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Full text of "Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Bulletins d l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique"

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/ 


I  , 


.♦ 


BULLETINS 


DE 


L'ACADEMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DBS 


LKTTRE8  BT  DBS  BEADX-ART8  DB  BELGIQfe 


fi 


BULLETINS 


DE 


L'ACADEMIE  ROYALE 


DES 


SCIENCES^   DES  LETTRES  ET   DES  BEADX-ARTS 


D£   BELGIQUE. 


QOARANTB-DWXliME  mil.  —  2-'  Sfe.,  T.  XXXVI. 


BRUXELLES , 

F.  HAYEZ  ,  IHPRIHEDR  DE  l'aCAD^MIE   ROYALE  DB  BELGIQUE. 

1873 


>*  r 


<  4  •    - 


■/  ■> 


BULLETIN 


DE 


L'ACADEMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DKS 


LRTTRBS  ET  DES  BEADX-ARTS  DE  BEL6IQDE. 

1873.  —  No  7. 


GLASSE  DES  SGIEHGES. 


Seance  du  S  juillet  1815. 

H.  T.  Gluge,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^tuel. 

Sont  presents :  MM.  d'Omalius  d'Halloy,  J.-S.  Stas,  L.  de 
Koninck,  P.-J.  Van  Benedeo,  Edm.  de  Selys  Longchamps, 
H.  Nyst,  L.  Melsens,  F.  Duprez,  G.  Dewalque,  E.  Quetelet, 
M.  Gloesener,  E.  Candeze,  F.  Donny,  Ch.  Monligny,  Stei- 
chen,  Brialmont,E.  Dupont,  £d.  Morren,£d.  Vao  Beneden, 
membres;  Schwann,  E.  Catalan,  Ph.  Gilbert,  associes; 
C.  Malaise,  F.  Plateau,  J.  De  Tilly  et  Crepin,  correspond 
iiants. 

M.  J.-C.  Donders,  d'Utrecht,  associe  de  la  classe,  assiste 
^  la  s^nce. 

^^  Sl^RIE,  TOME  XXXYI.  1 


(2) 


CORRESPONDANCE. 


L'UDiversit^  royale  de  Norw^e,  k  Christiania ,  donne 
ofliciellement  coonaissance  de  la  mort  de  M.  le  professeur 
C.  Hansteen ,  que  la  classe  a  compt^  parmi  ses  associ^s. 

—  M.  le  Mioistre  de  rint^rieur  adresse ,  pour  la  biblio- 
th^ue  de  TAcad^mie,  diff^rents  ouvrages  qui  seront 
annoDc^s  au  Bulletiu.  —  II  transmet  ^galemeut,  au  nom 
de  Tauteur,  M.  Demetrius  Sicuro,  k  Zante,  un  exemplaire 
de  la  notice  que  ce  savant  a  consacr^e  k  Andr^  Y^sale. 

—  La  classe  re^oit  ensuite  les  hommages  suivants  : 

1**  Annates  de  VObservatoire  royal  de  Bruxe/Ze^,  publi^es 
par  M.  Ad.  Quetelet,  tome  XXII,  1  vol.  in-4%  contenant  : 

A.  Observations  faitesaux  instruments  m^ridiens; 

B.  Observations  m^t^orologiques  et  des  temperatures 
de  la  terre; 

C.  Congr&s  international  de  statistique  :  sessions  de 
Bruxelles,  de  Paris ,  de  Vienne,  de  Londres,  de  Berlin,  de 
Florence ,  de  La  Haye  et  de  Saint-P^lersbourg ; 

2®  Tableau  synopUque  et  synonymique  des  especes  t*t- 
vantes  et  fossiles  du  genre  Scalaria,  par  M.  H.  Nyst,  in-S"*; 

5^  Application  du  pandynamometre  a  la  mesure  du  tra- 
vail des  machines  a  vapeur  a  balancier,  par  M.  G.-A.  Hirn. 
Mulhouse,  1873,  in-S""; 

i"*  Manuel  de  mineralogie  pratique,  par  M.  C.  Malaise. 
Mons,  1875,in.l2. 

—  Diff^rentes  soci^t^s  savantes,  en  relations  d*6change 


♦     (3) 
de  publications  avec  TAcad^mie,  adressent,  en  m^me 
temps  que  leurs  derniers  travaux,  leurs  remerctments  au 
sujet  des  envois. 

— L' Association  francaise  pour  Tavancement  des  sciences 
annonce  que  sa  deuxi^me  session  sera  tenue  du  21  au 
28  aoAt  prochain ,  k  Lyon ,  sous  la  pr^idence  de  M.  Qua- 
trefages. 

—  Les  observations  sur  la  floraison  et  la  feuillaison  k 
Li^e,  le  21  mars  1875 ,  par  M.  G.  Dewalque,  et  le  r^sum^ 
m^t^orologique  des  mois  de  mai  et  de  juin  pour  Ostende , 
par  M.  J.  Cavalier,  sont  reserves  pour  le  recueil  des  ph^- 
nomtoes  p^riodiques. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  feront  Tobjet  d'un 
examen  : 

l""  Configuration  des  laches  de  la  planete  Mars  a  la  fin 
du  dix'huilieme  siecle^  d*aprte  les  dessins  in^dits  de 
J.-H.  Schroeter,  par  M.  F.  Terby,  —  Commissaires  : 
MM.  E.  Liagre  et  Quetelet ; 

2®  Lellre  a  M.  Ad.  Quelelel^  secretaire  perpeluely  sur 
diverses  questions  mathematiques ;  par  M.AngeloGenocchi. 
—  Commissaire  :  M.  J.  De  Tilly; 

S""  Memoir e  sur  le  calcul  de  la  vilesse  initiate  d'un  pro^ 
jectile  quelconque  lorsqu'on  connait  la  vilesse  moyenne 
(ou  milieu  des  deux  buts  a  viser) ,  par  Vemploi  du  chrono- 
graphe  electro^balistique ,  par  M.  Auguste  C^sar  d'An- 
drada  Mendo^,  1"  lieutenant  d'artillerie  k  Santarem.  — 
Commissaire :  M.  J.  De  Tilly. 


(4) 


RAPPORTS. 


Recherches  sur  le  developpement  de  la  foncHon  r; 

m^moire  par  M.  Gilbert. 


awjifwrf  d0  jr.  B,  Cmimimm. 


c  Afin  que  Ton  puisse  juger  de  rimportaDce  des  Recher- 
ches efiSectu^es  parM.  Gilbert,  je  vais  en  donner  une  ana- 
lyse, aussi  succincte  que  possible. 


I. 


Partant  des  formules  de  Binet : 


l.r(M)  =  ll.(2T)H-(^-l)l.A.-p  +  aW,     .     (i) 


/I     i           i       i\e'f^ 
-♦--  dx,   . 


(2) 


et  de  la  relation  fondamentale 

r(/c.-*-i)  =  f*r(A*), 

notre  confrere  trouve  tr^simplement :  l""  la  serie  de  Gu^ 
dermanfiy  avec  une  expression  du  reste;  ^  le  developpe- 
ment de  r(fx)  sous  forme  de  produit  indefinij  donne  par 


Gauss.  Une  seconde  demonstration  de  ce  d^veloppement, 
bas^e  sur  la  formule  de  Stirling^  me  parait  moins  satisfai- 
sante  que  la  premiere.  Elle  est  peut-Stre  moins  originate 
aussi  que  celle-ci. 

II. 

La  constante  d'Euler  a  ^t^  mise,  par  Schlomilch,  sous 
la  forme  : 

C=— y**e"l.xrfx.    ....    (3)0     . 

0 

De  cette  formule ,  M.  Gilbert  d^duit ,  non-seulement : 

—  C  =  Km[      / hU  j=Km(       /     dx-t-l.ctej, 


mais  encore : 


/ 


cos  ax 

ax  e=s  —  (C  -4-  1.  Of). 

X 

III. 


Si  Ton  d^signe  par  F(x)  la  fonction 


X  X 


de  mani^re  que 

w=  /   '—tH^)^.  .  .  .  (4)n 


«i 


— F(x)(te,    .    .    . 


(*)  Voir  la  Note  I ,  ^  la  fin  du  Rapport. 
(•*)  Voir  la  Note  IL 


(6) 
on  trouve  ais^ment : 

'^'^  =  ''%,-i^^^    ....    (5) 

Par  suite, 


Apres  avoir  rappel^  cette  formule,  due  k  Cauchy,  M.  Gil- 
bert en  conclut  d'abord : 


puis,  observant  que 


■-•  sin  nu       x  —  u 


2 


11=1 


n 


pour  toute  valeur  de  u  comprise  entre  0  et  Stt,  notre 
confrere  decompose  I'int^grale  en  une  infinite  de  parties, 
convenablement  choisies,  et  il  trouve  cette  nouvelle  for- 
mulcv: 

-w=o2      /     -^ — r—'  •  •  w 

0 

Comme  le  dit  avec  raison  Tauteur :  c  la  demi^re  trans- 
»  formation  pr^sente  ceci  de  remarquable,  que  la  fonc- 

D  tiontar(fi), se  trouve,  dans  T^quation  (8),  repre- 

»  sent^e  par  une  s^rie  d'int^grales  d^finies  k  diff6rentielles 
»  rationnelles.  » 

Aprte  avoir  retrouv^,  au  moyen  de  T^uation  (7),  la 
serie  de  Gudermann  et  la  serie  de  Binet,  M.  Gilbert  fait 


(7) 

subir  diverses  transformations  k  cette  formule  (7) ,  el  il  en 
conclut  : 


5  ^0  (2a*  h-  2*  -4-  iY       5  ^0  (2a*  -♦-  2*  h-  i/ 
7  n  (2a*  -4-  2ik  -^  i)*  ^  ^  ^ ' 

Lorsque  a*  =  ^ ,  cette  nouvelle  relation  donne  la  c  for^ 
»  mule  curieuse : 

»  qui  associe,  dans  une  m^me  Equation,  les  nombres  ber- 
»  noulliens,  le  nombre  »-  et  le  logarithme  n^perien  de  2.  » 
Lintdgration  par  parties,  appliqu^  i  T^quation  (8),  con- 
duit M.  Gilbert  \  d'autres  d^veloppements  de  la  fonction 
tr(M);  par  exemple  celui-ci : 

i  1     i««  i 


W        5   9«2l-  ^, -1-M^i- -i.it  ^l\        ?l   K   9»^ 


3.2'^o  (/*-4-t)(A*-t-*-^l)      5.5.2»n  (p-4-*)V-+-ik-i-1)* 
i.2      ^,  1 

IV. 

Au  moyen  d*une  identite  due  a  Stirling,  et  dont  MM.  Ge- 
nocchi  et  De  Tilly  avaient  d^j&  fait  d'heureux  usages, 
H.  Gilbert  retrouve  la  «erte  de  Binef,  avec  Teipression  du 
re^^e.  Les  g^m^tres  que  je  viens  de  citer  avaient  d^ji  r^olu 
cette  question  du  re^fe;  mais  seulement  pour  des  valeurs 


^)  Voir  la  Note  III. 

(**)  L'auteur  appelle  B,,  B„  B,, ...  ce  que  je  d^signe  ici  par  B^ ,  —  B,, 
>t-B| , . . . .  Ou  sail  quMI  y  a  p/tMt0iir«  d^/initioM  des  nombres  de  Beraoulli. 


(8) 
cnlieres  de  ac  Apr^s  avoir  demon tre  la  relation : 

\  1.2.3.... (»—l) 

Sfi^   (fjL'\'i).,..(fA  -^  n  —  1) 

noire  confrere  en  conclul : 

i  i 

Cette  seconde  limite  de  R.est,  me  semble-t-il ,  un  peu 
grande  (*). 

M.  Gilbert  fait  observer,  en  passant,  que  les  series  de 
Gudermann  et  de  Binet  ne  sontpas  essenliellementdiff^- 
rentes :  on  pent  d^duire  Tune  de  Tautre.  Cette  remarque 
avait  d&]k  &i&  faite  par  M.  De  Tilly. 

De  simples  identites,  d'oii  Ton  conclut  le  d^veloppemcnt 
de — TT— en  sommes  de  fractions  dont  les  deux  termes 
sont  des  factorielles,  conduisent  Tauteur  h  la  decouverte 
d'une  infinite  de  series  propres  i  repr&enter  o(ac),  et  dont 
la  s^rie  de  Binet  est  un  cas  tres-particulier.  Citons  celle-ci , 
par  exemple : 


/     1(2— x)(4— x)  Ix— -J  di 


(')  Note  IV. 


(9) 

V. 
Reprenant  la  formule : 


el  operant,  comme  il  le  dit  c  de  simples  integrations  par 
»  parties,  »  M.  Gilbert  relrouve  la  s^rie  de  Stirling,  avec 
deux  nouvelles  expressions  du  reste.  Je  ne  suis  pas  bien 
sur  que  ces  limites  soient  pr^f^rables  k  celles  que  Ton  con- 
naissait  dej&. 

Pour  terminer  ce  paragraphe,  Tauleur  conclut^de  I'^qua- 
lion  ci-dessus,  le  curieux  d^veloppement  de  cr(Ac)  en  s^rie 
p^riodique,  dA  k  M.  Kummer.  II  d^duit  ensuite,  de  cette 
serie,  diverses  integrales  definies  remarquables.  Je  citerai 
seulement  celle-ci : 


/ 


i 

1.  r  (fl)  cos  SfcfATT  =  — 

4t 


VI. 


Dans  ce  paragraphe,  qui  constitue  la  partie  la  plus 
abstraite  de  son  travail,  M.  Gilbert  consid^re  encore  Tint^^ 
grale 

J     \e^-1        z       2/     z 

mais  il  suppose  z  imaginaire,  el  il  ^tend  Tint^gration  &  un 
certain  contour  ferm^.  Appliquant,  avec  beancoup  de  saga- 


(10) 

cit£  et  de  penetration ,  la  theorie  de$  fonctions  d'une  va- 
riable  imaginaire,  th6orie  encore  nouvelle,  ii  arrive  k  ces 
deux  equations  I  bien  remarquables : 

0 

/'^  /i  \  cos  2^  ,         ^=*  sin  2nfAjr 

/ cotx   ^ix=s\     i-.  . 

^J       \x  I      X  ^=,        n 

0 

La  seconde  conduit  Tauteur  k  des  resultats  dtonnants, 
presque  paradoxaux,  parmi  lesquels  je  citerai  seulement 
celui-ci :  I'integrale 


f 


cos  2/KX  —  cos  ^ax  , 
cot  xdx 


a  des  valeurs  tres^ifferentes ,  selon  que  les  param^tres  ft, 
a  sont  en  tiers  ou  fractionnaires.  Cette  discontinuite ,  dont 
on  ne  connaissait  que.peu  d'exemples,  me  paratt  suscep- 
tible d'applications  importantes. 

VII. 
M.  Gilbert  reprend  la  formule  (12),  en  recrivant  ainsi : 


^(p) 


= l.«sinpr-t--    /       ( cotx] dx.    (15) 

iS  *^   I         \x  I       X 


(')  Gelte  notation  signifle  que  le  sinus  est  pris  en  valear  absolae  : 


1. 1  sin  /x?r  =  - 1  (4  sin*  **«-). 
3 


(H  ) 

CombiDant  cette  Equation  (15)avec  les  propri^t^s  de  la 
fonction  o(^),  noire  confrere  trouve  des  intigrales  d^finies 
oouvelles  et  remarquables;  savoir  ; 


*sinx — 


X  — xcosx  /       i\     /        i\ 

—^, C08(2ft  +  l)xcfcr  =  l-^^4--jl.[lH-^]. 

sinx — xcosx  8in(2At-f-i)x  

3 : ^dx=(2n-i-0+21.ri.5.5...2»-.il 

•X  sinx  ^  '  L  J 

—  2nl.(2n-4-i), 
.    n  — i 

SID Sf 

Sinx — xcosx  n  

-^ dar==(n— i)-f-l.[i.2.5...n—i] 

sm- 
n 

l.[l.2«.3»....(n— 1)"-*];  etc. 

Ce  paragraphe  est  termind  par  les  d^veloppements  de 
o((x)  en  series  proc^dant  suivant  le  sinus  integral  et  le 
cosinus  integral  de  nn. 

Vllf. 
Apr^s  avoir  prouv^  que 

/*/!  \sin2^, 

(.^cotxj— — dx=2A*-(2,.~l)l.  p 

0 

-    A(2,-l)co,2x-?iili!fli:llflrfx, 
^        L  sinx        J 

0 

Tauteur,  au  moyen  de  cette  transformation,  met  la  fonc- 
tion  a(fx)  sous  une  nouvelle  forme;  il  en  conclut  : 


l.rw=l|.^' 


2   sin  /ir      2 


in^-,^^^-'±^^±,u, 


(12) 
<  Celte  expression  »,clit  notre  confrere ,  <  nesemble  pas, 
»  au  premier  abord,  se  prater  facilement  k  T^tude  des  pro- 
»  pri^t^s  de  la  fonction  r  (fji)  (*)...  N^anmoins ,  ii  est  trte- 
>  curieux  que  cette  Equation  conduise,  de  la  mani^re  la 
»  plus  simple  et  la  plus  naturelle ,  aux  propri^t^s  caract^- 
»  ristiques  de  la  fonction  r . . .  >  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajou- 
ter  que  M.  Gilbert  justifie,  amplement,  cette  appr^iation. 
Le  M6moire  se  termine  par  la  demonstration  de  la  for- 
mule 

/• dz ^         i         P'  \  ^^-' 

0  0 

Cette  demonstration  me  parait  trop  longue  (*'). 

En  resume,  et  malgr^  quelques  points  que  j'ai  cru  pou- 
voir  criliquer,  le  M^moire  de  notre  confrere  est  cerlaine- 
ment  aussi  important,  au  fond,  que  remarquable  sous  le 
rapport  de  reiegance  des  transformations  et  de  la  variety 
des  r^sultats.  Ce  travail  est,  i  ma  connaissance,  le  meil- 
leur  commentaire  du  c^l^bre  M^moire  de  Binet.  J*ai  done 
I'honneur  de  proposer  Tinsertion  des  Recherches  sur  le 
developpement  de  la  fonction  r,  dans  Tun  des  recueils  de 
TAcad^mie.  > 

MM.  J.  Liagre  et  J.  De  Tilly,  deuxi^me  et  troisi^me  com- 
missaires,  d^clarent  qu'ils  partagent  Topinion  de  M.  Catalan 
sur  le  m^rite  du  ro^moire  de  M.  Gilbert,  et  qu'ils  adherent 
aux  conclusions  du  rapport  ci-dessus;  la  classe  decide, 
en  consequence ,  d'imprimer  ce  travail  dans  le  recueil  des 
Memoires  in-4^. 


{*)  II  fail  observer,  avec  raison,  que  la  formule  (M)  devient  illusoire 
lorsque  /j,  esl  entier. 
(•♦)  Nole  V. 


(15) 


NOTES. 


I. 

En  g^o^ral , 


0 

et 


d.l.r(M) 


0 


,/      La?        1— <r-«J 


Si  l*on  fait  e-»=jy,  cette  derni^re  ^uation  devient : 
rf.l.r(M) 


dy- 

0 


=-/In^S]- 


C  ^tant  la  eomianU  dEuUr,  on  a : 


done 


Le  second  membre  s'anoule  pour  m  =  1 ;  cons^emmenl, 


formule  de  Schlomilcb. 

II. 
La  c^lebre  formule  de  Poisson : 


(3) 


(14) 

donne : 

dx 


/•e-/«f,     /"•  sin  ax  ^       ^  /*' 
O  0 


/ 


dx 
er-f^sinax — 

X 


L'int^rale  relative  k  a?  est  -^  -  arc  ig  1=  aw  tg  - ;  done 

i«     (to 


fonnule  trouv^e  par  Binet ,  ud  peu  moins  simplemeDt 


III. 


Si  dans  l'6qaation  (9),  on  transforme  chaque  fraction  en  integrate  d^- 
finie,  on  retombe  sous  la  formule  (2).  R^ciproquement,  on  pent  conclure , 
de  celle-ci,  Tequaiion  (9).  En  effet,  si  Ton  change  d;  en  3a;,  on  pent  mettre 
cette  ^nation  (3)  sous  la  forme : 


^W 


1     r*^  e-W 
=  2,/     TI 


e-(«^+0«  aj(e*-i-e-«)  — («'  —  (?-■) 


e-**  a;" 


dx. 


La  premiere  fraction  ^le 


AsO 


La  seconde  est  la  d^rivee  de 


Le  d^veloppement  de  cette  seconde  fraction  est  done 

[X  ap»  g*  1 

1.5"^  1.2.5.5'*'  1.2.3.4.5.7"*"     J 


Par  suite, 


Hs» 


0 

et  il  est  visible  que  celte  formule  ne  diff&re  pas  de  Inequation  (9). 

IV. 
On  a,  pour  de  grandes  valeurs de  n : 

1.2.5 ...  iT^i  ==|^5^(n—l)"■"i^^"■'*^ 

(M  +  l)(;*+2) (M-i-n-«)  =  l/2;^i i__ (•). 

Done,  Hn^lit^  (iO)  devlent: 

Soil  n  =  101 :  la  formule  (11)  devient : 

R   ^  J-— — L_ 

"^  8m«  1-4-^.5,18239' 

et  la  formule  (11^: 

__Lr(M) 

"  ^  8m*   1001*  * 
Si  M  =  1 ,  la  premiere  formule  donne 


49,459' 
et  la  seconde : 

Pour  M  s  -y  les  limites  seraient  moins  tort^;  mais  la  seconde  est 
toujours  notablement  plus  petite  que  la  premi^. 

(*)  Memoire  de  M.  Gilbert ,  p.  B. 


(46) 

V. 


Soil,  comme  dans  la  Note  I : 


0 


C=  /      cte  =  A. 

/  1— a? 


Si  Ton  fait  a? = «-•«,  on  trouve : 

0 

D*apr^  une  remarquable  formnle de  Poisson  (*),  on  a: 

cos—  OP 


•= sin  fir 


J      eP-' 


coso^ 


=  —  2  sin  MT    /      


dt  n. 


2C0SM^-4-C--^* 
0 

Sobstituant,  je  trouve : 

/•                         dt  r»m 

-— — r /      COS«f.«-|*ad«. 
e^*—  2  COS  M^  +  fl~^'  / 

L*int6grale  relative  ^  a  a  pour  valeur  jr^— j;  done 

/»•                  1                       d/ 
: '": ri 

0 

ou,  plos  simplement, 

/•  1  dz 

<^rz  _  2  cos  )u;r  H-  e-^^*  1  -4-  2* 

0 

valeur  trouv^e  par  M.  Gilbert. 


(*)  Journal  de  I'Ecoh  polytechnique,  I8«.cahier,  p.  306. 
(**)  /A  est  une  fraction  proprement  dite;  done  la  fraction  transformee  est  nega- 
tive ;ei  les  deux  integrales  definies  sont  positives. 


(17) 


Quelques  fails  pour  servir  a  V elude  de  la  constilulion  des 
composes  oocygenesdu  sou  fire;  parM.  Walth^re  Spring. 


flW    JUK^    9MBv« 


c  M.  Walth^re  Spriog  s'est  propose  de  rechercber  la 
constitution  des  composes  oxyg^n^s  du  soufre;  il  presenle 
actuellement  k  rAcademie  la  premiere  parlie  de  son  tra- 
vail, celle  qui  est  relative  k  Tacide  trithionique.  En  admet* 
tant,  par  hypotb^se,  que  la  constitution  de  Facide  sulfureux 
est  representee  par  HSOOOH,  Tauteur  a  conclu  que,  sons 
rinfluence  des  cblorures  de  soufre,  les  sulfites  doivent 
se  transformer  en  polytbionates.  Ayant  sourais  son  hypo- 
(h^e  k  Texp^rience,  i(  a  trouv6  qu'une  solution  satur^e 
de  sulGte  de  |)otassium  dissout  les  cblorures  de  soufre  sans 
se  colorer,  ni  laisser  d^poser  du  soufre.  Le  cblorure  SCH^ 
fait  passer  ainsi  le  sulfite  int^gralement  en  tritbionate, 
tandis  que  le  cblorure  S^GH^  produit  un  melange  de  tri- 
tbionate  et  d'byposulfite  dans  lequel  le  premier  sel  est 
trte-fortement  predominant. 

M.  Spring  fournit  k  Tappui  de  ces  deductions  des  resul- 
tats  analytiques  qui  ne  laissent  aucun  doute  dans  Tesprit. 
En  faisant  r^agir  le  cblorure  de  soufre  sur  I'byposulfite  de 
baryum,  Tauteur  croit  etre  parvenu  k  transformer  ce  sel 
en  pentatbionate;  toutefois  il  n*a  obtenu  ni  acide  penta- 
tbionique,  ni  pentbationate  susceptibles  d'etre  analyses ; 
avant  d'^mettre  une  opinion  k  ce  sujet,  je  dois  attcndre  la 
suite  de  ce  travail.  J*attendrai  egalement  la  seconde  partie 
pour  examiner  jusqu*^  quel  point  la  formation  du  trithio* 
nale  par  Taction  du  cblorure  SCH^  sur  un  sulfite  permet 

2*"'  S^RIE)  TOME  XXXVI.  2 


(18) 

de  d^voiler  la  structure  de  Tacide  trithioaique.  Mais 
quelle  que  soit  la  reserve  que  je  veux  garder  k  ce  sujet,  il 
n'y  en  a  aucune  sur  Faccueil  que  m^rite  le  travail  en  lui- 
m^me,  et  sous  ce  rapport,  je  suis  heureux  de  pouvoir  pro- 
poser k  rAcad^mie  d^ordonner  TimpressioD  de  la  notice 
dans  le  Bulletin  de  la  stance  et  de  voter  des  remerctments 
k  Tauteur.  » 

M.  Helsens,  second  conimissaire,  ayant  adh^r^  aux  con- 
clusions du  rapport  de  M.Stas,  la  classe  decide  d'imprimer 
la  notice  de  M.  Spring  dans  les  Bulletins. 


Note  sur  quelques  proprietes  des  acides  pyrocitriques ;  par 

M.  Th.  Swarts. 

<  Le  travail  pr^sent^  par  M.  Sv?arts  contient  un  grand 
nombre  de  faits  nouveaux  et  importants  au  sujet  des  trans* 
formations  que  subissent  les  acides  pyrocitriques.  Je  ne 
saurais  faire  une  analyse  de  ce  travail  sans  reproduire 
toute  la  note.  Je  dois  done  me  borner  a  proposer  k  TAca- 
(l^mie  d'en  ordonner  Timpression  et  de  voter  des  remerct- 
ments i  M.  Sv?arts  pour  sa  communication.  > 

M.  Melsens,  second  commissaire,  ayant  adh^r^  aux  con- 
clusions du  rapport  de  M.  Stas,  la  classe  decide  d'imprimer 
la  notice  de  M.  Swarts  dans  les  Bulletins. 


(  19) 
Conform^ment  aux  couclasions  favorables  de  M.  Slas, 
la  classe  decide  TimpressioD  dans  les  Bulletins  d*une  notice 
de  M.  L.  Henry,  correspondant.  Celte  notice  pone  pour 
litre  :  Sur  un  nouvel  hydrocarbure  aceiylenique  isomere 
de  la  benziney  le  propargyle  Cc  He  ou  C5  H3  —  C3  H3. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Sur  le  calcul  des  probabilites  applique  a  la  scieiKe  de 
Vhomme;  par  M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perpeluel  de 
rAcad^mie. 

Cest  au  c^lebre  Pascal  qu'on  doit  les  premieres  notions 
sar  les  probabilit6s  appliqu6es  i  la  science  de  rhomme. 
Peu  de  temps  apr^s  lui,  le  directeur  de  TObservatoire  de 
Greenwich,  TastronomeHalley,  calcula  les  premieres  tables 
de  mortality  en  1695;  ce  n'est  qu^un  demi-si^cle  apr^s 
que  Simpson  9  en  1742,  publia  une  seconde  table  pareille, 
pour  la  mortality  de  Londres.  Les  divers  pays  ne  tardirent 
pas  k  suivre  ces  exemples;  on  vit  paraltre  success! vement 
des  tables  de  mortality  plusou  moins  rapides;  cbaque  pays 
voulut  avoir  les  siennes.  Mais  ces  tables,  par  suite,  offraient 
qudqttefois  des  valeurs  tr^-difir§rentes  entre  elles  pour  les 
mdmes  Ages. 

Dans  certains  cas,  on  trouvait  les  erreurs  les  plus  appa- 
rentes,  faites  m£me  avec intention,  pour  obtenir  dos  b^ne- 
flees  dans  les  calculs  auxquels  on  les  faisait  concourir. 


\ 


(20) 

Malgre  tous  les  soios  employes  pour  reconnaitre  ces  falsi- 
fications, on  avail  souvent  h  vaincre  de  grandes  difficult^s 
pour  les  6viter. 

Ces  erreurs  existaieut  encore  au  commencement  de 
ce  siecle,  quoique  Ton  fit  beaucoup  d*efforts  pour  s'en 
preserver.  On  vii  paraitre  cependant  quelques  bonnes 
tables;  mais  il  dcvenait  k  peu  pres  impossible  de  les 
utiliser  pour  le  commun  des  hommes;ces  tables  n'^taienl 
generalemenl  calcul^es  que  pour  quelques  villes,  pour 
des  fractions  plus  ou  moins  grandes  d*un  pays  ou  pour 
des  parties  de  population  plus  ou  moins  expos6es  k  la 
mortality. 

Lorsque,  apres  1840,  on  eut  commenced  etabiir, entrc 
les  diverses  nations  ^clair^es,  le  calcul  des  probabilit^s  sur 
des  bases  plus  sAres,  on  put  esp^rer  de  parvenir  k  calculer 
des  tables  completes  pour  tout  un  pays  et  d'^chapper,  ainsi, 
aux  erreurs  qui  se  glissent  ordinairement  dans  de  pareilles 
determinations,  soit  volontairement,  soit  par  des  fautes 
de  calcul  qui  exigent  une  attention  assez  grande  pour  les 
decouvrir. 

Cest  alors  que  Ton  put  apprecier  les  avantages  de  r^unir 
les  r<^sultats  de  nombres  exacts,  qu'il  etait  impossible  d'ob- 
tenir  et  de  calculer  jusque-l^  avec  toutes  les  facilit^s 
n^cessaires. 

La  Commission  cenlrale  de  stalislique  du  gouvernement 
beige  fut  fondee  au  commencement  de  1841,  et  eile  se  fit, 
avec  les  commissions  provinciales ,  un  devoir  de  rem^dier 
aux  lacunes  qui  existaient,  dans  la  partie  administrative 
du  gouvernement,  relativement  k  cetle  brancbe  des  con- 
naissances;  un  appel  fut  particuli^rement  adresse  a  tous 
ses  membres  pour  r6unir,  chacun  de  leur  cdle,  avec  les 


(21  ) 

memes  m^thodes  et  les  m^mes  precautions,  nne  (able  de 
mortality,  noo  point  pardelle,  mais  concernant  la  nation 
emigre. 

Cetle  table  g^n^rale  pour  toute  la  Belgiquc,  disons-nous, 
offrait  d^}k  un  avantage  immense  sur  ce  qui  existait 
d'abord;  mais  avec  ia  connaissance  de  la  th^orie  des  pro- 
babilit^s,  on  ^tail  loin  encore  de  poss^der  les  renseigne- 
ments  qu1l  ^lait  necessaire  d'avoir  pour  etudier  la  morta- 
Iite  de  rhomme  dans  sa  plus  grande  6tendue. 

Douze  ans  apr^s  sa  creation,  la  commission  cenlrale  de 
stalistique  de  Belgique  elargit  le  cercle  de  ses  travaux  et 
leur  donna  le  caract^re  de  g^n^ralit^  qui,  seul,  pouvait 
former  sa  force  et  sa  valeur.  La  modeste  Belgique  ne 
craignit  pas  de  faire  un  appel  k  toutes  les  nations  de 
I'Enrope,  et  ces  nations,  r^pondant  k  Tappel  sympathique 
qui  leur  6tail  fait,  se  r^unirent,  pour  la  premiere  fois,  k 
Bruxelles,  au  mois  de  septembre  1853.  Cest  alors  que  les 
diffi^rents  £tats,  appreciant  les  besoins  scientifiques  qui 
leur  etaient  manifestos,  se  firent  un  devoir  d*enYoyer, 
chacun,  des  dOIOguOs  pour  les  reprOsenter  et  pour  sceller 
ensemble  leur  union  scientifique  (1 ). 

Cette  union  si  desirable  a  continu6  d^exister  depuis 
lors;  et  huit  des  principale^  villes  de  TEurope  :  Bruxelles, 
Paris,  Vienne,  Londres,  Berlin,  Florence,  La  Haye,  Saint- 
POtersbourg,  ont  et6  successivement  le  centre  de  leur 
reunion.  L'accord  le  plus  unanime  a  constamment  regne 


(1)  Au  moment  de  Hvrer  cet  article  ^  la  publicite,  nous  recevons  le  u*  8 
du  Journal  de  la  Society  mSUorologique  de  Vienne,  par  MM.  C  Jelinpk  et 
J.  Habn,  qui  contient  un  article  remarquable  du  capilaine  RykalchefT,  de 
Salnt-Petersbourg,  sur  le  Congres  metdorohgique  de  Bruxelles  en  1853, 
et  sur  les  travaux  du  commodore  Maury,  qui  avait  provoqu^  ce  congres. 


entre  les  representants  de  ces  diff^rents  pays  et  il  serait 
diflBcile  de  dire  si  les  seDtiments  de  courtoisie  qui  y  domi* 
nent  sont  plus  attest^s  par  les  membres  de  la  reunion  que 
paries  souverains  qui  les  ont  d^l^gu^.  Si  Ton  demandait 
les  t^moignages  de  ce  que  j*avance ,  il  me  suffirait,  pour  ne 
citer  qu*un  exemple,  de  rappeler  les  paroles  suivanles  qui 
commencent  le  discours  d'adieu  que  le  pr&ident  de  noire 
derni^re  reunion,  S.  A.  I.  le  Grand-due  Gonstanlin,  nous 
adressait  k  S*-P^tersbourg : 

<  A  Theure  quil  est,  disait  Son  Altesse  Imp^riale,  tous 
9  les  gouvernements  ont  reconnu  la  valeur  de  la  staiis" 
9  tiquBy  et  ne  reculent  plus  devant  les  moyens  d*en  ame- 
»  liorer  les  institutions,  non  plus  que  d'^largir  la  sphere 
»  des  investigations  de  cette  science.  Permettez-moi, 
»  ajoutait-il ,  d*exprimer  I'espoir  que  le  progrte  de  la  sta- 
»  tistique  en  Russie  sera  en  m£me  temps  celui  de  la  science 
»  slatistique  en  g^n^ral...  Ce  n'est  point  d^une  conviction 
»  tb^orique  que  je  m'inspire,  mais  bien  d*une  experience 
»  personnelle  et  t($ute  pratique  que  j*ai  acquise  comme 
»  president  du  conseil  de  Tempire.  > 

Ces  paroles  pleines  de  noblesse ,  exprim^s  par  uo  des 
Princes  les  plus  instruits  et  les  plus  eclair^s  de  notre 
epoque ,  pourront  rassurer  bien  des  personnes  craintives 
encore  sur  Tavenir  d'une  science  qui  prend,  de  jour  en 
jour,  des  accroissements  nouveaux,  et  qui  a  ^t^  cultiv6e, 
depuis  son  origine ,  par  les  penseurs  les  plus  profonds,  en 
commen^ant  par  I'illustre  Pascal,  Pun  de  ses  premiers 
propagateurs. 

Qu^on  me  permelte  de  placer  ici  quelques  observations 
qui  tendront,  je  pense,  k  faire  voir  les  choses  sous  leur 
veritable  point  de  vue.  J'aime  k  croire  qu'on  ne  refusera 


(23) 

pas  d'en  prendre  connaissance,  aujourd'hui  surtout,  si 
j*ajoute  que  plusieurs  de  mes  resultals  ont  &ie  admis  el 
v^riK^s  par  les  calcolateurs  et  les  observateurs  les  plus 
babiles;  je  citerai  entre  autres,  avec  iin  scnliment  de  re- 
connaissance, rillustre  savant  sir  John  Herschel,  dont  la 
science  pleure  encore  la  perte  (i). 

Depuis  longtemps  j'ai  fait  voir,  avec  le  sentiment  dc 
la  plus  profonde  conviction,  que  les  tallies  humaines, 
quoique  paraissant  developpees  de  la  tnaniere  la  plus  acci- 
dentelle^  sont  neanmoins  soumises  aux  lots  les  plus 
exacles;  et  que  cette  propriete  n'est  point  particuliere  a  la 
tailk :  qu'elle  se  remarque  encore  dans  tout  ce  qui  concerne 
le  poids^  la  force^  la  vilesse  de  Vhommey  dans  tout  ce  qui 
tientf  non-seulement  a  ses  qualiles  physiques^  mais  encore 
a  ses  qualiles  morales  et  intellectuelles.  Ce  grand  principe 
qui  r^git  Tesp^ce  humaine,etqui,  tout  en  diversifiant  les 
effets  de  ses  qualit^s,  donne  k  celles-ci  assez  de  jeu  pour 
montrer  que  tout  se  r^gle  sans  I'intervention  du  vouloir  de 
rhomme,  nous  paratt  une  des  lois  les  plus  admirables  de  la 
creation  (2). 

Cest  d^ji  un  grand  avantage  que  de  parvenir  i  r^duire 
Tuniversalit^  de  r^sultatsi  un  seul  et  rnSme  principe,  qui 
en  forme  pour  ainsi  dire  la  clef;  et  d'^viter,  de  la  sorte, 
cette  disparite  de  systemes  qui  mena^ait  d'^loigner  con- 
stamment  la  statistique  de  son  but  veritable. 

Je  suppose  que,  dans  une  de  nos  villes,  on  comple 


(1)  Yoyez  rintroduction  imprim^e  en  iStedu  tome  !«'  deroa  Physique 
sociale  (iii-8%  Bruxelles,  i869),  et  inlital^e  :  Sob  la  Th^orib  des  probabi- 
lities et  ses  applications  aux  sciences  physiques  et  sociales,  par  sir 
John  Hbrscbel,  associ^  de  la  Soci6t6  royale  de  Londres,  pages  1  a  80. 

(2)  Physique  itociale,  tome  I«',  page  129,  i869. 


(  24  ) 

annuellement  1,000  habitants  de  I'&ge  de  20  ans.  Ces 
mille  hommes  ^lev^s  dans  des  classes  diffi^rentes*  avec  des 
habitudes  diverses,  varient  consid^rablement  entre  eux  : 
les  uns  soQt  grands,  les  autres  petits,  etc.  Ces  particular 
rites  y  on  les  connait,  mais  ce  qu'on  ignorait,  c'est  leur 
maniere  d'etre  les  unes  par  rapport  aux  autres.  Partout 
ou  existe  la  conscription,  Fhomme  est  mesure  avec  soin, 
pour  la  taille,  par  exemple,  ainsi  que  pour  la  force;  on 
juge  ceux  qui  sont  propres  au  service,  et  qui  peuvent 
paraitre  avec  avantage  dans  tel  ou  tel  corps,  suivant  les 
exigences  de  Tarnie;  mais  on  ne  s*occupe  nullement  de 
rechercher  s'il  peut  exister  des  grandeurs  determinees 
entre  tons  ces  hommes.  II  semble  m£me  qu*il  y  aurait*  avi- 
lissement  pour  Thomme  de  le  supposer  r^duit  k  un  ^tat 
aussi  m6canique.  Get  6tat  existe  cependant,  et,  corome 
nous  venons  de  le  dire,  11  n*existe  pas  seulement  pour  la 
taille,  mais  encore  pour  le  poids,  pour  la  force,  pour  la 
Vitesse  de  marche,  etc.;  et  non-seulement  il  existe  pour 
les  qualit^s  du  corps,  mais  aussi  pour  les  qualit^s  de  Tin- 
tell  igence,  pour  les  qualites  morales :  chacune  de  nos  qua- 
lites  est  distribute  dans  une  certaine  mesure,  qu'il  a  &li 
possible  d^estimer. 

Nous  ne  citerons  qu'un  exemple,  et  nous  Temprunterons 
aux  £tats-Unis  d'Am^rique,  qui  Font  donn^,  il  y  a  quel- 
ques  ann^es,  au  milieu  des  violentes  secoussesqui  agitaient 
ce  pays. 

La  statistique  alors  fut  soumise  i  Tune  des  ^preuves  les 
plus  brillanles  :  les  tailles  de  25,878  volonlaires  furent 
relevees  avec  soin  y  d'apr^s  les  instructions  ofticielles  du 
bureau  de  I'adjudant  g^n^ral.  Deux  tiers  de  ces  volon- 
taires  ^taient  du  nord-est  (la  Nouvelle-Angleterre),  et  les 
trois  cinqui^mes  des  autres  venaient  des  Ctats  nord-ouest : 


(25) 

de  I'lowa ,  Indiana ,  Michigan  et  Minnesota.  Nous  repro- 
duisons  exactement  le  tableau  que  renferine  le  recueil  oh 
fut  public  le  r^sultat  des  recherches  entreprises.  On  y  a 
joint  les  nombres  qui  furent  calcules  pour  etablir  la  verifi- 
cation de  la  loi  que  j*avais  fait  connaltre  (i). 


mesuHES 


de 


HAUTEUR    HtTRIQUE. 


NOMBRES 
des 


p»r 
dlffAnenca 

de  hauteur 

de  0*3tf5. 


PROPORTION 

dc  la  hauteor  de  1000  eeMeritf 

metar^i 


Observes. 


Calcules. 


De  1,397  k  ijm 

i^49    .    .    . 

i,575    .    .    . 

i,600    .    .    . 

i,626    .    .    . 

i,65i    .    .    . 

1,676    .    .    . 

1,702    .    .    . 

1,727    .    .    . 

1,753    .    .    . 

1,778    .    .    . 

1,803    .    .    . 

1,829    .    .    . 

1,854    .    .    . 

1,880    .    .    . 

1,905    .    .    . 

1,930  .  .  . 
De  1,956  4  2,007 
De  1,397  k  2,007 


31 

15 

50 

526 

1237 

1947 

3019 

3475 

4054 

3631 

3133 

2075 

1485 

680 

343 

118 

42 

17 

25878 


1 

2 

1 

3 

2 

9 

20 

21 

48 

42 

75 

72 

117 

107 

134 

137 

157 

153 

140 

144J 

121 

121 

80 

86 

57 

53 

26 

28 

13 

13 

5 

5 

2 

2 

1 

0 

1000 

1000 

(1)  Le  travail  cJont  il  s'agil  a  paru  dans  Kouvrage  iDtitale :  Internalio^ 
naler  statistischer  Congress  in  Berliiij  1  vol.  in-i**,  Berlin,  1865.  ~  On 
pent  lire,  k  la  page  728 de  ce  volume,  les  lignes  suivanles  :  «  Slalislical 
researches,  conducted  by  M.  Quelelet  or  Belgium,  have  established  the 


(26) 

Je  me  bornerai  k  citer  cet  exemple  pour  montrer  com- 
bien  la  similitude  des  oombres  d^duits  de  Tobservation 
est  d'accord  avec  les  nombres  que  donne  le  calcul.  Les 
valeurs  oblenues,  dans  d'autres  pays,  donnent  la  m^me 
confirmation  des  r^sultats  qu'ont  d^duits  les  observateurs 
am^ricains.  Et,  je  le  repute  encore,  cette  identity  nese 
rapporte  pas  seulement  aux  tailles,  mais  it  toutes  les 
autres  qualit^s  de  Tbomme :  quality  physiques,  intellec-* 
tuelles  ou  morales;  elles  se  retrouvent  m^me  dans  ce  qui 
se  rapporte  aux  animaux,  dans  ce  qui  appartient  aux 
plantes.  Cest,  on  pent  le  dire,  une  des  lois  les  plus  g^n^ 
rales  de  la  nature  (loi  du  bin6me);  et,  si  elle  n'a  pas  6i6 
irouv^e  plus  t6t,  c*est  quil  fallait  des  observations  nom* 
breuses  et  bien  faites  pour  la  reconnaltre,  et  pouvoir 
compter  sur  Taide  d'hommes  estim^  comme  savants  et 
comme  penseurs.  Ce  concours,  heureusement,  ne  m'a 
point  fait  d^faut,  et  je  citerai  toujours  avec  reconnaissance 
les  noms  de  MM.  Gluge,  Schwann,  Spring,  Lengrand, 
comme  zoologistes;  Madou,  Calamatta,  Robert,  etc., 
comme  dessinateurs. 


fact,  previoasly  contested ,  of  the  existence  of  a  human  type,  and  that  the 
casual  varititions  from  it  are  subject  to  the  same  symmetrical  law  in 
their  distribution  as  that,  which  the  doctrine  of  probabilities  assigns  to  the 
distribution  of  errors  of  observation.  In  the  accompanying  tables,  sho- 
wing the  distribution  of  heights  and  of  measurements  of  the  circumference 
of  chests  of  American  soldiers,  the  conclusions  of  this  eminent  statist  and 
mathematician  are  strikingly  confirmed.  »  (On  the  military  statistics  op 
THE  United  States  of  America.) 

Les  documents  dont  nous  parlons  ont  ^te  communique  par  M.  Elliott, 
Tun  des  savants  Am^ricalns  qui  avaient  pris  part  ^  la  verification  des 
r^ultats,  h  la  reunion  du  Congr^  statistique  lenue  ^  Berlin,  en  1863.  Le 
tableau  que  nous  donnons  ci-dessus  a  ^le  insert  page  748  du  Comple- 
rendu  du  congr^  pr^cit^. 


(27) 

Je  n'insisterai  pas  davanUge  sur  les  travaux  qoe  j*ai 
t^ntrepris,  dans  mes  loisirs,  pour  arriver  k  ces  r^ltats, 
et  pour  les  poursnivre  ensuite  patieromenl  chez  les  ani- 
maux  et  chez  les  plantes. 

AiDsi  que  je  Tai  deji  dit  pr^c^demment,  Tid^e  qui  pr£- 
domina  surtout,  dans  la  formation  d'un  congrte  stalis- 
lique,  fut  de  mettre  de  I'unit^  dans  les  travaux  des  nations 
les  plus  ^clair^s  el  de  rendre  ces  travaux  facilement  corn- 
parables  entre  eux.  II  ne  fut  d'abord  question  que  de 
r6unir  les  d^legu^s  des  gonvernements  et  de  s*assurer  de 
teur  concours;  mais  bient6t  on  vit  combien  on  aurait  i 
gagner  en  appelant  anssi  les  slatisticiens  les  plus  habiles, 
ponr  profiler  de  leurs  conseils.  Apr^s  les  reunions  succes- 
sives  de  Brnxelles,  de  Paris  et  de  Vienne,  on  comprit 
n^anmoins  qu'il  convenait,  avant  la  reunion  g^n^rale,  de 
s*eutendre  s^par^ment  sur  les  besoins  mutuels  des  pays 
et  sur  un  plan  commun  qu*on  aurait  k  suivre;  on  sentit 
qu'il  fallait  un  langage  uniforme  pour  abreger  les  travaux 
et  pour  amener  Tunit^  tant  d6sir6e  entre  les  gouverne- 
ments. 

La  premiere  reunion  particuli^re  pour  cet  objet  eut  lieu 
k  Londres.  Dans  une  stance  toute  speciale ,  lenue  avant 
Tassembl^  g^n^rale  du  congr^,  les  d^legu^s  des  nations, 
apres  avoir  entendu  les  explications  fournies  par  le  pr^i- 
dent  du  premier  congr^  tenu  k  Bruxelles,  s'accord&rent 
parfaitement  sur  la  luarche  k  suivre  et  Ton  chargea  le 
promoteur  de  Tentreprise  de  donner  publiquement  con- 
naissance  k  la  reunion  du  plan  qui  avail  ilk  arr£t6  pour 
l&cher  d^arriver  k  la  formation  d'une  statistique  interna- 
tionale, 

Les  propositions  pr^seni^es  furent  £cou(^es  avec  la  plus 


(28) 

grande  bienveillance  et  adoptees  unanimemcDt  (1),  mais 
k  condition  que  Tauteur  fournirait  hii-m^me  le  premier 
module  du  travail  propo$<^  et  qu'il  en  pr^senterait  la  redac- 
tion dans  un  prochain  Congr^s. 

Ce  specimen  fut  entrepris  imm^diatement  apres  et 
soumis  partiellemenl  au  Congr^s  international  de  statis- 
tique  dans  sa  reunion  suivante,  qui  eut  lieu  i  Berlin; 
Touvrage  entier  ne  tarda  pas  a  paraitre  a  Bruxelles,avant 
meme  la  reunion  tenue  k  Florence  (2). 

Ce  ne  fut  neanmoins  que  dans  la  session  tenue  k 
La  Haye,  pendant  le  mois  de  septembre  1869,  que  le 
Congr^  arreta  d^finitivement  le  plan  g^n^ral  qu^il  conve- 
nait  de  suivre.  M.  Engel,  I'actif  et  intelligent  d^l^gu^  du 
gouvernement  prussien,  proposa  en  detail  le  plan  d6ja 
presente  k  Londres  par  M.  Quetelet.  II  fut  soutenu  par  la 
plupartdes  membres  de  rassembl^e^qui  firent  pleinement 
ressortir,  comme  lui,  les  avantages  que  relireraient  les 


(1)  Voici  ce  qu*on  lit,  a  ce sujet,  dans  le  Compte-rendu  du  coDgr^s  de 
Londres,  |>age  121.  —  «  Le  D'  Farr  (secretaire  general)  prit  alors  la  parole 
et  s'exprima  de  la  mani^re  suivante  :  This  is  a  very  important  proposal 
which  M.  Quetelet  has  made,  for  a  conference  of  the  oflScial  delegates  to 
agree  to  a  common  set  of  forms  for  use  in  their  respective  countries. 
Perhaps  it  would  be  well  if  some  of  our  distinguished  colleagues  would 
kindly  express  their  opinion  upon  it.  1  think  it  would  be  exceedingly 
useful  if  we  could  carry  it  out  practically.  » 

Chairman  (the  right  honourable  lord  Brougham).  —  «  I  think  it  is  a 
very  judicious  proposal,  and  that  we  ought  to  appoint  a  special  committee 
to  consider  and  report  upon  it  at  a  future  meeting...  > 

D'  Farr.  —  «  Is  it  understood  that  the  important  proposal  of  M.  Que- 
telet is  referred  to  the  official  delegates,  who  will  report  on  it  to-morrow 
or  the  next  day.  (The  delegates  whose  names  are  mentioned  in  M.  Quete- 
let*s  Report  expressed  their  concurrence  in  its  objects :  no  further  report 
was  therefore  necessary.  —  Editor).  •» 

(2)  II  avait  (lour  titre  :  Statistique  inter.nationalr  (population). 


(  29  ) 
difKrents  £tat$,  et  le  public  en  g^n^ral ,  d*uD  travail  enlre- 
pris  sur  une  aussi  vaste  ^cbelle. 

Les  statisticiens  les  plus  capables  s'attacherenl  a  mon- 
trer  riroportaoce  qu*il  y  auriait  ^  snbslituer  des  donn^es 
sikres  et  comparables  ^  des  valcurs  en  general  grossi^re- 
ment  d^lerminees  jusqu*alors,  et  ne  portaiu  aucun  carac- 
t^re  d'homog6n6]t6. 

Parmi  les  travaux  qui  ODt  successivement  occupy  le 
Congr^s  ioternatiooal  de  statistique  pendant  les  huit  ses- 
sions qu'il  a  tenues  jusqu'i  ce  jour,  nous  devons  encore 
mentionner,  eomme  ni^ritantde  fixer Tattention,  ceux  re- 
latifs^  la  formation  de  tables  de  morlalite.  On  salt  que  ce 
fut  le  savant  Halley,  directeur  de  TObservatoire  royal  de 
Greenwich,  qui,  le  premier,  produisit  une  table  de  mor- 
tality pour  Tespece  humaine.  Bientdt  cette  table ,  en  fai- 
saot  entrer  dans  sa  composition  la  consideration  des  fa^ 
cult6s  et  des  besoins  de  rhomme,  donna  lieu  aux  tables 
g^n^rales  sur  lesquelles  furent  bashes  les  diff^rentes 
soci^t^s  d*assurances.  Ges  soci^t^s  ^taient  g^n^ralement 
tres-dissemblables,  d'apres  les  services  auxquels  on  les 
employait :  les  unes  6taient  k  mortality  rapide,  d*autres  a 
mortalite  lente;  mais,  comme  d'une  part,  le  desir  d'obtenir 
un  benefice  conjectural  et  que  de  I'autre,  des  operations 
mal  combin^es  ou  dirigees  avec  fraude,  delruisaient  sou- 
vent  les  effets  altendus,  il  fallut  marcher  avec  plus  de 
soins  et  de  prudence. 

Frapp^  du  peu  d'homogen^ite  et  de  similitude  qu*of- 
fraient  ces  tables,  je  cherchai  les  moyens  de  parvenir  a 
former  des  tables  generates ,  et  je  m'adressai,  i  cet  effet, 
k  plusieurs  membres  de  notre  Congres  inlernationaL  Je 
rencontrai  sept  savants  tr^connus,  d'un  talent  marquant. 


(30) 

qui  voulorent  bien  r^poDdre  jiidod  appel.C^taieDt  li.  Kiaer, 
pour  la  Norw^e;  M.  Berg,  pour  la  Su6de ;  H.  Farr,  poor 
rAngleterre;  M.  voo  Baumhauer,  pour  les  Pays-Bas; 
M.  Gisi,  pour  la  Suisse;  M.  Berlilion,  pour  la  Frauoe,  et 
M.  de  Hermann ,  pour  la  Bavi^.  Je  joignis  k  ieurs  tables, 
quails  me  Iranamirent  avec  une  exirtew  obltgeance ,  celle 
que  j^avais  construite  pour  la  Belgique. 

Le  tableau  qui  suit  doune  les  tables  de  mortality  pour 
huit  pays  diff^reots. 

Tablet  de  nwrioHte, 


Aoe. 

i 

s 

1 

to 

il 
a- 

•< 

FRANCE.             1 

Mi 

U 

•5 

1 

m 

M 

1 

m 

SUISSE.              D 

0 

500 

500 

512 

500 

500 

500 

500 

500 

5 

401 

377 

370 

348 

357 

5-58 

342 

354 

10 

386 

361 

353 

334 

341 

522 

325 

345 

15 

377 

353 

345 

326 

328 

315 

316 

339 

20 

367 

344 

334 

316 

315 

304 

306 

351 

35 

353 

35i 

319 

300 

301 

290 

290 

32o 

30 

359 

318 

305 

287 

284 

275 

275 

309 

55 

3^5 

305 

289 

276 

248 

260 

260 

298 

40 

311 

284 

272 

264 

251 

245 

246 

285 

45 

295 

265 

254 

249 

254 

227 

250 

267 

50 

278 

238 

235 

233 

217 

208 

211 

248 

55 

257 

210 

209 

214 

197 

185 

188 

225 

60 

233 

179 

184 

190 

168 

155 

16i 

198 

65 

202 

145 

151 

158 

132 

126 

128 

161 

70 

163 

104 

114 

120 

97 

84 

91 

114 

75 

115 

64 

76 

80 

63 

58 

58 

68 

80 

70 

30 

41 

42 

34 

29 

26 

30 

85 

32 

9 

17 

16 

13 

10 

10 

10 

(*)  L\ 

infleten 

1             I 
«  a  donno  I'eUt  reel  de  sa 

population  masculine,  e'est-4  dire 

Sltbon 

imet  tur 

488  femmes ,  landis  que  le 

s  sepi  autres  pays  oot  eompare  la 

populati 

on  masei 

iiline  a  la  population  fem 

inine ,  non  pas  eorame  elle  etait 

effeciiTe 

oMol,  mi 

lis  ea  comparant  ee  qui  re 

suit  de  600  indttidus,  d'annee  ea 

muwhy  i 

M  qui  CO 

nititsatt  eridemment  un  i 

iTMittge  Bumerifue  an  fa? anr  das 

homines 

• 

1 

(31  ) 

Six  de  ces  tables  sont,  comme  on  le  voit,  k  peu  de 
chose  piis,  conformes  k  celle  que  j'ai  dress6e  moi-m^me 
pour  la  Belgique.  L'une  d'elles,  celle  de  Norw^e,  met  en 
Evidence  un  fait  assez  remarquable  :  c'est  que ,  k  ^lit^ 
d*ftge,  sur  iOOO  naissances,  ce  pays  produit  un  plus  grand 
nombre  d'individus  survivants.  En  Bavi&re,  par  contre,  le 
nombre  des  survivants  ^tait  beaucoup  moindre,  et  parti* 
culiirement  pendant  Tenfance.  Les  causes  de  cet  avantage , 
d'un  cdt^y  et  de  ce  d6sa vantage,  de  Tautre,  sont  faciles  k 
concevoir  (1). 

Si,  aprte  la  correction  faite  pour  la  mortality  extreme 
de  la  Bavidre,  nous  recbercbons  ensuite  quel  est  le  pays 
offrant  le  signe  de  la  mortality  la  plus  grande,  nous  trou* 
vons  les  sept  £tats :  SuMe,  Angleterre,  France,  Belgique, 
Pays-Bas ,  Suisse  et  Bavi^re ,  k  peu  pr^  sur  le  rnSme  rang. 
Une  l^^re  exception  se  manifeste  cependant :  le  royaume 
des  Pays-Bas  donne,  depuis  la  naissance  jusqu'^  T^ge 
de  50  i  60  ans,  un  chiffre  de  survivants  un  peu  plus  faible 
que  les  sept  autres  pays. 

D*apr^s  la  maniere  dont  les  chiffres  sont  places  et  se 
component,  pour  la  grandeur,  les  uns  k  regard  des  autres, 
il  semble  prouv^  que  les  id^es  sUr  la  mortality,  chez  les 
nations,  sont  en  general  des  plus  fautives  :  Les  virita^ 
bles  chiffres  suivent  admirablement  la  meme  marche.  Les 
differences  qui  s*observent  proc^dent  de  la  fagon  (a  plus 
rdguli^re  et  m*ont  extr£memenl  etonn^,  je  Tavoue,  lorsque 
j*ai  pu  reconnattre  leur  accord. 


(i)  Voir,  pour  plus  amples  developpemsnls  ,  noire  travail  iuUtule  : 
Tables  de  mortality ,  public  en  1S7iet  pi^sent^  au  Congr^  inlernaiional 
de  statisUqae  de  S*-Peiersbourg,  de  m^oie  que  notre  meraoire  :  Congris 
international  de  statistique,  que  nous  veooos  de  publier  dans  le  t.  XXII 
(iD.4»)  des  Annates  del' Observatoire  royal  de  BruxelleSy  1873. 


(32) 

En  resume,  nouscroyons  pouvoir  dire  que  les  tables  de 
mortality  que  nous  donoons  ci-dessus  sont  peu  ^loign^es 
de  toute  Texaclitude  qu'on  peut  en  esp^rer.  El  les  ont  ^t^ 
adoptees  depuis  longtemps  par  sir  John  Herschel ,  qui ,  i 
coup  sAr,  etait  aussi  bon  calcnlateur  qu'on  peut  T^tre. 
Quant  aux  causes  nalurelles  qui  produisent  les  differences 
que  nous  remarquons  encore,  elles  ne  peuvent  £tre  ^vit^es^ 
car  chaque  climat  a  ses  effets  particuliers  qui  agissent  plus 
ou  moins  ^nergiquement  et  doivent  laisser  leurs  traces. 


Sur  deux  dessins  de  celaces  du  cap  de  Bonne^Esperance ; 
par  M.  P.-J.  Van  Beneden,  membre  de  T Academic. 

Jusqu'^  present,  les  zoologistes  ont  tenu  bien  peu  compte 
de  la  couleur  de  la  peau  des  c^tac^,  ou  plutdt  de  leur 
systeme  de  coloration;  on  a  eu  tort,  k  noire  avis.  Si  chez 
ces  animaux  les  couleurs  ne  sont  pas  aussi  iranch^es  ni 
surtout  aussi  varices  que  chez  les  autres  mammif^res, 
chaque  esp^ce  porte  cependant  une  livr^e  particuliere  et 
distincte  el,  en  y  regardant  de  pros,  on  remarque  des 
differences  que  Ton  aurait  grandement  tort  de  negliger. 

On  en  Irouvera  la  preuve  dans  les  deux  dessins  de  TaU 
bum  du  comte  de  Caslelnau,  que  nous  demandons  k  la 
classe  la  permission  de  reproduire. 

En  examinant  alien tivement  une  de  ces  figures ^  il  ne 
nous  a  pas  ^t^  difficile  de  reconnaitre  un  Orque  par  son  sys- 
tdme  de  coloration,  et  il  nous  a  paru  qu*un  mot  sur  la  cou- 
leur de  ces  animaux  pourrail  interesser  a  la  fois  les  nalu- 
ralisteset  les  voyageurs.  G'est  que  souvenl  les  uns  comme 
les  autres  n'aper^ivent  ces  animaux  qu'en  pleine  mer,  k 


(33) 

une  distance  oil  les  autrcs  caract^res  exterieurs  soDt  difli- 
ciles  k  saisir. 

Pour  appr^cier  la  valeur  de  ce  caract^re,  nous  avons 
fait  le  relev^  des  observations  qui  sont  consignees  sur  la 
couleur  de  ces  animaux,  et  Tid^e  que  Ton  s^est  faite 
g^n^ralement  de  ces  c^tac^s,  d'animaux  noirs  du  cdt^  du 
dos,  plus  ou  moins  blancs  sous  le  ventre,  avec  des  cou- 
leurs  p^les  qui  se  fondent  sur  les  flancs ,  est  generalement 
erron^e. 

Le  premier  dessin  repr^sente  un  animal  noir  et  jaune 
dont  les  couleurs  ne  se  fondent  aucunement  Tune  dans- 
Tautre.  On  dirait  de  grandes  plaques  jaunes  collies  sur  un 
fond  noir. 

Sous  ce  dessin  est  ^crit  au  crayon ,  de  la  main  m£me  de 
Gastelnau'.DatipAtn.  Cap  Town,  30  septembre  1856.  Tr6s- 
luisant.  Delphinus  heavisidiij  avec  un  signe  de  doute,  Del^ 
phinus  tridens,  Sunk,  Mns.  Cest  une  femelle,  d'apr^s  ce 
que  nous  voyons  par  le  signe  ordinaire  qui  indique  ce  sexe. 

A  en  juger  par  cette  inscription ,  on  voit  que  Pinfati- 
gable  voyageur  a  et^  ind^cis  sur  la  determination  de  ce 
CetodonCe. 

Ce  Dauphin  femelle  de  Gape  Town  a  la  t6te  fort  courte,  la 
bouche  pen  fendue,  une  m^choire  inferieure  d^passant 
fort  legerement  la  superieure,  un  petit  nombre  de  dents, 
une  nageoire  pectorale  courte  et  fort  large ,  une  nageoire 
dorsale  pen  eiev^e  et  le  corps  massif. 

Nous  ne  serious  pas  surpris  que  toute  la  region  caudale, 
k  coromencer  de  la  nageoire  dorsale ,  fAt  un  pen  trop  amin* 
cie  dans  ce  dessin.  Ce  qui  nous  le  fait  supposer,  c'est  un 
repentir  au  crayon  que  le  pinceau  n*a  pas  suivi  exactement; 
les  Orques  en  g^n^ral  sont  plus  gros  en  arriire  que  ne 
rindique  cette  figure. 

2""^  S^RIE,  TOME  XIXVI.  5 


(34) 

Quant  k  la  nageoire  dorsale,  qui  est  si  remarquable  cbez 
les  Orques,  puisqu'elle  leur  a  valu  le  nom  de  Gladiator^  il 
paratt  qu'elle  ne  pr^nte  cette  forme  d'^p^e  ei  cette 
grande  hauteur  que  cbez  les  m&les.  Le  c^tac^  de  Castelnau 
porte  au  crayon ,  comme  nous  venons  de  le  dire,  le  signe 
du  sexe  femelle. 

Quant  aux'  couleurs,  il  est  k  remarquer  que  toute  la 
partie  sup^rieure  du  corps  est  d*un  noir  luisant  comme  du 
jais,  tandis  que  la  partie  inf6rieure  est  d'un  jaune  tr6s-p&le 
depuis  le  milieu  de  la  gorge  jusqu'au  pourtour  de  Tanus; 
mats  cette  bande  p4le,  au  lieu  de  se  fondre  insensible- 
ment  dans  la  couleur  noire ,  comme  on  le  voit  babituelle- 
ment,  a  tout  son  contour  nettement  tranche ;  elle  s'6lars[it 
l^g^rement  d'avant  en  arriere;  elle  s'^tend  en  travers,  au 
devant  des  nageoires,  sous  la  gorge,  et  aussi  derri&re  les 
nageoires  pectorales;  en  regardant  Tanimal  par  sa  face 
inf^rieure,  le  contour  de  celte  bande  jaune  reproduit  la 
forme  d'une  croix  de  Lorraine.  Derri^re  les  nageoires  pec- 
torales, cette  bande  s*6largit  lentement,  mais  arriv^e  k  la 
limite  post6rieure  de  la  cavit^  abdominale,  elle  s'^tend 
brusquement,  s'allonge  comme  une  large  virgule  k  droite 
et  k  gauche,  et  vient  contourner  ensuite  les  organes 
sexuels  et  Tan  us. 

Si  en  avant  cette  bande  repr^sente  une  croix  de  Lorraine, 
en  arriere  elle  figure  plutdt  un  trident,  et  c'est  sans  doute 
ce  caract^re  qui  est  indiqu^  dans  un  des  noms  sp^ciflques 
Merits  au  crayon  dans  TAIbum. 

Ce  dessin  de  la  bande  jaune  se  reproduit  dans  tons  les 
Orques  que  nous  connaissons,  et  si  les  anciens  ont  nomm6 
ces  c^tac^s  Aries  k  cause  de  la  lache  jaune  en  forme  de 
cornes  au^dessus  de  Toeil,  ils  auraient  pu  comparer  avec 
plus  de  raison ,  nous  semble-t-il ,  ce  dessin  au  sceptre  de 
Neptune. 


(  38  ) 

Nous  croyoDs  que  ce  syst^me  de  coloration  est  propre 
k  tous  les  vrais  Orques. 

Si  nous  comparons  ce  dessin  k  celui  de  nos  mers,  nous 
trouvons,  k  c6t^  des  caract^res  g^neriques,  des  dispositions 
qui  serviront  ^videmment  k  la  distinction  des  esp^ces; 
d*abord  ce  qui  frappe,  et  cela  ne  pent  pas  £tre  Teffet 
d'une  distraction  du  dessinateur,  puisque  toute  la  figure 
est  achev^e  avec  soin ,  c*est  que  la  grande  tache  jaune 
isol^e,  en  forme  de  corne,  que  Tanimal  porte  derriiire  et 
un  peu  au-dessus  des  yeux ,  et  qui  leur  a  valu  ancienne- 
ment  le  nom  de  Aries  marinusy  c^est  que  cette  grande  tache 
manque  dans  le  c6tac^  de  Gastelnau.  Dans  TOrque  de  la 
mer  du  Nord  la  bande  jaune  est  beaucoup  plus  6tendue  en 
avant  et  occupe,  non  pas  seulement  toute  la  gorge  jusqu'au 
faaut  du  maxillaire,  mais  elle  s'^tend  en  travers  au-devant 
des  nageoires  pectorales  jusqu'i  la  commissure  des  l^vres. 
line  autre  difference ,  c'est  que  la  couleur  pile  ne  s*etend 
pas,  dans  notre  Orque,  derri^re  la  nageoire  pectorale  pour 
former  une  seconde  bande  derriere  Taisselle. 

La  bande  jaune  post^rieure  qui  forme  le  fer  k  cheval  ou 
plutdt  le  trident  autour  des  organes  sexuels  est  notable- 
ment  moins  large  dans  I'Orque  de  Gastelnau. 

Nous  ferons  remarquer  que  Liljeborg,  qui  admet  deux 
esp^ces  dans  nos  mers  d'Europe,  le  Grampus  gladiator  et 
le  Grampus  area,  n'accorde  pas  de  tache  k  la  nuque  dans 
cette  derni&re  esp^ce,  et  qu'elle  est  fort  bien  figur^e  dans 
la  femelle  qui  est  venue  ^chouer  en  novembre  1841  sur  les 
c6tes  de  Hollahde  k  peu  de  distance  de  Wyk-op-Zee  (1). 
Nous  avons  done  le  dessin  de  deux  femelles  d*Orque  d*Eu- 

(1)  Schleget ,  Abhandlungen  awt  dem  Gebiete  der  ZooJogie  und  vergl. 
AnatonUe.  Leiden. 


(36) 

rope  qui  portent  la  tache  vers  la  nuque  et  d'une  femelle 
d'Orqiie  du  Cap  sans  taches.  Ce  n'est  done  pas  une  dispo- 
sition sexuelle. 

A  quelle  esp^ce  peut-on  rapporter  cet  Orque  de  Cas- 
telnau  ? 

Aucune  partie  du  squelette  n'a  ^t^  trouv^e  dans  les  col- 
lections de  ce  voyageur  qui  sont  arrivees  en  Europe. 

II  est  i  supposer  cependant  que  M.  de  Castelnau  a  &i€ 
en  possession  de  la  tdte,  puisque  nous  trouvons  6crit  au 
crayon  le  nombre  de  dents  qui  sont  en  place  des  deux  cdt^s. 
En  dessus  il  leur  en  accorde  vingt-trois  et  en  dessous  \ingt- 
quatre.  C*est  la  formule  ordinaire  f^.  II  est  probable  aussi 
qu'il  a  pris  ces  chiffres  sur  le  corps  frais  et  que  le  temps 
et  les  circonstances  ne  lui  out  pas  permis  de  conserver  le 
squelette. 

II  existe  heureusement  des  tStes  d'Orque  du  Cap  dans 
les  musses,  et  il  existe  ^alement  un  dessin  in^dit  de  Tani- 
mal  entre  les  mains  du  D"^  Gray. 

Ce  dessin  a  &tA  remis  au  D"^  Gray  par  sir  Andrew 
Smith.  La  distribution  des  couleurs  correspond  exacte- 
ment  avec  celle  de  rOrca  gladiator  des  cdtes  britanniques, 
dit  le  savant  directeur  du  British  Museum,  mais  il  trouve 
une  difference  avec  la  belle  figure  publi^e  par  Scblegel , 
dans  la  bande  des  flancs  qui  est  plus  ^troite  et  plus  cour- 
b6e.  C'est  exactement  ce  que  nous  trouvons  dans  le  dessin 
de  Castelnau. 

Le  D'  Gray  a  donn^  le  nom  de  Orca  capensis,  c  the 
cape  Killer,  the  Killer  of  the  Whale-fischers ,  »  k  TOrque 
du  Cap  dont  il  a  figure  la  t^te  dans  le  voyage  de  TErebus 
et  du  Terror.  Nous  ne  voyons  aucune  raison  de  ne  pas  rap- 
porter  YOrca  de  Cape  Town  k  la  mSme  esp^ce. 
II  est  a  regretter  que  le  D'  Gray  n'ait  pas  public  le  dessin 


(37) 

d'Andrew  Smith.  II  est  si  diflQcile  d'avoir  un  dessio  exact 
de  ces  animaux  fait  d'aprte  nature  sur  les  lieux ,  que  Ton 
doit  saisir  avec  empressemeDt  toutes  les  occasions  qui  se 
pr6sentenl.  C'est  ce  que  notre  savant  confrere  Richard 
Owen  a  bien  compris,  en  publiant  derni^rement  les  belles 
planches  qui  ont  ^t^  rapport^es ,  avec  tantd*aulres  collec- 
tions precieuses,  par  sir  W-  Elliot. 

En  comparant  avec  soin  tout  ce  que  la  science  a  enre- 
gistr^  sur  les  Dauphins  du  Cap,  nous  remarquons  que  le 
Detphinus  heavisidii  est  synonyme  de  Orca  capensis  et  que 
le  cetac^,  decrit  par  Gray,  d'apr^s  une  d^pouille  pr^par^e 
au  cap  de  Bonne-Esp^rance  par  Yerreaux  et  dont  Fr^. 
Cuvier  fait  mention  dans  son  histoire  naturelle  des  c^ta- 
c^s,  est  encore  le  meme  animal. 

Le  comte  de  Castelnau  a  done  eu  raison  de  mettre  le 
nom  de  Delphinus  heavisidii  sous  le  dessin. 

Nous  croyons  devoir  conserver  comme  nom  sp^citique 
celui  de  Orca  capensis,  et  de  donner  comme  synonymes  : 

Delphinus  heavisidii,  Gray,  Spicilegia  zoologica,  tab.  11,  fig*  6 

1838. 

—  —         Geoffrey  S^-Hilaire  et  Fred.  Cuvier,  His- 

toire  naturelle  des  fnammiftres ,  tome  III, 
livre  58. 

—  —         I^app>  Die  Cel€tceen,  p.  57,  pi.  III. 

—  —         D.  hculatus,  Fred.  Cuvier,  Histoire  natu^ 

relle  des  eitacis,  p.  464. 

—  —         Schlegei.  Abhand.,  p.  31,  pi.  Ill  et  IV. 

Le  second  dessin  reproduit  un  c^tac^  capture  le  5  no- 
vembre  1856.  Cest  probablement  un  jeune  animal,  car  ses 
dents,  dit  la  note  ecrite  au  crayon  au  has  de  la  figure,  de  la 
main  sans  doute  de  Castelnau,  sont  rudimentaires. 


(38) 

II  est  enli^rement  d*un  ooir  liiisanl  avec  des  lignes  io- 
lerrompues  sur  les  flancs;  les  I^vres  sont  violettes;  la  lan- 
gue  blanche  frang^e  sur  les  bords,  dit  la  note. 

Cesl  tout  ce  que  nous  en  connaissons.  Pouvons-nous, 
avec  ces  Elements,  determiner  le  genre  et  Tesp^ce? 

A  en  juger  par  le  syst^me  de  coloration,  par  la  ligne  de 
demarcation  qui  s^pare  le  rostre  et  repr^sente  jusqu'^  un 
certain  point  une  longue  visi^re,  et  par  la  forme  de  la 
nageoire  pectorale,  nous  ne  croyons  pas  nous  tromper  en 
disant  que  c'est  un  Lagenorhynque. 

Quant  a  Tesp^ce^  c'est  plus  difficile;  nous  connaissons 
trop  imparfaitement  les  C^todontes  de  ces  parages ,  et  en 
attendant  que  nous  ayons  des  mat^riaux  pour  etablir  les 
distinctions  sp^cifiques,  nous  proposerons  pour  la  designer 
le  nom  du  c^l^bre  voyageur  qui  a  enrichi  nos  collections 
de  tant  d'objets  importants.  Ce  c^tac^  sera  done  le  Lage^ 
norhynchus  de  Castelnau. 

Si  cette  determination  est  exacte,  nous  aurons  ainsi 
dans  rhemisphere  austral  un  nouveau  repr^sentant  d'un 
groupe  de  notre  hemisphere  et  il  ne  resterait  plus  i  decou- 
vrir  que  le  genre  Narval  pour  avoir  dans  I'hemisphere 
austral  des  representants  antarctiques  de  toutes  nos  formes 
de  ceiaces. 

Les  Lagenorhynques  du  D'  Gray,  etablis  d'apres  des 
cr&nes  du  British  Museum,  sont  d*origine  inconnue. 

Nous  croyons  pouvoir  resumer  nos  observations  sur  la 
distribution  des  couleurs  des  cetaces  de  la  maniere  sui- 
vante  : 

Les  Orques  ont  tout  le  dessous  du  corps  jaune  depuis  la 
gorge  jusqu'autour  de  I'anus,  des  organes  sexuels  et  des 
mamelles;  c*est  une  bande  ^  contours  nettement  tranches 


(39) 

qui  va  en  se  r^lr^cissanl  d'avant  en  arri^rc,  forme  sur  la 
poitrine  une  croix  de  Lorraine  el  se  divise,  derri^re  l*ab- 
domen,  en  un  trident  dont  les  dents  ext^rieures  se  recour- 
bent  sur  les  flancs.  Chez  quelques-uns  it  y  a  de  plus  une 
bande  jauue  isol6e  derriire  etun  pen  au-dessus  de  I'oBil. 
Tout  le  dessus  du  corps  est  noir. 

Les  Lag^norhynques  ont  des  bandes  blanches  inter- 
rompues  et  irr^guli^res  sur  les  flancs;  tout  le  dessous  du 
corps  est  compl^tement  blanc  sur  la  ligne  m^diane  et  se 
fond  insensiblement  dans  le  noir. 

Les  Grindewall  ou  Globiceps  forment,  sous  le  rapport 
des  couleurs,  aussi  bien  que  les  Pseudorques,  un  veritable 
contraste.  Les  Grindewall^  en  eflet,  sont  presque  enti^re- 
ment  noirs,  d'od  le  nom  de  Blackwall  donn^  par  les 
p^beurs,  mais  en  dessous,  sur  la  ligne  m^diane,  une 
bande  p&le  s*4tend  depuis  le  milieu  de  la  gorge  jusqu'aux 
organes  sexuels,  s'^largissant  lenteroent  d'arri^re  en 
avant  et  se  terminant  sous  la  gorge  par  une  ^chancrure  m6- 
diane  qu'on  pourrait  comparer  i  I'^chancrure  d*un  coeur. 
Ce  serait  un  coeur  fortement  €litL  Nousavons  tout  lieu  de 
croire  que  ce  dessin  se  retrouvera  dans  tons  les  Grin- 
dewall,  et  qu*il  sera  d'autant  plus  distinct  qu'on  exami- 
nera  un  animal  plus  jeune.  il  ^tait  parfailement  marqu6 
dans  le  foetus  i  terme  que  nous  avons  trouv6  dans  le  ventre 
d'une  feroelle  morte  pendant  facte  de  la  parturition. 

Les  Pseudorques,  assez  voisins  des  Orques,  comme  le 
nom  rindique,  sont  au  contraire  tout  noirs,  si  nous  nous 
en  rapportons  k  la  bande  qui  a  fail  son  apparition  dans  la 
baie  de  Kiel  et  dont  les  deux  individus  captures  ont  servi 
de  type  k  ce  genre. 

Les  Grampus  ont  la  peau  gris^tre  et  couverte  de  bala- 
fres  pMes,  qui  ressemblent  a  des  lesions  faites  par  des 


(40) 

Opines,  d'apr^s  les  beaux  dessins  qui  en  ont  ktA  public 
r^cemment  par  MM.  Flower,  Fischer  et  J.  Murie. 

Les  Beluga,  comme  on  sait,  sont  tout  blancs,  et  Ton  a 
remarqu6  cetle  couleur  chez  le  Beluga  du  p61e  arctique 
aussi  bien  que  chez  celui  du  pdle  antarctique. 

li  est  k  remarquer  que  le  Narval,  qui  est  si  voisin  du 
Beluga,  au  point  qu*on  a  pu  le  consid^rer  comme  le  sexe 
m&le  de  I'esp^ce  du  Nord ,  au  lieu  d'etre  blanc  comme  la 
plupart  des  animaux  arctiques,  a  toute  la  peau  couverte  de 
taches  noires. 

Nous  ne  passerons  pas  sous  silence  que  le  Dauphin  de  la 
mer  de  Chine,  que  Peter  Osbeck  avait  d^j^  signal^  il  y  a 
plus  d*un  si6cle  et  dont  M.  Flower  vient  de  faire  connaitre 
avec  tant  de  soin  le  squelette,  est  tout  blanc  ^alement, 
mais  il  est  possible  que  la  coloration  de  ce  Dauphin  pr6- 
sente  des  particularit^s  qui  ont  ^chappe  jusqu'i  present  k 
Taltention  des  naluralistes. 

Nous  savons  aujourd*hui  que  les  C^tac^s  n*echappent 
pas  plus  que  les  autres  animaux  k  Falbinisme,  et  le  pro- 
fesseur  Giglioli  en  a  signal^  un  exemple  remarquable  dans 
le  d^troit  de  la  Sonde. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 


Ces  dessins  sont  tires  de  Falbum  du  comte  de  Gastelntu. 


Fig.  1.  Orca  capensis,  Gray,  J. 
Fig.  2.  Lagenorynchus  de  Gastelnau. 


£iiU.t&  /Mad.  i',fi^ft  t.XXXV/ 


h   0  .^foereyns  Sri,^lii 


(41  ) 


Recherches  sur  les  derives  glyceriq%ies;p^T  M.Louis  Henry, 

correspondant  de  TAcad^mie. 

Sur  les  composes  diallyliques. 

Le  diallylc,  GeHio  ou  C3H5 — C^Hk,  peut  certainement 
figurer  parmi  les  hydrocarbures  les  plus  int^ressants  de  la 
chimie  organique.  Quoique  dej^  relativement  ancien,  —  le 
diallyle  ful  en  effet  d^couvert  en  1856  par  M.  Berthelot(l), 
dans  le  cours  de  ses  belles  et  classiques  recherches ,  faites 
en  collaboration  avec  M.  de  Luca ,  sur  les  d^riv^s  glyc^ri- 
ques,  —  rhisloire  chimique  de  ce  produit  ne  comprend 
gu^re,  jusqu'aujourd*hui,  que  T^tude  de  ses  d^riv6s  d'addi- 
tion.  MM.  Berthelot  et  de  Luca  (2)  (irent  connaitre  autre- 
fois, en  mSme  temps  que  I'hydrocarbure  lui-mSme ,  son 
t^trabromure,  C6H|oBr4,  produit  si  ^minemment  caract^- 
ristique.  Plus  tard,  M.  Wurtz  (3)  dans  un  travail  justenient 
remarquable ,  ^tudia  ses  produits  d'addition  avec  divers 
hydracides  halog^n^s,  ainsi  que  les  composes  hydroxyl^s  et 
^th6r6s  que  Ton  peut  en  d^duire.  II  y  a  peu  de  temps  qu*un 
chimiste  anglais,  M.  W.-R.  Jekyll  (4),  signala  et  d^crivit 
son  monohydrate,  ou  plut6t  un  oxyde  d'hexylene  CeHi^O, 
produit  qui  se  forme  sous  Taction  de  I'acide  sulfurique  et 
que  H.  Wurtz  avait  dej^  obtenu  par  une  autre  m^thode. 


(1)  Comptes  rendw  de  tAcad,  des  Sc,  de  Paris,  t.  XLII ,  p.  253. 

(2)  Idem, 

(3)  Bulletin  de  la  SocUU  chimique  de  Paris,  t.  II  {%  p.  161  (ann^e 
1864). 

(4)  Zeitschrifl  fUrChemie,  U  VII  (1871),  p.  36. 


J*ai  compris  le  diallyle  dans  le  cercle  des  Etudes  que  j*ai 
entreprises  et  que  je  poursuis  sur  les  d^riv^s  glyc^riques. 
Dans  le  travail  que  j'ai  rhonneur  de  soumettre  aujourd*hui 
k  TAcad^mie ,  je  fais  connattre  un  hydrocarbure  ac^tyli- 
nique  nouveau,  isom^re  de  la  benzine  GeHe,  produit  qui 
derive  du  diallyle  par  ddshydrog^nation. 

Je  consacrerai  une  communication  ult^rieure  k  T^tude 
des  produits  d'addition  du  diallyle  avec  i'acide  hypochlo- 
reux  (HO)C/  et  Toxyde  perazotique  AzO,. 


PREMIJ^RE  PARTIE. 


Stir  le  diallylenyle  ou  dipropargyle  C^He  ou  C3H3  —  C3H3. 

Les  points  de  contact  ou  d'attache  entre  les  deux  grauds 
groupes  des  combinaisons  grasses  et  des  combinaisons 
aromaliques,  dans  lesquels  se  r^partissent  aujourd'hui  la 
plupart  des  compost  organiques,  sont  encore  fort  peu 
nombreux.  L'id^e  de  muliiplier  ces  points  d'attache,  c'est- 
^-dire  d'^tablir  de  nouvelles  relations  et  de  trouver  de  nou- 
\eaux  passages  entre  ces  deux  ordres  de  composes  si 
divers,  nait  nalurellement  i  I'esprit  de  tons  ceux  qui 
s'occupenl  de  chimie  scientifique,  au  point  de  vue  syst^- 
matique.  Cette  id6e  m'est  venue  comme  k  d'autres. 

Dans  le  cours  de  mes  recherches  sur  les  d^riv^s  glyce- 
riqueSflongtemps  avant  que  j'entreprisse  T^tude  des  com- 
poses propargyliques,  j*eus  le  projet  de  fairede  la  benzine 
en  partant  des  composes  allyliques. 

La  production  facile  du  mesUylene  C9H12,  une  des  va- 
ri^t^s  possibles  de  la  benzine  trimethylee  CsHz{Cll^)z^k 


(43) 

i'aide  de  racetofie,  les  relations  de  celle-ci  avec  les  com- 
poses giyc^ques,  rendaient  poar  moi  cette  transformation 
possible,  th^oriquement  du  moins.  Je  trouvais  dans  le  dial- 
lyle  CeHio  ou  CsH^ — CsH^,  un  interm6]iaire  tout  form^, 
une  sorte  de  pont  pour  passer  des  combinaisons  tricarbo- 
n^es  jusqu*au  groupement  CeHe,  qui  serait  peut-6tre  la 
benzine. 

C  H  Br 

Le  t^trabromure  de  diallyle  i'  '   ',  compost  bien  d^fini 

et  si  facile  k  obtenir,  quand  on  possMe  le  diallyle  lui- 
m^me,  me  semblait  devoir  se  prater  facilement  a  r^aliser 
cette  d^shydrog^nation.  II  est  bien  connu  que,  sous  Taction 
des  alcalis  caustiques,  les  produits  d*addition  des  composes 
non  satur^s  aux  corps  halog^nes,  perdent  ceux-ci  totale- 
ment,  sous  forme  d*bydracide  HX 

Les  recherches  que  j'ai  entreprises  dans  cette  direction 
ont  6i&,  pour  diverses  raisons  que  je  crois  inutile  d'indi- 
quer  ici,souventinterrompues;  mes  premieres  experiences 
remontent  k  1870.  Entretemps,  MM.  Linnemann  et  von 
Zotta  (1)  signal^rent  la  production  du  phenol  k  Faide  de  la 
glycerine.  Je  fus  par  ]k  porte  et  encourage  k  revenir  sur  le 
diallyle;  mes  recherches  sont  aujourd'hui  assez  avancees, 
et  les  rfeultats  auxquels  elles  ont  abouti  offrent,  me 
semble-t-il ,  assez  d'inter^t  pour  que  je  me  croie  autoris^  k 
en  entretenir  TAcademie. 

J'ai  en  effet  r^ussi  k  transformer  le  diallyle  en  un  hydro- 


(I)  Annalender Chemieund PharfnacietSup^evaenil^n±\l\Lii  252 
(1872). 


(44) 

carbure  repondant  k  la  formule  CeHe,  mais  totalement  dif- 
ferent de  la  benzine;  mon  but,  sous  ce  rapport,  n'a  ^t^ 
qu'incompl^tement  atteint ;  la  suite  de  mon  travail  fera  voir 
si  je  n'ai  pas  plutdt  lieu  de  m'en  feliciter  que  d'en  6prou- 
ver  des  regrets.  J'ai  donn4  k  cet  hydrocarbure  le  nom  de 
dipropargyle  que  je  lui  conserve;  on  pourrait  aussi  bien 
lui  donner  celui  de  diallylenyle.  Ces  denominations  trouve- 
ront  leur  justification  dans  le  mode  de  production  et  dans 
les  propri^tes  si  remarquables  de  ce  compose. 

J'exposerai  d'abord  les  faits. 

L'hydrocarbure  C^H^  r^solte  de  Taction,  doublement 
rep(^t^e,  des  alcalis  caustiques  sur  le  lelrabromure  de  dial' 
lyle  G6H|oBr4;  dans  la  premiere  action,  ce  t^trabromure 
se  transformeen  diallyle  bibrome  C6H86r2,danslaseconde, 
en  dipropargyle  ou  diallylenyle  CgHe. 

On  chaiiffe  dans  une  cornue  tubulee,  au  bain  d'huile,  un 
melange  de  t^trabromure  de  diallyle  avec  un  exces  consi- 
derable d*alcali  caustique,  potasse  ou  sonde,  en  poudre, 
plusieurs  fois  la  quantity  theoriquement  n^cessaire;  la  dis- 
tillation commence  alors  que  le  bain  est  portt^  vers  200°; 
un  thermom^tre  plonge  dans  la  cornue  marque.  1 95''  k 
200*".  De  mSme  que  dans  Faction  des  alcalis  caustiques 
sur  la  Iribromhydrine  glyc^rique  le  liquide  distille  se  con- 
stitue  de  deux  couches,  une  couche  inf^rieure  fort  lourde, 
incolore,  que  surnage  une  couche  aqueuse  peu  epaisse. 
Voici  quelques  chiffres  indiquant  les  r^sultats  d'une  des 
operations  de  ce  genre  que  j'ai  faites.  240  grammes  de 
t^trabromure,  chauff^  dans  ces  conditions,  en  trois  fois, 
avec  le  mcmc  poids  de  potasse  caustique,  m'ont  donne  137 
grammes  de  produit  brut;  la  quantity  calcul6e  est  144 
grammes  de  diallyle  bibrome. 

Ce  liquide, soumisi  une  premiere  distillation, apres avoir 
ete  dess6che  sur  du  chlorure  de  calcium,  commence  ^  bouil- 


(45) 

lir  vers  190'';  la  moiti^  passe  incolore  jusque  vers  S^S""; 
Fautre  moiti^  passe  de  225*"  aSSO",  en  se  coloraot  en  rouge ; 
i  la  fin  ]l  y  a  decomposition,  d^gagement  d'acide  bromhy* 
drique  et  r^sidu  cliarbonneux ;  cette  decomposition  atteint 
sans  nul  doute  du  tej^rabromure  de  dialiyle,  enlratn^ 
avec  le  produit  de  la  reaction.  La  premiere  moiti^,  soumise 
a  une  seconde  rectification,  passe  en  grande  partie  vers 
200°— 210*'. 

Dans  une  autre  operation ,  ou  j'avais  distill^  le  t^trabro- 
mure  de  diallyle  avec  un  exc^s  fort  considerable  de  sonde 
caustique,  j'ai  obtenu  un  melange  de  dipropargyle  et  de 
diallyle  bibrom^;  la  premiere  moitie  du  produit  brut  passait 
dej^,  k  une  premiere  rectiiication ,  avanl  lOS*";  cette  por- 
tion presentait,avec  les  solutionsammoniacales,cuivreuses 
et  argentiques,  les  reactions  si  caracteristiquesdes  derives 
allyieniques;  la  seconde  moitie  distillait  entre  lO^""  et  215"", 
sans  decomposition ;  k  une  seconde  rectiiication,  cette  por- 
tion a  passe  en  grande  partie  vers  205** — 210**.  C'esl  cette 
portion  qui  a  servi  k  prendre  la  densite  de  vapeur  de  ce 
produit. 

Le  diallyle  bibrome  CeHgBr^  constitue  un  liquide  par- 
faitement  incolore,  fortement  refringent,  d'une  odeur  toute 
speciale,  rappelant  plus  ou  moins  celle  de  Tether  propar- 
gylique;  sa  saveur  est  am^re  et  brAlante;  sa  densite  k  18** 
est  egale  k  1,6560.  II  bout  sans  decomposition,  sous  la 
pression  de  763  millimetres  vers  210° —  de  205*  k  215** — 
(non  corrige).  Sa  densite  de  vapeur  determinee  dans  la 
vapeur  d'aniline  a  ete  trouvee  egale  k  8,15. 

Substance  employee  0s^l055. 

Temperature  18d<>. 

Pression  barom^trique  1^15^. 

Mercure  souleve  60S™* 

Volume  de  la  vapeur  80,6««. 


La  (leDsit^  calculi  est  8,29  (1).  Le  point  d'^bullition 
troiiv6  et  que  je  viens  d'iodiqaer  Concorde  assez  bien  avec 
celui  qu*assignent  k  ce  produit  la  th6orie  et  fanalogie;  il 
existe  en  effet  entre  le  diallyle  bibrom^  et  le  bromure 
d*allyle  monobrom^  (C3  H4  Br)  Br»  Jes  ni^mes  relations  de 
composition  et  de  volatility  qa'entre  le  diallyle  et  le  bro- 
mure d'allyle. 


C,H, 

£b.  58«  60<»               C,H,Br  £b.  70«. 

C.H. 

C,H,Br. 

eOo  =  (70*  H-  70*)  -  80«. 

CJlfir 

1 

th.  vers  9II0»         (C,H4Br)  Br  fib.  142» 

C,H4Br 

(C,H4Br)  Br. 

204-  =  (142«-4-142')~80<«. 

Le  diallyle  bibrom6  est  insoluble  dans  Teau  au  fond  de 
laquelle  il  tombe;  il  se  dissout  bien  dans  Talcool  et  suriout 
dans  rather. 

Ala  lumiire,  il  se  colore  k  la  longue  en  brun,  comme  la 
plupart  des  d^riv^  brom^  de  substitution.  II  se  combine 
\ivement  avec  le  br6me  en  donnant  du  t^trabromure  de 
diallyle  bibrom^  CeHgBre,  liquide  incolore,  extr£mement 
epais  et  qui  paratt  vouloir  se  concr^ter  k  la  longue. 


(1)  La  portion  de  ce  liqaide,  qui,  lors  de  la  premiere  recti6catioD  du 
prodait  brut,  avait  pass^  de  195  k  215%  m'avait  donn^  pour  density  de 
vapeur  8,06. 

Substauce  employee        0s,1025. 

Temperature  185^. 

PressioD  763"'. 

Mercure  soulev^  606". 

Volume  de  la  rapeur        80««. 

Je  ne  cite  ces  chiffres  que  pour  montrer  avec  quelle  facilite  se  purine 
ce  produit. 


Les  alcalis  caustiques  le  traosforment  en  diallyl^nyle 

L'analyse  de  ce  produit  a  fourni  les  chiffres  suivants : 

I.  (H%3018  de  substaoce  ont  fourni  (H%4698  de  bromare 
d'argent  (m^thode  de  Garias). 

II.  (H%2676  ont  donn^  (H',4144  de  bromure  argentique. 

C,HgBr,.  CALGDLi.  TROUVli. 

I.         11. 

C,  =72  •  »  » 
H,  =8  »  »  • 
Br,  =  160    66,66     66,24   65,83 

240 

Ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  le  diallyl^nyle  ou  le  dipro- 
pargyle  QHe  r&ulte  de  Taction  des  alcalis  caustiques,  sur 
ie  diallyle  bibrom^,  en  solution  alcoolique. 

Voici  le  detail  d*une  des  operations  que  j'ai  faites. 

200  grammes  de  diallyle  bibrom^  brut  ont  ^t^,  en  deux 
fois,  cbauff(6s  au  bain  de  sable ,  dans  un  appareil  i  reflux , 
avec  un  grand  exc^  de  potasse  caustique  pure ,  en  solution 
aussi  concenlr^e  que  possible,  dans  Talcool.  La  reaction 
s'opired^ji  k  froid;  la  chaleur  Tacc^lire  activement;  il  se 
fait  une  abondante  et  rapide  precipitation  de  bromure  de 
potassium.  Apres  5  heures  environ  d'^bullition ,  croyant  la 
reaction  termin^e,  j'ai  ajout^  au  liquide  alcoolique  refroidi, 
plusieurs  fois  son  volume  d'eau;  cette  eau,  en  dissolvant 
le  bromure  et  I'alcool ,  a  amen^  la  precipitation  d*un  liquide 
huileux,  colore  en  brun,  plus  dense  que  I'eau,  liquide  qui 
est  en  partie  du  diallyle  bibrome  non  altere. 

Le  tout  a  ete  soumis  k  la  distillation. 

II  passe  d'abord^en  meme  temps  que  Teau,  un  liquide 


(48) 

moins  dense  qu'elle,  et  insoluble;  plus  lard  un  liquide  plus 
dense  et  ^galement  insoluble.  Celui-ci,  redistill^,  commence 
k  bouillir  vers  80°;  j'ai  recueilli  i  part  tout  ce  qui  passait 
jusque  vers  140°,  portion  qui  surnageait  Feau.  Le  thermo- 
m^lre  k  la  fin  est  mont6  jusque  vers  230°. 

J'ai  r6uni  les  deux  portions  du  liquide  insoluble  et  moins 
dense  que  Teau ;  apres  dessiccation  sur  du  chlorure  de  cal- 
cium^ ce  liquide  a  6t6  distill^;  k  la  suite  de  quelques  rec- 
tifications, on  en  obtient  ais^ment  un  produit  bouillant 
vers  85°  et  qui  est  le  dipropargyle  C^  Hq. 

Le  rendement  de  I'op^ration,  tout  en  ^tant  loin  d'etre 
th^orique ,  est  n^anmoins  satisfaisant.  Tout  ce  qui  passe 
au  del^  de  100%  melange  de  dipropargyle  et  de  diallyle  bi- 
brorn^,  pent  £tre  de  nouveau  soumis  k  Taction  de  la  potasse 
caustique. 

Le  dipropargyle  ou  diallylenyle  CeHe  ressemble  assez  k 
rather  propargylique  pour  que  ,  dans  le  principe,  j'aie  pu 
croire  n'avoir  obtenu  que  celui-ci,  k  la  suite  du  d^double- 
ment  du  groupement  hexacarbon6  Ce  du  diallyle.  Outre  la 
composition,  il  existe,  entre  ces  deux produits,  comme  on 
le  verra  plus  loin,  des  diJDTi^rences  qui  ne  permettent  pas 
de  les  confondre. 

Le  dipropargyle  constitue  un  liquide  incolore,  d'une  mo- 
bility et  d'une  limpidite  parfaites,  fortement  r^fringent ; 
son  odeur  rappelle  completement  celle  de  Tether  propar- 
gylique, mais  elle  est  plus  forte  et  plus  p^netrante;  sous  ce 
rapport,  il  se  diff^rencie  immediatement  de  son  isomere, 
la  benzine,  donl  il  se  rapproche,  par  sa  density  et  son  point 
d'ebuUition;  sa  density  ^18°  est  egale  k  0,8186;  il  bout 
sous  la  pression  ordinaire  vers  85^  de  82°  k  86°  (non 
corrig^);  je  regrette  de  n'avoir  pas  6i&  k  m£me,  k  cause 
de  la  quantity  assez  modique  de  ce  produit  que  j'ai  eue 


(49) 

i  ma  disposition,  de  determiner  avec  plus  de  precision  son 

point  d'^buliition. 
La  benzine  a  pour  density  0,85  i  15^;  elle  bout  k  82^ 
La  density  de  vapeur  du  dipropargyie^  determin^e  dans 

ia  vapeur  d*eau  bouillante,  a  ^16  trouv6e  ^gale  k  2,66. 

Substance  employ^  0<05  i  1 . 

Temperature  100». 

PressioD  barometrique  760». 

Mercure  sotilev^  582<». 

Volume  de  la  vapeur  86,6«'. 

La  density  calcul^e  est  2,69. 

Je  ferai  remarquer  que  le  point  d'^bullition ,  que  j'attri- 
bue  au  dipropargyle,  ne  correspond  pas  avec  celui  qu*as- 
signent  k  ce  produit  la  th^orie  et  Tanalogie;  11  lui  est 
inferieur;  les  composes  propargyliques  bouillant  en  g^n^ral 
k  20®  au-dessus  des  composes  allyliques  correspondants  (1), 
et  le  diallyle  bouillant  i  58^60'',  le  dipropargyle  devrait 
bouillir  vers  100". 

CjE^HO      fib.  96»-97"  CJd^HO      fib.  115». 

Difference      19**  a  SO^. 

C5H,  fib.  58»60»  C,H,  fib.  S^SJ^. 

CaH«  C5H5 

Difference      20»  ^  S5«. 

II  est  k  remarquer  en  m^me  temps  que  le  point  d*6bul- 
lition  du  diallyle  lui-m£me  n'est  pas  non  plus  celui  qu*as- 
signent  k  ce  compos6  la  th^orie  et  Tanalogie;  il  est  aussi 


(I)  Voir  ma  notice,  Bulletins  de  l*AcadHnie  royale  de  Belgique,  n^  de 
juin  1873,  page  739. 

2*""  SfiRIE,  TOME  XXXVI.  4 


(SO) 

situ6  trop  bas;  sujvant  robservation  qu*en  a  faite  M.  ToU 
lens ,  les  composes  allyliques  ont  le  meme  point  d*ebulli- 
tion  que  les  composes  propyliques  primaires  correspon- 
dants;or,  le  diallyle  a  ie  point  d'^bullition  non  du  dipropyle, 
mais  bien  ceiui  de  son  isom^re,  le  di^isopropyle. 


Dipropyle 

CH,  -  CH,  - 
in,  —  CH,  - 

-CH, 
-CH, 

Eb.  68*.70». 

Di-isopropyle 

?  <  ch: 

CH  <-  CH, 

^   CH, 

th.  S8«  60o. 

Diallyle 

C.H, 

fib.  SS"  60-. 

Le  dipropargyle  est  insoluble  dans  Teau  qu'il  surnage;  il 
se  dissout  fort  bien  dans  Talcool  et  I'^ther.  II  brAle,  comme 
la  benzine,  dans  Fair,  avec  une  flamme  6clairante,  et  for- 
tement  fuligineuse. 

Sous  le  rapport  chimique,  ce  corps  s'^loigne  tolalement 
de  la  benzine.  Je  r^sumerai  son  histoire  chimique  en  di- 
sant  qu'i  Tin  verse  de  celle-ci,  qui  se  comporte  en  g^n^ral 
comme  un  hydrocarbure  satur6  et  en  possMe  rindifl%rence 
vis-i-vis  d'un  grand  nombre  de  r^actifs,  le  dipropargyle 
se  fait  remarquer  par  une  aptitude  toute  sp6ciale  k  enlrer 
en  reaction;  il  pr^sente  tout  k  la  fois  et  k  un  haut  degr^, 
les  caract^res  des  composes  fion  satures  en  g^n^ral  et  ceux 
des  composes  allyleniques  ou  propargyliques, 

Ce  n'est  qu'i  titre  d'essai  que  j'ai  pu  constater  jusqu'ici 
les  propri^t^  de  ce  corps,  en  tant  que  compost  non  satur^. 
J'attire  surtout  Tattention  sur  la  reaction  du  brdme;  il  s'y 
combine  6nergiquement ,  et  mSme  avec  explosion  en  doii- 
nant  un  tetrabromure  Ce  HeBr4  que  je  d6crirai  plus  loin. 

Avec  la  solution  ammoniacale  du  chlorure  cuivreux ,  il 


(51  ) 

donne  le  pr^cipil^  jaune  serin,  si  caract^ristique  pour  Tal- 
lyldne  et  ses  d6riv6s. 

Avec  I'azotate  d'argeut  en  solution  aqueuse,il  donne 
imm^diatement  un  pr^cipit^  blanc,  amorphe^  prenant  ^ 
la  lumi^re  une  teinte  ros^e,  puis  rouge  et  devenant  enfin 
compl^tement  noir.  II  est^  remarquer  que,  dans  les  m^mes 
conditions,  les  Others  methyl  et  ^thylpropargylique  don- 
nent  des  composes  argentiques  cristallins;}e  regarde  cette 
particularity  comme  tout  k  fait  caract^ristique. 

L'analyse  de  ce  produit  a  donn^  les  r^sultats  suivants  : 

I.  0«',1478  de  substance,'  br416s  avec  de  I'oxyde  de 
cuivre,  dans  un  courant  d'oxygSne,  ont  fourni  0^',4988 
d'anhydride  carbonique  et  0«%1058  d'eau. 

II.  0«',1428  de  substance,  brflles  de  la  m^me  maniirel, 
ont  fourni  0«%4822  d'anhydride  carbonique  et  (y^,1022[ 
d'eaii.  . 

De  li  se  d^duit  la  composition  cent^simale  suivante  : 

CgH,.  CALCULI.  TROUV^. 


1. 

II. 

Ce-72 

92.300/0 

92,26 

92,06 

H,—    6 

7,70 

7,91 

7,95 

78 

II  n'est  pas  inutile  d*indiquer  ici  quelle  est  la  composi- 
tion du  diallyle  CeHio,  de  Thydrocarbure  interm^diaire 
CeHg,  et  de  Vether  propargylique  que  son  odeur  et  son 
point  d'^bullition  peuvent  faire  confondre  ais^ment  avec 
le  propargyle. 

DUlIyle  CeH.o- 

C,  —72      ou      87,80  Vo- 
Hio-IO  12,19. 

si" 


(S2) 

Hydrocarbure  interm^aire 

CgHg. 

C.  —  72      ou 

90,00>. 

H,  -    8 

10,00. 

80 

£ther  propargylique 

C,H.  (C.B,0) 

C^ssCO     ou 

71,42  >. 

H,—   8 

9,52. 

0—16 

Sans  vouloir  aborder  d6s  k  present  rexamen  des  nom- 
breux  derives  auxquels  peut  donoer  lieu  ce  prodoit,  6tude 
qui  est  encore  toute  k  son  d^but^  je  crois  devoir  cepen- 
dant  en  signaler  aujourd'bui  quelques-uns  que  je  regarde 
comme  particuli^rement  caract^ristiques. 

C  H  Br 

Tetrabramure  de  dipropargyle.  C^H^Er^  ou  i'  *^  *.  J'ai 

obtenu  ce  produit  en  faisant  tomber  goutte  k  goutle  du 
br6me  sur  du  dipropargyle,  au-dessus  d'une  coucbed'eau. 

II  serait  sans  doute  preferable  de  dissoudre  Tbydrocar- 
bure  dans  r^lher  anbydre ,  ainsi  qu'on  le  fait  pour  obtenir 
le  t^trabromure  de  diallyle.  La  reaction  est  d'une  violence 
extreme  et  n6cessite  beaucoup  de  prudence. 

On  ajoute  du  brdme  tant  quil  ya  decoloration;  le  pro- 
duil  constitue  une  couche  huileuse  au  fond  de  Teau. 
L'exc^s  de  brdme  a  ^t^  enlev^  a  Taide  de  la  sonde  caus- 
tique,  et  le  produil,  apres  avoir  ^t^  soigneusement  h\&k 
Teau,  a  &i6  dess^cb^  sur  de  I'acide  sulfurique,  et  au 
moyen  du  cblorure  de  calcium.  Les  propri^t^s  de  ce  corps 
ne  permettent  pas  un  autre  mode  de  purification. 

Le  tetrabromure  de  dipropargyle  constitue  un  liquide 
incolore,  ^pais  et  visqueux,  brunissant  apr^s  quelque 
temps  a  la  lumidre,  d'une  saveur  am^re  et  piquante. 


(S3  ) 

Sa  densite  k  Idlest  4gale  &  2,4640. 

II  est  insoluble  dans  I'eau,  fort  peu  soluble  dans  Tal- 
eool ,  il  se  dissout  ais^ment  dans  Tether. 

Ge  produit  n'est  pasdistillable;cbauff6jl  se  decompose 
en  d^gageant  d'abondantes  vapeurs  d*acide  brombydrique 
et  en  se  charbonnant. 

L*analyse  de  ce  produit  a  fourni  les  nombres  suivants  : 

I.  0^,4404  de  produit,  simplement  dess^ch^  sur  Tacide 
sulfurique,  ont  donne  0^,8458  de  bromure  d'argent  (mi- 
tbode  de  Carius). 

II.  0«%4328  du  m^me  ^cbantillon  ont  donn^  0«',8308 
de  bromure  d'argent. 

III.  0^,5936  de  produit  dess^ch^  k  Tacide  du  chlorure 
de  calcium  ontdonn6  0^,7526  de  bromure  d'argent. 

IV.  (r,4122dumdme£chan(illon  ont  donn^  0«%7942 
de  bromure  d'argent. 


C,H,  Br, 

calcul£.   I 

II. 

III. 

IV. 

Cs  -  72 

>   • 

• 

• 

» 

H,  —  6 

«       » 

M 

» 

• 

Br,  —  320 

80,40   81,72 

81,67 

81,37 

81,98 

398 

II  faut  reroarquer  que  ce  produit  n'£lant  ni  cristallisable, 
ni  distillable,  s'alt^rant  de  plus  k  la  lumi^re  et  devenant 
brun,  est  difficile  k  dire  obtenu  k  I'dtat  de  puret^  absolue. 
Voici  la  composition  des  autres  bromures  auxquels  pent 
donner  lieu  ou  pourrait  donner  lieu  le  dipropargyle  : 

CgHfBr^.        GgUfBrg.        CgH^Brf. 
Bro/o—    67,23.  86,02  89,13. 

Quelque  defectueuscs  qu'elles  soienl,  on  voit  que  ces 
analyses  demontrcnt  cependanl  quelle  est  la  nature  du 
produit  obtenu. 


(54) 

II  r^ulte  de  1^  que,  sous  raction  du  brdme,  le  dipropar- 
gyle  ou  le  diaJlylinyle  C3H3—  C3H5  se  comporte  comme 
Tallyl^ne  C3H4;  celui-ci  donne,  dans  les  radmes  conditioos, 
son  bibromure  C3H4Br9,  produit  ^alemenl  liquide. 

II  est  fort  probable  que,  sous  Taction  ulterieure  du 
br6me  dans  Tobscurit^,  ce  t^trabromure  se  transformera 

en  octobromure  1 '  *   *,  le  bibromure  d'allyl^ne  passe  dans 

ces  conditions  k  r^tat  de  t^trabroraure  C3H4Br4. 

Compose  cuivreux.  La  meilleure  m^tbode  pour  obtenir 
ce  produit  consiste  a  verser  dans  la  solution  ammoniacale 
du  chlorure  cuivreux  le  dipropargyle  en  solution  dans  I'al- 
cool.  On  filtre  le  pr^cipit^  obtenu  et  on  le  lave  soigneuse- 
ment  avec  de  Pammoniaque  aqueuse. 

Ce  compost,  fratchement  pr6par^ ,  est  d'un  jaune  serin ; 
il  brunit,  quand  il  est  bumide,  au  contact  de  I'air.  II  est 
insoluble  dansl'eau,  Tammoniaque  aqueuse,  Tether,  etc.; 
avec  les  acides  min^raux  ^tendus,  HCI  notamment,  il  r£- 
g^n^re  le  dipropargyle;  au  contact  de  Tacide  azotique  con- 
centre, il  fait  explosion ;  au  contact  d'un  corps  enflamm^, 
dans  Tair,  il  brAle  vivement,  en  d^cr^pitant,  avec  une 
flamme  verte;  chauff^  vers  100'',  il  fait  fr^uemment  ex- 
plosion,  quand  il  est  sec. 

L'analyse  de  ce  produit  a  fourni  les  nombres  suivants  : 

I.  0«%1346  de  produit  dess6ch6  vers  90%  au  bain  d'air , 
brAies  k  Taide  de  Toxyde  de  cuivre,  dans  un  courant 
d'oxyg^ne,  ont  fourni  0<^%1480  d'anhydride  carbonique  et 
0«',0412  d'eau. 

II.  O^.i'SSS  du  m^me  produit  ont  fourni  -0«',0418 
d'eau.  Le  courant  d'oxygene  a  ^t^  interrompu,dans  lecours 
de  cette  combustion,  avant  que  le  carbone  fiit  briile. 

III.  0»',4816  de  substance  ont  fourni  0«%0614  d'eau.  Le 
carbone,  dans  cette  combustion,  a  6i6  perdu. 


(S5) 

IV.  O'SIOSG  de   produit,  simplement  dess^ch^   sur 
I'acide  sulfurique,  ont  fouroi  O^'^OGTS  d'oxyde  de  cuivre. 

V.  0«%1020  de  produit  dess6ch6  au  bain  d'air  vers  90®, 
ont  fournr0«%0660  d'oxyde  de  cuivre. 

VI.  0«',0,680  de  produit  ont  fourni  0«%0456  d'oxyde 
cuivrique. 

VII.  0<^%2252  de  produil  simplement  dess6ch£  dans  Fair, 
ont  fourni  0«%1474  d'oxyde  cuivrique. 

Ces.  chiffres  correspondent  k  la  formule  suivante  : 
C6H4Cuj-f-2HjO. 

C,H4Cm,  -4-  2H,0. 

CALCULI^.  TROUVM. 


I.    II.   III.   IV.    V.    VI.   VII. 


1> 
n 


Ce  —  72  —30,120/0  30,01  «  »     i.  . 

H,  —  8  —  3,32  3,40  3,47  3,74    »  . 

Cm,  - 127,0— 53,14  •  «    »     »  » 

0,  —  32  —   »  .>  »    «  53,09  53,92  53,7  52,22 

239,5 

Le  compost  bicuivreux  anhydreCeHiCu^  correspond  a 
la  composition  centesimale  suivante,  tout  k  fait  difF6rente 
de  la  pr^c6dente 

CeH.Ctt,. 

Ce     -     72  35.46  <»/o. 

H4     —      4  1,97. 

Cm,  -  127  62,56. 


203 


Ce  pr^cipite  cuivreux  m'a  longtemps  intrigu^;  il  esik 
remarquer  que  les  chiffres  trouv^s  et  indiqu^s  plus  haut 
correspondent  parfaitement,  du  moins  pour  le  carbone  et 


(56) 

le  euivre,  avec  ceux  que  donne  la  forroule  suivante,  d*un 
compost  mono-cuivreux ,  CsHjCw-h  CuCI. 


C.    -    72 

30,060/0. 

H,    —      5 

2,08. 

Cw,  —  127 

53,02. 

CI     —    35,5 

14,82. 

239,5 

C'est  afln  de  bien  caract^riser  le  produit  que  j*ai  ana- 
lyst, que  j'ai  rapport^  les  divers  dosages  d'hydrogdne  indi- 
qu^s  ci-dessus.  Le  produit  avait  du  reste  ii6  soigneuse- 
ment  lav6  k  rammoniaque,  et  je  me  suis  assure  qu'il  ne 
renfermait  plus  que  des  traces  de  cblore,  non  appreciables 
a  la  balance. 

Compose  argentique.  Le  dipropargyle  determine  dans 
la  solutioD  aqueuse  et  la  solution  ammoniacale  de  Fazotate 
d'argent  un  pr^cipite  blanc,  amorphe.  Ge  precipit^  filtr^  a 
6t6  soigneusement  lav£  avec  de  Tammoniaque  et  dessecb^, 
dans  robscurit6,  sur  de  I'acide  sulfurique.  Humide,  il 
s'alt^re  rapidement,  i  la  lumi^re,  en  devenant  rose,  et 
enfin  brun  et  noir. 

11  est  beaucoup  plus  instable  encore  que  le  compose 
cuivreux;  chauff^,  m^me  assez  loin  en  dessousde  100°,  il 
d^tone  vivement;  au  contact  d*un  corps  ennamm^  dans 
Pair,  il  briile  en  d^tonant,  avec  une  flamme  rouge,  en 
laissant  un  r^sidu  noir,  floconneux  considerable^  melange 
de  cbarbon  et  d'argent.  II  d^tone  ^galement  au  contact 
de  Tacide  azotique  ordinaire. 

L'analyse  de  ce  produit  a  donn^  les  resultats  suivants, 
repondant  k  la  formuie  Ce  H^  Ag^  +  2  H^  0. 

(.  0<^%2982  de  produit  simplement  dess^ch^  dans  I'air 
ont  donn6  0«',2574  de  chlorure  d'argent. 


(57) 

11.  0^^5558  du  mSme  ^chantillon  ont  donne  (F,3048 
de  chlorure  d'argent. 

CeHiAs, -4- 2H,0.  CALCULI.  TROnviS. 

I.         II. 


Ce  =  72 

» 

» 

» 

H,  =  4 

9 

» 

» 

A«,  =  216 

65,85 

64,96 

64,47 

0,  —  52 

» 

B 

n 

324 


La  formule  du  compost  anbydre  C^EiAg^  correspond 
i  73,97  %  d'argent. 

On  voit  que  le  conipos6  argentique  a  une  composition 
correspondante  k  celle  du  compost  cuivreux.  Le  mode 
mSme  de  preparation  de  ce  compose  argentique  exclut 
compl^tement  la  presence,  dans  ce  corps,  du  cblore  et  du 
chlorure  d'argent. 

Apr^  m^Stre  strictement  maintenu  jusqu'ici  dans  le 
domaine  de  I'exp^rience  et  des  faits ,  je  demande  k  TAca- 
d^mie  de  me  permettre  d*en  sortir  pour  quelques  instants, 
afln  d'entrer  dans  le  domaine  de  la  speculation. 

Quelle  est  la  constitution  de  cet  bydrocarbure  CeH^, 
isomere  et  si  essentiellement  different  dans  son  habitus 
chimique  de  la  benzine?  Telle  est  la  question  qui  se  pose 
naturellement  a  Tesprit.  Je  ne  veux  sans  doute  pas  entrer 
bien  en  avant  dans  I'^tude  de  ce  probl^me;  il  serait  pre- 
mature et  temeraire  de  Taborder  aujourd'hui  avec  Tinten- 
tion  et  Tespoir  de  le  r^soudre  sans  retour  et  d*une  maniere 
definitive;  je  crois  cependant  qu*il  est  possible,  des  ce 
moment,  d'aller  au  deli  de  la  formule  brute  et  d*eme(tre 
sur  la  structure  de  cc  corps  des  conjectures  fondees  en 


(88) 

raisoo.  C'est  aux  propri^t^  que  j*ai  reconnues  k  ce  com- 
post, aux  relations  g£n^rales  des  combiDaisons  allyliques 
avec  les  combinaisons  propargyliques ,  i  Tallyl^ne  enQD, 
que  je  demanderai  des  ^claircissements. 

D'abord,  il  est  certain  que,  eu  egard  k  son  mode  de  pro- 
duction auxd^pensde  compos^allyliques,  le  diallyle  CeHjo 
se  constitue  de  deux  groupements  ou  radicaux  hydrocar- 
bones  C3H5,  identiques,  relics  Tun  k  Tautre  par  leur  car- 
bone,  k  i*aide  d'une  seule  unit^  d'action  chimique  exclusi- 
vement;  c'est  ce  que  confirme  du  reste  la  t^travalence  de 
ce  produit.  On  pent  en  mSme  temps  assigner  avec  certi- 
tude au  t^trabromure  de  diallyle  la  formule 

Le  mode  d'action  g6nerale  des  alcalis  caustiques  sur  les 
produitsd'addition  des  corps  halog^nes  aux  composes  non 
satur^s,  et  en  particulier,  le  mode  de  derivation  de  Tby- 
drocarbure  CeHe,  du  t^trabromure  dediallj£je,m'autorisent 
k  assigner  k  cet  hydrocarbure  la  formule 

«  Ce  qu*il  s'agirait  k  present  de  determiner,  ou  plutdt  de 
rechercher,  c*est  la  structure  de  ces  deux  groupements  tri- 
carbo-hyd regents,  C3H3,  sondes  dans  CeHe. 

On  s'accorde  gen^ralement  aujourd'hui  k  donner  au 
radical  C3H5,  dans  les  composes  glyc^riques  et  les  com- 
poses allyliques,  la  formule  de  structure 

CH, 
CH 


(  59  ) 
et  I'oD  regarde  les  compost  allyliques  comme  des  d^riv^ 
primaires  r^pondant  k  la  form  ale  g^n^rale 

CH,  (X) 

Celte  formule  qui  explique  et  relie  si  bien  I'ensemble 
des  fails,  me  paratt  aujourd'hui  rev6tir  les  caracl6res  d'une 
quasi-certilude. 

fitanl  donn6  le  mode  de  production  du  diallyle^'g',i 

Taide  des  compost  allyliques  CsHi^X,  je  regarde  comme 
naturel  et  rationnel  d'identitier  chacun  des  groupements 
C3H5  coDStitulifs  du  diallyle,  avec  le  radical  allyle  des 
combinaisons  glyc^riques  et  allyliques  dont  il  derive  direc- 
tement;  je  crois  aiDsi  que  Ton  est  en  droit  d*attribuer  au 
diallyle  la  formule  de  structure 

H.G  —  CH, 

I      I 

HC      CH 
H.C      GH,. 

Cela  ^tant  admis,  la  question  de  la  structure  des  grou- 
pements C3H3  de  mou  hydrocarbure  ac^tyl^nique  CeHe, 
se  simplifie. 

Le  diallyle  i  *  "^  ^   ~  ^  *  doit  presenter  en  double  dans 

CHj  —  CH  —  CH| 

sa  molecule  les  propri^t^s  fondamentalesdes  combinaisons 
allyliques,  et  pouvoir  subir,  aussi  en  double,  les  reactions 
caract^ristiques  de  celles-ci.  C'esl  en  effet  ce  que  I'exp^- 
rience  confirme  d*une  maniere  g^u^rale. 
J*ai  fait  voir  pr^c^demment  que  les  composes  allyliques 
*  monO'Substitu^ ,  particuli^rement   les   composes   bro- 


(60) 

mes  (QHiBr)  X,se  traDsforroenl,  sons  TactioD  desalcalis 
caustiques,  en  composes  propargyliques  (C3H3)  X  corres- 
poDdants;  or,  lors  de  cette  transfonnatioD,  la  molecule  d*by- 
drog&ne  —  en  r6alit^  d'bydracide  balog6n^,  HBr,  etc.  — 
qui  se  detacbe  du  compost  allylique  CH,  —  CH  —  GHsX, 
s'^limine  aux  depens  des  deux  atomes  de  carbone  Stran- 
gers au  radical  X,  le  cbalnon  —  C  H^X  demeurant  intact ; 
les  composes  propargyliques  qui  partagent  toutes  les  pro- 
prietSs  fondamen tales  et  caractSristiques  de  Fallyl^ne, 
doivent  en  possSder  la  structure;  Tallyl^ne  CsHi  est  cer- 
taincment  le  methyl-acetylene  GH3  —  C  —  CH,  ainsi  que 
rin<lique  son  mode  de  production  k  Taide  du  propylene 
monocblorS  C3H5CI  ou  CH5  —  CCI  —  CH,,  compost 
dont  la  structure  est  bien  solidement  Stablie;  les  compo- 
ses propargyliques  sont  au  m^roe  titre  que  les  composes 
allyliques,  des  composes  privnaires^  dSrivant  de  Tallyl^ne, 
et  la  formule  qui  rend  comptede  leur  mode  de  production 
et  de  leurs  propriStes  ne  pent  Stre  que  la  suivante 


CH.X 

I 

c 

I 

CH. 


J'altribue  done  i  Pbydrocarbure  acetylenique  CeHe  les 
formules 

HG       CH 

I     *    el         C       C 
C,H,  I         I 

"  •  H,C  -  CH, 

formules  qu'oxpriment  les  denominations  de  dipropargyle 
et  de  diallylenyle  que  je  lui  ai  donnees. 

D'aprfts  ces  Tormules,  cet  hydrocarbure  C^H^  doil  pre- 


(61  ) 

senter  en  double  les  propriet^s  de  I'allyl^ne  dont  il  ren- 
ferme  deux  fragments  ac^tyl6niques,  soud6s  Tun  k  Tautre. 

C*est  en  effet  ce  que  Texperience  a  coniirm^  jusqu'ici. 
J'ai  constate  en  eflet  que  sous  Taction  du  br6me,  il  se 
coinporte  comme  Tallyl^ne;  celui-ci  donne  d'abord  un 
bibromure  CzH^Br^,  produit  liquide;  mon  hydrocarbure 
donne  un  tetrabromure ,  C6H6Br4,  produit  ^galement 
liquide;  a vec  les  r^actifs  ac^tyl6niques,  c*est-^-dire  les 
solutions  cuivreuses  et  argentiques  ammoniacales,  Tally- 
l^ne  donne  des  composes  monometalliques ;  le  dipropargyle 
donne  des  composes  de  meme  aspect  et  de  mSme  couleur, 
bimetalliques. 

Si  la  formule  indiquec  plus  baut  exprime  r^eliement  la 
structure  du  diallyl^nyle,  ce  compose  doit  etre  octo-valent 
ou  octo^atomique.  Cest  un  point  important  que  Taction 
continu^e  du  brdme  sur  le  t^trabromure,  et  celle  des 
bydracides  balog£n^  sur  Thydrocarbure  lui-mdme,  me 
permettront  de  determiner.  S'il  en  est  ainsi,  le  diallyl^- 
nyle  sera  le  premier  exemple  d'un  compost  organique  d*une 
atomicite  aussi  ^lev^e,  et  d'une  molecule  aussi  incomplete. 
Quoi  qu'il  en  soit,  je  ne  sache  pas  que  Ton  ait  produit  jus- 
qu'i  present  une  combinaison  grasse  atteignant  cette  limite 
si  lointaine  de  deshydrog^nation  et  venant  se  ranger  dans 
la  s^rie  gen^rale  C.  Hi._8,en  seconfondant  exterieurement 
avec  la  premiere  s^rie  des  hydrocarbures  aromatiques. 

Qu'il  me  soit  permis^  avant  de  terminer,  de  revenir 
encore  un  instant  sur  le  diallyle. 

Je  nignore  pas  que,  dans  ces  derniers  temps,  la  structure 
de  cet  hydrocarbure  telle  que  je  Tai  formulae  et  admise 
plus  baut,  a  6ii  remise  en  question,  k  la  suite  de  la  dis- 
cussion dont  a  ete  Tobjet  Tacide  crotonique,  obtenu  a 
Taide  du  cyanure  d*allyle.  Ainsi  que  je  Tai  d^ja  signale 


(62) 

pi^c^demment,  M.  ToUens  (1)  a  fait  remarquer  que  le  dial- 
lyle  ue  poss^e  pas  le  poinl  d'^bullition  que  lui  assigne  la 
(h^orie;  au  lieu  de  bouillir  k  68^-70''  comme  le  dipro^ 
pyle,  CH5  —  (CHj)4  —  CH3,  il  bout  en  r6alit6  i  58«-60« 
de  mdme  que  le  diisopropyle,  {CHs)^  —  CH  —  CH  (CHs)^, 
par  consequent  k  lO""  environ  trop  bas.  M.  Tollens  incline 
k  admettre  Tune  ou  Tautre  des  formules 


CH, 

CH, 

CH» 

CH, 

^H 

<^H 

OU 

i 

1 
c 

U- 

-<iH 

in,- 

-CH, 

Malgr6  toute  rimportance  que  j*attache  aux  opinions 
d'un  chimiste  aussi  distingu^  et  aussi  judicieux  que 
M.  Tollens,  je  ne  puis  accepter  ces  formules;  je  ne  trouve 
pas  dans  la  volatility  du  diallyle  une  raison  suflSsante  pour 
m'amener  i  rejeter  une  formule  que  je  crois  en  rapport 
avec  les  propri^t^s  de  ce  corps  et  un  grand  nombre  de 
faitset  de  reactions.  J'attache  sans  doute  une  valeur  r6elle, 
souvent  m^me  considerable,  aux  inductions  que  Ton  peut 
tirer  de  la  volatility  compar^e  des  composes  organiques; 
il  y  a,  selon  moi,  comme  selon  d'autres,  des  enseignements 
pr^cieux  &  recueillir  dans  cet  ordre  d'id^es;  mais  je  ne 
puis  m^connattre  que  ces  indications  et  ces  conclusions 
ne  doivent  souvent  £tre  accept^es  qu'avec  prudence  et 
discretion ;  la  volatility  est  en  effet  une  donnee  physique 
quise  trouve  influencee,  modifiee,  d'une  mani^re  souvent 
inattendue,  par  des  circonstances  ou  des  conditions 
diverses  de  composition,  qui  ne  nous  sont  connues  que 


(1)  Berkhtder  Deutschen  chemischen  Gesellschaft,  t.  YI,  p.  591  (mai 
1873). 


(63). 

d'une  manidre  fort  imparfaite  jusqu'ici.  Quil  me  soil  per- 
mis  de  rappeler  k  cette  occasion  les  singularit^s  que  j'ai(l) 
coDstat^es  pr^c^demment  entre  les  points  d'^bullition  du 
nilriJe  ^thylglycollique  (C5H5O)  CHj  —  Ckz  el  du  cyano- 
carbonate  d'^lhyle  (CgHsOjCO — Ckz\  celles  plus  ^ton- 
nan  tes  encore  qu'a  fait  connaitre  d'une  maniere  precise 
M.  L.  Bisschopinck  (2)  quant  aux  d^riv^  chlor^s  de  Tac^- 
tonitrile,  etsur  lesquelles  j'ai  cru  utile  d'attirer  Tattention 
des  chimistes.  Au  reste^  si  le  point  d'^bullition  du  diallyle 
paratt  anormal,  il  en  est  de  m^me  de  celui  du  diallyl^nyle : 
j'ai  fait  remarquer  dans  la  description  de  ce  corps  cette 
exception  &  la  relation  g^n^rale  qui  existe,  quant  i  h 
volatility,  entre  les  composes  allyliques  el  propargyliques 
eorrespondants;  il  semble  que  le&  refations  si  constantes 
de  volatility  ^tablies  entre  les  composes  propyliques  pri^ 
maires  et  les  composes  allyliques,  entre  ceux-ci  et  les 
composes  propargyliques,  ne  s'appliquent  qu'aux  composes 
renfermant  une  seule  fois  le  radical ,  et  qu'elles  cessent, 
alors  que  les  radicaux  C3  H^  et  C3H3  se  soudent  ou  se 
combinent  &  eux-mSmes,  pour  constituer  des  hydrocar- 
bures,  CeH|o  et  CeHe. 

Je  continuerai  I'^tude  du  diallyl^nyle  sitdt  aprte  la 
reprise  des  cours  au  mois  d'octobre  prochain;  j'aurai 
rbonneur  de  rendre  compte  k  TAcad^mie  du  r^sultat  de 
mes  recherches  sur  ce  compost. 


(1)  Voir  ma  nolice,  Bulletins  de  VAcadHnie   royale  de  Belgique , 
mars  iS73. 

(2)  Bulletins  de  VAcadimie  royale  de  Belgique,  mai  1873. 


(64) 


Note  sur  quelques  proprietes  des  acides  pyrocitriques ;  par 
M.  Theodore  Swarts,  professeur  k  rUniversit6  de  Gand. 

J'ai  eu  I'occasion  de  faire  plusieurs  observations  sur  les 
transformatioQS  de  i'acide  itacoaique  et  de  ses  isomeres 
dans  le  cours  de  mes  recherches  sur  les  d^riv6s  addition- 
nels  de  ces  corps  int^ressants.  J*ai  notamment  fait  voir  que 
les  acides  pyrotarlriques  monosubstitu^s  se  d^doublent 
sous  certaioes  influences  en  hydracides  et  en  acide  m^sa- 
conique,  dont  la  formation  parait  Stre  un  ph^nomene  con- 
stant (1).  Le  travail  que  j'ai  Thonneur  de  soumettre  k 
TAcad^mie  est  le  r6sum6  d'une  s^rie  d'observations  du 
m^me  genre  que  j'ai  relev^es  dans  le  cours  de  mes  tra- 
vaux. 

La  production  plus  ou  moins  facile  de  Tun  des  acides 
pyrocitriques  parait  d^pendre  de  la  temperature.  Si  elle 
s'^leve  tr^-haut,  c'est  Tanhydride  citraconique  qui  prend 
naissance;  aussi  obtient-on  une  quantity  notable  de  ce 
corps,  quand  dans  la  distillation  s&che  de  Tacide  citrique 
on  ne  pousse  pas  vivement  Fop^ration ,  et  qu*on  soumel 
Tacide  itaconique,  primitivement  forme,  i  Taction  d'une 
chaleur  longuement  prolongee.  On  sait  depuis  longtemps 
que  Tacide  itaconique  et  le  citraconique,  chaufiiSs,  se  d^- 
doublent  en  anhydride  citraconique  et  en  eau.  J'ai  eia- 
min6  Taction  de  la  chaleur  sur  Tacide  m^saconique.  Ce 
corps  commence  a  se  sublimer  vers  180° :  il  fond  vers 


(1)  Bulletins  de  CAcad,  royale  de  Belgique,  2°>«  serie»  t.  XXI ,  n"  6. 


(65) 

202®  el  bout  k  250''  en  se  d^composanten  eau  et  en  anhy- 
dride citraconique.  Ce  dernier  a  &i6  reconnu  k  son  poinl 
d'^bullition,  k  son  odeur,  et  k  sa  transformation,  sous  Tin- 
fluence  de  I'eau,  en  acide  citraconique,  fusible  a  80°,  et 
done  d'une  forme  cristalline  aisement  reconnaissable. 

En  ce  qui  concerne  le  point  de  fusion  de  Tacide  m^sa- 
conique,  la  plupart  des  auteurs  Tindiquent  comme  ^tant  k 
208.  J*ignore  si  ce  chiffre  est  exact ;  cardans  les  nombreuses 
determinations  de  point  de  fusion  que  j'ai  faites  de  eel 
acide,  jerai  toujours  vu  fondrei  202'',quand  j*empioyais  des 
thermom^tres  de  precision  et  une  substance  puriG^e  avec 
soin.  n  m'est  difficile  d'admettre  que  tons  les  produits  que 
j'ai  eus  en  main  fussent  impurs :  d'ailleurs,  en  operant  avec 
deux  excellents  thermom^tres  de  Geissler,  et  sur  un  acide 
m^saconique  prepare  par  M.  Kekul^,  j'ai  trouv^  encore  le 
point  de  fusion  a  202®.  Je  dois  cependant  reconnaltre  que 
I'acide  m^saconique  souill^  d'une  petite  quantity  de  ma- 
ti^re  etrangere  pr^sente  fr^quemment  un  point  de  fusion 
trop  bas,  et  qui  pent  descendre  k  190";  mais  dans  ces  cas 
encore,  I'acide  sublim^  fond  k  202®. 

Je  suis  done  port^  k  croire  que  le  chiffre  208,mentionn6 
dans  les  livres,  provient,  ou  d'une  Caute  d'impression ,  ou 
de  I'emploi  d'un  thermom^tre  inexact. 

Les  temperatures  comprises  entre  100  et  175®  parais- 
sent  surtout  favorables  k  la  production  de  I'acide  itaco- 
nique. 

M.  Willm  a  fond^  sur  ce  fait  une  m^thode  pratique  de 
transformation  de  I'acide  citraconique  en  acide  itaco- 
nique  (1). 


(1)  Ann.  Chim.  Pharm.,  141, 28. 

2""^  s£rie,  tome  xxxyi.  5 


(66) 

J'ajouterai  ici  qu'il  resulte  de  mes  experiences  que 
Facide  itaconique  est  le  produit  normal  de  la  decomposi- 
tion de  Facide  aconitique  par  la  chaleur  :  les  produits  nom- 
breux  qu'on  obtient  dans  la  distillation  seche  de  facide 
citrique  sont  dus  k  des  reactions  secondaires  resultant  de 
I'application  d*une  chaleur  trop  forte.  En  effet,  si  Ton 
chauffe  avec  management  dans  un  petit  tube  une  minime 
quantity  d'acide  aconitique  parfaitement  pur,  on  voit  se 
sublimer  dans  des  parties  froides  de  I'appareil  des  cristaux 
d'acide  itaconique,  exempts  d^anhydride  citraconique,  et 
directement  reconnaissables  k  leur  point  de  fusion  (162''), 
et  k  leur  forme  cristalline. 

Quand  on  chauffe  en  vase  clos,  k  la  temperature  de  180 
k  200"",  une  solution  concentr^e  d'acide  itaconique  ou  ci- 
traconique,  il  se  d^gage  beaucoup  d'anhydride  carbonique, 
en  mSme  temps  qu*il  se  s^pare  une  huile  brun&tre,  d'odeur 
empyreumatique,  comme  celle  que  Ton  obtient  dans  la  dis- 
tillation s^che  de  I'acide  citrique,  vers  la  fin  de  {'operation. 
Le  liquide  aqueux  qui  surnage  contient  une  quantite  no- 
table d'acide  mesaconique. 

Ce  dernier  semble  surtout  se  produire  par  la  destruc- 
tion, sous  I'influence  de  Teau,  des  derives  additionnels  des 
acides  pyrocitriques.  Aux  faits  que  j'ai  publies  anterieure- 
ment  j'ajouterai  les  suivants.  L'acide  pen  soluble ,  qui  se 
separe  de  la  solution  concentree  de  l'acide  citrapyrotar- 
trique  bicblore  (1),  et  dont  j'ai  signaie  la  formation,  n'est 
autre  chose  que  de  l'acide  mesaconique,  resultant  du  de- 
part de  deux  atomes  de  chlore  aux  depens  de  l'acide 
bichlore  primitivement  forme.  Si  je  n'ai  pas  reconnu  d^s 


(1)  Bulletins  de  VAcad.  royale  de  Belgique ,  2«e  serie,  1.  XXXlll,  n  1 


(67) 

Tabord  la  nature  de  cette  substancCy  c'est  que  sa  forme 
eristallis^e  et  surtout  la  dimension  de  ses  cristaux  n'oflraient 
rien  qui  rappel^t  Tacide  m^saconique.  Quand  je  Teus  de- 
Imrrass^e  par  quelques  cristallisations  des  traces  d'acide 
chlor6  qui  la  souillaient,  j'obtins  un  produit  dont  toutes 
les  propri^t^s  physiques  correspondaient  k  celles  de  Tacide 
m^saconique  pr^par6  par  d'autres  proc£d6s;  son  point  de 
fusion  ^lait  k  202"*.  En  voici  Fanalyse  : 

0,2800*'  de  substance  donnerent  0,3715«'  CO,  et 
0,1230«'  H^O,  ce  qui  correspond  i  C  —  45,9  et  H  —  4,8; 
la  formule  C^HeOi  exige  C  —  46,1  et  H  4,6. 

Dans  Tespoir  d'arriver  k  la  preparation  d'un  acide  de  la 
formule  CgHgOe,  identique  ou  isomere  k  I'acide  carbally- 
lique,  j'avais  fait  agir  du  cyanure  de  potassium  en  solu- 
tion alcoolique  sur  I'itamonochloropyrotartrate  d'ethyle. 
L'op^ration  faite  i  130°  en  tube  scell6  avait  donne  un  d6- 
p6t  de  chlorure  de  potassium  et  un  liquide  dou6  de  I'odeur 
d^sagr^able  des  carbylamines.  Gomme  Taction  de  la  cha- 
leur  semblait  le  decomposer,  je  n'essayai  pas  de  Tisoler  de 
sa  solution  et  je  le  d^composai  direclement  par  la  potasse 
alcoolique.  II  se  d^gagea  un  pen  d'ammoniaque,  et  apr^s 
Evaporation  de  Talcool,  je  trouvai  dans  le  r^sidu,  non  pas 
Pacide  carballylique,  mais  de  I'acide  prussique  et  de  I'acide 
m^saconique.  En  effet,  la  masse  saline  additionn^e  d'acide 
sulfurique  Etendu  laissa  d^gager  I'odeur  caract^ristique  de 
I'acide  cyanhydrique ;  et  en  6puisant  par  I'^ther,  je  pus 
isoler  un  acide  pen  soluble  dans  reau,cristallisan  ten  petites 
aiguilles  enchevetr^es ,  se  sublimant  dijk  vers  lOO**  et 
fusible  au  deli  de  200.  L'analyse  d^montra  que  cette  sub- 
stance avait  la  composition  de  I'acide  m^saconique ,  dont 
elle  pr^sentait  les  propriet^s  physiques. 


(68) 

0,3670"  de  substance  doDO^rent  0,6190«'  CO,  et 
0,1559"  HjO. 

CALCULI.  TROUV^. 

C, 60        46,2  46,1 

O4 64        49,2 

He 6  4,6  4,8 

II  r^sulte  de  Ik  que  Tacide  itapyrotartrique  monocyan^, 
qui  s'est  d^compos^  dans  cette  experience  en  acides  prus- 
sique  et  m^saconique ,  est  plutdt  un  cyanure  proprement 
dit  qu'un  nitrite,  et  qu'il  se  comporte,  non  comme  I'acide 
cyanac^tique,  mais  comme  le  cyanure  d'ac^tyle. 

Dans  son  ouvrage  intitule  :  Syslematische  Zusammen-- 
stellung  der  organischen  Verbindungen  (p.  238),  Weltzien 
dit  que  I'itaconate  d'^thyle  paratt  £tre  identique  avec  le 
citraconate.  JMgnore  sur  quels  faits  est  bas^e  cette  maniSre 
devoir;  peut-£tre  r^sulte-t-elle  de  Tidentit^  presque  abso- 
lue  qu*on  observe  dans  les  propri^t^s  physiques  des  Others 
appartenanti  des  acides  de  caract^res  si  distincts,  et  aux- 
quels  on  pourrait  ajouter  Tether  m^saconique.  En  presence 
de  la  grande  facility  avec  laquelle  ces  acides  se  transfor- 
ment  les  uns  dans  les  autres,  il  n'est  pas  impossible  aujour- 
d'hui  d'admettre  qu'une  transformation  des  Others  puisse 
egalement  se  produire  pendant  reth^rification.  J'ai  jug^ 
que  la' question  £tait  assez  int^ressante  pour  £tre  soumise 
au  contrdle  de  rexp^rience,  et  voici  les  r^sultats  que  j'ai 
observes. 

L'^ther  itaconique  ne  pent  s'obtenir  pur  que  par  Taction 
du  bromure  ou  de  Tiodure  d'^thyle  sur  Titaconate  d*argent. 
La  reaction  commence  k  froid  et  s'ach^ve  k  80"".  On  obtient 
ainsi  un  liquide  l^g&rement  sirupeux,  d'une  odeur  aroma- 


(69) 

tique  peu  prononc^,  et  bouiilant  sans  alteration  k  ^SO"". 
AdditioDD^  d'eao  de  baryte,  il  se  saponifie  en  partie  et 
donoe  un  pr^cipit^  cristallin  d'itacoDale  de  baryum.  Au 
bout  de  quelques  jours,  il  se  transforme  en  une  modifica- 
tion polym^rique ,  de  consistance  plus  sirupeuse,  et  que 
la  distillation  retransforme  en  ^tber  itaconique  ordinaire. 
Cette  transformation  paralt  devenir  complete  ^  la  longue; 
je  possede  dans  mon  laboratoire  un  ^chantillon  d^^ther 
itaconique,  pr^par^  depuis  quelques  ann^es,  et  qui  a  pris 
la  consistance  du  m^tastyrol. 

L'^ther  itaconique,  de  preparation  ancienne  ou  r^cente, 
se  saponifie  reguli^rement  quand  on  lechauffe  k  100°  avec 
de  la  baryte ,  et  ne  donne  que  de  Tacide  itaconique  et  de 
I'alcool. 

II  n'en  est  plus  de  m^me  quand  on  essaye  de  preparer 
cet  ether  par  la  m^thode  que  les  chimistes  ont  adoptee 
jusqu'ici  pour  le  produire,  et  qui  consiste  k  faire  agir  Tacide 
chlorhydriquesurunesolutionalcooliqued'acide  itaconique. 
Dans  cette  experience  une  partie  de  Tacide  s'etherifie  re- 
gulierement;  mais  une  autre  portion  semble  se  combiner 
additionnellement  k  Facide  chlorhydrique  pour  se  decom- 
poser ensuite,  et  engendrer  de  Tacide  mesaconique,  lequel 
s'etherifle  k  son  tour.  Le  produit  que  Ton  obtient  ainsi 
commence  k  bouillir  k  225%  et  le  thermometre  s'eieve  gra- 
duellement  jusqu'i  230.  La  liqueur  distiliee  est  un  me- 
lange de  beaucoup  d'ether  mesaconique  et  de  peu  d'ether 
itaconique,  comme  je  m'en  suis  assure  par  la  saponification 
k  100^  k  Taide  de  la  baryte.  A  froid,  on  observe  A&jk  la 
production  d'un  preciptte  d'itaconate  de  baryum  qu'on 
peul  isoler  pour  en  extraire  Tacide  correspondant;  le  sel 
forme  k  chaud  est  forme  presque  exclusivement  demesaco- 
nate.  Je  n'ai  pas  fait  Fanalyse  des  acides  ainsi  isoies;  leurs 


(70) 

propri^t^s  physiques  sont  suJOSsamment  nettes  poar  per- 
mettre  de  les  reconnattre  facilement. 

La  quantity  d*6ther  m^aconique  form^  dans  cette 
experience  est  d'autant  plus  forte  que  la  temperature 
s'ei^ve  davantage.  Aussi  en  trouve-t-on  une  quantity  bien 
moindre  si  le  produit  de  retherification  n*a  pas  &tA  rectifi6. 

Malaguti  a  d^crit  (1)  un  Hhev  pyrocitrique  que,  d'apr^s 
toutes  ses  propriet^s,  je  considire  comme  identique  avec 
]e  produit  que  je  viens  de  d^crire  en  dernier  lieu.  Gepen- 
dant  je  n'ai  obtenu  avec  aucun  des  Others  prepares  par 
moi  le  precipite  par  le  nitrate  d*argent  signal^  par  ce  sa- 
vant. II  est  probable  quMl  s'agit  ici  d'un  peu  d'acide  chlor- 
hydrique  melange  k  Tether. 

Un  melange  d'acide  citraconique  et  d'alcool ,  soumis  k 
Taction  d'un  courant  de  gaz  chlorhydrique,  se  comporte 
comme  I'acide  itaconique. 

Mais  de  m6me  que  cet  acide  se  transforme  plus  facile- 
ment que  ce  dernier  en  acide  m^saconique,  de  m^me  son 
ether  se  modifie  d'une  fa<;on  beaucoup  plus  complete. 
Apres  que  celui-ci  eut  ete  lave  k  I'eau  pour  lui  enlever  les 
dernieres  traces  d'alcool  et  d'acide  chlorhydrique,  et  desse- 
che  ensuite  par  le  cblorure  de  calcium,  il  commen^a  k 
bouillir  k  222^,  et  avait  distilie  presque  compietement  a 
225.  La  liqueur  distiliee  ne  precipitait  point  par  Teau  de 
baryte  :  saponifiee  k  100,  elle  se  transforma  presque  inte- 
gralement  en  mesaconate,  Jo  pus,  k  Taide  de  I'acide  sulfu- 
rique,  separer  de  ce  sel  une  quantite  notable  d'acide  mesa- 
conique  :  la  quantite  d'acide  citraconique  formee  etait  trop 
faible  pour  pouvoir  etre  recherchee. 

L'ether  citraconique  prepare  de  la  m^me  maniere,  mais 

(1)  Ann,  Chim.  Phys.,  I.  II,  p.  64. 


(71  ) 

sans  avoir  €tA  soumis  k  la  rectitication ,  subit  ^galement  la 
metamorphose  que  je  viens  de  signaler,  quoiqae  d'une 
fa^n  moins  complete.  Chauff^  kiOOf  dans  un  lobe  scell6 
avec  un  melange  d'eau  et  de  cristaux  de  baryte,  il  se 
transforma  rapidement  en  une  masse  cristalline  blanche, 
semblable  k  celle  qu'avaient  fournie  les  experiences  ante- 
rieures.  Ce  sel,  recueilli  sur  un  Oltre,  et  purifle  par  des 
lavages  k  I'eau  et  k  Talcool,  fut  decompose  par  I'acide  sul- 
furique.  La  liqueur  acide,  s^par^e  du  sulfate  de  baryum, 
fut  epuis^e  par  Tether,  la  solution  ether^e  fut  soumise  k 
Tevaporation  spontan^e.  [I  ne  tarda  pas  k  se  d^poser  sur 
lesparois  du  cristallisoir  des  grumeaux  blancs,  ternes,  de 
structure  crislallisee,  et  peu  solubles  dans  I'eau,  tandis 
qu'un  r^sidu  sirupeux  s'accumulait  au  fond  du  vase.  La 
substance  cristalline,  detach^e  des  parois,  et  purifl^e  par 
compression  entre  des  doubles  de  papier-Joseph,  fut  recris- 
tallisee  de  Teau,  et  se  pr^senta  de  suite  avec  toutes  les  pro- 
prietes  de  Tacide  mesaconique.  Son  point  de  fusion  etait 
k  202°.  Quant  au  liquidc  sirupeux,  il  ne  tarda  pas  k  prendre 
en  une  masse  cristalline  confuse  quand  on  Tabandonnait 
sur  Tacide  sulfuriqne.  II  etait  Evident  pour  moi  que  je  me 
trouvais  en  presence  de  Tacidecitraconique;  mais  comme 
il  ne  se  pr^sentait  pas  avec  un  degre  de  purete  suffisant 
pour  etre  nettement  reconnu  et  caract^rise  par  ses  pro- 
prietes  physiques,  je  le  traiisformai  en  sel  de  calcium 
acide,  lequel  parmi  tous  les  citraconales  a  les  proprietes 
les  plus  nettes  et  les  plus  caracterisliques.  II  cristallise  en 
petits  rhombes  d^edat  nacre,  de  solubilite  moyenne,  et  con- 
tient  une  demi-moiecule  d*eau  de  cristallisation. 

0,2530«'  de  substance  perdirent  k  100%  0,0785''  d'eau  et 
donnerent  0,2020^  CaS04,  ce  qui  correspond  k  15,0  p.  % 
Hj  0  et  1 1 ,2  p.  %  Ca ,  la  formule  Co  C,o  H,o  0  h-  3  Hj  0 
exigeH^O  15,3  etCa  11,3. 


(72) 

II  r^sulle  done  encore  des  experiences  que  je  viens  de 
decrire  que  le  corps  regard^  jusqu'ici  comme  de  I'^lher 
citraconique  n'est  qu'un  melange  de  ce  dernier  avec  Tether 
m^saconique. 

Gelui-ci  s^obtienl  tres-facilement  par  les  m^thodes  ordi- 
naires,  et  ne  subit  aucune  transformation  pendant  sa  pre- 
paration. II  bout  k  220''  et  c'est  sa  presence  qui  d^prime 
ordinairement  le  point  d'^bullition  des  deux  autres  Others, 
ses  isomSres. 

Enfin  c'est  lui  qui  poss^de  une  odeur  forte  et  aroma- 
tique,  et  qui  communique  cette  odeur  aux  deux  autres 
Others,  lesquels,  k  I'^tat  de  puret^,  ne  sentent  pas  k  beau- 
coup  pr^  aussi  fort. 


Quelques  (axis  pour  servir  a  I'etude  de  la  constitution  des 
composes  oxygenes  du  soufre;  par  M.  Walth^re  Spring. 

Dans  ces  derniers  temps  les  chimistesse  sont  beaucoup 
occupy  de  r^tude  de  la  position  r^ciproque  des  atomes 
dans  la  molecule,  de  la  constitution  de  ces  derni^res  en  un 
mot.  Cette  ^tude  est  faite,  peut-on  dire,  pour  la  plupart 
des  corps  de  la  chimie  organique;  la  chimie  inorganique, 
au  contraire,  compte  de  nombreuses  classes  de  composes 
sur  la  constitution  desquels  on  est  tout  ind^cis,  tels  sont, 
par  exemple,  les  composes  oxyg^n^  du  soufre.  Gontribuer 
dans  la  mesure  de  mes  faibles  forces  k  dissiper  le  doute  qui 
r^gne  sur  la  constitution  de  ces  acides  est  la  tjiche  que  je 
me  suis  impos^e. 

J'ai  I'honneur  de  communiquer  iT Academic  la  premiere 
partie  de  mon  travail,  qui  a  ^te  ex^cutee  sous  la  direction 
de  M.  Kekuie  :  qu'il  me  soit  permisde  lui  reit^rer  Texpres- 


(73) 

sioD  de  ma  vive  gratitude  pour  la  bienveillance  dont  il  m'a 
boDor^. 

line  sera  pas  d^plac^de  rappeler  iei,aussi  succinctement 
que  possible,  les  diffiSrentes  mani^res  dont  les  chimistes 
ont  envisag^jusqu'aujourd'hui  la  constitution  de  cesacides. 

Lorsqu'on  appliqua  la  th^orie  des  types  i  la  chimie  mi- 
n^rale,  on  consid^ra  I'acide  sulfurique  comme  d^rivantdu 
typ^  Ht!<>*»  et  Ton  admit  en  lui  I'existence  du  radical  bi- 
alomique  S"02.  Plus  tard ,  Odiing  consid^ra  I'acide  hypo- 

sulfureux  comme  d^rivant  du  type  h     »  el  le  formula 

.      .         HJQ  jj    S 

amsi :  so«      . 

HJS 

On  se  figura,  de  la  mSme  mani^re,  Tacide  sulfureux 
comme  derivant  du  type  mixte  hI  et  g jo ,  soil : 

so*  L- 
HJo 

MM.  Kekul^  et  Linnemann  {Bulletins  de  VAcademie 
royalede  Belgique,  2«  s^rie,  t.  XHI,  p.  156)  ont  ensuite 
«5tendu  aux  autres  acides  du  soufre  cette  maniSre  de  voir 
el  ont  exprim^  leurs  id^es  par  les  formules  suivanles  : 


H*o. 


H«. 


so« 


H»0. 


Aeide 
•nlfnrcax. 


2H«0. 


Aclde 


so'jo 

so* ;        dllhiooiqafl. 


H 


SO 


^  j  0        Acid« 
\  /\    •vlfnriqae. 


H«S. 


H 


10 


Adde 


SO* 

I  Q  hjrpocttltareax 


»jo 

S0« 

!o 


Aeide 


SO'  I       dUalfariqae. 


H 


SO 


0 


Aeld« 


jo 

SO* .       Crlchioolqa«. 


(74) 

On  le  voit  Tacide  l^trathionique  ne  flgure  pas  dans  ce 
tableau.  En  effet  MM.  Kekui^  et  Linnemann  Font  rattacli6 
au  type 

Sis. 

le  consid^rant  comme  un  bisulfure  par  suite  de  Tanalogie 
que  prfeente  sa  formation  par  Taction  del'iode  sur  les  hy- 
posulQtes  avec  la  formation  des  bisulfures  organiques  par 
la  mSme  reaction  (*). 

A  cette  ^poque  on  ne  se  preoccupait  pas  beaucoup  de 
la  nature  du  radical  qui  entre  dans  ces  formules;  on  Tad- 
meltait  comme  une  chose  donn^e,  lorsque  M.  Kekul4  diri- 
gea  ses  recherches  vers  la  constitution  du  radical  S"0^  lui- 
m^me.  II  restait  encore  k  savoir,  en  effet,  si  la  constitution 
de  ce  radical  ^tait  telle  qu'on  pHi  assigner  k  Tacide  sulfu- 
rique  une  formule  symetrique  ou  non.  M.  Kekul6  resolut 
ce  problfime  en  observant  que  la  reduction  des  sulfo-sels 
d^s  radicaux  organiques  conduit  aux  sulfhydrates  de  ccs 
m^mes  radicaux ;  ce  fait  demontrait  que  le  radical  orga- 
nique  est  en  contact  imm^dial  avec  le  soufre  de  I'acide, 
par  suite  I'acide  sulfurique  doit  etre  represent^  par  la  for- 
mule non  symetrique  : 

HOSOOOH. 

Enfin  la  reaction  bien  connue  de  M.  Strecker  d6montre 


(*)  Kekule  uod  Linnemann ,  Ueber  die  Einwirckung  von  Jod  auf  einige 
orgatiische  Schwefelverbindungen  (Anpc.  der  Cuemie  ojid  Pharxacie,  B.  , 
CXlll,p.276). 


(78) 

que  Tacide  sulfureux  est  ^alement  non  sym^trique  et  con- 
stitQ^  comme  il  suit : 

HSOOOH. 

En  d'autres  termes,  Tacide  sulfurique  serait  le  sulfacide  de 
I'eau  et  I'acide  sulfureux  le  sulfacide  de  ThydrogSne.  Re- 
prenant  et  g^n^ralisant  cette  idee,  M.  ilLendeljeS  (Berichte 
derDeutschen  chemischen  Gesellschaft  zu  Berlin,  Jahrgang 
1870,  p.  871)  a  dress^  le  tableau  hypoth6tiquesuivant,  dans 
lequel  il  consid^re  les  acides  thioniques  comme  des  sul- 
facides  de  Thydrog^ne,  de  I'eau,  du  mono  et  du  bisulfure 
d'hydrogfene ,  voire  m6me  d'un  trisulfure  d'hydrogfene : 


De 

H« 

derive 

H  (SD'H)       acide  sulfureux. 

• 

» 

» 

(HO'^)  (SO>H)        »     dithionique. 

De 

H»0 

» 

HOSO'H            »     sulfurique. 

» 

» 

» 

(HO'S)  0  (SC'H)       n     disulfurique. 

De 

H*S 

« 

HS(SO^H)           »     liyposulfureux. 

» 

n 

» 

(EC'S)  S  (SO'H)     »     trithionique. 

De 

H«S« 

0 

HS»  (SO'fl)      iDConnu. 

« 

i> 

» 

(HO>S)SS(SO^H)  acide  tetralbionique. 

De 

H«S' 

» 

HS»  (S03H)       inconnu. 

n         » 


»      (HO^S)  SSS  (SO"H)  acide  pentalhionique. 


On  peut  se  convaincre  que  le  tableau  dress^  par  M.  Ke- 
kul6  renferme  implicitement  celui  de  M.  Mendeljeff. 

Si  cette  derniere  mani^re  de  voir  est  exacteje  chlorure 
de  soufre  doit,  par  son  action  sur  des  sulfites,  donner  nais- 
sance  k  des  acides  polythioniques ;  c'est  ce  que  je  me  suis 
propose  de  verifier  f). 

J'ai  employ^,  en  premier  lieu,le  chlorure  de  soufre 


(*)  Pendant  l*extoution  de  ce  travail,  j'ai  appris  que  M.  Mendeljeff  avait 
fait  la  mSme  remarque,  sans  louiefois  demander  k  inexperience  si  eiie 
etait  exacte. 


(76) 

r^pondanl  a  la  forinule  S^CI^etbouillant  k  la  temperature 
consiante  de  158^  Le  sulfite  employ^  etait  le  sulfite  neutre 
de  potassium,  dont  je  me  suis  pr^par^  une  solution  dans 
Teau  aussi  concentr^e  que  possible,  pour  ^viter,  dans  les 
limites  du  possible,  Taction  du  chlorure  de  soufre  sur  Teau 
elle-m£me. 

Le  chlorure  de  soufre  a  H&  vers6  dans  cetle  solution 
par  petites  portions et  la  solution,  agil^e  violemment  pour 
diviser  les  gouttes  du  chlorure,  Pa  dissous  int^gralement 
avec  un  faible  d^gagement  de  chaleur.  La  liqueur  resta 
c/afre;au  bout  de  quelques  minutes  il  s'cst  form6  une  abon- 
dante  cristallisation  d*un  sel  poss6dant  les  propri^t^s  du 
trithionate  de  potassium. 

Les  cristaux  ainsi  obtenus  ont  ^t^  laves,  puis  sou  mis 
k  quelques  nouvelles  cristallisations  jusqu'i  ce  que  leurs 
caract6res  physiques  d^notassent  une  purete  suflisante. 
L'analyse  de  ce  sel  m'a  donne  les  resultats  suivants  : 

K  =  28,65  Vo, 
S  =  35,41  »  ; 

d'autrc  part  la  composition  cent^simale  calcul^c  du  trithio- 
nate de  potassium  est 

K  =  28,88 
S  =  35,55. 

On  voit  que  le  sel  obtenu  par  cette  reaction  est  le  iri- 
Ihionate  de  potassium, 

Le  probl^me  n'^tait  pas  encore  resolu;  il  restait  encore 
k  savoir  ce  qu'avait  produit  le  second  atome  de  soufre  de 
S^CI^  qui  n'^tait  pas  entr^  dans  la  formation  du  trithionate, 
puisque 

iK»S03  -H  S«CI»  =  K*S»0«  -t-  2KCI  -H  S. 


(77) 

Je  devais  ^videmment  relrouver  le  compost  auquel  il 
avait  donn^  naissance  dans  les  eaux-m^res  du  trithionate 
de  potassium.  Celles-ci  ont  6te  trait^es  i  celte  (in  par  de 
Talcoolnon  Irop  concentre,  qui  a  d^termin6  la  precipitation 
d'uue  nouvelle  portion  de  trithionate  de  potassium  en  m4me 
temps  que  la  formation  de  goutteleltes  huileusesqui  se  sont 
rassembl^es  au  bas  du  vase.  Gette  partie  a  ^l^  retiree  par 
d^cantation  et  a  pr^sente  toutes  les  reactions  de  Thyposul* 
iite  de  potassium.  II  est  important  d'ajouter  que  la  quan- 
tity de  cet  hyposulfite  ainsi  form^  ^tait  extraordinairement 
faible,  relativement  k  ce  qu'elle  aurait  6i€  si  tout  le  soufre 
devenu  libre  par  Taction  du  chlorure  de  soufre  s'etait  dis- 
sous  dans  le  sulfite  de  potassium  pour  former  de  Thypo- 
sulfite.  On  doit  done  admettre  qu*il  a  contribu^  lui-m^me 
k  la  formation  du  trithionate  de  potassium ,  par  son  action 
sur  le  sulfite  de  potassium  d^apr^  la  reaction  bien  comme 
de  Langlois. 

Pour  lever  tout  doute  k  cet  ^ard ,  j'ai  recommence  les 
operations  apr^s  avoir  sature  le  chlorure  de  soufre  (S^CI^) 
par  du  chlore ;  j'ai  obtenu  ainsi  un  liquide  qui  a  donne  ses 
premiers  bouillons  k  QT  et  qu*on  peut  regarder  comme 
r^pondant  maintenant  a  la  formule  SCl^.  Dans  ce  cas-ci, 
on  peut  considerer  Texc^s  de  soufre  comme  eiimine ,  et 
par  Taction  de  ce  chlorure  sur  le  sulfite  de  potassium  il 
devait  se  former  du  trithionate  de  potassium  sans  hypo- 
sulfite. L'experience  a  d^montre  Texactitude  de  ces  previ- 
sions. Le  phenomene  se  passe  comme  pr^cedemment,  le 
chlorure  de  soufre  est  dissous  par  le  sulfite  de  potassium 
et  le  liquide  s'^chaufle  faiblement.  En  augmentant  la  pro- 
portion de  chlorure,  Techauffement  devient  plus  conside- 
rable et  il  se  produit  un  degagement  d'anhydride  sulfureux 
avec  precipitation  de  soufre  blanc^  et  le  trithionate  est 


(78) 

d^compos^  en  partie.  On  peut  encore  s'assurer  du  fait  que 
leS^CI^  abandonne  du  soufre  pendant  sa  reaction  sur  le 
sulflte,  en  ajoutant  en  une  fois  la  quantity  de  chlornre 
n^cessaire  pour  transformer  int^gralement  ie  sulfite  de 
potassium  en  trithionate;  dans  ce  cas,  il  y  a  une  abon- 
dante  precipitation  de  soufre  floconneux  essentiellement 
diff<§rent,  dans  son  aspect,  de  ceiui  qu'abandonne  le  trithio- 
nate de  potassium  lors  de  sa  decomposition. 

II  r^sulte  de  ce  qui  pr^c^do  que,  la  constitution  de  Tacide 
sulfureux  etant  HSOOOH,  il  devient  tres-probable  que 
celle  de  I'acide  trithionique  est : 

HOOOSSSOOOH. 

Les  faits  precedents  souievent  une  nouvelle  question. 
MM.  Fordos  et  Geiis  ont  obtenu  I'acide  tetrathionique  par 
Faction  de  Tiode  sur  les  hyposulfites ;  or,  en  admettant 
que  la  constitution  de  ces  derniers  soit  R'SSOOOR',  on 
peutse  representer  Taction  de  I'iode  comme  il  suit : 


S'SSJ'  -^  ••  =  R'OOOSSSSOOOR'+  2R'l . 


et  dans  ce  cas  Tacide  tetrathionique  aurait  ses  quatre 
atomes  de  soufre  dans  le  meme  ordre  que  I'acide  trithio- 
nique. Ces  considerations  admises ,  il  devenait  surprenant 
que  S'^CI^  ne  donn&t  pas  du  tetrathionate  de  potassium , 
lors  de  son  action  sur  le  sulfate.  J'ai  cru  que  le  trithionate 
de  potassium  pourrait  peul-etre,  forme  dans  ces  condi- 
tions, etre  le  produit  de  la  decomposition  du  tetrathionate 
forme  en  premier  lieu ,  decomposition  suscitee  par  I'insta- 
bilite  bien  connue  des  tetrathionates  des  metaux  alcalins; 
c'est  pourquoi  j'ai  repris  cette  reaction  en  agissant  sur  le 


(79) 

sulfite de  baryum,  le  t^trathionate  de  baryum  etant  relati- 
vement  stable. 

-  Du  sulfite  de  baryum  tenu  en  suspension  dans  aussi  peu 
d*eau  que  possible  a  ^t6  agit^  k  cette  lin  avec  du  chlorure 
de  soafre;  Taction  est  tres-lente,  il  y  a  ^l^valion  de  tem- 
perature, mise  en  liberty  de  beaucoup  de  soufre  et  d^age- 
ment  d*anhydride  sulfureux.  Apr^s  filtration  du  produit  de 
cette  reaction ,  je  n*ai  constat^  dans  le  liquide  clair  que  la 
presence  du  chlorure  de  baryum  et  du  trithionate  de  ba^ 
ryum^  ce  dernier  en  faible  quantite  seuleroent. 

II  parait  done  constant  que  le  chlorure  de  soufre,  quelle 
que  soit  sa  composition,  ne  donne  que  des  trithionates  par 
son  action  sur  les  sulfites.  Quelle  pent  Stre  la  cause  de 
ce  fait?  Cest  ce  que  je  me  propose  d'etudier  par  de  nou- 
velles  reactions.  Je  me  permettrai  seulement  d'avancer  pour 
le  moment  Thypoth^se  suivante  :  le  t^trathionate  form^ 
d'abord  se  decompose  en  presence  des  sulfites,  parce  que, 
d'une  part,  les  sulfites  se  transforment  facilement  en  hypo- 
sulfites  en  absorbant  du  soufre  et  que,«d'autre  part,  les 
t^trathionates  ont  une  grande  tendance  i  abandonner  un 
atome  de  soufre  pour  donner  naissance  aux  trithionates, 
tendance  qui  pourrait,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  6tre 
exaltde  par  la  presence  ra^me  des  sulfites. 

Je  crois  qu*il  n*est  pas  inutile  de  faire  mention  des 
resultats  que  donne  Taction  du  chlorure  de  soufre  sur  les 
hyposulfites.  J'ai  tent^  ces  reactions  en  vue  d'obtenir  un 
acide  plus  sulfur^  de  la  s^rie,  Tacide  pentathionique,  par 
exemple. 

Comme  lesselsde  cet  acide  sont  tres-instables ,  si  tant 
est  qu'ils  existent ,  j*ai  agi  de  la  mani^re  suivante  : 

De  Thyposulfite  de  baryum  formant  avec  de  Teau  une 
fkie  assez  courte  a  &\A  agit6  par  petites  portions,  pour 


(80) 

pr^venir  rechauffement,  avec  du  chlorure  de  soufre;  la 
reaction  a  lieu  avec  un  fort  d^pdt  de  soufre.  Le  produit  de 
cette  reaction  a  ^te  jet^  imm^diatemeDt  sur  un  filtre^et  la* 
liqueur  filtr6e  tombanl  dans  une  solution  ^tendue  d*acide 
sulfurique  de  fa(;on  k  pr^cipiter  imm^iatement  le  baryum 
sous  forme  de  sulfate  et  k  mettre  I'acide  en  liberte.  L'acide 
sulfurique  ne  donne  lieu  k  aucun  precipite  de  soufre  lors- 
que  le  sel  de  baryum  y  tombe.  Le  liquide  ainsi  obtenu  a 
^t^  traits  par  de  Tbydrate  de  baryum  de  fa^on  k  6liminer 
autant  que  possible  Texc^s  d'acide  sulfurique.  La  liqueur 
filtree  a  pr^sent^  les  ructions  suivantes : 

l""  Chauffi^e,  elle  se  laisse  concentrer  jusqu'i  un  cer- 
tain point  oik  elle  abandonne  du  soufre  et  laisse  d^gager 
de  Tanhydride  sulfureux  et  du  sulflde  hydrique; 

2^  Les  acides  sulfurique  et  chlorhydrique  dilu^s  n'ont 
pas  d'action ; 

3<*  L'acide  sulfurique  concentre  la  d^mpose  avec  pre- 
cipitation de  soufre; 

4''  Le  sulfate  de  cuivre  ne  brunit  qu'apr^  une  Ebullition 
de  plusieurs  heures  avec  ce  liquide; 

5"*  La  potasse  caustique  donne  un  pr^cipitE  de  soufre, 
et  le  liquide contient  de  Thyposulflte  de  potassium; 

6"*  Le  nitrate  mercureux  donne  un  prEcipitE  jaune  qui 
noircit  aprds  quelque  temps ; 

7^  Le  chlorure  mercurique  donne  un  pr^ipitE  jaun&tre; 

8"*  Le  nitrate  d'argent  donne  un  pr^cipitE  jaune  qui 
noircit  vite ; 

9""  Additionnee  d*ammoniaque  d'abord,  puis  de  nitrate 
d'argent,  elle  donne  un  pr^cipitE  noir  de  sulfure  d'argent. 

On  voit  que  ces  reactions  sont  bien  celles  que  pr^nte 
Tacide  pentathionique;  il  est 'done  fort  probable  quej'ai 
eu  cet  acide  entre  les  mains;  il  serait  toutefois  imprudent 


(8i  ) 

de  TafiBrmer,  vu  que  je  n'ai  pu  lui  trouver  jusqu'^  present 
aucune  propri^t6  traduisible  en  chiffres. 

Comme  appendice  &  ce  qui  pr^c^de,  je  mentionnerai 
encore  le  fait  suivant,  parce  que  je  ne  Tai  trouv^  renseigne 
dans  aucun  article  traitant  des  acides  polythioniques. 

Parmi  les  r^actifs  recommand^s  pourcaract^riser  Tacide 
trithionique  et  le  diCKrencier  d'avec  les  acides  dithionique 
et  t^trathionique,  se  trouve  le  sulfate  de  cuivre  qui  doit 
donner  par  Tebullition  avec  un  Irithionate  un  pr^cipite 
noir  de  sulfure  de  cuivre;  j'ai  remarqu^  que  le  sulfure  de 
cuivre  ne  se  formait  pas  quand  la  solution  du  trithionale 
renferme  une  assez  forte  proportion  d'un  sulBte  acide. 
Dans  ce  cas,  le  sulfate  de  cupricum  est  r^uit  et  passe  an 
sel  de  cuprosum  sans  precipitation  de  sulfure  de  cuivre. 
On  voit  done  que  si  Ton  a  k  chercher  la  pr^ence  de  Tacide 
trithionique  dans  une  liqueur ,  au  moyen  d*un  sel  de 
cuivre,  il  faut  au  pr^alable  s'assurer  de  Tabsence de Tacide 
sulfureux. 

J'ai  voulu  m'assurer  si  pendant  la  r^uction  du  sel  cui- 
vrique  en  sel  cuivreux  le  trithionate  ne  subissait  aucune 
alteration;  k  cette  fin,  j'ai  r^p^te  la  reaction  en  operant 
sur  des  solutions  plus  concentr^es  des  deux  sels.  Aprds 
la  reduction  du  sulfate  de  cupricum,  la  liqueur  clai re  a 
abandonne  pendant  son  refroidissement  un  sel  cristalli- 
sant  en  fines  aiguilles  soyeuses  compietement  transpa- 
rentes.  Ces  cristaux,  apres  avoir  ^t^  lav^s,  out  et^  redis- 
sous  dans  de  Teau,  et  la  solution  ainsi  obtenue  a  pr^sente 
les  caracteres  suivants : 

1"*  Chauffee  avec  addition  d'acide  chlorhydrique,  elle 
abandonne  du  sulfure  de  cuivre ; 

2®  Le  chlorure  mercurique  y  determine  un  precipil^ 
bran  qui  noircit  lentement  k  froid  et  plus  vite  k  chaud ; 
i^^  s6rie,  tome  xxxyi.  6 


(82) 

3^  Le  nitrate  mercureux  y  determine  immediaUment  la 
formation  d'un  pr^cipit^  noir; 

4*"  Le  nitrate  d'argent  donne  nn  pr^ipit^  qui  devient 
vile  noir. 

Dess^ch^s  et  chaufiC^s  dans  un  tube  ferm^,  ces  cristaux 
se  decomposent,  11  y  a  volatilisation  d*eau ,  sublimation  de 
soufre  et  degagement  d'anhydride  sulfureux;  le  r^sidu  de 
cette  decomposition  forme  une  masse  noire  qui  n'est  autre 
chose  que  du  sulfate  de  potassium  noirci  par  du  sulfure 
de  cuivre.  Cette  analyse  qualitative  demontre  done  que  ce 
sel  est  un  trithionate  double  de  cuivre  et  de  potassium  criS" 
tallisant  avec  de  I'eau.  Une  analyse  quantitative  a  conOrm^ 
cette  maniere  de  voir;  elle  m'a  donn^  les  r^nltats  sui- 
vants  : 

S   =51,63»/o, 
Ctt  =  20,46  n   ; 

d'autre  part,  la  teneur  cent^simale calcul^e  pour  le  soufre 
vi  le  cuivre,  d'aprte  la  formule  Ctt«S506,K2S30«  -h  H«0 
est : 

S    =31,47, 
Cti  =  20,091. 

Ce  sel  est  peu  soluble  dans  Teau  et  insoluble  dans  TaU 
cool.  II  est  peu  stable;  i  Tair,  il  prend  peu  k  peu  une 
coloration  bleue  par  suite  de  Toxydation  du  sel  cuivreux; 
Talcool  absolu  le  pr^cipite  compl^tement  de  sa  solution, 
mais  alors  il  est  amorphe  et  apparait  avec  une  leg^re  colo- 
ration jaun^tre. 


(-  85  ). 


88K  DBS   LETTRES 


Seance  duJjuillel  ^875. 

M.  J.-J.  Thonissen,  directeur,  president  de  rAcad^mie. 
M.  Ad.  Qdetelet,  secretaire  perp^luel. 

Sont  presents  :  MM.  Ch.  Steur,  J.  Grandgagnage , 
J.  Boulez,  Gachard,  Paul  Devaux,  P.  De  Decker, 
M.-N.-J.  Leclercq,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove, 
R.  ChaloD,  Th.  Juste,  F.  N^ve,  Alphonse  Wauters,  Alph. 
Le  Roy,  Cmile  de  Borchgrave,  membres;  J.  Nolet  de 
Brauwere  van  Steeland,  Alph.  Rivier  et  B.  de  Koehne, 
associes;  J.  Heremans,  Edm.  Poullet  et  F.  Loise,  corres" 
pondanls. 


CORRESPONDANCE. 


•         • 


M.  le  Ministre  de  la  justice  adresse,  pour  la  biblio- 
Ih^que  de  TAcad^mie,  deux  exemplaires  du  toofie  second 
des  Coutumes  de  Liegej  publi^es  par  la  commission  royale 
des  anciennes  lois  et  ordonnances  du  pays. 

—  L'administration  communale  de  Bruges  offre  le* 
tome  II  de  VInventaire  des  archives  de  la  ville. 


(  84  ) 

—  La  classe  re^oit,  de  ses  membres,  les  hommages  sui- 
vants : 

1®  CEuvres  de  Froissari :  Chroniques,  tome  I,  Intrih 
duction  (IP  et  IIP  parties) ,  publi^e  par  H.  le  baron  Ker- 
vyn  de  Lettenhove,  dans  la  collection  des  travaux  des 
grands  ^crivains  du  pays;  1  volume  in-8^; 

^  Ethnographie  des  peuples  de  V Europe  avant  Jesus^ 
Christy  tome  second,  1*'  et  2*  fascicules,  par  M.  Charles 
Steur;  2  cahiers  grand  in-S""; 

S""  Das  Unterrichtswesen  in  SOd'America^  dargestellt 
von  M.  Alph.  Le  Roy ;  in-S"". 

Des  remerctroents  sont  vot^s  auz  auteurs  de  ces  diflt^- 
rents  dons. 

—  Les  biblioth^ues  royales  de  Berlin  et  de  Stuttgart, 
ainsi  que  M.  Eichhoff,  associ^,  remercient  pour  Tenvoi  des 
derniires  publications. 

—  Des  remerclments  sont  exprim^s  &  M.  Roulez,  au 
sujet  de  Tinscription  qu'il  a  bien  voulu  r^diger  pour  la 
m^daille  d*ai^ent  d^rn^e  k  M.  Yarenbergh  lors  du  der- 
nier concours  de  la  classe. 


Election. 

M.  Le  Roy  est  appel^  &  remplacer  M.  le  baron  Kervyn 
de  Lettenhove,  d^missionhaire,  corome  memhre  de  la  com- 
mission de  la  Biographic  nationale. 


(85) 


CONCOURS, 


La  classe  a  arr^t^,  comme  suit,  le  programme  des 
questioDS  de  concours  pour  1874  : 

PREMll^RE  QUESTION. 

On  demande  un  essai  sur  la  vie  et  le  regne  de  Seplime 
Severe. 

DEUXliME  QUESTION. 

Exposer  avec  detail  la  phihsophie  de  saint  Amelnie  de 
Cantorbery;  en  (aire  connaitre  lee  sources;  en  apprecier 
la  valeur  et  en  montrer  influence  dans  Fkistoire  d^ 
idees. 

TROISI^ME   QUESTION. 

Banner  la  theorie  economiqtie  des  rapports  du  capital 
et  du  travail. 

L*Acad6mie  d^ire  que  Fouvrage  soit  d'un  style  simple, 
k  la  port^  de  loutes  ies  classes  de  la  society. 

QUATRI^ME  QUESTION. 

Faire  Vhistoire  de  la  philologie  thioise  jusqu'a  la  fin 
du  seizieme  siecle. 

L'Acad^mie  d^ire  que  Ies  concurrents  consultent  Ies 
documents  in6dits. 

Lie  prix  de  la  premiere  et  de  la  deuxi^mb  question  sera 


,(•86^ 

une  m^daille  d^or  de  la  valeur  de  six  cents  francs;  il  est 
port6  ii  mille  francs  pour  la  troisi&me  ,  la  quatri^me  et  la 

GIIVQUIi^ME  QUESTION. 

Les  m^moires  devroDt  £tre  Merits  lisiblement  el  pourront 
etre  r^dig^s  en  fran^is,  en  Oamand  ou  en  latin;  iis  de- 
vront  ^tre  adress^s;  iVancs  de  port,  avant  le  1"  fevricr 
1874,  k  M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp6luel. 

L'Academie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les  ci- 
tations, etdemande,  k  cet  effet,  que  les  auteurs  indiquent 
|es  Editions  et  les  pages  des  livres  qu'ils  citeronl 

On  n'admettra  que  des  planches  manuscrites. 

Les  auteurs  ne  mettronl  point  leur  nom  i  leur  ouvrage ; 

ils  y  inscriront  seulement  une  devise,  qu*ils  reproduiront 

dans  tin   billet  cacbet^  renfermant  leur  nom  et  leur 

^dresse.  Faute  par  eux  desatisfaire  &  cetle  formality,  le 

prix  ne  pourra  leur  ^tre  accord^. 

Les  ouvrages  remis  apr^s  le  lenips  prescrit  ou  ceux  dont 
les  auteurs  se  feront  <xmnakre,  de  quelque  mani^re  que 
ce  soit,  seront  exclus  du  concours. 

L^Acad^mie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que, 
d^  que  les  m^moires  ont  6ii  soumis  h  son  jugement,  ils 
sonl  el  resteat  d^pos^  dans  ses  archives.  Toutefois ,  les 
auteurs  peuyent  ^n  faire  prendre  des  copies  k  leurs  frais , 
en  s'adressant,  k  cet  effet,  au  secretaire  perp^luel. 

Les  auteurs  des  m^moires  ins6r^  dans  les  recueils  de 
TAcad^mie  out  droit  k  cent  exemplaires  de  leur  travail. 
Ils  ont,  en  outre,  la  faculty  d'en  faire  tirer  un  plus  grand 
nombre,  en  payant  k  Fimprimeur  une  indemnity  de  quatre 
centimes  par  feuille. 

—  La  classe  fail  choix  des  questions  suivantes  pour  le 
programme  de  concours  de  1875  : 


(87) 

PREMIERE   QUESTION. 

Les  encyclopedistes  fran^ais  essayereni^  dans  la  seconde 
moitie  du  dix-huUieme  Steele y  de  (aire  de  la  principaule 
de  Liege  le  foyer  principal  de  leur  propagande.  Faire 
connaitre  les  moyens  qu'ils  employerenl  et  les  resuUats  de 
leurs  tentativeSj  au  point  de  vue  de  I'influence  qu'ils  exer- 
Cerent  sur  la  presse  periodique  et  sur  le  mouvement  litle^ 
raire  en  general. 

DEUXI^ME   QUESTION. 

Quels  seraient,  en  Belgique,  les  avantages  et  les  incon- 
venients  du  libre  exercice  des  professions  liberates  ? 

TROIS|i:iIE  QUESTIQ^. 

Expliquer  le  phenomene  historique  de  la  conservation 
de  noire  caractere  national  a  travers  toutes  les  dominations 
etrangeres, 

QUATRI^ME   QUESTION. 

Ecrire  Vhistoire  de  Jacqueline  de  Baviere ,  comtesse  de 
Hainauty  de  Hollande  et  de  Zelande  et  dame  de  Frise, 

Dans  leur  travail,  les  concurrents  doivenl  s*attacher 
d'une  mani^re  toute  particuli^re  aux  ev^nements  princi- 
paux  de  la  vie  et  du  regne  de  cette  princesse;  ils  utiliseronl, 
sans  les  suivre  servilement,  les  travaux  qui  ont  ki&  pu- 
blics, pour  cetle  ^poque,  tant  k  T^tranger  qu*en  Belgique. 

ginqui£:me  question. 

Faire  Vhistoire  des  finances  publiques  de  la  Belgique 
depuis  i850y  en  appreciant  dans  leurs  principes  et  dans 


(88) 

leun  resuUats  les  diverses  parties  de  la  legislation  et  les 
principales  mesures  administratives  qui  s'y  rapportent. 

Le  travail  s'etendra  d'une  maniere  somniaire  aux 
finances  des  provinces  et  des  communes. 

Le  prix  de  chacune  de  ces  questions  sera  uDe  m^daille 
d*or  de  la  valeur  de  six  cents  francs. 

Les  formality  k  observer  par  les  concurrents  sont  les 
mdmes  que  celles  qui  ont  ^t^  indiqu^es  pour  le  concours 
de  1874.  Le  terme  fatal  pour  la  remise  des  m^moires 
expirera  le  !•'  Kvrier  1875. 


PRIX  DE  STASSART. 

CONCOURS  POUR   UNE  QUESTION   d'hISTOIRE   NATIONALE. 

La  classe  proroge  jusqu'au  1*^  f6vrier  1874  I'^poque 
falale  de  la  deuxieme  p^riode  de  ce  concours.  La  question 
est  la  suivante,  d&}k  pos6e  pour  cette  p^riode  : 

Exposer  quels  etaienty  a  tepoque  de  Finvasion  franfaise 
en  4194  y  les  principes  constitutionnels  communs  a  nos 
diverses  provinces  et  ceux  qui  etaienl  particuliers  a  chor 
cune  d'elles. 

Le  prix  habituel  de  3,000  francs  est  r^serv^  k  la  solution 
de  cette  question. 

Les  concurrents  auront  k  se  conformer  aux  formality 
et  aux  regies  du  concours  de  la  classe. 


(89) 

CONGOURS  POUR  UNE  NOTICE  SUR  UN  BELGE  G^LiBRE. 

La  classe  demande,  pour  la  quatriime  p^riode  de  ce 
concours,  uo  travail  sur  Christophe  Plantin,  ses  relations^ 
8€8  travaux  et  ^influence  exercee  par  I'imprimerie  dont  il 
fut  le  fondateur. 

Le  prix  habituel  de  six  cents  francs  est  r^erv6  k  Fau- 
teur  du  m^moire  qui  sera  couroun^. 

Les  concurrents  devront  se  conformer  aux  r^les  habi- 
tuelles  des  concours  de  la  classe.  Le  terme  fatal  pour  la 
remise  des  manuscrits  expire  le  1''  f(§vrier  1875. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 

Une  lettre  inedite  de  Gregoire  de  Saint-Vincent^  commu- 
nication de  M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^tuel  de 
TAcad^mie. 

Le  R£v£rend  Pire  C.-F.  Waldack,  de  la  Compagnie  de 
J^us,  dont  la  savante  Erudition  est  bien  connue,  me  fit 
rhonneur  de  m'^crire  r^cemment  qu*il  venait  de  trouver, 
k  Gand,  une  lettre  autographe  de  Gr^oire  de  Saint-Yiii- 
cent,  c  EUe  n'est  pas  de  grande  importance,  me  disait-il, 
mais,  comme  elle  pourrait  vous  paraltre  int^ressante  pour 
la  science,  je  me  fais  un  plaisir  de  vous  en  communiquer 
la  copie. » 

Voici  cette  copie  telle  qu'elle  m*a  ^t^  transmise  : 

Nescio  utrum  in  Belgio  tanlus  rumor  de  novis 

sideribus  qiiantus  hie  est ,  Romie ,  inventis  beneficio  specilli 
cujusdam  oblongi  hie  in  Collegio  Romano. 


(  W) 

p.  Odo  Malcot  hac  de  re  Problema  exhibuit ,  coram  auctore 
hujus  noYitatis,  Galilso  Galilei  nomine,  maximo  certe  ap- 
plausu  et  concursu  yirorum  doctorum  et  nobilium;  ita  ut, 
pr«ter  plurimos  nobilissimos  yiros,Comites  et  Duces,  praetor 
'Praelatoruro  magnum  numerum,  ires  ad  minimum,  ex  pur- 
puratis  patribus  suA  priesentid  et  auribus  cohonestari  et  gra- 
lificari  voluerint.  Rem  breviter  lotam  exponam. 

Saturnus  apparet  nobis  non  esse  rotundus;  sed  figures  ova- 
lis,  diametro  majore  hujus  figune  lequinoxiali  parallola. 

/upi^er  continuum  habet  satellitium  quatuor  pUnetarum, 
qui  eum  semper  comitantury  et  in  girum  circa  ipsum  continuo 
flguntur,  et  singiiUs  horis  diversos  babent  positjones  et  aspec- 
tus  ad  invicem;  semper  autem  in  linei  apparent.  Ipse  autem 
Jupiter  est  omnin6  rotundus  semper. 

Mars  nihil  habet  singulare. 

Venus,  omnino  circa  solem  verti,  similiter  et  Mereurium, 
compertum  est,  ita  ut  centrum  illorum  motus,  sit  centrum 
soils;  VcQusque  nova  Cynthia  vocata  est,  e&  quod  omnino 
sicuti  I  una  crescat  et  decrescat. 

In  Lund  maculas  non  satis  posse  per  raritatem  et  densita- 
tcm  sfllvari,  etiam  plus  quam  probabile  habemus. 

Mermrium  satis  diu  consideravimus,  quamvis  rar6,  sed 
cujus  figure  sit  adverti  non  potuit  propter  scintillationes 
nimias;  valde  enim  scintiUat  hoc  astrum. 

Pleiades  J  triginta  trium  stellarum  constellatio  est. 

IVebulosa  prcesepis  37. 

Si  apud  vos  hodie  specilla  non  exstant,  quum  hic  ilia  nos 
ipsi,  Mathesis  (lui  et  ses  condisciples )  studiosi  construimus, 
mittam  ad  Rev.  vestram ,  cujus  precibus  et  sacrificiis  me  enixe 
commendo,  Romffi,23  julii,  16Ii. 

Vester  in  X*"  Servus, 
Gregorius  a  S.  Vincentio.  S.  J. 


(M  ) 


Un  diplome  de  Cepoque  carlovingienne  concemant  le  village 
de  Huysse^  en  Flandre,  et^d  ce  propos,  quelquet  const" 
derations  sur  la  transplantation  des  Saxons  en  Flandre, 
du  temps  de  Charlemagne;  par  M.  Alphonse  Wauters, 
membre  de  FAcad^mie. 

Ce  n'est  pas  k  nos  doctes  coll^ues  de  TAcad^inie  qu'il 

.  est  D^cessaire  de  rappeler  combien  les  documents  anciens 

fournissent  d'indicatioos  utiles  pour  la  conDaissance  de  la 

g^ograpbie  aDcieooe  du  pays.  C'est  avec  leur  aide  que  les 

*  Bollandistes,  et  en  particulier  Henschenius,  que  Desrocbes 

et  Ernst,  pour  ne  pas  parler  de  tant  d'autres,  ont  r^ussi 

i  d^roailler  un  cbaos  qui  paraissait  d'abord  inextricable, 

et  sont  parvenus  insensiblement  k  reconstituer  les  limites 

'  de  nos  anciennes  demarcations  territoriale$. 

II  est  regrettable  que  la  plupart  de  nos  grands  4tabligse- 
ments  religieux,  et  noiamment  les  catb^drales  de  Tournai, 
de  Cambrai  et  de  Li^e,  les  puissantes  abbayes  de  Saint- 
Amand,  de  Lobbes,  de  Saini-Hubert,  les  chapitres  de 
cbanoinesses  de  Maubeuge,  de  Nivelles,  de  Moustier, 
d'Andenne,  de  Munster-Bilsen,  les  chapitres  de  Soignies, 
de  Renaix,  etc. ,  n'aient  conserve  que  pen  ou  point  de 
traces  des  donations  dont  ils  furent  Tobj^et  pendant  les 
p^riodes  m^ovingienne  et  carlovingienne.  Cest  ainsi,  pour 
ne  citer  qu'un  exemple,  que  Fhistoire  diplomatique  du 
chapitre  d'Andenne,  chapitre  dont  on  atyribue  la  fonda- 
tion  a  Begge,  veuve  d'Ans^gise  et  fille  de  P^pin  de  Landen, 
De  commence  que  plus  de  400  ans  apr^s  la  mort  de  cette 
princesse,  par  un  dipl6me  du  1*'  juillet  de  Tan  llOi, 
oh  Tempereur  Henri  IV  restitue  aux  cbanoinesses  la  juri- 


(92) 

diction  sur  Andenne  (1).  On  objecterait  vainement  que 
cette  longue  p6riode  pent  s^dtre  ^ul^  sans  apporter  de 
changements  notables  dans  la  dotation  du  chapitre^  et  que 
les  archives  d' Andenne  sont  rest^es  mucttes  parce  qu*elles 
n*ont  eu  aucun  fait  notable  k  enregistrer.  Ce  serait  se 
tromper  ^irangement.  Le  patrimoine  des  chanoinesses 
s*est,  au  contraire,  agrandi  pen  k  pen,  comme  nous  Tap- 
prennenty  par  hasard,  quelques  notes  extraites  d*un  obi- 
tuaire  du  chapitre  (2).  Un  comte  Ayulphe  leur  l^ua  la 
terre  de  Berdines  ou  Burdinne  (3),  le  roi  Hugues  leur 
donna  Thisnes  en  Hesbaie  et  ses  ddpendances  (4),  la  reine 
Pleclrude  leur  c6da  la  terre  de  Sacheis  ou  Sassey  (5), 


(1)  Voyez  la  Table  ehronoloffique  des  dipl&nes  et  ehartes  imprimSs 
eoncemant  Fhisioire  de  la  Belgique^  i.  Up  p.  3. 

(3)  Je  les  ai  recueillies  dans  an  inventaire  en  deux  volumes  in-folio, 
conserve  aux  archives  de  r£tat  ^  Namur  et  intitule :  Archivee  du  trde^ 
noble  el  tris^ustre  chapiire  d Andenne,  1778. 

(3)  Burdiune,  actuellement  commune  du  canton  d* Andenne,  dans  la 
province  de  Li^e,  ressortissait  autrefois  au  comt^  de  Namur.  Le  chapitre 
d'Andenne  y  avait  une  cour  a  hautaine  et  foncidre  >  ou  ^hevinage,  y  ievait 
la  grande  dtme  et  y  percevait  des  cens,  taut  ^  Burdinne  mtoe  qu*k  Acosse 
et  Hannesse  ou  Hannesche,  villages  contlgos. 

(4)  Thisnes  en  Hesbaie  ou  Thisnes-lez-Hannut  est  Element  une  com- 
mune du  canton  d*Avenne,  jadis  du  comte  de  Namur.  Le  chapitre  d* An- 
denne y  conserva  longtemps  de  grands  droits  seigneuriaux  et  y  eut  m^me 
la  haute  justice,  quMI  c^a  au  souverain  au  seizitoe  si^cle. 

(5)  Sassey,  dans  Tancien  duch^  de  Lorraine,  aqjourd^hui  d^partement 
de  la  Meuse,  canton  de  Dun.  Par  une  charte  dat6e  de  Tan  1 127,  l*arche- 
v6que  de  Reims  Rainald  confirma  au  chapitre  le  droit  de  collation  de 
Taut  el  de  Notre-Dame  do  Sassey.  Ancreville,  avec  ses  annexes,  Andaine 
et  Villers-devant-Dun,  reconnaissait  aussi  pour  patronnes  les  dames 
d*Andeune.  Lorsque  le  pays  voisin  de  la  Meuse  devint  le  ih^tre  des 
guerres  de  Louis  XIV,  le  chapitre  representa  au  monarque  fran^is  qu'il 
etait  de  fondatiou  royale,  et  que,  par  consequent,  ses  revenus  ne  pouvaient 
dtre  conGsqu^s  comme  apparienant  k  une  corporation  etrang^re.  Le  roi  de 


(93) 

r^T^que  LyduiD  leur  l^aa  les  biens  qu*il  poss^dait  k 
Wiennes  {W\nden)H)  et  Gighehain  (Gingelhom)  (2).  Cette 
Plectrude  ne  peot  £tre  que  la  femme  de  P^pin  de  Herstal, 
qualifi^  k  tort  du  litre  de  reine,  qu'elle  ne  porta  jamais, 
probablement  devenue  veuve  puisqu'elle  est  cit^e  ici  saus 
qu'on  accompagne  son  nom  de  celui  de  son  marl  (3) ;  ce 
roi  Hugues,  c*est  ^videmment  Hugues  Capet,  dont  il  n'a 
jamais  et^  dit  quMl  poss^dait  des  biens  en  Hesbaie  (4). 
Inutile  de  faire  observer  combien  le  texte  de  leurs  dona- 
tions aurait  pu  fournir  h  nos  annates  de  curieui  ^laircis- 
semen  ts. 


France,  qai  derail  se  faire  consid^rer  comme  le  I^time  h^ritier  des 
rois  m^rovingieos  et  carlovingiens,  accaeillit  ces  rtolamations  par  une 
ordonnaDce  dat^  de  Footainebleau,  le  9  octobre  J  647. 

(1)  Neer-Wiuden,  village  da  canton  deLanden,  dans  la  province  de 
Li^yOii  denx  batailles  sauglantes  se  livrirent :  Tune  le  19  joillet  1693, 
Tadire  le  18  mars  1793.  Une  partie  de  la  dime  et  du  patronat  de  Teglise 
y  apparteuait  au  cbapitre  d'Andenne,  qui  y  constituait  un  echevinage. 

(9)  Gingelom,  commune  du  Limbourg,  canton  de  Saint-Trond,  jadis 
seigneorie  comprise  dans  le  quartier  de  Montenaeken,  au  pays  de  Li^; 
le  cbapitre  d*Andeune  n'jr  possedait  plus,  dans  les  dernlers  temps  de  son 
existence,  qu*un  modique  livre  censal. 

L'^v^ue  Libuin  dont  il  est  ici  question  n*est  autre ,  selon  toute  appa- 
rence,  qu'Hilduin,  qui  Ait  61ev^  sur  le  tr6ne  Episcopal  de  Li^,  grftce  k 
Pappui  dtt  roi  Henri  rOiseleur  et  du  due  Oiselbert,  en  Tann^  9M,  mais 
qui  ne  put  cooserver  sa  nouvelle  dignity  le  pape  lui  ayant  pr^fer^  Ricbaire» 
son  oomp^titeur. 

(3)  Plectrude,  fille  d*Hugobert  et  fcmme  du  c^l^re  Pepin  de  Herstal, 
possMait,  ^  titre  personnel,  de  riches  domaines,  dont  elle  distribua  une 
partie  aux  monast^res  d'Ecbtemach  et  de  Susteren. 

(4)  II  ne  peut  etre  question  ici  que  de  Hugues  Capet,  qui  devint  roi  de 
France  en  986  et  mourut  en  996.  Ge  monarque  peut  avoir  h^rit^  ses  biens 
de  Hesbaie  de  sa  mere  Hadwide,  femme  de  Hugues,  comte  de  Paris,  et 
qui  ^tait  nte  du  mariage  de  Henri  rOiseleur,  roi  de  Germanic  ou  d*AIIe^ 
magne ,  avec  Uathilde,  Glle  du  comte  Tb^odoric. 


(94) 

Le  regret  qae  noos  avons  exprim^  plas  haut,  nous  At- 
voDs  le  renouveler  k  propos  d'une  institution  monastiquev 
^trangere,  il  est  vrai,  i  notre  pays,  oA  elle  acquit  ^ale- 
men  t  des  biens  considerables;  je  veux  parler  de  I'abbaye  de 
Corbie,  prte d'Amiens.  Les  religienx  du  monastftre  furent 
longtemps  seigneurs  i  Huysse,  k  proximity  d*Audenarde; 
k  INeer-Yssche  et  Berthem ,  villages  voisins  de  Louvain ;  k 
Moll ,  Baeienet  Deschel,  en  Campine;  k  Beeringen,  oil  ce 
fat  ayec  rassentiment  de  Hagues,  lear  abb6,  qu*Arnoui, 
comte  de  Looz  et  de  Chiny,  fonda,  au  mois  d'octobre  1239, 
une  ville  Tranche  qui  fut  dot^e  de  toutes  les  libert^s  de  la 
cite  de  Liege  (1);  k  Widoye,  entre  Saiot-Trond  et  Ton- 
gres,  oil  exista  longtemps  une  pr^vdte,  la  pr^vot^  de 
Widoye  (2),  qui  avait  pour  dotation  sp^ciale  les  biens  du 
monast^re  dans  les  Pays-Bas,  etc. 

Ici  encore  nous  retrouvons  la  lacune  que  nous  avons 
signal6e  plus  haut.  Les  cartulaires  conserves  k  la  Biblio*^ 
th^que  nationale,  k  Paris,  et,  autaut  qu'on  peut  en  juger 
par  les  extraits  qu'en  a  donnas  M.  Cocberis,  les  archives 
m^me  de  Corbie  d^pos^es  k  Amiens  (3)  ne  foumissent 
que  pen  de  lamiires  sur  T^poque  de  la  cession  de  tous  ces 
domaines  aux  religieux.  Cette  ^poque  doit  Hre  pourtant 
trte^rapprochee  de  celle  de  la  foo^ation  m^me.  de 
Tabbay^,  car  une  chronique  manuscrite  de  Corbie,  dont 


(t)  Le  texte  de  cette  cbarte  se  troate  dans  mon  volnme  intital^  :  De 
Porigine  et  des  premiers  diveloppements  des  Hberlis  eommunales  en. 
Belgique,  e(c.,  preuves,  p.  145. 

(2)  Cette  prev6t6  est  fort  aDcienne,  car,  d^  Pann^  1239,  on  mentionne 
Pierre,  prevdt  de  Wido.  Volume  cit^,  p.  146. 

(3)  Voyez  Cocberis,  Notices  et  extraits  des  documents  manuscrits  con* 
serves  dans  les  d4p6ts  publics  de  Paris  et  retatifs  d  thistoire  de  la  Picar* 
die.  Paris,  1  S54-i 85S,  2  vol.  in-8*. 


(98) 

nous  ne  connaissods  des  fragments  que  par  les  citations 
de  Mabillon  (1),  nousapprend,  en  parlant  de  TabM  Hilde- 
bert,  du  temps  duqiiel  les  Normands  d^truisirent  Corbie, . 
en  882,  que  le  mSme  peuple  livra  aux  flammes  tout  le 

patrimoine  de  Saint-Adelard :  Beeringen , Moll  et  les 

ch&teaux  du  voisinage  (tolumque  patrimonium  beali  Ade^ 
lardij  videlicet  BiringuaSy  Monte ni  aquarum,  Gomplae, 
MoloBj  cum  adjacentis  caslellis), 

Le  village  de  Huysse  en  Flandre  ne  figure  pas  dans 
cctte  ^num^ation;  et,  en  effet.  Corbie  ne  dut  pasce  do- 
maine  k  Adelard,  mais  k  un  comte  Conrad,  qui  lui  en  fit 
don.  Cette  locality  ^tait  alors  si  pen  importantequ'il  ne  s*y 
trouvait  pas  d*^lise;  Conrad ,  de  concert  avec  I'abb^  Odon ,. 
obtint  de  I'^v^uede  Tournai,RagnieIme(2),rautorisation 
d'en  b&tir  une,  oil  ce  pr^lat  vint  consacrer  un  autel,  oti, 
tous  les  ans,  les  saintes-huiles  et  le  chrome  seraieiit  don- 
nds,  c'est-Mire  que  le  desservant  pourrait  y  administrer 
les  sacrements  et,  en  particulier,  rEucharistie  et  Textr^me- 
onction.  Huysse  devait  dtre  s4par^  de  Mollhem  ou  Mul- 
lem  (5),  paroisse  dont  le  village  avait  d6pendu  jusqu'alors, 
et  k  r^glise  duquel  on  assigna  comme  patrimoine  special 
huit  manses  de  terre,  on  quatre-vingt-seize  bonniers.  Tous 


(1)  Acta  Sanctorum  ordirUs  sancti  Benedicti,  Saecuh  IV,  pars  I, 
p.  307. 

(2)  Ragnielme  ou  Ralnelme  oa  Reiohelme,  ^v^ue  de  ffoyon  et  de 
TouTDii,  goaveroa  les  deux  diooises,  selon  TopinioD  commune,  de  860 
iSSO. 

(3)  MuUem  est  aauellement  une  toute  petite  commune  du  canton 
d*Ejrne,  dans  la  Plaudre  orientate,  pr^s  d'Audenarde.  Elle  ne  comprend 
que  323  hectares  et  630  habitants ,  tandis  que  Huysse ,  qui  en  a  ^  d^- 
membr^,  s'^tend  sur  1,703  hectares  et  compte  3,250  habiunts.  Les  deux 
localit^s  ne  sont  distantes  Tune  de  Pautre  que  de  deux  kilometres. 


(96) 

ces  details  soDi  contenus  dans  on  dipl6me,  jusqu'i  present 
in^it,  da  roi  de  France  Louis  le  B^ue,  dat^  de  Gom- 
pi^ne,  le  19  mars  977,  et  dont  Yoici  la  teneur : 

Privilegium  Ludovid  regis  de  fundatione  et  exemptione  de 

Wisses. 

In  nomine  Sancte  et  individue  Trinitatis,  Ludovicus  Fran- 
corum  rex.  In  omnibus  negotiis  oportet  nos  purissiroain 
bonorum  providere  utilitatcm,  in  hiis  maxime  quibus  sancta 
augmentatur  Ecclesia.  Quapropter  cognoscat  fidelium  Sancle 
Dei  Ecclesie  cunctorum  solertia ,  tam  preseotium  quam  futu- 
rorum,  quod  vir  venerabilis  Hodo...,  abbas  ex  Corbeya  monas- 
terio  quod  est  constructum  in  page  Ambianuse,  in  honore 
sanctorum  Petri  et  Paul!  et  sancti  Stephani  prothomartiris  con- 
struct!, et  Chuonradus  comes  adierunt  presentiam  nostram  eo 
quod  conventionem  quamdam  fecissentcum  domino  Ragnielmo, 
Tornacentium  episcopo,  Chuonradus  quippe  jam  dictus  comes 
dederat  prefato  monasterio  unam  villam  quedicitur  Uscias,  in 
qua  tunc  non  habebatur  ecdesia.  Propter  quod  predictus 
comes  et  abbas  Corbeiensis  pecierunt  dictum  pontificem  uteis 
licentiam  construendi  ecclesiam  in  eadem  villa  cederet,  altare 
quoque  consecraret,  cui,  pro  Deo  aroore  atque  pro  rcverentia 
sanctorum,  libertatem  tribueret,  sacrumque  oleum  et  crisma 
singulis  annis  donaret,  tali  lenore  ut  de  supradicta  villa,  sci* 
licet  Uscias,  VllI  terre  mansos  in  dote  altaris  Mollhem,  ad 
cujus  parrochiam  pertinere  videbatur,  memorata  villa  susci- 
peret.  Quod  prescriptus  pontifex  gratanter  et  benigne  conces- 
sit, agnoscens  quod  nichil  de  caoonica  auctoritate  convelii- 
tur  (sic)  quicquid  domesticis  fidei  pro  tranquillitate  pacis  vel 
pro  rcverentia  sanctorum  tribuitur.  Horum  ergo  nos  commu- 
tationes  audientes,  videlicet  abbatis  atque  episcopi,  ambarum 
partium  audientes  utilitati,  nostra  auctoritate  et  fidelium 
Dostrorum  temporum  (sic)  atque  laieorum  confirroare  voliii- 


(97) 

mus,  perpetuoquc  anathcmatis  quicunque  hoc  infringere 
temptaverit,  dampnavimus.  Nostri  etiam  signi  impressixne  sub- 
tersignavimus  hanc  cartam,  ut  in  perpetuum  stabilis  et  in- 
concussa  maneat.  Signum  Hludovici  P  F  gloriosissimi  regis. 
Durandus  dyaconus  ad  vicem  Fridegisi  recognovit.  Signum 
Hunanari  Remorum  archiepiscopi ,  signum  Raginelmi  Tor- 
nacensis  episcopi,  signum  Engeluvini  Parisiorum  episcopi, 
signum  Otgarii  Belvagorum  episcopi,  signum  Hodonis  abbatis 
et  Ghuonardi  comitis,  qui  banc  cartam  fieri  et  confirmari  petie- 
runt  a  suprascriptis. 

Actum  Compendio,  anno  Dominice  incarnationis  D.  CGC. 
LXXIIII,  indictione  decima,  imperii  vero  Ludovici  gloriosissimi 
regis  anno  XX,  sub  die  XIII  kalendarum  aprilium. 

Cartulaire  noir  de  Ck)rbie ,  k  la  Biblioth^ue 
naUonale  de  Paris,  I.  24,  ^203. 

Notre  dipldme  a  &i&  connu  par  Meyer,  et  cet  excellent 
^crivain,  que  i'on  pourrait  surnommer  le  p^re  de  Tbistoire 
de  la  Flandre,  avait  promis  d'en  donner  le  texte  (1).  Les 
termes  formels  de  la  charte  du  roi  Louis  le  B^gue  ruinent 
dans  sa  base,  —  et  e'est  pourquoi  j'ai  tenu  k  en  donner  une 


(1)  877.  Conradus  comes  assignavit  monatterio  Corbeiensi  viUam 
Usdam  juxta  Aldenarde ,  unde  tabiUas  in  alio  edidimus  libra,  Meyeri 
Annates,  I.  II.  II  y  a  ici  une  leg6re  difference  de  date.  Au  lieu  de  874, 
Mejer  a  ecrit  877,  parce  que  c'est  k  ceite  aunee  que  IMndictioa  X  corres- 
pond. En  874  d'aillears,  ce  n^etalt  pas  Louis  le  Begue  qui  regnait,  mais 
son  pere  Charles  le  Chaute.  Une  autre  difficuU^  resulte  de  Tindication  de 
Fann^  du  r^e.  Louis  le  B^e  n'ayant  M  couronn^  que  le  8  decembre 
877  (voir  la  TabU  chronologique ,  1. 1,  p.  274),  il  ne  pouvait  entrer  dans 
la  Yingtieme  ann^e  de  sa  domination  (imperii)',  il  est  vrai  que  depuis 
longtemps  son  p^re  Tavait  fait  proclamer  roi  d*Aqi!itaine;  dans  notre 
charte  Louis  rappelle  peut-^tre  uue  ^poque  oh  Charles  le  Chaute  Taurait 
associ^  aa  gouTemement  de  ses  £tats. 

S""^  S^RIE,  TOME  XXXYI.  7 


(  98  ) 
reproduction, — ruinent,  dis-je^dans  sa  base,  tout  ce  que  Ton 
a  avanc6  sur  Huysse  k  propos  de  i'abb^  Adelard.  Est-il  pro- 
bable, comme  Molanus  l*a  dit  le  premier,  comme  Mirgeus, 
Cousin,. Sander  us  et  tant  d*au(res  I'ont  r^p^t^  apr^  lui, 
que  Huysse  fut  le  lieu  de  naissance  el  constitua  une  partie 
du  patrimoine  d*AdeIard?  Cette  derni^re  circonstance  est- 
elle  admissible  en  presence  du  texte  du  dipldme?  Quant  k 
la  premiere,  elle  n'est  ^videmment  bas^e  que  sur  Texis- 
(ence,  k  Huysse,  d'une  fontaine  dite  de  Saint-Adelard  et 
d*uoe  v^n^ration  particuli^re  pour  ce  personnage.  Or  Tune 
et  Tautre  s'expliquent  facilement  :  le  village  ayant  appar- 
tenu  pendant  plusieurs  si^cles  k  Tabbaye  de  Corbie,  il  n'est 
pas  ^tonnant  qu'on  y  v^n^re  la  memoire  du  fondateur  de 
ce  grand  et  puissant  monast^re, 

Je  n*insisterais  pas  sur  la  fausset^  probable  de  ces  fails, 
r^dnits,  il  faut  le  dire,  k  T^tat  de  simples  hypotheses, 
si  Ton  ne  s'en  ^tait  servi  pour  en  Stayer  d'autres,  qui  ne 
peuvent  quinduire  en  erreur.  Ainsi,  pourquoi,  sous  pr^- 
texte  qu'Adelard  est  peut-etre  n&  k  Huysse,  avancer  que 
cetabbe,en  fondant  dans  le  nord  de  I'Allemagne  la  Nou- 
velle-Corbie  ou  Corvey,  y  pla^a  des  ouvriers  c  originaires, 

>  a  ce  qu'il  paratt,  des  environs  d'Audenarde ,  qui  aid^rent 
»  les  moines  dans  leurs  travaux  de  d^fricbement,  »  et 
ajouter :  c  C'est  k  ce  litre  que  la  Nouvelle-Corbie,  ce  foyer 

>  de  la  civilisation  chretienne  au  neuvi^me  si^cle,  doit  Sire 
»  considers  comme  le  premier  type  des  colonies  flamandes 
»  qui  se  muItipliSrent  pendant  le  moyen  &ge  dans  le  nord 
»  de  TAllemagne.  >  Remarquez  que  le  sujet  de  ces  der- 
niires  phrases,  I'^migration  des  habitants  de  Huysse  vers 
Corvey,  Emigration  toute  hypoth^tique,  est  signal^  ici 
comme  un  fait  rSel.  C'est  ainsi  que  les  erreurs  s*accumu- 
lent  et  que  Ton  ^ISve,  sur  des  fondements  incerlains,  tout 


(99) 

QD  ^fice  qoe  la  plus  simple  discussion  vient  renvcrser. 

C'est  ainsi  encore  qu'on  admet  anjourd'hui ,  comme  un 
fait  pour  aiosi  dire  incontestable,  un  ^v^neroenl  h  Tappui 
duquel  on  chercherait  Tainement  un  argument  s^rieux.  Je 
veux  parler  de  cette  pr^tendue  translation  des  Saxons  en 
Flaodre,  ordonn^e,  dit-on,  par  Charlemagne.  L'6crivain 
anquel  on  doit  I'invention  de  cette  belle  histoire  est  le 
moine  auteor  des  Chroniques  de  Saint-Denis,  qui  ^crivait 
k  la  fin  du  quatorzidme  siecle,  pr^s  de  six  cents  ans  apr^s 
la  colonisation  qu'il  nous  d^peint  en  ces  termes : 

c  L'an  804,  quand  la  saison  nouvelle  fut  revenu,  e(  il 
»  fist  tens  convenabie  pour  ostoier,  li  Empereres  assambia 
»  ses  OS  pour  ostoier  en  Saisoigne  :  en  la  terre  entra  k 
»  grant  force,  tons  les  Saines,  qui  demeurent  deli  le  fluv 
9  d'Albe,  fist  passer  par  de^  en  France,  et  fames  et 
»  enfans;  lenr  paijs  donna  k  une  autre  mani^re  de  gent  qui 
>  sont  apel^  Abrodite.  De  celle  gent  sont  n4  ou  exiraict, 
9  sf  comme  Ton  dit,  li  Breban^on  et  li  Flamenc,  et  ont 
»  encore  celle  meismes  langue.  »  TI  est  facile  de  s'aperce- 
voir,  k  la  lecture  de  ce  texte,  que  I'auteur  aoonynoe  n'est 
ici  que  Techo  d'une  opinion  populaire ,  opinion  qui  se  d^ve- 
loppa  surtout  par  suite  de  I'analogie  existante  entre  le 
flamand  et  le  langage  des  populations  du  nord  de  TAIIe- 
magne,  et  par  suite  des  relations  qui  s'^lablirent  entre  ce 
dernier  pays  et  la  Flandre,  au  donzi^me  si^cle,  lorsque  des 
colons  des  Pays-Bas  all&rent  aider  les  Allemandsi  repousser 
les  Slaves,  et  au  treiziime,  quand  des  liens  6troits  unirent 
les  villes  commerQantes  de  la  Flandre  aux  cit6s  ans6ati- 
ques.  Le  fait  de  la  transplantation  dans  I'empire  Franc 
d'une  partie  des  Saxons  est  exact ,  mais  cette  transplanta- 
tion eut-elle  pour  th^tre  la  Flandre  et  le  Brabant,  comme 
le  dit  Albert  Krantz,  ^crivain  du  seizi^me  siide,  fut-elle 


•   •    k 


(  100  ) 

op6r6e ,  cemme  le  prj^teod  Meyer,  par  les  soios  du  forestier 
Lideric?  voil^  ce  qui  parait,  non-seulement  douteux,  mais 
invraisemblable. 

RappeloDs-Dous  qae  Charlemagne  avail  d^ji  sujet  d'etre 
m^ontent  des  habitants  de  la  Flandre  et  de  la  M^napie, 
puisque  ses  capitulaires  et  ceux  de  son  fils  Louis  com- 
minent  des  p^nalit^s  contre  les  gildes  organisees  parmi 
eux.  Aurait-il  contribu^  i  d6velopper  les  germes  de  sedi- 
tion que  notre  pays  renfermait»  en  y  envoyant  des  ennemis 
implacables,  rendus  plus  furieux  encore  par  leur  depart  de 
leur  patrie,  et  qui  auraient  bientdt  contract^  une  union 
etroite  avec  des  populations  dont  le  langage  se  rapprochait 
de  leur  idiome.  Les  tr^-anciennes  chroniques  sont ,  non- 
seulement  muettes  sur  cet  envoi  de  Saxons  en  Flandre, 
mais  elles  mentionnent  souvent  les  peuples  qui  habitaient 
cette  derni^re  contr^e ,  oil  elles  ne  connaissent,  du  temps 
de  saint  £loi  comme  au  temps  des  invasions  des  Normands, 
que  deux  races,  distingu^s  par  les  noms  de  Sueves  et  de 
M^napiens. 

Quant  au  forestier  Lideric,  k  ses  ancdtres  et  k  ses 
actions,  ils  appartiennent  au  domaine  de  la  l^gende.  Lais- 
sons  aux  poetes,  aux  romanciers  la  t^che  de  chanter  des 
h^ros  imaginaires ,  des  actions  fabuleuses ;  ne  les  entre- 
mSlons  pas  k  I'hisloire  anthentique.  Faisons  la  part  de 
I'imagination  :  les  traditions,  les  fictions  ont  leur  cdt6 
utile;  il  ne  faut  ni  les  d^truire,  ni  les  d^aigner;  mais  ce 
serai t  s^appuyer  sur  le  sable  que  de  s'en  Stayer  pour  dis- 
cuter  des  questions  d'origine  ou  de  chronologie.  Dans  ces 
branches  de  la  science ,  on  est  toujours  ramen^  vers  ies 
documents,  et  c'est  gr&ce  k  eux  seuls  qu'on  peut  donner  k 
I'histoire  des  bases  qui  lui  assurent  ia  place  k  laquelle  elle 
a  droit  k  cdt^  des  sciences  que  Ton  a  qualifi^es  d'exacles» 
»  .•  •  •  — 


,  •••      •• 


(104) 


Une  lettre  des  juges  de  Frise  au  rot  de  France  Philippe  le 
Hardi;  par  M.  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  membre 
de  TAcad^mie. 

II  n'est  pas  sans  int^r^t  de  signaler  un  documenl  ou 
nous  retrouvons  les  antiques  traditions  de  liberty  que 
revendique  la  Frise. 

Les  francs  Prisons,  comme  les  nomme  Froissart, 
ainiaient  k  rappeler  que  Charlemagne  avait  reconnu  leur 
ind^pendance  politique.  De  li,  sans  que  rien  affaibllt Tau- 
torit^  de  leurs  institutions,  un  profond  sentiment  de  res- 
pect pour  les  princes  h^ritiers  du  grand  empereur. 

Dans  la  seconde  moiti^  du  treizi^me  si^cle,  quelques 
marchands  frisons  s'^taient  rendus  en  France  pour  vendre 
ces  robustes  coursiers  qui  portaient  les  paladins  bard^s  de 
fer  du  Tasse  et  de  I'Arioste.  Tels  furent  les  ambassadeurs 
qui  remirent  au  roi  Philippe  le  Hardi  une  lettre  signee, 
au  nom  de  toutes  les  communes  de  Frise,  par  les  juges 
d'Astringia  et  de  Wangia,  et  voici  en  quels  termes  ceux-ci 
avaient  joint  k  Tapologie  de  leurs  moeurs  simples  et  hos- 
pitalieres  Texpos^  de  Torigine  et  de  la  forme  de  leur  gou- 
vernement : 

c  Nous  assurons,  ^crivaient-lls ,  la  paix  la  plus  complete  & 
«  tons  les  hommes,  de  quelque  pays  qu'ils  soient,  a  tous  les 
»  marchands  qui  passent,  k  tous  les  pileriiis,&  tous  les  dtran- 
>  gers  qui  abordent  dans  nos  ports.  Nous  ne  somraes  soumis 
»  a  aucune  puissance  temporelle,  ni  a  celle  du  roi  d*A11emagne, 
»  ni  a  celle  d*aucune  autre  nation.  Nous  nous  gouvernons  par 
»  des  juges  elus  chaque  ann^e;  Gependant,  nous  honorons  le 


(  102  ) 

»  roi  de  France  entre  tous  les  autres  princes,  et  nous  le  sui- 
»  vons  dans  les  passages  d'outre-mer,  comme  naguire  encore, 
»  quand  du  temps  de  votre  p^re  Louis,  de  pieuse  mfSmoire, 
»  nous  avons  pendant  quatorze  jours  combattu  les  Sarrasins 
»  devant  Tunis.  Grdce  k  la  divine  clemence,  nous  avons  tou- 
V  jours  vaincu  nos  ennemis,  depuis  que  votre  ayeul  Charle- 
»  magne,  de  tris-heureuse  mdmoire,  a  proclam6  notre 
»  liberty.  » 

r 

Cunctis  hominibus  undecumque  venientibus,  tnercatoribus 
transeuntibuSf  peregrinis,  advenis  portum  nostrum  optanti- 
bus  pacem  fimiissitnam  exhibemus.  Cum  nulli  subjaeeamus 
dominio  secularly  neque  regi  Allemaniae  vel  potestaiibus 
cujuslibei  ncitionis,  per  nos,  eligendo  judiees  singulis  anniSy 
regimus  genUm  nostram.  Begem  vero  Franeorum  prae  cunc- 
tis principibus  veneramur,  sequentes  ipsum  in  terra  sancta 
quotiescumque  contigerit  ipsum  ire  in  passagio  genercUi, 
quemadmodum  cum  patre  vestro  Luthowico,  piae  recorda- 
tionis,  contra  Saracenos  quatuordecim  diebus  apud  Tunesym 
pugnavimus ;  sed,  mediante  divina  dementia ,  manu  potenti 
devicimus  universos,  ex  quo  nostram  gentem,  ymmo  totam 
Frisiamyattavus  regis Franciae Karolus  Magnus,beatissimae 
memoriaey  libertavit  (i). 

En  relisant  ces  lignes  empreintes  d'une  si  noble  tiert^, 
nous  ne  saurions  oublier  les  liens  ^troits  qui  unissaient  les 
populations  de  la  Frise  i  to!ites  les  races  anglo-saxonnes 
et  notamment  aux  colonies  du  Pleanderland. 


(1 )  Archives  nationals  d  Paris. 


(  403  ) 


CLilSSE  DES  BEAlUX-ARTS. 


Seance  du  5  juillet  1875. 

M.  G.  Geefs  occupe  ie  fauteuil. 

M.  Ad.  Quetelbt,  secretaire  perp^tuel. 

Soni presents  :  MM.  L.  Gallait,  H.  Yieuxtemps,  J.  Geefs, 
Ferdinand  De  Braekeleer,  C.-A.  Fraikin,  Ed.  F^tis, 
Edmond  De  Busscher,  Alph.  Balal,  Aug.  Payen,  le  cheva- 
lier L^on  de  Burbure,  J.  Franck,  G.  De  Man,  Ad.  Sirel, 
J.  Leclercq,  Ern.  Slingeneyer,  Alex.  Robert^  A.  Gevaert, 
membres. 


CORRESPONDANCE. 


I^a  classe  apprend  avec  un  douloureux  sentiment  de 
regret  la  perte  qu*elle  vient  de  faire  en  la  personne  de 
Tun  de  ses  associ^s  de  la  section  de  sculpture,  M.  le  che- 
valier Jean-Marie  Benzoni,  d^c^d^  r^cemment  k  Rome. 

—  M.  le  Ministre  de  Tint^rieur  annonce  que  Touverture 
des  billets  cachet^s  des  poemes  choisis  par  le  jury  des  can- 
tates  pour  servir  de  th^me  aux  concurrents  du  grand  con- 
cours  actuel  de  composition  musicale ,  a  fait  connaltre , 
comme  auteur  de  la  piece  flamande  intitul^e :  Torquato 


(  iOi  ) 

Tasso  's  doody  M.  JeaD  Van  Droogenbroeck,  homme  de 
lettres  a  Schaerbeek,  et  conune  auteur  de  la  pi^e  fran- 
(aise  intitul^e  V Ocean ^  M.  Jules  Abrassart,  homme  de 
lettres  k  Lou  vain. 

—  M.  le  Ministre  de  rint^rieur  transmet,  pour  le  jury 
permanent  des  grands  concours  de  composition  musicale , 
deux  partitions  manuscrites  de  M.  J.  Van  den  Eeden,  lau- 
r6at  du  concours  de  1869.  Ces  pieces,  soumises  k  titre 
d'envoi  r^lementaire,  ont  ^ii  remises  a  M.  Gevaert,  pre- 
sident du  jury. 

—  Le  mSme  haut  fonctionnaire  annonce  que  des  lettres 
de  recommandation  ont  ^t^  remises  k  M.  De  Mol,  laur^at  de 
1871,  pour  les  ministres  de  Belgique  a  Paris,  k  Rome  et  k 
Berlin,  afin  de  faciliter  k  cet  artiste  les  voyages  presents 
par  le  r^lement  des  grands  concours. 

—  La  classe  regoit,  k  titre  d'hommage,  les  livraisons 
1  et  2  de  la  neuvi^me  ann^e  du  Tresor  musical  (musique 
religieuse)  de  M.  Robert  Van  Maldeghem,  offer tes  pour  la 
biblioth^que  de  la  Compagnie  par  le  d^partement  de  Tint^- 
rieur.  —  Remerctments. 


CONCODRS  DE  4873. 


La  classe  avait  inscrit  au  programme  de  concours  de 
cette  ann^e  le  sujet  d'art  appliqu^  suivant : 

On  demande  la  composition  d'un  quatuor  pour  instru^ 
ments  a  cordes. 


(  lOS  ) 

Le  morceau  devra  £tre  in^it  et  De  pas  avoii*  &\A  ex^cul^ 
en  public. 

Uo  prix  de  mille  francs  sera  d6cern6  k  Tauteur  de 
Toeuvre  couronn^e. 

Les  manuscrits  envoy^  au  concours  resteront  la  pro- 
pri^t^  de  l*Acad^mie;  toutefois  les  auteurs  conserveroDt 
la  propri^l^  arlistique  de  leur  oeuvre. 

Les  (Buvres  devront  &ite  remises  au  secretariat  de  TAca- 
d^mie  avantle  l^juillet  1873. 

Voici  les  devises  de  viogt  et  uoe  partitions  qui  ont  6te 
refues  pour  ce  concours  : 

N"  i .  Devise  : 

Der  Ruf  des  Genius  cr  ist  auch  mein  Gebot. 

N"  2.  Devise  : 

Les  betax-arts  soDt  la  nourriture  et  le  plaisir  de  Tame. 

N**  3.  Devise  : 

Pour  le  travail,  tout. 

Sans  le  travail,  rien. 

Sans  entendre  le  travail,  pour  rharmonic,  tout. 

Au  quatuor  et  au  piano,  que  i*on  envic ,  rien. 

N^  4.  Devise  : 

The  Ideal  lives  only  with  Art  and  Beauty. 

N"  5.  Devise  : 

La  antique  est  aisee,  Tart  est  difScile. 

N*  6.  Devise  : 

Strong  reasons  make  strange  actions. 

(Shakbspbar£,  King  John,  a.  lll,sc.  4.) 

N"  7.  Devise  : 

La  patience  est  Tart  d'csperer. 


(106) 

N*  8.  Devise : 

La  mis^re  est  la  mere  des  grands  hommes. 

N*  9.  Devise  : 

Dilexi  justitiam  etodi  iniquiUtes,  propterea  moriar  oblitus. 

* 

N^  10.  Devise  : 

Sans  devise  et  sans  nom. 

NMl.  Sans  devise. 
N*  12.  Devise : 

Le  travail  porte  ses  fruits. 

N"  15.  Devise  : 

Du  d^agreable  en  agreable. 

N"  14.  Devise  : 

Laudate  Dominam, 
Laudate  earn  in  chordis 
et  organo. 

N**  15.  Devise : 

Cherchez  et  vous  trouverez. 

N^  16.  Devise  : 

Jolie  fleur  du  matin. 

N**  17.  Devise : 

Art  et  foi. 

N°  18.  Devise  : 

Als  ik  kan. 

N"  19.  Devise  : 

L'union  fait  la  force. 


(  *07  ) 
N*»  20.  Devise : 

Haydn  et  Mozart  fiz^rcnt  le  style  du  quatuor. 

En  l*honnear  de  ces  g^nies  que  nous  a  ravis  la  mort ! ! 

L'id^l  de  Tart  et  de  la  verta  fat  leur  partage. 

Parnos  aecords  et  nos  chants,  Uchons  de  leur  rendre  hommagel! 

N^  21 .  Devise  : 

In  artibus  voluptas. 

La  classe  d&igne  MM.  H.  Vieaxtemps,  le  chevalier 
Leon  de  Burbure  et  A.  Gevaert  pour  juger  ce  concours. 


OUVRAGES  PRESENTfiS. 


ObservcUoire  royal  de  Bruxelles.  —  Annales,  publi^es  par 
le  directeur  Ad.  Quetelet.  Tome  XXH.  Bruxelles,  1873;  in-S**. 

Commission  royale  d'histoire,  d  Bruxelles,  —  Chroniques 
relatives  a  Thistoire  de  la  Belgique  sous  la  domination  des  dues 
de  Bourgogne,  publides  par  M.  le  baron  Rervyn  de  Lettenhove. 
Tome  II.  Bruxelles,  1873 ;  in-4*. 

Commission  aeculemique  de  publication  des  amvres  des 
grands  icrivains  du  pays.  —  OEuvres  de  Froissart ,  publi^es 
par  M.  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  Introduction ,  tome  {*% 
ti*  et  3*  parties.  Bruxelles,  4873;  in-8®. 

Steur  {Ch.).  —  Ethnographic  des  peuples  de  TEurope.  Tome 
second.  Bruxelles,  i873;2  cah.  gr.  in-8'. 

Le  Boy  (Alphonse).  —  Das  Unterrichtswesen  in  Siid-America. 
Gotha,i873;in-8\ 

Beeueil  des  rapports  des  secretaires  de  legation  de  Bel- 
gique.  Tome  II,  2*  et  3*  livr.  Bruxelles ,  1873;  2  cah.  in-S". 

Conseils  provinciaux  du  royaume.  —  Expos^  de  la  situation 
administrative  pour  Tannde  4875.  9  vol.  in^^. 

Commissions  royales  d'art  et  d^archeologie  d  Bruxelles,  — 


(  108  ) 

Bulletin,  XII*"  aan^e,  3  et  4.  Bruxelles,  4873;  cah.  in->8°. 

Inventaire  des  archives  de  la  ville  de  Bruges.  Tome  second. 
Bruges,  i873;  in-4'. 

Academie  d'archiologie  de  Belgique*  —  Annates ,  2'  serie  : 
t.  VIII,  4«  livr.;  I.  IX,  2«et  3Mivp.  Anvers,  4872-1873;  3  cah. 
in-8\ 

Bulletin  des  archives  d' Anvers,  tome  V,  3*  livr.  Anvers; 
1873;  in.8^ 

Lelihvre  (JT).  —  Institutions  namuroises :  I.  Le  mariagc  au 
comtd  de  Namur.  11.  Conseil  priv(^.  III.  Police  des  Mtiments. 
Namur;  in-8^ 

De  Pouhon  (Francois).  —  OEuvres  completes,  pr^c^dees 
d*une  notice  sur  la  vie  de  Tauteur  et  ses  ecrits  (par  Th.  Juste). 
Bruxelles,  1873;  2  vol.  in-8''. 

Bormans  {S.).  —  Notice  d'un  cartuiaire  du  clerge  secondaire 
de  Liege.  Bruxelles,  1873;  in-8*. 

Hock  [Augusle).  —  OEuvres  completes.  Liege,  1872 ;  3  vol. 
in-12. 

Schoolmeesters  (£.)  et  Bormans  (S.).  —  Notice  d*un  cartu- 
iaire de  Tancienne  dglise  coUegiale  et  arcbidiaconaie  de  Notre- 
Dame,  a  Huy.  Bruxelles,  1873;  in-8^ 

PortefeuilledeJohn  Cockerill  (5.).  —  Nouvelle  serie,  3*  livr., 
pi.  39  a  58;  texte,  feuiUes  18  k  26.  Li^e;  in -folio. 

Sociite  medico-chirurgicale  de  Liege,  —  Annates,  12^  annee, 
juin  et  juillet  1873.  Li^ge;  cah.  in-S"*. 

Annates  d'oculisiiquey  36'  annee,  5'  et  6''  livr.  Bruxelles, 
1873;  cah.  in-8^ 

Thielens  (Armand),  —  Les  Orchid^es  de  la  Belgique  ctdu 
grand-duch^  de  Luxembourg.  Gand ,  1873;  iQ-8^ 

Conseil  de  salubrite  publique  de  la  province  de  Liege.  — 
Annates,  t.  VI,  5*  fasc.  Liege,  1873;  in-8°. 

DecUve  (Jules).  —  Du  serment  et  de  sa  formule.  Bruxelles , 
i873;in.8^ 

Van  Maldeghem  (R.-J.).  —  Tresor  musical,  musiquc  reli- 
gieuse,  1873,  1"  et  2*  livr.  Bruxelles;  in-4". 


(  109) 

Revue  de  I' instruction  puhliquej  XXI*  ann^,  2*livr.  Gaiid, 
1873;  in-8^ 

BoBSuet  (F.).  —  fiek^nopte  inhoud  der  verhandeling  over 
hel  pei*spectief,  uit  het  fransch  overgezet  door  F.-A.  Van 
Droogenbroeok.  firuxellcs,  1873;  gr.  in-S**. 

Le  Bibliophile  beige,  Vlll*  annee,  livr.  4,  b,  6.  Bruxelles, 
i873;ocah.  in-8*. 

Societe  archeologique  de  Namur,  —  Anuales,  t.  XI1% 
«•  livp.  Namur,  1873;  in-8». 

De  Puydt  (£.).  —  Biographic  de  M.  Jean-Ambroise  de 
Puydl.  Mons,  1875;  in-8*. 

Willetns  Fonds  ie  Gent.  —  Uitgave  n*  74  :  Keus  uit  de  diclit- 
en  prozawerken  van  J.-F.  Willems,  veraameld  door  Max 
Rooses.  !«•  deel,  1812-1830.  Gand,  1873;  in^«. 

Miller  [Henry)  el  Van  den  Broeck  [Ernest).  —  Les  forami- 
niferes  vivants  et  fossiles  de  la  Belgique.  Bruxelles,  1873; 
in-S*. 

Institut  royal  grandrducal  de  Luxembourg.  —  Publications 
de  la  section  historique,  1872,  XXYII  (V.).  Luxembourg, 
1873;  in.4«. 

De  Dietsche  Warande,  X*  deel,  4***  aflev.  Amsterdam,  1873; 
in-8*. 

KoninUijke  Bibliot/ieek  te '«  Hage,  —  Verslag,  1 872.  La  Haye, 
1873;in-8«. 

R.  Jnstituut  voor  de  taal-^  land-  en  volkenkunde  van 
Nederlandsch  Indie f  te  's  Gravenhage.  —  Bijdragen,  3***  volg- 
reeks,  Vll''*  deel,  3*  en  4*  stuk.  La  Haye,  1873;  in-8*. 

Historisck  Genootschap  gevestigd  te  Utrecht.  —  Kroniek, 
27»**jaarg.,  1871,  6"**  serie,  2**  deel;  —  Werkcn,  nieuwe 
serie,  n"*  17;  ~  Ratalogus  der  boekerij,  3"^*  uitgave,  1872. 
Utrecht,  2  vol.  et  1  cah.  in-8". 

Gosselet  (/.).  —  Esquisse  g^ologique  du  d^partement  du 
Nord  ct  dcs  contr^es  voisines.  1*'  fascicule,  terrains  primaires. 
Lille;  in-8^  —  Etude  sur  le  terrain  carbonifere  du  Boulonais 
(avec  M.  Bertaul).  Lille;  in-8^ 


( no ) 

Sociiti  centrale  d'agrieulture  de  France ,  d  Paris.  —  Stance 
publique  annuelle,  18  mai  1875.  Paris;  ia-S^. 

SocUU  des  etudes  historiqueSf  a  P^ris,  —  L'lnvestigateur, 
39*  ann^e,  i875,  luars-avril,  raai-juin.  Paris;  2  cab.  in-8^ 

Le  tnouvement  medical,  XI*  ann^e,  n*M3  2i  26.  Paris,  i 873 ; 
13  feuilles  in-4*. 

Bardoi  (Ad.).  —  Base  d*uue  theorie  g^odrale  des  parallAles 
sans  postulatums.  Paris,  1873;iQ-8*. 

Maihey  (C.  M).  —  Nouvelie  invention  pour  nSduire  de 
80  p.  7o  la  consommation  du  combustible  des  machines  a 
vapeur.  Plombiires,  1873;  in-8*  oblong. 

Brunfaut  (/.).  —  Carte  du  bassin  sulfarifere  des  Romagnes 
(Italic).  Paris,  1869;  iu-plano. 

Sociiti  de  midecine  pratique  de  Paris.  —  Bulletin ,  ann^s 
1870  et  1871.  Paris,  1871 ;  in-8*. 

Grad  (Charles).  —  Etude  sur  le  terrain  quaternaire  du 
Sahara  alg^rien.  In-8^. 

Van  Tieghem  (Ph.)  et  Lemonnier  (Cf.).  --  Recherches  sur 
les  Mucorinees.  Paris,  1873 ;  in-8*. 

Indicateur  de  I'arcMologue ,  SiYvil  et  mai  1873.  S'-Germain 
en  Laye;  in-8*. 

Soctete  d'agrieulture  de  Valenciennes.  —  Revue  agri- 
cole,  etc.  29*  ann^e,  t.  XXVII,  n*'  5  et  6.  Valenciennes; 
in-8». 

Plantamour  (E.)  —  Observations  faites  dans  les  stations 
astronomiques  suisses.  Geneve,  1873;  in-i**. 

Plantamour  (£.) —  Rdsum6  m^t^orologique  de  Tann^e  1872 
pour  Geneve  et  le  grand  Saint- Bernard.  Geneve,  1873;  in-8*. 

£.  preuss.  Akademie  der  Wissenschaften  zu  Berlin.  — 
Monatsbericht,  Februar  1873.  Berlin;  in-8^ 

Philippson  (M.).  —  Heinrich  IV.,  und  Philipp  III.,  1398- 
1610.  Berlin,  1870;  2  vol.  in-8^ 

Deutsche  chemische  Gesellschaft  zu  Berlin.  —  Berichte, 
Vpier  Jahrgang,  n*«  11  und  12.  Berlin,  1873;  2  cah.  in-8*. 

Senckenbergische  naturforschende  Gesellschaft  zu  Frank- 


( <*^  ) 

furtA.jM.  —  AbbaikUungeu,  Vlll'^"  Mes.,  3*«'  umi  4"'Hefte. 
Francfopt  S./M.,  1872;  in-4^ 

Justus  Perthes*  geographische  Anstalt  zu  Goiha.  —  Mit- 
theilungcn,  19.  Bd.,  1873,  V.  Gotha  ;  cah.  in-4«. 

ffeidelberger  Jahrbucher  der  LiteraluVy  LXV.  Jahrg.,  XII. 
Hefl.  Heidelberg ,  1 872 ;  ill-8^ 

Vergeschichtliche  SteindenkmlUer  in  Schleswig  HoUtein, 
2»"  Hefl,  Kiel,  1873;  in -8^ 

Historischer  Verein  fur  Steiermark  zu  Graz.  —  Mitthei- 
lungen,  XX»''  Heft;  —  Beilrage,9.  Jahrg.  Gratz,  1872-1873; 
2  vol.  in-8^ 

Naturmssenschaftlicher  Verein  in  Hamburg.  —  Abband- 
lungen,  V.  Bd.,  3.  abth.;  —  Uebersicbt  im  Jahre  1871.  Ham- 
bourg,  1872;  2  cab.  in-4\ 

Germanisehes  Museums  zu  JYurnberg.  —  Anzeiger,  neue 
Folge,  1872.  Die  Aufgaben  und  die  Mitlel.  Nuremberg;  12  cab. 
in-4"  ct  1  c^h.  in-8*. 

K.  Ungar.  geologische  Anstalt  zu  Pest.  —  MiUbeiluogen  i 
1.  Bd,  11.  Heft;  — Evkdnyve,  11.  k.,  2.  fuz.  Pestb,  1872; 
2  cab.  gr.  in*8^ 

Korosi  (Joseph),  —  Beitrage  zur  Gescbicbte  der  Preise. 
Pe8lb,1873;  in-8«. 

Academie  impiriale  des  sciences  d  Saint-Pilershourg.  — 
Mdinoires ,  7*  serie,  t.  XVIII,  n'*  9, 10  et  dernier,  el  t.  XIX , 
no*  1  k  7.  Saint-P^tersbourg ;  9  cab.  in-4^';  —  Bulletin,  t.  XVII, 
n~4et  5  et  dernier,  t.  XVIll,  n""*  i  et  2.  Saint-P^tersbourg; 
4  cab.  in-4''. 

Jardin  impirial  botanique  de  Saint-Petersbourg.  —  Publi- 
cations (en  langue  russe),  tomes  1  et  2.  Saint-Pdtersbourg, 
1872-1873;  2  vol.  iu-8'. 

Sociite  impiriale  des  ncUuralistes  de  Moscou.  —  Bulletin , 
1872,  n"  4.  Moscou,  1873;  in-8o. 

Universite  de  Kusan.  —  Bulletin  (en  russe),  tome  XL,  1873, 
n*1.Kasan,1872;in-8'. 


(H2) 

A.  Comitato  geologico  d' Italia  nel  Firenze,  —  fiollettino , 
anno  1873,  n"  5  e  6.  Florence;  in-8'. 

Sicuro  (Demetrius).  —  Genni  sopra  la  vita  e  gli  scritti  di 
Andrea  Vesalio.  Florence,  1861 ;  in>8^ 

Accademia  d'agricoltura,  arii  e  commercio  di  Verona,  — 
Memorie,  serie  11,  vol.  XLIX,  fasc  I  e  II.  Verone;  2  cah.  in-8®. 

De  Pahlos  y  Sancho  (Jose).  —  Memoria  de  la  cuadratura 
del  circulo.  Manille,  1872-73;  in•8^ 

Puyals  de  la  Bastida  {Vincent).  —  Teoria  de  los  NAmeros 
y  pcrfecion  de  los  n]atein4iica8.  Madrid,  4872;  in-12. 

Royal  Institution  of  Great  Britain  of  London.  —  Procee- 
dings, vol.  VI,  parts  V-VI,  n»»  56,  57.  Londrcs,  4872;  2  cah. 
in-8'. 

Zoological  Society  of  London.  —  Transactions,  vol.  VIII, 
parts  4-5.  Proceedings,  4872,  part  III.  Londres;  2  cah.'in^^ 
et  4  cab.  in-8^ 

Statistical  Society  of  London.  —  Journal,  March,  4873. 
Londres ;  in-8*. 

London  mathematical  Society.  —  Proceedings,  n""  54  and  55. 
Londres;  in-8'*. 

Anthropological  Institute  of  Great  Britain  and  Ireland, 
at  London.  —  Journal,  vol.  II,  n""  3.  January,  4873.  Londres; 
in-8». 

Philosophical  Society  of  Glasgow. —  Proceedings,  4872-73, 
vol.  VIII,  n»  2.  Glasgow,  1873;  in-H-. 

Meteorological  Society  of  Mauritius.  —  Monthly  notices , 
(16  th.  January,  4873).  Maurice;  in-4^ 

Paine  (Martyn).  — The  Institutes  of  medicine.  O***'  edition. 
New-York,  1870;  1  vol.  in-8*;  —  Physiology  of  the  soul  and 
instinct  as  distinguished  from  materialism.  New- York,  1872; 
4  vol.  in-8'». 

Peabody  Institute  of  the  city  of  Baltimore.  —  Sixty  annual 
Report  of  the  Provost,  June  5, 1875.  Baltimore,  1873;  in-8^ 


BULLETIN 


DE 


L'ACADEMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DE8 


LBTTRES  ET  DES  BEADX-ARTS  DE  BELGIQDE. 


1873.  —  No  8. 


GL4SSE  DES  SGIEHCES. 


Seance  du  2  aout  1875. 

M.  CANoi:zE ,  vice-direcleur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^tuel. 

Sont  presents :  MM.  J.  d'Omalius  d'Halloy,  J.-S.  Stas, 
L.  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  de  Selys  Long- 
champs,  11.  Nysl,  Melsens,  J.  Liagre,  F.  Duprez,G.  De- 
walque,  E.  Quelelel,  M.  Gloesener,  F.  Donny,  Charles 
Montigny,  E.  Dupont,  £d.  Morren,  £d.  Van  Beneden, 
membres;  Th.  Schwann  et  Ph.  Gilbert,  associes. 

M.  Wagener,  correspondant  de  la  classe  des  lettres, 
assiste  k  la  stance. 

2"*  S^.RIE,  TOME  XXXVI.  8 


(  H4  ) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  gouverneur  du  Brabant  a  invil^  TAcad^mie  au 
Te  Deum  qui  a  ^te  c^l^br^  Ic  21  juillet  dernier ,  k  midi , 
dans  r^glise  desSS.  Michel  et  Gudule,  k  Toccasion  de  I*an- 
niversaire  de  Tinauguralion  de  Tauguste  Pondateur  de  la 
dynaslie. 

—  Les  soci^t^s  savantes  el  6tablissements  scientifiques 
suivants,  en  relations  d'^cbange  de  publications  avec  TAca- 
d^mie,  remercient  poor  le  dernier  envoi  : 

La  Society  des  naturalistes  de  B&le ,  la  Soci^te  physico- 
m^dicale  d'Erlangen ,  TAcad^mie  olympique  de  Vicence  et 
les  observatoires  de  Kremmunster,  de  Kasan » de  Naples  et 
de  Milan. 

—  M.  A.  Renard,  de  Louvaini  demande  k  la  classe  le 
d4p6t  d*an  billet  cacbet^.  —  Accept^. 

—  La  classe  vote  I'impression ,  dans  le  Recueil  des  phe- 
nomenes  periodiquesj  des  observations  met^orologiques 
Taites  k  Kain,  pr6s  de  Tournai,  pendant  les  sii  premiers 
mois  de  1873,  par  M.  Remi  Desrumeaux;  du  r^um^  m^ 
ttorologique  pour  Ostende,  pendant  les  mois  de  mai  et  de 
jiiin  1873,  par  M.  Cavalier;  de  la  liste  des  orages  observes 
k  Louvain,  depuis  le  commencement  de  Tannic  actuelle, 
par  M.  F.  Terby. 

Des  remerctments  sont  vot6s  k  M.  Micbel,  ex-cbef  du 
nouveau  phare  d'Oslende,  pour  la  serie  d*observations 


(  115  ) 
HQ^ltorologiques  qu'il  a  assidAment  poursuivies  pendant 
dix  ans  dans  cetle  ville,  observalions  qu'il  a  dA  cesser 
r^ceinment,  k  cause  de  ses  fonctions  nouvelles  d'agenl 
payeur  de  la  marine. 

--  M.  le  Minislre  de  Tinl^rieur  communique,  au  nom 
de  Tauteur,  M. Pierre^Joseph  Goubet,  de  Beugny  (France), 
un  travail  manuscrit  snr  la  quadrature  du  cercle  et  de- 
mande  que  I'Acad^mie  veuille  bien  donner  h  cetle  affaire 
la  suite  qu'elle  jugera  convenable. 

La  classe  passe  i  Tordre  du  jour  sur  le  travail  de 
M.  Goubet,  conform^ment  k  Tusage  invariablement  suivi 
par  tons  les  corps  savants  k  regard  des  communications 
du  mSme  genre. 

—  Le  m£me  haut  fonclionnaire  envoie,pour  la  biblio- 
th^que  de  la  compagnie ,  divers  ouvrages  qui  seront  men- 
tionn^s  au  Bulletin. 

—  M.  Ad.  Quetelet  offre  un  exemplaire  de  Touvrage 
qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  Congres  interna^ 
tional  de  statisttque  f  i  volume  in-4^. 

M.  L.  de  Koninck  fait  hommage  de  la  2^  partie  de  ses 
Recherches  sur  les  animaux  fossiles,  volume  in-4®. 
La  classe  remercie  les  auteurs  de  ces  outrages. 

—  Les  travaux  maniiscrits  suivants  seront  Tobjel  d'un 
examen : 

i^  Notice  hislorique  sur  Van  Helmonty  par  M.  Melsens. 
—  Commissaires :  MM.  de  Koninck,  Stas  et  Donny ; 

2*  Recherches  sur  I* innervation  du  cosur  par  le  nerf 
vague  (avec  planche),  faites  au  laboratoire  physiologique 


(  1<6) 
d'Utrecht,  par  M.  le  docteur  J.-P.  Nuel.  —  Commissaires  : 
MM.  Schwann  et  Gluge; 

3**  Note  8ur  les  phenomenes  electriques  du  ccsur  { effets 
^lectro-moleurs),  par  le  m^me.  —  Commissaires  :  les 
m^mes; 

4®  Sur  quelques  developpements  de  la  fonction  log,  r  (x), 
par  M.  Angelo  Genoccbi.  —  Commissaires :  MM.  De  Tilly 
et  Gilbert ; 

5"*  Observations  de  Jupiter  etde  Mars  faites  a  Louvain 
pendant  V  apparition  deces  planetes  en  1875,  par  M.  Terby. 
—  Commissaires :  MM.  Liagre  et  Em.  Quetelet; 

G""  Oiseau  mecanique^  du  docteur  P.  Nouille,  d'Elle- 
zelles.  —  Commissaire :  M.  Montigny ; 

7^  Deuxieme  note  sur  le  phenomene  de  la  vue,  par 
M.  Albert  Verslraete.  —  Commissaires  :  MM.  Plateau  et 
Montigny. 

RAPPORTS. 

Configuration  des  taches  de  la  planete  Mars  a  la  fin  du 
diX'huitieme  siecle,  d'apres  les  dessins  inedits  de 
J.'H.  Schroeter;  par  M.  F.  Terby. 

€  Cettc  notice  forme  une  suite  aux  rechercbes  que 
M.  Terby  a  d^jk  faites  sur  le  m6me  sujet,  rechercbes  que 
TAcad^miea accueillies  favorablement,  et  qui  ont ^t^  ins^- 
rees  dans  le  tome  XXXV  de  nos  Bulletins ,  pages  1 88  et  352. 

Dans  le  travail  qu'il  soumet  aujourd'hui  k  Tappr^ciation 
de  la  classe,  I'auteur  etudie  avec  soin  et  avcc  sagaciti^  les 


(  <*7) 

nombreux  dessios  des  Areographische  Fragmeniey  les  dis- 
cute  en  eux-memes,  abstraction  faite  da  texte  qui  les  ac- 
compagne  et  des  opinions  du  savant  aslronome  de  Lilien- 
thai,  et,  k  Taide  du  temps  des  observations  puis6  dans  le 
manuscrit ,  il  reconstitue  la  s^rie  des  aspects  offerts  par  la 
plandle  Mars  k  cette  ^poque  d^ji  ancienne. 

Les  observations  discut^es  par  M.  Terby  pr^sentent  un 
accord  remarquable  avec  les  r^sullals  obtenus  par  les  as- 
tronomes  de  notre  ^poque,  et  ce  r^sultat  int^ressant  con- 
firme,  comme  il  fallait  s'y  attendre,  la  permanence  des 
taches  sombres  observ^es  sur  le  corps  de  la  plan^te. 

Je  pense  que  la  nouvelle  notice  de  M.  Terby  sera  lue 
avec  int^ret,  et  j*ai  Thonneur  de  proposer  i  la  classe  d*en 
ordonner  Timpression  dans  les  Bulletins,  et  d'adresser  des 
remerclmenls  k  Tauteur.  » 

Conform^ment  k  ces  conclusions,  auxquelles  adhere  le 
second  commissaire,  M.  Ern.  Quetelet,  la  classe  vote  Tim- 
pression,  dans  les  Bulletins,  de  la  notice  de  M.  Terby  et  de 
la  planche  qui  I'accompagne. 


Notice  sur  un  systeme  meteorographique  universel;  par 

M.  Van  Rysselberghe. 


MUtpp^rt  ile  M.  Crfoej 


«  M.  F.  Van  Rysselberghe,  professeur  k  Tficole  de  navi- 
gation de  r£tat  a  Ostend^,  ayant  souvent  Foccasion  d'etre 
t^moin  de  tempStes  sur  I'Oc^an  et  de  remarquer  les  pbe- 
nom^nes  extraordinaires  qui  les  accompagnent,fut conduit 
par  ses  observations  k  Tetude  de  la  m^l^orologie.  II  avait 


(M8) 

eu  coDoaissance  des  immenses  services  que  Tillustre  Maury 
a  rendus  k  la  navigation  et  au  commerce ,  en  faisant  con- 
nattre  aux  marins  les  directions  sAres  qn'ils  doivent  suivre 
avec  leurs  navires  et  les  routes  p^riltenses  qn*ils  doivent 
6viter. 

Dou^  de  remarquables  aptitudes,  le  jeune  professeur  fui 
bientdt  convaincu  que  la  m£t6orologie  est  une  science  non- 
seulement  agr^able,  mais  encore  ^minemment  utile  k  la 
navigation  y  au  commerce,  i  Tagriculture,  tout  en  6tant  une 
science  humanitaire,  el  que  cette  science  demande  le  con- 
coursdetouspourprogresser;  il  couQutalors  le  tr^louable 
projet  de  fournir  sa  quote-part  de  renseignements  dans  la 
mesure  de  ses  moyens;  mais  il  ^tait  aussi  persuade  que 
trois  ou  quatre  observations  par  jour  d'un  ph^nomdne  m£<- 
t^orologique  ne  suffisaient  pas;  il  songea  alors  i  un  meteo- 
rographe  enregistreur. 

Un  instrument  pareil  exige  des  d^penses  considerables, 
et  les  finances  de  M.  Van  Ryssell)erghe  6tant  restreintes, 
il  chercha  un  m^t^orographe  enregistreur  i  bon  marcb4. 
Son  vif  d^sir  d'atteindre  ce  but  et  sa  belle  intelligence  font 
fait  triompber  de  tons  les  obstacles. 

Aujourd'hui  il  pr^sente  k  TAcad^mie,  parmon  interme- 
diaire,  la  description  de  son  meteorographe  enregistreur. 
L'auteur  le  propose  comme  un  instrument  d*essai;  mais 
Tessai  est  beureux ,  puisque  depuis  trois  k  quatre  mois  le 
meteorographe  enregistre,  heure  par  heure,  dans  la  mai- 
son  de  ville  d'Ostende,  les  observations  barometriques, 
thermometriques,  anemometriques ,  ainsi  que  celles  de  la 
girouette  (il  cnregistrerait  avec  la  mSme  facility  ces 
mSmes  observations  de  dix  minutes  en  dix  minutes  :  les 
diagrammes  qui  accompagnent  la  notice  de  l'auteur  le 
prouvent).  11  enregistrera  aussi  avec  son  appareil ,  sans 


( 1^9  ) 

aucuQ  doute,  les  observations  hygrom^triques  donn^es  par 
te  psychrom^tre.  Apr6s  avoir  propose  d'appliquer  Thygro- 
metre  k  cbeveu,  muni  d'une  aiguille  supplementaire  pour 
enregistrer  les  observations  del'^tat  bygrom^trique  de  Tair, 
raulenrd^crit  nn  bygromelre  &  cbeveu  qui  mesureles  varia* 
tions  de  longueur  de  cbeveux  et  propose  d'avoir  recours  en 
m6me  temps  k  une  6cbelle  donn^e  par  M.  V.  Regnault  sur 
les  tensions  de  Tair  bumide  correspondantes  k  ces  varia- 
tions. 

Je  suis  d'avis  d'omettre  ces  deux  appareils,  de  se  tenir 
au  psycbrom^tre  et  d'essayer,  dans  tous  les  cas^  les  bygro- 
metres  k  deux  divisions  que  Ton  construit  actuellement  k 
Berne. 

M.  Van  Rysselbergbe  est  persuade  que  son  m6t6oro- 
grapbe  est  universel;  que  par  consequent  il  est  propre  k 
enregistrer  aussi  les  observations  de  la  boussole  rnagn^- 
tique ,  celles  des  aiguilles  des  galvanom^tres  et  d'autres 
appareils  semblables.  Je  ne  puis  souscrire  encore  k  cette 
proposition  g^n^rale  et  admettre  que  les  deviations  des 
aiguilles  pr^nommees  puissent  Stre  mesur^es  avec  precision 
k  Taide  d'une  aiguille  supplementaire  ajout^e  k  Taiguille 
aimantee.  Au  surplus,  d'ici  k  quelque  temps  je  trancberai 
la  question  par  Texperience  et  je  m'assurerai  si  le  meteoro- 
grapbe  est  universel  ou  assujetti  k  quelques  exceptions. 
Toutefois  je  crois  qu'il  y  a  lieu  de  tenir  compte  k  Tauteur 
du  moyen  quMI  propose  pour  employer  Thygrometre  k 
cbeveu. 

Dans  tous  les  cas,  ce  serait  dej^  fort  beau  de  pouvoir  en- 
registrer avec  un  seul  burin  d'acier  cinq  sortes  d'observa- 
tions  sur  une  mSme  feuille  de  laiton  trto-mince  et  de  livrer 
cette  feuille  k  la  Htbograpbie. 

Voici  la  description  succincte  du  m^teorograpbe  et  des 


(  120  ) 

diffiSrents  organes  ou  petits  appareils  k  placer  aulour  du 
cyliadre  tournaDt  pour  enregistrer  les  diff^rentes  observa- 
tions barom^triques,  thermom^triques,  etc.,  etc. 

Un  cyliadre  vertical  C  en  m^tal ,  envelopp^  d'une  mince 
feuille  de  lailon  couverte  d'un  vernis  gras  des  graveurs, 
est  mA  par  un  poids  et  tourne  uniform^ment  autour  de 
son  axe  a ;  mais  il  est  momen tankmen t  embray^  par  un 
levier  coud6 ,  muni  k  Tun  de  ses  bras  d'une  pi^ce  de  fer 
au-dessus  de  laquelle  est  plac^  un  6lectro-aimant  droit  A. 
Quand  aucun  courant  ne  passe  par  A,  le  bras  n  du  levier 
coud^  embraye  le  cylindre  C  k  I'aide  d'un  bouton  I  qui  est 
rencontr^  par  un  autre  bouton  semblable  d,  fixe  sur  le 
contour  d'un  disque  qui  est  attach^  k  la  poulie  k  laquelle 
est  suspendu  le  poids  moteur  du  cylindre ;  par  consequent, 
le  cylindre  C  et  en  m^me  temps  un  chariot  plac^  k  cdt6 
sont  embray^s,  lorsque  aucun  courant  ne  passe  par  T^lec- 
tro-aimant  A;  et  ils  sont  d^sembray^s  aussitdt  qu'un  cou- 
rant de  peu  de  dur^e  le  traverse ;  alors  le  cylindre  d^crit 
un  lour  enlier,  mais  seulement  un  tour,  et  en  m^me  temps 
le  chariot  avance,  et  une  sonde  (cylindre  en  fer  ou  en  pla- 
tine)  attach^e  k  un  bout  d'un  fil  mince  qui  passe  sur  une 
poulie  et  est  soud^e  par  son  autre  extremity  k  un  chariot , 
s'abaisse  et  rencontre  la  surface  du  mercure  dans  un  baro- 
metre  de  syphon,  et  aussitdt  un  courant  est  ^tabli  k  tra- 
vers  un  autre  ^lectro-aimant  B.  L'armature  de  celui-ci 
paralyse  la  tension  du  ressort  qui  eloigne  le  burin  de  la 
feuille  couverte  de  vernis ,  si  I'^lectro-aimant  B  n'est  anim6 
par  aucun  courant,  et,  au  contraire,  le  burin  est  pouss^ 
contre  cette  feuille  et  trace  une  ligne  bleue,  quand  le  cou- 
rant est  ^tabli. 

II  importe  de  remarquer  qu'i  chaque  tour  de  cylindre 
accompli,  le  burin  descend  de  la  hauteur  d'un  pas  de  la 


(  121  ) 
vis  ssDs  fin  et  que  le  chariot  retourne  h  sa  position  de 
depart;  que  les  traits  fails  par  le  burin  sont  plus  ou  moins 
longs  sui van t  que  le  mercure  dans  la  branche  ouverte  sera 
plus  ou  moins  haul;  que  le  trait  commence  par  le  burin 
se  prolonge  jusqu'i  I'extr^mil^  de  la  course  du  chariot  ou 
bien  jusqu'au  moment  oil  le  courant  sera  coup6  et  dans 
tons  les  cas  jusqu'i  un  aligneipent  invariable. 

On  voudra  bien  remarquer  encore  qu'une  cr^maillere 
adapt^e  k  I'axe  du  cylindre  engrenant  avec  un  pignon  fixe 
a  la  vis  sans  fin  fait  tourner  successivement  les  difierents 
organes  qu^elle  rencontre  dans  son  mouvement  de  rotation. 

L'auteur  6vite  Teiiet  si  nuisible  de  r^tincelle  61ectrique 
et  Toxydation  du  mercure  produite  k  la  rupture  du  courant; 
par  un  moyen  simple  et  ing^nieux,  il  coupe  le  courant 
avant  la  separation  de  deux  conducteurs  formant  le  circuit. 

M.  Van  Rysselberghe  propose  ensuite  un  moyen  d'enre- 
gistrer  les  indications  fournies  par  des  instruments  places 
k  une  grande  distance  de  I'enregistreur. 

Enfin  il  propose  un  ballon-cerf-volant  ou  un  cerf-volant 
sans  poids  excessivement  l^ger  pour  recueillir  les  obser- 
vations k  de  grandes  hauteurs. 

Son  instrument  enregistre  les  observations  par  rapport 
au  niveau  de  la  mer  et  k  la  temperature  z^ro. 

Dans  une  note  l'auteur  d^montre  que  le  niveau  infi£- 
rieur  d*un  barom^tre  k  syphon  devient  ind^pendant  de  la 
temperature  lorsque  la  dilatation  apparente  de  tout  le 
mercure  renferm^  dans  le  barometre  est  ^gale  k  la  dilata- 
tion vraie  de  la  colonne  barom^trique.  MM.  Radau  et  Carl 
affirment  la  proposition  sans  demonstration.  Je  fais  mes 
reserves  relatives  au  calcul  de  la  note ,  qui  olTre  neanmoins 
un  veritable  interet  quoiqu'elle  soit  inutile  k  Tensemble  du 
travail  actuel. 


(  *22  ) 

M.  Van  Rysselberghe  a  pr^sent^  k  I'Academie  une  notice 
d*une  valeur  scientifique  r^elle,  mdme  k  c6t^  des  remar- 
quables  travaux  de  savants  illustres,  tels  que  sir  Wheat- 
stone,  le  R^v^rend  P6re  Secchi,  M.  Wild,  M.  Th^orell,  etc. 

Pour  plus  de  clart^,  il  y  aurait  k  ajouter  ou  k  supprimer 
quelques  mots  ou  quelques  lignes,  mais  ces  lagers  change- 
njents  sont  trte-faciles  k  op^rer. 

En  consequence,  j'ai  I'honneur  de  proposer  k  TAcad^mie 
de  faire  insurer  dans  ses  Bulletins  la  notice  de  M.  Van  Rys- 
selberghe, de  le  remercier  de  son  int^ressante  communica- 
tion et  de  I'engager  k  pers^v^rer  dans  la  voie  oA  il  vient  de 
d^buter  d*une  mani^re  si  heureuse.  » 


c  Le  probl^me  que  s*est  pos^  M.  le  professeur  Van  Rys- 
selberghe pent  etre  formula  de  la  mani^re  suivante : 

c  Combiner  un  appareil  pen  compliqu6  et  peu  coAteux, 
»  dans  lequel  un  seul  burin  grave  sur  un  seul  cylindre  les 
»  indications  d'un  grand  nombre  d'instruments  m^t^oro* 

>  logiques,  de  nature  quelconque,  et  places  soit  k  proxi- 

>  mit6,  soit  k  distance  de  Tenregistreur. » 

L'auteur  a  r^solu  ce  probl^me  en  modifiant,  d'une  ma- 
ni^re  tr^s-heureuse,  Tappareil  imaging  par  Wheatstone. 

Un  cylindre  vertical,  command^  par  une  horloge, 
ex^cute^  k  des  intervalles  egaux(par  exemple,  toutes  les 
dix  minutes),  une  revolution  autour  de  son  axe;  un  cir- 
cuit teidgraphique,  dont  fait  partie  Tinstrument  k  obser- 
ver, se  ferme  par  le  mouvement  du  cylindre ;  il  rend  ainsi 
libre  un  burin,  qui  vient  appuyer  sur  la  surface  cylin- 
drique,  et  y  marque,  perpendiculairement  aux  g^n^ra- 


(  123  ) 

trices,  un  trait  dont  la  longueur  est  proportionnelle  k 
rindication  fournie  par  Tinstrnraent.  A  chaque  revolution 
du  cylindre,  le  burin  descend  d'une  petite  quantil^,  de 
sorte  que  Fon  obtient  une  s^rie  de  traits  ^quidistants,  dont 
les  extr^mit^s  figurent  la  courbe  des  observations. 

Le  cylindre  r^pteur  est  recouvert  d'une  mince  feuille 
de  cuivre  enduite  d'un  vernis  gras.  Lorsque  cette  feuille  a 
re^u  les  inscriptions  du  burin,  on  la  retire  et  on  la  plonge 
dans  un  acide  :  elle  devient  ainsi  une  planche  grav^e,  dont 
on  pent  tirer  des  exemplaires  k  volonl^.  Les  planches  qui 
accomp^gnent  le  m^moire  ont  ^t^  obtenues  par  ce  pro- 
ced^ ,  et  permettent  d'en  appr^cier  la  simplicity  et  la  pre- 
cision. 

Tel  est  en  gros  le  m^canisme  tres-ing^nieux ,  et  relati- 
vement  fort  pen  coAteux ,  k  I'aide  duquel  M.  le  professeur 
Van  Rysselberghe  pent  enregistrer,  d'une  maniere  pour 
ainsi  dire  continue,  les  indications  d'un  instrument  met6o- 
rologique  quelconque.  Je  n'hesite  pas  k  me  rallier  aux 
conclusions  favorables  de  mon  savant  confrere  M.  Gloe- 
sener,  et  je  suis  d*avis  que  le  travail  de  M.  Van  Ryssel- 
berghe m^rite,  non-seulement  Tapprobation  de  la  classe, 
mais  encore  les  encouragements  du  gouvernement.  » 

Conformement  aux  conclusions  favorables  des  rapports 
de  ses  commissaires,  la  classe  vote  des  remerclments  k 
M.  Van  Rysselberghe  et  decide  limpression ,  au  Bulletin , 
de  sa  note  et  de  la  planche  qui  Taccompagne. 


; 


124  ) 


Letlre  de  M.  A.  Genocchi  a  M,  A,  Quetelet  sur  diverses 

questions  mathematiques. 

MimpiMn*9  fie  Jf.  Jte  Titty, 

cDans  la  lellre  de  M.GeDOCchii  M. Quetelet,  letlre  que 
la  classe  m'a  charge  d'examiner,  le  savant  g^ometre  italien 
s'occupe  d'abord  d'uoe  Note  que  j'ai  presentee  k  TAcade- 
mie  en  Janvier  1873,  et  qui  a  ^t^  ins^r^e  dans  le  tome 
XXXV  de  nos  Bulletins  (2«  s^rie). 

Cette  Note  avait  pour  objet  principal  de  completer,  sous 
divers  rapports,  mais  pour  un  cas  particulier,  une  autre 
Note  de  M.  Genocchi,  ins6r6e  dans  le  tome  XX  (1"  s6rie) 
des  m^mes  Bulletins.  Mon  travail  formait  un  commen- 
taire  et  nullement  une  refutation  de  I'analyse  du  c^lebre 
g^ometre  italien. 

M.  Genocchi,  n'ayant  eu  connaissance  de  mes  observa- 
tions que  d'une  mani^re  indirecte  et  incomplete^  demande 
qu'elles  lui  soient  communiqu^es ,  afin  de  le  mettre  i 
meme  d'adresser  une  r^ponse  i  la  classe,  soit  pour  se 
justifieVj  soit  pour  reconnoitre  ses  faules.  Cette  justifica- 
tion et  cet  aveu  seront  ^galement  inutiles,  puisque  je  n*ai 
point  attribue  de  faute  k  M.  Genocchi.  Tout  an  plus  pour- 
rait-il  pr^tendre  que  ses  r^suitats  ^taient  suffisamment 
clairs  et  complels  par  £ux-m6mes  et  n*avaient  pas  besoin 
de  mes  commentaires.  II  resterait,  le  cas  ^ch^ant,  k  discu- 
ler  cette  opinion. 

Quoi  qu'il  en  soit,  notre  honorable  secretaire  perp^tuei 
s'est  empress^  de  satisfaire  k  la  demande  de  Fauteur  de  la 
lettre,  et  je  crois  inutile  d*insister,  en  ce  moment,  sur  ce 
premier  point. 


(  125  ) 

M.  Genocchi  passe  ensuile  i  la  G^ometrie  et  k  la  IVl^ca- 
Dique  abstrailes  et,  faisant  allusion  k  un  M^moire  que  j'ai 
pf^sent^  k  la  classe  sur  ces  sujels  et  qui  a  6l6  imprim6  dans 
le  tome  XXI  des  Memoires  in-8'',  il  s^exprime  comme  suit  : 

«  ....  J'ai  fait  des  recherches  ayant  quelque  ressem- 
blance  avec  celles  de  M.  De  Tilly.  Mes  Merits ,  ^tant  r^dig^s 
en  langue  italienne,  ont  el^  k  peu  pr^  ignores  en  Bel- 
gique  :  d'ailleurs,  ce  n'est  pas  que  je  pense  a  soulever  une 
question  de  priority ,  car  M.  De  Tilly  a  pr^sent6  son  Me- 
moire  k  TAcad^mie  de  Belgique  le  1*'  aoAt  1868,  et, 
quant  k  moi,  une  courte  Note,  oh  je  r^sumais  quelques 
r^sultats  de  mes  Etudes,  n'a  &i6  presentee  a  I'Acad^mie  de 
Turin  que  le  24  Janvier  1869.  Mais,  du  moins,  il  roe  sera 
permis  de  constater  que  je  n'ai  pu  proGter  aucunement 
du  travail  de  M.  De  Tilly,  dont  les  id^es  n'ont  ^t^  (dans 
une  certaine  mesure)  port^es  k  la  connaissance  du  public 
que  par  les  rapports  faits  dans  la  stance  du  5  juin  1869 
et  ins^r^  dans  YInstitut  du  25  aoAt  1869  :  au  surplus, 
mon  M6moire,  termini  en  mars  1869,  a  ^t^  imprim6  peu 
de  temps  aprte,  k  Florence,  dans  le  Recueil  de  la  Soci^t6 
italienne  des  XL,  et  adress^  a  plusieurs  savants  et  k 
quelques  corps  scientifiques,  parmi  lesquels  je  compterai 
I'Acad^mie  de  Belgique,  tandis  que  le  M^moire  de  M.  De 
Tilly  n'a  paru,  je  crois,  qu'en  1870.  J'ajoute  que  nos 
points  de  depart  ^laient  fort  diflerents. » 

Puisque  M.  Genocchi  tient  a  ce  qu'il  soit  constat^  qu'il 
n'a  pu  proGter  aucunement  de  mes  c  Etudes  de  M^ca- 
nique  abstraile  » ,  je  declare  qu'en  effet  cela  est  parfaite- 
ment  evident.  II  va  sans  dire  que  la  r^ciproque  est  (out 
aussi  ^vidente  :  aujourd'hui  m6me,  je  neconnais  le  travail 
de  M.  Genocchi,  sur  un  sujet  analogue,  que  par  I'analyse, 
tr^s-int^ressante  d'ailleurs,  qu'il  en  donne  dans  la  lettre 


(  126  ) 

acluelle  (').  Nous  sommes  partis  de  points  diffi^rents,  sans 
nous  emprunter  aucune  id^e  Tun  k  I'autre ,  et  si  quelqoes 
r^ultats  se  rencontrent  k  la  fois  dans  mon  travail  et  dans 
celui  de  T^minent  g^om^tre  italien ,  je  considere  celte  cir- 
Constance  comme  tres-honorable  pour  moi. 

L'analyse  que  Tanteur  donne  de  son  travail  de  G6om6- 
trie  el  de  M^canique  abstraites  se  termine  par  ces  mots  : 

c  J'ai  aussi  rendu  justice  aux  travaux  de  M.  Beltrami, 

Mais  je  n'ai  pas  ose  en  conclure  Timpossibilit^ 

d*une  demonstration  rationnelle  et  rigoureuse  (du  postu- 
latum  d'Euclide);  et,  m^me  k  present,  j'h^site  k  retenir 
comme  compldtement  prouv^e  cette  impossibility  par  les 
raisonnements  de  MM.  Hoiiel  et  De  Tilly.  C'est  sur  ce  sujet 
que  je  vous  demande,  Monsieur,  la  permission  d'exposer 
quelques  reflexions.  » 

Les  reflexions  que  M.  Genocchi  expose  ensuite  com- 
prennent  deux  parties  distinctes  se  rapportant,  la  premiere, 
k  rimpossibilite  de  d^montrer  le  postulatum  d'Euclide  par 
une  construction  plane,  ou  des  raisonnements  uniquement 
relatifs  au  plan;  la  seconde,  k  I'impossibilite  de  d^mon- 
trer  ce  mSme  postulatum  par  des  constructions  ou  des 
raisonnements  g^ometriques  quelconques. 

Je  diviserai  de  mSme  la  suite  de  ce  Rapport. 

I.  —  Impossibilile  de  demontrer  le  postulatum  d'Euclide 

par  la  Geometrie  plane. 

^  Les  raisons  que  Ton  a  donn^es  de  Timpossibilit^  de 
demontrer  le  postulatum  par  la  Geometrie  plane  sont 


(*)  L*existence  d*UD  travail  de  M.  Genocchi ,  sur  la  Geomelrie  el  la 
Mecanique  ahslraites,  m'a  ete  iiidiqu^  par  M.  Houel,  dans  une  Icltre  du 
19  avril  1870: 


(  127  ) 

basees  sur  la  consideration  des  pseudo-spberes,  c*est-i-* 
dire  des  surfaces  k  courbure  constante  n^alive  (*). 
M.  fieltrami  a  demontr^  le  premier  que  la  G^m^trie 
euclidienne  de  ces  surfaces  est  la  mSme  que  la  G^om^trie 
non  euclidienne  du  plan. 

M.  Hoiiel  en  a  conclu,  avec  raison,  qu'il  est  d^sormais 
impossible  de  demontrer  le  postulatum  sans  sorlir  du 
plan,  puisque,  si  Ton  y  parvenait,  ce  ne  pourrait  £tre,  k 
moins  de  cercle  vicieui ,  que  par  I'emploi  de  propri^t^^ 
communes  aux  deux  g^m^tries  euclidienne  et  non  eucli- 
dienne et  que,  dolors,  la  demonstration  pourrait  Stre 
r^p^tee,  mot  pour  mot,  dans  la  geometric  euclidienne,  sur 
les  surfaces  k  courbure  constante  negative,  ou  pseudo- 
spberes,  oil  elle  conduirait,  par  consequent,  k  une  con- 
clusion fausse,  puisque  la  Geometric  de  ces  surfaces  n'cst 
pas  la  meme  que  celle  du  plan. 

Dans  le  tome  XXX  (2^  serie)  des  Bulletins  de  noire 
Academic,  j*ai  ajoute  aux  travaux  de  MM.  Beltrami  et 
Hoiiel  un  commentaire  qui,  d*apres  moi,  simplifie  la 
question,  parce  que,  au  lieu  d'appliquer  les  raisonnements 
k  une  pseudo-sphere  quelconque ,  je  les  rapporte  k  une 
surface  pseudo-spherique  de  revolution,  tres-simple  et  bien 
connue  de  tous  les  geometres :  celle  qui  est  engendree  par 
la  iractoire  ou  la  courbe  aux  tangentes  egales,  tournant 
autour  de  son  asymptote. 

Les  critiques  que  M.  Genocchi  adresse  k  toutes  les  de- 


(*)  M.  Genocchi  fait  observer,  dans  sa  lelire,  qu^il  convient  dc  dire 
courbure  constante  et  nou  courbure  moyenne  constante,  comine  je 
Tavais  ecrit  dans  roa  Note  insert  aux  Bulletins  de  VAcad^ie,  L  XXX, 
2«  s^rie.  J'ai  dejk  recoDna  cette  erreur  de  deuomination,  dans  un  article 
du  Bulletin  des  sciences  maihimatiques  et  astronomiques ,  t.  II,  p.  294. 


(  128  ) 

monstrations  bas^s  sar  les  pseudo-spheres  soot  plus  par- 
ticuli^rement  dirig^es  conlre  la  m^ihode  simple  el  pre- 
cise que  j'ai  indiqu^e;  mais  elles  proviennent  uniquement 
de  ce  que  Tauteur  impose  aux  pseudo-spheres,  pour  la 
r^ussite  d'une  demonslration  semblable  k  celle  de  M.  Hoiiel 
ou  k  la  mienne,  deux  conditions  dont  la  premiere  est, 
d'apres  moi,  inutile,  et  dont  la  seconde  ne  doit  pas  etre 
entendue  dans  le  sens  absolu  que  Tauteur  y  attache.  II  exige 
que  ces  pseudo-spheres  s'^tendent  k  Finfini  dans  tons  les 
sens  et,  de  plus,  qu'elles  soient  simplement  connexes  f ). 

II  est  necessaire,  pour  I'intelligence  dece  qui  suit,  de 
r^sumerici,  en  quelques  mots, la  demonstration  critiquee. 

Ayant  construit  un  corps  de  revolution,  ou  un  noyau, 
termine  exterieuremcnt  par  la  surrace  de  revolution  deiinie 
plus  haut,  j'imagine  qu'une  surface  flexible  soit  enrouiee 
indefiniment  sur  ce  noyau,  de  maniere  que  toutes  ses 
nappes  se  superposent,  tout  en  restant  distinctes,  comme 
si  Ton  enroulait  une  feuille  de  papier  plane  et  indefinie 
sur  un  cylindre ,  mais  avec  cette  difference  que  la  feuille 
de  papier  enrouiee  sur  le  cylindre  a  ete  d'abord  plane^ 
tandis  que  la  surface  pseudo-spherique  est  fabriquee 
directement  sur  son  noyau. 

La  surface  de  revolution  consideree  etant  k  courbure 
constante,  une  partie  quelconque  de  la  surface  enrouiee 
pent  glisser  sur  cette  derniere  surface  par  flexion ,  mais 
sans  extension,  contraction,  decbirure  ni  duplicature. 

De  plus,  il  ne  pent  exister,  entre  deux  points  quel- 


(*)  Voir,  au  snjelde  celle  expression  encore  peu  usit^e,  la  iroisiemc 
partie  de  la  Thdorie  eUmentaire  des  quantit^s  complexes ,  par  M.  Houel 

(M^HOIRES  DE  LA  SOCIET^  DES  SCIE>XES  PHYSIQUES  ET  NATURELLES  DE  BOR- 
DEAUX, I.  VI  i I). 


(  129  ) 

conques  de  eette  m^me  surface,  qu'une  seiile  ligne  g^o- 
d^sique,  ou  un  seol  plus  court  chemin,  ce  que  Ton  voit  en 
aroenant  ces  deux  points  sur  une  m^me  ligne  g^od^sique 
m^ridienne,  par  le  glissement  d'une  portion  de  surface 
qui  les  contient. 

Cela  sufiBt  pour  prouyer  que  toute  demonstration  du 
postuiatum  sur  le  plan  r^ussirait  aussi  sur  la  pseudo- 
sphere  de. revolution;  or,  \k  le  principe  des  parall^les  ne 
peut  pas  exister,  puisqu'on  voit  clairement  que  toutes  les 
lignes  g^od^siques  m^ridiennes  sont  asymptotes  entre 
el  les. 

Voyons  main  tenant  ce  que  mon  savant  contradicteur 
oppose  k  ce  qui  pr^c^de. 

«  M.  De  Tilly,  en  cboisissant  cette  m^me  surface  de 
revolution  pour  y  appuyer  ses  raisonnements,  a  pr6tendu 
demontrer  que  les  lignes  g^od^siques  de  cette  surface 
jouissent  de  la  propriety  d'etre  pleinement  determinees 
par  deux  de  leurs  points,  comme  les  lignes  droites.  Cest 
une  erreur  :  M.  Bellavitis,  par  des  considerations  intui- 
tives,  et  tout  recemment  M.  Beltrami,  par  le  calcul,  ont 
prouve  que  deux  geodesiques  d'une  telle  surface  peuvent 
se  rencontrer  en  plusieurs  points.  » 

Cette  assertion  m'ayant  frappe,  je  songeais  h  examiner 
les  travaux  recents  auxquels  M.  Genocchi  fait  allusion, 
lorsque  je  lus  la  phrase  suivante,  dans  laquelle  Tauteur, 
en  precisant  sa  pensee,  devoile  la  cause  de  son  erreur  : 

<  II  arrive  comme  pour  Theiice,  qui  rencontre  en  une 
infinite  de  points  chaque  generalrice  du  cylindre,  quoique, 
sur  le  plan,  deux  droites  ne  puissent  se  rencontrer  qu'en 
un  point  unique.  » 

On  voit  que  mon  savant  contradicteur  a  uniquement  en 
vue,  tant  pour  la  pseudo-sphere  que  pour  le  cylindre,  la 

2"'  SfeRIE,  TOME  XXXVI.  9 


(  iSO  ) 

surface-noyau,  car  si  Ton  considcre  la  surface  cylindrique 
enrouI6e,  I'h^Iice  et  la  g6n6ralrice  ne  s'y  rencontrent  qu'en 
un  seul  point.  Or,  c'est  la  surface  enroul^e  et  non  le 
noyau  qu'il  faut  consid^rer.  Cela  est  dit,  non-seulement 
plus  haul,  mais  aussi  dans  mon  premier  M^moire.  C'est 
pourquoi  je  ne  saurais  accepter  la  conclusion  de  ce  para- 
graphe  :  €  Ainsi  la  demonstration  de  M.  De  Tilly  peche 
par  sa  base  »  et,  me  permettant  de  la  retourner,  je  declare 
que  c'est  la  critique  qui  p^che  par  sa  base. 

Tout  ce  qui  pr^c^de  montre  que,  dans  ma  demonstra- 
tion ,  je  n'avais  pas  besoin  d'une  surface-noyau  qui  fdt 
simplement  connexe,  et  que  la  surface  enroul^e,  la  seule 
i  laquelle  mes  raisonnements  s'appliquent,  poss^de  cette 
propriety. 

Je  dis ,  de  plus ,  que  ma  surface  ne  devait  pas  Stre 
infinie  dans  tous  lessens  et  que  Tarrdt  brusque,  ou  le 
rebroussement,  qui  se  produit  le  long  du  parall^le  maxi- 
mum n'est  point  un  obstacle  h  la  reproduction ,  sur  la 
pseudo-sphere,  de  tout  raisounement  qui  serait  cense 
demontrer  le  postulatum  sur  le  plan.  Je  croyais  en  avoir 
donne  nettement  la  raison  dans  mon  premier  Memoire,  oii 
je  disais : 

<r  Les  lignes  geodesiques  ne  sont  pas  inCnies  dans  les 
deux  sens  et  s'arretent  brusquement  au  paralieie  maxi- 
mum ,  mais  cela  n'infirme  en  rien  la  possibilite  de  repeter, 
sur  la  pseudo-sphere,  les  constructions  qui  seraientcen- 
sees  demontrer  le  postulatum  sur  le  plan ,  car,  ces  con- 
structions devant ,  dans  chaque  hypothese  possible ,  etre 
limitees,  on  pourrait  toujours  les  commencer,  sur  la 
pseudo-sphere,  en  un  point  situe  assez  loin  du  paralieie 
maximum  pour  qu'elles  ne  pussent  jamais  arriver  jusqu'i 
ce  paralieie.  i> 


(  131  ) 

Si  quelques  g^m^lres  doutent  de  rexactitude  de  ce 
raisonDement,  c'est  parce  qu*ils  admettent,  sans  y  prendre 
garde,  que  dans  une  construction  ou  dans  une  demon- 
stration g^om^trique,  on  puisse  avoir  besoin  d'invoquer 
Vinfini  absolu,  tandis  qu'en  math^matiques,  Tinfini  n'est 
qu'une  limite  ou  une  maniere  de  parier.  A  mesure  que 
Tun  des  g^om^tres  (celui  qui  croirait  d^montrer  le  postu- 
latum)  aurait  besoin  de  faire  croitre  les  dimensions  de  la 
figure  plane,  Tautre  (son  contradicteur)  ferait,  en  m^me 
temps,  glisser  toute  la  figure  pseudo-spherique  correspond 
dante  vers  le  sommet  asymptotique  k  Tinfini  (un  point 
directeur,  pris  dans  la  figure,  d^crivant  une  m^ridienne), 
d'une  quantity  sufBsante  pour  que,  k  chaque  instant,  la 
dimension  maximum  variable  de  la  figure  soit  moindre 
que  la  distance,  correspondante  au  m^me  instant,  entre 
le  point  directeur  et  le  parallde  maximum.  De  mSme  que 
la  dimension  maximum  de  la  figure  n'atteindra  jamais  I'in- 
fini  absolu,  le  point  directeur  ni  aucun  point  de  la  figure 
n'atteindront  jamais  le  sommet  asymptotique  (ce  qui  serait 
encore  Tinfini  absolu);  la  construction  sera  done  toujours 
possible  et  Ton  ne  rencontrera  jamais  le  pr^tcndu  obstacle 
de  la  ligne  de  rebroussement  ou  du  parall^le  maximum. 

En  r^sum^,  ma  th^orie  ne  suppose  point  que  Ton  puisse 
obtenir  une  surface  k  courbure  constante  negative,  infinie 
dans  tons  les  sens,  ni  simplement  connexe  sans  enroule- 
ment  ou  superposition  de  nappes;  elle  suppose  seulement 
qu*une  partie  quelconque  de  la  surface  bien  d^finie  que 
j'ai  employee  jouisse  de  la  propriety  de  glisser  sur  la  sur- 
face, moyennant  une  flexion  de  ses  elements,  maissans 
aucune  extension  ni  contraction.  Si  cetle  propri^te,  qui 
jusqu'aujourd'hui  n'a  ^t^  constest^e  par  personne,  k  ma 
connaissance,  venait  k  VHre  d'une  maniere  serieuse,  alors, 


(  132  ) 

mais  alors  seulement ,  ma  d^monslralion  rappel^e  ci-des- 
sus,  et  qui  est  complete  par  eile-m^me,  serait  sujette  a  la 
m^me  contestation. 

Aujourd'bui  la  seule  objection  que  jereconnaisse  comme 
possible  a  6ie  faite  par  moi-meme ,  dans  le  M^moire  cit^ 
(p.  35), en  ces  termes  : 

€  On  pourrait  dire  que  le  plan  jouit  d'une  autre  propri^t^ 
fondamentale,  que  ne  poss^de  pas  la  pseudo-spb^re :  le  re- 
tournement.  On  r^pondra  que  le  retoumement  n*est  jamais 
n6cessaire  dans  la  G^om^trie  plane;  on  Temploie  quelque- 
fois  pour  demon trer  rapidement  T^galit^  de  deux  figures, 
mais  cette  ^alit^  pent  toujours  se  d^montrer  autrement. » 

Si  cette  r^ponse  ne  paraissait  pas  peremptoire,  j'en 
emprunterais  une  autre  k  M.  Genocchi  lui-m^me. 

€  R6pondra-t-6n , »  dit  ce  g^om^tre ,  au  sujet  de  Tobjec- 
tion  pr^cit^e ,  c  que,  pour  profiter  de  la  propri^t^  indi- 
qu6e,  il  faudrait  sortir  du  plan,  et  qu'ainsi  fimpossibilit^ 
de  d^montrer  le  postulatum  d*Euclide  par  une  construction 
plane  n'est  pas  infirm^e  par  cette  objection  ?  » 

Oui,  je  r^pondrais  cela,  au  besoinf  c'est-&-dire  si  la 
r^ponse  pr^c^ente  ne  suffisait  pas,  et  apr^s  avoir  ainsi 
r^pondu,  aprte  avoir  dit  qu'alors  la  demonstration  du  pos- 
tulatum d^pendrait  de  la  G^om^trie  dans  I'espace,  j^ajoute- 
rais  que  de  cette  mani^re  elle  serait  encore  impossible,  en 
vertu  de  la  seconde  partie ,  que  je  vais  aborder. 

11.  —  Impossibilite  de  demontrer  le  postulatum  d'Euclide 
par  un  raisonnement  geometrique  quelconque. 

En  rendant  compte,  dans  le  Bulletin  des  sciences  ma* 
thematiques  et  astronomiques ,  d*un  ouvrage  de  M.  Five 
Sainte-Harie  et  en  me  servant,  avec  une  autre  interprii- 


(  *33  ) 

tation,  des  calculs  de  ce  g^ometre,  j'ai  pronv^,  ii  pea  prte 
comme  suit,  rimpossibilit^  de  d^montrer  le  postulatum  par 
un  raisoDDement  g^om6trique  quelconque. 

Pia<;ons-Dous  dans  la  g^om^trie  ordinaire,  et  rapportons 
tons  !es  points  de  Tespace  k  un  syst^me  de  trois  axes  rec- 
tangulaires  Ox,  Oy^  Oz.  La  distance  de  deux  points  infinl- 
ment  voisins 

6tant  alors 


j'appeile  pseudo^dislance  de  ces  deux  m^mes  points  la 
quantity 


d<r  =  V(dx^  -^  di/)  ^  -¥-  dz\ 


k  ^tant  un  param^tre  arbitraire. 

De  m^me  que  la  longueur  d'une  ligne,  entre  deux 
points,  est  Tint^graie  de  ds  entre  des  limites  d^termin^es 
par  les  coordonn^s  de  ces  points  et  par  les  equations  de 
la  ligne,  la  pseudo-longueur  de  cette  m^me  ligne  sera 
rint^grale  de  da  entre  les  m^mes  limites. 

J'appelle  encore  pseudo-droites  les  lignes  ayant  pour 
^nations : 

y  e=  nup  H-  n, 
(m«  -h  i)  (x  —  P)  (x  —  Q)  =  —  A'e""'^; 

pseudO'plam  les  surfaces  ayant  pour  Equation  : 
(a)    .     .    .  x'  -*-  y'  -♦-  Ax  -♦-  By  -♦-  C  =  —  A*  e 


ts 


De  ces  definitions  je  d^duis  imm^diatement,  par  Tana- 
lyse,  les  consequences  suivantes  : 


(  134  ) 

Par  deux  points  quelconques  de  Tespace,  on  peut  faire 
passer  une,  et  une  seule,  pseudo-droite; 

Par  trois  points  quelconques  de  i'espace,  non  silu6s  sur 
une  mSme  pseudo-droite,  on  peut  faire  passer  un,  et  un 
seul )  pseudo-plan ; 

Toute  pseudo-droite  quia  deux  points  dans  un  pseudo- 
plan  s'y  trouve  tout  cnti^re; 

ainsi  que  les  propositions  qui  resultent  imm6diatement 
de  ces  trois  th^or^mes. 

Consid^rons  deux  pseudo-droites  partant  du  point  A,  et, 
sur  ces  deux  pseudo-droites,  deux  points  fi  et  C.  Menons 
la  pseudo-droite  BC  et  soient  ka,  kb^  kc  les  pseudo-lon- 
gueurs des  trois  cdt^s  du  triangle  curviligne  ABC. 

Posons : 

Ch6Chc  — Chan 
(^)    •    •    •    ^^" Sh^Sh^ ' 

et  appelons  a  le  pseudo-angle  des  deux  pseudo-droites 
donn^es. 

On  peut  s'assurer,  par  Tanalyse,  que  la  valeur  de  ce 
pseudo-angle  est  independante  de  la  position  des  points  B 
et  C  sur  les  pseudo-droites  AB  et  AC.  Or,  la  formule  (1) 
donne,  par  T^change  progressif  des  leltres,  toutes  les  rela- 
tions necessaires  pour  calculer  trois  des  six  Elements 
(pseudo-cdles  et  pseudo-angles)  d'un  triangle  en  fonction 
des  trois  autres,  et  la  question  est  entierement  d^ter- 


(*)  On  salt  que 


Sha= , 


Ch  a  =  - 


2 


(  <3S  ) 

min^e,  d'abord  dans  les  monies  cas  que  pour  les  triangles 
rectilignes ,  ensuite  dans  le  cas  ojl  Ton  donnerait  les  trois 
pseudo-angles,  de  sorte  que  les  cas  d'^galite  des  triangles 
ordinaires  se  retrouvent  parmi  ceux  des  triangles  pseudo- 
rectilignes.  Le  cas  supplementaire  ne  sera  pas  employ^ 
dans  ce  qui  suit.  La  question  de  savoir  si  ce  cas  existe  aussi 
dans  les  triangles  rectilignes  est  douteuse,  ant^rieurement 
au  postulatum  d'Euclide.  D'ailleurs,  Tegalit^  de  deux  trian- 
gles pseudo-rectilignes  n*implique,  jusqu'ici,  que  T^alit^ 
respective  des  six  6I£ments. 

Lorsque,  dans  un  pseudo-plan,  Tangle  de  deux  pseudo- 
droites  est  compost  de  deux  angles,  le  pseudo- angle 
total  vaut  aussi  la  somme  des  deux  pseudo-angles  partiels. 
—  Le  pseudo-angle  de  z6ro  est  zero.  -^  Le  pseudo-angle 
d'un  angle  ^gal  a  deux  angles  droits  vaut  deux  angles 
droits. 

Les  considerations  qui  precedent  suffiraient,  au  besoin^, 
pour  etablir  toute  la  G^om^trie  dans  ce  nouvel  ordre 
d'id^es,  en  rempla^ant  les  droites,  plans,  angles,  aires, 
volumes  par  lespseudo-droites, ...,  pseudo-volumes. 

En  particulier,  on  d^montrerait,  d'aprte  Euclide,  que 
la  pseudo-droite  est  la  plus  courte  pseudo-longueur  entre 
deux  points,  ce  que  Ton  pourrait  faire  aussi,  par  le  calcul 
int^ral,  d'aprSs  M.  Flye  Sainte-Marie. 

La  consideration  des  pseudo-aires  et  des  pseudo-volumes 
conduirait  exactement  au  mSme  ordre  de  difficulty  ou  de 
complication  que  la  consideration  des  aires  et  des  volumes 
dans  la  G6ometrie  ordinaire,  lorsqu'on  Tintroduit  dans 
cette  derni^re  ant6rieurement  au  postulatum  d'Euclide. 
On  pourrait  employer  les  mSmes  expressions  de  part  et 
d'autre. 

Mais  il  importe  d'examiner  ce  que  deviendrait  la  consi- 


(  i36  ) 

deration  du  mouvement  d*un  syst^roe  rigide  ou  solide, 
que  FoD  peut  iotroduire  dans  les  demonstrations  g^om^- 
triques. 

La  possibility  du  Diouvemenl  d'un  systeme  solide,  dans 
le  cas  le  plus  general,  consiste  en  ce  que  Ton  peut,  sans 
faire  varier  aucun  element  lin^aire  et,  par  consequent, 
sans qu  aucune  ligne ni  aucune  surface changent  de  forme, 
1"^  faire  d^crire  ^  un  point  A  de  ce  systeme  une  trajec- 
toire  determin^e;  2°  fixer  d'avance,  pour  tons  les  points  de 
cette  trajectoire,  la  position  d'une  droiteB  passant  par  le 
point  A;  S""  fixer  d'avance,  pour  tons  ces  memes  points, 
la  position  d*un  plan  C  contenant  la  droite  B. 

Or,  on  peut  aussi,  sans  faire  varier  aucun  element  pseu- 
do-lin^aire  (et,  par  consequent ,  en  changeant  la  forme  des 
lignes  et  des  surfaces  de  manidre  que  les  pseudo-droites  et 
pseudo-plans  restent  tels),  !<*  faire  d^crirc  k  un  point  A 
du  systeme  une  trajectoire  determin^e;  2^  fixer  d'avance, 
pour  tous  les  points  de  cette  trajectoire,  la  position  d'une 
pseudo-droite  B  passant  par  le  point  A;  3"^  fixer  d*avance, 
pour  tous  ces  memes  points,  la  position  d'un  pseudo-plan 
C  contenant  la  pseudo-droite  B. 

Pour  le  demontrer,  on  appellera  m^  n^  p  les  coordon- 
n^es  du  point  A  dans  sa  premiere  position;  m',  n',  p'  ses 
nouvelles  coordonn^es  dans  une  position  quelconque,  sur 
la  trajectoire  qu'il  doit  decrire;  on  etablira  les  equations 
des  pseudo-droites  B  et  B',  des  pseudo-plans  C  et  C,  les 
accents  indiquant  les  positions  nouvelles.  Considerant  en- 
suite  un  point  quelconque  XYZ  dans  la  premiere  |)osition, 
on  pourra  calculer  en  fonction  de  m,  n,  p,  et  des  con- 
stantes  contenues  dans  B  et  C  :  l*"  le  pseudo-angle  du 
pseudo-plan  BXYZ  avcc  le  pseudo-plan  C;  ^'^  le  pseudo- 
angle  de  B  avec  (AXYZ);  3^  la  pseudo-longueur  (A— XYZ). 


(  i37) 
On  pourra,  daos  la  position  A',  chercher  le  point  X'Y'Z',  lei 
que  ces  mfimes^l^ments  (B'X'Y'Z'  — C),  (B'-~  A'XTZ'), 
(A'  —  X'Y'Z')  soient  respectivement  ^gaux  aux  prece- 
dents. Alors  on  effectuera  le  mouvement  de  mani^re  que 
tous  les  points,  tels  que  XYZ,  se  transportent  aux  points 
correspondants  X'Y'Z'. 

Cherchant,  dans  la  premiere  position,  la  pseudo-dis- 
tance a  de  deux  points  XYZ,  XiYiZi,  et,  dans  la  seconde,  la 
pseudoHlislance  a  des  deux  points  correspondants  X'Y'Z', 
XjYjZ'p  on  trouvera  a  =  «',  ce  qui  prouve  que  le  mouve- 
ment pent  se  faire  ainsi  qu'on  Ta  annonc^. 

On  se  trouve  maintenant  en  possession,  pour  les  pseudo- 
droites, ....,  des  memes  principes  que  Ton  admettatt  pour 
les  droites,  ....,  ant^rieurement  au  postulatum  d'Eudide. 
S*il  existait  done  une  demonstration  de  ce  postulatum  (ou, 
ce  qui  revient  au  m^me,  de  la  somme  des  angles  d*un 
triangle  rectiligne),  bas^e  uniquement  sur  lesdils  principes, 
on  pourrait  la  r^p^ter  pour  un  triangle  pseudo-rectiligne 
et  Ton  d^montrerait  que,  dans  un  tel  triangle,  la  somme  des 
trois  pseudo-angles  vaut  deux  angles  droits,  ce  qui  n'est 
pas  exact. 

M.  Genocchi  n'a  pr^sente  contre  ces  raisonnements  que 
deux  objections,  qui  me  paraissent  bien  faciles  k  lever. 
II  fail  remarquer,  d*abord,  que  la  pseudo-droite  el  le 
pseudo-plan  presentent  certains  points  qui  se  dislinguent 
des  autreS;  tandis  que,  dans  la  vraie  droite  et  le  vrai  plan, 
tous  les  points  jouissent  des  mdmes  propriet^s.  Mais  quel 
usage  le  g^om^tre  qui  voudrait  d^montrer  le  postulatum 
pourrait-il  faire  de  cette  identite  des  points  d'un  plan? 
Serait-ce  de  r^p^ter,  en  un  point  d*un  plan,  une  construc- 
tion qui  aurait  et^  faite  en  un  autre?  La  mSme  repetition 
peut  avoir  lieu  pour  le  pseudo-plan^  mais  les  deux  figures 


(^38) 

que  Tod  coDSlruira,  au  lieu  d*6tre  idenliques  quant  aux 
longueurs,  le  seront  alors  quant  aux  pseudo-longueurs. 
Serait-ce  de  faire  glisser  la  droite  et  le  plan  sur  eux- 
mSmes?  Des  mouvements  analogues  peuvent  avoir  lieu 
pour  la  pseudo-droite  et  le  pseudo-plan,  mais,  encore  une 
fois,  dans  ces  mouvements,  ce  ne  sont  pas  les  longueurs, 
mais  bien  les  pseudo-longueurs ,  qui  se  conservent. 

M.  Genocchi  pretend,  de  plus,  que  le  pseudo-plan  ne 
s'^tend  pas  k  rinfini  dans  tons  les  sens,  mais  ici  il  doit  y 
avoir,  ou  un  malentendu,  ou  une  erreur  de  fait :  le  pseudo- 
plan  repr^sente  par  T^quation  (a)  est  une  surface  de  revo- 
lution, dont  Taxe  est  parall^le  k  celui  des  z  et  dont  la  m^ri- 
dienne,  normaie  k  Taxe  de  revolution  au  point  oil  elle  le 
coupe,  a  deux  branches  infinies  dans  le  sens  des  z  positifs. 
II  en  r^sulte  que  la  surface  elle-mSme  s'^tend  k  Tinfini 
dans  tons  les  sens. 

Je  n'ai  done  absolument  rien  k  changer  aux  considera- 
tions qui  precedent  et  que  j'ai  emises  d*abord ,  sous  une 
forme  presque  identique,  dans  le  Bulletin  de  MM.  Darboux 
et  Hoiiel. 

Une  fois  que  cette  transformation  geometrique  des  lon- 
gueurs,    en  pseudo-longueurs, est  bien  comprise, 

on  voit  clairement  comment  la  Mecanique  pent  se  trans- 
former de  mSme  el  il  en  resulte  que  la  demonstration  du 
postulatum  d'Euclide  n'est  pas  plus  possible  par  la  Meca- 
nique que  par  la  Geometrie. 

L'auteur  se  demande,  vers  la  fin  de  son  travail,  quelle 
regie  on  doit  suivre  dans  Tenseignement  de  la  Geometric 
eiementaire?  Doit-on  avoir  recours  k  I'experience,  ou  bien 
se  con  tenter  de  postulatums?  II  pense  que  les  pretendues 
demonstrations  experi  men  tales  ne  seraient  que  des  peti- 


(  ^39) 

tions  de  principe,  et  qu'il  faut  pr^ferer  ies  postulatums. 

J'admets  parfaitement  que  Too  place  au  d^but  de  la  Geo- 
m^trie  des  postulatums  ou  des  hypotheses^  mais  comme  ils 
ne  peuvent  pas  avoir  ei&  choisis  au  hasard,  il  faut  ad- 
nieltre  que  Ton  y  a  H&  amen6  par  ^experience  et  il  n'y  a 
aucun  incoDveDient  &  ravouer^  ni  meme  a  le  faire  remar- 
quer  k  des  Aleves. 

L'hypothtee  ou  le  postulatum  idealise,  eo  quelque  sorte, 
le  r^sultat  de  rexperieoce,  qui,  sans  cela,  maDquerait  de 
precision,  ou  reufermerait ,  comme  le  dit  Tauteur,  des 
petitions  de  principe.  Mais  cette  remarque  ne  me  parait 
pas  sp6ciale  k  la  G^om^trie.  Je  la  crois  applicable  k  la 
M6canique  et  m^me  k  la  Physique. 

En  r^sum6,  que  Ies  fails  servant  de  base  k  la  G^om6- 
trie  s'appellent  principes  experimentaux ,  hypotheses  ^ 
axiomes  ou  postulatums,  je  n'y  vois,  pour  ma  part,  que 
bien  peu  de  difference. 

.Le  M^moire  de  Fauteur  renferme  encore  d'autres  ob- 
servations int6ressantes,  mais  elles  ne  touchent  que  tr^s- 
indirectement  aux  deux  grandes  questions  que  j'ai  specia- 
lement  traitees  et  sur  lesquelles,  comme  on  Ta  vu  plus 
haut,  je  ne  puis  faire  aucuue  concession  k  mon  eminent 
contradicteur. 

Sous  le  benefice  des  explications  et  des  r^erves  qui 
pr6c6dent,  j'ai  Thonneur  de  proposer  k  la  classe  Tinsertion 
de  la  lettre  de  M.  Genocchi  dans  Ies  Bulletins.  » 

La  classe  adopte  ces  conclusions. 


(  «40) 

Sur  le  calcul  de  la  vitesse  iniliale  (fun  projectile  quel" 
conque^  lorsqu'on  connait  la  vitesse  en  un  point  voisin 
de  la  bouche  a  feu;  par  M.  Auguste  Cesar  d'Andrada 
MendoQa. 

Mimpgft^i  de  M,  JPe  TiUff, 

c  Les  equations  du  mouvemeDt  d'uD  projectile  con- 
tienneot  sa  vitesse  ioitiaie.  La  valeur  par  laquelle  il  faut 
remplacer  cette  vitesse,  dans  ies  applications,  n'est  pas  la 
vitesse  initiate  r^elle,  mais  une  vitesse  corrig^e,  d<iduite  de 
celle  que  Ton  a  mesur^e  par  un  appareii  baiistique ,  k  une 
distance  suf&sante  de  la  bouche  pour  qu'on  puisse  admettre 
que  les  gaz,  k  cette  distance,  n'agissent  plus  sur  le  projec- 
tile. Cette  vitesse  corrigee  doit  Stre  telle  qu'elle  reproduise 
la  vitesse  mesur^  quand  on  Tintroduit  dans  les  Equations 
du  mouvement,  tandis  que  la  vitesse  initiale  r^elle  pent 
dtre  diff6rente,  vu  que  la  loi  de  resistance  admise  n'est 
certainement  pas  applicable  k  la  portion  de  trajectoire 
dans  laquelle  les  gaz  poussent  encore  le  projectile.  Le  cal- 
cul de  la  vitesse  initiale  corrigee,  en  fonction  de  la  vitesse 
mesur^e  k  une  distance  a,  fait  Tobjet  de  la  Note  que  la 
classe  a  soumise  k  mon  examen. 

La  relation  qui  existe  entre  ces  deux  vitesses  depend 
n^cessairement  de  la  loi  admise  pour  la  resistance  de  I'air. 
Or,  les  projectiles  sur  lesquels  I'auteur  raisonne  etant 
allonges  el  ayant  des  vitesses  initiates  toutes  coniprises 
entrc  500  et  550  metres  par  seconde  (au  moins  pour  1  obus 
de  8  centimetres) ,  la  loi  k  adopter  est  fort  douteuse; 
d'apr^s  le  general   Mayevski  (*),  la  resistance  de  Tair 

(•)  Traits  de  Baiistique  exUrieurc;  Paris,  1872. 


(  141  ) 
devrail  alors  6lre  coDsid6rie  commc  proporlionnelle  k  la 
sixi^me  puissance  de  la  vitesse. 

Quoi  qu'il  en  soil,  Tauleur  admet  la  loi  propos^e  en 
1847  par  le  gdn^ral  Didion,  el  je  radmellrai  aussi,  pour 
continuer  Tanalyse  de  son  travail. 

Dans  celle  hypolhtee,  en  repr^sentanl  par  x  la  vitesse 
mesur^e  k  la  distance  a  el  par  y  la  vitesse  initiale  corrigee, 
on  a  r^quation  : 


0) 


a 


r  » 

X 


dans  laquelle  r  est  une  constante  el  c  une  quantite  depen- 
dant du  projectile  consid^r^. 

Cette  expression  £tant  d'un  calcul  assez  difficile,  Tauteur 
Ta  remplac^e  par  une  autre,  de  la  forme  : 

(2) y  =  ax  — /3 

el  il  a  d^montr^  que  les  r^sultats  donniis  par  ces  deux 
formules  ne  s'^cartenl  enlre  eux,  dans  les  limites  des  vi- 
tesses  ordinaires ,  que  de  quantit^s  negligeables. 

Cette  propriety  depend ,  comme  Tauteur  le  fait  voir,  de 
ce  que  Thyperbole  representee  par  I'equation  (1)  a  une 
courbure  tr^s-peu  prononcee  dans  la  partie  comprise  enlre 
les  valeurs-limites des  vitesses  el  que,  dans  eel  inlervalle, 
la  courbe  se  confond  sensiblemenl  avec  la  langente  au 
point-milieu  de  la  partie  consideree. 

Par  exemple,  pour  les  obus  de  8  el  de  12  centimetres 
de  rartillerieporlugaise,  laformule  (2)  devient  respecti- 
vement  : 

et  y  =  1,009  X  —0,608, 


(  *42  ) 

dans  les  limiles  des  vitesses  ordinaires  de  ces  projectiles. 
Je  peDse  que  celte  analyse  succincte  fait  suffisamment 
connaitre  le  travail  de  M.  d'Andrada  Mendo^a  et  je  pro- 
pose a  la  classe  d'adresser  des  remerciments  ^  Tauteur.  » 

Ces  conclusions  sont  adoptees. 


—  La  classe  vote  ensuit'e  Tinopression  dans  le  Bulletin, 
conform^ment  k  I'avis  favorable  exprime  par  MM.  Stas  ct 
de  Koninck,  d'une  note  de  M.  Walthere  Spring  Stir  la 
constitution  de  Vacide  hyposulfureux. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Determination  de  la  declinaison  et  de  I'indinaison  magne^ 
tique  a  Bruxellesy  en  1873;  note  de  M.  Ern.  Quelelet, 
membre  de  TAcad^mie. 

J'ai  riionneur  de  communiquer  k  FAcad^rnie  les  valeurs 
obtenues  cette  ann^e  de  la  declinaison  et  de  Tinclinaison 
magnetique. 

La  declinaison  le29juillet,  versll  heures,<5laill7"59' 
22'\  r^pondant  k  la  division  55*^,21  de  r^chelle  arbitraire 
du  magn^tom^tre. 

Le  2S  mars  Tinclinaison  a  6t6  trouv6e  6gale  k  6V  6',2. 

Je  joins  ici  les  valeurs  de  la  declinaison  et  de  Tinclinai- 
son  depuis  I'^poque  oil  elles  ont  6l6  observees  pour  la  pre- 
miere fois k  Bruxelles,  afin  de  faire  voir  la  marche  decrois- 


(  143  ) 

sante  des  deux  angles  qui  lixent  la  position  de  Taiguille 
aimant^e  : 


DdcHfiaison  magndlique  a  Bruxellcs, 


ann£es. 


^POQUE. 


HEDBE. 


DiCLIHAISON 

magn<tique 

obtenr^e. 


4828. 
4829. 
4830. 
4832 . 
4833. 
48;i4. 
4833. 
4836. 
4837  . 
4888. 
4839. 
48-iO. 
4844. 
4842. 
484:^  . 
4844. 
.4845. 
4846. 
4847  . 
4848. 
48-49. 
4850. 
4854  . 
4852. 
4863. 
4854. 
4835. 
4856  . 
4857. 
4858. 
4839. 
4860. 
4864. 
4862. 
4863. 
4864. 
4865. 
4866. 
4867. 
4868. 
4869 
4870. 
4874. 
4872. 
4873. 


22  DO?embre 
6  mai .  . 
5  mars  . 

28  et34  mars 

29  et  34  > 
4  avril.  . 

28  mars  . 
21  »  . 
24  »  . 
26  »  . 
28  et  29  mat's 
Mars.  .  . 


» 
» 

» 

9 


I 


6  avril.  . 
42  »  .  . 
24  .  .  . 
30  mars.  . 
24  et  23  avril 
29  mars    . 

6,  7  et  24  avril 
27  mars    . 
23     » 
46  avril.    . 
29    .    .    . 

4    »    .    . 
2o  mars 

2  avril.    . 

48  avril  et5mai 
9  avril.    , 

7  •    .    . 

49  »    .    . 

29  mars    . 
4  avnl.    . 

22    »    .    . 
4    .    .    . 

30  juin  .    . 
mors 

29juillet  . 


Midi  k  2  heures 
4  heure.    .    . 
4^2  heures. 
4  a  4      > 
4  ^  3      » 
4  heure.    .    . 
Midi  k  2  heures 
i  k  'S  heures. 
4  k2      > 
4^2      » 
4^3      »      . 
Midi,  2  et  4  h 
» 

9 
> 
» 


2^4  heures  .  . 
40</th.  matin  . 
Midi  k  4  heure  . 
4  k  3  Vi  heures  . 
Avant  midi.  .  . 
40  k  42  heures . 
40  «/«  h.  k  midi  . 
Midi  k  3  heures  . 

2  h.  40  m.  .  . 
42  h.  20  m.  .  . 
44  h.  40  m.  .    . 

4  h.  40  m.  .    . 

> 
40  */i  h.  du  mat. 
44  h.  du  matin . 
40  >/s  h.  du  mat. 
Midi 

4  Vs  heure  .  . 
Midi 


44  h.  du  matin. 


» 
» 


22o28;0 
22  29,0 
25,6 
48.0 
43,5 
45,2 
6,2 


22 
22 
22 
22 
22 
22 
22 
22 
24 
24 
24 
21 
24 
24 
24 
24 
20 
20 
20 
20 
20 
20 
20 
49 
49 
49 
49 
49 


7,6 
4,4 
3,7 
53,6 
46,4 
38,2 
35,5 
26,2 
47,4 
44,6 
4,7 
56,8 
49,2 
39,2 
25,7 
24,7 
48,7 
6,0 
57,7 
53,3 
47,8 
44,9 
3:^,8 
49  28,9 
49  34,9 
49  24,9 
49  44,9 
55,3 
49,9 
47,9 
44,3 

48  :w,5 

48  26,5 
7,9 
59,9 
53,2 
45,7 
39,4 


48 
48 
48 
48 


48 
47 
47 
47 
47 


(  iU  ) 


Jnclinaiion  magnelique  a  Bruxelles, 

• 

INCLINAISON 

At 

o 
m 

dlminolloB 

g 

ANNIES. 

Divptftnici. 

iPOQM. 

•onaclle 

obsarfe. 

Mlealte. 

de 

L'llCUIAlfOI. 

i 

1827,8 

68o56;5 

68<»58;76 

-  2^26 

1&% 

-  3,'163 

2 

18:i0,2 

68  51,7 

68  61,11 

-+-0,69 

1&^ 

-  2,877 

3 

1832,2 

68  49,1 

68  44,85 

-+-4,25 

1840 

-2,591 

4 

1833,2 

68  42,8 

68  41.76 

-+-  1,14 

1845 

-2,306 

5 

1834,2 

68  38,4 

68  38,71 

—  031 

1850 

—  2,019 

6 

1835,2 

68  35,0 

68  35,68 

—  0,68 

1865 

-  1,733 

7 

1836,2 

68  32,2 

68  32,68 

-0,48 

1860 

-  1,447 

8 

1837,2 

68  28,8 

68  29,71 

-0,91 

1865 

—  1,161 

9 

d838,2 

68  26,1 

68  26,76 

-  0,66 

10 

4839,2 

68  22,4 

68  23,85 

-  1,46 

H 

1840,2 

68  21,4 

68  20,96 

-+■0,44 

12 

18*1,2 

68  16,2 

68  18,10 

—  1,90 

13 

1842,2 

68  15,4 

68  15,27 

-f-0,13 

U 

1843,2 

68  10,9 

68  12,47 

—  1,67 

15 

1844,2 

68    9,2 

68    9,70 

—  0,60 

16 

1845,2 

68    63 

68    6,96 

—  0,66 

17 

1846,2 

68    3,4 

68    4,25 

-  0,86 

18 

1847,2 

68    1,9 

68    1,56 

-f-  0,34 

19 

1848,2 

68    0,4 

67  57,90 

-f-0,60 

90 

1849,2 

67  56,8 

67  56,28 

-f-0,62 

21 

1850;i 

67  54,7 

67  53,42 

-f-1,28 

22 

1851,3 

67  50,6 

67  50,85 

-0,26 

23 

1852,3 

67  48,6 

67  48,52 

-+-0,08 

2i 

1853,3 

67  47,6 

67  45,80 

-4-1.80 

2S 

1854,2 

67  45,0 

67  43,52 

-*-  1,48 

26 

1855,2 

67  39,2 

67  41,01 

—  1,81 

27 

1856,6 

67  37,7 

67  37,69 

-*-0,01 

28 

1858,3 

67  34,0 

67  33,67 

-+-0,33 

29 

1859,2 

67  31,9 

67  31,47 

-*-0,43 

30 

1860,3 

67  30,8 

31 

1861,2 

67  27,9 

32 

1862,2 

67  25,3 

33 

1863,3 

67  24,6 

34 

1864,3 

67  22,0 

3S 

1865,3 

67  19,9 

, 

36 

1866,3 

67  16,9 

37 

1867,3 

67  15,3 

38 

1868,2 

67  11,5 

39 

1869,3 

67  10,7 

40 

1870,3 

67  11,6 

41 

4871,5 

67    8,0 

42 

1872,3 

67    8,1 

43 

1873,7 

67    6,2 

(  145  ) 


Bolide  observe  a  Bruxelles  le  Si  juillet  1815 ;  note  de 
M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^tuel. 

« 

Le2i  juillet  dernier^  k  10  heures  et  demie  da  soir, 
temps  moyeo,  —  d'apr^s  les  reDseignements  qui  m'ont 
6t6  donnas  par  M.  Albert  Lancaster,  —  un  beau  m^t^re  a 
traverse  le  ciel  dans  le  SO.  de  Bruxelles. 

Le  point  oh  il  a  fait  son  apparition  6tait  situ6  dans  la 
Balance.  II  s'est  dirig^  ientement  vers  le  NNO.  et  a  dis- 
paru  pres  de  Thorizon  sans  laisser  aucune  trace  de  son 
passage.  II  a  6t^  visible  pendant  2^5  secondes  environ. 

Ce  bolide  avait  une  belle  couleur  verte  et  un  diametre 
apparent  un  peu  moindre  que  le  demi-diam^tre  de  la 
lune. 

.    Son  mouvement  £tait  rectiligne  et  la  longueur  de  sa 
course  pent  Stre  estim^e  i  20^  environ. 

M.  Devf^alque  m'a  fait  connattre  que  ce  m^t^ore  a  i\& 
aper^u  ^galement  k  Louvain. 


Hote  8ur  les  or  ages  qui  ont  sevi  a  Aartselaer  le  SS,  le  26 
et  le  29  juillet  1873;  d'apres  une  lettre  de  M.  le^baron 
Octave  Van  Ertborn  i  M.  Ad.  Que  tele  t. 

Pendant  Forage  qui  a  s^vi  le  mercredi  23  juillet, 
entre  3*/2  et  6V2  heures  du  soir,  la  foudre  est  tomb^e  en 
buit  endroits  diff^rents  sur  le  territoire  de  la  commune 

2'°*'  SI^RIE,  TOME  XXXVI.  10 


(  146  ) 

d'Aartselaer,  mais  heureasement  sans  causer  de  grands 
dommages. 

Le  fait  le  plus  remarquable  est  celui  d'une  gerbe  de 
paille  qui  a  &i&  incendi^e  au  milieu  d'un  champ  et  cela  en 
preuant  feu  k  la  moiti^  de  sa  hauteur. 

La  foudre  est  en  outre  tomb^  sur  le  paratonnerre  du 
clocher  et  beaucoup  de  personnes  I'ont  vu  suivre  le  para- 
tonnerre, sous  la  forme  d'une  gerbe  de  feu. 

II  est  tomb6  une  forte  gr^le;  les  gr^lons,  de  Taspect  de 
petits  morceaui  de  glace,  avaient  la  grosseur  d'une  grande 
noisette  ou  celle  d'une  cerise.  Nous  avons  eu  trente  vitres 
bris^es  par  la  gr^le. 

Le  samedi  26  courant,  nous  avons  encore  eu  deux 
orages ,  le  premier  i  4  V2  heures  de  I'apr^midi ,  le  second 
de  8  ^  9  '/i  heures  du  soir. 

Pendant  le  dernier  orage ,  la  foudre  est  tomb^e  sur  une 
grange  k  75  metres  de  la  maison  que  j'habite;  elle  a 
lezarde  le  mur  du  haut  en  has,  en  projetant  des  morceaux 
de  brique  dans  toutes  les  directions. 

Le  29  courant ,  nous  avons  eu  de  nouveau  un  orage 
vers  7  heures  du  soir. 

Aartselaer  est  un  endroit  tr^s-fr6quent^  par  les  orages. 

D'apr^s  I'opinion  de  beaucoup  de  personnes,  les  orages 
ont  une  tendance  k  suivre  les  grands  cours  d'eau.  Selon 
cette  opinion ,  Aartselaer,  qui  se  trouve  abrit6  par  le  Rupel 
et  I'Escaut,  devrait  en  6tre  preserve ;  or,  c'est  tout  le  con- 
traire  qui  arrive. 

D'apr^s  les  observations  que  j'ai  faites,  les  orages  Te- 
nant du  SO.  suivent  volontiers  I'Escaut  jusqu'i  I'embou- 
chure  du  Rupel,  puis  prennent  la  diagonale  de  Tangle  que 
font  entre  eux  les  deux  fieuves.  lis  sont  amends  ainsi  dans 


r 


(  147  ) 

la  direction  d'Aartselaer ,  qui  est  situ^  sur  le  proionge- 
ment  de  la  diagonale  de  Tangle. 


a 
a  ANVERS 


ALINES 


J'ai  observe  ces  faits  depuis  dix  ans  au  moins ,  et  il  est 
fort  rare  qu'il  en  ait  &i6  autreoient.  Dans  ce  cas,  les  nuages 
orageux  se  sont  bifurques;  les  uns  ont  pris  la  direction 
d'Anvers ,  les  autres  celle  de  Malines. 

II  y  aurait  des  observations  tres-int^ressantes  k  faire 
sur  ce  sujet  en  tenant  compte  : 

l*"  De  la  direction  du  vent; 

2^  De  la  direction  de  la  mar^e  dans  TEscaut; 

3  De  la  direction  de  la  mar6e  dans  leRupel. 

La  mar^e  pent  d^ji  remonter  dans  FEscaut  quand  elle 
descend  encore  dans  le  Rupel  et  r^ciproquement. 


(  148  ) 


Sur  la  congelation  des  liquides  alcooliques ;  parM.  Melsens, 

membre  de  FAcad^mie. 

D£UX|£M£  note. 

Dans  une  premiere  note  sur  la  congelation  des  liquides 
alcooliques,  publi^e  dans  le  n*  6  de  juin  1875  des  Bulle- 
tinSfy^i  cru  devoir  etre  tr6s-r^erv6  sur  la  question  de 
Fapplication  industrielle  de  la  congelation  suivie  de  Fem- 
ploi  de  la  turbine  ou  de  la  presse;  j'avais  Fintention  de 
prendre  des  brevets  pour  cette  application  que  je  croyais 
nouvelle  et  je  n'ai  cite  que  deux  savants  dont  les  travaux 
m'avaient  paru  devoir  etre  rappeies.  J'ai  cru  inutile  de 
faire  une  revue  retrospective  sur  Fapplication  de  la  conge- 
lation k  d'autres  liquides  soit  en  vue  de  les  concentrer,  soit 
pour  Fextraction  des  composes  solides  qu'un  exces  d'eau 
tient  en  dissolution  k  la  temperature  ordinaire. 

Depuis  longtemps  on  exploite  dans  le  nord  le  sel  marin 
des  eaux  de  la  mer  apres  les  avoir  concentrees  par  conge- 
lation; M.  Balard  a  fait  voir  tout  le  parti  que  Fon  peut 
tirer  du  refroidissement  des  eaux  meres  des  marais  salants 
pour  Fextraction  du  sulfate  de  sonde  d'abord  et  des  sels 
de  potasse  ensuite. 

M.  Alvaro  Reynoso  a  propose  la  congelation  dans  le 
traitement  des  jus  sucres  en  vue  de  Fextraction  du  sucre 
de  canne;  un  procede  analogue  avait  d&]k  ete  indique  par 
Astier  et  par  Parmentier  pour  le  sucre  de  raisin. 

Stahl  paratt  etre  le  premier  qui  ait  fait  usage  de  la  con- 
gelation pour  concentrer  le  vinaigre,  les  vins  et  meme  la 


(  149  ) 

bi6re;  mais  longtemps  avaDt  lui  noire  immortel  coinpa- 
triote  Van  Helmoat  avail  attir6  Inattention  sur  la  congela- 
tion des  vins ;  je  n'ai  rencontr6  dans  aucun  de  ses  Merits 
Texposi  ^'experiences  failes  k  ce  sujel. 

On  attribue  toujours  k  Stahl  cette  observation  et  il  a 
da  reste  le  m^rite  d'avoir  fait  des  experiences  dont  les 
r^sultats  sontremarquables,  en  ce  sens  qu'il  constate  que 
les  vins  concentres  par  la  gel^e  deviennent  forts  et  suscep- 
tibles  de  se  conserver  pendant  plusieurs  ann^es  dans  des 
endroits  a^r^s,  alternativement  chauds  et  froids  suivant 
les  saisons,  conditions  dans  lesquelles  les  vins  ordinaires 
se  seraient  corrompus  ou  seraient  devenus  aigres  dans 
Fespace  de  quelques  semaines  (1). 

Dans  son  Traite  de  chimie  (2),  pages  95  et  suivantes, 
Stahl  discute  la  constitution  des  moAts  cuits  et  de  ceux  qui 
proviennent  des  raisins  r^coUes  dans  de  bonnes  ou  dans 
de  mauvaises  ann^es;  il  fait  voir  les  effets  de  la  congela- 
tion, etc.,  et  appelle  I'attention  sur  le  commerce ,  la  prepa- 
ration et  la  fabrication  des  vins  allemands: 

Und  es  daher  gewiess ,  dass  es  in  Deutschland  our  am  Unverstande  liegt, 
dass  unsere  gate  Weine  nicht  besser  sind,  quod  arliQcio  posset  prodaci, 
sie  koDteD  and  warden  allerdings  so  gat,  aach  theils  noch  wobl  besser, 
als  die  Weine,  di  wir  so  theuer  bezahlen  :  denn  wie  viel  1000.  Last 
iverden  jahrlich  oacb  Holland,  Hamboarg,  etc.,  da  viel  Wein-Braoer 
sind,  aof  der  Achse  gefiibret,  welcbe  bernach  alda  zobereitet,  bier 
alsdan  vor  Rbeinische,  Spaniscbe,  Frantz- Weine,  Ganarien  Sect,  Fron- 
tiniac,  etc.  4  and  5  facb  bezablct  werden.  Aber  dass  ist  auch  ein  Germa- 
nismos  und  deutscbes  Verseben  (page  97). 


(1)  StabI,  Opuscules  chimiques,  p.  418,  cite  par  Geoffroy. 

(2)  Stabl ,  Fundamenta  chymiae  dogmatico^cUionalis  et  experiment 
to/ia,  Pars  HI.  Norimbergae,  1747. 


(  ISO  ) 
Quoi  qu'il  eo  soil  des  m^riles  du  savaot  aliemand,  je 
pense  que  Textrait  suivant  des  oeuvres  de  Van  Helmont 
prouvera  que  c*est  r^ellement  lui  qui,  le  premier,  a  fix^ 
TatteDtion  sur  la  question ;  malheureusemeot ,  k  la  suite 
d'uue  observation  bien  faite,  il  ^nonce  des  explications  et 
des  applications  entach^es  d'erreurs  qui  nous  paraissent 
^normes. 

Van  Helmont  {Tartari  vini  historia). 
2.  —  Spiritus  vini  deprimitur  ad  centrum  vasis  propter  frigus, 

Cantabi,  qaos  Bascones  vocaot,  priasquam  nostris  associarentar  Batavis, 
ID  venalum  balense,  saepe  sub  Grcenlaadia  (qose  bodie  defecisse  puta- 
tur)  subler  Syries  (Atalayas  vocanl)  frigore  preveoti,  viiia  cocta,  alias 
sat  generosa,  habebant  conglaciaia.  Circulis  ide6  a  cado  adempUs, 
nudam  vini  glaciem,  forma  vasis  pristini,  sub  dio  exposuerunt.  Ut  unica 
deinceps  node ,  residuum  penitus  congelaretur.  Quo  facto  glaciem 
terebrabant,  ac  circa  glaciei  centrum  occurebai  liquor  colore  Ame- 
tbysti,  vini  merus  spiritus  et  igneus  vitalisque  lignor  glaciari  nescius. 
Glaciem  itaque  vini  liquatam  igni  bibebant,  redito  sibi  liquoris  illius 
vitalis  lantillo.  Hisloria  eo  Gne  adducta,  qu6  oonstet  spiritum  in  vino, 
naturaliter  fugere  a  frigore,  seseque  6  proprio  domicilio,  ad  centrum 
vini  sensim  recipere 

A  la  table  de  ses  oeuvres  on  trouve  ce  passage  ren- 
seign^  sous  le  titre  de  :  Spiritm  vini  e  glacie. 

Quelques  recherches,  mais  incompletes,  dans  des  auteurs 
plus  anciens  que  Van  Helmont,  me  portent  k  croire  que 
c'est  bien  r^ellement  lui  qui,  le  premier,  avait  observe  ce 
moyen  de  concentration  donnant,  en  definitive,  un  esprit 
qui  ne  se  congelait  plus  par  le  froid ;  mais  il  est  int^ressant 
de  relever  cependant  qu'Ovide  connaissait  et  parle  de  vins 
completement  (?)  congeles. 


(  451  ) 

Ed  1469  le  froid  fat  assez  intense  i  Li^e,  d'apr^s  PAt- 
lippe  de  Commines  :  <  que  par  trois  jours  fut  d^parti  le 
»  vin  qu'on  donnait  chez  ie  Due  aux  gens  de  bien  qui  en 
»  demandaient,  i  coups  de  cogn^e,  car  il  ^tait  gel^  dedans 
»  les  pipes,  et  fallait  rompre  le  gla^on  qui  ^tait  entier  et 
»  en  faire  des  pitees  que  les  gens  mettaient  en  un  cha- 
»  peau  ou  en  un  panier,  ainsi  qu'ils  voulaienl.  » 

En  1543,  lors  du  siege  de  Luxembourg  a  les  gelees 
»  furent  si  fortes  tout  ce  voyage,  qu'on  departait  le  vin 
»  de  munition  &  coup  de  cogn^e,  et  se  d^bitait  au  poids, 
»  puis  les  soldats  le  portaient  dans  des  paniers  (1).  » 

Ces  faits  viennent  k  Tappui  des  experiences  de  M.  Bous- 
singault  cit^s  dans  ma  premiere  note;  la  nature  des  vins 
et  les  circonstances  particulieres  de  la  congelation  peuvenl 
done,  dans  certains  cas,  donner  une  masse  compacte  sus- 
ceptible de  se  debitor  en  blocs  solides. 

Le  merite  de  Van  Helmont  consiste  dans  Tobservation 
du  fait  de  la  separation  de  I'eau  et  de  I'esprit  de  vin ;  mais 
on  attribue  k  tort,  ce  me  semble,  le  merite  de  cette  decou- 
verte  k  Stahl ;  les  mots  de  la  table  des  oeuvres  de  Van  Hel- 
mont prouvent  bien  qu'il  a  pu  obtenir  de  Tesprit  de  vin 
par  la  congelation;  on  est  porte  k  croire  qu'il  a  fait  des 
experiences,  sans  cependant  les  decrire. 

On  trouve  dans  les  memoires  de  TAcademie  fran^aise, 
annee  1729,  un  memoire  de  Geoffrey  le  cadet,  sur  la  con- 
centration du  vinaigre  par  le  froid. 

Boerhaave  avait  concentre  de  la  biere,du  vin,  du  vinaigre 


(1)  Voir  VEncyclop^ie,  article  :  Vin. 


(  152  ) 

et  de  la  saumure^  dans  Thiver  de  IT^O,  au  moyen  de  la 
congelation. 

Toutes  ces  donn^es  prouvent,  du  reste,  que  les  obser- 
vations modernes  n'ont  rien  ajout^  i  ce  que  les  anciens 
avaient  observe,  eu  ^rd,  bien  entendu,  au  ph^nomine 
principal. 

L'auteur  de  Tarticle  de  VEncyclopedie  appelle  tr^ 
particuli^rement  Tattention  sur  la  congelation  des  vins, 
des  vinaigres  et  des  liqueurs  de  malt,  operation  qui  per- 
met  :  d'enlever  aux  vins  Teau  inutile  et  d*en  retirer  la 
quintessence;  de  faire  de  bons  vins  avec  des  petits  vins, 
et,  en  operant  successivement,  de  fabriquer  des  vins  tr^s- 
forts,  etc.,  etc.,  en  leur  communiquant  la  propriety  de  se 
conserver  sans  alteration. 

II  conseille  d^j^  Temploi  des  melanges  refrigerants  et 
ne  manque  pas  d'atlirer  I'attention  sur  I'importance  de 
I'application  de  la  congelation  et  des  grands  avantages  que 
Von  pourrait  en  retirer  pour  le  commerce  des  vins. 

II  y  a  un  pen  plus  d'un  siecle  que  VEncyclopedie  a 
paru;  il  s'est  ecouie  environ  un  siede  et  demi  depuis  la 
mort  de  Stahl  et  pr^s  de  deux  siecles  et  demi  depuis  la 
mort  de  Van  Helmont;  cependant,  ce  n'est  que  depuis  une 
vingtaine  d'annees  que  M.  de  Yergnette-Lamotte  a  repris 
les  experiences  avec  succ^s,  gr&ce  k  I'emploi  d'appareils 
commodes  et  k  Tusage  bien  entendu  des  melanges  refri- 
gerants. 

A.  A.  Parmentiery  an  commencement  du  siede,  avait 
etudie  la  concentration  par  le  froid  et  donne  des  conseils 
au  sujet  de  la  congelation  des  vins;  il  avait  meme  cherche 
k  appliquer  ce  procede  k  la  fabrication  du  Sucre  de  raisin. 


(  153  ) 

mais  il  cousid^rait  cette  operation  comme  impraticable  en 
grand  dans  le  midi  de  la  France;  ii  signalait  que  les  gla<^ns 
retir^  des  moAls  ^taient  toujours  sucr6s  et  qu'il  y  avail 
perle  de  sucre. 

AstieTy  pharmacien  principal  de  la  grande  arm^,  a  6t6, 
je  crois,  le  premier  qui  ait  cherch^  &  appliquer  industriel- 
lement  la  gel^e  k  la  concentration  des  moAts,  mais  il  paratt 
avoir  bientdt  abandonn6  ce  proc^d6. 


Lorsque  j'ai  public  ma  premiere  note  sur  la  congelation 
des  vins,  j'avais  recherche  tous  les  travaux  ant^rieurs,  et 
il  me  serait  facile  de  prouver  qu'avec  les  renseignements 
scienlifiques  que  je  possedais  &  cette  ^poque,  je  n'avais 
int^ret  qu'i  citer  MM.  de  Vergnette-Lamotte  et  Boussin- 
gault.  Je  croyais  r^ellement  avoir  fait  faire  un  pas  de  plus 
k  cette  trte-ancienne  question  en  proposant  la  presse  et 
la  turbine  k  force  centrifuge  suivies  n^cessairement  d'une 
filtration  rapide  pour  I'exploitation  des  vins  congel^s.  Je 
me  trompais  avec  une  enti^re  bonne  foi  (1). 

En  effet  une  lettre  qui  m'a  ^t^  adress^e,  depuis  la  dis- 


(1)  J'esp^reque  Ton  voudra  bieD  m'appliqaer  ce  que  j'a!  ^rit  dans  mes 
Dotes  sur  Tacide  sulfureux,  etc.,  actoel lement  sous  presse.  Je  prouve  dans 
ce  travail,  par  des  renseignements  bil)liographiques,qu'un  chimiste  alle- 
mand  avait  d^crit  comme  nonveau,  en  1866,  un  procede  que  j'avais  donnd 
in  ewtenso  en  1860.  J 'y  jgoutais :  7/  est  parfois  bien  difficile  de  connatire 
tout  ce  qui  se  puhlie;  mais  en  maintenant  mes  droits  a  la  priority  de  la 
d^uverte,  je  dots  ajouter  que  les  chimistes  sont  tris-excusables  lors-' 
quHls  publient  des  fails  connus.  La  note  de  M.  Stolba  doit  done  Stre 
consid6r4e  comme  une  confirmation  de  mes  experiences. 


(  154  ) 

tributioQ  de  ma  premiere  note  imprim^,  par  MM.  Mignon 
et  Rouart  en  date  du  8  juillet  dernier,  m'apprend  que  ces 
habiles  coostructeurs  d'appareils  frigorifiques  ont  Mjk 
indiqu^  Temploi  de  la  presse  hydraulique  et  de  la  turbine 
i  force  centrifuge  pour  le  traitement  des  vins  congel^s. 
Le  fait  est  incontestable  d'apr^  leur  brevet  pris  en 
France  en  date  du  26  juin  1872.  Je  n'en  avais  nulle  con- 
naissance,  ce  brevet  n'ayant  pas  ^t^  pris  en  Belgique,  tan- 
dis  que  les  auteurs  y  avaient  fait  breveter,  k  la  date  du 
16  aout  1872,  leur  appareil  a  froid  intermittent  susceptible 
de  grandes  dimensions, 

Ces  messieurs  m'adressent  en  m^me  temps  une  note 
imprim^e  de  M.  H.  Rouart  extraite  des  Memoires  de  la 
Sociele  des  ingenieurs  civils  de  France^  dans  laquelle  toutes 
les  applications  des  appareils  frigorifiques  sont  indiqu^es  : 
carafes  frapp^es,  fabrication  de  la  glace,  brasseries,  sulfate 
de  soude  et  concentration.  Dans  ce  memoire,  k  Particle 
Concentration,  la  presse  hydraulique  et  la  turbine  sont  ^ga- 
lement  indiqu^es  pour  I'exploitation  des  vins  congel6s. 

Je  ne  sache  pas  que  MM.  Mignon  et  Rouart  ou 
M.  H.  Rouart  aient  fait  une  ^tude  in^dite  ou  des  expe- 
riences sur  les  vins;  je  dois  done  considerer  mes  eocpe- 
riences  comme  une  confirmation  de  leurs  vues  ou  de  leurs 
projets  k  regard  du  traitement  m^cauique  des  vins,  et  je 
m'empresse  de  leur  restituer  ce  qui  leur  appartient.  J'ose 
croire  n^anmoins  que  ma  premiere  note  n'aura  pas  et^ 
inutile  en  raison  des  experiences  qu'elle  renferme  et  je 
souhaite  pour  tons  les  pays  vignobles  que  des  essais  sem- 
blables  soient  faits  sur  desvtn^  d'origine  diff6rente,  mais 
qu'ilssoient  mis  en  pratique  sur  une  echelle  industrielle,ce 
qu'il  m'est  impossible  de  faire.  On  est  en  droit  d'en  esp^rer 


(  1S5  ) 
le  succes,  ou  de  voir,  au  moins ,  la  question  tranch^e  daos 
I'un  ou  Tautre  sens  (1 ). 


Je  n'ai  pas  fait  des  Etudes  sufBsantes  de  viticulture 
pour  me  prononcer  sur  cette  question  au  point  de  vue  de 
I'exploitation  viticole  du  sol,  mais  on  m'assure  que  la 
culture  de  la  vigne  a  &i&  abandonn^e  sur  beaucoup  de  ter- 
rains k  cause  de  la  quality  du  vin  qui  ne  se  conservait  pas, 
etcela  principalement  dans  les  pays  vignoblesdes  plaines; 
bien  plus,  il  y  a  des  terres  abandonn^es  pen  propres  k 
d'autres  cultures  et  qui  pourraient  produire  un  vin  me- 
diocre non  susceptible  d'etre  export^,  mais  qui  entrerait 
dans  le  commerce  g^n^ral  apr^s  avoir  ^t^  enrichi  par  la 
congelation ;  car  en  France,  par  exemple,  on  ne  protege 
plus  le  vinage,  ou  celui-ci  revient  k  un  prix  trop  eiev^. 
Le  vinage,  du  reste,  alt^re  r^ellement  les  bonnes  qualit^s 
du  vin ,  en  le  transformant  en  une  mati^re  plut6t  excttante 


(1)  Apr^  la  lettre  de  MM.  Mignon  et  Rouart,  j'ai  fait  de  nouvelles 
recherches  et  obtenu  quelques  renseignements  complementaires;  je  crois 
etre  utile  en  consignant  ici  les  brevets  priDcipaux  que  Ton  aurait  k 
•onsutter;  on  verra,  par  le  premier,  que  MM.  Mignon  et  Rouart  avaient 
et^  devanoes  pour  Tapplication  de  la  presse. 

Le  26  juin  1863,  M.  Poncin,  de  Lyon  :  Application  du  froid  artifieiel 
combing  avec  la  compression  k  la  concentration  des  vins. 

Le  9  avril  1864,  MM.  Mignon  et  Rouart :  Appareils  k  concentration 
par  le  froid. 

Le  7  juin  1869,  M.  Tellier  :  Appareils  propres  au  chauffage  comme  au 
refroidissement  des  vins,  biires,  etc. 

Le  26  juin  1872 ,  MM.  Mignon  et  Rouart :  Methode  et  appareils  de  trai- 
temenl  des  vins  jusqu^aux  plus  grandes  concentrations. 

Novembre  1872,  M.  Ch. Tellier  -.Utilisation  des  machines  k  froid.— 
Applications  k  la  bi^re ,  etc. 


(  *56  ) 
que  noorrissante,  et  au  vin  vine  on  ne  peut  plus  appliquer 
le  dicton,  un  peu  force,  des  vignerons  fraoQais  :  une  piece 
de  vin  vaut  un  sac  de  farine,  les  rapports  entre  le  prin- 
cipe  excitant  et  les  principes  nutritifs  6tant  profond^ment 
alt^r^. 

Mais  au  vinage  se  rattache  une  question  assez  impor- 
tante.  En  effet,  un  illustre  savant  fran^ais  me  disait,  il  y  a 
peu  de  temps,  que  des  observaleurs  consciencieux  ^taient 
port^  k  croire  que  le  vinage  des  vins  en  France  n'avait 
pas  6t^  sans  exercer  une  funeste  influence  sur  les  progrte 
de  la  terrible  maladie  de  Yalcoolisme. 

Dans  les  vins  vines ^  quel  que  soil  le  proc^d6  employ6 
pour  les  enrichir  d'alcool ,  c'est  la  mati^re  excitante  qui 
domine  et  le  consommateur  subit  jusqu*4  un  certain  point 
les  conditions  des  buveurs  de  liqueurs  fortes  ou  desbuveurs 
de  genievre  dans  noire  pays;  ceux-ci  le  consomment  sou- 
vent  ijeun  et  Onissent  presque  toujours  par  s'abrulir  dans 
ces  conditions  (1). 

Aujourd'hui ,  me  trouvanl  absolument  d^sint^ress^  dans 
la  question  de  Texptoitation  possible  des  vins  par  la  con- 
gelation, je  regrette  de  n'avoir  pas  plus  d'aulorit^  pour 


(i)  Des  philanlhropes ,  des  m^decins  ont  avance  que  dans  certaines  villes 
ou  centres  marecageux  de  notre  pays  le  genievre  est  un  preservatif  contra 
les  fi^vres  palud^nnes  ou  les  fi^vres  d'acc^s;  en  supposant  que  cela  soit 
prouve,OQs*expose  neanmoins  petit  k  petit,  sans  s'en  douter,  ^  contracter 
une  funeste  habitude  si  pr^judiciable  &  quelques-unes  de  nos  populations. 

G*est  un  excellent  conseil  k  donner  aux  consommateurs  de  genievre  ou 
d*autres  liquides  alcooliques  en  vue  de  combattre  des  fl^vres,  que  de  les 
engager  k  tremper  du  pain  dans  leur  breuvage;  en  general,  ceux  qui  ne 
boivent  quVn  mangeant  (c'est-k-dire  du  pain  tremp6)  ne  contractent  pas 
la  funeste  habitude  de  faire  un  usage  immoder^  du  genievre  pur,  et  Pelfet 
salutaire ,  sMI  est  reel ,  est  obtenu. 


(  487  ) 

proposer  des  experiences  sur  uDe  grande  ^chellOr  Cette 
direction  me  paratt  m^riter  I'attention  non-seulement  des 
Yignerons  ou  des  n^ociaots  en  vins,  mais  surtout  celle 
des  goaveroemeots  qui  poss^dent  des  contr^es  plant^es  en 
vignes.  —  On  peut  faire  produire  plus,  on  produirait 
mieux,  car  tous  les  vins  lagers  deviendraient  susceptibles 
d*exportation  sans  exposer  le  producleur  ou  le  commer- 
(ant  a  des  chances  al^toires,  tant  par  I'effet  de  mauvaises 
r^coltes  qu'en  raison  des  causes  de  maladies  auxquelles 
les  petUs  vins  sont  principalemenl  sujets  et  auxquelles 
n*6chappent  pas  les  vins  des  meilleurs  crus. 

Depuis  la  publication  de  ma  derni^re  note,  j*ai  fait,  au 
sujet  de  la  conservation  possible  des  vins  congel^s,  une 
observation  que  je  ne  saurais  trop  recommander  aux  per- 
sonnes  qui  s'occuperont  de  congelation,  car  elle  vient 
sioguli^rement  k  Fappui  des  experiences  de  Stahl  et  de 
M.  de  Yergnette-Lamotte,  au  sujet  de  la  conservation  des 
vins  congeles.  En  effet  Teau,  provenant  de  la  fusion  des 
glagons,  laquelle  ne  contient  pourtant  que  tr^s-peu  de 
matieres  organiques  et  min^rales,  devient  tr^s-facilement 
le  siege  d'une  abondante  vegetation  cryptogamique  lors- 
qu'on  Tabandonne  dans  des  fioles  k  I'air  libre;  comme  si 
cette  eau  entratnait  avec  elle  les  germes  des  fermentations 
secondaires  ou  des  maladies  du  vin  et  des  fermentations 
secondaires,  acide,  visqueuse,  etc.,  des  bi^res. 

Un  oenologiste  habile,  negociant  en  vins  de  Bour- 
gogne,  auquel  j*ai  monlre  des  experiences  de  congelation 
suivies  du  turbinage  ou  de  la  pression  des  gla^ons  et  de  la 
filtration  des  produits  obtenus,  me  disait  que  lorsque  les 
tonneliers  bourguignons  voient  se  produire  spontanement 
dans  les  vins  des  dep6ts,  auxquels  its  donnent  le  nom  de 
gravelle  ou  gravier,  analogues  k  ceux  que  la  congelation 


(  158  •) 

procure,  ils  y  voient  on  sigDO  incontestable  de  bonne  con- 
servation poor  le  vin  que  Ton  a  soutir^. 


J'ai  fait  trop  peu  d*eip^riences  sur  nos  bi^res  pour  oser 
me  prononcer,  mais  il  me  paratt  incontestable  que  les 
brasseurs  qui  travaillent  en  vue  de  I'exporlation  et  de  la 
conservation  prolong^  de  leurs  produits  devraient  porter 
leur  attention  sur  les  donn^es  de  M.  Ch.  Tellier.  Ce  savant 
Industrie]  indique  dans  le  brevet  rappel^  plus  haut  une 
s^rie  de  circonstances  particuli^res  dans  lesquelles  le  froid 
ou  la  congelation  peuvent^treavantageusement  appliques 
aux  bi&res. 

Quoi  qu*il  en  soit,  esp^rons  qu'on  n'attendra  plus  un 
sitele  pour  faire  faire  un  grand  pas  k  la  question  ou  pour 
la  r^soudre  d^finitivement  dans  Tun  ou  Tautre  sens.  La 
solution  est  rendue  facile,  aujourd'hui  que  les  proc^des  de 
production  du  froid  sont  devenus  industriels  et  se  perfec- 
tionnent  chaque  jour  (1). 

Esp^rons  aussi  que  les  gouvernements  n'entraveront 
pas  les  essais  par  des  mesures  Oscales  inopportunes. 

Abstraction  faite  de  la  question  des  bi^res,  je  pense  que 
beaucoup  de  vins  de  France,  d*Espagne,  de  Portugal, 
dltalie,  de  Hongrie  etd'Allemagne,  pourraient  etre  fon- 
gel^s  au  lieu  de  subir  le  vinage.  II  en  serait  de  meme  pour 


(1)  La  question  de  ramelioralion  des  liquides  alcooliques  devrait 
appeler  ratleniion  tr^s-particuliere  des  usines  frigorifiques 

DaDS  ces  derniers  temps,  deux  savants  ingenieurs,  MU.  J.  Armengaud 
etP.  Giffard,  ont  construit  une  machme  pour  la  production  artiOcieile  du 
froid  par  la  detente  de  Pair  atmosph^rique;  elle  est  applicable  aux  refroi- 
dissement  des  liquides. 


(  489  ) 

les  vins  I^ers,  de  consommation  ordioaire,  dans  toas  ces 
pays,  car  ils  produisent  presqae  lous  des  vins  d'une  con- 
servation douteuse  et  non  sasceptibles  d'etre  exporl^s ,  si 
Ton  se  contente  de  les  exp6dier  sans  precautions. 

Je  termine  par  une  demiire  observation  qui  me  paratt 
de  la  plus  haute  importance  dans  Tint^rdt  des  pays  riches 
en  vignobles : 

Les  producteurs,  d'une  part,  les  commer^nts^de  Tautre, 
possedent  aujourd'hui  deux  proced^s,  que  Ton  pourrait 
appeler  naturels,  laissanl  aux  vins  de  toutes  qualit6s  leurs 
propri^t^s  essentielles  qui  en  font  un  aliment  et  un  exct- 
tant.  Ces  proc^d^s  se  completent  de  la  fa<;on  la  plus  heu- 
reuse,  bien  que  pouvant  Stre  appliques  s^par^ment. 

La  congelation  conserve  les  vins  en  les  enrichissant  en 
principes  alibiles,  sans  intervention  de  mati^res  ^tran- 
g^res  au  raisin  et  par  un  proc^d^  naturel  qui  lui  enleve 
essentiellement  de  I'eau  et  des  matieres  nuisibles  : 

La  chauffe  met  les  vins  k  Tabri  des  maladies,  mais  elle 
doit  les  prendre  tels  que  les  circonstances  les  fournissent 
k  la  consommation. 

La  congelation  sans  perte  sensible  d*alcool  ou  de  vin,  et 
la  chauffe  ensuite,  paraissentdonc^tre  les  moyens  naturels 
et  certains  qui  doivent,  dans  beaucoup  de  cas,  faire  ^carter 
de  cette  grande  industrie  agricole  les  chances  souvent 
d^sastreuses  k  la  suite  de  mauvaises  r^coltes  et  par  les 
maladies  auxquelles  le  produit  est  sujet  dans  des  contr^es 
aptes  dor^navant  k  se  cr^er  un  commerce  d'exportation 
plus  r^ulier  et  plus  ^tendu,  puisqu'il  aurait  pour  objet 
une  mati&re  inalterable. 


(  *60  ) 


Note  8ur  la  similitude  mecanique  dans  le  fnouvement  des 
corps  solides  en  general  j  et  en  particulier  dans  le  mou" 
vement  des  projectiles  lances  par  les  armes  a  feu  rayees; 
par  M.  De  Tilly,  correspondant  de  TAcad^mie. 

Consid^rons  deui  syst^mes  de  points  mat^riels  en  moa- 
vement,  dans  les  positions  qa'ils  occupent  respectivement 
aprte  les  temps  T  et  f,  compt^s  k  partir  d'une  m£me 
origine  des  temps  et  li^  par  la  relation  T=  r^,  r  ^tant  une 
quantity  arbitraire,  mais  fix^e  une  fois  pour  toutes. 

Supposons  que  Ton  puisse,  a  chaque  point  du  premier 
syst^me ,  faire  correspondre  un  point  bomologue  dans  le 
second,  de  telle  mani^re  que  la  droite  qui  joint  deux 
points  quelconques  du  premier  systeme  soit  parall^le  i 
celle  qui  joint  les  deux  points  homologues  du  second.  Les 
deux  systemes  de  points  mat^riels  seront  geometriquement 
semblables,  Soit  /  le  rapport  de  leurs  dimensions  homo- 
logues. 

Supposons,  de  plus,  que  les  vitesses  de  deux  points 
homologues  quelconques ,  apr^  les  temps  respeclifs  T  et  ^, 
soient  parall^les  entre  elles  et  dans  le  rapport  constant  v. 
Les  systemes  seront  cinematiquement  semblables. 

Supposons  encore  que  le  rapport  de  la  masse  d'un  point 
materiel  quelconque  du  premier  systeme  k  la  masse  de 
son  bomologue  dans  le  second  soit  constant  et  ^al  k  m. 
Les  systemes  seront  materiellement  semblables  et,  si  ^ 
repr^sentele  rapport  des  densit^s,  on  aura  :  m  =  iP. 

Supposons  enfin  que,  toutes  les  conditions  pr^cedentes 
£tant  remplies,  les  forces  agissant,  aux  temps  indiqu^s, 
sur  deux  points  bomologues  quelconques ,  soient  paralleles 


(  464  ) 

et  daDS  le  rapport  constant  /*.  Les  systemcs  scront  dynamic 
quement  ou  mecaniquement  semblables. 

Pour  simplifier  les  ^nonc^s,  j*ai  suppose  les  syst^mes 
semblablement  places;  cette  condition  n'est  pas  plus  indis- 
pensable ici  qu*en  G^om^trie ;  si  elle  n'^tait  pas  remplie , 
les  lignes  homologues  cesseraient  d'etre  parall^Ies,  mais 
toutes  les  autres  propri6t6s  subsisteraient. 

M.  Bertrand,  eihumant  un  th^or^me  de  Newton,  a 
donn6,  dans  le  XXXIP'  cahier  du  Journal  de  Vtlcole 
poly  technique  y  le  moyen  d'obtenir  les  conditions  n^ces- 
saires  et  sufBsantes  pour  que  deux  systemes  de  points 
mat^riels  en  mouvement  poss^dent  et  conservent  la  simili- 
tude m^anique  dont  il  est  question  plus  haut. 

Ces  conditions  se  r^sument  dans  les  deux  Equations 

t^=- (i) 

T 

ml 

f-^ (2) 

Si  la  premiere  Equation  est  v4rifi4e  k  Torigine,  pour 
deux  systemes  g6om^triquement  et  mat^riellement  sem- 
blables, et  si  la  seconde  Test  apr^s  deux  temps  correspon- 
dants  quelconques,  T  et  ^  (/se  rapportanl  alors  k  la  position 
initiale),  la  premiere  Equation  le  sera  pareillement  apr^s 
deux  temps  correspondants  quelconques,  les  deux  sys- 
temes seronl  mecaniquement  semblables  apr^s  ces  temps, 
et  tons  les  rapports  de  similitude,  /,  v^  f,  resteront  con- 
stants. De  plus,  les  trajectoires  d^crites,  dans  des  temps 
correspondants,  par  des  points  bomologues  seront  sem- 
blables et  leur  rapport  de  similitude  sera  /. 

Si  Ton  ne  consid^re  que  deux  points  mat^riels,  les 

2""*  s6r1E,  tome  XXXVI.  1 1 


(  162  ) 

^quatioDS  (i)  et  (2)  subsislenl,  mais  aiors  t;  devient  arbi- 
traire ,  et  Ton  a  : 

^=^,     .......    (5) 

T 

l=rv, (4) 

/  repr^sentant  uniquement  le  rapport  des  dimensions 
lin^aires  des  trajectoires. 

Pour  que  deux  corps  solides  jouissent  de  la  propri^t^ 
de  similitude  m^canique,  il  faut  d*abord  que  cette  condi- 
tion soil  remplie  par  leurs  centres  de  gravity.  D'ailleurs 
ceux-ci  se  meuvent  comme  si  les  masses  y  6taient  con- 
centr^es  et  si  les  r^sultantes  des  forces  y  ^taient  appli- 
qu6es.  Les  Equations  (3)  et  (4)  doivent  done  exister,  mais 
il  ne  faut  pas  oublier  que  /  y  repr^sente  uniquement  le 
rapport  des  dimensions  des  trajectoires.  Quant  k  celui  des 
dimensions  des  mobiles,  je  I'appellerai  I'. 

S*il  s'a^it  de  corps  naturels  pesants,  on  a  n^cessaire- 
ment : 

d'oii  r^sultei: 

V  =  T  ==  |/7 (5) 

La  similitude  devra  exister  aussi ,  au  bout  des  temps 
correspondants  T  et  /,  dans  le  mouvement  de  rotation, 
mais  ici  la  proportionnalite  des  chemins  parcourus  aux 
dimensions  des  mobiles  est  ^vidente. 

Soit  CO  le  rapport  des  vitesses  angulaires  de  rotation  a 
Torigine.  Si  Ton  exige ,  comme  dans  le  cas  d'un  syst&me 
quelconque ,  que  les  vitesses  resultant  de  la  rotation  soient 
aussi  dans  le  rapport  v,  il  vient  : 

/'»  =  v. (6) 


(163) 

Mais  il  est  iDuiile  d'exiger  cetle  condition  a  priori ^ 
on  pent  s^parer  entierement  les  mouvements  et  chercber 
k  6tablir  la  similitude  des  rotations  avec  un  rapport  dc 
Vitesse  different  :  v'  =  /'w.  On  n'y  parviendra  pas  et 
r^q nation  (6)  se  retrouvera,  dans  la  suite,  par  d'autres 
considerations. 

En  appelant,  comme  dans  les  trait^s  de  M^canique, 
0,  Tangle  form^  par  le  plan  Oxy^  renfermant  deux  axes 
principaux  d'inertie,  Ox,  Oy,  qui  suivent  le  mouvement 
du  corps,  avec  un  plan  fixe  OXY;  OA,  Fintersection  des 
deux  plans  OXY,  Oxy\  ^,  Tangle  form^  par  OA  avec  OX; 
9,  Tangle  form^  par  Ox  avec  OA;  on  a  les  Equations  : 

ds  iH  . 

p  =  —-  cos  f  -+-  —  sin  0  sin  9 , 
at  at 

(7)(flf== —  sin  ?-+--- sin 0 cos©, 

^  ^^  (It  dt  ^ 

df      d^ 

r  =  -—-♦-  -7-  cos  9 , 

dt       dt 

A^^-  +  (C-B)gr^P, 

(8)(Bj-i-(A-C)rp=Q, 
dr 

dans  lesquelles  P,  Q,  R  sont  les  moments  des  forces  ext^- 
rieures,  par  rapport  aux  trois  axes  principaux  Ox,  Oy  et 
Ozy  et  A,  B,  C  les  trois  moments  d'inertie  du  corps,  par 
rapport  k  ces  m^mes  axes.  Or ,  apr^s  des  temps  correspon- 
dants,  les  angles  <P,  6,  <p  devront  £tre  respectivement  les 


(  164  ) 

mdmes  poor  les  deux  corps ,  s'ils  6taient  les  rndmes  k  Tori- 
gine ;  done  les  valeurs  de  pdt^  qdty  rdty  daos  les  deux  corps, 
seront  respectiyemeDt  les  memes  aux  instauts  correspon- 
dants.  Alors,  dans  les  ^uations  (8) ,  les  premiers  et  les 
deuxi^mes  termes  sont  dans  le  rapport  ^  avec  les  termes 
analogues  relatifs  au  second  corps,  tandis  que  les  troi- 
siemes  termes  sont  dans  le  rapport  f^l',  done  on  doit  avoir : 

(9) f'-'l-' 

Sous  ces  conditions ,  les  six  Equations  du  second  corps 
deviennent  identiques  avec  les  sii  Equations  du  premier, 
et  la  similitude  m^canique  existera  apr^s  deux  temps  cor- 
respondants  quelconques,  si  elle  a  exists  k  Forigine. 

Mais  les  forces  qui  influent  sur  la  rotation  influant  aussi 
sur  la  translation  (*) ,  le  rapport  des  forces  doit  kite  le 
mSme  de  part  et  d'autre.  II  vient  done : 

ou : 

l'  =  l (10) 

Ainsi  f  dans  tous  les  eas ,  les  dimensions  des  trajectoires 
sont  proportionnelles  k  celles  des  mobiles. 

Alors  les  Equations  (5)  d^terminent  toutes  les  conditions 
du  mouvement. 

Toutefois, les  vitesses  angulaires p,  ?»^»^»^» ^ ,  rela- 
tives aux  deux  corps,  6tant  deux  k  deux  dans  le  rap- 
port-^, on  a : 

«  =  — ,  dou:  («  =  — =v,  • 


(*)  Ed  general ,  et  par  exemple  dans  le  mouvement  des  projectiles. 


(  165  ) 

de  sorte  que  I'^quation  (6)  subsiste  toajours ,  c*est-i-dire 
que  les  vitesses  absolues  de  rotation  sont  proportionnelles 
aux  vitesses  de  translation. 
On  pent  ^crire  aussi  : 

V         1 
«=    «_- (11) 

Les  trois  lois  qui  pr^c^dent  (Equations  (5),  (10)  et  (11)) 
d^lerminent  compl^tement  le  phenom&ne  de  la  similitude 
m6canique ,  dans  le  mouvement  des  corps  solides. 

Appliquons  ces  resullats  au  mouvement  des  projectiles 
lanc^  par  les  armes  k  feu  ray^es. 

Les  forces  en  pr^ence  sont  alors  la  pesanteur  et  la 
resistance  de  Tair.  Cette  derni^re  force  est  proportion- 
nelle,  pour  deux  projectiles  semblablement  places  et  ayant 
des  mouvements  semblables,  aux  surfaces  d'action  (done 
aux  carr^s  des  dimensions  lin^aires),  aux  density  des 
milieux  r&istants  et,  de  plus,  k  une  certaine  fonction  de  la 
Vitesse  (*).  Soient  tit;  et  u  les  vitesses  respectives  des  deux 
projectiles,  en  deux  points  correspondants;  soit  A  le  rap- 
port des  densit^s  des  milieux  (**)  et  d  celui  des  densit6s 
des  projectiles.  II  viendra  : 

»   F(«v) 

'  F(t') 

d'oii: 

IJJ^^pI^pI'^T''  •   •   •   •   (*2) 


{*)  Les  froltemeDts  peuvent  Stre  compris  parmi  les  r^istances,  si  Ton 
admet  quMls  soieat  proporlionnels  aux  pressions  normales. 
[*'*)  Dans  la  pratique  ordinaire ,  on  aura  A  =  1. 


(  166  ) 

Ceite  Equation  serait  impossible  si  F  (u)  n'^Urit  pas  une 
expression  mon6me;  ainsi  la  similitude  des  trajectcHres 
(sauf  le  cas  particulier  de  ridentit^)  n'esl  possible  que  si 
la  r^istance  de  Fair  s*exprime,  en  fonction  de  la  vilesse, 
par  un  moii6me  : 

F  (u)  =  ku". 
Alors  r^quation  (12)  devient : 

d'oii: 

<r=At7-"« (13) 

II  faut  done  encore  que  la  density  relative  des  deux 
projectiles  soit  r^gl6e  conform^ment  k  T^quation  (15). 

Alors,  toutes  les  conditions  de  similitude  seront  rem- 
plies  et  en  exprimant  les  qualre  conditions  trouv^es  en 
langage  ordinaire,  on  aura  le  th^or^me  g^n^ral  suivant : 

Deux  projectiles  quelconques,  qui  se  meuvent  dans  des 
milieux  differents ,  dont  la  resistance  est  en  raison  com- 
posee  de  la  puissance  n  de  la  vitesse ,  de  Taire  de  la  surface 
sur  laquelle  la  resistance  s^exerce  et  de  la  density  da 
milieu,  decrivent  des  trajectoires  semblables  lorsque  les 
conditions  suivantes  sonl  remplies  : 

l""  Que  les  deux  projectiles  sont  semblables,  tant  par 
la  forme  que  par  la  constitution  interne; 

^  Que,  sur  chacune  des  deux  trajectoires,  il  existe  un 
point  oil  la  direction  de  la  vitesse  du  centre  de  gravity  est 
la  mSme,  od  les  deux  projectiles  sont  disposes  parall^Ie- 
ment  et  ou  leurs  axes  instantan^s  de  rotation  sont  paral- 
leies ; 

5*^  Que,  dans  ces  points  homologues,  les  vitesses  des 


(  167  ) 

ceutres  de  gravity  des  projectiles  soDt  proportionnelies 
aox  racines  carries  de  leurs  dimensions  lin^aires. 

4*^  Que,  dans  ces  mdmes  points^  les  vitesses  angu- 
taires  de  rotation  des  projectiles  sont  r^ciproquement 
proportionnelies  aux  racines  carries  de  leurs  dimensions 
lin^aires  (si  les  points  correspondants  sont  les  origines  des 
trajectoires,  cette  condition  revient  k  celle  de  la  propor* 
tionnalit^  des  pas  des  rayures  aux  calibres); 

&  Que  les  densit^s  des  projectiles  sont  en  raison  com- 
pos^e  des  densit^s  des  milieux  r^sistants  et  des  puis- 
sances n  —  2  des  vitesses  f). 

Ces  conditions  6tant  remplies,  on  aura  : 

&*  Les  vitesses  des  projectiles  dans  les  points  bomolo- 
gues  des  deux  trajectoires.,  les  vitesses  absolues  de  rota- 
tion en  ces  points ,  et  les  temps  n^cessaires  pour  y  arriver, 
proportionnels  aux  racines  carries  des  dimensions  lin^aires 
des  projectiles ; 

7*"  Les  dimensions  lin^aires  des  deux  trajectoires  pro« 
portionnelles  aux  dimensions  lin^aires  des  projectiles. 

Si ,  dans  I'^nonc^  qui  pr^cMe ,  on  fait  n  =  2,  on  trouve, 
comme  cas  particulier,  le  th^or^me  donn6,  en  1861,  par 
M.  de  Saint-Robert  (**).  Deux  aulres  th6or^mes  g6n6raux  , 
relatifs  k  la  similitude  des  trajectoires ,  donnas ,  Tun  par  le 


(*)  Ed  satisfaisant  aux  quatre  premieres  conditions  (dont  la  deaxieme 
serait  remplie  k  Torigine)  el  faisant  varier  la  density  de  Tuo  au  moins  des 
prtjjectiles,  jusqu^k  ce  que  les  portees  totales  fusseul  proportionnelies  aux 
calibres  (7"),  on  determinerait  approximativementrexposant  mojren  n.  Par 
verification ,  les  deriYations  devraient  Stre  dans  le  meme  rapport  (7**) ;  les 
dur^  des  trajets  et  les  vitesses  finales  devraient  Stre  proportionnelies  aux 
racines  carrees  des  dimensions  lin^ires  (&*). 

{"*)  de  Saint-Robert,  M^ moires  scienti/iques ,  1. 1, 1872;  p.  335. 


(468) 

mfime  auteur('),  I'aulre  par  M.  Martin  de  Brettes  {**),  ne 
peuvent  Sire  admis  sans  reserves.  Les  conditions  quails 
exigent  pour  la  similitude  sont  en  effet  n^cessaires  et  com- 
prises dans  celles  qui  ont  6t6  indiqu^es  plus  haut,  roais 
elles  ne  sont  pas  suffisantes. 

J'ai  admis  pr^c^demment  que  Tangle  (p  doive  £tre  le 
mSme  aux  points  correspondants.  Les  projectiles  6tant 
d'ordinaire  g^om^triquement  et  mat^riellement  sym^tri- 
ques  autour  de  leur  axe  de  figure  Oz,  on  pourrait,  k  la 
rigueur,  supprimer  cette  condition  de  T^galit^  des  angles 
(f ,  mais  alors  on  n'aurait  plus  une  similitude  m^canique 
complete  et  les  axes  de  figure  seuls  se  mouvraient  sem- 
blablement. 

Dans  ce  cas,  les  angles  •/>  et  6  restant  toujours  6gaux  de 
part  et  d*autre,  apres  des  temps  correspondants,  la  derni^re 
des  Equations  (7) ,  combin^e  avec  la  derni&re  des  Equations 
(8),  montre  que  les  df^  sont  les  mdmes  de  part  et  d*autre, 
mais  on  ne  pent  en  conclure  I'^galit^  de^  df^  ni  moins 
encore  celle  des  angles  (p. 

Et,  en  effet,  cette  similitude  imparfaite  est  realisable, 
si  Fon  admet  que  les  vitesses  de  rotation  tCinfluent  pas  sur 
la  resistance  de  Vair.  Car,  ayant  r^lis^  une  similitude 
complete,  dans  le  sens  des  deductions  pr^c^dentes,  on 
pourra  changer  la  vitesse  initiale  de  rotation  de  I'un  des 
projectiles  autour  de  son  axe  de  figure,  sans  alt^rer  en 
rien  le  mouvement  de  cet  axe  de  figure  lui-m^me  dans  la 
suite  du  temps,  si  Ton  n'apporte  aucune  autre  modifica- 
tion aux  conditions  du  syst^me. 

R6ciproquement,  toute  similitude  imparfaite,  ou  realis^e 


(*)  (le  Sainl-Rol)ert,  Memoires  scienlifiquts ,  t.  I,  1872;  p.  313. 
(**)  Revue  de  techtwlogie  mililaire,  premier  volume  de  1868,  p.  703. 


(  169  ) 

seulement  pour  les  axes  de  figure ,  se  traosformera  eu 
similitude  parfaite,  si  Ton  change  la  vitesse  de  rotation  de 
Fun  des  projectiles  k  rorigine,  de  mauiire  k  rendre  les 
vitesses  angulaires  ^  inversement  proportionnelles  aux 
temps  d^  (ou  a  prendre  ces  vitesses  dans  le  rapport  ^),  car 
alors  df  sera  le  mSm£  de  part  et  d'autre  et  Ton  rentrera 
dans  la  th^orie  g^n^rale. 

Mais  cette  notion  de  la  similitude  imparfaite  suppose 
que  les  vitesses  absolues  de  rotation  n'influent  pas  sur  la 
resistance  de  Tair.  Dans  le  cas  contraire ,  elles  devraient 
Stre  proportionnelles  aux  vitesses  de  translation,  pour  que 
le  rapport  des  resistances,  de  part  et  d'autre,  pAt  rester 
constant  f).  Dis  lors,  on  verrait  que  dtp  redevient  le  mSme 
de  part  et  d'autre  et  la  similitude  serait  absolue. 

Appliquons  encore  la  th^orie  de  la  similitude  m^canique 
au  casod  il  n'y  aurait  point  de  translation,  par  exemple  aux 
experiences  de  Magnus ,  dans  lesquelles  le  mouvement  de 
rotation  est  isole  el  oh  les  forces  n^cessaires  pour  la  simi- 
litude peuvent  etre  obtenues  directement,  au  moyen  d*une 
machine  soufflante.  Alors  les  conditions  resultant  de  la 
translation  disparaissent  et  il  ne  reste  que  les  suivantes  : 

(U) r=^ 

\ 

(i5) u>  (rapport  des  vitesses  angulaires)  =  - • 

T 

Tels  sont  les  rapports  qui  devraient  etre  observes  pour 
que  des  experiences  analogues  a  celles  de  Magnus  repro- 


{")  11  va  sans  dire  que  je  ne  tieDs  pas  compte  ici  des  pbenom^nes  qui 
pourraient  depeudre  de  Yentrainement  de  Fair. 


(  170  ) 
doisJssent  les  eirconstances  r^elles  du  mouvemenl  de 
rotation  d'un  projectile.  Ija  direction  et  Tintensit^  de  la 
resistance  de  Tair ,  k  chaque  instant >  £tant  approximative- 
ment  connues  par  T^tnde  de  la  projection  verticale  de  la 
trajecloire,  on  r^glerait  en  consequence  le  jeu  de  la  ma- 
chine soufflante,  d'abord  quant  k  la  direction  variable  du 
courant,  puis  quant  k  son  intensity  par  r^quation  (14),  la 
Vitesse  angulaire  k  imprimer  au  projectile  auxiliaire  ^tant 
determin^e  par  r^quation  (15).  m,  f  et  r  seraient  arbi- 
traires,  mais  il  y  aurait  un  double  avantage  k  choisir  r 
assez  petit :  I'observation  serait  facilitee,  et  la  vitesse  de 
rotation  k  communiquer  au  projectile  auxiliaire  serait 
rendue  assez  faible.  Ici,  comme  plus  haut,  on  pourrait  se 
contenter  d'nne  similitude  imparfaite.  Alors  la  vitesse  de 
rotation  a  imprimer  au  projectile  auxiliaire  serait  indif- 
Krente. 


Note  sur  un  Caulinites  recemment  decouvert  dans  Vassise 
laekenienne;  par  M.  Francis  Cr^pin,  correspondant  de 
TAcad^mie. 

Depuis  quelques  ann^es,  les  amateurs  de  conchyliologie 
d6couvraient  de  temps  k  autre,  dans  I'assise  laek^nienne, 
surtout  aux  environs  de  Bruxelles ,  un  fossile  v^g^tal  qui 
restail  tndetermin6  dans  leu rs  collections.  Ce  fossile,  con- 
sistant  en  petits  fragments  d*axe  articul6,  me  fut  soumis  k 
diverses  reprises  et  apr^s  examen  attentif,  jeled^terminai 
sous  le  nomde  Caulinites,  en  le  rapportant  provisoirement 
au  C.  parisiensis  A.  Brongt. 

Tout  recemment,  ayant  6i&  inform^  que  Tun  des  prepa- 


( ^7^  ) 

rateurs  du  Mus^e  royal  d'histoire  naturelle,  M.  De  Paiiw, 
dcvait  explorer  une  nouvelie  carri^re  ouverte  k  Melderi, 
dans  la  Flandre  orientale^  je  donnai  k  cet  employe  des 
instructions  sp^ciales  pour  I'aider  k  d^couvrir  des  Cauli^ 
niies  dont  M.  Mourlon  avait  dftjk  trouv^  des  traces  dans 
le  banc  de  grte  exploit^  situ^  k  0,50"'  du  banc  s^paratir 
perc^  de  mollusques  lithophages.  Les  investigations  de  cet 
habile  pr^parateur  furent  extrdmement  heureuses,  car  il 
parvint  k  recneillir  des  portions  de  Cauliniles  qui  ne  per* 
mettent  plus  de  conserver  le  moindre  doute  snr  Tidentit^ 
des  fragments  decouverts  aux  environs  de  Brnxelles  et 
que  j'avais  cru  devoir  rapporter  au  genre  Caulinites. 

Le  Cauliniles  de  Meldert  me  paratt  Stre  identique  sinon 
tr6s-voisin  du  C.  parisiensis  d^crit  par  M.  Brongniart  et 
figur^  par  M.  Watelet  dans  Tatlas  joint  k  sa  Description 
des  plantes  fossiles  du  bassin  de  Paris  (1).  D^s  que  je 
me  serai  procure  des  specimens  plus  nombreux  et  pins 
compiets  encore,  je  m^empresserai  de  faire  du  Caulinites- 
laek^nien  Tobjet  d'une  notice  d^taill^e,accompagn^e  de 
figures ,  que  je  soumettrai  au  jugement  de  TAcad^mie.  En 
attendant,  j'ai  cru  bien  faire  en  signalant  Texistence  d'un 
Caulinites  en  Belgique ,  afin  de  provoquer  de  nouvelles 
recherches. 

Mon  honorable  coll^ue  M.  Nyst  vient  de  m'apprendre 
que  feu  Galeotti  et  lui  avaient  d^jk  d^couvert,  il  y  a  plus  de 
quarante  ans,  un  Caulinites  semblable  k  celui  de  Meldert, 
dans  une  carriire  k  Assche.  Ce  Caulinites  ^tait  accom- 
pagn4  de  VOstrea  inflata, 

M.  Vincent,  pr^parateur  au  Musee,  ful  Fun  des  pre- 


(1)  PI.  XX,  fig.  1,2  el  3. 


(472) 

miers  k  recaeillir  de  petits  fragments  de  Caulinites  aiix 
environs  de  Bruxelles.  Ce  z&6  observateor  en  a  trouve  k 
S^-Gilles,  oil  ils  sont  communs,  k  Schaerbeek  (Katiepoel), 
oiiilssont  tres-communs ,  k  Wolu we *S^- Lambert,  oh  ils 
sont  rares,  et  enfin  k  Dieghem,  oil  ils  sont  trte-rares. 
M.  Vincent  a  observe  ce  fossile  dans  la  zone  laek^nienne 
caracteris^  par  NummulUes  Heberti^  Ditrupa  strangu- 
lata  et  Orbilolites  complanata.  Selon  lui ,  le  CaulinUes  ne  se 
rencontre,  snr  ces  points,  qne  dans  le  grks  dur  se  fendant 
en  feuillets  irr^uliers  qui  se  trouve  k  la  base  de  la  zone. 

Un  autre  amateur,  M.  Grdgoire,  de  S^-Gilles,  a  ren- 
contre, Tautomne  dernier ,  de  semblables  fragments  de 
Caulinites  k  Forest  prte  de  Bruxelles.  Enfin  M.  De  Pauw 
en  a  recueilli  k  son  tour  k  Melsbroeck. 

Dans  la  collection  des  v^^taux  fossiles  de  feu  I'abbe 
Coemans,  d^pos^e  an  Musde,  il  se  trouve  un  specimen  du 
mdme  fossile  accompagn^  de  retiquelle  suivante  :  <  Res- 
semble  beaucoup  au  Thecosmilia  annularis  de  Tooiithe. 
VEquisetitesBronniin'si  egalementdes  striesqu'au  sommet 
des  articulations. »  Ce  fossile  a  et^  recueilli  par  M.  Malaise 
aux  environs  de  Loupoigne  (Brabant). 

Jusqu'^  present,  le  Caulinites  parisiensis  n'avait  ^t^ 
signal^  que  dans  le  calcaire  grossier  de  Paris ,  k  Au  tribes, 
Genlis  et  Jouy. 

Cette  espdce  vient  heureusement  enrichir  notre  flore 
du  laek^nien  qui  ne  comptait  encore  que  de  rares  repr^- 
sentants  du  genre  Nipatites  et  du  groupe  des  Conif^res. 

Ajoutons  que  les  Caulinites  sont  pour  la  plupart  consi- 
der^ comme  des  plantes  ayanl  v6cu  k  la  fa^on  de  nos 
Zoost^rees  acluelles  et  quMIs  sont  ranges  dans  Tordre  de^ 
Najaddes. 


(173) 


Configuration  des  laches  de  la  planete  Mars  a  la  fin  du 
dix'huUieme  siecle^  d'apres  les  dessins  inedits  de 
/.  ff.  Schroeter;  par  M.  F.  Terby,  docteur  en  sciences, 
k  Louvain. 

Dans  un  m^moire  que  j'ai  eu  Thonneur  de  presenter  r6- 
cemment  k  TAcad^mie  (1),  j*ai  fait  connattre  un  onvrage 
in^dit  deTastronome  Schroeter  et  intitule :  Areographische 
Fragmente.  Afm  de  rendre  manifestes  les  opinions  de  I'au- 
teur  sur  I'aspect  de  la  plan^te,  cette  analyse  du  manuscrit 
allemand  renferme  quelques  details  relatifs  aux  taches 
sombres  de  Mars,  et  sp^cialement  k  la  region  occup^e  par 
la  Mer  de  Kaiser  et  par  VOcean  de  Dawes.  Mais  une  ques- 
tion int^ressante  restait  k  r^soudre ,  comme  ce  premier 
travail  le  faisait  pressentir  :  il  fallait  ^tudier  d'une  ma- 
ni^re  approfondie  les  nombreux  dessins  des  Areogra^ 
phische  Fragmente y  les  discuter  en  eux-m^mes,  abstrac- 
tion faite  du  texte  qui  les  accompagne  et  des  opinions  du 
savant  astronome;  il  fallait,  k  Taide  du  temps  des  obser- 
tions  puis6  dans  le  manuscrit,  reconstituer  la  s^rie  des 
aspects  offerts  par  la  plan^te  k  cette  ^poque  d^j^  ancienne. 
Est-il  possible  de  relrouver  quelque  analogic  entre  ces 
aspects  et  la  configuration  des  taches  observ^es  aujour- 
d*hui?Les  recherches  de  Lilienthal  viennent-elles  k  Tappui 
des  conclusions  tiroes  d*autres  comparaisons  semblables  et 
confirment-elles  la  permanence  des  taches  sombres?  Ce 


(1)  Bulletin  de  VAcad^mie  royale  de  Belgique,  2«  s^rie,  t.  XXXV; 
pp.lSS  61351 


(  174  )  . 

sont  les  questioDs  que  nous  dous  proposons  de  resoudre 
dans  la  note  actuelle. 

J'ai  done  choisi,  parmi  les  dessins  des  Areographische 
Fragmente ,  une  s6rie  de  vues  aussi  pen  nombreuses  que 
possible  et  offrant  dans  leur  ordre  les  divers  aspects  que 
la  rotation  amenait  successivement  sous  les  yeux  de 
Schroeter.  Je  me  suis  born6  aux  observations  de  1798  et 
de  1800,  parce  qu'elles  sont  les  plus  nombreuses  etfour- 
nissent  avec  le  plus  de  certitude  la  solution  du  probl^me. 
Les  autres  dessins  de  Schroeter  et ,  *en  g^n^ral ,  certains 
details  que  Ton  rencontre  dans  Fensemble  de  cette  riche 
collection,  donneraient  lieu  a  des  discussions  plus  compli- 
qu^es  qui  trouveront  mieux  leur  place  dans  une  ^tude 
comparative  de  toutes  les  observations  de  cette  plan^te. 

Je  prie  done  I'Acad^mie  de  vouloir  consid^rer  la  pr6- 
sente  notice  comme  un  complement  de  celle  que  j'ai  eu 
rhonneur  de  lui  soumettre  r^emment;  j'espere  poovoir 
ainsi  fournir  des  elements  nouveaux  k  la  question  de  la 
permanence  des  taches. 

Les  observations  de  1798  commencent  le  15  juillet  et 
se  terminent  le  1  ^'Janvier  1799.  Observant  presque  chaque 
soir,  quand  le  temps  le  permettait,  I'astronome  de  Lilien- 
thal  a  pu  voir  reparaitre  les  memes  aspects  au  moins  i 
quatre  reprises  pendant  cette  p6riode;  c'est  ce  que  Ton 
pent  constater  par  I'inspection  des  dessins  des  Areogra- 
phische Fragments  Mais  nous  avons  cru  devoir  choisir 
la  s6rie  suivante  de  huit  figures  comme  la  plus  convenabie 
pour  d^rouler  sous  nos  yeux  les  principales  phases  d*une 
rotation. 

Fig.  4.  Le  30  septemhre  4798 y  a  40  h.  4  m,  du  soir. 
On  voft  parattre  en  a>  au  bord  oriental,  la  Mer  de  Ma» 


(  *75  ) 
raldi.  £n  6>  nous  recoonaissoos  uni  prolong^ment  ra^rii- 
dional  de  YOcean  De  La  RuBf  situ£  entre  les  continents  de 
Kepler  et  de  Cottignez  (1 ). 

Fig.  i,  Le  26  oclobre  4798,  d9h.3m.du  soir. 

La  Mer  deMaraldiy  ab^  est  plus  avanc^e  sur  le  disque; 
son  bord  septentrional  pr&ente  une  petite  baiec,que 
Tauteur  a  aussi  observ^e  le  m£me  jour  i  8  h.  1 5  m.  Le  19, 
le  20  et  le  21  septembre,  isntre  7  h.  27  m.  et  10  h.  17  m. 
du  soir,  Schroeter  observait  la  mime  region,  et  Ton  trouve, 
dans  les  dessins  de  ees  jours,  un  prolongement  partant  de 
la  Mer  de  Maraldi  et  dirig^  vers  le  nord ;  j'ai  reproduit 
Taspect  du  19^  &  7  h.  31  m.,  dans  mon  travail  pr^c^dent 
sur  les  AreograpMsche  Fragmented  fig.  2,  en  faisant 
remarquer  que  ces  prolongement^  ^taient  dignes  d'atten- 
tion  et  ressemblaient  k  la  Passe  de  Muggins. 

En  de  se  trouve  une  secotide  bande  parall&le  k  la  pre- 
miere; Schroeter  fa  souvent  observ^e  et  elle  correspond  k 
la  Mer  de  Hook. 

Fig.  3.  Le  17  octobire  4798,d  7  A.  39  m.  du  soir. 

La  grande  tache  6  est-elle  la  Mer  de  Kaiser?  Si  Ton  se 
contente  d'examiner  sa  forme,  on  r^pondra  k  cette  ques- 
tion-d'une  maniere  affirmative,  et  cependant  une  ^tude 
tres-attentive  delous  les  dessins  de  Schroeter  me  porte  k 
consid6rer  cette  tache  cun^iforme  comme  pr^c^dant  laMer 
de  Kaiser  qui,  dans  la  figure  S^commencerait  k  parattre  en 
a.  Ind^pendamment  des  autres  considerations  qui  m'ont 
conduit  k  cette  conclusion,  je  citerai  un  seul  argument  qui 

(1)  Nous  su|9))osoDs  que  le  lecleura  sous  les  yenx  la  carle  de  M.  Proc- 
tor :  Charl  of  Mars,  from  27  drawings  by  M'  Dawes. 


(176) 

est  p^remptoire  :  si  la  tache  6  ^tait  la  Mer  de  Kaiser^  la 
baode  cf,  qui  la  suit,  serai t  le  Detroit  d'Herschel  II;  or, 
cette  demi&re  consequence  est  inadmissible,  comme  nous 
le  verrons  plus  loin,  puisqu'elle  rendrail  inexplicables  nos 
figures  5,  6  et  7  qui  repr^sentent  incontestablement  ce 
dernier  d^troit. 

La  tache  b  est  celle  que  Ton  voit  aussi  dans  la  figure  3 
de  mon  m^moire  sur  les  Areographische  Fragmente.  Ce 
travail  d^montre  que  Tauteur  a  vu  la  m£me  region  le  12 
septembre  &  8  h.  7  m.,  le  13  septembre  &  7  h.  43  m.,  le 
16  septembre  k  10  h.  39  m.  et  le  18  septembre  ^  10  h. 
16  m.  du  soir.  On  voit  aussi  succMer  alors  k  une  tacbe 
cun^iforme  dirig^e  dans  rb^misphire  septentrional,  une 
seconde  tache  semblable  qui  ne  saurait  Hve  que  la  Mer  de 
Kaiser.  J'ai  fait  remarquer  aussi  que  les  observations  de 
1800  montrent  avec  Evidence  la  succession  de  ces  deux 
grandes  taches  presque  identiques. 

Fig.  4.  Le  i4  novembre  4798  ^  d  7  h.  42  m.  du  soir. 

Schroeter  a  dessin6  ici  la  Mer  de  Kaiser  elle-mSme , 
comme  le  prouvent  les  autres  observations  de  novembre 
1798. 

Fig.  S.  Le  16  novembre  1798  f  d6  h,13  m.  du  soir. 

La  Mer  de  Kaiser^  a,  est  plus  avanc^e  sur  le  disque; 
nous  retrouvons  en  6  le  Detroit  d'Herschel  II,  et,  en  c, 
un  prolongement  de  Y Ocean  de  Dawes  (1). 


(1)  II  est  peut-6tre  utile  de  rappeler  ici  que  les  d^Domiuations  Mer  de 
Kaiser  et  Oc^n  de  Dawes  se  rapportent  toutes  d^x  k  Ij  grande  tacbe 
triaugulaire  de  la  plandte,  la  premiere  en  d^signant  la  partie  seplenlrio- 
nale,  la  secoude  la  partie  m^ridionale. 


(477) 

M.  Proctor  figure  sur  sa  carte  deux  prolongemeots  sem- 
blables  qu'il  appelle  la  Mer  de  Zollner  et  hMer  de  Lam' 
berU 

Fig.  6.  Le  4S  novembre  1798 ^  d6  h.SO  m.  du  soir. 

Ce  dessin  repr^sente  les  m^mes  laches  que  le  pr^c^- 
dent;  mais  on  y  trouve  de  plus  une  bande  efqui  pent 
coincider  avec  le  Detroit  d'Arago  de  M.  Proctor.  En  d 
figure  par  consequent  Vile  de  Phillips,  II  faut  remarquer 
pourtant  que,  dans  la  carte  de  M.  Proctor,  le  Detroit 
d'Arago  s^pare  Ylle  de  Phillips  d'une  autre  He  plus  m6ri- 
dionale  et  nomm^e  :  He  de  Jacob.  D'autre  part,  Tile  de 
Phillips  a  pour  limite  bor^ale  le  Detroit  d*Herschel  II,  et 
rile  de  Jacob  a  pour  limite  m^ridionale  le  Detroit  de 
Newton.  Schroeter  ne  figurant  pas  tons  ces  accidents  de 
la  surface,  il  serait  impossible  de  dire  avec  certitude  si  la 
bande  ef  est  le  Detroit  d'Arago  on  celui  de  Newton. 

Fig,  7.  Le  5  septembre  4798 ,  a  40  h.  S  m.du  soir. 

Cest  le  mdme  aspect  que  celui  de  la  figure  pr^c^dente ; 
maisje  tenais  k  le  reproduire  ici,  parce  que  Ton  y  voit  en 
a,  d*une  mani^re  bien  remarquable ,  la  tache  que  Beer  et 
Hadleront  revue  en  1830  et  qu'ils  ont  prise  pour  origine 
des  longitudes  ar^ographiques.  lis  ont  d^ign6  cette  tache 
par  la  lettre  a  (i ).  Le  P.  Secchi  Ta  caract^ris^e  par  ces 
mots,  en  faisant  remarquer  qu'il  ne  Tavait  pas  retrouv^e 
en  1858 :  <  Macchia  a  guisa  di  palla  sospesa  da  un  fllo. 


(i)  Fragments  sur  les  corps  celestes,  par  Beer  et  Madler,  p.  i5l ;  Paris, 
iSiO;  et  Astronomische  Nachrichten,  p.  447;  Altona,  1S3i. 

2"™'  sfenre,  TOME  xxxvi.  12 


(478) 

»  che  essi  ( Beer  et  Madler )  notarono  come  tanlo  caratte- 
>  rislica  (1).  >  Cetle  tache  en  forme  de  balie  suspendue 
^  un  fil,  et  que  nous  retrouvons  avec  cet  aspect  dans  le 
dessin  de  Lilienthal,  n'est  autre  que  la  bale  si  remarquable 
d^doubl^e  par  Tun  des  meilleurs  observateurs,  le  R^v. 
Daises  (2),  et  nommte  depuis  la  Baie  fourchue  de  Dawes 
{Dawes  forked  Bay) ;  la  bande  en  forme  de  fil  qui  semble 
la  soutenir  est  le  Detroit  d^Herschel  II. 

Pour  Stayer  cette  interpretation  d'une  autre  preuve ,  je 
ferai  remarquer  que  les  figures  6  et  7  de  cette  note  pr6- 
sentent  I'identit^  la  plus  frappante  avec  deux  figures  exe- 
cutees  respectivement  le  4  novembre  1862,  k  11  h.  5  m., 
et  le  10  decembre  1862,  &  9  h.  30  m.,  par  le  R^v. 
T.  Webb  (3)  et  avec  un  dessin  de  lord  Rosse,  du  17  juillet 
1862,  a  22  heures,  temps  sid^ral,  ou  ji  14  h.  17  m.,  temps 
moyen  de  Birr  Castle.  Ces  dessins,  combines  avec  les  au- 
tres  figures  de  M.  Webb  et  avec  celles  de  M.  Lockyer  (4) , 
pour  la  mSme  ^poque,  montrent  d*une  fa(^n  incontestable 
que  Taspect  dont  il  s'agit  est  du  an  Detroit  d'Herschel  II, 
k  la  Baie  de  Davres  et  aux  lies  de  Phillips  et  de  Jacob. 


(1)  Metnorie  deW  osservatorio  del  collegia  rotnano;  nuova  serie^ 
1859;  no  3,  p.  19.  En  reality  le  P.  Seccbi  observa  et  figura  le  Detroit 
d'Herschel  II  et  la  Baie  de  Dawes  en  1858.  Si  le  savant  astronome  romain 
ne  les  a  point  reoonnus  pour  la  tache  si  caract^ristique  de  Beer  et  Madler, 
it  faut  Tattribaer  aux  diffi6rences  de  position  et  d'aspect  resultant  de  la 
direction  de  Taxe  en  1830  et  en  1858. 

i'i)  Monthly  notices,  t.  XXV,  p.  225;  1864-1865. 

(3)  The  intellectual  observer;  octobre  1863, p.  182,  fig.  VI  et  Vtl. 

(4)  Mem.  de  la  Soc.  royale  astron.  de  Londres,  vol.  32,  1862-1863, 
p.  179.  —  Une  serie  de  108  dessins  que  je  dois  ^  Tobllgeance  de  M.  Jojn- 
son ,  de  Waterloo,  pr^  de  Liverpool ,  permet  de  relier  entre  eux  un  grand 
nombre  d'aspects  constates  par  d*autres  observateurs  et  vient  aussi  con- 
firmer  ce  quej'avance  ici. 


(179) 

Fig.  8.  Le  /•'  septembre  4798,  de  0  h.  15  m,  d1  h,  du  matin, 

Cette  tache  ne  peut  £tre  qae  POc^an  De  La  Rue ,  et  sa 
forme  se  pr£te  parfaitement  k  cette  interpretation.  Schroe- 
ter  a  obsery^  plasieurs  fois  le  mdnie  aspect :  citons  le  30 
septembre,  le  2  et  le  3  oetobre,  entre6  et  8  heores  du 
soir;  i  ces  ^poques ,  il  a  figur^  de  plus  un  prolongement  qui 
se  dirige  vers  le  NE.  et  qui  semble  coincider  avec  le  De- 
troit de  Dawes  (Dawes  Strait),  Cette  direction  est  indiqu^e 
dans  notre  figure  par  la  ligne  pointill4e  ab.  Le  2  et  le  3 
oetobre,  SchroeCer  a  figure  de  plus  un  autre  prolongement 
suivant  la  ligne  ponctu^e  cd.  Peut-^tre  cette  seconde  ra- 
mification est-elle  due  k  la  presence  de  la  Baie  de  Beer, 
sitn^e  k  Foccidentdn  Detroit  de  Dawes. 

Toute  la  surface  de  Mars  visible  en  17d8  vient  de  se 
d^rouler  sous  nos  yenx,  et,  aprds  cette  derniire  figure, 
nous  verrions  reparaitre  la  Mer  de  Maraldi. 

Les  observations  de  Lilientbal  pr^ntentdonc  un  accord 
remarquable  avec  les  r^sultats  consign^s  dans  la  carte  de 
M.  Proctor.  Ce  fait  est  bien  int^ressantet  vient  confirmer, 
comme  il  fallait  s'y  altendre,  la  permanence  des  configu- 
rations de  Mars. 

Schroeter  a  faitsoixante-treize  dessins  de  cette  planSte 
en  1800  et  en  1801  et,  dans  ce  nombre,  nous  en  trouvons 
au  moins  trente^^inq  qui ,  k  premiere  vue,  semblent  repr6- 
senter  ^videmment  la  Mer  de  Kaiser  et  TOc^an  de  Dawes* 
En  y  regardant  de  plus  pr^s,  on  constate,  au  contraire,  que 
ces  trente-cinq  dessins  ne  se  rapportent  pas  tons  k  la 
m^me  region ,  et  accusent  la  pr^ence  de  plusieurs  taches 
donnant  lieu  k  la  mdme  apparence.  Mon  m^moire  sur  les 
Areographische  Fragmente  contenant  des  exeroples  de  ce 


(180) 

fait,  je  dois  me  boroer  ici  k  reprodaire,  dans  la  figareO, 
UQ  dernier  dessin  de  Scbroeter,  ex^cat^  le  30  novembre 
1800,  ^  5  h.  5  m.  du  soir ,  temps  vrai.  Cette  figure  corres- 
pond k  notre  dessin  5,  du  16  novembre  1798, k6h,  13m. 
du  soir  et  repr^sente  la  Mer  de  Kaiser;  on  y  voitde  plus 
le  prolongemenl  meridional  qui  correspond  k  la  Mer  de 
Lambert  de  la  carte  de  Proctor.  En  1800,  Schroeter  voyait 
dijQScilement  ce  prolongement  qui  n'apparaissait  que  lors- 
qu'il  s'etait  sufiSsamment  ^loign^  du  bord  de  la  plan&te. 

Comment  expliquer  la  presence  de  ces  nombreuses 
taches  se  terminant  en  pointe  du  c6te  du  nord  dans  les 
dessins  de  Scbroeter ,  taches  si  semblables  entre  elles  et 
pourtant  correspondant  k  des  portions  diiferentes  de  la 
surface?  Elles  out  souvent,  comme  on  le  con^oit  sans 
peine,  mis Thabile  observateur  lui-m£me  dans  une  grande 
perplexity.  Nous  ferons  remarquer  que ,  dans  la  carte  de 
H.  Proctor,  on  trouve,  outre  la  Mer  de  Kaiser,  plusieurs 
autres  baies  et  d6troits  diriges  vers  le  nord :  telles  sont  les 
Passes  de  Huggins  et  de  Bessel,  les  Baies  de  Beer  et  de 
Dawes;  tel  est  aussi  le  Detroit  de  Dawes.  Mais  aucune  de 
ces  r^ions  n'offre  des  dimensions  aussi  notables  que  la 
Mer  de  Kaiser.  L'Oc^an  De  La  Rue  pourtant  donne  lieu 
parfois  k  une  tache  que  Ton  pourrait  confondre  avec  cette 
derni^re  mer  :  ce  fait  est  d6montr6  par  deux  dessins  dont 
je  suis  redevable  k  M.  G.  Knott,  et  ex6cut6s  k  TObserva- 
toire  de  Woodcroft,  le  22  octobre  1862,  &  8  h.  30  m.  et  le 
27  novembre  1862  k  7  h.  15  m.,  t.  m.  de  Greenwich.  La 
confrontation  de  ces  dessins  avec  ceux  de  M.  Lockyer  et 
avec  ceux  d'autres  observateurs  ne  laisse  aucun  doute 
quant  k  la  presence  de  I'Oc^an  De  La  Rue  sur  le  disque  k 
r^poque  indiqu^e,  et,  au  premier  moment,  on  croit  avoir 
sous  les  yeux  la  Mer  de  Kaiser. 


(181  ) 

Toutefoisces  difiScult^s  que  peuvent  presenter  les  autres 
dessins  de  Schroeter,  et  sur  lesqnelles  dous  voudrions  pou- 
voir  appeler  ratten tion  de  tous  les  astronomes  qui  se  soot 
occup^  de  Mars ,  ne  sauraient  amoindrir  rimportance  de 
la  coincidence  signaI6e  plus  haut  entre  les  observations 
de  1798  et  ia  carte  de  M.  Proctor.  Corame  conclusion  de 
r^tude  comparative  que  nous  avons  faite  des  dessins  de 
Schroeter,  demeur^s  inconnus  jusqu'ici,  nous  pouvons 
done  avancer  que  les  recherches  faites  a  Lilienthal  four- 
nissent  de  nouveaux  arguments  en  faveur  de  la  perma- 
nence des  taches  sombres  de  cette  planete. 


Lettre  a  M.  Ad,  Quetelety  secretaire  perpetuel  de  I'Aca- 
demiey  sur  diverses  questions  mathematiques ;  par 
M.  Genocchi,  professeur  k  I'Universit^  de  Turin. 


I. 


J'ai  appris  par  le  journal  de  Paris  rinstitut^  num^ro  du 
14  mai  1873,  que  M.  De  Tilly  a  pr6sent^  une  Note  renfer- 
mant  des  observations  critiques  sur  une  demonstration  que 
j'ai  donn^e  en  1853.  Cette  Note,  a  la  suite  d'un  Rapport 
favorable  de  M.  Gilbert,  aurait  &i6  imprim^e  dans  les 
Bulletins^  stance  du  4  Janvier  1873. 

D^sirant  ne  pas  rester  longtemps  sons  le  coup  des  cri- 
tiques dont  il  s'agit,  je  prends  la  liberty  de  m'adresser^ 
vons,  Monsieur  le  secretaire  perpetuel^  pour  obtenir  qu'un 
exemplaire  de  la  Note  de  M.  De  Tilly  et  du  Rapport  de 
M.  Gilbert  me  soit  envoy^  par  la  poste,  afin  que  je  puisse 


(  182  ) 

me  d6fendre,  s*il  y  a  lieu.  Ha  d^moDStratioQ  ayant  6i&  insd- 
r^e  daas  les  Bulletins ,  je  d^fendrai  en  mdme  temps  {'Aca* 
d6mie  qui  en  consentit  I'impression  et  k  laquelle  je  dois 
toute  ma  reconnaissaDce  pour  avoir  encourage  mes  pre- 
miers pas  daus  la  carri^re  scientifique,  car  je  compterai 
toujours  i'accueil  bienveillant  que  j'en  ai  re(u  parmi  les 
^venements  les  plus  importants  de  ma  vie. 

J'ignore  tout  k  fait  sur  quels  points  sp^aux  portent 
les  observations  de  M.  De  Tilly.  Je  suppose  que  Terreur 
qu'il  me  reproche  n'est  pas  la  m£me  dpnt  avait  parle 
M.  Schaar,  dans  son  Rapport  sur  ma  demonstration :  en 
effet  M.  De  Tilly  sait  sans  doute  que  j'ai  r^pondu  comply 
tement  k  cette  objection  dans  une  lettre  adress^e  k  vous. 
Monsieur,  qui  a  6t6  pr^sent^e  k  TAcad^mie  le  5  novem- 
bre  1855  et  imprim^e  dans  le  Bulletin  du  4  fi&vrier  1854. 
Certes ,  je  ne  pretends  pas  avoir  r^fut^  k  Tavance  toutes 
les  objections;  j'avoue  cependant  que  j'attache  quelque 
prix  aux  remarques  et  aux  demonstrations  developp^es 
dans  cette  lettre,  demonstrations  qui  me  semblent  aussi 
simples  que  rigoureuses.  Je  puis  d*autant  moins  supposer 
que  I'objection  de  M.  Schaar  ait  6i6  reproduite  par 
M.  De  Tilly,  que,  d'aprte  Tindication  du  journal  ci-dessus 
mentionne,  il  serait  question  seulement  de  la  samme  des 
logarithmes  hyperboliques  des  x  —  1  premiers  nombres 
entiersy  et  que  dans  ce  cas  particulier,  oA  Targument  x  de 
la  fonction  log  T  (x)  se  r^duit  k  un  nombre  en  tier,  Tob- 
jeclion  de  M.  Schaar  tombe  par  elle-mSme.  11  faut  done 
croire  que  I'erreur  et  les  omissions  relev^es  par  M.  De  Tilly 
aient  echappe  k  M.  Schaar,  juge  tres-comp^tent.  Ainsi,  en 
me  defendant,  je  defendrai  aussi  ce  savant  regrette. 

Je  vous  prie  done.  Monsieur,  de  bien  vouloir,  ou  direc- 
tement,  ou  apres  en  avoir  refere  k  TAcademie  qui  sera, 


(  *83  ) 

je  i'esp^re,  favorable  k  mon  desir,  me  communiqaer  les 
observations  dont  ma  demonstration  a  ^t^  I'objet ,  et  me 
mettre  ainsi  k  mSme  de  lui  adresser  une  r^ponse,  pour  me 
justifier  ou  pour  reconnattre  mes  fautes. 


II. 


Remarques  sur  la  geometrie  abstraite. 

Je  profite  de  cette  occasion,  Monsieur,  pour  appeler 
Tattention  de  votre  illustre  Acad6mie  sur  certains  prin- 
cipes  de  g^om^trie  abstraite,  sur  lesquels  j'ai  fait  des 
recherches  ayant  quelque  ressemblance  avec  celles  de 
M.  De  Tilly.  Mes  Merits,  etant  r^dig^s  en  langue  italienne, 
ont  6t6  k  pen  prte  ignores  en  Belgique  :  d'ailleurs  ce  n'est 
pas  que  je  pense  k  soulever  une  question  de  priority ,  car 
M.  De  Tilly  a  pr^sent^  son  M^moire  k  TAcad^mie  de  Bel- 
gique le  1*^'  aoAt  1868 ,  et,  quant  k  moi,  une  courte Note, 
ot  je  r^umais  quelques  r^sultats  de  mes  Etudes,  n'a  6i& 
pr^ent^e  k  I'Acad^mie  de  Turin  que  le  24  Janvier  1869. 
Mais,  du  moins,  il  me  sera  permis  de  constater  que  je  n'ai 
pu  profiler  aucnnement  du  travail  de  M.  De  Tilly,  dont  les 
id^  n'ont  ^t^  (dans  une  certaine  mesure)  port^  k  la 
connaissance  du  public  que  par  les  rapports  faits  dans  la 
s^nce  du  5  juin  1869  et  ins6r^  dans  Ylnstitut  du 
25  aoAt  1869  :  au  surplus,  mon  M^moire,  termini  en 
mars  1869,  a  &tA  imprim^  peu  de  temps  apr&s,  k  Florence, 
dans  le  Recueil  de  la  Soci^l^  italienne  des  XL,  etadress^ 
k  plusieurs  savants  et  k  quelques  corps  scientifiques,  parmi 
lesquels  je  compterai  1' Academic  de  Belgique,  tandis  que 
le  M^moire  de  M.  De  Tilly  n'a  paru,  je  crois,  qu'en  1870. 
J'ajoute  que  nos  points  de  depart  ^aient  fort  differents. 


(  184  ) 

Je  partais  de  quelques  recherches  sur  la  m^canique, 
publi^es  sous  le  nom  de  Daviet  de  Foncenex,  dans  les 
aociens  Melanges  de  Turin ,  et  revendiqu^s  en  faveur  de 
Lagrange  par  son  btographe  Delambre.  En  d^ignant  par 
2x  la  longueur  d'un  levier  rectiligne ,  et  par  (p(x)  le  rap- 
port de  la  r^ultante  k  Tune  des  composantes  (qu*on  sup- 
pose ^les  et  perpendlculaires  au  levier) ,  Foncenei  ayait 
trouv^  r^quation  fonctionnelle  : 

et  en  avait  conclu  (f{x)=a  (constante),  a=2,  au  lieu  que 
la  solution  g^n^rale  serait : 

t^(x)  =  6'  -♦-  6-', 

6  £tant  une  certaine  fonction  p^riodique  arbitraire.  Par  des 
considerations  semblables  k  celles  de  Foncehex ,  en  g^n^- 
ralisant  un  peu  sa  construction,  d'Alembert  rempla^a 
rdquation  pr^c^dente  par  : 

y(x  -H  y)  -4-  y  (x  —  y)  =  f{x)  fiy), 

ce  qui  r^uisait  Tarbitraire  6  k  une  constante,  mais  ne 
donnait  le  r&ultat  de  Foncenex  que  dans  le  cas  tres-parti- 
culier  de  6=1.  Or  tout  cela  etait  obtenu  ind^pendam- 
ment  du  postulatum  d'Euclide  sur  les  parall^Ies :  on  pou- 
vait  mdme  en  d^duire  la  gtom^trie  imaginaire  ou  non 
euclidienne ,  comme  je  I'ai  affirm6  dans  ma  Note  du  S4  Jan- 
vier et  d^montr^  dans  mon  M^moire  du  31  mars  1869.  En 
effet,  dans  le  cas  de  6=1,  les  principes  admis  conduisent 
sans  grande  difficult^  au  th^or^me  de  Pythagore  sur  la 
somme  des  angles  d'un  triangle  rectiligne ,  et  ils  donnent 
les  formules  de  Lobatscheffsky  pour  les  autres  valeurs 


(  188  ) 

de  6;  d'oil  ressortait  une  liaison  bten  remarquable  entre  le 
postulatum  d'Euclide  sur  les  parall^Ies  et  le  postulatum 
d'ArchimMe  sur  I'^quilibre  du  leyier.  Je  reconnaissais  en 
mtoe  temps  que  les  relations  anaiytiques,  pour  la  composi- 
tion des  forces concourantes  en  un  point,  subsistent  iden- 
tiquement  dans  la  g^om^trie  imaginaire,  tandis  que  celles 
de  la  composition  des  forces  paralldes  sont  remplac^s 
par  d'autres  formules. 

Dans  la  suite  de  mon  M^moire,  j'ai  pass6  en  revue 
plusieurs  demonstrations  du  postulatum  d'Euclide  tiroes, 
soit  des  principes  de  la  m^nique,  soit  de  simples  notions 
gtom^triques,  et,  entre  autres,  celle  de  Minarelli,  dont 
une  simplification ,  publi^e  dans  les  Nouvelles  Annates  de 
Mathematiques,  en  1849,  a  6i&  r^cemment  reproduite  par 
M.  Carton  et  recommand^  par  M.  Bertrand  f),  celle  de 
M.  De  Tillt,  ins^r^e  dans  un  ouvrage  de  1860,  celles  de 
M.  BouNiAKO\¥SKi  ct  dc  M.  Lamarle.  J'ai  aussi  rendu  jus- 
tice aux  d^couvertes  de  M.  Beltrami  ,  en  indiquant  com- 
bien  la  th^orie  des  surfaces  pseudosph^riques  ^tait  utile 
pour  trouver  le  vice  cach^  de  certaines  demonstrations 
sp^cieuses  du  fameux  postulatum.  Mais  je  n'ai  pas  os^  en 
conclure  Timpossibilit^  d'une  demonstration  rationnelle  et 
rigoureuse;  et,  mSme  k  present,  j'h^site  k  retenir  comme 
compietement  prouv^e  cette  impossibility  par  les  raison- 
nements  de  MM.  Hoiiel  et  De  Tilly.  C'est  sur  ce  sujet  que 
je  vous  demande ,  Monsieur,  la  permission  d'exposer  quel- 
ques  reflexions. 

Je  ferai  observer  d'abord  que  I'existence  de  la  pseudo- 
sphere,  telle  qu'on  doit  I'employer  pour  conclure  k  Timpos- 
sibilite  de  demontrer  le  postulatum  d'Euclide,  n'a  pas 
encore  ete  etablie :  la  pseudosphere  dont  on  a  besoin  est  une 
surface  k  courbure  constante  negative  (je  ne  dis  pas  cout" 


(  <86  ) 
bure  moyenne,  car  ce  nom  est  donn^  par  les  g^m^tres  i  la 
somme  oo  demi-somme  des  courburespriQcipales,et  il  est 
question  ici  de  leur  produit) ,  qui  s'6tend  k  Ym&ni  dans  tous 
les  sens ,  et  simplement  connexe.  On  connatt  bien  quelqnes 
surfaces  &  courbure  constante  negative,  mais  elles  ne  pos- 
sMent  pas  les  autres  caract^res :  ainsi  la  surface  de  r^^olu- 
tion  engendr^e  par  la  tractoire  oncourbe  k  tangentes^ales 
n'est  pas  infinie  dans  tous  les  sens,  n'est  pas  simplement 
connexe.  On  a  dit  que  cette  surface  de  revolution  pouvait 
Sire  regard^e  comme  le  type  des  surfaces  pseudosph^riques : 
c'est  comme  si  Ton  disait  que  la  surface  d'un  cylindre 
droit  est  le  type  des  surfaces  planes.  M.  De  Tilly,  en  cboi- 
sissant  cette  m£me  surface  de  revolution  pour  y  appuyer 
ses  raisonnements,  a  pr^tendu  d^montrer  que  les  lignes 
g^od^siques  de  cette  surface  jouissent  de  la  propriety  d'dtre 
pleinement  determin^es  par  deux  de  leurs  points,  comme 
les  lignes  droites.  C'est  une  erreur  :  M.  Bellayitis  ,  par 
des  considerations  intuitives,  et  tout  recemment  M.  Bel- 
trami, par  le  calcul,ont  prouv^  que  deux  g^odSsiques  d'une 
telle  surface  peuvent  se  tencontrer  en  plusieurs  points. 
II  arrive  comme  pour  I'heiice,  qui  rencontre  en  une  infinite 
de  points  chaque  generatrice  du  cylindre,  quoique,  sur  le 
plan,  deux  droites  ne  puissent  se  renoontrer  qu'en  un 
point  unique  (**).  Ainsi  la  demonstration  de  M.  De  Tilly 
peche  par  sa  base. 

On  a  parie  aussi  du  developpement  de  la  surface  de  revo- 
lution que  j'ai  indiquee;  mais  il  est  probable  qu'on  n'aura 
une  idee  nette  de  ce  developpement  que  quand  on  aura 
precise  comment  on  parviendra  k  I'exprimer  par  le  calcul. 
En  connaissant  le  plan,  on  con^oit  tres-bien  comment 
on  pent  I'enrouler  sur  un  cylindre ;  mais  il  serait  moins 
facile,  si  Ton  ne  connaissait  que  les  surfaces  cylindriqu^, 


(187) 

d*eQ  d^Qire  les  surfaces  planes.  RemarquoDS,  an  surplus, 
que  la  ligne  droite,  ^l^ment  du  plan,  existe  sans  altera- 
tion sur  les  surfaces  cylindriques,  tandis  que  les  g^od^- 
siques  de  la  pseudosph^re  n'existent  pas  probablement  sur 
la  surface  de  revolution  susdite,  ce  qui  doit  augmenter  la 
difficult^  d'expliquer  le  mode  de  developpement  propre  k 
passer  de  Tune  de  ces  surfaces  k  I'autre.  II  n*est  pas  moins 
evident  que,  pour  etablir  la  possibility  de  construire  une 
surface  pseudospherique  infinie  dans  toutes  les  directions, 
il  ne  suffirait  pas  de  dire  qu'on  peut  assembler  diff^rentes 
parties  de  la  surface  de  revolution  en  les  raccordant  les 
unes  avec  les  autres :  en  effet,  on  ne  pourrait  pas,  k  Taide 
d'un  tel  assemblage,  transformer  en  un  plan  la  surface 
d'un  cylindre. 

II  est  vrai  que  la  determination  d'une  surface  k  courbure 
constante  depend  d'une  equation  aux  derivees  partielles, 
savoir  : 

r(  —  «•  =  o(i  -4-  p*  -4-  (jr")', 

dont  riniegrale  admettra  des  fonctions  arbitraires,  permet- 
tant  de  satisfaire  k  plusieurs  conditions,  mais  on  ne  peut 
affirmer  a  priori  que  la  vraie  pseudosphere  soit  comprise 
dans  cette  integrate;  car  la  condition  de  realite  de  la  sur- 
face et  les  autres  conditions  ci-dessus  exprimees  peuvent 
restreindre  beaucoup  le  nombre  des  solutions  et  m^me  les 
reduire  k  une  seule.  C'est  ainsi  que  la  determination  des 
surfaces  dont  les  rayons  des  deux  courbures  principales 
soient  egaux  et  de  mSme  signe,  pour  chacun  de  leurs 
points,  depend  pareillement  d'une  equation  aux  derivees 
partielles,  c'est-i-dire  : 


(  *88  ) 

et  D^nmoins ,  si  I'oa  ajoute  ia  condition  de  la  r^alit^ ,  on 
n'a  qu'une  seale  solution,  la  sphere,  pour  laquelle  las 
rayons  de  courbure  ne  sont  pas  seulement  ^aux,  mais 
constants  et  tons  les  centres  de  courbure  coincident.  Les 
solutions  imaginaires  seraient  en  nombre  infini  et  renfer- 
meraient  des  fonctions  arbitraires  {***).  II  est  done  possible, 
pour  ne  pas  dire  probable ,  que  Tint^rale  de  T^quation 
aux  d^riv6es  partielles,  exprimant  les  surfaces  k  courbure 
constante,  n'offre  qu'une  seule  surface  r^elle,  infinie  dans 
tons  les  sens  et  simplement  connexe,  c'est-i-dire  le  plan, 
le  plan  euclidien,  dont  la  courbure  est  parlout  nulle. 

Mais  en  supposant  que  Texistence  de  la  pseudosph^re 
avec  toutes  ses  propri^l^  soit  mise  hors  de  doute ,  et  qu'on 
poss^de  par  consequent  une  surface  courbe  r6elle  superpo- 
sable  k  elle-m^me,  comme  le  plan,  dans  toutes  ses  parties, 
et  dont  les  g^od^siques  ne  puissent  se  rencontrer  qu'en 
un  pointy  comme  les  lignes  droites,  on  pourra  toujours 
objecter  que  la  comparaison  n*est  pas  complete,  attendu 
que  le  plan  est  la  seule  surface  pour  laquelle  la  superposi' 
lion  soit  possible  sans  retournement  et  sans  deformation. 
II  restera  done  toujours  cette  difference  essentielle;  et  par 
suite  il  paratt  impossible  d'exclure  a  priori  qu'on  puisse 
profiter  d'une  telle  propriety  caract^ristique  du  plan  pour 
d^n^ontrer,  &  regard  du  plan,  des  theor^mes  qui  ne  sont  pas 
demontrables  (parce  qu'ils  ne  sont  pas  vrais)  pour  la  pseu- 
dosphere.  Repondra-t-on  que  pour  profiter  de  la  propriety 
indiqu^e  il  faudrait  sortir  du  plan ,  et  qu'ainsi  I'impossibi- 
lite  de  d^montrer  le  postulatum  d'Euclide  par  une  con- 
struction  plane  n'est  pas  infirm^e  par  cette  objection? 
Mais  alors  il  faudrait  rejeter  de  la  geometric  plane  toute* 
demonstration  fondee  sur  la  superposition;  et  d'ailleurs 
pen  importe,  si  Ton  admet  que  la  demonstration  ration- 


(  ^89  ) 
nelle  du  pastulatam  d'Euclide,  soit  sur  le  plan,  soit  dans 
Tespace,  n'est  pas  reconnue  impossible. 

II  r6sulte  de  tout  cela ,  si  je  ne  me  trompe,  que  ies  rai- 
sonnements  fond^s  sur  Texistence  et  Ies  propri^t^  de  la 
pseudosph^re  ne  sont  pas  assez  concluants. 

M.  De  Tilly,  en  rendant  compte  d'un  ouvrage  de  M.  Flye 
Sainte-Marie,  a  voulu  remplacer  la  pseudosphere  par  une 
surface  courbe  appellee  pseudoplan^  dont  I'^quation,  en 
coordonn6es  cart^iennes  rectangulaires  et  dans  la  g^me- 
trie  euclidienne,  serail : 

X* -♦-  y'  -♦-  Ax  -4-  Bt/  -4-  C  =  —  A'e"T; 

mais  cette  surface  n*est  pas  infinie  dans  tous  Ies  sens : 
elle  est  de  revolution  aulour  d'un  axeparall^le  k  celui  des 
z,  et  pr^sente  ainsi  des  points  formant  une  (igne  de  stric- 
tion  et  se  distinguant  par  cela  de  tous  Ies  autres  points  de 
la  surface,  tandis  que,  dans  le  plan,  rien  ne  distingue  un 
point  de  tous  Ies  autres.  De  m^me  la  pieudodroite,  qui  est 
rintersection  du  pseudoplan  avec  un  plan  perpendiculaire 
k  celui  des  xy,  ayant  deux  branches  infinies  dont  Ies 
asymptotes  sont  parall^les  a  I'axe  des  Zj  pr^sentera  comme 
un  point  distingu^  de  tous  Ies  autres  celui  d'oA  partent  ces 
deux  branches :  dans  la  vraie  droite,  au  contraire,  tous  Ies 
points  jouissent  des  m^mes  propri6t^.  Comment  done 
^carter  la  possibility  de  d^montrer,  pour  la  droite  et  pour 
le  plan ,  des  propositions  qu'on  ne  pourra  pas  d^montrer 
pour  la  pseudodroite  et  le  pseudoplan?  La  forme  eties 
propri^t^s  de  ces  lieux  g^om^triques  sont  trop  difi^rentes 
de  celles  de  la  vraie  droite  et  du  vrai  plan ,  pour  qu'il  soit 
•permis  de  conclure  des  unes  aqx  autres. 

Je  doutais  done  et  je  doute  encore  qu'on  ne  puisse  abso- 
lument  d^montrer  le  postulatum  d'EucIide,  quoique,  bien 


(190) 

entendu,  je  n'aie  pas  sous  ia  main  une  d^moDstratioa  rigoo- 
reuse  de  ce  principe.  J'ai  seulement  laiss^  entreyoir  qu'il 
me  paralt  plus  probable  qu'on  puisse  fonder  une  demon- 
stration rigoureuse  snr  des  notions  de  statique  ou  de  dn^ 
matique  que  sur  de  pures  notions  de  g^m^trie. 

Mais  en  attendant  que  cette  demonstration  soit  trouv^e, 
quelle  regie  suivra-t*on  dans  I'enseignement  de  la  g^ome- 
trie  eiementaire?  Dolt-on  a^oir  recours  k  Veocperience,  ou 
bien  se  contenter  d'un  postulatum? 

A  regard  de  Texperienee,  je  citerai  un  temoignage  qui 
ne  doit  pas  Atre  suspect,  celui  de  M.  Helmholtz ,  qui ,  dans 
un  discours  sur  les  faits  qui  servent  de  base  a  la  geometrie^ 
signale  la  difficult^  de  distinguer,  dans  cette  science,  les 
simples  definitions  des  verites  de  fait;  cette  question, 
dit-il ,  c  n'est  pas  aussi  facile  k  resoudre  qu'on  le  croit 
»  communement,  parce  que  les  figures  de  la  geometrie 
>  sont  des  ideaux,  dont  les  figures  materielles  du  monde 
»  reel  ne  peuvent  jamais  qu'approcher,  sans  satisfalre  plei- 
9  nement  aux  exigences  de  I'idee,  et  parce  qu'aussi,  pour 
»  verifier  experimentalement  I'invariabilite  de  la  forme 
»  des  corps  et  I'exactitude  des  figures  du  plan  et  de  la 
»  ligne  droite,  que  nous  renconf  rons  dans  les  corps  splides, 
9  il  nous  faut  employer  predsement  les  propositions  geo- 
»  roetriques  elles*memes,  dont  il  s'agit  d'etablir  une 
»  sorte  de  demonstration  experimentale  »  (traduction  de 
M.  Hoiiel).  Ainsi  ces  pretendues  demonstrations  expert^ 
mentales  ne  seraient  que  des  petitions  de  principe,  en 
sorte  qu'il  faut  renoncer  k  exposer  la  geometric  comme  on 
enseigne  la  physique,  c'est-^-dire  en  appuyant  les  theo- 
remes  par  des  experiences  precises  executees  en  presence 
des  eieves.  Or,  si  Ton  eiimine  ces  experiences,  on  n'aura 
apporte  aucune  amelioration  veritable  k  Tenseignement  de 


{m  ) 

la  g^m^trie ,  car  on  aura  seulement  remplac^  le  mot  pos^ 
tulatum  par  le  mot  experience,  et  la  question  ^tant  r6duite 
ii  ces  termes ,  je  serais  d'avis  qu'il  fallAt  pr6C§rer  le  premier 
mot  au  dernier  comme  plus  propre  el  plus  franc. 

Nous  Yoil^  done  revenus  k  I'exp^ient  employ^  paf 
Euclide.  II  reste  cependant  a  choisir  le  postulatum ,  car 
celui  d'Euclide  est  une  proposition  trop  complexe  pour 
qu'on  doive  raisonnablement  Taccorder  sans  demonstra- 
tion :  admettre,  sans  demonstration,  des  propositions  com- 
pliqu^es  et  difficiles,  tandis  qu'on  d^montre  soigneusement 
des  propositions  simples  et  faciles,  cela  pent  convenir, 
comme  je  Tai  remarqu^  dans  mon  M^moire,  k  une  recrea-^ 
tion  mathematique ;  cela  ne  convient  pas  assur^ment  k 
une  exposition  s^rieuse  et  methodique  des  principes  de  la 
geom^trie.  J'ai  conclu  qu'il  fallait  chercher  une  proposi- 
tion plus  simple  et  plus  facile  k  admettre  que  celle  d'Eu- 
elide  et  suffisante,  en  rn&me  temps,  pour  en  deduire  rigou- 
reusement  toute  la  g^ometrie,  ainsi  qu'on  le  conseillait 
dej^ ,  il  y  a  longtemps,  dans  les  Annales  de  Gergonne.  J'ai 
aussi  donne  I'exemple  d'un  postulatum  nouveau  qui  pour- 
rait  etre  adopts,  mais  je  n'insisterai  pas  l^-dessus,  n'ayant 
pas  encore  des  id^es  definitives  et  arr^t^es  sur  cet  objet 
particulier,  que  je  regarde  comme  assez  secondaire. 

J'ajouterai ,  relativement  k  la  theorie  des  surfaces  pseu* 
dospheriques ,  que  si  I'existence  de  la  yraie  pseudosphere 
etait  demonlree,  il  s'ensuivrait  qu'il  n'y  a  pas  de  geome- 
tric abstraite,  car  ce  qu'on  croyait  une  nouvelle  geometric 
s'eievant  k  c6te  de  I'ancienne  geometric  d'Euclide,  ne 
serait  que  la  theorie  de  certaines  lignes  et  surfaces  ana- 
logues k  la  ligne  droite  et  au  plan,  fondee  sur  les  principes 
de  la  geometrie  euclidienne,  Ainsi  faudrait-il  dire  que  les 


(  1»2  ) 

d^couvertes  de  M.  Beltrami  ont  tu6  la  g^om^trie  de  Lobat- 
seheffsky. 

Je  ne  parlerai  point  de  la  g^om^trie  k  n  dimeDsions  : 
ce  o'est  que  de  Tanalyse,  sous  des  noms  emprunt^s  k  la 
g6om^trie.  Gette  6tude  remonte  aux  lieux  analytiques  de 
Caucby,  qui,  du  moios,  ne  cherchait  pas  k  cacher  sa  pens^e 
et  k  donner  le  change  par  des  denominations  absurdes 
(voir  Comptes'-rendus ,  1847,  t.  XXIV,  p.  885).  Au  moyen 
de  ces  espaces,  dont  nous  ne  pouvons  avoir  aucune  id6e, 
et  aussi,  peut-£tre,  au  moyen  de  la  consideration  des  points 
et  des  lignes  k  distance  infinie  ou  imaginaire,  dont  je 
crains  que  les  modernes  n'aient  un  pen  abuse,  on  d6pouilIe 
la  g^ometrie  de  ce  qui  forme  son  meilleur  avantage  et  son 
cbarme  particulier,  de  la  propriety  de  donner  une  repre- 
sentation sensible  aux  resultats  de  I'analyse,  et  Ton  rem- 
place  cette  quality  par  le  d^faut  contraire,  puisque  des 
resultats  qui  n'auraient  rien  de  choquant,  sous  leur  forme 
analytique,  n'oifrent  plus  de  prise  k  Tesprit  ou  paraissent 
absurdes,  lorsqu'on  les  ex  prime  par  une  nomenclature  g^o- 
roetrique  supposant  des  points,  des  lignes  ou  des  espaces 
qui  n'ont  aucune  existence  r^elle,  et  dont  Tadmission 
r^pugne  au  bon  sens  ou  d^passe  notre  intelligence. 

Yeuillez,  Monsieur  le  secretaire  perpetuel ,  donner  con- 
naissance  de  ces  reflexions  k  votre  illustre  Academic.  Je 
me  tiendrais  pour  tres-honore  si  elle  jugeail  utile  de  les 
faire  inserer,  en  tout  ou  en  partie ,  dans  ses  Bulletins. 

J'ai  I'honheur  d'etre ,  etc. 

Turin, ce  i 8  juiD  1873. 

Angelo  Genogghi. 


(193) 


NOTES. 


(•)  Voir  les  Comptes-rendus  de  decembre  1869  el  de  Janvier  1870. 

D'apr^s  un  renseigDemeDl  que  je  dois  k  M.  le  prince  Boncompagni ,  la 
d^monstralion  de  Minarelli  a  paru  poor  la  premiere  fois  k  Bologne,  en  1826 
(chez  Annesio  Nobili  et  Comp.)*  sons  forme  d^appendice  k  un  irait^  ele- 
menuire  de  malhematiques,  complin  par  Brunacci.  Cette  demonstration  a 
^t6  annoncee  dans  le  Bulletin  de  M.  F^russac  en  1827  (t.  Vll,  p.  162, 
n<>135);on  la  jugeait  rigoureuse,  mais  on  ajoulait :  «  Nous  renvoyons 
I'auteurk  la  critique  plus  minuUeusedes  amateurs  des  paranoics.  »  Mina- 
relli construtsait,  sur  une  ligne  droite  Ind^finie,  une  suite  de  quadrilat^res 
egaux  :  en  y  substituant  des  triangles ,  je  reussis  k  simplifier  et  k  abr^ger 
conslderablement  la  demonstration,  et  J'adressai  cette  simplification, 
en  1849,  k  M.Terquem,  qui  Tinsi^ra  dans  ses  Annales;  dans  le  numero  de 
Janvier  1850,  le  m^me  journal  portal t  une  objection  de  M.  Lionnetet 
d'autres  savants  II  paralt  que  Minarelli  ne  connul  pas  cette  objection, ou  ne 
s'en  inquleta  gu^re,  puisqu*il  fit  imprimer  de  nouveau  sa  demonstration 
sans  cbangement,  k  Bologue,  en  1851,  k  la  suite  du  meme  trattc  de  Bru- 
nacci. La  reaction  que  j^avais  adoptee  est  la  m4me,  au  fond ,  qu'a  donn^e 
M.  Bertraud.  M.  Baltzer  Ta  rendne  encore  plus  simple,  dans  un  article  des 
Bulletins  de  la  Societe  rojrale  de  Leipzig,  reproduit  dans  le  journal  de 
M.  Borchardt,  t.  LXXIII,  p.  372  (1871).  En  poursuivant  dans  cette  voie  de 
simplifications  snccessives ,  on  parvien^ra  finalement  k  une  demonstration 
troavee  par  te  calibre  Ivory  et  publi^e,  d^  1822 ,  dans  le  Philosophical 
Magaxine  de  Londres  (t.  LIX,  p.  161),  par  cous^uent  plusieurs  ann^s 
avant  celle  de  Minarelli.  Mais  la  demonstration  d'lvorjr  a  et^  refute  en 
peu  de  mots  par  Legendre ,  dans  une  note  de  la  douzi^me  edition  de  sa 
Giom^trie  (Paris,  1827,  pp.  223-224),  d'oU  Ton  voit  qu'il  n'est  pas  besoin 
de  recourir  aux  pretendnes  subtilit^s  de  la  georo^trie  imagiuaire  pour  se 
mettre  en  garde  oontre  de  tels  raisonnements. 

Je  dois  avertir  que  la  ressembiance  de  la  demonstration  de  Minarelli 
avec  celle  plus  ancienne  d*Ivory  m'a  ^te  signal^e  par  M.  Lebesgue. 
Dans  le  Bulletin  de  Ferussac,  ou  a  aussi  annonce  le  Cours  (Tariihmetique 
et  les  ilimenta  ctarilhmdlique  de  Minarelli  (BulLy  L  lY,  pp.  iZ'i  eto37, 
n**  117  et  291).  Get  estimable  et  modeste  savant  est  dec^d^  k  Bologne,  il 
y  a  quelques  ann^es. 

(**)  M.. Beltrami  a  d^moutre  cette  propri^t^  tr^-remarquable  des  sur- 
faces k  courbure  constante,  que  leurs  lignes  gtodesiques,  rapport^  k  un 
2"'  SfiRIE ,  TOME  XXXVI.  13 


cerlaiD  syst^me  de  coordonn^s  curvilignes,  sont  donn^es  [>ar  des  Equations 
liD^aires.  Mais  il  ne  s'ensuit  pas  imm^diaiement  que  deux  geodesiques  ne 
puisseot  se  rencoDtrer  qu*en  un  point,  parce  que  les  relations  entre  les 
coordoDD^es  curviligpes  et  les  rectiligDes  ne  d^termineront  pas  toujours , 
pour  cbaque  oombinaison  dc  valeurs  des  uoes,  uue  combinaison  imique^e 
valeurs  des  autres. 

En  parliculier,  s*il  s*agit  de  la  surface  eogendr^e  par  la  courbe  i  tan- 
gentes  egales,  r^uation  differentielle  des  g^d^siques  eu  coordoDu6es 
rectilignes  sera,  comme  pour  toute  surface  de  revolutiou: 

xdy  —  ydx  =  a  l^cte*-4-dy*-4-(te*, 

a  ^tant  une  constante ;  et,  en  rempla^ant  les  coordonuees  rectilignes  xeiy 
par  les  coordonnees  polaires  r  et  f ,  c'est-^-dire  en  posanl  aB=rcos  f , 
y  =  r  sin  7 ,  on  aura  : 

d'ailleurs  P^ualion  differentielle  de  la  courbe  m^ridienne  sera : 


.h    "'• 


et  deviendra  celle  de  la  surface  si  Ton  change  x  en  Vx*-^  y\  c'est-4-dire 
en  r,  ce  qui  donne : 

En  eliminant  dz^on  Irouve : 


dr«      *• 


06       dr 

df=  — 


et,en  int^rant: 


b  1/^       a« 

Pour  une  autre  geod^ique,  on  aura  : 

b  1/        a^ 


a'  r'« 


r 

et,  si  un  roSme  point  doit  dtre  commun  h  ces  deux  geodesiques,  il  faudra 


n 


(  198  )  . 

qu*OD  ait  r'  r=  r,  mais  f  pourra  Sire  different  de  f,  pourvu  qu'on  suppose : 
f'=sf-i-2n«',  n  d^igoaDt  un  uombre  entier;  alors,  eo  oomparanl  et 
posani: 

■"  a«  "*■  a'«  "■  \  6         /  ' 

on  trouvera  aisSment,  pour  tous  les  points  communs  : 

a"      a'* 

ainsi  r  aara  une  infinite  de  yaleurs,  comme  n  et  ft ,  en  sorte  que  les  deux 
g^odSsiques  auront  une  infinitude  points  communs,  dontplusieurspourront 
£lre  r^ls,  la  condition  de  r^lit^  ^tant  que 


soit  oompris  entre 


—  -♦---   et.    -±  — 
a*      a'*  \a      a' 


L'^l^ent  lin^ire  de  la  surface  aura  pour  carr^ 

6* 
r* 

et  en  faisant  p=  —  6  log  r,  on  obtient: 

que  Ton  comparera  avec  les  formules  de  M.  Beltrami,  pour  introduire  les 
coordonnees  curvilignes  u  et  t?  de  cet  illuslre  gSomStre.  Nous  ferons 

h  Vh*^  u*  —  «•  ^       **"•■"  ^« 

et,  substituant  ces  expressions  de  r  et  de  f  dans  Tequation 

h 


f 


— ti/:^^. 


a  '  f.t 


(196) 


aprte  avoir  d^velopp^}  et  supprime  le  facteur  A*  — uuo^tWo,  nous 
irouverons  : 

h*(a*-+-  c*  —  1)  -4-  (a*  —  c* -♦-  i)  {uu^-^-  w^)  —  2ac  {tto»—  uv^)  =  0, 

oU  c  remplace  -r-.  Cette  ^uaiion  liD^ire  en  uei  v  reprdsente  une  ligne 

gdodesique  quelconque.  II  est  visible  qae  les  valeurs  deueiv  cbangeront 
si  I'on  change  f  en  f  +  2  n;r,  quoique  le  point  de  la  surface  resle  toigours 
le  m^me. 

(***)  On  pent  voir  une  Note  de  M.  Amiol,  dans  laquelle,  en  reprenant 
Tanalyse  de  Monge,  on  met  en  Evidence  comment  la  condition  de  reality 
ne  laisse  d'autre  solution  que  la  sphere  {Journal  de  Liouville,  1847, 
pp.  129-131).  Dans  une  autre  Note,  M.  Serret  a  trouvedes ^nations,  con- 
tenant  une  fonction  arbitraire,  qui  repr^sentent  des  surfaces  imaginaires 
dont  les  deux  rayons  de  courbure  seraient  partout  ^ux  (mSme  journal, 
1848,  pp.  367-368).  II  est  k  remarquer  que  M.  Serret  parvenait  k  ces  resul- 
tats  imaginaires  en  cbercbanl  les  surfaces  dont  la  courbure  est  conslante. 
M.  0.  Bonnet  a  d^duit  les  m^mes  surfaces  imaginaires  de  Pemploi  d*un 
nouveau  syst^me  de  variables ,  qui  lui  a  doniie  aussi  une  classe  de  sur- 
faces b^licoides  r^elles  4  courbure  constants  d^ja  indiquees  par  M.  Minding 
(t6td.,  1860,  pp.  264-263);  mais  il  ne  paratt  pas  que  ces  dernidres  sur- 
faces soient  sim piemen t  connexes. 


Note  sur  la  constiiution  de  I'acide  hyposulfureux ;  par 

M.  Waltb^re  Spring. 

Parmi  les  difi%rents  modes  de  formation  de  Tacide  hypo- 
sulfureui  que  comple  la  chimie  min6rale  jusqu'aujour- 
d'hui,  il  n'en  est  aucun  qui  jelte  quelque  lumi^re  sur  sa 
constitution  :  c*est  en  vue  d'^lucider  cette  question  que 
M.  Blomstrand  {Berichte  der  deutschen  chem.  Gesellschaft 
zu  Berlin,  J.  1870,  p.  957)  a  dirige  ses  recherches  vers  la 
chimie  organique  et  a  ^tudi^  dans  cette  direction  les  acides 
polythioniques  conjugu6s.  II  a  institu^  une  reaction  qui. 


(  197  ). 

interpr^t^e  par  lui  dans  le  sens  de  la  doctrine  de  la  varia- 
bility de  ratomicit^,  assignait  k  Tacide  hyposulfureux  la 
constitution  suivanle  : 

0 

II 

HO  S'»0«  SH        soil :        HO  —  S  -  SH.       * 

II 
0 

La  reaction  qui  a  donn6  k  M.  Blorastrand  cette  maniere 
de  voir  est  Taclion  du  chlorure  du  radical  d*un  acide  sulfo- 
conjugu^  sur  le  mooo-sulfure  de  potassium. 

K»S  +  XS0*CI  =  XS«0»K  -^  KCl 

(X  est  un  radical  organique  quelconque,  le  toluyle  dans  ce 
cas-ci,)  cette  Equation  d^velopp^e  devient : 

0  0 

II  II 

KSK  H-  CI  —  S  —  X  ==  KS  -  S  -  X  -f-  KCl. 

II  U 

0  0 

On  voit  que  M.  Blomstrand  admet  I'existence  d'un  soufre 
hexatomique,  ce  qui  lui  permet  de  formuler  I'acide  hypo- 
sulfureux comme  c'est  indiqo6.  Abstraction  faite  de  la 
doctrine  de  la  variabilite  de  Tatomicit^,  qui  ne  compte  du 
reste  qu'un  nombre  tres-restreint  d'adeptes,  il  reste  comme 
fait  que  M.  Blomstrand  admet  dans  Facide  hyposulfureux 
les  deux  atomes  de  soufre  en  contact  imm^diat  et,de  plus, 
qu'i  Fun  d*eux  yient  se  fixer  un  des  atomes  d'hydrog^ne 
n^cessaires  pour  former  Facide.  Sur  ce  point  la  maniere 
de  voir  de  ce  chimiste  est  done  identique  avec  celle  doot 
MM.  Kekul^  et  Mendelejeff  se  representent  la  constitution 
de  cet  acide,  constitution  que  j'ai  rappel^e  dans  le  travail 
quej*ai  eu  Fhonneur  depr^enterderni^rement  ill  FAcad^- 


(198) 

mie.  Mais  si ,  abandonnant  compl^lement  la  doctrine  de  la 
variability  de  ratomicit^,  on  essaye  dMnterpr^ter  la  reac- 
tion de  M.  Biomstrand,  on  arrive  k  un  tout  autre  r^uitat : 
en  effet,  admettant  que  la  ruction  s'effectue  d*une  fa^on 
nette,  comme  Vaffirme  M.  Biomstrand^  sans  qu'il  inter- 
vienne  un  changement  de  la  place  des  atomes  dans  la  mol^ 
cule ,  on  doit  se  la  figurer  ainsi : 

KSK  -t-  XSOOCl  =  XSOOSR  +  KGl , 

dans  ce  cas  les  deux  atonies  de  soufre  seraient  s^par^s 
par  les  deux  atomes  d'oxyg^ne  et  Tacide  hyposulfureux 
ne  pourrait  Stre  consid^r^  comme  le  sulfacide  du  sulGde 
hydrique. 

D^ireux  de  savoir  si  cette  contradiction  6tait  r^elle  ou 
apparente,  j'ai  repute  la  reaction  de  M.  Biomstrand.  Je  me 
suis  prepare  k  cet  effet  le  chlorure  du  radical  de  Tacide 
sulfo-benzoique ;  le  corps  obtenu  a  distill^  k  160^  sans 
decomposition  dans  un  milieu  rar^fie,  Tindicateur  du  vide 
accusail  une  colonoe  de  mercure  de  0"',610;  j'ai  done  eu 
entre  les  mains  un  produit  d'uoe  grande  purete.  Le  mono- 
sulfure  de  potassium  a  ete  prepare  par  voie  humide.  J'ai 
ensuite  fait  r^agir  une  molecule  du  cblorure  sur  une  mo- 
lecule de  sulfure  de  potassium  en  solution  aqueuse  con- 
centree.  La  reaction  est  accompagnee  d'un  fort  degage- 
mentde  cbaleur  ainsi  que  d'une  abondanle  precipitation  de 
soufre;  ce  dernier  se  redissout  ensuite  integralement,  Le 
iiquide  evapore  laisse  cristalliser  un  corps  qui  devait  etre 
un  sel  d'un  acide  polytbionique  conjugue.  Un  dosage  du 
soufre  et  du  potassium  suffisait  pour  identifier  le  sel 
obtenu;  ce  dosage  m'a  donne  les  resultats  suivants  : 

S  =  30,20  •/, 
K  =  18,31  .' 


(199) 

d*autre  part,  la  composition  ceot^imale  en  soufre  et  en 
potassium  caicul6e  pour  G^H^S^O^K  est : 

S=30.18«/o 
K  =  18,39  » 

le  sel  obtenu  r^pondait  done  k  la  formule  G^H^S^O^K. 

Ceci  pose,  il  rfeulte  du  fait  de  la  precipitation  de  soufre 
qui  accompagne  cette  reaction  que  la  formation  de  cet 
acide  n*a  pas  lieu  d'une  mani^re  simple,  mais  paratt  plutdt 
Stre  le  r^ultat  de  deux  reactions  cons^cutives  qui  peuvent 
s'ex  primer  com  me  suit : 

10    C«H*S0*CI  +  K«S  =  C«H*SO«K  +  KClH-S 
2o    C«H»SO»K  +  S     =C«H»S«0»K. 

11  s'agissait  de  verifier  par  Texp^riencesi  cette  hypoth^se 
6tait  exacte;  k  cet  effet  j*ai  recommence  les  operations  en 
ayant  soin  de  refroidir  le  vase  dans  lequel  s'op^rait  la 
reaction  aGn  de  retarder  la  dissolution  du  soufre  mis  en 
liberte.  Aussitdt  apr^  la  dissolution  du  chlorure,  j*ai  d^- 
cante  le  liquide  pour  en  s^parer  le  soufre  pr^cipit^;  celui- 
ci  a  ete  lave,  seche  et  a  bride  sans  laisser  deresidu^  ce  qui 
ecarte  tout  doute  sur  retat  de  sa  purete.  Le  liquide  de- 
cante  devait  renfermer,  d'apr^s  I'bypotbese  enoncee  plus 
haut,  le  sulfite  conjugue  de  potassium;  afin  de  m'en  assu- 
rer, j'ai  agiie  ce  liquide  avec  de  Tether  apr^s  Tavoir  addi- 
tionne  de  quelques  gouttes  d*acide  chlorhydrique  destine 
k  mettre  Tacide  en  liberte*,  Tetber  a  laisse  cristalliser  apr^s 
evaporation  de  longues  aiguilles  incolores  dont  le  point  de 
fusion  a  coincide  exactemenl  avec  celui  de  G^H^SO^H.  Les 
previsions  enoncees  plus  baut  s'eiaient  done  verifiees. 

Gependant  cette  maniere  d'operer  pouvait  soulever  une 
objection  k  laquelle  il  fallait  repondre.  En  effet  le  liquide 


(  200  ) 

(l^cant6  lors  de  la  precipitation  du  soufre  pouvait  d6j5 
renfermer  de  TbyposulQte  conjugu^  puisqu'oa  ne  peut  pas 
admettre  qu'il  ne  se  soit  pas  dissous  du  soufre  si  rapide- 
ment  qu'ou  ait  pu  op^rer,  hyposulflle  qui  se  decompose 
en  acide  sulfurcux  conjugue  avec  precipitation  de  soufre 
lors  de  I'addition  de  Tacide  chlorbydrique  (Blomstrand) ,  el 
c'est  cette  portion  que  Tether  pourrait  avoir  dissous.  On 
pourrait,  il  est  vrai,  avancer  que  la  quantity  de  mati^re  que 
rether  avait  dissoute  ^tait  trop  considerable  pour  qu'elle 
puisse  provenir  en  totality  de  cette  action,  mais  une  solu- 
tion plus  satisfaisante  de  la  question  a  &i&  donnee  de  la 
maniere  suivante :  j'ai  renverse  le  probleme  et  je  me  suis 
assure  que  le  soufre  mis  k  digerer  dans  C^H^SO^K  se  dis- 
solvait  dans  ce  sel  et  le  trans formait  en  hyposulfite. 

Pour  cela ,  je  me  suis  prepare  de  Facide  sulfureux  con- 
jugue pur  par  Taction  de  I'amalgame  de  sodium  sur  le 
chlorure  du  radical  de  Tacide  sulfobenzoique  d'apr^s  la 
metbode  donnee  par  MM.  Robert  Otto  et  Henri  Ostrop 
[Zeitschrift  f.  Chemie.  J.  1866,  p.  599).  L'acide  ainsi 
obtenu  a  ete  sature  par  une  lessive  de  potasse  caustique 
et  le  sel  forme  a  ete  abandonne  ensuite  au  bain-marie  sur 
du  soufre  en  fleurs.  Au  bout  de  huit  heures,  le  liquide  pre- 
sentait  toutes  les  reactions  de  I'byposulfile  organique  et  jc 
n'ai  pu  relrouver  trace  de  sulfite.  Toutefois  la  dissolution 
du  soufre  en  fleurs  se  fait  lentement  et  necessite  une  tem- 
perature de  60  k  70  degres;  bien  plus  facile  est  la  dissolu- 
tion du  soufre  obtenu  par  la  decomposition  d*un  byposulfite 
alcalin  au  moyen  de  Tacide  cblorbydrique.  Ce  soufre,  apr^s 
avoir  ete  parfaitement  lave,  se  dissout  avec  une  facilite 
telle  dans  le  sel  qu'on  peut  suivre  de  Toeil  les  progr^s  dc 
I'operation. 

On  doit  conclure  de  ce  qui  precede  que  la  formation 


(  201  ) 

des  hyposultites  conjugu^s  est  le  r^soltal  de  deux  reactions 
cons^cutives,  comme  je  Tai  fait  remarquer  plus  haut.  Aceci 
serattache  maintenaut  une  question  importante  au  point  de 
vuede  la  structure  des  hyposulGtes :  du  fait  de  la  precipita- 
tion du  soufre  lors  de  Taction  de  C^H^SO^CI  sur  K^S  on  doit 
conclure  que  la  constitution  de  cet  acide  ne  permet  pas 
au  soufre  de  se  placer  dans  la  molecule  comme  F^quation 
cbimique  de  la  page  2  pourrait  le  faire  croirc.  Le  soufre 
abandonne  la  combinaison  pendant  la  reaction  pour  y  ren- 
trer  ensuite;  oil  va-t-il  ?  c'est,  certes,  Ik  une  question  diffi- 
cile &  r^soudre;  cependant  il  est  fort  probable  qu'il  ne 
rentre  pas  k  I'endroit  mSme  d'od  il  a  &i€  expuls6,  car  on 
ne  pourrait  concevoir  dans  ce  cas  la  cause  de  sa  precipi- 
tation. 

II  r^sulte  de  ce  qui  pr^cfede  que  Taction  de  C^H^SO^Cl 
surK^S  ne  contribue  pas  plus  que  les  reactions  dela  chimie 
minerale  k  devoiler  la  constitution  deTacidehyposulfureux. 
De  nouvelles  reactions  sont  done  n^cessaires  et  je  me  per- 
mets  de  prendre  date  pour  les  suivantes : 

i*"  Action  du  pentacblorure  de  phosphore  sur  les  hypo- 
snlfites  coojugues.  Cette  reaction  r^soudra  la  question  de 
savoir  si  dans  les  byposulfites  conjugu^s  le  m^tal  est  en 
combinaison  directe  ou  non  avec  le  soufre;  en  d'autres 
termes,  si  Tatome  de  soufre  qui  s'est  pr^cipit^  lors  de  la 
formation  de  ces  sels  a  repris  sa  place  premiere  ou  s'il  en 
a  pris  une  autre  dans  la  molecule.  J'ajouterai  que  j'ai  d^ji 
tente  cette  reaction  et  que  j'ai  obtenu  un  jiquide  plus  dense 
que  Teau  et  se  decomposant  dans  une  solution  de  potasse 
caustique  pour  donner  naissance  a  un  corps  pr^sentant 
toutes  les  propri^l^s  de  Tacide  primitif.  L'eau  pure  le  de- 
compose aussi,mais  cette  fois  avec  precipitation  de  soufre, 
ce  qui  pourrait  avoir  pour  cause  le  pen  de  stability  de 


(  202  ) 

Tacide  iibre  qui  doit  se  former  dans  ce  cas.  II  est  done  pro- 
bable que  j'ai  obtenu  le  chlorure  des  radicaux  des  bypo- 
sulfites  coDJugu^;  toutefois  ayant  op^r^  sur  des  quantity 
de  mati^re  trop  faibles,  je  n'ai  pu  purifier  les  produits  de  la 
reaction  et  le  fait  n^cessite  confirmation; 

2^  L'action  du  chlorure  de  soufre  sur  les  mdmes  sels; 

S""  L'action  des  chlorures  de  thionyle  et  de  sulfuryle  sur 
les  mercaptates; 

4""  La  reaction  des  chlorosulfates  sur  les  sulfures  des 
mSmes  metaux  et  sur  les  mercaptates; 

5""  La  reaction  du  pentasulfure  de  phospbore  sur  les  sul- 
fates ; 

G""  L'action  de  Tiode  sur  les  byposulfites  conjugu^s. 
Cette  derni^re  reaction  a  ^alement  et^  tent^e.  Une  solu- 
tion de  C^H^S^O^K  dans  Talcool  absolu  a  &i€  additionnee 
de  la  quantity  d'iode  necessaire  k  la  reaction.  Je  n'ai  pu 
observer  aucune  action ,  mais  en  ajoutant  ensuite  de  I'eau 
k  Talcool,  la  couleur  de  Tiode  a  rapidement  disparu  et  le 
liquide,de  neutre  qu^il  ^tait,est  devenu  acide.  L'iode  parait 
done  agir  comme  oxydant  sur  ces  sels  et  non  d'une  fa^on 
analogue  a  son  action  sur  les  byposulfites  inorganiques 
qu'il  Iransforme  en  t^trathionates. 


Appendice  a  la  note  precedente: 

Pendant  Tex^cntion  de  ce  travail  je  me  suis  souvent 
trouv6  dans  le  cas  d'avoir  k  identifier  les  trois  acides  aux- 
quels  r^pondent  les  formules  : 

C«H«SO«H ,      C«H»S»0»H ,      C«H»SO»H ; 

je  n'ai  trouve  nulle  part  les  donn^es  n^cessaires  k  cette 


(  203  ) 

analyse  qualitative;  je  crois  done  qu'il  ne  sera  pas  inutile 
de  menlionner  ici  les  reactions  qui  m'ont  permis  d'arriver 
au  but  que  je  m*6tais  propose. 

A.  Caracteres  distinctifs  de  Cacide  sulfibenzotque. 

Cet  acide  se  dissout  facilement  dans  Tether  et  dans  I'al- 
cool,  moins  facilement  dans  Teau  (Dr.  G,  Kalle,  An.  der 
Chimie^  119,  155).  II  se  dissout  de  plus  dans  la  benzine 
ainsi  que  dans  le  sulfure  de  carbone  d'oti  il  cristallise  tr^ 
facilement  en  beaux  cristaux. 

La  solution  de  cet  acide  rougit  le  tournesol  pour  le  d£- 
colorer  ensuite. 

Le  sel  de  potassium  est  deliquescent,  tr6s-soIuble  dans 
I'eau,  moins  soluble  dans  Talcool  et  insoluble  dans  Tether. 
II  cristallise  tres-difficilement  en  petites  aiguilles. 

Bouilli  avec  du  sulfate  de  cuivre,  il  le  r^duit  et  forme 
avec  lui  un  sel  double  de  cuprosum  et  de  potassium  peu 
soluble  dans  I'eau  froide,  mais  soluble  dans  Teau  chaude. 

Le  nitrate  d'argent  determine  un  pr^cipit^  blanc  qui  se 
redissout  dans  Teau  chaude  d'ou  il  cristallise  par  le  refroi- 
dissement. 

Le  nitrate  mercureux  donne  un  pr^cipit^  blanc  volumi- 
neux  qui  se  dissout  dans  Teau  chaude. 

L'ac^tate  de  plomb  donne  un  pr^cipite  blanc. 

Cet  acide  est  un  puissant  agent  de  reduction;  il  r^duit 
le  bichromate  de  potassium,  le  permanganate  de  potassium 
instantan^ment  et  precipite  en  bleu  un  melange  d'une  so- 
lution de  chlorure  ferrique  et  d'une  solution  de  ferricya- 
nure  de  potassium. 


(  204) 

B.  Caracieres  distinctifs  de  I'acide  hyposulfibenzoique. 

L'acide  libre  obtenu  en  faisant  passer  un  courant  de  sul- 
fide hydrique  dans  de  Teau  tenant  en  suspension  le  sel  de 
plomb  correspondant,  est  tr^s- instable;  il  se  d^mpose 
peu  k  peu  dans  Teau  avec  d^pdt  de  soufre  et  se  transforme 
en  acide  sulfobenzoique.  II  est  soluble  dans  Teau,  Talcool, 
rather  et  le  sulfure  de  carbone. 

Le  sel  de  potassium  est  lr6s-soluble  dans  Teau,  et  non 
deliquescent  (difference  d'avec  C^H^SO^K),  il  cristallise 
tres-facilement  en  longs  prismes.  II  est  moins  soluble 
dans  Talcool  absolu  d*oili  il  cristallise  aussi  tr^s-bien,  inso- 
luble dans  rether. 

Bouilli  avecdu  sulfate  de  cuivre,il  donne  naissance  k  un 
seul  double  de  cuprosum  et  de  potassium  insoluble  dans 
I'eau  bouillante  (difference  d'avec  le  precedent). 

Le  chlorure  mercurique  donne  un  pr^cipite  blanc  volu- 
mineux  qui  se  dissout  dat)s  Teau  bouillante  pour  cristal- 
liser  pendant  le  refroidissement  en  magnifiques  aiguilles 
soyeures.  Le  sel  ainsi  obtenu  estun  sel  double  demercure 
et  de  potassium. 

Le  nitrate  mercureux  donne  imm^diatement  un  pr^- 
cipit6  uoir  de  sulfure  de  mercure  (reaction  caract^ris- 
tique). 

L'ac^tate  de  plomb  donne  un  pr^cipite  blanc  soluble 
dans  Teau  chaude. 

Le  nitrate  d'argent  donne  un  pr^cipit^  blanc  qui  se  dis- 
sout dans  Teau  chaude  et  ne  noircit  que  tres-diflicilemenl 
k  la  lumi^re. 

Le  cblorure  d'^lain  laisse  d^poser  un  pr6cipite  jaune 
apr^s  une  longue  Ebullition  avec  ce  sel. 


(  205  ) 

Les  sels  de  cet  acide  se  d^composent  lorsqu'on  les  traite 
par  les  acides  cblorhydriqae,  nitrique  ou  sulfurique ;  ils  ne 
r^duisent  pas  le  bichronale  de  potassium  et  ne  pr^cipitent 
pas  en  bleu  un  melange  des  solutions  de  chlorure  ferrique 
et  de  ferricyanure  de  potassium. 

C.  Caracteres  distinctifs  de  I'acide  sulfobenzotque. 

Les  reactions  denudes  pour  les  deux  acides  pr^c^dents 
sont  toutes  negatives  pour  cet  acide. 

Remarque.  —  On  voit  par  Tensemble  de  ces  reactions 
qu'il  existe  la  plus  grande  analogie  entre  ces  acides  et  leurs 
correspondantsinorganiques;  la  propri^t^dont  jouit  Tacide 
sulfureux  conjugu6  de  pouvoir  dissoudre  du  soufre  et  se 
transformer  ainsi  en  acide  hyposulfureux  conjugu6  rend 
surtout  cette  analogie  frappante. 


(  3806  ) 


CLASSE  DES  LETTRES. 


Seance  du  4  aoiit  1875. 

M.  J.-J.  Thonissen,  direcleur,  president  de  FAcad^mie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perpetuel. 

S(mt  presents :  MM.  Ch.  Steur^  J.  Roulez,  P.  De  Decker, 
M.-N.-J.  Leclercq,  le  baron  J.  de  Witte,  Ch.  Faider, 
R.  Ghalon,  Th.  Juste,  le  baroo  Guillaume,  Alphoase  Waa- 
ters,  fimile  de  Laveleye,  G.  Nypels,  membres;  J.  Nolet  de 
Braawere  Van  Steeland,  Aug.  Scheler ,  Alpb.  Rivier,  asso^ 
cies;  Edm.  Poullet  et  F.  Loise,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


La  classe  re^it,  k  litre  d'hommage  de  ses  membres, 
ies  ouvrages  suivauts : 

i^  Le  touriste  modeme.  Voyages  en  Europe  et  en  Asie 
Mineure,  par  M.  Gharles  Steur;  l""*^  volume,  iD-12; 

2**  Minerve  Courotrophos ,  par  M.  Roulez;  iQ-8^. 

Des  remerctments  sout  vot4s  aux  auteurs  de  ces  dons, 
ainsi  qu'i  M.  Juste,  qui  offre,  au  nom  de  M"'  de  Pouhon , 
un  exemplaire  des  OEuvres  completes  de  M.  de  Pouhon  ^ 


(  207  ) 

pr^d^es  d'une  notice  sur  la  vie  de  Tauteur  et  ses  Merits. 
M.  Juste  informe  la  classe,  k  ce  propos,  qu*il  a  Tinten- 
tion  de  signaler,  dans  une  notice  sp^ciale  destin6e  k  I'Aca- 
d^mie,  les  services  rendus  par  M.  de  Pouhon  comme 
^conomiste  et  comme  publiciste. 

— La  biblioth^que  de  I'abbaye  de  Saint-Gall  et  M.  J.-B.  de 
Rossi,  associ^,  remercient  pourle  dernier  envoi  de  publi- 
cations acad6miques. 

—  M.  Leemans,  associ6,  annonce  renvoi  de  la  26'  livrai- 
son  du  recueil  intitule  :  MonumenU  egyptiens  du  Musee 
neerlaildais  d'aniiquUes  a  Leyde. 


CONGODRS. 

La  classe  prend  acte  de  la  reception  d'an  m6moire  en- 
voy6  en  r^ponse  k  la  deuxieme  question  du  prochain  con- 
cours,  dont  le  terme  fatal  expire  le  V^  Kvrier  1874.  Cette 
question  est  ainsi  congue  :  Exposer  avec  detail  la  philo' 
Sophie  de  saint  Anselme  de  Cantorbery;  en  [aire  connaitre 
les  sources;  en  apprecier  la  valeur  et  enmontrer  V influence 
dans  Vhistoire  des  idees. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Thonissen  donne  lecture  de  la  premiere  partie  d'une 
notice  sur  la  vie  et  les  Merits  du  baron  de  Gerlache,  des- 
tin^e  k  parattre  dans  TAnnuaire  pour  1874. 


(  208  ) 


Im  legende  des  forestiers  de  Flandre;  notice  par  M.  Alpb. 

Wauters ,  membre  de  l'Acad6mie. 

Le  l^er  d^bat  qui  s'est  6lev6  dans  la  derni^re  stance  de 
la  classe  des  lettres  au  sujet  des  traditions  relatives  aux 
forestiers  de  Flandre,  m'a  engage  a  entreprendre  queiqnes 
recberclies  sur  ces  personnages  fabuleux.  A  priori  on  pent 
dire  quils  ne  doivent  Texistence  qu'a  un  sentiment  patrio- 
tique  qui  voulait  reporter  Torigioe  des  comtes  de  Flandre 
au  deli  du  temps  du  roi  Charles  le  Chauve  et  de  Baudouin 
Bras  de  Fer.  Le  titre  qu'on  leur  donne  est  inacceptable  (1), 
et  leurs  actions  sont  racont^es  de  telle  maniere  que  nous 
ne  pouvons  y  attacber  aucune  croyance ,  mSme  aux  details 
que  donnent  les  cbroniques  les  plus  anciennes. 

Avant  d'entrer  en  mati^re ,  je  dois  rappeler  que  la  tb^se 
que  je  soutiens  est  celle  que  defend,  dans  Tintroduction 
de  son  premier  volume  du  Recueil  des  chroniques  de 
Flandre  (pp.  xiii  et  suivantes),  notre  coll^ue,  M.  le 
chanoine  De  Smet.  Cest  I'opinion  d'une  foule  d'autres 


(1)  Qaelqaes  auteurset,  daos  le  Domhre,  MM.  Edward  Le  Glay  [Histoire 
des  Comtes  de  Flandre,  1. 1 ,  p.  24),  Vandevelde  {Recherches  de  la  v6riU 
dans  la  tradition  des  forestiers  de  Flandre,  dans  les  Annates  de  la  So- 
ci^t^  d'imulation  de  Bruges,  2«  s6rie,  t.  Xf,  pp.  1  in  10),  etc.,  se  sont  donne 
t)eaucoup  de  peine  pour  prouver  qu*il  y  avail,  dans  la  monarcbie  franque, 
des  officiers  royaux  porlant  le  titre  de  forestiers.  La  question  n'est  pas  la. 
n  Skagit  de  savoir  si  les  fonctions  d'administrateurs  et  de  juges  sapr^mes 
dans  le  Mempisc  et  eo  Flandre  eiaient  remplies,  non  par  des  comtes,  mais 
par  des  gardiens  de  forets.  Or,  aucun  argument  u*a  ^te  produil  k  Tappui 
de  cette  tb^. 


(  209  ) 

auteurs  et  en  particulier  de  Vr^dius,  d'Aubert  le  Mire, 
de  Des  Roches,  de  Paquot,  de  Ghesqui^re,  de  De  Bast. 
M.  De  Smet  a  d^jk  r^fut^  I'hypothese  de  Raepsaet,  d'aprds 
laquelle  les  forestiers  ne  seraient  autres  que  des  chefs  de 
colonies  saxonnes,  maintenus  par  les  Francs  dans  leurs 
fonctions  et  devenus  des  officiers  royaux.  <  Cette  conjec- 
»  tore,  dit  M.  De  Smet,  qui  semble  assez  probable  au  pre- 
»  mier  coup  d'oeil,  n'est  pas  appuy^e  malheureusement 
»  par  les  monuments  historiques.  Gr^goire  de  Tours  parle 
»  i  la  v^rit6  d*un  due  des  Saxons  qui  marcha,  en  463,  au 
»  secours  du  roi  Childeric,  mais  ce  commandant  ^tait-il 
»  autre  chose  qu'un  chef  militaire?  Appartenait-il  aux 
»  colonies  saxonnes  ^tablies  sur  la  cdte  de  Flandre?  G'est 
»  ce  que  le  chroniqueur  n'indique  point.  »  Notre  hono- 
rable confrere  aurait  pu  ajouter  qu'il  s'agit  dans  Gr^oire 
de  Tours  ( livre  II ,  chap.  XY )  de  combats  livr^s  sur  la 
Loire,  autour  d' Angers;  que  le  chef  saxon  qui  vint  au 
secours  de  Childeric,  Odoacre,  ^tait,  selon  toute  appa- 
rence,  un  chef  des  Saxons  ^tablis  k  Bayeux ;  que  les  colo- 
nies saxonnes  dont  parle  Raepsaet  n'ont  jamais  eu  assez 
d*importance ,  assez  de  persislance ,  pour  modifier  les  de- 
marcations g^ographiques  de  la  Flandre ,  puisqu'il  n'est 
pas  m^me  possible  d'en  pr^ciser  la  situation  ni  T^tendue; 
que  si,  comme  on  le  dit,  ces  colonies  ont  occup^  les  bords 
de  la  mer,  elles  n'ont  aucune  connexite  avec  les  forestiers, 
dont  on  fixe  la  residence  favorite  k  Harlebeek,  sur  la  Lys. 
U  me  semble  qu'on  ne  s'est  jamais  rendu  un  compte 
exact  de  la  forme  sous  laquelle  les  traditions  relatives  aux 
forestiers  firent  leur  apparition  dans  le  monde  historico- 
litt^raire.  Voici  le  premier,  le  plus  ancien  r^cit  qui  les  con- 
cerne,  extrait  du  Liber  floridus  de  Tabbaye  de  Saint-Bavon, 
r^dig^  en  1121  environ  :  t  En  Tannic  de  Tincarnation 

2*°*  S^RIE,  TOME  XXXVI.  14 


i 


(  210  ) 

»  de  Notre-Seigneur  792,  Charles  le  Grand  r^ant  en 
»  France,  Lideric,  comte  d'Harlebeek,  voyant  la  Flandre 
»  d^erte,  inculte  et  convene  de  bois  {vacuam  et  incullam 
»  et  nemorosam,  M.  De  Smet,  /.  c,  p.  1),  Toccupa.  II  pro- 
»  cr6a  le  comte  Enguerrand;  Enguerrand  procr^a  Auda- 
»  cer;  quant  k  Audacer,  il  procr^a  Baudouin  Ferreus  on 
>  de  fer.  > 

II  serait  facile  de  relever  dans  ce  texte  presque  autant 
d'erreurs  que  de  mots.  D'abord  il  n'a  jamais  exists  de 
dignitaires  francs  qualifies  de  comtes  d'Harlebeek,  et  si 
Ton  trouve  mentionn^  en  855  un  nomm^  Enguerrand ,  ce 
n'est  pas  comme  comte  d'Harlebeek ,  bourgade  aiors  insi- 
gnifiante,  mais  comme  comte  de  Noyon,  du  Yermandois, 
de  TArtois,  du  Courtr^sis  et  de  la  Flandre,  ce  qui  est  tout 
different.  Les  noms  de  Lideric  et  d*Audacer  ne  se  retrou- 
vent  dans  aucun  document  de  F^poque;  d'ailleurs  il  serait 
difficile  d'admettre  que  Baudouin  II  dit  leChauve,  qui 
devint  comte  de  Flandre  en  878,  ait  pu  Sire  TarriSre- 
arriSre-petit-fils  du  pr^tendu  Lideric,  qui  vivait  seulement 
quatre-vingt-six  ans  plus  tdt,  et  qu*un  second  r^cit  fait 
vivre  jusqu'en  856.  On  se  demandera  aussi  comment  le 
marquis  Baudouin  Bras  de  Fer,  qui  etait  contemporain  de 
farchevdque  de  Reims  Ebbon ,  d6pos6  en  841 ,  aurait  pu 
Stre  le  descendant  k  la  deuxiSme  g^n^ration  de  cet  En- 
guerrand, qui  ^tait  comte  de  Flandre  en  855  et  vivait  en- 
core en  858  (Warnkonig,  Histoire  de  la  Flandre,  t  I, 
p.  142,  note  i,  Mit.  Gheldolf.)  Tout  cela  est  bien  em- 
brouillS,  bien  contradictoire. 

I^  personnalitS  d*Audacer,  qu'on  s'accordei  regarder 
comme  douteuse,  disparait  compl^temenl.  Quant  k  la  men- 
tion du  marquis  Baudouin  en  Tan  841,  on  pourrait  m'objec- 
ter  qu'elle  parait  contestable  et  que  le  dipldme  public  par 


(214  ) 

Miraeus,  cedipldme  par  lequel  I'arcbev^qoe  Ebbon  envoie 
des  reliques  au  marquis,  et  que  I'^v^que  de  Bruges,  Pierre 
Gurtius,  trouva  en  Taan^e  1566  dans  la  ch^sse  de  saint 
Donatien  (Miraeus  et  Foppens,  Opera  diplomatica^  1. 1, 
p.  22),  pourrait  bien  Stre  apocryphe.  Uargument,  pour 
dtre  tr^-fort,  ne  serai t  pas  d6cisif;  en  effet ,  si  Ton  fabri- 
quait  jusqu'^  des  actes  pareils,  comment  aurait-on  h^sit^ 
k  falsifier  des  r^cits  auxquels  on  n*attachait  pas  la  mSme 
importance  ? 

Ge  qui  est  encore  plus  incroyable  que  tout  le  reste,  c'est 
cetteFlandred^serte,  inculte  et  couverle  de  bois  en  792, 
tandis  qu*on  pourrait  soutenir,  sans  se  donner  pour  cela 
beaucoup  de  peine,  que  la  plupart  des  villages  de  la  Flandre 
existaient  k  cette  6poque  et  dans  les  temps  anterieurs , 
m6me  dans  les  parties  du  pays  les  plus  recul^es  vers  le 
nord,  les  plus  expos6es  aux  d6bordements  de  la  mer.  Inu- 
tile d'insister  sur  ce  point.  II  me  suffit  d'avoir  signal^  le 
caract^re  de  la  16gende  primitive,  qui,  en  elle-m^me  et 
telle  qu'elle  est  formulae  dans  les  temps  anciens,  c'est-^- 
dire,  au  douzieme  si^cle,  est  inacceptable. 

Le  fragment  intitule :  Nomina  comitum  Flafidriae,  ex- 
trait  de  la  Chronique  de  Saint-Berlin  et  6crit  au  treizi^me 
siecle  (dans  De  Smet,  p.  7),  la  Brevissima  genealogia  comi" 
turn  Flatidriacy  redaction  de  la  m^me  ^poque,  emprunt6e 
k  un  manuscrit  provenant  ^galement  de  Tabbaye  de  Saint- 
Bertin  {Ibidem^  p.  9),  ne  nous  apprennent  rien  de  nou- 
veau;  mais  Tauteur  de  la  Chronicon  comitum  Flandren- 
sium,  qui  vivait  au  quinzieme  siecle,  en  rapporte  beaucoup 
plus  que  ses  devanciers.  II  sait  que  Lideric  est  mort  en 
Tan  836,  Enguerrand  en  854  et  Audacer  en  864,  que  la 
Flandre s*appelait  alors  leboisSans  merci,  Zonder  ghenade , 
qa'Enguerrand  a  fond^etaffranchidesvilies^qu'Audacer    a 


(  212  ) 

amen^  dans  le  paysdes  colonies  ^trang^res,  et  que  les  trois 
princes  pr^cit^s  sont  enterr^s  dans  T^glise  Saint-Sauveur, 
d'Harlebeek  (1). 

En  t^te  de  cette  chronique  est  plac^  un  petit  recit  de 
quelques  pages  oil  Thistoire  de  Lideric  est  singuli^rement 
embellie  et  modifiee.  En  621 ,  y  est-il  dit  (mais  j'abr^ge 
consid^rablement) ,  du  temps  de  Tempereur  H^raclius ,  qui 
combattit  contre  Gosdro^s  (roi  des  Perses)  et  le  vainquit 
sur  le  Danube  (?) ,  et  du  temps  de  Clotaire ,  fils  de  Clovis , 
vivait  un  prince  nomm^  Salvard,  seigneur  de  Dijon  en 
Bourgogne,  qui  avait  combattu  avec  son  p^re  contre  Clovis, 
le  premier  roi  chr^tien,  pere  de  Clotaire  pr^dit(5ic).  Celui- 


(1)  A  propos  des  tombes  d'Harlebeek,  il  D*est  pas  iDutile  d'apprendre 
au  public  avec  quel  sans-g^oe  on  precede  parfois  k  regard  des  monuments 
historiques.  11  existail,  dans  T^glise  d'Harlebeek,  des  inscriptions  flamandes 
conservant  la  memoire  des  forestiers  pr^tenddLmenl  enterr^s  dans  ce 
temple  :  Lideric,  fils  d*Estored,  mort  en  808;  Enguerrand,  son  fils,  mort 
en  824»  et  Audacer,  fils  d'Enguerrand,  mort  en  837.  Ges  inscriptions 
u'avaient,en  realil^,  aucune  valeur;  les  dates  qui  les  accompagnaient  con- 
tribuaient  k  prouver  leur  peu  d^authenticit^,  en  pla^ant  en  824  la  mort 
d'Enguerrand,  tandis  que  le  comle  de  ce  nom  qui  a  reellemeut  exisle  vivait 
encore  en  833  el  854.  Mais  enfin  c'etaient  des  souvenirs  de  Tanciennetr- 
dition.  Qu'a-t-on  fait  de  nos  jours?  Avec  une  legeret^  qui  m^riterait  une 
qualification  tr6s-s6v6re,  on  a  modifie  ces  inscriptions  et  on  a  remplace  les 
dates  rappel^esplus  haut  par  celles  de  856, 862  et  863.  Voyez  les  Annales 
de  la  SocUU  (TEmulation  de  Bruges,  V*  serie,  t.  II,  pp.  382  et  suivantes. 
Au  surplus,  lorsqu'en  1769  on  decouvrit  de  vieux  tombeaux  dans  la  coUe- 
giale  d'Harlebeek  ,on  agit  avec  un  myst^re  qui  donne  une  triste  idee  de  Tin- 
teiligence  de  ceux  qui  ordonudrent  et  dirig^rent  les  travaux. -(Voyez  /6t- 
demj  2«  s^rie,  t.  II,  p.  27.) 

Des  fouilies  faites  il  y  a  quelques  annees,  sous  la  direction  de  MM.  Car- 
ton et  Vande  Putte,  n*ont  abouti  qu'^  un  resultat  negatif,  de  m^me  que 
toutes  les  investigations  tentees  dans  les  archives  du  chapitre  et  de  la 
vllle. 


(  213  ) 

ci  chassa  de  son  royaume  toas  ceux  qui  avaient  conspire 
coDtre  son  p^re  et  combattu  contre  lui  avec  les  Allemands. 
Dans  le  nombre  il  proscrivit  ce  Salvard,  qui  avail  epous^ 
Ermengarde,  dame  de  Rosselgnon  ou  Roussillon.  En  fuyant 
vers ]a Grande-Bretagne,  Salvard  entra  pour  acheter  quel- 
ques  objets  dans  le  ch&teau  de  LisIe-le-Buc,  et  y  fut 
attaqu^  par  un  g^ant,  nomm^  Finard,  qui  depouillait  k 
deux  ou  trois  lieues  a  la  ronde  tous  les  marchands,  les 
nobles  et  les  riches.  Salvard  et  les  gens  de  sa  suite  furent 
tu^s;  seule  Ermengarde  parvint  a  se  sauver,  avec  uiie  ser- 
vante,  dans  la  foret  voisine,  oil  la  Vierge  lui  apparut  et 
lui  promit  qu'elle  aurait  un  fils  qui  r^nerait  sur  le  pays 
voisin  jusqu*^  la  fin  du  monde.  Ce  fils  naquit  aussi  grand  que 
s'il  avait  eu  trois  ans.  Dans  une  seconde  vision ,  Ermen- 
garde apprit  que  Tenfant  serait  nourri  par  une  ch^vre  et 
baptise  par  un  ermite  du  voisinage,  nomm^  Lideric.  Puis 
Finard  fit  Ermengarde  prisonniere,  landis  que  son  enfant, 
nomm^  aussi  Lideric /^tait  conduit  en  Angleterre  et  y 
devenait  un  guerrier  redoutable;  plus  tard,  il  tua  Finard  et 
fut  reconnu  pour  le  prince  d^  la  contr^e  voisine  de  Lille. 
Puis  Lideric  Spouse  une  fugitive  nommee  Ydone ,  qui  se 
trouve  £tre  la  fille  du  roi  Glotaire;  il  en  a  de  nombreux 
filSy  dont  Tun  porte  le  nom,  tout  k  fait  franc  ou  flamand, 
de  Ganymede  (!),  et  dont  un  autre,  Lideric  le  jeune,  p^rit 
dans  un  combat  livr^  devant  Paris  aux  Sarrasins.  Je  passe 
en  h&te  :  sur  une  chasse  en  Flandre  du  roi  Glotaire,  qui 
ignorait  jusqu'au  nom  de  Lideric;  sur  la  mani^re  dont  ce 
monarque  reconnatt  Ydone,  sa  fille;  sur  le  don  qu'il  fait  a 
son  gendre  de  tout  le  territoire  entre  Gompi^gne  et  la  mer; 
sur  la  guerre  qui  delate  entre  eux^  parce  que  le  forestier 
avait  fait  pendre  son  fils  Yseran ,  coupable  d'avoir  enlev6 
k  une  veuve  sa  corbeille  pleine  de  fruits,  etc.,  etc. 


(214  ) 

Dans  ce  roman,  la  liste  des  foresliers  s'alionge.  A  Lide- 
ric  T'  succede  Antoine,  son  second  ills,  qui  est  martyrise 
par  les  Yandales.  La  Flandre,  d^vast^e  par  ce  peuple  en 
meme  temps  que  les  contr^esadjacentes,  est  encore  sac- 
cag^e  par  les  Huns;  puis  elle  reste  d^serte,  pendant  en- 
viron cent  ans,  jusqu'au  temps  du  second  Lideric,  fils  de 
Testoret,  fils  du  comte  de  Louvain,  Boscard,  le  troisi^me 
des  fils  de  Lideric  de  Lisle-le-Buc.  Suivent  d'autres  details 
parmi  lesquels  je  relive  ceux-ci :  Lideric  entre  dans  cette 
Flandre,  d^serte  depuis  cent  vingt  ans,  et  la  premiere 
chose  qu'il  y  aper^oit,  ce  sont  les  armoiries  de  ses  pr6d^- 
cesseurs  ou  de  Roussillon ,  suspendues  dans  I'^lise  d'Har- 
lebeek;  il  devient  un  admirable  justicier,  et  meurt  en  836. 
Girconstance  k  noter,  c'est  de  son  temps  que  saint  Wille- 
brord,  apr^s  avoir  converti  la  Frise  au  christianisme,  vient 
b^tir  et  consacrer  quelques  ^glises  en  Flandre. 

Avec  la  meilleure  volont^  du  monde,  il  est  impossible 
d'ajouter  la  moindre  cr^ance  k  un  pareil  fouillis  d'erreurs, 
de  contradictions  et  de  niaiseries.  Qk  et  \k  il  s'y  rencontre 
une  circonstance  acceptably  ou  explicable,  je  le  veux  bien. 
La  raison  en  est  que  les  auteurs  du  roman  avaient  quel- 
ques  connaissances  historiques;  mais  ils  ont  ^videmment 
ou  mal  dig^r6  leurs  lectures  ou  sciemment  invent^  des 
fables.  Des  r^cils  pareils  ne  se  r^futent  pas;  il  suffit deles 
exposer  dans  toute  leur  erudite. 

Une  chronique  de  Saint-Bavon  (dans  M.  De  Smet,  /.  c, 
pp.  456  et  suiv.),  ^crite  au  quinzi^me  siecle,  est  encore 
mieux  instruite  des  antiquit^s  de  la  Flandre.  D*apr^s  elle, 
le  premier  des  forestiers  fut  Flandbert,  fils  de  Blesende, 
soeur  du  roi  Glodion,  qui  obtint  de  son  oncle  le  pays  situ^ 
entre  la  Somme  et  TEscaut,  et  lui  donna,  d'apr^s  son 
propre  nom,  la  denomination  de  Flandre;  puis  vinrent  : 


(  215  ) 

en  464,  un  deaxiime  forestier,  Raganaire,  qui  est  tu^  par 
le  roi  Glovis  en  509;  en  557,  Finard,  le  tyran,  qui  est 
er^^  forestier;  en  610,  Lideric  P',  qui  tue  Finard  et  Spouse 
Ydon^  ou  Rothilde,  fille  du  roi  Glotaire;  en  669,  Antoine, 
son  fils;  en  695,  Boscard,  fr^re  du  pr^c^dent;  en  700, 
Boscard  II,  fils  de  Boscard  I";  en  724,  Estored,  son  fils; 
en  792,  Lideric  II,  qui  fut  cr6^  comte  d'Harlebeek  en 
remerciment  de  ses  services,  etc. 

Ici  la  liste  est  complete.  La  Flandre  a  ses  forestiers 
depnis  le  temps  du  roi  Glodion.  II  n'y  a  dans  son  histoire 
ni  lacune,  ni  interruption.  L'intention  de  T^crivain  est 
manifeste  :  dans  sa  fougue  patriotique ,  il  veut  faire  re- 
monter  les  annales  du  pays  aussi  haut  que  possible.  Mais, 
comme  d'ordinaire,  tant  de  zele  est  funeste  k  la  cause  qu'on 
pretend  defendre.  LMnvention,  dans  ce  dernier  r^cit,  est 
tenement  manifeste  que  pasune  voix  n*oserait  s'^lever  pour 
d6fendre  un  pareil  tissu  d'anachronismes  et  d'erreurs. 

Nous  conclurons ,  si  Ton  veut,  comme  cet  excellent  Pierre 
d'Oudegherst  qui ,  en  parlant  des  aventures  de  Lideric  de 
Buc,  s'exprime  en  ces  termes  : 

<  Je  sgay  qu'il  y  en  aura  plusieurs  qui,  de  prime  face, 
»  recevront  ceste  fa^on  de  nourriture  du  petit  Lyderic  en 
»  mesme  lieu  qu'on  est  accoustum^  faire  les  choses  fabu- 
»  lenses.  Mais,  quand  ilz  viendront  k  considerer  Theu- 
»  reuse,  noble  et  magnanime  posterity  que  cest  enfant  a 
s>  delaiss^,  mesmes  que  les  r^nes,  empires  et  dominations 
>  sont  souvent  par  semblables  signes  et  miracles  pr6dits 
»  de  Dieu,  j'estime  que  pour  le  moins  ils  adjousteront 
»  aultant  de  foy  k  ce  que  dessus  quMlz  font  aux  aulheurs 
»  lesquels  tesmoignent  que  Gyrus  auroit  est^  nourry  d'une 
»  ch^vre,  Romulus  et  R^mus  d'une  louve  et  Abydus  d'une 
»  biche.  Laissant  n6antmoins  en  I'arbitre  et  discretion 


(  216  ) 

»  d'un  chascun,  de  croire  et  admettre  ce  que  plus  luy 
»  semblera  conforme  k  la  raisoo  et  v^rit^.  »  { Annates  de 
Flandre,  1. 1,  p.  55,  edit.  Lesbroussart.) 

Yoila  uoe  phrase  dont  il  faut  savoir  gr^  au  rival  de 
Meyer,  qui  y  cache  peut-etre,  sous  uoeapparente  cr^dulit^, 
un  intelligent  scepticisme.  Comme  lui,  mettons  sur  le  mdme 
rang  la  ch&vre  de  Lidericet  la  louve  de  Romulus  et  qu'il  ne 
soit  plus  question  ni  de  Tune  ni  de  I'autre.  Abandonnons-les 
toutes  deux  k  la  l^ende.  Restons  toutefois  persuades  que 
maint  auteur  et  maint  lecteur  conserveront  une  foi  enti^re 
k  des  billeves^es  indignes  de  Thisloire.  La  Fontaine  nVt-il 
pas  ^crit  avec  ce  sens  exquis  qui  le  distingue  : 

L'homme  est  de  glace  aux  verites, 
II  est  de  feu  pour  le  meusonge  (1). 

Un  de  nos  collogues ,  k  qui  Thistoire  de  la  Belgique  en- 


(1)  On  s'imagioerait  difBcilement  jusqu'oii  Tesprit  d'inyeDlion  est  porte 
dans  certaines  chroniques  locales.  C'est  aiosi  qu*une  assez  r^ceole  cbro- 
nique  d*Ypres  (imprimee  dans  les  Annates  de  la  SocHt6  dEmulation  de 
Bruges,  2"  serie,  t.  YIl,  p.  178)  abonde  en  details  anterieurs  au  onzieme 
siecle,  details  que  recri vain  anonyme  a  puiseson  ne  salt  oil.  Avec  un  aplomb 
noagnifique  il  nous  apprend  que  le  sixi^me  forestier  de  Flandre,  Enguer- 
rand,  reblitit  le  cb&teau  et  forlifia  la  ville  d^Ypres  {Anno  840  was  het  cos- 
teel  herhaut  en  I  pre  versterct  door  Ingelram^  de  sesde  forestier  i>an 
Vlaenderen). 

Une  chronique  d'Harlebeek,  jet^  dans  le  m^ine  moule,  est  plus  curieuse 
encore;  toute  moderne  qu'elle  est,  puisqne  en  certains  endroits  on  y  co- 
pie  Oudegherst,  elle  renferme  des  indications  de  nature  k  faire  rSver  les 
commentateurs  de  la  Bible.  Nous  y  apprenons,  en  effet,  que  Harlebeek  a 
^te  fondee  presque  en  mSme  temps  que  la  tour  de  Babel,  avec  cette  difln6- 
rence  que  Tepoque  precise  de  la  construction  de  cette  derni^re  manque 
encore ,  tandis  que  notre  chronique  fixe  les  commencements  d^  la  resi- 
dence des  forestiers  de  Flandre  en  Tan  du  monde  2022  (ni  un  de  plus  ni 
un  de  moins),  seize  ans  apres  la  mort  du  patriarche  Noe  (Annates  citees^ 
2«s^rie,  1. 11,/.  c). 


(  217  ) 

ti^re,  eten  particulier  celle  de  la  Flandre,  ont  de  grandes 
obligations  9  a  cherch|§  k  ^tablir  des  rapports  entre  la  latte 
de  Salvard  et  de  Finard  et  les  querelles  qui  divis^rent  la 
cour  des  deroiers  M^rovingiens  et  mirent  aux  prises :  d'une 
part,  lemaire  Erchinoald  et  son  fils  Leudesius  ou  Lutheric, 
et,  d'autre  part,  EbroiD,  qui  d^pouitla  eelui-ci  de  son  pou- 
voir  et  le  fit  assassiner. 

Mais,  en  admettant  qu'il  y  ait  dans  les  l^endes  relatives 
aux  forestiers  quelques  points  de  ressemblance  avec  des 
r^alit^s  bistoriques,  quelle  serait  la  force  de  cet  argument? 
Les  auteurs  de  l^gendes,  comme  nous  Tavons  dit,  ont  cer- 
taineoienl  enrichi  ces  dernieres  en  y  faisant  entrer  des 
faits  emprunt^s  a  leurs  lectures.  Leurs  r6cits  sont-ils  an- 
ciens?  Non,  puisqu'on  ne  les  raconte  plus  au  quatorzi^me 
si&cle  comme  on  le  faisait  au  douzieme  si&cle.  Tons  ces 
embellissements :  ce  Salvard,  prince  bourguignon ;  sa  femme 
Ermengarde,  k  qui  la  Vierge  fait  une  proph^tie  qui,  ce  me 
semble,  ne  s'est  pas  r^lis^e;  ce  tyran  Finard,  gouverneur 
d'un  pays  de  Bucq  inconnu  k  Thistoire;  cette  pr^tendue 
for^t  Sans  mercy  y  c  ainsi  appel^e  a  raison  des  felonies, 
»  meurtres  e(  inhumanites  qui  s*y  comniettaient ;  »  ce  petit 
Lideric,  qui  accomplit  des  choses  si  remarquables;  tout 
cela  est  tellement  romanesque,  qu*^  bon  droit  nos  pr^d^- 
cesseurs  n'y  ont  attach^  aucune  importance. 
Dirons-nous,  avec  Fhistorien  dont  je  combats  Topinion  : 
«  Ces  revolutions  du  septi^me  siecle  qui  frappaient  une 
famille  dont  les  possessions  s'^tendaient  entre  TEscaut  et 
rOc^an  semblent  avoir,  k  une  ^poque  recul^e,  servi  de 
thdme  k  Timagination  des  romanciers  et  des  l^endaires. 
Pendant  longtemps,  leurs  r^cits  furent  rel^gu^s  au  rang 
des  fables;  on  les  reproduisait  comme  le  cycle  des  temps 
h^roiques  de  notre  histoire ,  sans  chercher  k  p^n^trer  le 


(  218  ) 

voile  des  fictions  sous  lequel  se  cacbait  la  v^rit^.  »  Mais 
cette  v6rit6,  quelle  est-elle?  Faut-il,  comme  les  chroni- 
queurs  les  plus  anciens,  n'admettre  qu*un  Lideric,  vivant 
du  temps  de  Charlemagne.  Faut-il  en  reconnattre  deux , 
dont  le  plus  ancien  serait  identique  avee  Leudesius  ou 
Leutheric,  fils  du  maire  du  palais  Erchinoald  ?  Qu*on  y 
fasse  attention.  Les  faits  atlribu^s  k  ce  dernier  Lideric  ne 
sont-ils  pas  d'un  romanesque  impossible?  Prenez-les  nn  k 
un,  tons  disparattront  comme  ces  fantdmes  inspire  par 
la  frayeur  des  t^n^bres  et  qui  s'^vanouissent  i  la  clarte 
du  jour. 

Le  mode  de  proceder  des  legendaires  est,  disons-le  en 
terminant,  facile  k  d^couvrir.  Salvard,  Finard  et  leur  en- 
tourage ne  firent  leur  apparition  en  Flandre  que  lorsque 
les  dues  de  Bourgogue  devinrent  les  maitres  de  la  con- 
tr^e.  Alors  on  inventa  ce  prince  arrivant  de  Dijon  pour  se 
faire  tuer  prte  de  Lille ,  cette  princesse  qui  survit  k  son 
mari  tout  eipr^s  pour  mettre  au  monde  un  b^ros  qui  sera 
le  premier  des  princes  de  la  Flandre  et  y  implantera  une 
lign^e  bourguignonne ,  plus  de  six  cents  ans  avant  I'^poque 
de  Marguerite  de  M^leet  de  Philippe  le  Hardi.  Mais  fouillez 
les  vieilles  annates  de  Saint-Bertin,  de  Sain  t-Vaast,  de  Saint- 
Amand,  fouillez  les  cartulaires  de  ces  puissantes  abbayes, 
rien  n'y  parte  de  ces  pr^tendus  forestiers;  analysez  les 
chroniques  de  la  Flandre  r^unies  par  la  Commission  royale 
d'histoire :  celles  qui  sont  ant6rieuresi  la  fin  du  quatorzi^me 
si^cle  ne  connaissent  ni  Salvard,  ni  Finard.  L'heure  de 
la  naissance  de  ces  personnages  romanesques  n'avait  pas 
sonn^. 

Si  Ton  veut  pr^tendre  que  le  premier  r^cit  concernant 
les  forestiers  est  exact,  parce  qu*il  mentionne  un  Enguer- 
rand  dont  Texistence,  en  qualite  de  comte,  est  attest^e 


(  219  ) 

par  un  capitulaire  de  Fan  855;  si  Ton  signale  k  I'appui  da 
deuxi^me  recit  le  fait  que  le  maire  du  palais  Leudesius 
s'appelait  aussi  Lentheric  et  que  son  p^re  Erchinoald  a 
poss^de  des  biens  du  cdt6  de  Douai ,  je  dirai ,  de  mon 
c6t^  :  acceptez  encore  le  troisi^me  r^cit,  ou  Ton  vous  parle , 
comme  d'un  forestierqui  fat  tu^  par  Glovis,  d*un  Raganaire, 
identique  ^videniment  avec  le  roi  Ragnacaire,  ce  parent  de 
Clovis  dont  Gr^goire  de  Tours  raconte  Tassassinat.  Ge 
serai t  se  montrer  trop  facile  que  d'accueillir  des  r^cits  fal- 
sifies uniquement  parce  qu'ils  pr^sentent  une  circonstance 
acceptable.  Non,  les  faits  relatifs  aux  forestiers  sont  si 
etrangement  racontes  qu'ils  n'inspirent  aucune  confiance. 
Raffermis  dans  notre  opinion  par  I'examen  auquel  nous 
nous  sommes  livr^,  nous  persistons  k  les  rejeter  dans 
leur  entier  (1 ). 


(1)  Dans  certaiDS  travaux  historiques  on  trouve  des  assertions  si  nette- 
ment  formulees  qu*on  pourrait  sapposer  qu'elles  reposent  en  effet  sur  des 
autorites  incontestables.  Citons,  par  exemple,  les  phrases  syivantes : 

«  Dans  plusieurs  chroniqaes  contemporaines  il  est  dit  que  Louis  le  De- 
•  bonnaire  donna  des  terres  en  Artois  k  Engelram ,  uls  de  Lydericque 
>  d'Harelbeke,  pour  le  r^compenser  du  z^le  quMl  avalt  mis  k  combattre 
n  les  Normands.  »  {Annales  de  la  Soci4t6  (T Emulation  de  Bruges,  %•  s^ 
riejUll,  p.  23.) —  c  On  trouve  dans  les  capitulaires  des  rois  de  la 
A  deuxi^me  race  des  rapports  eutre  plusieurs  de  ces  rois  et  Odoacre, 
n  autre  prince  qui  se  trouve  dans  la  liste  des  forestiers.  •  {Ibidem^  p.  24.) 
En  realite,  aucune  cbronique  contemporaine  de  Louis  le  D^bonnaire  n'a 
dit  et  n*a  pu  dire  que  ce  monarque ,  qui  mourut  en  840,  recompensa  En- 
guerrand  d'avoir  guerroye  contre  les  Normands,  lesquels  ne  commenc^rent 
k  devaster  les  c6tes  de  ses  £tats  qu'en  850;  Tauteur  de  la  phrase  cit^e  plus 
haut  renvoie  h  des  Seript{ore8)  franc{ici)  dans  MartSne,  Amplissima  col- 
lectio f  passim;  une  citation  plus  explicite  n*aurait  pas  et^  inutile,  si  on 
avait  pu  la  prodnire.  Mais  on  pent  avancer,  sans  crainte  d'etre  dementi, 
qn^aucune  cbronique  des  neuvi^me  et  dixieme  si^cles  n'a  parl^  des  fores- 
tiers, et  qu*aucun  capitulaire  des  emperenrs  et  rois  francs  ne  mentionne 


(  220  ) 

L'bistoire  de  la  Flandre,  cette  bistoire  si  grande  et  si 
dramatique,  ne  pent  que  gagner  k  £tre  d^barrass^e  de 
niy(hes  incolores,  qui  ne  nous  r^velent  pas  une  particu- 
larite  qui  ne  donne  mati^re  a  contestation. 


Karel  en  Elegast.  Deux  fragments  manuscrits  (ensemble 
128  vers)  du  quatorzieme  siecley  conserves  a  la  Biblio^ 
theque  de  la  ville  de  Namur;  communication  de 
M.  J.-H.  Bormans,  membre  de  TAcademie. 

Apres  le  Reinaertf  il  n'existe  aucun  ancien  poeroe  en 
notre  langue  donl  la  critique  litt^raire  se  soit  plus  volon- 
tiers  occup6e,  ni  dont  elle  ait  plus  constamment  vant^  ie 
m^rite,  que  celui  dont  on  vient  de  lire  Ie  titre.  Get  int6res- 
santr^cit,  dont  la  redaction  remonte  probablement  au  com- 
mencement du  treizi^me  si^cle ,  ne  se  compose  que  d'envi- 
rion  quatorze  cent  douze  ou  seize  vers,  et  pourtant  jusqa'ici 
on  n*en  a  pas  d^couvert  un  seul  manuscrit  complet.  Les 
pbilologues  modernes  ne  le  connaissaient  encore,  il  y  a  une 
quarantaine  d'ann^es,  que  par  deux  exemplaires  imprim^ 
k  la  fin  du  quinzi^me  si^cle,  dont  Tun,  et  le  meilleur. 


le  forestier  Odoacre.  II  est  impossible,  par  cons^uent,  d*admeUre  les 
axiomes  que  Ton  formule  comme  suit : 

tt  Personne  ne  peut  plas  se  permettre  de  trailer  de  chimerique  Texis- 
«  tence  d'au  iuglielraiii ,  d'un  Leodesius,  d'un  Leuterius  nomm^  commu- 
n  Dement  Liederick  de  Bac. »  {Annales  cil^Sy  2*  serie,  t.  XI,  pp.  1  k  10.) 

«  L'exislenc9  de  Lyderic,d*EDgelram,  d*Odoacre  et  de  Baudoain  est 
iocoD testable.  »  {Ibidem^  t.  II,  p.  26.) 

Placer  Lideric  et  Odoacre  sur  le  m^me  rang  qae  Enguerrand  el  Baa- 
douin  I<^',  c'est  entrem^ler  le  r^l  et  le  fabuleax;  ceux-ci  ont  v^cu,  les 
aufres  ne  sont  que  des  ombres. 


(  221  ) 

appartenant  a  la  Bibliotheque  royale  de  la  Haye,  I'autre  k 
celie  de  Berlin,  qui  servirent  en  1856  k  Hoffmann  v.  Fal- 
LGRSL.  k  en  donner  une  nouvelle  Edition  dans  ses  Horae 
Belgicae.  Un  troisi^me  ancien  exemplaire  rest^  inconnu 
k  Hoffmann,  et  qu'il  m'a  6t^  permis  de  copier  en  partie, 
^lait  entre  les  mains  de  feu  notre  confrere  Serrure^ 

Quelque  temps  apres  T^dition  de  Hoffmann,  Fr.  Mone 
trouva  k  la  Bibliotheque  d'Arras  quelques  fragments  d'un 
manuscrit  du  quatorzi^me  si^cle  qu'il  publia  dans  son 
Anzeiger.  Enfin  en  1840  M.  Holtrop,  conservateur  de  la 
Bibliotheque  royale  de  la  Haye,  d6couvrit  aussi  deux 
feuiliets  manuscrits  de  la  mSme  ^poque,  contenant  k  pen 
pr^s  250  vers.  Cest  aid6  de  ces  secours  auxquels  ii  put 
encore  peu  apr^s  joindre  le  texte  bas  allemand  du  Karl 
Meinel  public  par  Adalb.  Keller,  que  le  savant  philologue 
hollandais  M.  Jonckbloet  pr^para  I'^dition  critique  qu'il  fit 
paraltre  en  1859.  II  regrettera  sans  doute  qu'il  n'ait  pas 
eu  en  mSme  temps  k  sa  disposition  mes  deux  fragments , 
qui  lui  auraient  fourni  plus  d'une  le^n  preferable  k  celles 
de  son  texte,  oh  sa  critique  est  parfois  restee  en  defaut.    * 

Je  ne  chercherai  pas  k  donner  ici  les  preuves  de  cette 
derniere  assertion.  II  sufBt  que  je  transcrive  exactement 
les  originaux,  qui  doivent  la  justifier  aux  yeux  du  public 
et  de  M.  Jonckbloet  lui-meme. 

On  me  reprochera  peut-^tre  de  n'avoir  pas,  de  mon  cdte, 
rectifie  an  moins  certaines  mauvaises  rimes  et  d'autres 
inexactitudes  d'ecriture  du  manuscrit.  G'eAt  ete  inutile, 
puisqu'elles  n'echapperont  k  aucun  lecteur  instruit.  II  n'y 
a  que  le  vers  47  du  IP  feuillet  (qui  manque  du  reste  ainsi 
que  son  correspondant  dans  tons  les  autres  textes),  qui 
pourrait  embarrasser  quelques  personnes  et  que ,  par  ce 
motif,  je  corrigerai  ici.  On  y  lit :  En  so  goet  en  so  scoene; 


(  222  ) 

le  copiste  a  fait,  comme  cela  se  voit  sou  vent,  compter  le  s 
du  premier  so  deux  fois;  il  devait  terire  :  Ens  so  goet,  etc. 
ou  Hens  ==  Het  en  es,  Aujourd'hui  nous  dirions  :  Er  ou 
Doer  en  is  geen  zoo  goed.  Je  n^expliquerai  pas  le  vers  sui- 
vant  qui  offre  d'autres  difficult^s  dignes  de  la  critique  de 
M.  Jonckbloet.  Le  vieux  texte  de  Serrure  mentionn^  tantdt 
donnait : 

Gheselle,  seyt  hi,  dits  tgereyde 
Daer  ic  u  hudeo  af  seyde, 
Dit  will  bewaren,  want  ic  sal  gaen 
Nu,  Eggeric  sijti  hoef  af  slaen , 
0(1  dodeti  mil  eeoeo  kny  ve ,  eoz. 

Quoique  je  me  sois  bien  promis  de  ne  faire  aucune 
observation  critique  sur  le  texte  imprim^  par  M.  Jonck- 
bloet, j'y  dois  cependant  signaler  la  formule  qui  revient 
plusieurs  fois :  ah  God  woude,  vs.  146,  oili  il  faut  absolu- 
ment  lire  avec  mon  manuscrit,  et  m^me  sans  tout  manu- 
scrit :  alst  Godwoude,  comme  M.  Jonckbloet  a  lui-m^me 
faitau  vs.  160,  pour  als  God  wilde  que  portait  sou  exem- 
plaire  B.  Si  son  exemplaire  A  donne  ici  alst^  il  aurait  dA 
suivre  cette  le^on  partout.  Six  vers  plus  loin  (vs.  165),  je 
necomprends  pas  son  renvoi  i  vs.  1292;  Fomission  deop 
dans  ses  exemplaires  A  et  B  a  dA  attirer  son  attention , 
mais  mon  fragment  lui  expliquera  cela  :  le  copiste  de  ces 
deux  textes  a  tronv^  op  (sijn  ors)  sitten  k  cdt^  de  in  sijn 
ghereide^  trop  charg^,  et  dans  mon  fragment  ghereide  est 
adverbe,=  ^A^ree^^  ghereedelijc  ^  terstond,  et  c*^(ait  bien 
la  pens^e  du  poete. 

Enfin ,  encore  11  vers  plus  loin  (Jonckbloet,  vs.  177),  le 
texte  pr^fi^r^  par  T^diteur  et  son  explication,  p.  185,  me 
satisfont  ^galement  pen.  La  critique  exigeait :  dies  hadsi 
ghere  ou  mieux  encore  :  dies  hadde  ghere^  c'esl-a-dire :  zij, 


(  223  ) 

de  Joden,  wien  van  hen  het  luste,  sloeghen  hem.  M.  Jonck- 
bloet  mentionne  ia  le^on  de  son  exemplaire  A,  mais  il  ne- 
glige de  la  transcrire.  N'y  avait-il  pas  d^j^  dies  hadde^  ot 
lui  a  mis  haddi? 

Je  termine  cette  notice  en  disant  que  nos  feuillets^taient 
colics  k  Tint^rieur  sur  les  deux  couverlures  d'un  volume 
tr^s-petit  in-S"".  Chaque  page  contient  52  ou  33  vers. 
L'avanl-derni^re  a  un  peu  souffert  au  d^coUement,  k  cause 
de  I'encre  qui  est  de  mauvaise  quality ;  cependant  j'ai  pu 
tout  lire. 

Je  me  fais  en  m^me  temps  un  devoir  d*exprlmer  ici  ma 
reconnaissance  k  la  direction  de  laBiblioth^que  namuroise, 
qui  a  bien  voulu  autoriser  mon  fiJs,  archiviste  de  r£tat 
k  Namur,  k  mettre  pour  quelques  jours  ces  precieux  feuil- 
lets  sous  mes  jeux. 

I«r  Feuillet,  ro  (JkbL  ys.  150). 

Vs.    1  Die  Conine  Karle  efi  cleyden 

Met  sinen  dieren  ghewaden» 

Ais  die  te  stelene  was  beraden. 

Het  was  altoes  sine  sede , 
5  Dat  men  sine  wapenen  dede 

Ten  bedde  daer  hi  lach : 

Het  waren  die  scoenste  die  noyl  man  sach. 
Alse  hi  doen  gbewapenl  was» 

Ghinc  hi  dore  dat  palas. 
10  Daer  en  was  slot  ghen  soe  goet 

Noch  dore,  diene  weder  stoat, 

Sine  waren  alle  ieghen  hem  onttaen : 

Daer  hi  wilde  mocht  hi  gaen. 

Daer  en  was  nieman  diene  sach; 
15  Want  dat  vole  al  gader  lacb 

In  doeden  slape,  alst  God  woude. 

Dit  dede  hi  al  doers  coninx  hoade  : 

Sine  halpe  was  hem  ghereet.    ^ , 

Ab  hi  die  borch  brugghe  leet,     "*  ^ 


( m ) 

20  Ghinc  hi  doen  met  liste 

Ten  slalle  daer  hi  in  viste  (/.  wiste) 

Sijn  ors  efi  sijn  ghesmide. 

SoDder  enich  langher  beyden 

Hi  sadelet  efi  satter  boven, 
25  Opi  ors  dat  men  roochte  loven. 

Doen  hi  ter  porten  ghereden  qaam , 

Sach  hi  daer  efi  yernam 

Den  wachler  efi  den  portenare 

Die  luttel  wisten  dat  haer  here 
30  Soe  na  hen  was  met  sinen  scilde. 

Si  sliepen  yasie,  alst  God  wilde. 

Die  coniuc  beetle  efi  onttoet 

Die  dore  die  besloien  stoet, 
¥<*  Efi  leider  syn  ors  uut 
35  Sonder  niemare  efi  gheluuU 

Doe  sat  hi  op  sijn  ors  ghereide 

Die  Conine  Karle ,  efi  seyde  : 

God,  alsoe  ghewaerlike 

Als  gbi  quaemt  in  erlrilce 
40  Efi  vort  sone  efi  vader, 

Om  ons  te  verloessen  al  gader 

Dat  Adaem  hadde  verloren 

Efi  dat  na  hem  was  geboren ; 

Ghi  liet  u  aen  den  cruce  slaen, 
45  Doen  u  die  Joden  hadden  gtievaen 

Efi  staken  a  met  eenen  spere ; 

Si  sloegben  u,  dies  tiadden  si  gbere. 

Dese  bellerlike  doet 

Onlfincdi,  Here,  doer  onse  noet, 
50  Efi  braect  die  belle  daer  naer. 

Also  waerllke  als  dit  was  waer, 

Efi  ghi ,  Here ,  Laseruse, 

Die  lacb  in  sine  cluse, 
Verwecket ,  Here ,  van  der  doet » 
55  Efi  van  den  stene  makel  broet, 
Efi  van  den  watere  wijn, 
Soe  moeti  in  miere  gheleide  sijn 

Aen  deser  deemster  nacht, 

Efi  yerbaerl  aen  mi  uwe  cracht, 


(  225  ) 

60  Oetmoedich  God,  gheweldtch  Vader, 

Aen  u  soe  keric  mi  al  gader. 

Hi  was  in  menegherande  ghedochte 

Waer  bi  beest  riden  mochte, 

Daer  hi  stelens  mocbte  beghinnen. 
65  Doen  quam  bi  in  een  wout  binnen , 

Conine  Karle  die  edei  man .... 

1I«  Feuillbt,  ro  (JlLbt.  ys  905). 

Vs.    1  Hi  peinsde  bi  sonde  bringben  voert 

Die  ondaet  entie  moert. 

Alse  dit  die  vrouwe  boerde, 

Si  antworde  na  den  woerde, 
5  E&  seide  :  mi  ware  liever  vele 

Dal  men  n  hingbe  bider  kelen 

Dan  ic  dat  gbedogen  sonde ! 

Egg*  sloecb  also  boude 

Die  yrouwe  Yor  nese  ell  mont 
10  Dat  baer  tbloet  ter  selver  slont 

Ter  nese  enten  monde  wt  brae. 

Si  rechte  baer  op  eh  stac 

Haer  ansc^n  oyer  tbedde  boem. 

Elegast  bi  naems  goem, 
15  EZl  croperliseliken  toe. 

In  sinen  rechtS  banscoen 

Onlfinc  bi  dbloet  van  der  vrouwen , 

Cm  dat  bgt  wilde  lalen  scouwen, 

Eil  den  coninc  te  voren  brocbte, 
30  Dat  bijs  hem  wachlen  mocbte. 

Daer  na  seide  Elegast  ene  bede 

Daer  hi  mede  slapen  dede 

Egg*  en  sine  vrouwe; 

Hi  sprac  sine  woert  met  trouwen, 
25  Dat  si  sliepen  berde  vast. 

Doen  so  stal  bem  Elegast 

Sinen  sadel  ell  sijn  swH 

DattiliefhaddeeOwH, 

En  maecten  sire  verde 
SO  Buten  hove  te  sinen  perde 

2"*  SfeRIE,  TOME  XXXVI.  '  iS 


(  226  ) 


Enten  cooinc  diea  sere  verdocbte  : 
V<>  Om  al  tgoet  dai  Elegast  brocbte 

Haddi  daer  niet  gestaen, 

Hadi  na  sinen  wille  mogeo  gaen, 
35  So  sere  was  hi  veirert. 

Hi  vragede  waer  hi  hadde  gemeert. 

Elegast  seide  :  hi  en  mochs  niet : 

Bi  al  dat  God  ie  leven  liet ! 

Hets  wonder  dat  mijn  herte  niene  brect 
40  Van  den  rouwe  diere  in  stect; 

Sone  brect  si  nemmermeer 

No  dor  rouwe  no  dor  zeer, 

Des  benic  seker  te  voren; 

Si  he  vet  nu  so  groten  toren. 
45  Gheselle,  seit  hi,  dits  gereide, 

Daer  ic  hedeneer  af  seide : 

En  so  goet  elk  so  sooene 

Onder  Code  van  den  troene , 

Dit  boat;  eD  ic  sal  weder  gaen 
50  Egg*  sijn  hoef  af  slaen 

Of  doet  steken  met  enen  knive, 

Daer  hi  leet  bi  sinen  wive. 

Dan  liel  ic  niet  om  al  tgoet 

Dat  die  werelt  binnen  hout , 
55  Efi  ic  sal  weder  keren  sciere. 

Doen  bemaenden  de  (sic,  /.  die)  coninc  diere 

Datti  hem  seide  dor  welke  sake 

Hi  so  sere  ware  tongemake  : 

Ya,  en  sidi  gans  ell  gesont, 
60  Efi  hebt  wel  X.  C.  pont, 

Ent  ghereide  daer  ghi  om  ghict? 

Ay !  Here,  hets  al  ander  dine 

Dat  mire  herten  sere  deert .... 


(  227  ) 


Reponse  a  un  ariicle  de  M.  Schuermans  insere  dans  le 
Bulletin  des  commissions  royales  d'art  et  d'archeolo^ 
gie  (1);  par  M.  Roulez,  membre  de  rAcad^mie. 

A  la  suite  de  renvoi  en  aoAt  1872,  k  tous  les  membres 
de  la  classe ,  d'une  circulaire  imprim6e  de  H.  SchuermaDS , 
j*ai  lu  dans  la  stance  d'octobre  une  note  contenant  des 
explications  sur  mon  diff(§rend  avec  Thonorable  conseiller 
de  la  cour  d'appel  de  Li^ge ,  puis ,  dans  la  s^nce  de  no- 
vembre,  deux  lettres  servant  de  complement  k  ce  tte  note. 
Anim^  du  d^sir,  qu'a  partag^  la  classe,  de  ne  pas  voir  se 
prolonger  une  controverse  sur  un  objet  d'aussi  peu  d'im- 
portancescientiOqueJen*ai  pas  demand^  Timpression  de 
ces  trois  pitees.  Mais  mon  adversaire  ne  paratt  aucune- 
ment  dispose  k  mettre  fin  k  la  lutte.  Dans  un  article  por- 
tant  la  date  du  10  novembre  1872,  mais  ins^r^  dans  la 
livraison  du  Bulletin  des  commissions  royales  d'art  et 
d'arch^ologie  qui  a  6l6  distribute  dans  le  courantdu  mois 
dernier,  it  revient  k  la  cbarge,  et,  se  railiant  de  mon  silence, 
il  appelle  les  pi^s  en  question  des  manuscrits  qu'on  ne 
produit  pas  en  public  et  qu'on  reserve  sans  doute  pour  la 
posterHiy  et  il  insinue  que  c'est  par  prudence  qu'elles  n'ont 
pas  M  imprim^es. 

En  presence  de  ce  d^fi  ou  plut6t  de  cette  insulte  jet^e 
k  un  adversaire  que  Ton  sMmagine  avoir  terrass^,  personne 
ne  s'6tonnera  que  je  vienne  prier  la  classe  d'ordonner 
rimpression,  dans  le  Bulletin  de  la  pr^sente  stance,  de  ma 


(1)  Douzidme  annee, n<>*  3  et  4, pp.  148  k  159. 


^   I 


.(  228  ) 

note  et  des  deux  lellres,  ainsi  que  des  observations  que 
je  crois  devoir  faire  sur  le  dernier  article  de  M.  Schuer- 
mans. 

Note  lue  dans  la  seance  d'octobre  1872. 

Messieurs  J'ai  toujours  regard^  comme  un  devoir  d'exa- 
miner  les  Merits  envoy6s  i  TAcad^mie,  qui  rentraient  dans 
masp^cialit^,  mais  dans  ces  derniers  mois  j'ai  decline  la 
charge  de  commissaire  pour  Texamen  de  notes  de  M.  le 
conseiller  Schuermans,  me  bornant  k  all^guer  que  je  ne 
voulais  pas  m'exposer  k  devoir  entrer  en  discussion  avec 
Tauteur.  Comme  on  aurait  pu  croire  que  mon  refus  avait 
pour  raison  le  peu  de  cas  que  j'aurais  fait  des  productions 
de  Tantiquaire  li^geois,  j'ai  cru  devoir  en  faire  connattre 
les  v^ritables  motifs  k  mes  confreres  et  j'ai  choisi  pour 
m'expliquer  Toccasion  de  la  lecture  des  rapports  sur  Tune 
de  ces  notes ,  dans  la  stance  du  mois  d'aoi!kt  dernier.  Mes 
explications  ont  ^t^  rapport^es  inexactement  k  M.  Schuer- 
mans, qui  a  trouv^  bon  de  protester  par  une  circulaire 
envoy6e  k  chacun  de  vous.  Afin  que  les  explications  que 
je  vous  demande  la  permission  de  vous  soumettre  aujour- 
d*hui  n'^prouvent  plus  le  mdme  sort  J'ai  pris  la  resolution 
de  les  mettre  par  6crit. 

Ceux  d'entre  vous,  Messieurs,  qui  ont  lu  un  peu  atten- 
tivement  les  extraits  du  journal  des  Beaux-Arts,  repro- 
duits  k  la  suite  de  la  circulaire,  doivent  £tre  convaincus 
que  je  n'ai  pas  dit,  que  je  n'ai  pas  mSme  pu  dire  que  I'ho- 
norable  conseiller  de  la  cour  de  Li^ge  a  prouv6  son  igno- 
rance de  la  signification  du  mot  tumulus,  Je  n'ai  jamais 
dout6  et  jene  doute  aucunement  qu'il  ne  sache  aussi  bien 
que  moi  et  que  tons  les  gens  qui  ont  appris  le  latin,  que 
ce  mot  a  signifi^  d'abord  un  tertre,  une  colline  et  par 


(  229  ) 

extension  un  tombeau,  parce  que  les  corps  ou  les  cendres 
des  morls  ^taient  recouverls  d'un  monceau  de  lerre.  C'est 
done  le  sens  du  passage  oil  ce  mot  est  employ^  qui  doit 
indiquer  dans  laquelle  de  ces  deux  acceptions  il  faut  le 
prendre. 

Dans  son  article  du  raois  de  juin  1865,  M.  Schuermans 
oppose  k  une  assertion  de  mon  rapport  k  TAcad^mie  (1)  les 
deux  vers  suivants  de  r£n^ide  de  Yirgile  : 

.  .  .  Soeios  in  ccBlum  littore  ab  omni 
Advocat  JEneas  tumulique  ex  aggere  fcUur  (2). 

c  Ge  tombeau,  dit-il,  quegravit  £n£e  pour  adresserdu 
»  h<iut  du  tertre  une  allocution  k  ses  compagnons,ce  tom- 
»  beau  est  celui  d'Anchise.  »  J'ai  r^pondu  et  je  r^ponds 
encore  que,  selon  moi,  le  tumulus  de  ces  vers  n'est  pas  un 
tombeau ,  mais  un  tertre  (5)  et  en  tout  cas  ne  saurait  Sire 


(i)  Bapport  iur  le  projet  de  donner  la  forme  de  dolmen  au  piSdestal 
de  la  statue  d'Ambiorix,  Bulletin,  2«  serie,  t.  XIX,  p.  424. 11  y  est  dil: 
«  Ambiorix  serait  done  repr^ent^  foulant  aux  pieds  un  objet  sacr6  que, 
pendant  sa  vie,  il  entourait  de  toute  sa  v^n^ratidn.  » 

(2)  Heyne  remarque  sur  ce  vers  que  tumuli  ex  aggere  est  dit  par  Ele- 
gance (et  j'ajouterai  pour  le  besoln  du  vers)  pour  ex  tumulo. 

(3)  Un  des  meilleurs  grammairiens  des  beaux  temps  de  la  litterature  la- 
tine,  L.iElius  StiIo,donne  cette  d^flnition  du  tumulus  (ap.  Festum,p.  555, 
Hnller) :  Tumulus  est  cumulus  arence  editus  secundum  mare,  fluctibus  in 
altum  elevatus  unde  similiter  et  manufactus  et  naturalis  proprie  did 
potest.  II  semble  que  ce  soit  Egalement  d'un  de  ces  amoncellements  de  sable 
sur  la  c6te  quMl  est  question  dans  ces  deux  vers  de  PEn^ide  (VIII,  1 12  sv.): 
Et  procul  e  tumulo  :  Juvenes  qua  causa  suhegit  Ignotas  tentare  fHas? 
Quo  lenditis  inquit?  Gf.  Eneide,V,  113 :  E/  tuba  commissos  medio  canit 
aggere ludos.  Ill,  21  et  tl'.mactabamin  littore  taurum.  Forte  fuit  juxta 
tumulus.  Heyne  remarque  sur  ce  dernier  vers  :  Porro  tumulus  hoc  loco 
simplex  eoUis ,  nam  insepultus  fuerat  projectus  ut  ex  v.  62  sq,  apparet, 
cf.  45-46.  Arena  autem,  ventorum  fluctuumque  impulsu  aggesta  in  colli- 
cult  spedem,  corpus  erat  tectum. 


(  230  ) 

le  tombeau  d'ADchise.  Ce  dernier  poiot  est  de  toute  Evi- 
dence. En  effet,  apr^s  avoir  prononc6  son  allocution,Ento, 
accompagnE  de  plusieurs  milliersde  personnes,  se  rend  du 
lieu  de  Tassembl^e^  c*est-i-dire  du  lieu  oh  il  avail  parle  au 
tombeau  d'Anchise;  c'est  ce  que  disent  incontestablement 
les  deux  vers  suivants  (75  et  76) : 

iUe  e  coNCiLio  muUit  eum  milHbtu  ibat 
Ad  tumvlum. 

Si  £n^  avait  fait  son  allocution  du  haut  du  tombeau 
d'Ancbise,  pourquoi  ie  poete  ajouterait-il  qu'il  quitte  le 
lieu  de  I'assemblEe  pour  aller  k  ce  tombeau.  Personne  de 
vous,  Messieurs,  ne  sera  dispose  k  soup^nner  Virgil  e  d'une 
pareille  absurdity. 

M.  Schuermans  aurait  pu  se  tirer  de  ce  pas  en  faisant 
une  demi*concession ;  il  pouvait  avouer  que  le  tumulus 
du  haut  duquel  £n£e  avait  portE  la  parole,  n'^tait  pasle 
tombeau  d'Anchise,  tout  en  continuant  a  soutenir  que 
c'Etait  un  tombeau;  mais  il  a  reculE  devanl  I'aveu  d'une 
simple  erreur  el  convaincu  que  les  lecleurs  du  Journal  de$ 
BeauX'Arts  ne  compulseraienl  pas  Virgile ,  il  m*a  r^pliquE 
de  la  mani^re  suivante  dans  sa  letlre  de  juillet  1868 : 

«  II  s'agira,  en  premier  lieu,  de  savoir  si  Virgile,  en  par- 
»  lant  de  V Agger  du  tumulus,  nMndique  pas  Evidemment 
»  un  amoncellement  de  terre,  fait  de  main  d*homme,  et  si 
»  £n6e,  s'^tant  placE  sur  eel  agger  j  ne  dit  pas  en  propres 

>  lermes  que  1^  est  le  tombeau  de  son  p^re  en  pronon^ant 

>  ces  paroles  oCi  H.  Roulez  s'arr^te  dans  sa  citation  : 

Nunc  ultra  ad  cineret  iptius  et  ossa  parentis 
Adsumus  (V.  56  et  57).  >> 

Ainsi,  Messieurs,  je  suis  accuse  d'avoir  saulE  des  vers 


(  231  ) 

45  et44  aux  vers  75  et  76,  en  omettant  de  citer  les  vers 
56  et  57,  qui  De  seraient  pas  favorables  k  mon  opinion. 
Or  j'aiBrme  que  ces  deux  derniers  vers  sont  enli^rement 
Strangers  k  la  question  de  savoir  si  £n6e  a  parl6  du  haul 
du  tombeau  d'Anchise  et  qu'en  cons6quence  je  n'avais  pas 
k  en  tenir  cooipte.  Je  ne  demande  pas,  Messieurs,  que  vous 
vous  contentiez  de  ma  simple  affirmation ;  je  prierai  les 
membres  les  plus  competents  de  la  classe  de  vouloir  bien 
examiner  le  passage  et  de  se  prononcer  en  toute  liberty  pour 
ou  eontre  moi.  Ces  vers  56  et  57,  pour  dtre  bien  compris, 
ne  peuvent  pas  dtre  d^tacb6s  de  ceux  qui  pr^c^dent.  Yoici 
en  r6sum£  ce  que  le  Qls  d'Anchise  y  dit  k  ses  compagnons 
assembles  :  II  y  a  un  an  que  mon  p^re  est  mort ;  si  en  ce 
jour  anniversaire,  je  me  trouvais  en  mer  ou  dans  un  pays 
barbare  et  ennemi ,  je  ne  laisserais  pas  de  le  c^l^brer  par 
des  sacrifices;  k  plus  forte  raison  dois-je  le  faire  mainte- 
nant,  que  par  la  volont^  des  Dieux  nous  avons  &i6  jet^s  par 
la  temp^te  sur  la  terre  mdme  qui  renferme  les  cendres  et 
les  ossements  de  mon  pire  et  que  nous  avons  abord6  dans 
un  port  ami : 

Nunc  tUiro  ad  cineres  ipsius  et  ossa  pcurenlis 
Haud  equidem  sine  mente  reor  sine  numine  Divum 
Adsumus  et  portus  delati  iniramus  amicos  (i).  - 

Ce  sont  ces  mdmes  vers  que  I'honorable  M.  Schuermans 
insinue  avoir  ^t6  escamot^s  par  moi.  On  rencontre  parfois 
dans  une  certaine  presse  des  6crivains,  qui,  pour  avoir  plus 
facilement  raison  de  leurs  adversaires,  mutilent  des  docu- 


(i)  La  phrase:  et  portus  delati  intramus  amicos,  omise  dans  la  ciu- 
tion  de  M.  Schuermans ,  rend  impossible  le  sens  Ull^rai  attribue  par  lui 
aux  mots  :  ad  cineres  et  ossa  parentis  adsumw. 


(  232  ) 

ments  ou  de$  citations;  ce  proc^6  d^loyal  et  peu  honn^le 
est  inconnu  aux  ^rudits.  J'ai  done  le  droit  de  regarder  Fin- 
sinuation  de  I'anliquaire  li^geois  comme  une  grave  injure 
pour  mon  caractire.  C*est  par  ce  motif  que  j*ai  d^daign^ 
de  lui  r^pondre  une  seconde  fois  dans  le  Journal  des 
Beaux-Arts  et  que  j'ai  refuse  d'examiner  ses  notices. 

Permettez-moi,  Messieurs, avant  de  finir^de  vous  signa- 
ler un  trait  piquant.  Apris  ies  lignes  de  sa  lettre  de  juillet 
1868  rapport^es  ci-dessus,  M.  Schuermans  continue  en  ces 
termes  :  c  Or,  que  lis-je  dans  Servius,  I'annotateur  de 

>  Yirgile  :  terrce  congestio  super  ossa  tumulus  dicitur  ( un 
»  terlre  artificiel  sur  des  ossements  s'appelie  un  tumulus) ; 
»  n'est-ce  pas  ]k  la  preuve  que  la  butte  sur  laquelle  £n4e 

>  s'^tait  plac^  est  bien  le  tombeau  de  son  p^re  ?  >  Comme 
Tauteur  ne  dit  pas  sur  quel  vers  de  Yirgile  Servius  a  fait 
sa  note,  tout  le  monde  doit  croire  et  j'ai  cru  moi-m£me 
qu'elle  se  rapporte  au  vers  44  du  Y""  chant  de  I'fin^ide  et 
que  par  cons^uent  M.  Schuermans  avait  en  faveur  de  son 
interpretation  Tautorite  de  ce  grammairien.  Eh  bien,  il  n'en 
est  rien.  La  definition  pr^cit^e  est  emprunt^e  a  une  note 
de  Servius  sur  le  v.  22  du  III®  chant  oCi  le  mot  tumulus, 
au  jugement  de  Heyne,  signifie  simplement  une  colline. 
Yoici  la  note  enti^re  du  commentateur  de  Virgile  :  Tumu^ 
lus  autem  dicendo  uno  hoc  sermone  et  collem  et  sepul^ 
chrum  fuisse  signifkat :  Potest  enim  tumulus  et  sine  sepul- 
chro  interpretatione  collis  interdum  accipi.  Nam  et  terrae 
congestio  super  ossa  tumulus  dicitur.  On  remarquera  que 
la  phrase  iranscrite  par  mon  contradicteur  et  qui  est  favo- 
rable k  son  opinion,  termine  cette  note,  mais  que  la  phrase 
pr^c^dente  contraire  k  cette  opinion  n'est  pas  citee.  Je 
n'imiterai  pas,  mdme  par  repr^sailles ,  I'exemple  de  Tanti- 
quaire  li^eois;  je  ne  lui  ferai  pas  I'injure  d'insinuer  qu'il 


(  233  ) 

n'a  cit6  que  la  (in  de  la  note  de  Servius,  en  ometlaht  sciem- 
ment  ce  qui  pr^cMe;  j'aime  mieux  supposer,  pour  l*hon« 
neur  de  T^rudilion,  qu'il  a  pris  cette  phrase  isol^e  ailleurs 
que  dans  ie  commentaire  sur  I'^n^ide. 


LeUres  lues  dans  la  seance  du  4  novembre  1S73I. 

Louvain,  Ie28  oclobre  1872. 

Monsieur  et  honors  gonfr£:re  , 

D'apris  Ie  d^sir  exprim^  dans  la  lettre  que  vous  m'avez 
fait  rhonneur  de  m'adresser,  j'ai  examin6  consciencieuse- 
ment  Ie  passage  du  V  chant  de  I'^n^'ide,  qui  fait  Tobjet  de 
votre  controverse  avec  M.  Ie  conseiller  Schuermans. 

Mon  opinion,  est-il  besoin  de  Ie  dire,  est  tout  &  fait  con- 
forme  i  la  vdtre. 

£n^e,  aprte  son  allocution  ^  ses  compagnons,  se  rend 
au  tombeau  de  son  p^re  [jbal  ad  tumulum^  vv.  75-76) : 
par  consequent ,  il  n'y  ^tait  pas  pendant  son  allocution  : 
par  consequent,  les  mots  lumuHque  ex  aggere  ne  peuvent 
pas  signilier :  Ie  tombeau  d'Anchise.  Je  ne  sais  si  M.  Schuer- 
mans a  consacire  k  la  pol^mique  sur  ce  sujet  d'autres  arti- 
cles que  ceux  qu'il  reproduit  dans  sa  circulaire ;  mais,  pour 
donner  k  sa  these  quelque  probability,  il  devait  avant  tout 
expliquer  et  faire  disparattre  cette  contradiction  choquante 
qu'il  attribue  k  Yirgilc.  Or  les  passages,  ins^r^s  dans  sa 
circulaire,  ne  contiennent  pas  la  moindre  r^ponse  k  votre 
objection  fondamentale. 

Par  contre,  il  invoque  les  vers  5&-57  : 

Nunc  ultro  ad  cineres  ipsius  et  ossa  parentis 
Adsamus. 


(  234  ) 

E(  il  les  traduit  par  :  Nous  voici  aupres  des^  cendres  et 
des  ossemeats  de  mon  p6re. 

II  s'agit  de  voir  si  dans  ce  passage  les  mots  adesse  ad 
cineresj  signifient :  eire  aupres  des  cendres,  ou  bien,  ce 
que  la  latinit^  perraet  parfailement,  etre  pres,  dans  le 
voisinagej  a  une  proximite  plus  ou  moins  grande  des 
cendres. 

Or,  abstraction  faite  de  ce  detail  que,  dans  Topinion  de 
M.  Schuermans,  £n^  ne  se  trouve  pas  aupres  des  cendres, 
mais  sur  les  ossements  m6mes  de  son  p^re,  la  seconde 
interpretation  me  semble,  seule,  admissible,  et  ce  par 
plusieurs  motifs : 

1"*  Elle  6carte  la  contradiction  que  M.  Schuermans 
attribue  gratuitement  au  poete ; 

2"  Elle  r^sulte  de  la  2*  partie  du  vers  57  :  et  partus  de- 
laii  intramus  amicos,  qui,  comme  vous  le  dites ,  rend  im- 
possible le  sens  littoral  donn6  par  M.  Schuermans  aux  mots 
precedents ; 

3*"  Si  £n6e  s'^tait  trouve  sur  le  tombeau  de  son  pdre,  il 
n'aurait  pas  commence  son  discours  par  cette  pensee :  //  y 
a  une  annee  depuis  que  nous  avons  rendu  les  derniers  hon^ 
neurs  a  monpere;  mais  ses  premieres  paroles  eussent  ete, 
sans  aucun  doute,  celles  que  Virgile  lui  attribue,  en  effet, 
au  moment  oh  £nee  arrive  pr^s  du  tombeau  : 

Salve,  sancte  parens :  iterum  salvete,  etc.  (v.  80). 

Tout  au  moins,  £nee  ne  se  serait-il  pas  conlente  de  dire 
vaguement :  Condidimus  terra  (v.  48) :  mais  il  ett  fait  res- 
sortir  d*une  maniere  plus  precise  ce  point  important :  que 
cet  endroit  mdme  etait  le  tombeau  de  son  pdre. 

En  resume,  c'est  en  vain  que  Ton  invoque  les  vers  56-57, 


(  233  ) 

pour  pr^tendre  que  Vagger  tumuli  du  vers  44  est  le  tom- 
beau  d'Anchise. 

Maintenant,  comment  faut-il  iQterpr6ter  ces  deux  mots  : 
agger  tumuli  ?  Est-ce  une  ^l^valion  artificieiie ,  faite  de 
main  d'homme  sur  des  ossements  humains,  ou  est-ce  un 
simple  amoncellement  de  sables,  comme  vous  le  croyez?  Ici 
encore,  votre  opinion  me  semble  la  plus  fondle.  Pourquoi 
Virgile  eftt-il  fait  parler  £n6e  justement  du  haut  d'un  tom- 
beau?  II  est  vrai  que  Texpression  agger  tumuli,  bien  que 
Heyne  y  voie  une  6I^ance  de  langage,  au  lieu  du  simple 
agger  ou  tumulus,  me  semble  £tre  plutdt  un  pl^nasme 
assez  inutile.  Cependant  les  manuscrits  de  Virgile  sont 
tons  d*accord  sur  cetle  le^^n  :  il  ne  reste  done,  ou  bien 
qu'i  expliquer  cette  expression  tant  soit  pen  d^fectueuse 
par  une  n^cessit^  de  m^trique ,  comme  vous  le  faites,  ou 
bien  qu*4  consid6rer  le  vers  44  :  advocat  Aeneas,  comme 
inachev^  en  effa^ant  comme  une  ajoute  post^rieure,  les 
mots  :  tumulique  ex  aggere  fatur.  Telle  est  Tepinion  de 
Stanger  {Blaetler  f.  d.,  Bayerische  Gymnasialwesen.  Bam- 
berg, 1866,  t.  Ill,  p,  10). 

N*6tant  pas  sAt,  Monsieur  et  honor^  confrere,  de  pou- 
voir  assister  k  la  stance  du  4  novembre  procbain,  je  vous 
en  voie  ces  quelques  lignes ,  vous  permettant  d*en  faire  tel 
usage  que  vous  jugerez  convenable. 

Agr6ez,  Monsieur  et  honor6  confrere,  I'expression  de 
mes  sentiments  respectueux  et  d^vou^s. 

P.  WlLLEMS. 


(  236  ) 

Gand,  le  2  novembre  1872. 

Monsieur  et  honors  gomfr£:re  , 

Yous  roe  faites  Thonneur  de  me  consulter  sur  le  point 
de  savoir  si  les  vers  55  el  57  da  V*  livre  de  I'fn^ide  peu- 
vent  servir  k  ^clairer  le  d^bai  qui  s^est  6le\6  entre  vous  et 
M.  Schuermans,  au  sujet  de  TiDterpr^tatioD  des  vers  43  et 
44.  J'ai  examine,  avec  toute  I'attention  dont  je  suis  capable, 
les  diffSrents  passages  dont  il  est  question  dans  cette  con- 
troverse,  et  je  declare  que  non-seulement  je  partage  com- 
pl^tement  voire  mani^re  de  voir,  mais  que,  d'apris  moi,  il 
faut  fermer  les  yeux  k  T^vidence  pour  ne  pas  reconnatlre 
que  vous  avez  raison. 

Les  vers  55  et  57  prouvent,  ce  qui  d'ailleurs  n'a  pas 
besoin  de  d^monslration ,  qu'^n^e  el  ses  compagnons  se 
Irouvent  dans  le  voisinage  du  lombeau  d*Anchise;  mais 
on  ne  saurait  en  induire,  par  aucun  arlifice  d'inlerpreta- 
lion,  que  le  poele  ait  voulu  parler  d*un  voisinage  imme^ 
diaL 

Par  consequent  ce  passage,  loin  de  Irancher  la  difiiculte, 
ne  peul  acqu^rir  lui-mdme  un  sens  precis  que  par  le  rap- 
prochement des  vers  42  et  75-76,  d*oii  il  r^sulte  aussi  clai- 
rement  que  possible  (aucun  philologue  s6rieuxne  soulien- 
dra  le  conlraire)  que  le  tumulus  du  haul  duquel  fn^e 
s*adresse  k  ses  compagnons  de  voyage  ne  peul  pas  £lre  le 
tumulus  qui  couvre  la  cendre  de  son  p6re,aUendu  qu'apres 
avoir  parl6  [sic  fatus)  sur  le  premier,  il  se  rend  [e  concilio 
ibat)  vers  le  second. 

Je  n'h^sile  done  pas  k  affirmer  calegoriquement  que  les 
vers  55  et  57  ne  peuvent  servir,  en  aucune  fa^on ,  k  d£- 


(  237  ) 

terminer  le  sens  du  vers  43.  Yous  n^aviez  done  pas  k  vous 
en  pr6occuper,el  M.  Schuermans,  en  vous  reprochant  de  ne 
pas  les  avoir  cit^s ,  fait  preuve  d*un  manque  complet  de 
critique. 

Je  ne  crois  pas  devoir  m'^tendre  davantage  sur  cette 
question,  qui  est  parfaitement  claire,  et  qui,  du  reste,  con- 
sid^r^e  en  elle-m£me,  n'a  que  peu  d'importance;  mais  je 
ne  puis  terminer  ma  lettre  sans  vous  ££liciter  d'avoir  re- 
lev^,  comme  elle  le  m^rite,  Tinsinuation  de  M.  Schuermans 
qui  n*a  pas  su  respecter  en  vous  cette  loyaut^  scientifique 
que  vous  vous.  attribuez  k  bon  droit,  et  qui  constitue,  en 
effet,  le  premier  devoir  de  T^rudit. 

Je  vous  autorise  k  faire  de  cette  lettre  tel  usage  que 
vous  jugerez  convenable. 

Yeuillez  agr^er,  mon  cher  confrere,  la  nouvelle  assu- 
rance de  mes  sentiments  les  plus  d^vou^s. 

A.  Wagener. 


Dans  son  article  public  dans  le  Bulletin  des  commissions 
d*art  et  d'arch^ologie ,  le  savant  antiquaire  li^eois  recon- 
nait  enfin  que  Yirgile  dit  qu'Cn^e,  apr^s  avoir  termini  son 
allocution,  se  dirige  vers  le  tombeau  de  son  p^re  et,a6n  de 
concilier  ce  fait  avec  son  explication,  il  attribue  au  tombeau 
d'Anchise  une  forme  de  pure  fantaisie,  en  contradiction 
avec  le  texte  du  poete.  c  Quoi  de  plus  simple,  dit-il,  que 

>  de  supposer  un  seul  tombeau  de  terre,  un  immense  tertre 

>  au  haut  duquel  est  6rig6  le  monument?  Que  de  repr6- 

>  senter  Cn^e,  sur  ce  tertre,  haranguant  ses  compagnons, 

>  leur  montrant  le  monument  et  disant :  c  lA  sont  les 

>  cendres  de  mon  p^re?  >  EnGn  que  de  montrer  £n6e  et 


(  238  )  • 

»  sa  Dombreose  suite  se  dirigeant  vers  le  monument  oOi 
»  les  c^r^monies  vont  s'accomplir?  Ainsi  se  concilient, 
»  avec  leur  sens  logique  et  nature! ,  toutes  les  mentions 
»  relatives  a  Vagger  tumuli  et  au  monument  lui-mdme 
»  ^rig^  sur  le  tertre.  » 

Si  Ton  admet  qu'£n6e  a  parl£  au  haut  du  tertre  entour^ 
de  ses  compagnons,  au  nombre  de  plusieurs  milliers,  it 
feut  d^larer  que  le  texte  de  Yirgile  est  fautif  et  qu'au  lieu 
de  ex  aggere  faiur,  ii  devrait  porter  in  aggen.  Mais  cette 
eonrection  n'est  pas  possible  par  la  raison  que  in  resterait 
bref  devant  la  voyelle  qui  commence  le  mot  suivant.  En- 
suite  pour  que  le  poete  ait  pu  dire  qu'apris  I'alloculion 
Torateur  et  son  nombreux  auditoire  quittirent  le  lieu  de 
Tassembl^e  (e  concilio)  pour  se  rendre  au  monument,  il 
a  faliu  que  le  tertre,  dont  celui-ci  occupait,  sans  doute,  le 
milieu ,  ait  6i6  bien  vaste.  Or  il  r^pugne  de  supposer  au 
tertre  fun^raire  d'Anchise  une  telle  ^tendue,  quand  on  r^- 
fl^chit  en  quelles  circonstances  et  par  qui  il  a  &i&  ilesL 
Pour  ^chapper  i  cette  objection,  M.Scbuermanspr^tendra 
peut-^tre  que  je  Tai  mai  compris,  que  dans  sa  pens^e  la 
foule  se  trouvait  au  pied  du  tertre  et  £nee  plac^  sur  la 
pente  k  une  hauteur  convenable  pour  se  faire  entendre  de 
ses  auditeurs.  Dans  ce  cas  j'objecterai  que  Yirgile  s'est  servi 
d'une  expression  fort  impropre  en  ^crivant  ibat  ad  tumu- 
lum.  On  ne  dit  pas  d'une  personne  qui  se  trouve  au  bas 
d'une  colline  qu'elle  t^a,  mais  bien  qu'elle  monte  au  sommet 
de  cette  colline.  Par  consequent ,  dans  la  supposition,  bien 
entendu,  que  le  tumulus  fAt  un  monument  distinct  de 
Vagger,  il  aurait  dA  ^crire  ascendebat  ad  tumulum.  La 
seconde  bypothese  n'est  done  pas  plus  acceptable  que  la 
premiere. 

Selon  rhonorable  conseiller,  le  tertre  fun^raire  d'An- 


(  239  ) 

chise  est  d^igo^  par  le  mot  d'agger  et  le  monuinent  qui 
le  surmonle  par  celai  de  tumulus.  Cette  distiaction  est 
comply tement  arbitraire  :  Tumulus  signifie  le  plus  fr^- 
quemment  un  tertre  fun^raire  sans  monument;  il  s'ap- 
plique  parfois  aussi  au  tertre  et  au  monument  r^unis. 
Mais,  aussi  longtemps  qu'on  n'aura  pas  cit^  un  texte 
moins  douteux  que  le  tumuli  ex  aggere  fatur  de  Virgile^ 
je  n'admettrai  pas  qu'il  puisse  s'entendre  d'un  monument 
tel  qu'une  colonne,  une  st^ie,  etc.,  qui  surmonte  un  ter- 
tre, ^Texclusion  du  tertre  lui-mdme. 

Apr^  avoir  fait  une  grande  d^pense  de  citations  (1) 
pour  chercher  k  ^tablir  qu'£nee  a  r^ellement  haranguS 
ses  compagnons  du  haut  du  tombeau  d'Anchise,  M.  Schuer« 
mans  continue  ainsi : 

<  Or  si  i'exemple  d*£n£e  gravissant  le  tertre  oik  est  le 

>  tombeau  de  son  pdre  apparatt  comme  £tant  cit6  mal  k 

>  propos  —  ce  que  la  discussion  ci-dessos  d^montre 

>  n'Slre  pas  —  on  ne  sera  pas  embarrass^  d'en  invoquer 
»  d'autres  plus  concluants  encore.  > 

c  Que  dira-t-on,  par  exemple,  de  Pyrrbus,  que  S^n^que 
»  (Troad.,  v.  1149)  repr^sente  non  pas  seulement  escala- 

>  dant  Y agger  du  tumulus  de  son  pire  Achille,  mais  allant 

>  se  placer  sur  le  sommet  du  monument.  mSme,  au  haut 
9  de  cet  agger  ; 

(It  primum  ardui 
Sublime  tnontis  tetigit,  alque  alte  edito 
Juvenis  patemi  verlice  in  btisti  stetit,  » 

Je  dirai  que  si  Pyrrbus  a  &t6  se  placer  au  haut  du  tom- 
beau d' Achille,  c'est  parce  qu'il  devait  immoler  Polyxine 


(1)  J'aarais  des  observations  i  faire  sur  plasieurs  de  ces  citations,  si  je 
Youlais  me  d^partir  de  ma  r^hition  de  me  tenir  sur  la  defensive. 


(  240  ) 

k  cette  place.  L'ombre  de  son  p^re^tait  venue  demander 
ce  sacrifice  et  Calchas  Tavait  ordoDo^;  il  fallait  qae  la 
tombe  bAt  le  sang  de  Finforlun^  priacesse  : 

Scievus  qtie  totum  sanguinem  tumulus  bihit  (v.  1165). 

Le  sacrificateur  n'aurail  pas  pu  remplir  sa  mission  sans 
monter  sur  le  tombeau  avec  la  victime.  Mais  £n^  et  Am- 
biorix  auraient  pu  choisir  une  autre  ^l^vation  qu'un  tom- 
beau pour  haranguer,  Tun  ses  compagnons  et  l*autre  ses 
soldats.  M.  Schuermans  confond  ^videmment  deux  situa- 
tions bien  diff6rentes.  Aussi  S^ndque ,  qui  ne  voit  aucune 
violation  de  la  religion  des  tombeaux  dans  la  mani&re  dont 
il  a  fait  agir  Pyrrhus,  lorsqu'il  d^rit,  dans  le  m£me  cin- 
quieme  acte  de  la  trag^die  des  Troyennes ,  le  concours  de 
la  foule  pour  assister  au  supplice  d'Astyanax ,  qui  va  £tre 
pr^cipit^  d'une  tour,  crie-t-il  k  Tabomination ,  au  sacrilege 
contre  quelqu'un,  qui,  pour  mieux  voir,  s'^tait  assis  sur  le 
tombeau  d'Hector : 

(V.  1 087) .  Jitque  aliquis  {Nefas  I) 

Tumuloferus  spectator  Hectoreo  sedet. 

Le  savant  antiquaire  li^eois  termine  son  article  par  ces 
phrases : 

<  Goncluons  :  chez  les  anciens,  qu'on  a  mal  compris,  en 

>  disant  le  contraire,  pas  de  profanation  des  sepultures 

>  dans  le  fait  de  fouler  celles-ci  sans  intention  mau- 

>  vaise.  > 

c  Et  c*est  ce  qu'il  fallait  d^montrer.  » 

Si  moi,  j'ai  mal  compris  les  anciens,  S^ndqiie,  qui  est  un 
ancien  et  dont  Topinion  cependant  ne  diffi&re  pas  de  la 
mienne,  n'a  pas  su  ce  qu*il  disail. 

Ce  dernier  point  reste  k  d^montrer  par  M.  Schuermans. 


(  241  ) 
M.  Til.  Juste  (lonne  lecture  de  la  note  suivante  : 

«  J'ai  rhonneur  de  faire  hommage  k  la  classe  des  Ieitres>, 
de  la  part  de  M.  le  D'  M.  Philipson ,  professeur  d'histoire 
k  rUniversit^  de  Bonn ,  des  deux  premiers  volumes  d'un 
ouvrage ,  ecrit  en  allemand ,  et  ayant  pour  titre :  Henri  IV  et 
PhilippellL  Vetablissemenl  de  la  preponderance  francaise 
en  Europe  [4598-1610). 

p  Gette  composition  historique  m^rite  k  tous  dgards 
Faltention  bienveillante  de  la  classe.  Elle  est  consacr^e  k 
Tune  des  plus  imporlantesp^riodes  des  annalesdeTEurope. 
Elle  nous  montre  sous  toutes  ses  faces  le  d^clin  progressif 
de  la  monarchic  espagnole  sous  Philippe  III  et  les  com- 
mencements de  la  preponderance  fran^ise  sous  Henri  IV. 

»  M.  le  D''  Philipson  s'^tait  propose  de  tracer  un  tableau 
complet  des  deux  monarchies ,  et  ce  dessein  il  Ta  realise 
avec  un  incontestable  succ^s. 

>  Au  surplus,  les  elements  de  cette  savante  monogra- 
phic ont  ete  recueillis  aux  sources  mSmes  de  Thistoire, 
dans  les  memoires  contemporainset  dans  les  papiers  d*£tat 
conserves  k  Paris,  k  Bruxelles,  k  Berlin,  etc. 

»  La  nouveaute  du  sujet  augmente  encore  la  valeur  de 
I'ceuvre  k  laquelle  s*est  devoue  M.  Philipson.  Gertes  les 
etudes  consacrees  au  r^gne  de  Philippe  III  et  surtout  au 
regne  de  Henri  lY  ne  manquent  point.  Mais  on  n'avait  pas 
songe  jusqu'^  present  k  metlre  en  regard  la  monarchic 
espagnole  et  la  monarchic  fran^aise ,  afin  de  les  caracte- 
riser  Tune  et  Tautre  d'une  maniere  plus  saisissante.  Or  ce 
parallele  fournit  les  plus  precieux  enseignements.  » 


2"'  8^.RIF,  TOME  XXX VI.  1(> 


(  242  ) 


GLA.SSE  DES  BEA.VX-ARTS. 


Seance  du  7  aout  f  573. 

M.  L.  Alvin  ,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^tuel. 

Sont  presents  :  MM.  G.  Geefs,  J.  Geefs,  Ferdinand  De 
Braekeleer,  C.-A.  Fraikin,  Edmond  De  Busscher,  Alph. 
Balat,  Aug.  Payen,  le chevalier  L^n  deBurbure,  J.  Franck, 
G.  De  Man,  Ad.  Siret,  J.  Leclercq,  Alex.  Robert,  F.-  A.  Ge- 
vaert,  membres. 

MM.  R.  Chalon,  membre  de  la  classe  des  lettres,  et 
Montigny,  membre  de  la  classe  des  sciences,  assistent  i  la 
stance. 


CORRESPONDANCE. 


La  classe  re^oit  communication  des  d^p^ches  suivantes 
de  M.  le  Ministre  de  Fint^rieur  : 

l""  Lettre  transmettant  une  copie  du  proc^s-verbal  des 
operations  du  jury  charge  de  juger  le  grand  concours  de 
composition  musicale  de  1873.  II  resulte  de  ce  document 
que  le  premier  prix  a  6i&  decern^  h  M.  Mathleu  Francis 
Servais,  de  Hal,  et  qu*il  a  et6,  en  outre,  accord^  ua 


(  243  ) 

second  prix  k  M.  Florimond  Van  Duyse,  de  Gand,  ainsi 
qu'une  mention  honorable  k  M.  Isidore  Devos,  de  ia  m^me 
ville. 

M.  le  Ministre  ajoule  que  la  cantate  couronn^e  devra 
£tre  execut^e  k  la  stance  publique  prochaine  de  la  classe , 
et  que,  d'apr^s  les  pr^c^dents,  la  composition  de  M.  Van 
Duyse,  deuxi^me  prix,  devra  dtre  ex6cut^e  en  1874; 

^  Lettre  informant  qu'il  r^sulte  de  Touverture  des 
billets  cachet^s  joints  aux  deux  cantates  choisies  pour  6tre 
mises  en  musique  par  les  concurrents  du  grand  concours 
de  composition  musicale.de  cette  ann^e,  que  I'auteur  de  la 
cantate  flamande,  intitul^e :  Torquato's  Dood,  est  M.  Jean 
Van  Droogenbroeck ,  et  que  Tauteur  de  la  cantate  fran- 
^ise,  intitul^e  :  VOcean,  est  M.  Jules  Abrassart; 

S""  Lettre  transmettant  une  symphonie  en  quatre  par- 
ties, intitul^e  ;  La  Guerre,  adresste  par  M.  De  Mol ,  lau- 
r^at  du  concours  de  composition  musicale  de  1871.  — 
Cette  partition  a  ^t^  envoy^e  a  M.  le  president  de  la  sec- 
tion permanente  du  jury  de  ce  concours,  conform^ment  k 
I'article  24  du  r^glement  du  5  mars  1849; 

4*"  Lettre  transmettant  une  expedition  de  Tarr^t^  minis- 
t^riel  qui  con^^re  k  M.  Jean  Cuypers,  laur^at  du  grand 
concours  de  sculpture  de  1872,  la  pension  de  voyage  de 
5,500  francs. 

5**  Lettre  adressant ,  pour  la  biblioth^que  de  I'Acad^mie , 
un  exemplaire  de  la  traduction  flamande  du  Resume  du 
traite  de  perspective  lineaire,  par  M.  Bossuet.  —  Remer- 
ctments. 

—  MM.  Joseph  Geefs,  Julien  Leclercq  et  Alexandre 
Robert  sont  d^sign^s  pour  faire  un  rapport  sur  les  ques- 
tions contenues  dans  une  lettre  de  TAcad^mie  imp^riale 


(  244  ) 

des  beaux-arts  de  Saint-Petcrsbourg,  questions  relatives  k 
la  creation ,  par  ce  corps  artistique,  d'une  classe  d'^l^ves 
m^dailleurs. 

—  MM.  A.  Gevaert  et  H.  Vieuxtemps  examineront  une 
notice  manuscrite  pr^sent^e  par  M.  Brixhe  et  portant  pour 
titre  :  Considerations  sur  la  nomenclature  des  notes  de 
musique. 


CONCOURS  DE  1873. 


La  classe  s*occupe  de  son  concours  pour  Fannie  ac- 
tuelle.  Elle  rappelle  aux  concurrents  pour  le  sujet  d'arl 
appliqu^  concernant  I'architecture  que  le  terme  fatal  pour 
la  remise  des  projets,  au  secretariat  de  F Academic,  expire 
le  15decemois. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Conform^ment  aux  communications  minist^rielles  con- 
cernant la  stance  publique  du  mois  de  seplembre,  la  classe 
a  pris  les  dispositions  pr^paratoires  pour  cette  solennit^. 

Elle  a  fixeau  jeudi  18  septembresa  prochaine  reunion, 
destin^e  au  jugement  des  divers  concours. 


(  245  ) 


OUVRAGES  PRfiSENTfiS. 


Quetelet  {A.)»  —  Gongres  international  de  slatislique. 
Bruxellcs,  1875;  in-4°. 

Steur  {Charles),  —  Lc  touriste  modcrne.  Voyages  en  Europe 
ct  en  AsieMineure,  1855  k  1867.  1«'  vol.,  Espagne  (1865). 
Bruxelles,  1873;  in-12. 

Roulez  (/.).  —  Minerve  Gourotrophos.  Rome,  1872;  in-8«. 

De  Koninck  (I.-C).  —  Recherches  sur  les  animaux  fossiles, 
2*  partie.  Monographic  des  fossiles  carbonif6res  de  Bleiberg 
en  Carinthie.  Bruxelles,  1875;  in-4^ 

SocUte  de  I'histoxre  de  Belgique.  —  Gollection  de  memoircs, 
l"serie,  XVI*  siicle.  Gonsiderations  sur  le  gouvernement  des 
Pays-Bas,  publiees  par  A.-L.-P.  de  Robaulx  de  Soumoy,  2  vol. 
in -8'*;  —  M^moires  sur  le  marquis  de  Varambon,  avcc  notice 
ct  annotations,  par  feu  Jules  Borgnet,  1  vol.  in-8'';  —  XVII' 
et  XVIIP  si^cles.  Chronique  des  ev^nements  les  plus  reraar- 
quables  arrives  h  Bruxelles  do  1780  k  1827;  publiee  par 
L.  Galesloot,  tome  II,  1  vol.  in-8'*. 

Kleyer  (Camille).  —  Des  obligations  divisibles  et  indivisi- 
bles. Bruxelles,  1875;  in-8^ 

Messager  des  sciences  hisloriques,  1873,  2"*  livr.  Gand; 
in-8«. 

Sinkel  (Emi7e).  —  La  question  d*art  et  TExposition  de 
Vienne.  Bruxelles,  1873;  in-8°.* 

Vuylsleke  {Julius),  —  Eenige  bijzonderhcden  over  de  Arte- 
velden  in  de  veertiende  eeuw.  Gand,  1875;  in-8**. 

De  Schodt  {Alp,),  —  Resume  de  T^tat  de  la  bienfaisance. 
Bruxelles,  1875;  in-8^ 

LAbeille,  XIX"*  annde,  i""  a  6-  livr.  Bruxelles, M 875; 
3  cah.  in-8^ 


(  246  ) 

De  vlaamsche  school,  i873,  bladz.  1-12.  Anvcrs;  12  feuilles 
in-4°. 

Inslitut  royal  grand-ducal  de  Luxembourg,  —  Publica- 
tions de  la  section  des  sciences  naturelles  et  math^matiques, 
tome  XIU.  Luxembourg,  1875;  in-8^ 

Bonders  (F.-C).  —  Dertiende  jaarlijkscb  verslag  belrekke- 
lijk  de  verpleging  en  bet  onderwijs,  in  bet  nederlandsch 
gastbuis  Yoor  ooglijders.  Utrecbt,  1872;  in-8^ 

Physiologischlaboratorium  der  UtrechtsckeHoogeschooL  — 
Onderzoekingen,  uitgegeven  door  F.-C.  Donders  en  Tb.-W.  En- 
gelmann.  3**«  reeks,  1.  Utrecbt,  1872;  in-8". 

SocieU  de  giographie  de  Paris.  —  Bulletin  ,  juin  et  juillet 
1873.  Paris;  2  cab.  in-8*. 

Le  Blant  {Edmond).  —  Le  d^tacbement  de  la  patrie.  Paris, 
1873;in-4^ 

Wechniakoff  {Thiodore),  —  Troisieme  section  des  recber- 
cbes  sur  les  conditions  antbropologiques  de  la  production 
scientifique  et  estb^tique.  Paris;  in-8*. 

Meray  {Charles).  —  Nouveau  precis  d'analyse  infinitesi- 
roale.  Paris ,  1 872 ;  in-8^ 

SociiU  des  sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux. 
—  M^moires,  tome  IX,  1"  cabier.  Bordeaux,  1873;  in-8*. 

Acadimie  des  sciences,  arts  et  belles4ettres  de  Dijon.  — 
Memoires,  annees  1866  k  1870.  Dijon;  3  vol.  in-8^ 

De  Coussemaker  {£.).  —  Sources  du  droit  public  et  coutu- 
mier  de  la  Flandre  maritime.  1''  s^rie.  Lille,  1873;  in-8^ 

Comiti  flamand  de  France  a  Lille.  —  Annales,  tome  XI, 
1870-1872.  Lille,  1873;  1  vol.  in-8»;  —  Bulletin,  tome  V, 
nM2,  index.  Lille,  1873;  in-8«. 

Academic  des  sciences  de  Lyon.  —  Memoires,  classe  des 
sciences,  tome  XIX.  Lyon,  1872;  in-8°. 

Societi  d' agriculture  de  Lyon.  —  Annales,  IV'  serie, 
tome  III,  1870.  Lyon,  1871 ;  vol.  in^^ 

Soci4te  linn^enne  de  Lyon.  —  Annales,  1872,  nouvellc 
sdrie,  tome  XIX.  Lyon ,  1873;  in-8^ 


(  247  ) 

Societe  vaudoise  des  sciences  naturelles  d  Lat^anne.  — 
Bulletin ,  S""'  s^rie,  vol.  XII ,  n«  69.  Lausanne,  1873;  in-8^ 

K,  preuss.  Akademie  der  Wissenschaften  zu  Berlin,  — 
Monatsbericht,  Februar,  Marz  und  April  1873.  Berlin;  2  cah. 
iu.8\ 

Deutsche  chemische  Gesellschaft  zu  Berlin.  —  Berichtc, 
VI.  Jahrg., n^  13.  Berlin,  1873;  cah.  in-8«. 

Physikal.  Verein  zu  Frankfurt  am  Main,  — -  iahres-Be- 
richt,  1874-1872.  Frankfurt  S/M.,  1873;  in-8^ 

Oberhessische  Gesellschaft  fur  Natur-  und  Heilkunde  zu 
Giessen.  —  Vierzehnter  Bericht.  Giessen,  1873;  in-8'*. 

Justus  Perthes'  geographische  Anstalt  zu  Gotha.  —  Mit- 
theilungen,  19.  Bd.,  VII,  1873.  Gotha;  in-4^ 

Verein  fur  vaterlandische  Nalurkunde  in  Wiirtemberg, 
zu  Stuttgart,  —  Jahreshefle,  XXIX""  Jahrg.,  1-3.  Heft.  Stutt- 
gart, 1873;  in-8^ 

K.  Akademie  der  Wissenschaften  in  Wien.  —  Silzung  der 
math.-  naturw.  Glasse,  Jahrg.,  1873,  n""'  16  a  19.  Vienne; 
5  feuilies  in-8''. 

K.  Nordiske  Oldskrift- Selskab  i  Kjobenhavn.  —  Aarboger, 

1872,  II,  III,  IV  Heftes,  1873,  1  Hefte;  —  Tillaeg.  aarg., 
1871 ,  1872;  —  H^moires ,  nouvelle  s^rie,  1872.  Gopenhague; 
9  cah.  in-8^ 

Schabeler  (F.-C).  —  Pflanzengeographische  Karte  liber  das 
Konigreich  Norwegen.  Ghristiania,  1873  ;  in-plano. 
Society  impiriale  d'agriculture  de  Moscou.  —   Journal, 

1873 ,  s^rie  V,  tome  XIII ,  n**  1 .  Moscou ;  in-8°  (en  russe). 
Schiaparelli  (G.-F.).  —  I  precursori  di  Gopernico  nell' 

anUchita.  Milan,  1873;  in-4». 

Genocchi  (Angela),  —  Serie  ordinate  per  fatloriali  inversi. 
Rome,  1859;  in-i"*.  —  Sulla  formula  sommatoria  di  Eulero  c 
sulla  teorica  de'  residui  quadra  tici.  —  Intorno  ad  alcune  for- 
mule  sommatorie.  —  Soprauua  formula  di  Lagrange  spettente 
al  moto  dei  liquidi  ne'  vasi.  Rome,  1858  ,  in-8''. 


(  248  ) 

Accademia  de  sciencias  mediciM  de  Lisboa.  —  Jornal, 
tomo  XXXVII,  i873,  n*»  5,  6.  Lisbonne;  2  cah.  in-8^ 

Royal  astronomical  Society  of  London.  —  Monthly  notices, 
vol.  XXXIII,  n»  8.  Londres,  1875;  in-8*>. 

Royal  geographical  Society  of  London.  —  Proceedings , 
vol.  XVII,  n«  11.  Londres,  1873;  in-8^ 

Geological  Society  of  London.  —  Journal,  vol.  XXIX, 
part.  2  (nM14),  may  1 ,  1873.  Londres;  in-8^ 

Chemical  Society  of  London.  —  Journal,  ser.  2,  vol.  XI, 
february-april,  1873;  toL  X  (supp.  number).  Londres;  4cah. 
in-8». 

Society  of  antiquaries  of  London.  —  Proceedings,  second 
series,  vol.  V,  n"  VI-VIL  Londres,  1873;  2  cah.  in-8°. 

Numismatic  Society  of  London.  —  Chronicle,  1873, 
part.  11.  New  series,  n**  4.  Londres;  in-8^ 

Observatory  of  Trinity  College,  Dublin.  —  Astronomical 
observations  and  researches  made  at  Dunsik ,  second  part. 
Dublin,  1873;in-8«. 

Peralta  (M.).  —  Costa  Rica  :  its  climate,  constitution  and 
resources.  In-8*. 

Asiatic  Society  of  Bengal,  at  Calcutta.  —  Proceedings, 
n*'  II  and  III,  february-april ,  1873;  —  Journal,  1873,  part.  1, 
n*  1,  part.  II,  n'*  1-2;  —  Bibliotheca  indica,  new  series, 
n«»  271,  274,  275,  276,  278.  Calcutta,  8  cah.  in-8»  et  2  cah. 
in-4^  • 

Geological  Survey  of  India.  —  Memoirs  :  Palaeontologia 
India  :  Cretaceous  fauna  of  Southern  India,  vol.  IV,  1-2; 
Calcutta;  2  cah.  in-4'»;  —  Memoir^  in-8%  vol.  VIII,  IX.  Cal- 
cutta; 4  cah.  in-8'*;  —  Records,  vol.  V,  part.  1-4.  Calcutta, 
1872;4cah.  in-8«. 

The  american  Journal  of  science  and  arts.  Third  series, 
vol.  V,  n°*  29-30.  New-Haven,  1873,  2  cah.  in-8«. 


BULLETIN 


DE 


L'ACAD^MIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQDE. 


i873.  —  No-  9  ET  10. 


GLASSE  DES  BEAUX- ARTS. 


Seance  du  48  seplembre  4813. 

M.  L.  Alvin,  dirccleur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp6tael. 

Sont  presents  :  MM.  N.  De  Keyser ,  G.  Geefs^  J.  Geefs , 
F.  De  Braekeleer,  C.-A.  Fraikin,  £d.  F^lis,  Edm.  Dc 
Busscher,  Aug.  Payen,  le  chevalier  L.  de  Burbure, 
J.  Franck,  G.  De  Man,  Ad.  Sirct,  J.  Leclercq,  Era.  Slin- 
geneyer,  Alex.  Robert,  membres. 

2°'  SlfeRIB,  TOME  XXXVI.  17 


(  280  ) 


CORRESPONDANCE. 


Une  lettre  da  Palais  exprime  les  regrets  de  Sa  Majeslc 
de  ne  pouvoir  assister  k  la  stance  publique  de  la  classe. 

S.  A.  R.  M*"*  le  Comte  de  Flandre  fait  exprimer  des 
regrets  semblables. 

—  M.  le  gouverneur  du  Brabant  informe  TAcad^mie 
que  des  places  scront  reserv^es  k  MM.  les  membres,  au 
service  fun^bre  qui  sera  c^l^br^  le  23  de  ce  mois,  k  onze 
heures  du  matin,  dans  T^glise  des  Saints  Michel  et  Gudule, 
en  m^moire  des  citoyens  morts  pour  la  patrie. 

—  M.  le  Ministre  de  Tint^rieur  communique  le  pro- 
gramme des  f^tes  de  septembre,  lequel  fixe  au  mercredi  24 
de  ce  mois,  k  une  heure,  au  Palais  Ducal,  la  stance  pu- 
blique de  la  classe. 

—  Le  m6me  haut  fonctionnaire  transmet,  pour  la  sec- 
tion permanente  du  jury  du  concours  de  composition 
musicale,  un  rapport  de  M.  Willem  De  Mol,  laur^at  du 
grand  concours  de  1871 ,  sur  ses  voyages  en  Allemagne, 
ainsi  qu'une  partition  intitulee  :  Droeve  tijden  (cantate 
pour  baryton  el  orchestre) ,  du  m^me  auteur. 

—  L'Institut  archeologique  de  la  province  de  Luxem- 
bourg, k  Arlon,  el  la  Soci^t6  d*art  et  d*antiquit6s  d'Ulm 
remercient  pour  le  dernier  envoi  de  publications. 


(  281  ) 
JDGEMENT  DES  CONCOURS  ANNUELS. 


GONGOURS   LITT^RAIRE. 

Deux  qoestions  avaient  &ie  inscriles  au  programme  du 
concours  liltdraire  pour  cetle  annee.  Comme ,  k  la  dale 
(lu  terme  fatal  pour  la  remise  des  m^moires,  aucuu  tra- 
vail n'^tait  parvenu,  la  classe  a  d^cid^,  ainsi  qu*elle  s*en 
6lait  rfeerv6  le  droit  en  1871,  d'accepler  le  manuscrit 
present^  h  cette  ^poque,  en  r6ponse5  la  question  suivante  : 

Rechercher  I'epoque  a  laquelle  Varchitecltire  a  subi^ 
dans  les  Pays-Bas^  f  influence  italienne,  Indiquer  lesper^ 
sonnages  auxquels  on  doit  attribuer  cette  influence  et  citer 
les  wuvres  des  artistes, 

Mimppowi  d9  M,  €t.  0«  Mmn. 

€  I/autenr  du  nouveau  mdmoire  portant  pour  devise  : 
a  (77rf<  ouv  «/,  etc.  (Platon),  en  r^ponse  a  cette  question,  n'a 
pas  tenu  compte  des  critiques  auxquelles  avait  donn^  lieu 
son  premier  travail  (1).  Loin  de  chercher,  par  une  redac- 
tion simple  et  facile,  k  exposer  les  faits  d^une  fa^on  claire 
et  precise,  il  exag^re  encore  le  style  ampoule  de  son  pre- 
mier m^moire ;  voulant  faire  preuve  de  savoir,  ce  qui  du 
reste  est  incontestable,  il  accumule  dans  une  mSme  phrasQ 
une  foule  de  faits  accessoires  qui ,  n^cessitant  autant  de 
periphrases,  en  rendent  la  lecture  p^nible  et  Tintelligence 
du  sens  difficile. 

Ces  faits  accessoires  abondent  et  ecartent  k  chaque 
instant  Tauteur  de  la  question  dans  laquelle,  d*ailleurs,  il 
ne  s'est  pas  renferm^,  car  son  m^moire  est  plutdt  une 

(1)  Voir  BuUetins  de  Ucad^mie,  2"«  s^rie,  t.  XXX,  p  155. 


(  282  ) 

histoire  g^n^rale  de  Tarchitecture  de  la  Renaissance ,  k  ses 
diverses  ^poques  el  dans  les  divers  pays. 

Ce  m^moire ,  d*une  Venture  fort  difficile  k  d^chiffrer, 
est  la  reproduction  du  premier  rectifi^  et  corrig^  sur  cer- 
tains points  et  g^n^ralement  augment^  et  tr^s-amplifl6  : 
les  rapports  ant^rieurs  ont  suffisamment  fait  connailre  les 
qualit^s  du  premier  travail  pour  qu'il  soit  n^cessaire  d'y 
revenir  quant  k  celui-ci. 

II  est  divis^  en  sept  chapilres  : 

Le  premier  renferme  des  considerations  g^n^rales  sur 
Tart  et  sur  les  causes  qui  ontdonn^  naissance  au  nouveau 
style;  sur  ses  progr6s,  sur  sa  decadence  et  son  d6clin :  ce 
chapitre  est  ainsi  le  r^sum^  de  tous  les  autres. 

Le  second  chapitre  developpe  les  progr^  de  Tarchitec- 
ture  de  la  Renaissance  en  Italie  et  en  Espagne. 

Dans  le  troisi^me  chapitre  Tauteur  aborde  la  veritable 
question  et  d^crit  comment  sMntroduisirent  aux  Pays-Bas 
les  premiers  motifs  du  style  de  la  Renaissance  et  comment 
ils  s*y  d6velopp6rent. 

II  consacre  le  quatri^me  chapitre  k  la  description  des 
diverses  constructions  ilalo-flamandes  6lev6es  aux  Pays- 
Bas  de  1S50^  1600. 

Le  cinqui6me  chapitre  traile  de  la  decadence  du  style 
Renaissance  italienne  dans  les  Pays-Bas  et  de  la  manidre 
adoptee  par  les  j^suites  dans  Tordonnance  de  leurs  con- 
structions (1600-1700). 

Dans  ces  divers  chapitres  I'auteur  revient  plusieurs  fois 
sur  les  mSmes  oeuvres  et  sur  leurs  auteurs,  ce  qui  jette 
une  certaine  confusion  dans  la  marche  de  cette  ^tude  sur 
la  p<iriode  Renaissance  italienne  aux  Pays-Bas;  il  entrem^Ie 
son  m^moire  de  longues  dissertations  sur  les  faits  et  gestes 
des  artistes  dont  il  fait  en  quelque  sorte  la  biographic. 

Le  sixi6me  chapitre,  ainsi  que  Tauteur  Tannonce  par 


(  255  ) 

SOD  litre,  est  consacr^  k  V Appreciation  de  Rubens  comme 
architecte. 

Dans  sa  stance  du  8  septembre  1870  (1) ,  la  classe  a  d^- 
cid6  que  cette  seconde  question  :  Apprecier  Rubens  comme 
architecte,  ne  ponvait  £tre  trait^e  incidemment  avec  la  pre- 
miere, mais  qu'elle  serai t  I'objet  d'un  coucours  ult^rieur. 

L'auteur  n'a  point  tenu  compte  de  cette  decision;  en 
consequence  ce  memoire  donne  lieu,  pour  les  mSmes  rai- 
sons,  aux  observations  et  aux  reproches  qui  ont  fait  ^car- 
ter  le  premier. 

Lesepti^me  chapitre,envoye  en  dernier  lieu  parl'auteur, 
est  une  longue  nomenclature  d*une  s^rie  d'^difices  con- 
struits  depuis  Rubens  jusqu'^  la  decadence  complete  de  la 
Renaissance  dans  les  Pays-Ras. 

Ce  chapitre  qui,  sous  divers  rapports,  offre  certain  in- 
terSt,  n'est  que  d*une  mediocre  ulilit^  pour  la  question. 

La  conclusion  qui  suit  ce  chapitre  et  termine  le  m^moire 
aborde  enfln  plus  directement  la  question.  L'auteur  fixe, 
comme  ^poque  &  laquelle  les  premiers  specimens  de  la 
Renaissance  furent  introduits  aux  Pays-Ras,  les  dix  der- 
nj^res  ann^es  du  quinzi^me  si^cle,  et  il  altribue  cette 
introduction  &  des  artistes  espagnols. 

La  domination  espagnole  avait  dil  en  efiet  amener  dans 
le  pays  des  artistes  de  c^lte  nation  et  rendre  la  langue 
espagnole  familiere  :  il  est  done  assez  nalurel  de  supposer 
que  les  trait^s  d'archi lecture  classique  publics  en  Espagne 
des  1525  s'introduisirent  aux  Pays-Ras. 

L'auteur,  en  cilant  les  personnages  auxquels  on  doit 
atlribuer  rinfluence  italienne,  menlionne  tous  ceux  qui, 
aux  diverses  epoques  de  1490  k  1760,firent  eiever  des 
edifices ;  il  agit  de  la  meme  fa^on  en  ce  qui  concerne  les  oeu- 

(1)  Voir  Bulletins  de  VAcadimie,  2»«  serie,  t.  XXX,  p.  166. 


(  284  ) 

vres  des  artistes  :  ce  n'est  point  Ik  r^poDdre  k  la  question. 

Ce  chapitre  reproduit  toat  ce  qui  a  6t6  dil  dans  les 
chapitres  pr^c^dents  et  n'ajoute  rien  au  m^moire:  I*auleur, 
commeTobservation  en  a  d^j^  6i6  faite,  ne  se  renferme  pas 
dans  la  question,  mais  fait  Thistorique  de  toule  la  p^riode 
de  I'architecture  italienne  aux  Pays-Bas  depuis  son  appa- 
rition jusque  dans  ces  derniers  temps. 

Si ,  d'une  part,  on  doit  reconnailre  k  ce  tiravail,  ainsi  que 
je  Fai  d^ji  constat^  dans  mon  premier  rapport,  un  m^rite 
r^el  au  pOint  de  vue  des  recherches  et  des  connais- 
sances  de  Fauteur,  d'autre  part  il  serait  indispensable, 
pour  qu'il  pAt  Sire  livrS  k  I'impression ,  de  lui  faire  subir 
de  nombreuses  corrections  sous  le  rapport  du  style  et 
souvent  mSme  de  la  forme. 

En  somme  cette  oeuvre  prSsente  FSquivalent  du  premier 
travail  et  ne  donne  pas  davantage,  me  semble-t-il,  lieu  k 
ce  que  TAcadSmie  lui  accorde  la  m^daille  d'or. 

Toutefois,  vu  les  renseignements  interessants  qu'elle 
renferme  et  les  nombreuses  recherches  auxquelles  Tauteur 
a  dA  se  livrer,  je  suis  d'avis  qu'une  recompense  k  titre 
d'encouragement  lui  soit  accordee.  » 

<  Je  me  rallie  aux  conclusions  du  rapport  ci-dessus  de 
rhonorable  premier  commissaire  M.  De  Man.  » 

«  Appeie  k  juger  le  mSmoire  actuel  qui  n'est  qu'une 
amplification  du  travail  pr^sent^  dSji  une  premiere  fois 
en  1871  en  reponse  k  la  mSme  question,  je  ne  saurais 
proposer  k  la  classe  que  de  lui  decerner  une  simple  mSdaille 
d'encouragement  pour  les  recherches  qu'il  renferme.  » 


(  288  ) 


€  La  question  pos^e  par  la  classe  des  beaux-arts  de 
TAcademie  renferme  dans  ses  flancs  Fhistoire  mdme  de 
rarchiteclure  dans  les  Pays-Bas.  II  est  en  effet  impossible 
d'^tudier  Tinfluence  italienoe  sans  remonter  aux  causes 
qui  Font  produite,  et,  dans  Texamen  de  celles-ci^  on. est 
n^cessairement  et  logiqueinenl  entrain^  k  des  d^veloppe- 
ments  qui  doivent  servir  de  base  k  I'^tude  r^clam^e. 

L'auteur  de  la  question  Fa  entendu  ainsi.  II  a  compris 
que  dans  Thistoire  de  I'architecture  nationale  c'^tait  le 
point  le  plus  culminant,  la  clef  de  voAte  en  quelque  sorte 
d*un  monument  colossal  r^unissant  dans  son  ensemble 
toutes  les  parties  homogenes  de  I'^difice.  II  fallait  pour  la 
construction  de  cette  oeuvre  de  nombreux  mat^riaux  et 
une  mise  k  pied  d'oeuvre  intelligente  et  assuree.  La  classe 
des  beaux-arts  a  lieu  de  se  f^liciter  d'avoir  ouvert  ce  con- 
cours,  dont  le  r6sultat  devait,  selon  ses  esperances,  com- 
bier  une  lacune  dans  Fhistoire  de  nos  arts  nationaux,  car 
VHistoire  de  I'architecMre  de  M.  Schayes  ne  saurait  £tre 
consid^r^e  au  fond  que  comme  une  oeuvre  d*arch6ologie 
plut6l  que  comme  un  travail  d'esth^tique. 

La  question  a  &i&  pos^e  pendant  plusieurs  ann^es.  Un 
seul  m^moire  y  a  r^pondu.  Cest  celui  que  le  present 
rapport  a  pour  objet  d*examiner.  Comme  on  devait  s'y 
attendre,  par  la  formule  mSme  de  la  question,  ce  m^moire 
est  tr^-^tendu.  II  compte  sept  chapitrcs;  chacun  de  ces 
chapitres  est  k  lui  seul  un  livre.  Les  titres  vont  nous  faire 
voir  que  ces  livres,  pris  isol^ment,  sont  des  r^ponses 
directes  aux  di verses  questions  sous-en tendues  et  conden- 
s6es  dans  la  proposition  principals 


(  286  ) 

Chapitre  premier.  Prodromes  philosophiques.  —  Avd- 
nement  et  progrte  de  la  Reoaissaoce  italienne ;  motif  de 
la  corruption  et  du  d^clin  de  cette  renovation  artistique. 

Chapitre  deuxieme.  Causes  g^n^rales  qui  amen&rent  les 
artistes  flamands  k  d^erter  les  traditions  de  F^le  natio- 
nale  pour  subir  Tinfluence  italienne.  —  M^tapbysique  du 
style  de  la  Renaissance  au  point  de  vue  hispano-flamand. 

Chapitre  troisieme.  Apparition  et  d^veloppement  du 
style  de  la  Renaissance  aux  Pays-Bas ,  quinzi&me  et  sei- 
zi^me  si^cles.  —  Periode  hispano-italienne. 

Chapitre  quatrieme.  L'architecture  de  la  Renaissance 
aux  Pays-Bas  durant  la  periode  italo-flamande,  15S0- 
1600. 

Chapitre  cinquieme.  Adoption  aux  Pays-Bas  du  style 
de  la  decadence  italienne.  —  L'architecture  j6suitique«  — 
Mattres  flamands  et  n^erlandais,  1600-1700. 

Chapitre  sixieme.  Appreciation  de  Rubens  comme 
archilecte.  —  Predilections  ilaliennes,  tendances  au  pro- 
s61ytisme,  mani^re  et  g^nie  special  du  grand  artiste  au 
point  de  vue  architectural.  —  Examen  approfondi  de  ses 
ceuvres  authentiques  et  de  la  valeur  de  paternit6  de  celles 
qu'on  lui  attribue  par  tradition ,  1600-1640. 

Chapitre  septieme  et  dernier.  Le  style  Rubens.  —  £tude 
des  oeuvres  d'architecture  eiev^es  aux  Pays-Bas  sous  Tin- 
fluence  des  traditions  du  maitre  anversois  jusqu*au  milieu 
du  dix-huitieme  siicle.  —  D^laissement  de^  traditions 
rubeniennes  en  peinture  et  en  architecture.  —  Le  style 
rocaille.  —  Profonde  decadence  de  T^cole  flamande.  — 
Conclusion,  1640-1770. 

L'ensemble  du  premier  chapitre  t^moigne  (out  d'abord 
d'etudes  profondes  et  varices.  L'auteur  du  m^moire  ^tale 
avec  une  certaine  complaisance  le  r^sultat  de  ses  investi- 


(  257  ) 

gallons  et  de  ses  meditations.  On  serait  peut-6tre  tent^  de 
bl^mer  cette  profusion  de  moyens  si,  k  mesure  qu'on 
avanee  dans  la  lecture  du  m^moire^  on  ne  se  sentait  do- 
ming par  les  convictions  de  Tauleur.  Ge  d^ploiement  de 
forces  historiques  et  litteraires  est  indispensable  k  T^cri- 
vain.  Son  sujet  le  possSde,  il  a  la  t£te  pleine  d'id^es  et  les 
mains  pleines  de  preuves,  il  ouvre  Tune  et  les  autres  et 
tout  s'^chappe  avec  une  abondanee  un  peu  tapageuse.  G'est 
Ih  le  cachet  du  livre  tout  entier,  mais  Tauteur  a  eu  soin  de 
r^ler,  dans  la  mesure  de  ses  id^es,  le  mouvement  de  sa 
puissance.  Ainsi  s'est  produite  sa  division  en  chapitres. 
Pour  bien  faire,nous  eussions  d^sir^  voirces  chapitressub- 
divis^s  eux-m£mes  par  des  indications  marginales. 

Les  id^es  d^velopp^es  dans  le  1*'''  chapitre  sont  hardies 
et  personnelles  h  Tauteur.  Elles  sont  discutables  peut-dtre, 
mais  elles  sont  serieuses  et  produites  avec  une  argumenta- 
tion serrSe.  II  a  des  appreciations  nettes  et  d'une  tour- 
Dure  pittoresque ,  parfois  un  peu  emphatique.  A  presque 
toutes  les  pages  nous  nous  trouvons  en  presence  soit  d'une 
revelation  historique^  soit  d'une  surprise  litt^raire.  Ger- 
taines  digressions  pourraient  k  premiere  vue  parattre  inu- 
tiles,  mais  le  plan  trace  par  Tauieur  les  rend  n^cessaires  et 
il  faut  reconnaitre  une  grande  ingeniosite  de  moyens  dans 
la  fa^on  dont  il  sait  exposer  les  prol^gom^nes  de  sa  dialec- 
tique  et  les  consequences  qu'il  en  tire.  Temoin  tout  ce 
qu'il  dit  des  livres  de  Plalon  dont  on  retrouve  la  quintes- 
sence appliquee  aux  chefs-d'oeuvre  du  si^cle  de  Leon  X  et 
qu'Erasme  s'est  etroitement  assimiiee. 

Dans  ce  mSme  chapitre  le  style  a  des  audaces  extremes 
et  quelquefois  bl^mables :  ia  erudite  de  quelques  compa- 
raisons  depasse  les  lois  du  bon  goAt,  mais,  h^ tons-nous  de 
le  dire,  les  passages  auxquels  nous  faisons  allusion  sont 


(  258  ) 

rares,  et,  en  les  ^crivanl,  Tauleur  a  c&A&k  un  entrainement 
dont  il  sera  tr^-facile  de  corriger  les  effets. 

Les  opinions  ^mises  siir  Tart  ogival  donl  Tapparition 
put  seule  con tre- balancer  victorieusenaent  le  g^nie  an- 
tique d^velopp^  sous  rinfluence  des  id6es  platoniciennes, 
donnent  lieu  ^  une  s^rie  de  pages  ^crites  avec  une  verve 
6lonnante.  Dans  le  cours  du  m^moire,  \k  oil  Tapplication 
succede  k  Texposition  de  Testh^tique,  I'autenr  aura  k  re- 
venir  sur  ce  point.  II  fait  ensuile  une  rapide  et  brillante 
enumeration  entremdl^e  de  citations  d'oeuvres  de  toute 
nature  des  architectesitaliensqui  provoquerent  la  Renais- 
sance gr^co-roinaine,  ainsi  que  des  sculpteurs  si  intime- 
ment  li^s  aux  architectes. 

Le  caractere  vraiment  saillant  de  ce  chapitre  est  Thomo- 
g^n^it^  imprim^e  k  Thistoire  de  Tensemble  de  la  marclie 
de  Tesprit  humain  dans  les  lettres  et  dans  les  arts.  Des 
liens  indissolubles  unissent  les  unes  aux  autres,  et,  lors- 
que  Ton  veut  repr^senter  fidelement  une  ^poque  dans  son 
essence  intellectuelle ,  il  est  indispensable  de  s'attacher  k 
tout.  L'auteur  du  m^moire  suit  done  pas  k  pas,  non-seule- 
ment  le  mouvement  de  la  renaissance  architecturale,  mais, 
parall^lement,  le  mouvement  scientifique  et  litt^raire,  indi- 
quant  Tinfluence  de  celui-ci  sur  celui-l^.  Sans  doute  ce 
proc^de  est  ^l^mentaire  et  il  n'a  pas  fallu  un  violent  effort 
d'imagination  pour  en  arriver  1^,  mais  ce  que  nous  ne  sau- 
rions  assez  louer  et  signaler,  c'est  le  proc^d^  aussi  large  que 
complet  employ^  par  Tauteur  et  la  forme  donn^e  au  splen- 
dide  tableau  qu'il  d^roule  k  nos  yeux.  On  pent  dire  que  dans 
le  long  passage  dont  nous  nous  occupons,  Tauteur,  eu- 
flamm^  par  les  beaut6s  et  les  puissances  multiples  du  sujet 
qu'il  poss&de  avec  une  incontestable  sup^riorite ,  est  rest6 
digne  d'un  des  plus  beaux  tbemes  qu*offre  k  {'imagination 


(  259  ) 

et  i  r^ruditioD  Thistoire  de  Tart  unie  k  celle  de  la  peDs6e 
humaine.  Nous  voudrions  pouvoir  ciler  ici  quelques  pas- 
sages de  ce  chapitre,  mais  les  citalions  nous  sont  inter- 
dites  par  la  raison  qu'elles  donneraient  k  ce  rapport  une 
^lendue  inusit^e.  Bornous-nous  k  iudiquer,  page  13,  le 
charmant  passage  consacr^  k  d^crire  le  retour  des  aspira- 
tions vers  le  naturalisme  paien  sous  Tltalie  des  M^dicis. 

Arrivant  aux  motifs  de  la  corruption  et  du  d^clin  de  la 
renovation  artistique  italienne,  Tauteur  les  examine  silre- 
ment  et  d'une  mani^re  concise.  Sa  conclusion  se  pr^cipite 
comme  un  monument  qui  s'^croule,  esp^ce  d'onomatop^e 
qui  n'est  pas  sans  habile t^  ni  sans  charme.  La  encore  la 
phrase  est  brillante  et  sonore,  les  arguments,  la  plupart 
pr^sent^s  sous  un  jour  nouveau,  semblent  ne  pouvoir  Stre 
contest^,  tanl  ils  frappent  et  convainquent.  La  derni^re 
phrase  du  chapitre  m^rile  d'etre  rapport^e;  elle  permet 
de  donner  une  id6e  synth6tique  de  Topinion  de  I'auleur, 
opinion  sinou  absolument  nouvelle,  du  moins  ^nergique- 
ment  et  tres-heureusement  aiBrm^e.  <  Toute  Phistoire, 
dit-il ,  de  la  longue  preponderance  du  style  flamboyant  de 
la  Renaissance  italicnne  aux  Pays-Bas  pent  se  r6sumer  en 
deux  noms  :  Rubens  et  Loyola.  Ji 

Le  chapitre  deuxidme  debute  par  une  declaration  qui 
est  une  breve  et  nette  explication  du  livre  m^me.  «  L'^tude 
»  des  causes  physiques  et  morales  qui  ont  modifie  Tart  de 
j>  b&tir  et  lui  ont  fait  recevoir  de  la  main  des  architectes 
»  des  formes  si  differentes  suivant  la  diversity  de  ses  ori- 
»  gines,  est  un  vaste  sujet  de  meditation  offert  au  philo- 
»  sophe,  k  recrivain  et  k  Tartiste.  La  decadence  des  plus 
»  beaux  styles  naquit  toujoursde  Tamour  immoderede  la 
V  nouveaute  parmi  les  hommes.  » 

Ainsi  s'explique  I'auteur  qui,  d'un  bout  de  son  memoire 


(260  ) 

k  I'autre,  justice  cette  v^rit6  sans  se  d^mentir  ud  seul  in- 
stant. 

G'est  la  premiere  fois,  crpyons-nous ,  qu'on  entre  dans 
le  vif  des  causes  qui  portereni  les  artistes  flamands  k  de- 
serter les  traditions  nationales.  Le  passage  oil  Tauteur  exa- 
mine cette  proposition  qu'une  des  raisons  de  la  ruine  de 
Tart  du  moyen  kge  est  la  foi  tournant  k  la  routine ,  ce  pas- 
sage, disons-nous,  m^rite  Tattention  des  esprits  s6rieux , 
par  la  hauteur  de  vues  avee  laquelle  cette  proposition 
est  trait^e.  Le  r^gne  de  Taust&re  Marguerite  d'Autriche 
s'italianisant  elle-mSme  k  Tinfluenee  des  id^es  du  jour, 
est  un  tableau  charmant,  plein  de  details  impr^vus  et 
piquants.  II  serait  difficile  de  rencontrer  une  description 
qui  rendu  avec  plus  de  v^rite  et  d'^-propos  tout  ce  qui  con- 
tribua,  sous  Tinfluence  de  cette  princesse,  k  la  prosperity 
des  arts  et  des  lettres  dans  notre  pays.  Et  il  faut  le  dire 
hautement,  il  n'y  a  \k  aucune  banality,  aucune  forme  pon- 
cive  litt^raire,  tout  y  est  neuf,  absolument  neuf  et  vrai. 
L'auteur  semble  avoir  d^couvert  une  mine  sp^ciale,  il  y 
puise  k  pleines  mains,  et,  apres  T^tonnement  que  causent 
de  pareilles  trouvailles,  il  ne  saurait  y  avoir  qu*une  voix 
pour  les  appr^cier  k  leui^exacte  et  profonde  valeur.  Nous 
le  r^p^tons  encore  avec  intention ,  les  citations  sont  impos- 
sibles, autant  vaudrait  transcrire  ici  le  chapitre  tout  en  tier. 

L'auteur  continue  en  jetant  un  regard  rapide  sur  I'ar- 
chitecture  de  toute  PEurope;  il  appr^cie  par  des  formules 
k  lui,  tr^-heureusement  trouv^es,  la  valeur  des  architectes 
du  temps;  ici  on  rencontre  k  chaque  ligne  des  revelations 
biographiques  d'une  port^e  incontestable  en  ce  qu*ellesde- 
terminent  certains  points  rest^s  douteux  ou  mal  apprecies 
et  qui  apportent  aux  opinions  de  l'auteur  un  appoint  de 
preuves  inattendues  et  concluantes.  La  masse  de  details 


(  261  ) 

qui  surchargent  le  m^moire  n'est  done  pas,  ii  est  fi6ces- 
saire  de  le  remarquer,  un  vain  6talage  d'^rudition  facile, 
mais  un  precede  qui  lui  donne  une  force  el  une  vie  excep- 
tionnelles. 

L'auteur  suit  pas  i  pas  les  artistes  flamauds  en  Espagne, 
oil  Ton  reprocbe  k  Charles-Qaint  sa  predilection  pour  sed 
compatriotes.  Ce  passage  est  pour  nous  rempli  d*enseigne- 
ments.  Plus  loin,  le  m^moire  renferme  des  descriptions 
architecturales  et  ornementales  oil  Ton  remarque  quei- 
ques  superfluit^s  pr^tentieuses  et  acad^miques  a  Fexces ; 
plus  loin  encore ,  dans  une  question  d'appr^ciation  de  Tar- 
chitecture  des  seizi^me  et  dix-septi^me  si^cles,  Tauteur 
prend  k  partie  M.  Schayes  et  oublie  son  th^me  principal 
pour  faire  de  la  critique  sp^ciale.  Non  erat  hie  locus.  Ge 
passage  aurait  dii  Stre  supprim^  ou  tout  au  moins  mis 
en  note. 

Le  chapitre  deuxiSme  fmit  par  une  remarque  fondle  sur 
le  sp^cialisme  qui  est  la  cause  fondamentale  de  rinfSriorit^ 
de  Tartmoderne,  tandis  que  les  vieux  maitres  poss6daient 
une  diversity  de  connaissances  qui  leur  permettait  une 
harmonieuse  application  de  tons  les  arts  k  la  chose  sortie 
de  leurs  mains. 

N*oublions  pas  que  dans  ce  chapitre  on  voit  poindre  k 
nouveau  les  prodromes  de  Tinfluence  de  Rubens  sur  I'ar* 
cbitecture.  L'influence  de  ce  g^nie,  telle  que  la  suppose 
r^crivain ,  semble  de  prime  abord  exag^r^e ,  mais  il  est  bon 
de  remarquer  que  l'auteur  consid^re  cette  influence  comme 
souveraine  et  que  TAcad^mie  royale  de  Belgique  partage 
jusqu'^  un  certain  point  cette  maniere  de  voir,  puisqu'elle 
mettait,  il  y  a  deux  ans,  Thistoire  de  cette  influence  au 
concours. 

Le  troisi&me  chapitre  traite  de  Tapparition  et  du  d^ve- 


(  262  ) 

loppement  du  style  de  la  Renaissance  aux  Pays-Bas,  aux 
quinzi^me  et  seizi^me  si^cles  et  de  la  p6riode  hispano- 
flamande.  Ce  chapitre  est  tr^s-Iong  el  tr^s-charg^.  II  y  a 
pl^thore,  mais,  telle  est  cette  richesse  pl^lhorique,  que  si 
nous  avons  le  devoir  de  la  constater,  nous  ne  saurions 
avoir  le  courage  de  la  bl^mer  absolumeut.  G'est  toujours 
cette  exuberance  de  fails  et  de  raisonnemenls  qui  en  font 
comme  la  morality ;  c'est  toujours  ce  proc^d^  d*exhuma- 
lions  et  de  d^couvertes  inattendues ;  c*est  toujours  ce  sys- 
t^me  d*abondantes  moissons  dans  des  champs  inexplor^s 
jusqu'i  present :  nous  insistons  sur  le  mot  inexplores,  car 
il  justifie  le  modus  agendi  qui  est  propre  k  Fauteur  et  qui 
donne  k  son  oeuvre  un  cachet  personnel  et  unique.  En  effct, 
il  suffit  de  faire  la  rapide  Enumeration  de  ce  chapitre  oii- 
doyant  et  divers  peut-on  dire,  pour  s'en  convaincre. 

Originc  des  voyages  des  artistes  flamands  (m^me  encore 
a  rheure  qu'il  est)  en  Italic,  due  k  I'engouement  du  goAt 
italien.  —  Eslime  des  Italiens  pour  les  Flamands;  preuves 
nombreuses  et  nouvelles  k  Tappui.  —  Histoire  de  Tara- 
besque  Irait^e  d*une  fa^n  originale  et  dans  des  condi- 
tions de  savoir  et  de  jugement  que  les  Eludes  de  Tauteur 
rendent  comparatives  et  essentiellement  curieuses  k  beau- 
coup  de  litres.  —  Histoire  nouvelle  et  sans  prEcEdcnt  de 
rornementation  en  Belgique,  pages  pleines  de  renseigne- 
ments  inEdits  qui  jetlent  une  lumiEre  Eclalanle  sur  un 
art  jadis  porlE  irEs-hautchez  nous  et  dont  nul  n'n  cherchE 
les  limiles  et  la  gloire.  —  Van  Orley,  Mabuse,  Blondeel, 
Michel  Coxcie,  Van  Veen,  Van  Noort,  De  Wille,  Lambert 
Lombard  et  d'autres,  apprEciEs  comme  archilcctes  (oui, 
comme  architectes),et  qui  sortent  de  cette  appreciation 
converts  d'une  aureoleedipseecompieiement  jusqu'ici  par 
celle  du  peintre.  Imposante  et  radieuse  galerie  que  Tau- 


(  263  ) 

teur  fait  passer  devant  nos  yeux  charm^s  et  ^tonn^s.  — 
Digression  sur  cette  proposition  :  qu'avanl  d'etre  Mtie, 
Tarchitecture  gr^co-romaine  aux  Pays-Bas  fut  peinte  et 
sculpt^e.  —  Note  historique,  descriptive  et  scientiflque 
de  la  chemin^e  du  Franc  de  Bruges,  non  une  note  ba- 
nale,  mais  un  travail  serre,  tout  rempli  de  faits  rectiflant 
de  tongues  et  ridicules  traditions.  —  Portail  d'Audenarde  et 
autres  monuments  civils.  Apr^s  ceux-ci  viennent  les  mo- 
numents religieux  qui  offrent,  coibme  on  le  pense  bien, 
des  ressources  inflnies  k  I'auteur.  —  Revue  de  ce  qui  nous 
rcste  des  anciennes  maisons  et  des  Edifices  de  l*^poque  bis- 
pano-flamande.  Cette  revue  est  tongue,  mais  on  n'en  sup- 
primerait  qu'&  regret  la  moindre  ligne.  II  n'en  est  pas  de 
meme  de  quelques  passages  k  description  technique :  il  y  a 
des  moments  oil  le  vocabulaire  se  substitue  k  la  descrip- 
tion.— Pages  tr6s-int^ressantes  sur  le  ch&teau  de  Perrenot 
de  Granvelle,  personnage  eminent  a  qui  revient  une  large 
part  dans  Tintroduction  chez  nous  des  arts  dependant  de 
Tarchitecture  et  de  leur  d^veloppement.  —  Biographic  de 
Jacques  De  Breuck,  architecte  de  Marie  de  Hongrie  et  qui 
Tut  un  des  transformateurs  de  Tarchitecture  civile.  —  Bio- 
graphic de  Jean  de  Bologne.  —  Passage  superflu  tout  au 
moins  sur  le  songe  de  Polyphile  et  qui  pourrait  ^tre  sup- 
prim^  sans  inconvenient  et  m^me  avec  avanlage,  car 
Texplication  donn^e  de  ce  livre  Strange  n'est  fondee  ni  en 
apparence  ni  en  raison.  —  Biographic  de  Pierre  Coucke, 
dans  laquetle  Tauteur  nous  apprend ,  k  notre  grande  sur- 
prise,  que  jamais  ce  c^lebre  alostois  n'a  traduit  Vitruve, 
Tait  alBrm^  par  tons  les  auteurs ,  depuis  De  Piles,  en  passant 
par  Schayes,  lequel  pretend  que  cette  traduction  fut  im- 
prim^e  k  Anvers  en  1546,  jusqu'jl  Tauteur  du  present  rap- 
port qui,  dans  la  plus  r^cente  notice  imprim^e  sur  Pierre 


(  264  ) 

Coecke  (Biographic  nationale)^  a  vers^  dans  Terreur  de 
tous  ses  devanciers. 

A  la  page  124  commence  ud  travail  compl^tement  neuf 
et  Ir^-^tendu. 

G'est  la  description  des  arcs  de  triomphe,  imnienses  mo- 
numents d*un  jour,  qui  furent  &\ey6s  en  Belgique  lors  des 
Joyeuses  Entrees  de  nos  souverains  ou  d*autres  r6jouis- 
sances  publiques.  Comme  on  le  pense  bien ,  la  concision 
ici  est  impossible,  elle  eAi  6t^  irrationnelle  :  en  effet,  ces 
monuments  sont  un  rcilet  grandiose  de  notre  pass^  dans 
les  arts,  et,  jusqu'aujourd'hui ,  nul  n'avait  song^  a  les 
expliquer  dans  un  but  enseignant.  L'auteur  du  m^moire  a 
compris  que  1^  r^sidait  la  moelle  de  la  question  pos^e  par 
TAcad^mie;  aussi  cette  partie  de  son  ceuvre  est-elle  en  ten- 
due  avec  amour,  trait^e  avec  un  soin  particulier  et  jaloux 
et  ^crite  avec  un  brio  qui  vous  enl&ve.  Le  th&me  absorbe 
r^,crivain  comme  il  absorbe  le  lecteur;  le  premier  a  trouv6 
des  expressions  qui  semblent  constituer  comme  une  langue 
k  part  et  le  second  ne  sait  ce  quil  faut  le  plus  applaudir, 
du  sujet  puissant  qui  a  surgi  des  etudes  de  Tauteur,  ou  de 
la  forme  rubenesque  qu'il  a  su  donner  k  son  style. 

Quoi  qu'il  en  soit  des  beaut^s  solides  de  ce  chapitre,  il 
difi%re  des  autres  par  le  manque  de  methode  dans  I'arran- 
gement  des  mati^res.  G'est  un  ^crin  dont  toutes  les  perles 
ont  ^t^  jet^es  p61e-m£le,  puis  ramass^es,  mais  non  rang^es. 

Cbapitre  IV.  L'architecture  de  la  Renaissance  aux  Pai/s- 
Bas  durant  la  periode  italo-flamande  [1550^1600).  t  Si 
»  les  quaranie  ann6es  de  guerres  civiles  et  de  dissen- 
»  sions  religieuses  nees  de  Tintroduction  des  doctrines 
»  de  la  r6forme  ne  venait  pas  jeter  un  cr^pe  fun^bre  sur 
»  cette  brillante  periode  de  T^cole  flamandequi  commen^a 
»  avec  le  r^ne  de  Philippe  II  et  alia  jusqu*&  la  guerre  de 


(  265  ) 

>  la  succession,  jamais,  k  part  Tllalie,  aucune  nation  n'au- 

>  rait  compt£  tant  de  gloires  artistiques  en  Tespaced'un 

>  sidcle  et  demi.  »  G*est  ce  que  dit  Tauteur  au  d6but  de  ce 
chapitre  et  c'est  ce  qu*il  prouve  avec  un  luxe  de  ressources 
dont  nul  avant  lui  n'avait  su  tirer  parti,  car  il  est  k  remar- 
quer  que  pour  r^oudre  la  question  pos^e  par  la  classe,  les 
mat^riaux  existaient  pour  tons,  mais  personne  n'avait  jug£ 
k  propos  jusqu'ici  de  faire  fructifier  un  terrain  laiss^  si 
longtemps  en  jacbire. 

La  seconde  moiti^  du  seizi^me  siecle  permet  k  Tauteur 
de  r^unir  sous  sa  plume  quantity  de  monuments  italo-fla- 
mands.  II  commence  par  cette  artistique  maison  de  Fr.  Flo- 
ris,  b&tie  par  son  frdre  Corneille,  continu6e  par  Tbdlel  de 
ville  d'Anvers,  celui  de  Flessingue,  etc.,  etc.  II  caract6rise 
r^poque  des  Floris  qui  out  eu  une  grande  influence  sur 
Tart  en  g^n^ral  et  sur  Tart  ornemental  en  pariiculier. 
Yredeman  De  Yries  lui  fournit  I'occasion  d'ecrire  une  s^rie 
de  pages  tr^mouvement^es.  II  venge  sa  m£moire  si  long- 
temps  calomnide  alors  qu^on  lui  attribuait  de  nombreux 
vols  k  Ducerceau  et  il  prouve  que  c'est  ce  dernier  au  con- 
traire  qui  fut  le  plagiaire  de  De  Yries. 

<  On  pent  trouver  dans  Testh^tique  de  Tart  flamand  des 
1  aflinitds  espagnoles,  italiennes  et  allemandes,  mais  ja- 
1  mais  9  avant  la  deplorable  ^poque  du  style  rocaille,  nos 

>  arts  ne  subirent  I'influence  fran^aise;  i  c*esl  ainsi  que 
s*exprime  Tauteur  avec  cette  Anergic  patriotique  dont  tout 
le  livre  est  empreint.  Tout  ce  qu*il  dit  de  Yredeman  De 
Yries,  surtout  lorsque  ce  dernier  est  cbarg^  des  dessins  des 
arcs  de  triomphe  pour  la  Joyeuse  Entr^  de  Francois,  due 
d*Anjou,  est  ^rit  dans  le  sentiment  des  convictions  fortes 
et  dans  un  langage  k  la  seduction  duquel  il  est  difficile  de 
roister.  L'auteur  ne  s'arrfite  pas  en  si  beau  chemin ;  il  a 

2"**  SUlRIE,  TOME  XXXVI.  18 


(  266  ) 

pour  Vredemaa  le  Prison  une  prMileclion  sp^ciale  qui  le 
conduit  k  analyser  ses  oeuvres  en  connaisseur  inteliigenl 
et  ^cleclique.  Tout  ce  qui  concerne  ce  Vredeman ,  qui  fut 
h  la  fois  peintre,  sculpteur,  architecte  et  poele  et  une  des 
individuality  les  mieux  dou6es  el  les  plus  f^condes  de  son 
temps,  occupe  environ  vingt-cinq  pages  compactes  du 
manuscrit. 

Puis  viennent  les  silhouettes  fi^rement  dessin^  des 
De  Pas,  Van  Noye,  Luydinckx,  de  Beiges,  de  Bry,  Van 
Schoonbeke  et  autres,  que  Tauteur  replace  avec  une  l^i- 
time  flert6  sur  le  pi^destal  qui  ieur  revient  a  bon  droit. 
Les  gravures  qui  ont  reproduit  les  arcs  triomphaux  et  au- 
tres monuments  moins  £ph^m6res,  font  Tobjet  d'indications 
qui  sont  peut-6tre  des  broussailles  au  milieu  de  la  fordt , 
mais  ces  indications  se  sauvent  par  Ieur  utility,  et,  plus 
souvent  encore,  par  Ieur  nouveaut^. 

A  la  page  204,  Fauteur  determine  la  part  d'honneur  qui 
revient  aux  J^suiles  par  la  secousse  qu'ils  ont  imprim6e 
aux  arts  en  g^n^ral  et  en  particulier  k  Tarchitecture.  Ces 
H^c^nes  magnifiques  ne  sauraienl^tre  oubli^  non  plus, 
surlout  lorsqu'on  prononce  le  nom  de  Rubens.  Puis  com- 
mence rhistoire  du  prince  Farn&se  et  d'Otto  Voenius,  deux 
personnages  qui  reprdsentent  line  £poque.  Tun  par  sa  pro- 
tection ^clair^e  et  eiBcace ,  Tautre  par  une  longue  carriers 
dont  rinfluence  fut  ^norme  sur  les  id^es  des  artistes  du 
temps. 

Qu*il  est  juste  et  combien  il  est  utile  que  de  pareils 
tableaux  soient  mis  sous  les  yeux  de  la  nation !  lis  entre- 
tiennent  en  elle  des  sentiments  que  le  scepticisme  et  une 
indiff<6rence  puis^  dans  le  mat^rialisme  oublient  presque 
toujours,  nient  quelquefois  et  voudraient  m^priser  si  uo 
reste  de  pudeur  ne  retenait  la  foule. 


(  267  ) 

La  fin  de  ce  chapitre  remet  de  nouveau  sur  le  tapis 
Rubens  comme  architecte.  Cest  encore  uue  fois  une  pre- 
paration k  la  manifestation  du  culle  de  Tauteur  pour  le 
grand  homme,  manifestation  qui  n'est  pas  loin.  Ces  appa- 
ritions calcul^es  ressemblent  assez  bien  a  ces  Eclairs  signi- 
ficatifs  qui  ^  i'horizon  pr^c^dent  un  grand  orage. 

Chapitre  V.  Adoption  aux  Pays-Bas  du  style  de  la 
decadence  Ualienne.  Varchilecture  jesuitique.  —  Maitres 
flamands  et  neerlandais.  L'archi lecture  borromienne  ou 
loyoliste,  comme  dit  Owen  Jones,  dale  du  livre  public  par 
Charles  Borrom^e,  archev6que  de  Milan  en  1577.  Neuf 
ans  apres,  ce  traits  didactique  fut  introduit  chez  nous  el 
d^cida  des  id^es  nouvelles,  surtout  dans  un  moment  oix  les 
archiducs  avaient  k  prendre  des  mesures  pour  la  restaura- 
tion  des  ^glises  d^vast^es  ou  d^truites  par  les  iconoclastes. 

A  la  page  228  commence  une  £tude  aussi  longue  qu'in- 
t^ressante.  C'est  la  lisle  des  monuments  de  Tepoque  ct  le 
defile  imposant  des  architecles.  C'est  Franquaert  qui  ouvre 
celle  galerie  avec  un  luxe  de  details  inconnus  du  vulgaire 
et  d'une  importance  extreme  pour  I'bistoire  de  Tart  natio- 
nal. NousTavons  dit  plus  haul,  il  y  a  dans  ce  livre  des  re- 
gulations inattendues.  II  y  en  a  &  propos  de  la  biographie 
de  Franquaert,  k  chaque  pas  que  Ton  fait.  C'est  un  monde 
nouveau  qui  se  d^roule  k  nos  yeux.  Jamais  I'histoire  de  nos 
c^l^brit^s  n'avait  6i6  comprise  d'une  fa^on  aussi  intime- 
ment  li^e  k  celle  du  travail  national,  et  Ton  est  quelque 
pen  surpris  de  voir  quil  ^tait  si  simple  d'employer  ce  pro- 
c^e.  Toujours  I'ceuf  de  Colomb !  On  serait  tent£  de  se 
mettre  en  garde  con  Ire  ce  que  I'auteur  avance,  si,  en  m6me 
temps,  il  ne  produisait  les  preuves  k  Tappui.  De  plus,  il  y  a 
dans  son  oeuvre  un  accent  de  v6rit6  et  de  force  probante 
qui  s'impose  au  lecteur. 


(  268  ) 

Nous  Tavonsd^ji  dit,  les  opinions  de  Tauteur  sont  per- 
sonnelles,  hardies  et  sans  doute  discutables  en  plus  d'un 
endroit.  Cest  ainsi  qu'i  propos  d'une  r^jouissance  provo- 
qu^  k  Anvers  par  la  victoire  de  Calloo,  il  intitule  celleH^i 
un  mediocre  fait  d'armes,  £videmment ,  s'il  avail  r^flechi 
que  ce  mediocre  fait  d'armes  d^cidait  des  destines  reli- 
gieuses  et  politiques  du  pays  en  repoussant  au  delJi  de 
TEscaut  Tarmee  hollandaise  dont  le  but  6tait  Tenvahisse- 
ment  du  territoire,  il  se  serai t  abstenu  de  qualifier  comme 
il  Ta  fait  une  bataille  qui ,  si  elle  ne  dura  que  quelques 
heures,  coilita  la  vie  k  environ  15,000  hommes  parmi  les- 
quels  se  trouvait  le  fils  de  Guillaume  de  Nassau. 

A  la  page  244,  k  propos  du  temple  des  Auguslins,  Iem6- 
moire  s'occupe  de  details  contemporains  qu'il  fera  bien  de 
supprimer.  lis  sont  aussi  superflus  que  peu  convenables. 

Cobergber  est  ^aiement  I'objet  d'une  note  ^lendue. 
Baltbasar  Gerbier  est  mis  en  relief  comme  ^tant  le  fonda- 
teur,  k  Londres ,  de  la  premiere  ^cole  d'architecture  6tablie 
en  Angleterre ,  ^cole  qui  eut  une  grande  influence  sur  Tart 
anglais. 

A  la  page  259,  le  m^moire  commence  I'histoire  des  ar- 
chitectes  n^erlandais  et  celle  des  monuments  executes  par 
eux.  II  ne  faut  pas  oublier  que,  politiquement,  on  ne  pou- 
vait  laisser  de  c6t6  toute  cette  brillante  6cole,  puisqu'elle 
appartenait  aux  dix-sept  provinces  dont  nous  faisons  partie. 
D'ailleurs,  dans  ce  fragment  du  m^moire  qui  compte  une 
quarantaine  de  pages,  nous  rencontrons  une  Erudition  non 
moins  vaste ,  des  qualit^s  de  style  non  moins  grandes  et  des 
details  noo  moins  curieux  que  ceux  que  nous  venous  de 
passer  en  revue.  Comme  toujours  aussi ,  un  esprit  de  haute 
justice  domine  les  jugements  et  le  bon  godt  ne  fait  jamais 
d^faut  lorsqu*il  s'agit  d'appr^ciations  artistiques. 


(  269  )      ■ 

Dans  ce  chapitre  il  y  a  plus  de  faits  que  de  raisonne- 
ments;  le  penseur  a  c6de  la  plume  k  Fhistorien. 

Le  chapitre  sixi^me  a  &i&  ^cart^  du  coocours  par  I'Aca- 
demie.  II  y  a  trois  k  quatre  ans  elle  avail  pos6  la  question 
suivante  :  Apprecier  Rubens  comme  architects  Le  cha- 
pitre VI  avail-il  6l6  envoy6  pour  le  concours?  Nous  I'igno- 
rons,  mais  il  y  a  lieu  de  remarquer  qu'en  ce  moment  il  ne 
peut  dtre  consid^r6  que  comme  un  fragment  du  tout  qui  nous 
est  soumis.  II  est  une  continuation  du  m^moire,  et,  comme 
tel  on  ne  doit  pas,  pensons-nous,  en  d^cr^ter  la  suppression. 
Cette  suppression  serait,  k  coup  sAr,  la  mutilation  la  plus 
grave  que  Ton  p(it  faire  subir  k  ce  travail.  Rubens,  comme 
architecte,  a  eu  une  preponderance  ^norme  et  durable 
sur  Tart  architectural.  II  est  done  tout  naturel  que  cette 
influence  soit  ^tudi^e  dans  le  g^nie  de  I'homme,  dans 
ce  g^nie  colossal  qui  forme  chez  nous  tout  un  monde 
de  grandeur  en  pleine  renaissance  italienne,  renaissance 
sur  laquelle  TAcad^mie  pose  expressement  les  bases  de 
son  concours.  Ne  pas  consacrer  k  Rubens  la  place  qui  lui 
est  due,serait,  jinotre  sens,  prononcer  Tannulation  du 
concours  et  ^teindre  dans  le  m6moire  que  nous  examinons 
la  lumi^re  la  plus  pure  et  la  plus  edatante.  En  effet,  cette 
etude  sur  Rubens,  avec  toutes  ses  audaces  et  ses  enthou- 
siasmes,  est  un  livre  etonnant  et  superbe  oil  Ton  rencontre 
une  apologie  aussi  legitime  que  tardive  d'un  des  cdt^s  les 
moins  connus  de  la  vie  du  grand  homme. 

Le  chapitre  septidme  et  dernier  est  fait  sur  le  plan  du 
chapitre Y.  11  renferme  la  revue  des  monuments  eiev^s  sous 
rinfluence  de  Rubens  par  Luc  Faydherbe.  La  maison  de 
Jordaens  est  egalement  analys^e  ainsi  que  les  oeuvres  de 
Pozzo  ou  Puteus.  Ces  pages  ont  des  longueurs  qu*il  serait 
facile  de  faire  disparaitre. 


(  270  ) 

Les  moniiaients  de  la  seconde  moi(i6  du  dix-septi6ine 
si&cle  jusqu'i  la  fin  de  la  premiere  moiti6  du  dix-huiti^me 
Steele ,  font  aussi  Tobjet  d'6num6rations  longues  et  un  pen 
Yides  d'int^rSt.  L'auteur  se  relive  k  la  description,  quelque- 
fois  technique,  des  maisons  de  la  Grand'place  de  Bruxelles, 
assemblage  brillant  et  pittoresque  bien  fait  pour  exciter  la 
verve  de  I'^crivain.  Aussi  se  livre-t-il  avec  amour  k  ce  tra- 
vail oil  il  se  trouve  admirablement  k  I'aise  et  qui  donne 
lieu,  de  sa  part,^  des  considerations  intelligentes,  k  des 
comparaisons  ing^nieuses,  k  des  rapprochements  curieux, 
et,  comme  toujours,  k  des  trouvailles  dont  il  semble  avoir 
le  secret.  Les  arcs  de  triomphe  dresses  dans  Tespace  de 
temps  renferm^  dans  ce  chapitre,  sont  aussi  Tobjet  de  des- 
criptions dont  rint^r^t  est  coinpromis  par  un  peu  de  mo- 
notonie ,  naturelle  du  reste  si  Ton  songe  que  le  sujet  revient 
souvent  sous  la  plume  de  Tauteur.  Somme  toute,ce  dernier 
chapitre  est  moins  heureux  que  les  autres;  il  se  ressent  k 
toute  Evidence  des  faiblesses  du  temps  qu*il  passe  en  revue. 

La  conclusion  du  m^moire  reproduit  en  quelques  pages 
nerveuses  la  synthase  des  id^es  de  Tauteur.  G'est  une  con- 
densation tr^s-serr^e  du  livre,  qui,  a  son  tour,  represente  le 
brillant  ^panouissement  des  preuves  considerables  accu- 
mul6es  autour  de  la  r^ponse  faite  k  la  question  de  TAcad^ 
mie. 

Nous  n'h^sitons  pas,  quant  k  nous,  k  proposer  de  d^cer- 
ner  la  mMaille  d*or  au  mSmoire  qui  nous  est  soumis.  Nous 
faisons  bon  march^  de  quelques  hardiesses  de  plume  et  de 
quelques  lapsus  tres-pardonnables  dans  une  oeuvre  de  si 
longue  haleine.  II  y  a,  du  reste,  des  beaut^s  de  style  peu 
communes  et  ce  serait  se  monlrer  aussi  injuste  que  cruel 
de  s'arrSter  k  de  lagers  d^fauts  de  forme  ]k  oil  la  matiere 
est  si  nombreuse  et  si  riche.  Nous  sommes  d'accord  en 


(  271  ) 

cela  avec  quelques-uns  des  membres  de  la  commissiOD  qui 
consid^rent  ce  travail  comme  bien  charpente  et  ecrit  avec 
un  certain  brio  dans  un  style  generalement  correct.  Nous 
ajouterons  que  rAcad^mie,  si  notre  proposition  est  accueil- 
lie,  aura  rarement  couronn6  une  oeuvre  mieux  faite  pour 
justifier  la  part  d'influence  qu'elle  prend  de  coeur  et  d'ae- 
tioD  au  d^veloppement  de  I'histoire  des  arts  nationaux.  % 

La  classe ,  apres  mAre  d^Iib^ratiou ,  se  rallie  aux  con- 
clusions du  rapport  de  H.  Siret  et  vote  la  m£daille  d'or 
k  I'auteur  du  m^moire  pr^sent6.  L'ouverture  du  billet 
cachel6  joint  k  ce  travail  fait  connaltre  qu'il  est  dii  k 
M.  AuGusTE  ScHOY,  architectc  k  Bruxelles. 


CONGOURS  D*ART  APPLIQU£. 

Deux  sujets  avaient  £t6  proposes  pour  le  concours  d*art 
appliqu^  de  cette  ann^e.  La  classe  demandait : 

\^  La  composition  d'un  quatuor  pour  instruments  a 
cordes ; 
Et  2"^  Le  projet  d^un  arc  de  triomphe  dedie  a  la  Paix. 

Ainsi  qu'il  en  a  ii&  donn^  connaissance  lors  de  la  stance 
du  5  juiilet  dernier,  vingt  et  une  partitions  ont  6i6  revues 
en  reponse  au  concours  musical. 

Par  suite  de  circonstances  ind^pendantes  de  la  volenti 
des  commissaires ,  la  classe  n'a  pu  proc^der,  dans  sa 
stance  de  ce  jour,  au  jugement  de  ce  concours.  II  y  sera 
^fOcM&  ult^rieurement. 


(  272  ) 

—  Ed  r^poDse  k  la  question  d' architecture,  cinq  pro- 
jels  ont  ^t^  pr^sent^s.  Voici  ie  rapport  de  la  commission 
qui  avail  6i&  nomm^e  pour  faire  Texamen  de  ces  projets. 

€  Lundi,  18  aoAt  1875,  k  une  heure  de  relev6e,  s'est 
r^unie ,  au  local  ordinaire  de  TAcad^mie ,  la  commission 
nomm^e  par  la  classe  des  beaux-arts  pour  proc6der  au 
jugement  pr^paratoire  du  concours  d*arcbitecture  institu^ 
par  la  Compagnie. 

£laient  presents,  avec  M.  Alvin,  directeur  de  la  classe, 
MM.  Baiat,  G.  De  Man,  Leclercq  et  Payen. 

Absents,  MM.  G.  Geefs  et  Robert;  ce  dernier  s*6tait 
fait  excuser. 

Les  projets  rcQus  avant  le  terme  fatal  fix6  par  Ie  pro- 
gramme sont  exposes  dans  la  salle;  ils  sont  au  nombre 
de  cinq ,  savoir  : 

N*  1.  Devise  : 

La  simplicite  fait  la  grandeur; 

N*  2.  Devise  : 

La  paix; 

N^  3.  Devise  : 

Per  laborem; 

N^  4.  Devise  : 

A  la  pais,  la  prosp^rit^  des  peuples; 

N"*  S.  Devise  : 

La  paix  est  la  m^e  des  arts. 

La  commission  s'assure  d'abord  que  tons  les  concur- 
rents sont  demeur^  dans  la  limite  du  programme;  elle 
examine  ensuite  cbaque  projet  en  particulier ,  dans  son 
ensemble  et  dans  ses  details  et  r^pond ,  k  I'unanimit^ , 


(  275  ) 

aifirmativement  k  la  question  que  pose  le  directeur  :  Y 
a^t^il  lieu  de  decemer  le  prix? 

La  rn^me  uoanimit^  d^signe  comme  le  meilleur  projet 
ceiui  qui  porte  pour  devise  :  La  paix  est  la  mere  des  arts. 
En  consequence,  la  commission  decide  qu'elle  proposera 
k  la  classe  des  beaux-arts  de  decemer  le  prix  k  Tauteur  de 
ce  projet. 

La  commission,  aussi  k  Tunanimite,  repond  n^ative- 
ment  k  la  question  de  savoir  s'il  y  a  lieu  de  proposer  un 
second  prix  ou  une  mention,  non  pas  que  les  quatre 
autres  concurrents  n'aient  point  fait  preuve  de  m^rite 
dans  leurs  travaux,  mais  parce  qu'aucun  de  ceux-ci  ne 
I'emporte  assez  sur  les  autres  pour  m^riter  cette  dis- 
tinction. > 

La  classe  se  rallie  aux  conclusions  du  rapport  prece- 
dent et  decerne  le  prix  de  mille  francs  k  Tauteur  du  projet 
n^  5.  L'ouverture  du  billet  cachete  fait  connaltre  que  ce 
projet  est  dA  k  M.  Henri  Blomme,  architecte,  k  An  vers. 


PR^PARATIFS  DE  LA  STANCE  PUBLIQUE. 

M.  Alvin  donne  lecture  du  discours  quMl  se  propose  de 
prononcer  en  stance  publique  de  la  classe. 

Le  programme  de  cette  solennit6  est,  ensuite,  fix6 
de  la  mani^re  suivante  : 

l""  Ouverlure  Zur  Weihe  des  Hames,  de  Beethoven, 
ex6cutee  sous  la  direction  de  M.  Joseph  Dupont,  profes- 
seur  au  Conservatoire  royal  de  Bruxelles; 


(  276  ) 

Sa  Majesty  le  Roi ,  ainsi  que  S.  A.  R.  Monseigneur  le 
Comte  de  Flandre,  avaieDt  fait  connattre  qu'ils  ne  pour- 
raient  assister  k  la  stance. 

M.  le  Ministre  de  Hnt^rieur,  qui  s*^lait  propose  d*as- 
sister  k  la  c^r^monie,  a  fait  exprimer  ses  regrets,  au 
dernier  iustant,  de  ne  pouvoir  venir  h  cause  de  la  mort 
de  M""*  la  comtesse  d'Oultremont ,  fille  de  M.  le  Ministre 
des  finances. 

Le  bureau ,  compost  de  M.  Alvin,  directeur,  et  de  M.  Ad. 
Quetelet,  secretaire  perp^tuel,  ainsi  que  de  M.  J.  Thonis- 
sen,  directeur  de  la  classe  des  lettres  et  president  de 
TAcad^mie,  M.  de  Keyser,  vice- directeur  de  la  classe  des 
beaux-arts ,  et  MM  Gluge  et  Cand^ze ,  directeur  et  vice-direc- 
teur  de  la  classe  des  sciences,  s'est  install^  k  une  heure 
sur  le  devant  de  Testrade  r^serv^  k  MM.  les  acad^miciens. 

D^  midi  et  demi  uue  foule  nombreuse  avait  pris  place 
dans  la  salle  ainsi  que  dans  les  loges ,  lesquelles  renfer- 
maient,  outre  les  dames,  divers  bauts  fonctionnaires  de 
rEtat. 

A  une  heure  precise,  M.  le  directeur  de  la  classe  a 
declare  la  s&ince  ouverte. 

Conform^ment  au  programme  de  la  solennit^,  celle-ci 
a  commence  par  Touverture  Zur  Weihe  des  Hawes,  de 
Beethoven,  ex^cut^e  par  Torchestre  du  Conservatoire 
royal  de  Bruxelles,  sous  la  direction  de  M.  Joseph  Du- 
pont,  professeur  k  cet  6tablissement. 

L*assembl4e  a  vivement  applaudi  cette  execution. 

M.  le  directeur  de  la  classe  s'est  ensuite  lev^  et  a  pro- 
nonc6  le  discours  suivant : 


(  277  ) 


Messieurs, 


Pour  les  nations  comme  pour  les  individus,  il  n'y  a  pas 
de  bien  plus  pr^ieux  que  Testime  publique;  aucun 
sacrifice  ne  doit  paraltre  trop  grand  pour  la  m^riter; 
aucune  recompense  n'est  plus  enviable  que  les  t^moi- 
gnages  qu'on  en  peut  recueillir. 

Tout  Beige,  qui,  i  un  titre  quelconque,  est  appel6  k 
Fbonneur  de  repr^senter  son  pays  k  F^lranger,  ^prouve 
une  l^itime  fiert^  en  renconlrant  sur  toutes  les  l^vres 
r^loge  de  sa  patrie.  J*en  ai  fait  tout  r^cemment  I'exp^- 
rience,  le  souvenir  que  j*en  ai  conserve  sUmpose  k  ma 
pens^e  et  je  me  persuade  que  le  sujet  qui  m'absorbe  en 
ce  moment  ne  peut  manquer  d'int^resser  aussi  Tauditoire 
distingu^  devant  lequel  le  devoir  de  ma  charge  m'oblige  k 
prendre  aujourd^hui  la  parole. 

Certes,  le  lib^ralisme  de  ses  institutions,  la  sagesse 
qu'apporte  la  nation  dans  Texercice  de  ses  droits,  les 
^minentes  qualit^s  des  princes  qui,  depuis  un  demi-si^cle 
bientdt,  president  k  ses  destinies  ont  concilia  k  la  Bel- 
gique  la  sympatbique  estime  de  T^tranger ;  mais  les  arts 
ont  le  droit  d'en  revendiquer  une  part  qui  n'est  pas  la 
moindre  :  le  rappeler,  dans  une  s^nce  publique  de  la 
classe  des  beaux-arts  de  TAcad^mie,  ne  peut  paraitre 
d^plac4. 

L'art  beige  vient,  en  effet,  d'affirmer  de  nouveau  sa 
vitality  et  j'ajouterai  son  originality  aux  yeux  du  monde 
entier.  L'accueil  qu'il  a  re^u,  les  succ^s  qu*il  a  remportds 
k  FExposition  universelle  de  Vienne  attestent,  d'une  part, 
que  nos  artistes  d'aujourd'hui  ne  sont  point  demeur^s 


(  278  ) 
aa-dessous  de  leurs  devanciers  immMiats,  et,  d'autre 
part,  que  c'est  bien  l^gitimement  qu'on  lear  assigne  le 
raDg  le  plus  honorable  parmi  leurs  conlemporains  des 
autres  nations. 

L'^lite  des  artistes  de  tous  les  pays  s'^lait  donn^  rendez- 
vous k  la  section  des  beaux-arts  de  TExposition  viennoise. 
Vingt  et  un  £tats  y  sont  repr^ent^s.  Cest  une  reunion 
yraiment  imposante^  oil  les  chefs-d'oeuvre  ne  sont  pas 
rares,  ot  les  bons  ouvrages  abondent  On  y  a  admis,  il  est 
vrai  y  des  productions  de  peintres  morts  depuis  quelque 
temps;  toutes  ces  oeuvres  peuvent  cependant  se  dire  con- 
temporaines  et  cet  ensemble  donrre  une  id^e  fiddle  de  la 
situation  actuelle  de  Tart  chez  tous  les  peuples  civilises. 

Le  jury  charge  d'appr^cter  le  m^rite  des  objets  exposes 
£tait  compost  de  repr^sentants  de  tous  les  pays,  pour  la 
plupart^  artistes  ^minents.  Cet  ar^opage,  dont  personne 
ne  contestera  les  lumi^res  et  la  competence,  n'a  point 
jug6  k  propos  d*£lablir  des  degrfe  entre  les  recompenses : 
tout  ouvrage  auquel  il  a  reconnu  un  merite  veritable  a 
re(u  une  m^daille ,  la  m^me  pour  tous.  Le  jury  a  esp^r^ 
echapper  de  la  sorte  k  Tennui  des  reclamations  de  ceux 
qui  ne  se  seraient  point  trouv^s  classes  au  rang  qu'ils 
croient  meriter. 

Quoi  que  Ton  puisse  penser  de  ce  precede  npuveau , 
s'il  prSte  k  la  critique ,  il  est  du  moins  commode  pour  le 
statisticien  dont  il  simplifie  le  travail. 

D'apr^s  la  lisle  generate  officielle  des  recompenses,  le 
jury  international  du  groupe  des  beaux-arts,  k  TExposi- 
tion  universelle  de  Yienne,  a  decerne  960  medaillcs  pour 
une  exhibition  k  laquelle  out  pris  part  2,800  artistes.  II  a 
done  ete  distribue  34  medailles  V»  pour  cent  exposants  ou 
une  medaille  pour  un  pen  moins  de  trois  exposanls. 


(279) 

La  Belgiqae,  qui  compte  159  exposants  dans  le  groiipe 
des  beaux-arts,  a  obtenu,  pour  sa  part ,  90  m^dailles  oa 
64  7^0  pour  cent,  soit  i  peu  prte  2  m6dailles  pour  trois 
exposants. 

Sept  pays  seulement  ont  obtenu  un  nombre  de  r^conti- 
penses  d^passant  la  moyenne;  el  ceux  qui  se  rapprocbent 
ie  plus  du  r^sultal  attribu^  k  la  Beigique  en  sont  demeures 
k  une  grande  distance. 

La  Suisse  reQoit  54  m^dailles  pour  80  exposants. 

L'Autriebe  re^it  124  m^dailles  pour  295  etposants. 

La  Russie  reQoit  48  medailles  pour  121  exposants. 

Les  Pays^Bas  recoivent  25  medailles  pour  .70  exposants. 

L'Angleterre  re^oit  49  medailles  pour  158  exposants. 

La  France  recoil  240  m^ailles  pour  680  exposants,  et 

L^empire  d'Aliemagne  re^oit  200  m^daiijes  pour  581  ex- 
posants. 

Ce  classement,  etabii  d*apr^s  le  rapport  du  nombre  de 
medailles  obtenues  a  celui  des  concurrents  qui  se  les  sont 
disput^es,  pourra  paraltre  Strange  dans  quelques-uns  de 
ses  r^sultats;  on  cherchera  k  Texpliquer  par  Findulgence 
ou  la  s^v^rit^  que  les  commissions  organisatrices  locales 
ont  apport6e  k  Tadmission  des  objets  destin^  a  TExposi- 
tion.  II  n'en  a  pas  moins  une  grande  signification  el  ne 
pent  donner  lieu  k  aucune  critique  s^rieuse  en  ce  qui 
concerne  la  Beigique. 

Si  Ton  ne  tenait  compte  que  du  nombre  de  medailles 
obtenues,  la  Belgiqne  descendrait  au  quatrij^me  rang 
qu'elle  partage  avec  Fltalie;  mais  cette  derni^re  nation 
compte  un  nombre  d*exposants  double  du  ndtre.  La  France 
et  les  empires  d'Allemagne  elFAutriche,  qui  prennent, 
dans  ce  classement,  les  trois  premieres  places,  ne  les 


(  280  ) 

doivent  qa'au  nombre  infiniment  plus  considerable  de 
concurrents  qu'ils  ont  introduits  dans  la  lice  {i ). 


(i)  PREMIER  CLASSBHENT, 

dapris  le  rapporl  du  nombre  des  m^dailles  obienuei  d  celui 

de$  exposants. 


Belgi(iae.    . 90  mMaUles ,  439  exposants , 0,647 

Suisse. 34  --  80  —  0,4S5 

Autricbe 424  —  293  —  0,449 

Rossie 48  —  424  —  0,396 

Pays-Bas 25  —  70  —  0^7 

Angleterre 49  —  438  —  0,358 

France 240  —  680  —  0^ 

AUemagne 200  —  584  —  0,344 

Sufede 8  —  27  —  0,337 

Norw^ge 9  -  33  -  0,272 

ItaUe 90  —  343  —  0,262 

Grtce 4  —  46  —  0,280 

Hongrie 26  —  440  -  0,236 

Danemark 9  —  44  —  0^204 

Am6rique(£ut8-Um8).    ...  2  —  33  —  0,425 

L*£g3rpte  a  obtenu  une  m^aille,  TEspagne  en  a  obtenn  49;  mais  le 
catalogue  oiBciel  n*indiqaant  ni  le  nombre  ni  le  nom  des  exposants,  11  n*a 
pas  ^t^  possible  de  tenir  compte  de  ces  deux  ^l^ments  dans  les  calculs.  Le 
Br^il,  qui  comptait  un  seul  exposant,  la  Chine,  qui  en  coinptail2» 
Monaco  5,  el  la  Turquie  4,  n*onl  pas  regu  de  m^ailles. 


DBUXlfiHE  CLASSEMENTy 

d^apris  h  nombre  de  mMaUles  obtenues. 


France 240 

AUemagne 200 

Autriche 424 

Belgique 90 

Italic 90 

Angleterre 49 

Rassie 48 

Suisse 34 

Hongrie 26 

Pays-Bas 25 

Espagne 49 


Danemark  .......  9 

Norw^e 9 

Su&de 8 

Grfece 4 

£cats-Unis 2 

figyple 4 

Br6sU 0 

Chine 0 

Monaco 0 

Turquie 0 


(  281  ) 

II  serait  peu  modeste  k  nous  de  conclure  de  ces  r^sultats 
que  la  Belgique  est  le  pays  qui,  a  TExposition  de  Vienne, 
a  produit  les  ouvrages  les  plus  excellents. 

Aussi  na'absiiendrai-je  de  tout  autre  commentaire ,  et, 
m'en  rapportant  au  jugement  de  nos  rivaux  eux-mdmes, 
je  me  contenterai  de  ciier  Tappr^cialion  que  voici  d*un  des 
recueils  de  France  les  plus  autoris6s  (1)  : 

<  La  Belgique  est  un  coin  de  terre  privil^gi^.  La  quan- 
»  tit6  d'hommes  eminents  que  ce  pays  a  produits  est  \rai- 
»  ment  prodigieuse.  Par  ses  dimensions,  &  peine  s'il 
»  occupe  sur  la  carle  une  place  visible;  mais  d6s  qu'il 
»  s'agit  des  travaux  de  Tesprit,  art,  science  ou  Industrie, 
»  on  le  trouve  toujours  au  premier  rang.  A  Yienne,  quoique 
»  mal  partag^e  sous  le  rapport  du  local  oik  son  exposition 
»  des  beaux-arts  est  divis^e  d'une  fagon  f^cheuse ,  et  oc- 
»  cupe  deux  salles  fort  ^loign^es  Tune  de  Tautre ,  la  Bel- 
»  gique  obtient  n^anmoins  un  succ^s  ^clatant.  » 

L'Acad^mie  ne  pouvait  se  montrer  indiff^rente  k  de 
pareils  succte :  elle  en  consigne  ici  avec  bonheur  le  t^moi- 
gnage. 

Notre  compagnie,  qui  se  recrute  librement  elle-m^me, 
r^erve  une  place  dans  son  sein  aux  artistes  que  des  oeu- 
yres  d'un  m^rite  sup^rieur  recommandent  k  ses  suffrages. 
Elle  se  platt  k  recueillir  d'avance  les  titres  de  la  jeune  et 
vaillante  phalange  qui  s'applique  avec  tant  d'ardeur  k  con- 
server  son  originality  k  Tart  national. 

Cest  aussi,  ne  Toublions  pas,  le  but  que  s*£taient  pro- 
pose et  qu'ont  poursuivi ,  non  sans  gloire,  durant  quarante 
ans,  tous  les  Beiges  qui ,  par  leurs  travaux,  dans  toutes  les 


(1)  GasetU  des  Beaux' Arts,  livraison  de  septembre  1873. 

2"*  s6rie,  tome  xxxvi.  19 


(  282  ) 

voies  de  ractivit^  iAtelleclaelle  et  morale ,  ont  aid6  k  la 
r^^D^ratioQ  politique  dont  Tanniversaire  se  calibre  au- 
jourd'hui. 

La  dasse  des  beaux-arts  n'a  point  d^autre  but  en  vue. 
On  peut  d^sirer  que  les  occasions  d*exercer  son  influence 
soient  plus  fr^quentes;  on  ne  lui  reprochera  pas  du  nioins 
d*avoir  n^lig^  celles  qui  lui  ont  6i&  ofiertes.  Elle  a  m£me, 
plusieurs  fois ,  use  d*une  heureuse  initiative. 

11  y  a  deux  ans,  par  exemple,  quelques  paroles  tris- 
opportunes,  prononc^es  dans  cette  mSme  solennit^,  par 
notre  pr&ident,  ontd^lermin^  T^closion  d'un  projet  dont 
la  realisation,  impatiemment  attendue,  r^pondra  k  Tun  des 
plus  urgents  besoins  de  Tart  beige.  Gr4ce  k  cette  initiative, 
qui  a  imm^diatement  rencontre  Tappui  d'un  auguste  patro- 
nage, notre  capitate  sera  bientdt,  esp^rons^le,  en  posses- 
sion d'un  Edifice  situ^  au  centre  du  mouvement  de  la 
population,  et  remplissant  toutes  les  conditions  desirables 
pour  la  bonne  exposition  des  oeuvres  de  nos  artistes. 
L*ereclion  de  cet  Edifice  permettra  aussi  d*assigner  aux 
solennites  publiques  un  emplacement  plus  vaste  et  mieux 
appropri6  que  ceux  auxquels  on  est  oblige  d'avoir  encore 
recours. 

Reprenant,  pour  lui  donner  sa  consecration  definitive, 
Tidee  mise  en.avanl  par  un  mattre  illustre,  dont  elle 
deplore  la  perte  recente,  la  classe  des  beaux-arts  a  institue 
des  concours  pratiques,  sans  faire,  pour  cela,  disparaitre 
de  son  programme  les  questions  d'histoire  et  de  theorie 
de  Tart. 

Ces  concours  pratiques  ont  commence  par  la  peinture 
etia  sculpture;  Tarchitecture  et  Tart  musical  ont  eu  leur 
tour  cette  annee.  Nous  pouvons,  pour  la  seconde  fois, 
constater  les  heureux  resultats  de  cette  innovation. 


(  283  ) 

C'est  ainsi  que  la  classe  des  beaux-arts  de  TAcad^mie 
royale  de  Belgique  comprend  et  accomplit  la  mission 
qu'elle  a  re^ue  de  son  auguste  fondaleur.  Elle  appelle  de 
jeunes  ^mules  dans  ia  carri^re,  elle  encourage  leurs  debuts, 
et ,  plus  lard ,  quand  la  voix  publique  a  consacr^  la  repu- 
tation de  Tun  d'eux,  elle  lui  offre  une  place  dans  ses  rangs 
et  Tassocie  ^ses  travaux.  Elle  a  la  conscience,  en  agissant 
de  la  sorte,  de  bien  m^riler  de  Tart  national. 

Les  provinces  belgiques  ont  poss^d^  autrefois  un  art  i^a- 
tional ,  bien  caract^rise ,  incontest6 ,  et  unanimement 
estim^.  Elles  n'en  ont  point  perdu  le  sentiment  sous  Tin- 
fluence  des  dominations  ^trang^res  qu'elles  ont  dA  subir. 
Elles  ne  le  perdront  point  maintenant  qu'elles  sont  mat- 
tresses de  leurs  destinies. 

Sans  s'isoler  du  mouvement  qui  s'accomplit  chez  les 
autres  nations,  sans  s*enfermer  dans  le  cercle  d'un  etroit 
patriotisme,  Tartiste  beige  sait  toujours  se  rendre  recon- 
naissable  entre  tons.  II  n*a  pas  besoin  pour  cela  de  se  faire 
le  plagiaire  du  pass^.  Le  pass^  a  eu  sa  raison  d^etre.  L'^cole 
beige  d'aujourd'hui  ne  doit  plus  Stre  celie  d'hier.  Esp^rons 
que  celle  de  domain,  pour  Stre  la  continuation  de  ses 
devanci^res,  n'en  sera  pas  la  servile  copie. 

L'artiste  digne  de  ce  nom ,  celui  qui  est  en  possession 
de  toutes  les  ressources  de  son  art,  imprime  au  sujet  qu'il 
traite  le  cachet  de  son  individuality.  II  fait  son  oeuvre  avec 
sa  pens^e  propre,  resultant  de  son  Education,  de  son 
caractere,  de  ses  habitudes,  de  ses  goAts,  de  ses  passions. 
Ses  modeles  sont  autour  de  lui  et  en  lui :  autour  de  lui, 
la  nature  vivante  et  la  nature  inerte;  en  lui ,  les  id^es  dont, 
pendant  des  siecles,  Thumanite  a  constitu^  son  domaine 
intellectuel ,  et  que  chacun  pent  s'approprier  par  T^tude. 
Cest  avec  ces  elements  qu'il  cr^e ;  et  sa  creation ,  libre- 


(  284  ) 

ment  congue  et  siuc^rement  ex^cut^e^  sera  personnelle 
ct  par  cela  mSme  nationaie;  car  elle  refl^tera  toujours  la 
patric  par  quelque  c6iL 

Les  applaudissements  unanimes  de  Tassembl^e  ont  ac- 
cucilli  cetle  lecture. 

La  parole  a  &i&  donate  ensuite  k  M.  Ad.  Quetelet,  secre- 
taire perp^tuel  de  TAcademie ,  pour  proclamer  les  r^sultals 
snivants  des  coDCOurs  de  la  classe  et  des  grands  concours 
du  gouvernement. 

PROCLAMATION  DES  RESULT  ATS  DES  CONCOURS. 


CONCOURS  DE  LA  CLASSE. 

La  classe  des  beaux-arts  avait  mis  au  concours  de  cette 
ann^e  deux  ^questions  litt^raires  et  deux  sujels  d'art  ap- 
plique. 

En  r^ponse  an  concours  liUeraire,  elle  n'a  rcQU  qu'un 
seul  meinoire.  II  concerne  la  l'""  question,  demandant  de 
Rechercher  Vepoque  a  laquelle  Varchitecture  a  subi,  dans 
les  PayS'-BaSf  r influence  italienncy  et  porte  pour  devise  : 

a  anst;  cw  ay, ....  (PlaTON.) 

La  classe,  apres  avoir  entendu  la  lecture  des  rapports 
des  commissaires  charges  d^examiner  ce  travail ,  a  d^cerne 
sa  medaille  d'or  k  Tauteur,  M.  Auguste  Schoy,  professeur 
d^architecture  compar^e  k  rAcad^mie  royale  d'Anvers. 

Sujet  musical. 

La  classe  a  re^u  vingt  et  une  partitions  de  quatuor  pour 
instruments  k  cordes. 


(  285  ) 

Par  suite  de  circonstances  ind^pendantes  de  ia  volenti 
de  ses  commissaires,  elie  n'a  pu  encore  proc6der  au  juge- 
ment  de  ces  partitioDs. 

Sujet  d' architecture. 

Cinq  projets  d'arc  de  triomphe  d^die  k  la  Paix  ont  ete 
soumis  k  la  elasse.  Celle-ci  a  d^cern^  son  prix  de  mille 
francs  au  projet  n*"  5,  portant  pour  devise :  La  paix  est  la 
mere  des  arts.  L'auteur  est  M.  Henri  Blomme,  d'Anvers. 

GONGOURS  DES  GAMTATES. 

Par  arrfite  royal  du  20  fevrier  dernier,  le  gouvernement 
a  ouvert  un  concours  pour  la  composition  de  deux  poemes. 
Tun  en  langue  frauQaise  et  Taulre  en  langue  flamande, 
devant  servir  de  theme  aux  concurrents  du  grand  concours 
de  composition  musicale  de  cette  ann^e. 

Couform^ment  aux  rapports  des  jurys,  le  prix  reserve 
aux  cantales  fran^aises  a  ei6  d^cerne  k  M.  Jules  Abrassart, 
k  Louvain,  pour  son  poeme  intitule  :  VOcean;  et  le  prix 

* 

reserve  aux  cantates  flamandes  k  M.  Jean  Van  Droogen- 
broeck,  de  Schaerbeek,  pour  son  poeme  intitule :  Torquato 
Tasso's  Dood. 

GRAND  GONGOURS  DE  COMPOSITION  MUSICALE  DE  1873. 

Conform^ment  aux  decisions  du  jury  charge  de  juger  le 
concours  de  composition  musicale,  le  1"  prix  a  ^t^  decern^ 
k  M.  Fran^ois-Malhieu  Servais,  de  Hal.  II  a  <^te,  en  outre, 
accorde  un  second  prix  k  M.  Florimond  Van  Duyse,  de 
Gand,  ainsi  qu'une  mention  honorable  k  M.  Isidore  Devos, 
de  la  mSme  ville. 


(  286  ) 

GRAND  GOrtCOURS  DE  PEINTURE  DE  1873. 

li  r6sulte  des  operations  du  jury  nomm^  par  arr^te  royal 
pour  juger  le  grand  concours  de  peinture  de  cede  ann^e, 
que  le  l""'  prix  n'a  pas  6t6  d^cern^.  Un  second  prix  a  6l6 
accord^  k  M.  Eugene  Siberdt ,  d'Anvers. 

Tous  jes  Iaur6ats,  k  Texception  de  M.  Siberdt,  sont 
venus  recevoir  des  mains  des  membres  du  bureau,  aux 
applaudissements  unanimes  de  Tassembl^e,  la  distinction 
dont  ils  avaient  &t6  chacun  I'objet. 

La  stance  a  6i&  termin^e  par  I'ex^cution  de  Toeuvre  du 
laur^at  du  grand  concours  de  composition  musicale  de 
cette  annee. 

Cette  cantate  porte  pour  titre :  La  Mortdu  Tasscy  sc^ne 
dramatique,  paroles  fran^aises  de  M.  Jules  Guilliaume 
d'apres  le  poeme  Torquato  Tasso's  Dood,  de  M.  Van  Droo- 
genbroeck,  laur^at  du  concours  des  cantates  flamandes, 
musique  de  M.  Franz  Servais,  premier  prix  du  grand  con- 
cours de  composition  musicale  de  1873. 

Les  solos  ont  £t^.  chant6s  par  M"^  Yansanten-Lepla  et 
M.  Roudil ,  baryton  du  th^&tre  royal  de  la  Monnaie. 

Les  choeurs  ont  &i&  ex6cut^s  par  les  demoiselles  de  la 
classe  d'ensemble  du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles  et 
par  la  Soci^t^  royale  Roland  de  Latlre,  de  Hal. 

De  chaleureux  et  unanimes  applaudissements  ont  ^late 
k  diverses  reprises  pendant  et  k  la  fin  de  cette  execution. 


(  287  ) 
LA  MORT  DU  TASSE. 

(ROBAE3*  Diuis  le  ooixvent  de  S<-Onuplire , 

16  avrll  159S.) 


Sdne  dramatique,  paroUs  franfaitet  de  M.  Julos  Guilliauhi,  d^apri$  U  poeme 
TOK^UATO  TAM«o*«  BOOB,  cle  II .  tah  DRoooniBRoici ,  launtU  duconcouf 
dcf  amlaUt  fiamandet  dt  1873. 

Lb  Tasse^  $eul,  dans  sa  cellule. 

Encore  une  nuit  qui  s'ach^ve, 
Une  longae  nuit  sans  sommeil ! 
L'aurorc  nouvelle  se  l^vc 
La-bas,  a  Torient  vermeil : 
La  fleur  cntr'ouvre  sa  coupe  iriscc 
Qui  boit  les  pleurs  de  la  rosee; 
L'oiseau  begaie  au  bord  du  nid. 
0  doux  reveil  de  la  nature ! 

Chaque  creature 
Chante  et  prie,  adore  et  ben  it. 

Quel  charme  penetrc 
Tout  mon  etre, 
Et,  dans  mon  coeur  glace, 

Fait  renaitre 
Les  ardeurs  du  passd? 
Ainsi  la  brise  des  montagnes 
M'apportait  les  scnteurs 
Des  amandiers  en  fleurs, 
Lorsqu'assise  avec  ses  compagnes, 
Elle  pretait  Toreille  aux  chants 
Que  m'inspirait  le  plus  doux  des  penchants. 


(  288  ) 


Je  Yois  encore  son  image, 
Son  noble  front ,  ses  traits  charmants  i 
£cho8  discrets  de  mes  tourments, 
Mes  vers  osaient  lui  rendre  hommage. 
Pocte,  j'obtenais  le  prix 
Qu'avait  t6y6  Tamant  epris  : 
Aux  tendres  sons  de  la  mandore , 
Ses  pleurs  coulaient ;  j'^tais  compris 
D'£leonore ! 


(Cloches.) 


Priez !  repetent  les  voix  argentines 
Des  cloches  qui  chantent  matines, 
Et  qui  pour  moi  ce  soir,  helas ! 
Sonneront  leur  funebre  glas. 

(Prelude  d'orgue.) 

Divins  accords!  je  me  rappellc 
Avec  quelle  ferveur, 
A  genoux  aupr^s  d'elle , 
0  m^re  du  Sauyeur, 
J'implorais  ta  faveur. 


J 'en  tends  encor  sa  voix  benic 
Monter  au  ciel  avec  Tencens ; 
Nos  coQurs  parlaient  dans  nos  accents 
£t  confondaient  leur  harmonic. 
0  Vierge  saintc,  tu  me  vois 
A  tcs  genoux  commc  autrefois; 
Mais  c'est  en  vain  que  je  t'implore, 
Toi  que  n'a  pu  flechir  la  voix 
D'£leonore. 


(  289  ) 


Moines  dans  Veglise, 

0  salutaris  hostia 
Quae  coeli  pandis  ostium , 
Bella  premunt  hostilia , 
Da  robur,  fer  auxilium. 

Lb  Tasse. 

Hicr  aussi,  dans  cette  enceinte, 
J'ai  demande  pardon  a  Dieu, 
Et,  prostcrne  devant  la  table  sainte, 
J'ai  dit  au  monde  un  etcrnel  adieu. 
Aux  cieux  mon  &me  etait  ravie; 
J'oubliais,  au  pied  des  autels, 

Les  outrages  mortels 
Que  m'ont  faits  Torgueil  ct  Tenvie ; 
Mais  a  la  terre  j'appartiens, 
Et  jc  retombe  dans  la  vie , 
Et  je  souffre,  et  je  me  souviens! 


Je  vols  toujours  Tinfortunee 
Tendant  ses  bras  tremblants  vers  moi; 
J'entends  toujours  les  oris  d'effroi 
Dc  la  victime  r^ign^e. 
Loin  d*ellc,  tout  ce  que  j'aimais 
N'a  plus  de  prix ,  et  ddsormais 
La  haine  seulc  me  devore ; 
Je  t'ai  perdue,  et  pour  jamais , 
£leonore! 

(//  $'dvanouit*) 


(  290  ) 


La  Muse. 

Debout!  courage,  poete! 
Reprends  ta  lyre  muette ; 
Lutteur,  retouroe  au  combat. 
Je  t'apporte  uoe  couroone 

Dont  persoone 
Ne  pourra  teroir  Teclat, 
£t  ton  nom  couvert  de  gloire 
Que  Tenvie  insulte  encor, 
Dans  les  fastcs  de  Thistoire 
Va  s'inscrire  en  lettres  d'or. 

Lb  Tassb,  endormi. 

Laisse-moi,  vision  celeste! 
Mon  coeur  est  brise  sans  rctour. 
Sans  elle,  qu'importe  le  reste? 
Je  ne  veux  ricn  que  son  amour. 


CuoEUR,  au  dehorsx 

Honneur  a  toi ,  qui  chantas  la  Croisade , 
Jerusalem ,  le  vaillant  Godefroi , 
£t  fis  passer,  dans  ta  sainte  lliade, 
Un  souffle  ardent  de  tendresse  et  dc  foi. 

Honneur  a  toi,  poete,  bonneur  a  toi ! 

La  ville  eternelle  nagucre 

Couronnait  ses  enfants , 
Alors  qu'au  retour  de  la  guerre, 

lis  rentraient  triomphants. 

Aux  jours  des  luttes  calmes, 

C^est  aux  b^ros  des  arts 

Qu^elie  o&e,  avcc  ses  palmes, 

La  pourpre  des  Gesars. 


La  Muse. 

£coute  ces  cbants  d'allcgrcsse ! 
Vers  toi ,  tout  un  peuple  s'erapresse, 
Semant  a  pleiues  mains 
Des  fleurs  sur  les  cbemins. 

Le  Tassb,  $e  reveiUant, 

Qu'entends-je?  au  rdveil,  cc  songe 
Ne  s'est  pas  envole  ?...  Non, 
Ce  n'estpas  un  vain  mensouge; 
Leurs  voix  cel^rent  mon  nom. 

La  gloire  immortelle , 
Si  chere  au  vainqueur, 
Un  jour  pourra-t-elle 
Remplir  tout  mon  cceur? 
Magique  prestige ! 
Splendide  borizon ! 
Je  sens  le  vertige 
Troubler  ma  raison. 


(  291  ) 

Ghobur. 

Au  Capitole!  au  Capitole, 

Ou  mille  bras  te  porteront , 

Ou  Rome  va,  d'une  aureole, 

A  tous  les  yeux  orner  ton  front; 

Triomphe  sublime ,  qui  marque 

Pour  Tart  un  grand  si^cle  entr'ouvert ; 

A  toi  le  laurier  de  Petrarque, 

A  toi  le  rameau  toujours  vert. 

Lb  Tasse. 

Trop  tard!  La  gloire  eut  ete  belle, 
Quand  je  pouyais,  la  tenant  d'elle , 
A  ses  pleds  en  mettre  une  part ; 
Mais  je  le  sens,  il  est  trop  tard. 
—  Amis,  a  cellc que  j'adore 
Vous  parlerez  de  mon  depart; 
Vous  lui  direz  qu'avant  dc  clore 
Mcs  yeux  pour  ne  plus  les  rouvrir, 
Ma  bouche  murmurait  encore 
Son  nom  dans  un  dernier  soupir : 
£leonore! 

Cboeur. 

Pauvre  dme  qu'ont  meurlric 
Les  ronces  d'ici-bas, 
Recois  dans  ta  patrie 
Le  prix  de  tes  combats. 


(  292  ) 


TORjaUATO  TASSO'S  DOOD. 

(16  april  1595,  in  het  RIoosler  van  S^-Onuphre.) 


<  Ook  hedcn  nog.  » 

(TiCBAVmA.) 


Tasso,  AUeen  in  zijne  celte. 


Zoo  is  daQ  weer  een  bangc  oacht  voorbij  j 
Het  zoete  Ilcht  vcrrijst,  de  vogel  zingt , 
De  bloem  ontluikt ,  de  dauwc  druipt  —  en  zacht 
Beroert  de  morgenwind  het  frissche  loof..... 
Hoc  aangenaam,  nict  waar?  Ik  voel  hot  nog 
Daar,  in  mijn  hart,  dat,  o !  zoo  lang,  zoo  lang 
Niets  mcer  gevoeld  heeft  dan  dc  smert! 
Hoe  treffend  schoon !  Mijn  brckend  ooge  wil 
Nog  cens  ronddwalen  over  u,  natuur, 
Gelijk  de  matte  hand  van  H  veege  wicht 
Nog  rondtast  op  dc  lieve  moedcrborst..... 
Zoo  woci  mij  ook  de  amandclbloesemgeur 
Toen  ik  mijn  stanzen  voorlas,  —  en  ik  haar 
Voor  de  eerste  maal  aanschouwde. 

Ook  hedcn  nog  zie  ik  u  daar, 
Stil  luistrend  op  mijn  zangen, 
Te  midden  uwer  vrouwenschaar 
Met  tranen  op  de  >vangen ! 
Uw  blik ,  zoo  edcl  en  zoo  zoet, 
Wat  drong  hij  dicp  in  mijn  gemoed  j 
—  Ach  hadde  ik  nimmer  hem  ontmoet, 
Eleonora ! 

(Klokken  luiden  te  Metten,) 


(  293  ) 

Tasso. 

Ja,  bidden;...  'k  wil  het  moede  voorhoofd  buigcn , 
Ik  Yoeg  de  handcn  saam ; ....  wat  zijn  ze  magcr 
En  koud !...  Ja,  bidden  :  morgen  zai  dc  klokkc 
Doodlaiden  over  mij...  en  ik...  0  Rechter! 
Verdoemmij  niet,  verdoem  mij  niet,  mij,  arme! 

{Zacht  orgelspel). 

De  wierookwalmcn  stegen;  »  voor  Madonna 
Teneergeknield ,  wat  baden  wij  haar  vun'g ! 

Ook  heden  nog  voel  ik  u  daar, 
Uw  hand  in  mijne  hand  gestrengeld; 
Hoe  lange  baden  wij  tc  gaar, 
Door  reine  min  vervoerd,  verengeld ! 
Gij  spraakt  het  heilig  liefdewoord ; 
Daar  hceft  voor  mij  de  hoop  gegloord ; 
Ach  ons  gesmeek  werd  niet  verhoord. 
Eieonora! 

KLOOSTERLINGBN  IN    DB   KERR. 

«  0  salutaris  hostia, 
»  Quae  coeli  pandis  ostium. 
»  Bella  premunt  hostilia 
»  Darobur  fer  auxilium.  » 

TASSO. 

0  dit  gezang!  hoe  troostend  klonk  het  mij 

Ook  gistren  avond,  als  ik  mij  met  God 

Verzoend  heb ,  als  ik  Hem  ontving ,  voor  wien 

Dc  heenlen  beven ! . . . . 

Hoe  hartclijk  vergaf  ik  alle  leed, 

Mij  door  de  boozen  aangedaan,  uit  nijd 

En  hoogmoed !  —  mij  en  dc  cd'le  vrouw 

Die  mij  beminde ! 


(  294  ) 

Ook  heden  nog  zie  ik  u  daar; 

Gij  komt  mij  tocgevlogen 

Met  bleek  gezicht,  met  hangend  haar, 

Het  vuur  der  wanhoop  in  uwe  oogen  : 

Meedoogloos  werdt  gij  weggeleid  : 

Ach  scheiden  voor  alle  eeuwigheid, 


Eleonora ! 


(^t;  hezwijmt,) 


DB   EN6EL   DER   POBZIB. 

Drocve  zanger, 

Zacht  niet  langer, 

Beur  bet  hoofd ; 

Heden  sieren 

U  laurieren, 

Die  u  niemand  rooft ! 

Heden  rijst  voop  u  de  gloric , 

Heerlijk,  prachtig,  stout! 

Heden  teekent  de  historie 

Uwen  naam  in  schrift  van  goud! 

TASSO  {onlwakend), 

0  laat  mij ,  laat  mij  rusten !  zoo ,  de  handen 
Op  mijne  borst  gevouwen.  De  oogen  sluitcn, 
En  niets  meer  wclcn,  niets,  dan  hare  liefde! 


KOOR   VAN   ROMEINEN. 

Heil,  heil  zij  hem , 
Den  zanger  van  Jerusalem ! 
Hem  wacht  het  hoogstc  loon 
De  dichterkroon ! 


DE   EMGEL   DER   POBZIB. 

Hoor,  boor  de  blijde  scharen 
Van  duizenden  bewonderarcn ! 
Zij  stroomen  u  te  gemoet 
En  roepen :  o  wees  gegroet ! 
Hoor  hunne  stem 
0  zanger  van  Jerusalem ! 
U  wacht  het  hoogste  loon 

De  dichterkroon ! 


(  29S  ) 


YROUWBN. 


Bloemcnkransen  siercn 
Rome  na  alom ! 

Fccstbanieren , 
Vlaggcn,  wimpels  zwiercn : 

Wellckom ! 


Duizcnd  stemmcn  vieren, 
Hoemen  u  alom! 

Eerlaurieren 
Zallen  u  den  schcdel  sieren ; 

Kom ,  0  kom ! 


ALLEN. 


Naar  hot  Capitoliam ! 
Hoor  klaroenen  klatercn , 
Bazuinen  schateren ! 
Hoor  hot  statig  klokgcbrom ! 
Naar  bet  Capitoliam 
Kom,  0  dichter,  kom  ! 

TASSO. 

De  dichterkroon?  wat  kan  zij  geven, 
Als  bet  bart  daar  binnen  schrcit? 
Acb  is  er  booger  beil  in  'I  Icven 
Dan  der  liefde  zaligbeid? 

—  Ook  beden  nog...  maar  neen ,  zij  is  niet  daar; 
Draag  mijnc  lauwcren  tot  baar... 
Dat  zij  zicb  mijns  gedcnkc...  ik  vaar 
Tot  God ! 


(Hij  sterfl.) 


KOOR   VAN   RLOOSTBRLINORN. 

Angel  i  dcducant  tc 
In  paradisum! 


(  296  ) 

ALOBMfiBN   SLOTKOOR. 

Orcinc  geest,  ontpiooi  de  vleugelen 
En  stijg  naar  uwcn  oorsprong  wecr. 
Niets  kan  nog  uwe  vlucht  bcteugelen , 
Niets  houdt  u  hicr  bcncdcn  mcer ! 
Het  vaderiand ,  in  rouw  verloren , 
Wil  eerbiedyol  zijn  klachten  smorcn : 
Hct  komt  tot  laatstc  liefdeblijk 
En  kroontuw  lijk! 


(  297  ) 


GLilSSE  DES  SGIEHGES. 


Seance  du  41  octobre  1875, 

M.  Th.  Gluge,  direcleur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^luel. 

Sont  presents  :  MM.  J.  d'Omalius  d'Halloy,  L.  de  Ko- 
ninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  de-Selys  Longchamps, 
H.  Nysl,  Melsens,  J.  Liagre,  F.  Duprez,  G.  Dewalque, 
Ern. Quetelet,  H.  Maus,  M.  Gloesener,  Candeze,  F.  Donny, 
Charles  Montigny,  Steichen,  E.  Dupont,  £d.  Morren, 
£d.  Van  Beneden,  membres\  Th.  Schwann,  E.Catalan, 
Ph.  Gilbert^  A.  Bellynck,  associes;  L.  Henry,  Ed.  Mailly, 
Alph.  Briart,  Valerius,  F.  Plaleau ,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  la  guerre  offre,  pour  la  biblioth^ue 
deTAcademie,  un  exemplaire  de  la  8""  livraison  de  la 
Carte  topographique  de  la  Belgique.  —  Remerciments. 

—  La  classe  prend  connaissance  de  diverses  lettres  de 
soci^t^s  savantes,  lesquelles  remercient  pour  renvoi  des 
derni^res  publications  acad^miques. 

2""'  S]gRIE,  TOME  XXXYI.  20 


(  298  ) 

—  L'Inslitut  imperial  des  mines  de  Saint-P6tersbourg 
fait  connaltre  qu'il  se  propose  de  cel^brer  le  21  octobre 
/2  novembre  prochain  le  centi^me  anniversaire  de  sa  fon- 
dation. 

II  se  fSliciterail,  ajoule-t-il ,  si  TAcad^inie  voulait  bien 
se  faire  repr^senter  par  Tun  de  ses  membres  k  la  celebra- 
tion de  ce  jubiie. 

—  La  Society  allemande  des  naturalistes  de  TAsie  orien- 
tale,  k  Yeddo  (Japon),  propose  l'6change  de  ses  publica- 
tions avec  celles  de  la  Compagnie.  —  Accept^. 

—  M.  le  secretaire  perp6tiiel  depose  le  tome  XL  des 
Memoires  des  membres  et  le  tome  XXIIl  des  Memoires 
couronnes  et  autres  (in-S""),  dont  I'impression  vient  d'etre 
termin^e. 

—  M.  Alphonse  Briart  fait  hommage  d'un  exemplaire 
de  son  travail  intitule  :  Note  sur  un  systeme  de  trainage 
automotenr.  Une  brochure  in-8®.  —  Remerctments. 

Un  hommage  semblable  est  fait  de  la  part  de  M.  Hou- 
zeau  pour  son  livre  intitule  :  Le  del  mis  a  la  porlee  de 
tout  le  monde,  In-S"".  —  Remerctments. 

—  La  classe  vote  Fimpression,  dans  le  recueil  des  phe- 
nomenes  periodiques  :  l"*  des  observations  sur  la  feuillaison 
et  la  floraison,  faites  iNamur  en  1873;  par  M.  A.  Bellynck; 
^  du  resume  meteorologique  pour  Ostende  pendant  les 
mois  de  juillet  et  d'aoAt  1873,  par  M.  J.  Cavalier. 

-r-  M.  Duprez  depose  la  liste  des  orages  qu'il  a  observes 
k  Gand  du  15  octobre  1872  au  10  octobre  1873. 


(  299  ) 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  feront  I'objet  d'un 
exameii  : 

1**  Note  sur  les  tremblements  de  terre  en  4870,  avec 
supplement  pour  1869  (XXVIIP  relev6  annuel),  par 
M.  Alexis  Perrey.  — Commissaires :  MM.  Duprez ,  Ern.  Que- 
teietet  Mailly; 

2°  Note  sur  les  transformations  arguesiennes  de  M.  Sal- 
tel,  par  M.  P.  Mansion.  —  Commissaires  :  MM.  Catalan  et 
Gilbert; 

5*^  Nouvelle  communication  sur  des  sujets  physiologic 
ques,  par  M.  Edouard  Robin. 


RAPPORTS. 


MM.  le  vicomte  B.  du  Bus  el  P.-J.  Van  Beneden,  char- 
ges d'examiner  un  m^moire  de  M.  Cdouard  Van  Beneden 
portant  pour  litre  :  Stir  un  dauphin  nouveau  de  la  baie 
de  Rio  de  Janeiro  designe  sous  le  nom  de  Sotalia  Brasi* 
liensis ,  donnent  lecture  de  leurs  rapporls. 

Conform^ment  aux  conclusions  favoi^bles  de  ces  rap- 
ports, le  travail  de  M.  Van  Beneden  prendra  place  dans 
le  recueil  des  M^moires,  avec  les  planches  qui  Taccom- 
pagnent. 


(  300  ) 


Recherches  sur  Vinnervation  du  ccBur  par  le  nerf  vague; 

par  le  D'  J.-P.  Nuel. 

«  Les  experiences  nombreuses  et  d^licates  faites  par 
M.  ie  D'  Nuel  au  laboratoire  de  M.  Donders,  k  Utrecht, 
sont  la  continuation  des  experiences  que  notre  savant 
associe  dUtrecht  a  faites  en  commun  avec  M.  Prahl  sur  le 
mSme  sujet  en  operant  sur  le  coeur  du  lapin.  M.  Nuel  a  tra- 
vailie  de  preference  sur  le  coeur  de  la  grenouille,  qui  offre 
cet  avantage  que  ies  periodes  cardiaques  sont  beaucoup 
plus  longues  (au  del^  de  deux  secondes). 

M.  Nuel  demontre,  et  la  representation  graphique  des 
resultats  de  ses  experiences  sur  le  kymographion  le  prouve, 
que  rirritation  dunerf  pneumogastrique  produitsurlecoeur 
deux  especes  de  phenomenes,que  Ton  doit  bien  dislinguer, 
raffaiblissement  des  contractions  et  le  prolongement  des 
periodes  cardiaqnes.  L'affaiblissement  des  systoles  est  pour 
les  oreillettes  en  proportion  directe  de  llntensite  de  rirri- 
tation du  nerf  vague.  Pour  le  ventricule  elle  n'arrive  pas , 
si  rirritation  est  faible  :  elle  arrive  seulement  lorsque 
Tallongement  de  la  periode  cardiaque  presente  une  duree 
notable. 

M.  Nuel  deduit  de  ses  experiences,  ingenieusement  mo- 
diOees ,  des  conclusions  sur  repoque  d'irritalion  latente, 
sur  la  duree  de  renergie  croissante  et  decroissante  du 
nerf  pneumogastrique.  Les  epoques  sont  differentes  pour 
les  deux  espices  de  phenomenes  et  il  en  tire  la  conclusion 
qu'ils  ne  peuvent  dependre  du  meme  element  nerveux  : 


(  301  ) 

il  n'y  a  aucun  parall^lisme  entre  les  deux  ph^nom^nes, 
Tun  peut  £tre  bien  accus^ ,  Tautre  manqiier. 

L'auteur  tente  ensuite  une  explication  bas^e  sur  des 
parlicularit^s  que  rirritabilit6  du  muscle  venlriculaire  pr£- 
scnle  d*apres  des  d^^xonvertes  faites  par  MM.  Ludwig  et 
Bowditch.  II  coDsidire  Faffaiblissement  des  systoles  ven- 
triculaires  non  pas  comme  effet  direct  de  rirritation  du 
nerf  vague,  mais  comme  consequence  de  la  pause  dans  les 
contractions  du  coeur ,  pause  qui  est  constitute  par  Tallon- 
gement  de  la  p^riode  pr^c^dente. 

Quelques  experiences  faites  sur  le  coeur  du  lapin  con- 
statent  Texistence  des  m^mes  lois  que  sur  la  grenouille. 

Le  travail  de  M.  Nuel  est  fait  avec  beaucoup  de  talent  et 
d'exactitude  et  j'ai  Fhonneur  de  proposer  k  TAcademie  de 
remercier  Fauteur  et  de  decider  insertion  de  son  travail 
dans  les  M^moires  de  TAcad^mie.  b 

«  M.  le  docteur  Nuel  a  eiudi^  par  des  experiences 
nouvelle^  Taction  du  nerf  vague  sur  le  coeur.  Ses  recher- 
ches  onl  ete  faites  dans  le  laboratoire  de  physiologic  de 
M.  le  professeur  Bonders,  noire  associe  k  Utrecht.  Je 
regrette  que  de  tels  laboratoires  n'existent  pas  encore 
dans  nos  universites.  Les  experiences  de  M.  Nuel  ont  ete 
faites  surtout  sur  le  coeur  de  la  grenouille  et  peuvent  etre 
consider^es  comme  inspirees  par  le  travail  publie  il  y  a 
quelques  annees  par  MM.  Donders  et  Prahl.  L'auteur  s*est 
servi  comme  excitateur  de  Tappareil  dedu  Bois-Reymond ; 
il  a  fait  enregistrer  les  mouvements  du  coeur  par  le 
kymographiou ,  et  il  est  facile  de  suivre  sur  le  dessin  qui 
accompagne  le  memoire  de  M.  Nuel  le  resultat  des  expe- 


(  302  ) 

riences;  elles  paraissent  d^montrer  que  rirritation  du 
tronc  du  ncrf  vague  on  plutdl  de  la  branche  de  ce  nerf 
qui  se^rend  chez  la  grenouille  au  coeur  exerce  une  autre 
influence^sur  la  conlraclion  auriculaire  que  sur  celle  du 
ventricule,  ce  qui  fait  supposer  la  presence  d^^l^menls 
nerveux  diffSrenls.  Ce  nerf  parait  aussi  contenir  quelques 
fibres  qui ,  au  lieu  deralentir,excitent  les  mouvements  du 
coeur;  ces  fibres  doivent  provenir  du  sympathique.  Le 
travail  de  M.  le  docteur  Nuel  est  compose  avec  soin  et 
j'ai  rhonneur  d'en  proposer  Tinsertion  dans  les  M^moires 
de  I'Acad^mie.  » 

Conform^ment  aux  conclusions  favorables  de  ces  rap- 
ports, la  classe  vote  Timpression  du  travail  du  docteur  Nuel 
dans  le  recueil  in-4°  de  ses  M^moires. 


Note  sur  les  phenomenes  electriques  du   cceur;  par   le 

D'  J.-P.  Nuel. 

«  Les  d^couverles  de  M.  du  Bois-Reymond  sur  les  ph6- 
nom^nes  Electriques  des  muscles  devaient  n^cessairement 
produire  Tid^e  de  les  verifier  sur  une  substance  muscu- 
laire  aussi  importante  que  celle  du  coeur.  Aussi  depuis 
Matleucci  plusieurs  expErimentateurs  distingues  s'en  sont 
occupEs;  mais  les  r^sultats  ob(enus  sont  loin  de  s'accorder. 

MM.  le  D'  Nuel  et  Pekelharing  ont  fait  ensemble  au 
laboratoire  pbysiologique  d'Ulrecht,  sous  la  direction  de 
M.  le  professeur  Engelmann,  de  nouvelles  experiences  dont 


(  303  ) 

le  memoire  de  M.  Nuel  commuDique  les  r^sultats'princi- 
paux  obtenus  jusqu'ici.  La  plupart  des  experiences  fiirent 
faites  sur  des  coeurs  de  grenouilles. 

II  faut  naturellement  distinguer  les  ph^nom^nes  ^lec- 
triques  que  le  cceur  pr^sente  pendant  son  repos  et  ceux 
qui  se  montrent  pendant  la  systole. 

Si  sur  la  pointe  du  ventricule  et  sur  un  point  de  la.  face 
lat^rale  d'un  coeur  intact  et  frais  et  battant  r^guli^rement, 
on  applique  les  Electrodes  et  qu'on  ferme  le  circuit  pen- 
dant rintervalle  des  contractions,  done  pendant  le  repos ^ 
il  y  a  un  courant  minime  (tout  au  plus  de  0,001  Daniel) 
de  la  pointe  vers  la  face  latErale,  augmentant  au  fur  et 
k  mesure  que  Ton  s'Ecarle  davantage  de  la  pointe  :  la 
pointe  du  coeur  se  comporte  done  comme  TEquateur  d'un 
muscle. 

Get  Etat  persiste  sur  une  grenouille  d^capitee  et  dont  la 
moelle  est  d^truite  pendant  plus  d'une  demi-heure,si  on 
laisse  la  poitrine  ferm^e.  Mais  sur  un  cceur  exposE  au  con- 
tact de  fair,  le  courant  ci-dessus  diminue  rapidement  et  se 
renverse  mSme  en  moins  de  10  minutes.  Toute  insulte 
(par  exemple,  un  attouchement  I6ger  avec  un  instrument 
rude)  et  toute  blessure  rendent  le  point  lEsE  n^gatif  envers 
tout  autre  point  de  la  surface.  Le  coeur,  sous  ce  rapport, 
est-bien  plus  impressionnable  que  les  autres  muscles  strips 
qui,  du  reste,  presentent  le  m^me  ph^nom^ne.  C'est  sans 
doute  la  raison  pour  laquelle  cet  Etat  Electrique  normal  du 
coeur  a  EcbappE  aux  expErimentateurs  ant^rieurs. 

Si  Ton  ferme  un  circuit  entre  un  point  de  la  surface 
intacle  et  la  section  transversale,  il  y  a  un  courant  consi- 
derable (jusqu'k  0,08  D.)  de  la  premiere  k  la  seconde  :  il 
d^passe  m&tne  celui  des  muscles  strips  ordinaires  de  la  gre- 
nouille (0,05  D.).  Mais  ce  courant  diminue  d'abord  tres- 


(  304  ) 

rapidement :  apr^s  quelques  minutes,  il  esl  r^duit  de  moiti^; 
plus  tard  il  perd  lentement  de  son  intensity.  Et  chose 
singuliere,  il  peut  reprendre  une  parlie  de  I'mtensit^  per- 
due, si  Tod  provoque  une  contraction  du  coaur.  Pendant!  e 
repos  qui  suit  cette  contraction,  le  courant  est  renforc^  ct 
persiste  ainsi  pendant  plusieurs  minutes  et  cette  experience 
peut  dtre  souvent  r^p^t^e  sur  le  in&me  coeur. 

Quant  aux  ph^nomenes  ^lectriques  que  le  coeur  pr^sente 
pendant  sa  contraction^  le  courant  faible  k  la  surface  du 
coeur  intact  et  frais  ne  change  pas;  mais  si  par  une  lesion 
on  a  obtenu  un  courant  fort,  ce  courant  s'afi'aiblit  ou  se 
renverse  pendant  la  systole.  En  fermant  le  circuit  pour  un 
instant  pendant  les  diff^rentes  phases  d*une  seule  activity 
ventriculaire,  les  auteurs  ont  constat^,  d'accord  avec 
Meissner  et  Cohn,  que  la  fluctuation  negative  pr6c£de  la 
contraction;  elle  parail  arriver  au  maximum  au  commen- 
cement de  la  systole  et  dure  jusque  vers  la  fin  de  la  con- 
traction. 

Les  experiences  faitessur  les  coeurs  de  lapins,  de  chats 
et  de  souris  ont  donn^  des  r^sultats  analogues. 

Nous  felicitous  I'auteur  des  beaux  r^sultats  obtenus  par 
ces  experiences  int^ressantes  et  nous  attendons  avec  im- 
patience la  continuation  qu*il  fait  entrevoir.  En  attendant, 
nous  avons  Thonneur  de  proposer  k  la  classe  insertion  de 
la  communication  de  M.  Nuel  au  Bulletin  de  TAcademie.  » 

Conformement  aux  conclusions  de  ce  rapport,  auquel 
s*est  rallie  M.  Th.  Gluge,  second  commissaire,  la  classe 
vote  rimpression  de  la  note  de  M.  Nuel  aux  Bulletins. 


(  508  ) 

—  CoDform^meut  k  Topinion  6inise  par  MM.  J.  Plateau 
et  Ch.  Monligny,  la  classe  decide  le  d6pdt  aux  archives 
d'une  deuxi^me  note  de  M.  Albert  Verstraete  sur  lepAe- 
nomene  de  la  vue. 

—  La  mSme  resolution  est  prise,  sur  la  proposition  de 
M.  Cb.  Monligny,  k  I'egard  de  la  note  de  M.  le  docteur 
Nouille ,  inlitul^e  :  Oiseau  mecaniqve. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Sur  les  etoiles  filantes  du  mois  d'aout  1S75;  communi- 
cation de  M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perpeiuel  de  TAca- 
d^mie. 

L'etat  de  ratmosph^re  n'a  pas  permis^d  Bruxelles,  de 
suivre  ce  phenomene  et  de  faire  des  observations  exactes. 
Quelques  m^teores  on  I  ete  aper^us  seulement  pendant  les 
soirees  du  15  au  17  aodt. 

A  Louvain,  d'aprte  une  lettre  de  M.  Terby,  les  observa- 
tions ont  aussi  completement  ecbou^.  Quatre  belles  Etoiles 
de  premiere  grandeur,  que  cet  observateur  avait  remar- 
qu^es  dans  la  soiree  du  7  aoAt,  avaient  d6j^  annonc^  le 
phenomene,  mais  les  nuages  el  r^clat  de  la  pleine  lune, 
ajoute-t-il,  ont  r^diiit  ses  resultats  h  de  si  faibles  propor- 
tions qu'il  serait  tout  k  fait  inutile  de  les  signaler. 

M.  le  baron  Octave  Van  Ertborn  m'a  ^crit  d'Acrlselaer 


(  306  ) 

que  r^tat  du  ciel  6galeroent,  dans  cette  partie  de  la  pro- 
vince d'An  vers,  n*a  pas  permis  de  faire  des  observations 
saiisfaisantes  au  sujet  des  ^toiles  filantes. 


Stir  le  congres  international  de  meteorologie  tenu  a  Vienne 
du  i"  au  16  septembre  1873;  communication  de 
M.  Em.  Quetelet,  membre  de  I'Academie. 

Pendant  le  mois  de  septembre  dernier,  un  congr^  de 
m^t^orologistes  s'est  r^uni  k  Vienne. 

Depuis  longtemps  les  savants  qui  s'occupent  de  la  me- 
teorologie avaient  reconnu  la  n^cessit^  de  s'entendre  sur 
des  precedes  uniformes  d*observation  et  de  calcul;  on 
se  demandait  seulement  si  la  chose  etail  praticable,  en  pre- 
sence de  la  grande  yari^te  qui  existe  dans  les  instruments, 
dans  la  mani^re  de  les  observer  et  dans  la  forme  des  pu- 
blications. 

L'annee  pass^e,  sur  I'invitation  de  M.  Bruhns,  directeur 
de  rObservatoire  de  Leipzig,  une  assembl^e  de  m^t^oro- 
logistes  se  r^unit  dans  cette  ville.  Les  questions  k  traiter, 
dont  le  programme  avait  eie  arr^te  d'avance,  firent  Tobjet 
d'une  discussion  qui  dura  trois  jours  et  dont  les  proems 
verbaux  furent  publics  avec  les  r^ponses  ecrites  qui  avaient 
ete  adress^es  par  plusieurs  savants. 

On  comprenait  cependant  qu*une  assembl^e  priv^e, 
quelle  que  fut  d*ailleurs  Tautorite  scientifique  des  membres 
qui  la  composaienl,  n*aurait  pas  une  influence  suf&sante 
pour  faire  entrer  dans  la  pratique  les  decisions  qu*elle  au- 
rait  prises  et  quil  etait  n^cessaire  de  r^unir  officiellemeni 
un  congres. 


(  507  ) 

Le  gouvernement  autrichieD  prit  I'initialive  de  cette 
mesure  et  invita  les  autres  gouvernements  k  nommer  des 
d^l^gn^s  k  une  assembl^e  qui  devait  se  r^unir  k  Yienne. 
Lecomit^  cbarg6  des  pr^paratifs  du  congr^s  ^lait  compost 
de  MM.  Brohns,  directeur  de  TObservatoire  de  Leipzig, 
Jelinek,  directeur  de  rinstitut  central  iD6t6orologique  de 
Vieone,  et  Wild ,  directeur  de  I'Observatoire  physique  cen- 
tral de  Saint-P^tersbourg.  L'invilation  fut  accueillie  favo- 
rabiement  et  le  congr^s  s*est  r^uni  le  1^'  septembre  et 
a  continue  ses  travaux  jusqu'au  16  du  mSme  mois. 

C'est  des  travaux  de  ce  congr^s  et  des  principaux  r^sul- 
tats  qui  ont  ^t^  obtenus  que  je  demande  la  permission 
d'entretenir  quelques  instants  I'Acad^mie. 

Le  congres  ^tait  compos6  de  vingt-neuf  membres,  re- 
pr^sentant  quatorze  £tats  diiferents;  voici  le  nombre  des 
d^l^u^s  par  £tat : 


Allemagne 7 

Autricbe-Hongrie  .     .     .    G 

Belgique ......     3 

Grande-Bretagoe  .     .     .    S 

Chine 

Danemark 

Etata-Unis  d'Aroerique  . 

Italia S 

Pays-Bas 

Portugal 

Russia 

Suede  et  Norwege     .    . 

Suisse 

Turquie 

Total.     .  39 


MM.Bruhns,  Dorgens,  Ebcrmayer,  Neumayer, 
Schoder,  Sobncke ,  Winnecke. 

Czelechowsky  ,  Hann ,  Jelinek  ,  Lorenx , 
Miiller.  Schenzl. 

Gloesener,  Ern.  Quetelet. 

Bucban ,  Scott. 

Campbell. 

Hoffmoyer. 

Myer. 

Gantoni ,  Donati. 

Buys-Bailot. 

Fradesso  da  Silveira. 

Wild. 

Mohn ,  Rubenson. 

Plantainour. 

Couuibary. 


On  a  beaucoup  deplor6  Tabsence  de  delegues  de  la 


(  308  ) 

France ,  ce  pays  qui  a  tant  cootribu^  aux  progres  de  la 
iD^t^orologie. 

M.  Carl  von  Stremayr,  Ministre  de  rinstruction  pu- 
blique,  a  salu^  le  congres  au  nom  du  goovernement.  Son 
Excellence  est  nomm^e  president  d*honneur  et  le  congr^ 
choisit  eusuite  pour  vice-presidents,  MM.  Bruhns,  Buys- 
Ballot,  Jelinek,  Scott  et  Wild,  et  pour  secretaires,  MM.  Mul- 
ler,  Neumayer  et  Sohncke. 

Le  congres,  constitu^  de  cette  mani^re,  a  abord6  Texa- 
men  des  questions  qui  lui  ^taient  soumis^s. 

On  sait  que  la  physique  de  ratmosph^re  est  une  science 
relativement  nouvelle;  c'est  cependant  une  de  celles  qui 
nous  int^ressent  le  plus,  par  son  influence  directe  sur 
notre  sant^  et  sur  notre  richesse.  Plusieurs  causes  out  em- 
pdche  qu'elle  fit  des  progres  rapides.  D'abord  les  instru- 
ments ^taient  fort  d^fectueux  et  aujourd*hui  mSme  les 
m^t^orologistes  sont  loin  d'etre  d*accord  sur  la  valeur  de 
plusieurs  d'entre  eux.  Ensuite  les  stations  oil  Ton  obser- 
vait  ^taient  en  tr^s-petit  nombre ;  sous  I'impulsion  puis- 
sante  d'Alexandre.de  Hujnboldt  le  nombre  des  stations  fut 
augment^,  mais  ce  n'est  que  dans  ces  derniers  temps, 
grftce  aux  grandes  facilit^s  de  communication  que  Ton 
possede,  que  le  r^seau  mei<^orologique  s'est  notablement 
etendu.  Cependant,  quand  on  marque  sur  un  globe  les 
points  ou  Ton  observe,  on  reconnatt  de  suite  les  immenses 
lacunes  qui  existent  encore. 

Enfin ,  quand  on  compare  les  r^sultats  obtenus  dans  les 
pays  les  plus  avanc^s  sous  le  rapport  scientitique,  on 
trouve  que  les  r^sultals  des  observations  ne  sont  g^ndra- 
lement  pas  comparables  entre  eux ,  les  instruments  ne 
sont  pas  les  memes,  ils  ne  sont  pas  divisds  de  la  m^me 


(  309  ) 

fa^D,  les  observations  ne  se  font  pas  d'apr&s  le  m£me 
systeme  et  ne  sont  pas  toujours  pnbli^es  d'une  maniSre 
avantageuse  pour  les  calculateurs. 

Les  points  principaux'  que  le  congr^s  avail  k  trailer 
6laienl  done : 

Indiquer  les  meilleurs  instruments  k  employer. 

S'enlendre  sur  une  m^thode  uniforme  d'observalion  el 
de  caleul. 

Completer  le  r^seau  m^l^orologique  par  loute  la  lerre. 

Raceorder  les  observations  failes  k  la  mer  avec  celles 
qui  sonl  failes  dans  les  observaloires  fixes. 

Fonder  une  publication  Internationale  donnanl,  sous  une 
forme  rigoureusemenl  comparable,  les  documents  m^l^o- 
rologiques  les  plus  importants  pour  les  stations  principales 
par  loute  la  lerre. 

Op^rer  un  ^change  rapide  des  publications  nalionales 
enlre  les  diff^renls  pays. 

Examiner  la  question  de  la  provision  du  lemps  el  parti- 
culi&remcnt  des  grandes  perturbations  almospb^riques. 

H&tons-nous  de  dire  que  le  congrte  n'avail  pas  la  pre- 
tention de  donner  la  solution  de  ces  probl^mes  si  diffi- 
ciles.  La  question  des  observations  mel^orologiques  ^  la 
mer  a  d'abord  6te  ^carl^e  et  doil  dire  soumise  k  une  nou- 
velle  conference  m^l^orologique  maritime.  On  se  rappelle 
qu'une  pnami^re,  conference  de  ce  genre  a  &l&  lenue  k 
Bruxelles  en  1855,  sous  la  pr^sidence  de  mon  pdre.  Le 
celebre  Maury,  qui  Tavait  provoqude,  avail  ensuite  reconnu 
qu'une  nouvelle  reunion  dtait  devenue  ndcessaire,  pour 
completer  les  mesures  recommanddes  dans  la  premiere 
assemblde.  U  en  parlait  d^j^  en  1860,  comme  on  peul  le 
voir  dans  les  Bulletins  de  noire  Acaddmie,  el  an  congrte 


(340) 

de  S^-P6tersbourg  en  1872,  il  avail  charge  mon  p6re  d*en 
faire  la  proposition  en  son  Dom ;  malheureusement  pour  la 
science,  la  morl  Ta  eoleve  depuis  etd'aotres  devront  ticher 
de  completer  I'cBuvre  qu*il  avail  si  bien  commenc^e. 

Quelques  questions  qu'il  aurait  h&  difficile  de  r^soudre 
imm^dialement  ont  ^l^  remises  k  un  prochain  congr^  : 
d'abord  la  publication  internationale  qui  exige  une  cer- 
laine  mise  de  fonds  el  ensuite  un  certain  nombre  de  ques- 
tions de  detail,  parmi  lesquelles  je  citerai  le  choix  de 
symboles  pour  repr^senter  d*une  mani^re  abr^g^e  les 
diff^rentes  circonstances  m^t^orologiques.  On  sail  que 
plusieurs  pays  emploient  d^j^  de  lets  symboles ,  mais  mal- 
heureusement ceux-ci  varient  d'un  pays  k  I'autre,  de 
sorte  qu'une  r^forme  est  devenue  n^cessaire  pour  ^viter  la 
confusion. 

A  fin  de  faciliter  le  travail  k  la  prochaine  assembl^e,  un 
comity  permanent  a  ^t^  nomm6  qui  sera  charge  d*exa- 
miner  ces  questions  el  de  presenter  un  rapport.  Ce  comit^ 
se  compose  de  :  MM.  Buys-Ballot,  president,  Bruhns, 
Cantoni,  Jelinek,  Mohn,  Scott  el  Wild.  Le  congres  lui  a 
donn^  de  plus  la  faculty  de  se  completer  el  de  s*adjoindre 
deux  nouveaux  membres. 

Je  ne  crois  pas  devoir  trailer  ici  du  choix  des  barorn^- 
tres  y  des  thermom^lres ,  de  la  forme  des  udometres ,  etc., 
du  placement  el  de  I'inslallaiion  des  instruments,  tons  de- 
tails qu'ou  Irouvera  dans  les  procds-verbaux  des  stances 
qui  seronl  publics  en  allemand  eten  fran<^is.  Je  signalerai 
seulement  en  passant  une  modification  qui  a  ^t^  adoptee 
pour  rindication  des  vents.  En  fran^ais  la  leltre  0  marque 
rOuesl,  en  allemand  elle  indique  TEsl.  Le  congres  a 
adopts  les  designations  anglaises  oA  TEst  el  TOuest  sont 


(  3*1  ) 
marqu^  par  les  lettres  E  et  W.,  de  sorte  que  nous  devrons 
changer  0  en  W,  et  les  Allemands  devront  changer  0 
en  E;  il  y  aura  ainsi  uniformity. 

Relativement  aux  instruments,  une  des  questions  les 
plus  importantes  ^tait  la  division  des  echelies  barom^tri- 
ques  et  thermom^triques.  Les  resolutions  suivantes  ont 
6\j&  adoptees  : 

i.  L'emploi  des  mSmes  unit^  de  mesure  est  desirable 
aussi  bien  pour  les  observations  que  pour  les  publications. 

%  Le  congr^  exprime  sa  conviction  que  parmi  tons  les 
syst^mes  de  mesure  existants,  le  syst^me  m^triqueest 
celui  qui  a  le  plus  de  chances  d'etre  adopts  g^n^ralement. 

3.  Le  congr^s  regarde  comme  tr^-d6sirable,  s'il  n'6tait 
pas  possible  d'introduire  des  maintenanl  une  mesure 
unique,  de  ne  plus  employer  que  la  mesure  m^trique  et  la 
mesure  anglaise  (et  pour  le  thermomStre  T^chelle  centi- 
grade ou  de  Celsius,  et  celle  de  Fahrenheit). 

4.  Toutes  les  dispositions  qui  doivent  conduire  k  Tunit^ 
m^trique  doivent  dtre  encourag^es. 

Le  vote  est  important  en  ce  qu'il  condamne  d^finitive- 
ment  le  thermom^tre  k  6chelle  Reaumur  et  le  barom^tre 
divis^  en  lignes  de  Paris,  mais  il  est  fort  k  regretter^  an 
point  de  vue  thtorique,  que  Ton  ait  encore  admis  les  me- 
sures  anglaises.  Certainement  on  ne  pent  pas  changer  de 
suite  les  nombreux  instruments  en  usage  divis^s  d'apr^ 
les  Echelies  anglaises,  mais  il  est  f&cheux  que  Ton  ait 
consacr^  cette  exception  par  un  vote  et  il  est  k  esp^rer 
qu'un  prochain  congr^  fera  un  pas  de  plus  en  avant. 

Dans  le  calcol  des  moyennes  m6t6orologiques,  la  division 
du  temps  a  soulev6  une  assez  longue  discussion.  Le  jour 
moyen  solaire  de  minuit  en  minuit  pour  le  lieu  d'observa- 


(  312  ) 

lion  a  &i&  adopts  k  I'ananimit^.  L'ann^  du  calendrier  a  &t6 
adoptee  egalement;  trois  voix  seulemeot  ont  propose  de 
commencer  I'ann^e  m^t^orologique  au  1"  d^cemlire.  Le 
congr^  a  d^cid^  de  conserver  les  mois  du  calendrier.  La 
moyenne  du  mois  doit  dtre  la  moyenne  arithm^tique  des 
joars  qui  le  composent  et  la  moyenne  de  I'ann^e  s'obtient 
en  prenant  la  moyenne  des  douze  moyennes  mensuelles. 
Cette  decision  du  congr&s  est  certainement  bonne  puis- 
qu'elle  simplifie  les  calculs  pour  les  stations  m^t^rolo- 
giques  dont  le  nombre  devient  de  jour  en  jour  plus  grand ; 
dans  des  recherches  d6licates  cependanl,  il  sera  toujours 
n^cessaire  de  tenir  compte  du  nombre  de  jours  que  com- 
prend  cbaque  mois.  Mii  par  cette  pens6e,  un  membre  du 
congr^s  avait  mSme  propose  d'allonger  le  mois  de  f^vrier 
de  deux  jours  en  lui  attribuanl  le  31  Janvier  et  le  i""^  mars; 
Janvier  et  mars  n*auraient  plus  euainsi  que  30  jours  cbacun ; 
mais  la  proposition  n'a  pas  ^te  adoptee.  La  m^t^orologie , 
en  effet,  n*est  pas  une  science  isol^e,  elle  doit  marcher 
d'accord  avec  les  autres  et  ne  pent  k  elle  seule  reformer 
le  calendrier. 

Le  congr^s  a  de  plus  recommand^ ,  dans  cbaque  r^seau, 
pour  un  certain  nombre  de  stations  dont  le  choix  est  laiss6 
k  rinstitut  central  du  pays,  le  calcul  et  la  publication  des 
moyennes  de  la  temperature  par  pentades,  c*est-&-dire 
par  5  jours  d'aprSs  la  methode  de  Dove.  L'ann^  ordi- 
naire de  365  jours  contient  exactement  73  de  ces  p^riodes, 
tandis  que  la  derni^re  pentade  de  Tann^e  comprend  six 
jours  dans  les  ann^es  bissextiles.  Le  but  principal  qu'on  se 
propose  par  le  calcul  des  pentades  est  de  comparer  plus 
facilement  les  temperatures  des  diff^rentes  stations,  k 
repoque  surtout  des  grandes  perturbations. 


(343) 

Le  choix  des  beores  d'observation  esl  laiss^  aux  obser- 
teurs  k  cause  de  la  vari^t^  des  climats  et  de  la  difference 
des  babitudes  locales;  le  congres  pose  cependant  la  cod- 
dition  que  Ton  puisse  d^duire  coDvenableraent  de  ces 
observations  la  nnoyenne  diurne;  il  recommande  certaines 
combinaisons  d'heuies  qui  sont  reconnues  avantageuses  et 
met  en  garde  les  observateurs  contre  la  tendance  qu'ont 
quelques-uns  d*entre  eux  de  multiplier  les  observations 
de  jour  en  n^gligeant  celles  de  nuit. 

L'atlention  du  congres  s*est  ensuite  port^e  sur  la  neces- 
sity de  comparer  avec  soin  les  instruments  et  les  observa- 
teurs. Les  instituts  centraux  doivent  possMer  de  bons 
instruments  normaux  que  Ton  compare  de  temps  en  temps 
entre  eux.  lis  sont  charges,  en  outre,  de  Tinspection  des 
stations secondaires,  qu*il  convient  de  faire  une fois  tousles 
deux  ans  et  plus  souvent  si  Ton  pent.  Dans  rAm^rique  du 
Nord  cette  inspection  des  stations  se  fait  deux  fois  par  an. 

Relativement  aux  publications,  il  a  ^t^  regard^  comme 
desirable  que  les  publications  des  observatoires  de  pre- 
mier ordre,  qui  comprennent  des  observations  ^tendues  et 
varices ,  soient  completement  separ^es,  dans  cbaque  pays, 
des  observations  ex^cutees  sur  un  plan  uniforme  dans 
les  stations  de  second  ordre. 

Le  congres  s'est  prononc^  pour  une  extension  du  sys- 
t^me  d'avertissement  des  tempetes  en  se  mettant  particu- 
liercment  en  rapport  avec  I'Amerique  du  Nord,  qui  a  un 
syst^me  d'avertissement  tr^s-developpe  et  organist  mili- 
tairement.  La  d^pense  pourrait  seule  Stre  un  obstacle  k 
line  extension  si  desirable.  II  faudrait  aussi  que  le  service 
teiegraphique  fikt  mieux  organist,  de  mani^re  qu'un  t^l^- 
^  gramme  annon^afft  une  tempSte  ne  pAt  ^prouver  aucun 
retard. 

S"""  S^RIE,  TOMB  XXXVI.  21 


(  314  ) 

Je  mention nerai  encore  Tint^ressante  comroonication 
de  M.  Campbell  qui  a  ^t^  ehai^^  d'organiser  en  Chine  un 
r^seau  m^ttorologique.  Le  plan  qu*il  a  present^  au  congres 
et  le  choix  des  stations  ont  ^t^  approuves,  et  Ton  pent 
esperer  que  ce  vaste  pays  entrera  enfin  dans  le  concert  des 
nations  civilis^es'pour  T^tude  de  Tatmosph^re. 

On  a  encore  agit^  la  question  de  fonder  des  ^tablisse- 
ments  m6teoroIogiques  dans  des  ties  ^cartees,  sur  de 
hautes  monlagnes,  d*^tablir  des  observatoires  flottants 
dans  Tatmosphere  au  moyen  de  ballons  captifs,  etc.,  etc. 

Je  citerai  enfln  la  proposition  du  d^l^gu^  am^ricain,  le 
g^n^ral  Myer,  qui  a  &i&  unanimement  adoptee  :  le  congres 
declare  desirable  IHnsiallalion  d' observations  simuUanees 
sur  toute  la  terre.  Au  1"  Janvier  de  Tannic  prochaine 
cette  proposition  recevra  probablement  un  commencement 
d*execution;  dans  tons  les  observatoires  principaux  de 
rh^misphi^re  Nord  on  fera  chaque  jour  une  observation 
au  m6me  instant  physique,  c*est-i-dire  que  tous  les  obser- 
vateurs  s'approcheront  en  mdme  temps  de  leurs  instru- 
ments pour  les  observer. 

Je  n*ai  pu,  dans  cette  courle  notice,  donner  qu*un 
aper^u  tr^-imparfait  des  nombreuses  questions  qui  ont  6t^ 
discutees  pendant  la  session  du  congres  met^orologique ; 
je  crois  cependant  qu'on  pourra  juger  de  I'importance  de 
quelques-uns  des  r6sulta(s  oblenus.  II  s'agit  maintenant 
d'entrer  dans  la  p^riode  d*ex^cution.  La  transition  sera 
assez  difficile,  surtout  dans  les  pays  oil  existent  d'anciennes 
traditions  scientifiques;  mais  le  but  d  atteindre  est  si  im- 
portant que  chaque  £tat  fera  sans  doute  quelques  sacri- 
fices pour  arriver  enfin  a  Tunit^  scientifique. 


(315) 


Note  8ur  la  tendance  qu'affectent  les  grands  axes  des  or^ 
bites  cometaires  a  se  dinger  dans  tin  sens  donne;  par 
J.  C.  Houzeau ,  membre  de  TAcad^mie. 

Si  les  com^tes,  ou  au  moins  la  plupart  d'entre  elles, 
sont  des  astres  Strangers  k  notre  syst^me,  qui  ne  s'y  enga* 
gent  qu^acciden tenement,  ce  fait  deviendra  apparent  dans 
la  direction  des  grands  axes  des  orbites.  Aussi  longtemps 
que  lesyst^me  serai t  en  repos,  les  <  astres  croiseurs  »  y 
entreraient  indiff^remment  de  tons  les  cdt^s.  Mais  comme 
le  soleil  et  son  cortege  de  plan^tes  sont  aflect^s  d'un 
mouvement  de  transport  dans  une  cerlaine  direction,  les 
conditions  ne  sont  plus  ^ales,  et  il  doit  se  prodnire  un 
pb^noro^ne  analogue  i  Y emanation  des  ^toiles  filantes. 

Afin  de  reconnaitrejusqu'a  quel  point  les  faits  s'accor- 
dent  avecces  provisions,  nous  allons  examiner  ici  la  distri- 
bution hOliocentrique  des  apbOlies  cometaires,  qui,  comme 
on  le  verra  bientdt,  sont  loin  d^Otre  rOpartis  au  basard. 
L'apbOlie  doit  marquer  k  peu  pr^s,  en  effet,  la  direction 
par  laquelle  Tastre  a  p6n0tr0  dans  la  sphere  d'attraction 
du  sysl^me  solaire.  Cela  est  vrai  surtout  des  com&tes  dont 
les  orbites  sont  les  plus  allongees,  et  qui  se  meuvent,  k 
cette  distance  immense,  avec  une  extreme  lenteur.  Cest 
en  tons  cas  Tbypotb^se  la  plus  simple  d'od  Ton  puisse 
partir. 

Nous  avons  pris ,  pour  procOder  k  cet  examen ,  le  cata- 
logue de  com^tes  de  Madler,  Edition  de  1860,  qui  contient 
233  numOros.  Mais  nous  avons  retrancb6  tout  d'abord  les 
commies  a  courte  pOriode,  c'est-^-dire  toutes  celles,  revues 


(316) 

ou  noD,  dont  I'aph^Iie  est  k  Tint^rieur  de  Torbite  de  Nep- 
tune. II  y  en  a  quinze  dans  le  catalogue,  qui  portent  les 
num^ros  56,  91,  93,  96,  104, 108, 144,  145, 176, 177, 
184, 187, 202, 224  et  225.  Nous  avons  cru  devoir  exclure 
6galement  les  anciennes  apparitions  probables  de  la  com^te 
de  Halley,  qui  auraient  fait  double  emploi,  savoir  les  nu- 
m^ros  4,  5,  6,  13^  15,  16  et  22.  On  peut  voir  du  reste 
combien  le  calcul  de  ces  anciennes  orbites  est  incertain, 
en  comparant  les  ^l^ments  de  la  com^te  de  1066  de  Pingr6 
et  de  Hind,  ceux  de  la  com^te  de  1301  de  Burckhardt  et 
de  Laugier,  ceux  de  la  com^te  de  1337  de  Halley  et  de 
Pingr^,  d'une  part,  et  de  Hind  et  de  Laugier,  d'autre 
part,  ainsi  que  beaucoup  d*aulres.  Conserver  ces  anciennes 
comStes ,  c'est  presque  introduire  des  donn^es  arbitraires. 
Enfin  les  com^tes  n^'M,  8  et  24  n'^tant  donn^es  que  par 
des  approximations  vagues,  nous  les  avons  ^alement  re- 
tranch^es. 

En  revanche  nous  avons  ajout^  Torbite  de  la  premiere 
com&te  de  1819,  que  Madler  avait  laiss^e  en  blanc,  et  qui 
a  €ii  calcul^e  par  Gambart  d'apr^  quatre  observations  de 
Marseille.  On  la  trouve  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de 
Physique  de  Gay-Lussac  et  Arago,  tome  XI,  page  221.  II 
faut  remarquer  aussi  que  Tinclinaison  de  la  premiere  co- 
mftte  de  1813  doit  se  lire  21M3'  33"  au  lieu  de  21*^33'  33", 
que  la  comete  de  1680  ^tait  directe  et  non  retrograde,  et 
que  les  p^rib^lies  de  celies  de  1337  et  de  1533  tombaient 
en  juin  et  non  en  Janvier. 

Le  catalogue  ainsi  retouch^,  il  y  reste  209  com^tes  dis- 
tinctes,  sortant  toutes  de  la  sphere  marquee  par  la  distance 
moyenne  de  Neptune.  Le  premier  point  k  examiner  est 
rinfluence  des  saisons  et  de  la  longueur  des  nuits  sur  le 


(347) 

nombre  des  com^tes  observ^es.  Car  les  recherches  sont 
faites  priDcipalement  dans  I'h^misph^re  boreal;  et  comme 
les  p^rih^lies  tombent  souvent  dans^le  voisinage  du  lieo 
qu'occope  le  soleil,  on  comprend  que  la  pauvret^  des  obser- 
vations durant  cerlains  mois  priverait  toute  une  region  du 
ciel  de  son  nombre  relatif  de  p^rih61ies. 

Pourrendre  les  dates  comparables,  nous  avonsramen^ 
Tancien  style  au  nouveau,  dans  les  calculs  oik  il  avait  6i6 
employ^.  Nous  avons  trouv^  alors : 

Dates  des  passages  au  pirihilie. 


HOIS. 

Atant 

la 

fiaduXVIl* 

sitele. 

XVIII* 
Steele. 

XiX« 
slide. 

T  O  T  A  Kf  • 

TOTAI. 

par 
SAItORS. 

Janvier 

6 

iO 

6 

22      ' 

1 

F6vrier 

4 

4 

6 

i4 

>     82 

Blars    

3 

3 

iO 

i6 

> 

Avril 

4 

5 

8 

17      ] 

Mai 

3 

3 

ii 

M      j 

>     52 

Juin 

3 

5 

40 

48      i 

1 

■ 

Juillet  ....... 

6 

3 

5 

44      ] 

koti 

3 

1 

6 

40      j 

^      47 

Septembre 

4 

5 

d4 

23      ! 

Octobre 

6 

3 

iO 

49      ^ 

1 

Novembre 

8 

9 

6 

23 

'      58 

Ddcembrc 

3 

5 

8 

46 

I 

ANNlfeE.     .     . 

53 

56 

100 

209 

209 

(  318  ) 
II  n*y  a  dans  ces  chifires  aucime  allure  d^cid^e.  Lln- 
floence  de  la  longueur  des  nuits,  si  elle  existe,  est  au  moins 
tres-limit^e.  Le  dix-neuvidme  si^ele  pris  s^par^oient  doone 
pour 

Janvier,  f^vrier,  mars.    ...  23  passages  au  p6rili61ie. 

ATril,mai,juin 29       —  — 

Juillet,  aoftt,  septembre ...  25       —  — 

Octobre,  no?einbre,  d^cembre.  24       —  ~ 

Total.    .   .  400      —  — 

D'oik  Ton  conclura ,  ce  nous  semble ,  qu'il  est  permis  de 
regarder  I'observatioD  des  commies  comme  aussi  complete 
(ou  si  Ton  pr^fere  aussi  incomplete)  dans  une  saison  que 
dans  une  autre. 

Ce  resultat  n'ad*ailleurs  rien  d'extraordinaire,  quand  on 
r^fl(icbit  que  les  cometessont  bien  rarementen  opposition, 
tandis  que  le  plus  grand  norabre  d*entre  ellcs  demeure  au 
contraire  dans  une  certaine  proximity  apparente  du  soleil. 
Nous  allons  done  admettre  que  la  m^me  pro|)ortion  de  ces 
astres  est  observ^e  dans  les  divers  m^ridiens  celestes,  et 
que  par  consequent  la  distribution  des  p^rihelies  suivant 
les  longitudes  heiiocentriques,  d^duite  de  nos  catalogues, 
repr^sente  la  distribution  naturelle. 

Que  les  cometes,  dans  le  sein  de  I'espace,  pen  vent  Hre 
assimil^es  k  des  corps  livr^s  au  hasard,  c*est  ce  qu'on  inf^re 
de  ce  fait  que  les  mouvements  se  partagent  k  pen  pres  ^ga- 
lement  entre  le  sens  direct  et  le  sens  retrograde.  Nos  209 
cometes  exterieures  k  Porbite  de  Neptune  donnent  a  eel 
egard  : 


(  319  ) 


Mouvement  des  comelcs. 


SENS  DU  UOUVEMENT. 

Avant 

la 

findaXVtl* 

XVIIl* 

XI  x« 

TOTAIvB 

Direct 

Retrograde 

26 

27 

28 

28 

48 
52 

i02 
i07 

Total.    .   .    . 

53 

56 

iOO 

209 

II  est  par  consequent  permis  de  croire  qu'il  n'y  a  rien 
de  syst^matique  dans  le  mouvement  des  cometes ;  el  si  nous 
trouvons  que  les  perih^lies  de  ces  astres  se  groupeul  sur  la 
sphere  celeste  dans  cerlaines  positions,  il  sera  vraisem- 
blable  que  la  cause  en  est  dans  un  ph^nom^ne  optique  plu- 
tdt  que  dans  un  agroupement  r^el. 

Trailer  les  p^rih^lies^c^est  du  reste  trailer  les  aph^lies, 
puisqu*on  passe  sans  difficult^  d'un  cas  k  Tautre,  en  remar- 
quant  que  ces  points  sent  diametralement opposes. PlaQons 
done  les  p^rih^lies  sur  la  sphere  beiiocentrique,comme 
nous  placerions  des  ^toiles  sur  une  sphere  celeste.  Dans 
cette  operation  deux  precautions  toutefois  sont  indispensa* 
bles.  La  premiere  estde  teuircompte  de  la  precession,  aGn 
de  rendre  les  positions  comparables.  Nous  avons  r^duit 
toutes  les  longitudes  k  Tequinoxe  moyeu  de  1850,00. 
Pour  les  cometes  les  plus  anciennes,  on  a  pris  soin  dMutro- 
duire  dans  le  calcul  de  la  precession  le  terme  qui  depend 
du  carre  du  temps.  II  faut  ensuite  porter  le  periheiie  dans 
la  trace  du  plan  de  Torbite,  en  s*ecartant  du  noeud  k  la 
distance  angulaire  donnee,  et  suivant  Finclinaison.  Un 
triangle  spherique  fournit  le  resultat.  Nous  avons  ainsi  cal- 
cuie  les  longitudes  et  latitudes  heiiocentriques  des  points 


(  320  ) 

p^rih^lies  sur  l^^quinoxe  el  Tecliptique  de  1850.  Ce  sont 
les  positions  od,  du  solcil,  on  aurait  vu  les  209  coni^tes,  k 
Fepoque  indiqn^e  do  1830,00,  31  ellcs  s'etaient  trouvees 
alors  i  leur  perih6lie  toules  k  la  fois. 

Or  quelle  est  la  distribution  de  ces  points  sur  la  sphere 
h6liocenlrique?  Pour  en  prendre  une  id^e,  nous  avons 
range  dans  le  tableau  suivant  les  coordonn^es  h^liocentri- 
ques  des  p^riheliesdans  Tordre  des  longitudes.  Nous  y  joi- 
gnons  imm6diatement  les  coordonn6es  rectangulaires  de 
ces  points,  le  rayon  de  la  sphere  6tant  Tunite. 

Coordonnees  heliocerUriques  des  points  pinhdlies  des  comdtcs. 


Mum^ro 

du  eauiogao 

dc 

Hidler. 

POSITION  UiL 
dtt  poioi 

Loo|ilad«. 
Eqaio.  18S0. 

lociNraiQOR 
p^rihtflle. 

Latitude. 

COOaDOHllliBS    aUTANGOLAIRU 

(le  rayon  de  la  aph^re  4tanl  1). 

Z. 

y- 

z. 

196 

0:  6' 

—  79:24' 

4-0,4840 

4-0,0003 

-0,9829 

3 

0.28 

-4-28.  4 

0,8828 

0,0072 

4-0,4699 

124 

0.89 

+  50.41 

0,6335 

0,0409 

-♦-0,7736 

473 

4.22 

-56.38 

0,5498 

•      0,0131 

-0,8351 

i52 

4.29 

4-54.21 

0,5826 

0,0151 

4-0,8125 

229 

2.38 

-♦-  8.39 

0,9876 

0,0454 

-f- 0,1503 

410 

4.42 

-4-47.28 

0,6742 

0,0493 

4-0,7368 

442 

7.26 

-4-27.44 

0,8821 

0,1151 

4-  0,4570 

89 

7.36 

4-50.27 

0,6312 

0,0842 

4-0,7710 

23 

9.46 

-^  40.28 

0,7508 

0,1225 

4-  0,a490 

48 

40.23 

-35.45 

0,8033 

0,1472 

—  0,5771 

31 

41.33 

-4-35.47 

0,7998 

0,1634 

4-0,5777 

460 

44.35 

-4-28.48 

0,8626 

0,1768 

4-0,4740 

43 

42.57 

-  2.55 

0,9733 

0,2238 

-0,a'S09 

204 

13.  3 

-61.  9 

0,4704 

0,1090 

-  0,8759 

m 

43.46 

-4-  2.42 

0,9722 

0,2292 

4-0,0471 

228 

44.22 

4-43.46 

0,6996 

0,1792 

4-  0,6917 

(  321  ) 


Nano^ro 

du  catalogue 

de 

Madler. 

POSITION  BiUOCUTaiQDR 
du  point  p^rihelle. 

Loochude.           ,     .      , 

COOKDO 

(leraj 

X. 

NIfiBS    KBCTinCDLAiaBS                     1 

rondelaaphiredtaut  1).                    || 

y- 

z. 

103 

19:55' 

-4-23:39' 

+  0,8612 

+  0,3120 

+  0,4011 

12 

20.16 

+  59.22 

0,4780 

0,1765 

+  0,86a4 

221 

22.  5 

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(  322  ) 


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-1-12.51 

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436 

79.  5 

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0,1790 

0,9311 

—  0,3176 

194 

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4-72.31 

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106.39 

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+  31.  S 

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0,850S 

0,0540 

-0,523 

(  324  ) 


Mamiiro 

da  eatalogue 

de 

Midler. 

POSITION  DtfLIOCRIfTaiQUI 

du  point  p^riht^lie. 

COORDOlfM^KS    RICTAROOL&IRU                    1 
(le  rayon  de  la  sphere  tfunt  1).                     |j 

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Z. 

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169 

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(  325  ) 


Nam^iro 

da  catalogue 

de 

Madler. 

rosiTioN  nth 
do  point 

Lonxitadc. 
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p^rih^lia. 

Latiiode. 

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199 

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248.44 

-4-  52.52 

0,2190 

0,6626 

+  0,7972 

118 

248.55 

—  48.41 

0,2375 

0,6160 

-  0,7510 

141 

250.14 

+  67.41 

0,128  i 

0,3574 

+  0,9251 

181 

250.25 

-  20.53 

0,3132 

0,8803 

-0,3565 

115 

253.22 

-4-50.40 

0,1814 

0,6073 

+  0,7734 

82 

255.19 

—  57.  2 

0,1379 

0,5264 

-0,8389 

(•) 

256.34 

-4-  4.27 

0,2316 

0,9697 

+  0,0775 

2 

256.58 

-  3.24 

0,2251 

0,9725 

-  0,0594 

59 

257.34 

-26.35 

0,1925 

0,8733 

-  0,4476 

162 

258.47 

-5235 

0,1182 

0,5960 

-  0,7942 

102 

260.20 

-4-23.33 

0,1539 

0,9037 

+  0,3996 

195 

260.29 

—  70.44 

0,0546 

0,3254 

-0,9440 

153 

261.15 

H- 53.26 

0,0906 

0,5888 

+  0,8031 

100 

262.41 

+  43.  2 

0,0931 

0,7250 

+  0,6824 

35 

264.19 

-38.44 

0,0618 

0,7762 

-0,6258 

190 

268.45 

-46.17 

0,0151 

0,6909 

-0,7229 

182 

268.54 

+  46.44 

0,0132 

0,6853 

+  0,7282 

130 

269.15 

+  3.41 

0,0131 

0,9978 

+  0,0643 

57 

•  269.55 

—  8  8 

0,0ai4 

0,9899 

—  0,1414 

73 

271.16 

+  24.40 

+  0,0201 

0,9086 

+  0,4173 

61 

272.16 

-    0.38 

0,0395 

0»999l 

-  0,0110 

149 

272.21 

-   0.51 

0,0433 

0,9989 

-  0,0148 

63 

272.54 

-  0.38 

0,0506 

0,9987 

0,0111 

200 

273.  4 

-  0.28 

0,0535 

0,9986 

—  0,0081 

101 

274.40 

-66.14 

0,0328 

0,4017 

-  0,9152 

143 

276.21 

+  13.10 

0,1077 

0,9677 

+  0,2279 

167 

276.38 

+  4.32 

0,1152 

0,9902 

+  0,0791 

140 

276.50 

-34.20 

0,0983 

0,8199 

-0,5639 

nPMBi 

M  eomMe  dc  i 

M9,eaJniltep 

n  Oambari. 

• 

■ 


(  326  ) 


do  eatalogoe 

de 

Midler. 

posrnoR  H<Lioc»iTiiiQini 
dtt  point  p^rih^lle. 

C00B1»( 

nmin  bbctirqclairrs             11 
fon  d«  U  tpMre  <Unt  1).                    || 

X. 

y- 

ft. 

S3 

279:37' 

-4-  5:53' 

-4-0,1662 

-0,9608 

+0,4024 

38 

279.42 

4-29,49 

0,1462 

0,8552 

+  0,4971 

Hi 

280.28 

-f- 35.19 

0,1482 

0,8024 

+0,5782 

46 

287.40 

+  42.42 

0,2230 

0,7003 

+  0,6782 

7 

290.19 

-♦-43.28 

0,2520 

0,6806 

+  0,6879 

905 

290^ 

-27.  3 

0^138 

0,8335 

—  0,4548 

210 

294.11 

-60.3 

0,2045' 

0,4554 

-03664 

213 

294.14 

-i-67.  9 

0,1594 

0,3541 

+  0,9216 

175 

295.43 

-4-41.  9 

0,3267 

0,6784 

+  0,6580 

150 

296.3 

-♦-27.36 

0,3892 

0,7962 

+  0,4634 

179 

296.48 

4-  1.42 

0,4507 

0,8922 

+0,0297 

161 

303.14 

-4-14.15 

0,5316 

0,8113 

+  0,2434 

27 

305.15 

-4-17.  3 

0,5518 

0,7815 

+  0,2932 

14 

308.49 

-4-  77.11 

0,0877 

0,1728 

+  0,9751 

20 

308.56 

-4-  5.40 

0,6254 

0,7741 

-1-0,0988 

203 

310.41 

-4-37.42 

0,5158 

0,6000 

+  0,6116 

29 

312.38 

-32.  7 

0,5737 

0,6231 

-0^315 

71 

314.33 

-4-  9.38 

0,6917 

0,7026 

+  0,1673 

209 

315.54 

-4-  8.23 

0,7104 

0,6885 

+0,4458 

80 

315.56 

-49.  3 

0,4699 

0,4558 

-0,7553 

164 

318.21 

-4-18.35 

0,7083 

0,6299 

+  0,3186 

47 

320.  2 

4-  8.52 

0,7573 

0,6347 

+  0,1542 

455 

321.37 

—  32.34 

0,6606 

0,5233 

-  0,5384 

127 

323.16 

-4- 18.13 

0,7613 

0,5681 

+  0,3126 

72 

328.0 

-4-18.  5 

0,8062 

0,5037 

+  0,3105 

18 

330.  4 

-4-51.46 

0,5363 

0,3088 

+  0,7864 

230 

332.49 

-4-76.48 

0,2031 

0,1043 

+  0,9736 

10 

334.3i 

-4-  1.31 

0,9028 

0,4293 

+  0,0266 

39 

335.50 

H-  2.40 

0,9114 

0,4090 

+  0,0466 

21 

350.27 

-4-65.  0 

0,4168 

0,0700 

+  0,9063 

98 

355.35 

+  42.55 

0,7302 

0,0564 

+  0,6810 

471 

357.16 

-4-40.56 

0,7546 

0,0360 

+  0,6553 

(  327  ) 

II  est  d6j^  evident,  d'apres  la  seuie  distribution  des  p^ri- 
h^lies  dans  les  diverses  longitudes,  que  ces  points  s*accu- 
mulent  prte  de  deux  m^ridiens  h^liocentriques  opposes. 
Ce  fait  ressori,  par  exemple,  du  tableau  suivanl : 


Hombre 

LONGITUDES. 

de 

p£rib£ues. 

Oo-     30o 

21 

30-60 

19 

60-90 

19 

90-  i20 

24  max. 

420  -  ISO 

16 

150  -  180 

14 

180  -  210 

12  min. 

210  -  240 

20 

240-270 

28  max. 

270  -300 

20 

300-330 

14 

330-360 
Total. 

7  min. 

.    .    209 

La  marche  des  nombres  est  r^guli^re  et  k  pen  pr^  con- 
tinue, et  la  difference  enlre  les  maxima  el  les  minima  est 
non-seulement  marquee,  mais  considerable.  Ce  ne  pent  Sire 
1^  Teffet  du  hasard. 

'  11  s'agit  toutefois  de  reconnatlrc  avec  plus  de  precision 
pr^s  de  quel  ro^ridien  la  double  concentration  existe.  A 
cet  effet  consid^rons  chaque  p6riheiie  comme  un  point  si- 
tue,  dans  la  longitude  et  la  latitude  assignees,  5  la  surface 
d'une  sphere  dont  le  rayon  est  Tunite.  11  est  clair  que  le 
centre  de  gravity  de  ces  points,  qu'on  obtient  en  prenant 


(  328  ) 
simplement  la  moyenne  des  coordonn^es  rectangulaires, 
indiquera  par  sa  situation  le  sens  de  la  concentration.  Si 
cepeadant  ies  points  dounes  se  r6parlissaient  en  deux 
groupes  parfaitement  sym6triques  et  d'egale  importance, 
le  centre  de  gravity  tomberait  au  centre  de  la  sphere,  et  le 
probl^me  serait  indetermin^.  Mais  cette  parfaite  egalit^  ne 
pent  gu6re  se  rencontrer  en  pratique ;  et  i'une  des  agglo- 
merations Temportanl,  le  centre  de  gravite  sera  sur  le  dia- 
m^tre  dont  Ies  groupes  occupent  Ies  extr6mit6s. 

Nous  trouvons  par  nos  209  cometes  r^unies,  pour  le 
centre  commun  de  gravity  : 


DMTARCB 

centre  de  gravity  au  eenire 
de  la  sphere,  le  rayon  de 
LONGITUDE.  LATITUDE.  celie-ci  ^lant  1. 


109«20'  -+-  7«>46'  0,i37  6 

Comme  Ies  deux  groupes  opposes  se  balancent  en  par- 
tie,  on  pourrait  craindre  qu'il  restat  dans  cette  determina- 
tion quelque  chose  de  Tincertitude  dont  nous  parlions  tout 
k  Theure.  Mais  nous  allons  soumettrece  r^sultat  k  un  con- 
trdle  qui  en  fera  appr^cier  la  valeur.  Partageons  la  sphere 
en  deux  regions  ^gales  par  un  m^ridien  perpendiculaire 
k  celui  indique.  Chacun  de  ces  deux  hemispheres  traits 
s^par^ment  donuera  un  centre  de  gravite  beaucoup  plus 
eloign^  du  centre,  etpar  consequent  d'une  situation  plus 
certaine.  Et  si  Ies  deux  centres  de  gravite  des  systemes 
partiels  sont  k  tr^s-peu  pres  dans  un  meme  grand  cercle, 
on  aura  quelque  droit  d'en  conclure  que  le  phenomene  de 
la  concentration  vers  deux  meridiens  opposes  est  bien  un 
fait  reel. 


(  329  ) 
Or  ce  second  calcul  nous  donne  : 


Point  de  concentration  de$  pirifielies. 


j^poqnes. 


i«  GROUPE. 


Hombre 
de 


LoBgitade. 


Utilode. 


2»e  GROUPE. 


Nombn 

de 
eomiiee. 


Loogltade. 


UUtade. 


Com.  observ6es  avant 
la  fin  du  XVII*  si^cle. 

Com.duXVIII«si6cIe. 

Com.  du  XIX«  sitele. 

EN8BHBL£t  .  .  . 


25 
34 
46 


104051' 
102.55 
100.35 


-M4o27' 
-h  4.45 
+  9.48 


28 
22 
54 


298041' 
274iS3 
274.35 


■4-8.33' 
4-11.55 
+  2.51 


106 


102.30 


9.15 


104 


281  J(l 


+  6.17 


Avant  de  presenter  les  chiffres  d^duits  de  Tensemble, 
nous  avons  cru  utile  de  subdiviser  les  com^tes  en  trois  s^ 
ries,  afin  d'examiner  I'^cart  des  r^sultats  partiels.  Ces 
hearts  sont  certainement  petits.  Quant  k  Tensemble,  il  in- 
dique  des  points  d'agglom^ration  situ^s  dans  deux  m^ri- 
diens  presque  diam^tralement  opposes,  qui  font  entre  eux 
un  angle  de  281  «51'  —  102«50'  =  179*21'.  Le  m^ridien 
dirig^  par  102^10'  repr^senterait  la  moyenne  des  deux  cer- 
cles,  et  ce  nombre  di£f6re  assez  peu  du  chiflfre  109^' 
trouv^  tout  k  rheure,  pour  montrer  que  notre  premier  r6- 
suitat  n'^tait  pas  un  effet  fortuit. 

II  paralt  done  incontestable  que  les  grands  axes  des  or- 
bites  com^taires  out  une  tendance  d^cid^  k  se  placer  pa- 
rallilement  an  m^ridien  h^liocentrique  de  102*^20'  (fiquin. 
1850)t  ou  si  Ton  pr^f^re ,  parall^iement  au  double  m^ri- 
dien  de  102^20'  et  282^20'.  Or  on  se  rappellera  que  le 

2*"'  S^RIE,  TOME  XXXVI.  •  22 


(  530) 

syst^me  solaire  se  meut  dans  I'espace,  vers  un  point  situ4, 
selon  les  rechercbes  d'Otto  Stru ve ,  par 

259«35',i  (£qnin.  1840)  ....       d'asc.  droite, 
et+  34.33,6 de  d^linaison. 

Rapport^es  k  Tecliplique  et  k  r^quinoxe  de  1850,  ces 
coordonn^es  devieDnent : 

Longitude 254o5' (fiquin.  i850), 

LaUtude -4-  57J6. 

Cette  longitude  diflfere  seulement  de  28*"  de  celle  du  m^ri- 
dien  h^liocentrique  qui  marque  la  direction  prepond^rante 
des  grands  axes  des  orbites  des  conietes.  Si  Ton  consid^re 
que  d'apr^s  I'^valuation  d*OtlD  Struve  lui-mSme,  son  r^sul- 
tat  n'est  pas  sAr  k  Z%  et  que  la  determination  du  point  de 
concentration  des  p^ribelies  com^taires  ne  pent ,  avec  le 
nombre  relativement  petit  de  ces  astres  et  I'incertitude  des 
orbites  anciennes,  s'^lever  k  la  mSme  pjc^sion,  on  ne 
trouve  plus  la  discordance  extraordinaire.  , 

II  n'en  est  pas  de  mdme  pour  la  latitude.  Mais  1^  se  pr6- 
sente  un  fait  remarquable.  Tandis  qu*en  longitul^e  les 
points  de  concentration  des  deux  groupes  ou  faisqeaux 
sont  presque  rigoureusement  opposes,  les  r^sultats  donaent 
invariablement,  dans  les  deux  hemispheres ,  des  latituc^es 
toutes  les  deux  bor^ales.  II  y  a  1^,  ce  nous  semble,  ui 
preuve  evidente  que  les  com^tes  australes  ont  6chappe  ei 
grande  partie  k  Tobservation.  Si  la  distribution  de  ceux 
de  ces  astres  que  nous  observons  est  k  peu  pres,  en  longi- 
tude, la  distribution  nalurelle,  il  n'en  est  plus  de  m^me 
en  latitude,  oh  beaucoup  de  com^tes  australes  passent 
inaper^ues. 


(331  ) 

Ge  qui  n'en  est  pas  moins  Evident  dte  k  pr^ent,  c'est  la 
teodance  des  grands  axes  des  orbites  coin^taires  k  se  pla- 
cer parall^lement  k  un  certain  m^ridien  h^liocentrique , 
Yoisin  de  celui  qui  contient  les  cercies  de  longitude  de 
102"  et  de  282°.  Un  fait  aussi  bien  caract^ris^  depend  cer- 
tainement  d'une  cause  g^n^rale,  et  Ton  ne  pent  guere  dou- 
ter  que  ce  ph^nomdne  ne  se  d^veloppe  de  plus  en  plus 
dans  Tavenir. 


Reclamation  de  priorite,  par  M.  H.  Valerius,  correspondant 

de  TAcad^mie. 

Dans  la  s&nce  du  15  septembre  dernier,  M.  Balard  a 
pr^nt6  k  TAcad^mie  des  sciences  de  Paris ,  au  nom  de 
M.  E.  Mercadier ,  un  m^moire  Sur  le  mouvement  d'un  fil 
elastiqtM  dont  une  extremiti  est  animee  d'un  mouvement 
vibratoire. 

J'ai  traits  la  mSme  question  dans  un  travail  que  TAca- 
d^mie  royale  de  Belgique  a  public  en  1864  (tome  XVII 
des  Memoires  couronnes  et  autres,  collection  in-8°). 

M.  Mercadier  a  fait  usage  d'un  Electro-diapason  et  il  a 
opErE  sur  des  fils  minces  de  fer,  de  cuivre,  de  platine  et 
d'aluminium ,  de  di£fi§rents  diam&tres. 

Dans  mes  recberches,  je  m'^tais  servi  de  diapasons 
ordinaires,  et  je  n'avais  EtudiE  que  les  vibrations  de  fils 
de  verre  d'une  faible  Epaisseur.  J'attacbais  ces  fils  au  dia- 
pason ,  avec  un  pen  de  cire ,  je  les  mettais  en  vibration , 
puis  j'en  projetais  I'image  sur  un  ^ran,  et  je  faisais 
prendre  le  dessin  de  cette  image ,  pour  pouvoir  ensuite 


(  352  ) 

mesurer  exactement  les  longueurs  des  di verses  sobdivi- 
sioDs  du  fil  vibrant. 

J'^tais  arriv^  ainsi  aux  mgmes  lois  que  M.  Mercadier^ 
sauf  une  seule  qui  est  relative  k  Finfluence  du  diametre  des 
fils  sur  la  longueur  des  concam^rations  dans  lesquelles  ils 
se  subdivisent.  Par  contre ,  j'avais  signal^  diverses  parti- 
cularity du  mouvement  qui  paraissent  lui  avoir  ^chapp^. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  il  resulte  de  la  date  de  mon  m^moire , 
que  j'ai  ^t^  le  premier  qui  se  soit  occupy  du  mouvement 
vibratoire  dont  il  s'agit ,  et  que,  le  premier ,  j'en  ai  d^ler- 
min^  les  lois  principales.  M.  Mercadier  paralt  complete- 
ment  ignorer  cette  circonstance,  ainsi  que  M.  Gripon,qui 
a,  de  son  cdt^,  public  quelques  recbercbes  sur  le  m^me 
sujet,  dans  les  comptes  rendus  du  20  novembre  1871  (1), 
et  dont  je  n*ai  pas  eu  connaissance  k  T^poque  oil  elles  ont 
paru. 

Corame  ni  Tun  ni  Tautre  de  ces  savants  n'ont  fait  mention 
de  mon  travail ,  je  me  vois  oblige  d'adresser  k  I'Academie 
la  prfeente  reclamation  de  priority. 


Un  parasite  des  Cheiropteres  de  Belgique  (Ntgteribia 
Fradenfeldii.  Kol.);  par  M.  F^lix  Plateau,  correspon- 
dant  de  I'Academie. 

Tons  les  naturalistes  auront  accueilli  avec  ie  plus  vif 
interSt  le  m^moire  intitule  :  Les  parasites  des  chauves-^ 


(i)  VibratioDs  traDsversales  des  fils  et  des  lames  minces.  Note  de 
M.  E.  GripoD,  presentee  dans  la  s^nce  de  PAcademie  des  sciences  de 
Paris,  le  20  novembre  1871. 


souris  de  Belgique  dont  notre  savant  confrere  M.  P-J.  Van 
Beneden  vient  d'enrichir  la  s6rie  de  ses  beaux  travaux. 
J'attendais,  pour  ma  part,  I'apparilion  de  cet  ouvrage  avec 
d'autaut  plus  d'impatience  que  je  m'^tais  quelque  peu 
occup6  de  DOS.  Cb6iropt6res  indigenes  et  que  j'avais  re- 
cueilli  les  parasites  ext^rieurs  que  portaient  la  plupart 
des  iodividus  que  j'ai  r^unis  tant  au  mus^e  de-Gand  que 
dans  ma  petite  collection  personnelle. 

La  lecture  du  ra^moire  de  M.  Van  Beneden  m'a  montr^ 
que  je  poss6dais  aussi  quelques  raat^riaux  int^ressants. 
Je  crois  Sire  agri^able  k  tous  ceux  d'entre  nous  qui  tra- 
vaillent  h  notre  faune  et  en  particulier  k  M.  Van  Beneden 
en  signalant  une  seconde  esp^ce  de  Nyct^ribie  a  ajouter 
k  la  liste  des  parasites  des  Ch^iropt^res  beiges. 

Cest  la  Nycteribia  Frauenfeldii.  Kolenati ,  tfds-proba- 
blement  identique  k  la  iV.  pedicularia  de  Westwood.  Elle 
diffi^re  par  de  nombreux  caracl^res  de  Tesp^ce  commune 
et  pent  £tre  rang^e  parrai  les  plus  grandes  Nycteribies 
d'Europe. 

Comme  je  Tai  trouv^e  au  fond  d'un  bocal  contenant  des 
Rhinolophes,  des  Murins  et  d'autres  chauves-souris  des 
carri^res  de  Maestrichl(l),  je  ne  puis  malheureuseraent 
pr^ciser  le  Ch6iropl6re  qui  Th^bergeait  (2). 

Voici,  du  reste,  la  synonymic  et  la  description  som- 
maire  qui,  avec  la  figure  ci-jointe  de  ce  curieux  dipl^re, 


(1)  M.  G.  Ubaghs  avail  eu  Pobligeance  de  m*en  envoyer  un  grand 
nombre. 

(2)  M.  Kolenati  [Die  Parctsiten  der  Chiroptern,  p.  56)  I'a  trouv^e  sur 
les  espies  suivaDles  :  Myotus  murinus ,  Miniopterus  Schreibereii, 
Rhinolophus  hippocrepia  R.  clivojsus. 


(534) 

pourroDt  ^tre  de  quelque  utilite  aux  naturalistes  beiges 
qui  retrouveront  la  Nyct^ribie  en  question. 

Ntctbribia  Frauefifbldii.  Rolbnati(4). 

—  Kolcoati.  VerhandLderZooLboL  Fier.Wicn., 

1856,  Bd.  VI.  I.  Quartal,  p.  189,  pi.  I, 
fig.  B.  Org. 

—  Rolenati.  Die  Parasiten  der  CMroptem,  p.  35, 

pi.  IV ,  fig.  c-n. 
NycterUna  pedicular ia  Westwood.  On  Nycieribia.  Trans.  ZooL  Soe., 

vol.  I ,  p.  290. 

Point  de  prolongement  anguleux  au  tborax  {% 

Bord  ant^rieur  du  thorax  en  arc  de  cercle  sans  ^chan- 
crure. 

Surface  inf^rieure  du  thorax  granul^e  et  ponctu6e. 

De  couleur  brune,  pattes  plus  claires;  un  sillon  noir 
au  milieu  de  la  face  ihoracique  infSrieure.  Les  poils  longs 
d'un  roux  fonc4.  Ctenidium  thoracique  de  qualorze  dents. 

cT  Ctenidium  du  bord  post^rieur  du  premier  anneau 
abdominal  de  quarante^-huit  dents  assez  longues.  Quatri^me 
anneau  portant  un  petit  peigne  au  milieu  et  lat^ralement 
deux  saillies  dentif^res.  Les  crochets  terminaux  {Zangen) 
garnis  de  longs  poils. 

Longueur  du  corps  4  millimetres. 
Longueur  d'une  patte  5    — 
Largeur  du  thorax  2       — 


(1)  Je  n'ajoute  pas  les  noms  de  Latreille  k  ia  synonymie  parce  qu'ils  me 
semblent  d*une  application  douteuse. 
(3)  Voyez  Kolenati  pour  la  descriptioo  d^taill^ 


(  335  ) 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 


Fig.  1.  Nycteribia  Frauenfeldii  d*  de  grandeur  natarelle. 
—  2.  La  mdme  grossie  1 0  fois ;  vae  en  dessus. 
— -  3.  Face  inf^rieure  da  thorax  et  de  Tabdomen  (grossie  12  fois). 


Note  sur  les  phenomenes  electriques   du  cosur    (effets 
61ectromoleurs);  par  le  D'  J.-P.  Nuel. 

Les  experiences  dont  les  r&ultats  principaux  sont  con- 
sign^s  dans  les  lignes  suivantes  ont  ^t^  faites  au  labora- 
toire  physiologique  d*Utrecht,  par  M.  Pekelharing  (assis- 
tant an  laboratoire  physiologique  de  Leyde )  et  moi ,  sous 
la  direction  bienveillante  de  M.  le  professeur  Engelmann. 
Dans  cette  communication  preliminaire,  nous  ne  voulons 
qu'esquisser  les  faits  principaux,  bien  ^tablis  pour  le 
moment.  Des  recherches  plus  ^tendues,  r^clam^es  par  Tim- 
portance  du  sujet  et  rint^rSt  des  faits  venus  au  jour,  seront 
faites  ult6rieurement  par  Tun  de  nous. 

On  n'a  publie  jusqu'ici  qu'un  petit  nombre  de  travaux 
qui  s'occupent  des  propri^t^s  electriques  du  muscle  car- 
diaque. 

D'aprte  Matteucci ,  la  section  transversale  d*une  pile  de 
cceurs  de  pigeons  est  negative  par  rapport  k  la  surface 
longitudinale. 

Koelliker  et  H.  Mueller  (Wiirzb.  Verhandl.  1856, 
p.  528)  avaient  trouv^  que  chez  la  grenouille  : 

I""  La  pointe  du  coeur  intact  est  negative  par  rapport  k 
la  surface  des  ventricules; 


(  336  ) 

^  La  pointe  est  n^ative  par  rapport  ik  la  surface  de 
section,  quand  les  oreillettes  sont  enlev^es; 

S""  La  poiole  est  positive  4>ar  rapport  k  toute  section  ou 
blessure  du  ventricule. 

En  dehors  de  la  pointe  du  coeur ,  d'apr^  les  mdmes  au- 
teurs,  la  surface  cardiaque  a,  dans  diffiSrents  endroits,  des 
tensions  ^leclriques  diffS^rentes.  lis  ne  r^ussirent  toutefois 
pas  k  d^couvrir  une  r^gle  k  cette  distribution  du  fluide, 
^lectrique. 

Lorsqu'ils  fermaient  le  circuit  entre  la  base  et  la  pointe 
d'un  coeur  qui  se  contracte,  Taiguille  du  galvanom^tre 
^tait  d'abord  lanc^e  au  loin  dans  le  secteur  correspondant 
k  un  courant  dont  le  pdle  positif  se  trouve  k  la  pointe, 
puis  elle  se  rapprochait  lentement  vers  le  z^ro  de  T^chelle, 
pour  se  fixer  aux  environs  de  ce  point.  L^ ,  elle  ex^cutait 
des  oscillations  bien  marquees,  produites  par  la  modifica- 
tion n^ative  qui  k  cbaque  contraction  survient  dans  I'^tat 
^lectrique  du  coeur.  L'aiguille  ^tait  m£me  lanc^e  alter- 
nativement  de  quelques  degr^s  k  droite  et  k  gauche  du 
z^ro. 

Les  deux  savants  de  Wiirzbourg  reussirent  aussi  k 
d^montrer  la  modification  negative  k  I'aide  du  rh^oscope 
physiologique  (patte  de  grenouille  avec  le  nerf  sciatique). 
lis  trouv^rent  que  la  contraction  secondaire  de  la  patte  de 
grenouille  dont  le  nerf  sciatique  repose  sur  le  ventricule 
avait  lieu  apr^s  la  systole  des  oreillettes,  et  un  temps  k 
peine  appreciable  avant  celle  des  ventricules. 

En  1862,Meissner  et  Cohn  (Zeitschr.  f,  ration.  Medic, 
Y.  XY,  dritte  Reihe ,  p.  27)  confirm^rent  les  faits  signa- 
l's par  Koelliker  et  H.  Mueller  et  trouverent  de  plus  que, 
pendant  la  modification  n^ative,  le  courant  obtenu  en 
fermant  le  circuit  entre  la  base  et  la  pointe,  a  une  direc- 


(337) 

tion  oppos^e  k  ceile  du  courant  ordinaire  du  cceur  (obtenu 
sur  le  cceur  en  repos).  Ce  dernier  done  ne  diminue  pas 
seulement  d'intensit^,  mais  se  ren verse  et  change  de 
direction  pendant  la  modification  negative. 

Depuis  que  du  Bois-Reymond  nous  a  mis  k  mdme  de 
mesurer  d'une  mani^re  exacte  et  simple  la  force  electromo- 
trice  des  tissus  vivants,  nous  ne  saurions  plus  nous  con- 
tenter  d'indications  sur  Vintensite  des  courants  que  ces 
tissus  peuvent  engendrer :  il  nous  faut  des  doun^es  pre- 
cises sur  leur  force  electromotrice.  Les  resistances  dans  les 
conducteurs  organiques  (muscles  et  nerfs ,  par  exempie), 
sont  si  variables,  que  les  intensit^s  accus^es  par  le  galva- 
nom^tre  peuvent  diff§rer  ^norm^ment,  alors  que  la  force 
Electromotrice  reste  la  m^me. 

Nous  nous  sommes  servis  des  Electrodes  non  polarisa- 
bles  de  du  Bois-Reymond ,  de  sa  mEtbode  de  compensa- 
tion (^  Taide  des  compensateurs  long  et  rond),  ainsi  que 
de  la  boussole  k  miroir  de  Wiedemann,  modifiee  par 
Meyerstein.  (L'observateur  regarde  k  Toeil  nu  une  grande 
Ecbelle,  sur  laquelle  le  miroir  de  la  boussole  rEflEchit  la 
lumiEre  d'une  lampe.  v.  Arch,  fur  die  gesammle  Physio- 
logic, etc.,de  E.  Pfluger.  V.  VI,  p.  104.) 

f^e  plus  grand  nombre  de  nos  experiences  ont  EtE  faites 
sur  des  cceurs  de  grenouilles ;  c*est  1^  aussi  que  nous  avons 
dEcouvert  les  faits  qui  vont  suivre. 

Deux  questions  principales  et  distinctes  doivent  Eire 
examinees  :  celle  des  phEnomEnes  Electriques  du  cceur  en 
repos,  et  celle  des  phEnomEnes  Electriques  du  cceur  en 
Etat  d'activitE. 


(  358  ) 

■I.  —  Ph6N0MENES  6LBCTRIQUES  DU  COEUR  EN  REPOS. 
a.)  Le  cmur  etani  intact  et  battant  rigulierement. 

Si  dans  ces  cooditions,  le  cceur  ^tant  intact  et  frais,  on 
ferme  pour  un  moment  le  circuit  pendant  I'intervalle  des 
contractions,  on  trouve,il  est  vrai,  entre  diff<^rents  points 
de  la  surface  cardiaque ,  des  differences  de  tension ;  mais 
elles  sont  tellement  minimes,  que,  dans  la  plupart  des  cas, 
elles  6chappent  ^  toute  mensuration  exacte.  En  fait  de 
regies  rdgissanl  cette  distribution  des  tensions  ^lectriques, 
nous  n'en  avons  pu  verifier  qu'une  seule ,  &  savoir  que  la 
pointe  du  ccBur  intact  est  positive  par  rapport  a  chaque 
point  de  la  surface  des  ventricules.  La  pointe  est  done 
r^ellement  I'equateur  de  la  masse  musculaire  du  ventricule. 

La  force  ^lectromotrice  du  courant  obtenu  par  la  ferme- 
ture  du  circuit  entre  deux  points  de  la  surface  naturelle 
du  coeur  est  tr^s-petite,  avons-nous  dit.  On  en  obtient  le 
maximum  quand  on  applique  Tune  des  Electrodes  sur  la 
pointe,  Tautre k  la  derni^re  limite  du  ventricule,  et  m^me 
k  moiliE  sur  Toreillette.  Ce  maximum  cependant  n'a  jamais 
d^passe  quelques  milliemes  d*un  Element  de  Daniell.  La 
force  diminue  k  mesure  que  Tdlectrode  appliquEe  k  la  base 
est  rapprochee  de  la  pointe. 

b.)  Altdrations  qui  surviennent  dans  les  phenomknes  electriques  du 
cceur  en  repos  sous  Vinfluence  du  contact  de  I'air ,  de  lesions  mecch 
niques,  etc. 

Nous  venons  de  voir  que  sur  un  coeur  qui  vient  d'etre 
dte  du  thorax,  la  difference  entre  les  tensions  Electriques 
de  la  pointe  d'une  part,  et  de  la  base  du  ventricule  d'autre 
part,  donne  un  courant  tres-faible.  Ce  courant  diminue 


(  339  ) 

rapidement,  disparalt  mSme,  et  apr^s  quelques  instants, 
la  boussole  indique  un  courant  dirig^  en  sens  inverse. 
Ordinairement,  en  moins  de  dix  minutes,  dans  nos  expe- 
riences, la  pointe  du  cceur  ^tait  negative  par  rapport  k  la 
base  du  ventricule ,  et  mdme  k  chaque  autre  point  de  la 
surface  naturelle  du  coeur.  Toutefois  la  force  ^lectromo- 
trice  de  ces  courants  inverses  reste  toujours  tr&s-faible. 

Une  grenouille  fut  tu^e  par  decapitation ,  et  sa  moelle 
^pini&re  tritur^e ;  le  coeur  resta  en  place  dans  le  thorax 
intact.  Or,  apr^s  une  demi-beure  d'attente,  k  Touverture 
de  la  poitrine,  la  pointe  du  coeur  ^tait  encore  positive  par 
rapport  k  la  surface. 

Les  moindres  insultes  mecaniques ,  par  exemple  Tattou- 
chement  l^er  avec  un  instrument  rude,  et  k  plus  forte 
raison  Taction  de  saisir  un  endroit  au  moyen  d'une  pince, 
chaque  incision,  etc.,  rendent  Tendroit  lese  n^gatif  par 
rapport  k  tout  autre  point  de  la  surface.  Dans  ces  cas,  la 
force  eiectromotrice  indiqu^e  par  le  compensateur  est 
d'autant  plus  ^lev^e  que  la  lesion  est  plus  prononc^e. 

II  est  Evident  que  la  pointe  ne  fait  pas  exception  k  cetle 
r^le. 

Ces  changements  sont  done  parfaitement  analogues  k 
ceux  que  dans  les  memes  circonstances  on  observe  sur  les 
muscles  strips  ordinaires.  Seulement,  le  cceur  se  fait 
remarquer  par  une  plus  grande  sensibility  k  T^ard  des 
influences  ^trangeres;  son  ^tat  ^lectrique  est  beaucoup 
plus  inconstant  et  variable.  Cette  derni^re  circonstance 
nous  explique  aussi  pourquoi  Koelliker  et  H.  Mueller,  puis 
Meissner  et  Gohn  n'ont  pas  r^ussi  k  constater  la  positivit^ 
de  la  pointe  du  coeur  intact.  II  faut  en  effel  op^rer  tres- 
vite  et  avec  les  plus  grandes  precautions,  sinon  on  irouve 
toujours  que  la  pointe  est  negative  par  rapport  k  la  surface. 


;  (  340  ) 

Si  Ton  ferroe  un  circuit  entre  un  point  de  la  surface 
intacte  et  un  point  de  la  section  transversale  du  ventricule, 
on  obtient  des  courants  dont  la  force  ^lectromotrice  est 
considerable ,  pourvu  que  la  compensation  se  fasse  tr6s- 
vile  aprds  qu'on  a  praliqu^  la  section  transversale.  Le 
maximum  observe  par  nous  entre  la  pointe  intacte  et  la 
section  transversale  de  la  base  s'approchait  de  0,08  D. 
On  a  beau  op^rer  aussi  vite  que  possible ,  on  trouve  ton- 
jours  que  la  force  ^lectromotrice  diminue  rapidement 
d'abord,  plus  lentement  apr^s  un  certain  temps.  Imm^- 
diatement  apr^s  r^tablissemenl  de  la  section  (la  fermeture 
ici  peut^tre  continuelle,  puisque  le  ventricule  ne  se  con- 
tracte  plus)  cette  chute  de  la  force  Electro  mo  trice  est  tene- 
ment rapide  que  la  main  mise  au  compensateur  doit  Stre 
continuellement  en  mouvement,  sinon  la  compensation 
cesserait  d'etre  parfaite.  En  pen  de  minutes,  la  force  peut 
dire  rdduite  k  la  moitid  de  la  valeur  obtenue  au  commen- 
cement; dix  minutes  suffisenl  ordinairemenl  pour  Tabais- 
ser  au-dessous  de  son  tiers.  Tout  porle  d'ailleurs  k  creire 
que  chaque  fois ,  au  moment  de  la  premiere  mensuration, 
elle  avail  d^ji  baiss6  nolablement;  probablement  au  pre- 
mier instant  elle  surpasse  la  valeur  de  0,10  D.  En  tons  cas 
elle  surpasse  les  valeurs  oblenues  chez  les  muscles  stries 
ordinaires,  pour  lesquels  on  trouve  en  moyenne ,  chez  la 
grenouille,0,05  D.  Chez  les  mammif^res,  on  ne  Ta  pas 
mSme  vue  depasser  la  valeur  de  0,049  D. 

Nous  ferons  remarquer  ici  que  pour  des  cceurs  de  mam- 
mif^res,  tels  que  lapins ,  souris ,  chats  (nouveau-nds)  la 
force  diectromotrice  est  considerable  aussi  et  ddpasse  la 
valeur  de  0,049  D. 

On  peut  modifier  singuli^rement  la  marche  de  cette 
diminution ,  en  provoquant  de  temps  en  temps  des  con- 


(  344  ) 

tractions  du  ventricule,  soit  par  une  irritatiou  m^canique, 
soit  par  un  courant  d'induetion.  Apres  ces  contractions  ^  la 
force  eleclromotrice  est  augmentee  notablement,  Le  renfor- 
cement  de  la  force  electromotrice  apr^s  une  contraction  est 
pen  marque  aussi  longtemps  que  la  chute  dont  nous  venons 
de  parler  est  tr^-rapide.  Une  fois  la  diminution  de  la 
force  electromotrice  ralentie,  le  renforcement  est  bien 
accuse  apr^  chaque  contraction ,  et  il  faut  5  minutes  et 
plus  k  cette  force  pour  redescendre  au  niveau  qu'elle  avait 
avant  la  contraction  du  ventricule. 

On  pent  r^p^ter  les  irritations  du  muscle  pendant  des 
heures  enti^res,  et  jamais  Paccroissement  ne  fait  d^faut 

Le  ph^nom^ne  en  question ,  le  renforcement  de  la  force 
Electromotrice  apr^s  chaque  contraction  gagnera  en  int<£r£t 
si  nous  le  rapprochons  de  certains  faits  d^couverts  par 
Ludwig  et  Boiivditch  [Sachs,  Gesellsch.  d.  Wissensch. 
1871 ;  p.  652).  Ces  auteurs  ont  trouvE  que  TEnergie  de  la 
force  m^canique  du  ventricule  d^roit  si  on  laisse  ce  der- 
nier en  repos ,  et  croit  ensuite  si  on  Tirrite.  //  existe  done 
un  parallelisme  assez  complet  entre  les  proprietes  e'/ec- 
triques  et  mecaniques  :  la  force  Electromotrice  crott  et 
dEcroit  avec  I'irritabilitE  et  la  force  mEcanique. 

Si  Ton  coupe  simplement  la  pointe  du  ventricule ,  on 
obtient  Egalement  des  courants  forts  entre  la  pointe  lEsEe 
et  la  base  intacte;  mais  comme  le  muscle  continue  k  se 
contracter,  la  force  Electromotrice  diminueplus  lentement. 
Dans  un  cas  pareil ,  la  force  avait  baissE  de  moitiE  aprEs 
une  demi-heure  seulement. 


(  342  ) 
II.  —  Ph6nom£:nes  jIilegtriques  observes  sur  le  gqeur 

EN   tTkT  d'aCT1VIT6. 

Chaque  contraction  du  cceur  est  accompagnee  d'un 
changement  dans  T^tat  ^lectrique  du  muscle.  Si  le  cceur 
est  intact,  les  courants  obtenus  dans  Tintervalle  des  con- 
tractions entre  la  base  et  la  pointe  sont  tres-faibles,  et  le 
galvanom^tre  n'estgu^re  influence,  s*il  survient  une  con- 
traction. Mais  d^  que  le  courant  ordinaire  devient  plus 
fort  (par  une  lesion  du  muscle),  chaque  contraction  se 
trahit  par  un  mouvement  du  miroir  produit  par  la  modifi- 
cation negative  :  Tinstrument  indique  un  affaiblissement 
ou  mSme  un  changement  de  direction  du  courant  ordi- 
naire. 

On  r^ussit  k  avoir  des  renseignements  sur  la  dur^e  et  la 
marche  de  la  modification  negative,  si  Ton  coupe  la  pointe, 
et  si  dans  diff^rentes  phases  de  la  p^riode  cardiaque  on 
ferme  pour  un  instant  un  circuit  entre  la  base  intacte  et 
la  surface  de  section.  De  cette  mani^re  nous  avons  pu 
constater  que  la  modification  native  commence  avant  la 
contraction  du  ventricule,  et  dure  jusque  vers  la  fin  de 
cette  contraction.  II  semble  que  le  changement  dans  F^tat 
^lectrique  arrive  (r&s-vite  k  son  maximum  :  d&jk  au  com- 
mencement de  la  systole,  on  trouve  que  le  courant  a 
change  de  direction.  Nous  n'avons  pas  encore  r^ussi  k 
mesurer  la  force  ^lectromotrice  du  courant  obtenu  pen- 
dant la  modification  n^ative,  mais  elle  doit  atteindre  une 
valeur  considerable  au  maximum  de  son  d^veloppement. 
En  efiet,  si  on  ferme  pour  un  moment  le  circuit  pendant 
la  systole ,  la  deviation  du  miroir  de  la  boussole  est  k  peu 
pr^s  aussi  ^tendue  et  aussi  ^nergique  que  si  la  fermeture 


(  343  ) 

avail  lieu  pendant  le  mdme  espace  de  lemps  dans  I'inter- 
valle  des  conlractioos ,  m^rne  imm^diatement  apr^s  T^ta- 
blissement  de  la  section.  Plus  tard,  quand  la  force  ^lec- 
tromotrice  du  courant  ordinaire  a  baiss^  consid^rablement, 
et  quand  la  fermeture  instantan^e,  dans  Tintervalle  des 
contractions ,  ne  produit  plus  qu'une  faible  deviation  du 
miroir,  on  obtient  encore  une  deviation  tr6s-forte  en  sens 
inverse,  quand  la  fermeture  instantanee  coincide  avec  la 
modification  negative. 

Nous  ajouterons  encore  que  les  ph^nom^nes  ^lectriques 
que  pr^sente  le  coeur  au  moment  de  sa  contraction  sont 
les  memes  chez  le  lapin,  le  chat  et  la  souris  que  chez  la 
grenouille;  il  n*y  a  que  des  differences  insignifiantes.  * 

11  me  reste  k  signaler  k  la  classe  que  chez  le  chien 
j'aireussi  ad^montrer,  au  moyen  du  rh^oscope  physiolo- 
gique,  que  la  contraction  de  I'oreillette  est  accompagn^e 
d'un  changement  dans  I'^tat  ^lectrique,  changement  qui 
est  propre  k  I'oreillette  et  precede  le  ph^nom^ne  analogue 
du  ventricule  du  m^me  espace  de  temps  que  la  contrac- 
tion de  I'oreillette  pr^c^de  celle  du  ventricule. 

Sur  un  chien  curaris^,  chez  lequel  on  entretenait  la 
respiration  artificielle,  le  thorax  fut  ouvert,  et  le  cceur 
d^pouill^  du  p^ricarde.  Un  rh^oscope  physiologique ,  fix^ 
solidement  au-dessus  du  coeur,  ^tait  reli^  k  un  levier  qui 
en  inscrivait  les  secbusses  sur  le  kymographion.  Le  nerf 
sciatique  de  la  patle  de  grenouille  pouvait  £tre  mis  alter- 
nativenlent  sur  les  ventricules  et  sur  les  oreillettes.  Les 
contractions  cardiaques  furent  enregistr^es  par  transport 
a^rien,  au  moyen  d'un  petit  coussin  k  air  appliqu^  sur 
la  pointe  du  coeur.  Un  diapason  k  quinze  vibrations  par 
seconde  servait  de  chronometre. 

On  obtient  ainsi-deux  trac^  parall^les,  dont  I'un  re- 


(344) 

pr^nte  les  systoles  des  ventricules,  I'autre  les  contrac- 
tioDs  secondaires  correspondantes.  Or,  le  nerf  de  la  patte 
de  grenouille  ^tanl  mis  sur  les  ventricules,  la  contraction 
secondaire  commence  avec  la  systole  ventriculaire  (k  en 
juger  d'apr^s  mes  traces);  le  nerf  repose-t-il  sur  I'oreil- 
lette,  la  contraction  secondaire  commence  une  vibration 
du  cbronom^tre,  c'est4-dire  ^  sec,  avant  cette  systole. 

Chez  le  lapin ,  il  m'a  ^l^  impossible  d'obtenir  une  con- 
traction secondaire  en  mettanl  le  nerf  sur  Toreillette. 

Ge  fait  est  un  argument  de  plus  en  favour  de  Tbypo- 
th^se  que  la  contraction  des  deux  parties  du  ccBur,  oreil- 
lettes  et  ventricules,  est  produite  par  deux  impulsions 
motrices  distinctes,  qui  se  suivent  dans  le  temps,  et  sont 
s6par^es  par  un  intervalle  appreciable.  L,es  deux  systoles 
ne  seront  pas  le  r^sultat  d'une  mSme  onde  excitante  qui 
d'abord  arriverait  k  Toreillette ,  et  de  \k  se  propagerait  au 
ventricule. 

II  m'a  6i6  impossible  de  trouver  une  difference  de 
temps  entre  les  deux  contractions  secondaires  obtenues 
Tune  sur  la  base,  Tautre  sur  la  pointe  du  cceur. 


Observations  touchant  la  faune  de  la  Belgique^  par 
Alph.  Dubois,  conservateur  au  Mus^e  royal  d'histoire 
naturelle  de  Belgique. 

Dans  sa  Faune  beige ,  M.  de  Selys  Lougchamps  ^num^re 
14  esp^ces  de  Ch^iropt&res ,  et  ce  nombre  ne  s'est  pas 
augment^  depnis  1842.  Nous  croyons  done  qu'il  n'est  pas 
sans  int^r^t  de  faire  connaltre  une  nouvelle  esptee  pour 
le  pays,  ^happ^  jusqu'ici  aux  recherches  des  natura- 


(  345  ) 

listes  beiges.  Cette  esp^ce  est  le  Vesperugo  Leisleri  (Kulh). 

Quatre  de  ces  Ch^iroptdres,  dont  deux  adultes ,  ont  6i6 
trouv^s  le  4  aoAt  1873  k  Noire -Dame -au-Bois,  pres 
Auderghem,  par  M.  P.-F.  Meuris,  et  remis  au  Mus^e  de 
Bruxelles.  Ces  chauves-souris  se  trouvaient  dans  le  trou 
d'uD  arbre,  au  bord  de  la  chauss^e  qui  looge  le  bois. 

L'analogie  qui  existe  entre  les  Vesperugo  noclula  et 
Leisleri  est  probablement  cause  que  cette  derni&re  esp^ce 
n'a  pas  encore  £te  remarqu^e;  mats,  par  sa  repartition 
g^ographique ,  il  ^tait  k  pr^voir  qu'on  la  decouvrirait  un 
jour  ou  Tautre  en  Belgique.  Le  V.  Leisleri  babite  en  effet^ 
suivant  M.  Blasius  (1),  depuis  TAngleterre  et  la  partie 
orientale  de  la  France,  toute  TEurope  centrale  jusqu'en 
Sib^rie. 

Une  autre  observation,  qui  n'est  pas  non  plus  d^pour- 
vue  d'int^rSt,  se  rapporte  k  notre  petite  m^ange  noire 
(Parus  ater). 

Jusqu'ici  Ton  croyait,  k  tort  ou  k  raison,  que  cette 
espdce  n'habite  la  Belgique  que  depuis  le  mois  de  sep- 
tembre  jusqu'en  avril.  Mais  il  est  certain  aujourd'hui ,  que 
si  la  grande  masse  de  ces  m^sanges  Emigre  au  printemps, 
il  en  reste  toujours  un  certain  nombre  dans  le  pays  pour 
nicber. 

Durant  les  trois  derni^res  ann^es,  nous  avons  fait  re- 
cueillir  pour  les  collections  du  Mus4e  quelques  nids  avec 
les  (Bufs  ou  les  jeunes;  des  individus  adultes  ont  et^  vus 
en  assez  grand  nombre  dans  la  for^t  de  Soignes  pendant 
tout  Y&i&. 

(1)  Pfalurg.  der  SUugethiere  Deutschlands ,  p.  57. 

2""^  s£rie,  tome  XXXVI.  23 


(  346  ) 


Notice  8ur  un  systeme  meteorographique  universel;  par 
M.  F.  Van  Rysselberghe,  professeur  k  r£cole  de  navi- 
gatioD  de  r£tat  k  Ostende. 

INTRODUCTION. 

1.  —  Lorsque,  habitant  le  rivage  de  la  mer,on  assisle  de 
pr^s  aux  temp^tes  qui  tourmentent  I'Oc^an,  on  est  port^ 
vers  I'^tude  de  la  m^t^orologie  par  un  atlrait  irresistible. 
G'est  ce  qui  m'arriva  lorsque  je  fus  appel^  k  Ostende  pour 
donner  le  cours  de  math^matiques  k  Tficole  de  navigation 
de  rCtat.  A  chaque  bourrasque  je  me  plus  k  figurer  sur 
des  cartes  synoptiques,  et  au  moyen  des  renseignements 
publics  par  les  jouruaux  anglais,  f^tat  m^t^orologique  de 
TEurope,  pendant  que  j'observais  avec  soin  les  variations 
des  instruments.  Je  suivis  ainsi  la  marche  de  plusicurs 
temp^tes  et  bientdt  j'acquis  la  conviction  que  la  meteoro- 
logie  etait,  non-seulement  une  6tude  agr^able,  mais  une 
science  naissante  appelee  k  rendre  des  services  immenses 
k  la  navigation,  au  commerce  et  k  Tagriculture.  L'illustre 
Maury,  mort  pauvre,  il  est  vrai ,  n*a-t-il  pas  r^duit  du  quart 
et  m^me  de  la  moiti^  la  plupart  des  grandes  travers^es  en 
indiqnant  aux  marins  des  routes  nouvelles  bashes  sur  les 
grandes  lois  de  la  circulation  de  Tatmosph^re  et  des  mers? 
et  r^conomie  qui  en  r^sulte  annuellement  pour  Tensemble 
des  marines  ne  d^passe-t-elle  pas  une  centaine  de  millions? 
—  Je  reconnus  encore  k  la  m^teorologie  un  but  humani- 
taire;  et  toutes  les  autoril^s  scientiiiques  assurant  que, 
pour  la  faire  progresser^  il  faut  le  concours  de  tous,  je 
fus  d6sireux  de  donner  ma  quote-part  de  renseignements. 


(  3^7  ) 

Mais  j'avais  la  conviction  qu'il  ne  sufiBsait  pas  d'annoter 
qualre  ou  mSme  six  fois  par  jour  les  indications  des  instru- 
ments m^teorologiques ,  et  je  songeai  d^s  lors  k  un  appa- 
reil  enregistreur.  G'^tait  demander  beaucoup  k  mes  mo- 
destes  ressources  financi^res !  Je  suis  arriv6  tout  de  m£me 
k  mes  tins,  et,  depuis  les  premiers  jours  du  mois  de  mai 
dernier,  je  poss^de  un  m^t^orographe ,  enregistranl  la 
direction  du  vent,  sa  vitesse,  la  pression  atmospherique 
et  la  temperature  de  Fair. 

2.  —  Get  instrument  qui  fonctionne  actuellement  k  la 
tour  de  rhdtel  de  ville  d'Osten^e,  n'est,  k  proprement 
parler,  qu'un  appareil  d'essai ;  il  serait  plus  complet  si  mes 
ressources  avaient'£t6  plus  grandes;  mais,  tel  qu'il  est, 
peut-6tre  ne  sera-t-il  pas  tout  k  fait  inutile  pour  T^tude 
des  bourrasques. 

Quoi  qu'il  en  soit,  lorsqu'il  y  a  trois  ans,  je  songeai  k 
me  procurer  un  enregistreur,  je  me  trouvai  dans  une  grande 
perplexity.  J'avais  vu,  k  TExposition  universelle  de  i867, 
le  bel  appareil  du  P^re  Secchi;  mais,  sans  en  discuter  les 
m^rites  au  point  de  vue  de  Texactitude  et  de  la  regularity, 
je  lui  donnai  le  tort  immense  de  coAter  i 8,000  francs!  et 
d'etre  beaucoup  trop  monumental. 

J'^tudiai  alors  les  enregistreurs  en  usage  k  Bruxelles , 
Paris,  Kevir,  Lisbonne,  Berne,  Munich,  Upsal  et  ailleurs 
et  je  les  classai  en  trois  categories  : 

Premiere  categorie.  c  Appareils  qui  demandent  k  Tin- 
strument  m^t^orologique  mSme  la  force  n^cessaire  pour 
frotter  la  pointe  d'un  stylet  traceur  contre  une  surface 
quelconque.  » 

11  me  sembla  que  les  instruments  de  ce  genre  doivent 
dtre  pen  exacts,  pen  sensibles,  paresseux.  II  y  a  des  frot- 
tements  partout,  aux  articulations  des  leviers  qui  trans- 


(348) 

metlent  le  mouvement,  aux  axes  de  suspension,  mais 
sartout  k  rextr6mil6  du  stylet  traceur ;  et  ce  dernier  frot- 
tement  est  d'autant  plus  nuisible  que  la  resistance  qu'il 
oppose  aux  variations  de  Finslrumenl  indicateur  se  trouve 
multipli^e  precis^ment  par  les  leviers  que  Ton  emploie 
pour  rendre  ces  variations  plus  apparentes. 

Deuxieme  categorie,  A  propos  des  enregistreurs  bas^ 
sur  la  photographie,  je  me  ralliai  k  Topinion  exprim^e  par 
M.  Radau  dans  une  ^lude  sur  TExposition  universelle  de 
1867.  II  dit  :  c  La  n^cessit^  d'un  ^clairage  continu,  la 
»  preparation  et  la  Qxation  des  ^preuves,  Tinstallation  des 
>  appareils  optiques,  etc.  sont  des  inconv^nients  qui  em- 
»  pScheront  peut-etre  la  photographie  de  s'introduire 
p  dans  la  pratique  habituelle  des  observatoires.  »  A  plus 
forte  raison,  moi,  simple  particulier,  je  ne  devais  pas  y 
songer. 

Troisieme  categorie.  Mon  affection  pour  Telectricit^  me 
porta  naturellement  vers  les  enregistreurs  ^lectro-magn^- 
tiques.  Je  crus  n^anmoins  qu'il  ^tait  peu  prudent  d*exiger 
d'un  eiectro-aimant  un  fonctionnement  continuel,  un  tra- 
vail de  chaque  instant.  L'electricit^  a  taut  de  caprices, 
on  a  beau  metlre  du  platine  k  tons  les  contacts;  il  arrive 
parfois  que  le  courant  se  refuse  k  passer;  de  sorte  quil 
faut  un  contrdle  continuel,  plus  fastidieux  que  ne  le  serait 
Tobservalion  directe  des  instruments  m^t^orologiques.  Et 
puis  il  aurait  fallu  une  pile  k  courant  constant,  qui  ne  se 
polarise  pas,  done  k  deux  liquides,  done  tr^s-couteuse  et 
exigeant  un  entretien  tr^-soign^.  Ce  dernier  inconvenient, 
tres-grave,  n'existe  pas  pour  les  appareils  que  M.  Wild  a 
fait  construire  pour  I'Observatoire  de  Berne  et  qui,  de 
douze  en  douze  minutes,  ne  demandent  a  la  pile  que  quel- 
ques  emissions  de  courte  dur^e.  Dans  ce  cas,  il  suffit  de 


(349) 

quelques  ^l^ments  ziaC  et  coke  k  un  liquide,  sans  dia- 
phragme.  Pour  charger  cette  pile  extrSmement  simple  et 
peu  coAteuse,  j'emploie  de  Teau  de  mer,  taodisque  M.  Wild 
fait  asage  d'une  solution  concentric  d'alun  et  desel  marin 
dans  de  I'eau.  On  pent  abandonner  ces  6l£ments  k  eux- 
m^mes  pendant  six  mois  et  an  bout  de  ce  temps  il  sufBt  de 
neltoyer  les  zincs  qui  servent  ind^iiniment. 

Le  m^t^orographe  de  Berne  me  plut  beaucoup  k  cause 
de  sa  simplicity  et  de  son  prix  relativement  peu  ^lev^,  et 
parce  que  le  principe  en  est  applicable  k  la  plupart  des  in- 
struments. Devant  une  feuille  de  papier  tendue  et  qui  se 
d^place  tr^s-lentement,  se  trouve,  k  proximity  du  contact, 
I'extr^mit^  de  Faiguille  indicatrice  d'un  instrument  quel- 
conque,  mettons  un  thermom^tre  m^tallique;  cette  extr6- 
rait^  est  garnie  d'une  petite  pointe  et,  de  douze  en  douze 
minutes,  un  levier,  mA  par«un  electro-aimant,  frappe  la 
pointe  contre  le  papier.  Celui-ci  est  perform,  et  la  succes- 
sion des  marques  ainsi  obtenues  permet  de  se  rendre 
compte  de  la  marche  suivie  par  le  thermom^tre.  Malheu- 
reusement,  les  diagrammes  fournis  par  cet  enregistreur 
ne  jouissent  pas,  si  j'ai  bien  compris,  de  tons  les  avantages 
de  la  m^thode  graphique;  ils  ne  parlent  pas  aux  yeux, 
d'abord  parce  qu'ils  doivent  £tre  peu  visibles,  et  ensuite 
parce  que  les  courbes  trac^es  ne  se  rapportent  pas  k  un 
systfeme  de  coordonn^es  rectilignes.  C'est  plut6t,  ce  me 
semble ,  un  genre  particulier  de  coordonn^es  polaires  :  le 
rayon  vecteur  est  constant,  Tangle  varie,  mais  le  pdle  se 
d^place  au  fur  et  k  mesure  que  le  papier  se  d^roule.  En 
somme,  ces  diagrammes  peuvent  se  traduire  en  chiffres, 
mais  ils  ne  permettent  pas  d'embrasser  d'un  seul  coup 
d'oeil  les  fluctuations  de  chaque  instrument  en  particulier 
et  leurs  relations  mutuelles. 


(  580) 

5.  —  Restaient  les  baro-  et  therrhographes  de]M.  Wheal- 
stone,  et  ie  psychn^raphe  du  Pire  Secchi.  Plusieurs  irailfe 
de  physique  tr^r^pandus,  c«lui  de  M.  Ganot  eotre  aatres, 
donnant  une  deBcription  tr^s-d^taill^e  de  ce  dernier  appa- 
reil,  je  me  contenterai  d'iadiquer  en  quelques  mois  une 
disposition  analogue,  alia  de  faciliter  ['intelligence  du  m^ 
t^rograpbe  que  j'ai  imaging  moi-m^me  et  qui  sera  d^crit 
plus  loin. 

Supposons  qu'il  s'agisse  d'enregistrer  les  ¥ariations  du 
niveau  d'uue  colonne  mercurielle  (barom^tre  4  siphon, 
thermomfitre  4  tige  ouverte  et  psychromfitre).  Devant  un 
cyliadre  C  (fig.  i],  recoavert  d'une  feuille  de  papier,  se 
trou  verait,  mont^  sur  uo  petit  chariot  A,  un  petit  t^l^rapbe 
de  Morse. 


(  351  ) 

line  sonde  en  platine  QR,  relive  au  chariot  par  un  fil 
in^tallique ,  serait  suspendue  au-dessus  du  aiveau  mercu- 
riel.  De  plas,  deux  circuits  metalliques,  partis  des  pdles 
d'une  batterie,  viendraient  ajboutir,  Pud  i  la  sonde,  Fautre 
k  la  colonne  mercurielle,  apr^s  avoir  traverse  les  bobines 
du  t^l^graphe.  Entin,  k  intervalles  ^gaux  (mettons  d'heure 
en  heure),  un  mouvement  d'horlogerie  ferait  executor  au 
chariot  un  va-et-vient  devant  le  cylindre.  A  niidi,  par 
exemple,  le  chariot  serait  mis  en  mouvement,  et,  tandis 
qu'il  s'avancerait,  la  sonde  descendrait  vers  le  raercure; 
puis,  k  rinstant  de  la  rencontre,  le  circuit  t^l^graphique 
^tant  ferra^,  un  trait  commencerait  sur  le  cylindre  pour  se 
prolonger  jusqu'au  moment  od  le  chariot,  arriv^  au  bout 
de  sa  course,  serait  ramen^  k  sa  position  initiale  pour 
rester  immobile  pendant  une  heure  enti^re.  —  Entre  midi 
et  i  heure,  le  mouvement  d'horlogerie  ferait  tourner  le  cy- 
lindre d*une  petite  quantity  et  k  I  heure  ferait  ex^cuter 
au  chariot  un  deuxi^me  va-et-vient.  Or  si  entre  midi  et 
1  heure  le  niveau  mercuriel  avait  baiss^  d'un  millimetre,  il 
faudrait  qu'k  1  heure  la  sonde  descendit  plus  has  d'un  mil- 
limetre avant  de  rencontrer  le  mercure  et  fermer  par  1^  le 
circuit  t^ldgraphique  :  done  le  trait  grav^  a  1  heure  serait 
plus  court  d'un  millimetre.  —  De  m^me  k  2  heures.  En  un 
mot,  les  traits  successifs  graves  d'heure  en  heure  reprodui- 
raienl  exactement  par  les  variations  de  leur  longueur  les 
variations  du  niveau  mercuriel  qu'il  s'agirait  d'enregistrer. 

Voili  une  m^thode  dont  le  principe  est  du  k  Wheat- 
stone  el  qui  est  remarquable  par  sa  precision,  car  la  force 
necessaire  pour  faire  mouvoir  le  stylet  traceur  est  pnisee 
en  dehors  de  I'instrument  indicateur,  librement  abandonn^ 
k  lui-m^rae.  Et  s'il  est  vrai  qu'elle  ne  fournit  pas  une 
courbe  continue,  mais  intermitlente,  par  contre  elle  a 


(  352  ) 

TavaDtage  de  donner  des  diagrammes  gradu^s  par  rapport 
au. temps. 

D'aillears  rien  n'empSche  que  les  excursions  du  chariot 
devant  le  cylindre  se  succddent  k  des  intervalles  tr6s-rap- 
proch^s,  de  cinq  en  cinq  minutes,  si  on  le  desire. 

Cependant  les  appareils  construits  d*apres  ce  principe 
^choudrent  devant  le  grave  obstacle  que  voici  :  lorsque  la 
sonde  se  retire  du  mercure,  il  se  produit,  au  moment  de 
r^mersion,  une  6tincelle  de  rupture  qui,  oxydant  la  sur- 
face mercurielle ,  met  Tinstrument  horsd'usage  au  bout  de 
fort  peu  de  temps.  II  est  vrai  que  le  D*^  Th^orell  a  construil 
pour  les  Observatoires  de  Stockholm  et  d'Upsal  des  enre- 
gistreurs  baro-  et  psychrom^triques,  dans  lesqueis  il  6vite 
cet  inconvenient  en  coupant  le  courant  au  moment  du 
contact  et  en  arrSlant  en  m^me  temps  la  sonde;  mais  il 
n'arrive  k  ce  r^sultat  que  par  une  assez  grande  complica- 
tion d'engrenages;  son  appareil  est  coAteux  (12,000  francs), 
n'enregistre  que  la  pression  atmosph^rique  et  les  indica- 
tions du  psychrom^tre ,  et  exige  pour  cela  trois  t^l^graphes 
diffi^rents. 

DESCRIPTION  d'un  syst£:me  m£t£orographique 

UNIYERSEL. 

4.  —  J'ai  expose  dans  la  pr^cedente  introduction  les 
principaux  syst^mes  m^teorographiques  qui  etaient  k  ma 
connaissance  lorsque  je  commen<^i  k  m'occuper  de  cette 
question.  Voici  les  reflexions  que  je  fis  k  ce  sujet. 

I.  Dans  les  appareils  qui  enregistrent  les  indications 
d'instruments  k  colonne  mercurielle  d'apres  le  principe  qui 
a  ete  decrit  au  §  3,  on  pent  eviter  Toxydation  du  mercure 
par  une  disposition  extr^mement  simple,  comme  on  verra 
plus  loin  (§  8). 


(  383  ) 

II.  All  lien  d'enrouler  sur  le  cylindre  r^cepteur  de  ces 
instruments  une  feuille  de  papier,  on  pent  y  mettre  une 
feuille  de  cuivre  mince  ^  la  recouvrir  du  vernis  gras  des 
graveurs,  puis,  remplacer  le  crayon  traceur, qui  s'use  tou- 
jours  et  enl^ve  toute  precision,  par  un  burin  d'acier. 
Lorsque  cette  feuille  aura  re^u  les  inscriptions  du  burin, 
on  pourra  la  retirer,  la  pjonger  pour  quelques  instants  dans 
de  I'eau-forte  et  elle  deviendra  une  planche  grav^e  dont 
on  tirera,  par  Timpiipssion ,  des  exemplaires  i  volout^. 
Le  propri^taire  de  Fenregistreur  pourra  communiquer  les 
r^sultats  obtenus  k  tons  les  observaloires ,  et  recevoir  en 
^change  les  renseignements  de  tous  ceux  qui  auront  adopts 
ia  m^me  m^thode. 

ill.  Le  principe  pose  par  Wheatstone  pour  les  instru- 
ments a  mercure  peut  etre  generalise  et  applique  atix 
instruments  a  aiguille. 

En  efTet,  reportons-nous  k  la  fig.  1,  mais  supposons 

Fig.  3.  qu*il  s'agisse  de  relever, 

non  plus  la  position  du 
niveau  d'une  surface  mer- 
curielle,  mais  celle  de  la 
derni^reaiguilleducomp- 
teur  d'uuan^mom^tre  de 
Robinson.  Cette  aiguille 
AB  (fig.  2)  serai t  k  frot- 
tement  doux  sur  son  axe 
et  les  engrenages  du  compteur  seraient  calculus  de  maniere 
que,  par  les  plus  grands  vents  connus,  cette  aiguille,  qui 
se  d^placerait  toujours  de  quantit^s  proportionnelles  aux 
chemins  parcourus  par  le  vent,  ne  pi]it  jamais  ex^cuter 
un  tour  entier  dans  Tintervalle  de  deux  excursions  conse- 
cutives  du  chariot  (fig.  i). 


(  354  ) 

Puis  Taiguille  scrait  mise  en  communicatioD  avec  Tun 
des  pdles  dc  la  batterie,  tandis  que,  concentriquement  k 
Taxe  de  Taiguille,  on  disposerait  une  petite  poulie  portant 
un  petit  buloir  ou  index  I  eo  communication  avec  Tautre 
pdle.  Enfin,sur  la  gorge  de  la  poulie  on  passerait  un  fil  me- 
tallique  attach^  au  chariot.  A  chacune  des  excursions  de 
ce  dernier  Je  butoir  ou  index  I  viendrait  k  la  rencontre 
de  Taiguille,  et^  tout  en  la  ramenant  chaque  fois  au  z^ro, 
d6terminerait ,  au  moment  de  la  rencontre,  la  fermeture  du 
circuit  t^l^graphique,  et,  par  consequent,  le  commencement 
d'un  trait  dont  la  longueur  serait  proportionnelle  au  d^pla- 
cement  de  I'aiguille  depuis  la  derni^re  inscription ,  done 
aussi  proportionnelle  k  la  vitesse  moyenne  du  vent  pendant 
la  mdme  p^riode. 

On  arriverait  i  enregistrer  de  la  m£me  mani^re  les 
indications  de  tout  instrument  dont  I'aiguille  pourrait  Stre 
d^plac^e  momentan^ment  par  ie  butoir  et  reprendrait  sa 
position  normale  apr^  que  le  butoir  serait  retourn^  a  son 
point  de  depart.  F^e  galvanom^tre  et  les  boussoles  appar- 
tiennent  k  cette  cat^orie. 
Mais  s'il  fallait  enregistrer  les  variations  d'un  thermo- 

m^tre  m^tallique  ou 
d'un  barometre  an^- 
roide,  on  devrait  mo- 
difier le  systeme  pre- 
cedent, car  les  aiguil- 
lesdecesinstruments 
ne  sauraient  c^der 
devant  le  butoir  I 
lorsque  celui-ci  vien- 
drait a  leur  rencon- 
tre. Dans  ces  cas  on 


Fig.  3. 


(  555  ) 

poarrait  avoir  recours  k  uDe  aiguille  suppl^nientaire  CD 
(Og.  3)  concentrique^  Faiguille  indica trice  AB,  mais  isol^c 
^lectriquement  de  celle-ci  et  communiquant  avec  I'ud  des 
pdles  de  la  pile,  tandis  que  I'indicatrice  serait  en  communi- 
cation avec  Taulre.  De  plus,  un  leger  ressort  CR  solliciterait 
sanscesse  Taiguille  suppl^mentairecontre  un  buloir  I  port^e 
par  la  poulie  M  qui,  sur  sa  gorge,  porterait  un  fil  m^tallique 
attach^  au  chariot  t^l6graphique.  Lorsque  celui-ci  s'avan- 
cerait,  la  poulie  tournant  sur  elle-mSme,  Faiguille  supply* 
mentaire  viendrait^  la  rencontre  de  Taiguille  indicatrice, 
la  toucherait  bientdt  (k  ce  moment  un  trait  commencerait 
sur  le  cylindre  r^cepteur)  et  resterait  en  contact  avec  elle , 
tandis  que  le  butoir  passerait  sous  cette  aiguille  apri^s  avoir 
&i6  abandonn^  par  la  suppl^mentaire ;  mais  k  son  retour,  il 
viendrait  reprendre  celle-ci  et  la  ram^nerait  k  une  position 
initiale  invariable. 

La  direction  du  vent  pent  Stre  enregistrted*une  mani^re 
extr^mement  simple  par  la  m^tbode  qui  nous  occupe. 
Au  chariot  t^l^graphique  de  la  fig.  1  serait  adapts  un 
petit  frotteur,  qui,  k  chaque  excursion,  passerait  sur  huit 
contacts  m^talliques.  Ces  contacts  seraient  respective- 
ment  en  communication  avec  huit  petiles  lames  de  cui- 
vre  dispos^es  tout  autour  de  Taxe  de  la  girouette;  et  celui- 
ci,  toujours  en  communication  avec  I'un  des  pdles  de  la 
batterie,  porterait  dans  la  direction  de  la  tlfeche  un  l^ger 
renflement  qui  touche  n^cessairement  une  des  huit  petites 
lames  (ou  deux  lames  adjacentes  si  le  vent  est  interm^- 
diaire  entre  deux  des  huit  directions  principales).  Ainsi 
le  renflement  de  Taxe  de  la  girouette  mettrait  une  ou  deux 
de  ces  lames  en  communication  avec  la  batterie,  done 
aussi  un  ou  deux  des  huit  premiers  contacts;  des  lors  au 
moment  od  le  frotteur  du  chariot  t^l^graphique  passerait 


(  586  ) 

sur  UD  contact  ^lectris^,  le  circuit  tel^raphique  serait 
ferm^  momentaD^ment,  et  un  ou  deux  petits  traits  cons^- 
cutifs  seraient  graves  sur  le  cylindre,  representant  la 
direction  du  vent. 

En  r^sum^,  j'acquis  la  conviction  que  les  indications  de 
tous  les  instruments  de  la  m^t^orologie  (je  viens  de  passer 
en  revue  les  principaux  types)  sont  susceptibles  d'etre 
enregistr^s  d'apr^s  une  methode  uniforme.  Dte  lors  j'eus 
Tespoir  d'arriver  k  n'avoir  qu'un  seul  enregistreur  pour 
un  grand  nombre  d^nstruments  au  lieu  de  devoir  recou- 
rir  k  un  enregistreur  special  pour  chacun  d'eux;  et  je 
me  posai  le  probl^me  suivant : 

5.  —  €  Combiner  un  appareil  peu  complique,  peu  con- 
D  teux  surtout^  dans  lequel  un  seul  burin  grave  avec  une 
»  rigoureuse  exactitude^  et  sur  un  seul  cylindre ,  les  varia^ 
9  tions  d'un  grand  nombre  d'instruments  meteorologiques, 
D  de  nature  quelconque,  et  places ,  soit  a  proximite^  soit 
»  d  une  grande  distance  de  V enregistreur.  t> 

6.  —  Persuade  que  ce  probldme  n'avait  pas  encore  6te 
r^solu  jusqu'alors ,  je  le  mis  k  T^lude  et  je  trouvai  la  solu- 
tion en  renversant  le  principe  de  Wheatslone.  En  effet  il 
est  Evident  que  les  explications  donnees  plus  haut  (para- 
graphes  3  eft  4)  subsistenl  si,  au  lieu  de  faire  mouvoir,  a 
intervalles  ^gaux,  un  traceur  le  long  d'un  cylindre  momen- 
tan^ment  immobile,  mais  tournant  sur  lui-m^me  d'une 
petite  quantite  dans  Tintervalle  de  deux  mouvemenls  con- 
s^cutiTs  du  traceur;  si,  au  lieu  de  cela,  on  fait  ex^cuter 
aux  m^mes  intervalles  un  tour  entier  par  le  cylindre 
devant  un  burin  momentanement  immobile,  mais  descen- 
dant d'une  petite  quantite  dans  Tintervalle  de  deux  revo- 
lutions du  cylindre.  Seulement,  au  lieu  de  relier  les  sondes 


(  557  ) 

et  les  poulies  au  chariot  tel^raphique,  il  faiil  les  faire 
mouvoir  par  le  cylindre;  et  les  traits  graves  par  le  burin, 
au  lien  de  se  diriger  suivant  les  generatrices  du  cylindre^ 
leur  seront  perpendiculaires. 

7.  —  La  figure  4  donue  i'ensemble  du  m^t^orographe  uni- 
verse! tel  que  je  I'ai  con<;u;  mais  pour  ne  point  surcharger 
le  dessin ,  je  n'y  ai  repr^sent^  que  cinq  instruments  types 
(savoir  :  un  barom^tre  i  siphon,  un  ihermom^tre  m^tal- 
lique,  un  an^mom^tre  Robinson  ^  une  girouette  et  un 
hygrom^tre  k  cheveu);  et  les  indications  de  ces  cinq 
instruments  de  nature  si  diif^rente  sont  k  enregistrer  par 
le  burin  unique  B.  Je  fais  remarquer  tout  d'abord  que  ce 
mSme  burin  graverait  avec  la  m^me  facility  les  variations 
d'un  psychrom^tre,  d'un  barometre  k  balance,  d'un  baro- 
m^tre  an^ro'ide,  d'un  thermometre  k  mercure,  d'un  ombro- 
m^tre,  d'un  ^lectrometre  ou  de  tout  autre  instrument  k 
aiguille  on  a  colonne  liquide. 

Si,  pour  cette  description,  j'ai  choisi  les  cinq  premiers, 
c'est  qu'ils  me  semblent  constituer  cinq  types  diff(6rents 
auxquels  on  pent  rapporter  tons  les  aulres  instruments. 

Un  mouvement  d'horlogerie,  invisible  dans  le  dessin, 
mais  command^  par  la  pendule  H,  fait  ex^cuter  k  inter- 
valles  ^aux  (par  exemple,  de  dix  en  dix  minutes)  un  tour 
en  tier  a  un  cylindre  vertical  C,  dont  Paxe  porte,  a  sa  partie 
inf^rieure,  un  arc  dent^  F  qui,  ^  la  fin  de  chaque  revolu- 
tion,  rencontre  le  pignon  E  d'une  vis  ED.  Celle-ci  traverse 
un  ecrou  auquel  est  attache  le  burin  B,  de  sorle  qu'apres 
chaque  revolution  du  cylindre,  le  burin  descend  d'une 
petite  quantite,  paralieiement  aux  generatrices. 

A  est  un  eiectro-aimant  dont  le  noyau,  aimante  par 
rinfluence  d'un  aimant  fixe,  retient  son  armature  k  I'etat 
de  repos,  mais  la  l&che,  au  contraire,  des  qu'un  courant 


(  3S8  ) 

parcourt  les  bobines  dans  le  sens  qui  neutralise  I'aetion 
de  Faimanl  permanent.  Quant  au  burin ,  il  est  plae6  sui- 
vant  i'axe  d*uu  I^er  ressort  k  boudin  qui  le  sollicile  sans 
cesse  vers  le  cylindre;  mais  un  fll  m^tallique,  attach^  i 
Tarmature  de  Felectro-aimant ,  sollicite  le  burin  en  sens 
contraire  et^  k  I'^tat  de  repos,  le  tient  4loign£  du  cylindre. 
Or,  d^s  qu'un  courant  parcourt  les  bobines  dans  le  sens 
indiqu6  plus  haut,  Tarmature  se  d^tache^  le  fil  se  d^tend, 
et  le  burin  est  pouss^  centre  le  cylindre  par  une  pression 
uniforme  el  conslante ,  c'est-^-dire  la  tension  du  ressort  k 
boudin.  Par  cette  disposition,  on  obtient  une  gravure 
uniforme,  on  ^vite  le  r^lage  de  ressorts  antagonistes ,  et, 
ce  qui  est  plus  important,  on  pent  donner  k  Tarmature  et 
au  burin  cette  grande  leg^ret^  sans  laquelle  la  rigoureuse 
exactitude  n'existe  pas. 

8.  —  L^s  instruments  indicateurs  sont  disposes  tout 
aulour  du  cylindre  r^cepteur;  et  k  chacun  d'eux  corres- 
pond :  —  une  poulie  dentee  MN  et  une  sonde  R  s'il  s'agit 
d*un  instrument  k  mercure;  —  une  roue  dentee  K  avec 
un  butoir  ou  index  I  s'il  s'agit  d'un  instrument  k  aiguille, 
—  conform^ment  au  syst^me  qui  a  6t^  expos^  plus  haut. 
Puis  toutesles  sondes  et  les  butoirs  sont  mis  en  communi- 
cation  avec  le  pdleposilif  de  la  batterie ,  tandis  que  toutes 
'  les  aiguilles  et  les  surfaces  indicatrices  sont  relives  au  pdle 
n^atif.  N6anmoins,  tant  que  le  cylindre  est  au  repos,  les 
butoirs  ne  touchent  pas  leurs  aiguilles,  et  les  sondes  sont 
k  distance  des  surfaces  mercurielles  correspondantes,  de 
sorte  qu'alors  le  circuit  t^l^raphique  n'est  ferm6  nulle 
part.  Mais  supposons  que  le  mouvement  d'horlogerie  fasse 
ex^cuter  un  tour  entier  au  cylindre  et  au  secteur  dent^  F ; 
celui-ci,  rencontrant  successivement  chacune  des  roues 
M,  Y,  K....,  etc.,  les  sondes  et  les  butoirs  iront,  les  uns 


(  359  ) 

apres  les  autres,  k  la  rencontre,  qui  de  leurs  surfaces , 
qui  de  leurs  aiguilles.  Or,  k  chaque  rencontre  le  courant 
passe,  traversant  les  bobines  de  r^leclro-aimant;  done  k 
chaque  rencontre  un  trait  commence  sur  le  cylindre.  Mais, 
ces  courants  ne  doivent  pas  se  superposer,  il  faut  les  couper 
les  uns  apr^s  les  autres  pour  que  chaque  trait  finisse  avant 
que  le  suivant  commence;  et  surtout  :  il  faut  eviter  les 
elincelles  de  rupture.  Car  chaque  fois  que  le  secteur  F 
abandonne  une des  roues  dent^es  M,  Y,  K....,  etc.,  celle-ci, 
ob^issanti  un  petit  ressort  de  rappel  ou  k  un  contre-poids, 
retourne  k  sa  position  initiate ,  entratnant  avec  elle  soit  la 
sonde,  soit  le  butoir  correspondant;  et,  si  Ton  ne  coupait 
pas  le  circuit  avant  que  les  sondes  Emergent,  les  surfaces 
mercurielles  seraient  bien  vite  oxyd^es.  Yoici  la  disposi- 
tion tr^s-simple  qui  permet  d'atteindre  ce  double  but : 

Le  prolongement  du  rayon  du  secteur  F  porte,  attach^ 
k  une  pi^ce  isolante  d'ivoire  „  un  frotteur  k  deux  doigts  f 
et  h,  appuyant  respectivement  sur  deux  anneaux  m^tal- 
liques  isol^s  Tun  de  Fautre.  L'anneau  int^rieur  m  est  d'une 
pi^e,  et  constamment  en  communication  avec  le  pdle 
n^atif  de  la  batterie;  Tanneau  ext^rieur  p,  au  contraire, 
est  coupe  en  autant  de  segments  qu'il  y  a  d'instruments  k 
enregistrer ;  et  I'aiguille  ou  la  surface  indicatrice  de  chaque 
instrument,  au  lieu  d'etre  reliee  directement  au  pdle 
n^atif,  comme  je  le  disais  plus  haut,  n*est  r^ellement  en 
communication  qu*avec  le  segment  qui  lui  correspiond;  de 
sorte  qu'elle  n'est  reliee  k  la  pile  que  lorsque  le  frotteur  f 
se  trouve  sur  ce  segment.  Puis,  ces  segments  sont  disposes 
de  telle  fa<;on  que  le  frotteur  rencontre  le  commencement 
du  segment  barom^trique  juste  au  moment  oilt  la  cr^mail- 
16re  F  saisit  la  rone  M,  mais  quitte  ce  segment  et  coupe 
ainsi  le  circuit  correspondant  au  barom^tre  un  pen  avant 


(  560  ) 

que  la  roue  M  redevienne  libre ,  done  avant  que  la  sonde 
(Emerge.  F^'^tincelle  de  rupture  n'^clatera  plus  entre  la 
sonde  et  le  mercure,  mais  entre  le  frotteur  et  Textr^mit^ 
du  segment,  et  Ik  elle  ne  produit  aucun  effet  nuisible. 

On  voit  que  le  frolteur  et  les  deux  a'nneaux  constituent 
un  distributeur  d'^lectricit^ ,  envoyant  le  courant  succes- 
sivement,  et  au  moment  voulu,  k  ehacune  des  parties  du 
m^teorograpbe.  On  pourrait  croire  qu'il  est  indifT^rent  de 
meltre  les  aiguilles  et  les  surfaces  indicatrices  en  communi- 
cation avec  un  quelconque  des  pdles  de  la  batterie,  pourvu 
que  les  sondes  et  les  butoirs  soient  en  communication  avec 
{'autre;  mais  il  n*en  est  pas  ainsi.  li  est  de  la  plus  haute 
importance ,  pour  les  instruments  k  mercure ,  de  relier  le 
liquide  au  pdle  negatif ;  car  sans  cela,  quoiqu'on  ait  ^vit6 
r^tincelle  de  rupture,  le  mercure  s'oxyde  plus  ou  moins 
au  boutde  quelque  temps.  En  choisissant,  au  contraire, 
le  pdle  ndgatif ,  toute  trace  d'oxydation  disparalt.  Ces  effets 
s'expliquent  peut-dtre  par  T^lectrolyse  de  Thumidit^  con- 
tenue  dans  Pair  ou  d^pos^e  k  la  surface  du  mercure.  Quoi 
qu'il  en  soit,  le  m^nisque  du  barom^lre  dont  je  recueille 
les  indications  a  Ostende,  et  qui  fonctionne  depuis  plu- 
sieurs  mois  avec  la  plus  grande  r^ularite,  ce  ro^nisque, 
dis-je,  est  encore  aussi  brillant  que  le  premier  jour. 

9.  —  Je  joins  a  la  pr^sente  Notice  les  diagrammes 
fournis,  depuis  son  installation,  par  le  m^t^orographe 
en  activity  k  Ostende.  J'ai  d6jk  dit  que  cet  enregistreur 
n'est  qu'un  appareii  d'essai,  relativement  grossier,  et 
destin6,  dans  le  principe,  k  la  thermographie  seulement. 
Sur  un  cylindre  qui,  d'abord,  ne  devait  recevoir  que 
rinscription  de  la  temperature,  j'ai  cherch^  k  loger 
quatre  courbes,  figurant  respectivement  la  direction 
du  vent,  la  pression  atmospherique,  la  temperature  de 


(  361  ) 
Fair  et  la  vitesse  du  vent.  Yoili  pourquoi  les  6chelles  sonl 
tres-r^duites ,  trop  r^duites  mSme. 

Les  descriptions  donn^es  plus  haut  et  la  legende  expli- 
cative qui  accompagne  chaque  diagramme  faciliteront  Tin- 
telligence  des  exemplaires  qui  accompagnent  cette  notice. 
Ainsi  la  decade  du  22  mai  au  l"""  juin  a  ^te  caract^ris^e  par 
one  pression  atmosph^rique  assez  elev^e  correspondant  k 
des  venlsdu  quart  N.-O.  Trois  baisses  barom^triques  (ven- 
dredi  25,mardi  27  el  samedi  51)  correspondent  k  des  brises 
assez  fortes,  surtout  le  vendredi  23  mai,  od,  entre  5  et 
6  heures  du  soirje  vent  a  atteint  la  vitesse de  5^  x  12=66 
kilometres  k  Fheure.  La  temperature  a  ^l^  assez  basse  pour 
cette  saison  de  I'annee ,  puisque  la  moyenne  d^termin^e 
par  le  planimdtre  ne  s'el^ve  qu'k  10°,1.  N^anmoins,  le 
lundi  26;  la  courbe  du  thermom^tre  pr^sente  un  sommet 
arrondi  et  tr^s-^lev^.  C'est  que ,  ce  jour,  une  pouss^e  de 
chaleur  a  H&  amende  par  une  l^^re  brise  du  quart  S. 

La  meilleure  preuve  de  la  precision  de  I'enregistreur  est 
la  rectittuie  de  la  ligne  qui,  sur  les  diagrammes^  determine 
le  zero  de  I'echelle  anemometrique.  En  effet,  Tinscription. 
r^it^r^e  d'un  point  fixe  doit  donner  une  ligne  droite;  et, 
puisque  celle-ci  se  produit  effectivement  avec  une  preci- 
sion remarquable »  on  pent  en  conclure  que  Tinscription 
des  points  variables  se  fait  avec  la  mSme  exactitude. 

10.  —  Le  syst^me  meteorograph ique  que  nous  venons 
de  decrire  a  ceci  de  particulier  que,  sans  recourir  k  des 
leviers  multiplicateurs  qui  donnent  toujours  de  la  paresse 
aux  instruments,  on  peut  augmenter  ou  reduire  k  volonte 
les  echelles  des  courbes.  En  effet,  on  peut  donner  aux 
roues  dentees  K ,  M,  Y....  (fig.  4)  des  diametres  tels  que  les 
echelles  des  differentes  courbes  soient  entre  elles  dans  des 
rapports  donnes,  puis  ces  rapports  une  fois  fixes,  on  peut 

2™*  Sl^RIE,  TOME  XXXVI.  24 


-(  562  ) 

augmenter  ou  r^duire  k  volonte  toutes  les  6cbelles  rien 
qu'en  faisant  varier  le  diam^tre  du  cyiindre  r^cepteur.  li 
y  a  plus,  si  Tod  grave  les  6chelles  sur  Fun  des  anneaux 
distributeurs  mp,  et  qu'on  remplisse  les  divisions  d*UD 
mastic  isolant,  les  diagrammes  sortent  tout  gradu6s  de 
Tappareil,  car  le  courant  subit  uue  courte  interruption 
chaque  fois  que  le  frotteur  fh  passe  sur  une  division.  J'ai 
appliqu^  cette  metbode  au  trac^  de  quelques  diagrammes, 
mais,  les  6cbelles  ^tant  tr^s-r^duiles  dans  Tappareil  actuel, 
je  fus  oblige  de  laisser  entre  deux  degr6s  cons^cutifs  un 
ecartement  angulaire  assez  grand  avant  d'arriver  k  des 
traits  isolants  d'une  largeur  suffisante  pour  couper  le  cou- 
rant. Les  courbes  perdant  ainsi  de  leur  nettet^ ,  de  leur 
continuity,  j'ai  abandonn^  cette  metbode;  mais  dans  un 
appareil  k  ^cbelles  plus  grandes,  elle*pourrait  6lre  appli- 
qu^e  avec  avanlage. 

11.  —  On  pourrait  croire  que  les  fils  m^talliques  qui 
supportent  les  sondes  doivent  s'^cbauffer  par  le  passage 
du  courant  et  nuire  ainsi  k  i'exactitude.  II  n'en  est  rien; 
—  d'abord  dans  mon  syst^me ,  le  courant  ne  passe  point 
par  ces  fils,  il  arrive  k  la  sonde  par  un  conducteur  special 
(voyez  fig.  1);  mais,  lors  m£me  qu'on  am^ne  le  fluide 
par  ces  fils,  il  ne  pent  en  r^suiter  aucun  inconvenient, 
puisque  les  traits  graves  sur  le  cyiindre  commencent  au 
moment  du  contact,  c'est-i-dire  avant  que  les  fils  aient  le 
temps  de  s'^cbauffer;  et  qu'en  second  lieu  leur  fin  est  tout 
k  fait  ind^pendante  de  la  longueur  des  tils. 
Quant  k  la  dilatation  r^guli^re  de  ces  derniers  : 
1"")  Dans  la  tbermograpbie  elle  modifie,  mais  dans  une 
proportion  presque  inappreciable,  r^cbelle  primitive  du 
tbermom^tre  et  il  est  facile  de  construire  rechelle  mo- 
difi^e. 


(  363  ) 

2®)  Dans  le  barom^tre  k  siphon  cette  dilatation  a  un 
effet  utile ,  puisqu'elie  aide  k  la  compensation.  On  pourrait 
construire  un  barom^tre  4  siphon  tel  que  les  variations  de 
niveau  dans  la  branche  inf(£rieure  soient  ind6pendantes  de 
la  temperature;  mais  Tinstrument  devrait  contenir  une 
trop  grande  quantity  de  mercure  lorsque,  comme  je  Tai 
fait,  on  donne  &  la  chambre  barom^trique  un  diam^tre 
trte-graad,  beaucoup  plus  grand  que  celui  de  la  branche 
ouverte,  afin  que  les  variations  de  niveau  dans  celle-ci 
soient  presque  aussi  dtendues  que  dans  le  barom^tre 
Fortin.  Je  pr^fere  done  de  compenser  le  barom^tre  d*une 
autre  fagon  :  UL,  GQ  (fig.  4)  sont  deux  lattes  en  zinc 
relics  par  un  levier  LG.  La  latte  GQ  porte  k  son  extremity 
une  petite  poulie  sur  laquelle  passe  le  fil  qui  soutient  la 
sonde.  Enfin  la  longueur  de  ces  lattes  et  la  position  du 
point  d*appui  de  leur  levier  (position  qui  se  r^le  au 
moyen  d'une  vis  microm^trique)  sont  ddtermin^es  de  ma- 
ni^re  que,  par  suite  des  dilatations  de  tout  le  syst^me,  la 
sonde  descende  ou  remonte  de  quantit^s  ^les  aux  varia- 
tions que  les  changements  de  temperature  d^terminent 
dans  le  niveau  de  la  branche  inferieure.  J'ai  employ^,  pour 
determiner  ces  variations,  la  formule  suivante  : 


c^q  —  Vo(g  —  3c) 

A/l  = : 


Dans  laquelle  AA  d^signe  la  variation  du  niveau  dans  la 
branche  inferieure  pour  un  changement  de  temperature 
de  1*. 

c  la  section  de  la  chambre  barometrique, 

c'  la  section  de  la  branche  inferieure  (ouverte), 


(  364) 

Po  la  hauteur  de  la  colonne  mercurielle  k  z6to  qui  fasse 

^quilibre  k  la  pression  almospherique, 
Vo  la  quantity  de  mercurey  en  volume  a  z6ro,  que  renferme 

rinstrument; 
eofin  q  le  coefficient  de  dilatation  absolue  de  ce  Hquide  et  5e 

le  coefficient  de  dilatation  cubique  du  verre. 

Enfin,  pour  ^chapper  k  rinfluence  de  la  capillarity,  je 
donne  d'abord  k  la  branche  inf^rieure  du  barom^tre  un 
diam^tre  convenable  (10™  au  moins)  et  puis,  au  lieu  de 
faire  descendre  la  sonde  suivant  Taxe  du  tube,  je  la  fais 
passer,  au  contraire,  par  le  quart  du  diam^tre;  car  la  sur- 
face du  m^nisque,  en  cet  endroit,  donne  assez  exactement 
le  niveau  corrig6. 

12.  —  La  determination  de  T^tat  hygromdtrique  de  Tair 
est  une  question  delicate  :  le  psycbrom^tre  et  Tbygro- 
m^tre  k  cheveu  ne  sont  pas  des  instruments  parfaits.  Aussi 
me  suis-je  propose  le  probl^me  suivant : 

«  Combiner  un  instrument  qui  pese,  automatiquement, 
»  le  poids  de  la  vapeur  d'eau  contenue  dans  une  quantity 
j>  donn^e  d'air,  et  qui  inscrive,  automatiquement,  les 
»  r^sultats  de  ces  pes^es.  »  J*ai  trouv^,  pour  ce  probl^me, 
une  solution  simple ,  mais  je  n'en  donnerai  pas  ici  la  des- 
cription ,  car  le  programme  que  je  me  suis  trac^  au  com- 
mencement de  cette  notice  exige ,  avant  tout,  des  solutions 
peu  cotlkteuses.  Or  Tacquisition  d*une  balance  de  precision 
serait  d&jk  une  d^pense  assez  considerable. 

Mais  je  puis  adapter  k  mon  m^teorograpbe,  soit  un 
psycbrom^tre ,  soit  un  hygrometre  k  cheveu ,  car  ces  in- 
struments peuvent  suffir,  me  semble-t-il,  aux  besoins  ordi- 
naires  de  la  m^teorologie. 

L'enregistrement  des  indications  du  psychrometre  se 


I 


(  365  ) 

ferait  d'aprte  la  m^thode  adoptee  pour  le  barom^tre  & 
siphon.  On  ne  doit  pas  craindre  Voxydation  du  mercure  : 
elle  n'a  pds  lieu  dans  mon  systeme;  cela  est  prouve  par 
le  meteorographe  qui  fonctionne  actuellement  a  Ostende. 
(Voyez  §  8,  p.  17.)  De  plusy  une  disposition  mecanique 
extremement  simple  me  permet  d'arreter  les  sondes  au 
moment  meme  ou  elles  viennent  en  contact  avec  les  colonnes 
mercurielles;  celles-^ci  ne  pourront  done  pas  se  disloquer. 

Si  Tod  faisait  usage  de  rhygrom^tre  deSaussure,  od  pour- 
rait  adopter  une  disposition  qui,  tout  en  rendant  Tappareil 
propre  k  Tenregistrement,  lui  donnerait  en  m^me  temps 
plus  de  sensibility  et  plus  d'exactitude  que  n'en  possMent 
generalement  les  hygrometres  de  ce  genre,  tels  qu'on  les 
construit  pour  Tobservation  direete.  En  effet,  on  pourrait 
supprimer  Taiguille  qu'il  est  difficile  de  bien  ^quilibrer  et 
dont  Texc^s  de  poids,  d*un  cdt^  ou  de  Tautre,  fausse  les 
indications ;  on  pourrait  supprimer  aussi  la  petite  poulie  sur 
laquelle  le  cbeveu  s'enroule,  mais  qui  abime  ce  cheveu  et 
dont  I'axe  introduit  dans  Tappareil  un  frottement  nuisible. 

Voir  cette  disposition  (fig.  5),  page  suivante. 

Le  cheveu  AB,  suspendu  librement  k  une  vis  de  rappel, 
porterait  d  son  extr^mit^,  comme  poids  tenseur,  une  pointe 
BC  en  platine,  traversantle  fond  d'un  petit  godet  G  qui 
contiendrait  un  pen  de  mercure;  la  capillarity  emp^cheraii 
r^coulement  de  ce  liquide,  ce  qui  permettrait  de  mettre  la 
pointe  BG  en  communication  avec  Fun  des  pdles  d*une 
batterie  sans  g^ner  en  rien  le  cheveu.  Uautre  pdle  serait 
reli6  au  mercure  d'une  ^prouvette  D  dans  laquelle  plonge- 
rait  un  cylindre  en  fer  P,  suspendu  par  un  fil  m^tallique 
qui  s*attacherait  a  la  poulie  z  (fig.  A).  Lorsque  cette  poulie, 
engrenantavec  le  secteur  F  (fig.  4)  tournerait,le  plpngeur  P 
s'enfoncerait  dans  le  mercure,  et  soulevant  lentement  le 


(  367  ) 
niveau  du  liquide,  le  mettrait  en  contact  avec  rextr6init6 
de  la  pointe  qui  termine  le  cheveu.  A  partir  de  cet  in- 
stant, le  circuit  t^l^raphique  £tant  ferrn^,  un  trait  se 
graverait  sur  le  cylindre,  trait  dont  la  longueur  varierait 
proportionnellement  aux  variations  de  la  longueur  du 
cheveu. 

13.  —  II  ne  reste  plus  qu'^  indiquer  la  solution  de  la 
seconde  partie  du  probl^me  pos6  page  356,  c'est-^-dire : 

L'enregistrement  des  indications  foumies  par  des  instru^ 
ments  places  a  une  grande  distance  de  Venregistreur. 

L'Observatoire  de  Berne  a  install^  un  m^t^orographe 
au  sommet  d*une  montagne  tr^s-^lev6e.  L'appareil  fonc- 
tionne  li-haut,  dans  la  solitude,  mais  le  propri^taire  n'en 
voit  pas  le  travail,  et  si  ce  travail  s'interrompt,  il  n'en  est 
pas  averti.  II  serait  plus  int^ressant  et  plus  utile  surtout 
de  pouvoir  suivre  des  yeux  le  trace  des  courbes  et  con- 
trdler  k  tout  instant  la  marche  de  I'appareil.  Ma  m^thode 
permet  d*arriver  k  ce  r^sultat.  Rapportons-nous  k  la  figure  4 
et  laissons  sur  la  table  les  instruments  m6t6orologiques, 
les  anneaux  m,  p  et  le  secteur  F,  avec  un  mouvement 
d'horlogerie  qui  tende  k  le  faire  tourner,  mais  qui  soit 
momentan^ment  arrSt^  ou  plutdt  embray^.  Enlevons,  au 
contraire ,  et  plaQons  sur  une  autre  table  le  cylindre  r^cep- 
teur  avec  le  burin,  F^lectro-aimant  et  un  mouvement  d'hor- 
logerie identique  avec  le  premier  et  tendant  k  faire  tourner 
le  cylindre,  mais  embray^  par  un  6cbappement  commande 
par  une  horloge,  puis  supposons  les  deux  tables  k  une 
grande  distance  Tune  de  {'autre,  mais  relives  par  deux  fils 
tel^graphiques.  Si,  aux  moments  ou  I'borloge  d^sembraye 
le  moteur  du  cylindre,  nous  pouvons  donner  k  celui  du 
secteur  un  mouvement  isocbrone ,  le  probl^me  sera  r^solu. 


(  368  ) 

Or  cela  est  ais^.  RappeloDS-nous  les  t^l^raphes  fraiiQais 
k  cadran  et  consid^rons,  dans  les  deux  moteurs  identiques , 
deux  rouages  correspoodants.  Puis  disposons  un  frotleur 
devant  les  dents  de  Tun ,  et  devant  celles  de  Tautre  un 
^chappement  k  ancre,  reli^  k  Tarmature  d'un  Electro- 
aimant  dont  le  fil  aboutisse  au  frotteur  et  au  rouage  du 
r^cepteur.  Toutes  les  fois  qu*ici  une  dent  touchera  le  frot- 
teur, il  s'^chappera  une  dent  l^-bas  et  les  deux  moteurs 
marcheront  k  Funisson.  Aussi  longtemps  que  les  extr^- 
mit^s  des  traits  graves  sur  le  cylindre  r^cepteur  forment 
une  ligne  drpite,  on  est  assur^  que  Taccord  persiste :  c'est 
\k  le  contrdle. 

On  pourrait  ainsi,  k  une  station  centrale,  recueillir 
les  renseignements  m^t^orologiques  de  plusieurs  postes 
^loign^s. 

On  pourrait  aussi,  et  cette  id^e  me  platt,  installer  des 
observatoires  k  de  grandes  hauteurs  dans  Tatmosph^re. 

a  Le  point  d*appui,  medira-t-on,  lorsqu'on  n'a  pas, 
»  comme  en  Suisse,  des  montagnes k  sa  disposition ?  »  — 
Le  point  d*appui?  Mais  ce  sera  tout  simplement  un  ballon- 
cerf'Volant,  un  eerf-volant  sans  poids. 

J'ai  essay^  un  petit  engin  de  ce  genre  et  il  a  parfaite- 
ment  r^pondu  k  mon  attente.  C^tait  un  petit  h^mispb^re 
gonfl6  d'bydrog^ne.  Tant  qu'il  faiisait  calme,  la  corde  se 
maintenait  a  pen  pr^s  verlicale ,  et  lorsque  le  vent  frat- 
chissait,  elle  commengait  par  slncliner  vers  I'borizon.  Mais 
alors  le  cercle  de  la  base,  prison  tant  au  vent  une  surface 
oblique,  faisait  office  de  cerf-volant  et  ramenait  la  corde 
vers  la  verticale  avec  une  ^nergie  d*autant  plus  grande  que 
le  vent  lui-m^me  £tait  plus  fort. 

On  me  dira  encore  :  «  Qui  se  cbai^era  du  soin  de 
9  remonter  le  ressort  moteur  de  Tobservatoire  a^rien  ?  » 


(  369  ) 

—  Un  petit  iDOulin  k  vent  fera  tres-bien  celte  besogoe. 
On  ne  voit  jamais  huit  jours  de  calme  plat  non  inter- 
rompu;  le  petit  moulin  trouvera  done  toujours  moyen 
d*emmagasiner  dans  un  ressort  une  provision  de  force 
motrice  pour  buit  jours. 

Note.  —  Calcul  de  la  variation  qu'un  changement  de  tem- 
perature determine  sur  le  niveau  inferieur  d*un  baro^ 
metre  a  siphon. 

Par  la  m^thode  expos^e  §  3  on  mesure,  non  pas  ce  qu'on 
est  convenu  d'appeler  la  bauteur  barom^trique ,  e'est-i- 
dire  la  difference  de  niveau  entre  les  deux  brancbes ,  mais 
bien  I'^l^vation  du  niveau  infi§rieur  au-dessus  d'un  point 
fixe.  D^  lors  les  calculs  qui  ram^neront  les  observations  k 
z6to  seront  tout  differents  dans  cbacun  de  ces  deux  cas. 
En  effet,  tandis  qu'une  ^l^vation  de  temperature  produit 
toujours  une  augmentation  dans  la  difference  totale  des 
deux  niveaux ,  elle  pent  determiner  dans  la  branche  infe* 
rieure  soit  une  baisse,  soit  une  bausse,  soit  m^me  ni  bausse 
ni  baisse  de  maniere  k  n'exercer  aucune  influence  sur  ce 
niveau.  M.  Radau,  dans  <  une  £tude  sur  FExposition  de 
1867,  publiee  par  le  Moniteur  scientifique  de  Quesnevillc 
et  reproduite  par  «  Carl's  Repertorium  fur  physikalische 
Tecbnik  »  dit  que  «  le  niveau  inferieur  d'un  barometre  a 
siphon  devient  independant  de  la  temperature  lorsque  la 
dilatation  apparente  de  tout  le  mercure  renferme  dans  le 
barometre  est  egale  a  la  dilatation  vraie  de  la  colonne  ba- 
rometrique^  »  et  il  donne  Tequation  de  condition 

{q  —  3c)  V  =  qpc 

dans  laquelle 

q    representc  ]e  coefficient  de  dilatation  absoluc  du  mer- 
cure, 


(  370  ) 

56  represente  le  coefficient  de  dilatation  cubique  du  verre, 
V    le  volume  total  du  mercure  renferme  dans  I'instrument, 
|3    la  hauteur  baromdtrique , 
et  c    la  section  dc  la  chambre  baromdtrique. 

M.  Radau  ne  donne  pas  la  demonstration  de  cette  Top- 
mule,  et  comme  je  n*en  comprenais  pas  bien  la  iraison 
d'etre,  je  Tai  contrdl^e  exp^rimentalement  en  construisant 
des  barom^tres,  de  forme  differente,  mais  satisfaisant  a  la 
condition  pos^e 

q—5e 

J'ai  pu  constater  que  la  formule  est  exacte  mSme  lorsque 
les  deux  branches  du  siphon  ont  des  diametres  in^gaux ; 
et  ce  fait  donnant  tort  k  d'autres  ^crivains  qui  croient  que 
la  compensation  n'est  possible  que  dans  le  cas  oh  les  deux 
branches  ont  m^me  diam^tre,  je  mesuis  propose  la  solu- 
tion du  probl^me  g^n^ral  que  voici : 

Determiner  ('influence  qu'un  changement  de  tempera^ 
ture  exerce  sur  le  niveau  inferieur  d'un  barometre  u  si^ 
phony  quelle  que  soil  sa  forme. 

Soit  Vq  le  volume  qu*occupe,  k  la  temperature  z^ro,  tout 
le  mercure  renferm^  dans  un  barometre  k  siphon ;  et  soit 
k  ce  moment  (3q  la  difference  de  niveau  enlre  les  deux 
branches.  La  pression  ne  changeant  pas,  si  la  temperature 
monte  d  un  degre,  le  niveau  inferieur  c'B  va-t-il  baisser, 
monter,  ou  rester  immobile  ? 

Chacun  de  ces  trois  cas  pourra  se  presenter. 

En  effet  le  barometre  etant  k  la  temperature  zero  et  la 
pression  atmospherique  restant  invariable,  supposons  que 
Ton  bouche  la  branche  inferieure  en  c' ;  si  alors  la  tempe* 


(571  ) 
ratare  monle  d'un  d^r£,  raugmeotatioD  de  volume  qui  eo 
r^ultera  pour  le  mercure  ae 
pourra  plus  que  se  d^verser 
par  le  baul  dans  la  chambre 
barom^trique  ety  fera  moo- 
ter le  niveau  d'une  quantity 
proportionnelle  k  la  dilata- 
tion, mais  iDversdmeut  pro- 
portioDuelle  k  la  section  c  de 
cette  chambre;de  sorteque 
la  difference  de  niveau  entre 
les  deux  branches  preodra 
une  autre  valeur  que  je  d^- 
signe  par  ^|.  Cclte  nouvelle 
colonn^,  plus  ^lev^e  que  la 
premiere,  mais  d'un  liquide 
moins  dense,  est-elle  encore 
""d         ^'^  ^  ^    iquivalente  k  la  pressioo  at- 

'  mosph^rique? 

^ODi,  on  pourra  d^boucher  la  branche  inr^rieure  sans 
quele  mercure  bouge,  puisque,  an  moment  oil  Tod  d^- 
gage  le  niveau  inf<£rieur,  I'^^uilibre  exisle  entre  |3,  et  la 
pressioD  atmosph^rique  :  le  barom^tre  sera  compens^; 
mais  si  j3i  est  plus  lourd  ou  plus  I6ger  que  ralmosph^re 
alors,  au  moment  oil  Ton  d^bouchera  la  branche  inf^rieure, 
le  mercure  baissera  ou  se  relSvera  en  c'  pour  mooter  ou 
descendre  en  c  et  ces  mouvements  seront  invers^ment 
proportionnels  aus  sections  respectives  des  deux  branches. 
II  s'agit,  dans  tous  tes  cas,  de  determiner  la  valeur  de  ces 
deplaceroents.  Poor  cela  soit  toujours  : 

q    Ic  coelGcient  de  dilatation  absolue  du  mercure) 
3e  —  —      cubiqne  du  verre. 


(  372  ) 

Vo  le  volume  qu'occupe  a  z^ro  tout  le  mercure  de  rinstru- 

ment, 
e   la  section  de  la  chambre  barom^trique , 
c'        —       de  ]a  branche  inf^rieure, 
|3o  la  colonne  mercurielle  k  z^ro  equivalant  k  une  pression 

donn^e, 
et  Pt  la  colonne  mercurielle  k  t  Equivalant  k  la  m^me  pression. 

Reprenons  le  raisonnement  de  tantdt  et  supposoDs  le 
baromitre  k  z^ro,  indiquant  k  cette  temperature  une  diffe- 
rence de  niveau  =  ^o- 

Puis,  que  rimagination  se  figure  le  niveau  inferieur 
captif,  la  branche  inr^rieure  bouchee.  Si  alors  la  tempera- 
ture monte  k  t  degr^s,  le  volume  roercuriel  augmente  d'une 
quantity  S^[q  —  5e);;  et  cette  augmentation  de  volume 
ne  pouvant  que  se  d^verser  dans  la  chambre  barometrique, 
y  eieve  le  niveau  de  la  quantite 


de  sorte  que  la  difference  entre  ie  niveau  de  la  chambre 
barometrique  etcelui  dela  branche  captive  est 


Mais,  k  t  degres,  quelle  est  la  hauteur  de  la  colonne 
mercurielle  equivalant  k  Po  d^  mercure  k  zero?  Cette 
hauteur  se  calcule  par  la  formule  connue  : 


(  373  ) 
Done  si 


le  mercure  ne  bougera  pas  si  Ton  d^age  la  branche  iDf<6- 
rieure  et  le  baromeire  sera  campense.  Or  T^quation  (1)  se 
r^duit  k 

Voiq  —  5e)  =  |3o7C. 

Cest  la  formule  de  Radau. 
Mais  si 

l3o-^ -^^-^-tqPo- 

c  •^ 


Cest-i-dire  si 

Vo(?-  3c)  e 


=  Polq  =F  D 


alors,  lorsqu'oD  d^agera  le  niveau  inf<grieur,  P^quilibre 
n'existant  pas,  toute  la  masse  mercurielle  se  mettra  ea 
mouvemeDl  pour  faire  disparattre  cette  difference 


Or  soil  AH  la  valeur  du  d^placement  du  mercure  dans 
la  chambre  barom^trique  et  AA  celui  du  liquide  dans  la 
branche  ouverte ;  comme  on  a 

aA       c 


on  en  d^uit 


d'oti 


ou  enfin 


(  374  ) 


aH  -♦-  aA  =  D       c-i-  c' 
aA  c 


c.D 


c  -\-  c 


,A=±'-^:zMzi^^. 


C  -h  c 


Cest  la  correction  pour  la  branche  infdrieure. 


—  La  classe  s'est  occup^,  en  comit6  secret,  des  can- 
didatures aux  places  vacantes. 


(  374  ) 
on  en  d^uit 

aH  -♦-  aA  =  D      c-i-  c' 
&h  c 

c.D 


aA  = 


c  -h  c 

ou  enfin 


Ai 

c  -+-  c 


G'est  la  correction  pour  la  branche  infiSrieare. 


—  La  classe  s'est  occupy,  en  comit^  secret,  des  can- 
didatures aux  places  vacantes. 


5   S 

I—      ■z. 

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(  375  ) 


CLASSE  DGS  LETTRES. 


Seance  du  15  octobre  1875. 

M.  J.-J.  Thonissen,  directeur,  president  de  TAcad^inie. 
M.  Ad.  Qdetelet,  secretaire  perpetuel. 

Sont  presents :  MM.  J.Roulez,  Gachard,  Paul  Devaux, 
P.  De  Decker,  R.  ChaloD,  Th.  Juste,  le  baron  Guillaume, 
F6lix  N^ve,  Alphonse  Wauters,  Cmile  de  Laveleye,  Alph. 
Le  Roy,  Em.  de  Rorchgrave,  membres;  J.  Nolet  de  Rrau- 
were  van  Steeland,  Aug.  Scheier,  associes;  Edm.  Poullet, 
correspondants. 

MM.  L.  Alvin ,  membre  de  la  classe  des  beaux-^rts^  et 
£d.  Mailly,  correspondant  de  la  classe  des  sciences  y  assis- 
tent  k  la  stance. 


CORRESPONDANCE. 


H.  le  MiDistre  de  rint^rieur  transmet  une  exp^itioo' 
d'un  arrSt^  royal  en  date  du  29  juillet  dernier,  gui  d6- 
cerne  le  prix  triennal  de  litt^rature  dramatique  fran^aise , 
pour  la  p^riode  de  1870  k  1872,  k  M.  Charles  Potvin, 
pour  son  drame  en  4  actes  et  en  vers,  intitule  :  La  Mere 
de  Rubens. 

—  Le  mSme  haut  fonctionnaire  envoie  divers  ouvrages 
pour  la  biblioth^ue  de  TAcad^mie. 


(  376  ) 

M.  ie  Ministre  de  la  justice  adresse  deux  exemplaires  da 
3'  cahier  du  Y['  volume  des  Proces'verbaux  de  la  com- 
mission pour  la  publication  des  ancieuDes  lois  et  ordon- 
nauces  du  pays. 

M.  le  baron  de  Witte  adresse  un  exemplaire  du  dis- 
cours  qu*il  a  prononc^,  le  31  aoAt  1873,  k  TAcad^mie 
d*arch^ologie  d*Anvers. 

M.  Th.  Juste  fait  hommage ,  au  uom  et  de  la  part  de 
Tauteur,  M.  le  baron  Kervyn  de  Yolkaersbeke,  d*un  exem- 
plaire de  Touvrage  intitule  :  Les  missions  diplomaiiques 
de  Pierre  Anchemant  (1492-1506). 

M.  Nolet  de  Brauwere  offre  un  exemplaire  du  morceau 
de  po^ie  qu'il  vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  Zijnen 
geliefden  zoon  Ivan-Maxime'Wilhem'Oswald  ter  priester^ 
tbijding ,  etc. ;  in-8". 

M.  Alberdingk  Thym,  associe,  fait  hommage  d*uQ 
exemplaire  de  son  ouvrage  d^di^  k  la  classe  et  portant 
pour  titre  :  Histoires  carolingiennes. 

La  classe  vote  des  remerctments  aux  auteurs  de  ces 
diffi6rents  dons. 

—  Plusieurs  soci^t^s  savantes  remercient  pour  le  der- 
nier envoi  de  publications  acad^miques. 

—  La  soci^t^  litt^raire  et  philosophique  de  Liverpool 
propose  r^change  de  ses  publications  avec  celles  de  TAca- 
d^mie.  —  Accept^. 

—  La  classe  vote  Timpression,  au  Bulletin^  d*une  com- 
munication de  M.  Emm.  Neefs,  lue  par  M.  Poullet,  cou- 
cernant  un  document  relatif  ^  I'histoire  de  la  l^pre  dans 
les  Pays-Bas. 


(  377  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  J.-J.  Thonissen  donoe  lecture  de  la  coDtinuation  de 
sa  notice  biographique  sur  le  baron  de  Geriache,  destin^e 
^rAnnuaire  pour  1874. 


Le  conseiller  J^RdME  Busleiden,  ecrivain  latin  et  proteC' 
teur  des  leltres  {1 470^1  Sn)\  notice  par  M.  Filix  Nfeve, 
membre  de  TAcad^mie. 

L'examen  des  compositions  iatines  encore  in^dites,  con- 
serv^es  sous  le  nom  de  Hieronymus  Buslidius,  nous  a  fait 
d^uvrir,  dans  la  vie  de  ce  personnage,  quelques  particu- 
larit^s  qui  ne  sont  pas  indignes  d'attention  pour  Thistoire 
de  notre  pays  au  commencement  du  seizi^me  si^cle. 

Issu  d'une  famille  du  Luxembourg  qui  avait  eu  sa  part 
d'honneurs,  dans  r£glise  comme  dans  I'Ctat,  sous  les  der- 
niers  princes  de  la  maison  de  Bourgogne,  J^rdme  Bus- 
leiden  a  &i&  rev^tu  lui-mSme  d*un  titre  officiel  fort  envi^. 
II  ^tait  du  nombre  des  conseillers  eccl^siastiques  du  Grand 
Conseil  de  Malines.  S'il  n'a  pas  jou6  un  rdle  marquant  dans 
les  affaires  sur  lesquelles  cette  cour  supreme  eut  k  d61i- 
b^rer,  ii  a  r^uni  en  sa  personne  les  quality  exig^es  aiors 
de  ceux  qui  aspiraient  aux  carriires  politiques  et  adminis- 
tratives;  il  nous  repr^sente  Topinion  dominante  parmi  les 
hommes  appel^s  k  de  hautes  fonctions,  Tinvincible  d^sir  de 
rehausser  leurs  titres,  de  relever  leurs  charges  par  le  culte 
des  lettres,  par  une  renomm^e  d*urbanit^  et  de  bon  goOt. 
2"*'  s£bie,  tome  xxxvi.  25 


(  378  ) 

C'^tait  en  effet  I'epoqiie  oil  des  preoccupations  litteraires 
suivaient  dans  la  vie  publique  ceux  qui  avaient  pass^  de 
longues  annees  dans  les  classes  d'humanites  et  de  philo- 
sophic :  le  beau  langage  cr6ait  entre  eux  des  liens  qui 
n'^taient  plus  brisks.  L'^mulalion  qui  venait  de  s'etablir 
entre  les  ^coles  du  nord  et  celles  du  inidi  avait  gagn6  la 
plupart  de  nos  villes ;  le  mouvement  litt^raire  qui  tendait 
k  Fimitation  des  oeuvres  antiques  s*y  ^tait  rapidement  pro- 
pag6,  et  il  ^tait  second^  par  le  progr^  mSme  des  sciences, 
par  Textension  de  Tenseignement  des  universit^s. 

J^rdme  Busleiden,  qui  avait  habitd  Tltalie  dans  sa  jeu- 
nesse  et  qui  avait  achev^  ses  Etudes  k  Bologne,  s'^tait 
appliqu6  au  latin,  au  pointj  de  se  piquer  d*6crirc  en 
cette  langue  pour  un  cercle  choisi  d*hommes  instruits. 
C*etait  Tere  de  la  Renaissance  dans  les  Pays-Bas  :  Tusage 
du  latin  avait  pass^  de  la  discussion  scolaire  dans  la  con- 
versation des  ^rudits,  des  livres  didacliques  dans  les  dis- 
cours  qui  ne  manquaient  k  aucune  cer6monie,  dans  des 
^pttres  qui  donnaient  certain  relief  aux  relations  fami- 
li^res  de  la  soci6te. 

Ce  n'est  pas  que  le  conseiller  Busleiden  songe&t  k  Clever 
des  pretentions  scientifiques  dans  ses  Merits  latins;  mais 
il  etait  entratne  k  s*essayer,  comme  tant  d'autres,  dans  la 
langue  savante  qui  unissait  fort  ^troitement  la  plupart  des 
pays  de  TEurope.  Nous  en  avons  la  preuve  dans  ce  recueil 
de  pieces  en  prose  et  en  vers  qui,  apres  avoir  pass^  en  di- 
verses  mains,  apparlient  aujourd'hui  k  notre  Biblioth^que 
royale  (1).  Le  savant  J.-F.  De  N^lis,  qui  avait  eu  le  manu- 


(1)  Carmina,oration€S  et  epistolae  Hieronymi  Bitslidii,  275  pages  iD-4« 
(MSS  n»  15676-15677,  fonds  Van  Hulthem).  —  Carmina,  pp.  1-82 ;  Orat. 
et  epist.,  pp.  83-275. 


^379) 

scrit  soils  les  yeux,se  proposait  d'en  publier  des  morceaux 
choisis  (1).  L'ayant  etudi^  k  noire  tour,  nous  nous  sommes 
r^olu  k  en  faire  connattre  les  pieces  qui  offrent  le  plus 
d*int^rSt  et  dont  on  trouvera  le  texte  dans  TAppendice  a 
notre  lecture  :  nous  allons  les  rattacher  aux  circonstances 
principales  de  la  vie  de  Tauteur,  aux  relations  honorables 
qu'il  entretenait  dans  noire  pays  el  au  dehors. 

Assur^ment,  la  m^moire  de  J.  Busleiden  sera  glorifi^e 
avant  tout  pour  la  fondation  du  College  des  Trois-Langues, 
qui  eut  lieu  pen  aprds  sa  mort  suivant  les  prescriptions  de 
son  testament  (2) :  il  avail  entendu  y  employer  la  majeure 
partie  de  sa  fortune,  accrue  par  la  jouissance  d'importants 
b6n6Gces,  et  sa  famille  ne  resta  point  ^trang^re  k  la  prompte 
execution  de  ses  derni^res  voiont^s.  Mais  il  ne  sera  pas 
superflu  de  juger  le  fruit  de  ses  efforts  pour  payer  lui- 
mdme  son  tribut  aux  belles-lettres  dont  il  avail  toujours 
eu  le  dessein  d'encourager  la  culture,  de  reconnaitre  quel 
travail  et  quels  soins  il  a  mis  dans  une  correspondance  in- 
spiree  par  la  mSme  pens^e ,  soil  avec  des  personnages  in- 
fluents, soil  avec  des  mattres  distingues  qui  avaienl  beau- 
coup  d'aclion  sur  la  jeunesse. 


(1)  AnaUcta,  note,  page  69  :  «  Ipse  quoque  Biislidius  reliquit  ingenii 
monumenla  nounulla,  prorsSk  ac  vors^  oralione,h(Miiedum  Aoecdota ;  ex  qui- 
busiiliqua  fort^  In  liac  nostra  sylloge  proferemus.  • 

(2)  C*esl  Tobjel  de  noire  Mdmoire  historique  et  litUraire  sur  le  Col- 
Uge  des  Trois-Langues  d  r  University  de  Louvain,  imprim^  en  1836  par 
TAcad^mie  royale  de  Belgique,  dans  la  collection  in-4<>  des  M^hoires  cou- 
Ronnts  (tome  XXVIII). 


(  380  ) 


§  I- 

Education  et  carriere  du  conseiller  Busleiden. 

La  famille  d'oti  sortait  J^rdme  BusleideD  avait  exerc^ 
depuis  le  treizi^me  si^cle  des  droits  seigneuriaux  dans  la 
locality  du  comt^  de  Luxembourg  dont  elle  portait  le  nom, 
Busleiden  ou  Busleyden  (1),  situ^e  dans  Tancienne  pr^v6l6 
de  Bastogne  (entre  Baslogne  et  Luxembourg).  Elle  avait 
pour  cheff  ^  la  fin  du  quinzi^me  si^cle  ,£gide  ou  Gilles,  sei- 
gneur de  Ghiers  et  Busleiden,  revStu  de  plusieurs  titres  et 
dignit^s.  Chevalier  sous  Philippe  le  Bon,  chambellan  de 
Charles  le  T6m6raire,  cr66  par  Tempereur  Fr6d6ric  III 
chevalier  aux  iperons  d'or  (5  Janvier  1477),  il  rempUt  avec 
honneur  la  mission  de  d^fendre  les  forteresses  du  Luxem- 
bourg menac^es  par  les  bandes  ^trangeres  apr^s  la  d^faite 
des  Bourguignons  devant  Nancy.  Ses  services  devaient  as- 
surer unegrande  consideration  auxquatrefilsqu*il  avait  eus 
de  Jeanne  de  Musset:  Gilles,  Francois,  J^rdme  et  Val^rien, 
et  ils  furent  en  credit  sous  le  gouvernement  de  Tarchiduc 
Maximilien  dans  les  Pay^-Bas. 

Deux  d'entre  eux  eurent  des  emplois  elev^  dans  les 
finances;  Yal^rien,  le  plus  jeune,  mort  dans  un  &ge  pea 
avanc4,  et  Gilles  ou  £gide,  Taine,  qui  devint  membre  de 
la  chambre  des  finances  du  roi  d*Espagne  {Regis  a  ratio- 


(i )  Bouleide  est  le  nom  francis^  de  cette  locality,  qa'on  trouve  pr^  de  la 
frooli^re  du  Luxembourg  beige,  dans  rarroodlssement  de  Willz  du  Grand- 
Duch^. 


(381  ) 

nibus\  et  qui  jouit  d'une  grande  autorite  pendant  une  par- 
tie  du  regne  de  Charles-Quint  (1). 

Francis  Busleiden ,  qui  avait  pas$6  une  partie  de  sa 
jeunesse  k  Rome  et  dans  d'autres  villes  d'ltalie,  fit  une 
carri^re  rapide  et  brillante,  partag^e  entre  les  devoirs  ec- 
cl^iastiques  et  les  dignit^s  civiles.  II  fut  charge  par  Maxi- 
milieu  de  T^ducation  de  son  fils  Philippe  le  Beau,  archiduc 
d'Autriche,  et  ii  re^ut  du  mdme  prince  des  missions  diplo- 
matiques  fort  d^licates.  II  ^tait  archev^que  de  BesauQon 
depuis  quatre  ans,  quand  il  mourut  inopin^menti  Toledo, 
en  septembre  1502,  au  milieu  de  n^ociations  que  son 
souverain  lui  avait  confines  aupr^s  du  roi  Ferdinand. 

De  m^me  que  son  fr^re  Francois,  J6rdme  Busleiden, 
troisi^me  fils  du  chevalier  Gilles,  n6  k  Arlon  vers  1470, 
embrassa  I'^tat  ecclesiastique  et  fut  envoy^  en  Italic,  apres 
avoir  ^tudi^  k  Lou  vain,  la  philosophic,  la  th^ologic  et  le 
droit.  C*est  k  Bologne  qu'il  rcQut  vers  1498  le  bonnet  de 
docteur,  juris  utriusque  doctor;  mais  il  frequenta  les  le- 
mons de  rUniversil^  de  Padoue  (2)  et  peut-^tre  d'autres 
universit^s  dltalie.  Revenu  dans  nos  provinces,  il  se  trou- 
vait  apte  k  divers  emplois  civils  et  eccl^iastiques  :  c'est 
alors  que  Tinfluence  de  sa  famille  lui  vint  grandement  en 
aide. 

Frapp6  dans  ses  affections  par  la  mort  r^cenle  de  Tarche- 
v^que  de  BesanQon ,  qui  allait  6tre  promu  au  cardinalat,  il 


(i)  Gilles  ou  £gide  qui  ue  mounit  qu'en  1536  donna  son  concours  in 
Pouverture  da  College  des  Trois-Langues ,  de  mtoe  que  Francois,  fils  de 
Val^rien,  neveu  du  fondaieur.  —  Voir  sur  la  famille  Busleiden  mes  arlicles 
de  la  Biographie  nalimale ,  t.  Ill,  1872,  col.  202-208. 

(2)  Lellre  ^  Jean  Moschoroneus ,  archidiacre  de  Cambrai ,  qu'il  avait 
rencontre  en  Italie.  ( u  Palavii  sub  iisdem  ducibus  signisque  militantes  •>) 
MS.,  p.  207-210. 


(  382  ) 

invoqua  la  memoire  de  son  fr^re,  comme  celle  d*un  puis- 
sant prolecteur,  aupr^s  des  hommes  qu*il  savait  ie  mieux 
dispose  en  sa  faveur.  Comme  il  ^tait  bien  en  cour,  en 
raison  m^me  du  nom  qu1l  porlait,  il  s'adressa  directement 
k  Philippe  Ie  Beau,  prince  de  Castille,  dont  son  fr^re  avail 
6i&\e  pr^cepteur,  et  lui'offrit  ses  services.  Sa  requite, 
r^dig^e  avec  habilet^  (1),  lui  flt  oblenir  sans  d^iai  Ie  litre 
de  conseiller,  quand  Tordonnance  du  21  Janvier  1504  eul 
flx6  d^Unitivement  i  Halines  Ie  si^e  du  Grand  Conseil. 

La  fortune  de  J6rdme  Busleiden  ^tait  d^s  lors  assuree, 
el  son  premier  litre  lui  valut  bientdt  d*autres  honneurs. 
Les  dignit^s  de  r£glise  ne  lui  manqu^rent  pas  :  il  fut  suc- 
cessivemenl  dol6  de  plusieurs  canonicals  k  une  ^poque  oti 
lecumul  des  b^n^.ficesn'^tail  pas  encore  interdit  (2) ;  telssonl 
ses  litres dechanoine  dela  m^lropole  de  Malines,  de  T^glise 
S**-WaHdru  k  Mons,  de  la  cath6drale  S'-Lamberl  a  Li^e, 
ainsi  que  Ie  litre  de  pr^vdl  de  S^-Pierre  k  Aire,  el  celui 
d'archidiacre  de  Notre-Dame  k  Cambrai.  II  ressorl  de  ses 
lettres  qu'il  atlachait  Ie  plus  d'imporlance  parmi  ses  litres 
k  la  pr^vdt^  d'Aire  en  Arlois,  el  qu'il  se  qualifiail  volon- 
liers  de  Praepositus  ariensis.  Cependanl  la  cliarge  qui  lui 
pr^senlaille  plus  d'avantages  elail  celle  de  tr^sorier  de  la 
coll^giale  de  Sainle-Gudule  k  Bruxelles^  qu'il  iui  ^lail  fa- 
cile de  g^rer;  elle  avail  6x6  auparavanl  en  la  possession  de 
son  frere  Francis,  morl  archevSque,  el  ie  chapitre  de 


(1)  Voir,  k  l*AppendiC6  n"  1 ,  Ie  texle  de  cetle  supplique  latine  qai  ne 
porle  pas  de  dale,  comme  il  en  est  du  reste  poar  tous  les  documents  des 
Opera  Buslidii. 

(2)  Parmi  unt  d'autres  exemples,  on  a  cit6  celai  d*Adrien  Florent  sur 
la  tele  de  qui  reposaient  de  nombreux  litres  et  benefices  eccl6si|istiques 
avaiil  son  depart  pour  TEspagne  et  son  elevation  au  pontifical. 


(  383  ) 

Saiote-Gudule  avait  pris  le  fait  en  consideration  pour  la 
lui  confiSrer,  comme  on  le  lit  dans  la  lettre  qu'il  a  ^crite 
aux  membres  du  chapitre  en  signe  de  sa  reconnais- 
sance (1). 

L'affection  fraternelle  s'est  traduite  de  diverses  mani&res 
dans  plusieurs  Merits  de  J.  Busleiden,  qu'il  avait  patiem- 
ment  ^labor^s  et  ensuite  retouches  en  prevision  d'une 
certaine  publicity.  II  supplie  de  grands  personnages  d'ho- 
norer  en  toute  circonstance  la  m^moire  de  son  fr^re  Fran- 
cis, qui  fut  pour  lui  un  second  p^re;  il  remercie  avec 
e£fusion,  dans  les  termes  d'une  extreme  sensibilite,  tous 
ceux  qui  se  sont  empresses  de  prendre  la  plume  pour  c^- 
iebrer,en  prose  on  en  vers,  la  mort  pr^maturee  d'un  pr6lat 
de  qui  on  attendait  encore  d'insignes  services.  Lui-mdme, 
il  a  retract  la  carri^re  de  I'archevdque  de  Besan^on  dans 
un  poeme  ^l^giaque  en  dix-huit  distiques,  pr^cM^  d'un 
curieux  avis  au  lecteur  qu'il  conjure  de  porter  son  atten- 
tion sur  les  sentiments  plutdt  que  sur  la  forme  (2).  Le  tour 
qu'il  a  donn6  k  son  pieux  hommage  est  la  prosopop^e : 
Francois  Busleiden  raconte  lui-m6me  tous  les  faits  de  sa 
vie.  Mais  la  piece  a  le  d^faut  qu'ont  la  plupart  des  pieces 
de  ce  genre Y  qu'elles  aient  la  forme  de  prologues  ou  de 
songes,  de  poemes  ou  d'^pitaphes,  celui  de  ue  pas  menager 
la  vraisemblance;  il  est  encore  plus  difficile  de  mettre 
reioge  d'un  d^funt  dans  sa  propre  bouche,  qu'il  ne  I'etait 


(1)  Voir,  k  TAppendice  n"  2,  Tepitre  de  J.  Busleiden  ad  Collegium  divae 
Gudulae  Bruxellensis.  —  La  m^me  charge  de  tresorier  passa  apres  sa 
inort  ^  son  fr^re  aine  Gilles  qui  residait  d'ordinaire  k  Bruxelles  comme 
haul  dignitaire  de  TEtat  dans  radminislralion  des  finances. 

(2)  Voir,  h  TAppendice  n<>  3,  le  Lustts  ad  Lectorem  servant  dMnlroduc- 
lion  a  Texercice  de  versification  que  Jer6me  Busleiden  desiinait  k  la  post^ 
rile 


(  384  ) 

de  faire  parler  les  ombres  daos  la  trag^die  antique.  Du 
moins  J.  Busleiden  o'a  pas  iovoqu^  en  vain  ie  nom  de  sod 
fr^re ;  c*est  bien  sous  ses  auspices  qu'ii  est  parvenu  assez 
promptement  k  ses  dignit6s  fort  recherch6es  et  pour  la 
piupart  fort  iucratives. 

Dans  deux  ieltres  k  Ferry  Carondelet  (1),  qui  6tait 
comme  lui  membre  eccl6siastique  du  Conseil  de  Malines, 
ii  reproche  k  son  ami  les  efforts  qu*il  fait  pour  ie  consoler 
dans  sa  trop  legitime  douleur;  il  ne  saurail  admettre  avcc 
lui  qu*il  n'est  pas  permis  de  pleurer  ceux  qui  meurent 
apr^  une  vie  bien  remplie ,  qu*il  ne  faut  donner  d'abon- 
dantes  larmes  qu'k  ceux  qui  p^rissent  dans  les  supplices 
ou  dans  de  cruelles  catastrophes. 

§  M- 

Les  missions  de  Jerome  Busleiden  a  Vetranger  et  ses  hor 

rangues  d'un  caractere  officieL 

Dis  que  J.  Busleiden  fut  entr6  en  charge  au  Grand  Con- 
seil de  Malines,  il  prit  part  k  la  discussion  des  affaires  sou- 
mises  k  celte  assembl^e ,  el  il  r^sida  d*ordinaire  dans  la 
ville  qui  en  ^tait  Ie  si^ge.  Cependant  il  fut  choisi  plus 
d*une  fois  comme  membre  d'ambassades  exlraordinaires 
envoy^es  auprte  des  souverains  Strangers.  Ainsi  fut-il  d6- 
sign6,  avec  d'autres  dignitaires,  pour  aller  saluer  k  Tocca- 
sion  de  son  av^nement  Ie  roi  d*Angleterre,  Henri  VIII, 


(1)  Perricus  Carondelet,  archidiacre  de  Besan^on,  morl  en  1528,  eiail 
de  la  famille  bourguignonne  des  Garondelel  qui  compia  plasieurs  de  ses 
menibres  dans  les  hauls  emplois :  Jean  Carondelet  (1409-1545),  arche?^ue 
de  Paierme, fut aussidu  Grand  Couseil.  --Voir  les  notices  de  M.  GachanI 
sur  cette  famliie,  Biographie  naUonale^  t.  Ill,  col.  341  et  suiv. 


(  38S  ) 

d&lk  proclam^  en  1509,  k  I'&ge  de  dix-sept  ans.  Un  peu  plus 
tard  il  fut  d6l^u4  de  m^rne  aupr^s  du  roi  de  France, 
Francois  V%  qui  avail  succ^d^  d^  Tan  1515  k  Louis  XII. 
II  lint  sans  doute  Tune  el  Tautre  de  ces  missions  de  la 
gouvernante  des  Pays-Bas,  Marguerite  d'Autriche,  princesse 
intelligente,  qui  appr^ciait  fort  bien  les  aptitudes  de  ceux 
qu'elle  appelait  au  service  de  r£lat  (1).  En  c^l^brant  la 
paix  de  Cambrai  (1508),  il  n'avait  pas  manqu^  d'en  rappor- 
ter  rhonneur  k  Marguerite ;  et  plus  d'une  fois  il  a  jou6  sur 
son  nom  k  Tezemple  des  poetes  de  sa  cour  : 

Ad  divam  Margaritam  Auousti  piliam. 

Inter  veniarUes  /hres  gemmasque  nitentes 
Margaris  Augusti,  gloria  prima  micat. 

Mais  on  le  voit  charge  ant^rieurementd'une  ainbassade 
de  Philippe  le  Beau  aupr^  du  pape  Jules  II  de  la  Rovere. 
Cetle  fois  il  eut  le  rang  d'orateur^  et  c*est  k  cette  occasion 
qu'il  composa  la  longue  harangue  laline  qui  s'est  conserv^e 
dans  ses  oeuvres  in^dites  et  qui  en  paratt  dire  une  des 
pieces  les  plus  achev^es  (2). 

Le  texte  original  du  discours  k  Jules  11  a  d'autant  plus 
de  prix  qu'il  renferme  bon  nonibre  d*allusions  historiques 
k  des  dvdnements  de  date  certaine  dans  les  annales  des 
maisons  d'Allemagne,  de  Bourgogne  el  d'Espagne  :  elles 


(1)  Voir,  oatre  ia  bfonographie  de  M.  Jiislesuria  minorite  de  Charles- 
Quint,  le  discours  de  M.  Thonissen  Sur  la  litlerature  nalionale  de  nos  pro- 
vinces sous  le  gouvernemenl  de  Marguerite  d'Autriche  ^  lu  k  la  seaoce 
publiquede  la  Classe  des  Lellres,  le  14  mai  1873  {BulL  de  I* Acad,  royale 
de  Belgique;  I.  XXXV,  2-  serie,  pp.  572-597). 

(S)  Voir  dans  TAppendice  n"  4,  VOratio  de  J.Busleiden  apud  Julium  11, 
Pontific.  Max. 


(  386  ) 

permeltenl  de  croire  que  la  mission  eut  lieu  dans  le  cours 
del'ann^e  1505-1506. 

La  harangue  s*ouvre  par  des  excuses  offertes,  au  nom 
de  Philippe  le  Beau ,  sur  le  trop  long  retard  survenu  dans 
Texpression  publique  des  hommages  dont  il  6tait  redevable 
au  Souverain  Pontife,  ^lu  el  proclam^  Tan  1503.  Si  Phi- 
lippe n'a  pas  envoy^  sur*le-champ  ses  d^]^u6s  en  Ilalie, 
c'est  qu'il  en  a  6i^  empech^  par  ses  devoirs  de  prince  et 
par  des  ^v^nements  de  famille  :  parmi  ces  obstacles,  Fora- 
teur  signale  les  voyages  d'inauguralion  faits  par  Philippe 
dans  ses  £tats  h^rMitaires,  une  grave  maladie  qui  Ta  atteint 
dans  ses  courses,  la  mort  de  1^^  reine  Isabelle  sa  belle- 
mere  (1504),  et  la  surveillance  d'hostilit^sengag^es  centre 
lui  aunord  dans  le  duch^  de  Gueldre  (1).  Ces  reserves  assez 
explicites  supposent  un  intervalle  d*environ  deux  ans  entre 
Tav^nement  de  Jules  II  et  I'arriv6e  des  envoyfe  de  Phi- 
lippe k  Rome;  comme  le  discours  parle  des  difficult^  d*un 
voyage  entrepris  au  deli  des  monts  malgr^  les  rigueurs  de 
I'hiver,  on  croirait  que  I'oeuvre  de  Busleiden  a  &i&  lue  vers 
la  Gn  de  Tan  1505  ou  ail  commencement  de  Tan  1506. 
On  sait  que  c'est  au  mois  de  septembre  de  cette  derni^re 
ann^e  que  Philippe  est  mort  en  Espagne. 

L'orateur  rappelle  au  Pape  que  son  souverain  vient 
d'etre  recounu  dans  ses  l^tats  de  la  p^ninsule  ib^rique;  il 
invoque  k  Tappui  des  intentions  du  jeune  prince  les  ser- 
vices rendus  par  la  maison  d'Autriche  au  Saint-8i^ge,  dont 
elle  a  d^fendu  les  domaines,  et  le  d^vouement  ^prouve  de 
la  maison  de  Bourgogne  aux  int6rdts  de  T^glise;  il  promet 
ob6issance  &  Jules  II  au  nom  de  Philippe  et  de  ses  enfants, 


(1)  Voir  VBistoire  des  bandes  d'ordonnance,  par  M.  le  general  Guil 
laume  (M^m.  de  l'Agad.  royale  de  belgique,  t.  XL,  1873,  pp.  65-68). 


(  387  ) 

el  il  glorilie  d'avance  le  relour  de  Tordre  en  llalie'en  louant 
la  noblesse  des  sentiments  du  Pontife  et  la  moderation  de 
son  caractere.  Un  trait  de  circonstance  que  Torateur  beige 
n\i  point  oubli^,  c^est  la  gloire  de  Saona  ou  Savona,  pr^ 
de  Genes,  qui  a  vu  naltre  le  nouveau  pape,  de  la  maison 
de  la  Rovere,  apr^  avoir  jadis  donne  le  jour  k  deux  papes 
cel^bres,  Gr6goire  Vil  et  Sixte  IV. 

Dans  plus  d'une  circonstance,  J.  Busleiden  re^ut  les 
bonneurs  dus  k  sa  quality  de  conseiller  adjoint  k  une  am- 
bassade.  Mais,  si  Ton  a  pu  mentionner  son  nom  k  ce  litre  (1), 
il  n'y  a  pas  de  preuve  qu'il  ait  ^te  charge  de  negocialions 
^pineuses  et  forc^  d'enlreprendre  plusieurs  fois  de  lointains 
voyages.  Or,  dans  le  mSme  siecle ,  la  Belgique  a  compt6 
plusieurs  diplomates  devenus  cd^bres,  par  exemple  Cor- 
neille  de  Schepper  et  Auger  de  Busbecq  :  munis  de  pou- 
voirs  discr^tionnaires,  el  dou^s  eux-m^mes  d'initiative , 
ces  hommes  ont  surmont^  bien  des  dangers,  et  ils  ont 
lutt^  de  finesse  avec  les  plus  habiles  conseillers  des  princes 
Strangers. 

II  nous  reste  quelques  morceaux  de  prose  oratoire  qui 
se  rapportent  au  rdle  de  J.  Busleiden ,  comme  conseiller 
de  Malines  et  chanoine  de  la  metropole.  De  ce  nombre  est 
une  courte  harangue  qu*il  adressa  k  Tempereur  iMaximilien 
au  palais  de  Bruxelles  :  in  Regia  Bruxellensi.  Mais  il  ne 
nous  est  marqu6,  ni  en  quelle  ann^e,  ni  en  quel  nom  il 
Taurait  prononc6e.  Si  ce  n*est  pas  un  hommage  rendu 
au  C^ar  allemand  au  nom  d'un  corps  constitu^,  ce  pent 
Stre  un  compliment  obs^quieux,  rempli  des  formules 


(1)  Voir  riniroduclion  de  M.  le  baron  Jules  de  SaiDl-Genoi<;  a  ses 
Missions  rliplomatiques  de  CorneiHe  Duplicius  de  Schepper^  dit  Scep- 
PERUS,  elc,  pp.  17-18  (M^M.  de  l*Acad  royale  de  Belg.,  l.  XXX,  1857). 


(  388  ) 

d'usage,  r6dig4  k  Tavance  par  Busleiden  qui  allait  6tre 
reqn  en  audience  particulidre;  c*esl  une  nouvelle  pro- 
testation de  son  d^vouement  personnel,  comme  fonc- 
tionnaire  d*un  £tat  dont  Maximilien  6lait  le  protecteur 
nature!  (1). 

II  y  a  peut-etre  plus  d'int^rSt  dans  une  autre  piece  qui 
appartient  aussi  a  I'eloqueuce  d'apparat :  c*est  le  discours 
prononc^  par  Busleiden  au  nom  du  clerg^  de  Malines  pour 
f^liciter  Charles,  prince  de  Castille,  faisantson  entr6e  en 
celte  ville  (2).  Les  hommages  s'adressent  k  un  souverain 
qui,  conform^ment  aux  exemples  de  ses  anc^tres  et  k  ses 
propres  serments,sera  le  soulien  des  droits  de  PEglise  dans 
ses  £tats.  Ce  discours  officiel  serait  plac6  en  toute  vraisem- 
blance,  faule  d*une  date  positive,  dans  Fannie  qui  suivit 
r^mancipation  de  Charles-Quint ,  qui  avait  &i&  r^olue  par 
son  aieul  Maximilien  d^s  le  mois  de  d^embre  1514. 
Lorsque  I'acte  d'^mancipation  eut  ^t^  solennellement 
promulgu^,  le  jeune  prince  fit  probablement  son  entr6e 
dans  plusieurs  villes,  et  il  se  rendit  avec  certaine  pompe 
k  Malines  qu'il  avait  habitue  assez  longtemps  en  son 
enfance  (3).  C*est  done  k  Tune  ou  Tautre  ^poque  de  Tannic 
1515  que  Ton  fixerait  la  reception  du  jeune  souverain  par 
le  clerge  m6tropolitain ;  et,  quoiqu'on  nous  dise  qu'il 
n'avait  pas  acquis  une  connaissance  famili^redu latin, on 


(1)  On  Yerra  celle  pi^e  ^  TAppeodice  n**  5:  Maximiliano  Caesari 
dicta  in  Regia  Bruxellensi. 

(9)  Oratio  Carolo  Castellae  principi  adventanti  dicta  pro  clero  Mechli" 
niensi.  —  Voir  le  lexle  k  TAppendice  n»  6. 

(3)  Voir  I'Etude  de  M.  Theodore  Jusle  Sur  la  minority,  ^^mancipation 
el  l^avenement  de  Charles-Quint  a  I' Empire ,  pp.  68-73  (Mtu,  de  l'Acao. 
ROYALE  DE  Belg.,  collecUon  8^  t.  VI  \j  1 858),  et  le  Cours  d'histoire  nationale 
de  m'Nam^che,  t.  Vlll,  1870,  pp.  242  el  suiv. 


(  389  ) 

ne  mettrait  pas  en  doule  qu'il  ait  compris  sur-le-champ 
une  harangue  laline,  compos^e  de  formules  consacr^es, 
de  mani^re  k  t^moigner  son  assentimenl.  L'adolescent  qui 
avait  converse  avec  des  pr^lats,  qui  avait  entendu  les 
lemons  d'Adrien  Florcnt  i  Louvain  inline,  qui  avait  re^u  en 
latin  les  ^l^ments  des  sciences  de  ia  boucbe  de  Louis  Yaca 
et  d'autres  matlres,  pouvait  donner  une  r^ponse  courtoise 
k  Torateur  du  chapitre  de  Malines. 

Le  dernier  honneur  qui  ^chut  k  Busleiden  fut  celui 
d'etre  d^sign^  parmi  les  dignitaires  beiges  qui  accom- 
pagneraient  Farchiduc  Charles allant  prendre  possession  du 
trdne  de  Castille.  Le  prince  allait  partir  de  Flessingue  pour 
TEspagne,  apres  avoir  rendu  k  sa  tante,  Marguerite  d'Au- 
triche,  assist^e  d*un  conseil  prive,  le  gouvernement  des 
pays  de  par  degi  (1).  Plusieurs  personnages  6minents 
prirent  la  route  de  terre;  J^rdme  Busleiden  se  trouvait 
dans  la  suite  du  grand  chancelier  de  Bourgogne ,  Jean  de 
Sauvage,  et  d'Antoine  Sucquet,  conseiller  intime,  qui  avait 
d&}k  rempli  plusieurs  missions  diplomatiques.  Mais  ce 
voyage  fut  fatal  au  s^nateur  de  Malines  :  atteint  d*une 
violente  pleur^sie,  il  succomba  k  Bordeaux,  le  28  aout  151 7, 
k  Ykge  de  quarante^sept  ans.  Son  corps  fut  ramen^  en 
Belgique,  et  d^pos^  dans  un  tombeau  magnifique  £rig^  par 
la  famille  du  d^funt  dans  une  chapelle  de  Saint-Rom- 
baut  (2). 

La  mort  inopin^e  de  Busleiden  causa  une  p6nible  im- 


(i)  Voir  Alexandre  Henne,  Hisloire  du  rdgne  de  Charles-Quint  en 
Belgique,  I.  II,  chap.  VII  et  VIII ,  pp.  206-209,  p.  228. 

(2)  Dans  notre  M^moire  cil^ ,  nous  avons  relal^  les  mesures  prises  sans 
d^lai  en  rhonneur  de  J.  Busleiden ,  et  reprodull  le  texte  latin  de  son  tes- 
tament (voir  p.  Hi  et  TAppendice). 


(  390  ) 

pression  dans  toutes  nos  villes :  Hlrasme  se  tit  sur*le-champ 
rinterprdte  de  raflliction  des  savants,  comme  plusieurs 
pieces  de  sa  correspondance  en  font  foi.  On  induirait  de 
plusieurs  passages  (1),  que  le  c^l^bre  humaniste  avail  dis- 
suade Busleiden  de  consentir  k  un  voyage  lointain  comme 
celui  qui  lui  6tait  propos^;  il  aurait  d^sir^  qu'il  joutt  paisible- 
ment  de  sa  fortune  au  lieu  de  s'exposeraux  chances  p^ril- 
leuses  d'un  voyage  en  Espagne ,  comme  on  n'en  avait  eu 
que  trop  d*exemples.  C*est  en  vue  d*honorer  sa  m^moire 
qu*il  multipiia  ses  efforts  et  ses  d-marches  pour  la  prompte 
Erection  de  Tinstitut  litt^raire  qui  devait  conserver,  pen- 
dant trois  cents  ans,  le  nom  de  son  ami  parmi  ceux  des 
promoteurs  des  bonnes  etudes,  le  Collegium  buslidior- 
num  (2). 

§  III. 

Des  relations  sociales  et  des  Iravaux  litteraires  du 

conseiller  Busleiden, 

Les  devoirs  de  sa  charge  laissaient  k  J^^rdme  Busleiden 
d'amples  loisirs  qu'il  consacrait  k  des  relations  d'amiti^, 
ou  bien  k  des  lectures  et  k  des  compositions  litteraires.  II 
revient  souvent  dans  sa  correspondance  latine  k  son  d^sir 
de  faire  k  ses  amis  les  honneurs  de  la  demeure  Elegante 
qu'il  s'^tait  construite  k  Malines.  Dans  les  ann^es  de  sa 
residence  en  cette  ville,  il  y  avait  6lev6  une  maison  spa- 


(1)  Voir  la  letlre  d'Erasme  annonganl  la  mort  de  Busleiden  k  Anloine 
Clava  (7  septembre  1517.  —  Episl ,  p.  1629)  et  d'aulres  lettres  analysees 
dans  noire  M4moire  menlionn^  plus  haul. 

(2)  C*est  la  mali^re  du  cbapilre  IX  dans  la  monographie  de  M.  Pa  vocal 
E.  Rottier  Sur  la  vie  el  les  travaux  d^rasme  considir6s  dans  leur 
rapport  avec  la  Belgique  {Min.  cocr.,  collection  in-8",  l.  VI,  1854). 


(391  ) 

cieuse,  remarquable  par  des  sculptures  ext^rieures  (1), 
d^coree  k  rint^rieur  par  de  nombreuses  peintures,  orn^e 
de  vitraux  k  plusieurs  de  ses  fenfires.  Apr^s  avoir  d^pens6 
beaucoup  d'argent ,  il  finissait  par  donner  aux  autres  le 
coDseil  de  ne  point  b^tir  (2).  L'^difice  devait  avoir  uo 
caractere  assez  original  pour  qu'on  le  qualifl&t  d'bdtel.  II 
a  conserve  k  travers  les  si^cles  Taspect  d'une  construc- 
tion de  luxe ,  dont  la  facade  gothique  rn^ritait  d'etre  con- 
serv^e  :  I'autorit^  coinmunale  de  Malines,  qui  Fa  affect^ 
au  mont-de-pi£t^,  en  a  conGe  k  M.  Tarchitecte  Schadde 
la  restauration  termin^e  au  mois  de  mai  1862. 

Le  senateur  de  Malines,  comme  on  d^signait  quelquefois 
les  membres  du  Grand  Conseil ,  avait  de  nombreux  amis 
dans  nos  provinces,  et  il  en  cherchait  meme  k  T^tranger  : 
il  engageait  les  uns  et  les  autres  k  le  visiter  souvent,  k  pro* 
fiter  de  la  somptueuse  hospitality  qu'il  ^tait  k  m^me  de 
leur  offrir.  Cest  devant  eux  qu'il  se  plaisait  a  Staler  un 
grand  luxe  de  table,  une  grande  richesse  de  vaisselle  :  c'est 
k  leur  intention  qu'il  faisail  valoir  les  tableaux,  les  objets 
d'artde  ses  appartements,  les  pieces  principales  de  son 
mobilier,  par  des  inscriptions  latines  peintes  sur  les  murs 
et  qu'il  a  assemblies  dans  son  album  po6tique.  Des  r^mi- 


(1)  Au  falle  se  dressail  la  stalue  de  Romulus,  &  qui  Busleiden  faisait 
dire  : 

ROMGLUS   Iff   FASTIGIO  iEDIUSI. 

Martia  progenies  ^  romani  nominis  auctor, 
Hie  mico  conspicuus  culmina  summa  tenens. 

(2)  Nous  citons  ce  seul  dislique  : 

Perdere  vis  nummos?  Gravibus  te  subdere  curis? 
Ac  majora  pati?  Conlinuo  cBdifica. 


(  392  ) 

niscences  de  ses  lectures,  des  souvenirs  de  Tflalie  secon- 
daieotson  goAt  personnel  par  les  agr6ments  de  Tesprit, 
quil  voulait  multiplier  autour  de  lui  et  communiquer  k 
ceux  qui  venaient  prendre  place  k  son  foyer. 

On  a  une  id^e  suffisante  des  preoccupations  de  Bus- 
leiden ,  comme  propri^taire  ami  du  beau  et  comme  amphi- 
tryon  Iettr6,  en  parcourant  les  vers  historiques  et  mytho- 
logiques,  all6goriques  et  sentencieux,  qui  sont  en  Idte  de 
ses  Merits  latins;  d*autre  part,  dans  plusieurs  de  ses  ^pttres, 
on  Yoit  k  quelles  personnes  il  avait  recours  pour  assurer 
rornementation  de  sa  maison  et  celle  de  sa  table.  On  met- 
trait  de  ce  nombre  des  fonctionnaires  habitant  la  ville 
d*Anvers  et  s*y  trouvant  en  relation  avec  des  artistes 
renomm^s  et  avec  des  n^gociants  Strangers  :  ce  sont,  par 
exemple,  parmi  ses  correspondants  PhilippusBucklerius, 
Hadrianus  Herbarius,  du  magistrat  d*Anvers  (pensio- 
nanus  Antverptensis)^  et  surtout  Hadrianus  Sandelicus, 
doyen  du  chapitre  de  Notre-Dame  (1),  ^  qui  sont  adres- 
s^es  huit  ^pitres  famili^res  (2);  elles  roulent  sur  les  ser- 
vices que  Busleiden  ose  r^clamer  de  ce  dignitaire ,  pour 
I'achat  d'objels  d'art,  pour  la  confection  de  coupes  else- 
I6es  qui  serviront  k  la  reception  des  amis.  Lamythologie 
vient  s'y  racier  plus  d'une  fois  au  badinage  :  que  les  ar- 
tistes se  pressent,  ^crit-il,  sinon^  Sandelicus  doit  les 
menacer,  doit  les  vouer  meme,  s'il  le  faut,  k  la  fureur  de 
Bacchus,  un  Dieu  qui  ne  pardonne  pas!  c  Tester  deos, 


(1)  Sandelicus  avait  et^  install^  comme  doyen  da  chapitre  de  la  colle- 
gialeTan  1S07;  it  est  mort  le  18  novembre  151 2. --Voir  le  Synopsis 
actorum  eccles,  Antv.y  6d.  De  Ram,  1856 ,  p.  144,  et  Mertens  et  Torfs, 
Geschiedeniss van  Antwerpen,  B.  IV,  p.  8. 

(3)  Hadriano  Sandelico ,  Decano  Anlverpiensi.  —  MS.  de  Busleiden 
pp.  114-1 18, 120-121 ,  p.  125,  p.  131. 


(  393  ) 

tanta  injuria,  tamque  grande  commissum  inferos  supe^ 
rosque  vindices  sentiat :  inter  caeieros  Bacchum  ipsum, 
qui  potis  est  hominum  eripere  mentem,  et  addere  furorem 
(p.  121).  > 

II  est  encore  bien  d*aulres  lettres  oil  Busleidea  s'ex- 
prime  en  hdte  g^n^reux  qui  trouve  sa  joaissance  dans  le 
plaisir  des  invites.  II  attache  un  prix  inestimable  k  la  per- 
sonne  d'un  convive  spirituel;  il  muUiplie  ses  instances 
pour  I'attirer  aux  reunions  d'amis  qu'il  organise  chez  lui. 
Ce  sont  les  plus  l)eaux  passages  des  ^pltres  qu'il  ^rivit 
tout  exprte  k  un  Stranger,  Aloysius  Marlianus,  de  Milan, 
ni6decin  de  la  cour  (1).  II  lui  reproche  de  ne  pas  venir 
s'asseoir  assez  souvent  k  sa  table  bien  pourvue :  c  Quod  ad 

>  mensam  noslram  (hospilum  amicommque  conciliabu- 

>  lum)  nusquam  compareas.  »  II  se  porte  garant  que  sa 
conversation  pleine  de  grftce  sera  le  principal  ornement  de 
la  soci^t6  :  c  Sed  solum  contenti  te  uno  a  cujus  ore  pen- 

>  dentes  excepturi  sunt  dulcem  ilium  leporem,  melli- 

>  fluuD)  nectar ,  coelestem  Ambrosiam  suaviloquii ;  omnes 
»  lepores,  Atticas  veneres  >  gratias  mirifice  redolentis.  > 
On  ne  saurait  exalter  en  meilleurs  termes  le  charme  de  la 
parole  d'un  convive  Stranger;  et,  le  doute  n'est  pas  pos- 
sible, les  conversations  entre  des  gens  instruits  admis 
au  m6me  foyer  s'engageaient  et  se  poursuivaient  en  langue 
latine.  C'^tait  encore  la  p^riode  oil  I'idiome  savant  6ta- 
blissait  sans  peine  une  sorte  d'intimit6  parmi  des  hommes 


(1)  Ge  mMecin  italien ,  qui  ^tait  probablement  parent  de  Tantiqaaire 
Marliani  de  Milan ,  mort  en  1560,  6lait  vena  dans  nos  provinoes  ^  la  suite 
d*Dn  de  nos  princes.  Les  quatre  lettres  k  Mariianns  sont  an  nombre  des 
morceaoi  de  la  reaction  la  plus  soignee  (Manuscrit,  p.  142,  pp.  1G2- 
193). 

2"**  SfiRlE,  TOME  XXXVI.  26 


(  394  ) 

de  pays  ^loiga^  rapproch6s  tout  k  coup  par  ies  circon- 
stances. 

On  sait  maintenant  sous  quelles  preoccupations  Bus- 
leiden  a  compost  ies  morceaux  Ies  plus  achev^s  du  recueil 
qui  est  venu  jusqu*^  nous :  Thumaniste  ne  reculait  devant 
aucune  peine  pour  attirer  chez  lui  des  hommes  distingu^ 
qui  goAtaient  Ies  douceurs  de  son  existence  privil^i^e. 
Mais,  sans  avoir  Tid^  de  se  ranger  lui-mdme  parmi  Ies 
savants^  ii  croyait  devoir  conserver  le  fruit  de  ses  veilles; 
ii  destinait  ses  ouvrages  k  Timpression ,  mais  k  condition 
de  ies  soumettre  au  jugement  d'un  ami  complaisant  et 
lettr^.  II  avart  trouv6  cet  ami  dans  un  compatriote ,  Conrad 
Veccrius,  de  Luxeml)ourg,  qui  nous  est  donn6  comme 
fort  tiabile  dans  I'art  de  la  parole  et  du  style  (1). 

Busleiden  prie  Veccrius  qui  lui  avait  quelque  obligation 
de  revoir  sa  prose  et  ses  vers;  il  esp^re  que  ses  bagatelles 
po^tiques,  ses  nugae,  vaudront  mieux  quand  elles  auront 
£t6  retouchees  par  une  main  amie ;  il  ne  s'offensera  point 
de  la  critique;  il  permet  qu'on  s'amuse  k  ses  depens.  II 
sollicite  de  Veccrius  la  revision  de  toutes  Ies  pitees  quMl  a 
r^unies  pour  en  former  un  volume  choisi;  il  se  dit  ^mer- 
veilie  des  beaut^s  et  des  gr&ces  que  sa  plume  y  a  r^pan- 
dues  en  Ies  relisant  pour  Ies  transcrire ,  ainsi  que  de  la 
nettet^  et  de  reliance  des  caract^res ;  il  consent  k  ce  que 
Veccrius  en  soit  r6put6  Tauteur  quand  il  aura  tout  revu  et 


(1)  Conradus  Veccrias,  ou  Vegerias,  avait  compost  des  Merits  d*bis- 
toire,  et  il  fut  quelque  temps  au  nombre  des  secretaires  de  Charles-Quint. 
Eccl^iastiqne,  il  fut  attach^  quinze  ans  {inter  clientes)  h  la  maison 
d'Adrien  Florent,  et  il  prouooQa  en  1523,  k  Rome,  devant  Ies  cardiDaux 
Toraison  fun^bre  du  pape  Adrien  VI.  Busleiden  s^^tait  li^  avec  lui  avant 
son  depart  pour  TEspagne.  —  Voir  Foppens,  Bibliotheca  belgica ,  pp.  184- 
190. 


(  395  ) 

patiemment  corrig6  (1).  II  y  avail  done  en  projet  la  publi- 
cation d'un  recueil  qui  aurait  renferm^  la  plupart  des 
pieces  contenues  dans  le  manuscrit  de  Bruxelles,  et,  assez 
longtemps  avanl  le  funeste  voyage  de  Bordeaux ,  il  avait 
ii6  remis  enire  les  mains  de  Tauteur.  II  y  a  lieu  de  croire 
que  le  texte  conserve  est  tout  entier  de  la  main  de 
Veccrius ,  sauf  des  annotations  faites  k  la  marge  par  une 
autre  plume,  et  quelques  traits  jet^s  (i  et  1^  par  divers 
lecteurs  pour  signaler  Temploi  douteux  d'un  mot  ou  une 
infraction  k  la  prosodie.  On  y  lit  un  quatrain  assez  bien 
tourn6,  dans  lequel  le  censeur  b^n^vole  exprime  le  voeu 
que  sa  copie,  bien  qu^imparfaile,  conservera  longtemps 
Foeuvre  k  laquelle  il  s*est  appliqu6  (2) : 

LiBRAaiDS. 

Qu€U  tibi  eonscripsit,  mittilque  dieatus  alumnus 

Grato  9ume  animo,  Bwlidiane,  notas. 
Contigerisque  rudem  quolies  ahserUu  opellam , 

Perstet  in  aeterhutn  Veccria,  posce,  mantu, 

Busleiden  n'eut  pas  le  temps  de  faire  lui-m6me  la  r6vi- 


(1)  G*est  Tobjet  de  quatre  leltres  :  Conrado  Vefccrio  suo  Lucembur- 
gensi  (suscriptioo  k  laquelle  on  a  ajoute  plus  tard  les  mols  :  Carolo  Caes, 
a  Secrelis).  —  MS.  pp.  195-202.  —Co  lit  dads  la  secoiide  :  a  Quo  6t ,  plus 
illae  libi  suo  polito  nolario,  quam  mibi  ioepto  aulhori  debeanl  :  qui 
illas ,  quas  alioqui  nullae  aut  veneres  aul  lepores  aul  nativus  decor  ves- 
ticbat,  tarn  compla  fucata  facie  donasti.....  > 

(2)  MS. ,  page  39.  »  On  a  inscrit  plus  (ard  k  la  marge  la  note  sui- 
vanle  sur  la  personne  du  librarius  ou  du  copiste  :  «  Hie  fnit  Gonradus 
Veccrius,  primum  praefeclus  Collegii  Atrebatensis  Lovanii,  postea  a 
Secretis  papae  Hadriani  sextl.  »  Peut-Stre  Veccrius  avait-il  eu  quelque 
foncUon  au  collie  d* Arras  dont  le  fondateur  ^lait  Luxembourgeois,  mais 
ou  oe  voit  pas  son  nom  parmi  les  pr^idenls  de  ce  coll^  (Valdre  Andr^, 
FasH  Acadcmici^  pp.  301-302). 


(  396  ) 

sioD  des  pages  soigneusement  copi^es  k  sa  demande :  elles 
pass^rent  dans  plus  d*une  collection  priv^e  avant  d'etre 
remises  par  Olivier  de  Yrede,  de  Bruges,  qui  les  avait 
retrouv^esen  cette  ville,  k  Yal^re  Andr£,  biblioth^ire 
de  Louvain  (1),  qui  avait  public  en  1614  Fhistoire  da 
collie  des  Trois-Langues  ^  peine  rouvert  (Collegii..,. 
exordia  ac  progressus ,  etc.);  enfin,  elles  ont  &i€  pr6ser- 
v6es  de  plus  longues  vicissitudes,  quand  elles  furent  ac- 
quises  par  le  c^l^bre  bibliophile  de  Gand,  Charles  Van 
Hulthem,  dont  les  manuscrits  et  les  livres  sont  venus 
enrichir  la  Biblioth^que  royale  de  Bruxelles. 

§  IV. 

Des  composUiom  de  Jerome  Busleiden  en  vers  et 

en  prose, 

Les  Etudes  de  Busleiden  et  Texempled'un  grand  nombre 
de  ses  collegues  dans  les  emplois  publics  Tavaient  deter- 
mine k  s'ezercer  lui-mSme  dans  Tart  d*ecrire;  comme 
nous  I'avons  d£j&  dit,  il  y  mit  plus  de  bon  vouloir  que  de 
pretention,  plus  de  jouissance  personnelle  que  de  vanity. 
II  ne  visa  point  k  r^rudition ,  mais  donna  satisfaction  k 
son  goAt;  s'il  sacrifiait  k  une  mode  du  jour,  il  savait 
contenir  son  ambition  dans  des  bornes  assez  ^troites ;  il 
donnait  des  encouragements  k  d'autres,  il  demandait  des 
conseils  pour  lui-m^me  plus  souvent  qu'il  ne  sollicitail 
des  eioges.  Jusqu'^  la  fin  de  sa  vie,  it  aimait  k  s'en  r^f^rer 
au  jugement  d'autrui.  En  novembre  1516,  il  r^clamait 


(i)  Voy.  la  seconde  Edition  de  la  Bibliotheca  belgka,  1643,  p.  387. 


(  397  ) 

d'Erasme  comme  une  insigne  faveur  la  correction  d'une 
lettre  destin^e  k  un  grand  personnage,  mais  de  laquelle  il 
voulait  effacer  les  moindres  taches  de  rouille  (1). 

On  se  figure  ais^ment  pourquoi  Busleiden  a  renferme 
ses  productions  dans  un  cercle  restreint  de  sujets.  Ses  lec- 
tures, semble-t-il,  nefurent  pas  trds-£tendues  :  on  met- 
trait  parmi  ses  auteurs  favoris  quelques  classiques  latins,  et 
aussi  des  ^crivains  italiens  coniemporains  qui  ravivaient 
sous  toutes  les  formes  les  souvenirs  de  I'antiquil^,  mais 
qui  pr^fiSraient  k  la  vigueur  du  langage  les  artifices  et  les 
rafiSnements  du  style.  Cest  k  ceux-ci  qu*il  a  emprunt^ 
I'usage  d'exclamations  payennes  qui  reviennent  plus  d*une 
fois  sous  sa  plume  :  per  Deos  immor tales,  Diis  bene  JU' 
vantilms, 

Selon  toute  apparence,  Busleiden  n'a  gu^re  cultiv^  la 
langue  grecque  (2)  :  non-seulement  il  ne  parle  pas  de  ses 
etudes  en  cetle  langue,  mais  encore  il  ne  cite  jamais  des 
mots  et  des  apophthegmes  grecs,  comme  tanl  de  polygra- 
phes  latins  avaienl  pris ,  jusque  dans  les  Pays-Bas ,  la  cou- 
tume  de  le  faire  d^s  les  premieres  ann^es  du  XVP  si^cle. 

Moins  encore  Busleiden  s'appliqua-t-il  aux  ^I6ments  de 
rh^breu  auquel  ildonnera  une  place  distincte  dans  I'institut 


(1)  Mecblinia,  9  povembris,  anno  1516  (EpistoL,  6d.  de  Leyde,  t.  Ill, 
col.  1575) :  «  Gui  ergo  bene  consulas  Telim,  quod  ita  turn  maxime  praes- 
»  tabis,  banc  modo  epislolam  molta  nibigine  obsitam,  acerrima  lima 
»  tersissimi  eloquii  lui  daxeris  expolieDdam.  ». 

(2)  On  aurait  peine  k  le  conclare  de  quelques  mots  d'£rasme  dans  sa 
lettre  k  Gaudanus,  ob  il  nomme  Hieronymus  Buslidius  :  «  Vir  utriusque 
linguae  callentissimus  »  (Epist.,  col  1856).  La  lettre  est  dat6e  de  Lou- 
vain  ,  27  novembre ,  sans  indication  d'ann^  :  d'apr^s  la  mention  de 
Pticolas  Rutherius  et  d*autres  personnages,  on  la  croirait  ^crite  avant 
Tan  1509.  £rasme  pouvait  alors  se  tromper  sur  les  connaissances  gramma- 
ticales  de  Busleiden. 


(  398  ) 

fond^  par  ses  lib^ralit^  :  il  ^lail  au  oombre  des  esprits 
cultiv^,  qui,  sur  I'autorit^  de  quelques  maitres,  recom- 
mandaient  soit  aux  princes,  soit  k  la  jeunesse,  I'enseigoe- 
ment  de  I'h^breu,  en  m6me  temps  que  celui  des  deux 
langues  classiques,  composani  le  Ir^or  de  la  haute  Erudi- 
tion. Cest  sur  les  avis  de  ses  illustres  amis  que  le  con- 
seiller  de  Malines  institua  par  son  testament  la  chaire 
d'h^breu  qui  devait  subsister  trois  cents  ans  k  c6t6  des 
chaires  de  latin  et  de  grec. 

Les  Carmina,  qui  forment  la  premiere  partie  des  essais 
de  Busleiden,  roulent  sur  les  objets  les  plus  divers:  ils 
supposent  un  long  apprentissage  de  la  m^trique  latine,  car 
il  n'est  point  de  pi^ce  qui  ne  porle  les  traces  d*un  cer- 
tain travail.  Le  distique  en  est  la  form^  ordinaire;  un 
petit  nombre  de  niorceaux  offre  Tapplication  d'un  art  plus 
difficile,  celui  de  la  composition  lyrique.  MalgrE  le  m^rite 
de  la  difficult^  vaincue  qu*on  attribuerait  k  quelques-uns, 
il  nous  semble  inutile  d^exhumer  tout  ce  recueil  de  Car^ 
mina  :  ce  serait  ajouter  un  bien  faible  contingent  aux  col- 
lections de  poesies  la  tines,  qui  furent  renomm6es  de  bonne 
heure,  et  qui  demeurent  des  monuments  de  notre  littera- 
ture  nationale  au  XVI'  si^le. 

Le  conseiller  Busleiden  a  re^u  des  remerctments  et 
des  Eloges  pour  ses  vers;  Thomas. Morus  est  un  des  per- 
sonnages  vErilablement  cEl^bres  qui  lui  ont  donnE  cette 
marque  de  d6f(firence.  Non-seulement  on  trouve  dans  les 
oeuvres  latines  du  chancelier  une  tirade  en  vers  de  bonne 
facture  pour  supplier  son  ami  de  ne  pas  d^rober  au  public 
les  dons  des  Muses  (1) ;  mais  encore  on  a  transcril,  sur 


(i)  Nous  avons  r^imprim^  ce  peiil  poeine,  avec  d'autres  pieces  ^  la 
louange  du  H^c^ne  de  Malines,  dans  les  pi^es  jusUficaiives  de  dou^ 
M6moire  sur  le  collie  des  Trois-Langues,  pp.  584-385. 


(  399  ) 

une  des  pages  du  maDuscrit  de  Busleiden  (p.  62),  un  qua- 
train ^logieux  que  nous  reproduisons  : 

Thomas  Mori  tbtrastichon. 

Seu  numeriB  astricta  probas,  seu  libera  verba, 
Si  pia  scripta  tibi,  si  tibi  docta  placenl; 

Hacelege,  quae  Musis,  quaeplenus  /ipolline  scripsit 
Buslidius  patrii  gloria  rara  soli. 

L'eslime  de  Morus  pour  Busleiden  ^tait  grande;  mais 
on  ne  saurait  se  tromper  sur  I'^loge  renferm^  dans  ces 
vers  de  complaisance,  dans  ces  distiques  traces  au  couranl 
de  la  plume  :  les  6crivains  et  les  humanistes  de  la  Re- 
naissance faisaient  ^change  de  compliments,  assez  joli- 
ment  tourn^s  en  vers  latins,  comme  les  publicistes  et  les 
critiques  de  nos  jours  sont  assez  prompts  k  se  f<£liciter 
mutnellement  de  leurs  succ^s  dans  des  billets  et  des  lettres 
auxquels  ils  donnent  trop  souvent  un  dementi  de  leur  pro- 
pre  main.  Ce  sont  des  61oges  qui  ne  compromettent  gu6re , 
mais  qui  disent  fort  pen. 

Busleiden  aimait  k  d^dier  ses  Carmina  k  des  gens  qui  en 
composaient  eux-mSmes;  il  leur  soumettait  ses  6lucubra- 
tions  dans  des  termes  pleins  de  deference  et  fort  ^loign^s 
de  toute  id^e  de  rivalit^.  Telles  sont  les  deux  pieces  qu*il 
adressait  k  Josse  Van  Beyssel  ou  Beysselius ,  conseiller  de 
Maximilien,auteur  d'un  certain  nombre  de  poemes  reli- 
gieux  (1) :  dans  la  d6dicace  en  prose,  il  fait  allusion  k  son 
Agepeu  avanc6,il  avoue  son  inexperience;  il  sollicite  la 
bienveillance  du  magistrat  Ie(tr6.  Le  poeme  sur  la  soleji- 
nit6  de  P&ques  est  pr6c6d6  d'une  hom6lie  sur  la  R^surrec- 

(1)  V.  Paqnot,  MSmoires  pour  rhisL  liiUr.  des  Pays-Bos,  L  II ,  ^. 
in-fol.,  p.  88.—  Les  deux  petits  poemes  de  Busleiden  ont  pour  suscriplion : 
Jodoco  Beyssellio  palrido  Aquisgranensi, 


(  400  ) 

tion.  Le  second  morceau  est  une  Nenie  k  la  Vierge  des 
douleurs. 

Nous  avoDs  des  preuves  surabondaDtes  du  d^ir  qui 
auimait  le  chanoine  Busleiden  de  chanter  en  vei*s  les  mys- 
teres  de  la  religion  et  de  glorifier  les  saints  :  il  nous  a 
laiss^,  entre  autres  pi^s,  une  hymne  k  sainl  J^rdme,  son 
patron ,  en  seize  strophes  de  vers  ascl^piades  spondaiques, 
dont  voici  la  premiere : 

0  quam  mirifica  luce  refulges 
Doctor  siderea  sede  triumphans , 
C<Blum  quern  pcUria  laeia  recepit 
Tandem  corporea  mole  ioUttum. 

Dans  ses  compositions  en  prose,  J^rdme  Busleiden  mon- 
tre,  sans  contredit,  des  qualit6s  d*6crivain  latin,  sinon 
brillantes,  du  moins  soutenues.  Son  style  porte  partoul  la 
marque  de  T^tude;  il  n^est  point  d*6p!tre  qui  soit  une  pre- 
miere communication,  il  n*est  point  de  billet  improvise  : 
Tauteur  a  retouch^  chaque  morceau  avant  de  lui  donner 
place  dans  sa  collection  d'essais  choisis.  La  pens^e  est 
presque  toujours  expos^e  en  p6riodes  soigneusement  con- 
struites  et  pr^sentant  de  la  sym6lrie  dans  la  longueur  des 
membres  comrae  dans  Tordre  des  mots.  Busleiden  s'est 
ing^ni^  k  produire  dans  la  forme  une  ^l^gance  raffin^e , 
qui  provient  moins  de  la  lecture  des  classiques  que  de 
Fusage  des  pr^ceptes  de  la  rh^torique.  On  croirait  quel- 
quefois  lire  des  themes  d'imitation  :  peut-^tre  le  dessein 
de  ne  rien  ^crire  que  suivant  les  r^les  de  la  haute  latinit^ 
a-t-il  subjugu^  Tesprit  de  I'auteur,  enchain^  son  imagina- 
tion ,  et  mis  obstacle  k  Texpression  plus  naturelle  de  ses 
sentiments.  On  lui  reprocherait  les  d^fauts  ordinairesd'un 
style  artificiel  et  guind^. 

La  biblioth^ue  ^tait  un  des  appartements  le  mieux 


(  ^01  ) 

orn^s  dans  Fbdlel  de  Busleidcn  :  c*^tait  un  Musee  oik  il 
avail  r£uni  grand  nombre  de  livres  estim^s.  Mais  il  ne 
s'est  point  pr^occupd  lui-m£me  de  la  recherche  des  ma- 
nuscrits  :  on  ne  lit  nolle  part  qu'il  ait  attach^  de  Timpor- 
tance  k  la  revision  d*un  texte  classique ,  k  la  correction 
d'une Edition  r^pandoe,  qui  serait  failed  Faide  de  variantes 
prises  dans  d'autres  codices.  II  ne  partageait  pas  k  cet 
6gard  les  vucs  de  ceux  de  ses  amis  qui  consacraient  leurs 
veillesavec  un  zile  d4$inleress6aux  impressions  grecques 
et  latines  sortant  des  ateliers  de  Thierry  Martens,  trans- 
port^ nago^re  d'Alost  k  Louvain.  II  est  cependant  une 
lettreoii  il  encourage  Guillaume  Heda,pr6vdt  d'Arnhem(l), 
k  fouiller  lesbiblioth^quesde  la  Hollande  dans  Tespoir  d'y 
d^ouvrir  de  curieux  manuscrits  d'anciens  auteurs. 

Les  ^pttres,  epistolae,  occupent  la  plus  grande  place 
dans  les  ^lucubrations  en  prose  de  Busleiden  dont  il  nous 
reste  un  choix.  Elles  ont  toutes  un  certain  int^rSt,  en  ce 
qu^elles  sont  adressees  &  des  personnages  du  XYI''  si^cle 
qui  ^taient  £lev£s  en  digoit6  ou  qui  se  sont  cr66  quelque 
renomm6e  dans  les  sciences  et  les  lettres ;  il  est  seulement 
k  regretter  qu'aucune  de  ces  epilres  ne  porle  une  date; 
dans  quelques-unes,  I'auteur  indique  sa  maison  de  Ma- 
lines  ,  comme  le  lieu  d*oii  elles  sont  exp^di^es  {Mechliniae^ 
ex  aedibu8  nostris).  Les  details  biographiques  que  plu- 
sieurs  renferment  permeltraient  de  restituer  avec  quelque 
assurance  Tannic  oix  Busleiden  les  adressait  k  des  hom- 
mes  connus  d'ailleurs.  Nous  ne  rel^verons  ci-apr^s  les 
noms  que  des  correspondants  de  Busleiden ,  k  qui  cer- 
taine  c^l^brit^  reste  acquise  dans  nos  annales. 


(1)  Heda,  qui  avail  M  secretaire  de  Pliilippe  le  Beau,  el  qui  oblinl  plu- 
sieurs  canonicais,esl  morl  k  Ad  vers  en  1523.— Voir  Foppeus,  Bibliotheca 
belgica,  p.  405.  -  MS.  pp.  168-170. 


(  402  ) 

Pour  rendre  rafson  de  la  patience  avec  laquelle  le  con- 
seiller  de  Marguerite  d'Autriche  a  ^labor^  et  corrig^  sa 
collection  d*^pttres,  il  faut  se  rappeler  la  popularity  de 
Yepistolographie  dans  le  monde  lettre  de  la  Renaissance. 
Sans  qu'il  soit  n^cessaire  de  remonter  k  Tantiquit^ ,  c*en 
est  assez  de  Timitation  de  Cic^ron,  un  moment  pr^pond^- 
rante  dans  I'Europe  latine,  pour  rendre  compte  du  fait. 
Au  XIV*  et  au  XV«  sitele,  P6trarque ,  Polilien  et  d'autres 
avaient  donne  au  genre  la  plus  grande  faveur;  Bembo  le 
continuait  en  Italic;  en  France  et  dans  les  Pays-Bas, 
Erasme,  Guillaume  Bud6,  Cleynaerts  lui  assuraient  {'ac- 
tuality et  la  vogue  ^  avant  T^poque  des  auteurs  d'6pilres 
latines  dont  on  a  form6  des  repertoires  en  quelque  sorte 
classiques,  Scaliger,  Casaubon,  Andr^  Schott,  Juste- 
Lipse.  La  critique  des  monuments  de  I'antiquit^  s'est 
faite  sous  cette  forme;  c'est  dans  la  suite  des  oeuvres  £pi- 
stolaires  que  nous  recueillons  Tbistoire  intellectuelle  de 
nos  ancdtres. 

§  V. 

Correspondance  de  Busleiden  avec  des  komtnes  celebres  de 

son  epoque. 

On  voit,  dans  une  partie  des  documents  qui  ont  la  forme 
de  lettres  ^  que  le  conseiller  Busleiden  a  t6moign6  un  in- 
terSt  constant  k  de  jeunes  hommes  qui  s*occupaient  d'^tudes 
litt^raires  en  vue  de  Tenseignement ;  il  les  encourageait  en 
recevant  Thommage  de  leurs  compositions,  et  il  leur  pro- 
mettait  son  appui  aupr^s  de  ceux  qui  leur  assureraient  des 
emplois  bien  r^mun^r^s.  Plusieurs  des  humanistes  quMI 
avait  distingu^s  autour  de  lui  ont  acquis  comme  ^crivains 
des  titres  k  Festime  publique.  Nous  mentiounerons  k  ce 


(  403  ) 

propos  deux  jeunes  mattres  originaires  de  la  Zelande,  Jean 
Borsalus  et  Adrien  Barlandus :  le  premier  avail  &ii  charg6 
par  lui  de  Teducalion  d'un  de  ses  neveux,  et  il  Favait  sou- 
tenu  dans  cette  t&che  par  de  judicieux  conseils;  le  second 
donnait  encore  des  lemons  priv6es  k  Louvain,  quand  Bus- 
leiden  s*int£ressait  k  son  sort;  celui  qui  devait  occuper  le 
premier  la  chaire  de  latin  au  Collegium  Buslidianum  et 
ensuite  professer  la  rh^torique  k  la  faculty  des  Arts,  v^cut 
d'abord  avec  sa  famille  dans  un  ^tatde  g£ne,  au  sujetdu- 
quel  il  ne  fit  pas  inutilement  des  confidences  a  son  M^c^ne 
de  Malines.  Un  homme  qui  devait  Stre  une  des  lumieres  de 
la  th^ologie,  Martin  Dorpius ,  avait  d^but^  par  Fenseigne- 
ment  des  humanit^s  au  college  du  Lis;  il  d^dia  en  1514  au 
conseiller  Busleiden  YAulularia  de  Plaute  qu'il  avait  com- 
pl6t£e  jadis  pour  une  representation  de  cette  com^die  par 
ses  el^ves :  nous  avons  encore  la  r^ponse  qu'il  regut  k  cette 
occasion,  et  pour  I'envoi  d*autres  Merits  publics  chez  Thierry 
Martens,  dans  quelques  lettres  latines  qui  sont  au  nombre 
des  plus  elegantes  que  Busleiden  ait  compos^es  (1).  On  a, 
dans  ces  divers  morceaux ,  la  preuve  du  z^le  dont  celui-ci 
6iait  anim6  pour  le  progr^s  des  bonnes  etudes,  et  en  mSme 
temps  du  ton  de  modestie  qu*il  conservait  invariablemeut 
au  sujet  de  ses  propres  ouvrages. 

Tout  en  poursuivant  patiemment  ses  Etudes  de  litt^rature 
latine,  Busleiden  d^sirait  s'assurer  les  suffrages  d'hommes 
eiev^s  en  dignity ;  mSme  en  les  entretenant  d'affaires  fort 
diverses,  il  s'efibrQait  de  les  convaincre  de  Tatlention  scru- 


(t)  Voir  noire  esquisse  d'hisloire  liileraire  sur  Martin  Dorpius  et  les 
etudes  dhumanitis  dans  les  dcoles  de  Louvain  au  commencement  du  set- 
zidme  9/^c/e  (Aiffi uaire  de  l'Universit^  catqolique,  annee  1873.  —  Ana- 
lectes). 


^   I 


(  404  ) 

puleuse  qu'il  avait  apport6e  k  la  redaction  de  ses  epltres. 
Que  ce  soient  ses  prot6g^s  ou  bien  ses  coll^ues,  que  ce 
soient  des  fonctionDaires  civils  ou  des  pr6lats  et  des  digni- 
taires  eccl^siastiques  de  diff(6renls  dioceses,  il  ne  leur  6crit 
pas  une  ligne  des  lettres  qu'il  a  conserv6es  et  retouch^es , 
sans  prendre  garde  k  leur'  jugement,  k  leur  opinion. 
Ainsi,  adresse-t-il  un  simple  billet  k  Pierre  Apostole  ou 
I'Apostol  (1),  maitre  de  requites  au  Conseil  de  Malines,  il 
s'inqui^le  dela  meilleure  tournure  qu'il  donnera  k  un  badi- 
nage sur  le  sort  d'un  livre  que  son  collegue  avait  laisse 
tomber  en  lambeaux  et  qu'il  est  de  son  honneur  de  faire 
restaurer  au  plus  Idt. 

Le  grand  th6ologien  d'Utrecht,  Adrien  Florent,  a  re^u 
de  Busleiden ,  quand  il  ^tait  encore  doyen  de  Lou?ain  et 
pr6cepteur  du  prince  Charles  (2),  communication  d'une 
^tude  po^tique  sur  la  persecution  d'H^rode  et  le  massacre 
des  innocents.  C'est  un  de  ces  poemes  latins  que  le  cha- 
noine  de  Malines  se  faisait  gloire  de  composer,  pour  satis- 
faire  sa  pi^t£,  k  I'^poque  des  grandes  fStes  de  I'annee  chr6- 
tienne.  Aussi,  en  pr^entant  ses  vers  au  mattre  de  th^logie, 
il  declare  avoir  Iaiss4  parler  son  indignation  au  sujet  des 
crimes  d'H^rode  et  n'avoir  pas  vis6  du  tout  k  I'el^ance  du 
style.  Li'amplification  n'est  pas  d^nui^e  de  m^rite^  quoique 
relevant  de  ces  exercices  d'^cole  qui  n'aboutissaient  gu6re 


(1)  Voir  sar  ce  juriscoosaUe  qui  fut  professeur  de  droil  civil  k  Louvain 
el  qui  flenritjusqu*eD  1532,  la  nolice  de  M.  Britz  {Biographie  nationale^ 
1. 1,  col.  351-353. 

(2)  L'Uuiversil6  lint  a  grand  honneur  la  mission  donn^e  k  un  de  ses  plus 
savanls  matlres  aupr^  du  jeune  Charles  qui  r6sida  k  Louvain,  au  chateau 
C^r,  pendant  une  panic  de  Tannee,  de  1508  k  1512.  —Voir  la  dissertation 
de  M.  le  professeur  Reusens,  5yn/a^ma  doctrinae  Uieologicae  Adricmi 
sexHyelo.  Lovanii,  1862,  p.  xiv-xv. 


(  405  ) 

qu'i  des  ceuvres  assez  froides^  d^pourvues  dlnspiration 
vraie  et  presque  tou jours  d'^motioo  religieuse  (1). 

On  rel^verait  plusieurs  particularit^s  curieuses  pour 
rhistoire  des  relations  de  nos  gouvernants  avec  la  cour 
de  Rome  dans  quatre  pieces  relatives  au  cardinal  Ber- 
nardin  Carvajal  qui  ^tait  venu  jusqu'en  Belgique  (2).  Re- 
vStu  de  la  pourpre  par  Alexandre  VI,  ee  cardinal,  qui  prit 
le  titre  de  Sainte-Croix  de  Jerusalem,  s'^tait  rendu  comme 
legat  du  si^ge  aposfolique  aupr^s  de  Tempereur  Maximi- 
lien.  Dans  la  premiere  pi^,  qui  est  sans  date  comme  les 
lettres  elles-m^mes,  nous  trouvons  le  discours  de  bien- 
Tenue  prononc6  par  Busleiden  au  nom  du  petit«fils  de 
Maximilien,  avant.la  reception  du  l^gat  par  le  jeune  prince 
lui-meme  (5).  La  seconde  pi^ce  est  une  lettre  ^crite  par 
Busleiden  pour  f<£liciter  le  mSme  pr61at  sur  son  heureux 
retour  k  Rome ;  mais  elle  nous  apprend  que  le  cardinal 
avait  pr6ch6  dans  T^Iise  Saint-Rombaut  en  presence  de 
nos  souverains,  Maximilien,  le  prince  de  Castille,  Tar- 
chiduchesse  Marguerite ,  ainsi  que  d*une  assistance  tout  h 
fait  distingu^e,  et  que  Ton  avait  6mis  le  voeu  de  recueiilir 
le  texte  de  I'hom^lie  comme  d'un  monument  d'^loquence 


(1)  Voir,  k  TAppendice  n*  7,  la  d^dicaee  el  le  poeme  lui-mSme. 

(2)  Beroardin  de  Garyajal  (ou  Garavagial) ,  espagnol  de  naissance,  est 
souvent  d^ign^  sous  le  nom  de  Cardinal  de  Santa  Cruz.  D^pos^  par  Jules  If 
pour  sa  participation  au  conciliabule  de  Pise,  il  (tit  r^int^gr^  par  L^n  X, 
et  il  etait  doyen  du  Sacr^  College  en  1522,  k  rav^nement  d'Adrien  YI :  il 
est  mon  le  16  decembre  de  la  mSme  ann^e  (17  kal.  Januar.  ann.  1523).  Voir 
Ciacconius,  Vitae  ac  res  gestae  Romanorum  Pontificum,  Romae,  1677, 
t.  Ill,  pp.  170-171,  in-fol. 

(3)  II  Skagit  bien  de  Charles  encore  enfant  qui  n'^tait  point  venu  en  per- 
sonne :  «  propter  aetatem  adhuc  satis  teneriusculam.  » 


(-406  ) 

sacrte  (1).  Dans  un  passage  d'une  aulre  lettre,  Busleiden 
rappelle  au  mdmc  pr^lat  qu'il  a  eu  ThoDoeur  d'etre  son 
hdte  k  Malines :  tout  rend  probable  que  le  conseiller,  qui 
avait  d'ailleurs  le  rang  de  chanoine,  avait  fait  les  bonneurs 
de  la  vilie  au  cardinal  l^at,  et  qu'il  Tavait  re^u  dans  sa 
maison  (2),  peu  de  temps  aprte  s'y  etre  install^.  Le  m^me 
cardinal  de  Santa  Cruz  ^crivait  de  Rome,  en  1515,  &  Tar- 
chiduchesse  Marguerite  d'Autriche,  pour  lui  annoncer  ren- 
voi de  la  Rose  d'or  k  son  neveu  Tarchiduc  Charles  de  la 
part  du  pape  L^on  X  (3).  Encore  un  mot  sur  le  mdme  per- 
sonnage :  selon  toute  apparence,  il  garda  une  conduite 
Equivoque  lors  de  T^lection  d'Adrien  VI,  dont  il  voulait 
s^attribuer  le  m^rite,  quoiqu*il  lui  eAt  [etir6  son  vote  au 
moment  oCi  la  majority  allait  lui  6tre  acquise;  le  nouveau 
pape  en  fut  inform^  par  I'Empereur  (4). 

Ainsi  que  nous  Tavons  dit,  Busleiden  avait  trouve  un 
charme  particulier  dans  des  relations  avec  des  Strangers 
de  quelque  c61^brit6,  et  il  les  a  entretenues  au  moyen  de 


(1)  Nous  inserons,  k  TAppendice  n'  8,  cetle  ^pitre  qui  menliODDe  un 
Episode  remarquable  de  P^poque  oil  la  cour  r^idail  ^  Malines.  Reste  h 
fixer  Tepoque  du  sejour  de  Santa  Cruz  en  Belgique,  peu  apr^  la  morl  de 
Philippe  le  Beau. 

(2)  IV«  letlre,  MS.  p.  1S4.  «  Interea  vale,  anliqui  hospitis  lui  baud  im- 
memor. »  II  semble  que»dans  deux  leltres,  la  II I«  et  le  1V%  Busleiden,  qui 
ne  pouvait  avoir  k  distance  qu*une  connaissance  fort  incomplete  des  falts, 
iemoigne  k  Bernardin  Garvajal  une  commiseration  extreme  au  sujetdes 
persecutions  auxquelies  ii  le  sait  en  butle;  on  les  rattacherait  k  la  scission 
qui  s*esl  produite  parmi  les  cardinaux  sous  le  r^gne  de  Jules  If. 

(3)  Voir  cette  lettre  espagnole  portant  la  date  du  13  avril  1513,  publiee 
d'aprte  les  archives  de  Lille  dans  les  Bull,  de  la  Comm.  royale  (Thistaire , 
2'ser.,t.XI,p,  217. 

(4)  Voir  la  Preface  deM.  Gachard  a  la  Correspondance  de  Charles-Quint 
el  d'Adrien  VI  (Bruxelles,  1839),  pp.  xxi-xxiii. 


(407) 

Tart  ^pistolaire.  Une  courte  lettre  k  Jacques  Ler^vre  d*£ta- 
ples  nous  en  fournit  la  preuve.  Ce  savant  frangais  avail  fait 
de  laborieuses  tentatives  pour  coop^rer  aux  progr^s  de  la 
science  des  £crrtures,  que  Busleiden  ne  parait  pas  avoir 
particuliirement  cultiv^e.  Mais  e'en  6lait  assez  de  la  repu- 
tation de  ses  nombreux  Perils,  ayant  fourni  mati^re  k  la 
pol^mique  du  temps,  pour  que  le  conseiller  ait  voulu  lui 
t^moigner  son  admiration ,  et  r^Iamer  de  lui  en  termes 
obs^quieux  Thonneur  d'uneseconde  visite  qui  cimenterail 
leur  ami  tie.  II  le  convie  k  accepter  rhospitaIit6  dans  une 
demeure  quMl  puisse  consid^rer  comme  la  sienne,  parce 
qu'elle  doit  etre  la  reunion  de  tons  les  amis  de  la  science  (1). 

Pen  de  mois  avant  sa  mort,  Busleiden  def^rait  aux  con* 
sells  de  Pierre  Gilles  (Petrus  Aegidius)  d'Anvers^  en  ^crivant 
k  Morus  une  lettre  de  felicitations  au  sujet  de  son  Utopie; 
elle  n'est  pas  comprise  dans  le  recueil  manuscrit  recopi^sur 
sa  demande ,  mais  elle  est  imprimee  dans  redition  originate 
de  ce  traite,  mise  au  jour  en  1517  ^  Lou  vain,  et  dans  plu- 
sieurs  editions  qui  ont  suivi  celle-ci.  On  en  louerait  le  style; 
mais  on  ne  pourrait  s'empecher  de  signaler  Texcessive  con- 
fiance  de  Tauteur  dans  les  vues  politiques  et  les  idees  de 
reformes  jetees,par  son  illustre  ami,  dans  une  fiction  philo- 
sophique  servant  k  exposer  un  plan  de  gouvernement  dans 
un  pays  imaginaire  (2). 

Des  pieces  de  la  mfime  correspondance  la  plus  curieuse, 


(1)  Od  trouve  ci-apr^s,  Appeadice  n«  0,  rinvitalion  de  Busleiden  k  Le- 

fi&vre  d*Etaples. 

(2)  Noas  avons  traits  de  celle  publication  dans  la  seoonde  partie  de 
DOtre  4(ude  sur  Thomas  Morus  et  la  Renaissance  en  Belgique  (au  tome  II  f 
de  la  Belgique^  ann^e  1867,  pages  507-514).  —  Voir  sur  l'6dition  de  YUlo- 
piOj  sortie  des  presses  de  Thierry  Martens,  la  Monographie  du  P.  Van  Ise- 
gbem,nM08. 


(408  ) 

nous  semble-t'il ,  c^est  la  lettre  iD^dite.adressn^  ^  £rasme 
(lonl  Busleiden  regardait  ramiti^  comme  fori  pr^cieuse. 
On  n'a  pas  de  peine  k  croire  qu'Erasme  s^^tait  pr&i&  k  ses 
avances:  d^s  Tan  1506,  il  lui  avail  d^di^  sa  Iraduclion  laline 
d*un  dialogue  de  Lucien  (1) ,  en  lui  faisant  ie  souhail  d'une 
longue  vie;  il  s'^lail  ensuite  adress^,  dans  plus  d'une  cir- 
conslance,  et  m£me  dans  des  besoins  d'argenl,  au  membre 
du  Grand  Conseil  donl  il  savail  Tinfluence  dans  les  affaires 
eiviles  el  eccl^siasliques  (2).  L'6ptlre  de  Busleiden,  que  nous 
publions ,  a  quelque  valeur,  m£me  en  I'absence  de  toute 
dale  :  quoiqu*il  appelle  £rasme  c  gloire  de  la  Germanie, » 
—  GermanicB  decori,  —  il  lui  parle  avee  beaucoup  de 
franchise. 

Toul  d'abord,  Busleiden  exprime  la  joie  bien  vive  qu'il 
a  ressenlie,  quand  Ie  faux  bruil  de  la  mort  d*£rasme  s'est 
dissip^.  Mais  peu  apr6s  viennenl  les  avis  sur  la  conduile 
k  lenir  par  Ie  f6cond  publieiste  en  vue  des  largesses  et  des 
faveurs  de  toul  genre  donl  il  se  monlrait  fort  avide.  Tel  est 
Ie  conseil  de  ne  plus  se  laisser  aller dor^navanl  k  des  paroles 
injurieuses  centre  les  souverains ,  de  crainle  d*avoir  k  s'en 
repenlir  :  de  ce  c6l6 ,  Tauleur  des  Adages  avail  cerlaine- 
menl  d^pass^  la  mesure  (3).  D'aulre  part,  puisque  flrasme 


(1)  opera  Erasmi,  6d.  de  Leyde,  t !«',  pp.  31 1-328.  —  La  dedicace  da 
Dialogus  Cimonis  et  Damippi  est  dat^e  de  Bologae  (Boaoniae,  XV  cal. 
dec.  1506),  quand  ^rasme  fujait  de  Florence  danscetle  ville  sous  Ie  coup 
des  hoslilit^s  qui  d^solaient  Ie  nord  de  lltalie. 

(2)  D<^ireux  de  vendre  ses  deux  chevaux  pour  mieux  r^ler  ses  d^penses 
d'hiver,  firasme  soliicita  ^intervention  officieuse  de  Busleiden  par  leitre 
d'Anvers,28  septembre  1516  (t.  Ill,  Epist^col  1571). 

(3)  Voir  Hallam,  Histoire  de  la  literature  del* Europe  ^  etc.;  trad,  de 
ranglaispar  Alph.  Borghers,  t. !»,  1839,  pp.  285-290.  —  En  1517  parut 
une  Edition  augment^  des  Adages, 


(  409  ) 

est  souveat  en  instance  pour  Tobtention  de  b6n^Gces  eccl£- 
siastiques  [de  sacerdotio  par ando) ^BusWideu  Tengage  for- 
lement  k  changer  de  ton ,  k  ne  plus  prendre  le  rdle  de 
frondeur,  k  d^pouiller  le  philosophe^i  se  poser ^n  client, 
en  solliciteur  assidu,  importun  m^me  (1). 

Des  avis  de  prudence,  comme  ceux  que  Busleiden 
donnait  ici  au  grand  ^crivain,  avaient-ils  amen6  certain 
refroidissement  dans  leurs  relations  ?  Prendrait«on  k  la 
lettre  les  termes  dans  lesquels  ^rasme  regrette  de  n'avoir 
pas  cultiv^  avec  plus  de  i^oin  I'amitie  du  conseiller  avant  son 
depart  pour  TEspagne?  Du  moins  a-t-il  amplement  r^par6 
sa  defiance  envers  un  ami  sincere,  en  c^l^brant  les  belles 
qualil^s  et  les  vues  g^n^reuses  du  savant  modeste  qui  con- 
sacrait  une  partie  notable  de  sa  fortune  k  I'avancement  des 
Etudes  litt^raires.  Les  pages  6crites  par  £rasme  pour  h&ter 
Taccomplissement  des  volont^s  de  Busleiden  constituent 
le  meilleur  et  le  plus  vrai  des  eloges  (2);  elles  ne  surfont 
pas  r^crivaiu,  mais  elles  honorent  rhomme,  que  sescon- 
temporains  ont  salu6  du  nom  de  protecteur  des  bonnes 
Etudes,  studiorum  Maecenas  (3). 


(1)  Voir,  ^  PAppendice  n«  10,  T^pttre  in^dite  k  Erasme  (MS.  p.  193- 
195). 

(2)  Oalre  les  nombreux  passages  que  nous  avons  r^unis  aux  chap.  II 
et  III  de  notre  M^moire  cil^»  on  mentionnerait  encore  la  declaration 
d^^rasme  k  Egide  Busleiden  en  1518  {Epist.,  I,  col.  353)  sur  les  honi- 
mages  dus  k  son  fr^re :  «  Utinam  quae  posteritali ,  el  immorlali  laudatis- 
k  simi  fratris  lui  Hleronymi  Buslidii  memoriae  gloriaeque  debenlur,  ll^ 
»  succedant  omnia ,  ut  bac  sane  parte  coepit  succedere.  • 

(5)  ^pftre  de  P.  Aegidius  k  J.  Busleiden  en  tele  des  premieres  Editions 
de  V Utopia  de  Morus,  dat^  du !«'  novembre  1516. 


2"*  s6rie,  tome  XXXVI.  27 


(  410  ) 


APPENDICES. 


Pbilippo  Casteliab  Pringipi  Arghiduci  Austriab. 

Non  puto  te  latere,  Inclyte  ac  magnanime  Princeps,  quam 
acerbo  dolore  afifectus,  incomparabilem  jacturam  fecerim : 
insperata  videlicet  nimiumque  matura  morteR""*  D°*  Bisontini , 
fratris  Dostri  pientissimi.  Quippe  qui  a  teneris  (utaiunt)  uiigui- 
culis  ulroque  me  parente  orbatum,  atque  annos  jam  aliquot 
procul  a  patria  rei  literariae  operam  navantem,  non  modo  fratris 
loco  duxerit,  verum  unicopro  filiolo  semper  habuit,  tractavit, 
fovit.  Adeo  quidem  ut  secundum  te  unum  Principcm  domi- 
num  meum  beneficentissimum,  illc  nobis  in  postcrum  alte- 
rum  asylum  firmumque  praesidium  futurus  esset,  ut  cujus 
salute  ac  incolumitatc  tota  et  spes  nostra  penderet.  Qui  quum 
jam  (heu  heu)  malignantibus  fatis,  pauperculo  mihi  adeo 
praemnture  humanis  ademptus  sit,  profecto  jam  totus  profun- 
dissimo  dolori  prorsus  succumbens,  me  miserum  olim  desola- 
tissimumque  perpetuo  luclu  conficerem ,  nisi  ab  eo  proposito 
experta  prius  quam  cognita  (qua  afflictos  fermeque  consterna- 
tos  relevare  soles)  pietas  nos  tua  deterrerct.  Quamobrem,  in* 
dulgenlissime  ac  clcmentissime  Princeps,  quum  tu  Superis 
bene  faventibus  unus  nobis  supersis,  qui  non  tam  auctoritate 
possis,  quam  vel  innata  dementia  debeas,  nostris  tam  plane 
fessis  ac  prope  labentibus  rebus  suceurrere.  Fac  precor,  oro, 
obtestor,  ut  pleno  (quod  aiunt)  cornu,  cumulatissime  assequar. 
Id  quod  de  peculiari  pietate  ac  exuberanti  tua  gratia  favoreque 
praescntaneo  nostra  sibi  spes  jamdudum  pollicetur.  Ad  quod 
ita  efficiendum  si  accepta  hujusmodi  gravissima  calamitas 
nostra  te  forsan  baud  moveat :  illud  sallem  ad  hoc  accedat, 
recordatio  videlicet  ac  memoria  fratris  nostri.  Qui  (ut  extcra 


(  U\  ) 

ejus  inte  inerita  obiter  praeteream)  pro  augendo  confirmando 
tuendoque  Imperio  tuo,  nee  laboribus  ullis  pepercisset,  nee 
mori,  si  qua  res  urgeret ,  recusasset.  Vale  interea  Princeps  illus- 
trissime. 


N*  2. 
Ad  Collegium  divae  Gudulae  Bruxellbrsis. 

Si   unquam  ad  pias  lacrymas  moestisslmumque  luctum, 
vehemens  suorum  desiderium  quempiam  moverit :  Ego  jam  lo- 
tus in  flebilcs  gemitus  luctusque  pcrpetuos  ruere  inprimis,  ac 
procumbcre  debeo.  Maxime  quum  hoc  identidem  me  facere, 
pictas  non  tarn  suadeat  liumana,  quam  vel  necessitudo  imperet 
fraterna.  Ereplum  equidem  mihi  invida  jam  morle  proh  dolor 
video ,  saccrrimum  ilium  ac  nunquam  oblitcrandae  memoriae 
Bisonlinum  Archipraesulcm ,  fratrem  pientissimum.  A  quo  ego 
(modo  illi  per  crudelia  fata  licuisset)  ultra  ea  quae  fratri  a ' 
fratrc  debentur  officia,  etiam  studiorum  nostrorum  uberrima 
asscquutus  essem  proemin.  Quae  quidem  jam  nobis  sublata, 
pariterque  cum  eo  erepta  omnino  forent,  nisi  insignis  ilia  in 
me  bencficentia,  veslraque  in  defunctum  fratrem  gratitudo, 
nostrae  tam  grandi  occurrisset  calamitati.  Quippe  ubi  primum 
pientissimi  fratris  tristissimum  mortis  accepistis  nuntium;con- 
gregati  omnes  ex  industria  consuUuri  quemnam  polissimum 
in  illius   subrogaretis  locum;  subito  omnes  incredibili  ani- 
morum  consensu ,  manibus  ul  aiunt ,  pedibusque  in  eandem 
euntes  sententiam,  vestra  in  me  absentem  tulistis  vota,  emi- 
sistis  sufifragia.  Dignum  me  obiter  ac  Moneum  censentes^  qui 
hoc  inoomparabili  beneficio,  studium  in  me  propensissimum 
yestrorum  non   tam  sentirem,  quam  reipsa  cumulatissime 
experirer.  Quo  uno  beneficio,  quid  per  Deos  immortales  vel 
jucundius  nobis,  vel  nostris  accedere  votis  optabilius  poterat, 
quam  nunc  hoc  in  honcstissimo  consortio,  vestroquc  sacro- 


(  ^*2  ) 

sancto  connuraeratum  iri  Collegio,  tot  scilicet  erudilissimis 
viris  integerrimisque  patribus  undique  referto.  Quod  quum 
ita  sit,  totus  profecto  mutus,  elinguis,  stupidusque  ho&reo, 
quoties  pro  tarn  immortali  beneficio  vestro  gratias  agerecogito, 
gratias  inquani,  quae  et  dignitati  hujus  ornatissimi  Collegii  res- 
ponderent,  simulque  nostram  io  se  devotionem  magis  ac  magis 
arguerent.  In  qua  re  etsi  neque  expectationi  de  me  vestrae, 
neque  meae  erga  vos  gratitudini  jam  facile  satisfacere  possim 
obrutus  inprimts  vestri  in  me  meriii  magnitudine;  deindc  et 
viribus  opibusque  destitutus  eloquentiae.  Attamen  nc  omnino 
hominem  ingratum  agam,  eas  vobis  omnibus  et  singulis  gra- 
tias ago,  quas  aut  mens  complecti,  ingenium  suppetere  lin- 
guaque  jam  potest  depromere.  Proeterea  pares  posthac  relatu- 
rus,  si  quando  fortuna  melior,  luxque  serenior  nostris  alluxe- 
rit  successibus.  Quae  quidem  ubi  primum  apparuerit,  me 
talem  procul  dubio  praestare  conabor,  qualem  vos  maxime  fore 
cupitis,  egoque  aliquando  esse  desidero.  Videlicet  qui  nihil 
eorum  unquam  sim  praetermissurus,  quaecunque  non  solum 
vestram  in  rem,  ac  privatum  cujusque  commodum,  verum 
etiam  ad  decorem,  ornamentum,  immunitatem,  emolumentum 
que  hujus  celcbratissimae  (cujus  et  pars  sumus)  Ecclesiae  spec- 
tare  eognovero. 

N*  3. 

HlERON.  BUSLIDII  ARIEN.  PRAEPOSITI  LUSUS  AD  LECTOREIf. 

Quam  fuerim  in  fratrem  gralus ,  plus ,  olliciosus , 
Gandide  le ,  lector,  pagina  noslra  docet 

Ed  pium  nostrum  in  desideratum  beneficentissimuih  fra- 
trem Monumentum,  non  multd,  ut  vides,  aut  elegantia,  aut 
inani  verborum  fuco  phaleratum.  Sed  magis,  quod  opto,  insigni 
pietate  et  gratitudine  refertum.  Quod  mod6  io  hoc  probetur, 
minus  laboramus,  si  vel  in  altero  damnetur:  quando  non  or- 


(413) 

natui,  sed  uni  magis  studuimus  pietati.  Quae  amore  inprimis 
caritate  et  gratitudine  concomitata ,  baud  usquam  morata  est 
lenocinia  verborunii  sentenlias,  coloresque  rhetorum.  Quin 
satius  viribus  eonfisa  suis,  id  quod  voluit  et  potuit  fratri  do- 
mortuo  impendit.  Hoc  in  officio  anxia  magis  et  sollicita,  quo- 
inodo  re  ipsa  pia  csset,  quam  quod  eleganter  autdisertediceret. 
Plus  sibi  laudis  statuens  etinerili,bac  liberali  et  obvia  praesta- 
(ionc  officii,  quam  in  plausibili  ostentatione  affectatae  cloquen- 
tiac.  Quae  sane  (etsi  alias  semper)  turn  maxime  explodenda 
venit,  quando  pietas  ipsa  surgens,  causam  suam  dicit,  amor 
perorat,  gratitudo  adstipulatur,  illam  solum  adornans  opere 
et  fide,  non  accito  sermone  aut  eloquii  dulcedine.  Mentes  ho- 
minumque  affectus  longe  malens  pie  syncoere  {sic)  monere, 
quam  hujusmodi  aurium  delinimcntis  immorari  diutius.  Solum 
candore,  puritate,  et  siraplicitate  sua  contenta,  nihil  elata, 
nulli  injuria,  nemini  odiosa,  omnibus  amabilis,  ac  aeque 
chara,  utpote  de  Deo,  patria,  parentibus  amicis,  necessariis 
jamdudum  optimc  et  praeclarc  merita.  Unde  jure  mcritoque 
omnium  sibi  tulit  puncta,  et  suffragia  meruit.  Quod  quum 
itasit,hoc  te  unum  candide  Lector  inprimis  obtestatum  velim, 
hoec  qualiacunque  sidt,  eo  perlegas  candore,  qua  cxarata 
sunt  pielate.  Quibus  si  quid  aut  desit  (ut  vereor)  quod  desi- 
deres:  aut  occurrat  quod  minus  probes :  id  totum  qualecunquc 
fuerit,  ipsi  condones  pietati.  Quando  longe  malucrit  hoc  unum 
subire  discrimen ,  quam  in  defunctum  fratrem  de  se  bene  me- 
ritum  baud  fuisse  pium.  Interea  belliss.  Vale.  Haec  nostra, 
qualiacunque  sint,  boni  consule... 


•Isttelioa. 


Non  haec  Gastalidum  sacro  de  foote  sororum , 
Fralerna  poUus  de  pielate  fluant. 


Allvd. 


Non  YDS  eloquium  euro ,  dulcesqae  Gamoenas, 
In  fratrem  mod6  aim  gratus  el  usque  pius. 


(  414  ) 


Incompaeabilis  fhaternab  pibtatis  in  fratrbm  vita  fungtum 

pbrpbtuum  monumbntum. 

Quis ,  quails  y  cujas  fuerim ,  rescire  laboras  : 

PaucisteiDoneo,  siste  viator  iter. 
Francisco  nomen,  gens  est  Bdslidia  clara ; 

Nobile  Lacenburg,  patria  cara  mihi. 
Annis  a  teneris  me  sedala  cura  pareDtum 

Artibos  ornavit,  moribus  instituit. 
His  tandem  imbalo,  studiorum  insigne  merenti 

Laurea  doctorum  cinxit  honore  caput. 
Hinc  animo  repetens  me  solum  non  mihi  natum , 

Sed  potius  cbarae  progenitum  patriae : 
Ergo  Senatum  intro,  mihi  quo  Respublica  cordi 

Gommunisque  l)oni  maxima  cura  fuit. 
Justitiam  servaus,  aequi ,  pietatis ,  honesti , 

Et  Gdei  custos,  relligionis  amans. 
Orator  Celebris  varias  Legatus  ad  oras 

Finibus  e  patriis  horrida  bella  fugo. 
Et  male  Concordes  animos  Regumque  Ducumquc 

Pace  bona ,  et  stabili  Toedere  composui. 
Aiistrius  a  nobis  sua  prima  elemenla  Pbilippus 

Accipiens ,  dextram  supposuit  ferulae. 
A  quo  cura ,  fides ,  labor ,  observanlia  nostra 

Tandem  pro  mentis  pro  demia  digna  lulil. 
Munere  namque  ejus,  studio,  pielale,  favore, 

Magnis  etpulchris  emicui  tilulis. 
Alque  alios  inter,  sedes  Vesontio  sacra 

Laetata  est,  nacio  me  sibi  Pontifice. 
Regua  ad  Hibera  meum  quum  prosequor  usque  Pbilippum 

Poscenlem  Regni  debita  sceptra  sibi : 
Sextus  Alexander  me  Pastor  maximus  orbis, 

Inter  Gardineos  vult  numerare  patres. 
Sed  fera  mors,  nimium  successibus  invida  tantis, 

Me  rapit  e  medio,  proh  dolor  ante  diem. 
Tunc  sibi  sublatum  Princeps,  Proceres ,  Populusque 

Lugens  me  multis  prosequitur  lacrymis. 
Tolleti  moriens » Bernardi  condor  in  aede , 

Ac  sacer  iste  locus  nobile  cor  retinet. 


(  'HS  ) 

Per^^e  viator  Her,  monitus  satis :  ecce  repeate 
Qui  fueram  tanlus ,  sum  ciDis ,  umbra.  Vale. 


•latlchoB. 


Hieronymus  lugens  cari  cita  fuoera  fratris 
Manibus  baec  ejus  dat  monumenta  piis. 


N«  4. 
Apud  JuLiuM.  II.  Pont.  Max. 

Si  philosophi  sagacisslmi  rerum  indagatores,  atque  inter  eos 
Aristoteles  acerrimo  vir  ingenlo,  optimam  putavere  adminis- 
trandae  universitati  Monarchiam  id  est  unius  priDcipatum  :  Si 
praeterea  in  veleri  lege  (quum  omnia  essent  figuris  quibusdam 
ndumbrata)  Dei  populo  unus  fuit  Dux,  unus  Rex,  unus  Saccr- 
dos  summus,  cui  nephas($tc)  erat  et  grande  piaculum,  non  in 
omnibus  paruisse  :  Quando  justius  ac  aequius  credas,  Beatis- 
sime  Pater,  a  Christo  institutum,  ut  Ecclesia  haec  militans, 
instar  triumphantis  in  coelis  Ecclesiae  ordinata,  uni  subsit 
Pontifici ,  uno  regatur  Moderatore ,  cui  rcligiosissime  obtem- 
pcrent,  quicumque  christiano  nomine  censentur.  Unde  non 
sine  ratione,  et  coelesti  quadam  providentia,  multa  jam  saecula 
inolevit,  quoties  ex  humanis  sublato  Ro.  Pontifici  (qui  nimirum 
summus  habetur)  alius  est  surrogatus..  provinciatim  acoppida- 
tim  mittantur  Oratores  novo  Pontifici  gratulatum.  Qui  Gardi- 
nalium  vota  comprobent,  et  quasi  publica  voce  Principum 
populique  gaudia  una  cum  obedientiae  delatione  testentur. 
A  quo  tam  antiquo  ac  jamdiu  recepto  instituto,  ne  discedere 
ccnseatur  Catholicus  Castellae  Rex,  Sanctitatis  tuae  obsequen- 
tissimus  filius  :  Nos  ad  te  misit  Oratores.  Venimus  itaque  Regio 
jussu,  sinceram  devotionem,  ac  perpetuam  ejus  in  te  fidem, 
pietatem,  observantiam ,  deferentcs.  Venimus,  inquam,  te 


(  416  ) 

indubitatum  Christi  Vicarium,  in  hoc  auguslissimo  throno  sc- 
dentcm,  de  more  veneraturi.  Qu&d  si  id  serius  ac  decuit :  non 
inde  profcctum  esse  tibi  persuadens,  quod  bac  in  re,  aut  negli- 
gcntior  caeteris  Christianis  Principibus,  aut  buie  Sacrae  Sedi 
minus  devotus  fuerit  Rex  noster  Serenissimus.  Quo  nescio  an 
acque  quisquam,  certe  nemo  tnagis  est  ei  addictus.  Sed  contra, 
qui  negotiis  non  tam  arduis,  quam  vel  prorsus  necessariis  into- 
rea  distractus  extiterit,  quae  in  aliud  tcmpus,  non  sine  et  suo 
ct  suorum  periculo  differri  poterant.  Quippe  ubi  primum  istius 
divinae  vocationis  tuae  jucundissimum  nuntium  increbuit, 
nondum  biennalem  illam,  trtumphalemque  Hyspaniarum  («tc), 
Galliarum  et  Gerraaniae  peragrationem  absolverat.  In  qua  Gailos 
Hyspanis  saevo  bello  dissidentes,  pacis  legibus  confoederavit. 
Inde  autem  vixdum  reversum  atque  in  Galliis  adhuc  agcntem 
valetudo,  et  ea  fere  laetah's  exccpit.  Mox  (ut  sunt  mala,  quibus- 
dam  quasi  ansulis  sese  contincntia)  sequuta  est,  immatura  ilia 
ct  inopinata  mors  parentis  suae  Ciarissiraae  Hyspaniarum 
Reginae.  Post  hacc  Sicambrorum  oborta  defcctio ,  alio  Regium 
animum  abduxit,  pacificasque  ejus  manus  armavit  ad  bellum. 
Cui  gerendo  hactenns  fuit  occupatissimus.  Haec  inquara,  Beatis- 
sime  Pater,  aliaque  urgentissima  negotia  hucusque  sunt  remo- 
rala  advcntum.  Cui  credas,  quacso,  tantum  additum  affectus 
et  devotionis,  quantum  praeter  opinionem  accesserit  tempo- 
ris.  Quam  tamcn  devotionem  nolim ,  tua  Sanctitas  sterjli  ora- 
tionc  mea  cxplicandam,  expectet.  Quin  satius  existimet  (id 
quod  est)  tam  meo  animo  verba  decssc ,  quam  vel  animus  ipsi 
rei  dccst.  Dicam  tamcn  de  ea  non  nihil :  inde  laudibus  aliquot 
tuis  summalim  decursis  (ut  commisso  Lcgalionis  muncre  de- 
fungamur)  Sanctitatem  tuam  ultronca  obcdientia  vcnera- 
bimur. 

Quaeobsccro,  tu  Beatissime  Pater,  vosque  firmissumi  Rei 
Christianac  Cardincs,  ut  soletis,  benignis  accipiatis  auribus. 
Atque  nt  saepe  aliis,  ita  nunc  mihi  hoc  in  ccleberrimp  coetu 
verba  facturo  estote  faciles.  Quaudoquidem  hoc  orandi  munus 


(417) 

non  mihi  desumpsi  (quod  quidein  fuissct  arrogantissimiim) 
vcrum  reluctans  omnino,  ne  dicam  invitus,  susccpi.  Minus 
malum  esse  ratus,  adire  periculum  phamae  {sic),  quam  tarn 
jiistis  ct  Sanctis  Regiis  mandatis  non  paruisse. 

Hunc-  igitur  Regem  nostrum  Sacrosanctae  huic  Sedi  jam- 
pridem  devotum  esse ,  citra  alia  argumenta ,  liqnido  testatur 
haec  Legatio.  Quae  vel  hoc  aspcro  et  diflicillimo  itincre,  hyemc 
tarn  inclementi,  ut  primum  per  negotia  licuit,  ad  te  venit. 
Qu&m  autem  firma  sit  et  rata  futura,  conjectabit  facile  quis- 
quis  Majorum  ejus  in  eamdem  mcrita,  quisquis  studia  pressius 
penitiusque  perspexerit. 

Si  quidem  in  genere  paterno,  id  est  augustissima  et  nobi* 
lissimn  Austriae  domo,  clarissimus  illc  Rodolphus  Imp.  Bono- 
niara  amplissimam  Italiae  civitatem,  ac  totam  FlamineamRom. 
Ecclcsiae  addidit.  Albertus  Hussilas  ferocissimos  Bohemiae  po- 
pulos,  non  minus  Ecclesiae  huic  quam  vel  Rcligioni  infestos, 
horrenda  bella  moventes  profligavit.  Et  Fredericus  hujus 
nostri  Regis  avus,  vir  ipso  Imperio  praestantior,  plurima 
pracclara  (quanquam  non  satis  faventibus  astris)  pro  Ecclesia 
molitus  est :  quum  saepe  alias,  tum  in  conventu  illo  quem 
magna  celebritatc^  summa  Gde  Ratisponam  convocaverat.  Acce- 
dit  iis  Maximilianus  paler,  Rex  victoripsus  prout  invictissimus, 
ex  omnibus  jampridem  et  ab  omnibus  lectus  Imperalor.  Cui 
nihil  est  roagis  in  votis,  quam  suis  in  Ro.  Ecclesiam  mcritis, 
aliquid  gerere  Imperatorio  nomine  dignum.  Quo  et  majorum 
laudcm  suis  virtulibus  reddat  illustriorem,  simulque  filio  ac 
nepotulis  semet  exemplar  virtutum  exhibcat  absolutissimum  : 
optima  ilia  relicta  haereditate,  gloria  rerum  praeclare  gcsta* 
rum.  Quem  quidem  speramus  propcdiem  tuam,  Pontifex 
Maxime,  Sanctitatem  aditurum  :  a  qua  Imperiali  diademale 
donatus,  perfidis  Mahumetae  sectatoribus,  concoeptum  jam- 
dudum  helium  summis  viribus  moveat. 

In  maternoquoqueBurgundionum  genere  Principes  florucre 
quam  plurimi,  de  fide  catholica  et  Ecc.  Ro.  optime  meriti. 


(  *18  ) 

E  quibus  Philippus,  nostri  proayus,  in  schlsinate  illo  quod  sub 
Eugenio  quarto  pcrniciosissime  serpsit,  adeo  Apostollcae  Sedis 
paries  tutatus  est,  ut  Eugenio  faverit  potius  Pontifici,  quam 
Felici,  sibl  sanguinis  necessitudine  conjuncto.  Reliquit  et  apud 
Rhodios  validissimam  areem,  quam  orthodoxae  fidei  munitis- 
simum  propugnaculuni  contra  immanissimorum  Turcarum  im- 
petus, suo  maximo  sumptu  opposuit.  Cujus  paulo  ante  pater 
Joannes  Dux,  belli  et  pacis  artibus  juxta  praestantissimus, 
quum  semel  murum  objicerit  pro  domo  Israhel,  fortissimo 
quidem  sed  parum  prospere  dimicans,  Iruculentis  et  chris- 
tianumsanguinem  sitientibusTurcis,contigitin  praedam.  Adde 
praeterea  quod  is  Rex  noster  tribus  Hyspaniae  Regnis  nuper 
initiatus  atquc  inauguratus  est.  Cujus  Reges  tam  singular! 
significatione  pietatis  et  religionis ,  unam  semper  Catholicam 
suntamplexi  Ecclcsiam,  ut  hoc  argumento  Calholicorum  nun- 
cupalioncm  sibi  peculiariter  vindicaverint.  Haec  inquam  qui 
lynceis  (quod  aiunt)  oculis  pcrviderit,  conjectabit  facile, 
maximam  semper  banc  et  propensissimam  Catbolici  Re^is 
nostri  devotionem  accrescente  aetate  pariter  incrementa  fac- 
turam. 

Verum,ne  susccpti  rouneris  oblitus,Regi  quasi  panegyricum 
videar  decantare;  missa  haec  faciam  ,  et  de  tuis  divinis  laudi- 
bus  (quod  me  secundo  factum m  receperam)  dicam  non  nihil 
Pont.  Maximo.  Quam  provinciam  video  me  coepisse  durissi- 
mam.  Gui  nedum  mea  (quae  admodum  tenuis  est)  oratio, 
caeterum  vix  aut  Demosthenis  aut  Ciceronis  ora  doctiloqua 
satisfacerent.  Deterret  quoque  non  tam  tua  Majestas  augustis- 
sima,  quam  admirabilis  modestia:  qui  aequiore  animo  alienas 
laudes  audis,  quam  tuas  :  nee  eas  quidem  in  teagnoscis,  quae 
sunt  omnibus  perspectissimae.  Sed  da  oro  veniam,  si  more 
eorum  qui  obedientiam  afferunt,  ex  immenso  agmine,  paucis- 
sima  quaedam,  quum  hujus  almac  Sedis,  tum  tuac  Sanctitatis 
praeconia,  obiter  deliberavero.  Tradit  Evangelica  Veritas,  Chris- 
tum humani  generis  adsertorem,  ascensurum  ad  Patrem, 


( *19 ) 

Petro  Apostolorum  verttci  (cui  ab  liac  re  Cephae  cognomen  turn 
fuit)  suas  oves  pascendas  credidisse. :  immensa  ilia  tradita 
potestate,  quicquid  in  terris  solveret,  solutum  in  coelis  :  quic- 
quid  hie  alligaret,  illic  foret  alligatum.  Quam  potestatcm 
PetruS;  Hierosolymis  ct  Antiochia  posthabitis,  hue  attulit, 
hie  exercuit,  posteris  suis  reliquit  exereendam.  Quare  baud 
dubie  Sedes  hace  Petri  primaria  semper  et  summa  fuit,  a 
summo  maximo  Deo  inslituta ,  summa  potestate  praedita ,  hoc 
celeberrimo  orbis  terrarum  loco  collocata.  Cui  submittunt  sua 
colla,  incurvant  genua,  Principes  terrae.  Utpote  coram  qua 
procidunt  Aethiopes,  et  inimici  terram  lingunt.  Super  quam 
fundata  est  Domini  Ecclesia,  tot  sanctorum  Martyrum  sacrata 
sanguine,  tot  sanctissimis  administrata  Pontificibus,  unde 
tarn  multae  sanctiones,  tam  salutaria  Decreta,  in  animarum 
salutem  prodiere.  Quae  schismatibus,  haeresibus,  scctis  repro- 
bis,  et  infinitis  ferme  Tyrannorum  insultibus  oppugnata,  non 
succubuit.  Sed  instar  Palmae  arboris ,  quo  vehementius  est 
pressa,  eo  surrexit  yalidior,  substitit  infractior,  efiloruit  lae- 
tior.  Quorsum  hace  de  Sede,  tam  multa?  nisi  quod  omnia  ad 
tuam  laudem  faciunt,  Juli  II.  Pont.  Max.,  quaecunque  huic 
solio  tribui.possunt  laude  digna  :  quae  sicuti  omnem  curam, 
ita  ei  comitem  gloriam  in  Ce  unum  transfert.  Quern  Saona  ilia 
non  ignobtlis  Genuensium  civitas,  auspicato  progenuit,  antiqua 
ct  clarissima  Ruvercnsium  familia  auspicatius  educavit.  Duo 
certe  non  contemnenda  ad  Tirtutem  et  gloriam  incitamenta . 
Quae  tam  multos  saepenumero  viros ,  quum  ingenio  tum  doc- 
trina  praestantes  edidere.  Quae  non  paucos  Gardinales,  ac 
nuper  duos  produxcre  Pontifices  Maximos,  ambos  sapientis- 
simos  simul  et  sanctissimos.  Qui  puellus  adhuc,  disciplinis 
liberalibus  indefesso  labore  incumbcns,  dejctrum  illud  virtu- 
tum  iter  pervasisti,  quod  diflicilem  aditum  primum  spectan- 
tibus  offert,  sed  requiem  praebet  fessis  in  vertice  summo. 
Atquc  inde  ubi  primum  per  aelatem  licuit,  res  maximas  et 
praeclarissimas  obeundo,  et  multas    regiones  peragrando, 


(  420  ) 

Ulysseam  quandam,  id  est  vivam  sapientiam  tibi  parasti-Sicque 
cuoctarum  virtutum  (quod  dicitur)  circulum  omni  «x  parte 
absolvisti.  In  tantum,  ut  ilium  Apollinein  (quern  Lacedaemonii 
quatcrnis  manibus,  ac  totidein  auribus  fiugebant)  nobis  expri- 
mas  quam  vcrissimc  scilicet.  Qui  non  modo  praeclara  multa 
audieris ,  quin  etiam  gesseris  ipse  praeclariora  :  quod  iis  qua- 
ternis  Apollinis  auribus  manibusque  Lacedaemonii  innuebant. 
Inde  nimirum  in  hoc  felici  rerum  successu  tanta  modcstia  in 
tarn  augusto  Principatus  fasligio,  ea  comitate  temperata  ma- 
jestas,  ut  neque  comitas  minuat  reverentiam  nee  majestas 
officiat  gratiae.  Quin  satius,  quemadmodum  hie  tcrrarum  orbis 
nihil  habet  te  imo  majus,  nihil  augustius  :  i(a  nihil  facilius, 
nihil  clementius  submissiusque.  Haec  videlicet  sunt  peculiares 
illae  doles  tuae,  Pater  Sanctissime,  quae  te  Inprimis  coelitibus 
charum  reddunt.  Islud  tibi  summum  peperere  saoerdotium, 
triplici  te  corona  insignivere. 

Gaudeat  igitur  Saona,  hujus  decoris  parens  felicissima. 
Laetctur  grex  dominicus,  tam  pervigili  pastore  a  luporum 
insidiis  facile  tutus.  Exultet  Christiana  Respublica,  cui  talis  con- 
tigit  Pontifex,  sub  quo  posthac  in  utramvis  (quod  aiunt) 
aurem  dormire  licebit.  0  faustum  ilium  felicemque  diem, 
quo  tu  Auspice  Spiritu  Sancto,  Authore  Sacro  Cardinalium 
Senatu,  gratulantlbus  Principibus,  applaudente  Ploebe  (stc), 
summo  isti  Pontificatui  initiatus  es,  ct  ah  universis  in  tua  vola 
juratum.  0  fortunatum  ac  verc  aureum  hoc  saeculum  nostrum, 
quo  moderatore  te,  fides,  pietas,  simplicitas,  pudor;  breviter 
omnis  ilia  aurei  saccli  seges  virtutum  repullulascit.  Quo 
inquam,  per  te,  Juli  II,  sydus  illud  Julium  prosperum  et 
secundum,  fluctuanti  Petri  naviculae  praelucebit.  Quo  duce 
vela  dabit,  portus  habitura  secundos.  Sed  quid  pergo  laudum 
tuarum  catalogum  texere,  qua  in  re  prius  me  dies  hie,  quam 
argumentum  deficeret.  Video  quoque  quod  quum  pro  re  nimis 
pauca,  certe  pro  tua  modeslia  nimis  multa  dixerim.  Taedet  ne 
jam  te,  quantum  conjectare  possum,  laudis  hujus?  Qui  sola 


(  421  ) 

benefactorum  conscicntia  fretus,  ne  idquidem  agnoscis,  quod 
nemo  non  praedicat.  Quare  tandem  receptui  canens,  fineni 
faciam  oratioui.  Si  modo  (qua  potissimum  causa  hue  venimus) 
deroandatam  nobis  obedicntiam  Regio  nominis  praestitcri- 
mus.  Catholicus  itaque  Castellae  Rex  Philippus,  una  cum 
conjuge  Serenissiraa,  liberisque  dulcissimis,  te  Juli  II,  uni- 
cum  coelestis  Regni  clavigerum,  te  cerium  sanctorum  Evange- 
liorum  interpretem  agnoscit,  te  legitimum  Petri  successorem 
profiletur,  Jesu  Christi  in  terris  vices  gerentem.  Quamobrem 
non  modo  omnes  fortunas,  opes,  viresque  suas  (quae  jam- 
pridem  tua  sunt],  verum  semet  totum  offert  atque  dicat. 
Et  denique  quicquid  id  est,  quo  obedientia  Romano  Pontifici 
debita,  cumulatissime  praestari  potest.  Quod  si  serius  id  quam 
decuit,  non  ejus  voluntati  (alioquin  obsequentissimae)  sed 
temporum  adscribatur  conditioni.  Quam,  precatur,  tandem 
benignus,  baud  aegre  admittas.  Nosque  ejus  hie  personam 
gerentes  identidem  precamur,  tuis  iis  sanctissimis  pedibus 
supplicitcr  advoluti.  Reliquumest,  Deum  Optimum  Maximum 
communtbus  votis  obtestemur,  Pontificatum  istum  f  tibi  faus- 
tum,  Rei  christianae  utilem,  et  sibi  gratum  administres.  Dixi. 


N*  5. 
Maxihiluno  caesari  dicta,  in  Rbgia  Bruxellensi. 

Regia  ilia,  immo  satius  Gaesarea  idque  augustissima  Majestas 
tua.  Rex  invicte  prout  victoriosissime ,  quae  inter  caeteras  illas 
lieroicas  suas  ac  prope  divinas  animi  dotes,  alios  quosvis 
Reges,  non  secus  turn  facilitate  tum  dementia  ac  mansuetu- 
dine,  quam  vel  aut  fortitudine  aut  magnanimitate  praeccllit, 
non  roinorem  illius  nunc  convenicndae  coramque  alloquendae 
potestatem  facit,  quam  et  visendae  et  salutandae  Serenitatis 


(  422  ) 

suae,  olim  desiderium  ingesserit.  Proinde  id  omne  auferens  a 
nie,  et  pudoris  et  yerecundiae,  quod  teoui  alias  homuncioni 
sortisque  satis  infimae  sacer  ille  tuus  Augustissimus  conspec- 
tus incutere,  hinc  mihi  non  tarn  poterat,  quam  vel  merito 
debebat.  Quo  fit,  serenissime  Rex,  pietatis,  tuaeque  incom- 
parabilis  clementiae  erit :  quern  non  uUa  yel  temeritas  sua,  vel 
eminentissimae  Majestatis  tuae  despicentia,  sed  contra  magis 
innata  ilia  bonitas,  candorque  genuinus,spe  tanta  simul  et 
libertate  fretum,  excelsa  jam  coram  sublimitate  tua,  exhibet : 
tandem  in  optatam  suam  idque  desideratissimam  admittat 
gratiam.  Qua  semel  admissum,  catalogo  eorum  sine  diario 
teneat  colloca turn ,  qui  prout  aut  libentius  nihil  efficiunt  aut 
alacrius,  ita  etiam  nil  magis  ducant  involis,  quam  aliquo  vel 
maximo,  et  merito  suo  et  beneficio,  tuam  demereri  clemen- 
tiam.  Pro  qua  sic  tandem  propensius  demerenda,  quicquid 
nunc  est  eritque  posthac  in  me  aniroi,  devotionis,  fidei;  quic- 
quid ingenii,  industriae,  consilii;  quicquid  virium,  fortunarura, 
substantiae,  et  denique  memet  ipsum  (quo  nil  carius  possideo 
aut  majus)  tuae  sacratissimae  Majestati  trado,  voveo,  dcdo. 
Interea  eorum  nihil,  aut  praemittendo  unquam  aut  negligendo, 
in  quo  aliquando  incuriam  (quod  absit)  meam ,  non  tam  accu- 
sare,  quam  vel  fidem  erga  tc  integerrimam  dcsiderare  posset. 
Aspirante  inprimis  Deo  Optimo  Maximo,  Imperio  qui  tuo,  tam 
olim  feliciter  auspicato,  adco  pracsens  adsit  et  favens,  hoc 
quotidie  majus  majusque  incrementum  accipiat.  Teque  apud 
posteros  et  nepotcs  una  cum  gloria  et  nominis  splendore  aeter- 
num  vivere  facia t,  pulcherrimis  scilicet  turn  factis  tuis,  tuni 
que  gestis  clarissimis,  semper  reviviscentibus,  morituris  nus- 
quam.  Dixi. 


(  423  ) 


N<»  6. 

OrATIO  CaROLO  GaSTBLLAE  PRINCIPI  ADVENTANTl  DICTA  PRO  CLERO 

MBCHLINIENSI. 

Advenis  tandem  toties  desideratus,  toties  olim  votis  (idque 
urgentissimis)  jamdadum  expetitus,  Jucundissime  Princeps, 
tuorum  hodie  desideria,  spes,  vota,  expectationcs  abunde  Icva- 
turus.'  Advenis  inquam,  ab  ipso  immortali  Deo  nobis  non  so- 
lum datus;  caeterum  (quod  longebeatius  forlunatius  est)  tot 
tantis  (quae  te  ardentissime  manent)  florentissimis  regnis,  pro- 
vinciis,  nationibus,  gcntibus,  terra  mari  imperaturus.  Quae 
quidera  omnes,  hujus  obeundi  principatus  tui  felicissimis  aus- 
piciis,  eo  enixius  gratulantur,  quanto  te  olim  propensiori  ct 
pietate  eolunt,  et  antiquiori  jam  fide  excipiunt.  In  quorum 
Albo,  adventanti  tibi  nunc  obvius  occurrit,  laetabundus  hie 
psallentium  chorus,  eandidatus  Clerus,  uniyersus  Ordo  eccle- 
siasticus  :  destinatum  Te  suum  Principem,  patriae  paren- 
tem,delitias  generis  humani,  libertatis  suae  vindicem,  laetis 
animis,  festivissimis  gratulationibus  (ut  par  est)  exccpturus. 
Sub  cujus  justitiae  asylo,  atque  rectissimi  imperii  modera- 
mine  aequissimo  agens,  possit  olim  proiligatis  rerum  turbini- 
bus,   secura   pace,  Deo  ac  religioni,  alacrius,  expeditius, 
tranquillius  vacarc.  Quod  tandem  Te  sic  praestiturum,  procul 
dubio  pollicentur  ingenita  pietas,  innata  bonitas,  avita  ilia 
(qua  es  a  tcneris  imbutus)  Religio  tua,  ilia  scilicet,  cujus  pecu- 
liar! in  Rem  christianam  significatione,.Divi  illi  heroes,  inclyti 
majores  tui,  pulcherrimam   illam  singularemque  Gatholico- 
rum  Principum  nomenclaturam,  sunt  baud  injuria  jam  pridem 
sortitl.  Quam   incomparabilcn  Religionem ,  ita  a  majoribus 
usque,  in  Te  unum  cumulatissime  transfusam,  Deyotus  hie 
Clerus  sperat,  Te  imperante,  tecum  quoque  ex  aequo  impe- 
raturam.  Quo  fit,  hinc  sibi  facile  persuadeat,  sua  omnia  (quibus 


(  424  ) 

donatus  est) jura, privilegia,  Te  adsertore ,  Te rerum  gubcrna- 
cuia  tcnente ,  ei  salva  ct  incolumia  fore.  Quod  te  ita  ex  sen- 
lenda  pracstaotc,  profecto  faustus,  fortunalus,  auspicatissimus 
is  tuus  priocipatus  Tibi  cedet  auspicatius,  florebit  laelius, 
pcrslabit  diutius  :  largiente  id  quidem  Rcgum  Rege,  princi- 
pum  principe ,  Dominantium  Domino,  Optimo  Maximo  Deo,  in 
cujus  manu  cor  regis,  salus  est  principis;  maxime  per  qucm 
rcges  regnant,  principes  imperant,  potentes  decernunt  jusli- 
tiam . . .  Dixi. 


N»  7. 


D.  Hadriano  Florentio  Moderatori  Caroli  Principis  instbuc- 

TISS.  BUSLIDIUS,  GAUDERB,  BENE  AGERE. 

Quoties  a  publicis  muneribus  (me  sibi,  qnantuluscunquesim, 
vindicantibus]  vacare  contingit,  festis  scilicet  celebrioribus 
Deo  imprimis  et  religioni  sacratis  intercedentibus  :  soleo  tunc 
caeleris  quibusyis  neglectis,  rei  sacrae  et  lectioni  divinae  ani- 
mum  intendere.  lisque  me  exerccndo  nonnunquam  vel  stiium 
adplicare  ad  ea  quae  imprimis  religionem  sapiaut,  et  maximi 
ad  pietatem  piasmentesinstruant.  Hoc  equidem  institute  mco, 
voluptate  fruensduplici,  scilicet  tumpia  legendo,  tum  lecta 
pie  scribendo.Utpote  quae  aeque  reficiat,  tammentem  lectoris, 
ac  manum  exarantis.  Quod  quidem  juxta  antiquum  nostrum 
(nescio  an  satis  probatum)  institutum,  actis  iis  festis  proxi- 
mis,  ilerum  tentavi.  Idque  inter  alia  multa,  litteris  prose- 
quendo  diram  illam  et  feralem  trucidationem ,  qua  profanus 
vir  ille,  acsanguinarius  Herodes,  tot  candidatorum  infantium 
sustulit  millia.  Ut  inter  haec  de  regno  suo  sollicitus ,  natum 
perderet  Christum,  quem  formidabat  successorem  futurum. 
In  cujus  immanitatis,  nimiumque  grassantis  impietatis  prae- 
senti  prosequutionc ,  ego  patrata  tarn  execrabili  saevitia  indi- 


(  428  )' 

gnatus^  baud  operae  pretium  duxi,  multum  de  still  clegantia 
laborare.  Quando  satis  superque  bonum  (quein  ars  aut  natura 
negavit)  fecit  indigoatio  versum.  Queiii  qualiscuDque  siet,  tu 
candide  lege,  et  boni  interea  consule.  Vale. 

Quid  DOD  livor  edaz?  quid  non  vesana  cupido? 
Etmisera  ambitio,  mortalia  pectora  cogant? 
Hoc  hodie  Herodis  rabies  traculenta  nefandi , 
Impietate  sua  palefecit.  Flectere  solas 
Dum  vult  terrenl  nimium  moderamina  regni; 
In  Christum  uatum,  coelum  terras  moderantem, 
(Proh  scelus  infandum)  mortem  molitur  iniquam  : 
Ob  natum  banc  unum,  natorum  millia  perdens, 
libera  adbuc  tenerum  lactantia  dolcia  matrum. 
Quis  furor  immanis  ?  quaenam  dementia  tanta, 
Ad  tantum  facinus ,  potuit  te  ferre  sceleste? 
Auclorem  ut  Titae,  tentares  perdere  morte , 
Quo  tibi  vita  data  est, omnis  collata  potestas. 
0  scelus  ioYisum,  cunctis  damnabile  saeclis. 
Infans  angustis  quem  stringit  fascia  cunis, 
Inque  sinu  carae  requiescens  pusio  matris 
Toliltur  e  medio,  vitam  cum  sanguine  fundens. 
0  feritas  funesta  nimis,  sitibunda  cruoris! 
Reddens  tot  matres  carorum  cladibus  orbas. 
A  qua  non  potuit  pietas  lacbrymosa  parentum 
Pignoribus  caris  vitam  exorare  cnpitam. 
Quo  minus  innocuos  in  prime  limine  Titae 
Arriperet,  tenebras  dans  lucem  intrantibus  istam. 
0  fortunati  nimium ,  vereque bead, 
Qui  nondum  experti  praesentis  munia  vitae  : 
Quorum  pes  nondum  potuit  bene  figere  gressum, 
Os  tenerum  nondum  sermonis  coeperat  usum. 
Regem  hodie  natum  confessi  sanguine  tuso^ 
Occumbunt  pulcbram  pro  Christo  nomine  mortem. 
Piaudite  felices  animae,  gaudete  beatae, 
Inmaculatum  agnum  passim  sine  fine  sequendo, 
Virginitas  quibus  illibata  ^t,  flosqne  pudoris. 


2**  SfiRIE ,  TOME  XXX\l.  28 


t  426  ) 

N*  8. 
Bbrnardino  cardinali  sanctae  Crucis  Legato  Apostolico. 

Litteris  tuis  ex  Agrippina  RomaDoram  Colonia  acceptis, 
mirifice  sum  recreatus  :  quod  te  eo  venisse ,  cum  universo  co- 
mitatu  salyum  Duntiarent.  Hodie  vero  quum  te  felici  pro- 
gressu,  illam  tuam  toties  desideratam,  caput  orbis  Romam 
tenere  intelligebam,  iacomparabili  sum  gaudio  affectus.  Quando 
citra  omnem  malignantis  fortunae  casum  Deo  Optimo  Maximo 
duce,  peregrinationem  difficilimam,  in  tanta  eoeli  inclaemen- 
tia  et  temporisincommoditate  absolveris,  tot  asperrima  Alpiom 
superando  juga, donee  tandem  beatissimam  illam,  altricem  tui, 
videres  Urbem,  te  quidem  ad  se  reducem,  laetitia  tanta  et 
gratulatione  excipientem,  quanto  olim  et  moerore  et  dolore 
dimiserat  abeuntem.  Quod  ideutidem  praestitit  gloriosissimus 
ilie  sacer  cardinalium  Senatus,  una  cum  triumphanti  apostolici 
ordinis  curia  adventanti  tibiobvius,  te  animis  festiyissimis 
mird  gratulantibus,  intra  alma  moenia  Romae  reduccns  sum- 
mo  in  terris  Christi  Vicario  praesentavit  A  quo  ( quod  illius 
juxta  Totum ,  accepto  Legationis  munere  praedare  functus 
esses]  pietate  propensiore,  profusissima  gratulatione  diceris 
exceptus.  Quod  quum  ita  sit,  Deo  Optimo  Maximo  immortales 
gratias  ago,  qui  tandem  hac  pulcherrima  Legatione  abs  te  ho- 
norificentissimefuncta,  non  solum  te  tuae  jamdudura  optatae 
Romae,  vei*um  et  te  ipsum  tibi,  quieti  tuae,  et  sanctissimo 
diu  intermisso  otio  reddidit.  Otio  scilicet  suavissimis  sacra- 
rum  scripturarumstudiis,  in  quibus  te  jampridem  supremum 
eminentissimumque  locum  vendicare ,  passim  hie  vulgata  tua 
doctrina  multifaria  locupletissime  testatur.  Praesertim  Home- 
lia  tua  luculentissima,  in  aede  divi  Rumoldi  abs  te  dicta,  Gae- 
sare  Augusto  Maximiliano,  Serenissimo  Castellae  Prmcipe, 
Diva  Margarita  Caesaris  inclyta  filia  astantibus,  una  cum  fre- 


(  *27) 

quenti  devotissimi  Cleri ,  et  splendido  tot  Principum  Proce- 
rumque  ordine,  arrectis  omnium  auribus,  sanctos  monitus 
doctrinae  tuae  salutiferae  haurientibus.  Quae  quidem  Home- 
lia,  utinam  (prout  te  facturum  receperas)  in  litteras  foret  re- 
la  ta.  Qua  maxime  bic  doctiorum  turba,  non  dicam  ego,  tarn 
alta,  etsi  anhelanti,  nondum  famen  attingenti ,  veluti  coelesti 
cibo  satiati,  terrestrium  rerum  famem  deponerent,  et  aquam 
salutarem,  e  perenni  fonte,  ore  plenissimo  haurirent.  Quod  ut 
adhuc  demum  sic  praestes ,  te  obnixius  obtestamur.  Quando 
quidem  hoc  ita  praestando,  non  solum  abs  te  superstitibus,  sed 
quod  longe  pientius  est,  consultum  erit  et  posteris.  Quos  vel 
hoc  uno  immortali  beneficio,  baud  mediocriter  demereberis  : 
adeo  ut  ex  hoc  te,  quum  pie  vixisse,  tfim  pia  docuisse  arguent. 
Quo  uno  ab omnibus  expetendo  testimonio  qui  ornati  extiterint, 
tum  primum  pergloriam  aeternum  viyent,  ubi  exuta  hac  um- 
bratili  momenlanea  vita,  humanis  adcmpti  fuerint.  Interca 
vale. 


W  9. 

JaCOBO  FaBRO  StAPULENSI   PHILOSOPHO. 

Intermissam  diulinam  banc  nostram  ad  te  scriptionem, 
satius  aliquando  quam  nunquani  (vel  hac  brevi  laconiea) 
resartiendam  duxi ;  praesertim  oblata  hac  tabellarii  oceasione : 
cujus  fides  tarn  olim  tibi  spectata  quam  integritas  jamdudum 
mihi  cognita,  facile  coram  aperiet  pietatem'  in  te  meam, 
simul  et  visendi  tui  cupiditatem  incredibilem.  Utpote  nil 
magis  in  votis  ducens ,  quam  te  dulciter  amplectendo ,  anti- 
quae  nostrae,  nunquam  obliterahdae  consuetudinis  adhuc 
meminisse,  scilicet  hie  tecum  in  aedibus  Buslidiis ,  tam  tuis 
ac  meis;  quid  meis?  quin  magis  tuis  :  quas  studiosorum 
omnium  littcratorum  (id  quorum   Albo    tu   unus  occurris 


(428  ) 

nomioatissimus)  conciliabulum  dicayi.  Quod  adventanti  tibi 
adplaudcns  ut  hospiti  amico,  patebit  ctiam  ut  patrono.  Qaod 
quum  ita  futurum  sit,  te  per  contractam  inter  nos  semper 
victuram  amicitiam  fortissime  adjuro,  quam  primiim  licuerit, 
hoc  concedas  :  illam  quam  jamdiu  expectamus  fruendi  tui 
facturus  potestatem :  futurus  certi  nobis.hospes  inter  jucundos 
omnium  jucundissimus.  Quod  ita  praestando ,  praestabis  sane 
rem  te  dignam ,  mihi  gratam ,  et  communibus  amicis  deside- 
ratissimam.  Quibus  omnibus  in  tua  verba  mecum  juratis, 
atque  id  te  tanquam  in  suum  scopum  tendentibus,  tu  unus 
bene  beateque  vivendi  normula  superes  :  quam  sic  aiiquando 
utinam  ex  sententia  assequamur.  Adeo  ut  tua  signa  sequen- 
tibus,  tibi  ornamento  ,*  illis  gloriae  accedat  :  te  Auspice  in- 
primis  atque  duce,  virtutis  summam  tenuisse.  Vale. 


ErASMO    ROTERODAMO  GeRMANIAE   DECORl. 

Ornatissimae  literae  tuae  gaudio  me  affecere  incomparabili , 
tum  quod  tuae  essent,  postque  multam  expectationem  impe- 
tratae;  tum  quod  te  superstitem  adhuc  nunliarent :  contra, 
quem  aliquot  jam  menses  constans  fama ,  etsi  incerto  authore, 
demortuum  vulgaverat.  Quo  quidem  tristi  nuntio,  quemad- 
modum  tunc  cram  consternatus  :  ita  nunc  illo  vano  cognito, 
omnino  sum  mibi  redditus.  Utpole  qui  paulo  ante  te  sic 
amisso,  ipse  quasi  perieram;  et  tui  unius  desiderio  confcctus, 
desiderium  nostri  pene  reliqueram.  Quare  laus  Deo  Optimo, 
qui  utriusque  salutem  ex  alterius  salute  metiens  :  et  me  in  te, 
teque  propter  me  servayerit;  sicque  servando,  aiiquando 
daturus,  nos  propius  atque  vicinius  agere.  Quos  jamdudum 
idem  amor  virtutis,  eadem  studia,  idem  animarum  consensus, 
indiyidua  caritate  copulavit.  Ad  literas  tuas  redeo.  Quibus  ea 


(  429  ) 

quae  de  Regibus  licentiosius  perscripseris ,  abunde  perspexi. 
Quae  tamen  quum  hujusmodi  sint,  ut  tutius  coram ,  auribus 
fide1ibus,quamepistolis  credantur  :  tuae  prudentiae  erit,in 
iis  recensendis  stylum  temperare,  de  ilsque  parchis  agere. 
Ne  forte  quandoque  deferendi  tui  apud  Principes  occasionem 
praestes  obtrectatorum  delatorumque  malevolae  turbae.  Quo- 
rum in  Aula  principali  summa  celebritas  est,  prout  tu  sat 
Dosti ,  ipseque  aliquando  periculum ,  non  sine  periculo  feci. 
Praeterea  quae  de  sacerdotio  tibi  parando  scribis :  esto  res 
ipsa  nondum  ad  umbilicum  (ut  aiunt)  sit  deducta  :  tamen 
non  omnino  displicent.  Gaeterum  magna  me  spes  fovet ,  id  tibi 
tandem  obventurum  :  quod  tam  sancte  tibi  receptum ,  toties 
fuit  repromissum.  Modo  tu ,  morae  si  quid  intervenerit,  non 
pertoesus  :  aut  improbi  laboris  non  impatiens  :  alacriter  in 
incepto  pergas  :  tuumque  quotidieMaecenatemurgeas,  tibi 
longe  magna  debentem.  Utpote  cui  jam  tot  annos  tuum  de- 
sudat  ingenium  :  obviumque  semper  et  expositum  extiterit 
obsequium.  Quare  ut  paucis  me  absolvam  :  necesse  est,  mo- 
destiae  tuae  oblitus ,  perfrices  frontem  ;  dcdiscas  esse  philoso- 
phum  te :  induasque  personam  clientuli  cujusvis  improbissimi, 
vel  antelucano  fores  patroni  pulsantis,limenque  conterentis; 
tamdiu  importunus,  quousque  tandem  exoret.  Vale. 


Sur  un  document  inedit  relatifa  Phistoire  de  la  lepre  dans 
les  PayS'Bas;  par  M.  Emmanuel  Neeffs. 

J'ai  rhonneur  de  donner  communication  k  TAcad^mie 
d'un  document  d'une  nature  toute  sp^ciale,  relatif  ^  I'his- 
toire  de  la  l^pre  dans  les  Pays-Bas. 

On  salt  combien  la  soci^t^  d'autrefois  ^tait  s6v£re  pour 
les  malbeureux  que  cette  maladie  frappait.  Impuissante  ^ 
adoucir  leurs  peines,  elle  s'^vertuait  k  pr^rver  les  popu- 


(  450  ) 

lations  d'uDe  affection  qo'elie  regardait  comme  conla- 
gieuse.  Nos  archives  nationales  regorgeDt  de  dispositions 
rigoureuses,  prises  contre  les  ladres,  tant  pour  r^lementer 
leur  habitation,  leur  nourriture  et  leurs  vdtements,  que 
pour  ^tablir  leur  condition  sociale  et  mSme  pour  restreindre 
Texercice  de  leurs  droits  civils.  Relegu^s  dans  les  lazarets, 
lesl^preux  ^taient  mis  oflSciellemenl  au  ban  de  la  soci^t^; 
lis  6taient  stigmatises  par  la  loi,  qui ,  rench^rissant  sur  les 
traces  si  visibles  de  leur  mal,  les  d&ignait  encore  k  la  r^ 
pulsion  de  leurs  concitojens  en  leur  imposant  un  cos- 
tume special  et  en  armant  leurs  mains  d*un  instrument 
sonore  destine  &  avertir  de  leur  presence  et  k  faire  fair 
leur  approche. 

Le  bout  de  parcbemin  que  je  poss^de  est  un  cerlificat, 
6manant  des  autorit^s  ou  des  proviseurs  jur^  de  la  cha- 
pelle  de  Saint-Jacques,  hors  des  murs  de  Harlem.  U  nous 
parall  int^ressant  d*abord  k  raison  de  sa  raret6,  conse- 
quence du  soin  que  Ton  mettait  k  an^anlir  et  k  livrer  aux 
flammes  les  objets  ayant  appartenu  aux  infect^s;  ensuite  k 
raison  de  T^poque  relativement  r^cente  de  son  impression, 
c*est-&-dire  d*un  temps  (1S76)  oil  le  mal  semblait  sur  le 
point  de  disparattre  de  nos  provinces. 

La  piece  est  imprimee ,  ce  qui  fait  supposer  que  les 
jur^s  de  la  leproserie  de  Harlem  faisaient  encore  k  cette 
epoque  une  grande  consommation  de  billets  de  I'espece. 

Le  bulletin,  en  caract^res  gothiques^  est  ainsi  congu: 

c  Renlick  si  alien  luyden  hoe  dat  wy  ghemeen  gheswore 
»  van  Siute  Jacobs  capellc  buyle  Haerlem  /  gheproeft  en  met 

»  aire  naersticheyt  besien  hebben  /  een  persoou  ghe- 

»  iiocmpt welcken  wl  nu  tcr  tyt  Mellacts  wtgheven  /besmet 

»  met  Lazarye  /  waer  omme gaen  sal  met  vlieghers  /  een 

»  clap  hebbende  op  die  borst  /een  swarte  hoet  op  thooft/be- 


(  *3*  ) 

»  cleet  met  een  wilten  band  sonder  ander  band.  In  kennisse 
>  des  waerheyts  soo  hcbben  wy  gbemecn  gbcsworen  voor- 
»  schrevcn  /desen  brief  beseeghelt  met  ons  ghemeen  zeghel. 
»  Int  jaer  Ons  Heeren  duysent  vyf  hondert  ende  76.  • 

Plusieurs  additions  manuscrites  viennent  completer  le 
certiflcat.  Des  espaces  vides  ont  ^l^  m^nag^s  dans  le  texte 
pour  recevoir  des  annotations  de  detail ,  telles  que  ceiles 
qui  devaient  determiner  le  sexe  et  les  qualiflcations  du 
porteur  de  la  forroule.  Le  premier  blanc  entre  les  mots 
een persaon  a  ^t^  rempli  par  le  mot  mans;  dans  le  se- 
cond blanc  apr^  le  mot  ghenoempty  nous  lisons  les  noms 
de  rinfect6 :  Peeler  Jans  van  Anhverpen;  enfin  a  la  suite 
des  mots  waer  omme^  il  a  ii&  ajout^  dat  hi.  La  date  (15)  76 
a  &i&  ratur^e  et  remplac6e  k  la  plume  par  dri  en  tnegen- 
tick. 

l.e  bulletin  est  k  terme,  valable  pour  une  ann6e,  comme 
rindique  Tinscription  manuscrite,  plac^e  sous  les  carac- 
tdres  imprim^  :  Dese  brief  duert  van  sestiende  januarius 
voer  jaer. 

Malbeureusement  le  sceau  de  la  16proserie,  qui  avait 
emis  le  certificat ,  a  disparu. 


(  432  ) 


CliASSE  DES  BE40X-ARTS. 


Seance  du  9  oclobre  1873. 

M.  L.  Alvin  ,  directeur. 

M.  Ad.  Qdetelet,  secretaire  perp6luel. 

Sont  presents :  MM.  N.  De  Keyser,  G.  Geefs»  J.  Geefs, 
F.  De  Braekeleer,  C.-A.  Fraikin,  fid.  F6ti8,  Edm.  De  Bus- 
scber,  J.  Portaels,  Aug.  Payen,  le  chevalier  L.  de  Burbure* 
J.  FraDck,  G.  De  Mao,  Ad.  Siret,  J.  Leclercq,  Ern.  Slinge- 
neyer,  Alex.  Robert,  F.-A.  Gevaert,  membres. 

MM.  Cb.  Montigny,  membre^  et  £d.  Mailly,  correspond 
dani  de  la  classe  des  sciences,  assistent  i  la  s^nce. 


CORRESPONDANCE. 


La  classe  apprend  avec  un  vif  sentiment  de  regret  la 
mort  del'un  de  ses  associ^s  de  la  section  de  peinture,  sir 
Edwin  Landseer,  d^c^d^  k  Londres  le  V  octobre  courant. 

—  M.  le  Ministre  de  Tint^rieur  adresse ,  pour  la  biblio- 
tbique  de  FAcademie,  un  exemplaire  de  deux  brochures 
intituldes  :  V  Hugues  Vander  Goes,  sa  vie  et  ses  ceuvres, 


(  453  ) 

par  M.  Alph.  Wauters;  2""  J.-B.  Juppin  et  H.  LaffaMque, 
peintres  namurois,  par  Alexis  Deschamps.  —  Remerc!- 
ments. 

—  MM.  Aoguste  Schoy  et  Henri  Blomme  remercieDt 
pour  la  distinction  dont  ils  ont  6i6  I'objet  lors  du  dernier 
concours. 

—  H.  le  direoteur  annonce  qae  les  cinq  projets  qui  ont 
pris  part  au  concours  d'architecture  de  cette  ann^e  sont 
actueliement  expose  dans  la  salle  de  la  Rotonde,  au 
Mus^. 


RAPPORTS. 


Selon  Topinion  verbale  ^mise  par  M.  Gevaert ,  le  travail 
manuscrit  de  M.  L.-G.-M.  Brixbe,  de  Li^ge,  Sur  la  nomen- 
clature latine  des  notes  de  musique,  sera  d^pos^  aux  ar- 
chives. Des  remerctments  seront  exprim^s  k  I'auteur. 

—  La  classe  entend  ensuite  la  lecture  du  rapport  de 
MM.  Joseph  Geefs,  Julien  Leclercq  et  Alex.  Robert,  sur  la 
lettre  que  TAcad^mie  imp6riale  des  beaux-arts  de  Sainl- 
P^tersbonrg  avait  envoy^e  k  la  compagnie,  en  lui  deman- 
dant son  avis  relativement  k  la  creation  d*une  classe  d*6l6- 
ves  m^ailleurs. 

L' Academic  de  Saint-P^tersbourg  d^sirait  obtenir  les 
renseignements  suivants  : 

1*"  D*apr6s  quel  syst^me  doit-on  enseigner  Tart  du  m£- 
dailleur? 


(  ^34  ) 

2*  Qaelles  soot  les  connaissances  speciales  qoe  doivent 
acqu^rir  les  6l&ves  m^dailieors  ? 

3'  Ces  connaissaoces  s'acqni&reDt-elles  daos  des  coors 
instito^  expres  et  conform^meot  aux  n6cessit&  de  Tart 
da  m^illear,  ou  dans  an  cours  general? 

4*  S*il  existe ,  en  Belgique ,  an  coors  special  poar  les 
m^ailleors ,  faire  connaitra  k  quelle  ^poqae  il  a  ^t^  intro- 
duit,  quels  sont  les  auteurs  du  reglement  de  ce  cours,  etc 

5*  Des  m^ailleurs  connus,  quels  softt  ceux  dont  les 
Etudes  ont  &t&  faites  k  TAcademie  des  beaux-arls,  etc.? 

Voici  le  rapport  des  trois  commissaires  qui  avaient  £le 
d&ignds  par  la  classe  pour  examiner  les  cinq  questions 
ci-dessus : 

c  Aprteavoir  prisconnaissance  de  la  lettre  deTAcad^mie 
imp^riale  des  beaux-arts  de  Saint-P^lersbourg,  relative  k 
la  creation  d'une  classe  d'artistes  m^ailleurs,  nous  avons 
rhonneur  de  vous  printer  notre  opinion  sur  les  ques- 
tions pos^s  : 

PRBMlteE  QUESTION. 

Les  etudes  des  Hives  medailleurs  sont  en  general  les 
mimes  que  celles  des  sculpteurs. 

Aprte  avoir  re^u  les  premiss  notions  de  dessin,  relive 
s'appliquera  au  dessin  et  au  modelage  d'aprds  les  bustes, 
statues  et  bas-reliefs  grecs  antiques.  II  travaillera  surtout 
beaucoup  d'aprte  les  portraits  grecs  et  romains,  tant  bustes 
que  m6dailles  ou  m^dailions,  pour  bien  ^tudier  les  carac- 
tires  tjpiques  et  pbysionomiques  des  personnages. 

Le  modelage  d'aprte  le  mannequin  drap^  sera  trte-utile 
pour  ^tudier  Tagencement  et  la  disposition  des  draperies. 

Le  cours  des  616ves  medailleurs  comprend  en  outre  Le 


(  455  ) 

modelage  d'aprds  nature  et  la  composition  de  sujets  appli- 
cables  a  Tart  du  m^dailleur.  Quant  k  la  pratique,  V&hse 
Tapprend  enlre-temps,  pour  se  former  la  main,  et  s'y  per- 
fectionne  dans  Tatelier  d*un  maltre  m^dailleur. 

Nous  croyons  qu'il  est  6galement  n^cessaire  d*eiiger  des 
eleves  m^dailleurs  quelques  copies  lant  en  creux  qu*eu  re- 
lief des  beaux  cam^es  antiques,  afin  de  former  des  eleves 
capables  de  graver  la  pierre  fine,  qui  se  traite  presque  tou- 
jours  en  creux  pour  obtenir  des  ^preuves  en  cire. 

DBUXll^MB  QUESTION. 

Les  connaissances  scientifiques  et  autres  que  le  medail- 
leur  doit  posseder  sont:  l^anatomicy  la  perspective  lineairej 
Vhistoire  grecque  et  Chistoire  romainef  la  mythologies  la 
signification  des  divers  attributs^  symboles  et  emblemes,  II 
lui  est  egalemefU  utile  de  suivre  le  cours  de  I'histoire  de 
son  art  et  celui  de  Vesthetique  en  general.  Les  notions  de 
perspective  serviront  a  I'eleve  pour  les  medailles  de  peu  de 
relief  el  surtout  pour  les  jetons,  oil  I'on  en  fait  souvefU 
usage, 

Ces  objets  demandent  one  gravure  tr^-d^licate ;  c*est 
pourquoi  nous  pr^nisons  la  gravure  en  creux  que  Ton  a 
trop  n^lig6e  depuis  rinvention  du  tour  k  portrait. 

TROISI^MB  QUESTION. 

Les  cours  d^anatomie,  de  perspective^  d'histoire  ancienne 
el  d'esthetique,  donnes,  par  des  professeurs  speciaux^  aux 
sculpteurs  et  aux  peintres ,  sont  ordinairement  suivis  par 
les  medailleurs.  L'etude  des  attributs  ainsi  que  Vhistoire 
de  I'art  du  medailleur  conviennent  plus  specialement  aux 
eleves  de  cette  classe. 


(  456  ) 

QUATRliME  QUESTION. 

//  n'existe  dans  le  pays  aamn  cours  particulier  pour 
les  eleves  medailleurs ;  les  jeunes  gens  qui  se  destinent  a 
cet  art  suivent  ordinairement ,  dans  les  academies  du  pays, 
les  memes  cours  que  les  sculpteurs  et  eludient  la  pratique 
chez  un  maitre  medailleur. 

GINQUI&ME  QUESTION. 

Ont  ainsi  fait  leurs  etudes  dans  le  pays  : 

Feu  MM.  Braemt ,  graveur  k  la  Monnaie  de  Belgique, 
Jouvenel,  Hart,  Dargent,  Alexandre  Geefs. 

M.  Leclercq,  actuellement  directeur  de  rAcad^mie  de 
Lokeren. 

M.  Joseph  Wiener,  et  son  fr^re  Leopold  Wiener,  qui  a 
remplac6  M.  Braemt  k  la  Monnaie  du  pays.  » 

La  classe  decide  qu*une  copie  de  ce  rapport  sera  com- 
muniqn^e  k  I'Acad^mie  des  beaux-arts  de  Saint-P^ters- 
bourg. 


CAISSE  CENTRALE  DES  ARTISTES. 

M.  £d.  F^tis,  secretaire  du  comit^-directeur  de  la  Caisse 
cenlrale  des  artistes  beiges,  donne  lecture  de  I'Expos^ 
g^n^ral  de  I'administration  pendant  Tannic  1872,  adopts 
en  s^nce  du  comity. 

Voici  ce  compte  rendu  : 

c  Gommen^ns  par  enregistrer  un  nouvel  acte  de  la  mu- 
nificence royale  qui  a  valu  k  la  Caisse  le  don  d'une  sommc 


(  437  ) 

de  500  francs  et  signaloos  l*extrdme  gratitude  qui  a  ac- 
cueilli  ce  t^moignage  de  la  sollicitude  du  souverain  poor 
notre  institution  qui  avait  re^u  pr^cMemment,  k  diverses 
reprises,  des  marques  de  sa  g^n^rosit^. 

Offrons  aussi  un  juste  Iribut  de  reconnaissance  a  H"*^  la 
baronne  Nathaniel  de  Rothschild  qui,  k  {'occasion  de  son 
Election  comme  memhre  de  la  Soci^t^  helge  des  Aquarel- 
listes,a  hien  voulu  faire  parvenir  k  Finstitution  une  somme 
de  300  francs. 

Nous  avions ,  dans  notre  dernier  rapport ,  annonc^  par 
anticipation  ces  deux  g^n^reux  versements,  en  ajoutant 
que,  vu  I'epoque  de  leur  reception ,  ils  seraient  seuleineni 
port6s  au  hiian  de  Tannic  1872.  Nous  en  renouvekins  la 
mention  dans  le  compte  rendu  qui  accompagne  T^tat  finan- 
cier ott  ils  se  trouvent  port6s. 

G'est  6galement  avec  empressement  que  nous  adressons 
k  M.  Gallait,  notre  illustre  confrere,  Texpression  de  la  re- 
connaissance de  la  classe  des  beaux-arts  et  de  tons  les 
membres  de  I'association ,  dont  nous  nous  faisons  Tinter- 
pr^te,  pour  la  g^n6reuse  r^olution  qu'il  a  prise  en  aulo- 
risant,  de  sa  propre  initiative,  Texposition  au  profit  de  la 
Caisse  de  ses  derni^res  oeuvres  la  Paix  et  la  Guerre  j  les 
portraits  de  sa  fille  et  de  sa  petite-fille,  ainsi  que  le  portrait 
du  g^n^ral  de  Lamoriciere.  Gette  exposition,  qui  a  re^u  un 
nombre  considerable  de  visiteurs,  a  produit  une  somme  de 
2,251  francs.  Ce  n'est  pas  la  premiere  fois  que  nous  avons 
k  enregistrer  la  mention  d'un  riche  present  de  notre  il- 
lustre confrere  k  I'institution  de  la  caisse  centrale  fond^, 
il  y  a  vingt-trois  ans,  sur  sa  proposition  et  k  laquelle  il  n*a 
cess^  de  t^moigner  le  plus  vif  int^r^t. 

La  Society  beige  des  Aquarellistes ,  qui  fait  de  chacuoe 
de  ses  belles  expositions  I'occasion  d'un  acte  de  lib^ralisme 


(  440  ) 

employer  pour  arriver  i  les  d^finir  et  les  limiter;  —  Notes  sur 
deux  moDstruosit^  observdes  chez  des  Col^optires.  Bnixelles, 
i873;2broch.in-8». 

Cartulaire  de  la  commune  de  Namur ,  recueilli  et  annole 
par  J.  Borgnet  et  J.  Bormans.  Tome  second.  Namur,  4873; 
in.8*. 

Verslag  over  het  bestuur  en  den  ioesiand  der  zaken  van  de 
etad  Tumhout,  1873.  Turnhout;  ia-S*. 

MinisUre  de  I'interieur.  —  Goucours  triennal  de  litt^rature 
dramatique  en  langue  fran^aise,  4870-1872.  Rapport  par  ie 
jury.  Bnixelles,  1873;  in-8^ 

Commission  royale  pour  la  publication  des  aneiennes  lois 
et  ordonnanees  de  la  Belgique. —  Proces-yerbaux  des  s(Sanoes. 
¥]»•  vol.,  IIl«  cahier.  Bruxelles,  1873;  in-8«. 

Le  Bibliophile  beige,  Vlll'^'ann^e,  liy.  7  et  8.  Bruxelles, 
1873 ;  cab.  in-8% 

Commissions  roycUes  d'art  et  d'archeologie.  —  Bulletin, 
XII"'  annde,  5  et  6.  Bruxelles,  1873 ;  in-8^ 

Sociite  roycUe  de  numismatique  y  d  Bruxelles.  —  Revue, 
5-  sirie,  tome  V,  4-  llvr.  Bruxelles,  1873 ;  in-8«.  —  25-  flec- 
tion k  la  pr^sidence,  assemblee  g^nerale  du  6  juillet  1873. 
Bruxelles,  1873;  in-8^ 

VAbeille,  revue  pedagogique,  XIX''''  annde,  7  k  9**  livr. 
Bruxelles,  1873;  cab.  in-8^ 

Bulletin  du  musee  de  I'industrie  de  Belgique,  32**  annde, 
aoiit  1873.  Bruxelles;  in-8^ 

AnncUes  des  travaux  publics  de  Belgique,  i"  cabier, 
tome  XXXL  Bruxelles,  4873;  in-8*. 

Chronique  de  I'industrie,  vol.  II,  W^  74  k  86.  Bruxelles, 
1873;3feuillesin-4'. 

Journal  des  Beaux- Arts,  XV"«  ann6e,  n**  13  li  18.  Saint- 
Nicolas,  1873;  6  feuilles  in-4^ 

Revue  de  Belgique,  5*"*  ann6e,  7"*  k  9°"*  livr.  Bruxelles, 
1873;3cab.in-8^ 

Fidiration  des  Sociitis  ouvriires  catholiques  beiges.  -^ 


(  441  ) 

Compte-rendu   de  Tassemblde  g^n^rale   tenue  h  Louvain  ]e 
ii  mai  i875.  Liege,  4873;  ia-8^ 

Societe  malacologiqtie  de  Belgique  d  Bruxelles.  —  Annales , 
tome  VI,  4874.  Bruxelles,  4875;  in-8';  —  Proces-vcrbaux  dcs 
stances  des  i*' juin,  6  juillel  et  3  aout  4873;  3  feuilles  in-8^ 

Jnstitut  archSologique  de  la  province  de  Luxembourg.  — 
Annales,  tome  VIII,  2°*'  cahier.  Arlon,  1873;  in-8^ 

Willems- Fonds  te  Gent,  —  Uitgave  n"  74  :  keus  uit  dc 
dicht-en  prozawerken  van  J.-F.  Willems,  2*^*  deel.  Gand, 
4873;  in-8^ 

Revue  de  I'instruction  publique,  XXI"**  ann^e,  3'°*  livr. 
Gand,  i873,  in-8^ 

VAbeille,  revue  p^dagogique,  XIX"*  ann^e,  6"*  h  9"'  livr. 
Bruxelles,  1873;  4cah.  in-8^ 

Cercle  archeologique  du  pays  de  Waes ,  d  Saint-Nicolas.  — 
Annales,  tome IV"*,  i"*  livr.,  juin  4873.  Saint-Nicolas,  gr.in-8«. 

Academic  royale  de  midecine  de  Belgique.  —  Bulletin, 
1873,  3'"'s^rie,  tome  VII,  n"  6  et  7.  Bruxelles,  4873;  in-8^ 

Sociile  royale  des  sciences  midicales  et  nalurelles  de 
Bruxelles.  —  Journal  de  medecine,  57'"*  vol.,  31*"*  ann^c, 
juillet&  septembre.  Bruxelles,  4873;  3  cah.  in-S"". 

Annales  de  midecine  vetirinaire,  XXII"*  ann^e,  7"*  k  9'°* 
eahiers.  Bruxelles,  4873;  3  cah.  in-8*'. 

VEcho  vU^inairCj  S"*  annee,  n^*  4,  3,  6.  Li^ge,  4873; 
3  cah.  in-S"*. 

Anncdes  d'oculistique ,  36"*  ann^c,  i^ei  2"*  livr.  Bruxelles, 
4873;  in^*. 

Soci4ti  de  midecine  d'Anvers.  —  Annales ,  XXXI V"*  ann^e, 
livr.  de  juillet  h  septembre.  Anvers ,  4873;  3  cab.  in-8^ 

L'i^cAo  midical,  4"*  ann^e,  n"*  6  i  9.  Bruxelles,  4873 ;  3  cah, 
in-8». 

Sociiti  midico^hirurgicale  de  Li4ge.  —  Annales ,  4  2"*  annde, 
aout-septembre.  Li^ge ,  4873;  in-8*. 

Alberdingk'Thijm  {Jos.  A.).  —  Karolinische  verhalen, 
tweede,omgewerkte,  uitgave.  Amsterdam,  4873;  in-8*. 
2"*  sAbie^  tome  xxxvi.  29 


(  442  ) 

De  Vries  (M)  en  Verwijs  (£".).  —  Woordenboek  der  nedcp- 
landscbe  taal.  ^'  recks,  VI^*  aflev.  Onizaten-  Onbehendig. 
La  Haye,  1875;  in-8°. 

Miquel  [F.-A.-W,),  —  Illustralions  de  la  Flore  de  TAr- 
chipel  iDdien.  Amsterdam,  1871 ;  3  cab.  in-4^ 

Suringar  (W.-F.-R.),  —  Musee  botanique  de  Leide,  vol.  1 , 
Hvr.  1-5.  Leide;  in-4**. 

Vreede  (G.-W.).  —  Een  blik  op  Noordbrabants  raalc- 
rieien,  vooruitgang  en  politiscbe  ontwikkeling  sedert  1815. 
Bois-le-Duc,  1875;in-8^ 

K,  Instituut  voor  de  taal- land- en  volkenkunde  van  Ne- 
dertandsch' Indie  J  Batavia.  —  Bijdragen.  Derde  volgreeks. 
VIII"*  decl,  1.  sluk.  La  Haye,  1875;  in-8».     . 

Aoust  (I'abbe),  —  Analyse  infinit^imale  des  courbes  planes. 
Paris,  1873;  in-8\ 

Flawmarion  (C).  —  Sur  la  planete  Mars.  Paris,  1873 ;  in-4'. 

De  Backer  (Louis).  —  Histoirc  de  la  litlerature  neerlan- 
daise  depuis  les  temps  les  plus  recules  jusqu'^  Vondel. — 
Essai  de  grammaire  comparee  des  langues  germaniqucs.  ^ 
Etudes  n^erlandaises.  Paris,  1872;  3  vol.  in-8^ 

Meugy  et  Nivoit,  —  Statistlque  agronomique  de  Tarron- 
dissement  de  Vouziers,  deparlcment  des  Ardennes.  Charle- 
ville,  1873 ;  in-8**  avec  cartes. 

Chautard  (J,).  —  Sceaux  des  anciennes  institutions  medi- 
cales  de  la  Lorraine.  (1572-1872).  Nancy,  1875;  in-8».  — 
Quelques  mots  sur  les  raies  de  la  cbloropbylle.  Nancy,  1875; 

iD-8^ 

Academie  des  sciences  de  Paris,  —  Comptes  -  rendus , 
tome  LXVIII,  n"  1  &  15.  Paris,  1875;  15  cab.  in-^. 

Sociiti  giologique  de  France ,  a  Paris.  —  Bulletin ,  3"^  serie , 
tome  I",  1875,  n»  5.  Paris,  in-8^ 

Revue  des  questions  historiques,  VIII"**  annee ,  27""*  livr. 
Paris,  1875;  in-8«. 

Revue  britannique,  juillet  a  septembre  1873.  Paris;  3  cah. 
in-8». 


(  445  ) 

Journal  de  I" agriculture,  1875,  tome  II,  n""'  ^^ih  233. 
Paris;  43  cah.  in-8^ 

Le  mouvement  m4diml,  XI*"*  anii6e,  n*^'  27  k  39.  Paris, 
4873;i3feuil]esin-4^ 

Archives  de  mMecine  navalcj  tome  XX*"*,  d*"'  i ,  2,  3.  Paris, 
1873;  3  cah.  iIl-8^ 

Le  progrhs  medical y  i"  ann^e,  n°"  iO,  ii ,  42.  Paris,  4873; 
3  feuilles  in-8''. 

Revue  hebdomadaire  de  chimie,  4*"*^  ann^e,  n***  27  a  39. 
Paris,  4873;  43  feuilles  in-8^ 

Societe  des  antiquaires  de  Picardie,  d  Amiens.  —  Bulletin, 
4873,  n***  1  et  2.  Amiens;  in-8». 

Societe  industrielle  d' Angers.  —  Bulletin,  4867-4868, 
4869,  4872,  n"  4  et  6  et  4873,  4"  et  2'°»  trimestres.  Angers, 
5  cah.  in-8''. 

Societe  des  sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux. 
—  Extrait  des  proces-verbaux  dcs  seances,  tome  IX,  feuilles  b, 
c,  d.  Bordeaux ,  i  873 ;  in-8". 

Societe  des  architectes  du  d4partement  du  Nord  d  Lille.  — 
Bulletin,  n<»  3,  ann^e  4870-4874.  Lille,  4873;  in-8<». 

Bulletin  scientifique  du  departement  du  Nord,  5°**  ann^e, 
n"  6-8.  Lille,  4873;  5  cah.  in-8^ 

Materiaux pour  Vhistoire  primitive  et  naturelle  de  rhammey 
IX"»«  ann^e,  2"«  a  4™«  hv.  Toulouse,  4872;  2  cah.  in-8». 

Society  archeologique  du  midi  de  la  France ,  d  Toulouse. — 
Memoires ,  tome  X,  4'"'  livr.  Toulouse,  4873;  in-8°. 

Societe  des  antiquaires  de  la  Morinie,  d  Saint-Omer.  — 
Bulletin  hislorique,  24-  ahnde,  SS""  et  86"«  liv.  Saint-Omer, 
4873;  in-8". 

Society  d'agriculture  de  Valenciennes,  —  Revue  agricote, 
aS"'  ann<$e,  t.  XXVll,  n**'  7-8.  Valenciennes,  1873;  3  cah.  in-8^ 
Naturforschende  Gesellschaft  in  Basel.  —  Verhandlungen, 
V'^'Theil,  IV.  Heft.  BAle,  4873;  in-8». 

Materiaux  pour  la  carte  giologique  de  la  Suisse,  XII*  livr. 
Berne,  4873;  in-4^ 


(  444  ) 

iValurforschende  Gesellschaft  in  Bern.  —  MiUheilungen, 
aus  deni  Jahrc  1872,  n»»  792-8 H.  Berne,  1873;  in-8r 

Societe  helv4tique  de$  sciences  naturelles.  —  Actes  de  la 
55' session  tenue  h  Fribourg,  les  19,  20  et2i  aodt  1872.  Fri- 
bourg,  1873; in-8^ 

Societe  de  physique  et  d'histoire  naturelle  de  Genh)e.  — 
M^moires,  tome  XXH.  Geneve,  1873;  in-4^ 

Soci^U  d'histoire  de  la  Suisse  romande^  d  Lausanne,  — 
M^moires  et  documents,  tome  XXVfff.  Lausanne,  1873;  in-8''. 

5*  Gallische  naturw.  Gesellschaft.  —  Bericht,  Vereinsjahres 
1871-72.  S.Gallen,  1873;  in-8*. 

Berliner  Gesellschaft  fUr  Anthropologies  Ethnologic  und 
Urgeschichte  —  Sitzung  vom  25  januar  urid  12  april  1873. 
Berlin ;  A  cah.  in-S"*. 

Zoologische  Gesellschaft  zu  Frankfurt  a.  M.  —  Der  Zoo- 
logisehe  Garten,  XII.,  XIII.,  XIV.  Jahrg.  (Jan.-June).  Francfort 
S/M.,  2  voi.et  6cali,  in-8^ 

Justus  Perthes*  Geographische  Anstalt  zu  Got  ha.  —  Mit- 
theilungen,  19.  Band,  1873,  VIII.  Gotha;  1  cab.  in-4^ 

Archiv  der  Mathematik  und  Physiky  LV.  Theil,  2.  Heft. 
Greifswald,  1873;  in-8^ 

UniversitiU  zu  Kiel.  —  Scbriften,  aus  dem  Jabre  1872. 
BandXIX.  Kiel,  1873;  in-4^ 

K.  phys.-okon.  Gesellschaft  zu  Kdnigsberg.  —  Geologischen 
Karten  der  Provinz  Preussen,  Blatt :  12  :  Weicbsel  Delta.  Kd- 
nigsberg, 1873;  in- piano.  >-  Scbriften,  XII I  Jabrg.,  1872, 
2.  Abtb.  Kdnigsberg;  in-4\ 

Kolliker  (P.  Sigismund).  —  Geschicbte  der  Sternwarte  der 
Benediktiner-Abtei  kremsmiinster.  Linz,  1864;  in-4°. 

Astronomische  Gesellschaft  zu  Leipzig.  —  Vierteljahrscbrift, 
VIII.  Jabrg.,  April  1873.  Leipzig,  1873;  in-8«. 

Resultate  aus  den  im  Jahre  4867,  4868  auf  der  Stern- 
warte zu  Kremsmunster ,  angcstellten  meteorologischen  Beo- 
bacbtungen.  Linz,  1868-1870;  2  cab.  in>12. 


(  445  ) 

Entomologischer  Verein  zu  Stettin,  —  Zeilung,  34.  Jahr- 
gang,  n»-  7-9.  Stettin,  1873;  in-8^ 

Verein  fur  Kunst  und  A  Iterthum  in  Utm  und  Oberschwa- 
ben.  —  Vcrhandlungen,  Neue  Reihe,  ¥*•'  Heft.  Dim,  1873; 
in-4». 

R,  R,  geologische  Reichsanstalt  zu  Wien.  —  Jahrbuch, 
Jahrg.  1873,  n*  1 ;  —  Verba ndlungen,  1873,  n"«  i-6;  Vienne, 
2  cah.  in-8**;  —  Uber  einen*neuen  fossilen  Sauricr  aus  Lesina, 
von  D'  A.  Kornhuber.  Vienne,  1873;  in-4*. 

Anthropotogische  Geselhchaft  in  Wien,  —  Mittheilungen, 
HI.  Band,  n«- 1,  2,  3-4.  Vienne,  1873;  in.8». 

Universite  d'Vpsal,  —  Tbises  acaddmiques  de  1872.  Cab. 
in-4»  et  in-8". 

Sociit^  impericUe  d'agriculture  de  Moscou,  —  Journal,  1 873, 
n*  2.  Moscou,  in-8®  (en  russe). 

Loi  et  rhglement  pour  la  reorganisation  du  service  ghiiral 
de  la  statistique  en  Roumanie,  Bucbarest,  1873;  in-8'*. 

R.  Comitato  geologico  d' Italia  net  Firenze,  —  BoUetino, 
n»  7  e  8.  Florence,  1873;  in-8^ 

Bechi  (E,),  —  Saggi  di  esperienze  agrarie.  Fasc.  6  e  2.  Flo- 
rence, 1870-1873;  2  cab.  in-8». 

Revistascientifico-industriale  di  Firenze.  Anno  V,  settembre 
1873.  Florence,  1873;  in-8^ 

Canettoli  (Giuseppe),  —  Un  caso  d'ileo  -  e  dermotifo.  Na- 
ples; 1873;  in-8». 

Reale  Accademia  dei  Lineei  di  Roma,  —  Atti,  tome  XX Vi, 
sessione  i\  Rome,  1873 ;  in-4^ 

Observatorio  de  Cadiz.  —  Alraanaque  Nautico  para  1874. 
Cadiz,  1872;  1  vol.  in-8^ 

Academiareal  das  Sciencias  de  Lisboa.  —  Jornal  do  sciencias 
matbematicas,  num.  XV.  Julbo  de  1873.  Li$bonne,  1873;  in-8''. 

Royal  Society  of  London,  —  Pbilosopbical  Transactions, 
vol.  162, Part II.  Londres,1873;  voI.in-4*»;—  List,  30  tb.  no- 
vember  1872;  in-4";  —  Proceedings,  n*"  138  to  145.  Londres, 
8  cah.  in-8^ 


f  446  ) 

Nature,  ii«'  i9!2  to  203,  vol.  8.  Londres,  4873;  13  cah.  in-8^ 

The  Academy  J  n""  75  to  80.  Londres,  1873;  6  cah.  in'4\ 

London  mathematical  Society.  —  Proceedings,  n""  56,  57. 
Londres,  1873;  in-8'». 

Chemical  Society  of  London.  —  Journal,  ser.  2,  voL  XI, 
May-July,  1873.  Londres;  3  cah.  in-8*. 

Anthropological  institute  of  Great  Britain  and  Ireland  at 
London,  —  Journal,  vol.  Ill,  n°  1.  April  1873.  Londres;  in-8\ 

Linnean  Society  of  London.  —  Transactions,  vol.  XVIII, 
part  the  third,  vol.  XIX,  part  the  second.  Londres;  2  cah.in-i"; 
—  Journal,  botany,  vol.  XIII,  n**  68-72;  Zoology,  vol.  XI, 
n""'  55,  56.  Londres;  5  cah.  in-8^  —  List,  1872;  additions  to 
the  library,  June  16,  1871,  to  June,  20,  1 87 i.' Londres,  2  cab. 
in-8';  —  Proceedings,  session  1872-73.  Londres;  in-8». 

British  Association  for  the  culvancement  of  science.  —  Re- 
port of  the  forty-second  meeting  held  at  Brighton  in  august 
1872.  Londres,  1873;  in-8^ 

Geological  Society  of  London,  —  Journal,  vol.  XXIX,  part  3, 
(n«  1 15).  Londres,  1873;  in-8^ 

Society  of  antiquaries  of  London.  —  Proceedings ,  second 
series,  vol.  VI,  n«  1.  Londres,  1873;  in-8\ 

Marshall  {William  E.).  —  A  phrenologist  amongst  the  To- 
das.  Londres,  1873;  in-8^ 

Royal  irish  Academy  at  Dublin.  —  Transactions,  vol.  XXIV, 
science,  parts  XVl-XVIl,  vol.  XXV,  science,  parts  l-lll.  Du- 
blin; 1870-1872;  5  cah.  in-4';  — Proceedings,  vol.  X,  part  IV, 
ser.  II,  vol.  1,  n"  2,  6.  Dublin,  6  cah.  in-8®;  —  List,  \  decem- 
ber,  1872;  in-8»;  —  Charter,  June,  1872;  in-8^ 

Edinburgh  geological  Society.  —  Transactions,  vol.  II, 
part  II.  Edimbourg,  1873;  in-8^ 

Geological  Society  of  Glasgow.  —  Transactions,  vol.  IV, 
part  II.  Glasgow,  1875;  in-8^ 

Results  of  Astronomical  and  meteorological  observations 
made  at  the  Radcliffe  Observatory,  Oxford,  in  the  year  1870. 
Oxford,  1873;  in-8^ 


(  447  ) 

Boston  Society  of  natural  history.  —  Memoirs,  vol.  II, 
part  II,  n"»  2-5.  Boston,  1872;  2  call,  in-4*;  --  Proceedings, 
vol.  XIV,  part  II ,  vol.  XV,  parts  MI.  Boston ,  i  872-1 873 ;  4  cab. 
in-8^ 

American  Academy  of  arts  and  sciences,  —  Memoirs,  new 
series,  vol.  IX,  part  II.  Cambridge,  1875;  in-4";  —  Proceedings, 
vol.  VIII,  pp.  409-504.  Cambridge,  1873;  in-8^ 

Museum  of  comparative  zoology,  at  Harvard  College,  Cam- 
bridge {E,  U.).  —  Illustrated  catalogue,  n"  4,  5,  6.  Cambridge, 
1872;  5  cah.  in-4'';  —  Annual  report  of  the  trustees,  1871. 
Cambridge,  1872;  in-8«. 

American  Association  for  the  advancement  of  science.  — 
Proceedings  :  XX.  meeting  held  at  Indianapolis,  Indiana,  Au- 
gust, 1871.  Cambridge;  1872 ;  vol.  in-S"*;  —  XXI.  meeting  held 
at  Dubuque,  Iowa,  August,  1872.  Cambridge,  1873;  in-8^ 

Ohio  ackerbau  bericht,  4874.  Columbus;  vol.  in-8'. 

Hinrichs  {Gustave).  —  Contributions  to  molecular  science, 
or  atomechanics,  1869,  n***  3,  4;  —  The  method  of  quantitative 
induction  in  physical  science;  —  The  school  laboratory  of  phy- 
sical science,  vol.  I,  n"  1-4;  vol.  II,  n"'  1-4;  —  The  princi- 
ples of  pure  crystallography;  —  Biographical  sketch  of 
W.  von  Haidinger.  Davenport  (Iowa);  broch.  in-8®. 

Geological  Survey  of  Indiana.  -  Third  and  fourth  annual 
reports ,  Years  1870  and  1872,  by  E.  T.Cox.  Indianapolis, 
1872;  vol.  in-8"  avec  cartes. 

Wisconsin  Academy  of  sciences,  arts,  and  letters  at  Madi- 
son. —  Transactions,  1870-72.  Madison,  1875;  in-8^ 

Minnesota  Academy  of  natural  sciences.  —  Constitution 
and  by-laws.  Minneapolis,  1875;  in-8^ 

The  american  journal  of  science  and  arts ,  third  series , 
vol.  XI,  n«'  51 ,  52.  New-Haven,  1 875 ;  2  cah.  in-8^ 

Academy  of  natural  sciences  of  Philadelphia.  —  Procee- 
dings, parts  I,  II,  III  (January-September  1872).  Philadelphie, 
3  cah.  in-8''. 

The  Penn  Monthly ,  vol.  IV,  n"  44.  Philadelphie;  in-8^ 


(  448  ) 

American  philosophical  Society  at  Philadelphia.  —  Pro- 
ceedings, vol.  XII, D'' 89.  Philadelphie ;  1872;  in-8^ 

California  Academy  of  sciences ^  at  San  Francisco.  —  Pro- 
ceedings, vol.  IV,  part  V,  1872;  vol.  V,  parti.  (873.  San  Fran- 
cisco; 2  call.  in-8°. 

Dall{W>'H.).  —  Notes  on  the  Avi-fauna  of  the  Aleutian 
Islands  from  Unalaska,  Eastward;  —  Preliminary  descrip- 
tions of  new  species  of  Mollusca  from  the  northwest  coast  of 
America ;  —  Descriptions  of  Tree  new  species  of  Crustacea , 
Parasitic  on  thecetacea  of  the  N.  W.  coast  of  America; —  Preli- 
minary descriptions  of  three  new  species  of  cetacea,  from  the 
coast  of  California ;  —  On  the  parasites  of  the  cetaceous  of 
the  N.  W.  coast  of  America ,  with  descriptions  of  new  Forms ; 
—  Supplement  to  the  «  Revision  of  the  lerehratulidae.  >  San 
Francisco ;  G  broch.  in-8''. 

Smithsonian  Institution^  Washington,  —  Report  for  1871. 
Washington;  1873;  in-8'';  —  Contributions,  vol.  XVIII.  Was- 
hington, 1873;  i  vol.  in-4^ 

Department  of  agriculture ,  Washington,  —  Monthly  re- 
ports, 1872;  —  Report,  1871.  Washington,  1871-1873;  2  vol. 
in-8«. 

Deutsche  Gesellschaft  fUr  Xatur  und  Volkerkunde  ostasiens, 
zu  Yedo.  —  Mittheilungen ,  1**'  Heft,  Mai  1873.  Yokohama; 
in-V. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADEMIE  ROY  ALE  DES  SCIENCES, 


DBS 


LBTTRB8  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BEL61QUE. 

1873. —  No  H. 


CL48SE   DES  SCIENCES 


Seafice  du  8  novembre  1875. 

M.  Th.  Gluge,  direcleur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^tuel. 

Sont  presents  :  MM.  J.  d'Omalius  d^Halloy,  J.-S.  Stas, 
L.  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  de  Selys  Long- 
champs,  H.  Nysl,  Melsens,  J.  Liagre,  F.  Duprez,G.  De- 
walque,  Em.  Quetelel,  H.  Maus,  M.  Gloesener,  E.  Can- 
deze,F.  Donny,Ch.  Montigny,M.Steichen,  A.  Brialmont, 
E.  Dupont,  £d.  Morren,  £d.  Van  Beneden,  membres; 
Th.  Schwann,  E.  Catalan,  A.  Belly  nek,  associes;  C.  Ma- 
laise, £ld.  Mailly,  J.  De  Tilly,  Alpb.  Briart,  F.  Plaleau  et 
Fr.  Crepin,  correspondants, 

S"**  SfiRlE,  TOME  \XXV1.  30 


(  450  ) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  rint^rieur  adresse  une  exp^dilion 
d'uD  arrdt^  royal  du  6  octobre  dernier  qui  modifie,  dans 
le  sens  de  la  decision  de  i'assembl^e  generate  du  i5  mai 
de  cetle  ann^e,  Tarticle  4  du  r^glement  g^n^ral  de  TAca- 
d^mie,  en  ce  qui  concerne  les  Elections. 

—  M.  le  Ministre  demande  que  la  classe  veuille  bien  lui 
adresser  la  liste  double  des  candidats  deslines  a  former  le 
jury  charge  de  juger  la  cinqui^me  p(iriode  du  concours 
quinquennal  des  sciences  physiques  et  math^maliques,  qui 
sera  close  le  51  decern bre  prochain. 

La  liste  des  quatorze  noms  choisis  par  la  classe  sera 
transmise  k  ce  haut  fonctionnaire. 

—  Differenls  ouvrages  envoy6s  par  le  Departemenl  de 
rint^rieur  seront  places  dans  la  bibliolheque  de  TAca- 
d^mie. 

—  M.  de  Selys  Longchamps  pr&ente  Telat  de  la  v6g6- 
tation  k  Waremme,  le  21  octobre  dernier. 

—  M.  Cavalier  adresse  son  Resum^  metc^orologique 
pour  Ostende,  pendant  le  mois  d'octobre  dernier. 

—  M.  Ernest  Quetelet  offre  un  exemplaire  de  sa  notice 
sur  le  Congres  international  de  meteorologie  lenu  a  Vienne 
du  /*'  au  46  septembre  4873;  in-8®. 

M.  Constantin  Malaise  offre  un  exemplaire  de  son  Me- 


(  451  ) 

moire  couronnd  en  i869  par  I'Acad^mie  et  portanl  pour 
tJtre  :  Description  du  terrain  silurien  du  centre  de  la  Bel" 
gique;  in-4**. 
Des  remercimenls  sont  vot^s  aux  auteurs  de  ces  dons. 

—  La  classe  revolt  comniunicalion,  au  sujet  de  Tenvoi 
de  ses  publications,  des  lettres  de  remercimenls  dc  :  La 
Soci^t^  helv^tique  des  sciences  nalurellcs  h  Zurich^  la 
Soci^t^  chimique  de  Saint-Pelersbourg,  TOffice  du  chinir- 
gien  g^n^ral  des  £tats-Unis  au  D^partement  de  la  guerre 
^  Washington,  rObservatoire  naval  de  la  ra^me  ville,  le 
college  Harvard  de  Cambridge  (Massachusels),  le  D^par- 
tement  de  Tagriculture  k  Washington  et  M.  Agassiz,  asso- 
ci^  de  TAcad^mie,  k  Cambridge  (Etats-Unis). 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  seront  I'objet  d*un 
examen : 

i^  Des  transformations  que  subissent  les  nebuleuseSf 
par  M;  Pierre  De  Heen,  k  Louvain.  —  (Commissaires : 
MM.  Liagre,  Ernest  Quetelel  et  £d.  Mailly); 

2®  Contributions  a  la  theorie  du  blanchiment.  —  Note 
sur  la  preparation  de  Vacetylene,  —  Seconde  note  sur 
Faction  de  Vhydrogene  sur  I'acetylene  et  I'elhylene  sous 
Vinfluence  du  noir  de  platine.  —  Note  preliminaire  sur 
faction  del'effluve  electrique  sur  quelques  gaz  et  melanges 
gazeux;  par  M.  P.  De  Wilde,  professeur  k  I'ficole  mililaire 
et  a  rUniversit6  libre  de  Bruxelles.  —  (Commissaires  : 
MM.  Stas,  de  Koninck  et  Melsens.) 


—  <  Je  crois  devoir  faire  connailre  a  TAcad^mie,  signale 
M.  £d.  Morren ,  un  ^v^nement  heureux  et  important 
pour  la   botanique  :  rachevement  du  Prodromus  syste- 


(  482  ) 

matis  naturalis  regni  vegelabilis^  dont  le  dix-septi^me  et 
dernier  volume  vient  (T&ire  public.  Le  plan  de  cet  im- 
mortel  ouvragc  a  ele  con^u  par  Pyrame  de  Candolle,  qui 
a  appartenu  a  I'Acad^mie  commecorrespondanl Stranger: 
il  a  commence  a  paraitre,  sonssa  forme  deflnitive,  en  1824. 
Apr^s  la  morl  de  son  fondateur  en  i841, 1'oeuvre  a  ^t6 
continuee  parson  GIs,  M.  Alphonse  de  Candolle.  L'ouvrag^, 
consacr^aux  v^g^laux  dicoiyl^dones  seulement ,  renferme 
la  description  de  58,975  especes,  formant  5,i54  genres, 
r^unis  en  214  families.  Cest  la  plus  importante  oeuvre  de 
botanique. 

»  II  a  fallu  une  volont6  in^branlable  et  un  labeur  inces- 
sant pour  mener  i  bonne  fin  une  entreprise  aussi  vaste 
et  aussi  difficile.  La  publication  du  Prodrome  est  un  des 
plus  grands  services  qui  aient  ^t^  rendus  aux  sciences.  Je 
ne  doute  pas  que  TAcad^mie  ne  reporte  les  sentiments  de 
sa  satisfaction  sur  le  principal  auteur  et  le  promoteur  de 
Toeuvre  tout  enti^re,  M.  Alphonse  de  Candolle,  qui  fait 
d^ailleurs  partie  de  notre  Compagnie.  » 


RAPPORTS. 


Observations  de  Jupiter  et  de  Mars,  faites  a  Louvain 
pendant  Vopposition  de  ces  planetes;  par  M.  F.  Terby, 
docteur  en  sciences.- 

€  Dans  la  note  actuelle,  M.  Terby  continue  k  exposer 
les  r^sultats  des  observations  physiques  quil  a  entreprises 
depuis  assez  longtemps  sur  Taspect  des  planetes  Jupiter 


(  i83  ) 

et  Mars.  L'A6ad^mie  a  dej^  accueilli  favorablement  plu- 
sicurs  communfcations  de  I'auteur  sur  le  m^me  sujct,  el 
en  a  ordonn^  Timpression  dans  ses  Bulletins. 

Les  observations  de  Jupiler  faitcs  par  iM.  Tcrhy  pendant 
la  derni^re  opposition  s*elendent  du  23  Janvier  au  i5  mai 
1873.  Les  quatorze  dessins  qui  s*y  rapportent  sont  fails 
avec  beaucoup  de  d^licalosse ,  et  lenrechelle,  bien  qu*assez 
petite,  perinet  de  suivre  les  variations singulieres que  I'as- 
peclde  la  plan^te  subit  d'un  jour  a  Tautre. 

Ce  qui  frappe,  au  contraire,  dans  les  observations  de 
Mars,  c'esl  la  Constance  que  certaines  grandes  taches  pre- 
sentent  dans  leur  aspect  g^n^ral ,  tout  en  offrant  cepcndant 
des  variations  de  detail.  II  semble  en  resulter  que  la  surface 
de  Jupiter  ne  nous  montre  qu^une  substance  gazeuse  pro- 
fond^ment  agit^e,  tandis  que  celle  de  Mars  laisse  voir  de 
grandes  ^tendues  a  Tdtat  solide  ou  liquide. 

Les  observations  de  Mars,  rapport^es  par  M.  Terby ,  ne 
s'^tendent  que  du  13  avril  au  29  mai.  II  aurait  pu,  me 
semble-t-il,  les  prolongcr  fruclueusement  au  del^  de  cette 
derniire  date.  Cest  ainsi ,  par  exemple,  que  M.  Flamma- 
rion,  dans  un  des  derniers  num^ros  des  Comptes-rendus 
de  TAcademie  des  sciences  de  Paris  de  celle  annee ,  donne 
un  dessin  curieux  de  la  plan^tc  Mars  observ.ee  le  29  juin. 

L'observateur  fran^is  fait  la  reraarque  singuliire,  que 
la  coloration  rouge  de  Mars  lui  a  sembl^  moins  intense 
cette  ann^e  qu  en  general.  II  serail  curieux  de  savoir  si 
M.  Terby,  qui  depuis  plusieurs  annees  observe  celle  pla- 
n^te  avec  beaucoup  de  soin,  a  eprouve  la  meme  impres- 
sion. 

Les  dessins  de  Mars  executes  par  M.  Terby  pr^sentenl 
les  m^mes  qualil^s  que  ceux  de  Jupiter;  j*ai,en  conse- 
quence, rhonneur  de  proposer  k  la  classe  d'ins^rer  dans 


(  454  ) 

S6S  Bulletins  la  note  avec  les  deux  planches  qui  raccom- 
pagnenl,  et  d'adresser  des  remerclments  k  I'auteur.  » 

<  M.  Ernest  Quetelet  annonce  qu'il  partage  Topinion  de 
son  savant  confrere  sur  Tint^r^t  qu*offre  la  note  de 
M.  Terby,  et  il  en  propose  aussi  Timpression.  » 

La  classe  a  adopte  ces  conclusions. 


—  M.  Gluge,  charge  d'examiner  une  nouvelle  note  de 
M.  £d.  Robin,  relative  k  ses  travaux  de  reforme  dans  les 
sciences  medicales  et  naturelles,  en  demande  le  dep6t  aiix 
archives.  —  Adopts. 


Sur  quelques  developpements  de  la  fonclion  I  .  F  (x) 
(seconde  letlre  k  M.  Ad.  Quetelet) ,  par  M.  Genocchi, 
professeur  k  runiversil^  de  Turin. 

Hnppofi  «fe  jr.  JM  Tilly. 

€  M.  Genocchi  a  d^ontr^,  par  une  m^thode  tr^s-simple, 
dans  les  Bulletins  de  TAcademie  ('),  la  formulc  suivante  : 

x(xH-1)... (x-+-n — l)(x  H-  a) 


(*)  i'e  serie ,  I.  XX ,  2««  pariie ,  p.  393. 


i 


(  ^»» ) 

dans  laquelle 

U{x)=  ix —  o)j*^ — ^» 


(«-i)--(«  — »»)(«— 2/ 


A    =    /  ; da 


0 


X  (x  H- 1 ) . . .  (x  -+-  n) 

II  s*e8t  servi  de  cette  formule  pour  retrouver  une  s^rie 
convergente  de  Binet('),  qui  donne  le  d^veloppement  de 
rintegrale  eulerienne  de  seconde  espece  et  il  a  trouv^,  en 
m^me  temps,  une  expression  nouvelle  du  reste  de  cette 
sirie. 

Tai  pr^senle,  dans  letomeXXXVdes  Bu//e/<n,*  (2"*  s^rie), 
un  commentaire  ou  un  complement  de  Tanalyse  du  cel^bre 
geom^lre  italien,  pour  le  cas  particulier  oti  x  serait  entier. 

Dans  une  premiere  lettre  adress^e  a  M.  Ad.  Quelelet  (**), 
lettre  qui  ^lait  specialcment  relative  k  la  Gefom^lrie  et  k  la 
Mecanique  abslraites,  M.  Gcnocchi  avait  demande  que  les 
observations  faites  sur  sa  metbode  lui  fussent  communi- 
quees,  afin  de  le  meltre  k  mdme  d*adresser  une  r^ponse  k 
la  classe,  soil  pour  se  justifier,  soil  pour  reconnailre  ses 
fautes ;  et,  dans  mon  Rapport  sur  cetlc  premifere  lettre  f  *'), 
jc  disais  k  ce  propos  :  <  Cette  justification  et  cet  aveu 
seront  egalement  inutiles,  puisque  je  nVi  point  pr^t^  de 
faule  a  M.  Genocchi.  Tout  au  plus  pourrait-il  pr^tendre 

(*)  Journal  de  Vtcoh  poly  technique ,  ^T"*  cahier,  pp.  355  et  359. 
(**)  Bulletins  de  rAcadSmie,  t.  XXXVI  (2"«  s^rie),  p.  181. 
r*)  Heme  Bulletin ,  p.  124. 


(  ^86  ) 
que  ses  r^sultats  ^taient  suilisamment  clairs  et  complels 
par  eux-mdmes  el  n'avaient  pas  besoin  de  mes  commen- 
taires.  II  resterait,  le  cas  ^ch^ant,  a  discuter  cette  opinion. 

Quoi  qu'il  en  soil, je  crois  inulile  d'insister,  en  ce 

moment,  sur  ce  premier  point.  » 

Aujourd*hui  que  celte  opinion  est  en  effet  exprim^e, 
comme  on  le  verra  bientdt,  par  le  savant  professeur  de 
Turin,  le  moment  est  venu  d*en  enlreprendre  la  discus- 
sion ,  que  je  baserai  sur  une  ^tude  approfondie  de  irois 
Meraoires  de  Tauteur,  dont  les  deux  premiers  ont  6te 
ins^r^s  respectivement  dans  les  Bulletins  de  1855  et  de 
i854  et  dont  le  troisi^me  est  actuellement  soumis  k  mon 
examen. 

En  integrant  requation(i)  et  mettant  ( n  +  i )  i  la  place 
de  n,  Tauteur  trouve  (premier  M^moirc) : 

I2\.x={x  —  -1 1.x  — x-i-PoXo  —  PiXj-i-  p,X, 

je  repr^sente  par  I  Tint^grale  definie/  r^r^lllur^nr^l!'^  ^ 

et,  en  determinant  la  constante  ou  la  fonction  periodique 
qui,  dans  T^quation  (2),  est  implicitement  comprise  dans 
les  int^grales  g^n^rales  exprim^es  par  des2,  il  arrive  k 
r^quation  flnale  : 

Id             f       i\ 
21.x=-l.27r-4-  [x l.x — x-+-0oXo  —  PiX,  H 
H-(-dr-*p»..X..,-(-1)»2I. 

€  Elle  (cette  Equation)  a  paru  inexacte  »  dit  M.  Ge- 
nocchi  dans  son  troisiime  M^moire,  c  parce  que,  des 


(  457  ) 

deux  termes  sous  le  signe  2,  qu'elle  renrerme,  le  premier 
devrait,  a  ce  qu'on  supposait,  Sire  pris  entre  les  limites 
i  el  X,  le  second  entre  les  limiles  oo  eix,  Ge  qui  prScSde 
monlre  qu*il  ne  s*agitpasde  ces  limites  dans  ma  formule 
el,  en  lous  cas,  on  n'a  pas  fait  attention  i  Tarbitraire  C  que 
j'ai  ajoulee  k  la  seconde  int^grale,  car,  i  I'aide  d*une  con- 
slanle,  une  sommalion  entre  ooet  x  pent  Stre  rSduite 
Svidemment  k  une  sommalion  entre  i  el  a;,  la  difference 
entre  les  deux  sommcs  Slant  une  IroisiSme  somme  entre 
1  el  X ,  c'est-^-dire  constanle.  > 

Je  ferai  observer  d'abord  que  la  seconde  explication  de 
I'auteur,  commengant  par  les  mots  et  en  lous  cas  on  n'a 
pas  fait  attention....  J  est  inadmissible.  C'est,  au  contraire, 
en  faisant  attention  k  Tarbilraire  C  que  j'ai  reconnu  qu'elle 
a  disparu  de  Tequation  finale,  oji  elle  se  trouve  remplacSe 
par  { 1. 271.  Si  done,  dans  celte  Squatioo  Quale,  les  2  reprS- 
senlaienl  des  sommes,  leurs  limites  auraient  dA  Sire  iodi- 
quSes. 

Mais,  sans  trop  m'arrSler  sur  ce  point,  j'adopte  la  pre- 
miere explication  de  M.  Genocchi  :  les  2  ne  reprSsenlent 
pas  des  sommes,  donl  il  Taudrait  determiner  les  limites;  ce 
sonl  uniquement  des  inlSgrales  gSnerales  (*).  G'est  sous  ce 
point  de  vue  quej'analyserai  et  que  j'examiuerai  successi- 
vement  les  trois  MSmoires  de  Tauteur. 

PREMIER   MJ^MOIRE   (i853). 

L'analyse  du  premier  MSmoire  est  commencSe  A&\k 
dans  les  lignes  qui  precedent  et  les  deductions  qu'il  ren- 

n  LMntegrale  2Y  d*une  fonclion  Y  de  la  variable  a?represeiite  simple- 
inent  ici  I'une  quelconqae  des  fonclions  Z  dont  la  variation,  Z  (a;  +1 ) 
—  Z  (a;),  oblenue  en  y  rempIaQant  x par  ^+  i ,  est  egale  &  Y. 


(  *S8  ) 

ferme  sont  absolument  rigoureuses  jusqu'i  TequatioD  (2) 
ci-dessus.  De  Tequation  (2),  on  peul  aussi  passer  rigou- 
reusement  i  F^qualion  (3),  m^me  en  rempla^ant  le  pre- 
mier membre  de  celle-ci  par  LP  (ac), car  rindelerminatioo 
de  Tintegrale  21  suffit  pour  assurer  Texaclitude  du  r^ 
sultat ,  pourvu  que  Ton  choisisse  bien  cette  integrate. 
Mais  de  la  formule 

on  ne  peul  pas  d^duire  imro^diatement  la  serie  de  Binet, 
ou,  en  d'aulres  termes ,  on  n'a  pas,  a  priori,  la  certitude 
que  2 1  s^annule  lorsque  n  devient  infmi.  L'auteur  arrive 
cependant  k  celle  conclusion  et  le  raisonnement  qui  Vy 
conduit  estcontenu  dans  la  secondc  partie  de  la  page  396, 
mais  il  est  tellement  obscur  pour  moi  que  je  crois  devoir, 
avant  d'en  apprecier  la  valeur,  indiquer  neUement  com- 
ment je  rinterpr^te.  Si  mon  interpretation  n'est  pas  la 
veritable,  elle  aura  du  moins  Tavanlage  de  donner  prise  k 
la  discussion ;  on  pourra  done  m'indiquer  d*oJi  vient  mon 
errciir  et  remplacer ,  au  besoin ,  mon  explication  par  une 
autre,  pourvu  que  cette  derniere  soit,  comme  la  mienne, 
une  veritable  interpretation  du  raisonnement  de  la  page  396, 
et  non  pas  une  demonstration  nouvelle,  car  la  question 
n'est  pas  de  savoir  si  la  formule  de  Binet  est  demontrable, 
mais  bien  si  sa  demonstration  est  ou  non  contenue  dans 
le  passage  indiqu^. 

Voici  done  comment  j'ai  essaye  de  deduire  la  serie  de 
Binet  de  Tequation  (2),  en  suivant  les  deductions  du 
Memoire. 


(  459  ) 
Ooa,^videii)inent: 


2I  =  s'        I-hf„(x), 

«-l-E(«) 


(f„  (x)  rcpr&entaDi  une  certaine  fonction  p6rio(lique  de 
x(*)j  laquelle  pent  changer  de  forme  suivant  la  valeur  de 
n,  et  E  (x)  repr^senlanl  le  plus  grand  enlier  contenu 
dans  X. 
L'^quation  (2)  devient  done  : 


21.x  =  (« j  1.x  —  x-+-(3oXo  —  PiX, 


+  (-  i )"-'  p„_.X„_.  -  (- 1 )"  S  '       I  -  r„  (x). 

«-l  — E(«) 

Si,  dans  celle  Equation,  on  faitn  =  oo  (x  conservant 
une  valeur  determin^e),  il  vient : 

(5)    fl.x  =  (x-.^)l.x-.x-*-[poXo-ptX,-h...]-f(x), 

<p  (x)  repr^sentant  ce  que  devient  <p„  (x),  lorsque  n  =  oo; 
car  on  a  vu  que  I  s'annule  avec  ^,  quel  que  soit  x. 
C'est  la  Tonction  —  9  (x),  me  semble-t-il ,  qui  repre- 

x-i 

sente  I'arbitraire  C  de  M.  Genocchi ,  de  m^me  que  S  I 

pent  representer,  je  pense,  la  somme  d*un  nombre  fini 
de  valeurs  dont  il  est  question  au  bas  do  la  page  596 ; 
mais ,  si  Ton  n'admet  pas  d'avance  que  la  serie  comprise 
entre  les  crochets  soit  convergente,  on  pent  douter  que 
9  (x)  represente  une  fonction  finie  et  determin^e.  Or,  si 
cela  n'arrivait  pas,  I'^quation  (5)  n^aurait  plus  aucune 


(*)  Cest-2i-dire  une  fonction  dont  la  valeur  ne  change  pas  lorsqu'on  y 
remplace  x  par  x  -f-  1. 


(460) 

signification  et  il  n'y  aiirait  pas  lieu  d  y  chercher  la  valeur 
de  la  fonction  periodique.  Alors,  aussi ,  la  quantite  appelee 
u  (x)  par  M.  Genocchi  ne  scrait  plus  determinee  par  sa 
definition ,  et  si  on  la  defmis^ait  par  Tequation  : 

^(x)  =  PoXo-p.X,H....-*.(-i)'-»?._,X...-(-ir2I, 

il  ne  serait  plus  prouv^que  |x  (x)  s'annule  avec  ^• 

Si,  au  contraire,  on  admet  a  priori  la  convergence  de 
la  s^rie 

PoXo  —  PiX|  -+-••• 

c'est-a-dire  de  la  s^rie  de  Binet  et  si,  en  m^me  temps,  on 
consid^re  comme  Evident  .que  la  somme  de  cette  serie 
s'annule  avec^(*),  on  peut  determiner  la  fonction  perio- 
dique, pour  le  cas  oil  le  premier  membre  se  r^duit  i 
l.r(x),en  faisant  X  =x,ce  qui  annulera  fx  (x),  mais  on 
ne  peut  employer  pour  cela  la  formule  de  Wallis  que  dans 
le  cas  particulier  oil  x  est  enlier. 

Si  Ton  admet  enfln  que  la  constante  ou  la  fonction 
periodique  soit  bien  determinee,  la  formule  de  Binet 
est  etablic,  et  en  la  comparant  k  la  serie  (4),  on  voit 
que  le  reste  compiementaire  de  celle-ci  doit  s'annuler 
avec  ^t  quel  que  soit  x,  et  avec  ^ ,  quel  que  soit  n.  Cette 
derniere  propriety  determine  le  reste  compiementaire,  en 
cesensquMI  ne  peut  exister  qu'une  seule  int^grale  parti- 


(*)  Bf.  Genocchi  dit  ^  ce  propos,  dans  son  troisi^me  Memoire  :  «  et  je 
ne  pense  pas  qu^en  admeltanl  la  convergence  de  ia  s^rie 

on  puisse  doulerjpiesa  somme  se  r^duise  ^  z^ro  pour  a;  infini.  • 
J*accorde  ce  point ,  pour  abreger  la  discussion. 


(  461  ) 

culi^re  de  I  qui  jouisse  de  la  propri^te  indiqu^e,  mais  elle 
le  laisse  cependant  inconnu. 

En  r^sum6,  les  condilions  qui  manquent  au  premier 
M^moire  pour  quil  constitue  une  d^moostration  complete 
de  la  formule  de  Binet,  avec  une  expression  nouvelle  du 
reste  compl^mentaire ,  sont  lessuivanles  : 

1*"  Que  la  convergence  de  la  s^rie 

soil  (itablie ; 

2°  Que  la  determination  de  la  constante  ou  de  la  fonc- 
tion  p^riodique,  dans  I'^quatjon  (5),  s*applique  k  Thypolhese 
de  X  fractionnaire.  Cette  deuxieme  condition  correspond 
a  Tobjection  de  Schaar.  Elle  cesse  d*exister  si  Ton  se  borne 
au  cas  de  x  entier,  comme  je  Tavais  fait  dans  mon  travail 
cite  plus  haut. 

5""  Que  Ton  indique  quelle  est  rint^grale  particuliere  11 
qu'ii  faut  introduire  au  second  membre  pour  que  la  s^rie  (4), 
arrSt^e  &  un  terme  quelconque,  repr^sente  bien  1  .r(x)  et 
non  une  autre  integrale  21  .x.  11  ne  sui&rait  pas  de  dire 
que  cette  int6grale  particuliere  est  egale  k 

« 

car  on  n'aurait  pas  alors  une  forme  nouvelle  du  reste 
compiementaire. 

DeUXIJ^ME  Ml&HOlRE  (1854). 

Le  deuxieme  Memoire  a  pour  objet  principal  de  re- 
pondre  k  la  deuxieme  objection  ci-dessus  (qui  avait  ete 
faite  deji  par  Schaar)  en  supposant  que  la  premiere 
n*existe  pas  ou  qu^elle  soil  levee. 


(  462  ) 

A  cet  effet,  I'auteur  adopte  d*abord  la  definition ,  donn^ 
par  Gauss  et  par  M.  Liouville,  de  la  fonction  F  (x)  lorsque  x 
est  quelconque,  savoir : 

(6)  r  (x)  =  lim(,=, 


a:(x-+-1)...(x-i-/r  —  i) 


ce  qui  donne  ^videmment : 

r  (x)  =  1  i2  . ..  (x  —  1),  lorsque  x  est  entier, 

et  il  monlre  d'abord  que  1 .  F  (x)  est  une  des  integrates  par- 

ticuli^res  de  l.x. 

En  combinant  la  formule  (6)  avec  cette  autre  : 

l.r(x)  =  C-+-  (x  —  ~J  l.x  —  x-+-fi  (x), 

dans  laquelle  fx(x)  s'annule  avec^'  Tauteur  prouve  que 
la  valeur  de  C  doit  Stre  la  meme  pour  x  fractionnaire  que 
pour  X  entier. 

Sa  demonstration  est  rigoureuse  et  remarquable. 

Dans  ce  deuxi^me  Memoire ,  Tauteur  donne  encore  une 
demonstration  de  la  formule  de  Gudermann ,  consider^e 
comme  une  consequence  presque  immediate  de  Tequation 
precedente  et  il  en  deduit  deux  autres  expressions  de  ii  (x) 
(donnees  aussi  par  Binet)  convenant,  Tune  aus  valeurs 
de  X  superieures  k  I'unite,  Taulre  ^  toutes  les  valeurs 
positives  de  x. 

M.  Genocchi  signale  ensuite  TinsuQisance  de  quelques 
demonstrations  contenues  dans  le  Memoire  du  ceiebre 
geometie  frauQais  que  je  viens  de  citer  et  donne,  en  finis- 
sant,  une  maniere  simple  d'eiabiir  Tidentite  de  la  Tone- 


(  463  ) 
tion  r  (x)  d^finie  plus  baut  avec  I'int^rale  eul^rienoe 


/ 


3/'  6 


En  r^sum^ ,  apres  I'etude  du  deiixieme  Memoire,  il  reste 
encore  k  r^pondre  &  la  premiere  objection  et  k  la  troi- 
sietne. 

Je  saisis  celte  occasion  pour  faire  observer  que  mon 
savant  confrere,  M.  Gilbert,  qui  ne  conuaissait  pas  et  qui 
ne  connalt  pas  encore  le  troisieme  Memoire,  ne  pouvait 
done  considerer  la  th^orie  de  M.  Gcnocchi  comme  satis- 
faisante.  Le  savant  professeur  de  Turin  fait  allusion ,  k  deux 
reprises  diiKrenles,  dans  ce  troisieme  Memoire,  au  Rap- 
port que  M.  Gilbert  a  pr^sent^  i  la  classe  sur  mon  travail 
relatif  au  cas  de  x  entier.  II  s'exprime  d'abord  comme 
suit :  <  Leurs  observations  critiques....  et  surtout  certaines 
expressions  s^v^res  du  Rapport  ne  me  semblent  pas  justi- 
fi^es.  »  Cette  phrase  pourrait  faire  croire  que  M.  Gilbert 
aurait  accentue  davaulage,  dans  son  Rapport,  les  observa- 
tions critiques  contenues  dans  ma  Note  qui  a  dte  soumise  k 
son  examen.  II  n'en  estrien.  Les  expressions  auxquelles 
M.  Genocchi-  fait  allusion  sont  (ividemment  celles-ci  : 
«  II  en  est  r^sult^  une  erreur  dans  revaluation  de  la 
constante,  ou,  si  Ton  veut,  une  certaine  ind^termination 
dans  le  sens  que  Ton  doit  attacher  a  sa  formule  »  et  <  c*est 
pour  rectifier  la  formule  de  M.  Genocchi  qu'il  rem- 
place....  »  passages  dans  lesquels  les  mots  erreur  et  rec- 
tifier peuvent  seuls  £tre  qualifies  de  s^veres.  Or,  ces  mots 
n'ont  pas  et6  introduits  dans  la  discussion  par  M.Gilbert, 
lis  existaient,  je  pense,  dans  mon  manuscrit  et  je  los 
aurai  modifies  lors  de  Timpression.  D'ailleurs  le  root 


(  464  ) 

erreur  est  aussi  mitig^  dans  ]a  phrase  cit^e  plus  haut  par 
la  suile  de  celle  mSme  phrase ,  el ,  &  toul  prendre  (si  les 
observations  contenues  dans  le  present  Rapport  sont  fon- 
dles), Tomission  d'un  point  d^licat  restant  &  ^claircir  dans 
une  demonstration  nouvelle  d'une  formule  connue  ne 
peut-elle  pas  etre  qualiti^e  d*erreur? 

L'auteur  dit  aussi  que  Ton  s'est  m^pris  sur  son  but  en 
supposant  qu'il  restreignait  sa  (h^orie  aux  valeurs  enti^res 
de  X.  Mais  je  pr^senterai  k  la  classe  une  petite  Note  extraite 
de  lettres  que  M.  Gilbert  ro'a  fait  Thonneur  de  m'ecrire. 
Note  dont  je  demanderai  Timpression ,  et  dans  laquelle' 
mon  savant  confrere  explique  Ir^s-bien  qu*il  ^tait  naturelet 
rationnel  d'intcrpreter  le  premier  Memoire  de  M.  Genocchi 
comme  e(ant  uniquement  relatif  aux  valeurs  endures  de  x. 

TROISIJ^HE   HI^MOIRE   (1873). 

Apr^s  avoir  r^sum^  le  contenu  des  deux  M^moires  pre- 
cedents, Tauteur  revient  d*une  mani^re  incidente,  au  has 
de  la  page  5  du  manuscrit,  sur  le  point  que  j'ai  signale 
comme  obscur  pour  moi  dans  le  premier  Memoire ,  mais 
ses  explications  ne  m*apportent  aucune  lumi^re  nouvelle. 
Seulement  M.  Genocchi  ajoute  immddiatement :  «  ...  j'au- 
rais  pu  me  dispenser  d*y  recourir  (*)  en  d^montrant  la 
convergence  de  la  s^rie 

puisque,  cela  admis,  tout  le  reste  s*ensuit  necessairemenl, 
comme  je  viens  de  Texpliquer.  » 


(*)  L'auteur  veut  dire  qu'il  aurail  pu  se  dispenser  de  recourir  au  rai- 
aonnement  que  j'ai  declare  ne  pas  bien  comprendre. 


(  465  ) 

C'est  aussi  ce  que  j'ai  expliqu^,  k  ma  mani^re,  dans  les 
pages  qui  pr^c^dent  el  couime  le  savant  g^om^tre  ilalien 
^tablit,  par  une  m^thode  ing^nieuse  et  rigoureuse,  dans 
son  travail  acluel,  la  convergence  de  la  serie  citee  plus 
haut,  ma  premiere  objection  se  trouve  lev^e  &  partir  de  ce 
moment,  et  la  deuxieme  disparalt  avec  elle,  comme  je  Tai 
indiqu^  dans  Tanalyse  du  deuxieme  M^moire. 

II  ne  resle  done  que  la  troisi^me  observation ,  c'est-^- 
dire  Tind^termination  de  21.  L'auteur  dit,  &  cet  ^gard,  au 
bas  de  la  page  7  du  manuscrit  soumis  i  mon  examen : 
c  Dans  le  cas  de  x  enlier,  M.  De  Tilly  remplace  notre 
int^grale  2R,+i  par  — 2R,+i;  je  trouve  dans  mes  papiers 

qu*en  m*appuyant  sur  la  th^orie  des  fonclions  inexplica- 
bles  ense)gn6e  par  Euler,  j'avais  employ^  cette  mSme 
transrormation  pour  toute  valeur  de  x  et  j'en  avais  tir6 
une  limite  sup^rieure  de  la  valeur  num^rique  de  cetle 
inl^grale.  »  Cette  phrase  signifie-t-elle  que  M.  Genocchi  a 
trouv^  dans  ses  papiers  la  demonstration  de  ce  fait  que  21 
pcut  ^tre  remplac^ ,  dans  le  reste  compl^menlaire  de  la 
serie  (4),  par  —  2 1,  pour  a:  quelconque,  fait  que  j'ai  d^mon- 

lr6  seulement  pour  x  entier?  Je  crois  devoir  la  comprendre 
dans  ce  sens  el  admeltre  que  Tauleur  sous-enlend,  comme 
une  chose  6vidente,  que  — 21  est  necessairement  une 

X 

integrate  particuli6re  de  I  (on  a,  en  effet : 


t-i 


—  2l  =  S  I-S  I; 

or  le  premier  terme  du  second  membre  est  evidemment 
une  integrate  parliculi&re  de  I  et  le  second  est  une  fonc- 
tion  periodique). 

2"'  s6rie,  tome  XXXVI.  51 


(  466  ) 

S'il  en  est  ainsi ,  et  en  vertu  de  la  remarque  faite  plus 
haut,  que  Tint^grale  parlicuiiere  k  choisir  est  pr<^cis£ment 
la  scule  qui  puisse  s*annuler  avec^,  il  ne  resfe  qu'une 
chose  k  d^montrer,  c'est  quell  jouit  de  cette  derniere 
propri^t^.  Or,  cette  demonstration  est  faite  dans  le  M^- 
moire  actuel  et  elle  est  aussi  rigoureuse  et  aussi  ing^- 
nieuse  que  les  deux  aulres  demonstrations  dont  j'ai  parte 
pr^c^demment. 

Mes  trois  objections  sont  done  r^olues  et  je  suis  heu- 
reux  de  pouvoir  declarer  qu'^  mon  avis  les  trois  M^moires 
de  Tauteur,  pris  dans  leur  ensemble  et  convenablement 
interpret^  (*),  constituent  une  th^orie  tr^s-remarquable 
du  d^veloppement  de  Tint^grale  eul^rienne  de  secoude 
esp&ceen  s^rie  convergenle. 

Mais  on  reconnaitra  sans  doute,  par  tout  ce  qui  pr4- 
c&de  f  que  je  ne  devais  pas  arriver  k  une  pareille  conclu- 


(*)  Les  trois  M^moires  de  M.  Genocchi  gagneraient  beaucoup  en  clart^ 
et  en  pr^sion,  selon  moi,  s'ils  ^talent  refondus  en  un  seul  dans  Tordra 
suivant : 

Demonstration  de  r^qualion  (2)  ci-dessus  (premier  Memoire).  —  l.r  (^) 
est  une  integrate  parlicuiiere  de  l.o;  (deuxi^me  Memoire). — Passage  direct 
de  I'^quation  (2)  k  Inequation  (4)»  2 1  ne  representant  plus  qu'une  integrate 
parlicuiiere  inconnue  2'I.  —  La  serie  /3oXo  —  /3,Xi -♦-...  est  convergenle 
(troisieme  Memoire).  —  Elle  s'annule  avec-.  ~  Passage  direct  de 
requation  (2)  k  requation  (5).  —  Determination  de  la  fonction  periodique 
f[x)f  dans  cette  derniere  equation, le  premier  membre  devenant  l.T  (x) 
(deuxieme  Memoire ).  — Comparaison  des  equations  (4)  et  (5) :  elle  montre 
que  2'I  s'annule  avec  -  ,  quel  que  soil  x ,  et  avec  i  9  quel  que  soil  n.  — 
Cette  derniere  propriete  pent  servir  k  determiner  I'l ,  parce  qu'elle  ne 
s*applique  qu*k  cette  seule  integrale,  mais  elle  la  laisse  provlsoirement 
inconnue.  —  La  quanlite  —  2  [  est  une  integrale  parlicuiiere  de  I.  — 

Elle  s*annule  avec  g,  quel  que  soil  n  (troisieme  Memoire).  —  Elle  est 
done  la  vraie  valeur  de  2'  L 


(  467  ) 

sioQ,  alors  que  le  troisieme  M^moire  de  M.  Gcnocchi 
n*existait  pas  encore,  d'autant  plus  que  je  ne  conuaissais 
pas  davantage  le  deuxi^me  (aveu  que  je  fais  ici  spontan^- 
menl,  car  on  ne  peul  pas  le  d^duire  de  ce  que  j'ai  ^cril)  (*). 
Le  travail  soumis  &  noon  examen  conlient  encore  dinte- 
ressantes  Notes  destinies  a  completer,  en  quelques  poinls, 
Texposition  hislorique  pr^senl^e  a  rAcademie  par  M.  Gil- 
bert. Mais  j'ai  cru  devoir  me  borner  k  la  discussion  com- 
plete de  la  question  principale  et  Ton  vient  de  voir  que 
les  doutes  souleves  dans  mon  esprit  par  le  M^rooire  de 
1853,  doutes  que  la  connaissance  de  celui  de  1854  n'eAl 
^claircis  qu'en  parlie ,  sont  complelement  leves  par  T^tude 
du  Memoire  actuel. 


{*)  Celte  circonstance  el  les  doutes  que  j'eprouvais  sur  la  signiGcation 
precise  el  la  rigueur  des  d^duclions  de  M.  Genocchi  m'onl  emp^che  d'en 
parler  dans  mon  Rapport  s^culaire,  donl  le  present  Rapport  peut  ^tre 
consid^re  comme  une  suite.  Je  saisis  cette  occasion  pour  prier  le  lecteur 
de  faire,  dans  le  Rapport  seculaire,  les  peliles  corrections  suivantes  : 

Page  34,  ligne  3.  Au  lieu  de:  fonctions,  lisez:  fonclions  transcendantes. 

—  36,  ligne  4.  Au  lieu  de  :  parvient,  lisez  :  parvient  encore. 

—  38,  ligne  13.  Au  lieu  de  :  P««-  * ,  lisez  P«,  _ u 

—  38,  lignes  14et  13  en  remontant.  Au  lieu  de :  N  ^taut  ...  exceple, 

lisez  :  c  etant  un  nombre  premier  el  N  un  nombre 
enlier  quelconque,  non  divisible  par  c. 

—  58,  ligne  9  en  remontant.  Au  lieu  de :  quel  que  soil  x^  lisez :  pour 

un  nombre  inGni  de  valeurs  de  x, 

—  64,  en  note.  Au  lieu  de  :  Huili^me,  lisez  :  Septieme. 

—  193,  ligne  3.  Ajoulez  :  II  ne  permeltail  pas  non  plus  de  deter- 

miner les  vilesses  (Tun  m^tne  projectile  en  deux 
points  de  sa  trajecloire,  comme  il  est  utile  de  le 
faire  quand  on  recherche ,  par  la  metbode  habi- 
tuelle ,  la  loi  de  la  resistance  de  Tair. 

—  194,    —    9  en  remontant.  Au  lien  de :  la  premiere,  lisez :  Texpe- 

rience  principale. 

—  194,    —    6  en  remonlanl.  Apr^  t,  ajoutez:  dans  Texp^rience 

principale. 


(468) 

En  consequence ,  j*ai  Thonneur  de  proposer  k  la  classe 
d^ordonner  Timpression  de  ce  dernier  Memoire  dans  les 
Bulletins ,  et  d*adresser  des  remerclments  k  I'auteur,  pour 
ses  savantes  et  inl^ressantes  communications.  » 

La  classe  a  adopts  ces  conclusions. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Stir  Veclipse  de  lune  du  4  novembre  1875;  par  M.  Adolphe 
Quetelet,  secretaire  perp^tuel  de  I'Academic. 

Toutes  les  dispositions  avaienl6ie  prises^  TObservatoire 
royal  de  Bruxelles  pour  observer  le  phenom^ne  si  int^res- 
sant  de  I'^clipse  totale  de  lune  du  4  novembre  courant. 
Cette  eclipse  pr^sentait  cetle  parlicularit6  singuli^re,  que 
la  lune  devait  se  lever  edips^e  ji  4  h.  28  m.  du  soir,  tandis 
que  le  soleil  se  coucKait  &  4  h.  29  m.  .11  en  r^sultait  que 
le  centre  de  ces  deux  astres  touchait  en  mSme  temps  Thori- 
zon-.  Ce  phenomene  ne  s*etait  plus  pr^sente  depuis  pr^s  de 
deux  siedes. 

Malheureusement,  retat  de  Tatroosphere  n*a  pas  permis 
desuivre  les  phases  de  redipse.  Au  moment  oii  la  lune 
se  levait,  k  Thorizon  ENE.,  des  nuages  couvraient  en 
grande  partie  le  ciel  de  ce  c6t6.  Quelques  rares  et  fugitives 
edaircies,  cependant,  out  permis  de  constater  le  ph^no- 
m^ne. 

A  Lou  vain,  ainsi  que  me  Ta  fait  connatlreM.  Terby,  I'^tat 


(469) 

du  ciel  a  aussi  emp^ch^  robservation  de  T^clipse.  Ce  n'est 
qu'uD  pen  avant  5'heures  qii'il  a  die  possible  de  voir  k 
I'ceil  nu  lesbords  N.  et  S.  da  disque  lunaire  dans  I'ombre 
de  la  terre;  ils  prdsentaient,  dit  M.  Terby,  une  teinte  rou- 
ge&tre  prononcee. 


Noie  sur  le  tremblemenl  de  terre  ressenli  leSS  oclobre  1873 
dans  la  Prusse  rhenane  et  en  Belgiqtie;  par  M.  Albert 
Lancaster,  attach^  au  secretariat  de  TAcademie. 

Le  22  octobre  1875,  vers  9  h.  40  m.  du  matin  ^  une 
forte  seconsse  de  tremblement  de  terre  a  dtd  observde  sur 
differents  points  des  provinces  rhdnanes,  et  a  dtd  dgale- 
ment  ressentie,  mais  plus  faiblement,  en  Belgique  et  dans 
le  Limbourg  hollandais. 

Comme  les  phenomdnes  sdismiques  sont  rares  dans 
nos  contrees,  il  est  intdressant  de  connaitre  toutes  les 
particular] tds  relatives  k  ceux  qui  se  prdsentent. 

C'est  k  ce  titre  que  nous  croyons  utile  de  communiquer 
a  rAcaddmie  les  renseignements  que  nous  possddons  sur 
la  secousse  prdcitde,  renseignements  qui  nous  out  iik  four- 
nis  en  grande  partie,  nous  avons  h&te  de  le  dire,  par 
MM.  Ferdinand  Dieffenbach,  de  Darmstadt,  D.  Leclercq, 
directeur  honoraire  de  r£cole  industrielle  de  Lidge,  et 
Fi.  Mdlard,  directeur  de  I'ficole  moyenne  de  I'fitat  a  Sta- 
velot.  Qu'il  nous  soit  permis  de  leur  esprimer  ici  toute 
notre  gratitude,  pour  Tobligeance  avec  laquclle  ils  on  t  bien 
voulu  nous  envoyer  leurs  observations. 

Gr&ce  k  leurs  prdcieuses  communications,  nous  somraes 
k  mdme  de  donner  tons  les  details  de  quelque  importance 
concernant  le  tremblement  de  terre  qui  fait  Tobjet  de  la 
note  actuelle ,  et  nous  pourrons  en  outre  signaler  les  se- 


(  470  ) 

cousses  qui,  d^s  le  mois  de  septembre,  Tavaienl  precede, 
mais  doDt  rinlensite  avail  ^t^  moindre. 

D&jk  le  15  septembre  1873,  de  lagers  6branlemenls  du 
sol  avaient  commence  a  se  manifester  dans  le  bassin  du 
Rhin,  notamment  k  Ingenheim  et&  Auerbach  (Odenwald). 
Le  28,  ^  2  h.  55  m.  de  Tapr^s-midi,  on  en  ressontait  a 
Aix-la-Chapelle,Herzogenralh  (Rolduc),  Kohlscheid ,  Wei- 
den,  Prummern,  Geilenkirchen,  Immendorf  et  Lienich. 
M.  Leclercq  suppose  meme  que  Li^ge  aussi  ^prouva  ces 
dernieres  secousses,  car,  dil-il,  c  on  a  remarque  dans 
notre  ville,  a  cette  dale,  de  nombreuses  l^zardes  dans  les 
bitimenls.  » 

Le  2  oclobre,  le  ph^nom^ne  se  renouvelle^  Aix-la-Cha- 
pelle  el  k  Herzogenralh ;  le  5,  dans  TOdenwald,  k  Ingen- 
heim, Auerbach,  Niederbeerbach  et  Laulern  (valine  de 
Reichenbach). 

Le  7,  i  5h.  50  m.  du  matin,  une  forte  secousse  ^branle 
toute  la  region  comprise  enlre  le  Rhin,  le  Mein  et  le  Nec- 
kar,  de  m^me  que  la  partie  bavaroise  du  Palatinat,  la  Fran- 
couie  inferieure  et  une  partie  du  Wurtemberg. 

Le  19,  ^7  h.  42  m.  du  matin,  secousse  k  Aix-la-Cba- 
pelle.  A  7  h.  15  m.  (1)  du  soir,  nouvelle  secousse,  ressentie 
egalementi  Herzogenrath,  Lienich,  Juliers,  Prummern  el 
I^Laeslricht. 

Le  20,  k  5  heures  du  matin,  une  secousse  a  Weiden, 
pr6s  d'Aix-la-Chapelle;  i  7  h.  30  m.  du  soir,  k  Wilten ;  et  a 
9  h.  40  m.,  k  Herzogenrath. 

Le21,i  11  h.30  m.du  soir, secousse  k  Echzell  (i  4lieues 
au  N.  de  Francfort  s/M.),  dans  la  Wetleravie. 

Le  22  oclobre,  enlre  2  heures  et  2  h.  15  m.  du  matin, 
une  secousse  de  direction  SO.-NE.  est  conslalee  a  Rei- 

(1)  M.  Leclercq  iodique  7  h.  30  m. 


(471  ) 

chenbach,  Auerbach,  Birkenau  et  dans  une  grande  partic 
de  rOdenwald.  Elle  est  suivie  d'un  fort  coup  de  vent  venanl 
du  SO.  On  la  ressent  aussi  k  Echzell,  mais  i  2  h.  30  m.,  ct 
son  mouvement  y  est  dirig^  de  TO.  k  YE. 

Le  m^me  jour,  k  4  beures  du  matin,  secousse  k  Aix-la- 
Chapel le.  M.  Dieffenbach  la  consid^re  comme  le  prolonge- 
menlde  celle  observ^e  dans  TOdenwald  enlre  2  beures  et 
2  V2  h. 

Nous  arrivons  en  fin  au  trenoiblement  le  plus  conside- 
rable, celui  ressenti  le  22  octobre  vers  9  h.  40  m.  du 
matin.  De  Texamen  de  tons  les  documents  que  nous  avons 
pu  recueillir,  il  resulte  que  cette  commotion  aurail  eu  son 
centre  k  Herzogenrath  et  qu*elle  se  serait  propag^e ,  de  ce 
point,  suivanl  quatre  directions  principales  bien  marquees, 
se  coupant  k  peu  pr^s  k  angles  droits  :  versTE.,  Tondula- 
tion  passe  par  Juliers  et  Cologne,  se  bifurque  dans  cette 
derni^re  ville,  et,  d*un  cdt^,  descend  le  Rhin  jusqu*^  Dus- 
seldorret  Crefeld,  de  Tautre  remonte  le  fleuve  en  secouant 
particulierement  Bonn  et  Remagen;  elle  se  prolonge  ro^me 
jusque  dans  la  Hesse  sup6rieure,  oix  on  Tobserve  k  Giessen 
et  k  Laubach.  Vers  TO.,  Tondulation  passe  par  Kerkrade, 
Heerlen,  Maestricht  et  vient  expirer  k  Bruxelles.  Au  S., 
elle  ebranle  Aix-la-Chapelle,  Eupen  et  Stavelot;  mais, 
arriv^e  k  Eupen,  elle  rencontre  la  Yesdre  et  suit  le  bord 
de  ceUe  riviere  :  on  la  ressent  k  Dolhain,  k  Yerviers  et 
k  Li^ge.  Au  N.,  eniin,  la  secousse  s*arr£te  k  Heinsberg. 

Nous  appellerons  ici  I'attention  sur  un  fait  assez  curieux 
qui  nous  a  &i&  signal^  par  M.  Dieffenbach  :  c*est  que  le 
tremblement  de  terre  de  9  h.  40  m.,  dont  nous  venons  de 
parler,  semble  Sire  la  contre-partie  de  celui  de  2  beures 
du  matin,  dont  le  centre  Stait  dansl'Odenwald  et  qui  s'cst 
Stendu  aussi  loin  que  Herzogenrath.  Le  premier ,  au  con- 
traire,a  eu  son  foyer  sous  cette  ville  ou  non  loin  de  I&,  et  sa 


(  472  ) 

derniere  vibration  est  venue  s'^leindre  pres  de  Tendroil 
ou  avail  pris  naissance  le  tremblement  de  la  nuit. 

Nous  donnerons  maintenant,  pour  la  pluparl  des  loca- 
liles  oil  a  ^t^  ressentie  la  commotion  seismique  du  22  oc- 
tobre,  quelques  details  concernanl  principalement  le 
moment  et  la  dur^e  du  phenomene. 

A  Herzogenrath,  la  secousse  se  fit  sentir  &  9  h.  40  m. 
Elle  6lait  trcs-forle  et  sa  dur^e  fut  de  3  secondes.  Beau- 
coup  de  chemin^es  secroul6rent  et  plusieurs  maisons 
furent  l^zard^es. 

A  Heinsberg(9  h.  38  m.),  tres-vive  secousse  ^galement, 
de  2  secondes  de  dur^e ,  et  accompagnee  d'un  vent  assez 
fort  venantde  TOSO. 

A  Cologne,  elle  a  lieu  vers  9  h.  45  m.;  duree  de  5  i 
6  secondes;  les  meublcs  dans  les  appartemenis  sonl 
secoufe  ou  ren verses. 

A  Aix-la-Chapelle,  9  h.  42  m.;  dur^e  .2^3  secondes. 

Eupen,  9  h.  43  m.,  tres-forle;  quelques  minutes  plus 
tard,  une  seconde  secousse ,  mais  moins  accenlu^eque  la 
premiere. 

Dinslaken,  9  h.  45  m.;  dur^e  :  2  secondes;  direction  : 
OSO.-ENE. 

Hofstadt,  pr^s  de  Herzogenralh ,  9  h.  31  m.  (?);  direc- 
tion :  SSO.-NNE. 

A  Maestricht,  la  secousse  eul  lieu  &  9  h.  45  m.  et  se 
prolongea  pendant  une  dizaine  de  secondes.  Elle  fut 
accompagnee  d*un  bruit  sourd  qui  ressemblait  au  roule- 
ment  lointain  d*une  voiture.  A  9  h.  40  m.,  le  barom^tre 
etait  descendu  a  745  mill.,  le  vent  £tait  OSO.  et  assez  fort. 

Dans  les  environs  de  Maestricht  et  d'Aix-la-Chapelle, 
entre  autres  &  Wilten,  Randerath,  Dremmen,  Weiden, 
Vaals,Galoppe,  Wilr^et  Sippenaken  (province  deLi^e), 
le  tremblement  de  terre  fut  aussi  observe. 


(  *73  ) 

En  Bclgique,  la  secousse  a  etc  la  plus  forle  k  Dolhain, 
k  Verviers  et  k  Stavelot. 

Voici,  au  sujet  de  Stavelot,  Ics  reDseigoements  qu'a  bien 
voiilu  me  Taire  parvenir  M.  M^lard  : 

c  line  secousse  de  (rembiement  de  terre  a  &i&  ressentie 
k  Slavelot,  le  22  octobre,  kdh.AO  m.  du  matin;  sa  duree 
a  ^t^  de  5  d  6  secondes. 

»  C'est  k  rhdtel  de  ville  surtout  qu'eile  a  it6  sensible. 
Le  secretaire  communal  et  deux  autres  personnes,  qui  se 
trouvaient  au  premier  ^tage,  ont  cru  d'abord  qu*une  per- 
Sonne  lourdement  charg^e  montail  I'escalier  en  frdlant  le 
mur  avec  son  fardeau.  Une  espece  de  mugissement  sem- 
blable  k  ceiui  du  vent  annon^ant  Torage  accompagnait 
cetle  premiere  commotion,  suivie,sans  interruption,  d'une 
secousse  plus  violente  pendant  laquelle  r^difice  parut  dire 
comme  soulev^.  Les  personnes  susdites  ont  cru  que  la 
vo<^te  du  sou  terrain  s'^tail  effondr^e. 

»  L'ondulation  paraissait  venir  de  bas  en  haut. 

»  La  secousse  a  ^t^  conslat^e  par  plusieurs  autres  per- 
sonnes et  en  diff(§rents  points  de  la  ville. 

»  11  n'esl  peut-^tre  pas  inutile  de  faire  remarquer  que 
rhdtel  de  ville  de  Stavelot  s'^leve  sur  un  terrain  bas  qu'on 
a  dii  remblayer  pour  le  mettre  au  niveau  de  la  route. 

»  II  y  a  quelques  ann^es,  me  dit  le  secretaire  com- 
munal, le  m^me  phenomine  s'est  produit  au  mdme  lieu, 
au  moment  d*un  tremblement  de  terre  signal^  sur  les 
bords  du  Rhin,  &  Mayence  el  ailleurs.  » 

A  Liege,  d*apres  M.  Leclercq,  «  le  tremblement  fut 
presque  insensible  au  bord  du  fleuve  et  au  fond  de  la  ville, 
mais  bien  plus  prononc^  sur  les  hauteurs  qui  entourent  la 
cite,  et  principalement  sur  la  colline  deTQ.,  ou  il  est  venu 
eYpirer.»  Leseiementsmeteorologiques,  pour  le  22  octobre, 
furent  les  suivants  k  Liege  :   Pression   atmospherique, 


(  474  ) 

TSi^^Ol  (inRximum)  el  743""*48  (minimum).  Temperature 
centigrade,  14''60  (maximum)  et  6'40  (minimum).  Le  21, 
les  vents  ^taient  tres-forts  :  its  soulQaient  en  tempSle 
le  22;  la  pluie  recueillie  pendant  ces  deux  jours  s'^leva 
respeclivement  k  4"'"45  et  4"""58. 

A  Bruxelles,  la  secousse  a  dii  elre  tres-faible.  Elle  n*a 
el^  remarqu^e ,  en  effet ,  que  par  des  employes  qui  se 
Irouvaient  au  troisieme  ^tage  de  Thdlel  du  Ministere  des 
finances,  situ^  dans  le  haul  de  la  ville.  Une  template 
r^gnait  depuis  la  veille  (1);  le  barometre  raarquait  k 
9  heures  du  matin ,  le  22,  742"*";  le  thermometre ,  12*  C. 
Les  barreaux  magn6tiques  ^taient  dans  leur  4tat  normal. 

A  Laubach  et  k  Giessen,  enfin,  Theure  du  ph^nomene 
fut  respeclivement  9  b.  45  m.  et  9  h.  49  m. 

Comme  suite  aux  details  qui  pr^cSdent,  nous  ferons 
connailre  que,  du  22  octobre  jusqu'au  5  novembre,  trois 
nouvelles  secousses  furent  ressenlies  en  Allemagne  :  la 
premiere  pendant  la  nuit  du  24  au  25  octobre,  a  Weiden 
(pr^s  d'Aix-la-Chapelle);  la  seconde,  le  l*""  novembre,  k 
Darmstadt  et  aux  environs;  la  troisieme,  k  Darmstadt 
encore,  dans  la  nuit  du  2  au  5. 

Le  tremblement  de  Icrre  du  1"  novembre  eul  lieu  k 
6  h.  55  m.  du  soir.  II  fut  assez  fort,  mais  d*une  durde 
tenement  courte,que  Ton  ne  put  en  observer  exaclemenl 
la  direction. 

D'apres  les  derniers  avis  re^us,  il  aurail  die  ressenli  k 


(1)  Le  23  octobre,  un  orage  etail  observe  au  commenceroenl  de  U 
soiree.  Nous  rappellerons  k  ce  pro|)os  que  M.  Ad.  Quelelet ,  dans  sa  MM^O' 
rologie  de  la  Belgique  comparee  a  celle  du  globe,  fait  la  remarque  que 
la  plupart  des  tremblements  de  terre  observes  en  Belgique  ont  eie 
accompagnesou  suivis  de  manifestatioDs  eleclriques. 


(  *75  ) 

Darmstadt ,  Reichenbach ,  Schonberg,  Lindenfels  et  Pfung- 
sladt  (1). 


La  direction  absolue  du  vent  est  le  plus  souvent  oblique  a 
r horizon;  par  M.  Charles  Montigny,  menibre  de  TAca- 
d^iuie. 

Dans  ia  notice  oh  j'ai  expos^  ie  r^sultat  de  mes  expe- 
riences relatives  k  Tobiiquiie  du  vent  aux  divers  Stages  de 
ia  tour  d'Anvers,  j'ai  cil6  I'opinion  de  Poncelet,  d^apres 
laquelle  I'inclinaison  de  IS""  environ  que  Ton  donne  k  Taxe 
desailes  des  moulins  i  vent,  est  r^gleepar  ce  fait,  que  les 
vents  soufilent  dans  les  pays  de  plaines  suivant  cette  obli- 
quity par  rapport  k  Thorizon  ('). 

Les  ing^nieurs  et  les  savants,  tels  que  MM.  Hachette, 
Christian,  Borgnis,  Sonnet,  qui  ont  d^crit  ces  moteurs 
a^riens,  expliquent  aussi  Tinclinaison  suivie  par  la  pra- 
tique dans  la  disposition  de  Taxe  des  ailes,  par  la  n^cessit^ 

(1)  Pendant  qae  Ton  imprimail  celle  notice,  nous  avons  encore  re^u  de 
M.  Dieffenbach  les  renseignemenls  suivants  sur  plusieurs  secousses  res- 
seoiies  dans  le  bassiii  du  Rhin ,  du  !«'  au  8  novembre : 

Le  1"  noTembre,  6  b.  10  m.  da  soir,  secousse  k  Frankenbausen, 
accompagnee  de  bruits  souterrains.  Direction  :  SO.-NE.  —  Un  peu  avant 
8  beures ,  seconde  secousse,  ayant  la  m^me  direction  que  la  premiere. 

Le  2  novembre,  ^  Dorndiel,  6  V«  heures  du  soir,  secousse  avec  bruit 
souterrain.  Direction  :  SO.-NE. 

Le  4  novembre,  a  Frankenhausen  encore,  6  h.  5  m.  du  matin,  assez 
forte  secousse. 

Le  8  novembre,  &  6  b.  50  m.  du  soir,  l^g^re  secousse  i  Darmstadt. 

]1  est  bon  de  noter  que  tons  ces  pbenom^nes  se  sont  produits  dans  la 
Hesse,  oil  les  tremblements  de  terre  sont  tr^frdquents  depuis  quelques 
annees. 

(*)  Bulletin  de  I^AcadSmie  royale  de  Belgique,  V  s^rie,  t.  XXXIV. 


(  476  ) 

de  fixer  ia  direction  de  cet  axe  parallelement  k  celle  do 
vent,  qui  est  g^n^ralement  oblique  i  Thorizon,  selon  ces 
savants  (*). 


(*)  Coulomb,  qui  fit,  k  la  fiu  da  si^le  deniier,  une  ^lude  particallire 
de  la  dispositioD  et  du  trayail  des  moulins  k  veDl  alors  ^Ublis  en  grand 
Dombre  autour  de  la  ville  de  Lille,  se  borne  k  dire  que  I'axe  des  ailes 
est  incline  de  8  i  15%  sans  donner  la  ralson  de  cette  obliquity.  Mais  il 
conclut  qu^i  force  de  tAtounements,  la  pratique  s*est  approchee  de  la 
perfection  dans  la  construction  des  nombreux  moteurs  des  environs 
de  Lille;  car  lis  produisent  k  pea  pr^  la  mSme  quantity  d*effet,  dit 
Coulomb,  qaoiquMIs  pr^ntenl  plusieurs  petites  differences  soit  dans 
rinclinaison  de  Taxe,  soit  dans  la  disposition  des  ailes.  (Mimoires  di 
VAcadimie  des  sciences  de  PariSy  ann6e  1781.) 

Voici  les  passages  oil  les  auteurs  cit^s  s*accordent  k  attribuer  k  la  mtoe 
cause,  Tobliqaite  da  vent,  rinclinaison  de  Taxe  des  ailes  des  receptears 
a^rlens. 

Hachette,  TraiU  des  machines  ^  p.  119.  «  On  donne  cette  inclinaison 

•  aux  arbres  des  moulins  de  la  Belgique  d^crits  par  M.  Coulomb,  afin  que 
»  Ton  soit,  autant  que  possible ,  dans  la  direction  des  vents  qui  r^ent 
»  dans  cette  contr^e.  » 

Christian,  Traits  de  mScanique  industrielle ,  t.  II,  p.  32.  <  Une  autre 
»  disposition  est  aussi  k  prendre  dans  ce  genre  de  moulin :  il  ne  paratt 
»  pas  que  le  vent  se  trouve  dans  une  direction  parall^le  a  Thorizon ;  il  est 
»  du  moins  g^n^ralement  reconnu  que  les  ailes  ^lev^  verticaleroeot 
»  prennent  moins  bien  le  vent  que  si  Ton  incline  de  8  i  15*  avec  rborizoo 
»  Parbre  qui  porte  les  ailes.  > 

Comme  Christian  le  fait  remarquer  ensuite,  ce  n*est  point  sans  y  avoir 
et^  forc6  par  un  motif  d^cisif  que  Ton  a  adopts  celte  inclinaison  de  Taxe, 
car  il  serait  plus  avantageux  dans  la  construction  du  moulin  de  lui  donner 
une  position  borizontale. 

BoRGZfis,  MScanique  appliquSe  aux  arts;  TMoriede  la  mecaniqve 
usuelle,  p.  189.  «  La  position  de  Taxe  n*est  pas  exactement  borizontale  : 
«  Texp^rience  a  indiqu^  qu'il  est  convenablede  lui  donner  une  inclinaisoo 

•  et  deSi  I5«.  Deux  motifs  rendent  cette  inclinaison  avantageuse  :  1*  Too 
»  observe  que  la  direction  du  vent  est  rarement  parall^le  k  Tborizon,  que 
»  tr^s-souvent  elle  est  inclin^e  de  baut  en  bas,  de  sorte  que  Taxe,  dispoa^ 
»  comme  nous  venons  de  rindiquer,se  trouve  k  peu  prte  dans  la  directioo 

habitaelle  du  vent;  2*  rinclinaison  de  Taxe  et  cons^uemment  du  volant 


• 


(  477  ) 

Ce  sont  les  lrail6s  de  ni^canique  appliqu^e  qui  m'ont 
ainsi  donne  les  premieres  indications  sur  Tobliquit^  g^n£- 
rale  du  vent,  assez  pr^  du  sol,  dans  les  pays  de  plaines. 
Les  ouvrages  de  m^t^orologie  que  j'ai  consull^s,  m^nie 
avant  d*entreprendre  des  mesures  de  celte  inclinaison  i 
la  tour  d*Anvers,  ne  font  aucune  mention  de  celte  obli- 
quity du  vent. 


»  permet  de  doDoer  a  la  cage  da  moulin  la  forme  d*an  troDC  de  pyra- 

•  mide  ou  de  c6ne  qui,  ^videmment,  la  rend  plus  solide.  • 

PoNCELET,  Micanique  industrielle,  «  L*arbre  doit  6tre  toujours  paral- 
9  J^le  &  la  direction  du  vent,  et  comme  la  nature  des  vents  qui  soufflent 

•  dans  les  pays  de  plaines  est  telle  que  leur  direction  fait  avec  Tborizon 

•  un  angle  de  18",  c*est  pour  cette  raison  que  Taxe  est  aussi  tenu  incline 
»  sous  cet  angle.  > 

Poncelet  s'exprime  d*une  mani^re  plus  precise  encore  dans  son  Traits 
de  mScanique  appliquSe  attx  machines,  en  disant,  au  sujel  des  moteurs 
aeriens:  *  Quant  i  rinclinaison  de  Taxe  par  rapport^  Tborizon,  il  est 

•  reiatif  k  la  nature  des  vents  qui  soufflent  dans  la  contr^  ob  il  s*agit  de 
9  falre  r^lablissement  du  moulin ;  dans  les  pays  de  plaines,  tels  que  la 

•  Flandre  et  la  Belgique,  Taxe  fait  &  Tborizon  uu  angle  deS  &  \^,ii  pen 
»  pr^s  egal  &  celui  du  vent.  » 

M.  SOiNNCT,  dans  un  ouvrage  recent ,  le  Dictionnaire  des  mathSmati-- 
ques,  p.  817,  s'exprime  ainsi:  <  Le  vent  souffle  dans  une  direction  qui 

•  differe  peu  d*une  borizoutale  et  qui,  dans  les  pays  de  plaines,  fait  avec 
»  rborizon  un  angle  de  10  i  15";  c*est  pour  cela  que  Ton  donne  cette 

•  inclinaison  4  Taxe  du  moulin  i  vent;  quand  celui-ci  est  orient^,  le 

•  recepteur  revolt  done  le  vent  parallilement  k  Taxe.  « 

Je  ne  cite  pas  Topiuion  de  Ting^nieur  anglais  Smeaton,  qui  cx^uta, 
au  commencement  du  siecle,  denombreuses  experiences  sur  la  meilleure 
courbure  k  donner  aux  ailes  des  moulins  h  vent ,  parce  quil  ne  s'est  pas 
occupy  de  la  question  de  rinclinaison  de  Taxe.Les  principales  experiences 
de  ce  savant  ing^nieur  out  ete  failes  k  Taide  d*un  appareil  de  petite 
dimension,  dont  les  ailes  ^taienl  mises  en  mouvement,  non  par  le  vent, 
mais  par  Pair  calme,  au  milieu  duquel  Texperimentateur  imprimait  un 
mouvement  de  translation  regulier  au  recepteur.  (D*Aubrisson,  TrailS 
dhydrauHque,) 


(  478  ) 

La  notice  que  j'ai  Thonneur  de  prfeenter  k  FAcad^mie 
a  pour  objet  principal  d'altirer  Tattention  des  m^l^orolo- 
gisles  sur  ce  ph^nom^ne,  qui  eiLerce,sans  aucun  doute, 
une  influence  marquee  sur  les  hauteurs  barom^lriques.,  au 
niveau  du  sol,  selon  les  changements  quecette  obliquite 
doit  eprouver.  J'espere  alteiudre  mieux  encore  k  mon  but 
en  citanl  d'abord  des  ph^nom^nes  nalurels  dans  lesquels 
Taction  du  vent  doit  intervenir,  suivant  une  direction  plus 
ou  moins  oblique ;  puis  je  rechercherai  quelques-unes  des 
causes  qui  tendent  k  imprimer  aux  courants  d'air  cette 
direction  inclin^e.  Enfin,  j'examinerai  des  dispositions 
experimenlales  qui  seraient  susceptibles  d'etre  utilis^es, 
dans  les  observatoires,  pour  mesurer  I'inclinaison  du  vent 
et  ses  variations. 

Le  vent  diploic  le  plus  souvent  toute  sa  puissance  k  la 
surface  des  mers,  qu'il  agite  violemment  jusqu'i  cer- 
taine  profondeur.  II  n'est  gu^re  possible  de  comprendre 
Tenergie  de  ses  effets  non-seulement  sur  I'Oc^an,  mais 
sur  les  lacs  et  les  ^tangs  plus  ou  moins  etendus,  si  sa 
direction  etait  rigoureusement  parallele  k  ces  surfaces 
liquides,  c'est-^-dire,  si  elle  aflectait  une  direction  hori- 
zontale  absolue  et  constante.  S'il  en  6lait  ainsi,  nous  nous 
expliquerions  difficilement  comment  un  vent  parallele  k 
la  surface  de  la  mer  ou  des  pieces  d'eau ,  serait  capable 
d'une  action  assez  puissante  pour  y  produire  des  varia- 
tions de  niveau  aussi  marquees  que  celles  qui  out  ^t^  sou- 
vent  observees,  et  dont  je  cilerai  quelquts  exemples. 
Franklin  rapporte  que  sur  une  vaste  piece  d'eau  de  (rois 
lieues  de  large  et  d'environ  0«,90  de  profondeur,  un 
vent  fort  mit  k  sec  tout  un  c6t^  de  cette  sorle  d'etang, 
tandis  qu'il  ^leva,  en  meme  temps,  de  0",90  le  niveau  pri- 
mitif  sur  la  rive  oppos^e,  en  sorte  que  la  profondeur  de 
i'eau  y  ^tait  devenue  de  1",80  au  lieu  de  0%90. 


(  479  ) 

Arago,  qui  cite  ce  fait  comme  preuve  des  variations  de 
niveau  qu*un  vent  fort  est  capable  de  produire  k  la  sur- 
face d'une  masse  liquide  (*),  rappelle  que,  le  19  novembre 
1824,  le  vent  de  NO.  souiQant  avec  une  grande  violence 
^leva  tenement  le  niveau  de  la  Baltique  sur  toute  sa  c6te 
orientale,  qu'il  en  resulta  d'^pou  van  tables  inondations, 
non-seulement  a  Croustadt  oil  le  changement  de  niveau 
entre  dix  heures  du  matin  et  trois  beures  de  I'apres-midi 
fut  de  5",70,  mais  k  Petersbourg,  oil  Teau  s*£leva  k  la  hau- 
teur de  1",60  dans  les  rues  les  plus  recul^es  de  la  ville  (**). 

Arago  fait  remarquer  que  de  telles  variations  de  niveau 
a  la  surface  des  mers  ne  sont  point  dues  k  Taction  princi- 
pale^de  fortes  marges,  avec  lesquelles  un  fort  vent  eiHt 
coincide.  Ge  savant  ajoute  d'ailleurs,  comme  exemple  re- 
latif  aux  mers  oil  il  n'y  a  pas  de  mar^e,  ce  fait,  que  sur  la 
cdle  sud  de  TAsie  Mineure,  le  niveau  des  eaux,  quand  le 
vent  souffle  du  Nord,  est  de  1«,00  k  1*,30  plus  bas  que 
par  un  vent  du  Sud. 

II  convient  dedire  ici  qu'en  cilant  les  faits  dont  il  vient 
d*dtre  question,  en  vue  de  montrer  quelle  pent  etre  la 
puissance  du  vent  sur  les  masses  d'eau  que  sa  violence 
accumule  ainsi  centre  les  cdtcs,  Arago  n'entre  dans  aucune 
explication  sur  le  mode  d'action  particulier  du  vent  dans 
ces  phenom^nes,  tres-connus  d'ailleurs  des  habitants  de 
nos  cdtes  maritimes;  et  il  ne  fait  aucune  mention  de  Taction 
oblique  du  vent  de  haul  en  bas  sans  laquelle  il  est  impos- 
sible de  com  prendre  comment  celui-ci  maintient,  meme 
lorsqu'il  est  le  plus  violent,  de  telles  accumulations  d'eau. 

Quand  on  ^tudie  les  causes  connues  de  la  production  du 


(*)   OEuvres  completes,  t.  IX,  p.  55. 
C*)  Jdem,  i.  XI),  p.  496. 


(  480  ) 

vent  et  les  conditions  dans  iesquelles  s'effectue  la  transla- 
tion plus  ou  moiris  rapide  de  Fair,  on  d^couvre  plusieurs 
raisons  de  robliquit^  du  vent.  Je  me  bornerai  k  en  indiquer 
ici  quelques-unes. 

D'abord,  le  principe  dont  on  est  parti  pour  eipliquer 
comment  les  mouvements  de  Fair  s'operent  le  plus  souveot 
k  la  surface  du  globe,  et  qui  repose  sur  TafQuk  de  I'air  in- 
f§rieur  vers  les  parties  6chauffees  et  les  courants  sup6- 
rieurs  inverses,  a  pour  consequence  forc^e  Tobliquit^  plus 
ou  moins  marquee,  relativement  a  Thorizon,  des  courants 
partiels  determines  par  cette  cause.  Les  brises  de  terre  et 
de  mer,  par  exemple,  qui  se  font  sentir  k  certaine  distance 
descdtesdansia  zone  torride  et  nedeviennentsensiblesque 
pendant  F^te  dans  les  regions  temp^r^es,  sont  dirigees 
comme  on  le  sait,  du  cdt^  des  parties  les  plus  echauff^es 
pendant  le  jour,  et  en  sens  inverse  pendant  la  nuit.  Les 
brises  de  mer  ont  pour  cause  la  colonne  d*air  ascendante 
qui  se  forme  pendant  le  jour  au-dessus  des  terres,  en  appe- 
lant Fair  de  la  mer,  tandis  qu'apr^s  le  coucherdu  soleil,  la 
colonne  ascendante  existant  sur  les  mers,Fair  de  la  cdteest 
alors  appeiee  vers  celles-ci.  Or,  il  est  impossible  que,  dans 
ces  conditions  d'appel,  les  mouvements  de  Fair  affluant,  qui 
ont  pour  cause  premiere  un  courant  d'air  ascendant,  conser- 
vent  une  direction  parfaitement  horizontale  dans  tons  les 
lieux  du  trajet  des  courants  affluants,  abstraction  faite  de 
Finfluence  des  in^galites  du  sol.  Nul  doute  que  ces  afflux 
d'air  ne  suivent  des  directions  qui  varient  dans  le  sens  ver- 
tical selon  le  lieu  oil  Fon  considere  Fun  de  ces  courants,  el 
Finstant  du  jour  oil  on  Fobserve  au  mdme  lieu. 

Lorsqu*un  courant  d*air  tend  k  se  mouvoir  horizontale- 
ment  sur  une  vaste  plaine,  que  nous  supposerons  parfaite- 
ment de  niveau,  sa  couche  inf^rieure  ^prouve  de  la  pari 


(  484  ) 

des  asperit^s  du  sol  une  resistance  due  au  frottement,  qui 
tend  &  modifier  la  direction  du  mouvement  suppos^e  primi- 
tivement  horizon lale.  En  effet,  par  suite  de  Tinfluence  de 
cette resistance  quise  transmetpartiellemententre  les  cou- 
ches en  s'att^nuant,  celles-ci  glissent  i'une  sur  Tautre  jus- 
qu*Ji  une  hauteur  plus  ou  moins  grande;  leur  vitesse  aug- 
mente  avec  r^l^vation  de  la  couche  consid^ree,  de  mani^re 
k  s*approcher  de  plus  en  plus  de  la  vitesse initiate  primitive. 
Les  mesures  de  vitesse  des  divers  vents  que  j'ai  prises  aux 
trois  galeries  de  la  tour  d'Anvers,  ne  laissent  aucun  doute 
sur  cette  acceleration ,  qui  etail  k  pr^voir.  Ces  variations  de 
la  vitesse  des  couches  donnent  lieu  a  des  differences  de  pres- 
sion  de  Tune  k  Tautre  qui  modifient  sensiblement  la  direc- 
tion du  mouvement  absolu  de  chaque  point  du  courant,  de 
sorte  que  celui-ci  tend  k  s^ecarter  de  la  direction  premiere 
suppos^e  horizon  tale.  Rappelons  ici  le  fait  suivant,  comme 
exemple  de  Finfluence  que  les  resistances  eprouvees  par  la 
couche  inferieure  d'une  masse  fluide  apporte  au  mouvement 
des  parties  de  cette  masse  :  des  experiences  de  M.  Russel, 
qui  n*ont  fait  que  confirmer  les  recherches  analytiques  de 
Lagrange  et  dToung  sur  le  meme  sujet,  ont  montre  que 
la  vitesse  de  propagation  des  vagues  k  la  surface  de  Teau 
est  d'autant  plus  retardee  que  Teau  est  moins  profonde, 
et  qu'au  contraire  les  vagues  marchent  tr^s-rapidement 
dans  une  eau  tr^s -profonde.  Cest  en  s'appuyant  sur  la 
cause  du  retard  apportee  a  la  propagation  du  moiivement 
ondulatoire  par  le  peu  de  profondeur  deTeau,  que  M.  Babi- 
net  a  cherche  Texplication  du  phenomene  du  mascarei  qui 
se  produit  k  Fembouchure  de  certains  fleuves  f). 

(*)  iludes  et  lectures  sur  les  sciences  d'observation  et  leura  applied^ 
t  ions  pratiques,  par  M.  Babinet,  t.  K  p.  20. 

2"'  S^RIE,  TOME  XXXVI.  32 


(  482  ) 

Nous  verrons  plus  loin  que,  dans ropinion  de  M.  Hari^ 
Davy,  rinclinaison  des  vents  ordinaires  k  Thorizon  est  aussi 
une  consequence  de  Taccroissement  de  la  vitesse  des  cou- 
ches d'air  avec  leur  ^l^vation  au-dessus  du  sol. 

Pour  ce  qui  concerne  les  vents  violents  qui  caract^risent 
le  passage  des  bourrasques  dans  nos  contrees  ou  leur  voi- 
sinage,  rien  ne  doit  nous  surprendre  si  ces  vents  affeclent 
presque  toujours  une  direction  plus  ou  moins  oblique 
relativement  k  Tborizon.  En  eifet,  il  est  bien  constat^que 
Faxe  des  mouvements  tournautsqui  engendrentg^n^rale- 
ment  nos  tempdtes,  est  plus  ou  moins  incline  dans  le  sens 
de  la  progression  de  ces  mouvements  (*).  II  r^sulte  de  cette 
inclinaison  que  la  direction  du  vent  dans  le  plan  vertical 
doit  varier  selon  la  position  de  I'observateur  par  rapport  k 
la  masse  d'air  constituant  la  bourrasque,  qui  est  dou^e  k  la 
fois  d'un  double  mouvement  de  translation  dans  I'atmo- 
sph^re  et  de  rotation  autour  de  son  axe  incline. 

Les  considerations  pr^c^dentes  suiBraient  pour  rendre 
raison  du  fait  general  de  I'obliquit^  du  vent,  que  j'ai  ^te 
conduit  k  admettre  en  m'appuyant  sur  des  faits  d'obser- 
vation  ou  qui  se  ratlachent  k  la  pratique.  Mais  je  ferai 
remarquer  ^galement  que  les  d^clivit^s  du  sol,  parfois  si 
prononc^es  k  la  surface  du  globe,  doivent  d^vief  tr^-fre- 
quemment  le  vent  de  la  direction  borizontale.  II  n*est  point 
superQu  de  rappeler  ici  que  les  asp^rit^s  du  sol  dans  les 
pays  de  montagnes  donnent  lieu  k  des  brises,  dont  M.  Four- 
net  a  fait  une  ^tude  particuli^re.  Selon  cet  observateur, 
les  courants  verticaux  qui  s^^tablissent  p6riodiquement 
dans  ces  circonstances,  tendent  k  alt^rer  les  mesures  des 


(*)  Les  mouvements  de  t atmosphere  et  des  mers  consid^r^s  au  pdni 
de  wiede  la  provision  du  temps,  par  M.  Mari^Davy,  page  2il. 


(  485  ) 

hauteurs  prises  barom^triquement,  au  point  que  les  for- 
mules  laissent  beaucoup  a  d^sirer,  d'aprte  M.  Foumet  (*). 

J'ai  expliqu6,  en  parlie,  par  les  differences  si  marquees 
que  presente  le  sol  de  la  Belgique  et  des  contr^es  voisines 
au  Sttd  et  au  Nord  d'Anvers,  les  hearts  opposes  que  les 
mesures  de  rinclinaisoa  du  vent  ont  pr^sent^s  aux  divers 
Stages  de  la  tour  de  la  cath^drale.  Ces  recherches,  faites 
dans  le  but  de  d^couvrir  s'il  existe  on  non  une  liaison 
apparente  entre  cette  inclinaison  et  les  variations  des  alti- 
tudes barom^triques  de  ces  Stages ,  selon  la  direction  et  la 
force  du  vent,  m'ont  permis  d'^tablir  une  conclusion  cer- 
taine  a  regard  de  Finclinaison  de  celui-ci ,  qui  varie  r^gu- 
li^rement  en  moyenne  suivant  les  divers  azimuts.  En  effet, 
lout  en  tenant  compte  des  circonstances  locales  qui  ont 
influ6  sans  aucun  doute  sur  les  mesures  de  Tinclinaison 
.  aux  galeries  de  la  tour,  j'ai  d^duit  de  la  concordance  qui 
s'y  est  manifest^e  le  plus  habituellement  entre  les  valeurs 
de  rinclinaison  pour  le  ra^me  vent ,  cette  conclusion  ge- 
nerate : 

Le  vent  souffle  ordinairement  suivant  une  inclinaison 
determinee  qui  lui  est  propre  a  chaque  experience ,  et  qui 
varie  souvent,  d'une  observation  a  Vautre^  pour  le  meme 
azimut. 

Les  considerations  que  j'ai  developpees  dans  tout  ce  qui 
precede  etablissent  avec  certitude  le  fait  de  Tobliquite 
presque  constante  du  vent,  relativement  k  Thorizon  et 
tres-pres  de  celui-ci.  Je  fais  ici  une  reserve,  parce  qu'il 
pourrait  arriver  parfois  que  dans  un  pays  de  plaines,  le 
vent  ras&t  pour  ainsi  dire  le  sol  sans  accuser  k  chaque 
observation  une  inclinaison  appreciable  pr^s  de  celui-ci. 

(*)  Annates  de  chimie  et  de  physique  ^  184^;  L  LXXIV,  p.  891. 


(  484  ) 

Dans  tous  les  cas,  cette  limite  serait  au-dessous  de  dix 
metres  d'^i^vatioo,  car  Taxe  de  rotation  de  nos  moulins  k 
vent  les  moins  ^lev^,  que  Ton  incline  de  10  i  IS""  de  haut 
en  bas  parall^lement  k  la  direction  moyenne  du  vent,  se 
trouve  k  dix  metres  au  moins  au-dessus  du  sol. 

En  pr^ence  de  ces  conclusions,  j'ai  cru  qu'il  importait 
de  signaler  le  fait  dont  je  me  suis  occupik  Tattention  des 
m^ttorologistes,  parce  quMI  est  doublement  n^cessaire 
d'^tudier  un  des  caract^res  du  vent  qui  doit  exercer  une 
influence  certaine  sur  les  fluctuations  du  barometre  aa 
niveau  du  sol.  Mais  avant  d'entrer  dans  cette  voie,  j*ai  cru 
devoir  m*adresser  k  M.  Mari^-Davy,  directeur  de  FObser- 
vatoire  met^orologique  de  Montsouris,  pr^s  de  Paris,  dont 
j'ai  pu  appr^cier  r^cemment  I'extrSme  obligeance.  Je  d^i- 
rais  particuli^rement  savoir  de  ce  savant,  si  des  exp^ 
riences  directes  et  suivies  n'avaient  pas  H&  failes  k  Tegard 
de  rinclinaison  du  vent.  J'ajoutai  a  cette  demande  quel- 
ques  indications  sur  les  raisons  pr^c^dentes,  qui  me  por- 
taient  k  consid^rer  i'obliquit^  du  vent  comme  un  fait  ge- 
neral et  certain  dans  les  pays  de  plaines  et  sur  TOc^an. 
Yoici  la  r^ponse  que  M.  Mari^Davy  a  eu  Tobligeance  de 
m'adresser  k  la  date  du  30  octobre  dernier  : 

c  Je  ne  C4)nnais  pas  d*exp^riences  directes  et  suivies 
»  faites  sur  la  direction  du  vent  dans  le  sens  vertical. 

>  G'est  surtout  la  pratique  qui  a  determine  la  meilleure 
»  inclinaison  des  moteurs  a^riens.  Cependant  les  agricul- 
»  teurs  savent  que  les  bl^s  les  plus  exposes  k  Hre  ren- 

>  versus  par  le  vent  sont  ceux  qui  se  trouvent  k  quelque 

>  distance  sous  le  vent  d'un  obstacle,  et  la  mani^re  mdme 
»  dont  les  grandsr  vents  couchent  les  bl^s  accuse  une  force 

>  verticale  assez  prononc^e. 

>  Au  reste,  Tobliquite  du  vent  est  une  consequence 


(  488  ) 

forc^e  de  Tin^gale  vitesse  des  couches  d'air  aux  diverses 
hauteurs.  Les  couches  superpos^es  glissent  et  frotteut 
Tune  sur  I'aulre ,  et  la  resistance  partant  du  sol ,  il  en 
r^sulte  une  composante  verticale. 
>  Dans  certaines  conditions  atmosph^riques  Tensemble 
de  Tatmosph^re  est,  en  outre,  anime  d'un  mouvement 
de  descenle  qui  est  normal  dans  la  zone  des  calmes  tro- 
picaux.  On  voit  alors  la  fumee  des  hautes  chemin^es 
s'incliner  vers  le  sol  et  Tatmospb^re  des  grandes  villes 
se  rembrunit. 

»  Cependant,  je  le  repete,  aucune  observation  directe, 
au  moyen  d'appareils  mesureurs,  n'est  arriv^e  k  ma 
connaissance  ou  n'est  restee  dans  mes  souvenirs. 
»  Je  ne  crois  pas  que  le  vent  aurait  sur  la  mer  autant 
d'action  s'il  se  mouvait  horizontaleinent,  et  je  regarde 
cetle  direction  comme  impossible.  Les  deviations  sont 
I'etat  normal;  elles  peuvent  avoir  lieu  dans  tous  les 
sens.  La  deviation  dans  le  sens  vertical  haut  en  bas  est 
un  resultat  moyen.  > 
On  voit  par  cette  lettre  que  M.  Mari^^Davy  considere 
I'obliquite  du  vent  comme  un  fait  general  et  tout  k  fait 
hors  de  doute. 

J'examinerai  succinctement  ici  Irois  systemes  d*appa- 
reils  destines  k  Tobservation  r^guliere  de  rinclinaison  du 
vent,  et  dont  Tun  me  parait  appeie  k  satisfaire  aux  condi- 
tions voulues  pour  cette  etude. 

La  premiere  disposition  qui  se  presente  naturellement  a 
resprit  est  celle  qui  m'a  servi  a  mesurer  I'inclinaison  du 
vent  a  la  tour  d'Anvers.  Je  me  bornerai  k  rappeler  que  cet 
appareil  se  compose  essentiellement  d'une  double  vanne 
formee  de  deux  ailes  de  metal  inclinees,  legeres,  fixees 
sur  un  axe  horizontal  oil  elles  sont  parfaitement  equi- 


(  486  ) 

iibr^es.  Get  axe  lourne  dans  uo  cadre  vertical  sar  le  cdt^ 
duquei  il  fait  saiilie,  de  maoiere  k  porter  une  longoe 
aiguille  qui  indique,  sur  un  cadran  lateral ,  rinclioaison 
que  prend  la  double  vanne  sous  TactioQ  du  vent.  Le  cadre 
est  mobile  autour  d'un  axe  vertical  de  fafon  k  pouvoir 
s'orienter  de  lui-mdme  suivant  Tazimut  du  vent,  par 
Taction  que  celui-ci  exerce  sur  deux  ailes  Gxeesi  la  partie 
inf^rieure  du  cadre  mobile. 

Get  appareil,  suppose  install^  au  sommet  d'un  m&t  de 
15  ^  20  metres  de  hauteur,  fera  connattre  k  tout  instant, 
par  la  position  de  I'aiguille ,  la  direction  inclinee  du  vent 
dans  le  plan  vertical  suivant  leqnel  il  souffle.  Mats  cette  dis- 
position ne  permettra  la  lecture  des  observations  que  pen- 
dant la  clart^  du  jour  et  en  Fabsence  de  la  pluie  ou  d*un 
temps  brumeux ,  k  moins  que  Ton  ne  reussisse  k  enregis- 
trer  les  indications  de  Tinstrument  dans  le  local  mSme  de 
robservatoire,aupr^s  duquei  le  m&t  s*^i^vera ,  par  les  pro- 
c^d^s  des  appareils  enregistreurs  fond^s  sur  i'^lectro- 
magn^tisme.  Malgr^  certaines  difficult^s  d*application  qui 
surgiront  de  prime  abord,  le  probl^me  pent  dtre  r^solu.  II 
conviendra  que  les  indications  de  I'appareil  soient  relev^ 
k  des  instants  assez  rapproch^s,  toutes  les  cinq  minutes, 
par  exemple,  afin  qu'aux  moments  oh  r^gneront  de  forts 
ventsn*observateur  reussisse  k  distinguer,  dans  les  relev6s, 
les  valeurs  des  inclinaisons  les  plus  stables  et  les  oscilla- 
tions extremes,  qu'un  instrument  aussi  sensible  accomplira 
sous  Finfluence  de  remous  ou  de  toute  perturbation  mo- 
mentan^e  dans  la  direction  inclinee  du  vent. 

Une  seconde  disposition  qui  pourrait  6tre  tentee,  con- 
sisterait  k  d^duire  Finclinaison  des  courants  a^riens  de  la 
diff<§rence  de  marche  de  deux  an^mometres  du  docteur 
Robinson ,  dont  Fun  accomplirait  ses  revolutions  dans  les 


(  487  ) 

conditiODSuOrdinaires,  c'est-i-dire  aulour  d'uD  axe  vertical, 
et  indiquerait  ainsi  la  composante  horizontale  V  de  la 
Vitesse  absolue  du  vent.  L'autre  an^mom^tre  serait  tout  k 
fail  idenlique  au  premier  sous  le  rapport  des  dimeDsions, 
du  poids  de  ses  parlies  et  m^me  de  la  r^istance  du  frotle- 
ment  dans  son  mouvement  de  rotation;  mais^au  lieu  de 
tourner  autour  d'un  axe  verlical  comme  le  pr^c^dent ,  ce 
second  appareil  accomplirait  ses  revolutions  autour  d'un 
axe  horizontal.  Celui-ci  serail  adapts  dans  un  cadre  vertical, 
qui  s'orienteraitconslamment  de  lui-m^me,  de  mani^re  k 
roaintenir  le  plan  vertical  de  rotation  du  syst^me  suivant 
Tazimut  du  vent.  La  marche  de  ce  second  appareil  ferait 
connailre  evidemment  la  vitesse  absolue  V  de  celui-ci.  La 
valeur  de  Tinclinaison  I  du  vent  se  d^duira  ais^ment  de 
la  comparaison  des  deux  vilesses  V  et  V  &  Taide  de  la  for- 

mule  : 

V 

cos  I  =3 

Mais  celle  disposition  offrirait, dans  son  eii]ploi,plusieurs 
d^sa van tages.  D'abord,  le  rapport-^ fcra  connailre  seu- 
lenient  la  valeur  moyenne  de  Tinclinaison  du  vent  corres- 
pondant  aux  deux  instants,  plus  ou  moins  ^loign^s,  pen* 
dant  lesquels  la  marche  des  deux  instruments  aura  ^t^ 
relev^e  dans  le  but  d'en  d^duire  les  vilesses  respectives  V 
et  T.  Cest,  sans  aucun  dpule,  un  disadvantage  marqu^, 
qui  ne  permettrait  gu^re  de  calculer  avec  certitude  la 
valeur  de  Imclinaison k  un  moment  donn^,  de  tr^s-courte 
dur6e. 

II  est  a  craindre,  d'autrepart,  que  ran^mom&lre  en 
rotation  verticale  ne  puisse  snivre  assez  rapidement  les 
variations  brusques  du  vent  en  azimut,  et  qu'il  ne  perde 


(  488  ) 

ainsi  momentaD^meDt  une  partie  de  Taclion  totale  du 
vent;  il  r^sulterait  deces  fluctuations  une  valeur  trop  faible 
pour  V.  L'an^mooQ^tre  ordinaire,  qui  re^oit  toujours  en 
plein  i*action  de  la  conoposante  horizontale  du  venl, 
quelles  que  soient  les  fluctuations  en  azimut  de  celui-ci, 
n'^tant  pas  expos^  a  ^prouver  ces  irr^gulariles,  donnera 
toujours  exaclement  la  valeur  de  \'.  II  r^sulte  de  Ik  que 
ie  rapport  yne  fera  pas  connaitre  avec  precision  la  valeur 
moyenne  de  Tinclinaison. 

Enfin,  Tapplication  de  cette  disposition  nepermettra  au- 
cunenaent  de  distinguer  les  cas  oil  Tinclinaison  du  vent  sera 
dirig^e  alternativement  de  haut  en  bas  et  de  bas  en  haul. 

En  presence  de  ccs  inconv^nients,  et  particulidreroent 
du  dernier,  il  ne  convient  pas,  je  pense,  d'appliquer  cette 
seconde  disposition  k  Tetude  r^guliire  et  suivie  de  rincli- 
naison  du  vent. 

L'appareil  qui  me  paraitappel^^satisfaire  anx  conditions 
essentielles  du  probl^me  est  randmoscope  k  ailettes  de 
M.  Piazzi  Smith,  tel  qu*il  a  etc  peri'ectionn^  par  M.Salleron 
et  applique  par  lui  k  renregistremenl  electro-magn^tique 
des  variations  en  azimut  de  la  direction  du  vent.  La  des- 
cription de  Tappareil  de  Piazzi-Smith ,  qui  estun  des  plus 
sensibles,  se  trouvant  dans  plusieurs  trait^s,  je  me  dispen- 
serai  de  Ie  faire  coi>naitre.  Je  me  bornerai  k  queiques 
indications  sur  Ie  mode  d'application  de  Tappareil  au 
relev6des  inclinaisons  du  vent.  Supposonsd'abord  unaxe 
mobile  vertical,  qui  s'orienle  constaroment  de  lui-m^me 
suivant  Tazimut  du  vent  par  Taction  de  celui-ci  sur  un 
systeme  de  girouette  quelconque  appliqu^  k  cet  axe.  Sup- 
posons  qu'k  .son  sommet  on  ait  adapte  un  appareil  de 
jPiazzi-Smith,  dispos(^,  non  plus  suivant  Ie  mode  ordinaire, 
mais  de  telle  sorte  que  son  aiguille  indicatrice  soit  amen^ 


(  489  ) 

invariablemeDt  dans  la  direclion  absolue  du  vent  par  le 
jeu  ordinaire  de  Tan^moscope  lui-m^me.  A  ceteffet,  Tappa- 
reil  sera  mobile  et  parfaitement  ^quilibr^  autour  d*un  petit 
axe  horizontal  fix^  au  sonimetde  Taxe  vertical,  qui  suppor- 
tera  et  orientera  en  azimut  toulle  sysleme.  L'arbre  portanl 
les  deux  roues  i  ailettes,  qui  caract^risent  si  ing^nicuse- 
ment  la  disposition  de  Piazzi-Smith,  sera  susceptible 
d'ob^ir  ainsi  ^  un  mouvement  de  bascule  snivant  le  plan 
vertical  de  la  direction  du  vent.  Les  deux  roues  ^  ailelles 
se  Irouveront  alors  Tune  au-dessus  et  Tautre  au-dessous 
de  Tappareil.  Le  vent  cessera  d'avoir  prise  sur  elles  quand 
leur  arbre  aura  et^  amen^  dans  une  position  perpendicu- 
laire  i  la  direction  absolue  du  vent,  que  marquera  exac- 
tement  son  aiguille  indicatrice. 

Cette  direction  sera  cnregistr^e  k  Taide  d*un  syst^me 
^lectro-magn^tique  ou  d*une  disposition  mecaniquc  quel- 
conque.  Les  resistances  que  presenlcra  celle-ci  seront 
ais^ment  vaincues  par  la  force  avec  laquclle  Tanemoscope 
tendra  a  se  placer  dans  la  direction  absolue  du  vent,  quand 
elle  eprouvera  des  changements,  car  ceux-ci  donneront 
lieu  k  une  prise  d'air  sur  les  roues  5  ailettes,  donl  le  jeu 
aura  pour  effct  de  ramener  constamment  le  systeme  sui- 
vant  cette  direction  absolue. 


Sur  le  meteorographe  enrcgistreur  de  M.  Van  Rysselberghe; 
par  M.  Gloesener,  membre  de  TAcademie. 

Dans  le  rapport  que  j*ai  prescnte  in  rAcademie,le  8  aoAt 
dernier,  sur  la  notice  de  M.  Van  Rysselberghe  relative  a 
son  sysleme  met^orograpbique  universel,  j'ai  dit : 

<  M.  Van  Rysselberghe  est  persuad<i  que  son  meteoro- 


(  *90  ) 

»  graphe  est  universel  ^  que  par  consequent  il  est  propre 

»  k  enregislrer  aussi  les  observations  de  la  boussole  ma- 

»  gn^tique  ,celles  des  aiguilles  des  gal vanom^tres  et  d'autres 

>  appareils  semblables.  —  Je  ne  puis  souscrire  encore  k 
»  cette  proposition  g^n^rale  et  admettre  que  les  deviations 

>  des  aiguilles  prenommees  puissent  ^tre  enregistr^es 

>  avec  precision. 

»  Au  surplus,  je  trancherai  la  question  par  Texperience 

>  et  je  m'assurerai  si  le  meteorographe  est  universe!  ou 
»  assujetti  k  quelques  exceptions.  > 

D^s  mon  retour  de.la  mission  que  le  Gouvernement 
m'avait  confine  auCongr^s  international  met^orologique  de 
Viennese  me  suis  en  effet  rendu  k  Ostende,  oti  je  snis 
reste  plusieurs  jours,  dans  Tunique  but  d*etudier  minu- 
tieusement  le  systeme  de  M.  Van  Rysselberghe.  La  vue  du 
fonctionnement  de  Tappareil  dont  j'ai  admir^  la  simplicite 
et  la  precision,  et  les  experiences  ex^cutees  m*ont  donn6 
la  conviction  que  celui-ci  est  capable,  non-seulement 
d'enregistrer  les  variations  de  Taiguille  magn^tique  et 
celles  de  retal  eiectrique  de  Pair,  mais  encore  d'enregistrer 
ces  don ndes  avec  une  rigoureuse  exactitude,  ainsi  que  les 
indications  de  tout  instrument  k  aiguille  ou  a  colonne 
mercurielle,  y  compris  les  therraometres  du  psychro- 
metre. 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord  dans  eet  enregistrenr  et  le 
distingue  de  tons  ceux  construits  jusqu'^  ce  jour,  c'est 
qu'il  grave  sur  metal  les  courbes  met^orologiques,  four- 
nissant  ainsi  une  planche  dont  on  retire  par  Timpression 
autant  d'exemplaires  qu'on  le  desire;  ce  qui  permettrait 
aux  Observatoires  de  se  communiquer  mutuellement 
leurs  documents 9  avec  la  plus  grande  facilite,  s'ils  adop- 
taient  le  systeme  de  M.  Van  Rysselberghe. 


(491  ) 

Ensiiite  ce  qui  est  parti.culi^rement  remarquable^c'est 
qu'un  seul  burin,  mA  par  un  seul  ^lectro-aimant,  grave 
success! vement,  sur  une  seule  feuille  m^tallique,  les  ele- 
ments de  toutes  les  courbes.  On  ne  peut  m^connaitre  la 
superiority  incontestable  d'un  burin  d'acier  sur  les  crayons 
traceurs  utilises  jusqu'i  ce  jour. 

Ge  qui  pour  cet  appareil  est  le  gage  d*un  bel  avenir, 
c'est  que  les  frais  de  construction  sont  insignitiants,  com- 
parativement  aux  prix  eiev^s  qui  jusqu'ici  ont  rendu  les 
mel^orographes  presque  inabordables. 

L'enregistreur  de  M.  Van  Rysselberghe,  ainsi  que  j'ai 
pu  m'en  assurer,  n*exige  ni  instruments  indicateurs,  ni 
r^gulateur  d'une  construction  speciale,  la  premiere  horloge 
venue  devient  T^me  directrice  du  syst^me. 

Les  appareils  indicateurs  et  Thorloge  sont  abandonn^s 
librement  k  eux-m^mes;  on  ne  leur  demande  aucun  travail^ 
tons  les  mouvements  m^caniques  ^tant  produits  par  un 
poids  ou  ressort-moteur  que  Ton  remonte  de  temps  en 
temps. 

En  resume  je  me  fais  un  devoir  et  un  plaisir  de  declarer 
que  j*ai  trouv^  dans  le  m6leorographe  de  M.  Van  Ryssel- 
berghe, un  enregistreur  vraiment  universel  el  tout  k  fait 
digne  d*attirer  Tattention  des  met^orologistes  et  des  Ob- 
servatoires.  J*ajouterai  qu'on  peut  s'en  rapporter,  pour  les 
applications,  k  sa  notice,  accompagne  de  dessins  et  de 
diagrammes,  dont  TAcademie  a  vote  I'impression  dans  ses 
Bulletins. 


(  492  ) 

Appendice  aux  troisiemes  Additions  et  lisle  des  Gomphines, 
decrites  dans  le  Synopsis  et  ses  trois  Additions;  par 
M.  Edo).  de  Selys  Longchamps,  membre  de  TAcademie. 

La  liste  g^neralc  sert  de  table  des  mati^res.  On  troine 
ii  chacune  des  colonnes  qui  suivent  le  nom  des  especes, 
rindicalion  du  Synopsis  ou  de  ses  Additions ,  avec  le  du- 
m^ro  d'ordre  sous  lequel  les  especes  soot  decrites.  Lors- 
qu'aucune  mention  du  sexe  n'est  inscrite,  c*est  que  tous 
deux  sont  signal^s. 

Dans  la  partie  de  ces  troisiemes  Additions,  publiee  dans 
les  Bulletins  de  rAcad^mie  de  juin  1873^  nous  arrivions 
k  connaitre  188  especes  de  Gomphines. 

Une  excursion  que  j'ai  faiie  en  Angleterre  dans  le  mois 
suivanl  m'a  permis  de  reconnaitre  et  de  d^crire  douze 
especes  nouvelles,  ce  qui  porte  le  chiffre  total  ^  deux 
cents,  et  de  completer  le  signalement  de  plusieurs  donl 
Fun  des  sexes  etait  inconnu  (1).  Je  viens  offrir  ces  des- 
criptions sous  la  ibrme  d'Appendice  aux  troisiemes  Addi- 
tions, J'ai  pu  etudier  les  exemplaires  signales,  grice  a 
Tobligeance  du  D'  J.-Edw.  Gray,  chef  du  departement 
zoologique  au  British  Museum;  de  M.  Fr^d.  Smith,  assis- 
tant ^  cc  dipartement;  le  D'  0.  Westwood,  professeura 
rUniversite  d'Oxford;  le  D'  Moore,  directeur  de  VEast 
India  Museum,  k  Londres,  et  de  mon  ami  M.  R.  Mac 
Lachlan.  Que  ces  savants  re^oivent  ici  Texpression  de 
toute  ma  gratitude! 

Le  tableau  dc  la  classification  qui  precede  la  lisle  des 


(1)  Yoici  la  progression  du  uoinbrc  de  Gompbioes  decriles  : 
Liiiue  en  connaissail  2;  Fabricius  3;  Burineister  10  (eu  1830);  Ram- 
bur  50  (1841);  de  Selys  117  (1854). 


(  493  ) 

esp^ces  permet  de  saisir  d'un  coup  d'oeil  les  modifications 
que  des  d6couverles  successives  et  une  connaissance  meil- 
leure  de  la  valeur  relative  des  caracteres  m*ont  d^cid^  k 
apporter  dans  la  s<^rie  des  Gomphines,  telle  que  je  Favais 
propos^e  dans  le  Synopsis ,  il  y  a  pr^s  de  vingt  ans. 

Ces  modifications,  k  part  onze  sous-genres  nouveaux 
inlercal6s,  ne  concernent  guere  que  le  genre  Gomp/ms, 
dans  lequel  vingt  sous-genres  sont  enum^r^s  d'une  mani6re 
un  peu  differente  de  celle  que  j*avais  d^abord  adoptee  (1). 
Voici  les  principes  sur  lesquels  je  roe  suis  appuye : 

Dans  le  grand  genre  Gomphus  on  peut  reconnaftre  plu- 
sieurs  categories  presentant  un  facies  particulier,  concor- 
dant avec  la  localisation  geographique ,  et  comprenant 
chacune  plusieurs  sous-genres  dans  I'ordre  ou  je  les  place 
dans  la  liste  g^n^rale  : 

l""  Les  appendic^  anals  sup^rieurs  des  d*  ont  environ 
le  double  de  la  longueur  du  dernier  segment.  Appendice 
inferieur  variable. 

S.  G.  1.  Heterogohphus.   ~  Inde  el  Malaisie. 

2.  Ontcbogomphus.  —  Europe,  Asie,  Malaisie  el  Afrique. 

^  Dans  les  groupes  suivants  les  appendices  sup^ricurs 
des  cT  ont  environ  la  longueur  du  dernier  segment.  On 
peut  les  subdiviser  comme  suit : 

A.  Appendice  anal  inferieur  du  </  2k  branches  non  divariquees. 

3.  Erpetogonphus.  —  Ameriqae  septentrionale  chaude. 

4.  Ophiogomphus.  —  Europe,  Asie,  Amerlque  seplenlrionale 

temper^e. 


(1)  J'ai  renouce  k  grouper  les  sous-genres  d'apr^s  la  presence  ou  Pab- 
sence  d*uiie  denl  au  p^nis,  parce  que  ce  caracl^re  presenle  des  exceptioDs 
cbez  des  esp^ces  eo  apparence  voisioes,  el  quMI  est  difficile  ^  saisir. 


(  494  ) 

B.  Le  huitiime  segmenl  fortemenl  dilale  en  fcuilles  membra- 
Ileuses.  (Appendices  variables.) 

5.  Ceratogomphus  . 


*  I  —  Afriqi 


^   -  .        jueaustrale. 

6.  Pryllogoiipbds 

C.  Appendices  snperieurs  des  d'  (res-fourchus,  rinferiear  a 
branches  divariqu^es. 


7.  MfCROGOiPHUS     .  .   _  Malalsle 

8.  Macrogohprus 


D.  Appendices  inferieurs  des  cf  a  branches  divariquees. 


a.  Les  supdrieurs  et  chaque  branchc  de  I'lnferieur 

fourchues. 

9.  OcTOGOMPHus.  —  Amerique  seplentrionale. 

b.  Appendices  plus  simples  : 

10.  Dromogovphus.  —  Amerique  seplentrionale. 

11.  GoMPHUs.  —  Europe,   Asle,   Afnque    seplentrionale   et 

Amerique  seplentrionale. 

13.  Cyclogomphl's    . 

13.  Anormogomphus  .  \  —  Asie  iropicale. 

14.  Plattgomphus    . 


15.  austrogomphcs  . 

16.  Hemigomphcs 


I  —  Auslralie. 


17.  Neogorphus.  —  Amerique  meridionale. 

E.  Corps  gr^Ie;  dessins  verd^tres  ou  bleusitres.  Appendices 
des  d*  de  forme  diverse,  les  inferieurs  k  branches  droites 
ou  peu  divariquees. 

18.  Ctanogouphus    .  \ 

19.  Epigompbus    .    .  >  —  Amerique  meridionale. 

20.  Agriogorpbus     .  ) 

II  est  vraisemblable  que  lorsque  nous  connaitrons  (oul 
k  fait  bien  les  esp^ces  dont  nous  ne  poss^dons  qu'un  seol 
sexe  ou  des  exemplaires  incomplets ,  il  y  aura  lieu  d'^lever 


(  49S  ) 

au  rang  de  grands  genres  plusieurs  des  categories  donl  je 
viens  d*esquisser  la  physionomie. 

4  (Addition),  HETEROGOHPHts  Smithh,  DeSelys. 
9  Abdomen  SG"""" ;  Aile  inferieare  54. 

9  Jeune,  Ptdrosti^a  jaune  pk\c  (long  de  ^<^^)  entre  des  nervures 
noires,  surmontant  7  cellules ;  21  antecubitalcs  aux  supcricurcs, 
15  postcubitales;  costale  noir&tre^  mcmbranule  pi^le,  pelitc. 

T6te  (manque).  Thorax  comme  chez  le  m&le,  mais  les  deux  bandes 
cun^iformes  jaunes  antericurcs  plus  larges  ct  Ics  sinus  antealaircs 
tout  jaunes.  Le  jaune  de  Tabdomen  plus  etcndu,  cette  couleur  occu- 
pant au  moins  les  trois  quarts  des  segments  jusqu'au  6';  les  deux 
tiers  au  7%  et  le  tiers  au  8«.  Appendices  anals  (longs  de  S™*")  tres- 
minces,  bruns,  plus  longs  que  le  10«  segment,  penchds  sur  une 
protuberance  epaisse  conique  presque  aussi  longue  qu^eux ,  qui  tcr- 
mine  Tabdomen.  £caille  vulvaire  ayant  le  tiers  du  9*  segment,  pres- 
que entierement  divisee  en  deux  lamelles  clroitcs  pointues  un  peu 
distantes  au  bout.  Tous  les  femurs  livides  en  dedans;  les  postcrieurs 
longs  de  4  '/«  a  8""- 

PcUrie  :  Inde  septentrionale.  (Coll.  de  M.  Moore.) 

N.  B.  Differe  de  la  femclle  de  17/.  Sommeri  de  Chine  par  Tabsence 
dc  raie  humerale  jaune ,  le  pterostigma  plus  court,  le  grand  nombrc 
de  ncrvules  costales  (chez  17/.  Sommeri  il  ny  &  que  16-17  anle- 
cubitales  et  10-12  postcubi(alcs);  lesanneaux  jaunes  de  Tabdomen 
beaucoup  plus  larges,  Tecaille  vulvaire  plus  profondement  fourchue 
k  branches  plus  fines  moins  ecartees. 

10  [Addition).  Ohtchogomphds  forcipatus  ,  L. 

Race :  Unguiculatus,  Vanderl. 

Dans  le  Synopsis  je  n'ai  pas  parlc  des  races  ou  varietds  locales  du 
fordpaius,  bien  que  je  les  eusse  signalees  d^  1840  (Monogr.  Libell. 
Eur.,  page  83).  Elles  ont  cte  6tudiees  et  decrite»  en  detail  dans  la 
monographic  des  Gomphines,  d'apr^  les  observations  du  D'  Hagen. 
Pour  completer  le  Synopsis  il  convient  dc  mentionner  que  je  reserve 
Ic  nom  de  race  unguiculatus  aux  exemplaires  du  Midi  nommds 
jEschna  unguiculata  par  Vanderlinden.  J'ai  signale  ces  exemplaires 
de  la  maniere  suivantc  : 


( *96 ) 

a  Devaiit  dc  la  face  avec  une  scule  ligne  noire  transyerse  a  peine 
dislincle.  Les  raics  noircs  du  devant  du  thorax  etroites,  celles  des 
cutcs  presque  nulles.  Appendices  anals  du  m&le  jaunes,  sans  nuance 
brunc:  ics  8%  9«  ct  10«  segments  a  laches  dorsales  jaunes  dans  les 
deux  sexes.  « 

Patrie  :  Europe  meridionale  (Provence,  Italic,  Espagne,  Algerie, 
Asie  Mineure). 

Chez  les  types  du  vrai  forcipatus  septentrional  le  devant  dc  la 
tete  porte  trois  ligncs  (ransverses  noircs  tres-distinctesj  les  raics 
noircs  du  devant  du  thorax  sont  largcs ;  les  appendices  anals  du 
mMc  rouss^lres,  mdlangcs  de  noirSlrc ;  les  8',  9*  ct  40«  segments 
sans  taches  dorsales  jaunes,  surtout  chcz  la  femelle. 

Patrie  :  Europe  froidc  et  tcmpcree  (Scandinavie ,  Allemagne, 
Belgiquc,  nord  de  la  France). 

II  est  bon  de  faire  remarquer  que  les  deux  races  prescntent  par- 
fois  des  individus  plus  ou  moins  intermcdiaircs. 

22^^.  OpHiOGOHPHrs  BisoTi,  DeSelys. 

9  Abdomen  envirou  55""";  aile  iof^rieure  .12. 

d*  Inconnu. 

9  Ailes  un  pen  salics;  reticulation  noire  y  compris  la  costale; 
pterostigma  gris-brun  (long  de  3™™  '/,)  surmontant  i-5  cellules; 
membranule  a  peine  visible,  p^le;  12-13  antccubitales,  8-9  postcu- 
bitales  aux  superieures ;  deux  rangs  de  cellules  postrigonales. 

Levres,face  et  front  jaune-verddtre,  excepte  unebordure  terminale 
grise  au  lobe  median  dc  la  Icvre  inferieure,  et  une  ctroite  bordnre 
basale  noire  au  front,  un  peu  avancec  au  centre.  Vertex  tout  noir. 
Occiput  jaune  des  deux  cotes,  portant  deux  corncs  aigues  distantcs, 
(dans  le  genre  de  celles  de  TOnychog?  cerastes),  les  deux  epines  un 
peu  inclinees  en  avant  et  s'ecartant  I'une  de  V autre,  DerriGre  des  yeux 
noirfitre  vers  le  haut  avec  une  tachc  arrondie  jaun&tre.  Protorax  uoi- 
r&tre,  son  bord  anti#*ieur  et  une  tache  mediane  jaun&tres.  Thorax 
jaune-verd&lre  ayant  en  avant  deux  bandes  m^dianes  noircs  contignes 
a  Tarete  dorsale,  peu  larges,  touchant  les  sinus  ct  le  bord  anterieur 
qui  est  finement  de  mime  couleur,  une  bande  humerale  et  une  ante- 
hum6rale  igalcmcnt  contigues  et  de  mdme  largeur,  montrant  entre 
dies  une  trds-fine  ligne  jaunalrc  incomplete.  Sinus  antealaires  noira- 


C  497  ) 

tres,  marqaes  de  jaune.  Les  cotes  du  thorax  ayant  une  seulc  ligne 
bnine  tr^-fine  a  la  suture,  ledessous  du  thorax  jaune-verdatre. 

i«'  segment  de  rabdomcn  noir&tre  en  dessus  avec  une  tache  dor- 
sale  jaune;  2-4<  avec  une  tache  dorsale  a  trois  lobes  dont  le  poste- 
rieur  est  plus  etroit.  Sur  les  c6te5  le  noir  forme  une  bande  laterale 
superieure  sur  les  i-4^^  seginents  et  le  dessous  et  le  vestige  d'oreil- 
lettes  sont  jaunes  (le  resle  manque).  Pieds  :  trochanteres  et  femurs 
jaune  obscur,  Textremite  des  femurs  noire  en  dehors,  leurs  epines< 
noires,  tr^s-courtes.  Tibias  et  tarses  noirs.  (Femurs  postdrieurs  longs 
de  6«"»  7«') 

Patrie :  La  Californie.  (Coll.  Mac  Lacblan.) 

N.  B,  Differe  de  la  femelle  du  serpentinus  .*  par  les  cornes  de 
Focciput  qui  sont  pointues;  du  serpentinus  et  du  coluhrinus  par  les 
bandes  noires  du  devant  du  thorax  plus  ^paisscs,  Tabsence  de  ligncs 
foncees  a  la  face  et  aux  levres  et  de  tache  jaune  au  vertex  entre  les 
yeux,  —  du  Rupinsulensis  mk\e  par  la  costale  noire,  Tabsence  de 
tache  jaune  au  vertex,  les  six  bandes  noires  du  devant  du  thorax 
plus  epaisses  et  sur  tout  par  la  presence  des  deux  bandes  noires 
adossees  a  la  suture  mesothoracique ;  du  Mainensis  ($  A\xRupinsulen' 
sist)  par  les  deux  epines  de  Focciput  divergentes  ( et  non  conver- 
gentes),  les  femurs  a  bandes  jaunes  (tons  noirs  chez  Mainensis)^  si, 
comme  j'ensuis  persuade,  la  description  de  Walsh  estexacte. 

33*<'-  GoMPHDS  PERflONATCis,  Dc  Sclys. 

$  Abdomen  45"^«>;  aile  inf^rieure  42. 

cf  Inconnu. 

9  Pterostigma  jaune  (long  de  i^^)\  14-15  antecubitales,  i2>i5 
postcubitales  aux  ailes  superieures. 

Face  noire  excepte  le  sommet  du  front  qui  forme  une  bande 
transverse  antericurc  jaune  (comme  chez  le  melamops)  et  deux 
petitcs  taches  rondes  orangees  a  la  I6vre  superieure.  Le  rcste  de  la 
t^te  noirlitre,  mais  Focciput  jaun&trc,  has,  un  peu  arrondi  au  milieu, 
avec  de  petites  dents  sur  les  c6tes  et  des  cils  noirs.  Devant  du  thorax 
noir  avec  deux  bandes  jaunes  droites  en  avant,  confluentes  avec  un 
demi-collier  m^othoracique  tres-fortement  interrompu  au  milieu, 
de  mani^re  a  former  avec  les  bandes  deux  7  tournds  Fun  vers 
rautre,  et  une  ligne  humdrale  tres-fine  de  m^me  eoulcur;  lies  cotes 

2""  S^RIE,  TOMB  XXXYI.  55 


(  498  ) 

jauaes  avcc  deux  lignes  noires  fines,  la  premiere  interrompue  aa 
milieu.  Abdomen  noir  avec  une  raie  dorsale  jaune  proloogee  jasqu'au 
7«  segment,  ou  la  bande  s'cSlargit  k  la  base ;  le  8*  sans  laches;  le  9« 
avcc  une  bande  transverse  terminale  jaune;  le  40*  sans  tache,  mais 
termine  par  un  tubercule  jaune  aussi  long  que  Ics  appendices  aoals, 
qui  sont  de  m^me  couleur.  Pieds  tout  noirs  (femurs  posterieors 
longs  dc  9""™). 

Palrie  :  Assam.  (Musee  d'Oxford.) 

N,  B.  Voisin  du  melosnops  dont  cette  femellc  differe  par  le  ptero- 
stigma  jaune,  Tocciput  jaune  arrondi,  non  elevd  en  pointe  m^iane ; 
Ics  deux  points  oranges  de  la  Idvre  sup^rieure ,  les  appendices  anals 
el  ics  tubercules  entre  eux  jaunes  et  les  deux  lignes  noires  des  cotes 
du  thorax  fines,  la  premiere  interrompue. 

SS'*'*-  GoMPHUS  PBOMBLAS,  Dc  Selys. 
9  Abdomen  environ  42;  aile  inferieure  38. 

d*  Inconnu. 

9  Pterostigma  noiri^tre  long  de  S"*"* ;  sa  ncrvule  interne  non  pro- 
longee  directement  dans  Fcspace  en  dessous ;  47  antecubitales, 
14  postcubitales  aux  ailes  superieures. 

Face  toute  noire  excepte  une  bande  jaune  au  sommet  du  front, 
qui  est  tres  d^prlm^  et  deux  points  a  la  levre  superieure.  Occiput 
has,  noirAtre.  Devant  du  thorax  noir  avec  deux  bandes  jaunes  pres- 
que  confluentes  avee  un  demi-collier  mibothoracique ,  ce  dernier 
presque  interrompu  au  milieu ;  les  cotes  jaunes  avec  deux  raies 
noires.  1*'  —  3*  segments  dc  Tabdomen  noirs  avec  une  raie  dorsale 
continue,  les  oreillettes  et  une  bande  maeulaire  lalerale  jaunes  (le 
reste  manque). 

Pieds  noirs, courts;  fdmurs  epineux  (Ics  posterieurs  longs  de  8**). 

Patrie  :  Madras.  (Musde  d'Oxford*) 

iV«  B.  Cette  femelle  ne  pent  £tre  classee  que  provisoirement,  le 
bout  de  Tabdomen  manquant  et  le  m&ie  dtant  inconnu. 

Par  le  devant  du  thorax  avec  un  collier  et  deux  bandes  jaunes 
sans  raie  humerale,  elle  rappelle  les  Heterogomphus^  mais  le  ptero- 
stigma est  plus  court. 

Je  la  crois  plut6t  voisine  du  personalus  auquel  elle  rcssemble  par 
la  lace  noire,  les  deux  points  jaunes  de  la  levrc  superieure  et  la  oolo- 


(  499  ) 

ration  generate  du  thorax.  EUe  s'en  distingue  par  le  pterostigma  noi- 
rdtre  un  pen  plus  court,  les  nervules  costales  plus  nombreuscs,  la 
taillc  un  peu  moindre,  les  deux  bandes  jaunes  du  devant  du  thorax 
non  confluentes  avec  le  demi-coUier,  celui-ci  a  peine  interrompu  au 
milieu,  la  premiere  raie  noire  des  c6tes  enti^re,  Tocciput  noir&tre 
has,  le  front  plus  deprime.  Ces  deux  derniers  caracteres  rappelfent 
Voccipitalis. 

53  {Addition),  Dromogohphus  armatcis,  De  Seiys. 

Abdomen  46'"'" ;  aile  iof^rieure  38. 

6*  Pterostigma  jaune  entre  des  nenrurcs  noires  (long  de  4'"<") ; 
15  an tecubi tales,  10  postcubitales  aux  ailes  superieures;  costale 
jaune  en  dehors. 

Diametre  de  la  t^te  7'"°>  '/s*  P^ce  jaune  exccpte  une  fine  ligne 
noire  au  bas  du  front  contre  le  nasus.  Occiput  jaune  cilie  de  noir, 
r^ion  du  vertex  noir&trc.  Prothorax  brun,  sa  base  et  le  bord  poste- 
rieur  jaunes.  Les  deux  bandes  jaunes  du  devant  du  thorax  tr^s-con- 
iluentes  avcc  le  demi-coUier  mesothoracique,  qui  lui-m£me  se  rdunit 
ayec  la  finear^te  dorsale  jaune.  Les  cotes  du  thorax  jaunes  ayce  deux 
bandes  brunes  completes  a  la  1'*  et  a  la  2*  suture.  Abdomen  brun 
avec  une  raie  dorsale  jaune.  Le  dessin  est  ainsi  qu'il  suit :  la  bande 
lat^rale  brune  touche  le  bord  postdrieur  au  2*  segment ;  aux  5  —  6*  la 
raie  dorsale  jaune  est  6troite  et  bord^e  lateralement  de  noir  (comme 
chez  le  Gomphus  vulgatissimus),  Les  7  —  10*  segments  sont  d'un 
jaune  rouss4tre  avec  une  bande  laterale  brune  ondul^e  dessinant  des 
taches  dorsales  daires. 

Appendices  anals  d'un  brun  clair,  Tinfericur  a  branches  un  peu 
plus  divariquees  que  les  superieurs,  dont  le  bout  interne  est  pointu, 
dtant  coupe  en  biseau  extdrieurcment. 

Picds  noirs,  interieur  des  femurs  un  peu  ligne  de  jaune ;  6-7  Opines 
fortes  aux  femurs  posterieurs  qui  sont  longs  de  12  '/,<"'°. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Am^rique  septcntrionalc  (Etats-Unis).  Musde  britannique. 

N.  B.  La  description  donnee  (Syn.,  n^  52)  etait  incomplete.  Cello- 
ci  pcrmet  de  le  s6parer  avec  certitude  de  son  voisin  D.  spoliatus.  Ge 
dernier  a  les  ailes  un  peu  plus  courtes,  le  pterostigma  plus  epais,  pas 
de  ligne  noire  au  bas  du  front,  les  deux  bandes  jaunes  du  devant  du 


(  800) 

thorax  plus  largcs,  ne  communiquant  pas  avcc  le  dcmi-collier  meso- 
thoracique,  qui  est  au  contraire  plus  dlroit. 

5i  (Addition).  A!iORiiO€OiiPflcs  hetbropterds,  de  Selys. 
9  Abdomen  ^Q*""^;  aile  iaf^rieure  24. 

Occiput  excessivemeDt  bas,  non  denticule,  plat  en  arrierc ;  pas  de 
ligne  foncoe  au  bas  du  front  ni  de  marque  noire  superieure  derriere 
Ics  yeux.  Les  dessins  bruns  du  thorax  presque  obliter^. 

Appendices  anals  jaunes,  Ires-courts,  ecart6s.  £caille  vulvaire  tres- 
courte,  un  pcu  dmarginec. 

Le  reste  conime  chez  le  maile. 

Patrie  :  Inde.  (Musee  d'Oxford.) 

N,  B.  Dans  la  Monographic,  j'ai  dit  que  le  ptcrostigma  du  m&le  est 
long  de  1  7*""»  il  '*"*  lire  :  2  Vi""'"'  Cejui  de  la  fcmclle  ici  decrite 
«st  long  de  3^ 


56^''.  Cyclogomphus  ybsicclosl's,  De  Selys. 

d*  Abdomen  environ  23""".  Aile  iuferieure  23. 

Costalc  jaune  vif  en  dehors;  19  antccubitales  aux  ailes  supe- 
ricures ;  ptcrostigma  brun  (long  de  2">°>). 

Face  jaune  avec  une  ligne  transverse  brune  au  bas  du  front,  une 
basale  et  une  fine  bordure  de  mSme  couleur  a  la  levre  superieure ; 
vertex  noir;  occiput  jaune;  derriere  des  yeux  noir  avec  une  tr^- 
grande  tache  jaune.  Thorax  jaune,  ayant  en  avant  quatre  baodcs 
noires  tr^epaisses,  les  medianes  scparCes  par  TarSte  dorsale  jaune 
qui,  en  se  reunissant  avec  un  demi-collier  anterieur  etroit,  forme 
un  Y  evasC  jaune.  Les  bandes  medianes  noires  confluentes  par  en 
haut  avec  les  humeralcs.  Sur  les  colds  on  voit  une  bande  noire  sous 
Taile  superieure,  et  le  commencement  d'une  ligne  superieure  noire 
entre  les  deux  ailes.  Abdomen,  noir  a  tache  dorsales  jaunes  lanceolees 
sur  les  i«r  et  2*  segments.  Les  3-i*  et  K«  portent  chacuu  un  anneau 
jaune.  (Le  reste  manque.)  Le  penis  renfle  en  vessie.  Pieds  noirs 
lignCs  de  jaune. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Inde.  (Coll.  de  M.  Moore.) 

iV.  B.  Voisin  de  Vypsilon  par  la  couleur  de  la  t^te,  du  dcvaat  et 


(  501  ) 

des  cot^  du  thorax.  II  en  differe  par  sa  tr^s-petitc  taille  et  les  pieds 
plas  lignes  de  jaune.  II  se  separe  de  Vheteroslylus  par  la  petite.  lignc 
courte  des  c6tes  du  thorax,  qui,  n'elant  pas  confluente  avec  la  raie 
posterieure  de  la  seconde  suture,  ne  forme  pas  un  dessin  en  Y. 

57^'-  Gyclogomphca  verticams,  De  Selys. 

5  Abdomen  environ  27™«" ;  aile  inferieure  25. 

d*  Inconnu. 

9  Rcssemble  bcaucoup  au  torquatus  par  la  taille  et  le  noir  de  la 
face  et  du  thorax.  II  en  differe  : 

i«  Par  une  tache  jaune  arrondie  au  vertex  entre  les  yeux; 

2o  Le  noir  du  reste  de  la  tdte  est  encore  plus  etcndu^  renfermant 
trois  taches  jaunes  au  nasus ,  traversant  completcment  la  l^re  supc- 
rieure ,  et  occupant  entiercment  le  derriere  des  ycux ,  sans  y  laisscr 
subsister  de  point  jaune. 

Palrie  :  Inde.  (Coll.  dc  M.  Moore.) 

N.  B.  n  differe  de  toutes  les  autres  especcs  par  la  tache  rondc 
jaune  du  vertex ;  de  Vheteroslylus^  par  sa  petite  taille,  les  bandes 
niedianes  noires  du  devant  du  thorax  confluentes  infcrieurement 
avec  les  humcrales,  et  la  coloration  dc  la  tSte. 

La  raie  noire  de  la  seconde  suture  des  cotes  du  thorax  est  en  Y, 
comme  chcz  le  torquatus  et  Vheteroslylus y  en  quoi  il  se  separe  encore 
du  vesiculosus. 

58ftMrt.  Hbmigomphus?  LATEBALI8,  De  Selys. 

9  Abdomen  environ  31>»™;  aile  inferieure  25. 

d*  Inconnu. 

9  Gostale  jaune  en  dehors,  le  reste  de  la  reticulation  noire; 
11-12  antecubi tales,  6-7  postcubitales  aux  superieures;  ptcrostigma 
epais,  jaune  entre  des  nervures  noires  epaisses,  couvrant  6  cellules 
(long  de  i""™  74)' 

Face  et  front  jaun&tres  avec  deux  raies  transverses  brunes.  Tune 
au  has  du  front,  Tautre  sur  le  rhinarium.  Une  bandc  brune  devant 
les  ocelles  a  la  base  du  front,  avanc^e  en  angle  au  centre.  Vertex  noi- 
r^tre  avec  une  tache  jaune  arrondie.  Occiput  tres-bas,  jaunatre,  a 
cils  bruns.  Derriere  des  yeux  d'un  brun  jauni^trc ,  passant  au  noir 


(  »02) 

vers  1e  haut.  Prothorax  brun  avec  une  tache  ccDtralc  geminee  et 
deux  petites  tachcs  jaunes  latdralcs  de  chaquc  cdte.  Devant  du 
thorax  brun  avec  des  dcssins  jaunc-verd&tre  elroits  isolcs  ainsi  qu^il 
suit:  un  dcmi-coUicr  niesothoraeique  fortementinterrompu aa  milieu, 
une  tache  ovale  etroite  antehumerale  en  avant,  enfin  un  gros  point 
humeral  superieur  contrc  les  sinus.  Sur  Ics  c6tcs  du  thorax  deux 
bandes  obliques  reniformes  isolees,  ccartees  Tune  dc  Tautre,  d'un 
vert  pale ,  chacune  d'elles  presque  cerclee  dc  noir.  Femurs  jaune 
livide,  un  pen  bruns  en  dehors ,  a  epincs  lividcs  (les  postericurs 
longs  de  6°>™).  Tibias  et  tarses  noirs.  Abdomen  (manque). 

Palrie  :  Le  nord  dc  TAustralie.  (Musde  Brit.) 

N,  B.  II  semble  plus  voisin  de  VH.  Gouldii  que  d'aucune  autre 
espece  par  la  face,  les  deux  dessins  ovals  du  devant  du  thorax  et  Ic 
pterostigma.  11  s'en  distingue  par  Tabscnce  de  raie  humerale  claire 
(reduite  a  un  gros  point  superieur)  et  par  les  deux  bandes  vertes 
cerclees  de  noir  de  chaque  cote  du  thorax,  cnOn  par  tons  les  femurs 
en  grande  partie  jaunes. 

L'absence  de  raie  humerale  Teloigne  aussi  des  H.  heteroelitus  et 
ochraceus  chez  qui,  d'ailleurs,  le  collier  mcsothoracique  jaunc  est 
confluent  avec  la  bande  antehumerale  de  m6me  couleur. 

Quant  aux  fF.amphicHtus,  prceruptus  et  interruptus,  ils  ont  une 
raie  humerale  claire  et  les  bandes  noires  du  devant  du  thorax 
sont  droites,  ce  qui  les  eloigne  des  autres  especcs,  lesquellcs  les 
ont  courbdes. 

(3^cr.  pROGOMPHus  PTGM/Eus ,  De  Selys. 

cf  Abdomen  25™";  aile  ioferieure  19. 

Ailes  hyalines;  reticulation  noire;  tons  les  triangles  divisd^  par 
une  veine ,  le  c6te  cxterne  des  discoidaux  tres-brlsc ,  surtout  aux 
supcrieurcs,  ou  il  est  suivi  dc  deux  rangs  de  cellules;  15  ant^cubitales 
et8'9  postcubitales  aux  ailes  superieures;  pterostigma  mince,  long, 
brun  fence  entre  deux  nervures  noires  epaisses,  surmontant  4-5  cel- 
lules (long  de  2™°*  ^/,) ;  un  seul  rang  de  cellules  postcostalcs  aux 
superieures  jusqu^au  bout  du  secteur  infdrieur  du  triangle  (cepen- 
dant  on  voit  parmi  elles  une  cellule  double  irreguliere}. 

Tdte  (manque).  Devant  du  thorax  noir  avec  une  raie  antehume- 
rale droite  jaunc-verd&tre ;  les  cotes  jaune- verdfttre  avec  une  bande 


(  803  ) 

a  la  premiere  suture  et  une  lignc  a  la  seconde  noires.  Abdomen  grclc, 
la  base  et  le  bout  epaissis;  noir  ay  ant  une  marque  au  i*^  segment  j 
une  t^che  dorsale  cuneiforme  touchant  le  bout  et  les  cotes  au  2« ; 
an  anncau  occupant  le  tiers  basal  au  7«;  une  bande  lateraleau  8« 
jaun&tres.  Pieds  (incomplets) ;  la  premiere  paire  noire  avec  Finte- 
rieur  du  femur  jaun&tre. 

Appendices  anals  superieurs  plus  longs  que  le  I0«  segment,  lege- 
rement  courbes  en  dedans,  a  pointe  peu  aigue;  jaunes,  leur  moilic 
basale  noire.  L'inferieur  un  pen  plus  court,  fourchu,  a  branches 
noires  fines  dcartees,  un  peu  courbees  Pune  vers  Taulre,  leur  bout 
echancre  formant  deux  dents  dont  Texterne  la  plus  petite. 

9  Inconnue. 

Patrie  .*  Bogota.  (Collection  Mac  Lachlan.) 

N,  B,  Tr^distinct  de  tons  les  autres  Progomphus  par  sa  taille 
aussi  petite  que  celle  du  Microgomphus  ehelifer,  Ge  sont  jusqu'ici  les 
deux  plus  petites  Gomphines  connues.  II  est  encore  remarquablc  par 
Tespace  postcostal  des  ailcs  superieures  dVn  seul  rang  de  cellules 
comme  le  Progomphus?  paucincrvis ,  qui  est  ^alement  de  Bogota 
(et  non  dc  Quito,  comme  jc  Tai  imprime  par  errcur,  S*""*  Add., 
66^-),  de  sortc  que  ccttc  double  circonstance  rend  de  plus  en  plus 
probable  que  le  paucinervis  est  bien  de  ce  genre.  Le  pygmceus  est  fort 
rcmarquable  par  le  cote  externe  du  triangle  discoidal  des  supe- 
rieures, plus  brise  que  chez  aucunc  autre  espdce. 

72^*  Ck)MPBOiDEs  SCAS.4 ,  De  Selys. 

Abdomen  </  47,  49-";  9  43.  Aile  inferieure  38-39;  $  41. 

Reticulation  noir&tre  (brune  chez  le  jeune))  costale  noiratre  (a 
peine  livide,  jeune)\  plerostigma  noir  (brun,  jeunej]  long  de  5"™ 
(d*)  5  '/i  (?)}  21-26  ant^cubitalcs,  15-16  postcubi tales  aux  supe- 
rieures (12-13  chez  la  9);  triangle  discoidal  ordinairement  de  3  cel- 
lules, rarement  de  2  ou  de  4,  les  internes  de  2  (rarement  de  3). 

d*  L^yres,  face  et  front  oliv4tres,  I^vre  supcricure  largement  tra- 
versce  et  cntouree  de  noirAtre  de  maniere  a  ne  laisser  subsister  que 
deux  taches  rondes  olivAtres;  nasus  et  devant  du  front  plus  on  moins 
enfumes;  vertex  noirAtre  avec  une  tache  jaune  entre  les  yeuxj 
occiput  olivAtre  finemcnt  borde  et  cilie  de  noir.  Thorax  noir,  ayant 
en  avant  de  la  crite  dorsale  un  demi-coliier  mdsothoracique  etroit, 


(  504  ) 

deux  raies  eCroitcs  droites  confluentes  legercment  avcc  lui  en  7;  une 
ligne  juxta-liumerale  enliere  ctroitc,  elargie  en  haul  contre  )es 
sinus ,  et  sur  chaque  c6te  trois  raies  jaun&tres.  Poitrinc  olivatrc. 
Abdomen  noir,  marque  de  jaunAtre  ainsi  qu'ii  suit :  une  raie  dorsale 
aux  4-5«  segments,  ne  touchant  pas  te  bout,  basale  ct  courtc  au  6*; 
un  large  anneau  occupant  la  moitie  basale  du  7«;  sur  les  coles  des 
taches  ct  les  oreillettes  aux  i-2%  une  grande  tache  basale  occupant 
le  tiers  on  le  quart  des  4-6^  segments,  et  une  marque  latcralc  (sou- 
vent  obiiterce)  au  8',  dont  les  cotes  sont  un  peu  dilates  en  feuilles 
etroites;  encore  plus  etroites  au  9*. 

Pieds  noirs  j  femurs  bruns. 

Appendices  anals  superieurs  jaunes  en  dessus,  noirStres  a  Pex- 
treme  base,  a  I'extr^mc  poinle  et  en  dessous;  plus  longs  que  le  der- 
nier segment,  semi-circulaires  allonges,  les  deux  bouts  se  rapprochant 
au  point  de  se  toucher.  Vus  de  profit ,  ils  portent  au  premier  quart 
en  dessous  une  dent  fine  en  epine,  puis  au  3«  en  dessus  une  dent 
triangulaire  au  bord  interne;  Textremite  comprimec  en  pincc  est 
tronquee,  dont  Pangle  superieur  est  prolongc.  Appendicc  infericur 
ayant  le  tiers  des  superieurs,  noiratre,  presque  enticrement  fourchu 
a  angle  aigu,  chaque  branche  pointue.  Vuesdc  profit,  les  branches 
etant  aplaties  semblent  tres-minces  et  sont  fortement  recourbees  en 
haut. 

9  (Voir  2«  Add.,  n*>  TS**'-).  Ajouter  seulement  que  la  levre  supe- 
rieure  brune  montre  les  deux  taches  olivatres. 

Patrie  :  Vera-Cruz.  —  Mexique.  Coll.  Selys  (par  M.  Salle).  Tam- 
pico  (par  M.  de  Saussure). 

N.  B,  Je  donne  une  nouvclle  description  plus  complete,  parce 
que  les  appendices  anals  du  mSle  etaient  inconnus  et  pour  qu'on 
puisse  etablir  une  comparaison  exacte  avec  la  race  Pdcifica. 

11  faut  noler  que  chez  Tun  des  deux  mdlcs  que  je  possede  Tepine 
basale  du  dessous  des  appendices  superieurs  parait  manqucr. 

72"^-  GOMPHOiDEs  PACiFicA,  De  Selys. 

(Racede  Suasa?) 
d*  Abdomen  45-45»n ;  aile  inf^rieure  35-37. 

d*  Reticulation  noire,  costale  distinctcment  jaune-clair  jusqu*au 


(  505  ) 

pterosUgma  qui  est  noir  (long  de  4  Vs'"°')  ^^"^^  antecubitales,  iOA^ 
postcubitales ;  Ics  triangles  comme  cbcz  la  sutua. 

Lev  res,  face  et  front  jaundlres,  la  superieurc  hordie  de  noir  en 
avanty  sa  base  et  un  point  central  enfumes;  devant  du  front 
enfume;  vertex  noir&tre  avec  une  tacbe  jaune  entre  les  yeux.  Occi- 
put  jaundtre  finement  borde  et  cilie  de  noir.  Thorax  noir,  ayant  en 
avant  la  crdle  dorsale,  un  demi-collier  mesothoracique,  deux  bandes 
etroites  droites  presque  conflucntes  avec  lui  en  7,  une  ligne  juxta* 
humerale  inferiettte,  siparSe  d'un  gros  point  contre  les  sinus,  vestiye 
d'une  ligne  humerale,  et  sur  les  cotes  trois  raies  jaunAtres  j  poitrine 
jauni^tre-obscur. 

Abdomen,  appendices  anals  et  pieds  comme  chez  la  suata  (Fepine 
du  dessous  des  appendices  superieurs  cxiste  chez  les  deux  exem- 
plaires  observ^). 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Putla  (Mexique),  sur  la  cote  du  Pacifique.  Coll.  Selys. 

iV.  B,  Jc  separe  avec  doute  de  la  suasa  ces  deux  m&les,  qui  pro- 
vicnnent  d'une  contree  differcnte,  parce  qu'ils  sont  un  peu  plus  pctits, 
ont  moins  de  nervules  costalcs,  la  levre  superieure  dessinee  et  coloree 
di£Feremment,  la  raie  jaune  juxla-humerale  interrompue.  lis  ses^pa-* 
rent  de  suite  de  Vambigua  par  le  triangle  interne  des  ailes  inferieures 
divise. 

75fitarf.  GoMPBOiDEs  AMBiGUA,  De  8ely8. 

9  Abdomen  47""";  aile  inf^rieure  58. 

d*  Inconnu. 

2  Ailes  hyalines  avee  un  vestige  safrane  allant  jusqu'a  la  pre- 
miere antecubitale,  et  un  autre  tr^s-pctit  a  la  naissance  des  secteurs 
de  Tarculus;  reticulation  noire,  costale  finement  jaune  en  dehors 3 
membranule  rudimentaire  brune ;  22  antecubilales,  12  postcubitales 
aux  superieures ;  pterostigma  brun  (long  de  5™"^) ;  triangle  discoidal 
de  3  cellules  aux  ailes  superieures  (ou  son  c6t^  superieur  est  un  peu 
plus  court  que  les  autres),  de  2  cellules  aux  inferieures  3  triangle 
interne  de  2  cellules  aux  superieures,  libre  aux  infirieures. 

Le  fond  de  la  coloration  du  corps  d'un  jaune  un  peu  rouss^tre,  a 
dessins  bruns. 

Face  jaune   s^vcc  vestiges   de   marques  brunesj  occiput  jaune 


(  806  ) 

arrondi,  brievement  cilie  de  noir.  Thorax  d*un  brun  rouz,  ayant  en 
avant  un  collier  mesothoracique  etroit,  deux  raies  droites  isolto  (ne 
touchant  ni  Ic  collier  ni  les  sinus),  unc  raie  humerale  etroite,  el  sur 
les  cot^  trois  raies  jaunes,  ces  dernieres  mal  arr6tees.  Abdomen  d*un 
roux  jaunAtre,  les  sutures  un  peu  noiralres  ;  le  8*  segment  a  feuillcs 
lat^rales  bien  marquees,  mais  etroitcs,  celles  du  9«  plus  etroites. 
£caille  vttlyaire  courte ,  lai^e,  ^chancr^  largemcnt  a  angle  obtus. 
Appendices  anals  ecartes,  jaunes  a  pointe  noire  aigue  (longs  de 
I  '/i"")*  Pernors  jaunAtres,  un  peu  bruns  au  bout;  tibias  ettarscs 
noirfttres. 

Patrie  :  Guatemala.  (Mus^  britannique.) 

N.  B.  Ressemble  k  la  G.  annecieM  du  Bresil  (2«  Add.,  n«  75  **) 
par  la  taille  et  par  le  triangle  interne  des  ailcs  inferieures  libre,  en 
quoi  ces  deux  esp^ces  different  des  autres  Gomphoides  pour  se  rap- 
procher  des  Cyclophylla. 

Vambigua  diff&re  de  Vanneetens  par  la  couleur  jaune  roussAtre  du 
corps  et  par  les  deux  raies  du  devant  du  thorax  non  conflucntes 
avec  le  demi -collier  m^sathoracique. 

EUe  ressemble  a  la  suasa  (perfida ,  Hagen)  par  la  taille,  mais  s*en 
s^pare  de  suite  par  le  triangle  interne  des  inferieures  libres.  Tab- 
sence  de  bordure  noife  k  la  levre  supdrieure  et  la  presence  de  feuilles 
latdrales  au  8*  segment,  chez  la  fcmelle  du  moins. 

Elle  diff^  de  la  Cyclophylla  elongaia  du  Mexique  (Add.  79^  ), 
dont  le  mAle  est  seul  connu,  par  le  grand  nombre  de  nerrules  ante- 
cubitales  (22  au  lieu  de  46)  —  la  l^vre  sup6rieure  non  entour^  ni 
traverse  de  noir,  —  les  deux  bandcs  du  dcTant  du  thorax  iso]ees» 
non  rdunies  en  7  avec  le  demi-collier.  —  Le  jaunAtre  dominant  sur 
Fabdomen  (le  noirAtre  a  taches  et  anneaux  jaunes  chez  Velongaia). 

11  faudrait  connaltre  le  mAle  pour  decider  si  c'est  une  Gomphoide 
ou  une  Cyclophylla.  J'ai  ddja  6mis  d'aiiieurs  Topinion  que  Vanneetens 
indique  que  les  deux  sous-genres  doivent  6tre  reunis,  de  meme  que 
les  Aphylla  qui  passent  aux  Cyclophylla  par  Vji.  edentata. 

84^-  HAGBiiiia?  Abbeeahs,  De  Selys. 
9  Abdomen  environ  SO™";  aile  inf(6rieure  27. 

d*  Inconnu. 

9  Ailes  k  peine  lay^es  de  jaunAtre ;  reticulation  bran  noirAtre  y 


(  807  ) 

compris  la  costale;  iO-11  anlecubitales  aux  superieurcs,  8  aux  infe- 
rieures;  7-8  postcubi tales.  Plerostignia  livide,  ^pais,  entre  dcs  ner- 
vurcs  noires  surmontant  i  cellules  aux  superieurcs,  5  aux  infericures, 
oh  il  est  plus  long  (ayant  2  '/^mn) ;  triangles  internes  pctits  librcs-;  le 
discoidal  k  c6te  externe  le  plus  long,  trarerse  par  une  nerrule  allant 
da  cote  superieur  a  rexteme  (ou  accidentellement  libre  k  Tunc  des 
ailes  superieurcs),  ce  triangle  notablement  plus  long  aux  ailes  infe- 
ricures, a  c6te  interne  tr6s-court. 

Tete  large  de  5  Vi"*"*  jaane,  excepte  Tespace  entre  les  yeux  qui  est 
noir  avec  un  point  jaune  median ;  tine  fine  bordure  basale  au  front, 
et  ie  derri^re  des  yeux,  ceux-ci  renfl^s.  Occiput  jaune  tresbas 
emargine  au  milieu^  6galement  jaune  en  arri^re  ou  il  est  divisc  en 
deux  rcnflements.  Prothorax  noir ;  ^  base,  le  bord  posterieur  et  un 
point  gemine  median  jaunes.  Tborax  jaune,  ayant  en  avant  une  fine 
raie  brune  adossee  a  la  suture  dorsale,  une  bande  antchumerale 
epaisse  et  une  humerale  moins  large  rapprochees,  confluentes  en  baut 
conlre  les  sinus,  scparees  dans  le  restant  par  une  ligne  jaune  etroite 
complete;  sur  les  c6tes  du  thorax  une  ligne  noire  a  la  suture  me- 
diane.  Abdomen  noir,  comprime,  ayant  les  c6les  des  1*'  et  2*  seg- 
ments, les  oreillettes  (rudiraentaires)  et  une  raie  lat^rale  jaune  divisee 
en  deux  taches  oblongues  sur  les  3«  et  A*  (le  reste  manque).  Cr^te 
dorsale  du  2*  segment  jaune. 

Pieds  bruns;   femurs  a  6pines   court«s  (les  posterieurs   longs 

de  6  V«"")- 

Patrie  :  Le  nord  de  Tlnde  (coll.  Mac  Lachlan);  pris  par  M.le  capi- 
•taine  Lang. 

iV.  B.  Decrit  d'apr^  un  excmplaire  tres-incompiet  paraissant 
ayoir  la  stature  de  VH,  nanus  du  Japon  et  son  occiput  bas,  echancrd, 
mais  tres-different  en  ce  que  cet  occiput  ne  porte  pas  de  pointes  en 
arriere,  par  I'absence  de  noir  a  la  face,  les  dessins  du  thorax,  etc. 

103  {Addilion).  Aiotog%stcr  basalis,  I>e  Selys. 

d*  Abdomen  SS*""" ;  aile  inf^rieure  44. 

Ressemble  a  la  femelle ,  mais  la  base  des  ailes  n'est  pas  safrande ; 
la  l^vre  superieure  porte  Tapparence  d*une  bordure  roussatre;  moins 


(  508  ) 

de  noir  a  ses  ebies]  le  nasus  est  borde  de  noir  en  avaot,  les  anneauz 
jaunes  de  Tabdoinen  un  peu  moins  larges. 

Palric  :  Himalaya.  (Mus.  de  Saint-Petersbourg.) 

N.  B.  J^avais  omis  de  donner,  dans  les  Additions  au  Synopsis,  le 
signalement  de  ce  m&le,  que  j'ai  d^crit  en  detail  dans  la  Monogra- 
phie  en  1858.  II  differe  tres-bien  dc  celui  du  Nipalensis  par  les  par- 
ties jaunes  du  reseau  des  ailes,  Tabsence  de  bordure  noire  a  la  levre 
superieure,  la  face  jaune,  Ic  rhinarium  noir,  les  a nneaux  jaunes  de- 
Tabdomcn  plus  larges,  surtout  aux  8*  et  9*  segments,  et  la  presence 
d'un  anneau  jaune  tr^-large  au  iO«. 

{05H«.  Thbgagastee  pabvistigma,  DeSelys. 

9  Abdomen  55™"*;  aile  infi^rieure  43* 

d"  Inconnu. 

9  Base  des  ailes  un  peu  jaun&tre,  costale  noire  en^  dehors ;  triangle 
discoidal  dc  2  cellules  aux  superieurcs,  divise  en  3  cellules  par 
5  veines  confluentes  au  milieu  aux  inferieures,  ou  ce  triangle  est 
equilateral.  L'interne  libre  (ou  accidentcUcment  divise  a  Tune  des 
superieures) ;  21  antecubitales,  11  postcubitales ;  3  cellules,  puis 
2  rangs  postrigonaux;  pt^rostigma  noir&tre  (long  dc  2  74™")* 

Levres  et  face  jaune  p&le ,  excepte  un  i^er  vestige  brun  median  a 
la  base  de  la  levresup^rieure,  un  autre  au  rhinarium,  unebande 
transverse  au  milieu  du  front  en  avant  et  une  large  bande  basale 
brune  devant  les  ocelles.  Occiput  jaun^tre  assez  grand,  les  yeux  etant 
tres-peu  contigus.  Thorax  noir  avec  deux  bandes  cuneiformes  en 
avant  et  deux  laterales  jaunes.  Abdomen  noir  annele  de  jaune,  sans 
demi-anneaux  medians  aux  7%  8*  et  9«  segments ;  le  10«  et  les  appen- 
dices anals  sont  noirs. 

Pieds  noirAtres;  les  femurs  bruns  en  dehors,  excepte  les  intcrme- 
diaires ,  qui  sont  livldes. 

Patrie  :  Hymalaya.  (Coll.  de  M.  F.  Moore.) 

N,  B,  Differe  de  la  femelle  des  ^notogasler  basaUs  et  Nipaiensis 
par  le  pterostigma  tres-court,  la  levre  super ieure  non  bordce  de 
noir,  le  dessus  du  front  jaune  (excepte  la  bande  basale),  le  10*  seg- 
ment tout  noir  et,  a  ce  qu*il  me  semble,  la  forme  plus  equilat^rale 


(  809  ) 

du  triangle  discoidal  des  aiies  inferieures,  qui  est,  en  outre,  divise 
en  3  cellules  par  3  veines  confluentes  au  centre. 

Les  memcs  caracleres  et  les  femurs  bruns  en  dehors  Ic  separent  du 
breuistigma,  quoiqu'il  lui  ressemble  par  ie  jaune  du  dessus  du  front; 
mais  la  bande  basale  devant  les  ocelles  est  brune,  droite  et  plus 
large,  et  le  pterostigma  encore  plus  court  et  Ic  nombre  des  nervules 
ant^cubitalcs  beaacoup  plus  grand  (21  au  lieu  de  15). 

Ayant  neglig^  de  noter  la  structure  de  la  l^rre  inferieure  dans 
Texaraen  trop  rapide  que  j'ai  pu  faire,  je  ne  suis  pas  certain  si 
Tcspece  appartient  au  sous-genre  Thectigaster  ou  aux  Anotogaster, 

107  (Addition),  Gordolbgasteb  ahmclatus,  Latrellle. 
Race :  j]|]iaculifrof(s,  De  Selys. 

J'ai  d^signe  sous  cc  nom,  d^  1850  (Revue  des  Odonales),  les 
exemplaires  du  midi  de  ITurope  chcz  lesquels  le  jaune  occupe  plus 
d'espace  sur  les  segments  de  Tabdomen,  et  chez  qui  le  front  est  ordi- 
nairement  tout  jaune  sans  raie  transverse  anterieure  jaune. 

Pairie  :  Europe  mdridionalc.  —  Tanger.  —  Asie  Mineure. 

Le  type  plus  fonce,  a  raie  frontale  noire,  est  de  TEurope  centrale 
et  septentrionale,  au  sud  du  cercle  polaire. 

Les  deux  races  nc  sont  pas  tres-conslantes,  et  sont  analogues  a 
celles  de  VOnychogomphtu  forcipatus  septentrional  et  de  sa  variete 
meridionale  nommee  unguieulatiu. 

109  (Addition)  Cob  du  leg  aster  bidbhtatds,  De  Selys. 

Race :  Anatolic  us,  De  Selys. 

On  peut  donner  ce  nom  aux  exemplaires  de  TAsie  Mineure  que 
dans  la  Monographic  (page  340]  j'avais  cru  a  tort  identiques  avcc  le 
pictus  dont  je  ne  connaissais  alors  que  la  feraelle.  lis  different  sculc- 
ment  du  type  europeen  en  ce  que  le  jaune  occupe  plus  d'espace  aux 
anneaux  de  Tabdomcn,  notamraent  au  3^  segment,  ou  il  rejoint  large* 
ment  le  jaune  du  dessous  vers  la  base. 

Patne  .*  Broussa  (Asie  Mineure).  Mus6e  de  Vienne. 

N,  B,  Je  reproduis  cctte  note  parce  que  dans  le  Synopsis  je  n'ai 
pas  signaI6  cette  race  ni  Thabilation  du  bidentatus  dans  TAsie  Mi- 
neure* 


(810) 

SotM-^enre.  33f*Mr<.  —  ALLOPET ALIA ,  Dr  Sblys. 

(Sous -genre  Douveau.) 

o'  Inconnu. 

9  Triangles  discoidaux  des  ailes  de  trois  (ou  quatre)  cellules 
cclui  des  superieures  oblong,  celui  des  inf^rieures  presquc 
t*quilat^ral.  L'interne  petit  et  libre  aux  superieures,  allonge 
et  divisd  en  deux  cellules  aux  inferieures.  Membranule  me- 
diocre; le  nodus  plac^  avantla  moitie  des  ailes;  deux  marques 
brunes  h  leur  base;  un  bon  nombre  de  nervules  ombrces  de 
la  m^me  couleur. 

Front  eleve,  pdle  en  avant,  non  ^cbancr^.  8'  et  9*  segments 
^largis  (mais  non  le  10').  Lames  vulvaires  courles,  conform^es 
presque  commc  chez  les  jEschniues. 

Patrie  :  Nouvelle  Grenade. 

N.  B,  Voir  a  la  description  des  especes  les  differences  notees 
en  comparaison  avec  les  caracteres  des  autres  sous-genres  de 
Petalia. 

On  pent  remarquer  chez  les  Petalia  en  general  comme  chez 
les  Petalura,  que  les  sous-genres  se  caraclerisent  bien  par  la 
forme  et  la  reticulation  des  triangles  discoidaux  et  internes 
combin^es  et  par  celle  du  front. 

Pour  bien  apprecier  la  place  que  ce  grand  genre  doit  occu- 
per  dans  la  s^rie,  il  faudrait  examiner  les  sexes  que  nous  ne 
connaissons  pas  encore,  savoir  les  fcmelles  de  Vffypopetalia 
et  des  Phyllopetalia  stictica  et  apicalis,  ainsi  que  le  m^le  des 
Allopetalia  pustulosa  et  reticulosa. 

En  ce  moment  je  trouverais  pr^maturd  de  changer  Tordrc 
quejai  preccdcmment  adoptc,  maisje  ne  serais  pas  etonne 
qu*on  futamene  plus  tard  a  rapprocher  les  Petalia  des  Chloro- 
gomplius  et  k  presenter  les  Gomphincs  fissilabiees  dans  un 
ordre  nouveau. 

Si  Ton  prenait  pour  caractere  principal  la  position  des 
yeux,  les  grands  genres  seraicnt,  en  commengant  par  ceux  qui 


(  311  ) 

les  ont  bien  distants  jusqu'ii  ceux  qui  Ics  ont  contigus  par  un 
point : 

i"*  Phenes  et  Petalura. 

2*  Chlorogomplius. 

5<>  Petalia. 

4*"  Cordulegaster. 

Si  au  contraire  oo  tientcompte  avant  lout  de  la  levre  infd- 
rieure  k  lobe  median  peu  ou  beaucoup  fendu  et  de  Tdcaille  vul- 
vaire  courte,  ou  en  longue  lame,  ou  eofin  conformee  presque 
commc  chez  les  ^schnines  on  aurait : 

V  Chorogomphus. 

!2®  Cordulegaster. 

3*  PeUlia. 

4"*  Petalura  et  Phenes. 

Cette  derniire  serie  est  celle  que  j'ai  adoptee  jusqu'ici :  mais 
je  reconnais  qu'elle  a  rincouvdnient  d'eloigner  les  Chlorogom- 
phus  des  Petalia.  11  faudrait  peut-^tre  placer  les  deux  groupes 
c6te  k  c6le  et  commencer  les  Fissilabi^es  par  les  Cordulegaster. 

114f»<"<-  Allopbtama  pustulosa,  De  Selys. 
9  Abdomen  5i"»  Aile  infi^rieare  54. 

cf  IncoDnu. 

9  Jeune.  (Couleurs  alterees.)  Ailes  un  peu  salies]  reticulation 
brune;  costale  jaune  en  dehors  josqu'au  bout;  pterostigma  pelit, 
jaunc-p41e  (long  de  2»™  Vt)  surraontant  2  (ou  5)  cellales,  sa  nervule 
interneprolongectres-obliquement  jusqu'au  secteur  principal;  le  nodus 
plac6  un  peu  avant  la  moilid  de  Voile;  membranule  gris4tre,  courte, 
mais  assez  large  aux  inferieures  qui  sont  assez  peliolees.  Deux 
nervules  hypertrigonales.  Aiies  supcrieurcs  :  14-15  anlecubitalcs, 
12  postcubUalcs ;  triangle  discoidal  allonge,  son  c6ti  interne  moitic 
plus  court  que  les  autres ,  divise  en  deux  ou  trois  cellules  par  une  ou 
deux  nervules  perpendiculaires,  suivi  de  5  cellules  postrigonalesj  puis 
dc  3  rangs;  Ic  triangle  interne  presque  equilateral,  Uhre^  precede 
de  3  nenrules  m^dianes. 


1 


(«12) 

Alios  inferieures  :  10-11  antecubitales  et  11-12  postcubilales ; 
triongle  discoTdal  grand  dquilatiral^  divise  en  trois  cellules  par  Irois 
vcines  se  rcunissant  au  milieu  (ou  avce  une  quatrieme  cellule  finale), 
suivi  de  qualrc  cellules  postrigonales ;  triangle  interne  allonge  aigu, 
divise  en  deux  cellules,  precede  de  trois  ncryules  medianes. 

Extreme  base  dcs  quatrc  ailes  gris-brun  opaque;  cctte  couleur  pro- 
luiigoe  jusqu'au  niveau  de  la  premiere  antecubitale  entre  la  sous- 
costalc  ct  la  mediane,  et  eutrc  la  sous-mediane  et  la  postcostale.  En 
outre  les  nervules  costales  antecubitales  et  les  costales  postcubitales 
sont  ombrees  chacunc  de  gris  brun ;  enfin  il  y  a  de  tres-petites 
taches  6toiI<^es  de  mdme  couleur  a  la  premiere  ct  a  la  cinquieme  ante- 
cubitale ,  au  nodus,  a  la  base  du  pterosligraa ,  a  Varculas  et  aux  deux 
bovts  du  cote  externe  du  triangle  diseoidal. 

Tctc  a  face  haute,  prcsquc  perpendiculaire,  livide;  unctres-fine 
bordure  noire  a  la  levre  supericure;  rhinarium  brun;  front  non 
6chancr^  au  sommet,  plutot  un  peu  arquc  ;  le  dcvant  tr6s-rugueux 
avec  de  petits  points  enfonccs;  le  dessus  excav6  a  la  base,  s*elcvant 
en  avant  aussi  haut  que  le  vertex,  noir  avec  deux  taches  oblongues 
submcdianes  lividcs  (s^par^es,  si  Ton  veut,  par  la  queue  epaisse  d'un 
T  noir).  Antennes  a  l^'  article  noir;  les  2'  et  3«  cgaux  et  la  soic 
livides.  Les  ycux  paraissent  contigus  en  avant  seulemcnt,  puts 
separes  par  une  crete  poilue,  prolongcment  de  Tocciput  qui  est  large. 
(Formes  de  la  tete  alterees  par  la  compression.)  Levre  inferieure 
noire,  le  lobe  median  cordiforme,  compose  de  deux  pieces  soudees 
except^  au  bout  qui  est  echancr6. 

Thorax  robuste,  villcux,  un  peu  granuleux  en  avant,  paraissant 
avoir  cte  oliv&tre ;  les  cotes  avec  des  raics  noires  irrcguliercs,  la  pre- 
miere humerale  superieurc;  la  scconde  oblique  a  la  suture  latcralc 
cntre  les  ailcs,  et  la  troisiemc  terminate. 

Abdomen  cpais  (comprime  par  la  preparation)  olivatre?  Oreillcttes 
nulles  ou  rudimentaircs.  —  II  est  varic  dc  noir&tre  ainsi  qu*il  suit : 
la  suture  ventrale  — le  dessus  du  !«'  segment,  la  place  des  oreillcttes 
au  2*;  Tarticulation  basale  des  3-5«,  une  tachc  dorsale  basale  cunei- 
forme  aux  3-7*  segments;  le  dessus  des  8-1 0«  a  dessins  obli teres; 
bords  des  8«  et  9^  segments  dilates;  lames  vulvaires  fortes  attci- 
gnant  le  bout  du  9*  segment;  munics  dc  deux  petits  appendices 
(comme  chez  les  i£schna). 


(813) 

Appendices  anals  (longs  de  S""™)  plus  longs  que  le  10*  segment, 
subfusifonnes  pointus,  livides,  s^par^  par  un  tuberculc  oblong  un 
peu  plus  court. 

Pieds  courts,  gr^les;  fdmurs  brun-dair  k  Opines  tr&s-courtes; 
tibias  jaun&tres  a  cils  assez  longs.  Tarses  bruns. 

Pairie  :  Bogota.  (Coll.  Mac  Lachlan.) 

N.  B.  En  Tabsence  du  m41e  et  n'ayant  sous  les  yeux  qu'une  seule 
femelle  dont  le  corps  a  €t6  fortement  comprim6  par  remballage,  et 
les  couleurs  en  apparence  imparfaites  ou  alt^r^es,  il  est  assez  dou- 
teux  si  nous  avons  sous  les  yeux  un  grand  genre  nouveau,  ou  une 
modification  des  autres  sous-genres  de  Petal ia.  La  pustulosa  paralt  se 
rapprocber  des  Hypopetalia  par  le  triangle  discoidal  des  inf^rieures 
Equilateral  de  trois  ou  quatre  cellules  et  Tinterne  des  m^mes  ailes 
de  deux  cellules.  —  Mais  elle  en  diffi&re  par  Tinterne  des  sup6rieures 
Kbre  comme  chez  les  Petalla  et  Phyllopetalia  et  le  discoidal  des 
mdmes  ailes  allongE  presque  comme  cbez  les  ifischna. 

La  pitttulosa  diffi&re  surtout  des  Petalia  et  Hypopetalia  par  le 
triangle  discoidal  des  inf^ieures  equilateral  (et  non  allong^}  et  Tin- 
teme  des  m^mes  ailes  divise,  et  par  le  nodus  plus  rapprocbE  de  la 
base  que  du  bout  des  ailes. 

Si  Ton  consid^e  la  coloration  (alt^ree  en  partie),  la  pusMota  est 
encore  caract^risee  par  le  devant  du  front  p&le  (non  noir),  le  devant 
du  tborax  oliy&tre  sans  raies  claires,  le  dessin  de  Tabdomen  (enfin 
les  taches  des  ailes  si  ce  n'est  pas  un  caract^re  sexuel)^  ces  taches 
sont  surtout  notables  par  les  trois  points  bruns  formant  triangle  k 
Tarcultts  et  aux  deux  bouts  du  triangle  discoidal.  Le  dessus  du  front 
rappelle  le  sous-genre  Petalia  par  ses  taches,  mais  le  groupe  est  bien 
different  par  la  forme  du  iO«  segment  de  la  femelle  (2»**  Add.  HA), 
enfin  par  le  front  non  echancrE. 

En  r^alitE,  si  Ton  tient  compte  de  la  difference  de  la  forme  du 
front  (4)  et  des  c6tes  des  7*  et  8«  segments  de  Tabdomen  chez  la 


(1)  Le  front  de  THypopetalia  se  rapprocbe  par  sa  forme  de  celul  de  la 
Phyllopetalia  apicalis. 

2"*  8&RIB,  TOMB  XXXVI.  34 


(  514  ) 

sticlica  et  VapiccUis^  on  serait  porte  a  former  un  sous-genre  pour  cha- 
cune  des  cinq  especes  con&ues  du  grand  genre  Petolia. 

114*"^  Allopbtalu  eeticulosa  ,  De  Selys. 

9  Abdomen  58>"".  Aile  iofgrieure  58. 

<f  Inconnu. 

9  Ailes  un  peusalies  (les  superieures  larges  de  II ,  les  inferieures 
de  4  ti^*^  environ),  toute  la  reticulation  ombree  de  brun ,  cette  couleur 
assez  intense  a  Textr^me  base  ou  elle  est  prolongee  jusqu'au  niveau 
de  Tarculus  entre  la  sous-costale  et  la  mediane  et  entre  la  sous- 
m^diane  et  la  postcostale.  Pterostigma  petit,  brun  fonce  ( long  de 
3mm  1^^) .  membranule  gris-brun,  courte,  mais  assez  large.  Triangle 
discoidal  des  superieures  allong^,  son  cote  interne  une  fois  et  demie 
plus  court  que  les  deux  autres,  divisd  en  une  ou  deux  cellules  par 
une  ou  deux  veines  perpendiculaires,  suivi  de  5  cellules,  puis  de 
3  rangs  postrigonaux.  Triangle  interne  des  m^mcs  ailes  libre,  pre^ 
cede  de  4  nervulcs  medianes.  Aux  ailes  inferieures  le  triangle  dis- 
coidal est  large,  presque  Equilateral,  divisE  en  trois  cellules  par 
trois  veines  se  r^unissant  au  milieu;  le  triangle  interne  allonge, 
(divise  en  deux  cellules?),  prec^dE  de  5-4  medianes. 

L^vres  noir4tres;  front  et  vertex  jaunes;  une  tacbe  transverse 
courte  noir&tre  au  sommet  du  front,  formant  comme  la  tdte  d'un  T 
dont  la  queue  brune  enfoncee  n'est  bien  visible  que  devant  le  vertex 
QU  elle  est  enfoncee  dans  Texcavation*  Le  triangle  de  Tocciput  brun, 
<^leve,  prolonge  par  une  crdte  poilue  qui  sEpare  les  yeux  posterieure- 
ment,  ceux-ci  bomb^,  peu  contigus. 

Thorax  oliv&tre  ayant  en  avant  deux  marques  brunes  courles 
Isoldes  et  de  chaque  c6te  deux  bandes  obliques  interrompues  et  deux 
points  de  m^me  couleur  entre  elles  sous  Torigine  des  premieres  ailes. 
Abdomen  olivAtre  avec  des  taches  dorsales  jaunes  cern^es  de  noir 
ainsi  qu'il  suit :  1*'  segment  sans  taches ;  S*  ayant  de  chaque  cote 
du  dos  une  bandc  noire,  ces  bandes  se  rapprochant  en  arriere; 
3*6*  avec  une  tache  dorsale  jaune  lanc^lde  h  pointe  dirigee  en 
arri^re,  et  une  tache  post^rieure  geminee  de  m^me  couleur.  Les 
c6t^  de  ces  segments  brun-roussAtre ;   6-i0<  m^langds  de  brun  et 


( 818 ) 

d^oliTitre  avec  an  restige  de  tache  dorsale  jaone.  L'abdomen  est 
renfle  i  la  base,  puis  comprime  ensuite.  Picds  assez  courts  et  faibles, 
enti^rement  fermgineox. 

Appendices  anals  bmns,  Telos  en  dedans,  assez  epais  (plus  longs 
que  le  10«  segment  qui  est  court}.  Lames  Yulvaires  courtcs. 

Potrie  :  Am^rique  ro^ridionale.  Mus^  de  S^Petersbourg ,  prove- 
nant  du  voyage  du  capitaine  Mertens. 

N.  B,  L'envoi  que  M.  Mac  Lachlan  ni'a  fait  de  VA.  pustulosa  m'a 
remis  en  memoire  une  iEschnide  de  genre  douteux,  qui  m'a  6te  cora- 
muniqu6e  il  y  a  une  trentaine  d'ann^s  par  le  musee  de  S*-P6ters- 
bourg  et  dont  J'avais  fait  alors  la  description  que^  je  yiens  dc 
reproduire  et  un  dessin  d'apr^  lequel  j'ai  indiqu6  les  dimensions,  de 
sorte  que  ces  mesures  pourraient  ^tre  un  peu  approzimatives. 

II  n*y  a  pas  de  doute  que  Tespece  est  fort  voisine  de  la  pustulosa , 
si  m^me  elle  ne  s'y  rapporte  pas  commc  race,  variety,  ou  dtat  diff!^- 
rent;  cependant  il  me  semble  prudent  dc  la  signaler  separ^ment 
jusqu'li  nouvel  examen,  parce  que  Fexemplaire  est  6galement  femelle. 

Elle  se  separerait  d'ailleurs  par  les  notes  suivantes  :  la  taille  plus 
forte;  les  ailes  un  peu  moins  larges,  le  pt^rostigma  un  peu  plus 
long;  aux  ailes  supcrieures  apres  les  cinq  cellules  postrigonales  il 
y  a  d'abord  deux  rangs  de  cellules  rectilignes,  et  les  trois  rangs  de 
cellules  pentagones  ne  commencent  qu'a  la  cinqui^me  cellule  k  parlir 
du  triangle .  Enfin  on  ne  voit  pas  les  gros  points  bruns  de  Tarculus 
dif  triangle  et  du  nodus  qui  signalent  la  pustulosa.  La  levre  supe- 
rieure  est  d^crite  comme  noir&tre,  et  le  dessus  du  front  jaune  p&le 
avec  la  tacbe  en  T  noire  en  avant  k  queue  brune  peu  marquee. 

Dans  le  type  de  la  pustulosa  la  t£te,  6tant  presque  ^crasee,  n'a  pu 
iire  d^ite  avec  certitude.  D^apres  mon  dessin  de  la  reticulosa  ies 
yeux  sont  peu  contigus,  mais  la  cr^te  qui  les  separe,  prolongement 
du  triangle  d^  Tocciput,  est  fort  ^troite. 

En  resume  il  est  assez  probable  que  les  AUoptalia  ferment  un  • 
grand  genre  particulier  qui  ponrrait  ^tre  le  dernier  des  Gompbines 
ou  le  premier  des  iGschnincs,  se  rapprocbant  surtout  des  premises 
par  les  triangles  et  des  seoondes  par  les  lames  vulvaires.  La  connais- 
sance  des  m41es  et  Texamen  de  la  t^te  d'un  exemplairc  en  bon  ^tat 
decideront  la  question. 


(816) 


DIVISIONS. 


SOUS-DIVISIONS. 


I 


INTfiGRlLABl£ES. 


o 

C9 


l£giohs. 


1  1.  GOMPRUS   .    . 


2.  LINDENIA  .    .    .   . 


MBAWVLIBASES* 


3.  GHLOROGOMPHGS 


I  fissilabi£es  . 


4.  CORDULEGASTEI.. 


TACVIBiUIBS 


5.  PETALURA.    .   . 


(  J^*7  ) 


GENRES. 


I.     $i%mrmvmy  Leach. 


IT.      MRI 


II.     rBo««arai70  9  Hagen. 

HI.    «•■»•■•£«  9  De  Seljrs.    .    . 


,  De  Selys  .    .    . 


V.     HAOBifius,  De  Selys.    .    .    . 

VI.       BIAATATOMHA  ,    BunO. 

[  VII.   liixBBifiA  J  De  Haan.    .    .    . 

Yni.  cBL«B«ci«Hrair0 ,  De  Selys. 

I 

f   IX.    c«BBVi.BciA0TBB ,  Leacb.  .    . 

I 

I 

^     X.     rsTALiA,  Hagen 


I 


XI.  rsTALVBA  9  Leacli. 

XII.  rasivBBy  Ramb. 


1. 

2. 

3. 

4. 

5. 

6. 

7. 

8. 

9. 
10. 
11. 
12. 
13. 
14. 
15. 
16. 
17. 
18. 
19. 
20. 


Heterogomphus,  De  Selys. 
OftYCHOGOMPHus,  De  Selys. 
Erpbtogohphus  ,  De  Selys. 
Ophiogomphus,  De  Selys. 
Ceratogohphds,  De  Selys. 
Phtllogomphds  ,  De  Selys. 
MicROGOHPHDs,  De  Selys. 
Macrogomphcs,  De  Selys. 
OcTOGOHPHDS,  De  Selys. 
Dromogohphds,  De  Selys. 
GoMPHcs,  Leacb. 
Ctclogomphus,  De  Selys. 
Anormogomphus,  De  Selys. 
Plattgomphus,  De  Selys. 
AusTROGOMPHus,  De  Selys. 
Hemigomphus,  De  Selys. 
Neogohphus,  De  Selys. 
Cyanogomprus  ,  De  Selys. 
Epigompbos,  Hagen. 
Agriogomprus,  De  Selys. 


1.  GoMPHoiDEs,  De  Selys. 

2.  Cycloprylla,  De  Selys. 

3.  Aphylla,  De  Selys. 

1.  DiAPHLERiA,  De  Selys. 

2.  ZoNOPHORA,  De  Selys. 

1.  Hagenius,  De  Selys. 

2.  SiEBOLDius,  De  Selys. 

1.  GoMPHiDiA,  De  Selys. 

2.  IcTiNus,  Ramb. 

3.  LizKDBFfiA,  De  Haan. 

4.  Gag  us,  De  Selys. 

1.  Thegaphora,  Gbarp. 

2.  Anotogastbr,  De  Selys. 

5.  Thecagaster,  De  Selys. 
4  GoRDULEGASTER ,  Leacb. 

1.  Petalia,  Hagen. 

2.  Phyllopetalia  ,  De  Selys. 

3.  Hypopbtalia,  Mac  Lacbl. 

4.  Allopetalia,  De  Selys. 

1.  Pbtaldra,  Leacb. 

2.  Uropetala,  De  Selys. 

3.  Tachopteryx,  Uhler. 


V    ^'^   ) 

i"  DIVISION. 

SYNOPSIS. 

ADDITIONS. 

^■lea 
ADDITIONS. 

5— 

ADDITIONS. 

1 

CI«aipMBes  lBC«srll«kM«s. 

1 
1 

l'«  LegiM.  ->   GOHPHUS, 

Genre  I,  —  gomphus,  Leacb. 

5.-G.  f.  —  HETBROGOMPHDS, 

DeSelys. 

1 .  SmilhiiyDe seijs 

4  cT 
52 

42App. 

2.  Sommeri  •  Hacea 

S.-G,  2.  —  ONYCHOGOMPHUS, 

De  Selys. 

3     rUDtUS .  De  My 

7bU.o» 

7«--2 

4.  geomeiriCUS ,  De  Haan 

'62 

6  cT 

5.  Saundersii ,  d«  seiy* 

7 

6.  bistrigalUS,  Hagen 

29  2 

29  a* 

7    tincalus.  Charp 

0 

/forcipatus,L 

10 

^iRace  :  unguieulatus^  vm 

\      der  Linden 

• 

10  App. 

( Lefebvrei,  Rambnr 

9. 
( Race  de  forcipatus  ? 

11 

10.  SUDIDUS.    Haten 

12  0* 

11.   fleXUOSUS,  Schneider 

15  0* 

15  2 

12.  grammiCUS ,  Ramlmr 

14 

4  %    Cipn^l    De  ScIts 

16  2 
15 

16  <^ 

14    lin^atllS.  De  Seira 

( Sid ) 


* 

15.  pumiliO,  Rambar 

SYNOPSIS. 

ADDITIONS. 

ADDITIONS. 

5— 

ADDITIONS. 

17 

^HageDii,   d«  sdji  ( Genei 

1^1      pars,  De  SelTS  ) 

16  6* 

17W»- 

(Race  de  pnmilio? 

17.  COgnatUS  ,  RajnUr 

18 

18.  Reinwardtii ,  dc  seiys 

19 

19  ?  CerasUs .  De  Salyi 

949 

24  cf 

Sj'G.  3.   —  ERPETOGOIFHUS, 

De  Selys. 

20.  designatus ,  Bagen 

3ebu. 

21.   COmpOSitUS  ,   Hacen 

aiiep.J 

, 

21»cr 

22.  viperiniis ,  De  saiya 

21  «P*- 

23.  elapS,   DeScIys 

21««»(f 

21-«-9 

24.   boa «   De  Selvi 

91  quart. 

25.  COphiaS  ,  De  Sely ^  .  . 

•  •  •  •  •      • 

• 

aiqalnt-J 

26.  crotalinus,  De  seiyi. .  .• 

21 

21 

1  Menetriesii ,  De  seiy* 

27. 

(Var.  de  crotalinus  ? 

20  0* 

S.-C  4.   —  OPBlOGOaPHDS , 

De  Selys. 

(Rupinsulensis,  wauh.  (of*). 
28.} 

(?  mainensis ,  waith.  (9)' -  • 

2^oelo.Q» 

App. 
22''«-9App. 

3]oeto.  ^ 

29.  bison  .  De  Seln 

99(er.^Ann  1 

30.  COlubrinUS  >  De  Selyi 

22  c^ 

--     ^  -ri" 

31.  serpenlinus,  charp 

23 

(  820  ) 


• 

32  ?  assimilis ,  8chD«id«r 

SYNOPSIS. 

ADDITIONS. 

ADDITIONS. 

5«- 

ADDITIONS. 

8  d* 

5.-G.  5,  —  CERATOGOHPaUS, 

De  Selys. 

35.  DlClUSi  fULKUk 

25 

S.'G.  6,  ~  PHTLLOGOMPHUS, 

De  Selys. 

34.  SBtbiODS.  De  Selyt 

26  <f 

S.-G.  7.  —  ■IGBOGOaPHUS  , 

De  Selys. 

35  chelifer   oe  seivi 

2bl..^ 

S.'G,  8.  —  MACBOGOIPHUS, 

De  Selys. 

36.  FObastUS ,  De  Sely* 

1  d* 

37.  monlanus,  De  sciy* 

3hU. 

38.  parallelogramina,HofrmantNB 

39 

3  d* 

39.  aODUlatUS,  Dc  Selys 

a? 

2  d* 

S.'G,  9.    —  OGTOGOHPHUS, 

De  Selys. 

40.  speCUlaris,  Hagen 

64W«-  9 

eiWc^ 

S.'G.  10.  ~  DROaOGOIPHUS,* 

De  Selys. 

41.  SpinOSUS,  D«  Selyt 

51 

42    SDOliatUS .  HeccD 

52»»i«-  d* 

43.  armatUS,  De  Selya 

52  cf 

•  • .  •    •  • 

52<yAp[k 

S.'G.  //.  — GoiPHos,  Leacb. 

[pallidus,  R.  (9) 

44.| 

(  villOSipeS,  De  Selyi.  {<f)  .  .  . 

40  2 

41  0* 

(8«  ) 


r 

SYNOPSIS. 

ADDITIONS. 

^mcs 
ADDITIONS. 

5-f 

ADDITIONS. 

45.   DilioeS.  Sacen 

AQhlt. 

(lifidUS,   D«8el7s.  ($) 

46.{ 

(SOrdidUS,    Hagen.  {f) 

42  9 

43  f 

47.  militaris  •  HaMa. 

, 

4ibu. 

48.  inlricatas  •  Btfen 

44««'d' 

49.  miDUtUS,  Hmhur 

45 

so.  exiliS*  Oe  Sdyi 

46  d* 

46  9 

51.   DOtatUS.  Euibv 

49  d* 

52.  elODgatUS ,  D«  Sely 

50  2 

S3  amnicoia .  waiih 

48*>i** 

54   sDiniceDS.  wauh 

3W*2App. 

Jgtar. 

48qalAt.  2 

55    flUTlaliS .  Wabh 

56.  plagialus,  d«  seiy 

48  d* 

57.  olivaceus,  d«  s«iyt 

4gqDart.  J 

58.  parvulus,  d«  seiyt 

47  0* 

59.  Scudderi,  d«  8«iy 

52*«-9 

60.  dilatatUS,  Rambor 

31 

61.   vastus.   Walsh . 

Slqaarl-Q* 

61  ventricosus,  wabh 

63.  externus,  Hagcn 

3  this. 

64.  consobrious,  waitb 

S2>»»*. 

65.  quadrioolor,  wauh 

ZS^'f 

66.  Graslinellus, Walsh 

32ler. 

(SSJ  ) 


..-»s. 

™,™». 

a..™ 

5"«- 

«9 

SS"^ 

sv~-d- 

71.  adelpbus,  »  w„ 

SI-tT 

71  karilis,  h.i« 

34*^  tf- 

ISchneiderii ,  d.  m, 

(RacedevulijalJssirous? 

3<  (nole). 

!<■" 

7S.  simllliroas,  ihm„ 

35 

(Lucasii,  mtau. 

76, 

(Racedesiraimmus' 

5» 

77.  pulcbellus,  emmti 

37 

80.  melampus,  m  nm 

34i""'-d' 

33  0* 

85  5 

82.  personatus,  ivsitn 

S5^94W>. 

83.  promelas,  »  wij 

35*-5Ap(i 

8S.  dorsalis,  mkit 

a8»-5 

86,  posiocolaris,  d.  mij- 

!M™"2 

M«- 

88.  Maacki ,  oe  sciti  . . . 

89.  bmttatUS,   OeSelyi. 

90.  occipitalis,  Oe  Selyt. 


5.-G.  42.  —  GTGLO«(«PHUS, 

De  Selys. 

91.  beterostylus,  do  mj%,  ... 

92.  ypsilon ,  d«  seijt , 

93.  ?esiCUlOSaS ,  De  Selyt 

94.  torquatus,  dc  sdyt 

95.  verticalis,  d«  seiyi 


5.-(/.  13.  —  ANOaMOGOXPHUS, 

De  Selys. 


96.  heteropterus ,  Deseiyi. 


S.-G.  /4.   —  PLATTCOIPHUS, 

De  Selys. 
97.  doiabratus,  d«  sciy* 


S,-G.  IS,  —  ADSTKOGOIPHUS, 

De  Selys. 

98.  COllaris ,  Hagen 

99.  australis,  Dai« , 

100.   GueriDI,   Rambnr , 


S.-G,  16.  —  HBMIGOMPH08, 

De  Selys. 
101.  heteroclitas,  d*  seiyi . . . . 

102.  Gouldii ,  Da  Seiyi 


(  523  ) 


SYNOPSIS. 


30 

28 


55  o* 
56 


57 


54  6* 


27 


59  9 

60. 

61. 


65  d* 
58  d* 


ADDITIONS. 


^mea 
ADDITIONS. 


5maf 

ADDITIONS. 


28""'   6* 


56M»-  d* 
App. 


57W..  2 
App. 


54  9  App. 


60 


58  9 


(3J4) 


„,„,.. 

...0., 

4».. 

3-« 

103.  ochraceus,  d.mi,. 

SB"''-  c/" 

104?laieralis,  d.  >.Jj. 

5*1— »•  2 
App. 

IDS.  ampbiclilns.iHMir 

58<"-  o* 

7'- 9 

10T?ioleiTuplu3,  otsiti..... 

6!  9 

De  Seljrs. 

108.  molestus,  ew» 

04 

J09.  elegans,  immit. 

as  rf- 

S.-G.  18.  -  eYAiiMOiMCia, 
De  Seljs. 

110.  Wallheri,  d.w, 

55«   or 

De  Setjs. 

111.  paludosus,  B>[>ii 

5S5 

5S  rf- 

118.  obinsus,  D.Mif 

SS*!--  rf- 

55"»'  5 

S.-C.2fl.—  ""OGOBMUS, 

DeSeljs. 

ss"--  5 

i-  Legion.  -  LlSDENtA. 

Genre  )/,—  procompbijs. 

n4?|auciner¥is,  d.s.i,^.... 
115.  pjgmeus,  immi, 

00*"   9 

OC--  o' 

App. 

00       1 

.        ^ 

(  52S(  ) 


117.  COmpIiCataS  ,  Hasen 

SYNOPSIS. 

ADDITIONS. 

ADDITIONS. 

5inct 

ADDITIONS. 

67  cT 

*»*..»» 

67bu.  5 

67 

118.  intricatus ,  oe  mj» 

^'Jh\u 

1 19?  integer,  saieo 

(ooto  finale). 

■ 

120.  COStalis ,  Haten 

68  d* 

68W».<^ 

121.  borealis ,  mm  lmmm 

122.   ZOOatUS  ,  Haun 

70  9 
69  9 

123.  ObSCUrUS  ,  Rambor 

Genre  HI.  —  gomphoidbs, 
De  Selys. 

S.'G.  1.  —  60BPH0IDBS, 

De  Selys. 

124.  iDfumata,  Rambv 

72  kT 

( suasa,  De  M.  (perfida,  Haf .). 
125. 

(Race ?  pacifica ,  d« mj».  . 

72I.I..2 

72W*-d' 

72W».App. 

72»«'-  d* 
App. 

126.  fuliginosa ,  Bagen 

73  9 

127.  audax ,  Haieo 

74  9 
71  9 

75  0* 

128.  stiffmata ,  sar 

71   d* 

129.  semidrcularis ,  D«sei7i... 

130.  regularis ,  d«  mji 

75t«r.  cT 

151.  aoDeciens,  d«  seiyt 

75»^d' 

132.  ambigua ,  De  seiyi 

75qaart.  J 

App. 

S.'G.  t.  —   CTCLOPHTLLA  , 

De  Seljrs. 

133.  elODgaU  ,  Oe  Selye 

79»»»«-<^ 

134«  protracta ,  De  seiyi 

79ier. 

(  826  ) 

1 

0       ■ 

i35.  diphylla ,  oe  s^iyt 

SYNOPSIS. 

ADDITIONS. 

^mes 
ADDITIONS. 

ADDITIONS. 

\ 

76  V 

- 

156.  gladiala ,  Hagen 

77  c^ 

77  <^ 

137.  sifirnata ,  Hacen 

78 

138.  soi'dida ,  oe  s«iys 

79  0" 

^ 

(ODbis.   Bates 

77his.  ^ 

1 

139.J 

(Race  de  sordida? 

140.  Andromeda ,  De  sciyt 

78bis.  5 

141.  Pesrasus .  lutM 

79qaart. 

S.-G.  3.  —  APHTLLA ,  De  Selys. 

142.  edentala ,  oe  seiy* 

80»"- 

143.  brevipes ,  De  seiys 

80 

1 44.  lenu is  .  Baam 

• 
• 

80W  d* 
8iw«- 

145.  deniala  ,  De  sciys 

(moIOSSUS,  Bates 

146.< 

( Race  de  dentau  ? 

SV-  cT 

1 

r  prOdUCla  ,  De  Selys 

147. 

( Race  ?  caraiba  ,  De  seiys.. 

81 

81  (note). 

Genre  IV.  —  ionopbora, 
De  Selys. 

S,'G,  1.  —  DIAFHLBBIA,  DC  SeljS. 

148.  auguslipennis ,  De8e!ys  .. 

85 

( semilibera ,  De  seiys 

149. 

(Race  d'angustipenois ? 

83fc«»-o" 

(  5J27  ) 


5.-G.  9.  —  zoHOPHOBA ,  DeSeljs. 

SYNOPSIS. 

ADDITIONS. 

2  met 
ADDITIONS. 

5me» 
ADDITIONS. 

150.  Balesi,  oe sciyg. 

82 

82W- 

151.  campanulala,  Burmeisicr. . 

152.  calippuSi  saus 

SS**"-- 

GenreV.  -  BAGBiiicSjDeSelys. 

S.'G.  1. —  HAGE.iius,  DeSelys. 

153.  brevislylus,  D«'s«iyt 

84 

154?  nanas.  d«  s«iv* 

••♦•••• 

84bii.  5 

App. 

155?  aberraos,  De  seiyt 

S.-G.  i,  —  siBBOLDius,  De  Selys. 

156.  japOUiCUS,   De  Selyt.. .  . »  . . 

85 

• 

Genre  VI.  —  diastaiu>mma  , 
Burm. 

157.  tricolor,  Palliw  BeanToU  .... 

86  0* 

I  bicolor.  D«  sciTt 

86"»"-  0* 

158.J 

(Var.  de  Iricolor? 

Genre  FII.  —  limdeiiia, 
I>e  Haan. 

S,'G.  i.  —coHPHiDiA,  De  Selys. 

159.  T-Digrum ,  d«  sciyt 

87 

• 

160.  Mac  Lachlani,  Deseiyt 

87W». 

(8*8  ) 


2mn 

S— 

S.-G.  i.  -  icTii-m,  Rambur. 

ADomoss. 

ADDIHOM. 

ICI.  pcrlinax.  H.pn 

88  9 

163.  in«l;cnops,  d,  s.i,. 

OO"-"- 

00 

164'  Race  :  pracox,  sirn  . . . 

D]   0* 

Race  ■.  mordax ,  i»  s-ii.. . 

OS*"- 

165.  Mat,  DisdT. 

93  o- 

167.  auslralis,  m  mih 

94«' 

168.  aogulosus ,  D.  »!;• 

aid- 

95  9 
08 

00  (race). 

170.) 

97 

98 

179.  pugnai,  fit»iT> 

S.-C.d. -Li:<Di:iiii,DeUaau. 

173.  leirapbylla,  ^..i^u<^^. 

99 

S.-C. -J.  —  cicM.DeStlys, 

100 

(  S29  ) 


a™*  DIVISION. 

/*■•  80US-divi8.  —  NBRYOLIBASES. 

S-'lcg.-.  CHLOROGOMPHDS. 

Genre  VIII. — chlorogomphus, 

De  Selys. 

175.  magniGcus,  De  sciyt 


SYNOPSIS. 


176. 


[hyalinUS,  Degeljrt. 


1019 

101  d* 


( <f  du  magoificus  ? 

2««  SOUS-diviS.-^  VACDIBASES. 

4™«Lcg.  — CORDDIEGASTER. 

Genre  IX. — cordulbo aster, 
Leach. 

S.-G.   y.    —    THBCAPHORA  , 

Cbarpentier. 
177.  (liaslatops ,  Dp  seiyt 


S.'G,  2.    —   AROTOGASTBB  , 

De  Sel}s. 

178.  basalis ,  i>«  seiyi 

179.  Nipalensis ,  oe  Mjt 

180.  Sieboldii ,  oe  mj$ 


103 


S.^G.    3.    —    THECAGASTeSy 

De  Selys. 

181.  brevisiigma ,  i>«  seiyt 

182?  parvisljgma ,  d«  s«iy^ .... 

2"*  S^RIE,  TOME  XXXVI. 


1039 
104  c^ 
1129 


106 


ADDITIONS. 


ADDITIONS. 


5inM 

ADDITIONS. 


1120* 


lO.'So'App 


iori»»'  9  I 

A  pp. 

55 


(  850  ) 


S.-G.  4.  —    COBDU  LEG  ASTER  , 

Leach. 


183.  Sayi,  DeSelya. 


lannulalus,  uireuie. 


184.  J 
( Race :  immaeuHfroM^  »•  »ei. 

1 85.  piclus ,'  oe  seiyt  (pars) .... 

186.   ilisignis  ,  Sebaelder 

bidenUtus  ,  dc  seiyt 


187.; 


Race :  AnaloUcuSt  De  seiyi 


188.  diadema,  oeseiyt.. 

189.  maculalus,  D«sei7> 

190.  dorsal  is,  Hageo — 

191.  obliquus,  say 


Genre  X,  —  pet  a  ma  ,  Hagen. 

S.-G,i.  —  PBT4LIA,  Hagen 

I9i.  punctata ,  Hag«o 

S  -G.  2.  —  PHTLLOPETAUA  , 

De  Selys. 


193.  SliCtica,  Hageo.  .. 

194.  apicaliS,  De  Selyt. 


S.'G.    3.   HTPOPBTALIA, 

Mac  Lachlan. 


193.    peSlilcnS,    HacLaclilan, 


SYNOPSIS. 


$.(;  4,  _  ALLOPBTALiA,  Dc  Selj's. 


196.? 


(pUSlUlOSa,    DeScljrs. 


( Race?  reliculosa,  oe seiy». 


ADDITIONS. 


106 
107 


111  9 
no 


109 


108  9 


113 


1l4c^ 


ADDITIONS. 


106 


1I3»»"-9 


lOH** 


ia. 


114"'  O* 


1149 


ADDITIONS. 


107  App. 
Ill   o* 


109  App. 


1 1  oW«  o' 


1 1  41" 


1 1 41*^*- 9 
App. 

App 


(  831  ) 


S-*  Legion.  — PETALUR A. 

SYNOPSIS. 

ADDITIONS. 

ADDITIONS. 

5"" 

ADDITIONS. 

Genre  XI.  —  petaluba, 
Leach. 

S.-G  y.  ~  PETALUKA,Leach. 

i97.  eiffanlea ,  teach 

115 

■ 

S.-C.  2.  —  UROPBTALA,  Dc  sVlys. 

198.  Carovei ,  whii« 

116 

116 

• 

S.-G.  3,  —  TACHOPTBRTX,  Uhlcr. 

1 99.  Thoreyi .  Hac«n 

116»»'«-  0* 

Genre  XI L  —  phenes  , 
Rambar. 

200,   raptor.   Rambar 

117 

Observalions  de  Jupiter  et  de  Mars,  faites  a  Louvain,  peti' 
danl  ^opposition  de  cesplanetesen  1873;  parM.  F.Terby, 
(locteur  en  sciences. 

En  communiquanl,  an  niois  (Je  fevrier  dernier,  k  TAca- 
d<^noie  des  sciences  de  Paris,  un  dessin  de  la  plan^le 
Jupiler,  M.  Taccliini  appelait  ratlenlion  sur  I'aspect  de 
eel  astre  pendant  Popposition  de  1873  (1).  A  Toccasion 


(1)  Voir  Comptes  rendusde  VAcad4mie  des  sciences  de  Paris;  1873. 


(  532) 

de  cette  note  de  Fastronome  de  Palerme ,  et  sartout  poar 
contiDuer  les  observations  physiques  sur  les  pian^les  que 
j*ai  enlreprises  depuis  assez  longtemps,  j*ai  rhonoeur  de 
soumeltre  aujourd'hui  k  TAcad^mie  les  meiliears  dessins 
de  Jupiter  que  j*ai  effectues  pendant  les  premiers  mois  de 
cette  ann^e.  L^opposition  de  Mars,  qui  a  eu  lieu  k  la  fin 
du  mois  d*avril,  me  permel  de  joindre  k  cette  communi- 
cation mes  principaux  dessins  de  cette  plan^te ,  pour  les 
comparer  k  ceux  que  TAcademie  a  bien  voulu  accueillir 
prec^demment,  et  qui  se  rapportent  aux  oppositions  de 
1864,  de  1867  etde  1871  (1). 

OBSERVATIONS   DE  JUPITER. 

En  comparant  les  dessins  actuels  de  Jupiter  k  ceux  que 
j'ai  recueillis  en  1872,  on  remarque  une  difference  no- 
table d*aspect  :  la  zone  passant  par  le  centre  du  disque 
en  1872,  zone  tris-large  et  compos^e  de  bandes  Gnes  et 
tres-rapproch^es,  a  fait  place,  en  1873,  k  plusieurs  zones 
tres-nettement  s^par^es.  Sculs,  les  dessins  1  et  3  de  la 
note  actuelle  rappellent  Taspect  de  Topposition  prec£- 


(i)  Voir  Bull,  de  I'Acad.  royaledeBelgique,i«^*s6ne,i.  XXXI ,  p.  176. 
Aspect  des  laches  de  Mars  observees  de  1864  a  4867.  —  Id. ,  I.  XXXII ; 
p.  57.  Aspect  de  la  plandle  Mars  en  4871.  —  Id.,  I.  XXXIV,  p.  3^. 
Aspect  de  la  planets  Jupiter  pendant  Popposition  de  1879. 

Je  me  suis  servi,  pour  ces  observalioDs,  d'une  excellente  lunette  de 
Secretan:  sou  objectif  a  9  ceotimi^tres  d'ouverlure  utile,  et  les  grossisse- 
nients  g^n^raiemeot  employes  sont  de  130,  de  180  et  de  2i0  fois.  —  Les 
dessins  de  la  note  actuelle  repr^sentent  Mars  et  Jupiter  tels  que  les  mon- 
trait  la  lunette  renversant  les  objets;  seuleroent  Taxe  de  rotation  a  ete 
place  verticalement  pour  faciliter  les  comparaisons.  Un  petit  trait  place 
sur  le  bord  des  disques  indique  la  position  qu*occupait  rextremild  infe- 
rieure  du  diamdtre  vertical  apparent  au  moment  de  robservaiion. 


(  533  ) 

deDte.  Certains  dessins,  notamment  le  4""%  s'eloignent  de 
Taspect  typjque  attribu^  geu6ralement  h  la  plan^te. 

En  1872,  j'avais  ^te  frapp^  de  la  diffi^rence  d*eclat  des 
deux  calottes  polaires,  les  regions  septentrionales  se  mon- 
trantgeneralennent  plus  sonnbres  que  les  regions  m^ridio- 
nales.  En  1873,  ce  caractdrc  n'a  pas  pr^sent^  la  m^me 
Constance  :  le  sud  a  souvent  paru  aussi  sombre  que  le 
nord;  mais  la  calotte  polaire  australe  pr^sentait  parfois  de 
moindres  dimensions.  II  faut  remarquer  aussi  la  Constance 
de  la  bande  fine  et  tres-sombre  qui  se  trouve  immediate - 
ment  au-dessus  de  la  calotte  septentrionale.  La  figure  1 
nous  ofTre,  dans  les  regions  m^ridionales,  une  bande  munie 
d*une  pointe  dirig^e  vers  le  nord,  aspect  qui  rappelle 
tout  i  fait  celui  quWrait  une  bande  de  mSme  situation 
en  1872(1). 

Si  Ton  tient  compte  de  la  dur^e  de  rotation,  on  con- 
state, par  rinspection  de  nos dessins,  que  certains  details 
de  la  surface  et  Tenseroble  general  de  certaines  configura- 
tions ont  pu  ^trc  observes  plusieurs  fois;  citons  ici  quel- 
ques  exemples  :  les  Gguros  2,  9  et  11  repr^sentent  k  fort 
peu  pr6s  le  raeme  hemisphere,  et  Ton  y  retrouve  une  sorle 
d'arc  sombre  dont  une  extremity  passe  par  le  centre  du 
disque  et  que  ]*^i  d^sign^  par  la  lettre  a.  La  premiere  de 


(i)  Voir  Aspect  de  la  planete  Jupiter  en  1872;  loc.  cit.,  flg  2.  Dans  ce 
dessio  de  1872,  la  bande  dont  il  s'agii  presente,  oulre  la  poinle  lournee 
vers  le  nord,  une  solulion  deconlinuiie  marquee.  M.  Burlon,deLougb- 
linslown  (Iriande),  a  eu  la  bon(e  de  me  communiquer  deux  lioaux 
dessins  de  hipiler  quMI  a  executes  respeclivemenl  le  8  Janvier  187^ ,  de 
11  h.  50  m.  a  12  h.  23  m.,  et  le  4  avril  1872 ,  de  7  h.  45  m.  ^  8  h.  1  m., 
t.  m.  de  Dublin.  On  y  trouve  aussi ,  comme  M.  Burton  me  le  fait  remar- 
quer,  celte  solution  de  continuity  de  la  bande  superieure. 


(  S5i  ) 

ces  trois  observations  est  dii  28  f^vrier  et  la  dcrniire  du 
31  mars.  II  en  esl  de  meme  des  ligures  5  et  8,  oili  Ton 
tronve  une  tache  6  tr^s-noire  el  un  aspect  presque  iden- 
tique;  aussi  ces  deux  observations  ne  sont-elles  separees 
que  par  nn  intervalle  de  deux  jours.  Citons  encore  les 
ligures  7,  10  et  12  :  les  deux  derniferes  surtout  presen- 
tent  de  plus,  dans  le  haut  du  disqiie,  des  bandes  qui 
s*ecartent  beaucoup  du  parallelisme. 

T.a  figure 3 conliont  une  bande  sombre remarquable  qui, 
apres  avoir  long6  le  bord  de  la  grande  zone  <^quatoriale, 
s'incline  vers  le  nord  pour  reprendre  cnsuite  sa  direction 
primitive.  Plus  d*un  roois  auparavant,  c*est-i-dire  le 
26  Janvier,  a  9  b.  15  m.,  j^avais  observe  deja,  dans  la 
meme  region,  une  bande  semblable  se  recourbant  vers  le 
nord ;  mais  le  dessin  dc  ce  jour  a  ete  execute  dans  des 
conditions  trop  deiavorables  pour  le  reproduirc  ici. 

DATES   DES   OBSERVATIONS. 

1.  Le  23  Janvier  1875^  de  10  h.  5  m.  a  10  k,  45  m.  I.es 
slries  brillantes  qui  s<^parent  la  grande  zone  centrale  en 
quatre  bandes  distinctes  sont  d'une  delicatesse  extreme, 
et  pr(^sentent  chacune  une  dilatation  apparaissant  d*abord 
comme  uno  tacbe  brillante  isol(5e.  I.es  deux  calottes  po- 
laires  sont  c^galement  sombres  avec  le  grossissement  de 
120  fois,  mais  celle  du  sud  est  plus  petite. 

2.  Le  2<S  fevriery  de  8  A.  5  nu  a  8  h,  40  m.  La  bande 
situ^e  immediatement  au-dessous  de  la  calotte  polaire 
meridionale  est  douleuse.  Le  dessin  se  rapporte  au  com- 
mencemenlde  fobservation.  Les  regions  polaires  ont  paru 
^galement  sombres,  mais  la  calotte  meridionale  etait  la 


(  555  ) 

plus  petite.  Gette  observation  n'a  pas  compl^tement  sa- 
tisfait. 

3.  Le  8  marsy  de  6  h.  55  m.  a  6  h.  SO  m.  Boniie  obser- 
vation. On  s'cst  attache,  comme  habitnellement,  ^  noler 
les  details  les  plus  certains  et  le  plus  rapidement  possible, 
poureviter  les  d^placemenls  dus  k  la  rotation. 

4.  Le  8  mars ,  de  8  hi  10  m.  a  8  h.  55  m. 

5.  Le3i5  mars,  de  6  h.  55  m.  a  6  h.  45  m.  Tris-bonne 
observation.  La  calotte  boreale  est  plus  sombre  que  rautre. 
La  ligne  brillante  passant  au-dessus  de  la  tache  6  n*a  ete 
que  soupQonn^e;  de  sorte  qu'il  faut  consid^rer  comme 
douteuse  la  separation  en  deux  bandes  sombres  distincles 
dans  cette  region. 

6.  Le  2i  mars,  de  8  h.  15  m.  a  8  A.  55  m.  Tres-bonne 
observation.  La  calotte  boreale  est  plus  sombre  que  celle 
du  sud;  la  bunde  situ^e  imm^diatement  au-dessous  de  la 
region  polaire  meridionale  est  tres-faible,  mais  certaine. 
Le  point  noir  est  Tombre  du  deuxi^me  satellite.  Sa  posi- 
tion, comme  celle  des  details  de  la  surface,  se  rapporte 
i8h.  15  m. 

7.  Le  25  mars,  de  6  h.  55  m,  a  6  h.  55  m.  La  bande 
bordant  la  region  polaire  meridionale  et  la  bande  denlelee 
n'etaient  ^videmment  pas  parall^les. 

8.  Le  25  mars,  de  8  h.  10  m.  a  8  h.  25  m.  La  bande 
adhereute  a  la  tache  b  semble  double  comme  le  25,  quoi- 
que  je  n*aie  pas  figure  ce  detail  dans  la  figure  8.  Le  nord 
du  disque  est  plus  sombre  que  le  sud. 

9.  Le  26  mars,  de  8  h,  a  8  h.  15  m.  Image  un  peu 
confuse;  observation  diificile  et  dessin  incomplet.  Je  ne 
vois  pas  de  calotte  polaire  meridionale.  On  s'est  attache 
surtout  k  fixer  la  position  du  point  noir,  dik  au  passage  du 


(  856  ) 

4""*  satellite.  Ce  point  noir  a  ete  tr6s-bien  observe  et  sa 
position  relevee  pour  8  heiires;  il  etait  si  marque  que  sa 
presence  appelait  imm^diatement  Tattention. 

10.  Le  27  marSf  de  8  h,  iO  m,  a  8  h.  20  m.  Le  nord 

est  plus  fouc6  que  le  sud.  La  bande  denlel^e  et  la  bande 

qui  longe  la  calotte  polaire  sup^rieure  apparente  ne  sont 

pas  paralleles.  La  bande  situi^e  entre  elles  est  trte-faible. 

H.  Le  5i  mars ,  de  7  h,  55  m.  a  8  A. 

i±  Le  4*"  avril,  de  6  A.  50  m,  a6  h^dO  m.  Les  bandes 
situees  dans  le  haut  du  disque  ne  sont  ^videmment  pas 
paralleles. 

13.  Le  i5  mat,  a  9  h,  15  m.  Dans  cette  observation 
et  la  suivante,  je  n'ai  pas  cherch^  i  figurer  les  details  des 
bandes  de  Jupiter;  mon  but  ^tait  principalement  de  re- 
lever  la  position  exacte  de  la  petite  tache  noire  due  au 
passage  du  4""*  satellite.  Comme  le  26  roars,  cette  tache 
^tait  plus  marquee  que  toutes  celles  que  j*ai  eu  Toccasion 
d*observer  pendant  les  passages  des  autres  satellites. 

14.  Le  15  maij  a  10  A.  10  m.  La  position  du  point 
noir  a  encore  ^t6  relevee  avec  beaucoup  de  soin.  Mal- 
heureusement  Tabaissement  graduel  de  Jupiter  a  Torc^ 
dinterrompre  les  observations  ^  minuit.  A  11  h.  45  m.  le 
point  noir  s'approchait  d^j^  beaucoup  du  bord  du  disque. 

OBSERVATIONS  DE   MARS. 

II  est  facile  de  retrouver,  dans  les  dessins  de  la  plan^le 
Mars  que  j*ai  Thonneur  de  presenter  aujourd'hui  iJ'Aca- 
d^niie,  toutes  les  taches  que  j'ai  observ^es  pendant  Toppo- 
sition  de  1871.  Le  tableau  suivant  facilitera  la  comparaison 
de  ces  figures.  J*ai  d^sign^  les  taches  par  les  m^mes  lettres 


(  537  ) 

qu'en  1871  et  j*ai  ajoiit^,  pour  les  plus  caract^ristiques 
d*eDtre  elles,  les  d^nominalions  que  leur  altribue  la  carte 
de  M.  Proclor : 


laches  6  et  c  (Ocian  De  La  Rue 

et  Detroit  d'Herschel  11). 
Tache  a. 


Tache  d  (Mer  de  Kaiser  et  Ocian 
de  Dawes). 


Tache/  (Mer  de  Maraldi). 


OPPOSITION 
d«  1871  (•). 


Fig.  4  li  43,  et 
fig.  28, 30. 


Fig.  14;  fig.  46  k  19, 
fig.  21,  22,  29; 
fig.  31  k  35. 


Fig.  1,30;  fig.  23 
k  26;  fig.  36. 


OPPOSITION 
de  1873. 


Fig.  20, 21,22  et  23. 


Fig.  15, 16, 24  el  25. 


Fig.  17,18,19; 
fig.  26. 


(*)  Voyes  Atpect  de  laplaniU  Mar$  en  1871,  loc.  cit. 


Les  laches  situ^es  dans  la  partie  superieure  du  disque 
apparaissent  avec  des  dimensions  plus  grandes  qu'en  1871 ; 
elles  sont  plus  riches  en  details,  quoique  la  planete  se  soil 
irouvee,  en  1875,  dans  une  situalion  defavorable  k  cause 
de  son  peu  d'^l^vation.  Quelques  remarques  comparatives 
sont  consignees  dans  la  relation  des  observalions  que  Pon 
irouvera  plus  loin.  Signalons  seulement  ici  que  la  grande 
lache  rf,  ou  la  Mer  de  Kaiser  a  paru  g^n^ralemenl  beau- 
coup  plus  p&le  qu*en  1871 ,  el  que  la  tache  d^sign^e  par  a 
dans  nos  dessins  a  preseute  une  forme  toute  sp^ciale  dont 
on  ne  trouve  pas  de  traces  dans  mes  observations  de 
Topposilion  pr^c^dente  :  en  1871,  elle  est  r^duite  k  sa 
partie  la  plus  fonc^e;  en  1873,  elle  pr^sente  un  prolonge- 
ment  plus  p&le,  qui  se  montresurloul  dans  la  figure  22 , 


(  558  ) 

et  senibic  circonscrirc  an  espacc  circulairc.  La  veritable 
Tonne  de  celte  tache  semble  encore  pen  connue,  et  les 
deux  dernieres  oppositions  elaient  specialcment  Tavorables 
k  son  6tude. 

La  tache  polaire  boreale  est  apparne  avec  grande  nettel^ 
en  1875,  comme  en  1871 ,  mais  sans  presenter  la  meroe 
Constance  :  il  est  arrive,  en  effet,  comme  on  le  verra  pins 
loin,  que  la  region  polaire  septentrionale  ne  pr^sentait 
pas  le  moindre  eclat.  An  contraire,  on  pouvait  observer, 
plus  fr^quemmcnt  qu'en  1871,  la  tache  neigeuse  auslrale. 
La  position  relative  des  taches  polaires,  par  rapport  k  un 
diam^tre  passant  par  le  milieu  de  Tune  d*elles,  variait 
notablement  gr&ce  k  la  rotation;  celte  circonstance  denote 
une  extension  in^gale  des  amas  neigeux  dans  les  diverses 
directions. 

DATES   DES   OBSERVATIONS. 

15.  Le  15  avril  W5,  de  9  h.  SO  m,  a  10  h.  50  m. 
Image  tr^s-belle  malgre  la  proximite  de  Thorizon.  Deux 
taches  polaires  certaines,  tres-blanches;  rinferieure  est 
plus  petite  que  Tautre. 

16.  Le  18  avril,  de  10  h,  5  m.  a  10  h.  25  tn.  Taches 
polaires  difficiles  k  observer;  la  tache  neigeuse  boreale  est 
tr^s-petite;  la  tache  auslrale  est  plus  ^lendue,  mais  appa- 
rail  comme  une  faible  lueur. 

17.  Le  25  avril,  de  10  h.  10  m.  a  10  A.  40  m.  Les 
taches  polaires  sont  tres-difficiles  k  observer :  la  sup<^rieure 
est  la  plus  blanche;  Tinferieure  est  faible,  mais  plus 
^tendue.  L'aspect  des  taches  est  idenlique  k  celui  de  la 
figure  25  de  1871. 

18.  Le  25  avril,  de  10  h,  15  m.  a  10  h.  25  m.  Je  ne 
vois  pas  de  taches  brillantes  polaires  proprement  dites. 
Get  aspect  reproduit  celui  de  la  figure  25  de  1871. 


(  539  ) 

Le  24  atTi7,  de  tO  h,  10  m,  a  10  h.  20  w.,  la  plan6te 
preseulait  le  meme  aspect  que  le  25,  el  la  mcme  difficiille 
dans  Tobservalion  des  laches  polaires.  La  region  oij  Ton 
s'atlendait  ^  voir  paraitrc  racial  polaire  seplenlrional  ^lail 
parAiitement  indiqu^c,  mais  ne  presenlait  unelueur  ni  plus 
blanche,  ni  plus  vive  que  le  reste  du  disque.  Du  cdle  du 
sud,  au  contraire,  on  remarquail  une  l^g^re  lueur  polaire. 

19.  Le  29  avril,  de  10  h,  Sm.a  10  h.  15  m.  La  bande 
fesl  assez  difficile  a  observer.  II  n'y  a  ni  ^clal  ni  blan- 
cheur  polaires.  Le  bord  du  disque  est,  dans  toute  son 
etendue,  plus  ^clatanl  que  le  centre. 

Le  4  mat,  j'ai  fail  deux  dessins  que  je  n*ai  pas  repro- 
duits  ici ,  ils  repr^senlenl  la  plan^le  i  9  heures  et  k  10  A. 
10  m.  Les  aspects  sont  respeclivement  ceux  des  figures  5 
et  27  de  1871.  Celte  partie  de  la  surface  ne  pr^sente  que 
des  taches  tr^s-faibles ,  extraordinairement  difficiles  h  ob- 
server. A  9  heures,  la  tache  polaire  septentrionale  ^tait 
certaine,  mais  tres-petite;  k  10  h.  10  m.,  cette  region 
n*6tait  ni  brillante,  ni  blanche.  La  tache  polaire  australe 
etail  tr^s-dou tense. 

20.  Le  10  mat,  de  8  h.  10  m.  a  8  h.  40  m.  La  tache 
polaire  septentrionale  est  trespetile,  mais  blanche  et 
brillante.  La  region  situ^e  au-dessus  de  la  bande  be  est 
plus  blanche  que  le  reste  du  disque,  mais  racial  polaire 
est  maximum  dans  Tespace  figure  au-dessus  de  6. 

21 .  Le  10  max,  a  10  h.  5  m.  Les  deux  taches  polarres 
sont  blanches  et  brillanles;  Tinf^rieure  est  de  beaucoup  la 
plus  petite.  L'^clat  polaire  meridional  se  montre  sur  une 
etendue  beaucoup  plus  grande  qu'i  8  h.  10  m.  (fig  20),  et 
dans  une  situation  difii^rente.  Apr^s  10  h.  5  m.,  il  tend  k 
diminuer  d'^tendue;  il  y  a  15  ^videmment  un  efl*et  de  la 
rotation. 


(  S4i  ) 

Observations  sur  deux  notes  de  M.  Genocchi  relatives  au 
developpement  de  la  fonction  log  r  ( x  ) ,  par  M.  Ph.  Gil- 
bert (Ex trails  de  lettres  k  M.  De  Tilly). 

<  II  y  a  deux  observations  k  faire  au  sujet  de  la  note  de 
M.  Genocchi  (Bulletins,  t.  XX,  S'"'  partie,  p.  592). 

La  premiere  concerne  Tapplication  possible  des  formules 
de  M.  Genocchi  a  des  valeurs  non  entieres  de  Targument 
X.  Sur  ce  point,  je  dois  remarquer  que  M.  Genocchi  ne 
d^signe  nulle  part^  dans  celle  note  (Fautre  m'^tait  in- 
connue)^  par  log  r  (x)  la  fonction  dont  il  cherche  le  deve- 
loppement, niais  toujours  par  2  log  x,  et  comme  il  existe 
(observation  de  M.  Genocchi  lui-m^me)  une  infinite  de 
fonctions  comprises  sous  cette  expression,  parmi  lesquelles 
log  r  (x)  n'est  qu*un  cas  particulier,  il  ^tait  assez  naturel , 
|:>our  6viter  cette  sorte  d'ind^termination  qui  affectait  le 
calcul  f  d'interpr6ter  le  signe  2  comme  un  signe  somma" 
toire  plutdt  que  comme  un  signe  AHntegration,  Voil^  une 
premiere  raison  qui  devait  me  porter  k  croire  que,  dans 
la  pens^e  de  Tauteur,  les  calculs  s*appliquaient  uniquement 
k  la  fonction 

Iog[l.2.3...(x— 1)]. 

J*ai  ^t^  conGrm6  dans  cette  id6e  par  la  roarche  que  suit 
M.  Genocchi  (p.  597)  pour  determiner  la  quantity  C. 
Comme  la  m^thode  qu'il  indique  pour  cette  determination 
suppose  des  valeurs  entieres  de  Targument  x,  et  que,  d'un 
autre  cdt^,  il  n'avait  d^montr^  nulle  part  que  C  est  une 
constante  et  non  une  fonction  p^riodique  de  x,  il  fallait 
bien  admettrc,  pour  rosier  dans  la  rigueur,  qu'il  n'avait  en 
vue  que  le  cas  particulier  de  x  entier. 


(  542  ) 

Cost  ce  que  M.  Genocchi  confirme  pleinemcnt  dans  sa 
Dole  posl^rieure  [HuUetins,  t.  XXI,  1"  parlie,  p.  84),  lore- 
qu*il  (lit :  c  II  y  a  une  infinite  de  fonctions  qui  v6ri(ienl 
Tequation  /"(ar-Hl) — /'(ac)=log  x,  etsuivant  la  forme  de 
la  roDclion  que  Ton  choisit  pour  1  log  or,  la  conslanle  C 

pcut  etre  constante  ou  variable »  c  J*6tais  parveou 

k  d^montrer  directement,  en  m'appuyant  sur  d*aulres 
considerations,  que  C  est  une  simple  constante  lorsqu'on 
a  choisi  la  fonclion  log  r  (x)  pour  remplacer  Tint^grale 
Z  log  X.  Mais  comme  il  fallait  avoir  recours  aux  pro- 
pri^t^s  speciales  de  la  fonction  r  (x),  ce  qui  me  semblait 
sortir  tout  a  Tait  des  Elements,  je  n*ai  pas  cru  devoir 
insurer  cette  demonstration  dans  la  note  dont  TAca- 
d^mie  vient  d*ordonner  Timpression;  je  m*en  rapporiai 
simplcment  au  proc^d^  qu'on  emploie,  d*apres  Eulcr, 
dans  Ics  trailes  eiementaires,  pour  la  serie  de  Sterling..., 
c'est-i-dirc  queje  supposais  qn'on  se  bornail  auximleurs 
enlieres  de  x  ou  que  Von  adoptait^  comme  definition  de 
la  fonction  log  r  (x),  Vexpression  obtenue  pour  le  cas 
des  valeurs  enlieres  de  cette  variable,  > 
II  est  done  admis  que,  pour  dtendre  aux  valeurs  posi- 
tives quelconques  de  x  Ics  formules  de  la  premiere  Noie 
de  M.  Genocchi,  il  faut  y  joindre  la  demonstration  de  la 
valeur  constante  de  C  lorsque  Ton  choisit  2  log  x  = 
log  r  (x),  tir^e  de  la  seconde  Note  (I.  XXI).  Seulement,  la 
demonstration  perd  alors  son  principal  merite,  celui  de  la 
simplicite. 

Ccs  premieres  remarques  ne  concernenl  que  la  critique 
formulee  par  M.  Schaar.  Mais  la  critique  que  vous  el  moi 
avons  eievee  conlre  la  parlie  du  travail  de  M.  Genocchi, 
qui  se  rapporte  au  reste  de  la  serie  de  Binet,  est  indepen- 
danle  decelle-l&  et  subsiste  toutentiere. 


(  «43  ) 

Pour  bien  comprendre  ceci,  il  /aiit  relirc  avcc  attention 
les  pages  396  et  597  de  la  premiere  Note  (t.  XX).  La  for- 
mulc  linale  (p.  397)  se  reduit  en  deGnitive  k  ceci  : 

2logx=-iog27r+(x~-Jlogx-x-h(3oXo--13.X,-*-...-4-(---i)--«l3..,X,_, 

_(-,)«   \  I         «(a--l)...(a^n)^^^ 

^  '         x(x-*-l)...(x-+-n)x-*-a 

Voyons  quelles  interpretations  on  pent  raisonnablement 
donner  k  cette  formule  : 

{''On  pent  considerer  le  signe  2,  dans  les  deux  mem- 
bres,  comme  indiquant  une  integration  indefinie  aux  diffe- 
rences ;  ce  signe  impliqnerait  alors  une  couslante  arbitraire  ^ 
ou  mieux  une  fonclion  p^riodique  arbitraire  de  x.  Ce  ne 
pent  etre  la  le  sens  qu\  attache  M.  Genocchi ,  puisqu'il 
vient,  quelques  lignes  plus  haut,  de  se  donner  la  peine  de 
determiner  la  constante  arbitraire  C,  et  de  la  trouver  ^gale 
k  ^  log.  %: :  operation  inutile  et  m^me  absurde  dans  Thy- 
poth^se  oi!i  la  formule  (A)  aurait  le  sens  que  nous  disons, 
cela  est  parfaitement  Evident. 

^  II  faut  done  bien  admellre^que  dans  cette  formule, 
suivant  la  pensee  de  Tauteur,  1  log  x  repr^sente  seule- 
meut  la  fonction  particuliere  log  r  (x)  (x  etant  entier  ou 
quelconque,  je  laisse  mainteuant  ce  point  de  cdl^).  Cest 
ce  que  monlre  d*ailleurs  Tapplication  qu*il  indique  de  la 
formule  de  Wallis  pour  determiner  Tarbitraire  C  comme 
on  le  fait  pour  la  serie  de  Stirling,  et  ce  que  montre  mieux 
encore  la  formule  des  lignes  9  et  10  : 

i  I        i\ 

2  logx=^  log27r-»-  Ix  —  -I  logx  — X-4-PoXo  — P4X|  +  «--, 


1 


(  844  ) 

dans  laqaelle  le  second  membre  ne  renferme  plus  aucone 
arbilraire  et  se  confond  avec  le  d^veloppement  connii  de 
la  fonction  log  r  (x).  Nous  sommes  done  forces  d*admet- 
Ire  que,  dans  T^quation  (A),  le  premier  niembre  2  log.  x  est 
]k  pour  log  r  (x).  M.  Genocchi  le  dit  du  reste  dans  sa 
seconde  Note. 

5"  Reste  alors  k  savoir,  dans  le  second  membre  de  cette 
formule  (A),  ce  que  signifle  le  signe  2  dans  TexpressioD 
du  terme  com  piemen  taire 


\  I    «(« — i)  ■" 

^  /  «(x-*- 1)  ... 


(x  -4-  n)  X  -*-  a 


da. 


Ge  ne  peut  6tre  un  signe  d'int^gration  ind^finie,  car  la 
formule  (A)  serait  absurde,  le  premier  membre  ^tanl  tout 
k  fait  d^termin^,  tandis  que  le  second  renfermerait  tifie 
fonction  periodique  arbitraire.  Ge  ne  peut  done  6tre  qu*un 
signe  d^int^gration  definie  par  rapport  k  x;  mais  alors  il 
y  manque  une  dwse  essenlielle^  qui  est  Vindication  des 
limites  entre  lesquelles  doit  etre  prise  cette  integrate.  Or, 
on  s'assure  sans  peine,  en  tenant  compte  de  la  marche 
suivie  pour  determiner  G,  que  le  terme  compl^mentaire 
doit  Stre  ^crit  ainsi  : 

^*/        x(xH-1)...(x  +  n)  X-+- a 

u 

G*est  Ik  la  lacune  incontestable  de  la  formule  de  M.  Ge- 
nocchi ;  car  cette  limite  x  =  oo  qui  affecte  le  signe  1  peut 
d^autant  moins  ^tre  soupQonn6e  k  premiere  vue  par  le  lec- 
tcur  que ,  k  la  page  prec^dente  (596) ,  voulant  ddmontrer  la 


(  54S  ) 
convergence  de  la  s6rie 

M.  Genocchi  dit  que  <  cette  fonction  (sous  le  signey*) 
»  converge  vers  z6ro  avec  ^ ;  et  la  m^nie  chose  aura  lieu 
»  pour  son  int^grale  d^tinie  relative  ji  a  et  prise  entre  les 
»  limiles  at=0,  a=l ;  et  aussi  pour  Tint^grale  designee 
»  par  2  et  relative  k  a;,  qui  pent  etre  regardee  comme  la 
»  somme  d'un  nombre  fini  de  valeurs  de  I'integrale  rela-^ 
»  live  a  a,  en  convenant  d'ajouter  au  second  membre  de  la 
»  formule  pr^c^dente  une  arbitraire  G.  »  Or,  nous  voyons 
au  contraire  que  pr^cisiSment,  dans  Tequation  telle  qu'elle 
r^sulte  de  la  determination  de  Tarbitraire  G,  Tint^grale  1  d^- 
signe  une  somme  qui  s'etend  a  un  nombre  in  fini  de  valeurs 
de  x^  et,  par  suite,  la  preuve  de  la  convergence  tombe. 

De  tout  cela  je  conclus  que  la  lacune  signal^e  par  vous 
dans  la  formule  de  M.  Genocchi  exisle  en  effet ,  et  que  le 
travail  destine  k  la  combler  di  rendu  un  service  reel  aux 
g6om6tres. 

En  parcourant,  pendant  {'impression  de  mon  memoire, 
la  deuxi^me  Note  de  M.  Genocchi ,  que  je  ne  connaissais 
pas,  j'ai  constate  que,  bien  qu'il  parte  d'une  definition  de 
la  fonction  o  (x)  diQ<6rente  de  la  mienne,  il  suit,  pour 
deduire  la  s^rie  de  Gudermann  de  la  formule  de  Stirling, 
une  marche  toute  semblable  k  celle  que  j'ai  donn^e  comme 
nouvelle  dans  le  n°  1  de  mon  memoire. 

J'ai  reconnu  aussi  que  I'expression  du  reste  de  la  s^rie 
de  Binet  donn^e  par  MM.  Genocchi  et  De  Tilly,  convena- 
blement  interpret^e,  pent  s'^tendre  k  des  valeurs  quelcon- 
ques  de  Targument,  et  se  ram^ne  alors  k  la  forme  sous 
laquelle  j'ai  obtenu  ce  reste  dans  mon  memoire.  » 

2'"*'  s£rib,  tome  xxxvi.  56 


(  846  ) 


Sur  quelques  developpemenli  de  la  fonction  log  f  (x) ; 
seconde  lettre  k  M.  AdolpheQuetelet,  secretaire  perp^- 
tuel  de  rAcad^mie,  par  M.  Angelo  Genocchi,  professear 
k  rUniversit^  de  Turin. 


I. 


Repanse  aux  critiqties. 

Aprte  une  lecture  attentive  de  la  Note  de  M.  De  Tilly  et 
du  Rapport  de  M.  Ph.  Gilbert,  et  tout  en  rendant  justice  k 
la  parfaite  exactitude  et  k  la  clart^  des  deductions  de 
M.  De  Tilly,  je  dois  dire  que  leurs  observations  critiques 
au  sujet  de  la  demonstration  presentee  par  moi  en  1853, 
et  surtout  certaines  expressions  s^vdres  du  Rapport,  ne  me 
semblent  pas  justifi^es  ('). 

Je  ferai  observer  d'abord  qu'on  s*est  mepris  sur  mon  bat, 
qui  etait  de  demontrer  une  formule  de  Rinet,  exprimant  le 
logarithme  de  I'integrale  euierienne  r(x)  dans  toute  sa 
gen^ralite,  c'est-i-dire  pour  toutes  les  valeurs  positives  de  a;, 
et  non-seulement  pour  les  valeurs  enti^res.  La  preoccu- 
pation contraire,  et,  je  dois  le  reconnattre,  une  redaction 
trop  concise,  ont  ete  sans  doute  les  causes  des  reproches 
qu*on  m'a  faits. 

J'ai  bien  admis,  en  repondant  k  une  objection  de 


(*)  II  s*agit  d*une  formule  de  Binet,  exprimanl  log  r(x)  en  s^rie  oootbt- 
gente.  Ma  demoDstralion  se  irouve  dans  les  Bulletins ,  1^*  serie,  I.  XX, 
2"<  partie,  p.  393.  Les  Perils  de  MM.  Gilbert  el  De  Tilly  soot  dans  les 
monies  Bulletins,  2>«  s^rie,  L  XXXV,  pp.  5  el  30. 


(847) 

M .  Schaar  f),  qu'on  pouvait  se  borner  anx  valeurs  emigres 
dex,  mais  c*^tait  uniquement  au  sujelde  la  determination 
effective  d'uoe  quantity  arbitraire,  introduite  par  Tint^gra- 
tion,  et  d*ailleurs  j*ai  ^labli  qu'eo  prenant  log  F  (x)  pour 
valear  de  2  log  x,  cette  quantite  arbilraire  se  reduisait  k 
une  coDStante  et  avait  ^t^  exactement  d^termin^e,  quelle 
que  fAt  la  valeur  positive  attribute  k  x.  Ainsi  j'ai  confirm^, 
comme  M.  Schaar  Favait  bien  compris,  que  mon  intention 
avait  ii&  de  traiter  la  question  sous  un  aspect  g^n^ral.  Cest 
pourquoi  j'ai  fait  des  int^rations  aux  differences  flnies 
et  non  pas  des  sommations,  dont  j'aurais  omis  de  fixer  les 
limites,  ou  dont  les  limites  seraient  inexactes;  et,  dans  ces 
integrations,  je  pense  etre  reste  fidele  aux  pr^ceples  du 
calcul  des  differences. 

Yoici,  en  effet,  la  suite  de  mes  raisonnements. 

En  posant : 

tf  as  f  X  — —  1  log  X  —  X,  AX  8=  i  , 

^'   J         4.2...(t-4-i)     \        2/      '      •'      x(x-+-^)...(x-4-iV 

je  trouve : 

AU  =  log  X  -H  PoX,  —  (5A  H »-(—'*)"  P— fX.-, 

/I  i 

x(x-+-  i)...(x-+-  n — i)  X  -♦-  « 


(*)  Voir  le  Rapport  de  M.  Schaar  dans  les  Bulletins,  1"  s6rie,  U  XX, 
2««  partie,  p.  391 ;  el  ma  Note,  ibidem ,  t.  XXf.  !'«  panic ,  p.  84.  ' 


(  548  ) 
qu*on  peut  repr^enter  par  la  Tormule  suivaiile  : 

logx  =  Aw  — V„-+-R„, 
si  Tod  fait : 

1 

a  — 

R   =  (—  4  "  /         ~^^ — ^ da. 

x(x-h  i)...(ar-h  n  —  i)  a:  -♦-  a 

Or  AX,.4  =  —  X<,  el  par  suite,  en  faisant : 

on  aura    v„  =  — aU„: 

done 

log X  =  A« -h  ^U,.  -^  R„ . 

J'ai  int6gr6  par  1  les  deux  membres  de  cette  Equation , 
et  j*ai  consid^r6  une  integrate  particuliere  du  premier 
inembreet  une  integrate  particuliere  du  second;  cesdeui 
int^grales  particulieres  d'une  ineme  fonction^  ou  de  fonc- 
tions  ^gales,  ne  pouvaient  differer  que  d'une  quantile  con- 
stante  ou  p^riodique,  et  en  d^signant  cette  quantity  arbi- 
traire  par  C ,  j'ai  obtenu  : 

21ogx  =  t/-f-U„^2R„-4-C, 
ou  bien : 

21ogx  =  C-+-  (x  —  -j  logx —  x-4-/x(x), 

en  remettant  la  valeur  de  u,  et  en  nommant  fx  (x)  la  somme 
de  la  s6rie 

ainsi  1  log  x  peut  repr6senter  Tint^grale  particuliere 
log  r  (x),  et2R„  sera  le  reste,  apres  n  —  1  termes,  de  la 


(  54-9  ) 

serie  dont  la  somme  est  ft  (x) ,  reste  qui  est  une  fonction 
diterminee  de  n  etde  \^  las^rie  ^lant  convergente.  11  est 
en  eflel  visible  que  les  deux  series 

etant  demontr^es  convergentes,  et  la  premiere  ayanl pour 
termes  les  dilKrences  finies  des  lermes  de  la  seconde  et 
pour  reste  R„,  le  reste  de  la  seconde  doit  ^tre  une  valeur 
particuliere  de  finl^grale  2R„,  puisque,  en  general,  si  une 
serie  de  fonctions  de  x  : 

tto  -+-  W|  -+-  tit  -+-  W3  H — 

est  convergente  el  a  pour  somme  «,  pour  reste  r„  apres 
n — 1  lermes,  et  si  cela  a  lieu  pour  deux  valeurs  x  el 
X  H-  Ax,  Tautre  s6rie 

sera  aussi  convergenle,  aura  pour  somme  As,  pour 
resle  Ar„. 

On  pent  dire  aussi  que  2R„  sera  une  int^grale  particu- 
liere s'annulant  pour  x  =  00  ;  car  cette  propri^le  r&ulle 
imroediatement  de  ce  que  p  (x)  s'annule  pour  x  =00  ,  et 
je  ne  pense  pas  qu'en  admellant  la  convergence  de  la 

serie 

poXo  -  p,x,  +  p,x, , 

on  puissc  douler  que  sa  somme  se  reduise  a  zero  pour  x 
infini :  done  le  reste  2R„  de  cette  s6rie  doit  aussi  se  r6- 
duire  k  z^ro  pour  cette  valeur  de  x. 

Ainsi  rintegrale2R„  est  parfaitement  determinee. 

En  vertu  de  cette  determination,  la  quantity  G  sera  m* 
dependante  de  n,  altendu  que,  par  Tintroduclion  de  la  fonc- 


(  580  ) 

tion  d£termiu^  |x  (ac),  le  nomhre  n  peut  Mre  cens^  avoir 
disparu  de  la  formulc,  et  C  s'exprime  simplement  par 
1  log  X,  x,  et  fx  (x).  La  quantity  C  sera  done  upe  foDclion 
p^riodique  de  x  seul,  ou  plutdt  sera  une  simple  constante 
et  aura  pour  valeur  ^  log  Stt  daus  le  cas,  que  j'ai  suppose, 
de  2  log  x=  log  r  (x),  comme  je  Tai  d6inontr£  dans  la 
Note  ci-dessus  mentionn^e,  oji  je  r^pondais  k  une  objection 
de  M.  Schaar.  Get  analyste  distingu£,  qui  avait  compris, 
comme  je  Fai  dit  en  commen^ant,  que  je  ne  voulais  pas 
me  restreindre  au  cas  de  x  entier,  m'objectait  que  C  n'^tait 
pas  n^ssairement  une  constante. 

Ces  explications  montreront,  je  I'esp^re,  que  je  n'ai 
commis  aucune  erreur  dans  revaluation  de  la  constante, 
et  que  ma  formule  n'avait  pas  besoin  d'etre  Vectifiee. 

Elle  a  paru  inexacte  parce  que,  des  deux  termes  sous 
le  signe  2  qu'elle  renferme,  le  premier  devrait,  k  ce  qu*on 
suppos^it,  etre  pris  enlre  les  limites  1  et  x,  le  second  entre 
les  limites  oo  et  x.  Ce  qui  pr^c^de  montre  qu'il  ne  s*agit 
pas  de  ces  limites  dans  ma  formule,  et  en  tout  cas  on  n*a 
pas  fait  attention  k  Tarbitraire  C  que  j*ai  ajoutee  k  la  se- 
conde  int^rale;  car,  k  Taide  d'une  constante,  une  somma- 
tion  entre  oo  et  x  peut  Stre  r^duite  ^videmment  k  une 
sommation  entre  1  et  x,  la  diffi^renee  enlre  les  deux 
sommes  6tant  une  troisi^me  somme  entre  i  et  oo,  c'est- 
i-dire  une  constante. 

Pour  abr^ger  la  demonstration,  je  me  suis  attache,  dans 
ma  premiere  Note,  a  prouver  qu'une  valeur  de  2R„  s'an- 
nule  avec  ^,  en  invoquant  un  principe  du  calcul  des  dif- 
ferences, d'apres  lequel  cette  integrate  peut  etre  regardee 
comme  la  somme  d'un  nombre  Gni  de  valeurs  de  R„  et  d'un 
terme  constant  ou  periodique.  On  peut  trouver  ce  prin- 
cipe enonce  dans  le  Calcul  differenliel  d'EuIer,  ainsi  qu'il 


(  551  ) 

suit :  Vocemus  earn  functioDem  quaesitam  cujus  differentia 
proponitur,  Summam;  quod  nomen  commode  adhibetur, 
cum  quod  summa  differeutiae  oppooi  solel,tum  etiam,quod 
fuDCtio  quaesita  revera  sit  summa  omnium  valorum  prae- 
cedenlium  differentias  (*).  >  Lacroix  a  exprim^  le  mSme 
principe  dans  son  grand  Traits  :  <  L*op6ration  (ecrit-il) 
indiqu^e  par  le  signe  2  s'appelle  aussi  integration;  car 
If  (x)  d^signe  une  veritable  somme...  (").  » 

Mais  j'aurais  pu  me  dispenser  d'y  recourir  en  d6mon- 
trant  la  convergence  de  la  s^rie 

PoXo  —  piX,  -+-  pjX,  —  etc., 

puisque,  cela  admis,  tout  le  reste  s'ensuit  n^cessairement, 
comme  je  viens  de  I'expliquer.  Or  il  ^tait  facile  de  d^mon- 
trer  la  convergence  de  cette  s^rie,  d*une  maniere  simple  et 
directe,  en  suivant  la  m^thode  que  Binet  avait  employee 
pour  une  serie  semblable  (nous  verrons  cela  plus  loin) ;  je 
pouvais  aussi  I'^tablir  par  plusieurs  autres  voies,  comme, 
par  exemple,  en  comparant  la  s^rie  en  question  avec  cette 

autre : 

poX,  —  p,X»  +  PjX,  -  etc., 

dont  la  convergence  n'est  pas  douteuse,  car  il  est  rigoureu* 
semen t  d^montr^  que  son  terme  compl6mentaire  R«  a 
pour  limite  z^ro  lorsque  n  crott  k  rinfini. 
Soit,  en  effct: 

A,.  =  (2  —  «) (3  —  a) ...  (t  —  a), 


(*)  Ealer,  Inslilutiones  calculi  differenticUis,  Pars  prior,  cap.  I,  art.  25 
(Ticini,  i787,pag.  22). 

(**)  Lacroix,  TraU4du  calcul  diffirerUiel  et  du  calcul  integral ,  t.  Ill , 
D*  943,  p.  75  (Paris,  1819). 


(  552  ) 
d'oii: 

1.2.3...(«-4-l).(—l)'+'p,=  /"V(i -«)(-— «Jd«": 

0 

•  i 

en  d^composant  Tintegrale  en  deux  parlies,  de  0  ji^  et  de 
^  i  1 ,  el  faisant  a  =  i  —  a\  puis  remplaganl  a'  par  a, 
on  irouvera : 

^2.3...(lV^).{^i)••+•3,=y'\(i~«j(1-«)(A,~A0(it, 

0 

dans  laquelle  j*ai  fail  : 

a;  =  (i  -4-  a)  (2  -+.  a)  . . .  (i  —  i  H-  a). 

Mais  n  —  aesl  loujours  plus  grand  que  n  —  1  -ha,  enlre 
a  =  0  el  a  =  i,  et,  par  consequenl,  on  a  A,  >  A'.,  pour 
t  >  1,  en  sorle  que  ( —  1)'+'  p,  sera  loujours  une  quanlile 
posilive,  pour  i  =  %  3, ....  (*). 

On  aura,  de  meme : 

4.2.3...(i-h2).(-1)^'/3,^t=y''«[^-«)(4--a)(A,^--A;^,)rf«; 

0 

en  outre : 
A,-^_p-.)(5-.,...„-.)(,-iil^)_i^A,. 


done 


^a(i-a)(1_a) 


._,).>.,,_  (_i)...,,,.=  /  ,.,.3...(,.^,)  [(4^.)A,-(2-,)A;]i. 


(*)  J'avais  doon^  celte  demonstration  dans  les  Annates  dc  M.  Tortolini. 
(Rome,  1859,  t.  II,  p.  380).  Le  tbeoreme  est  de  Binet. 


(  553  ) 

quanlite  positive  pour  t  >  2,  ^  cause  de  ^^  >  — '- ,  et  qui 
se  reduit  k  z^ro  dans  le  cas  de  t  =  2.  On  conclut  que  les 
quantit^s  ( — l)''^'^<sont  decroissanles,  et  qu'aiusi : 

puisque  done  ces  deux  series  ont  tous  leurs  termes  positifs, 
et  que  la  demiere  est  convergenle,  la  premiere  doit  pareil- 
leroent  6tre  convergenle. 

Dans  le  cas  de  x  entier,  M.  De  Tilly  remplace  noire  in- 
tegrale2R,+i  P^^r  la  serie — SR^^,;  je  trouve  dans  raes 

papiers  qu*en  m*appuyant  sur  la  theorie  des  fonctions  inex- 
plicables  enseign^e  par  Euler,  j'avais  employe  cette  mSme 
transformation  pour  toule  valeur  positive  de  x,  et  j*en  avais 
tir^  une  limite  superieure  de  la  valeur  num^rique  de  cette 
int^grale.  On  pent  6crire  : 


*    .(l-a)(l— ) 


X  (a?  -4-  i ) ...  (x  -♦-  fi)  \x  -*-  a       X  -4-  i  —  al 

en  se  rappelant  la  signification  de  A.  et  A;,:  et  Ton  a 
x-»-a<x-hl  —  a,  A,  >A;,:  ainsi  la  quanlite  R^i  est 
positive.  On  a  encore 

A,  A„  A,  A, 


> 


X -f- a        X -+- 1 — a        X -f- 4  -h  a        X -4- 2  —  a 

puisque  la  difference 


A«  a; 


(x  -♦-  a)  (x  -^  i  -4-  a)        (x  -♦-  4  — a)  (x  -+-  2  —  a) 

est  positive  :  par  consi^quent,  si  Ton  d^signe  par  c  la  valeur 
qu*on  veut  donner  i  x  dans  la  formule,  on  fera  successive- 


(  554  ) 

meDt,dans  R,H49  ^  =  c«  ch-1,  c-h2,  ...,et  le  factear 
^*    —  x-^'i^x  ^^^^  '^  P'*^^  grand  possible  pourx=ic. 


En  faisant  done : 


a  ( a  I  (i  —  a) 

1.2.3...n        \C-+-a        C-+-i — a/ 

et,  en  vertu  de  ia  valeur  X„,  nous  aurons : 

r 

Or  2X«  =  —  X.^,  el,  par  suite,  ia  somme  des  valeurs 
de  X« ,  de  X  =  c  4  X  =  c  H-  m ,  sera  ^gale  k 

1.2...(n  — 0  i.2...(n— i) 


c  (c  -+- 1 ) ...  (c  -♦-  n  —  I )       (c  H-  m  -♦- 1 )  (c  -f-  m  -♦-  2) ...  (c  -♦-  m  -4-  n) 
qui  se  riduiti  ^^^|-^^^'^^^_  ^^ ,  pour  m  infini.  II  s'ensuit 

T  c(c-+-4)...(c-+-n— 4)/ 


ou  encore : 

2    -»-t<   /        c(c-*-l)...(c-+-n  — l).w  c-*-« 


encore : 
|R-^t</ 


C/esi  la  limite  que  nous  voulions  oblenir.  Elle  s*eva- 
nouil  pour  n  =  x ,  et  pour  x  =oo . 

Le  principe  dont  nous  venons  de  faire  usage  peut  etre 
g6n^ralis6  et  rigoureusemenl  d^montre  ainsi  qu'il  suit. 
Soil  F  (x)  =29  (x),  ou  F  (x  -f- 1)  —  F  (x)  ==  9  (x)  :  si 
(p  (x  -4-  n)  est  le  lerme  g6n6ral  d*une  s^rie  convergenle. 


(  S55  ) 

nous  remplaceroDs  x  successivement  par  x  + 1,  x  +  2, ... 
X  +  m  —  1  el,  faisant  ia  somme,  nous  trouverons : 

F(x-+-wi)  — F(jc)  =  9(x)  -h9(x-»-  i)H hcp(x-+-m —  i), 

oil  le  second  membre  aura  une  iimite  finie  et  d^termin^e, 
pour  m  infini;  done  le  premier  membre  aura  la  roSme 
Iimite;  done  F  (x  +  m)  tendra  vers  une  Iimite  finie  et  de- 
termin^e,  qui  restera  la  mdme  lorsqu'on  change  x  en  x+l. 
Ainsi  une  valeur  de  Tint^grale  F  (x)  sera  £gale  k  la  somme 
de  la  serie 

—  (p  (x)  —  9  (x  -+- 1)  —  (p  (x  -♦•  2)  —  etc. 

Si  9  (x)  est  nul  pour  toule  valeur  infinie  de  x,  on  pourra 
dire  la  mSme  chose  de  cette  somme,  et  la  valeur  de  F  (x), 
pour  X  infini,  sera  ^ale  ii  celle  de  F  (x+m),  pour  m  infini. 
Alors  done  la  somme  de  la  s^rie  ci-dessus  sera  une  valeur 
particuli^ro  de  Tint^grale  29  (x),  s'annulant  pour  x  =  oo. 

J'ajouterai  ici  une  observation  bien  simple,  qui  toutefois 
ne  semble  pasd^pourvue  d'importance.  Lorsqu*on  a  obtenu, 
en  integrant  par  2,  une  inl^rale  particuliere  f{x),  et  qu'on 
determine  la  quantity  C  de  Tint^grale  g^n^rale  f{x)  h-  C, 
en  faisant  x  =  x  et  en  supposant  C  constante;  si  Ton 
trouve  pour  C  une  quantity  finie  et  d^terminee,  on  pourra 
conclure  qu'on  n'aurait  pas  une  autre  valeur  de  C  en  la 
supposant  variable  (c*est-^-dire  p^riodique).  En  effet, 
quelle  que  soit  la  valeur  que  prend  C  pour  x  =  c,  cette 
quantity  C,  ^tant  p^riodique,  prendra  la  m^me  valeur  pour 
X  ==  c  -+- 1,  c  -f-  2,  c  -h  3, ...  c  -h  w,  m  6tant  un  nombre 
entier  aussi  grand  qu'on  voudra,  el  par  suite  elle  prendra 
la  m£me  valeur  pour  x  infini.  Ainsi  on  d^montre  que, 
dans  ce  cas,  I'arbitraire  G  se  r^duil  k  une  simple  constante. 


(  S56  ) 

On  voil  que  la  valcur  infinie,  pouvant  revetir  une  infi- 
niti  de  formes  differentes  c  -h  m,  oii  c  peut  varier  d'une 
maDiere  continue,  joue  le  rdle  d'une  infinite,  de  valeurs, 
nfi^nne  continues,  et  peut  ainsi  suflire  pour  determiner  la 
fonction  p^riodique  arbitraire. 

Le  principe  que  je  viens  de  d^montrer  sera  utile  en 
plusieurs  cas,  pour  Tapplication  du  calcul  des  differences 
finics;  il  peut  servir  k  conGrmer  la  determination  de  la  con- 
stanto,  dans  la  formule  logarithmique  de  Binet;  il  explique 
le  succ^s  de  la  methode  suivie  par  M.  Weierstrass  dans  la 
theorie  des  Tacult^s  analytiques  et  des  factorielies  (*),  et 
peut  fournir  une  base  rigoureuse  k  la  theorie  des  fonctions 
inexplicables  d'Euler. 

M.  De  Tilly  s*etant  born^  au  cas  de  x  entier,  j'ai  pens<^ 
que  les  reflexions  qui  precedent,  et  qui  s^appliquent  a  x 
quelconque,  pouvaient  encore  offrir  quelque  int^ret,  en 
mSme  temps  qu'elles  devaient  lever  tous  les  doutes  sur  le 
sens  et  {'exactitude  de  ma  formule. 

II. 

Notes  historiques. 

Puisque  j'ai  du  reprendre  ce  sujet,  dont  je  m'elais  beau- 
coup  occupe  autrefois,  je  vais  completer,  en  quelques 
points,  I'exposition  historique  presentee  k  TAcademie  par 
M.  Ph.  Gilbert. 

La  formule 


dx*  ^i  (x  -4-  nf 


(•)  Journal  de  Crelle,  t.  LI,  p.  1-60. 


(  557  ) 

qu*on  attribue  k  Gauss,  peut  k  bon  droit  £lre  r^clam^e  par 
Euler  comme  sienne,  puisque  dans  son  Calcul  differenliel, 
en  nommant  S  la  fonclioD  inexplicable 


i      i  i 

1 1-  •••  H J 

2       3  X 


et  2  ce  que  devieut  S  lorsque  x  devieut  x  -f-  co,  il  trou ve  Q : 

y       Q  /_!_  ^  i  \ 

2,  ==  o  -H  «  I h 1- -I-  •••  I 

J      i  i  i  \ 

\(x-*-i)»       (x-4-2)»       (x-4-5)'  / 

-+-  etc. , 
ce  qui  donne  imm^diatement : 

dS  i  i  1 


dx       (x-^if      (x-*-2)*       (X-+-5)* 

or,  d*apres  le  mode  d'interpolation  employ^  par  Euler, 
la  foiiclion  S  n'est  pas  autre  chose  que  la  d^riv^e  de 
2  log  (x  H- 1)  ou  ^^"^'^J;^~^^\  c'est-i-diic  la  fonctiou  Wx  de 
Gauss,  k  une  constante  pres;  done  la  s^rie 

i  i  1 

(x  +  i  )•  ■*"  (x  H-  2)«  ■*"  (x  -+-  3)*  "^"  " ' 

qui,  en  vertu  de  la  formule  d'Euler,  est  la  premiere  de- 
rivte  de  S,  sera  egale  k  _^li^g-Ji;^±iL  ou  ^^,  et  Ton  a 
ainsi  le  resultat  m^me  de  Gauss.  En  effet ,  pour  z  entier. 
Gauss  dbnne  (**) : 

M'Z  =  ^  0  -I-  i  H 1 1 1 ? 

2       3  z 


(*)  Inst,  calc,  dt^.,pars  post,  cap.  XVI,  arl.  371,  exem.  l.(edilion  de  Pa- 
vie,  1787,  p.  615). 
(**)  Gauss,  Werke,  t.  ill,  p.  154.  (GdUingeo,  1866). 


(  558  ) 

de  sorte  que  Wx  ne  difl^re  de  la  fonclion  S  d'Euler  que 
par  une  constante  ^0. 

En  multipliant  par  dx  et  int^^rant,  on  aura  log  F  (x  +  ca) 
d^velopp^  seloQ  les  puissances  de  gd. 

Euler  est  parvenu,  dans  le  mdme  endroit,  k  une  autre 
Equation,  qui  donne  la  diffi^rentielie  de  la  fonction 
V  =  1  . 2  . 3 ...  X,  c'esl-i-dire  de  T  (x  -+- 1).  Avec  nos 
symboles,  on  peul  6crire  cetle  Equation  comme  il  suit  (*) : 

=  log(x-*-1)  — -S; Tzz-^-S 


\dx         °'  '      2     (x-^iy      3     (xH-i)» 

el,  si  Ton  fait  x  -4- 1  = ;;,  V  =  F  (p),  on  aura  une  formule 
de  Binet  (**).  Dans  les  Comptes  rendus  de  1859,  Binet  a 
inl^gr^  celle  formule  el  a  lrouv6  f  **) 

z.d     p        5.4     p 

ainsi  ce  d^veloppement,  identique  &  celui  de  M.  Feaux,  a 
^t^  aussi  donn^  par  Binet,  et  son  droit  de  priority  est 
certain,  la  serie  de  M.  F^aux  n*ayant  k\.k  publi^e  qu'en 
1844.  f). 

J'avais  d^monlr^,  d*une  mani^re  simple,  la  formule  de 
Gudermann,  dans  les  Bulletins  de  1854,  n""  2,  et  j*en  avais 
d^duit  imm^dialemenl  les  deux  d^veloppemenls  de  |x  (p), 
suivant  les  sommes  S^  ou  S  ^^j[ytj  I'un  k  termes  posi- 
tifs ,  I'autre  k  termes  al ternes. 

Sur  un  point,  que  plusieurs  g^m&tres  ont  regard^ 


(*)   Loc,  cU.,  art.  384,  exemplum  II  (eUilioo  de  Pavie,  p.  633). 

(*•)  Journal  de  Nicole  polyL^  27»«  cabier,p.  231. 

(**')  Comptes  rendus  de  I' Acad,  des scienceSyi.  IX,  p.  158  (Paris  1839). 

(♦*'•)  Journal  de  Crelle,  l.  XXIX,  p.  209  (1845). 


(  589  ) 

comme  trte-imporlant,  la  priority  n^apparlieDt  pas  k  Binet : 
c*est  pour  Tespression  de  la  fonclion  fx  (p)  sous  la  forme 
(l*une  seule  int^rale  d^finic.  Uue  telle  expression  avail 
^t£  donn^e  presque  vingt  anuses  avant  le  M6moire  de 
Binet :  car  le  volume  XXV  des  M^moires  de  TAcad^mie 
des  sciences  de  Turin  (!''  s6rie),  qui  porte  la  date  de  1820, 
renferme  unc  Note  de  Plana,  oil  ce  g^om^tre,  qui  fut  Tun 
des  associ6s  de  I'Acad^mie  royale  de  Belgique,  parvient  k 
la  formule  f) : 

/?  ' 

/  ararctang=- 

S.logx=C  -i-xlogx— a  ■+-  -r  logx  +^  / 

Cette  integrale  est  prise  de  ^=0  k  /=  oo;  de  plus,  on  a 
S  log  X  =2  log  X  +  log  X,  et  Plana  ajoute  que  la  constante 
C  est  ^gale  4  ^  log  (2rr).  Ainsi  il  en  r^ulte  : 

^  W  =  2/**^j^  arc  (tang  ij  , 

0 

c*est-&-dire  la  m^me  formule  qu'on  trouve  dans  le  M^moire 
de  Binet,  page  241  ^  et  qu'a  rappel^e  M.  Liouviile,  dans  la 
stance  de  Tlnstitut  du  6  septembre  1852,  en  montrant 
avec  quelle  facility  on  en  d^duit  cette  importante  proposi- 
tion :  que,  pour  la  s^rie  de  Stirling,  Terreur  commise  en 
s'arr^tant  k  un  terme  quelconque  est  plus  petite  que  le 
terme  sulvant  et  en  a  le  signe  (**). 


(*)  Voyez  le  tome  indiqae,  p.  410. 

(•*)  Comptes  rendus,  lom.  XXXV,  pp.  317-342;  Journal  de  malhim., 
1"  s^rie,  lom.  XVII,  pp.  448-453.  —  Les  observations  prec^entes,  sar  les 
droits  de  Plana,  avaient  6te  publiees  dans  un  journal  de  Turin,  en  1854 
{Rivista  delle  Universitd  e  dei  CoHegi,  2  nov.  1854,  p.  347). 


(  S60  ) 

II  faut  observer  que,  pour  parvenir  ^  cette  expression 
de  ii{x)  ou  p  (p),  Biuet  part  de  la  mSme  formule  de  Pois- 
son  dont  s'est  servi  Plana  : 

e'-4-i        2       ,    /**  dt  sin  (zt) 


^-!-/ 


0 

et  il  en  d^duit  Texpression  des  nombres  de  Bernoulli 


B„  =  4n  /     -; 


que  Plana  avait  donn^e.  Plana  transforme  ces  dernieres 
integrates  dans  les  autresy"^^^^|f~^,  d^terminees  par 

0 

Euler  (*)  :  ainsi  celle  expression  des  nombres  de  Ber- 
noulli par  des  integrates  di^Gnies  est  due  ill  Euler,  qui  par- 
vint  aussi  avant  Laplace  k  leur  expression  g^nerale  en 
termes  finis  (**). 

Je  remarquerai  encore  que  Binet  avait  eu  la  pens^  de 
remplacer  t  par  pt  dans  sa  premiere  formule,  pour  en 
tirer  d'autres  formes  de  I'expression  de  fx(p)  :  or,  s*il  avait 
suivi  cette  voie,  il  aurait  obtenu  imm^diatement  cette  inte- 
grate si  remarquabte  qu'a  fait  connaltre  plus  tard  M.Schaar. 

Quant  aux  d^vetoppements  de  fx  (p)  par  des  series  de 
factorielles  n^atives,  Binet  en. a  donn^  deux  aussi,  Pun  i 


(*)  Euler,  Inst,  calc,  integraliSt  t.  IV,  p.  137,  ou  Novi  comment. 
Acad.  PeiropoL,  t.  XIV,  1^*  parlie,  p.  152  (1769). 

{**)  Voyez,  sur  cetle  question,  les  Annali  di  scienze  matematiche  § 
fisiche,  I.  Ill,  p.  405  (Rome,  1852).  —  Gauchy,  dans  son  Memoire  de  1814, 

-  ,^|  -  par  les  nombres  de  Berooulli,  ei  a 

observe  que  ces  formules  etaient  d^jk  connues  {Savants  etrangers,  1 1*', 
p.  756, 1827). 


(  561  ) 

la  page  S31 ,  Tautre  a  la  page  359  de  soo  M^inoire  :  le 
terme  general  du  premier  est 

1(0 


t(p^.i)(p-4-2)...(p-f-iV 

celui  du  second  est 

-i'(0 


t.p(p-4-  i)...(p  -4-  t — i) 


Binet  a  d4montr6  en  detail  el  rigoureusement  la  conver- 
gence de  la  premiere  de  ces  series  (t6.,  p.  233) ;  a  i'egard 
de  la  derniere,  en  posant : 

(i  -4-  6)(2  -4-  b)  ...(t  —  2  +  6)  =  H  -+-  H,6  +  H,6*  -♦- ...  h-  6•-^ 

il  d^montre  (p.  338)  qu'on  a  : 

H,  2H,  »  — 2 


r(0= 


3.4.5       5.6.7  t(i-+-i)(i-4-2) 


et  que  cette  valeur  est  positive  :  de  li,  en  raisonnant 
comme  il  Ta  fait  pour  la  premiere  s^rie^  on  deduirait  sans 
peine  que  le  coefficient  positif  V(i)  est  plus  petit  que 

^  V.4^V^^  (* — ^) »  ^^  qu'ainsi  le  terme  g^n^ral  de  la  s6rie 
est  infi^rieur  en  valeur  absolue  k 

i  i. 2. 3. ..(1  —  2) 


60p(p-+-1)...(p-+-t  — 1) 


ce  qui  est  le  terme  general  d'une  s^rie  ayant  pour  somme 
gj-, ;  il  s'ensuit  que  la  s^rie  indiqu^e  est  convergcnte. 
Mais  en  outre  il  ajoute  ces  remarques  :  <  A  Taide  des 
formules  d^velopp^es  dans  la  quatri^me  section  [26],  nous 
nous  sommes  assur^  que,  pour  de  hautes  valeurs  de  i,  le 

2°*'  S^RIE,  TOME  XXXVl.  37 


(  562  ) 
terme  i,p^^i^^pi%,„^p^i^,^  tend  k  ud  6tat  de  grao- 
deur  de  I'ordre  tt+h^/;)*  les  autres  termes  de  son  expres- 
sion elanl  des  ordres  ./I,,  o  ..a..\.  ,^  >  etc.  Ainst  la  con- 

»^+*(l.  I)        iF+'  (I.I)*  ' 

vergence  de  cette  suite  esl  plus  rapide  que  eelle  d^une 
s^rie  dont  le  terme  general  serait  j^r^  ^^  moindre  que 
ceile  d'une  suite  dont  le  terrae  g^n^ral  serait  ^—r-  On 
parvient  k  de  semblables  consequences  pour  la  serie  (6i), 
art.  [20].  Je  ne  d^veloppe  pas  ici  ces  r^sultats,  parce  que 
les  details  sont  un  pen  longs...  On  trouvera  sans  difficult^ 
les  relations  qui  lient  entre  euK  les  coefficients  1(1),  1(2), 
1(3),  etc.,  de  Tart.  [20],  et  ceux  que  nous  repr^sentons 
ici  par  !'(!),  r(2),  I' (3),  etc.  Ces  nombres,  quoique 
rapidement  croissants,  ne  pen  vent  empecher  la  s^rie 
de  demeurer  convergente,  mais  principalement  pour 
de  hautes  valeurs  de  p,  cas  auquel  elle  est  destin^e.  > 
(lb.,  page  539.) 

Pour  former  cette  serie,  Binet  prend  la  formule  qui  lui 
est  due : 

0 

et,  en  faisant  e'"=^ — x,  il  la  transforme  dans  la  suivante: 

il  d^veloppe,  suivant  les  puissances  de  x,  la  fonction  qui 
multiplie  ^^ ""  ^"^  dxy  et  obtient,  dans  chaque  terme,  une 
int^rale  eul6rienne/   (1 — x)'""*x"~*dx,  avec  n  entier 

et  positif ,  int^rale  dont  la  valeur  est  connue. 

Dans  le  tome  II  de  ses  Exercices  d* analyse ,  Cauchy  a 
remplac^,  par  quelques  formules  deduites  de  la  th^orie  des 


(  S63  ) 

int^grales  singuli^res,  les  considerations  tres-d^licates  et 
(r^s-ingenieuses  par  lesquelles  Binet  elait  parvenu  a  re- 
presenter  par  une  seiile  inl^grale  defmie  la  parlie  d^crois- 
sanle  de  log  F  (x);  mais,  pour  le  developpement  de  cetle 
partie,  la  methode  suivie  parCauchy  est  identiquement  la 
m^me  que  la  prec^denle,  en  sorte  que  les  pages  589,  590 
du  M^moire  de  Cauchy  sont  presque  la  reproduction  litt^- 
rale  des  pages  556,  557  du  M6moire  de  Binet.  Cauchy  le 
reconnait  par  ces  paroles  qui  terminent  sa  demonstration  : 
«  La  formule  (16)  (la  serie  dont  il  est  question)  est  encore 
Tunc  de  cellos  queM.  Binet  a  obtenues  en  operant  comwe 
nous  venons  de  le  dire  >  (page  591). 

Le  principe  de  la  methode  est  que  «  pour  obtenir  le  de- 
veloppement de  cette  int^grale  (celle  ci-dessus  rapport^e) 
en  s^rie,  il  suffit  de  developper  la  fonction  sous  le  signe  f 
en  une  autre  serie  dont  chaque  terme  soit  facilement  int^- 
grable.  Le  developpement  de  I'integrale  se  reduit  k  une 
seule  s^rie  convergente,  lorsque  le  developpement  de  la 
fonction  sous  le  signey  ne  cesse  jamais  d'etre  convergent 
entre  les  limites  de  Tintegration.  Telle  est  effectivement  la 
condition  k  laquelle  M.  Binet  s*est  astreint  dans  son  Me- 
moire.  »  J'emprunte  ces  observations  k  Cauchy  (*). 

On  voit  done  que  Binet,  non-seulement  n'a  pas  neglige 
la  question  de  convergence,  mais  Ta,  au  contraire,  appro- 
fondie  avec  un  grand  soin,  et  que,  relativement  k  la  con- 
vergence, Cauchy  n'a  fait  que  reproduire  une  des  demon- 
strations de  Binet. 

Le  Memoire  de  Cauchy  a  ete  presente  en  1845  a 
TAcademie  des  sciences  de  Paris,  et  plusieurs  extraits  en 
ont  ete  inseres  dans  les  Comptes  rendus  de  cette  annee, 

(*)  Comptes  rendus,  I.  XVl,  p.  425. —  Exercices  ctanalyse,  I.  II,  p.oOD. 


(  564) 

avant  qull  fdt  publie  en  entier  dans  Ics  derni&res  livrai- 
sons  du  second  vohime  des  Exercices  (');  il  est  done  de 
1845,  quoique  ce  volume  porte  la  date  de  1841,  epoque  de 
la  publication  des  premieres  livraisons. 

J'ai  rectifi^  quelques  propositions  de  Binet  dans  les 
Bulletins  de  1854  :  la  m£me  Note  (")  offre  les  Elements 
d'une  th^orie  complete  des  fonctions  gamma,  fondle  sur 
la  definition  de  Gauss,  et  donne  le  moyen  d^etablir,  par  une 
marche  simple  et  directe,  la  formule  (applicable  k  x  positif 
quelconque)  : 

logr{x)  =  C-4-  (x — -jlogx — X-4-ft(x), 

en  prenant  la  formule  de  Gudermann  pour  definition  de 
fx(x). 

Le  terme  g^n^ral  de  la  s^rie  de  Gudermann  est 

V  "*"  ^  "^  2/  ^^  V    "*"  p-^ml  ""    ""  2.2.3  \p-^m-¥-i) 

^^-(    '     \V_i-/     ^     )V.., 

2.3.4  \p-+-m-^i/       2.4.5  \p -4- m -4-1/ 

et,  par  suite,  ce  terme  est  positif  pour  toute  valeur  p  >  0; 
comme  en  outre  : 

f*(p)  — [*(;>-*- 0=  (p-*- 2/ 'og  (i  ^ -J —1, 

1         1  1 

2fi(p-4-l)< S- -< , 

^^^       '^2.3      p-4-l'^2.3p 


{")  Voir  Comptes  rendus^  l.  XVI,  p.  422 ;  l.  XVII,  pp.  370  et  376 ;  oh  il 
est  (lit  que  ces  Recherches  seront  publi^es  daus  les  Exercices. 

(**)  Pr^eDtee  ik  rAcad^raie  de  Belgique,  dans  la  stance  du  5  uovembre 
1853  (Bulletins,  i.  XX,  3<  parlie,  p  129) ;  ins^r^  dans  la  seance  da  4  f^ 
vif3rl854(i6,l,XXl,p.84). 


(  S65  ) 

on  pent  conclure  de  Ik  que  la  s^rie  de  Gudermann  est  con- 
vergenle  et  que  fx  (p)  se  r^duil  k  ziro,  lorsque  f)=oo,  ce 
qui  suffil  pour  determiner  aussi  la  constanle  C,  k  I'aide  du 
th^oreme  de  Wallis.  Enfin,  j'ai  demon  Ire  Tidentit^  de  la 
fonclion  r(x),d^rinie  par  Gauss,  avec  I'int^rale  eule- 
rienne. 

En  1854,  Cauchy  g^n^ralisa  les  Tormules  de  Binet,  et 
trouva  des  d^veloppements  analogues  pour  des  fonctions 
quelconques,  et  comme  j'^tais,  de  mon  cdt^,  parvenu  aux 
memes  r^sultats  el  aussi  k  des  resultats  plus  gen^raux,  par 
la  m^thode  que  j'avais  appliqu^e  a  la  serie  de  Binet,  et  que 
j^avais,  au  surplus,  complete  toutes  ces  series  par  Texpres- 
sion  d*un  reste,  je  publiai  mes  d<§monstrations  dans  les 
Annates  de  M.  Tortolini,  cahiers  de  fevrier  et  mars 
18S5  0. 

Soit  u  une  fonction  de  x,  t;=^,  t;„  ce  que  devienl  t; 
lorsqu'on  change  x  en  x+n  :  on  a  la  formule  symbolique: 

^  2  (1-f-A)«l0g(1-H/i)Ll0g(i-+-A)        A        2j    " 

ou  le  second  membre  doit  £tre  d^veloppe  suivant  les  puis- 
sances ascendantes  de  A,  en  interpretant  ces  puissances 
comme  des  differences  fmies  (du  meme  ordre)  de  la  fonc- 
tion t;„,  pour  Ax  =  l  :  n  designe  un  nombre  qui  ne  sera 
pas  n^cessairement  entier  et  positif. 

Si  Ton  fait  ti= log  x,  cette  formule  donnera  une  infinite 
de  developpements  Equivalents  aux  deux  series  de  Binet : 
ces  derni^res  repondent  aux  valeurs  n  =  0  et  n«=:l.  J'ai 
observe  que,  si  n  n*est  pas  nul,  la  convergence  est 

(•)  Comptes  rendus,  I.  XXXIX.  pp.  134-135,  173-176,  214-218.  — 
Annali  di  scienze  matem,  e  fisiche,  t.  Vl,  pp.  70-114  (Rome,  1855). 


(^66) 

d'autant  plus  rapide  que  n  est  plus  petit,  et  que,  pour  x>l, 
la  serie  qu'on  obtienl  en  posanl  w=0  est  preferable  i 
toutes  les  autres,  d^duites  de  valeurs  positives  de  n. 

Dans  le  mSme  M^moire,  j'ai  indiqu6  un  proc^de  simple 
pour  parvenir  k  Texprcssion  de  tx(p)  sous  la  forme  d'une 
integrale  deflnie  el  pour  en  tirer  les  developpemeuls  de 
log  r{p)  en  facloriclles.  II  renferme  encore  une  demonstra- 
tion nouvelle  et,  je  crois,  assez  remarquable,  des  analogies 
connues  des  differences  avec  les  puissances  (dont  je  signale 
la  liaison  avec  les  formules  de  Binet),  et  des  theoremes  de 
M.  Malmsten  sur  la  formule  sommaloire  de  Maclaurin. 

Je  suis  revenu  sur  les  formules  de  Binet  et  sur  ces  autres 
formules  plus  g^n^rales,  dans  un' article  bibliograpbique 
relatif  aux  beaux  resultats  obtenus  par  M.  Scbloemilch  f ). 
J'ai  demontre,  en  peu  de  mots,  sa  formule  fondamentale: 

f"  (0)  f-'  (0) 


z(z-+-l)(z-4-2)  Z  (ZH-i)...(2-4-n  —  i) 

-f.-- r(i— a)'-*-"-Y''(a]rfa, 

z(z-4-l)...(z-*-n-l)/    ^         ^         I    \  i   ^ 

et  je  Tai  appliqu^e  au  d^veloppement  de  la  fonction  : 

0 

ce  qui  donne  la  &Me  particuli^re  de  Binet,  dont  se  sont 
occup6s  MM.  De  Tilly  et  Gilbert,  avec  un  reste  exprim^, 
non  par  une  integrale  definie  triple,  mais  par  une  integrate 


(*)  AnncUi  di  Matemaiica,  t.  |],  pp  367-384  (Rome,  1839). 


(  367  ) 

d^finie  simple.  Pour  plus  de  generality,  j'ai  remplace  z  par 
z-k-a  dans  la  formule  fondamentale,  et  j*ai  pris 

'^'       log(i  — a)\2        a        log{i— a)/" 

j'ai  obtenu  le  reste  ou  terme  compl^mentaire  exprime  par 

\ r(i  — a)'+**^-*/'"Wrfa. 

On  retrouve  cette  s^rie  particuli^re,  que  je  viens  de 
rappeler,  dans  le  cas  de  a=0,  consid6r6  par  M.Schloemilch, 
et,  pour  ce  cas,  j'ai  d6montr£  que  le  reste  ou  terme  com- 
pl6mentaire  6tait  d'une  valeur  inf^rieure  k 

z(z-.<)'..(.H-„)/'^"(^l-'')^"'' 

0 

06  V,=  {\  —  v)  (2  —  v)  . ..  (n  —  t).  Cette  limite  est  plus 
approch^e  que  celle  de  M.  Schloemilch. 

J'ai  mentionne  aussi  un  autre  d^veloppement,  suivant 
des  factorielles  inverses  ou  negatives,  donn^  par  le  m^me 
analyste,  savoir  le  d^veloppement  de  la  fonction  F  (p) 
elle-m^me,  ou  plus  exactement  du  rapport 

r(p) 


d'o(k  Ton  d^duit  une  formule  semblable  k  celle  de  Guder- 
mann. 
Je  ne  dois  pas  oublier,  parmi  les  travaux  concernant  la 

m 

fonction  gamma  ^  une  Ih^orie  tr^s-rigoureuse  et  trte- 
remarquable  des  factorielles,  a  laquelle  du  reste  j'ai  d^ja 


(  568  ) 

fait  allusion  ci-dessus,  et  qui  a  ^te  expos^e,  en  1856,  par 
M.  Weierstfass.  Cc  c^lebre  g^omelrc  a  demonlre  que  la 
fonclion  r^ciproque  jj-r  est  toujours  developpable  sui- 
vant  les  puissances  entieres  et  ascendantes  de  p  (*). 

J'indiquerai,  en  m^me  temps,  une  these  deM.  Hankel, 
sur  les  integrates  euleriennes,  dans  le  cas  de  variables  ima- 
ginaires  (""),  el  plusieurs  rfeultats  tres-interessants  publics 
par  M.  Catalan,  dans  le  dernier  Compte  rendu  ("*). 

En  ce  qui  touclie  la  s6rie  de  Stirling,  et  celle  de  Mac- 
laurin  ou  d'Euler,  dont  elle  est  un  cas  particulier,  j'avais 
tir6  d*une  forraule  sommatoire  due  i  Plana,  qui  resume, 
pour  ainsi  dire,  la  serie  d^Euler,  Texpression  remarquable 
du  terme  compl^mentaire  de  la  serie  de  Stirling  obtenue 
par  M.  Schaar,  et  plus  tard  je  suis  entre  dans  beaucoup  de 
details  au  sujet  de  la  convergence  de  la  s^rie  d'Euler,  et 
des  conditions  necessaires  a  la  validite  de  la  i'ormule  som- 
matoire de  Plana ,  que  j'avais  appliquee  k  la  th^orie  des 
r&idus  quadratiques  (****). 

Enfin  j*ai  ^nonc^,  dans  une  Revue  de  Turin,  le  th^^- 
r^me  suivant  :  c  Soit  n  le  rapport  de  la  circonf^rence  au 
diam^tre,  a  un  nombre  positif,  et  nommons  n,  n  +  1  les 
deux  nombres  entiers  cons6cutifs  entre  lesquels  sera  com- 
prise la  valeur  de  na-h]^;  si  Ton  veut  calculer  log  F  (a)  a 
Faide  de  la  s^rie  de  Stirling,  on  obtiendra  les  plus  grandes 


(*)    Journal  de  Crelle,  t.  LI,  pp.  1-60,  eten  particulier  pp.  44-46. 
(•*)   Die  Euler'schen  integrale,  etc.  Leipzig,  1863. 
C**)  Comptes  rendus,  t.  LXXVIl,  pp.  198-201  (scaoce  du  31  juiil.  1873^ 
(****)  Annali  di  scienze  tnatematiche  e  fisiche,  t.  Ill,  pp  406-436  (Rome, 
1852);  mSme  Recueil,  I.  VI,  pp.  91-94,  IOi-107  (Rome,  1855).  —  La  for- 
mula de  Plana  que  je  viens  de  mentiomier  a  et^  obtenue  aussi  par  Abel 
(QEuvres,  t.  ll)etpar.M.  Schaar  (Acad.  roy.  de  Belgique,  savants  etraogers, 
I.  XXII),  mais  Plana  Ta  trouvee  le  premier. 


(  569  ) 

approximations,  FiiDe  par  exces,  Tautre  par  d^faut,  en 
arretant  la  serie  aprfes  n  lermes  et apr^s  n-f-1  ternaes.  On 
suppose  que  le  premier  terme  soit  celui  qui  est  proportion- 
nel  ^^-On  aura  un  resultat  encore  plus  approch^  en  ajou- 
tant  aux  n  premiers  termes  la  moiti^  seulement  du  terme 
suivant,pris  avec  son  signef).  » 

J'espere  qtie  Tillustre  Acad^mie  royale  de  Beigique,  k 
laquelle  s^adressentles  observations  pr^c^dentes,  me  fera 
rhonneur  de  les  accueillir  dans  ses  Bulletins^  aiin  qu'on 
puisse  trouver,  dans  le  m£me  Recueil,  apres  Taccusalion, 
la  defense. 

Je  la  prie  aussi  d*agrder  Tbommage  de  quelques-uns  des 
Memoires  que  j'ai  eu  I'occasion  de  citer. 

Yeuillez,  Monsieur  le  secretaire  perp^tuel^  etre  mon 
interprele,  etcroire  a  mes  sentiments  de  profond  respect. 


—  La  classe  s'est  constiluee  ensuile  en  comit^  secret 
pour  s'occuper  des  candidatures  supplementaires  aux 
places  vacantes. 


(*)  //  Cimento,  Rivista,  etc.,  vol.  VI,  pp.  606-607  (Turin,  octobre  iS55). 


(  570) 


CLASSE  DES   LETTRES. 


Seance  du  3  novembre  1875. 

M.  J.-J.  Thomssen,  direcleur,  president  de  rAcademie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perpetuel. 

Sont  presents  :  MM.  Ch.  Steur,  J.  Grandgagnage, 
J.  Roulez,  Paul  Devaux,  J.-J.  Haus,  M.-N.-J.  Leclercq, 
Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  R.  Chalon, 
Th.  Jusle,  baron  Guillaume,  Felix  Neve,  Alph.  Waulers, 
£m.  de  Laveleye,  G.  Nypels,  Alph.  Le  Roy,  £m.  de  Borch- 
grave,  membres;  J.  Nolet  de  Brauwere  van  Steelaod, 
Aug.  Scheler,  Alph.  Rivier,  assoctc* ;  Edra.  Poullel,  P.  Wil- 
lens,  Ferd.  Loise,  correspond  ants, 

M.  £d.  Maiiiy,  correspondant  de  la  classe  des  sciences, 
assiste  k  la  stance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  I'int^rieur  transmet  une  exp^ditioD 
d'un  arr^t^  royal  en  date  du  6  octobre^noodifiant  Tarticle  4 
du  r&glement  g^n^ral,  en  ce  qui  concerne  les  elections. 

—  Le  meme  haut  fonctionnaire  demande  que  la  classe 
veuille  bien  s'occuper  de  la  formation  de  la  lisle  double  des 
candidats,  parmi  lesquels  seront  choisis  les  membres  du 
jury  charg^  de  juger  la  6^  p^riode  du  concours  triennal  de 


(  571  ) 

lilteratore  dramatique  flamande.  —  La  classc  a  precede  k 
la  formation  de  cette  liste. 

—  DilKrenls  ouvrages  envoyes  par  le  D^parlement  de 
rint^rieur  seront  inscrits  au  Bulletin  de  la  stance. 

M.  le  Ministrede  la  justice  adresse  deux  exemplaircs  de 
la  Liste  xhronologique  des  ordonnances  de  la  principatite 
de  Liege,  1"  s6rie,  annees  974-1595. 

Les  ouvrages  suivants  sont  ensuile  oiferts  : 

1°  La  Belgique  sous  Philippe  V,  —  La  Belgique  de 
4716  a  4723,  par  M.  Gachard;  2  cab.  in-fol.; 

2^  Proza  (1843-1873),  par  M.  J.  Nolet  de  Brauwere; 
2vol.in-8^ 

3**  Le  Code  penal  beige  inter prete,  6*  livraison  ,  par 
M.  G.  Nypels;  1  cab.  in-8^ 

4®  La  nomenclatura  jurisperitorium  de  Jacques  Spie- 
gel  (1540),  par  M.  Alpb.  Rivier,  in-8^ 

Des  renierciments  sont  adress^s  aux  auteurs  de  ces  dif- 
f6rents  dons. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Le  logement  de  Madame  de  Lorraine  a  Gand  (1646);  par 
M.  Cmile  de  Borchgrave,  membre  de  TAcad^mie. 

II  est,  je  crois,  peu  de  remans  aussi  int^ressants  et 
moins  ^difiants  que  Tbistoire  veritable  et  authenlique  du 
due  Cbarles  IV  de  Lorraine,  «  ami  de  tons  les  partis  ^  — 
ainsi  que  Ta  finement  depeint  Saint-Simon,  —  fidele  ^ 
aucun,  souvent  depouill^  de  ses  Etats,  et  tantdt  les  abdi- 
quant,  puis  les  reprenant,  tantdt  en  France  avec  les 
rebelles,  puis  k  la  cour,  tantdt  k  la  tete  de  ses  troupes, 


(  S72  ) 

sans  feu  m  lieu ,  qu'il  faisait  subsisler  aux  depens  d*autrai, 
y  vivant  lui-meme,  d'aulres  fois  au  service  de  la  France, 
puis  de  TEmpereur,  apres  de  i'Espagne,  souvent  k  Brii- 
xelles,  enfin,  enleve  et  conduit  prisonnier  en  Espagne.  » 
Ajoutons  k  ce  portrait,  sans  avoir  la  pretention  de  le 
retoucher,  que  Charles  avail  un  exterieur  s^uisant  et  les 
mani^res  les  plus  engageanles;  il  ^tait  bon  guerrier  et 
excellait  k  tons  les  exercices  du  corps;  du  reste,  aussi 
volage  en  amour  que  versatile  en  politique ,  et ,  au  demen- 
rant,  Thomme  le  plus  populaire  de  Lorraine  et  de  Franche- 
Cornt^.  Le  comte  d*Haus$onville  a  raconte  ses  aventures, 
avec  la  gravity  qui  convenait  au  sujet,  dans  sa  belle  His- 
toire  de  la  reunion  de  la  Lorraine  a  la  France, 

Le  hasard  ou  plutdt  la  raison  d'etat  voulut  que  Charles 
^pous^t  sa  cousine,  la  princesse  Nicole,  qu'il  n'aimait  pas 
et  k  qui  il  ne  se  fit  pas  faute  de  le  dire.  II  s'efforQa  meme 
pendant  longtemps  de  faire  annuler  son  mariage  par  la 
cour  de  Rome,  all^guant  le  d^faut  de  consentement  mutuel 
et  les  contraintes  exercees  sur  les  epoux. 

Ce  qui  augmentait  sa  repugnance  pour  sa  femme,  c'etail 
la  vive  passion  qu*il  avait  con^ue  pour  M"*"  Beatrix  de  Cu- 
sance,  fille  de  Francois  de  Cusance,  baron  de  Beauvoir  et 
de  Saint-Julien,  colonel  de  3,000  Bourguignons  au  service 
du  roi  d'Espagne,  et  deM**'  de  Berghes,dontIa  mere  ^tait 
une  Merode.  Les  historiens  de  T^poque  ont  c^lebre  k  Tenvi 
I'admirable  beaut^  de  cette  jeune  femme  qui  ne  tarda  pas 
k  r^pondre  a  la  passion  de  Charles  de  Lorraine.. 

Elle  epousa  toutefois  le  prince  de  Cantecroix,  de  la 
maison  de  Granvelle(1655),  mais  sans  cesser  de  voir  le  due 
qui  faisait  de  frequents  voyages  iBruxelles  k  son  intenlion. 
D'ailleurs  son  union  ne  fut  pas  de  longue  dur6e ,  le  prince 
etant  venu  k  mourir  de  la  peste  le  6  f^vrier  1637. 

Beatrix  n'avait  pas  attendu  ce  moment  pour  quitter  sod 


(  573  ) 

mari.  D^s  le  commencement  de  sa  maladie,  eile  s*^tait 
^tablie  k  Besanfon  dans  une  maison  que  le  due  avail  fait 
disposer  pour  la  recevoir  et  oti  elle  ^lail  Tobj^  de  toutes 
ses  assiduiles. 

Charles  ne  r^sista  plus  alors  au  violent  d^sir  qu'il  avait 
d*epouser  madame  de  Cantecroix.  Pour  sauver  les  appa- 
rencesy  il  eut  recours  k  une  ruse  odieuse  en  faisant 
courir  le  bruit  de  la  morl  de  la  duchesse  Nicole  qui  n'^tait 
pas  mdme  noialade.  Beatrix  de  Cusance  se  prela  a  celte 
manoeuvre  et  moins  de  quinze  jours  apr^s  la  mort  de  sou 
mari ,  elle  fut  unie,  avec  quelque  secret  cependant,  au  due 
de  Lorraine  (17  Kvrier)  (1). 

On  confoit  le  scandale  que  causa  cet  acte  formel  de 
bigamie. 

Charles,  toujours  guerroyant,  levait  des  regiments 
tantot  pour  le  service  de  TAutriche,  tantdt  pour  celui  de 
I'Espagne  et  passait  les  hivers  soil  i  Besan^on,  soit  k 
Bruxelles;  mais  ce  ne  fut  pas  sans  ^prouver,  dans  la 
seconde  de  ces  villes,  d'amSres  contrari^t^s.  L'arche- 
vSque  de  Malines  censura  publiquement  sa  liaison  avec 
madame  de  Cantecroix. 

Cependant,  le  due  se  flattait  toujours  d'oblenir  de  Rome 
la  nullil^  de  son  mariage  avec  la  princesse  Nicole.  Le 
saint-siege  lui  enjoignit,  comme  condition  pr^alable  d*exa- 
men,  de  cesser  toutes  relations  avec  madame  de  Cante- 
croix jusqu'^  ce  que  Tautorit^  se  fAt  prononc^e  sur  la 
validity  de  sa  premiere  union.  Mais  les  suggestions  de  la 
passion  I'emportaient  sur  les  conseils  de  la  raison,  et, 
comme  les  deux  amants  manquaient  ostensiblement  k  une 


(1)  D'apr^  M.  Gachard.  Suivant  d'autres,  le  2  avril.  D'Haussonville, 
t.  II ,  p.  98. 


(  574  ) 

parole  donn^e,  une  bulle  d'excommunicatioa  fut  fulminee 
par  le  pape  conlre  le  due  de  Lorraine  el  Beatrix  de  Cu- 
sance.  C'^tait  en  1642.  Charles  II  et  Beatrix  cesserent 
alors  d'habiter  ouvertement  ensemble,  mais  ils  se  virent 
toujours  secretement. 

A  la  tin  de  1645  (22  novembre),  un  brefdu  pape  Iddo- 
conl  X  notifia  k  Anloine  Triesl,  ^veque  de  Gand,  et  a  An- 
loine  Ghigi,  internonce  k  Bruxelles,  qu'il  avail  assign^ 
Gand  pour  residence  a  madame  de  Cantecroix  qui  avait 
promis  de  n'en  point  sorlir.  Le  due  de  Lorraine  fut 
oblige  de  s'engager,  de  son  cole,  k  n'enlrer  jamais  sous 
aiicun  prel(  xte  dans  cette  Tille  et  meme  de  n'en  appro* 
cher  point  de  plus  d'une  demi-lieue.  A  ces  conditions 
scules,  Innocent  X  avait  bien  voulu  relever  Charles  et 
Beatrix  de  Texcommunication  lancee  eontre  eux  par  son 
pred^ccsseur. 

Les  details  qui  precedent  ^taient  necessaires  pour  expli- 
quer  un  incident  qui  se  rattache  au  s^jour  de  madame  de 
Cantecroix  a  Gand  et  que  je  vais  raconter  brievement 
d*apr^s  des  documents  inedits. 

Malgre  la  solennite  de  ses  promesses,  Beatrix  ne  mit 
aucun  empressement  k  les  ex^cuter.  Elle  pretextait  qu*elle 
DC  trouvait  k  Gand  aucune  habitation  dont  elle  put  «  s'ac- 
comoder.  >  Le  gouverneur  general  des  Pays-Bas,  don 
Manuel  de  Moura-Cortereal ,  marquis  de  Castel  Rodrigo, 
jugea  alors  k  propos  d*intervenir  et  se  fit  fort  de  lui  pro- 
curer une  maison  convenable. 

Le  choix  de  la  ville  de  Gand  ne  semble  pas  avoir  ^te 
fait  au  hasard.  Le  conseil  de  Flandre  avait,  k  ce  moment, 
k  juger  une  affaire  des  plus  embrouillees,  une  des  causes 
celebres  du  dix-septidme  siecle,  dont  noire  savant  confrere. 


(575  ) 

M.  Gachard,  a  racont^,  il  y  qu^lqucs  aiinees,  les  emou- 

vantes  p^rip^ties  (1).  Le  nom  de  Beatrix  de  Cusancc  y  ^tail 

souvent  prononci^.  II  s^agissait  de  savoir  si  Tcnfant  pos- 

thume  qu'elle  avail  eu  du  prince  de  Cantecroix  etait  mort, 

comme  elle  raOirmait,  ou  bien  sll  avail  ele  confix  k  une 

ganloise  de  condilion  obscure,  chargte  de  T^lever  mysle- 

rieusement,  afin  de  le  r^server  pour  de  cerlaines  ^venlua- 

lit^s.  Peut-^tre  le  gouverneur  general  elait-il  secr^tcmcnl 

pousse  i  rapprocher  Bealrix  de  i^enfanl  qu'on  s^obstinait 

'i  croire  vivant,  dans  Tespoir  qu'une  demarche  furtive  de  la 

princesse  trahirait,  a  un  raomenl  donne,  les  solliciludes  du 

coeur  niaternel.  Sous  ce  rapport,  on  fit  fausse  route,  car  le 

fils  poslhume  du  prince  de  Cantecroix  elait  d^cede  quel- 

ques  semaines  apres  sa  naissance. 

Quoi  qu'il  en  soil,  le  gouverneur  g^n^ral  ne  crul  pas 
pouvoir  mieux  faire  que  de  charger  le  magistral  de  Gand 
de  procurer  un  appartement'  confortable  k  la  princesse, 
el  la  correspondance  qui  fut  6chang6e  4  ce  sujet  entre 
Bruxelles  el  Gand  renferme  plusieurs  details  qui  ne  sonl 
pas  sans  inlerel  lanl  au  poinl  de  vue  du  sejour  de  Beatrix 
en  Flandre  que  sous  le  rapport  du  sans-fa?on  avec  lequel 
le  marquis  de  Castel-Rodrigo  Iraitait  des  Flamands  du 
rang  le  plus  6leve. 

La  maison  que  le  marquis  destinait  ^  madame  de  Can- 
tecroix ou,  comme  on  Tappelail  ordinairement,  madame  de 
Lorraine,  n'ayanl  pas  convenu  i  cette  derni^re,  il  ^crivit 
ofliciellemenl  au  premier  ^chevin  de  la  ville  de  Gand,  le 
sieur  de  Ruddershove,  pour  lui  ordonner,  au  nom  du  roi. 


(I)  Invenlaire  des  papiers  laisses  par  le  cardinal  de  Granvelle  a 
Madrid,  etc.  Extraitdu  I.  IV,  n«  I,  3«»«  serie,  des  Bulletins  de  la  Com- 
mission royale  d'hisloire. 


(  576  ) 

d*installer  la  princessc  soil  dans  una  maison  situ^e  sur 
le  Kauler  (la  Place  d'armes  actuelle),  soil  dans  nn  bdiel 
pres  de  T^glise  S*-Michel,  qu'il  croyait  Stre  vide  el  appar- 
tenir  aux  j^suites  (1). 

Nous  pensons  que,  quelle  que  soil  Tomnipotence  attri- 
bueeen  toule  mati^re  k  r£lat  moderne,  il  ne  se  croirait 
pas  autoris^,  sauf  en  temps  de  guerre,  k  disposer  des  habi- 
tations des  particuliers  sans  leur  consentement  pr^alable, 
et  sans,  dans  tous  les  cas,  leur  oifrir  une  juste  el  raison- 
nable  indemnity.  Le  marquis  de  Castel-Rodrigo  ne  se 
pr^occupait  pas,  k  ce  qu'il  semble,  de  considerations  aussi 
vulgaires.  II  se  disait  sans  doute  que  le  rang  de  madame 
de  Cantecroix  et  une  certaine  c^l^brit^  que  ses  aventures 
lui  avaienl  faite  devaient  suffire  pour  lui  valoir  chez  tous 
Taccueil  le  plus  empress^.  Mais  il  se  trompait  en  fait: 
rhdlel  qu'il  avail  en  vue  n*6tait  pas  vacant  el  il  n*appar- 
tenait  pas  aux  jesuites.  C^tait  la  propriete  du  jeune  comte 
deWacken,  Guillaume-Charles-FranQois  de  Bourgogne, 
fits  mineur  de  feu  Charles,  chevalier  de  S'-Jacques,  grand 


(1)  2  avi'il  1646.  Archives  generates  du  royaunie.  —  Archives  de  Cau- 
dience.  Liasse  728. 

Don  Manoel  de  iMoura  Corlereal,  marquis  de  Castel  Rodrigo,  etc. 

Tres  cher  et  bien  ame,  Mad*'  de  Loraine  nous  ayant  mande  quVlle  D*a 

peu  estre  accoiliodee  en  la  maison  que  nous  avions  peuse  lui  procurer  en 

la  ville  de.  Gand,  nous  vous  faisons  cesle.  Nous  ordonnons  au  nomde 

Sa  Ma^'  de  faire  qu^elle  soitaccommod^e  decelle  qui  est  siluee  sur  lecaulre 

ou  de  celle  siluee  proche  de  S*  Michel  apparlenanl  aux  Peres  jesuites 

dans  lesquelles  nous  entendons  ne  loger  personne  presentement.  A  lant 

tres  cher  et  bien  ame  N'<  S*^  vous  ail  en  Sa  S^«  garde. 

De  Brux"  le2«  d'apvril  1C46. 

Marquis  de  Castel-Rodrigo. 

A  Nre  tres  cher  et  bien  aim^  le  S'  de  Riddershoue,  chhr,  premier  eche- 
vin  de  la  ville  et  cild  de  Gand. 


(  577  ) 

bailli  de  Gand,  comte  et  baron  de  Wacken,  colonel  d'un 
regiment  wallon,  etc.,  et  de  feu  dame  Anne-Marie  de 
Bronchorst.  Ce  jeune  seigneur  ^tait  alors  en  Hollande, 
mais  il  ne  devait  pas  tarder  k  revenir  de  voyage.  Quant 
i  son  hdtel,  des  souvenirs  historiques  lui  donnaient  une 
juste  notoriety.  Cest  Ik  que  Charles-Quint  s^journa  quelque 
temps  apr^s  son  abdication  et  r^digea  I'acte  par  lequel  il 
renoni^it k la  couronne  imp^riale;  1^ que resida PhilippelT 
lorsqu'il  vint  pri^sider  k  Gand  deux  chapitres  de  la  Toison 
d'or  et  Tassembl^e  des  £lats  g^n^raux;  \k  encore  que 
logea  le  prince  d*Orange  pendant  son  s^jour  k  Gand  k  la 
Gn  de  1577.  On  con^oit  done  dii&cilemenl  la  confusion 
dans  laquelle  £tait  tomb^e  le  gouverneur  general  des  Pays- 
Bas. 

Le  magistrat  de  Gand  n'ignorait  point  ces  circonstances ; 
toutefois,  il  n'osa  pas  contrevenir  aux  ordres  re^us  de 
Bruxelles  et  essaya  d'une  d-marche  qu'il  savait  bien  ne 
pas  pouvoir  r^ussir.  II  envoya,  en  consequence,  Tbuissier 

■ 

de  la  ville  pour  inviter  les  gens  de  Thotel  k  def(§rer  aux 
instructions  de  Son  Cxc.  L'buissier  laissa  <  son  billet  en 
la  forme  ordinaire  »  qui  ^tait  con^u  comme  suit :  <  Ceux 
de  la  cour  de  Wacken,  par  ordre  ^crit  de  Son  Exc.  le  mar- 
quis de  Castel-Bodrigo ,  en  date  du  2  avril  i646,  et  de 
messieurs  de  la  loi,  logeront  madame  la  ducbesse  de  Lor- 
raine. Ce  7  avril  1646(1).  > 
Notons^en  passant,  que  ce  laconisme,  l^^rement  imper- 

(1)  Ibid.  (*  Die  van  thof  van  Wacqaen  sullen  logeren  deur  schriflelicke 

ordre  van  Syn  Ex«*«  den  marquis  van  Castel  Hodrigo  in  dato  2">  aprilis 

1646  ende  van  heere  ende  weth  mevrouwe  de  bertoginne  van  Loreyucn. 

Desen  sevenslen  aprilis  1646. 

Op  den  Poele. 

H.  VAN  Mulicom.  » 

2*"*  S^RIE,  TOME  XXXVI.  58 


(  578  ) 

tinent,  ne  s'adressail  pas  au  premier  manant  vena,  mais 
k  un  des  plas  grands  seigneurs  de  la  Flandre  :  il  n'^lait 
pas  non  plus  flatteur  pour  la  princesse  qu'il  imposait  en 
quelque  sorte  chez  des  etrangers  tout  comme  Tadminis- 
tratioD  commuuale  nous  envoie  aujourd^bul  k  loger  les 
militaires  qui  changent  de  garuison. 

La  reponse  n'^tait  pas  douteuse.  Le  magistral  manda , 
le  9  avril,  au  marquis  de  Castel-Rodrigo,  que  les  gens  qui 
gardaient  Fbdtel  de  Wacken  avaient  fait  <  refus  de  fou- 
vrir,  disant  que  le  comte  ^toit  en  chemin  pour  venir  d'Hol- 
lande  vers  ceste  ville  avecq  sa  tante  et  tuleurs  (1).  » 

Le  gouverneur  general  ne  se  lint  pas  pour  ballu.  II 
r^pliqua,  d^  le  lendemain,  10  avril,  pour  insisler  sur 
raccomplissement  de  ses  premiers  ordres.  Que  la  maison 
eAt  un  propri^taire  qui  roccupail  habiluellement,  cela 
imporlail  pen  :  <  Yous  dirons,  dil-il;  que  le  d^  comle  ny 
demeuranl  pas,  que  nous  ne  voyons  aulcune  raison  pour- 
quoy  Ion  y  veuille  mouvoir  de  la  diOBcult^,  el  come  nous 
voudrions  bien  que  la  d""  dame  y  logast,  nous  nous  en- 
cbargeons  par  ceulx  elqu'il  appartiendra  defaire  k  ce  qu*ilz 
se  d^porlenl  (sic)  dud^  refus  (2).  » 

Quelque  mauvaise  que  fAl  la  commission ,  le  magistral 
de  Gand  n'osa  pas  se  mettre  en  opposition  ouverle  avec  le 
gouvernement  y  et  il  prit  des  mesures  pour  que  les  inten- 
tions du  gouverneur  g^n6ral  fussenl  remplies. 

Le  14  avril,  le  sous-bailli,  accompagn^  de  deux  ^hevins 
el  d'un  secr^t^ire  et  suivi  d*une  escorte  arm^e ,  se  rendit 
k  rbdtel  de  Bourgogne  afm  d'en  faire  ouvrir  les  portes  k 
madame  de  Lorraine.  Ses  sommalions  n*ayant  pas  obtenu 


(1)  Ibid. 

(2)  ibid. 


(  S79  ) 

le  resultal  d^sir^,  le  sous-bailli  fit  appeler  un  serrurier, 
lequel ,  k  Taide  de  ses instruments,  brisa  le  barreau  de  fer 
d*une  fenStre  par  laquelle  les  bommes  d'armes  p^n^lrd- 
rent  dans  la  cour  d*oil  ils  ouvrirent,  ^alement  par  la  force, 
la  porte  principale  de  Thdtel  et  puis  celle  de  la  grand'salle 
du  rez-de-chauss^e.  Le  sous-bailli  installa  Tescorte  dans  la 
maison,  puis  se  retira  (1). 

On  con^oit  que  cette  besogne  ne  pAt  pas  se  faire  sans 
attirer  la  foule  ordinaire  des  badauds  et  des  d^soeuvr^s. 
Cette  fois  ce  ne  furent  pas  seulement  les  curieux  qui  accou- 
rurent.  Les  voisins  et  les  passants,  dit  un  document  officiel, 
virent  dans  ces  faits  une  atteinte  k  I'inviolabilit^  du  domi- 
cile et  au  respect  de  la  propriety  priv6e  et  ils  flrent  en- 
tendre des  murmures  menagants  (2). 

De  son  cdte,  celui  qui  avait  le  plus  d*inter6t  k  d^ager 
sa  responsabilit^  ne  resta  pas  inactif.  Des  le  16  avril,  le 
concierge  de  Fbdtel  de  Wacken  pr&enta  requite  au  Conseil 
de  Flandre  k  Teffet  de  faire  cesser  le  d^sordre  caus^  par 
rintervention  du  sous-bailli  et  de  faire  retirer  sur-Ie-champ 
les  bommes  d'armes  ^tablis  par  lui  dans  la  demeure  du 
comte. 

Le  conseil  d^Iib^ra  d'urgence  sur  la  requite  du  con- 
cierge et,  apr^s  s'etre  assur^  que  le  magistrat  n'avait  pas 
regu  des  instruclions  plus  precises  que  celles  que  nous 
venons  de  faire  connaltre,  ordonna  de  surseoir  k  toutes 
mesures  nouvelles  et  de  remettre  les  cboses  dans  leur 
^tat  antdrieur.  Le  pr^ident  informa,  en  outre,  le  mSme 
jour,  le  gouverneur  g6n6ral  de  la  decision  du  conseil  et 


(1)  Archives  de  Cancien  Conseil  de  Flandre  d  Gand,  liasse  A,  n«  82. 

(2)  Ibid.  MSme  liasse.  Leltre  du  magistrat  de  Gand  a  a  marquis  de 
Castel-Rodrigo,  du  16  avril  1646. 


(  S80  ) 

eul  recours  k  ane  argumentalion  subtile  pour  la  justifier. 
II  nes'agissail  pas,  d*apres  lui,  d'une  injonctioD  absolue 
etformelle,  mais  bien  d'un  ordre  conditionnel ,  le  mar- 
quis ayant  dil  qu'il  fallait  loger  madame  de  Lorraine  k 
rhdtel  de  Wackeu  parce  qu'il  etaii  vacant.  Du  momeDt 
qu*on  fournissait  la  preuve  que  cette  habitation  n'^tait  pas 
inoccup^e,  Son  Excellence  n*avait  pas  pu  vouloir  pr^ 
tendre  qu*il  fallait  y  introniser  la  princesse  de  vive  force 
et  <  violenter  la  d.  maison,  mais  bien  seulement  i  effect 
d'induire  ou  tant  faire  par  courtoisie  et  aulrement  vers 
ceux  qu^il  appartiendroit  qu*ils  se  d^parlissent  du  refus 
qu*ils  avoient  faict  d'accepter  la  d.  dame  de  Lorraiue  dans 
la  d.  maison.  »  Or,  cette  preuve  existait  au  vu  et  au  su  de 
tout  le  monde.  Si  le  propri^taire  n'^tait  pas  k  Thdtel  dans 
le  moment  mdme,  c'est  qu*il  ^tait  all^  faire  un  voyage  en 
Hollande,  par  permission  de  Sa  Majeste,  afin  de  preserver 
ses  biens  d*une  confiscation  dont  ils  ^taient  menac^  (1). 


(1)  c  ...  ayant  a  ce  priDcipalemenl  estez  esmenz  (coe  dit  est)  par  la 
condition  reprinse  et  d"  Ires  de  Vre  Exc«  et  que  led^  comte  de  Wacken  a vec 
danile  Adrienne  Franchoise  de  Bronchorst  sa  tanle  tiennent  ouverte  lad. 
maisoD  pour  y  coQlinuer  leur  6xe  residence,  selon  qu'ils  ont  tousiours  fait 
depuis  la  mort  du  feu  comte  de  Wacken  pere  dud.  comte  moderne,  lequel 
est  seulement  all^  faire  un  voyage  en  UoUande  p  permission  de  Sa  M<  pour 
y  preseruer  et  retenir  ses  biens  bors  de  la  confiscation,  d'ou  il  est  rattenda 
avec  lad"  damle  de  Bronchorst  sa  tante  de  jour  a  autre  suiuant  ies  Ires 
dicelle  damle  du  viij  au  courant,  jointes  a  lad.  requeste  par  lesquelles 
elle  mande  quils  serolent  de  retour  au  my  auril  comme  de  fait  lesd'  comte 
et  damle  de  Broncbost  y  ont  a  cest  effect  laisse  tous  Ies  meubles  et  uten- 
sile,  tapisseries,  vasselles,  bagues  et  joyaux,  ensemble  leurs  scribains, 
garderobes  et  papiers  de  grand issime  valeur.  Ayans  en  ce  C0Dsid6re  de 
plus  le  contenu  des  Ires  missiues  cscriples  par  ordre  de  Vre  Exc*  au  cha- 
nolne  Gottrel,  procbe  parent  dud^  comte  de  Wacken,  par  monsieur  Tau- 
diencier  le  9'  de  ce  mois  et  aussy  le  jour  auparauaut  de  celles  de  Vii  Exc* 
aud^  magistrat  dune  mesme  conformite  aussy  jointes  a  lad.  requeste  pies- 


(581  ) 

Messieurs  du  conseil  terminaient  leur  letlre  en  faisant 
entendre  que  les  procM^s  du  magistrat  de  Gand  «vaient 
^t^  loin  d*£lre  corrects,  qu'ils  avaient  caus^  une  Amotion 
qui  n'^tait  pas  encore  calm^e  et  qu'il  en  pouvait  r^ulter 
les  plus  f^cbeuses  consequences  dans  un  moment  oil  Ton 
faisait  appel  aux  volontaires  pour  former  des  corps  de 
nouvelles  troupes.  En  consequence,  et  jusqu'i  decision 
uUerieure  de  Son  Excellence,  le  conseil  avait  cru  devoir 
mettre  bon  ordre  aux  agissements  du  magistrat  (1). 

Gbose  singuliere,  le  marquis  de  Castel-Rodrigo  ne  se 
rendit  pas  a  ces  raisons  si  bien  fondles  en  droit  et  en  fait 
et  si  judicieusement  d^duites.  Avec  une  obstination  digne 
d'une  meilleure  cause,  il  r^pliqua  au  Conseil  de  Flandreen 
ces  termes  *  c  ....  Nous  trouvons  que  c*est  une  chose 
estrange  que  la  d^  maison  estant  vuyde  comme  elle  est, 
Ton  ait  voulu  apporter  tant  desdifBcultez  k  y  laisser  entrer 
la  dicte  dame,  qui  n*y  pouvoit  apporter  aulcun  interest  ima- 


quelles  icelluy  audiencier  mande  aud^  chanoisne  que  lad.  maison  eslaDt 
vuide,  ce  sera  une  courloisie  de  la  prester  a  lad.  Dame  de  LorraiDe  et  que 
Vre  Exc«  s*y  tiendroit  oblige,  mais  qu'aduenaiK  qu'clle  ne  seroit  vuide, 
Vre  Exc«  se  dcpartoit  d'y  insistcr  et  que  ce  qui  s*en  estoit  fait,  auoil  este 
|K)ur  ce  que  Ton  auoit  este  aduerty  qu'elle  estoit  vuide,  ce  qui  n*est  point, 
comme  dit  est.  > 

(1)  Ibid. «  Ains  ce  quel  nous  seroit  apparu  que  led^  exploit  ayant  este 
fait  d'une  sy  grande  violence  et  par  une  voye  de  fait  dutout  illieite  et 
inouye,  a  caus^  et  produit  un  tumulte,  et  esmotion  de  tout  le  voisinage 
de  sy  dangereuse  consequence  principaleint  en  ceste  conjoncture  de 
temps  et  que  tout  le  monde  se  vat  disposant  a  une  contribution  volonlaire 
a  la  levee  de  bon  nombre  de  soldats,  que  Pon  a  eu  juste  subject  de  croire 
et  d'apprehender  que  quelques  niauvais  et  pernicieux  effects  et  de  tr^- 
mauvais  exemples  on  eusscnt  ensuyvy,  si  Ton  n'eust  provisionelmt  et 
jusques  a  ce  que  Vre  Rxc«  seroit  servie  de  nous  mander  sur  ce  subject 
ses  bonnes  intentions,  inlerdit  aud^  magistral  lesd.  ulterieures  voyes  de 
faict....  » 


(  582  ) 

ginable.  Cest  pourquoy  nous  nous  faisons  ceste  k  ce  que, 
scachans  ceste  nre  inlention,  et  le  desir  que  nous  auons 
(le  (lonner  ce  contentement  a  la  d.  dame ,  vous  le  pro- 
curiez ,  et  de  mectre  a  cest  effect  par  raison  en  les  meil- 
leures  voyes  que  vous  pourrez  ceulx  qu'il  appartienl,  a  ce 
qui  n*y  facent  non  seullement  aulcun  obstacle,  ains  qu'iiz 
veuillent  tesmoigner  tant  de  courtoisie  que  de  le  consentir 
volon tiers.  »  La  fin  de  T^pitre  avait  un  ton  quelqne  peu 
comminatoire.  Dans  le  cas  que  les  gens  de  Wacken  se 
refuseraient  k  se  rendre  k  ces  injonctions,  le  conseil  devait 
examiner  si  <  ensuyte  de  la  coustume  et  privileges  de  la 
ville  de  Gand  »  il  ne  pouvait  pas  les  y  contraindre,  et, 
s*il  n*y  voyait  pas  d'inconv^nient,  il  devait  employer  les 
moyens  de  rigueur  (i). 

Le  Conseil  de  Flandre  montra  plus  de  fermet^  que  le 
magistral  de  Gand.Sa  reponse  fut  p^remptoirement  na- 
tive. Le  conseil  avait  d^l^gu^  un  de  ses  membres  —  le 
procureur  g^n^ral  —  k  I'effet  de  se  rendre  compte  par  lui- 
meme  de  IVtat  des  choses.  II  avait  trouv^  que  Thdtel  6tait 
habits,  comme  on  le  savait,  par  le  jeune  comte  de  Wacken 
et  damoiselle  Adrienne-Fran^ise  de  Bronchorst  de  Yliet, 
sa  tante  et  tutrice  testamentaire,laquelle  avait  remis  entre 
les  mains  du  procureur  g^n^ral  une  protestation  contra 
toute  tentative  tendante  k  les  contraindre,  elle  et  son 
neveu,  k  abandonner  leur  propre  maison  pour  le  bon 
plaisir  d'une  ^Irang^re  et  k  chercher  pour  eux-mdmes  nne 
autre  demeure.  Le  conseil  ajoutait  qu'aucune  coutume, 
loi,  privilege  ou  droit  local  ne  permettait  de  recourir  k  des 
mesures  de  coercition  (2). 


(1)  Du  20  avril  1646.  M^me  liasse. 

(2)  Du  28  avril.  Ibid.  MSme  Masses  n»  83. 


(  583  ) 

Nous  ignorons  si  le  gouverneur  general  jugea  k  propos 
de  r^pondre  a  cette  communication.  Les  archives  aux- 
quelles  nous  avons  recouru  ne  renferment  pas  de  trace 
d'une  correspondance  ulterieure  k  cet  ^ard.  Nous  ne 
savons  done  pas  ou  Madame  de  Lorraine  Irouva  k  slnstal- 
ier.  Peut-6lre  peut-on  inKrer  d'une  lettre  de  Tev^quede 
Gand  au  marquis  de  Caste!- Rod rigo  qu'eiie  re^ut  Thospi- 
taiile  dans  une  maison  de  campagne  que  le  pr^lat  avait 
fait  hkiir  k  proximity  de  la  ville,  entre  Thdpital  de  la 
Byloke  et  Teglise  d'Akkerghem  (1).  Ce  qui  est  certain,  c'est 
que  le  s^jour  de  Gand  lui  plaisait  m^diocrement.  Elle 
avait,  du  reste,  des  sujets  d'inqui^lude.  Le  due  de  Lor- 
raine -^  ce  n'6lait  un  myst6re  pour  personne  —  venait  de 
s'^prendre  d'une  lille  du  bourgmestre  de  Bruxelles,  —  la- 
quelle  d'ailleurs  repoussa  seshommages,  —  et  il  ne  recu- 
lait  devant  aucune  folie  pour  s'en  faire  aimer.  Cette  passion 
etant  venue  a  s'eteindre,  aussi  brusquement  qu'elle  ^tait 
n6e,  par  le  depart  de  la  jeune  Qlle,  Charles  IV  annon^a 
■'intention  de  se  r^conciiier  avec  la  duchesse  Nicole  et  de 
la  reprendre  comme  sa  fenime  legitime. 

Ainsi  Tennul  d'une  part,  et  la  jalousie  de  Tautre,  pous- 
s^rent  Beatrix  de  Cusance  k  mettre  tout  en  oeuvre  pour 
sortir  de  Gand.  Elle  (it  si  bien  que  d^s  le  20  mai,  —  un 
mois  apres  I'incideut  dont  nous  avons  rendu  compte,  — 
le  gouverneur  g^n^ral  ^crivait  k  I'^v^queque  I'internonce, 
M^'  Chigi,  autorisait  madame  de  Lorraine  k  retourner  k 
Bruxellcs|,  pourvu  qu'elle  s'oblige5t  aux  monies  conditions 
que  celles  auxquelles  elle  s'etait  soumise  k  Gand.  Cette 
restriction  fut  pen  du  goAt  de  Beatrix,  et  elle  supplia  le 


(1)  L'babiUlion  elail  flauquee  d'une  (our  d'ou  I'on  avail  une  vue  6ten- 
due ;  on  la  coonnissait  sous  le  nom  du  Belveddre. 


(  »84  ) 

pr^lat  d*interc^der  pour  elle  aupr&s  du  marquis  de  Castel- 
Rodrigo.  M^  Triest,  dont  Texquise  bontii  est  connue.coD- 
sentit  k  Iransmeltre  ses  dol^ances  k  Bruxelles  (1),  mais 
comme  la  r^ponse  se  faisait  altendre,  il  dut  ^crire  quel- 
ques  jours  plus  tard,  que  plutdt  que  de  se  soumettre  k  ce 

(1)  MonseigDeur, 

M^ayant  esl6  deliuree  la  leUre  de  V***  Ex«*  du  20  de  ce  mois ,  je  sois 
esl6  aiissy  tost  trouuer  madame  de  LorraiDe  et  faict  part  des  boos  offices 
qu^icelle  luy  auoil  rendus  enuers  rioternonce,  pour  son  relour  en  la  ville 
de  BruxeHes  dont  elle  tesmoigne  un  grand  contentement  et  se  recognoit 
fort  obligee  k  V'<  Ei** ;  mais  elle  monstre  auoir  peu  de  satisfaction  de  oe 
qu*on  la  vouloit  retenir  lilecq  obligee  auz  mesmes  conditions  auxquelles 
elle  s^estoit  soubmise  lors  qu'elle  est  venue  en  ceste  ville  d*au(anl  qu*il 
luy  semble  que  ce  ne  seroit  luy  donner  aucune  plus  graude  liberie,  ains 
pluslosl  une  continualion  de  captiuKe  en  un  autre  lieu,  declarant  sa  pre- 
tention et  desir  n^auoir  jamais  esle  autre  que  d^obeyr  poncluellement  i  Sa 
Sainctete  et  d'obseruer  la  separation  commune  du  lict,  de  table,  de  de> 
meure  ou  habitation,  et  non  plus  ressentant  grandement  que  la  cause  enlre 
Son  Al'*  et  la  Ducbesse  Nicole  va  a  une  telle  longueur  que  ce  qu^on  a  peu 
obtenir  depuis  six  mois  est  d^auoir  tant  seulement  des  juges,  neantmoins 
q  deuant  se  resoudre ,  elle  attendra  sur  tout  les  volontez  de  Sad'«  Al*«, 
laquelle  layant  engaige  en  ceste  affaire,  elle  aura  assez  de  bonte  pour  ne 
la  laisser  en  une  si  longue  et  fascheuse  capttuit^  en  une  ville,  qu'elle 
pretend  ne  Tauoir  meritee  pour  le  plaisir  de  la  d«  Dame  Duchesse  Nicole, 
qui  desia  a  commence  a  fuyr  par  la  deffense  qu*elle  a  faicte  a  Tarche- 
uesque  de  Rodes  son  agent  de  ne  receuoir  les  citations  nonobstant  les 
promesses  quVlle  auoit  faicles  de  la  reception,  ou  commettre  une  per- 
Sonne  a  cest  effect.  C*est  ce  que  j'ay  peu  entendre  sur  ce  que  V"  Ex**  a 
et^  seruie  me  commander  en  attendant  ses  ullerieurs  commandemens, 
priant  le  Createur  de  conseruer  V'*  Ex««  en  parfalcte  sant^  et  prosperite, 
comme  souhaicte  de  tout  son  coeur  celuy  qui  se  diet  en  toute  submission) 
Monseigneur, 

De  V.  E., 

Tres  humble  et  tres  obeissant  seruiteor. 
Ant.  Euesque  de  Gand. 
Le  22  de  may  1646. 

{/irchivet  ds  I'audiencBy  liasse  729.) 


(  585  ) 

qu'elle  appelait  <  une  continuation  de  eaplivit6  »,  madame 
de  Lorraine  pr£f6rait  demeurer  k  Gand  (1). 

(1)  Monseigneur,  , 

J'ay  troau^  bier  madame  de  Lorraine  dans  mon  jardin  au  Beluedere, 
avecq  la  Dame  de  la  Chaulx  et  se  separant  d^elie  me  demanda  si  je  n'auois 
i*eceu  aucune  response  sur  celle  q  j*auois  escrit  a  \'*  Ez''^  loucbaol  le 
changement  de  sa  demeure  en  ceste  ville  eo  celle  de  Bruxelles  et  luy 
aijant  dil  que  non,  elle  s'aflQigeoit,  de  plus  que  Sou  Al*«  luy  en  auoit  donn6 
esperaiice  pariant  vers  Tarmee  el  par  autres  lettres  qu'elle  receut  bier, 
et  Madame  la  mere  la  desiroit  voir  par  del^.  Sur  quoy  luy  ayant  propose 
plusieurs  difficulte  il  me  semble  qu*elle  se  contenlera  d'y  pouuoir  aller 
pour  huit  ou  dix  jours  el  s'en  relourner  a  Gand,  si  la  ou  ailleurs  elle  ne 
peul  viure  que  sous  les  m^mes  conditions  qu'elle  se  trouue  releguee  en 
ceste  ville,  ne  soil  qu^autre  difScuIle  la  presse;  ce  q  sous  Ires  humble 
correction  on  ne  luy  deuroit  refuser,  si  on  ne  la  ueut  mellre  au  desespoir, 
Vre  Ex^*  sera  seruie  de  prendre  la  consideration  qui  convienl.  Dom  Andre 
son  predicaleur  et  couseillleret  moy  nous  Tavons  du  lout  diuertle  du 
voyage  de  Hollande  et  je  liens  qu*elle  n'en  parlera  plus  si  ou  luy  donne 
tani  soil  peu  de  conlentemt. 

II  y  a  quelques  jours  qu'elle  me  donna  a  entendre  le  ressentiment  qu'elle 
auoit  de  ce  qu^on  la  uoulu  persuader  a  V^*^  Ex««  et  a  quelques  ministres 
d'Espaigne  qu'elle  iraitoil  quelques  affaires  auecq  les  Fraucois  au  preju- 
dice du  seruice  du  Roy,  el  comme  je  la  trouuois  en  bonne  bumeur,  el 
que  la  Dame  de  la  Cbaulx  se  relira  du  tout  je  la  remis  sur  le  mesme  pro- 
pos  et  aussy  tost  elle  jura  el  protesta  que  ce  sont  inuenlions  de  ses  en- 
nemis  noires  et  malitieuses  calomnies,  et  qu*el1e  ne  Tauoil  jamais  faict 
ny  feroit  une  action  si  mauvaise  contre  son  Roy  dessous  lequel  elle  respi- 
roit  et  auoit  lout  son  bien  el  parmy  plusieurs  autres  discours,  elle  les- 
moignoit  vouloir  tousiours  faire  les  debuoirs  envers  un  cbacun  d'une 
fidelle  vasalle ;  dont  j'ai  bien  voulu  donner  par  h  V"e  E^^^^,  pour  saiisfalre 
a  ce  qu'elle  m*a  escript  cy  deuanl  et  faict  dire  par  le  Pere  Barrea  :  C*est 
la  part  oil  je  finiray  Ceste  priant  le  Greaieur, 

Mouseigneur, 

Octroyer  ^  V'«  E««  emigre  sante  et  bon  succes  en  ses  b^roicques  des- 
seins.  Ce  50*  de  may  1646. 

De  V.  E., 


(Archives  de  VatuUence,  liasse  729.) 


Tres  bumble  et  tres  oblige, 
servit.  Evesque  de  Gand. 


(  586  ) 

Elle  avail  sans  doute  de  bonnes  raisons  pour  cela.  Le  dac 
Charles,  toujours  mobile  el  variable,  lui  ^crivail  lellre  sur 
leltre,  en  prometlant  de  mcttre  fin  au  plus  tdl  i  ses  peines. 
La  reconciliation  avec  madame  Nicole  n'avait  pas  eu  lieu. 
La  pauvre  duchesse  ayanl  appris  qu*une  brouille  momen- 
lan^e  ^lait  survenue  en  Ire  Charles  el  Beatrix ,  avail  accueilli 
les  ouvertures  de  son  mari  avec  plus  de  dignity  que  d*habi- 
lete,  el  les  choses  en  ^taienl  reslees  \k,  Le  due  en  elail  re- 
devenu  plus  amoureux  de  madame  de  Cantecroix.  Un  jour, 
violanl  les  proiiiesses  les  plus  solennelles,  il  arriva  subite- 
menl  ^  Gand,  y  resla  quelque  temps,  el  emmena  B6alrix 
el  ses  enfanls  k  Bruxelles. 

Ainsi  se  termina  le  s^jour  de  madame  de  Lorraine  i 
Gand. 

Nous  ne  nous  ^tendrons  pas  sur  le  reste  de  ses  aven- 
lures.  Un  jugement  rendu  a  Rome,  le 23  mars  1654,  cassa 
solennellemcnl  son  manage  avec  Charles.  La  duchesse  Ni- 
cole etanl  morle  en  1657,  sans  post6ril<^,  Beatrix  supplia 
le  due  de  r^parer  le  scandale  qu'ils  avaienl  caus^  el  de 
l^itimer,  en  Fepousanl,  le  fils  el  la  Glle  qu*elle  avail  eus 
de  lui.  Charles,  de  plus  en  plus  inconslanl,  ful  insensible 
pendant  six  ans  k  ses  larmes  el  au  cri  de  la  conscience. 
II  ne  consenlil  k  T^pouser  in  extremis  que  lorsqu*il  lui 
ful  prouY^  c  qu'elle  n*en  pouvail  pasrevenir  »!...  (1). 


(1)  D'llaussonville,  t   III,  p  ^225. 


(  587  ) 


CLilSSE  DES  BEilVX-ARTS. 


Seance  du  6  novembi^e  4875. 

M.  L.  Alvin,  direcleur. 

M.  Ao.  QuETELET,  Secretaire,  pcrp^tuel. 

Sont  presents  :  MM.  N.  De  Keyser,  G.  Geefs,  Madou, 
J.  Geefs,  F.  De  Braekeleer,  C.-A.  Fraikin,  Ed.  F^lls, 
Edm.  De  Busscher ,  J.  Portaels ,  Alph.  Balat,  Aug.  PayeD , 
le  chevalier  L.  de  Burbure,  J.  Franck,  G.  De  Man, 
Ad.  Siret,  J.  Leclercq,  Em.  Slingeneyer,  Alex.  Robert, 
F.-A.  Gevaerl,  membres;  fid.  De  Biefve,  correspondant. 

M.  R.  ChaloD,  membre  de  la  classe  des  leltresj  el 
M.  fid.  Mailiy,  correspondant  de  la  classe  des  sciences y 
assistent  i  la  seance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  Tinterieur  transmet  une  expedition 
d'un  arr^te  royal,  en  date  du  6  octobre  dernier,  qui  mo- 
difie  Particle  4  du  r^glement  general  de  TAcad^mie ,  en  cc 
qui  concerne  les  Elections. 

—  Le  m^me  haut  fonctionnaire  adresse  pour  la  biblio- 
th^que  un  exemplaire  des  i''^  et  2"^^  livraisons  de  la  neu- 


(  588  ) 

vieme  aon^e  du  Tresor  musical  (partie  profaae),  par 
M.  R.  Van  Maldeghem.  —  Remerctments. 

—  M.  J.  Roulez,  membre  de  la  classe  des  lettres,  com- 
munique les  inscriptions  suivantes  pourles  m^daillesde 
concours  remporl^es  par  MM.  Blomme  el  Schoy  : 

Henrico  •  Blohhe 

QVOD 

ARCVH  •  TRIYMPHALEH 

PVTVRVil 

PACI  •  DICATVM 

LINEIS  •DEFORHAVBRIT. 

Anno  MDCGCLXXlll. 


AvGvsTO  •  ScHoir 

QVOD 

QVO  •  tempore  •  ITALICA 

ARCHITECTVRA  •  VIH  •  HABVERIT 

IN  *  AEDIFICANDI  •  ARTEM 

APVD  •  BELGAS 

SEDVLO-INDAGAVERIT. 

Anno  MDCGCLXXlll. 

Les  remercimenls  de  la  classe  seront  exprimds  a 
M.  Roulez. 

—  M.  Blomme  exprime  le  desir  de  rentrer  en  possession 
de  son  projet  d*architecture  qui  a  remport^  le  prix  inscrit 
au  programme. 


(  589  ) 

M.  le  secretaire  perp6tuel  est  autorise  k  remettre  ces 
dessins,  apris  que  le  laureal  se  sera  conform^  au  §  7  de 
Tarticle  13  da  r^glement,  qui  exige  qu'une  reproduction 
graphique  de  Toeuvre  couroonee  figure  dans  les  M^moires. 


CONCOURS  DE  1873. 


MM.  le  chevalier  L.  de  Burbure  et  A.  Gevaert  donnent 
connaissance,  de  la  mani^re  suivante,  du  r^sultat  du  con- 
cours  d^art  appliqu^  ayant  pour  objet  la  composition  d'un 
quatuor  pour  instruments  a  cordes  : 

c  Les  membres  de  la  section  de  musique,  aprte  avoir 
examine,  chacun  s^par^ment,  les  partitions  envoyees  au 
concours  —  au  nombre  de  21  —  se  sont  r^unis  une  der- 
niere  fois  le  22.octobre  et ,  apris  une  revision  approfondie 
des  oeuvres  qui  avaient  ^t^  designees  comme  les  meilleures 
dans  Fexamen  individuel,  ils  ont  fix^  leur  choix  deflnitif 
sur  un  quatuor  en  ut  majeur,  cote  n""  4  et  portant  pour 
devise :  The  Ideal  lives  only  noith  Art  and  Beauty.  En 
consequence,  la  section  de  musique  soumet  son  juge- 
ment  k  la  ratification  de  la  classe  des  beaux-arts.  » 

La  classe  se  rallie  aux  conclusions  du  rapport  precedent. 

L'ouverture  du  billet  cachete  joint  k  la  partition  precitee 
fait  connaitre  qu*elle  est  due  k  M.  Samuel  De  Lange  j' ,  k 
Rotterdam,  Westerstraat,  n**  28. 

La  proclamation  de  ce  resultat  aura  lieu  lors  de  la 
seance  publique  prochaine  de  la  classe  des  sciences. 


(  S90  ) 


PROGRAMME  DE  CONCOURS  POUR  1874. 


La  classe  s*occupe  ensuite  de  la  formation  de  son  pro- 
gramme de  concours  pour  l*annee  prochaine.  Elle  adopte 
les  questions  suivantes ,  dont  quelques-unes  lui  avaient 
d^jk  €i&  soumises  dans  la  seance  du  9  octobre : 

SVJETS    LITTlfeKAIBES. 

PREMlilRE   QUESTION. 

Faire  VhUloire  de  la  sculpture  en  Belgique  aux  XVIP 
el  XVIIV  siecles. 

DEUXI^ME  QUESTION. 

Faire  I'histoire  et  la  bibliographie  de  la  typographie 
musicale  dans  les  Pays-Bas,  et  specialement  dans  les 
provinces  qui  composent  aujourd'hui  la  Belgique. 

La  valeur  des  medailles  d'or,  pr6sent6es  comme  prix 
pour  chacune  de  ces  questions,  est  de  mille  francs  poor 
la  premiere  et  de  huit  cents  francs  pour  la  seconde. 

Les  m^moires  envoy^s  en  r^ponse  k  ces  questions  doi- 
vent  Stre  lisiblement  Merits  et  peuvent  dtre  r^dig^s  en 
fran^ais,  en  flamandou  en  latin.  lis  devront  Stre  adressds, 
francs  de  port,  au  secretaire  perp^tuei  de  PAcad^mie, 
avant  le  1"  juin  1874. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  k  leur  ouvrage; 
ils  n'y  inscriront  qu'une  devise  qu'ils  reproduiront  dans 
un  billet  cachet^  renfermant  leur  nom  et  leur  adresse. 
Faute,  par  eux,  de  satisfaire  k  cette  formality,  le  prix  ne 
pourra  leur  £tre  accord^. 


(  591  ) 

Les  ouvrages  remis  apr^s  le  terme  present  ou  ceux  dont 
les  auteurs  se  feront  connatlre,  de  quelque  maniere  que 
ce  soil,  seront  exclus  du  coucours. 

L'Acad^mie  demande  la  plus  grande  exactitude  dans 
les  citations;  elle  exige,  k  cet  effet,  que  les  concurrents 
indiquent  les  Editions  et  les  pages  des  ouvrages  qui  seront 
mentionn^s  dans  les  travaux  pr^sent^&i  son  jugement. 

Les  planches  manuscrites  seules  seront  admises. 

L'Acad^mie  se  reserve  le  droit  de  publier  les  travaux 
couronn^s. 

Les  auteurs  des  m^moires  ins^r^s  dans  les  recueils  ont 
droit  k  recevoir  cent  exemplaires  particuliers  de  leur 
travail.  lis  ont,  en  outre,  la  faculty  de  faire  tirer  des 
exemplaires  suppl^mentaires  en  payant  k  rimprimeur  une 
indemnite  de  quatre  centimes  par  feuille. 

L'Acad^mie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que 
les  m^moires  qui  ont  £te  soumis  k  son  jugement  restent 
deposes  dans  ses  archives  comme  £tant  devenus  sa  pro- 
pri^te.  Toutefois  les  auteurs  peuvent  en  faire  prendre  des 
copies  k  leurs  frais,  en  s'adressant,  k  cet  efifet,  au  secre- 
taire perp^tuel. 

SVJETS  »'ABT  APPLIOVG. 

PEINTURE. 

On  demande  le  carton  d'nne  [rise  elevee  a  5  metres 
au^essus  du  sol  et  ayant  y"»50  de  haut  sur  i^50  de  large, 
Cette  [rise  est  destinee  a  une  salle  d'hospice  et  doit  avoir 
pour  sujet :  Donnez  a  manger  a  ceux  qui  ont  faim  et  a 
BOiRE  A  CEUX  QUI  ONT  soiF.  L'ipreuve  du  concours  sera 
faite  sur  la  moilie  des  dimensions  siudiles,  soit  0^75  de 
haut  sur  2^25  de  large. 


(  592  ) 

Un  prix  de  mille  francs  sera  decern^  k  Tauteur  de 
I'oeuvre  couronn^e.  Une  production  graphique  de  celle-ci 
devra  rester  k  TAcad^mie.  Les  sujels  destines  au  concoors 
devront  6tre  remi$  au  secretariat  de  I'Acad^mie  avanl  Ic 
1*'  septembrel874. 

GRAVURE. 

Un  prix  de  six  cents  francs  sera  accorde  k  Tauteur  de 
la  meilleure  gravure  au  burin,  executee  en  Belgique  pen" 
dant  la  periode  du  1"  janvier  1872  au  1"  Janvier  1874, 
d'apres  roBUvre  d'un  maitre  ancien  ou  moderne  de  fecole 
flamande. 

Les  concurrents  devront  soumettre  un  exemplaire  de 
leur  oeuvre  avant  le  1"  septembre  1874. 

CONDITIONS  G^Ni^RALES   RELATIVES  A   GE   GONGOURS. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  k  leur  ouvrage; 
ils  n'y  inscriront  qu'une  devise,  qoi'ils  reproduiront  dans 
un  billet  cachet^  renfermant  leur  ihm  et  leur  adresse. 
Faute,  par  eux,  de  satisfaire  k  celte  formality,  le  prix  ne 
pourra  leur  etre  accorde. 

Les  ouvrages  remis  apr^  le  terme  prescrit  ou  ceuiL 
dont  les  auteurs  se  feront  connaitre,  de  quelque  maoifere 
que  ce  soit,  seront  exclus  du  concours. 

—  La  classe  a  accept^  d^ji,  pour  le  concours  de  1876, 
le  sujet  Iitt6raire  suivant : 

Rechercher  les  origines  de  I'ecole  musicale  beige.  De- 
montrer  jusqu'a  quel  point  les  plus  anciens  mailres  de 


(  595) 

cetle  ecole  se  raltachent  anx  dechanieurs  francais  ef  anglais 
du  XII%  du  XIII*  el  du  XIV'  siecle. 

Un  prix  de  mille  francs  sera  attribue  k  la  solution  de 
celte  question. 


ifeLECTIONS. 

La  classe  s'est  occupee  ensuite  des  candidatures  aux 
places  vacantes.  Elle  a  accepte  provisoirement  les  listes 
qui  lui  ont  dte  soumises  par  les  diflerentes  sections. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Portaels  appelle  de  nouveau  Tattenlion  de  la  classe 
sur  la  position,  dignedu  plus  hant  interot,  des  laureats 
des  grands  concours  actuellemenl  pensionnaires  du  gou- 
vernement  i  Rome.  II  cite,  k  ce  sujet,  que  Tun  d*entre 
eux,  atteint  d*une  maladie  noortelle,  vient  d*^tre,  k  cause 
de  la  position  pr^caire  ou  il  se  trouve,  Tobjel  de  la 
sollicitude  de  M.  le  Ministre  de  rinterieur. 

II  demande  que  la  commission  nomm^e  au  mois  d*avril 
dernier  dans  le  sein  de  la  classe ,  pour  s'occuper  de  toutes 
les  questions  qui  int6ressenl  les  grands  concours,  se  r6u- 
nisse  hientdt.  —  Cette  commission  sera  convoquee  avant 
la  prochaine  seance  de  la  classe ,  fixee  au  jeudi  4  decembre 
procbaiD. 

3"*  s6rie,  tome  XXXVI.  59 


(  S94  ) 


OUVRAGES  PRESENTfiS. 


Gachard,  —  La  Belgique  sous  Philippe  V.  —  La  Belgique  dc 
1716  &  1725.  Bruxelles,  1873;  2  vol.  in-folio. 

Defaeqz  (Eugene),  —  Ancien  droit  belgique.  Bruxelles, 
1875;2  vol.  in-8». 

Nypels  (J.-S.-G.).  —  Le  code  penal  beige  interpret^, 
VP  livr.  Bruxelles,  1873;  in-8». 

Nolet  de  Brauwere  van  Sleeland  (/.).  —  Proza  (1843-1873). 
Amsterdam-Bruxelles,  1873;  2  vol.  in-8°. 

Quetelet  (Em,),  —  Sur  le  congres  international  de  meteoro- 
logle  tenu  a  Vienne  en  1873.  Bruxelles;  in-8^ 

Rivier  (Alphonse),  —  La  nomenciatura  jurisperitorum  de 
Jacques  Spiegel,  1540.  In-S"*. 

Malaise  (C),  —  Description  du  terrain  siluricn  du  centre 
dela  Belgique.  Bruxelles,  1873;  in-4^ 

Terby  (F,).  —  Areographische  Fragmente.  Manuscrit  et  des- 
sins  originaux  et  inedits  de  Tastronome  J.-H.  Schroeter,  de 
Lilienthal.  Bruxelles,  1873;  in-4^ 

Dubois  (Alphonse),  —  Les  Idpidopteres  de  TEurope,  by  a 
57*  livr.  Bruxelles,  1873;  5  cab.  in-4°. 

Versiraeten  (Camille),  —  Du  froid  consid^re  eomnie  cause 
de  maladie.  Bruxelles,  1873;  gr.  in-8''. 

Neefs  (Emmanuel),  —  L'hd^el  de  Nassau  h  Malioes.  Lou- 
vain,  1870;  in-4<'.  —  Lcs  Franchoys,  peintres  n^s  a  Malines 
(1574-1681).  Malines,  1868;  in-8'.  —  Le  monaslere  du  Val- 
des-Lys  Leliendael.  Lou  vain  ^  1868;  in-8''.  —  Les  deux  Le 
Saive.  Namur,  1873;  in-8''.  —  Inventaire  historique  des  ta- 
bleaux et  des  sculptures  se  trouvant  dans  les  edifices  religiciix 
et  civilset  dans  les  rues  de  Malines.  Louvain,  1869;  in- 1 2. 


(  39{{  ) 

Laurent  (Auguste),  —  la  biere  de  I'avenlr.  Bruxelles,  i873; 
in-i2. 

Laussedat  (Louis).  —  Viiles  d'eaax  et  hydrologie  nM^dicale 
deBelgique.  Bruxelles,  1S75;  in•8^ 

Academie  royale  de  medecine  de  Bruxelles.  —  Bulletin, 
1873,  S"'  serie,  t.  VIII,  n"  8,  9  et  10.  Bruxelles,  2  cah.  in-8*. 

Bulletin  des  archives  d'AnverSyi.  V,  4*  cah.  Anvers,  1873; 
in-8*. 

Commission  royale  pour  les  anciennes  lois  et  ordonnances 
du  royaume,  —  Liste  chronologique  des  edits  et  ordonnances 
de  la  principaut^  de  Liege  de  974  k  1505.  Bruxelles,  1873; 
in-8-. 

Recueil  des  rapports  des  secretaires  de  legation  de  Belgique^ 
I.  II,  4'"«  livr.  Bruxelles,  1873;  in-8^ 

Commissions  royales  d'art  et  d'archeologie.  —  Bulletin, 
XII«  ann^e,  7  et8.  Bruxelles,  1873;  in-8^ 

Society  malacologique  de  Belgique  a  Bruxelles,  —  Pro- 
ces-verbaux  des  seances  du  7  septembre,  du  5  octobre  et  du 
2  novembre  1873.  Bruxelles;  3  feuilles  in-8°. 

Annales  d'oculistique^  36*"  annee,  3"**  et  4"'  livr.  Bruxelles, 
1873;in-8». 

Messager  des  sciences  historiques^  1873,  3"''  livr.  Gand, 
1873;  in-8«. 

Woordenboek  der  nederlansche  taal ,  S***  reeks ,  2*  aflev., 
Galeas-Gast ,  bewerkt  door  D'  P.-J.  Cosijn  en  D'  E.  Verwijs. 
LaHaye,  1873;  in-4®. 

Mommsen(Thiodore).  —  Mistoire  de  la  monnaie  romaine, 
traduite  de  Fallemand  par  le  due  de  Blacas  et  publide  par  J.  de 
Witle,  tome  III.  Paris,  1873;  i^-8^ 

Le  Blant(Edm).—  Inscriptioncs  Hispaniae  christianae edidit 
Aemilius  Mubner,  etc.  Paris,  1873;  in-4''. 

Gervais  (Paul).  —  Reeherches  anatoiniques  sur  les  edentes 
tardigrades. — Remarques  sur  la  faune  sud-americaine.  Paris, 
1873;  2  broch.  in-4^ 


(  896  ) 

Bontial  {£".).  —  Traile  des  octrois.  Paris,  i873;  in-8*. 

Bevue  des  questions  hisforiques,  VIII«  annec,  28"*  livp. 
Paris,  1873;  in-8«. 

Societe  d'anlhropologie  de  Paris.  —  Bulletin,  tome  VI 1% 
5~*  fasc.;  I.  VIII,  2"*  fasc.  Paris,  1873;  2  call,  in-8^ 

Societe  geologique  de  France,  a  Paris.  —  Bulletin,  2*  scric, 
t.  XIX,  feuilles  42  a  fin.  Paris,  1873;  in4'. 

Societe  meteorologique  de  France,  a  Paris.  —  Annuairc, 
t.  XVIII,  i878,  tableaux  metdorologiques,  feuilles  1  a  6. 
Paris,  1873;  in-8\ 

Societe  de  geographie  de  Paris.  —  Bulletin,  aoul  a  octobre 
1873.  Paris,  3  cah.  in-8*. 

Houdoy  (/).  —  Verrcries  k  la  facon  de  Venise.  La  fabriea* 
tion  flamande  daprcs  des  documents  inedits.  Paris,  1875; 
in-8°. 

Des  Moulins  (Charles).  —  Fragments  zoologiques,  n**  III  : 
Un  crinoide  torliaire  dans  la  Giroode,  n""  IV;  Note  sur  un 
spalangue.  Bordeaux,  1872;  in-8^ 

Lemiere  {P.-L.).  —  Examen  cririquc  des  expeditions  gauloises 
en  italic.  S^-Brieuc,  1873;  in-8^ 

Societe  d' Emulation  de  Cambrai.  —  Mdraoires,  tomes  XXII, 
XXV,  r«  p.,  XXVI,  V'  et  i-""  p.,  XXVII,  3»'  p.,  XXVIII, 
2"'  p.,  XXIX,  1",  2"'  ct  S"'  p.,  XXXI,  a-*  et  3««  p.;  XXXII, 
gme  p  —  Congres  des  agriculteurs  du  nord  de  la  France, 
2°"*  session  a  Cambrai  en  18i3.  —  Rapport  de  M.  Farez,  secrc- 
Uiire  perpetuel  sur  les  travaux  dc  la  Societe  depuis  son  eta- 
blissement  jusqu'en  1806.  Cambrai,  12  vol.  et  \  broch.  in-8*. 

Materiaux  pour  Thistoireprir^itive  et  naturelle  deVhommCy 
IX«  annee,  5""  et  G"*  livr.  Toulouse,  1873;  in-8". 

Societe  libre  d' Emulation ,  a  Rouen.  —  Bulletin  des  tra- 
vaux, annee  1872.  Rouen,  1873;in-8°. 

Societe  des  amis  des  sciences  naturelles  de  Rouen.  —  Bul- 
letin, IX*  annee,  1873,  1"  semcstre.  Rouen,  1873;  in-8'. 

Societe  d' agriculture  de  Varrondissement  de  Valencie9ines, 


(  597  ) 

—  Revue  agrieole,  25"*'  annec,  t.  XXVI,  n*  9.  Valenciennes, 
1873;  m-8». 

Sociele  de  physique  el  d'histoire  naturdle  dt  Genkve.  — 
Meinoires,  tome  XXllI,  1^""  p.  Geneve,  i873;  in-4^ 

Universite  de  Fribourg^  —  Programme  iino  disserlalionen, 
i872-i873.Fribourg;  6  «»h.  in-S**  ct  in-4\ 

GeoL commission  dev  schweiz.  uaturf.  Gesellschafl  zu  Bern. 

—  Beilrage,  15  Licferung.  Berne,  1873;  in-4". 

Sociele  helvelique  des  sciences  nalurelles,  d  Zurich,  — 
Nouveaux  memoircs,  tome  XXV.  Zurich,  i873;in-4'. 

K.  akademie  der  Wisenschaflen  zu  Berlin.  —  Abhandlun- 
gen,  1872.  Berlin,  1873;  1  vol.  in-4^  —  Monatsbericht,  Mai- 
August  1875.  Berlin,  4  cah.  in-8^ 

Deutsche  chemische  Ghesellschaft  zu  Berlin.  —  Bcrichte, 
VI"«' Jahrg.,  n"  14-18.  Berlin,  1873;  5  cah.  in-8«. 

Archeologische  Gesellschafl  zu  Berlin.  —  Dreiunddreissigs- 
les  Programme.  Berlin,  1873;  in-4®. 

Nalurforschender  Verein  in  BrUnn.  —  Verhandlungcn, 
XI.  Bd.,  1872.  Brunn,  1873;  in-8^ 

Verein  fur  Geschichle  uhd  Allerthum  Schlesiens  zu  Bres- 
lau.  —  Zeitschrift,  XP"  Bd.,  2^"  Heft.  Breslau,  1872;  in-8'.  — 
Bericht  iiber  die  Thaligkeit  in  den  Jahrcn  1871  und  1872. 
Breslau;  in-8°.  —  Scriplores  rcrum  silesiacarum,  VHP"  Bd. 
Breslau,  1873;  in-4'*. 

Phys.  medicin.  Socieldl  zu  Erlangen.  —  Sitzungsberichtc, 
5. Heft, November  1872  bis  August  1873.  Erlangen,  1873;in-8*. 

Universile  de  Giessen.  —  Piiccs  academiques  de  1872-1873, 
cah.  in-4*  et  in-8*. 

Oherlausilzische  Gesellschafl  der  Wissenschaflen  zu  Gdr^ 
lilz.  —  Neue  Lausitzischen  Magazin,  L.  Bd.,  1.  Heft.  Gorlitz, 
1873;in-8«. 

Juslus  Perthes'  Geographische  Anstalt  zu  Golha.  —  Mit- 
theilungen,  19.  Bd.,  1873,  X,  XI.  Gotha,  1873;  2  cah.  in-4^ 

FUrsllich  -  Jablonowshische    Gesellschafl    zu    Leipzig.  — 


(  598  ) 

Preisschriften  XVII  :  H.  Zeissberg ,  Die  polnische  Geschicbt- 
schreibuog  der  Mittelalters.  Leipzig,  4873;  in-4^ 

K,  h.  Akademie  der  Wissenschaften  zu  Munchen,  — 
Sitzungbericbte  der  philos.-philol.  uad  histor.  Glassc  :  1873, 
Hefte  IV,  V;  1873,  Hefte  I,  II,  III.  —  Sitzungbericbte  der  math. 
pbys.ClasseM  872,  Heft  III ;  1873,  Heft  IV.—  Bectz  (W.),  Der 
Antheil,  Vortrag  am  25  Juli  1873.  — Verzeichiiiss  derMitglie- 
der,  1873, 6  cab.  in-8*  et  2  cab.  in-4°. 

Von  Schlagintweit-Sakunlunski  {Hermann).  —  Ueber 
Nepbrit  nebst  Jadeit  und  saussurit  ni  kiinlein.  —  Gebirp. 
Municb,  1873;iD-8^ 

Mack  (E,),  —  Beitrage  zur  Doppler'scben  Tbcorie.  Prague, 
1873 ;  in-4';  —  Zur  Tbcorie  des  Gebororgans.  Prague,  1872; 
10-8**;  —  Optiscb-akustiscbe  Versucbe.  Prague,  1873;  in-8*; 
—  Die  Gescbicbte  und  die  Mi^urzel  des  Satzes  von  der  Erhal- 
tung  der  Arbeit.  Prague,  1873. 

Entomologischer  Verein  zu  Stettin.  — Zeltung,  34.  Jahr- 
gang,  n"*  10-12.  Stettin,  1873;  in-8^ 

K,  Akademie  der  Wissenschaften  in  fVien.  —  Sitzung  der 
matb.-naturw.Classe,  Jabrg.  1873^  n'"  22-26.  Vienne;  4  fem'lles 
in-4'. 

Anthropologische  Gesellschaft  in  Wien.  —  Mittheilungen, 
III.  Bd.,  n^"  5  et  6.  Vienne,  1873;  in-8^ 

K.  K,  geologische  Reich satistalt  zu  Wien.  -*-  Jabrbuch, 
Jabrg.  1873,  XXIII.  Bd..  n*^  2—  Verba  ndlungen,  1873,  n-  7i 
10.  --  Abbandlungen,  Bd.  V.  Heft  5.  Vienne,  1873  (4  cah.et 
1  vol.  in-8®  et  1  cab.  in-4^) 

K,  K.  Universitat  zu  Wien,  —  OfTentlicbe  Vorlesungen  im 
Winter-Semester  1873-74.  Vienne,  1875 ;  in-4'. 

K.  K,  Geographische  Gesellschaft  in  Wien.  —  Mittbeilun- 
gen,  1872,  XV.  Bd.  Vienne,  1875;  in-8«. 

Physikat.-medicin.  Gesellschaft  in  Wurzburg. —  Verbaod- 
lungen,  neue  Folge,  IV.  Bd.,  4.  (Scbluss)  Heft;  V.  Bd.,  1,  2  und 
3  Heft.  Wurtzbourg,  1873  ;  3  cab.  in-8^ 


(  599  ) 

Deutsche  Geselhchafi  fur  Natur  und  Volkenkunde  Osta- 
$tens.  —  Mittheilungen,  2^'  Heft,  Juli  1873.  Yokohama;  in-4^ 

K.  Danske  Videnskabernes  Sehkbas  till  Kjobenhavn.  — 
Skiifter,  5  Raekke,  naturv.  of  math.  Afd.,  IX  Bd.,  8,  9,  X  Bd., 
i,  2;  hist,  og  philos.  Afd.,  IV  Bd.  8,  9;  —  Oversigt  4872, 
n®  2 ;  —  Storm  (Gustav),  Snorre  Sturlassons  histories  krivning 
Copeohague,  6  cah.  in-4®  ct  2  cah.  in-8^. 

Sociite  imperiale  des  naiuralistes  de  Moscou.  —  Bulletin, 
4873,  n*»  1.  Moscou;  in-8». 

Universite  imperiale  de  Kasan.  -  Bulletin  de  m^moires  (en 
russe),  i872  el  i873;  5  vol.  in-8». 

B,  Gesellschaft  fur  Literatur  Kund  unst  zu  Miten.  —  Sit- 
zurys-Berichte,  1872.  Miten,  4872  ;  in-8v 

Jardin  botanique  de  Saint-Petersbourg,  —  Publication  (en 
rosse),  tome  II,  bulletin  II.  Saint-Petersbourg,  1873;  in-8^ 

SociM  chimique  russe^  a  Saint-Petersbourg.  —  Bulletin, 
tome  V,  n~  1  a  7.  Saint-Peterbourg,  1873 ;  7  cah.  in-8\ 

R.  comitato  geologico  d' Italia  nel  Firenze.  —  Bolletino, 
n"  9, 10,  11  et  12,  anno  1873.  Florence;  2  cah.  in-8\ 

R.  Osservatorio  di  Firenze  ad  arcetri,  —  Sul  modo  con  cul 
si  propagaront  i  fenomene  luminosi  della  grande  aurora 
polarc  dal  4  al  5  febbraio  1872.  --  Firenze  1873;  1  br.  in-4^ 

Pittei  {Costantino),  —  Recordo  del  prof.  G.-B.  Donati. 
Firenze,  1873;  broch.  in-8*. 

Denza  {Francesco  Barnabita). —  Sulla  possibile  connessione 
tra  le  ecdissi  di  sole  ed  il  magnetismo  terrestre.  Rome,  1 873 ; 
un  cah.  in-4^ 

R,  Accademia  delle  scienze  di  Torino.  —  AUi,  vol.  VIII ; 
disp.  1-6.  Turin,  6  cah.  in-8''. 

Accademia  dellescienzedelVIstituto  di  Bologna. —  Memorie, 
serie  III,  t.  II,  fasc.  2,  3  et  4,  t.  Ill,  fasc.  1  et  2.  Bologne, 
i  cah.  in-4^  —  Rendiconto,  anno  1873-74.  Bologne,  in-12. 

Trinchera  {Francesco).  —  Storia  critica  della  economia  pub- 
blica  dai  tempi  autrichi  sino  ai  giorni  nostri.  Vol.  i.  Epoca 
antica.  Naples,  4873 ;  in-8*. 


(  600  ) 

Pierantoni  (Augusto).  —  Trattalo  di  diritlo  corlituzionale, 
vol.  i.  Naples,  i8^3;  in-8®. 

Acadhnie  olympique  de  Vicence,  —  Atti ,  vol.  III.  Vicence, 
i873;in-8^ 

De  Figueiredo  (Candido).  —  Morle  de  Yaginadatta,  episodio 
do  poema  epico-o  Romayana.  Corucio,  1873;  in-8^ 

Sociedad  de  geographia  y  estadistica  de  la  Republiea  Mexi- 
cana. —  Boletin,  lorac  I,  n**  i  ct  2.  Mexico;  i  cah.  in-8*. 

Revista  de  Portugal  e  Brazil^  n*'  2  e  3  de  1875.  Lisbonne; 
2  feuilles  in-i"^. 

Observatorio  de  marina  de  San  Fernando,  —  Anales,  sec- 
cion  20.  Observationcs  metcorologicas ,  ano  1871.  San  Fer- 
nando, 1871 ;  in-folio. 

Numismatic  Society  of  London.  —  Journal,  1873,  part.  111. 
Londres;  in-S"^. 

Institution  of  civil  engeneers  of  London  -^  Minutes  of  pro- 
ceedings, vol.  XXXV  and  XXXVI.  Londres,  1873;  2  vol.  in-8^ 

Royal  geological  Society  of  Ireland,  —  Journal,  vol.  XIII, 
part  5.  Dublin,  1873;  in-8^ 

Report  of  the  meteorological  reporter  to  the  government  of 
Bengal.  —  Meteorological  abstract  for  the  year  1872,  by 
Henry  F.  Blanford.  Calcutta,  1873;  in-4^ 

Statistical  Society  of  London.  —  Journal ,  vol.  XXXVl, 
parts  I,  II,  section  II,  III.  Londres,  1873;  3  cah.  in*8^ 

U.  S.  Naval  observatory  at  Washington.  —  Zones  of  Stars 
in  the  years  1840,  1847, 1848  and  1849;  —  Results  of  obser- 
vations, 1853  to  1860;  —  CaUlogue  of  stars,  1845-1871  ;  — 
Report  on  the  difference  of  longitude  between  Washington 
and  Saint-Louis;  —  On  the  right  ascensions  of  the  equatorial 
fundamental  stars.  Washington ;  5  cah.  in-4^ 

Commissioner  of  patents  of  Washingtci^  —  Reports  for 
1869, 1870,  1871.  Washington;  7  vol.  in-8«. 

The  american  journal  of  science  and  arts*  —  Third  scn'e, 
vol.  VI,  n"'  53  ct  54.  New-Haven,  1875;  2  cah.  in-8^ 


BULLETIN 


DE 


L'ACAD^MIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DCS 


LKTTRKSKT  DES  BBADX-ARTS  DE  BEL6IQDI. 

1873.  —  N«  12. 


GL/%SSi:   DES  SCIENCES. 


Seance  du  6  decembre  1873. 

M.  Th.  GLUGE,directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^tuel. 

Sant  presents  : MM.  J.-B.  d'Omalius  d'Halloy,  J.-S.  Stas, 
L.  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  do  Selys  Long- 
champs,  H.  Nyst,  J.  Liagre,  F.  Duprez,  G.  Dewalque, 
Ernest  Quetelet,  H.  Maus,' M.  Gloesener,  E.  Cand6ze, 
M.  Steichen,  A.  Brialmont,  E.  Dupont,  £d.  Van  Beneden, 
membres;  Theodore  Schwann,  E.  Catalan,  A.  Bellynck, 
associes;  £d.  Mailly,  Alph.  Briart,  J.  De  Tilly  et  Valerius, 
correi^pondants, 

2""*  S^RIE,  TOME  XXXVI.  40 


(  602  ) 


CORRESPONDANCE. 


La  classe  apprend  avec  regret  la  perte  qu*elle  vient  de 
faire  de  l*un  de  ses  associ^s  les.plus  dislingu^s  de  la  sec- 
tion des  sciences  physiques,  M.  Augiiste  de  la  Rive,de 
Geneve,  d£c6d£  k  Marseille  le  27  Dovembre  dernier,  a 
r&ge  de  72  ans. 

—  MM.  les  questeurs  du  S^nat  et  de  la  Chambre  des 
repr^sentanls  adressent  des  cartes  de  tribune  reservee 
pour  la  session  legislative  1873-1874.  —  Remerciments. 

—  Diverses  soci^l^s  savantes  remercient  rAcad^mie 
pour  renvoi  de  ses  publications  annuellcs. 

—  La  classe  re^it,  pour  le  Recueil  des  phenom^nes 
p^riodiques  :  1°  les  observations  sur  la  veg^talioii  faites  a 
rObservatoire  royal  de  Rruxelles,en  1875,  par  M.  Ad.  Que- 
telet;  2^  les  observations  botaniques  faites  a  Namur,  le 
21  mars,  le  21  avril  et  le  21  octobre  1873,  par  M.  A.  Bel- 
lynck;  3*"  le  r^sum^  m^t^orologique  pour  Osiende  pendant 
le  mois  dernier,  par  J.  Cavalier. 

—  Les  Iravaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyes  a 
Texamen  de  commissaires  : 

1*  Sur  la  similitude  des  trajecloires  des  projectiles 
oblongs;  leltrc  de  M.  Francois  Siacci,  capilainc  d*arlilierie 
de  Tarm^e  italienne,  a  Turin.  —  (Comujissaires  :  MM.  De 
Tilly  el  Liagre.) 

2*  Sur  les  derives  dyalUjliques  ^  par  M.  Louis  Henry, 


(  603  ) 

correspondant  de  la  classe.  —  (Commissaires  :  MM.  Stas, 
de  Koninck  et  Donny.) 

3*  Nouvelles  syntheses  de  Vacide  hyposulfureux  et  de 
I'acide  triihionique,  par  M.  W.  Spring.  —  (Commissaires : 
MM.  Stas  et  Doony.) 


RAPPORTS. 


fiote  sur  les  tremblemeiits  de  terre  en  4870,  avec  supple^ 
ment  pour  4869 ;  par  M.  Alexis  Perrey. 

«  Le  travail  pr^senl^  par  M.  Alexis  Perrey  dans  la 
stance  dir  11  oclobre  n*est  point  susceptible  d*analyse: 
c'est  la  continuation  des  rechercbes  de  Pauleur  sur  les 
tremblemenls  de  terre,  et  il  fait  suite  ila  longue  s^rie  de 
catalogues  d6j^  publics  par  lui ,  au  sujet  de  ce  ph^noni^ne 
de  physique  du  globe,  dans  les  divers  Recueils  de  I'Aca- 
demie.  Le  catalogue  actuel  concerne  les  tremblements  de 
terre  ressentis  en  1870;  il  renferme  aussi  un  supplement 
pour  1869.  En  le  r^digeant,  M.  Perrey  s'est  surtout  atta- 
ch£  k  pr^ciser  les  dates  et  les  heures  auxquelles  le  ph^no- 
m^ne  s'est  manifest^,  sa  dur^e  et  les  endroils  oili  il  s*est 
produit. 

Ce  nouveau  travail  ne  me  paratt  pas  avoir  un  int^r^t 
scientiGque  moindre  que  celui  des  catalogues  precedents, 
et  j*ai  rbonneur  de  proposer  k  TAcademie  de  rins^rer 
dans  Fun  de  ses  Recueils,  et  de  remercier  Tauteur  pour  sa 
communication. » 


(  604  ) 

c  II  y  a  prte  de  30  ans  que  M.  Perrey  publie  dans  les 
Memoires  de  TAcademie  les  renseignements  reiatifs  aox 
tremblements  de  terre  et  aux  Eruptions  volcaniques,  qu*il 
rassemble  aveclesecours  de  ses  nombreux  correspond  an  t^. 
II  est  parvenu  k  r^unir  ainsi  une  masse  de  documents  que 
Ton  cbercherait  vainement  dans  un  autre  recueil. 

Quand  on  passera  r&olAment  it  Tetude  des  causes 
dans  les  questions  si  difficiles  de  la  physique  du  globe,  il 
faudra  n^cessairement  aller  puiser  k  ceite  source  si  pr6- 
cieuse.  Je  ne  puis  done  d^sirer  qu'une  chose,  c*est  que 
notre  savant  correspondant  poss^de  la  Torce  et  la  pers^ 
v^rance  n^cessaires  pour  continuer  longlemps  son  ceuvre. 
Je  propose  dimprimer  ce  nouveau^m6moire  et  de  voter  des 
remerctments  k  son  auteur. 

J'ajouterai  une  remarque.  Plusieurs  savants  oot  deji 
avanc^  qu'il  existe  une  relation  entre  les  tremblements  de 
terre  et  les  ph^nopi^nes  magn^tiques,  mais  cette  relation 
n*est  pas  encore  etablie  avec  le  mSme  degr^  de  certitude 
que  celle  qui  existe,  par  exemple,  entre  ceux-ci  et  les  au- 
rores  bor^ales.  M.  Alexis  Perrey,  me  semble-t-il ,  ferait  une 
chose  utile  s*il  attirait  sur  ce  point  Tattenlion  de  ceux  de 
ses  correspondantsqui  possedenl  des  appareils  magn^tiques 
convenablement  install^s.Un  examen  comparatifde  la  po- 
sition des  aiguilles  avant  les  tremblements  de  terre  offrirail 
surloul  de  Tint^r^t.  > 

«  J*ai  exprim^  nettemcntmon  opinion  sur  les  notes  de 
M.  Perrey,  dans  les  rapports  que  j*ai  eu  Thouneur  de  lire 
a  TAcademie,  le  4  novembre  1871  et  le  1"  fevrier  1873. 


;  605  ) 

Je  crois  inutile  d*y  revenir  apr&s  les  ^log^s  sans  restriction 
donnas  k  ces  notes  par  mes  bonorables  confreres, 
MM.  Duprez  et  Ern.  Queielet :  je  me  bornerai  k  detacher 
quelques  reroarqnes  d*un  travail  dans  lequel  favais  com- 
part le  relev^  deji  imprim6  des  tremblements  de  terre 
en  1869  avec  le  supplement  manuscrit  present^  par 
Fauteur ;  TAcademie  en  fera  Tusage  qu'elle  jugera  conve- 
nable.  > 

Conformemenl  aux  conclusions  de  ses  rapporteurs,  la 
classe  a  vot^  Timpression  de  la  note  de  M.  Perreydans  le 
recueil  des  M^moires  in-8^ 


Note  9ur  les  transformations  arguesiennes  de  M.  Saltel, 

par  M.  P.  Mansion. 

c  La  Note  presentee  par  M.  Mansion,  G^om^tre  bien 
connu  de  TAcad^mie,  prouve  que  certaines  transforma- 
tions, diff^rentes  en  apparence,  sont  identiques  au  fond. 
En  eifet,  le  jeune  professeur  de  TUniversit^  de  Gand 
d^montre  ces  trois  propositions  : 

1^  Les  deux  premieres  transformations  arguesiennes y  de 
M.  Saltel,  rentrenl  I'unedans  V autre  ;^  chacune  est  equi- 
valente  a  la  transformation  quadratique  ralionnelle  la 
plus  generate;  S""  la  transformation  arguesienne  la  plus 
generate  est  une  transformation  cremonienne  {*)  cubique, 

{*)  Imaging  par  M .  Cremona. 


(  606) 

qui  pent  etre  remplacee  par  cfetix  trafisfarmations  argue^ 
siennes  triangulaires  y  de  premiere  espece. 

Si  Ton  se  rappelle  qu'en  G6om6lrie,  Tun  des  proc6d& 
d'iDvestigation  les  plus  puissants  est  celui  qui  consiste  a 
regarder  unc  figure  A  comma  la  transform^e  d*une  figure  B 
conveuablement  choisie  (*);  si  Ton  se  rappelle  que  toules 
les  parlies  d^une  science  se  perfectionnent  di&  qu*on 
observe  entre  elles  des  rapprochemenls  {"),  on  ne  peut 
qu'encourager  les  travaux  inspires  par  ces  idees.  * 

En  consequence^  j*ai  Fbonneur  de  proposer  FiDsertion, 
au  Bulletin^  de  la  Note  de  M.  Mansion.  » 

Ces  conclusions  sont  adoptees. 


Des   transformations  que  subissent  les  nebtileusesy  par 

M.  P.  De  Heen. 

€  T/auteur  de  ce  m^moire  divise  les  n^buleuses  en 
deux  grandes  classes : 

1®  €  Les  n^buleuses  informes  et  irr^solubles,  ou  les 

>  forces  de  la  nature  ne  se  sont  pas  encore  excretes  d^une 

>  faQon  appreciable,  et  qu*il  appelle  n^buleuses  primi- 

>  tives; 

2®  <  Les  n^buleuses  dont  les  formes  sont  d^finies, 


(*)  Par  exemple  ,  Fellipse  est  une  transformie  du  cercle^  la  surfact 
des  ondes  est  une  trans formie  de  rellipsoide,  etc. 

C*)  II  suffit  de  ciler  la  Correlation  des  forces  physiques,  de  rillostre 
Grove. 


(  607  ) 

>  formes  qui  sont  le  r^sultat  de  Taction  de  certaines 

>  forces.  » 

11  me  parait  difficile  d'^tablir  neltement  la  ligne  de  d^- 
marcalioD  qui  s^pare  ces  deux  classes,  et  je  pr^fere  la 
division  ordinaire  en  <n^buleuses  r^solubles  et  n^buleuses 
irr^solubles. 

Les  id^es  exposees  par  Tauteur  sur  le  travail  graduel  de 
condensation  de  la  matiere  nebuieuse ,  et  sur  les  transfor- 
mations successives  qu^elle  ^prouve  depuis  T^tat  rudimen* 
taire  jusqu*^  T^tat  stellaire  ne  pr^sentent  rien  de  nouveau , 
etont  ^t^  maintes  fois  d^velopp^es  depuis  Herschel. 

Pour  expliquer  la  forme  spirale  affect^e  par  une  cer- 
taine  classe  de  n^buleuses,  Fauteur  suppose  qu'un  corps 
celeste  (par  exemple,une^loile,  une  ^toile  ^teinte,  ou 
bien  une  autre  nebuieuse),  passant  dans  leur  voisinage, 
a  determine  par  son  attraction  la  courbure  des  spires  et  le 
mouvement  de  rotation  du  syst^me.  Cette  explication  ne 
me  paratl  avoir  en  sa  faveur  ni  la  th^orie  ni  Tobservation  : 
je  prefi^re,  pour  ma  part ,  Thypothese  qui  a  g^n^ralement 
cours  aujourd'hui,  et  qui  consiste  k  regarder  les  spires 
comme  des  anneaux  brises,  donl  une  extr^mil^  s*est  rap- 
proch^e  du  noyau  central ,  et  qui  sont  animes  d*un  mou- 
vement de  rotation  dans  un  milieu  resistant. 

Le  reste  du  m^moire  de  M,  De  Heen  ne  pr^sente  rien 
d*original  pour  le  lecteur  qui  connait  les  id^es  cosmogo- 
niques  d*Herschel  et  de  Laplace,  si  clairement  vulgaris^es 
par  Arago.  Quant  aux  planches  qui  accompagnent  le  texte, 
ce  sont  de  simples  copies,  dont  les  originaux  se  trouvent 
dans  tons  les  ouvrages  qui  traitent  de  Tastronomie  stel- 
laire. 

Je  suis  d*avis  que  le  m^moire  de  M.  De  Heen  ne  pos- 
s^de  pas  un  caractere  d'originalit^  qui  soit  de  nature  k 


(  608  ) 

justiQer  son  insertion  dans  un  rccueil  acad^mique ,  et  j*ai 
rhonneur  de  proposer  k  la  ciasse  d*en  ordonner  le  d^pdt 
aux  archives,  el  d'adresser  des  remerciments  a  fauteur 
pour  sa  coromunicalion.  > 

Ces  conclusions,  auxquelles  ont  souscrit  MM.  Ernest 
Queleiet  et  £d.  Mailly,  sont  adoptees  par  la  ciasse. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Etoiles  filanles  du  mots  de  novembre  i873y  communication 
de  M.  Ad.  Quetelel,  directeur  de  TObservatoire  royal. 

L'^talde  Tatmosphere,  h  Bruxelles,  n'a  pas  permisde 
suivre,  pendant  toute  la  soiree  du  13  novembre  1873,  le 
pb^nom&ne  de  Tapparition  periodique  des  etoiles  filantes. 
Le  ciel  n*est  rest^  serein  que  jusqu'd  10  h.  15  ra.;  4 
partir  de  ce  moment  il  a  £t^,  ou  presque  constammcDt 
couvert,  ou  trte-nuageux.  Une  seule  grande  6claircie  s*esl 
montree,  de  minuit  k  minuit  30  m. 

Le  12  novembre,  par  con  ire,  des  observations  onl  pu  se 
faire,  mais  elles  n*ont  donn6  que  des  rfeultats  negatirs. 
M.  Ad.  Quetelet  a  observe  k  trois  reprises  pendant  la 
soiree  du  12,  de  7  heures  k  7  */2  heures,  de  8  beures  k 
8  V3  beures  et  de  9  heures  k  9  '/2  heures.  Pendant  la  pre- 
miere demi-heure,quatre  ou  cinq  m^t^ores  ont  ^teaper^us; 
le  plus  beau  allait  de  Test  k  Touest,  en  passant  par  le 
zenith;  il  £tait  de  deuxi^me  grandeur.  De  8  heures  k 
8  Vs  heures,  M.  Quetelet  a  vu  six  k  huit  Etoiles  filantes; 


(  609  ) 

deux  (l*cD(re  elles  ont  pr^sent^  une  particularite  assez  sin- 
guliere:  tandis  que  Tune  marcbait  lenlement  vers  Test, 
Tautre  semblail  venir  k  sa  rencontre,  en  se  dirigeant  4 
Touest.  Une  troisi&me  fut  in^galement  ^clairee  dans  sa 
marche  :  elle  s*^teignit  k  plusieurs  reprises,  mais  reparut 
chaque  fois  plus  brillanle  pour  disparattre  enQn  complete- 
men  t. 

Pendant  la  troisi^me  demi-heure  d'observation,  quel- 
ques  m^t^ores  furent  encore  observes,  mais  aucun  d*eux 
ne  m^rite  de  mention  sp^iale. 

Le  13,  M.  Estourgies ,  de  9  h.  50  m.  ^  10  h.  15  m.,  n'a 
pu  voir  que  trois  ^toiles  ttlantes :  &  9  h.  33  m.,  57  m. 
et  57  Va  m. 

'  M.  Ern.  Quetelet,  de  minuit  k  minuit  et  demi ,  soit  done 
en  une  demi-heure,  a  not£  quatre  ^toiles  iilantes :  la  pre- 
nai^re  k  minuit  0  m.  50  s.  (direction  :  S.;  grandeur  :  5; 
constellation  :  Orion);  la  seconde  ^  12  h.  19  m.  35  s. 
(direction  :  SO.;  grandeur  :  4;  constellation  :  Orion);  la 
troisi^me  &  12  h.  23  m.  5  s.  (direction  :  N.  un  peu  0.,  par 
a  Aurigae;  grandeur  :  1);  et  la  quatri^me  ^12  h.  25  ra. 
25  s.  (direction  :  ENE.,  para  Hydrae;  grandeur:  3). 

M.  Terby  m'a  fait  parvenir  le  r^sultat  de  ses  observa- 
tions pour  Louvain.  Le  13,  de  13  b.  8  m.k  15  h.  50  m., 
par  un  ciel  compl^tement  serein,  cet  observateur  a  not^ 
dix  etoiles  filantes  seulement.  <  Aussi,  ajoute-t-il,  quoique 
Taverse  m^teorique  aitpuseproduireendehorsdesheures 
d'observation  que  je  viens  dindiquer,  je  me  crois  cepen- 
dant  autoris6  k  conclure  k  la  grande  probability  que  Tap- 
parttion  du  13  novembre  aura  fait  presque  totalement 
d^faut  pour  nos  contr^es  en  1873.  >  Cest  aussi  la  conclu- 
sion  k  laquelle  nous  sommes  arriv6,  malgre  le  peu  d*ob- 
servations  que  Ton  a  pu  faire  k  Bruxelles. 


(  610  ) 

—  Le  27  novembre  de  l*ann^e  derniere,  une  belle  ap- 
parition d*etoiles  filanles  avail  eu  lieu;  des  di$|K)silions 
ODt  ^t^  prises  cetle  ann^e,  h  la  mSme  date,  pour  recon- 
nattre  si  ce  beau  ph^noinene  se  representerait. 

Malheureusemenl  a  Bruxelles,  ainsi  qvCk  Louvaio, 
comme  me  I'a  ^crit  M.  Terby,  les  nuages  ont  presque 
conslamment  couvert  le  ciel  pendant  la  soiree  du  27,  et 
ont  enip^h^  d'oblenir  un  resultat  quelconque. 

Le  26  et  le  28,  le  ciel  ^tait  dgalement  couvert. 


Appendice   aux  troisiemes   Additions  au  Synopsis  des 
Calopterygines,  par  M.  Edm.  de  Seljs  Longchamps, 

membre  de  TAcad^mie. 

* 

Pendant  I'excursion  que  j'ai  faite  en  Angleterre  au 
mois  de  juillet  dernier,  j'ai  eu  I'occasion  de  d<^terminer 
encore  sept  espfices  nouvelles,  ce  qui  portei  152  le  nombre 
des  Calopterygines  que  je  connais. 

J'ai  pu  6galement  completer  la  description  de  trois 
autres  espSces,  et  rectifler,  d'apres  le  type  unique  depose 
i  Oxford,  la  synonymic  de  la  Thore  picta,  que  Rambur 
avait  placee  i  tort  dans  le  genre  Euphcea. 

Les  nouveaut^s  signalees  proviennent,  comme  on  le 
verra,  des  collections  du  Mus6e  britannique,  de  M.  le 
D'  Moore  et  de  mon  ami  M.  Mac  Lachlan. 

En  publiant  ces  descriptions,  je  mets  au  courant  pour 
cette  ann^e  (1875)  le  Synopsis  des  Calopterygines,  comme 
je  I'ai  fait  tout  r6cemment  pour  celui  des  Gomphines. 

La  liste  g^n^rale  (table  des  maliferes)  s'arr^tait  k  resp^ce 
n"  145.  Elle  atleint  aujourd'hui  152  espfeces... 


(  611  ) 

Void  commeDt  doivent  s'iDtercaler  les  especes  nou- 
velles  : 

« 

Sapho  gloriosa  —  eDtre  S.  orichalcea  et  bicolor. 
Vestalis  APicALis  —  cnlre  F.  luctuosa  et  gracilis. 

RhIROCTPHA  ALBISTIGIA    J         .        „,  .....  II    . 

{  'entre  Rh.  semitmcta  et  cucullata. 

—  MONOCHROA    ) 

MicROMERUs  RUFESCBNS  —  enlre  M.  bisignatus  et  finalis. 
—         sEMioPAGUs  —  eDtre  M.  blandus  et  sUgmatizans. 

3!2(*'.  Sapho  globiosa,  Mac  Lachl.  {in  litteris). 
Abdomen  (f  54«<>;  9  46;  aile  inferieure  a*  42;  2  40. 

Taille  tres-grande,  robuste.  Ailes  arrondies,  les  infdrieures  tres- 
elargies  au  milieu,  surtout  c.bez  le  male  (largcs  de  46»°*  cbez  le  d",  de 
14  chez  la  9)*  Espace  postcostal  des  superieures  assez  simple;  reti- 
culation noire,  costale  vert  metallique;  le  secteur  principal  presque 
contigu  par  un  point  a  la  nervure  mediane;  environ  50  antccubitales 
(c^)  36  (9)  aux  ailes  superieures;  les  postcubitales  en  nombre  a  pen 
pres  egal;  pterostigma  tres-dilat^,  au  moins  trois  fois  aussi  long  que 
large,  d'un  jaune  laiteux  (long  de  2^"*  '/t  ^^^  superieures,  de  4n»  aux 
inferieurcs  chez  le  m&le.  —  Long  de  l^^"*  Vt  aux  sup<Srieures  et  de 
2""  */,  aux  inferieures  chez  la  femelle). 

d*  Semi-aduUe?  Ailes  gris  enfume  seroi-hyalines,  a  reflets  violets 
avec  une  bande  opaque  mediane  transverse  blanc  laiteux.Cette  bande, 
retrecie  au  bord  posterieur,  part  du  nodus  qu*elle  depasse  a  peine  aux 
superieures  et  qu'elle  a  pour  centre  de  depart  aux  inferieures.  Corps 
vert  fonce  metallique  en  dessus;  le  dessous,  les  antennes,  les  pieds  et 
les  sutures  noires ,  mais  la  seconde  suture  laterale  du  thorax  finement 
jaunatre.  Deux  petites  pointes  rapprochees  en  dessous  du  9*  segment 
pr^  du  bord  postdrieur. 

9  Adulte,  Les  deux  premiers  articles  des  antenries  jaunes.  Les 
5-10*  segments  de  Tabdomen  noir  bronze;  une  tache  terminale  au 
8*  et  une  bande  dorsale  au  9*  brunes;  le  iO«  termine  en  pointe  re- 
dressee  au  milieu. 


1 


(612) 

Ailes  subhyalioes  teintes  de  bran  jaunAtre  enfbme  plus  fonce  aux 
inferieures  el  aux  bords  des  superieurcs.  Les  bandes  transvcrses  pla- 
cecs  comme  chez  le  mftle,  mais  oelle  des  supdrieures  d^on  jaune  pres- 
que  safran  et  celle  des  inferieures  d^un  gris  noiHitre. 

9  Jeutu.  Ailes  plus  claires ,  les  bandes  transverses  blancbes. 

Pairie  :  Le  Gabon.  —  Gamaroons.  (CoIlecL  M«  Lachlan  et  De 
Sclys.) 

iV.  B.  Elle  est  si  voisine  de  Variehatcea  qu'il  sera  neeessaire  d^exa- 
miner  une  suite  nombreuse  d^exemplaircs  des  deux  formes  pour  de- 
cider si  eiles  sont  reellement  distioctes.  Pour  le  moment,  en  laissaot 
de  c6te  la  nuance  du  fond  des  ailes,  qui  varie  seion  TAge,  je  remarqae 
les  differences  suivantes : 

La  gloriota  a  le  pt^rostigma  un  pen  plus  court  et  moins  large,  et 
suivi  d'un  seul  rang  de  cellules  (deux  rangs  chez  Yoriehaleea). 

Les  deux  sexes  possMent  aux  ailes  une  bande  mediane  transverse 
opaque  commen^ant  aoani  le  nodus,  tandis  quUl  n*y  en  a  pas  ches  les 
mAIes  jeunes  on  adultes  de  Variehalcea  —  et  que  chez  la  femelle  de 
cette  derniere  la  bande  est  plus  ^loignee  de  la  base  des  ailes,  ne  com- 
menfant  qu*au  nodus. 

27*".  Vbstalis  APiCALis,  De  8elys. 

cf  Abdomen  environ  58*« ;  aile  inf<6rieure  40. 

Ailes  etroites  hyalines;  le  huiti^me  apical  environ  subitement  ooi- 
rfttre  (cette  partie  longue  de  d""}.  Aucune  des  nervules  anlecubitales 
irest  jaunAtre. 

Corps  presque  semblable  ii  celui  de  la  VestaUtgraeUu,  mais  le  tho- 
rax plus  robuste.  (Les  six  premiers  segments  de  Tabdomen  ont  40**.) 
Le  reste  manque. 

9  Inconnue. 

PaJtrU :  Indes  orientales.  (Mus^  d^Oxford ;  provenant  de  la  eollee- 
tion  du  rdv.  M.  Hope.) 

N.  B.  Cette  Jolie  esp^ce  qui  rappelle  la  CaXopUryx  apietUis  d*Ame- 
rique  par  la  coloration  noir&trc  du  bout  des  ailes ,  est  voisine  de  la 
graeUis  dont  elle  differe  par  le  bout  des  ailes  noiritre ,  Tabsence  de 
nervules  antdeubitales  jaunAtres ,  le  thorax  plus  robuste  et  la  faille 
plus  forte. 


(  615  ) 

53  {Addition).  Hbtj^riha  titia,  Drury. 

M.  Mae  Lachlan  me  communique  uq  m&le  adulte  qui  est  bien  pro- 
bablement,  d^apres  ses  renseignements,  le  type  mtoe  figur^  par 
Drupy  : 

Abdomen  (incomplet)  environ  SS"*"  j  aile  inferieure  28. 

Gel  exemplaire  dlflf<ftre  du  mAle  adulte  decrit  (Syn.  n*  5^)  en  ee 
qu'il  porte  auxailes  inf<6ricures  (corome  le  m&le  jeune  que  j'ai  signal^ 
{loco  citato)  une  bande  tranverse  byaline  assez  large  ^  commen^ant  k 
mi-chemin  du  nodus  un  pterosligma ,  se  terminant  a  ee  dernier,  mais 
les  deux  i*'*  rangs  decellules  costales  restant  brun  opaque  eommcle 
reste  de  Faile.  Aux  quatre  ailes  le  pt^rostigma  est  brun,  ponctiforme, 
snrmontant  a  peine  une  cellule  comme  chez  la  raee  douteuse  bipartita 
^5mn  ^c{^.  Qo  53M>),  taudis  que  chez  les  exemplatres,  mAleet  femelle, 
que  j*ai  d'abord  ddcrits  comme  la  litia  type,  le  pt^rostigma  est  assez 
long  brun  jaun&tre  (blanc  chez  la  femelle)  et  surmonte  deux  cellules. 

On  pent  presumer  d'apres  cela  et  jusqu'a  ce  qu'on  ait  pu  examiner 
un  nombre  suiBsant  d'^emplaires  en  bon  ^tat,  que  le  pt^rostigma 
varie  chez  cette  esp^ce  comme  chez  Yoecisa  et  ses  races  ou  varietes. 

M'^  {Addition),  HBTiBniNA  occisa. 

Dans  les  troisi^mes  Additions,  j'ai  parle  de  nouveau  des  variations 
que  pr^nte  le  plerostigma  chez  cette  esp^ce  et  j*ai  decrit  une  va- 
ridle  nouvelle  sous  le  nom  d'cwftcto. 

Aujourd'hui  M.  Mac  l^chlan  me  communique  deux  miles  d'une 
autre  variete  non  dccrite ,  et  que  je  propose  de  nommer  subUmbata. 
lis  proviennent  de  Panama.  Lcur  ptdrostigma  est  long  comme  celui 
de  la  variete  maeropus ,  mais  ils  en  different  ainsi  que  des  autrcs 
formes  par  la  coloration  du  bout  des  ailcs,  qui  ne  portent  pas  de 
gouttelctte  brune  arrondie,  mais  un  leger  Umbe  terminal  brun  rappe- 
lant,  mais  d*une  maniere  moins  marquee,  ce  qui  se  voit  chez  VHet, 
moribunda, 

Jc  rapporte  avec  doute  a  cette  variety  subUmbata  une  femelle,  ega- 
Ictnent  de  Panama,  de  roa  collection,  de  taille  petite  (abdomen  27"»"; 
ailt!  inferiiMire  26). 


(  61^ ) 

L'epistome  est  vert  metallique ,  mais  peut-etre  la  Ute  appartieot- 
elle  a  uue  autre  espece.  11  y  a  18-20  an tecubi talcs,  en  quoi  die 
differe  bien  de  la  capitalis  femelle,  ainsi  que  par  sa  petite  taille. 

Les  iii4les  de  Voccisa  et  de  ses  races  ou  varietes  se  distinguent 
toujours  des  autrcs  Helcerina  par  la  forme  des  appendices  anals 
infcrieurs  irhs-longi-gr&Us  ct  termines  subiiement  par  une  pHUe  tile 
Hargie  en  raquelle  aplatie  ovale. 

58^  {Addition),  HBTiCniNA  capitalis,  De  Selys. 

Dans  la  diagnose  donnee  {Z^^  Add,  58*^*}  j'ai  omis  d'indiqaer  U 
patrie,  qui  est  Bogota. 

Cette  annee  j'ai  re^u  d'autres  exemplaires  de  meme  taille  on  an 
peu  plus  pctits,  provenant  de  Panama. 

II  devient  assez  probable  que  Tespece  est  reellement  differente  de 
la  majuscula,  Voici  la  dimension  de  trols  males  et  d'une  femelle  de 
Panama  : 

Abdomen  ^  55-38°*°*;  9  33.  Aile  infericure  a*  28-29;  9  28  7,. 

Chez  Tun  des  miles  la  gouttelette  apicale  rouge  est  bien  marquee 
aux  quatre  ailes ;  chez  un  autre  elle  n'existe  qu'aux  infcrieures;  enfin 
chez  le  dernier  qui  est  jeune,  il  n'y  a  pas  de  rouge  au  bout  des  ailes, 
mais  un  leger  veslige  gi*is  a  la  pointe  des  inferieures.  L'epistome  cbei 
tous  est  d'un  vert  metallique  fonce. 

62  {Addition),  Euphaa  dispab,  Ramb. 

Varietd:  </  et  9.  Coloration  un  peu  plus  ronss&tre  que  de  ooutnmf. 
La  bordure  noire  de  la  levre  superieure  peu  visible. 
Patrie  :  Madras.  (Musee  d'Oxford.) 

39M|MM».  RamocTPDA  mohochroa,  De  Selys. 

Abdomen  d*  aO"";  9  20.  Aile  infericure  c^  24;  9  27. 

Ailes  un  peu  elargies;  le  nodus  plus  rapprocbe  de  la  base  que  da 
pterostigma. 

(f  Ailes  enentiernoir4lre  chatoyant  a  reflets  verts  et  violet  cuivre. 
visiblcs  surtout  aux  inferieures  en  dessous.  Pterostigma  noirfttre  mat 


(  61S  ) 

Corps  noir  veloute,  exccpte  une  bande  oblique  aux  coles  du  thorax 
allanl  d'un  bout  a  Tautre,  peu  sinuec,  et  unc  autre  maculaire  large 
bleues  aux  colds  des  i-S*  segments  de  rabdomcn.  Interieur  des  quatre 
tibias  posterieurs  bleu  clair. 

9  AduHe.  Ailesmoins  obscures,  mais  a  reflets  semblables;  le  quart 
apical  des  superieures  obliquement  hyalin  ainsi  que  ic  limbc  extreme 
des  infcrieures  apres  le  ptcrostigma ;  celui-ci  jaune ,  brun  k  sa  base. 
La  bande  des  cdtes  du  thorax  etroite  Hvide.  L'abdomen  avec  des 
taches  laterales  oblongues  etroites,  courtes,  aux  4-7*  segments,  pre- 
ceddeschacune  d'un  trait  transverse  contre  Particulation  basale.  Pieds 
noir&tres  en  enticr. 

9  Jeune,  Ailes  d'un  brun  plus  clair. 

Patrie :  Celebes.  (Six  exempiaires  au  Musee  britannique.) 

N,  B.  Cette  especc  doit  ctre  voisine  de  rumco/or  Hagcn,  de  Manille 
(2«  Add.  no  89*""*'),  qui  ne  m'est  connue  que  par  le  nom  signiflcatif  et 
par  les  dimensions  encore  plus  fortes. 

La  monoctiroa  se  separe  des  autres  esp^ces  decrites  par  ses  ailes 
noir4lres  ou  brunes  dh$  la  base* 

Cest  de  la  semitincta  qu'ellese  rapproche  par  la  coloration;  mais 
cette  derniere  est  plus  petite  et  la  base  de  ses  ailes  est  hyaline. 

La  fronlaiis,  qui  a  la  taille  de  la  monochroa^  en  est  bicn  distincte 
par  la  presence  de  taches  k  la  tete  et  d'unc  double  ligne  humerale 
claires. 

89^<*llDINOCYPHA   ALBISTIGMA,  DC  SelyS. 

d*  Abdomen  16°*'°;  aile  iuKrieure  20  */fl* 

Ressemble  a  la  semitincta,  EUe  en  differe  : 

10  Le  pterostigma  est  btanc,  noir  a  Textrdme  base  settlement ; 

2<»  La  parlic  opaque  des  ailes,  d*un  noir  profond  et  mitalliquey  com- 
mence avanl  le  nodus  (a  peu  prds  conime  chez  la  tincta) ; 

3*  La  bande  unique  blcue  dc  chaque  cote  de  Tabdomen  va  du 
i'f  jusqu'au  9«  segment  (s'arrctant  au  8^  chez  la  semitincta). 

La  tdte  et  les  pieds  manqucnt. 

9  Inconnuc. 

Patrie  :  Malaisie,  sans  designation  spdciale,  par  H.  Wallace. 
(Musee  britannique,  un  seui  exemplaire,  marque  75  a.  c). 


(  616  ) 

90fw«<  [Addition).  Nicrombbos  riaiiiLis,  Hageii. 
o*  Abdomen,  environ  20"">;  aile  inferieure  25. 

Ailes  sapdrieuressans  pterostigma,  an  pea  jaan&tres  ii  la  base;  pres- 
que  lear  sixieme  apical  noir  (cette  parlie  longae  de  G""  7,)  convexe 
intdriearement,  a  pea  pres  commechez  ie  xan/AocyaiiiM;6  antocubi- 
tales  aax  superieures.  Ailes  inferieures  d'un  jaan&tre  sale  et  pile,  a 
pterosUgma  noir,  long  de  i**  '/i. 

Tdte  noirAtre;  epistome  blea  acier;  quatre  petits  points  jaunes 
entre  les  yeax.  Thorax  bran  noir4tre,  ayant  en  avant  la  suture  dor- 
sale  et  une  ligne  humdrale  finement  jaunes ,  et  sar  les  cotes  deux 
larges  bandes  jaune  safran  separees  Tune  de  Tautre  par  la  suture 
m^iane.  Abdomen  ddprime,  noir;  un  demi-anneau  au  i*'  segment  et 
les  segmeuts  2-6">*  jaune  roussAtre  en  dessus,  avec  une  large  bande 
dorsale  longitadinale  et  les  articulations  noires;  le  7*  tout  noir 
(rextrdmitd  manque).  Pieds  noirs  en  dehors ;  intdricur  des  femurs  ct 
des  tibias  jaunAtres. 

9  Inconnae. 

Patrie  :  Ceylan.  (Musee  britannique.) 

N,  JS.G'est  jusqu'ici  la  seule  esp^ce  de  Ceylan.  Elle  estdu  groupe  da 
(tnea/tMdont  elle  diff(&re  par  sa  grande  taille,  par  la  grande  dtendue  de 
la  partie  apicale  noirfttre  des  superieures,  la  nuance  jaunAtredes 
infiirieares,  rinterieur  des  pieds  jaun&tre  et  la  largeur  de  la  bande 
dorsale  noire  de  Tabdomen. 

Le  signalemcnt  donn6  (2«  Add.  SQf"'"')  dlait  fort  insuffisant;  c'est 
pourquoi  j*ai  profile  de  mon  sejour  a  Londres  cette  annee  pour  6ta- 
biir  une  diagnose  plus  complete. 

90^' {Addition).  Micrombrls  sticticds,  De  Selys. 

Au  Mus6e  britannique  11  y  a  trois  exemplaires  mAles  re^us  de 
Sarawak  (Borneo).  Chez  Tun  d*eux  on  voit  une  tache  jaune  mince  au 
8*  segment;  chez  les  deux  autres  au  7%  comme  chez  le  type  que  je 
posside  Tenant  de  la  mdme  locality. 

Ce  n'est  probablement  qu'une  forme  peu  dislincte  du  sHgmaiizatu 
de  Singapore  et  du  mont  Ophir  (Malacca). 


(  617  ) 

9o««p««»-  HIicrombrusSemiopacds,  DeSelys. 
6"  Abdomen  environ  13'"'";  aileioferieure  17. 

Ailes  hyalines,  les superieures  sans  pterostigma,.ayant  Icurs  deux 
cinqui^mes  terminaux  noirs,  cette  partie  (longue  de  Q^"^  ^j^)  plus 
etendue  que  chez  aucune  autre  esp^ce,  un  peu  convcxe  eu  dedans. 
Ailcs  inferieurcs  entierement  hyalines,  a  ptirostigma  noir(longde 

Tete  noire,  les  points  entre  les  yeux  obliteres;  epislome  acicr  lui- 
sant  Prolhorax  noirdtrc  avcc  une  tr^- petite  tnche  jaune  lateralc. 
Thorax  noir4tre  avec  une  seule  raie  antehumerale  jaune  infcrieure 
courte  etroite,  et  sur  les  c6(es  deux  larges  bandes  jaunatres,  la  pre- 
miere divisee  en  deux  taches  obliquemenl  superposces.  Abdomen 
noir,  ayant  en  dessus  des  taches  jaunes  ainsi  qu'il  suit :  aux  2-5* 
segments  une  tache  dorsale  mcdiane  divisee  longitudinalcment  en 
deux  par  Tar^te ,  et  ne  touchant  pas  les  bouts ;  ces  taches  aux  3«  ct 
i*  segments  sont  un  peu  prolongees  latcralement  k  la  base  des  seg- 
ments, de  manicre  a  former  un  7.  Sur  les  c6tes  il  y  a  au  i''  segment 
une  grande  tache;  au  2*  deux  points  succcssifs  qui,  aux  3,-i  et  B« 
sont  reunis  en  un  scul  trait  longitudinal  (le  reste  manque). 

9  Inconnuc.  . 

Patrie  :  Sarawak  (Borneo).  Musee  britannique. 

N,  B.  Voisin  du  blandus  Hag.  de  Nicobar.  11  en  differe  par  la 
partie  noire  apicalc  de  Tailc  superieure  plus  etendue  (G"""*  au  lieu 
de  4) ,  cetlc  partie  etant  beaucoup  plus  longue  que  large. 

91'*>'*  MicROXKRVS  RUFBSCRRS ,  Dc  Sclys. 

Abdomen  d*  19"™*/.;  9  environ  20.  Alle  inferieure  d*  23'/,;  9  23. 

Tres-voisin  du  bisignatus  Mac  Lachlan(3«*  Jdd,  9i^'«).  II  en  differe 
par  cc  qui  suit : 

0*  Jeune.  i<*  Taille  un  peu  moindrc; 

2<^  Aile  superieure  sans  bande  opaque  transverse  sous  le  nodus ; 
le  noir  de  leur  cxtremite  remplace  par  du  brun  clair.  Le  pt^rostigma 
de  Taile  inferieure  pSle  (long  de  i">"  ^/,),* 

Z^  Les  parties  foncces  du  thorax  brunes  (et  non  noires),  les  bandes 
2"""  S^RIE,  TOME  XXXVI.  4t 


(  618  ) 

anlchumeralcs  rousses  plus  larges,  Thumerale  connivente  a?e€  la 
premiere  bandc  jauoc  des  cotes ; 

4<*  L'abdomen  presqueentiercmentroussatre,  les  taches  at  anneaax 
noirs  6tant  effaces. 

9  Ailes  hyalines,  salies,  a  pterostigma  livide  aux  quatre  ailes 
(long  dc  I""  '/«)• 

Taches  jaunes  du  front  plus  largcs,  contigues.  Abdomen  epais  co- 
lore commc  chez  le  Uneatus,  noirAtre  avec  une  ligne  dorsale  etroite 
et  une  large  bande  latcralc  maculaire  jaunStrcs. 

Patrie  :  Celebes  ou  Mindanao.  (Musee  britannique.) 

N.  B,  La  fcmelle  prouve  par  sa  coloration  que  \trufescen»  et  son 
voisin  le  bisignatus  appartiennent  au  groupe  du  UnecUus,  qu'ils  re- 
pr^scntent  avec  dc  grandes  dimensions.  11  faut  ajouter  a  la  descrip- 
tion du  bisignatus  que  le  secleur  bref  et  le  sectcur  superieur  du 
triangle  sont  cgalement  rougcalres,  et  que  le  bout  de  Taile  est  plutot 
noiratre  que  brun  foncc.  Les  deux  lignes  rouge&tres  ctroiles  dont 
il  est  fait  mention  sont  une  humerale  iuferieure  et  une  antehumerale 
superieure. 

96  (Addition).  Thore  picta,  Ramb. 

VEuphcea  picta  de  Rambur  est  sans  contredit  une  Thore ;  mais 
n'ayant  pas  eu  le  type  unique  a  ma  disposition  lorsquc  j'ai  public  le 
Synopsis,  et  la  description  n'ctant  pas  complete,  il  en  est  resultc  que 
j'ai  applique  successivement  le  nom  de  Th,  picta  a  deux  especcs  et 
qu'une  ccrtaine  confusion  existe.  Je  vais  done  retablir  la  synonymic 
d'aprcs  Tcxamen  du  type,  auquel  j'ai  procede  en  juillet  dernier  a 
Oxford. 

Thore  picta  R.  (Synopsis  n^  96)  est  bien  cette  espece  dc  mdme  que 
cellc  de  la  Monographic  des  Calopterygines  m^me  numero ,  mais 
il  faut  y  rcunir  la  Thore  Saundersii  De  Selys  (n^  97,  Syn.  el 
Honogr.)  et  la  Th,  Saundersii?  De  Selys,  troisiemes  Additions 
au  Synopsis  n^  97 ,  qui  est  seulemcnt  un  peu  plus  grande. 

Thore  picta  (Secondes  additions  au  Synopsis)  est  une  espece  diffe- 
rente  qui  doit  recevoir  un  nom  nouveau.  Je  lui  assigne  celui 
d'albovittata  Bates,  qu'elle  portait  dans  les  notes  manuscrites 
que  m'a  remises  M.  Bat«s. 


(619) 

La  lisle  gencralc  (tabic  dcs  maticrcs)  doit  6tre  d*aprds  cela  rcctificc 
ainsi  qu'il  suit : 

PiCTA,  Rambur.  (Synopsis  n*  06  et  appcndice  aux  troisiemes 

Add.  no  96.) 

133. 1     Saunriersii,  De  Selys.  (Synopsis  n©  97,  secondes  Add.  n"  97  el 

troisiemes  Add.  n^  97.) 

Race?  picturala,  De  Selys.  (Troisiemes  Add.  au  Syn.  n«  yi*^.) 

Albovittata,  Bates.  (De  Selys,  appendice  aux  troisiemes  Add.) 

picta^  De  Selys.  (Secondes  Add.  au  Synopsis  n^  96.) 

134.  (     Bace  ?  viUata^  De  Selys.  (Secofldes  Add.  au  Synopsis  n«  96*<'.) 

Race?  CBquatorialis ,  De  Selys.  (Troisiemes  Add.  au  Synopsis 

n»  96*«»^«* ) 


CORRECTION  A  LA  TABLE  DES  MATlfiRES. 


]|  s'esl  glisse  trois  erreurs  lypographiques  dans  les  numeros  dcs  Micro- 
merus  cites  : 

122.  Fihams.  Au  lieu  de  :  89fl"'»*-,  Usez  :  90«r-'- 

124   AtRANTiACUS.     Supprimez  la  citation  des  2""  Add.  90'«i^  qui  se 

rapporte  au  xanthocyanus. 

125.  Xanthoctanijs.  Ajoutez  :  2«<'»  Add.  90*»'"-,  et  e/facez :  3™"  Add. 

75"'. 


(  620  ) 


Note  sur  quelques  theoremes  de  geometric  superieure  ;  par 
M.  F.  Folie,  correspondant  de  TAcad^mie. 

Dans  nos  Fondement$  d'une  geometric  superieure  carie^ 
sienne  (*)  nous  avons  6lendu  ies  Ih^remes  de  Desargues 
cl  dc  Pascal  aux  courbes  planes  et  aux  surfaces  d'ordre 
el  de  classe  superieurs,  et  nous  avons  annonc^  que  nous 
appliquerions  notre  m^lhode  aux  courbes  gauches. 

Ce  dernier  Ira  vail  n'^tant  pas  achev^,  el  certains  resul- 
tats  pouvanl  se  deduire  avec  la  plus  grande  facility  des 
theoremes  que  nous  avons  ^nonci^s  dans  le  M^moire  pr6- 
cite,  nous  croyons  utile  de  Ies  signaler  dans  cetle  note 
pour  ^viler  toule  contestation  de  priority  quant  k  leur  de- 
couverte. 

On  sait  que  le  iheoreme  de  Pascal  se  transporte  tr6s- 
simplement  des  coniques  aux  cubiques  gaucbes;  nous 
allons  transporter  de  memo  notre  theor^me  de  Pascal  des 
cubiques  planes  aux  courbes  gauches  du  quatrieme  ordre. 

Si  nous  prenons  une  G4  (**)  pour  directrice  d*un  cdoe 
ayant  son  sommet  en  un  point  de  la  courbe,  nous  savons 
qu'il  projettera  celle-ci  sur  un  plan  quelconque  suivant 
une  courbe  du  troisi^me  ordre.  Nous  rappelant  le  theor^aie 
de  Pascal  que  nous  avons  donn^  relativement  a  deux  qua- 
trilateres  conjugu^s  inscrits  k  ces  courbes  ('*'),  et  menant 
des  plans  par  Ies  cdt^s  de  ces  quadrilat^res  et  le  sommet 


(*)  Memoircsde  I'Acaddmie,  I.  XXXIX. 

(")  Nous  (JesigoiTons,  poar  abreifer,  par  ce  signc  G|  une  courbe  gauche 
du  quairi^me  orcii'e. 
(***)  Fondements  cT w/ie  g6omitrie  superieure  cart4sienne ,  p.  22 


(  62i  ) 

de  noire  cdne,  nous  arriverons  immediatemcnl  h  Fenonce 
suivant  : 

THigORi:ME  DE  Pascal  pour  les  G4.  Dans  deux  angles 
telraedres  conjugueSy  inscrits  a  une  G4,  les  faces  opposees 
se  coupent  suivant  quatre  droites  siiuees  dans  un  meme 
plan. 

On  voit  au  reste  ais^ment  que  ce  theor^me  n*est  qu*un 
cas  particulier  de  celui  que  nous  avons  demontr^  pour  les 
surfaces  du  troisieme  ordre  (*). 

Un  autre  tb^or^me  susceptiblie  de  s'<^tendre  ^galemenl 
aux  courbes  gaucbes  du  troisieme  et  du  qualri^me  ordre 
est  celui  de  Desargues. 

Nous  dirons  que  trois  cubiques  gaucbes  sont  conjugu^es 
entre  elles  iorsqu'elles  ont  cinq  points  communs;  el  de 
mSrne,  que  Irois  G4  sont  conjuguees  entre  elles  lorsqu*elles 
onl  sept  points  communs;  ces  dernieres  ont  alors  un  bui- 
tieme  point  commun  associ^  aux  sept  premiers.  Ceci  est 
^videmment  pour  les  G4  de  la  premiere  famille,  c'est-i- 
dire  pour  celles  qui  sont  Tintersection  de  deux  surfaces  du 
second  degr6.  En  eflet,  toutes  les  surfaces  du  second  degr6 
qui  ont  sept  points  communs  en  ont  en  outre  un  huiti^me 
associ^  aux' premiers;  ce  buiti^me  point  appartient  done  a 
toutes  les  G4  qui  sont  les  intersections  des  surfaces  du 
second  degre  passant  par  les  sept  premiers  points. 

Pour  les  G4  de  la  seconde  famille,  c'est-&-dire  pour 
celles  qui  ne  sont  pas  rintersection  de  deux  surfaces  du 
second  degr^,  il  en  sera  de  meme.  On  sail  en  eifet  que  par 
une  G4  de  cetle  famille  passe  une  surface  du  second  degr^, 


C)  Fomiements  d'une  g4ometrie  superieure  cart^sienne,  p.  lOi. 


(  622  ) 

mais  line  seule  (*).  Imaginons  par  sept  points  dc  celte 
courbe  d^aulres  surfaces  du  second  degre  dont  les  inter- 
sections avec  la  premiere  surface  seroot  des  G^  de  la  pre- 
miere famille.  La  premiere  G4  coupe  ces  surfaces,  et  par 
suite  les  aulres  G4  en  buit  points,  et  ces  points  sont  asso- 
cies,  sans  quoi  loutes  les  G4  coincideraient.  Une  G4  de  la 
seconde  famille,  qui  a  sept  points  communs  avec  des  G4 
de  la  premiere,  en  a  done  buit;  etcette  raison  suffit  pour 
^lablir  qu*il  en  est  de  m^me  de  deux  G4  de  la  seconde 
famille. 

Cela  pos^9  le  theoreme  de  Desargues,  transporte  aux 
courbes  gaucbes,  s*6noncera  : 

Th^or^me  de  Desargues  pour  les  G3  et  G4.  Si  irois 
courbes  gauches  du  troisieme  ou  du  quatriente  ordre  sont 
conjuguees  entre  elles^  etqu'une  droite  les  rencontre  cha^ 
cune  en  un  couple  de  points,  ces  trois  couples  de  points 
seront  en  involution. 

La  demonstration  de  ce  tbeor^me  pour  les  cubiques 
resulte  tr^s-simplementdu  tb^or^me  de  Desargues  trans- 
porte  desconiques  aux  cones  du  second  degr^. 

Pour  les  G4  on  le  d^duira  du  th^or^me  analogue  k  celui 
de  Desargues  que  nous  avons  donn^  pour  les  surfaces  du 
second  degr^  (**). 

Les  propri^t^s  que  nous  venons  d'exposer  out  naurelle- 
ment  leurs  correlatives  :  il  sera  facile  k  un  leclcur  un  peu 
familier  avec  la  geometric  siiperieure  de  les  enoncer. 


(*)  Salmon,  Anal  Gcom.  of  three  Dim.,  p.  274.  C'esl  ce  savant  qai  a  le 
premier  appele  Tatlention  sur  ceue  famille  de  courlies  da  quatritee 
ordre. 

(**)  Fondemenlt  (Tune  gSom^trie  sup^rieure  cartesienne^  p.  133. 


(  623  ) 

Nous  pouvons  ajouter  que  le  th^or^me  de  Desargues  que 
nous  venoDS  de  d<^monlrer  pour  les  G3  el  les  G4  s'elend 
^galemenl  i  trois  courbes  gauches  conjuguees  de  quelque 
ordre  qu'elles  soienL 

En  se  servant  de  la  m6tbode  au  moyen  de  laquelle  nous 
avons  trouv^  de  nouvelles  extensions  du  th^oreme  de  Pas- 
cal (*)^  on  pourrait  de  m^me  d^couvrir  d^autres  th^or^mes 
tres-g^n^raux  sur  les  courbes  planes. 

Yoici  les  ^nonc^s  de  quelques-uns  de  ces  tb^or^mes  que 
nous  developperons  plus  tard. 

Thj^or^me  I.  Etant  donne  un  faisceau  [**)  de  courbes 
planes  d'ordre  'I),  ayant  n  p  points  cornmuns  sur  une 
courbe  fixe  d'ordre  p,  st  par  les  memes  points  on  fait  pas- 
ser  une  autre  courbe  d'ordre  n,  elle  coupera  les  premieres 
en  des  systemes  de  n  (n  —  p)  nouveaux  points  qui  appar- 
tiennent  a  un  faisceau  de  courbes  d*ordre  n  —  p. 

Th£or£:me  II.  Etant  donne  un  systeme  de  courbes  planes 
ayant  ^^'^'^^^^^  H-  2n  points  cornmuns,  I'une  d'entre  elles 
coupera  les  autres  en  des  systemes  de-^^^^^^ —  nouveaux 
points  quideterminentun  systeme  de  courbes  d'ordre  n  — 2 
passant  par  i-ii)^i-3  poinu  fixes  de  la  premiere. 

Ce  dernier  th^or^me  n'estpas  applicable  aux  coniques; 
pour  celles-ci,  on  a  Tenoned  suivant : 

TH£oRi:M£  III.  Si  Con  fait  passer  par  trois  points  don- 
nes  deux  coniques  fixes  et  une  conique  variable^  et  que  Con 


C)  Fondements  <¥une  g^ometrie  sup^rieure  cartes.,  pp.  54  et  suiv. 

(**)  Cette  deDomination ,  emprunt6e  k  Sleioer  el  ^  ses  coniinualeurs 
indique  que  les  courbes  sont  conjuguees  enlre  c(les  suivant  noire  defini- 
lion,  c'esl-a-dire  qu'elles  onl  les  memes  n*  |K>ints  cornmuns. 


(  624  ) 

mine  dans  chacune  des  deux  coniqnes  fixes,  d'un  point 

quelconque  de  la  canique  va- 
\  oi,.  /:"      riable,unecorde  passant  par 

/^     ,    le  qualrieme  point  d'inier^ 
(        /    section  de  cette  dertiiere  avec 
chacune  des  coniques  fixes  y 
\'(  j  \    . '  la  droite  variable  qui  reunit 

/l .      .^:-    ;  \  les  secondes extremitesde  ces 

/  c'  \        deuxcordespasseraconstam- 

/  *  ^    \    wienf  par  le  qualrieme  point 

^  d  'intersection  des  deux  coni- 

ques fixes  ('). 

Pour  les  courbes  sup^rieures,  il  existe  <^alemenl  d'au- 
Ires  th^or^mes  analogues  au  dernier  tbeoreme  g^n^ral,  et 
relatifs  k  un  syst^me  de  courbes  qui  onl  un  certain  nombre 
de  points  communs,  moins  grand  que  celui  qui  est  sup- 
pose dans  eel  ^nonce;  inais  ces  Ih^oremes  devraient  Stre 
formules  pour  chaque  ordre  en  parliculier. 

Chacun  des  th^or^rnes  pr^c^dents  a  son  corr^latir,  ct 
donne  lieu,  en  outre,  k  plusieurs  r^ciproques. 

Enfin,  il  est  facile  de  les  ^lendre  aux  surfaces,  e(  par 
suite  aux  courbes  gauches. 


(*)  Dans  la  figure  ci-<:onlre  Cq  el  C^  soiil  les  deux  coniques  fixes,  C  la 
ronique  variable,  m  un  point  pris  sur  cellc-ci ;  ^q  el  J|  les  deux  cordes 
menses  dans  les  coniques  fixes;  ^  la  droile  variable  qui  reunil  leurs 
secondes  exlremil^s,  el  qui  passe  par  le  qualrieme  poinl  oi  dMnlerseciion 
des  deux  coniques  fixes. 


(  625  ) 


Note  sur  les  transformations  arguesiennes  de  M.  Saltel; 
par  M.  P. Mansion, proresseur  a  TUniversil^ de Gand. 

Dans  cette  note,  nous  d^montrons  que  les  diverses 
tranformations  arguesiennes  ponctuelles  planes  de  M.  Saltel 
se  raminent  les  unes  aux  autres,  el  sont,  en  outre,  equi- 
valentes  h  la  transformation  quadratique  birationnelle  la 
plus  g^n^rale  ('). 

II  en  r^sulte  que  cette  derni^re  transformation  acquiert, 
par  1^,  une  interpretation  g^om^trique  ^l^mentaire. 


1. 


LA  SEGONDR  TRANSFORMATION  ARGUESIENNK  DE  M.  SALTEL.  (") 
EST  jgQUIVALENTE  A  LA  TRANSFORMATION  QUADRATIQUE 
BIRATIONNELLE   LA   PLUS   G^NJ^RALE. 

1.  Consid^rons,  avec  le  triangle  ABC,  que  nous  pre- 
nons  pour  triangle  de  r6C§rence,  trois  droites  fixes  AA', 
BB',  CC,  se  coupanl  en  un  point  0;  trois  autres  droites 
AM,  BM,  CM,  mobiles  avec  le  point  M;  et  chercbons  les 


(*)  M.  Saltel  nous  a  ^crit  qu'il  possMe  des  formules  analogues  &  celles 
de  noire  §  I,  pour  les  transformations  dans  Tespace. 

(**)  Nous  appelons  ainsi  la  transrormalion  definie  par  M.  Saltel  k  la  fin 
de  rinlrodnction  de  son  premier  grand  m^moire  ( Mimoires  courann^  el 
autres  Memoiresde  VAcademie  royale  de  Belgique,  in-S",  t.  XXIJ). 


(  626  ) 

homologues  de  ces  derni^res,  dans  les  trois  involutioos 
d^finies  par  les  syst^mcs  de  droites 

AB,  AC,  AA'. 
BC,  BA,  BB', 
CA,  CB,  CC, 


m::: 


M* 


oili  AA' ,  BB\  CC  sont  des  droites  doubles.  Je  dis  que  ces 
droites,  homologues  de  AM,  BM,  CM,  se  coupent  en  no 
point  unique  M\  correspondant  arguesien  de  M. 
Soient,  en  effet, 


a  =  0, 

P  =  0,              y=0, 

p-r—0. 

y— a  — 0,     a—  p  =  0. 

m      n 

y        a        ^       a         fi 

--7  =  0,    --^-0, 
n      I              I       m 

p-pr=0, 


(  627  ) 
les  equations  de 

BG,  CA ,  AB, 
AA',  BB',  CC, 
AM,    BM,    CM 

et  (le  la  droite  AM',  bomologue  de  AM ,  dans  llnvolulion 
detinie  par  les  droites  AB,  AC,  AA\  celle-ci  ^tanl  une 
droite  double. 

L'un  des  rapports  anbarmoniques  des  qiiatre  droites 

AB,     AC,    AA',    AM 

est  ^gal,  au  signe  pr^s ,  5 

n 

"""  I 

m 
car  ces  droites  ont  pour  Equations : 

y=0,     13  =  0,     y— p  =  0,     y  — -p*=0. 

fit 

Les  droites  correspondantes 

AC,    AB,    AA',    AM', 
ayant  pour  Equations 

P  =  0,     y=0,     p-y=0,     p-py=0, 

ont,  pour  rapport  anbarmonique  bomologue  : 


D*apr^  la  tb^orie  de  Tinvolution ,  on  doit  avoir 


n 
m 


(  628  ) 
Par  consequent,  AM'  pour  Equation 

(3  y 


\ml       \ni 


=  0, 


ou 

ntp  —  ny  =  0. 

De  mSroe,  les  droiles  homologues  k  BM  ou  CM,  dans  les 
autres  involutions  d^linies  plus  baut ,  ont  pour  equations 

--777=0.     -— --f-=0, 


G  (5)     0)  (^) 


ou 

ny  —  /a  =  0,       /a  •—  mp  =  0. 

Done  enfin,  les  trois  droites  homologues  de  AH,  BM, 
CM  se  coupent^en  un  point  M\  d^fini  par  les  relations 

a  Q  y 


(I)   a)   (;) 


OU 

U  =  mp  ==  ny, 

2.  Prenons,  pour  coordonn^es. du  point  0,  (1, 1,  i) 
appelons  (X,  Y,  Z)  celles  de  M ,  et  (X\  Y',  Z')  celles  de  M'. 
Nous  aurons,  d'apris  ce  qui  pr^cMe, 


X         Y 

Z 

=     — 

/          in 

n 

X'          Y' 

Z' 

(t)  (-:)  Q 


(  629  ) 
On  d^duit  de  i^ 

XX'  =  YY'  =  ZZ', 

ou 

X  Y  Z 


\X7       Iy7       \Z7 


Si  le  point  M  parcourt  la  courbe  don(  F^quation ,  en  coor- 
donn^es  trilin^aires ,  est 

/•(X,Y,Z)  =  0 (4) 

(/'d^signantuue  fonction  homogi^ne  enti^re,  de  degr^  r), 
r^quation  du  lieu  decrit  par  le  point  M'  sera 


'  Ix' '  Y' '   Z7  "~    ' 


OU,  en  multipliant  par  (X'  Y'  Z')% 

f(TZ\  Z'X',  X'Y')  =  0 (!2) 

On  passe  done  de  la  courbe  (1)  &  la  courbe  (2) ,  au  moyen 
de  la  substitution : 

X  _^_   z   _ 


Y'Z'       ZX'       X'Y' 


^quivalente,  comme  on  sait,ili  une  transformation  lin^aire 
pr^,  k  la  transformation  quadratique  birationnelle  la  plus 
g^n^rale  (*). 


(•)  Salmon,  Higher  plane  cui^es,  2^  editioo.  Dublin,  HodgeSj  FotUr 
and  Co.;  1873:  n'^SU,  p.  290;  [)•>  324 ,  p.  285. 


(  630  ) 


II. 


LA  PREMIERE  TRANSFORMATION  ARGUESIENNE  TRIANGCLAIRE 
DB  M.  SALTEL  EST  ACJSSI  EQUIVALENTS  A  LA  TRAMSPORMA- 
TION  QUADRATIQDE  BIRATIONNELLE  LA  PLUS  Gl^N^RALE. 

3.  Cherchons  main  tenant  le  point  M"  conjugu^  de  M, 
sur  la  droite  AM,  dans  Tinvolulion  detinie  par  les  quatre 
points  A,  b,  z,  c,  oili  b,  z,  c  sont  respectivement  les  inter- 
sections de  AM  avec  BB\  BC,  CC;  autrement  dit,  cher- 
chons le  point  correspondant  de  M  dans  la  transformatioo 
arguesienne  triangulaire  oili  A  est  le  pdle,  et  ou  le  couple 
de  droites  BB',  CC  repr^sente  la  conique  de  r^ri6rence, 
BC  etant  d'ailleurs  la  droite  conjugu^e  du  p6ie  A  (*}. 

On  pent  regarder  le  point  M"  comme  etant  determine 
par  les  Equations 

1  =  ^  =  -, 
I'       m      n 

I'  etant  une  constante  qu'il  s'agit  de  trouver. 

Joignons  le  point  hk  c.  L*eq nation  de  Be  sera ,  comme 
il  est  facile  de  le  voir , 

m       n 


[*)  Voir  rintrodaction  da  second  m^moire  de  M.  Sallel  ( Memoires  cou- 
ronn^s  et  autres  Memoires  de  I' Academic  royale  deBelgique,  t.XXlin. 
A  cause  du  tb^or^me  de  Desargues,  il  est  permis  de  reuiplacer  la  cooiqoc 
de  reference  par  deux  droiles,  sans  dimlnuer  la  g^neralite  de  la  traosfor- 
roalion. 


(  63i  ) 

Le  rapporl  anharmonique  des  quatre  droites  BA,  Bz,  66, 

BM,  est  ^gal  i 

n 

7' 

car  ces  droites  ont  pour  Equations  .- 

n 

Celni  des  quatre  droites  homologues  B2,  BA,  Be,  BM'", 
dont  les  Equations  peuvent  s*^crire 

m  171  /' 

a  =  0,     —9=0,      a y=0,     a r==0, 

n  n  n 

est 

Les  rapports  anharmoniques  des  deux  faisceaux  (BA,  Bz, 
B6,  BM)  et(Bz,  BA,  Be,  BM")  devant  etrc  egaux  ,  on  a 

n       /' 

/       III ' 

ou 

mn 

Par  consequent,  les  equations  de  AM",  BM",  CM"  sont 

a  p       r. 


(t) 


m      n 


ou,  en  multipliant  par  mn : 


(1)   (;)   (^) 


(  632  ) 

4.  Appelons  (X"  Y"  Z")  les  coordonn^  du  poiDl  M". 
Od  aura 

X"        Y"         Z" 


a)      U      liJ 


et,  par  consequent , 

XX"  =  ZY"  =  YZ ', 


ou 


lx'7       \Z'7       \Y'7 


II  resulte  de  1^  que  la  premiere  courbe  arguesieane  trian- 
gulaire  du  lieu  dont  T^quation  est 

/"(X,  Y,  Z)-0, 
a  pour  Equation  : 

/•(Y"Z",  X"Y".  X"Z")  =  0. 

On  en  conclut,  comme  dans  le  cas  precedent,  que  la 
premiere  transformation  triangulaire  arguesienne  est  ^qui- 
valente,  ^  une  transformation  lin^aire  pr^s,  4  la  transfor- 
mation quadratique  birationnelle  la  plus  g^ndrale. 


III. 


RELATION  ENTRE  LES  DEUX  TRANSFORMATIONS  ARGUE3IENNES 

TRIANGULAIRES. 

5.  Les  points  M"  et  M'  sont  dans  une  relation  tres- 
simple,  car  Ton  a  : 

Y' "~  z'  ■"  Y'  * 

On  passe  done  de  I'une  a  I'aulre  des  transformations  ar- 


(  633  ) 

guesiennes  triangulaires ,  par  une  subsliliition  lineaire 
consisiant  dans  Vechange  des  coordonnees  Y  et  Z. 

Oq  d^dait  g^om^triquement  le  point  M'  du  point  H'' 
comme  suit.  Menons  les  droites  M"C,  M"B  qui  rencon- 
trent  AA'  en  m'  et  m",  puis  les  droites  m'B,  w"C.  Le 
point  de  rencontre  de  celles-ci  sera  le  point  M'. 

En  effet,  les  Equations  de  AA^  W'Cm\  M"Bm"  £tant 
respectivement : 

p  — y«=0,    /a  — nj3  =  0,     U^my^Oj 

celles  de  m%  m"Cseront : 

/a  —  «y  =  0,     la  —  mp>=  0. 

• 

Ces  Equations  sont  prdcisement  celles  de  M'B  et  M'G.  Par 
consequent,  m'B  et  nfC  se  rencontrent  en  M'. 

Ainsi,  les  deux  iransform^es  arguesiennes  triangulaires 
d*une  m^me  figure  se  d^duisent  Tune  de  Tautre ,  au  moyen 
d*une  construction  tr^s-simple. 

6.  Remarque.  Nous  renvoyons  k  ce  que  dit  Salmon 
{Higher  plane  curves^  n*"  362,  p.  310)  sur  les  transfor- 
mations quadratiques,  pour  les  consequences  de  ce  qui 
pr^Me,  relativement  aux  transformations  biralionnelles , 
en  g^n^ral ,  et  ^  /a  conservation  du  genre  dans  ces  transfor- 
mations. Nous  ^noncerons  toutefois  cette  remarque ,  qui  se 
d^duit  imm^diatement  des  formules  fondamentales  de 
M.  Saltel  :  La  transformation  arguesienne  generale  est 
une  transformation  cubique  birationnelle ,  qui  peut  etre 
remplacee  par  deux  transformations, arguesiennes  trian- 
gulaires de  premiere  espeee. 


2"'''  SthlEy  TOMB  XXXVI.  42 


^  I 


(  634  ) 


CLASSE   UhS    LETTR£8. 


Seance  du  /*''  decenibre  ^873. 

M.  J.-J.  Thonissen,  directeur,  president  de  TAcademie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^luel. 

Soni  presents  :  MM.  Ch.  Steur,  J.  Grandgagnage,  J.  Roa- 
lez,  Gachard,  Paul  Devaux,  J.-J.  Haus,  le  baron  J.  de  Witle, 
Ch.  Faider,  R.  Cbalon,  Tb.  Juste,  le  baron  Guillaunno,  Felix 
Nfeve,  Alpb.  Wauters,  £m.  de  Lavelcje,  G.  iNypels,  Alph.  Le 
Roy ,  £m.  de  Borcbgrave,  membres;  J.  Nolct  de  Brauwere 
van  Steeland,  Aug.  Scbeler,  Alpb.  Rivier,  associes;  A.  Wa- 
gener,  E.  Poullet  et  Ferd.  Loise,  correspondanu. 

M.  fid.  Mailly,  correspondanl  de  la  classe  des  scie^ices^ 
assiste  i  la  s^nce. 


CORRKSPONDANCE. 


M.  le  gouverneur  du  Brabant  a  inform^  rAcademie  que 
des  places  ^talent  r^serv^es  ^  MM.  les  acad^miciens  pour 
le  Te  Deum  du  15  du  mois  de  novembre,  qui  a  6te  cele- 
bre  i  Toccasion  de  la  f&ie  patronale  du  Roi,  dans  Tegiise 
des  SS.  Micbel  et  Gudule. 


(  635  ) 

— L'Universit6  de  Saint-Louis,  aux  £lats-Unis,reniercie 
pour  les  publications  acad^miques  qui  lui  out  6i6  envoy^es 
au  commencement  de  cette  ann^e. 

—  La  Soci6t6  litt^raire  et  philosophique  de  Liverpool 
envoie  le  premier  volume  de  ses  travaux,  qu'elle  offre  k 
titre  d*£chaoge. 

—  H.  Tavocat  Honinck,  ex6cuteur  testamenlaire  de 
M.  Defacqz,  offre  k  la  classe,  tant  au  nom  de  la  I6gataire 
universelle  de  M.  Defacqz  qu*au  sien ,  un  exeroplaire  des 
deux  volumes  comprenant  VAncien  droit  belgique,  oeuvre 
de  cet  academicien. 

M.  le  baron  de  Witte  offre  le  tome  III  de  la  traduction 
de  YHistoire  de  la  monnaie  romaine,  par  M.Th.  Mommsen, 
el  presente,  au  nom  de  iM.  Le  Blant,  uu  ouvrage  qui  sera 
mentionn£  au  Bulletin. 

M.  Tb.  Juste  offre  un  exemplaire  de  la  brochure  qu*il 
vient  de  publier  sous  forme  de  lettre  Ji  M.  Cb.  De  Bavay. 
Elle  porte  pour  titre :  La  Revolulion  beige  de  1850. 

\jes  remerclments  de  la  classe  ont  H6  exprim^s  aux  au- 
teurs  de  ces  dons. 

—  M.  £mile  de  Laveleye,  en  d^posant  sur  le  bureau  un 
ouvrage  de  M.  Bonnal  et  un  ouvrage  de  M.  Pierantoni,  lit 
la  note  suivante  au  sujet  de  ces  presentations  : 

<  J*ai  I'honneur  d*offrir  it  1' Academic,  au  nom  de 
M.  Bonnal,  un  ouvrage  intitule  :  Traile  des  octrois. 

Le  livre  de  M.  Bonnal  a  ^l^couronn^  par  TAcad^mie  de 
legislation  de  Toulouse.  G'est  une  etude  tr^s-bien  faite  des 
octrois  dans  les  differents  pays  et  surtout  des  moyens  em- 
ployes en  Belgique  ct  en  Hollande  p3ur  les  abolir.  L*au- 


(  636  ) 

leur  est  un  adversaire  coDvaincu  de  ceUe  espece  d^iuipdls, 
qui  clablity  en  effet,  des  douanes  k  rint^rieur,  qui  enlrave 
ainsi  la  circulation  des  produits  et  dont  la  perception  est 
tres-coAteuse. 

Celte  question  a  perdu  de  son  importance  en  Belgique , 
puisque  nous  Tavons  heureusement  resolue,  mais  elle  est 
toujours  k  Torero  du  jour  en  France,  ou  les  d^penses  exa- 
g^rees  faites  par  les  grandes  villcs  ont  rendu  necessaire 
un  accroissement  extremement  regrettable  des  taxes  de 
I'octroi. 

J*ai  aussi  Thonneur  d'offrir  a  TAcademie,  au  nom  de 
M.  Pierantoni,  proi'esscur  de  droit  constitutionnel  et  intor- 
national  k  Naples,  un  ouvrage  intitule :  Trallalo  di  dirUio 
consliluzionale. 

L'eloquent  professeur  dc  I'Universitede  Naples,  M.  Pie- 
rantoni,  est  deji  tres-connu  par  son  Histoire  du  droit  pu-- 
blicy  qui  a  eu  rhouneur  d'une  traduction  allemande,etpar 
ses  differentes  publications  concernant  les  Alabama  Claims 
et  rinterpretatiou  du  traite  de  Washington,  travaux  qui 
ont  ^te  ci(£s  en  Amerique  et  en  Angleterre. 

Les  bons  trait^s  de  droit  constitutionnel  sont  rares. 
C*est  une  science  qui  est  evidemmcnt  encore  dans  sa  p^riode 
de  formation.  Pourtant  a  une  ^poque  oix  les  revolutions 
sont  si  frequentes  et  oix  tant  d^Etats  changent  si  souvent 
de  regime  politique  et  de  constitution,  il  n'estgu^re  d  ou- 
vrage qui  puisse  venir  plus  a  propos  qu'une  etude  appro- 
fondie  des  differentes  formes  de  gouvernement,  surtout  si 
Tauteur  se  tient  sur  le  terrain  pratique  oil  le  l^islateur 
pent  chercber  des  indications  pour  les  mesures  k  adopter 
dans  I  etat  actuel  de  la  civilisation. 

Le  volume  de  M.  Pierantoni  traite  surtout  de  r£taL  II 
examine  en  quoi  consistent  la  nature  et  les  droits  de  r£tai, 


(  657  ) 

quelles  son!  les  limites  de  son  pouvoir  et  de  ses  attribu- 
tions. L'^crivain  a  ce  merite  de  commencer  toujours, 
comme  le  fait  la  science  alleroande,  par  ^tudier  les  prece- 
dents d*une  question.  La  methodc  historique  est  pr^cieuse 
dans  le  domaine  des  sciences  sociales,  parce  que  le  goAt  des 
ameliorations  rapides  et  des  reformes  radicales  qui  carac- 
t^rise  notre  temps  nous  porte  souvent,  ^nolreinsu,^ 
poursuivre  un  id^al  actuellement  irr^alisable  et  h  compro- 
mettre  ainsi  la  cause  du  progr^s.  M.  Pierantoni,  ayant  fait 
un  livre  special  sur  Tbistoire  du  droit  public,  se  trouve  k 
m^me  de  nous  faire  connattre  les  opinions  de  tons  les  au- 
leurs  importants  qui  se  sont  occupes  de  la  matiere  et  c'est 
li,  evidemment,  une  source  d*informalions  tres-pr^cieuse. 
Le  chapitre  sur  la  propriety  de  r£tat  m'a  paru  surtout 
tres-int^ressant  et  tres-neuf.  II  merite  Tattention  en  ce 
moment  oh  de  divers  cdl^s  on  demande  que  r£tat  ^tende 
demesurement  ses  proprietes  industrielles,  en  prenant  pos- 
session des  teiegraphes,  des  chemins  de  fer  et  m^me  des 
houilleres.  Le  livre  de  M.  Pierantoni  est  une  preuve  nou- 
veile  de  ce  renouvellement  si  remarquable  de  Tactivite 
scientiGque  en  Italic,  qui  merite  de  Gxer  noire  attention, 
apres  avoir  oblenu  dej^  celle  de  la  studieuse  Allemagne.  » 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Ch.  Faider,  inscrit  en  premier  lieu  a  I'ordre  du  jour 
de  la  stance,  pour  une  lecture  sur  Venseignement  de  Veco- 
nomie  politique,  fail  connaitre  qu'en  travaillant  a  cette 
notice,  il  s*est  convaincu  qu*il  avait  les  elements  d'un 


C  638  ) 

memoire  assez  etendu  pour  figurer  dans  le  recueil  iD-8*. 
II  se  propose  doDC  de  continuer  son  travail  el  de  le  com- 
pleter aGn  de  le  soumettre,  dans  pen  de  temps ,  k  Tappre- 
ciation  de  la  classe. 

—  M.  Grandgagnage  donne  lecture  de  la  premiere  partie 
de  son  travaiUintituI^  :  Reponse  aux  demieres  objecliotis 
fran^aises  concernant  Aouatuga.  II  conlinuera  la  lecture 
de  ce  travail  dans  la  prochaing  seance. 

M.  Loise  lira  dans  cette  reunion  un  travail  intitule  :  La 
UUerature  allemandeau  dix-septietne  Steele,  sous  V influence 
de  la  guerre  de  Trente  Ans, 


(  639  ) 


CLASSE  D£S  BBAVX-ARTS. 


Seance  du  4  decembre  f873. 

M.  L.  Alvin,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perpetuel. 

Sont  presents :  MM.  N.  De  Keyser,  L.  Gallait,  G.  Geefs, 
A.  Van  Hassell,  J.  Geefs,  C.-A.  Fraikin,  fid.  F^tis, 
Edm.  De  Busscher,  J.  Porlaels,  Alph.  Balal,  le  chevalier 
L.  de  Burburc,  J.  Frauck,  G.  De  Man,  Ad.  Sirel,  J.  Le- 
clercq,  Ern.  Slingcnejer,  Alex.  Robert,  F.-A.  Gevaert, 
membres;  Ed.  De  Biefve,  correspondant. 

MM.  R.  Chalon  et  J.  Nolet  de  Brauwere  van  Steeland , 
de  la  classe  des  lellres^  et  fid.  Mailly,  correspondant  de  la 
classe  des  sciences ,  assisteut  k  la  s^nce. 


CORRESPONDANCE. 


MM.  les  questeurs  du  Senat  et  de  la  Ghambre  des  repre- 
sentants  adressent  des  carles  de  tribune  reserv^e  pour  la 
session  legislative  del873-i 874.  — Remerciments. 

—  Le  conseil  d'adininistration  de  FAcademie  royale  des 
beaux-arts  d'Anvers  adresse  le  programme  du  grand  con- 
cours  de  gravure,  dit  concours  de  Rome,  qui  sera  ouvert 
en  1874. 


1 


(  640  ) 

—  M.  Dc  Lange,  laur^at  du  dernier  concours  de  la 
classe ,  remercie  pour  la  distinction  dont  il  a  ^t^  Tobjet. 

—  II  est  donn6  lecture  de  diflT^rentes  lettres  de  concur- 
rents pour  le  concours  de  quatnor,  juge  dans  la  derni&re 
stance. 

Par  suite  du  prononc^  du  jugement  de  ce  concours,  ces 
lettres  ont  ^t^  d^clarees  non  avenues. 

—  M.  Blomme,  remis  en  possession  de  son  projet  d*ar^ 
chitecture  couronne,  promet  d'en  donner  une  reproduc- 
tion photographique,  conform^ment  aux  dispositions  r^le- 
mentaires  dcs  concours. 

La  classe  decide,  k  ce  sujet,  que  cetle  reproduction,  aiusi 
que  la  reproduction  du  carton  de  M.  Mellery  et  celle  dn 
bas-relief  de  M.  Cuypers,  couronn^s  I'ann^  dernidre, 
seront  soumises  aux  commissaires  qui  ont  jug£  ces  oeuvres. 

—  M.  Van  Aulgaerden,  I'un  des  concurrents  du  concours 
precit^  d*arcbitecture  pour  un  arc  de  trioropbe  dedi6  i  la 
Paix,  a  et^  remis  en  possession  de  son  projet,  apr^  avoir 
donn£  les  garanties  n^cessaires  d*identit6. 

—  M.  Abraham  Basevi ,  associ^  de  la  section  de  musique 
de  la  classe,  k  Florence,  remercie  pour  Fenvoi  des  der- 
nitres  publications  acad^miques. 


(  64i  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


La  classe  des  beaux-arts,  saisie  dans  sa  derni^re  stance 
d*une  motion  de  M.  Porlaeis  relative  au  moyen  d*apporter 
des  ameliorations  h  la  situation  pr^caire  des  laur^ats  des 
grands  concours,  pensionnaires  du  gouvernement  i  Rome, 
avalt  decide  que  ces  considerations  feraient  I'objet  d*un 
examen  urgent. 

Deux  commissions  existaient  pour  s*occuper  des  prix 
de  Rome  :  La  premiere ,  compos^e  de  MM.  L.  Alvin , 
De  Keyser,  De  Man,  Gallait,  Gevaert,  Fraikin,  Franck, 
Portaels,  Payen  et  J.  Geefs,  fut  constitute  i  la  suite  de 
la  communication  ministerielle  du  i^'  mai  1872,  transmis- 
sived*une  requite  du  sieur  Dieltjens,  laur^at  du  concours 
d'arcbitecture  de  1871,  lequel  demandait,  ainsi  que  ses 
collogues,  une  majoration  du  taux  de  la  pension.  La 
seconde,  compos^e  des  m^mes  membrcs,  plus  MM.  Balat, 
£d.  Fetis,  G.  Geefs,  Robert  et  Simonis,  avait  pour  but  de 
s^occuper  des  conditions  de  voyage  des  pensionnaires. 

Elles  ont  &l6  fusionn^es  et  la  commission  qui  en  est 
resuUee  a  ^t^  convoqu^e  pour  le  jeudi  27  novembre  der- 
nier, i  une  beure,  au  local  de  FAcad^mie. 

La  commission ,  apr^s  avoir  H6  mise  au  courant,  par 
M.  L.  Alvin,  des  deliberations  anterieures,  et  aprds  un 
^change  de  remarqnes  sur  le  sujet  en  discussion ,  a  decide 
de  presenter  k  la  classe  un  projet  d'institution  d*un  local 
k  Rome  pour  les  pensionnaires  du  gouvernement. 

La  classe,  dans  sa  seance  de  ce  jour,  a  entendu  la  lecture 
de  ce  document.  Elle  en  a  vote  k  ruDanimite  la  prise  en 


(  642  ) 

consideration  et  d^cid^  qu*il  sera  imprim^  et  distribue  aux 
meinbres,  afln  de  pouvoir,  lors  d'une  prochaine  seance,  £tre 
Tobjet  d*une  discussion  approfoudie  avant  d*elre  sonmis  a 
M.  le  Ministre  de  Tint^rieur. 


Elections. 


La  classe  s'esl  constitute  ensuite  en  comite  secret 
pour  les  presentations  suppl^mentaires  de  candidatures 
aux  places  vaeanles. 

Elle  a  adopts  definitiveinent  la  liste  dressee  dans  sa 
derniere  reunion. 


(643) 


CLASSE  DES    SCIENCES. 


Seance  du  15  decembre  1S75, 

M.  GLUGE,directeiir. 

M.  Ad.  Quetelet,  secriitaire  perp^luel. 

Sont  presents  :  MM.  J.-B.  d*Omalius  d'Halloy,  L.  de  Ko- 
ninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Cdm.  de  Selys  Longchamps, 
H.  Nyst,  Mcisens,  J.  Liagre,  F.  Duprez,  G.  Dewalque, 
Ern.  Quetelet,  M.  Gloesener,  E.  Candeze,  F.  Cbapuis, 
F.  Donoy,  Ch.  Montiguy,  Sleichen,  Brialmont,  E.  Duponl, 
fid.  Morren,  fid.  Vaa  Beneden,  membres;  T.  Schwann, 
E.  Catalan,  associes;  Albert  Briart,  F.  Folie  etDe  Tilly, 
correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


Une  lettre  du  Palais  ex  prime  les  regrets  de  Leurs  Ma* 
jest^s  de  ne  pouvoir  assister  k  la  seance  publique  de  la 
classe. 

S.  A.  R.  le  Comte  de  Flandre  fait  exprimer  des  regrets 
semblables. 

MM.  les  Ministres  de  Tint^rieur  et  des  travaux  publics 
s'excusent  ^alement,  k  cause  de  leurs  nombreux  travaux, 
de  ne  pouvoir  accepter  I'invitation  de  TAcad^mie. 


(  644  ) 

—  M.  le  MiDistre  de  rinl^rieur  traDsmet  uoe  expeditioD 
d*un  arrel^  royal  du  9  de  ce  mois,  Dommant  M.  N.  De 
Keyser,  direcleur  de  la  elasse  des  beaux-arts  pour  1874, 
pr^sideDl  de  TAcad^inie  pour  la  m^me  annee. 


JUGEMENT  DU  CONCOURS  DE  1875. 


Quatre  memoires  onl  6l&  re^us  eo  r^ponse  aux  ques- 
tions du  programme  de  1873.  llsconcernent  la  1",  la  3"% 
la  4"'  el  la  6"'  question. 

PREMlilRE   QUESTION. 

Resumer  et  simpUfier  la  Iheorie  de  I'integration  des 
equations  aux  derivees  parlielles  des  deux  premiers 
ordres. 

Jlii|i|fOfl  «!•  Jf.  iP«  TiUff, 

<  Un  M^moire  avail  ^te  present^  d^ji,  en  1871,  en 
r^ponse  k  la  question  dont  Tenonce  vient  d*etre  reproduit; 
mais,  k  cetle  ^poque,  la  elasse  d^cida  de  mainlenir  ladite 
question  au  concours  pour  1873. 

Cetle  fois  encore,  un  seul  concurrent  s'est  presenle  et  11 
s*agit  aujourd^bui  de  juger  son  ceuvre,  ce  qui  n*est  pas  une 
l&cbe  ais^e,  car  le  M^moire  portant  pour  devise  :  Ingres- 
sum  instruasy  progressum  dirigasy  egressum  compleas 
(Saint  Thomas),  que  j*ai  eu  k  examiner  et  qui  renrerme, 
comme  cela  devait  Sire,  les  theories  les  plus  difficiles  et 
les  plus  abstraites  de  Tanalyse  moderne,  se  compose  de 
133  grandes  pages  d*une  Venture  serr^. 


(  645  ) 

Malgrecela,  I'auleur  n'a  Irailequ^une  partie  dela  ques- 
tion. Comme  je  viens  de  le  dire,  fAcademie  demandait  nn 
travail  sur  ies  Equations  aux  deriv^es  partielles  des  deux 
premiers  ordres;  or,  TOuvrage  qui  nous  est  soumis  contient 
uu  expose  des  principales  recberches  des  g^om^tres  sur  Ies 
equations  du  premier  ordre  seulernent,  C'est  un  point  sur 
lequel  je  rappellerai  Tattention  de  la  classe  lorsqull  s*agira 
de  formuler  des  conclusions. 

Mais  je  dois  commencer  par  faire  I'analyse  du  M^moire, 
puisque  Tarticle  38  du  r^glement  de  TAcad^mie  impose 
aux  comraissaires  Tobligatiou  de  motiver  leur  opinion  dans 
un  c  Rapport  detaille  »,  prescription  qui  doit  Stre  entendue, 
je  pense,  dans  le  sens  d^termin^  par  I'article  21  :<  Les  Rap- 
ports des  cominissaires...  devront  presenter  un  aperi^u  de 
ce  que  ces  Memoires  contiennent  de  plus  remarquable.  > 

Or,  d'apres  le  voeu  de  TAcad^mie,  le  M^nioire  lui-meme 
est  d^j^  un  apergu  de  tout  ce  qui  a  ^te  fait ,  dans  un  cer- 
tain ordre  d'id^es,  paries  geom^tres  modernes.  Comment 
devais-je  m'y  prendre  pour  r^sumer  encore  le  r^sum^  fait 
par  Pauteur? 

Trois  moyens  se  pr^sentaient. 

Le  premier,  qui  est  souvent  le  plus  commode  et  quel- 
quefois  le  meilleur,  consisiait  k  parapbraser  V Introduction, 
que  Tauteur  appelle  Plan  du  Memoire.  Mais  je  n*ai  pas  cru 
pouvoir  m'y  arrSter,  parce  que  je  ne  consid^re  pas  cette 
Introduction  comme  un  modele  de  clart^,  et  Tobservation 
qui  la  termine  me  fait  penser  que  Tauteur  sera  de  mon 
avis  sur  ce  point. 

Le  deuxi^me  moyen  consistait  i  d^fmir,  en  quelque 
sorte,  cbacun  des  proc^d^s  d*integration  des  Equations  aux 
d^riv^es  partielles  par  son  id^e  fondamentale  et  k  r^sumer 
ainsi  les  dift^rentes  m^tbodes  en  langage  ordinaire,  ou 
avec  le  moins  d'equations  possible. 


(  646  ) 

L'auteur  a  suivi,  dans  son  Ouvrage,  un  ordre  moitie 
didaclique,  moiti^  historique,  en  rattacbant  tous  les  tra- 
vaus  des  geom^tres  sur  les  Equations  aux  d^rivees  par- 
tielles  du  premier  ordre,  k  quatre  m^tbodes  qu'il  a  ap- 
pelves  : 

Hetbodes  de  Lagrange  et  de  Pfaff , 

M^tbode  de  Caucby, 

M^lhode  de  Jacobi , 

M^ibodes  de  Mayer  et  de  Lie. 

Or,  j'avais  r^ussi ,  in  pen  pr6s ,  h  exposer  sans  calculs  les 
id^es  fondamentales  des  m^tbodes  de  Lagrange,  de  PfafT 
et  de  Cauchy,nials  j*ai  recule  devant  I'application  du  mdmc 
travail  aux  m^tbodes  de  Jacobi,  de  Mayer  et  de  Lie. 

Le  troisi^me  moyen  consiste  k  d^Rnir  les  procedes  d^n- 
t^gration,  non  par  leur  id^e  fondamenlale,  mais  seulement 
par  leur  r^sultat  final,  c'est-i-dire  par  le  degr^  de  simpli- 
fication quails  apportent  dans  la  solution  du  probleme,  ou, 
en  d'autres  termes,  par  le  syst^me  d'^quations  qui  reste  k 
integrer  apr^s  Tapplication  du  proc^d6  de  transformation 
principal. 

C'est  sous  ce  dernier  point  de  vue  que  je  vais  resumer 
le  M^moire  de  Tauteur. 

Le  Livre  P'  est  consacr^  aux  m6tbodes  de  Lagrange  et 
de  Pfaff,  qui  contiennent  le  germe  des  d^couvertes  ult^ 
rieures  et  suffisent  pour  r^soudre  une  multitude  de  cas 
particuliers. 

Daus  le  cbapitre  P'  de  ce  Livre,  I'auteur  d6veloppe  la 
m^tbode,  trouv^e  par  Lagrange  en  1779,  pour  Tint^ra- 
tion  d*une  Equation  lin^aire  aux  d^riv^es  partielles  (*). 

(*)  Je  crois  ioulile  de  repeter  toujours  les  mots  :  ••  du  premier  onlre  *. 
lis  s*appliquent  ^  loutes  les  eqaations  differen  tie  lies  doiit  il  est  question 
dansce  Rapport. 


(  6*7  ) 
La  resolution  dc  ccUe  equation,  en  supposant  que  celle^i 
contienne  une  variable  d^pendante  et  n  variables  ind^- 
pendanles,  est  ramen^e  k  la  recherche  de  n  int^grales 
d*un  systeroe  de  n  equations  differentielles  ordinaires, 
entre  les  ra^mes  variables,  chaque  Equation  ne  renfermant 
que  deux  diffi§rentielles.  Le  m^me  systenae  auxiliaire  four- 
nit  aussi  la  solution  de  k  Equations  lineaires  simultan^es 
aux  d^riv^es  partielles,  an  —  k  variables  independantes, 
pourvu  que  chacune  des  Equations  donn^es  ne  renferme 

* 

que  les  derivees  partielles  d*une  seule  des  k  variables  de- 
pendantes,  et  que  les  termes  de  deux  de  ces  equations  qui 
renferment  des  deriv6es  partielles  prises  par  rapport  a  la 
meme  variable  ind^pendante,  aient  aussi  pour  coefficient 
la  meme  fonction  de  toutes  les  N'ariables. 

Les  deux  chapitres  suivants  sont  relatifs  k  la  m^thode 
de  Lagrange  (1772)  pour  Tintegration  des  equations  quel- 
conques  aux  derivees  parlielles  a  irois  variables,  par  la 
reduction  aux  equations  lineaires,  comme  nous  allons  Ic 
voir  pour  le  cas  de  n  + 1  variables ,  qui  nous  a  d&'jk  servi 
et  continuera  a  nous  servir  d*exemple. 

Le  cbapitre  IV  renferme  Textension,  faite  par  Jacobi 
en  1827,  de  la  methode  de  Lagrange  k  Tequalion  aux 
d^riv^es  partielles  contenant  un  nombre  quelconque,  n+1 , 
de  variables,  dont  une  seule  d^pendante.  Cettepartie  est 
^minemment  propre  k  montrer  Ic  lien  qui  existe  entre  la 
methode  de  Lagrange  et  celle  de  Pfaff  (18i4),  parce  que 
cette  derniere,  r^sum^e  dans  le  cbapitre  V,  conduit  k  des 
ealculs  identiques  avec  ceux  de  la  methode  de  Lagrange 
g£n^ralis6e  par  Jacobi ,  mais  effcctu^s  dans  un  ordre  in- 
verse. Seulement,  il  faut  observer  que  le  M^moire  de  Pfaff 
est  ant^rieur  k  celui  de  Jacobi  et  que,  par  consequent,  le 
premier  de  ces  g^omfetres  doit  etre  regard^  comme  le  veri- 
table invenleur  d*une  methode  g6nerale  dMnt^gration  des 


(  648  ) 

Equations  aux  d^rivees  partielles,  au  moyen  des  Equations 
differentielles  ordioaires.  De  plus>  Pfaff  a  expos^  la  ques- 
tion g^n^rale  de  rint^ration  d*une  Equation  aux  diffe- 
rentielles totales,  conlenant  un  nombre  quelconque  de 
variables,  ce  quiconstilue  le  probleme  qui  porte  son  oom. 
Mais  je  n'insislerai  pas  sur  ee  sujet,  puisqu*il  D*est  qu'in- 
directemenl  relatif  k  la  question  pos^e. 

La  m^thode  de  Lagrange,  g6n£ralis^  ou  eompldtde  par 
Pfaff  et  Jacobi,  ram^ne  Tint^gration  de  noire  Equation 
g^n^rale  aux  d^riv^es  partielles,  i  n  +  1  variables,  k  la 
recherche  de  2n  int6grales  d*un  syst6me  de  2n  Equations 
auxiliaires  semblables  k  celles  dont  nous  avons  parl£  plus 
haut;  mais,  parmi  les  solutions  que  Ton  obtiendrait  ainsi, 
il  ne  faut  admeltre  que  celles  qui  satisfont,  de  plus,  k  une 
equation  aux  diff6rentiellos  totales,  k^n  —  2  variables. 

II  importe  de  ne  pas  confondre  le  proc^^  de  Jacobi 
dont  il  vient  d*6tre  question  avec  la  Methodus  nova,  qui 
est  un  travail  postbume  de  eel  illustre  g^omelre^  publie 
seulement  en  1862,  par  Clebsch. 

Le  deuxi^me  Livre  est  principalement  relatif  k  la  m^- 
ibode  de  Gauchy  (1819),  dont  lecbapitre  P'  contient  I'ex- 
position.  Gelle  m^thode  ram^ne  Fint^ration  de  T^quation 
g^n^rale  pr^c^demment  cit^e  k  des  Equations  differen- 
tielles ordinaires,  identiques,  quant  k  leur  forme,  avec 
celles  que  Jacobi  a  trouv^es  plus  lard,  en  perfeclionnant  la 
m^thode  de  Pfaff,  et  dont  nous  avons  parl6  deji;  mais, 
dans  ces  Equations,  toutes  les  variables  sont  supt>os^es 
exprim^esen  fouction  de  Tuned^elles,  x.,  el  de  n  —  1  varia* 
bles auxiliaires:  U|, ti j....,u..|,lesquelles,d*ailleurs,  nese 
trouvent  plus  dans  les  Equations  auxquelles  le  probleme 
est  ramen^.  Toutefois,  les  2/i  inl^grales  de  ces  Equations 
conliennent  les  valours  initiales  des  variables ,  c*est-^-dire 
celles  qui  r^pondent  a  une  valeur  determin£edex«,  etqui 


(  649  ) 

sont  encore  des  fonclions  des  quanlit^s  u.  II  reste  i  Ics 
choisir  de  mani^re  k  satisfaire  aux  n  —  1  ^qualioas 
analogues  i 

dui  dUi  dUi 

(x|, ....,  x._4  sonl  les  n  —  1  variables  ind^pendantes  au- 
tres  que  x„;  z  est  la  variable  d^peudante;  pi , ....,  p._i  sont 
les  derivies  partielles  de  z,  par  rapport  i  X| ,  ....,x,«i). 

Le  syst^me  d'^quations  de  Cauchy  a  &i6  retrouve  par 
Meyer,  ancien  menabre  de  notre  elasse,  dans  nn  Memoire 
ins^r6  parmi  ceux  de  TAcad^mie  pour  1853.  La  m^thode 
de  Meyer,  dont  il  n'est  pas  question  dans  le  travail  que 
j*analyse  en  ce  moment,  est  bas^e  sur  Pemploi  direct  des 
conditions  d'int^grabilit^. 

Le  chapitre  11  renferme  les  recberchesde  M.  Serret,  prin^ 
cipalement  sur  les  cas  critiques  de  la  melhode  de  Cauchy. 

Le  chapitre  III  contient  un  expos^  sommaire  de  la  m^- 
thode  encore  incompl^tement  connue  de  Lie,  en  prenant 
pour  base  la  m^thode  de  Cauchy.  Nous  retrouverons  plus 
loin  les  rfeullats  principaux  de  M.  Lie. 

Le  troisi^me  Livre  est  consacr^  principalement  k  la  me- 
lhode de  Jacobi  (Methodus  nova\  que  ce  g^om^lre  poss^- 
dait  depuis  1838,  et  dont  les  principcs  ont  ete  retrouves 
vers  1853  et  1854,  par  Bour,  Donkin  et  M.  Liouville,  mais 
qui  n'a  ete  publi^e  qu*en  1862,  par  Clebsch. 

I/exposiiion  de  cetle  m^thode  se  trouve  dans  les  deux 
premiers  chapitres.  Elle  reduit  d*abord  la  solution  g^n^rale 
i  I'int^gration  d*£qualions  lin^aires  aux  d6riv£es  partielles, 
et  linalement  a  la  recherche  de  "^"^^^  int^grales  d'aulant 
de  syst^mes  d'^quations  analogues  k  celles  que  nous  avons 
rencontr^es  d^ji  dans  les  m^thodes  de  Lagrange  et  de 
Cauchy. 

3"**  S^HIE,  TOME  XXXVI.  43 


(  680  ) 

La  solution  se  complete  par  riDt^ralioo  d'uQe  ^aation 
aux  diff^reiilielles  totales,  qui  doDDO  ia  valeur  de  z. 

La  m^lhode  de  Jacobi  exige  done,  au  moins  en  appa- 
rence,  plus  d'int^grations  que  les  precedentes,  mais  elle  se 
siropliQe  beaucoup  dans  la  pratique  et  nous  verrons  plus 
loin  que  le  nombre  des  integrations  a  pu  dtre  consid^ra- 
blement  r^duit. 

Le  chapilre  III  est  consacr^  &  la  Ih^orie  de  Bour,  pour 
rint^gration  des  Equations  simultanees  aux  d^riv^es  par- 
lielles  et  k  la  m^lhode  de  Boole  relative  i  ces  mimes 
Equations,  dans  le  cas  oii  elles  sont  lin^aires. 

Le  cbapilre  IV  contient  un  risum^  des  m^lbodes  de 
Clebscb  et  de  Weiler,  pour  I'integration  des  Equations 
lineaires  aux  dirivies  parlielles  auxquelles  conduit  la  m^ 
ihode  de  Jacobi.  Au  lieu  des  "  ^"^  ^^  systemes  d'^qualions 
dont  il  fallail  trouver  une  inl^rale,  dans  cetle  derni&re 
m^thode,  il  n*y  a  plus,  en  general ,  que  2n  — 1  systemes 
d'iquations  ^  inl<^grer,  en  cherchant  toujours  une  int^rale 
de  chaque  syst^me,  mais  il  se  pr^nte  des  cas  d'exceplion. 

Le  Livre  quatri6me  contient  un  expos6  sommaire  des 
theories  ricenles,  ^quivalentes  ou  k  pen  pres,  quant  k  leurs 
risultats,  de  MM.  Mayer  et  Lie. 

Le  premier  chapitre  de  ce  Livre  contient  un  proc^£ 
nouveau,  dA  i  M.  Mayer,  pour  Tint^gration  des  Equations 
lineaires  fournies  par  la  m^thode  de  Jacobi,  proc^di  qui 
riduil  le  nombre  des  systemes  d*equations  difT^rentielles 
ordinaires  et  des  integrates  &  obtenir^  n,  c*est-i-dire  a 
moitie  moinsy  i  peu  pris,  que  dans  la  m^tbode  la  plus 
favorable  apres  celle-ci  (Weiler  et  Clebscb).  Un  r^sultal 
analogue  a  iti  trouvi  aussi  par  M.  Lie. 

Le  chapitre  H  renferme  une  exposition  sommaire  de  la 
m^thode  de  Lie,  d'apris  M.  Mayer,  car  M.  Lie  n'a  pas  encore 
public  la  demonstration  complete  des  thioremes  qu'il  an- 


(  6S1  ) 

nonce  et  qu'ila  bases  sur  la  conception  moderne  et  fSconde 
de  la  G^om^lrie  i  un  nombre  quelconque  de  dimensions. 

La  m^thode  de  Lie  ramene  successivement  un  syst^mc 
de  9  + 1  ^ualions  aux  derivees  partieiles,  k  n-hq  varia- 
bles  ind^pendanles,  ayant  une  solution  complete  avec 
n  constantes  arbilraires^  i  q  £quatio|)s  avec  n  +  9  —  1  va- 
riables ind^pendantes,  ....  et  fmalement  k  une  Equation 
avec  n  variables  independantes. 

Cesl  au  moyen  de  la  m^thode  de  Bour,  cit^e  plus  haijt  . 
que  Ton  pent  constater  si  un  syst^me  d*^quations  aux  de- 
rivees partieiles  possMe  une  solution  contenant  un  nombre 
de  constantes  arbitraires,  6gal  au  nombre  des  variables, 
motns  celui  des  Equations.  Si  le  syst^me  ne  jouit  pas  de 
cette  propriety,  Bour  a  precis^ment  indiqu^  le  moycn  de  la 
lui  donner,  en  y  ajoutant  des  Equations  convenablement 
d^terniinees. 

Comme  on  le  voit,  la  methode  que  nous  avons  appel^e 
m^thode  de  Lie  ram^nc  rint^gralion  d*un  syst^me  d*equa- 
(ionsaux  d^riv^es  partieiles  k  celle  d*une  Equation  unique ; 
alors  la  methode  de  Jacobi ,  compl^tee  par  celle  de  Mayer, 
par  exemple,  et  combin^e,  dans  ses  cas  les  plus  d^ravo- 
rables,  aveccelle  de  Caucby,  servira  k  effectuer  Tintegration 
avec  le  plus  de  facility  possible.  La  methode  de  Lie,  consi- 
d^r^e  en  elle-meme,  permet  aussi,  d'ailleurs,  d'int^rer 

» 

une  Equation  unique.  Tel  est  I'^tat  actuel  de  la  question. 
Le  r^sum^  succinct  que  je  viens  de  presenter  du  M6- 
moire  de  concours  n'est  pas  suflisant,  peut-etre,  pour  (aire 
appr^cier  toutes  les  parties  de  ce  travail,  ni  surtout  pour 
indiquer  nettement  la  part  qui  revient  k  Tauteur  dans 
Tex  position  des  mdthodes.  Mais  je  crois  pouvoir  ajouter 
qu'en  general  il  a  r^ussi  a  rendre  cette  exposition  claire , 
k  coordonner  les  travaux  des  g^ometres  d'une  mani&re 
logiqne,  k  les  simplifier  dans  la  mesure  permise  par  la 


(  682  ) 

difficult^  Daturelie  du  sujel,  el  enfio  k  completer,  sur 
certains  points,  des  demonstrations  insuiBsantes  donn^, 
soit  par  les  auteurs  mdmes  des  procedes  d'integration,  soit 
par  d'autres  aualystes. 

Je  dois  dire  cependant  (et  Tauteur  le  reconnait  dans  son 
Introduction)  que  ce  M^moire  a  ^t^  ecrit  trop  vite  :  la  re- 
daction est,  en  g^n^ral,  assez  peu  soign^  et  les  fautes  de 
copie  sont  nombreuses. 

Mais  je  ne  crois  pas  pouvoir  en  conclure  qn'il  faille  re- 
fuser le  prix  et  remettre  de  nouveau  4  deux  ans  le  joge- 
ment  detinilif  du  concours.  Je  dis  d  deux  ans^  c*est-i-dire  k 
1875,  et  non  k  1874  (les  questions  pour  1874  ^tant  deja 
arrSt^es),  de  meme  qu'en  1871 ,  la  question  a  ^t^  remise  au 
concours  pour  187«5  ct  non  pour  1872.  Une  pareille  d^i- 
sion  aurait  peut-^tre  pour  effet  de  d^courager  un  savant 
qui  me  paratt  m^riter,  au  contraire,  les  encouragements 
de  I'Acad^mie. 

Je  n'altacherai  pas  non  plus  une  importance  majeure  kh 
circonstance  que  j*ai  signalee  plus  haut,  c*est-i-dire  a  la 
restriction  apport^e  par  Tauteur  dans  la  question  poste. 

II  justitie  la  resolution  qu'il  a  cru  pouvoir  prendre  de  ne 
s*occuper  que  des  Equations  du  premier  ordre,  en  disant 
que  les  travaux  r^cenls  de  MM.  Imschenetsky  et  Grain- 
dorge  r^pondent  k  Tautre  partie  de  la  question,  tandis  que 
ces  travaux  sont  incomplets  en  ce  qui  concerne  les  ^qua^ 
tions  du  premier  ordre.  D*ailleurs,  en  se  bornant  a  ces  der- 
ni^res,  Tauteur  a  produit  une  oeuvre  considerable,  dans 
laquelle  il  a  fait  preuve  des  connaissances  analytiques  les 
plus  profondes  et  d'une  vaste  erudition. 

Pour  ces  motifs,  j*ai  Thonneur  de  proposer  k  la  classe 
de  lui  decerner  le  prix  du  concours,  et  d*ordonner  Tim- 
pression  de  son  travail  dans  le  Recueil  des  Memoires  cou- 
ronnes,  in^"".  > 


.(  653  ) 


J|«|»|»o**f  «fe  Jr.  #*.  Vo9i9, 

«  Apres  le  r&urn^  substanliel  doDt  noire  honorable 
confrere  M.  De  Tilly  vient  de  donner  lecture  k  la  classe» 
nons  croyons  pouvoir  nous  borner  ^  vous  presenter  quel- 
ques  observations  g^n^rales  sur  la  composition  du  long  et 
consciencieux  travail  qui  est  soumis  ill  votre  jugemenl. 

Avant  tout  nous  nous  sommes  demand^  quelle  devait 
^tre  la  nature  du  m^inoire  envoy^  en  response  k  la  question 
pos^e,  pour  satisfaire  aux  voeux  de  la  classe. 

Etd'abord,  comment  Fauteur  devait-il  entendre  le  mot 
exposer? 

Fallait-il  r^sumer  toutes  les  d^couvertes  importantes , 
ou  bien  les  fondre  dans  une  synthase  qui,  s'appuyant  sur 
leurs  r^sultats,  eAt  pr^sent^  sous  une  forme  didactique 
rint^gration  des  Equations  aux  deriv^es  partielles  ? 

Entendue  de  la  premiere  mani&re,  la  question  nous  sem- 
blait  plutdt  une  question  de  concours  universitaire  qu'une 
question  academique.  C'est  pourquoi  il  nous  semble  que  si 
nous  nous  en  ^tions  occup^,  nous  Taurions  probablement 
entendue  autrement. 

Tel  n'a  pas  ^t^  tout  i  fait  le  sentiment  de  Tauteur,  qui 
a  cherch^  k  coordonner  entre  eux  les  diffi6rents  travaux 
sur  la  mati^re  en  suivant  I'ordre  des  decouvertes  autant 
que  Tordre  logique  le  lui  permettait. 

Peut-on  lui  en  faire  un  reproche?  En  traitant  le  sujet 
decette  mani^re,  n'est-il  pas  rest^  dans  les  termes  m^mes 
de  la  question  pos^e  ? 

Nous  croyons  qu'on  doit  r^pondre  affirmativement, 
quand  bien  m£me  on  eut  pr^f6r^  la  voir  traiter  d'une  ma- 


(  684  ) 

niire  moins  bistorique;  ets'il  en  est  ainsija  seule  chose 
que  le  commissaire  ait  h  examiner  est  si  ie  travail  ainsi 
enlendu  est  complet,  clair  et  bien  coordonn6. 

[I  y  a  encore  dans  T^nonc^  de  la  question  un  autre 
terme  sur  le  sens  duquel  il  est  permis  d'hesiter,  c*est  celui 
de  simplifier.  Cerles  si  rAcad<^mie  avait  voulu  exprimer 
par  la  Ic  voeu  que  Tauleur  d^couvrit  une  inethode  plus 
simple  que  celles  qui  sont  aujourd*hui  connues,  elle  ne 
pouvait  gu&re  esp6rer  dans  un  avenir  prochain  la  solution 
de  celte  question  sur  laquelle  le  g^nie  de  Jacobi,  h  peine 
^teint,  s*^lait  exerc^  pendant  toute  sa  carri^re. 

Ce  n'estdonc  pas  la  le  sens  que  nous  devons,  semble- 
t-il;  attacher  au  mot  simplifier;  et  dansce  cas,  notre  exa- 
men  pent  se  r^duire  aux  trois  points  que  nous  avoos 
signal^s  plus  haut. 

Avant  de  les  aborder,  nous  ferons  cependant  encore  une 
remarque  gen^rale  sur  la  mani^re  dont  Tauteura  traitela 
question. 

Les  progres  qu*elle  a  r<ialis^s  dans  le  si&cic  acluel  sont 
dus  surtout  h  Tunion  de  Tan^lyse  avec  la-m^canique  ra- 
tionnelle,  comme  le  t^moignent  les  travaux  des  Hamilton 
et  des  Bour,  et  tout  particuli^rement  ceux  de  Jacobi,  qui  a 
meme  fait  renlrer  une  partie  de  ses  rechercbes  sur  rin(£- 
gration  des  Equations  aux  deriv^es  parlielles  dans  ses 
Lefons  de  dynamique,  L'auteur  du  m^moire  a  cru  pouvoir 
ne  pas  s'occuper  des  liaisons  intimes  que  la  question  pr^- 
sente  avec  la  solution  des  probl6mes  de  m^canique,  et  qui 
sont  si  propres  k  jeter  de  la  lumi^re  sur  Torigine  des  plus 
belles  d^couvertes,  et,  par  1^  mc^me,  k  ouvrir  peut-etre  de 
nouveaux  horizons. 

Sans  doute  il  aura  voulu  rester  dans  les  termes  m^mes 
de  la  question  pos^e.  Nous  croyons  cependant  pouvoir 


(  6S8  ) 

faire  remarquer  qu'il  donne  parfois  des  interpretations 
g^ometriques  des  r^sultats  obtenus,  et  nous  nous  sommes 
demand^  pourquoi  il  faisait  exception  en  faveurde  la  g^o- 
m^trie  au  detriment  de  la  m^canique.  II  eAt  ^t^  d*autant 
plus  en  droit  d*indiquer  jusqu'i  quel  point  cette  derniere 
science  avail  contribu^  aux  progr^  de  la  question  qu'il  a 
suivi  k  peu  pres  dans  son  exposition  Fordre  des  d^cou- 
vertes. 

Aprte  ces  quelques  observations  sur  la  maniere  dont 
Tauteur  a  compris  les  termes  de  la  question  et  sur  le  plan 
de  son  travail ,  nous  devrions  aborder  en  detail  Texamen 
des  trois  points  sur  lesquels  il  nous  semble  que  doit  surtout 
porter  le  jugement.  Mais  le  temps  excessivement  restreint 
que  nous  avons  eu  k  notre  disposition  ne  nous  a  pas  per- 
mis  d'^tudier  ce  long  m^moire  avec  tout  le  soin  qu*il  m^- 
rite ;  et  cette  circonstance  nous  oblige  k  dtre  assez  reserve 
dans  les  critiques  ou  plutdt  dans  les  conseils  que  nous 
nous  permettrons  d*adresser  k  Tauteur. 

Le  premier  point,  et  le  plus  important,  est  celui  de  sa- 
voir  si  le  travail  est  complet. 

Disons  tout  d'al)ord  que  nous  excusons  ais^ment  Tau- 
teur ,  en  faveur  de  ses  laborieuses  recherches  sur  le  pre- 
mier ordre,  d'avoir  laiss^  de  cdt^  ce  qui  concerne  le 
second. 

L'un  de  vos  commissaires  a  d£ji  indiqu^  une  l^ere 
lacune  dans  le  m^moire  soumis  au  ji^ement  de  la  classe, 
el  je  suis  heureux  que  Toubli  du  nom  de  Meyer,  que  j'ai 
eu  le  bonheur  d'avoir  pour  maitre,  ait  et^  signal^  par  un 
autre  que  moi. 

Une  seconde  lacune  se  rencontre  encore,  nous  a-l-il 
paru,  el  elle  a  peut-etre  pour  cause  le  parti  qu'a  pris 
rautcur  de  ne  pas  s'occuper  de  Tapplication  des  equations 


C  656  ) 

aux  d^riv^es  parlielles  aux  problemes  de  la  dyoamique. 
Quoiqu'il  se  soil  ^tendu  avec  pr^diieclion  sur  les  travaax 
de  Jacobi,  qui  reste,  jusqu*^  prdseot,  le  grand  maltre 
eo  celte  mati^re,  et  qu'il  ait  mSme  analyst  plusieurs  de 
ses  Lemons  de  dynamique^  nous  ne  croyons  pas  avoir 
lrouv6  dans  son  meinoire  le  r^sum^  de  ceux  qui  onl  ele 
publics  i  la  suite  de  ces  lemons  sous  les  n""'  2  el  5,  et  dont 
le  dernier  est  relatif  k  une  extension  de  la  methode  de 
Lagrange.  Ces  deux  m^moires  de  Jacobi  se  rattacbeoi 
cependanl  de  la  mani^re  la  plus  direcle,  on  le  voil,  k  la 
question  pos^e. 

Quant  au  second  point,  la  clarl^,on  ne  peul  en  general 
reprocher  k  Tauteur  que  des  vices  de  forme  qu'excuse  la 
precipitation  qu'il  a  dA  niettre  dans  la  redaction  de  son 
travail,  et  un  peu  de  laconisme  dans  I'indicalion  de  quel- 
ques  notations  symboliques.  Ces  d^fauts,  peu  importanls 
dans  des  recherches  propres,  qui  ne  s*adresseut  qu*a  des 
savants  versus  dans  la  partie,  le  deviennent  davanlage 
dans  une  oeuvre  qui  rev6t ,  comme  celle-ci  j  un  caractere 
presque  c^idactique.  De  plus,  I'auteur  avoue  lui-m^me,  h 
propos  des  recherches  toutes  recentes  de  Lie,  f  qu'il  n*a 
pu  reconstruire  la  profonde  methode  du  g^ometre  norwe- 
gien  >  qui,  du  reste,  n'y  a  pas  encore  mis  la  derni^re  main. 

Pour  ce  qui  regarde  la  coordination,  en  admettant  le 
plan  tel  qu'il  a  ^l^  couqu  par  I'auteur,  on  doit  reconnaitre 
que  celui-ci  a  su  rattacher  les  unes  aux  autres  dans  un 
ordre  logique  les  differentes  m^thodes  qu'il  expose,  el 
c'esl  par  ce  m^rile  comme  par  celui  d'avoir  consciencieu- 
sement  analyst  toutes  les  m^lbodes,  que  son  travail  est 
encore  digne  de  fixer  ratlention  apr^s  ceux  qui  ont  paru 
recemment  sur  le  m^me  sujet. 

Cerlainement  ce  travail  gagnerait  beaucoup,  a  noire 


C  6S7  ) 

avis,  si  I'auteur  le  revisait  de  maniere^  fondre,  pour  ainsi 
dire,  en  une  seule  toutes  ces  in^tbodes  comme  il  semble 
en  certains  endroitsen  enlrevoir  la  possibility,  et  comme 
]|  Vedl  fait  sansdoute  s'il  en  avait  eu  le  temps. 

Dans  tons  les  caa,  si  TAcad^mie,  comme  je  I'esp^re, 
vote  rimpression  du  travail,  il  faut  qu'elle  permette  h  Tau- 
teur  d'abord  d'en  faire  disparaitre  les  vices  de  forme  qui 
ont  et^  signal^s,  ainsi  que  Tanalyse  imparfaile  des  recher- 
cbes.de  Lie,  i  moins  qu'ii  ne  puisse  la  completer  d*apr^ 
des  Iravaux  posl^rieurs  de  ce  geom&tre;  et  ensuite^  d  y 
faire  rentrer  ceux  de  Meyer  et  de  Jacobi  dont  nous  avons 
parl£. 

Les  considerations  qu'a  fait  valoir  M.  De  Tilly  contre 
une  nouvelle  remise  de  la  question  au  concours  nous  pa- 
raissant  p<^remptoires,  et  le  m^moire  soumis  au  jugement 
de  la  classe  £tant  digne,  par  le  travail  consciencieux  et 
r^rudition  dont  il  (6moigne,  d*etre  couronn^  par  I'Acad^- 
mie,  j*ai  Thonneur  de  proposer  ^  la  classe  de  d^cerner  le 
prix  a  Tauteur  et  de  voter  Timpression  de  son  m^moire,  en 
Tcngageant  a  le  soumettre  k  une  revision  dans  le  sens  des 
observations  ou  plut6t  des  conseils  que  sa  lecture  m'a 
sugg^r^s.  B 

Conform^ment  aux  conclusions  des  rapports  qui  prece- 
dent, conclusions  auxquelles  a  adhere  le  troisiime  com- 
missaire,  M.  Catalan,  la  classe  decide  de  decerner  la  me- 
daille  d*or  k  Tauteur  du  memoire  presente;  Touverture  du 
billet  cachete  a  fait  connattre  que  ce  travail  est  dd  i 
M.  Paul  Mansion,  professeur  k  TUniversite  de  Gand. 


(  658  ) 


TROISIEME   QUESTION. 

On  demande  un  expose  des  connaissances  acquises  sur 
les  relations  de  la  chaleur  avec  le  developpement  des  vige- 
laux  phanerogames,  partial  lierement  au  point  de  vue  des 
phenomenes  periodiques  de  la  vegetation ,  et,  a  ce  propos, 
discuter  la  valeur  de  Vinfluence  dynamique  de  la  chaleur 
solaire  sur  Vevolution  des  plantes. 

Le  m^moire  re^u  en  reponse  k  cetle  question  porte  pour 
devise  :  Le  fait  materiel  qui  parait  le  plus  desordonne  est 
regi  par  des  lois. 

c  Le  m^moire  envoy^  i  mon  appreciation  est  divisi  en 
huit  chapitres. 

Dans  le  cbapitre  I  (du  calorique  et  de  la  force  d*or- 
ganisation),  Tauteur  ^tablit  son  point  de  depart  et  se  base 
sur  ce  principe  que  toute  plante  est  active  au-dessus  d*one 
certainc  temperature.  On  donne,  dit-il,  le  nom  de  force 
aux  causes  des  phenomenes  materiels,  et  il  constate  que  le 
calorique  est  une  force  mobile.  Le  cbapitre  II  est  intitole  : 
DU  plan  d*organisation.  II  considere  d*abord  Yeocisience  de 
plans  dans  les  associations  physiques  de  la  matiere  :  de  la 
cohesion,  de  I'afBnite  et  de  la  cristallisation  il  passe  k  Tor- 
ganisalion.  Mais  le  monde  physique  est  incapable  d'evolo- 
tions;  les  organismes  seulssont  capables  d^evolutlon  et  de 
transformation.  Tandis  que  dans  la  cristallisation  la  ma- 
tiere trouve  en  elle-meme  le  plan  de  cristallisation ,  lors- 
qu'elle  s*organise  eile  trouve  dans  la  matiere  dejik  organisee 


(  659  ) 

son  plan  d'^volution  :  d'ailleurs  la  plus  petile  portion  de 
maliere  organis^e  emporte  avec  elle  le  plan  d'organisalion. 
Puis  il  examine  en  quoi  consiste  le  plan  d'organisalion.  II 
distingue  dans  tout  organisme  la  forme,  la  structure,  la 
composition,  les  phases,  les  besoins,  c*est-^-dire  les  con- 
ditions physiques  d*existence.  Quant  a  la  transmission  du 
plan  d' organisation ,  elle  r^sulte  exclusivement  del'orga- 
nisation  de  la  mati^re  k  Tinterieur  des  etres  vivants.  Mais 
il  faut  reconnaitre  cerlaines  alterations  du  plan  d*organisa- 
tion  et  notamment  une  adaptation  au  climat,  c'est-^-dire 
une  acclimatation  dans  les  limites  entre  lesquelles  toutes 
les  variations  sont  possibles.  Nous  sommes  aussi  de  cet 
avis,  mais  contrairement  k  Topinion  de  Tauteur,  nous  pen- 
sons  que  c'est  par  les  graines  que  les  esp^ces  varient  le 
plus  et  nous  ne  reconnaissons  pas,  comme  lui,  une  grande 
influence  modificatrice  aux  causes  exterieures  agissant  par 
insuffisance  ou  en  exc^s. 

Le  chapitre  III  traite  de  Taction  g£n£rale  du  galo- 
RiQUE.  Apres  une  distinction  essentielle  entre  Taction 
propre  du  calorique  et  son  influence  par  impression,  Tau- 
teur  aborde  ici  la  question  proprement  dite. 

La  force  de  groupement,  comme  il  appelle  le  travail 
organique,  reclame  Yimpression  d'une  certaine  quantite 
de  force  mobile;  il  compare  Tintervention  de  cette  force  5 
une  action  de  presence,  i  la  force  catalytique  de  Berz^lius 
ou  encore  ^  une  impression  tonique  et  excitante.  11  insiste 
sur  la  difllSrence  entre  Timpression  du  calorique  et  Taction 
du  calorique,  et  il  estime  que  Tactivit^  organique  se  mani- 
festo sous  Timpression  du  calorique  et  qu'elle  est  ind^pen- 
dante  de  Taction  du  calorique. 

Tout  en  reconnaissant  cette  impression  g^n^rale  de  la 
temperature,  nous  croyons  aussi  k  Tabsorption  de   la 


(  660  ) 

chaleur  dans  les  phenomenes  de  Torganisalion  v^elale. 
Elle  est  d^montree  par  le  d^gagemeDt  de  chaleur  qai  se 
manifeste  dans  toute  decomposition  de  matiere  v^^lale 
et  d'ailleurs  le  mouvement  de  croissance  est  une  transfor- 
mation de  force.  Seulement  les  ph^nom&nes  d'^volution 
ou  de  croissance  ne  sont  jamais  imm^diats^  mais  ils  ii&ces- 
sitenl  une  depense  de  force  pr^alablement  emmagasinee 
par  Forganisation.  II  est  incontestable  que  cetle  depense 
de  force  s'accomplit  sous  certaines  impressions.  J*ai  diji 
insiste  au  Congres  de  Saint-P^tersbourg  (1)  et  devant 
TAcademie  (2)  sur  ce  fait  que.  T^laboration  de  la  matiere 
organique  est  un  ph^nom^ne  propre  aux  veg^taux  et  qu*il 
faut  distinguer  de  la  vie  g^n^rale;  encore  est-il  propre 
aux  plantes  vertes  seulement,  les  champignons  n'ayanl 
que  la  vie  g^n^rale.  Cette  Elaboration  n'est  pas  la  nutrition 
proprement  dite:  celle-ci  tire  son  substratum  dans  les  pro- 
duits  de  cetle  Elaboration  qui  me  semble  Etre  liEe  5  ce  que 
j'appellcrai  Tendothermie,  c*est-&-dire  une  absorption  de 
chaleur.  La  nutrition,  en  consommant  les  produits  de 
I'Elaboration,  manifeste  des  phenomEnes  de  mouvement, 
et  la  force  dont  ce  mouvement  suppose  Taction  trouve  son 
origine  dans  la  chaleur  condensEe.  II  n*en  est  pas  moins 
vrai  que  la  nutrition  doit  se  faire  sous  I'impression  d'one 
chaleur  dElerminEe,  c'est-^-dire  dans  un  milieu  convenahle. 

En  deux  mots,  il  faut  distinguer  Taction  de  la  chaleur 
et  Tinfluence  de  la  temperature. 

Dans  le  lY**  chapitre,  Tauleur  passe  a  TEtude  de  Tim- 


(1)  Sur  rinfluence  de  la  lumidre^  dans  le  Ballelin  du  Congrte  inier- 
iiational  de  bolaniquedeSaiDl-Pdtersbourg,  p.  110, 1870. 

(2)  Introduction  a  I'^tude  de  ta  nutrition  des  plantes^  Bollitiii  m 
l'Acad^hie  rotale  de  Bclgique,  decembre  1872. 


(661  ) 

PRESSION  DE  LA  CHALEUR  SOLAIRB  SUR  LES  V^.G6taUX.  II  rap- 

pelle  les  ^l^meols  de  physique  concernant  la  radiation 
solaire  et  il  dislingue  la  chaleur  direcle,  la  chaieur  r^frac- 
t^e,  la  chaleur  r^fl^chie,  la  chaleur  diffuse  et  la  chaleur 
obscure.  L'auteur  dil  ici  que  la  lumi^re  n'a  pas  d'action 
propre  analogue  k  celle  du  calorique,  qu'elle  possMe  una 
influence  due  k  son  impression  et  enOn  que  la  lumi^re 
absorb^eest  perdue;  ce  dernier  mot  m'^ ton neet  me  paratt 
incomprehensible. 

L*auteur  du  m^moire  passe  ensuite  aux  e/fets  de  la  cha^ 
leursur  les  plantes  :  il  constate,  avec  raison,  que  la  cha-- 
leur  obscure  sufTil  pour  determiner  Taclivite  vitale,  notam- 
inent  pour  la  germination,  pour  le  d^veloppement  des 
tubercules,  pour  la  croissance  des  racines.  Quanta  T^labo- 
ration  chlorophyllienne.,  il  lui  faut  la  chaleur  lumineuse. 
L'auteur  traite  parfaitement  cette  question,  notamment 
quand  il  reconnatt  que  la  quantity  de  calorique  necessaire 
pour  produire  le  travail  organisateur  est  particuli^re  k 
chaque  esp^ce  v^getale;  que  chaque  acte  d*evolution  exige 
une  temperature  speciale;  qu'au-dessous  du  degre  neces- 
saire pour  determiner  le  travail  organisateur  Timpression 
du  calorique  ne  produit  absolument  ricn ;  que  Timpression 
de  la  chaleur  a  son  zero  absolu  lequel  est  propre  k  chaque 
espece  vegetale  et  meme  k  chaque  phenomene  organique; 
enUn  que  passe  ce  point,  le  travail  commence  d*abord 
faibleet  lent,  puis  s*active  d'autant  plus  que  Timpression 
devient  plus  intense.  Nous  nous  plaisons  k  louer  Tobserva- 
tion  suivante :  c  L'impression  du  calorique  n'a  pas  de 
limite  superieure  propre;  plus  elle  est  intense,  plus  elie 
tend  k  determiner  une  activiie  meilleure,  plus  elle  est 
lonique  et  excitante.  Mais  elle  est  limitee  dans  ses  resul- 
tats  utiles  par  Taction  du  calorique  qui  volatilise  les  sub- 


(  662  ) 

stances  coatenues  dans  le  vegetal  et  par  les  conditions  dn 
travail.  Ainsi,  je  suppose  qu*un  v^g^tal  emploie  k  une  tem- 
perature de  lO""  loute  Feau  que  lesol  peut  lui  foornir,  les 
r^sullats^d'uDe  temperature  de  20''  seroal  necessaii-ement 
moins  considerables,  puisqu'une  partie  de  feau  qui  aarail 
pu  etre  ulilisee  sera  enlevee  par  evaporation.  > 

L'influence  de  la  chaleur  sur  la  germination  est  briite- 
ment  exposee.  L'auteur  ne  ditrien  de  Timportant  memoire 
de  M.  Wi.  Koeppen  publie  par  la  Socieie  des  naturalistes 
de  Moscou  en  1870,  et  d'apr^s  lequel  les  variations  de 
temperature,  loin  de  favoriser  fallongement  de  la  radicule 
pendant  la  germination,  lui  seraient  nuisibles.  D'apres 
M.  Koeppen,  la  croissance  pendant  la  germination  est  d*au- 
tant  plus  rapide  que  la  temperature  est  plus  eievee  et  plus 
constanle;  il  Ta  prouve  par  Texperience  suivante.  II  a  laisse 
pendant  144  beures  un  pcft  ^  une  temperature  presqae  con- 
stanle de  15%1  C;  un  autre  a  ete  eievc  deux  fois  i  celle  de 
t20%  tout  en  etant  mainlenu  le  reste  du  temps  4  la  mdnie 
temperature  de  15%1;  enfin  un  troisi^me  a  ete  porte  jusqa^jl 
30^,  le  minimum  etant  toujours15%l.  Bien  que  la  tempe- 
rature moyenne  de  chaeune  de  ces  trois  experiences  ait  ete 
pour  la  premiere  de  IS"",! ,  pour  la  deuxieme  de  16''  el  pour 
la  troisieme  de  18%  la  longueur  moyenne  de  la  racine  des 
pois  qui  croissaient  dans  chacun  des  pots  a  ete  de 
110  millimetres  dans  la  premiere  experience,  de  88  milli- 
metres dans  la  deuxieme  et  dans  la  troisieme  seulement  de 
56  millimetres  (1). 

L'auteur  aborde  ensuite  V influence  de  la  vegetation  else 
place  sur  le  terrain  mSme  de  la  question,  c  La  vegetation, 


(()  BulUlin  bibliogr.  de  la  Soc.  boL  de  France, p.  151, 1873. 


(  663  ) 

dit-il,  est  une  activity  complete,  elle  n*a  pas  besoiQ  de 

substances  produites  par  une  activity  ant^rieure;  au  cod- 

traire,  elle  est  capable  de  former  elle-m^roe  des  reserves. 

Les  materiaux  de  ce  travail  son(  le  carbone,  Toxyg^ne  et 

Teau;  la  chaieur  solaire  est  le  stimulant,  la  mati^re  orga- 

nis^e  donne  le  plan  et  les  trames  veg^tales  avec  ce  qu'elles 

renferment,  constituent  le  f^ultat.  Cest  cette  activity  qui 

est  rindividualit^,  qui  est  TStre  vivant.  >  Viennent  ensuite 

de  bons  passages ,  avec  des  considerations  nouveltes  sur 

les  rapports  de  la  dur^e  des  actions  caloriflqucs  et  lumi- 

neuses  avec  Tabsorption  de  Teau  et  de  Tacide  carbonique. 

€  En  somme,  dit  Tauteur,  et  iLa  raison,  pour  produire 

un  travail  r^gulier,  la  plante  a  besoin  simultanement  d*une 

quantity  d^terminee  et  propre  k  chaque  esp^ce  v^getale,  de 

carbone,  d'eau  et  de  chaieur,  et,  si  une  de  ces  quantit^s 

varie,  les  autres  doivent  changer  de  la  m^me  fa^n,  puisque 

le  travail  reste  parfait  et  que  Tindividu  ne  souffre  pas.  Si 

I'on  augmente  la  chaieur,  il  faut  augmenter  Teau  et  la  lu- 

miere;  si  Ton  diminue  Teau,  il  Taut  mieux  diminuer  en 

m£me  temps  la  lumiere  et  la  chaieur.  > 

Le  paragraphe  concernant  V influence  de  Id  chaieur  sur 
la  reproduction  ne  fournit  gu^re  que  des  considerations 
generates  et,  dans  le  suivant,  influence  de  la  chaieur  sur  la 
duree  de  la  vie,  nous  n'avons  not6,  k  la  lecture,  que  cetle 
observation  fort  simple,  mais  judicieuse,  que  le  calorique 
diminue  la  dur^e  de  la  vie  des  v^g^taux  monocarpiens. 

Dan^  le  V  chapitre,  Tauteur  discute  le  galcul  des  tem- 
pi&RATURBS :  il  s'occupe  d'abord  de  la  determination  de  la 
temperature  des  v^getaux.  II  admet  comme  un  axiome  que 
la  temperature  qui  agit  sur  la  plante  est  cellede  la  plante; 
examinant  Tinfluence  de  Tinsolation,  de  la  coloration,  de 
reievation  et  la  temperature  du  sol,  il  conclut  que  les 


(  664  ) 

(liverses  parties  d*un  arbre  se  trouvent  dans  des  conditions 
toutes  diff^rentes.  II  cstime  que  le  Ihermometre  qui ,  k 
Bruxelles,  mesure  le  mieux  la  temperature  des  v^etaux 
pendant  la  bonne  saison  est  celui  qui  est  place  k  rbmbre 
k  la  surface  du  sol. 

L'auteur  examine  judicieusement  le  problime  coacer- 
nant  les  sommes  de  temperature  et  il  fait  ressortir  loutes 
les  difBculies  de  ce  calcul  dans  lequel  il  faut  tenir  compte 
non-seulement  de  la  temperature,  mais  aussi  du  vegetal, 
du  phenom^ne,  du  temps  et  des  autres  facteurs,  (els  qoe 
la  lumierCf  Teau,  etc... 

II  faut  connattre  le  z^ro  idiosyncrasique  de  Tesp^ce^ 
meme  de  la  variete  et  de  I'organe;  il  faut  tenir  compte  de 
la  variabilite  incessante  de  la  temperature,  du  temps  pen- 
dant leqnel  elle  agit.  Puis  il  examine,  avec  sagacite,  les 
di verses  causes  d*erreur  qui  rendront  longtcmps  encore, 
si  pas  toujours,  le  calcul  des  sommes  de  temperature,  une 
operation  de  la  plus  grande  difBcuUe.  Ces  causes  d*erreur 
sont  notamment :  Falimentalion,  les  exc^s  de  temperature, 
les  temperatures  trop  faibles,  le  moment  d'action  de  la 
temperature,  I'acclimatation ,  le  mode  d*observation  de 
la  temperature,  enfin  le  mode  de  succession  des  tempera- 
tures selon  qu^elles  sont  croissantes  ou  decroissantes.  11 
discute  enOn  les  formules  de  M.  Boussingault^  de  Babinet 
et  de  M.  Quetelet,  mais'il  neglige  beaucoup  d'autres  tra- 
vaux  (1).  Tout  ce  paragraphe  est  remarquable,  et  apres 

(t)  Voir  nolammenl :  Cohn,  iVi  Verhandlungen  der  schlesischen  Ce- 
sellschaft  fUr  vaierlandische  CuHur,  p.  6, 1835.  —  H.  Hoffmaon,  in  Zeil- 
schrift  der  cesterreichischen  Gesellschap  fUr  Meteorologies  p.  93,  1868, 
pp.  392  el  593,  1869;  el  Ueber  thermische  Vegetation-Consianteft , 
(Jans  les  Abhandlungen  der  Schenckenbergischen  nalurf.  GeselischafU 
I.  VIII,  p.  379.  —  W.  Koeppen ,  lac.  cU, 


(  665  ) 

Tavoir  lu,  on  reste  convaincu  que  la  m^tbode  de  robser* 
valion  est  insufBsante  et  qu'il  faut  recourir  k  la  voie 
exp^rimentale.  Nous  sommes  peut-^lre  trop  exigeant  en 
exprimanl  le  d^sir  que  nous  ^prouvions  d*y  trouver  la 
determination  du  z^ro  pour  loutes  les  plantes  oil  il  serait 
connU)  naais  ce  serait  1^  un  tableau  de  la  plus  grande 
utility. 

Le  cbapitre  VI  a  pour  litre  :  Distribution  de  la  gha- 
LEUR  ET  DE  LA  vi^G^TATioN  SUR  LE  GLOBE.  DaDS  un  premier 
paragraphe  [des  climals)^  Tauteur  ^num^re  les  principales 
causes  de  Tin^gale  repartition  de  la  chaleur  et  il  emprunle 
k  M.  Quetelet  des  renseignements  sur  la  temperature  de 
quelques  points  du  globe,  situ^s,  la  plupart,  en  Europe 
ou  dans  les  zones  froides  et  temp^r^es.  Dans  le  deuxi^me 
paragraphe  I'auteur  parle  de  la  radiation  solaire  et  il  relate 
les  experiences  de  M.  Alph.  de  Candolle  sur  les  effets  de  la 
lumi^re  directe  et  de  Tombre.  Dans  son  opinion,  les  effets 
de  I'insolation  sont  le  plus  manifestes  pendant  la  fructi- 
tiealion  et  k  des  altitudes  ou  k  des  latitudes  eiev^es.  Le 
troisi^me  paragraphe  ouvre  une  vue  sur  la  vegetation  sous 
les  differentes  latitudes  :  il  constate  que  la  vegetation  est 
k  pen  pres  continue  sous  I'equateur,  tandis  qu'&  mesure 
qu'on  s*en  eioigne  ou  qu*on  s'eieve  sur  une  montagne,  les 
saisons  se  prononcent  et  les  phenomenes  periodiques  se 
raanifestent.  ^ 

Le  cbapitre  VII  a  pour  sujet:  Les  ph^^nom^nes  perio- 
diques aBruxelles.  Parian  t  des  observations  faites  jus^ 
qu'a  ce  jour,  I'auteur  fait  ressorlir  avec  raison  loutes  les 
incertitudes  des  resultats  :  il  donne  des  indications  climax 
tologiques  exactes  et  concises  sur  les  quatre  saisons  phy- 
siologiques  de  Tannee  dont  Tbiver  commence  en  novembre. 

2""*  S^RIE,  TOME  XXXVI.  44 


(  666  ) 

A  Toccasion  du  repos  hivemal,  il  expose,  d*une  fa^OD 
tr^judiciense,  les  eflets  de  Tautomne  et  de  Thiver  snr  la 
v^etation  et  des  preuves  en  Taveur  de  racclimatation.  II 
termine  par  de  bons  paragrapbes  sur  le  reveil  printanier 
et  sur  la  defeuillaison. 

Le  chapitre  VIII  et  dernier  est  iotitule  :  Des  i^poques 

MOTENNES   DE   FEUILLArSON   ET  DE   FLORAISON.    Oq    y  trOQVC 

d'abord,  d'apres  les  nombreuses  donates  de  M.  Qiietelet, 
SOUS  forme  de  tableaux ,  T^poque  moyenne  de  la  feoil- 
laison  et  de  la  floraisou ,  en  regard  des  temperatures  de 
ces  epoques.  Nous  eussions  et6  heureux  de  savoir  si  les 
donn^es  de  Scbubeler,  de  Fritsch ,  de  Linsser  concordeot 
avec  celles-1^  ou  en  quoi  elles  s*en  ^cartent. 

Nous  croyons  devoir  faire  observer  incidemment  que  les 
catalogues  qui  servent  de  guide  aux  observateurs  nous 
paraisseut  susceptibles  de  quelques  ameliorations  au  point 
de  vue  de  la  nomenclalure  el  de  la  composition.  Nous 
prenons  ici  Fengagement  de  soumettre  prochainement  i 
FAcad^mie  une  communication  surce  sujet.  Quant  a  Tau- 
teur  du  m^moire,  il  ne  pouvait  que  s*en  rapporter  aux 
listes  qui  ont  ^t^  suivies  jusqu'i  ce  jour. 

Apr^s  avoir  constat^  les  6poques  moyennes  de  feuil- 
laison  et  defloraison  i  Bruxelles,  Tauteur,  dans  ledeuxieme 
paragraphe,  s'attache  aux  oscillations  de  ces  epoques,  11 
recherche  si  les  v^g^taux  obeissent  mathematiquement 
aux  oscillations  de  temperature,  et  il  n'a  pas  de  peine  a 
montrer  qu'il  n'en  est  point  ainsi ,  au  moins  en  general.  II 
etablit,  &  Taide  de  documents  qu'il  regrette  n'avoir  pas 
trouves  plus  nombreux,  des  groupes  parmi  les  vegetaai 
selon  leur  flexibility  k  Tegard  de  la  temperature :  il  constate 
qu'il  faut  faire  entrer  en  ligne  de  compte  Tatavisme,  la 


(  667  ) 

culture  et  surloul  la  palrie  dcs  plantes  (1).  Enlin  daus  le 
dernier  paragraphe  du  m^raoire ,  sur  les  variations  deter- 
minees  par  les  differents  climatSy  Tauteur  constate  que  les 
variations  d^terniin^es  par  le  climat  sonl  proportionnelles 
aux  oscillations  annuelles  et  il  d^duit  de  beaux  r^sultats 
de  cette  loi  des  variations  proportionnelles. 

CONCLUSIONS. 

En  resume ,  le  m^naoire  que  nous  venons  d'analyser  est 
un  beau  travail. 

La  question  est  extraordinairement  vaste  et  compliqu^e. 
L'auteur  ne  Ta  pas  trait^e  tout  entiere  ou,  plut6t,  il  n'y  a 
pas  repondu.  Nous  avons  d^ja  signal^  quelques  points 
qu'il  a  laisses  dans  Fombre  ou  qu'il  n'a  pas  vus :  nous 
avons  le  devoir  de  regretter  en  outre  le  manque  d'histo- 
rique,  particuli^rement  I'omission  de  loute  la  litt^rature 
allemande;  Tauteur  s'est  surtout  inspire  du  comte  de 
Gasparin  et  de  M.  Ad.  Quetelet.  11  ne  parle  nulle  part  de 
la  periodicity  quotidienne  des  ph^nomenes  biologiques  ni 
du  fait  et  de  la  n^cessit^  d*un  refroidissemenl  nocturne. 

Mais  il  nous  semble  que  c'est  trop  exiger.  Le  m^moire 
se  distingue  par  des  naerites  inconteslables  et  d*ordre 
sup^rieur  :  il  est  ^crit  en  fort  bon  style;  Tauteur  evite 
toute  discussion  oiseuse;  il  est  disert;  il  se  tient  k  ^gale 
distance  du  terre-i-lerre  et  des  vues  avenlur^es. 

Nous  concluons  en  proposanl  ^  TAcad^mie  d'ordonner 
I'impression  dum^moire  dans  le  Recueil  in-S""  et  d'accorder 
k  Tauteur  la  m^daille  en  vermeil.  » 


(1)  Voir  sur  ce  sujel  :  I'Acclimatation  des  plantes ,  par  ^d.  Morren, 
brochure  in-8»;  Gand,  1865. 


(  668  ) 


il«li>f*«**f  i#«  jr.  cr.  jM«c«#«M«. 

<  Les  relations  des  ph^nomenes  m^t^orologiques  a?ec 
les  diverses  maoifestatioDS  de  la  vie  chez  les  vegetans  ont 
da  frapper  les  premiers  observateurs;  mais  ce  n^est  guere 
que  dans  ce  si^cle  etsur  rinitiative  de  notre  Acad^mie,  oa 
plntdl  de  notre  illustre  secretaire  perp^tuel,  que  cette  elude 
a  6te  suivie  d'une  maniere  r6guli6re  et  m^tbodique.  Mal- 
beureusement  il  est  difficile  de  faire  sorlir  de  ia  masse 
d'observations  accumul^s,  les  faits  g^n^raux  qui  s'y  ac- 
cusent ,  et  d*en  degager  les  lois  qui  ont  preside  k  ces  mani- 
festations. L*Acad£mie  a  voulu  stimuler  les  naturalistes  en 
mettant  cette  question  au  concours. 

Le  sujet  propos6  est  bien  vaste;  mais  TAcad^mie,  en 
demandant  un  expos6  des  connaissances  acquises,par/ictf- 
lierement  au  point  de  vue  des  phenomenes  periodiques  de 
la  vegetation,  me  semble  avoir  chercb^  k  faciliter  la  tiche 
des  concurrents  en  les  engageant  k  la  limiter.  Toutefois, 
j^avoue  ne  pas  me  faire  une  id^e  bien  nette  du  second 
membre,  oil  Ton  demande  de  discuter  k  ce  propos  /'tn- 
fluence  dynamique  de  la  chaleur  solaire  sur  V evolution  des 
plantes.  Sans  chercher  k  approfondir  en  ce  moment  le 
sens  de  ces  termes,  voyons  plutdt  comment  Tauteur  a 
compris  son  sujet. 

Chap.  I.  Du  calorique  et  de  la  force  d* organisation, 
L'auteur  <  s'efforcera  de  prouver,  dans  ce  chapitre  et  les 
suivants,  que  la  chaleur  peut  exercer  sur  les  corps  bruts 
^ne  influence  semblable  k  celle  qu*elle  exerce  sur  les  corps 
organises.  >  Cela  me  paratt  prendre  la  question  k  reboars. 
Au  fond ,  ce  chapitre  est  consacr^  k  ^tablir  la  distinction 


(  669  ) 

entre  les  forces  communicables  (chaleur,  lumi^re,  Electri- 
city, mouvement),  que  Tauleur  appellc  forces  mobiles^ 
et  les  forces  qu^il  appelle  de  groupement  (cohesion,  affi- 
nity, cristallisatioD ,  organisation ),  et  dont  le  caract(^re 
principal  est  de  pouvoir  demeurer  k  T^tat  d'inaction. 

Dans  le  cbapilre  11 ,  du  plan  d'organisation,  Tauteur  s'oc- 
cupe  d'abord  de  Vexistence  de  plans  dans  les  associations 
de  la  matiere.  Selon  lui,  Taction  des  forces  mobiles  est 
regime  par  des  lois;  cello  des  forces  de  groupement,  par 
des  plans  de  groupement.  Ainsi,  passant  outre  la  cohe- 
sion, il  dit  de  Taffinit^  <  qu'elle  suit  un  plan  appartenant 
aux  corps  qui  s'unissent.  >  Pour  la  force  de  cristallisation, 
inh^rente  aux  molecules,  comme  la  pr^cedente,  <  son 
activity  suit  un  plan  qui  est  une  propri^te  de  ces  mole- 
cules.... Les  moldcules  qui  cristallisent,  ex^cutent,  avec 
ensemble  et  harmonic,  le  plan  qu*elles  poss^dent.  Cette 
unite,  cet  isolement,  cette  activite  et,jedirais  volontiers, 
cette  entente,  forment  de  la  matiere  qui  cristaltise  un 
veritable  individu.  » 

lei,  je  ne  puis  m'emp^cher  de  remarquer  que  Tauteur 
sc  brouille  avec  la  langue.  Un  plan  esl  une  creation  dc  I'in- 
telligence.  On  connalt  dans  la  science  Texpression  plan 
d* organisation^  que  Tauteur  emploiera  tantdt;  et  elle  se 
comprend  comme  oeuvre  de  Tidee  cr^atrice  ou  organisa- 
trice.  Mais  les  plans  dont  Tauteur  parle  en  ce  moment  ne 
sunt  autre  chose  que  ce  que  les  naturalistes  ont  toujours 
appeie,  et  avec  raison,  les  lois  de  Taffinit^  et  les  lois  de  la 
cristallisalion.  Je  crains  que  Fauteur  n'ait  pas  d^idees  bien 
nettes  sur  ce  point  capital;  et  cette  crainte  me  vient  sur- 
tout  de  ce  que  plus  loin,  le  plan  d'organisation  devient  par- 
fois  le  plan  organisateur,  expression  qui  n'est  qu'une  vraie 
logomachie. 


(670) 

Pour  la  force  d'organisalion,  «  ellc  donne  a  la  matiere 
des  formes  qui  onl  une  Evolution  r^guliere,  et  dont  la 
duree  est  d^tinie...  Gette  6volulion  depend  d'une  activiie 
propre...  Le  monde  organist  possede  en  propre  les  plans 
d^organisalion ;  ceux-ci  ne  peuvent  en  aucune  fa^on  appar- 
tenir  au  monde  physique,  qui  est  incapable  de  produire 
une  evolution,  bien  quMI  en  fournisse  la  matiere  et  la 
force...  II  faut  un  plan  k  Tactivit^  de  la  force  organisatrice, 
alors  m^me  qu'au  lieu  d*£tre  attach^e  k  la  matiere,  ainsi 
que  je  viens  de  le  dire ,  elle  serait  ind^pendante  et  unie  k 
r^tre  vivant,  comme  le  veulent  les  vitalistes...  Chaque 
vegetal  a  son  plan  d'organisation....  Je  vaismonlrer  main- 
tenant  od  existent  ces  plans  d*organisation.  Lorsque  la 
matiere  cristallise ,  elle  trouve  en  elle-m6me  le  plan  de  son 
(Buvre;  lorsqu^elle  s'organisc,  elle  trouve  dans  la  matiere 
deji  organis6e  son  plan  d'evolution...  La  matiere  exte- 
rieure  qui  p6n6tre  dans  Tetre  vivant  et  vient  s'unir  a  I'or- 
ganisme,  suit  le  plan  donn^...  II  y  a  unil6  dans  ce  travail. 
II  y  a  ensemble,  y^ 

L'autenr  resume  ainsi  Particle  dont  je  viens  de  rapporter 
des  extraits  :  «  l""  La  force  d'organisation  appartient  en 
propre  k  la  matiere,  organis^e  ou  inorganisee;  ^  La 
matiere  organis^e  possede  seule  les  plans  d'evolution  orga- 
nique;  5*^  La  matiere  organis^e  et  la  matiere  qui  vient  s'y 
reunir,  s'isolant  dans  teur  activity  des  corps  environnants, 
executent  le  plan  d'organisation  avec  ensemble  et  harmo- 
nic. Celte  aclivite,  cette  unit6,  cetle  entente  el  cet  isole- 
ment  constituent  Tindividu  vivant.  » 

Mais  en  quoi  consisle  le  plan  d'organisation? 

«  L'etre  vivant  n'a  pas  de  present;  iJ  a  et6et  il  sera. 
Son  plan  conlienl  son  pass6  et  son  avenir....  Dans  les  vege- 
taux  plianerogames,ce  plancomprendprincipalement:  l*la 


(671  ) 

forme,  le d^veloppement,  la  direction  de  Faxe  primilif;  la 
forme,  led^veloppement,  la  direction,  le  nombre,  le  mode 
d'insertion  des  axes  secondaires  el  des  organes  appendi- 
culaires;  2"*  la  structure  anatomique  de  chaque  partie; 
Z"*  les  groupements  mol^culaires  (composition  chimique) ; 
4""  le  moment  d*apparition  des  divers  ph^nomenes  physio- 
logiques,  la  dur^e  de  la  plante  et  de  ses  organes;  S""  les 
besoins  du  v^g^tal.  »  G'est  bien  long,  pour  dire:  tousles 
faits  anatomiques  et  physiologiques  de  chaque  Stre  vivant; 
et  encore  cela  ne  nous  dit-il  pas  en  quoi  consiste  le  plan 
d'organisation.  Aussi  I'auteur  ajoute  :  «  Je  devrais  main- 
tenant  rechercher  quelle  est  la  nature  de  ce  plan  qui  s'im- 
pose  k  la  matiere  organis^e  et  organisable  comme  une  loi 
i  une  force.  Malheureusement  la  science  ignore  la  nature 
intime  de  toutes  choses,  des  forces  et  des  proprietes  des 
corps,  de  leurs  lois,  et  il  faut  le  dire,  de  la  matiere  elle^ 
meme.  II  vaut  mieux  s'en  tenir  aux  faits,  et  ne  pas  ^met- 
tre  des  hypotheses,  qui  n'ont ,  en  general ,  pour  effet  que  de 
retarder  la  marche  des  sciences  exactes.  » 

Si  j^avais  a  examiner  un  memoire  de  physiologic,  peut- 
etre  trouverais-je  ici  h  relever  des  erreurs  et  des  contra- 
dictions au  moins  apparentes;  roais  tout  ce  qui  precede  est 
Stranger  k  la  question  et  je  n'insiste  pas. 

L'auteur  aborde  ensuite  le  myst^rieux  probl^me  de  la 
g^n^ration.  <  Comment  un  individu  communique-t-il  son 
plan  dVganisation  k  un  autre  individu?  La  matiere  ne 
s'organise  qu'4  Tinterieur  des  etres  vivants;  elle  est  obligte 
de  suivre  le  plan  d'evolution  qu'elle  trouve.  Cette  matiere, 
assimilee,  possede  d6s  lors  ce  plan  elle-m^me.  C'est  pour- 
quoi  une  portion  quelconque  de  matiere  organis^e,  capa- 
ble de  produire  isol^ment  un  travail  d'organisation  ,  donne 
un  elre  semblable  a  celui  dont  elle  a  ete  separee.  De  la 


(  672  ) 

r^sullenl  la  ressemblance  entre  les  individus  sortis  d*one 
meme  souche,  el  la  conservation  des  plans  dans  le  coors 
des  slides  :  deux  fails  inexplicables  si  Ton  refuse  la  force 
organ isalrice  k  la  mali^re  inorganis^e  (?)  el  si  Ton  d  ad- 
met  pas  que  la  mati^re  en  activity  d'^volulion  vilale  guide 
celle  qui  vient  s'y  r^unir.  > 

Je  crois  inulile  de  rien  ajouler. 

L'auleur  passe  ensuile  ^  Texamen  des  causes  etde  t'eien- 
due  des  alterations  que  le  plan  d' organisation  pent  subir, 
c  Cetle  ^lude,  dil  I'auteur,  conslilue  toule  une^ience;  je 
me  bornerai  k  quelques  g^n^ralil^s.  >  Ce  sonl  surtoul  les 
circonslances  exl^rieures  qui  influent  II  les  passe  rapide- 
menl  en  revue;  el  eel  examen  sommaire  me  semble  bien 
fail.  L'honorable  premier  commissaire  nous  a  dil  qu*il 
croyail,  conlrairemenl  k  Topinion  de  Tauteur,  que  la 
reproduclion  par  graines  produil  plus  de  vari^les  que  les 
aulres  modes  :  je  partage  son  avis.  En  tin  de  comple, 
Fauleur  arrive  k  conclure  k  la  r^alil^  d*un  acclimalemenl, 
plusou  moins  reslreinl;  el  il  en  rapporle  quelques  exeni- 
pies  emprunl6s  a  de  Gasparin. 

Avec  le  chapilre  III,  nous  abordons  enOn  Vaction  gene- 
rale  du  calorique. 

Le  calorique  a  pour  effel  d'^cbaufler  el  de  dilaler :  par 
\k  c'esl  une  force  anlagoniste  de  la  cohesion,  de  raflinite, 
de  la  force  de  crislallisation,  el  de  la  force  d*organisalion. 
«  C'esl  1^  sa  seule  aclion  propre.  Toul  ce  qui  se  produil  en 
dehors  de  cela  esl^dA  k  la  cooperation  d'une  aulre  force.  > 

Les  molecules  k  assimiler  devanl  elre  rendnes  mobiles 
par  la  chaleur,  celle-ci  esl  done  indispensable  k  la  vie.  Au- 
dessous  de  z^ro ,  la  vie  serait  impossible. 

<  Mais,  dil  Tauleur,  il  esl  beaucoup  plus  difficile  de  se 
rendre  comple  de  Tinfluence  dynamique  de  la  chaleur  sur 
Tevolulion  des  planles.  > 


(  673  ) 

€  Les  forces  de  groupement  resteDt  en  repos  aussi 
loDgtemps  que  les  conditions  favorables  ne  se  rencontrent 
pas....  Mais,  lors  naeme  que  ces  conditions  existent,  il  arrive 
tr^s^souvent,  peut-^tre  toujours,  que  ces  forces  paraissent 
dormir  encore,  attendant  une  stimulation  pour  s'^veiller. » 

«  11  leur  faut  en  outre  Timpression  doun^e  par  une 
force  mobile,  calorique,  lumiere,  electricity,  monvement; 
cliacunede  celles-ci  a  son  influence  propre,  qui  pent  dtre 
avantageuse,  indiffiSrente  ou  nuisible.  D'un  autre  c6t^, 
one  mati^e  ^trang^re  est  capable  parfois  de  donner  aux 
raat^riaux  qui  doivent  se  grouper,  cette  impression  que 
fournissent  ordinairement  les  forces  mobiles.  »  Exemple: 
actions  physiques  de  contact.  Au  lieu  du  nom  de  force  cata- 
lytique,  Tauteur  «  pr^f^re  employer  le  mot  impression 
donton  se  sert  souvenl  en  physiologie  botanique,  et  il  d^i- 
gnera  par  1^  non-seulement  les  actions  de  contact,  mais 
surtout  rinfluence  tout ^  fait  analogue  des  forces  mobiles.  » 

Yoici  quelques  exemples  par  lesquels  Tauteur  explique 
la  distinction  entre  Yacdon  et  Vimpression  du  calorique  : 

<  Lorsque  le  calorique  produit  la  dilatation  d'un  corps, 
ou  son  changement  d*etat,  il  est  absorb^  par  ce  corps  et 
employ^  directement  pour  obtenir  ces  resultats  et  les  con- 
server.  »  C'est  \k  Vaction  du  calorique.  <  Mais  lorsque  Thy- 
drog^ne  et  Foxyg^ne  se  combinent  sous  Tinfluence  de  la 
chaleur,  il  se  fait,  tout  au  contraire,  un  d^gagement  de  ca- 
lorique. £videmment  le  melange  gazeux  soumis  k  Taction 
du  calorique  Tabsorbe  d'abord  jusqu'au  moment  od  il  est 
en  quantity  suffisante  pour  que  son  impression  determine 
la  combinaison :  k  cet  instant  il  devient  compl^tement  inu- 
tile, et  il  pent  se  d^gager,  accompagn^  de  toute  la  cbaleur 
due  a  Taction  chimique.  > 

«  Le  mercure  bout  k  350^  C.  :  au  contact  de  Tair  il  se 


(  674  ) 

forme  alors  clu  dentoxyde  de  mercure.  Celui-ci,  chauffe 
vers  400°,  se  decompose.  Ainsi...  la  chaleur  r^unit  les  deux 
substances  dans  le  premier  cas^  par  son  impression;  dans 
le  second,  c'est  son  action  propre  qui  oblige  I'oxygfene  k  rc- 
prendre  sa  premiere  forme.  > 

L'auteur  ajoute  :  <  II  est  n^cessaire  de  faire  remarquer 
ici  que,  en  supposant  m^me  que  le  travail  de  la  force  d'af- 
tinile  pAt  se  faire  sans  Fimpression  du  calorique,  il  s*effec« 
(uerail  mieux,plus  rapidement  et  plus  compl^tement,  sous 
son  influence  Je  ne  saurais  mieux  rendre  ma  pens^  qu*eo 
appliquant  k  Timpression,  quand  elle  est  favorable  au  tra- 
vail, deux  qualiticalifs  usit^s  en  medecine  :  elle  est  exci- 
tanteet  tonique;  c'esl-a-dire  qu'avec  elle  le  travail  se  fail 
avec  plus  d'^nergie  et  ses  r^sultats  sont  meilleurs ,  plus 
complets.  > 

Je  crains  que  Tauteur  n^arrive  ainsi  qu*i  eclairer  obscu^ 
rum  per  obscurius. 

Les  deux  exemples  suivants  ne  me  paraissent  pas  non 
plus  de  nature  k  jeter  un  jour  nouveau  sur  la  question. 

<  A.  Voici  une  tige  volubile  prete  k  s^enrouler  :  il  lui 
manque  le  contact  d'un  corps  Stranger.  > 

B.  c  Lorsque  deux  plantes  de  m^me  esp^ce  se  trouvent 
Tune  dans  uneserre  et  Taulre  en  plein  air,  on  voit  sou  vent 
la  premiere  se  d^velopper  et  la  seconde  languir  parcequ*il 
manque  k  cetle  derni^re  fimpression  du  calorique....  » 

<  Pour  les  actions  chimiques,  une  impression  instao- 
tanee  suflit  en  general;  il  faut,  au  coniraire, i  la  plante  une 
impression  durable.  » 

<  Ainsi,  lorsque  je  dirai  impression  du  calorique,  impres- 
sion de  la  lumiere  ,  je  designerai  par  Ik  Tinfluence  de  ces 
agents  sur  Taclivite  organisatrice,que  cette  influence  fasse 
naitre  cette  activite  ou  qu  elle  rentreticuine.  Au  contraire, 


(675  ) 

par  action  du  calorique,  j^entendrai  les  effets  sp^ciaux 
de  cet  agent :  la  dilatation  et  le  changement  d*6tat  des 
corps.  » 

II  y  a  la  une  distinction  i  laire ;  mais  il  me  semble  que 
ces  derni^res  lignes  permettraient  de  supprimer  tout  ie 
reste. 

Le  chapitre  IV  est  intitule :  De  rimpression  de  la  chaleur 
solaire  sur  les  organismes  vegetaux, 

Dans  le  premier  article  :  Nature  de  la  chaleur  re^Me  par 
les  plantes,  Tauteur,  apres  avoir  distingu6  des  rayons 
transmis ,  absorb^s  ou  rdfl^chis ,  pose  en  principe  que  la 
chaleur  exerce  une  action  et  une  impression,  tandis  que  la 
lumiere  ne  produit  qu'une  impression.  El  il  ajoute  :  « il  en 
r^sulte  que  la  lumiere  absorb^e  est  perdue.  »  Dans  Tordre 
d'id^es  oil  il  se  place,  je  croirais  volonticrs  que  cetle  pro- 
position est  exacte:  la  lumiere  absorbee  n'enlre  pour  rien 
dans  les  r6sultats  qu'elle  a  occasionn^s.  Reste  h  savoir  si 
ces  idees  ne  sont  pas  erron^es. 

II  y  a  done  k  consid^rer  :  l*"  la  chaleur  lumineuse,  di- 
recle  ou  refl^chie;  S*"  la  chaleur  et  la  lumiere  diffuses; 
3"  la  chaleur  obscure.  La  plante  expos^e  au  soleil  re^oit 
ces  trois  sortes  de  radiations;  la  plante  k  Tombre  recoit  la 
deuxi^me  et  la  troisi^me,  et  les  racines,  seulement  la  troi- 
si^me. 

L'article  2  est  consacr6  aux  effets  generaux  de  la  cha^ 
teur  solaire,  et  a  ses  limites. 

La  chaleur  obscure  suffit  pour  determiner  Tactivit^  vi- 
tale;  mais  celle-ci  est  incomplete  et  se  borne  ^  consommer 
des  mat^riaux  accumules  k  I'avance. 

La  cooperation  de  la  lumiere  produit  d'abord  la  chloro- 
phylle.  Les  parties  vertes  d^composcnt  Tanhydride  carbo- 
nique  et  fixent  du  carbone,  element  indispensable,  avec 
Teau  fournie  par  les  racines,  k  I'activite  vitale. 


(  676  ) 

Quelles  sont  les  iimites  de  Tinfluence  du  caloriqiie  et  de 
la  lumi^re?  c  Laqaantit^  de  caloriqoe  n^cessaire  pour  pro- 
duire  le  travail  organisaleur  est  particuli^re  k  chaque  es- 
p^ce  v^^tale ;  et  chacun  des  actes  doot  se  compose  revo- 
lution d'un  v^6tal  exige  une  temperature  sp^iale 

Au-dessous  du  degr^  u^cessaire,  Timpression  du  calorique 

ne  produit  absolumeut  rien Cette  impression  n*a  pas  de 

liraite  sup^rieure  propre,...  mais  elle  est  limit^e  dans  ses 
r^sullats  utiles  par  Vaction  du  calorique,  qui  volatilise  les 
substances  contenues  dans  le  vegetal ,  et  par  les  conditions 
du  travail.  » 

<  Ce  que  je  viens  de  dire  s'applique  a  Timpression  de  la 
lumiere;  seulement,  son  effot  principal  £tant  le  m^me  pour 
toutes  les  plantes,  il  est  probable  que  la  decomposition  de 
Tanhydride  carbonique  se  fait  pour  (ous  les  vegetaux  de  la 
m^me  mani^re  avec  la  meme  intensity  de  |umi6re«  >  On 
manque  de  donn^es  exp^rimentalcs.  La  lumi^re  diffuse 
suffit  k  ce  travail.  On  ne  saurait  ^tablir  un  rapport  con- 
stant entre  les  quantitcs  de  lumiere  et  celles  de  carbone 
flxe,  parcequll  arrive  un  moment  o(t  Ic  vegetal  est  inca- 
pable d'absorber  tout  le  gaz  qu1l  peut  decomposer.  <  En 
outre,  cette  fixation  du  carbone  est  limit^e  dans  son  ulilile 
par  les  conditions  du  travail :  il  faut  du  carbone  k  la  plante ; 
mais  il  ne  lui  en  faut  pas  trop.  > 

L*article  3  est  consacr^  k  etudier  Yinfluence  de  la  cha- 
leur  sur  la  germination. 

La  graine  se  distingue  des  autres  germes  (bulbes, 
tubercules,  etc.)  parce  que  tout  travail  organique  est  sus- 
pendu  en  elle;  ce  qui  explique  la  longue  dur^e  de  sa  fa- 
culte  germinative. 

La  germination,  activite  incomplete,  se  contente  de  cha- 
leur  obscure.  L'auteur  rapporte  ici  des  experiences  dc 


(  677  ) 
de  Candolle.  ILy  a  des  plantes  qui  germent  k  0^  La  plupart 
exigent  des  temperatures  sup^rieures,  variables  selon  les 
esp^ces.  Le  noafximum  d'effet  a  lieu  k  cerlaines  tempera-* 
tures,  au  de\^  desquelles  il  diminue  pour  s*arrdter^  cer- 
taines  autres  limites,  variables  aussi,  maisse  rapprochant, 
en  g^n^ral,  de  40  k  41  ^ 

Art.  4.  Influence  sur  la  vegetation.  Activity  eompl^te, 
capable  de  former  des  reserves  de  mati^re  organis^e,  la 
vegetation  a  besoin  de  Timpression  de  la  chaleur  solaire. 

<  On  ne  pent  pas  dire  que  Tetre  vivant  est  de  la  ma« 
ti^re,  puisque  sa  vie  se  passe  h  la  recevoiret  k  la  rejeter; 
on  ne  peut  le  consid^rer  que  comme  une  aclivite.  »  Cette 
aclivite  a  divers  effets :  absorption,  circulation,  transpira- 
tion, assimilation. 

II  y  a  ici  un  z^ro  propre,  au-dessous  duquel  tout  travail 
cesse.  Au-dessus,  ce  travail  crott  en  proportion,  k  condi- 
tions de  circonstances  convenables.  Ainsi  le  vegetal  qui  ne 
re<;oit  pas  assez  d*eau,  se  dess^che  et  meurt. 

Le  carbone  doit  etre  assimiie  i  Tendroit  oik  il  a  ete  pro- 
duit  par  la  decomposition  de  Tanhydride  carbonique  : 
Tactivite  de  cette  decomposition  depend  done  des  elements 
combinables  que  le  carbone  trouve  k  sa  disposition. 

D*autre  part,il  peut  se  faire  que  la  plante  ne  revive  pas 
tout  Tanhydride  carbonique  qu*elle  peut  decomposer  sous 
rimpression  d*une  forte  lumiere.  Done  <  on  ne  peut  etablir 
un  rapport  constant  entre  Tintensite  de  la  lumiere  et  la 
quantite  de  carbone  fixe  dans  les  plantes,  pas  plus  qu'entre 
cette  quantite  et  le  nombre  d'heures  pendant  lesquelles  la 
lumiere  a  agi.  >  L'auteur  cite  k  Tappui  des  experiences  de 
de  Gasparin  sur  des  mAriers  et  des  feves,  au  soleil,  k  la 
lumiere  et  a  Tombre. 

Art.  5.  Influence  sur  la  reproduction.  La  reproduction 


(678) 

est  loujours  ^puisaote  ponr  Tindivido.  <  Tout  cequi  peut 
faire  souffrir  le  vegetal,  arrSler  son  accroissement,  preci- 
piler  son  d^perissement  senile,  sera  cause  de  sa  mise  i 
fruil.  Cependant,  si  les  condilions  de  veg^talion  soot  telles 
que  certainemenl  il  ne  puisse  pas  y  avoir  forma tioo  de 
graines  mi!kres,  il  arnvera  ires-souvent  que  la  planle  ne  se 
disposera  m^me  pas  &  fleurir....  D'autre  partrbumidil^,  le 
d6faut  de  lumiere  el  de  chaleur  relardent  Fepoque  ou  les 
premieres  fleurs  apparaissent;  la  lumiere,  la  chaleur,  la 
s^cheresse  ravancent ,  au  conlraire.  » 

La  reproduction  sedivise  en  deux  p^riodes,  qui  se  ler- 
minenl  par  la  floraison  et  par  la  maturation  des  fruits. 

L*auleur  emprunte  ici  a  de  Gasparin  un  tableau  indi- 
quant  les  temperatures  moyennes  n6cessaires  k  la  floraison 
de  certains  v^g^taux.  II  jelte  ensuite  un  coup  d'oeil  sur  les 
ph6nonienes  de  la  maturation  des  fruits  charnus,  et  de 
celle  des  fruits  sees.  II  en  r^ulte  que  <  la  lumiere  est  aassi 
n^cessaire  que  la  chaleur  i  la  maturation  des  graines,  tan- 
dis  que  nos  fruits  de  table  exigent  bien  plus  la  chaleur  que 
la  lumiere.  >  Experience  de  Gasparin. 

D'apr^s  M.  Boussingault,  le  1)16  d'hiver  exige  une  somme 
de  2000°,  du  renouvellemenl  de  sa  vegetation  a  sa  malu- 
rite.  <  Mais, dans  un  pays  brumeux ,  ces 2000°  seront  in- 
suffisants;  sous  un  ciel  pur, dans  un  pays  oil  les  jours  sont 
plus  longs,  ils  formeront  nn  chiffre  trop  eieve  pour  un 
minimum.  »  Les  observations  meteorologiques  des  con- 
trees  boreales  ne  pourraient-eiles  fournir  les  donnees  ne- 
cessaires  au  contrdle  de  cette  assertion? 

Art.  6.  Influence  sur  la  duree  de  la  vie.  <  Le  calorique, 
en  activant  le  travail  organisateur,  precipite  la  serie  des 
phenomenes  qui  constituent  revolution  du  vegetal;  il  di- 
minue  done,  en  r^gle  generale,  la  duree  de  la  vie  des 


(  679  ) 

plautes  moDocarpiennes Mais  le  calorique  n'est  pas 

seolement  excitant,  il  est  aussi  tonique...  Sous  son  in- 
fluence la  planle  produit,non-seulement  plus  rapidement, 
mais  aussi  en  plus  grande  quantity.  Cest  pourquoi  il  pro- 
longe  la  vie  des  plantes  polycarpiennes...  »  Dc  plus,  cer- 
taines  plantes  sonl  polycarpiennes  dans  les  regions  chau- 
des,  monocarpiennes  dans  les  regions  plus  froides. 

Nous  arrivons  au  cbapitre  V,  intitule  :  Du  calcul  des 
temperatures. 

Art.  1.  Determination  de  la  tempei^ature  des  vegetaux. 
II  faut  connattre  la  temperature  de  la  plante,  et  celle-ci 
n*est  pas  la  m^me  pour  la  ligeet  les  racines,  pour  les  par- 
ties k  Toinbre  et  celles  qui  sont  au  soleil. 

L*auteur  rapporte  les  resultats  des  observations  de 
M.  A.  Quetelet  sur  deux  thermometres  places  a  la  surface 
du  sol.  Tun  au  soleil,  Tautre  k  Tombre;  mais  la  boule  du 
tbermometre  insol6  ^tait  sous  terre.  II  y  a  de  nombreuses 
observations  sur  ce  sujet,  et  il  est  regrettable  que  I'auteur 
paraisse  les  ignorer. 

Yiennent  ensuite  des  observations  du  mdme  savant  pour 
rechercher  Tinfluence  de  la  coloration  et  celle  de  T^l^va- 
tion  au-dessus  du  sol :  elles  sont  aussi  incompletes  que  les 
prec6dentes,  comme  exposition  de  T^tat  de  la  science.  J*en 
dirais  autant  des  Etudes  sur  la  temperature  du  sol,  si  notre 
ill ustre  secretaire  perpetuel  avait  trouv^  plus  d'imitateurs. 
Trois  causes  puissantes  tendent  k  ^tablir  Fequilibre 
de  temperature  dans  les  diverses  parties  d'une  plante :  l""  la 
conductibilite  plus  grande  dans  le  sens  longitudinal;  ^  la 
circulation  de  I'eau  absorbee;  Z"*  la  transpiration.  En  hiver, 
les  deux  dernieres  sont  supprimees.  L'auteur  n'en  dit  pas 
davantage :  je  crois  pourtant  que  les  annates  de  la  science 
renfermcnt,sur  ce  sujet,  des  documents  k  utiliser. 


(  680) 

Pour  les  plantes  herbac^es  dont  la  tige  s'^l&ve  pea  aa- 
dessus  du  sol,  Tauteur  le&  regarde  comme  comparables  i 
un  ihermom^tre  plac6  i  la  surface  du  sol,  mais  expos^  aa 
refroidissement  par  Evaporation.  II  estime  que  le  surcroit 
de  temperature  que  donne  Tinsolation,  est  compl^tement 
utilise  par  rechauffement  de  la  s^ve  et  la  traospiration. 
Ceci  est  une  pure  appreciation  individuelle;  noais  Tautenr 
en  conclut  que,  pour  ces  plantes  basses,  le  (hermometre 
devrait  Etre  place  i  la  surface  du  sol  et  a  I'ombre.  II  croit, 
sansdonner  de  preuve  k  Tappui,  que  ces  plantes,  vivanC 
a  Pombre,  poss^dent  plutdt  la  temperature  du  sol  oA  plon- 
gent  les  racines;  ce  qui,  suivant  lui,  donnerait  1  &  2*  de 
difference  pour  les  vegetaux  k  Tombre  ou  au  soleil. 

Les  tiges  qui  s*eievent  jusqu'i  trois  metres  doivenl  avoir 
une  temperature  un  peu  plus  eievee.  Pour  les  grands 
arbres,  celle  de  la  partie  superieure  est  un  peu  moindre 
que  celle  du  bas. 

L'auteur  admet  ensuite  que  la  temperature  d'un  vegetal 
est  k  peu  pr^s  la  tn&me  dans  tons  ses  organes  (je  suppose 
quil  en  excepte  les  racines),  durant  la  periode  d'activile 
vitale. 

Je  crois  que  le  sujet  traite  dans  cet  article  demande 
plus  de  recherches  et  une  discussion  plus  approfondie. 

Art.  2.  Des  sommes  de  temperature.  Nous  arrivons  i 
une  des  questions  les  plus  importantes  que  soul^ve  retude 
de  Taction  de  la  chaleur  sur  les  vegetaux. 

L'auteur  suppose  d'abord  une  plante,  commencant  k  ve- 
geter  k  0**,  cultivee  en  serre  sous  une  temperature  con- 
stante  et  observee  au  point  de  vue  de  sa  vegetation  seule- 
ment.  La  somme  de  temperature  s'obtient  en  mullipliant 
la  temperature  par  le  nombre  de  jours.  De  telles  sommes 
sont  done  decomposables  en  deux  facteurs,  le  temps  et  la 


(  681  ) 

chaleur  :  il  en  r^sulle  que  Tun  (le$  cfeux  peut  suppleer  it 
I'autre. 

Premiere  difficulte.  Le  z6ro  organique,  k  partir  duquel 
commence  la  vegetation,  ne  correspond  pas  au  z^ro  du 
thermom^tre;  et,  de  plus,  il  varie  suivant  Tesp^ce  de 
planle  observ^e.  II  faudrait  compter  les  temperatures  i 
partir  du  z6ro  organique;  mais  on  ne  poss^de  presque  rien 
sur  ce  sujet. 

Une  deuxi^me  difficult^  provient  de  ce  que  le  z^ro  orga- 
nique varie,  pour  une  esp^cedonn^e,  suivant  le  phenomene 
k  produire.  Une  temperature  qui  suffit  h  la  vegetation,  est 
insuffisante  pour  amcner  la  Aoraison,  et  celle  qui  suflit  k  la 
floraison  est  encore  trop  faible  pour  la  maturation.  On  est 
done  conduit  k  admettre  trois  z^ros  organiques,  et  k  de- 
composer la  somme  des  temperatures,  pour  une  evolution 
complete,  en  une  formule  de  trois  termes,  de  ce  genre : 
€  200**  au-dessus  de  Q''  pour  la  vegetation,  60**  au-dessus 
de  12°  pour  la  floraison,  SOO""  au-dessus  de  IS*"  pour  la  fruc- 
tiGcation.  » 

Mais  la  difficulte  principale  lient  iceque  la  temperature 
est  incessammenl  variable.  On  prend  pour  la  temperature 
d'un  jour  une  moyenne,  formee  de  nombres  dont  les  com- 
binaisons  doivent  agir  difTeremment  sur  les  plantes:  une 
journee  dans  laquelle  le  thermometre  a  varie  de  0"*  k  20° 
agit  autrement  que  celle  dont  les  temperatures  extremes 
sont  &  et  14\  Je  suis  lout  dispose  k  Tadmettre;  mais 
Fauteur  ne  donne  k  cet  egard  qu*une  affirmation.  <  II  fau- 
drait, dil-il,  si  Ton  pouvait  connaiire  Tetat  du  thermomeirc, 
heure  par  heure,  determiner  chaque  jour  le  temps  pendant 
lequel  le  vegetal  a  pu  enlrer  en  activiie  et  I'inlensite  de 
celte  activite.  > 

D'autres  causes  d'erre'ur  rendront  peut-etre  toujours  un 

2*"*  SERIE ,  TOMB  XXXVI.  45 


(  682  ) 

calcul  exact  impossible.  IM^a  mani^redontse  Tail  ralimen- 
talioD  influe  surtout  sur  la  quanlite  du  produit  et  non  sur 
le  temps  durant  lequci  il  s'effeclue :  ainsi  uoe  plante  qui 
reQoit  trop  peu  d'eau,  restreint  sa  taille,  mais  fournit  son 
Evolution  au  temps  voulu;  la  floraison  pourra  m^me  ^ire 
h&tee.  2°  Les  temperatures  tropelev^es,  qui  dessechent  les 
organes,  surtout  ceux  qui  sont  jeunes  et  delicats.  Elles  de- 
vraient  former  des  quantit^s  u^gatives.  S""  Les  tempera- 
ratures  trop  basses,  c'est-i-dire ,  assez  inferieures  au  z6ro 
orgauique  pour  produire  des  desordres.  Elles  sont  dans  ic 
m^me  cas  que  les  pr^cedenles.  Suivent  quelques  conside- 
rations sur  les  effets  des  gelees.  4^  Importance  du  moment 
oi^  survient  une  temperature.  Si  la  chaleur  necessaire  a  la 
floraison  fait  d^faut  h  fepoque  ou  la  fleur  va  s  epanouir,  la 
temperature  est  sans  effet,  puis  nuisible,  lorsque  les  boo- 
tons  ont  ^te  fan^s.  5**  Yariabilite  du  plan  organisateur  (?) 
La  plante  qui  vit  depuis  longtemps  dans  une  region  froidc, 
demande  moins  de  cbaleur  que  celle  (de  la  meme  espece) 
que  Ton  iutroduii  d'un  climat  plus  chaud.  6°  Mode  d^obser- 
vation  de  la  temperature.  Les  donn^es  du  thermom^tre 
different  plus  ou  moins  de  la  temperature  du  vegetal. 
7®  Difference  d'effet,  selon  la  succession  des  temperatures. 
Par  exemple,  une  journee  ^  20^  produira  plus  d'effet  apres 
une  journee  a  10"  qu'apres  une  journee  a  25^  Ce  fait,  dit 
Tauteur.est  difficile  i  expliquer.  II  faudrait  commencer  par 
retablir.  Rapportant  Texplication  que  de  Gasparin  a  donn^e 
des  avantages  de  Texposition  au  levant,  Tauteur  conclut 
que  la  meme  temperature  produit  plus  d'effetquand  elle  est 
croissanteque  quand  elle  est  d^croissante.  Cela  meriterait 
des  observations  detaillees  et  precises,  puis  une  discussion 
plus  serree. 
Si  Tamelioration  des  conditions  d'existence  est  par  elle- 


(  685  ) 

mSme  une  cause  d*aclivit6  plus  grande,  le  passage  k  de 
moins  bonnes  conditions  prodoit  Teffet  inverse.  La  plante, 
dit  Tauleur,  perd  le  soir  ce  qu'elle  a  gagn^  le  matin,  en 
automne  cequ*e]le  a  gagne  au  printenaps.  Je  ne  comprends 
pas  tres-bien,  ct  je  crains  que  Tauteur  ne  qnitte  le  terrain 
des  fails  pour  s'egarer  dans  les  theories. 

Mais  quelle  est  la  marche  k  suivre  pour  le  calcul  des 
temperatures?  Lauteur  expose  trop  bri^vement  la  m^thode 
des  sommes  des  temperatures;  encore  ne  conclut-il  pas 
sur  la  question  du  z^ro  k  adopter,  sur  celle  des  tem|)era- 
tures  trop  basses,  sur  Tobservation  du  thermom^tre  k 
Fombre  ou  au  soleil.  La  refutation  de  la  methode  de  Ba- 
binetest  bonne.  La  methode  des  carresdes  temperatures, 
proposee  par  M.  Quetelet,  n*est  pas  tr^s-bien  exposee;  Pan. 
teur  parait  Tadopter.  Je  trouve  cette  grande  question 
ecourtee. 

Le  chapitre  YI  est  consacre  k  I'etude  de  la  distribution 
de  la  chaleur  solaire  el  de  la  vegetation  a  la  surface  du 
globe. 

Apr^  uneesquisse  des  causes  qui  produisent  les  diffe- 
rences de  climat,  et  un  tableau  des  temperatures  moyeiines 
et  extremes  en  divers  lieux,  emprunte  k  M.  Quetelet,  Tau- 
teur  etudie  la  radiation  solaire  dans  les  diverses  regions. 
II  trouve  qu'elle  est  plus  forte  k  requateur,  sur  les  monta- 
gncs,^  midi.  II  existe  surcesujet  des  observations  exactos 
que  Tauteur  aurait  bien  fait  d'utiliser,  pour  preciser  cette 
proposition  un  pcu  banale. 

II  resulte  de  \k  que  la  difference  entre  Texposition  au 
soleil  et  Texposition  k  Tombre  doit  augmenter  dans  les 
mSmes  circonstances.  Viennent  ici  des  experiences  de  de 
Candolle  sur  des  cultures  comparees  au  soleil  et  k  Tombre. 
Quelques  reflexions  judicieuses  de  I'auteur  lendent  k  res- 


{Mi) 

treindrc  Teflet  de  la  radiation  calorifique  du  soleil,  poor 
allribuer  la  plus  grande  part  dinfliience  k  la  lumiere. 

L'auleur  revient  ici.sur  les  c6reales  qui  ne  demandenl, 
<lan$  les  regions  seplentrionales,  qu'une  sommed^  chaleur 
moindro  que  sous  un  climat  tempore.  De  Gasparin  etait 
port6  k  croire  qu  on  r^tablirait  T^galile  en  prenanl  les 
temperatures  au  soleil  et  nou  a  Tombre.  L'auteur  discute 
cette  opinion,  mais  inconipleteaient,  si  j*ose  dire  mon  avis. 
Ainsi  i!  n'oxamine  pas  ce  que  donnerait  rapplication  de 
la  aietbode  des  carres  des  temperatures.  11  croit  que  c*esl 
plut6t  la  lumiere,  necessaire  k  la  formation  du  fruit,  qui 
suppl^e  i  la  chaleur  en  defaut. 

L'article  5  est  consaere  aux  differences  de  la  vegetation 
selon  lesdifferentes  latitudes.  Dans  les  regions  equatoriales, 
la  vegetation  est  continue,  k  moins  qu^un  excis  de  secbe- 
resse  ne  Tarreie.  Aussi  les  feuilles,  les  llenrs  et  les  fruits 
se  montrenl  simultanement.  A  raesure  que  les  saisons  se 
prononcenl,  on  voit  apparailre  la  periodicitede  ces  produc- 
tions des  vegetaux. 

L*auteur  rapporte  ici  la  loi  de  Scbubler,  d^apr^s  laquelle 
uu  degre  de  latitude  ou  100  metres  d^allilude  produisent 
un  retard  de  quatre  jours  sur  la  vegetation.  II  insisle  sur 
la  ditOcuUe  qu*apporte  Tincertitude  du  zero  organique,  puis 
consaere  quelques  mots  aux  aires  des  plantes.  Jc  trouvecet 
article  beaucoup  trop  court.  II  y  avait  la  matiere  k  un  boo 
chapitre. 

Le  chapitre  VII  est  consaere  aux  phenomenes  periodic 
ques  des  plantes  ^  Bruxelles. 

A  cette  occasion  Tauteur  revient  sur  la  loi  de  Schubler, 
et  ne  lui  reconnatl  aucune  importance,  parce  qu^elle  est 
trop  generale.  Je  la  crois  aussi  trop  generale ,  pour  autant 
toii^tefois  que  Schubler  iui  ait  accorde  toule  TexteDsion 


(  6880 

que  comporte  T^iionc^  que  nous  venons  d'en  rapporter; 
mais  ce  que  je  trouve  sans  valeur,  je  dois  dire  que  ce  sonl 
les  arguments  de  TauCeur.  Qu'importe  h  Texactitude  de 
celte  loi  que  Ton  voie,  cerlaines  ann^es,  les  plantes  les 
plus  pr^coces  en  avance  sur  la  dale  moyenne  de  leurs  flo- 
raisons,  el  d'aulres,  plus  lardives,  en  retard  sur  leurs  dates 
moyennes? 

Cest  done  ^  tort,  k  mon  avis,  que  Tauleur  passe  outre 
c  sans  s'atlacher  a  verifier  celte  loi,  ni  k  determiner  les 
roodilications  qu*il  faut  lui  faire  subir  dans  les  regions 
voisines  du  pdle  ou  de  Tequateur.  > 

Dans  les  articles  suivants,  Tautcur  resume,  d^apr^s  les 
travaux  de  M.  A.  Quetelet,  les  caracl^res  des  diverses  sai- 
sons  a  Bruxelles,  L*article  6,  cousacr^  au  repos  hibernal, 
renferme  des  considerations  interessanles. 

Au  l""' novembre,  la  plupartdes  feuilles  sont  mortesou 
mouranles,  bien  que  la  temperature  ne  rende  pas  la  vege- 
tation impossible.  Ce  ne  sont  pas  non  plus  les  geiees,  dit 
I'auteur  :  elles  sont  trop  rares  et  trop  faibles  en  oclobre. 
lei  Je  crois  pouvoir  faire  des  reserves.  Ce  qui,  selon  luif 
arrete  la  vegetation,  c'est  la  degradation  de  la  temperature 
et  de  la  lumiere,  i  partir  du  mois  d*aout.  fl  faudrait  ajouter 
ici  un  element  organique  de  periodicite,  inherent  h  Tindi- 
vidu ;  mais  Tauteur  va  y  venrr. 

La  vegetation  est  presque  impossible  en  hiver;  d'abord 
€  lesgeiees  viennent  Finterrompre,  souvent  pendant  plu- 
sieurs  jours.  En  second  lieu,  lorsque  le  vegetal  re^oit  le 
plus  de  cbaleur,  il  rcQoit  le  moins  de  lumi^re;  et  il  lui  est 
donne  le  plus  de  lumiere,  alors  qu*il  lui  est  accorde  le 
moins  de  chaleur.  »  Dans  ces  conditions  le  vegetal  suspend 
son  acliviie.  c  Le  repos  hibernal  a'est  pas  un  signe  de 
defaillance  organique  ou  de  destruction  par  les  agents 


(  686  ) 

physiques,  c  esl  Tud  dcs  exemples  ies  plus  remarquaUes 
de  Taction  de  la  spontaneity  de  rindividualit^  vivanie  sar 
Tactivit^  de  la  mati^re.  » 

L*habitude  donn^e  par  une  longae  suite  de  sidles  a  fait 
entrer  le  repos  hibernal  dans  le  plan  d'organisation  :  de  Ik 
la  r^gularite  avec  laquelle  il  apparatt. 

Cependant  certaines  plantes  s'en  ressentent  k  peine 
(Senecio  vulgaris^  Poa  annuaj  Buxus  sempervirens^  Ilex 
aquifolium,  Juniperus  communis).  D*autres  bivernent  k 
demi  (Ies  Rubi  fruticosi,  Ies  fraisiers) ;  enfin  quelques- 
unes,  ayant  choisi  Pautomne  pour  fleurir,  forment  leurs 
Truits  en  hiver  (colchique,  lierre). 

Art.  7.  Du  reveil  prinianier,  II  est  determine  moins  par 
une  temperature  relativement  eiev^e  que  par  rameiioration 
graduelle  des  conditions  m^teorologiques,  et  par  I'babitude 
inn^e  ou  acquise.  L'auteur  cite  plusieurs  exemples  poor 
montrer  que  cette  p^riodicite  n'a  que  des  rapports  eloign^s 
avec  la  temperature.  II  y  a  plus.  Une  lemp^rature  hivernale 
eievee,  mais  insufBsante  pour  /brcet*  Ies  plantes,  trouble  et 
fetarde  Ies  phenomenes  periodiques.  Cest  apr^  un  hiver 
r^gulier,  froid  sans  etre  excessif,  que  le  reveil  printanier 
s*effectue  lemieux. 

Ces  considerations  me  paraissent  fondles.  Elles  sent 
suivies  de  tableaux  par  lesqueis  Tauteur  cherche  k  mon- 
trer le  peu  dVffet  d*une  temperature  eievee,  au  premier 
printemps,  sur  la  vegetation  des  periodes  suivantes. 

Art.  6.  Defeuillaison.  La  feuille  meurt  quand  elle  est 
devenue  inutile.  Aussi :  l"*  elle  tonibe  quand  la  plante  entre 
dans  son  repos  hibernal ;  ^  toute  feuille  abritee  de  Pair  et 
de  la  lumiere  tombe  plus  tdt  que  Ies  autres;  S"*  la  chute 
des  feuilles  est  centripete.  Pour  une  mdme  variete,  Ies  indi* 
vidus  ies  plus  faibles,  ceux  vivant  sur  un  terrain  sec,  c^ux 


(  687  ) 

qui  sontabril^s,  sedepouillenl  les  premiers.  Sur  uo  nidme 
arbre,  les  feuilles  les  phis  anciennes,  celles  des  rameaux 
inferieurs  et  inlerieurs  sonl  dans  le  m^me  cas.  (Ceci  me 
parattrail  plutdl  cenlriruge).  Neanmoins  le  vent  el  le  froid 
am^nent  beaucoup  d*exceptions. 

La  cause  de  la  chute  des  feuilles  est  done  Taction  d^pri- 
mante  qui  r^sulte  de  la  succession  des  ph^nom^nes  m^t^o- 
rologiques  aulomnaux  5  ceux  de  Tet^,  aid^e  par  Tbabilude 
du  repos  hibernal  k  une  cerlaine  epoque.  De  I^  vient  que 
cerlainesplantes  voienl  mourir  leurs  feuilles  en  septembre, 
k  une  temperature  superieure  k  celle  qui  a  determine  leur 
feuillaison. 

Le  chapitre  VIII  est  consacr^  k  f^tude  des  epoques 
moyennes  de  feuillaison  et  de  floraison. 

L'article  1,  qui  traite  de  la  temperature  de  ces  epoques, 
renferme  de  nombreux  tableaux  qui  n*appellent  aucune 
observation.  Puis  Tauteur  examine  si  Tavance  ou  le  retard 
des  ph^nomenes  periodiques  correspond  exactement  aux 
conditions  meteorologiques.  II  arrive  k  celte  conclusion 
que  le  plan  d'organisation  d*un  vegetal  exige  non-seule- 
ment  une  certaine  temperature,  mais  encore  une  certaine 
epoque  pour  cette  temperature.  Le  vegetal  r^siste,  surtout 
k  une  chaleur  b^live. 

D'apres  Tauteur,  deux  plantes  qui  montrent  leurs  feuilles 
k  la  m^me  date  en  temperature  moyenne,  presenteront 
de  grandes  differences  dans  les  epoques  de  leur  feuillaison, 
si  elles  sont  soumises  a  des  temperatures  anormalement 
eievees.  Cette  preuve  imporlante  de  la  spontaneite  du  ve- 
getal ne  ni'a  point  paru  suffisamment  ecablie  par  les  faits 
rapportes  par  Tauteur. 

Dans  le  memeordre  d'idees,  Tauteur  insiste  sur  cet  autre 
fait  que  les  variations  annueiies  de  diverses  esp^ces  pre- 


(  688  ) 

senteDtdcsccarCs  fort  diffi^rents.  II  explique  la  fixity  plus 
grandc  des  arbres  sur  les  arbustes  et  les  plantes  herbacies, 
par  la  r6gularit6  plus  grande  avec  laquelle  its  recoiveot 
Pair,  la  lumi^re,  la  chaleur  et  rhumidit6.  Ces  circonslances 
pourraient  cxpliquer  les  diff^irences*  des  variations  indivi- 
duelles  dans  ces  irois  classes  de  v^g^taux ;  roais  elles  me 
paraissent  moins  applicables  aux  individus  qui  ont  &{&  sou- 
mis  aux  observations  utilis^es  par  I'auteur. 
.  Des  tableaux  qui  suivent  Fauteur  cberche  k  d^uire 
cette  auire^proposilioo,  que  les  v^^taux  Strangers  et  les 
v^getaux  culliv^s  sont  plus  flexibles  et  pr^sentent  daos 
leurs  variations  annuelles  des  hearts  plus  consid^bles  que 
nos  plantes  indigenes.  J'avone  que  I'inspection  de  ces  ta- 
bleaux ne  m*a  pas  Tourni  de  r^sultats  concluants.  J*ai  alors 
calculi  r^cart  moyen  pour  les  arbres  ou  arbustes  indigenes, 
puis  pour  les  especes  etrangires  ou  cultiv^es  que  Tauteur 
a  cities;  et  je  n'ai  gu^re  trouv^  qu'un  jour  de  difference; 
mais  il  est  juste  de  dire  que  j*avais  range  dans  la  premiere 
categoric  le  pommier  et  quelques  autres  plantes  que  Tao- 
teur  aurait  places  dans  la  seconde.  Je  n*ai  pas  recom- 
mence le  calcul,  convaincu  que  ce  changement  influerait 
peu  sur  le  r^sultat;  et  je  suis  confirm^  dans  cette  appr^ 
ciation,  en  voyant  que  Tauteur  lui-meme  reconnatt  que  les 
tableaux  des  floraisons  pr^sentent  beaucoup  plus  d*uni- 
formite  dans  les  hearts  de  ces  diverses  cat^ories  de  vdge- 
taux. 

Dans  Tarticle  3,  Tauteur  ^tudie  les  variaiions  dilermi- 
nees  par  les  climatSy  et  il  s'efforce  de  montrer  qu*elles  sont 
proportionnelles  aux  differences  que  donnenl  les  diverses 
ann^es  pour  une  m£me  locality.  Je  trouve  les  faits  k  Tappoi 
peu  nombreux,  et  les  hearts  considerables,  L'auieur  Ta 
bien  vu,  mais  ces  hearts,  dit-il,  sont  aussi  proportionnels 
qu'ils  peuvent  retre  dans  un  semblable  calcul. 


(  689  ) 

II  imporlerail  cependanl  d'etablir  cede  loi  sur  des  foD- 
dements  inconleslabtes.  Elle  sert  de  point  de  depart  i  Tau- 
teur  pour  calculer  la  difference  des  dates  de  la  feuiliaison 
moyennc  d'une  plante  d*iine  locality  i  une  autre  lorsque 
Ton  connail  pour  la  premiere  localite  les  dates  moyennes 
de  la  feuiliaison  et  de  la  floraison,  et  pour  Tautre,  la  date 
moyenne  de  la  floraison.  Un  calcul  analogue  pent  donner  la 
floraisoD.  Ce  serait  1^  certoinement  une  acquisition  int^res- 
sante,  et  le  r^sullat  de  tols  calculs  pourrait  servir  k  coniir- 
mer  la  loi  sur  laquelle  Tauteur  s'appuie  pour  les  ^tablir.  Je 
regrette  qu'il  n'ait  gu^re  cherch^  qu'i  donnor  des  exemples 
de  calcul  et  non  des  preuves  k  Tappui  de  ses  idees. 

Ici  se  termine  Tanalyse  de  Tint^ressant  m^moire  qui 
nous  a  ^t^  soumis.  Je  vous  prie  d*excuser  sa  longueur  : 
ne  partageant  point  toute  Tappr^ciation  de  nion  savant 
confrere,  premier  commissaire,  j'ai  ^t^  entrain^  k  en  faire 
passer  les  motifs  sous  vos  yeux. 

R^sumant  mon  appreciation,  je  trouve  ce  travail  int^res- 
sant,  bien  ^crit,  con  tenant  du  neuf,  anuon^ant  un  esprit 
sagace,  r^fl^chi,  mais  qui  n*est  peut-6tre  pas  mdr  pour  les 
considerations  philosophiques  formant  le  fond  des  deux 
premiers  chapitres.  S*il  nous  etait  pr^sent^  en  temps  ordi- 
naire, je  conseillerais  certaines  suppressions,  plus  de  d^ve- 
loppements  k  certains  chapitres,  plus  de  faits  a  Tappui  de 
certaines  id^es ;  et  je  pourrais  alors,  comme  M.  Morren,  en 
proposer  Timpression.  Dans  le  cas  actuel,  il  s'agit  d'un 
concours,  c'est-^-dire  de  savoir  si  ce  m^moire  a  convena- 
blement  r^pondu  a  la  question  pos^e  par  FAcademie.  En 
ce  cas,jedois  r^pondre  n^gativement,  pour  les  mdmes 
motifs  que  votre  premier  commissaire. 

Ma  conclusion  est  done  qu'il  n*y  a  pas  lieu  de  d^cerner 
le  prix. 


(690) 

Cela  admis,  je  ne  puis  proposer  rirapression  d'un  nie- 
luoire  non  couronne. 

Je  crois  que  Tauteur,  qui>n'a  utilise  aucun  doeumeot 
allemand,  ne  connail  pas  la  langue  de  nos  voisins  de  TEst. 
II  est  JDutile  alors  qu'il  cherche  a  perfectionner  son  ceuvre 
pour  un  prochain  concours.  Je  Tengagerais  pluldt  a  suppri- 
mer  beaucoup  de  details  dans  iesquels  ]es  termes  de  la 
question  Tout  forc6  d'cntrer,  et  h  risumer,  dans  un  travail 
special,  ce  que  ses  recherehes  pr^sentent  d*original.  Elies 
meltent  en  relier  la  spontan^ite  du  vegetal,  et  elles  ne 
peuventraanquerd*obtenirraltenlion  du  monde  savant.  » 


€  Dans  les  rapports  dont  vous  venez  d'entendre  la  lec- 
ture, mes  honorables  confreres,  MM.  Morren  et  De^alque, 
ontpr^sente  des  analyses  substantiellesdu  m^moire  souniis 
k  noire  appreciation,  qui  en  font  connaitre  le  plan  g^n^ral 
et  ses  subdivisions.  Je  m'associe  bien  volontiers  avec  vos 
premiers  commissaires,  pour  reconnaitre  que  ce  travail  se 
recommande  par  la  conception  de  son  ensemble  ct  Ten- 
chaincment  logique  de  ses  parties  principales.  Sans  aucun 
doute,  ce  memoireest  Toeuvre  d'une  personne  qui  possMe 
des  connaissances  ^tendues  en  botaniqueet  dans  les  bran- 
ches qui  se  rattachent  directement  k  cette  science.  Mais 
apres  ces  ^loges,  je  regretie,  avec  M.  Dewalque,  que 
I'auteur  n'ait  point  Tait  preuve  de  connaissances  aussi  pr6- 
cises  ni  de  vues  aussi  etendues  dans  Texpos^  de  faits  ou 
de  considerations  qui  out  rapport  k  des  branches,  tclles 
que  la  physique,  auxquelles  il  importe  d*avoir  egard  dans 
le  mode  de  solution  de  la  question,  telle  qu'elleest  posee. 


(  69*  ) 
Quoique  je  n'aie  nullement  riDlenlion  d*etitrer  dans  des 
details  de  critique  tres-^teudus,  je  ne  puis  me  dispenser  de 
faire  remarquer,  d*abord,  que  Tauteur  se  sert  assez  souvent 
d'expressions  qui  n'apparliennent  pas  au  langage  scienti- 
tique,  ou  qui  ont  pour  objet  d'etabtir  des  distinctions  inu- 
tiles:  telles  sont  celles  de  force$  mobiles  y  d' action  et  dHm^ 
pression  du  calorique,  de  moyens  qui  eveillent  I'affinife.., 
Parfois  aussi  la  pensee  de  Tauteur  est  tellement  mal  ren- 
due,  qu'elle  exprime,sans  aucun  doute  a  son  insu ,  un  fait 
errone.  Ainsi,^  la  page 21  deson  m^moire,on  rencontre cette 
assertion  :  c  Aucune  substance  solide  n*est  organisable.  » 
Chose singuliere,  cette  assertion  vientimm^diatement  apr^s 
le  passage  suivant  oi^  il  est  question  du  carbone  comme 
etant  Tun  des  ^l^noents  des  corps  organises:  c  On  ne  ren- 
»  contre  guere,  dit  Tauteur,  dans  les  groupes  nnol^culaires 

>  organiques  que  du  carbone,  de  Fbydrog&ne,  de  Toxygene 
»  et  de  I'azote.   Cela  ne  prouve  pas  absolument  que 

>  d'autres  substances  ne  soient  tout  aussi  organisables; 
»  mais  les  plans  d'organisation,  tels  qu*ils  existent  actuel- 
»  leinent  sur  le  globe,  ne  les  admettent  pas.  » 

Dans  un  autre  passage,  Tauteur  s'exprime  ainsi  :  c  La 
»  science  moderne  consid^re  volontiers  le    calorique, 

>  r^ilectricit^  et  la  lumi^re  comme  des  \ariet^s  de  mou- 

>  \ement.  Dans  cette  hypoth^se,  les  forces  mobiles  pour- 

>  raient  £tre  appelees  forces  de  mouvement...  >  Notons 
que  ce  passage  fait  suite  h  cet  autre  :  c  On  donne  le  nom 

>  de  forces  aux  causes  des  ph^nom^nes  mat6riels.  Ces 

>  forces  sont  de  deux  esp^ces  :  les  nnes  sont  fixees  aux 

>  corps,  les  autres  sont  mobiles.  Le  calorique,  par  exem- 
»  pie,  n*est  pas  fix^  h  la  niatiere...  >  Ces  citations  nous 
monlrent  dans  quel  ordre  d'id^es  Tauteur  se  place  k  regard 
des  notions  de  physique  les  plus  simples,  et  combien  cer- 


(  692  ) 

laines  id^es  qui  le  guident  ici  sonl  discutables  des  leur 
point  de  depart,  ou  par  suite  de  la  forme  singuliere  dont 
fl  revfil  Pexpression  de  sa  pensee. 

En  rdalite,  les  connaissances  de  Pauteur  ne  semblent 
pas  dtre  toujours  k  la  hauteur  de  la  question  trait^e  dafis 
les  parties  de  son  travail  qui  se  rattachent  particulierement 
k  la  physique;  ou  s*il  en  est  autrement,  il  a  neglig^ ,  bien  k 
tort,  k  mon  avis,  de  faire  valoir  ce  qu'il  sait  la  oA  ie  sujet 
Texigeait.  Ainsi,en  parlant  de  Taction  d^sastreuse  que 
les  grands  froids  exercent  sur  beaucoup  de  vegetaux  ,  il  se 
borne  k  I'expliquer  ainsi  :  <  Un  froid  intense  peut  aussi 
»  geler  Teau  que  contient  le  vegetal,  surtout  s'il  a  une 
»  certaine  dur^e,  les  tissus  organiques  ^tant  mauvais  con- 

>  ducteurs  du  calorique;  alors  la  circulation  et  Tassimi- 

>  lation  deviennent  impossibles...  »  N'^tait-ce  pas  le  lieu 
de  rappeler  ici  que  la  destruction  des  plantcs  par  la  gelee 
est  g^n^ralcment  attribute  k  la  disorganisation  de  leurs 
tissus,  que  la  force  expansive  de  la  glace  provoque  au  mo- 
ment desa  formation  dans  ceux-ci?  L'auteur  igoorerait-il 
cette  explication ,  qui  a  ei&  combattue,  il  est  vrai,'dans  ces 
derniers  temps?  II  est  certain  qu*il  n*en  dit  mot  ni  a 
Tendroit  cit^,  ni  k  cet  autre  passage  Ob,  en  revenant  sur 
le  m^me  sujet,  il  s'exprime  ainsi :  c  Sauf  les  temperatures 
»  excessives,  la  gel^e  est  indniment  moins  pr^judiciable 
»  aux  v^g^taux  qu'un  degel  prompt.  F^a  chaleur  determine 
»  dans  ses  tissus  congel^s  oil  la  circulation  et  Funit^  sont 

>  impossibles,  une  activity  tumultueuse ,  irr^guli^re  qui 
»  amene  la  destruction  de  Tindividu  ou  tout  au  moins  la 

>  destruction  de  ses  parties.  Ainsi  le  froid  tue  par  sa  seule 
»  impression,  il  tue  par  congelation,  il  tue  indirectement 
»  par  le  d^gel.  > 

Le  chapitre  oA  Tauteur  s'occupe  de  la  temperature  des 


(  693  ) 

veg^taux  debute  par  eette  assertion  :  c  La  temperature 
»  qui  agit  sur  la  plante  est  celle  de  la  plante;  ceci  ri*a  pas 
>  besoiri  de  demonstration...  »  Si  celte  affirmation ,  que 
Tauteur  formule  en  axiome^  ^lait  vraie  en  tout  point,  il 
faudrait  en  conclure  que  la  temperature  du  milieu  oil  la 
plante  accomplit  son  Evolution,  n*exerce  aucune  influence 
sur  celle-ci.  Remarquons-le,  il  n'y  a  pasicile  moindre  doute 
sur  la  portee  de  cette  assertion ,  car,  apr^s  avoir  dit  que 
celle-ci  n*a  pasbesoin  de  demonstration,  Tauteur  ajoute: 
c  II  importe  pen  qu'un  thermom^tre  place  k  Fombre  ou 
»  au  soleil  marque  20°;  si  le  parenchyme  d*un  fruit  n*est 
»  qu*a  16%  il  Taut  evidemment  cotnpter  seulement  IG"" 
»  comme  determinant  le  developpementet  la  roaturite  du 
^  fruit...  »  Je  ne  m'arreterai  pas  k  montrer  combien  le  fait 
affirme  par  Tauteur  est  contraire  aux  plus  simples  pheno- 
menes  naturels,  resultant  deTinfluence  de  la  temperature 
exterieuresur  revolution  des  plantes,  influence  que  Tauteur 
rcconnaitincontestablement  dans  toutes  les  autres  parties 
de  son  travail.  S'il  n'avait  pas  cite,  k  Tappui  de  son 
assertion ,  la  difierence  supposee  entre  les  temperatures  du 
parencbyme  d*un  fruit  et  Tair  exterieur,  nous  conside- 
rerions  volontiers  son  assertion  comme  etant  le  resuitat 
d'une  simple  inadvertance  dans  la  forme  de  la  pensee  de 
Tauteur.  • 

.  Quoi  qu'il  en  soil,  c'est  ici  le  lieu  de  faire  remarquor 
que  Tauteur  ne  s*occupe  nullement  d'une  question  qui  se 
ratlache  precisement  a  la  temperature  propre  des  vege- 
taux, celle  de  savoir  si  les  plantes  absorbent  ou  developpent 
de  la  chaleur  par  suite  des  phenomenes  chimiques  qui 
president  a  leurs  evolutions,  dans  les  parties  intimes  des 
vegetaux.  II  laisse  tout  k  fait  dans  Tombre  une  question  de 
cette  importance,  qui,  certes,  he  devait  point  lui  echapper 


(694) 

dans  cette  partie  de  son  travail  oik  il  (raiie  de  la  tempera- 
ture des  plantes.  A  eet  egard,  Tauteur  se  borne  k  considerer 
les  variations  thermom^triqaes  que  Tair  6prouve  sods  I'io- 
flaence  de  ia  cbaleur  solaire ,  selon  des  circonstances  qa^il 
rappeile.  Dans  mon  opinion ,  il  ne  pouvait  se  dispenser  de 
faire  remarquer  ici,  m^me  en  restant  dans  des  terroes 
g^n^raui,  que  le  r^ultat  d^Gnitirde  la  vie  d'un  vegetal 
est  de  Gxer  dans  ses  tissus  ie  carbone  qu*il  emprunte  prin- 
cipalement  k  Tacide  carbonique  de  Tair.  Or,  dijk  la  remar- 
que  en  a  ^t^  faite  autre  part,  cette  destruction  de  Tacide 
carbonique  doit  absorber  de  la  chaleur.  La  cons^uence 
naturelle  de  ce  phenomine,  c'est  que  le  deveioppement  da 
v^^tal  doit  &ive  consid^re,  pour  un  grand  nombre  de 
plantes,  comme  ^tant  une  source  intime  de  froid,  qui  est 
continueliement  comblee  par  une  partie  de  la  chaleur  que 
les  rayons  solaires  apporlent  au  globe  terrestre.  Cette 
consequence,  cette  application  des  r^sultats  obtenus  dans 
les  recherches  calorifiques  qui  accompagnent  les  combi- 
naisons  et  les  decompositions  cbimiques,  est  inevitable. 
Remarquons  qu'elle  n'est  point  dementie,  eu  egard  au 
phenom6ne  general  de  la  vegetation,  parcertaines  mani- 
festations calorifiques,  momentanees,  qui  accompagnent, 
parfois,  des  phenomenes  particuliers  de  la  vegetation,  tels 
que  la  floraison  chez  certaines  plantes. 

Le  fait  de  Tabsorption  de  chaleur  comme  consequence 
du  mode  d*accroissement  des  vegetaux,  qui  trouvent  une 
source  compensatrice  incessante  dans  la  radiation  solaire 
pendant  la  bonne  saison,('st  bien  certainement  du  do«- 
mainc  de  la  question  posee,  puisqu^l  s'agit  de  traiter,  dans 
sa  solution ,  des  relations  de  la  chaleur  avec  le  deveioppe- 
ment des  plantes  phanerogames.  L'auteur  devait  done 
toucher  k  cette  partie  de  la  question ,  mSme  en  restant 
dans  les  considerations  generaies. 


(  695  ) 

Ud  aper^u  sur  ce  sujcl  devenait,  ppur  lui,  une  Iransilion 
nalurelle  vers  la  derniere  parlie  de  la  question  mise  en 
concours,  qui  demandail  dediscuier  la  valeur  de  Vinfitience 
dynamiquedela  chalettr  solaire  sur  I'evolulion  des  planless 
Dans  le  m^moire  sounnisa  notre  examen,  il  n'est  question 
ni  des  faits  ni  des  principes  gen^raux  sur  iesqucis  esl 
fondee  la  lli^orie  dynamique  de  la  chaieur ,  ni  d'aucune 
indication  sur  la  voie  par  laquelleon  parviendra  k  appliquer 
ces  principes  au  phenomine  de  i*^volution  des  plantes.  II 
esl  evident  que  Tauteur  ne  pouvait  se  dispenser  aucune- 
mcnt  d'entrer  dans  quelques  considerations  g^n^rales  a  eel 
egard;  el,  quelles  que  soienl  les  difficulles  qui  entourenl 
ce  probleme,  il  devait  au  moins  nous  faire  enlrevoir  jusqu'i 
quel  point  le  developpement  des  v^getaux  repr^senle,  en 
travail  mecanique  accompli,  une  partie  de  la  chaieur 
solaire  rcQue  par  les  plantes. 

Les  deux  lacunes  que  je  viens  de  signaler  et  dont  il 
n^est  point  possible  de  se  dissimuler  rimporlance ,  surlout 
k  Tc^gard  de  la  derniere,  ne  me  permeltent  point  de  consi- 
derer  le  memoire  examine  comme  repondant  a  la  question 
posee,  d'une  mani^re  aussi  complete  que  T^tat  acluel  de  la 
science  le  demandail.  Tout  en  rendant  justice,  avec  vos 
deux  premiers  commissaires,  a  d'autres  merites  du  travail , 
je  conclus,  avec  M.  Dewalque,  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  de- 
cerner  le  prix  ni  de  proposer  I'impression  du  memoire.  » 

Conform^ment  aux  conclusions  des  rapports  qui  pre- 
cedent, la  classe,  tout  en  reconnaissant  du  m^rite  et  un 
certain  interet  au  memoire  present^  en  r^ponse  k  la  troi- 
si^me  question  du  concours,  decide  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de 
lui  decerner  le  prix. 


(  696  ) 

QUATRlilME  QUESTION. 

Exposer  le  mode  de  reproduction  des  anguilles. 

Cclte  question  a  donne  lieu  k  un  memoirc  |K)rlani  pour 
devise :  Les  rnerveilles  de  la  nature  revelenl  la  puissance 
du  Createur. 

La  classe,  apres  avoir  entendu  la  leelure  des  rapports 
des  commissaires,  MM.  Van  Beneden  pere  et  fils  el  de 
Selys  Longchamps,  a  d^cid^  que  cc  travail  n'^tait  pas 
digne  qu^elle  s*en  occnpit  davantage. 


SIXI^ME  QUESTION. 

On  demande  la  description  du  systeme  honiller  du  has- 
sin  de  Liege. 

Le  m^moire  re^u  en  reponse  k  cette  question  k  pour 
devise  : 

Les  observations  directes  accuroulees  ^  suflBsance  permelleut  seules  ci*ap- 
pliquer  la  m^lhode  de  Ken^ralisalioii  qae  ron  doil  loujours  avoir  comiiit^ 
obJecUfen  mati^re  de  g^^iiie.  (L'autecr.) 


c  Apres  avoir  mis  au  concours  k  deux  reprises,  mais 
sans  r6sultat,  la  description  du  syst^me  Iiouiller  de  la 
Belgique,  I'Acad^mie  a  bien  voulu  ,  il  y  a  deux  ans,  agreer 
ma  proposition  de  restreindre  ce  travail  k  une  de  nos 
provinces.  Je  pensais  que  les  ing^nieurs  attaches  k  nos 
houilleres  ou  au  corps  des  mines  pourraient   bien   se 


(  697  ) 

trouver  emp^ch^s  de  se  li vrer ,  loin  de  chez  eux ,  aux  recher- 
ches  necessaires  pour  un  travail  comprenant  toiite  notre 
Tormation  houill^re;  et  j'esp^rais  plus  de  succes  en  ne  les 
astreignant  pas  k  de  nombreux  d^placements,  incompali- 
bles  avec  leurs  fonctions.  Je  suis  heureux  de  voir  que  la 
question,  limit^e  a  la  province  de  Li^ge,  nous  a  valu  un 
meiiioire  d^taill^ ,  accompagn6  de  coupes  el  de  carles  du 
plus  grand  prix. 

Dans  son  Introduction,  Tauteur  nous  apprend  quil  a 
visits  nos  di verses  mines  de  houille,  ^tudi^  leurs  plans, 
el  dress^  un  grand  nombre  de  coupes  a  I'aide  desquelles 
il  a  consti^uil  deux  cartes  qu'il  a  annex^es  k  son  travail 
et  qui  en  sont  la  par  tie  la  plus  int^ressante.  La  premiere 
represente  la  coupe  horizonlale  du  syst^me  houiller  de  ia 
plus  grande  parlie  de  la  province  de  Li^ge,  depuis  Herve 
jusqu'i  F16ne,  par  un  plan  passant  k  200  metres  au-des- 
sous  du  0  du  Pont-des-Arches,  k  Li^ge,  soil  i  137  metres 
au-dessous  du  0  de  la  basse  mer  moyenne  k  Ostcnde. 
Pour  la  partie  occidental  de  la  province,  le  pen  de  pro- 
fondeur  des  exploitations  u'a  pas  permis  de  continuer 
cette  section;  de  sorte  que  la  seconde  carte  represente  une 
coupe  horizontale  du  terrain  au  niveau  de  la  Meuse.  Cette 
difference  de  niveau  n'esl  pas  sans  inconvenient  lorsqu'on 
etudie  le  raccordement  des  deux  parties.  Quoi  qu'il  en 
soit,  ces  cartes,  k  Fechelle  du  1/20,000,  nous  donnent  le 
trace,  en  partie  hypotbetique,  de  chaque  couche^  et  celui 
des  failles  qui  les  traversent.  Le  trajet  des  couches  est 
represente  par  un  trait  plein  lorsque  les  travaux  d'exploi- 
tation  Tout  fail  reconnaitre  au  niveau  de  la  coupe ;  ailleurs, 
leur  trajet  presume  est  indique  par  une  ligne  pointiliee. 

L'auteur  expose  ensuite  la  marche  qu'il  a  suivie  et 
Tordre  qu*il  adoptera  dans  son  travail.  Un  premier  chapitre 
2"'  s6kie,  tome  xxxvi.  46 


(  698  ) . 

donnera  d*abord  la  description  g^ologiqiie  du  systeme 
houiller  de  la  province  de  Li^ge,  basee  sur  les  caracleres 
g^omelriques;  le  deuxi^me  sera  consacr6  aux  caracleres 
miueralogiques  de  chaque  couche  de  houille,  ainsi  qu'4 
ceux  des  rocbes  interpos^es;  le  troisieme  aura  pour  objet 
la  synonj  mie  des  couches.  Je  ne  sais  si ,  dans  fetal  acluel 
de  nos  connaissances,  cet  ordre  est  le  meilleur;  en  fail, 
Tauleur  a  dA  rencontrer  souvenl  beaucoup  de  difDculle 
pour  s'y  couformer.  Mais  je  dois  faire  observer  que  c'esl  i 
tort  qu'il  dit  qu'on  n'a  encore  rien  ecrit  snr  ce  sujet ;  le 
reproche  le  plus  grave  ^ue  j'aurai  k  lui  adresser,  c*esl 
d'avoir  compl^lemenl  neglige  les  Iravaux  ant^rieurs. 

I.  — "  Description  g£n£rale. 

Le  bassin  houiller  de  Liege  forme  une  bande  allong^ 
du  sud-ouestau  nord-esl,  qui  suit  la  diredion  de  la  Heuse, 
depuis  la  limile  de  la  province  de  Namur  jusqu'a  IJ^e, 
puis  continue  jusqu'«i  la  frontiere  prussienne.  L'auteur  eo 
indique  les  limites  d'une  maniere  beaucoup  Irop  succincte, 
surloul  en  presence  du  trop  petit  nombre  dindications 
geographiques  qu'il  s'est  content^  de  meltre  sur  ses  cartes; 
puis  il  fait  ressortir  le  fait  fondamental,  sur  lequel  Du- 
monts'etait  appuye,  en  i830,  pour  determiner  Vkge  relatif 
de  nos  diverses  formations  anciennes  :  je  veux  dire  la 
disposition  en  bassin,  sur  laquelle  Finspection  de  la  carte 
ne  pent  laisser  aucun  doute. 

La  limile  scplentrionale  du  bassin  n*est  connue  que 
d'une  maniere  ires-incompl^le.  L*auteur  est  porle  i  croiie 
qu'elle  s'^tend  au  nord  de  Vise,  sous  ies  plateaux  d'Ou- 
peye  et  de  Lonciii,  beaucoup  plus  loin  qu*on  ne  Pa  cru 
jusqu'aujourd'hui.  Je  ne  comprends  pas  bien  le  passage 


(  699  ) 

oh  ii  cherche  k  montrer  que  les  plateures  septentrionales 
doivent  faire  un  retour  en  selie,  en  coDcordance  avec  le 
soal^vement  do  calcaire  de  Vis^  et  celui  de  Hoz^mont. 
Quant  au  fait  g^n^ral  sur  lequel  il  appuie  ici ,  savoir  : 
i*^lroites$e  du  bassin  dans  la  partie  occidentale  de  la  pro- 
vince, il  ne  me  parait  pas  de  nature  k  justifier  Fespoir  de 
i'auteur;  et  je  dois  avouer  que  je  ne  vois  encore  aucune 
bonne  raison  pour  ^tendre  les  liroiles  de  notre  formation 
houill^re  plus  loin  que  Dumonl  I'a  fait,  il  y  a  plus  de  qua- 
rante  ans. 

Avant  de  quitter  ce  sujet ,  je  desire  ajouter  quelques 
observations  de  detail.  Le  calcaire  de  Vis^  devrait  Stre 
figure  sur  la  carte,  dAt-on  se  contenler  d'un  pointing 
indiquant  son  afileurement.  Une  carte  sp^ciale,  qui  accom- 
pagne  celte  partie  du  texte,  devrait  £tre  r^duile  de  ma- 
niere  k  former  une  figure  sur  bois  k  intercaler  dans  le 
texte.  Enfin  je  crois  voir,  vers  Oupeye,  sur  la  carte  g^o- 
logique  de  la  province  de  Li^ge,  par  Dumout,  des  indi- 
cations de  couches  que  Tauteur  n*a  pas  figur^es  dans  sa 
grande  carte :  cela  tient  peut-Stre  au  niveau  auquel  elle 
est  dress^e,  mais  quelques  explications  ne  seraient  pas 
d^plac^es. 

Ce  bassin  houiller  a  subi  des  piissements  uombreux  et 
des  dislocations  considerables.  L'aspect  des  plis,  sans 
cassures,  fait  conciure  k  Tauteur  que  le  plissement  s'est 
effectu^  k  une  6poque  oh  les  couches  n'avaient  pas  encore 
perdu  leur  mollesse  originaire  :  conclusion  que  je  ne  con- 
sid^re  pascomme  sulBsamment  prouv^e  par  cet  argument. 
De  Taspect  des  failles  il  conclut  qu'elles  sont  posterieures 
au  durcissement. 

L'auteur  passe  ensuite  k  la  description  des  failles,  c'esl- 
^-dire  des  fractures  qui  ont  ^l^  accompagn^es  ou  suivies 


(  "00) 

d'un  d^placemenl  relatif  des  parois.  II  distingue  ici  les 
fractures  sans  ecartement  des  bords,  el  celles  dont  les 
parois  se  sont  ^cart^es,  laissanl  entre  ellcs  un  intervalle 
plus  ou  moins  grand,  rempli  de  debris  de  toule  sorte; 
c'est  k  ces  derni^res  seules  qui!  reserve  le  nom  de  Tailles. 
Je  ne  sais  si  cette  distinction  peut  Sire  uiile  aux  exploi- 
lanls,  qui  m^connaissent  souvenl  les  premieres  landis 
que  les  secondes  ne  peuvenl  leur  echapper;  uiais  cette 
distinction  n*a  jamais  &l6  admise*en  geologic.  Apres  quel- 
ques  mots  consacrSs  aux  accidents  de  la  premiere  cate- 
goric, Tauteur  passe  aux  failles  avec  Ecartement  et  rem- 
plissage.  Elles  sont  au  nombre  de  trois. 

La  premiere  est  la  faille  dite  de  S^-Gilles,  (\i]ik  d^crite 
par  les  auteurs  anciens.  On  I'a  reconnue  de  Baldaz-Lalore 
au  Baneux.  Dans  sa  moitiE  occidenlale,  le  bord  snd  est 
abaissE;  c'est  le  contraire  k  Test.  L'auteur  ne  Farrete  pas 
au  Baneux,  pour  la  faire  lourner  au  nord,  comme  on  Fa 
admis  longtemps;  mais  il  la  prolonge  vers  Trembleur, 
parce  que  ce  prolongemenl  est  indispensable  au  raccordc- 
ment  des  couches  entre  Wandre  et  Cheratte.  Je  remarque 
i  ce  sujet  que  Dumont  a  figure ,  vers  cette  derniSre  loca- 
lite,  une  petite  faille  qui  me  paratt  se  confondre  avec  uoe 
partie  du  prolongemenl  dont  il  s*agil  (prolongemenl  que 
rimportance  de  eel  accident  rend  fort  admissible).  Je  re- 
grette  de  n'avoir  rencontrE  ici  aucune  mention  de  cette 
indication  de  Dumont,  aucune  discussion  de  ce  tie  ques- 
tion. Sans  oser  demander  a  Pauteur  d^exposer  tout  ce  que 
les  savants  des  siecles  passes  nous  onl  appris  sur  le  sujet 
dont  il  s*occupe,  je  compte  que  Ton  me  permeltra  de 
penser  autrement  a  propos  du  mSmoire  de  Dumont.  J'en- 
gagerai  done  Fauteur  k  signaler  les  cas  oil  il  peut  con- 
firmer  les  observations  «t  les  deductions  de  ce  mattre ;  el 


(  701  ) 

surlout  de  discuter  ceux  ou  il  se  croit  amen^  k  Tamender. 
Cette  observation  s'applique  a  une  foule  de  passages  du 
m^moire  que  j*analyse :  je  n'y  reviendrai  plus. 

Vjent  ensuite  la  faille  dile  de  Seraing,  qui  part  du 
calcaire  carbonifi&re  de  Fl^malle,  et  suit,  corome  la  pr^- 
cedeute,  la  direction  g^n^rale  du  bassin.  Elle  se  bifurque 
tr^s-pres  de  son  origine.  La  brancbe  seplentrionale, 
reeonnue  jusqu'au  bure  du  Rosier,  se  rattache  r^guli^re- 
roent  k  son  prolongement  pour  rejoindre  bientdt  la  faille 
de  S*-Gilles;  son  bord  meridional  est  forte^nent  relev^. 
La  branche  meridionale  est  reeonnue  jusqu'au  bure  du 
Bois  d'Avroy;  son  prolongement  va  rejoindre  la  faille  qu'on 
a  rencontr^e  au  nord  de  la  concession  de  la  Chartreuse 
(faille  de  la  Chartreuse)  et  que  Tauteur  prolonge  hypo- 
thetiquement  jusqu'i  Boose ,  pres  Barchon.  La  l^vre  meri- 
dionale de  cette  rupture  est  abaiss^e  de  300  metres  au 
bure  Henri-Guillaume,  a  Seraing,  davantage  k  Touest, 
moins  k  Test  oQ  le  d^placement  vertical  est  generalement 
compris  entre  200  et  100  metres.  Cette  faille  incline  au 
sud  de  75  a  85",  tandis  que  la  branche  nord  incline  vers 
le  nord,  dans  une  position  voisine  de  la  verticale,  et  que 
rinclinaison  de  la  faille  de  S'-Gilles  varie  de  89"*  S.,  k  TO., 
k  56**  N.,  k  la  Belle-Vne  de  S*-Laurent. 

Vient  enfin  la  faille  que  Tauteur  appelle  eifelienne, 
parce  que,  sur  une  partie  de  son  trajet,  elle  a  determine 
un  contact  anormal  du  syst^me  houiller  et  du  syst^me 
eifelien  de  Dumont.  Elle  s*etend,  dit  Tauteur,  de  Cerexhe 
u  x\ngleur,  mais  il  la  prolonge  avec  raison  jusqu*i  Ramet. 
A  roon  avis,  elle  contourne  la  pointe  que  forment  k  Kin- 
kempois  (Angleur)  les  divers  etages  eifeliens  et  condru- 
siens,  tandis  qu*elle  y  serait  iuterrompue  d'apr^s  la  carte 
de  Taateur.  Son  inciinaison  est  d'environ  45""  vers  le  sud 


(  702  ) 

jusqu'i  Kinkempois.  Dans  sa  partie  nord-est,  le  releve- 
mentdu  bord  meridional  est  mat  connu  :  Tauteur  reslime 
i  200-250  metres  aux  Qualre-Jean  (Retinne).  II  n'essaye 
auciiDC  Evaluation  du  d^placement  dans  la  partie  siid- 
ouest  de  cette  dislocation  :  je  compterais  par  centaines  de 
metres. 

Des  failles  de  moindre  importance  ont  pen  attire  Tat- 
tention  de  I'auteur,  qui  ne  leur  consacre  que  quelques 
mots,  beaucoup  trop  courts.  Je  dois  faire  remarquer  que 
Dumont  a  figurE  a  S^-Gilies  une  faille  nord-sud,  dont  I'au- 
teur ne  fait  aucune  mention  et  qui  n*est  pas  representee 
sur  sa  carte. 

Les  trois  grandes  dislocations  que  nous  venous  d'exa- 
miner  partagent  naturellement  notre  bassin  bouiller  en 
quatre  zones ,  que  Tauteur  va  Etudier  success! vement.  Ce 
sont : 

i"*  Le  groupe  du  Nord,  ou  des  grandes  plateures, 
situeau  nord  de  la  faille  de  S^-Gilles; 

2*"  Le  groupe  du  Centre,  entre  la  faille  de  S^-Gilles 
etia  branche  m^ridionale  de  la  faille  de  Seraing; 

Z"*  Le  groupe  du  Sud,  entre  cette  derni^re  et  la  faille 
eifelienne; 

4''  Le  groupe  des  plateaux  de  Herve ,  entre  celle-ci  el  le 
calcaire  carbonif^re  du  massif  de  la  Vesdre. 

Le  premier  groupe  seul  nous  offre  des  couches  qui 
conservent  une  allure  rcguliere  sur  un  grand  d^veloppe- 
mcnt.  II  n'est  guere  d^formE  qu'i  Test  et  k  I'ouesl.  L'au* 
teur  disserle  longuement  sur  le  mode  de  formation  de  ces 
accidents,  pour  conclure  que  les  soulevements  observes 
sont  post^rieurs  k  la  compression  qui  a  plissE  Tensemble 
du  terrain.  II  se  fonde  sur  les  caracteres  diif^rents  des  plis 
et  des  cassures,  caracteres  qui  lui  ont  d&]k  fait  admettre 


(  703) 

que  les  premiers  ont  ^t6  prodiiits  lorsque  les  roehes  ^taienl 
encore  moiles,  tandis  que  les  secondes  soot  post^rieures 
a  leur  durcissemeut.  Je  considere  cette  difference  commc 
ne  pouvant  l^gitimer  la  conclusion  de  Tauteur;  pour  moi, 
il  est  incontestable  que  les  plis  peuvent  s'elre  produits,  tels 
que  nous  les  voyons,  k  une  ^poque  oik  les  roehes  ^taient 
compl^tement  consolid^cs.  Les  experiences  de  M.  Tresca 
suf  r^coulement  des  corps  sol  ides  sous  pression  me 
paraissent  mettre  la  chose  hors  de  doute.  Peut-elre  pour- 
rait-on  chercher  dans  une  autre  voie  la  solution  du  pro- 
blime  qui  a  justement  pr^occupe  Tauteur;  mais  je  n'insistr 
pas  sur  ce  point. 

Examinant  ensuite  le  mode  de  formation  des  failles, 
Tauteur  trouve  qu*au  lieu  de  recourir  h  des  soul^vement> 
speciaux ,  il  est  plus  rationnel  de  croire  k  des  abaissementis. 
Suivant  lui,  lorsque  la  force  compressive  eut  cess^  de  so 
faire  sentir,  <  le  d^pdt  toutenlier,abandonnealui-m£me, 
a  r^agi  par  sa  masse  qui ,  se  trouvant  hors  d*^q*uilibre,  s^est 
bris^e  sp^cialement  suivant  les  lignes  les  plus  accusees  du 
plissement  precedent,  lesquelles  constituaient  autant  de 
lignes  de  moindre  resistance.  »  Dans  cet  ordre  d'id^es,  il 
semblerait  assez  naturel  d*admettre  que  la  production  des 
failles  a  suivi  imm^diatement  celle  des  plis;  mais  que  de- 
viennenl  alors  les  considerations  tiroes  de  la  consislance  si 
diffSrente  des  roehes aux  deux  epoques? 

Quant  k  savoir  si,  lorsqu*une  faille  s*est  produite,  Tune 
de  ses  l^vres  s*est  abaissee,  ou  s'est  eiev^e,  ou  si  toutes 
les  deux  se  sont  d^plac^es  soil  en  sens  inverse,  soit  dans 
le  meme  sens,  mais  de  quantit6s  in^gales,  que  ce  soit  en 
se  soulevant,  ou  en  s'abaissant,  c*est  une  question  sou- 
vent  insoluble  et  de  pen  d^int^r^t.  Dans  le  cas  particu- 
lier  deia  faille  eifelienne,  il  me  parait,  vu  son  inclinaison 


(  704  ) 

S.  45%  le  toil  paraissaat  avoir  remoDt6  sur  le  mur;  qu'elle 
s'est  produite  par  soulevement  du  bord  meridional. 

Dans  les  pages  suivantes  Tauteur  revicnt  sur  r^tude  du 
mode  de  formation  des  plissements,  et  il  arrive  i  ceUe 
conclusion  que  Tintensil^  de  la  force  compressive  a  varie 
de  Tesl  a  I'ouesl,  comme  cela  esl  indique  par  la  iargeur 
variable  que  nous  offre  la  surface  de  noire  sysleme  houil- 
ler.  CeUe  Iargeur  est  la  moindre,  c'est-^-dire,  la  compres- 
sion a  &U  la  plus  (^nergique,  entre  Engis  et  Hoz^monl; 
cette  compression  aurail  eu  son  minimum  entre  Olne 
et  Verviers.  En  raisonnant  ainsi,  Fauteur  suppose  que 
le  bassin  originaire  pr^senlait  partout  la  m^me  Iargeur;  il 
serait  peut-elre  en  ^tat  de  calculer  ce  qui  en  ^tait.  En  toot 
cas,  il  serait  int^ressant  de  connaitre,  ne  fAt-ce  qu'eo  un 
point,  la  Iargeur  que  pr^senterait  notre  bassin  honiller, 
si  scs  couches  ^taient  d^pliss^es  et  retablies  dans  la  posi- 
tion horizon  tale  qu*elles  occupaient  lors  de  leur  forma- 
tion. 

Pour  se  rendre  compte  de  Tex  tension  que  notre  syst^me 
houiller  pr^sente  vers  le  nord-est,  dans  le  groupe  des 
plateaux  de  Herve,  il  est  une  circonstance  que  Tauteur  n*a 
pas  remarqu^e  et  sur  laquelle  j*ai  appel^  Tatlention  depuis 
bien  des  ann^es  :  c'est  la  faille  qui  part  de  Tembouchure  de 
rOurlhe  et  se  dirige  vers  le  sud-est,  dans  la  vallte  de  la 
Vesdre.  Le  lambeau  situ^  au  sud-ouest  de  cette  ligne  (et 
du  groupe  des  plateaux  de  Herve),  lambeau  limite  d*anlre 
part  par  la  faille  eifelienne,  a  ^t^  ^lev^  d'une  quantite  con- 
siderable, et  les  etages  sup^rieurs  qu*il  presentait,  y  com- 
pris  le  houiller,  ont  disparu  par  Teffet  des  denudations 
post^rieures. 

Quoi  qu*il  en  soit  de  cette  explication,  Tauteur  consi- 
d^re  le  d^veloppement  de  notre  syst^me  houiller  au  nord 


(  705  ) 

d*une  ligne  tir^e  de  Laalin  vers  Le  Trooz,  comme  Venant  k 
i*appui  de  ropinioo  avancee  plus  haut,  que  cette  formation 
doil  s'etendre  au  NE;.,  vers  Oupeye,  beaucoup  plus  loin 
qu'oD  ne  Ta  cru  jusqu'ici.  II  s*appuie  pour  cpla  sur  une  id^e 
vague  de  sym^trie  des  deux  e6l^s  de  Taxe  du  hassin,  idee 
que  je  trouve  assez  aventur^e.^ 

II  fait  remarquer  ensuite  que  des  perturbations  analogues 
se  montrent  dans  les  diflereuts  groupes  sur  les  memes 
directions  transversales.  L'inspoction  de  la  carte  ne  m'a 
pas  montre  bien  nettement  T^largissement  des  hassins  de 
Cheratte,  de  Wandre  ct  de  Cowette-Rufin,  suivant  tine 
meme  direction;  mais  ce  fait  s*obscrve  mieux  pour  les 
bassins  de  TArbre  Saint-Michel,  de  Baldaz-Lalorc,  des 
Artistes  et  de  Marihaye,  que  Tauteur  cite  plus  loin. 

Cc  chapitre  se  termine  par  neuf  lignes  consacr^es  aux 
bassins  de  Bois-Borsu,  de  Modave,  de  Linchet  el  d*Ocquier. 
II  n'y  a  pas  uu  mot  sur  le  bassin  de  Theux.  Bien  que  ces 
petits  bassins  du  Condroz  ne  presentenl  aucune  impor- 
tance industrielle,  leur  ^tude,  qui  ^tail  ^videmment  com- 
prise dans  la  question,  aurait  6le  interessante  sous  plus 
d'un  rapport.  Les  deux  mtimoires  que  nous  a  valus  le  con- 
cours  de  1830,  ont  ^t^  beaucoup  plus  explicites;  si  Tau- 
teur  n'a  pas  eu  le  temps  de  faire  des  recherches  suffisantes 
en  ces  points,  il  convenait  au  moins  qu*il  rappel&t  ce 
qu'on  doil  aux  travaux  de  nos  pr^decesseurs. 

Cette  lacune  n'est  pas  la  seule  que  j*aie  k  relever.  L'au- 
teur  ne  nous  dit  rien  de  la  partie  du  syst^me  houiller  qui 
s'^tend  entre  Herve  et  In  frontierc  prussienne.  II  n*est  pas 
question  des  phthanites  de  Hoz^mont  et  de  Vis^,  des 
quartzites  et  des  gr^s  blanchilres  de  diverses  localit^s;  et 
les  quelques  lignes  qu*il  consacre  ailleurs  a  Tamp^lite  de 
Chockier  sont  tout  k  Tait  insuffisaiites.  II  est  facile  de  voir 


(  706  ) 

que  Taiiteur  est  engage  dans  les  houill^res;  maisjedois 
altirer  ici  toute  son  allention  sur  des  poinls  qui,  poardtre 
d*une  moindre  importance  indiistrielie ,  font  cependant 
partie  de  la  question  pos^e  et  peuvent  donner  lieu  k  des 
considerations  d*un  haut  int^rSi. 

Ici  se  termine  la  partie  slratigraphique,  que  completent, 
sans  parler  des  cartes,  quelques  planches  de  coupes  inse- 
r^es  dans  le  texte. 

II.  —  Description  niNiiiRALOGiQUE  des  groupes. 
§  i,  Groupe  du  Kord. 

L'auteur  donne  les  limites  de  ce  groupe  avec  plus  de 
details  que  tout  k  Theure ;  et  il  y  ajoute  quelques  indications 
sur  les  morts-terrains  qui  recouvrent  le  systeme  houiller. 
Ce  ne  sont  que  des  renseignements  de  puisatiers.  On  sait 
combien  il  est  rare  que  Ton  rencontre  mieux  dans  les  ^ta- 
blissements  induslriels. 

Ce  groupe  renrerme  toutes  les  couches  de  notre  forma- 
tion houillere,  qui  est  complete  k  Saint-Gilles  (Liege)  o(k 
out  el^  exploit^es  les  conches  superieures  qui  forment  un 
bassin  bien  marqu^.  L^auteur  appelle  ces  couches  les  pre^ 
mieres  et  les  couches  infcrieures  sont  pour  lui  lesdernieres. 
Pour  un  g^ologue,  ce  sera  toujours  le  contraire.  Je  ne  me- 
connais  point  i'avantagequ'il  y  a  a  commencer  cette  ^tude 
par  les  couches  les  plus  ^lev^es.  Dans  T^tat  actuel  des 
exploitations  il  n'y  aura  pas  deux  opinions  sous  ce  ra[H 
port;  mais  cela  pent  se  faire  en  6vitant  des  denominations 
susceptibles  de  preter  k  T^quivoque.  Reste  la  numeration 
des  couches.  Si  la  formation  qui  nous  occupe  ^tait  isolee, 
il  n'y  aurait  aucun  inconvenient  a  donner  le  n""  1  a  la 


(  707  ) 

couche  la  plus  ^lev^e,  puisque  c'est  par  ellc  que  Too  com- 
mence Tetude.  Mais  cctte  formation  est  voisine  de  cellede 
Cbarleroi  et  deMons,  dont  elle  a'est,  pour  ainsi  dire,  que 
la  conCinuatien.  Or,  comme  le  bassin  de  Mons  est  plus 
complet  que  le  n6tre,  et  qu'il  y  a  lieu  d'esperer — c'est  aussi 
Tavis  de  Tauteur  —  que  Ton  parviendra  k  reconnaltre  les 
couches confemporaines  dans  chacun  d'eux,nous  pouvons 
nous  attcndre.  a  voir  alors  notre  n"*  i  perdre  son  rang  (et 
tons  les  autresi  sa  suite)  pour  devenir  le  u\  J'abandonne 
ce  point  k  I'auteur. 

Les  diverses  couches  se  pr^sentent  successivement  au- 
tour  du  fond  de  bateau  que  constitue  la  couche  Grande- 
Hillettc  k  Saint-Gilles.  Au  NO.  elles  forment  g^n^ralement 
de  grandes  plateures.  Au  SO.  el  au  NE.;  il  y  a  aussi  des 
dressanls,  qui  ont  ^ii  rarementexploites;  plus  loin  Tallure 
se  regularise.  Un  golfe  accessoire  se  forme  vers  HerstaK 
Au  SE.  de  Taxe  du  bassin  les  couches  font  leur  retour 
et  forment  le  versant  meridional  du  fond  de  bateau; 
mais  presque  toutes  sont  interrompues  par  la  faille  de 
Saint-Gilles,  qui  limite  ce  groupe.  On  y  trouve  sept  failles 
iongitudinales  de  peu  d'importance,  ordinairement  igno- 
r6es  des  exploitants,  mais  figur^es  sur  la  carte  de  Tauteur. 
G^n^ralement  leur  bord  meridional  est  relev^,  parfois 
d'une  vingtaine  de  metres. 

Les  caracteres  de  cette  formation  varient  d*un  point 
k  Tautre ,  et  la  synonymic  des  couches  n'est  pas  compl^- 
tement  ^tablie.  L'auteur  se  propose  de  la  rechercher  par 
Tetude  des  caract6res  stratigraphiques  et  mineralogiques. 

On  voit  que  I'auteur  n'est  pas  rest^  iidele  k  sou  plan,  qui 
etait  de  separer  T^tude  de  ces  deux  ordres  de  faits.  A  mon 
avis  la  plus grande  partie  de  ce  qui  pr^c^de, et  une  partie 
de  ce  qui  suivra,  serait  mieux  k  sa  place  d^ns  le  chapitre  i, 
consacre  k  la  description  stratigraphique. 


(  708  ) 

Los  travaux  de  S^-Gilles  et  des  environs  ont  aUeiot  sue- 
cei>sivement  18  couches^  en  parlie  inexploilables^  de 
Grande-Hilletle  k  Maret,  mais  pour  lesquelles  la  synonymie 
des  noms  qui  leur  on  I  ^t^  donnes  dans  les  di  verses  exploi- 
tations^ ne  pent  laisser  le  rooindre  doute.  Les  trois  infe- 
rieures  (igurent  seules  sur  la  carte,  k  cause  du  nivean 
auquel  elle  est  dressee.  Do  T^lude  de  cette  par  tie,  pour- 
tanl  fort  limit^e,  il  r^sulte  que  la  composition  et  T^paissear 
des  couches  de  houille,  comnie  la  nature  et  la  puissance 
des  roches  inlerpos^es,  peuvent  presenter  des  differences 
notables.  Suit  une  courte,  trop  courle,  description  de 
chaque  couche,  ainsi  que  des  masses  qui  les  separent 
On  irouve  dans  cctte  parlie  deux  horizons  remarquables, 
le  gres  de  Domina,  et  celui  de  Maret;  Tauteur  y  reviendra. 

Sous  Maret  on  trouve  6  couches,  renfermant  le  gres  de 
Couleau.  La  couche  Cinq-Pieds  se  d^double,  puis  une  troi- 
si^me  s'inlerpose  entre  les  deux  :  on  con^oit  que  la  syno- 
nymie soit  devenue  fort  embrouill^e.  L*auteur  decrit  cette 
nouvelle  s^rie,  au  point  de  vue  de  T^paisseur  des  couches 
de  houille,  de  la  puissance  et  de  la  nature  des  schistes  et 
des  psammites  intercal^s.  II  passe  ensuite  i  d*autres,  qu  il 
est  inutile  d'^num^rer,  pour  flnir  par  la  Grande  et  la  Petite 
Veine  d'Oupeye,  el  par  la  mention  de  Boutnanle  et  de 
Boulotle  k  Biquel-Gor^e.  Cela  fait  un  total  de  A6  couches. 
F/auteur,  comme  nous  le  verrons  plus  loin ,  en  admet  47. 
II  y  en  aurait  done  deux  inT^rieures  k  Boulotte  et  peu  au 
point  connues  ici. 

§  2.  Groupe  du  Centre. 

La  s^rie  complete  a  ele  travers^e  sur  plusieurs  points, 
dit  Tauteur;  elle  est  done  parraitement  ^(ablie ,  et  com- 


^ 


(  709  ) 

prend  41  couches,  au-dessousdesquellcs on  exploite,  dans 
l*aiTondissement  de  Huy,  les  6  couches  les  plus  inferieures 
par  des  travaux  qui  onl  atteint  le  calcaire  carbonif^re. 

L'auleur  indique  les  limiles  dece  groupe,  la  marchedes 
couches,  les  bassins  auxiliaires,  les  relours  qui  se  montrent 
vers  Herslal ,  Wandre  et  Barchon.  A  Touest  de  Baldaz- 
Lalore,  les  ennoyages  sont  ondules,  ce  qui  rend  difficiles 
les  raccordements  th^oriques;  aussi  les  designations  varieni 
beaucoup.  L'auleur  s'elend  sur  la  concession  des  Awirs, 
point  de  raccordement  des  deux  series;  malgr6  les  plan- 
ches joinles  an  texte,  je  ne  puis,  on  le  comprend,  me 
prononcersur  la  synonymic  qu'il  admet;  celle-ci  adoptee, 
le  reste  ne  pr^sente  plusde  diiBcultes. 

L'auleur  nous  fail  connaltre  ensuile  la  faille  longiludi- 
nale  des  Awirs,  donl  le  bord  sud  est  releve  d'une  dizaine 
dc  metres;  celles  des  Kessales ,  a  peine  connues;  et  celles 
deWandre,  dirigeesduN.auS.,avecunfaibled^placement. 

Ce  groupe  renferme  beaucoup  de  dressants.  Du  Bois 
des  Moines  i  La  Have  lis  onl  donn^  du  charbon  pour  coke, 
quoiqu'on  ait  exploile  ici  les  couches  a  peu  pr6s  les  plus 
anciennesdu  syst^me  houiller. 

L'auleur  s'occupe  ensuile  de  chaque  couche  de  houille 
en  particulier  el  des  roches  inlerposees,  comme  nous 
Tavons  vu  au  premier  groupe,  jusqu'^  la  couche  Petile- 
Pucelle.  En  dessous  viennenl  les  couches  minces  el  peu 
connues  que  Ton  exploite  dans  Tarrondissement  de  Huy, 
et  auxquelles  l'auleur  accorde  quelques  ligues. 

Ce  §  se  lermine  par  quelques  mots  sur  le  scbiste  aluni- 
fire. 


(710) 

§  3.  Groupe  du  Sud. 

Fortement  plisse ,  trte-accidonte ,  moins  simple  que  les 
deux  pr^c^denls,  ce  groupe  preseiUe  deux  horizons  de 
gres,  qui  seront  utilises  pour  ^lablir  le  synclironismc  de 
ses  couches  avec  celles  des  groupes  du  Centre  et  du  Nord. 
II  est  d*ailleurs  moins  complet,  par  suite  de  la  disparilioD 
des  couches  superieures.  L*auteur  examine  successiveuieot 
trente-sept  couches  el  les  roches  diverses  qui  les  s^pareot. 
En  dessous  de  la  derni^re  ,  Veine  du  Tunnel  (Chartreuse), 
viennent  encore  cinq  couches  a  peine  connues. 

§  4.  Groupe  des  plateaux  de  Herie. 

Ce  groupe  est  limite  au  sud  par  le  calcaire  carlionifere 
sur  lequel  le  syst^me  houiller  repose  en  stratification  con- 
cordanle.  Sa  forme  est  beaucoup  moins  r^guli^teque  celle 
des  precedents.  L*au(eur  le  divise  en  deux  parlies ,  bassin 
de  Beyne  et  bassin  de  Soumagne,  separes  par  une  seilc 
dirigee  de  la  concession  des  Steppes  vers  Cerexhe ,  i  Test, 
et  vers  la  Basse-Ransy,  a  Fouest.  Chacun  d*eux  pr^nte 
des  bassins  secondaires  donl  les  axes  n*affectent  aucuoe 
direction  dominante.  Le  bassin  de  Soumagne  est  de  beau- 
coup  le  plus  regulier  el  le  plus  riche. 

On  y  a  reconnu  plusieurs  failles;  mais  le  peu  de  d^ve- 
loppement  des  travaux  dans  celle  region  ne  permel  gene- 
ralement  pas  de  les  prolongor  avec  une  probabilite  suffi- 
sante.  Une  coupe  horizontale  du  charbonnage  de  la  Minerie 
en  repr^sente  quelques-unes;  on  voit  qu^elles  airectent  nne 
direction  a  peu  pres  nord-sud. 

Oserais-je  ajouter  que,  pour  le  m^me  molif ,  les  traces 


(  7U  ) 

de  Tauteur  me  paraissent  aussi  fort  hypolh6tiques.  Je  De 
dis  pas  cela  pour  le  bl&mer  de  les  avoir  produits :  au  con- 
traire;  mais  j'aurais  d^sir6  le  voir  exprinier  aussi  quelques 
reserves  i  ce  sujel. 

Les  couches  superieures,  formanl  le  bassin  central,  se 
trouveraient  dans  la  concession  de  Maireux.  On  y  a  recoup^ 
les  couches  Grande-Veine,  Petite- Veine ,  Franck-Mathieu , 
Macy-Veine,  Veine-F^cher,  Sotle- Veine,  Veine-au-Charbon 
et  Premiere  Veine  des  Champs.  A  Wergifosse  se  trouve 
la  Deuxienic  Veine  des  Champs. 

Les  couches  de  la  concession  du  Hasard  doivent  forc^- 
ment  s'embotter  en  dessous.  On  y  a  trouv^  :  Claudine, 
Douce- Veine,  Sotte-Veine,  .Hasard  (Louise,  des  Pres  de 
Fl^ron,  Premiere  Veine  des  Champs,  de  Maireux),  Chapelet, 
Dure- Veine,  Retrouv^e,  Hillette,  Louise,  Sidonie  (Florent, 
du  Bois  de  Micheroux),  Terre  etCharbon,  L^onie  (Florent, 
du  Bois  de  Micheroux),  Graiide-Veinette,MaIgarnie,  Pre- 
miere Veine  au  nord  de  Malgarnie,  Jeanne  (Appolline,  du 
Bois  de  Micheroux)  et  Camiile. 

Aux  Pr^s  de  Fliron  on  a  rencontr6  :  Bien-Venue,  Terre 
et  Charbon,  Mar^chal ,  Malgarnie,  Dure-Veine,  Coquette, 
La  Bonne,  Louise  (Hasard,  du  Hasard)  GrandTonlaine  et 
Angelie.  Celle-ci  est  Bien-Venue,  des  Onhons-Grand*Fon- 
taine,  oik  Ton  a  recoup^  GrandTontaine,  Bien-Venue, 
Kimelee,  Xhilette,  Grande-Onhon,  Pelite-Onhon  ou  Petile- 
Romsee;  c'esl-^-dire  une  partie  des  couches  des  Pres  de 
Fleron. 

II  en  est  de  meme  de  Cowelte-Rufin,  oik  Ton  a  trouv^  : 
Gilles,  Toussaint,  Dure- Veine  (KimSl^e ,  des  Onhons),  Ki- 
m£l£e,  Quatre-Poign^es,  (Grande-Onhon,  des  Onhons), 
Macy-Veine,  Pierre,  et  Grande-Grailette. 

Vient  ensnite  la  s^rie  du  Fond-des-Fawes  et  de  Hom- 
vent-Maldaccord.  Grande-Grailette,  deCowette^Rufin,  doit 


(712) 

correspondre  k  Dure-Veine,  du  Fond  des  Fawes;  k  Pelilc- 
Foxhalle,  de  Foxhalle,  et  i  Petile-Delsemme,  de  Homvent, 
sous  laquelle  on  rencontre  Grande-Delsemroe  (Grande- 
Veine,du  Fond-des-Fawes ,  Donne  ou  Grande- Veine  dfl 
Nooz,  des  Steppes). 

En  dessous  de  Grande-Foxbalie  viennent  Bouharmonl 
(Beaujardin,  des  Quatre-Jean  etde  Herman-Pixberolte); 
puis  Les  Pixberottes,  Oiseau  de  Proie,  Jnd^e,  Maldaccord 
ou  Petite  Calbaute,  Veine  du  Puits,  Homvent  et  Marnelte, 
qui  est  la  derniere  belle  couche  reconnue,  et  qui  correspond 
ji  Poign^e  d*Or,  de  la  Chartreuse. 

Toutefois  on  a  exploit^  h  Melin,  i  un  niveau  inr^rteur, 
Cowette,  Venta,  Quatre-Jean,  Macy- Veine  el  Veine-au- 
Sable,  qui  serait,  suivaiit  rauleur^  d*apres  le  prolongeinent 
hypotb^tique  des  couches,  la  Veine  du  Tunnel,  de  la  Char- 
treuse, tandis  que  Qualre-Jean  correspond  rait  a  Douce- 
Veine. 

L'autour  donne  ensuite  une  description  succincte  de 
cbacune  de  ces  couches  de  houille,  ainsi  que  des  masses 
quartzo-scbisteuses  qui  les  s^pareot.  Comme  les  couches 
sup^rieures  de  ce  groupe  sont  celles  dont  la  synonymie 
est  la  plus  douteuse,  il  commence  son  etude  par  les  couches 
inf^rieures.  Nous  noterons  seulement  ici  que,  sur  nne 
^paisseur  de  130  metres  en  dessous  de  Marnette,  on  n*a 
rien  reconnu  d*exploitable.  Cette  partie  correspond rai t  i 
la  selle  ^galement  sterile  qui  s'^tend  de  Sclessin  vers  Jo- 
pille. 

Je  dois  pourtant  presenter  i  Tauteur  une  observation. 
Ses  tableaux  renferment  des  expressions  comme  schisU 
loity  schisle  mur,  mur  psammitiqiie^  emprunt^es  k  la  lao- 
gue  des  ouvriers:  jc  Tengagerais  h  les  remplacer  par 
d'autres  plus  intelligibles,  sauf  k  les  faire  suivre  entre 
parentheses,  s'il  croit  utile  de  les  conserver. 


(  743) 


Chap.  IH.  —  Regherches  synonyuiques  sur  les  quatre 

GROUPES. 

l/auteur  admel  en  principe  que,  ses  quatre  groupes  du 
systdme  bouiller  reposant  sur  ie  calcaire  (en  concordance 
dans  trois  cas),  la  coucbe  la  plus  ancienne  de  chacun  cor- 
respond Ji  la  couche  semblable  des  trois  autres;  el  que 
cbaque  groupe  repr^sente  la  formation  totale  (ce  qui,  pris 
i  la  letlre,  serait  aller  un  peu  loin).  De  part  et  d'autre  de 
cbaque  grande  faille  on  doit  reocontrer  forc^ment  les  cou- 
cbes  successives  d*une  m£me  serie. 

La  synonymic  ^tablie  en  parlant  de  ces  premisses,  on 
remarque  ais^ment,  comme  on  pouvait  s*y  alteadre,  que 
les  variations  de  nature  et  d'^paisseur,  tant  du  cbarbon  que 
des  scbistes  et  des  gr^s  qui  separent  les  coucbes  de  bouille, 
sont  encore  plus  marquees  que  celles  que  Ton  a  pu  con- 
stater  dans  cbaque  groupe  etudi^  isol^ment.  L'auteur 
recbercbe  les  causes  de  ces  modifications,  que  Ton  peui 
ramener  aux  groupes  suivanis  : 

Pour  les  coucbes  de  bouille  : 

l""  Variation  d*^paisseur  et  de  composition. 

2**  Passage  d*une  coucbe  k  une  veinctte  et  r^ciproque- 
ment. 

S""  Fusion  de  deux  coucbes  et  r^ciproquement. 

Remarquons  qu'il  ne  s'agit  ici,  en  fait  de  composition, 
que  de  Tinterposition  de  lits  scbisteux  dans  la  coucbe  de 
bouille  ou  k  son  contact.  Jusqu'i  present  Tauteur  n'a  en* 
core  rien  dit  de  la  composition  propre  de  la  bouille.  Ajou- 
tons  que  Ie  second  cas  n*est  qu*un  degr6  du  premier. 

Pour  les  roches  interpos^es,  on  observe  Ie  passage  du 

2"'  SfeRIE,  TOME  XXXVI.  47 


(  744) 

schisle  au  psammiley  de  celui-ci  au  grte,  et  inversemeot. 

Nous  arrivons  aux  passages  dans  lesquels  Tauteur  ^ludie 
les  varialioDS  de  la  nature  chimique  de  la  houille.  Jusquici 
dit-il,  on  a  (oujours  admis  trois  Plages  dans  notre  formation 
liouill^re,  I'inf6rieur,  renfermant  les  couches  de  houille 
maigrc;  le  raoyen,  offrant  des  cbarbons  demi-gras;  Icso- 
p^rieur,  renfermant  les  houilles  grasses.  Je  dois  faire 
observer  pourtant que  j'ai  indiqu6  expressementque  la  na* 
ture  d'une  m^me  couche  varie  suivant  les  localit6s.  Qaoi 
qu'il  en  soit,  Tauteur  rejelte  cette  division. 

La  cause  principaie  de  ces  differences  devrait  Stre  cher- 
ch^e,  suivant  lui,  dans  les  conditions  de  gisement.  On  sait, 
dit-il,  qu'une  couche  est  toujours  beaucoup  plus  grasse  en 
dressant  qu*en  plateure.  D^s  lors,  la  division  en  trois 
Stages  ne  pent  Sire  maintenue  que  dans  des  conditions 
similaires  de  gisement. 

Pour  expiiquer  ces  variations,  Tauteur  admet  que  le 
principe  bituraineux  de  la  houille  est  k  T^tat  de  melange, 
non  de  combinaison^  et  que,  dans  les  affleurements,  ce 
principe  a  pu  s'Scouler  au  jour,  comme  on  voit  le  grisou 
se  dSgager  k  la  surface  de  TStage  houiller.  c  II  en  r^alte- 
rait  que,  dans  toute  zone  carbonif^re  aux  allures  toor- 
ment^es,  le  principe  bitumineux  aurait  ^t^  encaisse  et 
maintenu  plus  fortement,  malgrS  les  influences  m^lamor- 
phiques,  que  dans  les  allures  en  grandes  plateures  afflea- 
rant  au  jour.  > 

Cette  explication  ne  me  parait  pas  sans  difficult^s. 

Ce  n*est  pas  seulement  la  composition  chimique  qui 
doit  £tre  prise  en  consideration,  mais  encore  la  compacite 
des  houilles.  L'auteur  cite  i  ce  sujet  des  cbarbons  gras 
des  plateaux  de  Herve,  tris-convenables  pour  forges  et  fort 
analogues  k  des  charbons  de  Seraing,  mats  qui  sont  plus 


(715) 

l^gers>  moins  riches  en  gaz,  el  n*onl  pu  fournir  un  coke 
indostriel,  assez  deose  el  r^sislant. 

L'auleur  n'a  pas  fail  de  recherches  personnelles  sur  la 
composition  de  nos  bouilles,  el  il  n*a  pu  uliiiser  que  des 
r^sultals  ins6r^s  dans  les  Annates  des  travaux  publics.  A 
Taide  de  ces  documenls,  il  recherche  si  la  profondeur  a 
une  influence  sur  la  proportion  de  principes  volatils  dans 
des  conches  en  plaleure.  Du  tableau  quil  a  dress6,  il  r^sulte 
qu*il  n'y  a  rien  k  en  d^duire.  Je  crois  que  ce  tableau,  oii 
toutes  les  couches  sont  confondues,  ne  peul  conduire  k  une 
solution;  il  faudrait  prendre  chaque  couche  une  k  une,  el 
voir  ce  qu'elle  donne  k  des  profondeurs  successi  vement  crois- 
sanles  el  k  des  distances  aussi  rapproch^es  que  possible. 

L'auleur  pourrait  aussi  chercher  dans  ces  analyses  les 
observations  relatives  k  une  meme  couche  en  dressant  el 
en  plaleure.  II  serail  interessanl  de  le  voir  arriver  k  une 
conclusion  conforme  k  ses  idees  sur  Tinfluence  de  Pal  lure 
des  couches. 

Si  Ton  range  par  ordre  de  superposition  les  quinze 
couches  qui  onl  6i&  plus  particuli^remenl  ^ludiees  an 
point  de  vue  de  ieur  composition,  les  r^sultats  des  analyses 
ne  font  entrevoir  aucune  loi.  II  en  est  de  m^me  si  Ton 
envisage  s^par^ment  les  couches  du  groupe  du  Nord  el 
ceiles  du  groupe  central. 

Sans  vouloir  attaquer  ces  conclusions,  je  crois  que  Fau- 
tenrrendrait  les  resultals  beaucoup  plus  clairs  s'il  tenait 
compte  des  cendres.  La  comparaison  des  analyses  brutes, 
sans  cette  deduction,  pourrait  induire  en  erreur. 

L'auleur  pa^se  ensuile  k  Texamen  des  roches  s^dimen- 
taires  interpos^es  entre  les  couches  de  houiile.  Les  plus 
imporlantes  sonl  les  gr^s,  quoiqu'ils  varienl  aussi  de  nature 
et  d'epaisseur.  Mais  ce  qui  importe  surtout,  c*est  de  com- 


(716) 

parer  la  uature  et  la  puissance  des  rocbes  startles  appar- 
tenaiU  k  une  s^rie  de  couches.  Malheureusement  cette 
comparaison  est  didicile  k  ^lablir.  Les  renseigQemenls 
qu^ou  peut  obteuir  dans  les  exploitations  soot  absolument 
insuffisants;  on  doit  tout  voir  par  soi-m£me. 

Apr^s  la  presence  de  gr^,  le  caraclere  le  plus  utile  est 
I'absence  de  bouille  sur  une  ^paisseur  notable.  La  presence 
de  rognons  de  sid^rite  ou  de  fossiles  vient  ensuile  corro- 
borer  les  resultats  obtenus. 

L'auteur  a  fait  de  nombreuses  observations,  qui  sent 
d'un  grand  prix,  quoi  qu'il  arrive  de  ses  conclusions.  II 
distingue  particuli^renient  six  gr^,  ^chelonn^  dans  la 
serie  presque  emigre  des  couches;  mais  la  description  qu*il 
en  donne  me  paralt  bien  courle.  La  st6rilit£  du  terrain 
s*observe  dans  le  groupe  du  Nord ,  en  dessous  de  la  couche 
Grande- Veine-des-Dames ;  dans  le  groupe  central,  en  des- 
sous de  Ch^neux ;  dans  le  groupe  du  Midi,  en  dessous  de 
Stenaye,  et  enfln  dans  le  groupe  des  plateaux  de  Herve, 
en  dessous  de  la  couche  Marnette.  Enfin,  on  rencontre  des 
couches  successives  qui  poss&dent  des  puissances  excep- 
tjonnelles  et  sont  s^par^es  par  des  rocbes  dont  la  ressem- 
blance  est  bien  marquee.  On  peut  ainsi  raccorder  Cor  ct 
Houlleux,  du  groupe  du  Sud,  k  Magneu-Mohon  et  Grande- 
Veine  du  groupe  du  Centre,  k  Blanche- Veine,  =  Mascafia 
=  Veinetle  et  Veine-du-Loup  =  Macy-Veine  =  Grand 
Fontaine  du  groupe  du  Nord,  et  enfin  aux  couches  Quatre- 
Jean  et  Beaujardin,  du  groupe  des  plateaux  de  Herve.  Ce 
raccordement  ^tabli,  le  reste  va  de  soi. 

Les  r6sultals  ainsi  obtenus  peuvent  £tre  contrdl^s  jus- 
qu*i  un  certain  point,  independamment  des  cartes,  par  ce 
que  Tauteur  appelle  la  description  graphique  des  couches. 
Cette  description  comprend  une  s^rie  de  tableaux  dont 


(717) 

chacun  repr^sente  en  noir  I'epaisseur  et  la  composition 
(scbiste  ou  charbon)  de  chaque  couche  de  houille,  dans  une 
ou  plusieurs  exploitations;  et  une  autre  s^rie,  parall^ie  i 
la  premiere,  de  tableaux  colori^s  dont  chacun  represente 
la  puissance  et  la  nature  des  rocbes  interpos^es  entre 
cbaque  couche  de  bouille  et  la  pr^cedente,  dans  un  on 
plusieurs  charbonnages.  Des  teintes  sp^ciales  sont  aifect^es 
aux  diverses  roches,  de  sorle  qu'un  coup  d*oeil  suflit  pour 
montrer  les  analogies  et  les  difTi^rences.  L'auteur  a  pour- 
suivi  ce  travail  jusqu'au  calcaire  carbonif&re. 

Ces  planches  sorit  extr^mement  int^ressantes.  Elles 
m'ont  sugg£r6  pourlant  quelques  observations  : 

Ces  coupes  doivent  absolnment  etre  plac^es  verticale- 
men  I  et  non  transversalement.  Ensuite  il  serai  t  tr^s-utile 
de  r^unir,  en  les  superposant,  tout  ce  qui  concerne  un 
mdme  puits,  ou,  en  g^n^ral,  un  ensemble  bien  connu.  Sans 
vouloir  pr^juger  les  synonymies  auxqudles  Tauteur  est 
arriv^,  je  dois  dire  que,  la  plupart  du  temps,  Tinspection 
d'un  grand  nombre  de  ces  planches  ne  m'a  offert  aucune 
probability  en  faveur  de  Texactitude  de  ses  rapproche- 
ments. II  en  serait  sans  doute  tout  autrement  si  j'avais  eu 
k  comparer  des  series  considerables  de  couches  de  cette 
formation. 

II  r^sulterait  de  ce  grand  travail,  fruit  d*im menses 
recherches,  que  nous  poss^dons  seulement  47  couches  de 
bouille  exploitables,  au  lieu  de  83  ou  85  que  Dumont  ad- 
mettait.  L'^paisseur  totale  du  syst^me  houiller  serait  de 
1,197  metres.  Elle  pent  ^tre  conlrdlee  par  Texamen  des 
series  partielles  les  mieux  ^tablies  que  Ton  rencontre  dans 
chacun  des  quatre  groupes  :  les  hearts  de  Tun  i  I'autre 
n'atteignent  jamais  10  metres. 

L'auteur  donne  ensuite  un  tableau  synonymique  indi- 


(718) 

quant  les  noms  de  chaque  couche  dans  les  diffcrents 
groupes. 

Chap.  IV.  —  Conclusions. 

Les  quatre  groupes  ^lablis  dans  notre  formation  houil- 
I6re  pr^sentent  une  composition  suffisammenl  uniforme, 
el  malheurcusement  le  nombre  de  couches  qu'ils  renfer- 
ment  n*esl  guere  que  la  moilie  de  ce  qu*on  croyait.  C*est 
ainsi  que  Ton  retrouve  partout  six  horizons  de  gr^s  carac- 
t^ristiques,  silu<^s  toujours  k  une  hauteur  k  peu  pres 
egale.  On  pent  en  conclureavec  la  plus  grande  probabilite 
qu*ils  sont  contemporains  et  formes  dans  des  conditions 
idenliques. 

[ndependamment  de  ces  horizons  min^ralogiques,  Tau- 
teur  s*est  occup^  des  horizons  pal^onlologiques,  et  il  croil 
avoir  retrouv^  plusieurs  de  ceux  que  MM.  Briart  et  Cornel 
ont  signal^s  dan«  le  Hainaut,  savoir  le  premier,  le  Iroisieme 
et  le  qualri^me;  deux  autres  paraissent  inlermediaires 
enlre  le  cinqui(^me  et  le  sixi^me;  et  le  septieme  n*existerail 
pas,  vu  que  notre  svsteme  est  incomplet.  D*apres  cela,  on 
pourrait  esperer  de  trouver  dans  cet  ordre  de  faits  des 
mat^riaux  pour  ^(ablir  le  parail^lisme  des  couches  de  nos 
deux  grands  bassins  houillers. 

L'auteur  n*avait  gu6re  fait  que  citer  en  passant  un  tres- 
petit  nombre  de  fossiles.  Dans  Tetat  actuel  des  collections 
publiques  et  privies ,  il  etait  difficile  de  faire  plus ,  et  je  ne 
lui  reprocherai  guere  d*avoir  passe  sous  silence  quelques 
mat^riaux  qu*il  aurait  pu  utiliser. 

Je  n'en  dirai  pas  autant  pour  d*autres  cdtes  de  la  ques- 
tion. L'auteur  ne  dit  pas  mot  des  travaux  qui  Tout  pr^- 
ced6,  et  qui  pourtant,  ne  fAt-ce  que  comme  historique, 
,  devaient dtre  rappelds  au  lecteur.  Le  m6moire  de  M.  L.  Jac- 


(719) 

ques  sur  la  composition  des  houilles  de  la  province  de 
Li^ge  paralt  lui  Stre  inconnu  :  il  en  aurait  tir^  beaucoup 
de  donndes  inl^ressantes;  et  surtout,  il  doitStre  persuade 
que,  du  cdt6  des  fails,  son  travail  ne  sera  jamais  trop 
^tendu. 

Le  point  capital  estcelui-ci.  Au  lieu  de  poss^der  quatre- 
vingt-cinq  couches  de  houille,  comroe  nous  nous  en  ^tions 
flatt^s depuis  les  travaux  de  Dumont,nous  n'en  possedons 
gu^re  que  la  moiti^.  Par  suite  de  Tomission  de  tout  histo- 
riquede  la  question,  il  m'est  impossible  de  reconnaltre 
ou  sont  les  differences  et  par  quelles  erreurs.elles  s^expli- 
quent ,  k  moins  de  recueillir  par  moi-mSme  tons  les  docu- 
ments que  Tauteur  a  eus  k  sa  disposition  et  de  refaire  le 
travail  k  mon  tour.  J'espere  que  TAcademie  me  permetlra 
de  croire  que  ma  mission  ne  va  pas  jusque-l^.  N^anmoins, 
quand  on  voit  que,  il  y  a  un  si^cle,  Gennel^ connaissait  et 
d^crivait  soixante  et  une  couches  dans  la  montagneS^-Gilles, 
on  se  sent,  malgr6  soi,  entrain^  k  v^riGer  si  r^el lenient 
nous  n'en  possedons  en  tout  que  quarante-sept.    . 

Quant  au  style  de  ce  long  et  remarquable  travail,  il 
pourrait  gagner  en  clarte  et  surtout  en  concision,  fl  est 
facile,  d*ailleurs,  de  voir  que  Tauteur  est  mieux  pr^par^  a 
d^crire  la  constitution  du  terrain  qu'k  discuter  la  formation 
de  la  houille  et  la  date  ou  le  mode  de  formation  des  plis 
et  des  failles.  En  somme,  il  me  semble  que  le  m^moire 
ne  perdrait  rien  si  les  paragraphes  dont  je  parle  ^taient 
largement  abr^g^s. 

Messieurs,  mon  rapport  est  bien  long,  mais  je  me  suis 
exprim^  dans  Tid^e  que  ce  m^moire  serait  imprim^, 
maintenant  ou  plus  tard ,  et  je  n'ai  rien  voulu  cacher  k 
Tauteur.  C'est  vous  dire  que  je  propose  une  recompense, 
que  meritent  si  largement  les  cartes,  les  plans  et  les  coupes 


(  720  ) 

qui  sont  joints  au  lexle.  Dans  les  limites  du  conlrole  qui 
rarest  possible,  je  considere  cetle  parlie  comme  tout  k  fait 
digne  dcs  suffrages  de  TAcademie,  et  son  importance 
induslrielle  en  reclame  la  proropte  impression.  Mais  ici, 
Tensemble  de  cette  r^ponse  ne  pouvant,  selon  moi,  oblenir 
la  m^daille  d*or,  deux  solutions  se  presentent.  Latsser  la 
question  au  concours,  dans  Fespoir  que  les  occupations 
de  Tauteur  lui  permettront  de  completer  son  travaH  en 
tenant  comptedes  observations  de  vos  commissaires.  Oo 
bien,  comme  il  n'a  pas  de  concurrent,  lui  accorder  unc 
m^daille  d'argent  avec  une  somme  de  neuf  cent^  francs 
(le  prix  est  de  1,000  francs)  pour  Tindemniser  des  frais 
considerables  que  ce  memoire  a  dik  codter.  Pendant  la 
gravure  des  cartes  Tantcur  completerait  son  travail  dans 
le  sens  indiqu^  ^  Taide  des  rapports;  pour  le  mien,  il 
suffirail,  en  ce  cas,  de  donner  les  conclusions  dans  le 
Bulletin.  Vu  importance  dcs  lacunes,  je  pr^fcre  la  pre- 
miere solution,  mais  je  m*en  rapporte  au  jugenienl  dc 
mes  deux  honorables  confreres.  > 

<  I.e  rapport,  si  bien  detains,  de  mon  savant  confrere, 
me  dispense  de  faire  un  nouvel  cxamen  du  travail  pre- 
sente  i  TAcademie,  d*autant  plus  que  je  n*ai  pas,  sur  la 
mali^re,  les  connaissances  speciales  que  poss^de  M.  T>e- 
walque.  Je  me  borne  en  consequence  k  dire  que  je  suis 
d^avis  qu*il  n'y  a  pas  lieu  d*accorder  la  m^daille  d*or  k  Tau- 
teur;  mais  a\ant  d^^mettre  une  opinion  sur  lereslant  des 
propositions  du  premier  commissaire,  je  desire  connaitre 
I  avis  du  troisieme  commissaire  qui  poss^de  aussi  des  con- 
naissances plus  speciales  que  les  micnnes.  i^ 


(  72*  ) 


c  La  question  pos^e  par  TAcad^mie  n'est  pas  une  ques- 
tion puremenl  g^ologique.  L*interet  industriel  qui  s*y 
rattache  prime  de  beaucoup  Tint^ret  scientifique.  On  pou- 
vait  done  la  considerer  sous  deux  faces,  et  Ton  devait 
s'altendre  k  la  voir  traiter  d^une  mani&re  toute  diff^rente, 
selon  qu'un  g^ologue  ou  un  ing^nieur  enlreprendrait  d*eD 
donner  fa  solution. 

Le  travail  soumis  a  la  classe  est  6videmment  Toeuvre 
d'un  ing^nieur.  Si  le  g^ologue  s'y  montre  parfois,  ce  n'est 
pas  toujours  avec  bonheur.  Le  rapport  de  Tlionorable 
M.  Dewalque  passe  en  revue  Ids  opinions  g^og^niques  que 
Tauteur  einet  ^  differentes  reprises  dans  le  cours  de  son 
travail;  de  mon  cdt^,j'aurai  Toccasion  d*en  rencontrer 
plusieurs.  II  resulte  de  cet  examen  que  ce  n*est  pas  ^  beau- 
coup  pres  la  partie  brillante  de  son  travail,  que  peu 
didoes  nouvelies  s'y  rencontrent,  que  ses  opinions  sur 
la  formation  de  la  houille  et  sur  les  causes  des  disloca- 
tions  du  terrain  houiller  sontassez  vagues,  bien  que  visant 
parfois  k  une  assez  grande  precision,  et  qu*ellcs  se  trou- 
vent  d^lay^es  au  milieu  d'id^es  souvent  surannees  el  de 
theories  inutiles  ou  peu  soutenables.  Cette  partie  scien- 
tifique occupe,  du  reste,  une  place  assez  restreinte  dans 
le  m^moire. 

La  partie  industrielle ,  au  conlraire,  qui  comprend 
Tetude  slratigraphique  de  ce  riche  bassin,  celle  des  nom- 
breuses  dislocations  qui  en  ont  affect^.  la  forme  primitive, 
la  description  des  differentes  couches  de  houille,  des 
stampes  ou  assises  de  roches  steriles  qui  les  s^parent,  et 


(  722  ) 
la  recherche  de  la  syDonymie  de  ces  couches  entre  les 
diverses  parties  du  bassin  oil  elles  sont  exploit^es  souveol 
sous  des  Doms  diffi^rcuts,  forme  la  plus  grande  parlie  da 
travail  et  a  dA  u^cessiter  dimmenses  recherches.  Oo  ¥oit 
que  retablissemenl  de  celte  synonymie  a  &l6  le  grand 
objectif  de  Tauteur  :  c'est  ici  que  se  r^v^ient  la  science  de 
ring^uicur,  ses  longues  et  patientes  investigations,  el 
c'esl  dans  cette  parlie  que  nous  devons  chercher  tout  le 
m^rite  et  tout  I'int^rSt  du  travail  qui  vous  est  soumis. 

Le  m^moire  est  compost  d*un  volume  de  teste,  d^ane 
seconde  partie  que  I'auteur  nomme  Album  mineralogique 
et  qui  est  la  representation  graphique  des  diff^rentes 
veines  aux  diff(6rents  puits  oik  elles  out  ^t^  exploit^,  aiosi 
que  la  composition  desstampes  qui  les  separent,  et  enfin, 
de  deux  cartes  repr^sentant  deux  sections  horizontales  da 
bassin  houiller,  Tune  du  district  de  Li^ge  et  des  plateaux 
de  Herve,  I'aulre  du  district  de  Huy,  accompagnees  de 
plusieurs  coupes  verlicates  transversales. 

Le  rapport  de  M.  Dew^lque  donne  du  lexte  une  ana- 
lyse complete,  ce  qui  me  dispense  d*y  revcnir.  Je  ne  crois 
pas  non  plus  devoir  passer  en  revue  lous  les  points  defec- 
tueux  signal^s  par  notre  honorable  collegue,  et  sur  Tap- 
pr^ciation  desquels  je  suis,  du  reste,  completement 
d'accord  avec  iui.  Mdn  intention  est  d*examiner  quelques 
id^es  ^mises  par  Tauleur ,  et  qui ,  au  point  de  vue  scien- 
tifique  corome  au  point  de  vu/s  induslriel,  peuvent  avoir 
des  consequences  d*uue  assez  grande  importance. 

Le  premier  point  sur  lequel  je  desire  attirer  rattentioo 
de  la  classe  est  la  fixation  des  limites  du  terrain  houiller. 
A  deux  reprises  difiKrenles  Tauteur  y  revienl  et  croil 
pouvoir  emetlre  Tavis  que  les  limites  du  bassin  de  Liege 
telles  que  Dumont  a  cru  devoir  les  donner,  et  telles 


(  723  ) 

qu^elles  ont  ete  generalement  admises  depuis  eel  eminent 
g^logue;  devraient  £tre  recui^es  de  raani^re  k  donner  au 
bassin  plus  d*£tendue,  soil  sous  forme  de  retourSf  soit 
sous  forme  de  bassins  annexes. 

On  s'est  beaucoup  pr£occup6,  dans  ces  derniers  temps, 
de  I'epuisement  plus  ou  moins  prochain  des  bassins  houil- 
lers,  el  comme  consequence,  on  a  lent^  d*y  porter  remMe 
en  recherchant  leurs  extensions  possibles  en  dessous  des 
terrains  plus  r^cents.  Rien  de  plus  nalurel  que  cetle 
preoccupation ,  el  je  con^is  tr^s-bien  que  Tauteur,  de  son 
cdte,  se  soit  laiss^  aller  ^  rechercher  s'il  ne  pourrait  pas 
reculer  les  bornes  du  bassin  de  Li^ge  el  augmenter  d'au- 
tant  nos  richesses  en  combustible  mineral. 

D^s  les  premieres  pages  de  son  travail ,  Tauteur  croit 
devoir  produire  rhypothesc  du  prolongement  ou  retour  du 
bassin  au  nord ,  it  Touest  de  Vise.  Ce  retour  semble  Sire 
indique  par  la  conflguration  de  Hlot  calcaire  de  celte 
locality,  par  les  travaux  executes  i  la  houill^re  Biquet- 
Goree,  bure  Sacrement^  dans  la  coucbe  Boulenante  el 
dont  la  direction  est  uord-sud,  et  par  certains  indices  du 
m^me  retour  reconnus  aux  points  limites  des  exploitations 
par  les  coupes  verticales  de  Bonne-Fortune,  d'une  part,  et 
par  Texploitation  de  la  couche  Grande-Veine  de  TEsp^- 
rance  it  Herstal ,  d*autre  part.  Ces  fails  peuvenl  avoir  une 
importance  considerable,  et  je  n'ai  nul  motif  de  les  revo- 
quer  en  doule,  non  plus  que  les  conclusions  auxquelles 
TauCeur  est  amen^;  roais  k  cause  de  rimportance  mdme 
de  la  question,  j*aurais  d^sir^  qu1l  fAl  plus  explicite.  II 
nous  donne  bien  la  conGguration  de  Tilot  calcaire  de  Vise 
et  la  direction  de  la  couche  Boulenante  de  Biquet-Gor^e 
qui  semble  en  effetse  faire  dans  le  m^me  sens  que  le  bord 
occidental  du  calcaire ,  mais  il  ne  nous  dit  rien  de  plus  des 


(  724  ) 

travaux  de  Bonne-Fortune  et  de  TEsp^rance  a  Herstal, 
lesquels,  dil-il,  c  r^v&leot  Texistcnce  de  selies  et  bassios 
»  qui,  se  d^veloppant,  prendraient  remboitement  des 

>  mouvements  similaires  du  calcaire.  > 

Vers  la  fin  de  son  travail,  il  produit  d'autres  td^s  encore 
sur  Textension  probable  du  bassin.  c  II  semble  r^sulter, 
»  dit-il,  que,  puisque  c*est  k  peu  pr^s  suivant  la  ligne  de 

>  coupe  g^n^rale  OP  de  la  carte  que  la  cooipressioo 

>  transverse  a  ^te  minimum,  la  formation  prend  au  nord 

>  de  celte  ligne  un  nouveau  d^veloppement,  fonnalioo 

>  inconnue  aujourd'hui  et  constiluant  des  bassins  annexes 

>  sym^triques  k  ceux  des  groupes  du  sud  el  des  plateaux 

>  de  Herve.  » 

Ceci  est  purement  hypoth^tique  et  n'est  appuy^  d'au- 
cune  preuve,  Les  faitssemblent,  au  contraire,  s'y  opposer 
Ainsi,  de  ce  que  la  bande  houill^re  de  noire  pays  est  plus 
r^tr^cie  dans  sa  travers^e  de  la  province  de  Narour  que 
partout  aillenrs,  on  devrait  en  conclure  que  la  compres- 
sion y  aurait  &i&  k  son  maximum,  et  Ton  ne  devrait  guere 
esp^rer  d'y  trouver  des  bassins  annexes.  Or,  c'esl  le  con- 
traire  qui  a  lieu ,  t^moins  les  peliles  bandes  houilleres  de 
Florenne,  d'Anseremme  et  d*Assesses ,  et  ceiles  que  cite 
Pautenr  lui-m^me  et  qui  se  trouvent  dans  la  province  de 
Li^ge,  mais  dans  une  position  analogue,  a  Ocquier  eii 
Borsut. 

L'annonce  de  nouveaux  bassins  houillers  doit  toujours 
se  faire  avec  la  plus  grande  circonspection ,  et  il  est  boo, 
surtout  quand  elle  se  produit  dans  un  m^moire  en  r^ponse 
k  une  question  pos^e  par  FAcad^mie,  d'en  laisser  k  Tau- 
teur  toute  la  responsabilit^. 

L'auteur,  en  diff^renls  endroits  de  son  m^moire,  paric 
du  calcaire  de  Horion-Hozemont.  [I  semble  Tassimiler  aa 


(  725  ) 
calcaire  da  Vis6  (i)  et  en  faire  ud  autre  lambeau  du 
calcaire  carbonif<gre.  Or,  Dumont,  dans  ses  cartes  g^olo-  ' 
giques,  le  rangedans  T^tagedevonien  et  lui  donne  la  teinte 
bleu-fonc^  du  calcaire  de  Givet  E^.  N'ayaol  jamais  vi- 
site  celte  locality,  je  ne  puis  me  prononcer  k  cet  ^gard  , 
mais  je  dois  croire  que  uotre  illustre  g^ologue  ne  s*est 
pas  tromp£.  Dans  ce  cas  Tauleur  a  tort  de  supposer  une 
selle  relev^e  k  Test  par  le  lambeau  calcaire  de  Yis^  et  k 

m 

Touest  par  le  calcaire  de  Horion-Hoz6monl.  I.a  selle  existe 
peut-etre  a  Vis^,  mais  k  Touest  il  en  doit  dire  tout  au- 
irement. 

Le  calcaire  devonian  E^  serait  k  Horion-Hoz^mont, 
toujours  d*apr6s  les  cartes  de  Dumont,  en  contact  avec  le 
terrain  houiller.  II  y  aurait  done  la,  au  lieu  d'une  selle, 
une  discordance  de  stratification  qui  doit  dtre  le  resultat 
d*une  faille  d'un  rejet  considerable.  II  y  a  plus,  cetle  faille 
pent  dtre  suivie  en  prolongement  vers  Touest. 

Si  nous  nous  transportons  en  effet  au  NO.  de  Huy, 
nous  retrouvons  la  mdme  bande  de  calcaire  devonien  E^ 
sdparde  du  calcaire  carbonif^re  C^  par  une  bande  quartzo- 
schisteuse  de  T^tage  condrusien  C^ ,  bande  qui  s'amincit 
de  plus  en  plus  en  allant  vers  Test  et  finit  par  disparaltre 
k  la  traversee  de  la  Mehaigne  oil  les  deax  calcaircs  se 
trouvent  en  contact.  Ce  contact  ne  peut  non  plus  etre  que 
le  resultat  d'une  faille  qui  aurait  ^limind  entidrement 
r^tage  quartzo-schisteux  condrusien  C>  dont  je  viens  de 
parler.  Cette  faille  est  tr^s-probablement  la  mdme  que 


(1)  D'apr^  les  travaux  de  M.  Horion,  les  assises  calcaires  qae  Ton 
observe  pr^  de  Vise  n*appariiennent  pas  toutes  au  calcaire  carbonifi^re ; 
uDe  partie  doit  ^ire  rapportee  au  calcaire  devouieo.  {Bulletin  dela  SocUle 
g^ol  de  France,  2*»"  s^rie,  t.  XX,  1863.) 


(  726  ) 

celle  de  Horion-^Hoz^mofit.  Elle  se  rapproche  consUiin- 
meot  (lu  lerrain  houiller ,  depuis  le  NO.  de  Htiy ,  oft  les 
terrains  se  irouvenl  encore  plus  ou  moins  dans  leur  posi- 
tion naturelle,  jusqn'i  Horion-Hoz^mont,  oft  le  calcaire 
eifeiien  arrive  an  contact  du  terrain  hoitiKer,  eiiminant 
r^tage  quartzo  schisteux  condrusien  et  ie  calcaire  cariMH 
nif^re.  L'amplitude  du  rejet  semble  done  s*accrot(re  en 
allant  vers  Test.  Celle  faille ,  non  soupQonn^e  par  Tauteur 
k  cause  de  Tassimilatiom  qu'ii  fait  du  calcaire  de  Horion- 
Hoz^mont  avec  le  calcaire  de  Vis^,  m^riterail  cerlaine- 
ment  d*6lre  ^ludi^e.  La  succession  naturelle  des  terrains 
qu'il  a  cru  reconnattre  dans  celle  locality  ne  prouve  pas 
la  concordance  de  stratification.  Se  rapprochant  constam- 
ment  de  la  limite  du  lerrain  houiller  comme  je  viens  de 
rindiquer,  celte  faille  du  nord  doit  finir  par  y  p^n^irer,  et 
olle  acquiert  ainsi  beaucoup  d'analogie  avec  la  faille  eife- 
lienne  du  midi. 

Je  ferai  une  derni^re  observation  relativement  au  cal- 
caire de  Horion-Hozemont.  Ce  calcaire  est  repr^sent^  sur 
la  carte  I  sous  forme  d'un  lambeau  lenticulaire  tres-allong^., 
Un  noyau  d*hypersth4nile,  beaucoup  plus  etroit,setrouve 
dans  Tangle  NE.  du  lambeau  calcaire,  mais  compl^tement 
englob^  dans  ceiui-ci.  J*ignore  si  la  disposition  donn^  a 
ce  noyau  de  roche  eruptive  en  plein  calcaire  est  le  resuUat 
d'observations  bien  precises  faites  par  Tauteur,  oa  s'il  la 
pr^sente  seulemenl  comme  une  bypbthese.  Dans  le  pre- 
mier cas  ce  fail  aurait  une  importance  consid^able  au 
point  de  vue  g^ologique.  Les  g6ologues  qui  se  sont  occupes 
de  nos  terrains  primaires  on  I  admis  jusqu^aujourd'hni 
que  Tapparilion  des  roches  porpbyriques  par  Ejaculation 
Elait  anlErieure  aux  terrains  devoniens  dans  lesquels  elles 
ne  pEn^trent  pas.  La  disposition  admise  par  Fauteur  va 


(  727  ) 

lout  k  fait  a  i'encontre  de  cette  opiDion,  et  elle  rappro- 
cherait;  d'une  mani^re  tr^s-sensible,  l*^poque  de  ces  Erup- 
tions. II  est  k  remarquer,  du  reste,  que  Topinion  des 
auteurs  n*esl  basE  que  sur  des  preuves  negatives.  Si  ce 
que  Tauleur  indique  se  trouvail  vEriGe  et  dikment  constat^, 
on  serail  conduit  k  admettre  une  certaine  relation  entre 
ces  Eruptions  et  le  relEvement  ainsi  que  les  plissements 
des  bassins  houillers  de  la  Belgique.  On  ne  devrait  plus 
reporter  ces  accidents  gEologiques  a  la  6n  de  la  pEriode 
ardennaise  ou  siluriennc,  mais  k  la  fin  de  la  periode  houil- 
l^re,  et  ils  auraient  coincide  avec  le  commencement  d*une 
longue  Emersion  de  nos  contrEes  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer,  laquelle  n*a  pris  fln  que  vers  le  milieu  de  la 
pEriode  crEtacEe.  Telles  seraient  les  consEquences  aux- 
quelles  on  serait  conduit  si  Ton  admellait  comme  vraie  la 
carte  de  Tauteur.  Mais  je  dois  ajouler  que,  selon  moi, 
c*est  plutdt  une  erreur  d*observation ,  et  je  ne  suis  entrE 
dans  ces  dEtails  que  pour  faire  sentir  la  nEcessitE  d*y 
apporter  une  correction,  s*il  y  a  lieu. 

Je  bornerai  Ik  les  observations  critiques  que  je  crois 
devoir  prEsenter  au  sujet  de  la  parlie  purement  scienti- 
iique  du  travail  soumis  k  TAcadEmie.  Je  passerai  immEdia- 
tementa  Texamen  de  la  partie  que  j'ai  cru  devoir  appeler 
industrielle,  beaucoup  plus  importante  et  plus  intEressante 
que  Tautre,  beaucoup  mieux  EtudiEe^  et  qui  fait  k  elle  seule 
tout  le  mErite  du  travail. 

Dans  le  chapitre  III,  Tauteur  donne  quelques  indications 
sur  les  morts-terrains  recouvrant  le  terrain  houiller.  Ces 
indications  sont  prises  sur  les  coupes  des  puits  des  diffe- 
rents  Etablissements,  telles  qu*elles  ont  EtE  consignEes  par 
ceux  qui  en  ont  dirigE  le  creusement,  par  consEquent  sans 
nomenclature  uniforme  pour  la  dEsignation  des  diverses 
assises  traversEes. 


(  728  ) 

L*auleur  n*ayanl  pas  discut^  ces  coupes,  ne  les  ayant 
pas  coordoDD^es^  elles  semblent  presenter  quelques  ano- 
malies. Ainsi,  dans  le  hure  de  TEsp^rance  k  Monlegn^, 
il  distingue  une  assise  de  marne  de  l^'^.TS  de  puissance 
et  une  assise  de  craie  de  0°'.83,  s^par^es  par  une  coucbe 
de  sable  de  C.54.  II  s*agit  evidemment  ici  d*une  marne 
tertiaire.  Plus  loin ,  il  donne  la  coupe  du  bure  du  Levanl 
a  Ans,  oii  il  indique  plusieurs  assises  de  marnes  :  mat^e 
avecsilex,  marne  pure,  marne  avec  silex  noirs,  marne 
glauconieuse;  il  nes'agilplus  ici  de  marne  tertiaire,  mats 
de  r^tage  de  la  craie  blanche.  Dans  cette  m6me  coupe,  ii 
est  assez  difficile  de  saisir  la  difference  qu'il  y  a  entre  une 
couche  de  sable,  argile  et  silex  de  I'^.SS  de  puissance,  et 
une  coucbe  de  silex,  sable  el  argile  de  S!°'.SO  de  puissance, 
la  premiere  ^tant  superposee  k  la  seconde  sans  interroe- 
diaire.  A  la  coupe  du  bure  de  TEsperance  a  Montegnte,  il 
cite  en  dessous  de  la  craie  et  imm^diatemenl  au*dessusda 
terrain  houiller,  4'".33  de  terrain  de  transition.  Cette 
expression  tout  k  fait  impropre  demanderait  k  etre  inter- 
pret^e.  A  la  coupe  du  bure  du  Levant  k  Ans,  il  indique 
une  couche  de  tourbe  de  {"".OO  de  puissance  enire  le  ter- 
rain cr^tac^  et  le  terrain  houiller.  Geci  encore  demanderait 
quelque  explication.  L'auteur  aurait  dA  faire  la  repartition 
desdiff^rentes  assises  de  ses  morts-lerrains  entre  les  diffe- 
rentes  formations  g6ologiques,ou  m£me  entre  les  diff^- 
rents  syst^mes  par  lesquels  Dumont  a  subdivis6  ces  forma- 
tions. 

La  description  des  morls-terrains  n'entrait  pas  n^ces- 
sairemeut  dans  la  question  pos^e  par  TAcad^mie,  et  elle 
aurait  pu,  k  la  rigueur,  etre  ^cart^e.  Mais  le  memoire  6tant 
conQU  k  un  point  de  vue  cssentiellement  industriel,  Fauteur 
a  cru  devoir  en  dire  quelques  mots.  Je  ne  puis,  en  me 


(  729  ) 

plaint  au  m^me  point  de  vue,  que  regrelter  qu*il  n*eD  ait 
pas  (lit  davantage;  et  certes,  en  voyant  le  nombre  consi- 
derable de  documents  quil  a  reunis  sur  le  terrain  houiller, 
OD  est  en  droit  de  supposer  qu*il  en  poss6de  sur  les  morts- 
terrains  beaucoup  plus  qu*il  n'en  a  donne. 

J*arrive  mainleuant  a  la  parlie  descriptive  du  terrain 
houiller  m^nie,  dans  laquelle,  ainsi  que  je  Tai  dit  prec^- 
demmcnt,  reside  tout  Tinleret  du  m^moire.  Ce  travail  com- 
porte,  comme  dit  Tauteur,  trois  ordres  de  faits  s'enchai- 
nant  logiquement,  et  qui  sont : 

1**  La  description  geologique  du  syst^me  houiller  de 
la  province  de  Li^ge,  bas^e  sur  les  caract^res  g^ometri- 
ques. 

2"  La  description  min^ralogique  fournissant  les  carac- 
t^res  de  chaque  s6rie  de  couches  et  des  rocbes  interpo- 
s6es. 

S**  La  recherche  synonymique  des  series  de  couches 
envisagdes  aujourd'hui  comme  diflerentes. 

Pour  y  arriver,  Tauteur  a  dA  r^unir  un  nombre  conside- 
rable de  coupes  des  terrains  reconnus  par  les  puits  et  les 
galeriesa  travers  bancs,  dans  lesquatregroupesqn*il  dis- 
tingue dans  Ic  bassin  houiller  de  Li^ge.  II  y  a  recueilli  la 
composition  des  couches  grandes  et  petites,  et  des  assises 
diverses  de  gres,  de  psammite  et  de  schiste  composant  les 
stampes.  Et  comme  les  puits  et  les  galeries,  dans  la 
presque  generality  des  cas,  recoupent  les  strales  sous  un 
angle  s*ecartant  plus  ou  moins  de  Tangle  droit,  il  a  dA 
reduire  par  le  calcul  toutes  ces  donnees  de  maniere  k 
obtenir  ce  quil  appelle  la  slampe  normale,  seul  moyen 
d*etablir  une  comparaison  rationnelle  et  d*arriver  k  urie 
synonymie  admissible. 

Ces  stampes  normales  sont  representees  graphiquement 
2""*  s£rie,  tomb  xxxvi.  48 


(  730  ) 

dans  une  parlie  imporlanle  du  travail  que  TauCeur  nomme 
Album  mineralogique ^  h  une  ^chelle  suffisamment  grande 
pour  que  la  comparaison  poisse  se  faire  avec  facility.  Dc 
plus^  quelques  ^pures  intercalees  dans  lo  (exte  ont  poor 
but  de  d^montrer  le  parall^lisme  plus  ou  moins  parfait 
des  principales  veines  recoupees  par  les  diff^rents  puils. 

II  s'agissait  ^galement  de  decrire  I'allure  g^n^rale  da 
bassin  et  de  chacune  des  veines  qui  le  composent.  Pour  t 
arriver,  Fauleur  a  du  rccourir  aux  denudes  fournies  par 
Texpioitation ,  c'est-a-dire  aux  plans  des  travaux  miniers. 
A  Taide  de  ces  donnees,  il  a  pu  conslruire  des  coupes  ver- 
ticales  aussi  rapprochees  que  possible ,  les  compl^tant  par 
suite  des  parties  de  veine  non  encore  exploitees  ou  exploi- 
t^es  depuis  un  temps  lellemenl  long  que  tout  souvenir  en 
est  perdu.  II  a  trace  sur  ces  coupes  les  derangements  qui 
ont  affect^  le  bassin  houiller,  les  relevemenls,  les  plisse- 
ments,  les  failles.  Au  nioyen  de  ces  coupes  successives,  il 
a  pu  construire  deux  coupes  borizontales  prises,  la  pre- 
miere ou  carte  I  k  200°'.00  en  dessous  du  niveau  de  la 
Mouse,  ou  137'°.00  en  dessous  du  niveau  de  la  mer,  est 
celle  du  district  de  Li^ge  et  des  plateaux  de  Herve,  la 
seconde  ou  carte  II  au  niveau  de  la  Meuse,  est  celle  du 
district  de  Huy. 

J*ai  tout  lieu  de  croire  que  ce  travail  considerable  el 
tr^s-complexe  a  ^t^  fait  avec  le  plus  grand  soin.  Si  les  con- 
clusion^  de  Tauteur  peuvent  etre  discut^es,  et  elles  ne 
manqueronl  pas  de  TStre  en  differents  points,  on  peat  da 
moins  6lre  rassur^  quant  k  Texactitude  des  relev^s  qa*ane 
position  speciale  lui  a  probablemeut  permis  de  faire  dans 
toutes  les  mines  de  la  province. 

Le  point  qui  soul^vera  le  plus  de  d^bats  est^  sans  cou* 
tredit,  le  nombre  de  couches  auquel  Tauteur  arrive  et  qui 


(  73*  ) 
ne  serait  que  de  47  au  lieu  de  83  comme'Dumont  Tavait 
^tabli.  II  est  regrettable  que  Tauteur  n'ait  pas  cru  devoir 
discnter  les  opinions  de  notre  i]lustre  geologue,  dont  le 
Qom,  que  je  sache,  ne  se  Irouve  pas  cit^  dans  le  cours  du 
m^moire.  II  doilcependants'attendre  k  ce  que  son  cliiffre 
ne  sera  admis,  dans  le  prrocipe,  qu*avec  une  extreme  re- 
serve, el  qu*il  causera,  dans  le  monde  des  ing^nieurs  et  des 
expioitaQts  beaucoup  d^^tonnemenl  pour  ne  pas  dire  de 
disillusion. 

Etranger  aux  exploitations  da  pays  de  Li^ge,  que  je  n'ai 
visil^es  que  de  loin  an  loin,  je  ne  puis  enlrer  dans  les  de- 
tails nombreux  que  Tauteur  nous  donne,  ni  ^meltre  une 
opinion  cat^gorique  snr  le  nonibre  des  couches  et  sur  la 
synonymie  qui  en  est  la  consequence;  mais  les  bases  sur 
lesquelles  il  s'appuie,  la  maniere  dont  il  discule  celte  syno- 
nymie, me  font  penser  que^  si  elle  a*esl  pas  d*nne  entiere 
v^ric^  quant  aux  details,  elle  pourrail  bien  dtre  la  meilleure 
k  laquelle  on  puisse  arriver  dans  Tetat  actuel  des  choses. 

L'auteur  s'appuie,  en  effet,  sur  les  indices  les  plus 
probables ,  sur  des  horizons  geologiques  qui,  paratt-il,  sont 
d*une  Constance  remarquable  et  reconnaissables  sur  de 
grandes  etendues.  Cos  horizons  sont  de  diverses  natures. 
Ce  sont  d*abord  certains  bancs  de  gr^s ,  au  nombre  de  six , 
d'une  puissance  assez  considerable,  variant  de  10  d  17 
metres ,  et  dont  il  a  pu  reconnattre  les  caracleres  strati- 
^raphiques  et  mineralogiques  en  beaucoup  de  points.  C'est 
ensuite  la  puissance  plus  ou  moins  grande  de  quelquos 
stampes  steriles,  et  par  contre,  la  multiplicite  des  couches 
relativement  k  Tepaisseur  d'une  stampe;  enfin,  c'est  la 
puissance  extraordinaire  et  d*une  persistance  remarquable 
de  cerlaines  veines.  Quant  aux  Jiorizons  pal^ontologiques 
qu'il  ess^ye  aussi  de  faire  intervenir,  j'cin  dirai  qqelques 
mots  plus  loin. 


(  732  ) 

Ce  n'est  pas  cepcndant  que  fauteur  ail  line  cooOance 
absolue  en  ces  elements.  II  reconnail,aucontraire,  queles 
diverses  slrates  du  terrain  liouiller,  soil  les  couches  de 
houille,  soil  les  bancs  de  gr^,  de  psammiteou  de  schiste, 
sont  excessivement  variables  au  point  de  vuc  de  la  com- 
position, de  ia  puissance,  des  caracleres  mineralogiques 
et  de  la  nature  chimique.  Elles  pr^nlent  parfois  si  peu 
de  fixit^^  que  dans  le  pays  de  Herve,  par  exemple,  on  n*a 
pas  encore  rencontre,  entre  deux  mines  voisincs  c  des 
»  caract^res  d^anaiogie  complete  entre  des  couches  qui, 
»  indubilablement,  sont  de  mdme  ibrmalion.  > 

La  synonymic  proposee  est  r^sumiiedans  un  tableau  ou 
sont  donnas  les  noms  que  portent  cliacune  des  veines  daos 
les  diffi§rents  ^tablissemenls  ou  elles  sont  exploitees.  Les 
deux  cartes  iiccompagnant  le  m^moire  resument  celte 
synonymic. 

Ces  cartes  paraisscnt  faites  avec  le  plus  grand  soin,  et 
j*ai  tout  lieu  de  croire  qu*elles  sont  de  la  plus  gi^ande 
exactitude  pour  les  parties  de  veines  reconnues  et  ex- 
ploitees, lesqueiles  $ont  indiqu6es  en  trait  plein.  Quant 
aux  parties  non  encore  exploitees,  ou  dont  TexpioitatioD 
n*a  pas  laiss^  de  trace,  leurs  allures  ne  ponvaient  qu*etre 
deduites  hypothetiquement  des  premieres.  Je  dois  dire 
c\\\k  ce  point  de  vue,  les  hypolh<^es  de  Tauteur  me 
paraissent  tres-plausibles.  Ces  parties  incertaines  sont  in- 
diquees  sur  les  cartes  en  trait  pointing. 

Mais  on  ne  manquera  pas  de  se  demander  pourqnoi 
Tauteur  a  choisi  deux  niveanx  differents  pour  la  construc- 
tion de  cartes  repr^sentant  le  m^ine  bassin  houiller.  Si  je 
comprends  bien  ses  motifs,  il  a  choisi  un  niveau  reiative- 
ment  tres-bas  pour  la  carte  I,  parce  que  k  ce  niveau  exis- 
tent des  travaux  miniers  recents  et  en  assez  grande 


(  733  ) 

qaantil^,  dont  les  plans  ont  cte  reiev^s  avec  assez  dc 
soins  pour  donner  des  cerliludes  suffisantes  au  irac^  des 
couches,  tandis  que  plus  haul  la  meme  certitude  n'existe 
plus,  les  travaux  dalant  dV^poques  plus  ou  moins  ^loi- 
gn^es,  ^poques  oik  les  plans  miniers  ^taient  tenus  avec 
tr^s-peu  do  soins  ou  ^taieol  meme  enti6remenl  n^glig^s. 
On  n*a  parfois  que  des  donn^es  tr^s-vagues  sur  les  travaux 
laits  dans  les  parties  sup^rieures,  et  tr^s-souvenl  m^me, 
toute  tradition  en  est  perdue.  Or,  Tauieur,  en  Ira^ant  sa 
carte,  n'a  voulu  y  admettre  que  des  elements  d'une  cer- 
titude absolue. 

D*un  autre  cdl£,  il  a  du  relever  son  niveau  de  coupe 
pour  la  partie  du  bassin  k  Touest  dc  la  concession  de 
FIdne,  parce  que  les  exploitations  de  cette  partie  n'ont 
gudre  ^le  poursuivies  en  dessous  du  niveau  des  areines  (i) , 
d^bouchant  trds-peu  au-dessus  du  niveau  de  la  Meuse. 
Pour  arriver  h  unc  certitude  suOisante,  il  a  Ad  adopter, 
pour  cette  partie,  le  niveau  de  la  riviere. 

On  ne  pent  guere  bidmer  Tauteur  de  la  disposition 
adoptee  au  point  dc  vue  de  la  certitude,  mais  il  en  est 
r^sult^  un  grave  inconvenient.  C'est  que  la  carte  du  bassin 
houiller  de  Lioge  se  compose  de  deux  parties  distinctes 
ne  pouvant  se  raccordcr  entre  elles ,  par  consequent  former 
une  carte  unique.  La  partie  orientale  semble  etre  un  bassin 
limits  vers  Touest :  la  couche  inferieure  y  est  enti^rement 
recoup^e  par  le  plan  de  coupe,  tandis  que  cette  m^me 
couche  a  les  bords  d^sunis  et  tr^s-ecart^s  sur  la  partie 
occidentale  representant  le  prolongement  du  meme  bassin. 
Get  inconvenient  est  tellement  grave  qu'il  conduit  k  re- 


(1)  G'est  le  nom  doDo6,  dans  la  province  de  Li^e,  auz  galeries  d^iwU" 
letMnL 


(  734- ) 

chercher  $*il  ^tait  tout  5  fait  impossible  d*arriver  k  unc 
carte  unique  du  l)assin  de  Li^ge,  ou ,  en  d*autrcs  lernies, 
si  la  carte  du  district  de  Huy,  ne  pouvant  etre  faitc  au 
niveau  de  200  metres  au-dessus  de  la  Meuse,  on  ne  pou- 
vail  pas  arriver  a  un  resullat  suHisammenl  exact  en  con- 
struisant  la  carte  du  district  de  Liege  et  des  plateaux  de 
Herve  au  niveau  de  la  Meuse. 

En  procedantcomme  Tauleur  Ta  fait,  une  notable  partie 
des  couches  a  dA  n^cessairement  lui  echapper ,  et  elles  ne 
figurent  pas  sur  sa  carte  parce  qu*elles  ne  descendcnt  pas 
jusqu*5  ce  niveau  de  200  metres  de  profondeur.  En  effet, 
le  groupe  du  nord  reuferme  la  serie  k  pen  pr^  complete 
des  couches  exploitables  du  bassin.  La  derni^re  couche 
(igurde  sur  la  carte  est  Grande  veine.  Or,  dans  le  tableau 
resumant  la  synonymic  entre  les  quatre  groupes ,  treize 
couches  sont  sup^rieures  ^  Grande  veine  et  ne  sont  pas 
indiqu^es. 

Or,  voici  comment  s'exprime  I'auteur  d^s  les  premieres 
lignes  de  son  travail  :  c  Pour  d^crire  graphiquement  le 
»  syst^me  houiller  de  la  province  de  Li^e,  j'ai  recoura 
»  aux  donn^es  fournies  par  Texploitation,  c'est-a-dire 
•  par  les  plans  miniers  qui  la  repr^sentent.  Au  moyen  de 
»  ces  derniers  ,  on  pent  dresser,  dans  toute  Tetendue  des 
»  zdnes  exploit^es  des  coupes  verticales  qui  donnent  la 
»  configuration  de  lambeaux  de  couches.  Ces  coupes,  im- 
»  completes  mais  r^elles,  permettent  d'obtenir  un  en- 
»  somble,  en  partie  (h^orique ,  en  prolongeant  parallele- 
»  ment  aux  parlies  exploit^es,  el  avec  les  distances 
»  reconnues,  les  series  de  couches  recoup^es  par  puits  et 
»  par  galeries.  Si,  pour  chaque  mine,  un  travail  de  Fes- 
>  p^ce  est  op^r6,  et  que  Ton  possede  la  cdte  de  nivelle- 
»  ment  de  tons  les  points  par  rapport  a  un  point  fixe,  le 


(  735  ) 

»  z^ro  de  la  mer,  par  exemple,  on  aura ,  en  tra^ant  sur 
»  les  coupes  un  meme  horizon ,  le  moyen  de  dessiner 
»  un  niveau  general,  pour  loules  les  couches  qui  auront 
»  ^t^  atteintes  ou  exploit^es  au-dessus  ou  en  dessous  de 
»  ce  niveau.  De  m£me,  si  par  Texploitation  on  obtient  en 
»  coupe  verlicale  la  direclion  d*une  cassure  ou  d'une 
»  faille,  on  pourra  la  prolonger  th^oriquement  avec  son 
»  allure  jusqu*^  Thorizon  adopts  et  en  Taire  ^.tat  dans  le 
»  trac^  dont  il  s'agit.  » 

Ces  quelques  lignes  r^sument  la  m^thode  adopts  pour 
le  trac^  des  coupes  dont  toutes  les  parties  ne  sont  pas 
connues.  L*auteur  a  largement  us^  de  celte  m^thode, 
comme  on  devail  s'y  attendredu  resle^  etcomme  on  pent 
le  voir  par  les  cartes,  ou  la  grande  majorite  des  traits 
indiquant  les  veines  sont  ponclu^s.  Je  suis  persuade  que 
cette  m^thode,  judicieusemenl  appliqu^e,  lui  eiU  donn^ 
des  resuUats  tout  aussi  salisfaisants  au  niveau  meme  de 
la  Meuse  qu*i  200  metres  plus  has.  Et  d'ailleurs,  n^a-t-il 
pas,  pour  se  guider  et  lui  servir  de  rep^re,  les  nombreux 
points  oik  ces  couches  ont  ^t^  recoup^es,  soitpar  les  puiis 
actuellemeut  en  activity,  soit  par  les  tunnels  creus^s  bori- 
zontalement  k  tr^-peu  de  bauteur  au-dessus  du  niveau 
(|ue  j'indique  comme  plan  de  coupe  g^n^rale.  II  serait 
arriv^  ainsi  h  reunir  en  un  ensemble  si  d^irable  les  deux 
parties  du  syst^me  houiller  de  la  province  de  Liege. 

Cette  mani&re  d*op^rer  eAt  donne  ^  Tauteur  Toccasion 
(rindiqnergraphiquementsonhypothesesurleprolongement 
ou  retour  du  bassin  houiller  k  Touest  de  Vis^,  bypolbese 
(luntj'ai  parl£  priced  em  men  tet  dontje  suis  loin  denier  la 
possibility.  Le  trac6,  m^me  hypoth^lique,  d*un  cbange- 
ment  d'allure  aussi  important,  procurerait  aux  ingenieurs 


(  736  ) 

plus  h  in^rne  que  moi  cie  connaltre  les  fails  locaux  sur 
lesquels  il  s^appuie,  Toccasion  de  les  discuter  et  d*amver 
i  la  .virile. 

Je  dois  ajonter  qiie  ces  cartes  sont  fort  incompletes  au 
point  de  viie  de  la  surface ,  et  Ton  ne  s'y  reconnait  qii^avec 
assez  de  difficulles.  I.cs  souls  points  de  rep^re  sont  les 
nombreux  puils  dVxtraction  qui  ont  ^t6  creus^  dans  ce 
riche  bassin.  I^es  communes  et  les  concessions  n*y  sont 
indiquc^es  que  par  leurs  noms.  II  serait  it  desirer  que  fan* 
teur  les  complMt  et  y  fit  figurer  les  principaux  coars 
d*eau  el  voies  de  communication ,  les  localites  et  les  ^ta- 
blissemcnts  les  plus  importants,  ainsi  que  les  liroitesdes 
communes  et  des  concessions.  Plusieurs  exemples  de 
cartes  renfermant  toutes  ces  donndes  peuvent  Hre  ciiis  : 
elies  en  acquierent  beaucoup  plus  de  clart^,  sont  d*an 
inlerdl  beaucoup  plus  saisissable ,  sans  pour  cela  deve- 
nir  trop  embrouill6es. 

Pour  en  finir  avec  les  cartes,  je  dirai  que  Taatear  a  cni 
devoir  accompagner  d'un  Iiser6  de  couleur  chacane  des 
couches  qui  y  sont  trac^es.  Or,  le  nombre  total  des  coo- 
ches  est  de  4*7  dont  il  faut  d^falquer  13  qui  n*y  figurent 
pas.  II  faudrait  done  54  teintes  diCKrenles.  f^  chose  n*est 
pas  impossible  sans  doute,  mais  arrivant  &  cette  subdivi- 
sion,  beaucoup  de  teintes  se  ressemblent  et  ne  peuvent 
ctre  discern6cs  avec  assez  de  facilite.  Je  crains^  du  reste, 
que  Temploi  de  ces  teintes,  dans  le  cas  oh  rimpressioo 
des  cartes  serait  d^cidee  par  TAcademie,  n*acquiert,  par 
cela  m£me  d'assez  grandes  dilTicultes  et  n'entrafne  k  des 
frais  considerables.  Le  but  de  Tauteur  n*en  serait  pas 
moins  atteint,  el  d*une  maniere  plus  facile  et  plus  com- 
mode, si  la  mSme  couche  portait  un  meme  num^ro  dans 


(737) 

toute  Tetcndue  du  bas$in,numero  qui  suivrait  ou  pr^c^dc* 
rait  immedialemcnt  Ics  noms  divers  que  cette  couche 
porte  dans  les  diff^rentes  concessions. 

Des  coupes  verticales  iransversales  accompagnent  les 
deux  cartes  et  montrenl  i'allure  des  couches  en  profon- 
Tondeur.  Elles  sont  assez  incompletes  au  point  de  vue  du 
(raic^  des  couches ,  des  travaux  k  travers  barres  qui  n'y 
sont  pas  indiqu^s,  de  la  surrace  du  sol  qui  n*y  est  pas  pro- 
file ct  des  terrains  de  recouvrement  qui  D*y  figurent  pas. 
Ce  sont  en  quelque  sorte  des  traces  g^om^triques,  tres- 
exacts  sans  doule,  mais  dont  Texaclitude  ne  rachete  pas 
la  s6cheresse.ll  mesemble,  en  outre,  que  Tautenr  a  eu  una 
idee  assez  malheureuse  en  construisanl  ses  coupes  verti- 
cales i  une  ^chelle  quadruple  de  celle  de  ses  cartes.  L*oeil 
a  peine  k  se  retrouver  dans  la  comparaison  de  traces  si 
diff^rents.  J*ajouterai  que  les  coupes  du  bassin  de  Huy  de- 
vraient  se  trouver  sur  une  feuille  s6par^e. 

II  ne  me  reste  plus  que  quelques  mots  k  dire  sur  la 
partie  paltontologique  du  travail ,  partie  tr^-restreinte« 
comme  on  doit  bien  s>  attendre. 

Pour  la  pal^ontologie  v^g^tale,  Tauleur  se  contente  de 
signaler  au  (oil  ct  an  mur  dc  certaines  veines  et  veinettes 
les  empreintes  qu'il  a  pu  y  reconnaitre,  mais  il  n*essaye 
pas  de  s*en  servir  comme  moyen  d*6tablir  la  synonymic. 
Je  ne  pense  pas  non  plus  qu*on  puisseyarriver  jamais,  si 
on  pretend  reconnallre  par  ce  moyen  une  vcine  d*une  au- 
tre veine  voisine;  mais  certains  indices  me  font  supposer 
qu'il  n'en  serail  pas  de  mdme  pour  distinguer  un  groupe 
de  veines  d'un  autre  groupe.  II  n'y  a  pas,  sans  doute, 
changement  complet  de  flore  entre  un  groupe  et  le  groupe 
suivant;  il  y  a  m£me  des  especes  qui  se  rencontrent  sur 


(  738  ) 

loute  la  hauteur  de  la  rormation  houiliire^  mais  ccrtaines 
especes  apparues  des  h  commencement  de  cette  forma- 
lion,  disparaissenl  longtemps  avant  la  flu/et  sent  par 
consequent  caract^ristiques  des  couches  inf<6rieures;  car- 
taiues  aulres  caraclerisent  les  conches  superieures,  et  l*on 
pourra  probablement  dislinguer  des  especes  interme- 
diaires.  Mais  je  pense  qu*avant  de  tenter  cette  voie,  il  faa- 
drait  refondre  compl^tement  la  flore  fossile.  Cest  ce 
qu'avait  enlrepris  notre  savant  collegue  M.  Eugene  Coe* 
mans,  que  la  mort  est  venue  surprendre  au  milieu  de  cat 
important  et  utile  travail.  Qu*il  me  soit  permis  d*exprimer 
ici  le  regret  que  nous  a  cause  cette  perte  pr^matur^e,  el 
d*emettre  Tespoir  que  ce  qu*il  avail  si  lahorieusement  com- 
mence, ne  sera  pas  perdu  pour  la  science  et  pourra  etre 
continue  et  mene  ^  bonne  fm. 

L*auteur  indique  ^galement  les  veines  au  toil  desquelles 
il  a  reconnu  des  coquilles  fossiles,  et  il  leur  consacre  qael- 
ques  mots  k  la  iin  de  son  m^moire.  II  a  reconnu,  dans  la 
province  de  Li^ge ,  cinq  horizons  fossilif^res  de  cette  na- 
ture ,  mais  ici  encore  il  semble  oublier  les  travaux  de  ses 
devanciers,  la  note  de  M.  Renier  Matherbe  qui  en  signale 
sept{fltt«.  de  rAcad.,  2™«  s6rie,  tome  XXXII,  n"»  12)  et  le 
rapport  de  M.  Dewalque  sur  cette  note. 

De  notre  cdt^,  nous  avons  constat^,  mon  collaborateur 
Cornet  et  moi,  dans  le  bassin  houiller  du  Hainaut  (fiti//.  de 
I'Acad.y  2™*  sirie,  tome  XXXIII,  n*»  1, 1872)  sept  horizons 
fossilifires.  Dans  son  rapport  sur  notre  notice,  M.  Dewalque 
emet  Tespoir  que  des  recherches  ult^rieures  ^tabliront 
ridentit^  de  quelques-uns  des  niveaux  iossiliferes  des  deux 
provinces.  L'auteur^a  essaye  d'^tablir.  cette  identity  poor 
trois  d'entre  eux  :  le  1"  le  3"'  et  le  4'"'  de  la  province 


(  739  ) 

de  Hainaut  correspondraient  aux  1",  2"*  el  5"'*  de  la  pro- 
vince de  Liege;  trois  autres  n*y  auraienl  pas  e(^  recon- 
niis,  et  le  7""'  n\  existerait  pas  i  cause  de  la  moindre 
puissance  du  terrain  houiller.  Par  conCre,  deux  niveaux 
prendraient  place  dans  la  province  de  Liege  entre  ie  5"** 
et  le  6*"'  niveau  de  la  province  de  Hainaut  oix  ils  n'au* 
raient  pas  encore  el^  constates.  II  est  a  remarquer  que  le 
5"*  ct  le 6"* niveau,  d'une  part,  el  le  6"*  el  le 7"*%  d'autre 
part,  sont  separes,  dans  ie  Hainaut,  par  les  ^paisseurs 
enormes  de  620  et  de  550  metres  dans  lesquelles  on  h'a, 
jusqu'^  present  rien  signal6.  Ce  sont  des  lacunes  que  de 
nouvelles  4echerches  pourrontcombler.  A  cesujet,  je  ferai 
remarquer  que  des  sept  niveaux  rossiliferes  du  Hainaut, 
deux  etaient  connus  dopuis  longtemps  par  Tabondance  de 
leurs  fossiles  (le  V  el  le  2"''),  le  6"*  nous  a  il6  signal^  par 
un  ing^nieur  de  nos  amis  assez  amateur  de  semblables  re- 
cberches,  landis  que  lesquatre  autres  onl  6ie  trouv^s  par 
nous  dans  les  charbonnages  dont  nous  6lions  appeles  k 
diriger  les  Iravaux.  On  peul  en  concJure  que  si  les  niveaux 
fossiliferes  n^  sont  pas  plus  nonibreux,  cela  lient  seule- 
ment^  Tabsence,  db  la  part  des  ingenieurs  decharbonnage, 
de  recberches  persev^ranles  de  fossiles  qui,du  resle,ne 
sont  pas  toujours  bien  faciles  h  trouver. 

II  ne  serait  nullement  impossible  que  Tassimilaiion  des 
niveaux  fossilifi&res  essay^e  par  Tauteur  entre  les  deux 
provinces  fill  exacte,  mais  je  dois  dire  que  ce  serail  un 
peu  Teffet  du  basard.  L*auteur  est  (res-peu  explicite, 
quanl  k  la  specification  des  fossiles  rencoiitr^s  :  il  les 
range  lous  dans  le  genre  Unto:  Depuis  longtemps  les  pa- 
l^ontologisles  ont  renonc^  k  celle  appellation  pour  les 
fossiles  de  cette  forme  des  terrains  anciens  et  lui  onl  sub- 


(740) 

slitu^  les  genres  Cardinia  ei  Anthracosia.  De  plus  aucuD 
nom  d'esp^e  n*y  est  donne.  Cesl  une  lacune  qifil  seniit 
desirable  de  voir  combler,  ridentification  des  horizons  Tos- 
silif^res  ayant  beaucoup  plus  de  chances  de  se  Irouver  par 
les  esp6ces  que  par  les  genres.  Quant  a  rassimilation  des 
horizons  donl  les  genres  sont  enli^reroent  diflTerents  et  qui 
ne  serail  basee  que  sur  cc  Tail  que  Ton  y  rencontre  des  fos- 
siles ,  on  comprend  qu*elle  doit  ^tre  faite  avec  une  eitr^roe 
reserve.  Je  citerai  comme  ^tant  dans  ce  cas ,  le  premier 
niveau  du  Hainautqui  nous  a  fourni  un  Produclus  proba- 
blement  in6dit  et  de  nombreuses  empreintes  de  Pasido- 
nomya  et  que  Tauteur  croit  pouvoir  rapporter  au  premier 
niveau  de  la  province  de  Li^ge  dans  lequel  il  n*a  rencontr^ 
que  des  Unios.  Je  ferai  remarquor,  du  reste,  que  ce  pre- 
mier niveau  du  Hainaulse  trouve  dans  les  phlanites,  tandis 
que  les  Unios  de  Dalhem  se  Irouvent  au-dessus  de  cetle 
assise,  dans  le  schiste^Jiouiller;  motif  de  plus  pour  se  d^ficr 
de  cette  assimilation  et  memo  pour  la  rejeter. 

Pour  conclure.  Messieurs,  je  declare  me  ranger  comple- 
tement  de  Tavis  de  M.  le  premier  cominissaire,  quant  i  la 
partie  purement  scientifique  du  travail  qui  vous  estsoumis, 
c'est-i-dire  que  Tautcur  n'est  arrive  k  rien  de  neufet  que 
son  travail  ne  perdrait  rien  si  les  paragraphes  concernant 
ces  points  6taient  largement  abrdg^s.  Quant  ik  la  parlie 
descriptive,  je  serais  egalement  de  son  avis  pour  en  recta- 
mer  Timpression,  mais  apr^s  que  Tauteur  aurait  modifieses 
cartes  et  ses  coupes  de  la  mani^re  indiqaee  plus  haut  et 
qui  consiste  : 

1*  A  dresser  la  carte  du  district  de  Lidge  et  des  pla- 
teaux de  Herve  au  niveau  de  la  Meuse,  pour  pouvoir  ia 
raccorder  i  la  carte  du  district  de  Huy  et  ne  former 


(  741  )    . 

qu*unc  seule  carte  g^n^rale  de  tout  le  bassin,  sans  pour 
cela  supprimcr  la  carte  a  200  metres  en  dessous  de  ce  ni- 
veau. 

2^  Indiquer  sur  cos  cartes  les  lignes  et  points  principaux 
dc  la  surface,  comme  cours  d*eau  ,  voles  de  communica- 
tions, limites  des  communes  et  des  concessions,  localit^s 
et  ^tablissements  induslriels,  etc. 

S""  Completer  les  coupes  transversales  et  les  r^duire  k 
la  m£me  ecbellc  que  celle  des  cartes. 

J*ai  tout  lieu  de  croire  que  Tauteur  a  en  sa  possession, 
ou  pourra  Tacilementse  procurer  les  elements  qui  lui  per- 
metlront  d'effectuer  promptement  ces  diverses  modifica- 
tions et  additions. 

Quant  k  la  recompense  k  accordcr,  je  pense  qu'il  n'y  a 
pas  lieu  de  prendre,  dis  a  present,  une  decision.  En  d'au- 
tres  termes,  je  propose  de  laisser  la  question  au  concours 
et  d'attendre  les  modifications  demand6es.  Cest  la  solu- 
tion vers  laquelle  penche  egalement  votre  premier  com- 
missaire.  > 

La  classe,  se  ralliant  aux  conclusions  des  rapports  de 
ses  commissaires,  reconnatt  le  merite  du  travail  qui  lui  a 
ete  soumis  on  reponsc  k  la  6*  question  du  concours;  mais, 
en  presence  des  lacunes  etdes  imperfections  qu*il  pr^sentc, 
elle  decide  de  roniettrc  la  question  k  un  prochain  concours, 
dans Tespoir  que  Tauteur  pourra,  s*il  y  prend  de  nouveau 
part ,  m^riter  cette  fois  la  m^daille  d*or. 


(742) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


I^es  relations  enlre  la  chaleur  el  la  vegeiation,  specialemeHl 
ail  point  de  vue  de  Vintervenlion  dynamique  de  la  cha^ 
leur  dans  la  physiologic  des  pla^les;  leclure  faitc  p.ir 
M.  £douard  Morreo,  membre  de  TAcndemie. 

1/aclion  de  la  chaleur  sur  les  v^getaux  est  iinc  grande 
et  belle  question  &  etudier  :  elle  penetre  dans  resseiice 
mdme  de  Taclivil^  vilale.  On  Telucide  lentemenl  ^  mc- 
sure  que  la  physique  el  la  chimie  progressent  dans  la  con- 
naissance  des  corps  el  des  forces. 

En  presence  d*unc  queslion  aussi  vasle,  il  imporle  cle 
determiner  le  cdle  par  lequel  on  Taborde. 

La  chaleur  a  de  Tinfluence  sur  la  croissance  des  vege- 
laux  (1),  sur  la  circulalion  des  sues,  sur  T^lahoration  cellu- 
laire,  sur  la  respiration  el  sur  bien  d'autres  plienomenes 
(|ue  nous  n'avons  pas  i  consid^rcr  ici. 

Nous  avons  k  nous  occuper  seulemenl  des  relations  de  la 
chaleur  avec  le  d^veloppement  des  planles  el  particuliere- 
nienl  avec  les  ph^nom&nes  p^riodiques  de  la  vegetation  : 
ainsi  limilee,  la  question  esl  encore  assez  ^tendue  pour 
(|u*on  puisse  la  parcourir  sur  des  voies  diS<6renles. 


(I)  Voy.  J.  Sachs,  Ueher  der  Einfluss  der  LufUemperatur  und  des 
Tageslichls  auf  die  slUndtichen  und  Taglichen  aeruiercLngen  des  iMngen- 
wacftsUiums  der  Internodien,  dans  :  Arb.  dbr  botan.  Instit.  in  Wubz- 
BURG,  1872,  i«  livr.,  —  aiial^s^  dans  le  Hull,  de  la  Sociite  boianiqtte de 
France,  n.  B.  IK72,  p  i23. 


(  743  ) 

Jnsquici  elle  a  6i&  ^tudi^e  pluldl  par  robscrvalion  que 
par  la  m^thode  exp^rimentale.  On  si*est  adonn^,  avec  le 
z^le  le  plus  louable,  k  robservalion  des  ph6noin&nes  p^rio- 
diques;  on  a  observe  la  temperature  sous  laquelle  ces  ph^-^ 
nom^nes  se  manifestaient  et  Ton  a  cherch^  i  en  d^duire 
Ics  relations  de  la  cause  k  Teffet. 

I.  Les  pb^nomenes  p^riodiques  consideres  comme  des 
faits,  ind^pendammenl  de  toute  discussion,  font  co'nnaitre 
Tepoque  k  laquelle  se  manifeste  le  ph^nom^ne  que  Ton 
considere,  la  date  moyenne  de  cette  manifestation  et  les 
hearts  dont  elle  est  susceptible. 

A  la  suite  d*observations  suffisaroment  r^p^tees,  on  ela- 
blit  ainsi  le  calendrier  d*une  flore  determin^e,  on  troiive 
dinteressantes  coraparaisens  entre  les  divers  Elements 
dont  cette  flore  se  compose,  par  exemple,  selon  Torigine 
ou  la  nature  des  esp^ces;  entre  la  vegetation  et  le  r^gnc 
animal,  comme  la  migration  des  oiseaux  ou  les  metamor- 
phoses des  insectes;  entre  les  flores  des  diverses  regions 
g^ographiques  et  m^me  entre  plusieurs  ^poqncs  plus  ou 
moins  eloignees  d*une  mSme  flore. 

II.  Cette  demi^re  consideration  conduit  a  envisager  la 
manifestation  des  phenomenes  periodiques  dans  leurs  rap- 
ports avec  le  climat  et  particulierement  avec  la  chaleur. 
D^s  lors  on  s*appuie  sur  les  faits  pour  en  cbercher  les  rela- 
tions; on  compare  entre  eux  des  climats  diSerents  et  des 
flores  eioignees;  on  aliorde  mCme  I'equation  de  la  chaleur 
et  du  phenomene. 

De  nombreuses  observations  ont  ete  accumul^es  dans 
cette  direction  et  des  theories  assez  divergences  ont  ete 
propos^es  pour  rendre  compte  des  rapports  entre  la  tempi- 


(  7i4  ) 

ralure  et  la  vdg^lation.  M.  Ad.  Quctelet  en  a  ^t^  I'ardenl 
promoleur  en  Belgique  et  il  a  produit  k  ce  sujel  les  docu- 
ments les  plus  nombreux  et  les  plus  utiles.  Des  travaux 
importants  ont  &1&  aussi  publies  dans  d*aulres  pays ;  sans 
r^p^ter  k  ce  propos  un  bislorique  bien  connu  (1),  nous 
mentionnerons  ceux  de  F.-C.  Schubeler,  Herm.  Hoff- 
mann (2),  Charles  Fritsch  (3),  Charles  Linsser  (4),  Guil- 
laume  Kabscb  (5). 

Dans  ces  ouvrages  et  ceux  de  M.  Que(elet  on  trouve  Ja 
citation  des  autres  sources  k  consulter.  Les  observations  de 
Fritsch,  Kabsch  et  Linsser  son t  considerables;  il  import4\ 
nous  paratl-il,  d'en  d^gager  tout  ce  qui  est  detinitivement 
acquis  ^  la  science  et,  dans  Tint^ret  mdme  des  rechercbes 
qui  sont  poursuivies  en  Belgique,  de  les  metlre  en  parai- 
iile  avec  celles  qui  ont  el^  publiees  par  TAcademie  e(  par 
rObservatoire.  Ce  travail  est  ardu  et  penible  et  il  reclame 
une  attention  soutenue  :  nous  ne  pouvons  prevoir  quel  en 


(1)  Voy.  Ed.  Morren,  Memorandum  des  travaux  de  botanique,  1872, 
p.  27. 

(2)  H.  HoflTmnnn,  WUlerung  und  Wacftsthum  Oder  Grundzilge  der 
PflantenkUmatologie.  Leipzig,  1S57;  1  vol.  in•8^ 

(3)  Karl  Fritsch,  Resultate  mehrjdhriger  Beobachtungen  Uber  j^ne 
Pflanten...  Prag,  1851.  —  Unlersuchungen  Uber  das  gesets  des  Einfiuss 
des  Lufltemperatur,..  Wie.n,  1858.  —  Termische  constanten  fur  die  Btuthe 
und  fruchtreife  von  889  Pflanzewarten.  Wieo,  1863. 

(4)  Carl  Linsser,  Die  periodisehen  Edscheinungen  des  Pflamenle- 
bens^  Miu.  de  l*Acad.  Imp.  de  S'-P^tersbourg,  Vll'serie,  t.  XI,  n*  7,  1867. 
—  Untersuchungcn  uber  die  periodisehen  Lebenserscheinungen  des  Pfian 
zen,  Utn,  de  l*Ag  Imp.  de  S^-PiiTERSROURG,  VII*  s^rie,  t.  XIK,  n*  8,  1869. 

(3)  W.  Kabscb,  Ueber  die  Vegelationswarme  der  Pftanzen  und  die  Mc- 
Ihode  sie  suberechnen.  —  Das  Pflanzenleben  des  Erde,  Haonover,  1870, 
1  vol.  in-8«  (posUiume).  —  On  troavc  la  traducUon ,  par  M.  Cb.  Firket,  dn 
chapitre  la  chaleur  et  la  v^gilatioHf  69liis  la  Belgique  horticole^  1872  et 
4873. 


(  745  ) 

serait  le  r^sultat,  mais  nous  pensons  qu'il  est  demaDde 
par  la  Z"  question  du  programme  de  coneours  de  classe  des 
sciences  pour  1873.  Nous  ne  Tavons  pas  entrepris  nous- 
m^roe,  mais  Tattrait  de  ce  genre  d'^tudes  nou3  incite  k 
presenter  queiques  considerations  qui  s'y  rattachent. 

Jusqu'ici,  pour  determiner  la  temperature  qui  agit  sur 
la  vegetation,  on  se  borne  k  comparer  les  indications  du 
thermomelre  et  les  phases  de  la  vegetation,  et,  comme 
on  observe  generalement  un  thermometre  place  k  Tombre, 
ses  indications  ne  sont  rigoureusement  applicables  qu*anx 
vegetaux  qui  se  developpent  dans  les  memes  conditions. 
Les  experiences  connues  du  comte  de  Gasparin  et  de 
M.  Alph.  de  Candolle,  sur  Pinfluence  de  la.  radiation  so- 
laire,  ont  donne  des  resultats  contradictoires^t  ne  suffisent 
pas  pour  asseoir  une  opinion  deflnitive.  On  pent  considerer 
cette  influence  soit  au  point  de  vue  du  temps  necessaire 
pour  la  manifestation  d*un  phenom^ne  de  vegetation,  soit 
sous  le  rapport  de  la  quantite  du  produit. 

Plusieurs  autres  circonstances  peuvent  d*ailleurs  inter- 
venir,  parmi  lesquelles  nousciterons  la  chaleur  accumuiee 
dans  le  sol  autour  des  racines,  mdme  par  une  seule  journee 
sereine;  le  refroidissement  plus  ou  moins  rapide  etprofond 
du  sol  par  I'effet  de  la  geiee  ou  du  rayonnement  (1);  la 
chaleur  que  Teau  absorbee  par  les  racines  repand  dans  Tor* 
ganisme;  la  chaleur  depensee  par  la  transpiration  des 
feuilles;  la  resistance  plus  ou  moins  energique  des  vege- 
taux k  rechauflement  ou  au  refroidissement  atmosphe- 


(I)  Oh.  Martins,  Du  refroidissement  nocturne^  etc.  Monlpellier,  1863, 
in-4o.  —  u.  Becquerel  a  fouroi  recemmeDl  des  donn^es  nouvelles  sur  ce 
sujet :  Comples  rendtts,  10  fevritT  1873,  p.  310. 

2"*'  SfeRIE,  TOME  XXXVI.  49 


(746) 

rique;  I'influence  du  vent  el  de  I'elal  hygromelrique  de 
Tair,  .etc.  II  faut  aussi  tenir  comple  de  la  duree  de  Tin- 
fluence  6chauffanleou  refroidissanle.  Ainsi  V Agave  ameri-- 
cana  peul  endurer  —  6°R.  pendant  un  (emps  court  et  il 
n*esl  pas  en  ^tat  de  r^sisler  longtemps  k  une  temperature 
de  + 1"".  De  rnSme  pour  la  chaleur,  les  plantes  alpioes 
mourraient  bientdt  si  elles  devaient  £tre  expos^es  plusieurs 
jours  a  une  temperature  uniforme  de  +  10%  tandisqu*elles 
se  plaisent  ^  recevoir  pass^g^rement  une  chaleur  phis 
eiev^e.  On  doit  reconnaitre  aussi,  au  moins  chez  la  plupart 
des  plantes  cultivees,  sinon  une  acclimatalion  absolue,  au 
moins  une  accommodation  incontestable  k  des  climats 
dont  la  chaleur  est  differente.  Des  races  precoces  se  for- 
ment,  tant  chez  des  v^g^taux  annuels,  comme  le  pois  et  le 
inais,  que  chez  des  esp^ces  p^rennantes ,  comme  la  pomme 
de  terre,  ou  ligneuses,  comme  le  poirier,  et  ces  races  recla- 
ment  moins  de  chaleur  pour  mtHrir  leurs  fruits  que  les 
variet^s  tardives.  On  ne  saurait  perdre  de  vue  rinfluence 
de  Patavisme  et  de  certaines  habitudes  inv^terees  chez  des 
vegetaux.  C'est  ainsi  que  la  flore  du  cap  de  Bonne-Esp^- 
ranee  introduite  dans  nos  cultures  europeennes  continue, 
au  moins  pendant  un  certain  nombre  d'anB^es,  en  d^pit 
des  excitations  de  notre  climat,  k  fleurir  en  hiver  et  4 
demeurer  en  repos  pendant  notre  ^t^.  II  en  est  de  m^me 
pour  la  vegetation  australienne.  La  chute  des  feuilles  en 
automne  chez  la  plupart  des  arbres  septentrionaux  peut 
aussi  etre  consideree  comme  une  habitude  que  ces  arbres 
perdent  quelquefois  sous  des  regions  plus  meridionalcs.  Le 
fait  a  eie  constate  pour  le  prunier  et  pour  d'autres  arbres. 
Les  travaux  de  Charles  Linsser,  qui  ont  porte  sur  un 
nombre  considerable  de  faits,  ont  etabli,  conformement  a 


(  747  ) 

Topinion  de  M.  A.  de  Candolle  (1),  de  Schubeler  (2)  et  de 
nous-meme  (3),  que  Ics  habitudes  inveter6es  par  I'aclion 
du  climat  originel  iDlervienneot  dans  la  manifestation  des 
phenom^es  de  la  veg^lalion.  D*apres  Gh.  Linsser  :  I""  les 
veg^laux  du  Nord,  transplant^s  dans  le  Sud,  y  deviennent 
plus  precoces  que  ceux  du  Nord,  et  les  veg^taux  du  Sud, 
transport's  dans  le  Nord,  y  restent  en  retard  sur  ceux-ci ; 
2°  les  v'getaux  des  montagnes  e(  ceux  de  la  plaine  se  con- 
duisent  r'ciproquemenl  de  la  m6me  mani^re  quand  on  les 
change  de  region. 

M.  Gh.  Martins  a  constat'  le  m'me  fait  (4).  L'hiver  rigou- 
reux  de  1870  k  1871  lul  a  donn'  Foccasion  de  remarquer 
que ,  parmi  les  plantes  actuellement  indigenes  aux  environs 
de  Montpellier,  ce  sont  les  espi;ces  appartenanl  r'ellement 
a  des  groupes  exotiques  qui  onl  't'  atleintes. 

G'est  aussi  Topinion  exprim'e  par  M.  Wladimir  Koep- 
pen,dans  son  important  M'moire  sur  la  chaleur  et  la  crois- 
sance  des  vegetaux  (5).  II  eslime  que  €  les  esp'ces  onl  dil 
prendre  Fhabitude  de  phases  periodiques  parce  qu*elles 
ont  dA  subir  la  p'riodicit'  des  ph'nomenes  atmosph'riques 
et  s'y  accommoder  pour  vivre,  el  celte  habitude  est  inv'- 
t'r'e  a  ce  point  qu'elles  conservent  ces  phases  meme 
quand  il  n*exisle  plus  de  p'rlodicil'  dans  les  agents  du 
monde  exterieur,  comme  sous  le  climat  de  Mad're.  » 


(1)  Voy.  Alpb.  de  Candolle,  Geogr.  hot ,  p.  47  et  Arch,  de  la  Biblioth. 
univ.  de  Geneve  ,  }mn  1872. 

(2)  Voy.  la  Uelgique  hort.,  1863,  p.  145. 

(3)  V Acclimaiation  des  plantes,  Gand ,  1 865 .  br.  iD-8». 

(4)  VHiverde  4S7G-71,  dans  le  Jardin  des  Plantes  de  Montpellier.  — 
M£h.  de  l'Acad.  des  sciences  et  lettrrs  de  Montpellier,  (.  VII,  p.  537. 

(5)  Warme  und  Pflansentvachsthumf  dans  les  Bull,  de  la  Soc.  des 
Natur.  de  Moscou,  1 870,  p.  41 , 


(  748  ) 

Les  ph^Domenes  sur  lesquels  TaltentioD  s*est  portee 
jusqu'ici,  savoir  la  feuillaison,  la  floraison,  la  maluralion 
et  Tcffeuillaison^  oe  sonl  point  les  seules  Stapes  de  la  v4ge- 
lalion  qu'il  y  ait  k  consid^rer  :  In  germination  naturelle  et 
le  gonflement  des  bourgeons  ont  aussi  de  rimportance  ct 
ne  devraient  pas  £tre  perdus  de  vue. 

En  ce  qui  coneeme  la  floraison,  on  peut  remarquer  que 
la  Tormation  des  boulons  est  un  autre  ph^nom^ne  que 
r^panouissement  des  fleurs.  Cette  formation  n*esl  pas  sons 
la  dependance  exclusive  de  la  chaleur,  mais  beaucoup 
d'autres  circonstances  iuterviennent.  On  sait,  par  exemple, 
que  la  vigne  cesse  de  fleurir  sous  la  zone  intertropicale. 
De  m&me  les  plantes  bor^les  ou  alpines  transport^es  dans 
la  plaine  ou  sous  des  latitudes  trop  douees  developpent 
volonliers  un  feuillage  exuberant,  mais cesseut  de  fleurir. 
On  peut  citer  le  Soldanella  alpina,  le  Primula  minima.  II 
faut,  pour  amener  la  formation  des  boutons,  c'est-4-dire  ce 
qu'on  peut  appeler  Tanthogenie,  cerlaines  circonstances 
autres  que  celles  qui  dependent  de  la  chaleur,  |)ar  example, 
un  certain  dge.  Mais  chose  bien  remarquable,  Tige  de  tons 
les  individus  issusde  la  multiplication  d'une  m^mesouche 
se  comple  comme  slls  ^taient  rest&t  unis  k  cette  souche. 
Nous  avons  signal^  la  floraison  simultan^e  dans  les  cul- 
tures europ^ennes  du  Gincko  biloba,  du  Virgilea  lulea,  du 
Cedrus  Libani,  du  Saxe-Cothaea  conspicuoy  sous  les  cir- 
constances les  plus  difltirentes  (1). 

On  sait  aussi  que  dans  notre  flore  forestiere  et  rurale 
les  l)ou(ons  se  formenl,  en  g^n^ral,  pendant  Tann^  qui 
pr^cMe  leur  ^panouissement.  Tout  n*est  done  pas  calori- 


(t)  Voy.  Acelimatalion  v^gildle  et  la  Belgique  horticoie. 


(  749  ) 

dyoainie  dans  la  floraison.  La  chaleur  a  surtoul  pour  effet 
de  mettre  le  v^g^tal  h  mdme  de  preparer  les  mati^res  plas* 
tiques  qui  doivent  etre  utilis^es  par  la  floraison. 

En  r^sum^,  nous  nous  sommes  efforc^  de  faire  voir  par 
ce  qui  pr6cdde  que  dans  la  feuillaison,  ta  floraison,  la  ma- 
turation el  la  d^feuillaison,  il  se  manifesle  des  pb^noni^es 
ind^pendants  de  Taclion  de  la  temperature. 

Si  main  tenant  nous  avons  k  nous  occuper  de  cette  tem- 
perature, nous  constatons  dans  chaque  esp^ce  v^g^tale  un 
z^ro  physiologique,  c'est-^-dire  un  point  de  r^chelle  ther- 
mom6trique  au-dessous  duquel  la  chaleur  est  inelficace. 
Chez  eertaines  esp^ces  alpines  ou  bor^ales,  telles  que  le 
Galanthus  nivalisy  le  Soldanella  alpina,  ce  z^ro  idiosyn- 
crasique  coincide  k  peu  pr6s  avec  celui  du  thermbm^tre, 
mais  il  est  i  -h  4**  R.  pour  Torge,  a  h-  4%8  pour  le  froment, 
a  +  12**  ou  IS""  pour  le  cocotier.  M.  Alp.  de  Candolle  ap- 
pelle  chaleur  inutile  loute  celle  qui  ne  produit  pas  cette 
temperature  minima  et  il  a  fait  remarquer,  avec  raison, 
qu'il  faut  reiiminer  des  calculs,  c*est-i-dire  que  Ton  doit 
seulement  tenir  compte  de  la  temperature  moyenne  des 
jours  ou  la  chaleur  a  d6passe  ce  minimum  specifique.  Selon 
Kabsch ,  dont  les  id^es  me  semblent  devoir  etre  prises 
en  consideration,  la  chaleur  de  la  nuit,  c'est-i-dire  la  cha- 
leur qui  intervient  en  dehors  de  la  lumiere  pendant  le 
repos  physiologique  des  vegetans,  est  egalement  de  la  cha- 
leur inutile  et  elle  doit  etre  eiiminee.  Dans  cette  opinion, 
ce  n'est  pas  la  temperature  moyenne  du  jour  entier  qu'on 
doit  faire  intervenir,  mais  bien  celle  des  heures  de  la  jour- 
nee  :  c*est  ce  que  Kabsch  appelle  le  jour  de  vegetation.  Les 
temperatures  ainsi  evaluees  deviennent  plus  eievees.  La 
longueur  de  la  joumee  etant  tres-variable  suivant  les  sai- 
sons  et  les  latitudes  au  moins  en  dehors  de  I'ediptique,  il 


(  750  ) 

en  r6sulle  que  la  chaleur  ulile  varie  selon  les  memes  cir- 
conslances.  II  ne  saiirait  ^tre  indiiTercnt  qii*unc  chaleur 
moyenne  de  -h  16°  agisse  pendant  12  heures  de  jour, 
comme  cest  le  cas  sous  Tequateur,  ou  pendant  18  a 
20  heures,  comme  il  arrive  dans  les  regions  polaires.  On 
explique  de  cette  maniere,  pour  une  certaine  part,  la  rapi- 
dile  extraordinaire  de  la  vegetation  dans  les  conlrecs  sep^ 
tentrionales.  Kabsch,  en  appliquant  sa  m^thode,  a  etc 
amene  k  un^resultal  qui  s'^loigne  de  Topinion  la  plus  gene- 
rale,  savoir  que  les  sommes  de  chaleur  necessaires  pour 
les  diverses  p6riodes  de  la  veg(^(atiou  d'une  espece,  telies 
que  la  germination,  la  floraison  et  la  fructification,  sent 
fort  rapprochecs  les  unes  dcs  aulres.  Le  meme  savant,  en- 
lev6  prematurement  de  ce  monde,  a  formule,  avec  beau- 
coup  de  prt^cision,  les  trois  lois  suivantes  de  physique 
v^getale : 

1.  II  existe  pour  chaque  plante  sur  Techellc  thermome- 
trique  un  minimum  el  un  maximum  entre  lesquels  Tes- 
pece  est  capable  d*exercer  normalement  ses  functions 
organiques. 

2.  Toute  germination,  toute  Evolution ,  toute  maturation 
exige  un  certain  degre  de  temp<5rature  trfis-variable  sui- 
vant  les  esp^ces. 

3.  Chaque  espece  veg^tale,  pour  parcourir  les  diverses 
phases  de  son  exislence,  exige  une  certaine  quantite  de 
chaleur. 

Ainsi  la  vigne,  par  exemple ,  se  maintient  entre  —  19" 
et  H-  20°,  mais  elle  n'enlre  pas  en  aclivite  sous  une  tem- 
perature inf^rieure  a  -f-  8°  et  elle  exige  pour  donner  du 
vin  potable  2900". 

Des  experiences  devraient  etre  faites  pour  verifier  el 
pour  appliquer  ces  lois. 


(  751  ) 

D^k  M.  Hugo  de  Vries(l),  en  elndianl  Tinfluence  de  la 
iemp^ralnre  sur  la  germination,  a  constat^  qu*il  existe  pour 
chaque  espece  un  point  d'election  o(k  la  croissance  se  fait 
avec  plus  de  rapidity  qu*a  loule  autre  temperature,  et 
qu*au-de$sous  decc  point,  la  longueur  atteinte  augmenle, 
tandis  qu'au-dessns  elle  diminue  k  mesure  que  la  tempe- 
rature s'^leve.  Ce  resultat  est  conforme  k  la  seconde  loi  de 
Kabsch.  II  r^sulte  aussi  des  experiences  du  mdme  natura- 
liste  neerlandais  que,  pour  la  majority  des  v^getaux  obser- 
ves, la  temperature  limite  de  la  vie  se  trouve  entre^S** 
et  47*'  dans  feau ,  et  entre  SO""  et  52''  dans  Tair  ou  dans 
la  terre  s^che.  Comme,  d'autre  part,  la  limite  inferieure 
de  Taction  calorifique  se  trouve^  O""  ou  dans  son  voisinage, 
on  voit  que  les  Hmites  entre  lesquelles  les  experiences 
doivent  etre  institutes,  ne  sont  point  fort  eioign^es  Tune 
de  Tautre. 

11  nous  semble  que  les  observations  des  p^riodiciens 
ont  donne  k  pen  pres  ce  qu*elles  peuvent,  au  moins  en  ce 
qui  concerne  les  faits  observes  et  qu*il  est  n^cessaire  d*etu- 
dier  d^sormais  Taction  de  la  chaleur  par  la  methode  exp^- 
rimentale. 

in.  Un  probleme  de  la  plus  haute  importance  et  qu'on 
a  trop  neglige  jusqu'ici  est  celui  des  rapports  de  la  chaleur 
re<^ue  avec  le  poids  acquis  par  la  plante  sous  Taction  des 
rayons  solaires  et  specialement  avec  la  quanlite  de  carbone 
fixee  dans  la  maliere  organique.  D*apres  ce  qu'on  sail 
acluellemenl,  on  estime  que,  sous  un  climal  tempere. 


(i)  De  invloed  der  temperatur  op  de  levensverschynselen  der  planten^ 
in  de  :  Nederla^dsch  Kri'idkundig  Arcbief,  2«  serio,  I  1,  pp.  25-49» 
1870. 


(  752  )   . 

un  hectare  de  Ibrel,  de  prairie  ou  de  culture  fixe  en  une 
annexe  de  1,500  a  6,000  kilogrammes  de  carbone  el  que 
pour  ce  travail  les  organtsmes  vegelaux  utiliseot  cnlre 
1  el  4  milii^mes  de  la  chaleur  qui  arrive  par  la  radiation 
solaircsur  Tespace  qu*ils  occupenl  (1). 

II  esl  (Evident  que  les  quelques  phenomenes  sur  les- 
quels  s'est  porlee  rallenlion  des  p^riodiciens,  germina- 
tion, feuillaisoD  el  les  autres  ne  sont  que  des  elapes,  des 
points  de  rep^re  plus  ou  moins  convenlionnels  dans  la 
vie  des  plantes.  lis  sont  lous  des  actes  de  croissance  :  or, 
loute  croissance  suppose  mouvement;  tout  mouvement 
uecessite  une  depense  de  force;  loute  d^pense  de  force  est 
une  transformation  de  chaleur. 

On  sail  qu*il  exisle  un  ^tat  statique  de  Tazote,  un  azote 
neutre  dans  lequel  baignenl  les  elres  vivants  en  ne  lui 
demandant  rien  que  le  milieu  pour  Pexistence  et  qui! 
exisle  aussi  un  ^lat  dynamique  de  Tazote ,  un  azote  orga- 
nique,  qui  est  engag^  dans  des  combinaisons  actives  et  qui 
est  r^liiment  vivant  par  excellence.  II  nous  semble  quit 
faut  aussi  distinguer  deux  manifestations  diff(§rentes  de  la 
chaleur.  II  y  a  la  temperature  dans  laquelle  baignenl  les 
organismes  et  dans  laquelle  ils  peuvenl  seulemenl  mani- 
fesler  Icur  aclivite;  et  il  y  a  aussi  une  action  du  calorique 
qui  intervient  m^caniquement  ou  chimiquement  par  ses 
transformations  dans  les  phenomenes  biologiques.  Ce  ca- 
lorique, dont  on  pent  suivre  la  depense  el  la  restitu- 
tion dans  les  ph^nom^nes  m^caniques  comme  dans  les 
actes  biologiques^  est  celui-lili  m^me  qui  agit  avecla  lumiere 
et  qui ,  dans  les  plantes,  intervient  pour  la  reduction  des 


(1)  Voy.  Ed.  Becquerel,  La  Lumiire,  1868, 1.  II,  p.  288. 


(  753  ) 
composes  mineraux  et  s*engage  dans  Telaboralion  des 
substances  organiques.  On  pcut  affirroer  que  les  plantes 
vertes  sont  la  seule  source  premiere  de  (out  mouvement 
organique  en  vertu  de  leur  activity  organisatrice.  Chez 
tous  les  v^^iaux  verts,  les  fails  essenliels  sont  les 
memes;  bien  qu*ils  fonctionnent  sous  les  climats  les  plus 
diffi^rents,  tous  ^laborent  des  substances  hydrocarbonees 
et  quaternaires.  Par  ce  travail  11  y  a  production  de  com- 
poses endothermiques. 

II  y  a  aussi  chez  les  v^g^taux  des  ph6nom^nesde  mou- 
vement :  pour  le  transport  de  la  plus  intime  molecule 
depuis  rextr^mit^  de  la  racine  qui  Ta  absorbee  jusqu'au 
sommet  de  la  cimejl  y  a  mouvement  et,  quelque  faible 
qu'il  puisse  etre,  s*il  n*cst  pas  produit  par  un  autre  mou- 
vement pr^exislant,  il  ne  peut^tre  attribu6  qu*^  la  trans- 
formation du  calorique. 

II  nous  paralt  que  la  chaleur  utilis^e,  c'est-i-dire  r^elle- 
ment  ab&orb^e  pour  la  manifestation  de  ces  ph^nomenes 
d'elaboration  et  de  croissance,  peut  Atre  d^termin^e  sous 
forme  de  calories  ,*  en  d*autres  termes ,  qu'on  arrivera, 
par  la  physique  veg^tale,  h  la  determination  de  IVquiva- 
lent  m^canique  de  la  chaleur  dans  le  travail  orgauisateur 
des  v^getaux.  Cetle  recherche  n*est  pas,  comme  on  le 
voit,  la  m^me  que  celle  qui  consiste  k  constater  entre 
quels  degr^s  thermom^triques  se  manifestent  les  ph^no- 
menes  de  la  vegetation.  II  faudrait  chercher  k  determiner 
\\  chaleur  engagee  dans  les  substances  qui  jouent  un  rdle 
actif  dans  Torganisme  et,  s*il  est  permis  de  Tesperer,  le 
rapport  de  la  chaleur  necessaire  pour  leur  production  avec 
celle  qui  se  degage.[pendant  leur  decomposition.  Nous 
avons  specialement  en  vue  la  fecule.^  C'est  dans  cette|[di- 
rection  qu'on  decouvrira  Forigine  de  tout  mouvement 


C  754  ) 

organique,  car  de  m^me  que  la  force  est  distincte  du  m^- 
canismc  et  seulemenl  dirigee  par  ce  m^canisme,  de  m^mc 
la  force  est  distincte  de  i*organisme  et  seulement  coor- 
doonee  par  lui. 

Nous  avons  vu  pr^c^deroinent  que,  d'aprte  quelques 
donnees  fournies  par  Chevandier  et  Boussingault,  H.  Edm. 
Becquerel  a  pu  fixer  a  4  ou  5  milli^mes  de  la  chaleur 
fouroie  par  les  rayons  solaircs,  la  proportion  de  chaleur 
fix^e  par  la  vegetation  pour  la  reduction  de  Tacide  car- 
bonique  et  la  fixation  du  carbone.  Cetle  proportion  s'aug- 
menterait  un  pen  si  Ton  tenait  conopte  de  Thydrogene 
fix^  et  de  quelques  autres  corps  combustibles  engages 
dans  les  combinaisons  organiques  par  le  travail  reduc- 
teur  des  veg^taux.  Mais  la  chaleur  ainsi  engage  daos 
le  travail  organisateur  et  chimique  des  v^^taux  n*esl 
pas  la  seule  qu'il  faille  consid^rer  pour  le  calcul  de  la 
m^canique  v^g^tale.  II  faut  aussi  d^lerniiner  la  d6pen.se 
effectu^Q  par  le  v^g^tal  lui-m^me  (1). 

Un  corps  qui  tombe  produit  de  la  chaleur;  une  pomme, 
par  exemple,  en  se  detachant  de  I'arhre,  manifeste  ce  ph^ 
nomine.  On  pourrait  r6fl6chir  sur  les  lois  en  vertu  des- 
quelles  cette  pomroe  est  mont6e  k  Tarbre,  car  bien  evi* 
demment  elle  ne  s*y  est  pas  ^levee  toute  seule.  Sauf  une 
legere  reserve  pour  un  pen  de  carbone  emprunt^  par  elle 
k  fair  ambianl,  toute  la  substance  dont  elle  se  compose  a 
6t6  ^levee  du  sol  a  la  hauteur  oh  elle  se  trouve.  Cette  Ele- 
vation suppose  un  certain  travail  m^canique  porportionnel 
au  poids  de  la  pomme  et  k  la  hauteur  a  laquelle  elle  se 


(1)  t,d.  Morren:  La  lumiere  el  la  vegetation,  dans  la  Belgique  bokti- 
coi.c,  1865,  p.  165.  Voy.  aussi  A.Sanson,  Determination  du  coefficient  me- 
canique  des  aliments,  dans  les  Comptes-kehdus,  16  juin  1875,  p.  1490. 


(  755  ) 

troiive  au-dessus  des  raciues.  Lors  de  la  chule  du  fruit, 
ce  Ira  vail  est  reproduit  sous  forme  de  mouvemcnt  et  quand 
celui-ci  est  arrele ,  il  se  transforme  en  chaleur.  A  moins  de 
siipposer  que  les  corps  puissent  creer  du  mouvemeDt  et  de 
la  chaleur,  il  faut  bien  reconnailre  que  c^est  la  chaleur  des 
rayons  solaires  qui  a  porte  la  ponome  k  la  hauteur  ou  elle 
se  irouve.  II  en  est  de  meme  des  feuilles,  des  rameaux,  des 
branches,  de  tous  les  organes  et  de  tous  les  tissus.  II  iin- 
porte  done  de  faire  entrer  ce  travail  mecanique  en  ligne  de 
compte  dans  le  calcul  de  la  chaleur  solaire  utilisee. 

Mais  il  inoporte  aussi  de  savoir  que  Taction  des  rayons 
solaires  sur  la  mali^re  ainsi  mise  en  mouvement  dans  les 
vegetaux  n'a  pas  ^le  dirccle  ni  immediate.  Cest  le  propre 
de  ces  organismes  d'une  puissance  merveilleuse  d'engager 
la  chaleur  dans  des  substances  organisees  par  eux.  Quand 
des  actes  decroissance  ou,  ce  qui  revient  au  meme,  quand 
des  phenomenes  de  mouvement  se  manifeslent,  c'est  dans 
la  desorganisation  de  ces  m^mes  substances  q^ue  les  orga- 
nismes trouvent  la  force  n^cessaire  pour  les  accomplir.  En 
eflet,  lout  mouvement  intime  dans  Torganisme,  toute 
croissance,  toute  circulation  se  manifestent  par  un  acte  de 
respiration  pendant  lequel  il  y  a  d(^gagement  [de  chaleur  : 
une  partie  de  celte  chaleur  est  utilisee  sous  forme  de  mou* 
vement  organique  et  le  surplus  se  d^gage  sous  forme 
de  temperature.  L'action  des  rayons  solaires  sur  les  mou- 
vements  organiques  est  done  indirecte  et  mediate. 

En  resume,  la  chaleur  utile  representee  par  un  vt'g<^tal 
consiste  dans  un  travail  d'organisation  ou  travail  chimique 
que  Ton  pent  reproduire  en  brAlant  le  vegetal  et  dans  un 
mouvement  ou  travail  physique  que  Ton  pent  egalement 
r(^produire  par  le  poids  de  Tetre  multiplie  par  sa  hauleur. 

Nous  ne  nous  occupons  pas  ici  du  travail  depense  pen- 


(  786  ) 

dant  sa  rormation  et  qui  n'est  pas  lix6  en  lui-ineme»  par 
cxemple,  pour  son  Evaporation,  etc. 

Ce  que  nous  venons  d'Etablir  permet  dAjk  de  poser  en 
loi  que,  toutes  choses  Egales  d*ailleurs,  la  quantity  de  car- 
bone  fixee  par  une  v^g^talion,  est  en  raison  de  sa  moindre 
elevation,  pour  celte  raison  que  ccllc-ci  suppose  une  moin- 
dre d^pense  de  mouvenient.  Ainsi,  un  jeune  taillis  doit,  k 
surface  foliaire  Egale,  fixer  plus  de  carbone  qu*une  futaie 
6levEe.  Ainsi  s'explique  aussi  qu'un  v^g^lal  rec^pE  sur 
sa  souche  emet  Tannine  suivante  des  pousses  ElevEes  cl 
robustes. 

On  ne  serait  pas  fondE  k  invoquer  ici,  pour  expliquer 
r^lEvation  de  la  mati^re  vegetale,  depuis  le  sol  jusqu'4  la 
branche,  des  causes  de  mouvemcnt  qui  pourraient  dtre  dif 
ferentes  du  calorique,  comme  la  capillarite  et  la  diffusion, 
car  on  serait  forc6  d*admettre  cette  impossibility  que  la 
chaleur  pourrait  £tre  cr^^e.  La  capillarity  et  la  diffusion  ne 
soiU  point  des  causes  de  mouvement,  mais  des  conditions 
du  mouvement.  Puisque  la  pommc  en  tombant  d^veloppe  de 
la  chaleur ,  il  en  r^sulte  que  c'est  la  chaleur  qui  Ta  Elev^e. 

La  propri^tE  des  organismes  v^g^taux  de  condenser  la 
chaleur  et  le  mouvement  k  TEtat  potentiel  constitue  ce 
qu'on  pent  appeler  TEnergie  de  la  vegetation.  Quand  la 
chaleur  et  le  mouvement  passent  de  TElat  potentiel  k  Tetat 
actif,  il  se  produit  des  ph^nomenes  de  vigueur.  L'^nergie 
est  une  endothermie ;  la  vigueur  est  une  exothermic. 


(  757  ) 

Sur  la  production  des  Anguilles;  note  de  M.  de  Selys 
Longchamps,  membre  de  TAcad^mie. 

A  propos  des  rapports  sur  le  concours  relatif  i  la  repro- 
duction des  anguilles,  qui  D*a  pas  produit  de  r^sultats  (1), 
M.  de  Selys  annonce  que  cette  question  semble  avoir  fait 
en  Italie  des  progr^s  s^rieux,  qui  permettent  d'esp^rer 
prochainement  sa  complete  solution  (voir  les  Rendi-conti 
del  reale  Instituto  Lombardo  M  scienze  e  leitere^  serie 
2—  vol.  V.  —  Fascic.  I,  s6ance  du  H  Janvier  1872). 

Le  D'  Leopoldo  Maggi  a  donn6  lecture,  k  Tlnstitutdes 
sciences  de  Milan,  de  recherches  qu'il  a  faites  conjoinle- 
ment  avec  le  professeur  Balsamo  Crivelli.  Le  travail  do 
ces  deux  savants  est  intitul6:  Iniorno  gli  organi  essenziali 
della  riproduzione  della  anguille,  e  le  parlicoluriia  analo- 
miche  del  loro  apparecchio  genilo-urinario,  nonne  die 
delle  loro  intestina. 

M.  Balsanoo  Crivelli  remarque  comment  ces  decouvertes 
furent  faites  simultan^ment  par  le  professeur  Ercolani, 
qui  les  annon^a  k  TAcad^mie  des  sciences  de  Bologne. 

Ce  m^moire  destine  k  r^pondre  k  la  question  mise  au 
concours  par  la  Soci^te  des  sciences  de  Lille  en  octobrc 
1870;  n*y  fut  pas  pr^sente  &  cause  de  la  guerre.  Les  au- 
teurs  citeut  le  professeur  Mondini  comme  celui  k  qui  Ton 
doit  une  connaissance  exacte  des  organes  femelles,  obser- 
vations confirmees  par  le  professeur  Ratke  entre  aulres. 

Les  au  teurs  du  m^moire  regardent  les  anguilles  comme 
compl^tement  hermaphrodites,  et  sont  portes  k  les  consi- 
d^rer  comme  ovipares. 


(1)  Voir  plus  baut,  page  696. 


(738) 

lis  rcconiiaissent,  sons  les  noms  de  Anguilla  orihoen- 
lera  el  anacamptoenlera  Texislence  de  deux  especes  d*aii- 
guilles  en  Ilalie,  fondles  sur  la  forme  de  I'inteslin  et, 
confirmiJes  par  des  caracl6res  externes. 

M.  le  D'  Giinlher,  le  savant  ichthyologiste  du  Museum 
britannique,  admet  ^galement  deux  especes  :  A.  acuiiras- 
Iris  et  lalirostris  de  Yarell,  mais  il  constate  que  leur  deter- 
mination exacte  se  fait  plus  facilement  par  la  position 
relative  ct  la  jongueur  de  la  nageoire  dorsale  compar6e  a 
la  nageoire  anale  que  par  Ja  consideration  de  I'aspect  du 
corps  et  de  la  t^te. 

La  question,  quanta  Thermaphroditisme,  parait  r^solue 
avec certitude,  tant  par  MM.  Maggi  et  Balsamo  Crivelli  que 
par  M.  Ercolani. 

C'est  un  grand  honneur  pour  les  savants  italiens. 


I^:lections. 


I.a  classe  se  constilue  en  comite  secret  pour  proceder 
aux  elections  annuelles  aux  places  vacantes. 

Les  noms  des  membre,  correspondant  et  associes  elus 
seront  proclam^s  en  seance  publique. 


pr£paratifs  de  la  sj^ange  publique. 

La  classe  s'est  occup^e  ensuite  des  pr^paratifs  de  la 
seance  publique  du  lendemain.  Elle  a  arrets,  de  la  maniere 
suivante,  le  programme  de  cette  solennite  : 

1**  Venseignement  de  la  biologie  dans  les  ecoles^  dis- 
cours  par  M.  Gluge,  directeur ; 


(  759  ) 

2"  Sur  le  transformisme,  lecture  par  M.  d*Omalius; 

3"  Un  mot  sur  la  vie  sociale  des  animaitx  inferieurs, 
lecture  par  M.  P.-J.  Van  Beneden ; 

4*  Antoine  Spring,  sa  vie  et  ses  travaux  academiques , 
lecture  par  M.  Schwann; 

5"  Du  commencement  et  de  la  fin  du  monde  d'apres  la 
theorie  mecanique  de  la  chaleur,  lecture  par  M.  F.  Folic; 

6""  Proclamation,  par  M.  le  secretaire  perp^tuel ,  du 
r^sultal  du  concours  et  des  elections,  ainsi  que  du  resultat 
du  concours  de  musique  de  la  classe  des  beaux-arts. 


(  760  ) 


GLASSE  DES  SCIENCES. 


Seance  publique  du  16  decembre  1ff75, 
(Grand'salle  des  Academics,  aa  Mus^.) 

M.  Th.  Gluge,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp<ituel. 

Sont  presents :  MM.  d'Omalius,  L.  de  Koninck,  P.-J.  Van 
Beneden,  Edm.  de  Selys  Longchamps,  H.  Nyst,  Melsens, 
J.  Liagre,  F.  Duprez,  G.  Dewalque,  Ern.  Quetelel,  H.  Maus, 
M.  Gloesener,  D'  Candeze,  F.  Chapiiis,  F.  Donny,  Cli.  Moii- 
tigny,  Steichen,  Brialmonl,  E.  Dupont,  £d.  Morren, 
^(loaard  Van  Beneden,  memfrre^;  Th.  Schwann,  E.  Ca- 
talan, Aug.  Bellynck,  associes;  £d.  Mailly,  Folic,  De  Tilly, 
Malaise  et  Cr^pin,  correspondants. 

Assistaient  k  la  seance  : 

Classe  des  letlres :  MM.  J.-J.  Thonissen,  directeur,  presi- 
dent de  TAcad^mie;  R.  Chalon,  vice-directeur;  J.  Roulez, 
Paul  Devaux,  P.  De  Decker,  Haus,  Ch.  Faider,  Kervyn  de 
Lettenhove,  Th.  Juste,  Alph.  Wauters,  membres;  J.  Nolet 
de  Brauwere  van  Steeland,  Aug.  Scheler  et  Aljph.  Rivier, 
associes. 

Classe  des  beaux^arts :  MM.  L.  Alvin,  directeur;  Guil- 
laume  Geefs,  C.-A.  Fraikin,  £d.  F^tis,  Edm.  De  Busscher, 


(761  ) 

Aug.  Payen,  le  chevalier  L^on  de  Burbure,  J.  Franck, 
G.  de  Mao,  J.  Leclercq,  Em.  Slingeneyer,  Alex.  Robert, 
membres. 

» 

A  une  heure,  le  bureau  de  la  classe,  compost  de 
MM.  Gluge,  direcleur;  Ad.Quetelet,  secretaire  perp^tuel, 
E.  Candfeze,  vice-direcleur,  accon}pagii6  de  MM.  J.-J.  Tho- 
nissen ,  president  de  TAcademie  el  directeur  de  la  classe 
des  iettres,  R.  Chalon,  vice-directeur  de  la  m^me  classe, 
et  L.  Alvin,  directeur  de  la  classe  des  beaux-arts,  vient 
prendre  place  sur  Testrade. 

Un  auditoire  nombreux,  parmi  lequel  on  remarque  plu- 
sieurs  dames  el  divers  personnages,  assiste  k  la  solennit^. 

Le  directeur  de  la  classe,  M.  Gluge^  ouvre  la  stance  par 
le  discours  suivant  : 


Venseignement  de  la  biologic  dans  les  ecoles. 


Messieurs, 

Un  usage  ancien  impose  au  directeur  de  la  classe  la  t&che 
d^inaugurer  la  stance  publique  par  un  discours;  je  crois 
devoir  declarer  que  le  mien  ne  rcnferme  que  mes  opinions 
personnelles.  Les  stances  de  la  classe  des  sciences  n^ont  pas 
le  pouvoir  d'^ltirer  le  public,  qui  se  presse  plus  nombreux  a 
la  seance  publique  de  la  classe  des  beaux-arls,  i  laquelle 
notre  admirable  conservatoire  de  musique  prete  toujours 
son  concours.  II  y  a  ^videmmeni  1^  une  cause  apparente 
dlnferioriie  qu'il  s'agit  de  rechercher,  car,  plus  que  jamais, 
dans  les  temps  modernes,  le  pouvoir  d*un  pays  se  mesure 
2""  s6kie,  tome  XXXVI.  SO 


(  762  ) 

d'aprcs  Tinler^t  que  prend  la  majority  de  la  population 
aux  progres  de  la  science. 

On  poiirrait  se  demander  si  nos  stances  publiques 
offrent  assez  d  interet  pour  attirer  les  auditeurs.  l/etude 
denos  Bulletins  permet  de  raflirmer;  les  questions  les  plus 
int^ressantes  ont  ^t6  traitees  dans  les  discours  lus  pubii- 
quement;  j'en  citerai  seulement  quelques-uns  pronouces 
par  des  savants  que  nous  avons  eu  le  malheur  de  perdre, 
discours  qui  ont  ouvert  un  uouveau  champ  i  rinvesligation 
scientifique :  les  communications,  si  impbrtantes  pour  Tin- 
dustrie  du  pays,  faites  par  Dumont  sur  la  g^ologie  de  la 
Belgique,  les  discours  si  brillants  de  Charles  Morren  sur 
la  botanique,  celui  de  Wesmael  concernant  une  question 
qui  agite  encore  le  monde  savant :  celle  de  la  signiGcalion 
de  Tesp^ce.  Spring  inaugura  les  recherches  pr^historiques 
dc  notre  pays,  par  une  communication  faiteen  seance  pu- 
hlique  sur  les  ossements  humains  trouv^s  dans  une  caverne 
(le  la  province  de  Namur  en  1853.  Mais  ces  travaux,  passes 
inaperQus  chez  nous,  trouvereot  leur  cbemin  a  Tetranger, 
m^me  dans  les  journaux  poliliques,  et  je  remarquai  un 
jour,  avec  surprise,  que  le  discours  prononc^  par  Spring 
comme  directeur  de  notre  classe,  sur  les  phenom^nes  p6rio- 
diquesde  la  vie,  avait  ^te  traduit  dans  un  journal  italien, 
tandis  que  parmi  nous  il  fut  k  peine  mentionn^.  II  est  done 
Evident  que  TAcad^mie  s*esl  loujours  empressee  de  traiter 
dnns  ses  stances  publiques  des  questions  interessantes  de 
science,  mais  que  les personnes  qui  peuvenllescompren- 
dre  font  defaut. 

II  est  encore  Evident  que  les  hommes  sont  rares  en  Bel- 
gique  qui,  en  dehors  de  certaines  professions  liherales,  s1n- 
t<^ressent  aux  sciences  en  general.  L' Academic  a  fait  plus: 
sur  rinitiative  prise  parson  illustre secretaire,  M.  Quetelet, 


(  763  ) 

la  plupart  de  sesmembres  out  public  des  trait^s  populaircs 
sur  toutes  les  branches  de  la  science;  quelques-uns  de  ces 
ouvrages  ont  eu  Tlionneur  de  plusieurs  (Editions.  L'originc 
du  d^faut  d*auditeurs  que  je  viens  de  signaler  ne  peul  dtre 
recherch^e  que  dans renseignement  de  nos^colesmoyennes 
el  de  nos  collies,  oil  la  part  faite  k  la  science  est  trop 
minime. 

Je  ne  me  croirais  pas  assez  competent  pour  indiquer  les 
lacunes  nombreusesquisemblentexister  dans  noire  pays ;  je 
ine  contenterai  de  signaler  seulement  Tabsence  des  etudes 
physiologiques.  Je  pense,  avec  plusieurs  membrcs  du  corps 
l^islatif,  que  les  m^lhodes  d^enseigneinent  des  langues 
anciennes  sont  vicieuses;  elles  enlevent  inulileipent  aux 
jeunes  gens  un  temps  pr^cieus.  Personne,  excepte  les  phi- 
lologues  de  profession,  n'est  appele  h  ^crire  en  grec  ou  en 
latin,  ou  ik  faire  des  vers  el  des  discours  dans  ces  langues; 
par  contre,  presque  tous  les  eleves  quittenl  Tecole  sans  avoir 
appris  k  appr^cier  les  beautes  immortelles  des  poeles,  des 
historiens  el  des  philosophes  de  Tanliquit^;  el  j*ai  constate 
soDVdQt,  aux  jurys  d'examen,  que  deux  annees  d'inter-' 
valle  avaient  soffi  pour  effacer  toute  trace  du  grec  dans  leur 
m^moire.  lis  ^taient  devenos  incapables  de  Iraduire  les 
expressions  hell^niques  si  nombreuses^introduiles  dans  les 
sciences. 

Les  considerations  qui  vont  suivre  feront  comprendre 
combien  il  est  n^cessaire  dintroduire  dans  Tinslruclion 
g^n^rale  Tenseignement  de  la  science  qui  d^crit  tous  les 
ph^nom^nes  qui  se  passent  dans  les  Sires  vivants,  la  bio- 
logic. HomSre  rSsumail  les  connaissances  scientifiques  de 
son  Spoque.  Nos  poetes ,  nos  litterateurs  commettent  sou- 
vent  des  erreurs  graves  quand  il  s'agit  dedecrire  les  pht^- 
nom^nes  de  la  nature.  Les  lois  d'apr^s  lesquelles  les  Sires 


(  764  ) 

vivaiils  se  developpent,  les  conditions  dans  iesquelles  ils 
existent,  sont  en  general  inconnues  aiix  populations, 
soit  qu*elles  habitent  les  chauraieres  ou  les  palais.  Les 
notions  que  le  public  a,  en  g^n^ral,  sur  les  ph^nom^nes  de 
la  vie,  datenl  du  moyen  kge  ou  m^me  de  Tantiquit^,  quand 
le  peu  d'^tendue  de  noire  savoir  permettail^  un  m^me  indi- 
vidu  d'embrasser  toutes  les  branches  dcs  connaissances  hu- 
maines,  y  compris  m^me  les  croyances  religieuses.  Depuis, 
les  sciences  onl  pris  un  immense  developpement;  elles  se 
sont  divis^es  etmullipli^es,  et  la  biologic  surtout,  science 
de  creation  toute  moderne,  est  rest^e  inconnue  aux  esprits 
les  plus  cultiv^s.  Aussi  n*est-il  pas  etonnant  que  les  gou- 
vernements,  les  administrations,  quand  il  s'agit  de  pren- 
dre des  mesures  pour  changer  les  conditions  de  la  vie, 
pour  donner  des  lois  sur  la  sant^  publique,  soienl  dans 
une  ignorance  complete. 

Combien  y  a-t-il  de  personnes  ayant  rcQu  une  instruc- 
tion liberate,  k  Bruxelles  par  exemple,  qui  aient  jamais 
contemple  la  circulation  du  sang  ? 

L'utilit^  immediate  n'est  pas  la  seule  raison  qui  me 
fasse  desirer  Tintroduction  de  la  biologic  dans  Tenseigne- 
ment;  il  en  est  de  plus  graves  :  Nous  vivons  h  une  ^poque 
qui,  par  la  fermentation  des  id^es  philosophiques  et  reli- 
gieuses, a  quelque  ressemblance  avec  celle  qui  a  devanc4 
la  dissolution  de  Tempire  romain.  Les  anciennes  formes 
religieuses  s'en  vont  non-seulementen  Europe,  mais  par- 
lout  ou  la  science  a  p^n^lr6.  Les  efforts  multiplies  seront 
incapables  de  leur  ramener  leur  influence  d'autrefois  el  de 
combattre  un  mat^rialisme  abrutissant  qui  ferait  dispa- 
rattre,  s*il  devenait  universel,  les  bases  de  toute  soci^t^,  la 
famille  et  le  sentiment  du  juste. 

Gomme  nous  poss^dons  dans  le  cerveau  un  organe  n^- 


(768) 

cessaire  au  travail  de  rintclligence,  il  existe  probablement 
aussi  une  organisalion  speciale  pour  le  d6veIoppement  des 
id^es  religieuses. 

Eh  bien,  je  n*h^sile  pas  k  le  dire,  c'est  T^tude  de  la  na- 
ture vivanle  qui  pourra  ramener  dans  les  esprits  cette 
pens^e  de  la  responsabilil^  iqdividuelle  et  du  devoir  qui 
commencent  k  disparailre.Cest  en  4ludiant  les  lois  immua- 
blesde  la  vie  organique  que  Thomme  apprend  h  s*imposer 
des  lois,  cl  lorsqull  n*a  pas  acquis  cette  discipline  de  son 
intelligence,  il  doit  se  r^soudre  k  accepter  la  loi  des 
autres.  L*id^e  quej^exprime  ici  n'cst  pas  nouvelle;  un  sa- 
vant anglais  d'un  grand  m^rite  Ta  eue  avant  moi,  il  a  pense 
qu*on  pouvait  comparer  le  corps  vivant  k  un  etat  bien 
organise  ct  d^n)ontrer,  par  la,  que  ce  n'est  pas  au  hasard 
qu'est  due  la  constitution  de  la  famille,  de  la  commune,  de 
la  province  et  des  £tats,  et  que  des  lois  immuables  presi- 
dent aux  uns  et  aux  autres.  En  effet,  tout  notre  corps  se 
compose  d*elements  formes,  de  cellules  et  de  fibres,  petits 
organismes  comparables  aux  individus;  ces  cellules  et  ces 
fibres  travaillent,se  developpent,  vivent  et  meurent  comme 
rindividu  dans  un  temps  limits.  Reunis  en  groupe,  ils  four- 
nissent  k  la  communaut^  qui  s'appelle  I'organe,  les  mat^- 
riaux  necessaires  k  la  fonction;  un  lien  comroun,  les  nerfs, 
reunit  les  diff^rents  organes  en  une  province  qui,  k  son 
tour,  depend  du  centre  nerveux ,  gouvernement  central.  II 
y  a  done,  dans  Tordre  physique,  la  realisation  de  la  meme 
idee  que  dans  Tordre  moral,  ind^pendance  individuelle 
limitee  par  Tutilit^  commune  et  Tinteret  general.  On  pour- 
rait  encore  pousser  plus  loin  le  parall^le  et  rappeler  que 
toutes  les  fois  que  cette  harmonic  est  interrompue,quand, 
par  exemple,  les  individus,  cellules  ou  fibres,  se  repro- 
duisent  en  exc^s,  il  en  r^sulte  la  destruction  de  I'organe; 


(  766  ) 

de  memc  qnand  un  organe  s'appropric  trop  la  substance  des 
aiilres  en  delruisant  lYquilihre,  il  pent  gdner  leurs  fonc* 
tions  et  determiner  la  mort  du  corps. 

D*un  aulre  cdle,  Tactivite  trop  considerable  des  centres 
nerveux,  c'esl-i-diredii  gonvernement  central,  comme  on 
le  voit  trop  souvent  dans  nos  temps  surexcit^s,  pent  deter- 
miner la  folic. 

II  ne  Taut  cerlainement  pas  une  grande  sagacity  pour 
tronver  dos  analogies  avcc  Tanarchie  d*en  has  et  le  despo* 
tism(3  d*en  haul,  dans  la  vie  des  Sires  organises  auxquelsje 
viens  de  faire  allusion. 

'  Au  moyen  5ge,  des  milliers  de  malheureux  ont  ^14  con- 
damnes  i  ctre  brAles  parce  que  leurs  juges  ne  connaissaient 
pas  les  fonctions  du  cerveau  et  les  hallucinations  que  pro- 
duit  Talteration  de  cet  organe.  Cuvier  disait  que  Thistoire 
naturelle  a  le  privilege  de  r^pandre  des  idees  saines  dans 
les  classes  les  moins  elevees  du  peuple,  de  soustraire  les 
hommes  k  Tempire  des  prejuges  et  des  passions,  de  faire 
de  la  raison  Tarbitre  et  le  guide  supremes  de  Topinion  pu* 
hiique  et  ainsi  de  concourir,  dans  une  large  mesure,  a 
avancer  la  civilisation. 

Ce  que  Cuvier  disait  de  Tbistoire  naturelle, en  general, 
pent  se  dire  avec  plus  de  raison  encore  des  Etudes  biologi- 
qiies. 

II  serail  digne  d*un  pays  tel  que  la  Belgique  de  prendre 
comme  modele  a  suivre,  sous  ce  rapport,  la  Su^de,  oh  des 
eleves  de  10  a  12  ans  acquii^rent  des  connaissances  anato- 
miques  el  pbysiologiques  qui  manquent  chez  nous  aux 
adulles. 

L'Allemagne  aussi  est  beaucoup  plus  avancee  dans  cette 
branche  des  sciences.  A  la  derniSre  Exposition  de  Vienne, 
on  admirait  la  richesse  des  dessins  destines  a  rinstructioo 


^  (  767  ) 

anaiomique  des  ecoles  primaires  el  moyennes,  cnvoyes 
par  ie  minislre  de  Tinstruction  publiqiie  du  royaume  de 
Saxe. 

Chez  Dous,  au  coniraire,  on  a  admis  avec  quelque  diffi- 
cuU6  Tenseignement  de  la  g^ograpbie  dans  les  Ecoles  pri- 
maires, parce  que,  disait-on,  les  maitres  d'ecole  pouvaienl 
se  laisser  seduire  k  ^tendre  leurenseignement  i  i'bistoire 
naturelle.  On  a  meme  craint  que  I'^lude  biologique  repan- 
due  dans  les  masses  ne  Hi  disparaitre  Tesprit  religieux.  Le 
sentiment  religieux,  dont  les  formes  varientselon  les  temps 
et  les  circonstances  exlerieures,  je  Tai  d^j^  dit,  est  aussi 
imp^rissable  que  Tesp^ce  hnmaine. 

Si  la  physiologie  a  demontr^  qu'aucune  pensee  ne  peut 
se  former  que  par  Tintermediaire  d'un  organe,  le  cerveau; 
si  un  de  nos  associes  a  meme  pu  tenter  de  mesurer  la 
rapidile  de  celte  formation,  cette  meme  science  ne  pourrait 
jamais  contesler  avec  succes  la  liberty  du  moi  elsa  per- 
manence. 

Un  physicien  oserait-il  contester  I'existence  de  Tether, 
parce  que  la  disparilion  de  la  cause  qui  Ta  fait  vibrer 
a  fait  disparaitre  la  lumiere?  Cest  la  superstition  seule 
que  la  l)iologie  combattra  toujours  avec  force.  Enseign^e 
dans  nos  ecoles,  elle  pourra  empecber  ces  epidemics  p^rio- 
diques  de  folic  qui,  au  moyen  age,  s*appelaient  sorcel- 
lerie,  danse  de  Saint-Guy  et,  de  nos  jours,  magn^tisme 
animal,  spiritisme,  tables  tournantes,  visions,  etc., maladies 
(|ui  ont  envahi  toutes  les  classes  de  la  soci^t^. 

J'ajouterai  meme  que  les  sciences  malhemaliques,  phy- 
siques et  chimiques  ne  prol^gentpassufTisammentcontre 
les  superstitions.  Un  des  physiciens  les  plus  c^lebres, 
auquel  Thumanitedoit  une  des  plus  belles  decouvertes  de 
uotre  siecle,  me  demanda  un  jour  s^rieusement  de  lui  pr^- 


(  768  ) 

senter  un  musicien  douc  d'un  pouvoir  magn^lique  animal 
extraordinaire,  dont  la  reputation  ^tait  parvenue  jusqu'i 
r^tranger. 

La  biologie  n'atlaquera  jamais  les  veriles  morales  des 
livres  que  les  populations  out  appris  k  respecter,  mais 
quand  ces  livres  renferment  des  erreurs  scientifiques,  il 
Taut  que  la  croyance  c^de  le  pas  i  la  science.  II  y  a  qtielque 
temps  un  6v£que  anglican,  en  s*appuyant  sur  Tautorite 
tres-con testable  en  mati^re  de  physiologic  de  Tillustrc 
Buflbn,  avait  prelendu  que  la  long^vit^  extraordinaire  des 
patriarcbes  pouvait  etre  justili^e  par  la  science.  Un  de  nos 
associ^s,  Sir  Richard  Owen,  ne  tarda  pas  k  prouver  par  les 
rapports  existants  entre  Vkge  des  mammifi^res  et  leur 
croissancc,  que  la  dur^e  de  la  vie  humaine  ne  peut  gu^re 
d^passer  un  si^cle.  II  fallait  bien  que  la  tradition  religieuse, 
quelque  respectable  qu*elle  fut,s*inclin&t  devant  la  science. 
Propageons  done  cette  science  et  n'ayons  aucune  crainte, 
ni  pour  Tordre  moral,  ni  pour  le  sentiment  religieux. 

Un  pays  ne  peut  se  glorifier  de  sa  prosp^rit^  mat^rielle 
qu'en  6tendant  le  progr^s  intellectuel  danstoutes  les  direc- 
tions. 

I£t  je  termiuerai  icr  en  r^p^tant  la  parole  du  grand 
poete  mourant,  poete  qui  fut  aussi  un  grand  naturalisle  : 

a  Plus  de  lumi^rc.  • 

Les  applaudissements  unanimes  de  Tassembl^e  out 
accueilli  ce  discours. 


r 


(769) 

—  M.  J.-B.-J.  d*Omaliusd'Hailoy  est  venu  prendre  place 
au  bureau,  pour  donner  lecture  de  son  travail  intitule  : 

Sur  le  transformisme. 

Messieurs, 

J'ai  dej^  eu  Toccasion  de  dire,  ici  mdme,  que  les  hypo- 
theses devaient  etre  assimilees  k  des  romans,  mais  je  n'ai 
pas  dit  qu*elles  doivent  etre  totalcmcnt  exclues  de  la 
science.  Je  crois,  au  contraire,  que,  des  que  Ton  se  borne 
k  y  recourir  pour  expliquer  les  faits,  elles  ont  Tavantage 
de  coordonner  ceux-ci  et d'en  faciliter  T^tude.  On  ne  peut, 
par  exeinple,  nier  que  Tliypothese  de  Tattraction  n'ail 
puissamment  contribu^  aux  inomenses  progres  qi]^^  Fastro- 
nomie  a  faits  dans  les  temps  modernes. 

Parmi  les  d^couvertes  dont  les  sciences  se  sont  enri- 
chies  pendant  le  present  si^cle,  Tune  des  plus  remarqua- 
bles  nous  a  fait  connaitre  que  notre  globe  terrestre  a  ^te 
habite  par  des  groupes  succossifs  d'etres  vivants  qui,  quoi- 
que  ^tablis  sur  les  m^mes  plans  gen^ranx  ,  pr^sentent  une 
s^rie  de  differences,  tendant  successivement  vers  les 
formes  qui  caract^risent  la  nature  actuelle. 

Ces  faits,  si  diff^rents  des  opinions  qui  ^taient  g^n^rale- 
ment  admises,  ont  donn4  lieu  a  une  fouie  d'hypoth^es 
que  Ton  pent  ranger  dans  trois  categories,  savoir  :  les 
creations  successives,  la  transformation  par  generation 
des  formes  resultant  d'une  premiere  creation  et  revolution 
de  la  matiere. 

Lorsque,  en  1831 ,  j'ai  publie  des  elements  de  geologic, 
je  mesuiscru  oblige  d'emettre  une  opinion  k  cetegard  et 


(  770.) 

j'ai  donne  la  preference  au  transformisme.  J*ai  deji  indique 
plusieurs  fois  les  moliis  qui  avaient  determine  celte  ma- 
ni^re  de  voir,  mais  je  pense  qu'il  n*esl  pas  inulile  de 
revenir  sur  ce  sujel,  parcc  que  Thypolhese  du  transfor- 
misme a  re^u ,  dans  ces  derniers  temps ,  un  developpe- 
mentqui,  selon  moi,  justifie  une  partie  des  attaques  que 
iui  font  ses  adversaires. 

I^s  hypotheses  admettant  que  revolution  de  la  matiere 
pent  donner  naissance  k  des  corps  organises,  nc  sont 
fondles  sur  aucun  ph^nom^ne,  bien  constat^,  de  la  na- 
ture actuelle,  et,  dans  T^Cat  present  de  nos  connaissances, 
elles  ne  sont  pas  necessaires  pour  expliquer  la  serie 
paieontologique.  Nous  voyons,  en  effet,  que  tons  les 
grands  types  organiques  existaient  pendant  la  periode 
silurienne,  et,  si  le  type  vertebre  n*a  pas  encore  ^te  ren- 
contre parmi  les  corps  organises  anterieurs  k  cette  periode, 
il  est  a  remarquer  que  Ton  n'a  recueilli,  jusqu*a  present, 
qu'un  nombre  tr^s-reslreint  de  ces  corps  et  qu'ils  n*ont 
encore  ete  trouv6s  que  dans  des  d^pdts  tres-voisins  du 
terrain  silurien ,  car  je  partage  Topinion  des  personnes  qui 
considerent  comme  une  concretion  minerale,  ce  que  Ton 
a  nomme  Eozoon.  Je  pense  en  consequence  qu'il  n'y  a  pas 
lieu  de  s'appuyer^  sur  ces  circonstances  negatives  pour 
r.ejeter  Topinion  que  tons  les  grands  types  organiques  ont 
apparu  lorsque  la  vie  s*est  manifestee  sur  la  terre. 

D*un  autre  cdte,rorgaBisation  des  etres  vivants  est  si 
admirable  que  je  ne  puis  admettre  qu'elle  soit  produite 
par  le  hasard;  aussi  suis-je  convaincu  qu^elle  doit  etre  le 
resullat  de  la  volonte  d'un  etre  tout-puissant. 

II  est  egalement  k  remarquer  que  les  hypothecs  sur 
revolution  spontanee  de  la  matiere  ne  repandent  aucune 
lumiere  sur  Torigine  des  choses;  car,  lors  meme  qu*il 


(771  ) 

serait  possible  que  la  matiere  s'organisat  spoil  tankmen  t,  il 
reste  k  se  demander  quelle  est  Torigine  de  la  mali^re. 
Or  le  monde  inorganique  pr^senle,  aussi  bien  que  le 
monde  organiquc,  un  ordre  admirable  qui  ue  peul  pro- 
\'enir  du  basard,  mais  qui  doil  egalemenl  resulter  de  la 
volonted*undtre  loul-puissaol. 

Quant  aux  hypotheses  qui  adinettent  des  creations  suc- 
cessives,  elles  ne  sont  pas  non  plus  appuy^es  sur  des  fails 
qui  se  scraient  passes  pendant  la  periode  g^ologique  ac- 
tuelle.  D'un  autre  cdt^,  j'ai  peine  a  croire  que  T^tre  tout- 
puissant,  que  je  considere  comme  Tauleur  de  la  nature, 
ait,  k  diverses  6poques,  fait  p^rir  tous  les  Stres  vivants, 
pourse  donner  le  plaisir  d*en  creer  de  nouveaux  qui,  sur 
les  m^mes  plans  g^n^raux ,  pre<entent  des  diff(£rences 
successives,  tendantes  k  arriver  aux  formes  actuelles  et 
reproduisant  quelquefois  les  rudiments  d'organes  qui  ser- 
vaient  aux  Stres  ant^rieurs,  mais  qui  ne  sont  d*aucun 
usage  k  leurs  successeurs. 

Ces  hypotheses  ont  principalement  tire  leur  origine  de 
cc  qu'on  avait  remarque ,  dans  des  contrees  oil  il  manque 
des  termes  de  la  s6rie  des  terrains,  que  les  diverses 
faunes  ^taient  distingu^es  par  des  differences  completes, 
d*ou  Ton  concluait  qu'il  y  avait  eu  des  destructions  gene- 
rates et  des  creations  de  nouveaux  organismes;  mais  elles 
me  semblent  fort  ebranl^es  depuis  que  Ton  a  reconnu 
qu*il  y  a  des  melanges  entre  des  faunes  qui  se  touchent  et 
quil  a  «xiste  des  formes  qui  se  sont  propagees  dans  des 
faunes  diff<6rentes. 

II  me  parait  done  bien  plus  probable  et  plus  conforme 
k  la  sagesse  ^minente  du  Createur  d*admettre  que,  de 
m^me  que  celui-ci  a  donn^  aux  etre  vivants  la  faculte  de 
se  reproduire ,  il  les  a  aussi  doues  de  la  propri^t^  de  se 


(  772  ) 

modifier  selon  les  circonstances,  pb^nomene  dont  la  nature 
acluelle  donne  encore  des  exeroples. 

Les  causes  qui  produisent  niainlenant  ces  modifications 
sont  les  changements  de  milieux,  les  croisements,  les 
anomalies  et  la  selection. 

J*entends  par  milieux  non-seulement  le  climat  et  Tali- 
mentation  y  mais  aussi  toutes  les  circonstaoccs  qui  d^ter- 
minent  des  changements  dans  les  moeurs  des  animaux. 
On  connatt  les  modifications  que  la  culture  a  produites  sur 
les  v^^taux  qui  servent  k  notre  alimentation  el  a  Torne- 
ment  de  nos  propriety.  On  sait  ^alement  que  les  veg^ 
taux  et  les  animaux  ^  transport^  dans  un  climat  ou  sur  un 
sol  difl'erents  de  celui  ou  ils  sont  n^,  contractent  et  sur- 
tout  transmettent  k  leurs  descendants  des  quality  diS&^ 
rentes  de  celles  de  leurs  anc^tres. 

Les  partisans  de  Timmutabilit^  des  especes  font  obser- 
ver que  cette  action  actuelle  des  milieux  ne  produit  que 
les  faibles  modifications  qui  constituent  ce  qu'ils  appellent 
des  differences  de  races.  Je  reponds  que,quellesque  soient 
les  opinions  que  Ton  ait  sur  les  pb^nom^nes  qui  ont  de- 
termini  la  formation  du  globe  terrestre,  on  ne  peut  dis- 
convenir  que,  lorsque  arrivaient  k  sa  surface  de  puissants 
massifs  de  rocbes  k  T^tat  de  fluidity  ign^e,  et  lorsque  les 
eaux  tenaient  en  dissolution  les  mati^res  qui  constituent 
une  partie  de  nos  rocbes  stratifl^es ,  les  conditions  de  tem- 
perature et  d'alimentation  devaient  produire  des  modifica- 
tions bien  plus  ^nergiques  que  celles  qui  ont  lieu  actnelle- 
inent,  et  que  celles  que  nous  pouvons  produire  par  nos 
moyens  artificiels. 

II  est  aussi  k  remarquer  que  la  tendance  des  ^tres  k  se 
modifier  pouvait  ^tje  beaucoup  plus  d^velopp^e  dans  les 
premiers  temps  qu'elle  ne  Test  actuellement;  de  mdme 


(  773  ) 

que  les  nouvelles  races  que  nous  obtenons  chez  nos  ani- 
maux  domesliques  et  cbez  oos  piantes  cultiv^es  ne  de- 
viennent  persistantes  qu*apres  une  s^rie  de  g6o6rations 
plusou  moins  tongues. 

»  On  objecle  contre  TopinioD  qui  attrihue  au  transfor- 
misme  les  differences  constat^es  par  la  s^rie  pal^ontolo- 
gique,  qu*il  n*exisle  pas  dlntermediaire  entre  les  especes 
diflerentes;  mais  cette  objection  me  paralt  fortement  att^- 
nuee  par  la  circonstance  que  Ton  consid^re,  comme  des 
especes  parliculi^res,  des  gronpes  d*dtres  dont  les  carac- 
teres  distinctifs  sont  si  peu  tranches  qu'il  existe  des  va- 
rifles  qui  sont  rangees  dans  des  especes  diffiSrentes  selon 
les  auteurs  qui  les  d^crivent.  Les  partisans  de  Timpor- 
tance  et  de  la  fixite  de  Tesp^ce  disent  que,  dans  ees  cas, 
il  y  a  de  ces  auteurs  qui  ne  connaissent  pas  bien  les  carac- 
t^res  de  Tespece,  tandis  que,  de  mon  c6t^,  je  dis  qu'il  y  a 
interni^diaire  ou  passage  d*une  esp^ce  a  une  autre. 

Une  objection,  plus  s6rieuse  k  mes  yeux,  c*est  que  nous 
voyons  appara!tre,dansla  serie  pal^ontulogique,  des  formes 
qui  ne  se  rattachent  k  aucune  des  formes  ant^rieurcs; 
mais  on  peut  aussi  expliquer  cette  circonstance  sans  re- 
courir  a  des  creations  nouvelles.  On  sait  en  effet  que  les 
fauneset  les  flores  actuelles  varient  selon  les  regions  out 
elles  se  trouvent.  La  science  n*a  pas  les  moyensde  d£ci<- 
der  si  cet  ^tat  de  choses  r^sulte  de  ce  que  Ton  a  nomm6 
des  centres  divers  de  creations,  ou  de  Taction  successive 
des  milieux,  mais  on  ne  peut  disconvenir  que  ces  diffe- 
rences ont  dd  etre  plus  tranch^es  lorsque  n'existaient  pas 
les  moyens  de  communications  cr^^s  par  la  civilisation 
moderne.  D'un  autre  c6t^,  T^tude  de  la  g^ologie  nous  a 
fait  connaitre  que  des  parties  de  nos  continents  ont  ^t^ 
alternativement  emerg^es  et  submerg^es,  etque  (Jes  mou- 


(774) 

vements  du  sol  ont  ^Iev6  k  plus  de  quatre  milie  mitres 
d*aititiide  des  d6p6ts  form^  dans  les  foods  de  la -roer.  Si 
Ton  fait  attention  ensuite  que  les  rechercbes  pal<Sontolo- 
giqnes  n*ont  encore  ^te  exicutees  que  sur  de  tr^-petites 
portions  de  T^corce  dn  globe  terrestre,  on  coofoit  que  le^ 
itres  qui  nous  paraissent  presenter  des  formes  tout  i  fait 
'  nouvelles,  pouvaient  avoir  eu  des  ancitres  qui  babitaient 
descontr^esod  la  pal^bntologie  n'a  pas  encore  4tendu  ses 
rechercbes,  ou  dans  d*autres  sur  lesquelles  les  circoo- 
stances  geologiques  n*ont  pas  favorise  la  conservation  des 
restes  de  ces  £tres,car  on  sail  que  la  destruction  complete 
des  restes  des  etres  vivanls  est  bien  plus  la  r^gle  gene- 
rale  que  leur  conservation  par  la  fossilisation. 

On  objecte  contre  Topinion  que  Paction  des  milieux  ait 
pu  perfectionncr  quelques  series  d*6lres  vivants,  la  cir- 
constance  que  les  aulres  series  pr6sentent  encore  les  orga- 
nisations les  plus  inferieures  et  qu*il  y  a  m^me  des  families 
(r^tres  vivanls  qui  se  sont  d<it^rior^s.  Je  r^ponds  k  cette 
objeetion  que  la  diversity  des  itres  vivants  est  une  des 
conditions  essentielles  de  Tordre  admirable  qui  regno  dans 
la  nature;  de  sorte  que  les  causes  de  transformation  doivent 
^tre  combin^es  de  maniere  h  mainlenir  la  diversity  n^ces- 
saire.  Au  surplus,  ne  voyons-nous  pas  des  causes  qui  nous 
paraissent  analogues  produire  des  effets  differents?  Cest 
aiosi  que  parmi  les  borticulteurs  et  les  ileveurs,  qui  cber- 
cbent  a  am^liorer  leurs  v^^taux  et  leurs  animaux  domes- 
tiqueSy  il  en  est  qui  r^ussissent  et  d*autres  qui  ecbouent. 
Ne  voyoDs-nous  pas  nos  eaux  m^dicinales  aggraver  quel- 
quefois  la  situation  des  malades  au  lieu  de  les  gu^rir?  Ne 
voyons-nous  pas  encore  los  ^pid^niies  les  plus  fuuestes 
epargner  des  populations  qui  semblent  elre  dans  les 
memes  conditions  que  celles  qui  succombent? 


(  775  ) 

On  sail  aiissi  que  les  croisements,  lorsquMIs  sont  fe- 
(Ands,  donnenl  naissance  i  des  hybrides  qui,  pr^sentaDt  Ic 
melange  des caract^res  de  leurs  parents  imm^dials,  diffe- 
rent de  leurs  anc6tres.  On  objecle  centre  les  consequences 
que  Ton  pent  lirer  de  ce  phenoinene,  en  faveur  du  trans- 
formisme,  que  inainlenant  les  croisements  ne  se  font  en 
general  que  par  les  soins  de  Thomme,  et  que  les  hybrides, 
obtenus  de  cette  mani^re,  sont  ordinairenient  sl^riles,  lors- 
qu*ils  proviennent  d'Stres  appartenant  k  ce  que  les  zoolo- 
gistes  appellent  des  esp^ces  diff^rentesetque,  dans  le  cas 
conlraire,  leurs  descendants  retournent  aux  especes  origi- 
naires.  Je  reponds  d  ces  objections  que  ce  relour  n'est  pas 
encore  constat^  par  des  series  d*experiences  assez  suivies 
pour  que  Ton  ne  puisse  pas  Tatlribuer  k  des  pb^nomines 
d*atavismc  et  k  la  circonstahce  que  les  hybrides  qui  nais- 
sent  k  r^tal  sauvage  ^lant  g<^neralement  enlour^s  d'^tres 
appartenant  aux  especes  dites  pures,  dont  les  facult^s 
reproduclrices  sont  evidemment  plus  ^nergiques  que  celles 
des  hybrides,  il  se  reprodnit  des  croisements  en  sens  con- 
lraire qui  ramenent  bientdt  ces  dermers  aux  especes  on 
aux  varietes  dites  pures.  £nllo,  j*ajoulerai,  comme  cause 
plus  generate  en  faveur  du  transformisme,  qu'il  n*est  point 
impossible  que  les  elres  des  premiers  temps  se  soient 
trouves  dans  des  milieux  qui  leur  donnaient  des  ten- 
dances a  la  promiscuity  etqui  rendaient  les  hybrides  plus 
propres  k  la  reproduction.  Aussi  ai-je  d&]k  eu  Toccasion 
d  exposer  les  motifs  qui  me  font  partager  Topinion  des 
auteurs  qui  consid^rent  quelqnes-uns  de  nos  animaux  do- 
mestiques,  notamment  les  chiens,  comme  le  r^sultat  des 
croisements  d*especes  differentes. 

On  sait  encore  que,  pour  des  raisons  que  je  laisse  aux 
physiologistes  le  soin  d*expliquer,  la  generation  produit 


(776) 

accidentellement  des  dtres  anomaux.  Le  plus  ordinaire- 
ment  ces  dtres  ne  sonl  pas  siisceplibles  de  se  reprodiiii%, 
ni  mdme  de  vivre,  mais  il  en  est  quelquefois  autrement, 
et,  en  appliqiiaot  k  quelques-uns  de  ces  dlres  le  syst^me  de 
ia  selection,  on  est  parvenu  i  obtenir  des  races  d'animaux 
domestiques ,  plus  favorables  que  leurs  ancdtres  au  but 
auquel  on  les  destine. 

Les  effets  de  celte  selection  artificielle  sont  incontesta- 
bles,  mais  je  crois  devoir  faire  observer  que,  selon  moi,  on 
a  donn6,  dans  ces  derniers  temps ,  trop  d'importance  k  la 
selection  naturelle  en  Tappliquant  k  Torigine  des  esp6ces. 
Je  conQois  que  la  selection  naturelle  pent  am^liorer  les  ani- 
maux  qui  vivent  en  troupes,  puisque  les  mdles  les  plus 
faibles  sont  cxpuls^  par  les  plus  forts;  je  couQois  aussi 
que  les  m&les  et  les  femelles  peuvent  respectivement  re- 
chercher  les  sujets  les  plus  beaux  et  les  meilleurs  chan- 
leurs;  je  con(.ois  encore  que  si  des  animaux  faibles  pren- 
nent  une  couleur  rapprocb^e  de  celle  du  milieu  sur  lequel 
lis  vivent,  ils^chapperontplus  facilement  k  la  rapacity  de 
leurs  ennemis  que  ceux  qui  ont  une  couleur  diffi^rente; 
mais  je  ne  crois  pas  que  ces  circonstances  puissent  pro- 
duire  des  modifications  suflisantes  pour  expliquer  les  chan- 
gements  quer^v^le  la  serie  pal^ontologique. 

La  nature  actuelle  pr^sente  encore  une  autre  s^rie  de 
ph^nom^nes  d'oii  Ton  pent  conclure  que  le  transformisme 
n*est  point  une  hypoth^se  aussi  contraire  aux  regies  ordi- 
naires  que  le  proclament  ses  adversaires ;  ce  sont  les  cban- 
gements  qu'^prouvent  les  dlres  vivants  dans  leur  develop- 
pement  embryonnaire ,  cbangemenls  qui  sont  quelquefois 
tenement  prononc^  que,  quand  ils  se  passent  en  dehors 
du  corps  des  parents  et  que  Ton  n'avait  pas  eu  I'occasion  de 
reconnattre  loutes  leurs  phases,  les  zoologistes  ont  6i6 


(  777  ) 

dans  le  cas  de  ranger  les  memes  Stres  dans  des  groupes 
d'animaux  tr6s-6loign£s  les  uns  des  autres,  selon  les 
phases  de  revolulion  oii  ils  les  avaient  observes.  On  a  ^a- 
lement  remarque  que  Tevolulion  eprouve  quelquefois  des 
arrets  el  que  ranimal,  ainsi  arr^t^,  a  pu  se  reproduire  sans 
dtre  arriv^  k  sa  derniere  phase,  la  seule  oCi,  d*apr^  la  regie 
normale,  il  jouil  de  cetle  faculty. 

Parini  les  adversaires  du  iransformisme  il  en  est  qui  le 
repoussent  sous  le  pretexle  qu*il  conduit  forc^ment  d 
admettre  Topinion  qui  consid^re  Thomme  comme  descen- 
dant du  singe,  mais  cetle  conclusion  n*est  point  fondle. 
En  effet,  lors  meme  qu'il  serait  prouve  que  Thomme  a 
subi,  dans  la  s^rie  de  ses  generations,  des  changemenls 
analogues  k  ceux  que  le  iransformisme  attribue  k  la  plu- 
part  desetres  vivanls,  il  n'en  resulterait  pas  qu*il  descende 
necessairemenl  d^une  bete,  puisque  les  observations  pal^on- 
tologiques  annoncent  qu'il  exislait  un  grand  nombre  d*etres 
\ivanls  des  les  premiers  temps  de  Tapparition  de  la  vie 
sur  la  lerre.  Tout  ce  que  Ton  peut  dire,  en  partant  de 
Petal  acluel  des  observations,  c*est  que  si  Tbomme  a 
exists  pendant  les  periodes  que  les  g^ologues  nomment 
primaire  elsecondaire,  il  avail  une  organisation  qui  ne  lui 
permeltait  pas  d'executer  les  Iravaux  industriels  qui,  de- 
puis  la  periodequaternaire,  el  peut-etre  depuis  les  derniers 
termes  de  la  p^riode  tertiaire ,  ont  distingu^  Thomme  des 
autres  mammiferes. 

Je  termine  eii  repliant  de  nouveau  que  Thypothese  du 
Iransformisme  n'a  rien  de  contraire  aux  r^cits  de  la  Bible, 
soil  qu'on  Tapplique  ou  qu'on  ne  Tapplique  pas  k  Thomme. 

Dans  ce  dernier  cas  on  peut  dire  que  la  creation  sp^- 
ciale  de  Thomme  posieriearemenl  k  celle  des  autres  ^tres 
vivants  n'e^t  point  con  trance  par  lYtat  acluel  des  obser- 

2"*  SftRIE,  TOME  XXXVU  51 


(  778  ) 

vations  pal^ootologiques,  lesquelles  D*ont  pas  encore 
trouve  des  preuves  incoDlestables  de  l*existence  de 
rbomme  avant  la  periode  quaternaire,  epoque  oh  la  phi- 
part  des  etres  vivants  avaieiu  dej^  les  formes  qui  les  carac- 
l^risent  acluellement. 

Dans  le  second  cas,  la  supposition  que  les  premiers 
horomes  u*avaient  pas  les  formes  des  hommes  actuels  n*a 
rien  de  contrairc  a  la  Bible,  puisque  ce  livre  ne  d^crit  pas 
les  formes  du  premier  homme;  il  dit  seulement  que  Dieu 
fa  cr^e  a  son  image,  ce  qui  ne  peut  s*appliquer  a  ses 
formes  mai^rielles,  mais  bien  k  la  force  qui  raiiimait, 
laquelle,  pour  £tre  k  Timage  de  Dieu,  doit  dtre  immor- 
telle. Or,  comme  il  exisle  maintenanl  des  hommes  qui,  i 
cause  des  d^fauls  de  leur  organisation,  ne  peuvent  exer- 
cer  les  fonctions  qui  caractiirisentspecialement  Thumanite, 
on  conQoit  que  les  premiers  hommes  pouvaient  avoir  une 
organisation  qui  ne  leur  permettaitpasd*ex^cuterdes  tra- 
vaux  manuels,  mais  qui  ne  les  empSchait  pas  de  connallre 
leurs  devoirs  envers  leCr^ateur ,  organisation  qui  se  serait 
ensuite  am^lior^e  par  revolution  transformiste. 

II  est  encore  k  remarquerque  la  genese,  ^crite  long- 
temps  apres  la  creation,  et  dont  le  but  ^tait  de  faire  con- 
naitre  aux  hommes  grossiers  de  cette  Epoque  leurs  devoirs 
envers  le  Cr^ateur,  devait  s*exprimer  d'uue  mani^re  qui 
flit  k  leur  port^e,  de  m^meque  nos  astronomes  se  servent 
des  mots  vulgaires  de  lever  et  de  coucher  du  soleil ,  plutdt 
que  d'employer  des  expressions  plus  en  rapport  avec  la 
nature  du  ph^nomene  qui  fait  paraitre  et  disparaitre  cet 
astre  de  notre  horizon. 

L*auditoire  a  vivement  applaudi  le  venerable  doyen  de 
TAcad^mie. 


(  779  ) 

—  M.  P.-J.  Van  Beneden  est  venu  rem  placer  M.  d'Oma 
lius,  pour  lire  iin  travail  intitule  : 

Un  mot  sur  la  vie  sociale  des  animaux  inferieurs. 


LltTe  God,  wat  lyadar  al  wonderca 
in  too  een  kleyii  Mbepicl. 


TiR  LinwnaoiK. 


Dans  ce  grand  spectacle  qu'on  appelle  la  nature,  chaque 
animal  joue  un  rdle  k  part,  et  Celui  qui  a  tout  pese  et  tout 
r^gl^  avec  ordre  et  mesure  veille  avec  autant  dc  soin  k  la 
conservation  du  plus  repoussant  insccte  qu'^  la  propaga- 
tion du  plus  brillant  oiseau. 

En  venant  au  monde  chacun  d'eux  connatt  son  r61e  et 
le  remplit  d*autant  mieux  qu'il  est  plus  libre  d'ob^ir  aux 
conseils  de  son  instinct.  Chacun  porte  son  soufilenr  en  lui 
et  rhomroe  pourrait  bien  £tre  compart  k  leur  r^gisseur. 

A  ce  grand  drame  de  la  vie  preside  une  loi  aussi  harmo- 
nieuse  que  celle  qui  regie  le  mouvemenl  des  astres ;  et,  si 
k  chaque  heure  la  mort  enleve  de  celte  scene  des  myriades 
d*£tres,  k  chaque  heure  aussi  la  vie  fait  surgk*  de  nou- 
velles  legions  pour  les  remplacer.  Cest  un  tourbillon,  une 
chatnesans  fin. 

On  le  d^montre  aujourd*hui :  Tanimal,  quel  qu*il  soit, 
celui  qui  occupe  le  haut  de  T^chelle  aussi  bien  que  celui 
qui  touche  aux  derniers  confins  du  r^gne,  consomme  de 
I'eau  et  du  charbon.  L'albumine  suffit  k  tous  les  besoins 
de  la  vie.  Or,  la  m^me  main  qui  a  fait  sortir  le  monde  du 
chaos,  a  vari^  la  nature  de  cetle  consommation  :  elle  a 
proportionne  cette  nourriture  universelle  aux  besoins  et 


(  780  ) 

a  Torganisme  parliculier  des  especes,  qui  doivent  y  puiser 
le  principe  du  mouvement,  rentrelien  de  la  vie. 

Cest  une  dtude  fort  inleressanle,  celle  qui  a  pour  but 
de  connailre  la  p^ture  de  chacun  d*eux. 

Celte  ^tude  conslilue  une  braoche  int^ressante  de  This- 
toire  des  animaux.  Le  menu  de  chaque  animal  est  ecrit 
d'avance  en  caracteres  ind^l^biles  dans  lout  type  speci- 
lique,  et  ces  caracteres  sont  moins  difliciles  i  d^chiffrer 
pour  le  naturaliste  que  les  Palimpsestes  pour  les  arch^o- 
logues.  C'est  sous  forme  d*os  ou  d*ecailles,  de  plumes  ou  de 
coquilles,  que  ces  lettres  culinaires  figurent  dans  les  voies 
digestives.  Cest  par  des  visites  non  domiciliaires,  mais 
stomachales,  qu*il  faut  sinitier  a  ces  details  de  menage. 

Le  menu  des  animaux  fossiles,  tout  en  etant  ^crit  en 
caracteres  moins  nets  et  moins  complets,  pent  cependant 
se  lire  encore  fort  sou  vent  dans  T^paisseur  de  leurs  Copro- 
lithes.  Nous  ne  d^sesp^rons  mdme  pas  de  decouvrir  un  jour 
les  poissons  et  les  crustaces  que  chassaient  les  Plesio- 
saures  et  les  Ichthyosaures,  et  de  retrouver  quelques  Vers 
parasites  qui  sont  enlres  avec  eux  dans  Testomac,  pour 
s*etablir  dans  leur  ccecum  spiral. 

Les  naturalistes  n'ont  pas  toujours  ^tudi^  avec  un  soin 
suffisant  les  rapports  qui  existent  entre  Tanimal  et  sa 
p^ture,  et  cependant  ces  rapports  fournissent  ^  Tobserva- 
teur  des  enseignements  d'une  haute  portee. 

Tout  corps  organique,  conferve  ou  mousse,  insecte  ou 
mammif^re,  devient  la  proie  de  quelque  bete;  liquide  ou 
solide, seve  ou  sang,  come  ou  plume,  chair  ou  os,  tout 
disparatt  sous  la  dent  de  Tun  ou  de  Tautre;  et  i  chaque 
debris  correspondent  les  instruments  propresa  leur  assimi- 
lation. Ces  rapports  priniitifsentre  les  ^tres  et  leur  regime 
d*alimentation  entretiennent  Tindustrie  de  chaque  esp^ce. 


(  781  ) 

On  trouve,  en  y  regardaiil  de  prcs,  plus  d'une  analogic 
entre  lemonde  animal  el  la  soci^t^  huinaine,  et,  sans  cher- 
cher  bien  loin,  on  petit  dire  qull  n\  a  gu^re  de  position 
sociale  qui  n'ait  son  pendant,  si  j'ose  ainsi  parler,  parmi 
les  animaux. 

Le  plus  grand  nombre  d^entre  eux  vivent  paisiblement 
du  fruit  de  leur  travail  et  exercent  un  metier  qui  les  fail 
vivre;  mais,  ^  cote  de  ces  honnetes  induslriels,  on  voit 
aussi  des  mis^rables  qui  ne  sauraient  se  passer  de  Tassis- 
tance  de  leurs  voisins  et  qui  s'^tablissent  les  uns  comme 
parasites  dans  leurs  organes,  les  autres  comme  comment 
saux  k  cdt^  de  leur  butin. 

II  y  a  quelqnes  annees,  un  de  nos  savants  et  spirituels 
confreres  de  TUniversit^  d'Utrecht,  le  professeur  Harling,  a 
^crit  un  charmant  petit  livre  sur  Tindustrie  des  animaux,  et 
il  nous  a  fait  voir  que  la  plupart  des  metiers  sont  parfaite- 
ment  connns  dans  le  regne  animal.  On  trouve  en  effet, 
parmi  eux,  des  mineurs,  des  ma<;ons,  des  charpentiers,  des 
fabricants  de  papier,  des  tisseraads  et  Ton  pourrait  m^me 
dire  des  dentellieres,  qui  tons  travaillent  pour  eux  d'abord , 
pour  leur  prog^niture  ensuite.  II  y  en  a  qui  creusent  le 
sol,  ^lanQonnent  les  vofites,  deblayenl  les  terrains  inutiles 
et  consolident  les  travaux ,  comme  des  mineurs  de  me- 
tier (1);  d'autres  balissent  des  huttes  ou  des  palais  selon 
toutes  les  regies  de  Tarchitecture  (2);  d'autres  encore 
connaissent  d*embl^e  tous  les  secrets  du  fabricant  de 
papier,  de  carton  (5),  de  toiles  ou  de  dentelles  (4),  et  leurs 
produits  n*ont  g^n^ralement  rien  k  craindre  de  la  compa- 
raison  avec  le  point  de  Malines  ou  de  Bruxelles. 

Qui  n  a  pas  admire  Tingenieuse  construction  des  ruches 
dWbeille  et  des  nids  de  Fourmi,  la  delicate  et  merveilleuse 
structure  des  filets  d'Araign^e ! 


781 

La  perlectm  des  Usen?  -^  qflufT  — fi  ^  ces  Eikri- 
i|»*^  #:»l  nriiiKr  51  gODi-  el  «  f^^^ilTBeol  apptyofe^ 
qo<?  qibO'i.  t^>i-  v»ri  t  '^=«^r^*:»f.  ra>!r>ooai^  a  be^jio  d'a 
fi.  m-n^ie*  eC  <j  ..c^e',  t^r  o*'^  ni  a  Paris  oi  a  Londres  q«*3 
s'alf'^i^.  c'e*l  a  «!ie  frfUijoe  ^nacte.a  onecbeliif  Arat- 
gD<f^!Qoao'l  k-  rfdl.'ir^.  >re  a  besoin  de  orjmrdrer  !^  dffrr 
d^  pf-rfrtrtion  «ie  j^^'i  ni!rrj'«4rO|ie  oa  d'linc  im?>ore  micro- 
in^triq'jfr  pour  I'-s  ibtiDiiri^oLs  pel:ls  il  conMi!te.  qooi  ?  oa 
mil/iUieire  U:,!ePt  Ai\i^  ea  cent  oa  en  niiiie  prties?noo! 
nn^*  s:ui[f\e  c^ra{i;sce  de  Dulooiee  5  .  lelieiDeol  peiile  el 
peu  di^tiuete  qu'ii  eo  budraii  plosienrs  nillioas  rvaoies 
poor  etre  %isib!es  a  fceil  oo. 

Et  It-s  oieilieors  microscopes  oe  ref  eleot  pas  encore  too- 
joors  toole  ia  delicatesse  des  dessios  q>ii  orneot  ces  admi- 
rabies  orgaoisoies;  c*esi  u  peioe  si  les  ioslrooieols  des  pre- 
mieri'.s  mais^ios  soffisent  poor  observer  les  inOoitesioiales 
fanlaisies  qoi  decorcnl  ces  carapaces  liliipotienoes. 

M.  H.'Pb.  Adao  a  fail  coonaitre  dernieremeot ,  avec  oo 
tai^nl  d*arlisle,  les  heaoles  iofinies  qoe  le  microscope 
re^ele  dans  ce  nuiode  invisible  (6;. 

Do  restCy  a  qoi  les  fabricanis  de  Verriers  oo  de  Ljoo, 
de  (iand  oo  de  Maocbester  s^adresseot-ils  poor  leor  ma- 
tiere  premiere?  A  one  bete  oo  a  one  planle,  et  josqa*a  pre- 
sent noos  avons  ete  assez  modesles  poor  ne  pas  avoir 
cbercbe  i  les  imiter.  Ces  ateliers  fonclionnenl  cependant 
toos  les  joors  soos  nos  yeoi ,  les  portes  lai^emeot  oo- 
\ertes  a  tout  ie  monde,  et  aocone  d*elles  n*est  marquee 
de  rinscriptioD  si  baoale  :  defense  d'enirer. 

Qoe  ces  machines  eotrent  en  grcve,  qu'elles  cbdment 
seolement  pendant  oo  certain  temps  et  nous  sommes 
exposes  a  ne  plus  troover  de  quoi  couvrir  la  nodite  de 
nos  epaoles;  la  grandc  dame  n^aora  plos  ni  cachemire,  ni 


(  783  ) 

soie,  ni  veFours  dans  sa  toilette;  nous,  nous  n'aurons  pins 
ni  flanelles,  ni  draps  pour  la  confection  de  nos  habits  ;  le 
p5tre  n)^nie,  comme  le  monlagnard,  n^aura  plus  sa  peau  dc 
cbevre  pour  se  garantir  contre  les  intenDperies  de  Tair. 

C*est  gr^ce  a  celte  bonne  bete  qui  nous  donne  sa  chair 
et  sa  toison,  que  nous  pouvons  deserter  Ics  regions  m^ri- 
dionales,  braver  la  rigueur  des  climats  et  nous^tabliri 
c6l^  du  Renne  et  du  Narval,  au  n)ilieu  des  giaces  perpe* 
tuelles  (7). 

Nous  avons  la  science  et  la  vapeur,  dont  nous  sommes 
flers  k  juste  titre,  et  pour  fabriquer  leurs  merveilleux 
tissus,  les  b^tes  n*ont  que  leur  simple  instinct  et  font 
encore  mieux  que  nous. 

Comme  il  est  instructif  co  parall6le  entre  les  produils 
de  la  nature  et  ceux  de  Thomme!  Comme  il  est  bien  fait 
pour  abattre  nos  pretentions! 

Les  pr^tendues  forces  aveugles  de  la  qature  produisent 
des  fils  que  le  g^nie  de  Thomme  chercherait  en  vain  k 
remplacer,  et  nous  ne  songeons  m^me  pas  k  lutter  avec 
ces  machines  vivantes  que  nous  ^crasons  tons  les  jours 
du  pied. 

Le  plus  grand  industriel  serait  infailliblement  battu  s*il 
mettait  dans  une  de  nos  grandes  expositions  universelles 
ses  produits  5  cdt^  de  ceux  de  Tlnsecte  et  de  TAraign^e. 
Pour  nous  conformer  aux  id^es  ^galitairesdusi^cle,  il  serait 
temps  cependant  de  ne  plus  mettre,  de  parti  pris,  nos 
pr^tendus  anc^tres  hors  concours. 


Toutes  les  industries  s'exercent  sons  le  soleil,  et  s'ii  y 
en  a  d*honnStes,  on  pent  dire  qu'il  y  en  a  aussi  qui  m^- 
ritent  une  autre  qualification.  Dans  Fancien  comme  dans 


(  784  ) 

le  nouveau  monde,  plus  d'un  animal  tient  du  chevalier 
d'industrie,  menanl  la  vie  de  grand  seigneur  (8),  et  il  n'est 
pas  rare  de  Irouver,  k  cdt^  du  modeste  pick-pocket  (9), 
Taudacieux  brigand  de  grand  chemin  (10),  qui  ne  vit  que 
de  sang  el  de  carnage.  Le  nombre  en  est  m^me  grand  de 
ces  Rowdy  du  Farwest,  qui  ^chappenl  toujours ,  ou  par 
la  ruse  ou  par  Paudace,  ou  par  une  superiority  de  scele- 
ratesse,  i  la  vindicte  sociale. 

Mais  k  cdte  de  ces  existences  ind^pendantes,  il  )'  en  a 
un  certain  nombre  qui,  sans  dtre  parasites,  ne  sauraient 
vivre  sans  secours,  et  qui  r^clament  de  leurs  voisins,  tantdt 
un  simple  gtte  pour  p^cher  k  cdt^  d'eux,  tantdt  une  place 
k  la  m^me  table  pour  partager  les  plats  du  jour :  on  en 
d^couvre  journellement  qui  passaient  pour  des  parasites 
et  qui  cependant  ne  vivent  en  aucune  mani^re  aux  d^pens 
de  leur  bdte. 

Qu'un  crustac^  Cop^pode  s'installe  dans  Toffice  d'une 
Ascidieetlui  d^robe  au  passage  quelques  bons  morceaux, 
on  ne  peut  pas  dire  qu*il  est  parasite. 

Qu'un  animal  bienveillant  rende  un  service  k  son  voisin, 
soit  en  entretenant  la  propret^  de  sop  r^telier  (11),  soit  en 
enlevant  des  detritus  qui  encombrent  certains  organes(12), 
on  ne  peut  dire  qu*il  est  parasite. 

N'est  pas  plus  parasite  celui  qui  se  blottit  k  cdt^  d'un 
voisin  vigilant  et  habile,  fait  paisiblement  sa  sieste  (15)  ou 
qui  se  contente  des  restes  qui  tombent  des  m&choires  de 
son  acolyte  (14). 

II  n'est  pas  parasite  non  plus  celui  qui,  par  paresse, 
s*amarre  k  un  voisin  bon  nagcur  comme  le  Remoraj  et 
p^che  k  cdte  de  lui ,  sans  fatigue  pour  ses  nageoires. 

Tons  ces  animaux  ne  sont  pas  plus  parasites  que  le  voya- 
geur  qui  sinstalle  dans  un  train  de  plaisir,  tend  la  main 


(  785  ) 

au  passant,  ou  porle  un  croAtoD  de  pain  dans  ses  poches. 

II  y  a  des  seconrs  mutuels  chez  plusieiirs  d'entre  eux, 
des  services  se  payeiit  m^me  par  de  bons  precedes  ou  en 
nature,  et  lemiuualisme  pourrait  bien  prendre  place  k c6l& 
du  commefisalisme, 

Ceux  qui  merilent  le  num  de  parasites  se  nourrissent 
aux  d^pens  d'un  voisin ,  soit  en  se  colloquant  volontaire- 
inent  dans  ses  organes,  soit  en  Tabandonnant  i  lerme, 
apres  chaque  repas,  comme  le  fait  la  Sangsueou  la  Puce. 


Les  parasites  v^ritables  sont  fort  nombreux  dans  la  na- 
ture, el  Ton  aurait  tort  de  croire  que  tons  menent  une  vie 
irisle  et  inonolone.  II  y  en  a  parmi  eux  d*alertes  et  de 
vigilants  qui  se  sustentent  unc  partie  de  la  vie  et  ne 
r^clamenl  des  secoursqu*^  des  ^poques  determin^es. 

Ce  ne  sont  pas,  comme  on  Pa  cru,  des  dtres  exception- 
nels  et  bizarres  sans  autres  organes  que  ceux  de  la  conser- 
vation. Un  grand  nombre  d'entre  eux  sont  outill^s  comme  le 
commun  des  mortels  et  ne  reclament  du  secours  qu'&  cer- 
taines  epoques  de  la  vie.  II  n'y  pas,  ainsi  qu*on  Ta  prd- 
tendu,  une  classe  de  parasites,  mais  toutes  les  classes  des 
rangs  inf^rieurs  en  renferment. 

Nous  pouvons  les  r^partir  en  diverses  categories : 

Dans  la  premiere,  nous  pouvons  reunir  tous  ceux  qui 
sont  libres  au  d^but  de  la  vie,  nagent  et  prennent  leurs 
^bats  sans  demander  du  secours  k  personne,  jusqu*^  ce  que 
les  iniirmit^s  de  T^ge  les  oblige  a  se  retirer  dans  un  refuge. 
Converts  de  la  robe  Pr^texte,  ils  vivent  d*abord  en  vrai 
bohemes  et  sont  assures  de  prendre  leurs  invalides  dans 
quelque  hospice  bien  appropri^  (15).  Parfois  c*est  le  m^le  et 
la  femelle  qui  r^lament  ce  secours  au  retoar  de  Ykge  (16); 


(  786  ) 

d*aiitres  fois  c*est  la  femclle  seule,  et  le  m^le  continue  sa  vie 
vagabonde  (17).  II  arrive  aussi  que  la  femelle  entratne  son 
epoux  et  renlretient  compl6lement  pendant  sa  captivity ; 
le  mlile  reste  petit  gar^on  pour  la  taille  comme  pour  les 
babits,  et,  si  Thdte  qui  la  nourrit  lui  sert  de  biberon,  elle, 
k  son  tour,  sert  de  biberon  k  son  mari  (18).  On  ne  d^couvre 
guere  de  femelle  de  Lern^en  qui  ne  tratne  avec  elle  son 
mile  lilliputien,  lequel  ne  la  quitte  pas  plus  que  son  ombre. 

Tons  les  crustac^s  parasites  prennent  place  dans  cette 
premiere  cat^gorie. 

Nous  en  trouvons  aussi ,  —  ces  farfadets  ilchneunions^ 
par  exemple, — qui  sont  parfaitement  libres  dans  leurs  vieux 
jours,  mais  r^clament  du  secours  pendant  le  jeune  jige. 
lis  sont  m£me  nombreux  ceux  qui,  au  sortir  de  Fceuf ,  sont 
litt^ralement  mis  en  nourrice;  mais  le  jour  ou  ils  se  d6- 
pouilient  de  leur  robe  de  larve,  ils  ne  connaissent  plus 
aucun  frein,  et,  arm^s  de  pied  en  cap,  ils  courent  hardi- 
raent  Taventure  et  meurent  comme  tous  les  autres  sur  le 

■ 

grand  chemin  (19).  Dans  cette  categoric  se  trouvent  les 
insectes  parasites  Hym^nopt&res  et  Dipteres. 

II  y  en  a  aussi  qui  sont  colloquys  k  pen  prhs  k  vie,  tout 
en  changeant  d*hdte,  pour  ne  pas  dire  d*^tablissement, 
selon  leur  &ge  et  leur  constitution.  D^s  leur  sortie  de  Tceuf, 
ils  sollicitent  des  faveurs,  et  tout  leur  itin^raire  leur  est 
rigoureusement  trac^  d*avance.  On  connait  heureusement 
aujourd'hui  les  etapes  d'un  grand  nombre  d*entre  eux  qui 
nppartiennent  aux  Vers  cestodes  et  tr^matodes  (20).  Ces 
Vers  plats  et  moos  d^butent  ordinairement  par  le  vagabon- 
dage, gr^ce  k  une  robe  cilice  qui  leursert  d*appareil  de  loco- 
motion, maisi  peine  onUils  essay^  leurs  rames  d^licates, 
quils  r^clament  du  secours  et  se  logent  dans  le  corps  d*un 
premier  bdte;  inquiets  et  grinchenx,  ils  Tabandonnent 


(  787  ) 

bienldt  pour  iin  autre  gile  vivant,  se  condanuianl  k  une 
reclusion  porp^luelle. 

Ce  qui  ajoule  a  Tinlerel  que  ces  elres  faibles  el  peu  cou- 
rageux  inspirenl,  c'est  qu'a  chaque  changement  de  domi- 
cile, ils  changent  aussi  de  cQstume  el  que,  arrives  au  terme 
de  leurs  peregrinations,  ils  portent  une  robe  virile  pour 
ne  pas  dire  une  robe  de  noce.  Ce  n'esl  que  sous  celte  der- 
niere  enveloppe  que  les  sexes  apparaisscnt;  jusqu*alors  ils 
n*ont  guere  songe  aux  soins  de  la  famille. 

II  n*a  pas  toujours  ete  facile  de  conslater  i'idenlit^  de 
ces  personnagi'S  qui  visitenl  Tun  jour  les  salons,  en  habit 
brode,  le  lendemain  les  bouges  les  plus  obscurs,  en  costume 
de  roendianl 

La  plupari  des  vers  qui  out  la  forme  d'une  feuille  ou 
d'un  ruban,  sont  sujets  a  ces  peregrinations  accompagn^es 
de  changements  de  costume  et  ceux  qui  n'arrivent  pas  k 
Icur  derniere  elape  meurent  generalement  sans  post^rite. 

Ce  qui  n*esl  pas  moins  interessant,  c*est  que  ces  para- 
sites n'habitent  pas  indifferemment  tel  ou  tel  organe  de 
leur  voisin;  tous  commencent  modestement  par  la  man- 
sarde  prcsquc  inaccessible,  ct  finisscnt  par  les  apparte- 
menls  larges  et  spacieux  du  premier  ^tage.  An  d^but  ils 
ne  songcnt  qu'k  eux-memes  et  se  contentent,  sous  le  nom 
de  Scolex  ou  de  Yer  vesiculaire,  du  tissu  connectif,  des 
muscles,  du  coeur,  des  ventricules  du  cerveau  ou  meme 
du  globe  de  YoaW  (21 );  plus  lard  ils  songent  aux  soins  de  la 
famille  et  occupent  les  vastes  organes,  comme  les  voies 
digestives  et  respiratoires,  toujours  librement  en  commu- 
nication avec  rexterieur;  ils  out  horreur  d'etre  enfer- 
m^s  et  leur  progciniture  reclame  le  grand  air  (22). 

II  n*a  pas  toujours  et^  facile  de  conslater  I'ldentite  de 
c^s  personnages  qui  visitenl  Tun  jour  les  salons,  en  habit 


(  788  ) 

brode,  lelendemain  les  bouges  I  "s  plus  obscurs,  en  costume 
de  mendiant. 

II  y  a  une  derniere  categorie  dans  laquelle  se  trouvent 
ceux  qui  reclament  du  secours  pendant  toute  la  vie;  une 
fois  pen^tr^s  dans  le  corps  de  leur  hdte,  ils  ne  bougent  plus 
et  la  loge  qu*ils  se  sont  choisie  pent  leur  servir  ^  la  fois  de 
berceau  et  de  tombe. 


II  y  a  quelques  ann^es  on  ne  soupQonnait  pas  qu'un 
parasite  put  vivre  dans  un  autre  animal  que  celui  dans 
lequel  on  le  d^couvre.  Tons  les  belmintbologistes ,  ^  pen 
d'exceptions  prte ,  regardaient  les  Vers  de  Tint^rieur  du 
corps  comme  formes  sans  parents  dans  les  organes  memes 
qu*ils  occupent. 

On  avait  bien  vu ,  et  m£m)s  depuis  longtemps,  des  Vers 
parasites  de  poisson  dans  Tintestin  de  certains  oiseaux; 
on  avait  mSme  institue  des  experiences  pour  s*assurer  de 
la  possibility  de  ces  passages  (25) ,  mais  toutes  les  expe- 
riences n'avaient  donn^  qu*un  r^sultat  n^gatif ,  et  Tid^e  de 
transmigration  obligee  eiait  si  compl^tement  inconnue, 
que  Bremser ,  le  premier  helminthologiste  de  son  ^poque, 
criail  k  rber^sie,  quand  Rudolpbi  parlait  de  Ligules  de 
poissons  qui  auraient  pu  continuer  k  vivre  dans  des 
oiseaux. 

A  une  6poque  plus  rapproch^e  de  nous,  notre  savant- 
ami  von  Siebold  ,  appeie,  avec  raison ,  le  prince  de  I'bel- 
minlhologie,  partageait  encore  compl^temenl  cet  avis,  en 
rapprochant  le  Cysticerque  de  la  Souris,  du  T^nia  du 
Cbat,  et  en  prenant  ce  jeune  Ver  pour  un  £lre  ^gar^, 
malade  etliydropique.  A  ses  yeux,  le  Ver  avait  fait  fauisse 


(  789  ) 

roule  dans  la  Souris;  le  Tenia  du  Chat  nepouvait  vivreque 
dans  le  Chat.  Flourens  ne  parlail-il  pas  dQ  roman,  quand 
j*annonQais  a  Tlnstitut  de  France  que  les  Vers  cestodes 
doivenl  passer  d*iin  animal  k  un  autre,  pour  parcourir  les 
phases  de  leur  Evolution? 

Aujourd*huiy  dans  les  Instituts  zoologiques,  on  r^p^te 
tons  les  jours  avec  le  m^me  succes  les  experiences  surces 
transmigrations  et  nagu^re,  notre  savant  ami  R.  Leuckart , 
qui  dirige  avec  tant  de  talent  Tlnstitut  de  Leipzig,  a  decou- 
vert,  de  concert  avec  son  ^l&ve  Mecznikow,  des  transmi- 
grations de  Vers  accompagnees  de  changements  de  sexe: 
c*est-i-dire,  ils  ont  vu  des  Nematodes  parasites  des  pou- 
mons  de  Grenouille,  toujours  femelles  ou  hermaphrodites, 
engendrerdes  individus  des  deux  sexes,  qni  ne  ressemblent 
pas  i  leur  mere  et  dont  le  sejour  habituel  est,  non  dans 
le  poumon  de  la  grenouille,  mais  dans  la  terre  humide  (24). 

Que  Ton  se  figure  une  ro^re,  n^e  veuve,  qui  ne  pent 
exister  sans  secours  el  qui  engendre  des  gar^ons  et  des 
filles  pouvant  se  sufTire  a  eux-memes.  La  mere  est  parasite 
et  vivipare,  ses  Giles  sont  pendant  toute  la  vie  litres  et 
ovipares. 

Cela  nous  conduit  k  cette  autre  singularity  sexuelle, 
observee  dans  ces  derniers  temps,  de  m^les  el  de  femelles 
differents  dans  une  seule  et  m^me  esp^ce,  et  qui  donnent 
naissance  a  des  produits  qui  ne  se  ressemblent  pas  :  le 
m^me  animal,  ou  plutdt  la  m^me  esp^ce,  sort  de  deux  ceufs 
differents  fScond^s  par  des  spermatozoides  differents  (25). 

Aujourd*hui  que  ces  transmigrations  sont  parfaitement 
connues  et  admises,  on  a  si  compl^tement  oubli^  le  point 
de  depart,  que  Ton  attribue  assez  souvent  Phonneur  de 
cette  d^couverte  k  des  confreres,  qui  n'en  ont  eu  connais- 
sance  que  quand  la  demonstration  ^tail  enti^rement  faite 


(  790  ) 

cl  que  la  nouvelle  interpretation  <^tait  generalenicnt  accep- 
tee.  Mais  revenons  a  notre  sujot. 

Le  secours  cstainsi  tout  aussi  varie  que  celui  que  Ton 
trouve  de  par  notre  monde  :  aux  uns  est  fourni  le  domi- 
cile (26),  aux  autres  la  table  (27),  e(,  ^  un  certain  nombre, 
le  vivre  avec  le  logement  (28). 

Cest  un  svsteme  complet  de  logement  et  d*alimenta- 
tion,  i  cote  des  institutions  philozoiques  les  mieux  com- 
bin^es.  Mais  si,  ^  cdte  de  ces  pauvres,  on  en  voit  qui  se 
rendent  mutuellement  des  services,  ce  serait  pen  flatteur 
si  on  les  qualiiiait  tons  de  parasites  ou  de  commensaux. 
Nous  croyons  etre  plus  juste  k  leur  (^gard  en  les  appelant 
mutualisles^  et  le  mulualisme  pourrait  prendre  rang  i  cdte 
du  commensalisme  et  du  parasitisms 

II  faudrait  aussi  trouver  une  qualiHcation  pour  ceux 
qui, comme  certains  cruslaces  et  mSnie  des  oiseaux,  sont 
des  pique-assiettes  ou  des  ecornifleurs  (29),  plut6t  que  des 
parasites,  et  pour  d*autres,  qui  payeut  par  une  m^chancet^ 
les  secours  qu'ils  ont  re^us  (50). 

Et  comment  qualifier  ceux  qui,  comme  le  petit  Pluvier, 
dont  nous  avons  parl6  pr^cedemment,  rend  des  services, 
que  Ton  pourrait  comparer  k  des  services  medicaux? 

Le  Pluvier,  en  effet,  fait  le  dentiste  aupres  du  Croco- 
dile, comme  une  petite  esp^ce  de  Crapaud  se  fait  Taccou- 
cheur  aupres  de  sa  femelle  en  se  servant  de  ses  doigts  en 
guise  de  forceps,  pour  mettre  les  oeufs  au  monde. 

Et  \ePique-B(Buft\e  fait-il  pas  une  operation  chirurgi- 
cale  cbaque  fois  qu*il  ouvro,  avec  son  bi$touri  a  lui,  la  tu- 
meur  qui  renferme  une  larve  au  milieu  du  dos  du  Buflle? 
Cest  un  op^rateur  qui  se  pave  en  nature. 

Plus  pres  de  nous,  nous  voyons  r£tourneau  rendre 
dans  nos  prairies  ie  memo  service  que  le  Pique^Bceuf  en 


(79i  ) 

Afrique  et  ne  pourrail-on  pas  dire  qu'il  y  a  parmi  ces 
animaux  plus  d*une  sp^cialit^  dans  Tart  de  guerir. 

Nous  lie  devons  pas  oublier  que  le  rdle  de  croque-morl 
est  ^galeiuent  tres-r^pandu  daus  la  nature,  el  que  ce 
n'est  jamais  sans  quelque  protit  pour  lui  ou  pour  sa  pro- 
g^niture  que  ce  sombre  industriel  fait  disparattre  les  cada- 
vres(31). 

11  y  en  a  mSme  qui  ne  sont  pas  sans  analogie  avec  le 
diicrotleur  ou  le  d^graisseur  et  qui  entretienuent  avec  une 
cerlaine  coquellerie  la  toilette  de  leurs  \oisins  (32). 

£t  comment  faudra-t-il  qualifier  les  oiseaux,  connus 
sous  le  nom  de  Slercoraires ,  qui  proQtent  de  la  l^chele 
des  Mouettes  pour  vivre  en  paresseux;  les  Mouettes  ont 
beau  se  (ier  k  la  force  de  leurs  ailos,  les  Stercoraires  finis- 
sent  par  leur  faire  rendre  gorge  pour  partager  le  produit 
dela  peche.  Poursuivis  de  trop  pr^s,  ces  oiseaux  craintifs 
degorgent  leurs  jabots  pour  s'alk^ger,  comme  le  contre- 
bandier  qui  ne  voit  plus  de  moyen  de  salut  que  dans 
Tabandon  de  son  fardeau. 

On  ne  doit  cependanl  pas  toujours  en  vouloir  a  toute 
Tespece,  puisque  tr^s-souvent,  comme  le  Cousin,  ce  n'est 
que  Tun  des  sexes  qui  cherche  une  victime. 

En  general,  tons  ces  animaux  vivent  au  jour  le  jour;  et 
s*il  y  en  a  qnelques-uns  qui  connaissent  Teconomie,  il  y  en 
a  ^gaiement  qui  n'ignorent  pas  les  avantages  de  la  caisse 
d'epargne  (33). 

Comme  le  Corbeau  el  la  Pie,  it  y  en  a  qui  songent  au 
lendemain  et  mettent  en  reserve  I'exc^dant  de  la  journ^e. 

Nous  Tavons  dej^  dit :  ce  petit  monde  n*est  pas  toujours 
facile  k  connaltre,  et  dans  ces  societ^s,  oh  cbacun  apporte 
son  capital,  les  uns  en  activite,  les  autres  en  violences  ou 
en  ruses,  il  se  trouve  plus  d'un  Robert  Macaireqm  n'apporte 
rieo  du  tout  et  qui  ies  exploite  tons  (34). 


(792) 
Cbaque  esp^ce  animale  peut  avoir  ses  parasites,  et  ses 
commeosaux,  et  chaque  animal  peut  en  avoir  mSme  de 
diff^renles  sortes  el  de  diverses  categories. 


Mais  d*ou  viennent-ils  ces  elrcs  malencontreux,  donl  le 
nom  seul  inspire  souvent  de  Thorreur,  et  qui  s*installent 
sans  fa^on,  non  dans  nos  demeures,  roais  dans  nos  organes, 
et  dont  nous  pouvons  encore  moins  nous  d^barrasser  que 
des  Rats  et  des  Souris. 

lis  naissent  comme  tons  ies  autres  de  parents. 

Les  temps  sont  passes  oil  la  viciation  des  humeurs  et 
Talt^ration  des  parenchymes  ^taient  des  conditions  suffi- 
santes  pour  la  formation  des  parasites ,  et  ou  Icur  presence 
etait  regardee  comme  un  epiphenom&ne  resultant  de  dis- 
positions morbides  de  Torganisme. 

Nous  avons  tout  lieu  d*esperer  que  ce  langage  d*une 
autre  ^poque  aura  bientdt  completement  disparu  des  livres 
de  pbysiologie  et  de  patbologie.  Ni  le  temperament  ni  les 
humeurs  n*ont  rien  ^  faire  avec  les  parasites  et  ceux-ci  ne 
sont  pas  plus  abondants  chez  des  individus  cacbexiques 
que  cbez  ceux  qui  jouissenl  de  la  sante  la  plus  brillante. 
Au  contraire,  tons  les  animaux  sauvages  b^bergent  leurs 
Vers  parasites  propres,  et  la  plupart  dVntre  eux  ont  ^  peine 
v^cu  en  captivity,  que  Nematodes  comme  Cestodes  dispa- 
raissent  coinplctement.  [I  n'y  a  que  ceux  qui  sont  empri- 
sonn^s  qui  ne  desertent  pas. 

Comme  nousTavonsdit  plusbaut,  tons  ces  rapports  sont 
regies  d*avance,  et,  pour  noire  part,  nous  ne  pouvons  nous 
defendre  de  Tidee  que  la  terre  a  ete  prepar^e  pour  recevoir 


.    (  793  ) 

suecessivement  les  plarites,  les  animaux  el  rhomme;  d^s 
les  premieres  elaborations  que  Dieu  a  fail  subir  k  la  ma- 
ti^re,  il  avail  ^videmment  en  \ue  celui  qui,  un  jour,  devait 
$*^lever  jusqu*&  Lui  el  Lui  rendre  hommage. 

C'esl  ainsi  que  je  r^pondrai  k  une  question  pos^e  derni6- 
rement  par  L.  Agassiz  ;  c  Le  monde  animal ,  conQu  des  le 
principe,  esl-il  le  motif  des  changements  physiques  que 
noire  globe  a  ^prouv^s,  ou,  les  modiGcalions  des  animaux 
sonl-elles  le  r^ullat  des  changements  physiques;  en 
d*autres  lermes,  la  lerre  est-elle  faite  el  pr^par^e  pour  les 
£lres  \ivants  ou  les  elres  vivants  se  sont-ils  developp^s 
comme  ils  ont  pu,  selon  les  vicissitudes  physiques  de  la 
plan^tequ'ils  habilenl?  » 

Question  agilee  de  tout  temps  el  que  la  science,  qui  ne 
veul  voir  au  deli  du  Scalpel,  ne  parviendra  pas  k  r^soudre. 

Chacun  doit  chercber  dans  sa  propre  raison  la  solution 
du  grand  probleme. 

Quand  on  voit  le  poulain,  k  peine  n6,  gambader  pour 
Irouver  le  pis  de  sa  m^re;  quand  on  voit,  au  sortir  de 
Toeuf,  le  poussin  chercber  sa  becquee  el  le  canneton  sa 
flaque  d'eau,  peut-on  irouver,  ailleurs  que  dans  Tinstinct, 
la  cause  de  ces  actes,  el  eel  instinct,  n'esl-ce  pas  le 
libretto  ^cril  par  Celui  qui  n*a  rien  oubli^. 

Le  slatuaireen  malaxanl  Fargile,  pour  en  faire  sortir  une 
roaquette,  a  couqu  la  statue  qu'il  va  produire.  II  en  est 
ainsi  de  Tarliste  supreme.  Son  plan  de  toute  eternile  ^lant 
present  k  sa  pens^e,  il  executera  Toeuvre  en  un  jour,  en 
mille  si^cles.  Pour  Lui,  le  temps  n'est  rien:  I'oeuvre  est 
con<^ue,  en  ce  sens,  elle  est  creee ,  el  chacune  de  ses  parties 
n'est  que  la  realisation  de  la  pens^e  cr^atrice,  et  son  d6ve- 
loppement  regi^  dans  le  temps  el  dans  Tespace. 

Plus  nous  avan^ons  dans  la  connaissance  de  la  nature, 

2""'  S^.R]E,  TOME  XXXVI.  52 


(  794  ) 

dit  Oswald  Heer,dans  le  Monde  primitif  qifii  vienl  de 
publier,  plus  aussi  est  profonde  notre  conviction,  que  la 
croyance  en  un  Cr^aleur  tout-puissant  et  en  une  sagesse 
divine,  qui  a  cr^6  le  ciel  et  la  terre,  selon  un  plan  ^ternel 
et  pr^con^u,  pent  seule  rdsoudre  les  ^nigmes  de  la  nature 
comme  celle  de  la  vie  humaine  (55). 

Nous  dirons  en  terminant:  continuous  k  Clever  des 
statues  aux  bommes  qui  ont  &i€  utiles  k  leurs  seroblables 
et  qui  se  son  I  distingu^s  par  leur  g^nie;  mais  n'oublions 
pas  ce  que  nous  devons  k  Gelui  qui  a  mis  des  merveilles 
dans  cbaque  grain  de  sable,  un  monde  dans  chaque  goutte 
d*eau. 


NOTES. 


(1)  Les  Mygales  parmi  les  Arachnides,  les  Andrcena^  la  Taupe-Grillon, 
les  Fourmi-lions  pamii  les  liisecles,  les  Ar^nicoles,  les  Ter^belles,  les 
Sabellaires,  les  Tubifex,  etc.,  parmi  les  Vers.  II  y  a  Element  des  mollus- 
ques ,  comme  les  Pbolades  el  les  Tarels,  qui  se  taillenl  une  demeare  sous- 
marine  dans  le  bois,  qu'il  soil  en  place  ou  qu'il  soil  flollant.  11  y  a  egale- 
menl  plusieurs  mammif^res :  les  Chinchilla  du  Perou,  les  Balbyergues  el 
les  Orycleropes  du  Cap,  la  MarmoUe,  le  Spermophile  et  le  Blaireau,  ainsi 
que  le  petil  mammifere,  connu  de  tout  le  monde,  la  Taupe. 

11  y  en  a  aussi  qui  conslruisenl  des  canols  que  les  vagues  ne  submergeut 
jamais;  nous  avons  dans  Teau  douce  les  Epinoches,  et  dans  son  dernier 
voyage  L.  Agassiz  a  signale  un  poissou  qui  construit  son  nid  au  milieu  des 
Sargasses.  La  plus  imporlanle  d^couverle,  dit  Plllustre  naturaliste  6e  Cam- 
bridge, a  ete  celle  d*un  nid  b&ti  par  un  poisson,  el  floCtanl  sur  le  grand 
Ocean,  avec  sou  fret  vivanl  au  milieu  de  la  mer.  Les  oeufs  etaient  unifor- 
m^menl  disperses  dans  loule  la  masse  de  la  boule  de  Sargasses. 

(2)  Les  Abeilles,  les  Termites,  qui  b^iissent  des  hulles  de  irenle  pieds 
de  haul,  les  GuSpes,  etc. 


(  79S  ) 

(3)  Differentes  e<ip^s  de  Guepes,  surtout  la  Charlergus  chartarit^de 
I'Am^rique  du  Sud,  Polistes  tepida^  Vespa  vulgaris  et  Sylvestris. 

(4)  Plusieurs  Araign^es,  Epeira  diadema^  Argyronecta  aqualica  el  sur^ 
tout  Tinea  sequella^  doDt  le  cocon  a  fait  I'admiratioD  de  Lyonet.  L^Argy- 
ronecte  se  construit  m^me  une  clocbe  d  plongeur.  Parmi  les  Sponges, 
VEupleclella  aspergillum ,  les  Byalonema  et  les  HoUenia  coDstruisent 
egalement  des  palais  en  dentelle;  la  presence  de  ces  derniers  a  ete  signal^ 
recemment  dans  les  mers  d'Europe,  par  MM.  Barbosa  du  Bocage  et 
Wyville  Tbomsou. 

(5)  Pleurosigma  angulatum^  Amphipleura  pellucidaf  etc.,  etc. 

(6)  Le  Microtcope.  Coupd'oeU  discret  iur  le  monde  invisible,  par 
H.-Pb.Adan.  Bruxelles,  1873. 

(7)  Le  MoufloD  et  le  Bouquetain  qui  sont  devenus  nos  Moutons  et  nos 
Cbevres. 

(8)  Les  Pagures  ou  Bernard  rHermite,  les  C^oobites,  et  plusieurs  aulres. 

(9)  Le  Pique-Boeuf,  rEtourneau,  le  Milan  parasite  de  Daudin. 

(10)  Les  Squales  en  g^n^ral. 

(11)  Un  Pluvier  entre  dans  la  boucbe  du  Crocodile  et  enl^ve  le/  debris 
que  ranimal,  h  d^faut  de  laugue  mobile,  ue  pent  faire  disparailre.  C'est  uu 
cure-dent  vivant.  Ce  fait  elait  conuu  dej^  d'Aristole  et  a  ^l^  v^rifie 
depuis. 

(12)  Les  Opalines  du  rectum  des  Grenouilles. 

(15)  Une  Gbouette  au  Mexique  se  met  sous  la  garde  d'un  petit  rongeur 
souterrain,  excessivement  alerte  et  vigilant,  le  Spermophile.  II  fait  semi- 
nelle  a  Fentree  de  la  demeure,  disent  les  gens  du  pays,  et  la  Cbouelle  vit 
dans  une  parfaite  quietude. 

(14)  Un  Annelide  du  genre  Nereis  s'^tablit  k  c&te  des  Pagures  dans  la 
m^me  coquille. 

(15)  Tous  les  Lern^ens,  les  Tiques,  etc. 

(16)  Les  Bopyriens  parmi  les  Crustac^s. 

(17)  Le  Filaire  de  M^dine  et  plusieurs  autres. 

(18)  Les  Lerneens  en  g^n^ral. 

(19)  Les  Ichneumons,  les  CEstres  parmi  les  Insecles. 

(20)  La  plupart  des  YersTrematodes  et  Gestodes. 

(21)  Tous  les  Gestodes  sexn^. 

(22)  La  plupart  de  ceux  que  Ton  appelle  Ectoparasites,  comme  les  Trls- 
tomiens,  etc. 

(23)  Abildgaard  avail  vu  des  Ligules  de  poissons  dans  Pintestin  des 
Harles.  G'est  que  ces  Vers  ne  meurent  pas  imm^diatement  apr^  leur  entree 
dans  un  b6le  el  ranger. 


(  796  ) 


(34)  VAscaris  nigro-venosa,  et  d'autres  Nematodes. 

(25)  Les  Insectes,  les  Crastac^  el  les  Vers  doos  eu  fouroissenl  des 
exemples. 

Uii  Isopode  Apseudes  anomalus  a  deux  formes  de  m^Ies  :  IVdioaire 
oa  le  plus  commun  ressemble  a  la  femelle.  Les  Cumaces  out  ^galement 
deux  sortes  de  m41es;  la  plus  commune  ressemble  de  m^me  le  plus  ^  la 
femelle  et  se  trouve  toute  Tannee,  tandis  que  Tautre  est  plus  rare  et  ne 
se  montre  qu'^  certaines  ^poques.  Ou  voit  le  m^me  phenom^ne  chez 
plusieurs  autres  Crustaces,  comme  la  Pontopordia  affiniSt  la  Cypridina 
affinis  et  IWjeborgii  et  la  Philomedes  maricB.  Ces  observations  ont  ^le 
faites  par  Sars.  ' 

M.  Lespes  a  reconnu  deux  sortes  de  miles  et  deux  sortes  de  femelles 
chez  la  Termes  lucifuga. 

La  Nereis  dumerilii  a  ^alementdeux  formes  sexutes,  la  forme  nerei- 
dienne  el  la  forme  hSUronereidienne.  ~  11  en  est  de  meme ,  d'apr^  Glaus, 
du  curieux  Nematode  le  Leptodera  appendiculata. 

Depuis  longtemps  on  connaft  les  oeufs  d'biver  et  les  oeufs  d'^t^,  pondus 
par  le  m^me  animal. 

(36)  Les  Alepas  et  beaucoup  d'autres. 

(37)  Les  Sangsues. 

(38)  Le  plus  grand  nombre  de  vrais  parasites. 

(39)  Piqne-Boeuf  et  Milan  parasite. 

(30)  Les  Ichneumons  tinissent  par  tuer  la  larve  qui  les  a  fait  virre 
apr^  Tavoir  mangee,  lambeau  par  lambeau. 

(31)  Parmiles  Insecles,  les  N^crophores  sont  connus,  comme  le  nom 
rindlque,  pour  remplir  ce  r61e. 

(33)  Les  Caliges  et  les  Argules,  etc.,  parmi  les  Crustac^. 

(33)  Les  Abellles  et  tons  les  Insectesqui  yi  vent  en  society. 

(34)  Les  Dromies,  les  Pagures,  les  Cenobites,  etc, 
(33)  Oswald  Heer,  Le  mofvde  primitifde  la  Suisse. 

Le  ni6me  accueil  chaleureux  de  Tassembl^e  a  6clat6  k  la 
fin  de  celte  communicalioD. 

—  M.  Tb.  Schwann  est  venu  donner  lecture  de  la  notice 
qu1l  a  consacr^e  ^  feu  Autoine  Spring,  destin^e  i  VAn- 
nuaire  de  1874. 

D^s  la  fin  de  cette  lecture,  les  applaudissements  de  la 
salle  ont  delate. 


(  797  ) 

—  M.  Folie,  inscrit  au  programme  pour  une  lecture, 
est  venu  remplacer  M.  Schwann  au  bureau. 

Voici  celle  lecture,  intitul^e  :  Du  commencement  et 
de  la  fin  du  monde  d'dpres  la  theorie  mecanique  de  la 
ckaleur : 

Si  favais  consult^  mes  goAts  qui  m*ont  port^  d^puis 
quelques  annees  vers  I'^tude  de  ces  belles  propri^tes  g^o- 
metriques  dont  les  Grecs  s'occupaient  avec  predilection , 
et  qui,  d^velopp^es  pendant  la  Renaissance,  et  surtout  k 
r^poque  des  Pascal  et  des  Newton ,  ont  repris  une  grande 
favour  depuis  pr6s  d'un  demi-si^cle,  j'aurais  chercb^  k 
retracer  la  part  qui  revient  dans  les  d^couvertes  dont  la 
science  s'est  enrichie,  aux  g^ometres  beiges  des  diff^rents 
&ges,  et  je  vous  aurais  montr^  peut-^tre  que  les  roodernes 
n'ont  pas  tout  k  fait  d^sh^rit^  des  Gr^goire  de  Saint- 
Vincent  et  des  Simon  Stevin. 

Mais  pour  voir  les  propri^t^s  des  figures  g^om^triques 
par  les  seuls  yeux  de  Tintelligence,  il  faut  s'etre  familiarise 
avec  cette  lecture  par  de  longues  Etudes;  et  jecraindrais  fort 
de  n'etre  qu^imparfaitement  comprisd*une  partie  de  Taudi- 
toire  qui  me  fait  Thonneur  de  m'^coutersi  j'abordais  un 
semblable  th^me.  J'ai  done  du  y  renoncer,  et  j*ai  pris  pour 
sujet  de  cette  lecture  une  theorie  dont  malheureusement 
on  s*est  pen  occup^  en  Belgique,  mais  qui  est  propre  k 
saisir  vivement  Timagination  par  la  general! te  de  vues 
avec  laquelle  elle  sonde  les  lois  de  la  nature  physique,  et 
par  la  silrete  du  coup  d'oeil  qu*elle  plonge  dans  le  passe  et 
Tavenir  de  Tunivers. 

Cette  theorie,  les  faits  qui  lui  servent  de  base,  les  con- 
sequences auxquelles  elle  conduit  logiquement  sont  lout  a 


C  798  ) 

fait  modernes.  Jusque  vers  le  milieu  de  ee  si6cle  on  avail  en 
m^canique  des  id^es  bien  fausses  encore  sur  certaines 
communications  de  mouvement :  ainsi ,  tandis  qu^on  de- 
monlrait  qif  il  n*y  a  aucune  perte  de  force  vive  dans  Ic 
choc  dedeux  corps  ^lastiques,  on  affirmail  sans  sourciller 
qui!  y  avait  perte  dans  le  choc  de  deux  corps  durs,  et  Ton 
ne  cherchait  k  cette  perte  aucune  esp^ce  de  compensation ; 
de  mdme  on  croyait  que  des  forces  peuvent  s'entre-de- 
truire,  sans  soupQonner  que  ce  principe,  s'il  elait  vrai, 
devait  fatalement  amener  la  destruction  de  toute  force 
dans  Tunivers,  puisque,  d'apr&s  lui,  la  quantity  de  force 
pouvait  decroltre,  tandis  qu'aucune  combinaison  possible 
ne  pouvait  Taugmenter^  de  sorte  qu'une  force  une  fois 
d^.truite  6tait  perdue  a  jamais.  Peut-^tre  etes-vons  surpris 
que  de  pareilles  id^es  aient  pu  natlre  dans  des  leles  bien 
pensantes;  vous  le  serez  bien  davantage  quand  vous  saurez 
qu'il  est  k  peine  un  trai(6  de  m^canique  qui  ne  les  exprime 
encorej  et  qu*elles  continuent  k  dtre  bravement  enseignees 
k  peu  pres  partout.  La  chimie  avait  d^s  le  commencement 
de  ce  si^cle  pos^  en  principe  que  les  atomes  mat^riels  sont 
indcstructibles;  la  m^canique  n*avait  pas  encore  soup- 
<;onn^  le  m£me  principe  relativement  a  la  force.  Etcepen- 
dant  s*il  existe  deux  id^es  cssenliellement  correlatives,  ce 
sont  celles  de  mati^re  et  de  force  dans  la  nature  physique, 
k  tel  point  que  Tune  ne  pent  se  concevoir  sans  Tautre,  et 
qu*il  est  m^me  tout  k  fait  indifferent  de  dire :  la  force,  c'est 
de  la  mali^re  en  mouvement,  ou  :  la  mati^re,  c'est  la  mani- 
festation de  la  force;  au  fond  de  ces  deux  notions  il  n'y  a 
qu*une  substance  unique,  qu*on  Tappelle  mati^re  ou  qu*on 
Tappelle  force,  peu  importe.  Mais  il  ne  fallait  rien  moins 
que  les  brillantes  d^couvertes  de  notre  si^cle  pour  ramener 
toutes  les  sciences  a  cette  unite  que  les  philosophes  avaient 
entrevue. 


(  799  ) 

D^ja,  dans  le  siecle  dernier,  Bacon,  Locke,  Rumford, 
Davy,  avaienl  exprim^  nellemenl  Tidee  que  la  chaleur  n*est 
autre  chose  qu*un  mouvement  des  particules  des  corps, 
et  non  un  fluide  propre.  Montgolfler,  au  dire  de  Marc 
Seguin,son  neveu,  exprimait  en  1800  et  celte  id^e  et 
celle  de  Pimpossibilit^  de  Tannibilation  de  la  force.  Ce  n'est 
qu*en  1842  toutefois  que  le  veritable  principe  de  T^quiva- 
ience  de  la  chaleur  et  du  travail  est  nettement  exprim^ 
par  J.-R.  Mayer,  ni^decin  k  Heilbronn  (Wurtemberg),  qui 
y  est  arriv^  par  la  seule  puissance  de  son  genie,  sans  Stre 
encourage  par  aucun  savant,  et  sans  y  avoir  £t6  amene  par 
des  Etudes  sp^ciales  de  physique  ou  de  m^canique;  son 
prenaier  travail,  qui  a  paru  dans  un  journal  de  pharmacie, 
a  mSme  iii  ignor6  d'abord  de  la  plupart  des  savants.  Vers 
la  m^me  ^poque,  el  sans  rien  connaitre  de  ce  travail.  Joule 
faisait  k  Manchester  des  experiences  dans  le  but  de  d^ter* 
miner  la  relation  qui  a  lieu  entre  le  travail  produit  et  la 
chaleur  consonom^e  dans  cette  production,  et  entre  le  tra- 
vail consomro^  et  la  chaleur  produite  par  cette  consomma- 
tion;  et  ses  r^sultats  concordaient  admirablement ,  conome 
nous  le  verrons,  avecceluique  Mayer  avait  trouve  th^ori- 
quement. 

Ind^pendamment  de  ces  deux  savants,  Holtzmann  a 
Mannheim,  Colding  k  Copenhague,  Helmhotz,  Feminent 
physiologiste  et  physicien,  se  livraient  k  de  profondes 
recherches  dans  la  mSme  direction,  et  ce  dernier  ramenait 
tous  Ics  pb^nomenes  naturels  k  un  principe  unique  dans 
son  bel  ouvrage  sur  la  conservation  de  la  force  f ). 

Bientdt  apr^s,  des  bommes  illustres,  Glausius  en  Alic- 


es) Nous  en  devons  UDe  excellente  traduclion  k  M.  L.  Perard,  profes- 
seur  a  rUnivt'rsilede  Liege.  Paris,  V.  Masseii. 


(  800  ) 

magne,  Rankioe  et  \V.  ThomsoD  en  Angleterre,  elargireDt 
coDsid^rablemeDt  le  champ  des  applications  de  la  nouvelle 
th^orie  ^  Taide  de  ce  puissant  moyen  dMnvestigation  qu*on 
appelle  Tanalyse  malhematique,  et  se  dispul^rent  Thon- 
neur  de  d^couvertes  importantes,  donl  la  v^riGcation  exp6- 
rimentale  devait  decider  de  Tacceptation  ou  du  rejct  de  la 
th^orie;  les  belles  recherches  des  deux  physiciens  les  plus 
habiles  de  I'^poque,  Regnault  et  Magnus,  vinrent  con- 
firmer  ces  d^couvertes,  et  d^s  lors  la  th^orie  ne  rencontra 
plus  de  contradicteurs;  Tun  mSme  d*entre  ceux  qui 
Tavaient  le  plus  ardemmentcombattue,  Hirn,  de  Colmar, 
fut  amen^  h  en  reconnaitre  Texactitude  par  Tetude  mSme 
des  faitsqui  devaient  lui  servir  k  la  renverser. 

Clausius,  par  son  bypoth^se,  aujourd'hui  bien  ^lablie, 
sur  la  nature  desgaz,  prouva  Texistence  d'un  z6ro  absolu 
de  temperature,  qui  ne  pent  jamais  Stre  atteint  par  aucun 
corps,  quelle  que  soit  la  quantity  de  chaleur  qu*on  lui  en- 
leve  par  les  moyens  les  plus  ^nergiques;  et  il  d^termina  la 
position  de  ce  z^ro  absolu  k  STS''  C.  au-dessous  de  la  tem- 
perature de  la  glace  fondante;  il  eut  avec  Rankine  I'hon- 
neur  de  fonder  les  v^ritables  principes  de  la  th^orie  des 
vapeurs;  avec  Thomson  celui  d'etendre  les  applications  de 
la  th^orie  aux  ph^nomenes  ^lectriques;  enfin  il  eut  seul,  et 
ce  sera  Tun  de  ses  plus  grands  litres  k  Tadmiration  de  la 
posterity,  la  gloire  d'avoir  pos£,  k  c6t^  du  principe  de 
Mayer,  le  second  principe  fondamental  de  la  th^orie  m^ca- 
nique  de  la  chaleur,  principe  d*autant  plus  malaise  k  ^ta- 
blir  a  celte  ^poque,  que  Sadi  Carnot,  qui  en  avait  ^nonc^ 
une  partie,  regardait  la  consommation  de  chaleur  comroe 
nulle  dans  le  travail ;  en  reprenant  I'id^e  de  Carnot,  Clau- 
sius  devait  done  la  debarrasser  de  Terreur  capitale  dont 
elle  etait  entachee,  et  remettre  son  principe  en  harmonic 


(  804  ) 

avec  celui  de  Mayer;  aussi  a-t-il  d'abord  soulev^  une  vraic 
temp^tede  contradictions,  ce  qui  prouve  combien  il  Tallait 
de  g^nie  pour  di^couvrir  et  la  n^cessit^  de  ce  principe,  et 
son  barmonie  avec  le  premier. 

Ces  deux  principes  fondamentaux ,  dont  le  d^veloppe- 
ment  fera  le  sujet  de  cet  entretien,  appliques  ^  I'ensemble 
de  Tunivers  materiel,  conduisent  k  ces  deux  consequences, 
la  premiere  ^nonc^e  en  m^me  temps  par  Mayer  et  Helm- 
loltz,  c*est  que  T^nergie  totale  de  Punivers,  c'est-i-dire  la 
somme  des  travaux  de  toutes  les  forces  physiques  et  des 
forces  vives  de  tons  les  mouvements  tant  des  corps  que 
des  molecules,  est  constante;  la  seconde  d^duitc  par 
W.  Thomson  du  principe  de  Clausius,  c*est  que  Tensemble 
de  Tunivers  tend  de  plus  en  plus  vers  un  ^tat  final  dans 
lequel  tons  les  mouvements  des  corps  se  seront  convertis 
en  mouvements  moleculaires ,  de  sorte  que  Tunivers  se 
trouvera  r^duit  k  un  espace  sans  vie,  dont  le  vide  sera 
rempli  exclusivement  de  mol6cules  effectuant  ces  oscilla- 
tions rapides  qui  constituent  le  calorique,  et  conservant 
intacte  toute  I'^nergie  dont  cet  univers  ^tait  anim^  k  son 
origine,  mais  sans  possibility  inlrinseque  d'aucune  trans- 
formation ult^rieure. 

Avant  d'aborder  le  premier  principe,  je  vous  rappel- 
lerai  une  loi  connue  depuis  longtemps  en  mecanique,  et 
dont  les  g^om^tres  anciens,  comme  notre  S.  Stevin, 
avaient  souvent  fait  usage  dans  leurs  d<^monstrations  sous 
cette  forme  que  le  mouvement  perp^tuel  est  impossible; 
cette  loi  consiste  en  ceci  que,  quelle  que  soit  la  machine 
dont  on  fasse  usage,  il  est  impossible  d'en  retirer  un  tra- 
vail plus  grand  que  celui  de  la  force  qu'on  a  fait  agir;  on 
pent  done  transformer  un  travail  en  un  autre  Equivalent; 
ainsi  on  pent  transformer  le  travail  musculaire,  ou  celui 


(  802  ) 

d*uD  cours  d*eau ,  ou  cclui  du  vent,  par  rinterm^diaire  de 
diflerents  m^caDismes,  en  mille  autres  travaux,  tels  que 
r^l^valion  ou  le  transport  des  fardeaux,  le  broiement,  le 
percement,  Tetirage,  le  laminage  des  substances  que  nous 
voulons  mettre  en  OBuvre;  mais  la  quantity  de  travail  pro* 
duite  ne  sera  jamais  que  T^quivalent  du  travail  d^pens^ ; 
pour  donner  k  cette  loi  toute  la  g^n^ralit^  dont  elle  est 
susceptible,  il  faut  comprendre  sous  \6  nom  de  travail  la 
force  vive  que  Ton  communique  k  certaines  masses  au 
moyen  du  travail  d'une  force  donn^e;  on  sait  en  effet  que 
le  travail  d*une  force  qui  agit  sur  un  corps  libre  est  egal  k 
la  force  vive  qu*elle  lui  imprime:  ainsi,  par  exemple,  si  je 
veux  puiser  k  20  metres  de  profondeur  un  litre  d'eau  par 
seconde  et  le  lancer  avec  une  vitesse  de  10  mitres,  je 
devrai  disposer  d*une  force  capable  en  une  seconde  d'un 
travail  Equivalent  k  TelEvation  du  poids  de  ce  litre  d*eau 
a  20  metres  de  hauteur  et  k  la  force  vive  de  cette  mSme 
masse  d*eau  lancEe  avec  une  vitesse  de  10  mitres.  Un  tra<- 
vail  peut  doncse  convertir  soit  en  un  autre  travail,  soit  en 
force  vive;  riciproquement  une  force  vive  peut  se  con- 
vertir soit  en  une  autre  force  vive,  soit  en  travail,  de  telle 
sorte  quil  y  ait  toujours  Equivalence  entre  Teffet  produit 
et  la  cause  productive.  Celui-la  done  qui,  se  disant  que  la 
chaleur  n'est  que  la  force  vive  d*un  mouvement  des  parti- 
cules  des  corps,  aurait  appliquE  le  principe  giniral  de 
TEquivalence  de  la  force  vive  et  du  travail,  celui-li  aurait 
trouvE  par  cela  meme  I'Equivalent  mecanique  de  la  cha- 
leur, c'est-i-dire  la  quantity  de  travail  dans  laquelle  peut 
se  transformer  nne  quantity  donnie  de  chaleur. 

Comme  je  Tai  dejk  dit,  c*est  Mayer  qui  a  le  premier  posi 
ce  grand  principe,  et,  avec  le  coup  d'oeil  du  ginie,  il  a  in- 
diqui  immediatement  le  moyen  de  determiner  theorique- 


(  803  ) 

ment  r^qiiivaleol  cherch6.  En  comparant  la  quantite  de 
chaleur  n^cessaire  pour  augmenler  d'un  certain  nombre 
de  degr^s  la  temperature  d'un  gaz  sous  volume  constant  k 
celle  qui  est  n^cessaire  pour  T^lever  d'autant  sous  pres- 
sion  constaute,  et  qui  est  plus  considerable  que  la  pre- 
miere, Mayer  en  a  conclu  que  cet  excedanl  de  chaleur  s'est 
transforme  dans  le  travail  que  le  gaz  a  effectu^  en  se  dila- 
tant  et  il  a  d^duit  de  lit  par  un  calcul  tr^s-simple  que  r^qui* 
valent  mecaniqne  de  la  chaleur,  c*est-&-dire  le  travail 
equivalent  k  une  unite  de  chaleur  est  egal^  424  kilogram- 
metres  (*).  • 


(*)  All  lieu  du  oombre  434,  Mayer  avail  Irouve  370  seulement,  a  cause 
de  rinexactitude  des  donnees  experimentales  donl  11  avail  fail  usage.  En 
se  servanl  des  plus  receules,  on  arrive  au  nombre  que  nous  avons  indiqu^. 
En  void,  au  reste,  le  calcul  qui  esl  tr^s-simple  : 

ConsiUerons  I*"- •'•  d'air  k  0»,  renferme  dans  ud  cylindre  de  l"-  •••  de  base 
muni  d'un  pislon  libre  ^  !">•  de  hauleur;  el  supposons  que  nous  voulions 
doubter  le  volume  de  eel  air  au  moyen  de  la  chaleur.  II  faudra  pour  cela 
vaincrela  pression  almospherique,  cVsl-5-dlre  Clever  10336^"',  qui  repr^ 
senlenl  la  pression  exerc^  sur  le  pislon,  ^  1°>'  de  hauteur,  ou  bien  effec- 
luer  un  Ira  vail  de  !0356^'»-. 

'  Or,  un  melre  cube  d*air  a  0<^  sous  la  pression  almospherique  |)^se  r293; 
pour  doubler  son  volume  sous  pre&«ion  conslanle,  il  a  fallu  61ever  sa  lem- 
peralure  h  273*;  el  comme,  pour  Clever  de  1<>  la  lemp^ralure  de  1^  d'air 
dansces  condilions,  il  Paul  0,2575  calories,  le  nombre  tolal  de  calories 
uecessaire  sera : 

1,293  X  273  X  0,2375  =  83,855 

Pour  echauffer  d'aulanl  de  degres  celle  m^me  masse  d'air  sous  volume 
conslant,  il  faul  1,41  fois  moins  de  chaleur,  ou 

83,833 

----  =  59,437  calories. 

1,41 

D*oii  provicnl  celle  difference?  Mais  evidemmenl  de  ce  que,  dans  le 
premier  cas,  la  chaleur  a  effeclue,  par  rintermediaire  de  Pair,  un  Iravail 


(  804  ) 

Ce  r^sultat,  obteDu  sans  recourir  directemeni  k  Texpe- 
rieDce,  Concorde  admirablement  avec  ceux  que  Joule  a 
deduils  d*un  noinbre  trte-considerable  de  mesures  lout  k 
fait  directes,  en  employanl  soil  le  travail  de  la  chute  d'un 
corps,  soit  celui  du  frottement  k  produire  de  la  chaleur. 

Une  semblable  preuve  est  convaincante;  aussi  Fun  de 
mes  mattres  les  plus  v^n^r^s,  k  qui  je  la  commuhiquais  un 
jour  pour  lui  enlever  ses  doutes  au  sujet  de  cette  th^orie, 
me  r£pondit-il,  en  balauQant  la  tSte  aveccet  air  m^ditatir 
que  se  rappellent  tons  ceux  qui  Tont  connu  :  en  effet,  c'est 
^tontiant.  Ce  seul  mot,  chez  lui,  d^notait  un  homme  pres- 
que  entierement  convaincu. 

On  objectera  peut-Stre  a  la  determination  prec^dente, 
qu*il  n^a  pas  &i6  tenu  compte  du  travail  int^rieur  n^ces- 
saire  pour  augmenter  le  volume  d*air.  Mayer  s*etait  con- 
tent6  de  regarder  ce  travail  comme  tr^s-faible  et  par  suite 
comme  n^gligeable.  Clausius,  le  premier  (*),  prenant  pour 
base  les  vues  qu*il  a  d^veloppees  depuis  sur  la  nature  de 
ce  mouvement  mol^culaire  que  nous  nommons  chaleur,  a 
affirm^  neltement  que  ce  travail  n'est  pas  seulement  n^- 
gligeable,  roais  qu*il  est  rigoureusement  nul,  du  moins 
pour  les  gaz  parfaits,  c'est-i-dire  pour  ceux  qui  suivent 


de  10336  km.;  d'oii  il  r^sulle  que  Pexces  de  cbaleur  consomme  dans  le 
pi'emier  cas  equivaut  ^  ce  travail.  Get  exc^  est  de  24,378  calories,  equi- 
valant  k  un  travail  de  10556  km.;  une  calorie  equivaut  done  k  un  travail 

egal  ^ 

^0556 

-—:—  =  424  km. 

24,578 

(')  Pour  toutes  les  citations  qui  se  rapportent  ^  Clausius,  voir  ses  Afe- 
moires  sur  la  Ih^orie  mScanique  de  la  chaleur,  traduits  par  F.  Folie, 
2  vol.,  Paris.  E.  Lacroix,  et  parliculierementles  Memoires  I,  II, IV,  VI,  IX, 
XIV,  XV,  XVI. 


(  805  ) 

exactement  les  lois  de  MarioUe  et  de  Gay-Lussac;  et  les 
experiences  post^rieures  de  Regnaiilt  soot  venues  confir- 
mer  cette  id^e;  l^objection  disparatt  par  suite  complete- 
meut. 

Sans  doute,  s'il  s*agissait  de  produire  du  travail  par  la 
dilatation  d'un  solide  ou  d*un  liquide,  ce  travail  inl^rieur, 
n^cessaire  pour  effectuer  la  dilatation,  abstraction  faite 
des  r&islances  ext^rieures  quisont  k  vaincre,nepourrait 
pas  dtre  n^lig^;  mais  Torc^  de  me  borner,  je  me  conten- 
terai  de  vous  dire  que  dans  ce  cas  encore  la  th^orie  a  ^t^ 
admirablement  confirmee  par  les  experiences  les  plus7)re- 
cises,  et  a  servi  m^me  k  Taire  corriger  des  experiences  an- 
terieures,  qui  ont  ete  en  eflTet  trouvees  defectueuses. 

Je  ne  puis  pas,  dans  cet  entretien,  aborder  mathemati- 
quement  la  demonstration  du  second  principe  fondamen- 
tal,  qui  est  du  reste  plus  difficile  k  bien  saisir  que  le  pre- 
mier; et  au  lieu  de  lui  donner  la  forme  abstraite  qu'il  revet 
dans  son  expression  analytique,  je  prefere  exposer  la  ma- 
niere  dont  Glausius  I'a  developpe  posterieurement  dans 
diflerents  travaux,  et  dont  il  s*est  servi  lorsqu'il  a  pris  ce 
second  principe  pour  sujel  d'une  lecture  faite  k  Tassem- 
biee  des  naturalistes  allemands  a  Franfortsur*Mein  en 
1867. 

La  chaleur  manifeste  une  tendance  universelle  k  s'equi- 
librer  entre  les  differents  corps  par  rayonnement  ou  par 
conductibilite,  c*est-i-dire  qu'elle  passe  d*elle-meme  d'un 
corps  chaud  k  un  corps  froid,  sans  qu'il  soit  necessaire 
qu'aucune  autre  modification  se  presente  simultanement. 
Cette  tendance  est  tellement  inberente  k  la  nature  meme 
de  la  chaleur,  que  Glausius  a  jbnde  la  demonstration  de 
son  principe  sur  ce  postulat  que  la  cbaleur  ne  pent  passer 
d'elle-meme  d'un  corps  froid  k  un  corps  chaud.  Lorsque  la 


(  806  ) 

chaleur  p^D&tre  un  corps,  elle  a  pour  effet  d*auginenter  la 
distance  entre  ses  mol^ules,  soil  en  le  dilalant,  soil  en  le 
liqu^flant  ou  le  vaporisant,  et  mSme  parfois  de  dissocier 
ses  molecules,  comme  on  le  voil  dans  les  decompositions 
chimiques  qu'eile  produit.  Clausius  a  compris  tons  ces 
effets  sous  un  nom  g^n^rique  en  disaut  que  la  chaleur  tend 
k  augmenter  la  disgr6gation  des  corps. 

Mais  pour  augmenter  la  disgr^alion  d'un  corps,  la  cha- 
leur a,  en  g^n^raly  deux  travaux  k  effectuer,  le  premier 
int^rieur  pour  vaincre  la  cohesion  des  molecules,  le  se* 
cond  ext^rieur  pour  vaincre  les  pressions  auxquelies  le 
corps  est  soumis.  Dans  ces  deux  cas,  comme  nous  le 
savons  en  vertu  du  principe  de  Mayer,  la  chaleur  qui  a 
effectu^  le  travail  disparait  et  se  trouve  remplac^e  par  une 
quantity  de  travail  ^quivalente. 

Le  travail  int^rieur  est  g^neraleraent  fort  difficile  k  ^va- 
iucr;  mais  on  pent  ^viter  cette  difficult^  de  deux  mani^res : 
soit  en  operant  sur  un  gaz  parfail,  dans  lequel  le  travail 
int^rieur  est  nul«  comme  nous  Tavons  vu,  soit  en  operant 
sur  un  autre  corps  de  fa^on  ^  le  ramener  iinalement  dans 
son  ^tat  initial,  ce  qui  fail  que  la  somme  alg^brique  des 
travaux  int^rieurs  qui  auront^t^  effectu^s  sera  nulie;  une 
telle  s^rie  d*operations  s'appelle  un  cycle  ferm^. 

Pour  Tuniformite  de  la  terminologie,  nous  donnerons 
le  nom  g^n^ral  de  transformations  k  tons  les  effets  de  la 
chaleur  que  nous  venons  d'^num^rer.  Ainsi,  lorsqu^un 
corps  k  la  temperature  de  30*"  cede  une  certaine  quantity 
de  chaleur  k  un  corps  k  0°  ou  vice  versa,  nous  dirons  qu'il 
y  a  eu  une  transformation  de  cette  quantity  de  chaleur  k 
SO""  en  la  m£me  quantite.de  chaleur  k  0"*  ou  vice  versa. 
De  mSme  lorsqu'un  corps  aura  subi  un  accroissement  ou 
une  diminution  de  disgr^gation,  nous  dirons  qu'il  s*est 


(  807  ) 

effeclu^  une  iransformaiion  de  la  disgr^gation.  Et  eoGa, 
lorsqu*une  certaine  quantity  de  chaleur  aura  et^  eonvertic 
en  une  quantity  de  travail  ^quivaleule,  ou  produile  par  la 
cousommation  de  cette  quantity  de  travail,  nous  dirons 
quMl  y  a  eu  transformation  de  travail  en  chaleur  ou  vice 
versa.  Le  principe  de  Clausius  exprime  une  relation  entre 
Ics  valeurs  num^riques  des  transformations  qui  s'effectuent 
dans  une  s^rie  d*op^rations  que  Ton  fait  subir  ^  un  corps 
donn^. 

Le  cas  le  plus  simple  k  examiner  est  celui  oh  cette  s^rie 
d'op^rations  est  reversible,  c*est-i*dire  pent  s'effectuer 
^alement  en  sens  inverse.  Pour  que  cette  condition  soit 
remplie,  il  faut :  l""  que  le  corps  consid^r^  soit  soumis  k 
une  pression  normale  ^gale  k  chaque  instant  k  sa  force 
expansive,  car  alors  il  pourra  se  dilater  malgr^  cette  pres- 
sion ou  se  comprimer  sous  llnllncnce  de  cette  m^me 
pression ;  2°  que  le  corps  consider^  soit  toujours  k  la  mdme 
temperature  que  ceux  avec  lesquels  il  effectue  des  ^changes 
de  chaleur,  afin  que  la  chaleur  puisse  passer  indifl<§rem- 
ment  du  premier  aux  autres  et  vice  versa. 

On  voit  par  ces  conditions  mdmes  que  Ics  cycles  r^ver- 
sibles  ne  peuvent  pas  se  r^aliser  dans  la  nature  et  ne  sont 
qu'une  limite  qu'il  nous  est  permis  d'enseigner  theorique- 
ment. 

Bornons-nous  done  aux  operations  reversibles  et  cher* 
chons  k  evaluer  en  nombres  les  transformations  que  nous 
venous  d*enumerer. 

Nous  conviendrons  que  deux  transformations  sont  equi- 
valentes  lorsque  Tune  d'elles  pent  etre  aneantie  et  rem- 
plac^e  par  Tautre  au  moyen  d*un  cycle  d'op^rations  r^ver- 
sibles.  Ainsi,  je  suppose  une  certaine  masse  de  gaz  qui 
s*est  dilatee  au  double  de  son  volume  primitif;  voila  une 


(  808  ) 

transformation  de  disgr^^ation  du  gaz;  je  puis  aneantir 
cette  transformation  en  comprimant  le  gaz  jusqu'a  le  r^- 
duire^son  volume  primitif;  mais  alors  je  transforme  une 
certaine  quantity  de  travail  en  cbaleur;  celte  derni^re 
transformation,  ayant  remplac^  celle  de  la  disgr^ation,  est 
regard^e  comme  son  ^quivalente. 

Mais  il  faut  bien  remarquer  que  la  valeur  de  celte  trans- 
formation  n'est  pas  le  nombre  des  unit^  de  cbaleur  pro- 
duites  par  le  travail;  non,  ce  que  nous  avons  k  determiner, 
c'est  la  valeur  num^rique  que  nous  devons  attribuer  k 
cette  transformation  elle-m^me  pour  que  cette  valeur  soit 
^ale  k  celle  de  la  transformation  de  disgregation  qui  Ini 
est  ^quivalente.  Ici  done  ce  n*est  plus  une  certaine  quan- 
tity de  cbaleur  qui  est  prise  pour  unit^;  c'est  une  certaine 
transformation  d^termin^e,  celle,  par  exemple,  qui  se  pre- 
sente  dans  la  disgregation  d'une  masse  donn^e  d*un  gaz 
parfait  qui  double  de  volume  d*une  maui^re  reversible. 

Apr^s  avoir indiqu6  comment  nous  mesurerons  les  trans- 
formations, nous  avons  encore  une  convention  k  faire 
quant  k  leurs  signes;  nous  regarderons  un  accroissement 
de  disgregation  comme  une  transformation  positive;  il  en 
sera  naturellement  de  m^me  de  la  transformation  equiva- 
lente  que  nous  venons  de  mentiouner  du  travail  en  cba- 
leur. Les  deux  transformations  oppos^es  seront  negatives; 
et  quant  au  signe  de  la  transformation  d*une  quantity  de 
cbaleur  k  une  temperature  donn^e  en  cbaleur  k  une  autre 
temperature,  il  sera  determine  directement  par  la  mesure 
de  cette  transformation  au  moyen  des  conventions  prece- 
dentes. 

Les  trois  esp^ces  de  transformations  dont  'nous  avons 
parie,  vont  se  rencontrer  dans  le  cycle  ferme  reversible  que 
nous  prendrons  comme  exemple. 


(  809  ) 

Les  temperatures  seronl  indiqu^es  en  degr^s  centi- 
grades,  k  la  fois  k  partir  du  z^ro  ordinaire  et  du  z^ro  absolu 
{—  273«  C). 

Soit  donn^  un  volume  de  gaz  a  275*"  ceritigrades  (on 
2  X  275**  A)  soumis  k  des  operations  reversibles  : 

l""  Au  moyen  de  Faddition  d'une  ceriaine  quantity  de 
chaleur,  laissons-le  se  dilater  jusqu'au  double  de  son  vo- 
lume primitif  en  le  maintenan  t  constamment  ^  la  m^me  tem- 
perature; sa  disgregation  sera  doubl^e ,  sa  pression  devenue 
moitie  moindre,  et  il  aura  effectue  un  certain  travail; 

2°  Abaissons  sa  temperature  k  0**  centigrade  (ou  273'' 
A)  en  faisant  passer  Texcedant  de  chaleur  dans  un  reser- 
voir; sa  pression  decroitra  encore  de  moilie,  c'est-a-dire 
sera  devenue  le  quart  de  la  pression  primitive; 

S""  Comprimons-le  k  cetle  m^me  temperature  constante 
deO*"  centigrade  jusqu*^  le  ramener  au  volume  primitif,  en 
sorte  que  sa  pression  sera  doubiee  et  redevenue  la  moitie 
de  la  pression  premiere.  Cetle  compression  exigera  la  con- 
sommation  d'un  certain* travail ,  mais  inferieur  de  moitie  k 
celui  qui  a  eie  produit  precedemment,  puisque  les  volumes 
sont  les  memes,  tandis  que  les  pressions  sont  de  moitfe 
moindres  dans  le  travail  actuel  que  dans  le  premier.  Cette 
compression  aura,  en  outre,  produit  une  certaine  quantite 
de  chaleur  k  O""  centigrade  que  nous  supposons  re^ue  par 
un  corps  k  cette  temperature. 

IV.  Pour  ramener  notre  gaz  k  son  etat  initial ,  nous 
n'avons  qu'k  lui  faire  restituer  par  le  reservoir  la  chaleur 
que  celui-ci  lui  avait  empruntee  dans  la  deuiieme  opera- 
tion. La  temperature  s*eieve  alors  k  273''  C.  qui  est  sa 
temperature  primitive,  et  comme  son  volume  reste  con- 
stant, sa  pression  doublera,  c'est-^-dire  redeviendra  la 
pression  primitive. 

2"^  s£rie,  tome  XXXVI.  S3 


(810) 

(^  premiere  operation  a  donn^  pour  r^sultat  les  deux 
transrormations  suivanles  :  un  accroissement  dedisgrega- 
lion  du  gaz  du  simple  au  double,  et  une  traDsforination  de 
chaleur  en  travail.  Or,  si  nous  effectuons  celle-ci  en  sens 
inverse,  c*est-i-direanaly(iqucment,  si  nous  la  prenons  en 
signe  contraire,  elle  an^anlira  la  transformalion  de  disgr^- 
gation  et  la  remplacera;  il  en  r^sulte,  d*apr6s  ce  que  nous 
avons  dit  sur  T^quivalence  des  transformations,  que Taug* 
mentation  de  disgr^gation  et  la  transformation  simultan^e 
de  la  chaleur  en  travail  sont  ^ales  et  de  signes  contraires, 
auirement  dit  que  leur  somme  alg^brique  est  nulle.  La 
troisi^me  operation  a  de  m^me  donn^  pour  r&ultat  les 
deux  transformations  suivanles :  une  diminution  de  dis- 
gr^gation  du  gaz  du  double  au  simple,  et  une  transfor- 
mation de  travail  en  chaleur.  Cette  derniere  eflectu^e  en 
sens  inverse  ou  prise  en  signe  contraire  andantit  la  pre- 
miere et  la  remplace;  la  diminution  de  disgrdgation  et  la 
transformation  simultande  de  travail  en  chaleur  sont  done 
^ales  et  de  signes  contraires;  autcement  dit  leur  somme 
algdbrique  est  nulle. 

Remarquons  d*abord  Taccord  qui  se  prdsen(e  quant  aux 
signes  des  transformations  :  dans  la  premiere  operation 
nous  avons  eu  un  accroissement  de  disgrdgation ,  trans- 
formation positive,  et  une  transformation  de  chaleur  en 
travail  que  nous  avons  trouvde  £tre  de  signe  contraire, 
done  n^ative.  Dans  la  deuxi^me  operation  il  y  a  une  dimi- 
nution de  disgr^ation,  transformation  negative;  et  une 
transformation  de  travail  en  chaleur  qui  est  de  signe  con- 
traire; done  positive. 

Quanta  la  valeur  nuroerique  de  ces  transformations, 
remarquons  que  la  transformation  de  disgr^ation  est  la 
m^me  dans  les  deux  operations  en  grandeur  absolue;  les 


(811  ) 

deux  iransformations  simullan^es  de  chaleur  eu  travail  et 
de  travail  eD  chaleur  qui  lui  sont  ^quivalenles,  doivenl 
done  avoir  aussi  la  m6me  valeur  num^rique.  Or  nousavons 
vu  que  dans  le  second  cas  la  quantite  de  chaleur  ou  de 
travail  est  deux  fois  moiudre  que  dans  le  premier,  et  que 
la  temperature  absolue  du  gaz  par  I'intermediaire  duquei  la 
transformation  est  op^r^e  est  ^galement  deux  fois  moindre; 
il  en  r^sulte  que  le  rapport  de  la  quantity  de  chaleur  trans- 
form^e  en  travail,  ou  produite  par  du  travail,  k  la  tempe- 
rature absolue,  est  le  mSme  dans  les  deux  operations 
precedentes,  et  que  nous  pourrons  prendre  ce  rapport 
comme  valeur  numerique  de  ces  deux  transformations, 
ainsi  quedela  transformation  equivalenle  de  disgregation. 

Dans  la  premiere  operation  done,  la  somme  alg^brique 
de  Taccroissemisnt  de  disgr^gation  et  du  rapport  de  la 
quantite  de  chaleur  transformee  en  travail,  k  la  tempera- 
ture absolue  du  gaz,  est  egale  k  zero,  cette  derniere  quan- 
tite etant  negative,  comme  representant  la  valeur  d'une 
transformation  negative. 

Dans  Tautre  operation,  la  somme  algebriquede  la  dimi- 
nution de  disgregation ,  qui  est  une  transformation  nega- 
tive, et  du  rapport  de  la  quantite  de  chaleur  produite  par 
du  travail,  k  la  temperature  absolue  du  gaz,  est  egale  i  zero. 

La  valeur  numerique  d*une  transformation  de  chaleur 
en  travail  ou  vice-versa  telle  que  nous  venons  de  la  deter- 
miner est  done  egale  en  grandeur  absolue  au  rapport  de  la 
quantite  de  chaleur  k  la  temperature  absolue  k  laquelle  la 
transformation  s*est  eflectuee.  Cette  valeur  numerique 
n*est  pas,  comme  on  *le  voit,  I'expression  d*une  grandeur 
concrete;  c'est  plut6t  une  expression  destinee  k  traduire 
aisement  la  condition  necessaire  pour  que  deux  transfor- 
mations puissent  se  remplacer  mutuellement  dans  un  cycle 


(  812  ) 

rFop^rations  r^versibles  sans  donQer  naissance  k  une  autre 
transformation  simullan^e. 

Rccbcrchons  inaintenant  de  la  mSme  mani^re  la  valeiir 
num^rique  de  la  transformation  d'une  quantity  de  chaleur 
k  une  certaine  temperature  en  la  m^me  quantity  de  cha- 
leur k  une  autre  temperature;  et  pour  cela  reprenons 
sommairement  le  cycle  ferm^  decrit  plus  haut. 

Dans  la  premiere  operation  le  gaz  a  double  de  volume 
a  la  temperature  constante  de  STS""  C.  (ou  SxSTS'*  A)  en 
transformanl  une  certaine  quantite  de  chaleur  en  travail. 

Dans  la  deuxieme  on  abaissait  sa  temperature  4  0""  C.  en 
faisant  passer  Texcedant  de  chaleur  dans  un  reservoir. 

Dans  la  troisi^me  on  le  comprimait  k  cette  temperature 
constante  0""  C.  (21^"  A)  et  il  se  produisait  ainsi  une  trans- 
formation de  travail  en  chaleur,  la  chaleur  produite  etant 
de  moitie  moindre  que  celle  qui  avait  ete  transformee  en 
travail  dans  la  premiere  operation;  et  cette  chaleur  etait 
regue  par  un  corps  i  0"  C. 

Dans  la  quatrieme  operation  enfin  on  reprenait  au  re- 
servoir, pour  la  restituer  au  gaz  Ja  chaleur  que  celui-ci  lui 
avait  cedee,  de  sorte  que  le  gaz  etait  ramene  k  son  etat 
initial. 

En  considerani  Tensemble  de  ce  cycle  ferme,  nous  pour- 
rons  faire  abstraction  de  la  deuxi^me  et  de  la  quatrieme 
operation ,  puisque  la  chaleur  cedee  dans  la  deuxi^me  k  un 
reservoir  par  le  gaz  est  restituee  k  celui-ci  par  le  mSme  re- 
servoir dans  la  quatrieme.  De  plus  y  si  nous  voulons  consi- 
derer  la  quantite  de  travail  dont  nous  avons  fait  usage  dans 
la  troisieme  operation  comme  empruntee  k  celle  qui  avait 
ete  produite  dans  la  premiere,  nous  aurons  en  resultat 
final,  dans  le  cas  actuel ,  une  quantite  de  chaleur,  de  moitie 
moindre  que  dans  la  premiere  operation ,  transformee  en 


(  813  ) 

travail ,  et  de  plus  le  transport  de  la  quantity  de  chaleur 
produite  par  la  troisi^me  operation  k  un  corps  k  0®  C; 
mais  cette  quantity  de  cbaleur  De  provient  que  de  celle  qui 
a  iU  fournie  dans  la  premiere  operation  au  gaz  a  la  tem- 
perature de  STS""  C,  et  dont  une  rooiti^  est  rest^e  Irans- 
form^e  en  travail,  tandis  que  Tautre,  apr^s  avoir  ^t^ 
transform^e  de  m^me,  est  repass^e  k  T^tat  de  cbaleur  dans 
la  troisi^me  operation;  de  sorteque  nous  avons  une  trans- 
formation d'une  certaine  quatit^  de  chaleur  ^  STS""  C. 
(2x273«  A)  en  chaleur  i  0«  C.  (273*  A). 

Or,  si  nous  supposons  cette  derni^re  transformation 
donn^e ,  et  que  nous  effecluions  tout  le  cycle  precedent  en 
sens  inverse,  elle  sera  an^antie  et  remplac^e  par  la  trans- 
formation d*une  quantity  de  travail  en  chaleur,  transfor- 
'fliation  qui  sera  pr^cis^ment  Tinverse  de  celle  que  nous 
venous  d'obtenir  comme  r^sultat  final  conjointement  avec 
la  transformation  de  chaleur  k  273°  C.  en  chaleur  4  0°  C. 
Ces  deux  transformations  sont  done  ^gales  et  de  signes 
contraires,  ou  leur  somme  algebrique  est  nulle. 

On  d^duit  ais^ment  de  ces  considerations,  en  g^nerali- 
sant  Texemple  qui  precede,  que  la  valeur  num^rique  de  la 
transformation  d*une  certaine  quantite  de  chaleur  k  une 
temperature  donn^e  en  chaleur  k  une  autre  temperature 
est  egale  k  la  somme  algebrique  des  valeurs  numeriqucs 
dedeux  transformations,  dont  la  premiere  serait  celle  de 
cette  chaleur  k  la  premiere  temperature  en  travail,  et  la 
seconde  celle  de  ce  travail  en  cette  meme  quantite  de  cha- 
leur k  la  seconde  temperature  ('). 


(*)  Nous  allons  iodiquer  bridvcmeDt  cette  d^uctioii  pour  les  leeteurs 
qu'elle  peut  int^resser. 
En  vue  de  g^neraliser,  nous  supposerons  que  la  temperature  iuitiale  du 


(814) 

Remarquons  que  la  premiere  de  ces  deux  transrorma- 
lions'est  negative,  et  la  seconde  positive;  qu'elles  ont  le 


gaz  (qui  eUit  2  X  273oA)soit  T,;  qaela  temperature  Ooale  (qui  ^tail  373«A) 
soilT,;  que  le  volume  du  gaz  devienne,  au  lieu  de  2  fois,  n  fois  plus  con- 
siderable. Appelons  p  sa  pression,  v  son  volume;  les  lois  de  Mariotte et 
de  Gay-Lussac  s'exprimeront  par  la  formule  pv  =  RT,  R  designant  une 
conslante. 

Le  travail  effectue  par  le  gaz  se  dilataot  ^  temperature  constante  T|  du 
volume  1  au  volume  n  est 

f)dv=l     RT,  —  =  RT,l.rt; 

de  meme  le  travail  effectue  pour  le  comprlmer  ^  tem|)erature  constante 
T,  du  volume  n  au  volume  1  est 

^,=rRT,  l.n. 

Solent  Qi  et  Q,  ces  deux  quantites  exprimees  en  calories,  de  sorte  que 

Qi  =  Ag,,         Q,  =  A7,, 

A  d^ignant  T^uivalent  calorifique  de  Punit^  de  travail. 

Nous  avons'tu  qu'en  r^sultat  final,  c'est  la  difference  seulement  de 
ces  deux  quantites  de  cbaleur  qui  a  ete  converlle  en  travail ;  la  valeur 
numdrique  de  cette  transformation  est 

T, 

Cette  valeur  est,  commc  nous  Pavons  dit ,  egale  et  de  signe  contraire  a 
celle  de  la  transformation  de  la  quantile  Q,  de  cbaleur  k  la  temp<^rauire 
T,  en  cbaleur  k  la  temperature  T,.  Si  done  nous  designons  la  valeur 
numerique  de  cettt?  derni^re  transformation  par  x,  nous  aurons : 

T,  T,  T.       T/ 

ou  blen  encore,  en  rempla^ant  ^-P^r^i  ce  qui  est  permis  puisque  ces 
rapports  ont  AR  I.  n  pour  valeur  commune  : 

«  =  -~H-J?,  C   Q.  F.  D. 


(  8iS  ) 

m^me  numeraleur,  qui  est  la  quantity  de  chaleurdonnee, 
et  que  par  suite  leur  somme  sera  positive  si  le  d^nomina- 
teur  de  la  premiere  est  plus  grand  que  celui  de  la  seconde, 
et  negative  dans  le  cas  contraire.  Le  passage  d'une  quan- 
tity de  cbaleur  d'une  certaine  temperature  k  une  tempera- 
ture plus  basse  est  done  une  transformation  positive,  le 
passage  inverse  une  transformation  negative. 

Ainsi,  parmi  les  trois  genres  de  transformations  directes 
et  inverses  que  nous  avons  examinees,  les  positives  sont  : 

L'accroissement  de  disgr^gation,  la  transformation  de 
travail  en  chaleur,  le  passage  d*une  temperature  plus^levee 
k  une  temperature  plus  basse. 

Les  negatives  sont : 

La  diminution  de  disgr^gation ,  la  transformation  de 
cbaleur  en  travail,  le  passage  d*une  temperature  plus  basse 
k  une  temperature  plus  eievee. 

Nous  avons  determine  les  valours  numeriques  de  ces 
trois  genres  de  tranformations,  et  I'eiemple  simple  que 
nous  avons  choisi  nous  a  conduit  k  ce  resultat  que  dans 
tout  cycle  reversible,  la  somme  algebrique  des  valours 
numeriques  des  transformations  est  egale  a  zero. 

Ce  principe,  que  nous  avons  demontre  en  supposant  que 
le  corps  au  moyen  duquel  les  transformations  ontete  ope- 
rees  est  tin  gaz  permanent,  est  applicable  quel  que  soil  le 
corps  dont  on  fait  usage. 

Supposons  en  effet  que  eela  nc  soit  pas,  et  qu'un  cycle 
d*operations  reversibles  eflectuees  sur  un  gaz  ait  donne 
pour  resultat  une  certaine  transformation  de  cbaleur  en 
travail,  en  memo  temps  que  le  passage  d*une  quantito 
determinee  de  cbaleur  de  275"  k  0%  par  exemple,  la 
somme  de  ces  deux  transformations  etant  nulle;  tandis 
qu*un  cycle  analogue  eflectue  sur  un  autre  corps  aurait 


(  8<6  ) 

donne  une  somme  de  transforiDaiions  qui  ii*esl  pas  nulle; 
il  faudrait  pour  cela  que,  Bi  la  quantity  de  chaleur  trans- 
form^e  en  travail  est  la  mSme  que  dans  le  cas  du  gaz,  la 
quantity  de  cbaleur  qui  a  pass^  de  ^TS""  k  &  TAt  diff^rente. 
Supposons  la  plus  grande,  et  renversons  ce  dernier  cycle : 
nous  an^nlirons  le  premier,  k  part  un  excte  de  chaleur 
qui  aura  pass^,  sans  compensation  aucune,  d*un  corps  k  0® 
a  un  corps  k  275%  ce  qui  est  absurde. 

Les  autres  cas  se  traileraient  de  la  m^me  maniire;  et, 
pour  le  dire  en  passant,  c*est  dans  ce  cas  particulier  que 
consiste,  k  proprement  parler,  le  principe  de  Carnot. 

Quel  que  soit  done  le  corps  qui  subit  des  modifications 
reversibles,  on  pent  lui  appliquer  le  principe  que  la  somme 
alg^brique  des  valeurs  num^riques  des  transformations  est 
egale  k  z^ro. 

Voyons  comment  ce  principe  de  Clausius  se  moditiera 
pour  les  cycles  non  reversibles. 

Le  principe  tout  k  fait  g^n^ral  est  que  cette  somme  est 
n^cessairement  positive  dans  tous  les  cycles,  quels  qu'ils 
soient,  et  qu'elle  n'est  nulle  qu*^  la  limite,  c'est-^-dire 
quand  les  modifications  deviennent. reversibles,  limite  qui, 
nous  Tavons  vu,  ne  pent  pas  ^tre  alteinte.  Nous  nous  bor- 
nerons  ici  k  faire  voir  que  cette  somme  ne  saurait  etre 
negative,  et  nous  constaterons  par  des  exemples  bien 
connus  quil  est  une  foule  de  pbenom^nes  naturels  dans 
lesquels  elle  est  positive. 

Si  la  somme  alg^brique  des  valeurs  des  transformations 
qui  s'op^rent  dans  un  cycle  quelconque  est  negative,  c'est- 
i-dire,  si  la  somme  des  transformations  negatives  Tem- 
porte  sur  celle  des  transformations  positives,  nous  pour- 
rons  prendre  dans  la  premiere  somme  une  partie  ^gale  k 
la  seconde,  de  sorte  que  Tautre  partie  se  composera  de 


(817) 

IransformatioDS  negatives  non  compens^es;  or  celles-ci 
pourronl  toujours  se  ramener  k  un  passage  de  chaleur  d'un 
corps  froid  k  un  corps  plus  chaud ,  comroe  nous  allons  le 
voir,  au  moyende  Taddition  d'un  cycle  reversible, c'esl-i- 
dire,  de  plusieurs  transforma lions  dont  la  somme  est  nulle, 
el  ne  peut,  par  consequent,  pas  alterer  la  somme  finale. 

Les  transformations  negatives,  en  effet,  sonl : 

1"  Une  diminution  de  disgr^gation.  Celle-ci  peut.etre 
aneanlie  el  remplac^e  par  une  transformation  de  chaleur 
en  travail  au  moyen  d'un  cycle  reversible; 

2"  La  transformation  de  chaleur  en  travail,  k  laquelle 
nous  venons  de  ramener  la  premiere  transformation  nega- 
tive. 

Cette  transformation  peut  etre  aneantie  en  renversant 
la  serie  des  operations  que  nous  avons  effecluees  prece* 
demment  sur  un  gaz  permanent,  el  remplacee  par  le 
passage  d'une  certaine  quantite  de  chaleur  d'une  tempera- 
ture plus  basse  k  une  temperature  plus  eievee; 

S""  Enfin  cctte  derniere  transformation,^  laquelle  peu- 
vent  se  ramener  les  deux  precedentes. 

Si  done  une  transformation  negative  pouvait  se  pre- 
senter sans  compensation  comme  resultat  d'un  cycle  quel- 
conque  d  operations,  cela  reviendrait  k  dire  qu*il  a  pu 
passer  sans  compensation  de  la  chaleur  d*un  corps  froid  k 
un  corps  plus  chaud,  ce  que  nous  avons  reconnu  impos- 
sible. 

Au  contraire,  les  transformations  positives  peuvent  se 
presenter  seules,  el  sepresentent  en  effet  tres-frequemment 
dans  la  nature. 

Parmi  les  nombreux  exemples  que  Ton  en  peut  citer, 
nouschoisirons  les  suivants  : 

Un  gaz  permanent  mis  tout  k  coup  en  communication 


(  818  ) 

avec  un  espace  vide  $*y  repandra  saus  effecluer  aucun 
travail  el  sans  perdre  aucune  cbaleur ;  voili  done  un  ac- 
eroissemcnl  de  disgr^gation  qui  s*e$t  effectue  sans  aucune 
autre  transformation  simullan^e. 

Le  travail  pent  se  transformer  en  chaleur  sans  qu*il  se 
pro<Iuise  de  transformation  negative,  comme  on  le  voit 
dans  le  choc  des  corps  mous,  dans  la  production  de  la 
chaleur  par  le  frottemetit  et  par  la  resistance  des  milieux, 
ou,  dans  les  ph^nom^nes  ^lectriques,  par  la  r&istance  de 
Fair  et  par  celle  du  conducteur. 

On  sait  avec  quelle  facility  le  travail  des  forces  molecu- 
laires  se  transforme  en  chaleur,  spuvent  m^me  avec  un 
accroissement  de  disgr^gation,  dans  les  combinaisons  chi- 
miques,  tandis  que  la  production  du  froid  est  toujours  ac- 
compagn^e  d'un  accroissement  de  disgr^ation  soit  par 
dissolution,  soil  par  Evaporation. 

EnOn  nous  savons  que  la  chaleur  peut  passer  d*elle- 
m^me,  par  conductibilitE  ou  par  rayonnement,  d*un  corps 
chaiid  k  un  corps  plus  froid. 

Les  transformations  positives  peuvent  done  survenir 
sans  qu*il  se  pr^sente  de*  transformations  negatives  simul- 
tan^es;  celles-ci,  au  conlraire,  ne  le  peuvent  pas  sans  Eire 
accompagnEes  de  transformations  positives  au  moins  Equi- 
valenles;  en  d*autres  termes,  les  transformations  non 
compensEes  ne  peuvent  etre  que  positives,  ou  la  somme 
algEbrique  des  valeurs  des  transformations  d*un  cycle  quel- 
conque  d^opErations  ne  peut  Etre  que  positive. 

Tel  est  le  principe  general  dA  a  Clausius.  Si  nous  Tex- 
primons  analytiquement  en  tenant  compte  de  la  maniere 
donl  nous  avons  Evalue  numEriquemenl  les  transforma- 
tions, nous  pourrons  Tenoncer  sous  la  forme  suivante  dans 
laquelle  le  mot  accroissement  est  pris  dans  un  sens  alge- 


(819) 

brique:  si  pour  un  cycle  quelconque  on  ajoule  les  accrois- 
semen  ts  de  disgr^gation  aiix  accroissemenls  de  chaleur 
divis^s  respeclivement  par  les  temperatures  absolues  aux- 
quelles  ils  s*effectuent,  la  somme  obtenue  ne  pourra  ^tre 
que  positive  {*). 

Si  done  d'une  part,  en  vertu  du  principe  de  Mayer,  il  y  a 
toujonrs  Equivalence  entre  la  chaleur  consomm^e  ou  pro- 
duite  et  le  travail  produit  ou  consommE,  dans  les  modifica- 
tions que  pent  subir  un  syst^me  de  corps  sous  Tinnuence 
de  la  chaleur  et  des  differentes  forces  tant  int^rieures 
qu'exterieures  qui  agissent  sur  lui,  d*autre  part,  en  vertu 
du  principe  de  Clausius,  chaque  sErie  de  modifications 
am6nera,  en  g^n^ral,  un  accroissement  de  disgr^gation  et 
de  chaleur  produit  au  detriment  de  la  quantity  de  travail 
fournie  par  les  forces  qui  agissent  sur  le  syst^me ;  cette 
derniere  quantity  ne  fera  done  que  d^crottre  d*une  s^rie  k 
la  suivante,  tandis  que  la  somme  des  premieres  ne  fera  que 
croitre. 

Ces  lois,  qui  existent  pour  un  syst^me  quelconque  de 
corps,  peuvent  Evidemment  s^Etendre  i  I'univers  tout 
entier,  et  il  en  r^sulte  que  la  quantity  de  travail  des  forces 
qui  Taniment,  d^croissant  toujonrs, finira  par  devenir  nulle, 
en  se  transformant  sans  cesse  en  un  accroissement  de  la 
disgr^ation  et  de  la  quantite  de  chaleur,  et  que  la  somme 
de  celles-ci  tend  vers  un  maximum  f  *). 

Examinons  maintenant  plus  en  detail  les  consequences 


(*)  Dans  la  derniere  partie  de  colle  somme  sont  comprises  les  transfor- 
mations de  cbalenr  d*ane  temperature  ^  une  autre,  dont  la  valeur  nume- 
rique  se  compose ,  comme  nous  TaTons  tu  ,  de  deux  termes  de  meme 
forme  que  ceux  qui  entrent  dans  cette  somme. 

(*')  Voir  la  nole  precedente. 


(  820  ) 

de  ces  deun  principes  appliques  au  syst^rae  de  l*univcrs. 

Si  nous  voulons  comprendre  sous  le  nom  coinmun 
d*£nergie  Ik  force  vive ,  le  travail  et  la  chaleur,  qui  ne  sont 
en  effet  que  des  quanlit^s  de  mdme  nature  se  rapporlant 
k  des  raouvemenis  plus  ou  moins  rapides  soit  des  corps, 
soit  de  leurs  molecules,  le  premier  principe  pourra  s*£non- 
cer  sous  celte  forme : 

Une  ^nergie  quelconque  peut  se  transformer  en  une 
autre  ^quivalente,  ou  bien  la  somme  des  Energies  de  Tuni- 
versest  invariable,  comme  la  somme  des  particules  mate- 
rielles  qui  le  constituent.  Ainsi  le  travail  de  la  gravity  peut 
se  convertir  en  force  vive  par  la  chute  d*un  corps,  et  cette 
force  vive  en  mouvemenls  vibratoires  qui  constituent  la 
chaleur;  T^nergie  d^velopp^e  par  la  combustion  de  la 
poudre  se  transforme  en  chaleur,  celte  chaleur  en  force 
vive  du  boulet,  et  cette  force  vive  enfin  en  un  travail  qui 
m\e  le  poids  du  boulet  jusqu*^  ce  que  toute  T^nergie  soit 
d^pens^e,  ou  plutdt  convertie  en  travail ;  mais  dans  tons 
Iescas,il  ne  se  perd  m  ne  se  gagne  aucuae  quantite 
d*^nergie  dans  loutes  ces  transformations. 

Cest  la  certes  une  magnifique  synthase  des  lois  physi- 
ques, et  qui  semble  bien  favorable  k  r^lernitS  de  Tunivers; 
eh  bien,  quelque  ^loign^e  qu'elle  paraisse  de  ma  these,  je 
ne  crains  pas  d'essayer  de  d^rouler  k  vos  yeux  le  tableau 
de  la  nature  physique  tel  que  nous  pouvons  Tentrevoir 
gr^ce  k  cette  spiendide  d^couverte  de  la  transformation  des 
forces. 

Partons  de  Thypothese  de  Laplace  sur  la  formation  de 
notresyst^meplan^taire,  hypoth^se  qui  semble  confirmee 
par  les  formes  et  les  mouvements  des  planites  et  de  leurs 
satellites,  par  Texistence  des  comiteset  par  cellede  Tan- 
neau  de  Saturne. 


(  821  ) 

Notre  syst^me  aurait  ^te  prirailivemenl  une  nebuleuse, 
c'est-^-dire  un  amas  de  mati^re  gazeuse  simplement  aiii- 
m^e  d*un  mouvemenl  de  rotation  f )  et  soumise  k  ses  attrac- 
tions rautiielles;  cette  mati^re  se  serait  separ^e  en  diffi§- 
rentes  masses  en  vertu  de  la  force  centrifuge ,  et  ces  masses 
partielles  se  condensant  par  Fatlraction  auraient  form^  le 
soleil  et  les  diff^rents  corps  du  syst^me,  fluides  d^abord, 
puis  se  solidifiant  peu  k  pen  k  cause  du  rayonnement. 
Vous  comprenez  d^ja  combien  ce  travail  de  Tattraction^ 
cette  chute  des  molecules  gazeuses  vers  leurs  centres 
respectifs  a  dA  produire  de  chaleur.  Helniholtz  a  calculi 
que  cette  chaleur  repr^sentait  454  fois  celle  qui  serait 
actuellement  produite  par  la  chute  de  toutesles  planetes 
et  de  leurs  satellites  sur  le  soleil. 

Notre  terre  ne  revolt  aujourd'hui  qu*une  quantity  tr^s- 
faible  de  chaleur  de  son  noyau  de  feu ;  oh  done  est  la  source 
de  toutes  les  Energies  qui  se  d^veloppent  k  sa  surface? 
Elle  reside  presque  tout  enti^re  dans  le  soleil. 

£tudions  en  effet  les  diff^rentes  forces  dont  nous  dis- 
posons;  je  laisse  de  cdle  le  magn^tisme  et  T^lectricit^ 
qu'il  ne  serait  pas  difficile  de  ramener  ^alement  k  Taction 
solaire  comroe  k  leur  principe. 

Nous  disposons  surtout  de  la  force  des  cours  d'eau,  de 
celle  des  courants  d'air,  de  la  chaleur  produite  par  les  dif- 
f^rents  combustibles ,  enfin  de  notre  force  musculaire  et 
de  celle  des  animaux. 

Ord^oJi  vient  la  premiere  force,  celle  des  cours  d'eau? 
Le  soleil  a  vaporish  Teau  des  mers,  et  a  effectu6  ce  grand 
travail  de  la  dilatation;  en  outre,  il  a  dA  Clever  la  vapeur 

(*)  II  esi  inutile  des^occuper  id  du  mouvement  de  Iranslalion  de  noire 
syst^me  dans  Pespace. 


(  822  ) 

ainsi  form^e  au  soramet  des  montagDes,  second  travail ;  la 
vapeur.en  se  condensant,  a  rendu  une  partie  dela  chaleur 
solaire  sous  forme  de  cbaleur  ou  d*£lectricil6,  el  a  cod- 
serv£,  sous  forme  de  travail  potentiel,  I'autre  partie,  celle 
qui  ^quivaut  au  travail  n^cessaire  pour  Clever  sod  poids 
au  sommetde  la  montagae;  cd  en  redesceodaDt,  elle  nous 
rend,  sous  forme  de  force  vive,  la  provision  de  chaleur  so* 
laire  qu'elle  avait  absorb^e. 

La  force  des  courants  d'air  D*a  pas  dod  plus  d*autre 
cause  :  le  soleil  echauffe  Fair,  T^l^ve,  el  sa  cbaleur  se  trans- 
forme  en  travail  polentiel;  cet  air  refroidi  retombe  par  son 
poids,  ct  c'est  la  force  vive  dc  sa  chute  que  nous  utilisons; 
cette  force  vive  n'est  done  encore  qu^une  transformation 
d^une  quantity  ^quivalente  de  chaleur  solaire. 

Mais  la  chaleur  des  cx^mbustibles,  dira-t-on?  Celle-li  du 
moins  ne  vientpas  du  soleil?  Tout  aussi  bien  que  les  pr^- 
c^dentes,  et  que  la  force  musculaire  elle-m6me,  qui  a,  avec 
celle  de  la  combustion,  la  liaison  la  plus  intime,  comme 
nous  allons  le  voir.  "^ 

Tons  nos  combustibles  sont  exclusivement  des  mati^res 
v^^tales  ou  animales;  la  bouille  n'est  que  du  bois  fossile; 
les  huilesdc  schiste^  le  p^trolesont  le  produitde  la  distil- 
lation de  v^^taux  enfouis  depuis  des  siecles;  les  corps 
gras  proviennent  tons  du  r^ne  v^g^tal  ou  du  r6gae 
animal. 

Or  c*est  grice  k  la  lumiere  et  a  la  chaleur  solaires  que 
les  plantes  s'assimilent  le  cbarbon  contenu  dans  I'acide 
carbonique  qui  est  m^l^  i  Tair.  Pour  s^parer  Toxyg^ne  du 
carbone  et  retenir  celui-ci,  la  plante  doit  effectuer  un 
grand  travail,  et  c'est  le  soleil  qui  le  lui  fournit;  la  frai- 
cheur  des  for^ts  a  pour  principale  cause  cette  conversion 
de  la  chaleur  solaire  en  travail  de  la  v^g^tation.  C*est  ce 


(  823  ) 

mSme  travail  que  Ic  tissu  vegetal  convertil  en  chaleur 
quand  il  brilkle,  c  est-^-dire  quand  il  s^unit  de  nouveau  k 
Toxyg^ne,  de  sorte  que  la  chaleur  produite  par  la  combus- 
tion est  directement  emprunt^e  au  soleil. 

La  plante  done  sVmpare  du  charbon  renferm^  dans 
Tacide  carbonique  de  Tair,  et  met  Foxyg^ne  en  libert^;  cet 
oxygine  est  respir^  par  les  animaux,  et  s'unit  dans  leurs 
poumons  au  sang  qui  est  le  produit  de  la  digestion  des  ali- 
ments; c'est  la  chaleur  resultant  de  cette  combustion  effec- 
tu^e  continuellement  dans  les  poumons  qui  est  la  source 
de  r^nergie  animale.  Et  d'oii  vient  cette  chaleur?  Du  tra- 
vail dont  ^taient  capables  Toxyg^ne  libre  et  le  sang;  et  ces 
deux  elements  nous  sont  fournis  en  derniere  analyse  par 
le  r^ne  vegetal  qui  les  doit  au  soleil. 

II  y  a  certes  une  ravissante  harmonic  dans  ces  deux 
grands  r^nes  de  la  nature,  dont  chacun  tire  sa  nourriture 
et  sa  force  des  produits  mdmes  qui  sont  rejel^s  par  Tautre, 
de  telle  fa^on  que  la  prosp^rit^  de  Tun  des  r^gncs  doit 
entrainer  celle  de  son  rival;  et  Ton  pourrait  se  demander 
par  quelle  sorte  de  vertu  secrete  les  molecules  gazeuses 
du  chaos  se  sont  groupies  dans  cet  ordre  admirable;  mais 
la  science  positive  nous  reprocherait  de  faire  du  senti- 
roeiit,  et  nous  tenons  k  demeurer  sur  son  propre  terrain. 
Admettons  done,  si  vbus  le  voulez,  que  ce  soit  Taction 
seule  des  forces  naturelles  qui  ait  produit  toutes  les  vies 
qui  se  d^veloppent  k  la  surface  de  la  terre.  Le  soleil  suffit 
k  maintenir  leur  activity  physique;  sa  chaleur  se  trans- 
forme  en  courants  d*air  ou  d  eau,  en  puissance  expansive 
des  gaz  et  des  vapeurs,  en  Electricity,  en  bois,  en  fleurs,  en 
fruitSy  en  force  musculaire;  aussi  longtemps  qu'il  pourra 
nous  fournir  une  chaleur  suffisante,  la  dur^e  du  monde  et 
de  la  vie  semble  assur^e.  Mais  cette  chaleur  qu*il  nous 


(  824  ) , 

fournil  doit  pouvoir  lui^tre  restitute  par  du  travail ,  car 
tous  les  corps  re^ivent  de  lui  uue  chaleur  beaucoup  plus 
coQsid^rable  que  celle  quails  lui  renvoient  par  rayonne- 
ment. 

Oil  trouver'ce  travail?  Si  on  le  cherchait  dans  une  con- 
densation du  soleil ,  condensation  qui  produirait  une  cha- 
leur ^norme\  ou  dans  une  diminution  de  sa  vitesse  de 
rotation  due  ^  des  nfan^es  dont  le  frottement  se  convertit 
en  cbaleur,  on  tehapperait  ^  la  mort  pour  quelques  mil- 
liers  de  siecles;  mais  qu*est-ce  que  celte  durte  vis-ji-vis  de 
r^temit^? 

Si  Ton  cherche  avec  Mayer  ce  travail  dans  la  chute  des 
com^tes  et  des  a6rolithes  sur  le  soleil,  sans  doute  on  trou- 
vera  encore  1^  une  source  notable  de  chaleur,  puisque  la 
chute  d*une  masse  sur  le  soleil  produirait,  selon  qu'elle  se 
roeut  plus  ou  moins  directement  vers  lui,  une  quantity  de 
chaleur  comprise  entre  celles  que  fournirait  la  combustion 
d*une  masse  de  houillede  4,000  k  9,000  fois  plus  grande; 
^t  cette  chute  de  corps  nteessaire  k  Tentretien  de  la  cha- 
leur solaire  produirait  une  augmentation  de  volume  im- 
perceptible apres  4,000  ans.  Mais  encore  n'est-ce  Ik  qu'un 
palliatif,  et  en  outre,  on  voit  clairement  que  la  masse  du 
soleil  allant  en  augmentant,  il  finira  par  attircr  k  lui  les 
plan^tes,  k  commencer  par  les  plus  rapprochees,  de  sorte 
que  notre  syst^me  solaire  se  r^duirait  en  chaleur. 

Cette  alimentation  du  soleil  par  la  chute  des  mondes 
n^est  qu'une  hypolh^e  trte-probable  k  la  v^rit^;  et  fAt-elle 
exacte,  il  n'y  a  pas  1^  de  quoi  effrayer  ceus  qui  croicnt  k 
r^ternit^  de  Tunivers;  car  la  chaleur  ainsi  produite,  affir- 
meront-ils,  pourra  de  nouveau  se  convertir  en  travail  et 
former  de  cette  mani^re  un  autre  univers.  Au  reste,  il  n'est 
nullement  nteessaire  que  le  soleil  nous  prodigue  (oujours  la 


(  825  ) 

mdme  chaleur  qa'aujourd'bui;  quand  elle  aura  d^cru,  nous 
dironl-ils,  les  vies  qui  se  manifeslent  aujourd*hui  sur  la 
terre  feroht  place  k  d'autres  vies  qui  auront  moins  besoin 
de  chajeur,  comroe  les  plantes  et  les  animaux  giganlesques 
de  la  p^riode  aot^diluvienne  out  fait  place  k  ceux  de 
r^poqueacluelle.Toutes  ces  consequences  n'onl  rien  d'in- 
compatible  avec  la  loi  de  la  conservation  de  i'energie ,  la 
science  est  obligee  de  le  reconnaltre  et  elle  le  fail  Tranche- 
ment.  Je  n'atlends  pas  moins  desinc^rit^  des  partisans  de 
la  doctrine  de  r^ternit^  de  Tunivers  dans  Texamen  des 
consequences  de  la  seconde  loi  fondamentale  qui  n*cst, 
comme  celle  de  la  conservation  de  T^nergie,  qu^une  g^ne* 
ralisation  des  faits  observes  dans  la  nature. 

Nous  avons  vu  que  la  seconde  loi  conduisait  k  ce  double 
resultat,  d'une  part,  qu'il  ya  plus  de  transformations  de 
travail  en  chaleur  que  de  transformations  en  sens  inverse, 
de  sorte  que  la  quantity  de  chaleur  augmente  constam- 
ment  aux  d^pens  de  la  quantity  de  travail;  d*autre  part, 
que  la  chaleur  tend  k  s^^quilibrer,  i  se  r^partir  d*une  ma- 
ni^re  de  plus  en  plus  uniforme  dans  Tespace,  et  la  disgr^- 
gation  des  corps  ^s'accrottre;  il  s*ensuit  que  Tunivers  se 
rapproche  fatalement  de  jour  en  jour,  en  vertu  des  lois 
naturelles,  d*un  etat  d*equilibre  final  de  temperature  dans 
lequel  les  distances  entre  les  molecules  des  corps  seront 
arriveesi  leur  extreme  Itmite,  et  qui  rendra  toute.  trans- 
formation nouvelle  impossible;  alors,  suivant  une  expres- 
sion memorable  reproduite  par  Tyndall  f),  c  les  elements 
seront  dissous  par  le  feu.  »  Tel  est  done  le  terme  fatal  du 
monde ;  sorti  du  chaos,  il  renlrera  dans  le  chaos,  avec  cette 

(*)  La  chaleur  considiree  comme  un  mode  de  mouvement,  trad,  de 
Tabbe  MoigoOp  p.  435.  Paris,  E.  Giraud.  ^ 

2"*  S^RIE ,  TOME  XXXVI.  54 


(  826  ) 

difference  toutefois  qu^il  ne  sera  plus  anim^  de  ce  roouve* 
inent  de  rotation  qu'avail  le  chaos  originaire,  et  qui  iui  a 
permis  de  se  s^parer  en  diff^rents  groupes  d*attraction ;  ce 
mouvemenl  de  rotation  aura  lui-m^me  ^t^  convert!  tout 
entier  en  chaleur. 

Voici  une  consideration  au  reste  qui  vous  fera  pour  ainsi 
dire  sauter  aux  yeuic  cette  conversion  finale  de  toutes  les 
forces  naturelles  en  chaleur  :  Je  vous  ai  dit  que  le  travail 
renferme  originairement  dans  la  matiftre  n^buleuse  de 
notre  systftme  solaire  ^lait  454  fois  plus  grand  que  le  tra- 
vail des  forces  qu*il  renferrae  encore  actuellement,  ou  que 
celui-ci  n'est  plus  que  la  454*  partie  du  travail  primitif.Que 
sont  done  devenues  les  453  autres  parties  de  ce  travail? 
Elles  sont  reduites  en  chaleur;  et  la  partie  restanle  suit  la 
m&tne  tendance.  Le  monde  finira  done,  sans  qu^il  Iui  soit 
possible  de  se  recoustituer  au  moyeu  des  forces  naturelles 
existantes;  et  la  science,  la  science  positive  surtout,  n'a 
pas  le  droit  de  supposer  que  ces  forces  puissent  avoir  ma- 
nifeste  auparavant  ou  qu'elles  puissent  un  jour  mani- 
fester  des  lois  differentes  de  celles  qui  ont  ^t^  i*econnues 
par  Texperience. 

II  y  a  plus  encore;  non-^ulement  le  monde  finira,  mais 
il  a  commence.  Et  en  effet,  s*il  existait  depuis  toute  eter- 
nity, il  y  a  une  eternite  d&jk  qu*ii  aurait  dA  finir,  puisque 
la  tendance  k  Taneantissement  de  tout  travail  et  k  requi- 
libre  final  de  temperature  agissant  depuis  toute  eternite 
aurait  dA  se  realiser  enlierement  depuis  une  eternite  dej^. 
On  est  done  en  droit  d'affirmer  scientifiquementque  Tuni- 
vers,  constitue  avec  les  lois  physiques  que  nous  Iui  connais* 
sons,  et  il  est  interdit  k  la  science  positive  d*en  supposer 
d'autres,  n^existe  que  depuis  un  temps  limite,  quelque 
long  du  reste  qu*il  puisse  etre.  Et  quelle  cause  a  ainsi  con- 


(  827  ) 

slitu^  dans  le  temps?  line  cause  inh^rente  k  lui-mdme? 
BMiis  ce  serait  absurde,  car  celte  cause  aurait  dA  agir  aussi 
bieu  de  &otile  ^lernil^.  Cette  cause  ne  peul-£lre  que  le  fait 
d'une  voloDl^  iibre,  et  la  creation  se  trouve  ainsi  d^mon- 
tr^e  pbysiquement,  j'allais  dire  math^matiquement. 

Et  qu*est-ce  qui  nous  emp^che  d'admetlre,  et  mSme  d'es- 
piirerque  cette  cause,  qui  a  constitu6  Tunivers  dans  le 
temps  avec  les  forces  qui  Taniment,  pourra  agir^  la  fin 
des  temps  sur  le  morne  chaos  auquel  il  se  trouvera  r^duit, 
pour  lui  imprimer  une  activity  nouvelle  et  reconstituer  un 
autre  univers?  Alors  seraient  r^alis^es  ces  paroles  fatidi- 
ques  ^crites  depuis  prte  de  ireute  si6cles :  c  Au  commen- 
cement tu  as  fond6  la  terre,  et  les  cieux  sont  les  oeuvres 
de  tes  mains;  ils  p^riront,  mais  toi  tu  subsistes  ^ternelle- 
ment;  et  ils  vieilliront  tons  comme  un  vdtement,  et  tu  les 
changeras  comme  un  manteau,  et  ils  seront  transform^s.  » 

L'assembl^e  a  fait  entendre  de  vifs  applaudissements 
apr^s  cette  lecture. 

La  stance  a  6t6  termin^e  par  la  proclamation  suivante 
des  rdsultats  des  concours  et  des  Elections,  faite  par 
M.  Ad.  Quetelet,  secretaire  perp^tuel. 

JUGEMENT  DU  CONCOURS  DE  LA  GLASSE  DES  SCIENCES 

POUR  1873. 

Quatre  m^moires  avaient  ^le  re^us  en  r^ponse  k  quatre 
questions  du  programme : 

Le  premier,  portant  pour  divise:  Ingressum  instruas, 
progressum  dirigas,  egressum  compleas!  (saint  Thomas)  , 


(  828  ) 

avail  £t6  eovoy^  pour  la  premi^ire  question  demandant 
de  resumer  el  de  simplifier  la  theorie  de  I'integration  des 
equations  aux  derivees  partielles  des  detix  premiers  ordres. 

Conform^ment  aux  concIusions.de  ses  rapporteurs ,  la 
classe  a  vot^  sa  medaille  d'or  de  mille  francs  k  Tauteur  de 
ce  m^moire;  Touverlure  du  billet  cachet^  a  fait  connatlre 
qu*il  est  dA  k  M.  Paul  Mansion,  professeur  k  TUniversil^ 
de  Gand. 

M.  Mansion  est  venu,  aux  applaudissemenls  de  Tassem- 
bl^e,  recevoir  la  recompense  qu*il  avait  remport^e. 

— La  classe  avait  demand^,  comme  sujet  de  la  troisi^me 
QUESTION,  un  Expose  des  connaissances  acquises  sur  les 
relations  de  la  chaleur  avec  le  developpement  des  vegetaux 
phanerogames ,  particulierement  au  point  de  vue  des 
phenomenes  periodiques  de  la  vegetation.  —  Le  m^moire 
envoys  en  r^ponse  k  cette  question  porte  pour  ^pigraphe : 
Le  fait  materiel  qui  parait  le  plus  desordonne  est  regi  par 
des  lois. 

Les  rapporteurs,  tout  en  reconnaissant  du  m^rite  et  un 
certain  int^r^t  k  ce  memoire,  ont  ^t^  d*accord  pour  diiclarer 
qu*il  ne  r^pond  pas  suflisamment  k  la  question  posee.  La 
classe,  se  ralliant  k  ces  conclusions,  a,  en  consequence, 
decide  qu*il  n*y  avait  pas  lieu  de  d^cerner  le  prix. 

—  Le  memoire  ayant  pour  but  de  r^pondre  k  la  qua- 
TRit:ME  QUESTION,  relative  au  Mode  de  reproduction  des 
anguilles,  a  pour  devise :  Les  merveilles  de  la  nature  reve- 
lent  la  puissance  du  Crealeur. 

La  classe  a  decide,  sur  la  demande  de  ses  rapporteurs, 


(  829  ) 

(I'^rter  ce  m^moire  comme  n^^lant  pas  digne  de  fixer 
son  atlei^tion. 

—  La  sw£:me  question,  demandant  la  Description  du 
syslenie  houiller  du  bassin  de  Liege^  a  donn£  lieu  k  un  m^- 
moire  portant  pour  devise :  Les  observations  directes  accu- 
mulees  a  suffisance  permettent,  seules,  d'appliquer  la 
melhode  de  generalisation  que  I'on  doit  toujours  avoir 
comme  objectifen  matiere  de  geogenie. 

La  classe,  tenant  compte  des  lacunes  et  des  imperfec- 
tions signal^es  dans  ce  m^moire  par  les  rapporteurs,  aussi 
bien  que  du  m^rite  des  cartes  qui  Taccompagnent,  decide 
qu'elle  maintiendra  la  question  au  concours,  dans  Fespoir 
que  Tauteur  pourra,  I'ann^e  prochaine,  m^ritec  la  m^daille 
d'or. 


Elections. 

La  classe  avait  &  proc^der  au  remplacement  d'un  membre 
titulaire  de  la  section  des  sciences  naturelles,  M.  C.  Wes- 
niael,  et  de  trois  associ^s  de  la  section  des  sciences  mathi' 
matiques  et  physiques ^  MM.  Maury,  Hansteen  et  Liebig, 
tons  les  trois  d^c^d^s  depuis  une  ann^e. 

Dans  sa  stance  du  15  decembre,  elle  a  porte  ses  suf- 
frages, pour  la  place  de  membre  titulaire,  sur  M.  Con- 
STANTiN  Malaise,  Tun  de  ses  correspondants^ 

Cette  election  sera  soumise  ^  Tapprobation  de  Sa  Ma- 
jeste  le  Roi,  Protecteur  de  TAcademie. 

Ont^t^  ^lus  associ^s:  MM.de  CoLNETD'HuART,directeur 
de  Tath^n^e  royal  grand-ducal  de  Luxembourg;  Helm- 


(  830  ) 

HOLTZ,  professeur  k  TUniversite  de  Berlin;  et  Henri 
Sainte-Claire  Deyille,  de  rAcaddmie  des  sciences  de 
Paris. 

M.  F.-L.  Cornet 9  ing^nieiir  da  Levant  du  Plena,  i 
Guesroes  (Mons),  a  ^t^  ^lu  correspondant  de  la  section  de* 
sciences  naturelles. 


jugement  du  concodrs  musical  de  la  glasse 

DES  beaux-arts. 

La  classe  des  beaux-arts  n^avait  pa  proc^der,  lors  de  ses 
stances  du  mois  de  septembre  dernier,  au  jugement  du 
concours  qu*elle  avait  ouvert  pour  la  composition  d*un 
quatuor  a  instruments  a  cordes. 

Depuis,  siir  les  conclusions  de  ses  rapporteurs,  elle  a 
d^cern^  le  prix  de  la  valeur  de  mille  francs  k  M.  Samuel 
De'Lange,  artiste  compositeur y  k  Rotterdam,  auteurdu 
quatuor  couronn^  portant  pour  devise  :  The  ideal  lives 
only  with  art  and  beauty. 


OUVRAGES  PRESENTfiS. 


Faider{Ch.),  —  La  publicite,  discours.  Bnixelles,  t873; 
in-8». 

Juste  (Th.).  —  La  revolution  beige  de  1830.  Lettre  a 
M.  Ch.  V.  De  Bavay.  Bruxelles,  1873;  in-8^ 

Firket  [Ch.).  —  La  chaleur  et  la  vi^dtation.  Gand,  1873; 
in-8^ 

Kabsch  (C.).  —  La  chalcur  ct  la  v^g^tation ,  chapitrc  dc- 


(  83<  ) 

Uich6  du  Pflanzenleben  der  Erde ,  traduclion  analytique  par 
Ch.  Firket.  Gand  ,1873;  in-8^ 

Laurent  {Auguste),  —  Biire  de  Tavenir.  Meinoire  en  fa- 
yeur  d*une  revision  des  lois  fiscales.  Bruxellcs,  i873;  broch. 
in.8*. 

Terby  (F.).  —  Configuration  des  taches  de  la  plandte  Mars 
i  la  fin  du  dix-huitiime  siecle  d*apres  les  dessins  inddits  de 
J.-H.  Schroeter.  Bruxelles,  i873;in-8^ 

Ministh'e  des  affaires  etrangh'es.  —  Recueil  des  rapports 
des  secretaires  de  legation,  tome  11,  S2"*  livraison.  Bruxelles, 
«72;in-8«. 

Ministkre  des  travaux  publics.  Chemins  de  fer  de  VEialy 
pastes  et  titegraphes.  —Compie  rendu  des  operations  pendant 
Fannde  1872.  Bruxelles;  un  vol.  in-4^  * 

L'jicbo  midical,  4»«  annde,  n"*'  tO  h  12.  Bruxelles,  1873; 
3  cab.  in-S"*. 

rieho  vitirinaire,  III"*  annee,  n*"'  8  et9.  Liege,  1873; 

2  cab.  in-8^ 

Revue  de  l*instruction  publique,  XXI""*  annee,  5"*  livr. 
Gand,  1873;]n-8^ 

Revue  de  Belgique,  5°"  annee,  10""  a  12"Mivr.  Bruxelles, 
1873;3cab.  in-8*. 

Le  Scalpel,  XX VI-*  ann<Se,  n""*  14  a  26.  Liege,  1873; 
13  feuilles  in-4\ 

VAbeille,  XIX"*  ann^e,  10-*  ft  12"*  livr.  Bruxelles,  1871 ; 

3  cab.  in-8*. 

Journal  des  Beaux-Arts.  —  Quinzieme  annee,  n°'  19  a  2i. 
Saint-Nicolas,  1873;  6  feuilles  in-4^ 

Chronique  de  I'industrie,  vol.  11,  n""  87  &  100.  Bruxelles, 
1873;  14  feuilles  in-4^ 

Bulletin  du  musee  de  Vindustrie  de  Belgique,  32"^  annee , 
octobre  &  d^cembre  1873.  Bruxelles;  3  cab.  in-8*. 

Soeiete  medico-chirurgicale  de  Liige.  —  Annales,  12"*  an- 
ndc,  octobre  ft  decembrc.  Liege,  1873;  in-8*. 


(  832  ) 

Fidiraiion  des  socieles  d'horticuliure  de  Betgique.  — 
Bulletin,  1872.  Lidgc;  in-8*. 

SocUU  de  midecine  d'Anvers.  —  Annates,  XXXIV"*  annce, 
•livr.  d'oclobre ,  novembre  et  d^cembre.  Anvers ,  1 873 ;  in-8®. 

Acadhnie  d'arcMologiede  Betgique^  d  Anvers.  —  Annales, 
tome  XXIX,  Anvers,  1873;  in-8*. 

SoeiM  de  pharmacie  d'Anvers,  — Journal,  XXIV"«  ann^c, 
livT.  d  octobre,  novembre  et  decembre.  Anvers,  1873 ;  2  cab. 

in.8-. 

Willeins-Fonds  te  GenL  —  Jaarboek  voor  1874«  Gand, 
1873;  un  vol.  in-12. 

Historiseh  genoolschap  te  Utrecht.  —  Wcrken,  nieuwc 
serie,  n~  18, 19;  —  Kroniek,  XXVIII*' Jahrg.  1872.  Utrecht, 
1873;3vol.in-8\ 

Lenormant  [Francois).  —  Essai  sur  la  propagation  de  Tal- 
phabet  ph^nicien  dans  I'ancien  monde,  tome  If,'!"  livr. 
Paris ,  1 873 ;  un  vol.  gr.  in-8*. 

Aeademie  des  sciences  de  Paris.  —  Gomptes  rendus  des 
seances,  tome  LXXVII,  n*"'  13  £i  26.  Paris,  1873;  13  cab. 
in.4». 

Revue  hrilannique,  octobre  k  decembre  1873.  Paris; 
3  cab.  in-8®. 

Revue  hebdomadaire  de  chimie,  4"*  ann^e-,  n?  39  a  S2. 
Paris,  1875;  13  cab.  in-8*. 

Archives  de  midecine  navale ^  1873,  octobre  )i  decembre, 
n*'  4  i  6.  Paris,  1873;  3  cab.  in-8^ 

Journal  de  ('agriculture,  1873,  tome  IV,  n"  234  h  246. 
Paris ;  1 3  cab.  in-8'*. 

f    Le  Progrh  midical,  I'*  annee,  n"  25  k  29.  Paris,  1873; 
5  feuiilcs  in-4*'. 

Revue  scienlifique ,  2"*  s<5rie ,  3"'*  annee,  n"  14  k  28.  Paris , 
1873;  13cah.in-4«. 

Revue  politique  et  litteraire,  2"*  serie,  3"*  annde,  n*'  14  a 
28.  Paris,  1 873 ;  13  cab.  in-4^ 


(«35  ) 

,     Bulleiin  sckntifique ,  etc. ,  du  (Upartemenl  du  NorA  — 
Cinquieme  artn^e,  n**  9  et  10.  Lille,  i875;  in-8*. 

Societe  d^ agriculture  de  Valenciennes,  —  Rcivuc  agricole, 
,2»'"«.'ailn^,  tome  XXVII,  n*«  9  a  12.  Valeneiennes ,  1873; 
iu-8*. 

*    Sociite  de  gtographie  de  Parts.  ^-  Bulletin,  ndvembrc, 
1873;  Pan's;  cah.  in-8*.  .     .       .       •  .  / 

•  Sociele  mathimdtique  de  France,  d  Paris,  —  BulUtin, 
tome  V'l  n**  5.  Paris,  4873  ;in-8*. 

Sociite  geologique  de  France^  d  Parts.  —  Bulletin,  o"'  siric, 
tome  I",  1873,  n»  4.  Paris;  in-8". 

Deutsche  chemische  Gesellschaft  zu  Berlin,  —  Berichtc, 
VI""  Jahrg.,  n**'  18, 19.  Berlin.  1873;  2  cah.  in-8^ 

K,  preuss.  Akademie  der  Wissenschaften  zu  Berlin.  — 
Monatsbericht,  September  ct  October  1873.  Berlin,  1873; 
in-80. 

Senckenbergisch'Nalurforschende  Gesellschaft  zu  Frank- 
furt A IM.  -^  Berichl,  1872-1873.  FrancfortS/M.,  1873;  in-8«. 

Justus  Perthes'  geographische  Anstalt  zu  Gotha,  —  Mit- 
theilungen  ,  19.  Bd.,  1873,  XII.  Golha;  cah.  in4^ 

Astronomische  Gesellschaft  zu  Leipzig.  —  Vierteljahrs- 
scbrift,  Vlll.  Jahrg.,  3.  und  4.  Heft.  Leipzig ,  1873;  in-8^ 

Berliner  Gesellschaft  fur  Anthropologic  ^  Ethnologic  und 
Urgeschichte.  —  Sitzung  vom  10  mai  1873.  Berlin;  in-8*. 

Revista  de  Portugal e  Brazil,  —  N**  4,  3,  decembre  1873; 
Lisboa;  2  cah.  in-V. 

Revista  scientifico-industriale  di  FirenzCy  anno  V,  ottobre 
el  novembre.  Florence,  1873;  in-8'. 

Davidson  (Thomas),  —  The  silurian  Brachiopoda  of  the 
Pentland  hills.  Glasgow,  1873;  in-4^ 

Nature,  n»«  204 to  216,  vol.  8.  Londrcs,  1 873;  1 3  cah.  in-8«. 

The  Academy,  n""  81  ^86,  tome  LXXXVL  Loudres,  1873; 
6  cah. in-4^ 


(  854  ) 

Geological  Society  of  London.  —  Journal,  vol.  XXfX, 
part  4  (n*  116).  Londres,  1873;  in-8«;  —  LisU,  dot.  V\  187S. 
Londres;  in-8^ 

Chemical  Sodely  of  London.  —  Journal,  ser.  S,  vol.  XI, 
aug.-oct.  1875.  Londres;  in-8^ 

Royal  geographical  Society  of  London.  —  Proceedings, 
vol. XVII,  n*-  HI,  IV,  V.  Londres,  1875;  3  cab.  in-8^ 

American  Journal  of  Science  and  Arts,  Third  series, 
vol.  VI ,  n*'  55  et  56.  New-Haven,  1875;  2  cah.  in-8*. 


Fill   DU  TOHB  XXXVI   DB   LA  3"'  S^RIE. 


BULLETINS  DE  l'aCAD^.MIE  ROTALE  DE  BELGiQUE. 


TABLES  ALPH4B£TIQUES 

DU  TOME  TRENTE-SIXifiME  DE  LA  DEUXifiME  S^RIE. 


1873. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


A, 

Abrassart  {Julet).—  Laareal  du  ooneours des  Canutes  fnin^ises de  1875, 

104,243,285. 
Acad^miedes  beaux-atHs  de  Sainl-P^tersbourg.  —  Consulte  PAcadtoie 

sar  la  cr^lion  d*ane  classe  d'^lives  m^aillenrs,  455;  rapport  de 

MM.  J.  Geefs,  J.  Lecleroq  et  Robert  k  oe sojet,  343. 
Alherdingk  Thym  {J,^A.).  —  Hommage  d'ouYrage ,  376. 
Alvin  (£.)•  -~  Rapporl  sar  les  projets  d*architectare  enToyes  en  r^ponse 

au  ooncours  d*art  appliqa^  de  la  classe  des  beaux-  arts,  273;  discoars 

proRODce  en  s^nce  pnbliqoe  de  la  classe  des  beaux-arts ,  277 ;  la  classe 

des  beaux-arts  lui  adresse  ses  remerctments  pour  la  mani^re  dont  II  a 
«    ger6  les  intMts  de  la  Gaisse  des  artistes  pendant  Tannic  1872 ,  438. 
Andrada  Mendo^  (A.'C.  cT ).  —  Presente  un  oiimoire  sur  le  calcul  de  la 

Vitesse  inltialc  d*un  projectile,  5;  rapport  de  M.  De  Tilly  sur  ce  m^ 

moire,  140. 


BaUi^t  {Alph.)  —  Rapport  sur  le  ntemoire  de  conoours  conoemant  Tipoque 
k  laquelle  Tarchitecture  a  subi,  dans  les  Pays-Bas,  rinlluence  italienne, 
254;  rapport  sur  les  projets  d'arcbilecture  euToy^  en  riponse  au 
ooncours  d*art  appliqui  de  la  classe  des  beaux-arts,  272. 


836        ■  tABLE   OES   AUTEURS. 

Bellynck  {Aug.).  —  Prdsenle  ses  observations  de  la  feuillaison  el  Ue  la 

floraisoo,  failesk  Naraur  en  1875,  398, 602. 
Bensoni  {le  chev.  J.'M,).  —  Annonce  de  sa  morl,  103. 
Blomme  {H.).  —  Laoreat  du  ooncours  de  la  classe  des  beaux-arts ,  273 , 

283;  remercie  pour  la  distinction  dont  il  a  ^te  Tobjet,  433 ;  inscription 

pour  sa  medaiUe  de  conoours,  388;  demande  k4tre  remis  en  possession 

de  son  projet  d*arcbitecture ,  ibid. ;  promet  une  reproduction  photogra- 

pbique  de  ce  projet ,  640. 
Borchgrave  {fimile  de).  —  Le  logement  de  madame  de  Lorraine  i  Gand 

(1646),  571. 
Bormans  {J.-ff.),  —  Karel  en  Elegast.  Deux  fragments  manuscrits  dn 

XI Vn«  Steele,  conserve  h  la  Biblioth^ue  de  la  ville  de  Namur ,  220. 
Brian  {Alph.).  —  Hommage  d*ouvrage ,  298;  rapport  sur  le  m^moire  de 

concours  concernant  la  description  du  systeme  bpuiller  du  bassin  de 

Li6ge,72t. 
Brixhe  {L).  —  Pr^nte  un  travail  sur  la  nomenclature  des  notes  de  mu- 

sique,  244;  rapport  verbal  de  M.  Gevaert  sur  ce  travail,  433. 
Burbure  {!e  chev,  LSon  de).  —  Gommissaire  pour  juger  les  partitions  du 

concours  musical  de  la  classe  des  beaux-arts  ,107;  rapport  surce  oon- 
cours, 589. 
Bus  (levicomte  B.  du),  —  Donne  lecture  de  son  rapport  sur  le  mdmoire 

de  M.  £)d.  Van  Beneden  concernant  un  dauphin  nouveau  de  la  baie  de 

Rio  de  Janeiro,  299. 

C. 

Catalan  {Eug.),  —  Rapport  sur  le  memoire  de  M.  Gill)ert  concernant  le 
d^veloppement  de  la  fonction  r,  4 ;  commissaire  pour  la  note  de  M.  Man- 
sion sur  les  transformations  arguesiennes  de  M.  Saltel ,  299;  rapport  sur 
~  cette  note,  605;  adhere  aux  rapports  de  MM.  De  Tilly  et  Polie  sur  le 
memoire  de  concours  concernant  I'lutegration  des  Equations  aux  deri- 
'     v^s  partielles  des  deux  premiers  ordres ,  657. ' 

Cavalier  (/.).  —  Communique  les  r^sum^s  m^ttorologiques  de  mai  a 
novembre  1873 ,  pour  Ostende ,  3 ,  11 4 ,  298, 450, 602. 

ColnetdBuart(de)  •—  tXu  associe  de  la  classe  des  sciences,  829. 

Comet  (F.'L),  —  £lu  correspondant  de  la  classe  des  sciences,  830. 

Cripin  (Fr.).  —  Note  sur  un  Caulinites  recemment  decouvert  dans  Tassise 
laekenienne,  170. 


TABLE    DES   AUTEORS.  837 


Desrumeaux  {Remt).  —  Communique  ses  observations  mel6orologiques 
faites  k  Tournai  pendant  le  1«'  semestre  de  1873, 114. 

Dew>8  (Isid.).  —  Laur^at  (mention  honorable)  du  grand  concours  de  oom- 
posiUon  musicale  de  1873,  243, 385. 

Dewalque  (G.).  —  Communique  ses  observations  de  la  floraison  el  de  la 
feuillaisou,  faites  k  Li^e  le  31  mars  1873, 3 ;  rapport  sur  le  m^moire  de 
concours  concernant  les  relations  de  la  chaleur  avec  le  developpement 
des  v^^taux  phanero^mes,  668;  rapport  sur  le  Bi6moire  de  concours 
concernant  la  description  du  systime  bouiller  du  bassin  de  Li^ge,  696. 

Donny  (Fr.).  —  Commissaire  pour  la  notice  de  H.  Helsens  sur  Van  Hel- 
mont,  113;  commissaire  pour  la  notede  M.  Henry  sur  les  derives  dyaW 
lyliques,  603;  commissaire  pour  la  note  de  M.  W.  Spring  concernant 
Tacide  hyposulfureux  et  Tacide  tritbionique,  ibid. 

Dubois  {Alph.).  —  Observations  touchant  la  faune  de  la  Belgtque,  344. 

Duprez  (Fr.).  —  Pr^seute  la  liste  des  orages  observes  k  Gaud  du  15  oc- 
tobre  1872  au  10  octobre  1873,  298 ;  commissaire  pour  le  mdmoire  de 
H.Perrey  sur  les  tremblements  de  terre  ressentisen  1870, 299;  rapport 
sur  ce  memoire ,  603. 

F. 

FStis  (id.).  — Expose  de  radministration  de  la  Caisse  des  artistes  pendant 
Tannee  1872, 436;  la  classe  des  beaux-arts  lui  adresse  ses  remerciments 
pour  la  mani^re  dont  il  a  gere  les  int^rSts  de  la  Caisse,  438.    . 

FoUe  (F).  —  Note  sur  quelques  tbeor^mes  de  geometric  superieure,  620 ; 
rapport  sur  le  memoire  de  concours  concernant  rint^gralton  des  equa- 
tions aux  d^rivdes  partielles  des  deux  premiers  ord res,  653;  du  com- 
mencement et  de  la  fin  du  monde  d^apr^  la  thtorie  m^nlque  de  la 
chaleur,  797. 

G. 

Gachard  (P.)  —  Hommage  d'ouvrage,  571. 

Geefs  (/.)•  ~  Commissaire  pour  Texamen  de  la  lettre  de  I'Acad^mie  des 
beaux-arts  de  S^-P^tersbourg  relative  k  la  cr^Uou,  par  ce  corps  artis- 
tique,  d*une  classe  d'^ldves  m^ailleurs,  243;  rapport  sur  cette  lettre,  433. 

Genocchi  {A.).  —  Adresse  une  lettre  sur  diverses  questions  math^matiques, 
3;  rapport  de  M.  De  Tilly  sur  cette  lettre,  124;  impression,  181 ;  pre- 


« 
^ 


858  TABLE  DES  AUTBOftS. 

seote  aiie  note  sur  qaelqaes  d^veloppements  de  It  fonction  log.  r  (x), 
1 16;  rapport  d«  N.  De  Tilly  sur  celte  note,  454 ;  impression,  546. 

Gevaert  {A.),  —  Commissaire  pour  Juger  les  partitions  du  Gonoours  mu- 
sical de  la  classe  des  beaux-arts,  i07;  rapport  sur  ce  concours,  589; 
oonunissaire  pour  un  traYail  de  H.  Brixbe  sur  la  nomenclature  des  notes 
de  musique,  Si4 ;  rapport  verbal  sur  ce  travail,  433. 

Gilbert  {Ph.).  —  Rapports  de  MH  GaUlan,  Liagre  et  De  Tilljr  sur  son 
m^moire  concernant  le  d^veloppement  de  ta  fonction  r,  4, 12;  commis- 
saire  pour  la  note  de  M.  Genocchi  sur  quelques  d^veloppements  de  la 
fonction  log.  r  (x),  1 16 ;  commissaire  pour  la  note  de  H.  Manaion  sur  les 
transformations  arguesiennes  de  M.  Saltel,  390;  observations  sur  deux 
notes  de  M.  Genocchi  relatives  an  d^veloppement  de  la  fonction  log.  V 
(ib),541. 

Gloesen$r  (Jf.).  —  Rapport  sur  la  note  de  N.  Van  Rysselbergbe  concernant 
un  m^tterographe  «niversel » 117 ;  notii  sur  le  m^ltorograpbe  enregls- 
treur  de  H.  Van  Rysselliergbe,  469. 

Ctuge  {Th.).  ~  Commissaire  pour  le  m^molre  de  M.  Nuel  sur  Tinnervation 
du  coeur  par  le  nerf  vague,  116;  rapport  sur  ce  m^moire,  301 ;  commis- 
saire pour  la  note  de  M.  Noel  sur  les  ph^nom^nes  61ectriques  du  coeur, 
116;  adh^  au  rapport  de  M.  Schwann  sur  cette  note,  304;  rapport 
verbal  sur  une  note  de  H.  £d.  Robin  relative  k  des  travaux  de  r^forme 
dans  les  sciences  m^icales  et  naturelles ,  454 ;  I'enseignement  de  la  bio- 
logte  dans  les  ^coles :  disoours,  761 . 

Grandgagnage  (F.).  —  Donne  lecture  de  la  premito  partie  de  son  travail 
concernant  Aduatuca,  638. 

GmUiaume  (/.).  —  La  mort  du  Tasse:  traduction  de  la  cantate  couronn^ 
de  M.  Van  Droogenbroeck,  387. 


BansUen  (Ch.).  —  Annonce  de  sa  mort,  2. 

Been  {Pierre  De).  —  Pr^iile  un  m^moire  sur  les  nebuleuses,  451 ;  rap- 
ports de  HM.  Liagre,  Em.  Quetelet  et  Mailljr  sur  ce  m^moire,C06,  608. 

Belmholtz  (B.).  —  £lu  associ^  de  la  classe  des  sciences,  829. 

Benry{L.).  —  Recherches  sur  les  d^riv^  glyc^riques,41;  lecture  du 
rapport  de  H.  Stas  sur  ce  travail;  19;  pr^nte  une  note  sur  les  d^riv^ 
dyallyliques,  602. 

Birn  {G.*A).  —  Hommage  d*ouvrage,  2. 

Boninck.  —  Hommage  d*ouvrage,  635. 

BouMeau  (/.).  —  Hommage  d'ouvrage,  298;  note  sur  la  tendance  qu'alTec- 
teut  les  grands  axe&  des  orbilifs  com^laires  k  ae  diriger  dans  un  sens 
donn6,315. 


TABLE   DES   AfJtEUES.  839 


inslitut  imperial  des  mines  de  S'^P^tersbourg,  —  Aouonce  la  cel^bn- 
Uoo  desoa  centi^me  anoiversaire  de  foDdalkNi,  298. 


Juste  (7A.).  ~  Honunages  d^ouvrages,  206, 576, 635. 


Kervyn  de  Letlenhove  {le  baron),  -—  Hommage  d*ouvrage,  64;  unelettre 
des  jugesde  Frise  an  roi  de  France  Philippe  le  Hardi,  101. 

Keyser  (iV.  De),  —  Nomina  pr^idenl  de  rAcad^mle  pour  1674, 644. 

Kaninck  {L  de).  —  flommage  d^ouvrage,  115;  oommissaire  pour  la  no- 
tice ^e  H.  Ilelseossur  Van  HelmoDt,t6ici.;  rapporl  rerbal  sur  la  notede 
M.  W.  Spring  concemant  Tacide  bjrposulfureuz,  142;commissalrepour 
diff^rentes  notes  de  M .  De  Wilde  concemant  la  chimie,  431 ;  commissalre 
pour  la  note  de  H.  Henry  sur  les  d^riv^  dyallyliques,  603. 

L. 

Lancaster  (Alb.),  ^  Note  sur  le  tremblement  de  terre  ressenti  le  22 
octobre  1673,  dans  la  Pmsse  rh^nane  et  en  Belgique,  469. 

Landseer  (£(fto.).— Annonce  de  sa  mort,  482. 

Lange  {S.  De).  —  Lanr^t  du  ooncours  musical  de  la  classe  des  beaux* 
arts,  569, 630;  remeretments,  640. 

La  Rivs  {Aug.  de).  —  Annonce  de  sa  mort,  602. 

Laveleye(B.de).  ^  Presentation  d'outrages,  635. 

Leclercq  (/.).  —  Gonunissaire  pour  Texamen  de  la  lettre  de  TAcadtole  des 
beaux-arts  de  S'-P^tersbourg  relative  ^  la  cr^tion,  par  ce  corps  artis- 
llque,  d*une  classe  d^^l^ves  mMallleurs,  243;  rapport  sur  cette  lettre, 
433;  rapport  sur  les  projels  d'architecture  enyoy^  en  r^ponse  au  con« 
cours  d*art  appliqu^  de  la  classe  des  beaux-arts,  272. 

Leemans  {€.),  —  Hommage  d*onvrage,  207. 

Le  Roy  [Alpk.).  ~  Hommage  d'ouvrage,  64;  nomme  membre  de  la  com* 
mission  de  la  Biographie  nationale,  ibid. 

Uagre  (/.).  ^  Gommissaire  pour  la  note  de  H.  Terbj  sur  la  conflguration 
des  laches  de  la  plan^te  Mars  k  la  On  du  XVII  1«  sitele,  3;  rapport  sur 
celte  note,  116;  adh^  au  rapport  de  H.  Catalan  sur  le  mtooire  de 


840  TABLE    DBS  AOTBDRS. . 

M.  Gilberl  conoernant  le  d^veloppemenl  de  la  foDclion  F,  12;  oouunis- 
saire  pour  la  note  de  H  Terby  codcernani  Paspecl  des  plau^les  Mars 
el  Jupiter  en  1873,  116;  rapport  sur  cette  note,  452;  rapport  sur  la 
note  de  H.  Vao  Rysselberghe  concernaDt  im  m^ttorographe  universe!, 
122;  commissaire  pour  lememoire  de  H.  De  Heen  sur  les  nebuieuses, 
451 ;  rapport  sur  ce  travail,  606;  commissaire  pour  la  note  de  M.  Siacci 
sur  la  similitude  des  tngectoires  des  projectiles  oblongs,  602. 

M. 

Mailly  (Ed.).  —  Commissaire  pour  le  memoire  de  M.Perrey  sur  les  trem- 
blements  de  terre  ressentis  en  1870,  299;  rapport  sur  ce  memoire,  604; 
commissaire  pour  le  memoire  de  M.  De  Been  sur  les  n^buleuses,  451 ; 
adhere  au  rapport  de  M.  Liagre  sur  ce  travail^  608. 

Malaise  (C).  —  Hommages  d'ouvrages,  2, 4b0;  ^lu  membre  titulaire  de 
la  classe  des  sciences,  829. 

Man  {G.  De).  —  Rapport  sur  le  memoire  de  coucours  concernant  r^t)oque 
^laquelle  Tarchiteciurea  subi,  dans  les  Pays-Bas,  TinQuence  italienne, 
251 ; rapport  sur  les projets  d'architecture  en voy^s en  r^ponse  au  concours 
d*art  appliqu^  de  la  classe  des  beaux-arts,  272. 

Mansion  (P.).  —  Pr^ute  une  note  sur  les  transformations  arguesiennes 
de  M.  Saltel,  299;  rapport  de  M.  Catalan  sur  cette  note,  605;  impres- 
sion, 625;  laur^at  du  coocours  de  la  classe  des  sciences,  657,  828. 

MelsensiL).  —  Adhere  au  rapport  de  M.  Stas  sur  la  note  deM.  W.  Spring 
concernant  les  compost  oxyg^n^s  du  soufre,  18;  adhere  au  rapport  de 
H.  Stas  sur  la  note  de  M.  Swarts  concernant  les  acides  pyrocilriques,  1 8 ; 
presente  une  notice  historique  sur  Van  Helmont,  115;  sur  la  congela- 
tion des  liquides  alcooliques,  148;  commissaire  pour  differentes  notes 
de  M.  De  Wilde  concernant  la  chimie,  451. 

Michel.  —  Des  remerctments  lui  sont  vol^s  par  la  classe  des  sciences  pour 
la  serie  d'observations  meteorologiques  qu*il  a  faites  ^  Ostende,  114. 

Minislre  de  la  guerre  {M,  le).  —  Envoi  d'ouvrage,  297. 

Ministre  de  la  justice  (Af.  le).  —  Envois  d'ouvrages,  376, 571. 

Ministre  de  Vintirieur  (M.  le).  —  Envois  d^ouvrages,  2,  83,  104, 115, 
243,  375,  432,  450 ,  571 ,  587;  communique  le  resultat  du  concours 
des  cantates  de  1873,  10$,  243;  transmet  deux  partitions  manuscrites 
de  M.  Van  den  Eeden ,  1 03;  communique  un  travail  de  M.  Goiibet,  sur  la 
quadrature  du  cercle,  115;  transmet  une  cople  du  procds-verbaldes  ope* 
rations  du  jury  du  grand  concours  de  composition  musicale  de  1873, 
242;  envoie  differentes  pieces  musicales  de  M.  De  Mol,  243, 250 ;  annouce 


TABLE   DES   AUTEURS.  84i 

que  H.  Potviu  a  remport^  le  prix  triennal  de  lilt^ratare  dramatique 
frangaise,  575;  adresse  aneexp^itioo  d*un  arrSte  royal  modifiant  Tar- 
ticle  4  du  R^Iement  general  de  PAcad^mie,  450,  570, 587 ;  demande 
que  la  classe  des  sciences  lui  communique  une  lisle  double  decandidats 
pour  former  le  jury  du  concours  quinquennal  des  sciences  matbtoali- 
ques  et  physiques,  450 ;  demande  que  la  classe  des  leltres  lui  commu- 
nique une  lisle  double  de  candidats  pour  former  le  jury  du  concours 
triennal  de  litt^ralure  dramaliqoe  flamande,  570;  transmet  une  exp^i- 
lion  de  TarrSt^  royal  nommant  M.  De  Keyser  president  de  TAcad^mfe 
pour  1874,  644. 

Montigny  (C/j.).  —  Gommissaire  pour  la  note  de  H.  Nouille  sur  un  oiseau 
mecanique  ,116;  rapport  verbal  sur  cette  note,  305;  commissaire  pour 
la  note  de  M.  Verstraete  concernantle  ph^nomene  de  la  vue,  116;  lec- 
ture de  son  rapport  sur  cette  note,  305;  la  direction  absolue  du  vent 
est  le  plus  souvent  oblique  k  Tborizon,  475;  rapport  sur  le  m^moire  de 
concours  concernant  les  relations  de  la  cbaleur  avec  le  d^veloppement 
des  vegelauxpbanerogaines,  690. 

Morren  (Ed.),  —  Annonce  Tach^vement  du  Prodromus  systematis  na- 
turalis  regni  vegettibilis^  public  par  M.  de  Candolle,  451 ;  rapport  sur  le 
memoire  de  concours  concernant  les  relations  de  la  cbaleur  avec  le  d^- 
veloppement  des  v^getaux  phan^rogames ,  658;  les  relations  entre  la 
cbaleur  et  la  vegetation,  sp^cialement  au  point  de  vue  de  Tintervention 
dynamique  de  la  cbaleur  dans  la  pbysiologie  des  plantes,  742. 

N. 

Neeffs  (Emm.),  —  Sur  un  document  in^lt  relatif  k  Tbistoire  de  la  l^pre 

dans  les  Pays-Bas ,  499. 
Ndve  (Felix).  —  Le  conseiller  Jer6me  Busleiden ,  ^crivain  latin  et  protec- 

teur  des  lettres  (1470-1517),  377. 
Nolet  de  Brauwere  (/.).  —  Hommages  d'ouvrages ,  376,  571. 
Nouille  (P.).  —  Presente  une  note  sur  un  oiseau  mecanique,  116;  rapport 

verbal  de  Sf .  Montigny  sur  cette  note ,  305. 
Nuel  (/.-P.)*  ~  Presente  un  memoire  sur  Tinnervation  du  cceur  par  le 

nerf  vague,  115;  rapports  de  MM.  Schwann  et  Gluge  sur  ce  memoire, 

300,  301 ;  presente  une  note  sur  les  pb^nomenes  ^lectriques  du  cceur 

(effets  electro-moteurs),  116;  rapports  de  MM.  Schwann  et  Gluge  sur 

cette  note ,  302, 304 ;  impression ,  335. 
Nypels  (G.).  —  Uommage  d^ouvrage,  571. 
Nyst  (H.),  —  Hommage  d*ouvrage,  2. 

2""'  S^RIE,  TOME  XIXVI.  55 


842  TABLE   DBS   ACTBURS. 


o. 


OmiHusd'Ralloy  {(C).  —  Rapport  sur  le  memoire  de  concours  concer- 
naDt  la  descriptioa  du  syst^me  houiller  du  bassin  de  Li^e,  720;  sur  le 
traosformisme,  769. 

P. 

Payen  {Aug.).  —  Rapporl  sur  le  memoire  decoocours  concernanl  Tcpoque 
k  laquelle  Tarchileclure  a  subi,  dans  les  Pays-Ras,  I'iofluence  ilalienne, 
354;  rapport  sur  les  projets  d'archilecture  envoyes  en  r^ponse  au  con- 
cours d'art  applique  de  la  classe  des  beaux-arls,  272. 

Perrey  {Alexis).  —  Pr^sente  un  memoire  sur  les  Iremblements  de  terre 
ressentis  en  1870,  200;  rapports  de  MM.  Duprez,  Ern.  Quetelet  el  Mailly 
sur  ce  memoire,  603,  604. 

Plateau  {F.).  —  Un  parasite  des  Gh6iroplSres  de  Belglque  (Nyclerlbia 
Frauenfeldii,  Kol.),  332. 

Plateau  (J.).  —  Commissaire  pour  la  note  de  M.  Verstraete  concernant  le 
pb^nom^ne  de  la  vue,  116;  lecture  de  son  rapport  sur  cette  note,  305. 

Portaels  {J.].  —  Appelle  Tailention  de  la  classe  des  beaux-arts  sur  la  posi- 
tion des  laur^ats  des  grands  concours,  aetuellement  pensionnaires  du 
gouvernement  k  Rome,  593. 

Potvin  {Ch ).  —  Laureat  du  concours  triennal  de  litt^rature  dramatique 
fran^ise,  375. 

Q 

Quetelet  {Ad.).  ^  Hommages  d^ouvrages,  2, 115;  sur  le  calcul  des  proba- 
bilites  appliqu^  k  la  science  de  Thomme,  19;  une  lettre  inedite  de  Gr6- 
goirede  Saint-Vincenl,89;  bolide  observe  k  Bruxelles  le  21  juillet  1873, 
145;  ^toiles  filautes  des  mois  d^aoiit  et  de  novembre  1873,  305,  608; 
sur  Teciipse  de  lune  du  4  novembre  1873,  468 ;  communique  ses  oI)ser- 
rations  sur  la  v^elation  ,  failes  k  Bruxelles  en  1873,  602. 

Quetelet  {Ern.).  — Commissaire  pour  la  note  de  M.  Terby  sur  la  configu- 
ration des  laches  de  la  plan^te  Marsk  la  Qn  du  XVllI*  si^cle,  3;  adhere  J 
au  rapport  de  M.  Liagresur  cette  note,  1 17;  commissaire  iK)ur  la  note 
de  M.  Terb^  concernant  Taspect  des  plandtes  Mars  et  Jupiter  en  1873, 
116;  adhere  au  rapport  de  M.  Liagre  sur  cette  note,  454;  determina- 
tion de  la  declinaison  et  de  Tinclinaison  magn6tique  k  Bruxelles,  en 
1873|  142;  commissaire  pour  le  memoire  de  M.  Perrey  sur  les  tremble- 


TABLE  DES   AOTBURS.  845 

ments  de  lerre  ressentis  en  1870,  299;  rapport  sur  ce  m^moire ,  604; 
sur  le  coDgr^s  internatioaal  de  meteorologie  tenu  k  Vieone  da  i**  aa 
16  septembre  1873,  306 ;  hommage  d'ouvrage ,  450 ;  commissaire  pour 
lememoire  de  M.  De  Been  sur  les'nebuleuses,  451 ;  adhere  aU'tapport 
de  M.  Liagre  sur  ce  Ira  vail,  608. 


R. 


Benard  (A.).  —  Demande  le  d6p5td*un  billet  cacheie,  114. 

Rivier  {Alph.).  —  Hommage  d^ouvrage,  571. 

Robert  {Alex.).  —  Commissaire  pour  I^examen  de  ia  lellre  de  TAcademie 
des  beaux-arts  de  S^-Peiersbourg  relative  ik  la  cr^tiou ,  par  ce  corps 
artislique,  d^une  classe  d'eleves  medailleurs,  243;  rapport  sur  celte 
lettre,  433. 

Robin  (i!d.).  — ^  Pr^ente  uoe  note  sur  divers  sujets  pbysiologiques,  299; 
rapport  verbal  de  M.  Gluge  sur  cette  note,  454. 

Roulez  (J ).  —  Des  remerctments  lui  soot  adress^s  par  la  classe  des  letlres 
el  par  la  classe  des  beaux-arts,  au  sujel  des  inscriptions  qu'il  a  redigees 
pour  les  medailles  de  concours ,  84;  bommage  d*Ouvrage,  206;  reponse 
a  un  article  de  M.  Schuermans  insure  dans  le  Bulletin  des  commissions 
royales  d'art  et  d^arcb^logie,  227 ;  inscriptions  pour  les  medailles  de 
concours  de  MM  Blomme  et  Schoy,  588. 


8. 


Sainte-Claire-DeviUe  (H.).  —  itlu  associe  de  la  classe  des  sciences,  830. 

Schoy  {Aug).  — Laur^at  du  concours  de  la  classe  des  beaux-arts,  271, 284; 
remercie  pour  la  distinction  doot  il  a  ^t^  Tobjet,  433:  inscription  pour 
sa  medaille  de  concours,  588. 

Schwann  (Th.).  —  Commissaire  pour  le  m^moire  de  M  Nuel  sur  IMnner- 
valion  du  coeur  par  le  nerf  vague,  116;  rapport  sur  ce  m^moire,  300 ; 
commissaire  pour  la  note  de  M.  Nuel  sur  les  pb^nomdnes  electriques  du 
cceur,  116;  rapport  sur  cette  note,  302;  lecture  d'une  notice  sur  Antoine 
Spring,  sa  vie  et  ses  travaux  academiques,  796. 

Sttys  Longchamf>s  {Edtn.  de).  —  Pr^sente  Pelat  de  la  vegetation  k  Wa- 
remme  le  21  octobra  1873, 450;  appendice  aux  troisi^mes  Additions  el 
liste  des  Gompbines,  d^crites  dans  le  Synopsis  et  ses  trois  Additions, 
492;  appendice  aux  troisi^mes  Additions  au  Synopsis  des  Calopt^ry- 
gines,  610;  lecture  de  sou  rapport  sur  le  m^moire  de  concours  concer- 


844  TABLE   DBS   AOTECRS. 

oanl  le  mode  de  reproduction  des  anguHles,  696;  sur  la  reproducUoD 
des  anguilles,  757. 

Servais  {M.-F.).  —  Laureat  (premier  prix)  do  grand  concours  de  composi- 
tion musicalede  1873,  242,285. 

Siacci  {Fr,).  —  Presente  une  note  sur  la  similitude  des  tnyectoires  des 
projectiles  oblongs,  602. 

Siberdt  {Bug.),  —  Laureat  (2«  prix)  du  grand  concours  de  peinture  de 
1873, 286. 

Sicuro{D.).—  Hommage  d*ou?rage,  2. 

Siret  (Ad.).  —  Rapport  sur  le  memoire  de  concours  coucernant  Tepoque  a 
laquelle  Tarchitecture  a  subi,  au\  Pays-Bas,  Pinfluence  italienne,  255. 

Society  alhmande  des  naturalistes,  a  Yeddo.  —  Demande  Pecbange  des 
publications,  298. 

Soci4t6  litUrcUre  et  philosophique  de  Liverpool.  —  Demande  Tecbange 
des  publications ,  376. 

Spring (W.).  —  Quelques  fails  poor  servir  a  Petude  dela  constitution  des 
composes  oxygeii^s  du  soufre,  72;  rapports  de  MM.  Stas  et  Melseos  sur 
ce  travail,  17, 18;  note  sur  la  constitution  de  Pacide  hyposulfureux,  196 ; 
rapports  verbaux  de  MM.  Stas  et  de  Kooinck  sur  celte  note,  142 ;  pre- 
sente une  note  intitulee :  Nouvelles  synthases  de  Pacide  byposulfureux 
etde  Pacide  tritbionique,603. 

Stas  {J,'S.).  —  Rapport  sur  la  note  de  M.  Waltbire  Spring  concernant  les 
composes  oxygenes  du  soufre,  17;  rapport  sur  la  note  de  M.  Swarls  con- 
cernant les  acides  pyrocitriques  ,18;  lecture  de  son  rapport  sur  la  note 
de  M.  Henry  relative  k  un  nouvel  hydrocarbure  acetyl^uique  isom^re  de 
la  benzine,  19;  commissaire  pour  la  notice  de  M.  Melsens  sur  Van  Hel- 
mout,  1 15;  rapport  verbal  sur  la  note  de  M.  W.  Spring  concernant  Pacide 
hyposulfureux,  U2;  commissaire  pour  diflerentes  notes  de  M.  De  Wilde 
concernant  la  chimie,  451 ;  commissaire  |)our  la  note  de  H.  Henry  sur 
les  derives  dyallyliques,  602;  commissaire  pour  la  note  de  M.  W.  Spring 
concernant  Pacide  byposulfureux  et  Pacide  tritbionique,  603. 

Steur  {Ch.).  --  Hommages  d'ouvrages,  84,  206. 

Swarts  {Th.).  —  Note  sur  quelques  propri^tes  des  acides  pyrocitriques, 
64;  rapports  de  MM.  Stas  et  Melsens  sur  cette  note,  18. 


Terby  (Fr.).  —  Pr^ente  une  notice  intitulee  :  Configuration  des  tacbesde 
la  plan^te  Mars  k  la  fin  du  XVI11»«  si^le,  3;  rapports  de  MM.  Liagre 
et  Ern.  Quetelet  sur  cette  notice,  116, 117;  impression,  173;  commu- 


•TABLE    DES   AUTEURS.  845 

Dique  la  Hste  des  orages  observes  k  Louvain  en  1873,  114;  presente 
une  Dote  sur  Taspect  des  plan^tes  Mars  et  Jupiier  en  1873,  116; 
rapports  de  MM.  Liagre  et  Ern.  Quctelet  sur  cette  note,  452,  454; 
impression ,  531 . 

Thonissen  (J»-J.).  —  Donne  lectore  d'une  notice  sur  !e  baron  de  Gerlacbe , 
207,  377. 

Tilly  {J.'M.  De).  —  Commissaire  pour  la  lettre  de  M.  Genoccbi  5  M.  Ad  Que- 
telet,  sur  diverses  questions  mathemadques,  3;  rap{>ort  sur  cette 
lettre,  124;  commissaire  pour  le  memoire  de  M.  d*Andrada  Mendo^ 
sur  le  calcul  de  la  vitesse  initiale  d*un  projectile  quelconque,  3;  rap- 
port sur  ce  memoire,  140;  adhere  au  rapport  de  M.  Catalan  sur  le 
memoire  de  M.  Gilbert  concernant  le  developpement  de  la  fonction  f, 
12;  commissaire  pour  la  note  de  M.  Genoccbi  sur  quelques  developpe- 
ments  de  la  fonction  log  r{x),  116;  rapport  sur  cette  note,  454;  note 
sur  la  similitude  mdcanique  dans  le  mouvement  des  corps  soiides  en 
g^n^ral,  et  en  particulier  dans  le  mouvement  des  projectiles  lances  par 
lesarmes  k  feu  ray6es,  160;  commissaire  pour  la  note  de  M.  Siacci 
sur  la  similitude  des  trajectoires  des  projectiles  oblongs,  602;  rapport 
sur  le  memoire  de  concours  concernant  Pint^gration  des  Equations  aux 
deriv^es  partielles  des  deux  premiers  ordres,  644. 


V. 


Valerius  {H.).  —  Reclamation  de  priorite,  331. 

Van  Beneden  {6d,).  —  Lecture  des  rapports  de  MM.  le  vicomte  Du  Bus  et 
P.-J.  Van  Beneden  sur  son  memoire  concernant  un  Dauphin  nouveau  de 
la  baie  de  Rio  de  Janeiro,  299;  lecture  de  son  rapport  sur  le  memoire 
de  concours  concernant  le  mode  de  reproduction  des  anguilles,  696. 

Van  Beneden (P,- J.).  —  Note  sur  deux  desslns  de  ceiac^s  du  cap  de 
Bonne-Esperance ,  32;  donne  lecture  de  son  rapport  sur  le  memoire  de 
M.  ^d.  Van  Beneden  concernant  un  Dauphin  nouveau  de  la  baie  de  Rio 
de  Janeiro,  29U;  lecture  deson  rapport  sur  le  memoire  de  concours 
concernant  le  mode  de  reproduction  des  anguilles,  696;  un  mot  sur  la 
vie  sociale  des  animaux  inferieurs ,  779. 

Van  Droogenbroeck  (/).  —  Laur^at  du  concours  des  cantates  flamandes, 
104,  243,  283  ;Torqifaito  Tasso*s  Dood :  canlale  couronnee,  292. 

Van  Duyse  (Fi).  —  Laur^at  (second  prix)  du  grand  concours  de  compo- 
sition musicalede  1873,  243,283. 

Van  Erlbom  {le  baron  0.).  —  Note  sur  les  orages  qui  ontsevi  ^  Aartse- 
laar  le  23,  le  26  et  le  29  juillet  1873 ,  143. 


846  TABLE    DES   AUTBURS. 

Van  Bysselberghe.  —  Notice  sur  uo  sysleroe  m^teoi^ographique  universel, 
346 ;  rapports  de  MM.  Gloesener  et  Liagre  sur  cetle  note,  1 17, 122. 

Verslraeie  (Alb.).  —  Pr^nte  uoe  note  sur  le  pb^nom^oe  de  la  vue,  116; 
lecture  des  rapports  de  MM.  J.  Plateau  et  Montigny  sur  cette  note,  305. 

Vievxlemps  {R.).  —  Commissaire  pour  juger  les  partitions  du  concours 
musical  de  la  classe  des  beaux-arts,  107;  commissaire  pour  un  travail 
de  M.  Brixbe  sur  la  nomenclature  latine  des  notes  de  musique,  244. 

W. 

Wauters  {Jlph,).  —  Un  dipl6me  de  T^poque  carlovingienne  ooncemant 
le  village  de  Huysse,  en  Flandre,et,  k  ce  propos,  qudques  considera- 
tions sur  la  transplantation  des  Saxons  en  Flandre,  du  temps  de 
Charlemagne,  01 ;  la  legende  des  foresllers  de  Flandre,  208. 

Wilde  (P.  De).  —  Pr^sente  differentes  notes  relatives  i  la  cbimie,  451. 

Witte  {le  buron  de).  ^  Hommages  d*ouvragcs,  376, 635. 


TABLE  DES  MATIfiRES. 


A. 


Acadimie.  —  Modification  ^  I'article  4  du  r^glement  general,  450,  570, 
587. 

Arch^ologie.  —  Voir  Geogr^phie  aficienne. 

Architecture.  —  Rapporls  de  MM.  Oe  Man,  Balal,  Payen  et  Siret  sur  !e 
memoire  de  concours  concernant  l^epoque  k  laquelle  Tarchitecture  a 
subi ,  dans  les  Pays-Bas ,  I'influence  ilalienne ,  251, 254,  255;  rapport  de 
la  Commission  nomm^e  pour  juger  le  concours  d'archiieciure  ouvert 
par  la  classe  des  beaux-arts ,  02. 

ArrStis  royaua,  —  Arr^te  royal  qui  modifie  Farlicle  4  du  r^lemenl 
g^n^ral  de  TAcademie,  450,  570,  587;  arr^i^  royal  nommant  M.  De 
Keyser  president  de  I'Acad^mie  pour  1874, 644. 

Astronomie. —  Presentation,  par  M.  Terby,  d*une  note  sur  la  configuration 
des  tacbes  de  la  plan^te  Mars  k  la  fin  du  XY1]1">«  si^cle ,  3;  rapports  de 
MM.  Liagre  et  Ern.  Quetelet  sur  celte  note ,  116, 1 17;  impression,  173; 
une  leltre  inedite  de  Gregoire  de  Saint-Vincent,  communication  de 
M.  Ad.  Quetelet ,  89;  presentation,  par  M.  Terby ,  d*une  note  intitule  : 
Observations  de  Jupiter  et  de  Mars  faites  ^  Louvain  pendant  Pappari- 
tion  de  ces  planetes  en  1873,  116;  rapports  de  MM.  Liagre  el  Em. 
Quetelet  sur  celte  note,  432,  434;  impression ,  531 ;  bolide  observe  4 
Bruxelles  le  21  juiilet  1873,  nole  de  M.  Ad.  Quetelet,  145;  sur  les 
etoiles  filantes  du  mois  d^aoCit  1873,  par  le  m^me,  305;  nole  sur  la 
tendance  qu'affecient  les  grands  axes  des  orbites  com^taires  li  se 
dinger  dans  un  sens  donne,  par  M.  Houzeau,315;  presentation,  par 
M.  De  Been,  d'un  memoire  sur  les  nebuleoses,  451;  rapports  de 
MM.  Liagre  ,  Ern.  Quetelet  et  Mailly  sur  ce  memoire,  606,  608 ;  sur 
reclipsede  lune  du  4  novembre  1873,  par  M.  Ad.  Quetelet,  468;  Etoiles 
filantes  du  mois  de  novembre  1873, i)ar  le  meme,  608. 


848  TABLE   DES   NATI^RBS. 


Balistique.  —  Pi^seDtation ,  par  M.  d^Andrada  Mendo^a,  d*UD  memoirc 
sur  lecalcal  de  la  vitesse  iDitiale  d*un  projectile  quelcoaque,  etc.,  3; 
rapport  de  M.  De  Tilljr  sur  ce  memoire,  140;  presentation,  par 
M.  Siacci,  d'une  note  sur  la  similitude  des  trajectoires  des  projectiles 
oblongs,  602.  —  Voir  MtUh^matiques, 

Ueaux-arts,  —  Discours  de  M.  Alvin  sar  Tart  beige  ^  TExposition  uni- 
verselle  de  Vienne ,  277. 

Bibliographie.  —  Note  de  Bf.  Juste  sur  un  ouvrage  de  M.  Philipson  inti- 
tule :  Henri  IV  et  Philippe  III  (iS98'16iO) ,  241 ;  note  de  M.  de  Lave- 
leye  sur  un  ouvrage  de  M.  Bonnal  et  un  ouvrage  de  M.  Pierantoni,  635. 

Billet  cachets.  —  Dep6t  d*un  billet  cachete  par  M.  Renard  ,114. 

Biographie.  —  Presentation,  par  M.  Melsens,  d'une  notice  sur  Van 
Helmont,  115;  le  conseiller  Jer6me  Busleiden,  ecrivain  latin  et  protec- 
teur  des  lettres  (1470-1317),  notice  par  M.  N^ve,  377. 

Biologie,  —  L*enseignenient  de  la  biologic  dans  les  ecoles ,  discours  par 
M.  Gluge ,  76i . 

Bolaniqiie.  —  M.  Ed.  Morren  annonce  Tacbevement  du  Prodromus  iys- 
tematis  naluralis  regni  vegetabilis ,  public  par  M.  de  Candolle ,  431 ; 
rapports  de  MM.  Morren,  Dewalque  et  Montiguy  sur  le  memoire  de 
concours  concernant  Tetude  des  relations  de  la  chaleur  avec  le  d^velop- 
pement  des  vegetaux  pbanerogames ,  638,  608,  690;  les  relations  entre 
la  cbaleur  et  la  vegetation,  specialement  au  point  de  vue  de  Tinter- 
vention  dynamique  de  la  cbaleur  dans  la  physiologic  des  plantes ,  par 
M.  tiorren,  742. 

C. 

Caisse  centrale  des  artistes  beiges.  —  Expose  general  de  radministralion 
pendant  Tannee  1872,  par  M.  fid.  Fetis,  436. 

Chimie,  —  Quelques  fails  pour  servir  ^  Tetude  de  la  constitution  des 
composes oxygeues  du  soufre,  par  M.  Walth^re  Spring,  72;  rapports  de 
MM.  Slas  et  Melsens  sur  ce  travail ,  17, 18 ;  note  sur  quelques  proprietes 
des  acides  pyrocitriques ,  par  M.  Swarts,  04;  rapports  de  M.Vf.  Stas  et 
Melsens  sur  cette  note,  18 ;  rapiK)rt  verbal  de  M.  Stas  sur  la  note  de 
M.  Henry  concernant  un  nouvel  bydrocarbure  acetylenique  Isom^re  de 
la  benzine,  10;  rechercbes  sur  les  derives  glyceriques ,  par  M.  Henry , 
41 ;  note  sur  la  constitution  de  Pacide  byposulfureux,  par  M.  Waltbere 


TABLE   DES    MATIERES. 


849 


Spring,  196;  rapports  verbaux  de  MM.  Slas  et  de  Koninck  sur  celte 
DOle,  14^;  sur  la  coogelalion  des  liquides  alcooliques,  par  M.  Melsens, 
148;  pr^entatioo,  par  M.  De  Wilde,  de  diff^rentes  notes  concernant  la 
cbimie,  451 ;  presentation,  par  M.  Henry,  d*une  note  sur  les  derives 
dyaliyliques,  602;  presentation,  par  M.  W.  Spring,  d*une  nouvelle 
synthase  dePacide  byposulfureux  etde  Tacide  tritbionique,  603. 

Commission  de  la  Biographic  ncUionale,  —  M.  Le  Roy  nomme  menibre 
de  la  Commission,  84. 

Concours  de  composition  musicals  (grand).  —  Pieces  trausmises  par 
M.  le  Ministre  de  Tinterieur  pour  le  Jury  permanent,  104,  243,250; 
r^sultats  du  concours  de  1873,  242,285. 

Concours  de  la  classe  des  beaux-arts,  —  Liste  des  partitions  revues  en 
reponse  k  la  question  mnsicale  du  concours  de  1873,  104;  rapports  de 
MM.  Gevaert  et  de  Burbure  sur  ce  concours,  589;  rapports  de  MM.  De 
Man,  Dalat,  Payen  et  Siret  sur  le  memoire  concernant  Tepoque  4  la- 
quelle  Parcbilecture  a  subi ,  dans  \es  Pays-Bas,  Tinfluence  italienne, 
251,  254,  255;  rapport  de  la  Commission  nommee  pour  juger  le  con- 
cours d'art  applique  ayant  pour  sujet  Tarcbitecture,  27S;;  r^ultals  des 
concours  de  1873:  MM.  Scboy,  Blomme  et  De  Lange  laureats,  284, 589, 
830 ;  remerctments  de  M.  De  Lange,  640;  inscriptions  pour  les  m^ailles 
de  MM.  Blomme  et  Scboy,  588;  M.  Blomme  demande  ^  etre  rerois  en 
possession  de  son  projet  d'arcbitecture ,  et  promet  dVn  donner  une 
reproduction  pbotographique,  588, 640 ;  programme  de  concours  pour 
1874  et  question  pour  1876,  590,592;  lettres  di verses  de  concurrents, 
640. 

Concours  de  la  classe  des  lettres.  —  Programme  pour  1874  el  questions 
pour  1875,  85;  memoire  re^u  pour  le  concours  de  1874,  207. 

Concours  de  la  classe  des  sciences.  —  Rapports  de  MM.  De  Tilly,  Folic 
et  Catalan  sur  le  memoire  concernant  Tlntegration  des  Equations  aux 
derivees  partlelles  des  deux  premiers  ordres,  644,  653,  657  ;  M.  Man- 
sion laureat,  657,  828;  rapports  de  MM.  Morren ,  Dewalque  et  Montigny 
sur  le  memoire  concernant  Tctude  des  relations  de  la  cbaleur  avec  le 
d^veloppement  des  vegetaux  phan^rogames,  658, 668, 690 ;  lecture  des 
rapports  de  MM.  Van  Beneden  pdre  et  fils  et  de  Selys  Longchamps  sur 
le  memoire  concernant  le  mode  de  reproduction  des  anguilles,  696; 
rapports  de  MM.  Dewalque,  d'Omalius  et  Briart  sur  le  memoire  con- 
cernant la  description  du  syst^me  bouiller  du  hassin  de  Liege,  696; 
720,  721;  r^sultatsdu  concours  de  1873,  827. 

Concours  depeinture  {grand),  —  Resultais  du  concours  de  1873,  286. 

Concours  de  Rome  {grands).  >-  Communication  de  M.  Portaels  au  sujet 


850     '  TABLE    DES    NATIERES. 

(le  la  posilion  des  Uureats  de  ce  concours ,  actuellemeDt  peosioonaires 
du  gouvernemeDt  k  Rome,  593;  decisions  de  la  classe  des  beaux-arls 
a  ce  sujet,  641. 

Concours  des  can/a/es.  —  Resul tats  du  concours  de  1873:  MM.  Abrassarl 
et  Van  Droogenbroeck  laur^ats,  103,  243,385;  Torquato  Tasso*s  Dood, 
canlate  de  M.  Van  Droogenbroeck ,  29i ;  traduction  fran^aise  de  celle 
cantate,  par  M.  Guillianme,  287. 

Concours  de  sculpture  {grand),  —  Pen.sion  de  voyage  de  3,500  francs 
conferee  a  M.  Guypers ,  laureat  du  concours  de  1872,  243. 

Concours  de  Slassart.  —  Question  d*hisioire  nationale  pour  le  concours 
de  1874, 88;  sujet  biographique  pour  le  concours  de  1875  ,  89. 

Concours  quinquennal  des  sciences  physiques  et  math^atiques.  —  For- 
mation de  la  liste  double  de  candidats  parmi  lesquels  seroni  cboisis  les 
membres  du  jury  charge  de  juger  la  cinquieme  p^riode  de  ce  con- 
cours, 450. 

Concours  Iriennal  de  litterature  dramatique  flamande.  ^  Formation  de 
la  liste  double  de  candidats  parmi  lesquels  seront  cboisis  les  membres 
du  jury  charge  de  juger  la  sixieme  periode  de  ce  concours,  570. 

Concours  triennal  de  littirature  dramatique  frangaise,  —  R^ullat  de 
la  cinquieme  periode  de  ce  concours  :  M.  Cb.  Poivin  laureat ,  375. 


D. 


Discours.  —  Discours  de  M.  Alvin  prouonc^  en  seance  publique  de  la 
classe  des  beaux-arts,  277;  Tetiseignement  de  la  biologic  dans  les 
ecoles ,  discours  de  M.  Gluge ,  761 . 

Dons.  —  Ouvrages,  par  M.  le  Ministrede  rint^rieur,  2,  104, 115,  243, 

375,  432,  450,571,  588;  par  M.  Ad.  Quelelet,  2, 115;  par  MM.  Nyst 
et  Birn,  2;  par  M.  Malaise,  2,  450;  par  M.  le  Minisire  de  la  justice, 
83,  376, 571 ;  par  Padministralion  communale  de  Bruges,  83;  par  M.  le 
baron  Kervyn  de  Leltenhove,  84;  par  M.  Steur,  84 ,  206;  par  M.  Le  Roy, 
84;  par  M.  de  Koninck,  115;  par  M.  Roulez,  206;  par  M.  Juste,  206, 
376, 635;  par  M.  Leemans,  207;  cartes,  par  M.  le  Ministre  de  la  guerre, 
297;  ouvrages,  par  MM.  Briart  et  Houzeau,298;  par  M.  de  Witte, 

376,  635;  par  M.  Nolet  de  Brauwere,  376,  571;  par  M.  Alberdingk 
Thyro,  376;  par  M.  Ern.  Quetelet ,  450 ;  par  MM.  Gachard ,  Nypels  ct 
Rivier,  571;  par  MM.  Honinck  et  de  Laveleye,  635. 


TABLE   DBS  MATIERES. 


£. 


851 


Elections.  —  Bf .  Le  Roy  nomme  merabre  de  la  commission  Ue  la  Biogra- 
phie  nalionale,  84;  M  De  Keyser  nomme  president  de  PAcad^mie  pour 
1874, 644 ;  M.  Malaise  elu  membre  lilulaire  de  la  classe  des  sciences, 
MM.  de  Colnei  d'Huart,  Helmhollz  et  H.  Sainlc-Claire-Deville  elusasso- 
cies,  et  M.  Cornet  correspondant ,  829. 

Enlomologie.  —  Voir  Zoologie, 

Epigraphie,  —  Inscriplions  pour  les  m^dailles  de  concours  de  MM. Blomme 
e(  Scboy,  588. 

G. 

Geographic  ancieime.  —  M.  Grandgaguage  donne  lecture  de  la  premiere 
partie  de  son  travail  concernant  Aduatuca^  658. 

Geologic,  —  Rapports  de  MM.  Dewalque,  d'Omalius  et  Briarl  sur  le 
memoire  de  concours  concernant  la  description  du  sysleme  bouiller  du 
bassin  de  Liege,  696,  720,  721. 

Gravure.  —  MM.  J.  Geefs ,  Leclercq  et  Robert  designds  pour  faire  rapport 
sur  une  lettre  de  PAcad^mie  des  beaux-arls  de  S'-P^tersbourg  concer- 
nant la  creation,  par  ce  corps  artistique,  d'une  classe  d*^l^ves  medail- 
leurs,  243 ;  rapport  sur  les  demandes  coutenues  dans  cette  lettre,  433. 

H. 

Hisloire.  —  Un  dipldme  de  Pdpoque  carlovingienne  concernant  le  village 
de  Huysse ,  en  Flandre ,  et ,  a  ce  propos,  quelques  considerations  sur  la 
transplantation  des  Saxons  en  Flandre,  du  temps  de  Charlemagne ,  note 
|)arM.Wauters,  91  j  une  lettre  des  juges  de  Frise  au  roi  de  France  Philipiie 
le  Hardi,  note  par  M.  le  baron  Kervyn  de  Lettenbove,  101 ;  la  legende 
des  foresliers  de  Flandre,  notice  par  M.  Wauters,  208;  sur  un  document 
inedit  relatif  ^  Tbistoire  de  la  lepre  dans  les  Pays-Bas,  par  M.  NeefTs, 
429 ;  le  logement  de  Madame  de  Lorraine  ^  Gand  (1646),  par  M.  l^m.  de 
Borcbgrave,  571.  —  Voir  Biographic. 

M.. 

Math^maliques  pures  et  appliqvees.  —  Presentation  d*une.  lettre  de 
M.  Genocchi  sur  diverses  questions  mathematiques,  5;  rapport  de 
M.  De  Tilly  sur  cette  lettre,  124 ;  impression,  181 ;  rapports  de  MM.  Ca- 
talan, Liagre  et   De  Tilly  sur  le  memoire  de  M.  Gilbert  intitule  : 


852  TABLE    DES    MiTIBRES. 

Rpchercbes  sur  le  developpement  de  la  fonclioD  V,  4, 12 ;  communica- 
tion, par  M.  le  Minislre  de  Tinlerieur,  d'un  travail  de  M.  Goabet  sar  la 
quadrature  du  cercle,  115;  presentation,  par  M.  Genocchi.d'une  note 
sur  quelques  developpements  de  la  fonction  log.  r(x),  116;  rapport  de 
M.  De  Tilly  sur  ce  travail,  454;  impression,  541 ;  note  sur  la  similitude 
mecanique  dans  le  mouvement  des  corps  solides  en  general ,  et  en  par- 
tlculier  dans  le  mouvement  des  projectiles  lances  par  les  armes  k  feu 
rayees,  par  M  de  Tilly,  160;  presentation,  par  M.  Mansion ,  d'une  note 
sur  les  transformations  arguesiennes  de  M.  Saltel,  299;  rapport  de 
M.  Catalan  sur  cette  note,  605;  impression,  625;  note  sur  quelques 
tbeordmes  de  geometric  superieure,  par  M.  F.  Folic,  620;  rapports  de 
MM.  De  Tilly,  Folic  et  Catalan  sur  le  memoire  de  concours  concernanl 
integration  des  equations  aux  d^rlvees  partielles  des  deux  premiers 
ordres,  644,653,  657. 

M6Uorologie  el  physique  du  globe.  —  Notic^  sur  un  syst^me  met^ro- 
graphique  universel,  par  M.  A.  Van  Rysselbergbe,  346;  rapports  de 
MM.  Gloesener  et  Liagre  sur  cette  notice,  117,  122;  determination  de 
la  declinaison  et  de  Pinclinaison  magnetique  k  Bruxelles,en  1873,  note 
de  M.  Ern.  Quetelet ,  1^2;  note  sur  les  orages  qui  out  s^vi  k  Aartselaar 
le  23,  le  20  et  le  29  juillet  1873 ,  par  M.  le  baron  0.  Van  Ertborn,  145; 
presentation,  par  M.  Perrey,  d'une  note  sur  les  ti*emblements  de  terre 
en  1870,299;  rapports  de  MM  Duprez,  Ern.  Quetelet  et  Mailly  sur 
cette  note,  603,  604;  sur  le  congr^s  international  de  m^teorologie 
tenu  k  Yienne  du  1"  au  16  septembre  1873,  communication  de 
M.  Ern.  Quetelet,  306;  note  sur  le  tremblement  de  terre  ressenti  le 
22  octobre  1873  dans  la  Prusse  rbenane  et  en  Belgique,  par  M.  Alb.  Lan- 
caster, 469;  la  direction  absolue  du  vent  est  le  plus  sou  vent  oblique  k 
rhorizon ,  par  M.  Cb.  Montigny,  475;  sur  le  met^rograpbe  enregistreur 
de  M.  Van  Rysselbergbe,  par  M.  Gloesener,  489. 

Musique.  —  Presentation,  par  M.  Brixbe,d'un  travail  sur  la  nomenclature 
latine  des  notes  de  musique,  244 ;  rapport  verlKil  de  M.  Gevaert  sur  ce 
travail,  433;  rapport  colleclif  de  MM.  de  Burbure  et  Gevaert  sur  le 
concours  musical  ouvert  par  la  classe  des  beaux-arts,  589. 

N. 

iV^cro/o^<>.  —  Annonce  de  la  morl  de  M.  Hansteen,  2;  dc  M.  Benzoni,  103; 

de  sir  Edwin  Landseer,  432;  de  M.  de  la  Rive,  602. 
NotiQes  biographiques  pour  VAnnuaire.  —  Lecture  d'une  notice  sur  le 

baron  deGerlacbe,  parM.  Tbonissen,  207, 377;  lecture,  par  M.  Scbwann, 

d*une  notice  sur  Antoiue  Spring,  796. 


TABLE   DBS   MATl^RBS.  85S 


Ouvrages  prismt^.  —  Enjuillet,  107;  en  aodt,  245;  en  septembre  el 
ocU)bre,i39;  en  novembre,  594;  en  decembre,  830. 


PaUontologie.  —  Notesarun  CauliniUs  recemmenl  d^ouvert  dans  ('as- 
sise laekenienne,  par  M.  Grepin ,  170;  sur  le  Iransformisme ,  par 
M.  d'Omalius  d^Halloy,  769. 

Phenomenes  pModiques.  —  Docaments  pr^entes,  pour  le  Recueil  des 
observations  sur  les  phienom^nes  periodiques,  par  M.  Dewalque ,  3;  par 
M.  Cavalier,  3, 1 1 4, 298, 450, 602 ;  par  M.  Oesrumeaux,  1 1 4 ;  par  M.  Terby , 
114;  par  M.  Bellynck,  298,  602;  par  M.  Duprez,  298;  par  M.  de  Selys 
Longchamps,  450 ;  par  M.  Ad.  Quelelet,  602. 

Philologie.  —  Karel  en  Elegast.  Deux  fragments  manuscrils  (ensemble 
128  vers)  du  XI V<  si^clei  conserves  k  la  Bibliotb^ue  de  la  ville  de 
Namur;  communication  de  M.  J.-H.  Bormans,  220;  r^ponse  k  un  article 
de  M.  Scbuermans,  insure  dans  le  Bulletin  des  commissions  royales 
d'art  et  d'arcb^ologie,  par  M.  Roulez,  227. 

Physiologie.  —  Presentation,  par  M.  Nuel,  d*un  m^moire  sur  I'innervation 
du  coeur  par  le  nerf  vague  et  d*une  note  sur  les  phenomenes  ^lectrlques 
du  cceur,  1 15, 1 16;  rapports  de  MM.  Schwann  et  Gluge  sur  ces  travaux, 
300,  301 ,  302,  304 ;  impression  de  la  seconde  note,  335;  M.  Ed.  Robin 
presente  une  nouvelle  communication  sur  diflerenls  sigets  physiologi- 
ques,  299;  rapport  verbal  de  M.  Gluge  sur  cette  communication,  454. 

Physique,  —  Presentation,  par  M.  Nouille,  d*une  note  intitule  :  Oiseau 
m^nique,  116;  rapport  verbal  de  M.  Montigny  sur  cette  note,  305; 
pr^n(ation,par  M.  Verstraete,  d'une  note  sur  le  ph^nomdne  de  la  vue, 
116;  rapports  verbaux  de  MM.  Plateau  et  Montigny  sur  cette  note,  305; 
reclamation  de  priority,  par  M.  Valerius,  au  sujet  de  son  m^moire  sur  le 
mouvement  d*un  fil  eiastique  dont  une  extr^mite  est  anim^e  d*un  mou- 
vemenl  vibratoire,  331 ;  du  commencement  et  de  la  fin  du  monde  d'apr^s 
la  tbeorie  m^canique  de  la  chaleur,  par  M.  Folie,  797. 

Po^sie.  —  Torquato  Tasso's  Dood ,  sc^ue  dramatique  par  M.  Van  Droogen- 
broeck,  292;  traduction  fran^ise  par  M.  Guilliaume,  287. 

Publications  acadSmiques.  —  Demandes  d^dcbange,  298, 376;  presentation 
du  tome  XL  des  M4moires  des  membres  et  du  tome  XXIII  des  M6moires 
couronnSs  in-8^  298. 


854  TABLE   DES    HATI^RES. 

R. 

Rapports. — Rapports  de  MM.  Catalan,  Liagre  etDe  Tilly  sur  le  memoire 
de  M.  Gilbert  intitule :  Rec^erches  sur  le  developpenient  de  la  fonc- 
lion  r,  4, 13;  de  MM.  Sias  et  Melsens  sur  la  note  de  M.  Walth^re  Spring 
concernant  les  composes  oxygenes  du  soufre,  17, 18;  des  m^mes  sur  la 
note  de  M.  Swarts  concernant  les  acides  pyrocitriques,  18;  rapport 
verbal  de  M.  Stas  sur  la  note  de  M.  Henry  concernant  un  nouvel  hydro- 
carbure  acetylenique  isomdre  de  la  benzine,  19;  rapports  de  MM.  Liagre 
et  Ern.  Quelelet  sur  la  note  de  M.  Terby  concernant  la  conQguration 
des  tacbes  de  la  plan^ie  Mars  k  la  fin  du  XVlll*  sidcle,  116,  117;  de 
MM.  Gloeseuer  et  Liagre  sur  la  note  de  M.  Van  Rysselbergbe  concer- 
nant un  m^t^orographe  universel,  117, 123;  rapport  de  M.  De  Tilly  sur 
la  lettre  de  M.  Genoccbi  concernant  diverses  questions  matbematiques, 
134;  du  m^me  sur  la  note  de  M.  d^Andrada  Mendo^a  concernant  le 
calculde  la  Vitesse  initiale  d*un  projectile  quelconque,  140;  rapports 
verbauz  de  MM.  Stas  et  de  Kouinck  sur  la  note  de  M.  Walth^re  Spring 
concernant  Pacide  byposulfureuxj  143 ;  rapports  de  MM.  J)e  Man,  Balat, 
Payen  et  Siret  sur  le  memoire  de  concours  concernant  Tepoque  h 
laquelle  Parcbitecture  a  subi ,  dans  les  Pays-Bas,  Pinfluence  Italienne, 
2(S1, 254, 255;  rapport  de  la  commission  nomm^  pour  juger  le  concours 
d'atchitecture  ouvert  par  la  classe  des  beaux-arts,  272;  lecture  des 
rapports  de  MM.  du  Bus  et  P.-J.  Van  Beneden  sur  le  memoire  de 
M.  Ed.  Van  Beneden  concernant  un  dauphin  nouveau  de  la  baiede  Rio  de 
Janeiro,  299;  rapports  deMM.  Schwann  et  Gluge  sur  un  memoire  de 
M.  Nuel  concernant  Pinnervation  du  cceur  par  le  nerf  vague  etsur  une 
notice  concernant  les  phenom^nes  ^lectriques  du  coeur,  300, 301,  302, 
304;  rapport  verbal  deM.  Gevaert  sur  le  travail  de  M.  Brixhe  concernant 
la  nomenclature  latiue  des  notes  de  musique,433;  rap|)ort  collectif  de 
MM.  J.  Geefs,  J.  Leclercq  et  Robert  sur  la  lellre  de  PAcademie  imperiale 
des  beaux-arts  de  Saint-Petersbourg  relative  a  la  cr^tion,  par  ce  corps 
artistique, d'une  classe  d'el^ves  m^dailleurs,  433;  rapports  deMM.  Liagre 
et  Ern.  Quetelet  sur  la  note  de  M.  Terby  concernant  Paspect  des  pla- 
n^tes  Mars  et  Jupiter  en  1873,  432,  453;  rapport  verbal  de  M.  Gluge 
sur  une  note  de  M.  llld.  Robin  concernant  des  reformes  dans  les  sciences 
medicales  et  naturelles,  454;  rapport  de  M.  De  Tilly  sur  la  note  de 
M.  Gt>noccbi    concernant  quelques   developpements  de  la   fonction 
1.  r-(^),  ibid.;  rapport  collectif  de  MM.  de  Burbure  et  Gevaert  sur  le 
concours  de  musique  ouvert  par  la  classe  des  beaux-arts,  589;  rapports 


TABLE   DES   HATl^RBS.  855 

de  MM.  Ouprez,  Ern.  Qaetelet  et  Mailly  sur  la  note  de  M.  Perrey  coucer- 
naot  les  tremblemenls  de  terre  eu  1870,  603,  604;  rapport  de  M.  Ca- 
talan sur  la  note  de  N.  Mansion  concernant  les  transformations  argae- 
siennes  de  M.  Saltel,  605;  rapports  de  MM.  Liagre,  Ern.  Quelelet  et  Mailly 
sur  le  memoire  de  M.  De  Heen  concernant  les  n^buleuses,  606, 608 ;  de 
MM.  De  Tilly,  Folie  el  Catalan  sur  le  memoire  de  concours  concernant 
riniegration  des  equations  aux  derives  partielles  des  deux  premiers 
ordres,  64i,  653,  657;  de  MM.  Morren,  Dewalque  et  Montigny  sur  le 
memoire  de  concours  concernant  T^tude  des  relations  de  la  chaleur  avec 
le  d^veloppement  des  v^taux  pbanerogames,  658,668. 600;  lecture  des 
rapports  de  MM.  Van  Beneden  p^re  et  tils  et  de  Selys  Longcbamps  sur 
le  memoire  de  concours  concernant  le  mode  de  reproduction  des 
anguilles,  696;  rapports  de  MM.  Dewalque,  d*Omalius  el  Brian  sur  le 
memoire  de  concours  concernant  la  description  du  systdme  houiller  du 
bassin  de  Lidge,  696,  720,  721. 

S. 

Sciences  morales  el  poUliques.  —  Sur  le  calcul  des  proliabilites  appllqu^ 

fk  la  science  de  rhomme,par  M.  Ad.  Quelelet,  19. 
Stances  publiques,  —  Preparalifs  et  programme  de  la  stance  publique  de 

la  classe  des  beaux-arts,  273;  id.  de  la  classe  des  sciences,  758. 

Z. 

Zoologie,  —  Sur  deux  dessins  de  c^tac^s  du  Cap  de  Bonne-Esperance,  par 
M.  P.-J.  Van  Beneden,  32;  lecture  des  rapports  de  MM.  du  Bus  et 
P. -J.  Van  Beneden  sur  le  memoire  de  M.  £d.  Van  Beneden  concernant 
un  daupbin  nouveau  de  la  bale  de  Rio  de  Janeiro,  299 ;  un  parasite  des 
Ch^lropl^res  de  Belgique  (iVj/ctert^ia  Frauenfeldii,  Kol.),  par  M.  Felix 
Plateau,  332;  observations  toucbant  la  fanne  de  la  Belgique,  par  M.  Du- 
bois, 344;  appendice  aux  troisi^mes  Additions  et  lisle  des  gompbines , 
d^criles  dans  le  Synopsis  el  ses  irois  Additions,  par  M.  Edm.  de  Selys 
Longcbamps,  492;  appendice  aux  Iroisi^mcs  Additions  au  Synopsis  des 
calopl6rygines, par  le  mdme,  CIO;  lecture  des  rapports  de  MM.  Van  Be- 
neden pdre  et  fils  el  de  Selys  Longcbamps  sur  le  memoire  de  concours 
concernant  le  mode  de  reproduction  des  anguilles,  696;  sur  la  repro- 
duction des  anguilles,  par  M.  de  Selys  Longcbamps,  757 ;  un  mot  sur 
la  vie  sociale  des  animaux  inferieurs,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden,  779. 


ERRATA. 


Page     3,  ligne  48,  an  liea  de :  MM.  E.  Liagre  et  Quetelet,  lisez :  Jf  Jf.  Liagre 

et  E.  Quetelet. 

—  134,-16,        —       et  appelant  a  le  pteudo-angle,  lisez :  et  donnont 

a  ale  nom  de  pseudo-angle. 

—  168,    —    n,         -        rf^Misezrd*^. 


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SSvERSITyOF  MICHI^^^ 


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