actuelle  des  modillons  et  une  corniche  qui 
sûrement  n'étaient  pas  destinés  à  rester  caches.  Le  toit  des 
collatéraux  devait  être  fort  plat  5  peut-être  même  n'étaient-ik 
couverts  que  par  une  terrasse ,  circonstance  remarquable  dans 
un  pays  où  il  tombe  beaucoup  de  neige  5  mais  il  semble 
qu'importée  des  pays  chauds  dans  la  France  ,  l'architecture 
b  yzantine  y  ait  subsisté  quelque  temps  sans  se  modifier  d'après 
la  différence  des  climats. 


\ 


SUR    L* ABBAYE    DE   CONQUES.  ^55 

Il  n'y  a  point  de  crypte  sous  le  chœur  ;  sans  doule  k  cause 
de  la  nature  du  sol  qui  est  un  roc  y'iL  II  a  fallu  même  l'enta* 
mer  pour  niveler  l'aire  de  l'élise. 

J'arrive  k  la  Ëtçade  dont  j'aurais  dû  peut-être  parler  plul6t. 
Ce  qui  frappe  d'abord  ,  c'est  sa  bauteur ,  inusitée  dans  un 
édifice  de  cette  époque.  Un  vaste  tympan  en  plein-cintre  , 
encadré  dans  un  fronton ,   surmonte  la  porte  occidentale.  Au-> 
dessus  deux  fenêtres  longues  et  étroites  avec  une  petite  rose , 
laissant  un  grand  espace  lisse  entre  une  moulure  de  billettes 
à  la  base  des  fenêtres,  et  le  sommet  du  fronton.  L'appareil  qui 
en  cet  endroit  n'est  qu'un  opus  incertum ,  tandis  que  tout  le 
reste  de  la  façade  présente  des  assises  régulières  de  moellons 
taillés  ,  prouve  qu'autrefois  il  existait  là  un  placage  on  une 
décoration  quelconque  que  le  temps  ou  la  main  des  hommes 
a  fait  dispaiaitre.  Le  sommet  des  deux  tours  carrées  qui  flan- 
quaient la  façade  est  détruit  5  maintenant  elles  ne  s'élèvent 
pas  plus  haut  que  lu  toit  de  la  nef;  c'est,  dit-on  ,  par  suite 
d'un  incendie  qui  détruisit  toute  la  toiture  de  Fcglise  que  ces 
tours  ont  perdu  leur  amortissement.  A  leurs  longues  fenêtres 
en  forme  de  meurtrières  ,  je  soupçonne  qu'elles  ont  pu  avoir 
une  destination  militaire. 

De  chaque  côté  des  fenêtres  qui  surmontent  la  porte  occi- 
dentale ,  on  observe  quelques  incrustations  ou  mosaïques  gros- 
sières ,  des  étoiles  rouges  ou  noires  dans  un  cercle  jaune ,  puis 
des  losanges  ou  des  parallélogrammes  obliques  et  disposés  en 
arête  de  poisson.  Ce  genre  de  décoration ,  d'un  usage  facile 
en  ce  pays  ,  011  l'on  trouve  des  matériaux  de  couleurs  très- 
tranchées  parait  ici  comme  jeté  au  hasard.  En  Auvergne',  au 
contra  ire,  nous  le  verrons  reproduit  en  grand  et  avec  une  per- 
sistance systématique. 

Le  tympan  de  la  grande  porte  couvert  de  sculptures  encore 


254  svB  l'abbaye  db  conques. 

assez .bi<^n  conservées,  mérite  une  description  détaillée.  Bien 
que  le  travail  en  soit  barbare  ,  on  distingue  dans  sa  composi- 
tion plus  d'art,  et  je  dirai  plus  de  sentiment,  (ju'on  n'en  atten- 
drait d'une  époque  aussi  grossière.  Enfin  l'on  y  trouve  quelques 
traits  curieux  qui  peignent  les  mœurs  et  les  usages. 

Une  banderole  légèrement  ondulée  entoure  le  tympan  et 
lui  sert  d'archivolte.  Çà  et  ih  ,  des  têtes  et  des  mains  passnnt 
au-dessus  et  au-dessous  de  la  banderole  semblent  la  soutenir 
ou  la  déployer. 

Le  sujet  de  cet  immense  bas-relief  est  celui  qui  se  trouve  le 
plus  fréquemment  reproduit  h  la  même  place  :  le  Jugement 
dernier.  Trois  zones  horizontales  divisent  toute  la  composition 
et  comprennent  chacune  plusieurs  groupes  qui  s'y  rattachent». 

Au  centre  de  la  zone  du  milieu  ,  on  voit  le  Christ  assis  sur 
un  trône  dans  unevesica  piscis;  à  sa  droite  les  élus,  à  sa 
gauche  les  damnés;  mcme  disposition  pour  là  zone  inférieure. 
]}^  anges  portant  la  croix  et  les  instruments  de  la  Passion  , 
d'autres  sonnant  de  la  tiompette,  occupent  le  haut  du  tympan 
ou  la  zone  la  plus  élevée.  Sur  les  traverses  de  la  croix  se  lisent 
les  mots  suivants  à  moitié  eâacés  : 

50L.    LANCEA.    CL  AVI    .    •    .    .    VITAB   •     .    .    C   •    .    STGNV. 

cBvas.  EBiT.  m.  cEio  cvir  .  •  .  •;  sur  le  haut  de  la  croix 
BBX  iuDEOBVM;  daus  le  nimbe  du  Christ:  ivdex*  Enfin  des 
banderoles  au-dessus  de  la  vesica  piscis  pottenl  cette  inscrip- 
tion mutilée  :     .     .     i  patbis  hiei  Fii>BLBS.  .     .  hvc  disce- 

DITE   A   HE   RBPROBATI. 

Le  Christ  drapé  tout-à-fait  à  l'antique  ne  manque  pas  de 
noblesse  3  sa  main  droite  se  lève  pour  bcnir  ,  tandis  que  de  la 
g.7uche  il  repousse  les  damnés.  Dans  cette  figure ,   ki  plus 


/ 


'i'HENEWyoRit] 

ïpnBiic  umAm 


ASTO»,  LENOX  MHg 
TaOEN  fOUNDATlQtn. 


1 


SUB  x' ABBAYE   DS   CONQUIS*  3^5 

jurande  et  la  mieux  travaillée  de  tout  le  tjrmpab  ,  oq  ttoave 
tous  les  carâctèiçs  de  la  sculpture  bysantiuc ,  la  longueur  du 
corps  ,  la  grandeur  exagérée  des  pieds  et  des  mains.,  le^  plis 
raides  et  pressés  des  draperies ,  et  surtout  le  soin  minutieux 
apporté  dans  Texécution  des  plus  petits  détaib.  Toutefois  , 
comparée  avec  d'autres  monuments  de  la  même  époque ,  elle 
paraîtrait  traitée  avec  un  peu  plus  de  largeur  }  on  pourrait 
dire ,  avec  moins  de  recherche  et  de  manière.  La  même  ob- 
serTation  s'applique  au  reste  à  toutes  les  figures  du  bas-relief« 

A  la  droite  du  Christ  et  sur  la  lone  du  milieu  se  groupent 
les  Elus ,  parmi  lesquels  une  sainte  très-rapprochée  du  Christ 
me  paraît  être  sainte  Foy  (Sancta  Fidis),  patronne  de  l'église  3 
puis  St.  Pierre  reconnaissable  à  ses  clefs ,  suivi  d'un  vieillard 
appujé  sur  des  béquilles ,  et  d'une  foule  de  personnages,  dif- 
férents de  sexe  ei  de  profession.  Le  groupe  le  plus  remarqua- 
ble montre  un  abbé  tenant  sa  crosse  d'une  main  ,  et  de 
Tauli'e  conduisant  un  roi ,  qui ,  la  tête  baissée  et  les  genoux  à 
demi  fléchis ,  semble  frappé  d'une  vive  terreur  ;  le  moine  au. 
contraire,  la  tête  levée,  Tair  confiant ,  présente  son  timide 
acolyte  en  homme  qui  a  l'assurance  que  personne  ne  saurait 
être  mal  reçu  en  sa  compagnie.  Rien  de  plus  naïvement  co- 
mique que  ces  deux  figures.  Elles  ne  sont  au  reste  que  l'ex- 
pression d'une  idée  que  les  piètres  commençaient  déji  h  ex-« 
ploiter  en  grand  ,  la  suprématie  de  l'autel  sur  le  Irone. 

Les  personnages  qui  composent  les  différents  groupes  n'oc- 
cupent pas  tout  l'espace  de  la  seconde  zone.  Ils  sont  placés 
sous  deux  espèces  de  frontons,  et  les  intervalles  du  fond  (entre 
les  frontons  et  le  haut  de  la  zone)  sont  remplis  par  des  anges 
de  proportion  plus  petite  et  dans  diilérentes  attitudes  ,  la 
plupart  tenant  des  banderoles  qui  portent  les  noms  de  Vertus 
Théologales  :  fides.  spes.  cabitas.   consTAjfciA.  vMiLVTAji 


3^6  S\m    L*  ABBAYE    DE    CONQUES. 

(ûc)«Siir  la  même  zooe,  mais  de  Taiitre  colé ,  c'est^-dire  \  la 
gauche  du  Christ ,  paraissent  les  daoïuës  sé|)arës  du  Sauveur 
par  des  anges  qui  les  repoussent.  Un  Séraphin  tient  le  livre 
de  vie  qui  se  ferme  au  Jugement  dernier ,  et  pour  plus  de 
clarté  le  livre  porte  Tinscription  suivante  :  hic  sigr attr 
liBBR  VITE.  Les  damnés  ainsi  que  les  diables  mêlés  avec  eut , 
sont  rangés  sur  deux  lignes  Tune  au-dessus  de  l'autre.  En 
preuve  de  l'impartialité  des  fondateurs  de  Fabbaye  ,  trois 
moines  dont  un  abbé  ,  figurent  parmi  les  réprouvés,  pris  tous 
lès  trois  dans  un  filet  que  tient  un  démon.  J'observe  ensuite 
un  groupe  qui  aurdit  pu  inspirer  an  Dante  ,  la  description 
du  supplice  de  l'évèque  Ruggiero ,  c'est  un  diable  rongeant  le 
crâne  d'un  damné. 

Deux  vers  au-dessus  de  cette  zone  expliquent  la  double 
compositioti.  Le  premier  au-dessus  des  bienheureux  :  sancto- 
»VM  CETVS  iiTAT  xpo  ivDicB  LETYS  j  l'autre  du  côté  opposé 
noBUTBS  (sic)  PBBVZR.^f  SIC  svHT  fif  MARIA  R  AFTi.  Le  mot  mànu 
n'est  justifié  que  par  le  filet  dont  je  viens  de  parler. 

La  zone  inférieure  représente  encore  le  contraste  des  sup- 
plices de  l'Enfer  avec  les  joies  du  Paradis.  Deux  frontons  par- 
tagent ce  compartiment.  D'un  côté  les  élus  sous  des  areades 
par  groupes  de  deux  ou  de  trois,  se  dirigent  vers  la  porte  du 
Paradis  toute  garnie  de  ferrures  avec  un  énorme  verrou  et 
une  serrure  de  sûreté  s'il  en  fut.  Sur  le  fond  au-dessus  du 
û'onton  j  on  voit  un  autel  avec  le  calice ,  puis  des  morts 
sortant  de  leurs  tombeaux,  enfin  une  Sainte  attirée  par  une 
main  gigantesque.  C'est  encore  sainte  Foy  à  ce  que  je  suppose. 
Deux  légendes  expliquent  celte  partie  du  bas-relief,  l'une 
tracée  sur  le  cordon  qui  sépare  la  seconde  zone  de  la  troi- 
sième ,  l'autre  sur  les  rampants  du  fronton.  Les  voici  :  sic 

OATVR  ELECTIS  AD  CELI  GAYDIA  CimCTIS-^-GLORIA  »  AX  REQVIES» 


\ 


SVA    i.'AllltAY£    Dft   CONQUES.  ^57 

PEBPETVYS    QUB   hlBS CASTI   PACIFICI  MITES  HETATIS   AMICI 

su:    STAVT  GAVOBnTB»  SCCVHI  HIL  MBTVENTES. 

Au  centre  de  celle  zone  ^  prcciaéineot  sous  les  pieds  du 
Chiiat,  un  ange  «C  un  diable  pèsent  les  âmes  ^  le  diable  a  Taîr 
très-fiipon  et  chercbe  évidemment  k  rendre  sa  part  meilleure. 

Eu  opposition  à  la  porte  du  Paradis  ,  le  sculpteur  a  placé 
celle  de  FEnfer^  c'est  une  gueule  monstrueuse ,  où.  un  diable 
pousse  les  damnés.  Ou  voit  ensuite  sous  on  fronton  correspon- 
dant k  celui  des  élus  ^  un  diable  énorme  ,  c*est  je  crois  Satan 
en  personne  ,  assis  sur  ton  trône  ,  tenant  uu  damné  sous  ses 
pieds  en  guise  de  tabouret.  Il  est  entouré  de  ses  ministres  et 
des  réprouves  qui  expient  leurs  crimes  par  différents  genres 
de  supplices.  Ou  remarque  englouti  par  la  gueule  diabolique 
un  chevalier  tout  armé  ,  précipité  avec  son  cheval  qui  s'abat 
et  le  renverse  la  tète  la  première  ^  puis  un  diable  tenant  une 
harpe  qui  entonne  quelque  chosie  dans  la  bouche  d'un  malheu- 
reux pécheur  (i)}  un  gourmand  reconnaissable  li  un  gros 
ventre ,  obligé  d'avaler  quelques  platâ  de  la  cuisine  infernale^ 
un  homme  et  une  femme ,  deux  amants  coupables  ,  )e  crois  , 
étrangles  de  la  même  corde  et  trouvant ,  comme  il  semble , 
quelque  consolation  ,  ainsi  que  Francesca  et  Faolo  ,  à  souffrir 
le  même  supplice  j  un  avare  pendu ^  sa  bourse  au  col,  pendant 
qu'un  serpent  lui  rouge  les  yeux  5  enfin^  un  damné  à  la  broche, 
entouré  de  démons,  dont  les  uns  olficient  comme  cuisiniers  et 
les  antres  servent  de  chenets. — Tels  sont  les  principaux 
groupes  de  cette  partie  de  la  composition.  Au-dessus  on  lit 
les  vers  suivants  : 

PEHIS  IWIV^CTl  CRVCIATVB  IJT  IGNIUVS  VSTI 
DEMOU AS  ATQ  HEMVWT  PERPETVOQ.  GEMVNT 

(2)  On  a  f  oulu  ,  \e  pense ,  munlrer  le  Mipplire  de»  Jon^çlrurs 
dont  la  bouche  n'a  fait  emcndreque  des  rbauts  profanes. 


258  SUR    l'abbaye    DC    GOKQrBS. 

FVRES  MBNDACBS  FAtSf  CVPIDIQ  RAPACCS 

SIC  SVNT  DAMPHATI  CVHCTI  8IMVL  ET  8CEL£RATr 

Enfin  sor  le  linteaa  de  la  porte  est  tracée  cette  inscription  : 

O  PECCaTORES  TRAWSMTTETI5)  HISI  MORES 
ITOICIVM  DVBVM  YOBIS  SCITOTE  PVTVRTM 

Il  £iQt  noter  une  particnlarité  assez  bizarre  dans  ces  ins- 
criptions. Les  lettres  sont  en  général  sculptées  en  crenx ,  mais 
il  y  eu  a  quclqaes-anes  seulement pe/nfes^  et  de  ces  dernièresy 
la  plupart  sont  efiàcëes.  Par  exemple  ,  à  la  suite  da  dernier 
vers,  il  y  a  nne  vingtaine  de  lettres  que  le  temps  a  rendues 
illisibles.  On  en  doit  inférer  que  l'inscription  a  été  augmentée 
après  coup  5  peut-être,  la  peinture  du  bas-relief  est-elle  fort 
postérieure  à  la  sculpture*  JTaurais  dû  remarquer  plutôt  que 
toutes  les  figures  sont  peintes,  et  quoique  les  couleurs  semblent 
assez  modernes ,  elles  sont  appliquées  sur  unecoucbe  ancienne 
de  même  teinte  et  bien  visible  ebcore  en  quelques  points. 

Si  je  ne  me  trompe  ,  dans  cette  variété  immense  de  person- 
nages accumulés  sur  ce  bas-relief,  il  y  a  plus  d'imagination 
que  n'en  montrent  d'ordinaire  les  compositions  de  cette  époque^ 
et  les  amants  étranglés  de  la  même  corde ,  Tabbé  protecteur 
du  roi ,  le  chanteur  et  le  gourmand  punis  par  oii  ils  ont 
pécbé ,  aunoncent  une  certaine  recherche  d^idées  qn  on  ne 
s'attend  pas  à  rencontrer  dans  les  ouvrages  d'une  époque  de 
barbarie.  Je  remarque  encore ,  malgré  l'incorrection  du 
travail ,  une  tentative  constante  pour  arriver  à  l'expression  , 
tentative  quelquefois  suivie  du  succès. 

L'année  dernière  on  a  pratiqué  une  large  tranchée  le  long 
de  la  muraille  nord  de  la  nef  et  autour  de  l'apside  ,  qui  ,  en- 
terrées à  une  profondeur  notable  ,  souffraient  sensiblement  de 
l'humidité.  Dans  cette  fouille  on  a  découvert  un  grand  nombre 
de  tombeaux  en  pierre  appliqués  contre  les  murs  de  l'église  et 
et  empilés  les  uns  au-dessus  des  autres.   Quelques-uns  de  ces 


SrR    L*ABBAYB.  OE    COIIQUE.S.  alSg 

tombeaux  sont  en  grès,  la  plopart  eo  pierre  calcaire.  Dans 
presque  tous ,  la  place  de  la  tête  est  marqnëe.  On  en  voit 
plusieurs  qui  ont  sur  le  coté  une  espèce  de  porte  mobile  qui 
s'ouvre  au  moyen  de  poignées  de  fer ,  mais  les  couvercles  du 
plus  grand  nombre  sont  scellés  avec  un  mastic  fort  dur.  Les 
plus  grands  de  ces  sarcopbagei  contiennent  un  gril  en  fer  sur 
lequel  le  cadavre  était  étendu.  ÂU)Ourd*bui  beaucoup  de  ces 
tombeaui  renferment  encore  des  ossements  et  même  dca  sque- 
lettes entiers  ,  m£)is  je  n*ai  pas  euteudu  dire  qu^on  y  ait  trouvé 
des  bijoux  ou  des  ustensiles  quelconques.  Il-  y  en  a  fort  peu 
qui  se  distinguent  par  quelque  décoration ,  el  dans  ce  cas 
elle  se  réduit  à  un  soubassement  ou  bien  h  une  nicbeavec  des 
colonnes  et  une  arcature  figurée.  Tel  est  le  tombeau  de  Tabbé 
Bégon  placé  à  Textérieur  de  la  nef  du  côté  sud.  L*inKription 
que  je  vais  rapporter  est  gravée  sur  deux  tablettes  de  marbre 
noir ,  et  les  creux  des  lettres  sont  remplis  de  plomb.  Entre  les 
deux  tablettes  se  trouve  un  bas-relief  de  style  bysantin  sculpté 
dans  un  calcaire  gridâtre,  et  qui  représente  le  Cbrist  ayant  à 
sa  droite  St*.-Foy  ,  à  sa  gauche  un  abbé,  tous  les  deux  cou- 
ronués  par  un  ange. 

HIC  BST  ABB4S  SITV8  ^OLLBBTI  CVBA  GBSS 

DIVIN  A  L^B  PBBrrVB  IT  BT  AllBBA  PIVKA  :  U 

VIR  DHO  GBATVS  C  BST  LAVOANOVS  PEU  SB 

DE  HOMUTB  VBlQO  VOCATVS  CVIA  VIR  VBBBRAITDVS 

HOC  PBRAGBVS  CLAVSTR  WIVAT  IIT  BTBRKVM  RB 

VM   QVOD  VBRSVS  GEM  LAVDAKDO  SVPBRVVIt 
TB5DIT  AD    AVSTBTM 

Il  est  vraisemblable  que  cette  inscription  et  le  tombeau  ne 
sont  pas  fort  postérieurs  au  commencement  du  XII*.  siècle. 

Au  sud  de  l'église  attenant  au  transept ,  on  remarque  un 
arceau  porté  sur  des  colonnes  géminées  lort  basses.  Voilà  tout 
ce  qui  reste  du  cloître  bâti  vers  la  fin  du  XI'*  siècle  par  Tabbé 


24o  SUR    l'aBB4YE   DB   COVQVES. 

Bégon ,  ^et  que  Ton  vient  d'abattre  tout  récemment.  Le  style 
des  colonnes  ne  permet  pas  de  douter  qa'il  ne  (Ût  presque 
contemporain  de  la  construction  de  Fëglise'. 

Je  transcris  les  vers  suivants  qu*on  lit  au-dessus  d* une  porte 
en  ruine  qui  donnait  dans  le  cloître  ,  mais  je  ne  sais  l  quelle 
partie  du  monument  elle  conduisait. 

BAS  BENEDIC  VALVAS  QVI MVHDVM  RBX  BONE  SALVAS 

BT  KOS  DE  PORTIS  SEMVL  *-^  OMNES  EUIPE  MORTIS. 

Enfin  ,  je  citerai  une  dernière  inscription  encore  en  vers 
léonins ,  car  il  parait  que  les  religieux  de  Conques  disaient 
grand  cas  de  la  poésie.  Elle  est  gravée  sur  un  linteau  de 
porte  ayant  la  forme  d'un  fronton  obtus. 

tSTB  MAGISTRORVM  LOCVS  EST  SIMVL  ET  PVERORVM 

MITTVHT  QVAJTDÔ  VOtVWT  fflC  (sic)  RBS  QVAS  PBRDBRE  NOtVlTT 

Je  me  suis  demandé  vainement  quel  pouvait  être  ce  lieu. 
Le  dernier  vers  donnerait  à  penser  qu  il  s'agit  d'un  trésor  ou 
d*un  tronc  pour  les  pauvres  ,  mais  alors  je  ue  sais  que  Ëtire 
des  maîtres  et  des  eniants. 

L'église  de  St'.-Foy  est  du  petit  nombre  de  celles  qui ,  au 
milieu  de  nob  discordes  civiles  ,  ont  conservé  des  vases  et  des 
reliquaires  précieux ,  soit  par  leur  matière ,  soit  par  leur 
origine.  Pendant  la  révolution  on  distribua  entre  les  habitants 
du  bourg  tous  ces  reliquaires,  et  la  tempête  passée  ,  chacun 
s'empressa  de  les  rapporter.  Cet  exemple ,  je  ue  dirai  pas  de 
probité ,  mais  de  respect  pour  ces  nobles  et  curieuses  reliques 
est  malheureusement  bien  rare  en  France ,  et  j'éprouve  un 
vif  plaisir  à  le  rapporter. 

Voici  les  objets  les  plus  remarquables  que  renferme  le  trésor 
de  l'église  : 

i*'.  Le  reliquaire  le  plus  ancien  est  nommé  l'A  de  Charle- 
magne ,  et  si  la  tradition  est  vraie  ,  ce  prince  en  aurait  fait 
don  a  Tablaye  de  Conques^  Son  nom  lui  vient  de  sa  forme 


SV&  k'abbayk  m  conques.  %^t 

qui  &è  rapproche  en  effet  de  celfe  de  la  lettre  A.  Cest  un 
triangle  dont  la  pointe  est  rarmontée  d*ane  bonle  en  cristal. 
Les  côtés  sont  couverts  de  cabochons  et  de  quelques  intaillei 
antiques  parmi  lesquelles  f^i  remarqué  nne  TÎiCtoire  écrivant 
sur  un  bouclier ,  morceau  d'un  très-beau  travail.  Sur  la  base 
du  triangle  s'élèvent  deux  statuettes  eu  bronze  doré  (  ou  peut- 
être  en  vermeil  )•  On  reconnaît  que  cette  base  doublée  d^uue 
lame  de  cuivre.doré  a  été  raccommodée  maladroitement  avec 

des  plaques  qui  ne  proviennent  pas  du  même  reliquaire, 
comme  le  font  croire  quelques  lambeaux  d'inscription  qu'on 
lit  sur  ces  fragments.  La  forme  des  lettres  et  le  nom  de  l'abbé 
Bégou  donnent  lieu  de  croire  que  ces  fragments  reUKmtent  au 
XII*.  siècle.  Peut-être  k  cette  époque  ajouta »i-pn  une  base  à 

Ta  de  Qiarlemagne ,  car  cette  base^  sans  en  excepter  les 
stalueite»!  paraît  moins  antienne' que  les  cotés  du  triangle» 
Quoi  qu'il  en  soit ,  voilà  ce  qu'on  lit  sur  ces  lames  de  enivre 
doré:  svM. noMiirtrtf  qvb  crvx....  puis..*,  abbas  rouMAvrv 

BEGORELIQVIA8  QVSLOCavit...*  .     . 

i"".  Une  statuette  de  St«.<-Foy  en  vermeil ,  baute  d'environ 
1 8  pouceset  d'un  travail  qui  me  paraît  remonter  au  XI*.  iûècle. 
I^  tête  de  la  sainte  ^  fort  disproportionnée  avec  le  corps , 
est  peut-être  une  restauration  relativement  moderne ,  en  tout 
cas  fort  inférieure  au  reste ,  quant  à  rexécuttbn.  Ou  voit 
répandues  à  profusion  sur  toutes  ces  statuettes  des  pierres  pré- 
cieuses y  des  intailles  et  des  camées  antiques ,  quelques-iins 
assez  grands  et  d'un  fort  beau  caractère*  J'ai  surtout  remarqué 
un  camée  représentant  la  tète  d'un  empereur  dont  ks  traité 
m'ont  paru  offrir  de  la  ressemblance  avec  ceux  de  Titus. 
N'étant  nullement  préparé  à  trouver  tant  de  richesses  dans 
un  pareil  désert ,  je  ne  m'étais  pas  pourvu  de  terre  glaise  ni 
de  plâtre  pour  prendre  des  empreintes ,  et  dans  le  catalogue 
des  pierres  antiques,  je  ne  puis  que  citer  mes  souvenirs. 

'9 


24»  sviL  t'àiiÀYC  o«  €oiir<)m. 

3*.  Un  émail  bjaanlin  ^  y^  crab  de  travail  grec  et  fort 
andeu,  VeiAiutiou  en  eH  siq^u^ière»  La  figure  du  laiut  a 
d*abord  Mé  gravée  «n  créai  Mir  «nt  |p]«qiie  de  cuivre  ^  à  peu 
près  ocMDHM  oa  fait  anjoard'hui  pour  «ne  gravure  sur  boii  , 
poil  les  crens  ont  éU  remplis  d'«Q  énail  ooioré  «  en  fia  tonte 
la  plaque  a  été  polie*  Le  cuivre  véservié  antour  des  parties 
énaillées  en  masque  les  couleurs.  Sous  ce  napport,  ee  moioeav 
curiem  ressemble  plutôt  k  une  incnistaliiNi  qu'à  un  éuiail  A 
prcpremeot  parler. 

4P*  Une  plaque  de  porphyre  rouge  carrée ,  eucbassée  dans 
de  Vargeui  niellé.  Cette  pièce  est  curieuse  eu  œ  qu*cUe  porte 
nue  date  et  peut  servir  ainsi  k  l'histoire  de  Tart  du  uieller  A 
ea  )ugeff  par  b  perfection  du  travail ,  il  devait  être  dé^k 
■  très^Avaucé  ameonoaienceiiient  du  Xli*.  siècle.  Sur  la  trauclie 
decexeKquaireyOa  voitgravés  et  niellés  avec  kauooup  de 
soin  et  d'adresse  dii-buU.  petits  bustes  ceprcaentaut  le  Qirist , 
k  ¥îeige^  Sl'^-Foy ,  Sl*-Cécile,  St.4kpraise,  St.-Vincent  et 
les  douie  apôtres.  Voici  rinscciptiou  égaleniefU  niellée  : 

nxtô.  K.  ivui  w^uaYS  nmcav^  ajAuAsraamis 
uriscowa  bt  samcto  fiais  vt  e«iiris  mou  Acurs 

«00  ALTARB  BUfiOHtS  ABaATIS  DaOiG^ViT 
If^  D8  %n  BV  SBPVLGRO  BIVS  MVI.TA8QVg 
ABUS  SaMGTAS  RBUQVIAS  HIC  HBPOSVrr 

Ottoeuserveencore  à  Comptes  quelques  curieuses  tapisseries 
du  &VK  siècle  f  cepréseolaul  la  légende  deSr,-Foy  et  de 
St.«Capraise  {t), 

(t)  M,  te  M! ùlstre  cTe  rintérleur  a  décide  que  rëgTise  de  Conques 
serait^ eofnpMtcnMNii  féj^avée.  Le»4vftffiiix  soRtfUr»gë«  avec  !>««»- 
coup  4*t#leUig«Bae  p^r  m^BoUsonuadey  svcbilectedM  dép4rieiiH!iit 
de  t'Avryron  i  celte  réparatiop  lui  fait  le  plus  gr«ud  hoaaeur. 


^tMxon  finirait  amiittlle  it  fBIS# 


Extrait  du  procè&'Verbal  des  iéanceê  tenues  par 
la  Société  française  pour  la  conservation  et  la 
description  des  monuments  historiques,  dans 
la  ville  de  Tours  ^  Indre-et-Loire  J ,  depuis  le 
^5  jusquaul^gjuin  i838* 


ttANCB  FVBLIQUB  B'OUTBBTCft». 

Prési<k»«e  da  M.  db  Caumobt  »  éireekmr* 

JU  fiéaace  est  onTnerie  le  a5  \mn  t858,  i  ieax  iMBies  et 
demie ,  dans  la  grande  salle  destinée  anx  fêtes  pflUiqnes  , 
hôlel  4e  la  pré&anre,  que  M.  le  comte  d^Entcngnet  ^  f  rëfet 
du  département  d'Indre-et-Loire  9  a  bien  ypuIq  mettm  à  la 
disposition  de  la  compagnie. 

Le  bureau  se  compose  de  M.  de  Caumont  »  dindeur  ; 
M.  Guti'iVi,  iospeeleur  divisionnaire;  M.  Mas^i ^  inspecteur 
conservateur  des  monuments  d'Iadre*et-Loice  ;  M«  Gaugain^ 
trésorier  de  la  société  j  MM.  Riehelet,  du  Mans  et  Cbe^^p^eaux, 
d'Evreux ,  membres  du  conseil  administratif  f  M.  de.  Clin- 
champs  ,  président  de  la  société  a  rcbéologique  d*Avnboelies , 
etc.;  M.  le  O^.de  Monilivauit,  président  de  la  société  acadé- 
nii({ue  de  Tours;  M.  Tabbé  Manceau^  chanoine  honoraire  de^ 
la  métropole  ,  chargé  de  remplir  les  fonctions  de  seofétaire 
général ,  pour  le  tefpps  de  la  sesijion. 


^44  MSSIOff    GÉNÉRALE    ANNUELLE 

Sont  admis   au   nombre  des  membres   de  la  Société ,  et 
i|ivît4$  à^iégc/^  '      ;        ..  , 

MM,  Tâbbé  Du  Fêtrb',  vicaire  général  à  Tours. 

Db  BoisviLLETTE  ,   ingénieur  des  ponts  et  chaussées  h 

Châteaudun, 
/Noël  Champoiseav  ,  membre  de  la  société  académique  de 

Tours. 
Eliè  Dru  ,  membre  de  plusieurs  académies,  à  Partbenay. 
*^      DeBBAUREGARD,  président  de  la  cour  royale  d^Angers. 
Le  Clerc  Guillory>  négociant ,  à  Angers. 
TuRGOT,  receveur  des  contributions  ,  ihid. 
L*abbé  Maupoint  ,  vicaire  de  Notre-Dame  ,  ibid, 
Victor  Pa viB  ,  imprimeAir  ,  iàid* 
A.  Peschbbard  ,  architecte  ,  à  Loches. 
BoucBERiT,  docteur-médecin  .  luembrede  racadéinte  de 

Blois. 
Baymood  PoBNÎN  ,  conservateur  des  archives  d'Indre-et- 
Loire* 
BouRGOUGiroux ,  supérieur  du  grand  séminaire  de  Tours. 
Plailly  ,  curé  de  St.*Pierre-des-Corps ,  k  Touis. 
Seytrb  ,  secrétaire  particulier  de  la  préfecture. 
GiBAUDBT,  docteur-médecin,  membre  de  plusieurs  sociétés 

savantes ,  couronné  par  Tacadémie  des  inscriptions. 
Genty  ,  supérieur  du  petit  séminaire  de  Tours. 
O*.  DB  Trobriant  ,   propriétaire  membre  de  plusieurs 

sociétés  savantes ,  à  Tours* 

Abraham  ,  propriétaire  ,  i^/^. 

On  remarque  dans  la  salle  ,  outre  les  membres  mentionnés 

ci  dessus,  M.  F  abbé  Lot  Un  ^  chanoine  du  Mans  *  M.  Desporteg, 

du  Mans  ^  M.  le  C**.  </e  GtiUon  ,  d'Avranches,  M.  le  M'".  Je 

La  Porte ,  de  Vendôme  ^  M .  Chauveau,  de  Tours  j  M.  Hou^ 


TEffVB    A   TOURS.  %/^5 

deheritâu  Mans,*  M.  l'abbé  Beurmattlt,  du  Maus  i  IVL.  Des- 
nos ,  d'ÂUiiçoa^  M.  Chorin,  curé  de  St»-Vic(tur  (Sartbc)^ 
M.  Boikau  ,  de  Blois. 

Les  places  disfiusées  pour  U  publie  sont  0ccii|)ées  pax 
des  dames  et  divers  habitaoU  de  la  viLle. 

M.  de  Caumoat  lit  un  rapport  détaillé  sur  les  travaux 
de  la  société  y  sa  marche  pr<^ressivc  ,  ses  ressources,  ses 
espérances:  puis  il  iiidi<|;ue  f^iieUes  demandes  de  secours 
ODt  été  adressées  depuis  la  dernière  séance  publique ,  et  quelle 
somnc  Li  société  peut  consacrer  iuimédiateuieat  à  k  conser- 
vation des  moauments  de  la  contrée  où  elle  tient  sa.  réunion 
générale  de  i8S8» 

M.  Noël  Cbampetsean  prend  ensuite  la  parote  et  présente 
dans  une  es<^uisi»e  auiimée  et  lapide  ,  les  principaux  tratts  de 
r histoire  ancienne  de  la  Touraine  :.  cie  discours  est  vivement 
applaudi» 

M»  Bicbelet  coHimHmqitfr,aii^nomdeM.de  Caumont,  ta  tra- 
duction de  divers  ouvrages  publiés  eu  Angleterre ,  concernant 
l'histoire  de  l'art.  Un  des  Itagments  coRuminiqués  est  de  M. 
Gally-Knigbt ,  savaat  antiquaire  Anglais. 

M.   DesiMS  d'AlençoD  donne  des  détails  intéressants  sut* 
les  voies  romaines  qjii  traversent  les- départements  de  FOrn« 
'et  de  la  Sarthe  et  présente  twie carte  indiquant  les.  principafcei 
directions  de  ces  ancieaaes  voies. 

Le  même  membre,  M.  Desnos ,  Ut  une  notic«sur  lecbâtea» 
de  INouans  ea  Saonois. 

«  Lorsque^ dans  le  moyen  âge,  lies  guêtres  eontiotietles  qui 
désolaient  la  France,  avaient  fait  de  la  plaine  du  Saonois 
une  espèce  d'échiquier  militaire  placé  entre  le  Mai  m;  , 
le  Perche  et  la  Normandie ,  oiv  se  vidaient  contiutiellement 


iJIfi  SESSIOV   GKN^HA&B    AlTtlirELLE 

\ei  saiigla»lei  quereller  des  puisMnces  de  f^poque  ,  Rollaas 
i  peu  de  distaïuie  d^  forteresses  alors  importantes  de  Ballon 
et  DaDgeul  deyait  figurer  an  nombre  des  places  (ortes.  Ce 
obftteatt  fl  dû  fttre  dans  le  principe  bâti  au  milieu  d'un 
marais  entretenu  à  cette  ëpoqne  par  T^oulement  abondant  et 
continuel  des  eatx  sortant  deji  sources  de  la  Georgette* 

Le  cbâteau  a  été  reconstruit  sur  les  ruines  d*un  ch&tean 
fort  y  occupé  par  Tnn  des  membres  de  riilustré  femille  des 
Larocbefoucault ,  vers  la  fin  du  XV*.  siècle. 

Kouans ,  comme  beaucoup  d'autres  lieux  de  la  contrée  , 
possède  I  outre  son  trésor  caché  dans  les  épaisses  murailles  du 
cbâteau  ^  ses  fantômes  et  ses  apparitions  nocturnes* 

M.  de  CauiDont  prend  la  parok  peur  faire  connaître  les 
serrioes  que  rendentà  l'arcbéologie^  dans  le  diocèse  de  Beatnraia, 
M.  Barreau,  professeur  au  grand  séminaire  de  BeauTuis  ^  et 
VL.  Beaude ,  prefeaseur  li  Fécole  ecclésiastique  de  Goinconrt , 
près  de  la  même  Ville-,  qui  ont  professé  l'archéologie  mottu* 
jnentalc  dans  ces  deux  établissements.  11  demande  qu'il  aôit 
fait  mention  au  proeès-yerbal  de  là  satisfaction  que  la  société 
éprouve  en  voyant  avec  quel  dévouement  cet  enseîgnenient 
«8t  continué  depuis  trois  ans.  Un  jour  sans  doute  la  société 
pourra  se  réunir  i  Beauvais  et  renàereler  publiquetoenl  les" 
personnes  qui  ont  secondé  ses  rues;  en  attendant,  le  procès^ 
Terbal  fera  mention  de  l'iiitérét  que  la  compagnie  prend  Aux 
intéressants  travaux  de  M.  Barreau  et  à  ceux  de  M.  Beaude. 

* 

M.  l'abbé  Manceau  ,  secrétaire  général ,  met  ensuite  sous 
les  yeux  de  rassemblée  la  description  d'un  dolmert  de  grande 
dincndoo ,  rédigée  par  leé  élèves  de  l'écok  de  Gointourt  (i). 

(I)  fleiii  eHl3^«i  devoir  cHer  ftl  m  UOàls  éés  àutetirt  dé  cette 


THE  NEW  YORK 

IPÏJBLIC  LIBRARyI 


A8T0R,  lENOX  ANS 


TBNVB    A   TOVRS.  tk^J 

La  Société  prend  un  vif  intérêt  a  cette  communication  ,  le 
dessin  hardi  qui  accompagne  la  notice  est  aussi  TœuYre  d^un 
des  élèves  de  M.  Beaude  ;  M.  de  Caumont  annonce  k  ce  sujet 
qu*il  est  dans  Tintention  d'olTrir  h  M.  Beaude  un  ouvrage  qui 
puisse  être  donné  cette  an  née  en  prix  dans  sa  classe  d*  archéologie 
monumentale. 


Séance  ordinaire  du  26  Juin. 
Présidence  de  M.  Cavviit  ,  inspecteur  divisionnaire* 

La  séance  est  ouverte  à  8  heures,  M.  Seytre  remplit  les 
fonctions  de  secrétaire  en  Fabsenoe  de  M.  Manccau.  Plusieurs 
nouveaux  membressont  proclamés  par  M.  le  directeur.  Savoir  : 

M*  Tabbé  Mavdvit,  professeur  au  petit  séminaire  de  Tours. 

M.  Tabbé  Bovcheb  ,        id,  id. 

M.  l'abbé  BovRAssI,        id.  id» 

M.  rabbéGxiiEST,  id,  id. 

H.  Alowzo  PfiAN  ,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes  , 
à  St.-Aiguan  (  Loir-et-Cher  ). 

M.  Cbarlot,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes,  à 
St.-Aigoan  (Loir-et-Cher). 

M.  Jagv  ,  propriétaire ,  I  Tours. 

Le  procès- vei bal  de  la  séance  précédente  est  adopté. 

M.  de  Caumont  communique  un  grand  nombre  de  lettres 

description  ;  ce  sont  MM.  A  de  Ha^vilie ,  If.  Berlin  ,  Gustave 
Chêi*reau,  Â.  nUchel,  H.  Le  Cferc,  ff.  de  GttUlebon ,  E  Cûponet, 
r  de  MûT^ 


^48  SÛÂIfCB   GÉN^RALB   AlfKVKLLE 

et  de  notes  adressées  h  Toccasioa  de  la  séance  générale  annuelle, 
et  rend  compte  de  ce  qu'elles  contiennent. 

On  entend  ensuite  un  rapport  de  M.  le  Baron  deCrazannes, 
inspecteur  divisionnaire  k  Montauban,  sur  les  départements 
de  sa  division. 

M.  de  Bbisvillette  ,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  à 
Gliâteaudun ,  présente  les  magnifiques  dessins  et  les  plans 
très-détaîllés  qu^il  a  pris  de  k  grande  villa  gallo-romaine 
explorée  par  lui  h  Marboué  près  de  Châteaudun  :  l'auteur 
entre  dans  des  détails  aussi  curieux  que  précis  sur  les  décou- 
vertes ,  qui  ont  occasionné  le  grand  travail  dont  il  donne 
communication.  Dans  l'atlas  considérable  soumis  à  la  Société , 
on  trouve  non  seulement  tous  les  plans  géométriques  de 
l'édifice  ^  mais  des  dessins  de  tous  les  fragments  de  sculpture 
et  de  tous  les  objets  mis  k  nud  dans  les  fouilles.  —  La 
Société  reçoit  avec  reconnaissance  la  communication  inté- 
ressante  de  M.  de  Boisvillette  et  lui  vote  des  remercimeots. 

M.  Tabbé  Chorin ,  curé  de  St.-Victeur  (Sarthe)  lit  une 
notice  sur  un  camp  romain  découvert  près  de  Fresnay  , 
et  sur  diverses  médailles  exhumées  dans  le  même  pays. 

M.  Noël  Champoiseau  offre,  de  la  part  de  MM.  Rivaux  et 
Corbiu,  imprimeurs-lithographes,  une  vue  de  la  ville  de  Tours 
auXYII*.  siècle,  priseà  vol  d'oiseau  et  d'une  grande  dimension. 

M.  Champoiseau  entre  k  ce  sujet  dans  des  détails  précis 
sur  rétendue  et  les  circonscriptions  de  la  ville  de  Tours  à 
diverses  époques ,  et  que  la  vue  de  MM.  Corbin  et  Rivaux 
indique  assez,  clairement.  — M*  de  Caumont  prend  la  parole 
pour  remercier  M.  Champoisau  et  MM*  Corbin  et  Rivaux 
d'avoir  exécuté  ayec  tant  de  précision  et  de  netteté  un 
plan  devenu  très-rare  ,  et  dont  l'intérêt  est  incontestable. 
m  II  serait  à  désirer  ,  continue  M.  de  Canmont ,  que  toutes 


m 


tbuve  a  tours.  ^49 

ff  les  anckooes  ^raei  faites  à  vol  d'oiseau ,  et  qui  donnent 
K  exactement  la  physionomie  de  nos  yiUes  à  cette  époque  , 
«  mais  qui  maliteureusement  sont  pour  la  plupart  très-rares, 
<r  fussent  gfrayés  de  nouTean  comme  eelk  de  Tours ,  et  c'est 
«  une  henreose  idée  qui,  nous  Fespéroos,  sera  plus  .tard 
'  9  imitée  dans  d'autres  TÎIfe».  M.  Cliarapoisea«  qui  a 
<r  beaucoup  contribué  À  cette  publication  a  donc  droit  à  nos 
«  féKcttattons  ainsi  que  les  artistes  habiles  qi»i  ont  exécuté 
«  ce  trayait  avec  tant  de  suecès.  » 

M.  Jagu ,  de  Tours ,  présente  un  tableau  cbronok^ico- 
synoptique  de  Fbistoire  de  Touraine ,  rédigé  d'après  la  furme 
okliDaire  des  tableaux  synoptiques  et  renfermant  on  nombre 
considérable  de  dates  et  de  détails  historiques. 

La  Société  entend  ensuite  avec  un  vif  intérêt  la  prélace  de 
l'important  ouvrage  de  M.  le  C^.  de  Trobriant ,  de  Tonrs , 
intitulé  Fqjrage  pittoresque  en  Bretagne*  Ce  moreeaa ,  écrit 
avec  un  véritable  talent,  est  entendu  avec  le  plus  grand  plaisir 
et  sera  relu  en  séance  publique. 

Présidence  de  Mg'*  A.  m  Mohtblahc  ,  archevêque  de  To«r». 

A  sept  heures  du  soir ,  pès  de  5oo  personnes ,  parmr  ies^ 
quelles  on  remarque  un  giand  nombrede  daoïes,  remplnsentia 
salle  des  séances.  Le  Graseil administratif  apprenant  qne  Mg'r 
l'arahevlque  de  Tours  se  trouve  dane la  salle,  arrête  que^ Sa 
Grandeur  sera  invitée  à  présider  la  aéance.  M.  deCaumont , 
direetesr,  fait  part  de  cette  déeision^  à  Mg'«  de  Montblanc,  qtû 
veut  bien  se  rendre  à  l'invitaties  de  la  Société  et  occuper  le 
fauteuil  :  M»  Dulltre  ,  vieaiie -général,  est  invité  à  siéger  au 
bureau» 


aSo  SESSION   GÙrfiRALB   ANNUELLE 

La  séaiM^e  étant  déclarée  ouverte ,  Mff*.  l'arebevÊque  pro* 
nonce  le  discenr»  snivant  : 

«  MBSsnnjBs ,  \t  suis  heareiix  de  présider  cette  intéressante 
réunion ,  et  j'applaudis  d'autant  plus  volontiers  à  vos  nobles 
efibrta,  qne  je  sais  que  le  but  que  b  Société  se  propose  est 
religieux  et  cbrétien.  Je  n'en  puis  douter ,  en  voyant  dans 
66DX  qui  la  co«i|)osent  des  homines^ussi  recommandables  par 
leur  foi  et  leur  piété  ,  que  distingués  par  leur  science  et  leurs 
talents* 

«  Déj& ,  Messieurs ,  la  Société  recueille  les  fruits  de  vos 
uliki  travaux  «  Les  pierres  disperaées  du  sanctuaire  ont  été 
soigneusement  rassemblées ,  de  précieuses  ruines  ont  été  res-* 
pectées  ^  des  monuments ,  dédaignés  auparavant ,  ont  été  ap- 
préciés et  convenablement  réparés,  et  l'antiquité ,  mieux  étu- 
diée et  mieux  comprise ,  a  reconquis  le  rang  et  l'influence 
qu'une  génération  moins  bien  inspirée  que  la  nôtre  lui  avait 
fait  perdre.  Grâce  à  vos  savantes  rechercbes ,  nous  pouvons 
lire  aujourd'hui ,  sur  les  pierres  comme  dans  les  livres  ,  les 
diverses  transformations  que  la  Société  a  subies  ^  suivre  le 
Christianisme  dans  ses  développements  et  ses  glorieuses  con- 
quêtes :  d'abord  comprimé  par  la  persécution  ,  creusant  ses 
temples  dans  les  entrailles  de  la  terre ,  et  cachant  ses  mystères 
dans  les  cryptes  et  les  catacombes^  et  bientôt  deventi  vainqueur, 
élevant  sur  les  ruines  des  temples  païens  ses  vastes  et  snperlies 
basiliques.  Le  mouvement  imprimé  à  notre  époque  a  été  si 
bien  secondé ,  si  bien  dirigé  par  vous ,  Messieurs ,  que  le  goAt 
du  bean  est  aujourd'hui  répandu  dans  toutes  les  cUsaes  ;  k 
peuple  lui^^nème  comprend  et  admire  les  merveilles  de  l'art; 
il  ne  passe  plus  avec  indifiereneedevant  nos  cathédrales ,  il 
se  dit  qu'il  but  qu'il  y  ait  quelque  chose  de  grand  dans  la  re- 


TBWVE    A   TOVHS.  l5t 

ligioii  qui  a  ékté  ces  masses  imposantes ,  et  illes  seine  arec 
«oe  relig'i^ase  admirati<m« 

¥  Coatinnet,  Messieurs,  xùb  importants  travatit  t  la  i^li- 
gton  et  la  patrie  applaudissent  h  votre  sèle ,  et  roùs  mérites 
également  bien  de  Tune  et  de  Paotre. 

«  Cette  belle  prorinoe,  que  tous  venez  visiter,  ne  sera  pas, 
je  Fespère,  stérile  ponr  vous ,  et  vous  trouverez  à  admirer  sur 
cette  serre,  où  César  et  ses  légions ,  et  ensuite  le  thaumaturge 
des  Gaules ,  notre  glorieux  saint  Martin  ,  ont  laissé  des  traces 
si  profo^des^ 

■  Qu*il  me  soit  permis.  Messieurs,  de  féliciter  noirè  ville 
de  Tavantâge  qu'elle  a  de  vous  posséder  ;  f  aime  h  croire  que 
Je  suis  en  cela  Forgane  de  ses  habitants ,  qui  doivent  an  goût 
et  à  la  cqhvre  des  aru ,  la  politesse  exquise  et  Taménité  de 
mœurs  qui  les  caractérise. 

«  J'émettrai ,  eti  finissant ,  ttn  vœu  qui ,  f  en  suis  sûr ,  e&t 
aussi  le  v6tre  i  cVst  de  voir  la  religion  refleurir  en  même 
temps  que  les  arts ,  et  la  foi ,  qm  inspira  h  nos  pères  tant  de 
magnifiques  monuments ,  reprendre  sur  leurs  descendants  sa 
douce  influedce  et  son  bienfaisant  empire»  » 

M*  de  Cauraont,  directeur ,  prend  la  parole  pour  Mneroiar 
M.  Farekevêifue,  au  nom  de  la  compagttie,de  reacoaragettent 
qu'il  veut  bien  donner  k  ses  travaut,  en  venant  la  présider*  Il 
ajoute  que  l'on  a  bien  compris  ks  aentimeots  qui  amment  les 
membres  de  la  Société.  Ib  sont  convaincus  que  Fart  ne  peut 
être  séparé  de  la  religion ,  et  que  Sans  elle  il  n'y  a  pas  de 
science  véritable. 

Dès  son  origine ,  la  Société  a  rédamé  le  çonéours  dli  okrgé 
dont  la  vie  méditative  est  à  &vQfaU#  aux  études  aéeieuSes  et 
approfondies*  Auîonfd'bMi  qile  bous  tonaMs  priviSs  des  cor- 


25a  SESSION. GENERALE    AIlirURLLB 

poratioas  religieuses  auxquelles  on  doit  les  grands  rooniYments 
historiques,  il  faut  que  toute  la  populatiou  éclairée  de  la 
France  ,  alliée  au  clergé,  s'eflorce  de  combler  celte  lacuoe ,  et 
d^achever  les  travaux  des  savants  qui  ont  devancé  notre  gé- 
nération. L'appel  de  la  Société  a  été  entendu,  et  tout  fait  au- 
gurer que  le  XIX'.  siècle  pourra  faire  oublier  les  pertes,  du 
XVIIP. 

M.  Noël  Cbampoiseau  prend  la  parole  y  et  décrit  l'enceinte 
de  la  ville  de  Tours  ,  que  la  Société  a  visitées  ,  ainsi  que  la 
galerie  ,  construite  dans  les  soubassements  des  murailles 
antiques» 

M.  Seytre  lit  an  mémwre  contenant  une  esquisse  des  prin- 
cipales époques  de  l'histoire  de  Tours ,  et  des  aperçus  sur 
les  époques  les  plus  remarquables  de  la  période  qu'il  décrit 
dans  ce  mémoire. 

La  parole  est  &  M.  le  vicomte  de  Trobriant,  qui  commu- 
nique une  brillante  description  du  Mont-Saint-Michel  et  de 
ses  environs ,  en  y  rattachant  l'exposé  des  faits  historiques 
dont  le  pays  a  été  le  théâtre. 

M.  le  docteur  Giraudet  prononce  un  discours  plein  de 
verve  sur  l'état  actuel  de  l'art  en  France  ,  sur  les  ravages 
du  vandalisme^  et  sur  la  nécessité  de  s'opposer,  par  une 
étude  sérieuse  de  l'art ,  aux  d^radatious  et  aux  œuvres  de 
mauvab  goût  qui  désolent  nos  provinces. 

Les  nouveaux  membres  dont  les  noms  suivent  sont  pro« 
clamés  : 

M.  Dbsjodebt  I  de  Tours. 

M.  l'abbé  Mauffrais,  id. 

M.  l'abbé  DoRioif ,  id. 

M.  l'abbé  GviLiABD ,  id. 

M.  Vabhé  Chaavoz  ,  curé  de  Monlloitis. 


TEIIU£    ▲   TOVBS.  355 

M.  Henri  Govinr ,  de  Tours. 
M.  Alfred  Laurevt  ,  id. 
M.  RozB  Cartibe,  id. 

M.   MARfiVBBOir,   id« 

M.  Tabbé  Salmoh  ,  id. 
M.  le  Marquis  de  CEsé,  id. 
M.  DE  Cbrb  fils  ,  id. 


Séance  ordinaire  du  a^  juin. 
Présidence  de  M.  le  O'.db  Mohtlivault. 

La  séance  est  ouverte  à  huit  heures  et  demie. 

Après  avoir  reçu  Thommage  de  divers  ouvrages  de  M.  Ver- 
gnauh-Romagnési ,  la  Société  entend  une  notice  de  M.  Bes- 
nouin  ,  chanoine  honoraire  à  Tours,  sur  les  monuments  his- 
toriques de  la  Tonraine.  L'auteur  cite  plus  de  cent  églises 
qui  datent  du  XI*.,  du  XII*.  et  du  XIII*.  siècle  ;  il  exprime 
le  désir  que  des  fonds  soient  votés  pour  des  réparations 
urgentes. 

M.  Pescherard  signale  à  l'attention  de  la  Société  l'église  de 
Mon  trésor  comme  l'un  des  plus  curieux  monuments  de  la  Re- 
naissance ,  ainsi  que  Téglise  de  la  Selle-Guenaud ,  qui  doit 
remonter  à  une  époque  fort  ancienne.  M.  Manceau  ^e  plaint 
que  des  réparations  mal  entendues  aient  défîguré  cet  édifice. 

M.  Alonzo-Péan  communique  une  notice  sur  les  monuments 
historiques  de  Saint- Aignan. 

M.  Lange,  de  Saumur ,  lit  un  travail  sur  un  monument  sé« 
paierai  découvert  récemment  dans  l'arrondissement  de  San** 
mur  ;  divers  objets  trouvés  dans  ce  monument  prouvent  qu'il 


a54  sBssiojf  ^(néftAiB  AHirvaiLs 

remoote  à  uoe  grande  antiquité*  La  Société  adresse  <ks  renier^ 
ciments  h  M.  Lange. 

M.  de  Clittchainps  présente  un  méiiioirt  sur  le  Moot^Saiut* 
Michel ,  dans  leqnel  il  s'attache  à  décrire  scrapiilesieiiient  les 
différentes  partiels  de  ce  grand  édifice,  à  faire  eoniiaitrc  le«rs 
dates  précises  et  tes  faits  histori<|a0s  qm  s'y  rattackeat* 

M.  Caavin  Ut  un  mémoire  snr  Marmontiers,  dont  M«  Boyer 
du  Mans  est  l'auteur.  Frère  de  l'ancien  organiste  de  cette  oé* 
lèbrc  abbaye ,  M.  Boyer  «st  en  possession  de  divers  documents 
très-curieux ,  qui  répandent  beaucoup  d'intérêt  sur  son  mé- 
moire* 

H.  Cheyreauiyd'Evreux  ,  décrit  des  objets  d*art  q«i  étaient 
dans  l'église  d'Ecouis  et  qui  ornaient  le  tombeau  de  Jean  d<? 
Marigny  ,  archevêque  de  Rouen  (i).  Ces  objets  avaient  été 
achetés  par  un  artisan  qui  les  a  conservés  précieusement  jnscju'a 
sa  mort:  aujourd'hui  sa  Camille  oflfre  de  les  vendre  au  dépar- 
tement deTEure  :  H.  Chevreaux  propose  en  conséquence  k  la 
Société  d'écrire  au  Conseil  général  de  ce  département^  pour 
l'engager  à  acheter  c^  morceaux  curieui^  d'antiquités. 

La  Société  s'empresse  de  s'associer  au  vœu  de  M.  Chevreaux 
et  décide  II  l'unanimité  qu'une  lettre  sera  adressée  au  Conseil 
général  dje  l'Eure. 

La  Société  reçoit  une  notice  de  M.  Johanneau ,  qui  tend 
k  rectifier  quelques  explications  données  par  M.  Massé  , 
architecte ,  sur  des  inscriptions  latines  exbtant  à  la  voûte  de 
Saint- Julien  de  Tours. 

Âpres  un  scrutin  secret,  la  Société  nomme  MM.  Manceau , 

(I)  Ce  sont  une  mitre  et  une  crosse  du  XIV*.  siècle;  objets 
qui  ont  éU  décrits  par  M.  Le  Prévost ,  et  fibres  dans  les 
méMokes  4a  la  Société  des  «ntlqaahrca  ,  d'après  le  dessin  de 
M.  Lani|>ert. 


TfiJfUB  A  TOVRS.  a55 

Koël  Cliainpoiseao,  Sey tre  et  Cueria,  architecte  »  membres  du 
Coïkiieil  d'ftdmiaisirAtion. 


•ftANCK  PVBLIQUK  DU  tl  JOIN. 

Présidence  de  M.  dk  Cavmovt. 

La  sàmee  est  oavene  k  j  henres  en  présence  d*aae  assemUée 
avssi  nombreuse  <{iie  celle  de  la  veille.  MM.  Caavîn,  Bn  Fétre, 
de  Cliochamps  ,  Fabbé  Manceaa ,  Seytre ,  Cbevreaui  et 
Gaagain  «égent  au  bureau  |  le  prooèi*T«rbal  de  la  séance 
précédente  est  adopté.  Sont  proclamés  membres  de  la  Société , 

M«  CAATIB&  Gaillako  ,  d'Amboise. 

M»  Tabbé  ViiKcirT,«e6rétaire  de  Mg'*  rarcberêqnede  Tours» 

M.  Adam  ,  de  Tours* 

M*  l'abbé  Fovgeroux  ,  id. 

H.  Jules  Bacot  de  Romaits  ,  id* 

M*  l'abbé  Savmët  ^  i>ttré  de  Su-Satiirnin ,  id. 

M.  Cbampoiseau  lit,  au  nom  de  M.  Le  Sourd ,  de  Locbes ^ 
un  mémoire  sur  des  bas-reliefs  incrustés  dans  le  transept  de 
l'église  abbatiale  de  Beaulieu* 

M*  &ytre  coumiunitpie ,  au  nom  de  M.  Juks  Bacot  de 
Romans ,  une  notice  sur  une  urne  cinéa»ire  £u  verje  ^  décou- 
verte k  Tours. 

M.  Manceau  lit  un  mémoire  tres-étendn  anr  Tégliise  métro- 
poUtaiae  de  Tours ,  «Uns  lequel  il  indi>(}<Be  soigcieuseonent  les 
dates  des  divei^es  parties  de  l'édifice.  -^Commencé  en  1 1 70^ 
il  ne  fut  terminé  qu^en  i547*  Si  la  cathédrale  de  Tours  ne 
peut  être  rangée  parmi  les  œuvres  les  plus  grandes  de  l'ère 
ogivale ,  au  moiu&  doit-elle  cire  réputée  comme  l'une  des 
plus  élégantes  que  possède  la  France. 


a56  ^^ANGE   GÉNÉBALE    AITHUBLLE 

Oq  entend  ensuite  un  mémoire  de  M.  De  La  Sicotière  , 
d*Aïeaçon  ,  sur  les  monuments  de  Laval  et  des  enviroas.   . 

M.  lecomtedeTrobriant  communique  un  nouveau  frap^ment 
de  son  voyage  pittoresque  en  Bretagne»  Ce  chapitre  qui  con- 
cerne le  château  deClisson,  et  qui  est  écrit  avec  le  même 
talent  que  les  précédents ,  est  entendu  avec  un  vif  intérêt  et 
vivement  applaudi. 

M.  Richelet  présente  un  essai  sur  T histoire  de  k  peiotare 
sur  verre ,  suivi  de  quelques  considérations  sur  les  vitraux 
de  la  métropole  de  Tours. 

M.  Seytre  communique  ,  de  la  part  de  M.  le  baron  Jaleâ 
Bacot  de  Romans ,  une  notice  concernant  une  léproserie  ap*' 
partenant  d'abord  aux  Templiers  ,  transférée  aux  Chevalierd 
de  St.-Jean  de  Jérusalem  ,  et  maintenant  possédée  par  M,*  le 
baron  de  Romans ,  son  père. 


Le  28  juin  ,  la  Société  a  fait  une  excursion  archéologique 
à  Langeais ,  où  elle  a  été  reçue  avec  empressement  par  M.  le 
Maire  et  M.  le  curé  de  la  ville.  Âpres  avoir  examiné  avec  le 
plus  grand  soin  le  magnifique  château  et  la  curieuse  église 
de  Langeais,  un  banquet  auquel  M.  le  Maire  a  bien  voulu 
prendre  part  a  eu  lieu  dans  un  des  principaux  hôtels  de 
Langeais  ;  les  membres  de  la  Société  sont  ensuite  remontés  en 
voiture  et  ont  visité  successivement  la  pile  St.^Mars  (i), 
réglise,  le  château  qui  surmonte  le  coteau  voisin^  l'aquéduc  et 
les  autres  monuments  de  Luynes.  —  Un  compte  sommaire  de 


(1)  Une  diflcossion  s'est  établie  sur  l'flge  de  ce  monument.  M,  de 
Caumont  à  dit  que  ,  selon  lui ,  il  porte  tous  les  caracières  d'une 
construction  des  derniers  temps  de  l'ère  gallo-romaine. 


TEKUB    A   TOVAS»  257 

celte  intéressante  excursion  a  été  renda  par  M.  Cliampoiseau 
dans  la  séance  da  ag.  Les  monuments  explorés  ayant  déjà 
fait  Tobjet  d'un  rapportde  M.  de  Caumont  y  inséré  dans  le  3*. 
volume  du  Bulletin ,  nous  ne  croyons  pas  devoir  en  repro- 
duire de  nouveau  la  description. 


Séance  ordinaire  du  agfuin  i858. 
Présidence  de  M.  db  La  Saussatb  ,  inspectear-4iviâonnaire. 

La  séance  est  ouverte  h  8  heures  et  demie  :  H.  de  Caumont 
proclame  membres  de  la  Société , 

M.  le  comte  de  La  Selle  ,  de  Saumur. 

M.  Fabbé  Yiellecases  ,  directeur  au  grand  séminaire  de 
Tours. 

M.  MiTOK ,  maître  de  pension  à  Tours. 

M.  Lange,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes,  à  Saumur. 

M.  de  La  Saussaye  est  invité  k  présider  la  séance  et  occupe 
le  fauteuil. 

M.  Massé ,  inspecteur  des  monuments  d'Indre-et-Loire ,  lit 
un  rapport  sur  l'état  des  monuments  historiques  de  ce  dépar- 
tement ,  puis  il  met  sous  les  yeux  de  l'assemblée  une  suite  de 
lithographies  et  de  dessins  originaux ,  représentant  les  édifices 
anciens  les  plus  remarquables  de  la  Touraine*  M.  Massé  reçoit 
les  remerciments  de  ses  confrères  et  leurs  félicitations  sur 
l'exactitude  qu'il  a  mise  dans  la  représentation  de  ces  édifices. 

La  parole  est  à  M.  Cauvin,  qui  communique  une  dissertation 
sur  la  bataille  de  Pontvallin. 

M.  de  La  Saussaye  présente  son  rapport  annuel  sur  les 
travaux  de  la  Société,  dans  la  division  qui  lui  est  confiée  ^  et 

20 


k 


358  SISSIOH   CrhfÛtkALU    AVRUELLE. 

termine  en  réclamant  des  secours  pour  le  posage  des  stalles  de 
Lonay  (i),  qui  ont  été  achetées  |Mir  régfite  de  la  Trinité 
de  Vendôme,  et  dont  on  n'a  pu  encore  acquitter  complètement 
le  prix* 

On  entend  tin  mémoire  de  M.  Cbauvean,  eonservatenr  de  la 
bibliothèque  publique  et  secrétaire  de  la  société  académique 
de  Tours  ,  sur  les  manuscrits  existant  dans  la  bibliothèque 
CQufiée  à  ses  soins.  Ce  travail  consciencieux  est  écouté  avec  un 
grand  intérêt*  Il  sera  relu  en  séance  publique  et  imprime 
dans  le  bnlletin* 

M.  Giraudet  présente  diverses  communications  concernant 
des  objets  antiques  qu'il  a  trouvés  à  Vichy  pendant  son  séjour 
en  cette  ville ,  et  dont  la  découverte  lui  a  valu  une  médaille 
de  Tacadémie  des  inscriptions. 

M;  Champoiseau  provoque  une  discussioil  concernait  Vâge 
des  morceaux  de  sculpture  employés  dans  les  murs  antiques 
de  Tours  ;  il  dit  que  plusieurs  antiquaires  les  ont  attribués 
an  temps  d*Hadrien  ,  et  demande  s'il  s'élève  &  cet  égard 
quelque  réclamation  :  per^nne  ne  demandant  la  parole  ,  M. 
Champoiseau  rend  un  compte  verbal  de  l'excursion  archéolo- 
gique de  la  veille. 

8ÉA1IGB  PUBLIQUE  OU  X9  lUIlf. 

Préâdenoe  de  Mg'.  i'Alchbvêqvb  de  Toiirs. 

Mg*^.  de  Montblanc  accepte  l'invitation  qdi  Un  e^t  iatte  de 
présider  la  réunion  et  ofecupc  le  fauteuil. 

(1)  On  a  fait  inentioii  de  ces  atalles  dans  le  3*.  volume  du 
Bnlletia. 


TÏÏWVE  A   TOUAS.  iSg 

La  Sôdëté  apprend  qne  M.  MéRiMés ,  inspecteur  général 
des  monuments  historiques ,  se  trouve  dans  la  salle  ;  M.  de 
Caumont,  directeur  y  se  rend  près  de  lui  pour  riuriter  à 
prendre  place  près  du  président;  M.  Mérimée  accède  au 
désir  de  la  Société  ;  le  bureau  est  disposé  du  reste  conixne  k  la 
séance  publique  du  26  juin. 

Uordre  du  jour  appelle  la  lecture  du  mémoire  de  M.  de 
Clincbamps^  d'Avranches,  sur  rbistoire  de  l'abbaye  du  Mont- 
St.-Micbel,  et  Tâge  des  édifices  qu*on  y  voit  aujourd'liui. 

M.  Massé  lit  ensuite  un  rapport  sur  la  cathédrale  de  Tours 
et  les  réparations  qu'on  y  a  faites  depuis  quelques  années. 

M.  l'abbé  Du  Fêtre,  yicaire-général ,  prend  la  parole  pour 
annoncer  que  Mg'.  l'archevêque  voulant  seconder  les  vues  de 
la  Société,  a  décidé  qu'un  cours  d'antiquités  monumentales 
serait  professé  l'année  prochaine  au  séminaire  de  Tours  (i)  , 
et  que  le  clergé  du  diocèse  fera  ses  efforts  pour  arrêter  les 
dégradations  des  édifices ,  et  donner  une  bonne  direction  aux 
réparations  qui  seront  faites.  Si  quelques  églises  gothiques 
ont  encore  été  récemment  décorées  dans  le  style  classique , 
cela  tient  au  petit  nombre  d'artistes  qui  aient  encore  étudié  le 
moyen  âge  et  qui  le  comprennent,  au  peu  d'années  qui  se  sont 
écoulées  depuis  que  l'étude  des  styles  du  moyen  âge  a  été  pour 
ainsi  dire  créée  en  France  par  M.  de  Caumont.  Mais  les  con- 
naissances qu'il  a  rendues  si  faciles  se  répandent ,  et  bientôt 
tout  le  monde  pourra  faire  de  l'architecture  gothique  :  la 
ville  de  Tours  possède  d'ailleurs  des  architectes  qui  étudient 
avec  goût  cette  architecture. 


(1)  M.  de  Caumont  a  offert  »  il  y  a  deuj,  ans,  au  séminaire  de 
ToQrs,  un  exemplaire  de  6on  Cours  d'aiiliq^tti|.é8  i^Qi  a^  étudié 
par  plusieurs  ecclésiastiques  ;  Tun  d'eux  sera  chargé  de  faire  le 
Cours. 


26o  SBSSIOir   céHERALE   ASTllVBLLE 

M*  (le  Caumont  prend  la  parole  et  reme^-cie  ea  peu  de  mois 
Mg*^.  Tarchevêque  d'avoir  biea  touIu  accéder  au  vœu  de  la 
Société,  relativement  k  l'enseignement  de  l'archéologie  au 
séminaire ,  et  M.  l'abbé  Du  Fêtre  pour  le  concours  qu'il 
vent  bien  promettre  à  la  Société ,  au  nom  du  clergé. 

M.  Chauveau  lit  son  important  mémoire  sur  les  manuscrits 
de  la  bibliothèque  de  Tours. 

On  entend  un  morceau  de  M.  de  La  Sicotière  d'Alençon  , 
intitulé:  Considérations  morales  sitr  les  monuments  anciens , 

La  séance  se  termine  par  la  lecture  d'un  morceau  très- 
remarquable  du  voyage  pittoresque  en  Bretagne  de  M.  le 
0%  de  Ti'obriant;  cette  lecture  est  vivement  applaudie. 


Séance  générale  administrative  du  5o  juin. 
Présidence  de  M.  Righelet  ,  membre  du  conseil. 

A  huit  heures  du  matin  ,  la  Société  se  réunit  en  conseil 
général  administratif.  M.  Cauvin  ,  inspecteur  di?isionnaiie 
appelée  présider  la  séance  ,  fait  agréer  ses  excuses  ,  et  prie 
M.  Richelet ,  membre  du  conseil ,  d'occuper  le  fauteuil. 

M.  de  Caumont ,  après  avoir  résumé  les  différentes  de- 
mandes de  secours  qui  ont  été  faites  pendant  la  session  ,  croit 
qu'il  y  a  lieu  de  mettre  à  la  disposition  de  M.  Calvet,  con- 
servateur des  monuments  du  Lot,  une  somme  qui  serait 
employée  à  aider  les  travaux  des  desservants  de  certaines 
églises  anciennes  qui  se  cou  formeraient  le  plus  scrupuleuse- 
ment dans  leurs  restaurations  aux  prescriptions  de  l'inspecteur 
de  la  Société.— Adopté. 


TEKrg  n  Touns.  261 

La  ville  de  Laogeais  est  disposée  à  faire  des  sacrifices  pour 
acheter  le  château  parfaMement  conservé  qu'on  y  voit  encore, 
et  cette  acquisition  doit  avoir  lien  aussitôt  que  le  conseil 
général  viendra  au  secours  du  conseil  municipal ,  en  votant 
une  somme  pour  cet  ol^t.  La  Société  ne  peut  qtie  seconder  une 
détermination  si  louable,  que  l'on  doit  surtout  à  M.  leMaire 
de  Langeais,  homme  de  goilt  et  dé  talent,  membre  de  la 
Société  et  dn^  conseil  général  d'Indre-et-Loire.  La  Société 
arrêtera  Tunanimité,  qu'elle  contribuera  pour  4oo  ^r.  k 
cette  acquisition  ,  somme  à  laquelle  on:  évalue  les  frais  de 
contrat. 

M.  Tabbc  Manceaif  eipose  que  M.  le  curé-  de  Beaulîeu  a 
racheté,  pour  la  sauver  ,  l'église  de  St.-Lauient  de  Beaulien, 
mais  que  cette  église  a  besoi/i  de  réparations ,  et  que  la  Société 
pourrait  accorder  quelques  secours  pour  cet  objet ,  ne  fât-oe 
que  pour  encourager  des  actes  aussi  honorables  que  celui  de 
M.  le  curé  de  Beau  lieu ,  et  lui  donner  un  témoignage  de 
satisfact  ion .  —  A  dopté . 

L'église  de  Montrésor  et  celle  du  Pi'é  an  Mans  sont  recom- 
mandées par  M.  Pescherardet  M.  Cauvin,  comme  ayant  droit 
h  la  sollicitude  et  aux  secours  de  la  Soeicté*. 

Apres  une  discussioni  laquelle  prennent  part  MM.  Canvin, 
Richelet,  Chevreaux,  de  LaSaussaye,  Manceau,  de  Caumout, 
le  tableau  suivant  des  allocations  votées  est  ainsi  arrêté  et 
approuvé  : 
Château  de  Langeais*,.  4*^o  fr. 

Eglises  du  département  du  Lot,.  i5o 

Eglise  Je  MoiUrésor,  W)0 

Eglise  du  Pré  au  Mans  ,  100 

Eglise  de  Su-Laurcnt  de  Beaulieu ,  près  Loches ,    100 

Total      85o  fr. 


26a  SEssiov  oéaûnALE  ahuttelle 

Sut  le  rapport  et  les  ôonclnbionx  de  M.  le  directear ,  la 
Société  prockiae  inspecteur  divisionnaire  «  M*  Comuirr  y 
de  Clermont,  conservateur  des  monnmeats  du  Pay-de-Dome; 
k  chef-lien  de  la  division  est  fixé  à  Clenuont ,  elle  comprendra 
les  départements  dn  Puy  de-Dôme ,  de  la  Loire  ,  du  Cantal  et 
de  la  Haute-Loire. 

M»  de  BoisviLLETTB,' ingénieur  des  ponts  et  chaussée»,  h 
Châtrandan  ,  est  proclamé  conservateur  des  monuments 
dTure-et*>Loir. 

M.  Calvet ,  inspecteur  des^monuments  du  Lot ,  est  auto- 
risé h.  remplir  les  mêmes  fonctions  pour  le  département  de  la 
Haute- Vienne  ,  en  attendant  qu'un  inspecteur  puisse  être 
désigné  pour  ce  département. 

Séance  ordinaire  du  3o  juin . 

A  dix  heures  la  Société  passe  k  la  lecture  des  mémoires. 

M.  Desjoberts  lit  une  notice  sur  la  frise  autrefois  incrustée 
dans  les  murs  antiques  de  Tours,  et  vulgairement  désignée 
sous  le  nom  de  tombeau  de  Tumus. 

M.  Jagu  lit  un  fragment  considérable  d'un  voyage  archéo- 
logique dans  le  département  d'Indre-et-Loire  ,  dans  lequel  il 
a  consigné  un  grand  nombre  de  détails  sur  chaque  localité  du 
département. 

Dans  ce  fragment ,  l'auteur  décrit  Amboise ,  le  château  de 
Chantelonp,  Tours,  les  villages  de  St.-Cyr  -  Le  -  Riche  , 
Marmoutiers ,  Luynes,  St.-Mars ,  Ussé,  etc.,  etc. 

M.  Cauvin  communique  une  notice  de  M.  l'abbé  Chorin  , 
forcé  de  retourner  dans  sa  paroisse ,  sur  une  pierre  celtique  et 
deft  cercueils  en  pierre  observes  dans  le  diocèse  du  Mans.  M. 
Cauvin  parle  eqsuite  des  travaux  de  restauration  exécutés  k 


T«]l|:£    A   TOVBf.  l65 

Verguetle  »  prà  Gonlye  ;  la  Sociilé  arait  TOté  l'aaiiJe  précj- 
ileote  ttoe  allocation  pour  l'égliiie  de  celle  coamuiDe ,  et  Ton 
ne  peut  qu'applaudir  au  bon  goût  qui  •  présidé  à  la  retUnr»* 
lion  qui  vient  d'être  faite* 

M*  Pornia  préaeute  un  traTail  étendu  sur  lei  archiyes  de 
la  préfecture  d'Indre-et-Loire  dont  il  est  le  conservateur. 

M.  de  Caumonl  oonuaDniqiie  quelques  fragments  de  sa 
statistique  monumentale  do  Calvados. 

M*  Champoiseau  présente  ,  an  nom  de  M.  LeSonrd ,  une 
note  sur  quelques  maisons  anciennes^  de  Beaulien ,  dans  les- 
quelles on  remarque  des  anneaux  suspend^  4  des  barres 
de  fer. 

M.  Massé  entretient  la  cooqiagniç  de  quelques  monuments 
de  Touraine^  particuliifemeiit  remarquables. 

ML  Mftton  lit  ensuite  an  mémoire  sor  le  duUeau  de  Villandry. 

M.  l'abbé  Mancean  annonce  que  dans  plnsiesrs  %lis«s  du 
XII*.  sièele ,  on  a  élevé  an  chevet  y.  des  frontons  grecs  qui  ont 
fait  dispariâtre  lea  trois  fenities  qn'op  y  voit  babitiiellement. 
Il  dii^ore  celle  innovation. 

«ÉJkMCX:  PUBLIQUE  BC  C&OTVUB  (  30  JUIII.  ). 

Frcsidence  de  M.  db  Cabmovt.^ 

On  remarque  dans  la  saâe  la.  mèiw  affluenee  d'auditeurs 
que  les  jours  précédents.  MM.  Cauvio,  de  La  Saussaye, 
Mdssé ,  Ricfaelet ,  Cbevreau  ,  de  CUnobamps ,  Manoea»,  et 
I^oël  Champoiseau  sont  appelés  à  siéger  au  bureau. 

M.le  directeur  annonce  que  le  conseil  a  décerné  une  médaille 
d'urgcot  à  M.  Tbc^enot  ,  de  Clerioont,  pour  ses  travaux  sur 
la  peinture  sur  verre.  La  médaille  est  déposée  sur  le  bureau 


a64      SSS8I0V  oéNSRALB   AKHVBLIB   TBITIJE   A   TOURS. 

et  sera  envoyée  à  M*  Thcvenot.  La  fabrique  dirigée  par  M. 
Thévenot  est  en   grande  activité ,  elle  a  fourni  déjà  bon   * 
nombre  de  beaux  vitraux  (i). 

On  entend  la  lecture  des  mémoires  présentés  à  la  séance  du 
matin  par  MM.  Pornin  et  Desjoberts.  (  Voir  le  procès^verbal 
précédent.) 

.  M.  Noël  Champoisea  o  présente  une  relation  très-intéressante 
de  la  course  archéologique ,  faite  par  la  Société ,  le  ag  ,  ef 
indique  ce  que  chacun  des  édiûces  visités  offre  d'intéressant 
et  d'historique. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé ,  M.  de  Caumont  prend  la 
parole  :  après  avoir  jeté  un  coup-d'œil  rapide  sur  les  travaux 
qui  ont  occupé  la  Société  pendant  5  joins ,  il  montre  combien 
ils  ont  été  nombreux  et  intéressants,  puis  il  adresse  des  remer« 
ciments  k  tous  les  habitants  de  la  Touraine  ,  qui  ont  aidé  la 
Société  de  leurs  lumières  et  de  leur  concours,  il  termine  en 
remerciant  particulièrement  Mg'.  de  Montbianc  poar  riutérêt 
dont  il  a  honoré  la  compagnie ,  et  Tencouragement  qu  il  a 
bien  voulu  donner  à  ses  travaux.  M.  le  directeur  termine  en 
déclarant  close  la  session  généra  le  de  1 858 . 

Le  membre  du  conseil  remplissant  les /onctions  de  secré- 
taire général ,  ^ 

L^abbé  Mangeav, 

Chanoine  de  Tours. 

(I)  L*art  du  fitraît  est  en  (i^rande  prospérité  k  Clermont.  M. 
Thévenot  est  chargé  de  faire  le  vitrail  complet  d'une  église  de^ 
Paris. Une  seconde  fabrique  dans  la   même   ville,   dirigée  par 
M.  Emile  ThiUault,  est  aussi  en  grande  activité. 


MÉMOIRES  ET  PIÈCES 

Communiqués  dans  les  Séances  précédentes  et 
dont  le  Comité  administratif  a  demandé  V  im- 
pression dans  le  Bulletin. 


NOTA.  Plttèieors  mëmoirea  lus  dans  let  séances  n'ont  pu  être 
imprimés,  soit  parce  qu'ils  n'étaient  point  terminés  ,  soit  parce 
que  lenri  auteurs  ont  désiré  les  publier  séparément. 


\*m 


DISCOURS 

Sur  la  nécessité  d'étudier  t  histoire  de  l'art  et 

d'arrêter  le  vandalisme  ; 

Pab  m.  le  DocTBtTB  GIRÂUDËT , 

Memlire  de  plusieurs  académies,  couronné  psr  Tacsdémie  dealns» 
criptiona  pour  êeè  recherches  sur  les  antiquités  de  Vichy ^ 


Après  les  époques  de  crise  et  de  perturbation  sociale  ,  il 
vient  un  moment  où  les  esprits ,  fatigués  de  tout  ce  yain 
fracas  des  peuples ,  cherchent  hors  du  cercle  dans  lequel 
s'agitent  les  passions  humaines,  un  remède  à  leurs  maux, 
une  compensation  à  leurs  souffrances^  Tclude  de  T histoire  est 


2^  SVR   LA  nécKSSITi  DfilUDfER 

alors  na  besoin,  an«  soarce  d'émotions  pleines  de  cbarmes. 
On  demande  an  passé  des  leçons  pour  Ta  venir,  on  Tent  qu*il 
raconte  ce  qu'il  a  vu  ,  ce  qu'il  sait  des  mœurs  et  des  usages  de 
nos  pcres  ,  de  leurs  lois ,  de  leur  industrie  ;  de  leur  goût  danç 
les  arts.  Cet  ardent  désir  que  l'intelligence  éprouve  de  liie 
dans  les  annales  du  passé ,  de  se  chercher  elle-même  dans  les 
générations  éteintes  ;  comment  le  satisfaire  ?  A  quelles  sources 
puiser?  Quels  documents  consslter?  Les  chants  populaires? 
il  nous  reste  «i  peine  quelques-uns  de  ceux  que  fit  recueillir 
Cliarlemagne  :  Le«  anciens  historiens  ?  ils  ne  s'enquéraient 
que  de  ce  qui  regardait  les  prêtres ,  les  nobks  et  les  rois  : 
les  chartes?  celles  que  la  convention  n'a  pas  brûlées  ont 
été  vendues  à  la  livre  :  les  Bénédictins  ?  leurs  travaux,  sont 
inachevés;  les  monuments  anciens?  voila  les  véritables  annales 
de  l'humanité.  Leurs  restes  mutilés  s'élèvent  de  notre  sol 
comme  des  phares  destinés  &  éclaii*er  la  succession  des  âges , 
et  à  donner  à  ce  qui  est  obscur ,  incAono,  de  la  certitude  et 
de  la  réalité.  Tous  déposent  de  quelques  laits  dignes  de  nos 
méditations.  Sans  ce  noble  témoignage  ,  l'histoire  ne  serait 
encore  sans  doute  qu'un  roman  ou  qu'une  vaste  légende.  Cette 
science ,  Messieurs  j  n'a  pfis  pour  motif  une  siwpte  satis&ction 
de  curiosité ,  elle  a  son  système ,  ses  préceptes ,  son  utilité. 
Qoand,  le  cœnr  plein  dn  sentiment  de  notre  gloire  nationale , 
vous  aurez  étudié  les  travaux  dn  savant  et  modeste  académi- 
cien qui  a  bien  voulu  présider  à  notre  réunion,  vous  ne 
pourrez  lésister  h.  l'attrait  de  vous  joindre  à  lui ,  de  le  suivre 
pas  à  pas  dans  sa  recherche  de$  faits  matériels  de  l'histoire  , 
que  sa  modestie  nous  permette  de  le  dire ,  personne  jusqu'ici 
n'avait  enseigné  l'archéologie  avec  plus  de  charme  et  de 
savoir.  Dédaignant  d'user  son  érudition  à  ajouter,  comme  la 
plupart  de  ses  devanciers ,  des  doutes  à  des  doutes  ,  il  a  su 


l'bistoibe  de  l'aet.  367 

rétablir  le  caractère  des  grandes  ëpoqoes  deT^iirt.  Soq  Cours 
i^ antiquités  restera  dans  la  scieoce  comme  uoe  pix^étie  du 
passé ,  comme  un  appel  de  Ja  providence  à  la  reslaaration  de 
nos  vieilles  gloires  monumentales.  Pour  intéresser,  en  vous 
parlant  de  la  société  qu'il  a  fondée ,  de  ses  litres  à  la  recon- 
naissance du  pays  »  de  la  sainte  émulation  qui  règne 
parmi  ses  membres ,  il  n'est  besoin  d'aucun  effort  de  talent , 
d'aucun  artifice  de  style  ;  il  sni£t  d'être  vrai. 

Transportez- vous  sur  un  des  points  les  plus  élevés  du  centre 
de  la  France,  parcourez  des  yeux  le  vaste  espace  qui  se  déroulé 
à  Yos  pieds ,  semé  de  cbâteaux  aux  antiques  murailles  ^  ces 
temples,  restes  magnifiques  de  la  domination  romaine  ,  bâtis 
avec  des  mines  et  sur  des  ruines  5  ces  superbes  monumeuts 
élevés  par  la  piété  de  nos  pères  ,  puis  essayez  de  rétablir  par 
la  pensée,  la  Gaule  primitive  avec  ses  dolmen  et  ses  tumuli , 
la  France  des  premières  races  et  ses  modestes  églises,  Ja  France 
du  XIY*.  siècle  ,  et  des  nobles  basiliques  \  l'ogive  bardie , 
aux  arceaux  allonges ,    la  France  de  la  .renaissance  et  ses 
édifices ,  délicieux  mélange  d'art  et  de  naïveté,  de  goût  et  de 
finesse.  Animez  tous  ces  vieux  souvenirs ,  ressuscitez  les  dans 
toute  la  réalité  de  leur  vie  et  de  leur  temps,  et  vous  aurez  une 
Juste  idée  de  la  tâcbe  que  se  sont  imposée  les  amis  et  les  colla- 
borateurs de  M.  de  Caumont.  Riclies  de  tonte  la  science  des 
archéologues  qui  ont  précédé,  ils  fouillent  sans  rciâcbeaox 
sources  de  l'histoire ,  ils  ne  se  lassent  point  de  remuer  des 
débris,  de  les  confronter,  de  les  recueillir  avec  un  soin; 
religieux ,  et  de  les  iuterr(^er.  Confiants  dans  leur  œuvre  , 
ils  ne  désespèrent  pas  de  relever  de  la   poussière  l'édifice 
presque  entier  de  notre  vieille  France  ,  toujours  belle  ,  tou* 
jours  grande  ,  toujours  fière  de  son  passé. 

L'importance  des  résultats  que  celte  société  a  obtenus  ,  et 


268  iVR  LA  nÉcE$sn'É  d'étvdier 

continue  d'obtenir  encore,  est  trop  avérée  pour  que  je  faft^ne 
votre  attention  Ik  la  démontrer.  Mais  ,  je  le  dis  avec  douleur , 
qujl  que  soit  le  cbarme  et  Tulilité  des  études  archéologiques  , 
la  parole  puissante  du  maître  n'a  su  encoi'e  triompher  de 
cette  indifférence  qu'on  affèete  en   général  pour  tout  ce  qui 
ne  touche  point  aux  intéicts  du  moment.  £n  vain  cette  science 
offre  à  rhistcrien  un  guide  fidèle ,  au  philosophe  de  hauts 
enseignements,  à  l'artiste  des  inspirations  heureuses ,  au  poète 
d^aimables  fictions,  ThistorÎQa  et  le- philosophe  ,  l'artiste  et  le 
poète ,  refusent  d'abaisser  leur  supériorité  an  modeste  rôle  de 
bouquineurs  de  monuments....  Lisez  les  auteurs  les  plus  mo- 
dernes ,  et  vous  serez  étonnes  de  leur  ignorance  de  l'antiquité, 
alors  même  que  leurs  ouvrages  sont  adoptés  par  Fuuivcrsité 
pour  l'instruction  de  nos  enfants.  J'^ai  vu ,  iî  y  a  peu  de  jours, 
nue  histoire  de  France,  composée  et  publiée  par  un  profes- 
i>cur  très'ha ut  placé;  en  parcourant  cette  galerie  de  contre- 
sens et  d'anachronismes  ,   j'ai   d'abord  été  tenté  de  croire 
qu'il  y  avait  là  une  intention  cachée  ,  que  c'était  un  recueil 
de  fautes  k  cort  iger',  une  espèce  de-  cacographie  en  estampes. 
Mais  pas  du  tout ,  et  c'est  trè^f-sérieusement  que  le   noble 
professeur  a  fait£aire  des  gravures  comme  commentaires  de 
SCS  tables  synoptiques.  Si  jamais  ce  livre-  vraiment  curieux 
vous  tombe  sous  la  marn  ,  tous  verrez  entre  autres  merveilles 
des  fleurs  de  lys  représentant  les  armes  de  la  première  race , 
TOUS  admirerez  la  belle   frégate  qo'^a  fait  construire  le  roi 
Thierry ,  avec  agrès  et  coupe  du  dernier  modèfe ,  vous  n'ou- 
blierez non  plus  de  visiter  le  magnifîqne  palais  de  Childéric 
F''.  ,  entièrement  meublé  a  la  moderne  ,  nr  sa  belle  galcriç 
en  ogives.  Des  ogives  en  4^8  !  Yoilà  qui  réfute  d'un  seul  trait 
Boisserée  et  tous  les  antiquaires  de  l'Europe  qui  ont  la  simpli- 
cité de  ne  vouloir  faire  remonter  l'ogive  que  5oo  ans   plus 


/ 


i.'hi;toiiie  de  l*irt.  2G9 

tard  'y  enGn  •  un  deasin  tout  aussi  exact  que  oeux-ci ,  vous 
apprendra  qu'en  923 ,  sons  Tillustre  Raoul ,  on  voyait  des 
portes  en  arc  surbaissé ,  ou  en  anse  de  panier  ,  comme  on  les 
fit  au  XVI*.  siècle. 

En  vérité  ,  Messieurs  ,  la  liste  des  savants  qui  ont  mal 
employé  ia  science  ,  ou  qui  sont  tombés  dans  des  erreurs 
grossières  y  en  parlant  de  Tantiquité  figurée  ,  est  si  longue  , 
si  longue ,  qu'il  n'est  plus  possible  d'en  compter  les  noms. 
Erasme  étudiant  une  médaille  ou  un  bas*relief,  je  ne  sais  trop 
lequel ,  prend  pour  le  patriarche  Noë  et  ses  deux  fils ,  un 
groupe  représentant  Brutus  entre  deux  licteurs,  Taigle  et  sa 
couronne  de  laurier  pour  le  pigeon  qui  porte  la  branche 
d'olivier. 

Régna rd ,  dans  son  démocrite  amoureux ,  parle  de  clochers 
et  d'almanachs  ;  Boursanlt ,  dans  son  Esope ,  met  à  la  cour 
de  Crésus  un  marquis  et  un  colonel ,  peut-être  avez-vous  vu , 
il  y  a  un  an  ou  deux ,  un  vaudeville  intitulé  :  Us  comices 
étAtIvtn/es ,  quoique  ces  assemblées  n'aient  jamais  eu  lieu 
qu'à  Rome. 

le  m'arrête ,  je  craindrais  d'ajouter  à  ces  noms  les  noms 
des  auteurs  anciens  et  modernes  qui  ont  écrit  sur  la  Touraine. 

Une  considération  qui  n'a  pas  échappé  à  votre  sagacité  , 
Messieurs ,  c'est  que  si  l'étude  de  Tarchéologie  avait  été  ré* 
pandue  plutôt ,  et  dans  un  cercle  moins  restreint,  sa  popula- 
rité eût  protégé  les  monuments  de  votre  belle  province  contre 
le  marteau  de  la  bande  noire.  Car  il  faut  le  dire ,  et  le  dire 
haut ,  la  dévastation  du  peu  qui  vous  reste  de  votre  vieux 
Tours  continue  avec  autant  d'aveuglemeut  que  jamais.  Le 
vandalisme ,  fier  de  son  passé  ^  des  encouragements  qu'il  a 
reçus ,  des  subventions  qui  loi  ont  été  accordées  pendant  nos 
orages  politiques ,  se  prélasse  au   milieu  de  ce  riche   musée 


J 


270  SUR    LA   NécËSSITé   D*fnTDIBR 

que  le  iiMiyeii  âge  et  la  renaissance  s'étaient  plu  à  embelUr. 
Cliaqae  jo«r  il  jette  hes  quelques-anes  de  ces  magnifiques 
pierres  sor  àesqutfUes  étaient  écrits  taut  de  vieex  souvenirs. 

Singulière  énigme  que  celle  du  XIX*.  siècle  !  Le  vanda- 
lisme a  rasé  Marmoutiers  ,  k  célèbre  abbaye  plus  vieille  que 
la  monarchie  française.  Il  a  &it»dc  i*égli^  St.- Julien ,  chef- 
d'œuvre  du  XIV'*  siècle ,  une  sale  écurie ,  de  St.*Clément 
une  balk ,  des  Rccoilets  une  caserne ,  et  de  la  tour  de  Qiar- 
lemagne  une  fabrique  de  plomb  de  chasse  ;  il  broie  du  cbiifou 
fous  les  voûtes  St.-Hilaire,  la  plus^  vieille  église  de  Tours. 
Un  jour ,  et  ce  jour  là  ,  il  était  en  habit  d'adrainistraleur , 
il  Élit  sauter  ia  noble  basilique  de  St.-Martin  ,  il  paye  pour 
cela  ,  la  tour  en  se  brisant  entraîne  dans  sa  chute  rexécnteur 
de  cet  ordre  impie  ,  et  ane  voix  sainte  s'écrie  :  laisseft  passer 
la  justice  de  Dien. 

Le  vandalisme  a  détruit  les  aiguilles  de  St.-Gatiett ,  mysté- 
rieux symbole  ignoré  de  la  foule  ;  le  vandalisme  a  recouvert 
d'une  épaisse  couche  de  plâtre  de  superbes  vitraux  ,  ornement 
de  la  métropole  3   le  vandalisme  a  changé  la  nef  sacrée  des 
Cordeliers  en  salle  de  apectadle  ^  et  quelle  salle  !  Dites -nous  , 
vous  qui  tenez  les  communes  en  tutelle ,  si  vous  connaissez  eu 
Touraine  UD  édifice  catholique  roman  ,  on  gothique,  ou  de> 
la  renaissance,  qu6  le  vandalisme  n'ait  gâté ,  mutilé  ,  défiguré. 
Dans  un  de  ses  fréquents  accès  de  monomanie  ,  ne  l'avez- 
yotts  pas  vu  acheter  il  y  a  peu  de  temps  ,  deux  charmantes 
églises  du  XIP.  et  du  XIIP.  siècle ,  en  abattre  la  charpente 
et  la  revendre  à  vil  prix. 

Savez-vous  ce  qu'il  a  fait  à  Preuilly  ?  à  sa  vieille  église 
romane,  encore  vierge  des  souillures  ,  encore  deboot  au 
milieu  de  ruines  nombreuses,  comme  un  emblème  de  cette  foi 
impérissable  qui  voit  s'éteindre  et  passer  tontes  les  grandeurs 
humaines. 


L  HISTOIRE   DE   L  ART.  37  I 

Il  a  jeté  au-devant  de  Tapude,  dont  les.entre-eolonnements 
sont  mascpiés  fiar  de  tniflérâbles  boîsenes,  un  bel  autel  au 
fronton  grec  ^  à  peine  il  achère  son  œuvre  de  barbarie ,  que 
le  tonnerre  ,  ce  terrible  messager  de  la  justice  divine ,  est 
tombé  sur  le  sanctuaire,  comme  s'il  avait  eu  à  venger  cette 
profanation  de  Fart. 

A  Chinon  ,  le  vandalisme  a  muré  les  fenêtres  du  chœur  de 
Téglise  St.-Ëtienne ,  qui  dataient*  de  la  dernière  époque  du 
style  ogival ,  puis  il  a  élevé  là  un  baldaquin  informe  dont 
le  plein  cintre  est  supporté  sur  des  colonnes  grecques. 

Vous  le  voyeK ,  Messieurs  ,  c'est  toujours  et  surtout  du  van* 
dalisme ,  c'est-à-dire  de  Tignoranee,  de  la  brutalité. 

D'où  vient  ce  mépris  de  l'homme  pour  l'œuvre  de  ses  pcres , 
d'oii  vient  cette  impopularité  des  édifices  £»ts  par  le  peuple  et 
pour  le  peuple  ?  Les  monuments  historiques ,  ceux  du  moyen 
âge  surtout ,  ne  rappellent-ils  que  des  siècles  de  fanatisme  et 
de  barbarie? 

En  présence  de  ces  questions ,  les  réflexions  abondent ,  ^t 
d'abord  la  cause  du  moyen  âge  est  chose  jugée  et  bien  jugée. 
Cette  époque  sur  laquelle  a  pesé  si  long-temps  un  anathème 
de  malédiction  n'a  jamais  été  une  époque  de  barbarie.  On  ne 
trouve  dans  l'histoire  d'aucun  peuple  un  espace  aussi  long  qui 
ait  contribué  d'une  manière  plus  évidente  au  mouvement 
progrestsif  de  la  civilisation ,  et  où  le  génie  àé  l'homme  ait  eu 
plus  de  hardiesse ,  plus  de  vigueur  et  de  témérité. "Pendant 
cette  fertile  tempête,  le  sentiment  religieux  animé  d'une  vie 
nouvelle ,  élève  ces  longs  pilastres ,  ces  voûtes  immenses,  ces 
"  mystérieuses  forets  de  pierre  dont  le  grandiose  et  l'élégante 
originalité  nous  péncirent  d'admiration  et  de  respect  pour  la 
foi  de  nos  pères.  Dans  l'histoire  de  l'humanité ,  il  n'est  point 
d'époque  plus  intéressante  ,  plus  grande  par  elle-même,  plus 
sublime  par  ses  résultats. 


272     SUR    LA    NJËCRSSITe    d'ÉTUDIISR    L^ HISTOIRE   DE  L*ART. 

Les  flieeles  de  barbarie  sont  oeui  où  Ton  déchire  cbaque 
jour  les  pages  sacrées  du  livre  de  la  tradition  ,  ceux  où  Tamotir 
du  pays ,  où  le  sentiment  de  Famé  ne  disent  plus  rien  à  It 
pensée ,  notre  siècle  est  de  ceux-là. 

Loin  de  nous  cependant ,  Tidée  que  le  vice  de  notre  situa- 
tion soit  irrémédiable.  Dans  ce  chaos  virant  où  s'agite  le 
génie  de  F  époque  ,  on  sent  encore  que  la  société  n'est  pas 
morte  comme  au  siècle  dernier,  qu'elle  ne  dort  pas  mollement 
dans  son  doute  comme  sur  Fédrcdon  d'une  courtisane.  S'il 
y  a  un  profond  d^oât  de  l'actualité  ,  il  est  des  espérances 
d'avenir  j  et  la  foi  à  Dieu  ,  Tamour  du  pays  ,  le  culte  de  l'art, 
n'otit  pas  entièrement  disparu  de  la  scène  du  monde,  et  main- 
tenant que   Feiïervescence  des  vaines  disputes  est  passée  , 
ranimons  de  tous  nos  moyens  la  nationalité  des  provinces,  que 
désormais  elle  se  sentent  vivre  par  elles-mêmes ,  qu'an  lieu  de 
ces  administrateurs  cosmopolites  sans  affection  pour  la  localité 
qui  les  subit ,  on  voie  à   leur  tête  de  ces  hommes  dont  le 
modèle  est  si  près  de  nous ,  qui  aiment  le  pays  ,  qui  gèrent  les 
choses  publiques  en  pères  et  non  eu  mercenaires ,  et  les  sou- 
venirs locaux  réchauffés  par  leurs  soins ,  et  les  restaurations 
de  monuments  faites  avec  amour,  viendront  renouer  la  chaîne 
des  temps ,  et  rattacher  les  générations  nouvelles  au  vieux  sol 
de  la  patrie. 


SVK  LIS  MOirVMEVTS  BISTOBrQlJBSy   BTC.  37? 

RAPPORT 

Sur  les  Monuments  historiques  du  département 
de  Loir-et-Cher,  qu'il  serait  nécessaire  de  ré- 
parer  ou  d'aehwer  ;  . 

Pae  m.  de  la  saussaie  , 

iMpeetenr  ditiaioMiaire. 


Epoqvb  gauloise.  -<-  Les  monuments  que  nous  ont  lëgués 
les  Gaulois  ne  sont  pas  de  ùatnre  à  être  répares;  mais  comme 
leur  nombre  diminue  rapidement  et  qu'ils  trouvent  des  enne- 
mis implacables  dans  les  chercheurs  de  trésors  qui  en  ren- 
versent quelques-uns  et  dans  les  ingénieurs  des  ponts  et 
chaussées  qui  font  briser  tous  ceux  qui  avoisinent  les  routes 
pour  en  faire  les  empiétements  5  ne  pourrait-on  pas  ,  d'une 
part ,  acheter  plusieurs  de  ces  monuments ,  et  de  Tautre  solli- 
citer du  gouvernement  la  défense  de  les  employer  aux  travaux 
des  routes?  , 

Epoqvb  bomaihb.  —  Le  seul  monument  Romain  encore 
debout  dans  le  département  de  Loir-et-Cher  est  une  espèce  de 
forteresse  située  sur  les  bords  du  Gier  ,  près  du  village  de 
Tesée ,  Tasciaca  ,  de  la  table  de  Pentinger.  II.  n'y  a  aucune 
réparation  à  faire  à  ces  murailles  qui  sont  construites  de  ma- 
nière à  braver  les  siècles  si  la  main  de  1*  homme  ne  vient  pas 
à  Taide  de  celle  du  temps.  Mais  comme  on  peut  craindi-e  que 

ai 


27  î  sua   LIS   MONUMENTS   HlSTOftlQUBS 

les  paysans ,  possesseurs  de  ce  mooament ,  ne  cherchent  un 
jour  à  le  démolir ,  Tacquisition  que  la  Société  pourrait  en 
faire ,  et  qui  ne  saurait  êlre  très-onéreuse  ,  conserverait  an 
pays  le  seul  débris  important  d'un  ouvrage  dû  au  passage  de 
la  civilisation  romaine. 

Epoque  prâitque.  —  Je  ne  connais  qu*un  seul  édifice  de 
l'époque  Franque  ,  Téglise  de  Mesland ,  dont  le  portail  re- 
marquable par  sa  triple  archivolte  ,  décorée  de  têtes  plates , 
d*un  dessin  très-singulier ,  soufire  beaucoup  de  la  perte  du 
porche  qui  Tenvironuait  et  le  garantissait  de  l'action  destruc- 
tive des  pluies  de  TOuest.  Les  pierres  de  ce  portail ,  naguères 
encore  d^une  grande  blancheur ,  commencent  a  se  couvrir  de 
mousse  et  de  lichens  ,  et  Tune  des  tètes  plates  s'est  détachée  de 
la  clef  de  voûte  qui  la  supportait.  La  fabrique  de  Téglise  est 
trop  pauvre  pour  làire  reconstruire  le  porche  et  elle  aurait 
besoin  d'une  légère  subvention. 

Epoque  fbavçatse.  — La  Fontaine-Louis  XII  est  un  joli 
édifice  du  XY*.  siècle  qui  figure  sur  l'album  de  tous  les  voya- 
geurs des  rives  de  la  Loire.  Depuis  que  trois  des  côtés  de  ce 
monument ,  autrefois  engagé  dans  un  pâté  de  maisons  qu'on 
a  abattues,  paraissent  à  nud  ,  du  côté  d'une  grande  place, 
l'e/Iet  désagréable  qu'elle  produit  engage  le  Conseil  municipal 
à  la  détruire  pour  la  remplacer  par  un  de  ces  monuments 
mesquins  de  l'art  moderne  auxquels  on  donne  le  nom  de 
château'd^eaiu  Comme  sous  le  rapport  du  goût,  il  y  aurait 
tout  à  perdre  ,  d'une  part ,  et  rien  â  gagner  de  l'autre ,  je  crois 
qu'il  vaudrait  infiniment  mieux  engager  le  Conseil  municipal 
à  conserver  un  édifice  d'un  genre  très-rare  en  France  et  de 
chercher  à  masquer  le  côté  désagréable  à  la  vue,  en  l'entou- 


W  DiPABTBMBKT    DE   tOIR-BT-CiUB .  276 

rant  d'un  massif  d'arbres  de  feaillages  variés  sur  lesquels  se 
détacherait  d'une  manière  très-pittoresque  la  façade  de  la  fon* 
taine. 

Rbitaissance.  —  Je  ne  parlerai  du  château  de  Blois  que 
pour  mémoire  et  pour  déplorer  la  barbarie  municipale  qui  a 
converti  en  caserne  le  berceau  de  Louis  XII  ,  le.  palais  de 
François  I". ,  des  Valois  et  de  Gaston.  Ce  curieui  assemblage 
d'édifices  de  toutes  les  époques  et  remarquables  tous ,  au  plus 
haut  degré ,  sous  le  double  rapport  de  l'histoire  et  de  l'art , 
ne  présentera  bientôt  plus  que  des  murailles  entièrement  nues. 
Il  n'y  a  aucune  réclamation  à  faire  à  l'égard  du  château  de 
Blois,  aucune  autorité  k  invoquer;  le  génie  militaire  y  est  seul 
maître  et  la  troupe  de  ligne  seul  conservateur  (i). 

Je  ne  suis  entré  dans  aucun  détail  sur  les  édifices  dont  j'ai 
parlé  jusqu'ici ,  parce  que  je  ne  veux ,  cette  année ,  appeler 
spécialement  l'attention  de  la  Société  que  sur  la  conservation 
d'un  ouvrage  d'art  fort  curieux  ,  pour  lequel  il  y  a  déjà  eu  , 
dans  le  pays  ^  des  démarches  faites  et  de  l'argent  avancé ,  ce 
sont  les  stalles  sculptées  de  l'église  de  Lunay  ,  acquises  par  la 
Trinité  de  Vendôme  qui  les  avait  autrefois  possédées. 

L'église  de  la  Trinité  de  Vendôme  est  le  monument  reli- 
gieux le  plus  remarquable  que  possède  le  département  de  Loir- 
et-Cher  et  Tun  des  plus  curieux  que  nous  ait  légués  l'archi- 
tecture ogivale  de  la  renaissance.  Les  fondements  de  l'église 
primitive  furent  posés  en  io5a  par  Geoffroy  Martel ,  comte 
de  Vendôme ,  et  Agnès  de  Poitiers,  son  épouse  ^  et  la  dédicace 

(1)  J'ai  rendu,  précédemment,  justice  an  capitaioedii  génie,  M. 
Donet,  qui  a  conduit  les  travaux  ,  et  qui  a  mis  tous  ses  efforts  à 
conserver  le  plus  qu*il  a  pu  le  monument  qu'il  avait  mission  de 
déshonorer  (y.  tome  I*'.  du  Bulletin,  p,  336). 


Hj6  ATA   Les  MOirTTllB»TS  «STÔHI^ES 

en  eut  lieu  Tni  ffo4o.  De  ces  cdnsIrvctiiNn  prinilircs,  il  reste 
eocore  la  svorntie ,  la  croisée  de  la  nctf  leC  Aeicàacher  ^  irès-rc- 
marqoaLle  échantillon  d'archilecture  romane,  qui  s'éièw, 
isolé ,  à  quelque  distance  de  l'église,  suivant  un  antique  usage 
dont  quelques-unes  de  nos  yieifles  basiliques  tiffrent  encbie 
des  exemples. 

L'édîGce  étant  tombé  presque  «n  ruines  pendant  les  guerres 
désastreuses  qui  signalèrent  les  règnes  des  premiers  Talois ,  le 
choeur  de  Téglise ,  la  nef  et  les  duipelles  latérales  ont  été  re^ 
construites  à  la  fin  du  XY*.  siècle  par  les  soins  de  Louis  de 
Ciréreur ,  dernier  abbé  régulier  de  la  Trinité.  Ce  fut  arlors 
qu*on  cleya  le  portail ,  cbef-d'œuvre  d'élégance  'et  de  goût , 
dans  le  style  appelé  quelquefois  gothique-fleuri.  Tons  ers 
trivAui  furent  dirigés  par  un  moine  de  FaMiayc  qui  avait  le 
génie  de  Tarcbitecture  et  exécutés  ,comnie  le  prouvent  d*aocicns 
registres ,  avec  une  économie  non  moins  surprenante  «|ue  la 
'beauté  du  plan  et  la  richesse  des  détaib. 

G;  fut  probablement  k  la  même  époque  ^qoe  ie  chœur  fut 
décoré  de  stalles  en  bois  sculpté  dont  les  ornements,  appropriés 
au  style  de  Tédifioe,  sont  une  œuvre  admirable  de  verve  bur- 
lesque ou  pieuse  dans  le  choix  des  sujets ,  de  periecftion  dans 
le  travail ,  d'élégance  dans  le  dessin  des  arabesques  et  des 
ogives.  Ces  belles  stalles ,  vendues  en  ïjg% ,  ixmimc  bois  à 
feu  ,  furent  heureusement  achetées  par  un  curé  constitutionnel 
qui  les  plaça  dans  son  église  à  Lmiay ,  petite  paroisse  -du 
Perche.  Là ,  grâce  à  Tesprit  paisible  des  habitants  et  k  Tob» 
scurité  du  lieu  ,  elles  traversèrent  presque  intactes  le  temps 
des  oinges  révolutionnaires  et  se  conservèrent  inconnues  jus- 
qn*eii  i835  entre  les  mains  de  bons  paysans  qui  en  ignoraient 
la  valeur.  A  cette  époque,  une  notice  très- remarquable  lue  à 
la  Société  des  Sciences  et  des  Lettres  de  Blois ,  pr  AI.  de  iV- 


DU   DérAATBIAENT  ]>E    lOIE-ET-CHBlI  •  V^^ 

tigny ,  l'an  de  ses  membres ,  notice  publiée  dans  le  journal  de 
Loir-et-Cher  du  sg  juillet  de  la  même  année,  attira  F^ttentiaa 
sur  le  chef-d'œuvre  ettfoai  dan«  f  églist  de  Lunay.  Le  curé 
dé  la  Trinilé,  plein  de  zèle  pour  la  conservation  de  sou  église 
dont  il  sah  apprécier  les  beaiBés  ^  conçut  Fidée  de  lui  resti- 
tuer un  monument  de  son  ancienne  splendeur.  Secondé  par 
M.  le  Maire  de  Vendôme,  il  a  traité  de  Tacquisitiou  des  stalles 
avec  la  commune  de  Lunay  ;  mais  cette  coimncme ,  miewi  in*  - 
truite  du  prix  de  ce  qu  elle  possédait,  a  exigé  des  conditions  qui 
portent  les  frais  d'achat  à  plu» de  5,ooo  francs.  Ceux  d'instal- 
lation ne  peuvent  aller  à  moins  de  i,ooo  francs.  Le  Conseil 
de  fabrique  do  la  Trinité  a  disposé  de  i,5oo  francs,  le  Conseil 
municipal  de  Vendôme  en  a  voté  autant,  et  M.  le  Minisfl'e  de 
r Intérieur  ,  sur  la  demande  du  Préfet  de  Loir-et-Cher  et  sur 
le  rarpport  que  j'ai  eu  rhonnenc  de  loi  ^dresser,  a  accordé 
i,5oo  fr.  0«  espère  que  la  Société  pour  la  conservation  des 
Monuments  consentira  à  donner  le  reste  de  la  somme  néces- 
saire pour  conserver  â  la  France  j  où  les  monuments  de  la 
sculpture  en  bois  sont  aujourd'hui  si  rares  ,  une  des  œuvres 
les  plus  complètes  et  les  plus  curieiises  de  cet  art  oublié  depuis 
le  moyen  âge. 


^7^  SUR   LBS   MOBrUMENTS 

RAPPORT 

Sur  les  Monuments  du  département  d' Indre-et- 
Loire,  appartenant  à  Vère  Celtique  et  à  l'ère 
Gallo-Romaine  ; 

Par  m.  massé  , 
Architecte,  lospectrur  des  monuments  de  ce  département. 


Messi^bs  ,  c'est  aujourd'hui  plus  que  jamais  une  tâche 
difficile  que  de  rendre  compte  avec  exactitude  de  Tétat  de 
DOS  monuments  ^   de  leur  origine  ,  de  leur   conser ration. 
Ceux  appartenant  à  Fépoque  la  plus  reculée  ne  présentent 
plus  guère  que  des  ruines ,  et  nous  voyons  avec  peine   le 
badigeon   ou  les  restaurations  mal  entendues  mutiler  d'une 
autre  manière  la  plus  grande  partie  de  ceux  qui  nous  restent. 
L'intérêt  de  l'art  et  du  progrès  tout  à  la  fois  exige  qu*on 
remplisse  avec  conscience  et  avec  courage  la  mission  qu'on  a 
acceptée,  quand  surtout  dégagée  de  tout  intérêt  privé,  elle  n'a 
d'autre  but  que  de  rappeler  l'attention  et  les  recherches  d'une 
société  savante  sur  tel  ou  tel  monument.  Je  me  pénétrerai  tou- 
jours, Messieurs,  de  cet  esprit,  lorqu'il  s'agira  de  vous  faire  des 
rapports  sur  l'état  de  nos  monuments. 

MoiiVMEiiTS  Celtiques.  — -  Les  plus  remarquables  sont  le 
dolmen  de  St.-Antoine-du-Rocher  que  j'ai  dessiné  avec  soin  , 


DU   DépÂUTBIlElIT  p'iNDBB-ETaoïBI.  279 

et  ceux  situés  près  de  Tilc  Bouchard.  Les  Gaulois  plaçaient 
ordioairemeot  sur  le  bord  des  grands  cfaeimus  ces  monuments 
élevés  en  T  honneur  de  Teutaiès  ou  Mercure  qui  pi-ésidait 
aux  routes. 

MoirvMBiiTS  BoMAins.  A  Cœsarodunum  ,  une  grande 
partie  de  Tenceinte  romaine  existe  encore  et  présente  wi  pare^ 
ment  en  pierre  de  petit  apparat ,  désigoépar  Vitruve  sous 
les  noms  de  mirmto  lapide*  A  sa  base ,  de  gros  blocs  dans 
quelques  endroits,  rappellent  les  monmneBts  pélagiques. 
lia  partie  supérieure  est  divisée  inégalement  par  deux  rangs 
de  belles  briques  d'un  pied  cfe  surface  environ  sur  dix-huit 
lignes  d'épaisseur.  Les  joints  sont  en  mortier  composé  de 
chaux  ,  de  sable  et  de  ciment ,  et  présentent  une  très-grande 
dureté.  Vis-à-vis  le  couvent  des  Ursulines ,  un  bas-relief  re- 
ptésente  une  Diane ,  prccc(Éce  d'un  Génie  dont  la  tète  est 
cntièi'ement  fruste.  Dufour  ,  dans  soi»  histoire  de  TourainOi 
page  24,  jugeant  diaprés  Winkelmann  ,  présume  que  ce  bas- 
relief  n'est  qu'ua  fragment  de  stylobat&é 

Abandonnaiirt  cette  question  peu  importante  aujourd'hui  , 
nons  nous  coutenieron»  de  signaler  à  votre  attention  ce  bas - 
relief  remarquable ,  et  qui  rappelle  la  statuaire  des  beaux 
temps  de  répoqkie  romaine • 

A  quelques  pas  de  là  est  un>  fragment  de  pilastre  cannelé 
dont  la  courbure  des  camieaux  est  méplate ,  et  pbis  loin  uno 
excavatiou  £siite  depuis  »n  siècle  environ  permet  de  juger 
l'épaisseur  du  mur  dent  le  noyau  onemplecton  est  en  moellons 
poses  à  bain  de  mortier.  Parmi  les  bloes  de  pierre  on  y  re- 
marque des  débrb  de  pilastres  eannelés  dont  un*  à  canneanx 
saillants.  Une  portion  de  lut  de  coh>Due  dont  les  canneaox 
oui  pour  rayou"  moitié  de  leur  diamètre*,  et  en£n  un  chapiteau 


28o  SUA   tes   BfOHUMBliTS 

sculpté  sur  urne  pieite  dont  k  nature  se  rapproche  assez  de 
celles  tirées  des  carrières  deSt.-Âignan-sorrCher«Ce  ckapiteau 
un  peu  mnlilé ,  de  style  coriotbîça  ^  appsttieot  à  i'époqae  de 
décadence  qui  précéda  Constantin. 

Tous  ces  débris  font  donc  au  moins  préjuger  de  Texis* 
léBce  d'an  tempk  et  de  plusieurs  autres  monuments  déti'uits , 
peut-être  rers  la  fin  du  IV'.  siècle ,  sons  l'empereur  Gratien , 
époque  k  laquelle  Saint  Martin  siégeait  à  Tours.  Nous  ne 
pouTons ,  du  reste  ^  Messieurs ,  qu'établir  une  opinion  hypo^ 
tbétique  sur  ces  fragments  intéressants. 

La  portion  d'enceinte  romaine  que  tous  avez  visitée ,  Mes- 
sieurs, fixe  d'une  manière  certaine  la  position  de  Cœsarodu" 
num*  Son  développement  est  encore  assez  considérable.  In- 
terrompue lorsqu'on  pratiqua  la  rue  du  faubourg  St. -Pierre- 
des-Corpfi,  elle  se  prolongeait  jusqu'au  quai  près  la  rue  du 
Port-Feti-Hugon  ,  se  repliait  en  ligne  droite  dans  toute  son 
étendue  jusqu  à  sa  limite  occidentale,  au  droit  de  la  rue  Sl.- 
Manrice  ,  et  enfin  venait  se  rattacher  à  la  partie  actuelle  en 
comprenant  intrà  nmros  la  cathédrale  et  une  portion  de 
rarchevêché. 

On  remarque  sur  le  quai ,  près  l'ancienne  ^lise  St.-Libert, 
quelques  débris  de  cette  même  enceinte  de  construction  et 
d'appareil  entièrement  semblables  au  mur  ci-dessus  décrit. 
Une  construction  faite  tout  récemment  par  le  génie  militaire 
en  a  £iit  disparaître  une  portion  fort  intéressante,  terminée 
par  une  tour  pleine  en  partie  et  d*une  grande  épaisseur.  A  cet 
endroit  était  une  des  portes  d'entrée  de  Oesarodumim* 

Dufour  ,  dans  ses  recherches  sur  la  disposition  de  cette  an- 
tique cité,  croit  que  l'fayppodrôme  du  palais  impérial  pouvait 
être  à  la  partie  Sud-Est  du  mur  d'enceinte. 

Avant  d'émettre  aucune  opinion  à  cet  égard,  je  crois  devoir, 


DU   DipABTIMERT   1>*INDRE-IT-LOIRB.  tftSi 

MessMorSy  entrer  dans  quelques  défâik ,  sur  la  disnribotion 
des  anciens  palais  romains. 

-  On  renomtK  assez  fréquemment  dans  la  compnsilton  des 
anciens  palais  romains  de  grandes  divisions  j  attenant  pour 
la  plupart  et  destinées  à  la  culture  de  Tesprit ,  ainsi  qu'aux 
exercices  du  corps»  Le  bel  ouvrage  de  M*  Uouet ,  arckilecte 
du  gontemement ,  peut  nous  donner  une  idée  assez  exacte  de 
leurs  tliennes  par  ceux  de  Caracalla.  Indépendamment  de  ces 
denxétabUssements,  venaient  encore  lesphensterium  ou  jeu 
de  paume,  terminé  par  des  portiques  et  gradins  pour  les  spec- 
tateurs et  i  rextrémité  duquel  était  Yaleatonum ,  salle  de 
récréation,  dans  laquelle  on  se  livrait  à  différents  )enx,  tels 
qa*aux  osselets,  aux  dés,  aux  calculi,  etc.  Enfîn  le  gymna* 
4iimm  avec  son  exèdre  en  Ibrme  d*liémicycie  y  dont  les  murs 
peints  à  fresque  avec  beaucoup  d*art  représentaient  des  faits 
mythologiques  ou  les  principaux  événements  des  combats;  le 
premier ,  destiné  ^  la  promenade  ;  le  second ,  consacré  k  la 
conversation. 

Quels  étaient  maintenant  les  palais  impériaux  construits 
dans  les  Gaules ,  sous  la  domination  romaine.  Toutes  les  rc- 
cberches  n'amèneraient,  je  pi*ésume  ,  à  connaître,  même  dans 
nos  villes  du  Midi  presque  romaines ,  que  de  très-minimes 
Fractions  des  parties  qui  composaient  le  plus  souvent  les  palais 
des  empereurs  en  Italie.  Ainsi ,  dans  beaucoup  de  villes  de 
cette  contrée  de  la  France ,  on  a  découvert  des  monuments 
lomaios,  mais  presque  toujours,  ils  étaient  destinés  aux 
culte  ou  aux  délassements  d'une  population  nombreuse. 

En  admettant  donc  qu'il  existât  un  byppodrôme  dans  le 
palais  impérial ,  cbose  que  nous  ne  pensons  pas^  parce  que  ces 
établissements  d'origine  purement  grecque  s'étaient  transfor- 
més sous  les  Romains  en  amphitbcâtrcs  et  en  cirques.  Sa  po- 
sition, indiquée  par  Dufour,  nous  paraîtrait  moins  convenable 


282  SXJR    LES  MONUMEZTTS 

que  dans  remplacement  à  Test,  figuré  mr  le  plan  qqe  )*ai  cru 
devoir  vous  soumettre. 

^ilia  itAzay-le- Rideau. — A  quelque  distance  d'Afay- 
k'-Rideau,  chef-lieu  de  canton  de  Tanondissement  de  Chinou, 
situé  au  bord  de  Tlodre  et  au  Sud  de  Tours,  existent  encore 
les  restes  d'une.yilla  romaine  ,  dont  les  ruines  appartiennent 
au  propriétaire  du  délicieux  manoîr  d'Axay ,  et  n'en  sont  que 
très-peu  éloignées.  Malheureusement  aucune  circonslance  ne 
vient  en  aide  pour  expliquer  ces  ruines.  Plusieurs  pièces  de 
proportions  diâerentes  en  composent  Fensemble,  mais  dénuées 
complètement  de  détails ,  et  sans  aucunes  traces  d'ouvertures 
ni  de  portes  :  on  ne  peut  que  former  des  conjectures  sur  leur 
usage. 

Une  ferme  en  couvre  une  partie ,  et  des  fouilles  faites  dans 
le  voisinage  ont  eu  pour  résultat  la  découverte  de  différents 
objets  fort  curieux  ,  entr'autres  quelques  fragments  de  vases  , 
un  sygillum  et  un  petit  bas-rciief  en  porphyre  rouge.  De 
nouvelles  fouilles  faites  au  milieu  de  ces  ruines  conduiraient 
peut-être  à  les  connaître  mieux. 

Sous  la  forme  d'un  rectangle  allongé,  la  longueur  totale  de 
la  partie  apparente  est  de  SS*".  67  c.  sur  une  largeur  de  8"*. 
45  c,  et  de  7"*.  o5  c. ,  la  hauteur  moyenne  étant  d'un  mètre, 
A  l'extrémité  Nord ,  la  première  pièce  a  9*°.  5o  de  longueur 
sur  7"^.  o5  de  largeur.  Cette  pièce  de  même  construction  que 
toutes  les  autres  et  présentant  un  double  parement  de  petites 
pierres,  genre  de  construction  connu  sous  le  nom  de 7»/nf£to 
lapide,  n'oSre aucunes  traces  de  portes  ni  de  croisées^  les  ronces 
et  les  pierres  qu'on  en  dclaclie  de  temps  en  temps  en  recou- 
vrent le  fond.  La  deuxième  ,  en  se  dirigeant  du  Nord  au  Sud 
et  n'ayant  qu'un  mètre  trente-cinq  centimètres  de  largeur  , 
pouvait  servir  de  corridor  ou  fauccs.  Les  deux  autres  qui 


DU    DÉPARTEMENT   d'iNDRE-ET-LOIRE.  285 

yienneni  immédiatement  après  ont  chacune  quatre  mètres 
soixante-dix  centimètres  de  largeur  sur  une  longueur  de 
sept  mètres  trois  centimètres. 

Suivent  quatre  cabinets  de  trois  mètres  vingt-un  centimètres 
de  longueur  sur  un  mètre  quatre- vingt*douzc  Centimètres  de 
largeur.  Enfin  la  dernière  a  dix  mètres  de  largeur  sur  même 
longueur  de  sept  mètres  trois  centimètres. 

Ne  pouvant,  Messieurs  ;  me  faire  une  opinion  positive  sur 
la  destination  de  ces  ruines  ,  je  ne  serais  pas  cependant  éloigné 
de  croire  que  cette  partie  de  F  habitation  pouvait  servir  de 
bains;  les  cabinets  que  je  viens  de  vous  citer,  pouvaient 
être  \qfficium  et  le  tepiclarium.  Toutes  les  pièces  qu  elle 
contient  se  retrouvent  à  peu  près  dans  les  bains  des  habitations 
particulières  chez  les  Romains. 

Aqueducs,  — •  Luyoes ,  ancien  Maille ,  Maliiacum ,  nous 
a  conservé  jusqu*ici  les  ruines  d'un  magnifique  aqueduc  , 
destiné  sans  doute  à  fournir  Teau  nécessaire  à  rétablissement 
romain  assis  sur  ces  hauteurs.  Les  sources  du  Cérain  ou  de 
SembUincay  alimentaient  probablement  cet  aqueduc  qu  ont 
décrit  La  Sauvagèrej  et  tous  les  historiens  qui  se  sont  occupes 
de  l'histoire  de  Tonraine.  La  construction  de  ses  arcades  est 
de  même  nature  que  celle  du  mur  d'enceinte  que  vous 
avez  viiitè ,  sinon  que  nous  n'y  avons  remarqué  de  briques 
que  dan»  les  parties  cintrées.  Cet  aqueduc  était  à  peu 
près  placé  perpendiculairement  au  cours  de  la  Loire.  Un  autre 
aqueduc  situé  sur  la  rive  gauche  du  Cher  &  une  distance  d'un 
quart  de  lieue  environ  de  cette  rivière,  est  adossé  au  coteau. 
Nous  n'avons  remarqué  dans  ce  dernier  qu'une  faible  portion 
en  arcades  ,  beaucoup  moindre  i{\xt  celle  qui  nous  reste  de 
l'aquéduc  de  Luynes.  Cet  aqueduc  n'est,  à  proprement  parler, 
qu'un  canal  taillé  dans  les  rochers  du  coteau  ,  et  dont  les  deux 


^84  SUJl   LES  MOnUMSlfTS   D'HfDBE'ET-LOIftB'. 

extrésu  té& ,  au  droit  du  ya  I  loo  si  lue  de ya  n  l  k  bo«ii|[  de  Si.  -Mar- 
tia- le^Bea a ,  soet  réunies  pa r  phnieurs  arcades^  e lies  sou  i  e acore 
de  même  construcûon  que  les  antres  moanmeals  déj4  décrits. 

Il  ne  reste  aujourd' Lui  presque  aucnocs  traces  des  voies  et 
des  camps  romains  dont  les  priacîpaax  éiaieot  k  Layues  et  à 
Amboise. 

J'ai  cru  devoir ,  Messieurs ,  feroier  cette  période  de  oos 
constructions  romaines  par  la  pile  St.-Mars  ,  mouumcat  le 
plus  curieux  peut-être  de  tous  ceux  de  cette  époque  ,  qui  nous 
r  jstent  eu  Touraine»  La  noure^le  description  qu'en  a  donnée 
Tun  de  nos  savants  collègues  ^  M.  de  La  Saussaye  ,  vann  ins- 
pecteur divisionnaire ,  est  uue  œuvre  consciencieuse  d*étude 
et  de  savoir.  En  renvoyant  k  sa  notice  pour  Thislorique  de  ce 
monument,  nous  nous  contenterons  de  dire  que  nous  pi  na- 
geons Topinion  de  l'auteur ,  que  la  pile  St.-Mars  est  bien  un 
monuroentromain.il  ne  faut  en  effet,  pour  en  être  bien 
convaincu ,  qu'exaBÛoer  avec  soin  ces  briques,  quoique  de 
proportioDS  dil{érentes  de  ceiks  employées  dans  le  mur  d'en- 
ceinte dtt  Cœsarodunum  )  ces  débris  du  mur  voisin  dont  le 
revêtement  et  Tappareil  ne  peuvent  laisser  Id  inoîndre  incer- 
titude ^  enfin ^  ces  mosaïques  placées  en  effleurement  k  sa  partie 
supérieure ,  da^is  lesquelles  la  pierre ,  la  brique  et  le  ciment 
affectent  des  formes  diilcrentes. 


SUR    l'^GLISI  IliTROPOUTAIirB   DE   TOVES.  SSS 


PRÉCIS  HISTORIQUE 

Sur  la  €om$iruâtian  de  l' Eglise  métropolitaine 

de  Tours; 

Pab  m.  l'adbI  MANCEAV  , 

Cbanoiaf  biMieraiil^*  ftlcmbre  4«  (WascU  géaéral  «doiialflntirâe 
U  Société  Française  pour  la  oonaervatioB  des  MooamMils. 


Trois  sièdea  s'étaient  écoulés  depuis  rimmolation  da 
Sanyeur ,  et  les  Cfaréûeus  «  multipliés  à  Tlufini ,  n'avaient  pn 
construire  un  seul  temple  digne  de  la  sainteté  de  leurs  mysi* 
tères,  digne  de  la  grandeur  du  Dieu  ^u  ils  adiNraient.  Pendant 
ces  îottrs  de  deuil ,  de  désolation  et  de  sang  ,  le  non  de  Chré* 
ti^i  était  un  titre  de  persécution  et  de  mort  ;  aussi ,  des  grottes 
proloodes ,  des  retraites  souterraines  et  presque  inaccessibles 
fnyenl-«lies  les  premières  églises  du  Christianisme  y  les  premiers 
temples iln  Christ.  Mais  ^pmnd  i)  plut  ^  la  divine  Providen^w 
d'arrêter  le  bras  des  jjourreaux ,  de  faire  respirer  son  Eglise  ^ 
quand  la  Croix  apparut  sur  ie  diadème. des >Q§sars,  quand élk 
vint  s'asseoir  sur  Je  trône  du  igrand  Con^MMUtin  ^  elle  chassa 
rapidement  les  dieux  du  paganisme  <de  leun  ten^ples  ;  ce  foft 
oowmtfoor  s'installer  h  ionrplace^  et  readreà  une  plusdigne 
deslinalion  les  œwires  de  l'art ,  qui  nejont  jamais  plus  belles 
que  lorsqu'elles  sont  vdianssées  par  la  moralité  et  le  génie  re- 
ligieux. Cependant,  aucnlle  nooTeau  il  fallut  de  nouveaux 
temples  et  unearchitcctareneuvdUe  f<pii«xprimât  ses  tendances 


s 


J 


286  PRÉCIS   HISTORIQUE 

mystérieases  et  mélancoliques.  De  ïk  le  style  des  églises ,  du 
cinquième  au  douzième  siècle  ,  emprunté  des  basiliques 
romaines,  qui  n^étaient  autre  cbose  que  des  palais  de  justice  et 
des  bourses  de  commerce.  La  voâle  et  le  plein  cintre  triom- 
phèrent partout  de  la  rotonde  du  plafond  et  de  la  ligne  droite. 
La  yoûte  elle-même  s'abaissa  ,  les  cintres  s'écrasèi^ent  dans  ce 
goût  nouveau  ,  qui^  dans  sa  massive  pesanteur  et  sa  sévère  so- 
briété d'ornements ,  ne  manquait  cependant  pas  de  majesté. 
Cest  ce  genre  de  style  qu'en  Italie  ou  appelle  Lombard ,  en 
Angleterre,  Saxon,  et  ailleurs;^ Roman  ou  Byzantin. 

La  France  ne  possède  plus  maintenantqu'un  bien  petit  nombre 
d'églises  de  ce  genre  d'architecture.  Les  débris  en  deviennent 
chaque  jour  de  plus  en  plus  rares  3  et  parmi  ceux  que  l'action 
destructive  du  temps  a  épargnés  ou  que  la  main  des  hommes  a 
conservés ,  nous  pouvons  citer  l'ancienne  église  collégiale  de 
Notre-Dame  de  Loches  ,  aujourd'hui  église  paroissiale  de  S^.- 
Ours  ,  la  vaste  et  imposante  église  de  Preuilly  ,  le  clocher  de 
Cormery,  les  tours  de  S^- Julien,  celles  de  Charlemagne  et  de 
r Horloge  ,  à  Tours,  qui  semblent  avoir  échappé  par  prodige 
h  la  destruction,  pour  protester  a  jamais  contre  les  vandales 
modernes  ;  ces  vandales  qui  privèrent  notre  patrie  du  plus  beau 
monument  élevé  dans  son  sein  en  l'honneur  du  grand  Saint , 
la  gloire  de  la  Touraine ,  qui  pendant  tant  de  siècles  fît 
briller  notre  ville  d'un  si  i(if  éclat. 

Vers  le  XIP.  siècle ,  une  révolution  s'opéra  dans  la  structure 
des  édifices  religieux.  Les  Arabes  qui  avaient  conquis  la  Sicile 
et  l'Espagne ,  et  dont  la  civilisation  devançait  de  beaucoup 
celle  de  l'Europe ,  avaient  apporté  dans  ces  deux  contrées  leur 
architecture  orientale ,  les  dômes  élancés ,  les  minarets  aigus , 
et  les  gracieuses  ogives  dont  le  goût  ne  faisait  que  de  naitre. 

Alors  les  Croisades  aussi  hâtèrent  le  mouvement  intellectuel  3 


SVR    L^AgUSB   MfrROPOLITâlNE   DE   TOURS.  287 

rOrient  dam  son   heareni  contact  avec  l'Earope  vint  lai 
prêter  sa  vigueur  et  sa  vivacité.  Les  arts  s'ébranlèrent  sous  sa 
brûlante  inspiration  ,  et  tout-à-coup  Tarchitecture  subit  une 
immense  transfoi-mation.  La  iorme  byzantine  se  retrempa  de 
la  manière  la  plus  beureasc  dan:»  le  style  oriental.  Les  lourds 
portails  s'allongèrent  en  arcs  aigus.  Les  voûtes  pesantes  s'élan- 
cèrent à  d'immenses  hauteurs.  Les  colonnes  massives  se  fuse- 
lèrent et  se  réunirent  en  £iisceanx  3  et  partout  au  plein  cintre 
succéda  l'ogive  sariaiine  ,  perfectionnée ,  embellie  et  étendue 
dans  SCS  applications  par  le  génie  si  particulier  des  artistes 
chrétiens  de  l'Occident ,   que  l'on  peut  appeler  avec  raison 
l'architecture  de  cette  époque ,  connue  sous  le  nom  si  impropre 
de  Gothique,  architecture  Occidentale  ,  et  aussi  architecture 
Religieuse ,  tant  elle  était  capable  de  perfectionner  la  sym- 
bolique chrétienne ,  de  rendre  palpables  les  idées  de  la  Foi , 
de  réaliser  sur  la  terre*la  Jérusalem  céleste  chantée  mille  ans 
auparavant  par  le  prophète  de  Pathmos.  En  efièt,  Messieurs,  tout 
dans  une  cathédrale  du  moyen  âge  a  un  langage  expressif,  un 
langage  qui  devrait  être  compris  par  tous  ceux  qui  la  fréquen- 
tent 3  et  sa  forme  en  croix  et  ses  chapelles ,  nobles  gloires  qui 
rayonnent  autour  de  U  tête  du  Christ  ^  et  ses  vitraux  brillants 
dont  les  couleurs  lumineuses,  au  lond  d*cmpirée-,  au  lond  cé- 
leste ,  vont  se  réfléchir  en  rubis  ,  en  topazes ,  en  saphirs ,  en 
émeraudes ,   sur  les  colonnes,  sur  les  muis,  sur  le  pavé, 
pour  proclamer  hautement  que  cette  maison  est  la  maison 
.  du  Dieu  qui  remplit  tout  l'univers  de  sa  gloire  et  de  sa  magni- 
ficence; et  ces  verrières  magnifiques,  qui  dans  le  silence  du 
plus  profond  recueillement  annoncent  h  tous ,  à  ceux-là  même 
qui  ne  savent  pas  lire,  les  mystères  de  la  vie  du  Sauveur  comme 
sa  divine  Loi ,  et  les  actions  saintes  de  leurs  protecteurs  et 
leurs  modèles  :  la  pierre  elle-même  ne  semble-i-elle  pas  se  dé- 


286  PBéciS  BfSTOUlQVB 

gager  de  hoialièiie ,  itwemr  aérteane ,  et  ens'élevaot  en  fiMrme 
pyramidale  ne  semb&M-^eile  pai  ealever  rhomaie  de  dessus  la 
teire  pour  relancer  presque  malgré  lui  vetB  le  Ciel  ? 

Tel  fut  le  style  qui  servit  de  type  aux  constmeteurs  de 
ré|^se  métropolitaine  j  car  c'est  dans  la  dernière  moitié  du 
XIP.  siède  que  fut  conçu  le  projet  de  cette  noble  ^liae  de 
Tours- 
Ce  fut  hors  de  la  Tille  romaine  «  de  Cœsarodunum  ,  que 
durent  nécessairement  se  réunir  les  premiers  Tourangeaux 
convertis  &  FEvengile  par  les  prédications  de  leur  premier 
apôtre  saint  Catien ,  envoyé  dans  les  Caaies  par  le  pape  saint 
Fabien ,  vers  la  seconde  moitié  du  III*.  siècle.  Dans  le  secret 
ils  étaient  chrétiens ,  dans  le  secret ,  loin  du  regard  des  payons , 
ils  célébraient  leurs  mystères ,  tant  ils  avaient  h,  redouter  la 
rage  de  leurs  ennemis.  Quand  ils  purent  respirer  un  instant , 
quand  ils  purent  puUiqaeiuent  s'avouer  chrétiens ,  leurs  corps 
cependant  ne  reposèrent  pas  avec  les  corps  des  autres  citoyens  5 
hors  de  la  ville  seulement  il  leur  était  permis  de  dqMser  lea 
ossements  de  leurs  frères ,  et  ce  lieu  ,  comme  l'apprennent  Iobb 
ceux  qui  se  sont  occupés  de  l'histoire  de  Tooraine ,  est  évir 
demment  4:elai  où  plus  tard  furent  déposés  les  restes  de  saiitf 
Catien ,  près  duquel  plus  tard  encore  furent  bâtis  l'église  et 
le  ËMibourg  de  Notrc-Dame-k'-Riche. 

La  première  église  de  Tours  où  les  chrétiens  commencèreni 
Il  s'assembler ,  ne  doit  donc  point  être  placée  dans  l'enceânte 
de  Cœsaroduman ,  mais  bien  aux  environs  àvt  premier  cimc^ 
tière  des  chrétiens. 

Vicrs  cette  époque ,  saint  Lidoire ,  successeur  de  saint  Catien , 
bâtit  une  église  dans  l'enceinte  romaine  ou  de  Cœsarodunum  s 
an  moyen  de  l'abandonnement  que  fit  de  sa  maison  un  ^ntu- 
rion  nommé  Cornélius ,  snivautie  témoignage  de  saint  Jérôipe 


SUR   L  £gL»B   HiTROPOLITAtirB   DB   TOURS.  289 

dauB  sa  44'-  éfitit  h  MarceUns ,  Saiat  Gr^oirede  Toms  , 
Hv»  X,  di*  5i  ,  dit  qnece  fot  dans  la  huûsod  d'nn  séaateor 
dont  il  oe  nons  transnet  pas  k  nom.  Qaoi  qu'il  eo  soit ,  c'est 
U  qne  fimol  sacrÀ  saint  Martin  et  tous  les  cvéqnes  9ts  sacoes* 
aeiirs  josqa'en  55 1  •  Dès  son  origine ,  saint  Martin  k  mit  sons 
TinTOcation  d'un  martyr,  selon  l'nsage  dn  temps;  il  la  mît 
sons  celle  de  saint  Maurice  et  de  ses  compagnons  :  elle  y  resta 
jusqu'à  la  fin  du  XIII*.  siècle  ;  alors  elle  porta  indistinctement 
le  nom  de  S^*Maurice  on  de  S'.-Gatien ,  mais  ce  dernier  a 
prévalu  j  et  ce  changement  fiit  opéré  à  Toccasion  d'une  ooo* 
frérie  que  les  chanoines  araient  établie  en  l'honneur  de  leinr 
I**.  érêque,  pour  l'achèvement  de  leur  église. 

Saint  Grégoiie,  son  illustre  successeur^  saint  Gr^[oire  , 
notre  savant  historien ,  perdant  l'espoir  de  restaurer  l'église 
de  saint  Lidoire ,  l'abandonna  ,  puis  se  mettant  k  l'œuvre  «  il 
en  éleva  une  autre  plus  belle  qu'il  décora  de  magnifiques 
peintures ,  selon  son  propre  témoignage  ,  et  la  consacra  de 
nouveau  sous  le  vocable  de  S^ -Maurice ,  en  58a. 

Cette  ^lite  romane  fut  l'élise  métropoliuine  de  Tours 
pendant  l'espace  de  584  ans ,  c'est«li-dire  jusqo>n  1 1€6  ^ 
qu'elle  devint  la  proie  des  flammes. 

Le  roi  Louis  VII  ne  pouvant  aller  en  personne  secourir 
les  chrétiens  de  la  Terre-Sainte  ,  imposa  sur  tous  ses  sujets 
la  tfixe  du  lo*.  de  kurs  revenus.  A  sou  exemple  Henri  II 
convoqua  au  Mans,  le  17  mai  1166,  les  prélats  et  les  sei- 
gneurs de  ses  états  d'outre-iner ,  et  de  leur  avis  il  ordonna  une 
imposition  générak  ,  payable  en  cinq  ans  ;  le  premier  terme 
à  raison  de  deux  deniers  par  livre  de  tous  les  levenus  et  efiëls 
mobiliers  ,  et  ks  quatre  autres  à  raison  d'un  denier  seulement. 
Pour  éviter  de  dusses  déclarations  qui  auraient  pu  être  fiicile- 
ment  faites  ,  il  voulut  que  chaque  particolkr  allât  h  sa  pa- 

21 


290  PBéaS  BISTOEIQVE 

roisse  déclarer  par  sennent  Umt  ce  cpi'il  possédait  de  biens,  et 
poar  oe,  qu'il  y  eût  un  tronc  qui  devait  recevoir  dans  les  églises 
les  sommes  qii-oa  apporterait  :  rénnies  dans  la  cathédrale,  elWs 
devaient  toutes  être  transférées  dans  T^lise  qui  serait  indiquée 
par  le  Roi.  La  recette  générale  des  deux  Etals  lut  mise  eu 
dépôt  dans  la  cathédrale  de  Tours  bâtie  par  saint  Gr^oire  , 
du  consenteuient  du  roi  Henri.  Soscion  ,  alors  archevêque  de 
Tours,  comme  métropolitain ,  prétendit  au  droit  de  faire  porter 
en  Terre-Sainte  par  ses  commissaires  tons  les  deniers  déposés 
dans  son  église  ;  Henri  s'y  opposa  ,  prétendant  conGer  h  ses 
commissaires  les  sommes  perçues  dans  ses  Etats  ;  Louis  soutint 
rarchevêque  3  Henri  était  trop  fier  et  trop  fort  pour  céder  ^  la 
qncrelie  sVchaufiant  y  on  en  vint  aux  mains  ;  la  ville  de  Tours , 
comme  lieu  du  dépÂt,  devait  êti*e  et  fut  eu  etfêt  ia  première 
victime  des  fureurs  de  la  guerre  5  les  flammes  la  détrnisirrnt 
en  partie,  et  n'épargnèrent  point  la  cathédrale  ,  qui  depuis 
cinq  siècles  ne  cessait  de  rappeler  toute  la  munificence  4o  saint 
Grégoire. 

La  paix  se  fit ,  mais  trop  tard  pour  }a  ville  et  la  cathédrale 
de  Tours.  L'archevêque  Soscion  était  un  prélat  d*na  esprit 
ardent ,  homme  d'action  ,  ami  des  arts  ;  il  résolut  de  recons- 
truire la  cathédrale  de  Tours ,  mais  suivant  les  inspirations 
de  rarchileclure  nouvelle ,  de  l'architecture  ogiyale  :  il 
s'entoura  donc  de  ce  qu  il  y  avait  de  plus  instruit,  de  plus 
habile  dans  l'art  de  bâtir  ,  et  Tannée  suivante ,  en  1 170  «  il 
f}t  poser  la  première  pierre  de  cette  magnifique  métropole , 
qui  depuis  tant  de  siècles  fait  l'admiration  des  connaisseurs. 

Lorsqu'on  tourne  ses  regards  vers  ce  gigantesque  enfan- 
tement de  l'art  n*ligieux  du  moyen  âge ,  vers  ces  somptueuses 
bcisiliqnes  que  l'on  trouve  disséminées  jusque  dans  les  pro^ 
vioces  lis.plus  reculées ,  dans  les  villes  les  rnoin^  importantes  j 


SUB    1  EGLISE   MiTPOPOLITAIVE   DE   TOURS.  29 1 

on  se  danande  par  quelle  merveille  de  riebesse  et  d'industrie 
ont  pu  s'ékyer  tant  et  de  si  magnifiques  monuments.  C'est  que 
ce  n'était  l'ouvrage  ni  de  la  richesse  ni  de  l'industrie ,  mais 
d'une  puissance ,  hélas!  bien  diminuée  aujourd'hui ,  la  Foi  3 
c  est  ce  puissant  levier  qui  a  Ciit  surgir  comme  par  enchante- 
ment toutes  nos  vieilles  basiliques. 

«  A  la  voix  des  évêques ,  comme  l'a  si  bien  dit  un  de  nos 
«  savants  colbberateurs^  des  peuples  entiers  se  réunissaient 
V  p09T  créer  ces  miraculeuses  cathédrales  3  les  rois  y  contri- 
«  huaient  par  leurs  dons ,  les  papes  par  leurs  bulles,  les  poètes 
«  par  leurs  chants  ,  les  prêtres  par  leurs  puissantes  exhorta- 
«  tiens.  Ce  n'était  pas  l'œuvre  d'une  seule  communauté,  d'une 
«  seule  province  5  c'était  une  œuvre  qui  intéressait  toute  la 
<r  Chrétienté  ,  et  pour  laquelle  on  n'épargnait  ni  l'or  ni  le 
a  tempa^Les  aumônes  des  Fidèles  accouraient  de  tons  les 
a  royaumes,  et  parfins  des  extrémités  de  l'Europe ,  pour  cette 
a  fondation  sacrée.  Les  pèlerins  venaient  jusque  des  contrées 
«  les  plus  éloignées,  gagner  les  indulgences  promises  en  se 
«  vouant ,  pendant  des  mois ,  des  années  entières ,  au  saint 
«  travail,  à  l'œuvre  de  Dieu ,  à  l'œuvre  par  excellence.  Des 
a  associations  d'ouvriers  et  d'artistes ,  exaltés  à  la  fois  par 
«  l'amour  de  l'art  et  de  la  Religion ,  dévouaient ,  avec  une 
u  abn^ation  que  nous  ne  pouvons  plus  comprendre ,  leur 
«  existence  entière ,  k  l'accroissement  et  à  l'embellissement  de 
«  ces  majestueux  édifices  avec  lesquels  leur  ame  s'était  iden- 
c  tifiée.  Les  générations  se  succédaient,  les  incendies,  les 
a  désastres  de  toute  nature  désolaient  la  contrée ,  les  guerres 
a  bouleversaient  le  sol,  sans  que  la  pensée  commune,  la  grande 
«  pensée  du  pays  en  souffrit  aucune  atteinte.  Parfois ,  sans 
a  doute  ,  on  était  contraint  par  le  malheur  des  temps  de  sus^ 
a  pendre  Tœuvre  ;  mais  ,  l'orage  un  fois  calmé  et  le  ciel  rede- 


39?  rnécis  histohique 

a  venu  serein  ,  on  se  remettait  h  la  sainte  lâelie  ,  et  soarent 
«  avec  d^antant  plus  d*ardcnr ,  que  ces  iêrvents  catholiques 
«  croyaient  fermement  que  le  Ciel  ne  leur  enyoyait  ces  con* 
«  iradictions  que  pour  mieux  éprouver  leurs  vertos,  et  leur 
u  donner  un  moyeu  plus  sûr  de  signaler  leur  tèle  pour  la 
as  Religion.  » 

Telle  fut  rhistoii-e  de  notre  cathédrale  :  commencée  eu 
1170,  on  y  travaillait  encore  en  i547*  De  1^  ce  proverbe 
populai  re  :  (Test  interminable,  c'est  C œuvre  de  saint  Maurice. 
Ce  fut  Tarclievêque  Soscion  qui  en  posa  la  première  pierre 
et  en  commença  les  travaux  avec  les  sommes  échappées  à  l'in* 
ccndie  de  1 166  ;  et  dans  l'espace  de  90  années  on  vit  s^élever 
la  plus  belle  partie  de  Téglise  ,  cVst-à-dirc  les  1 5  chapelles  dn 
.rond-point ,  le  sanctuaire  ,  le  chœur  ,  le  transept  oivla  croisée 
et  la  nef  jusqu'au  second  pilier  qui  ne  furent  terminées  qu'en 
I3b6,  sous  l'épiscopal  de  Vincent  dePcrmil.  5o  ans  plus 
tard  les  deux  portails  dn  transept  arrivent  à  leur  perfection. 
108  ans  plus  tard  ,  en  iS^S,  les  chanoines,  désespérant  de 
voir  arriver  à  sa  Hn  leur  cathédrale  ,  arrêtée  dans  son  pro- 
longement ,  construisirent  â  leurs  dépens,  et  avec  5oo  livres 
que  leur  envoya  à  cet  effet  Charles  V  dît  le  Sage  en  i?77  1 
un  clocher  en  bois  au-dessus  de  la  nef  ]  il  fut  détruit  en 
14^5,  sous  répiscopat  de  Jacques  Gelo.  Le  jour  de  saint 
Urbain  ,  i5  mai ,  la  foudre  le  détruisit  ainsi  que  la  cloche. 
L'année  suivante  1426 ,  le  jour  anniversaire  de  saint  Urbain 
et  de  l'inœndie  du  clocher  en  bois ,  le  Chapitre  arrête  la  con- 
tinuation des  deux  tours  jmnelles ,  qui  déjà  s'élevaient  au<^ 
dessus  dn  sol  de  5o  pieds  environ. 

Enfin  ,  en  i45o  ,  l'adrèvcroent  de  toute  l'élise  est  aussi 
arrêté  ;  on  entreprend  la  construction  de  la  nef ,  des  latéraux 
et  des  chapelles ,  depuis  la  deuxième  pile  jusqu'aux  deux  tours 


I 


SUB    L*ÉGLM8   uélBOrOLlTAIVi^   DB   TOURS.  ^^ 

jumelles  |  rar.cheyè(|ile  Philippe  de  RoeU|uis  donoe  4^o  cens 
d'or,  k  cbapitre  uae  forêt  pour  aidei*li  C^briqiie.  Gnillaumc 
Aofus,  ebarpeolier ,  reçoit  58o  livres  pour  la  construction 
de  la  charpente ,  ibais  pour  subvenir  à  tant  d;;  dépende:» , 
Jean ,  trésorier  de  l'église ,  obtient  du  pape  Eugène  IV  « 
indulgence  pléaière  pour  tou>  ceux  qui  visiteraient  TfglijC 
do  Tours  le  jour  de  «la  Translalion,  de  St.-Gatien  et  de 
r Assomption  de  la  sainte  Viorfue  «  et.  y  (braient  qtu^lquc 
aumône.  Les  papes  Sixte  IV  et  Innocent  VUI  acoQfdeut  les 
mêmes  privilèges  aux  mêmes  conditions. 

Sons  le  même  épiseopat ,  144^1  commencent  les  travaux 
de  la  grande  f;içade ,  qui  u' arrivent  h  leur  perfectîoQ  qu'en 
i5oo ,  sous  Robert  de  Lenoocour  alors  arebevéqoe.  Ce  prélat 
fait  sculpter  admirablement,  à  gauche  de  la  façade»  non  loin 
des  portes  ,  la  stalue  dt  St»*Maurice  et  de  cinq  de  ses  compa- 
gnons. Déjà  les  autres  niches  avaient  été  enrichies  de»  statues 
deâ  pontiics  de  l'église*  Son»  lui  arrive  à  sa  perfoetion  la 
plus  grosse  des  deux  toors ,  ainsi  qu'on  le  voit  à  la  clef  ou  à 
la  pierre  qui  termine  1q  cooronoemeot  de  son  petit  dôme  » 
sur  lequel  est  ff»êe  b  croix  ;  ou  y  lit  :  l'an  mcoœcvii  fusl-il 
faict  ce  noble  et  glorieux  édifiée. «A  domino factiim est  istud  et 
est  rairabile  inocalis  nosti'is;  » 

Il  eut  aussi  la  gtoèic  de  terminer  ce  bel  escalier  en  pierr» 
à  jour,  se  développant  en  spirale  ^suspendu  par  enchantement 
sur  la  clef  des  deux  arcs  croisés. 

La  deuxième  tour  ne  fut  achevée  que  quelques  années 
après,  en  i5479  pn  les  oSrandes d'un  nommé  Cové,  qui 
déjà  avait  généreusement  contribué  à  la  perfection  de  h  grosse 
tour  ,  et  aussi  par  le  zèle  du  cardinal  Caretia  ,  archevêque 
de  Tours ,  lequel  fit  placer  dans  toutes  les  églises  de  son 
diocèse  des  troues  uuiqucmeut  réservés  à  l'achèvement  de  cet 
édifice. 


j 


!ig4  PRéciS  «ISTORIQVC 

Ici  nous  devons  rappeler  Texistenee  de  oetle  j^lcbre  asso- 
ciation delà  confrérie  de  Su-Gatien  ,  qai  contribua  si  puis- 
samment 6  terminer  l'œuvre  de  notre  belle  cathédrale  ;  leurs 
noms  sont  conservés  dans  un  manuscrit  dont  s*honore  notre 
bibliothèque  publique.  Depuis  Tannée  i45o  jusqu'à  celle  de 
i485 ,  le  produit  des  indulgences  fut  très-considérable«  A 
cette  dernière  époque  il  devint  presque  nul ,  et  c'est  principa- 
lement aux  sacrifices  des  confrères  de  St.-Gatien  que  nous 
devons  Tacbèrraient  de  la  métropole. 

Le  cordon  qui  unit  les  quatre  travées  des  grandes  voûfes, 
et  dont  les  deb  supportent  ks  armoiries  des  archevêques  qui 
concoururent  si  puissamment  è  la  réalisation  de  tant  de  vœux, 
atte»teront  h  jamais  le  zèle  et  la  science  de  ces  hommes ,  que 
h  religion  et  Fart  rendaient  donUement  frères. 

Il  est  &cile  de  reconnaître  que  dans  la  construction  de  notre 
cathédrale  ,  les  travailleurs  employèrent  trois  principales 
sortes  de  pierres ,  celle  d'Ecorchevaux ,  vatUs  concarum  , 
près  St.-Avertin ,  pierre  remplie  de  coquillages  ^  elle  servit 
k  construire  toutes  les  parties  de  Tœnvre ,  depuis  l'apside 
jusqu'au  deuxième  pilier  de  la  nef,  et  tons  les  piliers  de  l'édi* 
fice. 

La  seconde  espèce  de  pierre  fut  extraite  des  carrières  de 
Marnay ,  près  Yi!landry  ^  pierre  dure  et  fine*  Elle  servit  à 
construire  presque  ioutes  les  galeries  intérieures.  Enfin  ,  celle 
de  Belle-Roche  ,  près  St.-Aignan  ,  pierre  tendre ,  d'un  grain 
très-fin ,  parfaite  pour  les  sculptures  5  elle  fut  employée  aux 
travaux  des  tourset  de  toute  la  façade,  aux  XY'.et  XIY^.  siècles. 

La  charpente  est  tout  entière  de  châtaignier  et  de  la  plus 
belle  conception.  A  cette  cpo(]ae,  d'^immenses  iorèts  de  châtai- 
gnier couvraient  noire  sol. 

La  dimension  de  Téglise  dans  œuvre ,  eàt  de  289  pieds , 


SVB    I.  ËGUSE  Rin-BOFOUTAIJrK   DE   TOVBS.  '2g5 

•de  la  cfoh  ou  du  transept  i54  pieds,  ia  largeur  de  la  ùel  5o 
pieds  ,  des  latéraux  i5  pieds  j  la  hauteur  de  la  grande  nef  suu:» 
clef  8a  pieds  ,  des  latéraux  S5  pieds  ;  des  tours ,  celle  du 
uord  aoOy  du  nidi  196  ^  la  façade  a  d«  largeur  102  pieds. 

Comme  vous  le  voyez,  Messieurs ,  la  basilique  de  Tours  n*est 
point  prëciséioeut  rc*uarf|ual>le  par  la  majesté  de  sou  étendue, 
par  le  grandiose  de  son  élévation  et  le  gigantesque  de  ses  pro^ 
portions  5  et  sons  ce  rap|)art  elle  ne  peut  être  comparée  â  celles 
de  Chartres,  de  Paris  .  de  Bourges,  de  Rouen,  d^Orlé;|ns  et  du 
Mans ,  maïs  elle  se  distingue  par  h  richesse  de  s^  oriM^mcnts , 
la  grâce  de  ses  proportions ,  Félégance  de  ses  arcades  ,  le  jet 
hardi  de  s/eé  voittes,  et  surtout  par  le  nom)>re  si  multiplie  de 
ses  fenêtres^  elle  est  comme  entourée  d'une  muraille  de  verre, 
(le  mitrs  diaphanes  ;  qu  onla  considère  au  levant,  au  couchant, 
au  mi<U ,  au  twrd  ,  tout  est  1  )our  ,  tout  est  transparent  ;  et, 
prodige  nniqiie ,  ses  galeries  intérieures  sont  vitrées  comme 
les  grandes  fenêtres,  toute  la  grande  façade  est  vitrée  comme 
Tespace  qui  reçoit  \iis  roses  du  temple. 

On  dirait  qne  les  %oâ;te&soot  suspendues  ntraculeosement, 
tant  son!  légers  les  murs  ci  les  piliers  qui  les  supportent. 

La  iorme  de  Tcglise  est  une  ctoix  latine  ,  comme  celle  de 
toutes  les  églises  de  cette  époque  ,  l'axe  longitudinal  est  brisé 
vers  le  transept  ou  h  croisée ,  symbole  touchant  de  la  tête 
penchée  du  Christ  expirant ,  ei  capiu  incUnato  expiravit. 
Dans  ks  plans  primitifs  des  basiliques  des  XII*.  et  XIII*. 
bi'ccles  ,  les  chapelles  ne  se  trouvaient  qu'au  pourtour  du 
chœur  et  du  sanctuaire,  nobles  rayons  de  la  couronne  du 
Christ,  aussi  es^-iiévi(tent  que  les  chapelles  latérales  delà 
nel  ont  été  ajoutées  aux  XIV'.^  et  XV*«  siècles. 

Douze  chapelles  accompagnent  gracieusement  les  nefs. 
Quinze  autres  rayonnent  autour  du  rond-point  ou  apside. 


1 


ag6  pftécis  HSToaiQUB 

Seize  piliers  eo  fftiseeaax  de  cobooettesentottreot  le  cliœQr 
et  le  sanetuaire. 

Seize  autres  aet^eai  à  encadrer  la  nef. 

Les  4eux  portails ,  du  midi  et  jdo  nord ,  se  terminent  par 
un  fronton  pyramidal ,  les  niches  avec'dais  et  embases  gar- 
nissent les  pied'droits  des  portes;  autrefois  de  belles  sculpttires 
ornaient  le  tympan  et  Tintrados  de  la  vonssare» 

Mais  ce  qa'il  y  ayait  de  plus  riche ,  de  plus  délicat ,  peut- 
dtre  en  France  y  c'était  le  grand  portail  lorsqu'il  était  dans 
toute  sa  pureté ,  lorsqu'il  sortait  des  mains  des  travailleurs. 
Alors  les  saints  habitaient  leurs  niches,  les  prois  des  vous- 
.sures  de  chacune  des  trois  portes  étaient  ornées  d'une  multi- 
tude de  figures  dont  les  sujets  étaient  tirés  de  la  Légende.  Alors 
les  couronnements  des  niches  figuraient  des  petits  édifices 
isolés ,  des  églises  en  miniature  avec  leurs  verrières  et  leurs 
compartiments  j  les  caissons  des  soubassements  représentaieut 
en  relief  des  chapitres  de  la  Genèse  ou  des  sujets  allégoriques. 

Encore  telle  que  les  mutilations  de  95  nous  l'ont  laissée  ^ 
elle  est  bien  digne  de  notre  admiration,  La  façade,  de  l'église 
métropolitaine ,  avec  sa  grande  porte  et  ses  deux  petites  à 
fronton  pyramidal  si  délicatement  découpé  à  jour  ,  dont 
les  ouvertures  sont  ornées  d'une  si  riche  broderie  ,  avec 
ses  cinq  terrasses  que  décorent  d'élégantes  balustrades  ,  ses 
rosaces  appliquées  sur  les  murs ,  sa  rose  que  couronnent  si 
heureusement  sa  galerie  k  aiguilles  }  et  avec  ses  deux 
clochers ,  dont  le»  ornements  sont  distribuez»  avec  tant  de  pro- 
fusion et  de  somptuosité. 

Dans  le  potrrtour  de  Téglise  régnent  des  contreforts  exté- 
rieurs servant  d^appui  à  des  arcs-boutaots  qui  se  projettent  en 
l'air  avec  une  merveilleuse  hardiesse ,  pour  aller  en  aide  aux 
murs  du  grand  comble  dont  ils  consolident  le  sommet  et  les 


▼o6tcs }  en  mène  tenpt  qa*iU  dégorgent  eu  Iota  lèt  eiu 
pluviales  qui  sembleat  vomies  par  la  bouche  d'une  fionlede 
monstres  fantastiques  suspendus  h  f  extrémité  etlàrieoie  de 
ces  grands  ponts  aériens. 

Ainsi ,  dam  sa  eonstruction  ,  Vigtim  de  Toors  a  parcouru 
les  quatre  phases  desqnatre  p^riodcsdu  styk  ogival,  indiquées 
par  le  savant  fondateur  de  notre  Société ,  et  elle  pourrait  par- 
£iitement  servir  d'exemple  à  nu  cours  complet  d'architecture 
ogivale  ;  car  dans  h  partie  orientale,  le  beau  style  primitif 
et  le  style  secondaire  y  ont  déposé  tous  leurs  caractères, 
fenêtres  è  lanœtles'simples ,  h  lancettes  géminées  ,  à  meneaux 
avec  rosaces ,  trèfles  et  qoatre-feuilles  au  sommet ,  colonnes 
minces  et  allongeai,  réunies  en  faisceaux,  plus  ou  moins 
dégagées  du  plein  ,  avec  ces  voâtes  hardies  ,  dont  les  arceaux 
s'appuient  sur  les  massifs  qui  séparent  les  fenêtres. 

La  partie  de  Toccident  présente  les  types  de  la  troisième  et  de 
là  quatrième  période  gothique ,  ffeuri  ou  flamboyant  5  dessins 
contournés  ,  moulures  prismatiques  ,  colonnes  remplacées 
par  de  simples  nervures  ,  chapiteaux'  ornés  de  feuilles 
frisées ,  formant  deux  bouquets  snperposés  ,  flammes  ,  cœurs 
allongés  ,  pyramides  hérissées  de  crochets,  festons ,  denelles, 
extrême  délicatesse  des  nervures ,  des  desMos  et  de.  tous  les 
ornemcuiS. 

Puis  les  tours,  surtout  celle  du  midi,  nous  initient  à  Tcpoque 
si  fameuse  que  les  uns  appellent  la  renaissance  ,  et. beaucoup 
d'autres  la  décadence  de  fart  :  Tart  ne  put  en  eflet  donner  , 
à  partir  de  cette  époque  ,  que  des  œuvres  indignes  d^ctre 
comparées  aux  anciennes. 

11  y  a  ,  Messieurs ,  sous  ce  monument  que  couronnent  les 
tètes  légères  de  nos  tours ,  de  grands  sujets  de  méditation  ,  de 
profonds  enseignements  ,  de  frappantes  leçons  des  vicissitudes 


i 


39S  su»   L^éoUâB  MéTAOraUTAIRS   DE  TOVftS.    ' 

homaines.  BicD  des  siècles,  bien  des  géoératioos  sont  K\ 
saperpoaj&y  entassés  les  nos  siir  les  autres  ;  cinq  transforma- 
tions  caractérisées  d'architectnre  nMmwnentak  annoncent  de 
ri.inibreuses  réyolations  dans  les  i  lées  comme  dans  les  mœurs 
dj  notre  nation  ;  les  premières  bases  dn  temple  de  k  vérité 
sont  les  débrisdn  temple  de  Terreur,  pus  l'œuvre  des  Romains, 
l'œuvre  des  rois  de  la  deuxième  race ,  l'œuvre  de  St.«Louis  , 
'  et  enfin  celle  de  François  !"• 

Je  voulais ,  Messieurs ,  vous  parler  des  belles  verrières  du 
chœur  de  notre  cathédrale 3  plus  tard,  si  vous  le  peimeltcft , 
j'aurai  rhonoeur  de  vous  présenter  l'histoire  entière  des  sujets 
qu  elles  contiennent. 

Honorons  y  Messieurs,  comme  de  grandes  et  précieuses 
conoeptions  de  l'art,  nos  riches  basiliques.  Sachons  aus&i  admi- 
rer eu  elles  la  puissance  de  création  et  la  persévérance  de 
nos  pères,  si  dignes  d'être  imités.  Vénérons ,  euQn  ,  comme 
les  traditions  vivantes  des  siècles  écoulés,  ces  œuvres  sublimes 
qui,  mieui  que  les  livres,  nous  initient  à  l'histoire  mystérieuse 
des  mœurs  et  de&  croyances  de  nos  ancêtres  ^  sachons  la  pré- 
server de  la  destruction ,  et  transmettre  à  nos  derniers  neveux 
ces  précieuses  reliques  d^  temps  passés  ,  ces  magnifiques 
monuments  de  la  foi. 


iirscmirTioits  m  l'^dusi  di  s'.^JVii»  m  touas.    399 

NOUVELLE  EXPUGATION 

Des  inêeriptùms  de  fégK$e  de  Su-Julten  de 
Tours ,  adressée  à  M.  d'Entraignes ,  préfet 
d^Indre-^t'Loire ,  communiquée  à  ta  Société 
pour  la  conserçation  des  Monuments; 

Pm  m.  Eloi  JOHANNOT, 
Membre  de  plaaleiirt   Académies» 


MoviiBi»  IB  PftépsT, 

Je  yiem  de  lire  te  MuUetm  monumental  q«e  pnUîe  M.  de 
Canmonti  fy  trouve,  ume  III,  pageaSo,  mie Ndice histo- 
rique et  archéoiogi^ue ,  sur  Nglise  aUûêiaie  de  St Julien 
de  Tours ,  par  M*  Massé ,  conserratenr  des  inoainoeals 
d'Indre-et-Loire ,  daos  kcfuelle  l'antear  figuiie  et  eipli<)«e 
ainsi  ]es  trois  ioscripliops  qu'on  voit  encore  à  la  voûte  de  cette 
cglii^ ,  bâtie  au  XIII*.  siècle  : 


1".      -BJOE  :  EEDOR  •  P    (    mef^isaidus  Rhedonensis  posult 

A     \       alqee  (  somS'SMiendu  )  oram 
OE  :  ME  ;  FEC      (       meam  fèdt. 

3*.    -JOB  (plusieurs  tuots  ^aeis)  FBCIT  \  Johanues.*..  Pecit. 


3*.    :  M  :  DE  («a  mot  iiiistùle)  OB  1  Meuardus  Dei  gratié  ^? 
ME  :FBC  f  eram  mcamfecit. 


5oo  BIPUGâTION     DftS   llf.SCAiPTIQllS 

Comme  cette  savante  et  curieuse  notice  a  été  lue  ,  «Uns  deux 
séances  de  la  Société  pour  la  conservation  et  b  description 
des  monuments  ,  dans  la  ville  in  Mans,  le  ao  et  le  ai  juin 
18^7  •  qu'elle  a  été  publiée  dans  un  recueil  qui  fait  autorité 
e;i  archéologie ,  et  qu*elle  intéresse  un  déparlcm^l  voisin  de 
celui  où  je  suis  né ,  et  i  T illustration  duquel  \a't  depuis  long- 
temps travaillé,  fai  fait  une  attention  particulière  à  Texpli* 
cation  qui  est  donnée  de  ces  inscriptions  :  je  prends  donc  y 
Monsieur  y  la  liberté  de  vous  en  adresser  une  nouvelle. 

Je  suis  convaincu  :  1**.  qu'au  lieu  de  rdb  y  dans  la  première 
inscription,  il  fallait  ponctuer  b  •  db  ,  comme  m  •  db  ,  dans  la 
troisième  ;  par  conséquent  lire  Reglnaldiis  db  redonu.  (  l\c- 
naiildde  Rennes)  au  lieu  de  Reginaldus  Rhedoncnsis \  Re- 
nauld  de  Rhétlon),  puisque  la  lettre  unique  qui  précède  db  , 
dans  la  troisième  inscription  ,  était  de  même  Tinitiale  du  aom 
propra  j  a®,  que  les  deux  lettrées  oa  ,  dans  la  première  et  la 
troisième  inscription,  n'étant  pas  précédées  des  trois  points  de 
séparation  des  mots ,  devaient  être  la  fin ,  cl  non  le  comiftcn- 
ceraent  d'an  bioI  ,  et  que  ppb  ne  faisait  qu*nn  mot  et  non  pas 
trois  on  deux ,  et  devait  èire  là  prior  et  non  j^&pQsnit  oiquc 
oram ,  comme  a  la  M*  Massé ,  sans  tenir  compte ,  après  p , 
de  1*1  superposé  5  S^*.  enfin  qu'il  fallait  lire  la  première  ins- 
cription ainsi  : 

Reginaldus  db  rbdon''  p'iob  mb  FiBCtT» 
C'est-à-dire:  •<  Renauld  de  Rennes  ^  prieur  (de  St. -Julien 
de  Tours  )  majait,  » 

Et  non  pas ,  Renauld  >  ou  comme  lit  Cbalmel ,  Robert , 
prieu9*  de  Redon  • 

Redon  se  disait  en  latin  du  moyeu  âge ,  Roio—Hmis  ,  et 
Rennes ,  Redonœ ,  comme  on  le  vuit  dans  la  Nôtitia  Gai- 
liaruni  d'Adrien  de  Valois,  et  même  Redonis  qu'on  lit  sur 


Bl  LCOtlBfe   DE   SAIlfT-JVLIEir    DE  TOVBS.  5oi 

Une  iDonDaie  de  Conaq  IV  ,  doc  de  Bretagne  5  et  il  eti  bica 
•^>itis  Traîseiiilil«Ue  <{ii'il  s*a^t  ici  d'nn  prieor  de  Tabbaye 
St.-Ji|Iieéi  de  Toars  ,  que  d*tto  prienr  de  Redon  on  de 
Rennes  ,  quoiqu^il  y  ait  en  égatemenl  ,  dans  cei  dent 
villes,  viic  abbaye  de  Bëncdiclins,  bien  avant  le  XIIK 
sièfle.  Cc^  ainsi  qu'on  trouve  dans  l'histoire  de  Blois  de 
Bernicr ,  page  êfi\  et  ailleurs ,  Jokannes  de  Biesis  ,  Jean 
de  Eloii ,  Johannes  de  Balgeniiaoo,  Jean  de  Beaugenci  , 
Roberius  deCarnotû  ,  Robert  de  Chartres  :  aiobi  done  ,  le 
savant  Chahnel  s*e»t  trompé  le  preaiier  et  a  égaré  M.  Massé , 
en  traduisant  «/«  Redonis  ou  mEooir ,  par  prieur  de  Ridon  ^ 
en  pi^enaot  ce  surnom  pour  un  titre.  Ce  Renauld  de  Rennes 
devait  être  un  prieur  de  Tabbaye  mèiae  de  St.* Julien  de 
Tours,  ainsi  que  les  deui  autres  ,  Jean  çt  Menard ,  qui , 
selon  les  deux  inscriptions  suivantes ,  ont  contribué  aussi  à  la 
reconslrudion  de  Téglise  de  celle  abbaye ,  00  plutôt  seulement 
de  sa  voûle ,  puisque  e*csl  à  la  voûte  qo*on  a  placé  ces  inscrip* 
tioss  j  ce  qui  est  confirmé  par  la  liste  des  Irois  prieurs  ou 
abbés  dé  St.-Julien  de  la  mètaie  époque ,  dont  M.  Massé  a 
trouvé  les  noms  dans  un  manuscritde  la bibliotbéque publique 
de  Tours ,  relatils  a  Thistoire  de  cette  église  abbatiale.  On  y 
lit  que  Reginaldus  Jl^*  du  nom  ,  en  était  abbé  en  iao4: 
Joimnnes  JII'.  du  nom ,  en  1910  ;  Menardus  ,  eu  iai8  ; 
et  ces  abbés  sont  rangés  dans  le  v^auuscrit ,  dans  le  même 
ordre  que  le  sont  les  trois  ioacriptioof ,  dans  chacune  des 
travées  de  la  voûle  de  TégUse* 

D'où  il  suit  <évideuBient  i  i^  quf  M.  Massé  a  le  mérite  au 
moins  d'avoir  trcs^bteii  déterminé  lesuQW  de  ces  trois  prieurs, 
ou  abbés  ,  tant  d'après  les  initiales  données  par  les  inscrip- 
tions que  par  les  noms  domés  en  toutes  4ettres  par  le  manus- 
crit; c'est  une  justice  que  je  me  plais  à  lui  rendre  ;  iP.  que 


3o^     INSCBfPTIOlfS  DE  L*éGLfSe  DB  S^-JVUBH  BB  TOURS. 

i  jDÎliale  du  nom  de  ia  première  inscription  n*est  pas  celte  de 
Rolfertus ,  comme  le  croyait  feu ,  mon  sayast  ami ,  Chalmel , 
maison  efiet  celle  de  Reginaidus,  non  pas  toutefois  par  le 
motif  que  donne  M.  Massé ,  qui  dit  qne  :  «  dans  les  trois 
lettres  BO£ ,  qui  forment  le  premier  mot  de  cette  inscription  , 
est  an  d,  lettre  qui  ne  peut  entrer  dans  Roheri^  mais  dans 
Reginaidus  3  »  puisque  la  syllabe  de  ne  &it  partie  ni  de 
l'un  ni  de  Fautre  nom  ^  et  que  si  eUe  en  eât  fait  partie,  il 
eût  fallu  y  trouver  non  seulement  d  ,  mais  db  ;  3®.  qu'il  faut 
lire  dans  les  deux  autres  inscriptions  également:  prior  me 
/ec^,  savoir  en  eatier^dans  ladeuûime,  Hmannes^DE*— prior 
me)  FBCIT3  dans  la  troisième,  uenardus  i>e..,.  prioR  m 
FBcii;  c'est*à-dire  :  «  Jean  ou  Menardprkur  de  tel  ou  tel 
lieu  (de  naissance  )  m'a  fait  5  4''*  ^tie  ces  abbés  n'avaient 
akrs  que  le  titre  de  prior  ou  prieur*  " 

C'est  maintenant  k  M*  Massé  à  examiner  de  nouveau  ces 
trois  inscriptions  sur  place ,  et  h  tlcher  d'y  retrouver  des 
traces  des  mots  et  des  lettres  qui  manquent  à  la  copie  figurée 
qu'il  en  a  donnée  ,  je  né  désespère  pas  d'apprendre >  h  moins 
d'oubli  ou  de  faute  de  la  part  du  graveur  en  lettres,  qu'il  y 
a  en  effet  dans  la  première  ,  comme  dans  la  troisième ,  les 
trois  points  \  entre  r  et  db  ,  et  peut  être  aussi  quelque  vestige 
du  premier  r  de  r'toR  dans  por  ,  si  le  p  ne  tient  pas  lieu  à  b 
fois  de  trois  lettres  ,  d'un  P  latin  ,  d'un  Pho  grec ,  et  d'un  i , 
par  un  mélange  de  caractères  dont  on  trouve  d'autres  exemples 
à  cette  époque.  Mais  qu'il  en  trouve  ou  non  des  traces ,  l'ex- 
plication que  je  viens  de  donner  de  ces  trois  incriptions  n'en 
est  pas  moins  certaine. 


Sim   Vn   FBAGMCIIT    DE   FBtSB  ,    ITC»  5o5 

NOTICE 

Sur  un  fragment  de  frise  trouvé  dans  les  dé- 
combres d*une  muraille  romaine ,  à  Tours* 

Par  m.  EcGèvB  DESJOBERT , 

r 

Membre  de  la  Société  poar  la  coeacrTalion  des  Monuroeats. 


Dans  une  étude  aussi  sérieuse  que  celle  des  inonumcnts 
antiques ,  il  faut  soumettre  Tappréciation  des  objets  au  pins 
rigoureux  calcul ,  et  n'admettre  aucune  supposition  ,  si  elle 
nVst  pas  la  conséquence  des  Ciits  positifs.  Le  manque  de  sévérité 
dans  l'analyse ,  a  conduit  des  archéologues  ,  fort  distingués 
du  reste,  aux  suppositions  les  plus  bizarres.  Une  des  plus  amu* 
santés ,  h  mon  avis,  est  celle  que  fait  M.  Robin ,  d'Angers,  à 
l'occasion  d'une  frise  romaine  provenant  des  ruines  de  l'an- 
cien Cœsarodunum .  Il  pense  que  cette  pierre ,  qu'A  la  prc» 
mière  inspection  ,  il  eût  dû  reconnaître  pour  une  frise , 
n'est  rien  moins  que  le  tombeau  de  Tu  r  nus ,  roi  des  Rutulcs, 
tué  par  Enée  nu  siège  de  Laurente. 

M.  Robin  était  sous  l'irifluenoe  de  la  prétendue  similitude 
des  mots  Turnus  et  Turones.  Peut-être  désirait-il  donner 
aux  Tourangeaux  nne  plus  noble  origine  ,  ce  qui  sans  doute 
l'a  conduit  à  cberclier  le  tombeau  d'un  prince  qui  n'a  jamais 
existé  :  lùanière  de  procéder  qui  était  malheureusement  à  la 
mode  parmi  les  antiquaires  d'autrefois. 

Ce  prétendu  tombeau  n*est  autre  chose  qn'un  fragment  de 


3a4'  SUR    Vif    FRAOMSRT   DV  FRISE 

frise,  provenant  de  raotiqne  Cœsarodunum,  il  faisait  partie 
de  Tentableineat  d*nn  édifice  public  d'nac  grande  dimension  , 
si  Ton  en  juge  d'après  les  proportions  colossales  de  cette  frise. 
Elle  est  ornëe  de  deux  rinceaux  assez  bien  sculptés ,  réunis 
par  un  vase.  Le  vase  a  sans  doute  fait  penser  à  quelques 
antiquaires  que  cette  sculpture  venait  d*un  tombeau  ;  mais 
Tun  des  usages  de  rornemeutatiun  grecque  et  romaine,  est 
de  réunir  l'extrémité  de  deux  rinceaux  ou  de  deux  guirlandes, 
par  un  nœud ,  une  agrafe  ou  un  vase  et  autres  ornements.  Le 
bas-relief  dont  je  parle  en  est  un  exemple  La  courbure  des 
feuillages  enlace  deux  oibeaux ,  assex  mal  conservés,  qui  me 
paraissent  être  des  aigles  ^  par  Tcflet  de  Tunifiormité  ordinaire 
des  frises,  ils  devaient  être  répétés  k  des  disunces  ^aies  de 
reutablement. 

On  voit  encore  les  mortaises  qui  unissaient  k  la  frise  une 
corniche  qui  est  perdue.  Quant  h  Farcbitrave,  je  pense  qu'elle 
n'a  jamais  existé.  Cela  me  parait  certain  ;  car  en  examinant 
la  pierre  ,  on  dislingue  facilement  sur  un  des  côtés  un  double 
rang  de  rosaces,  interrompu  h  des  intervalles  ^aux;  k  ces 
points  d'interruption,  la  frise  reposait  sur  des  chapiteaux  dont 
le  bord  faisait  saillie. 

Les  rosaces  ornant  le  dessous  de  la  frise  entre  les  chapi- 
teaux ,  empêchent  toute  supposition  de  la  présence  d'une 
architrave.  Cela  ne  doit  pas  étonner^  car  on  retrouve  cette 
omis&ion  dans  la  plupart  des  édifices  delà  décadence  romaine. 

Cette  sculpture ,  d'un  bon  style  ^  mais  d'une  exécution 
-négligée ,  est  de  1^  même  époque  que  les  restes  enfouis  sous 
la  muraille  gallo-romaine  que  nous  avons  visitée  dans  notre 
excursion  d'avant  hier.  Elle  fut  découverte  au  commen- 
cement de  ce  siècle  j  on  la  déposa  dans  les  jardins  de  la 
préfecture  .Ce  séjour  lui  est  fatal  j  l'humidité  ronge  les  saillies 


TBOUVé  DAIS  Vm  MVBAILLB  mOMAtlTE ,  A  TOUBS*      5o5 

de  la  scalptnre ,  la  numsie  en  GomUe  tes  creux.  Sa  pkce  me 
parait  être  au  miuée  i  où  ,  ainû  que  la  Société  Ta  déjà  dit , 
il  serait  k  dénier  qu'une  place  ftt  résenrée  aux  fragments  de 
sculpture  épars  daus  notre  ville,  ou  qui  pourront  être  exhumés 
d*un  Jour  k  Tautre. 

Le  but  de  ce  trayail  y  fait  à  la  hâte  ,  n'était  pas  de  jeter  un 
nouveau  jour  sur  Farchéologie  romaine  dont  l'histoire  est  bien 
connue ,  je  voulais  seulement  détruire  une  interprétation 
ridicule  qui ,  par  la  foi  qu'y  attache  le  vulgaire  ^  aurait  pu 
devenir  une  tradition. 


a5 


3o6      .      MArrOBT   sua   tSS  MOHiriftSIITS   m   fi4VAt. 


RAPPORT 

Sur  les  Monuments  de  Laval  (Mayenne  ) , 
adressé  à  M.  de  Cawnant  ; 

Par  h.  de  la  SICOTIÈRE  , 
■•«pfclear  deiMonumenta  hittoiiqa^du  iMpaiteaiciit  de  TOrac. 


XarrÎTe  de  Layal  o&  j'ai  passé  quelques  heures.  J'ai  cher* 
ché  À  utiliser ,  mon  court  séjour  dans  cette  ville ,  en  visitant 
ce  qu'elle  offre  d'intéressant ,  et  en  rédigeant  au  retour ,  les 
notes  informes  que  j'avais  recueillies  i  la  hâte.  Je  vous  les 
envoie.  A  dé£siut  d'antre  mérite ,  cette  lettre  vous  témoignera 
du  moins  de  mon  zèle  et  de  mon  empressement  ï  suivre  vos 
excellents  conseits* 

Laval  est  une  ville  curieuse  et  peu  connue.  M.  Verger,  qui 
a  consacré  plnneurs  notices  intéressantes  aux  antiquités  de  la 
Mayenne  (i)  ,  se  tait  sur  celles  du  chef-lieu.  M.  l'abbé 
Gérault ,  curé  d'Evron,  vient  de  publier  une  description  com- 
plète de  la  belle  église  de  ce  bourg  (a)  .  M.  Yilliers  prépare 
une  histoire  de  Laval,  à  laquelle  il  a  préludé  par  la  publica- 

(f)  Notice  sur  Inblalns,  1*.  édition  ,saifle  dedÎTerses  excur- 
•loQS  dans  pinaienrs  communes  de  la  Mayenne,  par  F.  G.  Verger, 
ln-8o.  Nantca  1835. 

Notice  sur  la  Cbaire*an*Diablei,  parle  même.  Poitiers  1835  in-S». 

(a)  ln-8».  af  ee  atlaa ,  Laval. 


RAPPOBT   SUR    LBS   MOWMBHTS   DIT  LAVAL.  $07 

tion  récente  d'aoe  brochure  sur  la  téodalité.  ConuBC  vous  le 
voyez,  le  déparlement  de  la  Mayenne  ne  manque  pas  d'hommes 
qui  s'occupent  d'inventorier  ses  richesses  historiques  et  monu* 
mentales  ^  )e  ne  sache  pas  toutefois  que  les  monuments  dont 
j'ai  à  vous  entretenir  aient  jamais  été  décrits ,  a  moins  que  ce 
ne  soit  dans  les  annuaires  de  la  Mayenne ,  dont  la  collection 
complète  eit  fort  rare  et  fort  chère.  Je  n'ai  pu  la  consulter. 

Je  ne  vous  dirai  rien  de  la  partie  moderne  de  Laval. 
Depuis  peu  d'années ,  cette  ville  s'est  embellie  de  quelque! 
édifices  publics ,  d'un  plus  grand  nombre  d'habitations  par- 
ticulières y  dont  bien  des  cités  plus  importantes  pourraient  lui 
envier  la  fraîcheur  etTél^ance.  Ces  édifices  ne  servent  qu'à 
mieux  &ire  ressortir  l'antiquité  du  reste  de  la  ville.  Leur 
blancheur  contraste  avec  les  murailles  sombrei du  vieux  Laval, 
le  seul  dont  je  veuille  vous  entretenir* 

L'origine  de  cette  ville  se  perd  dans  la  nuit  des  temps  :  je 
ne  sais  si  réellement  elle  fut ,  ainsi  qu'on  Ta  prétendu ,  bâtie 
par  Cbarles-le-Cfaauve  ,  pour  arrêter  les  courses  des  Bretons. 
Toujours  est-il  que  depuis  le  XI*.  siècle  elle  figure  dans  l'his- 
toire. Chef-lieu  d'une  des  plus  grandes  seigneuries  de  France  « 
et  patrimoine  successif  des  Guy  ,  des  Montmorency  ,  des  Là 
Trémouille ,  bien  des  événements  importants  se  sont  passés 
dans  r intérieur  de  ses  murs  ou  dans  ses  environs.  Chaque 
siècle  pourrait  revendiquer  le  sien  ;  le  XIII*.  un  concile  5  le 
XY*.  des  luttes  sanglantes  entre  les  Anglais  et   les  Français , 
plus  d'un  siège,   plus  d'un  assaut^    la  fin   du  XVIII*. ,  de 
nombreuses  rencontres  entre  les  troupes  de  la  Republique  et 
les  débris  de  l'armée  Vendéenne  qui  vint  en  ce  pays  après  le 
passage  de  la  Loire  mourir  de  ses  victoires,  la  chouannerie  et 
tous  les  maux  de  la  guerre  civile.  Aujourd'hui ,  Laval  semble 
se  reposer  de  ses  longues  agitations  dans  le  commerce  et 


5o8  B APPORT   SUR   LES    MOflUMBVTS   DE   LATAL. 

rinduMrie.  La  fabrication  des  foiles  de  lin  ,  de  chanvre  et 
de  colon  occupe  on  grand  nombre  de  bnis ,  et  met  en  circu- 
lation d^énormes  capitaux  dans  la  YÎlie  et  aax  environs.  Les 
homioes  et  les  idées  ont  changé  ^  l'aspect  de  la  ville  est  resté 
le  jneme. 

J'ai  vu  peu  d'anciennes  villes  aussi  intactes,  du  moins  dans 
quelques  parties.  Les  bas-quartiers  du  Mans  enx^mèmes  ont  un 
caractère  d'originalité  moins  prononcée.  Ailleurs  on  admire  les 
détails  échappés  aux  ravages  des  sièdesj  là,  c'est  l'ensemble  des 
rues  étroites,  tortueuses,  qui  se  mêlent  et  se  brouillent  dans  tons 
les  sens  ^  des  bâtiments  k  solives  sculptées,  surplombant  d'étage 
en  étage  sur  le  pavé  (1)5  des  grafpes  de  maisons  ,  pour  me 
servir  des  expressions  pittoresques  d'un  grand  écrivaiu(a),7M£ 
répandues  en  tout  sens  du  sommet  de  la  colline ,  se  préci- 
pitent en  désordre^  et  presque  à  pic  sur  ses  flancs  ,  jusquau' 
bord  de  Veau  ,  ayant  tair  les  unes  de  tomber ^  les  autres  de 
regrimper  ,  toutes  de  se  retenir  les  unes  aux  autres  ;  une 
teinte  sombre,  noirâtre  j  une  sorte  d'odeur  de  vieux,  de  ren- 
fermé; au  milieu  de  tout  cela  ponitant ,  rien  ou  presque  rien 
qui  rappelle  les  merveilles  de  l'art  au  moyen  âge  5  je  ne  sais 
quoi  de  simple ,  de  médiocre ,  de  bourgeois  \  le  XV'.  siècle 
enfin  sans  dentelles  de  bois,  sans  aiguilles  de  pierres,  sans 
tourelles  ,  sans  colonnes ,  sans  statues ,  sans  sculptures  ,  mais 
non  pas  sans  charme ,  sans  inléiêt.  Voilà  le  vieux'  Laval. 

(t)  Dans  le  quartier  des  balles,  on  foit  des  maisons  de  6  à  700 
ans,  où  l'on  admire  des  poutres  d'une  longaenr  et  d*uoe  grM* 
sear  prodigieuse.  La  tradition  du  pays  dit  qu^enbâtissant  là  dea^ 
maisons,  on  a  placé  ce»  poutres  au  même  lien  où  ci-defant  étaient 
les  chênes,, sans  aucuns  frais  de  transport.  Dict.  univ.  de  la 
Franee ,  par  Roliert  de  Hessely.  V.  La? al. 

(2)  Victor  Hugo  -,  N.  D.  de  Paris ,  t.  t. 


BAPTOIT  fIJA   LB8  «lOVUMSyTS   DE   I.&TAL,  509 

J'aurais  pendecboieà  dire  de  Faocien  châteao,  aujonrdlint 
la  prîsoD,  qui  s'élève  avec  sa  vieille  tonr  aa  bordde  la  rivière, 
et  donioe  uoe  partie  de  la  ville  ;  d'une  belle  porte  de  dcfciise 
Uaoqace  de  toors  et  parfaileiiieiit  conservée  5  dn  musée ,  où  la 
présence  de  que!qiic&  objets  intéressants,  et  notamment  de  ceai 
découverts  li  ioblains  par  M.  Verger  ,  et  l'extrènie  obligeance 
du  conservateur ,  ne  sauraient  d^uiser  une  pauvreté  trop 
réelle.  J'ai  bâte  d'arriver  aux  monuments  religieux. 

La  principale  église ,  celle  de  la  Trinité ,  est  iitacbevée. 
Elle  ofire  d'ailleurs  cette  déplorable  coBfusioB  de  tous  les 
styles,  de  toutes  les- époques ,  si  commune  et  cependant  si 
ouvertement  contraire  aux  plus  simples  règles  de  la  raison  et 
du  )Min  sens.  Un  portail  moderne  vous  introduit  dans  une  nef 
sans  latéraux  dont  la  v«âte  ogivale  s*élauceavec  une  grande 
hardiesse  eu  décrivant  un  ave  lie  large  'dimeiision.  Comme 
pour  servir  de  transition- du  chœur  qui  est  ronun  pur  au  mur 
de  cette  neC  y  une  arcade  ogivale  encadre  deux  fenêtres  ^  plein 
ciotre»  Ce  fait  ,  qsiû  se  reproduit  assez  souvent ,  en  attestant 
l'usage  simultané  de  l'ogive  et  du  plein  cintre,  ne  viendrait- 
il  point  à  l'appui  de  l'opiiiioa  qjii  n'a  vu  dans  l'arcade  en 
tiers-point  que  l'^otrekicemeat  des  cintres ,  dans  les  nouvelles 
formes  que  la  combiuaiso»  des  aociciHies  7  Cette  alliance  de 
deux  styles  qui  semblent  s'escinre  ,  n'imiiqtierait-elle  pas  le 
lâionnement  de  l'art  j.  les  eliorts  timides  encore  de  la  pensée 
urchitectooique  pour  s'émanciper ,  et ,  libre  des  traditions  du 
passé  ,  s'élancer  dans  des  voies- nouvelles  TQae  Finiluencedu 
goât  oriental  qui  venait  de  pénétrer  ea  occident  ait  puissam- 
ment co&lribué  au  développcmeat  dtt>  style  ogival  ;  je  l'admets 
volontiers^  le  XlP.~siècl6  Ci»t  une  époque  de  mou  vemen  trot  de 
iénovatiou^  le  spectacle  d'une  ci  vilisation  étrangère  et  des  mer- 
veilles q^u'eUc  avait  cnlaDtées,  devait  nécessairement  cbratilcr 


5lO  AAftPOET   SVB    LKS  MOlTtJlllBIlTS   DE   LAVAL. 

la  foi  déj^^  cbanoélante  des  vataqtKurs^  dans  \&Btn  tradUions  ,- 
leurs mœnrs  et  learsarts  qni  n'étaient,  comme  d^ordinaire^qne 
rexprèssioQ  de  oesmœnrs;  les  encourager  an  changement ,  au 
pr(^rès  ^  mais  de  ce  que  Fadoption  de  Togive  soit  une  réaction 
indirecte  de  Torient  vaincu  ,  sur  l'occident  vaiqqnenr ,  s*en 
auit-il  qu'on  doive  regai*der  la  forme  elle*mème  comme  une 
importation  directe  des  Croisades,  comme  une  plante  exotique 
transplantée  sous  un  ciel  nouveau?...  Problème  plein  de diifi-^ 
culte  et  d'intérêt ,  devant  la  solution  duquel  les  maîtres  eux- 
mêmes  ont  reculé  !.. . 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'église  de  la  Tribité  qui  ne  m'a  riea 
<>f{ert  de  remarquable  à  l'extcricur,  et  dont  le  chœur  %  trouve 
disgracieuseinent  coupé  par  quatre  autels  sur  le  même  plan  et 
sfcir  la  même  ligne  ,  offre  en  revanche  un  certain  nombre  de 
détails  précieux  ^  je  suis  trop  peu  connaisseur  pour  parler  des 
tableaux  assez  nombreux  qa'elle  possède,  parmi  lesquels  plu-  . 
#ieurs  cependant ,  et  notamment  une  adoration  des  Mages  de 
grande  dimension  ,  m'ont  paru  dignes  d'attention  âous  le  i^p- 
port  de  l'exécution.  Toutefois  ,  je  ne  saurais  passer  sous 
âlence  un  tableau  assez  moderne  dont  le  sujet  est  Sainte  Eli- 
sabeth, présentant  son  fils  h  l'enfant  Jésus  et  k  la  Vierge.  La 
donatrice ,  jeune  encore ,  vêtue  de  noir ,  et  de  figure  assez 
gracieuse ,  est  à  geuonx  au  bas  du  tableau ,  tenant  un  cœur  à 
la  main.  Â  quelle  époque  a  cessé  cet  usage  de  figurer  le  dona- 
teur sur  l'objet  donné ,  usage  dont  nos  verreries ,  nos  missels 
et  nos  premiers  livres  imprimés  attestent  la  généralité?  Deux 
autres  tableaux  beaucoup  plus  anciens  m'ont  parn  mériter  une 
mention.  L'un  représente  la  décollation  de  St. -Jean> Baptiste  ^ 
deux  soldats  armés  de  hallebardes  magnifiques ,  des  docteurs 
eu  bonnet  fourré ,  lé  costume  de  la  maîtresse  d'Hérode  ,  rap- 
pellent tellement  les  temps  de  la  ligue ,  que   la  pensée  se 


B JUPraAT   SUR   UM  IMMiVMftllTS  l»  MVM*  -  5l  I 

reforte  îoT^loaUireBieat  aai  yicilles  grarorai  de  la  utfse 
Méaifpée.  L'autre  tableau  qui  forme  pendant  à  celui-ci,  offre 
d'un  cftié  le  baptême  du  Cbrist  f  de  Fautre  la  prédication  de 
Si.^eao.  Feulritre  un  amateur  décoii¥rirak*ildans.]e$  (ioraet 
bizarrement  tourmentées  des  arbres  f  la  oouieQr  verditrc^  du 
londs ,  et  les  attitndes  des  personnages ,  on  iotérd  d'eiéentifwi 
on  de  curiosité  que  je  ne  puis  apprécier. 

Une  sutne  de  la  Vierge  en  marbre  blanc ,  el  k  dnice , 
bien  que  d*un  travail  assec délicat,  sont  pen  remarquables. 

Une  antre  statue  plus  importante  ornait  le  tembeav  d'un 
bant  dignitaire  ecclésiastique.  Void  nnscription  qui  l'éceom- 
pogne  à  sa  place  actuelle,  dans  la  nef  cb^  Féglise  de  ia  Trinité  : 

«  Jaœbat  olim  m»rmor  istud  k»  ecclesîa  san^  UscfaaeUs 

Lavallensis  en  jus  capitnit  amio  r4^i  fundatores  fuerunt 
reveiendissitDi  domta«i»  Guilâelmos  Ouvron,  epseeopns  Bhedo- 
nensis  necnon  fraler  ejtis Jobannes  epîseefus  Leooensts»  Hoc 
moBumentum  hic  bonorHice  reponi  earaTÎt  Carohia  Juanues 
Matagrin  bnjnsceeoelesiâe' Rirocbus Cenomaneosis  eatbcdralis 
canonicus  bonorarios ,  aooodomini  iBoS.  » 

Cette  statue  ^  degrandeur  praKfue  netin^  •  est  en  marbre 
blaneet  d'une  assez  bonne  eséentîon.  Elle  représente  an  évèque 
coôebé ,  les  mains  pintes  sur  sa  poitrine.  Au^tessua  de  sa  lête 
est  UQ  dais  eo  msarbre  <noir  saiis  omemeniSk 

Deux  fenêtres  sont  gamies-db  yitranx  peiols.  Le  «oloris  de 
r^ine  de  ces  verrières  est  pariaîtemeol  eonsetvé.^  Celui  de 
l'autre  est'osé,  terni  comme  $i  ia  pùmim^  awùApçmsé  aie 
nmr,  J'ar  tu  peu  d^exemples  df  une  pareille  altération  As  coo* 
leurs.  CeiHi  qui  se  livrent  à  des  études  pralicpes- snr  Wpuin-^ 
turesnr  verre  »  poun  aient  coosnller  avœ  fniit  ce  vitraii  ifaint 
le  ton  contraste  si  vivement  avec  ceint  dwitraii  voisin  qui 
pavait  eepepdaal  dater  de  la  même  époque ,  c  est-A-dire  de  la 


5x3    V    aimmr  SUB  les  «oirtMevTS  db  tktÀt, 

renaissance.  Il  représente  nne  Trinité  enlonrée  d'an  eneâdre- 
ment  d'anges ,  de  saints  personnages,  et  de  monstres,  qn*on 
ne  s*âttendrait  gnère  k  trouver  en  pareilk  oompagnie.  La 
teinte  noirâtre  de  certaines  figures  a  véri taUement  quelque 
chose  d'étrange,  et  j'ai  peine  k  cooceroir  cmament  la  nanire 
des  couleurs,  on  Vaction  de  l'air ,  a  pu  produire  nn  pareil . 
résultat. 

.  A  relise  St.-Yéoérand ,  j'ai  admiré  un  curieux  portail  de 
la  renaissâBce.  Au  milieu  de  cintres  et  de  colonnes  apparte- 
nant éndemBBent  il  la  nooveUe  école,  on  voit  deux  petits  dais 
dans  le  genre  gothique ,  ornés  de  fleurs ,  de  ciseltn*es  et  de 
dentelles  trayaillées  à  pur  avec  une  délicatesse  admirable. 
L'intérieur  firarBÛlIe  d'anachronismes  bien  plus  choqnanls. 
Le  XVIII*.  sîèele  ^  et  la  date  (  1732  )  est  là  pour  qu'on  ne 
puisse  sTy  inmiper ,  a  ^  de  par  le  bon  goût ,  efirootément  ajusté 
ses  misérables  colifichets  d'un  jour ,  ses  oves,  ses  volutes,-  ses 
draperies ,  ses  lyres,  ses-gmrbndes,  ses  chérubins  boufts^ 
véritable  l^re  qui  ronge  le  front  de  l'art  et  le  défigure  arant-^ 
de  le  tuer.  •  •• 

Une  fenêtre  à  vitram  peints,  la  fàm  andenne  que  j'aie 
remarquée  &  Laval ,  dire  une  suite  de  petits  tableaux  tirés  de 
l'écritttre  saintei  J'ai  reconnu  quelques  traits  de  la  vie  de 
Moïse  et  de  Balaam.  Une  autre  fenêtre  plus  moderne ,  je  crois, 
représente  le  calvaire.  Une  bordure  de  petits  tableaux  em- 
pruntés aux  principale»  scènes  de  la  passion  reçue  k  l'entour. 
L'une  et  l'autre  n'offrent  qu'un  intérêt  secondaire. 

La  chaire  est  délicatement  sculptée  en  bois  y  trop  chargée 
d* ornements  peut-être^ 

Deux  petits  bas-reliefs  en  bois  ou  eu  albâtre  appendus  dans  - 
une  des  chapelles  m'ont  paru  remarquables,  moias  pour  le  fiai 
de  rexéeulioB  que  pour  les  couleurs  dont  ib  sont  peints^  et 


qoi  paraittent  n'avoir  pas  été  reloiicliëet ,  «t  pour  k  fonds  de 
£kart  de  lys  et  de  ftnillages  d'or  dont  ib  sont  ornëi.  Ces 
objets  se  rencontrent  rarement  aossi  IneD  consenrés  ,  et  il  est 
trop  sonveftt  difficile  d'étudier  sons  les  épaisses  oouclies  de 
peintures,  dont  tes  siècles  les  ont  barbouillés  ^  l'idée  primitive 
de  Tartisle  ,  et  le  goàt  da  temps. 

A  quelque  distance  de  Laral ,  assez  près  cependant  pour 
qii'elle  paraisse  dépendre  de  la  ville ,  s'élève  sur  le  bord  de  la 
Mayr nne  l'^lâe  rurale  d'Avesnières.  Le  batelier  qoi  me  fit 
passer  la  rivière  pour  m'y  conduire ,  m'assurait  naïvement 
que  c'était  la  plus  belle  ^lise  de  campa^^  qui  se  trouvât  à 
5o  lieues  à  la  ronde.  Tf'y  avait-il  point  quelque' peu  d'exagé- 
ration dans  l'enthousiasme  de  ce  brave  bomme  pour  son 
clocher?  «Tosedire  put ,  n'étant  pas  de  la  paroisse.  Toutefois 
cette  église  est  véritablement  curieuse  ,  elle  mériterait  un  exa- 
men approfondi ,  détaitté. 

La  nef  et  les  bas-côtés ,  de  constrootion  romane ,  se  ter- 
minent par  des  apsides  circulaire»  j  mais  l'apside  de  la  nef  ^ 
beaucoup  plus  large  que  les  deux  autres ,  est  elle-même  garnie 
de  trois  petites  apsidesiégalement  dreulaire»,  forauint  chapelle» 
à  ria^eur,  et  rayonaantà  l'entoor'  do  sanctuaire.  Cette 
dispositioD  est,  je  crois,  bieik  rare  dans  les  monuments  roman», 
même  de  la  seconde  époque.  Elle  atteste ,  ce  semble  ,  la  dégé^ 
oéresceoce  d'un^tyle ,  en  même  temps  que  le  progrès  de  l'art. 
L'austère  et  grave  simplicité  du  roman  prtoâtif  est  déjà  bien 
loin ,  et  l'ogive  approche  k  grands  pas  avec  son  cortège  de 
liches  ornements.' 

Le  chœur  est  surmonté  d'une  tour  romane  v  dont  la  flèche 
a  été  reooBstruitè  k  une  époque  récente.  Encore  qu'elle  accuse 
je  ne  sais  quelle  prétention,  h  l'imitatioa  du  style  go- 
thique^ elle  contraste  d'une  manière  choquante  avec  le  reste 


5ti4         BJÉtonTSua  u»  «okumbmts  db 

de  r^ifice.  C'est  le  XVIII*.  siècie  greffé  «ir  lé  XIlS  la  «oq«e 
a  pkunei  de  Louis  XV  sur  la  tète  de  Lonis-k-Gvos  •«  ds 
l^ilippe*  Augosletf» . 

La  preBiièretfbtie  qai.  fi«ppe  cm  «aliaot  dans  celle  cgliae , 
ce  «Qot  deux  de  ces  coioasales  statues ,  si  communes  autrefois  , 
si  rares  aujourd'hui  dans  TOnesl.  L*imw  replréieole  Sc«^€àns^ 
toplie,  et,  véritahleroeot  ^  Farliste  a  eeMe  fois  abusé  de  la 
permissioa  que  se  «ont^eti  général  altnbuée  ses  ocnfrèces ,  de 
traiterasseEcavaliéfenentcefidoie  protcetfiur  du  CIixisteiifMit* 
Celte  stalne est seandairusement  laide.  L'entre^  longue^  nûéev 
immobile ,  eaveloj^ée  d'une  robe  à  plis  toinbauts,  a  du  luoias 
quelques  rapports  éloignés  avec  ces  ykiUes  statues  qui  parioii 
décorent  Tentrée  de  nos  cathédrales  ;  et ,  sous  ce  rapport  ^  bu 
pourrait  lui  pardonner  jusqu'à  un  certain  point,  sa  grossîmté 
d'esiécution-. 

L'intérieur  offre  peu  d'intérêt*  Parmi  les  chapiteaux  dbs 
colonnes ,  il  eu  est  de  fort  bûarres ,  et  pi  ésentant ,  je  crois  , 
des  odscoBna»  Une  fenêtre  garnie  de  vitraux  peints  mente 
aileotion.  On  voit  au  milieu  la  sainte  Yict^e  sur  la  tète  de 
laquelle  le  père  et  le  fils  posent  une  conronue.  Le  Su-Espiit 
plane  au-dessus  sous  la  forme  d'une  colombe.  Le  haut  du 
vitrail  est  occupé  par  trois  anges  jouaot  de  divers  instruments. 
L'an  tient  une  harpe ,  Faotre  une  sorte  de  violon  avec  un 
archet ,  le  troisième  un  triangle  garni  de  clochettes.  Les  mé- 
daiUous  que  Ton  xemarque  sur  cette  fenêtre  attestait  le  goût 
et  l'époque  de  la  reoakisaoce» 

Parkrai^je  encore  de  deux  tableaux  dont  l'un  ,  assez  récent 
et  assez  médiocre,  représente  la  Passèon }  an*des80us  de  chacun 
des  nombreux  personnages^  se  trouve  une  légende  en  fietits 
caractères,  explicative  sans  doute  de  leur  conduites  L'élévation 
du  tableau  ne  m'a  pas  pennisde  relever  exactement  ces  diverses 


lAMPOliT   <V»   iES   MOVVMBHTS   DE  I.ATA&.  Sl5 

inscripliocs»  L'autre ,  Leaiicoap  plus  aocieq  ,  esl  iiyi&é  en 
Iroii  panBeaw.  Celai  dtt  Ditiien  offce  la  Vierge  teoatti  too  êb 
mort  sur  tes  genoux.  Deux  saintes  femmes  se  tiennent  à  ses 
côtés.  Les  deux  autres  panneaux  sont  occupés  y.  savoir  :  celui 
de   droite  par  iwi  saint  auréolé  tenant  en  main  une  scie, 
instrument  probable  de  son  martyre ,  et  par  on  bomme  à 
genoux  y  en  costume  de  prêtre  ,  de  la  bouche  duquel  s'échappe 
cette  légende  :  ô  mater  pieiatis^  intercède  pro  nobis;  celui  de 
gauche ,  par  un  prélat  tenant  sa  crosse  i  la  main ,  et  par  un 
4utre  prêtre  à  genoux  )  la  légende  est  celle-ci  :  ô  maler.  dolo^  . 
rosaj  pro  nobis  Jilium  om*  Les  dorures  qui  briHeotrSur  les 
vêtements  du  prélat ,  les  auréoles  d'or  qui  ceignent  la  tète  des 
principaux  personnages ,  la  forme  des  lettres,   leur  couleur 
même,  qui  n*cst  pas  uniforme,  car  la   première  lettre  de 
chaque  légende  est  eu  rouge  et  les  autres  sont  noires ,  la  dis- 
posiiion  du  tableau  en  trois  parties,  me  semUeraient ,  h 
défaut  du  caractère  bien  prononcé  de  la  peinture ,  assigner  k 
ce  tableau  une  date  assez  reculée  ,  et ,  je  le  crois ,  àiff^  d'iiH 
tcrêt. 

Je  nai  pas  visité  d'autres  ^lises ,  et  je  crois  que  je  n'en 
avais  pas  d'auires  à  visiter. 

Je  relis  ce  que  je  viens  d'écrire ,  et  je  m'aperçois ,. Monsieur 
et  cher  confrère,  qu'au  lieu  d'une  description  méthodique  et 
raisonnée  de  quelques  édiûces  religieux  .  je  vous  envoie  fin* 
vcntaire  d'une  partie  des  richesses ,  je  dis  trop  ,  des  curieisités 
ou  des  singularités  qu  ils  renferment ,  en  bois  em  eu  pierre , 
en  marbre  ou  en  peinture.  A  coup  sûr ,  l'appréciation  de 
l'œuvre  architecturale  aurait  réclamé  une  plus  large  part  daoe 
cette  esqiûftsef  toutefois  je  ne  pense  pas  m'ètre  enliiremeoe 
fourvoyé. 

Je  ne  conçois  ps  que  Ton  omette  dans  la  description  d'u» 


r 


« 


5l6  BAffPOBT   SUR   LES   MO]n7MfiirTS   DE  LAVAL. 

édifiée,  si  beau  qa*il  soîl  evtérienrement,  les  statues ,  tableaax, 
reliquaires,  has-reliefs,  ornemeots  de  font  genre,  et  de  loin 
âge  qai  pea{^eBt  on  parent  son  enceinte.  Ils  font  partie  essen- 
tielle, int^;rante,  do  monament  qni  les  renferme  ;  une  mono- 
graphie n'est  complète  que  par  lettr  description. 

Tout  s'enchaîne  dans  Fart.  L'architecture  donne  la  main  a 
la  sculpture,   la  scnlptnre  a  la  statuaire,   la  statuaire  à  la 
|ieinture.  Les  diverses  branches  de  l'art ,  filles  d'une  même 
tige ,  ne  fleurissent  pas  toujours  en  même  temps ,  ne  se  déve- 
loppent pas  toujours  d'une  manière  égale  sons  le  souffle  des 
hommes  et  des  événements^  mais  alors  même  que  l'uue  dVIIes 
semble  se  nourrir  de  la  substance  qui  devait  servir  à  tontes, 
qu'elle  les  ombrage  pour  iin  temps  de  sa  dédaigneuse  supério- 
rité I  il  y  a  pour  le  savant  une  étude  curieuse  à  faire  des  causes 
et  des  résnhats  de  cette  perturbation.  Là  est  le  secret  des  in- 
times rapports  qui,  dans  le  pregi*ès  ou  le  dépérissement  de  l'une 
des  branches  de  l'art ,  préparent  la  renaissance ,  la  transfor- 
raatidn  o«  la  mert  de  tout  ou  partie  des  autres.  Pour  celui  qui 
cherche  dans  le  développement  de  l'art  le  développement  de 
la  pensée  humaine  à  travers  les  siècles  ,  c'est  une  vérité  hors 
de  contestation  que ,  dans  tous  les  temps ,  une  des  branches 
de  l'art  correspond  h   l'une  des  tendances  de  cette  pensée 
comme  à  l'une  des  facultés  de  notre  esprit.  Progressive ,  rétro- 
grade on  stationnaîre ,  une  des  grandes  divisions  de  Tart  est 
toujcmrs  là  ,  véritable  thermomètre  de  Tune  des  tendances  de 
la   pensée  humaine ,  et  parfois  de  la  pensée  humaine  toute 
entière  !.•••  Quand  une  investigaticm  plus  sérieuse  et  plus 
complète  des  richesses  que  nous  possédons  dans  tous  les  genres 
aura  plus  tard  permis  de  tirer  des  donnée»  particulières  quel- 
ques règles  générales ,  nous  aurons  fait  uu  pas  immense  vers 
la  vérité  ^  notis  aurons  surpris  à  Thumanité  un  des  plus  beaux 


RAPPORT   StTR    LB8   MOHVMBRTS   DE   LAVAI.  5l7 

secrets  de  sa  nature  ,  eo  surprenant  celui  des  causes  qui ,  à 
certaîoes  époques  ,  arrêtent  ou  précipitent  le  déyeloppement 
de  quelques-unes  de  ses  (acuités  ,  au  préjudice  ou  en  faveur 
des  autres.  Magnifique  système^  où  la  décadence  enseignerait 
le  progrès ,  et  ou  chaque  partie  viendrait  à  son  tour  expliquer 
les  autres  parties  de  Tensemble  !  !  ! 

Quelle  mine  riche  et  féconde  d'ailleurs ,  que  cette  étude 
sous  un  point  de  vue  moins  général ,  )e  veux  parler  du  point 
de  vue  purement  'historique.  Que  de  merveilles  en  or ,  en 
cuivre  ,  en  marbre,  en  cire  même  se  cachent  dans  la  poussière 
de  nos  vieilles  cathédrales,  véritables  musées  que  chaque  jour 
dépouille  au  profit  d'autres  musées  !  Au  moyen  âge  Tart  était 
partout,  en  tout,  sur  tout.  Quand  il  semeitait-une/ois  en 
frais  de  poésie ,  le  colosse  au  gantelet  d^acier  écrivait  ses 
épopées  sur  la  pierre  (i)  ;  sur  la  pierre  aubsi  ^  sur  le  marbre, 
sur  le  bois  il  écrivait  ses  satyres ,  ses  chansons,  ses  moindres 
lantaiûcsj  chacun  de  ses  produits  est  un  symbole;  chacun  de 
leurs  restes  a  une  signification  historique;  tout  chez  eux  k  son 
seus,  sa  raison,  sa  portée.  Quand  on  sait  voir ^  a  dit  un 
poète  historien  [i)  ,  on  retrouve  l'esprit  d*un  siècle  et  la 
physionomie  d'un  roi  jusque  dans  un  marteau  déporte;  et 
pour  caractériser  l'art  avec  les  expressions  qu'emploie  un  antre 
poète  (5)  en  parlant  de  celui  dont  émane  tout  art  comme  toute 
poésie  ,  je  dirais  : 

La  goutte  de  roi^  à  l'herbe  auapcadue 
Y  réfléchit  un  ciel  aussi  vaste  «  aussi  pur 
Que  l'inmenae  océan  dana  ses  plaines  d'aaur. 

(i)  Sainte  Beuve,  poésie  Française  au  XVi*.  siècle, 
(1,  V.  Hugo,  N.  D.  de  Paris ,  1. 1. 
(3)  Lamartine.  —  Harmonies  poétiques. 


3i8  HAPPOET   .SUR   LIS  MOUtlMBim  DB  IiATAL'. 

Yoas  avez  admirabknieat  compris  tootcs  490  c^Mes  ,  Mon- 
sieur et  cher  confrère;  vous  ayesproebmé  ces  Tnrîtés  depuis 
long-temps*  La  publication  de  la  sixième  partie  de  Yotre  Cours 
d'antiquités  monumentales  en  complétant  yotre  bel  ouvrage , 
les  mettra  dans  tout  leur  jour.  Noble  tâche  que  celle  que  tous 
vous  êtes  imposée  et  dans  Facoomplissement  de  laquelle  on 
doit  $*estimer  heureul  et  fier  de  pouvoir  vous  seconder  ! 

Je  suis  bien  loin  de  Laval ,  f  y  reviens  pour  vous  répéter 
<|ue  ma  mémoire  ou  mes  notes  out  pu  mal  me  servir  sur  un 
certain  nombre  de  points  ^  et  que  js  n'oseraisr  guère  assumer 
la  responsabilité  absolue  de  toutes  les  opinions  que  fai  émises 
sur  œ  petit  voyage.  J*ai  voulu  appeler  votre  attention  et 
celle  des  amis  de  la  science  sur  un  point  trop  n^ligé.  En 
certaines  matières ,  les  erreurs  sont  encore  d*utiles  leçons. 

P.S.  n  Ce  travail  était  terminé ,  et  déjlt  imprimé  en 
«  partie,  quand  Vai  eu  connaissance  de  la  description  des 
«  églises  de  St«-Yénérand  et  d* Avesnières  «  donnée  par  M. 
«  Mérimée^  dans  son  intéressant  ouvrage  :  Notes  d un  voytk- 
a  geur  dans  l'ouest  de  la  France.  Je  suis  heureux  de  m'ètte 
«  rencontré  avec  lui  sur  presque  tous  les  points.  J'invoque* 
«  rais  au  besoin  son  autorité  comme  le  suffirage  le  plus  flalteur: 
a  on  s'apercevra  facilement  que  )e  n*ai  pas  consulté  son 
«  travail  pour  la  rédaction  du  mien.  La  lecture  de  ses  noies 
€  ne  m'a  cependant  pas  engagé  à  supprimer  la  publication  de 
«  cette  lettre  ;  je  crois  ^'elle  peut  encore  o£&ir  quelque  iu- 
«(  térêt,  à  raison  des  objets  nombreux  qui  n'avaient  pas  fixé 
«  l'attention  de  M.  Mérimée ,  et  sur  lesquels  )'ai  cru  devoir 
«  insister.  ■  (Note  de- l'auteur.) 


SVB   UC&  iTVOES   AllCHéOL04lQVB$  ,  ETC.  3l9 

RAPPORT 

Adressé  à  h  Société  française  pour  la  conserve- 
tion  et  la  deseripiion  des  Monmnents  histo- 
riques p  en  fuin  1 838  ; 

Pab  M-  VERGNAUD-ROMACNÉSI , 

•  .  »  • 


Rien  de  biea  reaiarquable  e^  déoouTertes  archéolegiques 
et  Iu;iU>ri()iies  o'a  eu  lieu  daos  le  départemeot  da  Loiret 
depoi»  mon  dernier  rapport ,  cependant  : 

A  Menng-<surrLoire  I  an  lien  des  Ttrir^^  an  œntre  d'nne 
carrière  de  pierre  dure ,  daos  un  trou  en  forme  de  puits 
oUoog,  perforé  dans  le  banc  de  pierre  îusqu!à  Teau  ,  et 
comblé  jusqn  an  dessus  des  plus  hautes  eaux  par  des  débiis  de 
briques  romaines  el  des  fragments  de  yases  romains  de  toute 
patuce  »  s'est  trouvé  le  squelette  d'une  femme  dont  les  osse- 
menis  s'étaient  affiiissés  sur  la  meule  supérieure  d'un  moulin 
romain  en  pierre  yolcanique».  Ce  squelette ,  en  raison  du  peu 
de  largenr  dn  troo  (  So  centimètres  sur  go  centimètres) ,  n  a 
l^n  être,  placé  que  debout  su.r  la  meule  formant  plancher.  Deui 
anneaux  ont  été  recueillis  parmi  les  oisemeots  des  doigts  ;  Tun^ 
en  simple  ruban  en  argent,  a  dû  être  orné  de  lignes  ou  dessins 
en  creux  ,  eflacés  ou  à  peu  près  par  le  frottement.  L'autre 
anneau  est  de  ta  forme  appelée  cheyallère,  il  est  en  or  très- 


320  SUR    LES   irt'DBS   ARCBéOLOOIQVBS 

pur ,  son  chaton  est  ane  cornaline  sanguine ,  une  figure 
d'homme  nu ,  la  tète  seulement  couverte  du  bonnet  phrygien, 
y  est  gravée  en  creux.  Cette  figure  est  d'un  mauvais  travail  3 
elle  parait  tenir  d'une  main  un  miroir  antique ,mal  exprimé  , 
et  un  glaive  ou  poignard  la  pointe  en  bas.  De  Tautre  main  , 
elle  porterait  suspendue  une  lampe  afiectant  la  fonne  d*une 
croix.  Ces  divers  attributs  sont  si  mal  exécutés  qu'il  est  difficile 
de  deviner  quel  est  le  personnage  ou  la  divinité  que  le  graveur 
a  voulu  représenter. 

Cette  découverte  nous  a  donné  l'occasion  de  visiter  cette 
localité  qui  touche  à  une  voie  romaine  que  nous  avons  signalée 
dans  un  mémoire  relatif  à  des  antiquités  trouvées  non  loin  de 
Bacon. 

Des  tumulus  y  existent  encore ,  ib  étaient  jadis  plus  nom- 
breux ,  le  sol  y  est  parsemé  de  beaucoup  de  débris  de  briques 
romaines  et  de  fragments  de  poteries  communes  et  très-belles, 
ce  qui  ne  peut  laisser  aucun  doute  sur  l'ancienne  exbtence 
d'habitations  romaines  ou  gallo-romaines  dans  cet  endroit  (i). 

—  Non  loin  de  Beaugenci ,  dans  la  vallée  de  Crosse ,  on  a 
déterré  récemment  un  vase  en  bronze,  d'un  travail  grossier 
fait  au  marteau  ,  et  contenant  i,  100  médailles  de  Pùstume  , 
Gallien  ,  Salonine ,  0.  Severa ,  etc. 

— -  Aucun  de  nos  anciens  édifices  et  de  nos  maisons  remar- 
quables n'ont  été  détruits  depuis  mon  dernier  rapport ,  et  ne 
semblent  pour  le  moment  menacés  dé  ruine.  A  Orléans  ,  la 
petite  chapelle  de  St. -Jacques  et  son  riche  portail  sont  en 
vente ,  et  il  est  bien  à  craindre  que  ces  riches  sculptures  ne 
soient  sacrifiées  au  besoin  de  tirer  parti  de  ce  local. 


(0  Noas  publierons   incessamment  un  mémoire  complet  sur 
cette  d^ouverte  et  sur  cette  localité. 


— -  Les  restaaratioos  de  coosolidation  et  d'entretien  opérées 
jusqu'ici  à  Tancienne  ^Use  de  St.-Benoit,  l'ont  été  d'ane 
manière  satisfaisante. 

— -  A  la  belle  cathédrale  d'Orléans ,  on  a  élevé  en  avant 
des  toitures  de  la  belle  nef  latérale  droite ,  entre  les  tours  et 
le  pignon  latéral ,  des  pignons  wnés ,  comme  il  en  existait 
déjà  vers  l'apside ,  pour  lier  le  portail  avec  la  petite  tourelle 
de  la  sacristie.  Les  pignons  qu'on  construit  en  ce  moment  ne 
nous  semblent  point  avoir  été  dans  les  intentions  de  l'archi- 
tecte primitif  qui  n'a  laissé  aucune  pierre  d'attente  pour  les 
marier  h  l'édifice.  Toutefois ,  si  l'on  se  tire  avec  adresse  de  la 
difficulté  de  les  placer  à  l'angle  rentrant  que  forme  le  portail 
latéral ,  ils  ne  seront  pas  d'un  mauvais  effet  général. 

—  Des  écrits  archéologiques ,  historiques  et  statistiques  ont 
paru  sur  notre  localité. 

L'un  intitulé  :  Statistique  agricole  et  commerciale  ,  etc. 
de  t arrondissement  de  Montargis  ,  est  un  fort  bon  ouvrage 
dû  à  M.  Boyard,  président  à  la  Cour  royale  d'Orléans,  et 
dont  nous  avions  oublié  de  parler  dans  notre  dernier  rapport. 
La  partie  historique  et  archéologique  n'a  pu  ,  en  raison  du 
cadre  de  l'auteur ,  recevoir  tous  les  développements  qu'elle 
demandait. 

Un  autre  ouvrage  est  intitulé  :  Recherches  historiques  sur 
la  ville  Jt Orléans  ,  et  a  été  publié  par  M.  Lottin  père.  Le 
troisième  volume  in- 8°.  vient  de  paraître;,  c'est  une  suite  de 
faits  rangés  par  dates  qui  ne  sont  malheureusement  pas  sans 
erreurs.  Un  travail  de  cette  nature  ,  pour  rendre  les  services 
c[u'on  est  en  droit  d*en  espérer,  devrait  enfin  être  exécuté  avec 
unité  de  style ,  comme  les  tablettcb  chronologiques  de  la  Tou- 
raine ,  par  le  laborieux  et  érudit  Chalmel. 
.  Un  tTQisième  opuscule  intitulé  :  Souvenirs  historiques  sur 

a4 


599  svn  Eiâ  énrom  AmcnfouKiQiiit 

tancienne  abbaye  de  St.-ffenoit  y  a  été  réGemmeDt  édile  ^  et 
Fauteur ,  M»  Marchand  ^  géomètre  du  cadaMre ,  a  cru  de?oiir 
cet  hommage  au  Heu  de  sa  aaissance. 

C'est  en  sottme  no  abrégé  pur  et  simple  des  écrits  de  ûom 
le  Roy  et  de  Pierre  Chartier ,  conservés  à  notre  bibliothèque 
publique  d'Orléans.  \\  esï  fâcheux  que  Tauleur  n'ait  pas 
consulté  Fauteur  primitif  Jaudot,  mais  k  la  vérité  il  n'en  excstiç 
pas  de  traduction  ;  la  connaissance  de  ses  écrits  latins  lui 
eût  évité  bien  des  erreuis  patentes.  Par  exeiUiple  celle  de 
donner  i' église  actuelle  de  St.^Beaoit  comme  étant  TégUse 
première  de  Tabbaye  fondée  en  655 ,  tandis  que  les  anciens 
plans  de  ce  monastère,  et  les  chartes  copiées  par  Jaudot, 
prouvent  qu'elle  existait  dans  lia  autre  lieu  qu'ils  précisent 
de  la  manière  la  plus  claire  et  la  pJus  formelle  (i)« 

En  outre  ,  il  n'eût  point  à  coup  sûr  été  tenté  de  réformer 
Mabiilon  et  autres,  sur  la  position  de  la  tour  de  St. -Michel , 
qu'il  place  sans 'preuve au  sud  de  l'église,  tandis  que  touir  las 
plans  anciens  désignent  par  ce  nom  k  seule  et  vraia  tour  qui 
ait  jamais  existé  à  St^-Benoit ,  celle  qui  forme  toujours  Le 
péristyle  de  l' église.  La  relation  de  l'espèce  de  siège ,  soutenu 
par  içs  moift^  cootie  François  I'^  ,  est  positive  à  cet  égards 
car  elle  dit  que  les  religieux  s'étaient  retranchés  et  barricadé^ 
dans  U  tour  St.-Michel ,  espèce  de  forteresse:  en  avant  de 
l'église,  et  .qui,  jointe  aux  muraiUes,  rendait  le  monastère 
d-accès  impossible  pour  d'Entraignes  et  ses  troupes. 

To*is  les  anciens  pbns  sans  exeeplion  la  désignent  par  ce 
nom ,  et  Jaudot  est  bien  précis  ^^r  son  origine  et  sur  sa  posi- 
tieu  lorsqu'il  dit  : 

<f  Turrim  ÇaQcti  Michaëlis ,   qu»  est  in  iogressu  majoris 

(i)  Ces  plans  curieux  eussent  été  )^hts  h»ffvecsa«ta  à  publier 
que  les  copies  réduites  de  ce  qui  a  été  donué  jusquid. 


BANS  14  BVAlTSIffNT  mi.  lOW^T.  5aï 

9  «c€le«ix  ioriaeensia  à  (undiaiDeiMû  constriMHre  cosfix  (  abfcas 
c  Gaiidiaos  anno  toa6V 

L'anteur  n*a  pas  prié  garde  qn^en  contvoclîsaiit  ses  devan- 
ciers sur  ce  poiot  iaiereHaat ,  il  coadapioait  laî-soèxoe  un 
peu  piiisloio  s^a  insoateoaiUe  opiaîoD.  Car  il  dit ,  pag&  76 , 
ce  qui  est  vrai ,  qu'en  septembre  .16489  oochangeaies  comma» 
nications  dn  monastère  avec  l'église  qui  avaient  lieu  précé- 
demment soos  les  cénacles  qu'il  prétend  avoir  dépendu  de  la 
tour  ou  exhaussement  qu'il  dit  être  la' vraie  tour  de  St.- 
Michel. 

La  connaissance  des  écrits  de  Jaudot  lui  eût  appris  qu'il 
ne  vint  de  Bloisà  St. -Benoît,  comme  il  le  dit  lui-même > 
qu'en  1680,  pour  travailler  au  recueil  de  chartes ,  etc. ,  de 
l'abbaye,  et  que  son  travail  fut  terminé  en  1681.  Il  ne  vint 
donc  à  St.-Eenoit  que  5o  ans  environ  après  que  les  anciennes 
communications  avaient  été  bouchères,  et  les  nouvelles  établies, 
telles  qu'elles  existent  aujourd'hui  encore  en  partie.  Il  n'a 
donc  pu  parler  que  de  l'entrée  de  l'église  telle  qu'elle  était  de 
son  temps ,  et  dès-lors  son  texte  ne  peut  donner  lieu  a  aucun 
doute.  D'ailleurs ,  D.  Mabillon  ,  D.  Chazal ,  qui  tous  deux 
ont  habité  St.-Benoit,  auraient  été  éclairés  sur  leur  prétendue 
erreur  par  les  Bénédictins  leurs  confrères,  s'ils  s'étaient 
trompés. 

Beaucoup  d'autres  méprises  se  rencontrent  dans  cet  opuscule, 
sans  parler  d'une  interprétation  ,  peu  intelligible ,  des  ins- 
criptions et  des  bas- reliefs  de  quelques  chapiteaux  de  colonnes, 
par  des  passages  de  l'Apocalypse. 

En  ce  qui  nous  concerne  personnellement ,  nous  avons 
publié  depuis  notre  dernier  rapport  un  supplément  à  la  notice 
historique  sur  l'ancienne  église  de  St.-Pierre-en-Pont  d'Or- 
léans* 


5^4  SVB   LES  irUDBS  ARCBioi.OCIQVBS  ,   BTG. 

Uoe  notice  biographique  et  historique ,  par  M.  le  comte 
de  Bizemont ,  directeur^iondateor  du  musée  d'Orléans. 

Euiin  des  documents  inédits  sur  le  siège  d'Orléans. 

Nous  joignons  à  l'envoi  de  ce  rapport  un  exemplaire  de 
chacune  de  ces  publications ,  dont  nous  aimons  à  faire  hom<- 
mage  à  la  Société ,  réunie  à  Tours. 


lOJR    DES   MOmfMBMTfi   IKKMTS   DB   tAUfT-AlGVAK.     $35 


NOTE 

iSt/r  les  Monuments  inédits  les  plus  remarquables 
des  environs  de  St.-Aignan  ; 

Par  mm.  AtONZO  PÉAN,  propriélaire,  cl  CHARLÔT, 

pLarmacien  y  à  St«-AigDan, 


MonuMBiTTS  DU  MOYEN  AGB.  —  ChopeUe  de  St-'Luzare , 
commune,  de  Noyers, — :  Cette  chapelle,  qui  appartient  au 
style  roman  secondaire,  est  peu  considérable.  Elle  présente 
une  difiërence  seudible  dans  ses  proportions.  D'autant  plus 
resserrée  qu'on  approche  du  chevet ,  elle  a  son  chœur  plus 
bas.que  la  nef,  et  Tap^ide  moins  élevée  que  son  chœur.  Elle 
a  en  longueur  environ  60  pieds ,  30  dans  la  plus  grande  lar- 
geur, et  présente  assez  d'ornements  pQur  Fépoque  de  la  cons- 
truction ,  le  X*.  siècle. 

« 

Les  ouvertures  des  fenêtres  et  des  portas  sont  a  plein  cintre , 
d'une  grandeur  moyenne.  Sur  la  porte  du  sud,  se  fait  remar- 
quer une  archivolte  ornée  de  quelques  moulures  en  relief,  et 
de  zig-zags  simples.  Les  murs  sont  en  appareil  moyen  ;  les 
parements  formés  de  pierres  symétriques  de  calcaire  marin 
demi-dur  des  environs.  Le  centre  du  mur  offre  un  massif  de 

M 

moellons  irréguliers.  La  tour  ou  clocher ,  dont  il  ne  reste 
qu'un  pan  de  muraille,  est  placée  au-dessus  du  chœur,  et 
très- peu  élevée  au-dessus  des  toits.  Les  corbeaux  ou  modi lions 

25 


326  svm  vÊs  uoîivuEtm  méùns 

sont  très-saillants  ,  ornés  de  figures  homaiDes  grimaçantes  , 
ou  d'animaux  h  formes  bizarre$.i  jQn  y  remarque  parfois  des 
boules  entassées  cinq  ensemble  ,  chose  très-rare  dans  ce  style. 
La  cornîcbe  qui  surmonte  les  modillons  est  ornée  de  zig-zags 
9M^<^  et  4a  4c;sficQs  eo  ocbiqijrier* 

Les  colonnes  ou  ptliersjpb^cés.i  rextérienr  d^  cbœur  sont 
droits  entre  la  base  et  les  chapiteaux ,  sans  renflement ,  mais 
i^sex  dégagés.  On  voit  encore  des  r/eçtes  de  la  voûte.  Il  n'en 
existe  plus  maintenant, de  portion  entière  que  dans  le  chœur. 
Cette  voûte  était  en  moellons  d*un  petit  volume ,  noyés  dans 
le  mortier.  On  y  remarque  l'absence  d'arceaux.  Ils  sont  rem- 
placés par  quatre  angles  peu  saillants  qui  se  croisent  en  forme 
d'arcades  an  sommet ,  et  viennent  s'appuyer  sur  les  quatre 
piliers  du  chœur. 

Les  colonnes  de  la  nef  sont  pesantes  et  courtes,  formées  de 
gros  fûts  cylindriques ,  et  d'un  assemblage  de  demi-colonnes 
assez  minces,  réunies  en  faisceaux.  Sur  les  chapiteaux  se 
yoient  en  demi-relief  des  figures  humaines  bizarres,  incor- 
rectes .  hideuses ,  ou  des  animaux  monstrueux  auxquels  le 
sculpteur  s'est  plu  h  donner  la  forme  humaine. 

yUrait  colorié  de  la  chapelle  détruite  de  Notre-Dame" 
de-Pitié^  à  Saint- Aignan.  —  Ce  vitrail ,  qui  fait  partie  do 
la  collection  de  vitraux  de  l'un  de  nous,  représente  la  résurrec- 
tion de  Lazare,  et  nous  semble  mériter  L'attention  des  connais- 
seurs ,  tant  à  cause  du  dessin  et  de  la  singularité  des  costumes, 
quç  de  sa  forme  générale ,  que  nous  croyons  appartenir  à  la 
première  époque  de  l'art» 

MoKVMBiTTs  Cblttqubs.  — •  PeulroH  de  Noyers.  —  Ce 
grossier  monument  des  Ceitcs  ,   nos  ayeux  .  est  \me  pierre 


0HI  murnicm  du  sAiin^AïuirMr.  5^7 

brute^  fîgaiitast|qe  y  «flhcUni  hibiinriiycainidale.^  et  k»- 
pkiièéeibdsleaol^:ftii.iiiili6A4*aiiainpliidiéltre4e  «toUiafeU 
boiflées:^  qni  bit  pavtîe  de  la  foret  de  Groâ'^Boiê* 

Cette  perire  J.iiDe  atâmt  qnarzente ,  mtiangie  SàlmmuÊd 
fcrrngipeiue,  a  coDwrré  )iit(]ii*li  œ  temps  sa  forme  bi'vié  pri- 
waiére  ^  et  f  a^éreiice  de  sa  eoQi)N)Bitioa  iait  espérer  qu'il  «e 
Vy  numifestcm  pas  de  sitôt  d'altération  seoéible. 

Son  inclioaisoD  est  eiadenent  Ters  rontnt  d'élé.  Son 
soBBMt  b'apljtit  dai»eette£raation«Sa  base  est  piofondéiicpt 
ealefrée,  ee  qui  a  dû  proiwoîr  de  ja  pesaotaor  -mut  jan  m1 
légsr ,  et  de  rarw—riation  «nscessiffia  do  tcnttaa  v^pétti* 
Malgré  cette  circonstance ,  son  élération  est  cnowe  de  puas  <fe 
trois  aièb«s.  Des  jEemilles  e«ée«tées«otMéîs<iam  m  nayoâ  de 
qiiel^s  piedà  i^oaflma  prodait.  Seolemeiil^  à  «ne  deaé* 
liene  enTiron  de  cifttep^fe^  sor  ane  «oUsntf  BOiniita  h 
Grand-Mont,  il  a  été  découvert,  il  y  a  deux  ans,  nn  enfouis- 
sement assez  considérable  de  hacbes  gauloises  en  bronze ,  et 
de  monnaies  celtiques  et  romaines,  dont  quelques  échantillons 
existent  dans  nos  collections  particulières. 

Les  habitants  de  la  commune  de  Noyers  ,  où  ce  penWan  se 
trouve  situé ,  rapplPllvui  /ifeiv  tjîtie  on  fiche ,  probablement 
de  Tancienne  appellation  latine  :  petrafixa. 

Sàrcopliage  antique  du  château  de  Saint-Aignan.  -—Ce 
monument  ne  nous  appartient  point  en  propre ,  c'est  une  im- 
portation qui  remonte  à  une  date  peu  ancienne.  Vers  la  fin 
de  Fayant-dernier  siècle ,  un  seigneur  de  la  maison  de  Beau- 
villiers ,  ambassadeur  à  Rome  ,  fit  l'emplette  dans  la  capitale 
du  monde  chrétien  de  ce  tombeau  antique ,  pour  y  reposer 
les  restes  de  son  épouse  qui  l'avait  suivi  dans  ta  mission  diplo- 
matique. Oublié  depuis  celte  époque  dans  un  coin  obscur  du 


I 

5^8     SUR    DES  MOirUMSHTS    IlfiDITS.  Dl   SAIMT:  AIGVAff. 

diâtettu  dé  SaintpAignan ,  il  fiit  retKW^é ,  Fan  dsinier ,  par 
¥un  et  nous*  Il  est  en  marbre  blanc  de  Pâros ,  et  Q*â  souffert 
qa'une  légère  altération  qui  ^  réparée  par  un  faiseur  barbare, 
fait  mieux  sentir  ses  bemités  prinâiiiires.  Sa  forme  est  un 
quadrilatère.  Seiie  per^nnagessonlptéssursa  lace  antérieure 
8t  coupent  en  diverses  attitudes  autour  d'une  jeune  fille  expi- 
rante sur  son- Ht  de  douleur.  Ijes  deox  côtés  sont  occupés  par 
«des  griffons ,  emblèmes  ûe  l'immortalité. 

L'inscription  retrouvée  par  le  savant  Eloi  Johanneau  , 
notre  compatriote ,  dans  les  combles  'du  château  de  Saint- 
Aigoan ,  est  gravée  sur  une  bande  de  narbre  indépendante 
>du  ^rcopbage. 

-  La  forme  générale  de  ce  sarcophage ,  la  sévère  simplicité 
-àe  sa  composition.,  nous  semblent  devoir  le  âûre  rapporter 
a  l-nn  des  deux  premiers  siècles  après  Jésu8«Cbrist. 


DicOUYIBTBS  PAITtt  flUUfS  lA    CfrABKlTTB-IffF.        ^^ 


RAPPORT 

Sur  fe«.  déeùuverte^  fkàes^  dam  ta  QlUir»ttC^ 

Inférieure  en  hS^j  ; 

Par  irf.  MOHEAU , 


Ltûéfsafmtttii  de  la  CWeste-Fnthikiire ,  qni  correspond 
à  raocieiirp^ys  desSanloo»,  est  une  de»  parties  de  fa  France 
les.  plus  rkhes  •&  débris^  do  to«le»  le»  époques  historiques , 
chaque* jour  amèoe  quelques  décourertes  :  voici  ceUes  qui  out 
efiUea  dao»<ranuiJe  kSS^» 

Epoqvs  csLTn^UB.. —  Dolmen  du  Combat .  —  Au  milieu 
des^diifieb  de  St..'>>Palats  de  Ro^^aux. ,  arrondissement  de  Ma- 
reoiia»,  no«s  avons  déeouTert  un  dolme»  enfoui  soiis  les 
sables  de<  la  forêt  de- Coiurlaîs.  Il  est  fait  mention^  au  XHK 
sièek  de  cette  fer^t,  qui  appartenait  li  Hugues  de  DidonRe  , 
seigneur  de  Tonay-Cbarenle  et  de  Royan.  Ce  seigneur  donna 
en  fa34à  i^abbeyedeSt.-Eftennt-disyâux  le  droit  de  chauf- 
fage dans  eette forêt  qui  était  située  auprès. 

En  1857,  tt<)e  maison  ,  appelée  le  Combot,  située  nu 
milieu  des  dunes  ,  fùteitTaBie  parles  sablés ,  on  se  hâte  de  fa 
démolir,  d'en  transportée  les  pierre»  à  l entrée  de  ht  'forêt  de 


330  SVH  LES  J>^(HfYWIf« 

Courlois ,  e|  de  la  rétablir.  Uoe  large  pierre^  presque  entié- 
remeat  recouverte  ,  existait  dans  les  sables  3  le  propriétaire 
du  Combot  crut  que  cette  pierce^était^^nsceptible  de  former 
de  la  cbanx  ,  il  la  fit  dégarnir  des  sables  qui  l'entouraient , 
mais  Tayaut  trouvée  impropre  à  l'objet  qu'il  s'était  proposé , 
it-  ri4baiidWina«  Non»  avons  i^eo^nau  dans»  tetx&  pierre  uu 
dolmen*  La  table  est.bris^ea  deux  parties,  et  les  piliers 
encore  engagés  dans  le  sable  ne  se  montrent  qu'à  moitié  j 
mais  ik  supportent  encpre. la.  gierre^boriTDntalement. 

Le  mouvement  des  sables  dans  les  dunes  met  souvent  à  dé- 
co^v«in«d'ACuçicsn9e&e(Mial)Nioti4Mift  ^  kt-  babtusir.  prétendent 
que  la  ville  dlAnchcnne  s'étendait  jusque-là.  La  tradition 
indique  en  effet  une  ville ,  appeler Âncboine ,  qui  aurait  été 
recouverte  par  les  sables.         . 

J^  village  4n  MAiiKh€i<)dio ,  vniéa  du.  Combat ,  a  peidu 
depuis  35  ans  plus  de  5o  maisons»  1^  ravage  causé  par  la 
mouvement  des  sabfes  est  extrême^,  il  suffit  parfois  de 
qp^qu^  bençcs  pour  «m^vifir.  iMie  maisoa  ^  cependant  des 
plantations  de  pins  opérées  dans  ces^nea,  par.  la  aoUieilode 
du  gouvernement,  ont  diminué  beaucoup  ces  terribles  eflèts. 

£poQ>y9.&Qi4Àiif s» -*-f^|c«4i^  laNfpQMOiti/fe.'^'Rti^  de;' 
I9  I^épontiière,  coqmQDQ  de  Bor»,  Arir9ndis4enent4kSt.-Jean- 
d'Augely ,  d^s  le.li^i^  appe}é  la  Qive  ,  pn^  été  trquvé^  ^  «a 
1 837 ,  des  fQQdeii;ients  de  mujps rQinai^s ^i^  par  lewréKiidbe^ 
paraissent  avoir  fait  partie^  d'^n  yi^us.. 

Le  terrain  qui  pei^t  avoir.  49  b^?clyir^^,  ^  ^mA  de  fragpi^pla 
de  briques  antiques ,  de  ciment  et  de  pierres  provenant  de 
d^n^oUtions. 

Il  ne  parait  plus  qu'un  seul  pa^  de, muraille. engafé.sQoa 
un  terrain  élevé  »  e(  neiaisMAt  voii^  qu^  U  cpvipe  d^^v^  le.seï^ 


FAITES  OâjTg  LÀ   CttAllEllYEfMréRIEVRB.  Kt 

de  l'épttHiear ,  c'est  une comtramimi  enpief'res de  petit  appe''< 
reit  ,  liées  aréc  do  eineot  d'vne  grande  ànrtUé 

On  a  troinré  sous  terré  une  chambre  fstrée  de  cerrëiwen 
pierres  polies  ,  elle  a  été  détruite  et  les  carteani'  qm  en  sont 
pfcyvenas  ont  été  déposés  an^vtllage  de  la  Chanerièrr^  liront 
i8  ponces  decM,  on:eo  compte  an  moins  40''0n  a  ans» 
rapporté  do  même  lien  beauconp  de  lyriques  enlières  de  mène 
grandeur  que  les  carreaux.  RBiran  les  débris  de  bri(|ne6  et  de 
pierres ,  on  a  troo^  des  fragments  de  feuilles  d*acantke  de 
grande  dimension  ^  provenant  de  quelque  cbapîtean  ^  ai  sbr- 
font  nu  tronçon  de  colonne  en  marbre  cannelé  en  spsrale^ 

Dans  le  même  temps  que  Ton  s'occupait  de  ces  foniUes^  on 
démolissait  la  tour  féodale  dn  château  do  la  Néponâèrè , 
situé  à  aoo  pas.  Je  flto  suis  empseisé  do  desiiner  ce  ^'il  en 
restait.  J'ignore  l'époque  dé  sa  constmctiott  qui  parait  être 
dn  XiV*.  siècle  3  cette  tour  n  existe  plus  maintenante  On  né 
voit  sur  les  lienx  que  des  restes  de  démolitions  et  le  fiomé  dn 
château  qui  pouvait  avoir  4oo  pieds  de  pourtour. 

Le  château  do  la  Népootière  appailenait  au  XIV'.  sièdo 
anx  arehevâquès  Parthenay»'  Au  XV* ,  il  fut  possédé  par  des 
seignetiiv  du  nom  de  la  penonno  issus  des  TÎcomtes  d^Acy  ^ 
qui  avaient  rendu  d^  grands  services  à  la  France  contre  leè 
Anglaâs^  An  XVK ,'  via  saignent  de  la  N^pontière,  étAti 
Jean  de  la  Rochebcaucourt ,  chambellan  dn  roi,  et  sénéchal 
de  Saintonge. 

Piscnra  de  TfoVrofiïetni  (Tduloà).*^Au  lieu  (MTéstritoéle 
Novioregum^e  l'itinéraire  d'Autonîn ,  commune  dé  Sablon- 
céctis,  arrondissement  deSàitites,  terrain  remarquable  par  les 
débris  dé  pierres ,  de  cinient ,  de  briques ,  de  marbre  ^  dont 
il  est  parsemé  5  par  1er  médailles  qu'on  y  a  frouvée^^  par 
d'anciennes  découvertes ,  et  enfin  par  le  voistnafede  aïonu- 


5i5^  SUR    IiBS   DECOUVERTES 

meoU  antiques  ^  des  labottrenrs  reocootrèrenl  en  1&57  ,  uoe 
suite  de  murailles ,  et  priaeipalettent  un  bloe  de  inaçobnerie 
formaat  ua  delut-cerele  «  et  paraissant  avoir  appartenu  à  nue 
citerne  oii  piscine. 

^  Cette  eoDstFuctionr  cdmiiBe,  de  9 pieds  de  large,  est  eoduibe 
dans  sa  partie  circulaire,  d'un  béton  ou  cimeat  bien  poli.  Go 
refi€ontre  souveot  en  Sainlen^e  de  ces  sertes^  de  cavités  ai^u- 
leuses  ouarrondies  ,  et  revêtues  de  pareil endatt.  Je  présume 
qu'elles  servaient  de  réservoiis  pour  des  bains ,  et  peut  être 
de  baignoires-^  celle-ci  paraît  d'autant  mieux  avoir  en  cette 
destination  ,  qu'ion  a  trouvé:^  il  y  a  environ  4o  ans,'  ont  liypo-^ 
causte  près  du  même  lieu ,  il  a  été  malh<mreusementilétr.uîr. 

Le  bassin  dernièrement  découvert  commtmqnait  par  une 
dale  h  quelques  autres  constructions  j  cette  dale  a  éltdémoice, 
mais  OD  voit  encore  ks  |»erres  demi-cylindriques  de  deux 
pieds  de  ki^eur  q«i  la  recouvraient.  Le  canal  parait  euuti- 
mié  sous  terre ,  il  serait  Êicile  d'en  retrouver  le  prolongement 
en  faisant  des  fouilles..  J'ai  déjÀ  sig^nalé  ce  lise u  comme  un 
point  digne  de  fixer  Tattentiou  de»  arebéologues.  Des  déblais 
bien  dirigés  auraient  quelques  bons  résultats.  M»  le  sous-préiet 
de  Saintes  a  manilesté  beaucoup  de  xèle  eiè  secondant  nos 
efforts  à  cet  égard  ^  il  s'est  .transporté  sur  les  lieux  ,  et  }l  va 
solliciter  du  gouvernemeat  les  moyea&  de.  dçDner  suite  à  nos 
rechercbes. 

Vases  à  Mediolanum  (  Saintes  )•  —  Une  maison  de  la 
yille  de  Saintes  ,  d'une  construction  moderne ,  fut  démolie 
pour  ékrgir  une  rue ,  dans  k  terrain  qu'occupait  autrefois 
l'antique  cité^  le  terrain  avait  été  une  dépendant  des  jardins 
ck  Julius  Argenus,  et  cet  babitaat  de  Mediolanum  l'avait 
consacré  ji  des.. sépultures^ 


FAITES   DAV^   LA   CR ABIKiTB-lirFéaiBVflB*  555 

Environ  5o  urnes  de  diverses  giandeurs ,  depsis  5  pouces 
jasqu'à  9 ,  pi«t({«e  toule»  oitières ,  funint  trouvées  dana  ce 
lieu. 

Ces  vases  sont  (Tune  terre  demi^grcesière  et  delà  même 
forme ,  ils  portent  deux  anses  comme  eertatns  préféricules. 

Diverses  constructions  en  pidrre  et  briques,  dont  on  trouve 
les  fondements ,  oecupaieul  oe  terrain  ,  et  c'est  dans  Tua  de 
ces  compartiments  formés  par  ces  murs ,.  que  Ton  rencontra 
àith  vases  réunis*  Les  murailles  reposaient  sur  des  couches  de 
charbon  ,  de  cendré  et  d'huitres.  Les  hmtres  en  grande 
abondance  portaieist.  leurs  deux  valves  et  n'avaient  jaoutis 
clé  ouvertes.  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  de  pareilles  couches- 
sous  les  monuments  romains  de  Saintooge  ^  bous  en  avons 
remarqué  sooveut  sons  des  sépultures.  On  présume  que  ces 
divers  objets  y  étaient  placés  dans  un  but  d'assainissemeDl. 

• 

Moyen  ag^.  —  Armes  à  Saintes.  —  Auprès  de  Saintes  , 
entre  Tancien  Amilion  et  TEpiocil ,  on  a  trouvé  dans  un 
champ  ,  plusieurs  débris  de  murailles  et  une  épée  du  moyen 
âge. 

A  Taillebourg.  En  déblayant  quelques  restes  des  piles  du 
pont  de  Taiilebourg ,  dont  le  nom  se  rattache  à  celui  de 
St. -Louis ,  vainqueur  des  Anglais  ,  on  a  rencontré  quelques 
armes  perdues  dans  les  sables  de  la  Charente.  Ce  sont  des 
fers  de  lances ,  des  vi  retons  et  des  épées.  Une  de  ces  épces  a 
été  conservée ,  elle  pouvait  appartenir  à  un  des  soldats  de 
Louis  IX  y  roi  de  France ,  ou  du  prince  anglais  ^  Henri  II  [. 

A  Tonnay -Boutonhe.  Sur  les  ])prds  de  la  Boutonne, 
dans  rarrondissemenl  de  St,-Jcau-d'Angély ,  était  le  château 


334  DKCOWlATli  FAITES  DAITS  E.A  CHABBlfTB-IirFfBIEUBB. 

de  Tonoay ,  tour  carrée  du  XIK  siècle,  éhiie  sar  la  mofCe , 
et  indi<(uée  par  M.  de  Canmont  dans  son  Cours  d^aatiquités 
luonameiitales. 

Ce  doojon  a^été  reaversé  en  iSS^ ,  el  Foa^a  vidé  raneiea 
puits  qui  avait  été  ooitiUé. 

Ou  y  trouva  les  ossements  d'un-gnerricf  atmé  de  pied  en 
cap,  qu^oo  avait  probablement  jeté  dansée  puits  lors  d'une' 
attaque  du  château.  Peut*  être  étak^»  us  âfaumoni ,  dont  la 
famille  a  iouimi  pendant  plusieurs  sièdeâf  des  seigneurs  k 
Toonay-Boutonne»  Les  diverses  parties  de  Fat  mûre  ont  été 
dispersées  par  lès  onviieiY ,  je  n'ai  pu'  me  procurer  que  le 
casque. 

Telles  sont  les  découvertes  aKhéologiquesqni  ont  étéfaîtes^- 
en  18^7,  dans  mon  département,  et  que,  en  ma  qualité 
d'iospecteur  des  monuments  historiques  9  )'aî  cru  devoir  vous 
signaler. 


sua  DES  fOVULB^  A  Fi^IAfi  Pââs  M  saiutbs.      555 

RAPPORT 

Sur  des  fouilles  à  faire  dans  F  arrondissement 

de  Saintes; 

PàM  M.  MOREAU , 

Inspecteur  des  MoDoments  historiques. 


L'arrondissement  de  Saintes  autrefois  couvert  de  monuments 
gallo-romains  I  en  a  conservé  des  restes  souvent  enfouis  sous  des 
décombres  et  des  remblais}  il  snifirait  dans  beaucoup  d'endroits 
d^eulever  quelques  pouces  de  terre  pour  rencontrer  des  objets 
intéressants.  Ce  qu'on  a  recueilli  en  1816,  à  la  suite  des 
déblais,  nous  en  fournit  un  exemple  :  plus  de  5qo  médailles, 
des  pierres  tumulaircs  portant  des  inscriptions ,  divei's  usten-» 
iiiles ,  et  surtout  le  pi'onaos  d'un  temple  avec  les  bases  de  sii 
colonnes  furent  le  résultat  des  rechercLes  faites  sur  un  seul 
point  de  Mediolanum.  De  nouvelles  fouilles  qu'on  entrepren- 
drait dans  les  lieux  où  il  existe  des  traces  de  constructions 
antiques  y  donneraient  beaucoup  d'espérance.  Je  crois  pouvoir 
signaler  ,  en  conséquence ,  l'amphithéâtre  de  Saintes  ,  ks 
plaines  de  Couicoury  «  les  anciennes  maisons  de  Tamnum  et 
de  Novioregum  ,  les  bains  de  Mediolanum ,  les  champs  de  S^- 
Séroine ,  le  fort  de  Suzac  :  tous  ces  lieux  sont  dans  Farrondis- 
sèment  de  Saintes. 

Amfkiûiiâtrc  de  Sainte,  —  L'amphithéâtre  de  Saintes 


556  $tTR    DBS   FOUrtLfiS    A   FAIRE 

fut  ea  partie  détruit  à  une  époque  déjà  fort  ancienne  ^  cinq 
mètres  de  décombres  siqnt  au  pied  des  murs.  Si  on  enlevait  C(s 
terres  et  ces  pierres,  les  archéologues  pourraient  arrêter  leurs 
idc^es  sur  la  destination  de  certaines  parties  du  monument , 
jusqu'à  présent  coigraatiques  ;  on  mettrait  probal)lemenl  '  au 
jour  des  caveaux,  qucli}ues  gradins  et  toute  la  base  de  Fédifice  ', 
on  découvrirait  pjut  être  dails  les  décombres  des  fragments 
provenant  des  décorations  supérieures  :  on  trou vei ait  les 
bouclies  des  canaux  qui  doivent  apporter, des  eaux  ,  et  l'on 
serait  fixé  sur  Tcxistence  on  la  non  existence  d'une  naumacbie» 
S'il  était  possible  â'âcq<iérir  les  terres  renfermées  dans 
Fintéricur ,  et  de  disposer  de  quelques  fonds  tels  que  ceux  que 
voulait  allouer  le  ministre,  il  y  a  quelques  années,  et  dont 
on  n'a  pas  profité,  on  pourrait ,  par  des  travaux  plus  étendus, 
répandre  sur  ce  monument  un  intérêt  qu'il  est  loin  d'avoir 
aujourd'hui. 

Bains. — Les  bains  de  Mediolanum  ont  dé]à  été  fouillés 
dans  plusieurs  parties,  et  c'est  aux  fouilles  qu'on  a  dû  la 
découverte  des  cinq  hypoeaustes  dont  il  reste  à  peine  deux 
fragments  ^  un  mouvement  de  terre  laisserait  Tespoir  de  trou- 
ver dans  ce  lieu  quelques  objets  précieux  :  mais  comment  faire 
des  fouilles  dans  un  terrain  privé ,  ce  serait  encore  une  acqui- 
sition à  faire;  tes  frêles  constructions  qui  existent  encore  se 
détériorent  chaque  four,  eîfes  disparaîtront  avant  peu  si  Ton 
ne  se  bâte  de  les  retirer  des  mains  des  propriétaires  vandales. 

Corertroa/y.  —  Courcoury  est  situé  sur  une  voie  romaine 
dont  on  voit  encore  les  traces.  Il  existe  dans  ce  lien  des  fonde- 
ments de  murailles  visibles  à  la  surface  du  sol ,  et  des  frag- 
ments d'architecture,  épal^  sur  divers  points.  On  y  a  trouvé 


'^'TZ 


I  C  if/r  r  J 


DANS   L'ARROlVDISSEMEJfT   DE   SAWTBS.  K'] 

des.  inédailles  celtiqaes  et  romaines,  de  Tor  en  lingot, 
et  principalement  ane  tcle  en  marbre  qui  a  été  envoyée 
à  Paris.. Çoiu'courjeât  un  des  lieux  vers  lesquels  j'appellerai 
F  Attention  du  gouvernement  pour  faire  des  recherches  daii^ 
riotérêt  de  l'aichcologie. 

Novioreffum. — Le  terrain  silué  près  du  village  de  Toulon, 
ca^XoQ  de  Saujon ,  lequel,  d'après  Topinion  delà  plupart  des 
antiquaiccs,  est  le  Kovioregum  de  l'itinéraire  d^Aulonin, 
Sil  peut-èlrc  le  Noverum  ,  oh  le  poêle  Ausoue  avait  nue 
maison  dq  ca;n|^giie,  doit  être  le  premier  lieu  où  Ton  diri- 
gera dest  recjierches  avee.le  plus  de  chances  die  succès.  Les 
débris  de  maçonnerie  antique  ,  répandus  sur  le  sol  en  grande 
quantité  ;  la  découverte  faite  autrefois  de  fourneaux  h.  chauf- 
fer des  bains ,  et  celle  encore  récente  d'une  piscine  circulaire  , 
enduite  de  stuQ  :  tout  promet  d'heureux  résultats.  .riu:sicvis 
propriétaires  iustruits  des  communes  environnantes ,  telles 
que  Sablonceaux ,  St.-Romain  ,  Saujon ,  nous  sollicitent  pour 
faire  des  fouilles  dans  ce  lieu  ,  et  nous  pouvons  espérer  de 
leur  dévouement  une  participation  éclairée  et  libérale. 

Tamnum. — Tamnum  n'est  pas  moins  intéressant  que 
Rovioregum  pour  des  recherches  archéologiques  :  ce  vicus 
formé  autrefois  de  nombreuses  habitations ,  n'est  plus  mainte- 
nant  qu'une  plaine  rase  n'ofiiraM  qnedes  cultures ,  mais  coupées 
çà  et  là  de  constructions  enfouies.,  et  de  telle  sorte  que  la  végé» 
tation  des  céréales  s'opère  avec  une  grande  inégalité  :  aussi 
voit-on ,  avant  la  moisson  ,  se  desï;iner ,  dans  ces  vastes  champs 
de  Tamnum ,  l'ancienne  distribution  des  édifices  qui  compo- 
saient la  mansion  romaine  3  sur  les  parties  où  il  reste  des  fon- 
dements de  murailles ,  le  blé  est  peu  élevé  3  ailleurs ,  où  h 
terre  végétale  est  profonde,  le  chaume  est  d'une  grande  hauteur. 


358      SUR  BBS  FOtJri:.LES'  a  fatrb  pràii  db  saivtes. 

Il  y  a  ansst  des  «oastractiotis  élevées  au-dessus  du  sol  r  tcfl 
est  le  plateau  en  pierres  de  petit  appareil  où  est  situé  le  monlin 
dn  Sa.  Nous  avoq^  vn  plusieurs  ol^cts  iatéressaots  que  la 
charme  avait  détournés  pendant  Topération  dn  labonr.  Ce 
liea^  voisin  de  Talmont  qai  en  a  tiré  son  nom ,  dépend  ée  la 
commune  de  Barzan ,  canton  de  Cozes« 

Susac. — Ancnn  areliéol(^ae  n*a  encore  parlé  de  Snsac. 
■Cest  pourtant  un  des  points  de  la  Santonie  oii  Ton  voit  des 
constructions  romaines.  Susac  est  un  cap  sur  la  Gironde,  corn» 
mnne  de  S^-Georges^de-Didonne^  on  y  avait  établi  un  fort 
pendant  les  dernières  guerres.  Ce  point  pouvait  avoir  la  même 
destination  du  temps  des  Romains^  le  rocher  battu  par  les  flots 
est  surmonté  de  nombreux  fondements  de  murailles  romaines; 
les  unes  présentent  leurs  brisures  dans  le  sens  de  l'épaisseur , 
les  autres  se  montrent  avec  leurs  parements.  Le  terrain  où  s6 
trouve  le  fort  a  été  remué  pour  former  les  fossés  et  les  retràn* 
chements,  ce  qui  a  occasionné  Textraction  d'une  grande  quan- 
tité  de  brigues ,  maintenant  éparses  sur  le  sol.  Je  crois  devoir 
indiquer  ce  lieu. 

St^'Sépoine^ — ie  wt  dois  pas  négli^r  dé  sigfiakrie  terra  in 
appelé  S^-Séroine ,  sitoé  eu^dehocs  de  la  ville  de  Saintes.  Q£ 
lieiU  est  couvert  de  ruines  ;  on  y  a  trouvé  à  diverses  époques 
des  débf  i»  de  colonnes ,  des  inscriptions.  II  peut  êtve  ints  an 
nombre  de  ceux  qui ,  dans  l'arrondisscnent  de  SaiHles< ,  sont 
dignes  ds  provoquer  des  fouilles  utiles. 


SOM   Ut»  «QlIVMUrTS  M  tA  nOMOOmM.  SS9 


RAPPORT 

Adressé  à  M.  le  Directeur  de  la  Société  ; 


Pab  m.  i  abbé  AUDIEPKE  , 

Coascrf atenr  dtsa  MoanmenU  de  la  Oordogae  t  chefalier  de  la 

légion  d%0BBettr* 


i^ppp»* 


Comme  conseiralenr  des  moDumeaJa  hialortqoes  du  dépai- 
tement  de  la  Docdogne ,  ne»  ef  orU  e'oot  pas  été  enticrcmeDt 
BDntiles  cette  aiipée  :  secondé  pr  M.  le  Préfcl,  Toict  ce  4}oe 
Diws  ayons  obtenu,  t®.  Une  ^ooune  de  aoefr.  pour  restaurer 
la  chapelle  épiscopale  située  à  la  cité.  Tons  connaissez  œ 
gracieux  monument  :  il  porte  la  dd.le  de  iSsu  Les  sculptures 
sont  d'une  délicatesse  eiquise.  ^om  avons  fait  ouvrir  les 
iènètres  ]  le  mur  qui  occupait  le  cintre  ou  arcade  a  été  abattu 
et  nous  ayons  fail  disparaître  le  badigeon  et  la  cbaux  qn  on 
ayait  appliqués  dans  Tintérieur  de  Tédifice.  Aujourd'hui  oc 
dirait  un  trayail  neuf,  il  a  refjrouyé  toute  sa  frakheor.  Je 
ne  yous  ferai  p^inl  k  deseripuion  df  ce  petit  cWf-d'oNiyre  : 
il  suffit  de  dire  qu'il  appartient  à  la  renaissance  et  qu'il  «n 
porte  tout  le  caracièrè.  D'f  iUetirs  vous  le  c^noaissez  :  depuis 
¥0(1*6  yisite  ,  cep^dani  y  pous  «vops  retrouvé  sous  la  ckua 
des  détails  qii'oa  t^  pouH^i)  Mppréokr. 

I<t  w>seil  municipal  »  en  oansentant  k  la  reataïuTttioo  ât 
tm^  cbfip^li^  I  a  pris  Tepgagf iiAffit  d«  la  laisettr  enûèpremeiit 
aux  arts. 


2°.  La  viHc  de  Périgueux  avait  arrêté  dans  une  délihé- 
raûon  qu'elle  vendrak  une  coiileurriae  trouvée  enfouie  il 
y  a  4  3DS.  Cette  couleuvrine  avait  été  prise  dans  le  siège  de 
Mniiidan  ,  petite  ville  distante  de  Périgueux  de  4  lieues  ,  à 
Tcpoque  des  troubles  de  la  ligué.*  Elle  appartenait  an  seigneur 
d'Aubeterre ,  un  Bouchard  de  Montmorency.  Elle  fut  donnée 
à* la  ville  de  Périgueux"  ^ar  le  gouverneur,  M.  de  Monpezat. 
Ces  faits  .avec  les  dates  se  trouvent  sur  cette  pièce,  ce  qui  la 
rend  précieuse  pour  noUe  mu^ée.  On. allait  la  vendre  à  Bor- 
deaux pour  la  fondre  lorsque  nous  avons  fait  toutes  les  dé- 
marches pour  en  obtenir  I*  «mwrvation  :  M.  le  préfet  a  écrit 
au  conseil  municipal  ^  et  enfin  la  couleuvrine  nous  est  restée. 
Le  conseil  est  revenu  sur  sa  délibération. 

5^.  La  tour  de  Matagœrre  de  i447  9  V^^  votis  connaissez, 
e&t  menacée  par  notre  architecte  :  elle  déplaît  à  cause  de 
l'alignemeiitd'^ine  rue  :  c'est  la  seule  tour  qui  nous  reste  : 
jusqu'à  présent  nous  avons  retardé  sa  chute  :  peut-être  ,  par- 
vicûdroits-nous  à  la  sauver. 

4*^*  EnQn  les  cloîtres  de  l'abbaye  de  Cadoin  étaient  en 
danger  d'être  abattus:  noas  avons  fait  tout  ce  qui  a  dépendu 
'de  tiouspour  les  rattacher  à  l'église  et  les  conserver  aux  a  ris. 
Us  remontent  à  ia  renaissance  et  en  ont  tout  le  (îni.  Le  gou- 
vernement nous  a  accordé  2,000  fr. ,  et  nous  espérons  que  h 
conseil  général  fera  le  reste.  Je  regarde  ces  cloîtres  comme  xi 
nous. 

Tels  sont  nos  faibles  résultats;  je  dois  dire  cependant  que 

nous  n'avons  h  déplorer  la  perte  d'aucun  monument,  et  nous 

sommes  assez  secondés  par  la  bienveillance  publique  et  par 

'fautorité.  Ainsi ,  noire  département  peiit  être  classé  parmi 

ceux  qui  tiennent  h  conserver  les  iponumepts  qu'ils  possèdent. 


BECBBRG1IES    BT   TRAVAUX   ABt^HÉOLOGIQUES.  54 1 

ETAT 

Des  recherches  et  des  travaux  archéologiques 
dans  les  départements  du  LéOt^  de  Lol-et* 
Garonne  et  du  Gers. 

Paa  m.  lb  babov  CHAUDRUC  DE  CRAZANNES , 
lospecteur  divisionnaire  dea  Monuments  histotiqnes. 


Lot.-—  De  nouvelles  fouilles  ont  été  faites  récemment  par 
les  soins  et  sous  les  yeux  de  M.  Calvet ,  substitut  du  procureur 
du  Roi  k  Figeac,  dans  les  communes  de  3'*-Médard,  de  Pregne 
et  de  S^-Jean-de-l'Espinasse  ,  même  arrondissement ,  sur  le 
local  des  Césarines  y  plateau  vaste  et  élevé  au  sud-est  de  la 
ville  (le  S*.-Céré. 

Daos  un  prolongement  de  plusieurs  centaines  de  mètres  ^  on 
y  a  misa  découvert  des  restes  de  constructions  en  maçonnerie 
des  Romains ,  de  murs  de  terrasses,  de  retranchements  que 
protégeait  un  fossé  large  et  profond.  Dans  Tcnceinte  de  ce 
camp  romain  ,  on  a  trouvé  deux  épces  plates  et  à  deux  tran- 
chants, ayant  la  forme  de  celle  de  ce  peuple  ;  les  débris 
d'un  casque  ,  beaucoup  de  débris  de  poterie  rouge  ,  noire, 
grise  ,  couleur  de  brique  j  le  plus  grand  nombre  avait  appar- 
tenu à  des  amphores.  Plusieurs  médailles  impériales  en  bronze, 
dans  les  trois  modules^,  et  en  argent ,  à  dater  du  règne  d'Au^ 
guste  :  on  en  a  aussi  déterré  de  consulaires ,  de  monétaires 
en  argent ,  etc.  ;  des  clous,  deux  meules  de  moulin  à  bras  en 

26 


S4^  BBCHBRCHES    BT   TRAVAUX    ARCHEOIOGrQUBS    ^ 

grès,  des  poids  de  terre  cuite,  etc. ,  oui  également  ctc  mis  à 
découvert  dans  celte  fouille. 

Ce  camp ,  et  les  retrancbements  ,  à  une  lieue  et  demie  de 
distance  du  Puy-d'Issolu  (  l'ancien  Uxollodimunt  ),  paraissent 
avoir  clé  un  des  points  occupes  par  Tarmée  romaine,  employée 
sous  César  et  ^on  li eu leuant  C^7mmM5,  contre  lAicterius  cl 
Drappes  ,  chef  des  Cadurci, 

A  Caliors  ,  le  musée  départemental  s'enrichit  chaque  jour 
de  nouvelles  acquisitions  et  de  découvertes  locales  ,  par  les 
soins  de  sa  commission  et  de  M.  \e  préfet  de  Lot  ,  le  comte 
Ség  u  ier-d*  Aguessea  u . 

Le  propriétaiic  du  cMteau  du  comte  Serenns  ,  gouverneur 
ou  commandant  des  marches  du  Haut-Quercy ,  dans  la  seconde 
moitié  du  YP.  siècle ,  a  feit  don  au  département  du  Lot  des 
ruines  imposantes  et  majestueuses  de  ce  monument  du  has- 
empire,  consistant  encore  en  deux  belles  tours  carrées ,  revê- 
tues de  pierre  de  taille ,  et  dans  un  mur  d*enceinte  parementé 
de  petites  pierres ,  en  forme  d'un  carré  long  ,  qui  rappellent 
Yopus  reticulatuni» 

J'ai  également  décidé  le  possesseur  du  terrain  oi!i  l'on  re^ 
marque  la  fameuse  pierre  levée  ou  le  dolmen  de  Li  ver  non  , 
connue  sous  le  nom  de  Pierre  Martine^  à  en  faire  Tabandou, 
ainsi  que  de  son  emplacement ,  au  même  département. 

Je  joins  ici  deux  dissertations ,  imprimées  dans  Fannuairc 
statistique  et  administratif  du  Lot ,  de  cette  année  -,  l'une ,  sur 
l'église  ci-devant  abbatiale  et  collégiale  de  Figcac ,  sous  le 
vocable  de  St.-Sauveur  ,  fondation  de  Pépin-le-Bref ,  ou 
plutôt  de  Pépin  d'Aquitaine  5  et  l'autre  sur  un  édifice  du 
moyen  âge ,  de  la  ville  de  Martel ,  qiifca  reçu  la  dénomina- 
tion vulgaire  de  Maison  anglaise ,  et  où  mourut  le  prince 
Henri  le  jeune  ou  au  court  mantcl ,  fils  de  Henri  II  d'Angle- 
terre ,  et  d'Aliénor  d'Aquitaine,  le  1 1  juin  1 1^3. 


DANS   LE   l)épAllTEMEWT    DU    LOT.    *  54^ 

Dans  les  annuaires  du  Lot  ^  des  années  précédentes ,  f  avais 
déjà  publié  des  mémoires  ou  notices  :  I.  Sur  i'hîstoire  et  les 
moninnents  antiques  et  du  moyen  âge ,  de  la  ville  et  de  l'ar- 
rondissement de  Figeac.  II.  Sur  les  usuriers  nommés  Corsins, 
Cahar&ins  et  Giorsins  ,  et  sur  le  pont  de  f^alandri^h  Cahors> 
bâti  en  partie  avec  le  produit  de  l'aHiende  dont  les  frap]>èrent 
les  magistrats  de  cette  ville.  III.  Sur  une  mosaïque  antique 
inédite,  récemment  découverte  dans  l'enclos  des  ci-devant 
religieuses  Claristes  de  Cahors.  J'ai  aussi  imprimé  dans  )a 
revue  afnglo-française  :  L  Une  notice  historique  sur  la  petite 
ville  de  Bourg  ,  et  sur  le  célèbre  orateur  de  Rec«Amadnr  , 
auxquels  se  rattache  un  trait  de  la  vie  de  Henri'  d'Angleterre 
au  court  mantel.   II.  Une  autre  notice  sur  le  château  dés 
Anglais  ou  do  Diable  à  Camèmerets,  et  sur  le  séjour  et  lés 
méfaits  des  compagnies  anglaises  dans  le  Quercy.  On  a  -vu  dans 
le  P''.  volume  du  Bulletin  monumental ,  mon  coup^l'œil  sut* 
les  monuments  historiques  des  divers  âges,  du  département  du 
Lot. 

LoT-BT-GAROBfl£.  —  J'ai  publié ,  en  ces  dernières  années^ 
diflérent5  mémoires  et  dissertations  sur  des  antiquilé:»  inédites 
et  pen  connues ,  et   inexactement  décrites  du  dépaffleioent 
de  Lot-et-Garoaue ,  entr  autres  :  L  Revue  encyclopédique., 
18 1 8.  Lettre  à  M.  Millin  sur  quelques  monuments  antique 
qui  existent  à  Agen  et  dans  le  pays  des  anciens  Nitiobriges. 
II.  Mémoires  de  la  Société  royale  des  andquaires  ,  tom.  11^ 
Mémoire  sur  les  antiquités  de  la  ville  d'Agen ,  etc.  III. 
Revue  anglo-Française ,  tom.  II ,  Notice  sur  la  ville  d'Ai- 
guitlon  ( ancienne  0,  moderne) ,   et  sur  le  siège  qu'elle 
soutint  en  i345  et  i346.  IV.  Mémoires  de  la  Société  royale 
des  antiquaires,  tom.  IX*  Mémoire  sur  torigine  d'Aginnutn, 


344  BECHBBCHES   BT  TS^VAITX   ARCRéoLOGIQVES 

cité  ilfts  j\ttioMges,  dans T Aquitaine.  Lelli^essur  un  menu- 
meiti  itinéraire  ei  géographique  de»  Wiiiobriges*  V.  Mé- 
moires de  l'acadëmie  des  sciences  de  Toalovse,  Umi.  III 
(  non  Telle  série  ).  Lettre  stir  deux  inscriptions  antiques  ; 
l'une  relative  h  un  vœu  fait  pour  la  santé  d^un  emperaw  ^ 
que  ton  croit  être  Julien  le  philosophe ,  et  l'autre  adressée 
à  un  dieu  topique  inconnu,  découvertes  à  St.^Cime  >  près 
d'Aiguillon;  sur  la  voie  d'AQivvvn  à  Bitbdigala*  YL 
Mémoires  de  la  Société  archéologique  do  midi ,  tom.  I , 
Disiferiation  sur  un  autelvotif  découvert  au  Mas^Agenois^ 
ei  sur  son  inscription  au  dieu  Ussubium. 

On  vient  de  faire  imprimer  à  Agen ,  par  sonscription , 
depuis  la  mort  de  Tanteor  ,  l'histoire  ancienne  et  moderne 
do  département  de  Lot-et*Garonne ,  par  M.  de  St«-Amans  5 
a  Tol.  in  8^*  i856*  Cet  ouvrage,  plein  de  recherches  labo- 
rieuses et  érodites ,  fait  bien  connaître  tons  les  événemenis 
historiques  de  l'Agenois  ,  depuis  les  Celtes  (i)  jusqu'à  nos 
jours. 

M.  Ladrix ,  président  du  tribunal  de  première  instance 
d'Agen ,  prépare  des  Mélanges  Aquitaniquts qu'il  va  donner 
an  public  an  premier  jour. 

M.  Dumége ,  de  Toulouse ,  savant  et  laborieux  archéolc^ue 
dn  midi ,  a  imprimé  dans  les  deux  volumes  qui  ont  paru  des 
mémoires  dé  la  Société  archéologique  de  Toulouse,  plusieurs 
dissertations  avec  plans ,  gravures  de  monuments ,  etc.  ,  des 
antiquités ,  les  unes  vraies ,  les  autres  apocryphes ,  enterrées 
et  déterrées,  k  Nérac ,  en  ces  derniers  temps.  Mais  il  est  diffi- 
cile de  séparer  ici  riVroié  du  bon  grain. 

(1)  On  sait  qoe  le  pays  d«   Nitwbnges  fut  démembré  de  la 
Caltlqne  et  réuni  à  l'Aquitaine  par  Ang^sle. 


DAJI$  LB    DiPARTËMSlfT   PV    LOTST'GABOHVE.        545 

M.  Bréey ,  iospecteor  cooservateur  des  monuments  bisio- 
riqaes  du  département ,  qui  a  publié,  il  y  a  deni  ans,  un 
travail  plein  d'intérêt ,  sous  le  rapport  de  Tart  et  de  This- 
toire  ,  accompagné  de  lithographies  très«bien  faites  ,  suir 
réglisc  St.-Etienne  d* Agen,  ancienne  cathédrale,  fera  paraltie 
très-inceàsamment  un  ouvrage,  encore  plus  important  et  d^uue 
plus  grande  étendue.,  sur  les  monuments  antiques  du  moyen 
âge  et  de  la  renaissance  de  FAgenois  :  il  en .  grave  lui-même 
les  dessins.  M.  Brécy  est  on  sujet  habile  et  fort  disting*!^ 
malgré  sa  jeunesse.  Il  s'empressera  de  &ire  hommage  de  son 
nouveau  travail  k  la  Société  pour  la  conservation  et  la  publi* 
cation  des  monuments  historiques. 

Depub  les  fouilles  de  la  garenne  de  N érac,  et  la  découverte 
tr^s-réelle  des  fondements  d*un  édifice  considérable  ^  patois , 
villti ,  ctc  .  de  belles  mosaïques,  d'un  laSrum^  d'un  taceUum 
(  tout  le  reste  est  mensonge  et  iourberie),  aucune  autre  décou« 
verte  importante  d'antiquités  n'a  eu  lien  è  ma  connaissance 
dans  le  département  de  Lot-et-Garonne. 

M.  R.  Nucbel ,  de  la  Société  littéraire  d'Agen  ,  a  pourtant 
mis  au  jour,  dans  sa  propriété,  aux  abords  du  fiiubourg 
St.-Antoine  ,  sur  la  voie  de  Toiosak  Àginmun^  d'assez 
beaux  fragments  d'un  pavé  en  mosaïque  i  compartiments,  ainsi 
que  beaucoup  de  médailles  impériales  en  bronze*  Ces  sortes 
de  découvertes  sont  fréquentes  sur  i'efl»plaoement  et  aui  en- 
virons de  l'ancien  Agen. 

On  a  inauguré  dernièrement  dans  la  principale  salle  de  la  • 
bibliothèque  publique  de  cette  TiUe ,  le  beau  buste  en  marbre 
de  rantiquaireet  naturaliste  St..* Amans.  Ce.  monument,  ou 
cet  hommagse ,  est  le  résultat  d'une  souseription.  J'en  ai  donné 
la  première  idée ,  aussi  bien  que  du  monument  Champollion 
J4rmic,  à  Pig.6ac  (un  obélisque  égyptien  en  granit  du  Qoercy). 


546  BECHBRCHES   ET    TRAVAUX    ARCttéOLOGTQUES 

Gers.  — J'ai  été  nommé,  en  1802,  inspecteur  conserva tenr 
des  monuments  d'antiquités ,  sciences  et  arts  du  Gers  ,  et  j*en 
ai  rempli  laborieusement  les  fonctions  jusqu'à  la  fin  de  1609. 
Depuis  cette  dernière  époque  ,  )'ai  entretenu  une  correspon- 
dance assidue  avec  mon  successenr ,  M.  Sentetz  fils ,  qui 
possède  encore  aujourd'hui  ce  litre,  et  je  suis  revenu  plusieurs 
fois  dans  ce  département  :  aussi  ses  monuments  de  tous  les 
âges  et  de  tous  les  genres  me  sont->-i]s  bien  connus  et  familiers. 
Je  les  ai  observés  et  décrits  avec  tout  le  soin  et  l'exactitude 
dont  j'ai  été  susceptible  dans  mon  ouvrage  ,  encore  inédit , 
intitulé:  a  Recherches  archéologiques  ,  historiques  et  lilté- 
tt  raires  sur  la  Novempopulanie  ou  3*.  Aquitaine ,  et  princi- 
er paiement  sur  la  partie  de  cette  province  romaine ,  formant 
«  aujourd'hui  le  départèmeat  du  Gers ,  suivies  de  notices  sur 
c(  les  lionmes  de  ce  pays  qui  ,  en  difKrents  temps  ,  se  sont 
«  distingués  à  la  guerre  ,  dans  les  ajOiàires  publiques ,  la 
N  magisferftture  «  le  clergé ,  et  qui  ont  travaillé  avec  succès 
(c  les  sciences ,  les  lettres  et  les  arts ,  etc. ,  ouvrage  accom- 
«  pagne  d'uu  atlAs  de  4o  planches  gravées ,  et  faisant  deux 
((  forts  volumes' in-8^.  d 

Mon  manuscrit  composé  de  plus  de  60  dissertations  particu- 

.  Itères,  et  d'une  introduction  qui   forme  la  moitié  du   P% 

volume ,  a  été  communiqué  en  entier  ,  soit  à  l'ancienne  classe 

d'histoire  et  de  littérature  ancienne  de  l'Institut ,  soit -à  i'aca-> 

demie  des  inscriptions  et  belles-lettres  qui  la  remplace  depuis 

•1814.  / 

Il  a  été  l'objet  de  plusieurs  rapports  faits  au  ministre  de' 
r intérieur ,  par   cette  savante  compagnie,  et  couronné. et' 
meationaé  honorablement  par  elle  à  plusieurs  reprises.  Plu- 
bieurs  parties  de  ce  travail  ont  aussi  été  soumises  à  la  Société' 
royale  des  antiquaires  de  France  ,  à  celle  des  archéologues  du 


DiRS   LB   D£lURTEMfiKT   OU   GBRS.  54? 

Midi,  etc.,  etc.,  et  j'en  ai  Jétaché  et  fait  imprimer  séparément 
l(*s  ft'agments  indiques  ci- après.  I.  Voyage  dans  les  départe*- 
luents  du  midi  de  la  France  de  Millia ,  U  chapitre  CXXIII 
eu  entier.  IL  Ditseriation  sur  un  tombeau  antkfue  dEanze 
inS^.  f8o8.  m.  Dissertation  sur  deux  monuments  my 
thriaqiêes  ,  imprimés  d.itw  le  Bulletin  de  la  Société  pliilom»- 
thiquede  Cordeaux.  IV.  Mémoiras  delà  Société  archéologique 
du  Midi ,  tom»  I.  La  ville  de  Lectoure  a-t-elle  été  colonie 
rof naine?  V.  Même  recueil ,  tom.  W^  Recherches  sur  i  ori- 
gine ,  lliisêoire  et  les  monuments  antiques  et  du  moyen 
âge ,  €ie  la  ville  de  Lectoure  (  T*.  et  II*.  parties  ).  VI. 
Mémoii-e»de  racadémîedes  sciences  de  Toulouse,  année  i835. 
Dissertation  sur  Rétablissement  du  christianisme  dans  la 
Novempopulanie  y  son  époque  et  ses  circonstances,  etc.; 
plusieurs  nouveaux  mcuioircs  extraits  du  même  .travail  , 
praltiont  iiiccssammeul  dans  la  revue  de  la  Numismatique 
frauçaise,  les  mémoires^de  la  Société  des  antiquaires  de  France) 
et  de  celle  des  archéologues  du  Midi ,.  etc. ,  eie* 

On  doit  à  &«  Me  Canaux ,  secrétaire  général  de  la  préfec- 
ture du  Gers ,  une  bonne  description  imprimée  de  ce  dépar- 
tement ;  Il  M.  Di'ulet,  de  Toulouse ,  une  statistique  égalemeut 
imprimée  de  ce  pays  ;  et  à  M.  Sentetz  ,  une  fort  bonne  notice 
descriptive  et  historique ,  souvent  réimprÎEiée  ,  de  Téglise 
métropolitaine  de  St*.-Marie  d'Aucb» 

Les  parties  du  département  du  Gers  les  plus  riches  en 
antiquités,  et  ks  plus  fécondes  en  découvertes  de  ce  genre  , 
et  par  conséquent  celles  que  nous  avons  étudiées  et  explorées 
avec  le  plus  de  soin ,  sont  le  local  ou  Tassiette  antique 
et  leur  banlieue  ,  des  villes  â^Augusta  Au&cjrum  eu 
Clinièerris  (  Âocb  )  ,  i^Elusa  (  Eauze  )  ,  de  Lactora 
(  Lectoure  ).  On  nous  devra  la  découverte  et  la  connaissance 


f 


* 


I 

548    RECHBRGHBS  ET  TRAVAUX  ARCnéOLOGIQUBS. 

d'un  graod  nombre  de  monameots ,  et  particulièrement  d*ire5- 
criptions  inédites  ,  appartenant  à  œs  cités  gallo-romaines  , 
et  nne  suite  assez  considérable  à  celles  relalives  aux  tauro- 
boles  et  trioboles  de  Lectoure,  sous  Marc-Aurèle  et  Gor- 
dios-Pie,  déjà  publiées  dans  le  XYP.  siècle,  parles  soins 
de  Joseph  Scaligcr  et  de  Gruter,  ainsi  qu'à  d'autres  monu- 
ments Tolifs  et  sépulcraux  des  Lactorates, 

Eauze  et  Auch  nous  ont  également  offert  une  moisson  assez 
abondante  en  ce  genre. 

Le  Gers ,  traversé  par  plusieurs  voies  romaines,  offre  de 
beaux  restes  des  ouvrages  d'art  que  les  conquérants  des  Gaules 
y  avaient  pratiqués ,  entr'autres  sur  la  voie  de  Clineberris  h 
Eliisa  ,  oi  Ton  remarque  un  pont  très-hardi ,  jeté  ,  entre 
deux  collines  qu'il  réunit ,  sur  le  torrent  de  la  Yierese. 

On  a  découvert  de  belles  mosaïques  à  Eauze  ;  M.  Lêne  Du 
Co9  en  a  décrit  et  fait  graver  une  remarquable  dans  le  !*'• 
volume  des  mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Toulouse. 

Je  vais  publier  dans  ce  même  recueil  une  belle  insciipti on 
inédite ,  du  III*.  siècle ,  conservée  dans  le  cabinet  de  M.  le 
doclenr  Layral ,  à  Eanze. 

Il  existe ,  p.ir  mes  soins  et  ceux  de  M.  Sentetz ,  un  petit 
musée,  un  une  collection  d'antiques^  à  la  bibliothèque  com- 
munale d'Auch.  On  y  rassemble  tout  ce  qu'on  peut  recueillir 
en  ce  genre  dans  le  département ,  où  des  fouilles  bien  enten- 
dues et  bien  conduites  seraient  productives. 

Parmi  les  collections  particulières  d'antiques,  nous  citerons 
en  première  ligne  ,  celles  de  MM*  Dayrens ,  Sentetz ,  de 
Cologne  ,   Vidaillan  ,  Masson ,  Layral. 


LBTTfiB   A   l'occasion    DBS   SJÉAlfCBt   oivÉlAUlS.      349 

LETTRE 

Adressée  à  M.  de  Caumont  ,  à  X occasion  des 
séances  générales  ,  tenues  à  Tours ,  en  juin 
i838; 

Pab  m.  l  abbé  B***.  , 
Chanoine  de  Tours  (0* 


MoifsiBTJR  ,  nos  espcraoces  pour  le  succès  de  votre  œayre, 
ne  sont  pas  des  illusions,  surtout  pour  ce  qui  concerne  le  clergé. 
Leprêli^ ,  par  état,  a  dû  avoir  dans  tous  les  temps  le  secret 
d'une égli!>e  :  aujourd'hui  il  veut,  si  on  peut  le  dire  ,  en  con- 
naître  la  lettre,  sous  le  rapport  monumental  :  et  savoir  allier 
le'  zèle  pour  la  décoration  de  la  maison  de  Dieu  au  respect  dâ 
an  type  de  l'édifice,  est  un  besoin  de  Tépoque  que  le  cierge 
commence  à  sentir  et  dont  on  aperçoit  les  beureux  résultats. 

(I)  IV9U8  re||;Tettoii8  que  l'auleur  de  cette  lettre  ait  voulu ,  par 
modestie,  que  son  oom  restât  iocounu  du  public. 

M.  Tabbé  B.  a  reodu  les  plus  grands  seryices,  et  secondé  puis- 
samment la  Société ,  en  lui  prêtant  l'iofluence  de  son  caractère 
et  de  son  taleol.  M.  B.,ruD  despretnierd  prédicateurs  deFrance» 
chargé  chaque  année  de  prêcher  des  retraites  ecclésiastiques  , 
n'a  jamais  oublié  de  recommander  à  MM.  les  curés ,  de  conserfer 
à  leurs  églises  le  âtjrle  qui  les  distingue  ,  de  leu.r  inspirer  le 
goût  des  études  historiques  qui  peuvent  les  conduire  à  mieux 
en  apprécier  l'intérêt.  La  Société  se  trouvé  heureuse  d'offrir  à 
M.  Tabbé  B.  l'expression  de  sa  gratitude;  elle  espère  qu'il  vou- 
dra bien  continuer  de  coopérer  à  l'ceuvre  auquel  se  sont  dévoués 
tous  ses  membres,  et  qu'il  a  si  bien  comprise. 


55o  LETl'BE    A   L'oCGiSION    DES    S^AKCBS    GBllÉl^ALES 

Je  ne  citerai  que  quelques  exemples.  —  Uii  des  premiers 
curés  de  Nantes  a  besoin  d'une  église  pi  a  su  se  procurer  des 
fonds.  On  voudrait  qu'il  les  employât  à  construire  un  temple 
grec  'y  il  veut ,  lui ,  une  bonne  copie  du  style  du  Xtll**.  siècle  ; 
il  Taura ,  si  Dieu  lui  donne  vie. — On  acliève dans  ce  moment, 
pour  la  commun«iuté  des  Oiseaux  à  Paris  ,  une  grande  et  belle 
chapelle  ogivale. — Les  Sœurs  d'Evron  avaient  commencé  ,  il 
y  a  quelques  années  ,  une  église  ,  sur  un  plan  ridicule  ou  pour 
le  moins  insignifiant  pnais  deux  prêtres,  MM.  Tournesac  , 
du  Mans ,  et  Arthur  Martin ,  résidant  h  Nantes ,  sont  parvenus , 
à  force  de  soins-,  à  corriger  quelques  défauts,  et  II  donner  à 
Fintérienr  de  Védifice  une  physionomie  convenable.  —  Non 
loin  de  Laval ,  on  construit  une  chapelle  rurale  du  style  pur 
du  Xnp  siècle  .Le  dessin  en  est  dû  au  même  Arthur  Martin,  qui 
joignant  Thabileté  de  Tartiste  à  la  science  et  à  Tamour  de  Tart , 
a vaitdéji^  changé  une  grande  pièce  qui  ue  parlait  point  à  Famé, 
en  une  chapelle  du  XY*".  siècle,  qui^fait  Fadmiration  de  tous  les 
amateurs. — Pour  ce  qui  est  des  réparations  et  des  décorations , 
le  Gouvernement,  et  il  faut  lui  en  savoir  gré  ,  fait  restaurer 
avec  goûl  les  grands  édifices.  Autant  on  applaudit  aux  travaux 
qui  s'exëcutçnt  à   S^-Denis  ,   aux   cathédrales  de  Rouep , 
d'Amiens  et  de  Chartres^  autant  on  déplore  la  manie  de 
Fautre  siècle,   qui,   avec  son  classique  ,  ne  sa  yait  que  défi- 
gurer nos  églises  de  Châlous,  de  Verdun  ,  et  surtout  de  Metz, 
clc. — Il  y  a  donc  un  vrai  progrès  sous  ce  rapport.  J'ose  dire 
qu'il  y  en  a  aussi  pour  le  mode  de  décoration.  Le  chœur  et 
l'autel  de  S^-Nizier  à  Lyon  ,  Fautel  de  Notre- Dame-de -Brou , 
la  chaire  de  Compiègne ,  le  nouveau  bai>c  d'œuvre.de  Chartres , 
un  maltre-autel  actuellemcnl  en  coustruclion  à  S^.-Malo ,  la 
belle  chapelle  de  la  Vierge  de  la  cathédrale  de  Quimperj  tous 
ces  objets  ,  et  bien  d'auti'es  qu'où  ne  peut  uommer ,  sont  exé- 


TENUES    A    TOURS.  35^ 

cutés  OU  ornés  de  manière  h  cadrer  avec  le  style  des  églises. 

D'après  ce  simple  aperça  «  nons  poavons  donc  espérer  pour 
Fayenir  de  la  science ,  surtout  si  on  écoute  vos  utiles  leçons  , 
Monsieur ,  si  Ton  sait  comprendre  ce  qu'il  y  a  de  vie  pour  Fart , 
dans  ces  séances*  générales  que  vous  tenez  dans  nos  ailles ,  et 
dans  celte  Société  conservatrice  qui  doit  se  féUciler  de  vous 
avoir  pour  fondateur. 

Cependant  il  y  a  encore  des  obstacles  k  vaincre ,  il  ne  faut 
pas  se  le  dissimuler  :  Finsouciance  de  quelques  bons  ecclésias- 
tiques, les  exigences  de  certains  marguilliers ,  le  goût  bizarre 
des  localités,  et  par-dessus  tout  la  routine  des  artistes  et  ia 
puissance  des  badigeonnenrs  qui  ne  veulent  pas  comprendre 
que  la  peinture  d'un  autel  et  d'une  église  n  est  pas  la  peinture 
d'un  salon  ou  d'uu  café  ;  voilà  les  ennemis  du  bon  genre  en 
fait  d'ornements.  Qu'on  leur  fasse  une  concession  pour  un 
grand  nombre  d'églises  de  campagne ,  où  Fabsence  du  style 
autorise  ces  licences  ^  soit  ;  mais  pour  ce  qui  concerne  les  cdi- 
libes  k  caractère  quelconque  ,  il  faut  conseiller  k  qui  de  droit , 
la  mesure  qui  a  déjà  été  piise  dans  quelques  diocèses  , 
nommer  un  ou  deux  commissaires ,  nu  ecclésiastique  entendu 
et  un  ami  de  Farebitecture  ,  F  un  et  Fautre  du  pays  ;  ensuite 
qu'une  main  habile  reproduise  des  modèles  tirés  des  peintures 
antiques.  Malgré  les  ravages  du  temps  et  des  hommes ,  nous 
avons  encore  de  bons  originaux  j  il  y  a  de  précieux  restes  en 
ce  genre  à  Cuuault  ,  à  S^-Mesme  de  Chinon  ,  dans  une 
cliapelle  cachée  de  Saint-Front  de  Périgueux.  Je  ne  parle  pas 
de  celles  que  tout  le  monde  connaît.  Il  fiaudrait  encore  en- 
courager les  ouvriers ,  et  ajouter  à  leur  vignole  un  petit  sup- 
plément sur  Farchitectui  e  chrétienne.  L'Ecole  des  arts  et  mé- 
tiers  d'Angers  travaille  beaucoup  pour  les  églises^  si  la  Société 
française  pouvait  se  uellic  eu  rapport  avec  le  directeur ,  il  en 


55a    LETTRE  A  l' OCCASION  DES  séAKCSS  GÉNÉRALES 

résulterait  ud  avantage  pour  la  science.  Tons  ces  petits  moyens 
peuvent  retarder  les  pr(^rès  du  mauvais  goût  ,  et  empêcher 
des  dégradations.  Il  n'est  pas  si  facile  de  remédier,  dans  Tin- 
térêt  de  Tart ,  aux  inconvénients  de  la  législation  ou  des  or- 
donnances ,  qui  souvent  paralysent  le  zcle  qui*  voudrait  sauver 
des  édifices,  et  à  Faction  puissante  de  la  Commission  des 
bâtiments,  qui  s'obsline  à  faire  des  églises  d*a près  les  types 
des  théâtres,  des  halles  et  des  corps  de-garde.  Les  églises  de 
Lorieut,  de  Morlaix ,  la  nouvelle  cathédrale  de  Rennes, 
et  cent  autres  constructions  diront  aux  siècles  à  venir  ce 
que  fut  celui  qui  les  bâtit.  L'architecte  d'une  église  qui 
ne  croit  pas  à  une  autre  vie  ,  est  mort  dès  celle-ci ,  et  son 
œuvré  aussi.  Nous  laissons  à  la  Société  conservatrice  le  soin 
de  remédier  prudemment  à  ces  graves  inconvénients.  Du  reste, 
le  mal  est  moins  grand  que  sous  la  Restauration.  Comptons 
sur  cette  intéressante  jeunesse  qui  aime  le  beau  ,  et  qui  arrive* 

Enfin  ,  Monsieur  ,  puisque  nous  en  sommes  encore  sur  le 
chapitre  des  obstacles,  je  finis  par  une  réponse  aux  objections 
qui  se  font  sur  Futilité  et  Fopportunité  des  connaissances  ar- 
chéologiques pour  les  ecclésiastiques 5  je  dis  des  connaissances 
ou  teinture  ,  pour  beaucoup  ,  et  non  pas  de  Iff  science  ,  qui  ne 
sera  toujours  que  le  partage  du  petit  nombre.  Or ,  la  question 
ainsi  posée  est  résolue  par  Mgr.  Févêque  de  ^eWe^  (Manuel 
des  connaissances  utiles;.  Voici  les  paroles  de  ce  prélat,  qui 
sait  lui  aussi ,  ce  qui  est  utile  aux  prêtres  en  fait  de  connais- 
sances :  • 

«  On  admire  maintenant  nos  anciennes  cathédrales,  dé- 
«  daignées  il  y  a  60  ans.  On  parle  surtout  du  style  auquel 
ce  nous  devons  de  si  beaux  monuments.  Il  nous  semble  que  les 
«t  ecclésiastiques  ne  doivent  pas  rester  étrangers  à  des  connais- 
«  sauces  qui  se  lient  d'une  manière  si  étroite  aux  fonctions  que 


TENUES    A    TOURS.  555 

<x  nous  avons  à  remplir  dans  ces  saints  lienx Kous 

«  devons  tenir  à  counaitie  ï  origine ,  les /ormes  et  la  nomen- 

«  claiure  de  nos  mouomeuts  religieux  ; d'autant  plus 

«  que  c'est  souvent  Tunique  moyen  de  comprendre  i'eiplica- 

v  tion   de  certains  usages  et  de  certaines  cérémonies,  qui 

«  renferment  de    respectables   traditions    et  de    salutaires 

a  insti'uctioris.  » 

P.  S.  Dans  ses  étroites  limites ,  la  Touraine  renfermait  de 
grandes  richesses ,  sous  le  rapport  de  Farcfaitecture  religieuse, 
civile  et  militaire. 

Ces  immenses  ricbebses  ont  été  peu  connues  et  moins  encore 
appréciées  :  de  là  des  pertes  irréparables.  Il  ne  reste  pas  de 
vestiges  des  grandes  et  belles  églises,  -^  de  Saint-Martin,  dont 
la  démolition  provoqua  l'indignation  de  Napoléon  ;  —  de 
Marmoutiers,  où  Ton  voyait  encore  ,  il  y  a  3o  ans,  le  réfec- 
toire, grand  et  élevé  comme  une  belle  église ,  avec  ses  feuêlres 
géminées  et  en  lancettes,  ses  voâles  semblables  à  celles  du 

chœur  de  Saint-Maurice  d'Angers,  enfin  l'escalier Il 

reste  encore  la  grotte  d'où  la  civilisation  se  répandit  par  le 
monde  au  IV*.  et  Y*,  siècles^  il  faut  tâcher  de  la  conserver, 
ainsi  que  le  portail.  ->.  Saint-Julien ,  vrai  chef-d'œuvre  ,  et 
actuellement  remise,  écurie,  et  entrée  d'une  guinguette  ,  a 
fixé  l'attention  des  amis  des  arts.  Puissent  leurs  vœux  se  réa- 
liser !  Que  la  Société  ne  perde  pas  de  vue  ce  monument.  *— 
11  fant  observer  les  jolis  porches  de  Saint-Clément ,  devenue 
halle,  et  demander  que  cet  édifice  soit  rendu  à  sa  destination. 
-^  Le  clocber  de  Beaulieu  a  besoin  de  réparations.  Il  faudrait 
faire  dessiner  l'intérieur  de  Saint-Pierre ,  où  le  bel  appareil 
se  montre  au  naturel.  Ce  monument  et  Notre-Dame-sur-l'cau  • 
près  l>omfront ,  seraient  des  modèles  à  proposer  pour  la  cons« 


554         lETTRE    A    l'occasion    DES    SEANCES    GÉNEBALES 

tructioa  des  églises.^  Un  des  plus  beaux  morceaux  de  la  Re- 
naissance, lebefiroi  deSt.-Antoine  de  Loches,  a  besoin  d'une 
réparation  urgente.  Quelques  parties  du  portail  de  Sl.-Mesme 
et  du  clocher  de  Corméry  ,  sont  les  plus  anciens  monuments 
de  Farchitecture  religieuse  de  la  Touraine  ;  .  .  .  .  respecter 
ces  ruines.  —  Il  y  a  encore  en  Touraine  plus  de  loo  églises 
des  XI%  ,  XII*.  et  première  moitié  du  XIII*.  siècles ,  dont 
plus  de  4o  méritent  d'être  observées  -,  plus  de  lo  sont  monu- 
mentales :  .  .  .  .  Preuilly  ,  Loches ,  Amboise ,  Candes  ,  Cor- 
méry, etc.  ,  etc. ,  sans  parler  des  20  ou  5o  châteaux  dont 
quelques-uns  du  i*'.  ordre.  Il  nous  semble  que  les  amis  des 
arts  doivent  profiter  des  séances  générales  de  Tours  pour  faire 
connaître  les  richesses  archéologiques  que  le  pays  possède ,  et 
ne  rien  négliger  pour  les  soustraire  ,  autant  que  possible ,  à 
l'action  destructive  du  temps  et  aux  ravages  des  hommes. 

Un  certain  nombre  de  ces  beaux  monuments  mériteraient 
bien  d'être  lithographies. 

Tours  étant  la  métropole  d'une  des  plus  grandes  provinces 
ecclésiastiques  de  France  ,  il  serait  bon  de  jeter  un  coup-d'œil 
rapide  sur  les  monuments  des  diocèses  suiiragants.  Le  Mans 
a  été  étudié  j  Nantes  et  Angers  sont  peu  connus ,  et  cependant 
ils  méritent  de  l'être,  surtout  Angers,  qui  a  été  gouverné 
par  le  plus  grand  bâtisseur  du  moyen  âge.  Pour  bien  connaî- 
tre la  Touraine  sous  le  rapport  archéologique  ,  il  faut  étudier 
4' Anjou.  —  Si  on  en  excepte  la  belle  cathédrale  de  Dol ,  le 
chœur  de  Rhédon  ,  le  diocèse  de  Rennes  n'est  pas  riche.  Ce- 
pendant on  voit  à  Vitré  une  chaire  extérieure  en  pierre  qui 
mérite  d'être  notée ,  ainsi  que  l'église  à  laquelle  elle  est  acco- 
lée. Les  églises  de  Fougères  et  celle  de  Saint-Malo  ne  sont  pas 
non  plus  tout-à-fait  indiflérentes. 

Mais  ce  qui  mérite  toute  l'attention  des  amis  des  arts  ,  ce 


TERtTES    A    TOURS.  555 

qui  doit  entrer  dans  les  vues  de  M.  deCaïunont,  c'est  la 
Bisse-Bre'.agnc  .  surtout  la  partie  des  anciens  diocèses  de 
Trcguier  et  de  St.-Faul-de-Léun.  Que  Ton  commence  par  ics 
principales  églises  de  Dinan  ,  que  Ton  s^ire  la  côte  du  nord* 
Rien  n'est  comparable  aux  ruines  de  Beauport  dans  la  baie  de 
Pimpol.  Observez  le  cloître  et  la  cathédrale  de  Tréguier ,  le 
clocher  de  Kreskaer  à  St.-Paul ,  N.  D.  de  Holgout.  Que  Ton 
remarque  jusque  dans  les  églises  de  village  la  beauté  des 
porohes  ,  des  ossuaires  ou  reliquaires  ,  les  pierres  tombales, 
les  croix  primitives^  et  surtout  le  calvaire  de  St.-Thégancc  , 
et  tant  d'autres  objets  dignes  de  tout  l'intérêt  de  Tarchéo- 
logue.  En  Basse- Bretagne  ,  on  trouve  dans  les  monuments , 
comme  dans  les  habitants,  un  caractère  distinctif  qu'il  faut 
absolument  étudier.  Je  fais  des  vœux  pour  que  M.  de  Giu- 
mont  puisse  tenir  un  congrès,  soit  a  Quimper  ;  soit  ii  Brest , 
ou  même  h  Morlaix  (dans  deux  mois  j'irai  dans  ce  pays ,  j'en 
dirai  un  mot  aux  amis  de  l'art).  Enfin  s'il  m'était  permis  de 
parler  du  midi ,  je  dirais  à  la  Société  qu'elle  doit  profiter  de 
la  puissance  que  donne  les  relations  scientifiques  ,  pour  que 
la  curieuse  église  de  Maglonc  cesse  d'être  une  étable  ^  que 
l'antique  cathédrale  de  Vaison  soit  réparée ,  et  que  l'on  con- 
serve l'église  souterraine  de  Montmajor. 

Amiens ,  ao  juin  i858. 


356  SUR    LBS   MANUSCRITS 

MEMOIRE 

Sur  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  publique 

de  Tours; 

Piin  M.  CHAUVAU  , 

ConterTAlear  de  oet  établissement ,  Secrétaire  de  la  Société-ftct- 

démiqae  de  la  mèine  fille. 


Il  ne  s'est  rencontré ,  dans  les  siècles  même  où  les  livres  opt 
jeté  le  plus  vif  éclat ,  que  très-pea  d'hommes  assez  &vorisés  de 
la  nature  pour  être  en  quelque  sorte  universels ,  pour  traiter 
avec  la  même  supériorité  de  talent  tous  les  sujets  qui  sont  du 
ressort  de  Tes  prit  humain.  Il  est  telle  science  ,  vous  le  savez , 
dont  rétude  approfondie  absorberait  la  plus  longue  ,  la  plus 
laborieuse  carrière  ,  et  nous  ne  manquerions  pas  de  preuves , 
s'il  en  était  besoin,  pour  justifier  ces  assertions,  que  je  soumets 
avec  confiance  à  votre  jugement.  Jetons  les  yeui  en  effet 
sur  les  immenses  travau^c  de  ces  doctes  Bénédictins  dont  la 
mémoire  ne  cessera  d'être  honorée  par  tous  les  hommes  de 
lettres.  Libres  des  devoirs  et  des  soins  d'un  monde  auquel  ils 
avaient  volontairement  renoncé ,  exempts  même  de  toutes  les 
obligations  de  la  vie  monastique  qu'ils  avaient  embrassée , 
pense-t-on  qu'avec  tant  de  facilités  pour  l'étude  ,  ils  nous 
eussent  légué  tous  ces  ouvrages  dont  l'immensité  excite  encore 
notre  étonnement ,  si  chacun  d'eux  n'eût  sagement  fait  choix 
d'un  sujet  auquel  il  se  cons$acrait  uniquement.  Sachons  doue 
nous  préserver  aussi  d'une  ambition  qui,  toute  louable  qu'elle 


DB   Là   BIBLIOTHÂQUB    DB   TOmS.  557 

poisM  iîve^  égare  trop  souvent  ceui  qni  9*y  laissent  entratotr; 
et  nous  «arons  tonjonrs  lieu  de  nous  applaudir  d'aToir  soivi 
ayec  persévërance  la  carrière  à  laquelle  nous  noas  sentions 
appelé. 

Mon  but,  en  vous  présentant  ces  réflexions,  est  de  m'en  fiiire 
à  nioi*mème  une  rigoureuse  application.  Le  sujet  que  fai 
entrepris  de  traiter  ,  Tétude  et  la  description  des  manuscrits 
de  notre  bibliothèque  publique,  trouTerait  parmi  tous,  MM», 
plus  d'un  digne  interprète.  Mais  assez  d'autres  trayaux  d'un 
intérêt  plus  spécial,  Tont  occuper  les  archéologues,  les  hommes 
de  lettres,  les  saranis  de  tout  genre,  en  un  mot,  que  notre  yille 
s'applaudit  de  recevoir  aujourd'hui  dans  ses  murs  ;  et  c*e8t 
pour  joindre  un  faible  tribut  il  tant  de  richesses  réunies ,  que 
je  me  suis  livré  k  ce  travail  vers  lequel  mes  études  de  chaque 
jour  devaient  naturellement  diriger  ma  pensée. 

Je  viens  de  dire ,  MM.  ^  que  vous  avez  k  vous  occuper  dans 
cette  trop  courte  session,  de  travaux  d'un  genre  tout  spécial. 
Je  suis  loin  de  penser  néanmoins  que  l'étude  de  nos  trésors 
bibliographiques  puisse  cire  regardée  par  votts  ccHume  un 
hors-^' œuvre.  A  ne  considérer  même  les  manuscrits  que  sous 
le  rapport  littéraire  )  quel  intérêt  ne  doivent-ils  pas  exciter  au 
sein  d'une  assemblée  dont  tous  les  membres  aiment  et  cultiveut 
les  belles-lettres?  Mais  je  dirai  plus^  loin  d*être  étrangers  k  la 
science  archéologique ,  ils  s'y  rattachent  par  tant  de  liens , 
qu'ils  doivent  nécessairement  entrer  dans  le  plan  d'études  de 
tous  ceux  qui  font  de  cette  science  le  principal  objet  de  leurs 
travaux.  Les  manuscrits^  dit  un  savant  bibliophile ,  ont  con- 
servé les  procédés  des  arts  et  les  ont  mis  sous  les  yeux  des  lec- 
teurs par  les  figures  dont  ils  sont  ornés  ^  et  dans  lesquelles  on 
peut  voir  les  costumes  des  diflérentes  époques  du  moyen-âge. 
En  nous  faisant  connaître  l'écriture  ancienne ,  ses  abrévia- 

*7 


558  SUR   LES  MANUSCRITS 

tioDS ,  ses  variations ,  ils  facilitent  rélude  de  la  diplomatique, 
des  chartes ,  des  titres  relatifs  ani  intérêts  des  peuples  et  à  la 
certitude  de  leur  liistoire.  Ansâ  a-t-on  toujours  chercbé  soi- 
gneusement h  les  rc«!ueiTlir. 

La  bibliotbèc|ue  de  cette  yille ,  inférieure  peut-être  à  beau- 
coup d'autres  ,  si  Ton  ne  considère  que  le  nombre  d'ouvrages 
qu'elle  renferme  ,  "peut  rivaliser  par  ses  ricbesses  manuscrites 
avec  les  plus  belles  bibliotbéqnes  de  province.  On  ne  sera  pns 
surpris  de  cette  asseition  en  pensant  qu'elle  tes  a  puisées  aux 
sources  abondantes  que  lui  offraient  tant  de  communautés  reli- 
gieuses que  renfermait  la  Tonraine  ,  et  entre  toutes  les  autres, 
cette  célèbre  abbaye  de  Ma rmontiers  dont  le  précieux  héritage 
en  ce  genre  nous  eût  laissé  peu  de  désirs  &  former  si  nous  te 
possédions  aujourd'hui  tel  qu*il  existait  avant  la  destrnction  de 
ce  monastère.  Quels  regrets  ne  doivent  pas  exciter  en  nous  1rs 
pertes  irréparables  dont  nous  pouvons  calculer  l'élendueen  con- 
sultant les  catalogues  manuscrits  qui  sont  sous  nos  yeux,  et  ceux 
recueillis  par  le  savant Montfàncon  dans  l'ouvrage  qu'il  a  pu- 
blié sous  le  titre  de  ;  Bihliotheca  nova  manuscriptorum/  Ce 
serait  l'objet  d'un  chapitre  que  l'on  pourrait  intituler  :  Desi- 
derata. Mais  yainement  formerions-nous  des  vœux  pour  rap- 
peler 1^  nous  quelques-uns  de  ces  manuscrits  dont  le  temps  n'a 
qjie  trop  consacré  Tabsencc.  Chaque  bibliothèque  publique  , 
cbaque  auteur  même  attache  trop  de  prix  i  la  possession  de 
ceux  qu'il  a  su  acquérir  pour  ne  pas  veiller  avec  le  plus  grand 
soin  à  leur  conservation. 

Ce  serait  abuser  de  vos  moments,  MM.  ,  et  ne  remplir 
qu'imparfaitement  le  but  que  je  me  suis  proposé ,  que  de  faii*e 
ici  la  longue  énumération  de  tous  les  manuscrits  dont  il  ne 
nous  reste  plus  que  le  souvenir.  Quelques  indications  som- 
maires sur  ceux  auxquels  nous  devons  attacher  le  plus  de  prix, 


DI   &▲  B»BIIOTBiQUB   DE   TQURS.  359 

sttfRroDt  pour  Touft  fiftire  partager  nos  regrets*  Je  dois  placer 
en  première  ligne  eette  belle  Bible  da  YIIP.  siècle  dont  Fabbé 
Virien  et  les  moines  de  St.-Martîn  firent  présent  k  Cbarles-^ 
le-Chanve  ponr  témoigner  sans  doute  k  ce  prince  tonte  leur 
reconnaissance  des  bienfaits  dont  il  les  aTait  comblés.  On  pense 
qu'elle  avait  été  &ite  pour  Charlcmagne  par  ordre  d'Âlcuin 
qui  gouveroaii  cette  même  abbaye.  On  y  remarque  eu  effet 
deux  médailles  en  or,  avec  bustes,  dont  la  première  porte  cette 
inscription  :  David  rex  imperaior  ^  et  la  seconde  :  KaroUis 
rex  Francor.  On  f^ait  que  Charlemagne  s'était  donné  le  nom 
de  David  dans  Fespèce  d'académie  formée  sous  ses  auspices ,  et 
il  laquelle  rUnivers^ité  de  Paris  se  rattache  par  une  succession 
de  maîtres  presque  non  interrompue.  Cette  Bible  déposée  en- 
suite dans  la  cathédrale  de  Metz  fut  offerte,  en  1675,  par  les 
chaooines^  de  cette  église  au  ministre  Colbert ,  et  tient  aujour- 
d'hui un  des  premiers  rangs  parmi  les  manuscrits  de  la  biblio^ 
thèque  royale. 

Nous  avons  à  regretter  aussi  un  livre  des  Evangiles ,  manus* 
crit  Anglo-Saxon,  que  possédait  le  Chapitre  de  St.-Gatien, 
et  que  Ton  disait  écrit  par  saint  Hilaire ,  ce  qui  le  ferait  re- 
monter au  IV*.  siècle*  Mais  les  caractères  dont  il  est  formé , 
bien  diflérents  de  récriture  gallicane  de  cette  époque,  an- 
noncent une  date  postérieure  de  plus  de  200  ans.  Le  manuscrit 
des  Evangiles  écrit  de  la  propre  main  de  ce  saint  évêque ,  ap- 
partenait en  eflet  \  la  métropole  de  Tours ,  et  lut  légué  par- 
saint  Perpet,  évèque  de  cette  ville,  k  son  ami  Euphrone ,  qui' 
gouvernait  alors  Téglise  d'Ântun. 

Nous  pourrions  ajouter  encore  à  cette  liste  le  privilège  de 
révèque  Ibbon ,  en  écriture  franco-gothique ,  de  Tannée  'jio, 
que  Véglise  de  St. -Martin  fit  valoir  dans  ses  démêlés  avec  les 
archevêques  de  Tours  ,  un  Pentateuque  de  saint  Catien  .  ma- 


3Go  SVB   LB»  MARUSCBITS 

nuflcrit  en  vélia  fort  miace  ,  k  deux  coJonnea,  de  la  fin  da 
VIII*.  siècle,  et  un  autre  manuscrit  du  Nouveau  Tcstainint , 
appartenant  i  saint  Marti u  ,  peut-être  celui  que  Fpn  devait 
au  célèbre  Âlcuin  qui,  retiré  dans  cette  abbaye  y  s'y  livra  en- 
tièrement }k  la  prière  et  k  Fétude ,  et  y  fit  de  sa  main  une  copie 
ciactede  TAncien  et  du  Nouveau  Testament. 

Abrégeons  «  MM. ,  le  técit  af&igeant  de  nos  désastres  litté- 
raires. Je  ne  Faî  entrepris  qu'avec  peine  et  pour  appeler  vos 
sympathies  sur  les  trop  justes  regrats  qu'ils  doivent  exciter  en 
nous.  Je  m'empresse  d'opposer  k  ce  rrcrit  le  tiblean  consolant 
des  précieux  manuscrits  qui  ont  écbappé  aux  révolutions  dont 
notre  bîbliotbèque  fut  tant  de  fois  victime. 

Il  est  généralement  reconnu  parmi  les  bibliophiles  qu'il 
n'existe  pas  de  manuscrits  antérieurs  h  Fère  Chrétienne  , 
excepté  ceux  trouvés  dans  les  ruines  d'Herculannm  qni  fut  dr- 
truite  en  Fan  79  de  cette  ire.  Mais  on  sait  qoe  sur  pins  de 
t,5oo  rouleaux  retirés  des  fouilles  qui  ont   eu  lieu  depuis 
17S6 1  i  peine  a-t-on  )in  en  déchiffrer  quatre,  qui  n'ool  même 
oQert  au  vœu  des  savants  aucun  fragment  de  œs  pi*écieux  ou- 
vrages que  l'antiquité  ne  nous  a  l^ués  qu'en  partie.  Les  trois 
premiers  traitent  de  la  morale ,  de  la  rhétorique ,  de  la  philo- 
scq^e  d'Epicure ,  et  le  quatrième  est  «a  poème  de  Philodcnns 
coalie  b  musique.  Apres  les  manuscrits  d'Hercnlaonm,  le  plus 
aneiea  qui  soit  connu  ne  mnoute  pas  au-delà  du  IIP.  aîcde  ; 
il  renferme  les  4  Evangiles  en  grec  et  en  latin«  Do  monastère 
de  St.-Irénée  de  Lyon  oi  fut  trouvé  oe  manuscrit ,  il  est  passé 
dans  la  bibliothèque  de  FUniversité  de  Cambridge ,  à  laqadKc 
en  fit  don  le  célèbre  llModore  de  Bèxe  qui  Pavait  sans  donie 
acheté  des  Calviaisics  qui  pillèfcnt  et  détraîsùrent  même  F^lise 
de  ce  monastère.  L'Evangile  de  saint  Marc,  si  l'un  en  croyait 
la  Iraditioii  pepulaire ,  qui  Tent  que  ee  usannscrit  soit  de 


DB   14    BtBLIOTU£QrB    DE   TOURS.  56 1 

Tévangéliste  lui-même,  serait  beaucoup  plus  ancien  ;  mais  il 
a  ctë.  démontré  qu'il  ne  pouvait  dater  que  du  IV'.  siècle.  Il 
faut  de  cette  .époque  reculée  traverser  un  espace  de  5ooans 
pour  arriver  au  plus  ancien  manuscrit  de  noire  lûLtiot1icH|ne  , 
qui  appartient  ainsi  au  VII*.  siècle.  Ce  sont  les  prophéties 
d^I^ïe ,  de  Jérémie,  d^Ezécbiel  et  de  Daniel ,  écrites  en  lettre^ 
onciales ,  h  gros  traits ,  uu  peu  écrasées ,  telles  que  les  em- 
ployaient les  copistes  de  ce  temps.  Ce  manuscrit  nous  vient  de 
Marmoutiers.  Il  eu  est  un  autre  dont  la  date  n*est  pas  constatée 
d*une  manière  aussi  précise,  mais  qui  est  évidemment  antérieur, 
il  en  juger  par  les  caractères  de  Fécritore  ,  et  surtout  par  les 
peintures  singulières  dont  il  est  orné  ,  et  qui  toutes  attestent 
Tenfauce  de  Fart.  Il  comprctid  une  partie  de  l'Ancien  Testa- 
ment. 

On  lit  dans  on  mémoire  du  R.  P.  Don  Mabillon,  sur  les 
anciennes  sépultures  de  nos  Rois  ,  que  Charlemagne  avait  été 
inbumé  avec  tous  les  insignes  de  la  souveraineté,  et  tenant  en 
ses  mains  te  livre  îles  Evangiles  écrit  en  lettres  d'or.  Lors  de 
Touverture  du  tombe<in  de  ce  prince  au  XI^  siècle ,  par  ordre 
de  rempereur  Olbon  III ,  ce  niannserit  en  fut  retiré  et  déposé 
h  Aix-la-Cbapelle.  Ëst-il  te  même  que  celui  qu'on  voy'iit 
encore  an  commencement  de  ce  siècle ,  i  l'abbaye  de  St.- 
Martin  ,  près  de  Trêves ,  et  que  la  princesse  Ada  ,  sœur  de 
Cbarlemagnc,  avait  fait  écrire  pour  ce  monarque?  Notre 
église  de  St.  Martin  Taurait-elle  obtenu  (conjecture  ,  il  faut 
Tavouer ,  bien  hasardée)  ,  de  la  munificence  de  l'un  de  nos 
Rois  auprès  desquels  ce  saint  apôtre  éBiic  en  si  grande  véné- 
ration? Il  est  plu.s  naturel  de  pen^ïcr  qu'il  a  existé  trois  livres 
des  Evangiles  semblables  à  celui  que  nous  allons  décrire  ,  et 
qui  est  bien  digne  d*avoir  appartenu  h  Cbarlemagnc.  C'est  un 
manuscrit  sur  vélin  ,  grand  in-4^.  a  deux  colonnes ,  dont 


56:^  SUR   IBS   MAKUSCRITS 

récriture  onciale  romane-gallicane  est  du  Y III*.  siècle.  A  la 
fin  de  revangile  de  saint  Jean  on  trouve  écrite  aussi  en  lettres 
d'or,  mais  d'une  main  plus  récente,  la  formule  du  serment 
que  prêtaient  les  Rois  de  France,  lorsqu'ils  se  faisaient  recevoir 
abbcs  ou  chanoines  de  St.-Martin«  ?)os  Bois  de  la  5*.  race 
crurent  en  effet  ajouter  à  la  dignité  de  leur  couronne  ,  en  y 
réunissant  ces  titres,  et  c'est  à  Hugues  Capet  que  Ton  doit  cette 
union»  Toutes  ces  réceptions  sont  consignées  dans  l'histoire 
manuscrite  de  saintMartin,  dont  nous  parlerons  tout-à-F heure, 
et  la  première  qui  date  de  Tan  1237,  est  celle  de  Louis  YIII , 
père  de  saint  Louis. 

Sancti  Hilarii  expositio  super  Mathœum,  Ce  manuscrit 
de  la  fin  du  IX*.  siècle,  qui  appartenait  aux  Capucins  de  Tours, 
mérite  aussi  d'être  distingué  après  ceux  dont  nous  Tenons  de 
parler.  Il  est  d'une  écriture  dite  aiguë  et  mêlée  d'ouciale  ,  et 
a  été  consulté  par  les  Bénédictins  dans  leur  grand  travail  sur 
les  Pères  de  l'Eglise. 

r^ous  ne  terminerons  pas  cette  description  abrégée  de  nos 
manuscrits  de  théologie,  sans  parler  de  celui  d'Abeilard  connu 
sous  ce  titre  ;  aSic  et  non  ,  qui  a  servi  à  la  publication  des 
ouvrages  inédits  de  ce  célèbre  docteur ,  pr  M.  Victor  Cousin. 
L'importance  que  l'on  a  attachée  à  ce  manuscrit  n'est  pas  due 
seulement  au  nom  de  son  auteur ,  mais  aussi  k  sa  rareté ,  puis- 
qu'on n'en  connaît  plus  que  deux  copies,  l'une  qui  existe  dans 
la  bibliothèque  d'Avranches ,  et  l'autre  qui  nous  vient  de 
celle  de  Marmouliers.  On  sait  qu'Abeilard  ,  consulté  par  les 
religieuses  du  Paraclet  sur  divers  passages  de  l'Ancien  et  du 
Nouveau  Testament,  joignit  aux  réponses  qu'il  leur  adressa, 
un  traité  dans  lequel  il  rapporte  les  endroits  de  l'Ecriture 
Sainte  qui  semblent  se  contredire ,  et  les  accorde  ensuite  par 
une  explication  fort  naturelle.  Telle  est  l'origine  de  ce  titre  : 
Sic  et  non ,  le  oui  et  le  non. 


DE   LA    BIBLIOTnèQVC   DE   TOVBS.  565 

Obligé  de  nons  renfermer  dans  un  cercle  très-ci rcoDscr il . 
nous  passerons  sous  silence  nos  inanuscrils  de  droit  civil  e^ 
canonique ,  moins  nombreux,  il  est  vrai ,  que  ceux  des  autres 
classes,  mais  qui  mériteraient  cependant  de  trouycr  place  dans 
un  catalogue  spécial  et  raisoïkaé^ 

Le  premier  que  nous  distinguerons  dans  la  partie  des  sciences 
et  arts  est  un  superbe  Senèque  in-I^«  sur  parchemin ,  ayec 
lettres  initiales  en  or,  titres  ei^  rouge  et  riches  encadrements. 
Ou  y  trouve  après  Téloge  funèbre  de  Tempereur  Claude  ,  la 
correspondance  de  ce  philosophe  avec  Fapôtre  saint  Paul , 
correspondance  retranchée  comme  apocryphe  ,  de  )a  plupart 
des  éditions  de  Senèque.  Divers  auteurs  étal)lisseut  néanmoins 
la  probabilité  et  presque  la  certitude  des  rapports  qui  auraient 
eiisté  entre  l'apotre  et  le  phikisophe.  Une  antre  opinion  non 
moins  controversée,  et  qui  partage  encore  \cs  érudits,  c'est 
celle  qui  lui  attribue  les  dix  ttagédics  qui  nous  sont  parvenues 
sons  le  nom  de  Senèque.  Dans  la  bibliothèque  existe  aussi  un 
très-beau  manu^crii  de  ces  tragédies,  qui  faisaient  suite  aux 
œuvres  philosophiques ,  avant  qu'on  les  en  eât  séparées  pour 
les  classer  parmi  les  belles- lettres. 

Boëiiuî  de  conaQiationephiiosopkiœ;îA\ni  Martin  et  Mar- 
moutiers  nous  ont  enrichis  de  huit  manuscrtU  des  œuvres  de 
Boëce,  la  plupa  rt  du  X  V' .  siècle,  mais  dont  l' un  remonte  jusqn  a  u 
X*. ,  et  d^un  plus  grand  nombre  de  manuscrits  d'Aristote  des 
XIII'.,  XIV*.  et  X  V*.  siècles.  Nous  possédons  encore,  avec  deux 
exemplaires  de  Toui^rage  original,  une  traduction  très-curreuse 
du  livre  des  propriétés  des  choses,  faite  Tan  de  grâce  .157s  , 
par  le  commandement  du- roi  de  France ,  Charles  T  ^  uti  autre 
miauscrit  du  X*.  siècle,  S.  Àugustinus  de  musieâ,  et  sur 
ce  même  sujet,, le  traité  qu'a  publié  Tun  de  nos  compatriotes, 
RenéOuvrard  ,  de  Cbinon.  Nous  tenons^  de  la^  libéralité  de 


364  'VA  LU  MAHUscairrs 

M.  l'abbé  Goillaid ,  Ton  (!e  nos  plus  saYaots  bibliophiles,  un 
beau  maniiacrit  sur.  Télin ,  coutenaot  les  statals  da  coHrge 
foodé  a  Paris  eo  i555 ,  par  Etieoae  de  Boui|[aeil ,  pour  les 
étudiants  du  diocèse  de  Tours. 

Parmi  les  livres  curieux  nous  ne  citerons  qne  le  testament  de 
Fempereur  de  la  Cbioe  ,  Ran-by ,  mort  en  19223  la  traduc- 
tion française  est  jointe  ao  texte  chinois;  et  un  traité  de  vé- 
nerie par  Gaston  de  Foix  ,  surnommé  Phœbns  ^  à  cause  de  sa 
beauté*  Ce  traité  commence  par  un  raisonnement  singulier  que 
Fauteur  tourne  de  dîAérentcs  façons  pour  persuader  k  tons  les 
hommes  d'aimer  et  de  pratiquer  l'exercice  de  la  chasse,  comme 
un  moyen  sûr  de  ne  point  pécher  et  de  parvenir  au  salut  éter- 
nel ,  parce  que  l'oisiveté  seule  en&nte  le  vice  ,  et  qu'un  chas- 
seur d'habitude  ne  peut  jamais  être  oisif. 

Entraîné  par  notre  sujet  plus  loin  que  nous  ne  le  pensions , 
nous  ne  pourrons  qu'effleurer  ,  quel  qne  soit  l'intérêt  qui  s'y 
rattache ,  les  deux  dernières  parties  qui  nous  restent  à  traiter, 
celles  de  l'histoire  et  des  belles-lettres. 

Le  premier  maniucrit  qui  s'ollre  k  nous  dans  l'histoire 
ecclésiastique  contient  les  vies  des  apôtres ,  celles  de  saint 
Cosme,  saint  Damien,  saint  Julien,  et  le  récit  de  la  découverte 
de  la  vraie  Croix  ,  par  sainte  Hélène  ,  mère  de  l'empereur 
Constantin.  Ce  manuscrit  en  parchemin ,  avec  lettres  initiales 
en  or  ,  of&e  dans  chacune  de  celles  qui  commencent  on  cha- 
pitre ,  le  portrait  de  l'apôtre  dont  la  vie  y  est  écrite. 
'  La  bibliothèque  possède  quatre  exemplaires  de  la  vie  et  des 
miracles  de  saint  Martin ,  par  Sulpice  Sévère.  Ces  manuscrits 
sont  des  XI*.  et  XIII'.  siècles^  et  l'on  y  remarque  aussi,  entre 
autres  sujets,  une  vie  du  même  Saint ,  par  Grégoire  de  Tours, 
et  l'ouvrage  de  ce  prélat  de  gloriâ  confessorum  i 

Vingt-un  volumes  in-f*.  et  in-4°. ,  tous  relatifs  &  l'histoire 


DE   LA   BIBUOTBâQVB   DE   TOURi.  365 

de  Marmoutief  8  )  quatre  «ur  celle  de  laint  Martin  et  antant  sur 
saint  Catien  ; 

L'histoire  des  archerèqaes  de  Tour»,  par  Jean  Leclerc  de 
Boisridean  ; 

Le  martyrologe  de  saint  Julien,  et  des  mémoireiponr  servir 
à  rhistoire  de  Fabbaye  de  ce  nom. 

L'ordre  de  Grammont,  des  Chartreux,  des  Filles  de  la 
Mère  de  Dieu  ,    et  l'abbaye  de  St.-Paul  de  Cormery ,   y 
trouvent   également  des  détails    historiques  plus  ou  moins 
étendus.  On  doit  juger  par  tout  ce  que  nous  venons  d'expo- 
ser «  que  la  bibliothèque  peut  offrir  de  riches  et  nombreux 
matériaux  k  Técrivain  qui  voudrait  traiter  rhistoire  ecclé- 
siastique de  cette  province.  Il  n'en  est  pas  de  même  ,  je  le  dis 
i  regret ,  de  l'histoire  civile ,  sur  laquelle  nous  ne  possédons 
qu'une  chronique  des  seigneurs  d'Amboise ,   par  Hervé  de  la 
Queue ,  de  Tordre  des  Frères  Prêcheurs  ^  et  Ton  ne  peut 
répondre   que    très-imparfaitement   aux   demandes  que   ne 
manquent  pas  d'adresser  h  ce  sujet  le^étrafigers  qui  visitent  la 
Touraine,  Heureusement^  les  annales  ecclésiastiques  peuvent 
suppléer  parfois  à  ce  déficit ,  et  les  archives  de  la  ville  de 
Tours  renferment  de  précieux  documents  sur  l'histoire  parti- 
culière de  cette  ville ,  la  plus  intéressante  pour  nous. 

Au  nombre  des  ouvrages  relatifs  à  Thistoire  de  la  France  et 
de  ses  diverses  provinces ,  nous  citerons  en  premier  lieu  le 
beau  manuscrit  qui  contient  la  justification  des  droits  de  Louis 
XI  sur  la  Bourgogne.  M.  Massé ,  l'on  des  conservateurs  de  no» 
monuments ,  a  décrit  avec  soin  ce  manuscrit ,  qui  parait 
être  de  la  fin  du  XV*.  siècle.  On  y  admire  ,  entre  autres  or- 
nement»],  une  miniature  oili  tous  les  personnages  aux  costume» 
si  brillants  et  si  vrais,  se  détachent  sur  un  fond  d'aichitec- 
ture  d'une  exécution  dont  la  délicatesse  se  fait  remarquer 
jusque  dans  les  moindres  détails. 


566  SVB    LES   HAirUSCRITS 

Un  ahrégë  de  T  histoire  cbrooologiqne  des  rois  et  dacs  de  la 
Breiagac  Armorique ,  ëcrit,  ea  1640  ,  par  le  R.  P.  Doo  IKoëi 
Mars  'j 

Une  histoire  de  Lorraine  ,  depuis  Charles  I*'.  jusqu'à 
Charles  lY  f  que  l'oo  regarde  comme  ioëdite  5 

La  première  partie  des  grandes  chroniques  de  Froissart  , 
contenant  Thistoire  dTdouard  III ,  roi  d'Angleterre  ) 

Euiîa  ,  une  histuire  de  Charlemigne^  par  Farchevèque 
Turpin  ^  qui  y  fait  le  récit  des  diverses  expéditions  de  ce 
prince  en  Espagne  ^  et  de  la  mort  du  paladin  Roland ,  son 
neveu  y  k  la  déroute  de  Roncevaox.  On  trouve  à  la  suite  ,  un 
ouvrage  de  Darès  le  phrygien  sur  la  guerre  de  Troie  ,  tra- 
duite du  grec  en  latin  ,  par  Cornélius  Népos. 

Nos  manuscrits  sur  l'histoire  générale  ,  saus  être  aussi 
nombreux  ,  n'offrent  pas  moins  d'intérêt,  et  cous  ne  pouyoas 
nous  refuser  au  désir  de  citer  parmi  les  plus  remarquables  ^ 
un  recueil  par  extraits  ,  de  divers  historiens  grecs ,  an  nombre 
de  quatorze  ,  dû  aux  soins  de  l'empereur  Constantin  Porphy- 
rogeuète;  une  histoire  de  Troie  ,  écrite  en  1287  ,  par  Guidon 
des  Colonnes ,  où  se  trouve  énoncée  la  prétendue  dercenJance 
des  Francs  ,  du  prince  troyen  Francus  }  un  autre  ouvrage  sur 
la  destruction  de  cette  ville  et  l'établissement  d'Enée  en  Italie , 
orné  de  dessins  et  de  peintures  du  genre  le  plus  bizarre  ;  et  le 
plus  précieux  de  tous ,  le  magnifique  Tite-Live,  grand  in-f*. 
sur  vélin  ,  à  deux  colonnes,  enrichi  de  lettres  initiales ^n  or 
et  de  deux  tableaux  représentant,  T un  ,  divers  faits  des  pre- 
miers temps  de  l'histoire  romaine  ,  et  l'autre ,  la  bataille  de 
Cannes,  que  le  peintre  a  caractérisée  non  par  deux  boisseaux , 
mais  par  deux  muids  remplis  d'anneaux  d'or.  Il  est  à  remar- 
quer que  dans  ce  manuscrit,  qui  date  du  XI V*.  siècle,  on 
prolonge  de  20  ans  le  règne  de  Tarquin-le-Superbe  Cette 


Sfi    LA    BlBLIOTIliQVI    DE   JOVtLS»  X*J 

erreur  ,  si  c'en  est  une  ,  est  répétée  dans  an  autre  Tite^Liye  , 
aussi  manuscrit ,  moins  riche  que  le  premier  ,  et  postérieur 
d'environ  un  siècle.  Des  onze  exemplaires  imprimés  que  pos« 
scde  la  bibliothèque,  depuis  i5oi  jusqu'à  iGiS,  le  premier 
seul  établit  cette  différence  dans  la  durée  de  ce  règne. 

Si  je  ne  voulais  rien  omettre  d'intéressant  dans  nos  manus- 
crits des  belles-lettres ,  il  faudrait ,  Messieurs  ,  tous  en  pré- 
senter un  catalogue  presque  entier  -,  et  je  n'éprouve  ,  en 
commençant  celte  dernière  partie  de  mon  travail ,  que  la  dif- 
ficulté de  faire  un  choix  ,  et  le  regret  de  ne  pouvoir  en  dé- 
crire qu'une  partie*  La  plupart  des  classiques  latins  y  ont  leur 
place ,  et  Ton  doit  distinguer  parmi  eux  un  Térence  du  XIIP. 
siècle ,  où  sont  représentés  tous  les  personnages  qui  figurent 
dans  chaque  pièce  ,  et  un  Ovide  du  même  temps ,  écrit  sur 
yélin  ,  d'un  caractère  dont  on  ne  saurait  trop  admirer  la  net- 
teté et  Textrême  régularité.  Un  Cicéron  de  senectute,  suivi  de 
Macrobe  insomnium  Scipionis  ^  manuscrit  du  X*  siècle^. un 
autre  de  la  même  époque ,  contenant  les  hymnes  de  Prudence 
et  les  commentaires  de  Priscieu  sur  le  premier  vers  de  chaque 
livre  de  l'Enéide  ;  enfin  plusieurs  bibles  en  yers  latins  et 
français,  desXIP.  et  XIII*.  siècles. 

Les  Komans  sont  la  partie  dominante  de  cette  classe  de  ma- 
nuscrits. La  plupart  sont  en  vers ,  et  plusieurs  écrits  en  langue 
provençale  ont  été  consultés  avec  fruit  par  M.  Raynouard , 
dont  les  lettres  déploreront  long-temps  la  perte  ,  lorsqu'il  tra- 
vaillait \  son  ouvrage  sur  les  poésies  originales  des  Trouba- 
dours. Vous  remarquerez  des  romans  moraux  ,  tels  que  celui 
des  Déduits ,  composé  en  iSSg  par  de  la  Burgne»  premier 
chambellan  du  roi  Jean  ,  et  par  le  commandement  de  ce 
prince,  pour  l'instruction  de  sou  quatrième  fils,  Philippe  , 
duc  de  Bourgogne  ;  des  romans  de  spiritualité  qui  ofirent  la 


\ 


368  SVR    LES  MAIIUSCRITS 

vie  de  plasicors  saints  ,  içutre  autres  celle  de  Termite  Bulaam 
et  du  prince  des  Indes  ,  Josapliat  ,  atlribnée  h  saint  Jean  Da- 
mascènc  |  des  romans  htstoiiques  ,  dont  deux  tires  de  la  guerre 
de  Troye,  Thistoire  de  Troyic  et  celle  dWlexandre  le  troyen  , 
ei  un  troisième  que  Ton  pourrait  nommer  pfnlôt  nn  poème  , 
dans  lequel  Fauteur ,  qui  est  resté  inconnu  ,  chante  les  amours 
de  ParthoQopéus  ,  comte  de  Blois  ,  et  de  la  belle  Alelior  ,  im- 
pératrice  de  Constatiliitople.  Une  particularité  remarquable 
de  ce  roman  ,  c*est  que  Fauteur  qui  écrivait  vers  le  milieu  du 
Xil*.  siècle,  époque  à  laquelle  les  classiques  grecs  et  latins 
étaient  peu  connus  en  France,  semble  avoir  pris_pour  modèles 
plusieurs  endroits  de  leurs  ouvrages.  Un  passage  intéres- 
sant dq  son'poème  rappelle  la  charmante  fable  de  Psyché  ; 
un  autre ,  Tode  2*»  d*  Anacréon  i  la  louange  des  femmes.  Nous 
citerons  ce  dernier,  dont  le  style,  quoique  rajeuni ,  donnera 
une  idée  du  génie  et  de  la  manière  d'écrire  de  Fauteur  ,  mais 
surtout  de  son  adoration  constante  pour  le  sexe  qu'il  s'est  plu 
c^  célébrer  dans  la  personne  de  son  héroïiic. 

«  Lorsque  Dieu  Ht  toutes  les  créatures ,  il  les  orna  de  ses 
ff  dons.  Selon  Famour  qu'il  portait  h  chacune  d'elles  ,  il  leur 
«  partagea  ses  présents.  Il  aima  les  femuies  par-dessus  tout , 
«  et  yoilà  pourquoi  il  leur  donna  beauté  et  biens.  Il  fît  de 
<ir  terre  tout  ce  qui  est  sous  le  ciel  ;  mais  le  cœur  des  femmes, 
tf  il  le  fit  de  miel ,  et  il  leur  donna  plus  de  courtoisie  qu'à 
(X  nulle  antre»  Dieu  les  aima  5  c'est  pour  cela  que  je  les  aime , 
«  qu'en  mon  amour  ne  sens  ni  soif  ni  faim.  Je  tiendrais  Dieu 
«  quitte  de  son  beau  paradis ,  si  les  dames  au  beau  visage  n'y 
«  entraient  pas.   » 

Les  romans  de  chevalerie  ,  au  nombre  desquels  on  pourrait 
classer  celui  de  Parthonopéus,  tiennent  aussi  une  place  remar- 
quable dans  notre  bibliothèque.  Il  en  est  peu  qu'on  puisse 


DB   LA    BfDLIOTRiQVE    DB   TOURS.  3(k) 

rapporter  aoi  chevaliers  de  la  table  ronde  ^  la  plupart  eélè- 
brcnt  les  haot«  faits  des  paladins  qui  brillaieot  &  la  coar  de 
Charlemagne ,  et  Ton  aime  à  retrouver  parmi  eux  cet  Ogier 
le  Danois  que  n'a  point  oublié  FArioste,  et  qui  partagea  souvei^ 
les  périls  et  la  gloire  du  fameux  Roland.  Nous  ne  parlerons 
ici  des  aventures  du  très-noble  ,  mais  tiès-peu  connu  roi 
Pontus ,  que  pour  signaler  un  ouvrage  contenu  dans  le  même 
manuscrit  et  qui  porte  pour  titre  :  le  livre  du  secret  des  secrets 
que  filÂristoleel  qu*it  envoya  au  roi  Alexandre.  Cest  un  recueil 
d'instructions  de  toute  nature ,  données  par  ce  pliilosopbc  à  son 
ancien  élève ,  dont  lajdernière  traite  même  de  Tart  de  la  guerre, 
et  qui  toutes  commencent  par  ces  mots:  Alexandre  ,  cher 
fik  ;  cxpiessions  vraiment  paternelles  qui  honorent  également 
le  philosophe  qui  ne  craignait  pas  de  les  employer ,  et  le  prince 
qui  aimait  à  les  entendre. 

Ici  doit  se  terminer  ^  Messieurs ,  le  trayail  que  nous  avons 
entrepris  ,  et  que  vous  ne  pouvez ,  dans  Fétat  oi!i  il  vous  c:it 
présenté,  considérer  que  coînme  une  ébauche  à  laquelle  la 
main  dn  temps  aurait  li  donner  le  dernier  coup  de  pincean. 
En  apprenant  que  votre  session  de  i858  devait  avoir  lieu  dans 
cette  ville,  la  Société  d'agriculture  d'Indre-et-Loire  qui  joint  à 
Fétude  de  cette  science  si  importante,  celle  des  arts  et  des  belles- 
lettres,  s'est  disposée  à  vpns  faire  les  honneurs  d'une  contrée  qui 
ofTre  tant  d'intérêt  au  véritable  archéologue.  Et  moi  aussi  , 
î'aime  et  )e  sais  apprécier  la  science  que  vous  cultivez!  Né  et 
élevédans  une  province  où  Fon  peut  en  faire  de  si  nombreuses, 
de  si  savantes  applications,  f  ai  gé,mi,  comme  bien  d'autres,  des 
pertes  que  nous  avons  éprouvées ,  et  appelé  Fattention  de  Fau- 
torité  sur  les  monuments  qui  ont  échappé  aux  ravages  du 
temps ,  et  à  ceux  plus  redoutables  encore  d'uu  cupide  et  éternel 
vandalisme.  Tous  nos  collcgncs  partagent  ces  sentimeuts  ,  et 


5'jb      MÀVV'Ctiirs  DE  Là  btcuotbèqub  de  tours. 

plusieurs  d'entre  eux  y  joigaent^  sur  les  diflërents  arts  qui 
sont  Tobjet  de  tos  études  ,  des  connaissaooes  spéciales  que  je 
me  plais  h  reconnaître.  C'est  h  eux  qu'il  appartient  de  vous 
parler  de  nos  richesses  archéologiques  ,  et  de  tous  diriger 
dans  vos  savantes  investigations.  Les  collections  scientifiques 
que  renferme  la  ville  de  Tours  ne  pouvaient  manquer  d'attirer 
vos  regards  3  et  ce  n'est  point  en  simples  curieux,  mais  en 
amateurs  éclairés  que  vous  avez  su  les  visiter.  L'examen  seul 
de  la  bibliothèque  demanderait  un  temps  que  le  peu  de  durée 
de  votre  séjour  parmi  nous  ne  vous  permet  pas  de  lui  consacrer* 
Chargé  de  la  conservation  de  ce  précieux  dépôt ,  il  était  de  mon 
devoir  de  vous  en  donner  une  juste  idée  ,  en  vous  offrant  la 
description  des  principaux  manuscrits  qui  en  forment  la  partie 
la  plus  intéressante.  Je  remplis  ainsi  le  double  but ,  de  ména- 
ger pour  vous  des  moments  que  réclament ,  sur  tons  les  points 
de  la  France  ,  les  utiles  travaux  auxqueb  vous  ne  cessez  de 
vous  livrer ,  et  de  concourir  avec  ceux  de  nos  collègues  que 
TOUS  avez  entendus  dans  cette  session  ,  k  vous  faire  connaître 
tout  ce  que  la  Touraiuc  dut  jadis  au  zèle  et  au  goût  éclairé  de 
nos  pères ,  et  ce  qui  fait  encore  aujourd'hui  l'illustratioa  de 
cette  belle  province. 


SUR  lA  batâiub  ds  poNTyÂiLiir.  571 

OBSERVATIONS 

Sur  la  bataille  de  Ponivallin  »  livrée  vers  la 
mi-septembre  de  l'année  1370  ; 

Pae  Mv  CAUVm , 

Inspecteur  difiaionnaire  des  MoDamenU  hisloriqaet* 


Les  historiens,  se  copiant  les  ans  les  autres,  dîscht  que 
Bertrand  Dugue&clin  était,  avec  son  année  ,  au  cliâtean  de 
Tire>  lorsqu'il  reçut  du  chef  de  la  division  Anglaise,  établie 
h  Pontvailin  ,  le  message  qui  lui  demandait  de  fixer  le  jour 
de  la  bataille. 

M.  Dubourg-d'Isigny,dans  ses  Recherches  arclicologîqucs 
mir  thisloire  militaire  du  château  et  de  la  ville  de  f^ire  , 
émet  la  même  opinion  ;  il  Fappuie  de  Fauloritéde  d*Argentré, 
de  Lobineau  ,  de  Morice  et  autres  écrivains. 

Mais  si  Ton  considère  la  distance  qui  sépare  Vire  de  Pont- 
yallin ,  le  peu  de  temps  employé  par  le  connétable  pour  la 
parcourir,  le  mystère  dont  ce  chef  enveloppa  sa  marche  , 
Fadresse  avec  laquelle  il  se  déroba  à  Fennemi ,  on  reconnaît 
bientôt  qu  il  occupait  une  auti^e  position  que  celle  désignée 
par  ces  auteurs.  L'on  doit  attribuer  l'erreur  dans  laquelle  ils 
sont  tombés ,  k  l'absence  d'un  accent  sur  la  dernière  lettre  du 
mot  Viré,  suivant  l'orthographe  de  ces  temps-U. 

Viré  est  une  commune  du  canton  de  Brûlon  ,  dans  l'arron- 
dissement de  la  Flèche  ,  située  à  57  kilomètres  0.  du  Mans  y 
et  à  45  de  Pontvailin.  La  position  de  son  château  sur  un 


5^1  SUB    I.A   BAT4II.LB   DE   PORTVALUll. 

mamelon  assez  élevé  ,  son  pont-leyii  et  ses  hautes  murailles , 
lui  donnaient  encore,  au  commencement  du  XIX®.  siècle,  une 
certaine  importance.  Aussi ,  la  portion  Sartbaise  des  années 
royalistes  1^  choisit-elle ,  en  i8i5 ,  pour  être  le  point  central 
de  ses  opérations. 

Yire,  capitale  du  Bocage,  dans  la  fiasse-Normandie,  se 
trouve  éloignée  de  Pont yallin  d'environ  i5o  kilomètres. 

Cuvelier  ,  auteur  du  Roumûntde  Berirnnt  du  Glaiequim, 

» 

poème  inédit ,  donne  avec  beaucoup  de  détails  la  marche  de 
ce  connétable  5  nous  avons  donc  adopté  son  récit  comme  le 
plus  exact  et  le  plus  conforme  à  la  vérité. 

Duguesclip ,  ayant  pris  la  résolution  d'aller  attaquer  les 
Anglais  et  de  les  chasser  de  Pontvallin  ,  mande  Ik  sa  femme 
de  venir  le  trouver  à  Caen ,  et  d'y  apporter  sa  vaisselle  (1). 
Le  prix  de  la  vente  de  cette  argenterie  devait  lui  fournir  les 
moyens  de  payer  ses  troupes  qui  formaient  un  eûëctif  de  trois 
mille  hommes. 

L'opération  de  la  solde  finie ,  le  général  prévient  son  armée 
de  se  tenir  prête  ^  marcher  au  premier  signal.  Chacun ,  en 
conséquence ,  fait  ses  dispositions',  et  pleins  de  confiance  en 
leur  chef ,  tous  brûlent  du  désir  de  le  suivre. 
"  Bientôt  le  connétable  abandonne  Caen  (2) ,  se  dirige  vers 
le  Maine;  api  es  plusieurs  jours  de  marche  ,  il  arrive  à  Viré , 
se  loge ,  avec  les  principaux  capi:aines ,  dans  le  château  ,  et 
fait  camper  ses  troupes  aux  environs. 

Thomas  de  Grautson ,  commandant  les  Anglais ,  en  l'ab- 
sence de  Robert  Knole  ,  avait  à  Ponvallin  4) 000  hommes 
d'élite,  auxquels  devaient  se  joindre  les  garnisons  voisines  (5). 

(1)  V  le  fragment  n^  1. 

(2)  V.  le  fragment  n"".  2. 

(3)  V.  le  fragment  n^.  3. 


St71l    LA    BATAILLE   DB   POirTYALLAIir.  5']^ 

Infonné  par  ses  espions  de  rarrivée  du  connétable,  avec  kqnel 
il  désirait  se  mesurer ,  il  tint  un  conseil  dans  lequel  il  fut 
arrêté  qu'on  enverrait  un  hérault  demander  an  général  fran- 
çais de  fixer  le  jour  et  le  lieu  pour  une  bataille. 

Chargé  d'une  lettre  et  muni  d'instructions  (i) ,  le  bérault 
ne  pense  plus  qu'à  remplir  sa  mission.  Il  rencontre  dans  sa 
route  un  messager  de  Duguesclin  qui  venait  du  Mans  et  retour- 
nait vers  son  maîtie.  5' étant  reconnus  l'un  et  l'autre ,  ils 
voyagent  de  compagoie,  et  arrivent  au  cbâteau  de  Yiré  oi\ 
ils  sont  introduits.  L' Anglais  présente  sa  lettre  k  Duguesclin  , 
qui ,  après  en  avoir  entendu ia  lecture  ,  jura  à  voix  basse  de 
ne  pas  manger  avant  d'avoir  vu  l'ennemi  ^  puis  s'adressant 
au  Hérault  :  oh  sont,  lui  dit- il,  les  barons  qui  me  font  ce  défi  ? 
à  Pontvallain  ,  lui  repondit  TAiiglais^  tous  les  détachements , 
à  la  vérité ,  -n'y  sont  pas  encore  réunis  j  mais  les  chefs  vont  les 
presser  de  rentrer.  Ils  m'y  verront  sous  peu  ,  réplique  notre 
Breton.  En  même  temps  il  récompense  le  hérault,  lui  dit  qu'il 
peut  se  reposer  la  nuit ,  et  charge  ses  gens  de  le  bien  traiter. 

Alqrs  Duguesclin  ordonne  à  toute  sa  troupe  de  monter  a  cheval 
et  de  le  suivre,  pour  aller  livrer  bataille  aux  Anglais;  car  il  ne 
veut  s'arrêter  ni  jour  ,  ni  nuit,  qu'il  ne  les  ait  rencontré.^ 

En  vain  ses  capitaines  lui  représentent  que  la  nuit  est  fort 
noire  3  qu'il  fait  un  vent  impétueux  et  froid ,  avec  une  pluie 
battante  ',  en  vain  ils  rengagent  à  différer  au  len demain  ,  que 
le  ciel  soit  éclairci  et  que  la  pluie  ait  cessé.  Il  leur  répond' 
qu'il  est  avantageux  de  fondre  h  Fimproviste  sur  l'ennemi 
pour  le  surprendre  3  déclare  qu'il  ne  prendra  ni  repos  ni 
nourriture  avant  d'avoir  rencontré  l'Anglais.  Au  reste,  ajoute- 
t-il,  je  n'oblige  personne  à  me  suivre  ;  mais  ceux  qui  resteront 
passeront  pour  des  traîtres. 

(1)  Y.  le  fragment  n*.  4.  28 


374  ^1^   ^^   BATAILLE   DE   PONTVALLAm. 

De  suitie ,  il  dispose  sa  petite  année  en  trois  corps  :  le  mâré-r 
clial  d'Andregbem  conduit  la  bataille  forte  de  800  hommes. 
Dans  arrière-garde ,  commaudée  pair  (Nivkf  de  Clisson  et  le 
maréchal  de  Blainyille ,  se  trouvent  le  comte  du  Perche ,  les 
seigneurs  de  Rohan,  de  Vienne,  de  la  Hunandaie,  de  Toarne- 
mine  ,  de  Coetquen ,  de  Monboarcher,  etc.  Ces  chefe  doivent 
partir  sncçessivement  et  à  peu  d*ioteryalle  les  uns  des  autres. 

Lui-même  y  à  la  tête  de  l'avant-garde,  composée  de  5oo 
combattants  ,  sort  dès  le  soir  â«  château  de  Viré ,  emmenant 
le  conue  de  St.-Pol ,  ses  deax  fils ,  Olivier  Dognesdin  son 
frère ,  Alain  et  Olivier  de  ^ulny  ,  Jean  et  Alain  de  Beaq- 
mont  ;  et  s'avance  vers  Pontvayaio.  Jean  de  BeaiMkiont  parle 
de  iairç  sonner  la  trompette,  afin  qu'on  puisse  seralHer ,  car 
la  nuit  était  si  noire  qu'on  ne  saurait  suivre  de  sentier.  Je 
m'en  garderai  bien,  dit  Bertrand5  les  espions  ne  manqueraient 
pas  de  prévenir  Içs  Anglais  de  mon  arrivée..  Vienne  qui  peut  ; 
songeons  à  marcher  ^  demain  nous  aurons  la  gloire  d'avoir 
battu  les  Anglais  j.  nous  ne  manquerons  pas  de  chevaux ,  ainsi 
n'épargnez  pas  les  vôtres. 

Après  avoir  marché  toute  la  nuit ,  malgré  l'obscurité  et  la 
pluie ,  on  arrive  devant  Pontvallain  ^  le  général  accorde  à  sa 
troupe  une  heure  pour  se  reposer  et  prendre  la  nourriture  que 
chacun  a  apportée  ^  puis  officiers  et  solda is-montent  k  cheval; 
ils  aperçoivent  les  Anglais,  forts  de  sept  à  huit  cents  hommes  ; 
avancent  &  demi  portée  du  trait  et  déploient  leurs  éiendaru. 

Comptant  sur  la  surprise  de  ses  ad;rersaires ,  et  l'arrivée 
prochaine  des  divisions  qui  Iç.suivent,  Duguesclinse  précipite 
sur  l'Anglais  et  renverse  tout  ce  qui  lui  résiste  5  mais  il  allait 
êirc. renversé  par  Granlson,  lorsque  le  maréchal  d'Andreghem 
survient  et  rétablit  le  combat. 

De  Clisson  rencontre  un  C3rps  de  a,ooo  ennemis ,  au  mo- 


SUR   LA   BiTAItLLB   DB   POIfTVALLilN.  ^')5 

ment  où  ils  allaient  se  joiodre  à  Tannëe;  il  les  attaque^  et  force 
les  capitaines  h  se  rendre  prisonniers. 

La  bannière  de*  Grantson  fut  abattue  5  ce  général  Iqi-mème 
£iit  prisonnier  par  le  connétable  ^  et  Follicet  par  de  Clisson* 
Ainsi  les  Français  remportèrent  nue  victoire  complète.  Les 
débris  de  Farmée  anglaise  se  retirèrent  partie  k  Yaas^  et  partie 
k  St.-Manre-sur- Loire. 

Maintenant  discutons  le  récit  de  nos  historiens,  l'eut-on 
supposer  que  le  connétable  fût  allé  a  Yire  pour  combattre  les 
Anglais  ,  qu'il  savait  être  sur  la  frontière  S.  £•  du  Maine  ? 
S'il  eût  occupé  le  cbâteau  de  cette  ville ,  lorsque  le  bérault 
lui  remit  sa  lettre ,  eût-il  juré  de  ne  prendre  aucune  nourri- 
ture avant  d'avoir  atteint  l'ennemi  ,  éloigné  de  plusieurs 
journées  de  marcbe?  Le  soir  il  reçoit  le  défi  de  Grantson  5  le 
lendemain,  an  point  du  joor,il  se  présente  devant  Pontvallain. 
Son  armée  eût- elle  pu ,  dans  un  si  court  intervalle ,  franchir 
la  distance  qui  sépare  ces  deux  p(»nts?  Le  bérault,  quoique 
parti  long-temps  après  la  première  division ,  allant  seul ,  ne 
Teût-il  pas  devancé  et  rendu  compte  de  ce  qui  se  passait? 
Quand  même  il  lui  eÀt  été  impossible  d'arriver  assez  tôt ,  le 
commandant  anglais,  instruit  par  ses  espions,  de  la  marche 
des  Français ,  se  f&t-il  laissé  surprendre  ?  N*eût-il  p^s  au  con- 
traire fait  ses  dispositions  pour  assurer  le  succès  d'une  bataille 
qu'il  avait  provoquée ,  pour  se  rendre  maître  de  la  personne 
de  Doguesclin ,  qu'il  s'était  flatté  de  vaincre  ,  et  pour  anéan- 
tir son  armée  ou  la  faire  prisonnière? 

Ce  n'est  pas  de  Vire  en  Normandie  que  Dugnesclin  partit 
pour  donner  la  bataille  de  Pontvallain  j  mais  d'un  lieu  beau- 
coup plus  rapproché  j  de  y i ré  que  l'on  écrivait  alors  sans 
accent  sur  la  dernière  lettre.  Cuveliers ,  que  nous  avons  cité , 
appelle  ce  château  le  chasiel  de  faille f  il  donne  k  Yaas  ,  ok 
les  Anglais  cherchèrent  une  retraite ,  le  nom  de  f^aulx. 


376  SUR   LÀ   BATAILLE   DE   POIfTVALlAIIf, 

Preus^es  extraites  du  Roumant  de  Bertranl  du  Glaiquin. 
(i)  Or  fa  Bertrant  a  Gaen  qai  «a  femmt  a  mandée. 

Et  Bertrant ,  qnant  ce  Tint  droitemeot  au  tier  Jour, 
Trestonte  sa  faisselle ,  sans  penser  a  soleor , 
Engaga  et  livra  et  Tendy  par  tel  4our , 
Qoe  toos  lef  cfae?ftlîers  et  soudoyers  donneur 
Ketint  et  soudoya  et  paya  sans  erreur  » 
Trois  mille  combataos ,  dont  il  fut  condasenr. 
Assez  en  y  avoit ,  quavoient  poufre  atonr  , 
Bertrant  les  ponr^ea  d^armes  et  de  conreonr 
Vitaille  flst  charger ,  pourveance  de  valeur  » 
Et  fit  signifier  environ  et  entour 
Que  cbascun  après  lai  sen  venist  sans  demour. 
Droit  &  dhastet  de  Ville  {a) ,  4>u  il  a  belle  tour. 
La  Tonldra  ordonner  ses  osts  par  bel  atour. 
Que  des  Englois  ce  dist  approncbera  la  flonr , 
Qui  entour  Ponvalain  prenaient  lenr  retour  ; 
Or  approacbe  aux  Englois  une  parte  greignour 
Quant  Bertrant  de  Glaiequin  ot  paye  sa  gent , 
Tant  de  sa  grand  yais^elle ,  comme  de  son  argent , 
Dont  il  avait  dEspaigne  apportez  largement. 
Deux  très  bien  aprester  leur  flst  commandement 
Comme  pour  enlx  deffendre  si  besoin  leur  en  prent. 
Lors  yeissies  baubers  voler  communément, 
Bacinets  esclaircir  et  forbir  ensement , 
Et  espees  forbir  dont  li  acier  resplant. 
.,  r^bascun  en  son  endroit  se  pourvoit  noblement , 
Qu*il  ne  nous  laira  mie  cy  joquer  longuement 
•    •••••••••«••••.••••*•• 

Or  diray  de  Bertrant  à  la  dure  talent , 

Quant  lu  y  et  les  seigneurs  forent  près  bonnement , 


(a)  Tille  pour  Yir«  ,  eit  A|outant  raccent,   Viré.    L«  mutuicrit  ne  présente    ni 
«ceenti ,  si  apoetropliee,  ni  ponctuation. 


SVB   LA  BJkT AILLE  DE  BORTVALLAUr.  377 

Le  coBgic  denandff  a  sa  ftmiiie  au  corpa  gent. 


(3)  De  Caen  gentil  se  départit  alant 

A  noble  coMJ^gnie  8*en  ?a  delà  Bertrant; 

La  oiat  on  sonner  trompes  et  oliflànt , 

De  maÎDfry  hauts  Instrumenta  en  desduisant,^^ 

Bertrant  fat  convoyé  de  mains  boargol^  pui8sant8>s 

Et  sa  mouiltter  anssi  lala  convoyant. 

Mains  parler  loi  a  dist,  dont  }e  mîray  taisant, 

Quant  vint  au  congie  prendre  a  donc  va  larmoyante 

Envera  cbasteaa  de  Ville  va  Bertrant  cheyauchant. 

Tant  ala  Bertrant  qae  la  gcnt  Ta  entrant 

O  loi  les  grans  seigneurs  qui  le  font  compaignant. 

Or  fa  li  berd  Bertrant  qui  le  cuer  ot  ceriaio. 
Par  dedans  le  ctaastelo  Ibi  maint  capitain  » 
Et  les  autres  se  sont  logie  dessus  le  plàin  ;. 
Loges  aontdéfaniies  et  de  fust  et  de  fàin. 
Li  un  court  an  mangier,  et  li  autre  an  fain^ 

(3)  A  PontTalain  estaient  11  Engtois  de  renom  : 
Premièrement  y  fu  Thomas  Cils  de  Granson  , 
Qui  fu  du  coonestable  lieutenant  ce  dist  on  ;. 
HUon  de  Carf  ell'ay  y  fut  o  son  penon ,. 
Et  Xresonelle  anasl  à  la  clere  façon, 
Et  CiU  de  Oiegrefe  qui  David  ot  a  nom; 
Tomelin  Felieon  oublier  ny  doit  on. 
Bien  edtoient  Engloi^en  icelle  saison 
Quatre  mille  ou  pins ,  toutes  gens  delicon.- 
Car'nolle  n'estait  pas  en  celle  etablison 
Pour  dottbte  de  Bertrant  esloigna  le  royon» 
Att  conseil  sont  aies  tons  les  hautains  barons. 

(é)  Or  s'en  ts  II  heraull  tantost  fa  bien  monter 
Bt  prist  or  argent  qui  la  Dai  fù  livrer  ;       • 
S*  lettre  noublia.^  ••.•....«.... 


Ainsi  com  H  beranlt  de  quoy  oy  a?ex 


•    ■ 


378  SVB   LA    BATAILLE    DB   rOJfTVAUÀUf. 

Aproucba  le  chastel  et  lost  dont  tous  oez , 
Troufa  deMos  les  champs  deux  jolis  monestrer 
£t  un  héraut  qui  fu  Glayequin  appeliez  ; 
Car  a  Bertrant  estoit  le  heranlt  dont  oez. 
Et  reparait  du  Mens  on  a  honne  citez* 
Quand  Glayequiu  peivcut  li  héraut  bien  montez^ 
Hauttement  lui  a  dit  beau  compain  dont  venez.?, 
Amis  je  suis  héraut;  par  Dieu  tous  estes  tel 
De  Thomas  de  Graoson  plaines  armes  portez  ; 
Cest  Toir  dist  li  héraut  par  sainte  Trinité, 
Vous  estea  a  Bertrand  Glaieqain  le  nommes  ; 
Au  tunique  Je  fois  dont  vous  estes  parez. 
Or  fons  depri  beau  sire  qu'a  Bertrant  me  menez* 
et  Je  ferai  autant  pour  vous  se  vous  voulez 
Quant  mestier  en  sera.    • 


Aussi  li  deux  heraultx  dont  Je  vous  ai  pariez. 
Vont  ensemble  au  chemin  et  ont  si  bien  errez. 
Qu'au  chastel  sont  venus  qui  bien  fu  gardez; 
On  les  laissa  entrer  tout  à  leur  voulontes. 
En  my  la  noble  cour  ils  ont  Bertrant  trouvez  , 
O  lui  mains  chevaliers  de  grans  nobilitez. 

Dist  li  herault  Eogiois  Dieu  vous  doint  bonnes  vie , 
Vous  estes  connestable  de  France  ta  garnie. 

Thomas  cils  de  Gransou  de  bataille  vous  prie  , 
Qui  est  garde  à  preseatde  la  conestablie, 
Huon  de  Carveltay  ne  si  oublie  mie  , 
Et  Tresonnelle  aussi  à  la  chière  hardie. 
Et  David  Holegrevequi  vuule.ntiers  tournie , 
Geoffroy  Ourselay  et  la  grant  baronnie , 
Vous  requerent  un  jour  nommez  et  sans  détrie 
Qne  bataille  soit  donnée  et  ottroye^ 
Et  la  place  nommer  et  jurer  et  flancie. 

Tenez  vèez  cy  la  lettre  qu'ils  vous  ont  envoyé. 


Slfâ  tA  lATirLLB  DB  POHtVAtlAtir.  579 

Bcrtrant  a  pris  U  lettre  tantont  la  déployé, 

A  lire  la  bailla  son  secrétaire  Helie  ; 

Et  cils  la  lot  ea  haut  foyant  la  baronnie 

En  la  lettre  ont  troaye  la  devise  Jolie , 

Telle  qoon  11  heraiilt  lears  ot  signifie. 

Et  quant  Bertrand  Tentend  dame  Dieu  en  mercic» 

Lors  jora  dame  Dlen  k  ba^se  f  oix  série , 

Jamais  ne  mangera  hors  mise  la  nnltle 

Sira  voir  Englois  et  toute  leur  matgnie. 

Or  oes  de  Bertrant  qa'll  flst  )e  tous  emprie. 

Bertrant  en  apella  le  heraolt  messager  ; 
Hérault  ce  dit  Bertrant  entendes  mon  cnidler: 
Ou  pourrait  on  troufer  ne  en  quel  héritier 
Les  barons  qui  me  fént  cecy  signiller? 
Et  H  herault  respond  par  les  saints  de  Bavier 
Bien  près  de  Ponralain  la  sont  Tenus  logier , 
Pour  bataille  liTrer  se  sont  la  appoiuCier. 

Amia  oe  dit  Bertrant  par  Dieux  le  droiturler. 
Ils  me  Tcrrolit  brieAnent  se  Dieu  me  Tevtaydfer, 
PlatUiitall  plaist  a  Diea  qu'il  ne  leur  fnst  mestier. 

A  son  trésorier  fisc  Bertrant  commandement 
Con  donne  au  messagier  xiiij  mars  d'argent. 
Et  con  lui  donne  a  boire  assez  et  largement; 
Et  se  la  nuit  Toutoit  preiMire  hébergement. 
On  lui  dresse  bon  lit  qui  faire  soi  rement. 

(6)  Bertrant  fisc  assaToir  aux  barons  selgnoorii , 
Et  aux  l>ona  cbeTallers  et  cseiiyers  faitis , 
Et  aux  Talles  serrans  et  soudoiers  de  pria 
Que  tost  soient  briefment  eu  armes  ferrestiSy, 
Et  Toisent  après  lui  très  tous  et  petfs; 
Car  mais  narresteray  ne  de  Jour  ne  de  nolt 
Se  scanra  ou  Eoglois  sont  arrestes  et  mis  » 
Par  derant  Pon?alain  sfu  desioubs  dun  laris , 
Dessus  un  sablonnfcr  tn  dehors  des  courtla 
Aux  Englois  liTrera  bataille  et  estrif , 


590  SUB   XÀ   BATAILLE  DE  JI>ONTVALLAlIf. 

Tout  aussi tost  ce  dist  qu'il  les  aura  choisi. 

Sire  Dieu  francois  et  questce  que  tu  dis  ? 
Ja  est  H  noire  nuit,  cest  li  temps  obscurci 
Et  vente  d'un  frais  ?ent  qui  a  ttaucier  ce^ t  pris  » 
Et  si  p!uet  malement  en  accroissant  tous  dis> 
I<îe  liât  si  devers  temps  passez  a  des  mois  z 
Nest  homme  qui  durast  ne  de  jour  ne  de  nuit» 
Avises  vous  Bertrant  chlere  sire  et  amie  ; 
Attendons  a  demain  que  jour  soit  esclairci 
Et  que  cila  temps  sera  achojsie  et  assis. 
Et  quant  Bertrant  oy  de  ses  François  les  dis» 
8i  leur  a  dit  en  hault  si  quil  fust  bien  oy  : 
A  primes  fait  il  boa  dessus  nos  anemis; 
Car  ils  seront  bricfment  attrapes  et  80up|>ris« 
Adieu  le  yen  jamais  ne  seray  desvestis , 
Ne  je  ne  mangeray  de  pain  blanc  ne  bis , 
Ne  ne  bevray  de  vin  ne  de  piment  jolis  ^ 
Se  maugre  moi  nen  suis  a  la  terre  flatis 
Sanray  trouvez  Englois  et  commancie  estrie. 
Yiengne  a  moi  qui  vouldra  sans  quérir  nul  destrî». 
Car  ceulx  qui  ny  viendront  par  le  corps  Jésus  Christ 
De  trahison  seront  reputes  et  près  pris  ; 
Encuser  en  seront  au  roy  de  saint  Dent» 
He  Dieu  disent  Crancois  vescy  un  anlecrit  ! 

Des  or  sen  va  Bertrant  si  brocha  le  destrier  t 
Ko  sa  route  n'avoit  pas  vc  escnyer 
Qui  avecque  lui  s'en  vont  qui  ne  losent  laissier. 

Dit  Jehan  de  Beaumont  a  Bertrant  le  premier 
Ce  fust  bon  con  fiist  la  trompette  greiliier. 
Afin  con  9e  peust  autour  de  vous  i;alier 
Et  con  se  peust  mieux  devers  vous  radrecier  ^ 
Car  li  temps  est  si  noir  a  vérité  jugier  » 
Con  ne  scaura  tenir  ne  voye  ne  sentier. 
Et  di»t  Bertrant  veez  parolle  de  bergier. 
Si  ma  trompette  aloit  m  faisant  son  mestier. 
Tel  U  poairoil  olr  espie  ou  messagier  ^ 


hum  LA  BÂTAIU.B  DE  POVTVAUAIV.  Vî 

Qai  aux  Roglois  yroit  ma  fenue  iMiieicr. 
Yieog  qui  puet  TeiUr,  pensons  de  chevattchier  ; 
Demain  narons  Eoglois  t ailliasant  nn  denier*. 

Çr  fil  li  Bertrant  à  la  chiere  hardie 

Bien  près  de  PonTalain  en  vne  praierie. 

Le  temps  se  reclarcy  et  si  tacha  la  ploie 

Et  le  soleil  lera  qoi  luit  et  reflambie. 

13 n  petit  a'arresta  Bertrant  et  sa  maignie. 

Et  regarda  sa  gent  qui  monlt  et  mesaisie. 

Bertrant  araisonna  sa  noble  conipaigDfe. 

Seigneurs  ce  dit  Bertrant  or  soit  ma  Toix  oje  ; 

Je  scay  moull  bien  quBnglois  loin  de  cy  ne  sont  mie , 

Alcr  ne  noua  fsuldra  ne  lieae  ne  demie 

Que  nous  les  trou  ferons  dessus  la  praierie. 

•  ••••••»..••  •••••••••• 

Ja  serons  si  soarpris  loisir  n'auront  mie 

D'ordonner  en  convois  leur  grant  conestablie  ; 

Aussi  serons  sourpris  comme  du  falcon  la  pie. 

Se  nous  sommes  peu  gent^ae  nens  nons  doublons  mie  ; 

Car  nous  aurons  secoar  de  Dieu  le  fruit  de  vie 

Et  de  nos  gens  qui  fiennent  au  loing  de  la  chancie. 

Bertrant  de  Glaiequin  flst  rafraîchir  sa  gent  ; 
Mais  petit  leur  valut  leur  rafraîchissement , 
Car  trop  furent  mottillies  et  pênes  ensement  ; 
Et  leurs  cheyaulx  foules  et  lasses  laidement. 
Et  non  pour  quand  se  sont  ordonnes  gensement 
Et  tous  leurs  draps  escous  en  tordant  fermement , 
Bien  se  sont  convoyés  et  armea  puissamment 
Tons  prest  pour  s'sssembler  se  le  besoing  les  prent , 
Saroient  pain  et  vip  apportea  en  présent^ 
Dont  couvées  ce  sont  a  ce  desvinement. 

M 
•  ••••••,••  ••••••••••••• 

Pais  montent  a  cheval  habandonneement 

Et  vont  tant  chevauchant  quils  voient  clerement 

Englois  qui  sur  les  champs  sont  arreateement, 


À 


382  SUK  LA  màTà!KLM  Dt  lOHTTAUAtll» 

En  aae  ronte  sont  enimur  fif  wi  vK|  enii; 
Les  autres  aux  TiUaf  e»  preooieftt  legemeui. 

E  Bettrant  sea  «euoita  bannière  abaissie  » 

Tellement  qu'il  ny  ot  baniere  étpXojt , 

Ne  trompette  sonnée  on  ny  brait  ne  ne  crie; 

Dessus  leurs  bassignes  par  semblable  maiatrie 

Orent  mis  de  leurs  draps  qail  né  rebusenl  mie» 

Affin  quEnglois  pensassent  quefust  de  leur  nmignle* 

Quent  près  furent  d'Englois  si  qu»  dnmy  arrtite  » 

A  pie  sont  descendus  en  my  la  prale»i« 

Et  puis  se  sont  ranfies  tout  k  Itewr  commandie, 

fit  si  ont  descouverte  mainte  armenre  joli*» 

Et  maîns  penons  le? es  mainte  enseigne  drecis  ; 

Et  approucliant  Englois  e«  disant  Dieu  aye» 

Monljoye  Nostre  Dame  au  Roy  de  saint  I>enis 

Glaiequln  H  meilleur  Englois  perdront  la  ?}«• 

Lors  ferirent  sur  Englois  par  telle  lélonnie  , 

Que  chascun  abati  le  sien  sur  la  chaitele 

Englois  sont  esbaby  ly  un  brait  lanttè  crie  ; 

Qui  les  veist  courir  parmi  loat  scignonrie 

Et  fouira  ca  et  la  en  mebant  laide  vie  ; 

El.crioient  en  baolt  toir  nostre  ost  est  trahie. 

A  Thomas  de  Graeson  fut  la  chose  gehye 

Que  Bertrant  est  venus  qui  les  Englois  obastie 

Et  quant  Thomas  Ict  sceut  la  cbiare  en  os  marrie 

A  Dieu  !  ce  dist  Thomas  or  scay  Je  sans  faillie 

Que  mon  henudt  a  qoe  jeu  ma  lecire  baillie 

Ma  amenez  Bertrant  par  ti^hison  bastie. 

Thomas  cils  de  Granson  ne  iy  y»  deslayant , 

Maintenant  flst  sonner  sa  trompette  t elMaot  » 

Et  ii  Englois  seront  entour  lui  assemblMt , 

La  environ  viij*  les  ala  on  aeobranU 


^— «-wr-^wr 


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QDlITiKIUUSS  Aia(&ID]|(|>IMX&a(^Iin28a 


I^  Conseil  administratif  de  la  Société  fraeçaise  pour  la 
coQseryation  des  monuments ,  s'est  réuni  à  Gien  le  lo  juillet; 
Après  avoir  entendu  Tanalyse  de  la  correspondanœ ,  il  a 
nommé  membres  de  la  Société  : 

M.  DE  Saiiit.-Mjssmui,  correspondant  de  riostitut,  Il  Dijon. 

M*  MAjuiARD  BS  Cbambubb,  président  de  la  oonunission 
d'antiquités  de  la  Cole-d'Or,  à  Dijon. 

M.  BouBDOv,  clief  de  bataillon  en  retraite ,  à  Caen. 

M.  Maiuabd  de  Chambure  a  été  proclamé  inspecteur  ton^ 
serrateur  des  monuments  de  la  Côte-d'Or. 

Le  conseil ,  après  une  discussion ,  dans  laquelle  MM.  Dan 
de  la  Vauterie ,  Méritte^Longchamp ,  Lair ,  d'Anisy  ,  oot 
successivement  pris  la  parole  j  a  autorisé  les  membres  de  la 
Société ,  résidant  dans  le  département  d' Indre-et-Loire ,  h  se 
réunir  pour  délibérer ,  lorsque  la  conservation  des  édifices 
de  ce  pays  le  rendra  néoessaire. 

Séance  extraordinaire  ^  du5i  juiUei,  à  Pont^Audemer 
(  Eure).  Cette  séance  a  eu  lieu  à  l'occasion  de  la  séance  géné- 
rale ,  tenue  dans  cette  ville  par  l'association  Normande.  M. 
de  Gaumont  a  présidé  la  séance.  M.  de  Bordecôte ,  de  Pont<- 
Audemer  ,  a  rempli  les  fonctions  de  secrétaire. 

M.  le  comte  de  Chastbulux  ,  de  Paris. 

M.  DE  GUILLBBMY  ,  id. 

M.  Le  Refait  ,  de  Pont-Auderaer. 
M*  Le  Nobmand  ,  maître  de  pension  ,  id. 
Ont  été  nommés  membres  de  la  Société. 


584  NOUVELLES    ABCHéoLOGIQtJBS. 

M.  de  Caumonta  reoda  compte  des  importantes  découvertes 
de  constractîons  gallo-romaines  ,  faites  près  d*Avallon  ,  sur 
les  propriétés  de  M.  le  comte  de  Cbastellux  ^  ces  ruines ,  et  les 
mosaïques  trouvées  au  milieu  d'elles,  annoncent  une  villa 
considérable,  M.  le  comte  de  Cbastellux  fait  espérer  un  plan 
de  ces  constructions. 

M.  Frédéric  Nasse  a  entretenu  la  compagnie  de  ses  re- 
cbercbesdans  T arrondissement  de  Lisienx. 

M.  Canel  a  fait  un  rapport ,  rempli  d'intérêt ,  sur  les  mo- 
numents historiques  de  Pont-Audemer  et  des  environs.  Ce 
rapport  sera  publié  dans  le  Bulletin. 

Une  enquête  a  eu  lieu  sur  les  réparations ,  faites  depuis 
quelques  années ,  aux  monuments  de  Târrondissement.  MM. 
Canel ,  Le  Reiait ,  et  de  Bordecôte ,  ont  donné  a  ce  sujet  tous 
les  renseignements  que  la  Société  pouvait  déstrer. 

Une  somme  de  5o  fr.  a  été  allouée  peur  aider  à  conserver 
les  vitraux  de  Téglise  de  Pont-Audemer. 

De  Bordecôte  ,  secrétaire. 

Séance  du  i8  aoât  i858.  Le  conseil  s'est  réuni  à  Caeu 
le  i8  août.  M.  Théodore  de  La.  Fresnaye  ,  de Bernouville, 
près  Gisors ,  a  été  proclamé  membre  de  la  compagnie. 

M.  deCaumont  a  rendu  compte  des  démarches  qu'il  a  faites 
au  mois  de  juin ,  pour  acquérir  les  ruines  de  l'abbaye  de 
Savigny  (Mancbe},  et  de  l'espoir  qu'il  a  de  voir  bientôt  le 
marché  conclu  ,  par  les  soins  de  M.  de  Milly  ,  membre  de  la 
Société,  dont  le  château  est  peu  éloigné  de  Savigny. 

Destruction  des  anciens  fonts  baptisnumx,  —  Dans  des 
excursions,  faites  à  diverses  époques,  dans  ledépartement  de  la 
Manche,  M.  de  Caumont  a  remarqué  que  MM.  les  curés  font 


KouTELtBs  abcrIokociqvbs.  585 

disparaître  les  anciens  fonts  baptismaux  en  pierre ,  dont  les 
^li&es  de  ce  pays  possèdent  encore  un  certain  nombre ,  pour 
y  substituer  des  fonts  modernes  en  marbre  ;  il  en  est  malben- 
reusement  de  même  partout  ailleurs  Les  marbriers  favorisent 
ce  fâcheux  penchant  des  curés ,  en  les  engageant  à  prendre  à 
bon  compte  les  fonts  qu'ils  fabriquent  d'ayance.  Il  serait  à  dési^ 
rer  que  les  évêques  ûssent  à  ce  sujet  des  remontrances  aux 
cures ,  dans  leurs  visites  pastorales. 

Dans  le  diocèse  de  Coutauces  surtout ,  on  a  détruit  depuis 

10  ans  plusieurs  cuves  baptismales  d'un  grand  intérêt  ^  pour 
mettre  à  leur  place  de  petits  fonts  en  marbre  d'un  style  pi- 
toyable. M.  de  Caumont  a  écrit  à  ce  sujet  k  M.  Fabbé  de  La 
Mare  ,  vicaire  général  du  diocèse,  qui  prendra  des  mesures 
pour  arrêter  le  mal. 

Examen  de  l'autel  dtAvenas,  —  Il  existe  dans  Téglise 
d'Avenas,  en  Beaujolais  ,  un  ancien  autel  en  pierre  ,  signalé 
comme  pouvant  remonter  à  l'époque  de  Louis4e-Débonnaire. 

11  importait  de  vérifier  cette  assertion  ,  et  M.  de  La  Saussaye 
vient  de  se  transporter  à  cet  effet  à  Avenas  ^  en  revenant  de 
Lyon  à  Blois  :  voici  ce  qu'il  nous  écrit  à  ce  sujet. 

a  L'église  d' Avenas  est  curieuse  ,  et  bâtie  comme  le  té- 
V  moigne  Tinscription  de  l'autel ,  par  un  roi  de  France  du 
or  nom  de  Louis,  mais  cette  église  et  Tautel  ne  sont  pas,  à  coup 
a  sûr,  de  l'époque  qu'on  leur  a  attribuée.  L'inscription  est 
et  loin  d'être  claire  (i),  j'en  ai  pris  %kn  fac-similé]  j'ai  des-' 

(1)  Cette  inscription  a  été  publiée  ainsi  qu'il  suit,  dans  la 
AeYue  du  Lyonnais  ,  par  M.  Pericault; 

Rex  Ludovicus  plus  e/  virtutis  amecgs 
Offerta  ecclesia  m  recipit  ciintius  istam 
Lapade  bissena  fluilurus  juUus  ibat 
Morsfingç^t  obposita  régis  ad  Iniitum* 


k 


» 


586  ROUVELLBi   ARCHÉOLOGIQUES. 

ff  sine  aussi  le  bas-relief  qai  la  surmonte  et  qui  représente  le 
«  roi  offrant  Féglise  à  un  anachorète.  L'église  du  bas-relief 
«  est  fidèlement  copiée  sar  celle  dn  village  qui  doit  être  du 
s  XIP.  siècle  on  peut-être  da  XIII''.  L'épithète  de  pû«f  et  de 
«  viriuUs  amicus  semble  bien  convenir  à  St. -Louis  5  dans 
«  tous  les  cas ,  il  est  impossible  de  faire  remonter  cet  autel 
«  aiHlelà  dé  Louis  VIII •  » 

•—  Tombeau  de  Richard-aeur'de-Lîon ,  à  Rouen.  M. 
Acbille  Deville  a  fait  pratiquer  ^  dans  le  sanctuaire  de  la 
cathédrale  de  Rouen ,  des  fouilles  qui  ont  amené  une  dé<^ 
ootiverte  archéologrgoe  fbrt  importante.  On  a  retrouvé,  à  deux 
pieds  de  profondeur ,  au-dessous  du  pavé ,  la  statue  qui  déco- 
rait le  tombeau  de  Richard'Coeur-de-Làon  ,  et  la  boite  qui 
contenait  le  cœur  de  ce  duc  de  Normandie  (f  ). 

Cette  statue  a  été  trouvée  à  la  place  même  qu'occupait  le 
tombeau  ,  à  gauche  de  TauteL  Elle  est  longue  de  six  pieds  et 
demi  5  Richard^ccettr-de-Lion  y  est  représenté  couché ,  ayant 
kêes  pieds  un  lion. 

Le  tombeau  que  surmontait  cette  statue  couchée  j  était  dans 
l'origine  entouré  d'une  grille  d'argent ,  qui  fut  vendue  au 
XIIP.  siècle  ^  pour  payer  la  rançon  de  St.-Louis^ 

*^  F^oyage  en  Crimée  y  au  Caucase^  en  Géorgie  et  €/»• 
Arménie* ''^fA.  Dubois  de  Montpereux  a  consacré  plusieurs 
années  à  visiter ,  dans  un  but  purement  scientifique  ,    la 
Crimée,  le  Caucase,  la  Géorgie ,  l'Arménie  et  les  autres  pro- 
vinces transcaucasiennes  de  l'empire  russe* 

Parmi  les  nombretii  renseignements  de  tout  genre  ,^  con- 
tenus dans  l'important  ouvrage,  auquel  le  voyage  de  M. 
de  Montpereux  va  donner  lieu,    on  trouvera  tout  ce  qui 

(1)  Le  corps  du  prince  arait  été  Mmnié  à  FôntetraïUt. 


/ 


aroOTELLSs  ABCBioLOGrQVES.  387 

concerne  Tarcliiteclare  des  contrées  caucasieniies  et  de  T  Ar- 
ménie ,  sujet  qui  a  été  jusqu'à  ce  moment,  effleuré  k  peiné  f»c 
les  yoy£^eur3;  l'auteur  a  réuni  en  un  corps  d'0bservatioas 
tout  ce  qui  concerne  ce  sujet  intéressant. 

Il  a  partagé  ces  monuments  en  plusieurs  classes  d'après  leur 
style:  i®.  styie  byzantin  j  3<'.  style  arménien  j  S°.  style géor* 
gien  5  4°.  style  peisan ,  mauresque. 

Dans  une  autre  division  de  son  .outrage  ,  il  a  décrit  les 
cryptes  ,  les  tases  antiques ,  les  ouvrages  en  terre:  cuite  ,.  les 
statues ,  les  tombeaux  ,.  les  bas-rêliefj ,  etc. 

Pour  les  cryptes ,  il  a  recueilli  de  nombreoY  matériaui  sur 
celles  d'Ouplostsikhé>  bien  antérieuics  à  notre  ère,  sur  celles  de 
Vardûe  que  baignent  les  eaux  du  Cyrus,  sur  celles  de  Gouimé, 
au  bord  de  la  Kvirila  au  sud  du  Caucase  ^  il  a  aussi  étudié 
celles  de  Tépékerman  ,  d'Inkerman ,  de  Ma»goup  en  Crimée* 

Lei  ouvrages  en  terre  cuite  ne  sont  pas  nombreux  ^as  et 
pays,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  des. ornements  de  tonsgenres^ 
en  or  ,  en  argent ,  en  yeiire ,  en  pâtes  coloriées  qui  viennent 
des  tumnlusde  Kertcbe  et  d'autres  points  de  la  Crimée. 

M.  de  Montpereux  publiera  une  suite  d'inscnpiions 
grecques,  géorgiennes ,  arméniennes  et  couiiques ,  cboisissant 
celles  qui  ont  un  intérêt  réel, 

M.  de  Caumont  a  récemment  visité  M.  Dubois  de  Montpe^ 
renx ,  près  de  Neufchâtel  (Suisse)  où  il  habite,  et  il  a  pu  exa- 
miner le  précieux  portefeuille  du  savant  voyageur  qui  a  bien 
voulu  loi  faire  part  de  ses  observations  avec  la  plus  grande 
obligeance.  Il  résulte  des  dessins  et  des  recberches  de  M.  de 
Montpereux  que  la  substitution  de  l'ogîve  au  plein  cintre  n'a 
point  eu  lieu ,  dans  les  contrées  qu'il  a  parcourues ,  plus  tôt 
que  chez  nous ,  car  plusieurs  églises  arméniennes  de  1 16a 
environ  sont  escocc  à  plein  cintre,  et  le  système  ogival  ne 
s'est  guère  introduit  que  vers  le  milieu  du  XII''.  siècle.  Ce 


588  WOUVEtlES    iB-GHEOlOGTQVBS. 

résultat  mérite  d*ètre  sigoalé  aux  lecteurs  du  Bulletin  luonn- 
mental  5  ils  trouTeront  dans  Fourrage  de  M.  de  Montpereux  , 
que  toutes  les  bibliothèques  publiques  devraient  s'empresser 
d'acquérir  ,  de  précieux  détails  sur  le  style  des  églises  armé- 
Bien  nés  ,  leurs  plans  ordinaires  ,  etc. ,  etc. 

Congres  scientifique  de  France*  Sixième  session.  —  Le 
congrès  scientifique  de  France  a  ouvert  sa  sixième  session  , 
h  Cler mont- Ferra nd  ,  le  5  septembre.  Le  nombre  des 
«embres  inscrits  s'est  élevé  à  ii55«  La  réunion  a  duré 
onze  jours  3  la  section  d'archéologie  était  de  toutes  la  plus 
nombreuse  (90  membres).  Le  bureau  central  du  congrès  était 
composé  de  MM.  de  Caumont ,  pre^û^en^  ;  Tailhand ,  prési- 
dent à  la  cour  deRiom.  l•^  vice-président  ;  G**,  de  Raisimont, 
a^.  vice-président.  MM.  Le  Coq  et  Bouillet ,  secrétaires  géné- 
raux. MM.  de  La  Saussaye ,  de  Blois  3  Grasset ,  de  la  Charité^ 
Hunattlt  de  la  Peltrie,  d'Angers;  Tournesac,  du  Mans; 
Chevreaux ,  d'Ëvrenx  ;  Thevenot ,  de  La  Mothe  et  Gonod  ,  de 
Clermont  ;  et  plusieurs  autres  membres  de  la  Société  pour  la 
conservation  des  monuments ,  ont  pris  part  aux  discussions  et 
présenté  des  communications  très-importantes. 

La  septième  session  aura  lieu  au  Mans  en  1859.  ^^-  ^^^' 
vin ,  IVichelet  et  Anjobault ,  membres  de  la  Société ,  ont  été 
chargés  de  remplir  les  fonctions  de  secrétaires. 

On  a  remarqué  parmi  les  membres  du  congrès  de  Clermont 
sir  Robert  Brown ,  de  Londres ,  membre  de  l'Institut  de 
France  3  sir  Hary  Inglies  ,  membre  du  Parlement  et  de  la 
Société  des  Antiquaires  de  Londres  3  sir  Melvil^  de  Londres  ; 
M*  Maravigna  ,  professeur  à  Catane ,  Sicile  ;  M.  Pollet , 
architecte  de  Lyon  3  M.  Homer ,  de  Londres  ;  et  plusieurs 
autres  savants  de  distinction. 

Vingt  départements  ont  été  représentés  au  congrès. 


i    iiti  Uiil>4..il..   8ir;'>.il  ■  ■■  i'    Uni 


NOTICE 

Sur  les  Monuments  religieux  les  plus  remar-» 
quahles  de  t  arrondissen^ent  de  J^nt-Audemer 
(EureJ  ; 

Pxa  M.  CANEL , 
Membre  de  pliialenn  Socîétéa  Mvrates» 

(Lue  à  la  aéanee  tenae  à  Pont-Audemer ,  par  U  Sodëté  pe«r  la 

conservation  des  monamenta  ). 


Canton  db  Pont-Audimbb. 

4 

Eglise  de  Sl-  Ouen ,  à  Pont-Audemer.'^Elle  est  de  deai 
époques  :  le  chœur  appartient  au  XI*.  siècle ,  la  nef  à  la' 
fin  du  XV*.  et  au  commencement  du  XVI*.  siècle. 

Le  chœur  a  été  complètement  défiguré  par  ceux  qui ,  à  dif- 
férentes époques,  ont  prétendu  Tembcllir.  J'y  signalerai, 
cependant,  un  chapiteau  fort  grossièretiient  sculpté,  rcpré* 
sentant  deux  combattants.  La  nef,  construite  de  i485  h  iSiS, 
offre  un  mélange  de  style  ogival  et  de  style  de  la  renaissance. 
Quoique  inachevée,  elle  est  d'un  fort  bel  effet  5  les  vitraux  ^ 
surtout^  sont  très-remarquables. 

Eglise  de  St.- Germain ,  à  Pont-'Audemer, — Cette  église, 
souvent  restaurée ,  parait  être  la  plus  ancienne  de  la  ville. 
Son  orientatioii  j  du  sud-oue$t  au  nord-est ,  m^  porterait  à 

29 


croii-e  qu'elle  est  du  X'.  siècle.  Jadis  le  chœur  ëlait  termine 
par  trois  apsides  de  forme  arrondie  ;  deux  ont  été  remplacées 
au  XI Y*,  siècle  ,  par  une  muraille  droite  ,  percée  de  deux 
grandes  feaêtres.  Le  clocher  est  du  XIII*.  siècle. 

'  EgUse  dé  Notre-Dame-du^Pré  on  du  Sépulcre ,  à  Pont- 
Audemer.'^W  ne  reste  plus  qu'une  partie  de  la  nef  de  cette 
église ,  qui  présente  tous  les  caractères  de  Fépoque  de  tran- 
sition du  roman  au  styl^  ogiral.  Elle  offre  plusieurs  détails 
intéressants  ,  notamment  à  son  extrémité  occidentale  :  je  dois 
surtout  signaler ,  entre  la  grande  porte  d'entrée  et  la  fenêtre 
fliipérieure  ,  une  assez  large  saillie  de  la  muraille ,  formant 
une  espèce  de  mâchicoulis  ,  an-dessous  duquel  se  déroule  une 
rangée  de  corbeaux  ,  remarquables  par  leurs  sculptures  ^  ces 
corbeaux  sont  presque  contigus  j  les  uns  s'avancent  sous  les 
mâchicoulis ,  les  autres  dépassent  à  peine  la  surface  de  la  mu- 
raille inférieure. 

.  L'église  du  Sépulcre  est  devenue  propriété  particulière  et 
sert  de  magasin  à  écorces. 

Eglise  de  Nolre-Dame-de' Prêaux.^^'LaL  commune  de 
Préaux  conserve  à  peine  la  trace  de  la  belle  ^lise  romane  de 
l'abbaye  de  S^-Pierre.  La  modeste  église  paroissiale ,  de  la 
même  époque  que  la  basilique  conventuelle ,  a  survécu  au 
riche  monument  qui  l'avait  si  long-temps  éclypsée  j  mais  elle 
n'oSie  pas  d'autre  intérêt  que  w&  huit  cents  ans  d'existence. 
  S^ -Michel  de  Préaux ,  une  insignifiante  église  paroissiale  | 
en  partie  romane ,  a  aussi  survécu  à  l'église  des  religieuses. 

Eglise  de  Selles  ^  •^-  Le  cjocher ,  orné  de  corbeaux  et  de 
fenêtres  cintrées ,  appartient  an  XI*,  siècle  |  et  le  reste  de 
édifice  au  XV. 


DB  l'ABRONDTSSSMeKT  DE  POHT- AVDEMER •  Sgt 

Eglise  de  Si^-Mards-sur-Risle*  — L'église  romane  de  S^- 
Mards,  Tuoe  des  plus  remarqnables  de  nos  campagnes,  se 
Tecommande  sortont  par  son  apside  semi-circnlaire  et  par  son 
clocher ,  placé  eu  saillie  an  snd  de  Tédifice.  I^  partie  inférieure 
de  ce  clocher  est  oroée  de  lancettes  aveugles  terminées  en 
pointe  ,  tandis  qne  les  décorations  de  Tétage  supérieur  sont  à 
plein  cintre.  Plusieurs  parties  ont  été  restaurées.  L'église  de 
SS'Mards  n'appartient  plus  &  la  commune. 

Eglise  de  Fourme/br.— L'église  de  Fônrmelot  est  moderne; 
mais  son  clocher  ,  gpecimen  de  l'ancien  édifice,  appartient  à 
la  seconde  moitié  du  XI*.  siècle.  Il  doit  être  signalé  comme 
l'un  des  plus  remarquables  de  l'arrondissement  de  Pont* 
Âudemer. 

Eglise  de  Comeville.  «^L'église  de  l'abbaye  de  Corneyille 
et  l'église  paroissiale  étaient  contiguës.  Cette  dernière  ,  seule  , 
a  été  conseryée.  Il  n'y  a  que  son  portail  roman  qui  mérite 
d'être  signalé* 

Cautoit  de  Quiixibiitf. 

0 

EgUse  de  Quillebeuf.  *—  Les  parties  les  plus  anciennes  de 
cette  église  sont  du  XP.  siècle.  Le  clocher  et  sa  tourelle  sont 
très-ornés.  Le  portail  est  aussi  fort  remarquable ,  et  la  plupart 
des  pierres  formant  la  muraille  sont  marquées  de  losanges  en 
creux.  Le  chœur ,  beaucoup  plus  moderne ,  est  d'une  gracieuse 
simplicité.  Les  fenêtres  ogivales  de  cette  partie  de  l'édifice 
lont  ornées  de  peintures.  La  plus  curieuse  est  la  pr^nière  dn 
côte  nord  :  elle  représente  la  confrérie  de  la  Charité  ,  ayec  les 
costumes  du  temps. 


SQ7  &UB    LBS  MOiriiUCKTS   RBLIGIBVX 

Eglise  du  Mardis-  Fermer,  — Cetlc  <^gltS9,  dédiée  le  VI 
des  Ides  de  décembre  1 129  >  possède  encoie  cioq  feuêtres  à 
plein  cintre ,  de  moyenne  grandeur.  Elles  sont  à  demi-en- 
foncées  dans  Tépaisseur  de  la  mnraille.  Deux  simples  cordons, 
formés  par  des  cannelores ,  les  entourent  complètement  ;  pais , 
à  la  surface  de  la  muraille  ,  deui  autres  cordons  de  même  na- 
ture régnent  sur  le  bord  de  Touverture.  Une  fausse  fenêtre 
romane ,  ornée  de  dents  de  scie ,  est  sculptée  sur  la  muraille 
du  chœur. 

Eglise  d* Aizier. '^Elle  a. été  plusieurs  fois  restaurée 3  mais 
elle  se  recommande  encoi^e  par  un  beau  clocher  roman  à  toi- 
ture en  pierre ,  et  par  soq  apside  semi>circulaire. 

Eglise  de  Ste  *- Croix  sur- Aizier,--- Je  ne  trouve  i  y  si- 
gnaler que  trois  verrières  du  milieu  du  X\b.  siècle. 

Eglise  de  Boum^ille. — Avant  i8?4  »  c^tle  église  aurait 
pu  être  visitée  avec  intérêt  5  mais  elle  ii^a  conservé ,  de  son 
architecture  primitive  ,  qn  un  clocher  lourd  et  disgracieux  , 
qui  parait  appartenir  au  XIP.  siècle. 

Cantov  de  Rotjtot. 

Eglise  de  Routot, — L'église  de  Routot  est  un  monument 
remarquable,  ap)artcnai]t  aux  derniers  temps  de  Tarchitec-;  • 
ture  romane. .  Le  clocher  ,  enrichi  d'ornements  variés ,  est 
soutenu  par  des  contreforts  qui  s'étendent  ,  eu  s'aplaiissant, 
de  la  base  au  sommet ,  et  qui  sont  décorés  de  bourrelets  entre 
lesquels  règne  une  rangée  d'étoiles.  Le  chœur  est  du  même 
style  ;  raaiâ  le  portail  est  du  XVI".  siècle.. Â  l'intériettr  ,  on 


DB  L*ABB1UtPli9SMBIIT  0B  H»rT«AV0BMBlt.  3g5 

remarque  particalièrement  les  fenêtres  et  fausses  feuètres  du 
chceur  »  aiosi  que  les  sculptures  des  stalles. 

Egiise  de  la  Trinité  de  Totiberville.-^We  est  romane. 
L'architecture  en  est  fort  grossière  j  la  porte  latérale  ,  cou- 
ronnée de  sculptures  plus  délicates ,  parait  atoir  été  retoncbée. 

EgUsede  Bctêrg-Ackard.^^Li  portion  de  FégBae  de  Bourg- 
Achard  ,  la  plus  curieuse  sous  le  poiiU  de  vue  arcbitecturaft^ 
a  été  détruite  y  en  1829 ,  par  la  cbute  du  doeber.  Le  cbœur  ^ 
qui  a  été  conservé ,  n'offre  rie«i  k  signaler  ;  mak  quelques 
objets  curieux  j  ont  écbappé  k  La  destruction  s  ce  sobt  les  fonts 
baptismaux,  monument  curieux  de  Tart  loman- j  dès  vitraux 
peints ,  des  stalies  et  un  bauc  d' œuvre  (^ni  fait  l'admiration 
des  artistes  et  des  antk^uaires.. 

Egiise  de  Falletol.^^Son  portait  roman  est  h  seule  partie 
qui  appelle  Fattentioov 

Egiise  étEtreviUe.  —  Le  clecber ,  élevé  sué  une  ie^  aile» 
qui,  donnent  i  l'édifice  k  forme  d'une  croix,  est  la  partie  la 
plus  remarquable.  Il  est  percé  de  quatçe  fenêtres  appartenant 
à  l\'poq^ue  de  transition  du  romaaaustyle  ogîvaL 

Eglise  ^EturqiieMÎe.r^Eglise  du  XII*.  siècle ,  dont  la 
pallie  la  mieux,  conservée  est  le  clocber. 

EgUse  de  la  Hay^e^Atdfree."^^  la  mime  époque  que  fa^ 
précédente,,  elle  lui  ressemble  dans  beaucoup  de  détaib  ;  le 
cloeher  surtout  a  beatKot»p  de  rapporl&a vec  celui^d'Ëturqueraie 

Egiise  de  HauviUe, — La  construction  de  cette  égrise  re- 


5^  SVn   LES  MOKUAfSyïS  HBLIGIBUX 

moute  à  la  jdeaxiéme  moitié  du  XI*.  siècle.  Le  portail  et  le 
clocher  sont  les  parties  les  plus  remarqaables. 

C^ITTOir    DB  BoVnG*TEBOVL0B» 

Eglise  de  Bourg-téroulde, — Cette  église  ne  présente  aucun 
détail  important  d'architecture  j  mais  on  peut  y  signaler  trois 
verrières  ,  conservées  lors  de  la  reconstruction  du  chœur  ,  ii 
y  a  environ  on  siècle. 

Eglise  de  FlancourL — Je  ne  trouve  &  y  signaler  qu*une 
fenêtre  qui  m'a  paru  remarquable  :  coupée  à  angk  droir  , 
comme  la  plupart  des  fenêtres  modernes  ^  elle  présente ,  dans 
ses  compartiments  sculptés ,  tous  les  caractères  de  TarchiteC' 
ture  du  XV®.  siècle. 

Eglise  de  Jlieillemont»  »—  Celte  église  n'offre  aucun  inté- 
rêt ;  mais  on  y  trouve  un  tableau  (  tout  à  la  fois  sculpture  et . 
peinture  )  qui  m'a  paru  mériter  une  mention  honorable.  11 
représeete ,  sculpté  en  demi-bosse  ,  Jésus-Christ  auprès  d'un 
vaisseau  et  soutenant  saint  Pierre  sur  les  eanï.  Ce  travail  sur 
bois  est  recouvert  d'une  peinture  grossière  dont  les  nuances 
^ont  très-prononcées.  La  sculpture  m'a  paru  être  du  XIV*.  oil 
XV*.  siècle. 

CabIOX   SB  MOKFORT'SUR-BISLB. 

Eglise  d^AppeviUe-Annebaut,  -^  Reconstruite  en  i55o  , 
cette  église  appartient  cependant  au  style  ogival  par  ses  fenê- 
tres, par  sa  porte  principale  et  par  ses  arcades  intérieures  ; 
mais  son  élégante  tour  carrée  présente  tous  les  caractères  de 
•J4  renaissance. 


r 


Eglise  de  BrétoL-^he  clocher  et  le  ciiœur  de  cette  église 
méritent  d*être  signalés.  Uiie  dés  fenêtre  du  cbœur  e$t  ornée 
(l*une  colonne  romane  à  £(it  brisé  ^  [c'esl-à-dire  s^élevaut  en 
zig-zag.  ^• 

Eglise d'IBenfilkn — Bâtie  en  io5o.  An  chœur,  la  tête  des 
ogives  est  surmontée  d''an£  découpure' en:  dents  de  scie  ;  à  K-in- 

térienr ,  les  arcades  sont  cintrées.  ^ 

». 

C^NTOlf    DB  ST.-GB9liaE«*DU^VlèvJt£j 

■.1..;    '  ..> 

f 

Eglise  de  Zdeuray.-^ljc  style  do  XP.  siècle  s'y  kti'ouvéi 
notamment  ^  dans  le  clocber ,  massif  et  presque  saQS  ornement , 
ainsi  (\xïk  rextrémîlé  occidentale  de  la  ûe( ,  décorée  d^nne 
simple  lancette,  aii-dessons  de  laquelle  règne,  dans  la  ma- 
j^onnerie,  une, double  ligne  de  tuilesN disposées  en  arête  de 
poisson*Le  reste  de  l'édifice  est  de  plusieursépoquespostérieureSt 

Eglise  de  iàlfoe'Poulain.'^llotte  latérale  romane  bien 
conserréet 

Eglise  de  St^^Etienne-'irAtUer^'^lSWe  date  de  la  deuxième 
moitié  duXI^.  siècle.  Le  clocber,  la  porte  ogivale  À  colonnes 
et  cbapiteanx  romane ,  et  las  modiUons  de  formes  div^rsest,, 
qui  décorent  la  nef  et  le  cbaor,  méritent  surtout  d'êtne 
signalés*^ 

CaVTOV   !>%  COBNBILUS^ 

Eglise  de  Morainville^^'^n  clocber  roman  est  remar- 
quable par  l-absence  de  tout  ornement» 


j 


Sg6  nm  ut  utm^Mmm  bmubibvx 

CâiTTOir  DB  BEUtivaig. 

Eglise  de  «SSr.-J!f^7o/btf»— Elle  n'a  conservé  d'intéressant 
que  son  vieux  clocher  roman. 

Eglise  de  Foulbec. — Son  )oli  portail  est  le  morceau  d'ar- 
chitecture le  plus  curieux  qui  existe  dans  nos  églises  rurales. 
Il  repose  sur  deux  piliers  prismatiques  complèlemeut  chargés 
d'ornements  de  haut  en  bab.  Au  sommet  de  Tarcade  romane  « 
on  voit  un  agaeau  pascal  et  un  personnage  à  cheval ,  au- 
4e3S0QS  desquels  voltigent  des  tètes  de  chérubiqs. 

Eglise  de  FatouvUle,  •—  Porte  latérale  d'un  beau  style 
roman. 

Eglise  de  FiquefUur. — Eglise  romane  en  forme  de  croix. 


Note  supplémentaire,  relative  aux  restaurations 

des  Eglises. 

De  tout  temps ,  il  a  existé  des  hommes  ignorants  qui  ont 
défiguré  les  constructions  anciennes  sous  prétexte  de  les  em- 
bellir ,  et ,  malgré  les  efîbrts  de  la  Société  pour  la  conservation 
des  monuments  ,  ces  hommes  ont  encore  parmi  nous  de 
nombreux  imitateurs,  d'autant  plus  inexcusables,  pour  la 
plupart ,  que  les  conseils  ne  leiir  ont  pas  manqué. 

L'arrondissement  de  Pont-Audemer  est  un  de  ceux  qui  ont 
vu  le  plus  de  monuments  déflorés  par  la  main  malheureuse 
des  maçons  amateurs.  Il  n'est  peut-être  pas  une  église  de  cette 


DB  L'àJimOHDISSBMIRT  DB  POBT-AVDBMBR.  5g7 

drcooscription  qui  n'ait  eu  i  souffrir  qaelqae  acte  de  vanda- 
lismc  plus  OQ  moins  déplorable.  Depuis  la  cbate  du  clocher 
de  l'église  de  Bonrg-Acliard ,  occasionnée  par  la  suppression 
d'une  partie  des  piliers  de  soatenoement ,  beaucoup  d'autres 
édifices  religieux  ont  été  déshérités  de  leur  solidité  ou  de  leurs 
ornements  les  plus  xsurieux ,  pour  les  motifs  les  plus  puériles* 
Je  signalerai  principalement  : 

L'égli&e  Saint-Germain  k  Pont-Audcmer  dont  une  partie  a 
été  murée  et  dans  laquelle  on  a  supprimé  deux  charmants 
couronnements  d'autel  du  XVP.  siècle ,  pour  y  substituer  de 
la  menuiserie  de  salle  à  manger  ; 

L'église  de  Tourville  qui  a  vu  un  ignoble  badigeon  s'é- 
tendre sur  des  groupes  de  figures  fort  curieuses ,  tracées  eo 
noir  à  la  voûte  du  choeur  ,  et  représentant  de»  sujets  tirés  de 
la  bible  qui  faisaient  allusion  ,  à  ce  que  l'on  croit ,  à  l'histoire 
locale  de  la  commune  ^ 

L'église  de  Selles  si  inconsidérément  restaurée  que  le 
conseil  municipal,  poussé  par  les  plaintes  de  la  population  , 
sh  cru  devoir  appeler  sur  cet  objet  l'attention  de  l'autorité 
supérieure  ; 

L'église  de  Manneville-b-Raoult  de  laquelle  on  a  Ëiit  dis- 
paraître ,  malgré  les  murmures  des  habitants  ,  une  vaste  che- 
minée fort  ancienne  ,  qui  était  adossée  contre  la  muraille 
du  portail ,  à  l'intérieur  «...  etc.  ' 

Quand  l'opposition  d'une  masse  de  citoyens  est  impuissante 
pour  empêcher  de  tels  méfaits ,  peut-on  espérer  que  des  conseils 
isolés  seront  entendus?  je  ne  sais. Toutefois,  il  ne  faut  pas  cesser 
d'en  avoir  l'espérance.  Peut-être  arrivera-t-il  ^  d'ailleurs  , 
que  la  divulgation  de  ces  actes  de  vandalisme  imposera  quelque 
l'etenue  à  ceux  qui  en  méditeraient  de  nouveaux. 


NOTE 

Sur  t Eglise  de  La  Celle-Guenand ,   adressée 
par  M.  MoRïiAu  à  M^  de  Caumojst. 


On  a  signalé  Féglise  de  la  CeHe-Gaenaud ,  arroadisseinf^ot 
de  Loches ,  département  d'Indre-et-Loire ,  comme  datant  du 
VIII*  siècle. 

Permetlez-  moi  de  vobs  adresser  à  cet  égard  (Quelques  oli* 
çervations.  Je  pense  que  Féglise  à&  la  Celie-Guenapd  est  très- 
curieuse  ,  très'digne  des  regards  des  amateurs  ^  mais  je  ne  pen»e 
pas  qu'elle  soit  du  YIII*^.  siècle»  C'est  à. d'à i^J^^^»  ûties  qu'elle 
mérite  tout  Fintéçêt  des  archéologues. 

Je  Fai  visitée  pendant  un  voyage  que  f  ai  fait  tout  récem-i 
ment  ea  Touraine.  Malheureusement ,  je  n  ai  pu  prendre,  ni 
notes  ni  croquis;  le  temps  me  pressait  ;  et  c'est  avec  le  seul 
secours»  de,  ma  mémoire  que  je  vais  vous  eu  parler.  Je  tâcherai 
pourtant  que  ma  description  soit  e&acte ,  si  elle  nest  pas  aussi 
complète  que  je  le  voudrais.  , 

A  mon  avis ,  Fégtise  de  la  Celle-GuenaDd  est  du  XI%  siècle. 
Elle  a  tous  les- caractères  de  Farehitecture  de  cette  époque. 

LUe  est  bâtie  en  croix.  La  (açade  de  Fouest  est  peicée  d'une 
porte  à  plein  cintre  ^  qui  présente  trois  arcliivoltes  supportées 
par  des  colonnes  cylindriques.  L'aixhivolte  la  plus  élevée  est 
ornée  de  masques  régolicrement  rangés  côte  à  cote  5  celle  du 
milieu  est  chargée  de  sculptures  où  l'on  distingue  des  enfants 
qui  ne  sont  pas  sans  grâce  3  les  ornements  de  la  dernière  ne 


SUH  t'éOMSB    DE  LA   CBLtE'GUElVA.NO*  399\ 

sont  plus  recoonaissaUles.  Les  chapiteaux  des  colonnes^. mu-, 
tilés ,  usés  par  le  temps ,  recouverts  d'une  épaisse  couche  de 
chaux  ,  n'offrent  à  Tœil  qu'une  masse  à  peu  près  informe.  De  • 
chaque  côté  de  la  porte ,  sont  deux  portes  bouchées  ,  aussi  à 
plein  cintre  ,  et  dont  Funique  archivolte  s'appuie  également 
^  sur  des  colonnes  cylindriques.  La  façade  est  partagée  en  deux 
par  ua  cordon  assez  saillant ,  et  scintenue  par  quatre  contre- 
foi  tsd'un  demi-pied  environ  d'épaisseur.  Ces  contreforts  s'ar- 
rêtent un  peu  au-dessous  du  cordon  ,  et  par  conséquent  n'ont 
que  la  moitié  de  la  hauteur  de  la  façade.  Deux  s'élèvent  aux 
extrémités;  les  deux  autres  séparent  la  porte  principale  des 
deux  portes  bouchées  ^  en  sorte  qu'ik  divisent  Tétage  inférieur 
de  la  façade  en  trois  parties  d'une  égale  largeur. 

Au  milieu  du  gable  s'ouvre  une  grande  fenêtre  dont  le  plein  • 
cintre  est  supporté  par  deux  colonnes  cylindriques.  Elle  est 
surmontée  d'un  cordon  orné  de  tètes  de  clous. 

Le  plein  ciutre  se  rencontre  partout  dans  les  ouvertures  des 
constructions  primitives.  Les  fenêtres  de  la  nef  et  celles  du 
transept  présentent  les  mêmes  caractères  que. la  fenêtre  de  (a 
façade  ;  seulement ,  celles  de  la  nef  sont  beaucoup  plus  petites. . 
Au-dessous  de  ces  dernières  courait  une  espèce  de  frise  ,  qui 
n'a  pas  encore  entièrement  disparu  ,  et  oi!i  Ton  voit  des  sculp- 
lures  bizarres. 

Primitivement ,  le  chœur  devait  se  terminer  en  hémicycle^ 
et  être  accompagné  de  deux  chapelles  également  arrondies.  0» 
aperçoit  encore  le  mur  extérieur  de  la  chapelle  de  gauche.-. Ce 
mur  est  surmonté  d'une  corniche  que  supportent  des  modiilens 
à  &ces  grimaçantes.  A  l'intérieur,  la  chapelle  a  été  bouchée 
par  un  mur  droit.  La  chapelle  de  droite  a  été  remplacée  par 
une  sacristie  dont  les  fenêtres  II  ogives  indiquent  la  date  du 
XIV*.  siècle.  Le  chœur  est  carré  aujourd'hui ,  saos  chapelles 


400  $V%  l'&SLISB  DB  LA   CBltB-GVBlTAVD. 

latérales.  Il  existe  dans  le  pigoon  nae  fenêtre  à  lancettes  dont 
les  arcs  trilobés  ont  autant  de  régularité  que  de  grâce.Mais 
elle  a  été  bouchée  plus  récemment  en  mauvaise  maçonnerie , 
pour  servir  d'appui  à  un  autel  moderne  fort  insignifîant. 

Le  clocber  s'élève  au  centre  de  Téglisc,  ou,  pour  parler 
plus  exactement ,  sur  le  milieu  du  transept.  Il  est  supporté  par 
quatre  piliers  carrés  et  couverts  de  demi-colonnes  engagées 
d'une  forme  grossière ,  et  dont  les  chapiteaux  sont  sans  aucune 
espèce  d'ornement.  La  voûte  est  une  coupole  sexagone  ,  que 
termine  une  large  ouverture  également  hexagone.  A  l'extérieur, 
le  clocher  est  quadrangulaire ,  percé  sur  chaque  lace  de  deux 
fenêtres  à  plein  cintre ,  avec  archivolte.  Il  est  surmonté  d'une 
flèche  en  charpente.  La  corniche  s'appuie  sur  des  modi lions 
semblables  à  ceux  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  L'escalier  forme  , 
à  l'angle  nord  du  clocher  ,  une  tourelle  couverte  en  pierres  , 
et  qui  se  termine  à  la  base  du  toit.  A  je  ne  sais  quelle  époque 
et  pour  je  ne  sais  quelle  raison  ,  on  l'a  abandonné  et  l'on  a 
construit  un  antre  escalier  dans  le  mur  latéral  de  la  nef  ,  h 
droite  en  entrant.  Mais  l'ancien  escalier  et  la  tourelle  subsis- 
tent dans  un  bon  état  de  conservation. 

Je  pense  ,  Monsieur ,  qu'il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître 
dans  l'église  que  je  vieus  de  décrire ,  une  église  du  XI*.  siècle. 
Tout  dans  sa  construction  primitive  lui  assigne  cette  date. 

Mais  il  me  reste  à  vous  parler  de  ce  qui ,  à  mes  yeux ,  fait 
surtout  le  mérite  et  l'intérêt  de  cette  église. 

Originairement  la  nef  n'ét^rit  point  voûtée.  C'est  environ 
un  siècle  plus  tard  qu'uu  seigneur  de  la  GsUc  peusa  à  ajouter 
cette  indispensable  construction  aux  constructions  primitives. 
Ce  projet  n'était  pas  sans  difficultés  :  les  murs  de  la  nef  sont 
d'une  assez  médiocre  épaisseur  ;  l'arc  à  plein  cintre  qui  sépare 
la  nef  du  traubcpt ,  supportait  déjà  le  clocher  3  il  pouvait  y 


ayoir  da  danger  ii  le  charger  davantage.  Oi»  pouTait  prodsine 
par  la  poussée  des  voûtes  ua  écarleiiienC  qui  aurait  renversé 
tout  Fédifice.  Il  fallait  donc  construire  une  voûte  qui  ne 
portât  point  sur  les  mmb  latéraux  de  la  nef  ,  et  qui  ne  toucha^ 
mèuie  pas  an  mur  intérieur  du  transept.  Cest  ce  qu'on  a  fait. 

Un  mur>  percé  d*une  arcade  en  tiers  point,  a  été  élevé  ea 
avant  du  mur  du  transept ,  dont  il  est  éloigné  d'un  pied  en- 
viron. C'est  ce  mur  qui ,  du  côté  du  chœur ,  supporte  tons  lei 
efforts  de  la  voûte.  Du  côté  de  l'entrée ,  le  mur  de  la  façade  de 
l'ouest ,  fort  épais  ,  soutenu  d'ailleurs  par  quatre  contreforts , 
a  été  jugé  suffisant  pour  porter  une  partie  du  fardeau  des  nou- 
velles constructions.  Oh  y  a  rattaché  la  voûte  par  des  piKers 
carrés  ,  couverts  de  demi-colonnes  engagées.  Puis  y  dans  la 
nef  y  quatre  piliers  d'une  énorme  grosseur  ,  composés  ^  poi\r 
ainsi  dire  ,  de  piliers  accouplés  dont  les  plus  saillants  sont 
aussi  couverts  de  demi-colonnes  ,  se  p nagent  le  poids  des 
trois  voûtes  qui  abritent  la  nef  tonte  entière.  Chacun  de  ces 
piliers  vient  s'appuyer  sur  les  murs  laté.aux  par  un  arc  en 
quart  de  cercle  ^  qui  n'est  évidemment  la  que  pour  prévenir 
récarteraent  de  la  voûte. 

Il  est  clair  pour  quiconque  examine  l'église  avec  attention, 
que  la  voûte  est  uue  œuvre  ajoutée  après  coup,  et  qu'on  pour* 
rait  l'enlever  sans  nuire  h  Tcdificc  primitif.  Pour  me  servir 
d'une  expression  géométrique,  elle  est  inscrite  dans  la  nef. 
Elle  y  est  adhérente,  mais  elle  n'en  fait  pas  partie  essentielle. 

L'architecture  nouvelle  appartient  au  premier  âge  du  style 
ogival;  tous  les  arcs  sont  en  tiers  point.  Mais  il  faut  le  dire, 
le  travail  en  est  fort  grossier.  On  n'y  trouve  ni  cette  élégance, 
ni  cette  délicatesse,  ni  cette  légèreté  qui  sont  les  caractères  dis- 
tinctifs  de  l'architecture  à  ogives.  Ij^^  nervures  des  voûtes, 
loaladroitemeut  arrondies  j  s'appuyent  sur  de  petites  col^nnei 


'402  SVR  L'fetïSB   DE   LÀ   CELlÉ-GVENAKD. 

cylindriques  de  deux  à  trois  pieds  de  haut,  qui  s'ëlèvent  k 
chacun  des  angles  au-dessus  de  la  cornicLe  qui  surmonte  les 
piliers.  Les  chapiteaux  épais  et  lourds  sont  chargés  de  sculp- 
tures de  la  plus  détestable  exécution  et  du  plus  mauvais  goût, 
Le  style  ogival  y  soutient  fort  mal  le  voisinage  du  style 
roman. 

La  première  voûte  du  côté  du  chœur  est  plus  longue  que 
les  deux  autres  5  elle  se  termine  en  une  coupole  de  forme  ovale 
qui,  m'a-t-on  assuré,  était  ornée  de  peintures  à  fresque;  mais 
elle  est  aujourd'hui  enduite  d'une  couche  épaisse  de  chaux 5  et 
je  n'ai  pu  vérifier  le  fait. 

La  clei  de  la  voûte  qui  est  k  rentrée  de  la  nef,  est  formée 
d'un  écusson  aux  armes  de  la  maison  de  Guenand  selon  toutes 
ks  apparences.  Cet  écusson  est  porté  par  un  ange  aux  ailes 
dépldyces.  L'ange  est  assez  habilement  travaillé  et  rappelle 
les  sculptures  de  la  fin  du  XII*  siècle. 

Sur  le  premier  pilier  à  droite,  on  voit  une  pierre  plate  en 
saillie,  qui  a  certainement  dû  recevoir  une  inscription.  Mais 
il  est  impossible  de  rien  distinguer  sous  la  chaux  qui  la  re- 
couvre. 

Toilà,  Monsieur,  quel  est  l'état  actuel  de  l'église  de  la  Celle- 
Guenand.  Si  j'ai  été  clair  dans  ma  description,  vous  pouvez 
juger  du  degrjé  d'intérêt  qu'elle  présente  aux  archéologues. 
L* effet  général  de  cette  petite  église  est  original  et  frappe  au 
premier  coup-d'œiL  II  serait  plus  remarquable  encore  si  l'hu-. 
midité  du  lieu  n'avait  obligé  d'exhausser  le  sol  de  sept  ou  huit 
pieds,  si  j'en  crois  la  tradition.  Il  parait  que  dernièrement  des 
fouilles  ont  fart  recon^naitre  trois  carrelages  superposés  et  sé- 
parés les  uns  des  autres  par  un  intervalle  de  quelques  pieds. 
L'église  est  bâtie  sur  le  bord  d'un  ruisseau  qui  devient  torrent 
en  hiyer.  H  y  a  plusieurs  années,  Feau  y  entra  si  rapidement 


et  avec  tant  d'abondance  que  le  sacristain  qui  sonnait  YaU" 
gelits^  fut  obligé  de  se  réfugier  snr  Fantel. 

Vous  m^apprendrez  peut-être  pas  sans  regret  que  cette 
^lise  a  été  soumise  à  des  mutilations  barbares.  Sons  prétexte 
de  Tassainir  ,  on  a  élargi  les  fenêtres  de  la  nef  an  midi  t,  eu 
enlevant  les  arcbivolles  et  les  colounes.  Uuc  fenêtre  du  tran- 
sept a  été  reconstruite  dans  qd  style  qui  n'a  rien  ni  de  Far- 
cbitecture  romane  ,  ni  de  l'arcbitecture  ogivale.  Enfin  on  a 
ouvert  dans  le  mur  qui  sépare  le  cbœur  de  la  sacri&tie ,  une 
arcade  en  tiers-point ,  qui ,  en  diminuant  la  force  de  ce  mur  , 
n  amené  la  rupture  d'un  des  piliers  qui  supportent  le  clocber, 
et  rendu  la  cbute  de  la  voûte  presque  inévitable. 

C'est  une  désolation  dans  le  village ,  dont  les  babitants 
sont  fiers  de  leur  église.  La  paroisse  n'est  pas  asseï  riche  pour 
&ire  les  frais  de  réparations  aussi  considérables*  Il  faudrait 
que  le  Gouvernement  vint  à  son  aide.  Mais  qui  le  sollicitera 
pour  elle  ? 

Si  l'association  pouvait  faire  quelque  chose,  je  crois  que 
ce  serait  de  l'argent  et  des  soins  bien  placés.  Elle  empêche* 
rait  la  ruine  d'une  église  qui,  si  elle  tombait,  ne  serait  certai- 
nement pas  relevée  par  la  commune  5  car  il  y  a  impossibilité 
absolue. 


SB 


mssft 


NOTE 

Sur  quelques  Monuments  de  Pamic  f  Loire- 
Inférieure)  ; 

Par  m.  verger, 
Inspecteur  des  Monumeois  historiques  de  la  Loire-Inférieure. 


Je  viens  de  faire  un  séjour  d'iin  mois  aux  bains  de  mer  li 
Pornic ,  petit  port  à  l'emboucbure  de  la  Lnire  sur*la  rive 
gaucbe.  J^ai  eu  occasion  d'y  visiter  plusieurs  antiquités  assez 
remarquables  5  et  en  ma  qualité  d'inspecteur  des  monuments 
de  la  Loire-Inférieure,  je  me  suis pei mis  d'écrire  au  maire 
de  la  commune  où  elles  se  trouvent,  pour  lui  en  recommander 
la  conservation.  Je  pense  que  la  Société  approuvera  cette  dé«- 
marcbe. 

L'élise  de  Sainte-Mitrie  de  Pornic^  k  une  demi^iene  de 
Pornic,  a  été  d'abord  église  d'abbaye  avant  d'être  église  pa* 
roissiale,  et  nos  chroniqueurs  parlent  de  son  existence  en  i  107 • 
Il  est  probable  qu'elle  était  bâtie  antérieurement*  Il  existe 
une  porte  latérale  au  sud  et  une  tour  carrée  au  bas  de  la  nef 
qui  pourraient  eflëctivemeat  se  rapporter  au  X^  ou  au  XI*  siècle 
au  plus  tard.  Nous  avons  peu  de  ces  constructions  dans  notre 
département.  Cette  porte  est  à  plein  cintre,  surmontée  d'une 
archivolte  unie.  Les  voussures,  au  nombre  de  quatre  et  for- 
mant retraite,  viennent  se  reposer  sur  des  colonnes  et  sur  des 
piliers  carrés  aux  pieds  droits.  Deux  chapiteaux  sont  ornés  de 
fleurs  assez  grossièrement  travaillées,  et  sur  un  des  piliers 


sum  QiwiQUtt  MOvvmiiiTs  ob  roninc.         4^  I 

soat  des  figiii«s  bizarres  et  d*iw  trèsnioaiivais  daMÎo»  Deuxo^  ! 

iooaes  sont  travaillées  :  l'npe  est  ornée  d'iu»^  fa|4oe  de  tdisadie 
eircolai^e,  Taptre  d'une  toraade  en  zigaag^ 

Il  reste  à  la  toar  deux  hauts  piliers  avec  chapiteaux  ddns  Le 
même  goût ,  et  Tespèce  de  corniche  i{ni  la  termine  est  soalQnue 
par  des  figures  telles  que  celles  que  tous  aUribuei  à  certtios  ' 

monuments  du  X*.  spècle* 

Dans  le  cimetière  de  cette  %lise  est  en  outre  le  tombein 
d'un  guerrier  inconnu  (i)«  Il  a  le  costuine  de  chevalier*  Cest 
une  large  pierre  posée  an  rexde  terre,  sur  laquelle  est  scnlplée 
ladite  figure  en  demi- ronde  bosse.  Il  y  a  sur  l'entourage  jdfts 
caractères  gothiques  que  personne  eneore  n'a  pu  interpréler. 
Le  costume  du  chevalier  et  la  forme  des  caractères  doivent 
iaire  reporter  ce  monument  vers  le  XIIP  ou  XIV*  siècle. 

Entre  Saiote^Abrieet  Poroic,  sur  une  élévation  qui  domiiie 
le  pays  et  la  mer,  on  voit  trois  monticules  ou  tumuU  faits  de 
main  d'homme.  Sous  le  premier  se  trouve  une  grotte  de  7  à  8 
pieds  carrés,  haute  de  4  environ.  Elle  est  formée  par  des 
pierres  verticales  recouvertes  d^une  énorme  pierre  plate  et 
brute.  Sur  le  second  est  un  moulin  à  veot  dont  les  fondements 
reposent  sur  de  fortes  pierres^  débris  de  quelque  monument 
druidique,  soit  grotte  soit  dolmen. 

Au  milieu  du  troisième  monticule  est  une  galerie  construite 
de  la  même  manière  que  la  grotfe^  au  bout  de  cette  galerie  est 
une  chambre  carrée  de  10  à  12  pieds ,  et  hante  de  5  à  6.  Les 
pierres  qui  forment  la  voûte  de  la  galerie  et  de  la  chambre , 

(1^  Nous  atons  recherché  dans  le  bUson  de  Bretagne  qaelks 
sont  les  maisons  qui  portent  |a  croix  sur  leurs  armes ,  et  nous 
a? ons  troufé  que  c'étaient  les  familles  de  Taucouleurs  et  de  Ta- 
guené  :  la  maison  de  Yaucou leurs  alliée  à  celle  de  Jointille  a 
fourni  plusieurs  croisés  au  XIIP.  siècle* 

3o 


4o6  SUR   QUELQUES  MOlf17MEl«T9   DE  PORNTC. 

-qui  ensemUe  ont  environ  3o  pieds  de  long ,  sont  très-grAndes. 
La  plus  forte  a  plus  de  12  pieds  de  longaear  sar  7  à  8  de  lar- 
geur. La  galerie  a  une  entrée  yers  l'est  et  one  antre  vers  le 
nord. 

Beavconp  de  nos  antiquaires  ont  décrit  de  ces  monnments 
^qo'oir  appelle  pierres  des  géants,  grottes  de  fées,  etc.  Il  en 
existe  dans  la  Bretagne  et  dans  le  pays  Chartrain,  mais  je  crois 
'qoe  ceux  de  Saînte-Marie  sont  les  seuls  qui  existent  dans  notre 
département  de  la  Loire-inférienre  j  c'est  ce  qui  m'a  engngé  à 
écrire  ao  maire,  pour  le  prier  de  ne  pas  permettre,  si  on  y 
fait  des  fouilles,  qu'on  renverse  les  pierres  de  ces  curieux  et 
antiques  monuments.  Quant  à  i'église  et  au  tombeau,  {e  l'ai  prie 
d'appder  un  arcUtecte  qaaud  il  y  aura  des  réparations  à  faire 
aux  parties  queje  lui  ai  signalées,  dans  la  crainte  qu'un  maçou 
îgBonat  ne  détruise  ce  qu'il  est  essentiel  de  conserver. 


DESCRIPTION 

Des  proies  Romaines  du  département  du  Gers, 
d'après  les  itinéraires  anciens; 

Pak  m.  le  uAKoir  CHAUDRUC  DE  CRAZANNES , 
bMpeoleiir  41? toloaiialre  »  Membre  corretpoBdaftt  de  l'Iastitat. 


Géographie  ancienne,--^ lie  département  du  Gers,  centre 
de  rancieoiie  Aquitai]ie-No'vempopulanie(i),  et  dont  le  terri- 
toire possédait  les  deux  capitales  successives  de  cette  province 
Elusa  (Eauze),  la  patrie  du  célèbre  Ruiin  ,  et  Augusta  Aus" 
coram  (Aucli)  conserve  pt  offre  encore  aux  antiquaires  les 
restes  de  plusieurs  voies  romaines  dignes  de  tout  leur  intérêt. 

Nous  avons  parcouru  plusieurs  fois  l'itinéraire  d'Antonin  , 
la  table  tbéodosienne  ou  de  Pcutinger  elDanville  à  la  main, 
ces  lignes  de  communication  entre  les  divers  peuples  de  la 
Novempopulanie  j  nous  avons  reconnu  les  positions  de  leurs 
mansions,  de  leurs  stations,  de  leurs  camps  ou  vigies ,  des 
ouvrages  d'art  dont  on  retrouve  les  ruines  sur  leur  cours  ou 
dans  leur  voisinage,  et  nous  en  avons  fait  la  description  que 
nous  offrons  ici  à  nos  lecteurs. 

N®  I.  lier  à  Climberro  Lugduruim  Convenarum  (ex  iti- 

nerario  Antonini  AugJ, 

Cette  route  se  dirigeait  vers  cette  dernière  ville  (St-Bertrand), 
(I)  Jquitania  tertia  ;  Nwempopulania, 


4o8  VOTES   BOMAÎVES 

en  parcourant  le  valion  dePayie  (i),et  en  traversant  le  ter« 
ritoire  de  Monbur,  Çernet,  S^riac,  Ca^elqau  do  Magnoac, 
Mauléon,  ville  romaine,  Ganssan,  Notre- Dame-de-Garraison, 
Tilleneqye,  MoptoBeî^^n,  etc.)  rçoipUc^meaf  «çtq^  de  Mt^- 
senbe  était  une  forêt  nommée  dans  les  titres  du  moyen-âge , 
Manus  Slva^  parce  qu'elle  avait,  dii-on,  la  forme  d'une 
main.  Les  moines  de  Berdoo<îs  la  défrichèrent  en  1260^  et  y 
établirent  un  hospice  que  plusieurs  de  ces  moines  habitèrent 
aux  Xni*'  et  XI V^  aièdes,  et  qui  fui  Torigine  de  la  vkUq  ao- 
tnelle. 

Noos  allons  donner  les  positions  et  les  distances  de  cette 
voie. 

CUMVEURVll 
BBLSISVJI  M.  p.  (*)  XF. 
LVODVKrVM  M.  r.  XXIV. 

CUmhemim.  Les  manuscrits  de  F  itinéraire  varient  beau- 
coup sur  rorthographé  de  ce  nom  de  la  ville  d'Aucb.  Le 
manuscrit  bandinieu  porte  Ciimberrum ,  ainsi  que  le  manus- 
crit de  Lopgueil  j  mais  les  manuscrits  de  Naples  et  de 
Paris ,  portent  Climhrum  ,  et  celui  du  Vatican  ,  GlfU- 
hetrum  (  quod  à  vulgato  ,  littera  M  in  duos  seùta  notum 
est ,  dit  Wesseling  ,  itiner.  pag.  ^62  ^.  Il  j  a  CUb&re  dans 
la  Table  théodosicnne  de  Welser ,  et  EUherre  dans  I9  calqtie 
de  Scheyb.  Danville  ,  la  Bastie  ,  veulent  qu'on  Use 
Elim-Berrisy  comme  plus  conforme  au  génie  de  la  langue 
basque.  Ce  mot  de  ^m,  commun  aux  villes  d'Auch  et  d'Eause 
Clim-berris  ,  Elnsa  l^erris  ,  se  retrouve  encore  &  Lectoâre ,  à 
Toulouse.  Il  se  traduit  par  celui  de  faubourg;  le  Berri  d'Auch 
et  de  Lectoâre ,  etc. 

(I)  Où  était  assise  la  fille  romaine  d*Auch. 
(*)  Mtllia  passaum. 


^ 


DU   Dif*AlltffMiirf  OV  GBRS.  4^ 

'  Beiêimmi  H  y  a  dabs  quelque»  ittatiflâcrlfs  Béninufn  Ùër- 
sino,  nom  basqoe  comme  F  indique  la  syllabd  Bet.  Nèils  \fièû- 
sons  donc  avec  Dànville  que  cette  dernière  leçon  doit  être 
préférée*  Ce  sayant  géographe  a  placé  cette  position  à  Bcrret, 
où  Ton  reconnaît  encore  les  tracés  de  la  chaussée  romaine.  Il 
y  a  des  manuscrits  qui  portent  ici  lé  nombre  X ,  d'autres 
XV.  Mais  les  uns  ont  supputé  la  distance  d'Auch  h  Berret  en 
lieues  gauloises ,  et  les  autres  en  milles  romains. 

LugJunum.  Dans  plusieurs  manuscrits  de  ^itinéraire  on  lit 
Lugudunum.  «  Quœ  tectio  mihiplacet  ,  dit  Wesseling,  est 
oppidum  à  Lugduno  lugdunénsis  G  alliœ  désigna  mus,  Pag. 
457.*  Mais  la  Tille  de  Lyon  est  aussi  nommée  Lugndunum 
sur  plusieurs  monuments  antiques»  La  ville  de  Mont-lczun  , 
département  de  Lot-et-(îaronne,  porte  aussi,  dans  des  litres  fort 
anciens, le  nom  deMons  Lugudunum  {pions  et  dtinum  rendent 
ici  deux  fois  la  même  idée).  Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à 
discuter  sérieusement  féiymologie  ou  la  traduction  celtique  de 
léUgudunum^  Montagne  des  Corbeaux. 

N^  IL  A  CUmberroAginum,  (Exitiner.  Anton,) 

Yoici  la  direction  de  cette  rotite ,  en  partant  d'Auch. — Ro- 
quelaure  —  Puysegur  —  Montastruc  —  Bouillas  —  Lectoure. 
On  peut  encore  la  reconnaître  iàns  presque  tous  les  points,  entre 
ces  deux  villes;  mais  elle  est  surtout  remarquable  de  Lectoure  à 
Agen.  Elle  est  encore  t#és-fréquôntée ,  et  on  la  connaît  sous  la 
dcnomioatioa  vulgaire  de  Péyrlne  (i).  Voici  la  ligne  qu'elle 
parcourt,  de  Lectoui'è  à  Agen:  —  Le  Poni-de-Pile  —  le 
Mont-S^.-MartinvGonegue  —  Larroumieu  —  S*.-Mezafd— ^ 

(1)  Bn  kingue  du  pays^ro«/e  pavée.  On  la  nomme  aussi  Peyrine, 
C'est  le  ntae  mot. 


4io.  TOUS  moMAun» 

U  Plome  —  lePassage-d-Ageo*  Cette  Toie  est  «inû  marquée 
âan&  Fitinéraire  : 

CLIMBERRVM 
LACTVRikM  ,    M.   P.   XV 
AGIAirTM  ,    M,    P.   XV. 

Lacturam.  Oa  peut  voir  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut 
sur  cette  capitale  des  Lacioratesy  k  laquelle  nous  consacrerons 
aussi  une  notice  particulière  dans  cet  ouvrage. 

Aginmim,  Ville  de  la  Celtique ,  réunie  au  département  de 
TÂquitaine  par  Auguste.  Nous  en  avons  décrit  les  antiquités 
dans  un  mémoire  imprimé  \  Paris  en  1820  ,  chez  Smith  , 
in-8°.  Elles  étaie  X  jusques  alors  en  grande  partie  inédites* 

N®.  III.  Ab  Auscio  Vasatam.  (ex  itinèr,  à  Burdigald 

Hierusalem  usquej, 

La  route  romaine  d'Auch  à  Bazas  se  fait  encore  reconnaître 
facilement  dans  tout  son  cours.  Dans  la  partie  d'Auch  k  Eauze, 
elle  circule  par  Meilhan  ,  où  Ton  voit  encore  une  tour  antique, 
nommée  dans  le  pays,  fanal;  Larroque  ,  où  Ton  remar* 
que  également  des  ruines  antiques ,  et  une  tour  ou  fanal  de 
construction  romaine;  Herbouc,  entre  S^-Jean-Po^tge  et 
Plehot ,  où  Ton  distingue  aussi  des  débris  de  maçonnerie  an- 
tique ,  et  on  traverse  la  Baise,  sur  un  pont  remarquable  par 
son  antiquité  3  Bronquens  ;  Yic  ;  Lanapax,  où  les.  restes 
de  la  voie  sont  remarquables  ,  ainsi  qu'un  pont  de  cons- 
truction  romaine,  sur  le  ruisseau  de  la  Yicuse(i);  Ra- 
mousensj    S^-Amand  ^   où  Ton   a  découvert ,  en  diûérents 

(1)  Nommé  le  poni  du  Diable. 


BV  depiutbhsiit  dv  gbbs.  4^1 

iMps ,  pluûemrs  moniiinfacs  de«  ïàgd  rimnia  5  enfin ,  Geuktt 
(civitas)  y  L'ancienne  cité  d'Eause  ovt  Ehua. 

Voici  les  nombres  et  les  diitanres  de  cette  Toie  nuurqiiées> 
par  mutaUons  (i)«. 

CnriTUS  ATSGIT& 

MYXATIO  yJOrJBSIA  ,   SXVO.*^  Vlli^ 
eiYlTAS  ELYZA,  ,    It.   xir. 
3liVT.àTU>  SCUTIO  ,    I.,    Yim 
MVXiTlO   OSCIir.£IO  ,.  L.    VltT. 
MVXATIO   TB£S   ABBOMS  ,   L»    VHK. 
UTITAS  \ÂSàXAS  y  Id»  Y^ 

Auscius..  On*Yoit  par  cet  hinérairey  que-Fon^croit  ayoir 
été  composé  Yers.Faa  555  de.  ootre  èœ  ,  qu'il  cette  époqpe  la 
yille  d'Auoh  y.  conune  la  plapart  des  autres,  cités  des  Gaules  , 
ayait  quitté  le  nom  qpiNlaiétait  propre  pour  prendre  celai  de 
son.  peuple* 

Vanesia.  Cette  mutation  de^sait  être  asse^'  Ymsine  de  la 
riyière  de  Baïse.  Vanesia  parait  être  le  même  mot  que 
Baism ,  Vaida  ;  on  sait.que  lespenples  de  l'Aquitaine  ont  de 
tout  temps  chaagé  le  ^  en  .^ ,  et  riciproqnement.  Plusieurs 
lieux  placés^ur  cette*  rivière  portent  encore  son  vnom^  tels  que 
risle-Baïse  ,  S'.-Paui-de-Baïse  ,  etc.  Wesseling.a  pensé  que 
Kan^sia  pourrait  être  Vic>-Fezensac,   Dan  ville  y  S*.rJeanr 

(i>)  fies  distances  da  cet  itinéraire  sont  ainsi  indlqjiéea ,. parce 
qu'il  était  destiné  à  on  tout  autre  usage  que  l'itinéraire  d*Ânto* 
nin  et  la  carte  llléodosirnae,  oùr  les  distances  sont  marquées  pan 
les  mavtj/eit^on  gltea  d^étapes  à.t%  troupes  on  campagne. 

*  LBVGce ,  du  celtique  /eHj  Itw ,  Uug ,  dont  les  Romains  firent 


1 


4»^  voies  AiMâllIiS 

Pontgei  M.  WakkoMi  a  ern  dctoir  pla«fr  ectle  fOsiliOB  h 

Lésian. 

Ektsa.  Voyci  œ  que  «h»  afoas  d^dit  deoctte  Tflle. 
Mous  lui  coQsacrerous  une  notice  à  part  dans  la  suite  de 
cet  ouvrage.  Nous  remarqueroos  ici  qu'il  faut  prendre  cette 
position  à  Cieutat^  et  non  sur  remptaéemeiif  de  la  ville 
actuelle ,  qui  n'était  qu'un  faubourg  de  !a  cité  métropolitaine 
des  NovempopuU* 

Scittmm.  Banville  a  fort  bien  prouvé  qu'il  fallait  lire 
Sottium  ou  Sotium  ,  l'ancienne  capitale  otf  cfbef-lieu  du 
peuple  Sotiate ,  doÉt  il  a  déjà  été  question  fort  au  long  dans 
cet  ouvrage.  La  distance  de  Sos  à  Eatne,  qui  est  évaluée 
de  g  à  lo.odo  toises ,  convient ,  à  une  fraction  de  lieue 
prèSj  dit  M.  Danirillé,  au  calcul  des  huit  lieues  gauloises , 
tevoir,  9,073  toises.  Un  o  mal  formé,  ajoute  ce  célèbre 
géographe,  a  pu  donner  lieu  de  Caire  les  deux  lettres  CI  ^ 
H  d'éerire  ScUium  pour  Sotium  (  Foyez  la  notice  de 
r ancienne  Gaule).  La  partie  de  la  voie  qui  passe  à  Sos  et 
dans  ia  lande  qui  en  porte  le  nom  ,  est  dans  un  état  de 
parfaite  conservation. 

Oscineio.  Le  lieu  d'Esquies ,  selon  Danville.  D.  Martin 
avait  placé  cette  mutation  à  Losse. 

Fasatas*  On  voit  que  la  ville  de  Basas  ,  comme  celle 
d' Aucli ,  avait  abandonné  son  nom  particulier  Coseiû  Cossium 
(qui  se  retrouve  encore  dans  celui  de  Cousiots ,  donné  aux 
habitants  des  Laudes) ,  pour  prendre  celui  du  peuple  dont 
elfe  était  !a  capitale. 

N^.  lY.  AbAuseù)  Tolosam.  (ex  itin.  à  Burd,  Hierus. 

usque)* 

On  remarque  encore  des  traces  sensibles  de  cette  voie 


ati  ettviron»  d'Anbiet  et  de  Marsan  ,  ôô  là  cliâifisécf  fomainc 
c»t  assez  Jiïea  conservée  en  plasienrs  endroiia.  En  toid  les 
umurtioM  et  les  nombres  : 

C1V1TA&    ATSCIVS. 
MVTAlIO   AO   SEXTVM,   L.   VI. 
MTTATIO   HVRGYlfTERRO  y   L.   YIU 
MTTATIO   BVCCOVIS  ,    L.    VU. 
MVTATIO   AD   lOVEM  ,   L.    VXI. 
CIYITAS  THOLOSA  ,   L.    VU. 

Ad  sextum  soas-entendn ,  lapidem,  (7est'à-dire ,  à  la 
ftiiètne  pierre  on  borne  ;  la  &.  lieuc^  gatiioise ,  en  partant 
d^Âneb,  Cette  ville  use  ici  do  privilège  des  cstpitales  de 
peuples,  de  compter  les  distances  à  partir  de  lenrposiiioti. 
JDairviHe  place  cette  mntfltioa  k  Gimone  5  mais  remplacement 
de  cette  ville  n'était  encore  ,  au  XU\  siède ,  qu'ufie  forêt 
iNknmée  Plana  Siha  ^  qui  ,  à  cette  époque  ,  fut  défrichée 
par  les  moines  de  saint  Benoît,  seigneurs  de  Gimone  jusqu'au 
moment  de  la  révolution.  Cette  petite  ville  a  pris  son  nom  de 
la  rivière  de  Gimone  qui  l'arrose. 

Hungimverro,  Selon  Banville  ,  Giscaro.  Il  existe  encore 
dans  la  direction  de  cette  voie  et  le  voisinage  de  la  route  actuelle 
un  lieu  appelé  les  Hugons  ,  nom  qui  a  beaucoup  d'analogie 
avec  celui  de  Hungunverro. 

Bucconis^  position  dont  le  nom  se  retrouve  dans  celui  de 
la  forêt  de  Beuccone ,  qui  borde  encore  ,  à  gauche  ,  la  grande 
route  dans  le  lieu ,  et  est  une  indication  précieuse  du  cours  de 
l'ancienne  voie  sur  ce  point. 

Ad  lovem.  Lêguevin^  d'après  Banville  et  mon  savant 
confrère  et  ami ,  M.  Damego.  Pour  peu  que  le  calcul  des  dis- 
tances s'y  prêtât  ,   nous  préférerions  placer  cette  position  à  la 


4l4  VOIES  BOMAIHBS 

Salivât  on  à  b  Sauvetat ,  snr  la  voie ,  à  eôîé  de  Lêgnevio. 
Malgré  riogéniease  opioion  de  M.  Dnmège  sar  roiighie  de 
ce  deroier  mot ,  en  patois  de  la  ioealité  ,  Leougo^ldn,  nous 
pensons  qu'il  faut  en  citercher  oniquement  Fétymologie  dans 
le  latin  on  le  roman  ,  kuga  bina  ,  qui  indiqne  la  distance 
de  cette  position  k  Tonlonse,  denx  lieues  ordinaires  da  pays. 

On  trouve  dans  les  itinéraires  romains  pfusieQrs  lienx  indi- 
ques sous  la  dénomination  de  ad  Jovem.  Quelque  temple, 
qnelque  oratoire  on  simpfement  quefque  anteî  consacré  à  Ja- 
piter  leur  aura  donné  ce  nom.  «  Les  temples  ,  dit  Dom 
tt  Martin,  étaient  souvent  à  la  porte  ou  à  l'entrée  des  Êia- 
a  bourgs  de  quelque  ville  remarquable-  j»  C'est  ce  qui  avait 
lieu  ici  par  rapport  à  Toulouse.  Le  mot  sauveiat  indique 
toujours  un  lieu  ou  il  a  eusté  un^  temple  ou  un  autel ,  et  plus 
prticulièrement  dédié  à  Jupiter  ,  ce  dieu  ayant  le  surnom  de 
sali^ator  :  Jupiter  sau-veur* 

Thoiosa.  La  Table  tbéodosienne  supprime  la  lettre  h ,  ce 
qui  est  plus  conforme  à  Foi'lbographe  reçue. 

N**.  Y.  Alio  iUnere  à  CUberre  (  vel  ab  Auscio  )  ,   Toio* 

sam  (ex  TabuL  P&UingJ. 

CLIBEBKE  , 

CkSlVO-UAGO  ,   M.    P.   XV. 

TOLOSA,   M.    P.  XXVIIIl, 

Danville,  dans  sa  notice  de  l'ancienne  Gaule,  pense  que 
cette  route  n'avait  rien  de  commun  avec  celle  indiquée  N^»  IV., 
(itinéraire  de  Bordeaux  à  Jérusalem)  ,  et  dont  on  voit  en- 
core des  vestiges  près  d'Âubiet,  a  trois  cents  pas  de  ce  lieu,  sur 
la  gauche  en  partant  d'Auch  ,  et  qu'elle  ne  conduisait  pas  en 
ligne  droite  à  Toulouse.  Les  nombres  rapportes  dans  la  Table 


DV   DÉPAMTBMUIT  Ml  GBBS.  /^îS 

\ 

de  Peotinger,  excèdent  ce  qu'il  y  a  d'espace  entre  Aoch  et 
Toulouse;  et  ritinëraire  de  Bordeaux  h  Jérusalem  ne  compte 
que  34  lieues  gauloises ,  au  lieu  de  44  1^^  donne  la  Table(i). 
Ce  qui  a  déterminé  ,  ajoute  Banville ,  la  direction  donnée  à 
cette  route  par  CasinxhMago ,  c'est  la  eommnnîcation  de  ce 
lieu  avec  un  antre  nommé  AqiUs  >  à  la  droite  de  Toulouse. 

CasiruhMago  ou  CasinO'Magtts  mansio  ou  position 
intermédiaire  où  aboutissait  la  voie  par  Pessan,  Fanjaux 
(famim  Jovis)  ,  Pontéfac  ,  Lanrac,  le  Bézeril,  en  partant 
d'Aucli ,  est  vraisemblablement  Casanx  sur  la  Save  ,  et  plus 
particulièrement  Caumont  (2) ,  château  fortifié  do  moyen  âge; 
selon  tontes  les  apparences  ,  un  Castrum  était  situé  dans  cette 
commune  au  Bas* Empire.  On  remarque  à  Caumont  des  murs 
et  des  restes  de  constructions  romaines  qui  attestent  son  an- 
cienne importance,  et  l'on  y  découvre  souvent  des  médailles 
impériales. 

Cette  route  &  Casaux  se  divise  en  deux  branches,  dont  l'une 
se  dirige  sur  le  pays  de  Comminges  ou  des  Convenœ^  et  l'autre 
a  sa  direction  un  peu  à  droite  de  Toulouse  ,  vers  le  point  de 
Sèches  ou  S^sees  (  les  Aquœ  siccœ  de  l'itinéraire  d'An- 
touin)(5). 

On  a  déjà  vu  que  le  Cliberre  de  la  Table  est  Âuch. 


(1)  Poorya  ,  toofefoîs ,  que  la  supputation  des  distances  ait 
eu  lieu  en  milles  romaios  et  non  en  lieues  gauloises  sur  cette 
carte,  ce  dont  on  a  de  nombreux  exemples,  bien  que  celte 
dernière  mesure  itinéraire  fût  U  seule  admise  dans  l'Aquitaine; 
car,  dans  le  dernier  cas ,  les  44  milles  entre  les  deux  citéa  ne  fe« 
raient  que  les  34  lieues  gauloises  de  ritinéraire  de  Jérusalem. 

(2)  C'est  Topinion  de  M.  Walckenaer. 

(3)  La  dénomination  aeule  d'aquce-sicco! ,  qui  annonce  des 
eaux  desséchées ,  c'est-à-dire  quelque  dessèchement  de  marais 


4^6  VOtfft   ftMAlJIËS 

N".  "VI.  A  Ctiherre  aquas  (  Corwenarum  ).  (  qx  Tabula 

PeuUngerianâ .  ) 

CLIBERBB 

CASIKO   MA6Q  ,   M«   P.    XVi 

AQTI$,   M*   F.  •   •  . 

La  position  i'Àquis  sur  la  Table ,  el  la  direction  que 
prend  à  Casino  Mago  (Casaox  ou  le  château  de  Canmont  ) 
la  route  qui  y  conduit ,  sont  une  forte  présomption  et  nous 
donnent  la  presque  certitude  que  ces  Eaux  sont  les  Aquœ 
Convenarum  de  l'itinéraire  d'Antonin  (ab  Aquis  tarbellicis 
Tolosam)^  dont  le  géographe  Strabon  fait  également  mention, 
surtout  si ,  avec  Danyille  et  M.  Dumège,  on  place  leur  source 
à  Capbern  (i)  ,  localité  importante  dans  l'antiquité ,  par  ses 
thermes  connus  et  fréquentés  des  Romains. 

ôU  d'eaux  stagnantes,  suffit  pour  indiquer  qu'il  ne  peut  y  a?oîr 
didcntitë  entre  cette  mutation  de  la  route  de  toolouse  ft  Bene" 
karnum,  poaition  sans  iMportance  de  cette  ligne,  et  les  Balhsoa 
tbifriies  â'jéqtus  auxqueU  aboutit  une  des  branches  de  nMre 
voie  ,  et  qui  dans  la  Table  Tbéodoslenne  sont  indiq.tlé8  par  la 
présence  d*on  de  ces  bâtiments  carrés  toujours  figurés  sur  cette 
carte  pour  indiquer  un  éiablissement  tbermal. 

(1)  Il  faut  pourtant  reconnaître  qu'il  est  à  peu  près  impossible 
de  s'assurer  complètement  du  nom  et  de  la  position  de  Téta- 
l>ii.*>semeDt  thermal  indiqué  ici  daoS  la  Table  Théodosienne,  la 
distance  de  CasinO'Mago  à  Jquis  n'y  étant  pas  marquée,  et  le 
nom  tout  court  &" Acquis  pouvant  également  convenir  à  plusieurs 
localités  pyrénéennes  assez  rapprochées  les  unes  des  autres  ,  où 
if  existait  déjà  des  établissements  semblables  et  en  réputation  à 
l'cpoque  de  la  domination  romaine, dars  les  districts  limitrophes 
des  Coiii'e/i«e,  des  Jiigerrones  ^eiCf  comme  Kncausse,  Barbazan^ 
Capbern  (dont  il  est  ici  question) ,  Bagnères  de  Luchon  {i/ixo 
bu  iixo)j  Bagnères  de  J^igorre  {vicus  aquensis  ,  d^ns  des  in&crip* 
lions.  rQmaittcs),  etc. 


DU  DépAmTCMUT  mf  GEES.  4(7 

Noos  Tenons  de  dire  qu'à  Cazaax  l'iin  des  segments  de  la  voie 
CUAerte^  qui  s*y  divisait  en  dent  branches,  se  dirigeait  vers 
le  pays  des  Cbm^enie  et  le  traversait  (i). 

Cette  ronte  encore  viable  et  fréquentée  (  car  il  est  facile  de 
reconnaître 9  k  Tinspection  des  lienx ,  qne  la  voie  existante  ne 
doit  guère ,  dans  ancnne  partie  de  son  cours ,  s* écarter  de  Tan- 
cienne  )  ,  après  avoir  longé  la  rive  droite  de  la  Save ,  depuis 
Casino-Mago  josques  k  TIle-en-Dodon  où  elle  traversait  cette 
rivière  ponr  suivre  encore  son  littoral  sur  la  gauche  jusques  k 
Saint-Sabin ,  r^agnait  de  nonvean  Tantre  rive  sur  ce  point, 
et  se  jetant  dans  les  terres ,  vers  la  droite ,  circulait  par 
Boulogne ,  Gensac ,  Notve-Oarae-de-Garraison ,  Uglas ,  Lane- 
mezan ,  d*oè  elle  parvenait  k  Capbern ,  les  Aquœ  C^nveiuh 
rum  (a). 

(1)  Cette  ?  oie  de  Toulouse  à  Jquis  par  Caêimû^ya^t  était  |Mr- 
tlcolièrement  à  Tosage  des  Toiast^f^^  Elle  était  Ivutile  aux  Atisci 
et  surtout  aux  habitants  de  Climberris  ou  Ctiberremaï  en  a?aleal 
une  plus  courte  et  plus  directe  partant  de  Irur  ville  pour  ae rendre 
aux  jéquœ  Convenarum  (la  fole  de  Ciimberrum  i  Lugdunum  par 
Belsinum  ,  If.  1  ). 

La  ? éritabla  Indication  de  œtle  «oie  de  W^rre  k  AqmU  par 
Cm$in9^iêmg9  seraH  dofio 

T0|.08A;r 

Casino-Mago»  m.  p.  xwiin 

Aqvis,  m.  p. 

car  cette  Kii^e  était  plus  directe  pour  les  Tonlonsaina  que  cette 
de  Tolooa  à  Aqum  Canvtnanun  par  Jqma  Siccm  ,  Fefmosoim, 
CaiagQTH^  •  luigtfttnum  €09retnv*um  (  llîaw  d'AnfioilIn  )« 

(2)  Elle  continuait  4on  co«rs  fcr»  CLeMt  (çivilM)  ^  iQt  aJt»outif • 
sait  à  Bagnères  de  Bigorre  (^aquensfs  viens),  A  Cieuiat  elle 
offre  de  beaux  restes  de  sa  chaussée. 

Ces  circonstances  et  Tabsence  des  mesures  itinéraires  ,  entre 
CasinO'Vago  et  Aquis  rendront  toujours  tCs  géographes  pet* 


4l8  VOTES   ROHATirBS 

N".  VIL  A  Cliberre  Ehisam  ( ex  Tab.  Peut.). 

« 

Cette  route  nous  paraît  être  la  même  que  celle  N^.III,  malgré 
Texcédant  de  trois  lieues  gauloises  qu'ollrent  les  nombres  de 
cette  dernière^  mais  cet  excédant  peut  provenir  de  quelque 
erreur  de  copiste  dans  les  anciens  manuscrits  de  la  Table  de 
Peutinger ,  ou  bien  encore  de  quelque  diflérence  dans  la  sup- 
putation des  distances  itinéraires  en  milles  romains  et  en  lieues 
gauloises ,  et  Ton  sait  d* ailleurs  toutes  les  fautes  en  ce  genre 
dont  fourmille  la  carte  dite  de  Peutinger.  La  parfaite  connais- 
sance que  nous  avons  des  localités,  nous  donne  la  certitude 
qu  il  n'existe  point  deux  voies  romaines  d'Auch  à  Eauze* 
Voici  les  indications  de  celle  marquée  dans  la  Table. 

ClilBBBaS 

BBStiro ,  M.  p.  xiir. 

8f.VSA   M.   p.   X. 

Besino*  Dans  quelques  manuscrits  ^  on  Ut  Besinum, 
Wesseling ,  frappé  de  Fanalogie  de  de  nom  avec  celui  de 
Belsinum  ou  Bersinum  ,  position  intermédiaire  entre  Anch 
et  Saint -Bertrand- de -Comminges  ,  itinéraire  d^Antonin 
(suprà,  N^.  I.),  a  pensé  que  c'était  une  seule  et  même 
mansion  j  mais  la  différence  de  direction  des  deux  routes  ne 
permet  pas  d'embrasser  cette  opinion.  Be&ino  ou  Besinwn 
doit  aussi  tirer  son  nom  de  la  rivière  de  Baïse.  Dans  son  voi- 
sinage ,  on  trouve  encore ,  non  loin  de  cette  ligne  ,  un  lieu 
assez  considérable  et  fort  ancien ,  nommé  Basian  ;  un  autre 

plexes  entre  Aquœ  Convenarum  et  Jquensis  vicus  lorsque Is  au* 
ront  à  fixer  cette  position  A'Aquis  de  la  Table  de  Peutinger. 


DU   d£pABTBMEHT   du  GERS.  4 '9 

Bésiée ,  etc.  Cest  toujours  près  de  cette  rivière  qu  il  faut 
chercher  cette  position  ,  comme  celle  de  Vanesia. 

Ciusa^  d'après  la  copie  de  Welser.  Dans  le  calque  de  Yoa- 
Scheyb ,  Elusa. 

N*.  VIII.  A  Lactora  Tolosam  (  ex  Tabiil.  PeutingX 

.   Cette  Toie  ,  qui  subsiste  encore  dans  presque  toute  son  éten- 
due et  qui  est  très-bien  conservée  en  plusieurs  endroits,  suit  la 
direction  suivante  :   Lectoure  ,  Saint-Clar  ,  Tournecoupc  , 
Briquemont ,  Cox ,  Saint-Paul ,  Toulouse. 
Elle  est  ainsi  indiquée  dans  la  Table  de  Peutinger  : 

LACTOEA  , 

SisETALI,   M.   P.   XVI. 
T0L08A>   M*.   P.   XX. 

SàriaU.  Saint-Clar  (i).  Danville  a  placé  cette  position 
à  Sarraut.  Dans  le  calque  de  Von-Scheyb ,  ce  mot  est  k  moitié 
effacé  j  et  on  ne  peut  lire  que  sa  •  .  alt.  Nous  remarquerons 
aussi  que  dans  le  calque  de  Von-Scheyb ,  premier  segment  , 
au  lieu  de  Lactoaatis  navci  que  portent  la  copie  publiée 
par  Yelser  et  par  suite  presque  toutes  les  éditions  de  celle 
Table  ,  on  lit  Lagtobatbs  avgi.  La  carte,  dans  cet  endroit , 
a  beaucoup  souffert  5  mais  il  est  évident  qu'en  rétablissant  les 
lettres  qui  ont  disparu,  il  faut  écrire  Lagtobatbs  avsct, 
nom  des  deux  peuples  dont  les  territoires  se  touchent  et  les 
cités  se  suivent  (route  d'Agen  à  Auch)  ,  et  non  lagtor&tes 
HAVGi  f  comme  les  anciens  éditeurs.  VN  du  mot  aqvitania 
(  figuré  en.  très-gros  caractères  sur  le  segment  )  qui  se  trouve 
placée  entre  les  mots  Lactorates  et  Ausci  sur  la  copie  de 
Velser ,  a  été  Torigine  de  cette  leçon  vicieuse  qui  a  si  fort 
embarrassé  les  commentateurs  et  les  géographes. 

(1)  M.  Walckenaer. 


EXTRAIT 

Du  Procès-verbal  des  Séances  gétiérales  tenues 
à  Clermont  (Puy-de-DàmeJ,  les  7,8  et  q 
septembre  1 838 ,  pendant  la  durée  du  Congrès 
scientifique  de  France,  par  la  Société  pour  la 
conserçation  des  Monuments* 


i^mmmmi^ 


Séance  dw]  septembre  i858. 

La  séance  est  ouverte  à  sept  keures  dn  scnr,  dans  la  grande 
salle  de  la  bibliotlièqne  publique  de  Çiermont.  Plus  de  5oo 
personnes  notaUes  de  cette  ville  et  les  membres  dn  congrès 
scientifique  de  France  occupent  dans  k  salle  les  places  qm  lenr 
ont  été  destinées.  —  Le  bureau  se  compose  de  MM»  de  CaU" 
ment^  directeur  5  Bouillet^  inspecteur  de  la  division  dç  Cler- 
mont; de  LaSaussaye^  inspecteur  divisionnaire  remplissiiAt 
les  fonctions  de  secrétaire»général  )  TaUhâoid^  président  ii  i^ 
Cour  royale  de  Riom;  Grasset,  inspecteur  des  monuments  le 
la  Nièvre;  C!i€\»reaujc fd'Eyrenx,  membre  ducon8eiK-^M"*'.la 
marquise  de  Salverty  de  Riom,  m^nbre  de  la  Société,  est  priée 
d'occuper  un  fauteuil  au  bureau. 

Parmi  les  membres  de  la  compagnie  étrangers  à  la  localité , 
on  remarque  MM.  Hunault  de  la  Peltrie,  d'Angers,  Poliet,  4e 
Lyon,  Alonzo  Péan,  de  St.«Aignan  (Loir-et-Cher). 

M.  de  Canmont  ouvre  la  séance  par  un  rapport  sur  les  tra- 
vaux de  la  Compagnie;  il  annonce  qu'une  somme  de 400  fr. 
a  été  mise  par  le  conseil ,  à  la  disposition  des  membres ,  pour 


SEANCES   GéllÉRALBS   TKKVES    ▲    GLEBMONT.  4^.1 

être  employée  à  des  restaurations  dani  la  division  de  Q^rraont  ; 
qu'en  ontre,  une  médaille  sera  décernée  h  l'architecte  qui 
aura  le  mienx  c(»npris  le  moyen  âge  dans  le  centre  ou  le 
midi  de  la  France* 

M*  Bouillet ,  inspecteur  de  la  division  de  Clermont ,  donne 
lecture  d'un  mémoire  sur  la  statistique  monumentale  du  dé- 
partement du  Puy-de-Dôme.  Les  difïérentes  richesses  archéo- 
logiques de  ce  département  sont  successivement  passées  en 
revue  par  M.  Bouillet  j  leur  classification  établie  avec  soin 
et  les  divers  genres  d'intérêt  qui  les  recommandent,  appréciés 
avec  critique  et  discernement.  M.  Bouillet  a  joint  à  sou  tra- 

I 

vail  une  carte  sur  laquelle  on  peut  connaître,  à  l'aide  de 
signes  de  convention ,  les  monuments  que  l'on  rencontre  dans 
chaque  localité,  Tépoque  à  laquelle  ils  appartiennent,  etc.,  etc. 
Le  mémoire  de  M.  Bouillet  excite  vivement  l'intérêt  de  ras*- 
semblée.  La  lecture  en  sera  continuée  à  la  séance  du  len- 
demain. 

M.  de  Caumont  demande  s'il  ne  serait  pas  utile  de  provo- 
quer, de  la  part  de  l'administration  locale,  la  disposition 
d'un  édifice  , destiné  k  réunir  les  objets  d'antiquité  recueillis 
dans  !e  pays. 

M*  Gonod  répond  que  l'Administration  a  le  projet  d'aftecter 
une  partie  des  bâtiments  des  halles  à  l'établissement  d'un 
musée,  et  qu'en  attendant,  les  objets  qui  devront  y  être  dé- 
posés seront  placés  dans  des  locaux  dépendant  de  la  biblio- 
thèque publique. 

M.  Bouillet  demande  que  les  secours  offerts  par  la  Société, 
pour  la  conservation  des  monuments  de  Clermont,  soient 
appliqués  à  la  restauration  de  l'église  de  Mozat.  La  discussion 

§ 

est  ouverte  sur  l'emploi  de  ces  fonds. 

M.  Thévéuot  cite  l'église  de  N.  D.  du  Port,  comme  le 
monument  le  plus  recommandable  sous  le  rapport  de  l'art. 

5i 


1 


4^9  séAscB«  ainaBiLEs 

Plmfim  BKndires  f<Mii  «bsenrer  que  eett^  églt«o  a  été 
classa  parini  celles  qm  eiigeot  le  plu$  pi^sipteiBeat  le$  s^r 
€oqrsd(>iit  dispose  Iç  Miqistre  dorintéfieur^  quftd'aUleurs,  Us 
réparations  que  demande  ua  édi6ce  au$$i  important  soqt 
telles  que  le  s^coarç  ofiert  par  la  Société  serait  in^ufilsaqt. 

M.  Malley,  arcbitecte,  expose  que  Téglise  de  Merdogoe  po^- 
§iède  on  portail  de  Fépoqnç  romane  primaire,  masqoé  aujour- 
d'hui par  des  constructions  qu'il  serait  utile  d'abattre.  On 
GOQseryerajt  ainsi  et  on  ferait  conoaiireeq  même  temp$  un 
échantillon  curieux  et  complètement  ignoré  du  «tyle  roman 
le  plus  anciennement  employé  daus  T  Au  vergue. 

M*  Hunault  de  La  Peltrie  désirerai^  que  l'on  choisit  d'almrd 
|es  rooBi^ments  situés  le  plus  près  des  grandes  routes  ou  des 
endroilts  fréquentés ,  afin  que  ces  restaurations  fussent  plu,s 
eot^nues  et  plus  appréciées. 

M,  Malley  fait  observer  que  l'église  de  Merdogne  s(ç  trouye- 
rait  justement  dans  la  condition  la  plus  favorable  à  cet  égard, 
car  e]b  est  située  près  de  la  montagne  de  Qergovie,  Tua  des 
lieux  de  l'Auvergne  qui  est  Je  plus  constamment  Fobjet  de  la 
curiosité  des  voyage qr^^     >e, 

M.  Grasset,  de  Mauriac^  appelle  l'attention  de  la  Société  sur 
l'égUse  de  St.-Necuire. 

M.  Bouillet  observe  que  cette  église  dépend  de  l'arrondisse- 
ment d'Issoire  et  qu'elle  a  été  classée  parmi  lost  monuq^ents 
qqi  doivent  être  réparés  par  les  soins  du  ministère  de  Tinté- 
rieur^  qu'en  outre  cet  arrondissement  possède  trois  corre$poi|- 
dauts  dq  ministère  ^  tous  &rt  zélés ,  et  que  l'on  peut  se  fier  à 
eux  pour  rappeler  l'atteatioti  du  ministre  sur  les  promessej 
qui  Qi;it  été  faites  en  so»  nom. 

M.  de  Lalo  discute  les  différentes  demandes  adressées  k  la 
Soicj^ft^i  il  appuie  c^lle  relative  k  T^UsQ  dft  Alerdogne,  en 


TEHUBS   Â   CLBRMONT.  4^5 

faisant  surtout  valoir  cette  circonstance ,  que  la  somme  oferte 
pr  la  Société  serait  suffisante  pour  exécuter  les  travaux  de 
restauration  de  cette  petite  église  ,  tandis  qu'elle  serait  toii(- 
à-iait  hors  de  proportion  avec  les  réparations  considérables 
que  réclament  les  autres  églises  dont  il  a  été  questipn. 

Après  de  nouvelles  observations  ^  présentées  par  M.  l'dbbé 
Croizet,  MM.  Thévenot,  Malley,  et  plusieurs  autres  membres, 
la  Société  décide  que  la  question  ne  sera  résolue  qu  après 
Texamen  qui  pourra  être  (ait  de  ces  différents  monuments , 
pendant  les  excursions  proposées  par  le  congrès  scientifîque. 

M.  de  Caumont  demande  qu'une  enquête  soit  faite  ^  Tégard 
des  réparations  et  restaurations  qui.  ont  pu  être  exécutées 
depuis  quelque  temps  dans  le  département  du  Puy-de-Dôme  ^ 
il  en  serait  rendu  compte  h  la^  séance  du  lendemain  ;  et  Fop- 
port  unité  et  le  mérite  de  ces  restaurations  seraient  appréciés 
par  la  Société. 

La  séance  générale  est  levée  à  neuf  heures.  La  Société  se 
forme  en  comité  secret  pour  s'occuper  de  plusieurs  questions 
administratives. 

M.  Galeron,  de  Falaise ,  dont  la  Société  a  eu  récemment  à 
déplorer  la  perte ,  est  remplacé  en  qualité  d'Inspecteur  du 
département  de  T  Orne  ^  par  M.  de  La  Sicotière,  d'Alençon. 
M.  PoLiET ,  architecte  à  Lyon  ,  est  nommé  Inspecteur  des 
monuments  du  département  du  Rhône* 

M.  Malley  présente  à  la  Société  les  premières  livraisons  d'un 
ouvrage  sur  les  églises  romanes  du  Puy-de-Dôme.  Des  remer- 
ciments  lui  sont  adressés  et  une  commission  composée  de 
MM.  Chevereau  ,  Grasset  et  de  la  Saussaye ,  est  chargée  do 
faire  un  rapport  sur  cet  ouvrage. 

La  séance  est  levée  à  neui  heures  et  demie. 


4^4  •  SBAirCSS   GiirKRALBS 

Séance  du  8  septembre* 
Présidence  M.  de  Caumostt  ,  directeur. 

La  séance  est  ouverte  à  linit  hetires.  Le  borean  est  com- 
posé coiume  à  la  séance  de  la  veille.  M.  le  président  in  vile 
à  venir  y  prendre  place  M.  Fabbc  Tournesac,  inspecteur 
du  département  de  la  Sarthe,  arrivé  récemment  à  Clermont , 
et  M.  PoUet ,  nouvellement  promu  au  titre  d*inspecteur  du 
département  du  Rhône. 

Le  conseil  de  la  Société  ayant  décidé  la  veille ,  que 
M*  Pollel ,  de  Lyon ,  recevrait  la  médaille  destinée  à  l'ar- 
chitecte qui  aurait  le  mieux  compris  le  moyen  âge  dans  le 
centre  ou  le  midi  de  la  France ,  M.  le  président  remet  la  mé- 
daille à  M.  Pollet ,  et  dans  une  courte  allocution  rappelle 
tous  les  services  rendus  à  Fart  par  cet  habile  archirecte  ,  qui  ; 
élevé ,  comme  les  autres ,  dans  Tétude  et  l'admiration  exclu* 
sives  du  style  romain ,  a  été  l'un  des  premiers  à  s'en  affranchir 
et  à  revenir  vers  l'ancienne  école  nationale ,  à  la  comprendre 
et  à  l'imiter  dans  les  restaurations  et  les  constructions  qui  lui 
ont  été  confiées.  M.  Pollet  a  déposé  sur  le  bureau  de  la 
Socfété  un  grand  nombre  de  plans  et  de  dessins  de  difFérenls 
travaux  exécutés  par  lui ,  et  qui  justiGent  pleinement  le 
témoignage  de  baule  estime  que  la  Société  a  voulu  lui  offrir. 

M.  Bouillet  achève  la  lecture  de  son  mémoire  sur  la  sta- 
tistique monumentale  du  déparlement  du  Puy-de-Dôme. 
Cette  dernière  partie  excite  au  même  point  que  la  première 
l'attention  de  rassemblée. 

M.  le  présidi?nt  adresse  au  nom  de  la  Socîétc  des  éloges  à 
M.  Bouillet ,  pour  avoir  répondu  d'une  manière  aussi  corn- 


TESVES    A    CLERM09T.  4^^ 

plète  aux  demandes  ({u^^elle  avait  faites  de  travaux  semblables. 
M.  de  Caumoat  lone  particuKèi'eiiieDt  la  carte  dressée  par 
M.  BoaiUet,  et  la  recoioniande  à  rattentiao-de  ceO'X  qui  entre* 
prendront  des  statistiques  inottmnentales. 

M.  le  D^  Hunank  cite  un.  travail  semblable  à  celui  de 
M.  Bûuillet,  exécuté  à  Angers  par  H.  Godard» 

M.  Ardant  cite  également  tin  ouvrage  de  M.  Altbu^,  sur  la 
statistique  du  département  de  la  Haute-Yienneet  accompagiié 
d'une  carte  tnaeée  sur  un  plan  analogue  h  celui  de  M.-Bouillet*: 

M.   le  prcsidont  répond  à  ees  observations,  en.  rappelant, 
qu'il  n  a.  nullement  prétendu  donner  la  priorité  absolue  au 
mémoire  de  M.  Bouillet,  mai«  seulement  le  présenter  comme 
le  premier  qui-  ait  été  rédigé  d'uiie  manière  aussi  complète , 
parmi  eeux  adressés  à  la  Société  sur  la.  demande  qu'elle  en  . 
avait  fake. 

Oa  adopte-  la  proposition,  faife  par  M.  Tailliand ,  diâ  de- 
mander  qjne  le  mémoire  de  iM.  Bouillet  soit  inséré  daus  le 
bulletin^ 

L'ordre  du  Jouf  appelle  la  lecture  des  rapports  sur  les. 
restaurations  exécutées  aux  monuments  historiques  dans  le 
centre  et  le  midi  de  la  France. 

M.  Tbévenot  «Npose  que  la  restauration  de  l'église  de  Belley 
qui  devait  être  confiée  aux  soins  de  M.  PoUet,  lui  a. été  retirée 
par  suite  des  changements- survenus  en  i85o  ,  dans  l'adminis- 
tration locale  Les  architectes^  chargés  maintenant  de  cette 
restauration,  août  nullement  compris  leur,  mission  et  ont 
complètement  défig.uré  cette  église..  On  gémit  devoir  livrée, 
aux  mêmes  mai^s  la  cathédrale  de  Lyon«  Des. trois  églises- 
romanes  de  cette  ville  échappées  aux  Vandales  de  9?,  une 
seule,  celle  d'Ainny,.  a  dû  sa  eenservation  à  M.  Follet; 
les  deux  autrco  disparaissent  sous  les  coups  des  artistes  déjà 


42^  séAvcBS  génIbales 

sigoaif s  par  M.  Thévenot ,  car  la  manière  doat  ils  exëcntent 
leurs  travaax  équivaut  à  une  destruction* 

La  Société  prenant  en  considération  les  iails  grayes  qui 
Tiennent  de  lai  être  révélés  ^arrête  que  le  rapport  de  M.  Thé- 
yen  ot  sera  adressé  au  Ministre  de  Tintérieur. 

M.  Taiihand,  dans  une  communication  yerbale,  fait  con- 
naître  les  différentes  positions  occupées  par  les  anciens  châ- 
teaux de  r Auvergne.  L'observation  de  ces  positions  et  de  leurs 
rapports  entre  elles  ont  conduit  M.  Taiihand  h  penser  qu'ils 
avaient  été  établis  de  manière  à  combiner  des  signaux  qui 
produisaient  à  peu  près  Vtihi  de  nos  télégraphes  ,  qui 
continuaient  en  même  temps  le  vieux  système  gaulois  des 
criées  et  des  feux  allumés  sur  les  hauteurs,  et  permettaient 
de  faire  parvenir  les  nouvelles  avec  une  célérité  extraor* 
dinaire  ,  dont  César  nous  a  conservé  le  souvenir.  M.  Taiihand 
prend  occasion  de  ses  lecherches  snr  les  châteaux  forts,  pour 
rectifier  quelqties  idées  populaires  à  l'égard  de  ces  forteresses. 
Usant  des  lumières  de  la  critique  moderne ,  qui  a  fait  ayee 
Indépendance  la  part  des  avantages  et  des  inconvénients  des 
différents  systèmes  politiques  passés  snr  le  sol  de  la  Gaule, 
M*  Taiihand  fait  voir  que  ces  châteaux  forts,  qui  devinrent 
plus  lard  un  objet  d'eflroi  pour  les  populations,  étaient^  dans 
le  principe ,  des  lieux  de  refnge  et  de  protection  que  ces 
populations  élevaient  elles-mêmes  avec  empressement ,  et  pour 
lesquels  elles  fournissaient  une  garde  on  guet,  comme  on 
disait  alors.  11  a  représenté  les  châtelaines  écoutant  les  récits 
des  troubadours ,  et  s' occupant  des  jeux  des  ménestrels  et  des 
jongleurs  3  le  châtelain  combattant  dans  les  joutes  et  les  tour- 
nois ,  en  présence  des  dames  et  pour  en  obtenir  les  suffrages  , 
passage  des  mœurs  rudes  et  grossières  de  la  féodalité  aux 
habitudes  chevaleresques  de  h  renaissanœ. 


Vëaqtmit»  bafrontAtion  de  H,  TâilktOil^  ((aHl  Mfrail 
MBpotfiblt  de  rcpradnirv  dans  an  procès^TeiiMrl,  est  ac^titfillft 
par  Les  applaudUsemeou  aoantmes  de  Vêmembli^i* 

M»  Ardaot  dépose  sar  le  bureaa  oâ«  aiafuetteeii  htohî»^ 
d*an  travail  très» remarquable.  Celte  statuette  â  été  tftttvë#, 
il  y  a  qoelqoes  années^  dans  le  départemeot  de  la  Érèiisc}, 
prèa  d*on  autei  Tolîf  élevé  k  Mercure  présidant  aux  ^éimIs 
ehenins  qtii  ÊiTOnsem  les  relations oommcrciales  des  penplei. 
MËRCURIO  YIATICO,  portait  l'inscription  de  F^iViei.  l'rès 
de  là  encore  furent  rencontrées  àei  patères  et  am^èi  iMstrti^ 
Bieots  da  culte  de  Mercnre ,  ainsi  que  l'inscription  Deo  3Iet- 
turio  snr  Fuite  des  patères.  Qtioiqne  la  statnéttte  sefit.anjotfi'- 
d'hoi  dépouillée  de  seë  altribafs,  son  attitude ,  là  pésifiob 
des  bras  et  des  knains  font  bien  voir  qu'elle  teuàit  U  bei#rie 
et  le  caducée.  En  outre ,  1a  "ressembLince  de  eétfe  statuette  avec 
lastatue  en  argent  découverte  a  Beribouville,  achève  de  )U5ti6eir 
la  conjecture  de  M.  Ardant  dont  le  nénoire  ddi^sé  h  l'Aca- 
démie des  iiisoriptions,  k  l'époque  de  la  décotiverte  de  b 
statuette  qu'il  a  mise  sous  les  jeux  de  la  Société  ,  obtiM 
mN'  médaille  d^ôr. 

M.  Ardant  prés^ite  égalemenf  une  petite  ^iiixtntt  attfit^ 
en  argent» 

M.  Tailhand  pense  que  eèlte  del'ttière  figurine  représentt 
une  fortune. 

La  séance  est  fevée  à  to  Bturc»^ 

Séance  du  9  sepienArêë 
l^résIdeneecteM.  deCaumont. 

MMé  k  baron  bi  TàhkXfkÂt  ^  de  Brioude^  él  GaiisIér  ^ 
d'Amieot,  sont  proclamés  membre»  de  k  Sooiété  et  itavités  1^ 
siéger. 


4^8  $ik9ets  GéainÂV» 

M*  de  CaoQMNit  prend  la  parole  poar  rendre  OMiple,  au 
nom  de  M"**,  la  marquise  de  Salverte ,  d*oiie  dccoayerte  im- 
portaote  faite  à  AUuye,  en  Nivernais,  par  M.  de  Chassy,  son 
gendre;  li  a  été  trouvé  dans  cette  commune  des  vestiges  d'une 
villa  dont  les  mars  ,  encombrés  de  terre ,  ont  été  retrouvés 
jusqu'à  ude  profondeur  de  sepC  pieds.  Huit  appartements  con» 
;ligus  ont  déjà  été  déblayés ,  et  ont  ofiêrt  un  grand  nombre  de 
\placages  peints,  de  poteries  brisées  et  des  médailles  de  T époque 
des  Antooins.  Ce  qui  a  surtout  fixé  l'attention  de  M.  de  Cbassy, 
ce  sont  :  d^abord,  une  statuette  en  pierre  de  sept  à  buit  ponces 
de  bautenr ,  représentant  un  Mercure  assis ,  ayant  à  ses  pieds 
un  coq ,  une  tortue  et  un  cbien  (la  tète  de  la  statuette  était 
fortement  endommagée),-  plusieurs  figurines  en  terre  euite 
d'une  plus  petite  dimension  et  couvertes  du  bardo-^mcuUuSj 
des  médailles  et  d'autres  objets  .Deux  voies  romaines  se  croisaient 
dans  le  voisinage.  Qtiandles  moissons  commencent  à  mÀrir,on 
recoâ naît  facilement  les  traces  de  plusieurs  murailles  souter* 
raines.  M.  de  Cbassy  se  propose  de  continuer  Tan  procbain 
ses  fouilles. 

M.  Gonod  présente  à  la  Société  un  marbre  tttmulaire ,  très- 
remarquable  sous  les  trois  rapports':  paléograpbique,  philolo- 
gique et  symbolique.  En  effet,  l'inscription  de  ce  marbre 
datée  de  1^70^  oflre  un  spécimen  très-beau  des  caractères 
lapidaires  de  cette  époque;  elle  porte  plusieurs  lignes  en 
langue  vulgaire  du  XIIP.  siècle,  et  est  surmontée  de  deux 
anges  tenant  dans  un  linceul  une  figurine  qui  représente  l'ame 
de  la  personne  inbtimée. 

M.  PoUet  lit  un  mémoire  intitulé  :  Esquisse  de  l'état  des 
arts  à  Lyon. 

M.  de  la  Sa ussaye  présente  ensnite  un  rapport  sur  l'ouvrage 
de  M.  Mallay,  intitulé:  Esmi  sur  les' églises  romanes  et 
ro/nanO' byzantines  du  département  du  Puy-de-Dôme. 


TEHVSS   A   CLBAMOIfT.  4^9 

Dans  80D  rapport ,  M.  de  la  Sanssaye  (ait  ifemar^aer  que 
Tétodede  Tart  français  a  pris  un  tel  développement,  qu'il  n'y 
a  plus  de  province  en  arrière  du  mouvement  général  qui  nous 
porte  à  déerire  et  à  conserver  nos  anciens  édifices  nationaux, 
11  rapporte  h  M.  de  Caumont ,  à  son  cours  d'antiquités  mofiU' 
mentales  et  h  la  fondation  de  la  Société  qu  il  dirige,  le  zèle 
qui  se  manifeste  de  toutes  parts  pour  recueillir  nos  souvenirs 
d'histoire  liés  h  nos  monuments  d'art.  Il  pense  que  le  nom  de 
M.  de  Caumont  restera  attaché  à  une  époque  que  Ton  pour-* 
rait  appeler  la  Renaissance  de  l'ari  français.  M.  de  la 
Sanssaye  continue  ainsi  son  rapport  : 

«  Parmi  les  ouvrages  que  le  renouvellement  des  éludes  de 
c  l'art  français  a  produits ,  celui  dont  k  commission  a  dû 

•  s'oGcnper,  mérite  une  grande  somme  d'éloges.  C'était,  sans 
c  doute ,  UD  véritable  bonheur  pour  M.  Maliay ,  que  de  se 
«  trouver  dans  un  pays  si  bien  partagé  en  édifices  des  pre- 

*  miers  temps  de  notre  architeclare;  mais  M.  Mallay  a  mon- 
a  tré  aussi  un  véritable  talent  dans  sa  manière  de  les  dessiner 
«  et  de  les  décrire.  Quatre  livraisons  de  l'importante  publi* 
«  cation  de  notre  collègue  sont  déjà  parues^  elles  contiennent 
a  les  plans,  coupes  et  élévations  de  la  curieuse  église  de 
u  Motre-Damedu-Port ,  et  de  celles  de  Merdogne,  de  fiellaigne 
«  etd'Issoire.  Tandis  que  les  dessins  nous  font  connaître  avec 
a  une  scrupuleuse  fidélité,  ces  monuments  dans  tous  leurs 
a  détails ,  le  texte  nous  offre  les  dates  des  différentes  coostmc- 
«  tions ,  étudiées  dans  le  style  même  qui  les  cai  actcrise ,  quand 
«  elles  ne  peuvent  être  tirées  des  chartes  on  des  historiens.  Ces 
lA  divers  points  de  discussion  sont  recherchés  avec  bonne  foi, 
«  et  décidés  avec  une  saine  critique.  » 

M.  de  la  Sanssaye  lit  ici  quelques  passages  de  la  préface  de 
l'auteur ,  et  termine  ainsi  ;  «  La  commission  a  laquelle  vous 


45o  liàiiGSf  GéariAA|.BS 

«  avec  wmiê  le  soin  de  juger  l'ouvrage  de  M.  MalUy,  m*ài 
<y  chargé ,  messieurs ,  de  tous  ciprimer  reslime  toute  parti-* 
«  cttlière"  qu'elle  fiiit  de  cette  pnblicatioo;  elle  bous  prie  de 
<r  la  recommander  à  tous  les  hommes  voués  a  l'élude  de  aoa 
((  antiquités  nationales ,  et  même  de  le  présenter  comme  uu 
«  modèle  bon  à  suivre  par  ceux  qui  veulent  publier  des  m- 
«   vaux  semblablesi  » 

M.  de  Caumont  c(5nsulte  M«  Bouillet  pour  fixer  le  nombre 
des  départements  qui  composeront  la  circonscription  de  Tins* 
pection  divisionnaire  qui  lui  est  confiée.  I/après  les  observa* 
tions  de  celui-ci ,  cette  circonscription  est  limitée  aux  quatre 
départements  composant  Tancienne  Auvergne* 

La  lecture  d'un  mémoire  de  M.  Gonod  sur  la  cathédrale 
de  Clermont,  excite  l'intérêt  de  l'assemblée*  L'impression  de 
ce  mémoire  est  votée  par  les  membres  de  la  Société. 

M.  de  Caumont,  après  avoir  adressé  des  remercinaenls  ^ 
M.  Gonod  pour  les  recherches  auxqtielles  il  s'est  livré  à  l'égard 
de  Thistoire  de  la  cathédrale  de  Clermont  et  de  ses  évêquesy 
recommando  à  l'attention  des  antiquaires  la  recherche  des 
relations  des  visites  pastorales  laites  dans  lesdiocèsetf.  On 
trouve  dans  ces  relations  des  fenseigoetnents  précieux  sur 
beaucoup  d'anciens  usages  que  l'on  ehercherait  vainement 
ailleurs. 

M.  de  ta  Saussaye  appuie  cette  observation* 

M.  Chauvassaigne  demande  que  la  Société  émette  le  vœu 
que  l'administration  fasse  dégager  la  cathédrale  des  cottslfuc** 
lions  qui  sont  appuyées  le  long  de  ses  murailles  et  que  la 
salle  de  speetacle  n'occupe  plus ,  au  mépris  de  toutes  les  cou* 
venances,  le  bâtimeirt  voisin  de  l'église.  •*— La  demande  eft 
adoptée. 

La  séance  est  terminée  par  la  lecture  d'une  pièce  de  vers, 
par  M.  le  baron  de  Talayrat. 


Tenu  ES   A   CLERMONT.  01 

M.  de  Caumont  déclare  closes  les  séances  publiques  de  la 
Société  pour  la  conservation  et  la  description  des  monuments 
bisioriqnes  h  Clermont. 

Séance  administrative  du  lo  septembre. 

La  Société  s'est  réunie  en  séance  particulière  le  lo  scp- 
tcmbje  ;  elle  a  décidé  que  Li  somme  de  4^0  f^*  dont  elle  pou- 
vait disposer  pour  les  monuments  de  1* Auvergne  ,  resterait 
entre  les  mains  de  l'inspecteur  divisionnaire  qui ,  de  conceit 
avec  les  membres  de  sa  division  ,  aviserait  à  lui  donner  la 
destination  la  plus  utile. 

Sur  la  proposition  de  M.  Hunaull,  la  Société  a  décidé  que 
les  membres  qui  ne  sont  pas  abonnés  au  bulletin  rece- 
vront un  rapport  annuel  sur  Fétat  de  la  caisse. 

M.  Fabbé  Croiset  a  déposé  sur  le  bureau  deux  petites  tables 
de  marbre,  qui  étaient  incrustées  sur  de  grandes  pierres  tom- 
bales dont  Tabbc  Lebœuf  a  rapporté  les  inscriptions.  Il  a 
remarqué  que  les  squelettes  enfermés  dans  les  tombes  étaient 
enveloppés  d*argile  rouge  et  verte  ,  et  qu'au-dessus  de  Faigile 
était  une  coucbe  de  mortier.  Le  reste  de  la  tombe  était  rem- 
pli de  terre ,  de  débris  de  briques  et  de  tuiles  à  rebords.  Il  a 
encore  remarqué  qu'il  y  avait  des  tombes  qui  renfermaient 
plusieurs  squelettes. 

M.  Mallay  a  lu  une  notice  sur  la  cbapelle  de  Vic-le-Comte. 
Ont  été  proclamés  : 
Inspecteur  des  monuments  du  département  du  Cantal  j 

M.  DE  Lalot ,  procureur  du  roi  à  Mauriac; 
Inspecteur  des  monuments  du  département  de  la  Lozère, 

M.  Maliay  ,  arcbitecte  à  Clermont; 
Membres  de  la  Société  : 
MM.  GoKOD,  de  Clermont; 


453  SEANCB6   TEiriTES   A   CUSKMONT. 

Mathieu,  de  Clermont; 
Adbia5  9  de  Lezou  (Puy-de-Dôme). 

BoTTiN,  de  Paris,  ancien  secrétaire  de  la  Société  royale  des. 
antiquaires  de  France. 

Séance  du  n  septembre* 

M.  Grasset,  maire  de  Mauriac  (Cantal) ,  a  été  proclamé 
membre  de  la  Société. 

M.  Mallet  a  présenté  une  notice  sur  plusieurs  monuments 
religieux  du  département  de  la  Lozère. 

Diverses  communications  ont  été  faites  par  MM.  Tailhaud, 
Gbassbt,  de  Mauriac^  de  Laiot,  de  Mauriac,  etGoMon,  de 
Clermont. 

L'inspecteur  divisionnaire  remplissant 
les  fonctions  de  Secrétaire  général. 

L.  DE  La  Savssaye  ,  de  Blois. 


-w^* 


UN  MOT 

Sur  les  Antiquités  de  Genèçe,  de  Lausanne  et 

d^A^enches  f  Suisse  J; 

Pae  m.  de  caumont. 


GEKÈTR.-^La  yille  de  Genève,  comme  tontes  les  anciennes 
villes  romaines  ,  offre  des  inscriptions  antiques  éparses  qu*il 
serait  curieux  de  réunir  dans  un  musée.  La  plupart  de  ces  ins- 
criptions ont  été  publiées  par  Spon  et  par  Orelios.  D'autres 
cependant ,  eo  petit  nbmbre  ,  il  est  vrai,  sont  encore  inédites. 
Il  y  a  lieu  d^ espérer  que  la  Société  Archéologique  qui  vient 
de  se  former  pour  la  recherche  des  antiquités  du  canton  de 
Genève  s'occupera  de  ce  travail.  Déj^,  ainsi  que  )e  Tai 
appris  de  M.  Duby  ,  on  a  pensé  à  enlever  des  soubassements 
de  la  cathédrale  plusieurs  pierres  antiques  qui  oal  été  em- 
ployées dans  la  maçonnerie  et  il  parait  que  le  Conseil 
de  régence  a  autorisé  cet  enlèvement  qui  sera  fait  du  reste 
avec  toutes  les  précautions  nécessaires  pour  que  le  monu- 
ment n'en  éprouve  aucun  mal.  11  est  inutile  de  dire  que  d'autres 
pierres  seront  immédiatement  replacées  dans  les  vides  qui  ré- 
sulteront de  cet  enlèvement.  Les  inscriptions  qui  se  trouvent 
dans  les  soubassements  de  l'Hôtel  de  Ville  et  celles  qui  ont  été 
incrustées  dans  les  murs  de  plusieurs  maisons  pourraient  être 
^enlevées  de  la  mêm^  manière ,  et  la  ville  de  Genève  posséderait 
alors  un  musée  lapidaire  qui  ofirirait  presqn  autant  d'intérêt 


454  STTR   LB^  ikUTIQUITE»   DE  GENâvK  , 

qaeceux  de  MaDheim ,  de  Mayence  et  de  Spire  dont  j'ai  parlé 
daos  le  5".  volame  du  Bulletin. 

Déjà  quelques  fragments  antiques  soat  réunis  et  placés  sous 
un  hangard  dans  deux  petites  cours  qui  avoisinent  le  labora- 
toire de  chimie  an  musée.  J'y  ai  compté  kuit  ioscriplioas ,  la 
plupart  tumulaires,  deux  autels  et  une  colonne  miUiaire.L'nn 
de  ces  autels  porte  Tioscriplion  suivante  : 

DEO   INVIGTQ 

GENTOU>CI 
F»MIDIVS  S$ 
TEBIirVS  MIL. 
X.BG.    TIII    AVG. 

On  Toit  près  de  ces  débris  des  fragments  d*unecornicb'e  co- 
rinthien ne  dont  les  modillons  alternent  avec  des  rosaces  riche- 
ment scnlptées.  Ces  fragments  avaient  été  jetés  pèle-mcle  depuis 
long-temps €t  Ton  en  faisait  peu  de  cas;  mais  la  Société 
Archéologique  dont  je  parlais  tont-à  l'heure  va  les  faire 
ranger  plus  conveaablement  en  attendant  qu'ils  soient 
déposés  dans  un  musée.  Elle  a  même  fait  faire  provisoirement 
une  toiture  en  bois  qui  les  garantira  de  la  pluie  et  de  rhcmû* 
dite. 

L'une  dessalleadu  musée  d'histoire  naturelle  est  oimsacrëe 
aux  objets  antiques  portatifs ,  et  cette  collection  e^n  renferme 
d*assez  curieux  ,  placés  dans  une  armoire  vitrée  à  ganohe  de 
la  porte  d'entrée.  J'y  ai  vu  plusieurs  bracelets  en  argent ,  un 
bassin  de  même  métal  avec  son  manche  absolument  semblable, 
quant  h  la  forme ,  au  bassin  de  cuivre  que  Ton  voit  dans 
la  collection  de  la  Société  des  A  ntiquaires  de  Normandie , 
une  grande  patère  en  argent ,  des  anneaux ,  des  agrafies  et 
anties  objets  ^  le  l^t  diéceiivert  >  il  y  a  six  aps ,  à  Sk«-Geni6  en 


FranM ,  i  deai  iieaes  de  Genève  5  une  antre  patère  en  argent 
ressemblant  à  une  petite  casserole  et  trouvée  à  Rcgny  en 
Savoie,  une  base  de  statae  en  bronu!  trouvée  a  St.-Pré ,  à  six 
lieues  de  Genève  ,  canton  de  Yand ,  et  sur  laquelle  on  lit 
rioscriptian  snivaiite  : 

IVCAIfVS 

CaàhéJrale.  -*-  La  cathédrale  de  Genève  est  un  des  pins 
cnrieux  monuments  du  XIPt  siècle  que  Von  puisse  observer , 
k  cause  des  belles  sculptures  qui  la  décorent  intérieurement, 
Lq9  cbapiteaux  sont  d'une  richesse  très-remarquable.  On  y 
voit,  outre  les  ornements  les  plus  variés  dn  style  byzantin, 
de9  figurines  en  fort  relief  ;  quelques-uns  portent  des  ins- 
criptions. Ainsi  on  découvre  sur  F  un  d*eax  an  buste  de 
vieillard  tenant  d'une  main  un  calice  ^  de  l'autre  une  espèce 
de  figure  rayonnante*  On  lit  au^^dessus  de  sa  tète  :  Melchise^ 
eMu  Sur  un  autre  cluipiteau  on  distingue  ces.  mots  : 
SUrr^xit  Christus*  Les  demi-colonnes  d'un  des  piliers  repré- 
sentent Dieu  au  milieu  des  symboles  des  quatre  Evangé- 
listes  sculptés  sur  quatre  cbapiteaut  de  ces  colonnes.  La^ 
cimaises  qui  surmontent  lescliapiicauxsoatà  plusieurs  endroits 
décorées  de  feuillage  ;  il  en  est  de  même  des  cercles  qui  r^ 
couvrent  quelques-uns  des  fûts  des  colonnes.  Quant  aux  bases, 
elles  sont  attiques ,  mais  avec  un  epaiiouissement  très* sensible 
dn  premier  tore  qni  ae  trouve  orné  de  pattes*  he%  angles  du 
socle  sont  garnis  de  perles  ou  de  pierreries.  Plusieurs  de  ces 
colonnes  onides  piédestaux  asse^  élevés. 

La  disposition  du  cZ^res/oiy  est  assez  singulière  :  on  y  voit 
cinq  arcades  dont  kt  plus  élevée  est  *att  eentera.  Cette  arcade  et 


436  SUB   LES   AHTIQUITis   DB  GBffivE  , 

celles  qui  Tavoisioeat  3oai  ea  (orme  de  lancettes  ,  et  ks  deux 
autres  a  trois  lobes. 

Le  iriforàim  se  compose  d'une  galerie  k  plein  cintre»  Il  y 
a  six  petites  arcades  par  travée. 

La  forme  générale  de  Téglise  St.  «Pierre  est  celle  d'nne  croix 
peu  allongée.  Deux  tonrs  sont  placées  anx  extrémités  des  tran- 
septs.  La  tour  priocipale  qui  se  trouve  au  sud  a  été  recons- 
truite en  iSio,  ainsi  que  Tatteste  une  inscription. 

Laits  AVNE.  ^-  La  cathédrale  de  Lausanne  oflVe  nn  cnrteux 
sujet  d*étude.  Elle  présente  deux  transepts ,  dont  Fun  (celui  . 
de  Fonest)  est  précédé  d'nn  vestibule  elliptique,  fort  remar* 
qnable ,  auquel  le  portail  et  la  façade  actuelle  ont  été  accollés 
à  la  fin  du  XV".  siècle  on  au  commencement  du  XVI*. 
L'édifice ,  si  Ton  excepte  la  partie  dont  je  viens  de  parler , 
des  chapelles  et  quelques  fenêtres  h  peu  près  dn  même  temps , 
remonte  an  XII".  et  au  XIIP.  siècles.  Le  chœur  parait  pins 
ancien  que  la  nef  :  il  présente  une  apside  dont  les  collatéraux 
font  le  tour  ,  et  Ton  y  remarque  des  moulures  byzantines  par- 
faitement traitées ,  des  chapiteaux  très-bien  fouillés  et  des 
arcades  cintrées  mêlées  h  des  ogives.  J'ai  aussi  remarqué  dans 
les  bas  côtés  quelques  pilastres  cannelés,  comme  on  en  troave 
à  la  Char^lé-sur- Loire ,  k  Anton ,  à  Langres,  et  dans  plusieurs 
églises  de  la  Bourgogne  et  du  Bourbonnais.  Des  tombeaux 
très-curieux  du  XIII**.  et  dn  XIY*.  siècle  existent  dans  ces  bas 
côtés  du  chœur  et  mériteraient  d'être  publiés.  Ce  sont,  pour 
la  plupart ,  des  tombeaux  d'évêques  5  on  y  voit  aussi  celni 
d'un  pape. 

Dans  la  nef  qui  doit  être  un  peu  moins  ancienne  que  le 
chœur,  et  probablement  dn  commencement  du  XIII*.  siècle, 
k  disposition  des  colonnes  est  assez  remarquable  :  ici  ellos 


DE   LAtrSANVE  BT   D'AYERCnES*  êfi'] 

sont  rénniesen  faisceau  on  par  agronpement  ;  pins  loi  a  on 
aperçoit  deux  colonnes  cylindriques  rapprochées ,  mais  non 
rënnies,  ayant  de  chaque  côté  une  colonnette  faisant  Toffice 
de  sous-fût  et  supportant  l'archivolte  *^  plus  loin  on  découvre 
une  seule  colonne  cylindrique  accompagnée  d'une  colonnette 
de  face ,  dans  une  autre  arcade  deux  colonnes  cylindriques 
rapprochées. 

Le  triforium  se  compose  d'arcades  en  ogive ,  comme  on  en 
voit  si  souvent  an  XIII*.  siècle;  on  en  compte  cinq  dans 
chaque  travée. 

Des  arcades  simulées  ornent  les  murs  des  collatéraux;  elles 
offrent  un  arc  à  quatre  lobes  entre  deux  arcs  trilobés. 

Le  portail  latéral  au  sud ,  décoré  de  statues  du  XIII**  siècle 
mérite  d'être  remarqué. 

Il  est  fâcheux  que  l'on  n'ait  encore  publié  que  de  mauvais 
dessins  de  cette  intéressante  cathédrale,  et  elle  a  été  très- 
mal  réparée  :  au  lieu  de  chapiteaux  byzantins,  on  a  fait  de 
ridicules  chapiteaux  composites  aux  colonnettes  extérieures  des 
fenêtres. 

Le  musée  de  Lausanne ,  placé  dans  le  collège,  est  surtout 
remarquable  par  sa  collection  d'objets  d'histoire  naturelle.  Les 
antiquités  enfermées  dans  des  armoires  sont  aussi  fdrt  intéres- 
santes, en  ce  que  la  plupart  ont  été  trouvées  dans  le  pays  et 
près  du  lac  de  Genève,  dont  les  bords  étaient  garnis  d'habi- 
tations sous  la  domination  romaine.  J'y  ai  remarqué  une  belle 
lampe  en  bronze  d'un  pied  environ  de  longueur,  trouvée  en 
1824  à  Nion ,  sur  le  bord  du  lac  j;  une  vingtaine  de  figurines 
antiques  en  bronze ,  des  bracelets  du  même  métal  de  difiérents 
diamètres,  des  cercles  ou  bracelets'  en  pierre  oUaire,  absolu- 
ment semblables  à  ceux  que  M.  Legrand  a  découverts  à  Ecâjeul 
et  qu'il  a  offerts  à  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie; 

52 


438  SUE    LES    ANTIQVITfs    DE   GCllèyB  , 

4es  hacbes  de  bronze,  phisiears  amptiores ,  des  casseroles  et  des 
passoires  en  bronze,  des  faucilles ,  des  épées  et  des  fers  de  lance 
du  même  métal  :  le  tout  découvert  dans  les  écrirons  de  la  TÎUe. 

Ay£ircHE&.— Je  ne  peux  que  signaler  Avencbes ,  l'ancienne 
Aveniicum  Behedonim  ^  comme  Tun  des  plus  en rieux  em- 
placements de  ville  antique  que  le  voyageur  puisse  visiter. 
Avencbes  ne  renferme  pins  aujourd'hui  que  douze  .à  quinze 
cents  babitants  dont  les  maisons  se  trouvent  groupées  sur  un 
mamelon  situe  à  l'une  des  extrémités  de  la  ville  romaine  et 
qui  peut-être  en  portait  le  capitole^  mais  on  peut  voir  encoie 
toute  rétendue  de  Tancienne  ville  :  une  enceinte  de  murs 
d'environ  une  lieue  et  demie  de  circuit  en  indique  nettement 
les  limites.  Avencbes  est,  conséquemmeut ,  du  très -petit 
nombre  de  villes  qui  ont  conservé  leurs  murs  d'enceinte*  Ces 
murs  ont  environ  quatre  pieds  d'épaisseur  et  s'élèvent  encore  de 
place  en  place  à  quatorze  ou  quinze  pieds  de  bauteur.  Quelques 
brècbes  ont  été  pratiquéesdansFeuceinte,  mais  elles  sont  encore 
peu  nombreuses ,  et  il  est  à  désirer  que  l'administration  arrête 
la  démolition  qui  a  été  commencée  sur  plusieurs  points  dans 
l'unique  but  de  se  procurer  quelques  moellons  et  de  gagner 
pour  la  culture ,  le  sillon  de  quatre  pieds  de  largeifr  sur  lequel 
le  mur  est  fondé*  Ce  mur  est  construit  en  moellon  calcaire  ^ 
dans  les  lieux  où  le  parement  est  bien  conservé^  les  pièces 
ressemblent  à  celles  que  j'ai  désignées  dans  mon  Cours  'sous 
la  dénomination  de  petit  appareil  allongé  (i).  Du  reste,  pas  de 
chaînes  de  briques,  pas  de  briques  pilées  mêlées  dans  le  ciment, 
mais  bien  un  sable  à  gros  grains  renfermant  des  petits  galets. 

Quoique  quelques  tours  rondes  existent  dans  la    partie  de 
l'en  ceinte  orientée  au  nord  ,  il  me  parait  évident  que  ce  mur 


(0  11*.  vulume,  p.  165. 


était  pintôt  uoe  muraille  de  clôture  qu*uo  mur  de  guerre.  Il 
ne  semble  pas  probable  qu*il  y  ait  eu  un  chemia  de  ronde 
sur  la  créle  ni  qu  il  ait  été  crénelé ,  car  il  s'élève  isolé  des 
lerres  environnantes  ;  à  l'intérieur  de  la  place  il  n'était  point 
soutenu  par  des  terrasses,  et  avec  unç  épaisseur  si  peu  consi- 
dérable il  est  difficile  de  suppaser  qu'un  chemin  de  ronjde  ait 
été  établi  au  sommet. 

La  ville  d'Âvenches,  ainsi  entourée  de  murailles,  était 
assise  sur  un  terrain  qui.s'élevait  vers  le  sud-est  et  s'inclinait 
doucement  vers  le  nord-ouest  jusqu'aux  bords  du  lac  de  Morat. 
Le  terrain  le  moins  élevé  est  celui  qui  parait  avoir  été  occupé 
par  la  partie  la  plus  riche  et  la  plus  peuplée  de  la  ville.  C'est 
là  qu'on  a  trouvé  un  très-grand  nombre  de  mosaïques  d'un 
travail  soigné ,  dont  une  encore  demeure  sur  place,  protégée 
par  le  toit  d'un  pavillon  dont  on  l'a  recouverte.  Elle  pré 
sente  au  grand  vase  et  plusieurs  cercles  concentriques  encadrés 
dans  une  figure  quadrangulaiie  aux  angles  de  laquelle  on 
a  figuré  des  poissons.  Un  très-grand  nombre  de  fragments 
d'autres  mosaï<(ues  ont  été  détnchés  et  transportés  dansdiUé- 
rents  locaux  oii  on  les  voit  encore. 

Les  principaux  monuments  publics,  dont  j'ai  visité  les 
ruines,  sont  d'abord  :  le  forum  que  j'ai  décrit  dans  le.  S". 
volume  de  mon  Cours  d'antiquités  (i) ,  et  dont  il  reste  encore 
debout  une  colonne  de  marbre  blanc,  haute  de  57  pieds. 
Plus  loin ,  on  voit  encore  des  thermes  dont  les  bassius  sont 
revêtus  de  placages  en  marbre  blanc  pareil;  et  à  peu  de  dis* 
tance  ;  les  soubassements  d'un  monument  dont  je  n'ai  pu  me 
rendre  compte ,  et  qui  ne  peut  être  autre  chose  qu'un  tombeau 
ou  un  petit  temple. 
Le  théâtre  était  là  ,  comme  à  Orange  ,  et  dans  plusieurs 

(1)  Page  277. 


44o  »l^R   l'es   AVTfQTnlb  DB  ÙBtiRVE  , 

antres  TÎHes,  placé  le  long  do  forom.  Comine  il  D*aTait 
îamais  été  mcsoré,  j'ai  pris  les  dimensioiBS  de  la  corde  qai  cor- 
i-espood  au  diamètre  de  Torchestre  :  fai  trouTe  i35  pieds.  La 
largeur  dn  massif  occupé  par  les  gradins  est  de  75  pieds» 
La  scène  dont  il  ne  reste  plus  de  vestiges  devait  être  garnie 
eitérienrement  d*nn  portique  qui  donnait  snr  lefornmet  fai- 
sait face  an  rang  d*arcadesdontnn  des  piliers  est  encore  deboot. 
On  rapporte  qoe  pendant  long-temps  nn  vaste  four  à  chaax 
était  établi  dans  les  mines  du  théâtre ,  et  qu*on  y  a  converti 
en  chaux  une  énorme  quantité  de  frises  et  de  chapiteaux  an- 
tiques. II  est  encore  désigné  sur  les  plans  sous  le  nom  de  four 
Il  chaux  et  de  tuilerie ,  parce  qn  ou  y  a  fait  au^i  de  la  tuile. 
Uamphithéâtre  est  visible  dans  la  ville  actuelle  ;  il  forme 
comme  une  espèce  dé  cratère  au  milieu  du  terrain  de  la  petite 
place  du  Citsino. 

'  Musée,  •*-  On  a  placé  tout  récemment  dans  une  maison 
située  au-dessus  des  murailles  antiques  qui  soutiennent  les 
terres  près  de  Tamphilhéâtre  des  débris  de  monuments  qui  ont 
été  découverts  depuis  peu  à  Avenches ,  et  Ton  ne  saurait  trop 
remercier  les  amis  des  arts  qui  pnten  Theureuse  idée  de  sauver 
ainsi  les  derniers  restes  de  Tantique  splendeur  de  la  cité.  C'eat 
surtout  aux  soins  de  M.  de  Dompierre  ,  de  Payerne  ,  et  à  M. 
Dolayre ,  ingénieur ,  qu  on  doit  la  précieuse  collection  qui  s'y 
trouve  déjà  réunie.  Cesontd'abord  des  débris  très- volumineux 
de  corniches  dont  j'ai  pris  on  dessin.  Ces  corniches  ont  appar- 
tenu à  plusieurs  monuments  différents.  Elles  n'annoncent  pas 
une  époque  très-avancée  5  elles  sont  pesantes,  et  leurs  mou- 
lures sont  assez  médiocres ,  mais  à  côté  de  ces  débris ,  Ton 
en  remarque  une  grande  quantité  d'autres  d'un  meilleur 
goût,  ainsi  que  beaucoup  de  fuis  de  colonnes  de  différents 
diamètres.  Parmi  elles,  j'en  ai  remarqué  dont  les  fûts  de  16 


Dr  I.ivSA1IN<   BT   I>'A¥BliCaS8.  44^ 

pouces  de  diamètre  oat  dea  ba&cs  couvertes  de  mouluies. 
Dans  cep  cdoones ,  comme  dans  celles  de  Tare  de  triomphe, 
de  Besançon,  et  dans  quelques  autres^  que  )'ai  observées 
aulrelois  à  Péiigueux  ,  le  premier  tore  h  épuouit  et  6  étend 
fort  loin  au-deU  du  cylindre  5  F  intervalle  qui  le  sépare' 
du  second  tore  u*ofire  plus  la  coupe  ordinaire  des  senties. 
Ces  bases  étaient  du  reste  couvertes  de  moulures  et  d*uue 
recherche  qui  annonce  au  moins  le  IIX'.  siècle,  et  les  colonnes 
auxquelles  elles  appartiennent  ont  probablement  été  employées 
h  la  décoration  intéiteure.  D'autres  colonnes  du  diamètre  de 
10  à  12  pouces  sont  également  déposées  dans  le  musée,  et  ne 
peuvent ,  TU  leur  petit  diamètre  ^  avoir  été  employées  qu'à 
riotérieur* 

Le  musée  renferme  plusieurs  beaux  chapiteaux  corinthiens, 
et  des  fûts  de  colonnes  cannelées  qui  paraissent  se  rapporter 
à  ces  chapiteaux ,  et  doutée  diamètre  est  de  22  pouces  vers  la 
partie  supérieure. 

Plusieurs  dcbrisd'inscviptions  se  rencontrent  dans  le  musée. 
L'une  d'elles ,  gravée  en  caractères  de  quatre  pouces ,  sur  une 
pierre  de  marbre  ,  large  de  ro  pieds  et  hante  de  29  ponces, 
avait  été  vraisemblablement  inscrustée  dans  les  murs  de  Tarn- 

■ 

phithéâtre.  L'inscription  est  entourée  d'une  moulure  ou  enea- 
dremeut.  Elle  a  malheureusement  perdu  quelques-unes  de  ses 
lettres  ;  voici  du  reste  les  mots  dont  elle  se  compose  : 

Iir   HOVORIH    OOMVS   DIVIITAI 
HAVTAB  A&VRAirCI  ARIMIGI 

SCHOLAM   DB  SVO    IXSTRVXBRVRT; 
h  J>  D  D. 

Cette  inscription  doit  évidemment  être  restituée  de  la  ma^ 


■ 

nièfe  suivante  .*  In  honorent  domus  divinœ  Nautœ  Aruranci 
Aramici  (  les  Nantes  de  PAar ,  rivière  A^Smsat)  séolam  de 
sua  instruxerunt  loco  daio  decreto  Decurionum . 

Parmi  les  nombrenx  débris  de  placages  en  marbre  qui  ont 
été  rénnis  an  mnsée  ,  on  en  rema^rqne  pins  de  t6o  d'on  pouce 
d'épaisseur  qui  sont  couverts  de  lettres  ,  et  donti^assemblagc 
a  dû  former  une  très-longue  inscription.  Je  suppose  que  ces 
placages  étaient  appliqués  en  revêtement  sur  quelque  édifice 
public  5  peut-être  contenaient-ils  une  ordonnance  de  police, 
on  quelque  instruction  à  laquelle  il  fallait  donner  une  grande 
publicité.  Il  serait  curieux  de- réunir  ces  morceaux  de 
Boanière  \  en  reformer  des  mots  et  des  pbrases  ,  mais  ils  ont 
été  si  long- temps  disséminés  qu* il  restera  toujours  des  lacunes, 
et  il  n^est  pas  présumable  qu'on  p'uis&e  jamais  rétablir  en 
entier  Finscription. 

De  curieuses  peintures  à  fresque  ,  qui  ont  dû  être  appli- 
quées sur  un  plafond  ou  sur  des  murs  verticaux  ,  offrent  des 
dessins  bleus  et  rouges  sur  un  fond  blanc.  Des  débris  de 
corniches  en  bronze  ,  probablement  destinées  à  la  décoration 
intérieure  des  appartements  ,  sont  avec  des  fragments  de 
statues  de  même  métal  au  nombre  de  plus  de  80  ,  petits  et 
grands.  On  remarque  ensuite  une  collection  ti'ès  intéressante 
de  vases  en  bronze ,  ayant  tous ,  ou  la  forme  de  nos  bols  en 
terre  cuite  >  ou  celle  d'un  bassin  plus  ou  moins  profond. 
Yoici  les  dimensions  de  trois  de  ces  vases. 


J 

Diamètre. 

Profondeur* 

1*'.  vase. 

.   10  pouces. 

6  pouces  et  demi. 

1 

a*,  vase. 

9 

5 

1 

5*.  vase. 

9 

5 

Je  ne  ferai  que  mentionner  les  autres  objets  très- nombreux 


DB  LAVSAlflfB   BT    D^AVEHCHES.  44^- 

qui  remplissent  ce  musée  :  tes  amphores  y  sont  en  très-grand 
nombre  ,  ainsi  qne  les  marbres  de  diverses  espèces  que  nous 
trouvons  employés  en  placage  dans  les  anciens  monuments 
gMllo-romaitts  da  midi  de  la  France.  J'y  ai  distingué  le 
marbre  blanc  ordinaire,  le  marbre  bleuâtre  du  Cypolin  , 
le  marbre  rouge  antique  toujours  employé  mât ,  comme  nous 
Favons  vu  constamment  employé  dans  le  midi  de  la  France  5 
enândesophytes  et  quelque  fragments  de  marbre  vert  antique. 


I 


NOTE 

»  • 

Sur  r appareil  d'une  tour  de  t enceinte  murale 

de  Cologne  ; 

Par  m.  de  CAUMONT. 


Dans  mon  Cours  d'antiquités  (i),  j'ai  décrit  plusieurs  revête- 
ments de  murailles  gallo-romaines  des  bas-temps ^  dans  lesquels 
les  pierres  d'appareil  de  nuances  différentes  sont  disposées  de 
manière  à  simuler  des  mosaïques.  La  pi.  XX  de  Fatlas  a  pré- 
senté quelques  exemples  de  ces  appareils  y  tirés  des  murailles 
du  Mans.  Plusieurs  autres  enceintes  en  France  offraient  de 
semblables  combinaisons ,  notamment  celles  de  la  ville  de 
Sens ,  qui  malheureusement  vont  être  détruites. 

Une  tour  que  l'on  voit  encore  à  Cologne  présente  un 
exemple  beaucoup  plus  remarquable  encore  que  les  précédents 
de  ce  système  d'ornementation  employé  par  fois  dans  les  murs 
d'enceinte  de  nos  villes  5  et  comme  elle  n'a  été ,  que  je  sacbe  ^ 
décHte  par  aucun  antiquaire  français ,  j'ai  cru  devoir  repro- 
duire ,  dans  le  Bulletin  ,  Tesquissc  que  je  me  suis  procurée  à 
Cologne  même ,  lorsque  j'ai  visité  ce  monument.  Les  mêmes 
figures  se  trouvant  répétées  à  des .  intervalles  égaui^  sur  le 
contour  de  l'édifice ,  j'ai  dû  me  borner  à  représenter  un 
segment  du  cercle  formé  par  ces  ornements. 

Comme  on  le  voit  ,  des  pierres  symétriques  de  couleur 
différentes  ,  taillées ,  pour  la  plupart ,  en  losanges ,  en  tri- 

(1)  Second  folame»  page  16/». 


SVB    l'aPPAHEII   D*UfrB   TOUR   DE   COLOGlTE.  44^ 

angles ,  etc.,  deisinent ,  par  leur  assemblage ,  des  échiquiers  , 
des  espèces  de  roues  et  de  petites  arcades.  Dans  la  partie  sapé- 
rieure ,  on  remarque  ,  de  distance  en  distance ,  l'image  d'un 
petit  temple  tétrastyle  surmonté  d'un   irooton  triangulaire. 

Ces  différentes  figures ,  dont  le  dessin  ci-joint  iera  bien 
mieux  comprendre  la  forme  et  la  disposition  que  Texplication  < 
la  plus  longue ,  sont  formées  ayec  des  matériaux  de  trois 
couleurs  principales.  Les  pierres  blanches  et  noires  ou  grises^ 
et  la  brique ,  entrent  surtout  dans  leur  composition. 

Reste  h  savoir  II  quelle  époque  on  peut  Caiire  remonter  cette 
tour ,  et  si  elle  doit  être  considérée  comme  ayant  appartenu 
à  l'enceinte  gallo-romaine  de  Cologne.  Sur  ce  point,  les 
observateurs  ont  été  partagés  d'opinion  :  quelques-uns ,  et 
entre  autres  M.  le  baron  de  La  Doucette,  dans  le  tome  XI 
des  mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  France ,  p.  127  , 
ont  regardé  ce  revêtement  comme  nepouvant  appartenir  qu'au 
moyen  âge.  Il  est  vrai  qu'en  examinant  les  mosaïques  d'appa- 
reil ,  dont  les  églises  d'Auvergne  nous  offrent  des  exemples, 
on  est  frappé  des  rapports  qai  existent  entre  ce  système  d'orne- 
mentation et  celui  de  la  tour  de  Cologne.  II  n'est  pas  jusqu'à 
remploi  de  fragments  de  pierres  volcaniques  qui  ne  porte  à 
faire  un  rapprochement  entre  le  monument  qui  nous  occupe 
et  les  églises  d'Auvergne.  Cependant  Tappareil  de  la  tour  de 
Cologne  m'a  présenté  plus  d'analogie  avec  ceux  des  dernier» 
temps  de  l'ère  gallo-romaine  ,  qu'avec  ceux  du  moyen  âgCr 
Quoi  qu'il  en  soit,  comme  ces  derniers  offrent  quelquefois  uner  ^ 
ressemblance  complète  avec  le  petit  appareil  gallo-romain  ,  je 
suis  loin  de  vouloir  attacher  h  cette  observation  plus  d'impor- 
tance qu'elle  ne  mérite  ,  et  de  me  prononcer  sur  l'âge  d'un 
monument  dont  l'époque  est  aussi  incertaine^  et  que  d'ailleurs 
je  n'ai  fait  qu'entrevoû^  en  passant  à  Cologne. 


THE  NEW  YORK. 

Nblic  libraryi 


ATTOR,  LENOX  AND 
TliOEN  FOUNDATION  a. 


NOTE 

Sur  les  découvertes  faites  à  Allûyprès  de  Neiger  s 
(V.  le  procès-verbal  des  séances  tenues  à 
Clermont); 

Par  M.  DE  CHASSY. 


Âlluy ,  canton  dé  Châtillon  eo  Bazois  ,  département  de  la 
Mièvre,  serait,  d'après  M.  Gilet,  dçnt  je  tous  envoie  un  article, 
Tancien  Alisincum  de  F  itinéraire  d*Antonin. 

En  exécutant  mes  fouilles  ,  j'ai  reconnu  que  la  maison  que 
je  fouillais  était  carrée  avec  une  cour  intérieure  au  milieu. 
Le  côté  du  nord,  que  j'ai  fouillé,  a  une  longueur  de  lo 
mètres,  sa  largeur  est  de  5  mètres  j  chaque  chambre  a  i4  pieds 
carrés ,  il  y  en  a  dix.  Les  murs  de  séparation  ont  à  peine 
1  pied.  Les  autres  côtés  sont  encore  apparents  à  Toeil,  et  je 
sais  ,  par  la  tradition  ,  qu'ils  ont  été  fouillés  par  mon  grand- 
père  ,  dont  il  est  fait  mention  dans  le  petit  ouvrage  de  M. 
Gilet.  Je  vous  envoie  aussi  les  dessins  de  ce  que  j'ai  trouvé  de 
plus  remarquable  ,  ce  sont  : 

i^.  Un  Mercure  ,  une  bourse  à  la  main  ,  un  bouc  à  sa 
droite ,  un  caducée  à  sa  main  gauche ,  un  coq  à  sa  droite 
et  une  tortue  sous  son  pied. gauche  5  il  est  assis  sur  un  i'ocher  ^ 
avec  un  manteau  sur  les  épaules.  Cette  statue  ,  toute  mutilée 
qu'elle  est,  ne  laisse  pas  d'être  apprcêiée  par  les  amateurs, 
comme  un  bon  morceau  de  sculpture.  Elle  est  en  pierre  blanche 
qui  n'est  pas  du  pays. 

2°.  Des  épingles  ou  agrafles  en  cuivre.  Sur  l'une  est  un 
lion  qui  n'est  pas  bien  rendu  par  le  dessinateur. 


44^  SUR   LBS   DÉCOUVBBTES    FAITES   A    ALLUT. 

3®.  Un  miroir  métalliqiie  qui  était  beaucoup  plus  grande 
j'en  ai  laissé  prendre  à  beaucoup  de  personnes,  il  m'en  reste  à 
peu  près  6  pouces  carrés. . 

4^.  Des  fcrs  qui  n'ont  rien  de  remarquable,  ce  sont  d'an- 
ciennes pièces  d'armes  mangées  par  la  riouille. 

5^.  Des  poteries  qm  sernicnt  curieuses  si  elles  étaient  en- 
tières ;  j'en'  ai  une  quantité  innombrable.  Vous  verrezsur 
Tune  d'elles  Ofic,  Bilicat,  ce  qui  veut  probablement  dire 
fabrique  de  Bilicat  us. 

6°.  Deux  pièces  gauloises.  J'ai  trouvé  en  outre  plus  de  i5o 
médailles  romaines  dont  je  ne  vous  parlerai  pas ,  car  ce  sont 
celles  que  l'on  trouve  partout. 

J'ai  trouvé  quatre  statuettes.  La  première  que  vous  voyez 
représentée  sous  deux  faces  a  la  figure  d'un  homme. La  deuxième 
qui  n'est  pas  représentée  a  celle  d'une  femme  j  son  capuchon 
encadre  sa  figure  sans  la  cacher.  Les  deux  autres  ont  la 
figure  de  deux  enfants  de  sexe  différent  3  l'homme  et  l'enfant 
tiennent  une  espèce  de  bourse  à  la  main. 

Xie  portail  de  l'église  paraît  du  XII*.  siècle,  en  se  reportant 
à  votre  Cours  d'antiquités. 

Sous  cette  église  est  une  crypte  avec  les  peintures  ^  fresque 
parfaitement  conservées.  J'ai  obtenu  100  fr.  et  j'en  ai  dépensé 
autant  pour  faire  nettoyer  et  fouiller  jusqu'au  carrelage  cette 
église  souterraine.  Encore  un  peu  d'argent  et  l'on  pourrait 
réparer  les  peintures  qui ,  toutes  grossières  qu'elles  sont ,  font 
encore  un  bel  efiet,  et  peuvent  faire  voir  l'antiquité  de  notre 
église*  ^ 


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iTHE  NEW  YORK 

^UBLIC  LIBRARY 


mrOR.  LENOX  AND 
THDLN  rOUNOATIOMS. 


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MEMOIRE 

Sur  Aïluy  ,  par  M.  Gilet  ,  communtqtœ  par 

M.   DE  CuASSY. 


Dans  rAnnnain  de  Tan  X  ,  p.  89  (i),  od  a  dît  que  Yjéli- 
sincum  ,  dont  il  est  fait  deux  fois  mentioa  dans  F  Itinéraire 
d'Antonin  ,  était  A nisy  :  alors  on  avait  suivi  le  savant  M. 
Danviile.  Un  examen  particulier  du  pays  a  fait  changer 
de  sefiiment;  et  dans  F  Annuaire  de  1806,  p.  77,  en  annon- 
çant que  Ton  reviendrait  sur  la  position  à^ Alisincum  ; 
CD  avait  déjà  de  bonnes  raisons  pour  douter  de  celle  que 
l'illustre  géographe  que  Ton  vient  de  nommer  lui  avait 
donnée. 

M.  Sallonnyer,  ancien  officier  du  génie ,  est  le  premier  qui 
ait  douté  qu'Anisy  fut  Tancien  Alisincum,  parce  que  ce  simple 
hameau,  composé d^  un  fort  médiocre  château  et  d'une  église  pa- 
roissiale  seulement,  situé  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  d' Aron, 
n'ofïre  aucun  vestige  d'antiquité,  et  que  son  sol ,  ainsi  que 
celui  des  environs,  est  h  peu  près  vierge.  Sachant  ,  au  con- 
traire, que  le  petit  hameau  de  Yillars ,  commune  de  Biches  , 
sur  la  rive  droite  de  la  même  rivière  ,  à  près  de  deux  lieues 
an-dessus  d'Anisy,,  r|pélait  des  débris  multi(fiés ,  il  conjec- 
tura que  ce  pouvait  être  la  position  de  cette  ancienne  vilie  : 
pour  s'en  assurer  ,  il  examina  le  local  avec  attention,  et  nous 
engagea  à  nous  en  occuper.  Quoique  ce  militaire  ait ,  après 

(f  )  ABSttaire  du  déparlcment  de  la  Niènre. 


i 


45o  MéMOIBE   iiUR    ALLVYE. 

Banville,  fixé  les  r^^gards  sur  ce  pomt  de  géc^rapliie  ancienne, 
on  n^âdoplera  pas  entièrement  son  avis;  et  il  xparait  indubi- 
table qu'Allnje  ,  à  une  lieue  encore  au-dessus  de  Yiilars,  est 
la  véritable*  position  S AUsincum* 

D^Anville  a  d'abord  fait  une    correction  essentielle  en 
détruisant  Topinion  de  Samson  ,  généralement  reçue,  qui 
confondait  Alisincum  avec  Aquœ-Nisencii ,  Bourbon-Lanci , 
.  et  M.  Sallonnyer  s'est  aperçu  de  l'insuffisance  de  cette  correc- 
tion. 
Le  haiieau  de  Yiilars  est  en  effet  remarquable  par  les  vcs- 
^  liges  de  monuments  romains  que  son  sol  recèle.  Les  gens  qui 
r habitent  disent,  les  uns,  qu'il  y  avait  un  temple ,  les  antres  , 
une  ville   ou  un  couvent.  Dans  un  petit  héritage,   sur  la 
f  gauche  du  chemin  descendant  de   Villers  à  TAron  ,  il  y  a 

beaucoup  de  tuiles  à  rebord  ,  ce  qui  annonce  que  TédiGce 
dont  elles  proviennent  ne  remonte  pas  au-delà  du  siècle  d'Au- 
guste ,  puisque  l'on  prétend  que  les  premières  tuiles  parurent 
sous  cet  empereur.  On  a  trouvé  dans  le  même  endroit  des 
morceaux  de  terre  cuite  de  5  pouces  de  largeur  sur  une  lon- 
gueur inconnue  ,  et  5  lignes  et  demie  d'épaisseur  ,  dont  la 
surface,  -bombée  dans  le  sens  de  la  longueur,  avait  été 
cannelée  ,  et  les  cannelures  étaient  des  demi-ci rconfcrencés  de 
cercles  concentriques  ,  décrites  de  deux  points  opposés  pris  sur 
les  deux  grands  côtés  du  parallélograiDme.  Du  côté  de  la 
concavité,  dans  toute  la  longueur  ,  il  y  avait  a  chaque  bord 
un  filet  demêq^  saillie  et  largeur  que  l'épaisseur  du  morceau 
de  terre  cuite.  La  flèche  du  bombemenrétait  au  plus  de  deux 
lignes.  Le  même  sol  contenait  une  multitude  de  fragments  de 
marbre  ,  noirs ,  blancs,  veines  de  rouge,  de  violet,  de  jaune, 
un  morceau  de  lumachelle  de  Carinthie  3  tous,  par  leurs  petites 
dimensions,   leur  peu  d'épaisseur  et   leurs  formes  rondes, 


mémoibb  SUB   ALLVYE.  4^1 

carrées ,  rlioQibe$ ,  paraUélograini<]aes ,  avaient  servi  à  un 
carrelage  li  compartiments^  ou  à  des  décorations  par  incrns-* 
tation  :  un  morceau  blanc ,  large  de  six  pouces ,  éjait  cannelé 
et  provenait  probablement  d'un  pilastre  saillant.  Parmi  ces. 
débris  on  voit  des  socles  ,  des  portions  de  chapiteaux.  Le  sieur 
PooUet,  auquel  appartient  l'héritage,  en  y  fouillant  de  quelques 
pieds,  y  a  rencontré  un  pavé  de  marbre  à  compartiments, 
des  vases  d'étain ,  deux  autres  vases  en  terre  du  pays  , 
deux  tuyaux  de  plomb  qui  se  dirigeaient  vers  la  rivière ,  des 
marches  dVscalier  j  nous  y  avons  ramassé  des  morceaux  de 
verres  parallélipipoïdes  ,  de  deux ,  trois  et  quatre  lignes  de 
dimension  ,  colorés  en  bleu  ,  rouge,  vert,  brun  ,  et  diverse- 
ment nuancés,  qui  sont  certainement  les  débris  d'une  mosaïque. 
Il  y  existe  la  meule  gisante  ou  de  dessous  d'un  moulin  à 
bras  ;  elle  est  en  lave  de  Yolvic ,  a  1 8  pouces  de  diamètre 
et  est  bien  conservée.  A  la  porte  du  domaine  de  M. 
Gondier  ,  il  y  a  un  tronçon  de  colonne ,  sculpté  en  feuille 
d'eau  ,  de  ^  pieds  de  hauteur  et  de  1 5  pouces  de  diamètre  5 
ce  qui  porterait  le  fût  de  la  colonne  à  plus  de  12  pieds  ,  et  à 
1 5  avec  l'entablement ,  non  compris  un  socle  ou  un  piédestal , 
quoiqu'il  pût  y  avoir  l'un  ou  l'autre.  Ces  proportions  donnent 
une  idée  assez  avantageuse  de  l'édifice  qui  a  existé  en  cet 
endroit. 

Ëii  1801 ,  on  y  trouva  un  torse  ^ans  tète  ni  membres  ,  et 
dont ,  par  indiflérence  ou  pardéiaut  de  connaissances  dans  ce 
genre,  on  fît  si  peu  de.  cas  qu'il  (ut  réduit  en  n»ellon  :  nous  y 
avons  encore  vu  un  pied ,  c'était  le  droit  ;  il  était  sur  un 
socle  de  belle  pierre  calcaire  blanche,  d'un  bon  travail  et 

m 

avait  9  pouces  de  longueur.  Ainsi  la  statue  était  au  moins  de 
grandeur  naturelle. 

Le  sieur  Poullet  y  trouva  en  1807  ,  h  côté  d'un  tombeau  , 


45)  MÉMOIBE   SVB   ALLI7TB. 

deax  petite  instraments  semblables  et  égaux,  Tan  en  cuivre 
et  l'autre  en- argent  ;  ils  ayaieut  la  forme  d'une  cuillère; 
leur  longueur  totale  était  de  t4  centimètres  ,  le  mancbe  en 
avait  I G  et  .demi ,  était  quadrangulaire  proche  le  cuillerou 
où  il  avait  5  millimètres  d'épaisseur  5^2  centimètres  les 
angles  s'abattaient  3  il  se  termioaii*  en  cône  tronqué  ,  et  avait 
I  millimètre  et  demi  de  diamètre  h  l'extrémité.  Entre  le 
manche  et  le  cuilleron  il  y  avait  une  courbure  d'un  centi- 
mètre, semblable  à  celle  des  boutoirs  de  maréchaux.  Le 
cuilleron ,  dont  l'extrémité  est  relevée  jusqu'au-dessus  de  la 
direction  du  manche ,  a  la  figure  d'un  oméga  majuscule  [fort 
allongé,  dont  la  plus  grande  largeur  est  dç  56  millimèlres. 
Ces  deux  instruments  étaient  accompagnés  d'une  balle  sphérique 
en  laiton  ,  sur  laquelle  étaient  deux  petits  traits  croisés  X  } 
elle  pesait  109  grains  forts  :  le  siUcus  des  Romains  avait 
à  peu  près  le  même  poids.  L'usage  de  cette  balle  pouvait  servir 
à  peser  les  parfums ,  et  les  deux  cuillers  à  les  jeter  sur  le 
brasier* 

On  trouva  encore  à  la  même  époque  quinze  médailles  ro- 
maines en  bronze,  du  moyen  et  du  petit  modules 3  trois  de 
Constantin-le-Grand ,  une  d'Alexandre-Scvère ,  une  dç  Ger- 
manicus ,  une  de  Constance ,  une  de  Maxime  :  les  huit  autres 
étaient  frustres.  En  1  Bo5 ,,  le  sieur  Poullet  en  rencontra 
encore  deux  3  mais  nous  n'avons  pu  en  lire  qu'une.  La  légende 
était  Imp.  Maximianus.  Imp.  Aug, 

Dans  l'héritage  à  droite  du  chemin  qui  ya  à  la  rivière ,  oju 
remarque  des  décombres ,  maintenant  couverts  de  -brous- 
sailles. Ils  ont  ao  à  5o  mètres  de  largeur  sur  plus  de  200  de 
longueur ,  et  se  dirigeât  de  l'héritage  précédent ,  au  nord- 
est  ,  vers  le  petit  coteau  rapide  de  l'autre  rive  de  l'Aron  ,  au 
sommet  duquel  est  le  petit  hameau  de  Chamon.  Ces  débris 


anÎTent  h  cocde  de  5<h»  mètres  de  lotig«e«r ,  conpml'if«ler«' 
nipiMHi  dont  oa  ti  parler ,  d*«o  «re  decevde  que  paccourl 
la  rivière  »  dont  la  eoinrexité  caC  aa  snd-^esl.  Ib  ont  une-inter'^* 
mplioD  aux  a^ipcDclMi  d^  rAron,  dn  oèté  de  Chamoa.  N*eit-«l* 
pas  Traisemblable  qii^ils  proviennent  d'un  a!qaëduO'({iit'aiiie*- 
nait  des  eaux  d*aii  delà  de  Charnoo,  h  l'édifice  qui  était  dain» 
rkéritage  diLsievr  Poallet.  L'ioterroptiioo  Vers  la  rivière  nd 
poovait-elle  pas  être  sorniootée  par  une  arcade  ou  des  tnyant' 
rapportés  par  àes  pilles?  Ce  qoi  confirme  cette  idée ,  œ  sont , 
parmi  ces  débris ,  des  pierres  de  taille  de  plus  de  denx  «être» 
de  longueur ,  un  mètre  de  largeur ,  i6  à  ij  oeDiiractrea 
d*épais8eur  :  sur  Tune  des  grandes  faces ,  il  j  a  une  rigole  dé 
trois  centimètres  de  profondeur  et  d^enviroo  6  dédmètres  de 
largeur  ;  eette  rigole  était  sans  doute  un  cbemin  d*eao%  Rien 
n'était  plus  propre  qiie  tout  cela  à  persuader  M.  Sallonnyer  , 
que  Yillars  est  ÏAlisinciim  de  Titinéraire  d'Antoain  ,  mai^ 
s'il  eût  jeté  un  coup*d'œil  sur  AUnye  ^  )e  sais  coavaiacnqu  >^ 
aurait  pensé  difiéremroent. 

Le  mot  Yiilars  qui ,  suivant  Ducange ,  dCrive  de  VUiarey 
n'a  jamais  signifié  qu'une  maison  des  chtfmps^  nne  métairie  i 
il  n'a  pa«,  comme  Alluye,  le  moindre  rapport  «stcAlîsincum^ 
On  ne  peut  cependant  pas  disconvenir  qu'il  n'y  ait  eu  dHM 
cet  endroit  un  établiisement  romain  assez  imj^rtant  :  on 
pourrait  demander  ice  qu'il  était,  et  pourquoi  aon  nom  ',n'a 
laissé  aucune  trace.  Tous  les  objets  amoncelés  à  Yillars ,  tels 
que  priions  de  colonnes  ,  membres-  d'^rohitecturei  pavés  k 
compartiments  y  mosaïques  ,  espèce  de  cuiliers  et  poids ,  aur 
noncent.une  métairie.  E^ile  prit  le  nom  de  Yillars ,  qui  lui 
convenait. 

Alluye  n'offre  pas  moins  de  vestiges,  d'antiquités. 

Dans  le  d^uap  appelé,  de  Rèiiie-,  sitné  k  Goo  mètres  nM^ 

35 


4S$  MéMOlBB   SUS    AtLVYE, 

est  de  Fégiise  d'AHaye  ,  on  a  sorti  de  4erre  pins  de  ving[l 
tmnbes  de  grès  dont  le  graio  était  très-fin.  Il  est  de  transport^ 
car  il  n'y  a  ancane  espèce  de  grès  dans  Ja  éommune  ni  aux 
evvicoAs,  Une  pareille  tombe  parÀÎt  à  flear  de  lerie  dans  une 
des  rues  d' Alla  je.  Deuxamtres,  qui  ont  été  tronvées  dans 
lefauboorg  de  St  .-Martin,  sont 'maintenant  déposées  dans 
le  jardin  de  la  demoiselle  Gondier  :  Tune  d'elles  porte  19 
décimètnes' ( près  de  6 pieds)  de  longueur ,  4  ^^  ^^^^  (  P^^^ 
de  i5  pouces  )  de  laideur  par  un  bout ,  1  et  demi  (  5  ponces 
et  demi)  par  Tautre  bout.  Toutes  ces  mesures  sont  intérieures: 
les  parois  ont  un  décimètre  (près  de  4  pouces)  d'épaisseur. 
M*  Bèllon  de  Clias^  ,  ancien  militaire ,  digne  de  croyance  , 
dont  ia  maison  de  campagne  est  k  Alluye,  nous  a  assuré  que 
la  plupart  des  tombes,  trouvées  dans  le  cbamp  de  Rème, 
portaient  des  inscriptions  que  les  habitants  du  lieu  ne  purent 
lire  :  elles  furent  brisées  pour  en  faire  des  meules  et  des 
pierres  à  aiguiser.  Le  champ  de  Rème  paraît  avoir  été  le  lieu  le 
plus  ordinaire  aux  sépultures  ^AUsineum  i  dans  les  nuits 
sombres' de  l'hiver ,  il  s'y  élève  du  gaz  hydrogène  qui  s'en- 
flamme par  le  contact  de  l'air ,  phénomène  que  le  vulgaire 
appelle  feu-folet,  et  qu'il  attribue  à  des  revenants,  des  esprits 
malins.  Le  nom  de  Rème  ,  qne  porte  le  champ  dont  il  s'agit , 
ne  tirerait-il  pas  son  origine  du  verbe  latin  remeo,  revenir  ? 

Dans  une  de  ces  tombes  il  y  avait  une  médaille  de  bronze 
doré ,  du  grand  modale ,  qui  était  de  Trajan ,  avec  plusieurs 
petites  boucles  de  fer.  On  déterra  dans  le  même  local  trois 
squelettes  humains  :  celui  du  milieu  avait  la  face  tournée 
vers  le  ciel  et  une  épée  dans  la  maiti  droite;  les  deux  autres 
avaient  la  face  contre  terre  et  en  main  chacun  une  lance.  M. 
de  Chassy-,  dont  la  hauteur  est  de  5  pieds  10  pouces  ,  mit 
contre  sa  jambe  le  tibia  de  chacun  de  ces  squelettes  ^  il  le 


MBMOIBB   HVVL    AU.VYB.  455 

irouTa  de  deux-  pouces  plu»  long  que  ie  sien*  S'il  o'a  pas 
commis  d'erreur  d'anatomie  k  cause  des  emboîtements  des  oa 
dans  les  articulations ,  ces  charpentes  osseuses  ont  appartenu 
à  des  espèces  de  géans.  Exposées  k  Fair,  à  la  pluie,  et  à  la 
gelée ,  elles  se  sont  totalement  décomposées. 

Soit  dans  ces  tourbes,  soit  aux  environs  ,  on  a  trouFé  bea«'» 
coup  de  médailles.  M.  de  Cbassy.est  parvenu  à  en  recaeillîr 
quatorze  qu'il  a  bien  voulu  nous  communiquer  :  une  ^taît 
de  Nerva ,  une  de  Trajan  ,  une  de  Lucille ,  fille  de  Mare^ 
Aurèle ,  deux  de  Maximien-Hercule ,  une  d' Augnstule  ^  le  reste 
était  fruste  el  illisible.  On  en  a  trouvé  beaucoup  d'autres  et  on 
en  trouve  tous  les  jours  3  mais  la  cupidité  les  porte  chez  les 
brocanteurs. 

Dans  un  autre  héritage  adjacent  an  champ  de  Rème ,  il  y  a 
une  multitude  de  fragments  de  tuiles  k  rebords  et  des  sou- 
terrains voûtés. 

Des  prés  ,  appelés  Marceau ,  proche  et  à  Test  d'Alluye , 
vis-à-vis  de  la  maison  de  campagne  de  M.  de  Ghassy ,  conr 
tiennent  plusieurs  vieilles  masures ,  entre  lesquelles  il  y  a 
beaucoup  de  scories  vitreuses  semblables  à  celles  de  nos  bauts 
fourneaux.  Si,  dans  cet  endroit,  on  a,  comme  il  est  impossible 
d'en  douter ,  réduit  le  minerai  de  fer ,  cela  n'a  pu  se  &ire  par 
les  moyens  maintenant  en  i|sage ,  car  l'eau  ne  pouvait  y  âtre 
employée  comme  principal  moteur» 

Qn  ne  peut  ouvrir  la. terre  a  AUuye  et  aux  environs.,  que 
l'on,  n'y  trouve  des  fondements  de  bitiments,  des  voûtes , 
de^.cbeiniqp  ferrés,  .des  ossements,  des  lameacasçées,  des 
espcic^.de  médailles  ;.dans  œs  pièces,  l'une  4e$  fiioes  est  con< 
vexe  et  porte  une  tète  de  jeune  homme  3  la  &ce  opposée  est 
conçay^et  porte  un.cKeval  qui  franchit  no  objet  ressemblant 
à.utt,.Yas^t<Il  k^aix  k  souhaiter  que.  quelq»»  amateur  d'jwfi- 


456  «éiioniB  sm  aiutte. 

cpiitésy  dent  Iflibrtmie  loi  permetfrAÎt  on  sacrifiée  pécuniaire, 
fit  faire  âes  faiMlles  :  on  est  jperswidé  i^irelies  œ  seraient  pas 
iofniclaeosea» 

Ëa  f8o5>e«  refiiisaol  un  aoeiett  puitr,  comblé  éepats  long- 
temps, sur  le  champ  de  k  Màladi>erie ,  situé  h  moins  de 
deux  mille  mètres  d'AllUye,  sur  le  chemin  de  Châlillon-en- 
Baaois ,  on  «a  tira  beaoéoop  d'ossements ,  des  fers  à  dieval, 
«a  vase  aotique,  ()ui,  'dit<on ,  est  encore  enire  les  mains 
-de  <|tiekiue  personne  du  pay»  et  que.  nous  n^a-^^ons  pu  lions 
proeuj'er^ei  en  tirant  dn  saliie  dêu»  ce  même  champ  ,  ou  a 
trouvé  on  at|iiédiic  k  -^5  pieds  de  jirofbfideur.  : 

A  deux  cents  mètres  de  F  église  d' Allofye  ,  datis  le  chemin 
de  Châtilion  ,  sur  le  ruisseau  qui  descend  de  la  fohraine  de 
6t;-Martin,  il  y  avait  un  petit  pont  où  se  céuriis>âicnt  trois 
'voies  romaiiies  dont  les  vestiges  sont  très-apparents  en  divers 
endroits.  L*une ,  h  parlir  du  pont,  se  dirige  a  Test ,  entre  les 
champs  de  Billy  et  Allujr,  passe  auprès  du  <^amp  de  Rèine 
qu'elle  laisse  au  nord  ,  bmuite ,  décrivant  une  courbe  du  côté 
d'AHuye,  elle  traverse  tes  champs  Noirs ,  ceux  de  Pont ,  et 
«boutit  au  gué  dn  Pont.  Là  il  y  avait  un  pont  dont  les  fonde- 
ments de  cinq  pilessont  visiMes  lorsdes  basses  eant  '  elles  sont 
construites  en  petn  moellon  appareille  et  à  parement  piqué , 
<?omme  oeltii  de  ChMean-Chinon  ,  du*  temple  de  Janns  et  de  la 
pierre  de  Couard  à  Autun.  A  partir  de  U,  la  voie  est  assez 
bien  conservée  dans  une  longueur  d'environ  5o  mètres,  en 
remoataot  &  Test  an  hameau  da  Pevft.  EMe  passait  ensuite  entre 
Brinaytet,  lebameaKides  Ghamplongs,  ati  nord de'Limanmn, 
àCommargny^  à  St^-fionoré  ,  par  Beuvray ,  et  enfin  se  rendait 
à  Aulimi         >  • 

Utioiffntre  roie  ^  à  ^XW  du  petit  pont  d^ Alltiye ,  traversait  ' 
à  r4Miêst'ins  «fwe»  de  Bfîei»  ^  les  <$harops  Gobenu ,  Matizot  et 


des  EnGints ,  longeait  sur  la  gaaclie  la  route  actuelle  de 
Ckâtîllon  h  Nevers,  paMaH  à  BoiileTille,  an  pré  au  Drahle, 
au  liainean  de  Prémoisson  et  au  village  de  Sautzj.  Cette  direc- 
tion^ indique  qu'elle  pouvait  se  rendre  au  camp  j^omain  qiii  est 
au  dessus  de  St. -Sauge ,  et  en fîn  se  réunir  aux  environs  de 
'St*-Revérien  ,  à  celle  de  CliâtcauChinon  ,  h  Entrains  ,  etc. 

La  troisième  voie  passe  dans  le  bourg  actuel  d*Alluye  ,  suit 
le  chemin  de  Biches ,  dans  lequel  on  en  trouve  des  vestiges 
apparents,  ainsi  que  dans  la  forêt  de  Vincence,  qu*elle  traver» 
sait  en  suivant  h  peu  près  lediemiiide  Montigny  sur-Canne^ 
ce  qui  est  suffisant  pour  indiquer  sa  direction  sur  Deceiia  , 
Occiae. 

Rica  ne  nous  amènerait  &  une  CQiuifmntie  aussi  cei-taîiiA 
que  les  dislao€ev>'iai*qiiéesdaw  TtlifiéraM'e  d*Aiitonin,&i  elJie$ 
se  rapportaient  a  celles  quiexisletH  MeUenem  .o«tise  A.I4tiye ,. 
Aotuu  el  ùéci^  '^et  il  la«t  eoav«o*r  tfm  sous  ce  rapport  y 
Anisy  ,  étant  un  peu  plus  rapproché  de  ces  deux  villea,  c«»-*. 
viendrait  mieift.  11  y  a  en  ligne  droite,  d'un  cô:é  a6  mille 
toises  d' A  11  ti  je  h  Aulun,  qui,  ù  raison  de  'j5ô  toises  par  mille, 
donneraient  54  mille  romains,  tandis  qu'il  n'en  est  marqué 
i^e  XXII  dans  rilifiérahre^  et  de  r»iitrecôté  il  y  a  environ 
1.4  n'iWe  toises  d'AUuye  k  Déciza  ,  faieMOI  18  milles,  tatidis 
qu'il  n'en  ecrt  niaiiqué  que  XIV.  Au  résilie ,  peutrêtre  s'agil-il 
de  lieues  gauloist^s  qui  étaieni;  d'ua  liefa  plus  loognes  que  leSw 
Oiilles. 

Les  détails  dans  ]es4|iiek.  on  vient  d'entœr ,  snrtoiK  les  trois 
voies  romainest  qiùabouiiAseat  h  Allume ,  persuadent  c^Wisei 
endroit  était  aucietiiiemeni  une  viJle  iroportunle,  que  c  était 
V Alisincum  de  l'Itinéraire  d'Antonio.  Llanalogiede.ranciett 
nom  avec  le  moderoe,  bien  plus  fj^a^^utc  qu^ivée  celui 
d'Aiiiiiy  ,  eii  il  n'y  a  aucune  trace  d'aulvi|uité.,.coaf) l'Hic  celte 
pvésoniplion. 


t 

/ 


45fi  miuofmz  stm  A%xvt*'^  -n 

qui  tes,  dent  Uffortime  lui  peimetlrr 
fit  faifedes  faNtUes:  oy  ^1>^^r/7p 
iofriietiiciiSM.'  *'  gf^*^ 

temps,  sur  le  char       .  /X-  ^^    Catimonf  , 

deux  hhIIc  inèlr    /A^ 

^     .  1/,  DE  LASSAULX  , 

^..  irtfavernement  Prussien ,  à  Coblentz. 


fjssanlt ,  kabile  architecte  de  Coblentz ,  est  un  fi^ 
M'  .  ^gf  les  premiers  construit  des  monuments  religieux 


^^^itKflê  du 'moyen  âge.  La  lettre  ci-jointe  qu'il  vient 

^^^^ri  M.  de  Canmont  renferme  des  renseignements  pré- 

.  aot  nwA  recommandons  aux  lecteurs  du  Bulletin  monu- 
^nt  ht' 

MOICSIBVII, 


J'ai  rbonnenr  de  vous  remercier  de  votre  gracieuse  lettre 
Ju  19  juillet  dernier  et  de  l'envoi  de  vos  bulletins  ,  que  )'ai 
étudiés  avec  toute  la  satisfaction  possible.  Dans  notre  iittéra- 
ture  allemande  nous  ne  possédons  rien  de  pareil .  et  je  ne  crois 

1 

f  même  pas  qu'il  y  ait  personne  en  état  de  réunir  los  matériaux 

.  nécessaires  pour  la  composition  d'un  ouvrage  semblable.  D* un 

^  autre  côté ,  les  bonnes  monographies  ne  nous  manquent  pas ) 

l  il  vous  sera  peut-être  agréable  d'en  connaître  les  titres  :  aussi 

f  vais- je  les  transcrire  ici. 

[  Boisserée.  «-*  Cathédrale  de  Cologne. 

Le  même.  «—  Lea  monuments  du  Bas-fthin. 


IITTRB   DE  M^M  l^SfAULX,   AB€«ITBOTtf  A  CC»U»TZ.*4^9 

Molier.  -— *  M«nQHieBls  da  moyen  âge^ 

Le  mène*  —  Un  fae-simile  da  plan  originel  de  la  cathé- 
drale de  Colegne. 

Le  mêsie^  — Description  des  eatliëd raies  de  Marbourg, 
Liinboarg  et  Fribonrg. 

iSr&ra^er.-— Descriptteo'  des  cathédrales  deStrashoarg, 
Fribonrg  et  Censtance«> 

Sehweehlen.  -^  Description-  de  la  cathédbale  de  Meissein. 

«SeAmû/l.-— Description  delà  cathédrale  de  Trèyes^  dés 
églises  de  Ste.-Marîe  et  St.-Màthias  de  la 
même  Tille ,  et  de  celle  d'Ecthernach ,  con- 
sacrée en  1054. 

Pepp»  —Description de  hi  cathédrale  deBafisbonne. 

Idicantts,  -—  Bescrfption  de  l^église  d'Halberstadt. 

Lepshis»  —  Description  de  FégHse  de  Ndumbarg. 

Kugler.  —  Description-  dt  l'église  de  Qoedelinbnrg. 

TVetter.  —Description  de  la  cathédrale  de  Mayence. 

Ciemens.  -—  Description  âk  f  église  de  MagdeBourg, 

Heidelos, — Description  des  églises  de  Naremberg. 

SehîmmeL  -—  Mon  orne  nts  de  la  Westphalie; 

QuedtioUé  —  Monuments  de  Trêves. 

Çuagli&,  -^  Monuments  As  FAllemagne. 

Tappe. — Monuments  de  k  ville  de  Soest^ 

Putrich.  —  Eglise»  de  Saxe» 

Le  même.  —  Description  de  la  cathédrale  èe  St.-Etienne 
de  Tienne. 

Le  même.  •— Description  de  la  cathédrale  d'Angsbourg. 

Le  même.  —-Description del'égHsede  Stè.-Marie& Munich. 

Sachre.  —  Eglises  f  Allemagne.  " 

Lange.  —  Eglises  d'Allemagne. 

Frieke,  —  Château  de» chevaliers  Teuteniques ,  à  Marien- 
berg  près  Dantzig. 


Knapp  et  Giaieii«oA#i.*^Ba6ttN|«i»  k  Koiae. 
iT^pp. -**-CobsUnictioD  det  orooneots  gathii 

A  ces  ouvrages  il  faut  en  ajosler  un  gnind  Dombre  d'aatres 
que  je  ne  ne  rappelle  pas  en  ce  momenu  II  y  aeocereroirvrage 
de  M«  de  Wiebekiog,  rempli  d'erreurs,  mais  qui  contient 
pourtant  l)caucaup  de  choses  intéressantes.  Il  vieiU .  d'eu 
paraître  une  traduction  française.  Les  amres  livres  cités  ne 
renferment  ^  en  général ,  rien  de  scientiUque  :  ce  sotrt  des 
ouvrages  purement  architectoniques. 

Ce  que  vous  avez  eu  la  complaisance  de  m* écrire  sur  les 
^lises  circulaires  ou  polygonales^  ainsi  que  ce  que  jai  trouvé 
dans  le  5**.  volume  de  votre  Bulletin,  ma  vivement  intéressé , 
et  j*ai  vu  avec  une  satis&ction  toute  particulière ,  que  vous 
pensez  comme  moi  ,  que  ces  monuments  n'ont  pas  été  élevés 
pour  servir  de  haplistères,  mais  bien  à  Timitation  du  St.- 
Sépulcre.  Je  tâcherai  de  me  procurer  les  mémoires  de  MM. 
de  Cbergé  ,  de  Tournai  et  Bodin ,  sur  les  églises  de  Charron , 
de  Rieux-Mérenville  et  de  Fonlevrault.  J'ai  trouvé  idans 
Mabillon ,  Annales.de  Tordre  de  St.rBénoit  ,  tom.  xiv, 
pag.  i5i,  les  plajDS  d'une  des  abbayes  les  plus  considérables, 
celle  de  St .-Bénigne ,  bâtie  par  l'abbé  Wilhelmus  Divonensis. 
Cette  abbaye  existe-:t*ellc  encore?  ou  bien  en'a-t-on  d^nné  une 
plus  ample  desorij^tion  ? 

Dans  le  désir  que  j'ai  de  préseiïtervaa  pnUic  qifelques  con- 
sidérations impojttaûte^  sur  les  églises  polygonales,  j'ose  vous 
proposer  de  vous  fournir  la  gravure  de  celle  que  nous  avons  à 
Covera ,  en  Tacoomp£|g<nant  d'une  courte  notice*  Si  vous  voulez 
m'iudiquer  le  nombre  d'éjnreuves  qu'il  vous  fajut  et  me  ai  te  où 
je  dois  vous  les  adresser^. je  m'empresserai  de  vous  les  laire 
tenir. 
.  Pour  convaincre  /vp0  architectes  de  la  possibilité  de  eons- 


ÛWemtEClB   A  G06LCSTS.  4^1 

mûre  des  églMè»dafDf  let  styles  du  moyen  âge,  elde  récouoinie 
de  celte  coiislroctieB  sur  celle  des  moaaiiieiits  d'arcliîlectDr« 
greo^ne  oa  roinniie  ^  yt  ¥Mis  laûscrAÎ  libre  de  ciioislr  quel* 
ques-ous  des  plai»  des  ^set  dent  j*âi  dirigé  rédificatioa ,  et 
)'»  riionaeur  de  tous  iudiqoer  les  dépeases  oocasiounées  par 
ces  conatroctÎMis* 

LVglise  de  CapeUen ,  cooyrani  une  suriaoe  de  5^  1 54  pieds 
carres  j  a  coûté •  • 18^14^  ('• 

Celle  de  Waldeacli ,  couvrant  une  surface  de 
5,254  piedscarrés ,  a  coûté •     i5,^i 

Celle  de  Weisioailiuro,  couvrant  une  surface 
de  5,555  pieds  carres ,  a  coûté i3,  i85 

Celle  de  Baas,  couvrant  une  surface  de  3^52o 
pieds  carrés,  a  coûté i5,56i 

Je  ne  compte  pas  les  frais  de  transport  qui  ont 
été  fiiits  par  corvée. 

Celle  de  Walwig ,  dont  les  fondements  sont 
très-profonds  et  qui  couvre  une  surface  de  4^  1 1 5 
pîeds  carrés ,  a  coûté 52,964 

Celle  de  Cobern,  couvrant  une  surface  de  5,549 
piedfi  CArréft ,  a  coûté • 3o,o8 1 

Celle  de  GaU ,  couvrant  une  surface  de  7,955 
.pieds  carrés ,  a  coulé «     64>767 

Celle  de  T^eis,  couvrant  une  surface  de  8,317 
pîed«  carrés ,  a  coûté 106.970 

Celle  de  Yaileodre,  couvrant  une  surface  de 
15,574  piedscarrés,  a  coûté , 107,  io5 

Vous  remarquerez  sans  doute  que  Téglisc  de  Trcis«  qui  est 
bâtie  dans  le  style  ogival ,  est  celle  qui  coûte  le  plus ,  puisque 
les  frais  de  sa  construction  sont  presque  doubles  des  frais  de 
.celle  de  Téglise  de  Gais  qui  est  presque  aussi  grande  ^  et 


46a  LBTTRE    DE   M.    1»  LASSAULX  , 

I 

presque  égant  i  ceux  de  la  constraction  de  l'égKse  de  Valtendre 
;  qui  couvre  une  surface  presque  double  :  cela  tienl  à  ce  que 

le  style  ogival  exige  bien  plus  souvent  l'emploi  des  pierres  de 
lai  lie.  Du  reste,  ces  dépenses,  quelque  considérables  qu'elles 
soic:nt ,  ne  permettent  pas  encore  d'approcher  de  la  richesse 
des  anciennes  églises  de  ce  style.  Il  n'en  est  pas  de  même  de 
celles  du  style  roman  ,  comme  la  siirvenance  du  style  ogival  a 
interr(Hnpu  les  progrès  qit'il  aurait  pu  laire  par  la  suite ,  le 
peu  de  monuments  qu  il  nous  a  légués,  et  qui  sont  peu  connus 
du  public,  peuvent  être  facilement  surpassés.  Il  parait  aujour- 
d'hui, qu'en  architecture,  il  faut  s'en  tenir  aussi. à  un  juste 
milieu. 

Je  prends  encore  la  liberté  de  joindre  à  cette  lettre  ,  une 

lithographie  représentant  une  espèce  de  mosaïque  ou  plutôt 

de  marqueterie  consistant  en  petites  pièces  de  brique  de  deux 

pouces  de  long  sur  huit  lignes  d'épaisseur ,  qui  proviennent 

r  de  briques  longues  de  hait  pouces  et  épaisses  de  quatre  ,  que 

l'on  divise  en  fragments  symétriques.  Pour  faire  comprendre 
comment  s'assemblent  ces  petites  pièces,  j'ai  divisé  le  plancher 
en  un  certain  nombre  de  parties  de  deux  h  trois  pieds  carrés 
chacune,  qui  se  disposent  Tune  après  Fautre  sur  le  dessin  même 
tracé  sur  une  table  dans  l'intérieur  d'un  châssis  mobile  5  00 
remplit  ensuite  les  intervalles  de  plâtre  ou  de  ciment  dont  on 
enlève  le  superflu  au  moyen  d' une  règle  que  l'on  fait  glisser  sur 
les  bords  du  châssis.  Quand  Fappareilest  suffisamment  sec,  on 
ote  le  châssis ,  on  retourne  les  pièces  assemblées  et  on  la  re- 
passe avec  du  sable  soas  un  morceau  de  grès ,  pour  lui  donner 
le  poli  nécessaire.  A  ce  moyen ,  il  est  aisé  de  confectionner 
I  tous  les  compartiments  ï  un  après  l'autre,  et  de  les  poser  ensuite 

I  La  figure  YI  donne  une  section  du  plancher  que  Ton  trouve 

y  dans  une  chapelle  ronde  qui  fait  partie  d'un  petit  château 


▲RCHITECTB  A   COBtlVTZ.  4^5 

que  j*ai  bâti  dernièrement  dans  le  style  roman  y  k.  Reineck , 
près  Andernach  sur  le  Rhin  ,  pour  M.  Belhmann  HoUewey  , 
riche  professeur  de  Bonn.  Les  briquiçs  sont  de  trois  couieurs  : 
rouges ,  jaunes  et  grises ,  et  )'ai  l'espoir  d'en  obtenir  encore 
de  diverses  couleurs ,  pour  le  plancher  du  chœur  de  la  uou- 
-yelle  église  de  Yallendve* 

IVota,  M.  de  Caomoot  a,  communiqué  sommairement  au 
Congjès  scientifique  de  France  à  Clermont,  les  résultais  ob« 
tenus  par  M.  de  Lassaoli ,  relativement  k  la  construction  des 
édifices  religieux  dans  le  style  du  moyen  âge.  Il  a  fait  remar- 
quer que  les  architectes  français  ont  en  général  beaucoup 
mieux  saisi  le  style  roman  que  le  style  ogivaL  Ou  pourrait 
citer,  même  dans  les  campagnes,  des  arcades  romanes  qui  ont 
été  refaites  d'uqe  manière  très-satisfaisante,  au  lieu  que  les 
constructions  ogivales  sont ,  au  moins  en  grande  partie ,  plu- 
tôt une  parodie  qu  une  sérieuse  imitation  de  ce  style. 

MM.  de  La  Saussaye ,  Mallet ,  architecte  à  Clermout ,  et 
Pollet ,  de  Lyon ,  ont  eu  lieu  de  faire  les. mêmes  ubscrvaliou» 
dans  le  centre  de  la  France.  Ils  s  accordent  avec  MM«  de  Las- 
saulx  et  de  Caumont ,  pour  admettre  que  les  constructions  k 
plein  cintre  sont  et  plus  faciles  et  moins  coûteuses  5  les 
variations  de  F  ogive  ofirant  plus  de  diQculté  dans  Fexécutiou 
que  le  style  roman  toujours  le  même  dans  sa  forme,  et 
qui  demande  moins  de  fini  dans  ses  sculptures  et  ses  détails. 

V 

(f^.  le  compte-rendu  de  ia&»  session  du  Congrès  scien* 
tifique^  pag.  i3o.^ 


i^Lrik. 


Simnee  adminisitaiive  du  27  octxAre  i8S8.  •— Le  Goaseii 
de  U  Société  po«r  la  OMservatieii  des  oMoumealr,  Vest  l'éaiii 
àCMiilesd  octobre  iSSSv  Après  l^aoalyw  de  la eorres{iotH 
djnce,  et  rexpëditioo  des  affaires  ceuvaDics,  k  Cësseil  a 
entenda  an  rapport  verbal  de  M.  de  Caamont ,  sur  Téiat  des 
■HBoumenle  hietoriqees  ikivilki  de  Boucg;e» ,  La  Ctiartté-siir* 
Loii'c ,  Ne?ers ,  Moulùos  y  5t.-Pottrcaiii  ^  Ai^ncpeirse  ,  Riom  | 
ClermoBt ,  Thiers^  St«-Ëtieane ,  Lyon ,  Génère ,  Laosamar  y 
Avencbes ,  Friboorg ,  Berne ,  Neufcbalel ,  Besançon  ,  Gray  , 
Laagres^  Chamnont ,  Treycs  et  Sens*    , 

En  terminant  ce  long  rapport ,  M*  de  Caumont  a  déploré 
la  destr action  des  murailles  antiqoes  de  la  ville  de  Sens,  les 
plos  complètes  que  l'on  possédât  en  France.  Le  conseil  rauiii'- 
cipal  y  sans  tenir  aocnn  compte  de  Fintérèt  que  piésentent  ces 
murailles ,  a  sollicité  du  Conseil  d'état  la  permission  de  les 
aliéner  et  de  les  détruire.  11  ne  s*est  trouvé,  ni  dans  la  ville 
de  Sens ,  ni  dans  le  Conseil  d'Etat ,  ni  dans  les  Sociétés  sa- 
vantes de  Paris  ,  personne  qui  ait  réelamé  contre  cet  acte  de 
vaudalione.  La  demande  du  Conseil  municipal  de  ^wa  a  élé 
approuvée  ,  et  Fadministralion  concède  aux  propriétaires  dos 
maisons  voisines,  les  portions  de  murailles  qui  correspondent  à 
leurs  terrains.  Comme  les  murs  romains  ,  dont  la  partie  supé- 
rieare  seuleaient  «st  en  petit  appareil ,  reufermeflt  dans  leur 
partie  inférieure  une  énorme  quantité  de  belles  pierres  , 
presque  toutes  sonlplé^  ei  proveiiant  d^s  monumeufs  romains 
de  Fantique  Agedincuni ,  plusieurs  propriétaires  ont  trouvé 
un  bénéfice  certain  à  liiire  détruire  la  portion  de  mur  qu'ils 
avaient  acquise,  et  déjà  bon  nombre  de  broches  ont  été  pra- 
tiquées dans  l'enceinte  murale,  presque  intacte  il  y  a  peu  d'an- 
n  ées.  Quelques-uns  ,  sans  détruire  entièrement  la  muraille , 


es  oôt  arradié  les  revètemeiirs  peur  les  employer  dans  leurs 
eonstroelkN»  noderses.  Ewffi^  ra<liiiiBtstration  manicîpale, 
comme  poar  Uiler  la  destroeiioa  complète  d'un  monument 
qu'elle  aurait  de  oonserrer  à  tout  prix  ,  fait  exploiter  comme 
carrière  •  une  pMiîedes  murs  qui  n'a  point  encore  été  vendues' 

M.  de  Caumont  s*est  empressé  de  visiter  \  son  passage  M.  le 
sous-préfet  de  Sens  el  quelques  amateurs,  pour  les  inviter  h 
faire  recueillir  les  plus  intéressantes  des  pierres  sculptées  de 
grande  dimension,  qui,  à  Sens,  comme  à  Tours  et  ailleurs  , 
forment  la  partie  basse  des  murailles.  Il  a  prié  en  même 
temps  M.  Mérimée ,  inspecteur  général  des  monuments  histo- 
riques ,  de  donner  des  ordres  pour  que  ces  morceaux  fussent 
réunis  dans  un  lieu  public,  pour  former  ainsi  dans  la  ville 
de  Sens ,  uue  Golleclion  qui  conservât  au  moins  un  souvenir 
des  anciens  monuments  de  cette  ville.  M.  Mérimée  a  écrit 
immédiatement  dans  ce  sens  à  M.  le  Préfet  de  F  Yonne. 

Au  mois  d^ octobre  dernier^  des  blocs  ayant  fait  partie  de 
frises  de  corniciies,  de  colonnes  et  de  pilastres,  étaient  déposés 
sur  la  promenade ,  et  on  les  retaillait  pour  les  faire  entrer  dans 
de  nouvelles  constructions.  M.  Lorne  ,  jeune  amateur,  qui 
possède  à  Sens  un  beau  cabinet  d'hisloire  naturelle  et  d'aufi- 
quités,  a  sauvé  de  la  destruction  plusieurs  bas-reliefs  ci  un 
tombeau  très- bien  conservé  ,  offrant  en  pied  la  représentatioD 
du  défunt. 

—M.  le  baron  d^Huart,  dé  Metz,  avait  adressé  au  Conseil  une 
note  concernant  Féglise  de  Morlange  (Moselle)  qu'il  &it  ré- 
parer au  moyen  d'une  souscription^  et  qui  va  ainsi  être  sauvée 
de  la  destruction  dont  elle  était  menacée  j  le  Conseil  a  décidé 
qu^une  somme  de  loo  /r.  serait  mise  à  la  disposition  de 
M.  d'Huart  pour  aider  aux  travaux  qu'il  fait  exécuter.  Le 
monument  est  du  XII*'.  siècle  et  présente  quelques  détails  ia« 
tcressants.  * 


466  NOUVEUBS    AAGIléoi.O&fQUBSé 

— rMv  le  caré  de  Querque^iHe  (MUncbe)  a  réclamé  quelques 
secoors  pour  son  église^  regardée  nomme  ane  des  plw  andeooe* 
de  ce  pays. 

— M-  Yatout,  directear  des  mooumeats  piAlics,  a  aimofioé 
que  la  réclama tioa  de  la  Société  conoeroaAt  le  château  de 
Thouars,  a^été  communiquée  à  FadministratioD ,  et  que 
rédifice  sera  conservé  sans  altération.. 

— ^M.  Wbiss,  membre  de  Tlnstitut,  à  Besançon,  a  été  proclamé 
inspecteur-divisionnaire  pour  les  départements  du  Daubs ,  du 
Jura  et  de  la  Haute-Saône. 

*— M.  CoMMARMOVT  ,  conservateur  de  la  bibliothèque  du 
palais  des  arts  à  Lyon  ,  a  été  nommé  membre  de  la  Société. 

Séance  du  ig  décembre*  —  M.  de  Caumont  donne  lecture 
d'une  lettre  par  laquelle  M.  Cauvin  ,  secrclaire  général  du 
Congrès  qui  aura  lieu  au  Mans  en  septembre  1859,  invite  la 
Société  a  déléguer  quelques-uns  de  ses  membres  à  cette  réunion. 
MM.  Léchaudé  d'Anisy  ,  de  Caen  ,  Gaugain  ,  id. ,  Du 
Marlialla  ,  conservateur  des  monuments  du  Finistère  à 
Quimper,  sont  désigaés  pour  représenter  la  Société  au  congrès. 
Plusieurs  réunions  générales  de  la  Société  auront  Heu  pendant 
la  durée  de  la  session  ,  les  ï5,  16  et  17  septembre. 

•<— La  réunion  générale  annuelle  de  la  Compagnie,  sera  con- 
voquée pour  le  7  juillet,  dans  une  ville  qui  sera  ultérieurement 

indiquée.    . 

—M.  de  Caumont  annonce  ensuite  qu  ila  acc|uis  une  portion 
des  ruines  de  l'abbaye  de  Savigny  ,  qui  remonte  à  la  première 
moitié  du  XII*.  siècle  et  qui  lui  a  paru  digne  d'être  conservée  | 
il  a  fait  cette  emplette  pour  son  propre  compte ,  afin  que  les 
fonds  dont  la  Société  peut  disposer  soient  employés  à  sauver 
d'autres  monuments,  maïs  il  croit  que  la  Compagnie  doit 
prendre  ces  ruines  sous  sa  protection  ,  en  surveiller  la  conser- 


Talion  ,  et  il  propose  en  conséquence  de  nommer  membre  du 
Cj^Bseil^  i^jr«fi9ik«eeipetit4«ftL  I^Cointredéfflissioniiatre,M. 
Alph.  DBMiLLY,par  les  $oîn$, duquel  le»  mines  de  Sayigny  ont 
été  acquises^  et  de  lui  conférer  en  même  temps  la  titre  de 
conservateur  des  monuments  de  Farrondissement  de  Mortain« 
Cette  proposition  est  adoptée  à  F  unanimité. 
—M.  Dz  MiLLY  est  proclamé  membre  du  Conseil  adminis- 
tratif eo  remplacement  de  M.  Le  Coinlre. 

— D'après  le  marché  conclu,  plusieurs  chapiteaux  provenant 
des  démolitions  faites  à  Savigny ,  devront  être  envoyés  à 
Mortain  où  ils  formeront  le  noyau  d'une  collection  d'anti- 
quités pour  l'arrondissement. 

*— Le  Conseil  prend  connaissance  d'une  délibération  prise  à 
Poitiers  par  MM*  de  Lafontenelle,  Cardip  et  Le  Cointre,  rela- 
tivement à  la  restauration  des  tombeaux  d'Oiron.  Au  moyen 
des  allocations  de  la  Société  pour  la  conservation  des  monu- 
ments, de  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest  et  du  Conseil 
général  des  Deux-Sèvres,  les  tombeaux  d'Oiron  vont  être 
replacés  et  complètement  restaurés. 

—-Le  Conseil  proclame  Inspecteur  des  monuments  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Marne  ,  M.  GiRAui^T  DE  PjKANGBT ,  membre 
de  plusieurs  Sociétés  savantes  à  Langres. 

-—Sont  proclamés  Membres  de  la  Société,  sur  la  proposition 
de  MM.  Commarmont,  de  Lyon  ,  et  de  Caumont  : 
1{M»  Pii»Toi.BT  DB  saiitt-Fbrgeux  ,  membre  de  plusieurs  So- 
ciétés savantes,  à  Langres; 
Dabi)(8i>,  architecte  de  la  ville  de  Lyonj 
Gbos  ,  architecte  a  Lyon  , 
DioiER-PfiTiT ,  vice  président  de  la  Société  des  Amis 

d^  Arts ,  à  Lyon  : 
Perbin  ,  imprimeur  a  Lyon  ; 
BovBT ,  curé  de  St.-Just ,  à  Lyon  ; 


468  irotrvBUKs  AfteH£oi.oGtQimi. 

MM.  EYifAtTD,  à  Lyon^ 

MERjoinvr,  «Krectent  \la  grand  sémkiaire'éeAayooii»»^ 

BtifET ,  architecte  À  Angers» 
—  Le  Cooseîl  prend  connaissance  (Time  demande  de  M.  1c 
Cure  dé  Cheux  (Calvados) ,  qui  désirerait  qne  la  Société  lai 
aidât  à  réparer  son  église ,  Tune  des  plus  intéeessantes  des 
églises  rurales  de  Normaridie  ,  et  figurée  dans  l'ouvrage  de 
Cotmann.  Une  somme  de  5o  fr.  lai  est  accordée  par  le  Conseil, 
h  titre  d'encouragement* 

— Ouvrage  de  M,  le  duc.  de  Serra  di  Falco^  sur  tarcki" 
iectureen  Sicile,  M.  le  duc  Serra  di  Falco,  de  Païenne,  membre 
de  plnsienrs  Académies  et  Sociétés  savantes,  vient  de  doter 
rhistoire  de  Tartd'un  ouvrage  fort impcHiaBtsarFarcliiteGtnrc 
de  Sicile.  Ce  livre,  format  grand  in-F».,  qui  a  pour  titre  :  Del 
duonto  di  Monreale  e  di  altre^  se  divise  en  trois  chapitres.  Le 
premier  est  exclusivement  consacré  à  décrire  les  beautés  de  la 
eatbcdraledeMontréalc  j  dans  Icsecood,  raateur  passe  en  revue 
les  églises  normandes  de  Sicile  les  plus  remarquables  et  b» 
mieux  conservées ,  ia  Capeila  Palateria  ,  la  cathédrale  de  Ce- 
faln  ,  ctc«,  etc.  Enfin  dans  le  troisième  et  dernier  chapitre ,  il 
traite  de  la  forme  générale  des  églises  sicilo- normandes. 

M.  Serra  dr  Falco  a  joint  à  son  ouvrage  vingt-huit  planches 
qui  en  rehaussent  encore  le  mérite* 

Nous  nous  bornerons ,  quant  à  présent ,  à  signaler  cette  piH- 
blication  intéressante  aux  lecteurs  du  Bulletin  ,  parce  qn  un 
homme  qui  en  parlera  mieux  que  nous ,  puisqu'il  a  visité  la 
Sicile  et  qu*il  a  étudié  avec  sotn  lesmonuments,  que  M.  de  Fal- 
con  â  décrits,  M.  GiraultdePrangey,  de  La ngres,  s'occupe  de 
préparer ,  au  sujet  de  cet  ouvrage ,  t»n  article  que  nous  espérons 
bientôt  offrir  à  nos  lecteurs. 


DescripHon  des  monument»  anciens  et' modernes  de  ia 
^mme. — M.  Lombârt ,  arehitçote,  membre  oomspondani 
de  la  Société  d'Archéologie  de  la  SoAKme  ,  a  entrepris  la  des* 
criplion  des  mooumeuu  le»  plus  curieux  de  ce  dépariementi 
Les  deux  premières  livraisons  de  soo  ouvrage  ont  déjà  pitra, 
et  elles  foQl  désirer  la  puUieation  des  suivantes.  Le  défaut 
d^space  nous  iiiierdit  toute  cttation  ,  et  noiis  sommes  même 
réduits  à  nous  absleuir  de  oonaidérations  particulières  sur  la 
manière  dont  il  a  traité  son  sujet.  Nous  nou^  bornerons  à  re* 
commander  son  travail  aux  lecteurs  du  Bulletin.  La  Picardie 
ofire ,  sous  le  rapport  monumental ,  des  richesses  qu'il  importe 
de  connaître,  et  la  description  qu'en  a  donnée  M.  Lombard , 
dégagée  de  tous  détails  superflus ,  pleine  de  clarté  et  de  préct- 
&iim  ,  ne  peut  manquer  d'être  accueillie  avec  faveur.  Les  réilc* 
lions  qu'il  a  semées  dans  son  ouvrage  se  font  remarquer  par 
leur  sagesse ,  et  témoignent  du  discernement  et  du  bon  goât 
de  f  observateur. 

Inscription  relei^e  à  Poitiers  par  M.  Le  Cointre. — Dans 
l'i^lise  St.-Hilaire  de  Poitiers ,  à  trois  pieds  environ  au-dessus 
d^nn  tombeau  a  moitié  sorti  de  terre  ,  dans  on  arceau  pratiqué 
hf  l'extrémité  du  croisillon  droit  de  l'édifice,  se  trouve  eoebâssée 
une  inscription  que  M.  Le  Cointre^Dopont  vient  de  relever. 
Lès  deux  premiers  mots  manquaient,  et  il  lésa  suppléés.  Nous- 
donnoos  ici  rinscription  telle  que  Ta  lue  M.  Le  Coiatre: 
Pro  Constantino  de/uncta  fUcito  psalmos 
'    Sors  hominum  titubât  sicutvaga  fluminis  unda; 
Nam  modo  quod  validum  mox  liquet  oectUaum, 
Censju  dU'es,  homo  pauper  non  fidus  adesio , 

Ifam  ielluris  opes  auferei  una  dies. 
Ut  Constantmus  tutnuh  qui  elaàditur  iUo 

Bives  honore  fait  et  sua  déstriàuU, 
JttfirmiSt  nudiSf  ccecis,  vidais  et  egenis 
Omnibus  et  studuit  omnia  se  fieri, 
Jtque  Pater  noster  quod  sibi  sit  requies,  34 


Poème  de  M.  Bqy^  sur'  l'éducation.  —  Une  cearrc 
vraiment  utile  et  méritoire ,  est  celle  que  vient  4'accomplir 
M.  Boyer,  ancien  professeur  de  rétborique  au  collège  du 
Manset/ife/7t£re  delà  Sociéié  pourla  conservation  desmonu^'' 
ments  :  un  poème  sur  Téducation  manquait  à  la  littérature 
ftançaise  ;  il  Ta  entrepris  et  s'est  acquitté  avec  succès  de  sa 
Boble  tâche.  On  doit  douUement  féliciter  M.  Bojer  du  travail 
auquel  il  a  consacré  ses  veilles  !  méditer  un  sujet  aussi  grave 
pendant  de  longues  années  et  le  développer  sur  des  bases  aussi 
larges,  c'était  déjà  bien  mériter  des  amis  de  la  morale  et  de 
l'humanité  ;  mais  donner  à  son  ouvrage  une  lorme  aussi  sédui« 
santé  que  la  forme  poétique,  &e  condamner  >  pour  rendre  plus 
agréable  à  la  jeunesse  une  lecture  dont  on  doit  se  promettre  de 
si  utiles  résultats ,  à  des  travaux  plus  longs  et  plus  pénibles, 
c'était  j«  crééer  des  droits  certains  à  la  reconnaissance  de  la 
Société.  L'auteur^  nous  dit  que  son  poème  est  l'œuvre  de  vingt 
années  de  peines ,  et  on  le  croira  facilement  après  l'avoir  lu  : 
il  a  traité  son  sujet  avec  conscience*  A  une  époque  où  les  livres 
écritsdansle  même  esprit  ({ne  celui  de  M.  Boyer  sont  si  rares, 
il  faut  vivement  se  réjouir  de  sa  publication.  Le  dévouement  de 
l'auteur  mérite  une  récompense  :  si  Flnsiitut  jetait  les  yeux  sur 
M*  Boyer  pour  lui  décerner  un  des  prix  Monthion,  il  faut 
convenir  qu'il  ferait  un  choix  que  tons  les  amis  de  la  morale 
s'empresseraient  de  ratifier. 

Mesures  prises  pour  la  conservation  du  château  de 
Preny.  -«—  MM.  Simon  ,  inspecteur  des  monuments  de  la 
Moselle ,  et  Bégin ,  inspecteur  des  monuments  de  la  Meurtbe , 
ont  provoqué  dans  le  sein  de  l'Académie  de  Metz,  la  nomina- 
tion d'une  commission  chargée  de  préparer  un  rapport  sur  le 
château  de  Preny  ,  édifice  du  moyen  âge ,  dont  les  ruines  pré- 
sentent beaucoup  d'intérêt.  Lesenquêtes  qui  ont  eu  lieu  ont  fait 
conpaitre  que  le  château  avait  été  au  commencement  de  la  ré- 


1 


fdlttion,  «clieté  par  un  siear  deGoerre  (te Nancy,  qui  depuis  a 
para  ne  plus  penser  k  son  acquisition  ;  quand  il  y  a  en  des 
mesures  conservatoires  li  prendre ,  c'est  le  gouyernement  qui 
a'en  est  chargé  et  a  fait  les  frais  des  travaux  ;  de  sorte  qu'il 
règne  maintenant  de  Tiocertitude  sur  le  point  de  savoir  quel 
est  le  véritable  propriétaire.  La  Ck>mmission  voudrait  qu*on* 
s'occupât  dès  ce  moment  de  soutenir  la  porte  d'entrée^  dont 
rautorité  administrative  paraît  vouloir  opérer  la  démolition- 
dans  l'intérêt  de  la  sûreté  publique.  Le  rapport  n'a  pas  encore 
été  lu,  parce  qu'on  attend  an  dessin  qu'on  y  joindra  pour  qu'on 
poisse  juger  de  l'utilité  de  la  demande.  Lès  autorités  locales 
et  les  Sociétés  savantes  de  Metz  et  de  Nancy  prennent  un|grand 
intérêt  k  la  conservation  du  monument  et  sont  disposées  \ 
seconder  activement  les  démarches  qui  seront  faites  pour  le 
sauver ,  par  les  inspecteurs  de  la  Société  pour  la  conservation 
des  monuments. 

Fouilles  faites  à  JuUains  (Mayenne)  ,  par  M.  Verger  , 
conservateur  des  monuments  de  laLoire-Inférieure, — Dans  le 
Ghamp-de9*Clochesà  Jublains,  on  a  découvert  une  pierre  portant 
cefragmenl  d'inscription  :  IC. ..  ET  HE.  De  pins,  iiaététrouvé 
deux  médailles  :  la  première,  petit  bronzé  ,  semée  d'étain  ,  tête 
radiée,  nom  effacé,  Divus  PP,  Aug.  *,  revers  :  Apollon  debout, 
appuyé  sur  une  lyre,  et  de  l'autre  main  tenant  une  fleur  à 
trois  branches 5  ApolUni  conservatori *,  la  deuxième,  petit 
bronze  quinaire  ;  Constàns  PP.  Aug*  ;  revers  :  deux  guer* 
riers  debout  5  au  milieu  une  enseigne  :  premier  mot  effacé ,  ' 
exercitus;  un  mortier  de  la  forme  de  nos  mortiers  actuels  de 
cuisineet  de  pharmacie* 

Yoici  le  délail  des  principaux  objets  trouvés  dans  le  jardin 
du  presbytère  ;  vase  en  terre  rouge  avec  anses  ^  vase  en  terre 


47^  nwmasM  aiuks ieuai^VH. 

soQceav^flewr&oa  fenUkS'y  vas^en  terre  rcnqpe  aLréctÊimi 
dessin ,  pluspiofend  et  semblable  an  dessin  dopnë  par  M.  àéi 
Caamont  dans  son  Cours-  ctamUi^ités  ^  à  la  pK  XXIY ,  n^  5^ 
If  lie  petite  tasse  unie  ayant  la  forme  de  nos  bcds  à  chocolat  j- 
une  piocbe  avec  une  douille  djans  laqudle  on  aperçdlt  Itst 
r^tes  du  maocbe* 

Peu  de  temps  avant ,  M.  Lelasseux  avait  trouvé  dans  son 
î^din  un  fragment  de  chapiteau  en  grès  d'un  assez  bon  travail, 
lUie  tête  d'ampboi^e  avec  ses  deux,  anses. 

I4e&  résultats  principaux  des  fouilles  du  ekanp  nomm^^  le' 
Clos-Poulain ,  sont  :  un  petil  (er  recourbé  a]|anc  la  enraie' 
d'une  portion  d'agrafe  5  un  mocs  de  bride  est  fer  ;  iw  fragment' 
de  vase  avec  figure  en  relief  ;  un  joli  petit  maoehe  en  bronse^ 
d'un  petit  couteau  :  dans  la  partie  inférieure  on  voit  un  trofi- 
oigi  était  le  clou  qui  retenait  la  latte  j  deax^fi  en  1er  ;  un  sin* 
gulier  instrument  en  fer,  dont  la  figure  ne  se  trouve  pas  dans- 
nos  livres  sur  les  antiquités  3  un  vase  en  terre  noire  d'une  jolie 
forme  j  des  fragments  de.  poteries  rouges  avec  figures  ;  trois 
petits  anneaux  de  bronze ,  mais  non  destinés  à  orner  la  mainf . 
tfois  petits  anneaux  en  argent  j;  un  cercle  en  fer  de  dix  centi- 
mètres ,  qui  semble  une  ancienne  lame  d'épée  ;  plusieurs  frag«i 
ments  de  poterie  ronge ,  noire ,  grise ,  etc.  :  sur  les  fragments  - 
de  poterie  rouge ,  M.  Verger  a  lu  trois  noms  de  fabricants  : 
QF.  MACCA.  MAILLEDO.  F.  OF*S£VËAI  ;  ce  dernier  nom 
se  trouve  dans  ceux  qui  ont  été  donnés  par  M.  de  Caumont; 
enfin ,  quinze  médailles  romaines  en  bronze  avec  les  noms  de 
Canstaniiamiê ,  Cmpus,  /hUoninus ,  ete» 

Tous  les  ol^ets  recueitlis  dans  ces  diverses  louiUes  oui 
été  déposés  au  musée  de  Laval  par  les  soins  de  M.  Yergtr  :  on 
trouvera  des  détails  j^ws  ilendos  suir  cette  fouille ,  dans  l'Echo 
du.  nponde  savant. 


RAPPORT 

Sur  les  Monuments  du  Puy-de-Dôme  t  lu  dans 
les  Séances  générales  tenues  à  Clermont  par 
la  Société  française  pour  la  conser9atian  des 
Monuments  ; 

Par  m.  BOUILLET  , 
Inspecteur  diviftionnaire  des  monuments  historiques. 


La  Société ,  après  m'ayoir  conféré  l'année  dernière  le  titre 
de  conseryateur  des  monaments  da  département  du  Pny'-de- 
Dôme  ,  Tient  de  m' honorer  ,  tout  récemment ,  du  titre  élevé 
d'inspecteur  divisionnaire.  Je  vous  en  dois  l'ayea ,  Messieurs  , 
plus  d'un  de  nos  savants  collègues  de  cette  province,  se 
seraient  mieux  acquittés  de  cette  importante  mission,  que  je  ne 
considère  ,  moi,  que  comme  un  encouragement  que  la  Société 
a  voulu  donner  à  des  efforts  dirigés,  il  est  vrai ,  vers  un  but 
utile ,  mais  dont  le  succès  peut  seul  donner  des  droits  à  votre 
bienveillance.  En  l'acceptant ,  je  ne  perds  pas  de  vue  les 
devoirs  qu'elle  m'impose  ,  et  tout  ce  que  j'ai  de  zèle  sera  con- 
sacré à  leur  accompli>3ement. 

Lorsqu'il  a  été  arrêté  que  la  Société  française  pour  la 
conservation  et  la  description  des  monuments  hisloriqmes , 
viendrait  tenir  4es  séances  générales  dans  notre  ville  y  h 

55 


/ 


474  STATISTIQUE  MORUMENTALB 

l'époqne  da  congres ,  le  savant  et  modeste  fondateur  de  cette 
utile  institution  a  désiré  que  je  yons  fisse  connaître  ce  que 
nous  possédons  de  monuments  histfiriqnes.  Je  vais  essayer ,  à 
Fa  ide  des  notes  que  je  rassemble  depuis  long-temps  ,  de  vous 
rendre  compte  des  principaux  faits  qui  s'y  rapportent.  Heu- 
reux si  je  puis  par  cette  faible  esquisse  soutenir  votre  attention 
et  obtenir  votre  indulgence. 

Les  œoBoments  historiques ,  livrés  depuis  long-temps  à  une 
déplorable  destruction,  ont  enfin  pris  dans  T histoire  des 
nations  le  rang  qui  leur  appartient.  Partout ,  les  gouverne- 
ments s'associant  aux  généreuses  pensées  qui  vous  animent , 
font  entreprendre  de  grands  travaux  ,  et  par  leurs  soins  ,  une 
surveillance  sévère  est  exercée  sur  ces  antiques  restes  du  passé. 
En  Finance  ,  grâce  aux  laborieuses  recherches  d'hommes 
éclairés  ,  que  la  gloire  de  leur  pays  a  émus  et  excités ,  nous 
sommes  dans  une  ligne  satisfiiisante  de  progrès.  A  la  tête  de 
ces  hommes ,  auxquels  no«s  devons  tant  de  gratitude ,  on  ne 
peut  se  dispenser  de  placer  notre  laborieux  président  ^  M.  de 
Camnont.  Son  cours  d'antiquités  monumentales  n'a  pas  seule- 
ment créé  une  science  nonvcUe,  il  a  répandu  dans  les  provinces 
-et  dans  tontes  les  classes  de  la  Société,  le  goût  de  cette  science, 
5a  sagacité  kÛA  fait  pressentir  qu'elle  y  deviendrait  bientôt 
nu  SBJet  d'étude  et  de  noble  émulation  )  l'expértence  est  venue 
confirmer  ses  prévisions.  De  tonte  part  les  efforts  se  multiplient, 
des  comUnssions  se  forment ,  des  sociétés  archéologiques  s'or- 
ganisent. Connne  une  religion  nouvelle ,  la  conservation  des 
témoins  soonlainïs  des  grandeurs  passées  de  la  France ,  est 
devenue  en. quelque  sorte  un  culte,  l'objet  d'une  occupation 
de  tons,  les  jovrs ,  de  tous  les  instants. 

Il  «vans  appartient ,  Messieurs ,  de  donner  \  ces  élans  de 
ïèle  ,  61'  aux  projets  >qu  ils  feront  naître ,  «oe  utiie  directioB . 


PU   DÉPARTEMBVT   DU   FUT*DE-l>OMB.  47 5 

C'est  maintenant  qae  tout  s'approfondit ,  qnc  le  goût  des  arts 
s'étend  et  se  popularise }  que  les  esprits  sérieux  consacreut 
leurs  Teilles  h  l'étude  des  antiquités  nationales^  qu'il  faut, 
soigneusement  les  décrire,  qu'il  faut  les  faire  connaître;, 
afin  de  multiplier  le  nombre  de  leurs  protecteurs  et  de  les 
entourer  du  respect  qni  leur  est  dû. 

L'Auvergne,  qui  a  joué  on  si  grand  rôle  dans  tous  les  temps^ 
renferme  des  monuments  de  toutes  les  époques:  monuments 
gairiois  ou  celtiques ,  monuments  romains ,  monuments  d« 
moyen  âge  et  de  la  renaissance* 

Les  monuments  gaulois ,  après  ceux  du  moyen  âge ,  y  soi^ 
les  plus  nombreux . 

Pour  faciliter  les  recherches  et  les  études  que  ceux  de  vous, 
Messieurs ,  étrangers  à  notre  pays ,  voudraient  entreprendre ,, 
\e  vais  essayer  d'esquisser  ,  en  m'abstenant  de  tout  sysi- 
tème,  de  tout  commentaire,  la  statistique  monumentale  du 
département  du  Puy-de-Dôme.  Les  courses  que  j'ai  faites 
depuis  plus  de  YÎngt  ans ,  m'ont  permis  de  visiter  et  de  des^i** 
ner  même ,  en  grande  partie  ;  ce  qui  nous  reste  d'anciens 
monuments.  La  carte  que  j'en  ai  dressée ,  et  que  je  suis  heu- 
reux de  pouvoir  mettre  sous  vos  yeux ,  pourra  aussi ,  je  Tes- 
père,  iaciliter  vos  recherches.  Cette  carte  a  été  dressée  d'après 
les  indications  du  programme  rédigé ,  il  y  a  déjà  quelque 
temps  ^  par  l'académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  Elle 
indique  la  position  et  la  forme  des  monuments  gaulois  ou 
romains  5  les  vestiges  des  routes  anciennes  ,  les  colonnes 
milliaires ,  les  emplacements  où  Ton  a  trouvé  des  antiquités , 
les  anciennes  abbayes  ou  monastères ,  les  églises ,  les  châteaux 
féodaux ,  ceux  d'une  époque  moins  éloignée ,  etc.  Un  peu 
plus  tard ,  je  pourrai ,  je  i'espèie  ,  achever  et  vous  communi- 
quer de  seBibUbks  cartes ,  pour  le^  départements  du  Cantal  et 


4^6  8TATI8TIQ1TB   MOVVMEVTALE 

de  la  Hante-Loire,  et  donner  dans  ce  genre  an  traFail  complet 
en  ce  qni  concerne  Tancienne  Auvergne. 

Pour  la  desciiption  que  je  vais  avoir  Fhonneur  de  tous 
soumettre,  je  suivrai  Tordre  chronologique  en  commençant 
par  ce  que  noos  avons  de  monuments  gaulois  ou  celtiques. 
Je  ne  vous  entretiendrai  que  de  dolmens ,  de  menhirs ,   de 
cromleckset  de  tumulns.  Je  m* abstiendrai ,  quant  à  présent , 
de  vous  parler  des  nombreuses  grottes  et  des  souterrains  qui 
existent  dans  nos  montagnes ,  et  qui  tontes  sont  citées  comme 
ayant  été  la  demeure  des  fées  ou  au  moins  celle  des  prêtres 
gaulois ,  ^  £^f»^e^ ,  que   César  appelait  les  maîtres  de  la 
science  et  de  la  sagesse.  Pour  ne  pas  trop  abuser  de  vos  mo- 
ments précieux  ,  j'éviterai  aussi ,  en  vous  parlant  des  autres 
monuments  ,  d'appeler  votre  attention  sur  des  restes  de  cons- 
tructions dispersés  et  de  peu  d'importance  ,  que  Ton  pourrait  ' 
tout  aussi  bien  attribuer  aux  Francs ,  aux  Romains,  qu'à  nos 
ancêtres  les  Gaulois.  Au  surplus,  tous  ces  débris,  tontes  ces 
grottes  se  trouvent  indiquées  sur  ma  carte  monumentale. 

I"*.   ÉPOQUE.—- MOHUMEHTS  GÀUI.OIS* 

Les  monuments  auxquels  on  donne  ce  nom  ont  été^  à  ce 
qu'il  parait ,  très-nombreux  sur  le  sol  de  l'Auvergne ,  si  l'on 
en  juge  par  ceux  qni  restent ,  et  par  les  débris  de  ceux  qui 
.  ont  été  renversés. 

§.  L  Polmens  ^  Mallus  ou  mUels  Druidiques* 

On  peut  voir  un  dolmen  très-beau  ,  en  granité ,  k  St.-Nec- 
taire ,  au-dessus  de  rétablissement  thermal  de  M.  Boette ,  sor 
un  terrain  appelé  Perney.  Il  est  dessiné  dans  le  voyage  pitto* 


DU   DibAnTBMElfT  DU   PUY-DE-DOME.  477 

resque  de  M.  Ck.  Nodier,  inaÎA  sous  des  formes  si  gigantesques, 
si  dispreportioooées  qu  il  n'est  pa&reeooiMMssable. 

Uo  antre,  anssi  en  gjranite,  se  ¥oit  à  une  petite  lieue 
d'AmbeFt ,.  a»-des50us  du  viUage  de  Boissière,  sur  la  droite  , 
et  à  une  qiuarantaine  de  toises  de  I»  route  q^  èonduit  à  Ckr- 
mont ,  pAT  St.-Amant-Roche-Sayine. 

Il  en  existe  ^z  autres  qot  sont  cités  dans  les  monument» 
celtiques  de  Cambry  ,  F  un  an  sud  de  St  .-Germai a-La mbran  , 
snr  un  menlicnle  ,  près  le  hameau  d'Escoudatia. ,  sous  Su- 
Geryasy  ;  Tantre ,  daus^fes  montagnes  ,  entrer  Sauxillang^s  et 
St. -Germa in-Lherm.  St.-Nectaire  en  pessède  deux  autres  en- 
core ;  mais  ils  sont  reuTecsés.^  Tun  ,  dans  la  prairiede  Sailies^ 
l'autre  sur  la  montagne  de  Châteauneuf.  Prèsde Clermont ,  à 
Toucst  dfcvPuy  drCrouel ,  dans  hs  vignes,  entce.Ie  Pny  et  le 
chemin  d'Heibet  à  Coux'non  ,  il  en  existe  un.  aussi  eu  beau 
granité  blanc  ^ui  a  été  renversé  dej^ut  s  pea  d'années.  Beau- 
coup de  grandes  pierres  qui  ont  fait  partie  de  ces  sortes  de 
monuments ,  sont  faciles  k  distinguer  dans  notre  pays  ;  ^ea 
connais  sur  plusieurs  poEnfSk 

Jusqn  à  ce  jour ,  la  science  n'a  pas  écfaircr  d^^nne  manière 
bien  satisfaisaute  la  destination  de  ces  monuments  chez,  les 
Gaulois.  Les  uns  £»s  considèrent  comme  des  autels  élevés  par 
les  Celtes- à  leurs  divinités ,  et  sur  lesquels  on^  immolait  les 
victimes-  humaines  ;  d'antres  croient  y  voir  des  tombeaux. 
L'ignorance,  ou  plutôt  l'incurie  ,  et  T insouciance,^  succédant 
à  la  sévéritédes  ordonnances,.deseapitHtairesdeCharkmagae, 
ont  presi^ue  toujpurs  été  les  causes  de  leur  destruction- j  l'espoir 
d'y  trouver  des  trésors  a  pu  y  contribuer  également.  ^ 

§.  IL  Menhirs,  Peulrens ^  pierres  debout ,  etc. 
Malgré  la  hante  antiquité  à  laquelle  ces  monuments  re- 


J 


4 


^«5  gTATISTIQUB  MOUVMEIITAIB        ^ 

de  la  Hante-Loire,  et  donner  dans  ce  genre  w|^  / 
en  ce  qui  concerne  l'ancienne  Auvergne,  J^j  ^ 

Pour  la  description  que  je  vais  av^^^  /  f  ^Js^ 

soumettre,  je  suivrai  l'ordre  chronf^y  ^  ^  .„i,e 

par  ce  que  nous  avons  de  momfij  f    •  y  en 

Je  ne  vous  entretiendrai  que  d,  j ^  i  ^ 
cromlecksetdetumulus.  Jer  ^/^      /  .,   sads 

de  vous  parler  des  norobrer  /  J.  ^,       f  ^  ^^^  çn 

existent  dans  nos  monta/  ^'  •  ,^  pieds 

ayant  été  la  demeure  •/  ^^  jç  milieu  du 

gaulois,  les  Dntidr  '  ^^^ 

science  et  de  la  sr  ^  ^^^^^^  ^  ^^:^^  j,^^^  aévalioa 

ments  précieuf  ^^^^^^ 

monuments       ^^  ^^^  j^  Puy-de-1  a-Poix  ,  sur  la  gaucLe  du 
truclions        ^aulieu  ,  près  du  chemin  de  Lyon. 
tout  *''^^^^^  à  côlé  du  pont  d'Aubierre  ,  dans  un  pré  verger 
*°^    '^.'t  la  route  d'Issoire. 
8**    f  ^fltre ,  sur  le  cbemiu  de  Thedde  à  St.-Genès-Cbampa- 

gt  an  autre  II  une  petite  distance  de  ce  dernier  point ,  sur 
«^  cbemin  du  hameau  de  Châtras  à  Beaune. 

Ces  deux  derniers,  et  un  troisième  qui  existe  à  Yillars,près 
Clermont ,  sont  surmontés  de  croix. 

On  peut  encore  en  voir  un  autre  II  St.-Genès-du-I\etz , 
arrondissement  de  Riom. 

Et  entre  Basse  et  le  lac  de  Chambon  ,  etc. 

La  destination   de  ces  monuments  nous  est  à    peu   près 

inconnue  j  quelques-uns  ont  été  dressés  pour  servir  de  signaux, 

/  mais  le  plus  grand  nombre  ont  été  au  moins  ,  à  ce  que  Toa 

oroit ,  érigés  en  mémoire  d'un  événement  important ,  comme 


\ 


\\ 


DU  bIpartimbiit  dv  pvy-dk-dome.  479 

%ai»ll6,  une  victoire ,  un  traité  entre  deux  tributs,  etc» 
^^aatres  ont  avancé  qu'ils  se  trouvaiait  presque  ton* 
l[ès  de  Tumulos,  Je  n'en  connais  pas  de  placés  ainsi 
Viementdu  Puy-de-Dôme. 

Ovmlecki  ou  enceintes  de  Pierre. 


> 

^       '  \  ce  genre  sont  rares  dans  notre  province. 

^  ^nsac  et  St.-Gervasy  ,  arrondissement 

angement  de  perres  qui  pourrait 

.  un  de  ces  Cromleks ,  une  de  ces  espèces 

justice  que  les  Gaulois  établissaient  au  milieu  des 

.«Ajps  ou  des  forêts. 

§.  lY.  Pierres  branlantes. 

Il  esl  bien  démontré  aajourd'hui  qile  ces  monuments , 
Gompoeésde deux  pierres,  d'an  voleme  pins  ou  moins  consi* 
dérable ,  superposées  l'une  sur  l'autre ,  ne  sont  point  en 
général  Teflet  d'un  jeu  de  la  nature  ou  du  hasard.  Ils  ont 
été  évidemment  érigés  par  la  main  des  hommes,  et  leur  usage 
a  été  à  peu  près  général  sur  notre  globe  5  on  en  trouve  cbex 
toutes  les  nations.  Les  Druides  s'en  servaient  ^  comme  on  le 
suppose ,  pour  tirer  des  augures ,  par  le  mouvement  plus  ou 
moins  fort  que  leur  frauduleuse  adresse  sayait  leur  imprimer. 
L'Auvergne  possède  plusieurs  de  ces  curieux  monuments, 

A  côté  du  hameau  de  l^ont^la-Côte ,  près  Celle ,  il  en 
existe  un ,  connu  sous  le  nom  de  St,'Foutain  on  de  Roche 
Ifraniaire.  Dnlaure  en  a  parlé  dans  un  mémoire  inséré  au  12'. 
volume  des  mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  France. 
Il  coBsistoen  un  bloc  de  granité,  d'une  longueur  de  20  pieds 


48o  STATISTIQUE  MORUUENTAIB 

eaviroD ,  posé  sur  une  rocbe  de  même  nature ,  et  qui  peut 
recevoir  ,  par  l'effet  du  mouyement ,  un  balancement  très- 
apparent.  Dans  le  pays  on  y  attache ,  encore  de  nos  jours  , 
des  idées  religieusesj  on  dit  que  c'est  la  Vierge  qui  l'apporta 
de  fort  loin  dans  son  taUiev. 

Dulaure  parle  encore  ,  dans  le  mémoire  cité  ^  de  la  pierre 
qui  danse  ,  laquelle  se  trouve  à  Test ,  et  au-dessus  de  la  ville 
de  Thiers ,  sur  la  oime  du  coteau  qui  domine  la  rive  droite 
de  laDurole» 

Une  anitre  pierre  branlante ,  appelée  k  roche  de  Deveix , 
non  moins  remarquable  ,  et  d'une  forme  allongée  ,  portée  sur 
une  pierre  debout ,  existe  entre  Rochefort  et  la  mooiagne  de 
la  Roche-Sanadoire ,  sur  la  droite  du  vaHoo^  au-dessus  du 
domaine  appelé  chez  Barrât»  Cette  pierre ,  qui  a  attiré  aussi 
l'attention  de  notre  savant  compatriote  Dulaure,  a  22  pieds 
dans  sa  plus  grande  largeur ,  8  pieds  d'épaisseur  et  6  pieds  de 
hauteur  ,  en  y  comprenant  le  rocber  qui  lui  sert  de  base*  Une 
secousse  légère  lui  imprime  un  mouyemeot  de  bascule  qu'elle 
conserve  sensiblement  pendant  quelques  secondes* 

Au  sud-est  et  à  un  quart  de  lieue  du  château  de  Sémier , 
au-dessus  de  Billom^  on  petit  encore  voir  un  autre  de  ces  mo-* 
numents» 

Je  connais  des  rochers  ;  surmontés  d'autres  rochers,  qu'on 
pourrait  prendre  pour  des  pierres  braalantes,  mais  qu'on  ne 
doit  considérer,  selon  moi ,  que  comme  deseiiets  du  hasard. 
Auprès  du  hameau  de  l'Etang ,  entre  Durtol  et  Chamat ,  on 
en  voit  uof,  assez  singulièrement  posé ,  connu  dans  le  pays 
sous  le  nom  de  Rei  de  la  Pila  ,  Roi  de  la  pile ,  un  autre  sur 
le  chemin  de  Geyrat  h  St.-Genesi-Champanelle ,  d'autres  dans 
le  parc  de  Theix ,  ete. 

Voilà,  MM. ,  ce  qui  a  été  )Uâqu ici  découvert  de  plus  re- 


BV   DipARTBBIBHT  DU   PUT-DB-DOMB.  4^1 

marqnable  sar  nos  monaments  véritabfeineDt  gaulois.  Notre 
collègue,  M.  Tabbé  Croizet,  aussi  zéH  pour  l'archéoliogie 
que  pour  les  sciences  naturelles  ,  a  bu  à  Tacadémiie  de 
Clermoot ,  sur  ces  sortes  de  monuments,  mais  plus  particu- 
lièrement sur  ceux  que  l'on  trouve  dans  les  environs  d'Issoire  y 
un  mémoire  queje  regrette  beaucoup  de  ne  pas  connaître. 

§  V.  Tumulus  ou  TombeUes. 

Je  plaee  ici  ces  monuments ,  parce  qu'on  les  regarde  géné-> 
ralement  comme  antérieurs  II  la  conquête  des  Gaules. 

II  en  existe  plusieurs  en  ferre  jectisse  dans  ce  département». 
Us  n'ont  pas  été  fouillés  pour  la  plupart.  Je  n'en  connais  pas 
en  pierres  amoncdécs. 

On  peut  en  voir  un  très-beau  au  sud  d'Ennezat ,  très-près 
de  l'église  j  il  a  été  fouillé  à  ce  que  l'on  croit. 

Aux  Martres  d'Ârtières ,  il  en  existe  deux  assez  rapproché» 
l'un  de  l'autre  :  le  plus  petit  parait  n'avoir  jamais  été  fouillé  ; 
le  grand  l'a  été ,  lorsqu'on  a  construit  la  chapelle  dite  de 
St.-Amant,  qui  est  en  ruine  aujourd'hui. 

A  côté  de  ces  deux  Tumulus ,  il  existait  un  cimetière  d'où 
l'on  a  retiré,  il  y  a  six  ou  sept  ans,  un  grand'  nombre  de 
tombes  en  domite.  Dans  un  cercueil  construit  en  briques  à 
rebords,  liées  par  do  ciment  rouge  romain,. on  découvrit 
quatre-vingt  et  quelques  médailles  romaines ,  grand  bronze , 
appartenant  au  Haut-Empire.  Au  milieu  de  ces  médailles  ,  se 
trouvait  une  petite  pierre  calcaire ,  sur  les  côtés  de  laquelle 
sont  gravés  en  lettres  romaines  les  noms  de  plusieurs  membres 
de  la  famille  Balbini.  J'ai  visité  les  lieux  à  l'époque  des  fouilles 
et  j'ai  été  assez  heureux  pour  me  procurer  les  médailles  et  la 
pierre. 


k 


4^3  STATISTTI^UB  MORVM&HTAJIB 

>  C'est' aoiN  aaprld  de» Martres d^Arettères^ snr les Iti&îlesde 
k  eamrauiie  de  Lassât,  qu'on  trotiTa  ^  en  1756 ,  nne  monne 
d'en&Dty  et  renfermée  dans  an  double  cercifêii.  Rien  n'indi- 
quait ,  suivant  le  procès-irerbal  qui  en  fut  dressé  lors  de  la 
découyerte,  l'origiae  de  cet  enfant.  Cette  momie  fut  traa^rlée 
k  Paris  et  déposée  an  mus^ ,  o&  elle  est  encore. 

Ces  détails ,  quoique  se  rapportant  aux  sépultures ,  m'ont 
un  peu  fait  sortir  de' mon  sujet ,  j'y  reyiens. 

Auprès  de  Charbonnier,  canton  de  St.-Germain-Lembron, 
il  existe  un  de  nos  plus  beaux  Tnmulus  j  il  n'a  pais:  été  fouillé. 

Un  autre  que  Ton  peut  voir  auprès  d'Olbi ,  paraît  n'avoir 
^pas  été  fouillé  non  plus.  Dans  la  plaine  de  Giat,  plusieurs 
monticules  semblent  être  aussi  des  Tnmulus  auxquels  on  n'a 
jamais  touché. 

Auprès  du  petit  Orcet,  &  la  base  sud  de  Gergovia ,  on  voit 
dans  les  prés  un  autre  de  ces  monuments  qui  a  été  entamé, 
il  y  a  une  vingtaine  d'années,  et  dans  lequel  on  a  trouvé 
deux  flambeaux ,  une  médaille  de  Méron  et  une  d'Antonin* 
le-Pieux. 

Auprès  de  l'Etang  de  la  Chaux  Mongros,  au-dessus  de 
Yic*le-Comte,  il  en  existe  un  qui ,  je  crois,  n'a  pas  été  fouillé  5 
un  antre  auprès  de  Thuret  :  enfin  on  en  signale  encore  un 
autre  non  loin  de  Messeix ,  canton  de  Bourg^Lastic ,  mais  je 
ne  le  connais  pas. 

§  yi.  Champs  de  sépulture» 

Indépendamment  du  Champ  de  sépulture  ou  cimetière  des 
Martres  d'Aretières ,  dont  je  viens  de  vous  parler ,  nous  en 
possédons  trois  autres  bien  caractérisés.  Le  premier,  le  plus 


DU  DifASTEMENT   DU    PUY-DE-DOME.  485 

important  est  celui  qui  eiiste  auprès  de  Gelle ,  cantoa  de 
Rochefort ,  h  coté  de  la  Yoie  romaiûe  qai  conduisait  de  Lyon 
h  Bordeaux*  On  eu  a  relire,  il  y  quelques  années,  un  très- 
grand  nombre  de  tombes  en  domite. 

Le  secood  ,  tris-renommé  dans  le  pays ,  est  placé  dans  les 
cbamps  au  uord  et  près  de  Bromoat ,  canton  de  Pontgiband. 
hc$  cultivateurs  n'y  font  pas  la  moioldre  fouille  sans  y  décou- 
vrir quelques  objets  intéressants*  Bromont  est  connu  depuis 
long-temps  des  antiquaires ,  par  les  belles  découvertes  de 
M.  Bouyon,  décrites  dans  les  mémoires  de  la  Société  des  An- 
tiquaires de  France. 

Le  troisième  de  ces  cimetières  a  un  caractère  tout-à-fait 
gallo* romain  ^  on  vient  tout  récemment  de  le  fouiller  en  par- 
tie* Il  se  trouve  au  terroir  appelé  f^alttre ,  entre  le  sud  de 
Clermont  et  le  village  de  Beaumont ,  auprès  du  nouveau  cime- 
tière des  Hôpitaux.  Il  y  a  trois  ans  qu'on  y  découvrit  un 
tombeau  en  maçonnerie ,  renfermant  le  squelette  d'une  iemme 
et  deux  médailles ,  moyen  bronze  ,  l'une  d'Âgrippa  et  Tautre 
d'Antonin*  On  vient  d'en  extraire  quelques  beaux  vases  eu 
verre  et  une  très-grande  quantité  de  vases  et  d'urnes  cinéraires 
lacrymatoires  en  terre  commune ,  remplis ,  pour  la  plupart , 
de  cendres  et  d'ossements.  On  y  a  trouvé  quelques  fîgarines 
en  terre ,  quelques  médailles  du  Haut  -Empire  ,  quelques 
lampes  et  beaucoup  de  grands  clous  en  fer.  Il  paraît  que  ce 
cimetière  avait  déjà  été  fouillé ,  car  plusieurs  des  vases  qu'on 
y  a  recueillis  étaient  renversés. 

Les  découvertes  de  tombeaux  et  de  vases  einéraires  que  l'on 
a  faites ,  à  plusieurs  reprises  dans  le  voisinage  de  Clermont , 
savoir  :  i^.  auprès  du  Hameau  d'Herbet  5  2^.  sur  le  plateau , 
avant  d'arriver  à  Beaumont;  S*',  près  de  là  dans  les  vignes  à 
droite  de  la  côte  de  Landel ,  pourraient  bien  faire  supposer 


484  STATISTIQUE   MONUMENT  AU 

qu'il  existe  U  d'autres  Champs  de  sépnltnres;  nuis  comme 
rien  jusqu'ici  ne  Ta  prëcisémeat  eoiislaté ,  \e  ae  les  admets  pas 
encore  dans  ma  classifîeatioa. 

II*.   ÉPOQUE.  —  MONUMENTS  ROMARISr' 

On  sait  que  k  grande  politique  des  Romains ,  en  entrant 
dans  les  Gaules  ,  fut  de  civiliser  les  peuples  vaincus.  Pour  y 
parvenir ,  ils  construisirent  des  habitations  ,  des  temples  ,  des 
théâtres,  des  bains,  etc.  C'est  ainsi  que  dès  le  premier  siècle 
de  la  conquête,  on  voit  l'Auvergne,  considérée  probablement 
comme  un  point  central ,  se  couvrir  d'établissements  de  tout 
genre ,  dont  il  ne  reste  malheureusement  que  de  très-faibles 
traces.  Cette  province ,  si  renommé»  par  sa  richesse ,  par  ses 
monuments ,  par  la  fertilité  de  son  sol,  devait  plus  que  toute 
autre,  attirer  l'attention  des  peuples  barbares  qui ,  à  diverses 
époques ,  se  ruèrent  sur  la  France.  Ne  nous  étonnons  donc 
pas  de  ne  retrouver  aujourd'hui  que  quelques  vest^es  de  tant 
de  chefs-d'œuvres  de  l'art  et  de  la  civilisation. 

Il  n'e»t  aucun  de  vous,  MM. ,  qui  n'ait  connaissance  du  &- 
menx  temple  de  TVasso,  la  divinité  guerrière  des  Gaulois, 
qui  pendant  an  moins  deux  siècles ,  a  fart  l'ornement  de  la  cité 
Aq%  Avernes.  Grégoire  de  Tours  décrit  les  magnificences  de 
ce  temple  dont  les  murs  intérieurs  étaient  revêtus  de  riches 
mosaïques..  Dans  les  fouilles  faites  à  diverses  époques  peur  de 
nouvelles  constructions  ,  au  point  cnlmfnantde  la  ville ,  où  il 
est  présumable  que  le  temple  existait ,  on  a  recueilli  des  tron- 
çons de  colonnes ,  des  fragments  de  cltapileaux  et  de  corniches 
en  marbre  blanc ,  ainsi  que  des  blocs  énormes  de  granité  et  de 


DU   PÉPABTBMEMT   DU /UY-DK  DOME.  4^5 

gros ,  taillés  el  sculplés.  Dans  le  même  iemps ,  c'esl-à-dire  ver» 
Tan  62  de  J.  C. ,  Zénodorc  employa  dix  ans  à  exécuter  une 
statue  qui  surpassait  en  grandeur  le  célèbre  colosse  de 
Rhodes.  Elle  était  placée  dans  Tenceiote  de  la  cité.  Le  temple 
et  la  statue  lurent  détruits ,  selon  toute  apparence  ,  à  l'époque 
de  rinvasion  de  Chrocus ,  cbef  des  Vandales ,  qui  ravagea 
l'Auvergne.  Grégoire  de  Tours  dit  que  c  est  en  l'année  ^64. 

Il  ne  nous  reste  également  que  des  souvenirs  de  quelques 
autres  temples  qui  auraient  existé  en  Auvergne  :  un  à  Montjuzet 
(Mons  Jovis),  près  Clermont,  était  consacrée  Jupiter,  un 
autre  consacré  à  Bacchus ,  couronnant  la  montagne  de  Chan- 
turgues  (Campus  orgius)^  aussi  près  de  Clermont. 

On  peut  encore  en  citer  deux  ,  que  l'on  présume  avoir  été 
consacrés  à  Jupiter,  savoir  :  un  à  Artonne  (Aratonantis),  lieu 
qui  fut ,  dit-on ,  au  temps  des  Romains  ,  une  ville  florissante; 
et  le  second  mis  à  découvert  à  Joze ,  il  y  a  une  douzaine  d'an- 

■ 

nées ,  par  les  eaux  de  l'Allier. 

Comme  beaucoup  d'autres  provinces ,  l'Auvergne  ,  si  Ton 
en  excepte  quelques  murailles  dans  l'intérieur  ou  dans  le  voi- 
sinage de  notre  ville ,  conserve  à  peine  quelques  restes  de 
monuments  romains. 

On  a  découvert  au  Mont-Dore ,  en  faisant  des  fouilles  pour 
le  nouvel  établissement  therm^tl ,  de  beaux  débris  d'un  édifice 
appelé  Panthéon  y  f\\x\  existait  encore  en  grande,  partie ,  vers 
1740  ,  en  face  des  anciens  ihermes  romains  La  forme  de  ce 
panthéon  que  M.  le  docteur  Bertrand ,  inspecteur  des  eaux 
du  Mont-Dore ,  a  eu  l'heureuse  idée  de  feire  reproduire ,  sur 
l'emplacement  même ,  était  celle  d'un  parallélogramme.  Plu- 
sieurs beaux  restes  de  colonnes  chargées  de  sculptures  du  meil- 
leur goût ,  sont  conservés  soigneusement  sur  place. 

Le  nouvel  établissement  thermal  renferme  plusieurs  piscines 


486  STATISTIQUE  MONVftlËirTALB 

qni  disaient  partie  de  celui  des  Romains,  et  M.  Bertraod  9 
réani  dans  son  cabinet ,  an  Mont-Dore ,  tons  les  petits  objets 
et  les  médailles  que  les  fouilles  ont  fait  dëcoavrir. 

Dans  le  voisinage  de  Clermont ,  nous  possédons  une  portion 
de  muraille  de  construction  évidemment  romaine ,  laquelle 
aurait,  fait  pat  fie,  à  ce  que  l'on  croit,  d'un  temple.  On  pecit 
la  voir  aux  Salles,  au  sud-ouest  et  très-près  de  la  ville*  Au 
même  aspect ,  à  la  base  nord  du  petit  Puy-de-Montandon  ,  on 
peut  voir  également  les  restes  d'une  longue  muraille  appelée 
Mutaille  des  Sarrazins  ,  bâtie  en  moellons  taillés  régnlière» 
ment,  et  qui  porte  tousics  caractères  d'une  constractioa  ro- 
maine. Le  nom  donné  à  cette  muraille  ne  peut  lui  venir  que 
du  fait  de  sa  destruction  par  les  Sarrazins,  qni,  dans  leur 
passage  en  Auvergne ,  vers  750 ,  brûlèrent  et  saccagèrent  le 
pays. 

§.  IL  J^oies  romaines. 

La  position  du  peuple  des  Avernes ,  dans  le  centre  des 
Gaules  et  son  importance ,  ont  dû  nécessiter  des  voies  de  com- 
munication sur  son  territoire.  Aussi  reconnait-on  ,  dans  ce 
département ,  des  traces  de  plusieurs  voies  romaines  ou  gallo- 
romaines. 

A  l'est,  il  en  existait  une  ouverte  du  temps  d' Agrippa , 
préfet  des  Gaules^  laquelle  allait  des  montagnes  de  Mouton - 
celle  ^  Yichy ,  et  de  là  à  Chantelle^  Néris ,  Cbateau-Meillan , 
Bourges ,  etc. 

Une  seconde ,  créée  ou  au  moins  réparée  pai*  les  soins  de 
f empereur  Claude. ,  et  plus  tard  par  ceux  d'Adrien,  suivait 
une  ligne  de  l'est  à  Touest ,  et  passait  par  Vollore,  Billom  , 
Pérignat-ez-Alliçr,  Cournon,  Clermont,  Villars,  LaGardeile, 


DIT   DéPABTElHKT   DU  FUY-DE-DOME.  4^7 

« 

près  Olby,  Celles,  TEstivai,  et  de  là  se  dirigeait  sar  Limoges; 
on  pent  en  voir  de  beaax  restes  sur  plusieurs  points*  Sidoine 
Apollinaire  et  Bergter  (Histoire  des  grands  [chemins  de 
l'empire ,  p.  'Jii  )  parlent  de  cette  voie  qui  ouvrait  une  com- 
munication entre  Lyon  et  Bordeaux. 

Un  embrancliement  se  dirigeant  sur  Ussel .  avait  son  point 
de  départ  près  du  viilage  de  Celles.  Cette  vote  particulière  eit 
parfaitement  conservée  sur  une  grande  étendue ,  à  partir  d*au- 
près  de  Briston,  jusqu'au  Chavanon  et  au-delà  de  cette  rîviève 
jusqu'à  Cbassinvar,  près  d'Ëguraode  p  dans  la  Corrèze.  Elle 
traverse,  entre  les  Hameaux  de  Cornes  et  de  Vilsebroux  ,  ub« 
vaste  plaine  appelée  Yillefeu ,  où  Ton  trouve  beaucoup  de 
fragments  de  tuiles  à  rebords. 

Une  quatrième  voie  partait  de  Vicbj ,  eoadnisait  an  Mont- 
Dore  par  les  bois  de  Raûdan  ,  Aigueperse ,  Oermont ,  Oiloii , 
Beaune-k'froid  ^  le  lacChambon ,  Diane  et  le  Pu  j-4le4' Angle, 
et  du  Mont-Dore  se  dirigeait  dans  le  Cantal ,  en  passant  sur 
la  rive  gaucbe  de  la  Dordogne  près  de  la  Bourboule.  On  en 
trouve  des  traces  à  St.-Pardoux-Lalour ,  à  Bagnols ,  etc. 

Un-  einquième  partait  de  Clermont  et  se  dirigeait  à  Rues* 
sium^  capitale  des  Vellaves  (St.-Panlien  de  Haute-Loijre  )* 
M*  Le  comte  -de  Laiser  a  dit  à  la  4 *•  section  du  congrès  scîeo-* 
tifique ,  qu'il  en  avait  déoouvert  des  traces  auprès  de  Beaulieu, 
arrondissement  d'Issoire. 

Une  sixième  vQÎe  traverse  wae  partie  de  l'arrondissement 
d'Ambert ,  dans  la  direction  du  sud-est  au  nord-est.  M.  le 
idœteur  Missoux ,  maire  de  Pour nols ,  a  dit  dans  les  annales 
de  noice  Académie ,  qu  on  pouvait ,  avec  nn  peu  d'attention , 
la  suivre  dans  une  étendae  de  vingt  kilomètres  environ»  Elle 
prenait  naissance ,  selon  toute  apparence ,  près  de  Gergovia  ^ 
et  passait  y  saivaal  les  obâervations  de  MM»  Mathieu  et  Mis^ 


488  STATISTKJVE   MO|IUMBIITAiE 

soax ,  à  Vie  IcsComte.  Auprès  de  Foarnols ,  on  lai  donaè  le 
nom  de  Chemin  ferré  on  Chemin  de  la  reine  Marguerite*  ' 

§.  III.  Pierres  ou  colonnes  militaires* 

On  a  troQvé  plusieurs  pierres  de  ce  genre  dans  le  départe- 
ment du  Puy-de-Dôme. 

-    Une  à  Péoignat-ez- Allier,  qui  portait  une  inscription  au 
nom  d* Adrien. 

Une  autre  encore  en  place,  mais  mutilée,  est  au  nord  et  près 
de  Vollore-yille.  Elle  fut  élevée  vers  Fan  45 ,  en  rhonneur 
de  l'empereur  Claude ,  après  sa  conquête  de  la  Grande-Bre» 
tagae. 

Bergier ,  dans  son  histoire  des  grands  chemins  de  Tempire 
romain  (page  719),  nous  rapporte  deux  autres  inscriptions  de 
colonnes  milliaices  qu'il  tenait  de  Savaron ,  Fauteur  des  ori- 
gines de  Clermoht.  L*une  existait  auprès  de  Billom ,  au  lieu 
appelé  Perche ,  et  l'autre  à  Fligei ,  sur  les  limites  de  l'Auvergne 
et  du  Gévaadan. 

Pïous  possédons  encore  deux  de  ces  mêmes  colonnes,  mais 
sans  inscriptions  :  l'une  existait  auprès  d'Aigueperse ,  et  elle 
a  été  tout  i'écemment  transportée  à  Clei^mont  j  l'autre  se  troure 
sur  la  petite  route  d'Issoire  k  Nonnette. 

§.  IV.  Camps  romains. 

Ayant  de  vous  entretenir  des  camps  dont  on  trouye  des  traces 
en  Auvergne ,  et  que  l'on  suppose  être  romains ,  permettez- 
moi  ,  MM.,  d^appeler  un  instant  votre  attention  sur  d'autres 
camps ,  ou  au  moins  d'autres  stations  militaires  d'une  époque 
plus  reculée.  Je  ne  vous  dirai  qu'un  mot  de  notre  famense 


DU    DBPABTEMEKT   DU  PUT-DJe-DOME.  4^ 

Gfirgo?ie  ;  assez  d'auteuirs  ea  ont  parlé ,  iiioi*ittèiiie  yt  !•  ai  dé^* 
crite  assez  longuement.  Aujourd'hui  plus  de  doute,  je  orbis, 
sur  son  ideotité  avec  celle  dont  parle  César;  cVst  bien  U  la 
Gergovie  qu'il  signale  dans  ses  commentaires  ,  et  où  il  apprit 
à  connaitre.La  valeur  de  Tillustre  Vercingetorix.  La  montagne 
de  Gergovia  est  encore  pour  nous  une  mine  inépuisable  d'objets 
de  ia  plus  haute  antiquité  ^  lés  pédailles  gauloises  de  toutes  tes 
époques  y  sont  particulièrement  abondantes. 

Upe  autre  statioif  évidemment  gauloise,  par  toutes  les  àé* 
couvertes  qui  y  ont  été  faites,  a  existé  sur  le  plateau  de  Goretit 
peu  éloigné  de  Gergovia.  Croirait-on  que  cette  montagne  si 
riche  en  antiquités  et  en  médailles  ,  n'ait  été  ,  je  ne  dirai  pas 
décrite,  mais  même  citée  sous  le  point  de  vue  archéolc^iqoe^ 
dans  aucun  des  nombreux  ouvrages  publiés  sur  l'Auvergne? 
Le  premier  je  l'ai  signalée  dans  un  ouvrage  imprimé  en  i85i;. 

La  description  de  cette  montagne  exigerait  des  détails  qui 
ne  sauraient  trouver  leur  place  ici.  Je  dois  me  borner  aujour- 
d'hui à  vous  l'indiquer  comme  un  objet  digne  de  votre  intérêt 
et  de  vos  études. 

A  une  demi-lieue  de  Ponigibaud,  k  côté  de  Toornebise  ,  k 
travers  les  laves  de  la  coulée  volcanique ,  en  quelque  éorte 
infranchissable ,  du  Puy-de-Oôme  ,  on  trouve  sur  un  assez 
grand  espace ,  des  murailles  en  pierres  sèches  ,  qui  indiqueât 
évidemment  l'enceinte  d'un  établissement  militaire.  Quelques 
parties  ont  dû  servir  de  foitifications;  les  autres,  par  leur 
disposition  ,  paraissent  former  l'enceinte  des  habitations.  On 
croit  même  reconnaître  aux  extrémités ,  les  locaux  qui  ser- 
vaient de  postes  d'avertissement  ou  de  corps-de  garde.  A 
plusieurs  aspects ,  il  existe  des  fossés  plus  ou  moins  profonds  , 
'  ouvrages  de  la .  nature  et  que  la  main  des  hommes  a  pu 
agrandir.  A  l'est ,  par  exemple ,  le  roc  vif,  le^granite ,  a  éjé 

56 


490  jsrArvsnqut  mokumehtaui 

TÎiiUeiiieiit  caliiUé.  Ce  Iwv^st  «ppelé  Cami^  des  Chazaloux. 
M.  Henrier ,  de  PoatgiliaQd ,  en  a  levé  le  |>ian ,  et  m*a  permis 
d'en  preodre  une  co|ne.  Il  est  îacootestable  que  ees  cariease» 
coostroctioDs  ont  été  exéeatées  pcHir  servir  de  retrancbemeiit 
i  ao  grand  nombre  de^ecsoniies  ;  mais  k  quelle  époque  ?  CVst 
ce  qu'il  est  difficile  de  déeider.  On  a  découvert ,  à  plnsieur» 
reprises ,  dans  le  voisinage ,  des  Saches  et  d'antres  objets 
gaalois  en  broaze*  Tout  récemnient  encore  on  vient  d'y  dé* 
couvrir  une  espèce  de  faucille  et  une  belle  lance  en  bronze 
que  )e  possède  5  ces  cûrconstances  ne  pefmettent-elies  pas  de 
croire  que  ces  eoBstmctînns  datent  de  l'époque  celtique.  On 
ne  saurait  tirer  aucune  induction  de  la  découverte  qu'3f  firent 
des  beigers  il  y  a  28  on  5o  ans,  d'une  boite  pleine  de  mon^ 
naies  du  moyen  âge  et  notamment  de  deniers  de  Clennotit  du 
XI*.  siècle  3  celui  qui  y  avait  (ait  ce  dépôt  était  certainement 
fondé  II  croire  qu'il  ne  pouvait  choisir  un  lieu  plus  sûr. 

Je  dois  éviter  en  ce  moment  d'entrer  dans  d'au  très  détails  sur 
ce  singulier  camp.  Il  faudrait ,,  pour  en  faire  apprécier  toute 
l'importance,  donner  à  ces  détails  un  développefn^t  que  je 
ne  puis  me  permettre  ici. 

Arrivons  aux  Camps  romains. 

A  Gondole ,  au  sud  de  Clermunt ,  il  eiiste  un  erafdacemcnt 
triangulaire,  d'une  assez  grande  surface ,  qui  porte  le  nom  de 
Camp  de  César.  Il  est  défendu  ,  du  côté  du  sud ,  par  une 
levée  de  terrain  ',  à  Test ,  par  la  rivière  d'Allier ,  et  au  nord- 
ouest  ,  par  la  petite  rivière  de  Lauzon  assez  profondément 
encaissée.  Ce  camp  ,  à  cause  de  sa  proximité  de  Gergovia ,  mé- 
rite de  fixer  l'attention  des  antiquaires. 

A  Randanne^  résidence  de  M.  le  comte  de  Monllosier,  sur 
Tune  des  branches  de  la  coulée  de  laves  du  Poy-de- la- Vache , 
,on  aperçoit  uite  espèce  de  camp  dans  l'enceinte  duquel  M.  de 


DV   DttPABTBMBlIT   BIT  PUT-^DI-DOMB.  49* 

Moolloaier  &  découvert  réœmiiHnit  des  instruments  en  fer  et 
en  bronze  et  une  médaille  consulaire  d'argent^  de  la  Jkmilte 
Comelia.  On  remarqua  sur  oet  emplacement  les  traces  de 
quelques  constructions. 

Au  nord  et  près  de  Giat ,  on  appelle  b  Camp  un  lieu  oft  il 
existe  i%alemcnt  des  TC^tiges  de  très-anciennes  constructions. 

Entre  Masaje  et  l'Etang  du  Fung ,  on  donne  aussi  le  nom 
de  Camp  k  un  terrain  assez  vaste  sur  lequel  on  remarque  des 
restes  de  murailles ,  des  fragments  de  tuiles  à  rebords  et  deï 
fragments  de  poterie  rouge  fine. 

Sur  le  plateau  basaltique  de  Montcelez ,  près  St.-Germaia^ 
Lembron ,  de  même  qn*auz  limites  du  Pu  j-de-Dôme  et  du 
Cantal ,  auprès  de  Beaulieu  ^  on  donne  le  nom  de  camp  à  dé 
vastes  plaines  sur  lesquelles  on  remarque  des  mouvements  de 
terrain  que  l'on  attribue  a oi  Romains.  J'ai  visité  avec  quelque 
soin  ces  deux  dernières  localités  ^  et  je  d(HS  dire  que  je  n'y  ai 
rien  observé  qui  puisse  intéresser  l'archéologie. 

Je  connais  encore  dans  nos  montagnes  plusieurs  autres  tra- 
vaux de  castramétation ,  mais  qui  ont  plutôt  rapport  au  moyen 
âge  qu'à  l'époque  gallo-romaine. 

» 

§.  Y.  AifUéducs. 

Les  restes  d*un  aqueduc  qui  conduisait  les  eaux  de  Fontanas 
\  Clermont ,  se  laissent  vdir  encore  aujourd'hui  sur  plusieurs 
points.  Le  grand  orage  du  25  septembre  i855,  qui  a  porté 
de  si  violentes  atteintes  à  la  belle  voie  romaine  qui  traverse 
Yillars,  a  mis  à  découvert  cet  aqueduc  sur  une  grande  éten- 
due ,  à  ia  base  du  bois  de  Yillars.  La  destruction  de  ce  bel 
ouvrage  date ,  à  ce  que  rapportent  nos  anciens  auteurs ,  de 
Tan  55% ,  époque  à  laquelle  Thierry ,  roi  d'Austràsie  et  fils 


49^  STATISTIQUE   M01VV  MENT  ALI 

aîné  de  Clovis,  vint  assiéger  la  ville  des  Avernes  (Clermonl) 
et  saccager  le  pays ,  pour  se  venger  de  ce  que  cette  ville,  sur  { 

le  bruit  de  sa  mort^  avait  reconnu  pour  maître  son  frère 
Childebert.  i 

Entre  Fontanas  et  le  Pny-de-Châteix  sur  lequel  était  le  châ- 
teau de  Waifre  on  Gaifre ,  duc  d'Aquitaine ,  incendié  par  ' 
Pcpin'le  Bref  en  761 ,  il  existe  à  gauche  du  chemin  ,  des  por-        »         ' 
tiens  d*un  petit  aqueduc  taillé  d^ns  le  granité.  Gomme  c'est  { 

près  du  Gol  qui  sépare  Châteix  d^une  autre  montagne,  qu'on 
en  perd  la  trace ,  il  7  a  lieu  de  présumer  qu'il  était  destiné  k 
conduire  les  eaux  au  château  de  Gaifre. 

On  cite  un  autre  aqueduc  romain  bien  conservé ,  à  la  source 
de  la  Crédogne ,  an  pied  de  Monton celle ,  arrondissement  de 
Thiersj  j'ai  bieo  trouvé  dans  cet  endroit,  une  portion  delà 
voie  romaine  de  Vichy  ,  auprès  de  laquelle  on  dit  qu'il  se 
trouve  :  mais  je  n'ai  pu  l'y  découvrir. 

En  opérant  tout  récemment  un  défoncement  de  terrain  près 
le  hameau  d'Herbet ,  on  a  mis  à  découvert  une  portion  d'un 
autre  aqueduc  qui  conduisait  les  eaux  des  belles  sources  de 
Loradoux  à  ce  hameau  01^  l'on  voit  encore,  je  dois  le  dire  en 
passant ,  les  restes  d'une  très-ancienne  église  et  011  l'on  ne  fait 
jamais  de  fouilles  sans  découvrir  des  antiquités  gallo-romaines. 
Ce  que  j'ai  vu  de  cet  aqueduc ,  solidement  construit  en  béton 
formé  de  chaux  et  de  scorie  rouge  /me  fait  croire  que  sa  cons- 
truction remonte  à  une  époque  très-reculée. 

§•  VI.  Etablissements  thermaux. 

L'Auvergne,  que  les  effets  de  la  chaleur  centrale  du  globe 
ont  bouleversée  de  tant  de  manières,  est  assurément  l'une  des 
provinces  de  France  qui  possède  le  plus  grand  nombre  de 


BU  dIpABTEMEST   du  JPU Y-DE- DOME.  49^ 

lources  minérales,  chaudes  on  froides |  elle  a  dft,  sousce 
rapport,  attirer  Fattention  des  Romains.  Aussi,  nous  reste-t-il 
des  preuves  multipliées  et  incontestables  du  soin  que  le  peuple 
roi  a  mis  à  y  former  des  établissements  thermaux. 

LeMont-Doreen  possédait. un  très-important,  que  Ton  croit 
être  VÀquis  calidis  de  la  carte  de  Peutinger.  On  peut  voir 
encore  en  place  dans  le  nouvel  établissement,  de  grandes  et 
belles  piscines  qui  en  dépendaient. 

A  Clermont ,  on  a  découvert  les  restes  de  plusieurs  établis- 
sements assez  considérables;  un  en  creusant  les  fondements  du 
palais  de  justice  et  de  la  prison  ^  un  antre  en  faisant  ies 
fondements  de  la  maison  de  M.  le  colonel  Prévost ,  auprès 
de  la  place  du  lanrean;  un  troisième  a  existé  an  sud  de  la 
ville,  dans  un  terrain  appartenant  à  M.  Planet.  A  Fépoque 
des  fouilles  que  Ton  a  faites  sirr  ce  dertiier  terrain  ,  il  était 
facile  de  voir  que  la  destruction  de  l'établissement  que  Ton  j 
découvrit ,  était  due  à  un  incendie.  J'y  ai  recueilli  plusieurs 
objets  gallo-romarns ,  des  fibules,  ies  épingles  en  os  et  en 
bronze ,  etc. 

A  St. -Mars,  près  Clermont ,  oii  les  eaux  minérales  portent 
encore  le  nom  de  Bain  de  César ,  on  a  découvert ,  lors  des 
réparations  qu'on  y  a  faites  il  y  a  une  vingtaine  d'années ,  des 
restes  de  constructions  romaines  ,  des  médailles  du  Ha  ut- Em- 
pire que  je  possède ,  et  des  fragments  de  cette  belle  poterie  que 
les  Romains  appelaient  Terra  campana.  Entre  ce  dernier 
établissement  et  '\e  moulin  de  St.- Victor ,  il  subsiste  encore  , 
dans  un  jardin  et  dans  les  vignes ,  de  beaux  restes  de  murs 
romains  et  des  apparences  d'aquéducs  qui  faisaient ,  selon  tonte 
apparence  ^  partie  d'un  grand  établissement  thermal. 

Sar  le  bord  de  la  route  de  Bordeaux  ,  auprès  du  hameau  du 
Pont-des-Eaux ,  on  a  aussi  découvert  il  y  a  peu  de  temps,  des 


4sh{  sTATiSTiQVB  MojsxnmràJk^ 

restes  d*iiB  éigbUssement  de  ce  geare  âppaHeâa^  a  ïifmfm 
|;aUo-romaliie« 

§.  VII.  Oi/eis  divers.» 

Indépendamment  de  tous  les  monuments  antiques  dont  )e. 
viens  de  vous  entretenir,  il  en  est  d*auties  encore  non  moins 
importants  pour  Thistoire  ,  mais  qu'il  est  difficile  de  classer  çt 
de  détailler  dans  une  description  aussi  rapide.  Je  veux  parler 
des  objets  épars  ,  gaulois  et  romains  ,  que  l'on  a  découverts  et 
que  Ton  découvre  journellement,  tels  que  tombeaux,  statues 
et  statuettes,  fabriques  de  poteries ,  mosaïques,  colonnes  j  bas- 
reliefs,  inscriptions,  vases  de  terre  et  de  verre,  armes,  médailles, 
€te.,etc.,  et  une  multitude  d'autres  objets  plus  ou  moins  utiles 
dans  les  besoins  de  la  vie.  Si  seulement  depuis  25  ou  5o  ans , 
les  administrateurs  de  notre  département  avaient  mis  quelque 
soin  à  faire  rassembler  les  objets  qui  ont  été  retirés  du  sein  de 
la  terre  et  qu'il  était  facile  de  se  procurer ,  nous  posse'derions 
aujourd'hui  un  musée  des  plus  importants.  Il  est  difficile  de  se 
Élire  une  idée  juste  des  choses  précieuses  que  l'on  a  laissé  perdre 
et  de  celles  qui  ont  été  enlevées  à  l'Auvergne. 

IIP.    EPOQUE.  —  MOYEN   AGE. 

§•  I.  Edifices  religieux, 

Gt  sont  particulièrement  les  édifices  religieux  du  moyen 
âge  qui  se  font  remarquer  en  Auvergnet  Cette  province,  consi- 
dérée à  juste  litre  comme  terre  classique  pour  plusieurs  branches 
de  l'histoire  naturelle  ,  mérite  aussi  une  mention  partieulière 
pour  Fétude  de  l'archéologie.  Sous  le  rapport  de  l'histoire  de 
i'àrt ,  nos  églises  satisferont,  je  n'en  doute  pu ,  veire  eorioûté. 


p 

PluftLeiirft  d'entre  eUei  appartemni  h  I4  j^ode^opnftae ,  ont 
une  phyâonomîe  qai  kur  est  propit,  un  typeparMolier, 
qu'on  oe  retrouve  ni  dans  le  nturd  ni  dans  le  midi  de  ht 
France.  Vous  ponnez.  Messieurs,  mettre  d*aocord  les  opinions 
partagées  sur  Tépoque  de  leur  construction;  quelques  per* 
sonnes  les  considèrent  comme  étant  du  IX*v  siècle,  d'autres  en 
portent  la  construction  au  XI'^ 

Nous  possédons  aussi  du  temps  de  la  période  çotbiqne  iti 
monuments  trè^remarqoables» 

Notre  savant  colique ,  M.  Jules  Renonvier ,  dans  la  des* 
çripiioo  architectooique  qu'il  a  donnée  de  nos  éçlists,  dans 
le  Bulletin  de  la  Société ,  yons  aura  suflisimnieat  préprés  à 
les  visiter. 

De  son  côté ,  un  autre  de  nos  coUègoes ,  IL  Malla j ,  arekî- 
tecte  Je  cette  ville ,  vient  de  publier  les  premicces  Hvraisonf 
d'un  bel  ouvrage  sur  nos  églises  romanes  et  rontauo-byzatt» 
Unes..  Les  études  spédsles  auiquellesse  livre  M.  Mallay ,  aoos 
geimettent  d'e&péter  que  la  lacone  qne  Ton  regretfe  de  vmt 
dans  la  description  de  nos  monuments  religteux ,  sera  bîeO'» 
lot  remplie»  Les  encouragements  qu'il  ne  peut  manqoerde 
recevoir ,  pour  cette  publication ,  le  détermineront  sans  doutey 
à  nous  donner  plus  tardla  description  de  nosédifices  gothiques 
et  de  la  renaissance» 

Au  surplus ,  MU. ,  ce  qni  a  été  poUié  par  MM.  Remmvier 
et  Mallay  me  dispensera ,  quant  à  présent ,  d*entrer  dans  de 
longs  détails  sur  nos  monmnests  retigieut.  Je  me  bornerai  à 
les  citer  au  lieu  de  les  décrire. 

L'église  de  Notre]- Dame  -  du  -  Port  ^  celles  d'Issoire,  de 
Brionde,d*Orci valide  St.-Nectaire  ,  de  St.-Salurnin  ,  de  St.- 
Genès(à  Thiers),  de  Mozat^  de  St.-HiUire-la-Ccofcietde  Me* 
tiat ,  attirent  le  plus  Tattcntion  des  archéologues  connaisseurs. 


4g6  fTATunQVB  uonnmmtTàMx 

:  Notre-Ikiiii-éo  Port,  qui  dmt  être ,  sans  contredit ,  consi- 
dérée comme  type  du  style  roman-anTergnat ,  a  été  fondée 
^d  VI*.  siècle;  mais  ayant  été  brûlée  par  les  Normands 
en  855  (i),  elle  fot  reconstruite  dans  le  courant  dn  IX**. 
siècle  y .  par  Saint  Sigou  ,  évèque  de  Clermont.  Son  plan 
il^présenle  nne  croix  latine ,  divisée  en  trois  ne6.  Ao-dessons 
du  cbœur  existe  une  crypte,  dont  rarcliitectore  est  aussi 
tres-caractéristiqae.  Cette  église  qui  promet  une  belle  page 
k  Phistoire  d* Auvergne ,  est  en  tout  bien  remarquable.  A 
L'extérieur,  le  pprtail  méridional  supporte  des  sculptures 
Qial heureusement  un  peu  mutilées  j  à  Textérieur  ,  les  murs 
présentent  dans  le  baut  des  defisins  très-riches  en  mosaïques. 
Nos  autres  églises  de  cette  époque ,  ou  au  moins  de  ce  même 
ordre  d'architecture  (roman  secondaire),  sont  plus  on  moins 
richement  ornées  de  sculptures  et  de  mosaïques.  Indépendam- 
ment des  églises  que  je  viens  de  nommer  ,  celles  de  Chama- 
lières ,  de  Yolvic ,  d'Ennezart ,  de  Maringues ,  etc. ,  méritent 
aussi  d'une  manière  particulière  de  fixer  yotre  attention. 
Tontes  ces  églises  forment  un  ensemble  caractérisant  parfaite- 
ment un  genre  d'architecture  qui  ne  se  retrouve  guère  que 
dans  la  Basse*  An  vergue. 

.  La  fin  du  XI*.  siècle  et  la  première  moitié  du  XII'.  ont 
produit  dans  notre  contrée  ,  une  multitude  de  petites  églises 
qui  portent  un  cachet  particulier,  toujours  dn  roman  secon- 
daire. Celles  de  Royat ,  de  Bourg-Lastie ,  de  Briifont ,  de  José, 
de  Çulhat,.dQ  St.-Germain-Lembron ,  de  Nescher,  etc.  etc.  , 
peuvent  en  donner  une  idée. 

(1)  M.  J  Reaonvier  dit  824.  C'est,  je  crois,  une  erreur  »  car  les 
Normands  n*ont commencé  leurs  ravages  en  France»  qu'à  partir 
de  638,  et  qu'ils  ne  sont  venus  eu  Auvergne  qu'en  853. 


DU  DÉTAETBIIBIIT   DU  FÙY-DB-DOMB.  497 

§.  IL  Styk  ogival. 

* 

Le  style  ogival  primitif  on  rarebitectare  de  transition  a  eu, 
comme  vous  savez,  Messieurs,  une  très-courte  durée  en  France  ^ 
Iç  gothique  orné  a .  succédé  presque  immédiatement  au  style 
roman.  Je  ne  connab  que  quelques  exemples  de  ce  genre  d'ar* 
chitectnre ,  les  voici  : 

.  A  Germont ,  T^lise  du  couvent  des  Saintes-Mariés  ,  jadis 
des  Jacobins,  construite  vers  13203 

L'église  d'Aigueperse,  dont  la  date  m'est  inconnue  5 

Le  chœur  de  l'église  de  St.-Amable ,  à  Riom  j 

La  nef  latérale  de  l'église  d'Ennezat  ^ 

L'église  de  St.-Geryais,  etc. 

Le  style  ogival  secondaire  nous  a  laissé  de  beaux  édifices. 
Motre  cathédrale,  commencée  sur  un  plan  très- vaste ,  en  1248, 
et  continuée  jusqu'en  1265 ,  serait  un  véritable  chei-d' œuvre 
si  elle  avait  été  achevée.  Néanmoins  ,  dans  ce  qu'elle  est ,  elle 
peut  intéresser  à  ua  haut  degré  les  amis  de  la  belle  architec- 
ture. Son  ornementation  intérieure  est  d'une  élégance,  d'une 
légèreté  des  plus  remarquables.  Son  extérieur  ,  d'un  style  go- 
thique complet ,  très- recherché.  Ses  verrières ,  si  habilement 
restaurées  par  deux  de  nos  collègues ,  MM.  Thévenot  et  Thi- 
baud ,  méritent  un  examen  attentif.  On  peut  y  étudier  avec 
fruit  l'art  de  la  peinture  sur  verre ,  car  cet  édifice  renferme , 
sous  ce  rapport ,  de  beaux  produits  des  XIII*. ,  XIV*. ,  XY*. 
et  XYI*.  siècles.  L'heureuse  restauration  de  quelques-unes  de 
ces  verrières ,  brisées  par  l'horrible  grêle  du  28  juillet  i855, 
me  parait  également  digne  d'être  remarquée. 

L'élise  de  Montferrand;  celle  plus  remarquable  encore  de 
St.- Jean  d'Ambert ,  l'église  du  Marturet  et  la  Stc. -Chapelle 


4^3  STATISTI^VB  MOBWS|fTAI.t 

de  Rîom ,  loni  aussi  da  style  ogival.  Cette  sainte  cfcapeDe , 
l'une  des  trœs  que  pcaiedie  notre  département ,  a  été  con&trnite 
▼ers  la  fin  du  XI V**.  siècle  (1)5  elle  n'est  pas  seulement  re- 
iQav({uable  par  son  architecture  légère  »  Ma  verrières  ont  droi^ 
an&^i  à  votre  admiration. 

Ces  monuments  que  vous  vi&it«ret,  en  diront  plus  k  vns  yeoi 
que  la  description  que  je  pourrais  von»  en  Ciire.  Ib  renferment 
un  grand  nombre  de  sculptures  et  d'objets  cnrieui  qne ,  pour 
mou  compte  I  )e  mettrai  beaucoup  de  soin  à  vonalaire  remar- 
quer ,  mais  que  je  ne  puis  détailler  ici. 

§.  III.  Châteaux, 

Cbaque  province ,  cbaque  cité  doit  mettre  on  grand  înlcrct 
à  conserver  les  noms  de  ses  grands  hommes ,  de  ses  grandes 
familles.  Il  doit  en  être  de  même  à  Tégard  des  mooumcnls 
que  chacune  d'elles  possède.  Il  est  essentiel  à  sa  gloire  de  faire 
i^ssorlir  aussi  la  part  qu^etle  a  prise  aux  luttes  que  la  monar- 
chie et  la  religion  ont  en  h.  soutenir.  L'Anivergne  qui ,  dans 
le  moyen  âge  comme  à  '  toutes  les  époques ,  a  joué  un  si  grand 
r6le,  ne  saurait ,  lorsqu'il  est  question  des  événements  de  ces 
temps  reculés ,  ne  pas  y  conserver  la  place  qui  lui  appartient. 
Ses  prélats ,  depuis  seize  siècles  3  ses  ducs ,  et  après  eux  ses 
comtes  et  ses  dauphins  5  sa  noblesse  qui ,  à  différentes  époques , 
déploya  tant  de  courage ,  donnent  à  cette  province  un  relief 
que  rien  ne  peut  effîieer.  Aussi  dans  tous  les  temps  a-t-elle  excité 
Tenvie  de  peuples  nombreux.  Les  Yisigoths  l'enlevèrent  aux 
Romains  vers  4?^  ;Clovis  la  conquît  sur  ces  barbares  en  bo'j» 

(!)  Les  deux  autres  sont  la  Ste.-Chapelle  de  Vie  le-Comle  »  Cou* 
dëe  par  les  comtes  d'Auvergne  et  celle  d'Aigucperse ,  fondée  par 
Louis  de  Bourbon  ^  eomte  de  Montpensier ,  dauphin  d'AuTergne , 
en  t475. 


DV    OBPARTEMEIIT   DU   I>VY-D£-dQMB.  499 

Le$  Sarrazios  la  ravagèrent  de  75o  à  733.  .En  761  ,  Pépin  , 
poursuivant  Gaifre ,  duc  d* Aquitaine  ^  qui  ne  voulait  pas  M 
reconnaître  vassal  de  la  couronne ,  laissa  sur  ses  pas  les  traces 
des  plus  terribles  ravages.  En  855,  864»  869,  916  et  925,  les 
Normands ,  ces  idolâtres  vagabonds,  saccagèrent ,  pillèrent  et 
incendièrent  les  villes ,  les  bourgs  et  les  villages  qui  se  trou« 
vaient  sur  leur  passage.  Nos  chroniques  font  aussi  mention 
des  dévastations  commises  par  les  Anglais  de  i557  a  i5go ,  et 
de  celles  causées  par  nos  dissensions  religieuses ,  pendant  U 
seconde  moitié  du  XVP.  siècle.  Plus  tard ,  dans  le  but  de  faire 
cesser  la  domination  des  seigneurs ,  les  vexations  des  gentils- 
hommes et  pour  fortifier  la  puissance  royale  ,  le  cardinal  de 
Richelieu ,  et  après  lui  le  cardinal  Mazarin ,  obéissant  aux 
ordres  du  grand  roi ,  commandèrent  la  démolition  de  nos  châ- 
teaux les  plus  importants.  A  ces  époques  (i  655,  i656et  1667), 
Qu  vit  disparaître  ceux  de  Nonnette  ,  de  Vodables  ,  d'Usson  , 
d'Ybois ,  de  Buron  ,  etc.  La  chute  de  ces  principaux  châ'eaux 
entraîna  celle  d'un  grand  nombre  d'autres  demeures  féodales 
moins  importantes,  mais  aussi  curieuses  pour  l'histoire  du 
pays  et  pour  l'histoire  de  l'art.  Quelques-unes  cependant  échap- 
pèrent à  cette  vaste  destruction  et  sont  venus  jusqu'à  nous  ^ 
tels  sont  les  châteaux  de  Murol ,  de  Tournoëlle  ,  de  Pontgi- 
l;»aud  ,  de  Ravel ,  etc.  Presque  toutes  nos  montagnes  coniques 
étaient  couronnées  de  donjons  qui  furent ,  pour  la  plus  grande 
partie ,  détruits  par  ordre  de  Louis  XIY  ,  vers  i655.  La  con- 
damnation d'un  grand  nombre  de  nos  châtelains  par  la  cour 
des  grands  jours ,  en  i665,  occasionna  aussi  la  ruine  de  plu- 
sieurs  de  ces  manoirs  féodaux.  Je  ne  vous  ferai  pas  ici  un  long 
et  fatigant  dénombrement  des  châteaux  qui  couvraient  le  sol 
.  de  l'Auvergne  5  ils  sont  figurés  sur  ma  carte ,  ainsi  que  les 
villes  et  les  bourgs  qui  furent  fortifiés  dans  le  moyen  âge; 


5oO     ITATISflQVB  MOITVHEVTALB  DU   PUY-DB-DOMS. 

Ce  que  nous  possédons  de  mieux  en  architecture  de  la  re- 
naissance ,  se  voit  principalement  k  Clermont ,  à  Riom  et  à 
Montferrand  dans  des  maisons  particulières ,  ou  dans  les  orne- 
mects  de  quelques  fontaines  publiques. 

Ce  que  nous  avons  de  plus  remarquable  en  maisons  de  bois 
du  XVI*.  siècle,  se  trouve  h  Thiers  et  à  Montferrand. 

En  monuments  contemporains  ,  notre  province  est  peu 
ricbe.  Je  me  bornerai  à  citer  notre  nouvel  bôlel-de-ville , 
dont  on  apprécierait  mieux  la  belle  arcbitecture  si  de  iachenx 
obstacles  n*en  gênaient  pas  la  vue.^  notre  balle  aux  grains  , 
qu'une  intelligente  restauration  a  récemment  embellie  ,  en 
l'appropriant  mieux  à  sa  destination  devenue  de  jour  en  jour 
plus  importante.  Je  citerai  encore  l'établissement  thermal  du 
Mont-Dore ,  h  la  création  duquel  a  si  puissamment  concouru 
un  homme  de  bien,  un  homme  célèbre,  M.  Raraond,  qui  pen* 
daut  sept  ans  ,  a  jeté  tant  d'éclat  sur  l'administration  de  ce 
département,  et  dont  le  nom,  cher  aux  sciences  comme  à  l'ami- 
tié ,  sera  toujours  vénéré-  en  Auvergne.  £nfin  j'indiquerai , 
comme  édiûces  dignes  de  votre  intérêt ,  le  Palais  de  la  cour 
royale  et  la  Maison  centrale  de  Riom  ,  etc. 

Ici,  Messieurs,  se  termine  la  tache  que  je  m'étais  imposée.  J'ai 
à  m'excuser  auprès  de  vous  de  la  longueur  des  détails  aux- 
quels je  me  suis  laissé  entraîner.  Je  m'estimerai  heureux  si 
les  hommes  laborieux  qui  m'entendent  et  qui  ont  déjà  rendu 
de  si  grands  services  à  Tfaistoire,  peuvent  trouver  dans  ce 
tableau  ,  sans  doute  bien  impar£ait ,  quelques  renseignements 
utiles.  Je  vous  dois ,  Messieurs ,  de  sincères  remercîments  pour 
votre  bienveillante  indulgence. 


COUP-D'ŒIL 

Sur  les  Ou^ages publiés  en  Allemagne,  concer- 
nant t^ architecture  du  moyen  âge  ; 

« 

Par  m.  MICHELANT  , 

Membre  de  la  Société  française  pour  la  GonserTation  des  Mona* 
ments  ,  directeur  de  la  Re? ue  d'Austrasie  ,  à  Metz. 


Un  fait  assez  bizarre  qui,  à  toutes  les  époques,  s^est  reproduit 
cbez  les  peuples  civilisés ,  c'est  que  Fétnde  dont  ils  se  sont  le 
moins  préoccupés ,  est  celle  de  leur  propre  histoire.  Avant 
d'interroger  les  monuments  de  leur  sol  ou  ceux  de  leur  langue 
et  de  leur  littérature  ,  ils  vont  fouiller  un  passé  que  des  siècles 
séparent  et  auquel  ils  ne  se  rattachent  que  d'une  manière  indi* 
recte.  Depuis  la  renaissance ,  notre  pays  n'a  pas  cessé  de 
s'occuper  des  Grecs  et  des  Romains,  de  leurs  arts  et  de  leur 
littérature,  et  il  a  fallu  que  dix-huit  siècles  eussent  passé  sur 
la  vieille  terre  Gauloise  et  treize  sur  la  Conquête  fraoque, 
avant  qu'il  songeât  à  jeter  un  coup- d'oeil  sur  ses  premières 
années. 

L'Allemagne  elle-même,  si  attachée  à  ses  antiques  mœurs  ^ 
si  amoureuse  de  son  passé ,  a  partagé  long-temps  cette  indiffé- 
rence. Rompant  ainsi  le  fil  delà  tradition,  elle  Vest  lancée 
dans  des  études  archéologiques  qui  n'avaient  aucun  rapport 
avec  ses  origines  :  et  les  riches  et  nombreux  monuments  dont 
l'art  avait  couvert  son  sol  au  moyen  âge ,  elle  les  délaissait 


5oi         SUB    LES   OUVBAtiBS   PVSLtés   E1V   ALLEll4GltB  , 

pour  étudier  avec  passion  ceux  des  Romains  dont  elle  trouvait 
peu  de  vestiges  chez  elle. 

Une  juste  réaction  s'est  enfin  opérée  dans  les  esprits,  en  fa- 
veur d'objets  si  dignes  de  notre  culte.  Les  richesses  qui  nous 
environnent  et  qu'un  insouciant  dédain  négligeait,  sont  enfin 
exploitées  avec  ardeur ,  et  les  deux  pays  marchent  actuelle- 
ment d'un  pas  égal  dans  cette  voie.  Depuis  long-temps  déjà 
l'Allemagne  étudie  atec  on  zèle,  que  nous  n'avons  pas  encore 
su  imiter,  son  ancienne  littérature  nationale;  mais  nous  ne  tar- 
derons pas  à  la  suivre  de  près.  Plus  avancés  dans  uûe  autre 
route  ,  nous  pourrons  peut-être  la  guider.  En  effet ,  lorsqu'en 
France  s'est  éveillé  le  goût  du  moyen  âge ,  il  s'est  trouvé  un 
homme  qui,  se  plaçant  à  la  tête  du  mouvement,  a  dirigé  ses 
efforts.  Groupant  autour  de  lui  tous  les  travaux  ,  il  les  a  fait 
aboutir  à  un  centre  commun  5  il  a  imprimé  l'unité  aux  re- 
cherches ,  les  a  rendues  plus  faciles  par  un  enseignemeiit  oral 
et  écrit  qui  a  ûxé  la  science ,  en  a  classé  les  éléments  d'unt 
manière  exacte  et  précise.  Enfin ,  par  la  fondation  de  la  Sociéii 
Jhûncaise  pour  la  conservation  des  Monuments  et  la  piMiea^ 
tion  du  Bulletin  monumental,  il  a  posé  les  bases  d'une  grande 
ceuvre  vraiment  nationale,  et  qui  ne  peut  plus  manquer  de  réus- 
sir. L'Allemagne,  au  contraire,  si  ardente  au  travail,  a  produit 
peut  être  plus  de  recherches  que  nous  dans  cette  branche  5 
mais  livrée  à  l'arbitraire,  elle  a  marché  au  hasard.  Les  prin- 
cipes de  la  science  a  rchi  tectonique  au  moyen  âge ,  ont  été 
parfois  méconnus  pour  satisfaire  Tamour-propre  national  j  ils 
ont  été  quelquefois  confondus  :  les  classifications  et  leur  déno- 
minations sont  devenues  vagues  et    incertaines.   Aussi    de 
cette  quantité  d'ouvrages  qu'elle  a  produits  ,  il  ne  résulte  pas 
encore  un  grand  progrès.  11  serait  trop  long  d'entrer  dans 
l'appréciation  de  chacune  de  ces  œuvies.  Tout  au  plus  est: il 


COirCtBNAIIT   t*ABCmrTtCTt7BE  DV    MOTVlT    AGP.         5o5 

pCttsible  de  }et6r  an  rimpte  coup  â*ttil  biUiograpbiqoc  sur  les 
Dombrenxt  productions  qa*t  faitsargir  le  monTement  imprimé 
depttis  quelques  années  sentement  aux  études  dn  moyen  âge. 

Dans  les  nombreot  joaroaut  consacrés  a nx  études  purement 
bistortqnes ,  il  se  rencontre  souvent  des  articles  fort  curieux 
sur  l'arcbitectonique  ^  mais  ce  sont  en  général  des  travaux  de 
peu  d*étendtte  et  tellement  disséminés  qu'il  serait  bien  difficile 
de  les  citer  tous  et  de  les  réunir.  Nous  n*avons  à  nous  occuper 
ici  que  des  travaux  de  quelque  étendue  et  formant  un  tout 
complet.  Leur  nombre,  asset  considérable  du  reste,  secompse 
presque  entièrement  de  monographies*  Quelques -unes  sont 
accompagnées  de  considérations  générales  sur  Tarchiteclure  , 
qui  eu  doublent  Tintérêt.  D'autres  forment  des  publications 
de  luxe  ornées  de  planches  nombreuses  magnifiquement  exe* 
cutée85  le  reste  ne  contient  que  des  descriptions  parfois  on  peu 
riches,  purement  locales ,  et  par  conséquent  ayant  peu  de  va- 
leur scientifique. 

Il  existe  un  fort  petit  nombre  de  traités  spéciaux  sur  Tarchi  • 
tectonique  et  on  peut  les  réduire  Êicilement  à  deux  ou  trois  au 
plus.  Il  faut  mettre  au  premier  rang  FouvragedeSieglitz,  inti* 
tulé !  i^/te/enne  architecture  allemande,  quia  paru  en  1820, 
un  volume  in-4^.  avec  54  feuilles  de  planches  in-F^.  j  mais  son 
prix  élevé  en  rend  l'acquisition  peu  facile.  Du  reste  Stîeglitz , 
déjh  connu  par  d'importanfes  recherches  sur  l'histoire  de  Far- 
ohitecture  chez  les  différents  peuples  ,  était  on  des  hommes  les 
plus  capables  de  traiter  convenablement  ce  sujet.  Depuis  il  a 
publié  on  abrégé  de  l' histoire  de  l' ArcJiitecture  à  ses  diverses 
pérhéks^  (|ni  a  eu  plusieurs  éditions,  dont  la  dernière  a  paru 
en  1854,  un  vulumein-8°.  avec  ^i  planches.  On  a  également 
de  loi  une  description  de  l'église  St.-Kuuibert  à  Rochlitz  : 
un  vol.  ÎB-d".  de  100  pages  enriron ,  avec  trois  planches 


/" 


5o4  su»    LES   OVVB  AGES   PUBLIES   EK    ALLEMAGNE  , 

lithi^raphiccs ,  1829.  Dans  la  même  année  a  para  une  conrte 
dissertation  de  Heller,  d'une  vingtaine  de  pages  in-8^. ,  sur 
la  construction  des  anciens  châteaux  cbevaleresques  (  Ritter- 
burg)  en  Allemagne.  En  i85f  nous  troùyons  une  brochure  de 
Kamohr,  de  80  pages,  intitulée  :  de  l'Origine  des  écoles  d^ïW" 
chitectureaumqyenâge ;  puis  le  grand  ouvrage  du  chevalier 
deMoller,  directeur  de  la  galerie  de  Damstadt,  sous  le  titre  de 
Histoire  de  V art  en  Allemagne  par  les  monuments ,  princi' 
paiement  au  moyen  âge;  l'ouvrage  se  composait  de  deuxparties 
contenant  chacune  80  feuilles  de  texte  servant  d'éclaircissement 
à  40  planches  gravées ,  dont  quelques-unes  étaient  coloriées. 
Une  seconde  édition  a  paru  en  1857. 

Quoique  ne  rentrant  pas  dans  cette  catégorie  ,  mais  faute  de 
pouvoir  le  classer  plus  convenablement,  nous  ciieronsici  l'on* 
vrage  du  célèbre  M.  de  Wi^heking,  directeur-général  des 
ponts  et  chaussées  en  Bavière ,  membre  correspondant  de  l'Ins- 
titut ,  etc. ,  çur  l'Influence  qu'exercent  dans  l'étude  de  l'histoire 
les  descriptions  critiques  des  monuments  de  l'antiquité  et  dû 
moyen  âge  :  dissertation  assez  volumineuse  qui  comprend 
22  planches  gravées  et  lithf^rapliiées  et  70  feuilles  de  texte 
in-4°*9  ^"^  publiquement  à  la  session  du  Congrès  historique 
tenue  à  Nuinberg,  le  25  septembre  i855  ,  et  dont  l'assemblée 
a  ordonné  l'impression.  Nous  terminons  enfin  cette  nomen- 
clature par  Touvrage  de  Yogt  :  plans  et  élévation  des  bâtiments 
religieux  et  civils  germano-chrétiens  au  moyen  âge^  un  vol* 
in-8  de  200  pages. 

Ce  qui  vient  ensuite  se  compose  de  la  description  des 
monuments  et  édifices  soit  religieux ,  soit  militaires  d'un  pays, 
d'une  ville  on  de  monographies. 

Dans  la  première  classe,  où  sont  pou r  la  plupa rt  des  ouvrages 
de  luxe ,  il  iaut  citer  d'abord ,  en  suivant  l'ordre  chronO' 


COHCnSAHT  l'aBCBTBCTURB  dit  MOTBir  AGB.  5o5 

iogiqae  :  les  Monoments  de  Fart  ancien  à  Liibecle ,  par  les 
architectes  Schusser  et  Tiichbein  ;  trois  livraisons  grand  in-f^. 
comprenant  chacune  sept  planches  lithographiées ,  i85r  et 
i85a*  Ëosaîte  viennent  saccesnvement  les  monainents  de  Fer'' 
jdiitectore  snr  le  Rhin ,  da  VII*.  au  YIII*.  siècle ,  in-foL 
Cette  publication  se  recommande  spécialement  par  un  nom  que 
nous  allons  voir  reparaître  avec  plus  d* éclat  et  qu'a  déjà  illu^ 
tré  son  dévouement  constant  pour  l'art  allemand  au  moyen 
âge,  sous  quelque  face  qu'il  se  soit  produit.  Nous  avons  nommé 
Solpice  Boisserée ,  pins  connn  par  son  grand  travail  sur  la  ca« 
thédrale  de  Cologne.  En  i854  parfit  le  panorama  des  princi* 
pans  châteaux  forts  de  l'Allemagne ,  par  Gerat  et  Lange ,  par 
livraisons  in-4°  contenant  quatre  lithographies  et  trois  feuilles 
et  demie  de  texte.  Cet  ouvrage  est  analogue  à  celui  que  Gott-^ 
schalk  avait  publié  fort  antérieurement ,  mais  qui  s'occupait 
exclusivement  de  F  Autriche.  En  i856  :  Histoire  des  châteaux, 
abbayes  et  couvents  sur  les  bords  du  Rhin  et  dans  les  pro- 
vinces de  Clèves.,  Julien» ,  Berg  et  Westphalie ,  par  de  Mering 
et  Weyden  :  chaque  livraison  comprenant  environ  loo  pages 
de  texte  in-8^.  avec  planches  iQ-4®. ,  et  les  églises  au  moyen 
âge  ;  vues  intérieures  gravées  par  Beuther  et  publiées  â  Berlin, 
.format  grand-impérial  i^. ,  sans  texte. 

Kannëe  i856  a  été  plus  riche  que  la  précédente  :  elle  a  vu 
paraître  simultanément  Fouvrage  de  Grneber  :  Ornements  ar- 
chitetoniques  allemands ,  tirés  des  constructions  des  XIII*« 
et  XIV'.  siècles  en  Bavière  ;  six  feuilles  in-^.  de  planches  et 
deux  de  texte.  Fragments  d'architecture  gothique ,  par  God* 
fried  Grohmann ,  ouvrage  dédié  aux  artistes,  aux  architectes, 
etc.  :  six  livraisons  de  quatre  planches  in-4^. ,  sans  texte.  Le  plus 
important  est  celui  de  Bœtlicher,  sous  le  titre  de  :  FArchiteclure 
de  bois  au  moyen  âge.  Son  prix  élevé  en  rend  malheureuse- 

5? 


So6  sua   LBS   OUVRAGES  PUBUés  ElT    ALiEMlGlIB  , 

ment  Tacquisition  difficile^  car  il  offre  ane  coUectioo, dessinée 
avec  le^soin  le  plus  rare,  des  plus  beaux  produits  de  la  sculp- 
ture sur  bois  et  des  arts  industriels  de  Tépoque,  dans  leur 
application  à  Farcbitecture.  Chaque  livraison  contient  six 
feuilles  in-I<>.  gravées  et  coloriées  :  il  en  parait  une  tous  les  six 
mois.  L'œuvre  n*est  pas  encore  terminée  j  mais  après  son  achè- 
vement y  on  pourra  la  considéi'er  comme  un  véritable  menu- 
ment  élevé  à  Fart. 

En  1837  ,  Minntoh  a  commencé  à  publier  les  Monuments 
deTartau  m 3y en  âge  dans  la  Marche  de  Brandebourg;*    La. 
première  livraison  composée  de  cinq  planches  et  cinq  Feuilles 
de  texte  in-f'.  ,  comprenait  ceux  du  XI*.   au  XIII*.    siècles: 
roals  celte  publication  est  fort  inférieure  à  la  suivante   que 
Ton  peut  considérer  comme  une  des  plus  remarquables  en 
ce  genre  :  ce  sont  les  Monumeots  de  Tart  architectural  au 
moyen  âge  dans  les  deux  Saxes,  le  Brunswick ,  etc. ,  publiés 
par  Puetrich  en  collaboration  avec  le  peintre  Geyser  le  jenne , 
sous  la  direction  de  Stieglitz.  La  première  partie  représentait 
l'église  de  Wechselburg  en  deux  livraisons  formées  de  treize 
planches  grand  in-f*.  et  dix  feuilles  et  demie  de  texte  même 
format.  La  deuxième  partie  donnait  Merseburg  dans  la  Saxe 
prussienne ,  neuf  planches  et  neuf  feuilles  et  demie  de  texte. 
La  troisième  enfin  ,  la  Porte  dorée  à  Freyberg  ,  nenf  planches 
et  cinq  feuilles  de  texte.  Dahl ,  norwégien  de  naissance,  pro- 
fesseur  de  peinture  à  Dresde,  mu  par  un  sentiment  d'amoor  et 
d'orgueil  national ,  a  publié  en  cette  même  année  1857  9  ^ 
monuments  les  plus  remarquables  d'architecture  des  premiers 
siècles  de  la  Norwège  ,  construits  en  bois.  Les  trois  premières 
livraisons  composées  en  tout  de  quinze  planches  grand  in*f^ 
et  trois  feuilles  de  texte,  décrivent  les  églises  de  Bergund, 
Urnes  et  Hitterdal.  La  première  livraison  seule^  de  ces  ouvrages 


CONCERITANT   l'aBCUITSCTURB   i)V   MOY£iY   âOS.         5of 

t  paru  en  1857 ,  et  les  autres  successivemeut.  Il  en  est  de 
même  de  quelques  autres;  mais  pour  éviter  d'y  reyeiiir ,  nous 
ferons  toujours  dater  leur  publication  à  partir  de  la  première 
livraison.  Outre  la  continuation  de  celles-ci,  i858  en  a  vu 
commencer  encore  une  autre  ,   F  Histoire  et  description  des 
anciens  châteaux  forts  de  la  Prusse,  par  MuUer ,  employé  a  la 
bibliothèque  universitaire  de  Breslau  :  in-3°.  avec  gravures^ 
La  première  partie  renfermait  la  Silésie  et  le  comté  de  Glatz. 
Nous  arrivons  maintenant  aux  Monographies,  et  parmi 
celles-ci ,  personne  ne  refusera  le  p^'emier  rang  au  grand 
ouvrage  de  Sulpice  Boisserée  ;  la  cathédrale  de  Cologne  :  des- 
sins^ coupes,  etc.  Dans  cette  magnifique  entreprise,  Boisserée 
supposant  l'édifice  complètement  acheté  sur  les  dessins  de  Far* 
chitecte  ,  en  donne  la  description  la  plus  exacte  par  grandes 
masses  ou  avec  les  plus  petiis  détails.  Elle  se  compose  de  deux 
volumes  in-F*.  :  Fun  de  texte,  et  Fautre  de  planchesquisontau 
nombre  de  dix-huit.  Mais  son  prix  est  excessif  et  ne  le  met  à  la 
portée  que  des  plus  riches  bibliothèques.  On  peut  placer  immé- 
diatement après,  non  dans  Fordre  chronologique  ,  mais  sous  le 
rapport  de  l'exécution  ,  la  cathédrale  St.-£tienne  à  Vienne  , 
avec  ses  monuments  d'art,  par  Tschischka ,  i852.  Quarante- 
trois  magnifiques  planches  gravées  sur  cuivre^  in-f°.,  et  huit 
feuilles  de  texte ,  même  format,  en  fqnt  également  un  ouvrage 
de  luxe;  mais  son  prix  de  beaucoup  inférieur  le  rend  plus 
accessible  que  celui  de  Boisserée. 

Puis  a  la  suite  de  ces  deux  grandes  publications  ,  viennent 
quantité  d'autres  ouvrages  dont  nous  nous  contenterons  de  don- 
ner la  nomenclature.  N'ayant  pas  été  à  même  de  les  juger ,^  nous 
en  ferons  Fénumération  avec  toutes  les  indications  qu'ont  pu 
donner  les  recherches  bibliographiques  les  plus  exactes.  Il  en 
est  quelques-uns  sans  doute  de  peu  d'importance,  surtout 


5o8  SUA    UBS  OWAiGBS   PUBLIES   EH    ALLEMAGNE. 

an  point  de  Toe  de  i'architecfore.  D'antres ,  au  contraire,  sont 
tont-à-&ît  dignes  de  se  ranger  à  la  soite  des  deux  premiers  qne 
nous  yeDODS  de  citer.  Dans  notre  ignorance  à  cet  égard,  il 
nous  suffira  de  n*eo  avoir  omis  aucun ,  laissant  h.  la  sagacité 
do  lecteur  à  les  classer  comme  il  le  jugera,  le  pins  convenable* 
ment»  Le  seul  mérite  de  cette  notice  sera  celai  d'une  scrupu- 
leuse exactitude ,  nous  n'en  revendiquons  pas  d*autre. 

Ici  Tordre  chronologique  nous  ^rvira  encore  à  ranger  les 
matériaux  recueillis  dans  nos  recherbbes ,  à  remonter  à  18:27. 
Daas  cette  même  année,  nous  trouvons  d'ahord  une  description 
de  la  cathédrale  de  Paderborn,  historique ,  artistique ,  etc.,  un 
Tolume  ia-8^. 

1828.   L'ancienBe  église  Ste.-Marie  à  Arnstadt  et  le  cloître  y 
attenant,  par  Hellbach  :  5  pi.  et  160  pages  de  texte. 
t83o.  L*ancien cloître  de  Bebenhausen,  par  GraH,  architecte  : 
1 1  graT.a  plans  in-K  et  a  feuilles  et  demie  de  texte. 
l852*  L'abbaye  d'Âltenberg,  près  Cologne,  aVec  éclaircisse- 
ments historiques ,  par  Boisserée  :  1 5  feuilles  litho- 
graphiées ,  grand  in-f*.  et  3  pages  et  demie  de  texte. 
•—    Le  palais  de  l'empereur  Barberoussse  Frédéric  I ,  dans 
la  forteresse  de  Geltinhaùsen  ;  avec  documents  sur  la 
maison  d'Hohenstauien  et  l'art  de  son  temps  :  i5  gra- 
vures grand  in-f». ,  21  feuilles  de  texte,  par  Hun- 
deshagen . 
«M    La  cathédrale  de  Magdebnrg ,  par  Clemens ,  conseiller 
et  inspecteur  des  bâtimenis,et  Rosenthal,   archi- 
tecte :   2  livraisons  grand-impérial ,  i».  de  6  pi. 
lithog.  La  1'".  livraison  avait  paru  en  t85i. 
—    Description  des  forteresses  de  Rheiosiein  et  Reicheusr 
tein ,  et  de  l'église  St.-Ciément  sur  le  Rhin  5  histoire, 
documents ,  objets  d'art ,  etc.,  par  le  chanoine  Dabi  : 
I  pL  lithog.  et  5~o  pages  de  texte  in-8<>. 


COHCIBKAKT  l'aBCHITECTURB  i)U   MOYOT  AGI.         $0^ 

— "  Histoire  et  descriptionde  TadcienDe  abbaye  de  Camp, 
près  Rheiaberg  ayee  noe  vne  iithogr  •  et  160  pages  de 
texte  io-8°. ,  par  Micheb  ,  prêtre  ,  etc. 

—     Histoire  de  l'église  des  Carmes  déchaussés  k  Brfurht^par 
Moiler  :  84  pages  i&t-S^.,  et  ua  plan  de  rançiéa 
cloître  ^lithogr.  - 
i853.  Description,  du  St..-Tombeaa  à  Gorlitz  1 5  planches  et 
texte. 

— •  L'église  de  St^Jac^pes  à  Magdebiîrgy  pajr  Ir  pasteur 
Reinhardt^aoo  pages  in^8°.  ^nn  plan  et  2  vues  îq-^. 

— -  L'ancienne  forteresse  impériale  de  Salzburg  ,  près 
Neustadt  sur  la  SaaL,  par  le  baron  Augyiste  de  Salz- 
burg rin-4^.  avec  deux  Tues,  un  plân^,,  vignettes  jet 
80  pages  de  texte  ..(Cet  ouvrage  a  eu  deux  édrtiocis.) 

—-  La  cathidrak  de  Wecden-,  monumeat  de  la  ligne  des 
princes  Guelfes-;  hi&toice  et  description ,  par  Tar* 
chitecte  Bergmann^  :  8  ieuilles  lithogr^  et  3o  pages 
de  texte  in»4°- 
1 854*  La  cathédrale,  de  Trêves,  par  Hansen^  r  histoire  et  des- 
criptioaj  extrait  des  feuilles  provineialc&du  Rhia« 

—  Description  et  vue-  de  la  grande  salle  des^  Chevaliers 

au  château  d'Ërlach,  dans  FOdennald  :  S  feuilles  de 
texte  et  l5  vues  à  Taqua-tinte  in-4^»,.par  de  Krest. 

—  Descri  plion-  historieo-tepographique  de  l'ancien  ne  cha- 

pelle de  Akenfi!irtb,près  Nuvnberg,  par  le  baron  de 
Soden-  :  64  pages  xA-8";,avec  un  plan  et  5  vnesin-4®, 
— «  Histoire  de  l'ancienne  abbaye  impériale  de  Bnrtscheid, 
bâtie  au  VU*,  siècle ,  par  Quins ,  bibliothécaire  k 
Aix-la-Chapelle.  M.  Quins  s'occupe  avec  la  plus 
grande  activité  de  l'histoire  de  tous  les  monuments , 
etc.,  situés  aux  environs  d'Aix-la-Chapelle  :  en 


StO         S1TX   LES   OtTVBAGES  PUBLlés  BIT   ALIEMAGVB, 

i83o,  il  avait  publié  une  description  liistoricpie  des 
cbapelle  et  château  de  Bernsberg;  en  i856,  nous 
troui^rons  encore  quelques  travaux  intéressants  dus 
h  sa  plume  laborieuse* 

*—  Le  château  et  la  cathédrale  de  Mersebarg ,  leurs  me- 
onmenfs ,  curiosités;  arcH;  une  vue  de  la  cathédrale 
în-4®«  et  64  pages  êe  texte  in-S**. ,  par  Otto. 

•-«  La  cathédrale  St.* Biaise  à  ftrunswick,  bâtie  par  Henri- 
le-Lion  ,  duc  de  Saxe  et  de  Bavière ,  avec  ses  monu- 
ments ,  les  tombeaux  des  privces  êe  la  maison  de 
Brunswick- Lunebourg  :  120  pages  de  texte  in-S^''. 
et  4  lithographies ,  par  Goerges  (Cest  une  deuxième 
éditifi»)  * 

—  La  cathédrale  de  Cologne,  par  de  Noël  :  petit  in-i9. 
Cette  petite  notice  est  maintenant  à  sa  3*.  édition. 

i835.  La  cathédrale  de  Meisseas  :  24  planches  lithogr.  et 
160  pages  de  texie  ,  par  QDHert.  Cet  ouvrage  est  du 
savant  bibliothécaire  de  Dresde  connu  par  d'impor- 
tants travaux  bibliographiques. 
•»  La  cathédrale  de  Mayence  par  Wetter,  architecte 5  avec 
des  considérations  sur  le  développement  du  style  ogi« 
val,  etc. ,  en  France  et  en  Allemagne,  et  Finfluence 
de  Fart  lombard  et  byzantin  sur  ces  pays  :  un  plan 
demi-P'  et  i5o  pages  grand  in- 12.  La  cathédrale 
de  Mayence  a  été  décrite  d'une  manière  pins  étendue, 
dans  un  ouvrage  du  docteur  Werner,  doyen  du  cha- 
pitre, commencé  en  1827 ,  et  qui  n'a  été  terminé 
qu'en  1857.  .     - 

— •  liCS  monuments  du  chœur  de  l'église  du  château  k 
Pforzheims,  par  Gustave  Mulfer  ;  une  gravure  grand 
ithS^.  et  2  feuilles  et  demie  de  texte. 


GCMrCERirAirT  l'aBCHITECTUUE   du   M0YE9   AOI.         5ll 

— •  Histoire  et  descriptioo  ie  U  catkëdrale  de  Rœnigsberg  ; 
de»  ouTrages  d*art  qu'elle  coatient ,  ayee  une  intro- 
duetioB  sur  Tart  de  l'Ordre  Teutoni<^ue  en  Prusse 
et  surt<mt  daos  les  plu&  aDcieuDjes-construclious  reli- 
gieuses de  révêcbé  de  Samland,  par  les  doeleur  Geb- 
sefy  professeur,  et  Hagea,  super-iatendaut  :  ua  fort 
volume  in-8*.  de  y>o  pages  et  .8  planebes  lithogr. 

—  L'église  St*^Pierre  et  Ste.-Céeile  k  Cologne  y  par  de 

Mériag  :  itt^ia. ,  60  pages. 
•—    Des  images  daas  le  sa nci  uaire  des  églises  cbpétîenties  dn 
.  Y",  an  XIY**.  sièele ,  dissertatiou  archéologique.^  par 
le  docteur  Jean- Georges  MuUer  de  Trêves  :  a  litbog. 
in -4^.  j  :so  pages  de  telle. 

i856.  La  cathédrale  de  Bamberg  ai««  ses  monuBieftis  ^.iDin- 
beasi, armoiries,  inscriptions,  etc.,  par  Landgrafi  : 
nœ  gravure,  5  Utliog.  et  180  pages  de  texte  grand 

—  Rosaees  gothicfuesde  TancieiHie  architecture  aHemande 

dans  réglise  de  Dobran  ,  par  Niepperdey  de  Post- 
dam  :  52  feuilles  lithog»avec  texte  explicalif, 

—  L'architecture  gothique  et  son  origine,  démontrée  par 

FégliseSt.-«lacqucs  et  autres  de  Ratisbonae,  par  Popd 
etBulau  :  format  grand  aigle. 
*—    L^église  Ste.- Catherine  à  Oppenheim  ,  monument  de 
l'art  allemand  du  XIII'.  siècle  ,  par  Hubert  Muller  : 
34  planches  ia-i^.  et  fa  feuilles  de  texte  in-4^. 

—  Histoire  et  description  de  l'église  de  St  .-Pierre, l'hôpital 

St.-jVIartia  anciennement  collégiale  des  chanoines 
réguliers  et  du  cloître  Ste.-Anne  :  une  planche 
lilhog,  et  160  pages  de  texte ,  par  Quins. 

—  L'ancienne  collégiale  St.^Jacques ,  depuis  couvent  des 


Sis        mjn  XBS  outbag]^  HiBi.t&  xir  alibmagiic/ 

Claristes ,  et  le  cloître  St. -Léonard ,  avec  iiotice$  stor 

la  peioiure  sur  verre ,  etc. ,  par  le  même  :  in-S*. 
-^    La  cathédrale  de  Magdebarg ,  dessinée  et  publiée  par 

Munnich  Tin-fr. 
1857.  La  forteresse  de  Risberg  eu  Franconie  ,  par  Heller  : 

i5o  pages  in-8^  et  2  planches  iu-f'» 
—    Le  couvent  de  Michaelsberg  de  Tordre  des  Bénédictins, 
<       et  l'hôpital  Ste.-Catherine  avec  le  tombeau  de  St.- 

Otton  :  in-8®. ,  5  knille»  de  texte  et  une  planche 

in-f^*.,  par  Landgrafi  de  Bamberg. 
— •    La  cathédrale  de  Halberstadt,  histoire,  architecture  , 

antiquités  :  3  feuilles  et  demie  de  texte  in-P.  et 

6  planches  gravées  sur  acier,  par  le  docteur Lncanus. 

—  La  eathédrarle  de  €ol<^ne  ,  par  de  Noël ,  2*»  édition  5 

description  historique  et  archéologique  :  4  planches, 
80  pages  grand  in  12. 

—  La  cathédrale  de  Mayence  et  ses  monuments  ,  par  Wer- 

ner,  docteur,  doyen  du  chapitre  commandeur ,  etc.  : 
5  gro»  volumes  k>8^. 

—  L'église  collégiale  à  OEhringen  ,  par  AIbncht  :  plan 

in-4®«  et  60^  pages  in-8<>. 

i858.  Description  et  histoire  de  l'église  du  château  à  Qued- 
linburg  ,  des  antiquités  qu'elle  renferme,  avec  des 
notices  sur  l'église  de  St.  Vippert  près  Quedlinbui|;, 
celles  du  cloître  i  Grœningue,  de  Gernrode,  de 
Frohe ,  Druebeck ,  Hugsburg  ,  Conrardsburg ,  avec 
plans,  dessins  de  détaib,  par  le  docteur  Ranke, 
directeur,  et  Kugler,  professsenr  :  8  pi. ,  voL  in-8<>« 
de  200  pages. 
En  terminant  cette  notice ,  nous  devons  ajouter  que  npus 

tl'ayions  pas  encore  reçu  le  catalogue  de  Leipzig  du  a*,  se- 


COirCERNAHT  L  ARGHITfiCTVBB  HV  UOTBN   AGE. 


5i5 


mestre ,  ce  qui  ne  nous  permet  pas  de  donner  une  idée  exacte 
des  prodoctioQS  de  Tantiée  i858  :  d*fti^ars  il  ne  £int  pas 
oublier  que  plusieurs  publications  cominençëes  dans  les  années 
1 855-56  et  57  ,  sont  loin  d'être  terminées ,  et  qu'elles  conti- 
nuent à  paraître  successivement  :  il  faut  donc  les  ajouter  à 
celles  qui  sont  nées  en  18SS ,  pour  apprécier  an  juste  la  valeur 
du  mouvement  qui  s'est  produit  depuis  quelques  années  dans 
cette  branche  importante  de.  recbcrchcfr  Historiques.  Il  ne  se 
ralentira  pas  sans  doute  :  les  efiorts  du  passé  nous  servent  de 
garant  pour  l'avenir. 


PROMENADE  ARCHÉOLOGIQUE 

De  Clermota  à  Bourges,  par  Néris,  Montluçon 
et  St.'Amand ,  faite  en  nwembrei^Z^  (i); 

Paa  m.  BOQILLET  , 

Inapectenr  di?idonnaire  des  monumeDU  historiques. 


La  partie  do  département  du  Pay-de-d&me  que  l'on  traverse 
ponr  entrer  dans  le  département  de  l'Ailier ,  à  Texception  de 
Montferrand  et  de  Riom,  présente  pen  de  choses  remarquables. 
Montferrand  et  Riom  possèdeivc  des  restes  de  Farchitectare  de 
la  renaissance,  bien  dignes  de  fixer  Tattention  des  archéoloçnes* 
L'église  de  St.*Amable ,  «bosk  cette  seconde  ville ,  est  de  trois 
épo<{aes  bien  marquées.  Le  bas,  c'est-à-dire  les  trois  nefs,  sont 
d'architecture  romane ,  avec  arches  ogivées  ;  le  chœur  est  très- 
întéressant  pour  notre  province ,  car  il  nous  présente  un  bel 
exemple  d'architeelsrr  de  transition  ou  gothique  primitif. 
Quelques-unes  des  maisons  et  des  fontaines  publiques  de  Riom , 
sont  ornées  de  sculptures  des  XV'.  et  XVI'.  siècles ,  qui  rap- 
pellent le  ciseau  habile  de  Germain  Pilon.  L'église  du  Martn- 
ret ,  d^on  architecture  ogivale  simple ,  n'a  rien  de  particulier 
dans  son  intérieur;  l'eitérieur  an  contraire,  et  notamment  la 

(1)  L^  lecture  de  ce  mémoire  était  annoncée  k  Ta  Société  Fran* 
çaice  pour  la  conservation  àt»  moouments  historiques,  lors  des 
séances  générales  tenues  k  Clermont ,  du  Tau  fo  septembre  1838; 
elle  n'a  pas  eu  lieu  ft  cause  de  rabondance  des  matières. 


monBiiiim  AticniiotOGtqvE,  5t5 

fiiçacle  de  l'onest,  sont  bien  ornes.  La  Sie «-Chapelle,  Tone 
des  trois  ^e  possède  l'AoTergne ,  est  digne  anssi  de  remarque* 
Ce  monument,  qui  n'est  malheureusement  phis  livré  au  culte, 
a  été  construit  rers  la  fin  du  XIV*.  siècle ,  par  Jean  II ,  comte 
d'Auvergne.  Ses  vitraux  ,  du  même  temps  que  Fédifice ,  sont 
très-esdmés.  Les  nouvelles  dispositions  intérieures  do  local  en 
rendent  Fétode  fiidle. 

Riom  est  une  jolie  petite  ville  bies  ptreés".  Les  fossés  hideux 
et  fétides  qui  lui  servaient  d'enceinte  dans  le  moyen  âge ,  sont 
aujourd'hui  des  boulevards  ;  plantés  de  beaux  arbres  ,  et  des 
promenades  délicieuses. 

En  quittant  Riom ,  le  premier  village  que  Ton  traverse  est 
St.-Bonnet ,  qui  n'a  de  bien  curieux  que  le  costume  de  ses  ha-* 
bitanis.  Près  de  là ,  à  Diavayat ,  autre  village ,  il  existe  une 
pierre  plantée  on  menhir  en  granité,  d'au  moins  quatorze 
pieds  de  hauteur.  Il  en  est  parlé  vers  le  milieu  du  siècle  der- 
nier dans  le  journal  de  Trévoux }  fài  déjà  eu  occasion  de  le 
dire.  On  le  voit  à  l'eotrée  du  village ,  engagé  en  partie  dans 
un  mur. 

Combronde,  chef-lieu  de  canton  ,  où  l-oo  arrive  bientôt, 
a  eu  )  à  ce  que  l'on  croit ,  un  des  premiers  monastères  de 
l'Auvergne ,  Sondé  en  5o6;  mais  il  n^en  existe  pas  le  moindre 
vestige  aujourd'hui.  Soif  église  très-petite  a  été  restaurée  à 
difiérentes  époques  5  quelques  parties  èa  cbœur  seulement  soot 
du  XI"*,  siècle. 

Entre  Combronde  et  9t.-PardottX ,  on  devra  visiter  Tune  de 
nos  églises  byzantines  les  plus  intéressantes ,  l'un  de  ces  cu- 
rieux moooHients  dont  la  France  s'appauvrit  tonales  jours. 
Entre  Combronde  etSt.-Pardoux,  dis- je,  très-près.de  la  route, 
on  verra  l'église  de  St«-Hilaire-la-Croix  ,  qui  porte  le  nom  de 
la  Rouée 3  sa  forme  est  celle  de   nos  églises  qui  ont  un  carac. 


5l6  nbOUKADB   AECllioUIGI^m 

tère ,  on  type  partkolier  cTaicbilectBre  aoTe^oate.  La  porte 
do  Dord  et  les  chapîteaax  de  ooloones  à  l'iiiténeor  de  ïéçhat 
soot  on  oe  peot  plus  remarquables. 

Les  mines  dn  diâteaa  de  Blot-le-Rocker ,  déchirées  par  le 
temps  y  s'aperçoÎTent  ioag-temps  araot  d'arrirer  à  Méaat ,  ao 
sommet  d'an  petit  mamelon  dominant  la  vallée  tortoense ,  mais 
ravissante,  de  la  Sionle.  Un  pen  an-dessoos  des  mines  dn  cliâ- 
teao  j  en  suivant  le  cours  de  la  rivière ,  on  peut  voir  anssi  les 
restes  de  celui  de  Tancienne  famille  de  Cha  vigny* 

La  petite  ville  de  Menât  »  placée  près  du  bassin  pittoresque 
de  la  Sionle ,  possédait  une  ancienne  abbaye  de  Bénédictins  de 
Clnny,qBi;selonGr%oiredeTonrs,fut  fondée  par  St.-Ménélce, 
son  premier  aUé ,  vers  6ia.  L'église  eiiste  encore ,  mais  en 
mauvais  état  5  on  y  remarque  plusieurs  chapiteaux  de  colonnes 
très-inléressants.  Il  ne  reste  que  quelques  beaux  débris  dn 
monastère. 

Bfontaigut ,  Mons  acubu ,  par£ûtement  nommé  à  cause  de 
sa  situation ,  a  eu  aussi  on  château,  mais  il  n'en  reste  que  de 
bien  faibles  traces. 

Dans  le  cimetière  qui  )oint  la  ville  de  Montaignt  au  $ud« 
ouest  ^  on  voit  un  de  ces  fanaux  ou  bnternes  des  morts  qui 
étaient  destinés^dans  les  temps  de  maladies  épidémiques  et  con- 
tagieuses,  à  entretenir  le  fis»  et  la  Itmière^  lorsque  toute  corn* 
munication  était  interrompue ,  même  entre  les  plus  proches 
voisins.  Dans  d'antres  temps  y.  ces  fanaux  servaient  de  phares 
aux  voyageurs  égarés,  et  leur  rappelaient  que  là  éteit  un  lien 
saint. 

L'Auvergne  »  possédé  plusieurs  de  ces  petits,  monuments  de* 
venus  très-rares  aujourd'hui. 


DB  CLERMOAiT    A   BOUBCfe.  5l7 

DiPARTBMEVT  DB  L^AlLIBB. 

Néris.'^Tiétis  j  j4quœ  Neri^  de  la  carte  de  Pentioger , 
est  bâti  au  centre  de  deiix.yallées,  snr  le  plateau  qu'occupait 
raDcienoe  ville  de  ce  nom.  Néria  qui,  au  dire  de  l'antiquaire 
Baraillon  ,  aurait  été  ,  du  temps  des  Romains  ,  une  des  plus 
grandes  et  des  plus  belles  villes  des  Gaules ,  n'a  plus  aujour- 
d'hui que  i,ooo  à  i,3oo  habitants,  et  l'importance  que  lui 
donne  ses  eaux  thermales.  Les  antiquaires  se  sont  exercés  sur 
l'origine  de  &on  nom ,  sur  les  dévastations  qu'elle  a  supportées 
et  sur  sa  destruction.  Les  uns  ont  attribué  sa  fondation  à  Ne* 
ron  ,  d'autres  font  dériver  son  nom  des  mots  celtiques  IVer  eau 
et  ias  chaude ,  etc.  On  croit  généralement  qu'elle  fut  saccagée 
sous  Constant  II  ^  restaurée  par  Julien  et  ses  successeurs , 
saccagée  de  nouveau  sous  Clovis ,  et  enfin  détruite  par  les 
Normands. 

Les  environs  de  Néris  présentent  plusieurs  beaux  restes  de 
la  grandeur  et  de  la  domination  des  Romains.  Ces  conquérants 
du  monde  y  avaient  construit  un  établissement  thermal  de 
grande  dimension  ,  dont  les  restes  ont  été  détruits^ou  enfouis ^ 
lors  de  la  construction  du  nouvel  établissement.  Comment 
comprendre  que  de  nos  jours,  chez  une  nation  aussi  grande , 
aussi  civilisée  que  la  nôtre ,  il  faille  déplorer  la  perte  ou  la 
mutilation  des  anciens  et  curieux  monuments,  à  mesure  que 
le  hasard  les  fait  découvrir. 

Les  fouilles  que  ce  nouvel  établissement  a  nécessitées ,  ont 
encore  misau  jour  un  grand  nombre  d'inscriptions^  de  statues, 
de  colonnes,  de  chapiteaux ,  de  médailles  et  de  vases  de  terre 
et  de  verre  qui  ont  été  malheureusement  dispersés ,  comme 
cela  arri^'e  presque  toujours.  On  conserve  cependant,  dans  une 


5ao  pftoiffnrAùB  abch£olôoi<^b 

Montbupn.  — ^  Mootliiçoo ,  chef  -  Heu  ^^Arrondissement , 
Tnae  des  vil  tes  les  plus  ancieanes  et  ks  pins  importantes  da 
Bonrbonnais ,  est  à  une  petite  distance  de  Néris  5  sa  sitoation 
est  agréable ,  son  histoire  mérite  aussi  qoelqoe  attention. 

On  a  longuement  disserté  sur  son  origine  et  sur  Fétymologie 
de  soft  nom  ;  les  uns  croient  qu'elle  a  été  fondée  par  Lucms  ^ 
fik  de  Gmstance-Chlore  5  d'autres  par  Ludurus  ,  proconsul 
des  Gaules  5  d'autres  encore  pensent  qu'elle  doit  son  accrois- 
sement k  son  Toisinage  et  ï  la  ruine  de  la  'ville  de  Néris.  Sons 
la  seconde  race  de  nos  rois,  elle  a  été  le  chef-lieu  d'une  seigneu- 
rie qui  est  passée  dès  le  X'.  siècle  dans  le  domaine  des  Bour- 
bons (1). 

Les  Anglab  qui  se  rendirent  maîtres  de  la  Guienne  et  du 
limousin ,  prirent  Montluçon  en  1 1 7 1  et  l'occupaient  encore 
en  1 188,  époque  à  laquelle  Philippe-Auguste  le  reprit. 

Dans  le  XIV'.  siècle ,  les  Anglais  y  revinrent  de  nouveau 
apporter  la  guerre*  Ils  furent  battus  près  de  la  yille,  lors  de 
leur  retraite  de  Belleperche.  De  cet  éTénement,  l'un  de  ses 
faubourgs  prit  le  nom  de  la  Presle  ou  du  combat ,  et  l'on 
institua  une  confrérie  du  St.-Esprit,  appelée  les  Qievauxfugs, 
qui  se  réunissait  chaque  a  nuée  à  la  Pentecôte  ,  pour  célébrer 
l'anniversaire  de  J' heureuse  fuite  de  l'ennemi  et  de  la  déli- 
vrance de  la  ville.  Ses  autres  faubourgs  ont  aussi  des  noms  qui 
proviennent  de  ce  combat^  ainsi  celui  de  la  Gironde^  pai-ce  que 
des  troupes  levées  sur  les  bords  de  cette  rivière  et  appartenant 
aux  Anglais ,  l'ont  occupé;  celui  de  Breloni,  parce  que  les 
Bretons  de  l'armée  anglaise  y  ont  logé ,  etc. 

Montluçon ,  i  cause  de  sa  situation  et  à  cause  de  son  voisi- 

(1)  J'ai  fait  connattre  dans  la  Revue  de  la  Nomiflinatiqae  Fran- 
çaise,  S*,  année,  page  lio ,  des  monnaies  inédites  de  deux  de 
ses  seigneurs ,  Guy-de-Dampierre  et  Eudes. 


DB   CLSRWOSrT  A   DOVJUÏ8$.  531 

oage  des  possesMon$  des  Anglais ,  axeu  d^imposantes  for4ificii- 
lions  ^  des  murs  épais,  flaaqnésde  4o  tours,  en  protégeaient  les 
approches.  Plasiears  lettres  patentes  des  rois  de  France  et  des 
docs  de  Bourbonnais ,  imposent  aux  habitants  des  provinces 
voisines ,  Tobligation  d'entretenir  les  fortifications  et  d*y  tra- 
vailler. Ces  mars  qui  étaient  en  ruine  dès  le  comffiencenient 
du  XIV*.  siècle ,  ne  furent  complètement  réparés  qu'en  1610; 
celte  date  se  lit  sur  la  tour  neuve  qui ,  h  ce  qu'il  parait ,  a 
terminé  la  reconstruction  ordonnée  en  1692  par  Henri  IV. 
Le&  fossés  qui  l'entouraient  étaient  pleins  d'eau.  Quatre  portes 
seulement  en  facilitaient  l'entrée. 

Le  château  placé  au  centre  de  la  ville ,  sur  un  rocher  es- 
carpé ,  était  lui-même  fortifié.  Pendant  long-temps  il  a  appar- 
tenu à  des  seigneurs  particuliers ,  avant  d'entrer  dans  la  maison 
de  Bourbon.  On  en  attribue  la  reconstruction  au  duc  Louis  II, 
qui  y  faisait  souvent  sa  résidence  et  qui  y  est  mort. 

D'après  un  mémoire  clairement  et  savamment  écrit  par 
M.  Brugière-de-Lamothe  ,  sous-préfet  de  Montluçon  ,  le  lien 
où  se  trouve  la  ville  aujourd'hui,  semble  être  celui  qu'occu* 
pait  la  Gei^ovie  des  Boiens ,  dont  il  est  question  an  7*.  livre 
des  Commentaires  de  César.  On  a  aussi  beaucoup  discuté  sur 
la  localité  où  a  existé  précisément  cette  place;  aujourd'hui, 
lorsqu'on  connaîtra  les  recherches  de  M.  Brugière-de  La- 
mothe  ,  ce  point  paraîtra  si  bien  reconnu ,  qu'il  sera  difficile, 
ce  me  semble ,  de  conserver  des  doutes  sur  son  véritable  em- 
placement. 

Montluçon  offre  encore  de  beaux  restes  d'antiquités  gau- 
loises, ou  au  moins  gallo-romaines.  Très-rapprochés  de  ses 
faubourgs  ^  au  nord  et  au  sud,  on  peut  voir  deux  tumulus  bien 
conservés  j  le  premier  à  Château-Vieux ,  à  côte  de  l'ancienne 
route  de  Bourges,  l'ancienne  voie  romaine  di  Avaricunt  aux 

58 


^1  FSoifeirADE  AvméoKOGiQrE 

Aquœ  Neri;  Fanfre,  h  rentrëmité  do  faubourg  des  Porg«s, 
ao  point  où  cette  même  rôie  romaînese  réunissait  à  celle  de 
MedioUtmêm  (Château -Meilian)  k  AugusUmemetum  (Cler- 
mont). 

Dans  le  Toisinâge ,  sur  nu  rayon  de  deux  lieues ,  tout  au 
plus  ,  on  peut  voir  eneore  d^autres  tumulus:  un  à  Domérat, 
un  à  Givrette ,  un  i  Argenty ,  et  enfin  un  quatrième  à  Reugny. 

Dans  le  faubourg  St.-Pierie,  on  trouvera  un  pont  romain 
à  cinq  arcbes ,  appelé  pont  Vieux.  Un  autre  pont  appelé  pont 
Bufidé ,  a  existé  près  de  là  snr  le  Citer  ]  M.  Brugièr^de- 
Lamotbe  en  a  le  premier  reconnu  et  signalé  les  débris.  Les 
archives  de  Montloçon  fvnt  mention  des  réparations  qui  y 
furent  faites  en  i3o7  et  en  1509.  Ou  connaltencore  les  vestiges 
d^un  autre  pont  découvert  dans  Tancien  cimetière  du  bourg 
de  la  Cheplande  ,  etc. 

Les  restes  de  plusieurs  voies  romaines ,  assez  bien  conser- 
Tées ,  les  tombes  en  pierre ,  les  débris  de  poteries ,  de  tuiles , 
de  moulins  à  bras  ,  et  les  médailles  romaines,  qui  ont  été  dé» 
couverts  k  Montlnçon ,  prouvent  an  moins  que  ,  si  cette  ville 
n'a  ps  existé  antérieurement  k  la  domination  des  Romains , 
elle  était  connue  de  ce  peuple-roi. 

Montlnçon  a  encore  des  choses  dignes  d'attirer  l'attention  ^ 
ce  sont  ses  maisons  de  bois  avec  poutres  sculptées  et  charpentes 
bien  ajustées.  C'est  la  porte  Fouquet  et  la  porte  St«-Jean  ,  c'est 
sa  fontaine  du  XV».  siècle  ,  sa  vieille  croix,  etc. 

Ses  deux  églises  ne  présentent  rien  de  remarquable.  Notre* 
Dame  a  été  construite  on  an  moins  restaurée  en  162a ,  et 
St. -Pierre  est  de  i658. 

Trajet  de  Monîhupn  à  ^SL^Amand^^-La.  route  de  Mont- 
lnçon à  St.-Amand  offre  peu  d'agrément ,  la  campagne  a  un 
aspect  de  fertilité  des  plus  monotones;  les  ondulations  du 


PB   CtBmMOZIT    A   BOlTBttBS.  5lS 

temia  soot  à  pctoe  saffisantes  poar  Iqî  oter  rappareoee  d^tine 
plaine  ani&rme.  On  sait  la  droite  da  Cher ,  et  de  distance  en 
distance  on  aperçoit  le  canal  du  Berry  qui  passe  à  St.-Amand 
et  à  BourgeSt  Ce  canal  commencé  en  1807  ,  prend  naissance 
k  Montlnçon;  il  est  alimenté  par  le  Cher.  Sa  coastrnotion  a 
Talu  à  cette  yille  an  fort  joli  pont  et  lui  procure  Tayantage 
dfnné  communication  imjportante  avec  le  Berry  et  la  Touraine. 
Les  yilla^  qoe  Ton  trayerse  00  cenx  qai  ayoisinent  la* 
roMte ,  ne  présentent  rien  de  bien  remarquable.  L'élise  de' 
St*-VictQr  en  forme  de  croix  grecqne ,  est  assez  jolie  d'a^^t ,  - 
mais  très-simple  d'ornements.  Le  petit  castel  de  Reagny ,  vé« 
ritable  pigeonnier  £iodal ,  ayait  ses  fossés ,  son  pont-leyis  ,  e» 
au-deyant ,  sa  chapcUe.  Le  haraeaa  de  Vallon ,  sar  la  gauche' 
du  Cher ,  n'a  de  remarquable  et  de  bien  apparent  qné  1»  beUe> 
flèche  da  clocher  de  son  ^lise. 

Dir AaTBMENT  DU  CasB. 

SL'Amand.  —  St.-Amand  est  une  jolie  petite  yille  qui  a 
été  construite  au  confluent  de  ]a  Marmande  et  du  Cher ,  sur 
remplacement  où  se  tenaient  anciennement  les  foires  d'Oryal. 
Son  histoire  est  tout-à-fait  liée  à  celle  de  cette  dernière  loca- 
lité. Oryal  était  le  chef-lieu  d'une  seigneurie  appartenant  au 
connétable  d'Âlbret  5  il  fut  pris  et  brûlé  par  les  Anglais ,  en 
i4io.  Après  ce  désastre,  les  habitants,  pour  se  mettre  à  Tabri^ 
profitèrent  d'abord  de  quelques  baraques  construites  pour  les 
marchands  sur  une  place  appelée  St,-Amand,  y  construisirent 
des  maisons,  en  formèrent  un  bourg  qui  prit  le  nom  de  St.- 
Amand.  Charles  d'Albret,  sire  d'Oryal ,  fit  clore  de  murailles 
ce  bourg  en  14^4*  Son  église  est  antérieure,  selon  son  archi- 
tecture ,  au  commencement  du  XV^.  siècle  5   elle  est  assez 
remarquable ,  sans  qu'on  pubse  cependant  y  signaler  queh]ues 
ornements  particuliers. 


534  PR<MfeirADE    ARCHBOLOGlQrE 

St.'-Amaod  est  anjourcThoi  un  cbef-lîeu  d'arrotidissemeiiC 
do  déparlement  dn  €her,  et  sa  popalatioa  est  d*à  pen  près 
7,000  âmes.  Il  ne  préi»ente  rien  qui  puisse  particfdièreiiient 
fixer  l'attention  des  iroy agents ,  mais  Tarcbéologae  ne  pént 
oublier  que  là  fut  le  berceaa  d*iin  sayant  antiquaire,  H.  Raoul 
Rochette. 

A  e&té  de  St.-Aniand ,  sur  une  petite  montagne ,  an  bord 
do  Cher,  on  pe«t  encore  voir  qaelqoes  restes  dn  fameaz  cbâ- 
teao  de  Mont-Rond ,  qui  passait  pour  une  des  plus  fortes  places 
dji  royaume.  Sa  constmction  était  da  XI Y*,  stède.  Marimilien 
de  Bétbane ,  duc  de  Snlly ,  qui  en  a  été  propriétaire ,  y  avait 
frft  ajouter  de  nouvelles  foiiifications.  Le  grand  Condé  en 
devint  possesseur  en  i65o ,  et  augmenta  encore  ses  moyen»  de 
défense.  Pendant  les  troubles  de  i65o  à  l65a,  il  était  occu(>é 
jiar  les  partisans  des  princes,  armés  contre  l'autorité  royale. 
Il  se  rendit  en  i652  au  comte  de  Palluan ,  après  un  si^e  d'un 
an ,  et  il  fut  démoli  immédiatement  après. 

F'iÙage  de  Drévant.  —  Au  sud  de  St.-Amand  presqn'à  la 
sortie  de  la  ville ,  on  quitte  la  route  de  Montluçon  pour 
prendre  à  droite  le  cheraio  de  Drévant.  Ce  chemin  parfaite- 
ment conservé  sur  quelques  points ,  est  l'ancienne  voie  ro- 
maine d*Alicbamps  à  Néris. 

En  moins  d'une  petite  beure,  on  arrive  à  l'emplacement  de 
cette  ancienne  ville ,  dont  aucune  étymolc^e ,  aucune  tradi- 
tion ne  rappelle  l'existence,  le  nom  même  n'a  pas  été  conservé. 
Caylus ,  qui  en  parle  dans  ses  antiquités  gauloises  ,  le  nomme 
Milan.  Drévant  n'est  plus  aujourd'hui  qu'u A  très-petit  village  , 
mais  on  y  retrouve  des  ruines  qui  anuoncent  incontestable- 
ment qu'il  a  existé  là  une  grande  cité.  On  y  voit  les  restes 
d'un  temple  que  M.  Raoul  Rochette  appelle  un  prétoire , 


PS  cuanoiTT  A  Bev««B9«  SaS 

âe  deux  établisseaivtiCs  de  bmas  H  d*ifa  i^ste  tliéfttfe  doat 
on  reconnaît  fe  plmpavt  dkrs  éislribotioiu*  PfosieBrs  des 
yoniitoire»  de  ce  tiiéâtie  «at  résisté  aox-  injures  dm  temps. 
Si  Fou  traterse  le  Che*  et  le  eaoal  qpi  le  )okit ,  ov  verr&y 
en  face  de  Dréyant^  uacaupromaii»  que  la  cavte  de  Cassini 
indifjae  et  nomuie  Cétm^  de  César.  Diào$^  T intérieur  de  œ 
cai^ ,  il  eiBte  un  puits  qui  était  dtstiné  à  Tusage  des  troupes» 

Le  sikoce  et  la  soJbocfe  qu'on  velrouve  aujourd'hui  an 
sttUeU'de  ees  ruioes  de  Dréyaot  ont  quel^gie  cboae  d'impo- 
sant. S»  Ton  se  représente  la^  qpantité  dressemenls  cFliouinies 
et  d'anîmeus  ffii  ont  été*  Isouvés  dan»  ^amphithéâtre  , 
mèlés^à  des  ehulnes  de  fer ,  k  des  boules*  d'uni  poids  couâdéi^ 
rable ,  on  se  reportera'  malgré  soi  à  ces  temps  de  persécution 
et  de  barbarie,  où.  L'on,  se  dounail  la 'cruelle  récréation  dé 
voir  ^vorer  par  dies  bêtes  iérooe»,  les  néophites  qui  avaient 
embrassé  la  nouvelle  religion.  Eloignons  de  notre  pensée  ces 
temps  d'erreur  et  do  lanatisoK ,  jetons  ui»  voile  sur  ce  hideus 
tableau  y  ne  parlons  q|ne  des  monuments  i  tout  porte  à  penser 
que  la  defttKuction.  de  ceux  de  Drévaot  a  été  causée  par  le  feu. 

On  reconnaUr»  eucoi»  l'importance  de  Vancien  Drévaut , 
si  l'on  se  dirige  en  droite  bgne-dvcoté  delà  route  de  Montlo- 
(00  ^  on  tvouivera  les  restes  duo>  a qoéduc  qui  y  amenait  des 
eaux  f  de  la  vÎYÎere  de  Marmande.. 

Je  dois  à  la  compèaîsance  dfrM»  Ifaigirière ,  de  St.-Amand , 
d^avoir  très4>ien'y»Drévant  3  ses-  recherche» et  ses  fouilles  sur 
cette  remarquable  localité  lui  ont  procuré  une  collection  pré- 
cieuse ,  ^méduilk»  et  de  divers  objets*  antiques ,  qu'il  a  eu 
aussi  la  e<miplaisance  de  me  montrer. 

Je  ne  crois  pas  devoir  entrer  dians  d^'autres  détails  sar  les 
divers-  momuneots  dont  on  voit  de  beaux  restes  h  Orévant. 
Plusieurs  de  vous.  Messieurs,  coooaibi>ent  le  travail  que  notre 


Saé  PBonnrADB  AmoiiMOGiqim 

tMèg^e^  M.  Baié,a  poUié,  dans  Ksnodctt  sur  les  andqm- 
la  el  Mr  Jei  oMMumenii  du  Berrj  ^  c'est  donc  dans  la  des- 
ioB  qa*ii  en  a  donnée,  ^pie  l'on  doit  dbmber  ces  délub. 


TrajH  de  Si*-Amand  à  Bourges. — En  qmtbat  St.- 
Amand  on  aperçoit  bientôt  sar  la  lisière  d'nn  bois ,  à  gancbe 
et  prés  de  la  ronte,  randenoe  abbaye  de  Noir-Lac ,  appelée 
^ifldtîfenKnt  la  Maison  Dien  ,  on  Ton  a  établi,  depuis  pen, 
nne  mann&cinrede  porœlatoe.  Cette  abbaye,  dont  il  ne  resie 
pins  guère  qoe  Téglise  et  des  bâlinents  modernes ,  a  été  fondée 
en  I  i5o ,  par  Ebbes  y**,  seigneur  de  Cbarenton.  £lle^ dépen- 
dait d«  monastère  de  la  Celle-Bmèie ,  qui  existait  près  de  le. 

Très-près  de  ce  point,  sont  les  limites  du  pays  des  anciens 
Bitsriges  (  peuple  duBerry  ).  Très-près  de  le  aussi ,  an  mmns 
àœ  que  Ton  croit,  se  trouye  le  point  central  de  la  France.  A. 
k  descente  de  la  Gelle^Broyère ,  à  deui  lieues  de  St.-Amnnd , 
ou  Toit  sur  Je  milieu  de  la  route  une  coloniie  milliaire  dé- 
oouterteà  Alichamps,  en  17SS ,  par  l'abbé  Pajannet ,  ex  pla- 
cée où  elle  existe  aujourd'hui  par  les  soins  du  duc  deBéthuoe- 
Charrost,  en  1799*  ^^  bauteur  est  d'à  peu  près  6  pieds.  Le 
nom  de  Teropereur  qui  Ta  érigée ,  a-  disparu  ,  probablement 
lorsqn^on  a  fait  un  tombeau  de  cette  colonne.  Ce  qu'il  reste  4e 
l'inscription  est  en  très- bel  les  lettres  romaines ,  mais  ualbeu- 
rensement  presqn'illisible.  Il  indique  que  la  colonne  était 
placée  à  4  lieues  de  Bourges ,  à  1 3  lieues  de  Cbâteaumeiiiant 
et  à  a5  de  Néris. 

Bruyère  ,  aujourd'hui  petit  village ,  conserve  encore  quel- 
ques restes  de  son  ancienne  grandeur ,  on  y  voit  les  ruines  de 
ses  murs  d'enceinte ,  celles  de  ses  portes,  celles  de  son  château 
et  les  vestiges  de  ses  chapelles.  La  chapelle  de  rhôpital,  avant 
d'avoir  été  consacrée  à  Saint  Matbnrin,  ét^it^  dit-on,  un 


MB  CUBAMOMT    A   BOVBGCf.  $37 

iDQttnBient  rimaîn.  Soa  égUâe  b)eaintio«  luërile  de  fiier 
l'aUenlioo,  non  aeuicinent.par  son  archilectareinlérieiireymaîs 
eocore  par  les  scBlptofc»  de  ta  façade» 

Aliehanpi  qui  n'est  qu'à  «ne  petite  demi-iiene  de  Bni  jère, 
élait  aussi ,  k  ee  qv'il  parall^  an  lies  très^koportant.  La  voie 
romaiae  qui  eondvisak  de  Bourges  k  Néris  ,  y  passait»  Les 
iboillev  qu'on  y  a  lailes  à  difiërentes  époque»,  ont  mis  k  dé- 
coQverl  on  grand  nombre  d'objets  antiques.  La  cofeime  de 
Brayàre  y  dont  noos  Tenons  de  perler  ^  ainsi  qu  aa  magnifique 
tombeau  orné  de  seulptwnes,  que  M"^.  Beccbeu  eonscrre  à 
St.-AroaDd ,  ea  provieuoent, 

A  partir  d'AUcbamps  jtuqii-'à  Bourges ,  peu  de  choses  atti" 
feront  l'atteation  de  rarcbéelogve.  Il  traversera  ki  f^aiae  de 
Jarriol,  le  terrain  le  plus  maigre,  penlrêtre>  du  Berry.  Au 
pelit  hameau  de  Coudson  ,  il  apercevra  cependant  de  beaux 
restes  de  Faocieiuie  voie  romaine ,  doàt  oovs  avons  parié  déjà 
plusieurs 


^our^ef*— *MM)iiKtetitiett,  n^est  pas  comme  en  déifie  penser, 
de  Élire  iei  T  historique  de  la  vieiUe ,  très- vieille  et  très- 
t4itércssattte  viUe  de  Bourges.  Cette  yille  a  été  si  so»yent  dé- 
crite ,  si  souvent  citée  qu'eu  ne  peut  plus  donner  aujourd'hui 
que  des  com|»lationS'5  ains»  je  serai  bref.  Je  Mie  bornerai  à 
citer  les  principauE  fiiils  de  son  histoire ,  et  k  signaler  ses 
priocipasx  moanments ,  sa  €athédi*ale  notamment ,  que  fe 
désirais  depuis  long-temps  coooaître. 

L'origine  de  ia  ville  de  Bourges ,  l'ancien  /^varicum  ,  re- 
monte, comme  on  le  sait,  à  l'auliquilé  la  plus  reculée.  Elle 
était  la  capitale  de  la  Gaule  Celtique  ,  ]5g  ans  avant  la  fon- 
dation de  Rome ,  et  jouissait  du  privilège  de  loi  fournir  des 
souverains.  Après  un  siège  très-long ,  César  en  devint  maître. 


SaB  PROMENADE   AUCUéOLOGiqVt 

Elle  est  restée  jusqn*en  47^  sous  la  domloatioQ  des  Romains , 
et  à  cette  époque  ,  elle  tomba  sous  celle  des  Yisigblbs.  Après 
la  bataille  de  Vouillé  ,  où  Clovis  défît  Âlaric  /  elle  se  soamh 
volontairement  j  et  après  la  mort  de  Clovis,  elle  entra  dans 
Je  royaume  d'Orléans,  qui  éclint  en  partage  à  Clodomir. 
En  6i4  ,  elle  fut  réunie  à  la  couronne,  par  Glotaire  IL 
Comme  métropole  de  l'Aquitaine,  la  ville  de  Bourges,  a  cté  la 
résidence  d'un  piéiet.  Les  Gotbs  rcmpiacèreot  ce  ^préiet  par 
un  duc  auquel  Clovis  substitua  un  comte.  Bourges  a  donc  ea 
ses  comtes,  ses  souverains  héréditaires,  jusqu'en  l'année  r  100, 
que  Herpin  ,  l'un  d'eux  ,  vonlaat  faire  partie  de  la  prenaière 
croisade,  vendit  son  comté  à  Philippe  I*'.,  moyennant  60,000 
sou^d'or.  En  i36o,  le  roi  Jean,  érigea  Bourges  eo  duché- 
pairie  ,  en  iaveiir  de  Jean  de  France ,  son  fîls. 

La  ville  de  Bourges  ,  qu'un  auteur  célèbi-edu  XVI^.  siècle, 
appelle  la  mère  des  hommes  les  plus  savants ,  a  soutenu  beau- 
coup de  sièges  et  a  été  prise  et  reprise  plusieurs*  fois.  Elle  fut 
en  partie  détruite,  eu  585,  par  les  Poitevins,  les  Tourangeaux 
et  les  Ai^evios.  Pépin  le^Bief  s'en  ewpara  ,  après  un  long 
siège,  en  762.  En  898,  les  Normands  la, prirent  et  la  pillèrent* 
Elle  résista  vigoureusement  au  siège  do  doc  de  Bourgogne  ca 
i4i^«  En  i562 ,  les  protestants ,  sons  h»  ordres  du  duc  de 
Montgommery  ,  s'en  emparèrent  par  surprise  et  s'y  livrèrent 
à  tous  les  désordres  imaginables.  Ils  la  prirent  de  nouveau  en 
161 5  et  la  rendirent  l'année  suivante  au  maréchal  -de  Monti- 
gny  ,  gouverneur  de  la  province. 

Les  sièges,  les  blocus  ne  sont  pas  ks  seuls  désastres  que 
cette  ville  ait  éprouvés  j  elle  lut  ravagée  par  divers  incendies 
et  dépeuplée  par  des  pestes.  Aujourd'hui  encore  sa  population 
est  loin  de  répondre  a  son  étendue.  Elle  est  placée  dans  une 
situation  agréable,  sur  un  côleau,  entouré  d'une  vaste  plaine. 


DB   CIERMONT    A   BOtTBGBS.  5^29 

Elle  est  enyîronDée  de  fortes  morailles  romaines  et  d*on  grand 
nombre  de  grosses  toai*s  ,  qui  malheureusement  disparaissent 
chaque  jour.  On  y  entre  par  sept  portes.  Son  enceinte  qui  a 
reçu  à  diifërentes  époques  des  accroissements  ,  est  d'au  moins 
une  lieue  5  ses  rues  sont  bien  percées ,  mais  la  disposition  des 
maisons ,  placées  entre  cour  et  jardin  ,  les  rend  tristes.  Elle 
possède  de  belles  promenades  et  de  belles  places  publiques.  Le 
jardin  de  rarchevèque ,  propriété  de  la  ville ,  est  ouvert  tous 
les  jours  au  peuple. 

Plusieurs  de  ses  édifices  remarquables  ont  disparu. 

La  forteresse  appelée  GrosscrTour,  construite  du  temps  de 
Pépin  ,  fut  détruite  en  i65i  ,  par  ordre  de  Louis  XIV ,  à  la 
demande  des  habitants  pour  lesquels  elle  était  plus  désavanta- 
geuse que  profitable.  Cette  forteresse  a  servi  de  prison  d'état  : 
le  duc  d'Orléans  qui  régna  plus  tard  sous  le  00m  de  Louis 
XII ,  y  a  été  détenu  pendant  trois  an». 

La  Stc .-Chapelle  fondée  en  i4oo^  par  Jean  I*'.,  duc  de 
Berry ,  et  que  Tou  cousidérait  comme  l'npe  des  plus  riches  et 
des  plus  belles  Stes*-cbapelle»  de  France,  n'existe  plosj  Louis 
XV  en  ordonna  la  suppression  en  1 757 ,  etc. 

Tout  n'a  cependant  pas  dispara  :  Bourges  possède  encore 
des  édifices  et  des  monuments  dignes  d'un  grand  intéirèt. 

Sa  cathédrale,  dédiée  h  St .^Etienne,  et  que  l'on  peut  assuré- 
ment considérer  comme  un  des  plus  beaux  monuments  d'archi- 
tecture gothique  qui  soient  en  France  ,  mérite  une  attention 
toute  particulière.  Placée  au  point  culminant  de  la  ville ,  elle 
domine  la  vaste  plaine  qui  Tenvironne.  Sa  construction  com- 
mencée en  845  °'^  ^^^  achevée  que  plus  de  cinq  siècles  après. 
Son  plan  est  un  parallélogramme  qui  se  termine  à  l'orient , 
comme  les  anciennes  basiliques ,  par  un  hémicycle  ^  à  l'occi- 
dent elle  est  décorée  d'une  belle  façade  avec  des  tours  quadrao- 


53o  FlUNiBHADB  ARCSâOMIGIQini 

gnlaircsd'io^ak  baatear.  Celte  &çade ,  p^bée  svr  aa  poritli 
dé  douze  marches ,  est  d'uo  grandiose  adoûrable  5  elle  a  trois 
étages  et  est  ornée  de  plusieurs  galeries  à  balustrades  gotfaic|oes 
et  d*uoe  magnifique  rosace  de  37  pieds  de  diamètre.  La  largeur 
de  Tenseii^le  de  la  £içade  est  de  169  pieds ,  non  compris 
rarc-boQtant  de  la  Tieille  tour. 

Je  n'entrerai  pas  ici  dans  la  description  des  dé£aiats  d'amte 
qu  on  reproche  aux  divers  architectes  qui  en  ont  été  chargés; 
je  n'approuve  pas ,  je  dois  le  dire  aussi ,  les  critiqoes  amères 
qu'on  a  laites  des  travaux  de  MM.  Pagot,  d'Orléans,  et 
JuUien ,  de  Bourges ,  qui  ont  restauré  Textérienr  de  celte  ca- 
thédrale. 

Cinq  portiques  voûtés  en  ogive  et  du  style  le  pins  riche  et 
le  plus  élégant ,  donnent  entrée  h  l'église  du  coté  du  sud.  Le 
portique  principal  et  central  et  lesdenx  de  droite ,  sont  décorés 
de  statuettes  représentant  des  sujets  pris  dans  Tancien  et  le 
nouveau  Testament,  dans  F  Apocalypse  et  dans  la  vie  des 
Saints.  Le  premier ,  le  plus  à  droite ,  représente  nn  long  dé- 
tail du  martyre  de  St. -Etienne.  Sur  le  second,  on  a  représenté 
l'histoire  du  baptême  de  Léoeade  ,  sénateur  romain  qui  com- 
mandait dans  les  Gaules  pour  l'emperewr  Dice ,  et  celui  de 
St.-Lndre ,  son  fik ,  par  St.-Ursin«  Le  portique  principal  a 
six  rangées  de  statuettes  figurant  la  cour  céleste* 

Les  deux  portiques  h  gauche  du  spectateur ,  plus  modernes 
que  les  autres,  sont  ornés  de  diverses  sculptures  représentant 
les  principaux  traits  de  la  vie  de  Jésus-Chri&t ,  depuis  sa  nais- 
sance jusqu'à  son  ascension..  Les  dernières  rangéej  de  niches 
de  ces  deux  portiques,  ont  un  grand  intérêt  historique  ponr 
Bourges  :  elles  contiennent  les  statues  de  ses  saints  évèques, 
et  des  saints  et  saintes  honorés  dans  le  diocèse. 

Des  deux  tours ,  la  plus  élevée  a  été  commencée  s«r  les  plans 


DB  clerMont  a  bovbocs.  55 1 

de  Gnillaninede  Pèllevoisîn .  architecte  de  Bourges,  en  i5o8, 
sur  remplacement  d'une  autre  tour  qui  s*est  ëoroulée  le  5 1  dé- 
cembre i5o6  'j  son  achèvement  date  de  i538.  Sa  hauteur  jus- 
qu'à la  p]ate-forme  k  laquelle  on  arrive  par  un  escalier  à  vis 
de  3g6  marches ,  est  de  ao4  pieds  (i).  Elle  porte  le  nom  de 
tour  neuve  ou  four  de  beurre  -,  nom  qui  lui  vient  de  ce  qu'elle 
a  été  bâtie  en  partie  avec  le  produit  des  sommes  payées  par  les 
habilanlspour  obtenir  la  permission  de  faire  usage  de  beurre 
et  de  lait  pendant  le  carême. 

L'autre  tour  qu'on  nomme  Tour  Sourde  ou  Vieille  tour, 
n'a  que  i58  pieds  de  hauteur.  Elle  est  soutenue  par  un  pilier 
d'une  grosseur  considérable  et  par  un  arceau  dont  on  ignore 
la  date ,  on  les  considère    comme  ayant  été  d'une  difficile 
exécution. 

Cette  magnifique  église  a  encpre  deux  portiques  latéraux 
pleÎDS  d*inlérct  ;  celui  du  nord  qui  porte  le  nom  de  Notre- 
Dame-de-Grâce ,  et  celui  du  sud  que  l'on  appelle  portique  de 
l'Archevêque.  Ces  deux  portiques  présentent  un  exemple  eu* 
rieux  de  sculpture  byzantine  du  XIP.  siècle. 

Une  grande  simplicité  règne  dans  le  surplus  de  l'extérieur 
de  ce  bel  édifice^  les  murs  sont  sans  ornement^  les  soixante 
arcs-boutants  qui  soutiennent  et  fortifient  les  cinq  nefs,  sont 
surmontés  d'obélisques  gracieux.  Une  galerie  ,  bordée  d'une 
])aluslrade  h  jour  ,  règne  autour  du  grand  comble. 

Uintérieur  de  Tégliseest  des  pi  us  majestueux  et  des  plus  im- 
posants :  c'est  une  basilique  sans  croix,  dont  la  longueur  est  de 
34B  pieds,  et  la  largeur  de  I25.  Elle  est  éclairée  par  5g 
grandes  croisées ,  ornées  de  magnifiques,  vitraux  des  XIIP. , 

(1)  Dans  les  beaux  jours ,  on  aperçoit,  à  l'œil  nu,  du  haut  de 
cette  tour,  les  montagnes  des  chaînes  du  Puy-de-Dôme  et  du 
Mont-Dore. 


53i  FBOHElfADE    ARCHéOLOGiQUE 

XIV'.,  XV*.  el  XVI*.  siècles.  La  voille  est  sontenne  par  60 
piliers  très-élégants  et  très-légers ,  raagés  de  manière  à  former 
cinq  oefs.  La  priocipale  a  1 14  pieds  de  Kariitear  et  58  pieds 
de  largeur  d'noe  colooae  a  Faotre.  La  haaienr  moyeaué  des 
colounes  jasqu'aax  chapiteaux  ,  est  d*un  peu  plus  de  Stz  pieds. 
La  sacristie  est  une  chapelle  gothique  étégaale  ,  construite 
en  i44^  ou  i45o ,  avn  frai»  de  Jacques  Cœur.  Ou  compte  dans 
le  surplus  dix-huit  autres  ch»pelk»,  décorées  eu  partie  de 
sculptures  et  de  riches  vitraux. 

Les  cnriem  ont  en^are  k  examiner  da-ns  ce  superbe  édifice  : 
I*.  les  tableaux,  dont  quelques-uns  méritent  des  éîoges^  2®.  les 
stalles  du  chaor ,  sur  quelques-unes  desqueTlesi  sont  sculptés , 
par  le  fameux  Slodtz ,  ks  bustes  de  plusieurs  archevêques  dé 
Bourges  j  5®.  le  jeu  d'orgue  très-beau ,  composé  de  1 740  tuyaux  ; 
4°-  l'horloge  gothiqae  que  Ton  voit  sous  une  des  arcades ,  à 
drofte^  en  entrant  par  la  porte  occidentale.  Ce  chef-d'œuvre 

'  porte  k  date  de  r423.  Indépendamment  des  heures ,  le  cadran 

marque  le  eomrs  du  solefl  et  celui  de  la  Tuœ. 

Il  faut  visiter  aussi  la  crypte  on  Tëglise  souterraine  du  même 
temps  que  féglise  hante,  qoi  renferme  le  tombeau  de  Jean  P'. , 
duc  de  Berry  et  d'Auvergne ,  frère  de  Charles  V,  provenant 
de  la  StCe-Chapelle.  Autour  de  ce  tombeau ,  on  voit  plusieurs 
belles  statues  en  marbre  Btanc ,  parmi  lesquelles  on  distingue 
celle  du  maréchal  de  Montigny  ,  goovernem*  du  Berry  ^  et  trois 
autres  appartenant  à  fa  famille  de  TAubespine. 
Cette  cgHse  souterraine  renferme  encore  un  vaste  raoreean 

i  de  sculpture  du  commencement  du  XIV*.  siècle  ,  repi-éscotaut 

I  un  saint-sépulcre ,  maïs  d'une  exécution  un  peu  grossière. 

Ici  doit  se  terminer  ce  que  yai  à  dire  de  la  cathédrale  de 
Bourges ,  véritable  prodige  de  hardiesse^  de  g,énie  et  de  goût. 

I  M.  Hazé ,  notre  confrère ,  que  je  suis  satisfait  de  citer  ici ,  Ta 


f 


k 


DE   CLERM09T   A    BOVBGES.  5*^5 

beaneonp  mieux  fait  ressorlir  par  de  beaux  dessins  dus  à  son 
crayon  lia  bile. 

Dans  cette  iDême  ville  ,  il  existe  trois  autres  ^lilses  :  Notre- 
Dame  ,  St.-Boanet  et  St. -Pierre- le-Guil]ard ,  mais  qui  sout 
luio  de  présenter  rintéi*êtde  la  cathédrale;  St.-Bonnet  a  des 
YÎlranxde  la  fabrique  de  Fauconnier ,  de  i544  9  remarquables 
par  la  beauté  du  dessin  «t  des  couleurs. 
^  Les  autres  monuments  ou  édifices  de  Bourges  ,  sont  le  palais 

ardiiépiscopal  ;  T  hôtel  de  ville  ,  maison  de  Jacques  Cœur  , 
fameux  argentier  de  Charles  VII }  Thôtel  des  Allemands,  et 
celui  qui  sert  à  T  école  normale. 

Le  palais  archiépiscc^al  est  un  grand  et  magnifique  bâti- 
ment  moderne^  dans  lequel  est  la  bibliothèque  de  la  ville; 
au-devant  est  un  vaste  jardin  ,  bien  tracé  .  qui  sert  de  prome* 
nade  publique.  On  y  voit  un  obélisque,  élevé  par  souscription 
h  la  mémoire  du. duc  de  Béthune-Charrost. 

L'hôtel  de  Jacques  Cœur  ,  qui  sert  aujourd'hui  en  même 
temps  d'hôtel  de  ville  et  de  palais  à  la  cour  royale  et  aux  tri- 
bunaux y  fut  bâti  dan^Tespce  de  dix  années ,  de  i44^  ^  i4^^* 
C'était,  pour  son  temps,  Tune  des  pins  belles  maisons  particu- 
lières du  royaume  ;  de  nos  jours  ,  c'est  probablement  un  des 
monuments  du  XV'.  siècle  le  mieux  conservés  que  possède  la 
France.  On  peut  y  voir  des  constructions  de  deux  époques  très- 
éloignées,  car  Jacques  Cœur  a  profité  de  deux  tours  qui 
faisaient  partie  des  remparts  de  la  ville  construits  par  les 
Romains. 
^  Ici  je  m'arrête  ,  ne  voulant  pas ,  lors  même  que  j*en  aurais 

la  possibilité,  anticiper  sur  le  doinaioc  de  notre  collègue, 
M.  Hazé  ,  qui  a  si  bien  commencé  la  description  de  ce  remar- 
quable monument,  dans  ses  notes  historiques  sur  les  antiquités 
et  les  monuments  du  Berry. 


554  PROMSWADte    ARC^éOLOGIQUlS 

Je  dois  lui  laisaer  ainsû  la  descriptioa  de  Tiaténear,  si  rcraar- 
qnable,  si  gracieux  et  si  élëgaot  de  T hôtel  des  AHemiiidsv 
qui  sert  d'école  aux  sœurs  bleues,  et  où  l'on  eroit  que  Leois  XI 
est  né  le  3  juillet  1425. 

Je  dois  citer  seulement  la  maison  de  Cujas  ou  koiel 
Salyit^  riatérieur  de  la  maison  occupée  aujourd'hui  par  l'école 
normale,  le  curieux  portique  du  comn^ncement  du  XI*',  siècle, 
que  l'on  voit  à  gauche  eu  ej;itraut  à  Bourges ,  par  la  barrière 
St.-MicheL  Ce  portique ,  au  surplus ,  a  déjà  été  décrit  par 
mon  savant  collègue,  M.  Gilbert,  dans  le  tome  XII*.  des  mé- 
moires de  la  Société  royale  des  Antiquaires  de  France. 

Je  ne  dois  rien  dire  non  plus  d'un  grand  nombre  de 
maisons  remarquables  parleurs  décorations  extérieures  et  par 
leur  ancienneté ,  non  plus  que  des  autres  antiquités  que  j'ai 
visitées  dans  le  voisinage  de  Bourges.  C'est  à  M.  Hazé  qu'est 
réservée  cette  honorable  tâche  3  ceux  qui  connaissent  ce  qu'il 
a  déjà  fait  sur  le  Berry ,  savent  que  nul  ne  peut  mieux  que 
lui  nous  faire  connaître  les  curiosités  de  cette  intéressante 
province* 


i> 


sss? 


NOTE 

Sur   le   tombeau  d'un  porte-aigle  de  la   i4*« 
légion ,  récemment  découvert  à  Mayence  ; 

Par  m.  de  CAUMONT. 


Dans  une  notice  sur  les  pierres  tombales  des  musées  de 
Mayence,  de  Manlicim  et  de  Spire,  insérée  au  5*^.  vol.  du 
Bulletin  monumental,  page  ^10  ,  je  cite  comme  une  des  plus 
curieuses  de  la  collection  de  Mayence  celle  de  Cneius  Musivs, 
découverte  il  y  a  peu  d'années,  dans  Tancien  cimetière  de 
Moguntiacum,eX  qui  n'a  pas  encore  été  publiée.  Depuis  Tim- 
pression  de  mon  article,  plusieurs  personnes  auxquelles  j'ai  fait 
voir  le  croquis  que  je  me  suis  procuré  de  cette  pierre ,  m'ont 
engagé  à  le  faire  paraître  dans  le  Bulletin. 

Oo  voit  par  cette  esquisse,  la  forme  des  pierres  tumulaircs 
les  plus  remarquables  ,  de  celles  qui  offraient  une  niche  ren- 
fermant l'image  du  défunt  sculpté  en  pied,  avec  un  ironlon  à 
la  partie  supérieure ,  et  sous  la  niche,  un  piédestal  portant 
une  inscription. 

Si  Ton  en  juge  par  la  grossièreté  du  travail ,  il  paraît  très- 
probable  ,  comme  on  Fa  pensé  à  Mayence ,  que  ces  pierres 
érigées  par  des  soldats  à  la  mémoire  de  leurs  compagnons 
d'armes  ,  étaient  sculptées  par  les  soldats  eux-mêmes  ou  par 
des  hommes  qui  oe  faisaient  poiut  de  ce  travail  une  occupation 
habituelle;  mais  si  les  formes  sont  incorrectes,  les  soldats 
sculpteurs  devaient  copier, 'sans  rien  omettre  d'essentiel ,  le 
costume  militaire ,  les  armes  et  les  autres  accessoires  qui , 
chaque  jour ,  frappaient  leurs  regards.  Aussi  les  tombeaux 


556  SVH    Uî   TOMDB.IU    DVH    POUTB*  AIGKE 

dont  je  parle  ,  ont-ils  paru  d'iiu  kaiit  intérêt  sous  ce  rapport , 
et  mériter,  d  être  Ggurésau  moins  en  partie. 

Quoi  qui!  en  soit,  le  guerrier  repréieulë  sur  le  tombeau 
dont  j'ofl're  Tirnage,  était  un  des  officiers  supérieurs,  Vaquilifcr 
de  la  i4'.  légion.  L'inscription  gravée  sur  le  souliassemeat  ne 
peut  laisser  aucun  doute  à  ce  sujet.  Elle  aons  apprend  qu'il 
s'appelait  Cneius  Musius,  quil  élai/^fUs  de  Tilus  de  la  trilni 
Galeria,  qu'à  l'époque  de  sa  mort,  il  éUiiidanssa  Sa',  années 
avait  1 5  ans  de  service  (t),  et  qu'enfin  le  monument  avait  été 
élevé  par  les  soins  de  M.  Musius,  sonjrcre. 

On  sait  que  la  t4'.  légion  firent ina  ,  surnommée  victrix^ 
a  tenu  long-temps  garnison  àMayence. 

Sur  ce  tombeau ,  Cn.  Musius  est  représenté  debout  tenant  de 
la  main  droite  l'aigle  de  la  légion.  Celte  aigle  a  ses  ailes  levées 
verticalement  et  réunies  par  une  petite  couronne  de  laurier. 
Elle  tient  au  bec  une  bulle  qui,  comme  on  sait,  était  une 
espèce  d'amulette  habituellement  attachée  aux  enseignes  des 
légions(a).Sousles  pieds  do  cet  oiseau,  qui  ressemble  beaucoup 
mieux  à  un  gros  pigeon  qu'à  un  aigle ,  sont  des  foudres  qui  se 
trouvent  représentées  également  sur  le  bouclier  de  Cn.  Musius. 
Ce  bouclier,  de  forme  ovale ,  est  posé  à  terre  et  sert  d'appui  a 
la  main  gauche  du  personnage. 

Le  ceinturon  se  fermice  par  quatre  lanières,  dont  une  seule- 
ment est  engagée  dans  l'ardillon  de  la  boucle.  La  planche  ci- 
jointe  me  dispense  de  décrire  la  cuirasse  et  les  autres  pièces  du 
costume. 

(1)  Une  iusoriptioB  Inmulalre  trouvée  récemment  Ik  Bordeaui , 
et  publiée  par  M.  Jooannety  U\X  meotlon  d'un  Lucioa  Antonsit* 
de  la  tribu  Galeria.  A  Sagonte,  il  existe  deux  inscriptions  rn 
l'honneur  d'un  peraonnaip  de  la  même  tribu ,  portant  les  mém<  .h 
noms.  Plusieurs  autres  Inscriptions  se  rapportent  à  des  membrrs 
de  la  tribu  Galeria, 

(2)  V.  le  second  volume  de  mon  Cours  d'antiquités  ,  p.  300. 


POUR  U  CONSBRVATlOlf  Dm  MOKUaKMTS.  M5 

Mavtouchit  ,  directeur  du  sémiiuâre ,  Mans. 

Cloqhsav  ^  id.  ^  id. 

GoBiL ,  directeur  des  étodes  am  séminaire  ^  id. 

Lakdki.  ,  ancieo  cooseilkr  de  préfecture ,  id« 

De  La  Rve  ,  architecte  du  département ,  id. 

Baoul  DE  Moif nssoH  ,  propriétaire  ,  id. 

De  Cliitcramps  ,  id. ,  id. 

GuiLLois ,  curé  du  Pré,  id. 

Choriit  ,  curé  de  St.-Victeur ,  St.;yicUHir  (Savtbe). 

L'abbé  Bouybt  ,  professeur  de  pbilosopbie ,  Mans. 

Le  D*.  DE  Mailly  ,  ancien  Pair  de  France>Reqaeîl  (Sacthe)* 

O*.  DE  TiLLY ,  propriétaire,  Mans. 

Etoc-Dcmazy  ,  secrétaire  de  TAcadémie ,  id. 

Db  CHATEAvroBT,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes,  id. 

BiEABD  aîné,  prc^riétaire  à  Pontlieue  (ftirtbe  ). 

Le  Chat,  propriétaire j  Mans. 

Fgvlard  ,  id. ,  id« 

GuBBBKAirT,  directeur  des  contributions  indirectes,  an  Havre. 

Epbrem  Houbl  ,  directeur  du  baras ,  Quimper. 

Mg'.  fEvêque  de  Séex ,  Séez. 

O.  Dis  Chambobs  ,  lieutenant  général ,  Montfort-Lamaury. 

Dt  PiPEBET  (  Amédée  ) ,  membre  de  F  Association  Normande  , 
Lisîeux. 

DsspiMOSB  ,  id. ,  Caen. 

TaiBAPLT ,  professeur  de  mathématiques ,  Lisieux. 

Delauitat  ,  supérieur  eu  séminaire  de  Fontainebleau* 

De  Cliitchaiips  ,  président  de  l'Académie ,  Ayraiicbes« 

De  la  SicoTiÀBB ,  avocat ,  Alençon. 
^ESHOS ,  membre  de  plusieurs  Académies ,  id. 

Le  général  G**.  Coutabd  ,,  id.  ,  Palis. 

Yebdibb  ,  professeur  de  mathématiques ,  Mans. 

4o 


Mé      LISTflT  IN»  MMBftfiS  M  LA  SOGliTA  riANÇihf^E 

Basse  ,  maire ,  dépiAC  ,  ^«iis. 

Le  Gris  de  La  Pomiieratb  .  propriétaire ,  id* 

Rousseau  ,  proftaseiw  h  récolepriflhaire  tdpéfMire  j  id« 

Le  O*.  DE  SoLBBji^  y  propriétaire ,  i<L 

IfoBEAV  ,  sapérieur  de  la  maison  de  St;-Jodepli ,  id. 

De  m AmsiuiL^  prêtre,. prof eaaeor  à  la  maison  deSt*«Joeepli,  id. 

BouRMAULT ,  id. ,  id. ,  id. 

DoREAU ,  secrétaire  de  Mg'.  Févêqitè  dm  Maos  ^  id. 

Roter  ,  adcieo  professeipr  ,  id; 

Lambroit  ,  vicalre-gédérai  ^  id; 

€*«•  i>B  ÇiiAOUEGES  9  Piacé  (Sattlie); 

F*^'.  Etoc  La  Touche  ,  memlut  df  TAeiidémie ,  Mans. 

David  ,  architecte  ^  id» 

MicHBt  I  lieutenant-colonel  d'artillerie  \  LorîenU 

0«.  Héracle.  de  PoE.imr ac  ,  propriétaire  4  Onlrelai&e  (Caivadds), 

O*.  de  CoisLiir  f  id, ,  Montvarin  (Seiae^Iiiférievre). 

Le  BbucBBR  DU  Vigny  ,  membre  de  rAssociatipn  Ifonnaiide , 

Contances* 
L'abbé  Dfispoif Ts ,  Curé  de  St«<-Nicolas  ^  id; 
DuFREiTE ,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées ,  Cherbodtf  • 
Massy-^Desmaisohs^  bâtonnier  de  Tordre  desavooats,C6atances, 
Le  €'*•  DE  TuRGOT  f  pair  de  France ,  Liitathciiil  (Calvados). 
L'abbé DupRé^membre  de  la  Société  des  Antiquaires,  Avranicbes. 
L'abbé  DE  Dreux-Breze  ,  Paris. 
L'abbé  Gerau&t  ,  curé  d'Ëvron ,  Evfon  (Mayenne). 
De  Bei^x aru  ,  propriétaire  1  Haas«  .  . 

Boursier  ,  procureur  du  roi ,  id* 
GuEP?N>  substitut  du  procureur  4u  roi  ,  id. 
SiMOir ,  secrétaire  de  F  Académie ,  Mett. 
Micrelaht.  membre  de^rAcadéoiie  .  id. 
Bêgin  ,  id. ,  id. 


Em«».  B«".  d'Huabt  ,  ii. ,  id. 

DsGOVTni  (AIpluMne) ,  jubmtat  àt^  ftpcmmu  im  ttâ  ,  Iki^* 

Db  JuBfcovaT ,  nenbi'e  de  ptmieurs  Aeadcmes ,  Km». 

Cholbt  ,  membiire  de  i' Acad&nie ,  Ifâncj. 

L'abbé  Chaussuii  ,  rapésiear  da  petit  tispîiiaîfe ,  Heli* 

Lb  Massov  ,  ingëmeur  en  cbcf  des  ponts  et  ebann^ ,  H* 

HoGARD  j  membre  de  F  Académie  ,  Ëpinal. 

Le  M<{**.  DB  YiLtBKEVTB^TftABs ,  Bsembvedrrinflltlirtf  lfBQC]pb 

LucY ,  receveur  géoéml ,  ^etz. 

GvBBBiBB  DE  DunAst ,  pfésident  de  T AoadMt ,  fbocj» 

Mq  ".  DE  ViEwiTAY ,  propriëuiie ,  Val  (Saiibf)* 

Panl  DE  YiEBirAT  ,  id. ,  id. 

Gabridi  pb  Vibhha'V  ,  id.  >  iîd. 

Henri  de  VxEirNAT  ,  id. ,  id. 

Le  Guichevx,  id. ,  Fresoay. 

GALLEKirE,  caré  de  S^*.-Cërotte  (Sarthe)* 

Delavitbt  ,  ciii:é  de  Notre-Kame ,  Ateoçea* 

L'.  Cbautassaigvb  ,  maire  de  «Hircdeors,  Glermont. 

Le  Dbv  i  Architecte  du  département  da  Puy-de-Dôme ,  id* 

Emile  Thimuxi)  ,  architecte  ,.ClermOQt-Ferrattd. 

LabbéC«43ifSBt,(Cttréde  Néohers,  Néehers  (Ptty-de4>oBie)» 

TnévEHOT ,  «secrétaire  de  l'Académie,  Clefmont«Ferrand. 

Mallat  ,  architecte ,  id. 

L*abbé  Fbet  ,  cure  .de  Champs  (Orne). 

L'abbé  LAYFEtAT  y.pcofesseor  an  sAmnaîrede  ViUîers*le«£eG 

(Calvados). 
Tailhabd,   président  de  Chen^bre ri  la  Cour  royale ,  Kiom. 
Jp4X1l>«âiM:Yff«(f>ti«Q^tl^pt4egeI)dariBecie,Cbrnu)n^Ferrand. 
luui^x  ,  archiieci^  dR département 4»  Cher ,  Bourges. 
L'aby  JBf^vwi ,  f^ofes^ecu*  au  séminaire  du  Mans. 


«48      LISTE  DIS  mmiIBS  M  Là  S<|piÉTÉ  PHAUÇAISB 

PoiXBT ,  conservatenr  de  la  bîbliotkèqae  pidtliqiie ,  Yilié. 

Edom  y  ÎDspectenr  de  l'Acadépiie  ,  Caen. 

OoBÎlle  DB  Lamottb  9  propriétaire ,  Qenaoal-Ferraiil. 

GfAijyfiMr^  secrétaire  de  l'Académie ,  Toort. 

llEVA&n-BounincBOF ,  chef  de  bataillon  do  génie ,  Mans. 

VvGvi  y  membre  de  ploâeQrs  Sociétés  sayantes  j  id. 

DuMOVLurBT ,  maire  de  S'^.-Siizanne  (Mayenne)* 

MoHDHET ,  médecin  ,  Mans» 

O*.  na  MoNTALBittBBT ,  pair  de  France ,  Paris. 

DuH>HO ,  architecte  de  la  ville  de  Reims ,  Reims. 

LARoi,  inspeetenr  de  TAcadémie ,  Clermom. 

Yictor  GoDABD ,  avocat ,  ADgers. 

F*.  ViLURS  y  architecte ,  id. 

DeSallek,  membre  de  1*  Association  Normande ,  Pierrepont 

(Calvados). 
Calvet ,  id. ,  sufastitat ,  Cahors. 
BoissET,  avocat,  Caen. 

Pattl  D* AiGiTAux ,  propriétaire ,  Ile-Marie  (Manebe). 
L*abbé  vu  FiiRB ,  vicaire-général ,  Tours. 
Db  BoisvillettE)  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  Châteandun . 
Noël  Champoise  AU,  membre  de  la  Société  académique  de  Tours. 
Elie  Dau ,  membre  de  plusieurs  Académies ,  Parthenay. 
Db  Bbavbbgard  ,  président  de  la  Cour  royak ,  Angers. 
Lbclebc  Gvillory  ,  négociant ,  Angers. 
TuRcoT ,  receveur  des  contributions ,  id. 
L*abbé  Maupoiitt  ,  vicaire  de  Notre-Dame ,  id. 
Victor  Pavie  ,  imprimeur ,  id. 
A.  Pbscherard  ,  architecte  ,  Loches. 
BoucBERAT ,  docteur-médecin  ,  membre  de  l'Académie ,  Blois. 
Raymond  PoRirirr ,  conservateur  des  archives ,  Indre-et-Loire. 
BovRGouGKoux ,  Supérieur  du  grand  séminaire ,  Tours. 


fOim  Là  OOMSitVATIOll  DIS  MOlfUttiltS.  M9 

Plailly  ,  caré  de  St.-Pierre-de^Corp6 ,  Tours. 
Sbttrb  ,  aecrctaire  particolier  de  la  prëfeetore ,  id^ 
GiBAVDBT  y  doctenr-mëdecin  y  membre  de  plosiears  SociMs 

Savantes ,  eoaroooé  |Nrr  l'académie  des  loseriftioDSi  id« 
GiiTTT ,  snpériear  da  petîl  séminaire ,  id. 
O*.  DK  TBOtBiikirT,  membre  de  plusieurs  Sociétés  satanles,  idi 
L'abbé  BlAVBvrr ,  profeaieur  au  petit  séminaire ,  id. 
L'abbé  BovcnBa},  id. ,    id. 
L'abbé  BouB  issi  *  id. ,    id. 
L'abbé  GsviST ,  id. ,    id. 
Alonzo  P^Air ,  ménbre  de  plusieurs  Sociétés  savantes ,  St> 

Aignan  (Loir-et-Cber). 
Charlot  ,  membre  de  plusieurs  Sociétés  sayantes ,  id. 
Jagu  ,  propriétaire ,  Tours. 
DasjOBBRT ,  id. 
L'abbé  M avfbais  ,  id. 
L'abbé  DoBioir ,  id. 
L'abbé  GuiiXABD ,  id. 

L'abbé  Chabvoz  ,  curé,  Mont-Louis.  i 

BdstéyB ,  maire  de  Langeais  (  Indre-et^^  Loire  )• 
Henri  Goum  ,  propriétaire,  Tours. 
Alfred  Lavbent  ,  id. 
Rose  Cartier  ,  id.  ' 

Margueroit  ,  id. 
L'abbé  Salmôn  ,  id. 
Le  Mqi*.  de  Cer£  ,  id. 
De  Csni ,  fils ,  id 
€arttbr-Gailiabd>  Amboise. 

L'abbé  YiircBKT ,  secrétaire  de  Mg'.  F Arcbcyique ,  Towrsi» 
L'abbé  Foi7GBR0Vx  2  id. 
Adam  ,  id. 


$&%      USn  DIS  M EMBftES  DE  L4  SOCIÉTÉ  PRAnÇâlSK. 

Ybmbhil  ,  n^ociabt ,  Lyon. 

David  ,  aToaë  an  Hayre-de-Grace. 

L*abbé  CoCBtj ,  men^J^re  de  plnsienn  Académies^  id* 

Imbebbu  ,  avocat  à  Ambert  (Puy-de-Dôme). 

Il  fanl  ajouter. &  cette  liste  MM  «les  fonctionnaires  qui  fout 
de  droit  partie  de  )a  Société ,  conformément  à  Part.  6  des 
statuts.  Savoir  :  les  Ministres  d'Etat ,  T Inspecteur  général  des 
monnments  bistoriqnes  j  MM.  les  Recteurs  d'Académie  et  les 
Eviqaes  de  France. 


<     I     11^  I  mtÊ» 


iÊ^m.im 


TABLE  DES  MATIÈRBg. 


Pages* 
Tableau  chronologique  des  monuments  de  Tarn-eX- 

Garonne ,  par  M,  de  Cbazani^c^ i 

Wûuvelles  archéologiques 57 

Voyage  archéologique  en  Normandie  ,    par    M. 

CALLY'Kyioirr^niemdre  du  parlement  Britannique; 

l".  fragment ^ 41 

Nouvelles  arhéologiques. 89 

Voyage   archéologique  en  Normandie  ,    par   M, 

Galiy-Kh iGHT  5  rï.".  fragment 195 

Considérations  architectoniques  sur  les  restaurations 
faites  et  la  cathédrale  de  BayéuXy  et  la  surveiU 

lance  qu'il  conviendrait  d'exercer  sur  les  travaux 

"de  ce  genre ,  par  M.  Vabbé  Thomtne-Desmâzubes.     i5i 
Note  sur  un  ancien  encensoir  en  argent,  conservé 

dam  la  sacristie  de  la  cathédrale  de  Trtyes ,  par* 

-M.  m  C'AtmoirT.. i58 

Nouvelles  archéohgiijues ^  . . . .     161 

Troisième  fragment  'd't*n  i>ôyagé  archéologique  en 

Normandie  f  par  M,  Gally-Kwight i'65 

Considérations  générales  sur*  la  statistique  monu' 

mentale  du  Bourbonnais ,  par  M.  L.  Bâtissiez  ...     û  1  a 

NouvfUes  archéologiqties, • .  c.     219 

extrait  d'un  nxpport  adressé' au' Ministre  de  Vlnté» 

rieur  ^  sur  f abbaye  de  Conques  ( Aveyron ) ^'par  • 


i 


TABIB  DBS  MATliRBS* 

Pages. 
M.  P.  MiRiM^B.  inspecteur- général  des  Monu- 

menls  hislorjU/ues ^^5 

Extrait  du  prochs^verbal  des  séances  tenues  par  la 
Société  pour  la  conservation  des  Monuments ,  dans 
la  ville  de  Tours  ^  depuis  le  ^5  jusqu'au  ngjuin 

i858 245 

Discours  sur  la  nécessité  d'étudier  Vhistoire  de  Part 
et  ^arrêter  le  vandalisme ,  par  M,  le  docteur  Gi- 

RAVDBT 265 

Rapport  sur  les  monuments  historiques  du  départe- 
ment de  Loir  et- Cher  qu'il  serait  nécessaire  de  ré- 
parer ou  d'achever ,  par  M.  de  La  Saussayb 273 

Rapport  sur  les  monuments  d Indre  et-Loire ,  appar- 
tenant  à  l'èreCeltique  et  à  l'ère  G  allô- Romaine^ 

par  M.  Masse 278 

Précis  historique  sur  la  construction  de  £  église  mé- 
tropolitaine de  Tours ,  par  M.  l'abbé  Mavceau.  • .     285 
Explication  des  inscriptions  de  t église  de  St. -Julien 

de  Tours  y  par  M.  Eloi  Johamiteav 299 

Notice  de  M,  Eag.  Desjobert  ,  sur  un  fragment  de 
Jrise  trouvé  dans  les  décombres  d'une  muraille  ro- 
maine à  Tours 5o5 

Rapport  sur  les  monuments  de  Laval ,  par  M.  os  La 

SicoTiERB * ^06 

Rapport  de  M,  Vebgii au d-Rom a gn ësi,  ^t/r  les  études 

archéologiques  dans  le  département  du  Loiret. ...     3 19 
Note  sur  les  monuments  médits  les  plus  remarquables 
des  environs  de  St.-Aignan^  ^r  MM.  Aloozo 

Pean  et  Chariot 525 

Rapport  sur  les  découvertes  faites  dans  la  Charente- 
Inférieure  en  1837 ,  par  M.  Morbav..  • .  • 329 


k 


TABLB   DEK  BiATliBB9* 

Pages. 
Bapportsur  des  fouilles  à  faire  dans  l'arondissement  . 

de  Saintes ,  par  le  même. . , 355 

Rapport  sur  tes  monuments  de  la  Dordogne,  par 

'  M,  rabbé  AuDiBBiTB 339 

Etat  des  recherches  et  des  travaux  archéologiques 
dans  les  départements  du  Lot,  de  Lot^^^- Garonne 
et  du  Gers ,  par  M.  le  baron  Ce  au  dru  c  de  Gaa- 

zASTNES ' ; . . .     34 1 

Lettre  adressée  à  M.  de  Caumont,  à  f  occasion  des 
séances  générales  tenues  à  Tours  en  juin  1 838  , 

par  M.  rabbé  B***. 349 

Mémoire  sur  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  de 

Tours  ,  par  M,  Chauveau 356 

Observations  sur  la  bataille  dePontvallain,  livrée  vers 

^    la  mi'Septembre  de  Cannée  1370 ,  par  M.  CAuvnf .     37 1 

Nouvelles  archéologiques 383 

Notice  sur  les  monuments  religieux  les  plus  remar- 
quablcs  de  l'arrondissement  de  Pont-Aùdemer , 

par  M,  Ganbl 389 

Note  sur  l'église  de  la  Celle-Guenaud ,  par  M,  Mo- 

REAU 396 

Note  sur  quelques  monuments  de  Pornic  (Lpire-In/é-^ 
rieitrej  ,  par  M.  Verger 4^4 

Description  des  voies  romaines  du  département  du 
Gers ,  d'après  les  itinéraires  anciens ,  par  M»  le 
baron  Chavdruc  de  Crazanmes. ^ofj 

Extrait  du  procès-verbal  des  séances  générales  tenues 
à  Clermont  (Puy-de-Dôme) ,  les  7,80/9  sep* 
tembre  i838,  pendant  la  durée  du  Congrès  scien' 
tiftffue  par  la  Société  pour  la  conservation  des 
Monuments •  • •*•.••••••    4^^ 


Pages* 

Un  moi  sur  les  àntiqtdtés  de  Genève ,  de  Làûsitnrie 

et  dAvenches  (  Suisse) ,  par  M.  db  CAUiléoîfT. . . .     4^3 
Note  sur  Vappareil  d'une  tour  de  tenceinte  murale 

de  Cologne ,  par  le  même ; 444 

Mémoire  sur  Alluyé ,  par  M.  de  Chassy 44^ 

Lettre  adressée  %  M,  de  Càumont ,  par  M.  i>E  Las- 

SAVLX ,  architecte  du  gous^emement  Prussien ,  à 

Coblentz ;  ;  : 458 

Nouvelles  archéologiques t ' 4^4 

Statistique  monumentale  du  département  du  Puy^ 

de-Dôme j  par  M,  Bovillbt 4?^ 

Sur  les  ouvrages  ptdfliés  en  Allemagne  concernant 

r architecture  du  moyen  âge ,  par  M.  Michel  akt    5oi 
Promenade  archéologique  de  Ctermont  à  Boiirges  , 

parlemém' 5r4 

jfote  sur  le  tombeau  deCneïns  Musius  ,  à  Maycnce  , 

par  M,  Dfi.  Caumont. 535 

Liste  dés  Membres.  » • 55q 


rà  bk  lA  ritit  DÉS  'ttift&ss. 


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'lïBLIC  LIBRARY 


A8T0R,  LENOX  AND 
TILOCN  FOUNDATION». 


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NOTE 

Sur  r inscription  précédente  ^  par  un  inembre 
de  l'Institut  (Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres). 


Incertain  sur  Finterprétatioa  da  mot  Veleias ,  dans  Fins- 
criplion  précédente,  nous  avons  consulté  un  des  pl^s  savants 
philologues  deFEurope,  membre  de  l'académie  des  inscriptions, 
qui  a  mis  la  plus  grande  obligeance  à  n^us  répondre.  Nous 
nous  empressons  de  reproduire  la  note  intéressante  qu^il  a  ea 
la  bonté  de  nous  adresser,  regrettant  seulement  que  ce  savant, 
ne  nous  ait  pas  permis  de  citer  son  nom. 

m 

L*inscription  au  sujet  de  laquelle  vous  me  faites  l'honneur 
de  me  consulter^  n'offre  aucune  difficulté.  Je  pense  qu'on  peut 
la  lire  ainsi  :  cseius  mvsivs  ,  Titi  rilius ,  okLcria  [tribu] , 
VELBiAS ,  JLvnorum  xxxii ,  sTi?endiorum  xv  ,  AQvrurer 
ttxdoms  XIV  avmnœ,  Marcus  mvsivs  ,  etc. 

LatfibuGa]eria(GA0UGAL.  sur  les  marbres)  était  la  onzième 
parmi  lestrente-cinq/ri^  i^e^ere^de  la  république  Romaine  5 
voyez  SigoninsDe jure  antùjfuo  civium  Romanoruni  11,  5  ^p, 
5i-5g9^  et  Boindin,  Discours  sur  les  tribus  Romaines^  dans  les 
Mémoires  de  notre  Académie,  1. 1,  p.  gS  (je  cite  Téd.  de  la  Haie , 
in- 13).  Nous  connaissons  deux  peuples  nommés  Feliates  ^  au 
singnlier  FelUiS]  l'un  dans  les  montagnes  de  la  Ligurie ,  d'a- 
près Pline  ,  Hist.  nat.  m ,  5,  7  3  l'autre  dont  le  chef-lien  était 
P^eleiacium on Felia, non  loin  de  Plaisance,  id,  ib*  m,  i5,  20. 
,  On  pourrait  donc  croire  que  Musius  était  né  chez  l'un  ou  chez 
l'autre  5  mais  il  me  semble  plus  naturel  de  supposer  que  Yelias , 

39 


558  iroTB  SUR  l'iitscriptiov  phIcIdehtb. 

avec  aoe  légère  altération  oa  d'après  sooaDcieoae  orthographe 
(patros ,  Alexandroa)  ,  était  devenu  un  cognomen ,  une  es- 
pèce  dftnom  de  famille ,  comme  nous  le  voyons  souvent  dan* 
tous  les  pays  de  l'Eurqpe  :  Bourgoin ,  Bourguignon ,  Berton , 
Lebreton ,  Lallemant ,  Lenormant ,  Lorin  ,  Picard.  D'ail- 
leurs ,  sur  les  marbres ,  ce  troisième  nom ,  cognomen ,  se 
place  toujours  après  l'indication  de  la  tribu.  Ainsi ,  Monsieur , 
yotre  inscription  nous  apprend  que  «  Marcus  Musius  Yeleias, 
«  fik  de  Titn^,  de  la  tribu  Galeria,  porte-aigle  de  la  XIY".  lé« 
c  gion  bis ,  mourut  à  l'âge  de  53  ans ,  après  i5  ans  de  service, 
«  et  que  son  frère  Marcus  Musius ,  lui  a  élevé  ce  monument*  » 
J'ai  écrit  porte-aigle ,  bien  que  ce  mot  ne  se  trouve  pas  dans 
le  dictionnaire  de  FAcadémie  .*  le  grade  Saquilifer  étant  très- 
supérieur  à  celui  de  signi/èr ,  porte-cnsigne  ^  je  n'ai  point 
voulu  irriter  les  mânes  du  |eune  guerrier  peut-être  fort  suscep- 
tible sur  ce  point ,  malgré  l'air  de  douce  bonhomie  que  ses 
traits  semblent  annoncer.  Quant  à  la  date  de  notre  inscription, 
elle  doit  remonter  au  moins  à  l'époque  de  Septime-Sévère  oa 
de  Caracalla.  Après  le  règne  de  ce  dernier  qui  éleva  tous  les 
honunes  libres  de  Tempire  au  rang  de  citoyens  Romains,  la 
mention  des  tribus  constatant  auparavant  le  droit  d'électeur  et 
d'éligible,  devient  eilrèmemcnt  rare  sur  les  marbres  (i). 
D'ailleurs  nous  savons  positivement  que  vers  la  fin  du  se- 
cond et  au  commencement  du  troisième  siècle  de  notre  ère  la; 
Legio  XIV  gemma,  étant  appelée  en  outre  Martin  et  Vicinx , 
était  stationnée  à  Mayence.  Voyez  les  inscriptions  recueillies 
par  Joseph  Fochs^^^/fe  GeschichU  von  Maùtz^  Mayçnçe  177 1^ 
in-S*'. ,  tome  i,  p.  i44* 

(f)  Zacharla,  Instituzione  antiquariO'lapidaria  ^  Roma  1770» 
iJi-8*.;p.  134/ 


tm 


LISTE 

Des  Membres  de  la  Société  française^  fOur  la 
€onser9alion  des  Monuments^  dan^  tordre 
de  leur  réception* 


RREi 


Db  Cavmovt  ,  coraespbndant  de  E^Ibititat ,  fondateur  de  h 
Société ,  Caen. 

Lair  (Pierre- Aimé).,  membre  de  plaûenrs  Académies,  Caen. 

De  BfeAVREPAiRB  DE  LoxivAOHV.,  a QCÎeD  ministre  plénipoten- 
tiaire, Falaise. 

L'abbé  Danibl  ,  reeteur  de  FA^démie ,  Caem 

De  Magheviub  ,  membre  de  plnsieurs  Académies ,  Caen. 

GvY  ,  arcbiiecte ,  Caen. 

Lambert  ,  conservateur  de  la  bibliothèque  publique,  Bayeux. 

De  La  Chouquais  ,  président  k  la  Cour  royale ,  Caen. 

LécHATJDi  d'Akisy,. membre  de  plusieurs^  Académies,  Caen. 

BbIiLivbt,  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  ^  Caen. 

De  Crazahvbs  ,  membre  de  l'Institut ,  Montaubau'. 

DuMiftB  DE  La  Haye  ,  secrétaire  de  la  Société  arcbéologiquey 
Toulouse. 

De  La  Foeteubllbde  YA^noRé,  correspradantdeFInstitut, 
Poitfers% 

Le  GiAY  y  correspondant  deFlDStitut ,  Lilk. 

Le  Mq''.  Le  VEit ,  membre  de  plusieurs  Académica,  Roque* 
fort  (  Seine-Inférieure  )• 


»«•     USTE  ras  HEnUS  DE  Là  SOatlÉ  FEARÇySB 

JooAXBiT,  memhie  de  riostitiit,  Boidcasi. 

Le  Paévost  ,  id.  et  de  la  Chaiobre  des  dépotés,  Bemay. 

Di  La  Saussatb  ,  membre  de  rinstitot ,  Blois. 

DcviftLS ,  correspondant  de  F  Institut ,  Rouen, 

PiUT ,  membre  de  k  Société  royale  des  Antiquaires ,  Nîmes, 

ThmviEM  ,  conseiller  de  Préfecture  ,  Méxtèrcs. 

ScswBiGiLAVSEB  ,  membre  de  l'institut ,  Strasboai|[. 

CAmrnr ,  membre  de  plusieurs  Académies ,  Le  Mans. 

DEGnrBvcHT,  secrétaire  de  la  Société  des  Antiquaires,  St.-Omer. 

De  Yauqueuv  (leB^.) ,  membre  de  plusienrsSociélés  sa  vantea, 

Ailly~,  près  Falaise. 
^▲iTGEois  f  membre  de  plusieurs  Académies ,  Laigle. 
Beaudot  ,  membre  de  l'Académie  ,  Dijon. 
De  Miilt  ,  membre  de  l'association  normande ,  Bayeax» 
Db  Tbrtu  ,  propriétaire  ,  Argentan. 
y*.  DB  GiJiToir ,  membre    de  la  Société  des  Antiquaires , 

Ayranebes, 
Dû  GiXAY ,  membre  de  plunenrs  Académies,  Gonlies(Sartbe). 
Rbt  5  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  Paris. 
'  O^.  de  Vibraye  ,  membre  de  plusieurs  Académies  ,  Blins. 
De  Bov ville  ,  id. ,  id. 
Hermand  (Alexandre),  membre  de  la  Société  des  Antiquaires, 

St. -Orner. 
E.  DE  Neuville  ,  id. ,  id. 

RoMAlir  DE  GlVBNCHT  ,  id. ,  id«  ^ 

BouiLLET ,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes ,  Clertnont- 

Ferrand. 
De  Jobal  ,  id. ,  Blois 
Le  ComTRE-DupoKf  ,  id. ,  Alençon. 
CoRBET ,  maréehal-de-camp ,  Paris. 
L'abbé  Paysant  ,  vicaire^généial ,  Caen. 


POCa  Lk  QDMSE&TATKm  DES  MOmmOim  541 


Larob  j  membre  de  plosieiirs  Soeiétés  sayaDles ,  €âea«     * 

MÉÉITTfi-LoirGCRAMP  ,  îd. ,  id« 

Requin  ,  membre  de  plusieurs  académies ,  Avignon  • 

De  Gaujai.  (le  B*'''.) ,  membre  de  rinstitut ,  Paris. 

Laugier  de  Chartaouze  (le  B*" '.) ,  ancien  député ,  Arles. 

Rastoul  (Alphonse  ),  professeur  au  Collège  royal,  Avignon. 

De  St.^Pol  ,  avocat  général ,  Montpellier. 

De  Tovaral  ,  membre  de  plusieurs  Académies  ^  Narbonne. 

De  Sairtex,  conservateur  de  la  lùbliotbèque  publique,  Auch. 

MoRELLET ,  professeur  de  rhétorique ,  Nevers. 

Castaigre  ,  conservateur  de  la  bibliothèque  publique  ,  An- 

goulème. 
MoREAv ,  conserratenr  de  la  bibliothèque  publique  ,  Saintes. 
Briquet  ,  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  TOuest  ■ 

Niort. 
Ardart  ,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes ,  Limoges. 

De  Perhovet  ,  id. ,  Renbés. 

L'abbé  de  La  Mare  .  vicaire  général ,  Coutances.   . 

Grilie  de  Bevzelir  ,  membjpe  de  la  Société  des  Antiquaires 
de  France ,  Paris. 

C".  DE  Bb AUFORT  ,  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
Normandie ,  Plain-Marais  (Manche). 

L'abbé  Gautier  ,  aumôuier  du  colite  ,  Lisieux. 

Rerouvier  ,  président  de  l'Académie  ,  Montpellier^ 

L'abbé  Auoierre  ,  vicaire  général ,  Périgueux. 

SrERCER  SMn  R,  membre  de  la  Société  royale  de  Londres,  Caen. 

Chevreaux  ,  secrétaire  de  la  Société  d'agriculture ,  Evreux. 

De  FoRMEviLLE ,  Conseiller  à  la  Cour  royale ,  Caen. 

I)e  La  Rue  ,  secrétaire-général  de  TAcadémie ,  Evreux. 

C^'.  DE  Calorre  ,  conservateur  de  Chambord  ,  Blois. 

Cardir  ,  membre  de  i)luaieuis  Académies,  Poitiers. 


«éS     LISTÉ  DBS  HBMBBBS  DE  LA  SÙQtXÈ  FHAHÇAISE 

Gaavbs  ,  secrétaire-général  de  la  préfecture ,  id* ,  BeaaTais. 
Du  Marhalla  ,  membre  de  plasieur»  Acàdéoiies ,  Qnimper^ 
De  Ste.-Hbbminb  ,  id.  j  Niort. 
BoiiEAu  ,  icf. ,  Toars. 

Boirinr-PEUEUX ,  docteur  en  médecine ,  id. ,  Beaagency* 
'  L'abbé  BvHOT ,  professeur  de  théologie ,  idv ,  Contanees. 
Dubourg-d'Isigr if ,  membre  de  plusieurs  Académies ,  Vire. 
Marquise  de  RAKooGirB ,  id. ,  Paris.. 
Y'*'  de  Bastille,  id. ,  Caen. 
Le  Bastard  du  M£j<rEUR ,  id.^  Lesconat  (Finistère). 
Emile  SouvBSTBE ,  id. ,  Brest» 
GuYESSB ,  id. ,  id. 

Le  G**.  DE  La  Fruglaye,  id. ,  Morlaix. 
De  Larghaittel  ,  id. ,  Qoimper. 
Félix  DE  La  Roque  ,  id.  ^  Caen. 
Cbarles  Dursus  ,  id. ,  id» 
Charles  de  VAUQUELnr ,  id. ,  id* 
Gaugaih  ,  id. ,  id. 
De  Bordecotb  ,  membre  de   Fassociation  normande  ,  Pont- 

Audemer. 
De  Golbêrt  ,  membre  de  Flnstitut ,  Colmar» 
YERGNAUD-RoMAGifÉsY ,  membre  de  plusieurs  Académies  , 

Orléans.  • 
Lafont  de  Cujala  ,  id. ,  Age». 
De  L^  Grange  (le  Mq'*.),  id. ,  députa,  Paris. 
GouBOT,  membre  de  plusieurs  Académies,  Caumont  (Calvados). 
RiGBARD ,  id. ,  Remiremont. 
Joyau  ,  avocat ,  id. ,  Caen. 
Mg'.  Bouvier  ,  Evoque  du  Mant» 
L'abbé  LoTTin ,  chanoine,  secrétairede  Févêché ,  Mans. 
L'abbé  Cheverbau  ,  professeur  de  théologie  ,  Mans. 


VÙUK  U  CONSERVATION  DES  MONUMENTS.  543 

CRABtBMAGVK  j  membre  de  plusieurs  Sociétés  sayantes  ^  Cliâ- 
teauroax. 

Dan  de  La  Yauterib  ,  id*  y  Caen« 

Le  Tbilier  ,  inspectear  dei  écoles  prùnaires,  id« 

Massiou  ,  juge  d'instructioQ ,  La  Rochelle. 

Raoul  de  BABBAci,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes , 
Angers. 

Huit AUXT  de  La  Peltrib  ^  id. ,  id. 

Edouard  de  Gossbttes  ^  id. ,  Montreuil-sar-Mer* 

De  Yaize  ,  id. ,  Paris. 

CouRTT ,  id. ,  Gaen. 

Daudigné  de  Resteatt  ,  id. ,  Mans. 

DbBellefille,  id. ,  Mans.  . 

Uabbé  TovBifESAc ,  id. ,  Mans. 

MASsé ,  id. ,  Tours. 

Moqdin-Taitdon  ,  professeur  h  la  Faculté ,  Toulotise. 

Auguste  Grasse,  membre  de  plusieurs  Académies^  La  Charité- 
sur-Loire. 

C*.  DB  BiRBif GBR ,  id.  y  Coutances. 

La  Greze-Fossat ,  id. ,  Moissac. 

H.  Brecy  ,  id. ,  Agen.  . 

Gh.  JouBBRT ,  id. ,  Beaulieu  (Maine-et-Loire). 

De  St.-Agn AN,  préfet,  Lille. 

LbBaillif  ,  chanoine  honoraire ,  Mans. 

Ahiubault  ,  conseryateur  de  la  bibliothèque  ,  Mans. 

Db  Langlb  ,  membre  de  plusieurs  Académies,  Yitré» 

De  Troismarquet  ,  conseiller  à  la  Gonr  royale ,  Douai. 

Taffin  ,  conseiller  municipal ,  id. 

Ludolphe  de  MonTPiirçoN ,  propriétaire ,  Gherilly  (Loiret). 

Le  Gh".  deTouchbt  ,  propriétaire ,  Gaen. 

Passy  (Antoine) ,  ancien  préfet ,  Paris. 


544     LISTR  DES  ItEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  FRÂl!<iÇ%ISE  . 

RiTAi?i.T  y  membre  de  plusieurs  S^étés  mantes ,  Mans. 

BsLoirGRAiBE ,  id. ,  Verdun. 

Herhit  ,  id. ,  Paris» 

Le  M''.  DE  La  Porte  ^  id. ,  Yendème. 

Louis  Paris  ,  archiviste  ,  id. ,  Reins. 

Pur AULT  ,  architecte ,  Blois. 

Target  ,  préfet  do  Calvados,  Caeo. 

De  Saulcy,  capitaine  d'artillerie,  oorresp^  de  Tlnstitat^  Metz. 

M*"*.  DE  Rei&bt^  propriétaire ,  Roaen. 

Chauvin-Lalande,  id. ,  Pisieux  (Sarthe). 

A.  Dughalais  ,  id. ,  Beaagency. 

DoiRARD ,  architecte  du  département  de  la  Manche. 

Lruillier,  capitaine  d'état-major,  Blois. 

L'abbé  Mavcbau  ,  vicaire  de  la  métropole  ,  Tonrs* 

Mg^  l'Evêque  de  Bayeiix ,  Bayeux. 

M"'''.  laMq'^.BBSALVERTE^  Riom. 

Desportes  ,  conservateur  du  Musée  ^  Mans. 

RicHELET  ,  membre  de  plusieurs  Académies ,  id. 

Mq''.  DE  FoRTiA  d'Urbaii  ,  memlure  de  l'Institut ,  Paris. 

Blissoit  ,  naturaliste  ,  Mans. 

Heurtebise  ,  supérieur  du  séminaire ,  id. 

HovDEBBRT ,  pc^^îdent  de  la  Société  académique ,  id. 

L'abbé  Bercy  ,  professeur  au  séminaire ,  id. 

Drovet  ,  membre  de  plusieurs  académies ,  id. 

Frédéric  Nasse  ,  id. ,  Lisieux. 

Beauvais  de  St.-Paui.,  id.,St.*Michel-de-SaTaigne  (Sarthe). 

Adolphe  Espavlart  ^  id* ,  Mans. 

Ollivier  ,  juge,  id. ,  Valence. 

Li  ASARD,  membre  de  plusieurs  Académies,  Mathieu  (Calvados). 

Thomine-Desm AZURES,  chanoine,  Bayeux. 

Desjobbbt  ,  membre  dei  ta  Société  académique ,  Mans. 


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FEB    1  0  1939 


1