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/
I ,
.♦
BULLETINS
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DBS
LKTTRE8 BT DBS BEADX-ART8 DB BELGIQfe
fi
BULLETINS
DE
L'ACADEMIE ROYALE
DES
SCIENCES^ DES LETTRES ET DES BEADX-ARTS
D£ BELGIQUE.
QOARANTB-DWXliME mil. — 2-' Sfe., T. XXXVI.
BRUXELLES ,
F. HAYEZ , IHPRIHEDR DE l'aCAD^MIE ROYALE DB BELGIQUE.
1873
>* r
< 4 • -
■/ ■>
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DKS
LRTTRBS ET DES BEADX-ARTS DE BEL6IQDE.
1873. — No 7.
GLASSE DES SGIEHGES.
Seance du S juillet 1815.
H. T. Gluge, directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. d'Omalius d'Halloy, J.-S. Stas, L. de
Koninck, P.-J. Van Benedeo, Edm. de Selys Longchamps,
H. Nyst, L. Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, E. Quetelet,
M. Gloesener, E. Candeze, F. Donny, Ch. Monligny, Stei-
chen, Brialmont,E. Dupont, £d. Morren,£d. Vao Beneden,
membres; Schwann, E. Catalan, Ph. Gilbert, associes;
C. Malaise, F. Plateau, J. De Tilly et Crepin, correspond
iiants.
M. J.-C. Donders, d'Utrecht, associe de la classe, assiste
^ la s^nce.
^^ Sl^RIE, TOME XXXYI. 1
(2)
CORRESPONDANCE.
L'UDiversit^ royale de Norw^e, k Christiania , donne
ofliciellement coonaissance de la mort de M. le professeur
C. Hansteen , que la classe a compt^ parmi ses associ^s.
— M. le Mioistre de rint^rieur adresse , pour la biblio-
th^ue de TAcad^mie, diff^rents ouvrages qui seront
annoDc^s au Bulletiu. — II transmet ^galemeut, au nom
de Tauteur, M. Demetrius Sicuro, k Zante, un exemplaire
de la notice que ce savant a consacr^e k Andr^ Y^sale.
— La classe re^oit ensuite les hommages suivants :
1** Annates de VObservatoire royal de Bruxe/Ze^, publi^es
par M. Ad. Quetelet, tome XXII, 1 vol. in-4% contenant :
A. Observations faitesaux instruments m^ridiens;
B. Observations m^t^orologiques et des temperatures
de la terre;
C. Congr&s international de statistique : sessions de
Bruxelles, de Paris , de Vienne, de Londres, de Berlin, de
Florence , de La Haye et de Saint-P^lersbourg ;
2® Tableau synopUque et synonymique des especes t*t-
vantes et fossiles du genre Scalaria, par M. H. Nyst, in-S"*;
5^ Application du pandynamometre a la mesure du tra-
vail des machines a vapeur a balancier, par M. G.-A. Hirn.
Mulhouse, 1873, in-S"";
i"* Manuel de mineralogie pratique, par M. C. Malaise.
Mons, 1875,in.l2.
— Diff^rentes soci^t^s savantes, en relations d*6change
♦ (3)
de publications avec TAcad^mie, adressent, en m^me
temps que leurs derniers travaux, leurs remerctments au
sujet des envois.
— L' Association francaise pour Tavancement des sciences
annonce que sa deuxi^me session sera tenue du 21 au
28 aoAt prochain , k Lyon , sous la pr^idence de M. Qua-
trefages.
— Les observations sur la floraison et la feuillaison k
Li^e, le 21 mars 1875 , par M. G. Dewalque, et le r^sum^
m^t^orologique des mois de mai et de juin pour Ostende ,
par M. J. Cavalier, sont reserves pour le recueil des ph^-
nomtoes p^riodiques.
— Les travaux manuscrits suivants feront Tobjet d'un
examen :
l"" Configuration des laches de la planete Mars a la fin
du dix'huilieme siecle^ d*aprte les dessins in^dits de
J.-H. Schroeter, par M. F. Terby, — Commissaires :
MM. E. Liagre et Quetelet ;
2® Lellre a M. Ad. Quelelel^ secretaire perpeluely sur
diverses questions mathematiques ; par M.AngeloGenocchi.
— Commissaire : M. J. De Tilly;
S"" Memoir e sur le calcul de la vilesse initiate d'un pro^
jectile quelconque lorsqu'on connait la vilesse moyenne
(ou milieu des deux buts a viser) , par Vemploi du chrono-
graphe electro^balistique , par M. Auguste C^sar d'An-
drada Mendo^, 1" lieutenant d'artillerie k Santarem. —
Commissaire : M. J. De Tilly.
(4)
RAPPORTS.
Recherches sur le developpement de la foncHon r;
m^moire par M. Gilbert.
awjifwrf d0 jr. B, Cmimimm.
c Afin que Ton puisse juger de rimportaDce des Recher-
ches efiSectu^es parM. Gilbert, je vais en donner une ana-
lyse, aussi succincte que possible.
I.
Partant des formules de Binet :
l.r(M) = ll.(2T)H-(^-l)l.A.-p + aW, . (i)
/I i i i\e'f^
-♦-- dx, .
(2)
et de la relation fondamentale
r(/c.-*-i) = f*r(A*),
notre confrere trouve tr^simplement : l"" la serie de Gu^
dermanfiy avec une expression du reste; ^ le developpe-
ment de r(fx) sous forme de produit indefinij donne par
Gauss. Une seconde demonstration de ce d^veloppement,
bas^e sur la formule de Stirling^ me parait moins satisfai-
sante que la premiere. Elle est peut-Stre moins originate
aussi que celle-ci.
II.
La constante d'Euler a ^t^ mise, par Schlomilch, sous
la forme :
C=— y**e"l.xrfx. .... (3)0 .
0
De cette formule , M. Gilbert d^duit , non-seulement :
— C = Km[ / hU j=Km( / dx-t-l.ctej,
mais encore :
/
cos ax
ax e=s — (C -4- 1. Of).
X
III.
Si Ton d^signe par F(x) la fonction
X X
de mani^re que
w= / '—tH^)^. . . . (4)n
«i
— F(x)(te, . . .
(*) Voir la Note I , ^ la fin du Rapport.
(•*) Voir la Note IL
(6)
on trouve ais^ment :
'^'^ = ''%,-i^^^ .... (5)
Par suite,
Apres avoir rappel^ cette formule, due k Cauchy, M. Gil-
bert en conclut d'abord :
puis, observant que
■-• sin nu x — u
2
11=1
n
pour toute valeur de u comprise entre 0 et Stt, notre
confrere decompose I'int^grale en une infinite de parties,
convenablement choisies, et il trouve cette nouvelle for-
mulcv:
-w=o2 / -^ — r—' • • w
0
Comme le dit avec raison Tauteur : c la demi^re trans-
» formation pr^sente ceci de remarquable, que la fonc-
D tiontar(fi), se trouve, dans T^quation (8), repre-
» sent^e par une s^rie d'int^grales d^finies k diff6rentielles
» rationnelles. »
Aprte avoir retrouv^, au moyen de T^uation (7), la
serie de Gudermann et la serie de Binet, M. Gilbert fait
(7)
subir diverses transformations k cette formule (7) , el il en
conclut :
5 ^0 (2a* h- 2* -4- iY 5 ^0 (2a* -♦- 2* h- i/
7 n (2a* -4- 2ik -^ i)* ^ ^ ^ '
Lorsque a* = ^ , cette nouvelle relation donne la c for^
» mule curieuse :
» qui associe, dans une m^me Equation, les nombres ber-
» noulliens, le nombre »- et le logarithme n^perien de 2. »
Lintdgration par parties, appliqu^ i T^quation (8), con-
duit M. Gilbert \ d'autres d^veloppements de la fonction
tr(M); par exemple celui-ci :
i 1 i«« i
W 5 9«2l- ^, -1-M^i- -i.it ^l\ ?l K 9»^
3.2'^o (/*-4-t)(A*-t-*-^l) 5.5.2»n (p-4-*)V-+-ik-i-1)*
i.2 ^, 1
IV.
Au moyen d*une identite due a Stirling, et dont MM. Ge-
nocchi et De Tilly avaient d^j& fait d'heureux usages,
H. Gilbert retrouve la «erte de Binef, avec Teipression du
re^^e. Les g^m^tres que je viens de citer avaient d^ji r^olu
cette question du re^fe; mais seulement pour des valeurs
^) Voir la Note III.
(**) L'auteur appelle B,, B„ B,, ... ce que je d^signe ici par B^ , — B,,
>t-B| , . . . . Ou sail quMI y a p/tMt0iir« d^/initioM des nombres de Beraoulli.
(8)
cnlieres de ac Apr^s avoir demon tre la relation :
\ 1.2.3.... (»—l)
Sfi^ (fjL'\'i).,..(fA -^ n — 1)
noire confrere en conclul :
i i
Cette seconde limite de R.est, me semble-t-il , un peu
grande (*).
M. Gilbert fait observer, en passant, que les series de
Gudermann et de Binet ne sontpas essenliellementdiff^-
rentes : on pent d^duire Tune de Tautre. Cette remarque
avait d&]k &i& faite par M. De Tilly.
De simples identites, d'oii Ton conclut le d^veloppemcnt
de — TT— en sommes de fractions dont les deux termes
sont des factorielles, conduisent Tauteur h la decouverte
d'une infinite de series propres i repr&enter o(ac), et dont
la s^rie de Binet est un cas tres-particulier. Citons celle-ci ,
par exemple :
/ 1(2— x)(4— x) Ix— -J di
(') Note IV.
(9)
V.
Reprenant la formule :
el operant, comme il le dit c de simples integrations par
» parties, » M. Gilbert relrouve la s^rie de Stirling, avec
deux nouvelles expressions du reste. Je ne suis pas bien
sur que ces limites soient pr^f^rables k celles que Ton con-
naissait dej&.
Pour terminer ce paragraphe, Tauleur conclut^de I'^qua-
lion ci-dessus, le curieux d^veloppement de cr(Ac) en s^rie
p^riodique, dA k M. Kummer. II d^duit ensuite, de cette
serie, diverses integrales definies remarquables. Je citerai
seulement celle-ci :
/
i
1. r (fl) cos SfcfATT = —
4t
VI.
Dans ce paragraphe, qui constitue la partie la plus
abstraite de son travail, M. Gilbert consid^re encore Tint^^
grale
J \e^-1 z 2/ z
mais il suppose z imaginaire, el il ^tend Tint^gration & un
certain contour ferm^. Appliquant, avec beancoup de saga-
(10)
cit£ et de penetration , la theorie de$ fonctions d'une va-
riable imaginaire, th6orie encore nouvelle, ii arrive k ces
deux equations I bien remarquables :
0
/'^ /i \ cos 2^ , ^=* sin 2nfAjr
/ cotx ^ix=s\ i-. .
^J \x I X ^=, n
0
La seconde conduit Tauteur k des resultats dtonnants,
presque paradoxaux, parmi lesquels je citerai seulement
celui-ci : I'integrale
f
cos 2/KX — cos ^ax ,
cot xdx
a des valeurs tres^ifferentes , selon que les param^tres ft,
a sont en tiers ou fractionnaires. Cette discontinuite , dont
on ne connaissait que.peu d'exemples, me paratt suscep-
tible d'applications importantes.
VII.
M. Gilbert reprend la formule (12), en recrivant ainsi :
^(p)
= l.«sinpr-t-- / ( cotx] dx. (15)
iS *^ I \x I X
(') Gelte notation signifle que le sinus est pris en valear absolae :
1. 1 sin /x?r = - 1 (4 sin* **«-).
3
(H )
CombiDant cette Equation (15)avec les propri^t^s de la
fonction o(^), noire confrere trouve des intigrales d^finies
oouvelles et remarquables; savoir ;
*sinx —
X — xcosx / i\ / i\
—^, C08(2ft + l)xcfcr = l-^^4--jl.[lH-^].
sinx — xcosx 8in(2At-f-i)x
3 : ^dx=(2n-i-0+21.ri.5.5...2»-.il
•X sinx ^ ' L J
— 2nl.(2n-4-i),
. n — i
SID Sf
Sinx — xcosx n
-^ dar==(n— i)-f-l.[i.2.5...n—i]
sm-
n
l.[l.2«.3»....(n— 1)"-*]; etc.
Ce paragraphe est termind par les d^veloppements de
o((x) en series proc^dant suivant le sinus integral et le
cosinus integral de nn.
Vllf.
Apr^s avoir prouv^ que
/*/! \sin2^,
(.^cotxj— — dx=2A*-(2,.~l)l. p
0
- A(2,-l)co,2x-?iili!fli:llflrfx,
^ L sinx J
0
Tauteur, au moyen de cette transformation, met la fonc-
tion a(fx) sous une nouvelle forme; il en conclut :
l.rw=l|.^'
2 sin /ir 2
in^-,^^^-'±^^±,u,
(12)
< Celte expression »,clit notre confrere , < nesemble pas,
» au premier abord, se prater facilement k T^tude des pro-
» pri^t^s de la fonction r (fji) (*)... N^anmoins , ii est trte-
> curieux que cette Equation conduise, de la mani^re la
» plus simple et la plus naturelle , aux propri^t^s caract^-
» ristiques de la fonction r . . . > Je n'ai pas besoin d'ajou-
ter que M. Gilbert justifie, amplement, cette appr^iation.
Le M6moire se termine par la demonstration de la for-
mule
/• dz ^ i P' \ ^^-'
0 0
Cette demonstration me parait trop longue (*').
En resume, et malgr^ quelques points que j'ai cru pou-
voir criliquer, le M^moire de notre confrere est cerlaine-
ment aussi important, au fond, que remarquable sous le
rapport de reiegance des transformations et de la variety
des r^sultats. Ce travail est, i ma connaissance, le meil-
leur commentaire du c^l^bre M^moire de Binet. J*ai done
I'honneur de proposer Tinsertion des Recherches sur le
developpement de la fonction r, dans Tun des recueils de
TAcad^mie. >
MM. J. Liagre et J. De Tilly, deuxi^me et troisi^me com-
missaires, d^clarent qu'ils partagent Topinion de M. Catalan
sur le m^rite du ro^moire de M. Gilbert, et qu'ils adherent
aux conclusions du rapport ci-dessus; la classe decide,
en consequence , d'imprimer ce travail dans le recueil des
Memoires in-4^.
{*) II fail observer, avec raison, que la formule (M) devient illusoire
lorsque /j, esl entier.
(•♦) Nole V.
(15)
NOTES.
I.
En g^o^ral ,
0
et
d.l.r(M)
0
,/ La? 1— <r-«J
Si l*on fait e-»=jy, cette derni^re ^uation devient :
rf.l.r(M)
dy-
0
=-/In^S]-
C ^tant la eomianU dEuUr, on a :
done
Le second membre s'anoule pour m = 1 ; cons^emmenl,
formule de Schlomilcb.
II.
La c^lebre formule de Poisson :
(3)
(14)
donne :
dx
/•e-/«f, /"• sin ax ^ ^ /*'
O 0
/
dx
er-f^sinax —
X
L'int^rale relative k a? est -^ - arc ig 1= aw tg - ; done
i« (to
fonnule trouv^e par Binet , ud peu moins simplemeDt
III.
Si dans l'6qaation (9), on transforme chaque fraction en integrate d^-
finie, on retombe sous la formule (2). R^ciproquement, on pent conclure ,
de celle-ci, Tequaiion (9). En effet, si Ton change d; en 3a;, on pent mettre
cette ^nation (3) sous la forme :
^W
1 r*^ e-W
= 2,/ TI
e-(«^+0« aj(e*-i-e-«) — («' — (?-■)
e-** a;"
dx.
La premiere fraction ^le
AsO
La seconde est la d^rivee de
Le d^veloppement de cette seconde fraction est done
[X ap» g* 1
1.5"^ 1.2.5.5'*' 1.2.3.4.5.7"*" J
Par suite,
Hs»
0
et il est visible que celte formule ne diff&re pas de Inequation (9).
IV.
On a, pour de grandes valeurs de n :
1.2.5 ... iT^i ==|^5^(n—l)"■"i^^"■'*^
(M + l)(;*+2) (M-i-n-«) = l/2;^i i__ (•).
Done, Hn^lit^ (iO) devlent:
Soil n = 101 : la formule (11) devient :
R ^ J-— — L_
"^ 8m« 1-4-^.5,18239'
et la formule (11^:
__Lr(M)
" ^ 8m* 1001* *
Si M = 1 , la premiere formule donne
49,459'
et la seconde :
Pour M s -y les limites seraient moins tort^; mais la seconde est
toujours notablement plus petite que la premi^.
(*) Memoire de M. Gilbert , p. B.
(46)
V.
Soil, comme dans la Note I :
0
C= / cte = A.
/ 1— a?
Si Ton fait a? = «-•«, on trouve :
0
D*apr^ une remarquable formnle de Poisson (*), on a:
cos— OP
•= sin fir
J eP-'
coso^
= — 2 sin MT /
dt n.
2C0SM^-4-C--^*
0
Sobstituant, je trouve :
/• dt r»m
-— — r / COS«f.«-|*ad«.
e^*— 2 COS M^ + fl~^' /
L*int6grale relative ^ a a pour valeur jr^— j; done
/»• 1 d/
: '": ri
0
ou, plos simplement,
/• 1 dz
<^rz _ 2 cos )u;r H- e-^^* 1 -4- 2*
0
valeur trouv^e par M. Gilbert.
(*) Journal de I'Ecoh polytechnique, I8«.cahier, p. 306.
(**) /A est une fraction proprement dite; done la fraction transformee est nega-
tive ;ei les deux integrales definies sont positives.
(17)
Quelques fails pour servir a V elude de la constilulion des
composes oocygenesdu sou fire; parM. Walth^re Spring.
flW JUK^ 9MBv«
c M. Walth^re Spriog s'est propose de rechercber la
constitution des composes oxyg^n^s du soufre; il presenle
actuellement k rAcademie la premiere parlie de son tra-
vail, celle qui est relative k Tacide trithionique. En admet*
tant, par hypotb^se, que la constitution de Facide sulfureux
est representee par HSOOOH, Tauteur a conclu que, sons
rinfluence des cblorures de soufre, les sulfites doivent
se transformer en polytbionates. Ayant sourais son hypo-
(h^e k Texp^rience, i( a trouv6 qu'une solution satur^e
de sulGte de |)otassium dissout les cblorures de soufre sans
se colorer, ni laisser d^poser du soufre. Le cblorure SCH^
fait passer ainsi le sulfite int^gralement en tritbionate,
tandis que le cblorure S^GH^ produit un melange de tri-
tbionate et d'byposulfite dans lequel le premier sel est
trte-fortement predominant.
M. Spring fournit k Tappui de ces deductions des resul-
tats analytiques qui ne laissent aucun doute dans Tesprit.
En faisant r^agir le cblorure de soufre sur I'byposulfite de
baryum, Tauteur croit etre parvenu k transformer ce sel
en pentatbionate; toutefois il n*a obtenu ni acide penta-
tbionique, ni pentbationate susceptibles d'etre analyses ;
avant d'^mettre une opinion k ce sujet, je dois attcndre la
suite de ce travail. J*attendrai egalement la seconde partie
pour examiner jusqu*^ quel point la formation du trithio*
nale par Taction du cblorure SCH^ sur un sulfite permet
2*"' S^RIE) TOME XXXVI. 2
(18)
de d^voiler la structure de Tacide trithioaique. Mais
quelle que soit la reserve que je veux garder k ce sujet, il
n'y en a aucune sur Faccueil que m^rite le travail en lui-
m^me, et sous ce rapport, je suis heureux de pouvoir pro-
poser k rAcad^mie d^ordonner TimpressioD de la notice
dans le Bulletin de la stance et de voter des remerctments
k Tauteur. »
M. Helsens, second conimissaire, ayant adh^r^ aux con-
clusions du rapport de M.Stas, la classe decide d'imprimer
la notice de M. Spring dans les Bulletins.
Note sur quelques proprietes des acides pyrocitriques ; par
M. Th. Swarts.
< Le travail pr^sent^ par M. Sv?arts contient un grand
nombre de faits nouveaux et importants au sujet des trans*
formations que subissent les acides pyrocitriques. Je ne
saurais faire une analyse de ce travail sans reproduire
toute la note. Je dois done me borner a proposer k TAca-
(l^mie d'en ordonner Timpression et de voter des remerct-
ments i M. Sv?arts pour sa communication. >
M. Melsens, second commissaire, ayant adh^r^ aux con-
clusions du rapport de M. Stas, la classe decide d'imprimer
la notice de M. Swarts dans les Bulletins.
( 19)
Conform^ment aux couclasions favorables de M. Slas,
la classe decide TimpressioD dans les Bulletins d*une notice
de M. L. Henry, correspondant. Celte notice pone pour
litre : Sur un nouvel hydrocarbure aceiylenique isomere
de la benziney le propargyle Cc He ou C5 H3 — C3 H3.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur le calcul des probabilites applique a la scieiKe de
Vhomme; par M. Ad. Quetelet, secretaire perpeluel de
rAcad^mie.
Cest au c^lebre Pascal qu'on doit les premieres notions
sar les probabilit6s appliqu6es i la science de rhomme.
Peu de temps apr^s lui, le directeur de TObservatoire de
Greenwich, TastronomeHalley, calcula les premieres tables
de mortality en 1695; ce n'est qu^un demi-si^cle apr^s
que Simpson 9 en 1742, publia une seconde table pareille,
pour la mortality de Londres. Les divers pays ne tardirent
pas k suivre ces exemples; on vit paraltre success! vement
des tables de mortality plusou moins rapides; cbaque pays
voulut avoir les siennes. Mais ces tables, par suite, offraient
qudqttefois des valeurs tr^-difir§rentes entre elles pour les
mdmes Ages.
Dans certains cas, on trouvait les erreurs les plus appa-
rentes, faites m£me avec intention, pour obtenir dos b^ne-
flees dans les calculs auxquels on les faisait concourir.
\
(20)
Malgre tous les soios employes pour reconnaitre ces falsi-
fications, on avail souvent h vaincre de grandes difficult^s
pour les 6viter.
Ces erreurs existaieut encore au commencement de
ce siecle, quoique Ton fit beaucoup d*efforts pour s'en
preserver. On vii paraitre cependant quelques bonnes
tables; mais il dcvenait k peu pres impossible de les
utiliser pour le commun des hommes;ces tables n'^taienl
generalemenl calcul^es que pour quelques villes, pour
des fractions plus ou moins grandes d*un pays ou pour
des parties de population plus ou moins expos6es k la
mortality.
Lorsque, apres 1840, on eut commenced etabiir, entrc
les diverses nations ^clair^es, le calcul des probabilit^s sur
des bases plus sAres, on put esp^rer de parvenir k calculer
des tables completes pour tout un pays et d'^chapper, ainsi,
aux erreurs qui se glissent ordinairement dans de pareilles
determinations, soit volontairement, soit par des fautes
de calcul qui exigent une attention assez grande pour les
decouvrir.
Cest alors que Ton put apprecier les avantages de r^unir
les r<^sultats de nombres exacts, qu'il etait impossible d'ob-
tenir et de calculer jusque-l^ avec toutes les facilit^s
n^cessaires.
La Commission cenlrale de stalislique du gouvernement
beige fut fondee au commencement de 1841, et eile se fit,
avec les commissions provinciales , un devoir de rem^dier
aux lacunes qui existaient, dans la partie administrative
du gouvernement, relativement k cetle brancbe des con-
naissances; un appel fut particuli^rement adresse a tous
ses membres pour r6unir, chacun de leur cdle, avec les
(21 )
memes m^thodes et les m^mes precautions, nne (able de
mortality, noo point pardelle, mais concernant la nation
emigre.
Cetle table g^n^rale pour toute la Belgiquc, disons-nous,
offrait d^}k un avantage immense sur ce qui existait
d'abord; mais avec ia connaissance de la th^orie des pro-
babilit^s, on ^tail loin encore de poss^der les renseigne-
ments qu1l ^lait necessaire d'avoir pour etudier la morta-
Iite de rhomme dans sa plus grande 6tendue.
Douze ans apr^s sa creation, la commission cenlrale de
stalistique de Belgique elargit le cercle de ses travaux et
leur donna le caract^re de g^n^ralit^ qui, seul, pouvait
former sa force et sa valeur. La modeste Belgique ne
craignit pas de faire un appel k toutes les nations de
I'Enrope, et ces nations, r^pondant k Tappel sympathique
qui leur 6tail fait, se r^unirent, pour la premiere fois, k
Bruxelles, au mois de septembre 1853. Cest alors que les
diffi^rents £tats, appreciant les besoins scientifiques qui
leur etaient manifestos, se firent un devoir d*enYoyer,
chacun, des dOIOguOs pour les reprOsenter et pour sceller
ensemble leur union scientifique (1 ).
Cette union si desirable a continu6 d^exister depuis
lors; et huit des principale^ villes de TEurope : Bruxelles,
Paris, Vienne, Londres, Berlin, Florence, La Haye, Saint-
POtersbourg, ont et6 successivement le centre de leur
reunion. L'accord le plus unanime a constamment regne
(1) Au moment de Hvrer cet article ^ la publicite, nous recevons le u* 8
du Journal de la Society mSUorologique de Vienne, par MM. C Jelinpk et
J. Habn, qui contient un article remarquable du capilaine RykalchefT, de
Salnt-Petersbourg, sur le Congres metdorohgique de Bruxelles en 1853,
et sur les travaux du commodore Maury, qui avait provoqu^ ce congres.
entre les representants de ces diff^rents pays et il serait
diflBcile de dire si les seDtiments de courtoisie qui y domi*
nent sont plus attest^s par les membres de la reunion que
paries souverains qui les ont d^l^gu^. Si Ton demandait
les t^moignages de ce que j*avance , il me suffirait, pour ne
citer qu*un exemple, de rappeler les paroles suivanles qui
commencent le discours d'adieu que le pr&ident de noire
derni^re reunion, S. A. I. le Grand-due Gonstanlin, nous
adressait k S*-P^tersbourg :
< A Theure quil est, disait Son Altesse Imp^riale, tous
9 les gouvernements ont reconnu la valeur de la staiis"
9 tiquBy et ne reculent plus devant les moyens d*en ame-
» liorer les institutions, non plus que d'^largir la sphere
» des investigations de cette science. Permettez-moi,
» ajoutait-il , d*exprimer I'espoir que le progrte de la sta-
» tistique en Russie sera en m£me temps celui de la science
» slatistique en g^n^ral... Ce n'est point d^une conviction
» tb^orique que je m'inspire, mais bien d*une experience
» personnelle et t($ute pratique que j*ai acquise comme
» president du conseil de Tempire. >
Ces paroles pleines de noblesse , exprim^s par uo des
Princes les plus instruits et les plus eclair^s de notre
epoque , pourront rassurer bien des personnes craintives
encore sur Tavenir d'une science qui prend, de jour en
jour, des accroissements nouveaux, et qui a ^t^ cultiv6e,
depuis son origine , par les penseurs les plus profonds, en
commen^ant par I'illustre Pascal, Pun de ses premiers
propagateurs.
Qu^on me permelte de placer ici quelques observations
qui tendront, je pense, k faire voir les choses sous leur
veritable point de vue. J'aime k croire qu'on ne refusera
(23)
pas d'en prendre connaissance, aujourd'hui surtout, si
j*ajoute que plusieurs de mes resultals ont &ie admis el
v^riK^s par les calcolateurs et les observateurs les plus
babiles; je citerai entre autres, avec iin scnliment de re-
connaissance, rillustre savant sir John Herschel, dont la
science pleure encore la perte (i).
Depuis longtemps j'ai fait voir, avec le sentiment dc
la plus profonde conviction, que les tallies humaines,
quoique paraissant developpees de la tnaniere la plus acci-
dentelle^ sont neanmoins soumises aux lots les plus
exacles; et que cette propriete n'est point particuliere a la
tailk : qu'elle se remarque encore dans tout ce qui concerne
le poids^ la force^ la vilesse de Vhommey dans tout ce qui
tientf non-seulement a ses qualiles physiques^ mais encore
a ses qualiles morales et intellectuelles. Ce grand principe
qui r^git Tesp^ce humaine,etqui, tout en diversifiant les
effets de ses qualit^s, donne k celles-ci assez de jeu pour
montrer que tout se r^gle sans I'intervention du vouloir de
rhomme, nous paratt une des lois les plus admirables de la
creation (2).
Cest d^ji un grand avantage que de parvenir i r^duire
Tuniversalit^ de r^sultatsi un seul et rnSme principe, qui
en forme pour ainsi dire la clef; et d'^viter, de la sorte,
cette disparite de systemes qui mena^ait d'^loigner con-
stamment la statistique de son but veritable.
Je suppose que, dans une de nos villes, on comple
(1) Yoyez rintroduction imprim^e en iStedu tome !«' deroa Physique
sociale (iii-8% Bruxelles, i869), et inlital^e : Sob la Th^orib des probabi-
lities et ses applications aux sciences physiques et sociales, par sir
John Hbrscbel, associ^ de la Soci6t6 royale de Londres, pages 1 a 80.
(2) Physique itociale, tome I«', page 129, i869.
( 24 )
annuellement 1,000 habitants de I'&ge de 20 ans. Ces
mille hommes ^lev^s dans des classes diffi^rentes* avec des
habitudes diverses, varient consid^rablement entre eux :
les uns soQt grands, les autres petits, etc. Ces particular
rites y on les connait, mais ce qu'on ignorait, c'est leur
maniere d'etre les unes par rapport aux autres. Partout
ou existe la conscription, Fhomme est mesure avec soin,
pour la taille, par exemple, ainsi que pour la force; on
juge ceux qui sont propres au service, et qui peuvent
paraitre avec avantage dans tel ou tel corps, suivant les
exigences de Tarnie; mais on ne s*occupe nullement de
rechercher s'il peut exister des grandeurs determinees
entre tons ces hommes. II semble m£me qu*il y aurait* avi-
lissement pour Thomme de le supposer r^duit k un ^tat
aussi m6canique. Get 6tat existe cependant, et, corome
nous venons de le dire, 11 n*existe pas seulement pour la
taille, mais encore pour le poids, pour la force, pour la
Vitesse de marche, etc.; et non-seulement il existe pour
les qualit^s du corps, mais aussi pour les qualit^s de Tin-
tell igence, pour les qualites morales : chacune de nos qua-
lites est distribute dans une certaine mesure, qu'il a &li
possible d^estimer.
Nous ne citerons qu'un exemple, et nous Temprunterons
aux £tats-Unis d'Am^rique, qui Font donn^, il y a quel-
ques ann^es, au milieu des violentes secoussesqui agitaient
ce pays.
La statistique alors fut soumise i Tune des ^preuves les
plus brillanles : les tailles de 25,878 volonlaires furent
relevees avec soin y d'apr^s les instructions ofticielles du
bureau de I'adjudant g^n^ral. Deux tiers de ces volon-
taires ^taient du nord-est (la Nouvelle-Angleterre), et les
trois cinqui^mes des autres venaient des Ctats nord-ouest :
(25)
de I'lowa , Indiana , Michigan et Minnesota. Nous repro-
duisons exactement le tableau que renferine le recueil oh
fut public le r^sultat des recherches entreprises. On y a
joint les nombres qui furent calcules pour etablir la verifi-
cation de la loi que j*avais fait connaltre (i).
mesuHES
de
HAUTEUR HtTRIQUE.
NOMBRES
des
p»r
dlffAnenca
de hauteur
de 0*3tf5.
PROPORTION
dc la hauteor de 1000 eeMeritf
metar^i
Observes.
Calcules.
De 1,397 k ijm
i^49 . . .
i,575 . . .
i,600 . . .
i,626 . . .
i,65i . . .
1,676 . . .
1,702 . . .
1,727 . . .
1,753 . . .
1,778 . . .
1,803 . . .
1,829 . . .
1,854 . . .
1,880 . . .
1,905 . . .
1,930 . . .
De 1,956 4 2,007
De 1,397 k 2,007
31
15
50
526
1237
1947
3019
3475
4054
3631
3133
2075
1485
680
343
118
42
17
25878
1
2
1
3
2
9
20
21
48
42
75
72
117
107
134
137
157
153
140
144J
121
121
80
86
57
53
26
28
13
13
5
5
2
2
1
0
1000
1000
(1) Le travail cJont il s'agil a paru dans Kouvrage iDtitale : Internalio^
naler statistischer Congress in Berliiij 1 vol. in-i**, Berlin, 1865. ~ On
pent lire, k la page 728 de ce volume, les lignes suivanles : « Slalislical
researches, conducted by M. Quelelet or Belgium, have established the
(26)
Je me bornerai k citer cet exemple pour montrer com-
bien la similitude des oombres d^duits de Tobservation
est d'accord avec les nombres que donne le calcul. Les
valeurs oblenues, dans d'autres pays, donnent la m^me
confirmation des r^sultats qu'ont d^duits les observateurs
am^ricains. Et, je le repute encore, cette identity nese
rapporte pas seulement aux tailles, mais it toutes les
autres qualit^s de Tbomme : quality physiques, intellec-*
tuelles ou morales; elles se retrouvent m^me dans ce qui
se rapporte aux animaux, dans ce qui appartient aux
plantes. Cest, on pent le dire, une des lois les plus g^n^
rales de la nature (loi du bin6me); et, si elle n'a pas 6i6
irouv^e plus t6t, c*est quil fallait des observations nom*
breuses et bien faites pour la reconnaltre, et pouvoir
compter sur Taide d'hommes estim^ comme savants et
comme penseurs. Ce concours, heureusement, ne m'a
point fait d^faut, et je citerai toujours avec reconnaissance
les noms de MM. Gluge, Schwann, Spring, Lengrand,
comme zoologistes; Madou, Calamatta, Robert, etc.,
comme dessinateurs.
fact, previoasly contested , of the existence of a human type, and that the
casual varititions from it are subject to the same symmetrical law in
their distribution as that, which the doctrine of probabilities assigns to the
distribution of errors of observation. In the accompanying tables, sho-
wing the distribution of heights and of measurements of the circumference
of chests of American soldiers, the conclusions of this eminent statist and
mathematician are strikingly confirmed. » (On the military statistics op
THE United States of America.)
Les documents dont nous parlons ont ^te communique par M. Elliott,
Tun des savants Am^ricalns qui avaient pris part ^ la verification des
r^ultats, h la reunion du Congr^ statistique lenue ^ Berlin, en 1863. Le
tableau que nous donnons ci-dessus a ^le insert page 748 du Comple-
rendu du congr^ pr^cit^.
(27)
Je n'insisterai pas davanUge sur les travaux qoe j*ai
t^ntrepris, dans mes loisirs, pour arriver k ces r^ltats,
et pour les poursnivre ensuite patieromenl chez les ani-
maux et chez les plantes.
AiDsi que je Tai deji dit pr^c^demment, Tid^e qui pr£-
domina surtout, dans la formation d'un congrte stalis-
lique, fut de mettre de I'unit^ dans les travaux des nations
les plus ^clair^s el de rendre ces travaux facilement corn-
parables entre eux. II ne fut d'abord question que de
r6unir les d^legu^s des gonvernements et de s*assurer de
teur concours; mais bient6t on vit combien on aurait i
gagner en appelant anssi les slatisticiens les plus habiles,
ponr profiler de leurs conseils. Apr^s les reunions succes-
sives de Brnxelles, de Paris et de Vienne, on comprit
n^anmoins qu'il convenait, avant la reunion g^n^rale, de
s*eutendre s^par^ment sur les besoins mutuels des pays
et sur un plan commun qu*on aurait k suivre; on sentit
qu'il fallait un langage uniforme pour abreger les travaux
et pour amener Tunit^ tant d6sir6e entre les gouverne-
ments.
La premiere reunion particuli^re pour cet objet eut lieu
k Londres. Dans une stance toute speciale , lenue avant
Tassembl^ g^n^rale du congr^, les d^legu^s des nations,
apres avoir entendu les explications fournies par le pr^i-
dent du premier congr^ tenu k Bruxelles, s'accord&rent
parfaitement sur la luarche k suivre et Ton chargea le
promoteur de Tentreprise de donner publiquement con-
naissance k la reunion du plan qui avail ilk arr£t6 pour
l&cher d^arriver k la formation d'une statistique interna-
tionale,
Les propositions pr^seni^es furent £cou(^es avec la plus
(28)
grande bienveillance et adoptees unanimemcDt (1), mais
k condition que Tauteur fournirait hii-m^me le premier
module du travail propo$<^ et qu'il en pr^senterait la redac-
tion dans un prochain Congr^s.
Ce specimen fut entrepris imm^diatement apres et
soumis partiellemenl au Congr^s international de statis-
tique dans sa reunion suivante, qui eut lieu i Berlin;
Touvrage entier ne tarda pas a paraitre a Bruxelles,avant
meme la reunion tenue k Florence (2).
Ce ne fut neanmoins que dans la session tenue k
La Haye, pendant le mois de septembre 1869, que le
Congr^ arreta d^finitivement le plan g^n^ral qu^il conve-
nait de suivre. M. Engel, I'actif et intelligent d^l^gu^ du
gouvernement prussien, proposa en detail le plan d6ja
presente k Londres par M. Quetelet. II fut soutenu par la
plupartdes membres de rassembl^e^qui firent pleinement
ressortir, comme lui, les avantages que relireraient les
(1) Voici ce qu*on lit, a ce sujet, dans le Compte-rendu du coDgr^s de
Londres, |>age 121. — « Le D' Farr (secretaire general) prit alors la parole
et s'exprima de la mani^re suivante : This is a very important proposal
which M. Quetelet has made, for a conference of the oflScial delegates to
agree to a common set of forms for use in their respective countries.
Perhaps it would be well if some of our distinguished colleagues would
kindly express their opinion upon it. 1 think it would be exceedingly
useful if we could carry it out practically. »
Chairman (the right honourable lord Brougham). — « I think it is a
very judicious proposal, and that we ought to appoint a special committee
to consider and report upon it at a future meeting... >
D' Farr. — « Is it understood that the important proposal of M. Que-
telet is referred to the official delegates, who will report on it to-morrow
or the next day. (The delegates whose names are mentioned in M. Quete-
let*s Report expressed their concurrence in its objects : no further report
was therefore necessary. — Editor). •»
(2) II avait (lour titre : Statistique inter.nationalr (population).
( 29 )
difKrents £tat$, et le public en g^n^ral , d*uD travail enlre-
pris sur une aussi vaste ^cbelle.
Les statisticiens les plus capables s'attacherenl a mon-
trer riroportaoce qu*il y auriait ^ snbslituer des donn^es
sikres et comparables ^ des valcurs en general grossi^re-
ment d^lerminees jusqu*alors, et ne portaiu aucun carac-
t^re d'homog6n6]t6.
Parmi les travaux qui ODt successivement occupy le
Congr^s ioternatiooal de statistique pendant les huit ses-
sions qu'il a tenues jusqu'i ce jour, nous devons encore
mentionner, eomme ni^ritantde fixer Tattention, ceux re-
latifs^ la formation de tables de morlalite. On salt que ce
fut le savant Halley, directeur de TObservatoire royal de
Greenwich, qui, le premier, produisit une table de mor-
tality pour Tespece humaine. Bientdt cette table , en fai-
saot entrer dans sa composition la consideration des fa^
cult6s et des besoins de rhomme, donna lieu aux tables
g^n^rales sur lesquelles furent bashes les diff^rentes
soci^t^s d*assurances. Ges soci^t^s ^taient g^n^ralement
tres-dissemblables, d'apres les services auxquels on les
employait : les unes 6taient k mortality rapide, d*autres a
mortalite lente; mais, comme d'une part, le desir d'obtenir
un benefice conjectural et que de I'autre, des operations
mal combin^es ou dirigees avec fraude, delruisaient sou-
vent les effets altendus, il fallut marcher avec plus de
soins et de prudence.
Frapp^ du peu d'homogen^ite et de similitude qu*of-
fraient ces tables, je cherchai les moyens de parvenir a
former des tables generates , et je m'adressai, i cet effet,
k plusieurs membres de notre Congres inlernationaL Je
rencontrai sept savants tr^connus, d'un talent marquant.
(30)
qui voulorent bien r^poDdre jiidod appel.C^taieDt li. Kiaer,
pour la Norw^e; M. Berg, pour la Su6de ; H. Farr, poor
rAngleterre; M. voo Baumhauer, pour les Pays-Bas;
M. Gisi, pour la Suisse; M. Berlilion, pour la Frauoe, et
M. de Hermann , pour la Bavi^. Je joignis k ieurs tables,
quails me Iranamirent avec une exirtew obltgeance , celle
que j^avais construite pour la Belgique.
Le tableau qui suit doune les tables de mortality pour
huit pays diff^reots.
Tablet de nwrioHte,
Aoe.
i
s
1
to
il
a-
•<
FRANCE. 1
Mi
U
•5
1
m
M
1
m
SUISSE. D
0
500
500
512
500
500
500
500
500
5
401
377
370
348
357
5-58
342
354
10
386
361
353
334
341
522
325
345
15
377
353
345
326
328
315
316
339
20
367
344
334
316
315
304
306
351
35
353
35i
319
300
301
290
290
32o
30
359
318
305
287
284
275
275
309
55
3^5
305
289
276
248
260
260
298
40
311
284
272
264
251
245
246
285
45
295
265
254
249
254
227
250
267
50
278
238
235
233
217
208
211
248
55
257
210
209
214
197
185
188
225
60
233
179
184
190
168
155
16i
198
65
202
145
151
158
132
126
128
161
70
163
104
114
120
97
84
91
114
75
115
64
76
80
63
58
58
68
80
70
30
41
42
34
29
26
30
85
32
9
17
16
13
10
10
10
(*) L\
infleten
1 I
« a donno I'eUt reel de sa
population masculine, e'est-4 dire
Sltbon
imet tur
488 femmes , landis que le
s sepi autres pays oot eompare la
populati
on masei
iiline a la population fem
inine , non pas eorame elle etait
effeciiTe
oMol, mi
lis ea comparant ee qui re
suit de 600 indttidus, d'annee ea
muwhy i
M qui CO
nititsatt eridemment un i
iTMittge Bumerifue an fa? anr das
homines
•
1
(31 )
Six de ces tables sont, comme on le voit, k peu de
chose piis, conformes k celle que j'ai dress6e moi-m^me
pour la Belgique. L'une d'elles, celle de Norw^e, met en
Evidence un fait assez remarquable : c'est que , k ^lit^
d*ftge, sur iOOO naissances, ce pays produit un plus grand
nombre d'individus survivants. En Bavi&re, par contre, le
nombre des survivants ^tait beaucoup moindre, et parti*
culiirement pendant Tenfance. Les causes de cet avantage ,
d'un cdt^y et de ce d6sa vantage, de Tautre, sont faciles k
concevoir (1).
Si, aprte la correction faite pour la mortality extreme
de la Bavidre, nous recbercbons ensuite quel est le pays
offrant le signe de la mortality la plus grande, nous trou*
vons les sept £tats : SuMe, Angleterre, France, Belgique,
Pays-Bas , Suisse et Bavi^re , k peu pr^ sur le rnSme rang.
Une l^^re exception se manifeste cependant : le royaume
des Pays-Bas donne, depuis la naissance jusqu'^ T^ge
de 50 i 60 ans, un chiffre de survivants un peu plus faible
que les sept autres pays.
D*apr^s la maniere dont les chiffres sont places et se
component, pour la grandeur, les uns k regard des autres,
il semble prouv^ que les id^es sUr la mortality, chez les
nations, sont en general des plus fautives : Les virita^
bles chiffres suivent admirablement la meme marche. Les
differences qui s*observent proc^dent de la fagon (a plus
rdguli^re et m*ont extr£memenl etonn^, je Tavoue, lorsque
j*ai pu reconnattre leur accord.
(i) Voir, pour plus amples developpemsnls , noire travail iuUtule :
Tables de mortality , public en 1S7iet pi^sent^ au Congr^ inlernaiional
de statisUqae de S*-Peiersbourg, de m^oie que notre meraoire : Congris
international de statistique, que nous veooos de publier dans le t. XXII
(iD.4») des Annates del' Observatoire royal de BruxelleSy 1873.
(32)
En resume, nouscroyons pouvoir dire que les tables de
mortality que nous donoons ci-dessus sont peu ^loign^es
de toute Texaclitude qu'on peut en esp^rer. El les ont ^t^
adoptees depuis longtemps par sir John Herschel , qui , i
coup sAr, etait aussi bon calcnlateur qu'on peut T^tre.
Quant aux causes nalurelles qui produisent les differences
que nous remarquons encore, elles ne peuvent £tre ^vit^es^
car chaque climat a ses effets particuliers qui agissent plus
ou moins ^nergiquement et doivent laisser leurs traces.
Sur deux dessins de celaces du cap de Bonne^Esperance ;
par M. P.-J. Van Beneden, membre de T Academic.
Jusqu'^ present, les zoologistes ont tenu bien peu compte
de la couleur de la peau des c^tac^, ou plutdt de leur
systeme de coloration; on a eu tort, k noire avis. Si chez
ces animaux les couleurs ne sont pas aussi iranch^es ni
surtout aussi varices que chez les autres mammif^res,
chaque esp^ce porte cependant une livr^e particuliere et
distincte el, en y regardant de pros, on remarque des
differences que Ton aurait grandement tort de negliger.
On en Irouvera la preuve dans les deux dessins de TaU
bum du comte de Caslelnau, que nous demandons k la
classe la permission de reproduire.
En examinant alien tivement une de ces figures ^ il ne
nous a pas ^t^ difficile de reconnaitre un Orque par son sys-
tdme de coloration, et il nous a paru qu*un mot sur la cou-
leur de ces animaux pourrail interesser a la fois les nalu-
ralisteset les voyageurs. G'est que souvenl les uns comme
les autres n'aper^ivent ces animaux qu'en pleine mer, k
(33)
une distance oil les autrcs caract^res exterieurs soDt difli-
ciles k saisir.
Pour appr^cier la valeur de ce caract^re, nous avons
fait le relev^ des observations qui sont consignees sur la
couleur de ces animaux, et Tid^e que Ton s^est faite
g^n^ralement de ces c^tac^s, d'animaux noirs du cdt^ du
dos, plus ou moins blancs sous le ventre, avec des cou-
leurs p^les qui se fondent sur les flancs , est generalement
erron^e.
Le premier dessin repr^sente un animal noir et jaune
dont les couleurs ne se fondent aucunement Tune dans-
Tautre. On dirait de grandes plaques jaunes collies sur un
fond noir.
Sous ce dessin est ^crit au crayon , de la main m£me de
Gastelnau'.DatipAtn. Cap Town, 30 septembre 1856. Tr6s-
luisant. Delphinus heavisidiij avec un signe de doute, Del^
phinus tridens, Sunk, Mns. Cest une femelle, d'apr^s ce
que nous voyons par le signe ordinaire qui indique ce sexe.
A en juger par cette inscription , on voit que Pinfati-
gable voyageur a et^ ind^cis sur la determination de ce
CetodonCe.
Ce Dauphin femelle de Gape Town a la t6te fort courte, la
bouche pen fendue, une m^choire inferieure d^passant
fort legerement la superieure, un petit nombre de dents,
une nageoire pectorale courte et fort large , une nageoire
dorsale pen eiev^e et le corps massif.
Nous ne serious pas surpris que toute la region caudale,
k coromencer de la nageoire dorsale , fAt un pen trop amin*
cie dans ce dessin. Ce qui nous le fait supposer, c'est un
repentir au crayon que le pinceau n*a pas suivi exactement;
les Orques en g^n^ral sont plus gros en arriire que ne
rindique cette figure.
2""^ S^RIE, TOME XIXVI. 5
(34)
Quant k la nageoire dorsale, qui est si remarquable cbez
les Orques, puisqu'elle leur a valu le nom de Gladiator^ il
paratt qu'elle ne pr^nte cette forme d'^p^e ei cette
grande hauteur que cbez les m&les. Le c^tac^ de Castelnau
porte au crayon , comme nous venons de le dire, le signe
du sexe femelle.
Quant aux' couleurs, il est k remarquer que toute la
partie sup^rieure du corps est d*un noir luisant comme du
jais, tandis que la partie inf6rieure est d'un jaune tr6s-p&le
depuis le milieu de la gorge jusqu'au pourtour de Tanus;
mats cette bande p4le, au lieu de se fondre insensible-
ment dans la couleur noire , comme on le voit babituelle-
ment, a tout son contour nettement tranche ; elle s'6lars[it
l^g^rement d'avant en arriere; elle s'^tend en travers, au
devant des nageoires, sous la gorge, et aussi derri&re les
nageoires pectorales; en regardant Tanimal par sa face
inf^rieure, le contour de celte bande jaune reproduit la
forme d'une croix de Lorraine. Derri^re les nageoires pec-
torales, cette bande s*6largit lentement, mais arriv^e k la
limite post6rieure de la cavit^ abdominale, elle s'^tend
brusquement, s'allonge comme une large virgule k droite
et k gauche, et vient contourner ensuite les organes
sexuels et Tan us.
Si en avant cette bande repr^sente une croix de Lorraine,
en arriere elle figure plutdt un trident, et c'est sans doute
ce caract^re qui est indiqu^ dans un des noms sp^ciflques
Merits au crayon dans TAIbum.
Ce dessin de la bande jaune se reproduit dans tons les
Orques que nous connaissons, et si les anciens ont nomm6
ces c^tac^s Aries k cause de la lache jaune en forme de
cornes au^dessus de Toeil, ils auraient pu comparer avec
plus de raison , nous semble-t-il , ce dessin au sceptre de
Neptune.
( 38 )
Nous croyoDs que ce syst^me de coloration est propre
k tous les vrais Orques.
Si nous comparons ce dessin k celui de nos mers, nous
trouvons, k c6t^ des caract^res g^neriques, des dispositions
qui serviront ^videmment k la distinction des esp^ces;
d*abord ce qui frappe, et cela ne pent pas £tre Teffet
d'une distraction du dessinateur, puisque toute la figure
est achev^e avec soin , c*est que la grande tache jaune
isol^e, en forme de corne, que Tanimal porte derriiire et
un peu au-dessus des yeux , et qui leur a valu ancienne-
ment le nom de Aries marinusy c^est que cette grande tache
manque dans le c6tac^ de Gastelnau. Dans TOrque de la
mer du Nord la bande jaune est beaucoup plus 6tendue en
avant et occupe, non pas seulement toute la gorge jusqu'au
faaut du maxillaire, mais elle s'^tend en travers au-devant
des nageoires pectorales jusqu'i la commissure des l^vres.
line autre difference , c'est que la couleur pile ne s*etend
pas, dans notre Orque, derri^re la nageoire pectorale pour
former une seconde bande derriere Taisselle.
La bande jaune post^rieure qui forme le fer k cheval ou
plutdt le trident autour des organes sexuels est notable-
ment moins large dans I'Orque de Gastelnau.
Nous ferons remarquer que Liljeborg, qui admet deux
esp^ces dans nos mers d'Europe, le Grampus gladiator et
le Grampus area, n'accorde pas de tache k la nuque dans
cette derni&re esp^ce, et qu'elle est fort bien figur^e dans
la femelle qui est venue ^chouer en novembre 1841 sur les
c6tes de Hollahde k peu de distance de Wyk-op-Zee (1).
Nous avons done le dessin de deux femelles d*Orque d*Eu-
(1) Schleget , Abhandlungen awt dem Gebiete der ZooJogie und vergl.
AnatonUe. Leiden.
(36)
rope qui portent la tache vers la nuque et d'une femelle
d'Orqiie du Cap sans taches. Ce n'est done pas une dispo-
sition sexuelle.
A quelle esp^ce peut-on rapporter cet Orque de Cas-
telnau ?
Aucune partie du squelette n'a ^t^ trouv^e dans les col-
lections de ce voyageur qui sont arrivees en Europe.
II est i supposer cependant que M. de Castelnau a &i€
en possession de la tdte, puisque nous trouvons 6crit au
crayon le nombre de dents qui sont en place des deux cdt^s.
En dessus il leur en accorde vingt-trois et en dessous \ingt-
quatre. C*est la formule ordinaire f^. II est probable aussi
qu'il a pris ces chiffres sur le corps frais et que le temps
et les circonstances ne lui out pas permis de conserver le
squelette.
II existe heureusement des tStes d'Orque du Cap dans
les musses, et il existe ^alement un dessin in^dit de Tani-
mal entre les mains du D"^ Gray.
Ce dessin a &tA remis au D"^ Gray par sir Andrew
Smith. La distribution des couleurs correspond exacte-
ment avec celle de rOrca gladiator des cdtes britanniques,
dit le savant directeur du British Museum, mais il trouve
une difference avec la belle figure publi^e par Scblegel ,
dans la bande des flancs qui est plus ^troite et plus cour-
b6e. C'est exactement ce que nous trouvons dans le dessin
de Castelnau.
Le D' Gray a donn^ le nom de Orca capensis, c the
cape Killer, the Killer of the Whale-fischers , » k TOrque
du Cap dont il a figure la t^te dans le voyage de TErebus
et du Terror. Nous ne voyons aucune raison de ne pas rap-
porter YOrca de Cape Town k la mSme esp^ce.
II est a regretter que le D' Gray n'ait pas public le dessin
(37)
d'Andrew Smith. II est si diflQcile d'avoir un dessio exact
de ces animaux fait d'aprte nature sur les lieux , que Ton
doit saisir avec empressemeDt toutes les occasions qui se
pr6sentenl. C'est ce que notre savant confrere Richard
Owen a bien compris, en publiant derni^rement les belles
planches qui ont ^t^ rapport^es , avec tantd*aulres collec-
tions precieuses, par sir W- Elliot.
En comparant avec soin tout ce que la science a enre-
gistr^ sur les Dauphins du Cap, nous remarquons que le
Detphinus heavisidii est synonyme de Orca capensis et que
le cetac^, decrit par Gray, d'apr^s une d^pouille pr^par^e
au cap de Bonne-Esp^rance par Yerreaux et dont Fr^.
Cuvier fait mention dans son histoire naturelle des c^ta-
c^s, est encore le meme animal.
Le comte de Castelnau a done eu raison de mettre le
nom de Delphinus heavisidii sous le dessin.
Nous croyons devoir conserver comme nom sp^citique
celui de Orca capensis, et de donner comme synonymes :
Delphinus heavisidii, Gray, Spicilegia zoologica, tab. 11, fig* 6
1838.
— — Geoffrey S^-Hilaire et Fred. Cuvier, His-
toire naturelle des fnammiftres , tome III,
livre 58.
— — I^app> Die Cel€tceen, p. 57, pi. III.
— — D. hculatus, Fred. Cuvier, Histoire natu^
relle des eitacis, p. 464.
— — Schlegei. Abhand., p. 31, pi. Ill et IV.
Le second dessin reproduit un c^tac^ capture le 5 no-
vembre 1856. Cest probablement un jeune animal, car ses
dents, dit la note ecrite au crayon au has de la figure, de la
main sans doute de Castelnau, sont rudimentaires.
(38)
II est enli^rement d*un ooir liiisanl avec des lignes io-
lerrompues sur les flancs; les I^vres sont violettes; la lan-
gue blanche frang^e sur les bords, dit la note.
Cesl tout ce que nous en connaissons. Pouvons-nous,
avec ces Elements, determiner le genre et Tesp^ce?
A en juger par le syst^me de coloration, par la ligne de
demarcation qui s^pare le rostre et repr^sente jusqu'^ un
certain point une longue visi^re, et par la forme de la
nageoire pectorale, nous ne croyons pas nous tromper en
disant que c'est un Lagenorhynque.
Quant a Tesp^ce^ c'est plus difficile; nous connaissons
trop imparfaitement les C^todontes de ces parages , et en
attendant que nous ayons des mat^riaux pour etablir les
distinctions sp^cifiques, nous proposerons pour la designer
le nom du c^l^bre voyageur qui a enrichi nos collections
de tant d'objets importants. Ce c^tac^ sera done le Lage^
norhynchus de Castelnau.
Si cette determination est exacte, nous aurons ainsi
dans rhemisphere austral un nouveau repr^sentant d'un
groupe de notre hemisphere et il ne resterait plus i decou-
vrir que le genre Narval pour avoir dans I'hemisphere
austral des representants antarctiques de toutes nos formes
de ceiaces.
Les Lagenorhynques du D' Gray, etablis d'apres des
cr&nes du British Museum, sont d*origine inconnue.
Nous croyons pouvoir resumer nos observations sur la
distribution des couleurs des cetaces de la maniere sui-
vante :
Les Orques ont tout le dessous du corps jaune depuis la
gorge jusqu'autour de I'anus, des organes sexuels et des
mamelles; c*est une bande ^ contours nettement tranches
(39)
qui va en se r^lr^cissanl d'avant en arri^rc, forme sur la
poitrine une croix de Lorraine el se divise, derri^re l*ab-
domen, en un trident dont les dents ext^rieures se recour-
bent sur les flancs. Chez quelques-uns it y a de plus une
bande jauue isol6e derriire etun pen au-dessus de I'oBil.
Tout le dessus du corps est noir.
Les Lag^norhynques ont des bandes blanches inter-
rompues et irr^guli^res sur les flancs; tout le dessous du
corps est compl^tement blanc sur la ligne m^diane et se
fond insensiblement dans le noir.
Les Grindewall ou Globiceps forment, sous le rapport
des couleurs, aussi bien que les Pseudorques, un veritable
contraste. Les Grindewall^ en eflet, sont presque enti^re-
ment noirs, d'od le nom de Blackwall donn^ par les
p^beurs, mais en dessous, sur la ligne m^diane, une
bande p&le s*4tend depuis le milieu de la gorge jusqu'aux
organes sexuels, s'^largissant lenteroent d'arri^re en
avant et se terminant sous la gorge par une ^chancrure m6-
diane qu'on pourrait comparer i I'^chancrure d*un coeur.
Ce serait un coeur fortement €litL Nousavons tout lieu de
croire que ce dessin se retrouvera dans tons les Grin-
dewall, et qu*il sera d'autant plus distinct qu'on exami-
nera un animal plus jeune. il ^tait parfailement marqu6
dans le foetus i terme que nous avons trouv6 dans le ventre
d'une feroelle morte pendant facte de la parturition.
Les Pseudorques, assez voisins des Orques, comme le
nom rindique, sont au contraire tout noirs, si nous nous
en rapportons k la bande qui a fail son apparition dans la
baie de Kiel et dont les deux individus captures ont servi
de type k ce genre.
Les Grampus ont la peau gris^tre et couverte de bala-
fres pMes, qui ressemblent a des lesions faites par des
(40)
Opines, d'apr^s les beaux dessins qui en ont ktA public
r^cemment par MM. Flower, Fischer et J. Murie.
Les Beluga, comme on sait, sont tout blancs, et Ton a
remarqu6 cetle couleur chez le Beluga du p61e arctique
aussi bien que chez celui du pdle antarctique.
li est k remarquer que le Narval, qui est si voisin du
Beluga, au point qu*on a pu le consid^rer comme le sexe
m&le de I'esp^ce du Nord , au lieu d'etre blanc comme la
plupart des animaux arctiques, a toute la peau couverte de
taches noires.
Nous ne passerons pas sous silence que le Dauphin de la
mer de Chine, que Peter Osbeck avait d^j^ signal^ il y a
plus d*un si6cle et dont M. Flower vient de faire connaitre
avec tant de soin le squelette, est tout blanc ^alement,
mais il est possible que la coloration de ce Dauphin pr6-
sente des particularit^s qui ont ^chappe jusqu'i present k
Taltention des naluralistes.
Nous savons aujourd*hui que les C^tac^s n*echappent
pas plus que les autres animaux k Falbinisme, et le pro-
fesseur Giglioli en a signal^ un exemple remarquable dans
le d^troit de la Sonde.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Ces dessins sont tires de Falbum du comte de Gastelntu.
Fig. 1. Orca capensis, Gray, J.
Fig. 2. Lagenorynchus de Gastelnau.
£iiU.t& /Mad. i',fi^ft t.XXXV/
h 0 .^foereyns Sri,^lii
(41 )
Recherches sur les derives glyceriq%ies;p^T M.Louis Henry,
correspondant de TAcad^mie.
Sur les composes diallyliques.
Le diallylc, GeHio ou C3H5 — C^Hk, peut certainement
figurer parmi les hydrocarbures les plus int^ressants de la
chimie organique. Quoique dej^ relativement ancien, — le
diallyle ful en effet d^couvert en 1856 par M. Berthelot(l),
dans le cours de ses belles et classiques recherches , faites
en collaboration avec M. de Luca , sur les d^riv^s glyc^ri-
ques, — rhisloire chimique de ce produit ne comprend
gu^re, jusqu'aujourd*hui, que T^tude de ses d^riv6s d'addi-
tion. MM. Berthelot et de Luca (2) (irent connaitre autre-
fois, en mSme temps que I'hydrocarbure lui-mSme , son
t^trabromure, C6H|oBr4, produit si ^minemment caract^-
ristique. Plus tard, M. Wurtz (3) dans un travail justenient
remarquable , ^tudia ses produits d'addition avec divers
hydracides halog^n^s, ainsi que les composes hydroxyl^s et
^th6r6s que Ton peut en d^duire. II y a peu de temps qu*un
chimiste anglais, M. W.-R. Jekyll (4), signala et d^crivit
son monohydrate, ou plut6t un oxyde d'hexylene CeHi^O,
produit qui se forme sous Taction de I'acide sulfurique et
que H. Wurtz avait dej^ obtenu par une autre m^thode.
(1) Comptes rendw de tAcad, des Sc, de Paris, t. XLII , p. 253.
(2) Idem,
(3) Bulletin de la SocUU chimique de Paris, t. II {% p. 161 (ann^e
1864).
(4) Zeitschrifl fUrChemie, U VII (1871), p. 36.
J*ai compris le diallyle dans le cercle des Etudes que j*ai
entreprises et que je poursuis sur les d^riv^s glyc^riques.
Dans le travail que j'ai rhonneur de soumettre aujourd*hui
k TAcad^mie , je fais connattre un hydrocarbure ac^tyli-
nique nouveau, isom^re de la benzine GeHe, produit qui
derive du diallyle par ddshydrog^nation.
Je consacrerai une communication ult^rieure k T^tude
des produits d'addition du diallyle avec i'acide hypochlo-
reux (HO)C/ et Toxyde perazotique AzO,.
PREMIJ^RE PARTIE.
Stir le diallylenyle ou dipropargyle C^He ou C3H3 — C3H3.
Les points de contact ou d'attache entre les deux grauds
groupes des combinaisons grasses et des combinaisons
aromaliques, dans lesquels se r^partissent aujourd'hui la
plupart des compost organiques, sont encore fort peu
nombreux. L'id^e de muliiplier ces points d'attache, c'est-
^-dire d'^tablir de nouvelles relations et de trouver de nou-
\eaux passages entre ces deux ordres de composes si
divers, nait nalurellement i I'esprit de tons ceux qui
s'occupenl de chimie scientifique, au point de vue syst^-
matique. Cette id6e m'est venue comme k d'autres.
Dans le cours de mes recherches sur les d^riv^s glyce-
riqueSflongtemps avant que j'entreprisse T^tude des com-
poses propargyliques, j*eus le projet de fairede la benzine
en partant des composes allyliques.
La production facile du mesUylene C9H12, une des va-
ri^t^s possibles de la benzine trimethylee CsHz{Cll^)z^k
(43)
i'aide de racetofie, les relations de celle-ci avec les com-
poses giyc^ques, rendaient poar moi cette transformation
possible, th^oriquement du moins. Je trouvais dans le dial-
lyle CeHio ou CsH^ — CsH^, un interm6]iaire tout form^,
une sorte de pont pour passer des combinaisons tricarbo-
n^es jusqu*au groupement CeHe, qui serait peut-6tre la
benzine.
C H Br
Le t^trabromure de diallyle i' ' ', compost bien d^fini
et si facile k obtenir, quand on possMe le diallyle lui-
m^me, me semblait devoir se prater facilement a r^aliser
cette d^shydrog^nation. II est bien connu que, sous Taction
des alcalis caustiques, les produits d*addition des composes
non satur^s aux corps halog^nes, perdent ceux-ci totale-
ment, sous forme d*bydracide HX
Les recherches que j'ai entreprises dans cette direction
ont 6i&, pour diverses raisons que je crois inutile d'indi-
quer ici,souventinterrompues; mes premieres experiences
remontent k 1870. Entretemps, MM. Linnemann et von
Zotta (1) signal^rent la production du phenol k Faide de la
glycerine. Je fus par ]k porte et encourage k revenir sur le
diallyle; mes recherches sont aujourd'hui assez avancees,
et les rfeultats auxquels elles ont abouti offrent, me
semble-t-il , assez d'inter^t pour que je me croie autoris^ k
en entretenir TAcademie.
J'ai en effet r^ussi k transformer le diallyle en un hydro-
(I) Annalender Chemieund PharfnacietSup^evaenil^n±\l\Lii 252
(1872).
(44)
carbure repondant k la formule CeHe, mais totalement dif-
ferent de la benzine; mon but, sous ce rapport, n'a ^t^
qu'incompl^tement atteint ; la suite de mon travail fera voir
si je n'ai pas plutdt lieu de m'en feliciter que d'en 6prou-
ver des regrets. J'ai donn4 k cet hydrocarbure le nom de
dipropargyle que je lui conserve; on pourrait aussi bien
lui donner celui de diallylenyle. Ces denominations trouve-
ront leur justification dans le mode de production et dans
les propri^tes si remarquables de ce compose.
J'exposerai d'abord les faits.
L'hydrocarbure C^H^ r^solte de Taction, doublement
rep(^t^e, des alcalis caustiques sur le lelrabromure de dial'
lyle G6H|oBr4; dans la premiere action, ce t^trabromure
se transformeen diallyle bibrome C6H86r2,danslaseconde,
en dipropargyle ou diallylenyle CgHe.
On chaiiffe dans une cornue tubulee, au bain d'huile, un
melange de t^trabromure de diallyle avec un exces consi-
derable d*alcali caustique, potasse ou sonde, en poudre,
plusieurs fois la quantity theoriquement n^cessaire; la dis-
tillation commence alors que le bain est portt^ vers 200°;
un thermom^tre plonge dans la cornue marque. 1 95'' k
200*". De mSme que dans Faction des alcalis caustiques
sur la Iribromhydrine glyc^rique le liquide distille se con-
stitue de deux couches, une couche inf^rieure fort lourde,
incolore, que surnage une couche aqueuse peu epaisse.
Voici quelques chiffres indiquant les r^sultats d'une des
operations de ce genre que j'ai faites. 240 grammes de
t^trabromure, chauff^ dans ces conditions, en trois fois,
avec le mcmc poids de potasse caustique, m'ont donne 137
grammes de produit brut; la quantity calcul6e est 144
grammes de diallyle bibrome.
Ce liquide, soumisi une premiere distillation, apres avoir
ete dess6che sur du chlorure de calcium, commence ^ bouil-
(45)
lir vers 190''; la moiti^ passe incolore jusque vers S^S"";
Fautre moiti^ passe de 225*" aSSO", en se coloraot en rouge ;
i la fin ]l y a decomposition, d^gagement d'acide bromhy*
drique et r^sidu cliarbonneux ; cette decomposition atteint
sans nul doute du tej^rabromure de dialiyle, enlratn^
avec le produit de la reaction. La premiere moiti^, soumise
a une seconde rectification, passe en grande partie vers
200°— 210*'.
Dans une autre operation , ou j'avais distill^ le t^trabro-
mure de diallyle avec un exc^s fort considerable de sonde
caustique, j'ai obtenu un melange de dipropargyle et de
diallyle bibrom^; la premiere moitie du produit brut passait
dej^, k une premiere rectiiication , avanl lOS*"; cette por-
tion presentait,avec les solutionsammoniacales,cuivreuses
et argentiques, les reactions si caracteristiquesdes derives
allyieniques; la seconde moitie distillait entre lO^"" et 215"",
sans decomposition ; k une seconde rectiiication, cette por-
tion a passe en grande partie vers 205** — 210**. C'esl cette
portion qui a servi k prendre la densite de vapeur de ce
produit.
Le diallyle bibrome CeHgBr^ constitue un liquide par-
faitement incolore, fortement refringent, d'une odeur toute
speciale, rappelant plus ou moins celle de Tether propar-
gylique; sa saveur est am^re et brAlante; sa densite k 18**
est egale k 1,6560. II bout sans decomposition, sous la
pression de 763 millimetres vers 210° — de 205* k 215** —
(non corrige). Sa densite de vapeur determinee dans la
vapeur d'aniline a ete trouvee egale k 8,15.
Substance employee 0s^l055.
Temperature 18d<>.
Pression barom^trique 1^15^.
Mercure souleve 60S™*
Volume de la vapeur 80,6««.
La (leDsit^ calculi est 8,29 (1). Le point d'^bullition
troiiv6 et que je viens d'iodiqaer Concorde assez bien avec
celui qu*assignent k ce produit la th6orie et fanalogie; il
existe en effet entre le diallyle bibrom^ et le bromure
d*allyle monobrom^ (C3 H4 Br) Br» Jes ni^mes relations de
composition et de volatility qa'entre le diallyle et le bro-
mure d'allyle.
C,H,
£b. 58« 60<» C,H,Br £b. 70«.
C.H.
C,H,Br.
eOo = (70* H- 70*) - 80«.
CJlfir
1
th. vers 9II0» (C,H4Br) Br fib. 142»
C,H4Br
(C,H4Br) Br.
204- = (142«-4-142')~80<«.
Le diallyle bibrom6 est insoluble dans Teau au fond de
laquelle il tombe; il se dissout bien dans Talcool et suriout
dans rather.
Ala lumiire, il se colore k la longue en brun, comme la
plupart des d^riv^ brom^ de substitution. II se combine
\ivement avec le br6me en donnant du t^trabromure de
diallyle bibrom^ CeHgBre, liquide incolore, extr£mement
epais et qui paratt vouloir se concr^ter k la longue.
(1) La portion de ce liqaide, qui, lors de la premiere recti6catioD du
prodait brut, avait pass^ de 195 k 215% m'avait donn^ pour density de
vapeur 8,06.
Substauce employee 0s,1025.
Temperature 185^.
PressioD 763"'.
Mercure soulev^ 606".
Volume de la rapeur 80««.
Je ne cite ces chiffres que pour montrer avec quelle facilite se purine
ce produit.
Les alcalis caustiques le traosforment en diallyl^nyle
L'analyse de ce produit a fourni les chiffres suivants :
I. (H%3018 de substaoce ont fourni (H%4698 de bromare
d'argent (m^thode de Garias).
II. (H%2676 ont donn^ (H',4144 de bromure argentique.
C,HgBr,. CALGDLi. TROUVli.
I. 11.
C, =72 • » »
H, =8 » » •
Br, = 160 66,66 66,24 65,83
240
Ainsi que je viens de le dire, le diallyl^nyle ou le dipro-
pargyle QHe r&ulte de Taction des alcalis caustiques, sur
ie diallyle bibrom^, en solution alcoolique.
Voici le detail d*une des operations que j'ai faites.
200 grammes de diallyle bibrom^ brut ont ^t^, en deux
fois, cbauff(6s au bain de sable , dans un appareil i reflux ,
avec un grand exc^ de potasse caustique pure , en solution
aussi concenlr^e que possible, dans Talcool. La reaction
s'opired^ji k froid; la chaleur Tacc^lire activement; il se
fait une abondante et rapide precipitation de bromure de
potassium. Apres 5 heures environ d'^bullition , croyant la
reaction termin^e, j'ai ajout^ au liquide alcoolique refroidi,
plusieurs fois son volume d'eau; cette eau, en dissolvant
le bromure et I'alcool , a amen^ la precipitation d*un liquide
huileux, colore en brun, plus dense que I'eau, liquide qui
est en partie du diallyle bibrome non altere.
Le tout a ete soumis k la distillation.
II passe d'abord^en meme temps que Teau, un liquide
(48)
moins dense qu'elle, et insoluble; plus lard un liquide plus
dense et ^galement insoluble. Celui-ci, redistill^, commence
k bouillir vers 80°; j'ai recueilli i part tout ce qui passait
jusque vers 140°, portion qui surnageait Feau. Le thermo-
m^lre k la fin est mont6 jusque vers 230°.
J'ai r6uni les deux portions du liquide insoluble et moins
dense que Teau ; apres dessiccation sur du chlorure de cal-
cium^ ce liquide a 6t6 distill^; k la suite de quelques rec-
tifications, on en obtient ais^ment un produit bouillant
vers 85° et qui est le dipropargyle C^ Hq.
Le rendement de I'op^ration, tout en ^tant loin d'etre
th^orique , est n^anmoins satisfaisant. Tout ce qui passe
au del^ de 100% melange de dipropargyle et de diallyle bi-
brorn^, pent £tre de nouveau soumis k Taction de la potasse
caustique.
Le dipropargyle ou diallylenyle CeHe ressemble assez k
rather propargylique pour que , dans le principe, j'aie pu
croire n'avoir obtenu que celui-ci, k la suite du d^double-
ment du groupement hexacarbon6 Ce du diallyle. Outre la
composition, il existe, entre ces deux produits, comme on
le verra plus loin, des diJDTi^rences qui ne permettent pas
de les confondre.
Le dipropargyle constitue un liquide incolore, d'une mo-
bility et d'une limpidite parfaites, fortement r^fringent ;
son odeur rappelle completement celle de Tether propar-
gylique, mais elle est plus forte et plus p^netrante; sous ce
rapport, il se diff^rencie immediatement de son isomere,
la benzine, donl il se rapproche, par sa density et son point
d'ebuUition; sa density ^18° est egale k 0,8186; il bout
sous la pression ordinaire vers 85^ de 82° k 86° (non
corrig^); je regrette de n'avoir pas 6i& k m£me, k cause
de la quantity assez modique de ce produit que j'ai eue
(49)
i ma disposition, de determiner avec plus de precision son
point d'^buliition.
La benzine a pour density 0,85 i 15^; elle bout k 82^
La density de vapeur du dipropargyie^ determin^e dans
ia vapeur d*eau bouillante, a ^16 trouv6e ^gale k 2,66.
Substance employ^ 0<05 i 1 .
Temperature 100».
PressioD barometrique 760».
Mercure sotilev^ 582<».
Volume de la vapeur 86,6«'.
La density calcul^e est 2,69.
Je ferai remarquer que le point d'^bullition , que j'attri-
bue au dipropargyle, ne correspond pas avec celui qu*as-
signent k ce produit la th^orie et Tanalogie; 11 lui est
inferieur; les composes propargyliques bouillant en g^n^ral
k 20® au-dessus des composes allyliques correspondants (1),
et le diallyle bouillant i 58^60'', le dipropargyle devrait
bouillir vers 100".
CjE^HO fib. 96»-97" CJd^HO fib. 115».
Difference 19** a SO^.
C5H, fib. 58»60» C,H, fib. S^SJ^.
CaH« C5H5
Difference 20» ^ S5«.
II est k remarquer en m^me temps que le point d*6bul-
lition du diallyle lui-m£me n'est pas non plus celui qu*as-
signent k ce compos6 la th^orie et Tanalogie; il est aussi
(I) Voir ma notice, Bulletins de l*AcadHnie royale de Belgique, n^ de
juin 1873, page 739.
2*"" SfiRIE, TOME XXXVI. 4
(SO)
situ6 trop bas; sujvant robservation qu*en a faite M. ToU
lens , les composes allyliques ont le meme point d*ebulli-
tion que les composes propyliques primaires correspon-
dants;or, le diallyle a ie point d'^bullition non du dipropyle,
mais bien ceiui de son isom^re, le di^isopropyle.
Dipropyle
CH, - CH, -
in, — CH, -
-CH,
-CH,
Eb. 68*.70».
Di-isopropyle
? < ch:
CH <- CH,
^ CH,
th. S8« 60o.
Diallyle
C.H,
fib. SS" 60-.
Le dipropargyle est insoluble dans Teau qu'il surnage; il
se dissout fort bien dans Talcool et I'^ther. II brAle, comme
la benzine, dans Fair, avec une flamme 6clairante, et for-
tement fuligineuse.
Sous le rapport chimique, ce corps s'^loigne tolalement
de la benzine. Je r^sumerai son histoire chimique en di-
sant qu'i Tin verse de celle-ci, qui se comporte en g^n^ral
comme un hydrocarbure satur6 et en possMe rindifl%rence
vis-i-vis d'un grand nombre de r^actifs, le dipropargyle
se fait remarquer par une aptitude toute sp6ciale k enlrer
en reaction; il pr^sente tout k la fois et k un haut degr^,
les caract^res des composes fion satures en g^n^ral et ceux
des composes allyleniques ou propargyliques,
Ce n'est qu'i titre d'essai que j'ai pu constater jusqu'ici
les propri^t^ de ce corps, en tant que compost non satur^.
J'attire surtout Tattention sur la reaction du brdme; il s'y
combine 6nergiquement , et mSme avec explosion en doii-
nant un tetrabromure Ce HeBr4 que je d6crirai plus loin.
Avec la solution ammoniacale du chlorure cuivreux , il
(51 )
donne le pr^cipil^ jaune serin, si caract^ristique pour Tal-
lyldne et ses d6riv6s.
Avec I'azotate d'argeut en solution aqueuse,il donne
imm^diatement un pr^cipit^ blanc, amorphe^ prenant ^
la lumi^re une teinte ros^e, puis rouge et devenant enfin
compl^tement noir. II est^ remarquer que, dans les m^mes
conditions, les Others methyl et ^thylpropargylique don-
nent des composes argentiques cristallins;}e regarde cette
particularity comme tout k fait caract^ristique.
L'analyse de ce produit a donn^ les r^sultats suivants :
I. 0«',1478 de substance,' br416s avec de I'oxyde de
cuivre, dans un courant d'oxygSne, ont fourni 0^',4988
d'anhydride carbonique et 0«%1058 d'eau.
II. 0«',1428 de substance, brflles de la m^me maniirel,
ont fourni 0«%4822 d'anhydride carbonique et (y^,1022[
d'eaii. .
De li se d^duit la composition cent^simale suivante :
CgH,. CALCULI. TROUV^.
1.
II.
Ce-72
92.300/0
92,26
92,06
H,— 6
7,70
7,91
7,95
78
II n'est pas inutile d*indiquer ici quelle est la composi-
tion du diallyle CeHio, de Thydrocarbure interm^diaire
CeHg, et de Vether propargylique que son odeur et son
point d'^bullition peuvent faire confondre ais^ment avec
le propargyle.
DUlIyle CeH.o-
C, —72 ou 87,80 Vo-
Hio-IO 12,19.
si"
(S2)
Hydrocarbure interm^aire
CgHg.
C. — 72 ou
90,00>.
H, - 8
10,00.
80
£ther propargylique
C,H. (C.B,0)
C^ssCO ou
71,42 >.
H,— 8
9,52.
0—16
Sans vouloir aborder d6s k present rexamen des nom-
breux derives auxquels peut donoer lieu ce prodoit, 6tude
qui est encore toute k son d^but^ je crois devoir cepen-
dant en signaler aujourd'bui quelques-uns que je regarde
comme particuli^rement caract^ristiques.
C H Br
Tetrabramure de dipropargyle. C^H^Er^ ou i' *^ *. J'ai
obtenu ce produit en faisant tomber goutte k goutle du
br6me sur du dipropargyle, au-dessus d'une coucbed'eau.
II serait sans doute preferable de dissoudre Tbydrocar-
bure dans r^lher anbydre , ainsi qu'on le fait pour obtenir
le t^trabromure de diallyle. La reaction est d'une violence
extreme et n6cessite beaucoup de prudence.
On ajoute du brdme tant quil ya decoloration; le pro-
duil constitue une couche huileuse au fond de Teau.
L'exc^s de brdme a ^t^ enlev^ a Taide de la sonde caus-
tique, et le produil, apres avoir ^t^ soigneusement h\&k
Teau, a &i6 dess^cb^ sur de I'acide sulfurique, et au
moyen du cblorure de calcium. Les propri^t^s de ce corps
ne permettent pas un autre mode de purification.
Le tetrabromure de dipropargyle constitue un liquide
incolore, ^pais et visqueux, brunissant apr^s quelque
temps a la lumidre, d'une saveur am^re et piquante.
(S3 )
Sa densite k Idlest 4gale & 2,4640.
II est insoluble dans I'eau, fort peu soluble dans Tal-
eool , il se dissout ais^ment dans Tether.
Ge produit n'est pasdistillable;cbauff6jl se decompose
en d^gageant d'abondantes vapeurs d*acide brombydrique
et en se charbonnant.
L*analyse de ce produit a fourni les nombres suivants :
I. 0^,4404 de produit, simplement dess^ch^ sur Tacide
sulfurique, ont donne 0^,8458 de bromure d'argent (mi-
tbode de Carius).
II. 0«%4328 du m^me ^cbantillon ont donn^ 0«',8308
de bromure d'argent.
III. 0^,5936 de produit dess^ch^ k Tacide du chlorure
de calcium ontdonn6 0^,7526 de bromure d'argent.
IV. (r,4122dumdme£chan(illon ont donn^ 0«%7942
de bromure d'argent.
C,H, Br,
calcul£. I
II.
III.
IV.
Cs - 72
> •
•
•
»
H, — 6
« »
M
»
•
Br, — 320
80,40 81,72
81,67
81,37
81,98
398
II faut reroarquer que ce produit n'£lant ni cristallisable,
ni distillable, s'alt^rant de plus k la lumi^re et devenant
brun, est difficile k dire obtenu k I'dtat de puret^ absolue.
Voici la composition des autres bromures auxquels pent
donner lieu ou pourrait donner lieu le dipropargyle :
CgHfBr^. GgUfBrg. CgH^Brf.
Bro/o— 67,23. 86,02 89,13.
Quelque defectueuscs qu'elles soienl, on voit que ces
analyses demontrcnt cependanl quelle est la nature du
produit obtenu.
(54)
II r^ulte de 1^ que, sous raction du brdme, le dipropar-
gyle ou le diaJlylinyle C3H3— C3H5 se comporte comme
Tallyl^ne C3H4; celui-ci donne, dans les radmes conditioos,
son bibromure C3H4Br9, produit ^alemenl liquide.
II est fort probable que, sous Taction ulterieure du
br6me dans Tobscurit^, ce t^trabromure se transformera
en octobromure 1 ' * *, le bibromure d'allyl^ne passe dans
ces conditions k r^tat de t^trabroraure C3H4Br4.
Compose cuivreux. La meilleure m^tbode pour obtenir
ce produit consiste a verser dans la solution ammoniacale
du chlorure cuivreux le dipropargyle en solution dans I'al-
cool. On filtre le pr^cipit^ obtenu et on le lave soigneuse-
ment avec de Pammoniaque aqueuse.
Ce compost, fratchement pr6par^ , est d'un jaune serin ;
il brunit, quand il est bumide, au contact de I'air. II est
insoluble dansl'eau, Tammoniaque aqueuse, Tether, etc.;
avec les acides min^raux ^tendus, HCI notamment, il r£-
g^n^re le dipropargyle; au contact de Tacide azotique con-
centre, il fait explosion ; au contact d'un corps enflamm^,
dans Tair, il brAle vivement, en d^cr^pitant, avec une
flamme verte; chauff^ vers 100'', il fait fr^uemment ex-
plosion, quand il est sec.
L'analyse de ce produit a fourni les nombres suivants :
I. 0«%1346 de produit dess6ch6 vers 90% au bain d'air ,
brAies k Taide de Toxyde de cuivre, dans un courant
d'oxyg^ne, ont fourni 0<^%1480 d'anhydride carbonique et
0«',0412 d'eau.
II. O^.i'SSS du m^me produit ont fourni -0«',0418
d'eau. Le courant d'oxygene a ^t^ interrompu,dans lecours
de cette combustion, avant que le carbone fiit briile.
III. 0»',4816 de substance ont fourni 0«%0614 d'eau. Le
carbone, dans cette combustion, a 6i6 perdu.
(S5)
IV. O'SIOSG de produit, simplement dess^ch^ sur
I'acide sulfurique, ont fouroi O^'^OGTS d'oxyde de cuivre.
V. 0«%1020 de produit dess6ch6 au bain d'air vers 90®,
ont fournr0«%0660 d'oxyde de cuivre.
VI. 0«',0,680 de produit ont fourni 0«%0456 d'oxyde
cuivrique.
VII. 0<^%2252 de produil simplement dess6ch£ dans Fair,
ont fourni 0«%1474 d'oxyde cuivrique.
Ces. chiffres correspondent k la formule suivante :
C6H4Cuj-f-2HjO.
C,H4Cm, -4- 2H,0.
CALCULI^. TROUVM.
I. II. III. IV. V. VI. VII.
1>
n
Ce — 72 —30,120/0 30,01 « » i. .
H, — 8 — 3,32 3,40 3,47 3,74 » .
Cm, - 127,0— 53,14 • « » » »
0, — 32 — » .> » « 53,09 53,92 53,7 52,22
239,5
Le compost bicuivreux anhydreCeHiCu^ correspond a
la composition centesimale suivante, tout k fait difF6rente
de la pr^c6dente
CeH.Ctt,.
Ce - 72 35.46 <»/o.
H4 — 4 1,97.
Cm, - 127 62,56.
203
Ce pr^cipite cuivreux m'a longtemps intrigu^; il esik
remarquer que les chiffres trouv^s et indiqu^s plus haut
correspondent parfaitement, du moins pour le carbone et
(56)
le euivre, avec ceux que donne la forroule suivante, d*un
compost mono-cuivreux , CsHjCw-h CuCI.
C. - 72
30,060/0.
H, — 5
2,08.
Cw, — 127
53,02.
CI — 35,5
14,82.
239,5
C'est afln de bien caract^riser le produit que j*ai ana-
lyst, que j'ai rapport^ les divers dosages d'hydrogdne indi-
qu^s ci-dessus. Le produit avait du reste ii6 soigneuse-
ment lav6 k rammoniaque, et je me suis assure qu'il ne
renfermait plus que des traces de cblore, non appreciables
a la balance.
Compose argentique. Le dipropargyle determine dans
la solutioD aqueuse et la solution ammoniacale de Fazotate
d'argent un pr^cipite blanc, amorphe. Ge precipit^ filtr^ a
6t6 soigneusement lav£ avec de Tammoniaque et dessecb^,
dans robscurit6, sur de I'acide sulfurique. Humide, il
s'alt^re rapidement, i la lumi^re, en devenant rose, et
enfin brun et noir.
11 est beaucoup plus instable encore que le compose
cuivreux; chauff^, m^me assez loin en dessousde 100°, il
d^tone vivement; au contact d*un corps ennamm^ dans
Pair, il briile en d^tonant, avec une flamme rouge, en
laissant un r^sidu noir, floconneux considerable^ melange
de cbarbon et d'argent. II d^tone ^galement au contact
de Tacide azotique ordinaire.
L'analyse de ce produit a donn^ les resultats suivants,
repondant k la formuie Ce H^ Ag^ + 2 H^ 0.
(. 0<^%2982 de produit simplement dess^ch^ dans I'air
ont donn6 0«',2574 de chlorure d'argent.
(57)
11. 0^^5558 du mSme ^chantillon ont donne (F,3048
de chlorure d'argent.
CeHiAs, -4- 2H,0. CALCULI. TROnviS.
I. II.
Ce = 72
»
»
»
H, = 4
9
»
»
A«, = 216
65,85
64,96
64,47
0, — 52
»
B
n
324
La formule du compost anbydre C^EiAg^ correspond
i 73,97 % d'argent.
On voit que le conipos6 argentique a une composition
correspondante k celle du compost cuivreux. Le mode
mSme de preparation de ce compose argentique exclut
compl^tement la presence, dans ce corps, du cblore et du
chlorure d'argent.
Apr^ m^Stre strictement maintenu jusqu'ici dans le
domaine de I'exp^rience et des faits , je demande k TAca-
d^mie de me permettre d*en sortir pour quelques instants,
afln d'entrer dans le domaine de la speculation.
Quelle est la constitution de cet bydrocarbure CeH^,
isomere et si essentiellement different dans son habitus
chimique de la benzine? Telle est la question qui se pose
naturellement a Tesprit. Je ne veux sans doute pas entrer
bien en avant dans I'^tude de ce probl^me; il serait pre-
mature et temeraire de Taborder aujourd'hui avec Tinten-
tion et Tespoir de le r^soudre sans retour et d*une maniere
definitive; je crois cependant qu*il est possible, des ce
moment, d'aller au deli de la formule brute et d*eme(tre
sur la structure de cc corps des conjectures fondees en
(88)
raisoo. C'est aux propri^t^ que j*ai reconnues k ce com-
post, aux relations g£n^rales des combiDaisons allyliques
avec les combinaisons propargyliques , i Tallyl^ne enQD,
que je demanderai des ^claircissements.
D'abord, il est certain que, eu egard k son mode de pro-
duction auxd^pensde compos^allyliques, le diallyle CeHjo
se constitue de deux groupements ou radicaux hydrocar-
bones C3H5, identiques, relics Tun k Tautre par leur car-
bone, k i*aide d'une seule unit^ d'action chimique exclusi-
vement; c'est ce que confirme du reste la t^travalence de
ce produit. On pent en mSme temps assigner avec certi-
tude au t^trabromure de diallyle la formule
Le mode d'action g6nerale des alcalis caustiques sur les
produitsd'addition des corps halog^nes aux composes non
satur^s, et en particulier, le mode de derivation de Tby-
drocarbure CeHe, du t^trabromure dediallj£je,m'autorisent
k assigner k cet hydrocarbure la formule
« Ce qu*il s'agirait k present de determiner, ou plutdt de
rechercher, c*est la structure de ces deux groupements tri-
carbo-hyd regents, C3H3, sondes dans CeHe.
On s'accorde gen^ralement aujourd'hui k donner au
radical C3H5, dans les composes glyc^riques et les com-
poses allyliques, la formule de structure
CH,
CH
( 59 )
et I'oD regarde les compost allyliques comme des d^riv^
primaires r^pondant k la form ale g^n^rale
CH, (X)
Celte formule qui explique et relie si bien I'ensemble
des fails, me paratt aujourd'hui rev6tir les caracl6res d'une
quasi-certilude.
fitanl donn6 le mode de production du diallyle^'g',i
Taide des compost allyliques CsHi^X, je regarde comme
naturel et rationnel d'identitier chacun des groupements
C3H5 coDStitulifs du diallyle, avec le radical allyle des
combinaisons glyc^riques et allyliques dont il derive direc-
tement; je crois aiDsi que Ton est en droit d*attribuer au
diallyle la formule de structure
H.G — CH,
I I
HC CH
H.C GH,.
Cela ^tant admis, la question de la structure des grou-
pements C3H3 de mou hydrocarbure ac^tyl^nique CeHe,
se simplifie.
Le diallyle i * "^ ^ ~ ^ * doit presenter en double dans
CHj — CH — CH|
sa molecule les propri^t^s fondamentalesdes combinaisons
allyliques, et pouvoir subir, aussi en double, les reactions
caract^ristiques de celles-ci. C'esl en effet ce que I'exp^-
rience confirme d*une maniere g^u^rale.
J*ai fait voir pr^c^demment que les composes allyliques
* monO'Substitu^ , particuli^rement les composes bro-
(60)
mes (QHiBr) X,se traDsforroenl, sons TactioD desalcalis
caustiques, en composes propargyliques (C3H3) X corres-
poDdants; or, lors de cette transfonnatioD, la molecule d*by-
drog&ne — en r6alit^ d'bydracide balog6n^, HBr, etc. —
qui se detacbe du compost allylique CH, — CH — GHsX,
s'^limine aux depens des deux atomes de carbone Stran-
gers au radical X, le cbalnon — C H^X demeurant intact ;
les composes propargyliques qui partagent toutes les pro-
prietSs fondamen tales et caractSristiques de Fallyl^ne,
doivent en possSder la structure; Tallyl^ne CsHi est cer-
taincment le methyl-acetylene GH3 — C — CH, ainsi que
rin<lique son mode de production k Taide du propylene
monocblorS C3H5CI ou CH5 — CCI — CH,, compost
dont la structure est bien solidement Stablie; les compo-
ses propargyliques sont au m^roe titre que les composes
allyliques, des composes privnaires^ dSrivant de Tallyl^ne,
et la formule qui rend comptede leur mode de production
et de leurs propriStes ne pent Stre que la suivante
CH.X
I
c
I
CH.
J'altribue done i Pbydrocarbure acetylenique CeHe les
formules
HG CH
I * el C C
C,H, I I
" • H,C - CH,
formules qu'oxpriment les denominations de dipropargyle
et de diallylenyle que je lui ai donnees.
D'aprfts ces Tormules, cet hydrocarbure C^H^ doil pre-
(61 )
senter en double les propriet^s de I'allyl^ne dont il ren-
ferme deux fragments ac^tyl6niques, soud6s Tun k Tautre.
C*est en effet ce que Texperience a coniirm^ jusqu'ici.
J'ai constate en eflet que sous Taction du br6me, il se
coinporte comme Tallyl^ne; celui-ci donne d'abord un
bibromure CzH^Br^, produit liquide; mon hydrocarbure
donne un tetrabromure , C6H6Br4, produit ^galement
liquide; a vec les r^actifs ac^tyl6niques, c*est-^-dire les
solutions cuivreuses et argentiques ammoniacales, Tally-
l^ne donne des composes monometalliques ; le dipropargyle
donne des composes de meme aspect et de mSme couleur,
bimetalliques.
Si la formule indiquec plus baut exprime r^eliement la
structure du diallyl^nyle, ce compose doit etre octo-valent
ou octo^atomique. Cest un point important que Taction
continu^e du brdme sur le t^trabromure, et celle des
bydracides balog£n^ sur Thydrocarbure lui-mdme, me
permettront de determiner. S'il en est ainsi, le diallyl^-
nyle sera le premier exemple d'un compost organique d*une
atomicite aussi ^lev^e, et d'une molecule aussi incomplete.
Quoi qu'il en soit, je ne sache pas que Ton ait produit jus-
qu'i present une combinaison grasse atteignant cette limite
si lointaine de deshydrog^nation et venant se ranger dans
la s^rie gen^rale C. Hi._8,en seconfondant exterieurement
avec la premiere s^rie des hydrocarbures aromatiques.
Qu'il me soit permis^ avant de terminer, de revenir
encore un instant sur le diallyle.
Je nignore pas que, dans ces derniers temps, la structure
de cet hydrocarbure telle que je Tai formulae et admise
plus baut, a 6ii remise en question, k la suite de la dis-
cussion dont a ete Tobjet Tacide crotonique, obtenu a
Taide du cyanure d*allyle. Ainsi que je Tai d^ja signale
(62)
pi^c^demment, M. ToUens (1) a fait remarquer que le dial-
lyle ue poss^e pas le poinl d'^bullition que lui assigne la
(h^orie; au lieu de bouillir k 68^-70'' comme le dipro^
pyle, CH5 — (CHj)4 — CH3, il bout en r6alit6 i 58«-60«
de mdme que le diisopropyle, {CHs)^ — CH — CH (CHs)^,
par consequent k lO"" environ trop bas. M. Tollens incline
k admettre Tune ou Tautre des formules
CH,
CH,
CH»
CH,
^H
<^H
OU
i
1
c
U-
-<iH
in,-
-CH,
Malgr6 toute rimportance que j*attache aux opinions
d'un chimiste aussi distingu^ et aussi judicieux que
M. Tollens, je ne puis accepter ces formules; je ne trouve
pas dans la volatility du diallyle une raison suflSsante pour
m'amener i rejeter une formule que je crois en rapport
avec les propri^t^s de ce corps et un grand nombre de
faitset de reactions. J'attache sans doute une valeur r6elle,
souvent m^me considerable, aux inductions que Ton peut
tirer de la volatility compar^e des composes organiques;
il y a, selon moi, comme selon d'autres, des enseignements
pr^cieux & recueillir dans cet ordre d'id^es; mais je ne
puis m^connattre que ces indications et ces conclusions
ne doivent souvent £tre accept^es qu'avec prudence et
discretion ; la volatility est en effet une donnee physique
quise trouve influencee, modifiee, d'une mani^re souvent
inattendue, par des circonstances ou des conditions
diverses de composition, qui ne nous sont connues que
(1) Berkhtder Deutschen chemischen Gesellschaft, t. YI, p. 591 (mai
1873).
(63).
d'une manidre fort imparfaite jusqu'ici. Quil me soil per-
mis de rappeler k cette occasion les singularit^s que j'ai(l)
coDstat^es pr^c^demment entre les points d'^bullition du
nilriJe ^thylglycollique (C5H5O) CHj — Ckz el du cyano-
carbonate d'^lhyle (CgHsOjCO — Ckz\ celles plus ^ton-
nan tes encore qu'a fait connaitre d'une maniere precise
M. L. Bisschopinck (2) quant aux d^riv^ chlor^s de Tac^-
tonitrile, etsur lesquelles j'ai cru utile d'attirer Tattention
des chimistes. Au reste^ si le point d'^bullition du diallyle
paratt anormal, il en est de m^me de celui du diallyl^nyle :
j'ai fait remarquer dans la description de ce corps cette
exception & la relation g^n^rale qui existe, quant i h
volatility, entre les composes allyliques el propargyliques
eorrespondants; il semble que le& refations si constantes
de volatility ^tablies entre les composes propyliques pri^
maires et les composes allyliques, entre ceux-ci et les
composes propargyliques, ne s'appliquent qu'aux composes
renfermant une seule fois le radical , et qu'elles cessent,
alors que les radicaux C3 H^ et C3H3 se soudent ou se
combinent & eux-mSmes, pour constituer des hydrocar-
bures, CeH|o et CeHe.
Je continuerai I'^tude du diallyl^nyle sitdt aprte la
reprise des cours au mois d'octobre prochain; j'aurai
rbonneur de rendre compte k TAcad^mie du r^sultat de
mes recherches sur ce compost.
(1) Voir ma nolice, Bulletins de VAcadHnie royale de Belgique ,
mars iS73.
(2) Bulletins de VAcadimie royale de Belgique, mai 1873.
(64)
Note sur quelques proprietes des acides pyrocitriques ; par
M. Theodore Swarts, professeur k rUniversit6 de Gand.
J'ai eu I'occasion de faire plusieurs observations sur les
transformatioQS de i'acide itacoaique et de ses isomeres
dans le cours de mes recherches sur les d^riv6s addition-
nels de ces corps int^ressants. J*ai notamment fait voir que
les acides pyrotarlriques monosubstitu^s se d^doublent
sous certaioes influences en hydracides et en acide m^sa-
conique, dont la formation parait Stre un ph^nomene con-
stant (1). Le travail que j'ai Thonneur de soumettre k
TAcad^mie est le r6sum6 d'une s^rie d'observations du
m^me genre que j'ai relev^es dans le cours de mes tra-
vaux.
La production plus ou moins facile de Tun des acides
pyrocitriques parait d^pendre de la temperature. Si elle
s'^leve tr^-haut, c'est Tanhydride citraconique qui prend
naissance; aussi obtient-on une quantity notable de ce
corps, quand dans la distillation s&che de Tacide citrique
on ne pousse pas vivement Fop^ration , et qu*on soumel
Tacide itaconique, primitivement forme, i Taction d'une
chaleur longuement prolongee. On sait depuis longtemps
que Tacide itaconique et le citraconique, chaufiiSs, se d^-
doublent en anhydride citraconique et en eau. J'ai eia-
min6 Taction de la chaleur sur Tacide m^saconique. Ce
corps commence a se sublimer vers 180° : il fond vers
(1) Bulletins de CAcad, royale de Belgique, 2°>« serie» t. XXI , n" 6.
(65)
202® el bout k 250'' en se d^composanten eau et en anhy-
dride citraconique. Ce dernier a &i6 reconnu k son poinl
d'^bullition, k son odeur, et k sa transformation, sous Tin-
fluence de I'eau, en acide citraconique, fusible a 80°, et
done d'une forme cristalline aisement reconnaissable.
En ce qui concerne le point de fusion de Tacide m^sa-
conique, la plupart des auteurs Tindiquent comme ^tant k
208. J*ignore si ce chiffre est exact ; cardans les nombreuses
determinations de point de fusion que j'ai faites de eel
acide, jerai toujours vu fondrei 202'',quand j*empioyais des
thermom^tres de precision et une substance puriG^e avec
soin. n m'est difficile d'admettre que tons les produits que
j'ai eus en main fussent impurs : d'ailleurs, en operant avec
deux excellents thermom^tres de Geissler, et sur un acide
m^saconique prepare par M. Kekul^, j'ai trouv^ encore le
point de fusion a 202®. Je dois cependant reconnaltre que
I'acide m^saconique souill^ d'une petite quantity de ma-
ti^re etrangere pr^sente fr^quemment un point de fusion
trop bas, et qui pent descendre k 190"; mais dans ces cas
encore, I'acide sublim^ fond k 202®.
Je suis done port^ k croire que le chiffre 208,mentionn6
dans les livres, provient, ou d'une Caute d'impression , ou
de I'emploi d'un thermom^tre inexact.
Les temperatures comprises entre 100 et 175® parais-
sent surtout favorables k la production de I'acide itaco-
nique.
M. Willm a fond^ sur ce fait une m^thode pratique de
transformation de I'acide citraconique en acide itaco-
nique (1).
(1) Ann. Chim. Pharm., 141, 28.
2""^ s£rie, tome xxxyi. 5
(66)
J'ajouterai ici qu'il resulte de mes experiences que
Facide itaconique est le produit normal de la decomposi-
tion de Facide aconitique par la chaleur : les produits nom-
breux qu'on obtient dans la distillation seche de facide
citrique sont dus k des reactions secondaires resultant de
I'application d*une chaleur trop forte. En effet, si Ton
chauffe avec management dans un petit tube une minime
quantity d'acide aconitique parfaitement pur, on voit se
sublimer dans des parties froides de I'appareil des cristaux
d'acide itaconique, exempts d^anhydride citraconique, et
directement reconnaissables k leur point de fusion (162''),
et k leur forme cristalline.
Quand on chauffe en vase clos, k la temperature de 180
k 200"", une solution concentr^e d'acide itaconique ou ci-
traconique, il se d^gage beaucoup d'anhydride carbonique,
en mSme temps qu*il se s^pare une huile brun&tre, d'odeur
empyreumatique, comme celle que Ton obtient dans la dis-
tillation s^che de I'acide citrique, vers la fin de {'operation.
Le liquide aqueux qui surnage contient une quantite no-
table d'acide mesaconique.
Ce dernier semble surtout se produire par la destruc-
tion, sous I'influence de Teau, des derives additionnels des
acides pyrocitriques. Aux faits que j'ai publies anterieure-
ment j'ajouterai les suivants. L'acide pen soluble , qui se
separe de la solution concentree de l'acide citrapyrotar-
trique bicblore (1), et dont j'ai signaie la formation, n'est
autre chose que de l'acide mesaconique, resultant du de-
part de deux atomes de chlore aux depens de l'acide
bichlore primitivement forme. Si je n'ai pas reconnu d^s
(1) Bulletins de VAcad. royale de Belgique , 2«e serie, 1. XXXlll, n 1
(67)
Tabord la nature de cette substancCy c'est que sa forme
eristallis^e et surtout la dimension de ses cristaux n'oflraient
rien qui rappel^t Tacide m^saconique. Quand je Teus de-
Imrrass^e par quelques cristallisations des traces d'acide
chlor6 qui la souillaient, j'obtins un produit dont toutes
les propri^t^s physiques correspondaient k celles de Tacide
m^saconique pr^par6 par d'autres proc£d6s; son point de
fusion ^lait k 202"*. En voici Fanalyse :
0,2800*' de substance donnerent 0,3715«' CO, et
0,1230«' H^O, ce qui correspond i C — 45,9 et H — 4,8;
la formule C^HeOi exige C — 46,1 et H 4,6.
Dans Tespoir d'arriver k la preparation d'un acide de la
formule CgHgOe, identique ou isomere k I'acide carbally-
lique, j'avais fait agir du cyanure de potassium en solu-
tion alcoolique sur I'itamonochloropyrotartrate d'ethyle.
L'op^ration faite i 130° en tube scell6 avait donne un d6-
p6t de chlorure de potassium et un liquide dou6 de I'odeur
d^sagr^able des carbylamines. Gomme Taction de la cha-
leur semblait le decomposer, je n'essayai pas de Tisoler de
sa solution et je le d^composai direclement par la potasse
alcoolique. II se d^gagea un pen d'ammoniaque, et apr^s
Evaporation de Talcool, je trouvai dans le r^sidu, non pas
Pacide carballylique, mais de I'acide prussique et de I'acide
m^saconique. En effet, la masse saline additionn^e d'acide
sulfurique Etendu laissa d^gager I'odeur caract^ristique de
I'acide cyanhydrique ; et en 6puisant par I'^ther, je pus
isoler un acide pen soluble dans reau,cristallisan ten petites
aiguilles enchevetr^es , se sublimant dijk vers lOO** et
fusible au deli de 200. L'analyse d^montra que cette sub-
stance avait la composition de I'acide m^saconique , dont
elle pr^sentait les propriet^s physiques.
(68)
0,3670" de substance doDO^rent 0,6190«' CO, et
0,1559" HjO.
CALCULI. TROUV^.
C, 60 46,2 46,1
O4 64 49,2
He 6 4,6 4,8
II r^sulte de Ik que Tacide itapyrotartrique monocyan^,
qui s'est d^compos^ dans cette experience en acides prus-
sique et m^saconique , est plutdt un cyanure proprement
dit qu'un nitrite, et qu'il se comporte, non comme I'acide
cyanac^tique, mais comme le cyanure d'ac^tyle.
Dans son ouvrage intitule : Syslematische Zusammen--
stellung der organischen Verbindungen (p. 238), Weltzien
dit que I'itaconate d'^thyle paratt £tre identique avec le
citraconate. JMgnore sur quels faits est bas^e cette maniSre
devoir; peut-£tre r^sulte-t-elle de Tidentit^ presque abso-
lue qu*on observe dans les propri^t^s physiques des Others
appartenanti des acides de caract^res si distincts, et aux-
quels on pourrait ajouter Tether m^saconique. En presence
de la grande facility avec laquelle ces acides se transfor-
ment les uns dans les autres, il n'est pas impossible aujour-
d'hui d'admettre qu'une transformation des Others puisse
egalement se produire pendant reth^rification. J'ai jug^
que la' question £tait assez int^ressante pour £tre soumise
au contrdle de rexp^rience, et voici les r^sultats que j'ai
observes.
L'^ther itaconique ne pent s'obtenir pur que par Taction
du bromure ou de Tiodure d'^thyle sur Titaconate d*argent.
La reaction commence k froid et s'ach^ve k 80"". On obtient
ainsi un liquide l^g&rement sirupeux, d'une odeur aroma-
(69)
tique peu prononc^, et bouiilant sans alteration k ^SO"".
AdditioDD^ d'eao de baryte, il se saponifie en partie et
donoe un pr^cipit^ cristallin d'itacoDale de baryum. Au
bout de quelques jours, il se transforme en une modifica-
tion polym^rique , de consistance plus sirupeuse, et que
la distillation retransforme en ^tber itaconique ordinaire.
Cette transformation paralt devenir complete ^ la longue;
je possede dans mon laboratoire un ^chantillon d^^ther
itaconique, pr^par^ depuis quelques ann^es, et qui a pris
la consistance du m^tastyrol.
L'^ther itaconique, de preparation ancienne ou r^cente,
se saponifie reguli^rement quand on lechauffe k 100° avec
de la baryte , et ne donne que de Tacide itaconique et de
I'alcool.
II n'en est plus de m^me quand on essaye de preparer
cet ether par la m^thode que les chimistes ont adoptee
jusqu'ici pour le produire, et qui consiste k faire agir Tacide
chlorhydriquesurunesolutionalcooliqued'acide itaconique.
Dans cette experience une partie de Tacide s'etherifie re-
gulierement; mais une autre portion semble se combiner
additionnellement k Facide chlorhydrique pour se decom-
poser ensuite, et engendrer de Tacide mesaconique, lequel
s'etherifle k son tour. Le produit que Ton obtient ainsi
commence k bouillir k 225% et le thermometre s'eieve gra-
duellement jusqu'i 230. La liqueur distiliee est un me-
lange de beaucoup d'ether mesaconique et de peu d'ether
itaconique, comme je m'en suis assure par la saponification
k 100^ k Taide de la baryte. A froid, on observe A&jk la
production d'un preciptte d'itaconate de baryum qu'on
peul isoler pour en extraire Tacide correspondant; le sel
forme k chaud est forme presque exclusivement demesaco-
nate. Je n'ai pas fait Fanalyse des acides ainsi isoies; leurs
(70)
propri^t^s physiques sont suJOSsamment nettes poar per-
mettre de les reconnattre facilement.
La quantity d*6ther m^aconique form^ dans cette
experience est d'autant plus forte que la temperature
s'ei^ve davantage. Aussi en trouve-t-on une quantity bien
moindre si le produit de retherification n*a pas &tA rectifi6.
Malaguti a d^crit (1) un Hhev pyrocitrique que, d'apr^s
toutes ses propriet^s, je considire comme identique avec
]e produit que je viens de d^crire en dernier lieu. Gepen-
dant je n'ai obtenu avec aucun des Others prepares par
moi le precipite par le nitrate d*argent signal^ par ce sa-
vant. II est probable quMl s'agit ici d'un peu d'acide chlor-
hydrique melange k Tether.
Un melange d'acide citraconique et d'alcool , soumis k
Taction d'un courant de gaz chlorhydrique, se comporte
comme I'acide itaconique.
Mais de m6me que cet acide se transforme plus facile-
ment que ce dernier en acide m^saconique, de m^me son
ether se modifie d'une fa<;on beaucoup plus complete.
Apres que celui-ci eut ete lave k I'eau pour lui enlever les
dernieres traces d'alcool et d'acide chlorhydrique, et desse-
che ensuite par le cblorure de calcium, il commen^a k
bouillir k 222^, et avait distilie presque compietement a
225. La liqueur distiliee ne precipitait point par Teau de
baryte : saponifiee k 100, elle se transforma presque inte-
gralement en mesaconate, Jo pus, k Taide de I'acide sulfu-
rique, separer de ce sel une quantite notable d'acide mesa-
conique : la quantite d'acide citraconique formee etait trop
faible pour pouvoir etre recherchee.
L'ether citraconique prepare de la m^me maniere, mais
(1) Ann, Chim. Phys., I. II, p. 64.
(71 )
sans avoir €tA soumis k la rectitication , subit ^galement la
metamorphose que je viens de signaler, quoiqae d'une
fa^n moins complete. Chauff^ kiOOf dans un lobe scell6
avec un melange d'eau et de cristaux de baryte, il se
transforma rapidement en une masse cristalline blanche,
semblable k celle qu'avaient fournie les experiences ante-
rieures. Ce sel, recueilli sur un Oltre, et purifle par des
lavages k I'eau et k Talcool, fut decompose par I'acide sul-
furique. La liqueur acide, s^par^e du sulfate de baryum,
fut epuis^e par Tether, la solution ether^e fut soumise k
Tevaporation spontan^e. [I ne tarda pas k se d^poser sur
lesparois du cristallisoir des grumeaux blancs, ternes, de
structure crislallisee, et peu solubles dans I'eau, tandis
qu'un r^sidu sirupeux s'accumulait au fond du vase. La
substance cristalline, detach^e des parois, et purifl^e par
compression entre des doubles de papier-Joseph, fut recris-
tallisee de Teau, et se pr^senta de suite avec toutes les pro-
prietes de Tacide mesaconique. Son point de fusion etait
k 202°. Quant au liquidc sirupeux, il ne tarda pas k prendre
en une masse cristalline confuse quand on Tabandonnait
sur Tacide sulfuriqne. II etait Evident pour moi que je me
trouvais en presence de Tacidecitraconique; mais comme
il ne se pr^sentait pas avec un degre de purete suffisant
pour etre nettement reconnu et caract^rise par ses pro-
prietes physiques, je le traiisformai en sel de calcium
acide, lequel parmi tous les citraconales a les proprietes
les plus nettes et les plus caracterisliques. II cristallise en
petits rhombes d^edat nacre, de solubilite moyenne, et con-
tient une demi-moiecule d*eau de cristallisation.
0,2530«' de substance perdirent k 100% 0,0785'' d'eau et
donnerent 0,2020^ CaS04, ce qui correspond k 15,0 p. %
Hj 0 et 1 1 ,2 p. % Ca , la formule Co C,o H,o 0 h- 3 Hj 0
exigeH^O 15,3 etCa 11,3.
(72)
II r^sulle done encore des experiences que je viens de
decrire que le corps regard^ jusqu'ici comme de I'^lher
citraconique n'est qu'un melange de ce dernier avec Tether
m^saconique.
Gelui-ci s^obtienl tres-facilement par les m^thodes ordi-
naires, et ne subit aucune transformation pendant sa pre-
paration. II bout k 220'' et c'est sa presence qui d^prime
ordinairement le point d'^bullition des deux autres Others,
ses isomSres.
Enfin c'est lui qui poss^de une odeur forte et aroma-
tique, et qui communique cette odeur aux deux autres
Others, lesquels, k I'^tat de puret^, ne sentent pas k beau-
coup pr^ aussi fort.
Quelques (axis pour servir a I'etude de la constitution des
composes oxygenes du soufre; par M. Walth^re Spring.
Dans ces derniers temps les chimistesse sont beaucoup
occupy de r^tude de la position r^ciproque des atomes
dans la molecule, de la constitution de ces derni^res en un
mot. Cette ^tude est faite, peut-on dire, pour la plupart
des corps de la chimie organique; la chimie inorganique,
au contraire, compte de nombreuses classes de composes
sur la constitution desquels on est tout ind^cis, tels sont,
par exemple, les composes oxyg^n^ du soufre. Gontribuer
dans la mesure de mes faibles forces k dissiper le doute qui
r^gne sur la constitution de ces acides est la tjiche que je
me suis impos^e.
J'ai I'honneur de communiquer iT Academic la premiere
partie de mon travail, qui a ^te ex^cutee sous la direction
de M. Kekuie : qu'il me soit permisde lui reit^rer Texpres-
(73)
sioD de ma vive gratitude pour la bienveillance dont il m'a
boDor^.
line sera pas d^plac^de rappeler iei,aussi succinctement
que possible, les diffiSrentes mani^res dont les chimistes
ont envisag^jusqu'aujourd'hui la constitution de cesacides.
Lorsqu'on appliqua la th^orie des types i la chimie mi-
n^rale, on consid^ra I'acide sulfurique comme d^rivantdu
typ^ Ht!<>*» et Ton admit en lui I'existence du radical bi-
alomique S"02. Plus tard , Odiing consid^ra I'acide hypo-
sulfureux comme d^rivant du type h » el le formula
. . HJQ jj S
amsi : so« .
HJS
On se figura, de la mSme mani^re, Tacide sulfureux
comme derivant du type mixte hI et g jo , soil :
so* L-
HJo
MM. Kekul^ et Linnemann {Bulletins de VAcademie
royalede Belgique, 2« s^rie, t. XHI, p. 156) ont ensuite
«5tendu aux autres acides du soufre cette maniSre de voir
el ont exprim^ leurs id^es par les formules suivanles :
H*o.
H«.
so«
H»0.
Aeide
•nlfnrcax.
2H«0.
Aclde
so'jo
so* ; dllhiooiqafl.
H
SO
^ j 0 Acid«
\ /\ •vlfnriqae.
H«S.
H
10
Adde
SO*
I Q hjrpocttltareax
»jo
S0«
!o
Aeide
SO' I dUalfariqae.
H
SO
0
Aeld«
jo
SO* . Crlchioolqa«.
(74)
On le voit Tacide l^trathionique ne flgure pas dans ce
tableau. En effet MM. Kekui^ et Linnemann Font rattacli6
au type
Sis.
le consid^rant comme un bisulfure par suite de Tanalogie
que prfeente sa formation par Taction del'iode sur les hy-
posulQtes avec la formation des bisulfures organiques par
la mSme reaction (*).
A cette ^poque on ne se preoccupait pas beaucoup de
la nature du radical qui entre dans ces formules; on Tad-
meltait comme une chose donn^e, lorsque M. Kekul4 diri-
gea ses recherches vers la constitution du radical S"0^ lui-
m^me. II restait encore k savoir, en effet, si la constitution
de ce radical ^tait telle qu'on pHi assigner k Tacide sulfu-
rique une formule symetrique ou non. M. Kekul6 resolut
ce problfime en observant que la reduction des sulfo-sels
d^s radicaux organiques conduit aux sulfhydrates de ccs
m^mes radicaux ; ce fait demontrait que le radical orga-
nique est en contact imm^dial avec le soufre de I'acide,
par suite I'acide sulfurique doit etre represent^ par la for-
mule non symetrique :
HOSOOOH.
Enfin la reaction bien connue de M. Strecker d6montre
(*) Kekule uod Linnemann , Ueber die Einwirckung von Jod auf einige
orgatiische Schwefelverbindungen (Anpc. der Cuemie ojid Pharxacie, B. ,
CXlll,p.276).
(78)
que Tacide sulfureux est ^alement non sym^trique et con-
stitQ^ comme il suit :
HSOOOH.
En d'autres termes, Tacide sulfurique serait le sulfacide de
I'eau et I'acide sulfureux le sulfacide de ThydrogSne. Re-
prenant et g^n^ralisant cette idee, M. ilLendeljeS (Berichte
derDeutschen chemischen Gesellschaft zu Berlin, Jahrgang
1870, p. 871) a dress^ le tableau hypoth6tiquesuivant, dans
lequel il consid^re les acides thioniques comme des sul-
facides de Thydrog^ne, de I'eau, du mono et du bisulfure
d'hydrogfene , voire m6me d'un trisulfure d'hydrogfene :
De
H«
derive
H (SD'H) acide sulfureux.
•
»
»
(HO'^) (SO>H) » dithionique.
De
H»0
»
HOSO'H » sulfurique.
»
»
»
(HO'S) 0 (SC'H) n disulfurique.
De
H*S
«
HS(SO^H) » liyposulfureux.
»
n
»
(EC'S) S (SO'H) » trithionique.
De
H«S«
0
HS» (SO'fl) iDConnu.
«
i>
»
(HO>S)SS(SO^H) acide tetralbionique.
De
H«S'
»
HS» (S03H) inconnu.
n »
» (HO^S) SSS (SO"H) acide pentalhionique.
On peut se convaincre que le tableau dress^ par M. Ke-
kul6 renferme implicitement celui de M. Mendeljeff.
Si cette derniere mani^re de voir est exacteje chlorure
de soufre doit, par son action sur des sulfites, donner nais-
sance k des acides polythioniques ; c'est ce que je me suis
propose de verifier f).
J'ai employ^, en premier lieu,le chlorure de soufre
(*) Pendant l*extoution de ce travail, j'ai appris que M. Mendeljeff avait
fait la mSme remarque, sans louiefois demander k inexperience si eiie
etait exacte.
(76)
r^pondanl a la forinule S^CI^etbouillant k la temperature
consiante de 158^ Le sulfite employ^ etait le sulfite neutre
de potassium, dont je me suis pr^par^ une solution dans
Teau aussi concentr^e que possible, pour ^viter, dans les
limites du possible, Taction du chlorure de soufre sur Teau
elle-m£me.
Le chlorure de soufre a H& vers6 dans cetle solution
par petites portions et la solution, agil^e violemment pour
diviser les gouttes du chlorure, Pa dissous int^gralement
avec un faible d^gagement de chaleur. La liqueur resta
c/afre;au bout de quelques minutes il s'cst form6 une abon-
dante cristallisation d*un sel poss6dant les propri^t^s du
trithionate de potassium.
Les cristaux ainsi obtenus ont ^t^ laves, puis sou mis
k quelques nouvelles cristallisations jusqu'i ce que leurs
caract6res physiques d^notassent une purete suflisante.
L'analyse de ce sel m'a donne les resultats suivants :
K = 28,65 Vo,
S = 35,41 » ;
d'autrc part la composition cent^simale calcul^c du trithio-
nate de potassium est
K = 28,88
S = 35,55.
On voit que le sel obtenu par cette reaction est le iri-
Ihionate de potassium,
Le probl^me n'^tait pas encore resolu; il restait encore
k savoir ce qu'avait produit le second atome de soufre de
S^CI^ qui n'^tait pas entr^ dans la formation du trithionate,
puisque
iK»S03 -H S«CI» = K*S»0« -t- 2KCI -H S.
(77)
Je devais ^videmment relrouver le compost auquel il
avait donn^ naissance dans les eaux-m^res du trithionate
de potassium. Celles-ci ont 6te trait^es i celte (in par de
Talcoolnon Irop concentre, qui a d^termin6 la precipitation
d'uue nouvelle portion de trithionate de potassium en m4me
temps que la formation de goutteleltes huileusesqui se sont
rassembl^es au bas du vase. Gette partie a ^l^ retiree par
d^cantation et a pr^sente toutes les reactions de Thyposul*
iite de potassium. II est important d'ajouter que la quan-
tity de cet hyposulfite ainsi form^ ^tait extraordinairement
faible, relativement k ce qu'elle aurait 6i€ si tout le soufre
devenu libre par Taction du chlorure de soufre s'etait dis-
sous dans le sulfite de potassium pour former de Thypo-
sulfite. On doit done admettre qu*il a contribu^ lui-m^me
k la formation du trithionate de potassium , par son action
sur le sulfite de potassium d^apr^ la reaction bien comme
de Langlois.
Pour lever tout doute k cet ^ard , j'ai recommence les
operations apr^s avoir sature le chlorure de soufre (S^CI^)
par du chlore ; j'ai obtenu ainsi un liquide qui a donne ses
premiers bouillons k QT et qu*on peut regarder comme
r^pondant maintenant a la formule SCl^. Dans ce cas-ci,
on peut considerer Texc^s de soufre comme eiimine , et
par Taction de ce chlorure sur le sulfite de potassium il
devait se former du trithionate de potassium sans hypo-
sulfite. L'experience a d^montre Texactitude de ces previ-
sions. Le phenomene se passe comme pr^cedemment, le
chlorure de soufre est dissous par le sulfite de potassium
et le liquide s'^chaufle faiblement. En augmentant la pro-
portion de chlorure, Techauffement devient plus conside-
rable et il se produit un degagement d'anhydride sulfureux
avec precipitation de soufre blanc^ et le trithionate est
(78)
d^compos^ en partie. On peut encore s'assurer du fait que
leS^CI^ abandonne du soufre pendant sa reaction sur le
sulflte, en ajoutant en une fois la quantity de chlornre
n^cessaire pour transformer int^gralement ie sulfite de
potassium en trithionate; dans ce cas, il y a une abon-
dante precipitation de soufre floconneux essentiellement
diff<§rent, dans son aspect, de ceiui qu'abandonne le trithio-
nate de potassium lors de sa decomposition.
II r^sulte de ce qui pr^c^do que, la constitution de Tacide
sulfureux etant HSOOOH, il devient tres-probable que
celle de I'acide trithionique est :
HOOOSSSOOOH.
Les faits precedents souievent une nouvelle question.
MM. Fordos et Geiis ont obtenu I'acide tetrathionique par
Faction de Tiode sur les hyposulfites ; or, en admettant
que la constitution de ces derniers soit R'SSOOOR', on
peutse representer Taction de I'iode comme il suit :
S'SSJ' -^ •• = R'OOOSSSSOOOR'+ 2R'l .
et dans ce cas Tacide tetrathionique aurait ses quatre
atomes de soufre dans le meme ordre que I'acide trithio-
nique. Ces considerations admises , il devenait surprenant
que S'^CI^ ne donn&t pas du tetrathionate de potassium ,
lors de son action sur le sulfate. J'ai cru que le trithionate
de potassium pourrait peul-etre, forme dans ces condi-
tions, etre le produit de la decomposition du tetrathionate
forme en premier lieu , decomposition suscitee par I'insta-
bilite bien connue des tetrathionates des metaux alcalins;
c'est pourquoi j'ai repris cette reaction en agissant sur le
(79)
sulfite de baryum, le t^trathionate de baryum etant relati-
vement stable.
- Du sulfite de baryum tenu en suspension dans aussi peu
d*eau que possible a ^t6 agit^ k cette lin avec du chlorure
de soafre; Taction est tres-lente, il y a ^l^valion de tem-
perature, mise en liberty de beaucoup de soufre et d^age-
ment d*anhydride sulfureux. Apr^s filtration du produit de
cette reaction , je n*ai constat^ dans le liquide clair que la
presence du chlorure de baryum et du trithionate de ba^
ryum^ ce dernier en faible quantite seuleroent.
II parait done constant que le chlorure de soufre, quelle
que soit sa composition, ne donne que des trithionates par
son action sur les sulfites. Quelle pent Stre la cause de
ce fait? Cest ce que je me propose d'etudier par de nou-
velles reactions. Je me permettrai seulement d'avancer pour
le moment Thypoth^se suivante : le t^trathionate form^
d'abord se decompose en presence des sulfites, parce que,
d'une part, les sulfites se transforment facilement en hypo-
sulfites en absorbant du soufre et que,«d'autre part, les
t^trathionates ont une grande tendance i abandonner un
atome de soufre pour donner naissance aux trithionates,
tendance qui pourrait, dans le cas qui nous occupe, 6tre
exaltde par la presence ra^me des sulfites.
Je crois qu*il n*est pas inutile de faire mention des
resultats que donne Taction du chlorure de soufre sur les
hyposulfites. J'ai tent^ ces reactions en vue d'obtenir un
acide plus sulfur^ de la s^rie, Tacide pentathionique, par
exemple.
Comme lesselsde cet acide sont tres-instables , si tant
est qu'ils existent , j*ai agi de la mani^re suivante :
De Thyposulfite de baryum formant avec de Teau une
fkie assez courte a &\A agit6 par petites portions, pour
(80)
pr^venir rechauffement, avec du chlorure de soufre; la
reaction a lieu avec un fort d^pdt de soufre. Le produit de
cette reaction a ^te jet^ imm^diatemeDt sur un filtre^et la*
liqueur filtr6e tombanl dans une solution ^tendue d*acide
sulfurique de fa(;on k pr^cipiter imm^iatement le baryum
sous forme de sulfate et k mettre I'acide en liberte. L'acide
sulfurique ne donne lieu k aucun precipite de soufre lors-
que le sel de baryum y tombe. Le liquide ainsi obtenu a
^t^ traits par de Tbydrate de baryum de fa^on k 6liminer
autant que possible Texc^s d'acide sulfurique. La liqueur
filtree a pr^sent^ les ructions suivantes :
l"" Chauffi^e, elle se laisse concentrer jusqu'i un cer-
tain point oik elle abandonne du soufre et laisse d^gager
de Tanhydride sulfureux et du sulflde hydrique;
2^ Les acides sulfurique et chlorhydrique dilu^s n'ont
pas d'action ;
3<* L'acide sulfurique concentre la d^mpose avec pre-
cipitation de soufre;
4'' Le sulfate de cuivre ne brunit qu'apr^ une Ebullition
de plusieurs heures avec ce liquide;
5"* La potasse caustique donne un pr^cipitE de soufre,
et le liquide contient de Thyposulflte de potassium;
6"* Le nitrate mercureux donne un prEcipitE jaune qui
noircit aprds quelque temps ;
7^ Le chlorure mercurique donne un pr^ipitE jaun&tre;
8"* Le nitrate d'argent donne un pr^cipitE jaune qui
noircit vite ;
9"" Additionnee d*ammoniaque d'abord, puis de nitrate
d'argent, elle donne un pr^cipitE noir de sulfure d'argent.
On voit que ces reactions sont bien celles que pr^nte
Tacide pentathionique; il est 'done fort probable quej'ai
eu cet acide entre les mains; il serait toutefois imprudent
(8i )
de TafiBrmer, vu que je n'ai pu lui trouver jusqu'^ present
aucune propri^t6 traduisible en chiffres.
Comme appendice & ce qui pr^c^de, je mentionnerai
encore le fait suivant, parce que je ne Tai trouv^ renseigne
dans aucun article traitant des acides polythioniques.
Parmi les r^actifs recommand^s pourcaract^riser Tacide
trithionique et le diCKrencier d'avec les acides dithionique
et t^trathionique, se trouve le sulfate de cuivre qui doit
donner par Tebullition avec un Irithionate un pr^cipite
noir de sulfure de cuivre; j'ai remarqu^ que le sulfure de
cuivre ne se formait pas quand la solution du trithionale
renferme une assez forte proportion d'un sulBte acide.
Dans ce cas, le sulfate de cupricum est r^uit et passe an
sel de cuprosum sans precipitation de sulfure de cuivre.
On voit done que si Ton a k chercher la pr^ence de Tacide
trithionique dans une liqueur , au moyen d*un sel de
cuivre, il faut au pr^alable s'assurer de Tabsence de Tacide
sulfureux.
J'ai voulu m'assurer si pendant la r^uction du sel cui-
vrique en sel cuivreux le trithionate ne subissait aucune
alteration; k cette fin, j'ai r^p^te la reaction en operant
sur des solutions plus concentr^es des deux sels. Aprds
la reduction du sulfate de cupricum, la liqueur clai re a
abandonne pendant son refroidissement un sel cristalli-
sant en fines aiguilles soyeuses compietement transpa-
rentes. Ces cristaux, apres avoir ^t^ lav^s, out et^ redis-
sous dans de Teau, et la solution ainsi obtenue a pr^sente
les caracteres suivants :
1"* Chauffee avec addition d'acide chlorhydrique, elle
abandonne du sulfure de cuivre ;
2® Le chlorure mercurique y determine un precipil^
bran qui noircit lentement k froid et plus vite k chaud ;
i^^ s6rie, tome xxxyi. 6
(82)
3^ Le nitrate mercureux y determine immediaUment la
formation d'un pr^cipit^ noir;
4*" Le nitrate d'argent donne nn pr^ipit^ qui devient
vile noir.
Dess^ch^s et chaufiC^s dans un tube ferm^, ces cristaux
se decomposent, 11 y a volatilisation d*eau , sublimation de
soufre et degagement d'anhydride sulfureux; le r^sidu de
cette decomposition forme une masse noire qui n'est autre
chose que du sulfate de potassium noirci par du sulfure
de cuivre. Cette analyse qualitative demontre done que ce
sel est un trithionate double de cuivre et de potassium criS"
tallisant avec de I'eau. Une analyse quantitative a conOrm^
cette maniere de voir; elle m'a donn^ les r^nltats sui-
vants :
S =51,63»/o,
Ctt = 20,46 n ;
d'autre part, la teneur cent^simale calcul^e pour le soufre
vi le cuivre, d'aprte la formule Ctt«S506,K2S30« -h H«0
est :
S =31,47,
Cti = 20,091.
Ce sel est peu soluble dans Teau et insoluble dans TaU
cool. II est peu stable; i Tair, il prend peu k peu une
coloration bleue par suite de Toxydation du sel cuivreux;
Talcool absolu le pr^cipite compl^tement de sa solution,
mais alors il est amorphe et apparait avec une leg^re colo-
ration jaun^tre.
(- 85 ).
88K DBS LETTRES
Seance duJjuillel ^875.
M. J.-J. Thonissen, directeur, president de rAcad^mie.
M. Ad. Qdetelet, secretaire perp^luel.
Sont presents : MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage ,
J. Boulez, Gachard, Paul Devaux, P. De Decker,
M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove,
R. ChaloD, Th. Juste, F. N^ve, Alphonse Wauters, Alph.
Le Roy, Cmile de Borchgrave, membres; J. Nolet de
Brauwere van Steeland, Alph. Rivier et B. de Koehne,
associes; J. Heremans, Edm. Poullet et F. Loise, corres"
pondanls.
CORRESPONDANCE.
• •
M. le Ministre de la justice adresse, pour la biblio-
Ih^que de TAcad^mie, deux exemplaires du toofie second
des Coutumes de Liegej publi^es par la commission royale
des anciennes lois et ordonnances du pays.
— L'administration communale de Bruges offre le*
tome II de VInventaire des archives de la ville.
( 84 )
— La classe re^oit, de ses membres, les hommages sui-
vants :
1® CEuvres de Froissari : Chroniques, tome I, Intrih
duction (IP et IIP parties) , publi^e par H. le baron Ker-
vyn de Lettenhove, dans la collection des travaux des
grands ^crivains du pays; 1 volume in-8^;
^ Ethnographie des peuples de V Europe avant Jesus^
Christy tome second, 1*' et 2* fascicules, par M. Charles
Steur; 2 cahiers grand in-S"";
S"" Das Unterrichtswesen in SOd'America^ dargestellt
von M. Alph. Le Roy ; in-S"".
Des remerctroents sont vot^s auz auteurs de ces diflt^-
rents dons.
— Les biblioth^ues royales de Berlin et de Stuttgart,
ainsi que M. Eichhoff, associ^, remercient pour Tenvoi des
derniires publications.
— Des remerclments sont exprim^s & M. Roulez, au
sujet de Tinscription qu'il a bien voulu r^diger pour la
m^daille d*ai^ent d^rn^e k M. Yarenbergh lors du der-
nier concours de la classe.
Election.
M. Le Roy est appel^ & remplacer M. le baron Kervyn
de Lettenhove, d^missionhaire, corome memhre de la com-
mission de la Biographic nationale.
(85)
CONCOURS,
La classe a arr^t^, comme suit, le programme des
questioDS de concours pour 1874 :
PREMll^RE QUESTION.
On demande un essai sur la vie et le regne de Seplime
Severe.
DEUXliME QUESTION.
Exposer avec detail la phihsophie de saint Amelnie de
Cantorbery; en (aire connaitre lee sources; en apprecier
la valeur et en montrer influence dans Fkistoire d^
idees.
TROISI^ME QUESTION.
Banner la theorie economiqtie des rapports du capital
et du travail.
L*Acad6mie d^ire que Fouvrage soit d'un style simple,
k la port^ de loutes ies classes de la society.
QUATRI^ME QUESTION.
Faire Vhistoire de la philologie thioise jusqu'a la fin
du seizieme siecle.
L'Acad^mie d^ire que Ies concurrents consultent Ies
documents in6dits.
Lie prix de la premiere et de la deuxi^mb question sera
,(•86^
une m^daille d^or de la valeur de six cents francs; il est
port6 ii mille francs pour la troisi&me , la quatri^me et la
GIIVQUIi^ME QUESTION.
Les m^moires devroDt £tre Merits lisiblement el pourront
etre r^dig^s en fran^is, en Oamand ou en latin; iis de-
vront ^tre adress^s; iVancs de port, avant le 1" fevricr
1874, k M. Ad. Quetelet, secretaire perp6luel.
L'Academie exige la plus grande exactitude dans les ci-
tations, etdemande, k cet effet, que les auteurs indiquent
|es Editions et les pages des livres qu'ils citeronl
On n'admettra que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettronl point leur nom i leur ouvrage ;
ils y inscriront seulement une devise, qu*ils reproduiront
dans tin billet cacbet^ renfermant leur nom et leur
^dresse. Faute par eux desatisfaire & cetle formality, le
prix ne pourra leur ^tre accord^.
Les ouvrages remis apr^s le lenips prescrit ou ceux dont
les auteurs se feront <xmnakre, de quelque mani^re que
ce soit, seront exclus du concours.
L^Acad^mie croit devoir rappeler aux concurrents que,
d^ que les m^moires ont 6ii soumis h son jugement, ils
sonl el resteat d^pos^ dans ses archives. Toutefois , les
auteurs peuyent ^n faire prendre des copies k leurs frais ,
en s'adressant, k cet effet, au secretaire perp^luel.
Les auteurs des m^moires ins6r^ dans les recueils de
TAcad^mie out droit k cent exemplaires de leur travail.
Ils ont, en outre, la faculty d'en faire tirer un plus grand
nombre, en payant k Fimprimeur une indemnity de quatre
centimes par feuille.
— La classe fail choix des questions suivantes pour le
programme de concours de 1875 :
(87)
PREMIERE QUESTION.
Les encyclopedistes fran^ais essayereni^ dans la seconde
moitie du dix-huUieme Steele y de (aire de la principaule
de Liege le foyer principal de leur propagande. Faire
connaitre les moyens qu'ils employerenl et les resuUats de
leurs tentativeSj au point de vue de I'influence qu'ils exer-
Cerent sur la presse periodique et sur le mouvement litle^
raire en general.
DEUXI^ME QUESTION.
Quels seraient, en Belgique, les avantages et les incon-
venients du libre exercice des professions liberates ?
TROIS|i:iIE QUESTIQ^.
Expliquer le phenomene historique de la conservation
de noire caractere national a travers toutes les dominations
etrangeres,
QUATRI^ME QUESTION.
Ecrire Vhistoire de Jacqueline de Baviere , comtesse de
Hainauty de Hollande et de Zelande et dame de Frise,
Dans leur travail, les concurrents doivenl s*attacher
d'une mani^re toute particuli^re aux ev^nements princi-
paux de la vie et du regne de cette princesse; ils utiliseronl,
sans les suivre servilement, les travaux qui ont ki& pu-
blics, pour cetle ^poque, tant k T^tranger qu*en Belgique.
ginqui£:me question.
Faire Vhistoire des finances publiques de la Belgique
depuis i850y en appreciant dans leurs principes et dans
(88)
leun resuUats les diverses parties de la legislation et les
principales mesures administratives qui s'y rapportent.
Le travail s'etendra d'une maniere somniaire aux
finances des provinces et des communes.
Le prix de chacune de ces questions sera uDe m^daille
d*or de la valeur de six cents francs.
Les formality k observer par les concurrents sont les
mdmes que celles qui ont ^t^ indiqu^es pour le concours
de 1874. Le terme fatal pour la remise des m^moires
expirera le !•' Kvrier 1875.
PRIX DE STASSART.
CONCOURS POUR UNE QUESTION d'hISTOIRE NATIONALE.
La classe proroge jusqu'au 1*^ f6vrier 1874 I'^poque
falale de la deuxieme p^riode de ce concours. La question
est la suivante, d&}k pos6e pour cette p^riode :
Exposer quels etaienty a tepoque de Finvasion franfaise
en 4194 y les principes constitutionnels communs a nos
diverses provinces et ceux qui etaienl particuliers a chor
cune d'elles.
Le prix habituel de 3,000 francs est r^serv^ k la solution
de cette question.
Les concurrents auront k se conformer aux formality
et aux regies du concours de la classe.
(89)
CONGOURS POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE G^LiBRE.
La classe demande, pour la quatriime p^riode de ce
concours, uo travail sur Christophe Plantin, ses relations^
8€8 travaux et ^influence exercee par I'imprimerie dont il
fut le fondateur.
Le prix habituel de six cents francs est r^erv6 k Fau-
teur du m^moire qui sera couroun^.
Les concurrents devront se conformer aux r^les habi-
tuelles des concours de la classe. Le terme fatal pour la
remise des manuscrits expire le 1'' f(§vrier 1875.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Une lettre inedite de Gregoire de Saint-Vincent^ commu-
nication de M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel de
TAcad^mie.
Le R£v£rend Pire C.-F. Waldack, de la Compagnie de
J^us, dont la savante Erudition est bien connue, me fit
rhonneur de m'^crire r^cemment qu*il venait de trouver,
k Gand, une lettre autographe de Gr^oire de Saint-Yiii-
cent, c EUe n'est pas de grande importance, me disait-il,
mais, comme elle pourrait vous paraltre int^ressante pour
la science, je me fais un plaisir de vous en communiquer
la copie. »
Voici cette copie telle qu'elle m*a ^t^ transmise :
Nescio utrum in Belgio tanlus rumor de novis
sideribus qiiantus hie est , Romie , inventis beneficio specilli
cujusdam oblongi hie in Collegio Romano.
( W)
p. Odo Malcot hac de re Problema exhibuit , coram auctore
hujus noYitatis, Galilso Galilei nomine, maximo certe ap-
plausu et concursu yirorum doctorum et nobilium; ita ut,
pr«ter plurimos nobilissimos yiros,Comites et Duces, praetor
'Praelatoruro magnum numerum, ires ad minimum, ex pur-
puratis patribus suA priesentid et auribus cohonestari et gra-
lificari voluerint. Rem breviter lotam exponam.
Saturnus apparet nobis non esse rotundus; sed figures ova-
lis, diametro majore hujus figune lequinoxiali parallola.
/upi^er continuum habet satellitium quatuor pUnetarum,
qui eum semper comitantury et in girum circa ipsum continuo
flguntur, et singiiUs horis diversos babent positjones et aspec-
tus ad invicem; semper autem in linei apparent. Ipse autem
Jupiter est omnin6 rotundus semper.
Mars nihil habet singulare.
Venus, omnino circa solem verti, similiter et Mereurium,
compertum est, ita ut centrum illorum motus, sit centrum
soils; VcQusque nova Cynthia vocata est, e& quod omnino
sicuti I una crescat et decrescat.
In Lund maculas non satis posse per raritatem et densita-
tcm sfllvari, etiam plus quam probabile habemus.
Mermrium satis diu consideravimus, quamvis rar6, sed
cujus figure sit adverti non potuit propter scintillationes
nimias; valde enim scintiUat hoc astrum.
Pleiades J triginta trium stellarum constellatio est.
IVebulosa prcesepis 37.
Si apud vos hodie specilla non exstant, quum hic ilia nos
ipsi, Mathesis (lui et ses condisciples ) studiosi construimus,
mittam ad Rev. vestram , cujus precibus et sacrificiis me enixe
commendo, Romffi,23 julii, 16Ii.
Vester in X*" Servus,
Gregorius a S. Vincentio. S. J.
(M )
Un diplome de Cepoque carlovingienne concemant le village
de Huysse^ en Flandre, et^d ce propos, quelquet const"
derations sur la transplantation des Saxons en Flandre,
du temps de Charlemagne; par M. Alphonse Wauters,
membre de FAcad^mie.
Ce n'est pas k nos doctes coll^ues de TAcad^inie qu'il
. est D^cessaire de rappeler combien les documents anciens
fournissent d'indicatioos utiles pour la conDaissance de la
g^ograpbie aDcieooe du pays. C'est avec leur aide que les
* Bollandistes, et en particulier Henschenius, que Desrocbes
et Ernst, pour ne pas parler de tant d'autres, ont r^ussi
i d^roailler un cbaos qui paraissait d'abord inextricable,
et sont parvenus insensiblement k reconstituer les limites
' de nos anciennes demarcations territoriale$.
II est regrettable que la plupart de nos grands 4tabligse-
ments religieux, et noiamment les catb^drales de Tournai,
de Cambrai et de Li^e, les puissantes abbayes de Saint-
Amand, de Lobbes, de Saini-Hubert, les chapitres de
cbanoinesses de Maubeuge, de Nivelles, de Moustier,
d'Andenne, de Munster-Bilsen, les chapitres de Soignies,
de Renaix, etc. , n'aient conserve que pen ou point de
traces des donations dont ils furent Tobj^et pendant les
p^riodes m^ovingienne et carlovingienne. Cest ainsi, pour
ne citer qu'un exemple, que Fhistoire diplomatique du
chapitre d'Andenne, chapitre dont on atyribue la fonda-
tion a Begge, veuve d'Ans^gise et fille de P^pin de Landen,
De commence que plus de 400 ans apr^s la mort de cette
princesse, par un dipl6me du 1*' juillet de Tan llOi,
oh Tempereur Henri IV restitue aux cbanoinesses la juri-
(92)
diction sur Andenne (1). On objecterait vainement que
cette longue p6riode pent s^dtre ^ul^ sans apporter de
changements notables dans la dotation du chapitre^ et que
les archives d' Andenne sont rest^es mucttes parce qu*elles
n*ont eu aucun fait notable k enregistrer. Ce serait se
tromper ^irangement. Le patrimoine des chanoinesses
s*est, au contraire, agrandi pen k pen, comme nous Tap-
prennenty par hasard, quelques notes extraites d*un obi-
tuaire du chapitre (2). Un comte Ayulphe leur l^ua la
terre de Berdines ou Burdinne (3), le roi Hugues leur
donna Thisnes en Hesbaie et ses ddpendances (4), la reine
Pleclrude leur c6da la terre de Sacheis ou Sassey (5),
(1) Voyez la Table ehronoloffique des dipl&nes et ehartes imprimSs
eoncemant Fhisioire de la Belgique^ i. Up p. 3.
(3) Je les ai recueillies dans an inventaire en deux volumes in-folio,
conserve aux archives de r£tat ^ Namur et intitule : Archivee du trde^
noble el tris^ustre chapiire d Andenne, 1778.
(3) Burdiune, actuellement commune du canton d* Andenne, dans la
province de Li^e, ressortissait autrefois au comt^ de Namur. Le chapitre
d'Andenne y avait une cour a hautaine et foncidre > ou ^hevinage, y ievait
la grande dtme et y percevait des cens, taut ^ Burdinne mtoe qu*k Acosse
et Hannesse ou Hannesche, villages contlgos.
(4) Thisnes en Hesbaie ou Thisnes-lez-Hannut est Element une com-
mune du canton d*Avenne, jadis du comte de Namur. Le chapitre d* An-
denne y conserva longtemps de grands droits seigneuriaux et y eut m^me
la haute justice, quMI c^a au souverain au seizitoe si^cle.
(5) Sassey, dans Tancien duch^ de Lorraine, aqjourd^hui d^partement
de la Meuse, canton de Dun. Par une charte dat6e de Tan 1 127, l*arche-
v6que de Reims Rainald confirma au chapitre le droit de collation de
Taut el de Notre-Dame do Sassey. Ancreville, avec ses annexes, Andaine
et Villers-devant-Dun, reconnaissait aussi pour patronnes les dames
d*Andeune. Lorsque le pays voisin de la Meuse devint le ih^tre des
guerres de Louis XIV, le chapitre representa au monarque fran^is qu'il
etait de fondatiou royale, et que, par consequent, ses revenus ne pouvaient
dtre conGsqu^s comme apparienant k une corporation etrang^re. Le roi de
(93)
r^T^que LyduiD leur l^aa les biens qu*il poss^dait k
Wiennes {W\nden)H) et Gighehain (Gingelhom) (2). Cette
Plectrude ne peot £tre que la femme de P^pin de Herstal,
qualifi^ k tort du litre de reine, qu'elle ne porta jamais,
probablement devenue veuve puisqu'elle est cit^e ici saus
qu'on accompagne son nom de celui de son marl (3) ; ce
roi Hugues, c*est ^videmment Hugues Capet, dont il n'a
jamais et^ dit quMl poss^dait des biens en Hesbaie (4).
Inutile de faire observer combien le texte de leurs dona-
tions aurait pu fournir h nos annates de curieui ^laircis-
semen ts.
France, qai derail se faire consid^rer comme le I^time h^ritier des
rois m^rovingieos et carlovingiens, accaeillit ces rtolamations par une
ordonnaDce dat^ de Footainebleau, le 9 octobre J 647.
(1) Neer-Wiuden, village da canton deLanden, dans la province de
Li^yOii denx batailles sauglantes se livrirent : Tune le 19 joillet 1693,
Tadire le 18 mars 1793. Une partie de la dime et du patronat de Teglise
y apparteuait au cbapitre d'Andenne, qui y constituait un echevinage.
(9) Gingelom, commune du Limbourg, canton de Saint-Trond, jadis
seigneorie comprise dans le quartier de Montenaeken, au pays de Li^;
le cbapitre d*Andeune n'jr possedait plus, dans les dernlers temps de son
existence, qu*un modique livre censal.
L'^v^ue Libuin dont il est ici question n*est autre , selon toute appa-
rence, qu'Hilduin, qui Ait 61ev^ sur le tr6ne Episcopal de Li^, grftce k
Pappui dtt roi Henri rOiseleur et du due Oiselbert, en Tann^ 9M, mais
qui ne put cooserver sa nouvelle dignity le pape lui ayant pr^fer^ Ricbaire»
son oomp^titeur.
(3) Plectrude, fille d*Hugobert et fcmme du c^l^re Pepin de Herstal,
possMait, ^ titre personnel, de riches domaines, dont elle distribua une
partie aux monast^res d'Ecbtemach et de Susteren.
(4) II ne peut etre question ici que de Hugues Capet, qui devint roi de
France en 986 et mourut en 996. Ge monarque peut avoir h^rit^ ses biens
de Hesbaie de sa mere Hadwide, femme de Hugues, comte de Paris, et
qui ^tait nte du mariage de Henri rOiseleur, roi de Germanic ou d*AIIe^
magne , avec Uathilde, Glle du comte Tb^odoric.
(94)
Le regret qae noos avons exprim^ plas haut, nous At-
voDs le renouveler k propos d'une institution monastiquev
^trangere, il est vrai, i notre pays, oA elle acquit ^ale-
men t des biens considerables; je veux parler de I'abbaye de
Corbie, prte d'Amiens. Les religienx du monastftre furent
longtemps seigneurs i Huysse, k proximity d*Audenarde;
k INeer-Yssche et Berthem , villages voisins de Louvain ; k
Moll , Baeienet Deschel, en Campine; k Beeringen, oil ce
fat ayec rassentiment de Hagues, lear abb6, qu*Arnoui,
comte de Looz et de Chiny, fonda, au mois d'octobre 1239,
une ville Tranche qui fut dot^e de toutes les libert^s de la
cite de Liege (1); k Widoye, entre Saiot-Trond et Ton-
gres, oil exista longtemps une pr^vdte, la pr^vot^ de
Widoye (2), qui avait pour dotation sp^ciale les biens du
monast^re dans les Pays-Bas, etc.
Ici encore nous retrouvons la lacune que nous avons
signal6e plus haut. Les cartulaires conserves k la Biblio*^
th^que nationale, k Paris, et, autaut qu'on peut en juger
par les extraits qu'en a donnas M. Cocberis, les archives
m^me de Corbie d^pos^es k Amiens (3) ne foumissent
que pen de lamiires sur T^poque de la cession de tous ces
domaines aux religieux. Cette ^poque doit Hre pourtant
trte^rapprochee de celle de la foo^ation m^me. de
Tabbay^, car une chronique manuscrite de Corbie, dont
(t) Le texte de cette cbarte se troate dans mon volnme intital^ : De
Porigine et des premiers diveloppements des Hberlis eommunales en.
Belgique, e(c., preuves, p. 145.
(2) Cette prev6t6 est fort aDcienne, car, d^ Pann^ 1239, on mentionne
Pierre, prevdt de Wido. Volume cit^, p. 146.
(3) Voyez Cocberis, Notices et extraits des documents manuscrits con*
serves dans les d4p6ts publics de Paris et retatifs d thistoire de la Picar*
die. Paris, 1 S54-i 85S, 2 vol. in-8*.
(98)
nous ne connaissods des fragments que par les citations
de Mabillon (1), nousapprend, en parlant de TabM Hilde-
bert, du temps duqiiel les Normands d^truisirent Corbie, .
en 882, que le mSme peuple livra aux flammes tout le
patrimoine de Saint-Adelard : Beeringen , Moll et les
ch&teaux du voisinage (tolumque patrimonium beali Ade^
lardij videlicet BiringuaSy Monte ni aquarum, Gomplae,
MoloBj cum adjacentis caslellis),
Le village de Huysse en Flandre ne figure pas dans
cctte ^num^ation; et, en effet. Corbie ne dut pasce do-
maine k Adelard, mais k un comte Conrad, qui lui en fit
don. Cette locality ^tait alors si pen importantequ'il ne s*y
trouvait pas d*^lise; Conrad , de concert avec I'abb^ Odon ,.
obtint de I'^v^uede Tournai,RagnieIme(2),rautorisation
d'en b&tir une, oil ce pr^lat vint consacrer un autel, oti,
tous les ans, les saintes-huiles et le chrome seraieiit don-
nds, c'est-Mire que le desservant pourrait y administrer
les sacrements et, en particulier, rEucharistie et Textr^me-
onction. Huysse devait dtre s4par^ de Mollhem ou Mul-
lem (5), paroisse dont le village avait d6pendu jusqu'alors,
et k r^glise duquel on assigna comme patrimoine special
huit manses de terre, on quatre-vingt-seize bonniers. Tous
(1) Acta Sanctorum ordirUs sancti Benedicti, Saecuh IV, pars I,
p. 307.
(2) Ragnielme ou Ralnelme oa Reiohelme, ^v^ue de ffoyon et de
TouTDii, goaveroa les deux diooises, selon TopinioD commune, de 860
iSSO.
(3) MuUem est aauellement une toute petite commune du canton
d*Ejrne, dans la Plaudre orientate, pr^s d'Audenarde. Elle ne comprend
que 323 hectares et 630 habitants , tandis que Huysse , qui en a ^ d^-
membr^, s'^tend sur 1,703 hectares et compte 3,250 habiunts. Les deux
localit^s ne sont distantes Tune de Pautre que de deux kilometres.
(96)
ces details soDi contenus dans on dipl6me, jusqu'i present
in^it, da roi de France Louis le B^ue, dat^ de Gom-
pi^ne, le 19 mars 977, et dont Yoici la teneur :
Privilegium Ludovid regis de fundatione et exemptione de
Wisses.
In nomine Sancte et individue Trinitatis, Ludovicus Fran-
corum rex. In omnibus negotiis oportet nos purissiroain
bonorum providere utilitatcm, in hiis maxime quibus sancta
augmentatur Ecclesia. Quapropter cognoscat fidelium Sancle
Dei Ecclesie cunctorum solertia , tam preseotium quam futu-
rorum, quod vir venerabilis Hodo..., abbas ex Corbeya monas-
terio quod est constructum in page Ambianuse, in honore
sanctorum Petri et Paul! et sancti Stephani prothomartiris con-
struct!, et Chuonradus comes adierunt presentiam nostram eo
quod conventionem quamdam fecissentcum domino Ragnielmo,
Tornacentium episcopo, Chuonradus quippe jam dictus comes
dederat prefato monasterio unam villam quedicitur Uscias, in
qua tunc non habebatur ecdesia. Propter quod predictus
comes et abbas Corbeiensis pecierunt dictum pontificem uteis
licentiam construendi ecclesiam in eadem villa cederet, altare
quoque consecraret, cui, pro Deo aroore atque pro rcverentia
sanctorum, libertatem tribueret, sacrumque oleum et crisma
singulis annis donaret, tali lenore ut de supradicta villa, sci*
licet Uscias, VllI terre mansos in dote altaris Mollhem, ad
cujus parrochiam pertinere videbatur, memorata villa susci-
peret. Quod prescriptus pontifex gratanter et benigne conces-
sit, agnoscens quod nichil de caoonica auctoritate convelii-
tur (sic) quicquid domesticis fidei pro tranquillitate pacis vel
pro rcverentia sanctorum tribuitur. Horum ergo nos commu-
tationes audientes, videlicet abbatis atque episcopi, ambarum
partium audientes utilitati, nostra auctoritate et fidelium
Dostrorum temporum (sic) atque laieorum confirroare voliii-
(97)
mus, perpetuoquc anathcmatis quicunque hoc infringere
temptaverit, dampnavimus. Nostri etiam signi impressixne sub-
tersignavimus hanc cartam, ut in perpetuum stabilis et in-
concussa maneat. Signum Hludovici P F gloriosissimi regis.
Durandus dyaconus ad vicem Fridegisi recognovit. Signum
Hunanari Remorum archiepiscopi , signum Raginelmi Tor-
nacensis episcopi, signum Engeluvini Parisiorum episcopi,
signum Otgarii Belvagorum episcopi, signum Hodonis abbatis
et Ghuonardi comitis, qui banc cartam fieri et confirmari petie-
runt a suprascriptis.
Actum Compendio, anno Dominice incarnationis D. CGC.
LXXIIII, indictione decima, imperii vero Ludovici gloriosissimi
regis anno XX, sub die XIII kalendarum aprilium.
Cartulaire noir de Ck)rbie , k la Biblioth^ue
naUonale de Paris, I. 24, ^203.
Notre dipldme a &i& connu par Meyer, et cet excellent
^crivain, que i'on pourrait surnommer le p^re de Tbistoire
de la Flandre, avait promis d'en donner le texte (1). Les
termes formels de la charte du roi Louis le B^gue ruinent
dans sa base, — et e'est pourquoi j'ai tenu k en donner une
(1) 877. Conradus comes assignavit monatterio Corbeiensi viUam
Usdam juxta Aldenarde , unde tabiUas in alio edidimus libra, Meyeri
Annates, I. II. II y a ici une leg6re difference de date. Au lieu de 874,
Mejer a ecrit 877, parce que c'est k ceite aunee que IMndictioa X corres-
pond. En 874 d'aillears, ce n^etalt pas Louis le Begue qui regnait, mais
son pere Charles le Chaute. Une autre difficuU^ resulte de Tindication de
Fann^ du r^e. Louis le B^e n'ayant M couronn^ que le 8 decembre
877 (voir la TabU chronologique , 1. 1, p. 274), il ne pouvait entrer dans
la Yingtieme ann^e de sa domination (imperii)', il est vrai que depuis
longtemps son p^re Tavait fait proclamer roi d*Aqi!itaine; dans notre
charte Louis rappelle peut-^tre uue ^poque oh Charles le Chaute Taurait
associ^ aa gouTemement de ses £tats.
S""^ S^RIE, TOME XXXYI. 7
( 98 )
reproduction, — ruinent, dis-je^dans sa base, tout ce que Ton
a avanc6 sur Huysse k propos de i'abb^ Adelard. Est-il pro-
bable, comme Molanus l*a dit le premier, comme Mirgeus,
Cousin,. Sander us et tant d*au(res I'ont r^p^t^ apr^ lui,
que Huysse fut le lieu de naissance el constitua une partie
du patrimoine d*AdeIard? Cette derni^re circonstance est-
elle admissible en presence du texte du dipldme? Quant k
la premiere, elle n'est ^videmment bas^e que sur Texis-
(ence, k Huysse, d'une fontaine dite de Saint-Adelard et
d*uoe v^n^ration particuli^re pour ce personnage. Or Tune
et Tautre s'expliquent facilement : le village ayant appar-
tenu pendant plusieurs si^cles k Tabbaye de Corbie, il n'est
pas ^tonnant qu'on y v^n^re la memoire du fondateur de
ce grand et puissant monast^re,
Je n*insisterais pas sur la fausset^ probable de ces fails,
r^dnits, il faut le dire, k T^tat de simples hypotheses,
si Ton ne s'en ^tait servi pour en Stayer d'autres, qui ne
peuvent quinduire en erreur. Ainsi, pourquoi, sous pr^-
texte qu'Adelard est peut-etre n& k Huysse, avancer que
cetabbe,en fondant dans le nord de I'Allemagne la Nou-
velle-Corbie ou Corvey, y pla^a des ouvriers c originaires,
> a ce qu'il paratt, des environs d'Audenarde , qui aid^rent
» les moines dans leurs travaux de d^fricbement, » et
ajouter : c C'est k ce litre que la Nouvelle-Corbie, ce foyer
> de la civilisation chretienne au neuvi^me si^cle, doit Sire
» considers comme le premier type des colonies flamandes
» qui se muItipliSrent pendant le moyen &ge dans le nord
» de TAllemagne. > Remarquez que le sujet de ces der-
niires phrases, I'^migration des habitants de Huysse vers
Corvey, Emigration toute hypoth^tique, est signal^ ici
comme un fait rSel. C'est ainsi que les erreurs s*accumu-
lent et que Ton ^ISve, sur des fondements incerlains, tout
(99)
QD ^fice qoe la plus simple discussion vient renvcrser.
C'est ainsi encore qu'on admet anjourd'hui , comme un
fait pour aiosi dire incontestable, un ^v^neroenl h Tappui
duquel on chercherait Tainement un argument s^rieux. Je
veux parler de cette pr^tendue translation des Saxons en
Flaodre, ordonn^e, dit-on, par Charlemagne. L'6crivain
anquel on doit I'invention de cette belle histoire est le
moine auteor des Chroniques de Saint-Denis, qui ^crivait
k la fin du quatorzidme siecle, pr^s de six cents ans apr^s
la colonisation qu'il nous d^peint en ces termes :
c L'an 804, quand la saison nouvelle fut revenu, e( il
» fist tens convenabie pour ostoier, li Empereres assambia
» ses OS pour ostoier en Saisoigne : en la terre entra k
» grant force, tons les Saines, qui demeurent deli le fluv
9 d'Albe, fist passer par de^ en France, et fames et
» enfans; lenr paijs donna k une autre mani^re de gent qui
> sont apel^ Abrodite. De celle gent sont n4 ou exiraict,
9 sf comme Ton dit, li Breban^on et li Flamenc, et ont
» encore celle meismes langue. » TI est facile de s'aperce-
voir, k la lecture de ce texte, que I'auteur aoonynoe n'est
ici que Techo d'une opinion populaire , opinion qui se d^ve-
loppa surtout par suite de I'analogie existante entre le
flamand et le langage des populations du nord de TAIIe-
magne, et par suite des relations qui s'^lablirent entre ce
dernier pays et la Flandre, au donzi^me si^cle, lorsque des
colons des Pays-Bas all&rent aider les Allemandsi repousser
les Slaves, et au treiziime, quand des liens 6troits unirent
les villes commerQantes de la Flandre aux cit6s ans6ati-
ques. Le fait de la transplantation dans I'empire Franc
d'une partie des Saxons est exact , mais cette transplanta-
tion eut-elle pour th^tre la Flandre et le Brabant, comme
le dit Albert Krantz, ^crivain du seizi^me siide, fut-elle
• • k
( 100 )
op6r6e , cemme le prj^teod Meyer, par les soios du forestier
Lideric? voil^ ce qui parait, non-seulement douteux, mais
invraisemblable.
RappeloDs-Dous qae Charlemagne avail d^ji sujet d'etre
m^ontent des habitants de la Flandre et de la M^napie,
puisque ses capitulaires et ceux de son fils Louis com-
minent des p^nalit^s contre les gildes organisees parmi
eux. Aurait-il contribu^ i d6velopper les germes de sedi-
tion que notre pays renfermait» en y envoyant des ennemis
implacables, rendus plus furieux encore par leur depart de
leur patrie, et qui auraient bientdt contract^ une union
etroite avec des populations dont le langage se rapprochait
de leur idiome. Les tr^-anciennes chroniques sont , non-
seulement muettes sur cet envoi de Saxons en Flandre,
mais elles mentionnent souvent les peuples qui habitaient
cette derni^re contr^e , oil elles ne connaissent, du temps
de saint £loi comme au temps des invasions des Normands,
que deux races, distingu^s par les noms de Sueves et de
M^napiens.
Quant au forestier Lideric, k ses ancdtres et k ses
actions, ils appartiennent au domaine de la l^gende. Lais-
sons aux poetes, aux romanciers la t^che de chanter des
h^ros imaginaires , des actions fabuleuses ; ne les entre-
mSlons pas k I'hisloire anthentique. Faisons la part de
I'imagination : les traditions, les fictions ont leur cdt6
utile; il ne faut ni les d^truire, ni les d^aigner; mais ce
serai t s^appuyer sur le sable que de s'en Stayer pour dis-
cuter des questions d'origine ou de chronologie. Dans ces
branches de la science , on est toujours ramen^ vers ies
documents, et c'est gr&ce k eux seuls qu'on peut donner k
I'histoire des bases qui lui assurent ia place k laquelle elle
a droit k cdt^ des sciences que Ton a qualifi^es d'exacles»
» .• • • —
, ••• ••
(104)
Une lettre des juges de Frise au rot de France Philippe le
Hardi; par M. le baron Kervyn de Lettenhove, membre
de TAcad^mie.
II n'est pas sans int^r^t de signaler un documenl ou
nous retrouvons les antiques traditions de liberty que
revendique la Frise.
Les francs Prisons, comme les nomme Froissart,
ainiaient k rappeler que Charlemagne avait reconnu leur
ind^pendance politique. De li, sans que rien affaibllt Tau-
torit^ de leurs institutions, un profond sentiment de res-
pect pour les princes h^ritiers du grand empereur.
Dans la seconde moiti^ du treizi^me si^cle, quelques
marchands frisons s'^taient rendus en France pour vendre
ces robustes coursiers qui portaient les paladins bard^s de
fer du Tasse et de I'Arioste. Tels furent les ambassadeurs
qui remirent au roi Philippe le Hardi une lettre signee,
au nom de toutes les communes de Frise, par les juges
d'Astringia et de Wangia, et voici en quels termes ceux-ci
avaient joint k Tapologie de leurs moeurs simples et hos-
pitalieres Texpos^ de Torigine et de la forme de leur gou-
vernement :
c Nous assurons, ^crivaient-lls , la paix la plus complete &
« tons les hommes, de quelque pays qu'ils soient, a tous les
» marchands qui passent, k tous les pileriiis,& tous les dtran-
> gers qui abordent dans nos ports. Nous ne somraes soumis
» a aucune puissance temporelle, ni a celle du roi d*A11emagne,
» ni a celle d*aucune autre nation. Nous nous gouvernons par
» des juges elus chaque ann^e; Gependant, nous honorons le
( 102 )
» roi de France entre tous les autres princes, et nous le sui-
» vons dans les passages d'outre-mer, comme naguire encore,
» quand du temps de votre p^re Louis, de pieuse mfSmoire,
» nous avons pendant quatorze jours combattu les Sarrasins
» devant Tunis. Grdce k la divine clemence, nous avons tou-
V jours vaincu nos ennemis, depuis que votre ayeul Charle-
» magne, de tris-heureuse mdmoire, a proclam6 notre
» liberty. »
r
Cunctis hominibus undecumque venientibus, tnercatoribus
transeuntibuSf peregrinis, advenis portum nostrum optanti-
bus pacem fimiissitnam exhibemus. Cum nulli subjaeeamus
dominio secularly neque regi Allemaniae vel potestaiibus
cujuslibei ncitionis, per nos, eligendo judiees singulis anniSy
regimus genUm nostram. Begem vero Franeorum prae cunc-
tis principibus veneramur, sequentes ipsum in terra sancta
quotiescumque contigerit ipsum ire in passagio genercUi,
quemadmodum cum patre vestro Luthowico, piae recorda-
tionis, contra Saracenos quatuordecim diebus apud Tunesym
pugnavimus ; sed, mediante divina dementia , manu potenti
devicimus universos, ex quo nostram gentem, ymmo totam
Frisiamyattavus regis Franciae Karolus Magnus,beatissimae
memoriaey libertavit (i).
En relisant ces lignes empreintes d'une si noble tiert^,
nous ne saurions oublier les liens ^troits qui unissaient les
populations de la Frise i to!ites les races anglo-saxonnes
et notamment aux colonies du Pleanderland.
(1 ) Archives nationals d Paris.
( 403 )
CLilSSE DES BEAlUX-ARTS.
Seance du 5 juillet 1875.
M. G. Geefs occupe ie fauteuil.
M. Ad. Quetelbt, secretaire perp^tuel.
Soni presents : MM. L. Gallait, H. Yieuxtemps, J. Geefs,
Ferdinand De Braekeleer, C.-A. Fraikin, Ed. F^tis,
Edmond De Busscher, Alph. Balal, Aug. Payen, le cheva-
lier L^on de Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Sirel,
J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert^ A. Gevaert,
membres.
CORRESPONDANCE.
I^a classe apprend avec un douloureux sentiment de
regret la perte qu*elle vient de faire en la personne de
Tun de ses associ^s de la section de sculpture, M. le che-
valier Jean-Marie Benzoni, d^c^d^ r^cemment k Rome.
— M. le Ministre de Tint^rieur annonce que Touverture
des billets cachet^s des poemes choisis par le jury des can-
tates pour servir de th^me aux concurrents du grand con-
cours actuel de composition musicale , a fait connaltre ,
comme auteur de la piece flamande intitul^e : Torquato
( iOi )
Tasso 's doody M. JeaD Van Droogenbroeck, homme de
lettres a Schaerbeek, et conune auteur de la pi^e fran-
(aise intitul^e V Ocean ^ M. Jules Abrassart, homme de
lettres k Lou vain.
— M. le Ministre de rint^rieur transmet, pour le jury
permanent des grands concours de composition musicale ,
deux partitions manuscrites de M. J. Van den Eeden, lau-
r6at du concours de 1869. Ces pieces, soumises k titre
d'envoi r^lementaire, ont ^ii remises a M. Gevaert, pre-
sident du jury.
— Le mSme haut fonctionnaire annonce que des lettres
de recommandation ont ^t^ remises k M. De Mol, laur^at de
1871, pour les ministres de Belgique a Paris, k Rome et k
Berlin, afin de faciliter k cet artiste les voyages presents
par le r^lement des grands concours.
— La classe regoit, k titre d'hommage, les livraisons
1 et 2 de la neuvi^me ann^e du Tresor musical (musique
religieuse) de M. Robert Van Maldeghem, offer tes pour la
biblioth^que de la Compagnie par le d^partement de Tint^-
rieur. — Remerctments.
CONCODRS DE 4873.
La classe avait inscrit au programme de concours de
cette ann^e le sujet d'art appliqu^ suivant :
On demande la composition d'un quatuor pour instru^
ments a cordes.
( lOS )
Le morceau devra £tre in^it et De pas avoii* &\A ex^cul^
en public.
Uo prix de mille francs sera d6cern6 k Tauteur de
Toeuvre couronn^e.
Les manuscrits envoy^ au concours resteront la pro-
pri^t^ de l*Acad^mie; toutefois les auteurs conserveroDt
la propri^l^ arlistique de leur oeuvre.
Les (Buvres devront &ite remises au secretariat de TAca-
d^mie avantle l^juillet 1873.
Voici les devises de viogt et uoe partitions qui ont 6te
refues pour ce concours :
N" i . Devise :
Der Ruf des Genius cr ist auch mein Gebot.
N" 2. Devise :
Les betax-arts soDt la nourriture et le plaisir de Tame.
N** 3. Devise :
Pour le travail, tout.
Sans le travail, rien.
Sans entendre le travail, pour rharmonic, tout.
Au quatuor et au piano, que i*on envic , rien.
N^ 4. Devise :
The Ideal lives only with Art and Beauty.
N" 5. Devise :
La antique est aisee, Tart est difScile.
N* 6. Devise :
Strong reasons make strange actions.
(Shakbspbar£, King John, a. lll,sc. 4.)
N" 7. Devise :
La patience est Tart d'csperer.
(106)
N* 8. Devise :
La mis^re est la mere des grands hommes.
N* 9. Devise :
Dilexi justitiam etodi iniquiUtes, propterea moriar oblitus.
*
N^ 10. Devise :
Sans devise et sans nom.
NMl. Sans devise.
N* 12. Devise :
Le travail porte ses fruits.
N" 15. Devise :
Du d^agreable en agreable.
N" 14. Devise :
Laudate Dominam,
Laudate earn in chordis
et organo.
N** 15. Devise :
Cherchez et vous trouverez.
N^ 16. Devise :
Jolie fleur du matin.
N** 17. Devise :
Art et foi.
N° 18. Devise :
Als ik kan.
N" 19. Devise :
L'union fait la force.
( *07 )
N*» 20. Devise :
Haydn et Mozart fiz^rcnt le style du quatuor.
En l*honnear de ces g^nies que nous a ravis la mort ! !
L'id^l de Tart et de la verta fat leur partage.
Parnos aecords et nos chants, Uchons de leur rendre hommagel!
N^ 21 . Devise :
In artibus voluptas.
La classe d&igne MM. H. Vieaxtemps, le chevalier
Leon de Burbure et A. Gevaert pour juger ce concours.
OUVRAGES PRESENTfiS.
ObservcUoire royal de Bruxelles. — Annales, publi^es par
le directeur Ad. Quetelet. Tome XXH. Bruxelles, 1873; in-S**.
Commission royale d'histoire, d Bruxelles, — Chroniques
relatives a Thistoire de la Belgique sous la domination des dues
de Bourgogne, publides par M. le baron Rervyn de Lettenhove.
Tome II. Bruxelles, 1873 ; in-4*.
Commission aeculemique de publication des amvres des
grands icrivains du pays. — OEuvres de Froissart , publi^es
par M. le baron Kervyn de Lettenhove, Introduction , tome {*%
ti* et 3* parties. Bruxelles, 4873; in-8®.
Steur {Ch.). — Ethnographic des peuples de TEurope. Tome
second. Bruxelles, i873;2 cah. gr. in-8'.
Le Boy (Alphonse). — Das Unterrichtswesen in Siid-America.
Gotha,i873;in-8\
Beeueil des rapports des secretaires de legation de Bel-
gique. Tome II, 2* et 3* livr. Bruxelles , 1873; 2 cah. in-S".
Conseils provinciaux du royaume. — Expos^ de la situation
administrative pour Tannde 4875. 9 vol. in^^.
Commissions royales d'art et d^archeologie d Bruxelles, —
( 108 )
Bulletin, XII*" aan^e, 3 et 4. Bruxelles, 4873; cah. in->8°.
Inventaire des archives de la ville de Bruges. Tome second.
Bruges, i873; in-4'.
Academie d'archiologie de Belgique* — Annates , 2' serie :
t. VIII, 4« livr.; I. IX, 2«et 3Mivp. Anvers, 4872-1873; 3 cah.
in-8\
Bulletin des archives d' Anvers, tome V, 3* livr. Anvers;
1873; in.8^
Lelihvre (JT). — Institutions namuroises : I. Le mariagc au
comtd de Namur. 11. Conseil priv(^. III. Police des Mtiments.
Namur; in-8^
De Pouhon (Francois). — OEuvres completes, pr^c^dees
d*une notice sur la vie de Tauteur et ses ecrits (par Th. Juste).
Bruxelles, 1873; 2 vol. in-8''.
Bormans {S.). — Notice d'un cartuiaire du clerge secondaire
de Liege. Bruxelles, 1873; in-8*.
Hock [Augusle). — OEuvres completes. Liege, 1872 ; 3 vol.
in-12.
Schoolmeesters (£.) et Bormans (S.). — Notice d*un cartu-
iaire de Tancienne dglise coUegiale et arcbidiaconaie de Notre-
Dame, a Huy. Bruxelles, 1873; in-8^
PortefeuilledeJohn Cockerill (5.). — Nouvelle serie, 3* livr.,
pi. 39 a 58; texte, feuiUes 18 k 26. Li^e; in -folio.
Sociite medico-chirurgicale de Liege, — Annates, 12^ annee,
juin et juillet 1873. Li^ge; cah. in-S"*.
Annates d'oculisiiquey 36' annee, 5' et 6'' livr. Bruxelles,
1873; cah. in-8^
Thielens (Armand), — Les Orchid^es de la Belgique ctdu
grand-duch^ de Luxembourg. Gand , 1873; iQ-8^
Conseil de salubrite publique de la province de Liege. —
Annates, t. VI, 5* fasc. Liege, 1873; in-8°.
DecUve (Jules). — Du serment et de sa formule. Bruxelles ,
i873;in.8^
Van Maldeghem (R.-J.). — Tresor musical, musiquc reli-
gieuse, 1873, 1" et 2* livr. Bruxelles; in-4".
( 109)
Revue de I' instruction puhliquej XXI* ann^, 2*livr. Gaiid,
1873; in-8^
BoBSuet (F.). — fiek^nopte inhoud der verhandeling over
hel pei*spectief, uit het fransch overgezet door F.-A. Van
Droogenbroeok. firuxellcs, 1873; gr. in-S**.
Le Bibliophile beige, Vlll* annee, livr. 4, b, 6. Bruxelles,
i873;ocah. in-8*.
Societe archeologique de Namur, — Anuales, t. XI1%
«• livp. Namur, 1873; in-8».
De Puydt (£.). — Biographic de M. Jean-Ambroise de
Puydl. Mons, 1875; in-8*.
Willetns Fonds ie Gent. — Uitgave n* 74 : Keus uit de diclit-
en prozawerken van J.-F. Willems, veraameld door Max
Rooses. !«• deel, 1812-1830. Gand, 1873; in^«.
Miller [Henry) el Van den Broeck [Ernest). — Les forami-
niferes vivants et fossiles de la Belgique. Bruxelles, 1873;
in-S*.
Institut royal grandrducal de Luxembourg. — Publications
de la section historique, 1872, XXYII (V.). Luxembourg,
1873; in.4«.
De Dietsche Warande, X* deel, 4*** aflev. Amsterdam, 1873;
in-8*.
KoninUijke Bibliot/ieek te '« Hage, — Verslag, 1 872. La Haye,
1873;in-8«.
R. Jnstituut voor de taal-^ land- en volkenkunde van
Nederlandsch Indie f te 's Gravenhage. — Bijdragen, 3*** volg-
reeks, Vll''* deel, 3* en 4* stuk. La Haye, 1873; in-8*.
Historisck Genootschap gevestigd te Utrecht. — Kroniek,
27»**jaarg., 1871, 6"** serie, 2** deel; — Werkcn, nieuwe
serie, n"* 17; ~ Ratalogus der boekerij, 3"^* uitgave, 1872.
Utrecht, 2 vol. et 1 cah. in-8".
Gosselet (/.). — Esquisse g^ologique du d^partement du
Nord ct dcs contr^es voisines. 1*' fascicule, terrains primaires.
Lille; in-8^ — Etude sur le terrain carbonifere du Boulonais
(avec M. Bertaul). Lille; in-8^
( no )
Sociiti centrale d'agrieulture de France , d Paris. — Stance
publique annuelle, 18 mai 1875. Paris; ia-S^.
SocUU des etudes historiqueSf a P^ris, — L'lnvestigateur,
39* ann^e, i875, luars-avril, raai-juin. Paris; 2 cab. in-8^
Le tnouvement medical, XI* ann^e, n*M3 2i 26. Paris, i 873 ;
13 feuilles in-4*.
Bardoi (Ad.). — Base d*uue theorie g^odrale des parallAles
sans postulatums. Paris, 1873;iQ-8*.
Maihey (C. M). — Nouvelie invention pour nSduire de
80 p. 7o la consommation du combustible des machines a
vapeur. Plombiires, 1873; in-8* oblong.
Brunfaut (/.). — Carte du bassin sulfarifere des Romagnes
(Italic). Paris, 1869; iu-plano.
Sociiti de midecine pratique de Paris. — Bulletin , ann^s
1870 et 1871. Paris, 1871 ; in-8*.
Grad (Charles). — Etude sur le terrain quaternaire du
Sahara alg^rien. In-8^.
Van Tieghem (Ph.) et Lemonnier (Cf.). -- Recherches sur
les Mucorinees. Paris, 1873 ; in-8*.
Indicateur de I'arcMologue , SiYvil et mai 1873. S'-Germain
en Laye; in-8*.
Soctete d'agrieulture de Valenciennes. — Revue agri-
cole, etc. 29* ann^e, t. XXVII, n*' 5 et 6. Valenciennes;
in-8».
Plantamour (E.) — Observations faites dans les stations
astronomiques suisses. Geneve, 1873; in-i**.
Plantamour (£.) — Rdsum6 m^t^orologique de Tann^e 1872
pour Geneve et le grand Saint- Bernard. Geneve, 1873; in-8*.
£. preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. —
Monatsbericht, Februar 1873. Berlin; in-8^
Philippson (M.). — Heinrich IV., und Philipp III., 1398-
1610. Berlin, 1870; 2 vol. in-8^
Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte,
Vpier Jahrgang, n*« 11 und 12. Berlin, 1873; 2 cah. in-8*.
Senckenbergische naturforschende Gesellschaft zu Frank-
( <*^ )
furtA.jM. — AbbaikUungeu, Vlll'^" Mes., 3*«' umi 4"'Hefte.
Francfopt S./M., 1872; in-4^
Justus Perthes* geographische Anstalt zu Goiha. — Mit-
theilungcn, 19. Bd., 1873, V. Gotha ; cah. in-4«.
ffeidelberger Jahrbucher der LiteraluVy LXV. Jahrg., XII.
Hefl. Heidelberg , 1 872 ; ill-8^
Vergeschichtliche SteindenkmlUer in Schleswig HoUtein,
2»" Hefl, Kiel, 1873; in -8^
Historischer Verein fur Steiermark zu Graz. — Mitthei-
lungen, XX»'' Heft; — Beilrage,9. Jahrg. Gratz, 1872-1873;
2 vol. in-8^
Naturmssenschaftlicher Verein in Hamburg. — Abband-
lungen, V. Bd., 3. abth.; — Uebersicbt im Jahre 1871. Ham-
bourg, 1872; 2 cab. in-4\
Germanisehes Museums zu JYurnberg. — Anzeiger, neue
Folge, 1872. Die Aufgaben und die Mitlel. Nuremberg; 12 cab.
in-4" ct 1 c^h. in-8*.
K. Ungar. geologische Anstalt zu Pest. — MiUbeiluogen i
1. Bd, 11. Heft; — Evkdnyve, 11. k., 2. fuz. Pestb, 1872;
2 cab. gr. in*8^
Korosi (Joseph), — Beitrage zur Gescbicbte der Preise.
Pe8lb,1873; in-8«.
Academie impiriale des sciences d Saint-Pilershourg. —
Mdinoires , 7* serie, t. XVIII, n'* 9, 10 et dernier, el t. XIX ,
no* 1 k 7. Saint-P^tersbourg ; 9 cab. in-4^'; — Bulletin, t. XVII,
n~4et 5 et dernier, t. XVIll, n""* i et 2. Saint-P^tersbourg;
4 cab. in-4''.
Jardin impirial botanique de Saint-Petersbourg. — Publi-
cations (en langue russe), tomes 1 et 2. Saint-Pdtersbourg,
1872-1873; 2 vol. iu-8'.
Sociite impiriale des ncUuralistes de Moscou. — Bulletin ,
1872, n" 4. Moscou, 1873; in-8o.
Universite de Kusan. — Bulletin (en russe), tome XL, 1873,
n*1.Kasan,1872;in-8'.
(H2)
A. Comitato geologico d' Italia nel Firenze, — fiollettino ,
anno 1873, n" 5 e 6. Florence; in-8'.
Sicuro (Demetrius). — Genni sopra la vita e gli scritti di
Andrea Vesalio. Florence, 1861 ; in>8^
Accademia d'agricoltura, arii e commercio di Verona, —
Memorie, serie 11, vol. XLIX, fasc I e II. Verone; 2 cah. in-8®.
De Pahlos y Sancho (Jose). — Memoria de la cuadratura
del circulo. Manille, 1872-73; in•8^
Puyals de la Bastida {Vincent). — Teoria de los NAmeros
y pcrfecion de los n]atein4iica8. Madrid, 4872; in-12.
Royal Institution of Great Britain of London. — Procee-
dings, vol. VI, parts V-VI, n»» 56, 57. Londrcs, 4872; 2 cah.
in-8'.
Zoological Society of London. — Transactions, vol. VIII,
parts 4-5. Proceedings, 4872, part III. Londres; 2 cah.'in^^
et 4 cab. in-8^
Statistical Society of London. — Journal, March, 4873.
Londres ; in-8*.
London mathematical Society. — Proceedings, n"" 54 and 55.
Londres; in-8'*.
Anthropological Institute of Great Britain and Ireland,
at London. — Journal, vol. II, n"" 3. January, 4873. Londres;
in-8».
Philosophical Society of Glasgow. — Proceedings, 4872-73,
vol. VIII, n» 2. Glasgow, 1873; in-H-.
Meteorological Society of Mauritius. — Monthly notices ,
(16 th. January, 4873). Maurice; in-4^
Paine (Martyn). — The Institutes of medicine. O***' edition.
New-York, 1870; 1 vol. in-8*; — Physiology of the soul and
instinct as distinguished from materialism. New- York, 1872;
4 vol. in-8'».
Peabody Institute of the city of Baltimore. — Sixty annual
Report of the Provost, June 5, 1875. Baltimore, 1873; in-8^
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DE8
LBTTRES ET DES BEADX-ARTS DE BELGIQDE.
1873. — No 8.
GL4SSE DES SGIEHCES.
Seance du 2 aout 1875.
M. CANoi:zE , vice-direcleur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. J. d'Omalius d'Halloy, J.-S. Stas,
L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Long-
champs, 11. Nysl, Melsens, J. Liagre, F. Duprez,G. De-
walque, E. Quelelel, M. Gloesener, F. Donny, Charles
Montigny, E. Dupont, £d. Morren, £d. Van Beneden,
membres; Th. Schwann et Ph. Gilbert, associes.
M. Wagener, correspondant de la classe des lettres,
assiste k la stance.
2"* S^.RIE, TOME XXXVI. 8
( H4 )
CORRESPONDANCE.
M. le gouverneur du Brabant a invil^ TAcad^mie au
Te Deum qui a ^te c^l^br^ Ic 21 juillet dernier , k midi ,
dans r^glise desSS. Michel et Gudule, k Toccasion de I*an-
niversaire de Tinauguralion de Tauguste Pondateur de la
dynaslie.
— Les soci^t^s savantes el 6tablissements scientifiques
suivants, en relations d'^cbange de publications avec TAca-
d^mie, remercient poor le dernier envoi :
La Society des naturalistes de B&le , la Soci^te physico-
m^dicale d'Erlangen , TAcad^mie olympique de Vicence et
les observatoires de Kremmunster, de Kasan » de Naples et
de Milan.
— M. A. Renard, de Louvaini demande k la classe le
d4p6t d*an billet cacbet^. — Accept^.
— La classe vote I'impression , dans le Recueil des phe-
nomenes periodiquesj des observations met^orologiques
Taites k Kain, pr6s de Tournai, pendant les sii premiers
mois de 1873, par M. Remi Desrumeaux; du r^um^ m^
ttorologique pour Ostende, pendant les mois de mai et de
jiiin 1873, par M. Cavalier; de la liste des orages observes
k Louvain, depuis le commencement de Tannic actuelle,
par M. F. Terby.
Des remerctments sont vot6s k M. Micbel, ex-cbef du
nouveau phare d'Oslende, pour la serie d*observations
( 115 )
HQ^ltorologiques qu'il a assidAment poursuivies pendant
dix ans dans cetle ville, observalions qu'il a dA cesser
r^ceinment, k cause de ses fonctions nouvelles d'agenl
payeur de la marine.
-- M. le Minislre de Tinl^rieur communique, au nom
de Tauteur, M. Pierre^Joseph Goubet, de Beugny (France),
un travail manuscrit snr la quadrature du cercle et de-
mande que I'Acad^mie veuille bien donner h cetle affaire
la suite qu'elle jugera convenable.
La classe passe i Tordre du jour sur le travail de
M. Goubet, conform^ment k Tusage invariablement suivi
par tons les corps savants k regard des communications
du mSme genre.
— Le m£me haut fonclionnaire envoie,pour la biblio-
th^que de la compagnie , divers ouvrages qui seront men-
tionn^s au Bulletin.
— M. Ad. Quetelet offre un exemplaire de Touvrage
qu'il vient de publier sous le titre de : Congres interna^
tional de statisttque f i volume in-4^.
M. L. de Koninck fait hommage de la 2^ partie de ses
Recherches sur les animaux fossiles, volume in-4®.
La classe remercie les auteurs de ces outrages.
— Les travaux maniiscrits suivants seront Tobjel d'un
examen :
i^ Notice hislorique sur Van Helmonty par M. Melsens.
— Commissaires : MM. de Koninck, Stas et Donny ;
2* Recherches sur I* innervation du cosur par le nerf
vague (avec planche), faites au laboratoire physiologique
( 1<6)
d'Utrecht, par M. le docteur J.-P. Nuel. — Commissaires :
MM. Schwann et Gluge;
3** Note 8ur les phenomenes electriques du ccsur { effets
^lectro-moleurs), par le m^me. — Commissaires : les
m^mes;
4® Sur quelques developpements de la fonction log, r (x),
par M. Angelo Genoccbi. — Commissaires : MM. De Tilly
et Gilbert ;
5"* Observations de Jupiter etde Mars faites a Louvain
pendant V apparition deces planetes en 1875, par M. Terby.
— Commissaires : MM. Liagre et Em. Quetelet;
G"" Oiseau mecanique^ du docteur P. Nouille, d'Elle-
zelles. — Commissaire : M. Montigny ;
7^ Deuxieme note sur le phenomene de la vue, par
M. Albert Verslraete. — Commissaires : MM. Plateau et
Montigny.
RAPPORTS.
Configuration des taches de la planete Mars a la fin du
diX'huitieme siecle, d'apres les dessins inedits de
J.'H. Schroeter; par M. F. Terby.
€ Cettc notice forme une suite aux rechercbes que
M. Terby a d^jk faites sur le m6me sujet, rechercbes que
TAcad^miea accueillies favorablement, et qui ont ^t^ ins^-
rees dans le tome XXXV de nos Bulletins , pages 1 88 et 352.
Dans le travail qu'il soumet aujourd'hui k Tappr^ciation
de la classe, I'auteur etudie avec soin et avcc sagaciti^ les
( <*7)
nombreux dessios des Areographische Fragmeniey les dis-
cute en eux-memes, abstraction faite da texte qui les ac-
compagne et des opinions du savant aslronome de Lilien-
thai, et, k Taide du temps des observations puis6 dans le
manuscrit , il reconstitue la s^rie des aspects offerts par la
plandle Mars k cette ^poque d^ji ancienne.
Les observations discut^es par M. Terby pr^sentent un
accord remarquable avec les r^sullals obtenus par les as-
tronomes de notre ^poque, et ce r^sultat int^ressant con-
firme, comme il fallait s'y attendre, la permanence des
taches sombres observ^es sur le corps de la plan^te.
Je pense que la nouvelle notice de M. Terby sera lue
avec int^ret, et j*ai Thonneur de proposer i la classe d*en
ordonner Timpression dans les Bulletins, et d'adresser des
remerclmenls k Tauteur. »
Conform^ment k ces conclusions, auxquelles adhere le
second commissaire, M. Ern. Quetelet, la classe vote Tim-
pression, dans les Bulletins, de la notice de M. Terby et de
la planche qui I'accompagne.
Notice sur un systeme meteorographique universel; par
M. Van Rysselberghe.
MUtpp^rt ile M. Crfoej
« M. F. Van Rysselberghe, professeur k Tficole de navi-
gation de r£tat a Ostend^, ayant souvent Foccasion d'etre
t^moin de tempStes sur I'Oc^an et de remarquer les pbe-
nom^nes extraordinaires qui les accompagnent,fut conduit
par ses observations k Tetude de la m^l^orologie. II avait
(M8)
eu coDoaissance des immenses services que Tillustre Maury
a rendus k la navigation et au commerce , en faisant con-
nattre aux marins les directions sAres qn'ils doivent suivre
avec leurs navires et les routes p^riltenses qn*ils doivent
6viter.
Dou^ de remarquables aptitudes, le jeune professeur fui
bientdt convaincu que la m£t6orologie est une science non-
seulement agr^able, mais encore ^minemment utile k la
navigation y au commerce, i Tagriculture, tout en 6tant une
science humanitaire, el que cette science demande le con-
coursdetouspourprogresser; il couQutalors le tr^louable
projet de fournir sa quote-part de renseignements dans la
mesure de ses moyens; mais il ^tait aussi persuade que
trois ou quatre observations par jour d'un ph^nomdne m£<-
t^orologique ne suffisaient pas; il songea alors i un meteo-
rographe enregistreur.
Un instrument pareil exige des d^penses considerables,
et les finances de M. Van Ryssell)erghe 6tant restreintes,
il chercha un m^t^orographe enregistreur i bon marcb4.
Son vif d^sir d'atteindre ce but et sa belle intelligence font
fait triompber de tons les obstacles.
Aujourd'hui il pr^sente k TAcad^mie, parmon interme-
diaire, la description de son meteorographe enregistreur.
L'auteur le propose comme un instrument d*essai; mais
Tessai est beureux , puisque depuis trois k quatre mois le
meteorographe enregistre, heure par heure, dans la mai-
son de ville d'Ostende, les observations barometriques,
thermometriques, anemometriques , ainsi que celles de la
girouette (il cnregistrerait avec la mSme facility ces
mSmes observations de dix minutes en dix minutes : les
diagrammes qui accompagnent la notice de l'auteur le
prouvent). 11 enregistrera aussi avec son appareil , sans
( 1^9 )
aucuQ doute, les observations hygrom^triques donn^es par
te psychrom^tre. Apr6s avoir propose d'appliquer Thygro-
metre k cbeveu, muni d'une aiguille supplementaire pour
enregistrer les observations del'^tat bygrom^trique de Tair,
raulenrd^crit nn bygromelre & cbeveu qui mesureles varia*
tions de longueur de cbeveux et propose d'avoir recours en
m6me temps k une 6cbelle donn^e par M. V. Regnault sur
les tensions de Tair bumide correspondantes k ces varia-
tions.
Je suis d'avis d'omettre ces deux appareils, de se tenir
au psycbrom^tre et d'essayer, dans tous les cas^ les bygro-
metres k deux divisions que Ton construit actuellement k
Berne.
M. Van Rysselbergbe est persuade que son m6t6oro-
grapbe est universel; que par consequent il est propre k
enregistrer aussi les observations de la boussole rnagn^-
tique , celles des aiguilles des galvanom^tres et d'autres
appareils semblables. Je ne puis souscrire encore k cette
proposition g^n^rale et admettre que les deviations des
aiguilles pr^nommees puissent Stre mesur^es avec precision
k Taide d'une aiguille supplementaire ajout^e k Taiguille
aimantee. Au surplus, d'ici k quelque temps je trancberai
la question par Texperience et je m'assurerai si le meteoro-
grapbe est universel ou assujetti k quelques exceptions.
Toutefois je crois qu'il y a lieu de tenir compte k Tauteur
du moyen quMI propose pour employer Thygrometre k
cbeveu.
Dans tous les cas, ce serait dej^ fort beau de pouvoir en-
registrer avec un seul burin d'acier cinq sortes d'observa-
tions sur une mSme feuille de laiton trto-mince et de livrer
cette feuille k la Htbograpbie.
Voici la description succincte du m^teorograpbe et des
( 120 )
diffiSrents organes ou petits appareils k placer aulour du
cyliadre tournaDt pour enregistrer les diff^rentes observa-
tions barom^triques, thermom^triques, etc., etc.
Un cyliadre vertical C en m^tal , envelopp^ d'une mince
feuille de lailon couverte d'un vernis gras des graveurs,
est mA par un poids et tourne uniform^ment autour de
son axe a ; mais il est momen tankmen t embray^ par un
levier coud6 , muni k Tun de ses bras d'une pi^ce de fer
au-dessus de laquelle est plac^ un 6lectro-aimant droit A.
Quand aucun courant ne passe par A, le bras n du levier
coud^ embraye le cylindre C k I'aide d'un bouton I qui est
rencontr^ par un autre bouton semblable d, fixe sur le
contour d'un disque qui est attach^ k la poulie k laquelle
est suspendu le poids moteur du cylindre ; par consequent,
le cylindre C et en m^me temps un chariot plac^ k cdt6
sont embray^s, lorsque aucun courant ne passe par T^lec-
tro-aimant A; et ils sont d^sembray^s aussitdt qu'un cou-
rant de peu de dur^e le traverse ; alors le cylindre d^crit
un lour enlier, mais seulement un tour, et en m^me temps
le chariot avance, et une sonde (cylindre en fer ou en pla-
tine) attach^e k un bout d'un fil mince qui passe sur une
poulie et est soud^e par son autre extremity k un chariot ,
s'abaisse et rencontre la surface du mercure dans un baro-
metre de syphon, et aussitdt un courant est ^tabli k tra-
vers un autre ^lectro-aimant B. L'armature de celui-ci
paralyse la tension du ressort qui eloigne le burin de la
feuille couverte de vernis , si I'^lectro-aimant B n'est anim6
par aucun courant, et, au contraire, le burin est pouss^
contre cette feuille et trace une ligne bleue, quand le cou-
rant est ^tabli.
II importe de remarquer qu'i chaque tour de cylindre
accompli, le burin descend de la hauteur d'un pas de la
( 121 )
vis ssDs fin et que le chariot retourne h sa position de
depart; que les traits fails par le burin sont plus ou moins
longs sui van t que le mercure dans la branche ouverte sera
plus ou moins haul; que le trait commence par le burin
se prolonge jusqu'i I'extr^mil^ de la course du chariot ou
bien jusqu'au moment oil le courant sera coup6 et dans
tons les cas jusqu'i un aligneipent invariable.
On voudra bien remarquer encore qu'une cr^maillere
adapt^e k I'axe du cylindre engrenant avec un pignon fixe
a la vis sans fin fait tourner successivement les difierents
organes qu^elle rencontre dans son mouvement de rotation.
L'auteur 6vite Teiiet si nuisible de r^tincelle 61ectrique
et Toxydation du mercure produite k la rupture du courant;
par un moyen simple et ing^nieux, il coupe le courant
avant la separation de deux conducteurs formant le circuit.
M. Van Rysselberghe propose ensuite un moyen d'enre-
gistrer les indications fournies par des instruments places
k une grande distance de I'enregistreur.
Enfin il propose un ballon-cerf-volant ou un cerf-volant
sans poids excessivement l^ger pour recueillir les obser-
vations k de grandes hauteurs.
Son instrument enregistre les observations par rapport
au niveau de la mer et k la temperature z^ro.
Dans une note l'auteur d^montre que le niveau infi£-
rieur d*un barom^tre k syphon devient ind^pendant de la
temperature lorsque la dilatation apparente de tout le
mercure renferm^ dans le barometre est ^gale k la dilata-
tion vraie de la colonne barom^trique. MM. Radau et Carl
affirment la proposition sans demonstration. Je fais mes
reserves relatives au calcul de la note , qui olTre neanmoins
un veritable interet quoiqu'elle soit inutile k Tensemble du
travail actuel.
( *22 )
M. Van Rysselberghe a pr^sent^ k I'Academie une notice
d*une valeur scientifique r^elle, mdme k c6t^ des remar-
quables travaux de savants illustres, tels que sir Wheat-
stone, le R^v^rend P6re Secchi, M. Wild, M. Th^orell, etc.
Pour plus de clart^, il y aurait k ajouter ou k supprimer
quelques mots ou quelques lignes, mais ces lagers change-
njents sont trte-faciles k op^rer.
En consequence, j'ai I'honneur de proposer k TAcad^mie
de faire insurer dans ses Bulletins la notice de M. Van Rys-
selberghe, de le remercier de son int^ressante communica-
tion et de I'engager k pers^v^rer dans la voie oA il vient de
d^buter d*une mani^re si heureuse. »
c Le probl^me que s*est pos^ M. le professeur Van Rys-
selberghe pent etre formula de la mani^re suivante :
c Combiner un appareil pen compliqu6 et peu coAteux,
» dans lequel un seul burin grave sur un seul cylindre les
» indications d'un grand nombre d'instruments m^t^oro*
> logiques, de nature quelconque, et places soit k proxi-
> mit6, soit k distance de Tenregistreur. »
L'auteur a r^solu ce probl^me en modifiant, d'une ma-
ni^re tr^s-heureuse, Tappareil imaging par Wheatstone.
Un cylindre vertical, command^ par une horloge,
ex^cute^ k des intervalles egaux(par exemple, toutes les
dix minutes), une revolution autour de son axe; un cir-
cuit teidgraphique, dont fait partie Tinstrument k obser-
ver, se ferme par le mouvement du cylindre ; il rend ainsi
libre un burin, qui vient appuyer sur la surface cylin-
drique, et y marque, perpendiculairement aux g^n^ra-
( 123 )
trices, un trait dont la longueur est proportionnelle k
rindication fournie par Tinstrnraent. A chaque revolution
du cylindre, le burin descend d'une petite quantil^, de
sorte que Fon obtient une s^rie de traits ^quidistants, dont
les extr^mit^s figurent la courbe des observations.
Le cylindre r^pteur est recouvert d'une mince feuille
de cuivre enduite d'un vernis gras. Lorsque cette feuille a
re^u les inscriptions du burin, on la retire et on la plonge
dans un acide : elle devient ainsi une planche grav^e, dont
on pent tirer des exemplaires k volonl^. Les planches qui
accomp^gnent le m^moire ont ^t^ obtenues par ce pro-
ced^ , et permettent d'en appr^cier la simplicity et la pre-
cision.
Tel est en gros le m^canisme tres-ing^nieux , et relati-
vement fort pen coAteux , k I'aide duquel M. le professeur
Van Rysselberghe pent enregistrer, d'une maniere pour
ainsi dire continue, les indications d'un instrument met6o-
rologique quelconque. Je n'hesite pas k me rallier aux
conclusions favorables de mon savant confrere M. Gloe-
sener, et je suis d*avis que le travail de M. Van Ryssel-
berghe m^rite, non-seulement Tapprobation de la classe,
mais encore les encouragements du gouvernement. »
Conformement aux conclusions favorables des rapports
de ses commissaires, la classe vote des remerclments k
M. Van Rysselberghe et decide limpression , au Bulletin ,
de sa note et de la planche qui Taccompagne.
;
124 )
Letlre de M. A. Genocchi a M, A, Quetelet sur diverses
questions mathematiques.
MimpiMn*9 fie Jf. Jte Titty,
cDans la lellre de M.GeDOCchii M. Quetelet, letlre que
la classe m'a charge d'examiner, le savant g^ometre italien
s'occupe d'abord d'uoe Note que j'ai presentee k TAcade-
mie en Janvier 1873, et qui a ^t^ ins^r^e dans le tome
XXXV de nos Bulletins (2« s^rie).
Cette Note avait pour objet principal de completer, sous
divers rapports, mais pour un cas particulier, une autre
Note de M. Genocchi, ins6r6e dans le tome XX (1" s6rie)
des m^mes Bulletins. Mon travail formait un commen-
taire et nullement une refutation de I'analyse du c^lebre
g^ometre italien.
M. Genocchi, n'ayant eu connaissance de mes observa-
tions que d'une mani^re indirecte et incomplete^ demande
qu'elles lui soient communiqu^es , afin de le mettre i
meme d'adresser une r^ponse i la classe, soit pour se
justifieVj soit pour reconnoitre ses faules. Cette justifica-
tion et cet aveu seront ^galement inutiles, puisque je n*ai
point attribue de faute k M. Genocchi. Tout an plus pour-
rait-il pr^tendre que ses r^suitats ^taient suffisamment
clairs et complels par £ux-m6mes et n*avaient pas besoin
de mes commentaires. II resterait, le cas ^ch^ant, k discu-
ler cette opinion.
Quoi qu'il en soit, notre honorable secretaire perp^tuei
s'est empress^ de satisfaire k la demande de Fauteur de la
lettre, et je crois inutile d*insister, en ce moment, sur ce
premier point.
( 125 )
M. Genocchi passe ensuile i la G^ometrie et k la IVl^ca-
Dique abstrailes et, faisant allusion k un M^moire que j'ai
pf^sent^ k la classe sur ces sujels et qui a 6l6 imprim6 dans
le tome XXI des Memoires in-8'', il s^exprime comme suit :
« .... J'ai fait des recherches ayant quelque ressem-
blance avec celles de M. De Tilly. Mes Merits , ^tant r^dig^s
en langue italienne, ont el^ k peu pr^ ignores en Bel-
gique : d'ailleurs, ce n'est pas que je pense a soulever une
question de priority , car M. De Tilly a pr^sent6 son Me-
moire k TAcad^mie de Belgique le 1*' aoAt 1868, et,
quant k moi, une courte Note, oh je r^sumais quelques
r^sultats de mes Etudes, n'a &i6 presentee a I'Acad^mie de
Turin que le 24 Janvier 1869. Mais, du moins, il roe sera
permis de constater que je n'ai pu proGter aucunement
du travail de M. De Tilly, dont les id^es n'ont ^t^ (dans
une certaine mesure) port^es k la connaissance du public
que par les rapports faits dans la stance du 5 juin 1869
et ins^r^ dans YInstitut du 25 aoAt 1869 : au surplus,
mon M6moire, termini en mars 1869, a ^t^ imprim6 peu
de temps aprte, k Florence, dans le Recueil de la Soci^t6
italienne des XL, et adress^ a plusieurs savants et k
quelques corps scientifiques, parmi lesquels je compterai
I'Acad^mie de Belgique, tandis que le M^moire de M. De
Tilly n'a paru, je crois, qu'en 1870. J'ajoute que nos
points de depart ^laient fort diflerents. »
Puisque M. Genocchi tient a ce qu'il soit constat^ qu'il
n'a pu proGter aucunement de mes c Etudes de M^ca-
nique abstraile » , je declare qu'en effet cela est parfaite-
ment evident. II va sans dire que la r^ciproque est (out
aussi ^vidente : aujourd'hui m6me, je neconnais le travail
de M. Genocchi, sur un sujet analogue, que par I'analyse,
tr^s-int^ressante d'ailleurs, qu'il en donne dans la lettre
( 126 )
acluelle ('). Nous sommes partis de points diffi^rents, sans
nous emprunter aucune id^e Tun k I'autre , et si quelqoes
r^ultats se rencontrent k la fois dans mon travail et dans
celui de T^minent g^om^tre italien , je considere celte cir-
Constance comme tres-honorable pour moi.
L'analyse que Tanteur donne de son travail de G6om6-
trie el de M^canique abstraites se termine par ces mots :
c J'ai aussi rendu justice aux travaux de M. Beltrami,
Mais je n'ai pas ose en conclure Timpossibilit^
d*une demonstration rationnelle et rigoureuse (du postu-
latum d'Euclide); et, m^me k present, j'h^site k retenir
comme compldtement prouv^e cette impossibility par les
raisonnements de MM. Hoiiel et De Tilly. C'est sur ce sujet
que je vous demande, Monsieur, la permission d'exposer
quelques reflexions. »
Les reflexions que M. Genocchi expose ensuite com-
prennent deux parties distinctes se rapportant, la premiere,
k rimpossibilite de d^montrer le postulatum d'Euclide par
une construction plane, ou des raisonnements uniquement
relatifs au plan; la seconde, k I'impossibilite de d^mon-
trer ce mSme postulatum par des constructions ou des
raisonnements g^ometriques quelconques.
Je diviserai de mSme la suite de ce Rapport.
I. — Impossibilile de demontrer le postulatum d'Euclide
par la Geometrie plane.
^ Les raisons que Ton a donn^es de Timpossibilit^ de
demontrer le postulatum par la Geometrie plane sont
(*) L*existence d*UD travail de M. Genocchi , sur la Geomelrie el la
Mecanique ahslraites, m'a ete iiidiqu^ par M. Houel, dans une Icltre du
19 avril 1870:
( 127 )
basees sur la consideration des pseudo-spberes, c*est-i-*
dire des surfaces k courbure constante n^alive (*).
M. fieltrami a demontr^ le premier que la G^m^trie
euclidienne de ces surfaces est la mSme que la G^om^trie
non euclidienne du plan.
M. Hoiiel en a conclu, avec raison, qu'il est d^sormais
impossible de demontrer le postulatum sans sorlir du
plan, puisque, si Ton y parvenait, ce ne pourrait £tre, k
moins de cercle vicieui , que par I'emploi de propri^t^^
communes aux deux g^m^tries euclidienne et non eucli-
dienne et que, dolors, la demonstration pourrait Stre
r^p^tee, mot pour mot, dans la geometric euclidienne, sur
les surfaces k courbure constante negative, ou pseudo-
spberes, oil elle conduirait, par consequent, k une con-
clusion fausse, puisque la Geometric de ces surfaces n'cst
pas la meme que celle du plan.
Dans le tome XXX (2^ serie) des Bulletins de noire
Academic, j*ai ajoute aux travaux de MM. Beltrami et
Hoiiel un commentaire qui, d*apres moi, simplifie la
question, parce que, au lieu d'appliquer les raisonnements
k une pseudo-sphere quelconque , je les rapporte k une
surface pseudo-spherique de revolution, tres-simple et bien
connue de tous les geometres : celle qui est engendree par
la iractoire ou la courbe aux tangentes egales, tournant
autour de son asymptote.
Les critiques que M. Genocchi adresse k toutes les de-
(*) M. Genocchi fait observer, dans sa lelire, qu^il convient dc dire
courbure constante et nou courbure moyenne constante, comine je
Tavais ecrit dans roa Note insert aux Bulletins de VAcad^ie, L XXX,
2« s^rie. J'ai dejk recoDna cette erreur de deuomination, dans un article
du Bulletin des sciences maihimatiques et astronomiques , t. II, p. 294.
( 128 )
monstrations bas^s sar les pseudo-spheres soot plus par-
ticuli^rement dirig^es conlre la m^ihode simple el pre-
cise que j'ai indiqu^e; mais elles proviennent uniquement
de ce que Tauteur impose aux pseudo-spheres, pour la
r^ussite d'une demonslration semblable k celle de M. Hoiiel
ou k la mienne, deux conditions dont la premiere est,
d'apres moi, inutile, et dont la seconde ne doit pas etre
entendue dans le sens absolu que Tauteur y attache. II exige
que ces pseudo-spheres s'^tendent k Finfini dans tons les
sens et, de plus, qu'elles soient simplement connexes f ).
II est necessaire, pour I'intelligence dece qui suit, de
r^sumerici, en quelques mots, la demonstration critiquee.
Ayant construit un corps de revolution, ou un noyau,
termine exterieuremcnt par la surrace de revolution deiinie
plus haut, j'imagine qu'une surface flexible soit enrouiee
indefiniment sur ce noyau, de maniere que toutes ses
nappes se superposent, tout en restant distinctes, comme
si Ton enroulait une feuille de papier plane et indefinie
sur un cylindre , mais avec cette difference que la feuille
de papier enrouiee sur le cylindre a ete d'abord plane^
tandis que la surface pseudo-spherique est fabriquee
directement sur son noyau.
La surface de revolution consideree etant k courbure
constante, une partie quelconque de la surface enrouiee
pent glisser sur cette derniere surface par flexion , mais
sans extension, contraction, decbirure ni duplicature.
De plus, il ne pent exister, entre deux points quel-
(*) Voir, au snjelde celle expression encore peu usit^e, la iroisiemc
partie de la Thdorie eUmentaire des quantit^s complexes , par M. Houel
(M^HOIRES DE LA SOCIET^ DES SCIE>XES PHYSIQUES ET NATURELLES DE BOR-
DEAUX, I. VI i I).
( 129 )
conques de eette m^me surface, qu'une seiile ligne g^o-
d^sique, ou un seol plus court chemin, ce que Ton voit en
aroenant ces deux points sur une m^me ligne g^od^sique
m^ridienne, par le glissement d'une portion de surface
qui les contient.
Cela sufiBt pour prouyer que toute demonstration du
postuiatum sur le plan r^ussirait aussi sur la pseudo-
sphere de. revolution; or, \k le principe des parall^les ne
peut pas exister, puisqu'on voit clairement que toutes les
lignes g^od^siques m^ridiennes sont asymptotes entre
el les.
Voyons main tenant ce que mon savant contradicteur
oppose k ce qui pr^c^de.
« M. De Tilly, en cboisissant cette m^me surface de
revolution pour y appuyer ses raisonnements, a pr6tendu
demontrer que les lignes g^od^siques de cette surface
jouissent de la propriety d'etre pleinement determinees
par deux de leurs points, comme les lignes droites. Cest
une erreur : M. Bellavitis, par des considerations intui-
tives, et tout recemment M. Beltrami, par le calcul, ont
prouve que deux geodesiques d'une telle surface peuvent
se rencontrer en plusieurs points. »
Cette assertion m'ayant frappe, je songeais h examiner
les travaux recents auxquels M. Genocchi fait allusion,
lorsque je lus la phrase suivante, dans laquelle Tauteur,
en precisant sa pensee, devoile la cause de son erreur :
< II arrive comme pour Theiice, qui rencontre en une
infinite de points chaque generalrice du cylindre, quoique,
sur le plan, deux droites ne puissent se rencontrer qu'en
un point unique. »
On voit que mon savant contradicteur a uniquement en
vue, tant pour la pseudo-sphere que pour le cylindre, la
2"' SfeRIE, TOME XXXVI. 9
( iSO )
surface-noyau, car si Ton considcre la surface cylindrique
enrouI6e, I'h^Iice et la g6n6ralrice ne s'y rencontrent qu'en
un seul point. Or, c'est la surface enroul^e et non le
noyau qu'il faut consid^rer. Cela est dit, non-seulement
plus haul, mais aussi dans mon premier M^moire. C'est
pourquoi je ne saurais accepter la conclusion de ce para-
graphe : € Ainsi la demonstration de M. De Tilly peche
par sa base » et, me permettant de la retourner, je declare
que c'est la critique qui p^che par sa base.
Tout ce qui pr^c^de montre que, dans ma demonstra-
tion , je n'avais pas besoin d'une surface-noyau qui fdt
simplement connexe, et que la surface enroul^e, la seule
i laquelle mes raisonnements s'appliquent, poss^de cette
propriety.
Je dis , de plus , que ma surface ne devait pas Stre
infinie dans tous lessens et que Tarrdt brusque, ou le
rebroussement, qui se produit le long du parall^le maxi-
mum n'est point un obstacle h la reproduction , sur la
pseudo-sphere, de tout raisounement qui serait cense
demontrer le postulatum sur le plan. Je croyais en avoir
donne nettement la raison dans mon premier Memoire, oii
je disais :
<r Les lignes geodesiques ne sont pas inCnies dans les
deux sens et s'arretent brusquement au paralieie maxi-
mum , mais cela n'infirme en rien la possibilite de repeter,
sur la pseudo-sphere, les constructions qui seraientcen-
sees demontrer le postulatum sur le plan , car, ces con-
structions devant , dans chaque hypothese possible , etre
limitees, on pourrait toujours les commencer, sur la
pseudo-sphere, en un point situe assez loin du paralieie
maximum pour qu'elles ne pussent jamais arriver jusqu'i
ce paralieie. i>
( 131 )
Si quelques g^m^lres doutent de rexactitude de ce
raisonDement, c'est parce qu*ils admettent, sans y prendre
garde, que dans une construction ou dans une demon-
stration g^om^trique, on puisse avoir besoin d'invoquer
Vinfini absolu, tandis qu'en math^matiques, Tinfini n'est
qu'une limite ou une maniere de parier. A mesure que
Tun des g^om^tres (celui qui croirait d^montrer le postu-
latum) aurait besoin de faire croitre les dimensions de la
figure plane, Tautre (son contradicteur) ferait, en m^me
temps, glisser toute la figure pseudo-spherique correspond
dante vers le sommet asymptotique k Tinfini (un point
directeur, pris dans la figure, d^crivant une m^ridienne),
d'une quantity sufBsante pour que, k chaque instant, la
dimension maximum variable de la figure soit moindre
que la distance, correspondante au m^me instant, entre
le point directeur et le parallde maximum. De mSme que
la dimension maximum de la figure n'atteindra jamais I'in-
fini absolu, le point directeur ni aucun point de la figure
n'atteindront jamais le sommet asymptotique (ce qui serait
encore Tinfini absolu); la construction sera done toujours
possible et Ton ne rencontrera jamais le pr^tcndu obstacle
de la ligne de rebroussement ou du parall^le maximum.
En r^sum^, ma th^orie ne suppose point que Ton puisse
obtenir une surface k courbure constante negative, infinie
dans tons les sens, ni simplement connexe sans enroule-
ment ou superposition de nappes; elle suppose seulement
qu*une partie quelconque de la surface bien d^finie que
j'ai employee jouisse de la propriety de glisser sur la sur-
face, moyennant une flexion de ses elements, maissans
aucune extension ni contraction. Si cetle propri^te, qui
jusqu'aujourd'hui n'a ^t^ constest^e par personne, k ma
connaissance, venait k VHre d'une maniere serieuse, alors,
( 132 )
mais alors seulement , ma d^monslralion rappel^e ci-des-
sus, et qui est complete par eile-m^me, serait sujette a la
m^me contestation.
Aujourd'bui la seule objection que jereconnaisse comme
possible a 6ie faite par moi-meme , dans le M^moire cit^
(p. 35), en ces termes :
€ On pourrait dire que le plan jouit d'une autre propri^t^
fondamentale, que ne poss^de pas la pseudo-spb^re : le re-
tournement. On r^pondra que le retoumement n*est jamais
n6cessaire dans la G^om^trie plane; on Temploie quelque-
fois pour demon trer rapidement T^galit^ de deux figures,
mais cette ^alit^ pent toujours se d^montrer autrement. »
Si cette r^ponse ne paraissait pas peremptoire, j'en
emprunterais une autre k M. Genocchi lui-m^me.
€ R6pondra-t-6n , » dit ce g^om^tre , au sujet de Tobjec-
tion pr^cit^e , c que, pour profiter de la propri^t^ indi-
qu6e, il faudrait sortir du plan, et qu'ainsi fimpossibilit^
de d^montrer le postulatum d*Euclide par une construction
plane n'est pas infirm^e par cette objection ? »
Oui, je r^pondrais cela, au besoinf c'est-&-dire si la
r^ponse pr^c^ente ne suffisait pas, et apr^s avoir ainsi
r^pondu, aprte avoir dit qu'alors la demonstration du pos-
tulatum d^pendrait de la G^om^trie dans I'espace, j^ajoute-
rais que de cette mani^re elle serait encore impossible, en
vertu de la seconde partie , que je vais aborder.
11. — Impossibilite de demontrer le postulatum d'Euclide
par un raisonnement geometrique quelconque.
En rendant compte, dans le Bulletin des sciences ma*
thematiques et astronomiques , d*un ouvrage de M. Five
Sainte-Harie et en me servant, avec une autre interprii-
( *33 )
tation, des calculs de ce g^ometre, j'ai pronv^, ii pea prte
comme suit, rimpossibilit^ de d^montrer le postulatum par
un raisoDDement g^om6trique quelconque.
Pia<;ons-Dous dans la g^om^trie ordinaire, et rapportons
tons !es points de Tespace k un syst^me de trois axes rec-
tangulaires Ox, Oy^ Oz. La distance de deux points infinl-
ment voisins
6tant alors
j'appeile pseudo^dislance de ces deux m^mes points la
quantity
d<r = V(dx^ -^ di/) ^ -¥- dz\
k ^tant un param^tre arbitraire.
De m^me que la longueur d'une ligne, entre deux
points, est Tint^graie de ds entre des limites d^termin^es
par les coordonn^s de ces points et par les equations de
la ligne, la pseudo-longueur de cette m^me ligne sera
rint^grale de da entre les m^mes limites.
J'appelle encore pseudo-droites les lignes ayant pour
^nations :
y e= nup H- n,
(m« -h i) (x — P) (x — Q) = — A'e""'^;
pseudO'plam les surfaces ayant pour Equation :
(a) . . . x' -*- y' -♦- Ax -♦- By -♦- C = — A* e
ts
De ces definitions je d^duis imm^diatement, par Tana-
lyse, les consequences suivantes :
( 134 )
Par deux points quelconques de Tespace, on peut faire
passer une, et une seule, pseudo-droite;
Par trois points quelconques de i'espace, non silu6s sur
une mSme pseudo-droite, on peut faire passer un, et un
seul ) pseudo-plan ;
Toute pseudo-droite quia deux points dans un pseudo-
plan s'y trouve tout cnti^re;
ainsi que les propositions qui resultent imm6diatement
de ces trois th^or^mes.
Consid^rons deux pseudo-droites partant du point A, et,
sur ces deux pseudo-droites, deux points fi et C. Menons
la pseudo-droite BC et soient ka, kb^ kc les pseudo-lon-
gueurs des trois cdt^s du triangle curviligne ABC.
Posons :
Ch6Chc — Chan
(^) • • • ^^" Sh^Sh^ '
et appelons a le pseudo-angle des deux pseudo-droites
donn^es.
On peut s'assurer, par Tanalyse, que la valeur de ce
pseudo-angle est independante de la position des points B
et C sur les pseudo-droites AB et AC. Or, la formule (1)
donne, par T^change progressif des leltres, toutes les rela-
tions necessaires pour calculer trois des six Elements
(pseudo-cdles et pseudo-angles) d'un triangle en fonction
des trois autres, et la question est entierement d^ter-
(*) On salt que
Sha= ,
Ch a = -
2
( <3S )
min^e, d'abord dans les monies cas que pour les triangles
rectilignes , ensuite dans le cas ojl Ton donnerait les trois
pseudo-angles, de sorte que les cas d'^galite des triangles
ordinaires se retrouvent parmi ceux des triangles pseudo-
rectilignes. Le cas supplementaire ne sera pas employ^
dans ce qui suit. La question de savoir si ce cas existe aussi
dans les triangles rectilignes est douteuse, ant^rieurement
au postulatum d'Euclide. D'ailleurs, Tegalit^ de deux trian-
gles pseudo-rectilignes n*implique, jusqu'ici, que T^alit^
respective des six 6I£ments.
Lorsque, dans un pseudo-plan, Tangle de deux pseudo-
droites est compost de deux angles, le pseudo- angle
total vaut aussi la somme des deux pseudo-angles partiels.
— Le pseudo-angle de z6ro est zero. -^ Le pseudo-angle
d'un angle ^gal a deux angles droits vaut deux angles
droits.
Les considerations qui precedent suffiraient, au besoin^,
pour etablir toute la G^om^trie dans ce nouvel ordre
d'id^es, en rempla^ant les droites, plans, angles, aires,
volumes par lespseudo-droites, ..., pseudo-volumes.
En particulier, on d^montrerait, d'aprte Euclide, que
la pseudo-droite est la plus courte pseudo-longueur entre
deux points, ce que Ton pourrait faire aussi, par le calcul
int^ral, d'aprSs M. Flye Sainte-Marie.
La consideration des pseudo-aires et des pseudo-volumes
conduirait exactement au mSme ordre de difficulty ou de
complication que la consideration des aires et des volumes
dans la G6ometrie ordinaire, lorsqu'on Tintroduit dans
cette derni^re ant6rieurement au postulatum d'Euclide.
On pourrait employer les mSmes expressions de part et
d'autre.
Mais il importe d'examiner ce que deviendrait la consi-
( i36 )
deration du mouvement d*un syst^roe rigide ou solide,
que FoD peut iotroduire dans les demonstrations g^om^-
triques.
La possibility du Diouvemenl d'un systeme solide, dans
le cas le plus general, consiste en ce que Ton peut, sans
faire varier aucun element lin^aire et, par consequent,
sans qu aucune ligne ni aucune surface changent de forme,
1"^ faire d^crire ^ un point A de ce systeme une trajec-
toire determin^e; 2° fixer d'avance, pour tons les points de
cette trajectoire, la position d'une droiteB passant par le
point A; S"" fixer d'avance, pour tons ces memes points,
la position d*un plan C contenant la droite B.
Or, on peut aussi, sans faire varier aucun element pseu-
do-lin^aire (et, par consequent , en changeant la forme des
lignes et des surfaces de manidre que les pseudo-droites et
pseudo-plans restent tels), !<* faire d^crirc k un point A
du systeme une trajectoire determin^e; 2^ fixer d'avance,
pour tous les points de cette trajectoire, la position d'une
pseudo-droite B passant par le point A; 3"^ fixer d*avance,
pour tous ces memes points, la position d'un pseudo-plan
C contenant la pseudo-droite B.
Pour le demontrer, on appellera m^ n^ p les coordon-
n^es du point A dans sa premiere position; m', n', p' ses
nouvelles coordonn^es dans une position quelconque, sur
la trajectoire qu'il doit decrire; on etablira les equations
des pseudo-droites B et B', des pseudo-plans C et C, les
accents indiquant les positions nouvelles. Considerant en-
suite un point quelconque XYZ dans la premiere |)osition,
on pourra calculer en fonction de m, n, p, et des con-
stantes contenues dans B et C : l*" le pseudo-angle du
pseudo-plan BXYZ avcc le pseudo-plan C; ^'^ le pseudo-
angle de B avec (AXYZ); 3^ la pseudo-longueur (A— XYZ).
( i37)
On pourra, daos la position A', chercher le point X'Y'Z', lei
que ces mfimes^l^ments (B'X'Y'Z' — C), (B'-~ A'XTZ'),
(A' — X'Y'Z') soient respectivement ^gaux aux prece-
dents. Alors on effectuera le mouvement de mani^re que
tous les points, tels que XYZ, se transportent aux points
correspondants X'Y'Z'.
Cherchant, dans la premiere position, la pseudo-dis-
tance a de deux points XYZ, XiYiZi, et, dans la seconde, la
pseudoHlislance a des deux points correspondants X'Y'Z',
XjYjZ'p on trouvera a = «', ce qui prouve que le mouve-
ment pent se faire ainsi qu'on Ta annonc^.
On se trouve maintenant en possession, pour les pseudo-
droites, ...., des memes principes que Ton admettatt pour
les droites, ...., ant^rieurement au postulatum d'Eudide.
S*il existait done une demonstration de ce postulatum (ou,
ce qui revient au m^me, de la somme des angles d*un
triangle rectiligne), bas^e uniquement sur lesdils principes,
on pourrait la r^p^ter pour un triangle pseudo-rectiligne
et Ton d^montrerait que, dans un tel triangle, la somme des
trois pseudo-angles vaut deux angles droits, ce qui n'est
pas exact.
M. Genocchi n'a pr^sente contre ces raisonnements que
deux objections, qui me paraissent bien faciles k lever.
II fail remarquer, d*abord, que la pseudo-droite el le
pseudo-plan presentent certains points qui se dislinguent
des autreS; tandis que, dans la vraie droite et le vrai plan,
tous les points jouissent des mdmes propriet^s. Mais quel
usage le g^om^tre qui voudrait d^montrer le postulatum
pourrait-il faire de cette identite des points d'un plan?
Serait-ce de r^p^ter, en un point d*un plan, une construc-
tion qui aurait et^ faite en un autre? La mSme repetition
peut avoir lieu pour le pseudo-plan^ mais les deux figures
(^38)
que Tod coDSlruira, au lieu d*6tre idenliques quant aux
longueurs, le seront alors quant aux pseudo-longueurs.
Serait-ce de faire glisser la droite et le plan sur eux-
mSmes? Des mouvements analogues peuvent avoir lieu
pour la pseudo-droite et le pseudo-plan, mais, encore une
fois, dans ces mouvements, ce ne sont pas les longueurs,
mais bien les pseudo-longueurs , qui se conservent.
M. Genocchi pretend, de plus, que le pseudo-plan ne
s'^tend pas k rinfini dans tons les sens, mais ici il doit y
avoir, ou un malentendu, ou une erreur de fait : le pseudo-
plan repr^sente par T^quation (a) est une surface de revo-
lution, dont Taxe est parall^le k celui des z et dont la m^ri-
dienne, normaie k Taxe de revolution au point oil elle le
coupe, a deux branches infinies dans le sens des z positifs.
II en r^sulte que la surface elle-mSme s'^tend k Tinfini
dans tons les sens.
Je n'ai done absolument rien k changer aux considera-
tions qui precedent et que j'ai emises d*abord , sous une
forme presque identique, dans le Bulletin de MM. Darboux
et Hoiiel.
Une fois que cette transformation geometrique des lon-
gueurs, en pseudo-longueurs, est bien comprise,
on voit clairement comment la Mecanique pent se trans-
former de mSme el il en resulte que la demonstration du
postulatum d'Euclide n'est pas plus possible par la Meca-
nique que par la Geometrie.
L'auteur se demande, vers la fin de son travail, quelle
regie on doit suivre dans Tenseignement de la Geometric
eiementaire? Doit-on avoir recours k I'experience, ou bien
se con tenter de postulatums? II pense que les pretendues
demonstrations experi men tales ne seraient que des peti-
( ^39)
tions de principe, et qu'il faut pr^ferer ies postulatums.
J'admets parfaitement que Too place au d^but de la Geo-
m^trie des postulatums ou des hypotheses^ mais comme ils
ne peuvent pas avoir ei& choisis au hasard, il faut ad-
nieltre que Ton y a H& amen6 par ^experience et il n'y a
aucun incoDveDient & ravouer^ ni meme a le faire remar-
quer k des Aleves.
L'hypothtee ou le postulatum idealise, eo quelque sorte,
le r^sultat de rexperieoce, qui, sans cela, maDquerait de
precision, ou reufermerait , comme le dit Tauteur, des
petitions de principe. Mais cette remarque ne me parait
pas sp6ciale k la G^om^trie. Je la crois applicable k la
M6canique et m^me k la Physique.
En r^sum6, que Ies fails servant de base k la G^om6-
trie s'appellent principes experimentaux , hypotheses ^
axiomes ou postulatums, je n'y vois, pour ma part, que
bien peu de difference.
.Le M^moire de Fauteur renferme encore d'autres ob-
servations int6ressantes, mais elles ne touchent que tr^s-
indirectement aux deux grandes questions que j'ai specia-
lement traitees et sur lesquelles, comme on Ta vu plus
haut, je ne puis faire aucuue concession k mon eminent
contradicteur.
Sous le benefice des explications et des r^erves qui
pr6c6dent, j'ai Thonneur de proposer k la classe Tinsertion
de la lettre de M. Genocchi dans Ies Bulletins. »
La classe adopte ces conclusions.
( «40)
Sur le calcul de la vitesse iniliale (fun projectile quel"
conque^ lorsqu'on connait la vitesse en un point voisin
de la bouche a feu; par M. Auguste Cesar d'Andrada
MendoQa.
Mimpgft^i de M, JPe TiUff,
c Les equations du mouvemeDt d'uD projectile con-
tienneot sa vitesse ioitiaie. La valeur par laquelle il faut
remplacer cette vitesse, dans ies applications, n'est pas la
vitesse initiate r^elle, mais une vitesse corrig^e, d<iduite de
celle que Ton a mesur^e par un appareii baiistique , k une
distance suf&sante de la bouche pour qu'on puisse admettre
que les gaz, k cette distance, n'agissent plus sur le projec-
tile. Cette vitesse corrigee doit Stre telle qu'elle reproduise
la vitesse mesur^ quand on Tintroduit dans les Equations
du mouvement, tandis que la vitesse initiale r^elle pent
dtre diff6rente, vu que la loi de resistance admise n'est
certainement pas applicable k la portion de trajectoire
dans laquelle les gaz poussent encore le projectile. Le cal-
cul de la vitesse initiale corrigee, en fonction de la vitesse
mesur^e k une distance a, fait Tobjet de la Note que la
classe a soumise k mon examen.
La relation qui existe entre ces deux vitesses depend
n^cessairement de la loi admise pour la resistance de I'air.
Or, les projectiles sur lesquels I'auteur raisonne etant
allonges el ayant des vitesses initiates toutes coniprises
entrc 500 et 550 metres par seconde (au moins pour 1 obus
de 8 centimetres) , la loi k adopter est fort douteuse;
d'apr^s le general Mayevski (*), la resistance de Tair
(•) Traits de Baiistique exUrieurc; Paris, 1872.
( 141 )
devrail alors 6lre coDsid6rie commc proporlionnelle k la
sixi^me puissance de la vitesse.
Quoi qu'il en soil, Tauleur admet la loi propos^e en
1847 par le gdn^ral Didion, el je radmellrai aussi, pour
continuer Tanalyse de son travail.
Dans celle hypolhtee, en repr^sentanl par x la vitesse
mesur^e k la distance a el par y la vitesse initiale corrigee,
on a r^quation :
0)
a
r »
X
dans laquelle r est une constante el c une quantite depen-
dant du projectile consid^r^.
Cette expression £tant d'un calcul assez difficile, Tauteur
Ta remplac^e par une autre, de la forme :
(2) y = ax — /3
el il a d^montr^ que les r^sultats donniis par ces deux
formules ne s'^cartenl enlre eux, dans les limites des vi-
tesses ordinaires , que de quantit^s negligeables.
Cette propriety depend , comme Tauteur le fait voir, de
ce que Thyperbole representee par I'equation (1) a une
courbure tr^s-peu prononcee dans la partie comprise enlre
les valeurs-limites des vitesses el que, dans eel inlervalle,
la courbe se confond sensiblemenl avec la langente au
point-milieu de la partie consideree.
Par exemple, pour les obus de 8 el de 12 centimetres
de rartillerieporlugaise, laformule (2) devient respecti-
vement :
et y = 1,009 X —0,608,
( *42 )
dans les limiles des vitesses ordinaires de ces projectiles.
Je peDse que celte analyse succincte fait suffisamment
connaitre le travail de M. d'Andrada Mendo^a et je pro-
pose a la classe d'adresser des remerciments ^ Tauteur. »
Ces conclusions sont adoptees.
— La classe vote ensuit'e Tinopression dans le Bulletin,
conform^ment k I'avis favorable exprime par MM. Stas ct
de Koninck, d'une note de M. Walthere Spring Stir la
constitution de Vacide hyposulfureux.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Determination de la declinaison et de I'indinaison magne^
tique a Bruxellesy en 1873; note de M. Ern. Quelelet,
membre de TAcad^mie.
J'ai riionneur de communiquer k FAcad^rnie les valeurs
obtenues cette ann^e de la declinaison et de Tinclinaison
magnetique.
La declinaison le29juillet, versll heures,<5laill7"59'
22'\ r^pondant k la division 55*^,21 de r^chelle arbitraire
du magn^tom^tre.
Le 2S mars Tinclinaison a 6t6 trouv6e 6gale k 6V 6',2.
Je joins ici les valeurs de la declinaison et de Tinclinai-
son depuis I'^poque oil elles ont 6l6 observees pour la pre-
miere fois k Bruxelles, afin de faire voir la marche decrois-
( 143 )
sante des deux angles qui lixent la position de Taiguille
aimant^e :
DdcHfiaison magndlique a Bruxellcs,
ann£es.
^POQUE.
HEDBE.
DiCLIHAISON
magn<tique
obtenr^e.
4828.
4829.
4830.
4832 .
4833.
48;i4.
4833.
4836.
4837 .
4888.
4839.
48-iO.
4844.
4842.
484:^ .
4844.
.4845.
4846.
4847 .
4848.
48-49.
4850.
4854 .
4852.
4863.
4854.
4835.
4856 .
4857.
4858.
4839.
4860.
4864.
4862.
4863.
4864.
4865.
4866.
4867.
4868.
4869
4870.
4874.
4872.
4873.
22 DO?embre
6 mai . .
5 mars .
28 et34 mars
29 et 34 >
4 avril. .
28 mars .
21 » .
24 » .
26 » .
28 et 29 mat's
Mars. . .
»
»
»
9
I
6 avril. .
42 » . .
24 . . .
30 mars. .
24 et 23 avril
29 mars .
6, 7 et 24 avril
27 mars .
23 »
46 avril. .
29 . . .
4 » . .
2o mars
2 avril. .
48 avril et5mai
9 avril. ,
7 • . .
49 » . .
29 mars .
4 avnl. .
22 » . .
4 . . .
30 juin . .
mors
29juillet .
Midi k 2 heures
4 heure. . .
4^2 heures.
4 a 4 >
4 ^ 3 »
4 heure. . .
Midi k 2 heures
i k 'S heures.
4 k2 >
4^2 »
4^3 » .
Midi, 2 et 4 h
»
9
>
»
2^4 heures . .
40</th. matin .
Midi k 4 heure .
4 k 3 Vi heures .
Avant midi. . .
40 k 42 heures .
40 «/« h. k midi .
Midi k 3 heures .
2 h. 40 m. . .
42 h. 20 m. . .
44 h. 40 m. . .
4 h. 40 m. . .
>
40 */i h. du mat.
44 h. du matin .
40 >/s h. du mat.
Midi
4 Vs heure . .
Midi
44 h. du matin.
»
»
22o28;0
22 29,0
25,6
48.0
43,5
45,2
6,2
22
22
22
22
22
22
22
22
24
24
24
21
24
24
24
24
20
20
20
20
20
20
20
49
49
49
49
49
7,6
4,4
3,7
53,6
46,4
38,2
35,5
26,2
47,4
44,6
4,7
56,8
49,2
39,2
25,7
24,7
48,7
6,0
57,7
53,3
47,8
44,9
3:^,8
49 28,9
49 34,9
49 24,9
49 44,9
55,3
49,9
47,9
44,3
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48 26,5
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59,9
53,2
45,7
39,4
48
48
48
48
48
47
47
47
47
( iU )
Jnclinaiion magnelique a Bruxelles,
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-+-0,69
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- 2,877
3
1832,2
68 49,1
68 44,85
-+-4,25
1840
-2,591
4
1833,2
68 42,8
68 41.76
-+- 1,14
1845
-2,306
5
1834,2
68 38,4
68 38,71
— 031
1850
— 2,019
6
1835,2
68 35,0
68 35,68
— 0,68
1865
- 1,733
7
1836,2
68 32,2
68 32,68
-0,48
1860
- 1,447
8
1837,2
68 28,8
68 29,71
-0,91
1865
— 1,161
9
d838,2
68 26,1
68 26,76
- 0,66
10
4839,2
68 22,4
68 23,85
- 1,46
H
1840,2
68 21,4
68 20,96
-+■0,44
12
18*1,2
68 16,2
68 18,10
— 1,90
13
1842,2
68 15,4
68 15,27
-f-0,13
U
1843,2
68 10,9
68 12,47
— 1,67
15
1844,2
68 9,2
68 9,70
— 0,60
16
1845,2
68 63
68 6,96
— 0,66
17
1846,2
68 3,4
68 4,25
- 0,86
18
1847,2
68 1,9
68 1,56
-f- 0,34
19
1848,2
68 0,4
67 57,90
-f-0,60
90
1849,2
67 56,8
67 56,28
-f-0,62
21
1850;i
67 54,7
67 53,42
-f-1,28
22
1851,3
67 50,6
67 50,85
-0,26
23
1852,3
67 48,6
67 48,52
-+-0,08
2i
1853,3
67 47,6
67 45,80
-4-1.80
2S
1854,2
67 45,0
67 43,52
-*- 1,48
26
1855,2
67 39,2
67 41,01
— 1,81
27
1856,6
67 37,7
67 37,69
-*-0,01
28
1858,3
67 34,0
67 33,67
-+-0,33
29
1859,2
67 31,9
67 31,47
-*-0,43
30
1860,3
67 30,8
31
1861,2
67 27,9
32
1862,2
67 25,3
33
1863,3
67 24,6
34
1864,3
67 22,0
3S
1865,3
67 19,9
,
36
1866,3
67 16,9
37
1867,3
67 15,3
38
1868,2
67 11,5
39
1869,3
67 10,7
40
1870,3
67 11,6
41
4871,5
67 8,0
42
1872,3
67 8,1
43
1873,7
67 6,2
( 145 )
Bolide observe a Bruxelles le Si juillet 1815 ; note de
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
«
Le2i juillet dernier^ k 10 heures et demie da soir,
temps moyeo, — d'apr^s les reDseignements qui m'ont
6t6 donnas par M. Albert Lancaster, — un beau m^t^re a
traverse le ciel dans le SO. de Bruxelles.
Le point oh il a fait son apparition 6tait situ6 dans la
Balance. II s'est dirig^ ientement vers le NNO. et a dis-
paru pres de Thorizon sans laisser aucune trace de son
passage. II a 6t^ visible pendant 2^5 secondes environ.
Ce bolide avait une belle couleur verte et un diametre
apparent un peu moindre que le demi-diam^tre de la
lune.
. Son mouvement £tait rectiligne et la longueur de sa
course pent Stre estim^e i 20^ environ.
M. Devf^alque m'a fait connattre que ce m^t^ore a i\&
aper^u ^galement k Louvain.
Hote 8ur les or ages qui ont sevi a Aartselaer le SS, le 26
et le 29 juillet 1873; d'apres une lettre de M. le^baron
Octave Van Ertborn i M. Ad. Que tele t.
Pendant Forage qui a s^vi le mercredi 23 juillet,
entre 3*/2 et 6V2 heures du soir, la foudre est tomb^e en
buit endroits diff^rents sur le territoire de la commune
2'°*' SI^RIE, TOME XXXVI. 10
( 146 )
d'Aartselaer, mais heureasement sans causer de grands
dommages.
Le fait le plus remarquable est celui d'une gerbe de
paille qui a &i& incendi^e au milieu d'un champ et cela en
preuant feu k la moiti^ de sa hauteur.
La foudre est en outre tomb^ sur le paratonnerre du
clocher et beaucoup de personnes I'ont vu suivre le para-
tonnerre, sous la forme d'une gerbe de feu.
II est tomb6 une forte gr^le; les gr^lons, de Taspect de
petits morceaui de glace, avaient la grosseur d'une grande
noisette ou celle d'une cerise. Nous avons eu trente vitres
bris^es par la gr^le.
Le samedi 26 courant, nous avons encore eu deux
orages , le premier i 4 V2 heures de I'apr^midi , le second
de 8 ^ 9 '/i heures du soir.
Pendant le dernier orage , la foudre est tomb^e sur une
grange k 75 metres de la maison que j'habite; elle a
lezarde le mur du haut en has, en projetant des morceaux
de brique dans toutes les directions.
Le 29 courant , nous avons eu de nouveau un orage
vers 7 heures du soir.
Aartselaer est un endroit tr^s-fr6quent^ par les orages.
D'apr^s I'opinion de beaucoup de personnes, les orages
ont une tendance k suivre les grands cours d'eau. Selon
cette opinion , Aartselaer, qui se trouve abrit6 par le Rupel
et I'Escaut, devrait en 6tre preserve ; or, c'est tout le con-
traire qui arrive.
D'apr^s les observations que j'ai faites, les orages Te-
nant du SO. suivent volontiers I'Escaut jusqu'i I'embou-
chure du Rupel, puis prennent la diagonale de Tangle que
font entre eux les deux fieuves. lis sont amends ainsi dans
r
( 147 )
la direction d'Aartselaer , qui est situ^ sur le proionge-
ment de la diagonale de Tangle.
a
a ANVERS
ALINES
J'ai observe ces faits depuis dix ans au moins , et il est
fort rare qu'il en ait &i6 autreoient. Dans ce cas, les nuages
orageux se sont bifurques; les uns ont pris la direction
d'Anvers , les autres celle de Malines.
II y aurait des observations tres-int^ressantes k faire
sur ce sujet en tenant compte :
l*" De la direction du vent;
2^ De la direction de la mar^e dans TEscaut;
3 De la direction de la mar6e dans leRupel.
La mar^e pent d^ji remonter dans FEscaut quand elle
descend encore dans le Rupel et r^ciproquement.
( 148 )
Sur la congelation des liquides alcooliques ; parM. Melsens,
membre de FAcad^mie.
D£UX|£M£ note.
Dans une premiere note sur la congelation des liquides
alcooliques, publi^e dans le n* 6 de juin 1875 des Bulle-
tinSfy^i cru devoir etre tr6s-r^erv6 sur la question de
Fapplication industrielle de la congelation suivie de Fem-
ploi de la turbine ou de la presse; j'avais Fintention de
prendre des brevets pour cette application que je croyais
nouvelle et je n'ai cite que deux savants dont les travaux
m'avaient paru devoir etre rappeies. J'ai cru inutile de
faire une revue retrospective sur Fapplication de la conge-
lation k d'autres liquides soit en vue de les concentrer, soit
pour Fextraction des composes solides qu'un exces d'eau
tient en dissolution k la temperature ordinaire.
Depuis longtemps on exploite dans le nord le sel marin
des eaux de la mer apres les avoir concentrees par conge-
lation; M. Balard a fait voir tout le parti que Fon peut
tirer du refroidissement des eaux meres des marais salants
pour Fextraction du sulfate de sonde d'abord et des sels
de potasse ensuite.
M. Alvaro Reynoso a propose la congelation dans le
traitement des jus sucres en vue de Fextraction du sucre
de canne; un procede analogue avait d&]k ete indique par
Astier et par Parmentier pour le sucre de raisin.
Stahl paratt etre le premier qui ait fait usage de la con-
gelation pour concentrer le vinaigre, les vins et meme la
( 149 )
bi6re; mais longtemps avaDt lui noire immortel coinpa-
triote Van Helmoat avail attir6 Inattention sur la congela-
tion des vins ; je n'ai rencontr6 dans aucun de ses Merits
Texposi ^'experiences failes k ce sujel.
On attribue toujours k Stahl cette observation et il a
da reste le m^rite d'avoir fait des experiences dont les
r^sultats sontremarquables, en ce sens qu'il constate que
les vins concentres par la gel^e deviennent forts et suscep-
tibles de se conserver pendant plusieurs ann^es dans des
endroits a^r^s, alternativement chauds et froids suivant
les saisons, conditions dans lesquelles les vins ordinaires
se seraient corrompus ou seraient devenus aigres dans
Fespace de quelques semaines (1).
Dans son Traite de chimie (2), pages 95 et suivantes,
Stahl discute la constitution des moAts cuits et de ceux qui
proviennent des raisins r^coUes dans de bonnes ou dans
de mauvaises ann^es; il fait voir les effets de la congela-
tion, etc., et appelle I'attention sur le commerce , la prepa-
ration et la fabrication des vins allemands:
Und es daher gewiess , dass es in Deutschland our am Unverstande liegt,
dass unsere gate Weine nicht besser sind, quod arliQcio posset prodaci,
sie koDteD and warden allerdings so gat, aach theils noch wobl besser,
als die Weine, di wir so theuer bezahlen : denn wie viel 1000. Last
iverden jahrlich oacb Holland, Hamboarg, etc., da viel Wein-Braoer
sind, aof der Achse gefiibret, welcbe bernach alda zobereitet, bier
alsdan vor Rbeinische, Spaniscbe, Frantz- Weine, Ganarien Sect, Fron-
tiniac, etc. 4 and 5 facb bezablct werden. Aber dass ist auch ein Germa-
nismos und deutscbes Verseben (page 97).
(1) StabI, Opuscules chimiques, p. 418, cite par Geoffroy.
(2) Stabl , Fundamenta chymiae dogmatico^cUionalis et experiment
to/ia, Pars HI. Norimbergae, 1747.
( ISO )
Quoi qu'il eo soil des m^riles du savaot aliemand, je
pense que Textrait suivant des oeuvres de Van Helmont
prouvera que c*est r^ellement lui qui, le premier, a fix^
TatteDtion sur la question ; malheureusemeot , k la suite
d'uue observation bien faite, il ^nonce des explications et
des applications entach^es d'erreurs qui nous paraissent
^normes.
Van Helmont {Tartari vini historia).
2. — Spiritus vini deprimitur ad centrum vasis propter frigus,
Cantabi, qaos Bascones vocaot, priasquam nostris associarentar Batavis,
ID venalum balense, saepe sub Grcenlaadia (qose bodie defecisse puta-
tur) subler Syries (Atalayas vocanl) frigore preveoti, viiia cocta, alias
sat generosa, habebant conglaciaia. Circulis ide6 a cado adempUs,
nudam vini glaciem, forma vasis pristini, sub dio exposuerunt. Ut unica
deinceps node , residuum penitus congelaretur. Quo facto glaciem
terebrabant, ac circa glaciei centrum occurebai liquor colore Ame-
tbysti, vini merus spiritus et igneus vitalisque lignor glaciari nescius.
Glaciem itaque vini liquatam igni bibebant, redito sibi liquoris illius
vitalis lantillo. Hisloria eo Gne adducta, qu6 oonstet spiritum in vino,
naturaliter fugere a frigore, seseque 6 proprio domicilio, ad centrum
vini sensim recipere
A la table de ses oeuvres on trouve ce passage ren-
seign^ sous le titre de : Spiritm vini e glacie.
Quelques recherches, mais incompletes, dans des auteurs
plus anciens que Van Helmont, me portent k croire que
c'est bien r^ellement lui qui, le premier, avait observe ce
moyen de concentration donnant, en definitive, un esprit
qui ne se congelait plus par le froid ; mais il est int^ressant
de relever cependant qu'Ovide connaissait et parle de vins
completement (?) congeles.
( 451 )
Ed 1469 le froid fat assez intense i Li^e, d'apr^s PAt-
lippe de Commines : < que par trois jours fut d^parti le
» vin qu'on donnait chez ie Due aux gens de bien qui en
» demandaient, i coups de cogn^e, car il ^tait gel^ dedans
» les pipes, et fallait rompre le gla^on qui ^tait entier et
» en faire des pitees que les gens mettaient en un cha-
» peau ou en un panier, ainsi qu'ils voulaienl. »
En 1543, lors du siege de Luxembourg a les gelees
» furent si fortes tout ce voyage, qu'on departait le vin
» de munition & coup de cogn^e, et se d^bitait au poids,
» puis les soldats le portaient dans des paniers (1). »
Ces faits viennent k Tappui des experiences de M. Bous-
singault cit^s dans ma premiere note; la nature des vins
et les circonstances particulieres de la congelation peuvenl
done, dans certains cas, donner une masse compacte sus-
ceptible de se debitor en blocs solides.
Le merite de Van Helmont consiste dans Tobservation
du fait de la separation de I'eau et de I'esprit de vin ; mais
on attribue k tort, ce me semble, le merite de cette decou-
verte k Stahl ; les mots de la table des oeuvres de Van Hel-
mont prouvent bien qu'il a pu obtenir de Tesprit de vin
par la congelation; on est porte k croire qu'il a fait des
experiences, sans cependant les decrire.
On trouve dans les memoires de TAcademie fran^aise,
annee 1729, un memoire de Geoffrey le cadet, sur la con-
centration du vinaigre par le froid.
Boerhaave avait concentre de la biere,du vin, du vinaigre
(1) Voir VEncyclop^ie, article : Vin.
( 152 )
et de la saumure^ dans Thiver de IT^O, au moyen de la
congelation.
Toutes ces donn^es prouvent, du reste, que les obser-
vations modernes n'ont rien ajout^ i ce que les anciens
avaient observe, eu ^rd, bien entendu, au ph^nomine
principal.
L'auteur de Tarticle de VEncyclopedie appelle tr^
particuli^rement Tattention sur la congelation des vins,
des vinaigres et des liqueurs de malt, operation qui per-
met : d'enlever aux vins Teau inutile et d*en retirer la
quintessence; de faire de bons vins avec des petits vins,
et, en operant successivement, de fabriquer des vins tr^s-
forts, etc., etc., en leur communiquant la propriety de se
conserver sans alteration.
II conseille d^j^ Temploi des melanges refrigerants et
ne manque pas d'atlirer I'attention sur I'importance de
I'application de la congelation et des grands avantages que
Von pourrait en retirer pour le commerce des vins.
II y a un pen plus d'un siecle que VEncyclopedie a
paru; il s'est ecouie environ un siede et demi depuis la
mort de Stahl et pr^s de deux siecles et demi depuis la
mort de Van Helmont; cependant, ce n'est que depuis une
vingtaine d'annees que M. de Yergnette-Lamotte a repris
les experiences avec succ^s, gr&ce k I'emploi d'appareils
commodes et k Tusage bien entendu des melanges refri-
gerants.
A. A. Parmentiery an commencement du siede, avait
etudie la concentration par le froid et donne des conseils
au sujet de la congelation des vins; il avait meme cherche
k appliquer ce procede k la fabrication du Sucre de raisin.
( 153 )
mais il cousid^rait cette operation comme impraticable en
grand dans le midi de la France; ii signalait que les gla<^ns
retir^ des moAls ^taient toujours sucr6s et qu'il y avail
perle de sucre.
AstieTy pharmacien principal de la grande arm^, a 6t6,
je crois, le premier qui ait cherch^ & appliquer industriel-
lement la gel^e k la concentration des moAts, mais il paratt
avoir bientdt abandonn6 ce proc^d6.
Lorsque j'ai public ma premiere note sur la congelation
des vins, j'avais recherche tous les travaux ant^rieurs, et
il me serait facile de prouver qu'avec les renseignements
scienlifiques que je possedais & cette ^poque, je n'avais
int^ret qu'i citer MM. de Vergnette-Lamotte et Boussin-
gault. Je croyais r^ellement avoir fait faire un pas de plus
k cette trte-ancienne question en proposant la presse et
la turbine k force centrifuge suivies n^cessairement d'une
filtration rapide pour I'exploitation des vins congel^s. Je
me trompais avec une enti^re bonne foi (1).
En effet une lettre qui m'a ^t^ adress^e, depuis la dis-
(1) J'esp^reque Ton voudra bieD m'appliqaer ce que j'a! ^rit dans mes
Dotes sur Tacide sulfureux, etc., actoel lement sous presse. Je prouve dans
ce travail, par des renseignements bil)liographiques,qu'un chimiste alle-
mand avait d^crit comme nonveau, en 1866, un procede que j'avais donnd
in ewtenso en 1860. J 'y jgoutais : 7/ est parfois bien difficile de connatire
tout ce qui se puhlie; mais en maintenant mes droits a la priority de la
d^uverte, je dots ajouter que les chimistes sont tris-excusables lors-'
quHls publient des fails connus. La note de M. Stolba doit done Stre
consid6r4e comme une confirmation de mes experiences.
( 154 )
tributioQ de ma premiere note imprim^, par MM. Mignon
et Rouart en date du 8 juillet dernier, m'apprend que ces
habiles coostructeurs d'appareils frigorifiques ont Mjk
indiqu^ Temploi de la presse hydraulique et de la turbine
i force centrifuge pour le traitement des vins congel^s.
Le fait est incontestable d'apr^ leur brevet pris en
France en date du 26 juin 1872. Je n'en avais nulle con-
naissance, ce brevet n'ayant pas ^t^ pris en Belgique, tan-
dis que les auteurs y avaient fait breveter, k la date du
16 aout 1872, leur appareil a froid intermittent susceptible
de grandes dimensions,
Ces messieurs m'adressent en m^me temps une note
imprim^e de M. H. Rouart extraite des Memoires de la
Sociele des ingenieurs civils de France^ dans laquelle toutes
les applications des appareils frigorifiques sont indiqu^es :
carafes frapp^es, fabrication de la glace, brasseries, sulfate
de soude et concentration. Dans ce memoire, k Particle
Concentration, la presse hydraulique et la turbine sont ^ga-
lement indiqu^es pour I'exploitation des vins congel6s.
Je ne sache pas que MM. Mignon et Rouart ou
M. H. Rouart aient fait une ^tude in^dite ou des expe-
riences sur les vins; je dois done considerer mes eocpe-
riences comme une confirmation de leurs vues ou de leurs
projets k regard du traitement m^cauique des vins, et je
m'empresse de leur restituer ce qui leur appartient. J'ose
croire n^anmoins que ma premiere note n'aura pas et^
inutile en raison des experiences qu'elle renferme et je
souhaite pour tons les pays vignobles que des essais sem-
blables soient faits sur desvtn^ d'origine diff6rente, mais
qu'ilssoient mis en pratique sur une echelle industrielle,ce
qu'il m'est impossible de faire. On est en droit d'en esp^rer
( 1S5 )
le succes, ou de voir, au moins , la question tranch^e daos
I'un ou Tautre sens (1 ).
Je n'ai pas fait des Etudes sufBsantes de viticulture
pour me prononcer sur cette question au point de vue de
I'exploitation viticole du sol, mais on m'assure que la
culture de la vigne a &i& abandonn^e sur beaucoup de ter-
rains k cause de la quality du vin qui ne se conservait pas,
etcela principalement dans les pays vignoblesdes plaines;
bien plus, il y a des terres abandonn^es pen propres k
d'autres cultures et qui pourraient produire un vin me-
diocre non susceptible d'etre export^, mais qui entrerait
dans le commerce g^n^ral apr^s avoir ^t^ enrichi par la
congelation ; car en France, par exemple, on ne protege
plus le vinage, ou celui-ci revient k un prix trop eiev^.
Le vinage, du reste, alt^re r^ellement les bonnes qualit^s
du vin , en le transformant en une mati^re plut6t excttante
(1) Apr^ la lettre de MM. Mignon et Rouart, j'ai fait de nouvelles
recherches et obtenu quelques renseignements complementaires; je crois
etre utile en consignant ici les brevets priDcipaux que Ton aurait k
•onsutter; on verra, par le premier, que MM. Mignon et Rouart avaient
et^ devanoes pour Tapplication de la presse.
Le 26 juin 1863, M. Poncin, de Lyon : Application du froid artifieiel
combing avec la compression k la concentration des vins.
Le 9 avril 1864, MM. Mignon et Rouart : Appareils k concentration
par le froid.
Le 7 juin 1869, M. Tellier : Appareils propres au chauffage comme au
refroidissement des vins, biires, etc.
Le 26 juin 1872 , MM. Mignon et Rouart : Methode et appareils de trai-
temenl des vins jusqu^aux plus grandes concentrations.
Novembre 1872, M. Ch. Tellier -.Utilisation des machines k froid.—
Applications k la bi^re , etc.
( *56 )
que noorrissante, et au vin vine on ne peut plus appliquer
le dicton, un peu force, des vignerons fraoQais : une piece
de vin vaut un sac de farine, les rapports entre le prin-
cipe excitant et les principes nutritifs 6tant profond^ment
alt^r^.
Mais au vinage se rattache une question assez impor-
tante. En effet, un illustre savant fran^ais me disait, il y a
peu de temps, que des observaleurs consciencieux ^taient
port^ k croire que le vinage des vins en France n'avait
pas 6t^ sans exercer une funeste influence sur les progrte
de la terrible maladie de Yalcoolisme.
Dans les vins vines ^ quel que soil le proc^d6 employ6
pour les enrichir d'alcool , c'est la mati^re excitante qui
domine et le consommateur subit jusqu*4 un certain point
les conditions des buveurs de liqueurs fortes ou desbuveurs
de genievre dans noire pays; ceux-ci le consomment sou-
vent ijeun et Onissent presque toujours par s'abrulir dans
ces conditions (1).
Aujourd'hui , me trouvanl absolument d^sint^ress^ dans
la question de Texptoitation possible des vins par la con-
gelation, je regrette de n'avoir pas plus d'aulorit^ pour
(i) Des philanlhropes , des m^decins ont avance que dans certaines villes
ou centres marecageux de notre pays le genievre est un preservatif contra
les fi^vres palud^nnes ou les fi^vres d'acc^s; en supposant que cela soit
prouve,OQs*expose neanmoins petit k petit, sans s'en douter, ^ contracter
une funeste habitude si pr^judiciable & quelques-unes de nos populations.
G*est un excellent conseil k donner aux consommateurs de genievre ou
d*autres liquides alcooliques en vue de combattre des fl^vres, que de les
engager k tremper du pain dans leur breuvage; en general, ceux qui ne
boivent quVn mangeant (c'est-k-dire du pain tremp6) ne contractent pas
la funeste habitude de faire un usage immoder^ du genievre pur, et Pelfet
salutaire , sMI est reel , est obtenu.
( 487 )
proposer des experiences sur uDe grande ^chellOr Cette
direction me paratt m^riter I'attention non-seulement des
Yignerons ou des n^ociaots en vins, mais surtout celle
des goaveroemeots qui poss^dent des contr^es plant^es en
vignes. — On peut faire produire plus, on produirait
mieux, car tous les vins lagers deviendraient susceptibles
d*exportation sans exposer le producleur ou le commer-
(ant a des chances al^toires, tant par I'effet de mauvaises
r^coltes qu'en raison des causes de maladies auxquelles
les petUs vins sont principalemenl sujets et auxquelles
n*6chappent pas les vins des meilleurs crus.
Depuis la publication de ma derni^re note, j*ai fait, au
sujet de la conservation possible des vins congel^s, une
observation que je ne saurais trop recommander aux per-
sonnes qui s'occuperont de congelation, car elle vient
sioguli^rement k Fappui des experiences de Stahl et de
M. de Yergnette-Lamotte, au sujet de la conservation des
vins congeles. En effet Teau, provenant de la fusion des
glagons, laquelle ne contient pourtant que tr^s-peu de
matieres organiques et min^rales, devient tr^s-facilement
le siege d'une abondante vegetation cryptogamique lors-
qu'on Tabandonne dans des fioles k I'air libre; comme si
cette eau entratnait avec elle les germes des fermentations
secondaires ou des maladies du vin et des fermentations
secondaires, acide, visqueuse, etc., des bi^res.
Un oenologiste habile, negociant en vins de Bour-
gogne, auquel j*ai monlre des experiences de congelation
suivies du turbinage ou de la pression des gla^ons et de la
filtration des produits obtenus, me disait que lorsque les
tonneliers bourguignons voient se produire spontanement
dans les vins des dep6ts, auxquels its donnent le nom de
gravelle ou gravier, analogues k ceux que la congelation
( 158 •)
procure, ils y voient on sigDO incontestable de bonne con-
servation poor le vin que Ton a soutir^.
J'ai fait trop peu d*eip^riences sur nos bi^res pour oser
me prononcer, mais il me paratt incontestable que les
brasseurs qui travaillent en vue de I'exporlation et de la
conservation prolong^ de leurs produits devraient porter
leur attention sur les donn^es de M. Ch. Tellier. Ce savant
Industrie] indique dans le brevet rappel^ plus haut une
s^rie de circonstances particuli^res dans lesquelles le froid
ou la congelation peuvent^treavantageusement appliques
aux bi&res.
Quoi qu*il en soit, esp^rons qu'on n'attendra plus un
sitele pour faire faire un grand pas k la question ou pour
la r^soudre d^finitivement dans Tun ou Tautre sens. La
solution est rendue facile, aujourd'hui que les proc^des de
production du froid sont devenus industriels et se perfec-
tionnent chaque jour (1).
Esp^rons aussi que les gouvernements n'entraveront
pas les essais par des mesures Oscales inopportunes.
Abstraction faite de la question des bi^res, je pense que
beaucoup de vins de France, d*Espagne, de Portugal,
dltalie, de Hongrie etd'Allemagne, pourraient etre fon-
gel^s au lieu de subir le vinage. II en serait de meme pour
(1) La question de ramelioralion des liquides alcooliques devrait
appeler ratleniion tr^s-particuliere des usines frigorifiques
DaDS ces derniers temps, deux savants ingenieurs, MU. J. Armengaud
etP. Giffard, ont construit une machme pour la production artiOcieile du
froid par la detente de Pair atmosph^rique; elle est applicable aux refroi-
dissement des liquides.
( 489 )
les vins I^ers, de consommation ordioaire, dans toas ces
pays, car ils produisent presqae lous des vins d'une con-
servation douteuse et non sasceptibles d'etre exporl^s , si
Ton se contente de les exp6dier sans precautions.
Je termine par une demiire observation qui me paratt
de la plus haute importance dans Tint^rdt des pays riches
en vignobles :
Les producteurs, d'une part, les commer^nts^de Tautre,
possedent aujourd'hui deux proced^s, que Ton pourrait
appeler naturels, laissanl aux vins de toutes qualit6s leurs
propri^t^s essentielles qui en font un aliment et un exct-
tant. Ces proc^d^s se completent de la fa<;on la plus heu-
reuse, bien que pouvant Stre appliques s^par^ment.
La congelation conserve les vins en les enrichissant en
principes alibiles, sans intervention de mati^res ^tran-
g^res au raisin et par un proc^d^ naturel qui lui enleve
essentiellement de I'eau et des matieres nuisibles :
La chauffe met les vins k Tabri des maladies, mais elle
doit les prendre tels que les circonstances les fournissent
k la consommation.
La congelation sans perte sensible d*alcool ou de vin, et
la chauffe ensuite, paraissentdonc^tre les moyens naturels
et certains qui doivent, dans beaucoup de cas, faire ^carter
de cette grande industrie agricole les chances souvent
d^sastreuses k la suite de mauvaises r^coltes et par les
maladies auxquelles le produit est sujet dans des contr^es
aptes dor^navant k se cr^er un commerce d'exportation
plus r^ulier et plus ^tendu, puisqu'il aurait pour objet
une mati&re inalterable.
( *60 )
Note 8ur la similitude mecanique dans le fnouvement des
corps solides en general j et en particulier dans le mou"
vement des projectiles lances par les armes a feu rayees;
par M. De Tilly, correspondant de TAcad^mie.
Consid^rons deui syst^mes de points mat^riels en moa-
vement, dans les positions qa'ils occupent respectivement
aprte les temps T et f, compt^s k partir d'une m£me
origine des temps et li^ par la relation T= r^, r ^tant une
quantity arbitraire, mais fix^e une fois pour toutes.
Supposons que Ton puisse, a chaque point du premier
syst^me , faire correspondre un point bomologue dans le
second, de telle mani^re que la droite qui joint deux
points quelconques du premier systeme soit parall^le i
celle qui joint les deux points homologues du second. Les
deux systemes de points mat^riels seront geometriquement
semblables, Soit / le rapport de leurs dimensions homo-
logues.
Supposons, de plus, que les vitesses de deux points
homologues quelconques , apr^ les temps respeclifs T et ^,
soient parall^les entre elles et dans le rapport constant v.
Les systemes seront cinematiquement semblables.
Supposons encore que le rapport de la masse d'un point
materiel quelconque du premier systeme k la masse de
son bomologue dans le second soit constant et ^al k m.
Les systemes seront materiellement semblables et, si ^
repr^sentele rapport des densit^s, on aura : m = iP.
Supposons enfin que, toutes les conditions pr^cedentes
£tant remplies, les forces agissant, aux temps indiqu^s,
sur deux points bomologues quelconques , soient paralleles
( 464 )
et daDS le rapport constant /*. Les systemcs scront dynamic
quement ou mecaniquement semblables.
Pour simplifier les ^nonc^s, j*ai suppose les syst^mes
semblablement places; cette condition n'est pas plus indis-
pensable ici qu*en G^om^trie ; si elle n'^tait pas remplie ,
les lignes homologues cesseraient d'etre parall^Ies, mais
toutes les autres propri6t6s subsisteraient.
M. Bertrand, eihumant un th^or^me de Newton, a
donn6, dans le XXXIP' cahier du Journal de Vtlcole
poly technique y le moyen d'obtenir les conditions n^ces-
saires et sufBsantes pour que deux systemes de points
mat^riels en mouvement poss^dent et conservent la simili-
tude m^anique dont il est question plus haut.
Ces conditions se r^sument dans les deux Equations
t^=- (i)
T
ml
f-^ (2)
Si la premiere Equation est v4rifi4e k Torigine, pour
deux systemes g6om^triquement et mat^riellement sem-
blables, et si la seconde Test apr^s deux temps correspon-
dants quelconques, T et ^ (/se rapportanl alors k la position
initiale), la premiere Equation le sera pareillement apr^s
deux temps correspondants quelconques, les deux sys-
temes seronl mecaniquement semblables apr^s ces temps,
et tons les rapports de similitude, /, v^ f, resteront con-
stants. De plus, les trajectoires d^crites, dans des temps
correspondants, par des points bomologues seront sem-
blables et leur rapport de similitude sera /.
Si Ton ne consid^re que deux points mat^riels, les
2""* s6r1E, tome XXXVI. 1 1
( 162 )
^quatioDS (i) et (2) subsislenl, mais aiors t; devient arbi-
traire , et Ton a :
^=^, ....... (5)
T
l=rv, (4)
/ repr^sentant uniquement le rapport des dimensions
lin^aires des trajectoires.
Pour que deux corps solides jouissent de la propri^t^
de similitude m^canique, il faut d*abord que cette condi-
tion soil remplie par leurs centres de gravity. D'ailleurs
ceux-ci se meuvent comme si les masses y 6taient con-
centr^es et si les r^sultantes des forces y ^taient appli-
qu6es. Les Equations (3) et (4) doivent done exister, mais
il ne faut pas oublier que / y repr^sente uniquement le
rapport des dimensions des trajectoires. Quant k celui des
dimensions des mobiles, je I'appellerai I'.
S*il s'a^it de corps naturels pesants, on a n^cessaire-
ment :
d'oii r^sultei:
V = T == |/7 (5)
La similitude devra exister aussi , au bout des temps
correspondants T et /, dans le mouvement de rotation,
mais ici la proportionnalite des chemins parcourus aux
dimensions des mobiles est ^vidente.
Soit CO le rapport des vitesses angulaires de rotation a
Torigine. Si Ton exige , comme dans le cas d'un syst&me
quelconque , que les vitesses resultant de la rotation soient
aussi dans le rapport v, il vient :
/'» = v. (6)
(163)
Mais il est iDuiile d'exiger cetle condition a priori ^
on pent s^parer entierement les mouvements et chercber
k 6tablir la similitude des rotations avec un rapport dc
Vitesse different : v' = /'w. On n'y parviendra pas et
r^q nation (6) se retrouvera, dans la suite, par d'autres
considerations.
En appelant, comme dans les trait^s de M^canique,
0, Tangle form^ par le plan Oxy^ renfermant deux axes
principaux d'inertie, Ox, Oy, qui suivent le mouvement
du corps, avec un plan fixe OXY; OA, Fintersection des
deux plans OXY, Oxy\ ^, Tangle form^ par OA avec OX;
9, Tangle form^ par Ox avec OA; on a les Equations :
ds iH .
p = —- cos f -+- — sin 0 sin 9 ,
at at
(7)(flf== — sin ?-+--- sin 0 cos©,
^ ^^ (It dt ^
df d^
r = -—-♦- -7- cos 9 ,
dt dt
A^^- + (C-B)gr^P,
(8)(Bj-i-(A-C)rp=Q,
dr
dans lesquelles P, Q, R sont les moments des forces ext^-
rieures, par rapport aux trois axes principaux Ox, Oy et
Ozy et A, B, C les trois moments d'inertie du corps, par
rapport k ces m^mes axes. Or , apr^s des temps correspon-
dants, les angles <P, 6, <p devront £tre respectivement les
( 164 )
mdmes poor les deux corps , s'ils 6taient les rndmes k Tori-
gine ; done les valeurs de pdt^ qdty rdty daos les deux corps,
seront respectiyemeDt les memes aux instauts correspon-
dants. Alors, dans les ^uations (8) , les premiers et les
deuxi^mes termes sont dans le rapport ^ avec les termes
analogues relatifs au second corps, tandis que les troi-
siemes termes sont dans le rapport f^l', done on doit avoir :
(9) f'-'l-'
Sous ces conditions , les six Equations du second corps
deviennent identiques avec les sii Equations du premier,
et la similitude m^canique existera apr^s deux temps cor-
respondants quelconques, si elle a exists k Forigine.
Mais les forces qui influent sur la rotation influant aussi
sur la translation (*) , le rapport des forces doit kite le
mSme de part et d'autre. II vient done :
ou :
l' = l (10)
Ainsi f dans tous les eas , les dimensions des trajectoires
sont proportionnelles k celles des mobiles.
Alors les Equations (5) d^terminent toutes les conditions
du mouvement.
Toutefois, les vitesses angulaires p, ?»^»^»^» ^ , rela-
tives aux deux corps, 6tant deux k deux dans le rap-
port-^, on a :
« = — , dou: (« = — =v, •
(*) Ed general , et par exemple dans le mouvement des projectiles.
( 165 )
de sorte que I'^quation (6) subsiste toajours , c*est-i-dire
que les vitesses absolues de rotation sont proportionnelles
aux vitesses de translation.
On pent ^crire aussi :
V 1
«= «_- (11)
Les trois lois qui pr^c^dent (Equations (5), (10) et (11))
d^lerminent compl^tement le phenom&ne de la similitude
m6canique , dans le mouvement des corps solides.
Appliquons ces resullats au mouvement des projectiles
lanc^ par les armes k feu ray^es.
Les forces en pr^ence sont alors la pesanteur et la
resistance de Tair. Cette derni^re force est proportion-
nelle, pour deux projectiles semblablement places et ayant
des mouvements semblables, aux surfaces d'action (done
aux carr^s des dimensions lin^aires), aux density des
milieux r&istants et, de plus, k une certaine fonction de la
Vitesse (*). Soient tit; et u les vitesses respectives des deux
projectiles, en deux points correspondants; soit A le rap-
port des densit^s des milieux (**) et d celui des densit6s
des projectiles. II viendra :
» F(«v)
' F(t')
d'oii:
IJJ^^pI^pI'^T'' • • • • (*2)
{*) Les froltemeDts peuvent Stre compris parmi les r^istances, si Ton
admet quMls soieat proporlionnels aux pressions normales.
[*'*) Dans la pratique ordinaire , on aura A = 1.
( 166 )
Ceite Equation serait impossible si F (u) n'^Urit pas une
expression mon6me; ainsi la similitude des trajectcHres
(sauf le cas particulier de ridentit^) n'esl possible que si
la r^istance de Fair s*exprime, en fonction de la vilesse,
par un moii6me :
F (u) = ku".
Alors r^quation (12) devient :
d'oii:
<r=At7-"« (13)
II faut done encore que la density relative des deux
projectiles soit r^gl6e conform^ment k T^quation (15).
Alors, toutes les conditions de similitude seront rem-
plies et en exprimant les qualre conditions trouv^es en
langage ordinaire, on aura le th^or^me g^n^ral suivant :
Deux projectiles quelconques, qui se meuvent dans des
milieux differents , dont la resistance est en raison com-
posee de la puissance n de la vitesse , de Taire de la surface
sur laquelle la resistance s^exerce et de la density da
milieu, decrivent des trajectoires semblables lorsque les
conditions suivantes sonl remplies :
l"" Que les deux projectiles sont semblables, tant par
la forme que par la constitution interne;
^ Que, sur chacune des deux trajectoires, il existe un
point oil la direction de la vitesse du centre de gravity est
la mSme, od les deux projectiles sont disposes parall^Ie-
ment et ou leurs axes instantan^s de rotation sont paral-
leies ;
5*^ Que, dans ces points homologues, les vitesses des
( 167 )
ceutres de gravity des projectiles soDt proportionnelies
aox racines carries de leurs dimensions lin^aires.
4*^ Que, dans ces mdmes points^ les vitesses angu-
taires de rotation des projectiles sont r^ciproquement
proportionnelies aux racines carries de leurs dimensions
lin^aires (si les points correspondants sont les origines des
trajectoires, cette condition revient k celle de la propor*
tionnalit^ des pas des rayures aux calibres);
& Que les densit^s des projectiles sont en raison com-
pos^e des densit^s des milieux r^sistants et des puis-
sances n — 2 des vitesses f).
Ces conditions 6tant remplies, on aura :
&* Les vitesses des projectiles dans les points bomolo-
gues des deux trajectoires., les vitesses absolues de rota-
tion en ces points , et les temps n^cessaires pour y arriver,
proportionnels aux racines carries des dimensions lin^aires
des projectiles ;
7*" Les dimensions lin^aires des deux trajectoires pro«
portionnelles aux dimensions lin^aires des projectiles.
Si , dans I'^nonc^ qui pr^cMe , on fait n = 2, on trouve,
comme cas particulier, le th^or^me donn6, en 1861, par
M. de Saint-Robert (**). Deux aulres th6or^mes g6n6raux ,
relatifs k la similitude des trajectoires , donnas , Tun par le
(*) Ed satisfaisant aux quatre premieres conditions (dont la deaxieme
serait remplie k Torigine) el faisant varier la density de Tuo au moins des
prtjjectiles, jusqu^k ce que les portees totales fusseul proportionnelies aux
calibres (7"), on determinerait approximativementrexposant mojren n. Par
verification , les deriYations devraient Stre dans le meme rapport (7**) ; les
dur^ des trajets et les vitesses finales devraient Stre proportionnelies aux
racines carrees des dimensions lin^ires (&*).
{"*) de Saint-Robert, M^ moires scienti/iques , 1. 1, 1872; p. 335.
(468)
mfime auteur('), I'aulre par M. Martin de Brettes {**), ne
peuvent Sire admis sans reserves. Les conditions quails
exigent pour la similitude sont en effet n^cessaires et com-
prises dans celles qui ont 6t6 indiqu^es plus haut, roais
elles ne sont pas suffisantes.
J'ai admis pr^c^demment que Tangle (p doive £tre le
mSme aux points correspondants. Les projectiles 6tant
d'ordinaire g^om^triquement et mat^riellement sym^tri-
ques autour de leur axe de figure Oz, on pourrait, k la
rigueur, supprimer cette condition de T^galit^ des angles
(f , mais alors on n'aurait plus une similitude m^canique
complete et les axes de figure seuls se mouvraient sem-
blablement.
Dans ce cas, les angles •/> et 6 restant toujours 6gaux de
part et d*autre, apres des temps correspondants, la derni^re
des Equations (7) , combin^e avec la derni&re des Equations
(8), montre que les df^ sont les mdmes de part et d*autre,
mais on ne pent en conclure I'^galit^ de^ df^ ni moins
encore celle des angles (p.
Et, en effet, cette similitude imparfaite est realisable,
si Fon admet que les vitesses de rotation tCinfluent pas sur
la resistance de Vair. Car, ayant r^lis^ une similitude
complete, dans le sens des deductions pr^c^dentes, on
pourra changer la vitesse initiale de rotation de I'un des
projectiles autour de son axe de figure, sans alt^rer en
rien le mouvement de cet axe de figure lui-m^me dans la
suite du temps, si Ton n'apporte aucune autre modifica-
tion aux conditions du syst^me.
R6ciproquement, toute similitude imparfaite, ou realis^e
(*) (le Sainl-Rol)ert, Memoires scienlifiquts , t. I, 1872; p. 313.
(**) Revue de techtwlogie mililaire, premier volume de 1868, p. 703.
( 169 )
seulement pour les axes de figure , se traosformera eu
similitude parfaite, si Ton change la vitesse de rotation de
Fun des projectiles k rorigine, de mauiire k rendre les
vitesses angulaires ^ inversement proportionnelles aux
temps d^ (ou a prendre ces vitesses dans le rapport ^), car
alors df sera le mSm£ de part et d'autre et Ton rentrera
dans la th^orie g^n^rale.
Mais cette notion de la similitude imparfaite suppose
que les vitesses absolues de rotation n'influent pas sur la
resistance de Tair. Dans le cas contraire , elles devraient
Stre proportionnelles aux vitesses de translation, pour que
le rapport des resistances, de part et d'autre, pAt rester
constant f). Dis lors, on verrait que dtp redevient le mSme
de part et d'autre et la similitude serait absolue.
Appliquons encore la th^orie de la similitude m^canique
au casod il n'y aurait point de translation, par exemple aux
experiences de Magnus , dans lesquelles le mouvement de
rotation est isole el oh les forces n^cessaires pour la simi-
litude peuvent etre obtenues directement, au moyen d*une
machine soufflante. Alors les conditions resultant de la
translation disparaissent et il ne reste que les suivantes :
(U) r=^
\
(i5) u> (rapport des vitesses angulaires) = - •
T
Tels sont les rapports qui devraient etre observes pour
que des experiences analogues a celles de Magnus repro-
{") 11 va sans dire que je ne tieDs pas compte ici des pbenom^nes qui
pourraient depeudre de Yentrainement de Fair.
( 170 )
doisJssent les eirconstances r^elles du mouvemenl de
rotation d'un projectile. Ija direction et Tintensit^ de la
resistance de Tair , k chaque instant > £tant approximative-
ment connues par T^tnde de la projection verticale de la
trajecloire, on r^glerait en consequence le jeu de la ma-
chine soufflante, d'abord quant k la direction variable du
courant, puis quant k son intensity par r^quation (14), la
Vitesse angulaire k imprimer au projectile auxiliaire ^tant
determin^e par r^quation (15). m, f et r seraient arbi-
traires, mais il y aurait un double avantage k choisir r
assez petit : I'observation serait facilitee, et la vitesse de
rotation k communiquer au projectile auxiliaire serait
rendue assez faible. Ici, comme plus haut, on pourrait se
contenter d'nne similitude imparfaite. Alors la vitesse de
rotation a imprimer au projectile auxiliaire serait indif-
Krente.
Note sur un Caulinites recemment decouvert dans Vassise
laekenienne; par M. Francis Cr^pin, correspondant de
TAcad^mie.
Depuis quelques ann^es, les amateurs de conchyliologie
d6couvraient de temps k autre, dans I'assise laek^nienne,
surtout aux environs de Bruxelles , un fossile v^g^tal qui
restail tndetermin6 dans leu rs collections. Ce fossile, con-
sistant en petits fragments d*axe articul6, me fut soumis k
diverses reprises et apr^s examen attentif, jeled^terminai
sous le nomde Caulinites, en le rapportant provisoirement
au C. parisiensis A. Brongt.
Tout recemment, ayant 6i& inform^ que Tun des prepa-
( ^7^ )
rateurs du Mus^e royal d'histoire naturelle, M. De Paiiw,
dcvait explorer une nouvelie carri^re ouverte k Melderi,
dans la Flandre orientale^ je donnai k cet employe des
instructions sp^ciales pour I'aider k d^couvrir des Cauli^
niies dont M. Mourlon avait dftjk trouv^ des traces dans
le banc de grte exploit^ situ^ k 0,50"' du banc s^paratir
perc^ de mollusques lithophages. Les investigations de cet
habile pr^parateur furent extrdmement heureuses, car il
parvint k recneillir des portions de Cauliniles qui ne per*
mettent plus de conserver le moindre doute snr Tidentit^
des fragments decouverts aux environs de Brnxelles et
que j'avais cru devoir rapporter au genre Caulinites.
Le Cauliniles de Meldert me paratt Stre identique sinon
tr6s-voisin du C. parisiensis d^crit par M. Brongniart et
figur^ par M. Watelet dans Tatlas joint k sa Description
des plantes fossiles du bassin de Paris (1). D^s que je
me serai procure des specimens plus nombreux et pins
compiets encore, je m^empresserai de faire du Caulinites-
laek^nien Tobjet d'une notice d^taill^e,accompagn^e de
figures , que je soumettrai au jugement de TAcad^mie. En
attendant, j'ai cru bien faire en signalant Texistence d'un
Caulinites en Belgique , afin de provoquer de nouvelles
recherches.
Mon honorable coll^ue M. Nyst vient de m'apprendre
que feu Galeotti et lui avaient d^jk d^couvert, il y a plus de
quarante ans, un Caulinites semblable k celui de Meldert,
dans une carriire k Assche. Ce Caulinites ^tait accom-
pagn4 de VOstrea inflata,
M. Vincent, pr^parateur au Musee, ful Fun des pre-
(1) PI. XX, fig. 1,2 el 3.
(472)
miers k recaeillir de petits fragments de Caulinites aiix
environs de Bruxelles. Ce z&6 observateor en a trouve k
S^-Gilles, oil ils sont communs, k Schaerbeek (Katiepoel),
oiiilssont tres-communs , k Wolu we *S^- Lambert, oh ils
sont rares, et enfin k Dieghem, oil ils sont trte-rares.
M. Vincent a observe ce fossile dans la zone laek^nienne
caracteris^ par NummulUes Heberti^ Ditrupa strangu-
lata et Orbilolites complanata. Selon lui , le CaulinUes ne se
rencontre, snr ces points, qne dans le grks dur se fendant
en feuillets irr^uliers qui se trouve k la base de la zone.
Un autre amateur, M. Grdgoire, de S^-Gilles, a ren-
contre, Tautomne dernier , de semblables fragments de
Caulinites k Forest prte de Bruxelles. Enfin M. De Pauw
en a recueilli k son tour k Melsbroeck.
Dans la collection des v^^taux fossiles de feu I'abbe
Coemans, d^pos^e an Musde, il se trouve un specimen du
mdme fossile accompagn^ de retiquelle suivante : < Res-
semble beaucoup au Thecosmilia annularis de Tooiithe.
VEquisetitesBronniin'si egalementdes striesqu'au sommet
des articulations. » Ce fossile a et^ recueilli par M. Malaise
aux environs de Loupoigne (Brabant).
Jusqu'^ present, le Caulinites parisiensis n'avait ^t^
signal^ que dans le calcaire grossier de Paris , k Au tribes,
Genlis et Jouy.
Cette espdce vient heureusement enrichir notre flore
du laek^nien qui ne comptait encore que de rares repr^-
sentants du genre Nipatites et du groupe des Conif^res.
Ajoutons que les Caulinites sont pour la plupart consi-
der^ comme des plantes ayanl v6cu k la fa^on de nos
Zoost^rees acluelles et quMIs sont ranges dans Tordre de^
Najaddes.
(173)
Configuration des laches de la planete Mars a la fin du
dix'huUieme siecle^ d'apres les dessins inedits de
/. ff. Schroeter; par M. F. Terby, docteur en sciences,
k Louvain.
Dans un m^moire que j'ai eu Thonneur de presenter r6-
cemment k TAcad^mie (1), j*ai fait connattre un onvrage
in^dit deTastronome Schroeter et intitule : Areographische
Fragmente. Afm de rendre manifestes les opinions de I'au-
teur sur I'aspect de la plan^te, cette analyse du manuscrit
allemand renferme quelques details relatifs aux taches
sombres de Mars, et sp^cialement k la region occup^e par
la Mer de Kaiser et par VOcean de Dawes. Mais une ques-
tion int^ressante restait k r^soudre , comme ce premier
travail le faisait pressentir : il fallait ^tudier d'une ma-
ni^re approfondie les nombreux dessins des Areogra^
phische Fragmente y les discuter en eux-m^mes, abstrac-
tion faite du texte qui les accompagne et des opinions du
savant astronome; il fallait, k Taide du temps des obser-
tions puis6 dans le manuscrit, reconstituer la s^rie des
aspects offerts par la plan^te k cette ^poque d^j^ ancienne.
Est-il possible de relrouver quelque analogic entre ces
aspects et la configuration des taches observ^es aujour-
d*hui?Les recherches de Lilienthal viennent-elles k Tappui
des conclusions tiroes d*autres comparaisons semblables et
confirment-elles la permanence des taches sombres? Ce
(1) Bulletin de VAcad^mie royale de Belgique, 2« s^rie, t. XXXV;
pp.lSS 61351
( 174 ) .
sont les questioDs que nous dous proposons de resoudre
dans la note actuelle.
J'ai done choisi, parmi les dessins des Areographische
Fragmente , une s6rie de vues aussi pen nombreuses que
possible et offrant dans leur ordre les divers aspects que
la rotation amenait successivement sous les yeux de
Schroeter. Je me suis born6 aux observations de 1798 et
de 1800, parce qu'elles sont les plus nombreuses etfour-
nissent avec le plus de certitude la solution du probl^me.
Les autres dessins de Schroeter et , *en g^n^ral , certains
details que Ton rencontre dans Fensemble de cette riche
collection, donneraient lieu a des discussions plus compli-
qu^es qui trouveront mieux leur place dans une ^tude
comparative de toutes les observations de cette plan^te.
Je prie done I'Acad^mie de vouloir consid^rer la pr6-
sente notice comme un complement de celle que j'ai eu
rhonneur de lui soumettre r^emment; j'espere poovoir
ainsi fournir des elements nouveaux k la question de la
permanence des taches.
Les observations de 1798 commencent le 15 juillet et
se terminent le 1 ^'Janvier 1799. Observant presque chaque
soir, quand le temps le permettait, I'astronome de Lilien-
thal a pu voir reparaitre les memes aspects au moins i
quatre reprises pendant cette p6riode; c'est ce que Ton
pent constater par I'inspection des dessins des Areogra-
phische Fragments Mais nous avons cru devoir choisir
la s6rie suivante de huit figures comme la plus convenabie
pour d^rouler sous nos yeux les principales phases d*une
rotation.
Fig. 4. Le 30 septemhre 4798 y a 40 h. 4 m, du soir.
On voft parattre en a> au bord oriental, la Mer de Ma»
( *75 )
raldi. £n 6> nous recoonaissoos uni prolong^ment ra^rii-
dional de YOcean De La RuBf situ£ entre les continents de
Kepler et de Cottignez (1 ).
Fig. i, Le 26 oclobre 4798, d9h.3m.du soir.
La Mer deMaraldiy ab^ est plus avanc^e sur le disque;
son bord septentrional pr&ente une petite baiec,que
Tauteur a aussi observ^e le m£me jour i 8 h. 1 5 m. Le 19,
le 20 et le 21 septembre, isntre 7 h. 27 m. et 10 h. 17 m.
du soir, Schroeter observait la mime region, et Ton trouve,
dans les dessins de ees jours, un prolongement partant de
la Mer de Maraldi et dirig^ vers le nord ; j'ai reproduit
Taspect du 19^ & 7 h. 31 m., dans mon travail pr^c^dent
sur les AreograpMsche Fragmented fig. 2, en faisant
remarquer que ces prolongement^ ^taient dignes d'atten-
tion et ressemblaient k la Passe de Muggins.
En de se trouve une secotide bande parall&le k la pre-
miere; Schroeter fa souvent observ^e et elle correspond k
la Mer de Hook.
Fig. 3. Le 17 octobire 4798,d 7 A. 39 m. du soir.
La grande tache 6 est-elle la Mer de Kaiser? Si Ton se
contente d'examiner sa forme, on r^pondra k cette ques-
tion-d'une maniere affirmative, et cependant une ^tude
tres-attentive delous les dessins de Schroeter me porte k
consid6rer cette tache cun^iforme comme pr^c^dant laMer
de Kaiser qui, dans la figure S^commencerait k parattre en
a. Ind^pendamment des autres considerations qui m'ont
conduit k cette conclusion, je citerai un seul argument qui
(1) Nous su|9))osoDs que le lecleura sous les yenx la carle de M. Proc-
tor : Charl of Mars, from 27 drawings by M' Dawes.
(176)
est p^remptoire : si la tache 6 ^tait la Mer de Kaiser^ la
baode cf, qui la suit, serai t le Detroit d'Herschel II; or,
cette demi&re consequence est inadmissible, comme nous
le verrons plus loin, puisqu'elle rendrail inexplicables nos
figures 5, 6 et 7 qui repr^sentent incontestablement ce
dernier d^troit.
La tache b est celle que Ton voit aussi dans la figure 3
de mon m^moire sur les Areographische Fragmente. Ce
travail d^montre que Tauteur a vu la m£me region le 12
septembre & 8 h. 7 m., le 13 septembre & 7 h. 43 m., le
16 septembre k 10 h. 39 m. et le 18 septembre ^ 10 h.
16 m. du soir. On voit aussi succMer alors k une tacbe
cun^iforme dirig^e dans rb^misphire septentrional, une
seconde tache semblable qui ne saurait Hve que la Mer de
Kaiser. J'ai fait remarquer aussi que les observations de
1800 montrent avec Evidence la succession de ces deux
grandes taches presque identiques.
Fig. 4. Le i4 novembre 4798 ^ d 7 h. 42 m. du soir.
Schroeter a dessin6 ici la Mer de Kaiser elle-mSme ,
comme le prouvent les autres observations de novembre
1798.
Fig. S. Le 16 novembre 1798 f d6 h,13 m. du soir.
La Mer de Kaiser^ a, est plus avanc^e sur le disque;
nous retrouvons en 6 le Detroit d'Herschel II, et, en c,
un prolongement de Y Ocean de Dawes (1).
(1) II est peut-6tre utile de rappeler ici que les d^Domiuations Mer de
Kaiser et Oc^n de Dawes se rapportent toutes d^x k Ij grande tacbe
triaugulaire de la plandte, la premiere en d^signant la partie seplenlrio-
nale, la secoude la partie m^ridionale.
(477)
M. Proctor figure sur sa carte deux prolongemeots sem-
blables qu'il appelle la Mer de Zollner et hMer de Lam'
berU
Fig. 6. Le 4S novembre 1798 ^ d6 h.SO m. du soir.
Ce dessin repr^sente les m^mes laches que le pr^c^-
dent; mais on y trouve de plus une bande efqui pent
coincider avec le Detroit d'Arago de M. Proctor. En d
figure par consequent Vile de Phillips, II faut remarquer
pourtant que, dans la carte de M. Proctor, le Detroit
d'Arago s^pare Ylle de Phillips d'une autre He plus m6ri-
dionale et nomm^e : He de Jacob. D'autre part, Tile de
Phillips a pour limite bor^ale le Detroit d*Herschel II, et
rile de Jacob a pour limite m^ridionale le Detroit de
Newton. Schroeter ne figurant pas tons ces accidents de
la surface, il serait impossible de dire avec certitude si la
bande ef est le Detroit d'Arago on celui de Newton.
Fig, 7. Le 5 septembre 4798 , a 40 h. S m.du soir.
Cest le mdme aspect que celui de la figure pr^c^dente ;
maisje tenais k le reproduire ici, parce que Ton y voit en
a, d*une mani^re bien remarquable , la tache que Beer et
Hadleront revue en 1830 et qu'ils ont prise pour origine
des longitudes ar^ographiques. lis ont d^ign6 cette tache
par la lettre a (i ). Le P. Secchi Ta caract^ris^e par ces
mots, en faisant remarquer qu'il ne Tavait pas retrouv^e
en 1858 : < Macchia a guisa di palla sospesa da un fllo.
(i) Fragments sur les corps celestes, par Beer et Madler, p. i5l ; Paris,
iSiO; et Astronomische Nachrichten, p. 447; Altona, 1S3i.
2"™' sfenre, TOME xxxvi. 12
(478)
» che essi ( Beer et Madler ) notarono come tanlo caratte-
> rislica (1). > Cetle tache en forme de balie suspendue
^ un fil, et que nous retrouvons avec cet aspect dans le
dessin de Lilienthal, n'est autre que la bale si remarquable
d^doubl^e par Tun des meilleurs observateurs, le R^v.
Daises (2), et nommte depuis la Baie fourchue de Dawes
{Dawes forked Bay) ; la bande en forme de fil qui semble
la soutenir est le Detroit d^Herschel II.
Pour Stayer cette interpretation d'une autre preuve , je
ferai remarquer que les figures 6 et 7 de cette note pr6-
sentent I'identit^ la plus frappante avec deux figures exe-
cutees respectivement le 4 novembre 1862, k 11 h. 5 m.,
et le 10 decembre 1862, & 9 h. 30 m., par le R^v.
T. Webb (3) et avec un dessin de lord Rosse, du 17 juillet
1862, a 22 heures, temps sid^ral, ou ji 14 h. 17 m., temps
moyen de Birr Castle. Ces dessins, combines avec les au-
tres figures de M. Webb et avec celles de M. Lockyer (4) ,
pour la mSme ^poque, montrent d*une fa(^n incontestable
que Taspect dont il s'agit est du an Detroit d'Herschel II,
k la Baie de Davres et aux lies de Phillips et de Jacob.
(1) Metnorie deW osservatorio del collegia rotnano; nuova serie^
1859; no 3, p. 19. En reality le P. Seccbi observa et figura le Detroit
d'Herschel II et la Baie de Dawes en 1858. Si le savant astronome romain
ne les a point reoonnus pour la tache si caract^ristique de Beer et Madler,
it faut Tattribaer aux diffi6rences de position et d'aspect resultant de la
direction de Taxe en 1830 et en 1858.
i'i) Monthly notices, t. XXV, p. 225; 1864-1865.
(3) The intellectual observer; octobre 1863, p. 182, fig. VI et Vtl.
(4) Mem. de la Soc. royale astron. de Londres, vol. 32, 1862-1863,
p. 179. — Une serie de 108 dessins que je dois ^ Tobllgeance de M. Jojn-
son , de Waterloo, pr^ de Liverpool , permet de relier entre eux un grand
nombre d'aspects constates par d*autres observateurs et vient aussi con-
firmer ce quej'avance ici.
(179)
Fig. 8. Le /•' septembre 4798, de 0 h. 15 m, d1 h, du matin,
Cette tache ne peut £tre qae POc^an De La Rue , et sa
forme se pr£te parfaitement k cette interpretation. Schroe-
ter a obsery^ plasieurs fois le mdnie aspect : citons le 30
septembre, le 2 et le 3 oetobre, entre6 et 8 heores du
soir; i ces ^poques , il a figur^ de plus un prolongement qui
se dirige vers le NE. et qui semble coincider avec le De-
troit de Dawes (Dawes Strait), Cette direction est indiqu^e
dans notre figure par la ligne pointill4e ab. Le 2 et le 3
oetobre, SchroeCer a figure de plus un autre prolongement
suivant la ligne ponctu^e cd. Peut-^tre cette seconde ra-
mification est-elle due k la presence de la Baie de Beer,
sitn^e k Foccidentdn Detroit de Dawes.
Toute la surface de Mars visible en 17d8 vient de se
d^rouler sous nos yenx, et, aprds cette derniire figure,
nous verrions reparaitre la Mer de Maraldi.
Les observations de Lilientbal pr^ntentdonc un accord
remarquable avec les r^sultats consign^s dans la carte de
M. Proctor. Ce fait est bien int^ressantet vient confirmer,
comme il fallait s'y altendre, la permanence des configu-
rations de Mars.
Schroeter a faitsoixante-treize dessins de cette planSte
en 1800 et en 1801 et, dans ce nombre, nous en trouvons
au moins trente^^inq qui , k premiere vue, semblent repr6-
senter ^videmment la Mer de Kaiser et TOc^an de Dawes*
En y regardant de plus pr^s, on constate, au contraire, que
ces trente-cinq dessins ne se rapportent pas tons k la
m^me region , et accusent la pr^ence de plusieurs taches
donnant lieu k la mdme apparence. Mon m^moire sur les
Areographische Fragmente contenant des exeroples de ce
(180)
fait, je dois me boroer ici k reprodaire, dans la figareO,
UQ dernier dessin de Scbroeter, ex^cat^ le 30 novembre
1800, ^ 5 h. 5 m. du soir , temps vrai. Cette figure corres-
pond k notre dessin 5, du 16 novembre 1798, k6h, 13m.
du soir et repr^sente la Mer de Kaiser; on y voitde plus
le prolongemenl meridional qui correspond k la Mer de
Lambert de la carte de Proctor. En 1800, Schroeter voyait
dijQScilement ce prolongement qui n'apparaissait que lors-
qu'il s'etait sufiSsamment ^loign^ du bord de la plan&te.
Comment expliquer la presence de ces nombreuses
taches se terminant en pointe du c6te du nord dans les
dessins de Scbroeter , taches si semblables entre elles et
pourtant correspondant k des portions diiferentes de la
surface? Elles out souvent, comme on le con^oit sans
peine, mis Thabile observateur lui-m£me dans une grande
perplexity. Nous ferons remarquer que , dans la carte de
H. Proctor, on trouve, outre la Mer de Kaiser, plusieurs
autres baies et d6troits diriges vers le nord : telles sont les
Passes de Huggins et de Bessel, les Baies de Beer et de
Dawes; tel est aussi le Detroit de Dawes. Mais aucune de
ces r^ions n'offre des dimensions aussi notables que la
Mer de Kaiser. L'Oc^an De La Rue pourtant donne lieu
parfois k une tache que Ton pourrait confondre avec cette
derni^re mer : ce fait est d6montr6 par deux dessins dont
je suis redevable k M. G. Knott, et ex6cut6s k TObserva-
toire de Woodcroft, le 22 octobre 1862, & 8 h. 30 m. et le
27 novembre 1862 k 7 h. 15 m., t. m. de Greenwich. La
confrontation de ces dessins avec ceux de M. Lockyer et
avec ceux d'autres observateurs ne laisse aucun doute
quant k la presence de I'Oc^an De La Rue sur le disque k
r^poque indiqu^e, et, au premier moment, on croit avoir
sous les yeux la Mer de Kaiser.
(181 )
Toutefoisces difiScult^s que peuvent presenter les autres
dessins de Schroeter, et sur lesqnelles dous voudrions pou-
voir appeler ratten tion de tous les astronomes qui se soot
occup^ de Mars , ne sauraient amoindrir rimportance de
la coincidence signaI6e plus haut entre les observations
de 1798 et ia carte de M. Proctor. Corame conclusion de
r^tude comparative que nous avons faite des dessins de
Schroeter, demeur^s inconnus jusqu'ici, nous pouvons
done avancer que les recherches faites a Lilienthal four-
nissent de nouveaux arguments en faveur de la perma-
nence des taches sombres de cette planete.
Lettre a M. Ad, Quetelety secretaire perpetuel de I'Aca-
demiey sur diverses questions mathematiques ; par
M. Genocchi, professeur k I'Universit^ de Turin.
I.
J'ai appris par le journal de Paris rinstitut^ num^ro du
14 mai 1873, que M. De Tilly a pr6sent^ une Note renfer-
mant des observations critiques sur une demonstration que
j'ai donn^e en 1853. Cette Note, a la suite d'un Rapport
favorable de M. Gilbert, aurait &i6 imprim^e dans les
Bulletins^ stance du 4 Janvier 1873.
D^sirant ne pas rester longtemps sons le coup des cri-
tiques dont il s'agit, je prends la liberty de m'adresser^
vons, Monsieur le secretaire perpetuel^ pour obtenir qu'un
exemplaire de la Note de M. De Tilly et du Rapport de
M. Gilbert me soit envoy^ par la poste, afin que je puisse
( 182 )
me d6fendre, s*il y a lieu. Ha d^moDStratioQ ayant 6i& insd-
r^e daas les Bulletins , je d^fendrai en mdme temps {'Aca*
d6mie qui en consentit I'impression et k laquelle je dois
toute ma reconnaissaDce pour avoir encourage mes pre-
miers pas daus la carri^re scientifique, car je compterai
toujours i'accueil bienveillant que j'en ai re(u parmi les
^venements les plus importants de ma vie.
J'ignore tout k fait sur quels points sp^aux portent
les observations de M. De Tilly. Je suppose que Terreur
qu'il me reproche n'est pas la m£me dpnt avait parle
M. Schaar, dans son Rapport sur ma demonstration : en
effet M. De Tilly sait sans doute que j'ai r^pondu comply
tement k cette objection dans une lettre adress^e k vous.
Monsieur, qui a 6t6 pr^sent^e k TAcad^mie le 5 novem-
bre 1855 et imprim^e dans le Bulletin du 4 fi&vrier 1854.
Certes , je ne pretends pas avoir r^fut^ k Tavance toutes
les objections; j'avoue cependant que j'attache quelque
prix aux remarques et aux demonstrations developp^es
dans cette lettre, demonstrations qui me semblent aussi
simples que rigoureuses. Je puis d*autant moins supposer
que I'objection de M. Schaar ait 6i6 reproduite par
M. De Tilly, que, d'aprte Tindication du journal ci-dessus
mentionne, il serait question seulement de la samme des
logarithmes hyperboliques des x — 1 premiers nombres
entiersy et que dans ce cas particulier, oA Targument x de
la fonction log T (x) se r^duit k un nombre en tier, Tob-
jeclion de M. Schaar tombe par elle-mSme. 11 faut done
croire que I'erreur et les omissions relev^es par M. De Tilly
aient echappe k M. Schaar, juge tres-comp^tent. Ainsi, en
me defendant, je defendrai aussi ce savant regrette.
Je vous prie done. Monsieur, de bien vouloir, ou direc-
tement, ou apres en avoir refere k TAcademie qui sera,
( *83 )
je i'esp^re, favorable k mon desir, me communiqaer les
observations dont ma demonstration a ^t^ I'objet , et me
mettre ainsi k mSme de lui adresser une r^ponse, pour me
justifier ou pour reconnattre mes fautes.
II.
Remarques sur la geometrie abstraite.
Je profite de cette occasion, Monsieur, pour appeler
Tattention de votre illustre Acad6mie sur certains prin-
cipes de g^om^trie abstraite, sur lesquels j'ai fait des
recherches ayant quelque ressemblance avec celles de
M. De Tilly. Mes Merits, etant r^dig^s en langue italienne,
ont 6t6 k pen prte ignores en Belgique : d'ailleurs ce n'est
pas que je pense k soulever une question de priority , car
M. De Tilly a pr^sent^ son M^moire k TAcad^mie de Bel-
gique le 1*^' aoAt 1868 , et, quant k moi, une courte Note,
ot je r^umais quelques r^sultats de mes Etudes, n'a 6i&
pr^ent^e k I'Acad^mie de Turin que le 24 Janvier 1869.
Mais, du moins, il me sera permis de constater que je n'ai
pu profiler aucnnement du travail de M. De Tilly, dont les
id^ n'ont ^t^ (dans une certaine mesure) port^ k la
connaissance du public que par les rapports faits dans la
s^nce du 5 juin 1869 et ins6r^ dans Ylnstitut du
25 aoAt 1869 : au surplus, mon M^moire, termini en
mars 1869, a &tA imprim^ peu de temps apr&s, k Florence,
dans le Recueil de la Soci^l^ italienne des XL, etadress^
k plusieurs savants et k quelques corps scientifiques, parmi
lesquels je compterai 1' Academic de Belgique, tandis que
le M^moire de M. De Tilly n'a paru, je crois, qu'en 1870.
J'ajoute que nos points de depart ^aient fort differents.
( 184 )
Je partais de quelques recherches sur la m^canique,
publi^es sous le nom de Daviet de Foncenex, dans les
aociens Melanges de Turin , et revendiqu^s en faveur de
Lagrange par son btographe Delambre. En d^ignant par
2x la longueur d'un levier rectiligne , et par (p(x) le rap-
port de la r^ultante k Tune des composantes (qu*on sup-
pose ^les et perpendlculaires au levier) , Foncenei ayait
trouv^ r^quation fonctionnelle :
et en avait conclu (f{x)=a (constante), a=2, au lieu que
la solution g^n^rale serait :
t^(x) = 6' -♦- 6-',
6 £tant une certaine fonction p^riodique arbitraire. Par des
considerations semblables k celles de Foncehex , en g^n^-
ralisant un peu sa construction, d'Alembert rempla^a
rdquation pr^c^dente par :
y(x -H y) -4- y (x — y) = f{x) fiy),
ce qui r^uisait Tarbitraire 6 k une constante, mais ne
donnait le r&ultat de Foncenex que dans le cas tres-parti-
culier de 6=1. Or tout cela etait obtenu ind^pendam-
ment du postulatum d'Euclide sur les parall^Ies : on pou-
vait mdme en d^duire la gtom^trie imaginaire ou non
euclidienne , comme je I'ai affirm6 dans ma Note du S4 Jan-
vier et d^montr^ dans mon M^moire du 31 mars 1869. En
effet, dans le cas de 6=1, les principes admis conduisent
sans grande difficult^ au th^or^me de Pythagore sur la
somme des angles d'un triangle rectiligne , et ils donnent
les formules de Lobatscheffsky pour les autres valeurs
( 188 )
de 6; d'oil ressortait une liaison bten remarquable entre le
postulatum d'Euclide sur les parall^Ies et le postulatum
d'ArchimMe sur I'^quilibre du leyier. Je reconnaissais en
mtoe temps que les relations anaiytiques, pour la composi-
tion des forces concourantes en un point, subsistent iden-
tiquement dans la g^om^trie imaginaire, tandis que celles
de la composition des forces paralldes sont remplac^s
par d'autres formules.
Dans la suite de mon M^moire, j'ai pass6 en revue
plusieurs demonstrations du postulatum d'Euclide tiroes,
soit des principes de la m^nique, soit de simples notions
gtom^triques, et, entre autres, celle de Minarelli, dont
une simplification , publi^e dans les Nouvelles Annates de
Mathematiques, en 1849, a 6i& r^cemment reproduite par
M. Carton et recommand^ par M. Bertrand f), celle de
M. De Tillt, ins^r^e dans un ouvrage de 1860, celles de
M. BouNiAKO\¥SKi ct dc M. Lamarle. J'ai aussi rendu jus-
tice aux d^couvertes de M. Beltrami , en indiquant com-
bien la th^orie des surfaces pseudosph^riques ^tait utile
pour trouver le vice cach^ de certaines demonstrations
sp^cieuses du fameux postulatum. Mais je n'ai pas os^ en
conclure Timpossibilit^ d'une demonstration rationnelle et
rigoureuse; et, mSme k present, j'h^site k retenir comme
compietement prouv^e cette impossibility par les raison-
nements de MM. Hoiiel et De Tilly. C'est sur ce sujet que
je vous demande , Monsieur, la permission d'exposer quel-
ques reflexions.
Je ferai observer d'abord que I'existence de la pseudo-
sphere, telle qu'on doit I'employer pour conclure k Timpos-
sibilite de demontrer le postulatum d'Euclide, n'a pas
encore ete etablie : la pseudosphere dont on a besoin est une
surface k courbure constante negative (je ne dis pas cout"
( <86 )
bure moyenne, car ce nom est donn^ par les g^m^tres i la
somme oo demi-somme des courburespriQcipales,et il est
question ici de leur produit) , qui s'6tend k Ym&ni dans tous
les sens , et simplement connexe. On connatt bien quelqnes
surfaces & courbure constante negative, mais elles ne pos-
sMent pas les autres caract^res : ainsi la surface de r^^olu-
tion engendr^e par la tractoire oncourbe k tangentes^ales
n'est pas infinie dans tous les sens, n'est pas simplement
connexe. On a dit que cette surface de revolution pouvait
Sire regard^e comme le type des surfaces pseudosph^riques :
c'est comme si Ton disait que la surface d'un cylindre
droit est le type des surfaces planes. M. De Tilly, en cboi-
sissant cette m£me surface de revolution pour y appuyer
ses raisonnements, a pr^tendu d^montrer que les lignes
g^od^siques de cette surface jouissent de la propriety d'dtre
pleinement determin^es par deux de leurs points, comme
les lignes droites. C'est une erreur : M. Bellayitis , par
des considerations intuitives, et tout recemment M. Bel-
trami, par le calcul,ont prouv^ que deux g^odSsiques d'une
telle surface peuvent se tencontrer en plusieurs points.
II arrive comme pour I'heiice, qui rencontre en une infinite
de points chaque generatrice du cylindre, quoique, sur le
plan, deux droites ne puissent se renoontrer qu'en un
point unique (**). Ainsi la demonstration de M. De Tilly
peche par sa base.
On a parie aussi du developpement de la surface de revo-
lution que j'ai indiquee; mais il est probable qu'on n'aura
une idee nette de ce developpement que quand on aura
precise comment on parviendra k I'exprimer par le calcul.
En connaissant le plan, on con^oit tres-bien comment
on pent I'enrouler sur un cylindre ; mais il serait moins
facile, si Ton ne connaissait que les surfaces cylindriqu^,
(187)
d*eQ d^Qire les surfaces planes. RemarquoDS, an surplus,
que la ligne droite, ^l^ment du plan, existe sans altera-
tion sur les surfaces cylindriques, tandis que les g^od^-
siques de la pseudosph^re n'existent pas probablement sur
la surface de revolution susdite, ce qui doit augmenter la
difficult^ d'expliquer le mode de developpement propre k
passer de Tune de ces surfaces k I'autre. II n*est pas moins
evident que, pour etablir la possibility de construire une
surface pseudospherique infinie dans toutes les directions,
il ne suffirait pas de dire qu'on peut assembler diff^rentes
parties de la surface de revolution en les raccordant les
unes avec les autres : en effet, on ne pourrait pas, k Taide
d'un tel assemblage, transformer en un plan la surface
d'un cylindre.
II est vrai que la determination d'une surface k courbure
constante depend d'une equation aux derivees partielles,
savoir :
r( — «• = o(i -4- p* -4- (jr")',
dont riniegrale admettra des fonctions arbitraires, permet-
tant de satisfaire k plusieurs conditions, mais on ne peut
affirmer a priori que la vraie pseudosphere soit comprise
dans cette integrate; car la condition de realite de la sur-
face et les autres conditions ci-dessus exprimees peuvent
restreindre beaucoup le nombre des solutions et m^me les
reduire k une seule. C'est ainsi que la determination des
surfaces dont les rayons des deux courbures principales
soient egaux et de mSme signe, pour chacun de leurs
points, depend pareillement d'une equation aux derivees
partielles, c'est-i-dire :
( *88 )
et D^nmoins , si I'oa ajoute ia condition de la r^alit^ , on
n'a qu'une seale solution, la sphere, pour laquelle las
rayons de courbure ne sont pas seulement ^aux, mais
constants et tons les centres de courbure coincident. Les
solutions imaginaires seraient en nombre infini et renfer-
meraient des fonctions arbitraires {***). II est done possible,
pour ne pas dire probable , que Tint^rale de T^quation
aux d^riv6es partielles, exprimant les surfaces k courbure
constante, n'offre qu'une seule surface r^elle, infinie dans
tons les sens et simplement connexe, c'est-i-dire le plan,
le plan euclidien, dont la courbure est parlout nulle.
Mais en supposant que Texistence de la pseudosph^re
avec toutes ses propri^l^ soit mise hors de doute , et qu'on
poss^de par consequent une surface courbe r6elle superpo-
sable k elle-m^me, comme le plan, dans toutes ses parties,
et dont les g^od^siques ne puissent se rencontrer qu'en
un pointy comme les lignes droites, on pourra toujours
objecter que la comparaison n*est pas complete, attendu
que le plan est la seule surface pour laquelle la superposi'
lion soit possible sans retournement et sans deformation.
II restera done toujours cette difference essentielle; et par
suite il paratt impossible d'exclure a priori qu'on puisse
profiter d'une telle propriety caract^ristique du plan pour
d^n^ontrer, & regard du plan, des theor^mes qui ne sont pas
demontrables (parce qu'ils ne sont pas vrais) pour la pseu-
dosphere. Repondra-t-on que pour profiter de la propriety
indiqu^e il faudrait sortir du plan , et qu'ainsi I'impossibi-
lite de d^montrer le postulatum d'Euclide par une con-
struction plane n'est pas infirm^e par cette objection?
Mais alors il faudrait rejeter de la geometric plane toute*
demonstration fondee sur la superposition; et d'ailleurs
pen importe, si Ton admet que la demonstration ration-
( ^89 )
nelle du pastulatam d'Euclide, soit sur le plan, soit dans
Tespace, n'est pas reconnue impossible.
II r6sulte de tout cela , si je ne me trompe, que ies rai-
sonnements fond^s sur Texistence et Ies propri^t^ de la
pseudosph^re ne sont pas assez concluants.
M. De Tilly, en rendant compte d'un ouvrage de M. Flye
Sainte-Marie, a voulu remplacer la pseudosphere par une
surface courbe appellee pseudoplan^ dont I'^quation, en
coordonn6es cart^iennes rectangulaires et dans la g^me-
trie euclidienne, serail :
X* -♦- y' -♦- Ax -4- Bt/ -4- C = — A'e"T;
mais cette surface n*est pas infinie dans tous Ies sens :
elle est de revolution aulour d'un axeparall^le k celui des
z, et pr^sente ainsi des points formant une (igne de stric-
tion et se distinguant par cela de tous Ies autres points de
la surface, tandis que, dans le plan, rien ne distingue un
point de tous Ies autres. De m^me la pieudodroite, qui est
rintersection du pseudoplan avec un plan perpendiculaire
k celui des xy, ayant deux branches infinies dont Ies
asymptotes sont parall^les a I'axe des Zj pr^sentera comme
un point distingu^ de tous Ies autres celui d'oA partent ces
deux branches : dans la vraie droite, au contraire, tous Ies
points jouissent des m^mes propri6t^. Comment done
^carter la possibility de d^montrer, pour la droite et pour
le plan , des propositions qu'on ne pourra pas d^montrer
pour la pseudodroite et le pseudoplan? La forme eties
propri^t^s de ces lieux g^om^triques sont trop difi^rentes
de celles de la vraie droite et du vrai plan , pour qu'il soit
•permis de conclure des unes aqx autres.
Je doutais done et je doute encore qu'on ne puisse abso-
lument d^montrer le postulatum d'EucIide, quoique, bien
(190)
entendu, je n'aie pas sous ia main une d^moDstratioa rigoo-
reuse de ce principe. J'ai seulement laiss^ entreyoir qu'il
me paralt plus probable qu'on puisse fonder une demon-
stration rigoureuse snr des notions de statique ou de dn^
matique que sur de pures notions de g^m^trie.
Mais en attendant que cette demonstration soit trouv^e,
quelle regie suivra-t*on dans I'enseignement de la g^ome-
trie eiementaire? Dolt-on a^oir recours k Veocperience, ou
bien se contenter d'un postulatum?
A regard de Texperienee, je citerai un temoignage qui
ne doit pas Atre suspect, celui de M. Helmholtz , qui , dans
un discours sur les faits qui servent de base a la geometrie^
signale la difficult^ de distinguer, dans cette science, les
simples definitions des verites de fait; cette question,
dit-il , c n'est pas aussi facile k resoudre qu'on le croit
» communement, parce que les figures de la geometrie
> sont des ideaux, dont les figures materielles du monde
» reel ne peuvent jamais qu'approcher, sans satisfalre plei-
9 nement aux exigences de I'idee, et parce qu'aussi, pour
» verifier experimentalement I'invariabilite de la forme
» des corps et I'exactitude des figures du plan et de la
» ligne droite, que nous renconf rons dans les corps splides,
9 il nous faut employer predsement les propositions geo-
» roetriques elles*memes, dont il s'agit d'etablir une
» sorte de demonstration experimentale » (traduction de
M. Hoiiel). Ainsi ces pretendues demonstrations expert^
mentales ne seraient que des petitions de principe, en
sorte qu'il faut renoncer k exposer la geometric comme on
enseigne la physique, c'est-^-dire en appuyant les theo-
remes par des experiences precises executees en presence
des eieves. Or, si Ton eiimine ces experiences, on n'aura
apporte aucune amelioration veritable k Tenseignement de
{m )
la g^m^trie , car on aura seulement remplac^ le mot pos^
tulatum par le mot experience, et la question ^tant r6duite
ii ces termes , je serais d'avis qu'il fallAt pr6C§rer le premier
mot au dernier comme plus propre el plus franc.
Nous Yoil^ done revenus k I'exp^ient employ^ paf
Euclide. II reste cependant a choisir le postulatum , car
celui d'Euclide est une proposition trop complexe pour
qu'on doive raisonnablement Taccorder sans demonstra-
tion : admettre, sans demonstration, des propositions com-
pliqu^es et difficiles, tandis qu'on d^montre soigneusement
des propositions simples et faciles, cela pent convenir,
comme je Tai remarqu^ dans mon M^moire, k une recrea-^
tion mathematique ; cela ne convient pas assur^ment k
une exposition s^rieuse et methodique des principes de la
geom^trie. J'ai conclu qu'il fallait chercher une proposi-
tion plus simple et plus facile k admettre que celle d'Eu-
elide et suffisante, en rn&me temps, pour en deduire rigou-
reusement toute la g^ometrie, ainsi qu'on le conseillait
dej^ , il y a longtemps, dans les Annales de Gergonne. J'ai
aussi donne I'exemple d'un postulatum nouveau qui pour-
rait etre adopts, mais je n'insisterai pas l^-dessus, n'ayant
pas encore des id^es definitives et arr^t^es sur cet objet
particulier, que je regarde comme assez secondaire.
J'ajouterai , relativement k la theorie des surfaces pseu*
dospheriques , que si I'existence de la yraie pseudosphere
etait demonlree, il s'ensuivrait qu'il n'y a pas de geome-
tric abstraite, car ce qu'on croyait une nouvelle geometric
s'eievant k c6te de I'ancienne geometric d'Euclide, ne
serait que la theorie de certaines lignes et surfaces ana-
logues k la ligne droite et au plan, fondee sur les principes
de la geometrie euclidienne, Ainsi faudrait-il dire que les
( 1»2 )
d^couvertes de M. Beltrami ont tu6 la g^om^trie de Lobat-
seheffsky.
Je ne parlerai point de la g^om^trie k n dimeDsions :
ce o'est que de Tanalyse, sous des noms emprunt^s k la
g6om^trie. Gette 6tude remonte aux lieux analytiques de
Caucby, qui, du moios, ne cherchait pas k cacher sa pens^e
et k donner le change par des denominations absurdes
(voir Comptes'-rendus , 1847, t. XXIV, p. 885). Au moyen
de ces espaces, dont nous ne pouvons avoir aucune id6e,
et aussi, peut-£tre, au moyen de la consideration des points
et des lignes k distance infinie ou imaginaire, dont je
crains que les modernes n'aient un pen abuse, on d6pouilIe
la g^ometrie de ce qui forme son meilleur avantage et son
cbarme particulier, de la propriety de donner une repre-
sentation sensible aux resultats de I'analyse, et Ton rem-
place cette quality par le d^faut contraire, puisque des
resultats qui n'auraient rien de choquant, sous leur forme
analytique, n'oifrent plus de prise k Tesprit ou paraissent
absurdes, lorsqu'on les ex prime par une nomenclature g^o-
roetrique supposant des points, des lignes ou des espaces
qui n'ont aucune existence r^elle, et dont Tadmission
r^pugne au bon sens ou d^passe notre intelligence.
Yeuillez, Monsieur le secretaire perpetuel , donner con-
naissance de ces reflexions k votre illustre Academic. Je
me tiendrais pour tres-honore si elle jugeail utile de les
faire inserer, en tout ou en partie , dans ses Bulletins.
J'ai I'honheur d'etre , etc.
Turin, ce i 8 juiD 1873.
Angelo Genogghi.
(193)
NOTES.
(•) Voir les Comptes-rendus de decembre 1869 el de Janvier 1870.
D'apr^s un renseigDemeDl que je dois k M. le prince Boncompagni , la
d^monstralion de Minarelli a paru poor la premiere fois k Bologne, en 1826
(chez Annesio Nobili et Comp.)* sons forme d^appendice k un irait^ ele-
menuire de malhematiques, complin par Brunacci. Cette demonstration a
^t6 annoncee dans le Bulletin de M. F^russac en 1827 (t. Vll, p. 162,
n<>135);on la jugeait rigoureuse, mais on ajoulait : « Nous renvoyons
I'auteurk la critique plus minuUeusedes amateurs des paranoics. » Mina-
relli construtsait, sur une ligne droite Ind^finie, une suite de quadrilat^res
egaux : en y substituant des triangles , je reussis k simplifier et k abr^ger
conslderablement la demonstration, et J'adressai cette simplification,
en 1849, k M.Terquem, qui Tinsi^ra dans ses Annales; dans le numero de
Janvier 1850, le m^me journal portal t une objection de M. Lionnetet
d'autres savants II paralt que Minarelli ne connul pas cette objection, ou ne
s'en inquleta gu^re, puisqu*il fit imprimer de nouveau sa demonstration
sans cbangement, k Bologue, en 1851, k la suite du meme trattc de Bru-
nacci. La reaction que j^avais adoptee est la m4me, au fond , qu'a donn^e
M. Bertraud. M. Baltzer Ta rendne encore plus simple, dans un article des
Bulletins de la Societe rojrale de Leipzig, reproduit dans le journal de
M. Borchardt, t. LXXIII, p. 372 (1871). En poursuivant dans cette voie de
simplifications snccessives , on parvien^ra finalement k une demonstration
troavee par te calibre Ivory et publi^e, d^ 1822 , dans le Philosophical
Magaxine de Londres (t. LIX, p. 161), par cous^uent plusieurs ann^s
avant celle de Minarelli. Mais la demonstration d'lvorjr a et^ refute en
peu de mots par Legendre , dans une note de la douzi^me edition de sa
Giom^trie (Paris, 1827, pp. 223-224), d'oU Ton voit qu'il n'est pas besoin
de recourir aux pretendnes subtilit^s de la georo^trie imagiuaire pour se
mettre en garde oontre de tels raisonnements.
Je dois avertir que la ressembiance de la demonstration de Minarelli
avec celle plus ancienne d*Ivory m'a ^te signal^e par M. Lebesgue.
Dans le Bulletin de Ferussac, ou a aussi annonce le Cours (Tariihmetique
et les ilimenta ctarilhmdlique de Minarelli (BulLy L lY, pp. iZ'i eto37,
n** 117 et 291). Get estimable et modeste savant est dec^d^ k Bologne, il
y a quelques ann^es.
(**) M.. Beltrami a d^moutre cette propri^t^ tr^-remarquable des sur-
faces k courbure constante, que leurs lignes gtodesiques, rapport^ k un
2"' SfiRIE , TOME XXXVI. 13
cerlaiD syst^me de coordonn^s curvilignes, sont donn^es [>ar des Equations
liD^aires. Mais il ne s'ensuit pas imm^diaiement que deux geodesiques ne
puisseot se rencoDtrer qu*en un point, parce que les relations entre les
coordoDD^es curviligpes et les rectiligDes ne d^termineront pas toujours ,
pour cbaque oombinaison dc valeurs des uoes, uue combinaison imique^e
valeurs des autres.
En parliculier, s*il s*agit de la surface eogendr^e par la courbe i tan-
gentes egales, r^uation differentielle des g^d^siques eu coordoDu6es
rectilignes sera, comme pour toute surface de revolutiou:
xdy — ydx = a l^cte*-4-dy*-4-(te*,
a ^tant une constante ; et, en rempla^ant les coordonuees rectilignes xeiy
par les coordonnees polaires r et f , c'est-^-dire en posanl aB=rcos f ,
y = r sin 7 , on aura :
d'ailleurs P^ualion differentielle de la courbe m^ridienne sera :
.h "'•
et deviendra celle de la surface si Ton change x en Vx*-^ y\ c'est-4-dire
en r, ce qui donne :
En eliminant dz^on Irouve :
dr« *•
06 dr
df= —
et,en int^rant:
b 1/^ a«
Pour une autre geod^ique, on aura :
b 1/ a^
a' r'«
r
et, si un roSme point doit dtre commun h ces deux geodesiques, il faudra
n
( 198 ) .
qu*OD ait r' r= r, mais f pourra Sire different de f, pourvu qu'on suppose :
f'=sf-i-2n«', n d^igoaDt un uombre entier; alors, eo oomparanl et
posani:
■" a« "*■ a'« "■ \ 6 / '
on trouvera aisSment, pour tous les points communs :
a" a'*
ainsi r aara une infinite de yaleurs, comme n et ft , en sorte que les deux
g^odSsiques auront une infinitude points communs, dontplusieurspourront
£lre r^ls, la condition de r^lit^ ^tant que
soit oompris entre
— -♦--- et. -± —
a* a'* \a a'
L'^l^ent lin^ire de la surface aura pour carr^
6*
r*
et en faisant p= — 6 log r, on obtient:
que Ton comparera avec les formules de M. Beltrami, pour introduire les
coordonnees curvilignes u et t? de cet illuslre gSomStre. Nous ferons
h Vh*^ u* — «• ^ **"•■" ^«
et, substituant ces expressions de r et de f dans Tequation
h
f
— ti/:^^.
a ' f.t
(196)
aprte avoir d^velopp^} et supprime le facteur A* — uuo^tWo, nous
irouverons :
h*(a*-+- c* — 1) -4- (a* — c* -♦- i) {uu^-^- w^) — 2ac {tto»— uv^) = 0,
oU c remplace -r-. Cette ^uaiion liD^ire en uei v reprdsente une ligne
gdodesique quelconque. II est visible qae les valeurs deueiv cbangeront
si I'on change f en f + 2 n;r, quoique le point de la surface resle toigours
le m^me.
(***) On pent voir une Note de M. Amiol, dans laquelle, en reprenant
Tanalyse de Monge, on met en Evidence comment la condition de reality
ne laisse d'autre solution que la sphere {Journal de Liouville, 1847,
pp. 129-131). Dans une autre Note, M. Serret a trouvedes ^nations, con-
tenant une fonction arbitraire, qui repr^sentent des surfaces imaginaires
dont les deux rayons de courbure seraient partout ^ux (mSme journal,
1848, pp. 367-368). II est k remarquer que M. Serret parvenait k ces resul-
tats imaginaires en cbercbanl les surfaces dont la courbure est conslante.
M. 0. Bonnet a d^duit les m^mes surfaces imaginaires de Pemploi d*un
nouveau syst^me de variables , qui lui a doniie aussi une classe de sur-
faces b^licoides r^elles 4 courbure constants d^ja indiquees par M. Minding
(t6td., 1860, pp. 264-263); mais il ne paratt pas que ces dernidres sur-
faces soient sim piemen t connexes.
Note sur la constiiution de I'acide hyposulfureux ; par
M. Waltb^re Spring.
Parmi les difi%rents modes de formation de Tacide hypo-
sulfureui que comple la chimie min6rale jusqu'aujour-
d'hui, il n'en est aucun qui jelte quelque lumi^re sur sa
constitution : c*est en vue d'^lucider cette question que
M. Blomstrand {Berichte der deutschen chem. Gesellschaft
zu Berlin, J. 1870, p. 957) a dirige ses recherches vers la
chimie organique et a ^tudi^ dans cette direction les acides
polythioniques conjugu6s. II a institu^ une reaction qui.
( 197 ).
interpr^t^e par lui dans le sens de la doctrine de la varia-
bility de ratomicit^, assignait k Tacide hyposulfureux la
constitution suivanle :
0
II
HO S'»0« SH soil : HO — S - SH. *
II
0
La reaction qui a donn6 k M. Blorastrand cette maniere
de voir est Taclion du chlorure du radical d*un acide sulfo-
conjugu^ sur le mooo-sulfure de potassium.
K»S + XS0*CI = XS«0»K -^ KCl
(X est un radical organique quelconque, le toluyle dans ce
cas-ci,) cette Equation d^velopp^e devient :
0 0
II II
KSK H- CI — S — X == KS - S - X -f- KCl.
II U
0 0
On voit que M. Blomstrand admet I'existence d'un soufre
hexatomique, ce qui lui permet de formuler I'acide hypo-
sulfureux comme c'est indiqo6. Abstraction faite de la
doctrine de la variabilite de Tatomicit^, qui ne compte du
reste qu'un nombre tres-restreint d'adeptes, il reste comme
fait que M. Blomstrand admet dans Facide hyposulfureux
les deux atomes de soufre en contact imm^diat et,de plus,
qu'i Fun d*eux yient se fixer un des atomes d'hydrog^ne
n^cessaires pour former Facide. Sur ce point la maniere
de voir de ce chimiste est done identique avec celle doot
MM. Kekul^ et Mendelejeff se representent la constitution
de cet acide, constitution que j'ai rappel^e dans le travail
quej*ai eu Fhonneur depr^enterderni^rement ill FAcad^-
(198)
mie. Mais si , abandonnant compl^lement la doctrine de la
variability de ratomicit^, on essaye dMnterpr^ter la reac-
tion de M. Biomstrand, on arrive k un tout autre r^uitat :
en effet, admettant que la ruction s'effectue d*une fa^on
nette, comme Vaffirme M. Biomstrand^ sans qu'il inter-
vienne un changement de la place des atomes dans la mol^
cule , on doit se la figurer ainsi :
KSK -t- XSOOCl = XSOOSR + KGl ,
dans ce cas les deux atonies de soufre seraient s^par^s
par les deux atomes d'oxyg^ne et Tacide hyposulfureux
ne pourrait Stre consid^r^ comme le sulfacide du sulGde
hydrique.
D^ireux de savoir si cette contradiction 6tait r^elle ou
apparente, j'ai repute la reaction de M. Biomstrand. Je me
suis prepare k cet effet le chlorure du radical de Tacide
sulfo-benzoique ; le corps obtenu a distill^ k 160^ sans
decomposition dans un milieu rar^fie, Tindicateur du vide
accusail une colonoe de mercure de 0"',610; j'ai done eu
entre les mains un produit d'uoe grande purete. Le mono-
sulfure de potassium a ete prepare par voie humide. J'ai
ensuite fait r^agir une molecule du cblorure sur une mo-
lecule de sulfure de potassium en solution aqueuse con-
centree. La reaction est accompagnee d'un fort degage-
mentde cbaleur ainsi que d'une abondanle precipitation de
soufre; ce dernier se redissout ensuite integralement, Le
iiquide evapore laisse cristalliser un corps qui devait etre
un sel d'un acide polytbionique conjugue. Un dosage du
soufre et du potassium suffisait pour identifier le sel
obtenu; ce dosage m'a donne les resultats suivants :
S = 30,20 •/,
K = 18,31 .'
(199)
d*autre part, la composition ceot^imale en soufre et en
potassium caicul6e pour G^H^S^O^K est :
S=30.18«/o
K = 18,39 »
le sel obtenu r^pondait done k la formule G^H^S^O^K.
Ceci pose, il rfeulte du fait de la precipitation de soufre
qui accompagne cette reaction que la formation de cet
acide n*a pas lieu d'une mani^re simple, mais paratt plutdt
Stre le r^ultat de deux reactions cons^cutives qui peuvent
s'ex primer com me suit :
10 C«H*S0*CI + K«S = C«H*SO«K + KClH-S
2o C«H»SO»K + S =C«H»S«0»K.
11 s'agissait de verifier par Texp^riencesi cette hypoth^se
6tait exacte; k cet effet j*ai recommence les operations en
ayant soin de refroidir le vase dans lequel s'op^rait la
reaction aGn de retarder la dissolution du soufre mis en
liberte. Aussitdt apr^ la dissolution du chlorure, j*ai d^-
cante le liquide pour en s^parer le soufre pr^cipit^; celui-
ci a ete lave, seche et a bride sans laisser deresidu^ ce qui
ecarte tout doute sur retat de sa purete. Le liquide de-
cante devait renfermer, d'apr^s I'bypotbese enoncee plus
haut, le sulfite conjugue de potassium; afin de m'en assu-
rer, j'ai agiie ce liquide avec de Tether apr^s Tavoir addi-
tionne de quelques gouttes d*acide chlorhydrique destine
k mettre Tacide en liberte*, Tetber a laisse cristalliser apr^s
evaporation de longues aiguilles incolores dont le point de
fusion a coincide exactemenl avec celui de G^H^SO^H. Les
previsions enoncees plus baut s'eiaient done verifiees.
Gependant cette maniere d'operer pouvait soulever une
objection k laquelle il fallait repondre. En effet le liquide
( 200 )
(l^cant6 lors de la precipitation du soufre pouvait d6j5
renfermer de TbyposulQte conjugu^ puisqu'oa ne peut pas
admettre qu'il ne se soit pas dissous du soufre si rapide-
ment qu'ou ait pu op^rer, hyposulflle qui se decompose
en acide sulfurcux conjugue avec precipitation de soufre
lors de I'addition de Tacide chlorbydrique (Blomstrand) , el
c'est cette portion que Tether pourrait avoir dissous. On
pourrait, il est vrai, avancer que la quantity de mati^re que
rether avait dissoute ^tait trop considerable pour qu'elle
puisse provenir en totality de cette action, mais une solu-
tion plus satisfaisante de la question a &i& donnee de la
maniere suivante : j'ai renverse le probleme et je me suis
assure que le soufre mis k digerer dans C^H^SO^K se dis-
solvait dans ce sel et le trans formait en hyposulfite.
Pour cela , je me suis prepare de Facide sulfureux con-
jugue pur par Taction de I'amalgame de sodium sur le
chlorure du radical de Tacide sulfobenzoique d'apr^s la
metbode donnee par MM. Robert Otto et Henri Ostrop
[Zeitschrift f. Chemie. J. 1866, p. 599). L'acide ainsi
obtenu a ete sature par une lessive de potasse caustique
et le sel forme a ete abandonne ensuite au bain-marie sur
du soufre en fleurs. Au bout de huit heures, le liquide pre-
sentait toutes les reactions de I'byposulfile organique et jc
n'ai pu relrouver trace de sulfite. Toutefois la dissolution
du soufre en fleurs se fait lentement et necessite une tem-
perature de 60 k 70 degres; bien plus facile est la dissolu-
tion du soufre obtenu par la decomposition d*un byposulfite
alcalin au moyen de Tacide cblorbydrique. Ce soufre, apr^s
avoir ete parfaitement lave, se dissout avec une facilite
telle dans le sel qu'on peut suivre de Toeil les progr^s dc
I'operation.
On doit conclure de ce qui precede que la formation
( 201 )
des hyposultites conjugu^s est le r^soltal de deux reactions
cons^cutives, comme je Tai fait remarquer plus haut. Aceci
serattache maintenaut une question importante au point de
vuede la structure des hyposulGtes : du fait de la precipita-
tion du soufre lors de Taction de C^H^SO^CI sur K^S on doit
conclure que la constitution de cet acide ne permet pas
au soufre de se placer dans la molecule comme F^quation
cbimique de la page 2 pourrait le faire croirc. Le soufre
abandonne la combinaison pendant la reaction pour y ren-
trer ensuite; oil va-t-il ? c'est, certes, Ik une question diffi-
cile & r^soudre; cependant il est fort probable qu'il ne
rentre pas k I'endroit mSme d'od il a &i€ expuls6, car on
ne pourrait concevoir dans ce cas la cause de sa precipi-
tation.
II r^sulte de ce qui pr^cfede que Taction de C^H^SO^Cl
surK^S ne contribue pas plus que les reactions dela chimie
minerale k devoiler la constitution deTacidehyposulfureux.
De nouvelles reactions sont done n^cessaires et je me per-
mets de prendre date pour les suivantes :
i*" Action du pentacblorure de phosphore sur les hypo-
snlfites coojugues. Cette reaction r^soudra la question de
savoir si dans les byposulfites conjugu^s le m^tal est en
combinaison directe ou non avec le soufre; en d'autres
termes, si Tatome de soufre qui s'est pr^cipit^ lors de la
formation de ces sels a repris sa place premiere ou s'il en
a pris une autre dans la molecule. J'ajouterai que j'ai d^ji
tente cette reaction et que j'ai obtenu un jiquide plus dense
que Teau et se decomposant dans une solution de potasse
caustique pour donner naissance a un corps pr^sentant
toutes les propri^l^s de Tacide primitif. L'eau pure le de-
compose aussi,mais cette fois avec precipitation de soufre,
ce qui pourrait avoir pour cause le pen de stability de
( 202 )
Tacide iibre qui doit se former dans ce cas. II est done pro-
bable que j'ai obtenu le chlorure des radicaux des bypo-
sulfites coDJugu^; toutefois ayant op^r^ sur des quantity
de mati^re trop faibles, je n'ai pu purifier les produits de la
reaction et le fait n^cessite confirmation;
2^ L'action du chlorure de soufre sur les mdmes sels;
S"" L'action des chlorures de thionyle et de sulfuryle sur
les mercaptates;
4"" La reaction des chlorosulfates sur les sulfures des
mSmes metaux et sur les mercaptates;
5"" La reaction du pentasulfure de phospbore sur les sul-
fates ;
G"" L'action de Tiode sur les byposulfites conjugu^s.
Cette derni^re reaction a ^alement et^ tent^e. Une solu-
tion de C^H^S^O^K dans Talcool absolu a &i€ additionnee
de la quantity d'iode necessaire k la reaction. Je n'ai pu
observer aucune action , mais en ajoutant ensuite de I'eau
k Talcool, la couleur de Tiode a rapidement disparu et le
liquide,de neutre qu^il ^tait,est devenu acide. L'iode parait
done agir comme oxydant sur ces sels et non d'une fa^on
analogue a son action sur les byposulfites inorganiques
qu'il Iransforme en t^trathionates.
Appendice a la note precedente:
Pendant Tex^cntion de ce travail je me suis souvent
trouv6 dans le cas d'avoir k identifier les trois acides aux-
quels r^pondent les formules :
C«H«SO«H , C«H»S»0»H , C«H»SO»H ;
je n'ai trouve nulle part les donn^es n^cessaires k cette
( 203 )
analyse qualitative; je crois done qu'il ne sera pas inutile
de menlionner ici les reactions qui m'ont permis d'arriver
au but que je m*6tais propose.
A. Caracteres distinctifs de Cacide sulfibenzotque.
Cet acide se dissout facilement dans Tether et dans I'al-
cool, moins facilement dans Teau (Dr. G, Kalle, An. der
Chimie^ 119, 155). II se dissout de plus dans la benzine
ainsi que dans le sulfure de carbone d'oti il cristallise tr^
facilement en beaux cristaux.
La solution de cet acide rougit le tournesol pour le d£-
colorer ensuite.
Le sel de potassium est deliquescent, tr6s-soIuble dans
I'eau, moins soluble dans Talcool et insoluble dans Tether.
II cristallise tres-difficilement en petites aiguilles.
Bouilli avec du sulfate de cuivre, il le r^duit et forme
avec lui un sel double de cuprosum et de potassium peu
soluble dans I'eau froide, mais soluble dans Teau chaude.
Le nitrate d'argent determine un pr^cipit^ blanc qui se
redissout dans Teau chaude d'ou il cristallise par le refroi-
dissement.
Le nitrate mercureux donne un pr^cipit^ blanc volumi-
neux qui se dissout dans Teau chaude.
L'ac^tate de plomb donne un pr^cipite blanc.
Cet acide est un puissant agent de reduction; il r^duit
le bichromate de potassium, le permanganate de potassium
instantan^ment et precipite en bleu un melange d'une so-
lution de chlorure ferrique et d'une solution de ferricya-
nure de potassium.
( 204)
B. Caracieres distinctifs de I'acide hyposulfibenzoique.
L'acide libre obtenu en faisant passer un courant de sul-
fide hydrique dans de Teau tenant en suspension le sel de
plomb correspondant, est tr^s- instable; il se d^mpose
peu k peu dans Teau avec d^pdt de soufre et se transforme
en acide sulfobenzoique. II est soluble dans Teau, Talcool,
rather et le sulfure de carbone.
Le sel de potassium est lr6s-soluble dans Teau, et non
deliquescent (difference d'avec C^H^SO^K), il cristallise
tres-facilement en longs prismes. II est moins soluble
dans Talcool absolu d*oili il cristallise aussi tr^s-bien, inso-
luble dans rether.
Bouilli avecdu sulfate de cuivre,il donne naissance k un
seul double de cuprosum et de potassium insoluble dans
I'eau bouillante (difference d'avec le precedent).
Le chlorure mercurique donne un pr^cipite blanc volu-
mineux qui se dissout dat)s Teau bouillante pour cristal-
liser pendant le refroidissement en magnifiques aiguilles
soyeures. Le sel ainsi obtenu estun sel double demercure
et de potassium.
Le nitrate mercureux donne imm^diatement un pr^-
cipit6 uoir de sulfure de mercure (reaction caract^ris-
tique).
L'ac^tate de plomb donne un pr^cipite blanc soluble
dans Teau chaude.
Le nitrate d'argent donne un pr^cipit^ blanc qui se dis-
sout dans Teau chaude et ne noircit que tres-diflicilemenl
k la lumi^re.
Le cblorure d'^lain laisse d^poser un pr6cipite jaune
apr^s une longue Ebullition avec ce sel.
( 205 )
Les sels de cet acide se d^composent lorsqu'on les traite
par les acides cblorhydriqae, nitrique ou sulfurique ; ils ne
r^duisent pas le bichronale de potassium et ne pr^cipitent
pas en bleu un melange des solutions de chlorure ferrique
et de ferricyanure de potassium.
C. Caracteres distinctifs de I'acide sulfobenzotque.
Les reactions denudes pour les deux acides pr^c^dents
sont toutes negatives pour cet acide.
Remarque. — On voit par Tensemble de ces reactions
qu'il existe la plus grande analogie entre ces acides et leurs
correspondantsinorganiques; la propri^t^dont jouit Tacide
sulfureux conjugu6 de pouvoir dissoudre du soufre et se
transformer ainsi en acide hyposulfureux conjugu6 rend
surtout cette analogie frappante.
( 3806 )
CLASSE DES LETTRES.
Seance du 4 aoiit 1875.
M. J.-J. Thonissen, direcleur, president de FAcad^mie.
M. Ad. Quetelet, secretaire perpetuel.
S(mt presents : MM. Ch. Steur^ J. Roulez, P. De Decker,
M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, Ch. Faider,
R. Ghalon, Th. Juste, le baroo Guillaume, Alphoase Waa-
ters, fimile de Laveleye, G. Nypels, membres; J. Nolet de
Braawere Van Steeland, Aug. Scheler , Alpb. Rivier, asso^
cies; Edm. Poullet et F. Loise, correspondants.
CORRESPONDANCE.
La classe re^it, k litre d'hommage de ses membres,
ies ouvrages suivauts :
i^ Le touriste modeme. Voyages en Europe et en Asie
Mineure, par M. Gharles Steur; l""*^ volume, iD-12;
2** Minerve Courotrophos , par M. Roulez; iQ-8^.
Des remerctments sout vot4s aux auteurs de ces dons,
ainsi qu'i M. Juste, qui offre, au nom de M"' de Pouhon ,
un exemplaire des OEuvres completes de M. de Pouhon ^
( 207 )
pr^d^es d'une notice sur la vie de Tauteur et ses Merits.
M. Juste informe la classe, k ce propos, qu*il a Tinten-
tion de signaler, dans une notice sp^ciale destin6e k I'Aca-
d^mie, les services rendus par M. de Pouhon comme
^conomiste et comme publiciste.
— La biblioth^que de I'abbaye de Saint-Gall et M. J.-B. de
Rossi, associ^, remercient pourle dernier envoi de publi-
cations acad6miques.
— M. Leemans, associ6, annonce renvoi de la 26' livrai-
son du recueil intitule : MonumenU egyptiens du Musee
neerlaildais d'aniiquUes a Leyde.
CONGODRS.
La classe prend acte de la reception d'an m6moire en-
voy6 en r^ponse k la deuxieme question du prochain con-
cours, dont le terme fatal expire le V^ Kvrier 1874. Cette
question est ainsi congue : Exposer avec detail la philo'
Sophie de saint Anselme de Cantorbery; en [aire connaitre
les sources; en apprecier la valeur et enmontrer V influence
dans Vhistoire des idees.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Thonissen donne lecture de la premiere partie d'une
notice sur la vie et les Merits du baron de Gerlache, des-
tin^e k parattre dans TAnnuaire pour 1874.
( 208 )
Im legende des forestiers de Flandre; notice par M. Alpb.
Wauters , membre de l'Acad6mie.
Le l^er d^bat qui s'est 6lev6 dans la derni^re stance de
la classe des lettres au sujet des traditions relatives aux
forestiers de Flandre, m'a engage a entreprendre queiqnes
recberclies sur ces personnages fabuleux. A priori on pent
dire quils ne doivent Texistence qu'a un sentiment patrio-
tique qui voulait reporter Torigioe des comtes de Flandre
au deli du temps du roi Charles le Chauve et de Baudouin
Bras de Fer. Le titre qu'on leur donne est inacceptable (1),
et leurs actions sont racont^es de telle maniere que nous
ne pouvons y attacber aucune croyance , mSme aux details
que donnent les cbroniques les plus anciennes.
Avant d'entrer en mati^re , je dois rappeler que la tb^se
que je soutiens est celle que defend, dans Tintroduction
de son premier volume du Recueil des chroniques de
Flandre (pp. xiii et suivantes), notre coll^ue, M. le
chanoine De Smet. Cest I'opinion d'une foule d'autres
(1) Qaelqaes auteurset, daos le Domhre, MM. Edward Le Glay [Histoire
des Comtes de Flandre, 1. 1 , p. 24), Vandevelde {Recherches de la v6riU
dans la tradition des forestiers de Flandre, dans les Annates de la So-
ci^t^ d'imulation de Bruges, 2« s6rie, t. Xf, pp. 1 in 10), etc., se sont donne
t)eaucoup de peine pour prouver qu*il y avail, dans la monarcbie franque,
des officiers royaux porlant le titre de forestiers. La question n'est pas la.
n Skagit de savoir si les fonctions d'administrateurs et de juges sapr^mes
dans le Mempisc et eo Flandre eiaient remplies, non par des comtes, mais
par des gardiens de forets. Or, aucun argument u*a ^te produil k Tappui
de cette tb^.
( 209 )
auteurs et en particulier de Vr^dius, d'Aubert le Mire,
de Des Roches, de Paquot, de Ghesqui^re, de De Bast.
M. De Smet a d^jk r^fut^ I'hypothese de Raepsaet, d'aprds
laquelle les forestiers ne seraient autres que des chefs de
colonies saxonnes, maintenus par les Francs dans leurs
fonctions et devenus des officiers royaux. < Cette conjec-
» tore, dit M. De Smet, qui semble assez probable au pre-
» mier coup d'oeil, n'est pas appuy^e malheureusement
» par les monuments historiques. Gr^goire de Tours parle
» i la v^rit6 d*un due des Saxons qui marcha, en 463, au
» secours du roi Childeric, mais ce commandant ^tait-il
» autre chose qu'un chef militaire? Appartenait-il aux
» colonies saxonnes ^tablies sur la cdte de Flandre? G'est
» ce que le chroniqueur n'indique point. » Notre hono-
rable confrere aurait pu ajouter qu'il s'agit dans Gr^oire
de Tours ( livre II , chap. XY ) de combats livr^s sur la
Loire, autour d' Angers; que le chef saxon qui vint au
secours de Childeric, Odoacre, ^tait, selon toute appa-
rence, un chef des Saxons ^tablis k Bayeux ; que les colo-
nies saxonnes dont parle Raepsaet n'ont jamais eu assez
d*importance , assez de persislance , pour modifier les de-
marcations g^ographiques de la Flandre , puisqu'il n'est
pas m^me possible d'en pr^ciser la situation ni T^tendue;
que si, comme on le dit, ces colonies ont occup^ les bords
de la mer, elles n'ont aucune connexite avec les forestiers,
dont on fixe la residence favorite k Harlebeek, sur la Lys.
U me semble qu'on ne s'est jamais rendu un compte
exact de la forme sous laquelle les traditions relatives aux
forestiers firent leur apparition dans le monde historico-
litt^raire. Voici le premier, le plus ancien r^cit qui les con-
cerne, extrait du Liber floridus de Tabbaye de Saint-Bavon,
r^dig^ en 1121 environ : t En Tannic de Tincarnation
2*°* S^RIE, TOME XXXVI. 14
i
( 210 )
» de Notre-Seigneur 792, Charles le Grand r^ant en
» France, Lideric, comte d'Harlebeek, voyant la Flandre
» d^erte, inculte et convene de bois {vacuam et incullam
» et nemorosam, M. De Smet, /. c, p. 1), Toccupa. II pro-
» cr6a le comte Enguerrand; Enguerrand procr^a Auda-
» cer; quant k Audacer, il procr^a Baudouin Ferreus on
> de fer. >
II serait facile de relever dans ce texte presque autant
d'erreurs que de mots. D'abord il n'a jamais exists de
dignitaires francs qualifies de comtes d'Harlebeek, et si
Ton trouve mentionn^ en 855 un nomm^ Enguerrand , ce
n'est pas comme comte d'Harlebeek , bourgade aiors insi-
gnifiante, mais comme comte de Noyon, du Yermandois,
de TArtois, du Courtr^sis et de la Flandre, ce qui est tout
different. Les noms de Lideric et d*Audacer ne se retrou-
vent dans aucun document de F^poque; d'ailleurs il serait
difficile d'admettre que Baudouin II dit leChauve, qui
devint comte de Flandre en 878, ait pu Sire TarriSre-
arriSre-petit-fils du pr^tendu Lideric, qui vivait seulement
quatre-vingt-six ans plus tdt, et qu*un second r^cit fait
vivre jusqu'en 856. On se demandera aussi comment le
marquis Baudouin Bras de Fer, qui etait contemporain de
farchevdque de Reims Ebbon , d6pos6 en 841 , aurait pu
Stre le descendant k la deuxiSme g^n^ration de cet En-
guerrand, qui ^tait comte de Flandre en 855 et vivait en-
core en 858 (Warnkonig, Histoire de la Flandre, t I,
p. 142, note i, Mit. Gheldolf.) Tout cela est bien em-
brouillS, bien contradictoire.
I^ personnalitS d*Audacer, qu'on s'accordei regarder
comme douteuse, disparait compl^temenl. Quant k la men-
tion du marquis Baudouin en Tan 841, on pourrait m'objec-
ter qu'elle parait contestable et que le dipldme public par
(214 )
Miraeus, cedipldme par lequel I'arcbev^qoe Ebbon envoie
des reliques au marquis, et que I'^v^que de Bruges, Pierre
Gurtius, trouva en Taan^e 1566 dans la ch^sse de saint
Donatien (Miraeus et Foppens, Opera diplomatica^ 1. 1,
p. 22), pourrait bien Stre apocryphe. Uargument, pour
dtre tr^-fort, ne serai t pas d6cisif; en effet , si Ton fabri-
quait jusqu'^ des actes pareils, comment aurait-on h^sit^
k falsifier des r^cits auxquels on n*attachait pas la mSme
importance ?
Ge qui est encore plus incroyable que tout le reste, c'est
cetteFlandred^serte, inculte et couverle de bois en 792,
tandis qu*on pourrait soutenir, sans se donner pour cela
beaucoup de peine, que la plupart des villages de la Flandre
existaient k cette 6poque et dans les temps anterieurs ,
m6me dans les parties du pays les plus recul^es vers le
nord, les plus expos6es aux d6bordements de la mer. Inu-
tile d'insister sur ce point. II me suffit d'avoir signal^ le
caract^re de la 16gende primitive, qui, en elle-m^me et
telle qu'elle est formulae dans les temps anciens, c'est-^-
dire, au douzieme si^cle, est inacceptable.
Le fragment intitule : Nomina comitum Flafidriae, ex-
trait de la Chronique de Saint-Berlin et 6crit au treizi^me
siecle (dans De Smet, p. 7), la Brevissima genealogia comi"
turn Flatidriacy redaction de la m^me ^poque, emprunt6e
k un manuscrit provenant ^galement de Tabbaye de Saint-
Bertin {Ibidem^ p. 9), ne nous apprennent rien de nou-
veau; mais Tauteur de la Chronicon comitum Flandren-
sium, qui vivait au quinzieme siecle, en rapporte beaucoup
plus que ses devanciers. II sait que Lideric est mort en
Tan 836, Enguerrand en 854 et Audacer en 864, que la
Flandre s*appelait alors leboisSans merci, Zonder ghenade ,
qa'Enguerrand a fond^etaffranchidesvilies^qu'Audacer a
( 212 )
amen^ dans le paysdes colonies ^trang^res, et que les trois
princes pr^cit^s sont enterr^s dans T^glise Saint-Sauveur,
d'Harlebeek (1).
En t^te de cette chronique est plac^ un petit recit de
quelques pages oil Thistoire de Lideric est singuli^rement
embellie et modifiee. En 621 , y est-il dit (mais j'abr^ge
consid^rablement) , du temps de Tempereur H^raclius , qui
combattit contre Gosdro^s (roi des Perses) et le vainquit
sur le Danube (?) , et du temps de Clotaire , fils de Clovis ,
vivait un prince nomm^ Salvard, seigneur de Dijon en
Bourgogne, qui avait combattu avec son p^re contre Clovis,
le premier roi chr^tien, pere de Clotaire pr^dit(5ic). Celui-
(1) A propos des tombes d'Harlebeek, il D*est pas iDutile d'apprendre
au public avec quel sans-g^oe on precede parfois k regard des monuments
historiques. 11 existail, dans T^glise d'Harlebeek, des inscriptions flamandes
conservant la memoire des forestiers pr^tenddLmenl enterr^s dans ce
temple : Lideric, fils d*Estored, mort en 808; Enguerrand, son fils, mort
en 824» et Audacer, fils d'Enguerrand, mort en 837. Ges inscriptions
u'avaient,en realil^, aucune valeur; les dates qui les accompagnaient con-
tribuaient k prouver leur peu d^authenticit^, en pla^ant en 824 la mort
d'Enguerrand, tandis que le comle de ce nom qui a reellemeut exisle vivait
encore en 833 el 854. Mais enfin c'etaient des souvenirs de Tanciennetr-
dition. Qu'a-t-on fait de nos jours? Avec une legeret^ qui m^riterait une
qualification tr6s-s6v6re, on a modifie ces inscriptions et on a remplace les
dates rappel^esplus haut par celles de 856, 862 et 863. Voyez les Annales
de la SocUU (TEmulation de Bruges, V* serie, t. II, pp. 382 et suivantes.
Au surplus, lorsqu'en 1769 on decouvrit de vieux tombeaux dans la coUe-
giale d'Harlebeek ,on agit avec un myst^re qui donne une triste idee de Tin-
teiligence de ceux qui ordonudrent et dirig^rent les travaux. -(Voyez /6t-
demj 2« s^rie, t. II, p. 27.)
Des fouilies faites il y a quelques annees, sous la direction de MM. Car-
ton et Vande Putte, n*ont abouti qu'^ un resultat negatif, de m^me que
toutes les investigations tentees dans les archives du chapitre et de la
vllle.
( 213 )
ci chassa de son royaume toas ceux qui avaient conspire
coDtre son p^re et combattu contre lui avec les Allemands.
Dans le nombre il proscrivit ce Salvard, qui avail epous^
Ermengarde, dame de Rosselgnon ou Roussillon. En fuyant
vers ]a Grande-Bretagne, Salvard entra pour acheter quel-
ques objets dans le ch&teau de LisIe-le-Buc, et y fut
attaqu^ par un g^ant, nomm^ Finard, qui depouillait k
deux ou trois lieues a la ronde tous les marchands, les
nobles et les riches. Salvard et les gens de sa suite furent
tu^s; seule Ermengarde parvint a se sauver, avec uiie ser-
vante, dans la foret voisine, oil la Vierge lui apparut et
lui promit qu'elle aurait un fils qui r^nerait sur le pays
voisin jusqu*^ la fin du monde. Ce fils naquit aussi grand que
s'il avait eu trois ans. Dans une seconde vision , Ermen-
garde apprit que Tenfant serait nourri par une ch^vre et
baptise par un ermite du voisinage, nomm^ Lideric. Puis
Finard fit Ermengarde prisonniere, landis que son enfant,
nomm^ aussi Lideric /^tait conduit en Angleterre et y
devenait un guerrier redoutable; plus tard, il tua Finard et
fut reconnu pour le prince d^ la contr^e voisine de Lille.
Puis Lideric Spouse une fugitive nommee Ydone , qui se
trouve £tre la fille du roi Glotaire; il en a de nombreux
filSy dont Tun porte le nom, tout k fait franc ou flamand,
de Ganymede (!), et dont un autre, Lideric le jeune, p^rit
dans un combat livr^ devant Paris aux Sarrasins. Je passe
en h&te : sur une chasse en Flandre du roi Glotaire, qui
ignorait jusqu'au nom de Lideric; sur la mani^re dont ce
monarque reconnatt Ydone, sa fille; sur le don qu'il fait a
son gendre de tout le territoire entre Gompi^gne et la mer;
sur la guerre qui delate entre eux^ parce que le forestier
avait fait pendre son fils Yseran , coupable d'avoir enlev6
k une veuve sa corbeille pleine de fruits, etc., etc.
(214 )
Dans ce roman, la liste des foresliers s'alionge. A Lide-
ric T' succede Antoine, son second ills, qui est martyrise
par les Yandales. La Flandre, d^vast^e par ce peuple en
meme temps que les contr^esadjacentes, est encore sac-
cag^e par les Huns; puis elle reste d^serte, pendant en-
viron cent ans, jusqu'au temps du second Lideric, fils de
Testoret, fils du comte de Louvain, Boscard, le troisi^me
des fils de Lideric de Lisle-le-Buc. Suivent d'autres details
parmi lesquels je relive ceux-ci : Lideric entre dans cette
Flandre, d^serte depuis cent vingt ans, et la premiere
chose qu'il y aper^oit, ce sont les armoiries de ses pr6d^-
cesseurs ou de Roussillon , suspendues dans I'^lise d'Har-
lebeek; il devient un admirable justicier, et meurt en 836.
Girconstance k noter, c'est de son temps que saint Wille-
brord, apr^s avoir converti la Frise au christianisme, vient
b^tir et consacrer quelques ^glises en Flandre.
Avec la meilleure volont^ du monde, il est impossible
d'ajouter la moindre cr^ance k un pareil fouillis d'erreurs,
de contradictions et de niaiseries. Qk et \k il s'y rencontre
une circonstance acceptably ou explicable, je le veux bien.
La raison en est que les auteurs du roman avaient quel-
ques connaissances historiques; mais ils ont ^videmment
ou mal dig^r6 leurs lectures ou sciemment invent^ des
fables. Des r^cils pareils ne se r^futent pas; il suffit deles
exposer dans toute leur erudite.
Une chronique de Saint-Bavon (dans M. De Smet, /. c,
pp. 456 et suiv.), ^crite au quinzi^me siecle, est encore
mieux instruite des antiquit^s de la Flandre. D*apr^s elle,
le premier des forestiers fut Flandbert, fils de Blesende,
soeur du roi Glodion, qui obtint de son oncle le pays situ^
entre la Somme et TEscaut, et lui donna, d'apr^s son
propre nom, la denomination de Flandre; puis vinrent :
( 215 )
en 464, un deaxiime forestier, Raganaire, qui est tu^ par
le roi Glovis en 509; en 557, Finard, le tyran, qui est
er^^ forestier; en 610, Lideric P', qui tue Finard et Spouse
Ydon^ ou Rothilde, fille du roi Glotaire; en 669, Antoine,
son fils; en 695, Boscard, fr^re du pr^c^dent; en 700,
Boscard II, fils de Boscard I"; en 724, Estored, son fils;
en 792, Lideric II, qui fut cr6^ comte d'Harlebeek en
remerciment de ses services, etc.
Ici la liste est complete. La Flandre a ses forestiers
depnis le temps du roi Glodion. II n'y a dans son histoire
ni lacune, ni interruption. L'intention de T^crivain est
manifeste : dans sa fougue patriotique , il veut faire re-
monter les annales du pays aussi haut que possible. Mais,
comme d'ordinaire, tant de zele est funeste k la cause qu'on
pretend defendre. LMnvention, dans ce dernier r^cit, est
tenement manifeste que pasune voix n*oserait s'^lever pour
d6fendre un pareil tissu d'anachronismes et d'erreurs.
Nous conclurons , si Ton veut, comme cet excellent Pierre
d'Oudegherst qui , en parlant des aventures de Lideric de
Buc, s'exprime en ces termes :
< Je sgay qu'il y en aura plusieurs qui, de prime face,
» recevront ceste fa^on de nourriture du petit Lyderic en
» mesme lieu qu'on est accoustum^ faire les choses fabu-
» lenses. Mais, quand ilz viendront k considerer Theu-
» reuse, noble et magnanime posterity que cest enfant a
s> delaiss^, mesmes que les r^nes, empires et dominations
> sont souvent par semblables signes et miracles pr6dits
» de Dieu, j'estime que pour le moins ils adjousteront
» aultant de foy k ce que dessus quMlz font aux aulheurs
» lesquels tesmoignent que Gyrus auroit est^ nourry d'une
» ch^vre, Romulus et R^mus d'une louve et Abydus d'une
» biche. Laissant n6antmoins en I'arbitre et discretion
( 216 )
» d'un chascun, de croire et admettre ce que plus luy
» semblera conforme k la raisoo et v^rit^. » { Annates de
Flandre, 1. 1, p. 55, edit. Lesbroussart.)
Yoila uoe phrase dont il faut savoir gr^ au rival de
Meyer, qui y cache peut-etre, sous uoeapparente cr^dulit^,
un intelligent scepticisme. Comme lui, mettons sur le mdme
rang la ch&vre de Lidericet la louve de Romulus et qu'il ne
soit plus question ni de Tune ni de I'autre. Abandonnons-les
toutes deux k la l^ende. Restons toutefois persuades que
maint auteur et maint lecteur conserveront une foi enti^re
k des billeves^es indignes de Thisloire. La Fontaine nVt-il
pas ^crit avec ce sens exquis qui le distingue :
L'homme est de glace aux verites,
II est de feu pour le meusonge (1).
Un de nos collogues , k qui Thistoire de la Belgique en-
(1) On s'imagioerait difBcilement jusqu'oii Tesprit d'inyeDlion est porte
dans certaines chroniques locales. C'est aiosi qu*une assez r^ceole cbro-
nique d*Ypres (imprimee dans les Annates de la SocHt6 dEmulation de
Bruges, 2" serie, t. YIl, p. 178) abonde en details anterieurs au onzieme
siecle, details que recri vain anonyme a puiseson ne salt oil. Avec un aplomb
noagnifique il nous apprend que le sixi^me forestier de Flandre, Enguer-
rand, reblitit le cb&teau et forlifia la ville d^Ypres {Anno 840 was het cos-
teel herhaut en I pre versterct door Ingelram^ de sesde forestier i>an
Vlaenderen).
Une chronique d'Harlebeek, jet^ dans le m^ine moule, est plus curieuse
encore; toute moderne qu'elle est, puisqne en certains endroits on y co-
pie Oudegherst, elle renferme des indications de nature k faire rSver les
commentateurs de la Bible. Nous y apprenons, en effet, que Harlebeek a
^te fondee presque en mSme temps que la tour de Babel, avec cette difln6-
rence que Tepoque precise de la construction de cette derni^re manque
encore , tandis que notre chronique fixe les commencements d^ la resi-
dence des forestiers de Flandre en Tan du monde 2022 (ni un de plus ni
un de moins), seize ans apres la mort du patriarche Noe (Annates citees^
2«s^rie, 1. 11,/. c).
( 217 )
ti^re, eten particulier celle de la Flandre, ont de grandes
obligations 9 a cherch|§ k ^tablir des rapports entre la latte
de Salvard et de Finard et les querelles qui divis^rent la
cour des deroiers M^rovingiens et mirent aux prises : d'une
part, lemaire Erchinoald et son fils Leudesius ou Lutheric,
et, d'autre part, EbroiD, qui d^pouitla eelui-ci de son pou-
voir et le fit assassiner.
Mais, en admettant qu'il y ait dans les l^endes relatives
aux forestiers quelques points de ressemblance avec des
r^alit^s bistoriques, quelle serait la force de cet argument?
Les auteurs de l^gendes, comme nous Tavons dit, ont cer-
taineoienl enrichi ces dernieres en y faisant entrer des
faits emprunt^s a leurs lectures. Leurs r6cits sont-ils an-
ciens? Non, puisqu'on ne les raconte plus au quatorzi^me
si&cle comme on le faisait au douzieme si&cle. Tons ces
embellissements : ce Salvard, prince bourguignon ; sa femme
Ermengarde, k qui la Vierge fait une proph^tie qui, ce me
semble, ne s'est pas r^lis^e; ce tyran Finard, gouverneur
d'un pays de Bucq inconnu k Thistoire; cette pr^tendue
for^t Sans mercy y c ainsi appel^e a raison des felonies,
» meurtres e( inhumanites qui s*y comniettaient ; » ce petit
Lideric, qui accomplit des choses si remarquables; tout
cela est tellement romanesque, qu*^ bon droit nos pr^d^-
cesseurs n'y ont attach^ aucune importance.
Dirons-nous, avec Fhistorien dont je combats Topinion :
« Ces revolutions du septi^me siecle qui frappaient une
famille dont les possessions s'^tendaient entre TEscaut et
rOc^an semblent avoir, k une ^poque recul^e, servi de
thdme k Timagination des romanciers et des l^endaires.
Pendant longtemps, leurs r^cits furent rel^gu^s au rang
des fables; on les reproduisait comme le cycle des temps
h^roiques de notre histoire , sans chercher k p^n^trer le
( 218 )
voile des fictions sous lequel se cacbait la v^rit^. » Mais
cette v6rit6, quelle est-elle? Faut-il, comme les chroni-
queurs les plus anciens, n'admettre qu*un Lideric, vivant
du temps de Charlemagne. Faut-il en reconnattre deux ,
dont le plus ancien serait identique avee Leudesius ou
Leutheric, fils du maire du palais Erchinoald ? Qu*on y
fasse attention. Les faits atlribu^s k ce dernier Lideric ne
sont-ils pas d'un romanesque impossible? Prenez-les nn k
un, tons disparattront comme ces fantdmes inspire par
la frayeur des t^n^bres et qui s'^vanouissent i la clarte
du jour.
Le mode de proceder des legendaires est, disons-le en
terminant, facile k d^couvrir. Salvard, Finard et leur en-
tourage ne firent leur apparition en Flandre que lorsque
les dues de Bourgogue devinrent les maitres de la con-
tr^e. Alors on inventa ce prince arrivant de Dijon pour se
faire tuer prte de Lille , cette princesse qui survit k son
mari tout eipr^s pour mettre au monde un b^ros qui sera
le premier des princes de la Flandre et y implantera une
lign^e bourguignonne , plus de six cents ans avant I'^poque
de Marguerite de M^leet de Philippe le Hardi. Mais fouillez
les vieilles annates de Saint-Bertin, de Sain t-Vaast, de Saint-
Amand, fouillez les cartulaires de ces puissantes abbayes,
rien n'y parte de ces pr^tendus forestiers; analysez les
chroniques de la Flandre r^unies par la Commission royale
d'histoire : celles qui sont ant6rieuresi la fin du quatorzi^me
si^cle ne connaissent ni Salvard, ni Finard. L'heure de
la naissance de ces personnages romanesques n'avait pas
sonn^.
Si Ton veut pr^tendre que le premier r^cit concernant
les forestiers est exact, parce qu*il mentionne un Enguer-
rand dont Texistence, en qualite de comte, est attest^e
( 219 )
par un capitulaire de Fan 855; si Ton signale k I'appui da
deuxi^me recit le fait que le maire du palais Leudesius
s'appelait aussi Lentheric et que son p^re Erchinoald a
poss^de des biens du cdt6 de Douai , je dirai , de mon
c6t^ : acceptez encore le troisi^me r^cit, ou Ton vous parle ,
comme d'un forestierqui fat tu^ par Glovis, d*un Raganaire,
identique ^videniment avec le roi Ragnacaire, ce parent de
Clovis dont Gr^goire de Tours raconte Tassassinat. Ge
serai t se montrer trop facile que d'accueillir des r^cits fal-
sifies uniquement parce qu'ils pr^sentent une circonstance
acceptable. Non, les faits relatifs aux forestiers sont si
etrangement racontes qu'ils n'inspirent aucune confiance.
Raffermis dans notre opinion par I'examen auquel nous
nous sommes livr^, nous persistons k les rejeter dans
leur entier (1 ).
(1) Dans certaiDS travaux historiques on trouve des assertions si nette-
ment formulees qu*on pourrait sapposer qu'elles reposent en effet sur des
autorites incontestables. Citons, par exemple, les phrases syivantes :
« Dans plusieurs chroniqaes contemporaines il est dit que Louis le De-
• bonnaire donna des terres en Artois k Engelram , uls de Lydericque
> d'Harelbeke, pour le r^compenser du z^le quMl avalt mis k combattre
n les Normands. » {Annales de la Soci4t6 (T Emulation de Bruges, %• s^
riejUll, p. 23.) — c On trouve dans les capitulaires des rois de la
A deuxi^me race des rapports eutre plusieurs de ces rois et Odoacre,
n autre prince qui se trouve dans la liste des forestiers. • {Ibidem^ p. 24.)
En realite, aucune cbronique contemporaine de Louis le D^bonnaire n'a
dit et n*a pu dire que ce monarque , qui mourut en 840, recompensa En-
guerrand d'avoir guerroye contre les Normands, lesquels ne commenc^rent
k devaster les c6tes de ses £tats qu'en 850; Tauteur de la phrase cit^e plus
haut renvoie h des Seript{ore8) franc{ici) dans MartSne, Amplissima col-
lectio f passim; une citation plus explicite n*aurait pas et^ inutile, si on
avait pu la prodnire. Mais on pent avancer, sans crainte d'etre dementi,
qn^aucune cbronique des neuvi^me et dixieme si^cles n'a parl^ des fores-
tiers, et qu*aucun capitulaire des emperenrs et rois francs ne mentionne
( 220 )
L'bistoire de la Flandre, cette bistoire si grande et si
dramatique, ne pent que gagner k £tre d^barrass^e de
niy(hes incolores, qui ne nous r^velent pas une particu-
larite qui ne donne mati^re a contestation.
Karel en Elegast. Deux fragments manuscrits (ensemble
128 vers) du quatorzieme siecley conserves a la Biblio^
theque de la ville de Namur; communication de
M. J.-H. Bormans, membre de TAcademie.
Apres le Reinaertf il n'existe aucun ancien poeroe en
notre langue donl la critique litt^raire se soit plus volon-
tiers occup6e, ni dont elle ait plus constamment vant^ ie
m^rite, que celui dont on vient de lire Ie titre. Get int6res-
santr^cit, dont la redaction remonte probablement au com-
mencement du treizi^me si^cle , ne se compose que d'envi-
rion quatorze cent douze ou seize vers, et pourtant jusqa'ici
on n*en a pas d^couvert un seul manuscrit complet. Les
pbilologues modernes ne le connaissaient encore, il y a une
quarantaine d'ann^es, que par deux exemplaires imprim^
k la fin du quinzi^me si^cle, dont Tun, et le meilleur.
le forestier Odoacre. II est impossible, par cons^uent, d*admeUre les
axiomes que Ton formule comme suit :
tt Personne ne peut plas se permettre de trailer de chimerique Texis-
« tence d'au iuglielraiii , d'un Leodesius, d'un Leuterius nomm^ commu-
n Dement Liederick de Bac. » {Annales cil^Sy 2* serie, t. XI, pp. 1 k 10.)
« L'exislenc9 de Lyderic,d*EDgelram, d*Odoacre et de Baudoain est
iocoD testable. » {Ibidem^ t. II, p. 26.)
Placer Lideric et Odoacre sur le m^me rang qae Enguerrand el Baa-
douin I<^', c'est entrem^ler le r^l et le fabuleax; ceux-ci ont v^cu, les
aufres ne sont que des ombres.
( 221 )
appartenant a la Bibliotheque royale de la Haye, I'autre k
celie de Berlin, qui servirent en 1856 k Hoffmann v. Fal-
LGRSL. k en donner une nouvelle Edition dans ses Horae
Belgicae. Un troisi^me ancien exemplaire rest^ inconnu
k Hoffmann, et qu'il m'a 6t^ permis de copier en partie,
^lait entre les mains de feu notre confrere Serrure^
Quelque temps apres T^dition de Hoffmann, Fr. Mone
trouva k la Bibliotheque d'Arras quelques fragments d'un
manuscrit du quatorzi^me si^cle qu'il publia dans son
Anzeiger. Enfin en 1840 M. Holtrop, conservateur de la
Bibliotheque royale de la Haye, d6couvrit aussi deux
feuiliets manuscrits de la mSme ^poque, contenant k pen
pr^s 250 vers. Cest aid6 de ces secours auxquels ii put
encore peu apr^s joindre le texte bas allemand du Karl
Meinel public par Adalb. Keller, que le savant philologue
hollandais M. Jonckbloet pr^para I'^dition critique qu'il fit
paraltre en 1859. II regrettera sans doute qu'il n'ait pas
eu en mSme temps k sa disposition mes deux fragments ,
qui lui auraient fourni plus d'une le^n preferable k celles
de son texte, oh sa critique est parfois restee en defaut. *
Je ne chercherai pas k donner ici les preuves de cette
derniere assertion. II sufBt que je transcrive exactement
les originaux, qui doivent la justifier aux yeux du public
et de M. Jonckbloet lui-meme.
On me reprochera peut-^tre de n'avoir pas, de mon cdte,
rectifie an moins certaines mauvaises rimes et d'autres
inexactitudes d'ecriture du manuscrit. G'eAt ete inutile,
puisqu'elles n'echapperont k aucun lecteur instruit. II n'y
a que le vers 47 du IP feuillet (qui manque du reste ainsi
que son correspondant dans tons les autres textes), qui
pourrait embarrasser quelques personnes et que , par ce
motif, je corrigerai ici. On y lit : En so goet en so scoene;
( 222 )
le copiste a fait, comme cela se voit sou vent, compter le s
du premier so deux fois; il devait terire : Ens so goet, etc.
ou Hens == Het en es, Aujourd'hui nous dirions : Er ou
Doer en is geen zoo goed. Je n^expliquerai pas le vers sui-
vant qui offre d'autres difficult^s dignes de la critique de
M. Jonckbloet. Le vieux texte de Serrure mentionn^ tantdt
donnait :
Gheselle, seyt hi, dits tgereyde
Daer ic u hudeo af seyde,
Dit will bewaren, want ic sal gaen
Nu, Eggeric sijti hoef af slaen ,
0(1 dodeti mil eeoeo kny ve , eoz.
Quoique je me sois bien promis de ne faire aucune
observation critique sur le texte imprim^ par M. Jonck-
bloet, j'y dois cependant signaler la formule qui revient
plusieurs fois : ah God woude, vs. 146, oili il faut absolu-
ment lire avec mon manuscrit, et m^me sans tout manu-
scrit : alst Godwoude, comme M. Jonckbloet a lui-m^me
faitau vs. 160, pour als God wilde que portait sou exem-
plaire B. Si son exemplaire A donne ici alst^ il aurait dA
suivre cette le^on partout. Six vers plus loin (vs. 165), je
necomprends pas son renvoi i vs. 1292; Fomission deop
dans ses exemplaires A et B a dA attirer son attention ,
mais mon fragment lui expliquera cela : le copiste de ces
deux textes a tronv^ op (sijn ors) sitten k cdt^ de in sijn
ghereide^ trop charg^, et dans mon fragment ghereide est
adverbe,= ^A^ree^^ ghereedelijc ^ terstond, et c*^(ait bien
la pens^e du poete.
Enfin , encore 11 vers plus loin (Jonckbloet, vs. 177), le
texte pr^fi^r^ par T^diteur et son explication, p. 185, me
satisfont ^galement pen. La critique exigeait : dies hadsi
ghere ou mieux encore : dies hadde ghere^ c'esl-a-dire : zij,
( 223 )
de Joden, wien van hen het luste, sloeghen hem. M. Jonck-
bloet mentionne ia le^on de son exemplaire A, mais il ne-
glige de la transcrire. N'y avait-il pas d^j^ dies hadde^ ot
lui a mis haddi?
Je termine cette notice en disant que nos feuillets^taient
colics k Tint^rieur sur les deux couverlures d'un volume
tr^s-petit in-S"". Chaque page contient 52 ou 33 vers.
L'avanl-derni^re a un peu souffert au d^coUement, k cause
de I'encre qui est de mauvaise quality ; cependant j'ai pu
tout lire.
Je me fais en m^me temps un devoir d*exprlmer ici ma
reconnaissance k la direction de laBiblioth^que namuroise,
qui a bien voulu autoriser mon fiJs, archiviste de r£tat
k Namur, k mettre pour quelques jours ces precieux feuil-
lets sous mes jeux.
I«r Feuillet, ro (JkbL ys. 150).
Vs. 1 Die Conine Karle efi cleyden
Met sinen dieren ghewaden»
Ais die te stelene was beraden.
Het was altoes sine sede ,
5 Dat men sine wapenen dede
Ten bedde daer hi lach :
Het waren die scoenste die noyl man sach.
Alse hi doen gbewapenl was»
Ghinc hi dore dat palas.
10 Daer en was slot ghen soe goet
Noch dore, diene weder stoat,
Sine waren alle ieghen hem onttaen :
Daer hi wilde mocht hi gaen.
Daer en was nieman diene sach;
15 Want dat vole al gader lacb
In doeden slape, alst God woude.
Dit dede hi al doers coninx hoade :
Sine halpe was hem ghereet. ^ ,
Ab hi die borch brugghe leet, "* ^
( m )
20 Ghinc hi doen met liste
Ten slalle daer hi in viste (/. wiste)
Sijn ors efi sijn ghesmide.
SoDder enich langher beyden
Hi sadelet efi satter boven,
25 Opi ors dat men roochte loven.
Doen hi ter porten ghereden qaam ,
Sach hi daer efi yernam
Den wachler efi den portenare
Die luttel wisten dat haer here
30 Soe na hen was met sinen scilde.
Si sliepen yasie, alst God wilde.
Die coniuc beetle efi onttoet
Die dore die besloien stoet,
¥<* Efi leider syn ors uut
35 Sonder niemare efi gheluuU
Doe sat hi op sijn ors ghereide
Die Conine Karle , efi seyde :
God, alsoe ghewaerlike
Als gbi quaemt in erlrilce
40 Efi vort sone efi vader,
Om ons te verloessen al gader
Dat Adaem hadde verloren
Efi dat na hem was geboren ;
Ghi liet u aen den cruce slaen,
45 Doen u die Joden hadden gtievaen
Efi staken a met eenen spere ;
Si sloegben u, dies tiadden si gbere.
Dese bellerlike doet
Onlfincdi, Here, doer onse noet,
50 Efi braect die belle daer naer.
Also waerllke als dit was waer,
Efi ghi , Here , Laseruse,
Die lacb in sine cluse,
Verwecket , Here , van der doet »
55 Efi van den stene makel broet,
Efi van den watere wijn,
Soe moeti in miere gheleide sijn
Aen deser deemster nacht,
Efi yerbaerl aen mi uwe cracht,
( 225 )
60 Oetmoedich God, gheweldtch Vader,
Aen u soe keric mi al gader.
Hi was in menegherande ghedochte
Waer bi beest riden mochte,
Daer hi stelens mocbte beghinnen.
65 Doen quam bi in een wout binnen ,
Conine Karle die edei man ....
1I« Feuillbt, ro (JlLbt. ys 905).
Vs. 1 Hi peinsde bi sonde bringben voert
Die ondaet entie moert.
Alse dit die vrouwe boerde,
Si antworde na den woerde,
5 E& seide : mi ware liever vele
Dal men n hingbe bider kelen
Dan ic dat gbedogen sonde !
Egg* sloecb also boude
Die yrouwe Yor nese ell mont
10 Dat baer tbloet ter selver slont
Ter nese enten monde wt brae.
Si rechte baer op eh stac
Haer ansc^n oyer tbedde boem.
Elegast bi naems goem,
15 EZl croperliseliken toe.
In sinen rechtS banscoen
Onlfinc bi dbloet van der vrouwen ,
Cm dat bgt wilde lalen scouwen,
Eil den coninc te voren brocbte,
30 Dat bijs hem wachlen mocbte.
Daer na seide Elegast ene bede
Daer hi mede slapen dede
Egg* en sine vrouwe;
Hi sprac sine woert met trouwen,
25 Dat si sliepen berde vast.
Doen so stal bem Elegast
Sinen sadel ell sijn swH
DattiliefhaddeeOwH,
En maecten sire verde
SO Buten hove te sinen perde
2"* SfeRIE, TOME XXXVI. ' iS
( 226 )
Enten cooinc diea sere verdocbte :
V<> Om al tgoet dai Elegast brocbte
Haddi daer niet gestaen,
Hadi na sinen wille mogeo gaen,
35 So sere was hi veirert.
Hi vragede waer hi hadde gemeert.
Elegast seide : hi en mochs niet :
Bi al dat God ie leven liet !
Hets wonder dat mijn herte niene brect
40 Van den rouwe diere in stect;
Sone brect si nemmermeer
No dor rouwe no dor zeer,
Des benic seker te voren;
Si he vet nu so groten toren.
45 Gheselle, seit hi, dits gereide,
Daer ic hedeneer af seide :
En so goet elk so sooene
Onder Code van den troene ,
Dit boat; eD ic sal weder gaen
50 Egg* sijn hoef af slaen
Of doet steken met enen knive,
Daer hi leet bi sinen wive.
Dan liel ic niet om al tgoet
Dat die werelt binnen hout ,
55 Efi ic sal weder keren sciere.
Doen bemaenden de (sic, /. die) coninc diere
Datti hem seide dor welke sake
Hi so sere ware tongemake :
Ya, en sidi gans ell gesont,
60 Efi hebt wel X. C. pont,
Ent ghereide daer ghi om ghict?
Ay ! Here, hets al ander dine
Dat mire herten sere deert ....
( 227 )
Reponse a un ariicle de M. Schuermans insere dans le
Bulletin des commissions royales d'art et d'archeolo^
gie (1); par M. Roulez, membre de rAcad^mie.
A la suite de renvoi en aoAt 1872, k tous les membres
de la classe , d'une circulaire imprim6e de H. SchuermaDS ,
j*ai lu dans la stance d'octobre une note contenant des
explications sur mon diff(§rend avec Thonorable conseiller
de la cour d'appel de Li^ge , puis , dans la s^nce de no-
vembre, deux lettres servant de complement k ce tte note.
Anim^ du d^sir, qu'a partag^ la classe, de ne pas voir se
prolonger une controverse sur un objet d'aussi peu d'im-
portancescientiOqueJen*ai pas demand^ Timpression de
ces trois pitees. Mais mon adversaire ne paratt aucune-
ment dispose k mettre fin k la lutte. Dans un article por-
tant la date du 10 novembre 1872, mais ins^r^ dans la
livraison du Bulletin des commissions royales d'art et
d'arch^ologie qui a 6l6 distribute dans le courantdu mois
dernier, it revient k la cbarge, et, se railiant de mon silence,
il appelle les pi^s en question des manuscrits qu'on ne
produit pas en public et qu'on reserve sans doute pour la
posterHiy et il insinue que c'est par prudence qu'elles n'ont
pas M imprim^es.
En presence de ce d^fi ou plut6t de cette insulte jet^e
k un adversaire que Ton sMmagine avoir terrass^, personne
ne s'6tonnera que je vienne prier la classe d'ordonner
rimpression, dans le Bulletin de la pr^sente stance, de ma
(1) Douzidme annee, n<>* 3 et 4, pp. 148 k 159.
^ I
.( 228 )
note et des deux lellres, ainsi que des observations que
je crois devoir faire sur le dernier article de M. Schuer-
mans.
Note lue dans la seance d'octobre 1872.
Messieurs J'ai toujours regard^ comme un devoir d'exa-
miner les Merits envoy6s i TAcad^mie, qui rentraient dans
masp^cialit^, mais dans ces derniers mois j'ai decline la
charge de commissaire pour Texamen de notes de M. le
conseiller Schuermans, me bornant k all^guer que je ne
voulais pas m'exposer k devoir entrer en discussion avec
Tauteur. Comme on aurait pu croire que mon refus avait
pour raison le peu de cas que j'aurais fait des productions
de Tantiquaire li^geois, j'ai cru devoir en faire connattre
les v^ritables motifs k mes confreres et j'ai choisi pour
m'expliquer Toccasion de la lecture des rapports sur Tune
de ces notes , dans la stance du mois d'aoi!kt dernier. Mes
explications ont ^t^ rapport^es inexactement k M. Schuer-
mans, qui a trouv^ bon de protester par une circulaire
envoy6e k chacun de vous. Afin que les explications que
je vous demande la permission de vous soumettre aujour-
d*hui n'^prouvent plus le mdme sort J'ai pris la resolution
de les mettre par 6crit.
Ceux d'entre vous, Messieurs, qui ont lu un peu atten-
tivement les extraits du journal des Beaux-Arts, repro-
duits k la suite de la circulaire, doivent £tre convaincus
que je n'ai pas dit, que je n'ai pas mSme pu dire que I'ho-
norable conseiller de la cour de Li^ge a prouv6 son igno-
rance de la signification du mot tumulus, Je n'ai jamais
dout6 et jene doute aucunement qu'il ne sache aussi bien
que moi et que tons les gens qui ont appris le latin, que
ce mot a signifi^ d'abord un tertre, une colline et par
( 229 )
extension un tombeau, parce que les corps ou les cendres
des morls ^taient recouverls d'un monceau de lerre. C'est
done le sens du passage oil ce mot est employ^ qui doit
indiquer dans laquelle de ces deux acceptions il faut le
prendre.
Dans son article du raois de juin 1865, M. Schuermans
oppose k une assertion de mon rapport k TAcad^mie (1) les
deux vers suivants de r£n^ide de Yirgile :
. . . Soeios in ccBlum littore ab omni
Advocat JEneas tumulique ex aggere fcUur (2).
c Ge tombeau, dit-il, quegravit £n£e pour adresserdu
» h<iut du tertre une allocution k ses compagnons,ce tom-
» beau est celui d'Anchise. » J'ai r^pondu et je r^ponds
encore que, selon moi, le tumulus de ces vers n'est pas un
tombeau , mais un tertre (5) et en tout cas ne saurait Sire
(i) Bapport iur le projet de donner la forme de dolmen au piSdestal
de la statue d'Ambiorix, Bulletin, 2« serie, t. XIX, p. 424. 11 y est dil:
« Ambiorix serait done repr^ent^ foulant aux pieds un objet sacr6 que,
pendant sa vie, il entourait de toute sa v^n^ratidn. »
(2) Heyne remarque sur ce vers que tumuli ex aggere est dit par Ele-
gance (et j'ajouterai pour le besoln du vers) pour ex tumulo.
(3) Un des meilleurs grammairiens des beaux temps de la litterature la-
tine, L.iElius StiIo,donne cette d^flnition du tumulus (ap. Festum,p. 555,
Hnller) : Tumulus est cumulus arence editus secundum mare, fluctibus in
altum elevatus unde similiter et manufactus et naturalis proprie did
potest. II semble que ce soit Egalement d'un de ces amoncellements de sable
sur la c6te quMl est question dans ces deux vers de PEn^ide (VIII, 1 12 sv.):
Et procul e tumulo : Juvenes qua causa suhegit Ignotas tentare fHas?
Quo lenditis inquit? Gf. Eneide,V, 113 : E/ tuba commissos medio canit
aggere ludos. Ill, 21 et tl'.mactabamin littore taurum. Forte fuit juxta
tumulus. Heyne remarque sur ce dernier vers : Porro tumulus hoc loco
simplex eoUis , nam insepultus fuerat projectus ut ex v. 62 sq, apparet,
cf. 45-46. Arena autem, ventorum fluctuumque impulsu aggesta in colli-
cult spedem, corpus erat tectum.
( 230 )
le tombeau d'ADchise. Ce dernier poiot est de toute Evi-
dence. En effet, apr^s avoir prononc6 son allocution,Ento,
accompagnE de plusieurs milliersde personnes, se rend du
lieu de Tassembl^e^ c*est-i-dire du lieu oh il avail parle au
tombeau d'Anchise; c'est ce que disent incontestablement
les deux vers suivants (75 et 76) :
iUe e coNCiLio muUit eum milHbtu ibat
Ad tumvlum.
Si £n^ avait fait son allocution du haut du tombeau
d'Ancbise, pourquoi ie poete ajouterait-il qu'il quitte le
lieu de I'assemblEe pour aller k ce tombeau. Personne de
vous, Messieurs, ne sera dispose k soup^nner Virgil e d'une
pareille absurdity.
M. Schuermans aurait pu se tirer de ce pas en faisant
une demi*concession ; il pouvait avouer que le tumulus
du haut duquel £n£e avait portE la parole, n'^tait pasle
tombeau d'Anchise, tout en continuant a soutenir que
c'Etait un tombeau; mais il a reculE devanl I'aveu d'une
simple erreur el convaincu que les lecleurs du Journal de$
BeauX'Arts ne compulseraienl pas Virgile , il m*a r^pliquE
de la mani^re suivante dans sa letlre de juillet 1868 :
« II s'agira, en premier lieu, de savoir si Virgile, en par-
» lant de V Agger du tumulus, nMndique pas Evidemment
» un amoncellement de terre, fait de main d*homme, et si
» £n6e, s'^tant placE sur eel agger j ne dit pas en propres
> lermes que 1^ est le tombeau de son p^re en pronon^ant
> ces paroles oCi H. Roulez s'arr^te dans sa citation :
Nunc ultra ad cineret iptius et ossa parentis
Adsumus (V. 56 et 57). >>
Ainsi, Messieurs, je suis accuse d'avoir saulE des vers
( 231 )
45 et44 aux vers 75 et 76, en omettant de citer les vers
56 et 57, qui De seraient pas favorables k mon opinion.
Or j'aiBrme que ces deux derniers vers sont enli^rement
Strangers k la question de savoir si £n6e a parl6 du haul
du tombeau d'Anchise et qu'en cons6quence je n'avais pas
k en tenir cooipte. Je ne demande pas, Messieurs, que vous
vous contentiez de ma simple affirmation ; je prierai les
membres les plus competents de la classe de vouloir bien
examiner le passage et de se prononcer en toute liberty pour
ou eontre moi. Ces vers 56 et 57, pour dtre bien compris,
ne peuvent pas dtre d^tacb6s de ceux qui pr^c^dent. Yoici
en r6sum£ ce que le Qls d'Anchise y dit k ses compagnons
assembles : II y a un an que mon p^re est mort ; si en ce
jour anniversaire, je me trouvais en mer ou dans un pays
barbare et ennemi , je ne laisserais pas de le c^l^brer par
des sacrifices; k plus forte raison dois-je le faire mainte-
nant, que par la volont^ des Dieux nous avons &i6 jet^s par
la temp^te sur la terre mdme qui renferme les cendres et
les ossements de mon pire et que nous avons abord6 dans
un port ami :
Nunc tUiro ad cineres ipsius et ossa pcurenlis
Haud equidem sine mente reor sine numine Divum
Adsumus et portus delati iniramus amicos (i). -
Ce sont ces mdmes vers que I'honorable M. Schuermans
insinue avoir ^t6 escamot^s par moi. On rencontre parfois
dans une certaine presse des 6crivains, qui, pour avoir plus
facilement raison de leurs adversaires, mutilent des docu-
(i) La phrase: et portus delati intramus amicos, omise dans la ciu-
tion de M. Schuermans , rend impossible le sens Ull^rai attribue par lui
aux mots : ad cineres et ossa parentis adsumw.
( 232 )
ments ou de$ citations; ce proc^6 d^loyal et peu honn^le
est inconnu aux ^rudits. J'ai done le droit de regarder Fin-
sinuation de I'anliquaire li^geois comme une grave injure
pour mon caractire. C*est par ce motif que j*ai d^daign^
de lui r^pondre une seconde fois dans le Journal des
Beaux-Arts et que j'ai refuse d'examiner ses notices.
Permettez-moi, Messieurs, avant de finir^de vous signa-
ler un trait piquant. Apris ies lignes de sa lettre de juillet
1868 rapport^es ci-dessus, M. Schuermans continue en ces
termes : c Or, que lis-je dans Servius, I'annotateur de
> Yirgile : terrce congestio super ossa tumulus dicitur ( un
» terlre artificiel sur des ossements s'appelie un tumulus) ;
» n'est-ce pas ]k la preuve que la butte sur laquelle £n4e
> s'^tait plac^ est bien le tombeau de son p^re ? > Comme
Tauteur ne dit pas sur quel vers de Yirgile Servius a fait
sa note, tout le monde doit croire et j'ai cru moi-m£me
qu'elle se rapporte au vers 44 du Y"" chant de I'fin^ide et
que par cons^uent M. Schuermans avait en faveur de son
interpretation Tautorite de ce grammairien. Eh bien, il n'en
est rien. La definition pr^cit^e est emprunt^e a une note
de Servius sur le v. 22 du III® chant oCi le mot tumulus,
au jugement de Heyne, signifie simplement une colline.
Yoici la note enti^re du commentateur de Virgile : Tumu^
lus autem dicendo uno hoc sermone et collem et sepul^
chrum fuisse signifkat : Potest enim tumulus et sine sepul-
chro interpretatione collis interdum accipi. Nam et terrae
congestio super ossa tumulus dicitur. On remarquera que
la phrase iranscrite par mon contradicteur et qui est favo-
rable k son opinion, termine cette note, mais que la phrase
pr^c^dente contraire k cette opinion n'est pas citee. Je
n'imiterai pas, mdme par repr^sailles , I'exemple de Tanti-
quaire li^eois; je ne lui ferai pas I'injure d'insinuer qu'il
( 233 )
n'a cit6 que la (in de la note de Servius, en ometlaht sciem-
ment ce qui pr^cMe; j'aime mieux supposer, pour l*hon«
neur de T^rudilion, qu'il a pris cette phrase isol^e ailleurs
que dans ie commentaire sur I'^n^ide.
LeUres lues dans la seance du 4 novembre 1S73I.
Louvain, Ie28 oclobre 1872.
Monsieur et honors gonfr£:re ,
D'apris Ie d^sir exprim^ dans la lettre que vous m'avez
fait rhonneur de m'adresser, j'ai examin6 consciencieuse-
ment Ie passage du V chant de I'^n^'ide, qui fait Tobjet de
votre controverse avec M. Ie conseiller Schuermans.
Mon opinion, est-il besoin de Ie dire, est tout & fait con-
forme i la vdtre.
£n^e, aprte son allocution ^ ses compagnons, se rend
au tombeau de son p^re [jbal ad tumulum^ vv. 75-76) :
par consequent , il n'y ^tait pas pendant son allocution :
par consequent, les mots lumuHque ex aggere ne peuvent
pas signilier : Ie tombeau d'Anchise. Je ne sais si M. Schuer-
mans a consacire k la pol^mique sur ce sujet d'autres arti-
cles que ceux qu'il reproduit dans sa circulaire ; mais, pour
donner k sa these quelque probability, il devait avant tout
expliquer et faire disparattre cette contradiction choquante
qu'il attribue k Yirgilc. Or les passages, ins^r^s dans sa
circulaire, ne contiennent pas la moindre r^ponse k votre
objection fondamentale.
Par contre, il invoque les vers 5&-57 :
Nunc ultro ad cineres ipsius et ossa parentis
Adsamus.
( 234 )
E( il les traduit par : Nous voici aupres des^ cendres et
des ossemeats de mon p6re.
II s'agit de voir si dans ce passage les mots adesse ad
cineresj signifient : eire aupres des cendres, ou bien, ce
que la latinit^ perraet parfailement, etre pres, dans le
voisinagej a une proximite plus ou moins grande des
cendres.
Or, abstraction faite de ce detail que, dans Topinion de
M. Schuermans, £n^ ne se trouve pas aupres des cendres,
mais sur les ossements m6mes de son p^re, la seconde
interpretation me semble, seule, admissible, et ce par
plusieurs motifs :
1"* Elle 6carte la contradiction que M. Schuermans
attribue gratuitement au poete ;
2" Elle r^sulte de la 2* partie du vers 57 : et partus de-
laii intramus amicos, qui, comme vous le dites , rend im-
possible le sens littoral donn6 par M. Schuermans aux mots
precedents ;
3*" Si £n6e s'^tait trouve sur le tombeau de son pdre, il
n'aurait pas commence son discours par cette pensee : // y
a une annee depuis que nous avons rendu les derniers hon^
neurs a monpere; mais ses premieres paroles eussent ete,
sans aucun doute, celles que Virgile lui attribue, en effet,
au moment oh £nee arrive pr^s du tombeau :
Salve, sancte parens : iterum salvete, etc. (v. 80).
Tout au moins, £nee ne se serait-il pas conlente de dire
vaguement : Condidimus terra (v. 48) : mais il ett fait res-
sortir d*une maniere plus precise ce point important : que
cet endroit mdme etait le tombeau de son pdre.
En resume, c'est en vain que Ton invoque les vers 56-57,
( 233 )
pour pr^tendre que Vagger tumuli du vers 44 est le tom-
beau d'Anchise.
Maintenant, comment faut-il iQterpr6ter ces deux mots :
agger tumuli ? Est-ce une ^l^valion artificieiie , faite de
main d'homme sur des ossements humains, ou est-ce un
simple amoncellement de sables, comme vous le croyez? Ici
encore, votre opinion me semble la plus fondle. Pourquoi
Virgile eftt-il fait parler £n6e justement du haut d'un tom-
beau? II est vrai que Texpression agger tumuli, bien que
Heyne y voie une 6I^ance de langage, au lieu du simple
agger ou tumulus, me semble £tre plutdt un pl^nasme
assez inutile. Cependant les manuscrits de Virgile sont
tons d*accord sur cetle le^^n : il ne reste done, ou bien
qu'i expliquer cette expression tant soit pen d^fectueuse
par une n^cessit^ de m^trique , comme vous le faites, ou
bien qu*4 consid6rer le vers 44 : advocat Aeneas, comme
inachev^ en effa^ant comme une ajoute post^rieure, les
mots : tumulique ex aggere fatur. Telle est Tepinion de
Stanger {Blaetler f. d., Bayerische Gymnasialwesen. Bam-
berg, 1866, t. Ill, p, 10).
N*6tant pas sAt, Monsieur et honor^ confrere, de pou-
voir assister k la stance du 4 novembre procbain, je vous
en voie ces quelques lignes , vous permettant d*en faire tel
usage que vous jugerez convenable.
Agr6ez, Monsieur et honor6 confrere, I'expression de
mes sentiments respectueux et d^vou^s.
P. WlLLEMS.
( 236 )
Gand, le 2 novembre 1872.
Monsieur et honors gomfr£:re ,
Yous roe faites Thonneur de me consulter sur le point
de savoir si les vers 55 el 57 da V* livre de I'fn^ide peu-
vent servir k ^clairer le d^bai qui s^est 6le\6 entre vous et
M. Schuermans, au sujet de TiDterpr^tatioD des vers 43 et
44. J'ai examine, avec toute I'attention dont je suis capable,
les diffSrents passages dont il est question dans cette con-
troverse, et je declare que non-seulement je partage com-
pl^tement voire mani^re de voir, mais que, d'apris moi, il
faut fermer les yeux k T^vidence pour ne pas reconnatlre
que vous avez raison.
Les vers 55 et 57 prouvent, ce qui d'ailleurs n'a pas
besoin de d^monslration , qu'^n^e el ses compagnons se
Irouvent dans le voisinage du lombeau d*Anchise; mais
on ne saurait en induire, par aucun arlifice d'inlerpreta-
lion, que le poele ait voulu parler d*un voisinage imme^
diaL
Par consequent ce passage, loin de Irancher la difiiculte,
ne peul acqu^rir lui-mdme un sens precis que par le rap-
prochement des vers 42 et 75-76, d*oii il r^sulte aussi clai-
rement que possible (aucun philologue s6rieuxne soulien-
dra le conlraire) que le tumulus du haul duquel fn^e
s*adresse k ses compagnons de voyage ne peul pas £lre le
tumulus qui couvre la cendre de son p6re,aUendu qu'apres
avoir parl6 [sic fatus) sur le premier, il se rend [e concilio
ibat) vers le second.
Je n'h^sile done pas k affirmer calegoriquement que les
vers 55 et 57 ne peuvent servir, en aucune fa^on , k d£-
( 237 )
terminer le sens du vers 43. Yous n^aviez done pas k vous
en pr6occuper,el M. Schuermans, en vous reprochant de ne
pas les avoir cit^s , fait preuve d*un manque complet de
critique.
Je ne crois pas devoir m'^tendre davantage sur cette
question, qui est parfaitement claire, et qui, du reste, con-
sid^r^e en elle-m£me, n'a que peu d'importance; mais je
ne puis terminer ma lettre sans vous ££liciter d'avoir re-
lev^, comme elle le m^rite, Tinsinuation de M. Schuermans
qui n*a pas su respecter en vous cette loyaut^ scientifique
que vous vous. attribuez k bon droit, et qui constitue, en
effet, le premier devoir de T^rudit.
Je vous autorise k faire de cette lettre tel usage que
vous jugerez convenable.
Yeuillez agr^er, mon cher confrere, la nouvelle assu-
rance de mes sentiments les plus d^vou^s.
A. Wagener.
Dans son article public dans le Bulletin des commissions
d*art et d'arch^ologie , le savant antiquaire li^eois recon-
nait enfin que Yirgile dit qu'Cn^e, apr^s avoir termini son
allocution, se dirige vers le tombeau de son p^re et,a6n de
concilier ce fait avec son explication, il attribue au tombeau
d'Anchise une forme de pure fantaisie, en contradiction
avec le texte du poete. c Quoi de plus simple, dit-il, que
> de supposer un seul tombeau de terre, un immense tertre
> au haut duquel est 6rig6 le monument? Que de repr6-
> senter Cn^e, sur ce tertre, haranguant ses compagnons,
> leur montrant le monument et disant : c lA sont les
> cendres de mon p^re? > EnGn que de montrer £n6e et
( 238 ) •
» sa Dombreose suite se dirigeant vers le monument oOi
» les c^r^monies vont s'accomplir? Ainsi se concilient,
» avec leur sens logique et nature! , toutes les mentions
» relatives a Vagger tumuli et au monument lui-mdme
» ^rig^ sur le tertre. »
Si Ton admet qu'£n6e a parl£ au haut du tertre entour^
de ses compagnons, au nombre de plusieurs milliers, it
feut d^larer que le texte de Yirgile est fautif et qu'au lieu
de ex aggere faiur, ii devrait porter in aggen. Mais cette
eonrection n'est pas possible par la raison que in resterait
bref devant la voyelle qui commence le mot suivant. En-
suite pour que le poete ait pu dire qu'apris I'alloculion
Torateur et son nombreux auditoire quittirent le lieu de
Tassembl^e (e concilio) pour se rendre au monument, il
a faliu que le tertre, dont celui-ci occupait, sans doute, le
milieu , ait 6i6 bien vaste. Or il r^pugne de supposer au
tertre fun^raire d'Anchise une telle ^tendue, quand on r^-
fl^chit en quelles circonstances et par qui il a &i& ilesL
Pour ^chapper i cette objection, M.Scbuermanspr^tendra
peut-^tre que je Tai mai compris, que dans sa pens^e la
foule se trouvait au pied du tertre et £nee plac^ sur la
pente k une hauteur convenable pour se faire entendre de
ses auditeurs. Dans ce cas j'objecterai que Yirgile s'est servi
d'une expression fort impropre en ^crivant ibat ad tumu-
lum. On ne dit pas d'une personne qui se trouve au bas
d'une colline qu'elle t^a, mais bien qu'elle monte au sommet
de cette colline. Par consequent , dans la supposition, bien
entendu, que le tumulus fAt un monument distinct de
Vagger, il aurait dA ^crire ascendebat ad tumulum. La
seconde bypothese n'est done pas plus acceptable que la
premiere.
Selon rhonorable conseiller, le tertre fun^raire d'An-
( 239 )
chise est d^igo^ par le mot d'agger et le monuinent qui
le surmonle par celai de tumulus. Cette distiaction est
comply tement arbitraire : Tumulus signifie le plus fr^-
quemment un tertre fun^raire sans monument; il s'ap-
plique parfois aussi au tertre et au monument r^unis.
Mais, aussi longtemps qu'on n'aura pas cit^ un texte
moins douteux que le tumuli ex aggere fatur de Virgile^
je n'admettrai pas qu'il puisse s'entendre d'un monument
tel qu'une colonne, une st^ie, etc., qui surmonte un ter-
tre, ^Texclusion du tertre lui-mdme.
Apr^ avoir fait une grande d^pense de citations (1)
pour chercher k ^tablir qu'£nee a r^ellement haranguS
ses compagnons du haut du tombeau d'Anchise, M. Schuer«
mans continue ainsi :
< Or si i'exemple d*£n£e gravissant le tertre oik est le
> tombeau de son pdre apparatt comme £tant cit6 mal k
> propos — ce que la discussion ci-dessos d^montre
> n'Slre pas — on ne sera pas embarrass^ d'en invoquer
» d'autres plus concluants encore. >
c Que dira-t-on, par exemple, de Pyrrbus, que S^n^que
» (Troad., v. 1149) repr^sente non pas seulement escala-
> dant Y agger du tumulus de son pire Achille, mais allant
> se placer sur le sommet du monument. mSme, au haut
9 de cet agger ;
(It primum ardui
Sublime tnontis tetigit, alque alte edito
Juvenis patemi verlice in btisti stetit, »
Je dirai que si Pyrrbus a &t6 se placer au haut du tom-
beau d' Achille, c'est parce qu'il devait immoler Polyxine
(1) J'aarais des observations i faire sur plasieurs de ces citations, si je
Youlais me d^partir de ma r^hition de me tenir sur la defensive.
( 240 )
k cette place. L'ombre de son p^re^tait venue demander
ce sacrifice et Calchas Tavait ordoDo^; il fallait qae la
tombe bAt le sang de Finforlun^ priacesse :
Scievus qtie totum sanguinem tumulus bihit (v. 1165).
Le sacrificateur n'aurail pas pu remplir sa mission sans
monter sur le tombeau avec la victime. Mais £n^ et Am-
biorix auraient pu choisir une autre ^l^vation qu'un tom-
beau pour haranguer, Tun ses compagnons et l*autre ses
soldats. M. Schuermans confond ^videmment deux situa-
tions bien diff6rentes. Aussi S^ndque , qui ne voit aucune
violation de la religion des tombeaux dans la mani&re dont
il a fait agir Pyrrhus, lorsqu'il d^rit, dans le m£me cin-
quieme acte de la trag^die des Troyennes , le concours de
la foule pour assister au supplice d'Astyanax , qui va £tre
pr^cipit^ d'une tour, crie-t-il k Tabomination , au sacrilege
contre quelqu'un, qui, pour mieux voir, s'^tait assis sur le
tombeau d'Hector :
(V. 1 087) . Jitque aliquis {Nefas I)
Tumuloferus spectator Hectoreo sedet.
Le savant antiquaire li^eois termine son article par ces
phrases :
< Goncluons : chez les anciens, qu'on a mal compris, en
> disant le contraire, pas de profanation des sepultures
> dans le fait de fouler celles-ci sans intention mau-
> vaise. >
c Et c*est ce qu'il fallait d^montrer. »
Si moi, j'ai mal compris les anciens, S^ndqiie, qui est un
ancien et dont Topinion cependant ne diffi&re pas de la
mienne, n'a pas su ce qu*il disail.
Ce dernier point reste k d^montrer par M. Schuermans.
( 241 )
M. Til. Juste (lonne lecture de la note suivante :
« J'ai rhonneur de faire hommage k la classe des Ieitres>,
de la part de M. le D' M. Philipson , professeur d'histoire
k rUniversit^ de Bonn , des deux premiers volumes d'un
ouvrage , ecrit en allemand , et ayant pour titre : Henri IV et
PhilippellL Vetablissemenl de la preponderance francaise
en Europe [4598-1610).
p Gette composition historique m^rite k tous dgards
Faltention bienveillante de la classe. Elle est consacr^e k
Tune des plus imporlantesp^riodes des annalesdeTEurope.
Elle nous montre sous toutes ses faces le d^clin progressif
de la monarchic espagnole sous Philippe III et les com-
mencements de la preponderance fran^ise sous Henri IV.
» M. le D'' Philipson s'^tait propose de tracer un tableau
complet des deux monarchies , et ce dessein il Ta realise
avec un incontestable succ^s.
> Au surplus, les elements de cette savante monogra-
phic ont ete recueillis aux sources mSmes de Thistoire,
dans les memoires contemporainset dans les papiers d*£tat
conserves k Paris, k Bruxelles, k Berlin, etc.
» La nouveaute du sujet augmente encore la valeur de
I'ceuvre k laquelle s*est devoue M. Philipson. Gertes les
etudes consacrees au r^gne de Philippe III et surtout au
regne de Henri lY ne manquent point. Mais on n'avait pas
songe jusqu'^ present k metlre en regard la monarchic
espagnole et la monarchic fran^aise , afin de les caracte-
riser Tune et Tautre d'une maniere plus saisissante. Or ce
parallele fournit les plus precieux enseignements. »
2"' 8^.RIF, TOME XXX VI. 1(>
( 242 )
GLA.SSE DES BEA.VX-ARTS.
Seance du 7 aout f 573.
M. L. Alvin , directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. G. Geefs, J. Geefs, Ferdinand De
Braekeleer, C.-A. Fraikin, Edmond De Busscher, Alph.
Balat, Aug. Payen, le chevalier L^n deBurbure, J. Franck,
G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Alex. Robert, F.- A. Ge-
vaert, membres.
MM. R. Chalon, membre de la classe des lettres, et
Montigny, membre de la classe des sciences, assistent i la
stance.
CORRESPONDANCE.
La classe re^oit communication des d^p^ches suivantes
de M. le Ministre de Fint^rieur :
l"" Lettre transmettant une copie du proc^s-verbal des
operations du jury charge de juger le grand concours de
composition musicale de 1873. II resulte de ce document
que le premier prix a 6i& decern^ h M. Mathleu Francis
Servais, de Hal, et qu*il a et6, en outre, accord^ ua
( 243 )
second prix k M. Florimond Van Duyse, de Gand, ainsi
qu'une mention honorable k M. Isidore Devos, de ia m^me
ville.
M. le Ministre ajoule que la cantate couronn^e devra
£tre execut^e k la stance publique prochaine de la classe ,
et que, d'apr^s les pr^c^dents, la composition de M. Van
Duyse, deuxi^me prix, devra dtre ex6cut^e en 1874;
^ Lettre informant qu'il r^sulte de Touverture des
billets cachet^s joints aux deux cantates choisies pour 6tre
mises en musique par les concurrents du grand concours
de composition musicale.de cette ann^e, que I'auteur de la
cantate flamande, intitul^e : Torquato's Dood, est M. Jean
Van Droogenbroeck , et que Tauteur de la cantate fran-
^ise, intitul^e : VOcean, est M. Jules Abrassart;
S"" Lettre transmettant une symphonie en quatre par-
ties, intitul^e ; La Guerre, adresste par M. De Mol , lau-
r^at du concours de composition musicale de 1871. —
Cette partition a ^t^ envoy^e a M. le president de la sec-
tion permanente du jury de ce concours, conform^ment k
I'article 24 du r^glement du 5 mars 1849;
4*" Lettre transmettant une expedition de Tarr^t^ minis-
t^riel qui con^^re k M. Jean Cuypers, laur^at du grand
concours de sculpture de 1872, la pension de voyage de
5,500 francs.
5** Lettre adressant , pour la biblioth^que de I'Acad^mie ,
un exemplaire de la traduction flamande du Resume du
traite de perspective lineaire, par M. Bossuet. — Remer-
ctments.
— MM. Joseph Geefs, Julien Leclercq et Alexandre
Robert sont d^sign^s pour faire un rapport sur les ques-
tions contenues dans une lettre de TAcad^mie imp^riale
( 244 )
des beaux-arts de Saint-Petcrsbourg, questions relatives k
la creation , par ce corps artistique, d'une classe d'^l^ves
m^dailleurs.
— MM. A. Gevaert et H. Vieuxtemps examineront une
notice manuscrite pr^sent^e par M. Brixhe et portant pour
titre : Considerations sur la nomenclature des notes de
musique.
CONCOURS DE 1873.
La classe s*occupe de son concours pour Fannie ac-
tuelle. Elle rappelle aux concurrents pour le sujet d'arl
appliqu^ concernant I'architecture que le terme fatal pour
la remise des projets, au secretariat de F Academic, expire
le 15decemois.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Conform^ment aux communications minist^rielles con-
cernant la stance publique du mois de seplembre, la classe
a pris les dispositions pr^paratoires pour cette solennit^.
Elle a fixeau jeudi 18 septembresa prochaine reunion,
destin^e au jugement des divers concours.
( 245 )
OUVRAGES PRfiSENTfiS.
Quetelet {A.)» — Gongres international de slatislique.
Bruxellcs, 1875; in-4°.
Steur {Charles), — Lc touriste modcrne. Voyages en Europe
ct en AsieMineure, 1855 k 1867. 1«' vol., Espagne (1865).
Bruxelles, 1873; in-12.
Roulez (/.). — Minerve Gourotrophos. Rome, 1872; in-8«.
De Koninck (I.-C). — Recherches sur les animaux fossiles,
2* partie. Monographic des fossiles carbonif6res de Bleiberg
en Carinthie. Bruxelles, 1875; in-4^
SocUte de I'histoxre de Belgique. — Gollection de memoircs,
l"serie, XVI* siicle. Gonsiderations sur le gouvernement des
Pays-Bas, publiees par A.-L.-P. de Robaulx de Soumoy, 2 vol.
in -8'*; — M^moires sur le marquis de Varambon, avcc notice
ct annotations, par feu Jules Borgnet, 1 vol. in-8''; — XVII'
et XVIIP si^cles. Chronique des ev^nements les plus reraar-
quables arrives h Bruxelles do 1780 k 1827; publiee par
L. Galesloot, tome II, 1 vol. in-8'*.
Kleyer (Camille). — Des obligations divisibles et indivisi-
bles. Bruxelles, 1875; in-8^
Messager des sciences hisloriques, 1873, 2"* livr. Gand;
in-8«.
Sinkel (Emi7e). — La question d*art et TExposition de
Vienne. Bruxelles, 1873; in-8°.*
Vuylsleke {Julius), — Eenige bijzonderhcden over de Arte-
velden in de veertiende eeuw. Gand, 1875; in-8**.
De Schodt {Alp,), — Resume de T^tat de la bienfaisance.
Bruxelles, 1875; in-8^
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3 cah. in-8^
( 246 )
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in-4°.
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tome XIU. Luxembourg, 1875; in-8^
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lijk de verpleging en bet onderwijs, in bet nederlandsch
gastbuis Yoor ooglijders. Utrecbt, 1872; in-8^
Physiologischlaboratorium der UtrechtsckeHoogeschooL —
Onderzoekingen, uitgegeven door F.-C. Donders en Tb.-W. En-
gelmann. 3**« reeks, 1. Utrecbt, 1872; in-8".
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in-4^ •
Geological Survey of India. — Memoirs : Palaeontologia
India : Cretaceous fauna of Southern India, vol. IV, 1-2;
Calcutta; 2 cah. in-4'»; — Memoir^ in-8% vol. VIII, IX. Cal-
cutta; 4 cah. in-8'*; — Records, vol. V, part. 1-4. Calcutta,
1872;4cah. in-8«.
The american Journal of science and arts. Third series,
vol. V, n°* 29-30. New-Haven, 1873, 2 cah. in-8«.
BULLETIN
DE
L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQDE.
i873. — No- 9 ET 10.
GLASSE DES BEAUX- ARTS.
Seance du 48 seplembre 4813.
M. L. Alvin, dirccleur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp6tael.
Sont presents : MM. N. De Keyser , G. Geefs^ J. Geefs ,
F. De Braekeleer, C.-A. Fraikin, £d. F^lis, Edm. Dc
Busscher, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure,
J. Franck, G. De Man, Ad. Sirct, J. Leclercq, Era. Slin-
geneyer, Alex. Robert, membres.
2°' SlfeRIB, TOME XXXVI. 17
( 280 )
CORRESPONDANCE.
Une lettre da Palais exprime les regrets de Sa Majeslc
de ne pouvoir assister k la stance publique de la classe.
S. A. R. M*"* le Comte de Flandre fait exprimer des
regrets semblables.
— M. le gouverneur du Brabant informe TAcad^mie
que des places scront reserv^es k MM. les membres, au
service fun^bre qui sera c^l^br^ le 23 de ce mois, k onze
heures du matin, dans T^glise des Saints Michel et Gudule,
en m^moire des citoyens morts pour la patrie.
— M. le Ministre de Tint^rieur communique le pro-
gramme des f^tes de septembre, lequel fixe au mercredi 24
de ce mois, k une heure, au Palais Ducal, la stance pu-
blique de la classe.
— Le m6me haut fonctionnaire transmet, pour la sec-
tion permanente du jury du concours de composition
musicale, un rapport de M. Willem De Mol, laur^at du
grand concours de 1871 , sur ses voyages en Allemagne,
ainsi qu'une partition intitulee : Droeve tijden (cantate
pour baryton el orchestre) , du m^me auteur.
— L'Institut archeologique de la province de Luxem-
bourg, k Arlon, el la Soci^t6 d*art et d*antiquit6s d'Ulm
remercient pour le dernier envoi de publications.
( 281 )
JDGEMENT DES CONCOURS ANNUELS.
GONGOURS LITT^RAIRE.
Deux qoestions avaient &ie inscriles au programme du
concours liltdraire pour cetle annee. Comme , k la dale
(lu terme fatal pour la remise des m^moires, aucuu tra-
vail n'^tait parvenu, la classe a d^cid^, ainsi qu*elle s*en
6lait rfeerv6 le droit en 1871, d'accepler le manuscrit
present^ h cette ^poque, en r6ponse5 la question suivante :
Rechercher I'epoque a laquelle Varchitecltire a subi^
dans les Pays-Bas^ f influence italienne, Indiquer lesper^
sonnages auxquels on doit attribuer cette influence et citer
les wuvres des artistes,
Mimppowi d9 M, €t. 0« Mmn.
€ I/autenr du nouveau mdmoire portant pour devise :
a (77rf< ouv «/, etc. (Platon), en r^ponse a cette question, n'a
pas tenu compte des critiques auxquelles avait donn^ lieu
son premier travail (1). Loin de chercher, par une redac-
tion simple et facile, k exposer les faits d^une fa^on claire
et precise, il exag^re encore le style ampoule de son pre-
mier m^moire ; voulant faire preuve de savoir, ce qui du
reste est incontestable, il accumule dans une mSme phrasQ
une foule de faits accessoires qui , n^cessitant autant de
periphrases, en rendent la lecture p^nible et Tintelligence
du sens difficile.
Ces faits accessoires abondent et ecartent k chaque
instant Tauteur de la question dans laquelle, d*ailleurs, il
ne s'est pas renferm^, car son m^moire est plutdt une
(1) Voir BuUetins de Ucad^mie, 2"« s^rie, t. XXX, p 155.
( 282 )
histoire g^n^rale de Tarchitecture de la Renaissance , k ses
diverses ^poques el dans les divers pays.
Ce m^moire , d*une Venture fort difficile k d^chiffrer,
est la reproduction du premier rectifi^ et corrig^ sur cer-
tains points et g^n^ralement augment^ et tr^s-amplifl6 :
les rapports ant^rieurs ont suffisamment fait connailre les
qualit^s du premier travail pour qu'il soit n^cessaire d'y
revenir quant k celui-ci.
II est divis^ en sept chapilres :
Le premier renferme des considerations g^n^rales sur
Tart et sur les causes qui ontdonn^ naissance au nouveau
style; sur ses progr6s, sur sa decadence et son d6clin : ce
chapitre est ainsi le r^sum^ de tous les autres.
Le second chapitre developpe les progr^ de Tarchitec-
ture de la Renaissance en Italie et en Espagne.
Dans le troisi^me chapitre Tauteur aborde la veritable
question et d^crit comment sMntroduisirent aux Pays-Bas
les premiers motifs du style de la Renaissance et comment
ils s*y d6velopp6rent.
II consacre le quatri^me chapitre k la description des
diverses constructions ilalo-flamandes 6lev6es aux Pays-
Bas de 1S50^ 1600.
Le cinqui6me chapitre traile de la decadence du style
Renaissance italienne dans les Pays-Bas et de la manidre
adoptee par les j^suites dans Tordonnance de leurs con-
structions (1600-1700).
Dans ces divers chapitres I'auteur revient plusieurs fois
sur les mSmes oeuvres et sur leurs auteurs, ce qui jette
une certaine confusion dans la marche de cette ^tude sur
la p<iriode Renaissance italienne aux Pays-Bas; il entrem^Ie
son m^moire de longues dissertations sur les faits et gestes
des artistes dont il fait en quelque sorte la biographic.
Le sixi6me chapitre, ainsi que Tauteur Tannonce par
( 255 )
SOD litre, est consacr^ k V Appreciation de Rubens comme
architecte.
Dans sa stance du 8 septembre 1870 (1) , la classe a d^-
cid6 que cette seconde question : Apprecier Rubens comme
architecte, ne ponvait £tre trait^e incidemment avec la pre-
miere, mais qu'elle serai t I'objet d'un coucours ult^rieur.
L'auteur n'a point tenu compte de cette decision; en
consequence ce memoire donne lieu, pour les mSmes rai-
sons, aux observations et aux reproches qui ont fait ^car-
ter le premier.
Lesepti^me chapitre,envoye en dernier lieu parl'auteur,
est une longue nomenclature d*une s^rie d'^difices con-
struits depuis Rubens jusqu'^ la decadence complete de la
Renaissance dans les Pays-Ras.
Ce chapitre qui, sous divers rapports, offre certain in-
terSt, n'est que d*une mediocre ulilit^ pour la question.
La conclusion qui suit ce chapitre et termine le m^moire
aborde enfln plus directement la question. L'auteur fixe,
comme ^poque & laquelle les premiers specimens de la
Renaissance furent introduits aux Pays-Ras, les dix der-
nj^res ann^es du quinzi^me si^cle, et il altribue cette
introduction & des artistes espagnols.
La domination espagnole avait dil en efiet amener dans
le pays des artistes de c^lte nation et rendre la langue
espagnole familiere : il est done assez nalurel de supposer
que les trait^s d'archi lecture classique publics en Espagne
des 1525 s'introduisirent aux Pays-Ras.
L'auteur, en cilant les personnages auxquels on doit
atlribuer rinfluence italienne, menlionne tous ceux qui,
aux diverses epoques de 1490 k 1760,firent eiever des
edifices ; il agit de la meme fa^on en ce qui concerne les oeu-
(1) Voir Bulletins de VAcadimie, 2»« serie, t. XXX, p. 166.
( 284 )
vres des artistes : ce n'est point Ik r^poDdre k la question.
Ce chapitre reproduit toat ce qui a 6t6 dil dans les
chapitres pr^c^dents et n'ajoute rien au m^moire: I*auleur,
commeTobservation en a d^j^ 6i6 faite, ne se renferme pas
dans la question, mais fait Thistorique de toule la p^riode
de I'architecture italienne aux Pays-Bas depuis son appa-
rition jusque dans ces derniers temps.
Si , d'une part, on doit reconnailre k ce tiravail, ainsi que
je Fai d^ji constat^ dans mon premier rapport, un m^rite
r^el au pOint de vue des recherches et des connais-
sances de Fauteur, d'autre part il serait indispensable,
pour qu'il pAt Sire livrS k I'impression , de lui faire subir
de nombreuses corrections sous le rapport du style et
souvent mSme de la forme.
En somme cette oeuvre prSsente FSquivalent du premier
travail et ne donne pas davantage, me semble-t-il, lieu k
ce que TAcadSmie lui accorde la m^daille d'or.
Toutefois, vu les renseignements interessants qu'elle
renferme et les nombreuses recherches auxquelles Tauteur
a dA se livrer, je suis d'avis qu'une recompense k titre
d'encouragement lui soit accordee. »
< Je me rallie aux conclusions du rapport ci-dessus de
rhonorable premier commissaire M. De Man. »
« Appeie k juger le mSmoire actuel qui n'est qu'une
amplification du travail pr^sent^ dSji une premiere fois
en 1871 en reponse k la mSme question, je ne saurais
proposer k la classe que de lui decerner une simple mSdaille
d'encouragement pour les recherches qu'il renferme. »
( 288 )
€ La question pos^e par la classe des beaux-arts de
TAcademie renferme dans ses flancs Fhistoire mdme de
rarchiteclure dans les Pays-Bas. II est en effet impossible
d'^tudier Tinfluence italienoe sans remonter aux causes
qui Font produite, et, dans Texamen de celles-ci^ on. est
n^cessairement et logiqueinenl entrain^ k des d^veloppe-
ments qui doivent servir de base k I'^tude r^clam^e.
L'auteur de la question Fa entendu ainsi. II a compris
que dans Thistoire de I'architecture nationale c'^tait le
point le plus culminant, la clef de voAte en quelque sorte
d*un monument colossal r^unissant dans son ensemble
toutes les parties homogenes de I'^difice. II fallait pour la
construction de cette oeuvre de nombreux mat^riaux et
une mise k pied d'oeuvre intelligente et assuree. La classe
des beaux-arts a lieu de se f^liciter d'avoir ouvert ce con-
cours, dont le r6sultat devait, selon ses esperances, com-
bier une lacune dans Fhistoire de nos arts nationaux, car
VHistoire de I'architecMre de M. Schayes ne saurait £tre
consid^r^e au fond que comme une oeuvre d*arch6ologie
plut6l que comme un travail d'esth^tique.
La question a &i& pos^e pendant plusieurs ann^es. Un
seul m^moire y a r^pondu. Cest celui que le present
rapport a pour objet d*examiner. Comme on devait s'y
attendre, par la formule mSme de la question, ce m^moire
est tr^-^tendu. II compte sept chapitrcs; chacun de ces
chapitres est k lui seul un livre. Les titres vont nous faire
voir que ces livres, pris isol^ment, sont des r^ponses
directes aux di verses questions sous-en tendues et conden-
s6es dans la proposition principals
( 286 )
Chapitre premier. Prodromes philosophiques. — Avd-
nement et progrte de la Reoaissaoce italienne ; motif de
la corruption et du d^clin de cette renovation artistique.
Chapitre deuxieme. Causes g^n^rales qui amen&rent les
artistes flamands k d^erter les traditions de F^le natio-
nale pour subir Tinfluence italienne. — M^tapbysique du
style de la Renaissance au point de vue hispano-flamand.
Chapitre troisieme. Apparition et d^veloppement du
style de la Renaissance aux Pays-Bas , quinzi&me et sei-
zi^me si^cles. — Periode hispano-italienne.
Chapitre quatrieme. L'architecture de la Renaissance
aux Pays-Bas durant la periode italo-flamande, 15S0-
1600.
Chapitre cinquieme. Adoption aux Pays-Bas du style
de la decadence italienne. — L'architecture j6suitique« —
Mattres flamands et n^erlandais, 1600-1700.
Chapitre sixieme. Appreciation de Rubens comme
archilecte. — Predilections ilaliennes, tendances au pro-
s61ytisme, mani^re et g^nie special du grand artiste au
point de vue architectural. — Examen approfondi de ses
ceuvres authentiques et de la valeur de paternit6 de celles
qu'on lui attribue par tradition , 1600-1640.
Chapitre septieme et dernier. Le style Rubens. — £tude
des oeuvres d'architecture eiev^es aux Pays-Bas sous Tin-
fluence des traditions du maitre anversois jusqu*au milieu
du dix-huitieme siicle. — D^laissement de^ traditions
rubeniennes en peinture et en architecture. — Le style
rocaille. — Profonde decadence de T^cole flamande. —
Conclusion, 1640-1770.
L'ensemble du premier chapitre t^moigne (out d'abord
d'etudes profondes et varices. L'auteur du m^moire ^tale
avec une certaine complaisance le r^sultat de ses investi-
( 257 )
gallons et de ses meditations. On serait peut-6tre tent^ de
bl^mer cette profusion de moyens si, k mesure qu'on
avanee dans la lecture du m^moire^ on ne se sentait do-
ming par les convictions de Tauleur. Ge d^ploiement de
forces historiques et litteraires est indispensable k T^cri-
vain. Son sujet le possSde, il a la t£te pleine d'id^es et les
mains pleines de preuves, il ouvre Tune et les autres et
tout s'^chappe avec une abondanee un peu tapageuse. G'est
Ih le cachet du livre tout entier, mais Tauteur a eu soin de
r^ler, dans la mesure de ses id^es, le mouvement de sa
puissance. Ainsi s'est produite sa division en chapitres.
Pour bien faire,nous eussions d^sir^ voirces chapitressub-
divis^s eux-m£mes par des indications marginales.
Les id^es d^velopp^es dans le 1*''' chapitre sont hardies
et personnelles h Tauteur. Elles sont discutables peut-dtre,
mais elles sont serieuses et produites avec une argumenta-
tion serrSe. II a des appreciations nettes et d'une tour-
Dure pittoresque , parfois un peu emphatique. A presque
toutes les pages nous nous trouvons en presence soit d'une
revelation historique^ soit d'une surprise litt^raire. Ger-
taines digressions pourraient k premiere vue parattre inu-
tiles, mais le plan trace par Tauieur les rend n^cessaires et
il faut reconnaitre une grande ingeniosite de moyens dans
la fa^on dont il sait exposer les prol^gom^nes de sa dialec-
tique et les consequences qu'il en tire. Temoin tout ce
qu'il dit des livres de Plalon dont on retrouve la quintes-
sence appliquee aux chefs-d'oeuvre du si^cle de Leon X et
qu'Erasme s'est etroitement assimiiee.
Dans ce mSme chapitre le style a des audaces extremes
et quelquefois bl^mables : ia erudite de quelques compa-
raisons depasse les lois du bon goAt, mais, h^ tons-nous de
le dire, les passages auxquels nous faisons allusion sont
( 258 )
rares, et, en les ^crivanl, Tauleur a c&A&k un entrainement
dont il sera tr^-facile de corriger les effets.
Les opinions ^mises siir Tart ogival donl Tapparition
put seule con tre- balancer victorieusenaent le g^nie an-
tique d^velopp^ sous rinfluence des id6es platoniciennes,
donnent lieu ^ une s^rie de pages ^crites avec une verve
6lonnante. Dans le cours du m^moire, \k oil Tapplication
succede k Texposition de Testh^tique, I'autenr aura k re-
venir sur ce point. II fait ensuile une rapide et brillante
enumeration entremdl^e de citations d'oeuvres de toute
nature des architectesitaliensqui provoquerent la Renais-
sance gr^co-roinaine, ainsi que des sculpteurs si intime-
ment li^s aux architectes.
Le caractere vraiment saillant de ce chapitre est Thomo-
g^n^it^ imprim^e k Thistoire de Tensemble de la marclie
de Tesprit humain dans les lettres et dans les arts. Des
liens indissolubles unissent les unes aux autres, et, lors-
que Ton veut repr^senter fidelement une ^poque dans son
essence intellectuelle , il est indispensable de s'attacher k
tout. L'auteur du m^moire suit done pas k pas, non-seule-
ment le mouvement de la renaissance architecturale, mais,
parall^lement, le mouvement scientifique et litt^raire, indi-
quant Tinfluence de celui-ci sur celui-l^. Sans doute ce
proc^de est ^l^mentaire et il n'a pas fallu un violent effort
d'imagination pour en arriver 1^, mais ce que nous ne sau-
rions assez louer et signaler, c'est le proc^d^ aussi large que
complet employ^ par Tauteur et la forme donn^e au splen-
dide tableau qu'il d^roule k nos yeux. On pent dire que dans
le long passage dont nous nous occupons, Tauteur, eu-
flamm^ par les beaut6s et les puissances multiples du sujet
qu'il poss&de avec une incontestable sup^riorite , est rest6
digne d'un des plus beaux tbemes qu*offre k {'imagination
( 259 )
et i r^ruditioD Thistoire de Tart unie k celle de la peDs6e
humaine. Nous voudrions pouvoir ciler ici quelques pas-
sages de ce chapitre, mais les citalions nous sont inter-
dites par la raison qu'elles donneraient k ce rapport une
^lendue inusit^e. Bornous-nous k iudiquer, page 13, le
charmant passage consacr^ k d^crire le retour des aspira-
tions vers le naturalisme paien sous Tltalie des M^dicis.
Arrivant aux motifs de la corruption et du d^clin de la
renovation artistique italienne, Tauteur les examine silre-
ment et d'une mani^re concise. Sa conclusion se pr^cipite
comme un monument qui s'^croule, esp^ce d'onomatop^e
qui n'est pas sans habile t^ ni sans charme. La encore la
phrase est brillante et sonore, les arguments, la plupart
pr^sent^s sous un jour nouveau, semblent ne pouvoir Stre
contest^, tanl ils frappent et convainquent. La derni^re
phrase du chapitre m^rile d'etre rapport^e; elle permet
de donner une id6e synth6tique de Topinion de I'auleur,
opinion sinou absolument nouvelle, du moins ^nergique-
ment et tres-heureusement aiBrm^e. < Toute Phistoire,
dit-il , de la longue preponderance du style flamboyant de
la Renaissance italicnne aux Pays-Bas pent se r6sumer en
deux noms : Rubens et Loyola. Ji
Le chapitre deuxidme debute par une declaration qui
est une breve et nette explication du livre m^me. « L'^tude
» des causes physiques et morales qui ont modifie Tart de
j> b&tir et lui ont fait recevoir de la main des architectes
» des formes si differentes suivant la diversity de ses ori-
» gines, est un vaste sujet de meditation offert au philo-
» sophe, k recrivain et k Tartiste. La decadence des plus
» beaux styles naquit toujoursde Tamour immoderede la
V nouveaute parmi les hommes. »
Ainsi s'explique I'auteur qui, d'un bout de son memoire
(260 )
k I'autre, justice cette v^rit6 sans se d^mentir ud seul in-
stant.
G'est la premiere fois, crpyons-nous , qu'on entre dans
le vif des causes qui portereni les artistes flamands k de-
serter les traditions nationales. Le passage oil Tauteur exa-
mine cette proposition qu'une des raisons de la ruine de
Tart du moyen kge est la foi tournant k la routine , ce pas-
sage, disons-nous, m^rite Tattention des esprits s6rieux ,
par la hauteur de vues avee laquelle cette proposition
est trait^e. Le r^gne de Taust&re Marguerite d'Autriche
s'italianisant elle-mSme k Tinfluenee des id^es du jour,
est un tableau charmant, plein de details impr^vus et
piquants. II serait difficile de rencontrer une description
qui rendu avec plus de v^rite et d'^-propos tout ce qui con-
tribua, sous Tinfluence de cette princesse, k la prosperity
des arts et des lettres dans notre pays. Et il faut le dire
hautement, il n'y a \k aucune banality, aucune forme pon-
cive litt^raire, tout y est neuf, absolument neuf et vrai.
L'auteur semble avoir d^couvert une mine sp^ciale, il y
puise k pleines mains, et, apres T^tonnement que causent
de pareilles trouvailles, il ne saurait y avoir qu*une voix
pour les appr^cier k leui^exacte et profonde valeur. Nous
le r^p^tons encore avec intention , les citations sont impos-
sibles, autant vaudrait transcrire ici le chapitre tout en tier.
L'auteur continue en jetant un regard rapide sur I'ar-
chitecture de toute PEurope; il appr^cie par des formules
k lui, tr^-heureusement trouv^es, la valeur des architectes
du temps; ici on rencontre k chaque ligne des revelations
biographiques d'une port^e incontestable en ce qu*ellesde-
terminent certains points rest^s douteux ou mal apprecies
et qui apportent aux opinions de l'auteur un appoint de
preuves inattendues et concluantes. La masse de details
( 261 )
qui surchargent le m^moire n'est done pas, ii est fi6ces-
saire de le remarquer, un vain 6talage d'^rudition facile,
mais un precede qui lui donne une force el une vie excep-
tionnelles.
L'auteur suit pas i pas les artistes flamauds en Espagne,
oil Ton reprocbe k Charles-Qaint sa predilection pour sed
compatriotes. Ce passage est pour nous rempli d*enseigne-
ments. Plus loin, le m^moire renferme des descriptions
architecturales et ornementales oil Ton remarque quei-
ques superfluit^s pr^tentieuses et acad^miques a Fexces ;
plus loin encore , dans une question d'appr^ciation de Tar-
chitecture des seizi^me et dix-septi^me si^cles, Tauteur
prend k partie M. Schayes et oublie son th^me principal
pour faire de la critique sp^ciale. Non erat hie locus. Ge
passage aurait dii Stre supprim^ ou tout au moins mis
en note.
Le chapitre deuxiSme fmit par une remarque fondle sur
le sp^cialisme qui est la cause fondamentale de rinfSriorit^
de Tartmoderne, tandis que les vieux maitres poss6daient
une diversity de connaissances qui leur permettait une
harmonieuse application de tons les arts k la chose sortie
de leurs mains.
N*oublions pas que dans ce chapitre on voit poindre k
nouveau les prodromes de Tinfluence de Rubens sur I'ar*
cbitecture. L'influence de ce g^nie, telle que la suppose
r^crivain , semble de prime abord exag^r^e , mais il est bon
de remarquer que l'auteur consid^re cette influence comme
souveraine et que TAcad^mie royale de Belgique partage
jusqu'^ un certain point cette maniere de voir, puisqu'elle
mettait, il y a deux ans, Thistoire de cette influence au
concours.
Le troisi&me chapitre traite de Tapparition et du d^ve-
( 262 )
loppement du style de la Renaissance aux Pays-Bas, aux
quinzi^me et seizi^me si^cles et de la p6riode hispano-
flamande. Ce chapitre est tr^s-Iong el tr^s-charg^. II y a
pl^thore, mais, telle est cette richesse pl^lhorique, que si
nous avons le devoir de la constater, nous ne saurions
avoir le courage de la bl^mer absolumeut. G'est toujours
cette exuberance de fails et de raisonnemenls qui en font
comme la morality ; c'est toujours ce proc^d^ d*exhuma-
lions et de d^couvertes inattendues ; c*est toujours ce sys-
t^me d*abondantes moissons dans des champs inexplor^s
jusqu'i present : nous insistons sur le mot inexplores, car
il justifie le modus agendi qui est propre k Fauteur et qui
donne k son oeuvre un cachet personnel et unique. En effct,
il suffit de faire la rapide Enumeration de ce chapitre oii-
doyant et divers peut-on dire, pour s'en convaincre.
Originc des voyages des artistes flamands (m^me encore
a rheure qu'il est) en Italic, due k I'engouement du goAt
italien. — Eslime des Italiens pour les Flamands; preuves
nombreuses et nouvelles k Tappui. — Histoire de Tara-
besque Irait^e d*une fa^n originale et dans des condi-
tions de savoir et de jugement que les Eludes de Tauteur
rendent comparatives et essentiellement curieuses k beau-
coup de litres. — Histoire nouvelle et sans prEcEdcnt de
rornementation en Belgique, pages pleines de renseigne-
ments inEdits qui jetlent une lumiEre Eclalanle sur un
art jadis porlE irEs-hautchez nous et dont nul n'n cherchE
les limiles et la gloire. — Van Orley, Mabuse, Blondeel,
Michel Coxcie, Van Veen, Van Noort, De Wille, Lambert
Lombard et d'autres, apprEciEs comme archilcctes (oui,
comme architectes),et qui sortent de cette appreciation
converts d'une aureoleedipseecompieiement jusqu'ici par
celle du peintre. Imposante et radieuse galerie que Tau-
( 263 )
teur fait passer devant nos yeux charm^s et ^tonn^s. —
Digression sur cette proposition : qu'avanl d'etre Mtie,
Tarchitecture gr^co-romaine aux Pays-Bas fut peinte et
sculpt^e. — Note historique, descriptive et scientiflque
de la chemin^e du Franc de Bruges, non une note ba-
nale, mais un travail serre, tout rempli de faits rectiflant
de tongues et ridicules traditions. — Portail d'Audenarde et
autres monuments civils. Apr^s ceux-ci viennent les mo-
numents religieux qui offrent, coibme on le pense bien,
des ressources inflnies k I'auteur. — Revue de ce qui nous
rcste des anciennes maisons et des Edifices de l*^poque bis-
pano-flamande. Cette revue est tongue, mais on n'en sup-
primerait qu'& regret la moindre ligne. II n'en est pas de
meme de quelques passages k description technique : il y a
des moments oil le vocabulaire se substitue k la descrip-
tion.— Pages tr6s-int^ressantes sur le ch&teau de Perrenot
de Granvelle, personnage eminent a qui revient une large
part dans Tintroduction chez nous des arts dependant de
Tarchitecture et de leur d^veloppement. — Biographic de
Jacques De Breuck, architecte de Marie de Hongrie et qui
Tut un des transformateurs de Tarchitecture civile. — Bio-
graphic de Jean de Bologne. — Passage superflu tout au
moins sur le songe de Polyphile et qui pourrait ^tre sup-
prim^ sans inconvenient et m^me avec avanlage, car
Texplication donn^e de ce livre Strange n'est fondee ni en
apparence ni en raison. — Biographic de Pierre Coucke,
dans laquetle Tauteur nous apprend , k notre grande sur-
prise, que jamais ce c^lebre alostois n'a traduit Vitruve,
Tait alBrm^ par tons les auteurs , depuis De Piles, en passant
par Schayes, lequel pretend que cette traduction fut im-
prim^e k Anvers en 1546, jusqu'jl Tauteur du present rap-
port qui, dans la plus r^cente notice imprim^e sur Pierre
( 264 )
Coecke (Biographic nationale)^ a vers^ dans Terreur de
tous ses devanciers.
A la page 124 commence ud travail compl^tement neuf
et Ir^-^tendu.
G'est la description des arcs de triomphe, imnienses mo-
numents d*un jour, qui furent &\ey6s en Belgique lors des
Joyeuses Entrees de nos souverains ou d*autres r6jouis-
sances publiques. Comme on le pense bien , la concision
ici est impossible, elle eAi 6t^ irrationnelle : en effet, ces
monuments sont un rcilet grandiose de notre pass^ dans
les arts, et, jusqu'aujourd'hui , nul n'avait song^ a les
expliquer dans un but enseignant. L'auteur du m^moire a
compris que 1^ r^sidait la moelle de la question pos^e par
TAcad^mie; aussi cette partie de son ceuvre est-elle en ten-
due avec amour, trait^e avec un soin particulier et jaloux
et ^crite avec un brio qui vous enl&ve. Le th&me absorbe
r^,crivain comme il absorbe le lecteur; le premier a trouv6
des expressions qui semblent constituer comme une langue
k part et le second ne sait ce quil faut le plus applaudir,
du sujet puissant qui a surgi des etudes de Tauteur, ou de
la forme rubenesque qu'il a su donner k son style.
Quoi qu'il en soit des beaut^s solides de ce chapitre, il
difi%re des autres par le manque de methode dans I'arran-
gement des mati^res. G'est un ^crin dont toutes les perles
ont ^t^ jet^es p61e-m£le, puis ramass^es, mais non rang^es.
Cbapitre IV. L'architecture de la Renaissance aux Pai/s-
Bas durant la periode italo-flamande [1550^1600). t Si
» les quaranie ann6es de guerres civiles et de dissen-
» sions religieuses nees de Tintroduction des doctrines
» de la r6forme ne venait pas jeter un cr^pe fun^bre sur
» cette brillante periode de T^cole flamandequi commen^a
» avec le r^ne de Philippe II et alia jusqu*& la guerre de
( 265 )
> la succession, jamais, k part Tllalie, aucune nation n'au-
> rait compt£ tant de gloires artistiques en Tespaced'un
> sidcle et demi. » G*est ce que dit Tauteur au d6but de ce
chapitre et c'est ce qu*il prouve avec un luxe de ressources
dont nul avant lui n'avait su tirer parti, car il est k remar-
quer que pour r^oudre la question pos^e par la classe, les
mat^riaux existaient pour tons, mais personne n'avait jug£
k propos jusqu'ici de faire fructifier un terrain laiss^ si
longtemps en jacbire.
La seconde moiti^ du seizi^me siecle permet k Tauteur
de r^unir sous sa plume quantity de monuments italo-fla-
mands. II commence par cette artistique maison de Fr. Flo-
ris, b&tie par son frdre Corneille, continu6e par Tbdlel de
ville d'Anvers, celui de Flessingue, etc., etc. II caract6rise
r^poque des Floris qui out eu une grande influence sur
Tart en g^n^ral et sur Tart ornemental en pariiculier.
Yredeman De Yries lui fournit I'occasion d'ecrire une s^rie
de pages tr^mouvement^es. II venge sa m£moire si long-
temps calomnide alors qu^on lui attribuait de nombreux
vols k Ducerceau et il prouve que c'est ce dernier au con-
traire qui fut le plagiaire de De Yries.
< On pent trouver dans Testh^tique de Tart flamand des
1 aflinitds espagnoles, italiennes et allemandes, mais ja-
1 mais 9 avant la deplorable ^poque du style rocaille, nos
> arts ne subirent I'influence fran^aise; i c*esl ainsi que
s*exprime Tauteur avec cette Anergic patriotique dont tout
le livre est empreint. Tout ce qu*il dit de Yredeman De
Yries, surtout lorsque ce dernier est cbarg^ des dessins des
arcs de triomphe pour la Joyeuse Entr^ de Francois, due
d*Anjou, est ^rit dans le sentiment des convictions fortes
et dans un langage k la seduction duquel il est difficile de
roister. L'auteur ne s'arrfite pas en si beau chemin ; il a
2"** SUlRIE, TOME XXXVI. 18
( 266 )
pour Vredemaa le Prison une prMileclion sp^ciale qui le
conduit k analyser ses oeuvres en connaisseur inteliigenl
et ^cleclique. Tout ce qui concerne ce Vredeman , qui fut
h la fois peintre, sculpteur, architecte et poele et une des
individuality les mieux dou6es el les plus f^condes de son
temps, occupe environ vingt-cinq pages compactes du
manuscrit.
Puis viennent les silhouettes fi^rement dessin^ des
De Pas, Van Noye, Luydinckx, de Beiges, de Bry, Van
Schoonbeke et autres, que Tauteur replace avec une l^i-
time flert6 sur le pi^destal qui ieur revient a bon droit.
Les gravures qui ont reproduit les arcs triomphaux et au-
tres monuments moins £ph^m6res, font Tobjet d'indications
qui sont peut-6tre des broussailles au milieu de la fordt ,
mais ces indications se sauvent par Ieur utility, et, plus
souvent encore, par Ieur nouveaut^.
A la page 204, Fauteur determine la part d'honneur qui
revient aux J^suiles par la secousse qu'ils ont imprim6e
aux arts en g^n^ral et en particulier k Tarchitecture. Ces
H^c^nes magnifiques ne sauraienl^tre oubli^ non plus,
surlout lorsqu'on prononce le nom de Rubens. Puis com-
mence rhistoire du prince Farn&se et d'Otto Voenius, deux
personnages qui reprdsentent line £poque. Tun par sa pro-
tection ^clair^e et eiBcace , Tautre par une longue carriers
dont rinfluence fut ^norme sur les id^es des artistes du
temps.
Qu*il est juste et combien il est utile que de pareils
tableaux soient mis sous les yeux de la nation ! lis entre-
tiennent en elle des sentiments que le scepticisme et une
indiff<6rence puis^ dans le mat^rialisme oublient presque
toujours, nient quelquefois et voudraient m^priser si uo
reste de pudeur ne retenait la foule.
( 267 )
La fin de ce chapitre remet de nouveau sur le tapis
Rubens comme architecte. Cest encore uue fois une pre-
paration k la manifestation du culle de Tauteur pour le
grand homme, manifestation qui n'est pas loin. Ces appa-
ritions calcul^es ressemblent assez bien a ces Eclairs signi-
ficatifs qui ^ i'horizon pr^c^dent un grand orage.
Chapitre V. Adoption aux Pays-Bas du style de la
decadence Ualienne. Varchilecture jesuitique. — Maitres
flamands et neerlandais. L'archi lecture borromienne ou
loyoliste, comme dit Owen Jones, dale du livre public par
Charles Borrom^e, archev6que de Milan en 1577. Neuf
ans apres, ce traits didactique fut introduit chez nous el
d^cida des id^es nouvelles, surtout dans un moment oix les
archiducs avaient k prendre des mesures pour la restaura-
tion des ^glises d^vast^es ou d^truites par les iconoclastes.
A la page 228 commence une £tude aussi longue qu'in-
t^ressante. C'est la lisle des monuments de Tepoque ct le
defile imposant des architecles. C'est Franquaert qui ouvre
celle galerie avec un luxe de details inconnus du vulgaire
et d'une importance extreme pour I'bistoire de Tart natio-
nal. NousTavons dit plus haul, il y a dans ce livre des re-
gulations inattendues. II y en a & propos de la biographie
de Franquaert, k chaque pas que Ton fait. C'est un monde
nouveau qui se d^roule k nos yeux. Jamais I'histoire de nos
c^l^brit^s n'avait 6i6 comprise d'une fa^on aussi intime-
ment li^e k celle du travail national, et Ton est quelque
pen surpris de voir quil ^tait si simple d'employer ce pro-
c^e. Toujours I'ceuf de Colomb ! On serait tent£ de se
mettre en garde con Ire ce que I'auteur avance, si, en m6me
temps, il ne produisait les preuves k Tappui. De plus, il y a
dans son oeuvre un accent de v6rit6 et de force probante
qui s'impose au lecteur.
( 268 )
Nous Tavonsd^ji dit, les opinions de Tauteur sont per-
sonnelles, hardies et sans doute discutables en plus d'un
endroit. Cest ainsi qu'i propos d'une r^jouissance provo-
qu^ k Anvers par la victoire de Calloo, il intitule celleH^i
un mediocre fait d'armes, £videmment , s'il avail r^flechi
que ce mediocre fait d'armes d^cidait des destines reli-
gieuses et politiques du pays en repoussant au delJi de
TEscaut Tarmee hollandaise dont le but 6tait Tenvahisse-
ment du territoire, il se serai t abstenu de qualifier comme
il Ta fait une bataille qui , si elle ne dura que quelques
heures, coilita la vie k environ 15,000 hommes parmi les-
quels se trouvait le fils de Guillaume de Nassau.
A la page 244, k propos du temple des Auguslins, Iem6-
moire s'occupe de details contemporains qu'il fera bien de
supprimer. lis sont aussi superflus que peu convenables.
Cobergber est ^aiement I'objet d'une note ^lendue.
Baltbasar Gerbier est mis en relief comme ^tant le fonda-
teur, k Londres , de la premiere ^cole d'architecture 6tablie
en Angleterre , ^cole qui eut une grande influence sur Tart
anglais.
A la page 259, le m^moire commence I'histoire des ar-
chitectes n^erlandais et celle des monuments executes par
eux. II ne faut pas oublier que, politiquement, on ne pou-
vait laisser de c6t6 toute cette brillante 6cole, puisqu'elle
appartenait aux dix-sept provinces dont nous faisons partie.
D'ailleurs, dans ce fragment du m^moire qui compte une
quarantaine de pages, nous rencontrons une Erudition non
moins vaste , des qualit^s de style non moins grandes et des
details noo moins curieux que ceux que nous venous de
passer en revue. Comme toujours aussi , un esprit de haute
justice domine les jugements et le bon godt ne fait jamais
d^faut lorsqu*il s'agit d'appr^ciations artistiques.
( 269 ) ■
Dans ce chapitre il y a plus de faits que de raisonne-
ments; le penseur a c6de la plume k Fhistorien.
Le chapitre sixi^me a &i& ^cart^ du coocours par I'Aca-
demie. II y a trois k quatre ans elle avail pos6 la question
suivante : Apprecier Rubens comme architects Le cha-
pitre VI avail-il 6l6 envoy6 pour le concours? Nous I'igno-
rons, mais il y a lieu de remarquer qu'en ce moment il ne
peut dtre consid^r6 que comme un fragment du tout qui nous
est soumis. II est une continuation du m^moire, et, comme
tel on ne doit pas, pensons-nous, en d^cr^ter la suppression.
Cette suppression serait, k coup sAr, la mutilation la plus
grave que Ton p(it faire subir k ce travail. Rubens, comme
architecte, a eu une preponderance ^norme et durable
sur Tart architectural. II est done tout naturel que cette
influence soit ^tudi^e dans le g^nie de I'homme, dans
ce g^nie colossal qui forme chez nous tout un monde
de grandeur en pleine renaissance italienne, renaissance
sur laquelle TAcad^mie pose expressement les bases de
son concours. Ne pas consacrer k Rubens la place qui lui
est due,serait, jinotre sens, prononcer Tannulation du
concours et ^teindre dans le m6moire que nous examinons
la lumi^re la plus pure et la plus edatante. En effet, cette
etude sur Rubens, avec toutes ses audaces et ses enthou-
siasmes, est un livre etonnant et superbe oil Ton rencontre
une apologie aussi legitime que tardive d'un des cdt^s les
moins connus de la vie du grand homme.
Le chapitre septidme et dernier est fait sur le plan du
chapitre Y. 11 renferme la revue des monuments eiev^s sous
rinfluence de Rubens par Luc Faydherbe. La maison de
Jordaens est egalement analys^e ainsi que les oeuvres de
Pozzo ou Puteus. Ces pages ont des longueurs qu*il serait
facile de faire disparaitre.
( 270 )
Les moniiaients de la seconde moi(i6 du dix-septi6ine
si&cle jusqu'i la fin de la premiere moiti6 du dix-huiti^me
Steele , font aussi Tobjet d'6num6rations longues et un pen
Yides d'int^rSt. L'auteur se relive k la description, quelque-
fois technique, des maisons de la Grand'place de Bruxelles,
assemblage brillant et pittoresque bien fait pour exciter la
verve de I'^crivain. Aussi se livre-t-il avec amour k ce tra-
vail oil il se trouve admirablement k I'aise et qui donne
lieu, de sa part,^ des considerations intelligentes, k des
comparaisons ing^nieuses, k des rapprochements curieux,
et, comme toujours, k des trouvailles dont il semble avoir
le secret. Les arcs de triomphe dresses dans Tespace de
temps renferm^ dans ce chapitre, sont aussi Tobjet de des-
criptions dont rint^r^t est coinpromis par un peu de mo-
notonie , naturelle du reste si Ton songe que le sujet revient
souvent sous la plume de Tauteur. Somme toute,ce dernier
chapitre est moins heureux que les autres; il se ressent k
toute Evidence des faiblesses du temps qu*il passe en revue.
La conclusion du m^moire reproduit en quelques pages
nerveuses la synthase des id^es de Tauteur. G'est une con-
densation tr^s-serr^e du livre, qui, a son tour, represente le
brillant ^panouissement des preuves considerables accu-
mul6es autour de la r^ponse faite k la question de TAcad^
mie.
Nous n'h^sitons pas, quant k nous, k proposer de d^cer-
ner la mMaille d*or au mSmoire qui nous est soumis. Nous
faisons bon march^ de quelques hardiesses de plume et de
quelques lapsus tres-pardonnables dans une oeuvre de si
longue haleine. II y a, du reste, des beaut^s de style peu
communes et ce serait se monlrer aussi injuste que cruel
de s'arrSter k de lagers d^fauts de forme ]k oil la matiere
est si nombreuse et si riche. Nous sommes d'accord en
( 271 )
cela avec quelques-uns des membres de la commissiOD qui
consid^rent ce travail comme bien charpente et ecrit avec
un certain brio dans un style generalement correct. Nous
ajouterons que rAcad^mie, si notre proposition est accueil-
lie, aura rarement couronn6 une oeuvre mieux faite pour
justifier la part d'influence qu'elle prend de coeur et d'ae-
tioD au d^veloppement de I'histoire des arts nationaux. %
La classe , apres mAre d^Iib^ratiou , se rallie aux con-
clusions du rapport de H. Siret et vote la m£daille d'or
k I'auteur du m^moire pr^sent6. L'ouverture du billet
cachel6 joint k ce travail fait connaltre qu'il est dii k
M. AuGusTE ScHOY, architectc k Bruxelles.
CONGOURS D*ART APPLIQU£.
Deux sujets avaient £t6 proposes pour le concours d*art
appliqu^ de cette ann^e. La classe demandait :
\^ La composition d'un quatuor pour instruments a
cordes ;
Et 2"^ Le projet d^un arc de triomphe dedie a la Paix.
Ainsi qu'il en a ii& donn^ connaissance lors de la stance
du 5 juiilet dernier, vingt et une partitions ont 6i6 revues
en reponse au concours musical.
Par suite de circonstances ind^pendantes de la volenti
des commissaires , la classe n'a pu proc^der, dans sa
stance de ce jour, au jugement de ce concours. II y sera
^fOcM& ult^rieurement.
( 272 )
— Ed r^poDse k la question d' architecture, cinq pro-
jels ont ^t^ pr^sent^s. Voici ie rapport de la commission
qui avail 6i& nomm^e pour faire Texamen de ces projets.
€ Lundi, 18 aoAt 1875, k une heure de relev6e, s'est
r^unie , au local ordinaire de TAcad^mie , la commission
nomm^e par la classe des beaux-arts pour proc6der au
jugement pr^paratoire du concours d*arcbitecture institu^
par la Compagnie.
£laient presents, avec M. Alvin, directeur de la classe,
MM. Baiat, G. De Man, Leclercq et Payen.
Absents, MM. G. Geefs et Robert; ce dernier s*6tait
fait excuser.
Les projets rcQus avant le terme fatal fix6 par Ie pro-
gramme sont exposes dans la salle; ils sont au nombre
de cinq , savoir :
N* 1. Devise :
La simplicite fait la grandeur;
N* 2. Devise :
La paix;
N^ 3. Devise :
Per laborem;
N^ 4. Devise :
A la pais, la prosp^rit^ des peuples;
N"* S. Devise :
La paix est la m^e des arts.
La commission s'assure d'abord que tons les concur-
rents sont demeur^ dans la limite du programme; elle
examine ensuite cbaque projet en particulier , dans son
ensemble et dans ses details et r^pond , k I'unanimit^ ,
( 275 )
aifirmativement k la question que pose le directeur : Y
a^t^il lieu de decemer le prix?
La rn^me uoanimit^ d^signe comme le meilleur projet
ceiui qui porte pour devise : La paix est la mere des arts.
En consequence, la commission decide qu'elle proposera
k la classe des beaux-arts de decemer le prix k Tauteur de
ce projet.
La commission, aussi k Tunanimite, repond n^ative-
ment k la question de savoir s'il y a lieu de proposer un
second prix ou une mention, non pas que les quatre
autres concurrents n'aient point fait preuve de m^rite
dans leurs travaux, mais parce qu'aucun de ceux-ci ne
I'emporte assez sur les autres pour m^riter cette dis-
tinction. >
La classe se rallie aux conclusions du rapport prece-
dent et decerne le prix de mille francs k Tauteur du projet
n^ 5. L'ouverture du billet cachete fait connaltre que ce
projet est dA k M. Henri Blomme, architecte, k An vers.
PR^PARATIFS DE LA STANCE PUBLIQUE.
M. Alvin donne lecture du discours quMl se propose de
prononcer en stance publique de la classe.
Le programme de cette solennit6 est, ensuite, fix6
de la mani^re suivante :
l"" Ouverlure Zur Weihe des Hames, de Beethoven,
ex6cutee sous la direction de M. Joseph Dupont, profes-
seur au Conservatoire royal de Bruxelles;
( 276 )
Sa Majesty le Roi , ainsi que S. A. R. Monseigneur le
Comte de Flandre, avaieDt fait connattre qu'ils ne pour-
raient assister k la stance.
M. le Ministre de Hnt^rieur, qui s*^lait propose d*as-
sister k la c^r^monie, a fait exprimer ses regrets, au
dernier iustant, de ne pouvoir venir h cause de la mort
de M""* la comtesse d'Oultremont , fille de M. le Ministre
des finances.
Le bureau , compost de M. Alvin, directeur, et de M. Ad.
Quetelet, secretaire perp^tuel, ainsi que de M. J. Thonis-
sen, directeur de la classe des lettres et president de
TAcad^mie, M. de Keyser, vice- directeur de la classe des
beaux-arts , et MM Gluge et Cand^ze , directeur et vice-direc-
teur de la classe des sciences, s'est install^ k une heure
sur le devant de Testrade r^serv^ k MM. les acad^miciens.
D^ midi et demi uue foule nombreuse avait pris place
dans la salle ainsi que dans les loges , lesquelles renfer-
maient, outre les dames, divers bauts fonctionnaires de
rEtat.
A une heure precise, M. le directeur de la classe a
declare la s&ince ouverte.
Conform^ment au programme de la solennit^, celle-ci
a commence par Touverture Zur Weihe des Hawes, de
Beethoven, ex^cut^e par Torchestre du Conservatoire
royal de Bruxelles, sous la direction de M. Joseph Du-
pont, professeur k cet 6tablissement.
L*assembl4e a vivement applaudi cette execution.
M. le directeur de la classe s'est ensuite lev^ et a pro-
nonc6 le discours suivant :
( 277 )
Messieurs,
Pour les nations comme pour les individus, il n'y a pas
de bien plus pr^ieux que Testime publique; aucun
sacrifice ne doit paraltre trop grand pour la m^riter;
aucune recompense n'est plus enviable que les t^moi-
gnages qu'on en peut recueillir.
Tout Beige, qui, i un titre quelconque, est appel6 k
Fbonneur de repr^senter son pays k F^lranger, ^prouve
une l^itime fiert^ en renconlrant sur toutes les l^vres
r^loge de sa patrie. J*en ai fait tout r^cemment I'exp^-
rience, le souvenir que j*en ai conserve sUmpose k ma
pens^e et je me persuade que le sujet qui m'absorbe en
ce moment ne peut manquer d'int^resser aussi Tauditoire
distingu^ devant lequel le devoir de ma charge m'oblige k
prendre aujourd^hui la parole.
Certes, le lib^ralisme de ses institutions, la sagesse
qu'apporte la nation dans Texercice de ses droits, les
^minentes qualit^s des princes qui, depuis un demi-si^cle
bientdt, president k ses destinies ont concilia k la Bel-
gique la sympatbique estime de T^tranger ; mais les arts
ont le droit d'en revendiquer une part qui n'est pas la
moindre : le rappeler, dans une s^nce publique de la
classe des beaux-arts de TAcad^mie, ne peut paraitre
d^plac4.
L'art beige vient, en effet, d'affirmer de nouveau sa
vitality et j'ajouterai son originality aux yeux du monde
entier. L'accueil qu'il a re^u, les succ^s qu*il a remportds
k FExposition universelle de Vienne attestent, d'une part,
que nos artistes d'aujourd'hui ne sont point demeur^s
( 278 )
aa-dessous de leurs devanciers immMiats, et, d'autre
part, que c'est bien l^gitimement qu'on lear assigne le
raDg le plus honorable parmi leurs conlemporains des
autres nations.
L'^lite des artistes de tous les pays s'^lait donn^ rendez-
vous k la section des beaux-arts de TExposition viennoise.
Vingt et un £tats y sont repr^ent^s. Cest une reunion
yraiment imposante^ oil les chefs-d'oeuvre ne sont pas
rares, ot les bons ouvrages abondent On y a admis, il est
vrai y des productions de peintres morts depuis quelque
temps; toutes ces oeuvres peuvent cependant se dire con-
temporaines et cet ensemble donrre une id^e fiddle de la
situation actuelle de Tart chez tous les peuples civilises.
Le jury charge d'appr^cter le m^rite des objets exposes
£tait compost de repr^sentants de tous les pays, pour la
plupart^ artistes ^minents. Cet ar^opage, dont personne
ne contestera les lumi^res et la competence, n'a point
jug6 k propos d*£lablir des degrfe entre les recompenses :
tout ouvrage auquel il a reconnu un merite veritable a
re(u une m^daille , la m^me pour tous. Le jury a esp^r^
echapper de la sorte k Tennui des reclamations de ceux
qui ne se seraient point trouv^s classes au rang qu'ils
croient meriter.
Quoi que Ton puisse penser de ce precede npuveau ,
s'il prSte k la critique , il est du moins commode pour le
statisticien dont il simplifie le travail.
D'apr^s la lisle generate officielle des recompenses, le
jury international du groupe des beaux-arts, k TExposi-
tion universelle de Yienne, a decerne 960 medaillcs pour
une exhibition k laquelle out pris part 2,800 artistes. II a
done ete distribue 34 medailles V» pour cent exposants ou
une medaille pour un pen moins de trois exposanls.
(279)
La Belgiqae, qui compte 159 exposants dans le groiipe
des beaux-arts, a obtenu, pour sa part , 90 m^dailles oa
64 7^0 pour cent, soit i peu prte 2 m6dailles pour trois
exposants.
Sept pays seulement ont obtenu un nombre de r^conti-
penses d^passant la moyenne; el ceux qui se rapprocbent
ie plus du r^sultal attribu^ k la Beigique en sont demeures
k une grande distance.
La Suisse reQoit 54 m^dailles pour 80 exposants.
L'Autriebe re^it 124 m^dailles pour 295 etposants.
La Russie reQoit 48 medailles pour 121 exposants.
Les Pays^Bas recoivent 25 medailles pour .70 exposants.
L'Angleterre re^oit 49 medailles pour 158 exposants.
La France recoil 240 m^ailles pour 680 exposants, et
L^empire d'Aliemagne re^oit 200 m^daiijes pour 581 ex-
posants.
Ce classement, etabii d*apr^s le rapport du nombre de
medailles obtenues a celui des concurrents qui se les sont
disput^es, pourra paraltre Strange dans quelques-uns de
ses r^sultats; on cherchera k Texpliquer par Findulgence
ou la s^v^rit^ que les commissions organisatrices locales
ont apport6e k Tadmission des objets destin^ a TExposi-
tion. II n'en a pas moins une grande signification el ne
pent donner lieu k aucune critique s^rieuse en ce qui
concerne la Beigique.
Si Ton ne tenait compte que du nombre de medailles
obtenues, la Belgiqne descendrait au quatrij^me rang
qu'elle partage avec Fltalie; mais cette derni^re nation
compte un nombre d*exposants double du ndtre. La France
et les empires d'Allemagne elFAutriche, qui prennent,
dans ce classement, les trois premieres places, ne les
( 280 )
doivent qa'au nombre infiniment plus considerable de
concurrents qu'ils ont introduits dans la lice {i ).
(i) PREMIER CLASSBHENT,
dapris le rapporl du nombre des m^dailles obienuei d celui
de$ exposants.
Belgi(iae. . 90 mMaUles , 439 exposants , 0,647
Suisse. 34 -- 80 — 0,4S5
Autricbe 424 — 293 — 0,449
Rossie 48 — 424 — 0,396
Pays-Bas 25 — 70 — 0^7
Angleterre 49 — 438 — 0,358
France 240 — 680 — 0^
AUemagne 200 — 584 — 0,344
Sufede 8 — 27 — 0,337
Norw^ge 9 - 33 - 0,272
ItaUe 90 — 343 — 0,262
Grtce 4 — 46 — 0,280
Hongrie 26 — 440 - 0,236
Danemark 9 — 44 — 0^204
Am6rique(£ut8-Um8). ... 2 — 33 — 0,425
L*£g3rpte a obtenu une m^aille, TEspagne en a obtenn 49; mais le
catalogue oiBciel n*indiqaant ni le nombre ni le nom des exposants, 11 n*a
pas ^t^ possible de tenir compte de ces deux ^l^ments dans les calculs. Le
Br^il, qui comptait un seul exposant, la Chine, qui en coinptail2»
Monaco 5, el la Turquie 4, n*onl pas regu de m^ailles.
DBUXlfiHE CLASSEMENTy
d^apris h nombre de mMaUles obtenues.
France 240
AUemagne 200
Autriche 424
Belgique 90
Italic 90
Angleterre 49
Rassie 48
Suisse 34
Hongrie 26
Pays-Bas 25
Espagne 49
Danemark ....... 9
Norw^e 9
Su&de 8
Grfece 4
£cats-Unis 2
figyple 4
Br6sU 0
Chine 0
Monaco 0
Turquie 0
( 281 )
II serait peu modeste k nous de conclure de ces r^sultats
que la Belgique est le pays qui, a TExposition de Vienne,
a produit les ouvrages les plus excellents.
Aussi na'absiiendrai-je de tout autre commentaire , et,
m'en rapportant au jugement de nos rivaux eux-mdmes,
je me contenterai de ciier Tappr^cialion que voici d*un des
recueils de France les plus autoris6s (1) :
< La Belgique est un coin de terre privil^gi^. La quan-
» tit6 d'hommes eminents que ce pays a produits est \rai-
» ment prodigieuse. Par ses dimensions, & peine s'il
» occupe sur la carle une place visible; mais d6s qu'il
» s'agit des travaux de Tesprit, art, science ou Industrie,
» on le trouve toujours au premier rang. A Yienne, quoique
» mal partag^e sous le rapport du local oik son exposition
» des beaux-arts est divis^e d'une fagon f^cheuse , et oc-
» cupe deux salles fort ^loign^es Tune de Tautre , la Bel-
» gique obtient n^anmoins un succ^s ^clatant. »
L'Acad^mie ne pouvait se montrer indiff^rente k de
pareils succte : elle en consigne ici avec bonheur le t^moi-
gnage.
Notre compagnie, qui se recrute librement elle-m^me,
r^erve une place dans son sein aux artistes que des oeu-
yres d'un m^rite sup^rieur recommandent k ses suffrages.
Elle se platt k recueillir d'avance les titres de la jeune et
vaillante phalange qui s'applique avec tant d'ardeur k con-
server son originality k Tart national.
Cest aussi, ne Toublions pas, le but que s*£taient pro-
pose et qu'ont poursuivi , non sans gloire, durant quarante
ans, tous les Beiges qui , par leurs travaux, dans toutes les
(1) GasetU des Beaux' Arts, livraison de septembre 1873.
2"* s6rie, tome xxxvi. 19
( 282 )
voies de ractivit^ iAtelleclaelle et morale , ont aid6 k la
r^^D^ratioQ politique dont Tanniversaire se calibre au-
jourd'hui.
La dasse des beaux-arts n'a point d^autre but en vue.
On peut d^sirer que les occasions d*exercer son influence
soient plus fr^quentes; on ne lui reprochera pas du nioins
d*avoir n^lig^ celles qui lui ont 6i& ofiertes. Elle a m£me,
plusieurs fois , use d*une heureuse initiative.
11 y a deux ans, par exemple, quelques paroles tris-
opportunes, prononc^es dans cette mSme solennit^, par
notre pr&ident, ontd^lermin^ T^closion d'un projet dont
la realisation, impatiemment attendue, r^pondra k Tun des
plus urgents besoins de Tart beige. Gr4ce k cette initiative,
qui a imm^diatement rencontre Tappui d'un auguste patro-
nage, notre capitate sera bientdt, esp^rons^le, en posses-
sion d'un Edifice situ^ au centre du mouvement de la
population, et remplissant toutes les conditions desirables
pour la bonne exposition des oeuvres de nos artistes.
L*ereclion de cet Edifice permettra aussi d*assigner aux
solennites publiques un emplacement plus vaste et mieux
appropri6 que ceux auxquels on est oblige d'avoir encore
recours.
Reprenant, pour lui donner sa consecration definitive,
Tidee mise en.avanl par un mattre illustre, dont elle
deplore la perte recente, la classe des beaux-arts a institue
des concours pratiques, sans faire, pour cela, disparaitre
de son programme les questions d'histoire et de theorie
de Tart.
Ces concours pratiques ont commence par la peinture
etia sculpture; Tarchitecture et Tart musical ont eu leur
tour cette annee. Nous pouvons, pour la seconde fois,
constater les heureux resultats de cette innovation.
( 283 )
C'est ainsi que la classe des beaux-arts de TAcad^mie
royale de Belgique comprend et accomplit la mission
qu'elle a re^ue de son auguste fondaleur. Elle appelle de
jeunes ^mules dans ia carri^re, elle encourage leurs debuts,
et , plus lard , quand la voix publique a consacr^ la repu-
tation de Tun d'eux, elle lui offre une place dans ses rangs
et Tassocie ^ses travaux. Elle a la conscience, en agissant
de la sorte, de bien m^riler de Tart national.
Les provinces belgiques ont poss^d^ autrefois un art i^a-
tional , bien caract^rise , incontest6 , et unanimement
estim^. Elles n'en ont point perdu le sentiment sous Tin-
fluence des dominations ^trang^res qu'elles ont dA subir.
Elles ne le perdront point maintenant qu'elles sont mat-
tresses de leurs destinies.
Sans s'isoler du mouvement qui s'accomplit chez les
autres nations, sans s*enfermer dans le cercle d'un etroit
patriotisme, Tartiste beige sait toujours se rendre recon-
naissable entre tons. II n*a pas besoin pour cela de se faire
le plagiaire du pass^. Le pass^ a eu sa raison d^etre. L'^cole
beige d'aujourd'hui ne doit plus Stre celie d'hier. Esp^rons
que celle de domain, pour Stre la continuation de ses
devanci^res, n'en sera pas la servile copie.
L'artiste digne de ce nom , celui qui est en possession
de toutes les ressources de son art, imprime au sujet qu'il
traite le cachet de son individuality. II fait son oeuvre avec
sa pens^e propre, resultant de son Education, de son
caractere, de ses habitudes, de ses goAts, de ses passions.
Ses modeles sont autour de lui et en lui : autour de lui,
la nature vivante et la nature inerte; en lui , les id^es dont,
pendant des siecles, Thumanite a constitu^ son domaine
intellectuel , et que chacun pent s'approprier par T^tude.
Cest avec ces elements qu'il cr^e ; et sa creation , libre-
( 284 )
ment congue et siuc^rement ex^cut^e^ sera personnelle
ct par cela mSme nationaie; car elle refl^tera toujours la
patric par quelque c6iL
Les applaudissements unanimes de Tassembl^e ont ac-
cucilli cetle lecture.
La parole a &i& donate ensuite k M. Ad. Quetelet, secre-
taire perp^tuel de TAcademie , pour proclamer les r^sultals
snivants des coDCOurs de la classe et des grands concours
du gouvernement.
PROCLAMATION DES RESULT ATS DES CONCOURS.
CONCOURS DE LA CLASSE.
La classe des beaux-arts avait mis au concours de cette
ann^e deux ^questions litt^raires et deux sujels d'art ap-
plique.
En r^ponse an concours liUeraire, elle n'a rcQU qu'un
seul meinoire. II concerne la l'"" question, demandant de
Rechercher Vepoque a laquelle Varchitecture a subi, dans
les PayS'-BaSf r influence italienncy et porte pour devise :
a anst; cw ay, .... (PlaTON.)
La classe, apres avoir entendu la lecture des rapports
des commissaires charges d^examiner ce travail , a d^cerne
sa medaille d'or k Tauteur, M. Auguste Schoy, professeur
d^architecture compar^e k rAcad^mie royale d'Anvers.
Sujet musical.
La classe a re^u vingt et une partitions de quatuor pour
instruments k cordes.
( 285 )
Par suite de circonstances ind^pendantes de ia volenti
de ses commissaires, elie n'a pu encore proc6der au juge-
ment de ces partitioDs.
Sujet d' architecture.
Cinq projets d'arc de triomphe d^die k la Paix ont ete
soumis k la elasse. Celle-ci a d^cern^ son prix de mille
francs au projet n*" 5, portant pour devise : La paix est la
mere des arts. L'auteur est M. Henri Blomme, d'Anvers.
GONGOURS DES GAMTATES.
Par arrfite royal du 20 fevrier dernier, le gouvernement
a ouvert un concours pour la composition de deux poemes.
Tun en langue frauQaise et Taulre en langue flamande,
devant servir de theme aux concurrents du grand concours
de composition musicale de cette ann^e.
Couform^ment aux rapports des jurys, le prix reserve
aux cantales fran^aises a ei6 d^cerne k M. Jules Abrassart,
k Louvain, pour son poeme intitule : VOcean; et le prix
*
reserve aux cantates flamandes k M. Jean Van Droogen-
broeck, de Schaerbeek, pour son poeme intitule : Torquato
Tasso's Dood.
GRAND GONGOURS DE COMPOSITION MUSICALE DE 1873.
Conform^ment aux decisions du jury charge de juger le
concours de composition musicale, le 1" prix a ^t^ decern^
k M. Fran^ois-Malhieu Servais, de Hal. II a <^te, en outre,
accorde un second prix k M. Florimond Van Duyse, de
Gand, ainsi qu'une mention honorable k M. Isidore Devos,
de la mSme ville.
( 286 )
GRAND GOrtCOURS DE PEINTURE DE 1873.
li r6sulte des operations du jury nomm^ par arr^te royal
pour juger le grand concours de peinture de cede ann^e,
que le l""' prix n'a pas 6t6 d^cern^. Un second prix a 6l6
accord^ k M. Eugene Siberdt , d'Anvers.
Tous jes Iaur6ats, k Texception de M. Siberdt, sont
venus recevoir des mains des membres du bureau, aux
applaudissements unanimes de Tassembl^e, la distinction
dont ils avaient &t6 chacun I'objet.
La stance a 6i& termin^e par I'ex^cution de Toeuvre du
laur^at du grand concours de composition musicale de
cette annee.
Cette cantate porte pour titre : La Mortdu Tasscy sc^ne
dramatique, paroles fran^aises de M. Jules Guilliaume
d'apres le poeme Torquato Tasso's Dood, de M. Van Droo-
genbroeck, laur^at du concours des cantates flamandes,
musique de M. Franz Servais, premier prix du grand con-
cours de composition musicale de 1873.
Les solos ont £t^. chant6s par M"^ Yansanten-Lepla et
M. Roudil , baryton du th^&tre royal de la Monnaie.
Les choeurs ont &i& ex6cut^s par les demoiselles de la
classe d'ensemble du Conservatoire royal de Bruxelles et
par la Soci^t^ royale Roland de Latlre, de Hal.
De chaleureux et unanimes applaudissements ont ^late
k diverses reprises pendant et k la fin de cette execution.
( 287 )
LA MORT DU TASSE.
(ROBAE3* Diuis le ooixvent de S<-Onuplire ,
16 avrll 159S.)
Sdne dramatique, paroUs franfaitet de M. Julos Guilliauhi, d^apri$ U poeme
TOK^UATO TAM«o*« BOOB, cle II . tah DRoooniBRoici , launtU duconcouf
dcf amlaUt fiamandet dt 1873.
Lb Tasse^ $eul, dans sa cellule.
Encore une nuit qui s'ach^ve,
Une longae nuit sans sommeil !
L'aurorc nouvelle se l^vc
La-bas, a Torient vermeil :
La fleur cntr'ouvre sa coupe iriscc
Qui boit les pleurs de la rosee;
L'oiseau begaie au bord du nid.
0 doux reveil de la nature !
Chaque creature
Chante et prie, adore et ben it.
Quel charme penetrc
Tout mon etre,
Et, dans mon coeur glace,
Fait renaitre
Les ardeurs du passd?
Ainsi la brise des montagnes
M'apportait les scnteurs
Des amandiers en fleurs,
Lorsqu'assise avec ses compagnes,
Elle pretait Toreille aux chants
Que m'inspirait le plus doux des penchants.
( 288 )
Je Yois encore son image,
Son noble front , ses traits charmants i
£cho8 discrets de mes tourments,
Mes vers osaient lui rendre hommage.
Pocte, j'obtenais le prix
Qu'avait t6y6 Tamant epris :
Aux tendres sons de la mandore ,
Ses pleurs coulaient ; j'^tais compris
D'£leonore !
(Cloches.)
Priez ! repetent les voix argentines
Des cloches qui chantent matines,
Et qui pour moi ce soir, helas !
Sonneront leur funebre glas.
(Prelude d'orgue.)
Divins accords! je me rappellc
Avec quelle ferveur,
A genoux aupr^s d'elle ,
0 m^re du Sauyeur,
J'implorais ta faveur.
J 'en tends encor sa voix benic
Monter au ciel avec Tencens ;
Nos coQurs parlaient dans nos accents
£t confondaient leur harmonic.
0 Vierge saintc, tu me vois
A tcs genoux commc autrefois;
Mais c'est en vain que je t'implore,
Toi que n'a pu flechir la voix
D'£leonore.
( 289 )
Moines dans Veglise,
0 salutaris hostia
Quae coeli pandis ostium ,
Bella premunt hostilia ,
Da robur, fer auxilium.
Lb Tasse.
Hicr aussi, dans cette enceinte,
J'ai demande pardon a Dieu,
Et, prostcrne devant la table sainte,
J'ai dit au monde un etcrnel adieu.
Aux cieux mon &me etait ravie;
J'oubliais, au pied des autels,
Les outrages mortels
Que m'ont faits Torgueil ct Tenvie ;
Mais a la terre j'appartiens,
Et jc retombe dans la vie ,
Et je souffre, et je me souviens!
Je vols toujours Tinfortunee
Tendant ses bras tremblants vers moi;
J'entends toujours les oris d'effroi
Dc la victime r^ign^e.
Loin d*ellc, tout ce que j'aimais
N'a plus de prix , et ddsormais
La haine seulc me devore ;
Je t'ai perdue, et pour jamais ,
£leonore!
(// $'dvanouit*)
( 290 )
La Muse.
Debout! courage, poete!
Reprends ta lyre muette ;
Lutteur, retouroe au combat.
Je t'apporte uoe couroone
Dont persoone
Ne pourra teroir Teclat,
£t ton nom couvert de gloire
Que Tenvie insulte encor,
Dans les fastcs de Thistoire
Va s'inscrire en lettres d'or.
Lb Tassb, endormi.
Laisse-moi, vision celeste!
Mon coeur est brise sans rctour.
Sans elle, qu'importe le reste?
Je ne veux ricn que son amour.
CuoEUR, au dehorsx
Honneur a toi , qui chantas la Croisade ,
Jerusalem , le vaillant Godefroi ,
£t fis passer, dans ta sainte lliade,
Un souffle ardent de tendresse et dc foi.
Honneur a toi, poete, bonneur a toi !
La ville eternelle nagucre
Couronnait ses enfants ,
Alors qu'au retour de la guerre,
lis rentraient triomphants.
Aux jours des luttes calmes,
C^est aux b^ros des arts
Qu^elie o&e, avcc ses palmes,
La pourpre des Gesars.
La Muse.
£coute ces cbants d'allcgrcsse !
Vers toi , tout un peuple s'erapresse,
Semant a pleiues mains
Des fleurs sur les cbemins.
Le Tassb, $e reveiUant,
Qu'entends-je? au rdveil, cc songe
Ne s'est pas envole ?... Non,
Ce n'estpas un vain mensouge;
Leurs voix cel^rent mon nom.
La gloire immortelle ,
Si chere au vainqueur,
Un jour pourra-t-elle
Remplir tout mon cceur?
Magique prestige !
Splendide borizon !
Je sens le vertige
Troubler ma raison.
( 291 )
Ghobur.
Au Capitole! au Capitole,
Ou mille bras te porteront ,
Ou Rome va, d'une aureole,
A tous les yeux orner ton front;
Triomphe sublime , qui marque
Pour Tart un grand si^cle entr'ouvert ;
A toi le laurier de Petrarque,
A toi le rameau toujours vert.
Lb Tasse.
Trop tard! La gloire eut ete belle,
Quand je pouyais, la tenant d'elle ,
A ses pleds en mettre une part ;
Mais je le sens, il est trop tard.
— Amis, a cellc que j'adore
Vous parlerez de mon depart;
Vous lui direz qu'avant dc clore
Mcs yeux pour ne plus les rouvrir,
Ma bouche murmurait encore
Son nom dans un dernier soupir :
£leonore!
Cboeur.
Pauvre dme qu'ont meurlric
Les ronces d'ici-bas,
Recois dans ta patrie
Le prix de tes combats.
( 292 )
TORjaUATO TASSO'S DOOD.
(16 april 1595, in het RIoosler van S^-Onuphre.)
< Ook hedcn nog. »
(TiCBAVmA.)
Tasso, AUeen in zijne celte.
Zoo is daQ weer een bangc oacht voorbij j
Het zoete Ilcht vcrrijst, de vogel zingt ,
De bloem ontluikt , de dauwc druipt — en zacht
Beroert de morgenwind het frissche loof.....
Hoc aangenaam, nict waar? Ik voel hot nog
Daar, in mijn hart, dat, o ! zoo lang, zoo lang
Niets mcer gevoeld heeft dan dc smert!
Hoe treffend schoon ! Mijn brckend ooge wil
Nog cens ronddwalen over u, natuur,
Gelijk de matte hand van H veege wicht
Nog rondtast op dc lieve moedcrborst.....
Zoo woci mij ook de amandclbloesemgeur
Toen ik mijn stanzen voorlas, — en ik haar
Voor de eerste maal aanschouwde.
Ook hedcn nog zie ik u daar,
Stil luistrend op mijn zangen,
Te midden uwer vrouwenschaar
Met tranen op de >vangen !
Uw blik , zoo edcl en zoo zoet,
Wat drong hij dicp in mijn gemoed j
— Ach hadde ik nimmer hem ontmoet,
Eleonora !
(Klokken luiden te Metten,)
( 293 )
Tasso.
Ja, bidden;... 'k wil het moede voorhoofd buigcn ,
Ik Yoeg de handcn saam ; .... wat zijn ze magcr
En koud !... Ja, bidden : morgen zai dc klokkc
Doodlaiden over mij... en ik... 0 Rechter!
Verdoemmij niet, verdoem mij niet, mij, arme!
{Zacht orgelspel).
De wierookwalmcn stegen; » voor Madonna
Teneergeknield , wat baden wij haar vun'g !
Ook heden nog voel ik u daar,
Uw hand in mijne hand gestrengeld;
Hoe lange baden wij tc gaar,
Door reine min vervoerd, verengeld !
Gij spraakt het heilig liefdewoord ;
Daar hceft voor mij de hoop gegloord ;
Ach ons gesmeek werd niet verhoord.
Eieonora!
KLOOSTERLINGBN IN DB KERR.
« 0 salutaris hostia,
» Quae coeli pandis ostium.
» Bella premunt hostilia
» Darobur fer auxilium. »
TASSO.
0 dit gezang! hoe troostend klonk het mij
Ook gistren avond, als ik mij met God
Verzoend heb , als ik Hem ontving , voor wien
Dc heenlen beven ! . . . .
Hoe hartclijk vergaf ik alle leed,
Mij door de boozen aangedaan, uit nijd
En hoogmoed ! — mij en dc cd'le vrouw
Die mij beminde !
( 294 )
Ook heden nog zie ik u daar;
Gij komt mij tocgevlogen
Met bleek gezicht, met hangend haar,
Het vuur der wanhoop in uwe oogen :
Meedoogloos werdt gij weggeleid :
Ach scheiden voor alle eeuwigheid,
Eleonora !
(^t; hezwijmt,)
DB EN6EL DER POBZIB.
Drocve zanger,
Zacht niet langer,
Beur bet hoofd ;
Heden sieren
U laurieren,
Die u niemand rooft !
Heden rijst voop u de gloric ,
Heerlijk, prachtig, stout!
Heden teekent de historie
Uwen naam in schrift van goud!
TASSO {onlwakend),
0 laat mij , laat mij rusten ! zoo , de handen
Op mijne borst gevouwen. De oogen sluitcn,
En niets meer wclcn, niets, dan hare liefde!
KOOR VAN ROMEINEN.
Heil, heil zij hem ,
Den zanger van Jerusalem !
Hem wacht het hoogstc loon
De dichterkroon !
DE EMGEL DER POBZIB.
Hoor, boor de blijde scharen
Van duizenden bewonderarcn !
Zij stroomen u te gemoet
En roepen : o wees gegroet !
Hoor hunne stem
0 zanger van Jerusalem !
U wacht het hoogste loon
De dichterkroon !
( 29S )
YROUWBN.
Bloemcnkransen siercn
Rome na alom !
Fccstbanieren ,
Vlaggcn, wimpels zwiercn :
Wellckom !
Duizcnd stemmcn vieren,
Hoemen u alom!
Eerlaurieren
Zallen u den schcdel sieren ;
Kom , 0 kom !
ALLEN.
Naar hot Capitoliam !
Hoor klaroenen klatercn ,
Bazuinen schateren !
Hoor hot statig klokgcbrom !
Naar bet Capitoliam
Kom, 0 dichter, kom !
TASSO.
De dichterkroon? wat kan zij geven,
Als bet bart daar binnen schrcit?
Acb is er booger beil in 'I Icven
Dan der liefde zaligbeid?
— Ook beden nog... maar neen , zij is niet daar;
Draag mijnc lauwcren tot baar...
Dat zij zicb mijns gedcnkc... ik vaar
Tot God !
(Hij sterfl.)
KOOR VAN RLOOSTBRLINORN.
Angel i dcducant tc
In paradisum!
( 296 )
ALOBMfiBN SLOTKOOR.
Orcinc geest, ontpiooi de vleugelen
En stijg naar uwcn oorsprong wecr.
Niets kan nog uwe vlucht bcteugelen ,
Niets houdt u hicr bcncdcn mcer !
Het vaderiand , in rouw verloren ,
Wil eerbiedyol zijn klachten smorcn :
Hct komt tot laatstc liefdeblijk
En kroontuw lijk!
( 297 )
GLilSSE DES SGIEHGES.
Seance du 41 octobre 1875,
M. Th. Gluge, direcleur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^luel.
Sont presents : MM. J. d'Omalius d'Halloy, L. de Ko-
ninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de-Selys Longchamps,
H. Nysl, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque,
Ern. Quetelet, H. Maus, M. Gloesener, Candeze, F. Donny,
Charles Montigny, Steichen, E. Dupont, £d. Morren,
£d. Van Beneden, membres\ Th. Schwann, E.Catalan,
Ph. Gilbert^ A. Bellynck, associes; L. Henry, Ed. Mailly,
Alph. Briart, Valerius, F. Plaleau , correspondants.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la guerre offre, pour la biblioth^ue
deTAcademie, un exemplaire de la 8"" livraison de la
Carte topographique de la Belgique. — Remerciments.
— La classe prend connaissance de diverses lettres de
soci^t^s savantes, lesquelles remercient pour renvoi des
derni^res publications acad^miques.
2""' S]gRIE, TOME XXXYI. 20
( 298 )
— L'Inslitut imperial des mines de Saint-P6tersbourg
fait connaltre qu'il se propose de cel^brer le 21 octobre
/2 novembre prochain le centi^me anniversaire de sa fon-
dation.
II se fSliciterail, ajoule-t-il , si TAcad^inie voulait bien
se faire repr^senter par Tun de ses membres k la celebra-
tion de ce jubiie.
— La Society allemande des naturalistes de TAsie orien-
tale, k Yeddo (Japon), propose l'6change de ses publica-
tions avec celles de la Compagnie. — Accept^.
— M. le secretaire perp6tiiel depose le tome XL des
Memoires des membres et le tome XXIIl des Memoires
couronnes et autres (in-S""), dont I'impression vient d'etre
termin^e.
— M. Alphonse Briart fait hommage d'un exemplaire
de son travail intitule : Note sur un systeme de trainage
automotenr. Une brochure in-8®. — Remerctments.
Un hommage semblable est fait de la part de M. Hou-
zeau pour son livre intitule : Le del mis a la porlee de
tout le monde, In-S"". — Remerctments.
— La classe vote Fimpression, dans le recueil des phe-
nomenes periodiques : l"* des observations sur la feuillaison
et la floraison, faites iNamur en 1873; par M. A. Bellynck;
^ du resume meteorologique pour Ostende pendant les
mois de juillet et d'aoAt 1873, par M. J. Cavalier.
-r- M. Duprez depose la liste des orages qu'il a observes
k Gand du 15 octobre 1872 au 10 octobre 1873.
( 299 )
— Les travaux manuscrits suivants feront I'objet d'un
exameii :
1** Note sur les tremblements de terre en 4870, avec
supplement pour 1869 (XXVIIP relev6 annuel), par
M. Alexis Perrey. — Commissaires : MM. Duprez , Ern. Que-
teietet Mailly;
2° Note sur les transformations arguesiennes de M. Sal-
tel, par M. P. Mansion. — Commissaires : MM. Catalan et
Gilbert;
5*^ Nouvelle communication sur des sujets physiologic
ques, par M. Edouard Robin.
RAPPORTS.
MM. le vicomte B. du Bus el P.-J. Van Beneden, char-
ges d'examiner un m^moire de M. Cdouard Van Beneden
portant pour litre : Stir un dauphin nouveau de la baie
de Rio de Janeiro designe sous le nom de Sotalia Brasi*
liensis , donnent lecture de leurs rapporls.
Conform^ment aux conclusions favoi^bles de ces rap-
ports, le travail de M. Van Beneden prendra place dans
le recueil des M^moires, avec les planches qui Taccom-
pagnent.
( 300 )
Recherches sur Vinnervation du ccBur par le nerf vague;
par le D' J.-P. Nuel.
« Les experiences nombreuses et d^licates faites par
M. ie D' Nuel au laboratoire de M. Donders, k Utrecht,
sont la continuation des experiences que notre savant
associe dUtrecht a faites en commun avec M. Prahl sur le
mSme sujet en operant sur le coeur du lapin. M. Nuel a tra-
vailie de preference sur le coeur de la grenouille, qui offre
cet avantage que ies periodes cardiaques sont beaucoup
plus longues (au del^ de deux secondes).
M. Nuel demontre, et la representation graphique des
resultats de ses experiences sur le kymographion le prouve,
que rirritation dunerf pneumogastrique produitsurlecoeur
deux especes de phenomenes,que Ton doit bien dislinguer,
raffaiblissement des contractions et le prolongement des
periodes cardiaqnes. L'affaiblissement des systoles est pour
les oreillettes en proportion directe de llntensite de rirri-
tation du nerf vague. Pour le ventricule elle n'arrive pas ,
si rirritation est faible : elle arrive seulement lorsque
Tallongement de la periode cardiaque presente une duree
notable.
M. Nuel deduit de ses experiences, ingenieusement mo-
diOees , des conclusions sur repoque d'irritalion latente,
sur la duree de renergie croissante et decroissante du
nerf pneumogastrique. Les epoques sont differentes pour
les deux espices de phenomenes et il en tire la conclusion
qu'ils ne peuvent dependre du meme element nerveux :
( 301 )
il n'y a aucun parall^lisme entre les deux ph^nom^nes,
Tun peut £tre bien accus^ , Tautre manqiier.
L'auteur tente ensuite une explication bas^e sur des
parlicularit^s que rirritabilit6 du muscle venlriculaire pr£-
scnle d*apres des d^^xonvertes faites par MM. Ludwig et
Bowditch. II coDsidire Faffaiblissement des systoles ven-
triculaires non pas comme effet direct de rirritation du
nerf vague, mais comme consequence de la pause dans les
contractions du coeur , pause qui est constitute par Tallon-
gement de la p^riode pr^c^dente.
Quelques experiences faites sur le coeur du lapin con-
statent Texistence des m^mes lois que sur la grenouille.
Le travail de M. Nuel est fait avec beaucoup de talent et
d'exactitude et j'ai Fhonneur de proposer k TAcademie de
remercier Fauteur et de decider insertion de son travail
dans les M^moires de TAcad^mie. b
« M. le docteur Nuel a eiudi^ par des experiences
nouvelle^ Taction du nerf vague sur le coeur. Ses recher-
ches onl ete faites dans le laboratoire de physiologic de
M. le professeur Bonders, noire associe k Utrecht. Je
regrette que de tels laboratoires n'existent pas encore
dans nos universites. Les experiences de M. Nuel ont ete
faites surtout sur le coeur de la grenouille et peuvent etre
consider^es comme inspirees par le travail publie il y a
quelques annees par MM. Donders et Prahl. L'auteur s*est
servi comme excitateur de Tappareil dedu Bois-Reymond ;
il a fait enregistrer les mouvements du coeur par le
kymographiou , et il est facile de suivre sur le dessin qui
accompagne le memoire de M. Nuel le resultat des expe-
( 302 )
riences; elles paraissent d^montrer que rirritation du
tronc du ncrf vague on plutdl de la branche de ce nerf
qui se^rend chez la grenouille au coeur exerce une autre
influence^sur la conlraclion auriculaire que sur celle du
ventricule, ce qui fait supposer la presence d^^l^menls
nerveux diffSrenls. Ce nerf parait aussi contenir quelques
fibres qui , au lieu deralentir,excitent les mouvements du
coeur; ces fibres doivent provenir du sympathique. Le
travail de M. le docteur Nuel est compose avec soin et
j'ai rhonneur d'en proposer Tinsertion dans les M^moires
de I'Acad^mie. »
Conform^ment aux conclusions favorables de ces rap-
ports, la classe vote Timpression du travail du docteur Nuel
dans le recueil in-4° de ses M^moires.
Note sur les phenomenes electriques du cceur; par le
D' J.-P. Nuel.
« Les d^couverles de M. du Bois-Reymond sur les ph6-
nom^nes Electriques des muscles devaient n^cessairement
produire Tid^e de les verifier sur une substance muscu-
laire aussi importante que celle du coeur. Aussi depuis
Matleucci plusieurs expErimentateurs distingues s'en sont
occupEs; mais les r^sultats ob(enus sont loin de s'accorder.
MM. le D' Nuel et Pekelharing ont fait ensemble au
laboratoire pbysiologique d'Ulrecht, sous la direction de
M. le professeur Engelmann, de nouvelles experiences dont
( 303 )
le memoire de M. Nuel commuDique les r^sultats'princi-
paux obtenus jusqu'ici. La plupart des experiences fiirent
faites sur des coeurs de grenouilles.
II faut naturellement distinguer les ph^nom^nes ^lec-
triques que le cceur pr^sente pendant son repos et ceux
qui se montrent pendant la systole.
Si sur la pointe du ventricule et sur un point de la. face
lat^rale d'un coeur intact et frais et battant r^guli^rement,
on applique les Electrodes et qu'on ferme le circuit pen-
dant rintervalle des contractions, done pendant le repos ^
il y a un courant minime (tout au plus de 0,001 Daniel)
de la pointe vers la face latErale, augmentant au fur et
k mesure que Ton s'Ecarle davantage de la pointe : la
pointe du coeur se comporte done comme TEquateur d'un
muscle.
Get Etat persiste sur une grenouille d^capitee et dont la
moelle est d^truite pendant plus d'une demi-heure,si on
laisse la poitrine ferm^e. Mais sur un cceur exposE au con-
tact de fair, le courant ci-dessus diminue rapidement et se
renverse mSme en moins de 10 minutes. Toute insulte
(par exemple, un attouchement I6ger avec un instrument
rude) et toute blessure rendent le point lEsE n^gatif envers
tout autre point de la surface. Le coeur, sous ce rapport,
est-bien plus impressionnable que les autres muscles strips
qui, du reste, presentent le m^me ph^nom^ne. C'est sans
doute la raison pour laquelle cet Etat Electrique normal du
coeur a EcbappE aux expErimentateurs ant^rieurs.
Si Ton ferme un circuit entre un point de la surface
intacle et la section transversale, il y a un courant consi-
derable (jusqu'k 0,08 D.) de la premiere k la seconde : il
d^passe m&tne celui des muscles strips ordinaires de la gre-
nouille (0,05 D.). Mais ce courant diminue d'abord tres-
( 304 )
rapidement : apr^s quelques minutes, il esl r^duit de moiti^;
plus tard il perd lentement de son intensity. Et chose
singuliere, il peut reprendre une parlie de I'mtensit^ per-
due, si Tod provoque une contraction du coaur. Pendant! e
repos qui suit cette contraction, le courant est renforc^ ct
persiste ainsi pendant plusieurs minutes et cette experience
peut dtre souvent r^p^t^e sur le in&me coeur.
Quant aux ph^nomenes ^lectriques que le coeur pr^sente
pendant sa contraction^ le courant faible k la surface du
coeur intact et frais ne change pas; mais si par une lesion
on a obtenu un courant fort, ce courant s'afi'aiblit ou se
renverse pendant la systole. En fermant le circuit pour un
instant pendant les diff^rentes phases d*une seule activity
ventriculaire, les auteurs ont constat^, d'accord avec
Meissner et Cohn, que la fluctuation negative pr6c£de la
contraction; elle parail arriver au maximum au commen-
cement de la systole et dure jusque vers la fin de la con-
traction.
Les experiences faitessur les coeurs de lapins, de chats
et de souris ont donn^ des r^sultats analogues.
Nous felicitous I'auteur des beaux r^sultats obtenus par
ces experiences int^ressantes et nous attendons avec im-
patience la continuation qu*il fait entrevoir. En attendant,
nous avons Thonneur de proposer k la classe insertion de
la communication de M. Nuel au Bulletin de TAcademie. »
Conformement aux conclusions de ce rapport, auquel
s*est rallie M. Th. Gluge, second commissaire, la classe
vote rimpression de la note de M. Nuel aux Bulletins.
( 508 )
— CoDform^meut k Topinion 6inise par MM. J. Plateau
et Ch. Monligny, la classe decide le d6pdt aux archives
d'une deuxi^me note de M. Albert Verstraete sur lepAe-
nomene de la vue.
— La mSme resolution est prise, sur la proposition de
M. Cb. Monligny, k I'egard de la note de M. le docteur
Nouille , inlitul^e : Oiseau mecaniqve.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur les etoiles filantes du mois d'aout 1S75; communi-
cation de M. Ad. Quetelet, secretaire perpeiuel de TAca-
d^mie.
L'etat de ratmosph^re n'a pas permis^d Bruxelles, de
suivre ce phenomene et de faire des observations exactes.
Quelques m^teores on I ete aper^us seulement pendant les
soirees du 15 au 17 aodt.
A Louvain, d'aprte une lettre de M. Terby, les observa-
tions ont aussi completement ecbou^. Quatre belles Etoiles
de premiere grandeur, que cet observateur avait remar-
qu^es dans la soiree du 7 aoAt, avaient d6j^ annonc^ le
phenomene, mais les nuages el r^clat de la pleine lune,
ajoute-t-il, ont r^diiit ses resultats h de si faibles propor-
tions qu'il serait tout k fait inutile de les signaler.
M. le baron Octave Van Ertborn m'a ^crit d'Acrlselaer
( 306 )
que r^tat du ciel 6galeroent, dans cette partie de la pro-
vince d'An vers, n*a pas permis de faire des observations
saiisfaisantes au sujet des ^toiles filantes.
Stir le congres international de meteorologie tenu a Vienne
du i" au 16 septembre 1873; communication de
M. Em. Quetelet, membre de I'Academie.
Pendant le mois de septembre dernier, un congr^ de
m^t^orologistes s'est r^uni k Vienne.
Depuis longtemps les savants qui s'occupent de la me-
teorologie avaient reconnu la n^cessit^ de s'entendre sur
des precedes uniformes d*observation et de calcul; on
se demandait seulement si la chose etail praticable, en pre-
sence de la grande yari^te qui existe dans les instruments,
dans la mani^re de les observer et dans la forme des pu-
blications.
L'annee pass^e, sur I'invitation de M. Bruhns, directeur
de rObservatoire de Leipzig, une assembl^e de m^t^oro-
logistes se r^unit dans cette ville. Les questions k traiter,
dont le programme avait eie arr^te d'avance, firent Tobjet
d'une discussion qui dura trois jours et dont les proems
verbaux furent publics avec les r^ponses ecrites qui avaient
ete adress^es par plusieurs savants.
On comprenait cependant qu*une assembl^e priv^e,
quelle que fut d*ailleurs Tautorite scientifique des membres
qui la composaienl, n*aurait pas une influence suf&sante
pour faire entrer dans la pratique les decisions qu*elle au-
rait prises et quil etait n^cessaire de r^unir officiellemeni
un congres.
( 507 )
Le gouvernement autrichieD prit I'initialive de cette
mesure et invita les autres gouvernements k nommer des
d^l^gn^s k une assembl^e qui devait se r^unir k Yienne.
Lecomit^ cbarg6 des pr^paratifs du congr^s ^lait compost
de MM. Brohns, directeur de TObservatoire de Leipzig,
Jelinek, directeur de rinstitut central iD6t6orologique de
Vieone, et Wild , directeur de I'Observatoire physique cen-
tral de Saint-P^tersbourg. L'invilation fut accueillie favo-
rabiement et le congr^s s*est r^uni le 1^' septembre et
a continue ses travaux jusqu'au 16 du mSme mois.
C'est des travaux de ce congr^s et des principaux r^sul-
tats qui ont ^t^ obtenus que je demande la permission
d'entretenir quelques instants I'Acad^mie.
Le congres ^tait compos6 de vingt-neuf membres, re-
pr^sentant quatorze £tats diiferents; voici le nombre des
d^l^u^s par £tat :
Allemagne 7
Autricbe-Hongrie . . . G
Belgique ...... 3
Grande-Bretagoe . . . S
Chine
Danemark
Etata-Unis d'Aroerique .
Italia S
Pays-Bas
Portugal
Russia
Suede et Norwege . .
Suisse
Turquie
Total. . 39
MM.Bruhns, Dorgens, Ebcrmayer, Neumayer,
Schoder, Sobncke , Winnecke.
Czelechowsky , Hann , Jelinek , Lorenx ,
Miiller. Schenzl.
Gloesener, Ern. Quetelet.
Bucban , Scott.
Campbell.
Hoffmoyer.
Myer.
Gantoni , Donati.
Buys-Bailot.
Fradesso da Silveira.
Wild.
Mohn , Rubenson.
Plantainour.
Couuibary.
On a beaucoup deplor6 Tabsence de delegues de la
( 308 )
France , ce pays qui a tant cootribu^ aux progres de la
iD^t^orologie.
M. Carl von Stremayr, Ministre de rinstruction pu-
blique, a salu^ le congres au nom du goovernement. Son
Excellence est nomm^e president d*honneur et le congr^
choisit eusuite pour vice-presidents, MM. Bruhns, Buys-
Ballot, Jelinek, Scott et Wild, et pour secretaires, MM. Mul-
ler, Neumayer et Sohncke.
Le congres, constitu^ de cette mani^re, a abord6 Texa-
men des questions qui lui ^taient soumis^s.
On sait que la physique de ratmosph^re est une science
relativement nouvelle; c'est cependant une de celles qui
nous int^ressent le plus, par son influence directe sur
notre sant^ et sur notre richesse. Plusieurs causes out em-
pdche qu'elle fit des progres rapides. D'abord les instru-
ments ^taient fort d^fectueux et aujourd*hui mSme les
m^t^orologistes sont loin d'etre d*accord sur la valeur de
plusieurs d'entre eux. Ensuite les stations oil Ton obser-
vait ^taient en tr^s-petit nombre ; sous I'impulsion puis-
sante d'Alexandre.de Hujnboldt le nombre des stations fut
augment^, mais ce n'est que dans ces derniers temps,
grftce aux grandes facilit^s de communication que Ton
possede, que le r^seau mei<^orologique s'est notablement
etendu. Cependant, quand on marque sur un globe les
points ou Ton observe, on reconnatt de suite les immenses
lacunes qui existent encore.
Enfin , quand on compare les r^sultats obtenus dans les
pays les plus avanc^s sous le rapport scientitique, on
trouve que les r^sultals des observations ne sont g^ndra-
lement pas comparables entre eux , les instruments ne
sont pas les memes, ils ne sont pas divisds de la m^me
( 309 )
fa^D, les observations ne se font pas d'apr&s le m£me
systeme et ne sont pas toujours pnbli^es d'une maniSre
avantageuse pour les calculateurs.
Les points principaux' que le congr^s avail k trailer
6laienl done :
Indiquer les meilleurs instruments k employer.
S'enlendre sur une m^thode uniforme d'observalion el
de caleul.
Completer le r^seau m^l^orologique par loute la lerre.
Raceorder les observations failes k la mer avec celles
qui sonl failes dans les observaloires fixes.
Fonder une publication Internationale donnanl, sous une
forme rigoureusemenl comparable, les documents m^l^o-
rologiques les plus importants pour les stations principales
par loute la lerre.
Op^rer un ^change rapide des publications nalionales
enlre les diff^renls pays.
Examiner la question de la provision du lemps el parti-
culi&remcnt des grandes perturbations almospb^riques.
H&tons-nous de dire que le congrte n'avail pas la pre-
tention de donner la solution de ces probl^mes si diffi-
ciles. La question des observations mel^orologiques ^ la
mer a d'abord 6te ^carl^e et doil dire soumise k une nou-
velle conference m^l^orologique maritime. On se rappelle
qu'une pnami^re, conference de ce genre a &l& lenue k
Bruxelles en 1855, sous la pr^sidence de mon pdre. Le
celebre Maury, qui Tavait provoqude, avail ensuite reconnu
qu'une nouvelle reunion dtait devenue ndcessaire, pour
completer les mesures recommanddes dans la premiere
assemblde. U en parlait d^j^ en 1860, comme on peul le
voir dans les Bulletins de noire Acaddmie, el an congrte
(340)
de S^-P6tersbourg en 1872, il avail charge mon p6re d*en
faire la proposition en son Dom ; malheureusement pour la
science, la morl Ta eoleve depuis etd'aotres devront ticher
de completer I'cBuvre qu*il avail si bien commenc^e.
Quelques questions qu'il aurait h& difficile de r^soudre
imm^dialement ont ^l^ remises k un prochain congr^ :
d'abord la publication internationale qui exige une cer-
laine mise de fonds el ensuite un certain nombre de ques-
tions de detail, parmi lesquelles je citerai le choix de
symboles pour repr^senter d*une mani^re abr^g^e les
diff^rentes circonstances m^t^orologiques. On sail que
plusieurs pays emploient d^j^ de lets symboles , mais mal-
heureusement ceux-ci varient d'un pays k I'autre, de
sorte qu'une r^forme est devenue n^cessaire pour ^viter la
confusion.
A fin de faciliter le travail k la prochaine assembl^e, un
comity permanent a ^t^ nomm6 qui sera charge d*exa-
miner ces questions el de presenter un rapport. Ce comit^
se compose de : MM. Buys-Ballot, president, Bruhns,
Cantoni, Jelinek, Mohn, Scott el Wild. Le congres lui a
donn^ de plus la faculty de se completer el de s*adjoindre
deux nouveaux membres.
Je ne crois pas devoir trailer ici du choix des barorn^-
tres y des thermom^lres , de la forme des udometres , etc.,
du placement el de I'inslallaiion des instruments, tons de-
tails qu'ou Irouvera dans les procds-verbaux des stances
qui seronl publics en allemand eten fran<^is. Je signalerai
seulement en passant une modification qui a ^t^ adoptee
pour rindication des vents. En fran^ais la leltre 0 marque
rOuesl, en allemand elle indique TEsl. Le congres a
adopts les designations anglaises oA TEst el TOuest sont
( 3*1 )
marqu^ par les lettres E et W., de sorte que nous devrons
changer 0 en W, et les Allemands devront changer 0
en E; il y aura ainsi uniformity.
Relativement aux instruments, une des questions les
plus importantes ^tait la division des echelies barom^tri-
ques et thermom^triques. Les resolutions suivantes ont
6\j& adoptees :
i. L'emploi des mSmes unit^ de mesure est desirable
aussi bien pour les observations que pour les publications.
% Le congr^ exprime sa conviction que parmi tons les
syst^mes de mesure existants, le syst^me m^triqueest
celui qui a le plus de chances d'etre adopts g^n^ralement.
3. Le congr^s regarde comme tr^-d6sirable, s'il n'6tait
pas possible d'introduire des maintenanl une mesure
unique, de ne plus employer que la mesure m^trique et la
mesure anglaise (et pour le thermomStre T^chelle centi-
grade ou de Celsius, et celle de Fahrenheit).
4. Toutes les dispositions qui doivent conduire k Tunit^
m^trique doivent dtre encourag^es.
Le vote est important en ce qu'il condamne d^finitive-
ment le thermom^tre k 6chelle Reaumur et le barom^tre
divis^ en lignes de Paris, mais il est fort k regretter^ an
point de vue thtorique, que Ton ait encore admis les me-
sures anglaises. Certainement on ne pent pas changer de
suite les nombreux instruments en usage divis^s d'apr^
les Echelies anglaises, mais il est f&cheux que Ton ait
consacr^ cette exception par un vote et il est k esp^rer
qu'un prochain congr^ fera un pas de plus en avant.
Dans le calcol des moyennes m6t6orologiques, la division
du temps a soulev6 une assez longue discussion. Le jour
moyen solaire de minuit en minuit pour le lieu d'observa-
( 312 )
lion a &i& adopts k I'ananimit^. L'ann^ du calendrier a &t6
adoptee egalement; trois voix seulemeot ont propose de
commencer I'ann^e m^t^orologique au 1" d^cemlire. Le
congr^ a d^cid^ de conserver les mois du calendrier. La
moyenne du mois doit dtre la moyenne arithm^tique des
joars qui le composent et la moyenne de I'ann^e s'obtient
en prenant la moyenne des douze moyennes mensuelles.
Cette decision du congr&s est certainement bonne puis-
qu'elle simplifie les calculs pour les stations m^t^rolo-
giques dont le nombre devient de jour en jour plus grand ;
dans des recherches d6licates cependanl, il sera toujours
n^cessaire de tenir compte du nombre de jours que com-
prend cbaque mois. Mii par cette pens6e, un membre du
congr^s avait mSme propose d'allonger le mois de f^vrier
de deux jours en lui attribuanl le 31 Janvier et le i""^ mars;
Janvier et mars n*auraient plus euainsi que 30 jours cbacun ;
mais la proposition n'a pas ^te adoptee. La m^t^orologie ,
en effet, n*est pas une science isol^e, elle doit marcher
d'accord avec les autres et ne pent k elle seule reformer
le calendrier.
Le congr^s a de plus recommand^ , dans cbaque r^seau,
pour un certain nombre de stations dont le choix est laiss6
k rinstitut central du pays, le calcul et la publication des
moyennes de la temperature par pentades, c*est-&-dire
par 5 jours d'aprSs la methode de Dove. L'ann^ ordi-
naire de 365 jours contient exactement 73 de ces p^riodes,
tandis que la derni^re pentade de Tann^e comprend six
jours dans les ann^es bissextiles. Le but principal qu'on se
propose par le calcul des pentades est de comparer plus
facilement les temperatures des diff^rentes stations, k
repoque surtout des grandes perturbations.
(343)
Le choix des beores d'observation esl laiss^ aux obser-
teurs k cause de la vari^t^ des climats et de la difference
des babitudes locales; le congres pose cependant la cod-
dition que Ton puisse d^duire coDvenableraent de ces
observations la nnoyenne diurne; il recommande certaines
combinaisons d'heuies qui sont reconnues avantageuses et
met en garde les observateurs contre la tendance qu'ont
quelques-uns d*entre eux de multiplier les observations
de jour en n^gligeant celles de nuit.
L'atlention du congres s*est ensuite port^e sur la neces-
sity de comparer avec soin les instruments et les observa-
teurs. Les instituts centraux doivent possMer de bons
instruments normaux que Ton compare de temps en temps
entre eux. lis sont charges, en outre, de Tinspection des
stations secondaires, qu*il convient de faire une fois tousles
deux ans et plus souvent si Ton pent. Dans rAm^rique du
Nord cette inspection des stations se fait deux fois par an.
Relativement aux publications, il a ^t^ regard^ comme
desirable que les publications des observatoires de pre-
mier ordre, qui comprennent des observations ^tendues et
varices , soient completement separ^es, dans cbaque pays,
des observations ex^cutees sur un plan uniforme dans
les stations de second ordre.
Le congres s'est prononc^ pour une extension du sys-
t^me d'avertissement des tempetes en se mettant particu-
liercment en rapport avec I'Amerique du Nord, qui a un
syst^me d'avertissement tr^s-developpe et organist mili-
tairement. La d^pense pourrait seule Stre un obstacle k
line extension si desirable. II faudrait aussi que le service
teiegraphique fikt mieux organist, de mani^re qu'un t^l^-
^ gramme annon^afft une tempSte ne pAt ^prouver aucun
retard.
S""" S^RIE, TOMB XXXVI. 21
( 314 )
Je mention nerai encore Tint^ressante comroonication
de M. Campbell qui a ^t^ ehai^^ d'organiser en Chine un
r^seau m^ttorologique. Le plan qu*il a present^ au congres
et le choix des stations ont ^t^ approuves, et Ton pent
esperer que ce vaste pays entrera enfin dans le concert des
nations civilis^es'pour T^tude de Tatmosph^re.
On a encore agit^ la question de fonder des ^tablisse-
ments m6teoroIogiques dans des ties ^cartees, sur de
hautes monlagnes, d*^tablir des observatoires flottants
dans Tatmosphere au moyen de ballons captifs, etc., etc.
Je citerai enfln la proposition du d^l^gu^ am^ricain, le
g^n^ral Myer, qui a &i& unanimement adoptee : le congres
declare desirable IHnsiallalion d' observations simuUanees
sur toute la terre. Au 1" Janvier de Tannic prochaine
cette proposition recevra probablement un commencement
d*execution; dans tons les observatoires principaux de
rh^misphi^re Nord on fera chaque jour une observation
au m6me instant physique, c*est-i-dire que tous les obser-
vateurs s'approcheront en mdme temps de leurs instru-
ments pour les observer.
Je n*ai pu, dans cette courle notice, donner qu*un
aper^u tr^-imparfait des nombreuses questions qui ont 6t^
discutees pendant la session du congres met^orologique ;
je crois cependant qu'on pourra juger de I'importance de
quelques-uns des r6sulta(s oblenus. II s'agit maintenant
d'entrer dans la p^riode d*ex^cution. La transition sera
assez difficile, surtout dans les pays oil existent d'anciennes
traditions scientifiques; mais le but d atteindre est si im-
portant que chaque £tat fera sans doute quelques sacri-
fices pour arriver enfin a Tunit^ scientifique.
(315)
Note 8ur la tendance qu'affectent les grands axes des or^
bites cometaires a se dinger dans tin sens donne; par
J. C. Houzeau , membre de TAcad^mie.
Si les com^tes, ou au moins la plupart d'entre elles,
sont des astres Strangers k notre syst^me, qui ne s'y enga*
gent qu^acciden tenement, ce fait deviendra apparent dans
la direction des grands axes des orbites. Aussi longtemps
que lesyst^me serai t en repos, les < astres croiseurs » y
entreraient indiff^remment de tons les cdt^s. Mais comme
le soleil et son cortege de plan^tes sont aflect^s d'un
mouvement de transport dans une cerlaine direction, les
conditions ne sont plus ^ales, et il doit se prodnire un
pb^noro^ne analogue i Y emanation des ^toiles filantes.
Afin de reconnaitrejusqu'a quel point les faits s'accor-
dent avecces provisions, nous allons examiner ici la distri-
bution hOliocentrique des apbOlies cometaires, qui, comme
on le verra bientdt, sont loin d^Otre rOpartis au basard.
L'apbOlie doit marquer k peu pr^s, en effet, la direction
par laquelle Tastre a p6n0tr0 dans la sphere d'attraction
du sysl^me solaire. Cela est vrai surtout des com&tes dont
les orbites sont les plus allongees, et qui se meuvent, k
cette distance immense, avec une extreme lenteur. Cest
en tons cas Tbypotb^se la plus simple d'od Ton puisse
partir.
Nous avons pris , pour procOder k cet examen , le cata-
logue de com^tes de Madler, Edition de 1860, qui contient
233 numOros. Mais nous avons retrancb6 tout d'abord les
commies a courte pOriode, c'est-^-dire toutes celles, revues
(316)
ou noD, dont I'aph^Iie est k Tint^rieur de Torbite de Nep-
tune. II y en a quinze dans le catalogue, qui portent les
num^ros 56, 91, 93, 96, 104, 108, 144, 145, 176, 177,
184, 187, 202, 224 et 225. Nous avons cru devoir exclure
6galement les anciennes apparitions probables de la com^te
de Halley, qui auraient fait double emploi, savoir les nu-
m^ros 4, 5, 6, 13^ 15, 16 et 22. On peut voir du reste
combien le calcul de ces anciennes orbites est incertain,
en comparant les ^l^ments de la com^te de 1066 de Pingr6
et de Hind, ceux de la com^te de 1301 de Burckhardt et
de Laugier, ceux de la com^te de 1337 de Halley et de
Pingr^, d'une part, et de Hind et de Laugier, d'autre
part, ainsi que beaucoup d*aulres. Conserver ces anciennes
comStes , c'est presque introduire des donn^es arbitraires.
Enfin les com^tes n^'M, 8 et 24 n'^tant donn^es que par
des approximations vagues, nous les avons ^alement re-
tranch^es.
En revanche nous avons ajout^ Torbite de la premiere
com&te de 1819, que Madler avait laiss^e en blanc, et qui
a €ii calcul^e par Gambart d'apr^ quatre observations de
Marseille. On la trouve dans les Annales de Chimie et de
Physique de Gay-Lussac et Arago, tome XI, page 221. II
faut remarquer aussi que Tinclinaison de la premiere co-
mftte de 1813 doit se lire 21M3' 33" au lieu de 21*^33' 33",
que la comete de 1680 ^tait directe et non retrograde, et
que les p^rib^lies de celies de 1337 et de 1533 tombaient
en juin et non en Janvier.
Le catalogue ainsi retouch^, il y reste 209 com^tes dis-
tinctes, sortant toutes de la sphere marquee par la distance
moyenne de Neptune. Le premier point k examiner est
rinfluence des saisons et de la longueur des nuits sur le
(347)
nombre des com^tes observ^es. Car les recherches sont
faites priDcipalement dans I'h^misph^re boreal; et comme
les p^rih^lies tombent souvent dans^le voisinage du lieo
qu'occope le soleil, on comprend que la pauvret^ des obser-
vations durant cerlains mois priverait toute une region du
ciel de son nombre relatif de p^rih61ies.
Pourrendre les dates comparables, nous avonsramen^
Tancien style au nouveau, dans les calculs oik il avait 6i6
employ^. Nous avons trouv^ alors :
Dates des passages au pirihilie.
HOIS.
Atant
la
fiaduXVIl*
sitele.
XVIII*
Steele.
XiX«
slide.
T O T A Kf •
TOTAI.
par
SAItORS.
Janvier
6
iO
6
22 '
1
F6vrier
4
4
6
i4
> 82
Blars
3
3
iO
i6
>
Avril
4
5
8
17 ]
Mai
3
3
ii
M j
> 52
Juin
3
5
40
48 i
1
■
Juillet .......
6
3
5
44 ]
koti
3
1
6
40 j
^ 47
Septembre
4
5
d4
23 !
Octobre
6
3
iO
49 ^
1
Novembre
8
9
6
23
' 58
Ddcembrc
3
5
8
46
I
ANNlfeE. . .
53
56
100
209
209
( 318 )
II n*y a dans ces chifires aucime allure d^cid^e. Lln-
floence de la longueur des nuits, si elle existe, est au moins
tres-limit^e. Le dix-neuvidme si^ele pris s^par^oient doone
pour
Janvier, f^vrier, mars. ... 23 passages au p6rili61ie.
ATril,mai,juin 29 — —
Juillet, aoftt, septembre ... 25 — —
Octobre, no?einbre, d^cembre. 24 — ~
Total. . . 400 — —
D'oik Ton conclura , ce nous semble , qu'il est permis de
regarder I'observatioD des commies comme aussi complete
(ou si Ton pr^fere aussi incomplete) dans une saison que
dans une autre.
Ce resultat n'ad*ailleurs rien d'extraordinaire, quand on
r^fl(icbit que les cometessont bien rarementen opposition,
tandis que le plus grand norabre d*entre ellcs demeure au
contraire dans une certaine proximity apparente du soleil.
Nous allons done admettre que la m^me pro|)ortion de ces
astres est observ^e dans les divers m^ridiens celestes, et
que par consequent la distribution des p^rihelies suivant
les longitudes heiiocentriques, d^duite de nos catalogues,
repr^sente la distribution naturelle.
Que les cometes, dans le sein de I'espace, pen vent Hre
assimil^es k des corps livr^s au hasard, c*est ce qu'on inf^re
de ce fait que les mouvements se partagent k pen pres ^ga-
lement entre le sens direct et le sens retrograde. Nos 209
cometes exterieures k Porbite de Neptune donnent a eel
egard :
( 319 )
Mouvement des comelcs.
SENS DU UOUVEMENT.
Avant
la
findaXVtl*
XVIIl*
XI x«
TOTAIvB
Direct
Retrograde
26
27
28
28
48
52
i02
i07
Total. . . .
53
56
iOO
209
II est par consequent permis de croire qu'il n'y a rien
de syst^matique dans le mouvement des cometes ; el si nous
trouvons que les perih^lies de ces astres se groupeul sur la
sphere celeste dans cerlaines positions, il sera vraisem-
blable que la cause en est dans un ph^nom^ne optique plu-
tdt que dans un agroupement r^el.
Trailer les p^rih^lies^c^est du reste trailer les aph^lies,
puisqu*on passe sans difficult^ d'un cas k Tautre, en remar-
quant que ces points sent diametralement opposes. PlaQons
done les p^rih^lies sur la sphere beiiocentrique,comme
nous placerions des ^toiles sur une sphere celeste. Dans
cette operation deux precautions toutefois sont indispensa*
bles. La premiere estde teuircompte de la precession, aGn
de rendre les positions comparables. Nous avons r^duit
toutes les longitudes k Tequinoxe moyeu de 1850,00.
Pour les cometes les plus anciennes, on a pris soin dMutro-
duire dans le calcul de la precession le terme qui depend
du carre du temps. II faut ensuite porter le periheiie dans
la trace du plan de Torbite, en s*ecartant du noeud k la
distance angulaire donnee, et suivant Finclinaison. Un
triangle spherique fournit le resultat. Nous avons ainsi cal-
cuie les longitudes et latitudes heiiocentriques des points
( 320 )
p^rih^lies sur l^^quinoxe el Tecliptique de 1850. Ce sont
les positions od, du solcil, on aurait vu les 209 coni^tes, k
Fepoque indiqn^e do 1830,00, 31 ellcs s'etaient trouvees
alors i leur perih6lie toules k la fois.
Or quelle est la distribution de ces points sur la sphere
h6liocenlrique? Pour en prendre une id^e, nous avons
range dans le tableau suivant les coordonn^es h^liocentri-
ques des p^riheliesdans Tordre des longitudes. Nous y joi-
gnons imm6diatement les coordonn6es rectangulaires de
ces points, le rayon de la sphere 6tant Tunite.
Coordonnees heliocerUriques des points pinhdlies des comdtcs.
Mum^ro
du eauiogao
dc
Hidler.
POSITION UiL
dtt poioi
Loo|ilad«.
Eqaio. 18S0.
lociNraiQOR
p^rihtflle.
Latitude.
COOaDOHllliBS aUTANGOLAIRU
(le rayon de la aph^re 4tanl 1).
Z.
y-
z.
196
0: 6'
— 79:24'
4-0,4840
4-0,0003
-0,9829
3
0.28
-4-28. 4
0,8828
0,0072
4-0,4699
124
0.89
+ 50.41
0,6335
0,0409
-♦-0,7736
473
4.22
-56.38
0,5498
• 0,0131
-0,8351
i52
4.29
4-54.21
0,5826
0,0151
4-0,8125
229
2.38
-♦- 8.39
0,9876
0,0454
-f- 0,1503
410
4.42
-4-47.28
0,6742
0,0493
4-0,7368
442
7.26
-4-27.44
0,8821
0,1151
4- 0,4570
89
7.36
4-50.27
0,6312
0,0842
4-0,7710
23
9.46
-^ 40.28
0,7508
0,1225
4- 0,a490
48
40.23
-35.45
0,8033
0,1472
— 0,5771
31
41.33
-4-35.47
0,7998
0,1634
4-0,5777
460
44.35
-4-28.48
0,8626
0,1768
4-0,4740
43
42.57
- 2.55
0,9733
0,2238
-0,a'S09
204
13. 3
-61. 9
0,4704
0,1090
- 0,8759
m
43.46
-4- 2.42
0,9722
0,2292
4-0,0471
228
44.22
4-43.46
0,6996
0,1792
4- 0,6917
( 321 )
Nano^ro
du catalogue
de
Madler.
POSITION BiUOCUTaiQDR
du point p^rihelle.
Loochude. , . ,
COOKDO
(leraj
X.
NIfiBS KBCTinCDLAiaBS 1
rondelaaphiredtaut 1). ||
y-
z.
103
19:55'
-4-23:39'
+ 0,8612
+ 0,3120
+ 0,4011
12
20.16
+ 59.22
0,4780
0,1765
+ 0,86a4
221
22. 5
— 0.40
0,9266
0,3759
— 0,0115
192
26. 3
+ 26.23
0,8048
0,3934
+ 0,4443
116
30.18
+ 14.45
0,8350
0,4879
+ 0,2647
70
35.20
- 21.32
0,7589
0,5380
- 0,3671
206
35.35
+ 33.20
0.6795
0,4862
+ 0,5495
157
36 9
+ 0.26
0,8075
0,5899
+ 0,0075
197
37.52
- 27.5-4
0,6977
0,5425
-0,4680
172
39.35
+ 37.38
0,6103
0,5046
+ 0,6106
232
39.35
+ 29.48
0,6688
0,5529
+ 0,4969
223
42.60
+ 37.39
0,5808
0,5382
+ 0,6107
123
42^2
-22.48
0,6757
0,6272
0,3875
121
44.56
- 49.37
0,4587
0,4576
- 0,7617
54
49.30
+ 3.10
0,6485
0,7593
+ 0,0554
211
50.42
+ 8.17
0,6268
0,7658
+ 0,1441
32
50.46
+ 22. 2
0,5863
0,7180
+ 0,3751
135
52.27
-21.39
0,5665
0,7369
-0,3600
68
55.30
+ 27. 7
0,5041
0,7335
+ 0,4559
113
56. 4
+ 2651
0,4981
0,7402
+ 0,4616
52
56.41
+ 23. 7
0,5052
0,7685
+ 0,3927
158
56.48
+ 5.57
0,5446
0,6927
+ 0,1036
67
59. 2
+ 44.56
0,3643
0,6070
+ 0,7062
62
60.35
— 8.46
0,4854
0,8609
— 0,1524
119
62. 7
+ 47.15
0,3175
0,6000
+ 0,7344
170
69.28
+ 19.54
0,3298
0,8808
+ 0,3405
137
69.50
- 3.17
0,3442
0,9371
- 0,0575
85
69.51
-78.22
0,0695
0,1893
- 0,9795
26
7236
- 3.21
0,2985
0,9525
-0,0585
105
73.17
— 18.24
0,2729
0,9088
- 0,3157
49
73.26
— 58.15
0,1500
0,5044
-0,8503
131
76.12
-43.25
0,1733
0,7054
- 0,6874
* 4
( •
( 322 )
h 1
Nomrfro
dn eaulogoo
de
MadlOT.
FOSiTioR nit
du point
Longitude,
^uln. 1850.
lOCBRTRlQUR
perihrilie.
cooaoo
ilera;
X.
mnius RRCT&iiaoLiiaBt
iron de la gphire ritanl f ).
Utiiude.
33
77M2'
+ 36:57'
+ 0,1771
+ 0,7793
+ 0,6012
60
78.41
+ 31.18
0,1677
0,8378
+ 0,5195
185
78.44
-1-12.51
0,1905
0,9562
+ 0,2224
436
79. 5
^ 18.31
0,1790
0,9311
— 0,3176
194
80iS0
+ 14.41
0,1541
0,9550
+ 03633
201
81.35
-35.6
0,1198
0,8093
— 0,5751
88
83. 5
4-72.31
0,0362
0,2982
+ 0,9638
99
83iS6
+ 28.23
0,0930
0,8749
+ 0,4755
133
84. 0
+ 54. 9
0,0612
0,5825
+ 0,8106
218
85.33
-- 545
+ 0,0772
0,9920
-0,4001
186
91.42
+ 5555
-0,0166
0,6602
+ 0,8282
71
93.52
+ 53. 2
0,0406
0,6000
+ 0,7989
106
94.20
-24. 3
0,0690
0,9106
— 0,4076
76
94.49
+ 0.13
0,0840
0,9965
+ 0,0037
97
95.45
-39. 2
0,0778
0,7729
-0,6297
142
93.53
-10.29
0,1001
0,9781
— 0,1820
183
95.53
- 16. 2
0,0985
0,9661
— 0,2763
:io
97.18
+ 5.44
0,1264
0,9869
+ 0,0999
34
99.54
+ 24. 5
0,1570
0,8994
+ 0,4082
lit
100.36
+ 10.31
0,1809
0,9664
+ 0,1825
189
100.45
+ 49.32
0,1310
0,6376
+ 0,7607
214
101.24
+ 30.43
0,1699
0,9676
+ 0,5107
28
103.12
+ 10.27
0,2246
0,9675
+ 0,1815
129
103.21
-24.5
0,2108
0,8883
-0,4081
95
104.37
+ 8. 6
0,2498
0,9580
+ 0,1408
180
10625
+ 49.14
0,1847
0,6263
+ 0,7573
9
107.1 1
+ 67.26
0,1590
0,5143
+ 0,8428
134
108.29
+ 60.26
0,1664
0,4680
+ 0,8698
122
110.24
-11.43
0,3413
0,9178
— 0,2031
114
112. 1
-20.27
0,3512
0,8687
-0,3494
36
112.46
+ 12,52
0,3773
0,8989
+ 0,2227
41
113. 2
+ 61.52
0,1845
0,4339
+ 0,8819
« k t
*. fc
b 1
* : * " . '
(5S3)
,--
PUJiriLIT. Bi>
=--
..„=.
-,-» ,.r,.,.
......
nt..
l...o«lLu.lr-.
L.,„u.,
'J-
38
H3: T
+ 83! 1'
- 0,0477
+ 0,1118
+ 0,9^8
ISO
ii3,aa
+ n,aj
0,3794
0,87S(
+ 0,2997
ise
131.44
-3913
0,4037
0,6013
-0,639:1
333
1S.B9
+ 73. 7
O.I08I
0,3C«
+ 0,'1509
US
)ai.l3
-liSO
0,5183
0,8063
-0,9921
60.
lai-as
+ 3,13
0,5613
0,^37
+ 0,0663
H7
iae,5i
+ 24, 6
U,S48I
0,7300
+ 0,4083
319
199,33
+ 58.97
o;u3i
0,4036
+ 0,8SW
SI
131-16
-16. 1
0,6310
0,7MS
-0,3760
63
1;1B.5S
+ 13.8
0,7(XB
0,6767
+ 0,2273
SS
13Q.S3
+ 8.5Q
0,7358
0,6361
+ 0,15SH
Ml
110.14
- 4. i
0,7067
0,6381
-0,0707 1
IW
liU.55
- 3.24
0.7719
b,6ffi3
-0,0592 j
90
ni. 1
+ 39.57
0,S963
0,(818
+ 0,6490
139
Mi.aa
+ayjHi
0.602;i
o,nu7
+ 0,6382 [
19
liijfl
+ 1, 3
0,7857
0,6513
+ 0,M70 '
19
m;)E
+ &.H
0,80 li
0,6919
+ 0,0905
S(l
1J9-5(1
~28.S1
0,7373
0,4101
-0,4825
9S
15I.SI
- 19.34
0,8:«I7
0,4115
-0.3:150 ■
M
IStlB
-90. 9
0,8388
0,4918
-0,3416 1
M
1E6.S!2
+ H.19
0,9021
0,3854
+ 0,1913
1^
IS9.33
+ 419
0,69(7
o,as9a
+ 0,6710
188
1(!0„T9
+ 48.55
0,8259
O.39U0
+ 0,4896
87
m.ii
+ 6i.m
0,4113
0.100
+ 0,9001
JdS
161.27
-2:1. 1
0,87S6
0,9928
-0,3911
17
11B,39
+ li.n
0,9^S
0,9728
+ 0.2166
4U
I61.1U
-69.38
0,337 4
0,0957
-0,9361
air.
106.39
-13.26
0,9(64
o,aai6
-0,2398
191
166J»
+ 31. S
0,8344
0.1931
+ 0,8163
iH
lff!.a3
+ 76.13
o,a:i26
0,0s 14
+ 0,9713
a
168.16
+ 11 4
0,9374
0,1991
+ 0,9089
109
176.22
-31.33
0,850S
0,0540
-0,523
( 324 )
Mamiiro
da eatalogue
de
Midler.
POSITION DtfLIOCRIfTaiQUI
du point p^riht^lie.
COORDOlfM^KS RICTAROOL&IRU 1
(le rayon de la sphere tfunt 1). |j
LongiludM.
Kquio. iSSO.
Latitude.
Z.
y-
s.
169
182: r
-4-49t27'
-0,6497
-0,0229
4- 0,7616
181
182.34
-25 23
0,9026
0,0405
-0,4286
126
186,30
— 13.43
0,9652
0,1100
-0,2370
147
187. 2
- 12.15
0,9699
0,1197
- 0,2122
64
189.12
4-62. 3
0,4627
0,0749
4-0,8834
178
189.48
--23. 3
0,9068
0,1566
-0,3925
227
192.46
4- 76.42
0,2243
0,0508
4-0,9732
226
194. 5
-♦- 9.36
0,9530
0,2535
4-0,1668
120
195.67
- 3.54
0,9593
0,2742
- 0,0679
75
199.42
-28.63
0,8244
0,2952
-0,4829
78
206.57
+ 20.30
0,8350
0.4245
+ 0,3510
168
208.14
— 4.38
0,8763
0,4715
— 0,0808
208
210.25
— 1610
0,8283
0,4863
-0,2786
94
211. 7
-30.56
0,7343
0,4433
-0,5141
163
212. 5
+ 2. 7
0,8467
0,6308
4-0,0369
198
216.47
4-30.17
0,6916
0,5171
-1-0,6042
44
217.42
- 22.57
0,7286
0,5631
-0,3899
138
219. 3
— 24.44
0,7054
0,5722
— 0,4183
216
220;i2
— 31.44
0,6464
0,5527
-0,6259
37
223.11
-27.64
0,6444
0.6048
-0,4680
166
224.31
- 7.12
0,7074
0,6966
- 0,1256
148
226.35
-31.14
0,5877
0,6211
- 0,5186
220
231.36
4-38. 6
0,4889
0,6169
-1-0,6168
146
232.11
4-10.21
0,6032
0,7771
-♦-0,1797
81
232.53
4-17.24
0,5758
0,7609
-+-0,2992
222
2;«.45
4-43.14
0,4308
0,5876
-♦-0,6833
165
234.20
-16.33
0,5589
0,7788
-0,2849
193
234.34
4- 83.16
0,0680
0,0955
-♦-0,9931
25
233.18
4-66.57
0,2229
0,3219
4-0,9202
77
2;«. 6
4-38.40
0,4010
0,6700
4-0,6249
159
239.12
-80.23
0,0855
0,1434
-0,9859
217
239,15
4- 8.42
0,5054
0,8495
4-0,1512
( 325 )
Nam^iro
da catalogue
de
Madler.
rosiTioN nth
do point
Lonxitadc.
I-:qain \W».
lOCUmiQCB
p^rih^lia.
Latiiode.
COO&POHtliU MBCTARGt
(le rayon dt la sphere 6lt
ILAiaU
ntl).
Z.
X.
y-
199
24i:i8'
^50! 9'
-0,3028
-0,5647
- 0,7676
132
245.48
+ 28.6
0,3616
0,8046
+ 0,4710
42
247. 0
-23.18
0,3589
0,8454
-0,3956
84
247.33
-4-38.49
0,3173
0,7679
+ 0,5566
107
248.44
-4- 52.52
0,2190
0,6626
+ 0,7972
118
248.55
— 48.41
0,2375
0,6160
- 0,7510
141
250.14
+ 67.41
0,128 i
0,3574
+ 0,9251
181
250.25
- 20.53
0,3132
0,8803
-0,3565
115
253.22
-4-50.40
0,1814
0,6073
+ 0,7734
82
255.19
— 57. 2
0,1379
0,5264
-0,8389
(•)
256.34
-4- 4.27
0,2316
0,9697
+ 0,0775
2
256.58
- 3.24
0,2251
0,9725
- 0,0594
59
257.34
-26.35
0,1925
0,8733
- 0,4476
162
258.47
-5235
0,1182
0,5960
- 0,7942
102
260.20
-4-23.33
0,1539
0,9037
+ 0,3996
195
260.29
— 70.44
0,0546
0,3254
-0,9440
153
261.15
H- 53.26
0,0906
0,5888
+ 0,8031
100
262.41
+ 43. 2
0,0931
0,7250
+ 0,6824
35
264.19
-38.44
0,0618
0,7762
-0,6258
190
268.45
-46.17
0,0151
0,6909
-0,7229
182
268.54
+ 46.44
0,0132
0,6853
+ 0,7282
130
269.15
+ 3.41
0,0131
0,9978
+ 0,0643
57
• 269.55
— 8 8
0,0ai4
0,9899
— 0,1414
73
271.16
+ 24.40
+ 0,0201
0,9086
+ 0,4173
61
272.16
- 0.38
0,0395
0»999l
- 0,0110
149
272.21
- 0.51
0,0433
0,9989
- 0,0148
63
272.54
- 0.38
0,0506
0,9987
0,0111
200
273. 4
- 0.28
0,0535
0,9986
— 0,0081
101
274.40
-66.14
0,0328
0,4017
- 0,9152
143
276.21
+ 13.10
0,1077
0,9677
+ 0,2279
167
276.38
+ 4.32
0,1152
0,9902
+ 0,0791
140
276.50
-34.20
0,0983
0,8199
-0,5639
nPMBi
M eomMe dc i
M9,eaJniltep
n Oambari.
•
■
( 326 )
do eatalogoe
de
Midler.
posrnoR H<Lioc»iTiiiQini
dtt point p^rih^lle.
C00B1»(
nmin bbctirqclairrs 11
fon d« U tpMre <Unt 1). ||
X.
y-
ft.
S3
279:37'
-4- 5:53'
-4-0,1662
-0,9608
+0,4024
38
279.42
4-29,49
0,1462
0,8552
+ 0,4971
Hi
280.28
-f- 35.19
0,1482
0,8024
+0,5782
46
287.40
+ 42.42
0,2230
0,7003
+ 0,6782
7
290.19
-♦-43.28
0,2520
0,6806
+ 0,6879
905
290^
-27. 3
0^138
0,8335
— 0,4548
210
294.11
-60.3
0,2045'
0,4554
-03664
213
294.14
-i-67. 9
0,1594
0,3541
+ 0,9216
175
295.43
-4-41. 9
0,3267
0,6784
+ 0,6580
150
296.3
-♦-27.36
0,3892
0,7962
+ 0,4634
179
296.48
4- 1.42
0,4507
0,8922
+0,0297
161
303.14
-4-14.15
0,5316
0,8113
+ 0,2434
27
305.15
-4-17. 3
0,5518
0,7815
+ 0,2932
14
308.49
-4- 77.11
0,0877
0,1728
+ 0,9751
20
308.56
-4- 5.40
0,6254
0,7741
-1-0,0988
203
310.41
-4-37.42
0,5158
0,6000
+ 0,6116
29
312.38
-32. 7
0,5737
0,6231
-0^315
71
314.33
-4- 9.38
0,6917
0,7026
+ 0,1673
209
315.54
-4- 8.23
0,7104
0,6885
+0,4458
80
315.56
-49. 3
0,4699
0,4558
-0,7553
164
318.21
-4-18.35
0,7083
0,6299
+ 0,3186
47
320. 2
4- 8.52
0,7573
0,6347
+ 0,1542
455
321.37
— 32.34
0,6606
0,5233
- 0,5384
127
323.16
-4- 18.13
0,7613
0,5681
+ 0,3126
72
328.0
-4-18. 5
0,8062
0,5037
+ 0,3105
18
330. 4
-4-51.46
0,5363
0,3088
+ 0,7864
230
332.49
-4-76.48
0,2031
0,1043
+ 0,9736
10
334.3i
-4- 1.31
0,9028
0,4293
+ 0,0266
39
335.50
H- 2.40
0,9114
0,4090
+ 0,0466
21
350.27
-4-65. 0
0,4168
0,0700
+ 0,9063
98
355.35
+ 42.55
0,7302
0,0564
+ 0,6810
471
357.16
-4-40.56
0,7546
0,0360
+ 0,6553
( 327 )
II est d6j^ evident, d'apres la seuie distribution des p^ri-
h^lies dans les diverses longitudes, que ces points s*accu-
mulent prte de deux m^ridiens h^liocentriques opposes.
Ce fait ressori, par exemple, du tableau suivanl :
Hombre
LONGITUDES.
de
p£rib£ues.
Oo- 30o
21
30-60
19
60-90
19
90- i20
24 max.
420 - ISO
16
150 - 180
14
180 - 210
12 min.
210 - 240
20
240-270
28 max.
270 -300
20
300-330
14
330-360
Total.
7 min.
. . 209
La marche des nombres est r^guli^re et k pen pr^ con-
tinue, et la difference enlre les maxima el les minima est
non-seulement marquee, mais considerable. Ce ne pent Sire
1^ Teffet du hasard.
' 11 s'agit toutefois de reconnatlrc avec plus de precision
pr^s de quel ro^ridien la double concentration existe. A
cet effet consid^rons chaque p6riheiie comme un point si-
tue, dans la longitude et la latitude assignees, 5 la surface
d'une sphere dont le rayon est Tunite. 11 est clair que le
centre de gravity de ces points, qu'on obtient en prenant
( 328 )
simplement la moyenne des coordonn^es rectangulaires,
indiquera par sa situation le sens de la concentration. Si
cepeadant ies points dounes se r6parlissaient en deux
groupes parfaitement sym6triques et d'egale importance,
le centre de gravity tomberait au centre de la sphere, et le
probl^me serait indetermin^. Mais cette parfaite egalit^ ne
pent gu6re se rencontrer en pratique ; et i'une des agglo-
merations Temportanl, le centre de gravite sera sur le dia-
m^tre dont Ies groupes occupent Ies extr6mit6s.
Nous trouvons par nos 209 cometes r^unies, pour le
centre commun de gravity :
DMTARCB
centre de gravity au eenire
de la sphere, le rayon de
LONGITUDE. LATITUDE. celie-ci ^lant 1.
109«20' -+- 7«>46' 0,i37 6
Comme Ies deux groupes opposes se balancent en par-
tie, on pourrait craindre qu'il restat dans cette determina-
tion quelque chose de Tincertitude dont nous parlions tout
k Theure. Mais nous allons soumettrece r^sultat k un con-
trdle qui en fera appr^cier la valeur. Partageons la sphere
en deux regions ^gales par un m^ridien perpendiculaire
k celui indique. Chacun de ces deux hemispheres traits
s^par^ment donuera un centre de gravite beaucoup plus
eloign^ du centre, etpar consequent d'une situation plus
certaine. Et si Ies deux centres de gravite des systemes
partiels sont k tr^s-peu pres dans un meme grand cercle,
on aura quelque droit d'en conclure que le phenomene de
la concentration vers deux meridiens opposes est bien un
fait reel.
( 329 )
Or ce second calcul nous donne :
Point de concentration de$ pirifielies.
j^poqnes.
i« GROUPE.
Hombre
de
LoBgitade.
Utilode.
2»e GROUPE.
Nombn
de
eomiiee.
Loogltade.
UUtade.
Com. observ6es avant
la fin du XVII* si^cle.
Com.duXVIII«si6cIe.
Com. du XIX« sitele.
EN8BHBL£t . . .
25
34
46
104051'
102.55
100.35
-M4o27'
-h 4.45
+ 9.48
28
22
54
298041'
274iS3
274.35
■4-8.33'
4-11.55
+ 2.51
106
102.30
9.15
104
281 J(l
+ 6.17
Avant de presenter les chiffres d^duits de Tensemble,
nous avons cru utile de subdiviser les com^tes en trois s^
ries, afin d'examiner I'^cart des r^sultats partiels. Ces
hearts sont certainement petits. Quant k Tensemble, il in-
dique des points d'agglom^ration situ^s dans deux m^ri-
diens presque diam^tralement opposes, qui font entre eux
un angle de 281 «51' — 102«50' = 179*21'. Le m^ridien
dirig^ par 102^10' repr^senterait la moyenne des deux cer-
cles, et ce nombre di£f6re assez peu du chiflfre 109^'
trouv^ tout k rheure, pour montrer que notre premier r6-
suitat n'^tait pas un effet fortuit.
II paralt done incontestable que les grands axes des or-
bites com^taires out une tendance d^cid^ k se placer pa-
rallilement an m^ridien h^liocentrique de 102*^20' (fiquin.
1850)t ou si Ton pr^f^re , parall^iement au double m^ri-
dien de 102^20' et 282^20'. Or on se rappellera que le
2*"' S^RIE, TOME XXXVI. • 22
( 530)
syst^me solaire se meut dans I'espace, vers un point situ4,
selon les rechercbes d'Otto Stru ve , par
259«35',i (£qnin. 1840) .... d'asc. droite,
et+ 34.33,6 de d^linaison.
Rapport^es k Tecliplique et k r^quinoxe de 1850, ces
coordonn^es devieDnent :
Longitude 254o5' (fiquin. i850),
LaUtude -4- 57J6.
Cette longitude diflfere seulement de 28*" de celle du m^ri-
dien h^liocentrique qui marque la direction prepond^rante
des grands axes des orbites des conietes. Si Ton consid^re
que d'apr^s I'^valuation d*OtlD Struve lui-mSme, son r^sul-
tat n'est pas sAr k Z% et que la determination du point de
concentration des p^ribelies com^taires ne pent , avec le
nombre relativement petit de ces astres et I'incertitude des
orbites anciennes, s'^lever k la mSme pjc^sion, on ne
trouve plus la discordance extraordinaire. ,
II n'en est pas de mdme pour la latitude. Mais 1^ se pr6-
sente un fait remarquable. Tandis qu*en longitul^e les
points de concentration des deux groupes ou faisqeaux
sont presque rigoureusement opposes, les r^sultats donaent
invariablement, dans les deux hemispheres , des latituc^es
toutes les deux bor^ales. II y a 1^, ce nous semble, ui
preuve evidente que les com^tes australes ont 6chappe ei
grande partie k Tobservation. Si la distribution de ceux
de ces astres que nous observons est k peu pres, en longi-
tude, la distribution nalurelle, il n'en est plus de m^me
en latitude, oh beaucoup de com^tes australes passent
inaper^ues.
(331 )
Ge qui n'en est pas moins Evident dte k pr^ent, c'est la
teodance des grands axes des orbites coin^taires k se pla-
cer parall^lement k un certain m^ridien h^liocentrique ,
Yoisin de celui qui contient les cercies de longitude de
102" et de 282°. Un fait aussi bien caract^ris^ depend cer-
tainement d'une cause g^n^rale, et Ton ne pent guere dou-
ter que ce ph^nomdne ne se d^veloppe de plus en plus
dans Tavenir.
Reclamation de priorite, par M. H. Valerius, correspondant
de TAcad^mie.
Dans la s&nce du 15 septembre dernier, M. Balard a
pr^nt6 k TAcad^mie des sciences de Paris , au nom de
M. E. Mercadier , un m^moire Sur le mouvement d'un fil
elastiqtM dont une extremiti est animee d'un mouvement
vibratoire.
J'ai traits la mSme question dans un travail que TAca-
d^mie royale de Belgique a public en 1864 (tome XVII
des Memoires couronnes et autres, collection in-8°).
M. Mercadier a fait usage d'un Electro-diapason et il a
opErE sur des fils minces de fer, de cuivre, de platine et
d'aluminium , de di£fi§rents diam&tres.
Dans mes recberches, je m'^tais servi de diapasons
ordinaires, et je n'avais EtudiE que les vibrations de fils
de verre d'une faible Epaisseur. J'attacbais ces fils au dia-
pason , avec un pen de cire , je les mettais en vibration ,
puis j'en projetais I'image sur un ^ran, et je faisais
prendre le dessin de cette image , pour pouvoir ensuite
( 352 )
mesurer exactement les longueurs des di verses sobdivi-
sioDs du fil vibrant.
J'^tais arriv^ ainsi aux mgmes lois que M. Mercadier^
sauf une seule qui est relative k Finfluence du diametre des
fils sur la longueur des concam^rations dans lesquelles ils
se subdivisent. Par contre , j'avais signal^ diverses parti-
cularity du mouvement qui paraissent lui avoir ^chapp^.
Quoi qu'il en soit , il resulte de la date de mon m^moire ,
que j'ai ^t^ le premier qui se soit occupy du mouvement
vibratoire dont il s'agit , et que, le premier , j'en ai d^ler-
min^ les lois principales. M. Mercadier paralt complete-
ment ignorer cette circonstance, ainsi que M. Gripon,qui
a, de son cdt^, public quelques recbercbes sur le m^me
sujet, dans les comptes rendus du 20 novembre 1871 (1),
et dont je n*ai pas eu connaissance k T^poque oil elles ont
paru.
Corame ni Tun ni Tautre de ces savants n'ont fait mention
de mon travail , je me vois oblige d'adresser k I'Academie
la prfeente reclamation de priority.
Un parasite des Cheiropteres de Belgique (Ntgteribia
Fradenfeldii. Kol.); par M. F^lix Plateau, correspon-
dant de I'Academie.
Tons les naturalistes auront accueilli avec ie plus vif
interSt le m^moire intitule : Les parasites des chauves-^
(i) VibratioDs traDsversales des fils et des lames minces. Note de
M. E. GripoD, presentee dans la s^nce de PAcademie des sciences de
Paris, le 20 novembre 1871.
souris de Belgique dont notre savant confrere M. P-J. Van
Beneden vient d'enrichir la s6rie de ses beaux travaux.
J'attendais, pour ma part, I'apparilion de cet ouvrage avec
d'autaut plus d'impatience que je m'^tais quelque peu
occup6 de DOS. Cb6iropt6res indigenes et que j'avais re-
cueilli les parasites ext^rieurs que portaient la plupart
des iodividus que j'ai r^unis tant au mus^e de-Gand que
dans ma petite collection personnelle.
La lecture du ra^moire de M. Van Beneden m'a montr^
que je poss6dais aussi quelques raat^riaux int^ressants.
Je crois Sire agri^able k tous ceux d'entre nous qui tra-
vaillent h notre faune et en particulier k M. Van Beneden
en signalant une seconde esp^ce de Nyct^ribie a ajouter
k la liste des parasites des Ch^iropt^res beiges.
Cest la Nycteribia Frauenfeldii. Kolenati , tfds-proba-
blement identique k la iV. pedicularia de Westwood. Elle
diffi^re par de nombreux caracl^res de Tesp^ce commune
et pent £tre rang^e parrai les plus grandes Nycteribies
d'Europe.
Comme je Tai trouv^e au fond d'un bocal contenant des
Rhinolophes, des Murins et d'autres chauves-souris des
carri^res de Maestrichl(l), je ne puis malheureuseraent
pr^ciser le Ch6iropl6re qui Th^bergeait (2).
Voici, du reste, la synonymic et la description som-
maire qui, avec la figure ci-jointe de ce curieux dipl^re,
(1) M. G. Ubaghs avail eu Pobligeance de m*en envoyer un grand
nombre.
(2) M. Kolenati [Die Parctsiten der Chiroptern, p. 56) I'a trouv^e sur
les espies suivaDles : Myotus murinus , Miniopterus Schreibereii,
Rhinolophus hippocrepia R. clivojsus.
(534)
pourroDt ^tre de quelque utilite aux naturalistes beiges
qui retrouveront la Nyct^ribie en question.
Ntctbribia Frauefifbldii. Rolbnati(4).
— Kolcoati. VerhandLderZooLboL Fier.Wicn.,
1856, Bd. VI. I. Quartal, p. 189, pi. I,
fig. B. Org.
— Rolenati. Die Parasiten der CMroptem, p. 35,
pi. IV , fig. c-n.
NycterUna pedicular ia Westwood. On Nycieribia. Trans. ZooL Soe.,
vol. I , p. 290.
Point de prolongement anguleux au tborax {%
Bord ant^rieur du thorax en arc de cercle sans ^chan-
crure.
Surface inf^rieure du thorax granul^e et ponctu6e.
De couleur brune, pattes plus claires; un sillon noir
au milieu de la face ihoracique infSrieure. Les poils longs
d'un roux fonc4. Ctenidium thoracique de qualorze dents.
cT Ctenidium du bord post^rieur du premier anneau
abdominal de quarante^-huit dents assez longues. Quatri^me
anneau portant un petit peigne au milieu et lat^ralement
deux saillies dentif^res. Les crochets terminaux {Zangen)
garnis de longs poils.
Longueur du corps 4 millimetres.
Longueur d'une patte 5 —
Largeur du thorax 2 —
(1) Je n'ajoute pas les noms de Latreille k ia synonymie parce qu'ils me
semblent d*une application douteuse.
(3) Voyez Kolenati pour la descriptioo d^taill^
( 335 )
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Fig. 1. Nycteribia Frauenfeldii d* de grandeur natarelle.
— 2. La mdme grossie 1 0 fois ; vae en dessus.
— - 3. Face inf^rieure da thorax et de Tabdomen (grossie 12 fois).
Note sur les phenomenes electriques du cosur (effets
61ectromoleurs); par le D' J.-P. Nuel.
Les experiences dont les r&ultats principaux sont con-
sign^s dans les lignes suivantes ont ^t^ faites au labora-
toire physiologique d*Utrecht, par M. Pekelharing (assis-
tant an laboratoire physiologique de Leyde ) et moi , sous
la direction bienveillante de M. le professeur Engelmann.
Dans cette communication preliminaire, nous ne voulons
qu'esquisser les faits principaux, bien ^tablis pour le
moment. Des recherches plus ^tendues, r^clam^es par Tim-
portance du sujet et rint^rSt des faits venus au jour, seront
faites ult6rieurement par Tun de nous.
On n'a publie jusqu'ici qu'un petit nombre de travaux
qui s'occupent des propri^t^s electriques du muscle car-
diaque.
D'aprte Matteucci , la section transversale d*une pile de
cceurs de pigeons est negative par rapport k la surface
longitudinale.
Koelliker et H. Mueller (Wiirzb. Verhandl. 1856,
p. 528) avaient trouv^ que chez la grenouille :
I"" La pointe du coeur intact est negative par rapport k
la surface des ventricules;
( 336 )
^ La pointe est n^ative par rapport ik la surface de
section, quand les oreillettes sont enlev^es;
S"" La poiole est positive 4>ar rapport k toute section ou
blessure du ventricule.
En dehors de la pointe du coeur , d'apr^ les mdmes au-
teurs, la surface cardiaque a, dans diffiSrents endroits, des
tensions ^leclriques diffS^rentes. lis ne r^ussirent toutefois
pas k d^couvrir une r^gle k cette distribution du fluide,
^lectrique.
Lorsqu'ils fermaient le circuit entre la base et la pointe
d'un coeur qui se contracte, Taiguille du galvanom^tre
^tait d'abord lanc^e au loin dans le secteur correspondant
k un courant dont le pdle positif se trouve k la pointe,
puis elle se rapprochait lentement vers le z^ro de T^chelle,
pour se fixer aux environs de ce point. L^ , elle ex^cutait
des oscillations bien marquees, produites par la modifica-
tion n^ative qui k cbaque contraction survient dans I'^tat
^lectrique du coeur. L'aiguille ^tait m£me lanc^e alter-
nativement de quelques degr^s k droite et k gauche du
z^ro.
Les deux savants de Wiirzbourg reussirent aussi k
d^montrer la modification negative k I'aide du rh^oscope
physiologique (patte de grenouille avec le nerf sciatique).
lis trouv^rent que la contraction secondaire de la patte de
grenouille dont le nerf sciatique repose sur le ventricule
avait lieu apr^s la systole des oreillettes, et un temps k
peine appreciable avant celle des ventricules.
En 1862,Meissner et Cohn (Zeitschr. f, ration. Medic,
Y. XY, dritte Reihe , p. 27) confirm^rent les faits signa-
l's par Koelliker et H. Mueller et trouverent de plus que,
pendant la modification n^ative, le courant obtenu en
fermant le circuit entre la base et la pointe, a une direc-
(337)
tion oppos^e k ceile du courant ordinaire du cceur (obtenu
sur le cceur en repos). Ce dernier done ne diminue pas
seulement d'intensit^, mais se ren verse et change de
direction pendant la modification negative.
Depuis que du Bois-Reymond nous a mis k mdme de
mesurer d'une mani^re exacte et simple la force electromo-
trice des tissus vivants, nous ne saurions plus nous con-
tenter d'indications sur Vintensite des courants que ces
tissus peuvent engendrer : il nous faut des doun^es pre-
cises sur leur force electromotrice. Les resistances dans les
conducteurs organiques (muscles et nerfs , par exempie),
sont si variables, que les intensit^s accus^es par le galva-
nom^tre peuvent diff§rer ^norm^ment, alors que la force
Electromotrice reste la m^me.
Nous nous sommes servis des Electrodes non polarisa-
bles de du Bois-Reymond , de sa mEtbode de compensa-
tion (^ Taide des compensateurs long et rond), ainsi que
de la boussole k miroir de Wiedemann, modifiee par
Meyerstein. (L'observateur regarde k Toeil nu une grande
Ecbelle, sur laquelle le miroir de la boussole rEflEchit la
lumiEre d'une lampe. v. Arch, fur die gesammle Physio-
logic, etc.,de E. Pfluger. V. VI, p. 104.)
f^e plus grand nombre de nos experiences ont EtE faites
sur des cceurs de grenouilles ; c*est 1^ aussi que nous avons
dEcouvert les faits qui vont suivre.
Deux questions principales et distinctes doivent Eire
examinees : celle des phEnomEnes Electriques du cceur en
repos, et celle des phEnomEnes Electriques du cceur en
Etat d'activitE.
( 358 )
■I. — Ph6N0MENES 6LBCTRIQUES DU COEUR EN REPOS.
a.) Le cmur etani intact et battant rigulierement.
Si dans ces cooditions, le cceur ^tant intact et frais, on
ferme pour un moment le circuit pendant I'intervalle des
contractions, on trouve,il est vrai, entre diff<^rents points
de la surface cardiaque , des differences de tension ; mais
elles sont tellement minimes, que, dans la plupart des cas,
elles 6chappent ^ toute mensuration exacte. En fait de
regies rdgissanl cette distribution des tensions ^lectriques,
nous n'en avons pu verifier qu'une seule , & savoir que la
pointe du ccBur intact est positive par rapport a chaque
point de la surface des ventricules. La pointe est done
r^ellement I'equateur de la masse musculaire du ventricule.
La force ^lectromotrice du courant obtenu par la ferme-
ture du circuit entre deux points de la surface naturelle
du coeur est tr^s-petite, avons-nous dit. On en obtient le
maximum quand on applique Tune des Electrodes sur la
pointe, Tautre k la derni^re limite du ventricule, et m^me
k moiliE sur Toreillette. Ce maximum cependant n'a jamais
d^passe quelques milliemes d*un Element de Daniell. La
force diminue k mesure que Tdlectrode appliquEe k la base
est rapprochee de la pointe.
b.) Altdrations qui surviennent dans les phenomknes electriques du
cceur en repos sous Vinfluence du contact de I'air , de lesions mecch
niques, etc.
Nous venons de voir que sur un coeur qui vient d'etre
dte du thorax, la difference entre les tensions Electriques
de la pointe d'une part, et de la base du ventricule d'autre
part, donne un courant tres-faible. Ce courant diminue
( 339 )
rapidement, disparalt mSme, et apr^s quelques instants,
la boussole indique un courant dirig^ en sens inverse.
Ordinairement, en moins de dix minutes, dans nos expe-
riences, la pointe du cceur ^tait negative par rapport k la
base du ventricule , et mdme k chaque autre point de la
surface naturelle du coeur. Toutefois la force ^lectromo-
trice de ces courants inverses reste toujours tr&s-faible.
Une grenouille fut tu^e par decapitation , et sa moelle
^pini&re tritur^e ; le coeur resta en place dans le thorax
intact. Or, apr^s une demi-beure d'attente, k Touverture
de la poitrine, la pointe du coeur ^tait encore positive par
rapport k la surface.
Les moindres insultes mecaniques , par exemple Tattou-
chement l^er avec un instrument rude, et k plus forte
raison Taction de saisir un endroit au moyen d'une pince,
chaque incision, etc., rendent Tendroit lese n^gatif par
rapport k tout autre point de la surface. Dans ces cas, la
force eiectromotrice indiqu^e par le compensateur est
d'autant plus ^lev^e que la lesion est plus prononc^e.
II est Evident que la pointe ne fait pas exception k cetle
r^le.
Ces changements sont done parfaitement analogues k
ceux que dans les memes circonstances on observe sur les
muscles strips ordinaires. Seulement, le cceur se fait
remarquer par une plus grande sensibility k T^ard des
influences ^trangeres; son ^tat ^lectrique est beaucoup
plus inconstant et variable. Cette derni^re circonstance
nous explique aussi pourquoi Koelliker et H. Mueller, puis
Meissner et Gohn n'ont pas r^ussi k constater la positivit^
de la pointe du coeur intact. II faut en effel op^rer tres-
vite et avec les plus grandes precautions, sinon on irouve
toujours que la pointe est negative par rapport k la surface.
; ( 340 )
Si Ton ferroe un circuit entre un point de la surface
intacte et un point de la section transversale du ventricule,
on obtient des courants dont la force ^lectromotrice est
considerable , pourvu que la compensation se fasse tr6s-
vile aprds qu'on a praliqu^ la section transversale. Le
maximum observe par nous entre la pointe intacte et la
section transversale de la base s'approchait de 0,08 D.
On a beau op^rer aussi vite que possible , on trouve ton-
jours que la force ^lectromotrice diminue rapidement
d'abord, plus lentement apr^s un certain temps. Imm^-
diatement apr^s r^tablissemenl de la section (la fermeture
ici peut^tre continuelle, puisque le ventricule ne se con-
tracte plus) cette chute de la force Electro mo trice est tene-
ment rapide que la main mise au compensateur doit Stre
continuellement en mouvement, sinon la compensation
cesserait d'etre parfaite. En pen de minutes, la force peut
dire rdduite k la moitid de la valeur obtenue au commen-
cement; dix minutes suffisenl ordinairemenl pour Tabais-
ser au-dessous de son tiers. Tout porle d'ailleurs k creire
que chaque fois , au moment de la premiere mensuration,
elle avail d^ji baiss6 nolablement; probablement au pre-
mier instant elle surpasse la valeur de 0,10 D. En tons cas
elle surpasse les valeurs oblenues chez les muscles stries
ordinaires, pour lesquels on trouve en moyenne , chez la
grenouille,0,05 D. Chez les mammif^res, on ne Ta pas
mSme vue depasser la valeur de 0,049 D.
Nous ferons remarquer ici que pour des cceurs de mam-
mif^res, tels que lapins , souris , chats (nouveau-nds) la
force diectromotrice est considerable aussi et ddpasse la
valeur de 0,049 D.
On peut modifier singuli^rement la marche de cette
diminution , en provoquant de temps en temps des con-
( 344 )
tractions du ventricule, soit par une irritatiou m^canique,
soit par un courant d'induetion. Apres ces contractions ^ la
force eleclromotrice est augmentee notablement, Le renfor-
cement de la force electromotrice apr^s une contraction est
pen marque aussi longtemps que la chute dont nous venons
de parler est tr^-rapide. Une fois la diminution de la
force electromotrice ralentie, le renforcement est bien
accuse apr^ chaque contraction , et il faut 5 minutes et
plus k cette force pour redescendre au niveau qu'elle avait
avant la contraction du ventricule.
On pent r^p^ter les irritations du muscle pendant des
heures enti^res, et jamais Paccroissement ne fait d^faut
Le ph^nom^ne en question , le renforcement de la force
Electromotrice apr^s chaque contraction gagnera en int<£r£t
si nous le rapprochons de certains faits d^couverts par
Ludwig et Boiivditch [Sachs, Gesellsch. d. Wissensch.
1871 ; p. 652). Ces auteurs ont trouvE que TEnergie de la
force m^canique du ventricule d^roit si on laisse ce der-
nier en repos , et croit ensuite si on Tirrite. // existe done
un parallelisme assez complet entre les proprietes e'/ec-
triques et mecaniques : la force Electromotrice crott et
dEcroit avec I'irritabilitE et la force mEcanique.
Si Ton coupe simplement la pointe du ventricule , on
obtient Egalement des courants forts entre la pointe lEsEe
et la base intacte; mais comme le muscle continue k se
contracter, la force Electromotrice diminueplus lentement.
Dans un cas pareil , la force avait baissE de moitiE aprEs
une demi-heure seulement.
( 342 )
II. — Ph6nom£:nes jIilegtriques observes sur le gqeur
EN tTkT d'aCT1VIT6.
Chaque contraction du cceur est accompagnee d'un
changement dans T^tat ^lectrique du muscle. Si le cceur
est intact, les courants obtenus dans Tintervalle des con-
tractions entre la base et la pointe sont tres-faibles, et le
galvanom^tre n'estgu^re influence, s*il survient une con-
traction. Mais d^ que le courant ordinaire devient plus
fort (par une lesion du muscle), chaque contraction se
trahit par un mouvement du miroir produit par la modifi-
cation negative : Tinstrument indique un affaiblissement
ou mSme un changement de direction du courant ordi-
naire.
On r^ussit k avoir des renseignements sur la dur^e et la
marche de la modification negative, si Ton coupe la pointe,
et si dans diff^rentes phases de la p^riode cardiaque on
ferme pour un instant un circuit entre la base intacte et
la surface de section. De cette mani^re nous avons pu
constater que la modification native commence avant la
contraction du ventricule, et dure jusque vers la fin de
cette contraction. II semble que le changement dans F^tat
^lectrique arrive (r&s-vite k son maximum : d&jk au com-
mencement de la systole, on trouve que le courant a
change de direction. Nous n'avons pas encore r^ussi k
mesurer la force ^lectromotrice du courant obtenu pen-
dant la modification n^ative, mais elle doit atteindre une
valeur considerable au maximum de son d^veloppement.
En efiet, si on ferme pour un moment le circuit pendant
la systole , la deviation du miroir de la boussole est k peu
pr^s aussi ^tendue et aussi ^nergique que si la fermeture
( 343 )
avail lieu pendant le mdme espace de lemps dans I'inter-
valle des conlractioos , m^rne imm^diatement apr^s T^ta-
blissement de la section. Plus tard, quand la force ^lec-
tromotrice du courant ordinaire a baiss^ consid^rablement,
et quand la fermeture instantan^e, dans Tintervalle des
contractions , ne produit plus qu'une faible deviation du
miroir, on obtient encore une deviation tr6s-forte en sens
inverse, quand la fermeture instantanee coincide avec la
modification negative.
Nous ajouterons encore que les ph^nom^nes ^lectriques
que pr^sente le coeur au moment de sa contraction sont
les memes chez le lapin, le chat et la souris que chez la
grenouille; il n*y a que des differences insignifiantes. *
11 me reste k signaler k la classe que chez le chien
j'aireussi ad^montrer, au moyen du rh^oscope physiolo-
gique, que la contraction de I'oreillette est accompagn^e
d'un changement dans I'^tat ^lectrique, changement qui
est propre k I'oreillette et precede le ph^nom^ne analogue
du ventricule du m^me espace de temps que la contrac-
tion de I'oreillette pr^c^de celle du ventricule.
Sur un chien curaris^, chez lequel on entretenait la
respiration artificielle, le thorax fut ouvert, et le cceur
d^pouill^ du p^ricarde. Un rh^oscope physiologique , fix^
solidement au-dessus du coeur, ^tait reli^ k un levier qui
en inscrivait les secbusses sur le kymographion. Le nerf
sciatique de la patle de grenouille pouvait £tre mis alter-
nativenlent sur les ventricules et sur les oreillettes. Les
contractions cardiaques furent enregistr^es par transport
a^rien, au moyen d'un petit coussin k air appliqu^ sur
la pointe du coeur. Un diapason k quinze vibrations par
seconde servait de chronometre.
On obtient ainsi-deux trac^ parall^les, dont I'un re-
(344)
pr^nte les systoles des ventricules, I'autre les contrac-
tioDs secondaires correspondantes. Or, le nerf de la patte
de grenouille ^tanl mis sur les ventricules, la contraction
secondaire commence avec la systole ventriculaire (k en
juger d'apr^s mes traces); le nerf repose-t-il sur I'oreil-
lette, la contraction secondaire commence une vibration
du cbronom^tre, c'est4-dire ^ sec, avant cette systole.
Chez le lapin , il m'a ^l^ impossible d'obtenir une con-
traction secondaire en mettanl le nerf sur Toreillette.
Ge fait est un argument de plus en favour de Tbypo-
th^se que la contraction des deux parties du ccBur, oreil-
lettes et ventricules, est produite par deux impulsions
motrices distinctes, qui se suivent dans le temps, et sont
s6par^es par un intervalle appreciable. L,es deux systoles
ne seront pas le r^sultat d'une mSme onde excitante qui
d'abord arriverait k Toreillette , et de \k se propagerait au
ventricule.
II m'a 6i6 impossible de trouver une difference de
temps entre les deux contractions secondaires obtenues
Tune sur la base, Tautre sur la pointe du cceur.
Observations touchant la faune de la Belgique^ par
Alph. Dubois, conservateur au Mus^e royal d'histoire
naturelle de Belgique.
Dans sa Faune beige , M. de Selys Lougchamps ^num^re
14 esp^ces de Ch^iropt&res , et ce nombre ne s'est pas
augment^ depnis 1842. Nous croyons done qu'il n'est pas
sans int^r^t de faire connaltre une nouvelle esptee pour
le pays, ^happ^ jusqu'ici aux recherches des natura-
( 345 )
listes beiges. Cette esp^ce est le Vesperugo Leisleri (Kulh).
Quatre de ces Ch^iroptdres, dont deux adultes , ont 6i6
trouv^s le 4 aoAt 1873 k Noire -Dame -au-Bois, pres
Auderghem, par M. P.-F. Meuris, et remis au Mus^e de
Bruxelles. Ces chauves-souris se trouvaient dans le trou
d'uD arbre, au bord de la chauss^e qui looge le bois.
L'analogie qui existe entre les Vesperugo noclula et
Leisleri est probablement cause que cette derni&re esp^ce
n'a pas encore £te remarqu^e; mats, par sa repartition
g^ographique , il ^tait k pr^voir qu'on la decouvrirait un
jour ou Tautre en Belgique. Le V. Leisleri babite en effet^
suivant M. Blasius (1), depuis TAngleterre et la partie
orientale de la France, toute TEurope centrale jusqu'en
Sib^rie.
Une autre observation, qui n'est pas non plus d^pour-
vue d'int^rSt, se rapporte k notre petite m^ange noire
(Parus ater).
Jusqu'ici Ton croyait, k tort ou k raison, que cette
espdce n'habite la Belgique que depuis le mois de sep-
tembre jusqu'en avril. Mais il est certain aujourd'hui , que
si la grande masse de ces m^sanges Emigre au printemps,
il en reste toujours un certain nombre dans le pays pour
nicber.
Durant les trois derni^res ann^es, nous avons fait re-
cueillir pour les collections du Mus4e quelques nids avec
les (Bufs ou les jeunes; des individus adultes ont et^ vus
en assez grand nombre dans la for^t de Soignes pendant
tout Y&i&.
(1) Pfalurg. der SUugethiere Deutschlands , p. 57.
2""^ s£rie, tome XXXVI. 23
( 346 )
Notice 8ur un systeme meteorographique universel; par
M. F. Van Rysselberghe, professeur k r£cole de navi-
gatioD de r£tat k Ostende.
INTRODUCTION.
1. — Lorsque, habitant le rivage de la mer,on assisle de
pr^s aux temp^tes qui tourmentent I'Oc^an, on est port^
vers I'^tude de la m^t^orologie par un atlrait irresistible.
G'est ce qui m'arriva lorsque je fus appel^ k Ostende pour
donner le cours de math^matiques k Tficole de navigation
de rCtat. A chaque bourrasque je me plus k figurer sur
des cartes synoptiques, et au moyen des renseignements
publics par les jouruaux anglais, f^tat m^t^orologique de
TEurope, pendant que j'observais avec soin les variations
des instruments. Je suivis ainsi la marche de plusicurs
temp^tes et bientdt j'acquis la conviction que la meteoro-
logie etait, non-seulement une 6tude agr^able, mais une
science naissante appelee k rendre des services immenses
k la navigation, au commerce et k Tagriculture. L'illustre
Maury, mort pauvre, il est vrai , n*a-t-il pas r^duit du quart
et m^me de la moiti^ la plupart des grandes travers^es en
indiqnant aux marins des routes nouvelles bashes sur les
grandes lois de la circulation de Tatmosph^re et des mers?
et r^conomie qui en r^sulte annuellement pour Tensemble
des marines ne d^passe-t-elle pas une centaine de millions?
— Je reconnus encore k la m^teorologie un but humani-
taire; et toutes les autoril^s scientiiiques assurant que,
pour la faire progresser^ il faut le concours de tous, je
fus d6sireux de donner ma quote-part de renseignements.
( 3^7 )
Mais j'avais la conviction qu'il ne sufiBsait pas d'annoter
qualre ou mSme six fois par jour les indications des instru-
ments m^teorologiques , et je songeai d^s lors k un appa-
reil enregistreur. G'^tait demander beaucoup k mes mo-
destes ressources financi^res ! Je suis arriv6 tout de m£me
k mes tins, et, depuis les premiers jours du mois de mai
dernier, je poss^de un m^t^orographe , enregistranl la
direction du vent, sa vitesse, la pression atmospherique
et la temperature de Fair.
2. — Get instrument qui fonctionne actuellement k la
tour de rhdtel de ville d'Osten^e, n'est, k proprement
parler, qu'un appareil d'essai ; il serait plus complet si mes
ressources avaient'£t6 plus grandes; mais, tel qu'il est,
peut-6tre ne sera-t-il pas tout k fait inutile pour T^tude
des bourrasques.
Quoi qu'il en soit, lorsqu'il y a trois ans, je songeai k
me procurer un enregistreur, je me trouvai dans une grande
perplexity. J'avais vu, k TExposition universelle de i867,
le bel appareil du P^re Secchi; mais, sans en discuter les
m^rites au point de vue de Texactitude et de la regularity,
je lui donnai le tort immense de coAter i 8,000 francs! et
d'etre beaucoup trop monumental.
J'^tudiai alors les enregistreurs en usage k Bruxelles ,
Paris, Kevir, Lisbonne, Berne, Munich, Upsal et ailleurs
et je les classai en trois categories :
Premiere categorie. c Appareils qui demandent k Tin-
strument m^t^orologique mSme la force n^cessaire pour
frotter la pointe d'un stylet traceur contre une surface
quelconque. »
11 me sembla que les instruments de ce genre doivent
dtre pen exacts, pen sensibles, paresseux. II y a des frot-
tements partout, aux articulations des leviers qui trans-
(348)
metlent le mouvement, aux axes de suspension, mais
sartout k rextr6mil6 du stylet traceur ; et ce dernier frot-
tement est d'autant plus nuisible que la resistance qu'il
oppose aux variations de Finslrumenl indicateur se trouve
multipli^e precis^ment par les leviers que Ton emploie
pour rendre ces variations plus apparentes.
Deuxieme categorie, A propos des enregistreurs bas^
sur la photographie, je me ralliai k Topinion exprim^e par
M. Radau dans une ^lude sur TExposition universelle de
1867. II dit : c La n^cessit^ d'un ^clairage continu, la
» preparation et la Qxation des ^preuves, Tinstallation des
> appareils optiques, etc. sont des inconv^nients qui em-
» pScheront peut-etre la photographie de s'introduire
p dans la pratique habituelle des observatoires. » A plus
forte raison, moi, simple particulier, je ne devais pas y
songer.
Troisieme categorie. Mon affection pour Telectricit^ me
porta naturellement vers les enregistreurs ^lectro-magn^-
tiques. Je crus n^anmoins qu'il ^tait peu prudent d*exiger
d'un eiectro-aimant un fonctionnement continuel, un tra-
vail de chaque instant. L'electricit^ a taut de caprices,
on a beau metlre du platine k tons les contacts; il arrive
parfois que le courant se refuse k passer; de sorte quil
faut un contrdle continuel, plus fastidieux que ne le serait
Tobservalion directe des instruments m^t^orologiques. Et
puis il aurait fallu une pile k courant constant, qui ne se
polarise pas, done k deux liquides, done tr^s-couteuse et
exigeant un entretien tr^-soign^. Ce dernier inconvenient,
tres-grave, n'existe pas pour les appareils que M. Wild a
fait construire pour I'Observatoire de Berne et qui, de
douze en douze minutes, ne demandent a la pile que quel-
ques emissions de courte dur^e. Dans ce cas, il suffit de
(349)
quelques ^l^ments ziaC et coke k un liquide, sans dia-
phragme. Pour charger cette pile extrSmement simple et
peu coAteuse, j'emploie de Teau de mer, taodisque M. Wild
fait asage d'une solution concentric d'alun et desel marin
dans de I'eau. On pent abandonner ces 6l£ments k eux-
m^mes pendant six mois et an bout de ce temps il sufBt de
neltoyer les zincs qui servent ind^iiniment.
Le m^t^orographe de Berne me plut beaucoup k cause
de sa simplicity et de son prix relativement peu ^lev^, et
parce que le principe en est applicable k la plupart des in-
struments. Devant une feuille de papier tendue et qui se
d^place tr^s-lentement, se trouve, k proximity du contact,
I'extr^mit^ de Faiguille indicatrice d'un instrument quel-
conque, mettons un thermom^tre m^tallique; cette extr6-
rait^ est garnie d'une petite pointe et, de douze en douze
minutes, un levier, mA par«un electro-aimant, frappe la
pointe contre le papier. Celui-ci est perform, et la succes-
sion des marques ainsi obtenues permet de se rendre
compte de la marche suivie par le thermom^tre. Malheu-
reusement, les diagrammes fournis par cet enregistreur
ne jouissent pas, si j'ai bien compris, de tons les avantages
de la m^thode graphique; ils ne parlent pas aux yeux,
d'abord parce qu'ils doivent £tre peu visibles, et ensuite
parce que les courbes trac^es ne se rapportent pas k un
systfeme de coordonn^es rectilignes. C'est plut6t, ce me
semble , un genre particulier de coordonn^es polaires : le
rayon vecteur est constant, Tangle varie, mais le pdle se
d^place au fur et k mesure que le papier se d^roule. En
somme, ces diagrammes peuvent se traduire en chiffres,
mais ils ne permettent pas d'embrasser d'un seul coup
d'oeil les fluctuations de chaque instrument en particulier
et leurs relations mutuelles.
( 580)
5. — Restaient les baro- et therrhographes de]M. Wheal-
stone, et ie psychn^raphe du Pire Secchi. Plusieurs irailfe
de physique tr^r^pandus, c«lui de M. Ganot eotre aatres,
donnant une deBcription tr^s-d^taill^e de ce dernier appa-
reil, je me contenterai d'iadiquer en quelques mois une
disposition analogue, alia de faciliter ['intelligence du m^
t^rograpbe que j'ai imaging moi-m^me et qui sera d^crit
plus loin.
Supposons qu'il s'agisse d'enregistrer les ¥ariations du
niveau d'uue colonne mercurielle (barom^tre 4 siphon,
thermomfitre 4 tige ouverte et psychromfitre). Devant un
cyliadre C (fig. i], recoavert d'une feuille de papier, se
trou verait, mont^ sur uo petit chariot A, un petit t^l^rapbe
de Morse.
( 351 )
line sonde en platine QR, relive au chariot par un fil
in^tallique , serait suspendue au-dessus du aiveau mercu-
riel. De plas, deux circuits metalliques, partis des pdles
d'une batterie, viendraient ajboutir, Pud i la sonde, Fautre
k la colonne mercurielle, apr^s avoir traverse les bobines
du t^l^graphe. Entin, k intervalles ^gaux (mettons d'heure
en heure), un mouvement d'horlogerie ferait executor au
chariot un va-et-vient devant le cylindre. A niidi, par
exemple, le chariot serait mis en mouvement, et, tandis
qu'il s'avancerait, la sonde descendrait vers le raercure;
puis, k rinstant de la rencontre, le circuit t^l^graphique
^tant ferra^, un trait commencerait sur le cylindre pour se
prolonger jusqu'au moment od le chariot, arriv^ au bout
de sa course, serait ramen^ k sa position initiale pour
rester immobile pendant une heure enti^re. — Entre midi
et i heure, le mouvement d'horlogerie ferait tourner le cy-
lindre d*une petite quantity et k I heure ferait ex^cuter
au chariot un deuxi^me va-et-vient. Or si entre midi et
1 heure le niveau mercuriel avait baiss^ d'un millimetre, il
faudrait qu'k 1 heure la sonde descendit plus has d'un mil-
limetre avant de rencontrer le mercure et fermer par 1^ le
circuit t^ldgraphique : done le trait grav^ a 1 heure serait
plus court d'un millimetre. — De m^me k 2 heures. En un
mot, les traits successifs graves d'heure en heure reprodui-
raienl exactement par les variations de leur longueur les
variations du niveau mercuriel qu'il s'agirait d'enregistrer.
Voili une m^thode dont le principe est du k Wheat-
stone el qui est remarquable par sa precision, car la force
necessaire pour faire mouvoir le stylet traceur est pnisee
en dehors de I'instrument indicateur, librement abandonn^
k lui-m^rae. Et s'il est vrai qu'elle ne fournit pas une
courbe continue, mais intermitlente, par contre elle a
( 352 )
TavaDtage de donner des diagrammes gradu^s par rapport
au. temps.
D'aillears rien n'empSche que les excursions du chariot
devant le cylindre se succddent k des intervalles tr6s-rap-
proch^s, de cinq en cinq minutes, si on le desire.
Cependant les appareils construits d*apres ce principe
^choudrent devant le grave obstacle que voici : lorsque la
sonde se retire du mercure, il se produit, au moment de
r^mersion, une 6tincelle de rupture qui, oxydant la sur-
face mercurielle , met Tinstrument horsd'usage au bout de
fort peu de temps. II est vrai que le D*^ Th^orell a construil
pour les Observatoires de Stockholm et d'Upsal des enre-
gistreurs baro- et psychrom^triques, dans lesqueis il 6vite
cet inconvenient en coupant le courant au moment du
contact et en arrSlant en m^me temps la sonde; mais il
n'arrive k ce r^sultat que par une assez grande complica-
tion d'engrenages; son appareil est coAteux (12,000 francs),
n'enregistre que la pression atmosph^rique et les indica-
tions du psychrom^tre , et exige pour cela trois t^l^graphes
diffi^rents.
DESCRIPTION d'un syst£:me m£t£orographique
UNIYERSEL.
4. — J'ai expose dans la pr^cedente introduction les
principaux syst^mes m^teorographiques qui etaient k ma
connaissance lorsque je commen<^i k m'occuper de cette
question. Voici les reflexions que je fis k ce sujet.
I. Dans les appareils qui enregistrent les indications
d'instruments k colonne mercurielle d'apres le principe qui
a ete decrit au § 3, on pent eviter Toxydation du mercure
par une disposition extr^mement simple, comme on verra
plus loin (§ 8).
( 383 )
II. All lien d'enrouler sur le cylindre r^cepteur de ces
instruments une feuille de papier, on pent y mettre une
feuille de cuivre mince ^ la recouvrir du vernis gras des
graveurs, puis, remplacer le crayon traceur, qui s'use tou-
jours et enl^ve toute precision, par un burin d'acier.
Lorsque cette feuille aura re^u les inscriptions du burin,
on pourra la retirer, la pjonger pour quelques instants dans
de I'eau-forte et elle deviendra une planche grav^e dont
on tirera, par Timpiipssion , des exemplaires i volout^.
Le propri^taire de Fenregistreur pourra communiquer les
r^sultats obtenus k tons les observaloires , et recevoir en
^change les renseignements de tous ceux qui auront adopts
ia m^me m^thode.
ill. Le principe pose par Wheatstone pour les instru-
ments a mercure peut etre generalise et applique atix
instruments a aiguille.
En efTet, reportons-nous k la fig. 1, mais supposons
Fig. 3. qu*il s'agisse de relever,
non plus la position du
niveau d'une surface mer-
curielle, mais celle de la
derni^reaiguilleducomp-
teur d'uuan^mom^tre de
Robinson. Cette aiguille
AB (fig. 2) serai t k frot-
tement doux sur son axe
et les engrenages du compteur seraient calculus de maniere
que, par les plus grands vents connus, cette aiguille, qui
se d^placerait toujours de quantit^s proportionnelles aux
chemins parcourus par le vent, ne pi]it jamais ex^cuter
un tour entier dans Tintervalle de deux excursions conse-
cutives du chariot (fig. i).
( 354 )
Puis Taiguille scrait mise en communicatioD avec Tun
des pdles dc la batterie, tandis que, concentriquement k
Taxe de Taiguille, on disposerait une petite poulie portant
un petit buloir ou index I eo communication avec Tautre
pdle. Enfin,sur la gorge de la poulie on passerait un fil me-
tallique attach^ au chariot. A chacune des excursions de
ce dernier Je butoir ou index I viendrait k la rencontre
de Taiguille, et^ tout en la ramenant chaque fois au z^ro,
d6terminerait , au moment de la rencontre, la fermeture du
circuit t^l^graphique, et, par consequent, le commencement
d'un trait dont la longueur serait proportionnelle au d^pla-
cement de I'aiguille depuis la derni^re inscription , done
aussi proportionnelle k la vitesse moyenne du vent pendant
la mdme p^riode.
On arriverait i enregistrer de la m£me mani^re les
indications de tout instrument dont I'aiguille pourrait Stre
d^plac^e momentan^ment par ie butoir et reprendrait sa
position normale apr^ que le butoir serait retourn^ a son
point de depart. F^e galvanom^tre et les boussoles appar-
tiennent k cette cat^orie.
Mais s'il fallait enregistrer les variations d'un thermo-
m^tre m^tallique ou
d'un barometre an^-
roide, on devrait mo-
difier le systeme pre-
cedent, car les aiguil-
lesdecesinstruments
ne sauraient c^der
devant le butoir I
lorsque celui-ci vien-
drait a leur rencon-
tre. Dans ces cas on
Fig. 3.
( 555 )
poarrait avoir recours k uDe aiguille suppl^nientaire CD
(Og. 3) concentrique^ Faiguille indica trice AB, mais isol^c
^lectriquement de celle-ci et communiquant avec I'ud des
pdles de la pile, tandis que I'indicatrice serait en communi-
cation avec Taulre. De plus, un leger ressort CR solliciterait
sanscesse Taiguille suppl^mentairecontre un buloir I port^e
par la poulie M qui, sur sa gorge, porterait un fil m^tallique
attach^ au chariot t^l6graphique. Lorsque celui-ci s'avan-
cerait, la poulie tournant sur elle-mSme, Faiguille supply*
mentaire viendrait^ la rencontre de Taiguille indicatrice,
la toucherait bientdt (k ce moment un trait commencerait
sur le cylindre r^cepteur) et resterait en contact avec elle ,
tandis que le butoir passerait sous cette aiguille apri^s avoir
&i6 abandonn^ par la suppl^mentaire ; mais k son retour, il
viendrait reprendre celle-ci et la ram^nerait k une position
initiale invariable.
La direction du vent pent Stre enregistrted*une mani^re
extr^mement simple par la m^tbode qui nous occupe.
Au chariot t^l^graphique de la fig. 1 serait adapts un
petit frotteur, qui, k chaque excursion, passerait sur huit
contacts m^talliques. Ces contacts seraient respective-
ment en communication avec huit petiles lames de cui-
vre dispos^es tout autour de Taxe de la girouette; et celui-
ci, toujours en communication avec I'un des pdles de la
batterie, porterait dans la direction de la tlfeche un l^ger
renflement qui touche n^cessairement une des huit petites
lames (ou deux lames adjacentes si le vent est interm^-
diaire entre deux des huit directions principales). Ainsi
le renflement de Taxe de la girouette mettrait une ou deux
de ces lames en communication avec la batterie, done
aussi un ou deux des huit premiers contacts; des lors au
moment od le frotteur du chariot t^l^graphique passerait
( 586 )
sur UD contact ^lectris^, le circuit tel^raphique serait
ferm^ momentaD^ment, et un ou deux petits traits cons^-
cutifs seraient graves sur le cylindre, representant la
direction du vent.
En r^sum^, j'acquis la conviction que les indications de
tous les instruments de la m^t^orologie (je viens de passer
en revue les principaux types) sont susceptibles d'etre
enregistr^s d'apr^s une methode uniforme. Dte lors j'eus
Tespoir d'arriver k n'avoir qu'un seul enregistreur pour
un grand nombre d^nstruments au lieu de devoir recou-
rir k un enregistreur special pour chacun d'eux; et je
me posai le probl^me suivant :
5. — € Combiner un appareil peu complique, peu con-
D teux surtout^ dans lequel un seul burin grave avec une
» rigoureuse exactitude^ et sur un seul cylindre , les varia^
9 tions d'un grand nombre d'instruments meteorologiques,
D de nature quelconque, et places , soit a proximite^ soit
» d une grande distance de V enregistreur. t>
6. — Persuade que ce probldme n'avait pas encore 6te
r^solu jusqu'alors , je le mis k T^lude et je trouvai la solu-
tion en renversant le principe de Wheatslone. En effet il
est Evident que les explications donnees plus haut (para-
graphes 3 eft 4) subsistenl si, au lieu de faire mouvoir, a
intervalles ^gaux, un traceur le long d'un cylindre momen-
tan^ment immobile, mais tournant sur lui-m^me d'une
petite quantite dans Tintervalle de deux mouvemenls con-
s^cutiTs du traceur; si, au lieu de cela, on fait ex^cuter
aux m^mes intervalles un tour entier par le cylindre
devant un burin momentanement immobile, mais descen-
dant d'une petite quantite dans Tintervalle de deux revo-
lutions du cylindre. Seulement, au lieu de relier les sondes
( 557 )
et les poulies au chariot tel^raphique, il faiil les faire
mouvoir par le cylindre; et les traits graves par le burin,
au lien de se diriger suivant les generatrices du cylindre^
leur seront perpendiculaires.
7. — La figure 4 donue i'ensemble du m^t^orographe uni-
verse! tel que je I'ai con<;u; mais pour ne point surcharger
le dessin , je n'y ai repr^sent^ que cinq instruments types
(savoir : un barom^tre i siphon, un ihermom^tre m^tal-
lique, un an^mom^tre Robinson ^ une girouette et un
hygrom^tre k cheveu); et les indications de ces cinq
instruments de nature si diif^rente sont k enregistrer par
le burin unique B. Je fais remarquer tout d'abord que ce
mSme burin graverait avec la m^me facility les variations
d'un psychrom^tre, d'un barometre k balance, d'un baro-
m^tre an^ro'ide, d'un thermometre k mercure, d'un ombro-
m^tre, d'un ^lectrometre ou de tout autre instrument k
aiguille on a colonne liquide.
Si, pour cette description, j'ai choisi les cinq premiers,
c'est qu'ils me semblent constituer cinq types diff(6rents
auxquels on pent rapporter tons les aulres instruments.
Un mouvement d'horlogerie, invisible dans le dessin,
mais command^ par la pendule H, fait ex^cuter k inter-
valles ^aux (par exemple, de dix en dix minutes) un tour
en tier a un cylindre vertical C, dont Paxe porte, a sa partie
inf^rieure, un arc dent^ F qui, ^ la fin de chaque revolu-
tion, rencontre le pignon E d'une vis ED. Celle-ci traverse
un ecrou auquel est attache le burin B, de sorle qu'apres
chaque revolution du cylindre, le burin descend d'une
petite quantite, paralieiement aux generatrices.
A est un eiectro-aimant dont le noyau, aimante par
rinfluence d'un aimant fixe, retient son armature k I'etat
de repos, mais la l&che, au contraire, des qu'un courant
( 3S8 )
parcourt les bobines dans le sens qui neutralise I'aetion
de Faimanl permanent. Quant au burin , il est plae6 sui-
vant i'axe d*uu I^er ressort k boudin qui le sollicile sans
cesse vers le cylindre; mais un fll m^tallique, attach^ i
Tarmature de Felectro-aimant , sollicite le burin en sens
contraire et^ k I'^tat de repos, le tient 4loign£ du cylindre.
Or, d^s qu'un courant parcourt les bobines dans le sens
indiqu6 plus haut, Tarmature se d^tache^ le fil se d^tend,
et le burin est pouss^ centre le cylindre par une pression
uniforme el conslante , c'est-^-dire la tension du ressort k
boudin. Par cette disposition, on obtient une gravure
uniforme, on ^vite le r^lage de ressorts antagonistes , et,
ce qui est plus important, on pent donner k Tarmature et
au burin cette grande leg^ret^ sans laquelle la rigoureuse
exactitude n'existe pas.
8. — L^s instruments indicateurs sont disposes tout
aulour du cylindre r^cepteur; et k chacun d'eux corres-
pond : — une poulie dentee MN et une sonde R s'il s'agit
d*un instrument k mercure; — une roue dentee K avec
un butoir ou index I s'il s'agit d'un instrument k aiguille,
— conform^ment au syst^me qui a 6t^ expos^ plus haut.
Puis toutesles sondes et les butoirs sont mis en communi-
cation avec le pdleposilif de la batterie , tandis que toutes
' les aiguilles et les surfaces indicatrices sont relives au pdle
n^atif. N6anmoins, tant que le cylindre est au repos, les
butoirs ne touchent pas leurs aiguilles, et les sondes sont
k distance des surfaces mercurielles correspondantes, de
sorte qu'alors le circuit t^l^raphique n'est ferm6 nulle
part. Mais supposons que le mouvement d'horlogerie fasse
ex^cuter un tour entier au cylindre et au secteur dent^ F ;
celui-ci, rencontrant successivement chacune des roues
M, Y, K...., etc., les sondes et les butoirs iront, les uns
( 359 )
apres les autres, k la rencontre, qui de leurs surfaces ,
qui de leurs aiguilles. Or, k chaque rencontre le courant
passe, traversant les bobines de r^leclro-aimant; done k
chaque rencontre un trait commence sur le cylindre. Mais,
ces courants ne doivent pas se superposer, il faut les couper
les uns apr^s les autres pour que chaque trait finisse avant
que le suivant commence; et surtout : il faut eviter les
elincelles de rupture. Car chaque fois que le secteur F
abandonne une des roues dent^es M, Y, K...., etc., celle-ci,
ob^issanti un petit ressort de rappel ou k un contre-poids,
retourne k sa position initiate , entratnant avec elle soit la
sonde, soit le butoir correspondant; et, si Ton ne coupait
pas le circuit avant que les sondes Emergent, les surfaces
mercurielles seraient bien vite oxyd^es. Yoici la disposi-
tion tr^s-simple qui permet d'atteindre ce double but :
Le prolongement du rayon du secteur F porte, attach^
k une pi^ce isolante d'ivoire „ un frotteur k deux doigts f
et h, appuyant respectivement sur deux anneaux m^tal-
liques isol^s Tun de Fautre. L'anneau int^rieur m est d'une
pi^e, et constamment en communication avec le pdle
n^atif de la batterie; Tanneau ext^rieur p, au contraire,
est coupe en autant de segments qu'il y a d'instruments k
enregistrer ; et I'aiguille ou la surface indicatrice de chaque
instrument, au lieu d'etre reliee directement au pdle
n^atif, comme je le disais plus haut, n*est r^ellement en
communication qu*avec le segment qui lui correspiond; de
sorte qu'elle n'est reliee k la pile que lorsque le frotteur f
se trouve sur ce segment. Puis, ces segments sont disposes
de telle fa<;on que le frotteur rencontre le commencement
du segment barom^trique juste au moment oilt la cr^mail-
16re F saisit la rone M, mais quitte ce segment et coupe
ainsi le circuit correspondant au barom^tre un pen avant
( 560 )
que la roue M redevienne libre , done avant que la sonde
(Emerge. F^'^tincelle de rupture n'^clatera plus entre la
sonde et le mercure, mais entre le frotteur et Textr^mit^
du segment, et Ik elle ne produit aucun effet nuisible.
On voit que le frolteur et les deux a'nneaux constituent
un distributeur d'^lectricit^ , envoyant le courant succes-
sivement, et au moment voulu, k ehacune des parties du
m^teorograpbe. On pourrait croire qu'il est indifT^rent de
meltre les aiguilles et les surfaces indicatrices en communi-
cation avec un quelconque des pdles de la batterie, pourvu
que les sondes et les butoirs soient en communication avec
{'autre; mais il n*en est pas ainsi. li est de la plus haute
importance , pour les instruments k mercure , de relier le
liquide au pdle negatif ; car sans cela, quoiqu'on ait ^vit6
r^tincelle de rupture, le mercure s'oxyde plus ou moins
au boutde quelque temps. En choisissant, au contraire,
le pdle ndgatif , toute trace d'oxydation disparalt. Ces effets
s'expliquent peut-dtre par T^lectrolyse de Thumidit^ con-
tenue dans Pair ou d^pos^e k la surface du mercure. Quoi
qu'il en soit, le m^nisque du barom^lre dont je recueille
les indications a Ostende, et qui fonctionne depuis plu-
sieurs mois avec la plus grande r^ularite, ce ro^nisque,
dis-je, est encore aussi brillant que le premier jour.
9. — Je joins a la pr^sente Notice les diagrammes
fournis, depuis son installation, par le m^t^orographe
en activity k Ostende. J'ai d6jk dit que cet enregistreur
n'est qu'un appareii d'essai, relativement grossier, et
destin6, dans le principe, k la thermographie seulement.
Sur un cylindre qui, d'abord, ne devait recevoir que
rinscription de la temperature, j'ai cherch^ k loger
quatre courbes, figurant respectivement la direction
du vent, la pression atmospherique, la temperature de
( 361 )
Fair et la vitesse du vent. Yoili pourquoi les 6chelles sonl
tres-r^duites , trop r^duites mSme.
Les descriptions donn^es plus haut et la legende expli-
cative qui accompagne chaque diagramme faciliteront Tin-
telligence des exemplaires qui accompagnent cette notice.
Ainsi la decade du 22 mai au l""" juin a ^te caract^ris^e par
one pression atmosph^rique assez elev^e correspondant k
des venlsdu quart N.-O. Trois baisses barom^triques (ven-
dredi 25,mardi 27 el samedi 51) correspondent k des brises
assez fortes, surtout le vendredi 23 mai, od, entre 5 et
6 heures du soirje vent a atteint la vitesse de 5^ x 12=66
kilometres k Fheure. La temperature a ^l^ assez basse pour
cette saison de I'annee , puisque la moyenne d^termin^e
par le planimdtre ne s'el^ve qu'k 10°,1. N^anmoins, le
lundi 26; la courbe du thermom^tre pr^sente un sommet
arrondi et tr^s-^lev^. C'est que , ce jour, une pouss^e de
chaleur a H& amende par une l^^re brise du quart S.
La meilleure preuve de la precision de I'enregistreur est
la rectittuie de la ligne qui, sur les diagrammes^ determine
le zero de I'echelle anemometrique. En effet, Tinscription.
r^it^r^e d'un point fixe doit donner une ligne droite; et,
puisque celle-ci se produit effectivement avec une preci-
sion remarquable » on pent en conclure que Tinscription
des points variables se fait avec la mSme exactitude.
10. — Le syst^me meteorograph ique que nous venons
de decrire a ceci de particulier que, sans recourir k des
leviers multiplicateurs qui donnent toujours de la paresse
aux instruments, on peut augmenter ou reduire k volonte
les echelles des courbes. En effet, on peut donner aux
roues dentees K , M, Y.... (fig. 4) des diametres tels que les
echelles des differentes courbes soient entre elles dans des
rapports donnes, puis ces rapports une fois fixes, on peut
2™* Sl^RIE, TOME XXXVI. 24
-( 562 )
augmenter ou r^duire k volonte toutes les 6cbelles rien
qu'en faisant varier le diam^tre du cyiindre r^cepteur. li
y a plus, si Tod grave les 6chelles sur Fun des anneaux
distributeurs mp, et qu'on remplisse les divisions d*UD
mastic isolant, les diagrammes sortent tout gradu6s de
Tappareil, car le courant subit uue courte interruption
chaque fois que le frotteur fh passe sur une division. J'ai
appliqu^ cette metbode au trac^ de quelques diagrammes,
mais, les 6cbelles ^tant tr^s-r^duiles dans Tappareil actuel,
je fus oblige de laisser entre deux degr6s cons^cutifs un
ecartement angulaire assez grand avant d'arriver k des
traits isolants d'une largeur suffisante pour couper le cou-
rant. Les courbes perdant ainsi de leur nettet^ , de leur
continuity, j'ai abandonn^ cette metbode; mais dans un
appareil k ^cbelles plus grandes, elle*pourrait 6lre appli-
qu^e avec avanlage.
11. — On pourrait croire que les fils m^talliques qui
supportent les sondes doivent s'^cbauffer par le passage
du courant et nuire ainsi k i'exactitude. II n'en est rien;
— d'abord dans mon syst^me , le courant ne passe point
par ces fils, il arrive k la sonde par un conducteur special
(voyez fig. 1); mais, lors m£me qu'on am^ne le fluide
par ces fils, il ne pent en r^suiter aucun inconvenient,
puisque les traits graves sur le cyiindre commencent au
moment du contact, c'est-i-dire avant que les fils aient le
temps de s'^cbauffer; et qu'en second lieu leur fin est tout
k fait ind^pendante de la longueur des tils.
Quant k la dilatation r^guli^re de ces derniers :
1"") Dans la tbermograpbie elle modifie, mais dans une
proportion presque inappreciable, r^cbelle primitive du
tbermom^tre et il est facile de construire rechelle mo-
difi^e.
( 363 )
2®) Dans le barom^tre k siphon cette dilatation a un
effet utile , puisqu'elie aide k la compensation. On pourrait
construire un barom^tre 4 siphon tel que les variations de
niveau dans la branche inf(£rieure soient ind6pendantes de
la temperature; mais Tinstrument devrait contenir une
trop grande quantity de mercure lorsque, comme je Tai
fait, on donne & la chambre barom^trique un diam^tre
trte-graad, beaucoup plus grand que celui de la branche
ouverte, afin que les variations de niveau dans celle-ci
soient presque aussi dtendues que dans le barom^tre
Fortin. Je pr^fere done de compenser le barom^tre d*une
autre fagon : UL, GQ (fig. 4) sont deux lattes en zinc
relics par un levier LG. La latte GQ porte k son extremity
une petite poulie sur laquelle passe le fil qui soutient la
sonde. Enfin la longueur de ces lattes et la position du
point d*appui de leur levier (position qui se r^le au
moyen d'une vis microm^trique) sont ddtermin^es de ma-
ni^re que, par suite des dilatations de tout le syst^me, la
sonde descende ou remonte de quantit^s ^les aux varia-
tions que les changements de temperature d^terminent
dans le niveau de la branche inferieure. J'ai employ^, pour
determiner ces variations, la formule suivante :
c^q — Vo(g — 3c)
A/l = :
Dans laquelle AA d^signe la variation du niveau dans la
branche inferieure pour un changement de temperature
de 1*.
c la section de la chambre barometrique,
c' la section de la branche inferieure (ouverte),
( 364)
Po la hauteur de la colonne mercurielle k z6to qui fasse
^quilibre k la pression almospherique,
Vo la quantity de mercurey en volume a z6ro, que renferme
rinstrument;
eofin q le coefficient de dilatation absolue de ce Hquide et 5e
le coefficient de dilatation cubique du verre.
Enfin, pour ^chapper k rinfluence de la capillarity, je
donne d'abord k la branche inf^rieure du barom^tre un
diam^tre convenable (10™ au moins) et puis, au lieu de
faire descendre la sonde suivant Taxe du tube, je la fais
passer, au contraire, par le quart du diam^tre; car la sur-
face du m^nisque, en cet endroit, donne assez exactement
le niveau corrig6.
12. — La determination de T^tat hygromdtrique de Tair
est une question delicate : le psycbrom^tre et Tbygro-
m^tre k cheveu ne sont pas des instruments parfaits. Aussi
me suis-je propose le probl^me suivant :
« Combiner un instrument qui pese, automatiquement,
» le poids de la vapeur d'eau contenue dans une quantity
j> donn^e d'air, et qui inscrive, automatiquement, les
» r^sultats de ces pes^es. » J*ai trouv^, pour ce probl^me,
une solution simple , mais je n'en donnerai pas ici la des-
cription , car le programme que je me suis trac^ au com-
mencement de cette notice exige , avant tout, des solutions
peu cotlkteuses. Or Tacquisition d*une balance de precision
serait d&jk une d^pense assez considerable.
Mais je puis adapter k mon m^teorograpbe, soit un
psycbrom^tre , soit un hygrometre k cheveu , car ces in-
struments peuvent suffir, me semble-t-il, aux besoins ordi-
naires de la m^teorologie.
L'enregistrement des indications du psychrometre se
I
( 365 )
ferait d'aprte la m^thode adoptee pour le barom^tre &
siphon. On ne doit pas craindre Voxydation du mercure :
elle n'a pds lieu dans mon systeme; cela est prouve par
le meteorographe qui fonctionne actuellement a Ostende.
(Voyez § 8, p. 17.) De plusy une disposition mecanique
extremement simple me permet d'arreter les sondes au
moment meme ou elles viennent en contact avec les colonnes
mercurielles; celles-^ci ne pourront done pas se disloquer.
Si Tod faisait usage de rhygrom^tre deSaussure, od pour-
rait adopter une disposition qui, tout en rendant Tappareil
propre k Tenregistrement, lui donnerait en m^me temps
plus de sensibility et plus d'exactitude que n'en possMent
generalement les hygrometres de ce genre, tels qu'on les
construit pour Tobservation direete. En effet, on pourrait
supprimer Taiguille qu'il est difficile de bien ^quilibrer et
dont Texc^s de poids, d*un cdt^ ou de Tautre, fausse les
indications ; on pourrait supprimer aussi la petite poulie sur
laquelle le cbeveu s'enroule, mais qui abime ce cheveu et
dont I'axe introduit dans Tappareil un frottement nuisible.
Voir cette disposition (fig. 5), page suivante.
Le cheveu AB, suspendu librement k une vis de rappel,
porterait d son extr^mit^, comme poids tenseur, une pointe
BC en platine, traversantle fond d'un petit godet G qui
contiendrait un pen de mercure; la capillarity emp^cheraii
r^coulement de ce liquide, ce qui permettrait de mettre la
pointe BG en communication avec Fun des pdles d*une
batterie sans g^ner en rien le cheveu. Uautre pdle serait
reli6 au mercure d'une ^prouvette D dans laquelle plonge-
rait un cylindre en fer P, suspendu par un fil m^tallique
qui s*attacherait a la poulie z (fig. A). Lorsque cette poulie,
engrenantavec le secteur F (fig. 4) tournerait,le plpngeur P
s'enfoncerait dans le mercure, et soulevant lentement le
( 367 )
niveau du liquide, le mettrait en contact avec rextr6init6
de la pointe qui termine le cheveu. A partir de cet in-
stant, le circuit t^l^raphique £tant ferrn^, un trait se
graverait sur le cylindre, trait dont la longueur varierait
proportionnellement aux variations de la longueur du
cheveu.
13. — II ne reste plus qu'^ indiquer la solution de la
seconde partie du probl^me pos6 page 356, c'est-^-dire :
L'enregistrement des indications foumies par des instru^
ments places a une grande distance de Venregistreur.
L'Observatoire de Berne a install^ un m^t^orographe
au sommet d*une montagne tr^s-^lev6e. L'appareil fonc-
tionne li-haut, dans la solitude, mais le propri^taire n'en
voit pas le travail, et si ce travail s'interrompt, il n'en est
pas averti. II serait plus int^ressant et plus utile surtout
de pouvoir suivre des yeux le trace des courbes et con-
trdler k tout instant la marche de I'appareil. Ma m^thode
permet d*arriver k ce r^sultat. Rapportons-nous k la figure 4
et laissons sur la table les instruments m6t6orologiques,
les anneaux m, p et le secteur F, avec un mouvement
d'horlogerie qui tende k le faire tourner, mais qui soit
momentan^ment arrSt^ ou plutdt embray^. Enlevons, au
contraire , et plaQons sur une autre table le cylindre r^cep-
teur avec le burin, F^lectro-aimant et un mouvement d'hor-
logerie identique avec le premier et tendant k faire tourner
le cylindre, mais embray^ par un 6cbappement commande
par une horloge, puis supposons les deux tables k une
grande distance Tune de {'autre, mais relives par deux fils
tel^graphiques. Si, aux moments ou I'borloge d^sembraye
le moteur du cylindre, nous pouvons donner k celui du
secteur un mouvement isocbrone , le probl^me sera r^solu.
( 368 )
Or cela est ais^. RappeloDS-nous les t^l^raphes fraiiQais
k cadran et consid^rons, dans les deux moteurs identiques ,
deux rouages correspoodants. Puis disposons un frotleur
devant les dents de Tun , et devant celles de Tautre un
^chappement k ancre, reli^ k Tarmature d'un Electro-
aimant dont le fil aboutisse au frotteur et au rouage du
r^cepteur. Toutes les fois qu*ici une dent touchera le frot-
teur, il s'^chappera une dent l^-bas et les deux moteurs
marcheront k Funisson. Aussi longtemps que les extr^-
mit^s des traits graves sur le cylindre r^cepteur forment
une ligne drpite, on est assur^ que Taccord persiste : c'est
\k le contrdle.
On pourrait ainsi, k une station centrale, recueillir
les renseignements m^t^orologiques de plusieurs postes
^loign^s.
On pourrait aussi, et cette id^e me platt, installer des
observatoires k de grandes hauteurs dans Tatmosph^re.
a Le point d*appui, medira-t-on, lorsqu'on n'a pas,
» comme en Suisse, des montagnes k sa disposition ? » —
Le point d*appui? Mais ce sera tout simplement un ballon-
cerf'Volant, un eerf-volant sans poids.
J'ai essay^ un petit engin de ce genre et il a parfaite-
ment r^pondu k mon attente. C^tait un petit h^mispb^re
gonfl6 d'bydrog^ne. Tant qu'il faiisait calme, la corde se
maintenait a pen pr^s verlicale , et lorsque le vent frat-
chissait, elle commengait par slncliner vers I'borizon. Mais
alors le cercle de la base, prison tant au vent une surface
oblique, faisait office de cerf-volant et ramenait la corde
vers la verticale avec une ^nergie d*autant plus grande que
le vent lui-m^me £tait plus fort.
On me dira encore : « Qui se cbai^era du soin de
9 remonter le ressort moteur de Tobservatoire a^rien ? »
( 369 )
— Un petit iDOulin k vent fera tres-bien celte besogoe.
On ne voit jamais huit jours de calme plat non inter-
rompu; le petit moulin trouvera done toujours moyen
d*emmagasiner dans un ressort une provision de force
motrice pour buit jours.
Note. — Calcul de la variation qu'un changement de tem-
perature determine sur le niveau inferieur d*un baro^
metre a siphon.
Par la m^thode expos^e § 3 on mesure, non pas ce qu'on
est convenu d'appeler la bauteur barom^trique , e'est-i-
dire la difference de niveau entre les deux brancbes , mais
bien I'^l^vation du niveau infi§rieur au-dessus d'un point
fixe. D^ lors les calculs qui ram^neront les observations k
z6to seront tout differents dans cbacun de ces deux cas.
En effet, tandis qu'une ^l^vation de temperature produit
toujours une augmentation dans la difference totale des
deux niveaux , elle pent determiner dans la branche infe*
rieure soit une baisse, soit une bausse, soit m^me ni bausse
ni baisse de maniere k n'exercer aucune influence sur ce
niveau. M. Radau, dans < une £tude sur FExposition de
1867, publiee par le Moniteur scientifique de Quesnevillc
et reproduite par « Carl's Repertorium fur physikalische
Tecbnik » dit que « le niveau inferieur d'un barometre a
siphon devient independant de la temperature lorsque la
dilatation apparente de tout le mercure renferme dans le
barometre est egale a la dilatation vraie de la colonne ba-
rometrique^ » et il donne Tequation de condition
{q — 3c) V = qpc
dans laquelle
q representc ]e coefficient de dilatation absoluc du mer-
cure,
( 370 )
56 represente le coefficient de dilatation cubique du verre,
V le volume total du mercure renferme dans I'instrument,
|3 la hauteur baromdtrique ,
et c la section dc la chambre baromdtrique.
M. Radau ne donne pas la demonstration de cette Top-
mule, et comme je n*en comprenais pas bien la iraison
d'etre, je Tai contrdl^e exp^rimentalement en construisant
des barom^tres, de forme differente, mais satisfaisant a la
condition pos^e
q—5e
J'ai pu constater que la formule est exacte mSme lorsque
les deux branches du siphon ont des diametres in^gaux ;
et ce fait donnant tort k d'autres ^crivains qui croient que
la compensation n'est possible que dans le cas oh les deux
branches ont m^me diam^tre, je mesuis propose la solu-
tion du probl^me g^n^ral que voici :
Determiner ('influence qu'un changement de tempera^
ture exerce sur le niveau inferieur d'un barometre u si^
phony quelle que soil sa forme.
Soit Vq le volume qu*occupe, k la temperature z^ro, tout
le mercure renferm^ dans un barometre k siphon ; et soit
k ce moment (3q la difference de niveau enlre les deux
branches. La pression ne changeant pas, si la temperature
monte d un degre, le niveau inferieur c'B va-t-il baisser,
monter, ou rester immobile ?
Chacun de ces trois cas pourra se presenter.
En effet le barometre etant k la temperature zero et la
pression atmospherique restant invariable, supposons que
Ton bouche la branche inferieure en c' ; si alors la tempe*
(571 )
ratare monle d'un d^r£, raugmeotatioD de volume qui eo
r^ultera pour le mercure ae
pourra plus que se d^verser
par le baul dans la chambre
barom^trique ety fera moo-
ter le niveau d'une quantity
proportionnelle k la dilata-
tion, mais iDversdmeut pro-
portioDuelle k la section c de
cette chambre;de sorteque
la difference de niveau entre
les deux branches preodra
une autre valeur que je d^-
signe par ^|. Cclte nouvelle
colonn^, plus ^lev^e que la
premiere, mais d'un liquide
moins dense, est-elle encore
""d ^'^ ^ ^ iquivalente k la pressioo at-
' mosph^rique?
^ODi, on pourra d^boucher la branche inr^rieure sans
quele mercure bouge, puisque, an moment oil Tod d^-
gage le niveau inf<£rieur, I'^^uilibre exisle entre |3, et la
pressioD atmosph^rique : le barom^tre sera compens^;
mais si j3i est plus lourd ou plus I6ger que ralmosph^re
alors, au moment oil Ton d^bouchera la branche inf^rieure,
le mercure baissera ou se relSvera en c' pour mooter ou
descendre en c et ces mouvements seront invers^ment
proportionnels aus sections respectives des deux branches.
II s'agit, dans tous tes cas, de determiner la valeur de ces
deplaceroents. Poor cela soit toujours :
q Ic coelGcient de dilatation absolue du mercure)
3e — — cubiqne du verre.
( 372 )
Vo le volume qu'occupe a z^ro tout le mercure de rinstru-
ment,
e la section de la chambre barom^trique ,
c' — de ]a branche inf^rieure,
|3o la colonne mercurielle k z^ro equivalant k une pression
donn^e,
et Pt la colonne mercurielle k t Equivalant k la m^me pression.
Reprenons le raisonnement de tantdt et supposoDs le
baromitre k z^ro, indiquant k cette temperature une diffe-
rence de niveau = ^o-
Puis, que rimagination se figure le niveau inferieur
captif, la branche inr^rieure bouchee. Si alors la tempera-
ture monte k t degr^s, le volume roercuriel augmente d'une
quantity S^[q — 5e);; et cette augmentation de volume
ne pouvant que se d^verser dans la chambre barometrique,
y eieve le niveau de la quantite
de sorte que la difference entre ie niveau de la chambre
barometrique etcelui dela branche captive est
Mais, k t degres, quelle est la hauteur de la colonne
mercurielle equivalant k Po d^ mercure k zero? Cette
hauteur se calcule par la formule connue :
( 373 )
Done si
le mercure ne bougera pas si Ton d^age la branche iDf<6-
rieure et le baromeire sera campense. Or T^quation (1) se
r^duit k
Voiq — 5e) = |3o7C.
Cest la formule de Radau.
Mais si
l3o-^ -^^-^-tqPo-
c •^
Cest-i-dire si
Vo(?- 3c) e
= Polq =F D
alors, lorsqu'oD d^agera le niveau inf<grieur, P^quilibre
n'existant pas, toute la masse mercurielle se mettra ea
mouvemeDl pour faire disparattre cette difference
Or soil AH la valeur du d^placement du mercure dans
la chambre barom^trique et AA celui du liquide dans la
branche ouverte ; comme on a
aA c
on en d^uit
d'oti
ou enfin
( 374 )
aH -♦- aA = D c-i- c'
aA c
c.D
c -\- c
,A=±'-^:zMzi^^.
C -h c
Cest la correction pour la branche infdrieure.
— La classe s'est occup^, en comit6 secret, des can-
didatures aux places vacantes.
( 374 )
on en d^uit
aH -♦- aA = D c-i- c'
&h c
c.D
aA =
c -h c
ou enfin
Ai
c -+- c
G'est la correction pour la branche infiSrieare.
— La classe s'est occupy, en comit^ secret, des can-
didatures aux places vacantes.
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4 I
( 375 )
CLASSE DGS LETTRES.
Seance du 15 octobre 1875.
M. J.-J. Thonissen, directeur, president de TAcad^inie.
M. Ad. Qdetelet, secretaire perpetuel.
Sont presents : MM. J.Roulez, Gachard, Paul Devaux,
P. De Decker, R. ChaloD, Th. Juste, le baron Guillaume,
F6lix N^ve, Alphonse Wauters, Cmile de Laveleye, Alph.
Le Roy, Em. de Rorchgrave, membres; J. Nolet de Rrau-
were van Steeland, Aug. Scheier, associes; Edm. Poullet,
correspondants.
MM. L. Alvin , membre de la classe des beaux-^rts^ et
£d. Mailly, correspondant de la classe des sciences y assis-
tent k la stance.
CORRESPONDANCE.
H. le MiDistre de rint^rieur transmet une exp^itioo'
d'un arrSt^ royal en date du 29 juillet dernier, gui d6-
cerne le prix triennal de litt^rature dramatique fran^aise ,
pour la p^riode de 1870 k 1872, k M. Charles Potvin,
pour son drame en 4 actes et en vers, intitule : La Mere
de Rubens.
— Le mSme haut fonctionnaire envoie divers ouvrages
pour la biblioth^ue de TAcad^mie.
( 376 )
M. ie Ministre de la justice adresse deux exemplaires da
3' cahier du Y[' volume des Proces'verbaux de la com-
mission pour la publication des ancieuDes lois et ordon-
nauces du pays.
M. le baron de Witte adresse un exemplaire du dis-
cours qu*il a prononc^, le 31 aoAt 1873, k TAcad^mie
d*arch^ologie d*Anvers.
M. Th. Juste fait hommage , au uom et de la part de
Tauteur, M. le baron Kervyn de Yolkaersbeke, d*un exem-
plaire de Touvrage intitule : Les missions diplomaiiques
de Pierre Anchemant (1492-1506).
M. Nolet de Brauwere offre un exemplaire du morceau
de po^ie qu'il vient de publier sous le titre de : Zijnen
geliefden zoon Ivan-Maxime'Wilhem'Oswald ter priester^
tbijding , etc. ; in-8".
M. Alberdingk Thym, associe, fait hommage d*uQ
exemplaire de son ouvrage d^di^ k la classe et portant
pour titre : Histoires carolingiennes.
La classe vote des remerctments aux auteurs de ces
diffi6rents dons.
— Plusieurs soci^t^s savantes remercient pour le der-
nier envoi de publications acad^miques.
— La soci^t^ litt^raire et philosophique de Liverpool
propose r^change de ses publications avec celles de TAca-
d^mie. — Accept^.
— La classe vote Timpression, au Bulletin^ d*une com-
munication de M. Emm. Neefs, lue par M. Poullet, cou-
cernant un document relatif ^ I'histoire de la l^pre dans
les Pays-Bas.
( 377 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. J.-J. Thonissen donoe lecture de la coDtinuation de
sa notice biographique sur le baron de Geriache, destin^e
^rAnnuaire pour 1874.
Le conseiller J^RdME Busleiden, ecrivain latin et proteC'
teur des leltres {1 470^1 Sn)\ notice par M. Filix Nfeve,
membre de TAcad^mie.
L'examen des compositions iatines encore in^dites, con-
serv^es sous le nom de Hieronymus Buslidius, nous a fait
d^uvrir, dans la vie de ce personnage, quelques particu-
larit^s qui ne sont pas indignes d'attention pour Thistoire
de notre pays au commencement du seizi^me si^cle.
Issu d'une famille du Luxembourg qui avait eu sa part
d'honneurs, dans r£glise comme dans I'Ctat, sous les der-
niers princes de la maison de Bourgogne, J^rdme Bus-
leiden a &i& rev^tu lui-mSme d*un titre officiel fort envi^.
II ^tait du nombre des conseillers eccl^siastiques du Grand
Conseil de Malines. S'il n'a pas jou6 un rdle marquant dans
les affaires sur lesquelles cette cour supreme eut k d61i-
b^rer, ii a r^uni en sa personne les quality exig^es aiors
de ceux qui aspiraient aux carriires politiques et adminis-
tratives; il nous repr^sente Topinion dominante parmi les
hommes appel^s k de hautes fonctions, Tinvincible d^sir de
rehausser leurs titres, de relever leurs charges par le culte
des lettres, par une renomm^e d*urbanit^ et de bon goOt.
2"*' s£bie, tome xxxvi. 25
( 378 )
C'^tait en effet I'epoqiie oil des preoccupations litteraires
suivaient dans la vie publique ceux qui avaient pass^ de
longues annees dans les classes d'humanites et de philo-
sophic : le beau langage cr6ait entre eux des liens qui
n'^taient plus brisks. L'^mulalion qui venait de s'etablir
entre les ^coles du nord et celles du inidi avait gagn6 la
plupart de nos villes ; le mouvement litt^raire qui tendait
k Fimitation des oeuvres antiques s*y ^tait rapidement pro-
pag6, et il ^tait second^ par le progr^ mSme des sciences,
par Textension de Tenseignement des universit^s.
J^rdme Busleiden, qui avait habitd Tltalie dans sa jeu-
nesse et qui avait achev^ ses Etudes k Bologne, s'^tait
appliqu6 au latin, au pointj de se piquer d*6crirc en
cette langue pour un cercle choisi d*hommes instruits.
C*etait Tere de la Renaissance dans les Pays-Bas : Tusage
du latin avait pass^ de la discussion scolaire dans la con-
versation des ^rudits, des livres didacliques dans les dis-
cours qui ne manquaient k aucune cer6monie, dans des
^pttres qui donnaient certain relief aux relations fami-
li^res de la soci6te.
Ce n'est pas que le conseiller Busleiden songe&t k Clever
des pretentions scientifiques dans ses Merits latins; mais
il etait entratne k s*essayer, comme tant d'autres, dans la
langue savante qui unissait fort ^troitement la plupart des
pays de TEurope. Nous en avons la preuve dans ce recueil
de pieces en prose et en vers qui, apres avoir pass^ en di-
verses mains, apparlient aujourd'hui k notre Biblioth^que
royale (1). Le savant J.-F. De N^lis, qui avait eu le manu-
(1) Carmina,oration€S et epistolae Hieronymi Bitslidii, 275 pages iD-4«
(MSS n» 15676-15677, fonds Van Hulthem). — Carmina, pp. 1-82 ; Orat.
et epist., pp. 83-275.
^379)
scrit soils les yeux,se proposait d'en publier des morceaux
choisis (1). L'ayant etudi^ k noire tour, nous nous sommes
r^olu k en faire connattre les pieces qui offrent le plus
d*int^rSt et dont on trouvera le texte dans TAppendice a
notre lecture : nous allons les rattacher aux circonstances
principales de la vie de Tauteur, aux relations honorables
qu'il entretenait dans noire pays el au dehors.
Assur^ment, la m^moire de J. Busleiden sera glorifi^e
avant tout pour la fondation du College des Trois-Langues,
qui eut lieu pen aprds sa mort suivant les prescriptions de
son testament (2) : il avail entendu y employer la majeure
partie de sa fortune, accrue par la jouissance d'importants
b6n6Gces, et sa famille ne resta point ^trang^re k la prompte
execution de ses derni^res voiont^s. Mais il ne sera pas
superflu de juger le fruit de ses efforts pour payer lui-
mdme son tribut aux belles-lettres dont il avail toujours
eu le dessein d'encourager la culture, de reconnaitre quel
travail et quels soins il a mis dans une correspondance in-
spiree par la mSme pens^e , soil avec des personnages in-
fluents, soil avec des mattres distingues qui avaienl beau-
coup d'aclion sur la jeunesse.
(1) AnaUcta, note, page 69 : « Ipse quoque Biislidius reliquit ingenii
monumenla nounulla, prorsSk ac vors^ oralione,h(Miiedum Aoecdota ; ex qui-
busiiliqua fort^ In liac nostra sylloge proferemus. •
(2) C*esl Tobjel de noire Mdmoire historique et litUraire sur le Col-
Uge des Trois-Langues d r University de Louvain, imprim^ en 1836 par
TAcad^mie royale de Belgique, dans la collection in-4<> des M^hoires cou-
Ronnts (tome XXVIII).
( 380 )
§ I-
Education et carriere du conseiller Busleiden.
La famille d'oti sortait J^rdme BusleideD avait exerc^
depuis le treizi^me si^cle des droits seigneuriaux dans la
locality du comt^ de Luxembourg dont elle portait le nom,
Busleiden ou Busleyden (1), situ^e dans Tancienne pr^v6l6
de Bastogne (entre Baslogne et Luxembourg). Elle avait
pour cheff ^ la fin du quinzi^me si^cle ,£gide ou Gilles, sei-
gneur de Ghiers et Busleiden, revStu de plusieurs titres et
dignit^s. Chevalier sous Philippe le Bon, chambellan de
Charles le T6m6raire, cr66 par Tempereur Fr6d6ric III
chevalier aux iperons d'or (5 Janvier 1477), il rempUt avec
honneur la mission de d^fendre les forteresses du Luxem-
bourg menac^es par les bandes ^trangeres apr^s la d^faite
des Bourguignons devant Nancy. Ses services devaient as-
surer unegrande consideration auxquatrefilsqu*il avait eus
de Jeanne de Musset: Gilles, Francois, J^rdme et Val^rien,
et ils furent en credit sous le gouvernement de Tarchiduc
Maximilien dans les Pay^-Bas.
Deux d'entre eux eurent des emplois elev^ dans les
finances; Yal^rien, le plus jeune, mort dans un &ge pea
avanc4, et Gilles ou £gide, Taine, qui devint membre de
la chambre des finances du roi d*Espagne {Regis a ratio-
(i ) Bouleide est le nom francis^ de cette locality, qa'on trouve pr^ de la
frooli^re du Luxembourg beige, dans rarroodlssement de Willz du Grand-
Duch^.
(381 )
nibus\ et qui jouit d'une grande autorite pendant une par-
tie du regne de Charles-Quint (1).
Francis Busleiden , qui avait pas$6 une partie de sa
jeunesse k Rome et dans d'autres villes d'ltalie, fit une
carri^re rapide et brillante, partag^e entre les devoirs ec-
cl^iastiques et les dignit^s civiles. II fut charge par Maxi-
milieu de T^ducation de son fils Philippe le Beau, archiduc
d'Autriche, et ii re^ut du mdme prince des missions diplo-
matiques fort d^licates. II ^tait archev^que de BesauQon
depuis quatre ans, quand il mourut inopin^menti Toledo,
en septembre 1502, au milieu de n^ociations que son
souverain lui avait confines aupr^s du roi Ferdinand.
De m^me que son fr^re Francois, J6rdme Busleiden,
troisi^me fils du chevalier Gilles, n6 k Arlon vers 1470,
embrassa I'^tat ecclesiastique et fut envoy^ en Italic, apres
avoir ^tudi^ k Lou vain, la philosophic, la th^ologic et le
droit. C*est k Bologne qu'il rcQut vers 1498 le bonnet de
docteur, juris utriusque doctor; mais il frequenta les le-
mons de rUniversil^ de Padoue (2) et peut-^tre d'autres
universit^s dltalie. Revenu dans nos provinces, il se trou-
vait apte k divers emplois civils et eccl^iastiques : c'est
alors que Tinfluence de sa famille lui vint grandement en
aide.
Frapp6 dans ses affections par la mort r^cenle de Tarche-
v^que de BesanQon , qui allait 6tre promu au cardinalat, il
(i) Gilles ou £gide qui ue mounit qu'en 1536 donna son concours in
Pouverture da College des Trois-Langues , de mtoe que Francois, fils de
Val^rien, neveu du fondaieur. — Voir sur la famille Busleiden mes arlicles
de la Biographie nalimale , t. Ill, 1872, col. 202-208.
(2) Lellre ^ Jean Moschoroneus , archidiacre de Cambrai , qu'il avait
rencontre en Italie. ( u Palavii sub iisdem ducibus signisque militantes •>)
MS., p. 207-210.
( 382 )
invoqua la memoire de son fr^re, comme celle d*un puis-
sant prolecteur, aupr^s des hommes qu*il savait ie mieux
dispose en sa faveur. Comme il ^tait bien en cour, en
raison m^me du nom qu1l porlait, il s'adressa directement
k Philippe Ie Beau, prince de Castille, dont son fr^re avail
6i&\e pr^cepteur, et lui'offrit ses services. Sa requite,
r^dig^e avec habilet^ (1), lui flt oblenir sans d^iai Ie litre
de conseiller, quand Tordonnance du 21 Janvier 1504 eul
flx6 d^Unitivement i Halines Ie si^e du Grand Conseil.
La fortune de J6rdme Busleiden ^tait d^s lors assuree,
el son premier litre lui valut bientdt d*autres honneurs.
Les dignit^s de r£glise ne lui manqu^rent pas : il fut suc-
cessivemenl dol6 de plusieurs canonicals k une ^poque oti
lecumul des b^n^.ficesn'^tail pas encore interdit (2) ; telssonl
ses litres dechanoine dela m^lropole de Malines, de T^glise
S**-WaHdru k Mons, de la cath6drale S'-Lamberl a Li^e,
ainsi que Ie litre de pr^vdl de S^-Pierre k Aire, el celui
d'archidiacre de Notre-Dame k Cambrai. II ressorl de ses
lettres qu'il atlachait Ie plus d'imporlance parmi ses litres
k la pr^vdt^ d'Aire en Arlois, el qu'il se qualifiail volon-
liers de Praepositus ariensis. Cependanl la cliarge qui lui
pr^senlaille plus d'avantages elail celle de tr^sorier de la
coll^giale de Sainle-Gudule k Bruxelles^ qu'il iui ^lail fa-
cile de g^rer; elle avail 6x6 auparavanl en la possession de
son frere Francis, morl archevSque, el ie chapitre de
(1) Voir, k l*AppendiC6 n" 1 , Ie texle de cetle supplique latine qai ne
porle pas de dale, comme il en est du reste poar tous les documents des
Opera Buslidii.
(2) Parmi unt d'autres exemples, on a cit6 celai d*Adrien Florent sur
la tele de qui reposaient de nombreux litres et benefices eccl6si|istiques
avaiil son depart pour TEspagne et son elevation au pontifical.
( 383 )
Saiote-Gudule avait pris le fait en consideration pour la
lui confiSrer, comme on le lit dans la lettre qu'il a ^crite
aux membres du chapitre en signe de sa reconnais-
sance (1).
L'affection fraternelle s'est traduite de diverses mani&res
dans plusieurs Merits de J. Busleiden, qu'il avait patiem-
ment ^labor^s et ensuite retouches en prevision d'une
certaine publicity. II supplie de grands personnages d'ho-
norer en toute circonstance la m^moire de son fr^re Fran-
cis, qui fut pour lui un second p^re; il remercie avec
e£fusion, dans les termes d'une extreme sensibilite, tous
ceux qui se sont empresses de prendre la plume pour c^-
iebrer,en prose on en vers, la mort pr^maturee d'un pr6lat
de qui on attendait encore d'insignes services. Lui-mdme,
il a retract la carri^re de I'archevdque de Besan^on dans
un poeme ^l^giaque en dix-huit distiques, pr^cM^ d'un
curieux avis au lecteur qu'il conjure de porter son atten-
tion sur les sentiments plutdt que sur la forme (2). Le tour
qu'il a donn6 k son pieux hommage est la prosopop^e :
Francois Busleiden raconte lui-m6me tous les faits de sa
vie. Mais la piece a le d^faut qu'ont la plupart des pieces
de ce genre Y qu'elles aient la forme de prologues ou de
songes, de poemes ou d'^pitaphes, celui de ue pas menager
la vraisemblance; il est encore plus difficile de mettre
reioge d'un d^funt dans sa propre bouche, qu'il ne I'etait
(1) Voir, k TAppendice n" 2, Tepitre de J. Busleiden ad Collegium divae
Gudulae Bruxellensis. — La m^me charge de tresorier passa apres sa
inort ^ son fr^re aine Gilles qui residait d'ordinaire k Bruxelles comme
haul dignitaire de TEtat dans radminislralion des finances.
(2) Voir, h TAppendice n<> 3, le Lustts ad Lectorem servant dMnlroduc-
lion a Texercice de versification que Jer6me Busleiden desiinait k la post^
rile
( 384 )
de faire parler les ombres daos la trag^die antique. Du
moins J. Busleiden o'a pas iovoqu^ en vain ie nom de sod
fr^re ; c*est bien sous ses auspices qu'ii est parvenu assez
promptement k ses dignit6s fort recherch6es et pour la
piupart fort iucratives.
Dans deux ieltres k Ferry Carondelet (1), qui 6tait
comme lui membre eccl6siastique du Conseil de Malines,
ii reproche k son ami les efforts qu*il fait pour ie consoler
dans sa trop legitime douleur; il ne saurail admettre avcc
lui qu*il n'est pas permis de pleurer ceux qui meurent
apr^ une vie bien remplie , qu*il ne faut donner d'abon-
dantes larmes qu'k ceux qui p^rissent dans les supplices
ou dans de cruelles catastrophes.
§ M-
Les missions de Jerome Busleiden a Vetranger et ses hor
rangues d'un caractere officieL
Dis que J. Busleiden fut entr6 en charge au Grand Con-
seil de Malines, il prit part k la discussion des affaires sou-
mises k celte assembl^e , el il r^sida d*ordinaire dans la
ville qui en ^tait Ie si^ge. Cependant il fut choisi plus
d*une fois comme membre d'ambassades exlraordinaires
envoy^es auprte des souverains Strangers. Ainsi fut-il d6-
sign6, avec d'autres dignitaires, pour aller saluer k Tocca-
sion de son av^nement Ie roi d*Angleterre, Henri VIII,
(1) Perricus Carondelet, archidiacre de Besan^on, morl en 1528, eiail
de la famille bourguignonne des Garondelel qui compia plasieurs de ses
menibres dans les hauls emplois : Jean Carondelet (1409-1545), arche?^ue
de Paierme, fut aussidu Grand Couseil. --Voir les notices de M. GachanI
sur cette famliie, Biographie naUonale^ t. Ill, col. 341 et suiv.
( 38S )
d&lk proclam^ en 1509, k I'&ge de dix-sept ans. Un peu plus
tard il fut d6l^u4 de m^rne aupr^s du roi de France,
Francois V% qui avail succ^d^ d^ Tan 1515 k Louis XII.
II lint sans doute Tune el Tautre de ces missions de la
gouvernante des Pays-Bas, Marguerite d'Autriche, princesse
intelligente, qui appr^ciait fort bien les aptitudes de ceux
qu'elle appelait au service de r£lat (1). En c^l^brant la
paix de Cambrai (1508), il n'avait pas manqu^ d'en rappor-
ter rhonneur k Marguerite ; et plus d'une fois il a jou6 sur
son nom k Tezemple des poetes de sa cour :
Ad divam Margaritam Auousti piliam.
Inter veniarUes /hres gemmasque nitentes
Margaris Augusti, gloria prima micat.
Mais on le voit charge ant^rieurementd'une ainbassade
de Philippe le Beau aupr^ du pape Jules II de la Rovere.
Cetle fois il eut le rang d'orateur^ et c*est k cette occasion
qu'il composa la longue harangue laline qui s'est conserv^e
dans ses oeuvres in^dites et qui en paratt dire une des
pieces les plus achev^es (2).
Le texte original du discours k Jules 11 a d'autant plus
de prix qu'il renferme bon nonibre d*allusions historiques
k des dvdnements de date certaine dans les annales des
maisons d'Allemagne, de Bourgogne el d'Espagne : elles
(1) Voir, oatre ia bfonographie de M. Jiislesuria minorite de Charles-
Quint, le discours de M. Thonissen Sur la litlerature nalionale de nos pro-
vinces sous le gouvernemenl de Marguerite d'Autriche ^ lu k la seaoce
publiquede la Classe des Lellres, le 14 mai 1873 {BulL de I* Acad, royale
de Belgique; I. XXXV, 2- serie, pp. 572-597).
(S) Voir dans TAppendice n" 4, VOratio de J.Busleiden apud Julium 11,
Pontific. Max.
( 386 )
permeltenl de croire que la mission eut lieu dans le cours
del'ann^e 1505-1506.
La harangue s*ouvre par des excuses offertes, au nom
de Philippe le Beau , sur le trop long retard survenu dans
Texpression publique des hommages dont il 6tait redevable
au Souverain Pontife, ^lu el proclam^ Tan 1503. Si Phi-
lippe n'a pas envoy^ sur*le-champ ses d^]^u6s en Ilalie,
c'est qu'il en a 6i^ empech^ par ses devoirs de prince et
par des ^v^nements de famille : parmi ces obstacles, Fora-
teur signale les voyages d'inauguralion faits par Philippe
dans ses £tats h^rMitaires, une grave maladie qui Ta atteint
dans ses courses, la mort de 1^^ reine Isabelle sa belle-
mere (1504), et la surveillance d'hostilit^sengag^es centre
lui aunord dans le duch^ de Gueldre (1). Ces reserves assez
explicites supposent un intervalle d*environ deux ans entre
Tav^nement de Jules II et I'arriv6e des envoyfe de Phi-
lippe k Rome; comme le discours parle des difficult^ d*un
voyage entrepris au deli des monts malgr^ les rigueurs de
I'hiver, on croirait que I'oeuvre de Busleiden a &i& lue vers
la Gn de Tan 1505 ou ail commencement de Tan 1506.
On sait que c'est au mois de septembre de cette derni^re
ann^e que Philippe est mort en Espagne.
L'orateur rappelle au Pape que son souverain vient
d'etre recounu dans ses l^tats de la p^ninsule ib^rique; il
invoque k Tappui des intentions du jeune prince les ser-
vices rendus par la maison d'Autriche au Saint-8i^ge, dont
elle a d^fendu les domaines, et le d^vouement ^prouve de
la maison de Bourgogne aux int6rdts de T^glise; il promet
ob6issance & Jules II au nom de Philippe et de ses enfants,
(1) Voir VBistoire des bandes d'ordonnance, par M. le general Guil
laume (M^m. de l'Agad. royale de belgique, t. XL, 1873, pp. 65-68).
( 387 )
el il glorilie d'avance le relour de Tordre en llalie'en louant
la noblesse des sentiments du Pontife et la moderation de
son caractere. Un trait de circonstance que Torateur beige
n\i point oubli^, c^est la gloire de Saona ou Savona, pr^
de Genes, qui a vu naltre le nouveau pape, de la maison
de la Rovere, apr^ avoir jadis donne le jour k deux papes
cel^bres, Gr6goire Vil et Sixte IV.
Dans plus d'une circonstance, J. Busleiden re^ut les
bonneurs dus k sa quality de conseiller adjoint k une am-
bassade. Mais, si Ton a pu mentionner son nom k ce litre (1),
il n'y a pas de preuve qu'il ait ^te charge de negocialions
^pineuses et forc^ d'enlreprendre plusieurs fois de lointains
voyages. Or, dans le mSme siecle , la Belgique a compt6
plusieurs diplomates devenus cd^bres, par exemple Cor-
neille de Schepper et Auger de Busbecq : munis de pou-
voirs discr^tionnaires, el dou^s eux-m^mes d'initiative ,
ces hommes ont surmont^ bien des dangers, et ils ont
lutt^ de finesse avec les plus habiles conseillers des princes
Strangers.
II nous reste quelques morceaux de prose oratoire qui
se rapportent au rdle de J. Busleiden , comme conseiller
de Malines et chanoine de la metropole. De ce nombre est
une courte harangue qu*il adressa k Tempereur iMaximilien
au palais de Bruxelles : in Regia Bruxellensi. Mais il ne
nous est marqu6, ni en quelle ann^e, ni en quel nom il
Taurait prononc6e. Si ce n*est pas un hommage rendu
au C^ar allemand au nom d'un corps constitu^, ce pent
Stre un compliment obs^quieux, rempli des formules
(1) Voir riniroduclion de M. le baron Jules de SaiDl-Genoi<; a ses
Missions rliplomatiques de CorneiHe Duplicius de Schepper^ dit Scep-
PERUS, elc, pp. 17-18 (M^M. de l*Acad royale de Belg., l. XXX, 1857).
( 388 )
d'usage, r6dig4 k Tavance par Busleiden qui allait 6tre
reqn en audience particulidre; c*esl une nouvelle pro-
testation de son d^vouement personnel, comme fonc-
tionnaire d*un £tat dont Maximilien 6lait le protecteur
nature! (1).
II y a peut-etre plus d'int^rSt dans une autre piece qui
appartient aussi a I'eloqueuce d'apparat : c*est le discours
prononc^ par Busleiden au nom du clerg^ de Malines pour
f^liciter Charles, prince de Castille, faisantson entr6e en
celte ville (2). Les hommages s'adressent k un souverain
qui, conform^ment aux exemples de ses anc^tres et k ses
propres serments,sera le soulien des droits de PEglise dans
ses £tats. Ce discours officiel serait plac6 en toute vraisem-
blance, faule d*une date positive, dans Fannie qui suivit
r^mancipation de Charles-Quint , qui avait &i& r^olue par
son aieul Maximilien d^s le mois de d^embre 1514.
Lorsque I'acte d'^mancipation eut ^t^ solennellement
promulgu^, le jeune prince fit probablement son entr6e
dans plusieurs villes, et il se rendit avec certaine pompe
k Malines qu'il avait habitue assez longtemps en son
enfance (3). C*est done k Tune ou Tautre ^poque de Tannic
1515 que Ton fixerait la reception du jeune souverain par
le clerge m6tropolitain ; et, quoiqu'on nous dise qu'il
n'avait pas acquis une connaissance famili^redu latin, on
(1) On Yerra celle pi^e ^ TAppeodice n** 5: Maximiliano Caesari
dicta in Regia Bruxellensi.
(9) Oratio Carolo Castellae principi adventanti dicta pro clero Mechli"
niensi. — Voir le lexle k TAppendice n» 6.
(3) Voir I'Etude de M. Theodore Jusle Sur la minority, ^^mancipation
el l^avenement de Charles-Quint a I' Empire , pp. 68-73 (Mtu, de l'Acao.
ROYALE DE Belg., collecUon 8^ t. VI \j 1 858), et le Cours d'histoire nationale
de m'Nam^che, t. Vlll, 1870, pp. 242 el suiv.
( 389 )
ne mettrait pas en doule qu'il ait compris sur-le-champ
une harangue laline, compos^e de formules consacr^es,
de mani^re k t^moigner son assentimenl. L'adolescent qui
avait converse avec des pr^lats, qui avait entendu les
lemons d'Adrien Florcnt i Louvain inline, qui avait re^u en
latin les ^l^ments des sciences de ia boucbe de Louis Yaca
et d'autres matlres, pouvait donner une r^ponse courtoise
k Torateur du chapitre de Malines.
Le dernier honneur qui ^chut k Busleiden fut celui
d'etre d^sign^ parmi les dignitaires beiges qui accom-
pagneraient Farchiduc Charles allant prendre possession du
trdne de Castille. Le prince allait partir de Flessingue pour
TEspagne, apres avoir rendu k sa tante, Marguerite d'Au-
triche, assist^e d*un conseil prive, le gouvernement des
pays de par degi (1). Plusieurs personnages 6minents
prirent la route de terre; J^rdme Busleiden se trouvait
dans la suite du grand chancelier de Bourgogne , Jean de
Sauvage, et d'Antoine Sucquet, conseiller intime, qui avait
d&}k rempli plusieurs missions diplomatiques. Mais ce
voyage fut fatal au s^nateur de Malines : atteint d*une
violente pleur^sie, il succomba k Bordeaux, le 28 aout 151 7,
k Ykge de quarante^sept ans. Son corps fut ramen^ en
Belgique, et d^pos^ dans un tombeau magnifique £rig^ par
la famille du d^funt dans une chapelle de Saint-Rom-
baut (2).
La mort inopin^e de Busleiden causa une p6nible im-
(i) Voir Alexandre Henne, Hisloire du rdgne de Charles-Quint en
Belgique, I. II, chap. VII et VIII , pp. 206-209, p. 228.
(2) Dans notre M^moire cil^ , nous avons relal^ les mesures prises sans
d^lai en rhonneur de J. Busleiden , et reprodull le texte latin de son tes-
tament (voir p. Hi et TAppendice).
( 390 )
pression dans toutes nos villes : Hlrasme se tit sur*le-champ
rinterprdte de raflliction des savants, comme plusieurs
pieces de sa correspondance en font foi. On induirait de
plusieurs passages (1), que le c^l^bre humaniste avail dis-
suade Busleiden de consentir k un voyage lointain comme
celui qui lui 6tait propos^; il aurait d^sir^ qu'il joutt paisible-
ment de sa fortune au lieu de s'exposeraux chances p^ril-
leuses d'un voyage en Espagne , comme on n'en avait eu
que trop d*exemples. C*est en vue d*honorer sa m^moire
qu*il multipiia ses efforts et ses d-marches pour la prompte
Erection de Tinstitut litt^raire qui devait conserver, pen-
dant trois cents ans, le nom de son ami parmi ceux des
promoteurs des bonnes etudes, le Collegium buslidior-
num (2).
§ III.
Des relations sociales et des Iravaux litteraires du
conseiller Busleiden,
Les devoirs de sa charge laissaient k J^^rdme Busleiden
d'amples loisirs qu'il consacrait k des relations d'amiti^,
ou bien k des lectures et k des compositions litteraires. II
revient souvent dans sa correspondance latine k son d^sir
de faire k ses amis les honneurs de la demeure Elegante
qu'il s'^tait construite k Malines. Dans les ann^es de sa
residence en cette ville, il y avait 6lev6 une maison spa-
(1) Voir la letlre d'Erasme annonganl la mort de Busleiden k Anloine
Clava (7 septembre 1517. — Episl , p. 1629) et d'aulres lettres analysees
dans noire M4moire menlionn^ plus haul.
(2) C*est la mali^re du cbapilre IX dans la monographie de M. Pa vocal
E. Rottier Sur la vie el les travaux d^rasme considir6s dans leur
rapport avec la Belgique {Min. cocr., collection in-8", l. VI, 1854).
(391 )
cieuse, remarquable par des sculptures ext^rieures (1),
d^coree k rint^rieur par de nombreuses peintures, orn^e
de vitraux k plusieurs de ses fenfires. Apr^s avoir d^pens6
beaucoup d'argent , il finissait par donner aux autres le
coDseil de ne point b^tir (2). L'^difice devait avoir uo
caractere assez original pour qu'on le qualifl&t d'bdtel. II
a conserve k travers les si^cles Taspect d'une construc-
tion de luxe , dont la facade gothique rn^ritait d'etre con-
serv^e : I'autorit^ coinmunale de Malines, qui Fa affect^
au mont-de-pi£t^, en a conGe k M. Tarchitecte Schadde
la restauration termin^e au mois de mai 1862.
Le senateur de Malines, comme on d^signait quelquefois
les membres du Grand Conseil , avait de nombreux amis
dans nos provinces, et il en cherchait meme k T^tranger :
il engageait les uns et les autres k le visiter souvent, k pro*
fiter de la somptueuse hospitality qu'il ^tait k m^me de
leur offrir. Cest devant eux qu'il se plaisait a Staler un
grand luxe de table, une grande richesse de vaisselle : c'est
k leur intention qu'il faisail valoir les tableaux, les objets
d'artde ses appartements, les pieces principales de son
mobilier, par des inscriptions latines peintes sur les murs
et qu'il a assemblies dans son album po6tique. Des r^mi-
(1) Au falle se dressail la stalue de Romulus, & qui Busleiden faisait
dire :
ROMGLUS Iff FASTIGIO iEDIUSI.
Martia progenies ^ romani nominis auctor,
Hie mico conspicuus culmina summa tenens.
(2) Nous citons ce seul dislique :
Perdere vis nummos? Gravibus te subdere curis?
Ac majora pati? Conlinuo cBdifica.
( 392 )
niscences de ses lectures, des souvenirs de Tflalie secon-
daieotson goAt personnel par les agr6ments de Tesprit,
quil voulait multiplier autour de lui et communiquer k
ceux qui venaient prendre place k son foyer.
On a une id^e suffisante des preoccupations de Bus-
leiden , comme propri^taire ami du beau et comme amphi-
tryon Iettr6, en parcourant les vers historiques et mytho-
logiques, all6goriques et sentencieux, qui sont en Idte de
ses Merits latins; d*autre part, dans plusieurs de ses ^pttres,
on Yoit k quelles personnes il avait recours pour assurer
rornementation de sa maison et celle de sa table. On met-
trait de ce nombre des fonctionnaires habitant la ville
d*Anvers et s*y trouvant en relation avec des artistes
renomm^s et avec des n^gociants Strangers : ce sont, par
exemple, parmi ses correspondants PhilippusBucklerius,
Hadrianus Herbarius, du magistrat d*Anvers (pensio-
nanus Antverptensis)^ et surtout Hadrianus Sandelicus,
doyen du chapitre de Notre-Dame (1), ^ qui sont adres-
s^es huit ^pitres famili^res (2); elles roulent sur les ser-
vices que Busleiden ose r^clamer de ce dignitaire , pour
I'achat d'objels d'art, pour la confection de coupes else-
I6es qui serviront k la reception des amis. Lamythologie
vient s'y racier plus d'une fois au badinage : que les ar-
tistes se pressent, ^crit-il, sinon^ Sandelicus doit les
menacer, doit les vouer meme, s'il le faut, k la fureur de
Bacchus, un Dieu qui ne pardonne pas! c Tester deos,
(1) Sandelicus avait et^ install^ comme doyen da chapitre de la colle-
gialeTan 1S07; it est mort le 18 novembre 151 2. --Voir le Synopsis
actorum eccles, Antv.y 6d. De Ram, 1856 , p. 144, et Mertens et Torfs,
Geschiedeniss van Antwerpen, B. IV, p. 8.
(3) Hadriano Sandelico , Decano Anlverpiensi. — MS. de Busleiden
pp. 114-1 18, 120-121 , p. 125, p. 131.
( 393 )
tanta injuria, tamque grande commissum inferos supe^
rosque vindices sentiat : inter caeieros Bacchum ipsum,
qui potis est hominum eripere mentem, et addere furorem
(p. 121). >
II est encore bien d*aulres lettres oil Busleidea s'ex-
prime en hdte g^n^reux qui trouve sa joaissance dans le
plaisir des invites. II attache un prix inestimable k la per-
sonne d'un convive spirituel; il muUiplie ses instances
pour I'attirer aux reunions d'amis qu'il organise chez lui.
Ce sont les plus l)eaux passages des ^pltres qu'il ^rivit
tout exprte k un Stranger, Aloysius Marlianus, de Milan,
ni6decin de la cour (1). II lui reproche de ne pas venir
s'asseoir assez souvent k sa table bien pourvue : c Quod ad
> mensam noslram (hospilum amicommque conciliabu-
> lum) nusquam compareas. » II se porte garant que sa
conversation pleine de grftce sera le principal ornement de
la soci^t6 : c Sed solum contenti te uno a cujus ore pen-
> dentes excepturi sunt dulcem ilium leporem, melli-
> fluuD) nectar , coelestem Ambrosiam suaviloquii ; omnes
» lepores, Atticas veneres > gratias mirifice redolentis. >
On ne saurait exalter en meilleurs termes le charme de la
parole d'un convive Stranger; et, le doute n'est pas pos-
sible, les conversations entre des gens instruits admis
au m6me foyer s'engageaient et se poursuivaient en langue
latine. C'^tait encore la p^riode oil I'idiome savant 6ta-
blissait sans peine une sorte d'intimit6 parmi des hommes
(1) Ge mMecin italien , qui ^tait probablement parent de Tantiqaaire
Marliani de Milan , mort en 1560, 6lait vena dans nos provinoes ^ la suite
d*Dn de nos princes. Les quatre lettres k Mariianns sont an nombre des
morceaoi de la reaction la plus soignee (Manuscrit, p. 142, pp. 1G2-
193).
2"** SfiRlE, TOME XXXVI. 26
( 394 )
de pays ^loiga^ rapproch6s tout k coup par ies circon-
stances.
On sait maintenant sous quelles preoccupations Bus-
leiden a compost ies morceaux Ies plus achev^s du recueil
qui est venu jusqu*^ nous : Thumaniste ne reculait devant
aucune peine pour attirer chez lui des hommes distingu^
qui goAtaient Ies douceurs de son existence privil^i^e.
Mais, sans avoir Tid^ de se ranger lui-mdme parmi Ies
savants^ ii croyait devoir conserver le fruit de ses veilles;
ii destinait ses ouvrages k Timpression , mais k condition
de ies soumettre au jugement d'un ami complaisant et
lettr^. II avart trouv6 cet ami dans un compatriote , Conrad
Veccrius, de Luxeml)ourg, qui nous est donn6 comme
fort tiabile dans I'art de la parole et du style (1).
Busleiden prie Veccrius qui lui avait quelque obligation
de revoir sa prose et ses vers; il esp^re que ses bagatelles
po^tiques, ses nugae, vaudront mieux quand elles auront
£t6 retouchees par une main amie ; il ne s'offensera point
de la critique; il permet qu'on s'amuse k ses depens. II
sollicite de Veccrius la revision de toutes Ies pitees quMl a
r^unies pour en former un volume choisi; il se dit ^mer-
veilie des beaut^s et des gr&ces que sa plume y a r^pan-
dues en Ies relisant pour Ies transcrire , ainsi que de la
nettet^ et de reliance des caract^res ; il consent k ce que
Veccrius en soit r6put6 Tauteur quand il aura tout revu et
(1) Conradus Veccrias, ou Vegerias, avait compost des Merits d*bis-
toire, et il fut quelque temps au nombre des secretaires de Charles-Quint.
Eccl^iastiqne, il fut attach^ quinze ans {inter clientes) h la maison
d'Adrien Florent, et il prouooQa en 1523, k Rome, devant Ies cardiDaux
Toraison fun^bre du pape Adrien VI. Busleiden s^^tait li^ avec lui avant
son depart pour TEspagne. — Voir Foppens, Bibliotheca belgica , pp. 184-
190.
( 395 )
patiemment corrig6 (1). II y avail done en projet la publi-
cation d'un recueil qui aurait renferm^ la plupart des
pieces contenues dans le manuscrit de Bruxelles, et, assez
longtemps avanl le funeste voyage de Bordeaux , il avait
ii6 remis enire les mains de Tauteur. II y a lieu de croire
que le texte conserve est tout entier de la main de
Veccrius , sauf des annotations faites k la marge par une
autre plume, et quelques traits jet^s (i et 1^ par divers
lecteurs pour signaler Temploi douteux d'un mot ou une
infraction k la prosodie. On y lit un quatrain assez bien
tourn6, dans lequel le censeur b^n^vole exprime le voeu
que sa copie, bien qu^imparfaile, conservera longtemps
Foeuvre k laquelle il s*est appliqu6 (2) :
LiBRAaiDS.
Qu€U tibi eonscripsit, mittilque dieatus alumnus
Grato 9ume animo, Bwlidiane, notas.
Contigerisque rudem quolies ahserUu opellam ,
Perstet in aeterhutn Veccria, posce, mantu,
Busleiden n'eut pas le temps de faire lui-m6me la r6vi-
(1) G*est Tobjet de quatre leltres : Conrado Vefccrio suo Lucembur-
gensi (suscriptioo k laquelle on a ajoute plus tard les mols : Carolo Caes,
a Secrelis). — MS. pp. 195-202. —Co lit dads la secoiide : a Quo 6t , plus
illae libi suo polito nolario, quam mibi ioepto aulhori debeanl : qui
illas , quas alioqui nullae aut veneres aul lepores aul nativus decor ves-
ticbat, tarn compla fucata facie donasti..... >
(2) MS. , page 39. » On a inscrit plus (ard k la marge la note sui-
vanle sur la personne du librarius ou du copiste : « Hie fnit Gonradus
Veccrius, primum praefeclus Collegii Atrebatensis Lovanii, postea a
Secretis papae Hadriani sextl. » Peut-Stre Veccrius avait-il eu quelque
foncUon au collie d* Arras dont le fondateur ^lait Luxembourgeois, mais
ou oe voit pas son nom parmi les pr^idenls de ce coll^ (Valdre Andr^,
FasH Acadcmici^ pp. 301-302).
( 396 )
sioD des pages soigneusement copi^es k sa demande : elles
pass^rent dans plus d*une collection priv^e avant d'etre
remises par Olivier de Yrede, de Bruges, qui les avait
retrouv^esen cette ville, k Yal^re Andr£, biblioth^ire
de Louvain (1), qui avait public en 1614 Fhistoire da
collie des Trois-Langues ^ peine rouvert (Collegii..,.
exordia ac progressus , etc.); enfin, elles ont &i€ pr6ser-
v6es de plus longues vicissitudes, quand elles furent ac-
quises par le c^l^bre bibliophile de Gand, Charles Van
Hulthem, dont les manuscrits et les livres sont venus
enrichir la Biblioth^que royale de Bruxelles.
§ IV.
Des composUiom de Jerome Busleiden en vers et
en prose,
Les Etudes de Busleiden et Texempled'un grand nombre
de ses collegues dans les emplois publics Tavaient deter-
mine k s'ezercer lui-mSme dans Tart d*ecrire; comme
nous I'avons d£j& dit, il y mit plus de bon vouloir que de
pretention, plus de jouissance personnelle que de vanity.
II ne visa point k r^rudition , mais donna satisfaction k
son goAt; s'il sacrifiait k une mode du jour, il savait
contenir son ambition dans des bornes assez ^troites ; il
donnait des encouragements k d'autres, il demandait des
conseils pour lui-m^me plus souvent qu'il ne sollicitail
des eioges. Jusqu'^ la fin de sa vie, it aimait k s'en r^f^rer
au jugement d'autrui. En novembre 1516, il r^clamait
(i) Voy. la seconde Edition de la Bibliotheca belgka, 1643, p. 387.
( 397 )
d'Erasme comme une insigne faveur la correction d'une
lettre destin^e k un grand personnage, mais de laquelle il
voulait effacer les moindres taches de rouille (1).
On se figure ais^ment pourquoi Busleiden a renferme
ses productions dans un cercle restreint de sujets. Ses lec-
tures, semble-t-il, nefurent pas trds-£tendues : on met-
trait parmi ses auteurs favoris quelques classiques latins, et
aussi des ^crivains italiens coniemporains qui ravivaient
sous toutes les formes les souvenirs de I'antiquil^, mais
qui pr^fiSraient k la vigueur du langage les artifices et les
rafiSnements du style. Cest k ceux-ci qu*il a emprunt^
I'usage d'exclamations payennes qui reviennent plus d*une
fois sous sa plume : per Deos immor tales, Diis bene JU'
vantilms,
Selon toute apparence, Busleiden n'a gu^re cultiv^ la
langue grecque (2) : non-seulement il ne parle pas de ses
etudes en cetle langue, mais encore il ne cite jamais des
mots et des apophthegmes grecs, comme tanl de polygra-
phes latins avaienl pris , jusque dans les Pays-Bas , la cou-
tume de le faire d^s les premieres ann^es du XVP si^cle.
Moins encore Busleiden s'appliqua-t-il aux ^I6ments de
rh^breu auquel ildonnera une place distincte dans I'institut
(1) Mecblinia, 9 povembris, anno 1516 (EpistoL, 6d. de Leyde, t. Ill,
col. 1575) : « Gui ergo bene consulas Telim, quod ita turn maxime praes-
» tabis, banc modo epislolam molta nibigine obsitam, acerrima lima
» tersissimi eloquii lui daxeris expolieDdam. ».
(2) On aurait peine k le conclare de quelques mots d'£rasme dans sa
lettre k Gaudanus, ob il nomme Hieronymus Buslidius : « Vir utriusque
linguae callentissimus » (Epist., col 1856). La lettre est dat6e de Lou-
vain , 27 novembre , sans indication d'ann^ : d'apr^s la mention de
Pticolas Rutherius et d*autres personnages, on la croirait ^crite avant
Tan 1509. £rasme pouvait alors se tromper sur les connaissances gramma-
ticales de Busleiden.
( 398 )
fond^ par ses lib^ralit^ : il ^lail au oombre des esprits
cultiv^, qui, sur I'autorit^ de quelques maitres, recom-
mandaient soit aux princes, soit k la jeunesse, I'enseigoe-
ment de I'h^breu, en m6me temps que celui des deux
langues classiques, composani le Ir^or de la haute Erudi-
tion. Cest sur les avis de ses illustres amis que le con-
seiller de Malines institua par son testament la chaire
d'h^breu qui devait subsister trois cents ans k c6t6 des
chaires de latin et de grec.
Les Carmina, qui forment la premiere partie des essais
de Busleiden, roulent sur les objets les plus divers: ils
supposent un long apprentissage de la m^trique latine, car
il n'est point de pi^ce qui ne porle les traces d*un cer-
tain travail. Le distique en est la form^ ordinaire; un
petit nombre de niorceaux offre Tapplication d'un art plus
difficile, celui de la composition lyrique. MalgrE le m^rite
de la difficult^ vaincue qu*on attribuerait k quelques-uns,
il nous semble inutile d^exhumer tout ce recueil de Car^
mina : ce serait ajouter un bien faible contingent aux col-
lections de poesies la tines, qui furent renomm6es de bonne
heure, et qui demeurent des monuments de notre littera-
ture nationale au XVI' si^le.
Le conseiller Busleiden a re^u des remerctments et
des Eloges pour ses vers; Thomas. Morus est un des per-
sonnages vErilablement cEl^bres qui lui ont donnE cette
marque de d6f(firence. Non-seulement on trouve dans les
oeuvres latines du chancelier une tirade en vers de bonne
facture pour supplier son ami de ne pas d^rober au public
les dons des Muses (1) ; mais encore on a transcril, sur
(i) Nous avons r^imprim^ ce peiil poeine, avec d'autres pieces ^ la
louange du H^c^ne de Malines, dans les pi^es jusUficaiives de dou^
M6moire sur le collie des Trois-Langues, pp. 584-385.
( 399 )
une des pages du maDuscrit de Busleiden (p. 62), un qua-
train ^logieux que nous reproduisons :
Thomas Mori tbtrastichon.
Seu numeriB astricta probas, seu libera verba,
Si pia scripta tibi, si tibi docta placenl;
Hacelege, quae Musis, quaeplenus /ipolline scripsit
Buslidius patrii gloria rara soli.
L'eslime de Morus pour Busleiden ^tait grande; mais
on ne saurait se tromper sur I'^loge renferm^ dans ces
vers de complaisance, dans ces distiques traces au couranl
de la plume : les 6crivains et les humanistes de la Re-
naissance faisaient ^change de compliments, assez joli-
ment tourn^s en vers latins, comme les publicistes et les
critiques de nos jours sont assez prompts k se f<£liciter
mutnellement de leurs succ^s dans des billets et des lettres
auxquels ils donnent trop souvent un dementi de leur pro-
pre main. Ce sont des 61oges qui ne compromettent gu6re ,
mais qui disent fort pen.
Busleiden aimait k d^dier ses Carmina k des gens qui en
composaient eux-mSmes; il leur soumettait ses 6lucubra-
tions dans des termes pleins de deference et fort ^loign^s
de toute id^e de rivalit^. Telles sont les deux pieces qu*il
adressait k Josse Van Beyssel ou Beysselius , conseiller de
Maximilien,auteur d'un certain nombre de poemes reli-
gieux (1) : dans la d6dicace en prose, il fait allusion k son
Agepeu avanc6,il avoue son inexperience; il sollicite la
bienveillance du magistrat Ie(tr6. Le poeme sur la soleji-
nit6 de P&ques est pr6c6d6 d'une hom6lie sur la R^surrec-
(1) V. Paqnot, MSmoires pour rhisL liiUr. des Pays-Bos, L II , ^.
in-fol., p. 88.— Les deux petits poemes de Busleiden ont pour suscriplion :
Jodoco Beyssellio palrido Aquisgranensi,
( 400 )
tion. Le second morceau est une Nenie k la Vierge des
douleurs.
Nous avoDs des preuves surabondaDtes du d^ir qui
auimait le chanoine Busleiden de chanter en vei*s les mys-
teres de la religion et de glorifier les saints : il nous a
laiss^, entre autres pi^s, une hymne k sainl J^rdme, son
patron , en seize strophes de vers ascl^piades spondaiques,
dont voici la premiere :
0 quam mirifica luce refulges
Doctor siderea sede triumphans ,
C<Blum quern pcUria laeia recepit
Tandem corporea mole ioUttum.
Dans ses compositions en prose, J^rdme Busleiden mon-
tre, sans contredit, des qualit6s d*6crivain latin, sinon
brillantes, du moins soutenues. Son style porte partoul la
marque de T^tude; il n^est point d*6p!tre qui soit une pre-
miere communication, il n*est point de billet improvise :
Tauteur a retouch^ chaque morceau avant de lui donner
place dans sa collection d'essais choisis. La pens^e est
presque toujours expos^e en p6riodes soigneusement con-
struites et pr^sentant de la sym6lrie dans la longueur des
membres comrae dans Tordre des mots. Busleiden s'est
ing^ni^ k produire dans la forme une ^l^gance raffin^e ,
qui provient moins de la lecture des classiques que de
Fusage des pr^ceptes de la rh^torique. On croirait quel-
quefois lire des themes d'imitation : peut-^tre le dessein
de ne rien ^crire que suivant les r^les de la haute latinit^
a-t-il subjugu^ Tesprit de I'auteur, enchain^ son imagina-
tion , et mis obstacle k Texpression plus naturelle de ses
sentiments. On lui reprocherait les d^fauts ordinairesd'un
style artificiel et guind^.
La biblioth^ue ^tait un des appartements le mieux
( ^01 )
orn^s dans Fbdlel de Busleidcn : c*^tait un Musee oik il
avail r£uni grand nombre de livres estim^s. Mais il ne
s'est point pr^occupd lui-m£me de la recherche des ma-
nuscrits : on ne lit nolle part qu'il ait attach^ de Timpor-
tance k la revision d*un texte classique , k la correction
d'une Edition r^pandoe, qui serait failed Faide de variantes
prises dans d'autres codices. II ne partageait pas k cet
6gard les vucs de ceux de ses amis qui consacraient leurs
veillesavec un zile d4$inleress6aux impressions grecques
et latines sortant des ateliers de Thierry Martens, trans-
port^ nago^re d'Alost k Louvain. II est cependant une
lettreoii il encourage Guillaume Heda,pr6vdt d'Arnhem(l),
k fouiller lesbiblioth^quesde la Hollande dans Tespoir d'y
d^ouvrir de curieux manuscrits d'anciens auteurs.
Les ^pttres, epistolae, occupent la plus grande place
dans les ^lucubrations en prose de Busleiden dont il nous
reste un choix. Elles ont toutes un certain int^rSt, en ce
qu^elles sont adressees & des personnages du XYI'' si^cle
qui ^taient £lev£s en digoit6 ou qui se sont cr66 quelque
renomm6e dans les sciences et les lettres ; il est seulement
k regretter qu'aucune de ces epilres ne porle une date;
dans quelques-unes, I'auteur indique sa maison de Ma-
lines , comme le lieu d*oii elles sont exp^di^es {Mechliniae^
ex aedibu8 nostris). Les details biographiques que plu-
sieurs renferment permeltraient de restituer avec quelque
assurance Tannic oix Busleiden les adressait k des hom-
mes connus d'ailleurs. Nous ne rel^verons ci-apr^s les
noms que des correspondants de Busleiden , k qui cer-
taine c^l^brit^ reste acquise dans nos annales.
(1) Heda, qui avail M secretaire de Pliilippe le Beau, el qui oblinl plu-
sieurs canonicais,esl morl k Ad vers en 1523.— Voir Foppeus, Bibliotheca
belgica, p. 405. - MS. pp. 168-170.
( 402 )
Pour rendre rafson de la patience avec laquelle le con-
seiller de Marguerite d'Autriche a ^labor^ et corrig^ sa
collection d*^pttres, il faut se rappeler la popularity de
Yepistolographie dans le monde lettre de la Renaissance.
Sans qu'il soit n^cessaire de remonter k Tantiquit^ , c*en
est assez de Timitation de Cic^ron, un moment pr^pond^-
rante dans I'Europe latine, pour rendre compte du fait.
Au XIV* et au XV« sitele, P6trarque , Polilien et d'autres
avaient donne au genre la plus grande faveur; Bembo le
continuait en Italic; en France et dans les Pays-Bas,
Erasme, Guillaume Bud6, Cleynaerts lui assuraient {'ac-
tuality et la vogue ^ avant T^poque des auteurs d'6pilres
latines dont on a form6 des repertoires en quelque sorte
classiques, Scaliger, Casaubon, Andr^ Schott, Juste-
Lipse. La critique des monuments de I'antiquit^ s'est
faite sous cette forme; c'est dans la suite des oeuvres £pi-
stolaires que nous recueillons Tbistoire intellectuelle de
nos ancdtres.
§ V.
Correspondance de Busleiden avec des komtnes celebres de
son epoque.
On voit, dans une partie des documents qui ont la forme
de lettres ^ que le conseiller Busleiden a t6moign6 un in-
terSt constant k de jeunes hommes qui s*occupaient d'^tudes
litt^raires en vue de Tenseignement ; il les encourageait en
recevant Thommage de leurs compositions, et il leur pro-
mettait son appui aupr^s de ceux qui leur assureraient des
emplois bien r^mun^r^s. Plusieurs des humanistes quMI
avait distingu^s autour de lui ont acquis comme ^crivains
des titres k Festime publique. Nous mentiounerons k ce
( 403 )
propos deux jeunes mattres originaires de la Zelande, Jean
Borsalus et Adrien Barlandus : le premier avail &ii charg6
par lui de Teducalion d'un de ses neveux, et il Favait sou-
tenu dans cette t&che par de judicieux conseils; le second
donnait encore des lemons priv6es k Louvain, quand Bus-
leiden s*int£ressait k son sort; celui qui devait occuper le
premier la chaire de latin au Collegium Buslidianum et
ensuite professer la rh^torique k la faculty des Arts, v^cut
d'abord avec sa famille dans un ^tatde g£ne, au sujetdu-
quel il ne fit pas inutilement des confidences a son M^c^ne
de Malines. Un homme qui devait Stre une des lumieres de
la th^ologie, Martin Dorpius , avait d^but^ par Fenseigne-
ment des humanit^s au college du Lis; il d^dia en 1514 au
conseiller Busleiden YAulularia de Plaute qu'il avait com-
pl6t£e jadis pour une representation de cette com^die par
ses el^ves : nous avons encore la r^ponse qu'il regut k cette
occasion, et pour I'envoi d*autres Merits publics chez Thierry
Martens, dans quelques lettres latines qui sont au nombre
des plus elegantes que Busleiden ait compos^es (1). On a,
dans ces divers morceaux , la preuve du z^le dont celui-ci
6iait anim6 pour le progr^s des bonnes etudes, et en mSme
temps du ton de modestie qu*il conservait invariablemeut
au sujet de ses propres ouvrages.
Tout en poursuivant patiemment ses Etudes de litt^rature
latine, Busleiden d^sirait s'assurer les suffrages d'hommes
eiev^s en dignity ; mSme en les entretenant d'affaires fort
diverses, il s'efibrQait de les convaincre de Tatlention scru-
(t) Voir noire esquisse d'hisloire liileraire sur Martin Dorpius et les
etudes dhumanitis dans les dcoles de Louvain au commencement du set-
zidme 9/^c/e (Aiffi uaire de l'Universit^ catqolique, annee 1873. — Ana-
lectes).
^ I
( 404 )
puleuse qu'il avait apport6e k la redaction de ses epltres.
Que ce soient ses prot6g^s ou bien ses coll^ues, que ce
soient des fonctionDaires civils ou des pr6lats et des digni-
taires eccl^siastiques de diff(6renls dioceses, il ne leur 6crit
pas une ligne des lettres qu'il a conserv6es et retouch^es ,
sans prendre garde k leur' jugement, k leur opinion.
Ainsi, adresse-t-il un simple billet k Pierre Apostole ou
I'Apostol (1), maitre de requites au Conseil de Malines, il
s'inqui^le dela meilleure tournure qu'il donnera k un badi-
nage sur le sort d'un livre que son collegue avait laisse
tomber en lambeaux et qu'il est de son honneur de faire
restaurer au plus Idt.
Le grand th6ologien d'Utrecht, Adrien Florent, a re^u
de Busleiden , quand il ^tait encore doyen de Lou?ain et
pr6cepteur du prince Charles (2), communication d'une
^tude po^tique sur la persecution d'H^rode et le massacre
des innocents. C'est un de ces poemes latins que le cha-
noine de Malines se faisait gloire de composer, pour satis-
faire sa pi^t£, k I'^poque des grandes fStes de I'annee chr6-
tienne. Aussi, en pr^entant ses vers au mattre de th^logie,
il declare avoir Iaiss4 parler son indignation au sujet des
crimes d'H^rode et n'avoir pas vis6 du tout k I'el^ance du
style. Li'amplification n'est pas d^nui^e de m^rite^ quoique
relevant de ces exercices d'^cole qui n'aboutissaient gu6re
(1) Voir sar ce juriscoosaUe qui fut professeur de droil civil k Louvain
el qui flenritjusqu*eD 1532, la nolice de M. Britz {Biographie nationale^
1. 1, col. 351-353.
(2) L'Uuiversil6 lint a grand honneur la mission donn^e k un de ses plus
savanls matlres aupr^ du jeune Charles qui r6sida k Louvain, au chateau
C^r, pendant une panic de Tannee, de 1508 k 1512. —Voir la dissertation
de M. le professeur Reusens, 5yn/a^ma doctrinae Uieologicae Adricmi
sexHyelo. Lovanii, 1862, p. xiv-xv.
( 405 )
qu'i des ceuvres assez froides^ d^pourvues dlnspiration
vraie et presque tou jours d'^motioo religieuse (1).
On rel^verait plusieurs particularit^s curieuses pour
rhistoire des relations de nos gouvernants avec la cour
de Rome dans quatre pieces relatives au cardinal Ber-
nardin Carvajal qui ^tait venu jusqu'en Belgique (2). Re-
vStu de la pourpre par Alexandre VI, ee cardinal, qui prit
le titre de Sainte-Croix de Jerusalem, s'^tait rendu comme
legat du si^ge aposfolique aupr^s de Tempereur Maximi-
lien. Dans la premiere pi^, qui est sans date comme les
lettres elles-m^mes, nous trouvons le discours de bien-
Tenue prononc6 par Busleiden au nom du petit«fils de
Maximilien, avant.la reception du l^gat par le jeune prince
lui-meme (5). La seconde pi^ce est une lettre ^crite par
Busleiden pour f<£liciter le mSme pr61at sur son heureux
retour k Rome ; mais elle nous apprend que le cardinal
avait pr6ch6 dans T^Iise Saint-Rombaut en presence de
nos souverains, Maximilien, le prince de Castille, Tar-
chiduchesse Marguerite , ainsi que d*une assistance tout h
fait distingu^e, et que Ton avait 6mis le voeu de recueiilir
le texte de I'hom^lie comme d'un monument d'^loquence
(1) Voir, k TAppendice n* 7, la d^dicaee el le poeme lui-mSme.
(2) Beroardin de Garyajal (ou Garavagial) , espagnol de naissance, est
souvent d^ign^ sous le nom de Cardinal de Santa Cruz. D^pos^ par Jules If
pour sa participation au conciliabule de Pise, il (tit r^int^gr^ par L^n X,
et il etait doyen du Sacr^ College en 1522, k rav^nement d'Adrien YI : il
est mon le 16 decembre de la mSme ann^e (17 kal. Januar. ann. 1523). Voir
Ciacconius, Vitae ac res gestae Romanorum Pontificum, Romae, 1677,
t. Ill, pp. 170-171, in-fol.
(3) II Skagit bien de Charles encore enfant qui n'^tait point venu en per-
sonne : « propter aetatem adhuc satis teneriusculam. »
(-406 )
sacrte (1). Dans un passage d'une aulre lettre, Busleiden
rappelle au mdmc pr^lat qu'il a eu ThoDoeur d'etre son
hdte k Malines : tout rend probable que le conseiller, qui
avait d'ailleurs le rang de chanoine, avait fait les bonneurs
de la vilie au cardinal l^at, et qu'il Tavait re^u dans sa
maison (2), peu de temps aprte s'y etre install^. Le m^me
cardinal de Santa Cruz ^crivait de Rome, en 1515, & Tar-
chiduchesse Marguerite d'Autriche, pour lui annoncer ren-
voi de la Rose d'or k son neveu Tarchiduc Charles de la
part du pape L^on X (3). Encore un mot sur le mdme per-
sonnage : selon toute apparence, il garda une conduite
Equivoque lors de T^lection d'Adrien VI, dont il voulait
s^attribuer le m^rite, quoiqu*il lui eAt [etir6 son vote au
moment oCi la majority allait lui 6tre acquise; le nouveau
pape en fut inform^ par I'Empereur (4).
Ainsi que nous Tavons dit, Busleiden avait trouve un
charme particulier dans des relations avec des Strangers
de quelque c61^brit6, et il les a entretenues au moyen de
(1) Nous inserons, k TAppendice n' 8, cetle ^pitre qui menliODDe un
Episode remarquable de P^poque oil la cour r^idail ^ Malines. Reste h
fixer Tepoque du sejour de Santa Cruz en Belgique, peu apr^ la morl de
Philippe le Beau.
(2) IV« letlre, MS. p. 1S4. « Interea vale, anliqui hospitis lui baud im-
memor. » II semble que»dans deux leltres, la II I« et le 1V% Busleiden, qui
ne pouvait avoir k distance qu*une connaissance fort incomplete des falts,
iemoigne k Bernardin Garvajal une commiseration extreme au sujetdes
persecutions auxquelies ii le sait en butle; on les rattacherait k la scission
qui s*esl produite parmi les cardinaux sous le r^gne de Jules If.
(3) Voir cette lettre espagnole portant la date du 13 avril 1513, publiee
d'aprte les archives de Lille dans les Bull, de la Comm. royale (Thistaire ,
2'ser.,t.XI,p, 217.
(4) Voir la Preface deM. Gachard a la Correspondance de Charles-Quint
el d'Adrien VI (Bruxelles, 1839), pp. xxi-xxiii.
(407)
Tart ^pistolaire. Une courte lettre k Jacques Ler^vre d*£ta-
ples nous en fournit la preuve. Ce savant frangais avail fait
de laborieuses tentatives pour coop^rer aux progr^s de la
science des £crrtures, que Busleiden ne parait pas avoir
particuliirement cultiv^e. Mais e'en 6lait assez de la repu-
tation de ses nombreux Perils, ayant fourni mati^re k la
pol^mique du temps, pour que le conseiller ait voulu lui
t^moigner son admiration , et r^Iamer de lui en termes
obs^quieux Thonneur d'uneseconde visite qui cimenterail
leur ami tie. II le convie k accepter rhospitaIit6 dans une
demeure quMl puisse consid^rer comme la sienne, parce
qu'elle doit etre la reunion de tons les amis de la science (1).
Pen de mois avant sa mort, Busleiden def^rait aux con*
sells de Pierre Gilles (Petrus Aegidius) d'Anvers^ en ^crivant
k Morus une lettre de felicitations au sujet de son Utopie;
elle n'est pas comprise dans le recueil manuscrit recopi^sur
sa demande , mais elle est imprimee dans redition originate
de ce traite, mise au jour en 1517 ^ Lou vain, et dans plu-
sieurs editions qui ont suivi celle-ci. On en louerait le style;
mais on ne pourrait s'empecher de signaler Texcessive con-
fiance de Tauteur dans les vues politiques et les idees de
reformes jetees,par son illustre ami, dans une fiction philo-
sophique servant k exposer un plan de gouvernement dans
un pays imaginaire (2).
Des pieces de la mfime correspondance la plus curieuse,
(1) Od trouve ci-apr^s, Appeadice n« 0, rinvitalion de Busleiden k Le-
fi&vre d*Etaples.
(2) Noas avons traits de celle publication dans la seoonde partie de
DOtre 4(ude sur Thomas Morus et la Renaissance en Belgique (au tome II f
de la Belgique^ ann^e 1867, pages 507-514). — Voir sur l'6dition de YUlo-
piOj sortie des presses de Thierry Martens, la Monographie du P. Van Ise-
gbem,nM08.
(408 )
nous semble-t'il , c^est la lettre iD^dite.adressn^ ^ £rasme
(lonl Busleiden regardait ramiti^ comme fori pr^cieuse.
On n'a pas de peine k croire qu'Erasme s^^tait pr&i& k ses
avances: d^s Tan 1506, il lui avail d^di^ sa Iraduclion laline
d*un dialogue de Lucien (1) , en lui faisant ie souhail d'une
longue vie; il s'^lail ensuite adress^, dans plus d'une cir-
conslance, et m£me dans des besoins d'argenl, au membre
du Grand Conseil donl il savail Tinfluence dans les affaires
eiviles el eccl^siasliques (2). L'6ptlre de Busleiden, que nous
publions , a quelque valeur, m£me en I'absence de toute
dale : quoiqu*il appelle £rasme c gloire de la Germanie, »
— GermanicB decori, — il lui parle avee beaucoup de
franchise.
Toul d'abord, Busleiden exprime la joie bien vive qu'il
a ressenlie, quand Ie faux bruil de la mort d*£rasme s'est
dissip^. Mais peu apr6s viennenl les avis sur la conduile
k lenir par Ie f6cond publieiste en vue des largesses et des
faveurs de toul genre donl il se monlrait fort avide. Tel est
Ie conseil de ne plus se laisser aller dor^navanl k des paroles
injurieuses centre les souverains , de crainle d*avoir k s'en
repenlir : de ce c6l6 , Tauleur des Adages avail cerlaine-
menl d^pass^ la mesure (3). D'aulre part, puisque flrasme
(1) opera Erasmi, 6d. de Leyde, t !«', pp. 31 1-328. — La dedicace da
Dialogus Cimonis et Damippi est dat^e de Bologae (Boaoniae, XV cal.
dec. 1506), quand ^rasme fujait de Florence danscetle ville sous Ie coup
des hoslilit^s qui d^solaient Ie nord de lltalie.
(2) D<^ireux de vendre ses deux chevaux pour mieux r^ler ses d^penses
d'hiver, firasme soliicita ^intervention officieuse de Busleiden par leitre
d'Anvers,28 septembre 1516 (t. Ill, Epist^col 1571).
(3) Voir Hallam, Histoire de la literature del* Europe ^ etc.; trad, de
ranglaispar Alph. Borghers, t. !», 1839, pp. 285-290. — En 1517 parut
une Edition augment^ des Adages,
( 409 )
est souveat en instance pour Tobtention de b6n^Gces eccl£-
siastiques [de sacerdotio par ando) ^BusWideu Tengage for-
lement k changer de ton , k ne plus prendre le rdle de
frondeur, k d^pouiller le philosophe^i se poser ^n client,
en solliciteur assidu, importun m^me (1).
Des avis de prudence, comme ceux que Busleiden
donnait ici au grand ^crivain, avaient-ils amen6 certain
refroidissement dans leurs relations ? Prendrait«on k la
lettre les termes dans lesquels ^rasme regrette de n'avoir
pas cultiv^ avec plus de i^oin I'amitie du conseiller avant son
depart pour TEspagne? Du moins a-t-il amplement r^par6
sa defiance envers un ami sincere, en c^l^brant les belles
qualil^s et les vues g^n^reuses du savant modeste qui con-
sacrait une partie notable de sa fortune k I'avancement des
Etudes litt^raires. Les pages 6crites par £rasme pour h&ter
Taccomplissement des volont^s de Busleiden constituent
le meilleur et le plus vrai des eloges (2); elles ne surfont
pas r^crivaiu, mais elles honorent rhomme, que sescon-
temporains ont salu6 du nom de protecteur des bonnes
Etudes, studiorum Maecenas (3).
(1) Voir, ^ PAppendice n« 10, T^pttre in^dite k Erasme (MS. p. 193-
195).
(2) Oalre les nombreux passages que nous avons r^unis aux chap. II
et III de notre M^moire cil^» on mentionnerait encore la declaration
d^^rasme k Egide Busleiden en 1518 {Epist., I, col. 353) sur les honi-
mages dus k son fr^re : « Utinam quae posteritali , el immorlali laudatis-
k simi fratris lui Hleronymi Buslidii memoriae gloriaeque debenlur, ll^
» succedant omnia , ut bac sane parte coepit succedere. •
(5) ^pftre de P. Aegidius k J. Busleiden en tele des premieres Editions
de V Utopia de Morus, dat^ du !«' novembre 1516.
2"* s6rie, tome XXXVI. 27
( 410 )
APPENDICES.
Pbilippo Casteliab Pringipi Arghiduci Austriab.
Non puto te latere, Inclyte ac magnanime Princeps, quam
acerbo dolore afifectus, incomparabilem jacturam fecerim :
insperata videlicet nimiumque matura morteR""* D°* Bisontini ,
fratris Dostri pientissimi. Quippe qui a teneris (utaiunt) uiigui-
culis ulroque me parente orbatum, atque annos jam aliquot
procul a patria rei literariae operam navantem, non modo fratris
loco duxerit, verum unicopro filiolo semper habuit, tractavit,
fovit. Adeo quidem ut secundum te unum Principcm domi-
num meum beneficentissimum, illc nobis in postcrum alte-
rum asylum firmumque praesidium futurus esset, ut cujus
salute ac incolumitatc tota et spes nostra penderet. Qui quum
jam (heu heu) malignantibus fatis, pauperculo mihi adeo
praemnture humanis ademptus sit, profecto jam totus profun-
dissimo dolori prorsus succumbens, me miserum olim desola-
tissimumque perpetuo luclu conficerem , nisi ab eo proposito
experta prius quam cognita (qua afflictos fermeque consterna-
tos relevare soles) pietas nos tua deterrerct. Quamobrem, in*
dulgenlissime ac clcmentissime Princeps, quum tu Superis
bene faventibus unus nobis supersis, qui non tam auctoritate
possis, quam vel innata dementia debeas, nostris tam plane
fessis ac prope labentibus rebus suceurrere. Fac precor, oro,
obtestor, ut pleno (quod aiunt) cornu, cumulatissime assequar.
Id quod de peculiari pietate ac exuberanti tua gratia favoreque
praescntaneo nostra sibi spes jamdudum pollicetur. Ad quod
ita efficiendum si accepta hujusmodi gravissima calamitas
nostra te forsan baud moveat : illud sallem ad hoc accedat,
recordatio videlicet ac memoria fratris nostri. Qui (ut extcra
( U\ )
ejus inte inerita obiter praeteream) pro augendo confirmando
tuendoque Imperio tuo, nee laboribus ullis pepercisset, nee
mori, si qua res urgeret , recusasset. Vale interea Princeps illus-
trissime.
N* 2.
Ad Collegium divae Gudulae Bruxellbrsis.
Si unquam ad pias lacrymas moestisslmumque luctum,
vehemens suorum desiderium quempiam moverit : Ego jam lo-
tus in flebilcs gemitus luctusque pcrpetuos ruere inprimis, ac
procumbcre debeo. Maxime quum hoc identidem me facere,
pictas non tarn suadeat liumana, quam vel necessitudo imperet
fraterna. Ereplum equidem mihi invida jam morle proh dolor
video , saccrrimum ilium ac nunquam oblitcrandae memoriae
Bisonlinum Archipraesulcm , fratrem pientissimum. A quo ego
(modo illi per crudelia fata licuisset) ultra ea quae fratri a '
fratrc debentur officia, etiam studiorum nostrorum uberrima
asscquutus essem proemin. Quae quidem jam nobis sublata,
pariterque cum eo erepta omnino forent, nisi insignis ilia in
me bencficentia, veslraque in defunctum fratrem gratitudo,
nostrae tam grandi occurrisset calamitati. Quippe ubi primum
pientissimi fratris tristissimum mortis accepistis nuntium;con-
gregati omnes ex industria consuUuri quemnam polissimum
in illius subrogaretis locum; subito omnes incredibili ani-
morum consensu , manibus ul aiunt , pedibusque in eandem
euntes sententiam, vestra in me absentem tulistis vota, emi-
sistis sufifragia. Dignum me obiter ac Moneum censentes^ qui
hoc inoomparabili beneficio, studium in me propensissimum
yestrorum non tam sentirem, quam reipsa cumulatissime
experirer. Quo uno beneficio, quid per Deos immortales vel
jucundius nobis, vel nostris accedere votis optabilius poterat,
quam nunc hoc in honcstissimo consortio, vestroquc sacro-
( ^*2 )
sancto connuraeratum iri Collegio, tot scilicet erudilissimis
viris integerrimisque patribus undique referto. Quod quum
ita sit, totus profecto mutus, elinguis, stupidusque ho&reo,
quoties pro tarn immortali beneficio vestro gratias agerecogito,
gratias inquani, quae et dignitati hujus ornatissimi Collegii res-
ponderent, simulque nostram io se devotionem magis ac magis
arguerent. In qua re etsi neque expectationi de me vestrae,
neque meae erga vos gratitudini jam facile satisfacere possim
obrutus inprimts vestri in me meriii magnitudine; deindc et
viribus opibusque destitutus eloquentiae. Attamen nc omnino
hominem ingratum agam, eas vobis omnibus et singulis gra-
tias ago, quas aut mens complecti, ingenium suppetere lin-
guaque jam potest depromere. Proeterea pares posthac relatu-
rus, si quando fortuna melior, luxque serenior nostris alluxe-
rit successibus. Quae quidem ubi primum apparuerit, me
talem procul dubio praestare conabor, qualem vos maxime fore
cupitis, egoque aliquando esse desidero. Videlicet qui nihil
eorum unquam sim praetermissurus, quaecunque non solum
vestram in rem, ac privatum cujusque commodum, verum
etiam ad decorem, ornamentum, immunitatem, emolumentum
que hujus celcbratissimae (cujus et pars sumus) Ecclesiae spec-
tare eognovero.
N* 3.
HlERON. BUSLIDII ARIEN. PRAEPOSITI LUSUS AD LECTOREIf.
Quam fuerim in fratrem gralus , plus , olliciosus ,
Gandide le , lector, pagina noslra docet
Ed pium nostrum in desideratum beneficentissimuih fra-
trem Monumentum, non multd, ut vides, aut elegantia, aut
inani verborum fuco phaleratum. Sed magis, quod opto, insigni
pietate et gratitudine refertum. Quod mod6 io hoc probetur,
minus laboramus, si vel in altero damnetur: quando non or-
(413)
natui, sed uni magis studuimus pietati. Quae amore inprimis
caritate et gratitudine concomitata , baud usquam morata est
lenocinia verborunii sentenlias, coloresque rhetorum. Quin
satius viribus eonfisa suis, id quod voluit et potuit fratri do-
mortuo impendit. Hoc in officio anxia magis et sollicita, quo-
inodo re ipsa pia csset, quam quod eleganter autdisertediceret.
Plus sibi laudis statuens etinerili,bac liberali et obvia praesta-
(ionc officii, quam in plausibili ostentatione affectatae cloquen-
tiac. Quae sane (etsi alias semper) turn maxime explodenda
venit, quando pietas ipsa surgens, causam suam dicit, amor
perorat, gratitudo adstipulatur, illam solum adornans opere
et fide, non accito sermone aut eloquii dulcedine. Mentes ho-
minumque affectus longe malens pie syncoere {sic) monere,
quam hujusmodi aurium delinimcntis immorari diutius. Solum
candore, puritate, et siraplicitate sua contenta, nihil elata,
nulli injuria, nemini odiosa, omnibus amabilis, ac aeque
chara, utpote de Deo, patria, parentibus amicis, necessariis
jamdudum optimc et praeclarc merita. Unde jure mcritoque
omnium sibi tulit puncta, et suffragia meruit. Quod quum
itasit,hoc te unum candide Lector inprimis obtestatum velim,
hoec qualiacunque sidt, eo perlegas candore, qua cxarata
sunt pielate. Quibus si quid aut desit (ut vereor) quod desi-
deres: aut occurrat quod minus probes : id totum qualecunquc
fuerit, ipsi condones pietati. Quando longe malucrit hoc unum
subire discrimen , quam in defunctum fratrem de se bene me-
ritum baud fuisse pium. Interea belliss. Vale. Haec nostra,
qualiacunque sint, boni consule...
•Isttelioa.
Non haec Gastalidum sacro de foote sororum ,
Fralerna poUus de pielate fluant.
Allvd.
Non YDS eloquium euro , dulcesqae Gamoenas,
In fratrem mod6 aim gratus el usque pius.
( 414 )
Incompaeabilis fhaternab pibtatis in fratrbm vita fungtum
pbrpbtuum monumbntum.
Quis , quails y cujas fuerim , rescire laboras :
PaucisteiDoneo, siste viator iter.
Francisco nomen, gens est Bdslidia clara ;
Nobile Lacenburg, patria cara mihi.
Annis a teneris me sedala cura pareDtum
Artibos ornavit, moribus instituit.
His tandem imbalo, studiorum insigne merenti
Laurea doctorum cinxit honore caput.
Hinc animo repetens me solum non mihi natum ,
Sed potius cbarae progenitum patriae :
Ergo Senatum intro, mihi quo Respublica cordi
Gommunisque l)oni maxima cura fuit.
Justitiam servaus, aequi , pietatis , honesti ,
Et Gdei custos, relligionis amans.
Orator Celebris varias Legatus ad oras
Finibus e patriis horrida bella fugo.
Et male Concordes animos Regumque Ducumquc
Pace bona , et stabili Toedere composui.
Aiistrius a nobis sua prima elemenla Pbilippus
Accipiens , dextram supposuit ferulae.
A quo cura , fides , labor , observanlia nostra
Tandem pro mentis pro demia digna lulil.
Munere namque ejus, studio, pielale, favore,
Magnis etpulchris emicui tilulis.
Alque alios inter, sedes Vesontio sacra
Laetata est, nacio me sibi Pontifice.
Regua ad Hibera meum quum prosequor usque Pbilippum
Poscenlem Regni debita sceptra sibi :
Sextus Alexander me Pastor maximus orbis,
Inter Gardineos vult numerare patres.
Sed fera mors, nimium successibus invida tantis,
Me rapit e medio, proh dolor ante diem.
Tunc sibi sublatum Princeps, Proceres , Populusque
Lugens me multis prosequitur lacrymis.
Tolleti moriens » Bernardi condor in aede ,
Ac sacer iste locus nobile cor retinet.
( 'HS )
Per^^e viator Her, monitus satis : ecce repeate
Qui fueram tanlus , sum ciDis , umbra. Vale.
•latlchoB.
Hieronymus lugens cari cita fuoera fratris
Manibus baec ejus dat monumenta piis.
N« 4.
Apud JuLiuM. II. Pont. Max.
Si philosophi sagacisslmi rerum indagatores, atque inter eos
Aristoteles acerrimo vir ingenlo, optimam putavere adminis-
trandae universitati Monarchiam id est unius priDcipatum : Si
praeterea in veleri lege (quum omnia essent figuris quibusdam
ndumbrata) Dei populo unus fuit Dux, unus Rex, unus Saccr-
dos summus, cui nephas($tc) erat et grande piaculum, non in
omnibus paruisse : Quando justius ac aequius credas, Beatis-
sime Pater, a Christo institutum, ut Ecclesia haec militans,
instar triumphantis in coelis Ecclesiae ordinata, uni subsit
Pontifici , uno regatur Moderatore , cui rcligiosissime obtem-
pcrent, quicumque christiano nomine censentur. Unde non
sine ratione, et coelesti quadam providentia, multa jam saecula
inolevit, quoties ex humanis sublato Ro. Pontifici (qui nimirum
summus habetur) alius est surrogatus.. provinciatim acoppida-
tim mittantur Oratores novo Pontifici gratulatum. Qui Gardi-
nalium vota comprobent, et quasi publica voce Principum
populique gaudia una cum obedientiae delatione testentur.
A quo tam antiquo ac jamdiu recepto instituto, ne discedere
ccnseatur Catholicus Castellae Rex, Sanctitatis tuae obsequen-
tissimus filius : Nos ad te misit Oratores. Venimus itaque Regio
jussu, sinceram devotionem, ac perpetuam ejus in te fidem,
pietatem, observantiam , deferentcs. Venimus, inquam, te
( 416 )
indubitatum Christi Vicarium, in hoc auguslissimo throno sc-
dentcm, de more veneraturi. Qu&d si id serius ac decuit : non
inde profcctum esse tibi persuadens, quod bac in re, aut negli-
gcntior caeteris Christianis Principibus, aut buie Sacrae Sedi
minus devotus fuerit Rex noster Serenissimus. Quo nescio an
acque quisquam, certe nemo tnagis est ei addictus. Sed contra,
qui negotiis non tam arduis, quam vel prorsus necessariis into-
rea distractus extiterit, quae in aliud tcmpus, non sine et suo
ct suorum periculo differri poterant. Quippe ubi primum istius
divinae vocationis tuae jucundissimum nuntium increbuit,
nondum biennalem illam, trtumphalemque Hyspaniarum («tc),
Galliarum et Gerraaniae peragrationem absolverat. In qua Gailos
Hyspanis saevo bello dissidentes, pacis legibus confoederavit.
Inde autem vixdum reversum atque in Galliis adhuc agcntem
valetudo, et ea fere laetah's exccpit. Mox (ut sunt mala, quibus-
dam quasi ansulis sese contincntia) sequuta est, immatura ilia
ct inopinata mors parentis suae Ciarissiraae Hyspaniarum
Reginae. Post hacc Sicambrorum oborta defcctio , alio Regium
animum abduxit, pacificasque ejus manus armavit ad bellum.
Cui gerendo hactenns fuit occupatissimus. Haec inquara, Beatis-
sime Pater, aliaque urgentissima negotia hucusque sunt remo-
rala advcntum. Cui credas, quacso, tantum additum affectus
et devotionis, quantum praeter opinionem accesserit tempo-
ris. Quam tamcn devotionem nolim , tua Sanctitas sterjli ora-
tionc mea cxplicandam, expectet. Quin satius existimet (id
quod est) tam meo animo verba decssc , quam vel animus ipsi
rei dccst. Dicam tamcn de ea non nihil : inde laudibus aliquot
tuis summalim decursis (ut commisso Lcgalionis muncre de-
fungamur) Sanctitatem tuam ultronca obcdientia vcnera-
bimur.
Quaeobsccro, tu Beatissime Pater, vosque firmissumi Rei
Christianac Cardincs, ut soletis, benignis accipiatis auribus.
Atque nt saepe aliis, ita nunc mihi hoc in ccleberrimp coetu
verba facturo estote faciles. Quaudoquidem hoc orandi munus
(417)
non mihi desumpsi (quod quidein fuissct arrogantissimiim)
vcrum reluctans omnino, ne dicam invitus, susccpi. Minus
malum esse ratus, adire periculum phamae {sic), quam tarn
jiistis ct Sanctis Regiis mandatis non paruisse.
Hunc- igitur Regem nostrum Sacrosanctae huic Sedi jam-
pridem devotum esse , citra alia argumenta , liqnido testatur
haec Legatio. Quae vel hoc aspcro et diflicillimo itincre, hyemc
tarn inclementi, ut primum per negotia licuit, ad te venit.
Qu&m autem firma sit et rata futura, conjectabit facile quis-
quis Majorum ejus in eamdem mcrita, quisquis studia pressius
penitiusque perspexerit.
Si quidem in genere paterno, id est augustissima et nobi*
lissimn Austriae domo, clarissimus illc Rodolphus Imp. Bono-
niara amplissimam Italiae civitatem, ac totam FlamineamRom.
Ecclcsiae addidit. Albertus Hussilas ferocissimos Bohemiae po-
pulos, non minus Ecclesiae huic quam vel Rcligioni infestos,
horrenda bella moventes profligavit. Et Fredericus hujus
nostri Regis avus, vir ipso Imperio praestantior, plurima
pracclara (quanquam non satis faventibus astris) pro Ecclesia
molitus est : quum saepe alias, tum in conventu illo quem
magna celebritatc^ summa Gde Ratisponam convocaverat. Acce-
dit iis Maximilianus paler, Rex victoripsus prout invictissimus,
ex omnibus jampridem et ab omnibus lectus Imperalor. Cui
nihil est roagis in votis, quam suis in Ro. Ecclesiam mcritis,
aliquid gerere Imperatorio nomine dignum. Quo et majorum
laudcm suis virtulibus reddat illustriorem, simulque filio ac
nepotulis semet exemplar virtutum exhibcat absolutissimum :
optima ilia relicta haereditate, gloria rerum praeclare gcsta*
rum. Quem quidem speramus propcdiem tuam, Pontifex
Maxime, Sanctitatem aditurum : a qua Imperiali diademale
donatus, perfidis Mahumetae sectatoribus, concoeptum jam-
dudum helium summis viribus moveat.
In maternoquoqueBurgundionum genere Principes florucre
quam plurimi, de fide catholica et Ecc. Ro. optime meriti.
( *18 )
E quibus Philippus, nostri proayus, in schlsinate illo quod sub
Eugenio quarto pcrniciosissime serpsit, adeo Apostollcae Sedis
paries tutatus est, ut Eugenio faverit potius Pontifici, quam
Felici, sibl sanguinis necessitudine conjuncto. Reliquit et apud
Rhodios validissimam areem, quam orthodoxae fidei munitis-
simum propugnaculuni contra immanissimorum Turcarum im-
petus, suo maximo sumptu opposuit. Cujus paulo ante pater
Joannes Dux, belli et pacis artibus juxta praestantissimus,
quum semel murum objicerit pro domo Israhel, fortissimo
quidem sed parum prospere dimicans, Iruculentis et chris-
tianumsanguinem sitientibusTurcis,contigitin praedam. Adde
praeterea quod is Rex noster tribus Hyspaniae Regnis nuper
initiatus atquc inauguratus est. Cujus Reges tam singular!
significatione pietatis et religionis , unam semper Catholicam
suntamplexi Ecclcsiam, ut hoc argumento Calholicorum nun-
cupalioncm sibi peculiariter vindicaverint. Haec inquam qui
lynceis (quod aiunt) oculis pcrviderit, conjectabit facile,
maximam semper banc et propensissimam Catbolici Re^is
nostri devotionem accrescente aetate pariter incrementa fac-
turam.
Verum,ne susccpti rouneris oblitus,Regi quasi panegyricum
videar decantare; missa haec faciam , et de tuis divinis laudi-
bus (quod me secundo factum m receperam) dicam non nihil
Pont. Maximo. Quam provinciam video me coepisse durissi-
mam. Gui nedum mea (quae admodum tenuis est) oratio,
caeterum vix aut Demosthenis aut Ciceronis ora doctiloqua
satisfacerent. Deterret quoque non tam tua Majestas augustis-
sima, quam admirabilis modestia: qui aequiore animo alienas
laudes audis, quam tuas : nee eas quidem in teagnoscis, quae
sunt omnibus perspectissimae. Sed da oro veniam, si more
eorum qui obedientiam afferunt, ex immenso agmine, paucis-
sima quaedam, quum hujus almac Sedis, tum tuac Sanctitatis
praeconia, obiter deliberavero. Tradit Evangelica Veritas, Chris-
tum humani generis adsertorem, ascensurum ad Patrem,
( *19 )
Petro Apostolorum verttci (cui ab liac re Cephae cognomen turn
fuit) suas oves pascendas credidisse. : immensa ilia tradita
potestate, quicquid in terris solveret, solutum in coelis : quic-
quid hie alligaret, illic foret alligatum. Quam potestatcm
PetruS; Hierosolymis ct Antiochia posthabitis, hue attulit,
hie exercuit, posteris suis reliquit exereendam. Quare baud
dubie Sedes hace Petri primaria semper et summa fuit, a
summo maximo Deo inslituta , summa potestate praedita , hoc
celeberrimo orbis terrarum loco collocata. Cui submittunt sua
colla, incurvant genua, Principes terrae. Utpote coram qua
procidunt Aethiopes, et inimici terram lingunt. Super quam
fundata est Domini Ecclesia, tot sanctorum Martyrum sacrata
sanguine, tot sanctissimis administrata Pontificibus, unde
tarn multae sanctiones, tam salutaria Decreta, in animarum
salutem prodiere. Quae schismatibus, haeresibus, scctis repro-
bis, et infinitis ferme Tyrannorum insultibus oppugnata, non
succubuit. Sed instar Palmae arboris , quo vehementius est
pressa, eo surrexit yalidior, substitit infractior, efiloruit lae-
tior. Quorsum hace de Sede, tam multa? nisi quod omnia ad
tuam laudem faciunt, Juli II. Pont. Max., quaecunque huic
solio tribui.possunt laude digna : quae sicuti omnem curam,
ita ei comitem gloriam in Ce unum transfert. Quern Saona ilia
non ignobtlis Genuensium civitas, auspicato progenuit, antiqua
ct clarissima Ruvercnsium familia auspicatius educavit. Duo
certe non contemnenda ad Tirtutem et gloriam incitamenta .
Quae tam multos saepenumero viros , quum ingenio tum doc-
trina praestantes edidere. Quae non paucos Gardinales, ac
nuper duos produxcre Pontifices Maximos, ambos sapientis-
simos simul et sanctissimos. Qui puellus adhuc, disciplinis
liberalibus indefesso labore incumbcns, dejctrum illud virtu-
tum iter pervasisti, quod diflicilem aditum primum spectan-
tibus offert, sed requiem praebet fessis in vertice summo.
Atquc inde ubi primum per aelatem licuit, res maximas et
praeclarissimas obeundo, et multas regiones peragrando,
( 420 )
Ulysseam quandam, id est vivam sapientiam tibi parasti-Sicque
cuoctarum virtutum (quod dicitur) circulum omni «x parte
absolvisti. In tantum, ut ilium Apollinein (quern Lacedaemonii
quatcrnis manibus, ac totidein auribus fiugebant) nobis expri-
mas quam vcrissimc scilicet. Qui non modo praeclara multa
audieris , quin etiam gesseris ipse praeclariora : quod iis qua-
ternis Apollinis auribus manibusque Lacedaemonii innuebant.
Inde nimirum in hoc felici rerum successu tanta modcstia in
tarn augusto Principatus fasligio, ea comitate temperata ma-
jestas, ut neque comitas minuat reverentiam nee majestas
officiat gratiae. Quin satius, quemadmodum hie tcrrarum orbis
nihil habet te imo majus, nihil augustius : i(a nihil facilius,
nihil clementius submissiusque. Haec videlicet sunt peculiares
illae doles tuae, Pater Sanctissime, quae te Inprimis coelitibus
charum reddunt. Islud tibi summum peperere saoerdotium,
triplici te corona insignivere.
Gaudeat igitur Saona, hujus decoris parens felicissima.
Laetctur grex dominicus, tam pervigili pastore a luporum
insidiis facile tutus. Exultet Christiana Respublica, cui talis con-
tigit Pontifex, sub quo posthac in utramvis (quod aiunt)
aurem dormire licebit. 0 faustum ilium felicemque diem,
quo tu Auspice Spiritu Sancto, Authore Sacro Cardinalium
Senatu, gratulantlbus Principibus, applaudente Ploebe (stc),
summo isti Pontificatui initiatus es, ct ah universis in tua vola
juratum. 0 fortunatum ac verc aureum hoc saeculum nostrum,
quo moderatore te, fides, pietas, simplicitas, pudor; breviter
omnis ilia aurei saccli seges virtutum repullulascit. Quo
inquam, per te, Juli II, sydus illud Julium prosperum et
secundum, fluctuanti Petri naviculae praelucebit. Quo duce
vela dabit, portus habitura secundos. Sed quid pergo laudum
tuarum catalogum texere, qua in re prius me dies hie, quam
argumentum deficeret. Video quoque quod quum pro re nimis
pauca, certe pro tua modeslia nimis multa dixerim. Taedet ne
jam te, quantum conjectare possum, laudis hujus? Qui sola
( 421 )
benefactorum conscicntia fretus, ne idquidem agnoscis, quod
nemo non praedicat. Quare tandem receptui canens, fineni
faciam oratioui. Si modo (qua potissimum causa hue venimus)
deroandatam nobis obedicntiam Regio nominis praestitcri-
mus. Catholicus itaque Castellae Rex Philippus, una cum
conjuge Serenissiraa, liberisque dulcissimis, te Juli II, uni-
cum coelestis Regni clavigerum, te cerium sanctorum Evange-
liorum interpretem agnoscit, te legitimum Petri successorem
profiletur, Jesu Christi in terris vices gerentem. Quamobrem
non modo omnes fortunas, opes, viresque suas (quae jam-
pridem tua sunt], verum semet totum offert atque dicat.
Et denique quicquid id est, quo obedientia Romano Pontifici
debita, cumulatissime praestari potest. Quod si serius id quam
decuit, non ejus voluntati (alioquin obsequentissimae) sed
temporum adscribatur conditioni. Quam, precatur, tandem
benignus, baud aegre admittas. Nosque ejus hie personam
gerentes identidem precamur, tuis iis sanctissimis pedibus
supplicitcr advoluti. Reliquumest, Deum Optimum Maximum
communtbus votis obtestemur, Pontificatum istum f tibi faus-
tum, Rei christianae utilem, et sibi gratum administres. Dixi.
N* 5.
Maxihiluno caesari dicta, in Rbgia Bruxellensi.
Regia ilia, immo satius Gaesarea idque augustissima Majestas
tua. Rex invicte prout victoriosissime , quae inter caeteras illas
lieroicas suas ac prope divinas animi dotes, alios quosvis
Reges, non secus turn facilitate tum dementia ac mansuetu-
dine, quam vel aut fortitudine aut magnanimitate praeccllit,
non roinorem illius nunc convenicndae coramque alloquendae
potestatem facit, quam et visendae et salutandae Serenitatis
( 422 )
suae, olim desiderium ingesserit. Proinde id omne auferens a
nie, et pudoris et yerecundiae, quod teoui alias homuncioni
sortisque satis infimae sacer ille tuus Augustissimus conspec-
tus incutere, hinc mihi non tarn poterat, quam vel merito
debebat. Quo fit, serenissime Rex, pietatis, tuaeque incom-
parabilis clementiae erit : quern non uUa yel temeritas sua, vel
eminentissimae Majestatis tuae despicentia, sed contra magis
innata ilia bonitas, candorque genuinus,spe tanta simul et
libertate fretum, excelsa jam coram sublimitate tua, exhibet :
tandem in optatam suam idque desideratissimam admittat
gratiam. Qua semel admissum, catalogo eorum sine diario
teneat colloca turn , qui prout aut libentius nihil efficiunt aut
alacrius, ita etiam nil magis ducant involis, quam aliquo vel
maximo, et merito suo et beneficio, tuam demereri clemen-
tiam. Pro qua sic tandem propensius demerenda, quicquid
nunc est eritque posthac in me aniroi, devotionis, fidei; quic-
quid ingenii, industriae, consilii; quicquid virium, fortunarura,
substantiae, et denique memet ipsum (quo nil carius possideo
aut majus) tuae sacratissimae Majestati trado, voveo, dcdo.
Interea eorum nihil, aut praemittendo unquam aut negligendo,
in quo aliquando incuriam (quod absit) meam , non tam accu-
sare, quam vel fidem erga tc integerrimam dcsiderare posset.
Aspirante inprimis Deo Optimo Maximo, Imperio qui tuo, tam
olim feliciter auspicato, adco pracsens adsit et favens, hoc
quotidie majus majusque incrementum accipiat. Teque apud
posteros et nepotcs una cum gloria et nominis splendore aeter-
num vivere facia t, pulcherrimis scilicet turn factis tuis, tuni
que gestis clarissimis, semper reviviscentibus, morituris nus-
quam. Dixi.
( 423 )
N<» 6.
OrATIO CaROLO GaSTBLLAE PRINCIPI ADVENTANTl DICTA PRO CLERO
MBCHLINIENSI.
Advenis tandem toties desideratus, toties olim votis (idque
urgentissimis) jamdadum expetitus, Jucundissime Princeps,
tuorum hodie desideria, spes, vota, expectationcs abunde Icva-
turus.' Advenis inquam, ab ipso immortali Deo nobis non so-
lum datus; caeterum (quod longebeatius forlunatius est) tot
tantis (quae te ardentissime manent) florentissimis regnis, pro-
vinciis, nationibus, gcntibus, terra mari imperaturus. Quae
quidera omnes, hujus obeundi principatus tui felicissimis aus-
piciis, eo enixius gratulantur, quanto te olim propensiori ct
pietate eolunt, et antiquiori jam fide excipiunt. In quorum
Albo, adventanti tibi nunc obvius occurrit, laetabundus hie
psallentium chorus, eandidatus Clerus, uniyersus Ordo eccle-
siasticus : destinatum Te suum Principem, patriae paren-
tem,delitias generis humani, libertatis suae vindicem, laetis
animis, festivissimis gratulationibus (ut par est) exccpturus.
Sub cujus justitiae asylo, atque rectissimi imperii modera-
mine aequissimo agens, possit olim proiligatis rerum turbini-
bus, secura pace, Deo ac religioni, alacrius, expeditius,
tranquillius vacarc. Quod tandem Te sic praestiturum, procul
dubio pollicentur ingenita pietas, innata bonitas, avita ilia
(qua es a tcneris imbutus) Religio tua, ilia scilicet, cujus pecu-
liar! in Rem christianam significatione,.Divi illi heroes, inclyti
majores tui, pulcherrimam illam singularemque Gatholico-
rum Principum nomenclaturam, sunt baud injuria jam pridem
sortitl. Quam incomparabilcn Religionem , ita a majoribus
usque, in Te unum cumulatissime transfusam, Deyotus hie
Clerus sperat, Te imperante, tecum quoque ex aequo impe-
raturam. Quo fit, hinc sibi facile persuadeat, sua omnia (quibus
( 424 )
donatus est) jura, privilegia, Te adsertore , Te rerum gubcrna-
cuia tcnente , ei salva ct incolumia fore. Quod te ita ex sen-
lenda pracstaotc, profecto faustus, fortunalus, auspicatissimus
is tuus priocipatus Tibi cedet auspicatius, florebit laelius,
pcrslabit diutius : largiente id quidem Rcgum Rege, princi-
pum principe , Dominantium Domino, Optimo Maximo Deo, in
cujus manu cor regis, salus est principis; maxime per qucm
rcges regnant, principes imperant, potentes decernunt jusli-
tiam . . . Dixi.
N» 7.
D. Hadriano Florentio Moderatori Caroli Principis instbuc-
TISS. BUSLIDIUS, GAUDERB, BENE AGERE.
Quoties a publicis muneribus (me sibi, qnantuluscunquesim,
vindicantibus] vacare contingit, festis scilicet celebrioribus
Deo imprimis et religioni sacratis intercedentibus : soleo tunc
caeleris quibusyis neglectis, rei sacrae et lectioni divinae ani-
mum intendere. lisque me exerccndo nonnunquam vel stiium
adplicare ad ea quae imprimis religionem sapiaut, et maximi
ad pietatem piasmentesinstruant. Hoc equidem institute mco,
voluptate fruensduplici, scilicet tumpia legendo, tum lecta
pie scribendo.Utpote quae aeque reficiat, tammentem lectoris,
ac manum exarantis. Quod quidem juxta antiquum nostrum
(nescio an satis probatum) institutum, actis iis festis proxi-
mis, ilerum tentavi. Idque inter alia multa, litteris prose-
quendo diram illam et feralem trucidationem , qua profanus
vir ille, acsanguinarius Herodes, tot candidatorum infantium
sustulit millia. Ut inter haec de regno suo sollicitus , natum
perderet Christum, quem formidabat successorem futurum.
In cujus immanitatis, nimiumque grassantis impietatis prae-
senti prosequutionc , ego patrata tarn execrabili saevitia indi-
( 428 )'
gnatus^ baud operae pretium duxi, multum de still clegantia
laborare. Quando satis superque bonum (quein ars aut natura
negavit) fecit indigoatio versum. Queiii qualiscuDque siet, tu
candide lege, et boni interea consule. Vale.
Quid DOD livor edaz? quid non vesana cupido?
Etmisera ambitio, mortalia pectora cogant?
Hoc hodie Herodis rabies traculenta nefandi ,
Impietate sua palefecit. Flectere solas
Dum vult terrenl nimium moderamina regni;
In Christum uatum, coelum terras moderantem,
(Proh scelus infandum) mortem molitur iniquam :
Ob natum banc unum, natorum millia perdens,
libera adbuc tenerum lactantia dolcia matrum.
Quis furor immanis ? quaenam dementia tanta,
Ad tantum facinus , potuit te ferre sceleste?
Auclorem ut Titae, tentares perdere morte ,
Quo tibi vita data est, omnis collata potestas.
0 scelus ioYisum, cunctis damnabile saeclis.
Infans angustis quem stringit fascia cunis,
Inque sinu carae requiescens pusio matris
Toliltur e medio, vitam cum sanguine fundens.
0 feritas funesta nimis, sitibunda cruoris!
Reddens tot matres carorum cladibus orbas.
A qua non potuit pietas lacbrymosa parentum
Pignoribus caris vitam exorare cnpitam.
Quo minus innocuos in prime limine Titae
Arriperet, tenebras dans lucem intrantibus istam.
0 fortunati nimium , vereque bead,
Qui nondum experti praesentis munia vitae :
Quorum pes nondum potuit bene figere gressum,
Os tenerum nondum sermonis coeperat usum.
Regem hodie natum confessi sanguine tuso^
Occumbunt pulcbram pro Christo nomine mortem.
Piaudite felices animae, gaudete beatae,
Inmaculatum agnum passim sine fine sequendo,
Virginitas quibus illibata ^t, flosqne pudoris.
2** SfiRIE , TOME XXX\l. 28
t 426 )
N* 8.
Bbrnardino cardinali sanctae Crucis Legato Apostolico.
Litteris tuis ex Agrippina RomaDoram Colonia acceptis,
mirifice sum recreatus : quod te eo venisse , cum universo co-
mitatu salyum Duntiarent. Hodie vero quum te felici pro-
gressu, illam tuam toties desideratam, caput orbis Romam
tenere intelligebam, iacomparabili sum gaudio affectus. Quando
citra omnem malignantis fortunae casum Deo Optimo Maximo
duce, peregrinationem difficilimam, in tanta eoeli inclaemen-
tia et temporisincommoditate absolveris, tot asperrima Alpiom
superando juga, donee tandem beatissimam illam, altricem tui,
videres Urbem, te quidem ad se reducem, laetitia tanta et
gratulatione excipientem, quanto olim et moerore et dolore
dimiserat abeuntem. Quod ideutidem praestitit gloriosissimus
ilie sacer cardinalium Senatus, una cum triumphanti apostolici
ordinis curia adventanti tibiobvius, te animis festiyissimis
mird gratulantibus, intra alma moenia Romae reduccns sum-
mo in terris Christi Vicario praesentavit A quo ( quod illius
juxta Totum , accepto Legationis munere praedare functus
esses] pietate propensiore, profusissima gratulatione diceris
exceptus. Quod quum ita sit, Deo Optimo Maximo immortales
gratias ago, qui tandem hac pulcherrima Legatione abs te ho-
norificentissimefuncta, non solum te tuae jamdudura optatae
Romae, vei*um et te ipsum tibi, quieti tuae, et sanctissimo
diu intermisso otio reddidit. Otio scilicet suavissimis sacra-
rum scripturarumstudiis, in quibus te jampridem supremum
eminentissimumque locum vendicare , passim hie vulgata tua
doctrina multifaria locupletissime testatur. Praesertim Home-
lia tua luculentissima, in aede divi Rumoldi abs te dicta, Gae-
sare Augusto Maximiliano, Serenissimo Castellae Prmcipe,
Diva Margarita Caesaris inclyta filia astantibus, una cum fre-
( *27)
quenti devotissimi Cleri , et splendido tot Principum Proce-
rumque ordine, arrectis omnium auribus, sanctos monitus
doctrinae tuae salutiferae haurientibus. Quae quidem Home-
lia, utinam (prout te facturum receperas) in litteras foret re-
la ta. Qua maxime bic doctiorum turba, non dicam ego, tarn
alta, etsi anhelanti, nondum famen attingenti , veluti coelesti
cibo satiati, terrestrium rerum famem deponerent, et aquam
salutarem, e perenni fonte, ore plenissimo haurirent. Quod ut
adhuc demum sic praestes , te obnixius obtestamur. Quando
quidem hoc ita praestando, non solum abs te superstitibus, sed
quod longe pientius est, consultum erit et posteris. Quos vel
hoc uno immortali beneficio, baud mediocriter demereberis :
adeo ut ex hoc te, quum pie vixisse, tfim pia docuisse arguent.
Quo uno ab omnibus expetendo testimonio qui ornati extiterint,
tum primum pergloriam aeternum viyent, ubi exuta hac um-
bratili momenlanea vita, humanis adcmpti fuerint. Interca
vale.
W 9.
JaCOBO FaBRO StAPULENSI PHILOSOPHO.
Intermissam diulinam banc nostram ad te scriptionem,
satius aliquando quam nunquani (vel hac brevi laconiea)
resartiendam duxi ; praesertim oblata hac tabellarii oceasione :
cujus fides tarn olim tibi spectata quam integritas jamdudum
mihi cognita, facile coram aperiet pietatem' in te meam,
simul et visendi tui cupiditatem incredibilem. Utpote nil
magis in votis ducens , quam te dulciter amplectendo , anti-
quae nostrae, nunquam obliterahdae consuetudinis adhuc
meminisse, scilicet hie tecum in aedibus Buslidiis , tam tuis
ac meis; quid meis? quin magis tuis : quas studiosorum
omnium littcratorum (id quorum Albo tu unus occurris
(428 )
nomioatissimus) conciliabulum dicayi. Quod adventanti tibi
adplaudcns ut hospiti amico, patebit ctiam ut patrono. Qaod
quum ita futurum sit, te per contractam inter nos semper
victuram amicitiam fortissime adjuro, quam primiim licuerit,
hoc concedas : illam quam jamdiu expectamus fruendi tui
facturus potestatem : futurus certi nobis.hospes inter jucundos
omnium jucundissimus. Quod ita praestando , praestabis sane
rem te dignam , mihi gratam , et communibus amicis deside-
ratissimam. Quibus omnibus in tua verba mecum juratis,
atque id te tanquam in suum scopum tendentibus, tu unus
bene beateque vivendi normula superes : quam sic aiiquando
utinam ex sententia assequamur. Adeo ut tua signa sequen-
tibus, tibi ornamento ,* illis gloriae accedat : te Auspice in-
primis atque duce, virtutis summam tenuisse. Vale.
ErASMO ROTERODAMO GeRMANIAE DECORl.
Ornatissimae literae tuae gaudio me affecere incomparabili ,
tum quod tuae essent, postque multam expectationem impe-
tratae; tum quod te superstitem adhuc nunliarent : contra,
quem aliquot jam menses constans fama , etsi incerto authore,
demortuum vulgaverat. Quo quidem tristi nuntio, quemad-
modum tunc cram consternatus : ita nunc illo vano cognito,
omnino sum mibi redditus. Utpole qui paulo ante te sic
amisso, ipse quasi perieram; et tui unius desiderio confcctus,
desiderium nostri pene reliqueram. Quare laus Deo Optimo,
qui utriusque salutem ex alterius salute metiens : et me in te,
teque propter me servayerit; sicque servando, aiiquando
daturus, nos propius atque vicinius agere. Quos jamdudum
idem amor virtutis, eadem studia, idem animarum consensus,
indiyidua caritate copulavit. Ad literas tuas redeo. Quibus ea
( 429 )
quae de Regibus licentiosius perscripseris , abunde perspexi.
Quae tamen quum hujusmodi sint, ut tutius coram , auribus
fide1ibus,quamepistolis credantur : tuae prudentiae erit,in
iis recensendis stylum temperare, de ilsque parchis agere.
Ne forte quandoque deferendi tui apud Principes occasionem
praestes obtrectatorum delatorumque malevolae turbae. Quo-
rum in Aula principali summa celebritas est, prout tu sat
Dosti , ipseque aliquando periculum , non sine periculo feci.
Praeterea quae de sacerdotio tibi parando scribis : esto res
ipsa nondum ad umbilicum (ut aiunt) sit deducta : tamen
non omnino displicent. Gaeterum magna me spes fovet , id tibi
tandem obventurum : quod tam sancte tibi receptum , toties
fuit repromissum. Modo tu , morae si quid intervenerit, non
pertoesus : aut improbi laboris non impatiens : alacriter in
incepto pergas : tuumque quotidieMaecenatemurgeas, tibi
longe magna debentem. Utpote cui jam tot annos tuum de-
sudat ingenium : obviumque semper et expositum extiterit
obsequium. Quare ut paucis me absolvam : necesse est, mo-
destiae tuae oblitus , perfrices frontem ; dcdiscas esse philoso-
phum te : induasque personam clientuli cujusvis improbissimi,
vel antelucano fores patroni pulsantis,limenque conterentis;
tamdiu importunus, quousque tandem exoret. Vale.
Sur un document inedit relatifa Phistoire de la lepre dans
les PayS'Bas; par M. Emmanuel Neeffs.
J'ai rhonneur de donner communication k TAcad^mie
d'un document d'une nature toute sp^ciale, relatif ^ I'his-
toire de la l^pre dans les Pays-Bas.
On salt combien la soci^t^ d'autrefois ^tait s6v£re pour
les malbeureux que cette maladie frappait. Impuissante ^
adoucir leurs peines, elle s'^vertuait k pr^rver les popu-
( 450 )
lations d'uDe affection qo'elie regardait comme conla-
gieuse. Nos archives nationales regorgeDt de dispositions
rigoureuses, prises contre les ladres, tant pour r^lementer
leur habitation, leur nourriture et leurs vdtements, que
pour ^tablir leur condition sociale et mSme pour restreindre
Texercice de leurs droits civils. Relegu^s dans les lazarets,
lesl^preux ^taient mis oflSciellemenl au ban de la soci^t^;
lis 6taient stigmatises par la loi, qui , rench^rissant sur les
traces si visibles de leur mal, les d&ignait encore k la r^
pulsion de leurs concitojens en leur imposant un cos-
tume special et en armant leurs mains d*un instrument
sonore destine & avertir de leur presence et k faire fair
leur approche.
Le bout de parcbemin que je poss^de est un cerlificat,
6manant des autorit^s ou des proviseurs jur^ de la cha-
pelle de Saint-Jacques, hors des murs de Harlem. U nous
parall int^ressant d*abord k raison de sa raret6, conse-
quence du soin que Ton mettait k an^anlir et k livrer aux
flammes les objets ayant appartenu aux infect^s; ensuite k
raison de T^poque relativement r^cente de son impression,
c*est-&-dire d*un temps (1S76) oil le mal semblait sur le
point de disparattre de nos provinces.
La piece est imprimee , ce qui fait supposer que les
jur^s de la leproserie de Harlem faisaient encore k cette
epoque une grande consommation de billets de I'espece.
Le bulletin, en caract^res gothiques^ est ainsi congu:
c Renlick si alien luyden hoe dat wy ghemeen gheswore
» van Siute Jacobs capellc buyle Haerlem / gheproeft en met
» aire naersticheyt besien hebben / een persoou ghe-
» iiocmpt welcken wl nu tcr tyt Mellacts wtgheven /besmet
» met Lazarye / waer omme gaen sal met vlieghers / een
» clap hebbende op die borst /een swarte hoet op thooft/be-
( *3* )
» cleet met een wilten band sonder ander band. In kennisse
> des waerheyts soo hcbben wy gbemecn gbcsworen voor-
» schrevcn /desen brief beseeghelt met ons ghemeen zeghel.
» Int jaer Ons Heeren duysent vyf hondert ende 76. •
Plusieurs additions manuscrites viennent completer le
certiflcat. Des espaces vides ont ^l^ m^nag^s dans le texte
pour recevoir des annotations de detail , telles que ceiles
qui devaient determiner le sexe et les qualiflcations du
porteur de la forroule. Le premier blanc entre les mots
een persaon a ^t^ rempli par le mot mans; dans le se-
cond blanc apr^ le mot ghenoempty nous lisons les noms
de rinfect6 : Peeler Jans van Anhverpen; enfin a la suite
des mots waer omme^ il a ii& ajout^ dat hi. La date (15) 76
a &i& ratur^e et remplac6e k la plume par dri en tnegen-
tick.
l.e bulletin est k terme, valable pour une ann6e, comme
rindique Tinscription manuscrite, plac^e sous les carac-
tdres imprim^ : Dese brief duert van sestiende januarius
voer jaer.
Malbeureusement le sceau de la 16proserie, qui avait
emis le certificat , a disparu.
( 432 )
CliASSE DES BE40X-ARTS.
Seance du 9 oclobre 1873.
M. L. Alvin , directeur.
M. Ad. Qdetelet, secretaire perp6luel.
Sont presents : MM. N. De Keyser, G. Geefs» J. Geefs,
F. De Braekeleer, C.-A. Fraikin, fid. F6ti8, Edm. De Bus-
scber, J. Portaels, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure*
J. FraDck, G. De Mao, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slinge-
neyer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert, membres.
MM. Cb. Montigny, membre^ et £d. Mailly, correspond
dani de la classe des sciences, assistent i la s^nce.
CORRESPONDANCE.
La classe apprend avec un vif sentiment de regret la
mort del'un de ses associ^s de la section de peinture, sir
Edwin Landseer, d^c^d^ k Londres le V octobre courant.
— M. le Ministre de Tint^rieur adresse , pour la biblio-
tbique de FAcademie, un exemplaire de deux brochures
intituldes : V Hugues Vander Goes, sa vie et ses ceuvres,
( 453 )
par M. Alph. Wauters; 2"" J.-B. Juppin et H. LaffaMque,
peintres namurois, par Alexis Deschamps. — Remerc!-
ments.
— MM. Aoguste Schoy et Henri Blomme remercieDt
pour la distinction dont ils ont 6i6 I'objet lors du dernier
concours.
— H. le direoteur annonce qae les cinq projets qui ont
pris part au concours d'architecture de cette ann^e sont
actueliement expose dans la salle de la Rotonde, au
Mus^.
RAPPORTS.
Selon Topinion verbale ^mise par M. Gevaert , le travail
manuscrit de M. L.-G.-M. Brixbe, de Li^ge, Sur la nomen-
clature latine des notes de musique, sera d^pos^ aux ar-
chives. Des remerctments seront exprim^s k I'auteur.
— La classe entend ensuite la lecture du rapport de
MM. Joseph Geefs, Julien Leclercq et Alex. Robert, sur la
lettre que TAcad^mie imp6riale des beaux-arts de Sainl-
P^tersbonrg avait envoy^e k la compagnie, en lui deman-
dant son avis relativement k la creation d*une classe d*6l6-
ves m^ailleurs.
L' Academic de Saint-P^tersbourg d^sirait obtenir les
renseignements suivants :
1*" D*apr6s quel syst^me doit-on enseigner Tart du m£-
dailleur?
( ^34 )
2* Qaelles soot les connaissances speciales qoe doivent
acqu^rir les 6l&ves m^dailieors ?
3' Ces connaissaoces s'acqni&reDt-elles daos des coors
instito^ expres et conform^meot aux n6cessit& de Tart
da m^illear, ou dans an cours general?
4* S*il existe , en Belgique , an coors special poar les
m^ailleors , faire connaitra k quelle ^poqae il a ^t^ intro-
duit, quels sont les auteurs du reglement de ce cours, etc
5* Des m^ailleurs connus, quels softt ceux dont les
Etudes ont &t& faites k TAcademie des beaux-arls, etc.?
Voici le rapport des trois commissaires qui avaient £le
d&ignds par la classe pour examiner les cinq questions
ci-dessus :
c Aprteavoir prisconnaissance de la lettre deTAcad^mie
imp^riale des beaux-arts de Saint-P^lersbourg, relative k
la creation d'une classe d'artistes m^ailleurs, nous avons
rhonneur de vous printer notre opinion sur les ques-
tions pos^s :
PRBMlteE QUESTION.
Les etudes des Hives medailleurs sont en general les
mimes que celles des sculpteurs.
Aprte avoir re^u les premiss notions de dessin, relive
s'appliquera au dessin et au modelage d'aprds les bustes,
statues et bas-reliefs grecs antiques. II travaillera surtout
beaucoup d'aprte les portraits grecs et romains, tant bustes
que m6dailles ou m^dailions, pour bien ^tudier les carac-
tires tjpiques et pbysionomiques des personnages.
Le modelage d'aprte le mannequin drap^ sera trte-utile
pour ^tudier Tagencement et la disposition des draperies.
Le cours des 616ves medailleurs comprend en outre Le
( 455 )
modelage d'aprds nature et la composition de sujets appli-
cables a Tart du m^dailleur. Quant k la pratique, V&hse
Tapprend enlre-temps, pour se former la main, et s'y per-
fectionne dans Tatelier d*un maltre m^dailleur.
Nous croyons qu'il est 6galement n^cessaire d*eiiger des
eleves m^dailleurs quelques copies lant en creux qu*eu re-
lief des beaux cam^es antiques, afin de former des eleves
capables de graver la pierre fine, qui se traite presque tou-
jours en creux pour obtenir des ^preuves en cire.
DBUXll^MB QUESTION.
Les connaissances scientifiques et autres que le medail-
leur doit posseder sont: l^anatomicy la perspective lineairej
Vhistoire grecque et Chistoire romainef la mythologies la
signification des divers attributs^ symboles et emblemes, II
lui est egalemefU utile de suivre le cours de I'histoire de
son art et celui de Vesthetique en general. Les notions de
perspective serviront a I'eleve pour les medailles de peu de
relief el surtout pour les jetons, oil I'on en fait souvefU
usage,
Ces objets demandent one gravure tr^-d^licate ; c*est
pourquoi nous pr^nisons la gravure en creux que Ton a
trop n^lig6e depuis rinvention du tour k portrait.
TROISI^MB QUESTION.
Les cours d^anatomie, de perspective^ d'histoire ancienne
el d'esthetique, donnes, par des professeurs speciaux^ aux
sculpteurs et aux peintres , sont ordinairement suivis par
les medailleurs. L'etude des attributs ainsi que Vhistoire
de I'art du medailleur conviennent plus specialement aux
eleves de cette classe.
( 456 )
QUATRliME QUESTION.
// n'existe dans le pays aamn cours particulier pour
les eleves medailleurs ; les jeunes gens qui se destinent a
cet art suivent ordinairement , dans les academies du pays,
les memes cours que les sculpteurs et eludient la pratique
chez un maitre medailleur.
GINQUI&ME QUESTION.
Ont ainsi fait leurs etudes dans le pays :
Feu MM. Braemt , graveur k la Monnaie de Belgique,
Jouvenel, Hart, Dargent, Alexandre Geefs.
M. Leclercq, actuellement directeur de rAcad^mie de
Lokeren.
M. Joseph Wiener, et son fr^re Leopold Wiener, qui a
remplac6 M. Braemt k la Monnaie du pays. »
La classe decide qu*une copie de ce rapport sera com-
muniqn^e k I'Acad^mie des beaux-arts de Saint-P^ters-
bourg.
CAISSE CENTRALE DES ARTISTES.
M. £d. F^tis, secretaire du comit^-directeur de la Caisse
cenlrale des artistes beiges, donne lecture de I'Expos^
g^n^ral de I'administration pendant Tannic 1872, adopts
en s^nce du comity.
Voici ce compte rendu :
c Gommen^ns par enregistrer un nouvel acte de la mu-
nificence royale qui a valu k la Caisse le don d'une sommc
( 437 )
de 500 francs et signaloos l*extrdme gratitude qui a ac-
cueilli ce t^moignage de la sollicitude du souverain poor
notre institution qui avait re^u pr^cMemment, k diverses
reprises, des marques de sa g^n^rosit^.
Offrons aussi un juste Iribut de reconnaissance a H"*^ la
baronne Nathaniel de Rothschild qui, k {'occasion de son
Election comme memhre de la Soci^t^ helge des Aquarel-
listes,a hien voulu faire parvenir k Finstitution une somme
de 300 francs.
Nous avions , dans notre dernier rapport , annonc^ par
anticipation ces deux g^n^reux versements, en ajoutant
que, vu I'epoque de leur reception , ils seraient seuleineni
port6s au hiian de Tannic 1872. Nous en renouvekins la
mention dans le compte rendu qui accompagne T^tat finan-
cier ott ils se trouvent port6s.
G'est 6galement avec empressement que nous adressons
k M. Gallait, notre illustre confrere, Texpression de la re-
connaissance de la classe des beaux-arts et de tons les
membres de I'association , dont nous nous faisons Tinter-
pr^te, pour la g^n6reuse r^olution qu'il a prise en aulo-
risant, de sa propre initiative, Texposition au profit de la
Caisse de ses derni^res oeuvres la Paix et la Guerre j les
portraits de sa fille et de sa petite-fille, ainsi que le portrait
du g^n^ral de Lamoriciere. Gette exposition, qui a re^u un
nombre considerable de visiteurs, a produit une somme de
2,251 francs. Ce n'est pas la premiere fois que nous avons
k enregistrer la mention d'un riche present de notre il-
lustre confrere k I'institution de la caisse centrale fond^,
il y a vingt-trois ans, sur sa proposition et k laquelle il n*a
cess^ de t^moigner le plus vif int^r^t.
La Society beige des Aquarellistes , qui fait de chacuoe
de ses belles expositions I'occasion d'un acte de lib^ralisme
( 440 )
employer pour arriver i les d^finir et les limiter; — Notes sur
deux moDstruosit^ observdes chez des Col^optires. Bnixelles,
i873;2broch.in-8».
Cartulaire de la commune de Namur , recueilli et annole
par J. Borgnet et J. Bormans. Tome second. Namur, 4873;
in.8*.
Verslag over het bestuur en den ioesiand der zaken van de
etad Tumhout, 1873. Turnhout; ia-S*.
MinisUre de I'interieur. — Goucours triennal de litt^rature
dramatique en langue fran^aise, 4870-1872. Rapport par ie
jury. Bnixelles, 1873; in-8^
Commission royale pour la publication des aneiennes lois
et ordonnanees de la Belgique. — Proces-yerbaux des s(Sanoes.
¥]»• vol., IIl« cahier. Bruxelles, 1873; in-8«.
Le Bibliophile beige, Vlll'^'ann^e, liy. 7 et 8. Bruxelles,
1873 ; cab. in-8%
Commissions roycUes d'art et d'archeologie. — Bulletin,
XII"' annde, 5 et 6. Bruxelles, 1873 ; in-8^
Sociite roycUe de numismatique y d Bruxelles. — Revue,
5- sirie, tome V, 4- llvr. Bruxelles, 1873 ; in-8«. — 25- flec-
tion k la pr^sidence, assemblee g^nerale du 6 juillet 1873.
Bruxelles, 1873; in-8^
VAbeille, revue pedagogique, XIX'''' annde, 7 k 9** livr.
Bruxelles, 1873; cab. in-8^
Bulletin du musee de I'industrie de Belgique, 32** annde,
aoiit 1873. Bruxelles; in-8^
AnncUes des travaux publics de Belgique, i" cabier,
tome XXXL Bruxelles, 4873; in-8*.
Chronique de I'industrie, vol. II, W^ 74 k 86. Bruxelles,
1873;3feuillesin-4'.
Journal des Beaux- Arts, XV"« ann6e, n** 13 li 18. Saint-
Nicolas, 1873; 6 feuilles in-4^
Revue de Belgique, 5*"* ann6e, 7"* k 9°"* livr. Bruxelles,
1873;3cab.in-8^
Fidiration des Sociitis ouvriires catholiques beiges. -^
( 441 )
Compte-rendu de Tassemblde g^n^rale tenue h Louvain ]e
ii mai i875. Liege, 4873; ia-8^
Societe malacologiqtie de Belgique d Bruxelles. — Annales ,
tome VI, 4874. Bruxelles, 4875; in-8'; — Proces-vcrbaux dcs
stances des i*' juin, 6 juillel et 3 aout 4873; 3 feuilles in-8^
Jnstitut archSologique de la province de Luxembourg. —
Annales, tome VIII, 2°*' cahier. Arlon, 1873; in-8^
Willems- Fonds te Gent, — Uitgave n" 74 : keus uit dc
dicht-en prozawerken van J.-F. Willems, 2*^* deel. Gand,
4873; in-8^
Revue de I'instruction publique, XXI"** ann^e, 3'°* livr.
Gand, i873, in-8^
VAbeille, revue p^dagogique, XIX"* ann^e, 6"* h 9"' livr.
Bruxelles, 1873; 4cah. in-8^
Cercle archeologique du pays de Waes , d Saint-Nicolas. —
Annales, tome IV"*, i"* livr., juin 4873. Saint-Nicolas, gr.in-8«.
Academic royale de midecine de Belgique. — Bulletin,
1873, 3'"'s^rie, tome VII, n" 6 et 7. Bruxelles, 4873; in-8^
Sociile royale des sciences midicales et nalurelles de
Bruxelles. — Journal de medecine, 57'"* vol., 31*"* ann^c,
juillet& septembre. Bruxelles, 4873; 3 cah. in-S"".
Annales de midecine vetirinaire, XXII"* ann^e, 7"* k 9'°*
eahiers. Bruxelles, 4873; 3 cah. in-8*'.
VEcho vU^inairCj S"* annee, n^* 4, 3, 6. Li^ge, 4873;
3 cah. in-S"*.
Anncdes d'oculistique , 36"* ann^c, i^ei 2"* livr. Bruxelles,
4873; in^*.
Soci4ti de midecine d'Anvers. — Annales , XXXI V"* ann^e,
livr. de juillet h septembre. Anvers , 4873; 3 cab. in-8^
L'i^cAo midical, 4"* ann^e, n"* 6 i 9. Bruxelles, 4873 ; 3 cah,
in-8».
Sociiti midico^hirurgicale de Li4ge. — Annales , 4 2"* annde,
aout-septembre. Li^ge , 4873; in-8*.
Alberdingk'Thijm {Jos. A.). — Karolinische verhalen,
tweede,omgewerkte, uitgave. Amsterdam, 4873; in-8*.
2"* sAbie^ tome xxxvi. 29
( 442 )
De Vries (M) en Verwijs (£".). — Woordenboek der nedcp-
landscbe taal. ^' recks, VI^* aflev. Onizaten- Onbehendig.
La Haye, 1875; in-8°.
Miquel [F.-A.-W,), — Illustralions de la Flore de TAr-
chipel iDdien. Amsterdam, 1871 ; 3 cab. in-4^
Suringar (W.-F.-R.), — Musee botanique de Leide, vol. 1 ,
Hvr. 1-5. Leide; in-4**.
Vreede (G.-W.). — Een blik op Noordbrabants raalc-
rieien, vooruitgang en politiscbe ontwikkeling sedert 1815.
Bois-le-Duc, 1875;in-8^
K, Instituut voor de taal- land- en volkenkunde van Ne-
dertandsch' Indie J Batavia. — Bijdragen. Derde volgreeks.
VIII"* decl, 1. sluk. La Haye, 1875; in-8». .
Aoust (I'abbe), — Analyse infinit^imale des courbes planes.
Paris, 1873; in-8\
Flawmarion (C). — Sur la planete Mars. Paris, 1873 ; in-4'.
De Backer (Louis). — Histoirc de la litlerature neerlan-
daise depuis les temps les plus recules jusqu'^ Vondel. —
Essai de grammaire comparee des langues germaniqucs. ^
Etudes n^erlandaises. Paris, 1872; 3 vol. in-8^
Meugy et Nivoit, — Statistlque agronomique de Tarron-
dissement de Vouziers, deparlcment des Ardennes. Charle-
ville, 1873 ; in-8** avec cartes.
Chautard (J,). — Sceaux des anciennes institutions medi-
cales de la Lorraine. (1572-1872). Nancy, 1875; in-8». —
Quelques mots sur les raies de la cbloropbylle. Nancy, 1875;
iD-8^
Academie des sciences de Paris, — Comptes - rendus ,
tome LXVIII, n" 1 & 15. Paris, 1875; 15 cab. in-^.
Sociiti giologique de France , a Paris. — Bulletin , 3"^ serie ,
tome I", 1875, n» 5. Paris, in-8^
Revue des questions historiques, VIII"** annee , 27""* livr.
Paris, 1875; in-8«.
Revue britannique, juillet a septembre 1873. Paris; 3 cah.
in-8».
( 445 )
Journal de I" agriculture, 1875, tome II, n""' ^^ih 233.
Paris; 43 cah. in-8^
Le mouvement m4diml, XI*"* anii6e, n*^' 27 k 39. Paris,
4873;i3feuil]esin-4^
Archives de mMecine navalcj tome XX*"*, d*"' i , 2, 3. Paris,
1873; 3 cah. iIl-8^
Le progrhs medical y i" ann^e, n°" iO, ii , 42. Paris, 4873;
3 feuilles in-8''.
Revue hebdomadaire de chimie, 4*"*^ ann^e, n*** 27 a 39.
Paris, 4873; 43 feuilles in-8^
Societe des antiquaires de Picardie, d Amiens. — Bulletin,
4873, n*** 1 et 2. Amiens; in-8».
Societe industrielle d' Angers. — Bulletin, 4867-4868,
4869, 4872, n" 4 et 6 et 4873, 4" et 2'°» trimestres. Angers,
5 cah. in-8''.
Societe des sciences physiques et naturelles de Bordeaux.
— Extrait des proces-verbaux dcs seances, tome IX, feuilles b,
c, d. Bordeaux , i 873 ; in-8".
Societe des architectes du d4partement du Nord d Lille. —
Bulletin, n<» 3, ann^e 4870-4874. Lille, 4873; in-8<».
Bulletin scientifique du departement du Nord, 5°** ann^e,
n" 6-8. Lille, 4873; 5 cah. in-8^
Materiaux pour Vhistoire primitive et naturelle de rhammey
IX"»« ann^e, 2"« a 4™« hv. Toulouse, 4872; 2 cah. in-8».
Society archeologique du midi de la France , d Toulouse. —
Memoires , tome X, 4'"' livr. Toulouse, 4873; in-8°.
Societe des antiquaires de la Morinie, d Saint-Omer. —
Bulletin hislorique, 24- ahnde, SS"" et 86"« liv. Saint-Omer,
4873; in-8".
Society d'agriculture de Valenciennes, — Revue agricote,
aS"' ann<$e, t. XXVll, n**' 7-8. Valenciennes, 1873; 3 cah. in-8^
Naturforschende Gesellschaft in Basel. — Verhandlungen,
V'^'Theil, IV. Heft. BAle, 4873; in-8».
Materiaux pour la carte giologique de la Suisse, XII* livr.
Berne, 4873; in-4^
( 444 )
iValurforschende Gesellschaft in Bern. — MiUheilungen,
aus deni Jahrc 1872, n»» 792-8 H. Berne, 1873; in-8r
Societe helv4tique de$ sciences naturelles. — Actes de la
55' session tenue h Fribourg, les 19, 20 et2i aodt 1872. Fri-
bourg, 1873; in-8^
Societe de physique et d'histoire naturelle de Genh)e. —
M^moires, tome XXH. Geneve, 1873; in-4^
Soci^U d'histoire de la Suisse romande^ d Lausanne, —
M^moires et documents, tome XXVfff. Lausanne, 1873; in-8''.
5* Gallische naturw. Gesellschaft. — Bericht, Vereinsjahres
1871-72. S.Gallen, 1873; in-8*.
Berliner Gesellschaft fUr Anthropologies Ethnologic und
Urgeschichte — Sitzung vom 25 januar urid 12 april 1873.
Berlin ; A cah. in-S"*.
Zoologische Gesellschaft zu Frankfurt a. M. — Der Zoo-
logisehe Garten, XII., XIII., XIV. Jahrg. (Jan.-June). Francfort
S/M., 2 voi.et 6cali, in-8^
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ceedings, vol. XII, D'' 89. Philadelphie ; 1872; in-8^
California Academy of sciences ^ at San Francisco. — Pro-
ceedings, vol. IV, part V, 1872; vol. V, parti. (873. San Fran-
cisco; 2 call. in-8°.
Dall{W>'H.). — Notes on the Avi-fauna of the Aleutian
Islands from Unalaska, Eastward; — Preliminary descrip-
tions of new species of Mollusca from the northwest coast of
America ; — Descriptions of Tree new species of Crustacea ,
Parasitic on thecetacea of the N. W. coast of America; — Preli-
minary descriptions of three new species of cetacea, from the
coast of California ; — On the parasites of the cetaceous of
the N. W. coast of America , with descriptions of new Forms ;
— Supplement to the « Revision of the lerehratulidae. > San
Francisco ; G broch. in-8''.
Smithsonian Institution^ Washington, — Report for 1871.
Washington; 1873; in-8''; — Contributions, vol. XVIII. Was-
hington, 1873; i vol. in-4^
Department of agriculture , Washington, — Monthly re-
ports, 1872; — Report, 1871. Washington, 1871-1873; 2 vol.
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in-V.
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE ROY ALE DES SCIENCES,
DBS
LBTTRB8 ET DES BEAUX-ARTS DE BEL61QUE.
1873. — No H.
CL48SE DES SCIENCES
Seafice du 8 novembre 1875.
M. Th. Gluge, direcleur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. J. d'Omalius d^Halloy, J.-S. Stas,
L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Long-
champs, H. Nysl, Melsens, J. Liagre, F. Duprez,G. De-
walque, Em. Quetelel, H. Maus, M. Gloesener, E. Can-
deze,F. Donny,Ch. Montigny,M.Steichen, A. Brialmont,
E. Dupont, £d. Morren, £d. Van Beneden, membres;
Th. Schwann, E. Catalan, A. Belly nek, associes; C. Ma-
laise, £ld. Mailly, J. De Tilly, Alpb. Briart, F. Plaleau et
Fr. Crepin, correspondants,
S"** SfiRlE, TOME \XXV1. 30
( 450 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de rint^rieur adresse une exp^dilion
d'uD arrdt^ royal du 6 octobre dernier qui modifie, dans
le sens de la decision de i'assembl^e generate du i5 mai
de cetle ann^e, Tarticle 4 du r^glement g^n^ral de TAca-
d^mie, en ce qui concerne les Elections.
— M. le Ministre demande que la classe veuille bien lui
adresser la liste double des candidats deslines a former le
jury charge de juger la cinqui^me p(iriode du concours
quinquennal des sciences physiques et math^maliques, qui
sera close le 51 decern bre prochain.
La liste des quatorze noms choisis par la classe sera
transmise k ce haut fonctionnaire.
— Differenls ouvrages envoy6s par le Departemenl de
rint^rieur seront places dans la bibliolheque de TAca-
d^mie.
— M. de Selys Longchamps pr&ente Telat de la v6g6-
tation k Waremme, le 21 octobre dernier.
— M. Cavalier adresse son Resum^ metc^orologique
pour Ostende, pendant le mois d'octobre dernier.
— M. Ernest Quetelet offre un exemplaire de sa notice
sur le Congres international de meteorologie lenu a Vienne
du /*' au 46 septembre 4873; in-8®.
M. Constantin Malaise offre un exemplaire de son Me-
( 451 )
moire couronnd en i869 par I'Acad^mie et portanl pour
tJtre : Description du terrain silurien du centre de la Bel"
gique; in-4**.
Des remercimenls sont vot^s aux auteurs de ces dons.
— La classe revolt comniunicalion, au sujet de Tenvoi
de ses publications, des lettres de remercimenls dc : La
Soci^t^ helv^tique des sciences nalurellcs h Zurich^ la
Soci^t^ chimique de Saint-Pelersbourg, TOffice du chinir-
gien g^n^ral des £tats-Unis au D^partement de la guerre
^ Washington, rObservatoire naval de la ra^me ville, le
college Harvard de Cambridge (Massachusels), le D^par-
tement de Tagriculture k Washington et M. Agassiz, asso-
ci^ de TAcad^mie, k Cambridge (Etats-Unis).
— Les travaux manuscrits suivants seront I'objet d*un
examen :
i^ Des transformations que subissent les nebuleuseSf
par M; Pierre De Heen, k Louvain. — (Commissaires :
MM. Liagre, Ernest Quetelel et £d. Mailly);
2® Contributions a la theorie du blanchiment. — Note
sur la preparation de Vacetylene, — Seconde note sur
Faction de Vhydrogene sur I'acetylene et I'elhylene sous
Vinfluence du noir de platine. — Note preliminaire sur
faction del'effluve electrique sur quelques gaz et melanges
gazeux; par M. P. De Wilde, professeur k I'ficole mililaire
et a rUniversit6 libre de Bruxelles. — (Commissaires :
MM. Stas, de Koninck et Melsens.)
— < Je crois devoir faire connailre a TAcad^mie, signale
M. £d. Morren , un ^v^nement heureux et important
pour la botanique : rachevement du Prodromus syste-
( 482 )
matis naturalis regni vegelabilis^ dont le dix-septi^me et
dernier volume vient (T&ire public. Le plan de cet im-
mortel ouvragc a ele con^u par Pyrame de Candolle, qui
a appartenu a I'Acad^mie commecorrespondanl Stranger:
il a commence a paraitre, sonssa forme deflnitive, en 1824.
Apr^s la morl de son fondateur en i841, 1'oeuvre a ^t6
continuee parson GIs, M. Alphonse de Candolle. L'ouvrag^,
consacr^aux v^g^laux dicoiyl^dones seulement , renferme
la description de 58,975 especes, formant 5,i54 genres,
r^unis en 214 families. Cest la plus importante oeuvre de
botanique.
» II a fallu une volont6 in^branlable et un labeur inces-
sant pour mener i bonne fin une entreprise aussi vaste
et aussi difficile. La publication du Prodrome est un des
plus grands services qui aient ^t^ rendus aux sciences. Je
ne doute pas que TAcad^mie ne reporte les sentiments de
sa satisfaction sur le principal auteur et le promoteur de
Toeuvre tout enti^re, M. Alphonse de Candolle, qui fait
d^ailleurs partie de notre Compagnie. »
RAPPORTS.
Observations de Jupiter et de Mars, faites a Louvain
pendant Vopposition de ces planetes; par M. F. Terby,
docteur en sciences.-
€ Dans la note actuelle, M. Terby continue k exposer
les r^sultats des observations physiques quil a entreprises
depuis assez longtemps sur Taspect des planetes Jupiter
( i83 )
et Mars. L'A6ad^mie a dej^ accueilli favorablement plu-
sicurs communfcations de I'auteur sur le m^me sujct, el
en a ordonn^ Timpression dans ses Bulletins.
Les observations de Jupiler faitcs par iM. Tcrhy pendant
la derni^re opposition s*elendent du 23 Janvier au i5 mai
1873. Les quatorze dessins qui s*y rapportent sont fails
avec beaucoup de d^licalosse , et lenrechelle, bien qu*assez
petite, perinet de suivre les variations singulieres que I'as-
peclde la plan^te subit d'un jour a Tautre.
Ce qui frappe, au contraire, dans les observations de
Mars, c'esl la Constance que certaines grandes taches pre-
sentent dans leur aspect g^n^ral , tout en offrant cepcndant
des variations de detail. II semble en resulter que la surface
de Jupiter ne nous montre qu^une substance gazeuse pro-
fond^ment agit^e, tandis que celle de Mars laisse voir de
grandes ^tendues a Tdtat solide ou liquide.
Les observations de Mars, rapport^es par M. Terby , ne
s'^tendent que du 13 avril au 29 mai. II aurait pu, me
semble-t-il, les prolongcr fruclueusement au del^ de cette
derniire date. Cest ainsi , par exemple, que M. Flamma-
rion, dans un des derniers num^ros des Comptes-rendus
de TAcademie des sciences de Paris de celle annee , donne
un dessin curieux de la plan^tc Mars observ.ee le 29 juin.
L'observateur fran^is fait la reraarque singuliire, que
la coloration rouge de Mars lui a sembl^ moins intense
cette ann^e qu en general. II serail curieux de savoir si
M. Terby, qui depuis plusieurs annees observe celle pla-
n^te avec beaucoup de soin, a eprouve la meme impres-
sion.
Les dessins de Mars executes par M. Terby pr^sentenl
les m^mes qualil^s que ceux de Jupiter; j*ai,en conse-
quence, rhonneur de proposer k la classe d'ins^rer dans
( 454 )
S6S Bulletins la note avec les deux planches qui raccom-
pagnenl, et d'adresser des remerclments k I'auteur. »
< M. Ernest Quetelet annonce qu'il partage Topinion de
son savant confrere sur Tint^r^t qu*offre la note de
M. Terby, et il en propose aussi Timpression. »
La classe a adopte ces conclusions.
— M. Gluge, charge d'examiner une nouvelle note de
M. £d. Robin, relative k ses travaux de reforme dans les
sciences medicales et naturelles, en demande le dep6t aiix
archives. — Adopts.
Sur quelques developpements de la fonclion I . F (x)
(seconde letlre k M. Ad. Quetelet) , par M. Genocchi,
professeur k runiversil^ de Turin.
Hnppofi «fe jr. JM Tilly.
€ M. Genocchi a d^ontr^, par une m^thode tr^s-simple,
dans les Bulletins de TAcademie ('), la formulc suivante :
x(xH-1)... (x-+-n — l)(x H- a)
(*) i'e serie , I. XX , 2«« pariie , p. 393.
i
( ^»» )
dans laquelle
U{x)= ix — o)j*^ — ^»
(«-i)--(« — »»)(«— 2/
A = / ; da
0
X (x H- 1 ) . . . (x -+- n)
II s*e8t servi de cette formule pour retrouver une s^rie
convergente de Binet('), qui donne le d^veloppement de
rintegrale eulerienne de seconde espece et il a trouv^, en
m^me temps, une expression nouvelle du reste de cette
sirie.
Tai pr^senle, dans letomeXXXVdes Bu//e/<n,* (2"* s^rie),
un commentaire ou un complement de Tanalyse du cel^bre
geom^lre italien, pour le cas particulier oti x serait entier.
Dans une premiere lettre adress^e a M. Ad. Quelelet (**),
lettre qui ^lait specialcment relative k la Gefom^lrie et k la
Mecanique abslraites, M. Gcnocchi avait demande que les
observations faites sur sa metbode lui fussent communi-
quees, afin de le meltre k mdme d*adresser une r^ponse k
la classe, soil pour se justifier, soil pour reconnailre ses
fautes ; et, dans mon Rapport sur cetlc premifere lettre f *'),
jc disais k ce propos : < Cette justification et cet aveu
seront egalement inutiles, puisque je nVi point pr^t^ de
faule a M. Genocchi. Tout au plus pourrait-il pr^tendre
(*) Journal de Vtcoh poly technique , ^T"* cahier, pp. 355 et 359.
(**) Bulletins de rAcadSmie, t. XXXVI (2"« s^rie), p. 181.
r*) Heme Bulletin , p. 124.
( ^86 )
que ses r^sultats ^taient suilisamment clairs et complels
par eux-mdmes el n'avaient pas besoin de mes commen-
taires. II resterait, le cas ^ch^ant, a discuter cette opinion.
Quoi qu'il en soil, je crois inulile d'insister, en ce
moment, sur ce premier point. »
Aujourd*hui que celte opinion est en effet exprim^e,
comme on le verra bientdt, par le savant professeur de
Turin, le moment est venu d*en enlreprendre la discus-
sion , que je baserai sur une ^tude approfondie de irois
Meraoires de Tauteur, dont les deux premiers ont 6te
ins^r^s respectivement dans les Bulletins de 1855 et de
i854 et dont le troisi^me est actuellement soumis k mon
examen.
En integrant requation(i) et mettant ( n + i ) i la place
de n, Tauteur trouve (premier M^moirc) :
I2\.x={x — -1 1.x — x-i-PoXo — PiXj-i- p,X,
je repr^sente par I Tint^grale definie/ r^r^lllur^nr^l!'^ ^
et, en determinant la constante ou la fonction periodique
qui, dans T^quation (2), est implicitement comprise dans
les int^grales g^n^rales exprim^es par des2, il arrive k
r^quation flnale :
Id f i\
21.x=-l.27r-4- [x l.x — x-+-0oXo — PiX, H
H-(-dr-*p»..X..,-(-1)»2I.
€ Elle (cette Equation) a paru inexacte » dit M. Ge-
nocchi dans son troisiime M^moire, c parce que, des
( 457 )
deux termes sous le signe 2, qu'elle renrerme, le premier
devrait, a ce qu'on supposait, Sire pris entre les limites
i el X, le second entre les limiles oo eix, Ge qui prScSde
monlre qu*il ne s*agitpasde ces limites dans ma formule
el, en lous cas, on n'a pas fait attention i Tarbitraire C que
j'ai ajoulee k la seconde int^grale, car, i I'aide d*une con-
slanle, une sommalion entre ooet x pent Stre rSduite
Svidemment k une sommalion entre i el a;, la difference
entre les deux sommcs Slant une IroisiSme somme entre
1 el X , c'est-^-dire constanle. >
Je ferai observer d'abord que la seconde explication de
I'auteur, commengant par les mots et en lous cas on n'a
pas fait attention.... J est inadmissible. C'est, au contraire,
en faisant attention k Tarbilraire C que j'ai reconnu qu'elle
a disparu de Tequation finale, oji elle se trouve remplacSe
par { 1. 271. Si done, dans celte Squatioo Quale, les 2 reprS-
senlaienl des sommes, leurs limites auraient dA Sire iodi-
quSes.
Mais, sans trop m'arrSler sur ce point, j'adopte la pre-
miere explication de M. Genocchi : les 2 ne reprSsenlent
pas des sommes, donl il Taudrait determiner les limites; ce
sonl uniquement des inlSgrales gSnerales (*). G'est sous ce
point de vue quej'analyserai et que j'examiuerai successi-
vement les trois MSmoires de Tauteur.
PREMIER MJ^MOIRE (i853).
L'analyse du premier MSmoire est commencSe A&\k
dans les lignes qui precedent et les deductions qu'il ren-
n LMntegrale 2Y d*une fonclion Y de la variable a?represeiite simple-
inent ici I'une quelconqae des fonclions Z dont la variation, Z (a; +1 )
— Z (a;), oblenue en y rempIaQant x par ^+ i , est egale & Y.
( *S8 )
ferme sont absolument rigoureuses jusqu'i TequatioD (2)
ci-dessus. De Tequation (2), on peul aussi passer rigou-
reusement i F^qualion (3), m^me en rempla^ant le pre-
mier membre de celle-ci par LP (ac), car rindelerminatioo
de Tintegrale 21 suffit pour assurer Texaclitude du r^
sultat , pourvu que Ton choisisse bien cette integrate.
Mais de la formule
on ne peul pas d^duire imro^diatement la serie de Binet,
ou, en d'aulres termes , on n'a pas, a priori, la certitude
que 2 1 s^annule lorsque n devient infmi. L'auteur arrive
cependant k celle conclusion et le raisonnement qui Vy
conduit estcontenu dans la secondc partie de la page 396,
mais il est tellement obscur pour moi que je crois devoir,
avant d'en apprecier la valeur, indiquer neUement com-
ment je rinterpr^te. Si mon interpretation n'est pas la
veritable, elle aura du moins Tavanlage de donner prise k
la discussion ; on pourra done m'indiquer d*oJi vient mon
errciir et remplacer , au besoin , mon explication par une
autre, pourvu que cette derniere soit, comme la mienne,
une veritable interpretation du raisonnement de la page 396,
et non pas une demonstration nouvelle, car la question
n'est pas de savoir si la formule de Binet est demontrable,
mais bien si sa demonstration est ou non contenue dans
le passage indiqu^.
Voici done comment j'ai essaye de deduire la serie de
Binet de Tequation (2), en suivant les deductions du
Memoire.
( 459 )
Ooa,^videii)inent:
2I = s' I-hf„(x),
«-l-E(«)
(f„ (x) rcpr&entaDi une certaine fonction p6rio(lique de
x(*)j laquelle pent changer de forme suivant la valeur de
n, et E (x) repr^senlanl le plus grand enlier contenu
dans X.
L'^quation (2) devient done :
21.x = (« j 1.x — x-+-(3oXo — PiX,
+ (- i )"-' p„_.X„_. - (- 1 )" S ' I - r„ (x).
«-l — E(«)
Si, dans celle Equation, on faitn = oo (x conservant
une valeur determin^e), il vient :
(5) fl.x = (x-.^)l.x-.x-*-[poXo-ptX,-h...]-f(x),
<p (x) repr^sentant ce que devient <p„ (x), lorsque n = oo;
car on a vu que I s'annule avec ^, quel que soit x.
C'est la Tonction — 9 (x), me semble-t-il , qui repre-
x-i
sente I'arbitraire C de M. Genocchi , de m^me que S I
pent representer, je pense, la somme d*un nombre fini
de valeurs dont il est question au bas do la page 596 ;
mais , si Ton n'admet pas d'avance que la serie comprise
entre les crochets soit convergente, on pent douter que
9 (x) represente une fonction finie et determin^e. Or, si
cela n'arrivait pas, I'^quation (5) n^aurait plus aucune
(*) Cest-2i-dire une fonction dont la valeur ne change pas lorsqu'on y
remplace x par x -f- 1.
(460)
signification et il n'y aiirait pas lieu d y chercher la valeur
de la fonction periodique. Alors, aussi , la quantite appelee
u (x) par M. Genocchi ne scrait plus determinee par sa
definition , et si on la defmis^ait par Tequation :
^(x) = PoXo-p.X,H....-*.(-i)'-»?._,X...-(-ir2I,
il ne serait plus prouv^que |x (x) s'annule avec ^•
Si, au contraire, on admet a priori la convergence de
la s^rie
PoXo — PiX| -+-•••
c'est-a-dire de la s^rie de Binet et si, en m^me temps, on
consid^re comme Evident .que la somme de cette serie
s'annule avec^(*), on peut determiner la fonction perio-
dique, pour le cas oil le premier membre se r^duit i
l.r(x),en faisant X =x,ce qui annulera fx (x), mais on
ne peut employer pour cela la formule de Wallis que dans
le cas particulier oil x est enlier.
Si Ton admet enfln que la constante ou la fonction
periodique soit bien determinee, la formule de Binet
est etablic, et en la comparant k la serie (4), on voit
que le reste compiementaire de celle-ci doit s'annuler
avec ^t quel que soit x, et avec ^ , quel que soit n. Cette
derniere propriety determine le reste compiementaire, en
cesensquMI ne peut exister qu'une seule int^grale parti-
(*) Bf. Genocchi dit ^ ce propos, dans son troisi^me Memoire : « et je
ne pense pas qu^en admeltanl la convergence de ia s^rie
on puisse doulerjpiesa somme se r^duise ^ z^ro pour a; infini. •
J*accorde ce point , pour abreger la discussion.
( 461 )
culi^re de I qui jouisse de la propri^te indiqu^e, mais elle
le laisse cependant inconnu.
En r^sum6, les condilions qui manquent au premier
M^moire pour quil constitue une d^moostration complete
de la formule de Binet, avec une expression nouvelle du
reste compl^mentaire , sont lessuivanles :
1*" Que la convergence de la s^rie
soil (itablie ;
2° Que la determination de la constante ou de la fonc-
tion p^riodique, dans I'^quatjon (5), s*applique k Thypolhese
de X fractionnaire. Cette deuxieme condition correspond
a Tobjection de Schaar. Elle cesse d*exister si Ton se borne
au cas de x entier, comme je Tavais fait dans mon travail
cite plus haut.
5"" Que Ton indique quelle est rint^grale particuliere 11
qu'ii faut introduire au second membre pour que la s^rie (4),
arrSt^e & un terme quelconque, repr^sente bien 1 .r(x) et
non une autre integrale 21 .x. 11 ne sui&rait pas de dire
que cette int6grale particuliere est egale k
«
car on n'aurait pas alors une forme nouvelle du reste
compiementaire.
DeUXIJ^ME Ml&HOlRE (1854).
Le deuxieme Memoire a pour objet principal de re-
pondre k la deuxieme objection ci-dessus (qui avait ete
faite deji par Schaar) en supposant que la premiere
n*existe pas ou qu^elle soil levee.
( 462 )
A cet effet, I'auteur adopte d*abord la definition , donn^
par Gauss et par M. Liouville, de la fonction F (x) lorsque x
est quelconque, savoir :
(6) r (x) = lim(,=,
a:(x-+-1)...(x-i-/r — i)
ce qui donne ^videmment :
r (x) = 1 i2 . .. (x — 1), lorsque x est entier,
et il monlre d'abord que 1 . F (x) est une des integrates par-
ticuli^res de l.x.
En combinant la formule (6) avec cette autre :
l.r(x) = C-+- (x — ~J l.x — x-+-fi (x),
dans laquelle fx(x) s'annule avec^' Tauteur prouve que
la valeur de C doit Stre la meme pour x fractionnaire que
pour X entier.
Sa demonstration est rigoureuse et remarquable.
Dans ce deuxi^me Memoire , Tauteur donne encore une
demonstration de la formule de Gudermann , consider^e
comme une consequence presque immediate de Tequation
precedente et il en deduit deux autres expressions de ii (x)
(donnees aussi par Binet) convenant, Tune aus valeurs
de X superieures k I'unite, Taulre ^ toutes les valeurs
positives de x.
M. Genocchi signale ensuite TinsuQisance de quelques
demonstrations contenues dans le Memoire du ceiebre
geometie frauQais que je viens de citer et donne, en finis-
sant, une maniere simple d'eiabiir Tidentite de la Tone-
( 463 )
tion r (x) d^finie plus baut avec I'int^rale eul^rienoe
/
3/' 6
En r^sum^ , apres I'etude du deiixieme Memoire, il reste
encore k r^pondre & la premiere objection et k la troi-
sietne.
Je saisis celte occasion pour faire observer que mon
savant confrere, M. Gilbert, qui ne conuaissait pas et qui
ne connalt pas encore le troisieme Memoire, ne pouvait
done considerer la th^orie de M. Gcnocchi comme satis-
faisante. Le savant professeur de Turin fait allusion , k deux
reprises diiKrenles, dans ce troisieme Memoire, au Rap-
port que M. Gilbert a pr^sent^ i la classe sur mon travail
relatif au cas de x entier. II s'exprime d'abord comme
suit : < Leurs observations critiques.... et surtout certaines
expressions s^v^res du Rapport ne me semblent pas justi-
fi^es. » Cette phrase pourrait faire croire que M. Gilbert
aurait accentue davaulage, dans son Rapport, les observa-
tions critiques contenues dans ma Note qui a dte soumise k
son examen. II n'en estrien. Les expressions auxquelles
M. Genocchi- fait allusion sont (ividemment celles-ci :
« II en est r^sult^ une erreur dans revaluation de la
constante, ou, si Ton veut, une certaine ind^termination
dans le sens que Ton doit attacher a sa formule » et < c*est
pour rectifier la formule de M. Genocchi qu'il rem-
place.... » passages dans lesquels les mots erreur et rec-
tifier peuvent seuls £tre qualifies de s^veres. Or, ces mots
n'ont pas et6 introduits dans la discussion par M.Gilbert,
lis existaient, je pense, dans mon manuscrit et je los
aurai modifies lors de Timpression. D'ailleurs le root
( 464 )
erreur est aussi mitig^ dans ]a phrase cit^e plus haut par
la suile de celle mSme phrase , el , & toul prendre (si les
observations contenues dans le present Rapport sont fon-
dles), Tomission d'un point d^licat restant & ^claircir dans
une demonstration nouvelle d'une formule connue ne
peut-elle pas etre qualiti^e d*erreur?
L'auteur dit aussi que Ton s'est m^pris sur son but en
supposant qu'il restreignait sa (h^orie aux valeurs enti^res
de X. Mais je pr^senterai k la classe une petite Note extraite
de lettres que M. Gilbert ro'a fait Thonneur de m'ecrire.
Note dont je demanderai Timpression , et dans laquelle'
mon savant confrere explique Ir^s-bien qu*il ^tait naturelet
rationnel d'intcrpreter le premier Memoire de M. Genocchi
comme e(ant uniquement relatif aux valeurs endures de x.
TROISIJ^HE HI^MOIRE (1873).
Apr^s avoir r^sum^ le contenu des deux M^moires pre-
cedents, Tauteur revient d*une mani^re incidente, au has
de la page 5 du manuscrit, sur le point que j'ai signale
comme obscur pour moi dans le premier Memoire , mais
ses explications ne m*apportent aucune lumi^re nouvelle.
Seulement M. Genocchi ajoute immddiatement : « ... j'au-
rais pu me dispenser d*y recourir (*) en d^montrant la
convergence de la s^rie
puisque, cela admis, tout le reste s*ensuit necessairemenl,
comme je viens de Texpliquer. »
(*) L'auteur veut dire qu'il aurail pu se dispenser de recourir au rai-
aonnement que j'ai declare ne pas bien comprendre.
( 465 )
C'est aussi ce que j'ai expliqu^, k ma mani^re, dans les
pages qui pr^c^dent el couime le savant g^om^tre ilalien
^tablit, par une m^thode ing^nieuse et rigoureuse, dans
son travail acluel, la convergence de la serie citee plus
haut, ma premiere objection se trouve lev^e & partir de ce
moment, et la deuxieme disparalt avec elle, comme je Tai
indiqu^ dans Tanalyse du deuxieme M^moire.
II ne resle done que la troisi^me observation , c'est-^-
dire Tind^termination de 21. L'auteur dit, & cet ^gard, au
bas de la page 7 du manuscrit soumis i mon examen :
c Dans le cas de x enlier, M. De Tilly remplace notre
int^grale 2R,+i par — 2R,+i; je trouve dans mes papiers
qu*en m*appuyant sur la th^orie des fonclions inexplica-
bles ense)gn6e par Euler, j'avais employ^ cette mSme
transrormation pour toute valeur de x et j'en avais tir6
une limite sup^rieure de la valeur num^rique de cetle
inl^grale. » Cette phrase signifie-t-elle que M. Genocchi a
trouv^ dans ses papiers la demonstration de ce fait que 21
pcut ^tre remplac^ , dans le reste compl^menlaire de la
serie (4), par — 2 1, pour a: quelconque, fait que j'ai d^mon-
lr6 seulement pour x entier? Je crois devoir la comprendre
dans ce sens el admeltre que Tauleur sous-enlend, comme
une chose 6vidente, que — 21 est necessairement une
X
integrate particuli6re de I (on a, en effet :
t-i
— 2l = S I-S I;
or le premier terme du second membre est evidemment
une integrate parliculi&re de I et le second est une fonc-
tion periodique).
2"' s6rie, tome XXXVI. 51
( 466 )
S'il en est ainsi , et en vertu de la remarque faite plus
haut, que Tint^grale parlicuiiere k choisir est pr<^cis£ment
la scule qui puisse s*annuler avec^, il ne resfe qu'une
chose k d^montrer, c'est quell jouit de cette derniere
propri^t^. Or, cette demonstration est faite dans le M^-
moire actuel et elle est aussi rigoureuse et aussi ing^-
nieuse que les deux aulres demonstrations dont j'ai parte
pr^c^demment.
Mes trois objections sont done r^olues et je suis heu-
reux de pouvoir declarer qu'^ mon avis les trois M^moires
de Tauteur, pris dans leur ensemble et convenablement
interpret^ (*), constituent une th^orie tr^s-remarquable
du d^veloppement de Tint^grale eul^rienne de secoude
esp&ceen s^rie convergenle.
Mais on reconnaitra sans doute, par tout ce qui pr4-
c&de f que je ne devais pas arriver k une pareille conclu-
(*) Les trois M^moires de M. Genocchi gagneraient beaucoup en clart^
et en pr^sion, selon moi, s'ils ^talent refondus en un seul dans Tordra
suivant :
Demonstration de r^qualion (2) ci-dessus (premier Memoire). — l.r (^)
est une integrate parlicuiiere de l.o; (deuxi^me Memoire). — Passage direct
de I'^quation (2) k Inequation (4)» 2 1 ne representant plus qu'une integrate
parlicuiiere inconnue 2'I. — La serie /3oXo — /3,Xi -♦-... est convergenle
(troisieme Memoire). — Elle s'annule avec-. ~ Passage direct de
requation (2) k requation (5). — Determination de la fonction periodique
f[x)f dans cette derniere equation, le premier membre devenant l.T (x)
(deuxieme Memoire ). — Comparaison des equations (4) et (5) : elle montre
que 2'I s'annule avec - , quel que soil x , et avec i 9 quel que soil n. —
Cette derniere propriete pent servir k determiner I'l , parce qu'elle ne
s*applique qu*k cette seule integrale, mais elle la laisse provlsoirement
inconnue. — La quanlite — 2 [ est une integrale parlicuiiere de I. —
Elle s*annule avec g, quel que soil n (troisieme Memoire). — Elle est
done la vraie valeur de 2' L
( 467 )
sioQ, alors que le troisieme M^moire de M. Gcnocchi
n*existait pas encore, d'autant plus que je ne conuaissais
pas davantage le deuxi^me (aveu que je fais ici spontan^-
menl, car on ne peul pas le d^duire de ce que j'ai ^cril) (*).
Le travail soumis & noon examen conlient encore dinte-
ressantes Notes destinies a completer, en quelques poinls,
Texposition hislorique pr^senl^e a rAcademie par M. Gil-
bert. Mais j'ai cru devoir me borner k la discussion com-
plete de la question principale et Ton vient de voir que
les doutes souleves dans mon esprit par le M^rooire de
1853, doutes que la connaissance de celui de 1854 n'eAl
^claircis qu'en parlie , sont complelement leves par T^tude
du Memoire actuel.
{*) Celte circonstance el les doutes que j'eprouvais sur la signiGcation
precise el la rigueur des d^duclions de M. Genocchi m'onl emp^che d'en
parler dans mon Rapport s^culaire, donl le present Rapport peut ^tre
consid^re comme une suite. Je saisis cette occasion pour prier le lecteur
de faire, dans le Rapport seculaire, les peliles corrections suivantes :
Page 34, ligne 3. Au lieu de: fonctions, lisez: fonclions transcendantes.
— 36, ligne 4. Au lieu de : parvient, lisez : parvient encore.
— 38, ligne 13. Au lieu de : P««- * , lisez P«, _ u
— 38, lignes 14et 13 en remontant. Au lieu de : N ^taut ... exceple,
lisez : c etant un nombre premier el N un nombre
enlier quelconque, non divisible par c.
— 58, ligne 9 en remontant. Au lieu de : quel que soil x^ lisez : pour
un nombre inGni de valeurs de x,
— 64, en note. Au lieu de : Huili^me, lisez : Septieme.
— 193, ligne 3. Ajoulez : II ne permeltail pas non plus de deter-
miner les vilesses (Tun m^tne projectile en deux
points de sa trajecloire, comme il est utile de le
faire quand on recherche , par la metbode habi-
tuelle , la loi de la resistance de Tair.
— 194, — 9 en remontant. Au lien de : la premiere, lisez : Texpe-
rience principale.
— 194, — 6 en remonlanl. Apr^ t, ajoutez: dans Texp^rience
principale.
(468)
En consequence , j*ai Thonneur de proposer k la classe
d^ordonner Timpression de ce dernier Memoire dans les
Bulletins , et d*adresser des remerclments k I'auteur, pour
ses savantes et inl^ressantes communications. »
La classe a adopts ces conclusions.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Stir Veclipse de lune du 4 novembre 1875; par M. Adolphe
Quetelet, secretaire perp^tuel de I'Academic.
Toutes les dispositions avaienl6ie prises^ TObservatoire
royal de Bruxelles pour observer le phenom^ne si int^res-
sant de I'^clipse totale de lune du 4 novembre courant.
Cette eclipse pr^sentait cetle parlicularit6 singuli^re, que
la lune devait se lever edips^e ji 4 h. 28 m. du soir, tandis
que le soleil se coucKait & 4 h. 29 m. .11 en r^sultait que
le centre de ces deux astres touchait en mSme temps Thori-
zon-. Ce phenomene ne s*etait plus pr^sente depuis pr^s de
deux siedes.
Malheureusement, retat de Tatroosphere n*a pas permis
desuivre les phases de redipse. Au moment oii la lune
se levait, k Thorizon ENE., des nuages couvraient en
grande partie le ciel de ce c6t6. Quelques rares et fugitives
edaircies, cependant, out permis de constater le ph^no-
m^ne.
A Lou vain, ainsi que me Ta fait connatlreM. Terby, I'^tat
(469)
du ciel a aussi emp^ch^ robservation de T^clipse. Ce n'est
qu'uD pen avant 5'heures qii'il a die possible de voir k
I'ceil nu lesbords N. et S. da disque lunaire dans I'ombre
de la terre; ils prdsentaient, dit M. Terby, une teinte rou-
ge&tre prononcee.
Noie sur le tremblemenl de terre ressenli leSS oclobre 1873
dans la Prusse rhenane et en Belgiqtie; par M. Albert
Lancaster, attach^ au secretariat de TAcademie.
Le 22 octobre 1875, vers 9 h. 40 m. du matin ^ une
forte seconsse de tremblement de terre a dtd observde sur
differents points des provinces rhdnanes, et a dtd dgale-
ment ressentie, mais plus faiblement, en Belgique et dans
le Limbourg hollandais.
Comme les phenomdnes sdismiques sont rares dans
nos contrees, il est intdressant de connaitre toutes les
particular] tds relatives k ceux qui se prdsentent.
C'est k ce titre que nous croyons utile de communiquer
a rAcaddmie les renseignements que nous possddons sur
la secousse prdcitde, renseignements qui nous out iik four-
nis en grande partie, nous avons h&te de le dire, par
MM. Ferdinand Dieffenbach, de Darmstadt, D. Leclercq,
directeur honoraire de r£cole industrielle de Lidge, et
Fi. Mdlard, directeur de I'ficole moyenne de I'fitat a Sta-
velot. Qu'il nous soit permis de leur esprimer ici toute
notre gratitude, pour Tobligeance avec laquclle ils on t bien
voulu nous envoyer leurs observations.
Gr&ce k leurs prdcieuses communications, nous somraes
k mdme de donner tons les details de quelque importance
concernant le tremblement de terre qui fait Tobjet de la
note actuelle , et nous pourrons en outre signaler les se-
( 470 )
cousses qui, d^s le mois de septembre, Tavaienl precede,
mais doDt rinlensite avail ^t^ moindre.
D&jk le 15 septembre 1873, de lagers 6branlemenls du
sol avaient commence a se manifester dans le bassin du
Rhin, notamment k Ingenheim et& Auerbach (Odenwald).
Le 28, ^ 2 h. 55 m. de Tapr^s-midi, on en ressontait a
Aix-la-Chapelle,Herzogenralh (Rolduc), Kohlscheid , Wei-
den, Prummern, Geilenkirchen, Immendorf et Lienich.
M. Leclercq suppose meme que Li^ge aussi ^prouva ces
dernieres secousses, car, dil-il, c on a remarque dans
notre ville, a cette dale, de nombreuses l^zardes dans les
bitimenls. »
Le 2 oclobre, le ph^nom^ne se renouvelle^ Aix-la-Cha-
pelle el k Herzogenralh ; le 5, dans TOdenwald, k Ingen-
heim, Auerbach, Niederbeerbach et Laulern (valine de
Reichenbach).
Le 7, i 5h. 50 m. du matin, une forte secousse ^branle
toute la region comprise enlre le Rhin, le Mein et le Nec-
kar, de m^me que la partie bavaroise du Palatinat, la Fran-
couie inferieure et une partie du Wurtemberg.
Le 19, ^7 h. 42 m. du matin, secousse k Aix-la-Cba-
pelle. A 7 h. 15 m. (1) du soir, nouvelle secousse, ressentie
egalementi Herzogenrath, Lienich, Juliers, Prummern el
I^Laeslricht.
Le 20, k 5 heures du matin, une secousse a Weiden,
pr6s d'Aix-la-Chapelle; i 7 h. 30 m. du soir, k Wilten ; et a
9 h. 40 m., k Herzogenrath.
Le21,i 11 h.30 m.du soir, secousse k Echzell (i 4lieues
au N. de Francfort s/M.), dans la Wetleravie.
Le 22 oclobre, enlre 2 heures et 2 h. 15 m. du matin,
une secousse de direction SO.-NE. est conslalee a Rei-
(1) M. Leclercq iodique 7 h. 30 m.
(471 )
chenbach, Auerbach, Birkenau et dans une grande partic
de rOdenwald. Elle est suivie d'un fort coup de vent venanl
du SO. On la ressent aussi k Echzell, mais i 2 h. 30 m., ct
son mouvement y est dirig^ de TO. k YE.
Le m^me jour, k 4 beures du matin, secousse k Aix-la-
Chapel le. M. Dieffenbach la consid^re comme le prolonge-
menlde celle observ^e dans TOdenwald enlre 2 beures et
2 V2 h.
Nous arrivons en fin au trenoiblement le plus conside-
rable, celui ressenti le 22 octobre vers 9 h. 40 m. du
matin. De Texamen de tons les documents que nous avons
pu recueillir, il resulte que cette commotion aurail eu son
centre k Herzogenrath et qu*elle se serait propag^e , de ce
point, suivanl quatre directions principales bien marquees,
se coupant k peu pr^s k angles droits : versTE., Tondula-
tion passe par Juliers et Cologne, se bifurque dans cette
derni^re ville, et, d*un cdt^, descend le Rhin jusqu*^ Dus-
seldorret Crefeld, de Tautre remonte le fleuve en secouant
particulierement Bonn et Remagen; elle se prolonge ro^me
jusque dans la Hesse sup6rieure, oix on Tobserve k Giessen
et k Laubach. Vers TO., Tondulation passe par Kerkrade,
Heerlen, Maestricht et vient expirer k Bruxelles. Au S.,
elle ebranle Aix-la-Chapelle, Eupen et Stavelot; mais,
arriv^e k Eupen, elle rencontre la Yesdre et suit le bord
de ceUe riviere : on la ressent k Dolhain, k Yerviers et
k Li^ge. Au N., eniin, la secousse s*arr£te k Heinsberg.
Nous appellerons ici I'attention sur un fait assez curieux
qui nous a &i& signal^ par M. Dieffenbach : c*est que le
tremblement de terre de 9 h. 40 m., dont nous venons de
parler, semble Sire la contre-partie de celui de 2 beures
du matin, dont le centre Stait dansl'Odenwald et qui s'cst
Stendu aussi loin que Herzogenrath. Le premier , au con-
traire,a eu son foyer sous cette ville ou non loin de I&, et sa
( 472 )
derniere vibration est venue s'^leindre pres de Tendroil
ou avail pris naissance le tremblement de la nuit.
Nous donnerons maintenant, pour la pluparl des loca-
liles oil a ^t^ ressentie la commotion seismique du 22 oc-
tobre, quelques details concernanl principalement le
moment et la dur^e du phenomene.
A Herzogenrath, la secousse se fit sentir & 9 h. 40 m.
Elle 6lait trcs-forle et sa dur^e fut de 3 secondes. Beau-
coup de chemin^es secroul6rent et plusieurs maisons
furent l^zard^es.
A Heinsberg(9 h. 38 m.), tres-vive secousse ^galement,
de 2 secondes de dur^e , et accompagnee d'un vent assez
fort venantde TOSO.
A Cologne, elle a lieu vers 9 h. 45 m.; duree de 5 i
6 secondes; les meublcs dans les appartemenis sonl
secoufe ou ren verses.
A Aix-la-Chapelle, 9 h. 42 m.; dur^e .2^3 secondes.
Eupen, 9 h. 43 m., tres-forle; quelques minutes plus
tard, une seconde secousse , mais moins accenlu^eque la
premiere.
Dinslaken, 9 h. 45 m.; dur^e : 2 secondes; direction :
OSO.-ENE.
Hofstadt, pr^s de Herzogenralh , 9 h. 31 m. (?); direc-
tion : SSO.-NNE.
A Maestricht, la secousse eul lieu & 9 h. 45 m. et se
prolongea pendant une dizaine de secondes. Elle fut
accompagnee d*un bruit sourd qui ressemblait au roule-
ment lointain d*une voiture. A 9 h. 40 m., le barom^tre
etait descendu a 745 mill., le vent £tait OSO. et assez fort.
Dans les environs de Maestricht et d'Aix-la-Chapelle,
entre autres & Wilten, Randerath, Dremmen, Weiden,
Vaals,Galoppe, Wilr^et Sippenaken (province deLi^e),
le tremblement de terre fut aussi observe.
( *73 )
En Bclgique, la secousse a etc la plus forle k Dolhain,
k Verviers et k Stavelot.
Voici, au sujet de Stavelot, Ics reDseigoements qu'a bien
voiilu me Taire parvenir M. M^lard :
c line secousse de (rembiement de terre a &i& ressentie
k Slavelot, le 22 octobre, kdh.AO m. du matin; sa duree
a ^t^ de 5 d 6 secondes.
» C'est k rhdtel de ville surtout qu'eile a it6 sensible.
Le secretaire communal et deux autres personnes, qui se
trouvaient au premier ^tage, ont cru d'abord qu*une per-
Sonne lourdement charg^e montail I'escalier en frdlant le
mur avec son fardeau. Une espece de mugissement sem-
blable k ceiui du vent annon^ant Torage accompagnait
cetle premiere commotion, suivie,sans interruption, d'une
secousse plus violente pendant laquelle r^difice parut dire
comme soulev^. Les personnes susdites ont cru que la
vo<^te du sou terrain s'^tail effondr^e.
» L'ondulation paraissait venir de bas en haut.
» La secousse a ^t^ conslat^e par plusieurs autres per-
sonnes et en diff(§rents points de la ville.
» 11 n'esl peut-^tre pas inutile de faire remarquer que
rhdtel de ville de Stavelot s'^leve sur un terrain bas qu'on
a dii remblayer pour le mettre au niveau de la route.
» II y a quelques ann^es, me dit le secretaire com-
munal, le m^me phenomine s'est produit au mdme lieu,
au moment d*un tremblement de terre signal^ sur les
bords du Rhin, & Mayence el ailleurs. »
A Liege, d*apres M. Leclercq, « le tremblement fut
presque insensible au bord du fleuve et au fond de la ville,
mais bien plus prononc^ sur les hauteurs qui entourent la
cite, et principalement sur la colline deTQ., ou il est venu
eYpirer.» Leseiementsmeteorologiques, pour le 22 octobre,
furent les suivants k Liege : Pression atmospherique,
( 474 )
TSi^^Ol (inRximum) el 743""*48 (minimum). Temperature
centigrade, 14''60 (maximum) et 6'40 (minimum). Le 21,
les vents ^taient tres-forts : its soulQaient en tempSle
le 22; la pluie recueillie pendant ces deux jours s'^leva
respeclivement k 4"'"45 et 4"""58.
A Bruxelles, la secousse a dii elre tres-faible. Elle n*a
el^ remarqu^e , en effet , que par des employes qui se
Irouvaient au troisieme ^tage de Thdlel du Ministere des
finances, situ^ dans le haul de la ville. Une template
r^gnait depuis la veille (1); le barometre raarquait k
9 heures du matin , le 22, 742"*"; le thermometre , 12* C.
Les barreaux magn6tiques ^taient dans leur 4tat normal.
A Laubach et k Giessen, enfin, Theure du ph^nomene
fut respeclivement 9 b. 45 m. et 9 h. 49 m.
Comme suite aux details qui pr^cSdent, nous ferons
connailre que, du 22 octobre jusqu'au 5 novembre, trois
nouvelles secousses furent ressenlies en Allemagne : la
premiere pendant la nuit du 24 au 25 octobre, a Weiden
(pr^s d'Aix-la-Chapelle); la seconde, le l*"" novembre, k
Darmstadt et aux environs; la troisieme, k Darmstadt
encore, dans la nuit du 2 au 5.
Le tremblement de Icrre du 1" novembre eul lieu k
6 h. 55 m. du soir. II fut assez fort, mais d*une durde
tenement courte,que Ton ne put en observer exaclemenl
la direction.
D'apres les derniers avis re^us, il aurail die ressenli k
(1) Le 23 octobre, un orage etail observe au commenceroenl de U
soiree. Nous rappellerons k ce pro|)os que M. Ad. Quelelet , dans sa MM^O'
rologie de la Belgique comparee a celle du globe, fait la remarque que
la plupart des tremblements de terre observes en Belgique ont eie
accompagnesou suivis de manifestatioDs eleclriques.
( *75 )
Darmstadt , Reichenbach , Schonberg, Lindenfels et Pfung-
sladt (1).
La direction absolue du vent est le plus souvent oblique a
r horizon; par M. Charles Montigny, menibre de TAca-
d^iuie.
Dans ia notice oh j'ai expos^ ie r^sultat de mes expe-
riences relatives k Tobiiquiie du vent aux divers Stages de
ia tour d'Anvers, j'ai cil6 I'opinion de Poncelet, d^apres
laquelle I'inclinaison de IS"" environ que Ton donne k Taxe
desailes des moulins i vent, est r^gleepar ce fait, que les
vents soufilent dans les pays de plaines suivant cette obli-
quity par rapport k Thorizon (').
Les ing^nieurs et les savants, tels que MM. Hachette,
Christian, Borgnis, Sonnet, qui ont d^crit ces moteurs
a^riens, expliquent aussi Tinclinaison suivie par la pra-
tique dans la disposition de Taxe des ailes, par la n^cessit^
(1) Pendant qae Ton imprimail celle notice, nous avons encore re^u de
M. Dieffenbach les renseignemenls suivants sur plusieurs secousses res-
seoiies dans le bassiii du Rhin , du !«' au 8 novembre :
Le 1" noTembre, 6 b. 10 m. da soir, secousse k Frankenbausen,
accompagnee de bruits souterrains. Direction : SO.-NE. — Un peu avant
8 beures , seconde secousse, ayant la m^me direction que la premiere.
Le 2 novembre, ^ Dorndiel, 6 V« heures du soir, secousse avec bruit
souterrain. Direction : SO.-NE.
Le 4 novembre, a Frankenhausen encore, 6 h. 5 m. du matin, assez
forte secousse.
Le 8 novembre, & 6 b. 50 m. du soir, l^g^re secousse i Darmstadt.
]1 est bon de noter que tons ces pbenom^nes se sont produits dans la
Hesse, oil les tremblements de terre sont tr^frdquents depuis quelques
annees.
(*) Bulletin de I^AcadSmie royale de Belgique, V s^rie, t. XXXIV.
( 476 )
de fixer ia direction de cet axe parallelement k celle do
vent, qui est g^n^ralement oblique i Thorizon, selon ces
savants (*).
(*) Coulomb, qui fit, k la fiu da si^le deniier, une ^lude particallire
de la dispositioD et du trayail des moulins k veDl alors ^Ublis en grand
Dombre autour de la ville de Lille, se borne k dire que I'axe des ailes
est incline de 8 i 15% sans donner la ralson de cette obliquity. Mais il
conclut qu^i force de tAtounements, la pratique s*est approchee de la
perfection dans la construction des nombreux moteurs des environs
de Lille; car lis produisent k pea pr^ la mSme quantity d*effet, dit
Coulomb, qaoiquMIs pr^ntenl plusieurs petites differences soit dans
rinclinaison de Taxe, soit dans la disposition des ailes. (Mimoires di
VAcadimie des sciences de PariSy ann6e 1781.)
Voici les passages oil les auteurs cit^s s*accordent k attribuer k la mtoe
cause, Tobliqaite da vent, rinclinaison de Taxe des ailes des receptears
a^rlens.
Hachette, TraiU des machines ^ p. 119. « On donne cette inclinaison
• aux arbres des moulins de la Belgique d^crits par M. Coulomb, afin que
» Ton soit, autant que possible , dans la direction des vents qui r^ent
» dans cette contr^e. »
Christian, Traits de mScanique industrielle , t. II, p. 32. < Une autre
» disposition est aussi k prendre dans ce genre de moulin : il ne paratt
» pas que le vent se trouve dans une direction parall^le a Thorizon ; il est
» du moins g^n^ralement reconnu que les ailes ^lev^ verticaleroeot
» prennent moins bien le vent que si Ton incline de 8 i 15* avec rborizoo
» Parbre qui porte les ailes. >
Comme Christian le fait remarquer ensuite, ce n*est point sans y avoir
et^ forc6 par un motif d^cisif que Ton a adopts celte inclinaison de Taxe,
car il serait plus avantageux dans la construction du moulin de lui donner
une position borizontale.
BoRGZfis, MScanique appliquSe aux arts; TMoriede la mecaniqve
usuelle, p. 189. « La position de Taxe n*est pas exactement borizontale :
« Texp^rience a indiqu^ qu'il est convenablede lui donner une inclinaisoo
• et deSi I5«. Deux motifs rendent cette inclinaison avantageuse : 1* Too
» observe que la direction du vent est rarement parall^le k Tborizon, que
» tr^s-souvent elle est inclin^e de baut en bas, de sorte que Taxe, dispoa^
» comme nous venons de rindiquer,se trouve k peu prte dans la directioo
habitaelle du vent; 2* rinclinaison de Taxe et cons^uemment du volant
•
( 477 )
Ce sont les lrail6s de ni^canique appliqu^e qui m'ont
ainsi donne les premieres indications sur Tobliquit^ g^n£-
rale du vent, assez pr^ du sol, dans les pays de plaines.
Les ouvrages de m^t^orologie que j'ai consull^s, m^nie
avant d*entreprendre des mesures de celte inclinaison i
la tour d*Anvers, ne font aucune mention de celte obli-
quity du vent.
» permet de doDoer a la cage da moulin la forme d*an troDC de pyra-
• mide ou de c6ne qui, ^videmment, la rend plus solide. •
PoNCELET, Micanique industrielle, « L*arbre doit 6tre toujours paral-
9 J^le & la direction du vent, et comme la nature des vents qui soufflent
• dans les pays de plaines est telle que leur direction fait avec Tborizon
• un angle de 18", c*est pour cette raison que Taxe est aussi tenu incline
» sous cet angle. >
Poncelet s'exprime d*une mani^re plus precise encore dans son Traits
de mScanique appliquSe attx machines, en disant, au sujel des moteurs
aeriens: * Quant i rinclinaison de Taxe par rapport^ Tborizon, il est
• reiatif k la nature des vents qui soufflent dans la contr^ ob il s*agit de
9 falre r^lablissement du moulin ; dans les pays de plaines, tels que la
• Flandre et la Belgique, Taxe fait & Tborizon uu angle deS & \^,ii pen
» pr^s egal & celui du vent. »
M. SOiNNCT, dans un ouvrage recent , le Dictionnaire des mathSmati--
ques, p. 817, s'exprime ainsi: < Le vent souffle dans une direction qui
• differe peu d*une borizoutale et qui, dans les pays de plaines, fait avec
» rborizon un angle de 10 i 15"; c*est pour cela que Ton donne cette
• inclinaison 4 Taxe du moulin i vent; quand celui-ci est orient^, le
• recepteur revolt done le vent parallilement k Taxe. «
Je ne cite pas Topiuion de Ting^nieur anglais Smeaton, qui cx^uta,
au commencement du siecle, denombreuses experiences sur la meilleure
courbure k donner aux ailes des moulins h vent , parce quil ne s'est pas
occupy de la question de rinclinaison de Taxe.Les principales experiences
de ce savant ing^nieur out ete failes k Taide d*un appareil de petite
dimension, dont les ailes ^taienl mises en mouvement, non par le vent,
mais par Pair calme, au milieu duquel Texperimentateur imprimait un
mouvement de translation regulier au recepteur. (D*Aubrisson, TrailS
dhydrauHque,)
( 478 )
La notice que j'ai Thonneur de prfeenter k FAcad^mie
a pour objet principal d'altirer Tattention des m^l^orolo-
gisles sur ce ph^nom^ne, qui eiLerce,sans aucun doute,
une influence marquee sur les hauteurs barom^lriques., au
niveau du sol, selon les changements quecette obliquite
doit eprouver. J'espere alteiudre mieux encore k mon but
en citanl d'abord des ph^nom^nes nalurels dans lesquels
Taction du vent doit intervenir, suivant une direction plus
ou moins oblique ; puis je rechercherai quelques-unes des
causes qui tendent k imprimer aux courants d'air cette
direction inclin^e. Enfin, j'examinerai des dispositions
experimenlales qui seraient susceptibles d'etre utilis^es,
dans les observatoires, pour mesurer I'inclinaison du vent
et ses variations.
Le vent diploic le plus souvent toute sa puissance k la
surface des mers, qu'il agite violemment jusqu'i cer-
taine profondeur. II n'est gu^re possible de comprendre
Tenergie de ses effets non-seulement sur I'Oc^an, mais
sur les lacs et les ^tangs plus ou moins etendus, si sa
direction etait rigoureusement parallele k ces surfaces
liquides, c'est-^-dire, si elle aflectait une direction hori-
zontale absolue et constante. S'il en 6lait ainsi, nous nous
expliquerions difficilement comment un vent parallele k
la surface de la mer ou des pieces d'eau , serait capable
d'une action assez puissante pour y produire des varia-
tions de niveau aussi marquees que celles qui out ^t^ sou-
vent observees, et dont je cilerai quelquts exemples.
Franklin rapporte que sur une vaste piece d'eau de (rois
lieues de large et d'environ 0«,90 de profondeur, un
vent fort mit k sec tout un c6t^ de cette sorle d'etang,
tandis qu'il ^leva, en meme temps, de 0",90 le niveau pri-
mitif sur la rive oppos^e, en sorte que la profondeur de
i'eau y ^tait devenue de 1",80 au lieu de 0%90.
( 479 )
Arago, qui cite ce fait comme preuve des variations de
niveau qu*un vent fort est capable de produire k la sur-
face d'une masse liquide (*), rappelle que, le 19 novembre
1824, le vent de NO. souiQant avec une grande violence
^leva tenement le niveau de la Baltique sur toute sa c6te
orientale, qu'il en resulta d'^pou van tables inondations,
non-seulement a Croustadt oil le changement de niveau
entre dix heures du matin et trois beures de I'apres-midi
fut de 5",70, mais k Petersbourg, oil Teau s*£leva k la hau-
teur de 1",60 dans les rues les plus recul^es de la ville (**).
Arago fait remarquer que de telles variations de niveau
a la surface des mers ne sont point dues k Taction princi-
pale^de fortes marges, avec lesquelles un fort vent eiHt
coincide. Ge savant ajoute d'ailleurs, comme exemple re-
latif aux mers oil il n'y a pas de mar^e, ce fait, que sur la
cdle sud de TAsie Mineure, le niveau des eaux, quand le
vent souffle du Nord, est de 1«,00 k 1*,30 plus bas que
par un vent du Sud.
II convient dedire ici qu'en cilant les faits dont il vient
d*dtre question, en vue de montrer quelle pent etre la
puissance du vent sur les masses d'eau que sa violence
accumule ainsi centre les cdtcs, Arago n'entre dans aucune
explication sur le mode d'action particulier du vent dans
ces phenom^nes, tres-connus d'ailleurs des habitants de
nos cdtes maritimes; et il ne fait aucune mention de Taction
oblique du vent de haul en bas sans laquelle il est impos-
sible de com prendre comment celui-ci maintient, meme
lorsqu'il est le plus violent, de telles accumulations d'eau.
Quand on ^tudie les causes connues de la production du
(*) OEuvres completes, t. IX, p. 55.
C*) Jdem, i. XI), p. 496.
( 480 )
vent et les conditions dans iesquelles s'effectue la transla-
tion plus ou moiris rapide de Fair, on d^couvre plusieurs
raisons de robliquit^ du vent. Je me bornerai k en indiquer
ici quelques-unes.
D'abord, le principe dont on est parti pour eipliquer
comment les mouvements de Fair s'operent le plus souveot
k la surface du globe, et qui repose sur TafQuk de I'air in-
f§rieur vers les parties 6chauffees et les courants sup6-
rieurs inverses, a pour consequence forc^e Tobliquit^ plus
ou moins marquee, relativement a Thorizon, des courants
partiels determines par cette cause. Les brises de terre et
de mer, par exemple, qui se font sentir k certaine distance
descdtesdansia zone torride et nedeviennentsensiblesque
pendant F^te dans les regions temp^r^es, sont dirigees
comme on le sait, du cdt^ des parties les plus echauff^es
pendant le jour, et en sens inverse pendant la nuit. Les
brises de mer ont pour cause la colonne d*air ascendante
qui se forme pendant le jour au-dessus des terres, en appe-
lant Fair de la mer, tandis qu'apr^s le coucherdu soleil, la
colonne ascendante existant sur les mers,Fair de la cdteest
alors appeiee vers celles-ci. Or, il est impossible que, dans
ces conditions d'appel, les mouvements de Fair affluant, qui
ont pour cause premiere un courant d'air ascendant, conser-
vent une direction parfaitement horizontale dans tons les
lieux du trajet des courants affluants, abstraction faite de
Finfluence des in^galites du sol. Nul doute que ces afflux
d'air ne suivent des directions qui varient dans le sens ver-
tical selon le lieu oil Fon considere Fun de ces courants, el
Finstant du jour oil on Fobserve au mdme lieu.
Lorsqu*un courant d*air tend k se mouvoir horizontale-
ment sur une vaste plaine, que nous supposerons parfaite-
ment de niveau, sa couche inf^rieure ^prouve de la pari
( 484 )
des asperit^s du sol une resistance due au frottement, qui
tend & modifier la direction du mouvement suppos^e primi-
tivement horizon lale. En effet, par suite de Tinfluence de
cette resistance quise transmetpartiellemententre les cou-
ches en s'att^nuant, celles-ci glissent i'une sur Tautre jus-
qu*Ji une hauteur plus ou moins grande; leur vitesse aug-
mente avec r^l^vation de la couche consid^ree, de mani^re
k s*approcher de plus en plus de la vitesse initiate primitive.
Les mesures de vitesse des divers vents que j'ai prises aux
trois galeries de la tour d'Anvers, ne laissent aucun doute
sur cette acceleration , qui etail k pr^voir. Ces variations de
la vitesse des couches donnent lieu a des differences de pres-
sion de Tune k Tautre qui modifient sensiblement la direc-
tion du mouvement absolu de chaque point du courant, de
sorte que celui-ci tend k s^ecarter de la direction premiere
suppos^e horizon tale. Rappelons ici le fait suivant, comme
exemple de Finfluence que les resistances eprouvees par la
couche inferieure d'une masse fluide apporte au mouvement
des parties de cette masse : des experiences de M. Russel,
qui n*ont fait que confirmer les recherches analytiques de
Lagrange et dToung sur le meme sujet, ont montre que
la vitesse de propagation des vagues k la surface de Teau
est d'autant plus retardee que Teau est moins profonde,
et qu'au contraire les vagues marchent tr^s-rapidement
dans une eau tr^s -profonde. Cest en s'appuyant sur la
cause du retard apportee a la propagation du moiivement
ondulatoire par le peu de profondeur deTeau, que M. Babi-
net a cherche Texplication du phenomene du mascarei qui
se produit k Fembouchure de certains fleuves f).
(*) iludes et lectures sur les sciences d'observation et leura applied^
t ions pratiques, par M. Babinet, t. K p. 20.
2"' S^RIE, TOME XXXVI. 32
( 482 )
Nous verrons plus loin que, dans ropinion de M. Hari^
Davy, rinclinaison des vents ordinaires k Thorizon est aussi
une consequence de Taccroissement de la vitesse des cou-
ches d'air avec leur ^l^vation au-dessus du sol.
Pour ce qui concerne les vents violents qui caract^risent
le passage des bourrasques dans nos contrees ou leur voi-
sinage, rien ne doit nous surprendre si ces vents affeclent
presque toujours une direction plus ou moins oblique
relativement k Tborizon. En eifet, il est bien constat^que
Faxe des mouvements tournautsqui engendrentg^n^rale-
ment nos tempdtes, est plus ou moins incline dans le sens
de la progression de ces mouvements (*). II r^sulte de cette
inclinaison que la direction du vent dans le plan vertical
doit varier selon la position de I'observateur par rapport k
la masse d'air constituant la bourrasque, qui est dou^e k la
fois d'un double mouvement de translation dans I'atmo-
sph^re et de rotation autour de son axe incline.
Les considerations pr^c^dentes suiBraient pour rendre
raison du fait general de I'obliquit^ du vent, que j'ai ^te
conduit k admettre en m'appuyant sur des faits d'obser-
vation ou qui se ratlachent k la pratique. Mais je ferai
remarquer ^galement que les d^clivit^s du sol, parfois si
prononc^es k la surface du globe, doivent d^vief tr^-fre-
quemment le vent de la direction borizontale. II n*est point
superQu de rappeler ici que les asp^rit^s du sol dans les
pays de montagnes donnent lieu k des brises, dont M. Four-
net a fait une ^tude particuli^re. Selon cet observateur,
les courants verticaux qui s^^tablissent p6riodiquement
dans ces circonstances, tendent k alt^rer les mesures des
(*) Les mouvements de t atmosphere et des mers consid^r^s au pdni
de wiede la provision du temps, par M. Mari^Davy, page 2il.
( 485 )
hauteurs prises barom^triquement, au point que les for-
mules laissent beaucoup a d^sirer, d'aprte M. Foumet (*).
J'ai expliqu6, en parlie, par les differences si marquees
que presente le sol de la Belgique et des contr^es voisines
au Sttd et au Nord d'Anvers, les hearts opposes que les
mesures de rinclinaisoa du vent ont pr^sent^s aux divers
Stages de la tour de la cath^drale. Ces recherches, faites
dans le but de d^couvrir s'il existe on non une liaison
apparente entre cette inclinaison et les variations des alti-
tudes barom^triques de ces Stages , selon la direction et la
force du vent, m'ont permis d'^tablir une conclusion cer-
taine a regard de Finclinaison de celui-ci , qui varie r^gu-
li^rement en moyenne suivant les divers azimuts. En effet,
lout en tenant compte des circonstances locales qui ont
influ6 sans aucun doute sur les mesures de Tinclinaison
. aux galeries de la tour, j'ai d^duit de la concordance qui
s'y est manifest^e le plus habituellement entre les valeurs
de rinclinaison pour le ra^me vent , cette conclusion ge-
nerate :
Le vent souffle ordinairement suivant une inclinaison
determinee qui lui est propre a chaque experience , et qui
varie souvent, d'une observation a Vautre^ pour le meme
azimut.
Les considerations que j'ai developpees dans tout ce qui
precede etablissent avec certitude le fait de Tobliquite
presque constante du vent, relativement k Thorizon et
tres-pres de celui-ci. Je fais ici une reserve, parce qu'il
pourrait arriver parfois que dans un pays de plaines, le
vent ras&t pour ainsi dire le sol sans accuser k chaque
observation une inclinaison appreciable pr^s de celui-ci.
(*) Annates de chimie et de physique ^ 184^; L LXXIV, p. 891.
( 484 )
Dans tous les cas, cette limite serait au-dessous de dix
metres d'^i^vatioo, car Taxe de rotation de nos moulins k
vent les moins ^lev^, que Ton incline de 10 i IS"" de haut
en bas parall^lement k la direction moyenne du vent, se
trouve k dix metres au moins au-dessus du sol.
En pr^ence de ces conclusions, j'ai cru qu'il importait
de signaler le fait dont je me suis occupik Tattention des
m^ttorologistes, parce quMI est doublement n^cessaire
d'^tudier un des caract^res du vent qui doit exercer une
influence certaine sur les fluctuations du barometre aa
niveau du sol. Mais avant d'entrer dans cette voie, j*ai cru
devoir m*adresser k M. Mari^-Davy, directeur de FObser-
vatoire met^orologique de Montsouris, pr^s de Paris, dont
j'ai pu appr^cier r^cemment I'extrSme obligeance. Je d^i-
rais particuli^rement savoir de ce savant, si des exp^
riences directes et suivies n'avaient pas H& failes k Tegard
de rinclinaison du vent. J'ajoutai a cette demande quel-
ques indications sur les raisons pr^c^dentes, qui me por-
taient k consid^rer i'obliquit^ du vent comme un fait ge-
neral et certain dans les pays de plaines et sur TOc^an.
Yoici la r^ponse que M. Mari^Davy a eu Tobligeance de
m'adresser k la date du 30 octobre dernier :
c Je ne C4)nnais pas d*exp^riences directes et suivies
» faites sur la direction du vent dans le sens vertical.
> G'est surtout la pratique qui a determine la meilleure
» inclinaison des moteurs a^riens. Cependant les agricul-
» teurs savent que les bl^s les plus exposes k Hre ren-
> versus par le vent sont ceux qui se trouvent k quelque
> distance sous le vent d'un obstacle, et la mani^re mdme
» dont les grandsr vents couchent les bl^s accuse une force
> verticale assez prononc^e.
> Au reste, Tobliquite du vent est une consequence
( 488 )
forc^e de Tin^gale vitesse des couches d'air aux diverses
hauteurs. Les couches superpos^es glissent et frotteut
Tune sur I'aulre , et la resistance partant du sol , il en
r^sulte une composante verticale.
> Dans certaines conditions atmosph^riques Tensemble
de Tatmosph^re est, en outre, anime d'un mouvement
de descenle qui est normal dans la zone des calmes tro-
picaux. On voit alors la fumee des hautes chemin^es
s'incliner vers le sol et Tatmospb^re des grandes villes
se rembrunit.
» Cependant, je le repete, aucune observation directe,
au moyen d'appareils mesureurs, n'est arriv^e k ma
connaissance ou n'est restee dans mes souvenirs.
» Je ne crois pas que le vent aurait sur la mer autant
d'action s'il se mouvait horizontaleinent, et je regarde
cetle direction comme impossible. Les deviations sont
I'etat normal; elles peuvent avoir lieu dans tous les
sens. La deviation dans le sens vertical haut en bas est
un resultat moyen. >
On voit par cette lettre que M. Mari^^Davy considere
I'obliquite du vent comme un fait general et tout k fait
hors de doute.
J'examinerai succinctement ici Irois systemes d*appa-
reils destines k Tobservation r^guliere de rinclinaison du
vent, et dont Tun me parait appeie k satisfaire aux condi-
tions voulues pour cette etude.
La premiere disposition qui se presente naturellement a
resprit est celle qui m'a servi a mesurer I'inclinaison du
vent a la tour d'Anvers. Je me bornerai k rappeler que cet
appareil se compose essentiellement d'une double vanne
formee de deux ailes de metal inclinees, legeres, fixees
sur un axe horizontal oil elles sont parfaitement equi-
( 486 )
iibr^es. Get axe lourne dans uo cadre vertical sar le cdt^
duquei il fait saiilie, de maoiere k porter une longoe
aiguille qui indique, sur un cadran lateral , rinclioaison
que prend la double vanne sous TactioQ du vent. Le cadre
est mobile autour d'un axe vertical de fafon k pouvoir
s'orienter de lui-mdme suivant Tazimut du vent, par
Taction que celui-ci exerce sur deux ailes Gxeesi la partie
inf^rieure du cadre mobile.
Get appareil, suppose install^ au sommet d'un m&t de
15 ^ 20 metres de hauteur, fera connattre k tout instant,
par la position de I'aiguille , la direction inclinee du vent
dans le plan vertical suivant leqnel il souffle. Mats cette dis-
position ne permettra la lecture des observations que pen-
dant la clart^ du jour et en Fabsence de la pluie ou d*un
temps brumeux , k moins que Ton ne reussisse k enregis-
trer les indications de Tinstrument dans le local mSme de
robservatoire,aupr^s duquei le m&t s*^i^vera , par les pro-
c^d^s des appareils enregistreurs fond^s sur i'^lectro-
magn^tisme. Malgr^ certaines difficult^s d*application qui
surgiront de prime abord, le probl^me pent dtre r^solu. II
conviendra que les indications de I'appareil soient relev^
k des instants assez rapproch^s, toutes les cinq minutes,
par exemple, afin qu'aux moments oh r^gneront de forts
ventsn*observateur reussisse k distinguer, dans les relev6s,
les valeurs des inclinaisons les plus stables et les oscilla-
tions extremes, qu'un instrument aussi sensible accomplira
sous Finfluence de remous ou de toute perturbation mo-
mentan^e dans la direction inclinee du vent.
Une seconde disposition qui pourrait 6tre tentee, con-
sisterait k d^duire Finclinaison des courants a^riens de la
diff<§rence de marche de deux an^mometres du docteur
Robinson , dont Fun accomplirait ses revolutions dans les
( 487 )
conditiODSuOrdinaires, c'est-i-dire aulour d'uD axe vertical,
et indiquerait ainsi la composante horizontale V de la
Vitesse absolue du vent. L'autre an^mom^tre serait tout k
fail idenlique au premier sous le rapport des dimeDsions,
du poids de ses parlies et m^me de la r^istance du frotle-
ment dans son mouvement de rotation; mais^au lieu de
tourner autour d'un axe verlical comme le pr^c^dent , ce
second appareil accomplirait ses revolutions autour d'un
axe horizontal. Celui-ci serail adapts dans un cadre vertical,
qui s'orienteraitconslamment de lui-m^me, de mani^re k
roaintenir le plan vertical de rotation du syst^me suivant
Tazimut du vent. La marche de ce second appareil ferait
connailre evidemment la vitesse absolue V de celui-ci. La
valeur de Tinclinaison I du vent se d^duira ais^ment de
la comparaison des deux vilesses V et V & Taide de la for-
mule :
V
cos I =3
Mais celle disposition offrirait, dans son eii]ploi,plusieurs
d^sa van tages. D'abord, le rapport-^ fcra connailre seu-
lenient la valeur moyenne de Tinclinaison du vent corres-
pondant aux deux instants, plus ou moins ^loign^s, pen*
dant lesquels la marche des deux instruments aura ^t^
relev^e dans le but d'en d^duire les vilesses respectives V
et T. Cest, sans aucun dpule, un disadvantage marqu^,
qui ne permettrait gu^re de calculer avec certitude la
valeur de Imclinaison k un moment donn^, de tr^s-courte
dur6e.
II est a craindre, d'autrepart, que ran^mom&lre en
rotation verticale ne puisse snivre assez rapidement les
variations brusques du vent en azimut, et qu'il ne perde
( 488 )
ainsi momentaD^meDt une partie de Taclion totale du
vent; il r^sulterait deces fluctuations une valeur trop faible
pour V. L'an^mooQ^tre ordinaire, qui re^oit toujours en
plein i*action de la conoposante horizontale du venl,
quelles que soient les fluctuations en azimut de celui-ci,
n'^tant pas expos^ a ^prouver ces irr^gulariles, donnera
toujours exaclement la valeur de \'. II r^sulte de Ik que
ie rapport yne fera pas connaitre avec precision la valeur
moyenne de Tinclinaison.
Enfin, Tapplication de cette disposition nepermettra au-
cunenaent de distinguer les cas oil Tinclinaison du vent sera
dirig^e alternativement de haut en bas et de bas en haul.
En presence de ccs inconv^nients, et particulidreroent
du dernier, il ne convient pas, je pense, d'appliquer cette
seconde disposition k Tetude r^guliire et suivie de rincli-
naison du vent.
L'appareil qui me paraitappel^^satisfaire anx conditions
essentielles du probl^me est randmoscope k ailettes de
M. Piazzi Smith, tel qu*il a etc peri'ectionn^ par M.Salleron
et applique par lui k renregistremenl electro-magn^tique
des variations en azimut de la direction du vent. La des-
cription de Tappareil de Piazzi-Smith , qui estun des plus
sensibles, se trouvant dans plusieurs trait^s, je me dispen-
serai de Ie faire coi>naitre. Je me bornerai k queiques
indications sur Ie mode d'application de Tappareil au
relev6des inclinaisons du vent. Supposonsd'abord unaxe
mobile vertical, qui s'orienle constaroment de lui-m^me
suivant Tazimut du vent par Taction de celui-ci sur un
systeme de girouette quelconque appliqu^ k cet axe. Sup-
posons qu'k .son sommet on ait adapte un appareil de
jPiazzi-Smith, dispos(^, non plus suivant Ie mode ordinaire,
mais de telle sorte que son aiguille indicatrice soit amen^
( 489 )
invariablemeDt dans la direclion absolue du vent par le
jeu ordinaire de Tan^moscope lui-m^me. A ceteffet, Tappa-
reil sera mobile et parfaitement ^quilibr^ autour d*un petit
axe horizontal fix^ au sonimetde Taxe vertical, qui suppor-
tera et orientera en azimut toulle sysleme. L'arbre portanl
les deux roues i ailettes, qui caract^risent si ing^nicuse-
ment la disposition de Piazzi-Smith, sera susceptible
d'ob^ir ainsi ^ un mouvement de bascule snivant le plan
vertical de la direction du vent. Les deux roues ^ ailelles
se Irouveront alors Tune au-dessus et Tautre au-dessous
de Tappareil. Le vent cessera d'avoir prise sur elles quand
leur arbre aura et^ amen^ dans une position perpendicu-
laire i la direction absolue du vent, que marquera exac-
tement son aiguille indicatrice.
Cette direction sera cnregistr^e k Taide d*un syst^me
^lectro-magn^tique ou d*une disposition mecaniquc quel-
conque. Les resistances que presenlcra celle-ci seront
ais^ment vaincues par la force avec laquclle Tanemoscope
tendra a se placer dans la direction absolue du vent, quand
elle eprouvera des changements, car ceux-ci donneront
lieu k une prise d'air sur les roues 5 ailettes, donl le jeu
aura pour effct de ramener constamment le systeme sui-
vant cette direction absolue.
Sur le meteorographe enrcgistreur de M. Van Rysselberghe;
par M. Gloesener, membre de TAcademie.
Dans le rapport que j*ai prescnte in rAcademie,le 8 aoAt
dernier, sur la notice de M. Van Rysselberghe relative a
son sysleme met^orograpbique universel, j'ai dit :
< M. Van Rysselberghe est persuad<i que son meteoro-
( *90 )
» graphe est universel ^ que par consequent il est propre
» k enregislrer aussi les observations de la boussole ma-
» gn^tique ,celles des aiguilles des gal vanom^tres et d'autres
> appareils semblables. — Je ne puis souscrire encore k
» cette proposition g^n^rale et admettre que les deviations
> des aiguilles prenommees puissent ^tre enregistr^es
> avec precision.
» Au surplus, je trancherai la question par Texperience
> et je m'assurerai si le meteorographe est universe! ou
» assujetti k quelques exceptions. >
D^s mon retour de.la mission que le Gouvernement
m'avait confine auCongr^s international met^orologique de
Viennese me suis en effet rendu k Ostende, oti je snis
reste plusieurs jours, dans Tunique but d*etudier minu-
tieusement le systeme de M. Van Rysselberghe. La vue du
fonctionnement de Tappareil dont j'ai admir^ la simplicite
et la precision, et les experiences ex^cutees m*ont donn6
la conviction que celui-ci est capable, non-seulement
d'enregistrer les variations de Taiguille magn^tique et
celles de retal eiectrique de Pair, mais encore d'enregistrer
ces don ndes avec une rigoureuse exactitude, ainsi que les
indications de tout instrument k aiguille ou a colonne
mercurielle, y compris les therraometres du psychro-
metre.
Ce qui frappe tout d'abord dans eet enregistrenr et le
distingue de tons ceux construits jusqu'^ ce jour, c'est
qu'il grave sur metal les courbes met^orologiques, four-
nissant ainsi une planche dont on retire par Timpression
autant d'exemplaires qu'on le desire; ce qui permettrait
aux Observatoires de se communiquer mutuellement
leurs documents 9 avec la plus grande facilite, s'ils adop-
taient le systeme de M. Van Rysselberghe.
(491 )
Ensiiite ce qui est parti.culi^rement remarquable^c'est
qu'un seul burin, mA par un seul ^lectro-aimant, grave
success! vement, sur une seule feuille m^tallique, les ele-
ments de toutes les courbes. On ne peut m^connaitre la
superiority incontestable d'un burin d'acier sur les crayons
traceurs utilises jusqu'i ce jour.
Ge qui pour cet appareil est le gage d*un bel avenir,
c'est que les frais de construction sont insignitiants, com-
parativement aux prix eiev^s qui jusqu'ici ont rendu les
mel^orographes presque inabordables.
L'enregistreur de M. Van Rysselberghe, ainsi que j'ai
pu m'en assurer, n*exige ni instruments indicateurs, ni
r^gulateur d'une construction speciale, la premiere horloge
venue devient T^me directrice du syst^me.
Les appareils indicateurs et Thorloge sont abandonn^s
librement k eux-m^mes; on ne leur demande aucun travail^
tons les mouvements m^caniques ^tant produits par un
poids ou ressort-moteur que Ton remonte de temps en
temps.
En resume je me fais un devoir et un plaisir de declarer
que j*ai trouv^ dans le m6leorographe de M. Van Ryssel-
berghe, un enregistreur vraiment universel el tout k fait
digne d*attirer Tattention des met^orologistes et des Ob-
servatoires. J*ajouterai qu'on peut s'en rapporter, pour les
applications, k sa notice, accompagne de dessins et de
diagrammes, dont TAcademie a vote I'impression dans ses
Bulletins.
( 492 )
Appendice aux troisiemes Additions et lisle des Gomphines,
decrites dans le Synopsis et ses trois Additions; par
M. Edo). de Selys Longchamps, membre de TAcademie.
La liste g^neralc sert de table des mati^res. On troine
ii chacune des colonnes qui suivent le nom des especes,
rindicalion du Synopsis ou de ses Additions , avec le du-
m^ro d'ordre sous lequel les especes soot decrites. Lors-
qu'aucune mention du sexe n'est inscrite, c*est que tous
deux sont signal^s.
Dans la partie de ces troisiemes Additions, publiee dans
les Bulletins de rAcad^mie de juin 1873^ nous arrivions
k connaitre 188 especes de Gomphines.
Une excursion que j'ai faiie en Angleterre dans le mois
suivanl m'a permis de reconnaitre et de d^crire douze
especes nouvelles, ce qui porte le chiffre total ^ deux
cents, et de completer le signalement de plusieurs donl
Fun des sexes etait inconnu (1). Je viens offrir ces des-
criptions sous la ibrme d'Appendice aux troisiemes Addi-
tions, J'ai pu etudier les exemplaires signales, grice a
Tobligeance du D' J.-Edw. Gray, chef du departement
zoologique au British Museum; de M. Fr^d. Smith, assis-
tant ^ cc dipartement; le D' 0. Westwood, professeura
rUniversite d'Oxford; le D' Moore, directeur de VEast
India Museum, k Londres, et de mon ami M. R. Mac
Lachlan. Que ces savants re^oivent ici Texpression de
toute ma gratitude!
Le tableau dc la classification qui precede la lisle des
(1) Yoici la progression du uoinbrc de Gompbioes decriles :
Liiiue en connaissail 2; Fabricius 3; Burineister 10 (eu 1830); Ram-
bur 50 (1841); de Selys 117 (1854).
( 493 )
esp^ces permet de saisir d'un coup d'oeil les modifications
que des d6couverles successives et une connaissance meil-
leure de la valeur relative des caracteres m*ont d^cid^ k
apporter dans la s<^rie des Gomphines, telle que je Favais
propos^e dans le Synopsis , il y a pr^s de vingt ans.
Ces modifications, k part onze sous-genres nouveaux
inlercal6s, ne concernent guere que le genre Gomp/ms,
dans lequel vingt sous-genres sont enum^r^s d'une mani6re
un peu differente de celle que j*avais d^abord adoptee (1).
Voici les principes sur lesquels je roe suis appuye :
Dans le grand genre Gomphus on peut reconnaftre plu-
sieurs categories presentant un facies particulier, concor-
dant avec la localisation geographique , et comprenant
chacune plusieurs sous-genres dans I'ordre ou je les place
dans la liste g^n^rale :
l"" Les appendic^ anals sup^rieurs des d* ont environ
le double de la longueur du dernier segment. Appendice
inferieur variable.
S. G. 1. Heterogohphus. ~ Inde el Malaisie.
2. Ontcbogomphus. — Europe, Asie, Malaisie el Afrique.
^ Dans les groupes suivants les appendices sup^ricurs
des cT ont environ la longueur du dernier segment. On
peut les subdiviser comme suit :
A. Appendice anal inferieur du </ 2k branches non divariquees.
3. Erpetogonphus. — Ameriqae septentrionale chaude.
4. Ophiogomphus. — Europe, Asie, Amerlque seplenlrionale
temper^e.
(1) J'ai renouce k grouper les sous-genres d'apr^s la presence ou Pab-
sence d*uiie denl au p^nis, parce que ce caracl^re presenle des exceptioDs
cbez des esp^ces eo apparence voisioes, el quMI est difficile ^ saisir.
( 494 )
B. Le huitiime segmenl fortemenl dilale en fcuilles membra-
Ileuses. (Appendices variables.)
5. Ceratogomphus .
* I — Afriqi
^ - . jueaustrale.
6. Pryllogoiipbds
C. Appendices snperieurs des d' (res-fourchus, rinferiear a
branches divariqu^es.
7. MfCROGOiPHUS . . _ Malalsle
8. Macrogohprus
D. Appendices inferieurs des cf a branches divariquees.
a. Les supdrieurs et chaque branchc de I'lnferieur
fourchues.
9. OcTOGOMPHus. — Amerique seplentrionale.
b. Appendices plus simples :
10. Dromogovphus. — Amerique seplentrionale.
11. GoMPHUs. — Europe, Asle, Afnque seplentrionale et
Amerique seplentrionale.
13. Cyclogomphl's .
13. Anormogomphus . \ — Asie iropicale.
14. Plattgomphus .
15. austrogomphcs .
16. Hemigomphcs
I — Auslralie.
17. Neogorphus. — Amerique meridionale.
E. Corps gr^Ie; dessins verd^tres ou bleusitres. Appendices
des d* de forme diverse, les inferieurs k branches droites
ou peu divariquees.
18. Ctanogouphus . \
19. Epigompbus . . > — Amerique meridionale.
20. Agriogorpbus . )
II est vraisemblable que lorsque nous connaitrons (oul
k fait bien les esp^ces dont nous ne poss^dons qu'un seol
sexe ou des exemplaires incomplets , il y aura lieu d'^lever
( 49S )
au rang de grands genres plusieurs des categories donl je
viens d*esquisser la physionomie.
4 (Addition), HETEROGOHPHts Smithh, DeSelys.
9 Abdomen SG"""" ; Aile inferieare 54.
9 Jeune, Ptdrosti^a jaune pk\c (long de ^<^^) entre des nervures
noires, surmontant 7 cellules ; 21 antecubitalcs aux supcricurcs,
15 postcubitales; costale noir&tre^ mcmbranule pi^le, pelitc.
T6te (manque). Thorax comme chez le m&le, mais les deux bandes
cun^iformes jaunes antericurcs plus larges ct Ics sinus antealaircs
tout jaunes. Le jaune de Tabdomen plus etcndu, cette couleur occu-
pant au moins les trois quarts des segments jusqu'au 6'; les deux
tiers au 7% et le tiers au 8«. Appendices anals (longs de S™*") tres-
minces, bruns, plus longs que le 10« segment, penchds sur une
protuberance epaisse conique presque aussi longue qu^eux , qui tcr-
mine Tabdomen. £caille vulvaire ayant le tiers du 9* segment, pres-
que entierement divisee en deux lamelles clroitcs pointues un peu
distantes au bout. Tous les femurs livides en dedans; les postcrieurs
longs de 4 '/« a 8""-
PcUrie : Inde septentrionale. (Coll. de M. Moore.)
N. B. Differe de la femclle de 17/. Sommeri de Chine par Tabsence
dc raie humerale jaune , le pterostigma plus court, le grand nombrc
de ncrvules costales (chez 17/. Sommeri il ny & que 16-17 anle-
cubitales et 10-12 postcubi(alcs); lesanneaux jaunes de Tabdomen
beaucoup plus larges, Tecaille vulvaire plus profondement fourchue
k branches plus fines moins ecartees.
10 [Addition). Ohtchogomphds forcipatus , L.
Race : Unguiculatus, Vanderl.
Dans le Synopsis je n'ai pas parlc des races ou varietds locales du
fordpaius, bien que je les eusse signalees d^ 1840 (Monogr. Libell.
Eur., page 83). Elles ont cte 6tudiees et decrite» en detail dans la
monographic des Gomphines, d'apr^ les observations du D' Hagen.
Pour completer le Synopsis il convient dc mentionner que je reserve
Ic nom de race unguiculatus aux exemplaires du Midi nommds
jEschna unguiculata par Vanderlinden. J'ai signale ces exemplaires
de la maniere suivantc :
( *96 )
a Devaiit dc la face avec une scule ligne noire transyerse a peine
dislincle. Les raics noircs du devant du thorax etroites, celles des
cutcs presque nulles. Appendices anals du m&le jaunes, sans nuance
brunc: ics 8% 9« ct 10« segments a laches dorsales jaunes dans les
deux sexes. «
Patrie : Europe meridionale (Provence, Italic, Espagne, Algerie,
Asie Mineure).
Chez les types du vrai forcipatus septentrional le devant dc la
tete porte trois ligncs (ransverses noircs tres-distinctesj les raics
noircs du devant du thorax sont largcs ; les appendices anals du
mMc rouss^lres, mdlangcs de noirSlrc ; les 8', 9* ct 40« segments
sans taches dorsales jaunes, surtout chcz la femelle.
Patrie : Europe froidc et tcmpcree (Scandinavie , Allemagne,
Belgiquc, nord de la France).
II est bon de faire remarquer que les deux races prescntent par-
fois des individus plus ou moins intermcdiaircs.
22^^. OpHiOGOHPHrs BisoTi, DeSelys.
9 Abdomen envirou 55"""; aile iof^rieure .12.
d* Inconnu.
9 Ailes un pen salics; reticulation noire y compris la costale;
pterostigma gris-brun (long de 3™™ '/,) surmontant i-5 cellules;
membranule a peine visible, p^le; 12-13 antccubitales, 8-9 postcu-
bitales aux superieures ; deux rangs de cellules postrigonales.
Levres,face et front jaune-verddtre, excepte unebordure terminale
grise au lobe median dc la Icvre inferieure, et une ctroite bordnre
basale noire au front, un peu avancec au centre. Vertex tout noir.
Occiput jaune des deux cotes, portant deux corncs aigues distantcs,
(dans le genre de celles de TOnychog? cerastes), les deux epines un
peu inclinees en avant et s'ecartant I'une de V autre, DerriGre des yeux
noirfitre vers le haut avec une tachc arrondie jaun&tre. Protorax uoi-
r&tre, son bord anti#*ieur et une tache mediane jaun&tres. Thorax
jaune-verd&lre ayant en avant deux bandes m^dianes noircs contignes
a Tarete dorsale, peu larges, touchant les sinus ct le bord anterieur
qui est finement de mime couleur, une bande humerale et une ante-
hum6rale igalcmcnt contigues et de mdme largeur, montrant entre
dies une trds-fine ligne jaunalrc incomplete. Sinus antealaires noira-
C 497 )
tres, marqaes de jaune. Les cotes du thorax ayant une seulc ligne
bnine tr^-fine a la suture, ledessous du thorax jaune-verdatre.
i«' segment de rabdomcn noir&tre en dessus avec une tache dor-
sale jaune; 2-4< avec une tache dorsale a trois lobes dont le poste-
rieur est plus etroit. Sur les c6te5 le noir forme une bande laterale
superieure sur les i-4^^ seginents et le dessous et le vestige d'oreil-
lettes sont jaunes (le resle manque). Pieds : trochanteres et femurs
jaune obscur, Textremite des femurs noire en dehors, leurs epines<
noires, tr^s-courtes. Tibias et tarses noirs. (Femurs postdrieurs longs
de 6«"» 7«')
Patrie : La Californie. (Coll. Mac Lacblan.)
N. B, Differe de la femelle du serpentinus .* par les cornes de
Focciput qui sont pointues; du serpentinus et du coluhrinus par les
bandes noires du devant du thorax plus ^paisscs, Tabsence de ligncs
foncees a la face et aux levres et de tache jaune au vertex entre les
yeux, — du Rupinsulensis mk\e par la costale noire, Tabsence de
tache jaune au vertex, les six bandes noires du devant du thorax
plus epaisses et sur tout par la presence des deux bandes noires
adossees a la suture mesothoracique ; du Mainensis ($ A\xRupinsulen'
sist) par les deux epines de Focciput divergentes ( et non conver-
gentes), les femurs a bandes jaunes (tons noirs chez Mainensis)^ si,
comme j'ensuis persuade, la description de Walsh estexacte.
33*<'- GoMPHDS PERflONATCis, Dc Sclys.
$ Abdomen 45"^«>; aile inf^rieure 42.
cf Inconnu.
9 Pterostigma jaune (long de i^^)\ 14-15 antecubitales, i2>i5
postcubitales aux ailes superieures.
Face noire excepte le sommet du front qui forme une bande
transverse antericurc jaune (comme chez le melamops) et deux
petitcs taches rondes orangees a la I6vre superieure. Le rcste de la
t^te noirlitre, mais Focciput jaun&trc, has, un peu arrondi au milieu,
avec de petites dents sur les c6tes et des cils noirs. Devant du thorax
noir avec deux bandes jaunes droites en avant, confluentes avec un
demi-collier m^othoracique tres-fortement interrompu au milieu,
de mani^re a former avec les bandes deux 7 tournds Fun vers
rautre, et une ligne humdrale tres-fine de m^me eoulcur; lies cotes
2"" S^RIE, TOMB XXXYI. 55
( 498 )
jauaes avcc deux lignes noires fines, la premiere interrompue aa
milieu. Abdomen noir avec une raie dorsale jaune proloogee jasqu'au
7« segment, ou la bande s'cSlargit k la base ; le 8* sans laches; le 9«
avcc une bande transverse terminale jaune; le 40* sans tache, mais
termine par un tubercule jaune aussi long que Ics appendices aoals,
qui sont de m^me couleur. Pieds tout noirs (femurs posterieors
longs dc 9""™).
Palrie : Assam. (Musee d'Oxford.)
N, B. Voisin du melosnops dont cette femellc differe par le ptero-
stigma jaune, Tocciput jaune arrondi, non elevd en pointe m^iane ;
Ics deux points oranges de la Idvre sup^rieure , les appendices anals
el ics tubercules entre eux jaunes et les deux lignes noires des cotes
du thorax fines, la premiere interrompue.
SS'*'*- GoMPHUS PBOMBLAS, Dc Selys.
9 Abdomen environ 42; aile inferieure 38.
d* Inconnu.
9 Pterostigma noiri^tre long de S"*"* ; sa ncrvule interne non pro-
longee directement dans Fcspace en dessous ; 47 antecubitales,
14 postcubitales aux ailes superieures.
Face toute noire excepte une bande jaune au sommet du front,
qui est tres d^prlm^ et deux points a la levre superieure. Occiput
has, noirAtre. Devant du thorax noir avec deux bandes jaunes pres-
que confluentes avee un demi-collier mibothoracique , ce dernier
presque interrompu au milieu ; les cotes jaunes avec deux raies
noires. 1*' — 3* segments dc Tabdomen noirs avec une raie dorsale
continue, les oreillettes et une bande maeulaire lalerale jaunes (le
reste manque).
Pieds noirs, courts; fdmurs epineux (Ics posterieurs longs de 8**).
Patrie : Madras. (Musde d'Oxford*)
iV« B. Cette femelle ne pent £tre classee que provisoirement, le
bout de Tabdomen manquant et le m&ie dtant inconnu.
Par le devant du thorax avec un collier et deux bandes jaunes
sans raie humerale, elle rappelle les Heterogomphus^ mais le ptero-
stigma est plus court.
Je la crois plut6t voisine du personalus auquel elle rcssemble par
la lace noire, les deux points jaunes de la levrc superieure et la oolo-
( 499 )
ration generate du thorax. EUe s'en distingue par le pterostigma noi-
rdtre un pen plus court, les nervules costales plus nombreuscs, la
taillc un peu moindre, les deux bandes jaunes du devant du thorax
non confluentes avec le demi-coUier, celui-ci a peine interrompu au
milieu, la premiere raie noire des c6tes enti^re, Tocciput noir&tre
has, le front plus deprime. Ces deux derniers caracteres rappelfent
Voccipitalis.
53 {Addition), Dromogohphus armatcis, De Seiys.
Abdomen 46'"'" ; aile iof^rieure 38.
6* Pterostigma jaune entre des nenrurcs noires (long de 4'"<") ;
15 an tecubi tales, 10 postcubitales aux ailes superieures; costale
jaune en dehors.
Diametre de la t^te 7'"°> '/s* P^ce jaune exccpte une fine ligne
noire au bas du front contre le nasus. Occiput jaune cilie de noir,
r^ion du vertex noir&trc. Prothorax brun, sa base et le bord poste-
rieur jaunes. Les deux bandes jaunes du devant du thorax tr^s-con-
iluentes avcc le demi-coUier mesothoracique, qui lui-m£me se rdunit
ayec la finear^te dorsale jaune. Les cotes du thorax jaunes ayce deux
bandes brunes completes a la 1'* et a la 2* suture. Abdomen brun
avec une raie dorsale jaune. Le dessin est ainsi qu'il suit : la bande
lat^rale brune touche le bord postdrieur au 2* segment ; aux 5 — 6* la
raie dorsale jaune est 6troite et bord^e lateralement de noir (comme
chez le Gomphus vulgatissimus), Les 7 — 10* segments sont d'un
jaune rouss4tre avec une bande laterale brune ondul^e dessinant des
taches dorsales daires.
Appendices anals d'un brun clair, Tinfericur a branches un peu
plus divariquees que les superieurs, dont le bout interne est pointu,
dtant coupe en biseau extdrieurcment.
Picds noirs, interieur des femurs un peu ligne de jaune ; 6-7 Opines
fortes aux femurs posterieurs qui sont longs de 12 '/,<"'°.
9 Inconnue.
Patrie : Am^rique septcntrionalc (Etats-Unis). Musde britannique.
N. B. La description donnee (Syn., n^ 52) etait incomplete. Cello-
ci pcrmet de le s6parer avec certitude de son voisin D. spoliatus. Ge
dernier a les ailes un peu plus courtes, le pterostigma plus epais, pas
de ligne noire au bas du front, les deux bandes jaunes du devant du
( 800)
thorax plus largcs, ne communiquant pas avcc le dcmi-collier meso-
thoracique, qui est au contraire plus dlroit.
5i (Addition). A!iORiiO€OiiPflcs hetbropterds, de Selys.
9 Abdomen ^Q*""^; aile iaf^rieure 24.
Occiput excessivemeDt bas, non denticule, plat en arrierc ; pas de
ligne foncoe au bas du front ni de marque noire superieure derriere
Ics yeux. Les dessins bruns du thorax presque obliter^.
Appendices anals jaunes, Ires-courts, ecart6s. £caille vulvaire tres-
courte, un pcu dmarginec.
Le reste conime chez le maile.
Patrie : Inde. (Musee d'Oxford.)
N, B. Dans la Monographic, j'ai dit que le ptcrostigma du m&le est
long de 1 7*""» il '*"* lire : 2 Vi""'"' Cejui de la fcmclle ici decrite
«st long de 3^
56^''. Cyclogomphus ybsicclosl's, De Selys.
d* Abdomen environ 23""". Aile iuferieure 23.
Costalc jaune vif en dehors; 19 antccubitales aux ailes supe-
ricures ; ptcrostigma brun (long de 2">°>).
Face jaune avec une ligne transverse brune au bas du front, une
basale et une fine bordure de mSme couleur a la levre superieure ;
vertex noir; occiput jaune; derriere des yeux noir avec une tr^-
grande tache jaune. Thorax jaune, ayant en avant quatre baodcs
noires tr^epaisses, les medianes scparCes par TarSte dorsale jaune
qui, en se reunissant avec un demi-collier anterieur etroit, forme
un Y evasC jaune. Les bandes medianes noires confluentes par en
haut avec les humeralcs. Sur les colds on voit une bande noire sous
Taile superieure, et le commencement d'une ligne superieure noire
entre les deux ailes. Abdomen, noir a tache dorsales jaunes lanceolees
sur les i«r et 2* segments. Les 3-i* et K« portent chacuu un anneau
jaune. (Le reste manque.) Le penis renfle en vessie. Pieds noirs
lignCs de jaune.
9 Inconnue.
Patrie : Inde. (Coll. de M. Moore.)
iV. B. Voisin de Vypsilon par la couleur de la t^te, du dcvaat et
( 501 )
des cot^ du thorax. II en differe par sa tr^s-petitc taille et les pieds
plas lignes de jaune. II se separe de Vheteroslylus par la petite. lignc
courte des c6tes du thorax, qui, n'elant pas confluente avec la raie
posterieure de la seconde suture, ne forme pas un dessin en Y.
57^'- Gyclogomphca verticams, De Selys.
5 Abdomen environ 27™«" ; aile inferieure 25.
d* Inconnu.
9 Rcssemble bcaucoup au torquatus par la taille et le noir de la
face et du thorax. II en differe :
i« Par une tache jaune arrondie au vertex entre les yeux;
2o Le noir du reste de la tdte est encore plus etcndu^ renfermant
trois taches jaunes au nasus , traversant completcment la l^re supc-
rieure , et occupant entiercment le derriere des ycux , sans y laisscr
subsister de point jaune.
Palrie : Inde. (Coll. dc M. Moore.)
N. B. n differe de toutes les autres especcs par la tache rondc
jaune du vertex ; de Vheteroslylus^ par sa petite taille, les bandes
niedianes noires du devant du thorax confluentes infcrieurement
avec les humcrales, et la coloration dc la tSte.
La raie noire de la seconde suture des cotes du thorax est en Y,
comme chcz le torquatus et Vheteroslylus y en quoi il se separe encore
du vesiculosus.
58ftMrt. Hbmigomphus? LATEBALI8, De Selys.
9 Abdomen environ 31>»™; aile inferieure 25.
d* Inconnu.
9 Gostale jaune en dehors, le reste de la reticulation noire;
11-12 antecubi tales, 6-7 postcubitales aux superieures; ptcrostigma
epais, jaune entre des nervures noires epaisses, couvrant 6 cellules
(long de i""™ 74)'
Face et front jaun&tres avec deux raies transverses brunes. Tune
au has du front, Tautre sur le rhinarium. Une bandc brune devant
les ocelles a la base du front, avanc^e en angle au centre. Vertex noi-
r^tre avec une tache jaune arrondie. Occiput tres-bas, jaunatre, a
cils bruns. Derriere des yeux d'un brun jauni^trc , passant au noir
( »02)
vers 1e haut. Prothorax brun avec une tache ccDtralc geminee et
deux petites tachcs jaunes latdralcs de chaquc cdte. Devant du
thorax brun avec des dcssins jaunc-verd&tre elroits isolcs ainsi qu^il
suit: un dcmi-coUicr niesothoraeique fortementinterrompu aa milieu,
une tache ovale etroite antehumerale en avant, enfin un gros point
humeral superieur contrc les sinus. Sur Ics c6tcs du thorax deux
bandes obliques reniformes isolees, ccartees Tune dc Tautre, d'un
vert pale , chacune d'elles presque cerclee dc noir. Femurs jaune
livide, un pen bruns en dehors , a epincs lividcs (les postericurs
longs de 6°>™). Tibias et tarses noirs. Abdomen (manque).
Palrie : Le nord dc TAustralie. (Musde Brit.)
N, B. II semble plus voisin de VH. Gouldii que d'aucune autre
espece par la face, les deux dessins ovals du devant du thorax et Ic
pterostigma. 11 s'en distingue par Tabscnce de raie humerale claire
(reduite a un gros point superieur) et par les deux bandes vertes
cerclees de noir de chaque cote du thorax, cnOn par tons les femurs
en grande partie jaunes.
L'absence de raie humerale Teloigne aussi des H. heteroelitus et
ochraceus chez qui, d'ailleurs, le collier mcsothoracique jaunc est
confluent avec la bande antehumerale de m6me couleur.
Quant aux fF.amphicHtus, prceruptus et interruptus, ils ont une
raie humerale claire et les bandes noires du devant du thorax
sont droites, ce qui les eloigne des autres especcs, lesquellcs les
ont courbdes.
(3^cr. pROGOMPHus PTGM/Eus , De Selys.
cf Abdomen 25™"; aile ioferieure 19.
Ailes hyalines; reticulation noire; tons les triangles divisd^ par
une veine , le c6te cxterne des discoidaux tres-brlsc , surtout aux
supcrieurcs, ou il est suivi dc deux rangs de cellules; 15 ant^cubitales
et8'9 postcubitales aux ailes superieures; pterostigma mince, long,
brun fence entre deux nervures noires epaisses, surmontant 4-5 cel-
lules (long de 2™°* ^/,) ; un seul rang de cellules postcostalcs aux
superieures jusqu^au bout du secteur infdrieur du triangle (cepen-
dant on voit parmi elles une cellule double irreguliere}.
Tdte (manque). Devant du thorax noir avec une raie antehume-
rale droite jaunc-verd&tre ; les cotes jaune- verdfttre avec une bande
( 803 )
a la premiere suture et une lignc a la seconde noires. Abdomen grclc,
la base et le bout epaissis; noir ay ant une marque au i*^ segment j
une t^che dorsale cuneiforme touchant le bout et les cotes au 2« ;
an anncau occupant le tiers basal au 7«; une bande lateraleau 8«
jaun&tres. Pieds (incomplets) ; la premiere paire noire avec Finte-
rieur du femur jaun&tre.
Appendices anals superieurs plus longs que le I0« segment, lege-
rement courbes en dedans, a pointe peu aigue; jaunes, leur moilic
basale noire. L'inferieur un pen plus court, fourchu, a branches
noires fines dcartees, un peu courbees Pune vers Taulre, leur bout
echancre formant deux dents dont Texterne la plus petite.
9 Inconnue.
Patrie .* Bogota. (Collection Mac Lachlan.)
N, B, Tr^distinct de tons les autres Progomphus par sa taille
aussi petite que celle du Microgomphus ehelifer, Ge sont jusqu'ici les
deux plus petites Gomphines connues. II est encore remarquablc par
Tespace postcostal des ailcs superieures dVn seul rang de cellules
comme le Progomphus? paucincrvis , qui est ^alement de Bogota
(et non dc Quito, comme jc Tai imprime par errcur, S*""* Add.,
66^-), de sortc que ccttc double circonstance rend de plus en plus
probable que le paucinervis est bien de ce genre. Le pygmceus est fort
rcmarquable par le cote externe du triangle discoidal des supe-
rieures, plus brise que chez aucunc autre espdce.
72^* Ck)MPBOiDEs SCAS.4 , De Selys.
Abdomen </ 47, 49-"; 9 43. Aile inferieure 38-39; $ 41.
Reticulation noir&tre (brune chez le jeune)) costale noiratre (a
peine livide, jeune)\ plerostigma noir (brun, jeunej] long de 5"™
(d*) 5 '/i (?)} 21-26 ant^cubitalcs, 15-16 postcubi tales aux supe-
rieures (12-13 chez la 9); triangle discoidal ordinairement de 3 cel-
lules, rarement de 2 ou de 4, les internes de 2 (rarement de 3).
d* L^yres, face et front oliv4tres, I^vre supcricure largement tra-
versce et cntouree de noirAtre de maniere a ne laisser subsister que
deux taches rondes olivAtres; nasus et devant du front plus on moins
enfumes; vertex noirAtre avec une tache jaune entre les yeuxj
occiput olivAtre finemcnt borde et cilie de noir. Thorax noir, ayant
en avant de la crite dorsale un demi-coliier mdsothoracique etroit,
( 504 )
deux raies eCroitcs droites confluentes legercment avcc lui en 7; une
ligne juxta-liumerale enliere ctroitc, elargie en haul contre )es
sinus , et sur chaque c6te trois raies jaun&tres. Poitrinc olivatrc.
Abdomen noir, marque de jaunAtre ainsi qu'ii suit : une raie dorsale
aux 4-5« segments, ne touchant pas te bout, basale ct courtc au 6*;
un large anneau occupant la moitie basale du 7«; sur les coles des
taches ct les oreillettes aux i-2% une grande tache basale occupant
le tiers on le quart des 4-6^ segments, et une marque latcralc (sou-
vent obiiterce) au 8', dont les cotes sont un peu dilates en feuilles
etroites; encore plus etroites au 9*.
Pieds noirs j femurs bruns.
Appendices anals superieurs jaunes en dessus, noirStres a Pex-
treme base, a I'extr^mc poinle et en dessous; plus longs que le der-
nier segment, semi-circulaires allonges, les deux bouts se rapprochant
au point de se toucher. Vus de profit , ils portent au premier quart
en dessous une dent fine en epine, puis au 3« en dessus une dent
triangulaire au bord interne; Textremite comprimec en pincc est
tronquee, dont Pangle superieur est prolongc. Appendicc infericur
ayant le tiers des superieurs, noiratre, presque enticrement fourchu
a angle aigu, chaque branche pointue. Vuesdc profit, les branches
etant aplaties semblent tres-minces et sont fortement recourbees en
haut.
9 (Voir 2« Add., n*> TS**'-). Ajouter seulement que la levre supe-
rieure brune montre les deux taches olivatres.
Patrie : Vera-Cruz. — Mexique. Coll. Selys (par M. Salle). Tam-
pico (par M. de Saussure).
N. B, Je donne une nouvclle description plus complete, parce
que les appendices anals du mSle etaient inconnus et pour qu'on
puisse etablir une comparaison exacte avec la race Pdcifica.
11 faut noler que chez Tun des deux mdlcs que je possede Tepine
basale du dessous des appendices superieurs parait manqucr.
72"^- GOMPHOiDEs PACiFicA, De Selys.
(Racede Suasa?)
d* Abdomen 45-45»n ; aile inf^rieure 35-37.
d* Reticulation noire, costale distinctcment jaune-clair jusqu*au
( 505 )
pterosUgma qui est noir (long de 4 Vs'"°') ^^"^^ antecubitales, iOA^
postcubitales ; Ics triangles comme cbcz la sutua.
Lev res, face et front jaundlres, la superieurc hordie de noir en
avanty sa base et un point central enfumes; devant du front
enfume; vertex noir&tre avec une tacbe jaune entre les yeux. Occi-
put jaundtre finement borde et cilie de noir. Thorax noir, ayant en
avant la crdle dorsale, un demi-collier mesothoracique, deux bandes
etroites droites presque conflucntes avec lui en 7, une ligne juxta*
humerale inferiettte, siparSe d'un gros point contre les sinus, vestiye
d'une ligne humerale, et sur les cotes trois raies jaunAtres j poitrine
jauni^tre-obscur.
Abdomen, appendices anals et pieds comme chez la suata (Fepine
du dessous des appendices superieurs cxiste chez les deux exem-
plaires observ^).
9 Inconnue.
Patrie : Putla (Mexique), sur la cote du Pacifique. Coll. Selys.
iV. B, Jc separe avec doute de la suasa ces deux m&les, qui pro-
vicnnent d'une contree differcnte, parce qu'ils sont un peu plus pctits,
ont moins de nervules costalcs, la levre superieure dessinee et coloree
di£Feremment, la raie jaune juxla-humerale interrompue. lis ses^pa-*
rent de suite de Vambigua par le triangle interne des ailes inferieures
divise.
75fitarf. GoMPBOiDEs AMBiGUA, De 8ely8.
9 Abdomen 47"""; aile inf^rieure 58.
d* Inconnu.
2 Ailes hyalines avee un vestige safrane allant jusqu'a la pre-
miere antecubitale, et un autre tr^s-pctit a la naissance des secteurs
de Tarculus; reticulation noire, costale finement jaune en dehors 3
membranule rudimentaire brune ; 22 antecubilales, 12 postcubitales
aux superieures ; pterostigma brun (long de 5™"^) ; triangle discoidal
de 3 cellules aux ailes superieures (ou son c6t^ superieur est un peu
plus court que les autres), de 2 cellules aux inferieures 3 triangle
interne de 2 cellules aux superieures, libre aux infirieures.
Le fond de la coloration du corps d'un jaune un peu rouss^tre, a
dessins bruns.
Face jaune s^vcc vestiges de marques brunesj occiput jaune
( 806 )
arrondi, brievement cilie de noir. Thorax d*un brun rouz, ayant en
avant un collier mesothoracique etroit, deux raies droites isolto (ne
touchant ni Ic collier ni les sinus), unc raie humerale etroite, el sur
les cot^ trois raies jaunes, ces dernieres mal arr6tees. Abdomen d*un
roux jaunAtre, les sutures un peu noiralres ; le 8* segment a feuillcs
lat^rales bien marquees, mais etroitcs, celles du 9« plus etroites.
£caille vttlyaire courte , lai^e, ^chancr^ largemcnt a angle obtus.
Appendices anals ecartes, jaunes a pointe noire aigue (longs de
I '/i"")* Pernors jaunAtres, un peu bruns au bout; tibias ettarscs
noirfttres.
Patrie : Guatemala. (Mus^ britannique.)
N. B. Ressemble k la G. annecieM du Bresil (2« Add., n« 75 **)
par la taille et par le triangle interne des ailcs inferieures libre, en
quoi ces deux esp^ces different des autres Gomphoides pour se rap-
procher des Cyclophylla.
Vambigua diff&re de Vanneetens par la couleur jaune roussAtre du
corps et par les deux raies du devant du thorax non conflucntes
avec le demi -collier m^sathoracique.
EUe ressemble a la suasa (perfida , Hagen) par la taille, mais s*en
s^pare de suite par le triangle interne des inferieures libres. Tab-
sence de bordure noife k la levre supdrieure et la presence de feuilles
latdrales au 8* segment, chez la fcmelle du moins.
Elle diff^ de la Cyclophylla elongaia du Mexique (Add. 79^ ),
dont le mAle est seul connu, par le grand nombre de nerrules ante-
cubitales (22 au lieu de 46) — la l^vre sup6rieure non entour^ ni
traverse de noir, — les deux bandcs du dcTant du thorax iso]ees»
non rdunies en 7 avec le demi-collier. — Le jaunAtre dominant sur
Fabdomen (le noirAtre a taches et anneaux jaunes chez Velongaia).
11 faudrait connaltre le mAle pour decider si c'est une Gomphoide
ou une Cyclophylla. J'ai ddja 6mis d'aiiieurs Topinion que Vanneetens
indique que les deux sous-genres doivent 6tre reunis, de meme que
les Aphylla qui passent aux Cyclophylla par Vji. edentata.
84^- HAGBiiiia? Abbeeahs, De Selys.
9 Abdomen environ SO™"; aile inf(6rieure 27.
d* Inconnu.
9 Ailes k peine lay^es de jaunAtre ; reticulation bran noirAtre y
( 807 )
compris la costale; iO-11 anlecubitales aux superieurcs, 8 aux infe-
rieures; 7-8 postcubi tales. Plerostignia livide, ^pais, entre dcs ner-
vurcs noires surmontant i cellules aux superieurcs, 5 aux infericures,
oh il est plus long (ayant 2 '/^mn) ; triangles internes pctits librcs-; le
discoidal k c6te externe le plus long, trarerse par une nerrule allant
da cote superieur a rexteme (ou accidentellement libre k Tunc des
ailes superieurcs), ce triangle notablement plus long aux ailes infe-
ricures, a c6te interne tr6s-court.
Tete large de 5 Vi"*"* jaane, excepte Tespace entre les yeux qui est
noir avec un point jaune median ; tine fine bordure basale au front,
et ie derri^re des yeux, ceux-ci renfl^s. Occiput jaune tresbas
emargine au milieu^ 6galement jaune en arri^re ou il est divisc en
deux rcnflements. Prothorax noir ; ^ base, le bord posterieur et un
point gemine median jaunes. Tborax jaune, ayant en avant une fine
raie brune adossee a la suture dorsale, une bande antchumerale
epaisse et une humerale moins large rapprochees, confluentes en baut
conlre les sinus, scparees dans le restant par une ligne jaune etroite
complete; sur les c6tes du thorax une ligne noire a la suture me-
diane. Abdomen noir, comprime, ayant les c6les des 1*' et 2* seg-
ments, les oreillettes (rudiraentaires) et une raie lat^rale jaune divisee
en deux taches oblongues sur les 3« et A* (le reste manque). Cr^te
dorsale du 2* segment jaune.
Pieds bruns; femurs a 6pines court«s (les posterieurs longs
de 6 V«"")-
Patrie : Le nord de Tlnde (coll. Mac Lachlan); pris par M.le capi-
•taine Lang.
iV. B. Decrit d'apr^ un excmplaire tres-incompiet paraissant
ayoir la stature de VH, nanus du Japon et son occiput bas, echancrd,
mais tres-different en ce que cet occiput ne porte pas de pointes en
arriere, par I'absence de noir a la face, les dessins du thorax, etc.
103 {Addilion). Aiotog%stcr basalis, I>e Selys.
d* Abdomen SS*""" ; aile inf^rieure 44.
Ressemble a la femelle , mais la base des ailes n'est pas safrande ;
la l^vre superieure porte Tapparence d*une bordure roussatre; moins
( 508 )
de noir a ses ebies] le nasus est borde de noir en avaot, les anneauz
jaunes de Tabdoinen un peu moins larges.
Palric : Himalaya. (Mus. de Saint-Petersbourg.)
N. B. J^avais omis de donner, dans les Additions au Synopsis, le
signalement de ce m&le, que j'ai d^crit en detail dans la Monogra-
phie en 1858. II differe tres-bien dc celui du Nipalensis par les par-
ties jaunes du reseau des ailes, Tabsence de bordure noire a la levre
superieure, la face jaune, Ic rhinarium noir, les a nneaux jaunes de-
Tabdomcn plus larges, surtout aux 8* et 9* segments, et la presence
d'un anneau jaune tr^-large au iO«.
{05H«. Thbgagastee pabvistigma, DeSelys.
9 Abdomen 55™"*; aile infi^rieure 43*
d" Inconnu.
9 Base des ailes un peu jaun&tre, costale noire en^ dehors ; triangle
discoidal dc 2 cellules aux superieurcs, divise en 3 cellules par
5 veines confluentes au milieu aux inferieures, ou ce triangle est
equilateral. L'interne libre (ou accidentcUcment divise a Tune des
superieures) ; 21 antecubitales, 11 postcubitales ; 3 cellules, puis
2 rangs postrigonaux; pt^rostigma noir&tre (long dc 2 74™")*
Levres et face jaune p&le , excepte un i^er vestige brun median a
la base de la levresup^rieure, un autre au rhinarium, unebande
transverse au milieu du front en avant et une large bande basale
brune devant les ocelles. Occiput jaun^tre assez grand, les yeux etant
tres-peu contigus. Thorax noir avec deux bandes cuneiformes en
avant et deux laterales jaunes. Abdomen noir annele de jaune, sans
demi-anneaux medians aux 7% 8* et 9« segments ; le 10« et les appen-
dices anals sont noirs.
Pieds noirAtres; les femurs bruns en dehors, excepte les intcrme-
diaires , qui sont livldes.
Patrie : Hymalaya. (Coll. de M. F. Moore.)
N, B, Differe de la femelle des ^notogasler basaUs et Nipaiensis
par le pterostigma tres-court, la levre super ieure non bordce de
noir, le dessus du front jaune (excepte la bande basale), le 10* seg-
ment tout noir et, a ce qu*il me semble, la forme plus equilat^rale
( 809 )
du triangle discoidal des aiies inferieures, qui est, en outre, divise
en 3 cellules par 3 veines confluentes au centre.
Les memcs caracleres et les femurs bruns en dehors Ic separent du
breuistigma, quoiqu'il lui ressemble par ie jaune du dessus du front;
mais la bande basale devant les ocelles est brune, droite et plus
large, et le pterostigma encore plus court et Ic nombre des nervules
ant^cubitalcs beaacoup plus grand (21 au lieu de 15).
Ayant neglig^ de noter la structure de la l^rre inferieure dans
Texaraen trop rapide que j'ai pu faire, je ne suis pas certain si
Tcspece appartient au sous-genre Thectigaster ou aux Anotogaster,
107 (Addition), Gordolbgasteb ahmclatus, Latrellle.
Race : j]|]iaculifrof(s, De Selys.
J'ai d^signe sous cc nom, d^ 1850 (Revue des Odonales), les
exemplaires du midi de ITurope chcz lesquels le jaune occupe plus
d'espace sur les segments de Tabdomen, et chez qui le front est ordi-
nairement tout jaune sans raie transverse anterieure jaune.
Pairie : Europe mdridionalc. — Tanger. — Asie Mineure.
Le type plus fonce, a raie frontale noire, est de TEurope centrale
et septentrionale, au sud du cercle polaire.
Les deux races nc sont pas tres-conslantes, et sont analogues a
celles de VOnychogomphtu forcipatus septentrional et de sa variete
meridionale nommee unguieulatiu.
109 (Addition) Cob du leg aster bidbhtatds, De Selys.
Race : Anatolic us, De Selys.
On peut donner ce nom aux exemplaires de TAsie Mineure que
dans la Monographic (page 340] j'avais cru a tort identiques avcc le
pictus dont je ne connaissais alors que la feraelle. lis different sculc-
ment du type europeen en ce que le jaune occupe plus d'espace aux
anneaux de Tabdomcn, notamraent au 3^ segment, ou il rejoint large*
ment le jaune du dessous vers la base.
Patne .* Broussa (Asie Mineure). Mus6e de Vienne.
N, B, Je reproduis cctte note parce que dans le Synopsis je n'ai
pas signaI6 cette race ni Thabilation du bidentatus dans TAsie Mi-
neure*
(810)
SotM-^enre. 33f*Mr<. — ALLOPET ALIA , Dr Sblys.
(Sous -genre Douveau.)
o' Inconnu.
9 Triangles discoidaux des ailes de trois (ou quatre) cellules
cclui des superieures oblong, celui des inf^rieures presquc
t*quilat^ral. L'interne petit et libre aux superieures, allonge
et divisd en deux cellules aux inferieures. Membranule me-
diocre; le nodus plac^ avantla moitie des ailes; deux marques
brunes h leur base; un bon nombre de nervules ombrces de
la m^me couleur.
Front eleve, pdle en avant, non ^cbancr^. 8' et 9* segments
^largis (mais non le 10'). Lames vulvaires courles, conform^es
presque commc chez les jEschniues.
Patrie : Nouvelle Grenade.
N. B, Voir a la description des especes les differences notees
en comparaison avec les caracteres des autres sous-genres de
Petalia.
On pent remarquer chez les Petalia en general comme chez
les Petalura, que les sous-genres se caraclerisent bien par la
forme et la reticulation des triangles discoidaux et internes
combin^es et par celle du front.
Pour bien apprecier la place que ce grand genre doit occu-
per dans la s^rie, il faudrait examiner les sexes que nous ne
connaissons pas encore, savoir les fcmelles de Vffypopetalia
et des Phyllopetalia stictica et apicalis, ainsi que le m^le des
Allopetalia pustulosa et reticulosa.
En ce moment je trouverais pr^maturd de changer Tordrc
quejai preccdcmment adoptc, maisje ne serais pas etonne
qu*on futamene plus tard a rapprocher les Petalia des Chloro-
gomplius et k presenter les Gomphincs fissilabiees dans un
ordre nouveau.
Si Ton prenait pour caractere principal la position des
yeux, les grands genres seraicnt, en commengant par ceux qui
( 311 )
les ont bien distants jusqu'ii ceux qui Ics ont contigus par un
point :
i"* Phenes et Petalura.
2* Chlorogomplius.
5<> Petalia.
4*" Cordulegaster.
Si au contraire oo tientcompte avant lout de la levre infd-
rieure k lobe median peu ou beaucoup fendu et de Tdcaille vul-
vaire courte, ou en longue lame, ou eofin conformee presque
commc chez les ^schnines on aurait :
V Chorogomphus.
!2® Cordulegaster.
3* PeUlia.
4"* Petalura et Phenes.
Cette derniire serie est celle que j'ai adoptee jusqu'ici : mais
je reconnais qu'elle a rincouvdnient d'eloigner les Chlorogom-
phus des Petalia. 11 faudrait peut-^tre placer les deux groupes
c6te k c6le et commencer les Fissilabi^es par les Cordulegaster.
114f»<"<- Allopbtama pustulosa, De Selys.
9 Abdomen 5i"» Aile infi^rieare 54.
cf IncoDnu.
9 Jeune. (Couleurs alterees.) Ailes un peu salies] reticulation
brune; costale jaune en dehors josqu'au bout; pterostigma pelit,
jaunc-p41e (long de 2»™ Vt) surraontant 2 (ou 5) cellales, sa nervule
interneprolongectres-obliquement jusqu'au secteur principal; le nodus
plac6 un peu avant la moilid de Voile; membranule gris4tre, courte,
mais assez large aux inferieures qui sont assez peliolees. Deux
nervules hypertrigonales. Aiies supcrieurcs : 14-15 anlecubitalcs,
12 postcubUalcs ; triangle discoidal allonge, son c6ti interne moitic
plus court que les autres , divise en deux ou trois cellules par une ou
deux nervules perpendiculaires, suivi de 5 cellules postrigonalesj puis
dc 3 rangs; Ic triangle interne presque equilateral, Uhre^ precede
de 3 nenrules m^dianes.
1
(«12)
Alios inferieures : 10-11 antecubitales et 11-12 postcubilales ;
triongle discoTdal grand dquilatiral^ divise en trois cellules par Irois
vcines se rcunissant au milieu (ou avce une quatrieme cellule finale),
suivi de qualrc cellules postrigonales ; triangle interne allonge aigu,
divise en deux cellules, precede de trois ncryules medianes.
Extreme base dcs quatrc ailes gris-brun opaque; cctte couleur pro-
luiigoe jusqu'au niveau de la premiere antecubitale entre la sous-
costalc ct la mediane, et eutrc la sous-mediane et la postcostale. En
outre les nervules costales antecubitales et les costales postcubitales
sont ombrees chacunc de gris brun ; enfin il y a de tres-petites
taches 6toiI<^es de mdme couleur a la premiere ct a la cinquieme ante-
cubitale , au nodus, a la base du pterosligraa , a Varculas et aux deux
bovts du cote externe du triangle diseoidal.
Tctc a face haute, prcsquc perpendiculaire, livide; unctres-fine
bordure noire a la levre supericure; rhinarium brun; front non
6chancr^ au sommet, plutot un peu arquc ; le dcvant tr6s-rugueux
avec de petits points enfonccs; le dessus excav6 a la base, s*elcvant
en avant aussi haut que le vertex, noir avec deux taches oblongues
submcdianes lividcs (s^par^es, si Ton veut, par la queue epaisse d'un
T noir). Antennes a l^' article noir; les 2' et 3« cgaux et la soic
livides. Les ycux paraissent contigus en avant seulemcnt, puts
separes par une crete poilue, prolongcment de Tocciput qui est large.
(Formes de la tete alterees par la compression.) Levre inferieure
noire, le lobe median cordiforme, compose de deux pieces soudees
except^ au bout qui est echancr6.
Thorax robuste, villcux, un peu granuleux en avant, paraissant
avoir cte oliv&tre ; les cotes avec des raics noires irrcguliercs, la pre-
miere humerale superieurc; la scconde oblique a la suture latcralc
cntre les ailcs, et la troisiemc terminate.
Abdomen cpais (comprime par la preparation) olivatre? Oreillcttes
nulles ou rudimentaircs. — II est varic dc noir&tre ainsi qu*il suit :
la suture ventrale — le dessus du !«' segment, la place des oreillcttes
au 2*; Tarticulation basale des 3-5«, une tachc dorsale basale cunei-
forme aux 3-7* segments; le dessus des 8-1 0« a dessins obli teres;
bords des 8« et 9^ segments dilates; lames vulvaires fortes attci-
gnant le bout du 9* segment; munics dc deux petits appendices
(comme chez les i£schna).
(813)
Appendices anals (longs de S""™) plus longs que le 10* segment,
subfusifonnes pointus, livides, s^par^ par un tuberculc oblong un
peu plus court.
Pieds courts, gr^les; fdmurs brun-dair k Opines tr&s-courtes;
tibias jaun&tres a cils assez longs. Tarses bruns.
Pairie : Bogota. (Coll. Mac Lachlan.)
N. B. En Tabsence du m41e et n'ayant sous les yeux qu'une seule
femelle dont le corps a €t6 fortement comprim6 par remballage, et
les couleurs en apparence imparfaites ou alt^r^es, il est assez dou-
teux si nous avons sous les yeux un grand genre nouveau, ou une
modification des autres sous-genres de Petal ia. La pustulosa paralt se
rapprocber des Hypopetalia par le triangle discoidal des inf^rieures
Equilateral de trois ou quatre cellules et Tinterne des m^mes ailes
de deux cellules. — Mais elle en diffi&re par Tinterne des sup6rieures
Kbre comme chez les Petalla et Phyllopetalia et le discoidal des
mdmes ailes allongE presque comme cbez les ifischna.
La pitttulosa diffi&re surtout des Petalia et Hypopetalia par le
triangle discoidal des inf^ieures equilateral (et non allong^} et Tin-
teme des m^mes ailes divise, et par le nodus plus rapprocbE de la
base que du bout des ailes.
Si Ton consid^e la coloration (alt^ree en partie), la pusMota est
encore caract^risee par le devant du front p&le (non noir), le devant
du tborax oliy&tre sans raies claires, le dessin de Tabdomen (enfin
les taches des ailes si ce n'est pas un caract^re sexuel)^ ces taches
sont surtout notables par les trois points bruns formant triangle k
Tarcultts et aux deux bouts du triangle discoidal. Le dessus du front
rappelle le sous-genre Petalia par ses taches, mais le groupe est bien
different par la forme du iO« segment de la femelle (2»** Add. HA),
enfin par le front non echancrE.
En r^alitE, si Ton tient compte de la difference de la forme du
front (4) et des c6tes des 7* et 8« segments de Tabdomen chez la
(1) Le front de THypopetalia se rapprocbe par sa forme de celul de la
Phyllopetalia apicalis.
2"* 8&RIB, TOMB XXXVI. 34
( 514 )
sticlica et VapiccUis^ on serait porte a former un sous-genre pour cha-
cune des cinq especes con&ues du grand genre Petolia.
114*"^ Allopbtalu eeticulosa , De Selys.
9 Abdomen 58>"". Aile iofgrieure 58.
<f Inconnu.
9 Ailes un peusalies (les superieures larges de II , les inferieures
de 4 ti^*^ environ), toute la reticulation ombree de brun , cette couleur
assez intense a Textr^me base ou elle est prolongee jusqu'au niveau
de Tarculus entre la sous-costale et la mediane et entre la sous-
m^diane et la postcostale. Pterostigma petit, brun fonce ( long de
3mm 1^^) . membranule gris-brun, courte, mais assez large. Triangle
discoidal des superieures allong^, son cote interne une fois et demie
plus court que les deux autres, divisd en une ou deux cellules par
une ou deux veines perpendiculaires, suivi de 5 cellules, puis de
3 rangs postrigonaux. Triangle interne des m^mcs ailes libre, pre^
cede de 4 nervulcs medianes. Aux ailes inferieures le triangle dis-
coidal est large, presque Equilateral, divisE en trois cellules par
trois veines se r^unissant au milieu; le triangle interne allonge,
(divise en deux cellules?), prec^dE de 5-4 medianes.
L^vres noir4tres; front et vertex jaunes; une tacbe transverse
courte noir&tre au sommet du front, formant comme la tdte d'un T
dont la queue brune enfoncee n'est bien visible que devant le vertex
QU elle est enfoncee dans Texcavation* Le triangle de Tocciput brun,
<^leve, prolonge par une crdte poilue qui sEpare les yeux posterieure-
ment, ceux-ci bomb^, peu contigus.
Thorax oliv&tre ayant en avant deux marques brunes courles
Isoldes et de chaque c6te deux bandes obliques interrompues et deux
points de m^me couleur entre elles sous Torigine des premieres ailes.
Abdomen olivAtre avec des taches dorsales jaunes cern^es de noir
ainsi qu'il suit : 1*' segment sans taches ; S* ayant de chaque cote
du dos une bandc noire, ces bandes se rapprochant en arriere;
3*6* avec une tache dorsale jaune lanc^lde h pointe dirigee en
arri^re, et une tache post^rieure geminee de m^me couleur. Les
c6t^ de ces segments brun-roussAtre ; 6-i0< m^langds de brun et
( 818 )
d^oliTitre avec an restige de tache dorsale jaone. L'abdomen est
renfle i la base, puis comprime ensuite. Picds assez courts et faibles,
enti^rement fermgineox.
Appendices anals bmns, Telos en dedans, assez epais (plus longs
que le 10« segment qui est court}. Lames Yulvaires courtcs.
Potrie : Am^rique ro^ridionale. Mus^ de S^Petersbourg , prove-
nant du voyage du capitaine Mertens.
N. B, L'envoi que M. Mac Lachlan ni'a fait de VA. pustulosa m'a
remis en memoire une iEschnide de genre douteux, qui m'a 6te cora-
muniqu6e il y a une trentaine d'ann^s par le musee de S*-P6ters-
bourg et dont J'avais fait alors la description que^ je yiens dc
reproduire et un dessin d'apr^ lequel j'ai indiqu6 les dimensions, de
sorte que ces mesures pourraient ^tre un peu approzimatives.
II n*y a pas de doute que Tespece est fort voisine de la pustulosa ,
si m^me elle ne s'y rapporte pas commc race, variety, ou dtat diff!^-
rent; cependant il me semble prudent dc la signaler separ^ment
jusqu'li nouvel examen, parce que Fexemplaire est 6galement femelle.
Elle se separerait d'ailleurs par les notes suivantes : la taille plus
forte; les ailes un peu moins larges, le pt^rostigma un peu plus
long; aux ailes supcrieures apres les cinq cellules postrigonales il
y a d'abord deux rangs de cellules rectilignes, et les trois rangs de
cellules pentagones ne commencent qu'a la cinqui^me cellule k parlir
du triangle . Enfin on ne voit pas les gros points bruns de Tarculus
dif triangle et du nodus qui signalent la pustulosa. La levre supe-
rieure est d^crite comme noir&tre, et le dessus du front jaune p&le
avec la tacbe en T noire en avant k queue brune peu marquee.
Dans le type de la pustulosa la t£te, 6tant presque ^crasee, n'a pu
iire d^ite avec certitude. D^apres mon dessin de la reticulosa ies
yeux sont peu contigus, mais la cr^te qui les separe, prolongement
du triangle d^ Tocciput, est fort ^troite.
En resume il est assez probable que les AUoptalia ferment un •
grand genre particulier qui ponrrait ^tre le dernier des Gompbines
ou le premier des iGschnincs, se rapprocbant surtout des premises
par les triangles et des seoondes par les lames vulvaires. La connais-
sance des m41es et Texamen de la t^te d'un exemplairc en bon ^tat
decideront la question.
(816)
DIVISIONS.
SOUS-DIVISIONS.
I
INTfiGRlLABl£ES.
o
C9
l£giohs.
1 1. GOMPRUS . .
2. LINDENIA . . . .
MBAWVLIBASES*
3. GHLOROGOMPHGS
I fissilabi£es .
4. CORDULEGASTEI..
TACVIBiUIBS
5. PETALURA. . .
( J^*7 )
GENRES.
I. $i%mrmvmy Leach.
IT. MRI
II. rBo««arai70 9 Hagen.
HI. «•■»•■•£« 9 De Seljrs. . .
, De Selys . . .
V. HAOBifius, De Selys. . . .
VI. BIAATATOMHA , BunO.
[ VII. liixBBifiA J De Haan. . . .
Yni. cBL«B«ci«Hrair0 , De Selys.
I
f IX. c«BBVi.BciA0TBB , Leacb. . .
I
I
^ X. rsTALiA, Hagen
I
XI. rsTALVBA 9 Leacli.
XII. rasivBBy Ramb.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
Heterogomphus, De Selys.
OftYCHOGOMPHus, De Selys.
Erpbtogohphus , De Selys.
Ophiogomphus, De Selys.
Ceratogohphds, De Selys.
Phtllogomphds , De Selys.
MicROGOHPHDs, De Selys.
Macrogomphcs, De Selys.
OcTOGOHPHDS, De Selys.
Dromogohphds, De Selys.
GoMPHcs, Leacb.
Ctclogomphus, De Selys.
Anormogomphus, De Selys.
Plattgomphus, De Selys.
AusTROGOMPHus, De Selys.
Hemigomphus, De Selys.
Neogohphus, De Selys.
Cyanogomprus , De Selys.
Epigompbos, Hagen.
Agriogomprus, De Selys.
1. GoMPHoiDEs, De Selys.
2. Cycloprylla, De Selys.
3. Aphylla, De Selys.
1. DiAPHLERiA, De Selys.
2. ZoNOPHORA, De Selys.
1. Hagenius, De Selys.
2. SiEBOLDius, De Selys.
1. GoMPHiDiA, De Selys.
2. IcTiNus, Ramb.
3. LizKDBFfiA, De Haan.
4. Gag us, De Selys.
1. Thegaphora, Gbarp.
2. Anotogastbr, De Selys.
5. Thecagaster, De Selys.
4 GoRDULEGASTER , Leacb.
1. Petalia, Hagen.
2. Phyllopetalia , De Selys.
3. Hypopbtalia, Mac Lacbl.
4. Allopetalia, De Selys.
1. Pbtaldra, Leacb.
2. Uropetala, De Selys.
3. Tachopteryx, Uhler.
V ^'^ )
i" DIVISION.
SYNOPSIS.
ADDITIONS.
^■lea
ADDITIONS.
5—
ADDITIONS.
1
CI«aipMBes lBC«srll«kM«s.
1
1
l'« LegiM. -> GOHPHUS,
Genre I, — gomphus, Leacb.
5.-G. f. — HETBROGOMPHDS,
DeSelys.
1 . SmilhiiyDe seijs
4 cT
52
42App.
2. Sommeri • Hacea
S.-G, 2. — ONYCHOGOMPHUS,
De Selys.
3 rUDtUS . De My
7bU.o»
7«--2
4. geomeiriCUS , De Haan
'62
6 cT
5. Saundersii , d« seiy*
7
6. bistrigalUS, Hagen
29 2
29 a*
7 tincalus. Charp
0
/forcipatus,L
10
^iRace : unguieulatus^ vm
\ der Linden
•
10 App.
( Lefebvrei, Rambnr
9.
( Race de forcipatus ?
11
10. SUDIDUS. Haten
12 0*
11. fleXUOSUS, Schneider
15 0*
15 2
12. grammiCUS , Ramlmr
14
4 % Cipn^l De ScIts
16 2
15
16 <^
14 lin^atllS. De Seira
( Sid )
*
15. pumiliO, Rambar
SYNOPSIS.
ADDITIONS.
ADDITIONS.
5—
ADDITIONS.
17
^HageDii, d« sdji ( Genei
1^1 pars, De SelTS )
16 6*
17W»-
(Race de pnmilio?
17. COgnatUS , RajnUr
18
18. Reinwardtii , dc seiys
19
19 ? CerasUs . De Salyi
949
24 cf
Sj'G. 3. — ERPETOGOIFHUS,
De Selys.
20. designatus , Bagen
3ebu.
21. COmpOSitUS , Hacen
aiiep.J
,
21»cr
22. viperiniis , De saiya
21 «P*-
23. elapS, DeScIys
21««»(f
21-«-9
24. boa « De Selvi
91 quart.
25. COphiaS , De Sely ^ . .
• • • • • •
•
aiqalnt-J
26. crotalinus, De seiyi. . .•
21
21
1 Menetriesii , De seiy*
27.
(Var. de crotalinus ?
20 0*
S.-C 4. — OPBlOGOaPHDS ,
De Selys.
(Rupinsulensis, wauh. (of*).
28.}
(? mainensis , waith. (9)' - •
2^oelo.Q»
App.
22''«-9App.
3]oeto. ^
29. bison . De Seln
99(er.^Ann 1
30. COlubrinUS > De Selyi
22 c^
-- ^ -ri"
31. serpenlinus, charp
23
( 820 )
•
32 ? assimilis , 8chD«id«r
SYNOPSIS.
ADDITIONS.
ADDITIONS.
5«-
ADDITIONS.
8 d*
5.-G. 5, — CERATOGOHPaUS,
De Selys.
35. DlClUSi fULKUk
25
S.'G. 6, ~ PHTLLOGOMPHUS,
De Selys.
34. SBtbiODS. De Selyt
26 <f
S.-G. 7. — ■IGBOGOaPHUS ,
De Selys.
35 chelifer oe seivi
2bl..^
S.'G, 8. — MACBOGOIPHUS,
De Selys.
36. FObastUS , De Sely*
1 d*
37. monlanus, De sciy*
3hU.
38. parallelogramina,HofrmantNB
39
3 d*
39. aODUlatUS, Dc Selys
a?
2 d*
S.'G, 9. — OGTOGOHPHUS,
De Selys.
40. speCUlaris, Hagen
64W«- 9
eiWc^
S.'G. 10. ~ DROaOGOIPHUS,*
De Selys.
41. SpinOSUS, D« Selyt
51
42 SDOliatUS . HeccD
52»»i«- d*
43. armatUS, De Selya
52 cf
• • . • • •
52<yAp[k
S.'G. //. — GoiPHos, Leacb.
[pallidus, R. (9)
44.|
( villOSipeS, De Selyi. {<f) . . .
40 2
41 0*
(8« )
r
SYNOPSIS.
ADDITIONS.
^mcs
ADDITIONS.
5-f
ADDITIONS.
45. DilioeS. Sacen
AQhlt.
(lifidUS, D«8el7s. ($)
46.{
(SOrdidUS, Hagen. {f)
42 9
43 f
47. militaris • HaMa.
,
4ibu.
48. inlricatas • Btfen
44««'d'
49. miDUtUS, Hmhur
45
so. exiliS* Oe Sdyi
46 d*
46 9
51. DOtatUS. Euibv
49 d*
52. elODgatUS , D« Sely
50 2
S3 amnicoia . waiih
48*>i**
54 sDiniceDS. wauh
3W*2App.
Jgtar.
48qalAt. 2
55 flUTlaliS . Wabh
56. plagialus, d« seiy
48 d*
57. olivaceus, d« s«iyt
4gqDart. J
58. parvulus, d« seiyt
47 0*
59. Scudderi, d« 8«iy
52*«-9
60. dilatatUS, Rambor
31
61. vastus. Walsh .
Slqaarl-Q*
61 ventricosus, wabh
63. externus, Hagcn
3 this.
64. consobrious, waitb
S2>»»*.
65. quadrioolor, wauh
ZS^'f
66. Graslinellus, Walsh
32ler.
(SSJ )
..-»s.
™,™».
a..™
5"«-
«9
SS"^
sv~-d-
71. adelpbus, » w„
SI-tT
71 karilis, h.i«
34*^ tf-
ISchneiderii , d. m,
(RacedevulijalJssirous?
3< (nole).
!<■"
7S. simllliroas, ihm„
35
(Lucasii, mtau.
76,
(Racedesiraimmus'
5»
77. pulcbellus, emmti
37
80. melampus, m nm
34i""'-d'
33 0*
85 5
82. personatus, ivsitn
S5^94W>.
83. promelas, » wij
35*-5Ap(i
8S. dorsalis, mkit
a8»-5
86, posiocolaris, d. mij-
!M™"2
M«-
88. Maacki , oe sciti . . .
89. bmttatUS, OeSelyi.
90. occipitalis, Oe Selyt.
5.-G. 42. — GTGLO«(«PHUS,
De Selys.
91. beterostylus, do mj%, ...
92. ypsilon , d« seijt ,
93. ?esiCUlOSaS , De Selyt
94. torquatus, dc sdyt
95. verticalis, d« seiyi
5.-(/. 13. — ANOaMOGOXPHUS,
De Selys.
96. heteropterus , Deseiyi.
S.-G. /4. — PLATTCOIPHUS,
De Selys.
97. doiabratus, d« sciy*
S,-G. IS, — ADSTKOGOIPHUS,
De Selys.
98. COllaris , Hagen
99. australis, Dai« ,
100. GueriDI, Rambnr ,
S.-G, 16. — HBMIGOMPH08,
De Selys.
101. heteroclitas, d* seiyi . . . .
102. Gouldii , Da Seiyi
( 523 )
SYNOPSIS.
30
28
55 o*
56
57
54 6*
27
59 9
60.
61.
65 d*
58 d*
ADDITIONS.
^mea
ADDITIONS.
5maf
ADDITIONS.
28""' 6*
56M»- d*
App.
57W.. 2
App.
54 9 App.
60
58 9
(3J4)
„,„,..
...0.,
4»..
3-«
103. ochraceus, d.mi,.
SB"''- c/"
104?laieralis, d. >.Jj.
5*1— »• 2
App.
IDS. ampbiclilns.iHMir
58<"- o*
7'- 9
10T?ioleiTuplu3, otsiti.....
6! 9
De Seljrs.
108. molestus, ew»
04
J09. elegans, immit.
as rf-
S.-G. 18. - eYAiiMOiMCia,
De Seljs.
110. Wallheri, d.w,
55« or
De Setjs.
111. paludosus, B>[>ii
5S5
5S rf-
118. obinsus, D.Mif
SS*!-- rf-
55"»' 5
S.-C.2fl.— ""OGOBMUS,
DeSeljs.
ss"-- 5
i- Legion. - LlSDENtA.
Genre )/,— procompbijs.
n4?|auciner¥is, d.s.i,^....
115. pjgmeus, immi,
00*" 9
OC-- o'
App.
00 1
. ^
( 52S( )
117. COmpIiCataS , Hasen
SYNOPSIS.
ADDITIONS.
ADDITIONS.
5inct
ADDITIONS.
67 cT
*»*..»»
67bu. 5
67
118. intricatus , oe mj»
^'Jh\u
1 19? integer, saieo
(ooto finale).
■
120. COStalis , Haten
68 d*
68W».<^
121. borealis , mm lmmm
122. ZOOatUS , Haun
70 9
69 9
123. ObSCUrUS , Rambor
Genre HI. — gomphoidbs,
De Selys.
S.'G. 1. — 60BPH0IDBS,
De Selys.
124. iDfumata, Rambv
72 kT
( suasa, De M. (perfida, Haf .).
125.
(Race ? pacifica , d« mj». .
72I.I..2
72W*-d'
72W».App.
72»«'- d*
App.
126. fuliginosa , Bagen
73 9
127. audax , Haieo
74 9
71 9
75 0*
128. stiffmata , sar
71 d*
129. semidrcularis , D«sei7i...
130. regularis , d« mji
75t«r. cT
151. aoDeciens, d« seiyt
75»^d'
132. ambigua , De seiyi
75qaart. J
App.
S.'G. t. — CTCLOPHTLLA ,
De Seljrs.
133. elODgaU , Oe Selye
79»»»«-<^
134« protracta , De seiyi
79ier.
( 826 )
1
0 ■
i35. diphylla , oe s^iyt
SYNOPSIS.
ADDITIONS.
^mes
ADDITIONS.
ADDITIONS.
\
76 V
-
156. gladiala , Hagen
77 c^
77 <^
137. sifirnata , Hacen
78
138. soi'dida , oe s«iys
79 0"
^
(ODbis. Bates
77his. ^
1
139.J
(Race de sordida?
140. Andromeda , De sciyt
78bis. 5
141. Pesrasus . lutM
79qaart.
S.-G. 3. — APHTLLA , De Selys.
142. edentala , oe seiy*
80»"-
143. brevipes , De seiys
80
1 44. lenu is . Baam
•
•
80W d*
8iw«-
145. deniala , De sciys
(moIOSSUS, Bates
146.<
( Race de dentau ?
SV- cT
1
r prOdUCla , De Selys
147.
( Race ? caraiba , De seiys..
81
81 (note).
Genre IV. — ionopbora,
De Selys.
S,'G, 1. — DIAFHLBBIA, DC SeljS.
148. auguslipennis , De8e!ys ..
85
( semilibera , De seiys
149.
(Race d'angustipenois ?
83fc«»-o"
( 5J27 )
5.-G. 9. — zoHOPHOBA , DeSeljs.
SYNOPSIS.
ADDITIONS.
2 met
ADDITIONS.
5me»
ADDITIONS.
150. Balesi, oe sciyg.
82
82W-
151. campanulala, Burmeisicr. .
152. calippuSi saus
SS**"--
GenreV. - BAGBiiicSjDeSelys.
S.'G. 1. — HAGE.iius, DeSelys.
153. brevislylus, D«'s«iyt
84
154? nanas. d« s«iv*
••♦••••
84bii. 5
App.
155? aberraos, De seiyt
S.-G. i, — siBBOLDius, De Selys.
156. japOUiCUS, De Selyt.. . . » . .
85
•
Genre VI. — diastaiu>mma ,
Burm.
157. tricolor, Palliw BeanToU ....
86 0*
I bicolor. D« sciTt
86"»"- 0*
158.J
(Var. de Iricolor?
Genre FII. — limdeiiia,
I>e Haan.
S,'G. i. —coHPHiDiA, De Selys.
159. T-Digrum , d« sciyt
87
•
160. Mac Lachlani, Deseiyt
87W».
(8*8 )
2mn
S—
S.-G. i. - icTii-m, Rambur.
ADomoss.
ADDIHOM.
ICI. pcrlinax. H.pn
88 9
163. in«l;cnops, d, s.i,.
OO"-"-
00
164' Race : pracox, sirn . . .
D] 0*
Race ■. mordax , i» s-ii.. .
OS*"-
165. Mat, DisdT.
93 o-
167. auslralis, m mih
94«'
168. aogulosus , D. »!;•
aid-
95 9
08
00 (race).
170.)
97
98
179. pugnai, fit»iT>
S.-C.d. -Li:<Di:iiii,DeUaau.
173. leirapbylla, ^..i^u<^^.
99
S.-C. -J. — cicM.DeStlys,
100
( S29 )
a™* DIVISION.
/*■• 80US-divi8. — NBRYOLIBASES.
S-'lcg.-. CHLOROGOMPHDS.
Genre VIII. — chlorogomphus,
De Selys.
175. magniGcus, De sciyt
SYNOPSIS.
176.
[hyalinUS, Degeljrt.
1019
101 d*
( <f du magoificus ?
2«« SOUS-diviS.-^ VACDIBASES.
4™«Lcg. — CORDDIEGASTER.
Genre IX. — cordulbo aster,
Leach.
S.-G. y. — THBCAPHORA ,
Cbarpentier.
177. (liaslatops , Dp seiyt
S.'G, 2. — AROTOGASTBB ,
De Sel}s.
178. basalis , i>« seiyi
179. Nipalensis , oe Mjt
180. Sieboldii , oe mj$
103
S.^G. 3. — THECAGASTeSy
De Selys.
181. brevisiigma , i>« seiyt
182? parvisljgma , d« s«iy^ ....
2"* S^RIE, TOME XXXVI.
1039
104 c^
1129
106
ADDITIONS.
ADDITIONS.
5inM
ADDITIONS.
1120*
lO.'So'App
iori»»' 9 I
A pp.
55
( 850 )
S.-G. 4. — COBDU LEG ASTER ,
Leach.
183. Sayi, DeSelya.
lannulalus, uireuie.
184. J
( Race : immaeuHfroM^ »• »ei.
1 85. piclus ,' oe seiyt (pars) ....
186. ilisignis , Sebaelder
bidenUtus , dc seiyt
187.;
Race : AnaloUcuSt De seiyi
188. diadema, oeseiyt..
189. maculalus, D«sei7>
190. dorsal is, Hageo —
191. obliquus, say
Genre X, — pet a ma , Hagen.
S.-G,i. — PBT4LIA, Hagen
I9i. punctata , Hag«o
S -G. 2. — PHTLLOPETAUA ,
De Selys.
193. SliCtica, Hageo. ..
194. apicaliS, De Selyt.
S.'G. 3. HTPOPBTALIA,
Mac Lachlan.
193. peSlilcnS, HacLaclilan,
SYNOPSIS.
$.(; 4, _ ALLOPBTALiA, Dc Selj's.
196.?
(pUSlUlOSa, DeScljrs.
( Race? reliculosa, oe seiy».
ADDITIONS.
106
107
111 9
no
109
108 9
113
1l4c^
ADDITIONS.
106
1I3»»"-9
lOH**
ia.
114"' O*
1149
ADDITIONS.
107 App.
Ill o*
109 App.
1 1 oW« o'
1 1 41"
1 1 41*^*- 9
App.
App
( 831 )
S-* Legion. — PETALUR A.
SYNOPSIS.
ADDITIONS.
ADDITIONS.
5""
ADDITIONS.
Genre XI. — petaluba,
Leach.
S.-G y. ~ PETALUKA,Leach.
i97. eiffanlea , teach
115
■
S.-C. 2. — UROPBTALA, Dc sVlys.
198. Carovei , whii«
116
116
•
S.-G. 3, — TACHOPTBRTX, Uhlcr.
1 99. Thoreyi . Hac«n
116»»'«- 0*
Genre XI L — phenes ,
Rambar.
200, raptor. Rambar
117
Observalions de Jupiter et de Mars, faites a Louvain, peti'
danl ^opposition de cesplanetesen 1873; parM. F.Terby,
(locteur en sciences.
En communiquanl, an niois (Je fevrier dernier, k TAca-
d<^noie des sciences de Paris, un dessin de la plan^le
Jupiler, M. Taccliini appelait ratlenlion sur I'aspect de
eel astre pendant Popposition de 1873 (1). A Toccasion
(1) Voir Comptes rendusde VAcad4mie des sciences de Paris; 1873.
( 532)
de cette note de Fastronome de Palerme , et sartout poar
contiDuer les observations physiques sur les pian^les que
j*ai enlreprises depuis assez longtemps, j*ai rhonoeur de
soumeltre aujourd'hui k TAcad^mie les meiliears dessins
de Jupiter que j*ai effectues pendant les premiers mois de
cette ann^e. L^opposition de Mars, qui a eu lieu k la fin
du mois d*avril, me permel de joindre k cette communi-
cation mes principaux dessins de cette plan^te , pour les
comparer k ceux que TAcademie a bien voulu accueillir
prec^demment, et qui se rapportent aux oppositions de
1864, de 1867 etde 1871 (1).
OBSERVATIONS DE JUPITER.
En comparant les dessins actuels de Jupiter k ceux que
j'ai recueillis en 1872, on remarque une difference no-
table d*aspect : la zone passant par le centre du disque
en 1872, zone tris-large et compos^e de bandes Gnes et
tres-rapproch^es, a fait place, en 1873, k plusieurs zones
tres-nettement s^par^es. Sculs, les dessins 1 et 3 de la
note actuelle rappellent Taspect de Topposition prec£-
(i) Voir Bull, de I'Acad. royaledeBelgique,i«^*s6ne,i. XXXI , p. 176.
Aspect des laches de Mars observees de 1864 a 4867. — Id. , I. XXXII ;
p. 57. Aspect de la plandle Mars en 4871. — Id., I. XXXIV, p. 3^.
Aspect de la planets Jupiter pendant Popposition de 1879.
Je me suis servi, pour ces observalioDs, d'une excellente lunette de
Secretan: sou objectif a 9 ceotimi^tres d'ouverlure utile, et les grossisse-
nients g^n^raiemeot employes sont de 130, de 180 et de 2i0 fois. — Les
dessins de la note actuelle repr^sentent Mars et Jupiter tels que les mon-
trait la lunette renversant les objets; seuleroent Taxe de rotation a ete
place verticalement pour faciliter les comparaisons. Un petit trait place
sur le bord des disques indique la position qu*occupait rextremild infe-
rieure du diamdtre vertical apparent au moment de robservaiion.
( 533 )
deDte. Certains dessins, notamment le 4""% s'eloignent de
Taspect typjque attribu^ geu6ralement h la plan^te.
En 1872, j'avais ^te frapp^ de la diffi^rence d*eclat des
deux calottes polaires, les regions septentrionales se mon-
trantgeneralennent plus sonnbres que les regions m^ridio-
nales. En 1873, ce caractdrc n'a pas pr^sent^ la m^me
Constance : le sud a souvent paru aussi sombre que le
nord; mais la calotte polaire australe pr^sentait parfois de
moindres dimensions. II faut remarquer aussi la Constance
de la bande fine et tres-sombre qui se trouve immediate -
ment au-dessus de la calotte septentrionale. La figure 1
nous ofTre, dans les regions m^ridionales, une bande munie
d*une pointe dirig^e vers le nord, aspect qui rappelle
tout i fait celui quWrait une bande de mSme situation
en 1872(1).
Si Ton tient compte de la dur^e de rotation, on con-
state, par rinspection de nos dessins, que certains details
de la surface et Tenseroble general de certaines configura-
tions ont pu ^trc observes plusieurs fois; citons ici quel-
ques exemples : les Gguros 2, 9 et 11 repr^sentent k fort
peu pr6s le raeme hemisphere, et Ton y retrouve une sorle
d'arc sombre dont une extremity passe par le centre du
disque et que ]*^i d^sign^ par la lettre a. La premiere de
(i) Voir Aspect de la planete Jupiter en 1872; loc. cit., flg 2. Dans ce
dessio de 1872, la bande dont il s'agii presente, oulre la poinle lournee
vers le nord, une solulion deconlinuiie marquee. M. Burlon,deLougb-
linslown (Iriande), a eu la bon(e de me communiquer deux lioaux
dessins de hipiler quMI a executes respeclivemenl le 8 Janvier 187^ , de
11 h. 50 m. a 12 h. 23 m., et le 4 avril 1872 , de 7 h. 45 m. ^ 8 h. 1 m.,
t. m. de Dublin. On y trouve aussi , comme M. Burton me le fait remar-
quer, celte solution de continuity de la bande superieure.
( S5i )
ces trois observations est dii 28 f^vrier et la dcrniire du
31 mars. II en esl de meme des ligures 5 et 8, oili Ton
tronve une tache 6 tr^s-noire el un aspect presque iden-
tique; aussi ces deux observations ne sont-elles separees
que par nn intervalle de deux jours. Citons encore les
ligures 7, 10 et 12 : les deux derniferes surtout presen-
tent de plus, dans le haut du disqiie, des bandes qui
s*ecartent beaucoup du parallelisme.
T.a figure 3 conliont une bande sombre remarquable qui,
apres avoir long6 le bord de la grande zone <^quatoriale,
s'incline vers le nord pour reprendre cnsuite sa direction
primitive. Plus d*un roois auparavant, c*est-i-dire le
26 Janvier, a 9 b. 15 m., j^avais observe deja, dans la
meme region, une bande semblable se recourbant vers le
nord ; mais le dessin dc ce jour a ete execute dans des
conditions trop deiavorables pour le reproduirc ici.
DATES DES OBSERVATIONS.
1. Le 23 Janvier 1875^ de 10 h. 5 m. a 10 k, 45 m. I.es
slries brillantes qui s<^parent la grande zone centrale en
quatre bandes distinctes sont d'une delicatesse extreme,
et pr(^sentent chacune une dilatation apparaissant d*abord
comme uno tacbe brillante isol(5e. I.es deux calottes po-
laires sont c^galement sombres avec le grossissement de
120 fois, mais celle du sud est plus petite.
2. Le 2<S fevriery de 8 A. 5 nu a 8 h, 40 m. La bande
situ^e immediatement au-dessous de la calotte polaire
meridionale est douleuse. Le dessin se rapporte au com-
mencemenlde fobservation. Les regions polaires ont paru
^galement sombres, mais la calotte meridionale etait la
( 555 )
plus petite. Gette observation n'a pas compl^tement sa-
tisfait.
3. Le 8 marsy de 6 h. 55 m. a 6 h. SO m. Boniie obser-
vation. On s'cst attache, comme habitnellement, ^ noler
les details les plus certains et le plus rapidement possible,
poureviter les d^placemenls dus k la rotation.
4. Le 8 mars , de 8 hi 10 m. a 8 h. 55 m.
5. Le3i5 mars, de 6 h. 55 m. a 6 h. 45 m. Tris-bonne
observation. La calotte boreale est plus sombre que rautre.
La ligne brillante passant au-dessus de la tache 6 n*a ete
que soupQonn^e; de sorte qu'il faut consid^rer comme
douteuse la separation en deux bandes sombres distincles
dans cette region.
6. Le 2i mars, de 8 h. 15 m. a 8 A. 55 m. Tres-bonne
observation. La calotte boreale est plus sombre que celle
du sud; la bunde situ^e imm^diatement au-dessous de la
region polaire meridionale est tres-faible, mais certaine.
Le point noir est Tombre du deuxi^me satellite. Sa posi-
tion, comme celle des details de la surface, se rapporte
i8h. 15 m.
7. Le 25 mars, de 6 h. 55 m, a 6 h. 55 m. La bande
bordant la region polaire meridionale et la bande denlelee
n'etaient ^videmment pas parall^les.
8. Le 25 mars, de 8 h. 10 m. a 8 h. 25 m. La bande
adhereute a la tache b semble double comme le 25, quoi-
que je n*aie pas figure ce detail dans la figure 8. Le nord
du disque est plus sombre que le sud.
9. Le 26 mars, de 8 h, a 8 h. 15 m. Image un peu
confuse; observation diificile et dessin incomplet. Je ne
vois pas de calotte polaire meridionale. On s'est attache
surtout k fixer la position du point noir, dik au passage du
( 856 )
4""* satellite. Ce point noir a ete tr6s-bien observe et sa
position relevee pour 8 heiires; il etait si marque que sa
presence appelait imm^diatement Tattention.
10. Le 27 marSf de 8 h, iO m, a 8 h. 20 m. Le nord
est plus fouc6 que le sud. La bande denlel^e et la bande
qui longe la calotte polaire sup^rieure apparente ne sont
pas paralleles. La bande situi^e entre elles est trte-faible.
H. Le 5i mars , de 7 h, 55 m. a 8 A.
i± Le 4*" avril, de 6 A. 50 m, a6 h^dO m. Les bandes
situees dans le haut du disque ne sont ^videmment pas
paralleles.
13. Le i5 mat, a 9 h, 15 m. Dans cette observation
et la suivante, je n'ai pas cherch^ i figurer les details des
bandes de Jupiter; mon but ^tait principalement de re-
lever la position exacte de la petite tache noire due au
passage du 4""* satellite. Comme le 26 roars, cette tache
^tait plus marquee que toutes celles que j*ai eu Toccasion
d*observer pendant les passages des autres satellites.
14. Le 15 maij a 10 A. 10 m. La position du point
noir a encore ^t6 relevee avec beaucoup de soin. Mal-
heureusement Tabaissement graduel de Jupiter a Torc^
dinterrompre les observations ^ minuit. A 11 h. 45 m. le
point noir s'approchait d^j^ beaucoup du bord du disque.
OBSERVATIONS DE MARS.
II est facile de retrouver, dans les dessins de la plan^le
Mars que j*ai Thonneur de presenter aujourd'hui iJ'Aca-
d^niie, toutes les taches que j'ai observ^es pendant Toppo-
sition de 1871. Le tableau suivant facilitera la comparaison
de ces figures. J*ai d^sign^ les taches par les m^mes lettres
( 537 )
qu'en 1871 et j*ai ajoiit^, pour les plus caract^ristiques
d*eDtre elles, les d^nominalions que leur altribue la carte
de M. Proclor :
laches 6 et c (Ocian De La Rue
et Detroit d'Herschel 11).
Tache a.
Tache d (Mer de Kaiser et Ocian
de Dawes).
Tache/ (Mer de Maraldi).
OPPOSITION
d« 1871 (•).
Fig. 4 li 43, et
fig. 28, 30.
Fig. 14; fig. 46 k 19,
fig. 21, 22, 29;
fig. 31 k 35.
Fig. 1,30; fig. 23
k 26; fig. 36.
OPPOSITION
de 1873.
Fig. 20, 21,22 et 23.
Fig. 15, 16, 24 el 25.
Fig. 17,18,19;
fig. 26.
(*) Voyes Atpect de laplaniU Mar$ en 1871, loc. cit.
Les laches situ^es dans la partie superieure du disque
apparaissent avec des dimensions plus grandes qu'en 1871 ;
elles sont plus riches en details, quoique la planete se soil
irouvee, en 1875, dans une situalion defavorable k cause
de son peu d'^l^vation. Quelques remarques comparatives
sont consignees dans la relation des observalions que Pon
irouvera plus loin. Signalons seulement ici que la grande
lache rf, ou la Mer de Kaiser a paru g^n^ralemenl beau-
coup plus p&le qu*en 1871 , el que la tache d^sign^e par a
dans nos dessins a preseute une forme toute sp^ciale dont
on ne trouve pas de traces dans mes observations de
Topposilion pr^c^dente : en 1871, elle est r^duite k sa
partie la plus fonc^e; en 1873, elle pr^sente un prolonge-
ment plus p&le, qui se montresurloul dans la figure 22 ,
( 558 )
et senibic circonscrirc an espacc circulairc. La veritable
Tonne de celte tache semble encore pen connue, et les
deux dernieres oppositions elaient specialcment Tavorables
k son 6tude.
La tache polaire boreale est apparne avec grande nettel^
en 1875, comme en 1871 , mais sans presenter la meroe
Constance : il est arrive, en effet, comme on le verra pins
loin, que la region polaire septentrionale ne pr^sentait
pas le moindre eclat. An contraire, on pouvait observer,
plus fr^quemmcnt qu'en 1871, la tache neigeuse auslrale.
La position relative des taches polaires, par rapport k un
diam^tre passant par le milieu de Tune d*elles, variait
notablement gr&ce k la rotation; celte circonstance denote
une extension in^gale des amas neigeux dans les diverses
directions.
DATES DES OBSERVATIONS.
15. Le 15 avril W5, de 9 h. SO m, a 10 h. 50 m.
Image tr^s-belle malgre la proximite de Thorizon. Deux
taches polaires certaines, tres-blanches; rinferieure est
plus petite que Tautre.
16. Le 18 avril, de 10 h, 5 m. a 10 h. 25 tn. Taches
polaires difficiles k observer; la tache neigeuse boreale est
tr^s-petite; la tache auslrale est plus ^lendue, mais appa-
rail comme une faible lueur.
17. Le 25 avril, de 10 h. 10 m. a 10 A. 40 m. Les
taches polaires sont tres-difficiles k observer : la sup<^rieure
est la plus blanche; Tinferieure est faible, mais plus
^tendue. L'aspect des taches est idenlique k celui de la
figure 25 de 1871.
18. Le 25 avril, de 10 h, 15 m. a 10 h. 25 m. Je ne
vois pas de taches brillantes polaires proprement dites.
Get aspect reproduit celui de la figure 25 de 1871.
( 539 )
Le 24 atTi7, de tO h, 10 m, a 10 h. 20 w., la plan6te
preseulait le meme aspect que le 25, el la mcme difficiille
dans Tobservalion des laches polaires. La region oij Ton
s'atlendait ^ voir paraitrc racial polaire seplenlrional ^lail
parAiitement indiqu^c, mais ne presenlait unelueur ni plus
blanche, ni plus vive que le reste du disque. Du cdle du
sud, au contraire, on remarquail une l^g^re lueur polaire.
19. Le 29 avril, de 10 h, Sm.a 10 h. 15 m. La bande
fesl assez difficile a observer. II n'y a ni ^clal ni blan-
cheur polaires. Le bord du disque est, dans toute son
etendue, plus ^clatanl que le centre.
Le 4 mat, j'ai fail deux dessins que je n*ai pas repro-
duits ici , ils repr^senlenl la plan^le i 9 heures et k 10 A.
10 m. Les aspects sont respeclivement ceux des figures 5
et 27 de 1871. Celte partie de la surface ne pr^sente que
des taches tr^s-faibles , extraordinairement difficiles h ob-
server. A 9 heures, la tache polaire septentrionale ^tait
certaine, mais tres-petite; k 10 h. 10 m., cette region
n*6tait ni brillante, ni blanche. La tache polaire australe
etail tr^s-dou tense.
20. Le 10 mat, de 8 h. 10 m. a 8 h. 40 m. La tache
polaire septentrionale est trespetile, mais blanche et
brillante. La region situ^e au-dessus de la bande be est
plus blanche que le reste du disque, mais racial polaire
est maximum dans Tespace figure au-dessus de 6.
21 . Le 10 max, a 10 h. 5 m. Les deux taches polarres
sont blanches et brillanles; Tinf^rieure est de beaucoup la
plus petite. L'^clat polaire meridional se montre sur une
etendue beaucoup plus grande qu'i 8 h. 10 m. (fig 20), et
dans une situation difii^rente. Apr^s 10 h. 5 m., il tend k
diminuer d'^tendue; il y a 15 ^videmment un efl*et de la
rotation.
( S4i )
Observations sur deux notes de M. Genocchi relatives au
developpement de la fonction log r ( x ) , par M. Ph. Gil-
bert (Ex trails de lettres k M. De Tilly).
< II y a deux observations k faire au sujet de la note de
M. Genocchi (Bulletins, t. XX, S'"' partie, p. 592).
La premiere concerne Tapplication possible des formules
de M. Genocchi a des valeurs non entieres de Targument
X. Sur ce point, je dois remarquer que M. Genocchi ne
d^signe nulle part^ dans celle note (Fautre m'^tait in-
connue)^ par log r (x) la fonction dont il cherche le deve-
loppement, niais toujours par 2 log x, et comme il existe
(observation de M. Genocchi lui-m^me) une infinite de
fonctions comprises sous cette expression, parmi lesquelles
log r (x) n'est qu*un cas particulier, il ^tait assez naturel ,
|:>our 6viter cette sorte d'ind^termination qui affectait le
calcul f d'interpr6ter le signe 2 comme un signe somma"
toire plutdt que comme un signe AHntegration, Voil^ une
premiere raison qui devait me porter k croire que, dans
la pens^e de Tauteur, les calculs s*appliquaient uniquement
k la fonction
Iog[l.2.3...(x— 1)].
J*ai ^t^ conGrm6 dans cette id6e par la roarche que suit
M. Genocchi (p. 597) pour determiner la quantity C.
Comme la m^thode qu'il indique pour cette determination
suppose des valeurs entieres de Targument x, et que, d'un
autre cdt^, il n'avait d^montr^ nulle part que C est une
constante et non une fonction p^riodique de x, il fallait
bien admettrc, pour rosier dans la rigueur, qu'il n'avait en
vue que le cas particulier de x entier.
( 542 )
Cost ce que M. Genocchi confirme pleinemcnt dans sa
Dole posl^rieure [HuUetins, t. XXI, 1" parlie, p. 84), lore-
qu*il (lit : c II y a une infinite de fonctions qui v6ri(ienl
Tequation /"(ar-Hl) — /'(ac)=log x, etsuivant la forme de
la roDclion que Ton choisit pour 1 log or, la conslanle C
pcut etre constante ou variable » c J*6tais parveou
k d^montrer directement, en m'appuyant sur d*aulres
considerations, que C est une simple constante lorsqu'on
a choisi la fonclion log r (x) pour remplacer Tint^grale
Z log X. Mais comme il fallait avoir recours aux pro-
pri^t^s speciales de la fonction r (x), ce qui me semblait
sortir tout a Tait des Elements, je n*ai pas cru devoir
insurer cette demonstration dans la note dont TAca-
d^mie vient d*ordonner Timpression; je m*en rapporiai
simplcment au proc^d^ qu'on emploie, d*apres Eulcr,
dans Ics trailes eiementaires, pour la serie de Sterling...,
c'est-i-dirc queje supposais qn'on se bornail auximleurs
enlieres de x ou que Von adoptait^ comme definition de
la fonction log r (x), Vexpression obtenue pour le cas
des valeurs enlieres de cette variable, >
II est done admis que, pour dtendre aux valeurs posi-
tives quelconques de x Ics formules de la premiere Noie
de M. Genocchi, il faut y joindre la demonstration de la
valeur constante de C lorsque Ton choisit 2 log x =
log r (x), tir^e de la seconde Note (I. XXI). Seulement, la
demonstration perd alors son principal merite, celui de la
simplicite.
Ccs premieres remarques ne concernenl que la critique
formulee par M. Schaar. Mais la critique que vous el moi
avons eievee conlre la parlie du travail de M. Genocchi,
qui se rapporte au reste de la serie de Binet, est indepen-
danle decelle-l& et subsiste toutentiere.
( «43 )
Pour bien comprendre ceci, il /aiit relirc avcc attention
les pages 396 et 597 de la premiere Note (t. XX). La for-
mulc linale (p. 397) se reduit en deGnitive k ceci :
2logx=-iog27r+(x~-Jlogx-x-h(3oXo--13.X,-*-...-4-(---i)--«l3..,X,_,
_(-,)« \ I «(a--l)...(a^n)^^^
^ ' x(x-*-l)...(x-+-n)x-*-a
Voyons quelles interpretations on pent raisonnablement
donner k cette formule :
{''On pent considerer le signe 2, dans les deux mem-
bres, comme indiquant une integration indefinie aux diffe-
rences ; ce signe impliqnerait alors une couslante arbitraire ^
ou mieux une fonclion p^riodique arbitraire de x. Ce ne
pent etre la le sens qu\ attache M. Genocchi , puisqu'il
vient, quelques lignes plus haut, de se donner la peine de
determiner la constante arbitraire C, et de la trouver ^gale
k ^ log. %: : operation inutile et m^me absurde dans Thy-
poth^se oi!i la formule (A) aurait le sens que nous disons,
cela est parfaitement Evident.
^ II faut done bien admellre^que dans cette formule,
suivant la pensee de Tauteur, 1 log x repr^sente seule-
meut la fonction particuliere log r (x) (x etant entier ou
quelconque, je laisse mainteuant ce point de cdl^). Cest
ce que monlre d*ailleurs Tapplication qu*il indique de la
formule de Wallis pour determiner Tarbitraire C comme
on le fait pour la serie de Stirling, et ce que montre mieux
encore la formule des lignes 9 et 10 :
i I i\
2 logx=^ log27r-»- Ix — -I logx — X-4-PoXo — P4X| + «--,
1
( 844 )
dans laqaelle le second membre ne renferme plus aucone
arbilraire et se confond avec le d^veloppement connii de
la fonction log r (x). Nous sommes done forces d*admet-
Ire que, dans T^quation (A), le premier niembre 2 log. x est
]k pour log r (x). M. Genocchi le dit du reste dans sa
seconde Note.
5" Reste alors k savoir, dans le second membre de cette
formule (A), ce que signifle le signe 2 dans TexpressioD
du terme com piemen taire
\ I «(« — i) ■"
^ / «(x-*- 1) ...
(x -4- n) X -*- a
da.
Ge ne peut 6tre un signe d'int^gration ind^finie, car la
formule (A) serait absurde, le premier membre ^tanl tout
k fait d^termin^, tandis que le second renfermerait tifie
fonction periodique arbitraire. Ge ne peut done 6tre qu*un
signe d^int^gration definie par rapport k x; mais alors il
y manque une dwse essenlielle^ qui est Vindication des
limites entre lesquelles doit etre prise cette integrate. Or,
on s'assure sans peine, en tenant compte de la marche
suivie pour determiner G, que le terme compl^mentaire
doit Stre ^crit ainsi :
^*/ x(xH-1)...(x + n) X-+- a
u
G*est Ik la lacune incontestable de la formule de M. Ge-
nocchi ; car cette limite x = oo qui affecte le signe 1 peut
d^autant moins ^tre soupQonn6e k premiere vue par le lec-
tcur que , k la page prec^dente (596) , voulant ddmontrer la
( 54S )
convergence de la s6rie
M. Genocchi dit que < cette fonction (sous le signey*)
» converge vers z6ro avec ^ ; et la m^nie chose aura lieu
» pour son int^grale d^tinie relative ji a et prise entre les
» limiles at=0, a=l ; et aussi pour Tint^grale designee
» par 2 et relative k a;, qui pent etre regardee comme la
» somme d'un nombre fini de valeurs de I'integrale rela-^
» live a a, en convenant d'ajouter au second membre de la
» formule pr^c^dente une arbitraire G. » Or, nous voyons
au contraire que pr^cisiSment, dans Tequation telle qu'elle
r^sulte de la determination de Tarbitraire G, Tint^grale 1 d^-
signe une somme qui s'etend a un nombre in fini de valeurs
de x^ et, par suite, la preuve de la convergence tombe.
De tout cela je conclus que la lacune signal^e par vous
dans la formule de M. Genocchi exisle en effet , et que le
travail destine k la combler di rendu un service reel aux
g6om6tres.
En parcourant, pendant {'impression de mon memoire,
la deuxi^me Note de M. Genocchi , que je ne connaissais
pas, j'ai constate que, bien qu'il parte d'une definition de
la fonction o (x) diQ<6rente de la mienne, il suit, pour
deduire la s^rie de Gudermann de la formule de Stirling,
une marche toute semblable k celle que j'ai donn^e comme
nouvelle dans le n° 1 de mon memoire.
J'ai reconnu aussi que I'expression du reste de la s^rie
de Binet donn^e par MM. Genocchi et De Tilly, convena-
blement interpret^e, pent s'^tendre k des valeurs quelcon-
ques de Targument, et se ram^ne alors k la forme sous
laquelle j'ai obtenu ce reste dans mon memoire. »
2'"*' s£rib, tome xxxvi. 56
( 846 )
Sur quelques developpemenli de la fonction log f (x) ;
seconde lettre k M. AdolpheQuetelet, secretaire perp^-
tuel de rAcad^mie, par M. Angelo Genocchi, professear
k rUniversit^ de Turin.
I.
Repanse aux critiqties.
Aprte une lecture attentive de la Note de M. De Tilly et
du Rapport de M. Ph. Gilbert, et tout en rendant justice k
la parfaite exactitude et k la clart^ des deductions de
M. De Tilly, je dois dire que leurs observations critiques
au sujet de la demonstration presentee par moi en 1853,
et surtout certaines expressions s^vdres du Rapport, ne me
semblent pas justifi^es (').
Je ferai observer d'abord qu'on s*est mepris sur mon bat,
qui etait de demontrer une formule de Rinet, exprimant le
logarithme de I'integrale euierienne r(x) dans toute sa
gen^ralite, c'est-i-dire pour toutes les valeurs positives de a;,
et non-seulement pour les valeurs enti^res. La preoccu-
pation contraire, et, je dois le reconnattre, une redaction
trop concise, ont ete sans doute les causes des reproches
qu*on m'a faits.
J'ai bien admis, en repondant k une objection de
(*) II s*agit d*une formule de Binet, exprimanl log r(x) en s^rie oootbt-
gente. Ma demoDstralion se irouve dans les Bulletins , 1^* serie, I. XX,
2"< partie, p. 393. Les Perils de MM. Gilbert el De Tilly soot dans les
monies Bulletins, 2>« s^rie, L XXXV, pp. 5 el 30.
(847)
M . Schaar f), qu'on pouvait se borner anx valeurs emigres
dex, mais c*^tait uniquement au sujelde la determination
effective d'uoe quantity arbitraire, introduite par Tint^gra-
tion, et d*ailleurs j*ai ^labli qu'eo prenant log F (x) pour
valear de 2 log x, cette quantite arbilraire se reduisait k
une coDStante et avait ^t^ exactement d^termin^e, quelle
que fAt la valeur positive attribute k x. Ainsi j'ai confirm^,
comme M. Schaar Favait bien compris, que mon intention
avait ii& de traiter la question sous un aspect g^n^ral. Cest
pourquoi j'ai fait des int^rations aux differences flnies
et non pas des sommations, dont j'aurais omis de fixer les
limites, ou dont les limites seraient inexactes; et, dans ces
integrations, je pense etre reste fidele aux pr^ceples du
calcul des differences.
Yoici, en effet, la suite de mes raisonnements.
En posant :
tf as f X — — 1 log X — X, AX 8= i ,
^' J 4.2...(t-4-i) \ 2/ ' •' x(x-+-^)...(x-4-iV
je trouve :
AU = log X -H PoX, — (5A H »-(—'*)" P— fX.-,
/I i
x(x-+- i)...(x-+- n — i) X -♦- «
(*) Voir le Rapport de M. Schaar dans les Bulletins, 1" s6rie, U XX,
2«« partie, p. 391 ; el ma Note, ibidem , t. XXf. !'« panic , p. 84. '
( 548 )
qu*on peut repr^enter par la Tormule suivaiile :
logx = Aw — V„-+-R„,
si Tod fait :
1
a —
R = (— 4 " / ~^^ — ^ da.
x(x-h i)...(ar-h n — i) a: -♦- a
Or AX,.4 = — X<, el par suite, en faisant :
on aura v„ = — aU„:
done
log X = A« -h ^U,. -^ R„ .
J'ai int6gr6 par 1 les deux membres de cette Equation ,
et j*ai consid^r6 une integrate particuliere du premier
inembreet une integrate particuliere du second; cesdeui
int^grales particulieres d'une ineme fonction^ ou de fonc-
tions ^gales, ne pouvaient differer que d'une quantile con-
stante ou p^riodique, et en d^signant cette quantity arbi-
traire par C , j'ai obtenu :
21ogx = t/-f-U„^2R„-4-C,
ou bien :
21ogx = C-+- (x — -j logx — x-4-/x(x),
en remettant la valeur de u, et en nommant fx (x) la somme
de la s6rie
ainsi 1 log x peut repr6senter Tint^grale particuliere
log r (x), et2R„ sera le reste, apres n — 1 termes, de la
( 54-9 )
serie dont la somme est ft (x) , reste qui est une fonction
diterminee de n etde \^ las^rie ^lant convergente. 11 est
en eflel visible que les deux series
etant demontr^es convergentes, et la premiere ayanl pour
termes les dilKrences finies des lermes de la seconde et
pour reste R„, le reste de la seconde doit ^tre une valeur
particuliere de finl^grale 2R„, puisque, en general, si une
serie de fonctions de x :
tto -+- W| -+- tit -+- W3 H —
est convergente el a pour somme «, pour reste r„ apres
n — 1 lermes, et si cela a lieu pour deux valeurs x el
X H- Ax, Tautre s6rie
sera aussi convergenle, aura pour somme As, pour
resle Ar„.
On pent dire aussi que 2R„ sera une int^grale particu-
liere s'annulant pour x = 00 ; car cette propri^le r&ulle
imroediatement de ce que p (x) s'annule pour x =00 , et
je ne pense pas qu'en admellant la convergence de la
serie
poXo - p,x, + p,x, ,
on puissc douler que sa somme se reduise a zero pour x
infini : done le reste 2R„ de cette s6rie doit aussi se r6-
duire k z^ro pour cette valeur de x.
Ainsi rintegrale2R„ est parfaitement determinee.
En vertu de cette determination, la quantity G sera m*
dependante de n, altendu que, par Tintroduclion de la fonc-
( 580 )
tion d£termiu^ |x (ac), le nomhre n peut Mre cens^ avoir
disparu de la formulc, et C s'exprime simplement par
1 log X, x, et fx (x). La quantity C sera done upe foDclion
p^riodique de x seul, ou plutdt sera une simple constante
et aura pour valeur ^ log Stt daus le cas, que j'ai suppose,
de 2 log x= log r (x), comme je Tai d6inontr£ dans la
Note ci-dessus mentionn^e, oji je r^pondais k une objection
de M. Schaar. Get analyste distingu£, qui avait compris,
comme je Fai dit en commen^ant, que je ne voulais pas
me restreindre au cas de x entier, m'objectait que C n'^tait
pas n^ssairement une constante.
Ces explications montreront, je I'esp^re, que je n'ai
commis aucune erreur dans revaluation de la constante,
et que ma formule n'avait pas besoin d'etre Vectifiee.
Elle a paru inexacte parce que, des deux termes sous
le signe 2 qu'elle renferme, le premier devrait, k ce qu*on
suppos^it, etre pris enlre les limites 1 et x, le second entre
les limites oo et x. Ce qui pr^c^de montre qu'il ne s*agit
pas de ces limites dans ma formule, et en tout cas on n*a
pas fait attention k Tarbitraire C que j*ai ajoutee k la se-
conde int^rale; car, k Taide d'une constante, une somma-
tion entre oo et x peut Stre r^duite ^videmment k une
sommation entre 1 et x, la diffi^renee enlre les deux
sommes 6tant une troisi^me somme entre i et oo, c'est-
i-dire une constante.
Pour abr^ger la demonstration, je me suis attache, dans
ma premiere Note, a prouver qu'une valeur de 2R„ s'an-
nule avec ^, en invoquant un principe du calcul des dif-
ferences, d'apres lequel cette integrate peut etre regardee
comme la somme d'un nombre Gni de valeurs de R„ et d'un
terme constant ou periodique. On peut trouver ce prin-
cipe enonce dans le Calcul differenliel d'EuIer, ainsi qu'il
( 551 )
suit : Vocemus earn functioDem quaesitam cujus differentia
proponitur, Summam; quod nomen commode adhibetur,
cum quod summa differeutiae oppooi solel,tum etiam,quod
fuDCtio quaesita revera sit summa omnium valorum prae-
cedenlium differentias (*). > Lacroix a exprim^ le mSme
principe dans son grand Traits : < L*op6ration (ecrit-il)
indiqu^e par le signe 2 s'appelle aussi integration; car
If (x) d^signe une veritable somme... ("). »
Mais j'aurais pu me dispenser d'y recourir en d6mon-
trant la convergence de la s^rie
PoXo — piX, -+- pjX, — etc.,
puisque, cela admis, tout le reste s'ensuit n^cessairement,
comme je viens de I'expliquer. Or il ^tait facile de d^mon-
trer la convergence de cette s^rie, d*une maniere simple et
directe, en suivant la m^thode que Binet avait employee
pour une serie semblable (nous verrons cela plus loin) ; je
pouvais aussi I'^tablir par plusieurs autres voies, comme,
par exemple, en comparant la s^rie en question avec cette
autre :
poX, — p,X» + PjX, - etc.,
dont la convergence n'est pas douteuse, car il est rigoureu*
semen t d^montr^ que son terme compl6mentaire R« a
pour limite z^ro lorsque n crott k rinfini.
Soit, en effct:
A,. = (2 — «) (3 — a) ... (t — a),
(*) Ealer, Inslilutiones calculi differenticUis, Pars prior, cap. I, art. 25
(Ticini, i787,pag. 22).
(**) Lacroix, TraU4du calcul diffirerUiel et du calcul integral , t. Ill ,
D* 943, p. 75 (Paris, 1819).
( 552 )
d'oii:
1.2.3...(«-4-l).(—l)'+'p,= /"V(i -«)(-— «Jd«":
0
• i
en d^composant Tintegrale en deux parlies, de 0 ji^ et de
^ i 1 , el faisant a = i — a\ puis remplaganl a' par a,
on irouvera :
^2.3...(lV^).{^i)••+•3,=y'\(i~«j(1-«)(A,~A0(it,
0
dans laquelle j*ai fail :
a; = (i -4- a) (2 -+. a) . . . (i — i H- a).
Mais n — aesl loujours plus grand que n — 1 -ha, enlre
a = 0 el a = i, et, par consequenl, on a A, > A'., pour
t > 1, en sorle que ( — 1)'+' p, sera loujours une quanlile
posilive, pour i = % 3, .... (*).
On aura, de meme :
4.2.3...(i-h2).(-1)^'/3,^t=y''«[^-«)(4--a)(A,^--A;^,)rf«;
0
en outre :
A,-^_p-.)(5-.,...„-.)(,-iil^)_i^A,.
done
^a(i-a)(1_a)
._,).>.,,_ (_i)...,,,.= / ,.,.3...(,.^,) [(4^.)A,-(2-,)A;]i.
(*) J'avais doon^ celte demonstration dans les Annates dc M. Tortolini.
(Rome, 1859, t. II, p. 380). Le tbeoreme est de Binet.
( 553 )
quanlite positive pour t > 2, ^ cause de ^^ > — '- , et qui
se reduit k z^ro dans le cas de t = 2. On conclut que les
quantit^s ( — l)''^'^<sont decroissanles, et qu'aiusi :
puisque done ces deux series ont tous leurs termes positifs,
et que la demiere est convergenle, la premiere doit pareil-
leroent 6tre convergenle.
Dans le cas de x entier, M. De Tilly remplace noire in-
tegrale2R,+i P^^r la serie — SR^^,; je trouve dans raes
papiers qu*en m*appuyant sur la theorie des fonctions inex-
plicables enseign^e par Euler, j'avais employe cette mSme
transformation pour toule valeur positive de x, et j*en avais
tir^ une limite superieure de la valeur num^rique de cette
int^grale. On pent 6crire :
* .(l-a)(l— )
X (a? -4- i ) ... (x -♦- fi) \x -*- a X -4- i — al
en se rappelant la signification de A. et A;,: et Ton a
x-»-a<x-hl — a, A, >A;,: ainsi la quanlite R^i est
positive. On a encore
A, A„ A, A,
>
X -f- a X -+- 1 — a X -f- 4 -h a X -4- 2 — a
puisque la difference
A« a;
(x -♦- a) (x -^ i -4- a) (x -♦- 4 — a) (x -+- 2 — a)
est positive : par consi^quent, si Ton d^signe par c la valeur
qu*on veut donner i x dans la formule, on fera successive-
( 554 )
meDt,dans R,H49 ^ = c« ch-1, c-h2, ...,et le factear
^* — x-^'i^x ^^^^ '^ P'*^^ grand possible pourx=ic.
En faisant done :
a ( a I (i — a)
1.2.3...n \C-+-a C-+-i — a/
et, en vertu de ia valeur X„, nous aurons :
r
Or 2X« = — X.^, el, par suite, ia somme des valeurs
de X« , de X = c 4 X = c H- m , sera ^gale k
1.2...(n — 0 i.2...(n— i)
c (c -+- 1 ) ... (c -♦- n — I ) (c H- m -♦- 1 ) (c -f- m -♦- 2) ... (c -♦- m -4- n)
qui se riduiti ^^^|-^^^'^^^_ ^^ , pour m infini. II s'ensuit
T c(c-+-4)...(c-+-n— 4)/
ou encore :
2 -»-t< / c(c-*-l)...(c-+-n — l).w c-*-«
encore :
|R-^t</
C/esi la limite que nous voulions oblenir. Elle s*eva-
nouil pour n = x , et pour x =oo .
Le principe dont nous venons de faire usage peut etre
g6n^ralis6 et rigoureusemenl d^montre ainsi qu'il suit.
Soil F (x) =29 (x), ou F (x -f- 1) — F (x) == 9 (x) : si
(p (x -4- n) est le lerme g6n6ral d*une s^rie convergenle.
( S55 )
nous remplaceroDs x successivement par x + 1, x + 2, ...
X + m — 1 el, faisant ia somme, nous trouverons :
F(x-+-wi) — F(jc) = 9(x) -h9(x-»- i)H hcp(x-+-m — i),
oil le second membre aura une iimite finie et d^termin^e,
pour m infini; done le premier membre aura la roSme
Iimite; done F (x + m) tendra vers une Iimite finie et de-
termin^e, qui restera la mdme lorsqu'on change x en x+l.
Ainsi une valeur de Tint^grale F (x) sera £gale k la somme
de la serie
— (p (x) — 9 (x -+- 1) — (p (x -♦• 2) — etc.
Si 9 (x) est nul pour toule valeur infinie de x, on pourra
dire la mSme chose de cette somme, et la valeur de F (x),
pour X infini, sera ^ale ii celle de F (x+m), pour m infini.
Alors done la somme de la s^rie ci-dessus sera une valeur
particuli^ro de Tint^grale 29 (x), s'annulant pour x = oo.
J'ajouterai ici une observation bien simple, qui toutefois
ne semble pasd^pourvue d'importance. Lorsqu*on a obtenu,
en integrant par 2, une inl^rale particuliere f{x), et qu'on
determine la quantity C de Tint^grale g^n^rale f{x) h- C,
en faisant x = x et en supposant C constante; si Ton
trouve pour C une quantity finie et d^terminee, on pourra
conclure qu'on n'aurait pas une autre valeur de C en la
supposant variable (c*est-^-dire p^riodique). En effet,
quelle que soit la valeur que prend C pour x = c, cette
quantity C, ^tant p^riodique, prendra la m^me valeur pour
X == c -+- 1, c -f- 2, c -h 3, ... c -h w, m 6tant un nombre
entier aussi grand qu'on voudra, el par suite elle prendra
la m£me valeur pour x infini. Ainsi on d^montre que,
dans ce cas, I'arbitraire G se r^duil k une simple constante.
( S56 )
On voil que la valcur infinie, pouvant revetir une infi-
niti de formes differentes c -h m, oii c peut varier d'une
maDiere continue, joue le rdle d'une infinite, de valeurs,
nfi^nne continues, et peut ainsi suflire pour determiner la
fonction p^riodique arbitraire.
Le principe que je viens de d^montrer sera utile en
plusieurs cas, pour Tapplication du calcul des differences
finics; il peut servir k conGrmer la determination de la con-
stanto, dans la formule logarithmique de Binet; il explique
le succ^s de la methode suivie par M. Weierstrass dans la
theorie des Tacult^s analytiques et des factorielies (*), et
peut fournir une base rigoureuse k la theorie des fonctions
inexplicables d'Euler.
M. De Tilly s*etant born^ au cas de x entier, j'ai pens<^
que les reflexions qui precedent, et qui s^appliquent a x
quelconque, pouvaient encore offrir quelque int^ret, en
mSme temps qu'elles devaient lever tous les doutes sur le
sens et {'exactitude de ma formule.
II.
Notes historiques.
Puisque j'ai du reprendre ce sujet, dont je m'elais beau-
coup occupe autrefois, je vais completer, en quelques
points, I'exposition historique presentee k TAcademie par
M. Ph. Gilbert.
La formule
dx* ^i (x -4- nf
(•) Journal de Crelle, t. LI, p. 1-60.
( 557 )
qu*on attribue k Gauss, peut k bon droit £lre r^clam^e par
Euler comme sienne, puisque dans son Calcul differenliel,
en nommant S la fonclioD inexplicable
i i i
1 1- ••• H J
2 3 X
et 2 ce que devieut S lorsque x devieut x -f- co, il trou ve Q :
y Q /_!_ ^ i \
2, == o -H « I h 1- -I- ••• I
J i i i \
\(x-*-i)» (x-4-2)» (x-4-5)' /
-+- etc. ,
ce qui donne imm^diatement :
dS i i 1
dx (x-^if (x-*-2)* (X-+-5)*
or, d*apres le mode d'interpolation employ^ par Euler,
la foiiclion S n'est pas autre chose que la d^riv^e de
2 log (x H- 1) ou ^^"^'^J;^~^^\ c'est-i-diic la fonctiou Wx de
Gauss, k une constante pres; done la s^rie
i i 1
(x + i )• ■*" (x H- 2)« ■*" (x -+- 3)* "^" " '
qui, en vertu de la formule d'Euler, est la premiere de-
rivte de S, sera egale k _^li^g-Ji;^±iL ou ^^, et Ton a
ainsi le resultat m^me de Gauss. En effet , pour z entier.
Gauss dbnne (**) :
M'Z = ^ 0 -I- i H 1 1 1 ?
2 3 z
(*) Inst, calc, dt^.,pars post, cap. XVI, arl. 371, exem. l.(edilion de Pa-
vie, 1787, p. 615).
(**) Gauss, Werke, t. ill, p. 154. (GdUingeo, 1866).
( 558 )
de sorte que Wx ne difl^re de la fonclion S d'Euler que
par une constante ^0.
En multipliant par dx et int^^rant, on aura log F (x + ca)
d^velopp^ seloQ les puissances de gd.
Euler est parvenu, dans le mdme endroit, k une autre
Equation, qui donne la diffi^rentielie de la fonction
V = 1 . 2 . 3 ... X, c'esl-i-dire de T (x -+- 1). Avec nos
symboles, on peul 6crire cetle Equation comme il suit (*) :
= log(x-*-1) — -S; Tzz-^-S
\dx °' ' 2 (x-^iy 3 (xH-i)»
el, si Ton fait x -4- 1 = ;;, V = F (p), on aura une formule
de Binet (**). Dans les Comptes rendus de 1859, Binet a
inl^gr^ celle formule el a lrouv6 f **)
z.d p 5.4 p
ainsi ce d^veloppement, identique & celui de M. Feaux, a
^t^ aussi donn^ par Binet, et son droit de priority est
certain, la serie de M. F^aux n*ayant k\.k publi^e qu'en
1844. f).
J'avais d^monlr^, d*une mani^re simple, la formule de
Gudermann, dans les Bulletins de 1854, n"" 2, et j*en avais
d^duit imm^dialemenl les deux d^veloppemenls de |x (p),
suivant les sommes S^ ou S ^^j[ytj I'un k termes posi-
tifs , I'autre k termes al ternes.
Sur un point, que plusieurs g^m&tres ont regard^
(*) Loc, cU., art. 384, exemplum II (eUilioo de Pavie, p. 633).
(*•) Journal de Nicole polyL^ 27»« cabier,p. 231.
(**') Comptes rendus de I' Acad, des scienceSyi. IX, p. 158 (Paris 1839).
(♦*'•) Journal de Crelle, l. XXIX, p. 209 (1845).
( 589 )
comme trte-imporlant, la priority n^apparlieDt pas k Binet :
c*est pour Tespression de la fonclion fx (p) sous la forme
(l*une seule int^rale d^finic. Uue telle expression avail
^t£ donn^e presque vingt anuses avant le M6moire de
Binet : car le volume XXV des M^moires de TAcad^mie
des sciences de Turin (!'' s6rie), qui porte la date de 1820,
renferme unc Note de Plana, oil ce g^om^tre, qui fut Tun
des associ6s de I'Acad^mie royale de Belgique, parvient k
la formule f) :
/? '
/ ararctang=-
S.logx=C -i-xlogx— a ■+- -r logx +^ /
Cette integrale est prise de ^=0 k /= oo; de plus, on a
S log X =2 log X + log X, et Plana ajoute que la constante
C est ^gale 4 ^ log (2rr). Ainsi il en r^ulte :
^ W = 2/**^j^ arc (tang ij ,
0
c*est-&-dire la m^me formule qu'on trouve dans le M^moire
de Binet, page 241 ^ et qu'a rappel^e M. Liouviile, dans la
stance de Tlnstitut du 6 septembre 1852, en montrant
avec quelle facility on en d^duit cette importante proposi-
tion : que, pour la s^rie de Stirling, Terreur commise en
s'arr^tant k un terme quelconque est plus petite que le
terme sulvant et en a le signe (**).
(*) Voyez le tome indiqae, p. 410.
(•*) Comptes rendus, lom. XXXV, pp. 317-342; Journal de malhim.,
1" s^rie, lom. XVII, pp. 448-453. — Les observations prec^entes, sar les
droits de Plana, avaient 6te publiees dans un journal de Turin, en 1854
{Rivista delle Universitd e dei CoHegi, 2 nov. 1854, p. 347).
( S60 )
II faut observer que, pour parvenir ^ cette expression
de ii{x) ou p (p), Biuet part de la mSme formule de Pois-
son dont s'est servi Plana :
e'-4-i 2 , /** dt sin (zt)
^-!-/
0
et il en d^duit Texpression des nombres de Bernoulli
B„ = 4n / -;
que Plana avait donn^e. Plana transforme ces dernieres
integrates dans les autresy"^^^^|f~^, d^terminees par
0
Euler (*) : ainsi celle expression des nombres de Ber-
noulli par des integrates di^Gnies est due ill Euler, qui par-
vint aussi avant Laplace k leur expression g^nerale en
termes finis (**).
Je remarquerai encore que Binet avait eu la pens^ de
remplacer t par pt dans sa premiere formule, pour en
tirer d'autres formes de I'expression de fx(p) : or, s*il avait
suivi cette voie, il aurait obtenu imm^diatement cette inte-
grate si remarquabte qu'a fait connaltre plus tard M.Schaar.
Quant aux d^vetoppements de fx (p) par des series de
factorielles n^atives, Binet en. a donn^ deux aussi, Pun i
(*) Euler, Inst, calc, integraliSt t. IV, p. 137, ou Novi comment.
Acad. PeiropoL, t. XIV, 1^* parlie, p. 152 (1769).
{**) Voyez, sur cetle question, les Annali di scienze matematiche §
fisiche, I. Ill, p. 405 (Rome, 1852). — Gauchy, dans son Memoire de 1814,
- ,^| - par les nombres de Berooulli, ei a
observe que ces formules etaient d^jk connues {Savants etrangers, 1 1*',
p. 756, 1827).
( 561 )
la page S31 , Tautre a la page 359 de soo M^inoire : le
terme general du premier est
1(0
t(p^.i)(p-4-2)...(p-f-iV
celui du second est
-i'(0
t.p(p-4- i)...(p -4- t — i)
Binet a d4montr6 en detail el rigoureusement la conver-
gence de la premiere de ces series (t6., p. 233) ; a i'egard
de la derniere, en posant :
(i -4- 6)(2 -4- b) ...(t — 2 + 6) = H -+- H,6 + H,6* -♦- ... h- 6•-^
il d^montre (p. 338) qu'on a :
H, 2H, » — 2
r(0=
3.4.5 5.6.7 t(i-+-i)(i-4-2)
et que cette valeur est positive : de li, en raisonnant
comme il Ta fait pour la premiere s^rie^ on deduirait sans
peine que le coefficient positif V(i) est plus petit que
^ V.4^V^^ (* — ^) » ^^ qu'ainsi le terme g^n^ral de la s6rie
est infi^rieur en valeur absolue k
i i. 2. 3. ..(1 — 2)
60p(p-+-1)...(p-+-t — 1)
ce qui est le terme general d'une s^rie ayant pour somme
gj-, ; il s'ensuit que la s^rie indiqu^e est convergcnte.
Mais en outre il ajoute ces remarques : < A Taide des
formules d^velopp^es dans la quatri^me section [26], nous
nous sommes assur^ que, pour de hautes valeurs de i, le
2°*' S^RIE, TOME XXXVl. 37
( 562 )
terme i,p^^i^^pi%,„^p^i^,^ tend k ud 6tat de grao-
deur de I'ordre tt+h^/;)* les autres termes de son expres-
sion elanl des ordres ./I,, o ..a..\. ,^ > etc. Ainst la con-
»^+*(l. I) iF+' (I.I)* '
vergence de cette suite esl plus rapide que eelle d^une
s^rie dont le terme general serait j^r^ ^^ moindre que
ceile d'une suite dont le terrae g^n^ral serait ^—r- On
parvient k de semblables consequences pour la serie (6i),
art. [20]. Je ne d^veloppe pas ici ces r^sultats, parce que
les details sont un pen longs... On trouvera sans difficult^
les relations qui lient entre euK les coefficients 1(1), 1(2),
1(3), etc., de Tart. [20], et ceux que nous repr^sentons
ici par !'(!), r(2), I' (3), etc. Ces nombres, quoique
rapidement croissants, ne pen vent empecher la s^rie
de demeurer convergente, mais principalement pour
de hautes valeurs de p, cas auquel elle est destin^e. >
(lb., page 539.)
Pour former cette serie, Binet prend la formule qui lui
est due :
0
et, en faisant e'"=^ — x, il la transforme dans la suivante:
il d^veloppe, suivant les puissances de x, la fonction qui
multiplie ^^ "" ^"^ dxy et obtient, dans chaque terme, une
int^rale eul6rienne/ (1 — x)'""*x"~*dx, avec n entier
et positif , int^rale dont la valeur est connue.
Dans le tome II de ses Exercices d* analyse , Cauchy a
remplac^, par quelques formules deduites de la th^orie des
( S63 )
int^grales singuli^res, les considerations tres-d^licates et
(r^s-ingenieuses par lesquelles Binet elait parvenu a re-
presenter par une seiile inl^grale defmie la parlie d^crois-
sanle de log F (x); mais, pour le developpement de cetle
partie, la methode suivie parCauchy est identiquement la
m^me que la prec^denle, en sorte que les pages 589, 590
du M^moire de Cauchy sont presque la reproduction litt^-
rale des pages 556, 557 du M6moire de Binet. Cauchy le
reconnait par ces paroles qui terminent sa demonstration :
« La formule (16) (la serie dont il est question) est encore
Tunc de cellos queM. Binet a obtenues en operant comwe
nous venons de le dire > (page 591).
Le principe de la methode est que « pour obtenir le de-
veloppement de cette int^grale (celle ci-dessus rapport^e)
en s^rie, il suffit de developper la fonction sous le signe f
en une autre serie dont chaque terme soit facilement int^-
grable. Le developpement de I'integrale se reduit k une
seule s^rie convergente, lorsque le developpement de la
fonction sous le signey ne cesse jamais d'etre convergent
entre les limites de Tintegration. Telle est effectivement la
condition k laquelle M. Binet s*est astreint dans son Me-
moire. » J'emprunte ces observations k Cauchy (*).
On voit done que Binet, non-seulement n'a pas neglige
la question de convergence, mais Ta, au contraire, appro-
fondie avec un grand soin, et que, relativement k la con-
vergence, Cauchy n'a fait que reproduire une des demon-
strations de Binet.
Le Memoire de Cauchy a ete presente en 1845 a
TAcademie des sciences de Paris, et plusieurs extraits en
ont ete inseres dans les Comptes rendus de cette annee,
(*) Comptes rendus, I. XVl, p. 425. — Exercices ctanalyse, I. II, p.oOD.
( 564)
avant qull fdt publie en entier dans Ics derni&res livrai-
sons du second vohime des Exercices ('); il est done de
1845, quoique ce volume porte la date de 1841, epoque de
la publication des premieres livraisons.
J'ai rectifi^ quelques propositions de Binet dans les
Bulletins de 1854 : la m£me Note (") offre les Elements
d'une th^orie complete des fonctions gamma, fondle sur
la definition de Gauss, et donne le moyen d^etablir, par une
marche simple et directe, la formule (applicable k x positif
quelconque) :
logr{x) = C-4- (x — -jlogx — X-4-ft(x),
en prenant la formule de Gudermann pour definition de
fx(x).
Le terme g^n^ral de la s^rie de Gudermann est
V "*" ^ "^ 2/ ^^ V "*" p-^ml "" "" 2.2.3 \p-^m-¥-i)
^^-( ' \V_i-/ ^ )V..,
2.3.4 \p-+-m-^i/ 2.4.5 \p -4- m -4-1/
et, par suite, ce terme est positif pour toute valeur p > 0;
comme en outre :
f*(p) — [*(;>-*- 0= (p-*- 2/ 'og (i ^ -J —1,
1 1 1
2fi(p-4-l)< S- -< ,
^^^ '^2.3 p-4-l'^2.3p
{") Voir Comptes rendus^ l. XVI, p. 422 ; l. XVII, pp. 370 et 376 ; oh il
est (lit que ces Recherches seront publi^es daus les Exercices.
(**) Pr^eDtee ik rAcad^raie de Belgique, dans la stance du 5 uovembre
1853 (Bulletins, i. XX, 3< parlie, p 129) ; ins^r^ dans la seance da 4 f^
vif3rl854(i6,l,XXl,p.84).
( S65 )
on pent conclure de Ik que la s^rie de Gudermann est con-
vergenle et que fx (p) se r^duil k ziro, lorsque f)=oo, ce
qui suffil pour determiner aussi la constanle C, k I'aide du
th^oreme de Wallis. Enfin, j'ai demon Ire Tidentit^ de la
fonclion r(x),d^rinie par Gauss, avec I'int^rale eule-
rienne.
En 1854, Cauchy g^n^ralisa les Tormules de Binet, et
trouva des d^veloppements analogues pour des fonctions
quelconques, et comme j'^tais, de mon cdt^, parvenu aux
memes r^sultats el aussi k des resultats plus gen^raux, par
la m^thode que j'avais appliqu^e a la serie de Binet, et que
j^avais, au surplus, complete toutes ces series par Texpres-
sion d*un reste, je publiai mes d<§monstrations dans les
Annates de M. Tortolini, cahiers de fevrier et mars
18S5 0.
Soit u une fonction de x, t;=^, t;„ ce que devienl t;
lorsqu'on change x en x+n : on a la formule symbolique:
^ 2 (1-f-A)«l0g(1-H/i)Ll0g(i-+-A) A 2j "
ou le second membre doit £tre d^veloppe suivant les puis-
sances ascendantes de A, en interpretant ces puissances
comme des differences fmies (du meme ordre) de la fonc-
tion t;„, pour Ax = l : n designe un nombre qui ne sera
pas n^cessairement entier et positif.
Si Ton fait ti= log x, cette formule donnera une infinite
de developpements Equivalents aux deux series de Binet :
ces derni^res repondent aux valeurs n = 0 et n«=:l. J'ai
observe que, si n n*est pas nul, la convergence est
(•) Comptes rendus, I. XXXIX. pp. 134-135, 173-176, 214-218. —
Annali di scienze matem, e fisiche, t. Vl, pp. 70-114 (Rome, 1855).
(^66)
d'autant plus rapide que n est plus petit, et que, pour x>l,
la serie qu'on obtienl en posanl w=0 est preferable i
toutes les autres, d^duites de valeurs positives de n.
Dans le mSme M^moire, j'ai indiqu6 un proc^de simple
pour parvenir k Texprcssion de tx(p) sous la forme d'une
integrale deflnie el pour en tirer les developpemeuls de
log r{p) en facloriclles. II renferme encore une demonstra-
tion nouvelle et, je crois, assez remarquable, des analogies
connues des differences avec les puissances (dont je signale
la liaison avec les formules de Binet), et des theoremes de
M. Malmsten sur la formule sommaloire de Maclaurin.
Je suis revenu sur les formules de Binet et sur ces autres
formules plus g^n^rales, dans un' article bibliograpbique
relatif aux beaux resultats obtenus par M. Scbloemilch f ).
J'ai demontre, en peu de mots, sa formule fondamentale:
f" (0) f-' (0)
z(z-+-l)(z-4-2) Z (ZH-i)...(2-4-n — i)
-f.-- r(i— a)'-*-"-Y''(a]rfa,
z(z-4-l)...(z-*-n-l)/ ^ ^ I \ i ^
et je Tai appliqu^e au d^veloppement de la fonction :
0
ce qui donne la &Me particuli^re de Binet, dont se sont
occup6s MM. De Tilly et Gilbert, avec un reste exprim^,
non par une integrale definie triple, mais par une integrate
(*) AnncUi di Matemaiica, t. |], pp 367-384 (Rome, 1839).
( 367 )
d^finie simple. Pour plus de generality, j'ai remplace z par
z-k-a dans la formule fondamentale, et j*ai pris
'^' log(i — a)\2 a log{i— a)/"
j'ai obtenu le reste ou terme compl^mentaire exprime par
\ r(i — a)'+**^-*/'"Wrfa.
On retrouve cette s^rie particuli^re, que je viens de
rappeler, dans le cas de a=0, consid6r6 par M.Schloemilch,
et, pour ce cas, j'ai d6montr£ que le reste ou terme com-
pl6mentaire 6tait d'une valeur inf^rieure k
z(z-.<)'..(.H-„)/'^"(^l-'')^"''
0
06 V,= {\ — v) (2 — v) . .. (n — t). Cette limite est plus
approch^e que celle de M. Schloemilch.
J'ai mentionne aussi un autre d^veloppement, suivant
des factorielles inverses ou negatives, donn^ par le m^me
analyste, savoir le d^veloppement de la fonction F (p)
elle-m^me, ou plus exactement du rapport
r(p)
d'o(k Ton d^duit une formule semblable k celle de Guder-
mann.
Je ne dois pas oublier, parmi les travaux concernant la
m
fonction gamma ^ une Ih^orie tr^s-rigoureuse et trte-
remarquable des factorielles, a laquelle du reste j'ai d^ja
( 568 )
fait allusion ci-dessus, et qui a ^te expos^e, en 1856, par
M. Weierstfass. Cc c^lebre g^omelrc a demonlre que la
fonclion r^ciproque jj-r est toujours developpable sui-
vant les puissances entieres et ascendantes de p (*).
J'indiquerai, en m^me temps, une these deM. Hankel,
sur les integrates euleriennes, dans le cas de variables ima-
ginaires (""), el plusieurs rfeultats tres-interessants publics
par M. Catalan, dans le dernier Compte rendu ("*).
En ce qui touclie la s6rie de Stirling, et celle de Mac-
laurin ou d'Euler, dont elle est un cas particulier, j'avais
tir6 d*une forraule sommatoire due i Plana, qui resume,
pour ainsi dire, la serie d^Euler, Texpression remarquable
du terme compl^mentaire de la serie de Stirling obtenue
par M. Schaar, et plus tard je suis entre dans beaucoup de
details au sujet de la convergence de la s^rie d'Euler, et
des conditions necessaires a la validite de la i'ormule som-
matoire de Plana , que j'avais appliquee k la th^orie des
r&idus quadratiques (****).
Enfin j*ai ^nonc^, dans une Revue de Turin, le th^^-
r^me suivant : c Soit n le rapport de la circonf^rence au
diam^tre, a un nombre positif, et nommons n, n + 1 les
deux nombres entiers cons6cutifs entre lesquels sera com-
prise la valeur de na-h]^; si Ton veut calculer log F (a) a
Faide de la s^rie de Stirling, on obtiendra les plus grandes
(*) Journal de Crelle, t. LI, pp. 1-60, eten particulier pp. 44-46.
(•*) Die Euler'schen integrale, etc. Leipzig, 1863.
C**) Comptes rendus, t. LXXVIl, pp. 198-201 (scaoce du 31 juiil. 1873^
(****) Annali di scienze tnatematiche e fisiche, t. Ill, pp 406-436 (Rome,
1852); mSme Recueil, I. VI, pp. 91-94, IOi-107 (Rome, 1855). — La for-
mula de Plana que je viens de mentiomier a et^ obtenue aussi par Abel
(QEuvres, t. ll)etpar.M. Schaar (Acad. roy. de Belgique, savants etraogers,
I. XXII), mais Plana Ta trouvee le premier.
( 569 )
approximations, FiiDe par exces, Tautre par d^faut, en
arretant la serie aprfes n lermes et apr^s n-f-1 ternaes. On
suppose que le premier terme soit celui qui est proportion-
nel ^^-On aura un resultat encore plus approch^ en ajou-
tant aux n premiers termes la moiti^ seulement du terme
suivant,pris avec son signef). »
J'espere qtie Tillustre Acad^mie royale de Beigique, k
laquelle s^adressentles observations pr^c^dentes, me fera
rhonneur de les accueillir dans ses Bulletins^ aiin qu'on
puisse trouver, dans le m£me Recueil, apres Taccusalion,
la defense.
Je la prie aussi d*agrder Tbommage de quelques-uns des
Memoires que j'ai eu I'occasion de citer.
Yeuillez, Monsieur le secretaire perp^tuel^ etre mon
interprele, etcroire a mes sentiments de profond respect.
— La classe s'est constiluee ensuile en comit^ secret
pour s'occuper des candidatures supplementaires aux
places vacantes.
(*) // Cimento, Rivista, etc., vol. VI, pp. 606-607 (Turin, octobre iS55).
( 570)
CLASSE DES LETTRES.
Seance du 3 novembre 1875.
M. J.-J. Thomssen, direcleur, president de rAcademie.
M. Ad. Quetelet, secretaire perpetuel.
Sont presents : MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage,
J. Roulez, Paul Devaux, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq,
Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon,
Th. Jusle, baron Guillaume, Felix Neve, Alph. Waulers,
£m. de Laveleye, G. Nypels, Alph. Le Roy, £m. de Borch-
grave, membres; J. Nolet de Brauwere van Steelaod,
Aug. Scheler, Alph. Rivier, assoctc* ; Edra. Poullel, P. Wil-
lens, Ferd. Loise, correspond ants,
M. £d. Maiiiy, correspondant de la classe des sciences,
assiste k la stance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de I'int^rieur transmet une exp^ditioD
d'un arr^t^ royal en date du 6 octobre^noodifiant Tarticle 4
du r&glement g^n^ral, en ce qui concerne les elections.
— Le meme haut fonctionnaire demande que la classe
veuille bien s'occuper de la formation de la lisle double des
candidats, parmi lesquels seront choisis les membres du
jury charg^ de juger la 6^ p^riode du concours triennal de
( 571 )
lilteratore dramatique flamande. — La classc a precede k
la formation de cette liste.
— DilKrenls ouvrages envoyes par le D^parlement de
rint^rieur seront inscrits au Bulletin de la stance.
M. le Ministrede la justice adresse deux exemplaircs de
la Liste xhronologique des ordonnances de la principatite
de Liege, 1" s6rie, annees 974-1595.
Les ouvrages suivants sont ensuile oiferts :
1° La Belgique sous Philippe V, — La Belgique de
4716 a 4723, par M. Gachard; 2 cab. in-fol.;
2^ Proza (1843-1873), par M. J. Nolet de Brauwere;
2vol.in-8^
3** Le Code penal beige inter prete, 6* livraison , par
M. G. Nypels; 1 cab. in-8^
4® La nomenclatura jurisperitorium de Jacques Spie-
gel (1540), par M. Alpb. Rivier, in-8^
Des renierciments sont adress^s aux auteurs de ces dif-
f6rents dons.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Le logement de Madame de Lorraine a Gand (1646); par
M. Cmile de Borchgrave, membre de TAcad^mie.
II est, je crois, peu de remans aussi int^ressants et
moins ^difiants que Tbistoire veritable et authenlique du
due Cbarles IV de Lorraine, « ami de tons les partis ^ —
ainsi que Ta finement depeint Saint-Simon, — fidele ^
aucun, souvent depouill^ de ses Etats, et tantdt les abdi-
quant, puis les reprenant, tantdt en France avec les
rebelles, puis k la cour, tantdt k la tete de ses troupes,
( S72 )
sans feu m lieu , qu'il faisait subsisler aux depens d*autrai,
y vivant lui-meme, d'aulres fois au service de la France,
puis de TEmpereur, apres de i'Espagne, souvent k Brii-
xelles, enfin, enleve et conduit prisonnier en Espagne. »
Ajoutons k ce portrait, sans avoir la pretention de le
retoucher, que Charles avail un exterieur s^uisant et les
mani^res les plus engageanles; il ^tait bon guerrier et
excellait k tons les exercices du corps; du reste, aussi
volage en amour que versatile en politique , et , au demen-
rant, Thomme le plus populaire de Lorraine et de Franche-
Cornt^. Le comte d*Haus$onville a raconte ses aventures,
avec la gravity qui convenait au sujet, dans sa belle His-
toire de la reunion de la Lorraine a la France,
Le hasard ou plutdt la raison d'etat voulut que Charles
^pous^t sa cousine, la princesse Nicole, qu'il n'aimait pas
et k qui il ne se fit pas faute de le dire. II s'efforQa meme
pendant longtemps de faire annuler son mariage par la
cour de Rome, all^guant le d^faut de consentement mutuel
et les contraintes exercees sur les epoux.
Ce qui augmentait sa repugnance pour sa femme, c'etail
la vive passion qu*il avait con^ue pour M"*" Beatrix de Cu-
sance, fille de Francois de Cusance, baron de Beauvoir et
de Saint-Julien, colonel de 3,000 Bourguignons au service
du roi d'Espagne, et deM**' de Berghes,dontIa mere ^tait
une Merode. Les historiens de T^poque ont c^lebre k Tenvi
I'admirable beaut^ de cette jeune femme qui ne tarda pas
k r^pondre a la passion de Charles de Lorraine..
Elle epousa toutefois le prince de Cantecroix, de la
maison de Granvelle(1655), mais sans cesser de voir le due
qui faisait de frequents voyages iBruxelles k son intenlion.
D'ailleurs son union ne fut pas de longue dur6e , le prince
etant venu k mourir de la peste le 6 f^vrier 1637.
Beatrix n'avait pas attendu ce moment pour quitter sod
( 573 )
mari. D^s le commencement de sa maladie, eile s*^tait
^tablie k Besanfon dans une maison que le due avail fait
disposer pour la recevoir et oti elle ^lail Tobj^ de toutes
ses assiduiles.
Charles ne r^sista plus alors au violent d^sir qu'il avait
d*epouser madame de Cantecroix. Pour sauver les appa-
rencesy il eut recours k une ruse odieuse en faisant
courir le bruit de la morl de la duchesse Nicole qui n'^tait
pas mdme noialade. Beatrix de Cusance se prela a celte
manoeuvre et moins de quinze jours apr^s la mort de sou
mari , elle fut unie, avec quelque secret cependant, au due
de Lorraine (17 Kvrier) (1).
On confoit le scandale que causa cet acte formel de
bigamie.
Charles, toujours guerroyant, levait des regiments
tantot pour le service de TAutriche, tantdt pour celui de
I'Espagne et passait les hivers soil i Besan^on, soit k
Bruxelles; mais ce ne fut pas sans ^prouver, dans la
seconde de ces villes, d'amSres contrari^t^s. L'arche-
vSque de Malines censura publiquement sa liaison avec
madame de Cantecroix.
Cependant, le due se flattait toujours d'oblenir de Rome
la nullil^ de son mariage avec la princesse Nicole. Le
saint-siege lui enjoignit, comme condition pr^alable d*exa-
men, de cesser toutes relations avec madame de Cante-
croix jusqu'^ ce que Tautorit^ se fAt prononc^e sur la
validity de sa premiere union. Mais les suggestions de la
passion I'emportaient sur les conseils de la raison, et,
comme les deux amants manquaient ostensiblement k une
(1) D'apr^ M. Gachard. Suivant d'autres, le 2 avril. D'Haussonville,
t. II , p. 98.
( 574 )
parole donn^e, une bulle d'excommunicatioa fut fulminee
par le pape conlre le due de Lorraine el Beatrix de Cu-
sance. C'^tait en 1642. Charles II et Beatrix cesserent
alors d'habiter ouvertement ensemble, mais ils se virent
toujours secretement.
A la tin de 1645 (22 novembre), un brefdu pape Iddo-
conl X notifia k Anloine Triesl, ^veque de Gand, et a An-
loine Ghigi, internonce k Bruxelles, qu'il avail assign^
Gand pour residence a madame de Cantecroix qui avait
promis de n'en point sorlir. Le due de Lorraine fut
oblige de s'engager, de son cole, k n'enlrer jamais sous
aiicun prel( xte dans cette Tille et meme de n'en appro*
cher point de plus d'une demi-lieue. A ces conditions
scules, Innocent X avait bien voulu relever Charles et
Beatrix de Texcommunication lancee eontre eux par son
pred^ccsseur.
Les details qui precedent ^taient necessaires pour expli-
quer un incident qui se rattache au s^jour de madame de
Cantecroix a Gand et que je vais raconter brievement
d*apr^s des documents inedits.
Malgre la solennite de ses promesses, Beatrix ne mit
aucun empressement k les ex^cuter. Elle pretextait qu*elle
DC trouvait k Gand aucune habitation dont elle put « s'ac-
comoder. > Le gouverneur general des Pays-Bas, don
Manuel de Moura-Cortereal , marquis de Castel Rodrigo,
jugea alors k propos d*intervenir et se fit fort de lui pro-
curer une maison convenable.
Le choix de la ville de Gand ne semble pas avoir ^te
fait au hasard. Le conseil de Flandre avait, k ce moment,
k juger une affaire des plus embrouillees, une des causes
celebres du dix-septidme siecle, dont noire savant confrere.
(575 )
M. Gachard, a racont^, il y qu^lqucs aiinees, les emou-
vantes p^rip^ties (1). Le nom de Beatrix de Cusancc y ^tail
souvent prononci^. II s^agissait de savoir si Tcnfant pos-
thume qu'elle avail eu du prince de Cantecroix etait mort,
comme elle raOirmait, ou bien sll avail ele confix k une
ganloise de condilion obscure, chargte de T^lever mysle-
rieusement, afin de le r^server pour de cerlaines ^venlua-
lit^s. Peut-^tre le gouverneur general elait-il secr^tcmcnl
pousse i rapprocher Bealrix de i^enfanl qu'on s^obstinait
'i croire vivant, dans Tespoir qu'une demarche furtive de la
princesse trahirait, a un raomenl donne, les solliciludes du
coeur niaternel. Sous ce rapport, on fit fausse route, car le
fils poslhume du prince de Cantecroix elait d^cede quel-
ques semaines apres sa naissance.
Quoi qu'il en soil, le gouverneur g^n^ral ne crul pas
pouvoir mieux faire que de charger le magistral de Gand
de procurer un appartement' confortable k la princesse,
el la correspondance qui fut 6chang6e 4 ce sujet entre
Bruxelles el Gand renferme plusieurs details qui ne sonl
pas sans inlerel lanl au poinl de vue du sejour de Beatrix
en Flandre que sous le rapport du sans-fa?on avec lequel
le marquis de Castel-Rodrigo Iraitait des Flamands du
rang le plus 6leve.
La maison que le marquis destinait ^ madame de Can-
tecroix ou, comme on Tappelail ordinairement, madame de
Lorraine, n'ayanl pas convenu i cette derni^re, il ^crivit
ofliciellemenl au premier ^chevin de la ville de Gand, le
sieur de Ruddershove, pour lui ordonner, au nom du roi.
(I) Invenlaire des papiers laisses par le cardinal de Granvelle a
Madrid, etc. Extraitdu I. IV, n« I, 3«»« serie, des Bulletins de la Com-
mission royale d'hisloire.
( 576 )
d*installer la princessc soil dans una maison situ^e sur
le Kauler (la Place d'armes actuelle), soil dans nn bdiel
pres de T^glise S*-Michel, qu'il croyait Stre vide el appar-
tenir aux j^suites (1).
Nous pensons que, quelle que soil Tomnipotence attri-
bueeen toule mati^re k r£lat moderne, il ne se croirait
pas autoris^, sauf en temps de guerre, k disposer des habi-
tations des particuliers sans leur consentement pr^alable,
et sans, dans tous les cas, leur oifrir une juste el raison-
nable indemnity. Le marquis de Castel-Rodrigo ne se
pr^occupait pas, k ce qu'il semble, de considerations aussi
vulgaires. II se disait sans doute que le rang de madame
de Cantecroix et une certaine c^l^brit^ que ses aventures
lui avaienl faite devaient suffire pour lui valoir chez tous
Taccueil le plus empress^. Mais il se trompait en fait:
rhdlel qu'il avail en vue n*6tait pas vacant el il n*appar-
tenait pas aux jesuites. C^tait la propriete du jeune comte
deWacken, Guillaume-Charles-FranQois de Bourgogne,
fits mineur de feu Charles, chevalier de S'-Jacques, grand
(1) 2 avi'il 1646. Archives generates du royaunie. — Archives de Cau-
dience. Liasse 728.
Don Manoel de iMoura Corlereal, marquis de Castel Rodrigo, etc.
Tres cher et bien ame, Mad*' de Loraine nous ayant mande quVlle D*a
peu estre accoiliodee en la maison que nous avions peuse lui procurer en
la ville de. Gand, nous vous faisons cesle. Nous ordonnons au nomde
Sa Ma^' de faire qu^elle soitaccommod^e decelle qui est siluee sur lecaulre
ou de celle siluee proche de S* Michel apparlenanl aux Peres jesuites
dans lesquelles nous entendons ne loger personne presentement. A lant
tres cher et bien ame N'< S*^ vous ail en Sa S^« garde.
De Brux" le2« d'apvril 1C46.
Marquis de Castel-Rodrigo.
A Nre tres cher et bien aim^ le S' de Riddershoue, chhr, premier eche-
vin de la ville et cild de Gand.
( 577 )
bailli de Gand, comte et baron de Wacken, colonel d'un
regiment wallon, etc., et de feu dame Anne-Marie de
Bronchorst. Ce jeune seigneur ^tait alors en Hollande,
mais il ne devait pas tarder k revenir de voyage. Quant
i son hdtel, des souvenirs historiques lui donnaient une
juste notoriety. Cest Ik que Charles-Quint s^journa quelque
temps apr^s son abdication et r^digea I'acte par lequel il
renoni^it k la couronne imp^riale; 1^ que resida PhilippelT
lorsqu'il vint pri^sider k Gand deux chapitres de la Toison
d'or et Tassembl^e des £lats g^n^raux; \k encore que
logea le prince d*Orange pendant son s^jour k Gand k la
Gn de 1577. On con^oit done dii&cilemenl la confusion
dans laquelle £tait tomb^e le gouverneur general des Pays-
Bas.
Le magistrat de Gand n'ignorait point ces circonstances ;
toutefois, il n'osa pas contrevenir aux ordres re^us de
Bruxelles et essaya d'une d-marche qu'il savait bien ne
pas pouvoir r^ussir. II envoya, en consequence, Tbuissier
■
de la ville pour inviter les gens de Thotel k def(§rer aux
instructions de Son Cxc. L'buissier laissa < son billet en
la forme ordinaire » qui ^tait con^u comme suit : < Ceux
de la cour de Wacken, par ordre ^crit de Son Exc. le mar-
quis de Castel-Bodrigo , en date du 2 avril i646, et de
messieurs de la loi, logeront madame la ducbesse de Lor-
raine. Ce 7 avril 1646(1). >
Notons^en passant, que ce laconisme, l^^rement imper-
(1) Ibid. (* Die van thof van Wacqaen sullen logeren deur schriflelicke
ordre van Syn Ex«*« den marquis van Castel Hodrigo in dato 2"> aprilis
1646 ende van heere ende weth mevrouwe de bertoginne van Loreyucn.
Desen sevenslen aprilis 1646.
Op den Poele.
H. VAN Mulicom. »
2*"* S^RIE, TOME XXXVI. 58
( 578 )
tinent, ne s'adressail pas au premier manant vena, mais
k un des plas grands seigneurs de la Flandre : il n'^lait
pas non plus flatteur pour la princesse qu'il imposait en
quelque sorte chez des etrangers tout comme Tadminis-
tratioD commuuale nous envoie aujourd^bul k loger les
militaires qui changent de garuison.
La reponse n'^tait pas douteuse. Le magistral manda ,
le 9 avril, au marquis de Castel-Rodrigo, que les gens qui
gardaient Fbdtel de Wacken avaient fait < refus de fou-
vrir, disant que le comte ^toit en chemin pour venir d'Hol-
lande vers ceste ville avecq sa tante et tuleurs (1). »
Le gouverneur general ne se lint pas pour ballu. II
r^pliqua, d^ le lendemain, 10 avril, pour insisler sur
raccomplissement de ses premiers ordres. Que la maison
eAt un propri^taire qui roccupail habiluellement, cela
imporlail pen : < Yous dirons, dil-il; que le d^ comle ny
demeuranl pas, que nous ne voyons aulcune raison pour-
quoy Ion y veuille mouvoir de la diOBcult^, el come nous
voudrions bien que la d"" dame y logast, nous nous en-
cbargeons par ceulx elqu'il appartiendra defaire k ce qu*ilz
se d^porlenl (sic) dud^ refus (2). »
Quelque mauvaise que fAl la commission , le magistral
de Gand n'osa pas se mettre en opposition ouverle avec le
gouvernement y et il prit des mesures pour que les inten-
tions du gouverneur g^n6ral fussenl remplies.
Le 14 avril, le sous-bailli, accompagn^ de deux ^hevins
el d'un secr^t^ire et suivi d*une escorte arm^e , se rendit
k rbdtel de Bourgogne afm d'en faire ouvrir les portes k
madame de Lorraine. Ses sommalions n*ayant pas obtenu
(1) Ibid.
(2) ibid.
( S79 )
le resultal d^sir^, le sous-bailli fit appeler un serrurier,
lequel , k Taide de ses instruments, brisa le barreau de fer
d*une fenStre par laquelle les bommes d'armes p^n^lrd-
rent dans la cour d*oil ils ouvrirent, ^alement par la force,
la porte principale de Thdtel et puis celle de la grand'salle
du rez-de-chauss^e. Le sous-bailli installa Tescorte dans la
maison, puis se retira (1).
On con^oit que cette besogne ne pAt pas se faire sans
attirer la foule ordinaire des badauds et des d^soeuvr^s.
Cette fois ce ne furent pas seulement les curieux qui accou-
rurent. Les voisins et les passants, dit un document officiel,
virent dans ces faits une atteinte k I'inviolabilit^ du domi-
cile et au respect de la propriety priv6e et ils flrent en-
tendre des murmures menagants (2).
De son cdte, celui qui avait le plus d*inter6t k d^ager
sa responsabilit^ ne resta pas inactif. Des le 16 avril, le
concierge de Fbdtel de Wacken pr&enta requite au Conseil
de Flandre k Teffet de faire cesser le d^sordre caus^ par
rintervention du sous-bailli et de faire retirer sur-Ie-champ
les bommes d'armes ^tablis par lui dans la demeure du
comte.
Le conseil d^Iib^ra d'urgence sur la requite du con-
cierge et, apr^s s'etre assur^ que le magistrat n'avait pas
regu des instruclions plus precises que celles que nous
venons de faire connaltre, ordonna de surseoir k toutes
mesures nouvelles et de remettre les cboses dans leur
^tat antdrieur. Le pr^ident informa, en outre, le mSme
jour, le gouverneur g6n6ral de la decision du conseil et
(1) Archives de Cancien Conseil de Flandre d Gand, liasse A, n« 82.
(2) Ibid. MSme liasse. Leltre du magistrat de Gand a a marquis de
Castel-Rodrigo, du 16 avril 1646.
( S80 )
eul recours k ane argumentalion subtile pour la justifier.
II nes'agissail pas, d*apres lui, d'une injonctioD absolue
etformelle, mais bien d'un ordre conditionnel , le mar-
quis ayant dil qu'il fallait loger madame de Lorraine k
rhdtel de Wackeu parce qu'il etaii vacant. Du momeDt
qu*on fournissait la preuve que cette habitation n'^tait pas
inoccup^e, Son Excellence n*avait pas pu vouloir pr^
tendre qu*il fallait y introniser la princesse de vive force
et < violenter la d. maison, mais bien seulement i effect
d'induire ou tant faire par courtoisie et aulrement vers
ceux qu^il appartiendroit qu*ils se d^parlissent du refus
qu*ils avoient faict d'accepter la d. dame de Lorraiue dans
la d. maison. » Or, cette preuve existait au vu et au su de
tout le monde. Si le propri^taire n'^tait pas k Thdtel dans
le moment mdme, c'est qu*il ^tait all^ faire un voyage en
Hollande, par permission de Sa Majeste, afin de preserver
ses biens d*une confiscation dont ils ^taient menac^ (1).
(1) c ... ayant a ce priDcipalemenl estez esmenz (coe dit est) par la
condition reprinse et d" Ires de Vre Exc« et que led^ comte de Wacken a vec
danile Adrienne Franchoise de Bronchorst sa tanle tiennent ouverte lad.
maisoD pour y coQlinuer leur 6xe residence, selon qu'ils ont tousiours fait
depuis la mort du feu comte de Wacken pere dud. comte moderne, lequel
est seulement all^ faire un voyage en UoUande p permission de Sa M< pour
y preseruer et retenir ses biens bors de la confiscation, d'ou il est rattenda
avec lad" damle de Bronchorst sa tante de jour a autre suiuant ies Ires
dicelle damle du viij au courant, jointes a lad. requeste par lesquelles
elle mande quils serolent de retour au my auril comme de fait lesd' comte
et damle de Broncbost y ont a cest effect laisse tous Ies meubles et uten-
sile, tapisseries, vasselles, bagues et joyaux, ensemble leurs scribains,
garderobes et papiers de grand issime valeur. Ayans en ce C0Dsid6re de
plus le contenu des Ires missiues cscriples par ordre de Vre Exc* au cha-
nolne Gottrel, procbe parent dud^ comte de Wacken, par monsieur Tau-
diencier le 9' de ce mois et aussy le jour auparauaut de celles de Vii Exc*
aud^ magistrat dune mesme conformite aussy jointes a lad. requeste pies-
(581 )
Messieurs du conseil terminaient leur letlre en faisant
entendre que les procM^s du magistrat de Gand «vaient
^t^ loin d*£lre corrects, qu'ils avaient caus^ une Amotion
qui n'^tait pas encore calm^e et qu'il en pouvait r^ulter
les plus f^cbeuses consequences dans un moment oil Ton
faisait appel aux volontaires pour former des corps de
nouvelles troupes. En consequence, et jusqu'i decision
uUerieure de Son Excellence, le conseil avait cru devoir
mettre bon ordre aux agissements du magistrat (1).
Gbose singuliere, le marquis de Castel-Rodrigo ne se
rendit pas a ces raisons si bien fondles en droit et en fait
et si judicieusement d^duites. Avec une obstination digne
d'une meilleure cause, il r^pliqua au Conseil de Flandreen
ces termes * c .... Nous trouvons que c*est une chose
estrange que la d^ maison estant vuyde comme elle est,
Ton ait voulu apporter tant desdifBcultez k y laisser entrer
la dicte dame, qui n*y pouvoit apporter aulcun interest ima-
quelles icelluy audiencier mande aud^ chanoisne que lad. maison eslaDt
vuide, ce sera une courloisie de la prester a lad. Dame de LorraiDe et que
Vre Exc« s*y tiendroit oblige, mais qu'aduenaiK qu'clle ne seroit vuide,
Vre Exc« se dcpartoit d'y insistcr et que ce qui s*en estoit fait, auoil este
|K)ur ce que Ton auoit este aduerty qu'elle estoit vuide, ce qui n*est point,
comme dit est. >
(1) Ibid. « Ains ce quel nous seroit apparu que led^ exploit ayant este
fait d'une sy grande violence et par une voye de fait dutout illieite et
inouye, a caus^ et produit un tumulte, et esmotion de tout le voisinage
de sy dangereuse consequence principaleint en ceste conjoncture de
temps et que tout le monde se vat disposant a une contribution volonlaire
a la levee de bon nombre de soldats, que Pon a eu juste subject de croire
et d'apprehender que quelques niauvais et pernicieux effects et de tr^-
mauvais exemples on eusscnt ensuyvy, si Ton n'eust provisionelmt et
jusques a ce que Vre Rxc« seroit servie de nous mander sur ce subject
ses bonnes intentions, inlerdit aud^ magistral lesd. ulterieures voyes de
faict.... »
( 582 )
ginable. Cest pourquoy nous nous faisons ceste k ce que,
scachans ceste nre inlention, et le desir que nous auons
(le (lonner ce contentement a la d. dame , vous le pro-
curiez , et de mectre a cest effect par raison en les meil-
leures voyes que vous pourrez ceulx qu'il appartienl, a ce
qui n*y facent non seullement aulcun obstacle, ains qu'iiz
veuillent tesmoigner tant de courtoisie que de le consentir
volon tiers. » La fin de T^pitre avait un ton quelqne peu
comminatoire. Dans le cas que les gens de Wacken se
refuseraient k se rendre k ces injonctions, le conseil devait
examiner si < ensuyte de la coustume et privileges de la
ville de Gand » il ne pouvait pas les y contraindre, et,
s*il n*y voyait pas d'inconv^nient, il devait employer les
moyens de rigueur (i).
Le Conseil de Flandre montra plus de fermet^ que le
magistral de Gand.Sa reponse fut p^remptoirement na-
tive. Le conseil avait d^l^gu^ un de ses membres — le
procureur g^n^ral — k I'effet de se rendre compte par lui-
meme de IVtat des choses. II avait trouv^ que Thdtel 6tait
habits, comme on le savait, par le jeune comte de Wacken
et damoiselle Adrienne-Fran^ise de Bronchorst de Yliet,
sa tante et tutrice testamentaire,laquelle avait remis entre
les mains du procureur g^n^ral une protestation contra
toute tentative tendante k les contraindre, elle et son
neveu, k abandonner leur propre maison pour le bon
plaisir d'une ^Irang^re et k chercher pour eux-mdmes nne
autre demeure. Le conseil ajoutait qu'aucune coutume,
loi, privilege ou droit local ne permettait de recourir k des
mesures de coercition (2).
(1) Du 20 avril 1646. M^me liasse.
(2) Du 28 avril. Ibid. MSme Masses n» 83.
( 583 )
Nous ignorons si le gouverneur general jugea k propos
de r^pondre a cette communication. Les archives aux-
quelles nous avons recouru ne renferment pas de trace
d'une correspondance ulterieure k cet ^ard. Nous ne
savons done pas ou Madame de Lorraine Irouva k slnstal-
ier. Peut-6lre peut-on inKrer d'une lettre de Tev^quede
Gand au marquis de Caste!- Rod rigo qu'eiie re^ut Thospi-
taiile dans une maison de campagne que le pr^lat avait
fait hkiir k proximity de la ville, entre Thdpital de la
Byloke et Teglise d'Akkerghem (1). Ce qui est certain, c'est
que le s^jour de Gand lui plaisait m^diocrement. Elle
avait, du reste, des sujets d'inqui^lude. Le due de Lor-
raine -^ ce n'6lait un myst6re pour personne — venait de
s'^prendre d'une lille du bourgmestre de Bruxelles, — la-
quelle d'ailleurs repoussa seshommages, — et il ne recu-
lait devant aucune folie pour s'en faire aimer. Cette passion
etant venue a s'eteindre, aussi brusquement qu'elle ^tait
n6e, par le depart de la jeune Qlle, Charles IV annon^a
■'intention de se r^conciiier avec la duchesse Nicole et de
la reprendre comme sa fenime legitime.
Ainsi Tennul d'une part, et la jalousie de Tautre, pous-
s^rent Beatrix de Cusance k mettre tout en oeuvre pour
sortir de Gand. Elle (it si bien que d^s le 20 mai, — un
mois apres I'incideut dont nous avons rendu compte, —
le gouverneur g^n^ral ^crivait k I'^v^queque I'internonce,
M^' Chigi, autorisait madame de Lorraine k retourner k
Bruxellcs|, pourvu qu'elle s'oblige5t aux monies conditions
que celles auxquelles elle s'etait soumise k Gand. Cette
restriction fut pen du goAt de Beatrix, et elle supplia le
(1) L'babiUlion elail flauquee d'une (our d'ou I'on avail une vue 6ten-
due ; on la coonnissait sous le nom du Belveddre.
( »84 )
pr^lat d*interc^der pour elle aupr&s du marquis de Castel-
Rodrigo. M^ Triest, dont Texquise bontii est connue.coD-
sentit k Iransmeltre ses dol^ances k Bruxelles (1), mais
comme la r^ponse se faisait altendre, il dut ^crire quel-
ques jours plus tard, que plutdt que de se soumettre k ce
(1) MonseigDeur,
M^ayant esl6 deliuree la leUre de V*** Ex«* du 20 de ce mois , je sois
esl6 aiissy tost trouuer madame de LorraiDe et faict part des boos offices
qu^icelle luy auoil rendus enuers rioternonce, pour son relour en la ville
de BruxeHes dont elle tesmoigne un grand contentement et se recognoit
fort obligee k V'< Ei** ; mais elle monstre auoir peu de satisfaction de oe
qu*on la vouloit retenir lilecq obligee auz mesmes conditions auxquelles
elle s^estoit soubmise lors qu'elle est venue en ceste ville d*au(anl qu*il
luy semble que ce ne seroit luy donner aucune plus graude liberie, ains
pluslosl une continualion de captiuKe en un autre lieu, declarant sa pre-
tention et desir n^auoir jamais esle autre que d^obeyr poncluellement i Sa
Sainctete et d'obseruer la separation commune du lict, de table, de de>
meure ou habitation, et non plus ressentant grandement que la cause enlre
Son Al'* et la Ducbesse Nicole va a une telle longueur que ce qu^on a peu
obtenir depuis six mois est d^auoir tant seulement des juges, neantmoins
q deuant se resoudre , elle attendra sur tout les volontez de Sad'« Al*«,
laquelle layant engaige en ceste affaire, elle aura assez de bonte pour ne
la laisser en une si longue et fascheuse capttuit^ en une ville, qu'elle
pretend ne Tauoir meritee pour le plaisir de la d« Dame Duchesse Nicole,
qui desia a commence a fuyr par la deffense qu*elle a faicte a Tarche-
uesque de Rodes son agent de ne receuoir les citations nonobstant les
promesses quVlle auoit faicles de la reception, ou commettre une per-
Sonne a cest effect. C*est ce que j'ay peu entendre sur ce que V" Ex** a
et^ seruie me commander en attendant ses ullerieurs commandemens,
priant le Createur de conseruer V'* Ex«« en parfalcte sant^ et prosperite,
comme souhaicte de tout son coeur celuy qui se diet en toute submission)
Monseigneur,
De V. E.,
Tres humble et tres obeissant seruiteor.
Ant. Euesque de Gand.
Le 22 de may 1646.
{/irchivet ds I'audiencBy liasse 729.)
( 585 )
qu'elle appelait < une continuation de eaplivit6 », madame
de Lorraine pr£f6rait demeurer k Gand (1).
(1) Monseigneur, ,
J'ay troau^ bier madame de Lorraine dans mon jardin au Beluedere,
avecq la Dame de la Chaulx et se separant d^elie me demanda si je n'auois
i*eceu aucune response sur celle q j*auois escrit a \'* Ez''^ loucbaol le
changement de sa demeure en ceste ville eo celle de Bruxelles et luy
aijant dil que non, elle s'aflQigeoit, de plus que Sou Al*« luy en auoit donn6
esperaiice pariant vers Tarmee el par autres lettres qu'elle receut bier,
et Madame la mere la desiroit voir par del^. Sur quoy luy ayant propose
plusieurs difficulte il me semble qu*elle se contenlera d'y pouuoir aller
pour huit ou dix jours el s'en relourner a Gand, si la ou ailleurs elle ne
peul viure que sous les m^mes conditions qu'elle se trouue releguee en
ceste ville, ne soil qu^autre difScuIle la presse; ce q sous Ires humble
correction on ne luy deuroit refuser, si on ne la ueut mellre au desespoir,
Vre Ex^* sera seruie de prendre la consideration qui convienl. Dom Andre
son predicaleur et couseillleret moy nous Tavons du lout diuertle du
voyage de Hollande et je liens qu*elle n'en parlera plus si ou luy donne
tani soil peu de conlentemt.
II y a quelques jours qu'elle me donna a entendre le ressentiment qu'elle
auoit de ce qu^on la uoulu persuader a V^*^ Ex«« et a quelques ministres
d'Espaigne qu'elle iraitoil quelques affaires auecq les Fraucois au preju-
dice du seruice du Roy, el comme je la trouuois en bonne bumeur, el
que la Dame de la Cbaulx se relira du tout je la remis sur le mesme pro-
pos et aussy tost elle jura el protesta que ce sont inuenlions de ses en-
nemis noires et malitieuses calomnies, et qu*el1e ne Tauoil jamais faict
ny feroit une action si mauvaise contre son Roy dessous lequel elle respi-
roit et auoit lout son bien el parmy plusieurs autres discours, elle les-
moignoit vouloir tousiours faire les debuoirs envers un cbacun d'une
fidelle vasalle ; dont j'ai bien voulu donner par h V"e E^^^^, pour saiisfalre
a ce qu'elle m*a escript cy deuanl et faict dire par le Pere Barrea : C*est
la part oil je finiray Ceste priant le Greaieur,
Mouseigneur,
Octroyer ^ V'« E«« emigre sante et bon succes en ses b^roicques des-
seins. Ce 50* de may 1646.
De V. E.,
(Archives de VatuUence, liasse 729.)
Tres bumble et tres oblige,
servit. Evesque de Gand.
( 586 )
Elle avail sans doute de bonnes raisons pour cela. Le dac
Charles, toujours mobile el variable, lui ^crivail lellre sur
leltre, en prometlant de mcttre fin au plus tdl i ses peines.
La reconciliation avec madame Nicole n'avait pas eu lieu.
La pauvre duchesse ayanl appris qu*une brouille momen-
lan^e ^lait survenue en Ire Charles el Beatrix , avail accueilli
les ouvertures de son mari avec plus de dignity que d*habi-
lete, el les choses en ^taienl reslees \k, Le due en elail re-
devenu plus amoureux de madame de Cantecroix. Un jour,
violanl les proiiiesses les plus solennelles, il arriva subite-
menl ^ Gand, y resla quelque temps, el emmena B6alrix
el ses enfanls k Bruxelles.
Ainsi se termina le s^jour de madame de Lorraine i
Gand.
Nous ne nous ^tendrons pas sur le reste de ses aven-
lures. Un jugement rendu a Rome, le 23 mars 1654, cassa
solennellemcnl son manage avec Charles. La duchesse Ni-
cole etanl morle en 1657, sans post6ril<^, Beatrix supplia
le due de r^parer le scandale qu'ils avaienl caus^ el de
l^itimer, en Fepousanl, le fils el la Glle qu*elle avail eus
de lui. Charles, de plus en plus inconslanl, ful insensible
pendant six ans k ses larmes el au cri de la conscience.
II ne consenlil k T^pouser in extremis que lorsqu*il lui
ful prouY^ c qu'elle n*en pouvail pasrevenir »!... (1).
(1) D'llaussonville, t III, p ^225.
( 587 )
CLilSSE DES BEilVX-ARTS.
Seance du 6 novembi^e 4875.
M. L. Alvin, direcleur.
M. Ao. QuETELET, Secretaire, pcrp^tuel.
Sont presents : MM. N. De Keyser, G. Geefs, Madou,
J. Geefs, F. De Braekeleer, C.-A. Fraikin, Ed. F^lls,
Edm. De Busscher , J. Portaels , Alph. Balat, Aug. PayeD ,
le chevalier L. de Burbure, J. Franck, G. De Man,
Ad. Siret, J. Leclercq, Em. Slingeneyer, Alex. Robert,
F.-A. Gevaerl, membres; fid. De Biefve, correspondant.
M. R. ChaloD, membre de la classe des leltresj el
M. fid. Mailiy, correspondant de la classe des sciences y
assistent i la seance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de Tinterieur transmet une expedition
d'un arr^te royal, en date du 6 octobre dernier, qui mo-
difie Particle 4 du r^glement general de TAcad^mie , en cc
qui concerne les Elections.
— Le m^me haut fonctionnaire adresse pour la biblio-
th^que un exemplaire des i''^ et 2"^^ livraisons de la neu-
( 588 )
vieme aon^e du Tresor musical (partie profaae), par
M. R. Van Maldeghem. — Remerctments.
— M. J. Roulez, membre de la classe des lettres, com-
munique les inscriptions suivantes pourles m^daillesde
concours remporl^es par MM. Blomme el Schoy :
Henrico • Blohhe
QVOD
ARCVH • TRIYMPHALEH
PVTVRVil
PACI • DICATVM
LINEIS •DEFORHAVBRIT.
Anno MDCGCLXXlll.
AvGvsTO • ScHoir
QVOD
QVO • tempore • ITALICA
ARCHITECTVRA • VIH • HABVERIT
IN * AEDIFICANDI • ARTEM
APVD • BELGAS
SEDVLO-INDAGAVERIT.
Anno MDCGCLXXlll.
Les remercimenls de la classe seront exprimds a
M. Roulez.
— M. Blomme exprime le desir de rentrer en possession
de son projet d*architecture qui a remport^ le prix inscrit
au programme.
( 589 )
M. le secretaire perp6tuel est autorise k remettre ces
dessins, apris que le laureal se sera conform^ au § 7 de
Tarticle 13 da r^glement, qui exige qu'une reproduction
graphique de Toeuvre couroonee figure dans les M^moires.
CONCOURS DE 1873.
MM. le chevalier L. de Burbure et A. Gevaert donnent
connaissance, de la mani^re suivante, du r^sultat du con-
cours d^art appliqu^ ayant pour objet la composition d'un
quatuor pour instruments a cordes :
c Les membres de la section de musique, aprte avoir
examine, chacun s^par^ment, les partitions envoyees au
concours — au nombre de 21 — se sont r^unis une der-
niere fois le 22.octobre et , apris une revision approfondie
des oeuvres qui avaient ^t^ designees comme les meilleures
dans Fexamen individuel, ils ont fix^ leur choix deflnitif
sur un quatuor en ut majeur, cote n"" 4 et portant pour
devise : The Ideal lives only noith Art and Beauty. En
consequence, la section de musique soumet son juge-
ment k la ratification de la classe des beaux-arts. »
La classe se rallie aux conclusions du rapport precedent.
L'ouverture du billet cachete joint k la partition precitee
fait connaitre qu*elle est due k M. Samuel De Lange j' , k
Rotterdam, Westerstraat, n** 28.
La proclamation de ce resultat aura lieu lors de la
seance publique prochaine de la classe des sciences.
( S90 )
PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1874.
La classe s*occupe ensuite de la formation de son pro-
gramme de concours pour l*annee prochaine. Elle adopte
les questions suivantes , dont quelques-unes lui avaient
d^jk €i& soumises dans la seance du 9 octobre :
SVJETS LITTlfeKAIBES.
PREMlilRE QUESTION.
Faire VhUloire de la sculpture en Belgique aux XVIP
el XVIIV siecles.
DEUXI^ME QUESTION.
Faire I'histoire et la bibliographie de la typographie
musicale dans les Pays-Bas, et specialement dans les
provinces qui composent aujourd'hui la Belgique.
La valeur des medailles d'or, pr6sent6es comme prix
pour chacune de ces questions, est de mille francs poor
la premiere et de huit cents francs pour la seconde.
Les m^moires envoy^s en r^ponse k ces questions doi-
vent Stre lisiblement Merits et peuvent dtre r^dig^s en
fran^ais, en flamandou en latin. lis devront Stre adressds,
francs de port, au secretaire perp^tuei de PAcad^mie,
avant le 1" juin 1874.
Les auteurs ne mettront point leur nom k leur ouvrage;
ils n'y inscriront qu'une devise qu'ils reproduiront dans
un billet cachet^ renfermant leur nom et leur adresse.
Faute, par eux, de satisfaire k cette formality, le prix ne
pourra leur £tre accord^.
( 591 )
Les ouvrages remis apr^s le terme present ou ceux dont
les auteurs se feront connatlre, de quelque maniere que
ce soil, seront exclus du coucours.
L'Acad^mie demande la plus grande exactitude dans
les citations; elle exige, k cet effet, que les concurrents
indiquent les Editions et les pages des ouvrages qui seront
mentionn^s dans les travaux pr^sent^&i son jugement.
Les planches manuscrites seules seront admises.
L'Acad^mie se reserve le droit de publier les travaux
couronn^s.
Les auteurs des m^moires ins^r^s dans les recueils ont
droit k recevoir cent exemplaires particuliers de leur
travail. lis ont, en outre, la faculty de faire tirer des
exemplaires suppl^mentaires en payant k rimprimeur une
indemnite de quatre centimes par feuille.
L'Acad^mie croit devoir rappeler aux concurrents que
les m^moires qui ont £te soumis k son jugement restent
deposes dans ses archives comme £tant devenus sa pro-
pri^te. Toutefois les auteurs peuvent en faire prendre des
copies k leurs frais, en s'adressant, k cet efifet, au secre-
taire perp^tuel.
SVJETS »'ABT APPLIOVG.
PEINTURE.
On demande le carton d'nne [rise elevee a 5 metres
au^essus du sol et ayant y"»50 de haut sur i^50 de large,
Cette [rise est destinee a une salle d'hospice et doit avoir
pour sujet : Donnez a manger a ceux qui ont faim et a
BOiRE A CEUX QUI ONT soiF. L'ipreuve du concours sera
faite sur la moilie des dimensions siudiles, soit 0^75 de
haut sur 2^25 de large.
( 592 )
Un prix de mille francs sera decern^ k Tauteur de
I'oeuvre couronn^e. Une production graphique de celle-ci
devra rester k TAcad^mie. Les sujels destines au concoors
devront 6tre remi$ au secretariat de I'Acad^mie avanl Ic
1*' septembrel874.
GRAVURE.
Un prix de six cents francs sera accorde k Tauteur de
la meilleure gravure au burin, executee en Belgique pen"
dant la periode du 1" janvier 1872 au 1" Janvier 1874,
d'apres roBUvre d'un maitre ancien ou moderne de fecole
flamande.
Les concurrents devront soumettre un exemplaire de
leur oeuvre avant le 1" septembre 1874.
CONDITIONS G^Ni^RALES RELATIVES A GE GONGOURS.
Les auteurs ne mettront point leur nom k leur ouvrage;
ils n'y inscriront qu'une devise, qoi'ils reproduiront dans
un billet cachet^ renfermant leur ihm et leur adresse.
Faute, par eux, de satisfaire k celte formality, le prix ne
pourra leur etre accorde.
Les ouvrages remis apr^ le terme prescrit ou ceuiL
dont les auteurs se feront connaitre, de quelque maoifere
que ce soit, seront exclus du concours.
— La classe a accept^ d^ji, pour le concours de 1876,
le sujet Iitt6raire suivant :
Rechercher les origines de I'ecole musicale beige. De-
montrer jusqu'a quel point les plus anciens mailres de
( 595)
cetle ecole se raltachent anx dechanieurs francais ef anglais
du XII% du XIII* el du XIV' siecle.
Un prix de mille francs sera attribue k la solution de
celte question.
ifeLECTIONS.
La classe s'est occupee ensuite des candidatures aux
places vacantes. Elle a accepte provisoirement les listes
qui lui ont dte soumises par les diflerentes sections.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Portaels appelle de nouveau Tattenlion de la classe
sur la position, dignedu plus hant interot, des laureats
des grands concours actuellemenl pensionnaires du gou-
vernement i Rome. II cite, k ce sujet, que Tun d*entre
eux, atteint d*une maladie noortelle, vient d*^tre, k cause
de la position pr^caire ou il se trouve, Tobjel de la
sollicitude de M. le Ministre de rinterieur.
II demande que la commission nomm^e au mois d*avril
dernier dans le sein de la classe , pour s'occuper de toutes
les questions qui int6ressenl les grands concours, se r6u-
nisse hientdt. — Cette commission sera convoquee avant
la prochaine seance de la classe , fixee au jeudi 4 decembre
procbaiD.
3"* s6rie, tome XXXVI. 59
( S94 )
OUVRAGES PRESENTfiS.
Gachard, — La Belgique sous Philippe V. — La Belgique dc
1716 & 1725. Bruxelles, 1873; 2 vol. in-folio.
Defaeqz (Eugene), — Ancien droit belgique. Bruxelles,
1875;2 vol. in-8».
Nypels (J.-S.-G.). — Le code penal beige interpret^,
VP livr. Bruxelles, 1873; in-8».
Nolet de Brauwere van Sleeland (/.). — Proza (1843-1873).
Amsterdam-Bruxelles, 1873; 2 vol. in-8°.
Quetelet (Em,), — Sur le congres international de meteoro-
logle tenu a Vienne en 1873. Bruxelles; in-8^
Rivier (Alphonse), — La nomenciatura jurisperitorum de
Jacques Spiegel, 1540. In-S"*.
Malaise (C), — Description du terrain siluricn du centre
dela Belgique. Bruxelles, 1873; in-4^
Terby (F,). — Areographische Fragmente. Manuscrit et des-
sins originaux et inedits de Tastronome J.-H. Schroeter, de
Lilienthal. Bruxelles, 1873; in-4^
Dubois (Alphonse), — Les Idpidopteres de TEurope, by a
57* livr. Bruxelles, 1873; 5 cab. in-4°.
Versiraeten (Camille), — Du froid consid^re eomnie cause
de maladie. Bruxelles, 1873; gr. in-8''.
Neefs (Emmanuel), — L'hd^el de Nassau h Malioes. Lou-
vain, 1870; in-4<'. — Lcs Franchoys, peintres n^s a Malines
(1574-1681). Malines, 1868; in-8'. — Le monaslere du Val-
des-Lys Leliendael. Lou vain ^ 1868; in-8''. — Les deux Le
Saive. Namur, 1873; in-8''. — Inventaire historique des ta-
bleaux et des sculptures se trouvant dans les edifices religiciix
et civilset dans les rues de Malines. Louvain, 1869; in- 1 2.
( 39{{ )
Laurent (Auguste), — la biere de I'avenlr. Bruxelles, i873;
in-i2.
Laussedat (Louis). — Viiles d'eaax et hydrologie nM^dicale
deBelgique. Bruxelles, 1S75; in•8^
Academie royale de medecine de Bruxelles. — Bulletin,
1873, S"' serie, t. VIII, n" 8, 9 et 10. Bruxelles, 2 cah. in-8*.
Bulletin des archives d'AnverSyi. V, 4* cah. Anvers, 1873;
in-8*.
Commission royale pour les anciennes lois et ordonnances
du royaume, — Liste chronologique des edits et ordonnances
de la principaut^ de Liege de 974 k 1505. Bruxelles, 1873;
in-8-.
Recueil des rapports des secretaires de legation de Belgique^
I. II, 4'"« livr. Bruxelles, 1873; in-8^
Commissions royales d'art et d'archeologie. — Bulletin,
XII« ann^e, 7 et8. Bruxelles, 1873; in-8^
Society malacologique de Belgique a Bruxelles, — Pro-
ces-verbaux des seances du 7 septembre, du 5 octobre et du
2 novembre 1873. Bruxelles; 3 feuilles in-8°.
Annales d'oculistique^ 36*" annee, 3"** et 4"' livr. Bruxelles,
1873;in-8».
Messager des sciences historiques^ 1873, 3"'' livr. Gand,
1873; in-8«.
Woordenboek der nederlansche taal , S*** reeks , 2* aflev.,
Galeas-Gast , bewerkt door D' P.-J. Cosijn en D' E. Verwijs.
LaHaye, 1873; in-4®.
Mommsen(Thiodore). — Mistoire de la monnaie romaine,
traduite de Fallemand par le due de Blacas et publide par J. de
Witle, tome III. Paris, 1873; i^-8^
Le Blant(Edm).— Inscriptioncs Hispaniae christianae edidit
Aemilius Mubner, etc. Paris, 1873; in-4''.
Gervais (Paul). — Reeherches anatoiniques sur les edentes
tardigrades. — Remarques sur la faune sud-americaine. Paris,
1873; 2 broch. in-4^
( 896 )
Bontial {£".). — Traile des octrois. Paris, i873; in-8*.
Bevue des questions hisforiques, VIII« annec, 28"* livp.
Paris, 1873; in-8«.
Societe d'anlhropologie de Paris. — Bulletin, tome VI 1%
5~* fasc.; I. VIII, 2"* fasc. Paris, 1873; 2 call, in-8^
Societe geologique de France, a Paris. — Bulletin, 2* scric,
t. XIX, feuilles 42 a fin. Paris, 1873; in4'.
Societe meteorologique de France, a Paris. — Annuairc,
t. XVIII, i878, tableaux metdorologiques, feuilles 1 a 6.
Paris, 1873; in-8\
Societe de geographie de Paris. — Bulletin, aoul a octobre
1873. Paris, 3 cah. in-8*.
Houdoy (/). — Verrcries k la facon de Venise. La fabriea*
tion flamande daprcs des documents inedits. Paris, 1875;
in-8°.
Des Moulins (Charles). — Fragments zoologiques, n** III :
Un crinoide torliaire dans la Giroode, n"" IV; Note sur un
spalangue. Bordeaux, 1872; in-8^
Lemiere {P.-L.). — Examen cririquc des expeditions gauloises
en italic. S^-Brieuc, 1873; in-8^
Societe d' Emulation de Cambrai. — Mdraoires, tomes XXII,
XXV, r« p., XXVI, V' et i-"" p., XXVII, 3»' p., XXVIII,
2"' p., XXIX, 1", 2"' ct S"' p., XXXI, a-* et 3«« p.; XXXII,
gme p — Congres des agriculteurs du nord de la France,
2°"* session a Cambrai en 18i3. — Rapport de M. Farez, secrc-
Uiire perpetuel sur les travaux dc la Societe depuis son eta-
blissement jusqu'en 1806. Cambrai, 12 vol. et \ broch. in-8*.
Materiaux pour Thistoireprir^itive et naturelle deVhommCy
IX« annee, 5"" et G"* livr. Toulouse, 1873; in-8".
Societe libre d' Emulation , a Rouen. — Bulletin des tra-
vaux, annee 1872. Rouen, 1873;in-8°.
Societe des amis des sciences naturelles de Rouen. — Bul-
letin, IX* annee, 1873, 1" semcstre. Rouen, 1873; in-8'.
Societe d' agriculture de Varrondissement de Valencie9ines,
( 597 )
— Revue agrieole, 25"*' annec, t. XXVI, n* 9. Valenciennes,
1873; m-8».
Sociele de physique el d'histoire naturdle dt Genkve. —
Meinoires, tome XXllI, 1^"" p. Geneve, i873; in-4^
Universite de Fribourg^ — Programme iino disserlalionen,
i872-i873.Fribourg; 6 «»h. in-S** ct in-4\
GeoL commission dev schweiz. uaturf. Gesellschafl zu Bern.
— Beilrage, 15 Licferung. Berne, 1873; in-4".
Sociele helvelique des sciences nalurelles, d Zurich, —
Nouveaux memoircs, tome XXV. Zurich, i873;in-4'.
K. akademie der Wisenschaflen zu Berlin. — Abhandlun-
gen, 1872. Berlin, 1873; 1 vol. in-4^ — Monatsbericht, Mai-
August 1875. Berlin, 4 cah. in-8^
Deutsche chemische Ghesellschaft zu Berlin. — Bcrichte,
VI"«' Jahrg., n" 14-18. Berlin, 1873; 5 cah. in-8«.
Archeologische Gesellschafl zu Berlin. — Dreiunddreissigs-
les Programme. Berlin, 1873; in-4®.
Nalurforschender Verein in BrUnn. — Verhandlungcn,
XI. Bd., 1872. Brunn, 1873; in-8^
Verein fur Geschichle uhd Allerthum Schlesiens zu Bres-
lau. — Zeitschrift, XP" Bd., 2^" Heft. Breslau, 1872; in-8'. —
Bericht iiber die Thaligkeit in den Jahrcn 1871 und 1872.
Breslau; in-8°. — Scriplores rcrum silesiacarum, VHP" Bd.
Breslau, 1873; in-4'*.
Phys. medicin. Socieldl zu Erlangen. — Sitzungsberichtc,
5. Heft, November 1872 bis August 1873. Erlangen, 1873;in-8*.
Universile de Giessen. — Piiccs academiques de 1872-1873,
cah. in-4* et in-8*.
Oherlausilzische Gesellschafl der Wissenschaflen zu Gdr^
lilz. — Neue Lausitzischen Magazin, L. Bd., 1. Heft. Gorlitz,
1873;in-8«.
Juslus Perthes' Geographische Anstalt zu Golha. — Mit-
theilungen, 19. Bd., 1873, X, XI. Gotha, 1873; 2 cah. in-4^
FUrsllich - Jablonowshische Gesellschafl zu Leipzig. —
( 598 )
Preisschriften XVII : H. Zeissberg , Die polnische Geschicbt-
schreibuog der Mittelalters. Leipzig, 4873; in-4^
K, h. Akademie der Wissenschaften zu Munchen, —
Sitzungbericbte der philos.-philol. uad histor. Glassc : 1873,
Hefte IV, V; 1873, Hefte I, II, III. — Sitzungbericbte der math.
pbys.ClasseM 872, Heft III ; 1873, Heft IV.— Bectz (W.), Der
Antheil, Vortrag am 25 Juli 1873. — Verzeichiiiss derMitglie-
der, 1873, 6 cab. in-8* et 2 cab. in-4°.
Von Schlagintweit-Sakunlunski {Hermann). — Ueber
Nepbrit nebst Jadeit und saussurit ni kiinlein. — Gebirp.
Municb, 1873;iD-8^
Mack (E,), — Beitrage zur Doppler'scben Tbcorie. Prague,
1873 ; in-4'; — Zur Tbcorie des Gebororgans. Prague, 1872;
10-8**; — Optiscb-akustiscbe Versucbe. Prague, 1873; in-8*;
— Die Gescbicbte und die Mi^urzel des Satzes von der Erhal-
tung der Arbeit. Prague, 1873.
Entomologischer Verein zu Stettin. — Zeltung, 34. Jahr-
gang, n"* 10-12. Stettin, 1873; in-8^
K, Akademie der Wissenschaften in fVien. — Sitzung der
matb.-naturw.Classe, Jabrg. 1873^ n'" 22-26. Vienne; 4 fem'lles
in-4'.
Anthropologische Gesellschaft in Wien. — Mittheilungen,
III. Bd., n^" 5 et 6. Vienne, 1873; in-8^
K. K, geologische Reich satistalt zu Wien. -*- Jabrbuch,
Jabrg. 1873, XXIII. Bd.. n*^ 2— Verba ndlungen, 1873, n- 7i
10. -- Abbandlungen, Bd. V. Heft 5. Vienne, 1873 (4 cah.et
1 vol. in-8® et 1 cab. in-4^)
K, K. Universitat zu Wien, — OfTentlicbe Vorlesungen im
Winter-Semester 1873-74. Vienne, 1875 ; in-4'.
K. K, Geographische Gesellschaft in Wien. — Mittbeilun-
gen, 1872, XV. Bd. Vienne, 1875; in-8«.
Physikat.-medicin. Gesellschaft in Wurzburg. — Verbaod-
lungen, neue Folge, IV. Bd., 4. (Scbluss) Heft; V. Bd., 1, 2 und
3 Heft. Wurtzbourg, 1873 ; 3 cab. in-8^
( 599 )
Deutsche Geselhchafi fur Natur und Volkenkunde Osta-
$tens. — Mittheilungen, 2^' Heft, Juli 1873. Yokohama; in-4^
K. Danske Videnskabernes Sehkbas till Kjobenhavn. —
Skiifter, 5 Raekke, naturv. of math. Afd., IX Bd., 8, 9, X Bd.,
i, 2; hist, og philos. Afd., IV Bd. 8, 9; — Oversigt 4872,
n® 2 ; — Storm (Gustav), Snorre Sturlassons histories krivning
Copeohague, 6 cah. in-4® ct 2 cah. in-8^.
Sociite imperiale des naiuralistes de Moscou. — Bulletin,
4873, n*» 1. Moscou; in-8».
Universite imperiale de Kasan. - Bulletin de m^moires (en
russe), i872 el i873; 5 vol. in-8».
B, Gesellschaft fur Literatur Kund unst zu Miten. — Sit-
zurys-Berichte, 1872. Miten, 4872 ; in-8v
Jardin botanique de Saint-Petersbourg, — Publication (en
rosse), tome II, bulletin II. Saint-Petersbourg, 1873; in-8^
SociM chimique russe^ a Saint-Petersbourg. — Bulletin,
tome V, n~ 1 a 7. Saint-Peterbourg, 1873 ; 7 cah. in-8\
R. comitato geologico d' Italia nel Firenze. — Bolletino,
n" 9, 10, 11 et 12, anno 1873. Florence; 2 cah. in-8\
R. Osservatorio di Firenze ad arcetri, — Sul modo con cul
si propagaront i fenomene luminosi della grande aurora
polarc dal 4 al 5 febbraio 1872. -- Firenze 1873; 1 br. in-4^
Pittei {Costantino), — Recordo del prof. G.-B. Donati.
Firenze, 1873; broch. in-8*.
Denza {Francesco Barnabita). — Sulla possibile connessione
tra le ecdissi di sole ed il magnetismo terrestre. Rome, 1 873 ;
un cah. in-4^
R, Accademia delle scienze di Torino. — AUi, vol. VIII ;
disp. 1-6. Turin, 6 cah. in-8''.
Accademia dellescienzedelVIstituto di Bologna. — Memorie,
serie III, t. II, fasc. 2, 3 et 4, t. Ill, fasc. 1 et 2. Bologne,
i cah. in-4^ — Rendiconto, anno 1873-74. Bologne, in-12.
Trinchera {Francesco). — Storia critica della economia pub-
blica dai tempi autrichi sino ai giorni nostri. Vol. i. Epoca
antica. Naples, 4873 ; in-8*.
( 600 )
Pierantoni (Augusto). — Trattalo di diritlo corlituzionale,
vol. i. Naples, i8^3; in-8®.
Acadhnie olympique de Vicence, — Atti , vol. III. Vicence,
i873;in-8^
De Figueiredo (Candido). — Morle de Yaginadatta, episodio
do poema epico-o Romayana. Corucio, 1873; in-8^
Sociedad de geographia y estadistica de la Republiea Mexi-
cana. — Boletin, lorac I, n** i ct 2. Mexico; i cah. in-8*.
Revista de Portugal e Brazil^ n*' 2 e 3 de 1875. Lisbonne;
2 feuilles in-i"^.
Observatorio de marina de San Fernando, — Anales, sec-
cion 20. Observationcs metcorologicas , ano 1871. San Fer-
nando, 1871 ; in-folio.
Numismatic Society of London. — Journal, 1873, part. 111.
Londres; in-S"^.
Institution of civil engeneers of London -^ Minutes of pro-
ceedings, vol. XXXV and XXXVI. Londres, 1873; 2 vol. in-8^
Royal geological Society of Ireland, — Journal, vol. XIII,
part 5. Dublin, 1873; in-8^
Report of the meteorological reporter to the government of
Bengal. — Meteorological abstract for the year 1872, by
Henry F. Blanford. Calcutta, 1873; in-4^
Statistical Society of London. — Journal , vol. XXXVl,
parts I, II, section II, III. Londres, 1873; 3 cah. in*8^
U. S. Naval observatory at Washington. — Zones of Stars
in the years 1840, 1847, 1848 and 1849; — Results of obser-
vations, 1853 to 1860; — CaUlogue of stars, 1845-1871 ; —
Report on the difference of longitude between Washington
and Saint-Louis; — On the right ascensions of the equatorial
fundamental stars. Washington ; 5 cah. in-4^
Commissioner of patents of Washingtci^ — Reports for
1869, 1870, 1871. Washington; 7 vol. in-8«.
The american journal of science and arts* — Third scn'e,
vol. VI, n"' 53 ct 54. New-Haven, 1875; 2 cah. in-8^
BULLETIN
DE
L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES,
DCS
LKTTRKSKT DES BBADX-ARTS DE BEL6IQDI.
1873. — N« 12.
GL/%SSi: DES SCIENCES.
Seance du 6 decembre 1873.
M. Th. GLUGE,directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sant presents : MM. J.-B. d'Omalius d'Halloy, J.-S. Stas,
L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. do Selys Long-
champs, H. Nyst, J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque,
Ernest Quetelet, H. Maus,' M. Gloesener, E. Cand6ze,
M. Steichen, A. Brialmont, E. Dupont, £d. Van Beneden,
membres; Theodore Schwann, E. Catalan, A. Bellynck,
associes; £d. Mailly, Alph. Briart, J. De Tilly et Valerius,
correi^pondants,
2""* S^RIE, TOME XXXVI. 40
( 602 )
CORRESPONDANCE.
La classe apprend avec regret la perte qu*elle vient de
faire de l*un de ses associ^s les.plus dislingu^s de la sec-
tion des sciences physiques, M. Augiiste de la Rive,de
Geneve, d£c6d£ k Marseille le 27 Dovembre dernier, a
r&ge de 72 ans.
— MM. les questeurs du S^nat et de la Chambre des
repr^sentanls adressent des cartes de tribune reservee
pour la session legislative 1873-1874. — Remerciments.
— Diverses soci^l^s savantes remercient rAcad^mie
pour renvoi de ses publications annuellcs.
— La classe re^it, pour le Recueil des phenom^nes
p^riodiques : 1° les observations sur la veg^talioii faites a
rObservatoire royal de Rruxelles,en 1875, par M. Ad. Que-
telet; 2^ les observations botaniques faites a Namur, le
21 mars, le 21 avril et le 21 octobre 1873, par M. A. Bel-
lynck; 3*" le r^sum^ m^t^orologique pour Osiende pendant
le mois dernier, par J. Cavalier.
— Les Iravaux manuscrits suivants sont renvoyes a
Texamen de commissaires :
1* Sur la similitude des trajecloires des projectiles
oblongs; leltrc de M. Francois Siacci, capilainc d*arlilierie
de Tarm^e italienne, a Turin. — (Comujissaires : MM. De
Tilly el Liagre.)
2* Sur les derives dyalUjliques ^ par M. Louis Henry,
( 603 )
correspondant de la classe. — (Commissaires : MM. Stas,
de Koninck et Donny.)
3* Nouvelles syntheses de Vacide hyposulfureux et de
I'acide triihionique, par M. W. Spring. — (Commissaires :
MM. Stas et Doony.)
RAPPORTS.
fiote sur les tremblemeiits de terre en 4870, avec supple^
ment pour 4869 ; par M. Alexis Perrey.
« Le travail pr^senl^ par M. Alexis Perrey dans la
stance dir 11 oclobre n*est point susceptible d*analyse:
c'est la continuation des rechercbes de Pauleur sur les
tremblemenls de terre, et il fait suite ila longue s^rie de
catalogues d6j^ publics par lui , au sujet de ce ph^noni^ne
de physique du globe, dans les divers Recueils de I'Aca-
demie. Le catalogue actuel concerne les tremblements de
terre ressentis en 1870; il renferme aussi un supplement
pour 1869. En le r^digeant, M. Perrey s'est surtout atta-
ch£ k pr^ciser les dates et les heures auxquelles le ph^no-
m^ne s'est manifest^, sa dur^e et les endroils oili il s*est
produit.
Ce nouveau travail ne me paratt pas avoir un int^r^t
scientiGque moindre que celui des catalogues precedents,
et j*ai rbonneur de proposer k TAcademie de rins^rer
dans Fun de ses Recueils, et de remercier Tauteur pour sa
communication. »
( 604 )
c II y a prte de 30 ans que M. Perrey publie dans les
Memoires de TAcademie les renseignements reiatifs aox
tremblements de terre et aux Eruptions volcaniques, qu*il
rassemble aveclesecours de ses nombreux correspond an t^.
II est parvenu k r^unir ainsi une masse de documents que
Ton cbercherait vainement dans un autre recueil.
Quand on passera r&olAment it Tetude des causes
dans les questions si difficiles de la physique du globe, il
faudra n^cessairement aller puiser k ceite source si pr6-
cieuse. Je ne puis done d^sirer qu'une chose, c*est que
notre savant correspondant poss^de la Torce et la pers^
v^rance n^cessaires pour continuer longlemps son ceuvre.
Je propose dimprimer ce nouveau^m6moire et de voter des
remerctments k son auteur.
J'ajouterai une remarque. Plusieurs savants oot deji
avanc^ qu'il existe une relation entre les tremblements de
terre et les ph^nopi^nes magn^tiques, mais cette relation
n*est pas encore etablie avec le mSme degr^ de certitude
que celle qui existe, par exemple, entre ceux-ci et les au-
rores bor^ales. M. Alexis Perrey, me semble-t-il , ferait une
chose utile s*il attirait sur ce point Tattenlion de ceux de
ses correspondantsqui possedenl des appareils magn^tiques
convenablement install^s.Un examen comparatifde la po-
sition des aiguilles avant les tremblements de terre offrirail
surloul de Tint^r^t. >
« J*ai exprim^ nettemcntmon opinion sur les notes de
M. Perrey, dans les rapports que j*ai eu Thouneur de lire
a TAcademie, le 4 novembre 1871 et le 1" fevrier 1873.
; 605 )
Je crois inutile d*y revenir apr&s les ^log^s sans restriction
donnas k ces notes par mes bonorables confreres,
MM. Duprez et Ern. Queielet : je me bornerai k detacher
quelques reroarqnes d*un travail dans lequel favais com-
part le relev^ deji imprim6 des tremblements de terre
en 1869 avec le supplement manuscrit present^ par
Fauteur ; TAcademie en fera Tusage qu'elle jugera conve-
nable. >
Conformemenl aux conclusions de ses rapporteurs, la
classe a vot^ Timpression de la note de M. Perreydans le
recueil des M^moires in-8^
Note 9ur les transformations arguesiennes de M. Saltel,
par M. P. Mansion.
c La Note presentee par M. Mansion, G^om^tre bien
connu de TAcad^mie, prouve que certaines transforma-
tions, diff^rentes en apparence, sont identiques au fond.
En eifet, le jeune professeur de TUniversit^ de Gand
d^montre ces trois propositions :
1^ Les deux premieres transformations arguesiennes y de
M. Saltel, rentrenl I'unedans V autre ;^ chacune est equi-
valente a la transformation quadratique ralionnelle la
plus generate; S"" la transformation arguesienne la plus
generate est une transformation cremonienne {*) cubique,
{*) Imaging par M . Cremona.
( 606)
qui pent etre remplacee par cfetix trafisfarmations argue^
siennes triangulaires y de premiere espece.
Si Ton se rappelle qu'en G6om6lrie, Tun des proc6d&
d'iDvestigation les plus puissants est celui qui consiste a
regarder unc figure A comma la transform^e d*une figure B
conveuablement choisie (*); si Ton se rappelle que toules
les parlies d^une science se perfectionnent di& qu*on
observe entre elles des rapprochemenls {"), on ne peut
qu'encourager les travaux inspires par ces idees. *
En consequence^ j*ai Fbonneur de proposer FiDsertion,
au Bulletin^ de la Note de M. Mansion. »
Ces conclusions sont adoptees.
Des transformations que subissent les nebtileusesy par
M. P. De Heen.
€ T/auteur de ce m^moire divise les n^buleuses en
deux grandes classes :
1® € Les n^buleuses informes et irr^solubles, ou les
> forces de la nature ne se sont pas encore excretes d^une
> faQon appreciable, et qu*il appelle n^buleuses primi-
> tives;
2® < Les n^buleuses dont les formes sont d^finies,
(*) Par exemple , Fellipse est une transformie du cercle^ la surfact
des ondes est une trans formie de rellipsoide, etc.
C*) II suffit de ciler la Correlation des forces physiques, de rillostre
Grove.
( 607 )
> formes qui sont le r^sultat de Taction de certaines
> forces. »
11 me parait difficile d'^tablir neltement la ligne de d^-
marcalioD qui s^pare ces deux classes, et je pr^fere la
division ordinaire en <n^buleuses r^solubles et n^buleuses
irr^solubles.
Les id^es exposees par Tauteur sur le travail graduel de
condensation de la matiere nebuieuse , et sur les transfor-
mations successives qu^elle ^prouve depuis T^tat rudimen*
taire jusqu*^ T^tat stellaire ne pr^sentent rien de nouveau ,
etont ^t^ maintes fois d^velopp^es depuis Herschel.
Pour expliquer la forme spirale affect^e par une cer-
taine classe de n^buleuses, Fauteur suppose qu'un corps
celeste (par exemple,une^loile, une ^toile ^teinte, ou
bien une autre nebuieuse), passant dans leur voisinage,
a determine par son attraction la courbure des spires et le
mouvement de rotation du syst^me. Cette explication ne
me paratl avoir en sa faveur ni la th^orie ni Tobservation :
je prefi^re, pour ma part , Thypothese qui a g^n^ralement
cours aujourd'hui, et qui consiste k regarder les spires
comme des anneaux brises, donl une extr^mil^ s*est rap-
proch^e du noyau central , et qui sont animes d*un mou-
vement de rotation dans un milieu resistant.
Le reste du m^moire de M, De Heen ne pr^sente rien
d*original pour le lecteur qui connait les id^es cosmogo-
niques d*Herschel et de Laplace, si clairement vulgaris^es
par Arago. Quant aux planches qui accompagnent le texte,
ce sont de simples copies, dont les originaux se trouvent
dans tons les ouvrages qui traitent de Tastronomie stel-
laire.
Je suis d*avis que le m^moire de M. De Heen ne pos-
s^de pas un caractere d'originalit^ qui soit de nature k
( 608 )
justiQer son insertion dans un rccueil acad^mique , et j*ai
rhonneur de proposer k la ciasse d*en ordonner le d^pdt
aux archives, el d'adresser des remerciments a fauteur
pour sa coromunicalion. >
Ces conclusions, auxquelles ont souscrit MM. Ernest
Queleiet et £d. Mailly, sont adoptees par la ciasse.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Etoiles filanles du mots de novembre i873y communication
de M. Ad. Quetelel, directeur de TObservatoire royal.
L'^talde Tatmosphere, h Bruxelles, n'a pas permisde
suivre, pendant toute la soiree du 13 novembre 1873, le
pb^nom&ne de Tapparition periodique des etoiles filantes.
Le ciel n*est rest^ serein que jusqu'd 10 h. 15 ra.; 4
partir de ce moment il a £t^, ou presque constammcDt
couvert, ou trte-nuageux. Une seule grande 6claircie s*esl
montree, de minuit k minuit 30 m.
Le 12 novembre, par con ire, des observations onl pu se
faire, mais elles n*ont donn6 que des rfeultats negatirs.
M. Ad. Quetelet a observe k trois reprises pendant la
soiree du 12, de 7 heures k 7 */2 heures, de 8 beures k
8 V3 beures et de 9 heures k 9 '/2 heures. Pendant la pre-
miere demi-heure,quatre ou cinq m^t^ores ont ^teaper^us;
le plus beau allait de Test k Touest, en passant par le
zenith; il £tait de deuxi^me grandeur. De 8 heures k
8 Vs heures, M. Quetelet a vu six k huit Etoiles filantes;
( 609 )
deux (l*cD(re elles ont pr^sent^ une particularite assez sin-
guliere: tandis que Tune marcbait lenlement vers Test,
Tautre semblail venir k sa rencontre, en se dirigeant 4
Touest. Une troisi&me fut in^galement ^clairee dans sa
marche : elle s*^teignit k plusieurs reprises, mais reparut
chaque fois plus brillanle pour disparattre enQn complete-
men t.
Pendant la troisi^me demi-heure d'observation, quel-
ques m^t^ores furent encore observes, mais aucun d*eux
ne m^rite de mention sp^iale.
Le 13, M. Estourgies , de 9 h. 50 m. ^ 10 h. 15 m., n'a
pu voir que trois ^toiles ttlantes : & 9 h. 33 m., 57 m.
et 57 Va m.
' M. Ern. Quetelet, de minuit k minuit et demi , soit done
en une demi-heure, a not£ quatre ^toiles iilantes : la pre-
nai^re k minuit 0 m. 50 s. (direction : S.; grandeur : 5;
constellation : Orion); la seconde ^ 12 h. 19 m. 35 s.
(direction : SO.; grandeur : 4; constellation : Orion); la
troisi^me & 12 h. 23 m. 5 s. (direction : N. un peu 0., par
a Aurigae; grandeur : 1); et la quatri^me ^12 h. 25 ra.
25 s. (direction : ENE., para Hydrae; grandeur: 3).
M. Terby m'a fait parvenir le r^sultat de ses observa-
tions pour Louvain. Le 13, de 13 b. 8 m.k 15 h. 50 m.,
par un ciel compl^tement serein, cet observateur a not^
dix etoiles filantes seulement. < Aussi, ajoute-t-il, quoique
Taverse m^teorique aitpuseproduireendehorsdesheures
d'observation que je viens dindiquer, je me crois cepen-
dant autoris6 k conclure k la grande probability que Tap-
parttion du 13 novembre aura fait presque totalement
d^faut pour nos contr^es en 1873. > Cest aussi la conclu-
sion k laquelle nous sommes arriv6, malgre le peu d*ob-
servations que Ton a pu faire k Bruxelles.
( 610 )
— Le 27 novembre de l*ann^e derniere, une belle ap-
parition d*etoiles filanles avail eu lieu; des di$|K)silions
ODt ^t^ prises cetle ann^e, h la mSme date, pour recon-
nattre si ce beau ph^noinene se representerait.
Malheureusemenl a Bruxelles, ainsi qvCk Louvaio,
comme me I'a ^crit M. Terby, les nuages ont presque
conslamment couvert le ciel pendant la soiree du 27, et
ont enip^h^ d'oblenir un resultat quelconque.
Le 26 et le 28, le ciel ^tait dgalement couvert.
Appendice aux troisiemes Additions au Synopsis des
Calopterygines, par M. Edm. de Seljs Longchamps,
membre de TAcad^mie.
*
Pendant I'excursion que j'ai faite en Angleterre au
mois de juillet dernier, j'ai eu I'occasion de d<^terminer
encore sept espfices nouvelles, ce qui portei 152 le nombre
des Calopterygines que je connais.
J'ai pu 6galement completer la description de trois
autres espSces, et rectifler, d'apres le type unique depose
i Oxford, la synonymic de la Thore picta, que Rambur
avait placee i tort dans le genre Euphcea.
Les nouveaut^s signalees proviennent, comme on le
verra, des collections du Mus6e britannique, de M. le
D' Moore et de mon ami M. Mac Lachlan.
En publiant ces descriptions, je mets au courant pour
cette ann^e (1875) le Synopsis des Calopterygines, comme
je I'ai fait tout r6cemment pour celui des Gomphines.
La liste g^n^rale (table des maliferes) s'arr^tait k resp^ce
n" 145. Elle atleint aujourd'hui 152 espfeces...
( 611 )
Void commeDt doivent s'iDtercaler les especes nou-
velles :
«
Sapho gloriosa — eDtre S. orichalcea et bicolor.
Vestalis APicALis — cnlre F. luctuosa et gracilis.
RhIROCTPHA ALBISTIGIA J . „, ..... II .
{ 'entre Rh. semitmcta et cucullata.
— MONOCHROA )
MicROMERUs RUFESCBNS — enlre M. bisignatus et finalis.
— sEMioPAGUs — eDtre M. blandus et sUgmatizans.
3!2(*'. Sapho globiosa, Mac Lachl. {in litteris).
Abdomen (f 54«<>; 9 46; aile inferieure a* 42; 2 40.
Taille tres-grande, robuste. Ailes arrondies, les infdrieures tres-
elargies au milieu, surtout c.bez le male (largcs de 46»°* cbez le d", de
14 chez la 9)* Espace postcostal des superieures assez simple; reti-
culation noire, costale vert metallique; le secteur principal presque
contigu par un point a la nervure mediane; environ 50 antccubitales
(c^) 36 (9) aux ailes superieures; les postcubitales en nombre a pen
pres egal; pterostigma tres-dilat^, au moins trois fois aussi long que
large, d'un jaune laiteux (long de 2^"* '/t ^^^ superieures, de 4n» aux
inferieurcs chez le m&le. — Long de l^^"* Vt aux sup<Srieures et de
2"" */, aux inferieures chez la femelle).
d* Semi-aduUe? Ailes gris enfume seroi-hyalines, a reflets violets
avec une bande opaque mediane transverse blanc laiteux.Cette bande,
retrecie au bord posterieur, part du nodus qu*elle depasse a peine aux
superieures et qu'elle a pour centre de depart aux inferieures. Corps
vert fonce metallique en dessus; le dessous, les antennes, les pieds et
les sutures noires , mais la seconde suture laterale du thorax finement
jaunatre. Deux petites pointes rapprochees en dessous du 9* segment
pr^ du bord postdrieur.
9 Adulte, Les deux premiers articles des antenries jaunes. Les
5-10* segments de Tabdomen noir bronze; une tache terminale au
8* et une bande dorsale au 9* brunes; le iO« termine en pointe re-
dressee au milieu.
1
(612)
Ailes subhyalioes teintes de bran jaunAtre enfbme plus fonce aux
inferieures el aux bords des superieurcs. Les bandes transvcrses pla-
cecs comme chez le mftle, mais oelle des supdrieures d^on jaune pres-
que safran et celle des inferieures d^un gris noiHitre.
9 Jeutu. Ailes plus claires , les bandes transverses blancbes.
Pairie : Le Gabon. — Gamaroons. (CoIlecL M« Lachlan et De
Sclys.)
iV. B. Elle est si voisine de Variehatcea qu'il sera neeessaire d^exa-
miner une suite nombreuse d^exemplaircs des deux formes pour de-
cider si eiles sont reellement distioctes. Pour le moment, en laissaot
de c6te la nuance du fond des ailes, qui varie seion TAge, je remarqae
les differences suivantes :
La gloriota a le pt^rostigma un pen plus court et moins large, et
suivi d'un seul rang de cellules (deux rangs chez Yoriehaleea).
Les deux sexes possMent aux ailes une bande mediane transverse
opaque commen^ant aoani le nodus, tandis quUl n*y en a pas ches les
mAIes jeunes on adultes de Variehalcea — et que chez la femelle de
cette derniere la bande est plus ^loignee de la base des ailes, ne com-
menfant qu*au nodus.
27*". Vbstalis APiCALis, De 8elys.
cf Abdomen environ 58*« ; aile inf<6rieure 40.
Ailes etroites hyalines; le huiti^me apical environ subitement ooi-
rfttre (cette partie longue de d""}. Aucune des nervules anlecubitales
irest jaunAtre.
Corps presque semblable ii celui de la VestaUtgraeUu, mais le tho-
rax plus robuste. (Les six premiers segments de Tabdomen ont 40**.)
Le reste manque.
9 Inconnue.
PaJtrU : Indes orientales. (Mus^ d^Oxford ; provenant de la eollee-
tion du rdv. M. Hope.)
N. B. Cette Jolie esp^ce qui rappelle la CaXopUryx apietUis d*Ame-
rique par la coloration noir&trc du bout des ailes , est voisine de la
graeUis dont elle differe par le bout des ailes noiritre , Tabsence de
nervules antdeubitales jaunAtres , le thorax plus robuste et la faille
plus forte.
( 615 )
53 {Addition). Hbtj^riha titia, Drury.
M. Mae Lachlan me communique uq m&le adulte qui est bien pro-
bablement, d^apres ses renseignements, le type mtoe figur^ par
Drupy :
Abdomen (incomplet) environ SS"*" j aile inferieure 28.
Gel exemplaire dlflf<ftre du mAle adulte decrit (Syn. n* 5^) en ee
qu'il porte auxailes inf<6ricures (corome le m&le jeune que j'ai signal^
{loco citato) une bande tranverse byaline assez large ^ commen^ant k
mi-chemin du nodus un pterosligma , se terminant a ee dernier, mais
les deux i*'* rangs decellules costales restant brun opaque eommcle
reste de Faile. Aux quatre ailes le pt^rostigma est brun, ponctiforme,
snrmontant a peine une cellule comme chez la raee douteuse bipartita
^5mn ^c{^. Qo 53M>), taudis que chez les exemplatres, mAleet femelle,
que j*ai d'abord ddcrits comme la litia type, le pt^rostigma est assez
long brun jaun&tre (blanc chez la femelle) et surmonte deux cellules.
On pent presumer d'apres cela et jusqu'a ce qu'on ait pu examiner
un nombre suiBsant d'^emplaires en bon ^tat, que le pt^rostigma
varie chez cette esp^ce comme chez Yoecisa et ses races ou varietes.
M'^ {Addition), HBTiBniNA occisa.
Dans les troisi^mes Additions, j'ai parle de nouveau des variations
que pr^nte le plerostigma chez cette esp^ce et j*ai decrit une va-
ridle nouvelle sous le nom d'cwftcto.
Aujourd'hui M. Mac l^chlan me communique deux miles d'une
autre variete non dccrite , et que je propose de nommer subUmbata.
lis proviennent de Panama. Lcur ptdrostigma est long comme celui
de la variete maeropus , mais ils en different ainsi que des autrcs
formes par la coloration du bout des ailcs, qui ne portent pas de
gouttelctte brune arrondie, mais un leger Umbe terminal brun rappe-
lant, mais d*une maniere moins marquee, ce qui se voit chez VHet,
moribunda,
Jc rapporte avec doute a cette variety subUmbata une femelle, ega-
Ictnent de Panama, de roa collection, de taille petite (abdomen 27"»";
ailt! inferiiMire 26).
( 61^ )
L'epistome est vert metallique , mais peut-etre la Ute appartieot-
elle a uue autre espece. 11 y a 18-20 an tecubi talcs, en quoi die
differe bien de la capitalis femelle, ainsi que par sa petite taille.
Les iii4les de Voccisa et de ses races ou varietes se distinguent
toujours des autrcs Helcerina par la forme des appendices anals
infcrieurs irhs-longi-gr&Us ct termines subiiement par une pHUe tile
Hargie en raquelle aplatie ovale.
58^ {Addition), HBTiCniNA capitalis, De Selys.
Dans la diagnose donnee {Z^^ Add, 58*^*} j'ai omis d'indiqaer U
patrie, qui est Bogota.
Cette annee j'ai re^u d'autres exemplaires de meme taille on an
peu plus pctits, provenant de Panama.
II devient assez probable que Tespece est reellement differente de
la majuscula, Voici la dimension de trols males et d'une femelle de
Panama :
Abdomen ^ 55-38°*°*; 9 33. Aile infericure a* 28-29; 9 28 7,.
Chez Tun des miles la gouttelette apicale rouge est bien marquee
aux quatre ailes ; chez un autre elle n'existe qu'aux infcrieures; enfin
chez le dernier qui est jeune, il n'y a pas de rouge au bout des ailes,
mais un leger veslige gi*is a la pointe des inferieures. L'epistome cbei
tous est d'un vert metallique fonce.
62 {Addition), Euphaa dispab, Ramb.
Varietd: </ et 9. Coloration un peu plus ronss&tre que de ooutnmf.
La bordure noire de la levre superieure peu visible.
Patrie : Madras. (Musee d'Oxford.)
39M|MM». RamocTPDA mohochroa, De Selys.
Abdomen d* aO""; 9 20. Aile infericure c^ 24; 9 27.
Ailes un peu elargies; le nodus plus rapprocbe de la base que da
pterostigma.
(f Ailes enentiernoir4lre chatoyant a reflets verts et violet cuivre.
visiblcs surtout aux inferieures en dessous. Pterostigma noirfttre mat
( 61S )
Corps noir veloute, exccpte une bande oblique aux coles du thorax
allanl d'un bout a Tautre, peu sinuec, et unc autre maculaire large
bleues aux colds des i-S* segments de rabdomcn. Interieur des quatre
tibias posterieurs bleu clair.
9 AduHe. Ailesmoins obscures, mais a reflets semblables; le quart
apical des superieures obliquement hyalin ainsi que ic limbc extreme
des infcrieures apres le ptcrostigma ; celui-ci jaune , brun k sa base.
La bande des cdtes du thorax etroite Hvide. L'abdomen avec des
taches laterales oblongues etroites, courtes, aux 4-7* segments, pre-
ceddeschacune d'un trait transverse contre Particulation basale. Pieds
noir&tres en enticr.
9 Jeune, Ailes d'un brun plus clair.
Patrie : Celebes. (Six exempiaires au Musee britannique.)
N, B. Cette especc doit ctre voisine de rumco/or Hagcn, de Manille
(2« Add. no 89*""*'), qui ne m'est connue que par le nom signiflcatif et
par les dimensions encore plus fortes.
La monoctiroa se separe des autres esp^ces decrites par ses ailes
noir4lres ou brunes dh$ la base*
Cest de la semitincta qu'ellese rapproche par la coloration; mais
cette derniere est plus petite et la base de ses ailes est hyaline.
La fronlaiis, qui a la taille de la monochroa^ en est bicn distincte
par la presence de taches k la tete et d'unc double ligne humerale
claires.
89^<*llDINOCYPHA ALBISTIGMA, DC SelyS.
d* Abdomen 16°*'°; aile iuKrieure 20 */fl*
Ressemble a la semitincta, EUe en differe :
10 Le pterostigma est btanc, noir a Textrdme base settlement ;
2<» La parlic opaque des ailes, d*un noir profond et mitalliquey com-
mence avanl le nodus (a peu prds conime chez la tincta) ;
3* La bande unique blcue dc chaque cote de Tabdomen va du
i'f jusqu'au 9« segment (s'arrctant au 8^ chez la semitincta).
La tdte et les pieds manqucnt.
9 Inconnuc.
Patrie : Malaisie, sans designation spdciale, par H. Wallace.
(Musee britannique, un seui exemplaire, marque 75 a. c).
( 616 )
90fw«< [Addition). Nicrombbos riaiiiLis, Hageii.
o* Abdomen, environ 20"">; aile inferieure 25.
Ailes sapdrieuressans pterostigma, an pea jaan&tres ii la base; pres-
que lear sixieme apical noir (cette parlie longae de G"" 7,) convexe
intdriearement, a pea pres commechez ie xan/AocyaiiiM;6 antocubi-
tales aax superieures. Ailes inferieures d'un jaan&tre sale et pile, a
pterosUgma noir, long de i** '/i.
Tdte noirAtre; epistome blea acier; quatre petits points jaunes
entre les yeax. Thorax bran noir4tre, ayant en avant la suture dor-
sale et une ligne humdrale finement jaunes , et sar les cotes deux
larges bandes jaune safran separees Tune de Tautre par la suture
m^iane. Abdomen ddprime, noir; un demi-anneau au i*' segment et
les segmeuts 2-6">* jaune roussAtre en dessus, avec une large bande
dorsale longitadinale et les articulations noires; le 7* tout noir
(rextrdmitd manque). Pieds noirs en dehors ; intdricur des femurs ct
des tibias jaunAtres.
9 Inconnae.
Patrie : Ceylan. (Musee britannique.)
N, JS.G'est jusqu'ici la seule esp^ce de Ceylan. Elle estdu groupe da
(tnea/tMdont elle diff(&re par sa grande taille, par la grande dtendue de
la partie apicale noirfttre des superieures, la nuance jaunAtredes
infiirieares, rinterieur des pieds jaun&tre et la largeur de la bande
dorsale noire de Tabdomen.
Le signalemcnt donn6 (2« Add. SQf"'"') dlait fort insuffisant; c'est
pourquoi j*ai profile de mon sejour a Londres cette annee pour 6ta-
biir une diagnose plus complete.
90^' {Addition). Micrombrls sticticds, De Selys.
Au Mus6e britannique 11 y a trois exemplaires mAles re^us de
Sarawak (Borneo). Chez Tun d*eux on voit une tache jaune mince au
8* segment; chez les deux autres au 7% comme chez le type que je
posside Tenant de la mdme locality.
Ce n'est probablement qu'une forme peu dislincte du sHgmaiizatu
de Singapore et du mont Ophir (Malacca).
( 617 )
9o««p««»- HIicrombrusSemiopacds, DeSelys.
6" Abdomen environ 13'"'"; aileioferieure 17.
Ailes hyalines, les superieures sans pterostigma,.ayant Icurs deux
cinqui^mes terminaux noirs, cette partie (longue de Q^"^ ^j^) plus
etendue que chez aucune autre esp^ce, un peu convcxe eu dedans.
Ailcs inferieurcs entierement hyalines, a ptirostigma noir(longde
Tete noire, les points entre les yeux obliteres; epislome acicr lui-
sant Prolhorax noirdtrc avcc une tr^- petite tnche jaune lateralc.
Thorax noir4tre avec une seule raie antehumerale jaune infcrieure
courte etroite, et sur les c6(es deux larges bandes jaunatres, la pre-
miere divisee en deux taches obliquemenl superposces. Abdomen
noir, ayant en dessus des taches jaunes ainsi qu'il suit : aux 2-5*
segments une tache dorsale mcdiane divisee longitudinalcment en
deux par Tar^te , et ne touchant pas les bouts ; ces taches aux 3« ct
i* segments sont un peu prolongees latcralement k la base des seg-
ments, de manicre a former un 7. Sur les c6tes il y a au i'' segment
une grande tache; au 2* deux points succcssifs qui, aux 3,-i et B«
sont reunis en un scul trait longitudinal (le reste manque).
9 Inconnuc. .
Patrie : Sarawak (Borneo). Musee britannique.
N, B. Voisin du blandus Hag. de Nicobar. 11 en differe par la
partie noire apicalc de Tailc superieure plus etendue (G"""* au lieu
de 4) , cetlc partie etant beaucoup plus longue que large.
91'*>'* MicROXKRVS RUFBSCRRS , Dc Sclys.
Abdomen d* 19"™*/.; 9 environ 20. Alle inferieure d* 23'/,; 9 23.
Tres-voisin du bisignatus Mac Lachlan(3«* Jdd, 9i^'«). II en differe
par cc qui suit :
0* Jeune. i<* Taille un peu moindrc;
2<^ Aile superieure sans bande opaque transverse sous le nodus ;
le noir de leur cxtremite remplace par du brun clair. Le pt^rostigma
de Taile inferieure pSle (long de i">" ^/,),*
Z^ Les parties foncces du thorax brunes (et non noires), les bandes
2""" S^RIE, TOME XXXVI. 4t
( 618 )
anlchumeralcs rousses plus larges, Thumerale connivente a?e€ la
premiere bandc jauoc des cotes ;
4<* L'abdomen presqueentiercmentroussatre, les taches at anneaax
noirs 6tant effaces.
9 Ailes hyalines, salies, a pterostigma livide aux quatre ailes
(long dc I"" '/«)•
Taches jaunes du front plus largcs, contigues. Abdomen epais co-
lore commc chez le Uneatus, noirAtre avec une ligne dorsale etroite
et une large bande latcralc maculaire jaunStrcs.
Patrie : Celebes ou Mindanao. (Musee britannique.)
N. B, La fcmelle prouve par sa coloration que \trufescen» et son
voisin le bisignatus appartiennent au groupe du UnecUus, qu'ils re-
pr^scntent avec dc grandes dimensions. 11 faut ajouter a la descrip-
tion du bisignatus que le secleur bref et le sectcur superieur du
triangle sont cgalement rougcalres, et que le bout de Taile est plutot
noiratre que brun foncc. Les deux lignes rouge&tres ctroiles dont
il est fait mention sont une humerale iuferieure et une antehumerale
superieure.
96 (Addition). Thore picta, Ramb.
VEuphcea picta de Rambur est sans contredit une Thore ; mais
n'ayant pas eu le type unique a ma disposition lorsquc j'ai public le
Synopsis, et la description n'ctant pas complete, il en est resultc que
j'ai applique successivement le nom de Th, picta a deux especcs et
qu'une ccrtaine confusion existe. Je vais done retablir la synonymic
d'aprcs Tcxamen du type, auquel j'ai procede en juillet dernier a
Oxford.
Thore picta R. (Synopsis n^ 96) est bien cette espece dc mdme que
cellc de la Monographic des Calopterygines m^me numero , mais
il faut y rcunir la Thore Saundersii De Selys (n^ 97, Syn. el
Honogr.) et la Th, Saundersii? De Selys, troisiemes Additions
au Synopsis n^ 97 , qui est seulemcnt un peu plus grande.
Thore picta (Secondes additions au Synopsis) est une espece diffe-
rente qui doit recevoir un nom nouveau. Je lui assigne celui
d'albovittata Bates, qu'elle portait dans les notes manuscrites
que m'a remises M. Bat«s.
(619)
La lisle gencralc (tabic dcs maticrcs) doit 6tre d*aprds cela rcctificc
ainsi qu'il suit :
PiCTA, Rambur. (Synopsis n* 06 et appcndice aux troisiemes
Add. no 96.)
133. 1 Saunriersii, De Selys. (Synopsis n© 97, secondes Add. n" 97 el
troisiemes Add. n^ 97.)
Race? picturala, De Selys. (Troisiemes Add. au Syn. n« yi*^.)
Albovittata, Bates. (De Selys, appendice aux troisiemes Add.)
picta^ De Selys. (Secondes Add. au Synopsis n^ 96.)
134. ( Bace ? viUata^ De Selys. (Secofldes Add. au Synopsis n« 96*<'.)
Race? CBquatorialis , De Selys. (Troisiemes Add. au Synopsis
n» 96*«»^«* )
CORRECTION A LA TABLE DES MATlfiRES.
]| s'esl glisse trois erreurs lypographiques dans les numeros dcs Micro-
merus cites :
122. Fihams. Au lieu de : 89fl"'»*-, Usez : 90«r-'-
124 AtRANTiACUS. Supprimez la citation des 2"" Add. 90'«i^ qui se
rapporte au xanthocyanus.
125. Xanthoctanijs. Ajoutez : 2«<'» Add. 90*»'"-, et e/facez : 3™" Add.
75"'.
( 620 )
Note sur quelques theoremes de geometric superieure ; par
M. F. Folie, correspondant de TAcad^mie.
Dans nos Fondement$ d'une geometric superieure carie^
sienne (*) nous avons 6lendu ies Ih^remes de Desargues
cl dc Pascal aux courbes planes et aux surfaces d'ordre
el de classe superieurs, et nous avons annonc^ que nous
appliquerions notre m^lhode aux courbes gauches.
Ce dernier Ira vail n'^tant pas achev^, el certains resul-
tats pouvanl se deduire avec la plus grande facility des
theoremes que nous avons ^nonci^s dans le M^moire pr6-
cite, nous croyons utile de Ies signaler dans cetle note
pour ^viler toule contestation de priority quant k leur de-
couverte.
On sait que le iheoreme de Pascal se transporte tr6s-
simplement des coniques aux cubiques gaucbes; nous
allons transporter de memo notre theor^me de Pascal des
cubiques planes aux courbes gauches du quatrieme ordre.
Si nous prenons une G4 (**) pour directrice d*un cdoe
ayant son sommet en un point de la courbe, nous savons
qu'il projettera celle-ci sur un plan quelconque suivant
une courbe du troisi^me ordre. Nous rappelant le theor^aie
de Pascal que nous avons donn^ relativement a deux qua-
trilateres conjugu^s inscrits k ces courbes ('*'), et menant
des plans par Ies cdt^s de ces quadrilat^res et le sommet
(*) Memoircsde I'Acaddmie, I. XXXIX.
(") Nous (JesigoiTons, poar abreifer, par ce signc G| une courbe gauche
du quairi^me orcii'e.
(***) Fondements cT w/ie g6omitrie superieure cart4sienne , p. 22
( 62i )
de noire cdne, nous arriverons immediatemcnl h Fenonce
suivant :
THigORi:ME DE Pascal pour les G4. Dans deux angles
telraedres conjugueSy inscrits a une G4, les faces opposees
se coupent suivant quatre droites siiuees dans un meme
plan.
On voit au reste ais^ment que ce theor^me n*est qu*un
cas particulier de celui que nous avons demontr^ pour les
surfaces du troisieme ordre (*).
Un autre tb^or^me susceptiblie de s'<^tendre ^galemenl
aux courbes gaucbes du troisieme et du qualri^me ordre
est celui de Desargues.
Nous dirons que trois cubiques gaucbes sont conjugu^es
entre elles iorsqu'elles ont cinq points communs; el de
mSrne, que Irois G4 sont conjuguees entre elles lorsqu*elles
onl sept points communs; ces dernieres ont alors un bui-
tieme point commun associ^ aux sept premiers. Ceci est
^videmment pour les G4 de la premiere famille, c'est-i-
dire pour celles qui sont Tintersection de deux surfaces du
second degr6. En eflet, toutes les surfaces du second degr6
qui ont sept points communs en ont en outre un huiti^me
associ^ aux' premiers; ce buiti^me point appartient done a
toutes les G4 qui sont les intersections des surfaces du
second degre passant par les sept premiers points.
Pour les G4 de la seconde famille, c'est-&-dire pour
celles qui ne sont pas rintersection de deux surfaces du
second degr^, il en sera de meme. On sail en eifet que par
une G4 de cetle famille passe une surface du second degr^,
C) Fomiements d'une g4ometrie superieure cart^sienne, p. lOi.
( 622 )
mais line seule (*). Imaginons par sept points dc celte
courbe d^aulres surfaces du second degre dont les inter-
sections avec la premiere surface seroot des G^ de la pre-
miere famille. La premiere G4 coupe ces surfaces, et par
suite les aulres G4 en buit points, et ces points sont asso-
cies, sans quoi loutes les G4 coincideraient. Une G4 de la
seconde famille, qui a sept points communs avec des G4
de la premiere, en a done buit; etcette raison suffit pour
^lablir qu*il en est de m^me de deux G4 de la seconde
famille.
Cela pos^9 le theoreme de Desargues, transporte aux
courbes gaucbes, s*6noncera :
Th^or^me de Desargues pour les G3 et G4. Si irois
courbes gauches du troisieme ou du quatriente ordre sont
conjuguees entre elles^ etqu'une droite les rencontre cha^
cune en un couple de points, ces trois couples de points
seront en involution.
La demonstration de ce tbeor^me pour les cubiques
resulte tr^s-simplementdu tb^or^me de Desargues trans-
porte desconiques aux cones du second degr^.
Pour les G4 on le d^duira du th^or^me analogue k celui
de Desargues que nous avons donn^ pour les surfaces du
second degr^ (**).
Les propri^t^s que nous venons d'exposer out naurelle-
ment leurs correlatives : il sera facile k un leclcur un peu
familier avec la geometric siiperieure de les enoncer.
(*) Salmon, Anal Gcom. of three Dim., p. 274. C'esl ce savant qai a le
premier appele Tatlention sur ceue famille de courlies da quatritee
ordre.
(**) Fondemenlt (Tune gSom^trie sup^rieure cartesienne^ p. 133.
( 623 )
Nous pouvons ajouter que le th^or^me de Desargues que
nous venoDS de d<^monlrer pour les G3 el les G4 s'elend
^galemenl i trois courbes gauches conjuguees de quelque
ordre qu'elles soienL
En se servant de la m6tbode au moyen de laquelle nous
avons trouv^ de nouvelles extensions du th^oreme de Pas-
cal (*)^ on pourrait de m^me d^couvrir d^autres th^or^mes
tres-g^n^raux sur les courbes planes.
Yoici les ^nonc^s de quelques-uns de ces tb^or^mes que
nous developperons plus tard.
Thj^or^me I. Etant donne un faisceau [**) de courbes
planes d'ordre 'I), ayant n p points cornmuns sur une
courbe fixe d'ordre p, st par les memes points on fait pas-
ser une autre courbe d'ordre n, elle coupera les premieres
en des systemes de n (n — p) nouveaux points qui appar-
tiennent a un faisceau de courbes d*ordre n — p.
Th£or£:me II. Etant donne un systeme de courbes planes
ayant ^^'^'^^^^^ H- 2n points cornmuns, I'une d'entre elles
coupera les autres en des systemes de-^^^^^^ — nouveaux
points quideterminentun systeme de courbes d'ordre n — 2
passant par i-ii)^i-3 poinu fixes de la premiere.
Ce dernier th^or^me n'estpas applicable aux coniques;
pour celles-ci, on a Tenoned suivant :
TH£oRi:M£ III. Si Con fait passer par trois points don-
nes deux coniques fixes et une conique variable^ et que Con
C) Fondements <¥une g^ometrie sup^rieure cartes., pp. 54 et suiv.
(**) Cette deDomination , emprunt6e k Sleioer el ^ ses coniinualeurs
indique que les courbes sont conjuguees enlre c(les suivant noire defini-
lion, c'esl-a-dire qu'elles onl les memes n* |K>ints cornmuns.
( 624 )
mine dans chacune des deux coniqnes fixes, d'un point
quelconque de la canique va-
\ oi,. /:" riable,unecorde passant par
/^ , le qualrieme point d'inier^
( / section de cette dertiiere avec
chacune des coniques fixes y
\'( j \ . ' la droite variable qui reunit
/l . .^:- ; \ les secondes extremitesde ces
/ c' \ deuxcordespasseraconstam-
/ * ^ \ wienf par le qualrieme point
^ d 'intersection des deux coni-
ques fixes (').
Pour les courbes sup^rieures, il existe <^alemenl d'au-
Ires th^or^mes analogues au dernier tbeoreme g^n^ral, et
relatifs k un syst^me de courbes qui onl un certain nombre
de points communs, moins grand que celui qui est sup-
pose dans eel ^nonce; inais ces Ih^oremes devraient Stre
formules pour chaque ordre en parliculier.
Chacun des th^or^rnes pr^c^dents a son corr^latir, ct
donne lieu, en outre, k plusieurs r^ciproques.
Enfin, il est facile de les ^lendre aux surfaces, e( par
suite aux courbes gauches.
(*) Dans la figure ci-<:onlre Cq el C^ soiil les deux coniques fixes, C la
ronique variable, m un point pris sur cellc-ci ; ^q el J| les deux cordes
menses dans les coniques fixes; ^ la droile variable qui reunil leurs
secondes exlremil^s, el qui passe par le qualrieme poinl oi dMnlerseciion
des deux coniques fixes.
( 625 )
Note sur les transformations arguesiennes de M. Saltel;
par M. P. Mansion, proresseur a TUniversil^ de Gand.
Dans cette note, nous d^montrons que les diverses
tranformations arguesiennes ponctuelles planes de M. Saltel
se raminent les unes aux autres, el sont, en outre, equi-
valentes h la transformation quadratique birationnelle la
plus g^n^rale (').
II en r^sulte que cette derni^re transformation acquiert,
par 1^, une interpretation g^om^trique ^l^mentaire.
1.
LA SEGONDR TRANSFORMATION ARGUESIENNK DE M. SALTEL. (")
EST jgQUIVALENTE A LA TRANSFORMATION QUADRATIQUE
BIRATIONNELLE LA PLUS G^NJ^RALE.
1. Consid^rons, avec le triangle ABC, que nous pre-
nons pour triangle de r6C§rence, trois droites fixes AA',
BB', CC, se coupanl en un point 0; trois autres droites
AM, BM, CM, mobiles avec le point M; et chercbons les
(*) M. Saltel nous a ^crit qu'il possMe des formules analogues & celles
de noire § I, pour les transformations dans Tespace.
(**) Nous appelons ainsi la transrormalion definie par M. Saltel k la fin
de rinlrodnction de son premier grand m^moire ( Mimoires courann^ el
autres Memoiresde VAcademie royale de Belgique, in-S", t. XXIJ).
( 626 )
homologues de ces derni^res, dans les trois involutioos
d^finies par les syst^mcs de droites
AB, AC, AA'.
BC, BA, BB',
CA, CB, CC,
m:::
M*
oili AA' , BB\ CC sont des droites doubles. Je dis que ces
droites, homologues de AM, BM, CM, se coupent en no
point unique M\ correspondant arguesien de M.
Soient, en effet,
a = 0,
P = 0, y=0,
p-r—0.
y— a — 0, a— p = 0.
m n
y a ^ a fi
--7 = 0, --^-0,
n I I m
p-pr=0,
( 627 )
les equations de
BG, CA , AB,
AA', BB', CC,
AM, BM, CM
et (le la droite AM', bomologue de AM , dans llnvolulion
detinie par les droites AB, AC, AA\ celle-ci ^tanl une
droite double.
L'un des rapports anbarmoniques des qiiatre droites
AB, AC, AA', AM
est ^gal, au signe pr^s , 5
n
""" I
m
car ces droites ont pour Equations :
y=0, 13 = 0, y— p = 0, y — -p*=0.
fit
Les droites correspondantes
AC, AB, AA', AM',
ayant pour Equations
P = 0, y=0, p-y=0, p-py=0,
ont, pour rapport anbarmonique bomologue :
D*apr^ la tb^orie de Tinvolution , on doit avoir
n
m
( 628 )
Par consequent, AM' pour Equation
(3 y
\ml \ni
= 0,
ou
ntp — ny = 0.
De mSroe, les droiles homologues k BM ou CM, dans les
autres involutions d^linies plus baut , ont pour equations
--777=0. -— --f-=0,
G (5) 0) (^)
ou
ny — /a = 0, /a •— mp = 0.
Done enfin, les trois droites homologues de AH, BM,
CM se coupent^en un point M\ d^fini par les relations
a Q y
(I) a) (;)
OU
U = mp == ny,
2. Prenons, pour coordonn^es. du point 0, (1, 1, i)
appelons (X, Y, Z) celles de M , et (X\ Y', Z') celles de M'.
Nous aurons, d'apris ce qui pr^cMe,
X Y
Z
= —
/ in
n
X' Y'
Z'
(t) (-:) Q
( 629 )
On d^duit de i^
XX' = YY' = ZZ',
ou
X Y Z
\X7 Iy7 \Z7
Si le point M parcourt la courbe don( F^quation , en coor-
donn^es trilin^aires , est
/•(X,Y,Z) = 0 (4)
(/'d^signantuue fonction homogi^ne enti^re, de degr^ r),
r^quation du lieu decrit par le point M' sera
' Ix' ' Y' ' Z7 "~ '
OU, en multipliant par (X' Y' Z')%
f(TZ\ Z'X', X'Y') = 0 (!2)
On passe done de la courbe (1) & la courbe (2) , au moyen
de la substitution :
X _^_ z _
Y'Z' ZX' X'Y'
^quivalente, comme on sait,ili une transformation lin^aire
pr^, k la transformation quadratique birationnelle la plus
g^n^rale (*).
(•) Salmon, Higher plane cui^es, 2^ editioo. Dublin, HodgeSj FotUr
and Co.; 1873: n'^SU, p. 290; [)•> 324 , p. 285.
( 630 )
II.
LA PREMIERE TRANSFORMATION ARGUESIENNE TRIANGCLAIRE
DB M. SALTEL EST ACJSSI EQUIVALENTS A LA TRAMSPORMA-
TION QUADRATIQDE BIRATIONNELLE LA PLUS Gl^N^RALE.
3. Cherchons main tenant le point M" conjugu^ de M,
sur la droite AM, dans Tinvolulion detinie par les quatre
points A, b, z, c, oili b, z, c sont respectivement les inter-
sections de AM avec BB\ BC, CC; autrement dit, cher-
chons le point correspondant de M dans la transformatioo
arguesienne triangulaire oili A est le pdle, et ou le couple
de droites BB', CC repr^sente la conique de r^ri6rence,
BC etant d'ailleurs la droite conjugu^e du p6ie A (*}.
On pent regarder le point M" comme etant determine
par les Equations
1 = ^ = -,
I' m n
I' etant une constante qu'il s'agit de trouver.
Joignons le point hk c. L*eq nation de Be sera , comme
il est facile de le voir ,
m n
[*) Voir rintrodaction da second m^moire de M. Sallel ( Memoires cou-
ronn^s et autres Memoires de I' Academic royale deBelgique, t.XXlin.
A cause du tb^or^me de Desargues, il est permis de reuiplacer la cooiqoc
de reference par deux droiles, sans dimlnuer la g^neralite de la traosfor-
roalion.
( 63i )
Le rapporl anharmonique des quatre droites BA, Bz, 66,
BM, est ^gal i
n
7'
car ces droites ont pour Equations .-
n
Celni des quatre droites homologues B2, BA, Be, BM'",
dont les Equations peuvent s*^crire
m 171 /'
a = 0, —9=0, a y=0, a r==0,
n n n
est
Les rapports anharmoniques des deux faisceaux (BA, Bz,
B6, BM) et(Bz, BA, Be, BM") devant etrc egaux , on a
n /'
/ III '
ou
mn
Par consequent, les equations de AM", BM", CM" sont
a p r.
(t)
m n
ou, en multipliant par mn :
(1) (;) (^)
( 632 )
4. Appelons (X" Y" Z") les coordonn^ du poiDl M".
Od aura
X" Y" Z"
a) U liJ
et, par consequent ,
XX" = ZY" = YZ ',
ou
lx'7 \Z'7 \Y'7
II resulte de 1^ que la premiere courbe arguesieane trian-
gulaire du lieu dont T^quation est
/"(X, Y, Z)-0,
a pour Equation :
/•(Y"Z", X"Y". X"Z") = 0.
On en conclut, comme dans le cas precedent, que la
premiere transformation triangulaire arguesienne est ^qui-
valente, ^ une transformation lin^aire pr^s, 4 la transfor-
mation quadratique birationnelle la plus g^ndrale.
III.
RELATION ENTRE LES DEUX TRANSFORMATIONS ARGUE3IENNES
TRIANGULAIRES.
5. Les points M" et M' sont dans une relation tres-
simple, car Ton a :
Y' "~ z' ■" Y' *
On passe done de I'une a I'aulre des transformations ar-
( 633 )
guesiennes triangulaires , par une subsliliition lineaire
consisiant dans Vechange des coordonnees Y et Z.
Oq d^dait g^om^triquement le point M' du point H''
comme suit. Menons les droites M"C, M"B qui rencon-
trent AA' en m' et m", puis les droites m'B, w"C. Le
point de rencontre de celles-ci sera le point M'.
En effet, les Equations de AA^ W'Cm\ M"Bm" £tant
respectivement :
p — y«=0, /a — nj3 = 0, U^my^Oj
celles de m% m"Cseront :
/a — «y = 0, la — mp>= 0.
•
Ces Equations sont prdcisement celles de M'B et M'G. Par
consequent, m'B et nfC se rencontrent en M'.
Ainsi, les deux iransform^es arguesiennes triangulaires
d*une m^me figure se d^duisent Tune de Tautre , au moyen
d*une construction tr^s-simple.
6. Remarque. Nous renvoyons k ce que dit Salmon
{Higher plane curves^ n*" 362, p. 310) sur les transfor-
mations quadratiques, pour les consequences de ce qui
pr^Me, relativement aux transformations biralionnelles ,
en g^n^ral , et ^ /a conservation du genre dans ces transfor-
mations. Nous ^noncerons toutefois cette remarque , qui se
d^duit imm^diatement des formules fondamentales de
M. Saltel : La transformation arguesienne generale est
une transformation cubique birationnelle , qui peut etre
remplacee par deux transformations, arguesiennes trian-
gulaires de premiere espeee.
2"''' SthlEy TOMB XXXVI. 42
^ I
( 634 )
CLASSE UhS LETTR£8.
Seance du /*'' decenibre ^873.
M. J.-J. Thonissen, directeur, president de TAcademie.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^luel.
Soni presents : MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage, J. Roa-
lez, Gachard, Paul Devaux, J.-J. Haus, le baron J. de Witle,
Ch. Faider, R. Cbalon, Tb. Juste, le baron Guillaunno, Felix
Nfeve, Alpb. Wauters, £m. de Lavelcje, G. iNypels, Alph. Le
Roy , £m. de Borcbgrave, membres; J. Nolct de Brauwere
van Steeland, Aug. Scbeler, Alpb. Rivier, associes; A. Wa-
gener, E. Poullet et Ferd. Loise, correspondanu.
M. fid. Mailly, correspondanl de la classe des scie^ices^
assiste i la s^nce.
CORRKSPONDANCE.
M. le gouverneur du Brabant a inform^ rAcademie que
des places ^talent r^serv^es ^ MM. les acad^miciens pour
le Te Deum du 15 du mois de novembre, qui a 6te cele-
bre i Toccasion de la f&ie patronale du Roi, dans Tegiise
des SS. Micbel et Gudule.
( 635 )
— L'Universit6 de Saint-Louis, aux £lats-Unis,reniercie
pour les publications acad^miques qui lui out 6i6 envoy^es
au commencement de cette ann^e.
— La Soci6t6 litt^raire et philosophique de Liverpool
envoie le premier volume de ses travaux, qu'elle offre k
titre d*£chaoge.
— H. Tavocat Honinck, ex6cuteur testamenlaire de
M. Defacqz, offre k la classe, tant au nom de la I6gataire
universelle de M. Defacqz qu*au sien , un exeroplaire des
deux volumes comprenant VAncien droit belgique, oeuvre
de cet academicien.
M. le baron de Witte offre le tome III de la traduction
de YHistoire de la monnaie romaine, par M.Th. Mommsen,
el presente, au nom de iM. Le Blant, uu ouvrage qui sera
mentionn£ au Bulletin.
M. Tb. Juste offre un exemplaire de la brochure qu*il
vient de publier sous forme de lettre Ji M. Cb. De Bavay.
Elle porte pour titre : La Revolulion beige de 1850.
\jes remerclments de la classe ont H6 exprim^s aux au-
teurs de ces dons.
— M. £mile de Laveleye, en d^posant sur le bureau un
ouvrage de M. Bonnal et un ouvrage de M. Pierantoni, lit
la note suivante au sujet de ces presentations :
< J*ai I'honneur d*offrir it 1' Academic, au nom de
M. Bonnal, un ouvrage intitule : Traile des octrois.
Le livre de M. Bonnal a ^l^couronn^ par TAcad^mie de
legislation de Toulouse. G'est une etude tr^s-bien faite des
octrois dans les differents pays et surtout des moyens em-
ployes en Belgique ct en Hollande p3ur les abolir. L*au-
( 636 )
leur est un adversaire coDvaincu de ceUe espece d^iuipdls,
qui clablity en effet, des douanes k rint^rieur, qui enlrave
ainsi la circulation des produits et dont la perception est
tres-coAteuse.
Celte question a perdu de son importance en Belgique ,
puisque nous Tavons heureusement resolue, mais elle est
toujours k Torero du jour en France, ou les d^penses exa-
g^rees faites par les grandes villcs ont rendu necessaire
un accroissement extremement regrettable des taxes de
I'octroi.
J*ai aussi Thonneur d'offrir a TAcademie, au nom de
M. Pierantoni, proi'esscur de droit constitutionnel et intor-
national k Naples, un ouvrage intitule : Trallalo di dirUio
consliluzionale.
L'eloquent professeur dc I'Universitede Naples, M. Pie-
rantoni, est deji tres-connu par son Histoire du droit pu--
blicy qui a eu rhouneur d'une traduction allemande,etpar
ses differentes publications concernant les Alabama Claims
et rinterpretatiou du traite de Washington, travaux qui
ont ^te ci(£s en Amerique et en Angleterre.
Les bons trait^s de droit constitutionnel sont rares.
C*est une science qui est evidemmcnt encore dans sa p^riode
de formation. Pourtant a une ^poque oix les revolutions
sont si frequentes et oix tant d^Etats changent si souvent
de regime politique et de constitution, il n'estgu^re d ou-
vrage qui puisse venir plus a propos qu'une etude appro-
fondie des differentes formes de gouvernement, surtout si
Tauteur se tient sur le terrain pratique oil le l^islateur
pent chercber des indications pour les mesures k adopter
dans I etat actuel de la civilisation.
Le volume de M. Pierantoni traite surtout de r£taL II
examine en quoi consistent la nature et les droits de r£tai,
( 657 )
quelles son! les limites de son pouvoir et de ses attribu-
tions. L'^crivain a ce merite de commencer toujours,
comme le fait la science alleroande, par ^tudier les prece-
dents d*une question. La methodc historique est pr^cieuse
dans le domaine des sciences sociales, parce que le goAt des
ameliorations rapides et des reformes radicales qui carac-
t^rise notre temps nous porte souvent, ^nolreinsu,^
poursuivre un id^al actuellement irr^alisable et h compro-
mettre ainsi la cause du progr^s. M. Pierantoni, ayant fait
un livre special sur Tbistoire du droit public, se trouve k
m^me de nous faire connattre les opinions de tons les au-
leurs importants qui se sont occupes de la matiere et c'est
li, evidemment, une source d*informalions tres-pr^cieuse.
Le chapitre sur la propriety de r£tat m'a paru surtout
tres-int^ressant et tres-neuf. II merite Tattention en ce
moment oh de divers cdl^s on demande que r£tat ^tende
demesurement ses proprietes industrielles, en prenant pos-
session des teiegraphes, des chemins de fer et m^me des
houilleres. Le livre de M. Pierantoni est une preuve nou-
veile de ce renouvellement si remarquable de Tactivite
scientiGque en Italic, qui merite de Gxer noire attention,
apres avoir oblenu dej^ celle de la studieuse Allemagne. »
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Ch. Faider, inscrit en premier lieu a I'ordre du jour
de la stance, pour une lecture sur Venseignement de Veco-
nomie politique, fail connaitre qu'en travaillant a cette
notice, il s*est convaincu qu*il avait les elements d'un
C 638 )
memoire assez etendu pour figurer dans le recueil iD-8*.
II se propose doDC de continuer son travail el de le com-
pleter aGn de le soumettre, dans pen de temps , k Tappre-
ciation de la classe.
— M. Grandgagnage donne lecture de la premiere partie
de son travaiUintituI^ : Reponse aux demieres objecliotis
fran^aises concernant Aouatuga. II conlinuera la lecture
de ce travail dans la prochaing seance.
M. Loise lira dans cette reunion un travail intitule : La
UUerature allemandeau dix-septietne Steele, sous V influence
de la guerre de Trente Ans,
( 639 )
CLASSE D£S BBAVX-ARTS.
Seance du 4 decembre f873.
M. L. Alvin, directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perpetuel.
Sont presents : MM. N. De Keyser, L. Gallait, G. Geefs,
A. Van Hassell, J. Geefs, C.-A. Fraikin, fid. F^tis,
Edm. De Busscher, J. Porlaels, Alph. Balal, le chevalier
L. de Burburc, J. Frauck, G. De Man, Ad. Sirel, J. Le-
clercq, Ern. Slingcnejer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert,
membres; Ed. De Biefve, correspondant.
MM. R. Chalon et J. Nolet de Brauwere van Steeland ,
de la classe des lellres^ et fid. Mailly, correspondant de la
classe des sciences , assisteut k la s^nce.
CORRESPONDANCE.
MM. les questeurs du Senat et de la Ghambre des repre-
sentants adressent des carles de tribune reserv^e pour la
session legislative del873-i 874. — Remerciments.
— Le conseil d'adininistration de FAcademie royale des
beaux-arts d'Anvers adresse le programme du grand con-
cours de gravure, dit concours de Rome, qui sera ouvert
en 1874.
1
( 640 )
— M. Dc Lange, laur^at du dernier concours de la
classe , remercie pour la distinction dont il a ^t^ Tobjet.
— II est donn6 lecture de diflT^rentes lettres de concur-
rents pour le concours de quatnor, juge dans la derni&re
stance.
Par suite du prononc^ du jugement de ce concours, ces
lettres ont ^t^ d^clarees non avenues.
— M. Blomme, remis en possession de son projet d*ar^
chitecture couronne, promet d'en donner une reproduc-
tion photographique, conform^ment aux dispositions r^le-
mentaires dcs concours.
La classe decide, k ce sujet, que cetle reproduction, aiusi
que la reproduction du carton de M. Mellery et celle dn
bas-relief de M. Cuypers, couronn^s I'ann^ dernidre,
seront soumises aux commissaires qui ont jug£ ces oeuvres.
— M. Van Aulgaerden, I'un des concurrents du concours
precit^ d*arcbitecture pour un arc de trioropbe dedi6 i la
Paix, a et^ remis en possession de son projet, apr^ avoir
donn£ les garanties n^cessaires d*identit6.
— M. Abraham Basevi , associ^ de la section de musique
de la classe, k Florence, remercie pour Fenvoi des der-
nitres publications acad^miques.
( 64i )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
La classe des beaux-arts, saisie dans sa derni^re stance
d*une motion de M. Porlaeis relative au moyen d*apporter
des ameliorations h la situation pr^caire des laur^ats des
grands concours, pensionnaires du gouvernement i Rome,
avalt decide que ces considerations feraient I'objet d*un
examen urgent.
Deux commissions existaient pour s*occuper des prix
de Rome : La premiere , compos^e de MM. L. Alvin ,
De Keyser, De Man, Gallait, Gevaert, Fraikin, Franck,
Portaels, Payen et J. Geefs, fut constitute i la suite de
la communication ministerielle du i^' mai 1872, transmis-
sived*une requite du sieur Dieltjens, laur^at du concours
d'arcbitecture de 1871, lequel demandait, ainsi que ses
collogues, une majoration du taux de la pension. La
seconde, compos^e des m^mes membrcs, plus MM. Balat,
£d. Fetis, G. Geefs, Robert et Simonis, avait pour but de
s^occuper des conditions de voyage des pensionnaires.
Elles ont &l6 fusionn^es et la commission qui en est
resuUee a ^t^ convoqu^e pour le jeudi 27 novembre der-
nier, i une beure, au local de FAcad^mie.
La commission , apr^s avoir H6 mise au courant, par
M. L. Alvin, des deliberations anterieures, et aprds un
^change de remarqnes sur le sujet en discussion , a decide
de presenter k la classe un projet d'institution d*un local
k Rome pour les pensionnaires du gouvernement.
La classe, dans sa seance de ce jour, a entendu la lecture
de ce document. Elle en a vote k ruDanimite la prise en
( 642 )
consideration et d^cid^ qu*il sera imprim^ et distribue aux
meinbres, afln de pouvoir, lors d'une prochaine seance, £tre
Tobjet d*une discussion approfoudie avant d*elre sonmis a
M. le Ministre de Tint^rieur.
Elections.
La classe s'esl constitute ensuite en comite secret
pour les presentations suppl^mentaires de candidatures
aux places vaeanles.
Elle a adopts definitiveinent la liste dressee dans sa
derniere reunion.
(643)
CLASSE DES SCIENCES.
Seance du 15 decembre 1S75,
M. GLUGE,directeiir.
M. Ad. Quetelet, secriitaire perp^luel.
Sont presents : MM. J.-B. d*Omalius d'Halloy, L. de Ko-
ninck, P.-J. Van Beneden, Cdm. de Selys Longchamps,
H. Nyst, Mcisens, J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque,
Ern. Quetelet, M. Gloesener, E. Candeze, F. Cbapuis,
F. Donoy, Ch. Montiguy, Sleichen, Brialmont, E. Duponl,
fid. Morren, fid. Vaa Beneden, membres; T. Schwann,
E. Catalan, associes; Albert Briart, F. Folie etDe Tilly,
correspondants.
CORRESPONDANCE.
Une lettre du Palais ex prime les regrets de Leurs Ma*
jest^s de ne pouvoir assister k la seance publique de la
classe.
S. A. R. le Comte de Flandre fait exprimer des regrets
semblables.
MM. les Ministres de Tint^rieur et des travaux publics
s'excusent ^alement, k cause de leurs nombreux travaux,
de ne pouvoir accepter I'invitation de TAcad^mie.
( 644 )
— M. le MiDistre de rinl^rieur traDsmet uoe expeditioD
d*un arrel^ royal du 9 de ce mois, Dommant M. N. De
Keyser, direcleur de la elasse des beaux-arts pour 1874,
pr^sideDl de TAcad^inie pour la m^me annee.
JUGEMENT DU CONCOURS DE 1875.
Quatre memoires onl 6l& re^us eo r^ponse aux ques-
tions du programme de 1873. llsconcernent la 1", la 3"%
la 4"' el la 6"' question.
PREMlilRE QUESTION.
Resumer et simpUfier la Iheorie de I'integration des
equations aux derivees parlielles des deux premiers
ordres.
Jlii|i|fOfl «!• Jf. iP« TiUff,
< Un M^moire avail ^te present^ d^ji, en 1871, en
r^ponse k la question dont Tenonce vient d*etre reproduit;
mais, k cetle ^poque, la elasse d^cida de mainlenir ladite
question au concours pour 1873.
Cetle fois encore, un seul concurrent s'est presenle et 11
s*agit aujourd^bui de juger son ceuvre, ce qui n*est pas une
l&cbe ais^e, car le M^moire portant pour devise : Ingres-
sum instruasy progressum dirigasy egressum compleas
(Saint Thomas), que j*ai eu k examiner et qui renrerme,
comme cela devait Sire, les theories les plus difficiles et
les plus abstraites de Tanalyse moderne, se compose de
133 grandes pages d*une Venture serr^.
( 645 )
Malgrecela, I'auleur n'a Irailequ^une partie dela ques-
tion. Comme je viens de le dire, fAcademie demandait nn
travail sur ies Equations aux deriv^es partielles des deux
premiers ordres; or, TOuvrage qui nous est soumis contient
uu expose des principales recberches des g^om^tres sur Ies
equations du premier ordre seulernent, C'est un point sur
lequel je rappellerai Tattention de la classe lorsqull s*agira
de formuler des conclusions.
Mais je dois commencer par faire I'analyse du M^moire,
puisque Tarticle 38 du r^glement de TAcad^mie impose
aux comraissaires Tobligatiou de motiver leur opinion dans
un c Rapport detaille », prescription qui doit Stre entendue,
je pense, dans le sens d^termin^ par I'article 21 :< Les Rap-
ports des cominissaires... devront presenter un aperi^u de
ce que ces Memoires contiennent de plus remarquable. >
Or, d'apres le voeu de TAcad^mie, le M^nioire lui-meme
est d^j^ un apergu de tout ce qui a ^te fait , dans un cer-
tain ordre d'id^es, paries geom^tres modernes. Comment
devais-je m'y prendre pour r^sumer encore le r^sum^ fait
par Pauteur?
Trois moyens se pr^sentaient.
Le premier, qui est souvent le plus commode et quel-
quefois le meilleur, consisiait k parapbraser V Introduction,
que Tauteur appelle Plan du Memoire. Mais je n*ai pas cru
pouvoir m'y arrSter, parce que je ne consid^re pas cette
Introduction comme un modele de clart^, et Tobservation
qui la termine me fait penser que Tauteur sera de mon
avis sur ce point.
Le deuxi^me moyen consistait i d^fmir, en quelque
sorte, cbacun des proc^d^s d*integration des Equations aux
d^riv^es partielles par son id^e fondamentale et k r^sumer
ainsi les dift^rentes m^tbodes en langage ordinaire, ou
avec le moins d'equations possible.
( 646 )
L'auteur a suivi, dans son Ouvrage, un ordre moitie
didaclique, moiti^ historique, en rattacbant tous les tra-
vaus des geom^tres sur les Equations aux d^rivees par-
tielles du premier ordre, k quatre m^tbodes qu'il a ap-
pelves :
Hetbodes de Lagrange et de Pfaff ,
M^tbode de Caucby,
M^lhode de Jacobi ,
M^ibodes de Mayer et de Lie.
Or, j'avais r^ussi , in pen pr6s , h exposer sans calculs les
id^es fondamentales des m^tbodes de Lagrange, de PfafT
et de Cauchy,nials j*ai recule devant I'application du mdmc
travail aux m^tbodes de Jacobi, de Mayer et de Lie.
Le troisi^me moyen consiste k d^Rnir les procedes d^n-
t^gration, non par leur id^e fondamenlale, mais seulement
par leur r^sultat final, c'est-i-dire par le degr^ de simpli-
fication quails apportent dans la solution du probleme, ou,
en d'autres termes, par le syst^me d'^quations qui reste k
integrer apr^s Tapplication du proc^d6 de transformation
principal.
C'est sous ce dernier point de vue que je vais resumer
le M^moire de Tauteur.
Le Livre P' est consacr^ aux m6tbodes de Lagrange et
de Pfaff, qui contiennent le germe des d^couvertes ult^
rieures et suffisent pour r^soudre une multitude de cas
particuliers.
Daus le cbapitre P' de ce Livre, I'auteur d6veloppe la
m^tbode, trouv^e par Lagrange en 1779, pour Tint^ra-
tion d*une Equation lin^aire aux d^riv^es partielles (*).
(*) Je crois ioulile de repeter toujours les mots : •• du premier onlre *.
lis s*appliquent ^ loutes les eqaations differen tie lies doiit il est question
dansce Rapport.
( 6*7 )
La resolution dc ccUe equation, en supposant que celle^i
contienne une variable d^pendante et n variables ind^-
pendanles, est ramen^e k la recherche de n int^grales
d*un systeroe de n equations differentielles ordinaires,
entre les ra^mes variables, chaque Equation ne renfermant
que deux diffi§rentielles. Le m^me systenae auxiliaire four-
nit aussi la solution de k Equations lineaires simultan^es
aux d^riv^es partielles, an — k variables independantes,
pourvu que chacune des Equations donn^es ne renferme
*
que les derivees partielles d*une seule des k variables de-
pendantes, et que les termes de deux de ces equations qui
renferment des deriv6es partielles prises par rapport a la
meme variable ind^pendante, aient aussi pour coefficient
la meme fonction de toutes les N'ariables.
Les deux chapitres suivants sont relatifs k la m^thode
de Lagrange (1772) pour Tintegration des equations quel-
conques aux derivees parlielles a irois variables, par la
reduction aux equations lineaires, comme nous allons Ic
voir pour le cas de n + 1 variables , qui nous a d&'jk servi
et continuera a nous servir d*exemple.
Le cbapitre IV renferme Textension, faite par Jacobi
en 1827, de la methode de Lagrange k Tequalion aux
d^riv^es partielles contenant un nombre quelconque, n+1 ,
de variables, dont une seule d^pendante. Cettepartie est
^minemment propre k montrer Ic lien qui existe entre la
methode de Lagrange et celle de Pfaff (18i4), parce que
cette derniere, r^sum^e dans le cbapitre V, conduit k des
ealculs identiques avec ceux de la methode de Lagrange
g£n^ralis6e par Jacobi , mais effcctu^s dans un ordre in-
verse. Seulement, il faut observer que le M^moire de Pfaff
est ant^rieur k celui de Jacobi et que, par consequent, le
premier de ces g^omfetres doit etre regard^ comme le veri-
table invenleur d*une methode g6nerale dMnt^gration des
( 648 )
Equations aux d^rivees partielles, au moyen des Equations
differentielles ordioaires. De plus> Pfaff a expos^ la ques-
tion g^n^rale de rint^ration d*une Equation aux diffe-
rentielles totales, conlenant un nombre quelconque de
variables, ce quiconstilue le probleme qui porte son oom.
Mais je n'insislerai pas sur ee sujet, puisqu*il D*est qu'in-
directemenl relatif k la question pos^e.
La m^thode de Lagrange, g6n£ralis^ ou eompldtde par
Pfaff et Jacobi, ram^ne Tint^gration de noire Equation
g^n^rale aux d^riv^es partielles, i n + 1 variables, k la
recherche de 2n int6grales d*un syst6me de 2n Equations
auxiliaires semblables k celles dont nous avons parl£ plus
haut; mais, parmi les solutions que Ton obtiendrait ainsi,
il ne faut admeltre que celles qui satisfont, de plus, k une
equation aux diff6rentiellos totales, k^n — 2 variables.
II importe de ne pas confondre le proc^^ de Jacobi
dont il vient d*6tre question avec la Methodus nova, qui
est un travail postbume de eel illustre g^omelre^ publie
seulement en 1862, par Clebsch.
Le deuxi^me Livre est principalement relatif k la m^-
ibode de Gauchy (1819), dont lecbapitre P' contient I'ex-
position. Gelle m^thode ram^ne Fint^ration de T^quation
g^n^rale pr^c^demment cit^e k des Equations differen-
tielles ordinaires, identiques, quant k leur forme, avec
celles que Jacobi a trouv^es plus lard, en perfeclionnant la
m^thode de Pfaff, et dont nous avons parl6 deji; mais,
dans ces Equations, toutes les variables sont supt>os^es
exprim^esen fouction de Tuned^elles, x., el de n — 1 varia*
bles auxiliaires: U|, ti j....,u..|,lesquelles,d*ailleurs, nese
trouvent plus dans les Equations auxquelles le probleme
est ramen^. Toutefois, les 2/i inl^grales de ces Equations
conliennent les valours initiales des variables , c*est-^-dire
celles qui r^pondent a une valeur determin£edex«, etqui
( 649 )
sont encore des fonclions des quanlit^s u. II reste i Ics
choisir de mani^re k satisfaire aux n — 1 ^qualioas
analogues i
dui dUi dUi
(x|, ...., x._4 sonl les n — 1 variables ind^pendantes au-
tres que x„; z est la variable d^peudante; pi , ...., p._i sont
les derivies partielles de z, par rapport i X| , ....,x,«i).
Le syst^me d'^quations de Cauchy a &i6 retrouve par
Meyer, ancien menabre de notre elasse, dans nn Memoire
ins^r6 parmi ceux de TAcad^mie pour 1853. La m^thode
de Meyer, dont il n'est pas question dans le travail que
j*analyse en ce moment, est bas^e sur Pemploi direct des
conditions d'int^grabilit^.
Le chapitre 11 renferme les recberchesde M. Serret, prin^
cipalement sur les cas critiques de la melhode de Cauchy.
Le chapitre III contient un expos^ sommaire de la m^-
thode encore incompl^tement connue de Lie, en prenant
pour base la m^thode de Cauchy. Nous retrouverons plus
loin les rfeullats principaux de M. Lie.
Le troisi^me Livre est consacr^ principalement k la me-
lhode de Jacobi (Methodus nova\ que ce g^om^lre poss^-
dait depuis 1838, et dont les principcs ont ete retrouves
vers 1853 et 1854, par Bour, Donkin et M. Liouville, mais
qui n'a ete publi^e qu*en 1862, par Clebsch.
I/exposiiion de cetle m^thode se trouve dans les deux
premiers chapitres. Elle reduit d*abord la solution g^n^rale
i I'int^gration d*£qualions lin^aires aux d6riv£es partielles,
et linalement a la recherche de "^"^^^ int^grales d'aulant
de syst^mes d'^quations analogues k celles que nous avons
rencontr^es d^ji dans les m^thodes de Lagrange et de
Cauchy.
3"** S^HIE, TOME XXXVI. 43
( 680 )
La solution se complete par riDt^ralioo d'uQe ^aation
aux diff^reiilielles totales, qui doDDO ia valeur de z.
La m^lhode de Jacobi exige done, au moins en appa-
rence, plus d'int^grations que les precedentes, mais elle se
siropliQe beaucoup dans la pratique et nous verrons plus
loin que le nombre des integrations a pu dtre consid^ra-
blement r^duit.
Le chapilre III est consacr^ & la Ih^orie de Bour, pour
rint^gration des Equations simultanees aux d^riv^es par-
lielles et k la m^lhode de Boole relative i ces mimes
Equations, dans le cas oii elles sont lin^aires.
Le cbapilre IV contient un risum^ des m^lbodes de
Clebscb et de Weiler, pour I'integration des Equations
lineaires aux dirivies parlielles auxquelles conduit la m^
ihode de Jacobi. Au lieu des " ^"^ ^^ systemes d'^qualions
dont il fallail trouver une inl^rale, dans cetle derni&re
m^thode, il n*y a plus, en general , que 2n — 1 systemes
d'iquations ^ inl<^grer, en cherchant toujours une int^rale
de chaque syst^me, mais il se pr^nte des cas d'exceplion.
Le Livre quatri6me contient un expos6 sommaire des
theories ricenles, ^quivalentes ou k pen pres, quant k leurs
risultats, de MM. Mayer et Lie.
Le premier chapitre de ce Livre contient un proc^£
nouveau, dA i M. Mayer, pour Tint^gration des Equations
lineaires fournies par la m^thode de Jacobi, proc^di qui
riduil le nombre des systemes d*equations difT^rentielles
ordinaires et des integrates & obtenir^ n, c*est-i-dire a
moitie moinsy i peu pris, que dans la m^tbode la plus
favorable apres celle-ci (Weiler et Clebscb). Un r^sultal
analogue a iti trouvi aussi par M. Lie.
Le chapitre H renferme une exposition sommaire de la
m^thode de Lie, d'apris M. Mayer, car M. Lie n'a pas encore
public la demonstration complete des thioremes qu'il an-
( 6S1 )
nonce et qu'ila bases sur la conception moderne et fSconde
de la G^om^lrie i un nombre quelconque de dimensions.
La m^thode de Lie ramene successivement un syst^mc
de 9 + 1 ^ualions aux derivees partieiles, k n-hq varia-
bles ind^pendanles, ayant une solution complete avec
n constantes arbilraires^ i q £quatio|)s avec n + 9 — 1 va-
riables ind^pendantes, .... et fmalement k une Equation
avec n variables independantes.
Cesl au moyen de la m^thode de Bour, cit^e plus haijt .
que Ton pent constater si un syst^me d*^quations aux de-
rivees partieiles possMe une solution contenant un nombre
de constantes arbitraires, 6gal au nombre des variables,
motns celui des Equations. Si le syst^me ne jouit pas de
cette propriety, Bour a precis^ment indiqu^ le moycn de la
lui donner, en y ajoutant des Equations convenablement
d^terniinees.
Comme on le voit, la methode que nous avons appel^e
m^thode de Lie ram^nc rint^gralion d*un syst^me d*equa-
(ionsaux d^riv^es partieiles k celle d*une Equation unique ;
alors la methode de Jacobi , compl^tee par celle de Mayer,
par exemple, et combin^e, dans ses cas les plus d^ravo-
rables, aveccelle de Caucby, servira k effectuer Tintegration
avec le plus de facility possible. La methode de Lie, consi-
d^r^e en elle-meme, permet aussi, d'ailleurs, d'int^rer
»
une Equation unique. Tel est I'^tat actuel de la question.
Le r^sum^ succinct que je viens de presenter du M6-
moire de concours n'est pas suflisant, peut-etre, pour (aire
appr^cier toutes les parties de ce travail, ni surtout pour
indiquer nettement la part qui revient k Tauteur dans
Tex position des mdthodes. Mais je crois pouvoir ajouter
qu'en general il a r^ussi a rendre cette exposition claire ,
k coordonner les travaux des g^ometres d'une mani&re
logiqne, k les simplifier dans la mesure permise par la
( 682 )
difficult^ Daturelie du sujel, el enfio k completer, sur
certains points, des demonstrations insuiBsantes donn^,
soit par les auteurs mdmes des procedes d'integration, soit
par d'autres aualystes.
Je dois dire cependant (et Tauteur le reconnait dans son
Introduction) que ce M^moire a ^t^ ecrit trop vite : la re-
daction est, en g^n^ral, assez peu soign^ et les fautes de
copie sont nombreuses.
Mais je ne crois pas pouvoir en conclure qn'il faille re-
fuser le prix et remettre de nouveau 4 deux ans le joge-
ment detinilif du concours. Je dis d deux ans^ c*est-i-dire k
1875, et non k 1874 (les questions pour 1874 ^tant deja
arrSt^es), de meme qu'en 1871 , la question a ^t^ remise au
concours pour 187«5 ct non pour 1872. Une pareille d^i-
sion aurait peut-^tre pour effet de d^courager un savant
qui me paratt m^riter, au contraire, les encouragements
de I'Acad^mie.
Je n'altacherai pas non plus une importance majeure kh
circonstance que j*ai signalee plus haut, c*est-i-dire a la
restriction apport^e par Tauteur dans la question poste.
II justitie la resolution qu'il a cru pouvoir prendre de ne
s*occuper que des Equations du premier ordre, en disant
que les travaux r^cenls de MM. Imschenetsky et Grain-
dorge r^pondent k Tautre partie de la question, tandis que
ces travaux sont incomplets en ce qui concerne les ^qua^
tions du premier ordre. D*ailleurs, en se bornant a ces der-
ni^res, Tauteur a produit une oeuvre considerable, dans
laquelle il a fait preuve des connaissances analytiques les
plus profondes et d'une vaste erudition.
Pour ces motifs, j*ai Thonneur de proposer k la classe
de lui decerner le prix du concours, et d*ordonner Tim-
pression de son travail dans le Recueil des Memoires cou-
ronnes, in^"". >
.( 653 )
J|«|»|»o**f «fe Jr. #*. Vo9i9,
« Apres le r&urn^ substanliel doDt noire honorable
confrere M. De Tilly vient de donner lecture k la classe»
nons croyons pouvoir nous borner ^ vous presenter quel-
ques observations g^n^rales sur la composition du long et
consciencieux travail qui est soumis ill votre jugemenl.
Avant tout nous nous sommes demand^ quelle devait
^tre la nature du m^inoire envoy^ en response k la question
pos^e, pour satisfaire aux voeux de la classe.
Etd'abord, comment Fauteur devait-il entendre le mot
exposer?
Fallait-il r^sumer toutes les d^couvertes importantes ,
ou bien les fondre dans une synthase qui, s'appuyant sur
leurs r^sultats, eAt pr^sent^ sous une forme didactique
rint^gration des Equations aux deriv^es partielles ?
Entendue de la premiere mani&re, la question nous sem-
blait plutdt une question de concours universitaire qu'une
question academique. C'est pourquoi il nous semble que si
nous nous en ^tions occup^, nous Taurions probablement
entendue autrement.
Tel n'a pas ^t^ tout i fait le sentiment de Tauteur, qui
a cherch^ k coordonner entre eux les diffi6rents travaux
sur la mati^re en suivant I'ordre des decouvertes autant
que Tordre logique le lui permettait.
Peut-on lui en faire un reproche? En traitant le sujet
decette mani^re, n'est-il pas rest^ dans les termes m^mes
de la question pos^e ?
Nous croyons qu'on doit r^pondre affirmativement,
quand bien m£me on eut pr^f6r^ la voir traiter d'une ma-
( 684 )
niire moins bistorique; ets'il en est ainsija seule chose
que le commissaire ait h examiner est si ie travail ainsi
enlendu est complet, clair et bien coordonn6.
[I y a encore dans T^nonc^ de la question un autre
terme sur le sens duquel il est permis d'hesiter, c*est celui
de simplifier. Cerles si rAcad<^mie avait voulu exprimer
par la Ic voeu que Tauleur d^couvrit une inethode plus
simple que celles qui sont aujourd*hui connues, elle ne
pouvait gu&re esp6rer dans un avenir prochain la solution
de celte question sur laquelle le g^nie de Jacobi, h peine
^teint, s*^lait exerc^ pendant toute sa carri^re.
Ce n'estdonc pas la le sens que nous devons, semble-
t-il; attacher au mot simplifier; et dansce cas, notre exa-
men pent se r^duire aux trois points que nous avoos
signal^s plus haut.
Avant de les aborder, nous ferons cependant encore une
remarque gen^rale sur la mani^re dont Tauteura traitela
question.
Les progres qu*elle a r<ialis^s dans le si&cic acluel sont
dus surtout h Tunion de Tan^lyse avec la-m^canique ra-
tionnelle, comme le t^moignent les travaux des Hamilton
et des Bour, et tout particuli^rement ceux de Jacobi, qui a
meme fait renlrer une partie de ses rechercbes sur rin(£-
gration des Equations aux deriv^es parlielles dans ses
Lefons de dynamique, L'auteur du m^moire a cru pouvoir
ne pas s'occuper des liaisons intimes que la question pr^-
sente avec la solution des probl6mes de m^canique, et qui
sont si propres k jeter de la lumi^re sur Torigine des plus
belles d^couvertes, et, par 1^ mc^me, k ouvrir peut-etre de
nouveaux horizons.
Sans doute il aura voulu rester dans les termes m^mes
de la question pos^e. Nous croyons cependant pouvoir
( 6S8 )
faire remarquer qu'il donne parfois des interpretations
g^ometriques des r^sultats obtenus, et nous nous sommes
demand^ pourquoi il faisait exception en faveurde la g^o-
m^trie au detriment de la m^canique. II eAt ^t^ d*autant
plus en droit d*indiquer jusqu'i quel point cette derniere
science avail contribu^ aux progr^ de la question qu'il a
suivi k peu pres dans son exposition Fordre des d^cou-
vertes.
Aprte ces quelques observations sur la maniere dont
Tauteur a compris les termes de la question et sur le plan
de son travail , nous devrions aborder en detail Texamen
des trois points sur lesquels il nous semble que doit surtout
porter le jugement. Mais le temps excessivement restreint
que nous avons eu k notre disposition ne nous a pas per-
mis d'^tudier ce long m^moire avec tout le soin qu*il m^-
rite ; et cette circonstance nous oblige k dtre assez reserve
dans les critiques ou plutdt dans les conseils que nous
nous permettrons d*adresser k Tauteur.
Le premier point, et le plus important, est celui de sa-
voir si le travail est complet.
Disons tout d'al)ord que nous excusons ais^ment Tau-
teur , en faveur de ses laborieuses recherches sur le pre-
mier ordre, d'avoir laiss^ de cdt^ ce qui concerne le
second.
L'un de vos commissaires a d£ji indiqu^ une l^ere
lacune dans le m^moire soumis au ji^ement de la classe,
el je suis heureux que Toubli du nom de Meyer, que j'ai
eu le bonheur d'avoir pour maitre, ait et^ signal^ par un
autre que moi.
Une seconde lacune se rencontre encore, nous a-l-il
paru, el elle a peut-etre pour cause le parti qu'a pris
rautcur de ne pas s'occuper de Tapplication des equations
C 656 )
aux d^riv^es parlielles aux problemes de la dyoamique.
Quoiqu'il se soil ^tendu avec pr^diieclion sur les travaax
de Jacobi, qui reste, jusqu*^ prdseot, le grand maltre
eo celte mati^re, et qu'il ait mSme analyst plusieurs de
ses Lemons de dynamique^ nous ne croyons pas avoir
lrouv6 dans son meinoire le r^sum^ de ceux qui onl ele
publics i la suite de ces lemons sous les n""' 2 el 5, et dont
le dernier est relatif k une extension de la methode de
Lagrange. Ces deux m^moires de Jacobi se rattacbeoi
cependanl de la mani^re la plus direcle, on le voil, k la
question pos^e.
Quant au second point, la clarl^,on ne peul en general
reprocher k Tauteur que des vices de forme qu'excuse la
precipitation qu'il a dA niettre dans la redaction de son
travail, et un peu de laconisme dans I'indicalion de quel-
ques notations symboliques. Ces d^fauts, peu importanls
dans des recherches propres, qui ne s*adresseut qu*a des
savants versus dans la partie, le deviennent davanlage
dans une oeuvre qui rev6t , comme celle-ci j un caractere
presque c^idactique. De plus, I'auteur avoue lui-m^me, h
propos des recherches toutes recentes de Lie, f qu'il n*a
pu reconstruire la profonde methode du g^ometre norwe-
gien > qui, du reste, n'y a pas encore mis la derni^re main.
Pour ce qui regarde la coordination, en admettant le
plan tel qu'il a ^l^ couqu par I'auteur, on doit reconnaitre
que celui-ci a su rattacher les unes aux autres dans un
ordre logique les differentes m^thodes qu'il expose, el
c'esl par ce m^rile comme par celui d'avoir consciencieu-
sement analyst toutes les m^lbodes, que son travail est
encore digne de fixer ratlention apr^s ceux qui ont paru
recemment sur le m^me sujet.
Cerlainement ce travail gagnerait beaucoup, a noire
C 6S7 )
avis, si I'auteur le revisait de maniere^ fondre, pour ainsi
dire, en une seule toutes ces in^tbodes comme il semble
en certains endroitsen enlrevoir la possibility, et comme
]| Vedl fait sansdoute s'il en avait eu le temps.
Dans tons les caa, si TAcad^mie, comme je I'esp^re,
vote rimpression du travail, il faut qu'elle permette h Tau-
teur d'abord d'en faire disparaitre les vices de forme qui
ont et^ signal^s, ainsi que Tanalyse imparfaile des recher-
cbes.de Lie, i moins qu'ii ne puisse la completer d*apr^
des Iravaux posl^rieurs de ce geom&tre; et ensuite^ d y
faire rentrer ceux de Meyer et de Jacobi dont nous avons
parl£.
Les considerations qu'a fait valoir M. De Tilly contre
une nouvelle remise de la question au concours nous pa-
raissant p<^remptoires, et le m^moire soumis au jugement
de la classe £tant digne, par le travail consciencieux et
r^rudition dont il (6moigne, d*etre couronn^ par I'Acad^-
mie, j*ai Thonneur de proposer ^ la classe de d^cerner le
prix a Tauteur et de voter Timpression de son m^moire, en
Tcngageant a le soumettre k une revision dans le sens des
observations ou plut6t des conseils que sa lecture m'a
sugg^r^s. B
Conform^ment aux conclusions des rapports qui prece-
dent, conclusions auxquelles a adhere le troisiime com-
missaire, M. Catalan, la classe decide de decerner la me-
daille d*or k Tauteur du memoire presente; Touverture du
billet cachete a fait connattre que ce travail est dd i
M. Paul Mansion, professeur k TUniversite de Gand.
( 658 )
TROISIEME QUESTION.
On demande un expose des connaissances acquises sur
les relations de la chaleur avec le developpement des vige-
laux phanerogames, partial lierement au point de vue des
phenomenes periodiques de la vegetation , et, a ce propos,
discuter la valeur de Vinfluence dynamique de la chaleur
solaire sur Vevolution des plantes.
Le m^moire re^u en reponse k cetle question porte pour
devise : Le fait materiel qui parait le plus desordonne est
regi par des lois.
c Le m^moire envoy^ i mon appreciation est divisi en
huit chapitres.
Dans le cbapitre I (du calorique et de la force d*or-
ganisation), Tauteur ^tablit son point de depart et se base
sur ce principe que toute plante est active au-dessus d*one
certainc temperature. On donne, dit-il, le nom de force
aux causes des phenomenes materiels, et il constate que le
calorique est une force mobile. Le cbapitre II est intitole :
DU plan d*organisation. II considere d*abord Yeocisience de
plans dans les associations physiques de la matiere : de la
cohesion, de I'afBnite et de la cristallisation il passe k Tor-
ganisalion. Mais le monde physique est incapable d'evolo-
tions; les organismes seulssont capables d^evolutlon et de
transformation. Tandis que dans la cristallisation la ma-
tiere trouve en elle-meme le plan de cristallisation , lors-
qu'elle s*organise eile trouve dans la matiere dejik organisee
( 659 )
son plan d'^volution : d'ailleurs la plus petile portion de
maliere organis^e emporte avec elle le plan d'organisalion.
Puis il examine en quoi consiste le plan d'organisalion. II
distingue dans tout organisme la forme, la structure, la
composition, les phases, les besoins, c*est-^-dire les con-
ditions physiques d*existence. Quant a la transmission du
plan d' organisation , elle r^sulte exclusivement del'orga-
nisation de la mati^re k Tinterieur des etres vivants. Mais
il faut reconnaitre cerlaines alterations du plan d*organisa-
tion et notamment une adaptation au climat, c'est-^-dire
une acclimatation dans les limites entre lesquelles toutes
les variations sont possibles. Nous sommes aussi de cet
avis, mais contrairement k Topinion de Tauteur, nous pen-
sons que c'est par les graines que les esp^ces varient le
plus et nous ne reconnaissons pas, comme lui, une grande
influence modificatrice aux causes exterieures agissant par
insuffisance ou en exc^s.
Le chapitre III traite de Taction g£n£rale du galo-
RiQUE. Apres une distinction essentielle entre Taction
propre du calorique et son influence par impression, Tau-
teur aborde ici la question proprement dite.
La force de groupement, comme il appelle le travail
organique, reclame Yimpression d'une certaine quantite
de force mobile; il compare Tintervention de cette force 5
une action de presence, i la force catalytique de Berz^lius
ou encore ^ une impression tonique et excitante. 11 insiste
sur la difllSrence entre Timpression du calorique et Taction
du calorique, et il estime que Tactivit^ organique se mani-
festo sous Timpression du calorique et qu'elle est ind^pen-
dante de Taction du calorique.
Tout en reconnaissant cette impression g^n^rale de la
temperature, nous croyons aussi k Tabsorption de la
( 660 )
chaleur dans les phenomenes de Torganisalion v^elale.
Elle est d^montree par le d^gagemeDt de chaleur qai se
manifeste dans toute decomposition de matiere v^^lale
et d'ailleurs le mouvement de croissance est une transfor-
mation de force. Seulement les ph^nom&nes d'^volution
ou de croissance ne sont jamais imm^diats^ mais ils ii&ces-
sitenl une depense de force pr^alablement emmagasinee
par Forganisation. II est incontestable que cetle depense
de force s'accomplit sous certaines impressions. J*ai diji
insiste au Congres de Saint-P^tersbourg (1) et devant
TAcademie (2) sur ce fait que. T^laboration de la matiere
organique est un ph^nom^ne propre aux veg^taux et qu*il
faut distinguer de la vie g^n^rale; encore est-il propre
aux plantes vertes seulement, les champignons n'ayanl
que la vie g^n^rale. Cette Elaboration n'est pas la nutrition
proprement dite: celle-ci tire son substratum dans les pro-
duits de cetle Elaboration qui me semble Etre liEe 5 ce que
j'appellcrai Tendothermie, c*est-&-dire une absorption de
chaleur. La nutrition, en consommant les produits de
I'Elaboration, manifeste des phenomEnes de mouvement,
et la force dont ce mouvement suppose Taction trouve son
origine dans la chaleur condensEe. II n*en est pas moins
vrai que la nutrition doit se faire sous I'impression d'one
chaleur dElerminEe, c'est-^-dire dans un milieu convenahle.
En deux mots, il faut distinguer Taction de la chaleur
et Tinfluence de la temperature.
Dans le lY** chapitre, Tauleur passe a TEtude de Tim-
(1) Sur rinfluence de la lumidre^ dans le Ballelin du Congrte inier-
iiational de bolaniquedeSaiDl-Pdtersbourg, p. 110, 1870.
(2) Introduction a I'^tude de ta nutrition des plantes^ Bollitiii m
l'Acad^hie rotale de Bclgique, decembre 1872.
(661 )
PRESSION DE LA CHALEUR SOLAIRB SUR LES V^.G6taUX. II rap-
pelle les ^l^meols de physique concernant la radiation
solaire et il dislingue la chaleur direcle, la chaieur r^frac-
t^e, la chaleur r^fl^chie, la chaleur diffuse et la chaleur
obscure. L'auteur dil ici que la lumi^re n'a pas d'action
propre analogue k celle du calorique, qu'elle possMe una
influence due k son impression et enOn que la lumi^re
absorb^eest perdue; ce dernier mot m'^ ton neet me paratt
incomprehensible.
L*auteur du m^moire passe ensuite aux e/fets de la cha^
leursur les plantes : il constate, avec raison, que la cha--
leur obscure sufTil pour determiner Taclivite vitale, notam-
inent pour la germination, pour le d^veloppement des
tubercules, pour la croissance des racines. Quanta T^labo-
ration chlorophyllienne., il lui faut la chaleur lumineuse.
L'auteur traite parfaitement cette question, notamment
quand il reconnatt que la quantity de calorique necessaire
pour produire le travail organisateur est particuli^re k
chaque esp^ce v^getale; que chaque acte d*evolution exige
une temperature speciale; qu'au-dessous du degre neces-
saire pour determiner le travail organisateur Timpression
du calorique ne produit absolument ricn ; que Timpression
de la chaleur a son zero absolu lequel est propre k chaque
espece vegetale et meme k chaque phenomene organique;
enUn que passe ce point, le travail commence d*abord
faibleet lent, puis s*active d'autant plus que Timpression
devient plus intense. Nous nous plaisons k louer Tobserva-
tion suivante : c L'impression du calorique n'a pas de
limite superieure propre; plus elle est intense, plus elie
tend k determiner une activiie meilleure, plus elle est
lonique et excitante. Mais elle est limitee dans ses resul-
tats utiles par Taction du calorique qui volatilise les sub-
( 662 )
stances coatenues dans le vegetal et par les conditions dn
travail. Ainsi, je suppose qu*un v^g^tal emploie k une tem-
perature de lO"" loute Feau que lesol peut lui foornir, les
r^sullats^d'uDe temperature de 20'' seroal necessaii-ement
moins considerables, puisqu'une partie de feau qui aarail
pu etre ulilisee sera enlevee par evaporation. >
L'influence de la chaleur sur la germination est briite-
ment exposee. L'auteur ne ditrien de Timportant memoire
de M. Wi. Koeppen publie par la Socieie des naturalistes
de Moscou en 1870, et d'apr^s lequel les variations de
temperature, loin de favoriser fallongement de la radicule
pendant la germination, lui seraient nuisibles. D'apres
M. Koeppen, la croissance pendant la germination est d*au-
tant plus rapide que la temperature est plus eievee et plus
constanle; il Ta prouve par Texperience suivante. II a laisse
pendant 144 beures un pcft ^ une temperature presqae con-
stanle de 15%1 C; un autre a ete eievc deux fois i celle de
t20% tout en etant mainlenu le reste du temps 4 la mdnie
temperature de 15%1; enfin un troisi^me a ete porte jusqa^jl
30^, le minimum etant toujours15%l. Bien que la tempe-
rature moyenne de chaeune de ces trois experiences ait ete
pour la premiere de IS"",! , pour la deuxieme de 16'' el pour
la troisieme de 18% la longueur moyenne de la racine des
pois qui croissaient dans chacun des pots a ete de
110 millimetres dans la premiere experience, de 88 milli-
metres dans la deuxieme et dans la troisieme seulement de
56 millimetres (1).
L'auteur aborde ensuite V influence de la vegetation else
place sur le terrain mSme de la question, c La vegetation,
(() BulUlin bibliogr. de la Soc. boL de France, p. 151, 1873.
( 663 )
dit-il, est une activity complete, elle n*a pas besoiQ de
substances produites par une activity ant^rieure; au cod-
traire, elle est capable de former elle-m^roe des reserves.
Les materiaux de ce travail son( le carbone, Toxyg^ne et
Teau; la chaieur solaire est le stimulant, la mati^re orga-
nis^e donne le plan et les trames veg^tales avec ce qu'elles
renferment, constituent le f^ultat. Cest cette activity qui
est rindividualit^, qui est TStre vivant. > Viennent ensuite
de bons passages , avec des considerations nouveltes sur
les rapports de la dur^e des actions caloriflqucs et lumi-
neuses avec Tabsorption de Teau et de Tacide carbonique.
€ En somme, dit Tauteur, et iLa raison, pour produire
un travail r^gulier, la plante a besoin simultanement d*une
quantity d^terminee et propre k chaque esp^ce v^getale, de
carbone, d'eau et de chaieur, et, si une de ces quantit^s
varie, les autres doivent changer de la m^me fa^n, puisque
le travail reste parfait et que Tindividu ne souffre pas. Si
I'on augmente la chaieur, il faut augmenter Teau et la lu-
miere; si Ton diminue Teau, il Taut mieux diminuer en
m£me temps la lumiere et la chaieur. >
Le paragraphe concernant V influence de Id chaieur sur
la reproduction ne fournit gu^re que des considerations
generates et, dans le suivant, influence de la chaieur sur la
duree de la vie, nous n'avons not6, k la lecture, que cetle
observation fort simple, mais judicieuse, que le calorique
diminue la dur^e de la vie des v^g^taux monocarpiens.
Dan^ le V chapitre, Tauteur discute le galcul des tem-
pi&RATURBS : il s'occupe d'abord de la determination de la
temperature des v^getaux. II admet comme un axiome que
la temperature qui agit sur la plante est cellede la plante;
examinant Tinfluence de Tinsolation, de la coloration, de
reievation et la temperature du sol, il conclut que les
( 664 )
(liverses parties d*un arbre se trouvent dans des conditions
toutes diff^rentes. II cstime que le Ihermometre qui , k
Bruxelles, mesure le mieux la temperature des v^etaux
pendant la bonne saison est celui qui est place k rbmbre
k la surface du sol.
L'auteur examine judicieusement le problime coacer-
nant les sommes de temperature et il fait ressortir loutes
les difBculies de ce calcul dans lequel il faut tenir compte
non-seulement de la temperature, mais aussi du vegetal,
du phenom^ne, du temps et des autres facteurs, (els qoe
la lumierCf Teau, etc...
II faut connattre le z^ro idiosyncrasique de Tesp^ce^
meme de la variete et de I'organe; il faut tenir compte de
la variabilite incessante de la temperature, du temps pen-
dant leqnel elle agit. Puis il examine, avec sagacite, les
di verses causes d*erreur qui rendront longtcmps encore,
si pas toujours, le calcul des sommes de temperature, une
operation de la plus grande difBcuUe. Ces causes d*erreur
sont notamment : Falimentalion, les exc^s de temperature,
les temperatures trop faibles, le moment d'action de la
temperature, I'acclimatation , le mode d*observation de
la temperature, enfin le mode de succession des tempera-
tures selon qu^elles sont croissantes ou decroissantes. 11
discute enOn les formules de M. Boussingault^ de Babinet
et de M. Quetelet, mais'il neglige beaucoup d'autres tra-
vaux (1). Tout ce paragraphe est remarquable, et apres
(t) Voir nolammenl : Cohn, iVi Verhandlungen der schlesischen Ce-
sellschaft fUr vaierlandische CuHur, p. 6, 1835. — H. Hoffmaon, in Zeil-
schrift der cesterreichischen Gesellschap fUr Meteorologies p. 93, 1868,
pp. 392 el 593, 1869; el Ueber thermische Vegetation-Consianteft ,
(Jans les Abhandlungen der Schenckenbergischen nalurf. GeselischafU
I. VIII, p. 379. — W. Koeppen , lac. cU,
( 665 )
Tavoir lu, on reste convaincu que la m^tbode de robser*
valion est insufBsante et qu'il faut recourir k la voie
exp^rimentale. Nous sommes peut-^lre trop exigeant en
exprimanl le d^sir que nous ^prouvions d*y trouver la
determination du z^ro pour loutes les plantes oil il serait
connU) naais ce serait 1^ un tableau de la plus grande
utility.
Le cbapitre VI a pour litre : Distribution de la gha-
LEUR ET DE LA vi^G^TATioN SUR LE GLOBE. DaDS un premier
paragraphe [des climals)^ Tauteur ^num^re les principales
causes de Tin^gale repartition de la chaleur et il emprunle
k M. Quetelet des renseignements sur la temperature de
quelques points du globe, situ^s, la plupart, en Europe
ou dans les zones froides et temp^r^es. Dans le deuxi^me
paragraphe I'auteur parle de la radiation solaire et il relate
les experiences de M. Alph. de Candolle sur les effets de la
lumi^re directe et de Tombre. Dans son opinion, les effets
de I'insolation sont le plus manifestes pendant la fructi-
tiealion et k des altitudes ou k des latitudes eiev^es. Le
troisi^me paragraphe ouvre une vue sur la vegetation sous
les differentes latitudes : il constate que la vegetation est
k pen pres continue sous I'equateur, tandis qu'& mesure
qu'on s*en eioigne ou qu*on s'eieve sur une montagne, les
saisons se prononcent et les phenomenes periodiques se
raanifestent. ^
Le cbapitre VII a pour sujet: Les ph^^nom^nes perio-
diques aBruxelles. Parian t des observations faites jus^
qu'a ce jour, I'auteur fait ressorlir avec raison loutes les
incertitudes des resultats : il donne des indications climax
tologiques exactes et concises sur les quatre saisons phy-
siologiques de Tannee dont Tbiver commence en novembre.
2""* S^RIE, TOME XXXVI. 44
( 666 )
A Toccasion du repos hivemal, il expose, d*une fa^OD
tr^judiciense, les eflets de Tautomne et de Thiver snr la
v^etation et des preuves en Taveur de racclimatation. II
termine par de bons paragrapbes sur le reveil printanier
et sur la defeuillaison.
Le chapitre VIII et dernier est iotitule : Des i^poques
MOTENNES DE FEUILLArSON ET DE FLORAISON. Oq y trOQVC
d'abord, d'apres les nombreuses donates de M. Qiietelet,
SOUS forme de tableaux , T^poque moyenne de la feoil-
laison et de la floraisou , en regard des temperatures de
ces epoques. Nous eussions et6 heureux de savoir si les
donn^es de Scbubeler, de Fritsch , de Linsser concordeot
avec celles-1^ ou en quoi elles s*en ^cartent.
Nous croyons devoir faire observer incidemment que les
catalogues qui servent de guide aux observateurs nous
paraisseut susceptibles de quelques ameliorations au point
de vue de la nomenclalure el de la composition. Nous
prenons ici Fengagement de soumettre prochainement i
FAcad^mie une communication surce sujet. Quant a Tau-
teur du m^moire, il ne pouvait que s*en rapporter aux
listes qui ont ^t^ suivies jusqu'i ce jour.
Apr^s avoir constat^ les 6poques moyennes de feuil-
laison et defloraison i Bruxelles, Tauteur, dans ledeuxieme
paragraphe, s'attache aux oscillations de ces epoques, 11
recherche si les v^g^taux obeissent mathematiquement
aux oscillations de temperature, et il n'a pas de peine a
montrer qu'il n'en est point ainsi , au moins en general. II
etablit, & Taide de documents qu'il regrette n'avoir pas
trouves plus nombreux, des groupes parmi les vegetaai
selon leur flexibility k Tegard de la temperature : il constate
qu'il faut faire entrer en ligne de compte Tatavisme, la
( 667 )
culture et surloul la palrie dcs plantes (1). Enlin daus le
dernier paragraphe du m^raoire , sur les variations deter-
minees par les differents climatSy Tauteur constate que les
variations d^terniin^es par le climat sonl proportionnelles
aux oscillations annuelles et il d^duit de beaux r^sultats
de cette loi des variations proportionnelles.
CONCLUSIONS.
En resume , le m^naoire que nous venons d'analyser est
un beau travail.
La question est extraordinairement vaste et compliqu^e.
L'auteur ne Ta pas trait^e tout entiere ou, plut6t, il n'y a
pas repondu. Nous avons d^ja signal^ quelques points
qu'il a laisses dans Fombre ou qu'il n'a pas vus : nous
avons le devoir de regretter en outre le manque d'histo-
rique, particuli^rement I'omission de loute la litt^rature
allemande; Tauteur s'est surtout inspire du comte de
Gasparin et de M. Ad. Quetelet. 11 ne parle nulle part de
la periodicity quotidienne des ph^nomenes biologiques ni
du fait et de la n^cessit^ d*un refroidissemenl nocturne.
Mais il nous semble que c'est trop exiger. Le m^moire
se distingue par des naerites inconteslables et d*ordre
sup^rieur : il est ^crit en fort bon style; Tauteur evite
toute discussion oiseuse; il est disert; il se tient k ^gale
distance du terre-i-lerre et des vues avenlur^es.
Nous concluons en proposanl ^ TAcad^mie d'ordonner
I'impression dum^moire dans le Recueil in-S"" et d'accorder
k Tauteur la m^daille en vermeil. »
(1) Voir sur ce sujel : I'Acclimatation des plantes , par ^d. Morren,
brochure in-8»; Gand, 1865.
( 668 )
il«li>f*«**f i#« jr. cr. jM«c«#«M«.
< Les relations des ph^nomenes m^t^orologiques a?ec
les diverses maoifestatioDS de la vie chez les vegetans ont
da frapper les premiers observateurs; mais ce n^est guere
que dans ce si^cle etsur rinitiative de notre Acad^mie, oa
plntdl de notre illustre secretaire perp^tuel, que cette elude
a 6te suivie d'une maniere r6guli6re et m^tbodique. Mal-
beureusement il est difficile de faire sorlir de ia masse
d'observations accumul^s, les faits g^n^raux qui s'y ac-
cusent , et d*en degager les lois qui ont preside k ces mani-
festations. L*Acad£mie a voulu stimuler les naturalistes en
mettant cette question au concours.
Le sujet propos6 est bien vaste; mais TAcad^mie, en
demandant un expos6 des connaissances acquises,par/ictf-
lierement au point de vue des phenomenes periodiques de
la vegetation, me semble avoir chercb^ k faciliter la tiche
des concurrents en les engageant k la limiter. Toutefois,
j^avoue ne pas me faire une id^e bien nette du second
membre, oil Ton demande de discuter k ce propos /'tn-
fluence dynamique de la chaleur solaire sur V evolution des
plantes. Sans chercher k approfondir en ce moment le
sens de ces termes, voyons plutdt comment Tauteur a
compris son sujet.
Chap. I. Du calorique et de la force d* organisation,
L'auteur < s'efforcera de prouver, dans ce chapitre et les
suivants, que la chaleur peut exercer sur les corps bruts
^ne influence semblable k celle qu*elle exerce sur les corps
organises. > Cela me paratt prendre la question k reboars.
Au fond , ce chapitre est consacr^ k ^tablir la distinction
( 669 )
entre les forces communicables (chaleur, lumi^re, Electri-
city, mouvement), que Tauleur appellc forces mobiles^
et les forces qu^il appelle de groupement (cohesion, affi-
nity, cristallisatioD , organisation ), et dont le caract(^re
principal est de pouvoir demeurer k T^tat d'inaction.
Dans le cbapilre 11 , du plan d'organisation, Tauteur s'oc-
cupe d'abord de Vexistence de plans dans les associations
de la matiere. Selon lui, Taction des forces mobiles est
regime par des lois; cello des forces de groupement, par
des plans de groupement. Ainsi, passant outre la cohe-
sion, il dit de Taffinit^ < qu'elle suit un plan appartenant
aux corps qui s'unissent. > Pour la force de cristallisation,
inh^rente aux molecules, comme la pr^cedente, < son
activity suit un plan qui est une propri^te de ces mole-
cules.... Les moldcules qui cristallisent, ex^cutent, avec
ensemble et harmonic, le plan qu*elles poss^dent. Cette
unite, cet isolement, cette activite et,jedirais volontiers,
cette entente, forment de la matiere qui cristaltise un
veritable individu. »
lei, je ne puis m'emp^cher de remarquer que Tauteur
sc brouille avec la langue. Un plan esl une creation dc I'in-
telligence. On connalt dans la science Texpression plan
d* organisation^ que Tauteur emploiera tantdt; et elle se
comprend comme oeuvre de Tidee cr^atrice ou organisa-
trice. Mais les plans dont Tauteur parle en ce moment ne
sunt autre chose que ce que les naturalistes ont toujours
appeie, et avec raison, les lois de Taffinit^ et les lois de la
cristallisalion. Je crains que Fauteur n'ait pas d^idees bien
nettes sur ce point capital; et cette crainte me vient sur-
tout de ce que plus loin, le plan d'organisation devient par-
fois le plan organisateur, expression qui n'est qu'une vraie
logomachie.
(670)
Pour la force d'organisalion, « ellc donne a la matiere
des formes qui onl une Evolution r^guliere, et dont la
duree est d^tinie... Gette 6volulion depend d'une activiie
propre... Le monde organist possede en propre les plans
d^organisalion ; ceux-ci ne peuvent en aucune fa^on appar-
tenir au monde physique, qui est incapable de produire
une evolution, bien quMI en fournisse la matiere et la
force... II faut un plan k Tactivit^ de la force organisatrice,
alors m^me qu'au lieu d*£tre attach^e k la matiere, ainsi
que je viens de le dire , elle serait ind^pendante et unie k
r^tre vivant, comme le veulent les vitalistes... Chaque
vegetal a son plan d'organisation.... Je vaismonlrer main-
tenant od existent ces plans d*organisation. Lorsque la
matiere cristallise , elle trouve en elle-m6me le plan de son
(Buvre; lorsqu^elle s'organisc, elle trouve dans la matiere
deji organis6e son plan d'evolution... La matiere exte-
rieure qui p6n6tre dans Tetre vivant et vient s'unir a I'or-
ganisme, suit le plan donn^... II y a unil6 dans ce travail.
II y a ensemble, y^
L'autenr resume ainsi Particle dont je viens de rapporter
des extraits : « l"" La force d'organisation appartient en
propre k la matiere, organis^e ou inorganisee; ^ La
matiere organis^e possede seule les plans d'evolution orga-
nique; 5*^ La matiere organis^e et la matiere qui vient s'y
reunir, s'isolant dans teur activity des corps environnants,
executent le plan d'organisation avec ensemble et harmo-
nic. Celte aclivite, cette unit6, cetle entente el cet isole-
ment constituent Tindividu vivant. »
Mais en quoi consisle le plan d'organisation?
« L'etre vivant n'a pas de present; iJ a et6et il sera.
Son plan conlienl son pass6 et son avenir.... Dans les vege-
taux plianerogames,ce plancomprendprincipalement: l*la
(671 )
forme, le d^veloppement, la direction de Faxe primilif; la
forme, led^veloppement, la direction, le nombre, le mode
d'insertion des axes secondaires el des organes appendi-
culaires; 2"* la structure anatomique de chaque partie;
Z"* les groupements mol^culaires (composition chimique) ;
4"" le moment d*apparition des divers ph^nomenes physio-
logiques, la dur^e de la plante et de ses organes; S"" les
besoins du v^g^tal. » G'est bien long, pour dire: tousles
faits anatomiques et physiologiques de chaque Stre vivant;
et encore cela ne nous dit-il pas en quoi consiste le plan
d'organisation. Aussi I'auteur ajoute : « Je devrais main-
tenant rechercher quelle est la nature de ce plan qui s'im-
pose k la matiere organis^e et organisable comme une loi
i une force. Malheureusement la science ignore la nature
intime de toutes choses, des forces et des proprietes des
corps, de leurs lois, et il faut le dire, de la matiere elle^
meme. II vaut mieux s'en tenir aux faits, et ne pas ^met-
tre des hypotheses, qui n'ont , en general , pour effet que de
retarder la marche des sciences exactes. »
Si j^avais a examiner un memoire de physiologic, peut-
etre trouverais-je ici h relever des erreurs et des contra-
dictions au moins apparentes; roais tout ce qui precede est
Stranger k la question et je n'insiste pas.
L'auteur aborde ensuite le myst^rieux probl^me de la
g^n^ration. < Comment un individu communique-t-il son
plan dVganisation k un autre individu? La matiere ne
s'organise qu'4 Tinterieur des etres vivants; elle est obligte
de suivre le plan d'evolution qu'elle trouve. Cette matiere,
assimilee, possede d6s lors ce plan elle-m^me. C'est pour-
quoi une portion quelconque de matiere organis^e, capa-
ble de produire isol^ment un travail d'organisation , donne
un elre semblable a celui dont elle a ete separee. De la
( 672 )
r^sullenl la ressemblance entre les individus sortis d*one
meme souche, el la conservation des plans dans le coors
des slides : deux fails inexplicables si Ton refuse la force
organ isalrice k la mali^re inorganis^e (?) el si Ton d ad-
met pas que la mati^re en activity d'^volulion vilale guide
celle qui vient s'y r^unir. >
Je crois inulile de rien ajouler.
L'auleur passe ensuile ^ Texamen des causes etde t'eien-
due des alterations que le plan d' organisation pent subir,
c Cetle ^lude, dil I'auteur, conslilue toule une^ience; je
me bornerai k quelques g^n^ralil^s. > Ce sonl surtoul les
circonslances exl^rieures qui influent II les passe rapide-
menl en revue; el eel examen sommaire me semble bien
fail. L'honorable premier commissaire nous a dil qu*il
croyail, conlrairemenl k Topinion de Tauteur, que la
reproduclion par graines produil plus de vari^les que les
aulres modes : je partage son avis. En tin de comple,
Fauleur arrive k conclure k la r^alil^ d*un acclimalemenl,
plusou moins reslreinl; el il en rapporle quelques exeni-
pies emprunl6s a de Gasparin.
Avec le chapilre III, nous abordons enOn Vaction gene-
rale du calorique.
Le calorique a pour effel d'^cbaufler el de dilaler : par
\k c'esl une force anlagoniste de la cohesion, de raflinite,
de la force de crislallisation, el de la force d*organisalion.
« C'esl 1^ sa seule aclion propre. Toul ce qui se produil en
dehors de cela esl^dA k la cooperation d'une aulre force. >
Les molecules k assimiler devanl elre rendnes mobiles
par la chaleur, celle-ci esl done indispensable k la vie. Au-
dessous de z^ro , la vie serait impossible.
< Mais, dil Tauleur, il esl beaucoup plus difficile de se
rendre comple de Tinfluence dynamique de la chaleur sur
Tevolulion des planles. >
( 673 )
€ Les forces de groupement resteDt en repos aussi
loDgtemps que les conditions favorables ne se rencontrent
pas.... Mais, lors naeme que ces conditions existent, il arrive
tr^s^souvent, peut-^tre toujours, que ces forces paraissent
dormir encore, attendant une stimulation pour s'^veiller. »
« 11 leur faut en outre Timpression doun^e par une
force mobile, calorique, lumiere, electricity, monvement;
cliacunede celles-ci a son influence propre, qui pent dtre
avantageuse, indiffiSrente ou nuisible. D'un autre c6t^,
one mati^e ^trang^re est capable parfois de donner aux
raat^riaux qui doivent se grouper, cette impression que
fournissent ordinairement les forces mobiles. » Exemple:
actions physiques de contact. Au lieu du nom de force cata-
lytique, Tauteur « pr^f^re employer le mot impression
donton se sert souvenl en physiologie botanique, et il d^i-
gnera par 1^ non-seulement les actions de contact, mais
surtout rinfluence tout ^ fait analogue des forces mobiles. »
Yoici quelques exemples par lesquels Tauteur explique
la distinction entre Yacdon et Vimpression du calorique :
< Lorsque le calorique produit la dilatation d'un corps,
ou son changement d*etat, il est absorb^ par ce corps et
employ^ directement pour obtenir ces resultats et les con-
server. » C'est \k Vaction du calorique. < Mais lorsque Thy-
drog^ne et Foxyg^ne se combinent sous Tinfluence de la
chaleur, il se fait, tout au contraire, un d^gagement de ca-
lorique. £videmment le melange gazeux soumis k Taction
du calorique Tabsorbe d'abord jusqu'au moment od il est
en quantity suffisante pour que son impression determine
la combinaison : k cet instant il devient compl^tement inu-
tile, et il pent se d^gager, accompagn^ de toute la cbaleur
due a Taction chimique. >
« Le mercure bout k 350^ C. : au contact de Tair il se
( 674 )
forme alors clu dentoxyde de mercure. Celui-ci, chauffe
vers 400°, se decompose. Ainsi... la chaleur r^unit les deux
substances dans le premier cas^ par son impression; dans
le second, c'est son action propre qui oblige I'oxygfene k rc-
prendre sa premiere forme. >
L'auteur ajoute : < II est n^cessaire de faire remarquer
ici que, en supposant m^me que le travail de la force d'af-
tinile pAt se faire sans Fimpression du calorique, il s*effec«
(uerail mieux,plus rapidement et plus compl^tement, sous
son influence Je ne saurais mieux rendre ma pens^ qu*eo
appliquant k Timpression, quand elle est favorable au tra-
vail, deux qualiticalifs usit^s en medecine : elle est exci-
tanteet tonique; c'esl-a-dire qu'avec elle le travail se fail
avec plus d'^nergie et ses r^sultats sont meilleurs , plus
complets. >
Je crains que Tauteur n^arrive ainsi qu*i eclairer obscu^
rum per obscurius.
Les deux exemples suivants ne me paraissent pas non
plus de nature k jeter un jour nouveau sur la question.
< A. Voici une tige volubile prete k s^enrouler : il lui
manque le contact d'un corps Stranger. >
B. c Lorsque deux plantes de m^me esp^ce se trouvent
Tune dans uneserre et Taulre en plein air, on voit sou vent
la premiere se d^velopper et la seconde languir parcequ*il
manque k cetle derni^re fimpression du calorique.... »
< Pour les actions chimiques, une impression instao-
tanee suflit en general; il faut, au coniraire, i la plante une
impression durable. »
< Ainsi, lorsque je dirai impression du calorique, impres-
sion de la lumiere , je designerai par Ik Tinfluence de ces
agents sur Taclivite organisatrice,que cette influence fasse
naitre cette activite ou qu elle rentreticuine. Au contraire,
(675 )
par action du calorique, j^entendrai les effets sp^ciaux
de cet agent : la dilatation et le changement d*6tat des
corps. »
II y a la une distinction i laire ; mais il me semble que
ces derni^res lignes permettraient de supprimer tout ie
reste.
Le chapitre IV est intitule : De rimpression de la chaleur
solaire sur les organismes vegetaux,
Dans le premier article : Nature de la chaleur re^Me par
les plantes, Tauteur, apres avoir distingu6 des rayons
transmis , absorb^s ou rdfl^chis , pose en principe que la
chaleur exerce une action et une impression, tandis que la
lumiere ne produit qu'une impression. El il ajoute : « il en
r^sulte que la lumiere absorb^e est perdue. » Dans Tordre
d'id^es oil il se place, je croirais volonticrs que cetle pro-
position est exacte: la lumiere absorbee n'enlre pour rien
dans les r6sultats qu'elle a occasionn^s. Reste h savoir si
ces idees ne sont pas erron^es.
II y a done k consid^rer : l*" la chaleur lumineuse, di-
recle ou refl^chie; S*" la chaleur et la lumiere diffuses;
3" la chaleur obscure. La plante expos^e au soleil re^oit
ces trois sortes de radiations; la plante k Tombre recoit la
deuxi^me et la troisi^me, et les racines, seulement la troi-
si^me.
L'article 2 est consacr6 aux effets generaux de la cha^
teur solaire, et a ses limites.
La chaleur obscure suffit pour determiner Tactivit^ vi-
tale; mais celle-ci est incomplete et se borne ^ consommer
des mat^riaux accumules k I'avance.
La cooperation de la lumiere produit d'abord la chloro-
phylle. Les parties vertes d^composcnt Tanhydride carbo-
nique et fixent du carbone, element indispensable, avec
Teau fournie par les racines, k I'activite vitale.
( 676 )
Quelles sont les iimites de Tinfluence du caloriqiie et de
la lumi^re? c Laqaantit^ de caloriqoe n^cessaire pour pro-
duire le travail organisaleur est particuli^re k chaque es-
p^ce v^^tale ; et chacun des actes doot se compose revo-
lution d'un v^6tal exige une temperature sp^iale
Au-dessous du degr^ u^cessaire, Timpression du calorique
ne produit absolumeut rien Cette impression n*a pas de
liraite sup^rieure propre,... mais elle est limit^e dans ses
r^sullats utiles par Vaction du calorique, qui volatilise les
substances contenues dans le vegetal , et par les conditions
du travail. »
< Ce que je viens de dire s'applique a Timpression de la
lumiere; seulement, son effot principal £tant le m^me pour
toutes les plantes, il est probable que la decomposition de
Tanhydride carbonique se fait pour (ous les vegetaux de la
m^me mani^re avec la meme intensity de |umi6re« > On
manque de donn^es exp^rimentalcs. La lumi^re diffuse
suffit k ce travail. On ne saurait ^tablir un rapport con-
stant entre les quantitcs de lumiere et celles de carbone
flxe, parcequll arrive un moment o(t Ic vegetal est inca-
pable d'absorber tout le gaz qu1l peut decomposer. < En
outre, cette fixation du carbone est limit^e dans son ulilile
par les conditions du travail : il faut du carbone k la plante ;
mais il ne lui en faut pas trop. >
L*article 3 est consacr^ k etudier Yinfluence de la cha-
leur sur la germination.
La graine se distingue des autres germes (bulbes,
tubercules, etc.) parce que tout travail organique est sus-
pendu en elle; ce qui explique la longue dur^e de sa fa-
culte germinative.
La germination, activite incomplete, se contente de cha-
leur obscure. L'auteur rapporte ici des experiences dc
( 677 )
de Candolle. ILy a des plantes qui germent k 0^ La plupart
exigent des temperatures sup^rieures, variables selon les
esp^ces. Le noafximum d'effet a lieu k cerlaines tempera-*
tures, au de\^ desquelles il diminue pour s*arrdter^ cer-
taines autres limites, variables aussi, maisse rapprochant,
en g^n^ral, de 40 k 41 ^
Art. 4. Influence sur la vegetation. Activity eompl^te,
capable de former des reserves de mati^re organis^e, la
vegetation a besoin de Timpression de la chaleur solaire.
< On ne pent pas dire que Tetre vivant est de la ma«
ti^re, puisque sa vie se passe h la recevoiret k la rejeter;
on ne peut le consid^rer que comme une aclivite. » Cette
aclivite a divers effets : absorption, circulation, transpira-
tion, assimilation.
II y a ici un z^ro propre, au-dessous duquel tout travail
cesse. Au-dessus, ce travail crott en proportion, k condi-
tions de circonstances convenables. Ainsi le vegetal qui ne
re<;oit pas assez d*eau, se dess^che et meurt.
Le carbone doit etre assimiie i Tendroit oik il a ete pro-
duit par la decomposition de Tanhydride carbonique :
Tactivite de cette decomposition depend done des elements
combinables que le carbone trouve k sa disposition.
D*autre part,il peut se faire que la plante ne revive pas
tout Tanhydride carbonique qu*elle peut decomposer sous
rimpression d*une forte lumiere. Done < on ne peut etablir
un rapport constant entre Tintensite de la lumiere et la
quantite de carbone fixe dans les plantes, pas plus qu'entre
cette quantite et le nombre d'heures pendant lesquelles la
lumiere a agi. > L'auteur cite k Tappui des experiences de
de Gasparin sur des mAriers et des feves, au soleil, k la
lumiere et a Tombre.
Art. 5. Influence sur la reproduction. La reproduction
(678)
est loujours ^puisaote ponr Tindivido. < Tout cequi peut
faire souffrir le vegetal, arrSler son accroissement, preci-
piler son d^perissement senile, sera cause de sa mise i
fruil. Cependant, si les condilions de veg^talion soot telles
que certainemenl il ne puisse pas y avoir forma tioo de
graines mi!kres, il arnvera ires-souvent que la planle ne se
disposera m^me pas & fleurir.... D'autre partrbumidil^, le
d6faut de lumiere el de chaleur relardent Fepoque ou les
premieres fleurs apparaissent; la lumiere, la chaleur, la
s^cheresse ravancent , au conlraire. »
La reproduction sedivise en deux p^riodes, qui se ler-
minenl par la floraison et par la maturation des fruits.
L*auleur emprunte ici a de Gasparin un tableau indi-
quant les temperatures moyennes n6cessaires k la floraison
de certains v^g^taux. II jelte ensuite un coup d'oeil sur les
ph6nonienes de la maturation des fruits charnus, et de
celle des fruits sees. II en r^ulte que < la lumiere est aassi
n^cessaire que la chaleur i la maturation des graines, tan-
dis que nos fruits de table exigent bien plus la chaleur que
la lumiere. > Experience de Gasparin.
D'apr^s M. Boussingault, le 1)16 d'hiver exige une somme
de 2000°, du renouvellemenl de sa vegetation a sa malu-
rite. < Mais, dans un pays brumeux , ces 2000° seront in-
suffisants; sous un ciel pur, dans un pays oil les jours sont
plus longs, ils formeront nn chiffre trop eieve pour un
minimum. » Les observations meteorologiques des con-
trees boreales ne pourraient-eiles fournir les donnees ne-
cessaires au contrdle de cette assertion?
Art. 6. Influence sur la duree de la vie. < Le calorique,
en activant le travail organisateur, precipite la serie des
phenomenes qui constituent revolution du vegetal; il di-
minue done, en r^gle generale, la duree de la vie des
( 679 )
plautes moDocarpiennes Mais le calorique n'est pas
seolement excitant, il est aussi tonique... Sous son in-
fluence la planle produit,non-seulement plus rapidement,
mais aussi en plus grande quantity. Cest pourquoi il pro-
longe la vie des plantes polycarpiennes... » Dc plus, cer-
taines plantes sonl polycarpiennes dans les regions chau-
des, monocarpiennes dans les regions plus froides.
Nous arrivons au cbapitre V, intitule : Du calcul des
temperatures.
Art. 1. Determination de la tempei^ature des vegetaux.
II faut connattre la temperature de la plante, et celle-ci
n*est pas la m^me pour la ligeet les racines, pour les par-
ties k Toinbre et celles qui sont au soleil.
L*auteur rapporte les resultats des observations de
M. A. Quetelet sur deux thermometres places a la surface
du sol. Tun au soleil, Tautre k Tombre; mais la boule du
tbermometre insol6 ^tait sous terre. II y a de nombreuses
observations sur ce sujet, et il est regrettable que I'auteur
paraisse les ignorer.
Yiennent ensuite des observations du mdme savant pour
rechercher Tinfluence de la coloration et celle de T^l^va-
tion au-dessus du sol : elles sont aussi incompletes que les
prec6dentes, comme exposition de T^tat de la science. J*en
dirais autant des Etudes sur la temperature du sol, si notre
ill ustre secretaire perpetuel avait trouv^ plus d'imitateurs.
Trois causes puissantes tendent k ^tablir Fequilibre
de temperature dans les diverses parties d'une plante : l"" la
conductibilite plus grande dans le sens longitudinal; ^ la
circulation de I'eau absorbee; Z"* la transpiration. En hiver,
les deux dernieres sont supprimees. L'auteur n'en dit pas
davantage : je crois pourtant que les annates de la science
renfermcnt,sur ce sujet, des documents k utiliser.
( 680)
Pour les plantes herbac^es dont la tige s'^l&ve pea aa-
dessus du sol, Tauteur le& regarde comme comparables i
un ihermom^tre plac6 i la surface du sol, mais expos^ aa
refroidissement par Evaporation. II estime que le surcroit
de temperature que donne Tinsolation, est compl^tement
utilise par rechauffement de la s^ve et la traospiration.
Ceci est une pure appreciation individuelle; noais Tautenr
en conclut que, pour ces plantes basses, le (hermometre
devrait Etre place i la surface du sol et a I'ombre. II croit,
sansdonner de preuve k Tappui, que ces plantes, vivanC
a Pombre, poss^dent plutdt la temperature du sol oA plon-
gent les racines; ce qui, suivant lui, donnerait 1 & 2* de
difference pour les vegetaux k Tombre ou au soleil.
Les tiges qui s*eievent jusqu'i trois metres doivenl avoir
une temperature un peu plus eievee. Pour les grands
arbres, celle de la partie superieure est un peu moindre
que celle du bas.
L'auteur admet ensuite que la temperature d'un vegetal
est k peu pr^s la tn&me dans tons ses organes (je suppose
quil en excepte les racines), durant la periode d'activile
vitale.
Je crois que le sujet traite dans cet article demande
plus de recherches et une discussion plus approfondie.
Art. 2. Des sommes de temperature. Nous arrivons i
une des questions les plus importantes que soul^ve retude
de Taction de la chaleur sur les vegetaux.
L'auteur suppose d'abord une plante, commencant k ve-
geter k 0**, cultivee en serre sous une temperature con-
stante et observee au point de vue de sa vegetation seule-
ment. La somme de temperature s'obtient en mullipliant
la temperature par le nombre de jours. De telles sommes
sont done decomposables en deux facteurs, le temps et la
( 681 )
chaleur : il en r^sulle que Tun (le$ cfeux peut suppleer it
I'autre.
Premiere difficulte. Le z6ro organique, k partir duquel
commence la vegetation, ne correspond pas au z^ro du
thermom^tre; et, de plus, il varie suivant Tesp^ce de
planle observ^e. II faudrait compter les temperatures i
partir du z6ro organique; mais on ne poss^de presque rien
sur ce sujet.
Une deuxi^me difficult^ provient de ce que le z^ro orga-
nique varie, pour une esp^cedonn^e, suivant le phenomene
k produire. Une temperature qui suffit h la vegetation, est
insuffisante pour amcner la Aoraison, et celle qui suflit k la
floraison est encore trop faible pour la maturation. On est
done conduit k admettre trois z^ros organiques, et k de-
composer la somme des temperatures, pour une evolution
complete, en une formule de trois termes, de ce genre :
€ 200** au-dessus de Q'' pour la vegetation, 60** au-dessus
de 12° pour la floraison, SOO"" au-dessus de IS*" pour la fruc-
tiGcation. »
Mais la difficulte principale lient iceque la temperature
est incessammenl variable. On prend pour la temperature
d'un jour une moyenne, formee de nombres dont les com-
binaisons doivent agir difTeremment sur les plantes: une
journee dans laquelle le thermometre a varie de 0"* k 20°
agit autrement que celle dont les temperatures extremes
sont & et 14\ Je suis lout dispose k Tadmettre; mais
Fauteur ne donne k cet egard qu*une affirmation. < II fau-
drait, dil-il, si Ton pouvait connaiire Tetat du thermomeirc,
heure par heure, determiner chaque jour le temps pendant
lequel le vegetal a pu enlrer en activiie et I'inlensite de
celte activite. >
D'autres causes d'erre'ur rendront peut-etre toujours un
2*"* SERIE , TOMB XXXVI. 45
( 682 )
calcul exact impossible. IM^a mani^redontse Tail ralimen-
talioD influe surtout sur la quanlite du produit et non sur
le temps durant lequci il s'effeclue : ainsi uoe plante qui
reQoit trop peu d'eau, restreint sa taille, mais fournit son
Evolution au temps voulu; la floraison pourra m^me ^ire
h&tee. 2° Les temperatures tropelev^es, qui dessechent les
organes, surtout ceux qui sont jeunes et delicats. Elles de-
vraient former des quantit^s u^gatives. S"" Les tempera-
ratures trop basses, c'est-i-dire , assez inferieures au z6ro
orgauique pour produire des desordres. Elles sont dans ic
m^me cas que les pr^cedenles. Suivent quelques conside-
rations sur les effets des gelees. 4^ Importance du moment
oi^ survient une temperature. Si la chaleur necessaire a la
floraison fait d^faut h fepoque ou la fleur va s epanouir, la
temperature est sans effet, puis nuisible, lorsque les boo-
tons ont ^te fan^s. 5** Yariabilite du plan organisateur (?)
La plante qui vit depuis longtemps dans une region froidc,
demande moins de cbaleur que celle (de la meme espece)
que Ton iutroduii d'un climat plus chaud. 6° Mode d^obser-
vation de la temperature. Les donn^es du thermom^tre
different plus ou moins de la temperature du vegetal.
7® Difference d'effet, selon la succession des temperatures.
Par exemple, une journee ^ 20^ produira plus d'effet apres
une journee a 10" qu'apres une journee a 25^ Ce fait, dit
Tauteur.est difficile i expliquer. II faudrait commencer par
retablir. Rapportant Texplication que de Gasparin a donn^e
des avantages de Texposition au levant, Tauteur conclut
que la meme temperature produit plus d'effetquand elle est
croissanteque quand elle est d^croissante. Cela meriterait
des observations detaillees et precises, puis une discussion
plus serree.
Si Tamelioration des conditions d'existence est par elle-
( 685 )
mSme une cause d*aclivit6 plus grande, le passage k de
moins bonnes conditions prodoit Teffet inverse. La plante,
dit Tauleur, perd le soir ce qu'elle a gagn^ le matin, en
automne cequ*e]le a gagne au printenaps. Je ne comprends
pas tres-bien, ct je crains que Tauteur ne qnitte le terrain
des fails pour s'egarer dans les theories.
Mais quelle est la marche k suivre pour le calcul des
temperatures? Lauteur expose trop bri^vement la m^thode
des sommes des temperatures; encore ne conclut-il pas
sur la question du z^ro k adopter, sur celle des tem|)era-
tures trop basses, sur Tobservation du thermom^tre k
Fombre ou au soleil. La refutation de la methode de Ba-
binetest bonne. La methode des carresdes temperatures,
proposee par M. Quetelet, n*est pas tr^s-bien exposee; Pan.
teur parait Tadopter. Je trouve cette grande question
ecourtee.
Le chapitre YI est consacre k I'etude de la distribution
de la chaleur solaire el de la vegetation a la surface du
globe.
Apr^ uneesquisse des causes qui produisent les diffe-
rences de climat, et un tableau des temperatures moyeiines
et extremes en divers lieux, emprunte k M. Quetelet, Tau-
teur etudie la radiation solaire dans les diverses regions.
II trouve qu'elle est plus forte k requateur, sur les monta-
gncs,^ midi. II existe surcesujet des observations exactos
que Tauteur aurait bien fait d'utiliser, pour preciser cette
proposition un pcu banale.
II resulte de \k que la difference entre Texposition au
soleil et Texposition k Tombre doit augmenter dans les
mSmes circonstances. Viennent ici des experiences de de
Candolle sur des cultures comparees au soleil et k Tombre.
Quelques reflexions judicieuses de I'auteur lendent k res-
{Mi)
treindrc Teflet de la radiation calorifique du soleil, poor
allribuer la plus grande part dinfliience k la lumiere.
L'auleur revient ici.sur les c6reales qui ne demandenl,
<lan$ les regions seplentrionales, qu'une sommed^ chaleur
moindro que sous un climat tempore. De Gasparin etait
port6 k croire qu on r^tablirait T^galile en prenanl les
temperatures au soleil et nou a Tombre. L'auteur discute
cette opinion, mais inconipleteaient, si j*ose dire mon avis.
Ainsi i! n'oxamine pas ce que donnerait rapplication de
la aietbode des carres des temperatures. 11 croit que c*esl
plut6t la lumiere, necessaire k la formation du fruit, qui
suppl^e i la chaleur en defaut.
L'article 5 est consaere aux differences de la vegetation
selon lesdifferentes latitudes. Dans les regions equatoriales,
la vegetation est continue, k moins qu^un excis de secbe-
resse ne Tarreie. Aussi les feuilles, les llenrs et les fruits
se montrenl simultanement. A raesure que les saisons se
prononcenl, on voit apparailre la periodicitede ces produc-
tions des vegetaux.
L*auteur rapporte ici la loi de Scbubler, d^apr^s laquelle
uu degre de latitude ou 100 metres d^allilude produisent
un retard de quatre jours sur la vegetation. II insisle sur
la ditOcuUe qu*apporte Tincertitude du zero organique, puis
consaere quelques mots aux aires des plantes. Jc trouvecet
article beaucoup trop court. II y avait la matiere k un boo
chapitre.
Le chapitre VII est consaere aux phenomenes periodic
ques des plantes ^ Bruxelles.
A cette occasion Tauteur revient sur la loi de Schubler,
et ne lui reconnatl aucune importance, parce qu^elle est
trop generale. Je la crois aussi trop generale , pour autant
toii^tefois que Schubler iui ait accorde toule TexteDsion
( 6880
que comporte T^iionc^ que nous venons d'en rapporter;
mais ce que je trouve sans valeur, je dois dire que ce sonl
les arguments de TauCeur. Qu'importe h Texactitude de
celte loi que Ton voie, cerlaines ann^es, les plantes les
plus pr^coces en avance sur la dale moyenne de leurs flo-
raisons, el d'aulres, plus lardives, en retard sur leurs dates
moyennes?
Cest done ^ tort, k mon avis, que Tauleur passe outre
c sans s'atlacher a verifier celte loi, ni k determiner les
roodilications qu*il faut lui faire subir dans les regions
voisines du pdle ou de Tequateur. >
Dans les articles suivants, Tautcur resume, d^apr^s les
travaux de M. A. Quetelet, les caracl^res des diverses sai-
sons a Bruxelles, L*article 6, cousacr^ au repos hibernal,
renferme des considerations interessanles.
Au l""' novembre, la plupartdes feuilles sont mortesou
mouranles, bien que la temperature ne rende pas la vege-
tation impossible. Ce ne sont pas non plus les geiees, dit
I'auteur : elles sont trop rares et trop faibles en oclobre.
lei Je crois pouvoir faire des reserves. Ce qui, selon luif
arrete la vegetation, c'est la degradation de la temperature
et de la lumiere, i partir du mois d*aout. fl faudrait ajouter
ici un element organique de periodicite, inherent h Tindi-
vidu ; mais Tauteur va y venrr.
La vegetation est presque impossible en hiver; d'abord
€ lesgeiees viennent Finterrompre, souvent pendant plu-
sieurs jours. En second lieu, lorsque le vegetal re^oit le
plus de cbaleur, il rcQoit le moins de lumi^re; et il lui est
donne le plus de lumiere, alors qu*il lui est accorde le
moins de chaleur. » Dans ces conditions le vegetal suspend
son acliviie. c Le repos hibernal a'est pas un signe de
defaillance organique ou de destruction par les agents
( 686 )
physiques, c esl Tud dcs exemples ies plus remarquaUes
de Taction de la spontaneity de rindividualit^ vivanie sar
Tactivit^ de la mati^re. »
L*habitude donn^e par une longae suite de sidles a fait
entrer le repos hibernal dans le plan d'organisation : de Ik
la r^gularite avec laquelle il apparatt.
Cependant certaines plantes s'en ressentent k peine
(Senecio vulgaris^ Poa annuaj Buxus sempervirens^ Ilex
aquifolium, Juniperus communis). D*autres bivernent k
demi (Ies Rubi fruticosi, Ies fraisiers) ; enfin quelques-
unes, ayant choisi Pautomne pour fleurir, forment leurs
Truits en hiver (colchique, lierre).
Art. 7. Du reveil prinianier, II est determine moins par
une temperature relativement eiev^e que par rameiioration
graduelle des conditions m^teorologiques, et par I'babitude
inn^e ou acquise. L'auteur cite plusieurs exemples poor
montrer que cette p^riodicite n'a que des rapports eloign^s
avec la temperature. II y a plus. Une lemp^rature hivernale
eievee, mais insufBsante pour /brcet* Ies plantes, trouble et
fetarde Ies phenomenes periodiques. Cest apr^ un hiver
r^gulier, froid sans etre excessif, que le reveil printanier
s*effectue lemieux.
Ces considerations me paraissent fondles. Elles sent
suivies de tableaux par lesqueis Tauteur cherche k mon-
trer le peu dVffet d*une temperature eievee, au premier
printemps, sur la vegetation des periodes suivantes.
Art. 6. Defeuillaison. La feuille meurt quand elle est
devenue inutile. Aussi : l"* elle tonibe quand la plante entre
dans son repos hibernal ; ^ toute feuille abritee de Pair et
de la lumiere tombe plus tdt que Ies autres; S"* la chute
des feuilles est centripete. Pour une mdme variete, Ies indi*
vidus ies plus faibles, ceux vivant sur un terrain sec, c^ux
( 687 )
qui sontabril^s, sedepouillenl les premiers. Sur uo nidme
arbre, les feuilles les phis anciennes, celles des rameaux
inferieurs et inlerieurs sonl dans le m^me cas. (Ceci me
parattrail plutdl cenlriruge). Neanmoins le vent el le froid
am^nent beaucoup d*exceptions.
La cause de la chute des feuilles est done Taction d^pri-
mante qui r^sulte de la succession des ph^nom^nes m^t^o-
rologiques aulomnaux 5 ceux de Tet^, aid^e par Tbabilude
du repos hibernal k une cerlaine epoque. De I^ vient que
cerlainesplantes voienl mourir leurs feuilles en septembre,
k une temperature superieure k celle qui a determine leur
feuillaison.
Le chapitre VIII est consacr^ k f^tude des epoques
moyennes de feuillaison et de floraison.
L'article 1, qui traite de la temperature de ces epoques,
renferme de nombreux tableaux qui n*appellent aucune
observation. Puis Tauteur examine si Tavance ou le retard
des ph^nomenes periodiques correspond exactement aux
conditions meteorologiques. II arrive k celte conclusion
que le plan d'organisation d*un vegetal exige non-seule-
ment une certaine temperature, mais encore une certaine
epoque pour cette temperature. Le vegetal r^siste, surtout
k une chaleur b^live.
D'apres Tauteur, deux plantes qui montrent leurs feuilles
k la m^me date en temperature moyenne, presenteront
de grandes differences dans les epoques de leur feuillaison,
si elles sont soumises a des temperatures anormalement
eievees. Cette preuve imporlante de la spontaneite du ve-
getal ne ni'a point paru suffisamment ecablie par les faits
rapportes par Tauteur.
Dans le memeordre d'idees, Tauteur insiste sur cet autre
fait que les variations annueiies de diverses esp^ces pre-
( 688 )
senteDtdcsccarCs fort diffi^rents. II explique la fixity plus
grandc des arbres sur les arbustes et les plantes herbacies,
par la r6gularit6 plus grande avec laquelle its recoiveot
Pair, la lumi^re, la chaleur et rhumidit6. Ces circonslances
pourraient cxpliquer les diff^irences* des variations indivi-
duelles dans ces irois classes de v^g^taux ; roais elles me
paraissent moins applicables aux individus qui ont &{& sou-
mis aux observations utilis^es par I'auteur.
. Des tableaux qui suivent Fauteur cberche k d^uire
cette auire^proposilioo, que les v^^taux Strangers et les
v^getaux culliv^s sont plus flexibles et pr^sentent daos
leurs variations annuelles des hearts plus consid^bles que
nos plantes indigenes. J'avone que I'inspection de ces ta-
bleaux ne m*a pas Tourni de r^sultats concluants. J*ai alors
calculi r^cart moyen pour les arbres ou arbustes indigenes,
puis pour les especes etrangires ou cultiv^es que Tauteur
a cities; et je n'ai gu^re trouv^ qu'un jour de difference;
mais il est juste de dire que j*avais range dans la premiere
categoric le pommier et quelques autres plantes que Tao-
teur aurait places dans la seconde. Je n*ai pas recom-
mence le calcul, convaincu que ce changement influerait
peu sur le r^sultat; et je suis confirm^ dans cette appr^
ciation, en voyant que Tauteur lui-meme reconnatt que les
tableaux des floraisons pr^sentent beaucoup plus d*uni-
formite dans les hearts de ces diverses cat^ories de vdge-
taux.
Dans Tarticle 3, Tauteur ^tudie les variaiions dilermi-
nees par les climatSy et il s'efforce de montrer qu*elles sont
proportionnelles aux differences que donnenl les diverses
ann^es pour une m£me locality. Je trouve les faits k Tappoi
peu nombreux, et les hearts considerables, L'auieur Ta
bien vu, mais ces hearts, dit-il, sont aussi proportionnels
qu'ils peuvent retre dans un semblable calcul.
( 689 )
II imporlerail cependanl d'etablir cede loi sur des foD-
dements inconleslabtes. Elle sert de point de depart i Tau-
teur pour calculer la difference des dates de la feuiliaison
moyennc d'une plante d*iine locality i une autre lorsque
Ton connail pour la premiere localite les dates moyennes
de la feuiliaison et de la floraison, et pour Tautre, la date
moyenne de la floraison. Un calcul analogue pent donner la
floraisoD. Ce serait 1^ certoinement une acquisition int^res-
sante, et le r^sullat de tols calculs pourrait servir k coniir-
mer la loi sur laquelle Tauteur s'appuie pour les ^tablir. Je
regrette qu'il n'ait gu^re cherch^ qu'i donnor des exemples
de calcul et non des preuves k Tappui de ses idees.
Ici se termine Tanalyse de Tint^ressant m^moire qui
nous a ^t^ soumis. Je vous prie d*excuser sa longueur :
ne partageant point toute Tappr^ciation de nion savant
confrere, premier commissaire, j'ai ^t^ entrain^ k en faire
passer les motifs sous vos yeux.
R^sumant mon appreciation, je trouve ce travail int^res-
sant, bien ^crit, con tenant du neuf, anuon^ant un esprit
sagace, r^fl^chi, mais qui n*est peut-6tre pas mdr pour les
considerations philosophiques formant le fond des deux
premiers chapitres. S*il nous etait pr^sent^ en temps ordi-
naire, je conseillerais certaines suppressions, plus de d^ve-
loppements k certains chapitres, plus de faits a Tappui de
certaines id^es ; et je pourrais alors, comme M. Morren, en
proposer Timpression. Dans le cas actuel, il s'agit d'un
concours, c'est-^-dire de savoir si ce m^moire a convena-
blement r^pondu a la question pos^e par FAcademie. En
ce cas,jedois r^pondre n^gativement, pour les mdmes
motifs que votre premier commissaire.
Ma conclusion est done qu'il n*y a pas lieu de d^cerner
le prix.
(690)
Cela admis, je ne puis proposer rirapression d'un nie-
luoire non couronne.
Je crois que Tauteur, qui>n'a utilise aucun doeumeot
allemand, ne connail pas la langue de nos voisins de TEst.
II est JDutile alors qu'il cherche a perfectionner son ceuvre
pour un prochain concours. Je Tengagerais pluldt a suppri-
mer beaucoup de details dans iesquels ]es termes de la
question Tout forc6 d'cntrer, et h risumer, dans un travail
special, ce que ses recherehes pr^sentent d*original. Elies
meltent en relier la spontan^ite du vegetal, et elles ne
peuventraanquerd*obtenirraltenlion du monde savant. »
€ Dans les rapports dont vous venez d'entendre la lec-
ture, mes honorables confreres, MM. Morren et De^alque,
ontpr^sente des analyses substantiellesdu m^moire souniis
k noire appreciation, qui en font connaitre le plan g^n^ral
et ses subdivisions. Je m'associe bien volontiers avec vos
premiers commissaires, pour reconnaitre que ce travail se
recommande par la conception de son ensemble ct Ten-
chaincment logique de ses parties principales. Sans aucun
doute, ce memoireest Toeuvre d'une personne qui possMe
des connaissances ^tendues en botaniqueet dans les bran-
ches qui se rattachent directement k cette science. Mais
apres ces ^loges, je regretie, avec M. Dewalque, que
I'auteur n'ait point Tait preuve de connaissances aussi pr6-
cises ni de vues aussi etendues dans Texpos^ de faits ou
de considerations qui out rapport k des branches, tclles
que la physique, auxquelles il importe d*avoir egard dans
le mode de solution de la question, telle qu'elleest posee.
( 69* )
Quoique je n'aie nullement riDlenlion d*etitrer dans des
details de critique tres-^teudus, je ne puis me dispenser de
faire remarquer, d*abord, que Tauteur se sert assez souvent
d'expressions qui n'apparliennent pas au langage scienti-
tique, ou qui ont pour objet d'etabtir des distinctions inu-
tiles: telles sont celles de force$ mobiles y d' action et dHm^
pression du calorique, de moyens qui eveillent I'affinife..,
Parfois aussi la pensee de Tauteur est tellement mal ren-
due, qu'elle exprime,sans aucun doute a son insu , un fait
errone. Ainsi,^ la page 21 deson m^moire,on rencontre cette
assertion : c Aucune substance solide n*est organisable. »
Chose singuliere, cette assertion vientimm^diatement apr^s
le passage suivant oi^ il est question du carbone comme
etant Tun des ^l^noents des corps organises: c On ne ren-
» contre guere, dit Tauteur, dans les groupes nnol^culaires
> organiques que du carbone, de Fbydrog&ne, de Toxygene
» et de I'azote. Cela ne prouve pas absolument que
> d'autres substances ne soient tout aussi organisables;
» mais les plans d'organisation, tels qu*ils existent actuel-
» leinent sur le globe, ne les admettent pas. »
Dans un autre passage, Tauteur s'exprime ainsi : c La
» science moderne consid^re volontiers le calorique,
> r^ilectricit^ et la lumi^re comme des \ariet^s de mou-
> \ement. Dans cette hypoth^se, les forces mobiles pour-
> raient £tre appelees forces de mouvement... > Notons
que ce passage fait suite h cet autre : c On donne le nom
> de forces aux causes des ph^nom^nes mat6riels. Ces
> forces sont de deux esp^ces : les nnes sont fixees aux
> corps, les autres sont mobiles. Le calorique, par exem-
» pie, n*est pas fix^ h la niatiere... > Ces citations nous
monlrent dans quel ordre d'id^es Tauteur se place k regard
des notions de physique les plus simples, et combien cer-
( 692 )
laines id^es qui le guident ici sonl discutables des leur
point de depart, ou par suite de la forme singuliere dont
fl revfil Pexpression de sa pensee.
En rdalite, les connaissances de Pauteur ne semblent
pas dtre toujours k la hauteur de la question trait^e dafis
les parties de son travail qui se rattachent particulierement
k la physique; ou s*il en est autrement, il a neglig^ , bien k
tort, k mon avis, de faire valoir ce qu'il sait la oA ie sujet
Texigeait. Ainsi,en parlant de Taction d^sastreuse que
les grands froids exercent sur beaucoup de vegetaux , il se
borne k I'expliquer ainsi : < Un froid intense peut aussi
» geler Teau que contient le vegetal, surtout s'il a une
» certaine dur^e, les tissus organiques ^tant mauvais con-
> ducteurs du calorique; alors la circulation et Tassimi-
> lation deviennent impossibles... » N'^tait-ce pas le lieu
de rappeler ici que la destruction des plantcs par la gelee
est g^n^ralcment attribute k la disorganisation de leurs
tissus, que la force expansive de la glace provoque au mo-
ment desa formation dans ceux-ci? L'auteur igoorerait-il
cette explication , qui a ei& combattue, il est vrai,'dans ces
derniers temps? II est certain qu*il n*en dit mot ni a
Tendroit cit^, ni k cet autre passage Ob, en revenant sur
le m^me sujet, il s'exprime ainsi : c Sauf les temperatures
» excessives, la gel^e est indniment moins pr^judiciable
» aux v^g^taux qu'un degel prompt. F^a chaleur determine
» dans ses tissus congel^s oil la circulation et Funit^ sont
> impossibles, une activity tumultueuse , irr^guli^re qui
» amene la destruction de Tindividu ou tout au moins la
> destruction de ses parties. Ainsi le froid tue par sa seule
» impression, il tue par congelation, il tue indirectement
» par le d^gel. >
Le chapitre oA Tauteur s'occupe de la temperature des
( 693 )
veg^taux debute par eette assertion : c La temperature
» qui agit sur la plante est celle de la plante; ceci ri*a pas
> besoiri de demonstration... » Si celte affirmation , que
Tauteur formule en axiome^ ^lait vraie en tout point, il
faudrait en conclure que la temperature du milieu oil la
plante accomplit son Evolution, n*exerce aucune influence
sur celle-ci. Remarquons-le, il n'y a pasicile moindre doute
sur la portee de cette assertion , car, apr^s avoir dit que
celle-ci n*a pasbesoin de demonstration, Tauteur ajoute:
c II importe pen qu'un thermom^tre place k Fombre ou
» au soleil marque 20°; si le parenchyme d*un fruit n*est
» qu*a 16% il Taut evidemment cotnpter seulement IG""
» comme determinant le developpementet la roaturite du
^ fruit... » Je ne m'arreterai pas k montrer combien le fait
affirme par Tauteur est contraire aux plus simples pheno-
menes naturels, resultant deTinfluence de la temperature
exterieuresur revolution des plantes, influence que Tauteur
rcconnaitincontestablement dans toutes les autres parties
de son travail. S'il n'avait pas cite, k Tappui de son
assertion , la difierence supposee entre les temperatures du
parencbyme d*un fruit et Tair exterieur, nous conside-
rerions volontiers son assertion comme etant le resuitat
d'une simple inadvertance dans la forme de la pensee de
Tauteur. •
. Quoi qu'il en soil, c'est ici le lieu de faire remarquor
que Tauteur ne s*occupe nullement d'une question qui se
ratlache precisement a la temperature propre des vege-
taux, celle de savoir si les plantes absorbent ou developpent
de la chaleur par suite des phenomenes chimiques qui
president a leurs evolutions, dans les parties intimes des
vegetaux. II laisse tout k fait dans Tombre une question de
cette importance, qui, certes, he devait point lui echapper
(694)
dans cette partie de son travail oik il (raiie de la tempera-
ture des plantes. A eet egard, Tauteur se borne k considerer
les variations thermom^triqaes que Tair 6prouve sods I'io-
flaence de ia cbaleur solaire , selon des circonstances qa^il
rappeile. Dans mon opinion , il ne pouvait se dispenser de
faire remarquer ici, m^me en restant dans des terroes
g^n^raui, que le r^ultat d^Gnitirde la vie d'un vegetal
est de Gxer dans ses tissus ie carbone qu*il emprunte prin-
cipalement k Tacide carbonique de Tair. Or, dijk la remar-
que en a ^t^ faite autre part, cette destruction de Tacide
carbonique doit absorber de la chaleur. La cons^uence
naturelle de ce phenomine, c'est que le deveioppement da
v^^tal doit &ive consid^re, pour un grand nombre de
plantes, comme ^tant une source intime de froid, qui est
continueliement comblee par une partie de la chaleur que
les rayons solaires apporlent au globe terrestre. Cette
consequence, cette application des r^sultats obtenus dans
les recherches calorifiques qui accompagnent les combi-
naisons et les decompositions cbimiques, est inevitable.
Remarquons qu'elle n'est point dementie, eu egard au
phenom6ne general de la vegetation, parcertaines mani-
festations calorifiques, momentanees, qui accompagnent,
parfois, des phenomenes particuliers de la vegetation, tels
que la floraison chez certaines plantes.
Le fait de Tabsorption de chaleur comme consequence
du mode d*accroissement des vegetaux, qui trouvent une
source compensatrice incessante dans la radiation solaire
pendant la bonne saison,('st bien certainement du do«-
mainc de la question posee, puisqu^l s'agit de traiter, dans
sa solution , des relations de la chaleur avec le deveioppe-
ment des plantes phanerogames. L'auteur devait done
toucher k cette partie de la question , mSme en restant
dans les considerations generaies.
( 695 )
Ud aper^u sur ce sujcl devenait, ppur lui, une Iransilion
nalurelle vers la derniere parlie de la question mise en
concours, qui demandail dediscuier la valeur de Vinfitience
dynamiquedela chalettr solaire sur I'evolulion des planless
Dans le m^moire sounnisa notre examen, il n'est question
ni des faits ni des principes gen^raux sur iesqucis esl
fondee la lli^orie dynamique de la chaieur , ni d'aucune
indication sur la voie par laquelleon parviendra k appliquer
ces principes au phenomine de i*^volution des plantes. II
esl evident que Tauteur ne pouvait se dispenser aucune-
mcnt d'entrer dans quelques considerations g^n^rales a eel
egard; el, quelles que soienl les difficulles qui entourenl
ce probleme, il devait au moins nous faire enlrevoir jusqu'i
quel point le developpement des v^getaux repr^senle, en
travail mecanique accompli, une partie de la chaieur
solaire rcQue par les plantes.
Les deux lacunes que je viens de signaler et dont il
n^est point possible de se dissimuler rimporlance , surlout
k Tc^gard de la derniere, ne me permeltent point de consi-
derer le memoire examine comme repondant a la question
posee, d'une mani^re aussi complete que T^tat acluel de la
science le demandail. Tout en rendant justice, avec vos
deux premiers commissaires, a d'autres merites du travail ,
je conclus, avec M. Dewalque, qu'il n'y a pas lieu de de-
cerner le prix ni de proposer I'impression du memoire. »
Conform^ment aux conclusions des rapports qui pre-
cedent, la classe, tout en reconnaissant du m^rite et un
certain interet au memoire present^ en r^ponse k la troi-
si^me question du concours, decide qu'il n'y a pas lieu de
lui decerner le prix.
( 696 )
QUATRlilME QUESTION.
Exposer le mode de reproduction des anguilles.
Cclte question a donne lieu k un memoirc |K)rlani pour
devise : Les rnerveilles de la nature revelenl la puissance
du Createur.
La classe, apres avoir entendu la leelure des rapports
des commissaires, MM. Van Beneden pere et fils el de
Selys Longchamps, a d^cid^ que cc travail n'^tait pas
digne qu^elle s*en occnpit davantage.
SIXI^ME QUESTION.
On demande la description du systeme honiller du has-
sin de Liege.
Le m^moire re^u en reponse k cette question k pour
devise :
Les observations directes accuroulees ^ suflBsance permelleut seules ci*ap-
pliquer la m^lhode de Ken^ralisalioii qae ron doil loujours avoir comiiit^
obJecUfen mati^re de g^^iiie. (L'autecr.)
c Apres avoir mis au concours k deux reprises, mais
sans r6sultat, la description du syst^me Iiouiller de la
Belgique, I'Acad^mie a bien voulu , il y a deux ans, agreer
ma proposition de restreindre ce travail k une de nos
provinces. Je pensais que les ing^nieurs attaches k nos
houilleres ou au corps des mines pourraient bien se
( 697 )
trouver emp^ch^s de se li vrer , loin de chez eux , aux recher-
ches necessaires pour un travail comprenant toiite notre
Tormation houill^re; et j'esp^rais plus de succes en ne les
astreignant pas k de nombreux d^placements, incompali-
bles avec leurs fonctions. Je suis heureux de voir que la
question, limit^e a la province de Li^ge, nous a valu un
meiiioire d^taill^ , accompagn6 de coupes el de carles du
plus grand prix.
Dans son Introduction, Tauteur nous apprend quil a
visits nos di verses mines de houille, ^tudi^ leurs plans,
el dress^ un grand nombre de coupes a I'aide desquelles
il a consti^uil deux cartes qu'il a annex^es k son travail
et qui en sont la par tie la plus int^ressante. La premiere
represente la coupe horizonlale du syst^me houiller de ia
plus grande parlie de la province de Li^ge, depuis Herve
jusqu'i F16ne, par un plan passant k 200 metres au-des-
sous du 0 du Pont-des-Arches, k Li^ge, soil i 137 metres
au-dessous du 0 de la basse mer moyenne k Ostcnde.
Pour la partie occidental de la province, le pen de pro-
fondeur des exploitations u'a pas permis de continuer
cette section; de sorte que la seconde carte represente une
coupe horizontale du terrain au niveau de la Meuse. Cette
difference de niveau n'esl pas sans inconvenient lorsqu'on
etudie le raccordement des deux parties. Quoi qu'il en
soit, ces cartes, k Fechelle du 1/20,000, nous donnent le
trace, en partie hypotbetique, de chaque couche^ et celui
des failles qui les traversent. Le trajet des couches est
represente par un trait plein lorsque les travaux d'exploi-
tation Tout fail reconnaitre au niveau de la coupe ; ailleurs,
leur trajet presume est indique par une ligne pointiliee.
L'auteur expose ensuite la marche qu'il a suivie et
Tordre qu*il adoptera dans son travail. Un premier chapitre
2"' s6kie, tome xxxvi. 46
( 698 ) .
donnera d*abord la description g^ologiqiie du systeme
houiller de la province de Li^ge, basee sur les caracleres
g^omelriques; le deuxi^me sera consacr6 aux caracleres
miueralogiques de chaque couche de houille, ainsi qu'4
ceux des rocbes interpos^es; le troisieme aura pour objet
la synonj mie des couches. Je ne sais si , dans fetal acluel
de nos connaissances, cet ordre est le meilleur; en fail,
Tauleur a dA rencontrer souvenl beaucoup de difDculle
pour s'y couformer. Mais je dois faire observer que c'esl i
tort qu'il dit qu'on n'a encore rien ecrit snr ce sujet ; le
reproche le plus grave ^ue j'aurai k lui adresser, c*esl
d'avoir compl^lemenl neglige les Iravaux ant^rieurs.
I. — " Description g£n£rale.
Le bassin houiller de Liege forme une bande allong^
du sud-ouestau nord-esl, qui suit la diredion de la Heuse,
depuis la limile de la province de Namur jusqu'a IJ^e,
puis continue jusqu'«i la frontiere prussienne. L'auteur eo
indique les limites d'une maniere beaucoup Irop succincte,
surloul en presence du trop petit nombre dindications
geographiques qu'il s'est content^ de meltre sur ses cartes;
puis il fait ressortir le fait fondamental, sur lequel Du-
monts'etait appuye, en i830, pour determiner Vkge relatif
de nos diverses formations anciennes : je veux dire la
disposition en bassin, sur laquelle Finspection de la carte
ne pent laisser aucun doute.
La limile scplentrionale du bassin n*est connue que
d'une maniere ires-incompl^le. L*auteur est porle i croiie
qu'elle s'^tend au nord de Vise, sous ies plateaux d'Ou-
peye et de Lonciii, beaucoup plus loin qu*on ne Pa cru
jusqu'aujourd'hui. Je ne comprends pas bien le passage
( 699 )
oh ii cherche k montrer que les plateures septentrionales
doivent faire un retour en selie, en coDcordance avec le
soal^vement do calcaire de Vis^ et celui de Hoz^mont.
Quant au fait g^n^ral sur lequel il appuie ici , savoir :
i*^lroites$e du bassin dans la partie occidentale de la pro-
vince, il ne me parait pas de nature k justifier Fespoir de
i'auteur; et je dois avouer que je ne vois encore aucune
bonne raison pour ^tendre les liroiles de notre formation
houill^re plus loin que Dumonl I'a fait, il y a plus de qua-
rante ans.
Avant de quitter ce sujet , je desire ajouter quelques
observations de detail. Le calcaire de Vis^ devrait Stre
figure sur la carte, dAt-on se contenler d'un pointing
indiquant son afileurement. Une carte sp^ciale, qui accom-
pagne celte partie du texte, devrait £tre r^duile de ma-
niere k former une figure sur bois k intercaler dans le
texte. Enfin je crois voir, vers Oupeye, sur la carte g^o-
logique de la province de Li^ge, par Dumout, des indi-
cations de couches que Tauteur n*a pas figur^es dans sa
grande carte : cela tient peut-Stre au niveau auquel elle
est dress^e, mais quelques explications ne seraient pas
d^plac^es.
Ce bassin houiller a subi des piissements uombreux et
des dislocations considerables. L'aspect des plis, sans
cassures, fait conciure k Tauteur que le plissement s'est
effectu^ k une 6poque oh les couches n'avaient pas encore
perdu leur mollesse originaire : conclusion que je ne con-
sid^re pascomme sulBsamment prouv^e par cet argument.
De Taspect des failles il conclut qu'elles sont posterieures
au durcissement.
L'auteur passe ensuite k la description des failles, c'esl-
^-dire des fractures qui ont ^l^ accompagn^es ou suivies
( "00)
d'un d^placemenl relatif des parois. II distingue ici les
fractures sans ecartement des bords, el celles dont les
parois se sont ^cart^es, laissanl entre ellcs un intervalle
plus ou moins grand, rempli de debris de toule sorte;
c'est k ces derni^res seules qui! reserve le nom de Tailles.
Je ne sais si cette distinction peut Sire uiile aux exploi-
lanls, qui m^connaissent souvenl les premieres landis
que les secondes ne peuvenl leur echapper; uiais cette
distinction n*a jamais &l6 admise*en geologic. Apres quel-
ques mots consacrSs aux accidents de la premiere cate-
goric, Tauteur passe aux failles avec Ecartement et rem-
plissage. Elles sont au nombre de trois.
La premiere est la faille dite de S^-Gilles, (\i]ik d^crite
par les auteurs anciens. On I'a reconnue de Baldaz-Lalore
au Baneux. Dans sa moitiE occidenlale, le bord snd est
abaissE; c'est le contraire k Test. L'auteur ne Farrete pas
au Baneux, pour la faire lourner au nord, comme on Fa
admis longtemps; mais il la prolonge vers Trembleur,
parce que ce prolongemenl est indispensable au raccordc-
ment des couches entre Wandre et Cheratte. Je remarque
i ce sujet que Dumont a figure , vers cette derniSre loca-
lite, une petite faille qui me paratt se confondre avec uoe
partie du prolongemenl dont il s*agil (prolongemenl que
rimportance de eel accident rend fort admissible). Je re-
grette de n'avoir rencontrE ici aucune mention de cette
indication de Dumont, aucune discussion de ce tie ques-
tion. Sans oser demander a Pauteur d^exposer tout ce que
les savants des siecles passes nous onl appris sur le sujet
dont il s*occupe, je compte que Ton me permeltra de
penser autrement a propos du mSmoire de Dumont. J'en-
gagerai done Fauteur k signaler les cas oil il peut con-
firmer les observations «t les deductions de ce mattre ; el
( 701 )
surlout de discuter ceux ou il se croit amen^ k Tamender.
Cette observation s'applique a une foule de passages du
m^moire que j*analyse : je n'y reviendrai plus.
Vjent ensuite la faille dile de Seraing, qui part du
calcaire carbonifi&re de Fl^malle, et suit, corome la pr^-
cedeute, la direction g^n^rale du bassin. Elle se bifurque
tr^s-pres de son origine. La brancbe seplentrionale,
reeonnue jusqu'au bure du Rosier, se rattache r^guli^re-
roent k son prolongement pour rejoindre bientdt la faille
de S*-Gilles; son bord meridional est forte^nent relev^.
La branche meridionale est reeonnue jusqu'au bure du
Bois d'Avroy; son prolongement va rejoindre la faille qu'on
a rencontr^e au nord de la concession de la Chartreuse
(faille de la Chartreuse) et que Tauteur prolonge hypo-
thetiquement jusqu'i Boose , pres Barchon. La l^vre meri-
dionale de cette rupture est abaiss^e de 300 metres au
bure Henri-Guillaume, a Seraing, davantage k Touest,
moins k Test oQ le d^placement vertical est generalement
compris entre 200 et 100 metres. Cette faille incline au
sud de 75 a 85", tandis que la branche nord incline vers
le nord, dans une position voisine de la verticale, et que
rinclinaison de la faille de S'-Gilles varie de 89"* S., k TO.,
k 56** N., k la Belle-Vne de S*-Laurent.
Vient enfin la faille que Tauteur appelle eifelienne,
parce que, sur une partie de son trajet, elle a determine
un contact anormal du syst^me houiller et du syst^me
eifelien de Dumont. Elle s*etend, dit Tauteur, de Cerexhe
u x\ngleur, mais il la prolonge avec raison jusqu*i Ramet.
A roon avis, elle contourne la pointe que forment k Kin-
kempois (Angleur) les divers etages eifeliens et condru-
siens, tandis qu*elle y serait iuterrompue d'apr^s la carte
de Taateur. Son inciinaison est d'environ 45"" vers le sud
( 702 )
jusqu'i Kinkempois. Dans sa partie nord-est, le releve-
mentdu bord meridional est mat connu : Tauteur reslime
i 200-250 metres aux Qualre-Jean (Retinne). II n'essaye
auciiDC Evaluation du d^placement dans la partie siid-
ouest de cette dislocation : je compterais par centaines de
metres.
Des failles de moindre importance ont pen attire Tat-
tention de I'auteur, qui ne leur consacre que quelques
mots, beaucoup trop courts. Je dois faire remarquer que
Dumont a figurE a S^-Gilies une faille nord-sud, dont I'au-
teur ne fait aucune mention et qui n*est pas representee
sur sa carte.
Les trois grandes dislocations que nous venous d'exa-
miner partagent naturellement notre bassin bouiller en
quatre zones , que Tauteur va Etudier success! vement. Ce
sont :
i"* Le groupe du Nord, ou des grandes plateures,
situeau nord de la faille de S^-Gilles;
2*" Le groupe du Centre, entre la faille de S^-Gilles
etia branche m^ridionale de la faille de Seraing;
Z"* Le groupe du Sud, entre cette derni^re et la faille
eifelienne;
4'' Le groupe des plateaux de Herve , entre celle-ci el le
calcaire carbonif^re du massif de la Vesdre.
Le premier groupe seul nous offre des couches qui
conservent une allure rcguliere sur un grand d^veloppe-
mcnt. II n'est guere d^formE qu'i Test et k I'ouesl. L'au*
teur disserle longuement sur le mode de formation de ces
accidents, pour conclure que les soulevements observes
sont post^rieurs k la compression qui a plissE Tensemble
du terrain. II se fonde sur les caracteres diif^rents des plis
et des cassures, caracteres qui lui ont d&]k fait admettre
( 703)
que les premiers ont ^t6 prodiiits lorsque les roehes ^taienl
encore moiles, tandis que les secondes soot post^rieures
a leur durcissemeut. Je considere cette difference commc
ne pouvant l^gitimer la conclusion de Tauteur; pour moi,
il est incontestable que les plis peuvent s'elre produits, tels
que nous les voyons, k une ^poque oik les roehes ^taient
compl^tement consolid^cs. Les experiences de M. Tresca
suf r^coulement des corps sol ides sous pression me
paraissent mettre la chose hors de doute. Peut-elre pour-
rait-on chercher dans une autre voie la solution du pro-
blime qui a justement pr^occupe Tauteur; mais je n'insistr
pas sur ce point.
Examinant ensuite le mode de formation des failles,
Tauteur trouve qu*au lieu de recourir h des soul^vement>
speciaux , il est plus rationnel de croire k des abaissementis.
Suivant lui, lorsque la force compressive eut cess^ de so
faire sentir, < le d^pdt toutenlier,abandonnealui-m£me,
a r^agi par sa masse qui , se trouvant hors d*^q*uilibre, s^est
bris^e sp^cialement suivant les lignes les plus accusees du
plissement precedent, lesquelles constituaient autant de
lignes de moindre resistance. » Dans cet ordre d'id^es, il
semblerait assez naturel d*admettre que la production des
failles a suivi imm^diatement celle des plis; mais que de-
viennenl alors les considerations tiroes de la consislance si
diffSrente des roehes aux deux epoques?
Quant k savoir si, lorsqu*une faille s*est produite, Tune
de ses l^vres s*est abaissee, ou s'est eiev^e, ou si toutes
les deux se sont d^plac^es soil en sens inverse, soit dans
le meme sens, mais de quantit6s in^gales, que ce soit en
se soulevant, ou en s'abaissant, c*est une question sou-
vent insoluble et de pen d^int^r^t. Dans le cas particu-
lier deia faille eifelienne, il me parait, vu son inclinaison
( 704 )
S. 45% le toil paraissaat avoir remoDt6 sur le mur; qu'elle
s'est produite par soulevement du bord meridional.
Dans les pages suivantes Tauteur revicnt sur r^tude du
mode de formation des plissements, et il arrive i ceUe
conclusion que Tintensil^ de la force compressive a varie
de Tesl a I'ouesl, comme cela esl indique par la iargeur
variable que nous offre la surface de noire sysleme houil-
ler. CeUe Iargeur est la moindre, c'est-^-dire, la compres-
sion a &U la plus (^nergique, entre Engis et Hoz^monl;
cette compression aurail eu son minimum entre Olne
et Verviers. En raisonnant ainsi, Fauteur suppose que
le bassin originaire pr^senlait partout la m^me Iargeur; il
serait peut-elre en ^tat de calculer ce qui en ^tait. En toot
cas, il serait int^ressant de connaitre, ne fAt-ce qu'eo un
point, la Iargeur que pr^senterait notre bassin honiller,
si scs couches ^taient d^pliss^es et retablies dans la posi-
tion horizon tale qu*elles occupaient lors de leur forma-
tion.
Pour se rendre compte de Tex tension que notre syst^me
houiller pr^sente vers le nord-est, dans le groupe des
plateaux de Herve, il est une circonstance que Tauteur n*a
pas remarqu^e et sur laquelle j*ai appel^ Tatlention depuis
bien des ann^es : c'est la faille qui part de Tembouchure de
rOurlhe et se dirige vers le sud-est, dans la vallte de la
Vesdre. Le lambeau situ^ au sud-ouest de cette ligne (et
du groupe des plateaux de Herve), lambeau limite d*anlre
part par la faille eifelienne, a ^t^ ^lev^ d'une quantite con-
siderable, et les etages sup^rieurs qu*il presentait, y com-
pris le houiller, ont disparu par Teffet des denudations
post^rieures.
Quoi qu*il en soit de cette explication, Tauteur consi-
d^re le d^veloppement de notre syst^me houiller au nord
( 705 )
d*une ligne tir^e de Laalin vers Le Trooz, comme Venant k
i*appui de ropinioo avancee plus haut, que cette formation
doil s'etendre au NE;., vers Oupeye, beaucoup plus loin
qu'oD ne Ta cru jusqu'ici. II s*appuie pour cpla sur une id^e
vague de sym^trie des deux e6l^s de Taxe du hassin, idee
que je trouve assez aventur^e.^
II fait remarquer ensuite que des perturbations analogues
se montrent dans les diflereuts groupes sur les memes
directions transversales. L'inspoction de la carte ne m'a
pas montre bien nettement T^largissement des hassins de
Cheratte, de Wandre ct de Cowette-Rufin, suivant tine
meme direction; mais ce fait s*obscrve mieux pour les
bassins de TArbre Saint-Michel, de Baldaz-Lalorc, des
Artistes et de Marihaye, que Tauteur cite plus loin.
Cc chapitre se termine par neuf lignes consacr^es aux
bassins de Bois-Borsu, de Modave, de Linchet el d*Ocquier.
II n'y a pas uu mot sur le bassin de Theux. Bien que ces
petits bassins du Condroz ne presentenl aucune impor-
tance industrielle, leur ^tude, qui ^tail ^videmment com-
prise dans la question, aurait 6le interessante sous plus
d'un rapport. Les deux mtimoires que nous a valus le con-
cours de 1830, ont ^t^ beaucoup plus explicites; si Tau-
teur n'a pas eu le temps de faire des recherches suffisantes
en ces points, il convenait au moins qu*il rappel&t ce
qu'on doil aux travaux de nos pr^decesseurs.
Cette lacune n'est pas la seule que j*aie k relever. L'au-
teur ne nous dit rien de la partie du syst^me houiller qui
s'^tend entre Herve et In frontierc prussienne. II n*est pas
question des phthanites de Hoz^mont et de Vis^, des
quartzites et des gr^s blanchilres de diverses localit^s; et
les quelques lignes qu*il consacre ailleurs a Tamp^lite de
Chockier sont tout k Tait insuffisaiites. II est facile de voir
( 706 )
que Taiiteur est engage dans les houill^res; maisjedois
altirer ici toute son allention sur des poinls qui, poardtre
d*une moindre importance indiistrielie , font cependant
partie de la question pos^e et peuvent donner lieu k des
considerations d*un haut int^rSi.
Ici se termine la partie slratigraphique, que completent,
sans parler des cartes, quelques planches de coupes inse-
r^es dans le texte.
II. — Description niNiiiRALOGiQUE des groupes.
§ i, Groupe du Kord.
L'auteur donne les limites de ce groupe avec plus de
details que tout k Theure ; et il y ajoute quelques indications
sur les morts-terrains qui recouvrent le systeme houiller.
Ce ne sont que des renseignements de puisatiers. On sait
combien il est rare que Ton rencontre mieux dans les ^ta-
blissements induslriels.
Ce groupe renrerme toutes les couches de notre forma-
tion houillere, qui est complete k Saint-Gilles (Liege) o(k
out el^ exploit^es les conches superieures qui forment un
bassin bien marqu^. L^auteur appelle ces couches les pre^
mieres et les couches infcrieures sont pour lui lesdernieres.
Pour un g^ologue, ce sera toujours le contraire. Je ne me-
connais point i'avantagequ'il y a a commencer cette ^tude
par les couches les plus ^lev^es. Dans T^tat actuel des
exploitations il n'y aura pas deux opinions sous ce ra[H
port; mais cela pent se faire en 6vitant des denominations
susceptibles de preter k T^quivoque. Reste la numeration
des couches. Si la formation qui nous occupe ^tait isolee,
il n'y aurait aucun inconvenient a donner le n"" 1 a la
( 707 )
couche la plus ^lev^e, puisque c'est par ellc que Too com-
mence Tetude. Mais cctte formation est voisine de cellede
Cbarleroi et deMons, dont elle a'est, pour ainsi dire, que
la conCinuatien. Or, comme le bassin de Mons est plus
complet que le n6tre, et qu'il y a lieu d'esperer — c'est aussi
Tavis de Tauteur — que Ton parviendra k reconnaltre les
couches confemporaines dans chacun d'eux,nous pouvons
nous attcndre. a voir alors notre n"* i perdre son rang (et
tons les autresi sa suite) pour devenir le u\ J'abandonne
ce point k I'auteur.
Les diverses couches se pr^sentent successivement au-
tour du fond de bateau que constitue la couche Grande-
Hillettc k Saint-Gilles. Au NO. elles forment g^n^ralement
de grandes plateures. Au SO. el au NE.; il y a aussi des
dressanls, qui ont ^ii rarementexploites; plus loin Tallure
se regularise. Un golfe accessoire se forme vers HerstaK
Au SE. de Taxe du bassin les couches font leur retour
et forment le versant meridional du fond de bateau;
mais presque toutes sont interrompues par la faille de
Saint-Gilles, qui limite ce groupe. On y trouve sept failles
iongitudinales de peu d'importance, ordinairement igno-
r6es des exploitants, mais figur^es sur la carte de Tauteur.
G^n^ralement leur bord meridional est relev^, parfois
d'une vingtaine de metres.
Les caracteres de cette formation varient d*un point
k Tautre , et la synonymic des couches n'est pas compl^-
tement ^tablie. L'auteur se propose de la rechercher par
Tetude des caract6res stratigraphiques et mineralogiques.
On voit que I'auteur n'est pas rest^ iidele k sou plan, qui
etait de separer T^tude de ces deux ordres de faits. A mon
avis la plus grande partie de ce qui pr^c^de, et une partie
de ce qui suivra, serait mieux k sa place d^ns le chapitre i,
consacre k la description stratigraphique.
( 708 )
Los travaux de S^-Gilles et des environs ont aUeiot sue-
cei>sivement 18 couches^ en parlie inexploilables^ de
Grande-Hilletle k Maret, mais pour lesquelles la synonymie
des noms qui leur on I ^t^ donnes dans les di verses exploi-
tations^ ne pent laisser le rooindre doute. Les trois infe-
rieures (igurent seules sur la carte, k cause du nivean
auquel elle est dressee. Do T^lude de cette par tie, pour-
tanl fort limit^e, il r^sulte que la composition et T^paissear
des couches de houille, comnie la nature et la puissance
des roches inlerpos^es, peuvent presenter des differences
notables. Suit une courte, trop courle, description de
chaque couche, ainsi que des masses qui les separent
On irouve dans cctte parlie deux horizons remarquables,
le gres de Domina, et celui de Maret; Tauteur y reviendra.
Sous Maret on trouve 6 couches, renfermant le gres de
Couleau. La couche Cinq-Pieds se d^double, puis une troi-
si^me s'inlerpose entre les deux : on con^oit que la syno-
nymie soit devenue fort embrouill^e. L*auteur decrit cette
nouvelle s^rie, au point de vue de T^paisseur des couches
de houille, de la puissance et de la nature des schistes et
des psammites intercal^s. II passe ensuite i d*autres, qu il
est inutile d'^num^rer, pour flnir par la Grande et la Petite
Veine d'Oupeye, el par la mention de Boutnanle et de
Boulotle k Biquel-Gor^e. Cela fait un total de A6 couches.
F/auteur, comme nous le verrons plus loin , en admet 47.
II y en aurait done deux inT^rieures k Boulotte et peu au
point connues ici.
§ 2. Groupe du Centre.
La s^rie complete a ele travers^e sur plusieurs points,
dit Tauteur; elle est done parraitement ^(ablie , et com-
^
( 709 )
prend 41 couches, au-dessousdesquellcs on exploite, dans
l*aiTondissement de Huy, les 6 couches les plus inferieures
par des travaux qui onl atteint le calcaire carbonif^re.
L'auleur indique les limiles dece groupe, la marchedes
couches, les bassins auxiliaires, les relours qui se montrent
vers Herslal , Wandre et Barchon. A Touest de Baldaz-
Lalore, les ennoyages sont ondules, ce qui rend difficiles
les raccordements th^oriques; aussi les designations varieni
beaucoup. L'auleur s'elend sur la concession des Awirs,
point de raccordement des deux series; malgr6 les plan-
ches joinles an texte, je ne puis, on le comprend, me
prononcersur la synonymic qu'il admet; celle-ci adoptee,
le reste ne pr^sente plusde diiBcultes.
L'auleur nous fail connaltre ensuile la faille longiludi-
nale des Awirs, donl le bord sud est releve d'une dizaine
dc metres; celles des Kessales , a peine connues; et celles
deWandre, dirigeesduN.auS.,avecunfaibled^placement.
Ce groupe renferme beaucoup de dressants. Du Bois
des Moines i La Have lis onl donn^ du charbon pour coke,
quoiqu'on ait exploile ici les couches a peu pr6s les plus
anciennesdu syst^me houiller.
L'auleur s'occupe ensuile de chaque couche de houille
en particulier el des roches inlerposees, comme nous
Tavons vu au premier groupe, jusqu'^ la couche Petile-
Pucelle. En dessous viennenl les couches minces el peu
connues que Ton exploite dans Tarrondissement de Huy,
et auxquelles l'auleur accorde quelques ligues.
Ce § se lermine par quelques mots sur le scbiste aluni-
fire.
(710)
§ 3. Groupe du Sud.
Fortement plisse , trte-accidonte , moins simple que les
deux pr^c^denls, ce groupe preseiUe deux horizons de
gres, qui seront utilises pour ^lablir le synclironismc de
ses couches avec celles des groupes du Centre et du Nord.
II est d*ailleurs moins complet, par suite de la disparilioD
des couches superieures. L*auteur examine successiveuieot
trente-sept couches el les roches diverses qui les s^pareot.
En dessous de la derni^re , Veine du Tunnel (Chartreuse),
viennent encore cinq couches a peine connues.
§ 4. Groupe des plateaux de Herie.
Ce groupe est limite au sud par le calcaire carlionifere
sur lequel le syst^me houiller repose en stratification con-
cordanle. Sa forme est beaucoup moins r^guli^teque celle
des precedents. L*au(eur le divise en deux parlies , bassin
de Beyne et bassin de Soumagne, separes par une seilc
dirigee de la concession des Steppes vers Cerexhe , i Test,
et vers la Basse-Ransy, a Fouest. Chacun d*eux pr^nte
des bassins secondaires donl les axes n*affectent aucuoe
direction dominante. Le bassin de Soumagne est de beau-
coup le plus regulier el le plus riche.
On y a reconnu plusieurs failles; mais le peu de d^ve-
loppement des travaux dans celle region ne permel gene-
ralement pas de les prolongor avec une probabilite suffi-
sante. Une coupe horizontale du charbonnage de la Minerie
en repr^sente quelques-unes; on voit qu^elles airectent nne
direction a peu pres nord-sud.
Oserais-je ajouter que, pour le m^me molif , les traces
( 7U )
de Tauteur me paraissent aussi fort hypolh6tiques. Je De
dis pas cela pour le bl&mer de les avoir produits : au con-
traire; mais j'aurais d^sir6 le voir exprinier aussi quelques
reserves i ce sujel.
Les couches superieures, formanl le bassin central, se
trouveraient dans la concession de Maireux. On y a recoup^
les couches Grande-Veine, Petite- Veine , Franck-Mathieu ,
Macy-Veine, Veine-F^cher, Sotle- Veine, Veine-au-Charbon
et Premiere Veine des Champs. A Wergifosse se trouve
la Deuxienic Veine des Champs.
Les couches de la concession du Hasard doivent forc^-
ment s'embotter en dessous. On y a trouv^ : Claudine,
Douce- Veine, Sotte-Veine, .Hasard (Louise, des Pres de
Fl^ron, Premiere Veine des Champs, de Maireux), Chapelet,
Dure- Veine, Retrouv^e, Hillette, Louise, Sidonie (Florent,
du Bois de Micheroux), Terre etCharbon, L^onie (Florent,
du Bois de Micheroux), Graiide-Veinette,MaIgarnie, Pre-
miere Veine au nord de Malgarnie, Jeanne (Appolline, du
Bois de Micheroux) et Camiile.
Aux Pr^s de Fliron on a rencontr6 : Bien-Venue, Terre
et Charbon, Mar^chal , Malgarnie, Dure-Veine, Coquette,
La Bonne, Louise (Hasard, du Hasard) GrandTonlaine et
Angelie. Celle-ci est Bien-Venue, des Onhons-Grand*Fon-
taine, oik Ton a recoup^ GrandTontaine, Bien-Venue,
Kimelee, Xhilette, Grande-Onhon, Pelite-Onhon ou Petile-
Romsee; c'esl-^-dire une partie des couches des Pres de
Fleron.
II en est de meme de Cowelte-Rufin, oik Ton a trouv^ :
Gilles, Toussaint, Dure- Veine (KimSl^e , des Onhons), Ki-
m£l£e, Quatre-Poign^es, (Grande-Onhon, des Onhons),
Macy-Veine, Pierre, et Grande-Grailette.
Vient ensnite la s^rie du Fond-des-Fawes et de Hom-
vent-Maldaccord. Grande-Grailette, deCowette^Rufin, doit
(712)
correspondre k Dure-Veine, du Fond des Fawes; k Pelilc-
Foxhalle, de Foxhalle, et i Petile-Delsemme, de Homvent,
sous laquelle on rencontre Grande-Delsemroe (Grande-
Veine,du Fond-des-Fawes , Donne ou Grande- Veine dfl
Nooz, des Steppes).
En dessous de Grande-Foxbalie viennent Bouharmonl
(Beaujardin, des Quatre-Jean etde Herman-Pixberolte);
puis Les Pixberottes, Oiseau de Proie, Jnd^e, Maldaccord
ou Petite Calbaute, Veine du Puits, Homvent et Marnelte,
qui est la derniere belle couche reconnue, et qui correspond
ji Poign^e d*Or, de la Chartreuse.
Toutefois on a exploit^ h Melin, i un niveau inr^rteur,
Cowette, Venta, Quatre-Jean, Macy- Veine el Veine-au-
Sable, qui serait, suivaiit rauleur^ d*apres le prolongeinent
hypotb^tique des couches, la Veine du Tunnel, de la Char-
treuse, tandis que Qualre-Jean correspond rait a Douce-
Veine.
L'autour donne ensuite une description succincte de
cbacune de ces couches de houille, ainsi que des masses
quartzo-scbisteuses qui les s^pareot. Comme les couches
sup^rieures de ce groupe sont celles dont la synonymie
est la plus douteuse, il commence son etude par les couches
inf^rieures. Nous noterons seulement ici que, sur nne
^paisseur de 130 metres en dessous de Marnette, on n*a
rien reconnu d*exploitable. Cette partie correspond rai t i
la selle ^galement sterile qui s'^tend de Sclessin vers Jo-
pille.
Je dois pourtant presenter i Tauteur une observation.
Ses tableaux renferment des expressions comme schisU
loity schisle mur, mur psammitiqiie^ emprunt^es k la lao-
gue des ouvriers: jc Tengagerais h les remplacer par
d'autres plus intelligibles, sauf k les faire suivre entre
parentheses, s'il croit utile de les conserver.
( 743)
Chap. IH. — Regherches synonyuiques sur les quatre
GROUPES.
l/auteur admel en principe que, ses quatre groupes du
systdme bouiller reposant sur ie calcaire (en concordance
dans trois cas), la coucbe la plus ancienne de chacun cor-
respond Ji la couche semblable des trois autres; el que
cbaque groupe repr^sente la formation totale (ce qui, pris
i la letlre, serait aller un peu loin). De part et d'autre de
cbaque grande faille on doit reocontrer forc^ment les cou-
cbes successives d*une m£me serie.
La synonymic ^tablie en parlant de ces premisses, on
remarque ais^ment, comme on pouvait s*y alteadre, que
les variations de nature et d'^paisseur, tant du cbarbon que
des scbistes et des gr^s qui separent les coucbes de bouille,
sont encore plus marquees que celles que Ton a pu con-
stater dans cbaque groupe etudi^ isol^ment. L'auteur
recbercbe les causes de ces modifications, que Ton peui
ramener aux groupes suivanis :
Pour les coucbes de bouille :
l"" Variation d*^paisseur et de composition.
2** Passage d*une coucbe k une veinctte et r^ciproque-
ment.
S"" Fusion de deux coucbes et r^ciproquement.
Remarquons qu'il ne s'agit ici, en fait de composition,
que de Tinterposition de lits scbisteux dans la coucbe de
bouille ou k son contact. Jusqu'i present Tauteur n'a en*
core rien dit de la composition propre de la bouille. Ajou-
tons que Ie second cas n*est qu*un degr6 du premier.
Pour les roches interpos^es, on observe Ie passage du
2"' SfeRIE, TOME XXXVI. 47
( 744)
schisle au psammiley de celui-ci au grte, et inversemeot.
Nous arrivons aux passages dans lesquels Tauteur ^ludie
les varialioDS de la nature chimique de la houille. Jusquici
dit-il, on a (oujours admis trois Plages dans notre formation
liouill^re, I'inf6rieur, renfermant les couches de houille
maigrc; le raoyen, offrant des cbarbons demi-gras; Icso-
p^rieur, renfermant les houilles grasses. Je dois faire
observer pourtant que j'ai indiqu6 expressementque la na*
ture d'une m^me couche varie suivant les localit6s. Qaoi
qu'il en soit, Tauteur rejelte cette division.
La cause principaie de ces differences devrait Stre cher-
ch^e, suivant lui, dans les conditions de gisement. On sait,
dit-il, qu'une couche est toujours beaucoup plus grasse en
dressant qu*en plateure. D^s lors, la division en trois
Stages ne pent Sire maintenue que dans des conditions
similaires de gisement.
Pour expiiquer ces variations, Tauteur admet que le
principe bituraineux de la houille est k T^tat de melange,
non de combinaison^ et que, dans les affleurements, ce
principe a pu s'Scouler au jour, comme on voit le grisou
se dSgager k la surface de TStage houiller. c II en r^alte-
rait que, dans toute zone carbonif^re aux allures toor-
ment^es, le principe bitumineux aurait ^t^ encaisse et
maintenu plus fortement, malgrS les influences m^lamor-
phiques, que dans les allures en grandes plateures afflea-
rant au jour. >
Cette explication ne me parait pas sans difficult^s.
Ce n*est pas seulement la composition chimique qui
doit £tre prise en consideration, mais encore la compacite
des houilles. L'auteur cite i ce sujet des cbarbons gras
des plateaux de Herve, tris-convenables pour forges et fort
analogues k des charbons de Seraing, mats qui sont plus
(715)
l^gers> moins riches en gaz, el n*onl pu fournir un coke
indostriel, assez deose el r^sislant.
L'auleur n'a pas fail de recherches personnelles sur la
composition de nos bouilles, el il n*a pu uliiiser que des
r^sultals ins6r^s dans les Annates des travaux publics. A
Taide de ces documenls, il recherche si la profondeur a
une influence sur la proportion de principes volatils dans
des conches en plaleure. Du tableau quil a dress6, il r^sulte
qu*il n'y a rien k en d^duire. Je crois que ce tableau, oii
toutes les couches sont confondues, ne peul conduire k une
solution; il faudrait prendre chaque couche une k une, el
voir ce qu'elle donne k des profondeurs successi vement crois-
sanles el k des distances aussi rapproch^es que possible.
L'auleur pourrait aussi chercher dans ces analyses les
observations relatives k une meme couche en dressant el
en plaleure. II serail interessanl de le voir arriver k une
conclusion conforme k ses idees sur Tinfluence de Pal lure
des couches.
Si Ton range par ordre de superposition les quinze
couches qui onl 6i& plus particuli^remenl ^ludiees an
point de vue de ieur composition, les r^sultats des analyses
ne font entrevoir aucune loi. II en est de m^me si Ton
envisage s^par^ment les couches du groupe du Nord el
ceiles du groupe central.
Sans vouloir attaquer ces conclusions, je crois que Fau-
tenrrendrait les resultals beaucoup plus clairs s'il tenait
compte des cendres. La comparaison des analyses brutes,
sans cette deduction, pourrait induire en erreur.
L'auleur pa^se ensuile k Texamen des roches s^dimen-
taires interpos^es entre les couches de houiile. Les plus
imporlantes sonl les gr^s, quoiqu'ils varienl aussi de nature
et d'epaisseur. Mais ce qui importe surtout, c*est de com-
(716)
parer la uature et la puissance des rocbes startles appar-
tenaiU k une s^rie de couches. Malheureusement cette
comparaison est didicile k ^lablir. Les renseigQemenls
qu^ou peut obteuir dans les exploitations soot absolument
insuffisants; on doit tout voir par soi-m£me.
Apr^s la presence de gr^, le caraclere le plus utile est
I'absence de bouille sur une ^paisseur notable. La presence
de rognons de sid^rite ou de fossiles vient ensuile corro-
borer les resultats obtenus.
L'auteur a fait de nombreuses observations, qui sent
d'un grand prix, quoi qu'il arrive de ses conclusions. II
distingue particuli^renient six gr^, ^chelonn^ dans la
serie presque emigre des couches; mais la description qu*il
en donne me paralt bien courle. La st6rilit£ du terrain
s*observe dans le groupe du Nord , en dessous de la couche
Grande- Veine-des-Dames ; dans le groupe central, en des-
sous de Ch^neux ; dans le groupe du Midi, en dessous de
Stenaye, et enfln dans le groupe des plateaux de Herve,
en dessous de la couche Marnette. Enfin, on rencontre des
couches successives qui poss&dent des puissances excep-
tjonnelles et sont s^par^es par des rocbes dont la ressem-
blance est bien marquee. On peut ainsi raccorder Cor ct
Houlleux, du groupe du Sud, k Magneu-Mohon et Grande-
Veine du groupe du Centre, k Blanche- Veine, = Mascafia
= Veinetle et Veine-du-Loup = Macy-Veine = Grand
Fontaine du groupe du Nord, et enfin aux couches Quatre-
Jean et Beaujardin, du groupe des plateaux de Herve. Ce
raccordement ^tabli, le reste va de soi.
Les r6sultals ainsi obtenus peuvent £tre contrdl^s jus-
qu*i un certain point, independamment des cartes, par ce
que Tauteur appelle la description graphique des couches.
Cette description comprend une s^rie de tableaux dont
(717)
chacun repr^sente en noir I'epaisseur et la composition
(scbiste ou charbon) de chaque couche de houille, dans une
ou plusieurs exploitations; et une autre s^rie, parall^ie i
la premiere, de tableaux colori^s dont chacun represente
la puissance et la nature des rocbes interpos^es entre
cbaque couche de bouille et la pr^cedente, dans un on
plusieurs charbonnages. Des teintes sp^ciales sont aifect^es
aux diverses roches, de sorle qu'un coup d*oeil suflit pour
montrer les analogies et les difTi^rences. L'auteur a pour-
suivi ce travail jusqu'au calcaire carbonif&re.
Ces planches sorit extr^mement int^ressantes. Elles
m'ont sugg£r6 pourlant quelques observations :
Ces coupes doivent absolnment etre plac^es verticale-
men I et non transversalement. Ensuite il serai t tr^s-utile
de r^unir, en les superposant, tout ce qui concerne un
mdme puits, ou, en g^n^ral, un ensemble bien connu. Sans
vouloir pr^juger les synonymies auxqudles Tauteur est
arriv^, je dois dire que, la plupart du temps, Tinspection
d'un grand nombre de ces planches ne m'a offert aucune
probability en faveur de Texactitude de ses rapproche-
ments. II en serait sans doute tout autrement si j'avais eu
k comparer des series considerables de couches de cette
formation.
II r^sulterait de ce grand travail, fruit d*im menses
recherches, que nous poss^dons seulement 47 couches de
bouille exploitables, au lieu de 83 ou 85 que Dumont ad-
mettait. L'^paisseur totale du syst^me houiller serait de
1,197 metres. Elle pent ^tre conlrdlee par Texamen des
series partielles les mieux ^tablies que Ton rencontre dans
chacun des quatre groupes : les hearts de Tun i I'autre
n'atteignent jamais 10 metres.
L'auteur donne ensuite un tableau synonymique indi-
(718)
quant les noms de chaque couche dans les diffcrents
groupes.
Chap. IV. — Conclusions.
Les quatre groupes ^lablis dans notre formation houil-
I6re pr^sentent une composition suffisammenl uniforme,
el malheurcusement le nombre de couches qu'ils renfer-
ment n*esl guere que la moilie de ce qu*on croyait. C*est
ainsi que Ton retrouve partout six horizons de gr^s carac-
t^ristiques, silu<^s toujours k une hauteur k peu pres
egale. On pent en conclureavec la plus grande probabilite
qu*ils sont contemporains et formes dans des conditions
idenliques.
[ndependamment de ces horizons min^ralogiques, Tau-
teur s*est occup^ des horizons pal^onlologiques, et il croil
avoir retrouv^ plusieurs de ceux que MM. Briart et Cornel
ont signal^s dan« le Hainaut, savoir le premier, le Iroisieme
et le qualri^me; deux autres paraissent inlermediaires
enlre le cinqui(^me et le sixi^me; et le septieme n*existerail
pas, vu que notre svsteme est incomplet. D*apres cela, on
pourrait esperer de trouver dans cet ordre de faits des
mat^riaux pour ^(ablir le parail^lisme des couches de nos
deux grands bassins houillers.
L'auteur n*avait gu6re fait que citer en passant un tres-
petit nombre de fossiles. Dans Tetat actuel des collections
publiques et privies , il etait difficile de faire plus , et je ne
lui reprocherai guere d*avoir passe sous silence quelques
mat^riaux qu*il aurait pu utiliser.
Je n'en dirai pas autant pour d*autres cdtes de la ques-
tion. L'auteur ne dit pas mot des travaux qui Tout pr^-
ced6, et qui pourtant, ne fAt-ce que comme historique,
, devaient dtre rappelds au lecteur. Le m6moire de M. L. Jac-
(719)
ques sur la composition des houilles de la province de
Li^ge paralt lui Stre inconnu : il en aurait tir^ beaucoup
de donndes inl^ressantes; et surtout, il doitStre persuade
que, du cdt6 des fails, son travail ne sera jamais trop
^tendu.
Le point capital estcelui-ci. Au lieu de poss^der quatre-
vingt-cinq couches de houille, comroe nous nous en ^tions
flatt^s depuis les travaux de Dumont,nous n'en possedons
gu^re que la moiti^. Par suite de Tomission de tout histo-
riquede la question, il m'est impossible de reconnaltre
ou sont les differences et par quelles erreurs.elles s^expli-
quent , k moins de recueillir par moi-mSme tons les docu-
ments que Tauteur a eus k sa disposition et de refaire le
travail k mon tour. J'espere que TAcademie me permetlra
de croire que ma mission ne va pas jusque-l^. N^anmoins,
quand on voit que, il y a un si^cle, Gennel^ connaissait et
d^crivait soixante et une couches dans la montagneS^-Gilles,
on se sent, malgr6 soi, entrain^ k v^riGer si r^el lenient
nous n'en possedons en tout que quarante-sept. .
Quant au style de ce long et remarquable travail, il
pourrait gagner en clarte et surtout en concision, fl est
facile, d*ailleurs, de voir que Tauteur est mieux pr^par^ a
d^crire la constitution du terrain qu'k discuter la formation
de la houille et la date ou le mode de formation des plis
et des failles. En somme, il me semble que le m^moire
ne perdrait rien si les paragraphes dont je parle ^taient
largement abr^g^s.
Messieurs, mon rapport est bien long, mais je me suis
exprim^ dans Tid^e que ce m^moire serait imprim^,
maintenant ou plus tard , et je n'ai rien voulu cacher k
Tauteur. C'est vous dire que je propose une recompense,
que meritent si largement les cartes, les plans et les coupes
( 720 )
qui sont joints au lexle. Dans les limites du conlrole qui
rarest possible, je considere cetle parlie comme tout k fait
digne dcs suffrages de TAcademie, et son importance
induslrielle en reclame la proropte impression. Mais ici,
Tensemble de cette r^ponse ne pouvant, selon moi, oblenir
la m^daille d*or, deux solutions se presentent. Latsser la
question au concours, dans Fespoir que les occupations
de Tauteur lui permettront de completer son travaH en
tenant comptedes observations de vos commissaires. Oo
bien, comme il n'a pas de concurrent, lui accorder unc
m^daille d'argent avec une somme de neuf cent^ francs
(le prix est de 1,000 francs) pour Tindemniser des frais
considerables que ce memoire a dik codter. Pendant la
gravure des cartes Tantcur completerait son travail dans
le sens indiqu^ ^ Taide des rapports; pour le mien, il
suffirail, en ce cas, de donner les conclusions dans le
Bulletin. Vu importance dcs lacunes, je pr^fcre la pre-
miere solution, mais je m*en rapporte au jugenienl dc
mes deux honorables confreres. >
< I.e rapport, si bien detains, de mon savant confrere,
me dispense de faire un nouvel cxamen du travail pre-
sente i TAcademie, d*autant plus que je n*ai pas, sur la
mali^re, les connaissances speciales que poss^de M. T>e-
walque. Je me borne en consequence k dire que je suis
d^avis qu*il n'y a pas lieu d*accorder la m^daille d*or k Tau-
teur; mais a\ant d^^mettre une opinion sur lereslant des
propositions du premier commissaire, je desire connaitre
I avis du troisieme commissaire qui poss^de aussi des con-
naissances plus speciales que les micnnes. i^
( 72* )
c La question pos^e par TAcad^mie n'est pas une ques-
tion puremenl g^ologique. L*interet industriel qui s*y
rattache prime de beaucoup Tint^ret scientifique. On pou-
vait done la considerer sous deux faces, et Ton devait
s'altendre k la voir traiter d^une mani&re toute diff^rente,
selon qu'un g^ologue ou un ing^nieur enlreprendrait d*eD
donner fa solution.
Le travail soumis a la classe est 6videmment Toeuvre
d'un ing^nieur. Si le g^ologue s'y montre parfois, ce n'est
pas toujours avec bonheur. Le rapport de Tlionorable
M. Dewalque passe en revue Ids opinions g^og^niques que
Tauteur einet ^ differentes reprises dans le cours de son
travail; de mon cdt^,j'aurai Toccasion d*en rencontrer
plusieurs. II resulte de cet examen que ce n*est pas ^ beau-
coup pres la partie brillante de son travail, que peu
didoes nouvelies s'y rencontrent, que ses opinions sur
la formation de la houille et sur les causes des disloca-
tions du terrain houiller sontassez vagues, bien que visant
parfois k une assez grande precision, et qu*ellcs se trou-
vent d^lay^es au milieu d'id^es souvent surannees el de
theories inutiles ou peu soutenables. Cette partie scien-
tifique occupe, du reste, une place assez restreinte dans
le m^moire.
La partie industrielle , au conlraire, qui comprend
Tetude slratigraphique de ce riche bassin, celle des nom-
breuses dislocations qui en ont affect^. la forme primitive,
la description des differentes couches de houille, des
stampes ou assises de roches steriles qui les s^parent, et
( 722 )
la recherche de la syDonymie de ces couches entre les
diverses parties du bassin oil elles sont exploit^es souveol
sous des Doms diffi^rcuts, forme la plus grande parlie da
travail et a dA u^cessiter dimmenses recherches. Oo ¥oit
que retablissemenl de celte synonymie a &l6 le grand
objectif de Tauteur : c'est ici que se r^v^ient la science de
ring^uicur, ses longues et patientes investigations, el
c'esl dans cette parlie que nous devons chercher tout le
m^rite et tout I'int^rSt du travail qui vous est soumis.
Le m^moire est compost d*un volume de teste, d^ane
seconde partie que I'auteur nomme Album mineralogique
et qui est la representation graphique des diff^rentes
veines aux diff(6rents puits oik elles out ^t^ exploit^, aiosi
que la composition desstampes qui les separent, et enfin,
de deux cartes repr^sentant deux sections horizontales da
bassin houiller, Tune du district de Li^ge et des plateaux
de Herve, I'aulre du district de Huy, accompagnees de
plusieurs coupes verlicates transversales.
Le rapport de M. Dew^lque donne du lexte une ana-
lyse complete, ce qui me dispense d*y revcnir. Je ne crois
pas non plus devoir passer en revue lous les points defec-
tueux signal^s par notre honorable collegue, et sur Tap-
pr^ciation desquels je suis, du reste, completement
d'accord avec iui. Mdn intention est d*examiner quelques
id^es ^mises par Tauleur , et qui , au point de vue scien-
tifique corome au point de vu/s induslriel, peuvent avoir
des consequences d*uue assez grande importance.
Le premier point sur lequel je desire attirer rattentioo
de la classe est la fixation des limites du terrain houiller.
A deux reprises difiKrenles Tauteur y revienl et croil
pouvoir emetlre Tavis que les limites du bassin de Liege
telles que Dumont a cru devoir les donner, et telles
( 723 )
qu^elles ont ete generalement admises depuis eel eminent
g^logue; devraient £tre recui^es de raani^re k donner au
bassin plus d*£tendue, soil sous forme de retourSf soit
sous forme de bassins annexes.
On s'est beaucoup pr£occup6, dans ces derniers temps,
de I'epuisement plus ou moins prochain des bassins houil-
lers, el comme consequence, on a lent^ d*y porter remMe
en recherchant leurs extensions possibles en dessous des
terrains plus r^cents. Rien de plus nalurel que cetle
preoccupation , el je con^is tr^s-bien que Tauteur, de son
cdte, se soit laiss^ aller ^ rechercher s'il ne pourrait pas
reculer les bornes du bassin de Li^ge el augmenter d'au-
tant nos richesses en combustible mineral.
D^s les premieres pages de son travail , Tauteur croit
devoir produire rhypothesc du prolongement ou retour du
bassin au nord , it Touest de Vise. Ce retour semble Sire
indique par la conflguration de Hlot calcaire de celte
locality, par les travaux executes i la houill^re Biquet-
Goree, bure Sacrement^ dans la coucbe Boulenante el
dont la direction est uord-sud, et par certains indices du
m^me retour reconnus aux points limites des exploitations
par les coupes verticales de Bonne-Fortune, d'une part, et
par Texploitation de la couche Grande-Veine de TEsp^-
rance it Herstal , d*autre part. Ces fails peuvenl avoir une
importance considerable, et je n'ai nul motif de les revo-
quer en doule, non plus que les conclusions auxquelles
TauCeur est amen^; roais k cause de rimportance mdme
de la question, j*aurais d^sir^ qu1l fAl plus explicite. II
nous donne bien la conGguration de Tilot calcaire de Vise
et la direction de la couche Boulenante de Biquet-Gor^e
qui semble en effetse faire dans le m^me sens que le bord
occidental du calcaire , mais il ne nous dit rien de plus des
( 724 )
travaux de Bonne-Fortune et de TEsp^rance a Herstal,
lesquels, dil-il, c r^v&leot Texistcnce de selies et bassios
» qui, se d^veloppant, prendraient remboitement des
> mouvements similaires du calcaire. >
Vers la fin de son travail, il produit d'autres td^s encore
sur Textension probable du bassin. c II semble r^sulter,
» dit-il, que, puisque c*est k peu pr^s suivant la ligne de
> coupe g^n^rale OP de la carte que la cooipressioo
> transverse a ^te minimum, la formation prend au nord
> de celte ligne un nouveau d^veloppement, fonnalioo
> inconnue aujourd'hui et constiluant des bassins annexes
> sym^triques k ceux des groupes du sud el des plateaux
> de Herve. »
Ceci est purement hypoth^tique et n'est appuy^ d'au-
cune preuve, Les faitssemblent, au contraire, s'y opposer
Ainsi, de ce que la bande houill^re de noire pays est plus
r^tr^cie dans sa travers^e de la province de Narour que
partout aillenrs, on devrait en conclure que la compres-
sion y aurait &i& k son maximum, et Ton ne devrait guere
esp^rer d'y trouver des bassins annexes. Or, c'esl le con-
traire qui a lieu , t^moins les peliles bandes houilleres de
Florenne, d'Anseremme et d*Assesses , et ceiles que cite
Pautenr lui-m^me et qui se trouvent dans la province de
Li^ge, mais dans une position analogue, a Ocquier eii
Borsut.
L'annonce de nouveaux bassins houillers doit toujours
se faire avec la plus grande circonspection , et il est boo,
surtout quand elle se produit dans un m^moire en r^ponse
k une question pos^e par FAcad^mie, d'en laisser k Tau-
teur toute la responsabilit^.
L'auteur, en diff^renls endroits de son m^moire, paric
du calcaire de Horion-Hozemont. [I semble Tassimiler aa
( 725 )
calcaire da Vis6 (i) et en faire ud autre lambeau du
calcaire carbonif<gre. Or, Dumont, dans ses cartes g^olo- '
giques, le rangedans T^tagedevonien et lui donne la teinte
bleu-fonc^ du calcaire de Givet E^. N'ayaol jamais vi-
site celte locality, je ne puis me prononcer k cet ^gard ,
mais je dois croire que uotre illustre g^ologue ne s*est
pas tromp£. Dans ce cas Tauleur a tort de supposer une
selle relev^e k Test par le lambeau calcaire de Yis^ et k
m
Touest par le calcaire de Horion-Hoz6monl. I.a selle existe
peut-etre a Vis^, mais k Touest il en doit dire tout au-
irement.
Le calcaire devonian E^ serait k Horion-Hoz^mont,
toujours d*apr6s les cartes de Dumont, en contact avec le
terrain houiller. II y aurait done la, au lieu d'une selle,
une discordance de stratification qui doit dtre le resultat
d*une faille d'un rejet considerable. II y a plus, cetle faille
pent dtre suivie en prolongement vers Touest.
Si nous nous transportons en effet au NO. de Huy,
nous retrouvons la mdme bande de calcaire devonien E^
sdparde du calcaire carbonif^re C^ par une bande quartzo-
schisteuse de T^tage condrusien C^ , bande qui s'amincit
de plus en plus en allant vers Test et finit par disparaltre
k la traversee de la Mehaigne oil les deax calcaircs se
trouvent en contact. Ce contact ne peut non plus etre que
le resultat d'une faille qui aurait ^limind entidrement
r^tage quartzo-schisteux condrusien C> dont je viens de
parler. Cette faille est tr^s-probablement la mdme que
(1) D'apr^ les travaux de M. Horion, les assises calcaires qae Ton
observe pr^ de Vise n*appariiennent pas toutes au calcaire carbonifi^re ;
uDe partie doit ^ire rapportee au calcaire devouieo. {Bulletin dela SocUle
g^ol de France, 2*»" s^rie, t. XX, 1863.)
( 726 )
celle de Horion-^Hoz^mofit. Elle se rapproche consUiin-
meot (lu lerrain houiller , depuis le NO. de Htiy , oft les
terrains se irouvenl encore plus ou moins dans leur posi-
tion naturelle, jusqn'i Horion-Hoz^mont, oft le calcaire
eifeiien arrive an contact du terrain hoitiKer, eiiminant
r^tage quartzo schisteux condrusien et ie calcaire cariMH
nif^re. L'amplitude du rejet semble done s*accrot(re en
allant vers Test. Celle faille , non soupQonn^e par Tauteur
k cause de Tassimilatiom qu'ii fait du calcaire de Horion-
Hoz^mont avec le calcaire de Vis^, m^riterail cerlaine-
ment d*6lre ^ludi^e. La succession naturelle des terrains
qu'il a cru reconnattre dans celle locality ne prouve pas
la concordance de stratification. Se rapprochant constam-
ment de la limite du lerrain houiller comme je viens de
rindiquer, celte faille du nord doit finir par y p^n^irer, et
olle acquiert ainsi beaucoup d'analogie avec la faille eife-
lienne du midi.
Je ferai une derni^re observation relativement au cal-
caire de Horion-Hozemont. Ce calcaire est repr^sent^ sur
la carte I sous forme d'un lambeau lenticulaire tres-allong^.,
Un noyau d*hypersth4nile, beaucoup plus etroit,setrouve
dans Tangle NE. du lambeau calcaire, mais compl^tement
englob^ dans ceiui-ci. J*ignore si la disposition donn^ a
ce noyau de roche eruptive en plein calcaire est le resuUat
d'observations bien precises faites par Tauteur, oa s'il la
pr^sente seulemenl comme une bypbthese. Dans le pre-
mier cas ce fail aurait une importance consid^able au
point de vue g^ologique. Les g6ologues qui se sont occupes
de nos terrains primaires on I admis jusqu^aujourd'hni
que Tapparilion des roches porpbyriques par Ejaculation
Elait anlErieure aux terrains devoniens dans lesquels elles
ne pEn^trent pas. La disposition admise par Fauteur va
( 727 )
lout k fait a i'encontre de cette opiDion, et elle rappro-
cherait; d'une mani^re tr^s-sensible, l*^poque de ces Erup-
tions. II est k remarquer, du reste, que Topinion des
auteurs n*esl basE que sur des preuves negatives. Si ce
que Tauleur indique se trouvail vEriGe et dikment constat^,
on serail conduit k admettre une certaine relation entre
ces Eruptions et le relEvement ainsi que les plissements
des bassins houillers de la Belgique. On ne devrait plus
reporter ces accidents gEologiques a la 6n de la pEriode
ardennaise ou siluriennc, mais k la fin de la periode houil-
l^re, et ils auraient coincide avec le commencement d*une
longue Emersion de nos contrEes au-dessus du niveau de
la mer, laquelle n*a pris fln que vers le milieu de la
pEriode crEtacEe. Telles seraient les consEquences aux-
quelles on serait conduit si Ton admellait comme vraie la
carte de Tauteur. Mais je dois ajouler que, selon moi,
c*est plutdt une erreur d*observation , et je ne suis entrE
dans ces dEtails que pour faire sentir la nEcessitE d*y
apporter une correction, s*il y a lieu.
Je bornerai Ik les observations critiques que je crois
devoir prEsenter au sujet de la parlie purement scienti-
iique du travail soumis k TAcadEmie. Je passerai immEdia-
tementa Texamen de la partie que j'ai cru devoir appeler
industrielle, beaucoup plus importante et plus intEressante
que Tautre, beaucoup mieux EtudiEe^ et qui fait k elle seule
tout le mErite du travail.
Dans le chapitre III, Tauteur donne quelques indications
sur les morts-terrains recouvrant le terrain houiller. Ces
indications sont prises sur les coupes des puits des diffe-
rents Etablissements, telles qu*elles ont EtE consignEes par
ceux qui en ont dirigE le creusement, par consEquent sans
nomenclature uniforme pour la dEsignation des diverses
assises traversEes.
( 728 )
L*auleur n*ayanl pas discut^ ces coupes, ne les ayant
pas coordoDD^es^ elles semblent presenter quelques ano-
malies. Ainsi, dans le hure de TEsp^rance k Monlegn^,
il distingue une assise de marne de l^'^.TS de puissance
et une assise de craie de 0°'.83, s^par^es par une coucbe
de sable de C.54. II s*agit evidemment ici d*une marne
tertiaire. Plus loin , il donne la coupe du bure du Levanl
a Ans, oii il indique plusieurs assises de marnes : mat^e
avecsilex, marne pure, marne avec silex noirs, marne
glauconieuse; il nes'agilplus ici de marne tertiaire, mats
de r^tage de la craie blanche. Dans cette m6me coupe, ii
est assez difficile de saisir la difference qu'il y a entre une
couche de sable, argile et silex de I'^.SS de puissance, et
une coucbe de silex, sable el argile de S!°'.SO de puissance,
la premiere ^tant superposee k la seconde sans interroe-
diaire. A la coupe du bure de TEsperance a Montegnte, il
cite en dessous de la craie et imm^diatemenl au*dessusda
terrain houiller, 4'".33 de terrain de transition. Cette
expression tout k fait impropre demanderait k etre inter-
pret^e. A la coupe du bure du Levant k Ans, il indique
une couche de tourbe de {"".OO de puissance enire le ter-
rain cr^tac^ et le terrain houiller. Geci encore demanderait
quelque explication. L'auteur aurait dA faire la repartition
desdiff^rentes assises de ses morts-lerrains entre les diffe-
rentes formations g6ologiques,ou m£me entre les diff^-
rents syst^mes par lesquels Dumont a subdivis6 ces forma-
tions.
La description des morls-terrains n'entrait pas n^ces-
sairemeut dans la question pos^e par TAcad^mie, et elle
aurait pu, k la rigueur, etre ^cart^e. Mais le memoire 6tant
conQU k un point de vue cssentiellement industriel, Fauteur
a cru devoir en dire quelques mots. Je ne puis, en me
( 729 )
plaint au m^me point de vue, que regrelter qu*il n*eD ait
pas (lit davantage; et certes, en voyant le nombre consi-
derable de documents quil a reunis sur le terrain houiller,
OD est en droit de supposer qu*il en poss6de sur les morts-
terrains beaucoup plus qu*il n'en a donne.
J*arrive mainleuant a la parlie descriptive du terrain
houiller m^nie, dans laquelle, ainsi que je Tai dit prec^-
demmcnt, reside tout Tinleret du m^moire. Ce travail com-
porte, comme dit Tauteur, trois ordres de faits s'enchai-
nant logiquement, et qui sont :
1** La description geologique du syst^me houiller de
la province de Li^ge, bas^e sur les caract^res g^ometri-
ques.
2" La description min^ralogique fournissant les carac-
t^res de chaque s6rie de couches et des rocbes interpo-
s6es.
S** La recherche synonymique des series de couches
envisagdes aujourd'hui comme diflerentes.
Pour y arriver, Tauteur a dA r^unir un nombre conside-
rable de coupes des terrains reconnus par les puits et les
galeriesa travers bancs, dans lesquatregroupesqn*il dis-
tingue dans Ic bassin houiller de Li^ge. II y a recueilli la
composition des couches grandes et petites, et des assises
diverses de gres, de psammite et de schiste composant les
stampes. Et comme les puits et les galeries, dans la
presque generality des cas, recoupent les strales sous un
angle s*ecartant plus ou moins de Tangle droit, il a dA
reduire par le calcul toutes ces donnees de maniere k
obtenir ce quil appelle la slampe normale, seul moyen
d*etablir une comparaison rationnelle et d*arriver k urie
synonymie admissible.
Ces stampes normales sont representees graphiquement
2""* s£rie, tomb xxxvi. 48
( 730 )
dans une parlie imporlanle du travail que TauCeur nomme
Album mineralogique ^ h une ^chelle suffisamment grande
pour que la comparaison poisse se faire avec facility. Dc
plus^ quelques ^pures intercalees dans lo (exte ont poor
but de d^montrer le parall^lisme plus ou moins parfait
des principales veines recoupees par les diff^rents puils.
II s'agissait ^galement de decrire I'allure g^n^rale da
bassin et de chacune des veines qui le composent. Pour t
arriver, Fauleur a du rccourir aux denudes fournies par
Texpioitation , c'est-a-dire aux plans des travaux miniers.
A Taide de ces donnees, il a pu conslruire des coupes ver-
ticales aussi rapprochees que possible , les compl^tant par
suite des parties de veine non encore exploitees ou exploi-
t^es depuis un temps lellemenl long que tout souvenir en
est perdu. II a trace sur ces coupes les derangements qui
ont affect^ le bassin houiller, les relevemenls, les plisse-
ments, les failles. Au nioyen de ces coupes successives, il
a pu construire deux coupes borizontales prises, la pre-
miere ou carte I k 200°'.00 en dessous du niveau de la
Mouse, ou 137'°.00 en dessous du niveau de la mer, est
celle du district de Li^ge et des plateaux de Herve, la
seconde ou carte II au niveau de la Meuse, est celle du
district de Huy.
J*ai tout lieu de croire que ce travail considerable el
tr^s-complexe a ^t^ fait avec le plus grand soin. Si les con-
clusion^ de Tauteur peuvent etre discut^es, et elles ne
manqueronl pas de TStre en differents points, on peat da
moins 6lre rassur^ quant k Texactitude des relev^s qa*ane
position speciale lui a probablemeut permis de faire dans
toutes les mines de la province.
Le point qui soul^vera le plus de d^bats est^ sans cou*
tredit, le nombre de couches auquel Tauteur arrive et qui
( 73* )
ne serait que de 47 au lieu de 83 comme'Dumont Tavait
^tabli. II est regrettable que Tauteur n'ait pas cru devoir
discnter les opinions de notre i]lustre geologue, dont le
Qom, que je sache, ne se Irouve pas cit^ dans le cours du
m^moire. II doilcependants'attendre k ce que son cliiffre
ne sera admis, dans le prrocipe, qu*avec une extreme re-
serve, el qu*il causera, dans le monde des ing^nieurs et des
expioitaQts beaucoup d^^tonnemenl pour ne pas dire de
disillusion.
Etranger aux exploitations da pays de Li^ge, que je n'ai
visil^es que de loin an loin, je ne puis enlrer dans les de-
tails nombreux que Tauteur nous donne, ni ^meltre une
opinion cat^gorique snr le nonibre des couches et sur la
synonymie qui en est la consequence; mais les bases sur
lesquelles il s'appuie, la maniere dont il discule celte syno-
nymie, me font penser que^ si elle a*esl pas d*nne entiere
v^ric^ quant aux details, elle pourrail bien dtre la meilleure
k laquelle on puisse arriver dans Tetat actuel des choses.
L'auteur s'appuie, en effet, sur les indices les plus
probables , sur des horizons geologiques qui, paratt-il, sont
d*une Constance remarquable et reconnaissables sur de
grandes etendues. Cos horizons sont de diverses natures.
Ce sont d*abord certains bancs de gr^s , au nombre de six ,
d'une puissance assez considerable, variant de 10 d 17
metres , et dont il a pu reconnattre les caracleres strati-
^raphiques et mineralogiques en beaucoup de points. C'est
ensuite la puissance plus ou moins grande de quelquos
stampes steriles, et par contre, la multiplicite des couches
relativement k Tepaisseur d'une stampe; enfin, c'est la
puissance extraordinaire et d*une persistance remarquable
de cerlaines veines. Quant aux Jiorizons pal^ontologiques
qu'il ess^ye aussi de faire intervenir, j'cin dirai qqelques
mots plus loin.
( 732 )
Ce n'est pas cepcndant que fauteur ail line cooOance
absolue en ces elements. II reconnail,aucontraire, queles
diverses slrates du terrain liouiller, soil les couches de
houille, soil les bancs de gr^, de psammiteou de schiste,
sont excessivement variables au point de vuc de la com-
position, de ia puissance, des caracleres mineralogiques
et de la nature chimique. Elles pr^nlent parfois si peu
de fixit^^ que dans le pays de Herve, par exemple, on n*a
pas encore rencontre, entre deux mines voisincs c des
» caract^res d^anaiogie complete entre des couches qui,
» indubilablement, sont de mdme ibrmalion. >
La synonymic proposee est r^sumiiedans un tableau ou
sont donnas les noms que portent cliacune des veines daos
les diffi§rents ^tablissemenls ou elles sont exploitees. Les
deux cartes iiccompagnant le m^moire resument celte
synonymic.
Ces cartes paraisscnt faites avec le plus grand soin, et
j*ai tout lieu de croire qu*elles sont de la plus gi^ande
exactitude pour les parties de veines reconnues et ex-
ploitees, lesqueiles $ont indiqu6es en trait plein. Quant
aux parties non encore exploitees, ou dont TexpioitatioD
n*a pas laiss^ de trace, leurs allures ne ponvaient qu*etre
deduites hypothetiquement des premieres. Je dois dire
c\\\k ce point de vue, les hypolh<^es de Tauteur me
paraissent tres-plausibles. Ces parties incertaines sont in-
diquees sur les cartes en trait pointing.
Mais on ne manquera pas de se demander pourqnoi
Tauteur a choisi deux niveanx differents pour la construc-
tion de cartes repr^sentant le m^ine bassin houiller. Si je
comprends bien ses motifs, il a choisi un niveau reiative-
ment tres-bas pour la carte I, parce que k ce niveau exis-
tent des travaux miniers recents et en assez grande
( 733 )
qaantil^, dont les plans ont cte reiev^s avec assez dc
soins pour donner des cerliludes suffisantes au irac^ des
couches, tandis que plus haul la meme certitude n'existe
plus, les travaux dalant dV^poques plus ou moins ^loi-
gn^es, ^poques oik les plans miniers ^taient tenus avec
tr^s-peu do soins ou ^taieol meme enti6remenl n^glig^s.
On n*a parfois que des donn^es tr^s-vagues sur les travaux
laits dans les parties sup^rieures, et tr^s-souvenl m^me,
toute tradition en est perdue. Or, Tauieur, en Ira^ant sa
carte, n'a voulu y admettre que des elements d'une cer-
titude absolue.
D*un autre cdl£, il a du relever son niveau de coupe
pour la partie du bassin k Touest dc la concession de
FIdne, parce que les exploitations de cette partie n'ont
gudre ^le poursuivies en dessous du niveau des areines (i) ,
d^bouchant trds-peu au-dessus du niveau de la Meuse.
Pour arriver h unc certitude suOisante, il a Ad adopter,
pour cette partie, le niveau de la riviere.
On ne pent guere bidmer Tauteur de la disposition
adoptee au point dc vue de la certitude, mais il en est
r^sult^ un grave inconvenient. C'est que la carte du bassin
houiller de Lioge se compose de deux parties distinctes
ne pouvant se raccordcr entre elles , par consequent former
une carte unique. La partie orientale semble etre un bassin
limits vers Touest : la couche inferieure y est enti^rement
recoup^e par le plan de coupe, tandis que cette m^me
couche a les bords d^sunis et tr^s-ecart^s sur la partie
occidentale representant le prolongement du meme bassin.
Get inconvenient est tellement grave qu'il conduit k re-
(1) G'est le nom doDo6, dans la province de Li^e, auz galeries d^iwU"
letMnL
( 734- )
chercher $*il ^tait tout 5 fait impossible d*arriver k unc
carte unique du l)assin de Li^ge, ou , en d*autrcs lernies,
si la carte du district de Huy, ne pouvant etre faitc au
niveau de 200 metres au-dessus de la Meuse, on ne pou-
vail pas arriver a un resullat suHisammenl exact en con-
struisant la carte du district de Liege et des plateaux de
Herve au niveau de la Meuse.
En procedantcomme Tauleur Ta fait, une notable partie
des couches a dA n^cessairement lui echapper , et elles ne
figurent pas sur sa carte parce qu*elles ne descendcnt pas
jusqu*5 ce niveau de 200 metres de profondeur. En effet,
le groupe du nord reuferme la serie k pen pr^ complete
des couches exploitables du bassin. La derni^re couche
(igurde sur la carte est Grande veine. Or, dans le tableau
resumant la synonymic entre les quatre groupes , treize
couches sont sup^rieures ^ Grande veine et ne sont pas
indiqu^es.
Or, voici comment s'exprime I'auteur d^s les premieres
lignes de son travail : c Pour d^crire graphiquement le
» syst^me houiller de la province de Li^e, j'ai recoura
» aux donn^es fournies par Texploitation, c'est-a-dire
• par les plans miniers qui la repr^sentent. Au moyen de
» ces derniers , on pent dresser, dans toute Tetendue des
» zdnes exploit^es des coupes verticales qui donnent la
» configuration de lambeaux de couches. Ces coupes, im-
» completes mais r^elles, permettent d'obtenir un en-
» somble, en partie (h^orique , en prolongeant parallele-
» ment aux parlies exploit^es, el avec les distances
» reconnues, les series de couches recoup^es par puits et
» par galeries. Si, pour chaque mine, un travail de Fes-
> p^ce est op^r6, et que Ton possede la cdte de nivelle-
» ment de tons les points par rapport a un point fixe, le
( 735 )
» z^ro de la mer, par exemple, on aura , en tra^ant sur
» les coupes un meme horizon , le moyen de dessiner
» un niveau general, pour loules les couches qui auront
» ^t^ atteintes ou exploit^es au-dessus ou en dessous de
» ce niveau. De m£me, si par Texploitation on obtient en
» coupe verlicale la direclion d*une cassure ou d'une
» faille, on pourra la prolonger th^oriquement avec son
» allure jusqu*^ Thorizon adopts et en Taire ^.tat dans le
» trac^ dont il s'agit. »
Ces quelques lignes r^sument la m^thode adopts pour
le trac^ des coupes dont toutes les parties ne sont pas
connues. L*auteur a largement us^ de celte m^thode,
comme on devail s'y attendredu resle^ etcomme on pent
le voir par les cartes, ou la grande majorite des traits
indiquant les veines sont ponclu^s. Je suis persuade que
cette m^thode, judicieusemenl appliqu^e, lui eiU donn^
des resuUats tout aussi salisfaisants au niveau meme de
la Meuse qu*i 200 metres plus has. Et d'ailleurs, n^a-t-il
pas, pour se guider et lui servir de rep^re, les nombreux
points oik ces couches ont ^t^ recoup^es, soitpar les puiis
actuellemeut en activity, soit par les tunnels creus^s bori-
zontalement k tr^-peu de bauteur au-dessus du niveau
(|ue j'indique comme plan de coupe g^n^rale. II serait
arriv^ ainsi h reunir en un ensemble si d^irable les deux
parties du syst^me houiller de la province de Liege.
Cette mani&re d*op^rer eAt donne ^ Tauteur Toccasion
(rindiqnergraphiquementsonhypothesesurleprolongement
ou retour du bassin houiller k Touest de Vis^, bypolbese
(luntj'ai parl£ priced em men tet dontje suis loin denier la
possibility. Le trac6, m^me hypoth^lique, d*un cbange-
ment d'allure aussi important, procurerait aux ingenieurs
( 736 )
plus h in^rne que moi cie connaltre les fails locaux sur
lesquels il s^appuie, Toccasion de les discuter et d*amver
i la .virile.
Je dois ajonter qiie ces cartes sont fort incompletes au
point de viie de la surface , et Ton ne s'y reconnait qii^avec
assez de difficulles. I.cs souls points de rep^re sont les
nombreux puils dVxtraction qui ont ^t6 creus^ dans ce
riche bassin. I^es communes et les concessions n*y sont
indiquc^es que par leurs noms. II serait it desirer que fan*
teur les complMt et y fit figurer les principaux coars
d*eau el voies de communication , les localites et les ^ta-
blissemcnts les plus importants, ainsi que les liroitesdes
communes et des concessions. Plusieurs exemples de
cartes renfermant toutes ces donndes peuvent Hre ciiis :
elies en acquierent beaucoup plus de clart^, sont d*an
inlerdl beaucoup plus saisissable , sans pour cela deve-
nir trop embrouill6es.
Pour en finir avec les cartes, je dirai que Taatear a cni
devoir accompagner d'un Iiser6 de couleur chacane des
couches qui y sont trac^es. Or, le nombre total des coo-
ches est de 4*7 dont il faut d^falquer 13 qui n*y figurent
pas. II faudrait done 54 teintes diCKrenles. f^ chose n*est
pas impossible sans doute, mais arrivant & cette subdivi-
sion, beaucoup de teintes se ressemblent et ne peuvent
ctre discern6cs avec assez de facilite. Je crains^ du reste,
que Temploi de ces teintes, dans le cas oh rimpressioo
des cartes serait d^cidee par TAcademie, n*acquiert, par
cela m£me d'assez grandes dilTicultes et n'entrafne k des
frais considerables. Le but de Tauteur n*en serait pas
moins atteint, el d*une maniere plus facile et plus com-
mode, si la mSme couche portait un meme num^ro dans
(737)
toute Tetcndue du bas$in,numero qui suivrait ou pr^c^dc*
rait immedialemcnt Ics noms divers que cette couche
porte dans les diff^rentes concessions.
Des coupes verticales iransversales accompagnent les
deux cartes et montrenl i'allure des couches en profon-
Tondeur. Elles sont assez incompletes au point de vue du
(raic^ des couches , des travaux k travers barres qui n'y
sont pas indiqu^s, de la surrace du sol qui n*y est pas pro-
file ct des terrains de recouvrement qui D*y figurent pas.
Ce sont en quelque sorte des traces g^om^triques, tres-
exacts sans doule, mais dont Texaclitude ne rachete pas
la s6cheresse.ll mesemble, en outre, que Tautenr a eu una
idee assez malheureuse en construisanl ses coupes verti-
cales i une ^chelle quadruple de celle de ses cartes. L*oeil
a peine k se retrouver dans la comparaison de traces si
diff^rents. J*ajouterai que les coupes du bassin de Huy de-
vraient se trouver sur une feuille s6par^e.
II ne me reste plus que quelques mots k dire sur la
partie paltontologique du travail , partie tr^-restreinte«
comme on doit bien s> attendre.
Pour la pal^ontologie v^g^tale, Tauleur se contente de
signaler au (oil ct an mur dc certaines veines et veinettes
les empreintes qu'il a pu y reconnaitre, mais il n*essaye
pas de s*en servir comme moyen d*6tablir la synonymic.
Je ne pense pas non plus qu*on puisseyarriver jamais, si
on pretend reconnallre par ce moyen une vcine d*une au-
tre veine voisine; mais certains indices me font supposer
qu'il n'en serail pas de mdme pour distinguer un groupe
de veines d'un autre groupe. II n'y a pas, sans doute,
changement complet de flore entre un groupe et le groupe
suivant; il y a m£me des especes qui se rencontrent sur
( 738 )
loute la hauteur de la rormation houiliire^ mais ccrtaines
especes apparues des h commencement de cette forma-
lion, disparaissenl longtemps avant la flu/et sent par
consequent caract^ristiques des couches inf<6rieures; car-
taiues aulres caraclerisent les conches superieures, et l*on
pourra probablement dislinguer des especes interme-
diaires. Mais je pense qu*avant de tenter cette voie, il faa-
drait refondre compl^tement la flore fossile. Cest ce
qu'avait enlrepris notre savant collegue M. Eugene Coe*
mans, que la mort est venue surprendre au milieu de cat
important et utile travail. Qu*il me soit permis d*exprimer
ici le regret que nous a cause cette perte pr^matur^e, el
d*emettre Tespoir que ce qu*il avail si lahorieusement com-
mence, ne sera pas perdu pour la science et pourra etre
continue et mene ^ bonne fm.
L*auteur indique ^galement les veines au toil desquelles
il a reconnu des coquilles fossiles, et il leur consacre qael-
ques mots k la iin de son m^moire. II a reconnu, dans la
province de Li^ge , cinq horizons fossilif^res de cette na-
ture , mais ici encore il semble oublier les travaux de ses
devanciers, la note de M. Renier Matherbe qui en signale
sept{fltt«. de rAcad., 2™« s6rie, tome XXXII, n"» 12) et le
rapport de M. Dewalque sur cette note.
De notre cdt^, nous avons constat^, mon collaborateur
Cornet et moi, dans le bassin houiller du Hainaut (fiti//. de
I'Acad.y 2™* sirie, tome XXXIII, n*» 1, 1872) sept horizons
fossilifires. Dans son rapport sur notre notice, M. Dewalque
emet Tespoir que des recherches ult^rieures ^tabliront
ridentit^ de quelques-uns des niveaux iossiliferes des deux
provinces. L'auteur^a essaye d'^tablir. cette identity poor
trois d'entre eux : le 1" le 3"' et le 4'"' de la province
( 739 )
de Hainaut correspondraient aux 1", 2"* el 5"'* de la pro-
vince de Liege; trois autres n*y auraienl pas e(^ recon-
niis, et le 7""' n\ existerait pas i cause de la moindre
puissance du terrain houiller. Par conCre, deux niveaux
prendraient place dans la province de Liege entre ie 5"**
et le 6*"' niveau de la province de Hainaut oix ils n'au*
raient pas encore el^ constates. II est a remarquer que le
5"* ct le 6"* niveau, d'une part, el le 6"* el le 7"*% d'autre
part, sont separes, dans ie Hainaut, par les ^paisseurs
enormes de 620 et de 550 metres dans lesquelles on h'a,
jusqu'^ present rien signal6. Ce sont des lacunes que de
nouvelles 4echerches pourrontcombler. A cesujet, je ferai
remarquer que des sept niveaux rossiliferes du Hainaut,
deux etaient connus dopuis longtemps par Tabondance de
leurs fossiles (le V el le 2"''), le 6"* nous a il6 signal^ par
un ing^nieur de nos amis assez amateur de semblables re-
cberches, landis que lesquatre autres onl 6ie trouv^s par
nous dans les charbonnages dont nous 6lions appeles k
diriger les Iravaux. On peul en concJure que si les niveaux
fossiliferes n^ sont pas plus nonibreux, cela lient seule-
ment^ Tabsence, db la part des ingenieurs decharbonnage,
de recberches persev^ranles de fossiles qui,du resle,ne
sont pas toujours bien faciles h trouver.
II ne serait nullement impossible que Tassimilaiion des
niveaux fossilifi&res essay^e par Tauteur entre les deux
provinces fill exacte, mais je dois dire que ce serail un
peu Teffet du basard. L*auteur est (res-peu explicite,
quanl k la specification des fossiles rencoiitr^s : il les
range lous dans le genre Unto: Depuis longtemps les pa-
l^ontologisles ont renonc^ k celle appellation pour les
fossiles de cette forme des terrains anciens et lui onl sub-
(740)
slitu^ les genres Cardinia ei Anthracosia. De plus aucuD
nom d'esp^e n*y est donne. Cesl une lacune qifil seniit
desirable de voir combler, ridentification des horizons Tos-
silif^res ayant beaucoup plus de chances de se Irouver par
les esp6ces que par les genres. Quant a rassimilation des
horizons donl les genres sont enli^reroent diflTerents et qui
ne serail basee que sur cc Tail que Ton y rencontre des fos-
siles , on comprend qu*elle doit ^tre faite avec une eitr^roe
reserve. Je citerai comme ^tant dans ce cas , le premier
niveau du Hainautqui nous a fourni un Produclus proba-
blement in6dit et de nombreuses empreintes de Pasido-
nomya et que Tauteur croit pouvoir rapporter au premier
niveau de la province de Li^ge dans lequel il n*a rencontr^
que des Unios. Je ferai remarquor, du reste, que ce pre-
mier niveau du Hainaulse trouve dans les phlanites, tandis
que les Unios de Dalhem se Irouvent au-dessus de cetle
assise, dans le schiste^Jiouiller; motif de plus pour se d^ficr
de cette assimilation et memo pour la rejeter.
Pour conclure. Messieurs, je declare me ranger comple-
tement de Tavis de M. le premier cominissaire, quant i la
partie purement scientifique du travail qui vous estsoumis,
c'est-i-dire que Tautcur n'est arrive k rien de neufet que
son travail ne perdrait rien si les paragraphes concernant
ces points 6taient largement abrdg^s. Quant ik la parlie
descriptive, je serais egalement de son avis pour en recta-
mer Timpression, mais apr^s que Tauteur aurait modifieses
cartes et ses coupes de la mani^re indiqaee plus haut et
qui consiste :
1* A dresser la carte du district de Lidge et des pla-
teaux de Herve au niveau de la Meuse, pour pouvoir ia
raccorder i la carte du district de Huy et ne former
( 741 ) .
qu*unc seule carte g^n^rale de tout le bassin, sans pour
cela supprimcr la carte a 200 metres en dessous de ce ni-
veau.
2^ Indiquer sur cos cartes les lignes et points principaux
dc la surface, comme cours d*eau , voles de communica-
tions, limites des communes et des concessions, localit^s
et ^tablissements induslriels, etc.
S"" Completer les coupes transversales et les r^duire k
la m£me ecbellc que celle des cartes.
J*ai tout lieu de croire que Tauteur a en sa possession,
ou pourra Tacilementse procurer les elements qui lui per-
metlront d'effectuer promptement ces diverses modifica-
tions et additions.
Quant k la recompense k accordcr, je pense qu'il n'y a
pas lieu de prendre, dis a present, une decision. En d'au-
tres termes, je propose de laisser la question au concours
et d'attendre les modifications demand6es. Cest la solu-
tion vers laquelle penche egalement votre premier com-
missaire. >
La classe, se ralliant aux conclusions des rapports de
ses commissaires, reconnatt le merite du travail qui lui a
ete soumis on reponsc k la 6* question du concours; mais,
en presence des lacunes etdes imperfections qu*il pr^sentc,
elle decide de roniettrc la question k un prochain concours,
dans Tespoir que Tauteur pourra, s*il y prend de nouveau
part , m^riter cette fois la m^daille d*or.
(742)
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
I^es relations enlre la chaleur el la vegeiation, specialemeHl
ail point de vue de Vintervenlion dynamique de la cha^
leur dans la physiologic des pla^les; leclure faitc p.ir
M. £douard Morreo, membre de TAcndemie.
1/aclion de la chaleur sur les v^getaux est iinc grande
et belle question & etudier : elle penetre dans resseiice
mdme de Taclivil^ vilale. On Telucide lentemenl ^ mc-
sure que la physique el la chimie progressent dans la con-
naissance des corps el des forces.
En presence d*unc queslion aussi vasle, il imporle cle
determiner le cdle par lequel on Taborde.
La chaleur a de Tinfluence sur la croissance des vege-
laux (1), sur la circulalion des sues, sur T^lahoration cellu-
laire, sur la respiration el sur bien d'autres plienomenes
(|ue nous n'avons pas i consid^rcr ici.
Nous avons k nous occuper seulemenl des relations de la
chaleur avec le d^veloppement des planles el particuliere-
nienl avec les ph^nom&nes p^riodiques de la vegetation :
ainsi limilee, la question esl encore assez ^tendue pour
(|u*on puisse la parcourir sur des voies diS<6renles.
(I) Voy. J. Sachs, Ueher der Einfluss der LufUemperatur und des
Tageslichls auf die slUndtichen und Taglichen aeruiercLngen des iMngen-
wacftsUiums der Internodien, dans : Arb. dbr botan. Instit. in Wubz-
BURG, 1872, i« livr., — aiial^s^ dans le Hull, de la Sociite boianiqtte de
France, n. B. IK72, p i23.
( 743 )
Jnsquici elle a 6i& ^tudi^e pluldl par robscrvalion que
par la m^thode exp^rimentale. On si*est adonn^, avec le
z^le le plus louable, k robservalion des ph6noin&nes p^rio-
diques; on a observe la temperature sous laquelle ces ph^-^
nom^nes se manifestaient et Ton a cherch^ i en d^duire
Ics relations de la cause k Teffet.
I. Les pb^nomenes p^riodiques consideres comme des
faits, ind^pendammenl de toute discussion, font co'nnaitre
Tepoque k laquelle se manifeste le ph^nom^ne que Ton
considere, la date moyenne de cette manifestation et les
hearts dont elle est susceptible.
A la suite d*observations suffisaroment r^p^tees, on ela-
blit ainsi le calendrier d*une flore determin^e, on troiive
dinteressantes coraparaisens entre les divers Elements
dont cette flore se compose, par exemple, selon Torigine
ou la nature des esp^ces; entre la vegetation et le r^gnc
animal, comme la migration des oiseaux ou les metamor-
phoses des insectes; entre les flores des diverses regions
g^ographiques et m^me entre plusieurs ^poqncs plus ou
moins eloignees d*une mSme flore.
II. Cette demi^re consideration conduit a envisager la
manifestation des phenomenes periodiques dans leurs rap-
ports avec le climat et particulierement avec la chaleur.
D^s lors on s*appuie sur les faits pour en cbercher les rela-
tions; on compare entre eux des climats diSerents et des
flores eioignees; on aliorde mCme I'equation de la chaleur
et du phenomene.
De nombreuses observations ont ete accumul^es dans
cette direction et des theories assez divergences ont ete
propos^es pour rendre compte des rapports entre la tempi-
( 7i4 )
ralure et la vdg^lation. M. Ad. Quctelet en a ^t^ I'ardenl
promoleur en Belgique et il a produit k ce sujel les docu-
ments les plus nombreux et les plus utiles. Des travaux
importants ont &1& aussi publies dans d*aulres pays ; sans
r^p^ter k ce propos un bislorique bien connu (1), nous
mentionnerons ceux de F.-C. Schubeler, Herm. Hoff-
mann (2), Charles Fritsch (3), Charles Linsser (4), Guil-
laume Kabscb (5).
Dans ces ouvrages et ceux de M. Que(elet on trouve Ja
citation des autres sources k consulter. Les observations de
Fritsch, Kabsch et Linsser son t considerables; il import4\
nous paratl-il, d'en d^gager tout ce qui est detinitivement
acquis ^ la science et, dans Tint^ret mdme des rechercbes
qui sont poursuivies en Belgique, de les metlre en parai-
iile avec celles qui ont el^ publiees par TAcademie e( par
rObservatoire. Ce travail est ardu et penible et il reclame
une attention soutenue : nous ne pouvons prevoir quel en
(1) Voy. Ed. Morren, Memorandum des travaux de botanique, 1872,
p. 27.
(2) H. HoflTmnnn, WUlerung und Wacftsthum Oder Grundzilge der
PflantenkUmatologie. Leipzig, 1S57; 1 vol. in•8^
(3) Karl Fritsch, Resultate mehrjdhriger Beobachtungen Uber j^ne
Pflanten... Prag, 1851. — Unlersuchungen Uber das gesets des Einfiuss
des Lufltemperatur,.. Wie.n, 1858. — Termische constanten fur die Btuthe
und fruchtreife von 889 Pflanzewarten. Wieo, 1863.
(4) Carl Linsser, Die periodisehen Edscheinungen des Pflamenle-
bens^ Miu. de l*Acad. Imp. de S'-P^tersbourg, Vll'serie, t. XI, n* 7, 1867.
— Untersuchungcn uber die periodisehen Lebenserscheinungen des Pfian
zen, Utn, de l*Ag Imp. de S^-PiiTERSROURG, VII* s^rie, t. XIK, n* 8, 1869.
(3) W. Kabscb, Ueber die Vegelationswarme der Pftanzen und die Mc-
Ihode sie suberechnen. — Das Pflanzenleben des Erde, Haonover, 1870,
1 vol. in-8« (posUiume). — On troavc la traducUon , par M. Cb. Firket, dn
chapitre la chaleur et la v^gilatioHf 69liis la Belgique horticole^ 1872 et
4873.
( 745 )
serait le r^sultat, mais nous pensons qu'il est demaDde
par la Z" question du programme de coneours de classe des
sciences pour 1873. Nous ne Tavons pas entrepris nous-
m^roe, mais Tattrait de ce genre d'^tudes nou3 incite k
presenter queiques considerations qui s'y rattachent.
Jusqu'ici, pour determiner la temperature qui agit sur
la vegetation, on se borne k comparer les indications du
thermomelre et les phases de la vegetation, et, comme
on observe generalement un thermometre place k Tombre,
ses indications ne sont rigoureusement applicables qu*anx
vegetaux qui se developpent dans les memes conditions.
Les experiences connues du comte de Gasparin et de
M. Alph. de Candolle, sur Pinfluence de la. radiation so-
laire, ont donne des resultats contradictoires^t ne suffisent
pas pour asseoir une opinion deflnitive. On pent considerer
cette influence soit au point de vue du temps necessaire
pour la manifestation d*un phenom^ne de vegetation, soit
sous le rapport de la quantite du produit.
Plusieurs autres circonstances peuvent d*ailleurs inter-
venir, parmi lesquelles nousciterons la chaleur accumuiee
dans le sol autour des racines, mdme par une seule journee
sereine; le refroidissement plus ou moins rapide etprofond
du sol par I'effet de la geiee ou du rayonnement (1); la
chaleur que Teau absorbee par les racines repand dans Tor*
ganisme; la chaleur depensee par la transpiration des
feuilles; la resistance plus ou moins energique des vege-
taux k rechauflement ou au refroidissement atmosphe-
(I) Oh. Martins, Du refroidissement nocturne^ etc. Monlpellier, 1863,
in-4o. — u. Becquerel a fouroi recemmeDl des donn^es nouvelles sur ce
sujet : Comples rendtts, 10 fevritT 1873, p. 310.
2"*' SfeRIE, TOME XXXVI. 49
(746)
rique; I'influence du vent el de I'elal hygromelrique de
Tair, .etc. II faut aussi tenir comple de la duree de Tin-
fluence 6chauffanleou refroidissanle. Ainsi V Agave ameri--
cana peul endurer — 6°R. pendant un (emps court et il
n*esl pas en ^tat de r^sisler longtemps k une temperature
de + 1"". De rnSme pour la chaleur, les plantes alpioes
mourraient bientdt si elles devaient £tre expos^es plusieurs
jours a une temperature uniforme de + 10% tandisqu*elles
se plaisent ^ recevoir pass^g^rement une chaleur phis
eiev^e. On doit reconnaitre aussi, au moins chez la plupart
des plantes cultivees, sinon une acclimatalion absolue, au
moins une accommodation incontestable k des climats
dont la chaleur est differente. Des races precoces se for-
ment, tant chez des v^g^taux annuels, comme le pois et le
inais, que chez des esp^ces p^rennantes , comme la pomme
de terre, ou ligneuses, comme le poirier, et ces races recla-
ment moins de chaleur pour mtHrir leurs fruits que les
variet^s tardives. On ne saurait perdre de vue rinfluence
de Patavisme et de certaines habitudes inv^terees chez des
vegetaux. C'est ainsi que la flore du cap de Bonne-Esp^-
ranee introduite dans nos cultures europeennes continue,
au moins pendant un certain nombre d'anB^es, en d^pit
des excitations de notre climat, k fleurir en hiver et 4
demeurer en repos pendant notre ^t^. II en est de m^me
pour la vegetation australienne. La chute des feuilles en
automne chez la plupart des arbres septentrionaux peut
aussi etre consideree comme une habitude que ces arbres
perdent quelquefois sous des regions plus meridionalcs. Le
fait a eie constate pour le prunier et pour d'autres arbres.
Les travaux de Charles Linsser, qui ont porte sur un
nombre considerable de faits, ont etabli, conformement a
( 747 )
Topinion de M. A. de Candolle (1), de Schubeler (2) et de
nous-meme (3), que Ics habitudes inveter6es par I'aclion
du climat originel iDlervienneot dans la manifestation des
phenom^es de la veg^lalion. D*apres Gh. Linsser : I"" les
veg^laux du Nord, transplant^s dans le Sud, y deviennent
plus precoces que ceux du Nord, et les veg^taux du Sud,
transport's dans le Nord, y restent en retard sur ceux-ci ;
2° les v'getaux des montagnes e( ceux de la plaine se con-
duisent r'ciproquemenl de la m6me mani^re quand on les
change de region.
M. Gh. Martins a constat' le m'me fait (4). L'hiver rigou-
reux de 1870 k 1871 lul a donn' Foccasion de remarquer
que , parmi les plantes actuellement indigenes aux environs
de Montpellier, ce sont les espi;ces appartenanl r'ellement
a des groupes exotiques qui onl 't' atleintes.
G'est aussi Topinion exprim'e par M. Wladimir Koep-
pen,dans son important M'moire sur la chaleur et la crois-
sance des vegetaux (5). II eslime que € les esp'ces onl dil
prendre Fhabitude de phases periodiques parce qu*elles
ont dA subir la p'riodicit' des ph'nomenes atmosph'riques
et s'y accommoder pour vivre, el celte habitude est inv'-
t'r'e a ce point qu'elles conservent ces phases meme
quand il n*exisle plus de p'rlodicil' dans les agents du
monde exterieur, comme sous le climat de Mad're. »
(1) Voy. Alpb. de Candolle, Geogr. hot , p. 47 et Arch, de la Biblioth.
univ. de Geneve , }mn 1872.
(2) Voy. la Uelgique hort., 1863, p. 145.
(3) V Acclimaiation des plantes, Gand , 1 865 . br. iD-8».
(4) VHiverde 4S7G-71, dans le Jardin des Plantes de Montpellier. —
M£h. de l'Acad. des sciences et lettrrs de Montpellier, (. VII, p. 537.
(5) Warme und Pflansentvachsthumf dans les Bull, de la Soc. des
Natur. de Moscou, 1 870, p. 41 ,
( 748 )
Les ph^Domenes sur lesquels TaltentioD s*est portee
jusqu'ici, savoir la feuillaison, la floraison, la maluralion
et Tcffeuillaison^ oe sonl point les seules Stapes de la v4ge-
lalion qu'il y ait k consid^rer : In germination naturelle et
le gonflement des bourgeons ont aussi de rimportance ct
ne devraient pas £tre perdus de vue.
En ce qui coneeme la floraison, on peut remarquer que
la Tormation des boulons est un autre ph^nom^ne que
r^panouissement des fleurs. Cette formation n*esl pas sons
la dependance exclusive de la chaleur, mais beaucoup
d'autres circonstances iuterviennent. On sait, par exemple,
que la vigne cesse de fleurir sous la zone intertropicale.
De m&me les plantes bor^les ou alpines transport^es dans
la plaine ou sous des latitudes trop douees developpent
volonliers un feuillage exuberant, mais cesseut de fleurir.
On peut citer le Soldanella alpina, le Primula minima. II
faut, pour amener la formation des boutons, c'est-4-dire ce
qu'on peut appeler Tanthogenie, cerlaines circonstances
autres que celles qui dependent de la chaleur, |)ar example,
un certain dge. Mais chose bien remarquable, Tige de tons
les individus issusde la multiplication d'une m^mesouche
se comple comme slls ^taient rest&t unis k cette souche.
Nous avons signal^ la floraison simultan^e dans les cul-
tures europ^ennes du Gincko biloba, du Virgilea lulea, du
Cedrus Libani, du Saxe-Cothaea conspicuoy sous les cir-
constances les plus difltirentes (1).
On sait aussi que dans notre flore forestiere et rurale
les l)ou(ons se formenl, en g^n^ral, pendant Tann^ qui
pr^cMe leur ^panouissement. Tout n*est done pas calori-
(t) Voy. Acelimatalion v^gildle et la Belgique horticoie.
( 749 )
dyoainie dans la floraison. La chaleur a surtoul pour effet
de mettre le v^g^tal h mdme de preparer les mati^res plas*
tiques qui doivent etre utilis^es par la floraison.
En r^sum^, nous nous sommes efforc^ de faire voir par
ce qui pr6cdde que dans la feuillaison, ta floraison, la ma-
turation el la d^feuillaison, il se manifesle des pb^noni^es
ind^pendants de Taclion de la temperature.
Si main tenant nous avons k nous occuper de cette tem-
perature, nous constatons dans chaque esp^ce v^g^tale un
z^ro physiologique, c'est-^-dire un point de r^chelle ther-
mom6trique au-dessous duquel la chaleur est inelficace.
Chez eertaines esp^ces alpines ou bor^ales, telles que le
Galanthus nivalisy le Soldanella alpina, ce z^ro idiosyn-
crasique coincide k peu pr6s avec celui du thermbm^tre,
mais il est i -h 4** R. pour Torge, a h- 4%8 pour le froment,
a + 12** ou IS"" pour le cocotier. M. Alp. de Candolle ap-
pelle chaleur inutile loute celle qui ne produit pas cette
temperature minima et il a fait remarquer, avec raison,
qu'il faut reiiminer des calculs, c*est-i-dire que Ton doit
seulement tenir compte de la temperature moyenne des
jours ou la chaleur a d6passe ce minimum specifique. Selon
Kabsch , dont les id^es me semblent devoir etre prises
en consideration, la chaleur de la nuit, c'est-i-dire la cha-
leur qui intervient en dehors de la lumiere pendant le
repos physiologique des vegetans, est egalement de la cha-
leur inutile et elle doit etre eiiminee. Dans cette opinion,
ce n'est pas la temperature moyenne du jour entier qu'on
doit faire intervenir, mais bien celle des heures de la jour-
nee : c*est ce que Kabsch appelle le jour de vegetation. Les
temperatures ainsi evaluees deviennent plus eievees. La
longueur de la joumee etant tres-variable suivant les sai-
sons et les latitudes au moins en dehors de I'ediptique, il
( 750 )
en r6sulle que la chaleur ulile varie selon les memes cir-
conslances. II ne saiirait ^tre indiiTercnt qii*unc chaleur
moyenne de -h 16° agisse pendant 12 heures de jour,
comme cest le cas sous Tequateur, ou pendant 18 a
20 heures, comme il arrive dans les regions polaires. On
explique de cette maniere, pour une certaine part, la rapi-
dile extraordinaire de la vegetation dans les conlrecs sep^
tentrionales. Kabsch, en appliquant sa m^thode, a etc
amene k un^resultal qui s'^loigne de Topinion la plus gene-
rale, savoir que les sommes de chaleur necessaires pour
les diverses p6riodes de la veg(^(atiou d'une espece, telies
que la germination, la floraison et la fructification, sent
fort rapprochecs les unes dcs aulres. Le meme savant, en-
lev6 prematurement de ce monde, a formule, avec beau-
coup de prt^cision, les trois lois suivantes de physique
v^getale :
1. II existe pour chaque plante sur Techellc thermome-
trique un minimum el un maximum entre lesquels Tes-
pece est capable d*exercer normalement ses functions
organiques.
2. Toute germination, toute Evolution , toute maturation
exige un certain degre de temp<5rature trfis-variable sui-
vant les esp^ces.
3. Chaque espece veg^tale, pour parcourir les diverses
phases de son exislence, exige une certaine quantite de
chaleur.
Ainsi la vigne, par exemple , se maintient entre — 19"
et H- 20°, mais elle n'enlre pas en aclivite sous une tem-
perature inf^rieure a -f- 8° et elle exige pour donner du
vin potable 2900".
Des experiences devraient etre faites pour verifier el
pour appliquer ces lois.
( 751 )
D^k M. Hugo de Vries(l), en elndianl Tinfluence de la
iemp^ralnre sur la germination, a constat^ qu*il existe pour
chaque espece un point d'election o(k la croissance se fait
avec plus de rapidity qu*a loule autre temperature, et
qu*au-de$sous decc point, la longueur atteinte augmenle,
tandis qu'au-dessns elle diminue k mesure que la tempe-
rature s'^leve. Ce resultat est conforme k la seconde loi de
Kabsch. II r^sulte aussi des experiences du mdme natura-
liste neerlandais que, pour la majority des v^getaux obser-
ves, la temperature limite de la vie se trouve entre^S**
et 47*' dans feau , et entre SO"" et 52'' dans Tair ou dans
la terre s^che. Comme, d'autre part, la limite inferieure
de Taction calorifique se trouve^ O"" ou dans son voisinage,
on voit que les Hmites entre lesquelles les experiences
doivent etre institutes, ne sont point fort eioign^es Tune
de Tautre.
11 nous semble que les observations des p^riodiciens
ont donne k pen pres ce qu*elles peuvent, au moins en ce
qui concerne les faits observes et qu*il est n^cessaire d*etu-
dier d^sormais Taction de la chaleur par la methode exp^-
rimentale.
in. Un probleme de la plus haute importance et qu'on
a trop neglige jusqu'ici est celui des rapports de la chaleur
re<^ue avec le poids acquis par la plante sous Taction des
rayons solaires et specialement avec la quanlite de carbone
fixee dans la maliere organique. D*apres ce qu'on sail
acluellemenl, on estime que, sous un climal tempere.
(i) De invloed der temperatur op de levensverschynselen der planten^
in de : Nederla^dsch Kri'idkundig Arcbief, 2« serio, I 1, pp. 25-49»
1870.
( 752 ) .
un hectare de Ibrel, de prairie ou de culture fixe en une
annexe de 1,500 a 6,000 kilogrammes de carbone el que
pour ce travail les organtsmes vegelaux utiliseot cnlre
1 el 4 milii^mes de la chaleur qui arrive par la radiation
solaircsur Tespace qu*ils occupenl (1).
II esl (Evident que les quelques phenomenes sur les-
quels s'est porlee rallenlion des p^riodiciens, germina-
tion, feuillaisoD el les autres ne sont que des elapes, des
points de rep^re plus ou moins convenlionnels dans la
vie des plantes. lis sont lous des actes de croissance : or,
loute croissance suppose mouvement; tout mouvement
uecessite une depense de force; loute d^pense de force est
une transformation de chaleur.
On sail qu*il exisle un ^tat statique de Tazote, un azote
neutre dans lequel baignenl les elres vivants en ne lui
demandant rien que le milieu pour Pexistence et qui!
exisle aussi un ^lat dynamique de Tazote , un azote orga-
nique, qui est engag^ dans des combinaisons actives et qui
est r^liiment vivant par excellence. II nous semble quit
faut aussi distinguer deux manifestations diff(§rentes de la
chaleur. II y a la temperature dans laquelle baignenl les
organismes et dans laquelle ils peuvenl seulemenl mani-
fesler Icur aclivite; et il y a aussi une action du calorique
qui intervient m^caniquement ou chimiquement par ses
transformations dans les phenomenes biologiques. Ce ca-
lorique, dont on pent suivre la depense el la restitu-
tion dans les ph^nom^nes m^caniques comme dans les
actes biologiques^ est celui-lili m^me qui agit avecla lumiere
et qui , dans les plantes, intervient pour la reduction des
(1) Voy. Ed. Becquerel, La Lumiire, 1868, 1. II, p. 288.
( 753 )
composes mineraux et s*engage dans Telaboralion des
substances organiques. On pcut affirroer que les plantes
vertes sont la seule source premiere de (out mouvement
organique en vertu de leur activity organisatrice. Chez
tous les v^^iaux verts, les fails essenliels sont les
memes; bien qu*ils fonctionnent sous les climats les plus
diffi^rents, tous ^laborent des substances hydrocarbonees
et quaternaires. Par ce travail 11 y a production de com-
poses endothermiques.
II y a aussi chez les v^g^taux des ph6nom^nesde mou-
vement : pour le transport de la plus intime molecule
depuis rextr^mit^ de la racine qui Ta absorbee jusqu'au
sommet de la cimejl y a mouvement et, quelque faible
qu'il puisse etre, s*il n*cst pas produit par un autre mou-
vement pr^exislant, il ne peut^tre attribu6 qu*^ la trans-
formation du calorique.
II nous paralt que la chaleur utilis^e, c'est-i-dire r^elle-
ment ab&orb^e pour la manifestation de ces ph^nomenes
d'elaboration et de croissance, peut Atre d^termin^e sous
forme de calories ,* en d*autres termes , qu'on arrivera,
par la physique veg^tale, h la determination de IVquiva-
lent m^canique de la chaleur dans le travail orgauisateur
des v^getaux. Cetle recherche n*est pas, comme on le
voit, la m^me que celle qui consiste k constater entre
quels degr^s thermom^triques se manifestent les ph^no-
menes de la vegetation. II faudrait chercher k determiner
\\ chaleur engagee dans les substances qui jouent un rdle
actif dans Torganisme et, s*il est permis de Tesperer, le
rapport de la chaleur necessaire pour leur production avec
celle qui se degage.[pendant leur decomposition. Nous
avons specialement en vue la fecule.^ C'est dans cette|[di-
rection qu'on decouvrira Forigine de tout mouvement
C 754 )
organique, car de m^me que la force est distincte du m^-
canismc et seulemenl dirigee par ce m^canisme, de m^mc
la force est distincte de i*organisme et seulement coor-
doonee par lui.
Nous avons vu pr^c^deroinent que, d'aprte quelques
donnees fournies par Chevandier et Boussingault, H. Edm.
Becquerel a pu fixer a 4 ou 5 milli^mes de la chaleur
fouroie par les rayons solaircs, la proportion de chaleur
fix^e par la vegetation pour la reduction de Tacide car-
bonique et la fixation du carbone. Cetle proportion s'aug-
menterait un pen si Ton tenait conopte de Thydrogene
fix^ et de quelques autres corps combustibles engages
dans les combinaisons organiques par le travail reduc-
teur des veg^taux. Mais la chaleur ainsi engage daos
le travail organisateur et chimique des v^^taux n*esl
pas la seule qu'il faille consid^rer pour le calcul de la
m^canique v^g^tale. II faut aussi d^lerniiner la d6pen.se
effectu^Q par le v^g^tal lui-m^me (1).
Un corps qui tombe produit de la chaleur; une pomme,
par exemple, en se detachant de I'arhre, manifeste ce ph^
nomine. On pourrait r6fl6chir sur les lois en vertu des-
quelles cette pomroe est mont6e k Tarbre, car bien evi*
demment elle ne s*y est pas ^levee toute seule. Sauf une
legere reserve pour un pen de carbone emprunt^ par elle
k fair ambianl, toute la substance dont elle se compose a
6t6 ^levee du sol a la hauteur oh elle se trouve. Cette Ele-
vation suppose un certain travail m^canique porportionnel
au poids de la pomme et k la hauteur a laquelle elle se
(1) t,d. Morren: La lumiere el la vegetation, dans la Belgique bokti-
coi.c, 1865, p. 165. Voy. aussi A.Sanson, Determination du coefficient me-
canique des aliments, dans les Comptes-kehdus, 16 juin 1875, p. 1490.
( 755 )
troiive au-dessus des raciues. Lors de la chule du fruit,
ce Ira vail est reproduit sous forme de mouvemcnt et quand
celui-ci est arrele , il se transforme en chaleur. A moins de
siipposer que les corps puissent creer du mouvemeDt et de
la chaleur, il faut bien reconnailre que c^est la chaleur des
rayons solaires qui a porte la ponome k la hauteur ou elle
se irouve. II en est de meme des feuilles, des rameaux, des
branches, de tous les organes et de tous les tissus. II iin-
porte done de faire entrer ce travail mecanique en ligne de
compte dans le calcul de la chaleur solaire utilisee.
Mais il inoporte aussi de savoir que Taction des rayons
solaires sur la mali^re ainsi mise en mouvement dans les
vegetaux n'a pas ^le dirccle ni immediate. Cest le propre
de ces organismes d'une puissance merveilleuse d'engager
la chaleur dans des substances organisees par eux. Quand
des actes decroissance ou, ce qui revient au meme, quand
des phenomenes de mouvement se manifeslent, c'est dans
la desorganisation de ces m^mes substances q^ue les orga-
nismes trouvent la force n^cessaire pour les accomplir. En
eflet, lout mouvement intime dans Torganisme, toute
croissance, toute circulation se manifestent par un acte de
respiration pendant lequel il y a d(^gagement [de chaleur :
une partie de celte chaleur est utilisee sous forme de mou*
vement organique et le surplus se d^gage sous forme
de temperature. L'action des rayons solaires sur les mou-
vements organiques est done indirecte et mediate.
En resume, la chaleur utile representee par un vt'g<^tal
consiste dans un travail d'organisation ou travail chimique
que Ton pent reproduire en brAlant le vegetal et dans un
mouvement ou travail physique que Ton pent egalement
r(^produire par le poids de Tetre multiplie par sa hauleur.
Nous ne nous occupons pas ici du travail depense pen-
( 786 )
dant sa rormation et qui n'est pas lix6 en lui-ineme» par
cxemple, pour son Evaporation, etc.
Ce que nous venons d'Etablir permet dAjk de poser en
loi que, toutes choses Egales d*ailleurs, la quantity de car-
bone fixee par une v^g^talion, est en raison de sa moindre
elevation, pour celte raison que ccllc-ci suppose une moin-
dre d^pense de mouvenient. Ainsi, un jeune taillis doit, k
surface foliaire Egale, fixer plus de carbone qu*une futaie
6levEe. Ainsi s'explique aussi qu'un v^g^lal rec^pE sur
sa souche emet Tannine suivante des pousses ElevEes cl
robustes.
On ne serait pas fondE k invoquer ici, pour expliquer
r^lEvation de la mati^re vegetale, depuis le sol jusqu'4 la
branche, des causes de mouvemcnt qui pourraient dtre dif
ferentes du calorique, comme la capillarite et la diffusion,
car on serait forc6 d*admettre cette impossibility que la
chaleur pourrait £tre cr^^e. La capillarity et la diffusion ne
soiU point des causes de mouvement, mais des conditions
du mouvement. Puisque la pommc en tombant d^veloppe de
la chaleur , il en r^sulte que c'est la chaleur qui Ta Elev^e.
La propri^tE des organismes v^g^taux de condenser la
chaleur et le mouvement k TEtat potentiel constitue ce
qu'on pent appeler TEnergie de la vegetation. Quand la
chaleur et le mouvement passent de TElat potentiel k Tetat
actif, il se produit des ph^nomenes de vigueur. L'^nergie
est une endothermie ; la vigueur est une exothermic.
( 757 )
Sur la production des Anguilles; note de M. de Selys
Longchamps, membre de TAcad^mie.
A propos des rapports sur le concours relatif i la repro-
duction des anguilles, qui D*a pas produit de r^sultats (1),
M. de Selys annonce que cette question semble avoir fait
en Italie des progr^s s^rieux, qui permettent d'esp^rer
prochainement sa complete solution (voir les Rendi-conti
del reale Instituto Lombardo M scienze e leitere^ serie
2— vol. V. — Fascic. I, s6ance du H Janvier 1872).
Le D' Leopoldo Maggi a donn6 lecture, k Tlnstitutdes
sciences de Milan, de recherches qu'il a faites conjoinle-
ment avec le professeur Balsamo Crivelli. Le travail do
ces deux savants est intitul6: Iniorno gli organi essenziali
della riproduzione della anguille, e le parlicoluriia analo-
miche del loro apparecchio genilo-urinario, nonne die
delle loro intestina.
M. Balsanoo Crivelli remarque comment ces decouvertes
furent faites simultan^ment par le professeur Ercolani,
qui les annon^a k TAcad^mie des sciences de Bologne.
Ce m^moire destine k r^pondre k la question mise au
concours par la Soci^te des sciences de Lille en octobrc
1870; n*y fut pas pr^sente & cause de la guerre. Les au-
teurs citeut le professeur Mondini comme celui k qui Ton
doit une connaissance exacte des organes femelles, obser-
vations confirmees par le professeur Ratke entre aulres.
Les au teurs du m^moire regardent les anguilles comme
compl^tement hermaphrodites, et sont portes k les consi-
d^rer comme ovipares.
(1) Voir plus baut, page 696.
(738)
lis rcconiiaissent, sons les noms de Anguilla orihoen-
lera el anacamptoenlera Texislence de deux especes d*aii-
guilles en Ilalie, fondles sur la forme de I'inteslin et,
confirmiJes par des caracl6res externes.
M. le D' Giinlher, le savant ichthyologiste du Museum
britannique, admet ^galement deux especes : A. acuiiras-
Iris et lalirostris de Yarell, mais il constate que leur deter-
mination exacte se fait plus facilement par la position
relative ct la jongueur de la nageoire dorsale compar6e a
la nageoire anale que par Ja consideration de I'aspect du
corps et de la t^te.
La question, quanta Thermaphroditisme, parait r^solue
avec certitude, tant par MM. Maggi et Balsamo Crivelli que
par M. Ercolani.
C'est un grand honneur pour les savants italiens.
I^:lections.
I.a classe se constilue en comite secret pour proceder
aux elections annuelles aux places vacantes.
Les noms des membre, correspondant et associes elus
seront proclam^s en seance publique.
pr£paratifs de la sj^ange publique.
La classe s'est occup^e ensuite des pr^paratifs de la
seance publique du lendemain. Elle a arrets, de la maniere
suivante, le programme de cette solennite :
1** Venseignement de la biologie dans les ecoles^ dis-
cours par M. Gluge, directeur ;
( 759 )
2" Sur le transformisme, lecture par M. d*Omalius;
3" Un mot sur la vie sociale des animaitx inferieurs,
lecture par M. P.-J. Van Beneden ;
4* Antoine Spring, sa vie et ses travaux academiques ,
lecture par M. Schwann;
5" Du commencement et de la fin du monde d'apres la
theorie mecanique de la chaleur, lecture par M. F. Folic;
6"" Proclamation, par M. le secretaire perp^tuel , du
r^sultal du concours et des elections, ainsi que du resultat
du concours de musique de la classe des beaux-arts.
( 760 )
GLASSE DES SCIENCES.
Seance publique du 16 decembre 1ff75,
(Grand'salle des Academics, aa Mus^.)
M. Th. Gluge, directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp<ituel.
Sont presents : MM. d'Omalius, L. de Koninck, P.-J. Van
Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Melsens,
J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque, Ern. Quetelel, H. Maus,
M. Gloesener, D' Candeze, F. Chapiiis, F. Donny, Cli. Moii-
tigny, Steichen, Brialmonl, E. Dupont, £d. Morren,
^(loaard Van Beneden, memfrre^; Th. Schwann, E. Ca-
talan, Aug. Bellynck, associes; £d. Mailly, Folic, De Tilly,
Malaise et Cr^pin, correspondants.
Assistaient k la seance :
Classe des letlres : MM. J.-J. Thonissen, directeur, presi-
dent de TAcad^mie; R. Chalon, vice-directeur; J. Roulez,
Paul Devaux, P. De Decker, Haus, Ch. Faider, Kervyn de
Lettenhove, Th. Juste, Alph. Wauters, membres; J. Nolet
de Brauwere van Steeland, Aug. Scheler et Aljph. Rivier,
associes.
Classe des beaux^arts : MM. L. Alvin, directeur; Guil-
laume Geefs, C.-A. Fraikin, £d. F^tis, Edm. De Busscher,
(761 )
Aug. Payen, le chevalier L^on de Burbure, J. Franck,
G. de Mao, J. Leclercq, Em. Slingeneyer, Alex. Robert,
membres.
»
A une heure, le bureau de la classe, compost de
MM. Gluge, direcleur; Ad.Quetelet, secretaire perp^tuel,
E. Candfeze, vice-direcleur, accon}pagii6 de MM. J.-J. Tho-
nissen , president de TAcademie el directeur de la classe
des iettres, R. Chalon, vice-directeur de la m^me classe,
et L. Alvin, directeur de la classe des beaux-arts, vient
prendre place sur Testrade.
Un auditoire nombreux, parmi lequel on remarque plu-
sieurs dames el divers personnages, assiste k la solennit^.
Le directeur de la classe, M. Gluge^ ouvre la stance par
le discours suivant :
Venseignement de la biologic dans les ecoles.
Messieurs,
Un usage ancien impose au directeur de la classe la t&che
d^inaugurer la stance publique par un discours; je crois
devoir declarer que le mien ne rcnferme que mes opinions
personnelles. Les stances de la classe des sciences n^ont pas
le pouvoir d'^ltirer le public, qui se presse plus nombreux a
la seance publique de la classe des beaux-arls, i laquelle
notre admirable conservatoire de musique prete toujours
son concours. II y a ^videmmeni 1^ une cause apparente
dlnferioriie qu'il s'agit de rechercher, car, plus que jamais,
dans les temps modernes, le pouvoir d*un pays se mesure
2"" s6kie, tome XXXVI. SO
( 762 )
d'aprcs Tinler^t que prend la majority de la population
aux progres de la science.
On poiirrait se demander si nos stances publiques
offrent assez d interet pour attirer les auditeurs. l/etude
denos Bulletins permet de raflirmer; les questions les plus
int^ressantes ont ^t6 traitees dans les discours lus pubii-
quement; j'en citerai seulement quelques-uns pronouces
par des savants que nous avons eu le malheur de perdre,
discours qui ont ouvert un uouveau champ i rinvesligation
scientifique : les communications, si impbrtantes pour Tin-
dustrie du pays, faites par Dumont sur la g^ologie de la
Belgique, les discours si brillants de Charles Morren sur
la botanique, celui de Wesmael concernant une question
qui agite encore le monde savant : celle de la signiGcalion
de Tesp^ce. Spring inaugura les recherches pr^historiques
dc notre pays, par une communication faiteen seance pu-
hlique sur les ossements humains trouv^s dans une caverne
(le la province de Namur en 1853. Mais ces travaux, passes
inaperQus chez nous, trouvereot leur cbemin a Tetranger,
m^me dans les journaux poliliques, et je remarquai un
jour, avec surprise, que le discours prononc^ par Spring
comme directeur de notre classe, sur les phenom^nes p6rio-
diquesde la vie, avait ^te traduit dans un journal italien,
tandis que parmi nous il fut k peine mentionn^. II est done
Evident que TAcad^mie s*esl loujours empressee de traiter
dnns ses stances publiques des questions interessantes de
science, mais que les personnes qui peuvenllescompren-
dre font defaut.
II est encore Evident que les hommes sont rares en Bel-
gique qui, en dehors de certaines professions liherales, s1n-
t<^ressent aux sciences en general. L' Academic a fait plus:
sur rinitiative prise parson illustre secretaire, M. Quetelet,
( 763 )
la plupart de sesmembres out public des trait^s populaircs
sur toutes les branches de la science; quelques-uns de ces
ouvrages ont eu Tlionneur de plusieurs (Editions. L'originc
du d^faut d*auditeurs que je viens de signaler ne peul dtre
recherch^e que dans renseignement de nos^colesmoyennes
el de nos collies, oil la part faite k la science est trop
minime.
Je ne me croirais pas assez competent pour indiquer les
lacunes nombreusesquisemblentexister dans noire pays ; je
ine contenterai de signaler seulement Tabsence des etudes
physiologiques. Je pense, avec plusieurs membrcs du corps
l^islatif, que les m^lhodes d^enseigneinent des langues
anciennes sont vicieuses; elles enlevent inulileipent aux
jeunes gens un temps pr^cieus. Personne, excepte les phi-
lologues de profession, n'est appele h ^crire en grec ou en
latin, ou ik faire des vers el des discours dans ces langues;
par contre, presque tous les eleves quittenl Tecole sans avoir
appris k appr^cier les beautes immortelles des poeles, des
historiens el des philosophes de Tanliquit^; el j*ai constate
soDVdQt, aux jurys d'examen, que deux annees d'inter-'
valle avaient soffi pour effacer toute trace du grec dans leur
m^moire. lis ^taient devenos incapables de Iraduire les
expressions hell^niques si nombreuses^introduiles dans les
sciences.
Les considerations qui vont suivre feront comprendre
combien il est n^cessaire dintroduire dans Tinslruclion
g^n^rale Tenseignement de la science qui d^crit tous les
ph^nom^nes qui se passent dans les Sires vivants, la bio-
logic. HomSre rSsumail les connaissances scientifiques de
son Spoque. Nos poetes , nos litterateurs commettent sou-
vent des erreurs graves quand il s'agit dedecrire les pht^-
nom^nes de la nature. Les lois d'apr^s lesquelles les Sires
( 764 )
vivaiils se developpent, les conditions dans iesquelles ils
existent, sont en general inconnues aiix populations,
soit qu*elles habitent les chauraieres ou les palais. Les
notions que le public a, en g^n^ral, sur les ph^nom^nes de
la vie, datenl du moyen kge ou m^me de Tantiquit^, quand
le peu d'^tendue de noire savoir permettail^ un m^me indi-
vidu d'embrasser toutes les branches dcs connaissances hu-
maines, y compris m^me les croyances religieuses. Depuis,
les sciences onl pris un immense developpement; elles se
sont divis^es etmullipli^es, et la biologic surtout, science
de creation toute moderne, est rest^e inconnue aux esprits
les plus cultiv^s. Aussi n*est-il pas etonnant que les gou-
vernements, les administrations, quand il s'agit de pren-
dre des mesures pour changer les conditions de la vie,
pour donner des lois sur la sant^ publique, soienl dans
une ignorance complete.
Combien y a-t-il de personnes ayant rcQu une instruc-
tion liberate, k Bruxelles par exemple, qui aient jamais
contemple la circulation du sang ?
L'utilit^ immediate n'est pas la seule raison qui me
fasse desirer Tintroduction de la biologic dans Tenseigne-
ment; il en est de plus graves : Nous vivons h une ^poque
qui, par la fermentation des id^es philosophiques et reli-
gieuses, a quelque ressemblance avec celle qui a devanc4
la dissolution de Tempire romain. Les anciennes formes
religieuses s'en vont non-seulementen Europe, mais par-
lout ou la science a p^n^lr6. Les efforts multiplies seront
incapables de leur ramener leur influence d'autrefois el de
combattre un mat^rialisme abrutissant qui ferait dispa-
rattre, s*il devenait universel, les bases de toute soci^t^, la
famille et le sentiment du juste.
Gomme nous poss^dons dans le cerveau un organe n^-
(768)
cessaire au travail de rintclligence, il existe probablement
aussi une organisalion speciale pour le d6veIoppement des
id^es religieuses.
Eh bien, je n*h^sile pas k le dire, c'est T^tude de la na-
ture vivanle qui pourra ramener dans les esprits cette
pens^e de la responsabilil^ iqdividuelle et du devoir qui
commencent k disparailre.Cest en 4ludiant les lois immua-
blesde la vie organique que Thomme apprend h s*imposer
des lois, cl lorsqull n*a pas acquis cette discipline de son
intelligence, il doit se r^soudre k accepter la loi des
autres. L*id^e quej^exprime ici n'cst pas nouvelle; un sa-
vant anglais d'un grand m^rite Ta eue avant moi, il a pense
qu*on pouvait comparer le corps vivant k un etat bien
organise ct d^n)ontrer, par la, que ce n'est pas au hasard
qu'est due la constitution de la famille, de la commune, de
la province et des £tats, et que des lois immuables presi-
dent aux uns et aux autres. En effet, tout notre corps se
compose d*elements formes, de cellules et de fibres, petits
organismes comparables aux individus; ces cellules et ces
fibres travaillent,se developpent, vivent et meurent comme
rindividu dans un temps limits. Reunis en groupe, ils four-
nissent k la communaut^ qui s'appelle I'organe, les mat^-
riaux necessaires k la fonction; un lien comroun, les nerfs,
reunit les diff^rents organes en une province qui, k son
tour, depend du centre nerveux , gouvernement central. II
y a done, dans Tordre physique, la realisation de la meme
idee que dans Tordre moral, ind^pendance individuelle
limitee par Tutilit^ commune et Tinteret general. On pour-
rait encore pousser plus loin le parall^le et rappeler que
toutes les fois que cette harmonic est interrompue,quand,
par exemple, les individus, cellules ou fibres, se repro-
duisent en exc^s, il en r^sulte la destruction de I'organe;
( 766 )
de memc qnand un organe s'appropric trop la substance des
aiilres en delruisant lYquilihre, il pent gdner leurs fonc*
tions et determiner la mort du corps.
D*un aulre cdle, Tactivite trop considerable des centres
nerveux, c'esl-i-diredii gonvernement central, comme on
le voit trop souvent dans nos temps surexcit^s, pent deter-
miner la folic.
II ne Taut cerlainement pas une grande sagacity pour
tronver dos analogies avcc Tanarchie d*en has et le despo*
tism(3 d*en haul, dans la vie des Sires organises auxquelsje
viens de faire allusion.
' Au moyen 5ge, des milliers de malheureux ont ^14 con-
damnes i ctre brAles parce que leurs juges ne connaissaient
pas les fonctions du cerveau et les hallucinations que pro-
duit Talteration de cet organe. Cuvier disait que Thistoire
naturelle a le privilege de r^pandre des idees saines dans
les classes les moins elevees du peuple, de soustraire les
hommes k Tempire des prejuges et des passions, de faire
de la raison Tarbitre et le guide supremes de Topinion pu*
hiique et ainsi de concourir, dans une large mesure, a
avancer la civilisation.
Ce que Cuvier disait de Tbistoire naturelle, en general,
pent se dire avec plus de raison encore des Etudes biologi-
qiies.
II serail digne d*un pays tel que la Belgique de prendre
comme modele a suivre, sous ce rapport, la Su^de, oh des
eleves de 10 a 12 ans acquii^rent des connaissances anato-
miques el pbysiologiques qui manquent chez nous aux
adulles.
L'Allemagne aussi est beaucoup plus avancee dans cette
branche des sciences. A la derniSre Exposition de Vienne,
on admirait la richesse des dessins destines a rinstructioo
^ ( 767 )
anaiomique des ecoles primaires el moyennes, cnvoyes
par ie minislre de Tinstruction publiqiie du royaume de
Saxe.
Chez Dous, au coniraire, on a admis avec quelque diffi-
cuU6 Tenseignement de la g^ograpbie dans les Ecoles pri-
maires, parce que, disait-on, les maitres d'ecole pouvaienl
se laisser seduire k ^tendre leurenseignement i i'bistoire
naturelle. On a meme craint que I'^lude biologique repan-
due dans les masses ne Hi disparaitre Tesprit religieux. Le
sentiment religieux, dont les formes varientselon les temps
et les circonstances exlerieures, je Tai d^j^ dit, est aussi
imp^rissable que Tesp^ce hnmaine.
Si la physiologie a demontr^ qu'aucune pensee ne peut
se former que par Tintermediaire d'un organe, le cerveau;
si un de nos associes a meme pu tenter de mesurer la
rapidile de celte formation, cette meme science ne pourrait
jamais contesler avec succes la liberty du moi elsa per-
manence.
Un physicien oserait-il contester I'existence de Tether,
parce que la disparilion de la cause qui Ta fait vibrer
a fait disparaitre la lumiere? Cest la superstition seule
que la l)iologie combattra toujours avec force. Enseign^e
dans nos ecoles, elle pourra empecber ces epidemics p^rio-
diques de folic qui, au moyen age, s*appelaient sorcel-
lerie, danse de Saint-Guy et, de nos jours, magn^tisme
animal, spiritisme, tables tournantes, visions, etc., maladies
(|ui ont envahi toutes les classes de la soci^t^.
J'ajouterai meme que les sciences malhemaliques, phy-
siques et chimiques ne prol^gentpassufTisammentcontre
les superstitions. Un des physiciens les plus c^lebres,
auquel Thumanitedoit une des plus belles decouvertes de
uotre siecle, me demanda un jour s^rieusement de lui pr^-
( 768 )
senter un musicien douc d'un pouvoir magn^lique animal
extraordinaire, dont la reputation ^tait parvenue jusqu'i
r^tranger.
La biologie n'atlaquera jamais les veriles morales des
livres que les populations out appris k respecter, mais
quand ces livres renferment des erreurs scientifiques, il
Taut que la croyance c^de le pas i la science. II y a qtielque
temps un 6v£que anglican, en s*appuyant sur Tautorite
tres-con testable en mati^re de physiologic de Tillustrc
Buflbn, avait prelendu que la long^vit^ extraordinaire des
patriarcbes pouvait etre justili^e par la science. Un de nos
associ^s, Sir Richard Owen, ne tarda pas k prouver par les
rapports existants entre Vkge des mammifi^res et leur
croissancc, que la dur^e de la vie humaine ne peut gu^re
d^passer un si^cle. II fallait bien que la tradition religieuse,
quelque respectable qu*elle fut,s*inclin&t devant la science.
Propageons done cette science et n'ayons aucune crainte,
ni pour Tordre moral, ni pour le sentiment religieux.
Un pays ne peut se glorifier de sa prosp^rit^ mat^rielle
qu'en 6tendant le progr^s intellectuel danstoutes les direc-
tions.
I£t je termiuerai icr en r^p^tant la parole du grand
poete mourant, poete qui fut aussi un grand naturalisle :
a Plus de lumi^rc. •
Les applaudissements unanimes de Tassembl^e out
accueilli ce discours.
r
(769)
— M. J.-B.-J. d*Omaliusd'Hailoy est venu prendre place
au bureau, pour donner lecture de son travail intitule :
Sur le transformisme.
Messieurs,
J'ai dej^ eu Toccasion de dire, ici mdme, que les hypo-
theses devaient etre assimilees k des romans, mais je n'ai
pas dit qu*elles doivent etre totalcmcnt exclues de la
science. Je crois, au contraire, que, des que Ton se borne
k y recourir pour expliquer les faits, elles ont Tavantage
de coordonner ceux-ci et d'en faciliter T^tude. On ne peut,
par exeinple, nier que Tliypothese de Tattraction n'ail
puissamment contribu^ aux inomenses progres qi]^^ Fastro-
nomie a faits dans les temps modernes.
Parmi les d^couvertes dont les sciences se sont enri-
chies pendant le present si^cle, Tune des plus remarqua-
bles nous a fait connaitre que notre globe terrestre a ^te
habite par des groupes succossifs d'etres vivants qui, quoi-
que ^tablis sur les m^mes plans gen^ranx , pr^sentent une
s^rie de differences, tendant successivement vers les
formes qui caract^risent la nature actuelle.
Ces faits, si diff^rents des opinions qui ^taient g^n^rale-
ment admises, ont donn4 lieu a une fouie d'hypoth^es
que Ton pent ranger dans trois categories, savoir : les
creations successives, la transformation par generation
des formes resultant d'une premiere creation et revolution
de la matiere.
Lorsque, en 1831 , j'ai publie des elements de geologic,
je mesuiscru oblige d'emettre une opinion k cetegard et
( 770.)
j'ai donne la preference au transformisme. J*ai deji indique
plusieurs fois les moliis qui avaient determine celte ma-
ni^re de voir, mais je pense qu'il n*esl pas inulile de
revenir sur ce sujel, parcc que Thypolhese du transfor-
misme a re^u , dans ces derniers temps , un developpe-
mentqui, selon moi, justifie une partie des attaques que
iui font ses adversaires.
I^s hypotheses admettant que revolution de la matiere
pent donner naissance k des corps organises, nc sont
fondles sur aucun ph^nom^ne, bien constat^, de la na-
ture actuelle, et, dans T^Cat present de nos connaissances,
elles ne sont pas necessaires pour expliquer la serie
paieontologique. Nous voyons, en effet, que tons les
grands types organiques existaient pendant la periode
silurienne, et, si le type vertebre n*a pas encore ^te ren-
contre parmi les corps organises anterieurs k cette periode,
il est a remarquer que Ton n'a recueilli, jusqu*a present,
qu'un nombre tr^s-reslreint de ces corps et qu'ils n*ont
encore ete trouv6s que dans des d^pdts tres-voisins du
terrain silurien , car je partage Topinion des personnes qui
considerent comme une concretion minerale, ce que Ton
a nomme Eozoon. Je pense en consequence qu'il n'y a pas
lieu de s'appuyer^ sur ces circonstances negatives pour
r.ejeter Topinion que tons les grands types organiques ont
apparu lorsque la vie s*est manifestee sur la terre.
D*un autre cdte,rorgaBisation des etres vivants est si
admirable que je ne puis admettre qu'elle soit produite
par le hasard; aussi suis-je convaincu qu^elle doit etre le
resullat de la volonte d'un etre tout-puissant.
II est egalement k remarquer que les hypothecs sur
revolution spontanee de la matiere ne repandent aucune
lumiere sur Torigine des choses; car, lors meme qu*il
(771 )
serait possible que la matiere s'organisat spoil tankmen t, il
reste k se demander quelle est Torigine de la mali^re.
Or le monde inorganique pr^senle, aussi bien que le
monde organiquc, un ordre admirable qui ue peul pro-
\'enir du basard, mais qui doil egalemenl resulter de la
volonted*undtre loul-puissaol.
Quant aux hypotheses qui adinettent des creations suc-
cessives, elles ne sont pas non plus appuy^es sur des fails
qui se scraient passes pendant la periode g^ologique ac-
tuelle. D'un autre cdt^, j'ai peine a croire que T^tre tout-
puissant, que je considere comme Tauleur de la nature,
ait, k diverses 6poques, fait p^rir tous les Stres vivants,
pourse donner le plaisir d*en creer de nouveaux qui, sur
les m^mes plans g^n^raux , pre<entent des diff(£rences
successives, tendantes k arriver aux formes actuelles et
reproduisant quelquefois les rudiments d'organes qui ser-
vaient aux Stres ant^rieurs, mais qui ne sont d*aucun
usage k leurs successeurs.
Ces hypotheses ont principalement tire leur origine de
cc qu'on avait remarque , dans des contrees oil il manque
des termes de la s6rie des terrains, que les diverses
faunes ^taient distingu^es par des differences completes,
d*ou Ton concluait qu'il y avait eu des destructions gene-
rates et des creations de nouveaux organismes; mais elles
me semblent fort ebranl^es depuis que Ton a reconnu
qu*il y a des melanges entre des faunes qui se touchent et
quil a «xiste des formes qui se sont propagees dans des
faunes diff<6rentes.
II me parait done bien plus probable et plus conforme
k la sagesse ^minente du Createur d*admettre que, de
m^me que celui-ci a donn^ aux etre vivants la faculte de
se reproduire , il les a aussi doues de la propri^t^ de se
( 772 )
modifier selon les circonstances, pb^nomene dont la nature
acluelle donne encore des exeroples.
Les causes qui produisent niainlenant ces modifications
sont les changements de milieux, les croisements, les
anomalies et la selection.
J*entends par milieux non-seulement le climat et Tali-
mentation y mais aussi toutes les circonstaoccs qui d^ter-
minent des changements dans les moeurs des animaux.
On connatt les modifications que la culture a produites sur
les v^^taux qui servent k notre alimentation el a Torne-
ment de nos propriety. On sait ^alement que les veg^
taux et les animaux ^ transport^ dans un climat ou sur un
sol difl'erents de celui ou ils sont n^, contractent et sur-
tout transmettent k leurs descendants des quality diS&^
rentes de celles de leurs anc^tres.
Les partisans de Timmutabilit^ des especes font obser-
ver que cette action actuelle des milieux ne produit que
les faibles modifications qui constituent ce qu'ils appellent
des differences de races. Je reponds que,quellesque soient
les opinions que Ton ait sur les pb^nom^nes qui ont de-
termini la formation du globe terrestre, on ne peut dis-
convenir que, lorsque arrivaient k sa surface de puissants
massifs de rocbes k T^tat de fluidity ign^e, et lorsque les
eaux tenaient en dissolution les mati^res qui constituent
une partie de nos rocbes stratifl^es , les conditions de tem-
perature et d'alimentation devaient produire des modifica-
tions bien plus ^nergiques que celles qui ont lieu actnelle-
inent, et que celles que nous pouvons produire par nos
moyens artificiels.
II est aussi k remarquer que la tendance des ^tres k se
modifier pouvait ^tje beaucoup plus d^velopp^e dans les
premiers temps qu'elle ne Test actuellement; de mdme
( 773 )
que les nouvelles races que nous obtenons chez nos ani-
maux domesliques et cbez oos piantes cultiv^es ne de-
viennent persistantes qu*apres une s^rie de g6o6rations
plusou moins tongues.
» On objecle contre TopinioD qui attrihue au transfor-
misme les differences constat^es par la s^rie pal^ontolo-
gique, qu*il n*exisle pas dlntermediaire entre les especes
diflerentes; mais cette objection me paralt fortement att^-
nuee par la circonstance que Ton consid^re, comme des
especes parliculi^res, des gronpes d*dtres dont les carac-
teres distinctifs sont si peu tranches qu'il existe des va-
rifles qui sont rangees dans des especes diffiSrentes selon
les auteurs qui les d^crivent. Les partisans de Timpor-
tance et de la fixite de Tesp^ce disent que, dans ees cas,
il y a de ces auteurs qui ne connaissent pas bien les carac-
t^res de Tespece, tandis que, de mon c6t^, je dis qu'il y a
interni^diaire ou passage d*une esp^ce a une autre.
Une objection, plus s6rieuse k mes yeux, c*est que nous
voyons appara!tre,dansla serie pal^ontulogique, des formes
qui ne se rattachent k aucune des formes ant^rieurcs;
mais on peut aussi expliquer cette circonstance sans re-
courir a des creations nouvelles. On sait en effet que les
fauneset les flores actuelles varient selon les regions out
elles se trouvent. La science n*a pas les moyensde d£ci<-
der si cet ^tat de choses r^sulte de ce que Ton a nomm6
des centres divers de creations, ou de Taction successive
des milieux, mais on ne peut disconvenir que ces diffe-
rences ont dd etre plus tranch^es lorsque n'existaient pas
les moyens de communications cr^^s par la civilisation
moderne. D'un autre c6t^, T^tude de la g^ologie nous a
fait connaitre que des parties de nos continents ont ^t^
alternativement emerg^es et submerg^es, etque (Jes mou-
(774)
vements du sol ont ^Iev6 k plus de quatre milie mitres
d*aititiide des d6p6ts form^ dans les foods de la -roer. Si
Ton fait attention ensuite que les rechercbes pal<Sontolo-
giqnes n*ont encore ^te exicutees que sur de tr^-petites
portions de T^corce dn globe terrestre, on coofoit que le^
itres qui nous paraissent presenter des formes tout i fait
' nouvelles, pouvaient avoir eu des ancitres qui babitaient
descontr^esod la pal^bntologie n'a pas encore 4tendu ses
rechercbes, ou dans d*autres sur lesquelles les circoo-
stances geologiques n*ont pas favorise la conservation des
restes de ces £tres,car on sail que la destruction complete
des restes des etres vivanls est bien plus la r^gle gene-
rale que leur conservation par la fossilisation.
On objecte contre Topinion que Paction des milieux ait
pu perfectionncr quelques series d*6lres vivants, la cir-
constance que les aulres series pr6sentent encore les orga-
nisations les plus inferieures et qu*il y a m^me des families
(r^tres vivanls qui se sont d<it^rior^s. Je r^ponds k cette
objeetion que la diversity des itres vivants est une des
conditions essentielles de Tordre admirable qui regno dans
la nature; de sorte que les causes de transformation doivent
^tre combin^es de maniere h mainlenir la diversity n^ces-
saire. Au surplus, ne voyons-nous pas des causes qui nous
paraissent analogues produire des effets differents? Cest
aiosi que parmi les borticulteurs et les ileveurs, qui cber-
cbent a am^liorer leurs v^^taux et leurs animaux domes-
tiqueSy il en est qui r^ussissent et d*autres qui ecbouent.
Ne voyoDs-nous pas nos eaux m^dicinales aggraver quel-
quefois la situation des malades au lieu de les gu^rir? Ne
voyons-nous pas encore los ^pid^niies les plus fuuestes
epargner des populations qui semblent elre dans les
memes conditions que celles qui succombent?
( 775 )
On sail aiissi que les croisements, lorsquMIs sont fe-
(Ands, donnenl naissance i des hybrides qui, pr^sentaDt Ic
melange des caract^res de leurs parents imm^dials, diffe-
rent de leurs anc6tres. On objecle centre les consequences
que Ton pent lirer de ce phenoinene, en faveur du trans-
formisme, que inainlenant les croisements ne se font en
general que par les soins de Thomme, et que les hybrides,
obtenus de cette mani^re, sont ordinairenient sl^riles, lors-
qu*ils proviennent d'Stres appartenant k ce que les zoolo-
gistes appellent des esp^ces diff^rentesetque, dans le cas
conlraire, leurs descendants retournent aux especes origi-
naires. Je reponds d ces objections que ce relour n'est pas
encore constat^ par des series d*experiences assez suivies
pour que Ton ne puisse pas Tatlribuer k des pb^nomines
d*atavismc et k la circonstahce que les hybrides qui nais-
sent k r^tal sauvage ^lant g<^neralement enlour^s d'^tres
appartenant aux especes dites pures, dont les facult^s
reproduclrices sont evidemment plus ^nergiques que celles
des hybrides, il se reprodnit des croisements en sens con-
lraire qui ramenent bientdt ces dermers aux especes on
aux varietes dites pures. £nllo, j*ajoulerai, comme cause
plus generate en faveur du transformisme, qu'il n*est point
impossible que les elres des premiers temps se soient
trouves dans des milieux qui leur donnaient des ten-
dances a la promiscuity etqui rendaient les hybrides plus
propres k la reproduction. Aussi ai-je d&]k eu Toccasion
d exposer les motifs qui me font partager Topinion des
auteurs qui consid^rent quelqnes-uns de nos animaux do-
mestiques, notamment les chiens, comme le r^sultat des
croisements d*especes differentes.
On sait encore que, pour des raisons que je laisse aux
physiologistes le soin d*expliquer, la generation produit
(776)
accidentellement des dtres anomaux. Le plus ordinaire-
ment ces dtres ne sonl pas siisceplibles de se reprodiiii%,
ni mdme de vivre, mais il en est quelquefois autrement,
et, en appliqiiaot k quelques-uns de ces dlres le syst^me de
ia selection, on est parvenu i obtenir des races d'animaux
domestiques , plus favorables que leurs ancdtres au but
auquel on les destine.
Les effets de celte selection artificielle sont incontesta-
bles, mais je crois devoir faire observer que, selon moi, on
a donn6, dans ces derniers temps , trop d'importance k la
selection naturelle en Tappliquant k Torigine des esp6ces.
Je conQois que la selection naturelle pent am^liorer les ani-
maux qui vivent en troupes, puisque les mdles les plus
faibles sont cxpuls^ par les plus forts; je couQois aussi
que les m&les et les femelles peuvent respectivement re-
chercher les sujets les plus beaux et les meilleurs chan-
leurs; je con(.ois encore que si des animaux faibles pren-
nent une couleur rapprocb^e de celle du milieu sur lequel
lis vivent, ils^chapperontplus facilement k la rapacity de
leurs ennemis que ceux qui ont une couleur diffi^rente;
mais je ne crois pas que ces circonstances puissent pro-
duire des modifications suflisantes pour expliquer les chan-
gements quer^v^le la serie pal^ontologique.
La nature actuelle pr^sente encore une autre s^rie de
ph^nom^nes d'oii Ton pent conclure que le transformisme
n*est point une hypoth^se aussi contraire aux regies ordi-
naires que le proclament ses adversaires ; ce sont les cban-
gements qu'^prouvent les dlres vivants dans leur develop-
pement embryonnaire , cbangemenls qui sont quelquefois
tenement prononc^ que, quand ils se passent en dehors
du corps des parents et que Ton n'avait pas eu I'occasion de
reconnattre loutes leurs phases, les zoologistes ont 6i6
( 777 )
dans le cas de ranger les memes Stres dans des groupes
d'animaux tr6s-6loign£s les uns des autres, selon les
phases de revolulion oii ils les avaient observes. On a ^a-
lement remarque que Tevolulion eprouve quelquefois des
arrets el que ranimal, ainsi arr^t^, a pu se reproduire sans
dtre arriv^ k sa derniere phase, la seule oCi, d*apr^ la regie
normale, il jouil de cetle faculty.
Parini les adversaires du iransformisme il en est qui le
repoussent sous le pretexle qu*il conduit forc^ment d
admettre Topinion qui consid^re Thomme comme descen-
dant du singe, mais cetle conclusion n*est point fondle.
En effet, lors meme qu'il serait prouve que Thomme a
subi, dans la s^rie de ses generations, des changemenls
analogues k ceux que le iransformisme attribue k la plu-
part desetres vivanls, il n'en resulterait pas qu*il descende
necessairemenl d^une bete, puisque les observations pal^on-
tologiques annoncent qu'il exislait un grand nombre d*etres
\ivanls des les premiers temps de Tapparition de la vie
sur la lerre. Tout ce que Ton peut dire, en partant de
Petal acluel des observations, c*est que si Tbomme a
exists pendant les periodes que les g^ologues nomment
primaire elsecondaire, il avail une organisation qui ne lui
permeltait pas d'executer les Iravaux industriels qui, de-
puis la periodequaternaire, el peut-etre depuis les derniers
termes de la p^riode tertiaire , ont distingu^ Thomme des
autres mammiferes.
Je termine eii repliant de nouveau que Thypothese du
Iransformisme n'a rien de contraire aux r^cits de la Bible,
soil qu'on Tapplique ou qu'on ne Tapplique pas k Thomme.
Dans ce dernier cas on peut dire que la creation sp^-
ciale de Thomme posieriearemenl k celle des autres ^tres
vivants n'e^t point con trance par lYtat acluel des obser-
2"* SftRIE, TOME XXXVU 51
( 778 )
vations pal^ootologiques, lesquelles D*ont pas encore
trouve des preuves incoDlestables de l*existence de
rbomme avant la periode quaternaire, epoque oh la phi-
part des etres vivants avaieiu dej^ les formes qui les carac-
l^risent acluellement.
Dans le second cas, la supposition que les premiers
horomes u*avaient pas les formes des hommes actuels n*a
rien de contrairc a la Bible, puisque ce livre ne d^crit pas
les formes du premier homme; il dit seulement que Dieu
fa cr^e a son image, ce qui ne peut s*appliquer a ses
formes mai^rielles, mais bien k la force qui raiiimait,
laquelle, pour £tre k Timage de Dieu, doit dtre immor-
telle. Or, comme il exisle maintenanl des hommes qui, i
cause des d^fauls de leur organisation, ne peuvent exer-
cer les fonctions qui caractiirisentspecialement Thumanite,
on conQoit que les premiers hommes pouvaient avoir une
organisation qui ne leur permettaitpasd*ex^cuterdes tra-
vaux manuels, mais qui ne les empSchait pas de connallre
leurs devoirs envers leCr^ateur , organisation qui se serait
ensuite am^lior^e par revolution transformiste.
II est encore k remarquerque la genese, ^crite long-
temps apres la creation, et dont le but ^tait de faire con-
naitre aux hommes grossiers de cette Epoque leurs devoirs
envers le Cr^ateur, devait s*exprimer d'uue mani^re qui
flit k leur port^e, de m^meque nos astronomes se servent
des mots vulgaires de lever et de coucher du soleil , plutdt
que d'employer des expressions plus en rapport avec la
nature du ph^nomene qui fait paraitre et disparaitre cet
astre de notre horizon.
L*auditoire a vivement applaudi le venerable doyen de
TAcad^mie.
( 779 )
— M. P.-J. Van Beneden est venu rem placer M. d'Oma
lius, pour lire iin travail intitule :
Un mot sur la vie sociale des animaux inferieurs.
LltTe God, wat lyadar al wonderca
in too een kleyii Mbepicl.
TiR LinwnaoiK.
Dans ce grand spectacle qu'on appelle la nature, chaque
animal joue un rdle k part, et Celui qui a tout pese et tout
r^gl^ avec ordre et mesure veille avec autant dc soin k la
conservation du plus repoussant insccte qu'^ la propaga-
tion du plus brillant oiseau.
En venant au monde chacun d'eux connatt son r61e et
le remplit d*autant mieux qu'il est plus libre d'ob^ir aux
conseils de son instinct. Chacun porte son soufilenr en lui
et rhomroe pourrait bien £tre compart k leur r^gisseur.
A ce grand drame de la vie preside une loi aussi harmo-
nieuse que celle qui regie le mouvemenl des astres ; et, si
k chaque heure la mort enleve de celte scene des myriades
d*£tres, k chaque heure aussi la vie fait surgk* de nou-
velles legions pour les remplacer. Cest un tourbillon, une
chatnesans fin.
On le d^montre aujourd*hui : Tanimal, quel qu*il soit,
celui qui occupe le haut de T^chelle aussi bien que celui
qui touche aux derniers confins du r^gne, consomme de
I'eau et du charbon. L'albumine suffit k tous les besoins
de la vie. Or, la m^me main qui a fait sortir le monde du
chaos, a vari^ la nature de cetle consommation : elle a
proportionne cette nourriture universelle aux besoins et
( 780 )
a Torganisme parliculier des especes, qui doivent y puiser
le principe du mouvement, rentrelien de la vie.
Cest une dtude fort inleressanle, celle qui a pour but
de connailre la p^ture de chacun d*eux.
Celte ^tude conslilue une braoche int^ressante de This-
toire des animaux. Le menu de chaque animal est ecrit
d'avance en caracteres ind^l^biles dans lout type speci-
lique, et ces caracteres sont moins difliciles i d^chiffrer
pour le naturaliste que les Palimpsestes pour les arch^o-
logues. C'est sous forme d*os ou d*ecailles, de plumes ou de
coquilles, que ces lettres culinaires figurent dans les voies
digestives. Cest par des visites non domiciliaires, mais
stomachales, qu*il faut sinitier a ces details de menage.
Le menu des animaux fossiles, tout en etant ^crit en
caracteres moins nets et moins complets, pent cependant
se lire encore fort sou vent dans T^paisseur de leurs Copro-
lithes. Nous ne d^sesp^rons mdme pas de decouvrir un jour
les poissons et les crustaces que chassaient les Plesio-
saures et les Ichthyosaures, et de retrouver quelques Vers
parasites qui sont enlres avec eux dans Testomac, pour
s*etablir dans leur ccecum spiral.
Les naturalistes n'ont pas toujours ^tudi^ avec un soin
suffisant les rapports qui existent entre Tanimal et sa
p^ture, et cependant ces rapports fournissent ^ Tobserva-
teur des enseignements d'une haute portee.
Tout corps organique, conferve ou mousse, insecte ou
mammif^re, devient la proie de quelque bete; liquide ou
solide, seve ou sang, come ou plume, chair ou os, tout
disparatt sous la dent de Tun ou de Tautre; et i chaque
debris correspondent les instruments propresa leur assimi-
lation. Ces rapports priniitifsentre les ^tres et leur regime
d*alimentation entretiennent Tindustrie de chaque esp^ce.
( 781 )
On trouve, en y regardaiil de prcs, plus d'une analogic
entre lemonde animal el la soci^t^ huinaine, et, sans cher-
cher bien loin, on petit dire qull n\ a gu^re de position
sociale qui n'ait son pendant, si j'ose ainsi parler, parmi
les animaux.
Le plus grand nombre d^entre eux vivent paisiblement
du fruit de leur travail et exercent un metier qui les fail
vivre; mais, ^ cote de ces honnetes induslriels, on voit
aussi des mis^rables qui ne sauraient se passer de Tassis-
tance de leurs voisins et qui s'^tablissent les uns comme
parasites dans leurs organes, les autres comme comment
saux k cdt^ de leur butin.
II y a quelqnes annees, un de nos savants et spirituels
confreres de TUniversit^ d'Utrecht, le professeur Harling, a
^crit un charmant petit livre sur Tindustrie des animaux, et
il nous a fait voir que la plupart des metiers sont parfaite-
ment connns dans le regne animal. On trouve en effet,
parmi eux, des mineurs, des ma<;ons, des charpentiers, des
fabricants de papier, des tisseraads et Ton pourrait m^me
dire des dentellieres, qui tons travaillent pour eux d'abord ,
pour leur prog^niture ensuite. II y en a qui creusent le
sol, ^lanQonnent les vofites, deblayenl les terrains inutiles
et consolident les travaux , comme des mineurs de me-
tier (1); d'autres balissent des huttes ou des palais selon
toutes les regies de Tarchitecture (2); d'autres encore
connaissent d*embl^e tous les secrets du fabricant de
papier, de carton (5), de toiles ou de dentelles (4), et leurs
produits n*ont g^n^ralement rien k craindre de la compa-
raison avec le point de Malines ou de Bruxelles.
Qui n a pas admire Tingenieuse construction des ruches
dWbeille et des nids de Fourmi, la delicate et merveilleuse
structure des filets d'Araign^e !
781
La perlectm des Usen? -^ qflufT — fi ^ ces Eikri-
i|»*^ #:»l nriiiKr 51 gODi- el « f^^^ilTBeol apptyofe^
qo<? qibO'i. t^>i- v»ri t '^=«^r^*:»f. ra>!r>ooai^ a be^jio d'a
fi. m-n^ie* eC <j ..c^e', t^r o*'^ ni a Paris oi a Londres q«*3
s'alf'^i^. c'e*l a «!ie frfUijoe ^nacte.a onecbeliif Arat-
gD<f^!Qoao'l k- rfdl.'ir^. >re a besoin de orjmrdrer !^ dffrr
d^ pf-rfrtrtion «ie j^^'i ni!rrj'«4rO|ie oa d'linc im?>ore micro-
in^triq'jfr pour I'-s ibtiDiiri^oLs pel:ls il conMi!te. qooi ? oa
mil/iUieire U:,!ePt Ai\i^ ea cent oa en niiiie prties?noo!
nn^* s:ui[f\e c^ra{i;sce de Dulooiee 5 . lelieiDeol peiile el
peu di^tiuete qu'ii eo budraii plosienrs nillioas rvaoies
poor etre %isib!es a fceil oo.
Et It-s oieilieors microscopes oe ref eleot pas encore too-
joors toole ia delicatesse des dessios q>ii orneot ces admi-
rabies orgaoisoies; c*esi u peioe si les ioslrooieols des pre-
mieri'.s mais^ios soffisent poor observer les inOoitesioiales
fanlaisies qoi decorcnl ces carapaces liliipotienoes.
M. H.'Pb. Adao a fail coonaitre dernieremeot , avec oo
tai^nl d*arlisle, les heaoles iofinies qoe le microscope
re^ele dans ce nuiode invisible (6;.
Do restCy a qoi les fabricanis de Verriers oo de Ljoo,
de (iand oo de Maocbester s^adresseot-ils poor leor ma-
tiere premiere? A one bete oo a one planle, et josqa*a pre-
sent noos avons ete assez modesles poor ne pas avoir
cbercbe i les imiter. Ces ateliers fonclionnenl cependant
toos les joors soos nos yeoi , les portes lai^emeot oo-
\ertes a tout ie monde, et aocone d*elles n*est marquee
de rinscriptioD si baoale : defense d'enirer.
Qoe ces machines eotrent en grcve, qu'elles cbdment
seolement pendant oo certain temps et nous sommes
exposes a ne plus troover de quoi couvrir la nodite de
nos epaoles; la grandc dame n^aora plos ni cachemire, ni
( 783 )
soie, ni veFours dans sa toilette; nous, nous n'aurons pins
ni flanelles, ni draps pour la confection de nos habits ; le
p5tre n)^nie, comme le monlagnard, n^aura plus sa peau dc
cbevre pour se garantir contre les intenDperies de Tair.
C*est gr^ce a celte bonne bete qui nous donne sa chair
et sa toison, que nous pouvons deserter Ics regions m^ri-
dionales, braver la rigueur des climats et nous^tabliri
c6l^ du Renne et du Narval, au n)ilieu des giaces perpe*
tuelles (7).
Nous avons la science et la vapeur, dont nous sommes
flers k juste titre, et pour fabriquer leurs merveilleux
tissus, les b^tes n*ont que leur simple instinct et font
encore mieux que nous.
Comme il est instructif co parall6le entre les produils
de la nature et ceux de Thomme! Comme il est bien fait
pour abattre nos pretentions!
Les pr^tendues forces aveugles de la qature produisent
des fils que le g^nie de Thomme chercherait en vain k
remplacer, et nous ne songeons m^me pas k lutter avec
ces machines vivantes que nous ^crasons tons les jours
du pied.
Le plus grand industriel serait infailliblement battu s*il
mettait dans une de nos grandes expositions universelles
ses produits 5 cdt^ de ceux de Tlnsecte et de TAraign^e.
Pour nous conformer aux id^es ^galitairesdusi^cle, il serait
temps cependant de ne plus mettre, de parti pris, nos
pr^tendus anc^tres hors concours.
Toutes les industries s'exercent sons le soleil, et s'ii y
en a d*honnStes, on pent dire qu'il y en a aussi qui m^-
ritent une autre qualification. Dans Fancien comme dans
( 784 )
le nouveau monde, plus d'un animal tient du chevalier
d'industrie, menanl la vie de grand seigneur (8), et il n'est
pas rare de Irouver, k cdt^ du modeste pick-pocket (9),
Taudacieux brigand de grand chemin (10), qui ne vit que
de sang el de carnage. Le nombre en est m^me grand de
ces Rowdy du Farwest, qui ^chappenl toujours , ou par
la ruse ou par Paudace, ou par une superiority de scele-
ratesse, i la vindicte sociale.
Mais k cdte de ces existences ind^pendantes, il )' en a
un certain nombre qui, sans dtre parasites, ne sauraient
vivre sans secours, et qui r^clament de leurs voisins, tantdt
un simple gtte pour p^cher k cdt^ d'eux, tantdt une place
k la m^me table pour partager les plats du jour : on en
d^couvre journellement qui passaient pour des parasites
et qui cependant ne vivent en aucune mani^re aux d^pens
de leur bdte.
Qu'un crustac^ Cop^pode s'installe dans Toffice d'une
Ascidieetlui d^robe au passage quelques bons morceaux,
on ne peut pas dire qu*il est parasite.
Qu'un animal bienveillant rende un service k son voisin,
soit en entretenant la propret^ de sop r^telier (11), soit en
enlevant des detritus qui encombrent certains organes(12),
on ne peut dire qu*il est parasite.
N'est pas plus parasite celui qui se blottit k cdt^ d'un
voisin vigilant et habile, fait paisiblement sa sieste (15) ou
qui se contente des restes qui tombent des m&choires de
son acolyte (14).
II n'est pas parasite non plus celui qui, par paresse,
s*amarre k un voisin bon nagcur comme le Remoraj et
p^che k cdte de lui , sans fatigue pour ses nageoires.
Tons ces animaux ne sont pas plus parasites que le voya-
geur qui sinstalle dans un train de plaisir, tend la main
( 785 )
au passant, ou porle un croAtoD de pain dans ses poches.
II y a des seconrs mutuels chez plusieiirs d'entre eux,
des services se payeiit m^me par de bons precedes ou en
nature, et lemiuualisme pourrait bien prendre place k c6l&
du commefisalisme,
Ceux qui merilent le num de parasites se nourrissent
aux d^pens d'un voisin , soit en se colloquant volontaire-
inent dans ses organes, soit en Tabandonnant i lerme,
apres chaque repas, comme le fait la Sangsueou la Puce.
Les parasites v^ritables sont fort nombreux dans la na-
ture, el Ton aurait tort de croire que tons menent une vie
irisle et inonolone. II y en a parmi eux d*alertes et de
vigilants qui se sustentent unc partie de la vie et ne
r^clamenl des secoursqu*^ des ^poques determin^es.
Ce ne sont pas, comme on Pa cru, des dtres exception-
nels et bizarres sans autres organes que ceux de la conser-
vation. Un grand nombre d'entre eux sont outill^s comme le
commun des mortels et ne reclament du secours qu'& cer-
taines epoques de la vie. II n'y pas, ainsi qu*on Ta prd-
tendu, une classe de parasites, mais toutes les classes des
rangs inf^rieurs en renferment.
Nous pouvons les r^partir en diverses categories :
Dans la premiere, nous pouvons reunir tous ceux qui
sont libres au d^but de la vie, nagent et prennent leurs
^bats sans demander du secours k personne, jusqu*^ ce que
les iniirmit^s de T^ge les oblige a se retirer dans un refuge.
Converts de la robe Pr^texte, ils vivent d*abord en vrai
bohemes et sont assures de prendre leurs invalides dans
quelque hospice bien appropri^ (15). Parfois c*est le m^le et
la femelle qui r^lament ce secours au retoar de Ykge (16);
( 786 )
d*aiitres fois c*est la femclle seule, et le m^le continue sa vie
vagabonde (17). II arrive aussi que la femelle entratne son
epoux et renlretient compl6lement pendant sa captivity ;
le mlile reste petit gar^on pour la taille comme pour les
babits, et, si Thdte qui la nourrit lui sert de biberon, elle,
k son tour, sert de biberon k son mari (18). On ne d^couvre
guere de femelle de Lern^en qui ne tratne avec elle son
mile lilliputien, lequel ne la quitte pas plus que son ombre.
Tons les crustac^s parasites prennent place dans cette
premiere cat^gorie.
Nous en trouvons aussi , — ces farfadets ilchneunions^
par exemple, — qui sont parfaitement libres dans leurs vieux
jours, mais r^clament du secours pendant le jeune jige.
lis sont m£me nombreux ceux qui, au sortir de Fceuf , sont
litt^ralement mis en nourrice; mais le jour ou ils se d6-
pouilient de leur robe de larve, ils ne connaissent plus
aucun frein, et, arm^s de pied en cap, ils courent hardi-
raent Taventure et meurent comme tous les autres sur le
■
grand chemin (19). Dans cette categoric se trouvent les
insectes parasites Hym^nopt&res et Dipteres.
II y en a aussi qui sont colloquys k pen prhs k vie, tout
en changeant d*hdte, pour ne pas dire d*^tablissement,
selon leur &ge et leur constitution. D^s leur sortie de Tceuf,
ils sollicitent des faveurs, et tout leur itin^raire leur est
rigoureusement trac^ d*avance. On connait heureusement
aujourd'hui les etapes d'un grand nombre d*entre eux qui
nppartiennent aux Vers cestodes et tr^matodes (20). Ces
Vers plats et moos d^butent ordinairement par le vagabon-
dage, gr^ce k une robe cilice qui leursert d*appareil de loco-
motion, maisi peine onUils essay^ leurs rames d^licates,
quils r^clament du secours et se logent dans le corps d*un
premier bdte; inquiets et grinchenx, ils Tabandonnent
( 787 )
bienldt pour iin autre gile vivant, se condanuianl k une
reclusion porp^luelle.
Ce qui ajoule a Tinlerel que ces elres faibles el peu cou-
rageux inspirenl, c'est qu'a chaque changement de domi-
cile, ils changent aussi de cQstume el que, arrives au terme
de leurs peregrinations, ils portent une robe virile pour
ne pas dire une robe de noce. Ce n'esl que sous celte der-
niere enveloppe que les sexes apparaisscnt; jusqu*alors ils
n*ont guere songe aux soins de la famille.
II n*a pas toujours ete facile de conslater i'idenlit^ de
ces personnagi'S qui visitenl Tun jour les salons, en habit
brode, le lendemain les bouges les plus obscurs, en costume
de roendianl
La plupari des vers qui out la forme d'une feuille ou
d'un ruban, sont sujets a ces peregrinations accompagn^es
de changements de costume et ceux qui n'arrivent pas k
Icur derniere elape meurent generalement sans post^rite.
Ce qui n*esl pas moins interessant, c*est que ces para-
sites n'habitent pas indifferemment tel ou tel organe de
leur voisin; tous commencent modestement par la man-
sarde prcsquc inaccessible, ct finisscnt par les apparte-
menls larges et spacieux du premier ^tage. An d^but ils
ne songcnt qu'k eux-memes et se contentent, sous le nom
de Scolex ou de Yer vesiculaire, du tissu connectif, des
muscles, du coeur, des ventricules du cerveau ou meme
du globe de YoaW (21 ); plus lard ils songent aux soins de la
famille et occupent les vastes organes, comme les voies
digestives et respiratoires, toujours librement en commu-
nication avec rexterieur; ils out horreur d'etre enfer-
m^s et leur progciniture reclame le grand air (22).
II n*a pas toujours et^ facile de conslater I'ldentite de
c^s personnages qui visitenl Tun jour les salons, en habit
( 788 )
brode, lelendemain les bouges I "s plus obscurs, en costume
de mendiant.
II y a une derniere categorie dans laquelle se trouvent
ceux qui reclament du secours pendant toute la vie; une
fois pen^tr^s dans le corps de leur hdte, ils ne bougent plus
et la loge qu*ils se sont choisie pent leur servir ^ la fois de
berceau et de tombe.
II y a quelques ann^es on ne soupQonnait pas qu'un
parasite put vivre dans un autre animal que celui dans
lequel on le d^couvre. Tons les belmintbologistes , ^ pen
d'exceptions prte , regardaient les Vers de Tint^rieur du
corps comme formes sans parents dans les organes memes
qu*ils occupent.
On avait bien vu , et m£m)s depuis longtemps, des Vers
parasites de poisson dans Tintestin de certains oiseaux;
on avait mSme institue des experiences pour s*assurer de
la possibility de ces passages (25) , mais toutes les expe-
riences n'avaient donn^ qu*un r^sultat n^gatif , et Tid^e de
transmigration obligee eiait si compl^tement inconnue,
que Bremser , le premier helminthologiste de son ^poque,
criail k rber^sie, quand Rudolpbi parlait de Ligules de
poissons qui auraient pu continuer k vivre dans des
oiseaux.
A une 6poque plus rapproch^e de nous, notre savant-
ami von Siebold , appeie, avec raison , le prince de I'bel-
minlhologie, partageait encore compl^temenl cet avis, en
rapprochant le Cysticerque de la Souris, du T^nia du
Cbat, et en prenant ce jeune Ver pour un £lre ^gar^,
malade etliydropique. A ses yeux, le Ver avait fait fauisse
( 789 )
roule dans la Souris; le Tenia du Chat nepouvait vivreque
dans le Chat. Flourens ne parlail-il pas dQ roman, quand
j*annonQais a Tlnstitut de France que les Vers cestodes
doivenl passer d*iin animal k un autre, pour parcourir les
phases de leur Evolution?
Aujourd*huiy dans les Instituts zoologiques, on r^p^te
tons les jours avec le m^me succes les experiences surces
transmigrations et nagu^re, notre savant ami R. Leuckart ,
qui dirige avec tant de talent Tlnstitut de Leipzig, a decou-
vert, de concert avec son ^l&ve Mecznikow, des transmi-
grations de Vers accompagnees de changements de sexe:
c*est-i-dire, ils ont vu des Nematodes parasites des pou-
mons de Grenouille, toujours femelles ou hermaphrodites,
engendrerdes individus des deux sexes, qni ne ressemblent
pas i leur mere et dont le sejour habituel est, non dans
le poumon de la grenouille, mais dans la terre humide (24).
Que Ton se figure une ro^re, n^e veuve, qui ne pent
exister sans secours el qui engendre des gar^ons et des
filles pouvant se sufTire a eux-memes. La mere est parasite
et vivipare, ses Giles sont pendant toute la vie litres et
ovipares.
Cela nous conduit k cette autre singularity sexuelle,
observee dans ces derniers temps, de m^les el de femelles
differents dans une seule et m^me esp^ce, et qui donnent
naissance a des produits qui ne se ressemblent pas : le
m^me animal, ou plutdt la m^me esp^ce, sort de deux ceufs
differents fScond^s par des spermatozoides differents (25).
Aujourd*hui que ces transmigrations sont parfaitement
connues et admises, on a si compl^tement oubli^ le point
de depart, que Ton attribue assez souvent Phonneur de
cette d^couverte k des confreres, qui n'en ont eu connais-
sance que quand la demonstration ^tail enti^rement faite
( 790 )
cl que la nouvelle interpretation <^tait generalenicnt accep-
tee. Mais revenons a notre sujot.
Le secours cstainsi tout aussi varie que celui que Ton
trouve de par notre monde : aux uns est fourni le domi-
cile (26), aux autres la table (27), e(, ^ un certain nombre,
le vivre avec le logement (28).
Cest un svsteme complet de logement et d*alimenta-
tion, i cote des institutions philozoiques les mieux com-
bin^es. Mais si, ^ cdte de ces pauvres, on en voit qui se
rendent mutuellement des services, ce serait pen flatteur
si on les qualiiiait tons de parasites ou de commensaux.
Nous croyons etre plus juste k leur (^gard en les appelant
mutualisles^ et le mulualisme pourrait prendre rang i cdte
du commensalisme et du parasitisms
II faudrait aussi trouver une qualiHcation pour ceux
qui, comme certains cruslaces et mSnie des oiseaux, sont
des pique-assiettes ou des ecornifleurs (29), plut6t que des
parasites, et pour d*autres, qui payeut par une m^chancet^
les secours qu'ils ont re^us (50).
Et comment qualifier ceux qui, comme le petit Pluvier,
dont nous avons parl6 pr^cedemment, rend des services,
que Ton pourrait comparer k des services medicaux?
Le Pluvier, en effet, fait le dentiste aupres du Croco-
dile, comme une petite esp^ce de Crapaud se fait Taccou-
cheur aupres de sa femelle en se servant de ses doigts en
guise de forceps, pour mettre les oeufs au monde.
Et \ePique-B(Buft\e fait-il pas une operation chirurgi-
cale cbaque fois qu*il ouvro, avec son bi$touri a lui, la tu-
meur qui renferme une larve au milieu du dos du Buflle?
Cest un op^rateur qui se pave en nature.
Plus pres de nous, nous voyons r£tourneau rendre
dans nos prairies ie memo service que le Pique^Bceuf en
(79i )
Afrique et ne pourrail-on pas dire qu'il y a parmi ces
animaux plus d*une sp^cialit^ dans Tart de guerir.
Nous lie devons pas oublier que le rdle de croque-morl
est ^galeiuent tres-r^pandu daus la nature, el que ce
n'est jamais sans quelque protit pour lui ou pour sa pro-
g^niture que ce sombre industriel fait disparattre les cada-
vres(31).
11 y en a mSme qui ne sont pas sans analogie avec le
diicrotleur ou le d^graisseur et qui entretienuent avec une
cerlaine coquellerie la toilette de leurs \oisins (32).
£t comment faudra-t-il qualifier les oiseaux, connus
sous le nom de Slercoraires , qui proQtent de la l^chele
des Mouettes pour vivre en paresseux; les Mouettes ont
beau se (ier k la force de leurs ailos, les Stercoraires finis-
sent par leur faire rendre gorge pour partager le produit
dela peche. Poursuivis de trop pr^s, ces oiseaux craintifs
degorgent leurs jabots pour s'alk^ger, comme le contre-
bandier qui ne voit plus de moyen de salut que dans
Tabandon de son fardeau.
On ne doit cependanl pas toujours en vouloir a toute
Tespece, puisque tr^s-souvent, comme le Cousin, ce n'est
que Tun des sexes qui cherche une victime.
En general, tons ces animaux vivent au jour le jour; et
s*il y en a qnelques-uns qui connaissent Teconomie, il y en
a ^gaiement qui n'ignorent pas les avantages de la caisse
d'epargne (33).
Comme le Corbeau el la Pie, it y en a qui songent au
lendemain et mettent en reserve I'exc^dant de la journ^e.
Nous Tavons dej^ dit : ce petit monde n*est pas toujours
facile k connaltre, et dans ces societ^s, oh cbacun apporte
son capital, les uns en activite, les autres en violences ou
en ruses, il se trouve plus d'un Robert Macaireqm n'apporte
rieo du tout et qui ies exploite tons (34).
(792)
Cbaque esp^ce animale peut avoir ses parasites, et ses
commeosaux, et chaque animal peut en avoir mSme de
diff^renles sortes el de diverses categories.
Mais d*ou viennent-ils ces elrcs malencontreux, donl le
nom seul inspire souvent de Thorreur, et qui s*installent
sans fa^on, non dans nos demeures, roais dans nos organes,
et dont nous pouvons encore moins nous d^barrasser que
des Rats et des Souris.
lis naissent comme tons ies autres de parents.
Les temps sont passes oil la viciation des humeurs et
Talt^ration des parenchymes ^taient des conditions suffi-
santes pour la formation des parasites , et ou Icur presence
etait regardee comme un epiphenom&ne resultant de dis-
positions morbides de Torganisme.
Nous avons tout lieu d*esperer que ce langage d*une
autre ^poque aura bientdt completement disparu des livres
de pbysiologie et de patbologie. Ni le temperament ni les
humeurs n*ont rien ^ faire avec les parasites et ceux-ci ne
sont pas plus abondants chez des individus cacbexiques
que cbez ceux qui jouissenl de la sante la plus brillante.
Au contraire, tons les animaux sauvages b^bergent leurs
Vers parasites propres, et la plupart dVntre eux ont ^ peine
v^cu en captivity, que Nematodes comme Cestodes dispa-
raissent coinplctement. [I n'y a que ceux qui sont empri-
sonn^s qui ne desertent pas.
Comme nousTavonsdit plusbaut, tons ces rapports sont
regies d*avance, et, pour noire part, nous ne pouvons nous
defendre de Tidee que la terre a ete prepar^e pour recevoir
. ( 793 )
suecessivement les plarites, les animaux el rhomme; d^s
les premieres elaborations que Dieu a fail subir k la ma-
ti^re, il avail ^videmment en \ue celui qui, un jour, devait
$*^lever jusqu*& Lui el Lui rendre hommage.
C'esl ainsi que je r^pondrai k une question pos^e derni6-
rement par L. Agassiz ; c Le monde animal , conQu des le
principe, esl-il le motif des changements physiques que
noire globe a ^prouv^s, ou, les modiGcalions des animaux
sonl-elles le r^ullat des changements physiques; en
d*autres lermes, la lerre est-elle faite el pr^par^e pour les
£lres \ivants ou les elres vivants se sont-ils developp^s
comme ils ont pu, selon les vicissitudes physiques de la
plan^tequ'ils habilenl? »
Question agilee de tout temps el que la science, qui ne
veul voir au deli du Scalpel, ne parviendra pas k r^soudre.
Chacun doit chercber dans sa propre raison la solution
du grand probleme.
Quand on voit le poulain, k peine n6, gambader pour
Irouver le pis de sa m^re; quand on voit, au sortir de
Toeuf, le poussin chercber sa becquee el le canneton sa
flaque d'eau, peut-on irouver, ailleurs que dans Tinstinct,
la cause de ces actes, el eel instinct, n'esl-ce pas le
libretto ^cril par Celui qui n*a rien oubli^.
Le slatuaireen malaxanl Fargile, pour en faire sortir une
roaquette, a couqu la statue qu'il va produire. II en est
ainsi de Tarliste supreme. Son plan de toute eternile ^lant
present k sa pens^e, il executera Toeuvre en un jour, en
mille si^cles. Pour Lui, le temps n'est rien: I'oeuvre est
con<^ue, en ce sens, elle est creee , el chacune de ses parties
n'est que la realisation de la pens^e cr^atrice, et son d6ve-
loppement regi^ dans le temps el dans Tespace.
Plus nous avan^ons dans la connaissance de la nature,
2""' S^.R]E, TOME XXXVI. 52
( 794 )
dit Oswald Heer,dans le Monde primitif qifii vienl de
publier, plus aussi est profonde notre conviction, que la
croyance en un Cr^aleur tout-puissant et en une sagesse
divine, qui a cr^6 le ciel et la terre, selon un plan ^ternel
et pr^con^u, pent seule rdsoudre les ^nigmes de la nature
comme celle de la vie humaine (55).
Nous dirons en terminant: continuous k Clever des
statues aux bommes qui ont &i€ utiles k leurs seroblables
et qui se son I distingu^s par leur g^nie; mais n'oublions
pas ce que nous devons k Gelui qui a mis des merveilles
dans cbaque grain de sable, un monde dans chaque goutte
d*eau.
NOTES.
(1) Les Mygales parmi les Arachnides, les Andrcena^ la Taupe-Grillon,
les Fourmi-lions pamii les liisecles, les Ar^nicoles, les Ter^belles, les
Sabellaires, les Tubifex, etc., parmi les Vers. II y a Element des mollus-
ques , comme les Pbolades el les Tarels, qui se taillenl une demeare sous-
marine dans le bois, qu'il soil en place ou qu'il soil flollant. 11 y a egale-
menl plusieurs mammif^res : les Chinchilla du Perou, les Balbyergues el
les Orycleropes du Cap, la MarmoUe, le Spermophile et le Blaireau, ainsi
que le petil mammifere, connu de tout le monde, la Taupe.
11 y en a aussi qui conslruisenl des canols que les vagues ne submergeut
jamais; nous avons dans Teau douce les Epinoches, et dans son dernier
voyage L. Agassiz a signale un poissou qui construit son nid au milieu des
Sargasses. La plus imporlanle d^couverle, dit Plllustre naturaliste 6e Cam-
bridge, a ete celle d*un nid b&ti par un poisson, el floCtanl sur le grand
Ocean, avec sou fret vivanl au milieu de la mer. Les oeufs etaient unifor-
m^menl disperses dans loule la masse de la boule de Sargasses.
(2) Les Abeilles, les Termites, qui b^iissent des hulles de irenle pieds
de haul, les GuSpes, etc.
( 79S )
(3) Differentes e<ip^s de Guepes, surtout la Charlergus chartarit^de
I'Am^rique du Sud, Polistes tepida^ Vespa vulgaris et Sylvestris.
(4) Plusieurs Araign^es, Epeira diadema^ Argyronecta aqualica el sur^
tout Tinea sequella^ doDt le cocon a fait I'admiratioD de Lyonet. L^Argy-
ronecte se construit m^me une clocbe d plongeur. Parmi les Sponges,
VEupleclella aspergillum , les Byalonema et les HoUenia coDstruisent
egalement des palais en dentelle; la presence de ces derniers a ete signal^
recemment dans les mers d'Europe, par MM. Barbosa du Bocage et
Wyville Tbomsou.
(5) Pleurosigma angulatum^ Amphipleura pellucidaf etc., etc.
(6) Le Microtcope. Coupd'oeU discret iur le monde invisible, par
H.-Pb.Adan. Bruxelles, 1873.
(7) Le MoufloD et le Bouquetain qui sont devenus nos Moutons et nos
Cbevres.
(8) Les Pagures ou Bernard rHermite, les C^oobites, et plusieurs aulres.
(9) Le Pique-Boeuf, rEtourneau, le Milan parasite de Daudin.
(10) Les Squales en g^n^ral.
(11) Un Pluvier entre dans la boucbe du Crocodile et enl^ve le/ debris
que ranimal, h d^faut de laugue mobile, ue pent faire disparailre. C'est uu
cure-dent vivant. Ce fait elait conuu dej^ d'Aristole et a ^l^ v^rifie
depuis.
(12) Les Opalines du rectum des Grenouilles.
(15) Une Gbouette au Mexique se met sous la garde d'un petit rongeur
souterrain, excessivement alerte et vigilant, le Spermophile. II fait semi-
nelle a Fentree de la demeure, disent les gens du pays, et la Cbouelle vit
dans une parfaite quietude.
(14) Un Annelide du genre Nereis s'^tablit k c&te des Pagures dans la
m^me coquille.
(15) Tous les Lern^ens, les Tiques, etc.
(16) Les Bopyriens parmi les Crustac^s.
(17) Le Filaire de M^dine et plusieurs autres.
(18) Les Lerneens en g^n^ral.
(19) Les Ichneumons, les CEstres parmi les Insecles.
(20) La plupart des YersTrematodes et Gestodes.
(21) Tous les Gestodes sexn^.
(22) La plupart de ceux que Ton appelle Ectoparasites, comme les Trls-
tomiens, etc.
(23) Abildgaard avail vu des Ligules de poissons dans Pintestin des
Harles. G'est que ces Vers ne meurent pas imm^diatement apr^ leur entree
dans un b6le el ranger.
( 796 )
(34) VAscaris nigro-venosa, et d'autres Nematodes.
(25) Les Insectes, les Crastac^ el les Vers doos eu fouroissenl des
exemples.
Uii Isopode Apseudes anomalus a deux formes de m^Ies : IVdioaire
oa le plus commun ressemble a la femelle. Les Cumaces out ^galement
deux sortes de m41es; la plus commune ressemble de m^me le plus ^ la
femelle et se trouve toute Tannee, tandis que Tautre est plus rare et ne
se montre qu'^ certaines ^poques. Ou voit le m^me phenom^ne chez
plusieurs autres Crustaces, comme la Pontopordia affiniSt la Cypridina
affinis et IWjeborgii et la Philomedes maricB. Ces observations ont ^le
faites par Sars. '
M. Lespes a reconnu deux sortes de miles et deux sortes de femelles
chez la Termes lucifuga.
La Nereis dumerilii a ^alementdeux formes sexutes, la forme nerei-
dienne el la forme hSUronereidienne. ~ 11 en est de meme , d'apr^ Glaus,
du curieux Nematode le Leptodera appendiculata.
Depuis longtemps on connaft les oeufs d'biver et les oeufs d'^t^, pondus
par le m^me animal.
(36) Les Alepas et beaucoup d'autres.
(37) Les Sangsues.
(38) Le plus grand nombre de vrais parasites.
(39) Piqne-Boeuf et Milan parasite.
(30) Les Ichneumons tinissent par tuer la larve qui les a fait virre
apr^ Tavoir mangee, lambeau par lambeau.
(31) Parmiles Insecles, les N^crophores sont connus, comme le nom
rindlque, pour remplir ce r61e.
(33) Les Caliges et les Argules, etc., parmi les Crustac^.
(33) Les Abellles et tons les Insectesqui yi vent en society.
(34) Les Dromies, les Pagures, les Cenobites, etc,
(33) Oswald Heer, Le mofvde primitifde la Suisse.
Le ni6me accueil chaleureux de Tassembl^e a 6clat6 k la
fin de celte communicalioD.
— M. Tb. Schwann est venu donner lecture de la notice
qu1l a consacr^e ^ feu Autoine Spring, destin^e i VAn-
nuaire de 1874.
D^s la fin de cette lecture, les applaudissements de la
salle ont delate.
( 797 )
— M. Folie, inscrit au programme pour une lecture,
est venu remplacer M. Schwann au bureau.
Voici celle lecture, intitul^e : Du commencement et
de la fin du monde d'dpres la theorie mecanique de la
ckaleur :
Si favais consult^ mes goAts qui m*ont port^ d^puis
quelques annees vers I'^tude de ces belles propri^tes g^o-
metriques dont les Grecs s'occupaient avec predilection ,
et qui, d^velopp^es pendant la Renaissance, et surtout k
r^poque des Pascal et des Newton , ont repris une grande
favour depuis pr6s d'un demi-si^cle, j'aurais chercb^ k
retracer la part qui revient dans les d^couvertes dont la
science s'est enrichie, aux g^ometres beiges des diff^rents
&ges, et je vous aurais montr^ peut-^tre que les roodernes
n'ont pas tout k fait d^sh^rit^ des Gr^goire de Saint-
Vincent et des Simon Stevin.
Mais pour voir les propri^t^s des figures g^om^triques
par les seuls yeux de Tintelligence, il faut s'etre familiarise
avec cette lecture par de longues Etudes; et jecraindrais fort
de n'etre qu^imparfaitement comprisd*une partie de Taudi-
toire qui me fait Thonneur de m'^coutersi j'abordais un
semblable th^me. J'ai done du y renoncer, et j*ai pris pour
sujet de cette lecture une theorie dont malheureusement
on s*est pen occup^ en Belgique, mais qui est propre k
saisir vivement Timagination par la general! te de vues
avec laquelle elle sonde les lois de la nature physique, et
par la silrete du coup d'oeil qu*elle plonge dans le passe et
Tavenir de Tunivers.
Cette theorie, les faits qui lui servent de base, les con-
sequences auxquelles elle conduit logiquement sont lout a
C 798 )
fait modernes. Jusque vers le milieu de ee si6cle on avail en
m^canique des id^es bien fausses encore sur certaines
communications de mouvement : ainsi , tandis qu^on de-
monlrait qif il n*y a aucune perte de force vive dans Ic
choc dedeux corps ^lastiques, on affirmail sans sourciller
qui! y avait perte dans le choc de deux corps durs, et Ton
ne cherchait k cette perte aucune esp^ce de compensation ;
de mdme on croyait que des forces peuvent s'entre-de-
truire, sans soupQonner que ce principe, s'il elait vrai,
devait fatalement amener la destruction de toute force
dans Tunivers, puisque, d'apr&s lui, la quantity de force
pouvait decroltre, tandis qu'aucune combinaison possible
ne pouvait Taugmenter^ de sorte qu'une force une fois
d^.truite 6tait perdue a jamais. Peut-^tre etes-vons surpris
que de pareilles id^es aient pu natlre dans des leles bien
pensantes; vous le serez bien davantage quand vous saurez
qu'il est k peine un trai(6 de m^canique qui ne les exprime
encorej et qu*elles continuent k dtre bravement enseignees
k peu pres partout. La chimie avait d^s le commencement
de ce si^cle pos^ en principe que les atomes mat^riels sont
indcstructibles; la m^canique n*avait pas encore soup-
<;onn^ le m£me principe relativement a la force. Etcepen-
dant s*il existe deux id^es cssenliellement correlatives, ce
sont celles de mati^re et de force dans la nature physique,
k tel point que Tune ne pent se concevoir sans Tautre, et
qu*il est m^me tout k fait indifferent de dire : la force, c'est
de la mali^re en mouvement, ou : la mati^re, c'est la mani-
festation de la force; au fond de ces deux notions il n'y a
qu*une substance unique, qu*on Tappelle mati^re ou qu*on
Tappelle force, peu importe. Mais il ne fallait rien moins
que les brillantes d^couvertes de notre si^cle pour ramener
toutes les sciences a cette unite que les philosophes avaient
entrevue.
( 799 )
D^ja, dans le siecle dernier, Bacon, Locke, Rumford,
Davy, avaienl exprim^ nellemenl Tidee que la chaleur n*est
autre chose qu*un mouvement des particules des corps,
et non un fluide propre. Montgolfler, au dire de Marc
Seguin,son neveu, exprimait en 1800 et celte id^e et
celle de Pimpossibilit^ de Tannibilation de la force. Ce n'est
qu*en 1842 toutefois que le veritable principe de T^quiva-
ience de la chaleur et du travail est nettement exprim^
par J.-R. Mayer, ni^decin k Heilbronn (Wurtemberg), qui
y est arriv^ par la seule puissance de son genie, sans Stre
encourage par aucun savant, et sans y avoir £t6 amene par
des Etudes sp^ciales de physique ou de m^canique; son
prenaier travail, qui a paru dans un journal de pharmacie,
a mSme iii ignor6 d'abord de la plupart des savants. Vers
la m^me ^poque, el sans rien connaitre de ce travail. Joule
faisait k Manchester des experiences dans le but de d^ter*
miner la relation qui a lieu entre le travail produit et la
chaleur consonom^e dans cette production, et entre le tra-
vail consomro^ et la chaleur produite par cette consomma-
tion; et ses r^sultats concordaient admirablement , conome
nous le verrons, avecceluique Mayer avait trouve th^ori-
quement.
Ind^pendamment de ces deux savants, Holtzmann a
Mannheim, Colding k Copenhague, Helmhotz, Feminent
physiologiste et physicien, se livraient k de profondes
recherches dans la mSme direction, et ce dernier ramenait
tous Ics pb^nomenes naturels k un principe unique dans
son bel ouvrage sur la conservation de la force f ).
Bientdt apr^s, des bommes illustres, Glausius en Alic-
es) Nous en devons UDe excellente traduclion k M. L. Perard, profes-
seur a rUnivt'rsilede Liege. Paris, V. Masseii.
( 800 )
magne, Rankioe et \V. ThomsoD en Angleterre, elargireDt
coDsid^rablemeDt le champ des applications de la nouvelle
th^orie ^ Taide de ce puissant moyen dMnvestigation qu*on
appelle Tanalyse malhematique, et se dispul^rent Thon-
neur de d^couvertes importantes, donl la v^riGcation exp6-
rimentale devait decider de Tacceptation ou du rejct de la
th^orie; les belles recherches des deux physiciens les plus
habiles de I'^poque, Regnault et Magnus, vinrent con-
firmer ces d^couvertes, et d^s lors la th^orie ne rencontra
plus de contradicteurs; Tun mSme d*entre ceux qui
Tavaient le plus ardemmentcombattue, Hirn, de Colmar,
fut amen^ h en reconnaitre Texactitude par Tetude mSme
des faitsqui devaient lui servir k la renverser.
Clausius, par son bypoth^se, aujourd'hui bien ^lablie,
sur la nature desgaz, prouva Texistence d'un z6ro absolu
de temperature, qui ne pent jamais Stre atteint par aucun
corps, quelle que soit la quantity de chaleur qu*on lui en-
leve par les moyens les plus ^nergiques; et il d^termina la
position de ce z^ro absolu k STS'' C. au-dessous de la tem-
perature de la glace fondante; il eut avec Rankine I'hon-
neur de fonder les v^ritables principes de la th^orie des
vapeurs; avec Thomson celui d'etendre les applications de
la th^orie aux ph^nomenes ^lectriques; enfin il eut seul, et
ce sera Tun de ses plus grands litres k Tadmiration de la
posterity, la gloire d'avoir pos£, k c6t^ du principe de
Mayer, le second principe fondamental de la th^orie m^ca-
nique de la chaleur, principe d*autant plus malaise k ^ta-
blir a celte ^poque, que Sadi Carnot, qui en avait ^nonc^
une partie, regardait la consommation de chaleur comroe
nulle dans le travail ; en reprenant I'id^e de Carnot, Clau-
sius devait done la debarrasser de Terreur capitale dont
elle etait entachee, et remettre son principe en harmonic
( 804 )
avec celui de Mayer; aussi a-t-il d'abord soulev^ une vraic
temp^tede contradictions, ce qui prouve combien il Tallait
de g^nie pour di^couvrir et la n^cessit^ de ce principe, et
son barmonie avec le premier.
Ces deux principes fondamentaux , dont le d^veloppe-
ment fera le sujet de cet entretien, appliques ^ I'ensemble
de Tunivers materiel, conduisent k ces deux consequences,
la premiere ^nonc^e en m^me temps par Mayer et Helm-
loltz, c*est que T^nergie totale de Punivers, c'est-i-dire la
somme des travaux de toutes les forces physiques et des
forces vives de tons les mouvements tant des corps que
des molecules, est constante; la seconde d^duitc par
W. Thomson du principe de Clausius, c*est que Tensemble
de Tunivers tend de plus en plus vers un ^tat final dans
lequel tons les mouvements des corps se seront convertis
en mouvements moleculaires , de sorte que Tunivers se
trouvera r^duit k un espace sans vie, dont le vide sera
rempli exclusivement de mol6cules effectuant ces oscilla-
tions rapides qui constituent le calorique, et conservant
intacte toute I'^nergie dont cet univers ^tait anim^ k son
origine, mais sans possibility inlrinseque d'aucune trans-
formation ult^rieure.
Avant d'aborder le premier principe, je vous rappel-
lerai une loi connue depuis longtemps en mecanique, et
dont les g^om^tres anciens, comme notre S. Stevin,
avaient souvent fait usage dans leurs d<^monstrations sous
cette forme que le mouvement perp^tuel est impossible;
cette loi consiste en ceci que, quelle que soit la machine
dont on fasse usage, il est impossible d'en retirer un tra-
vail plus grand que celui de la force qu'on a fait agir; on
pent done transformer un travail en un autre Equivalent;
ainsi on pent transformer le travail musculaire, ou celui
( 802 )
d*uD cours d*eau , ou cclui du vent, par rinterm^diaire de
diflerents m^caDismes, en mille autres travaux, tels que
r^l^valion ou le transport des fardeaux, le broiement, le
percement, Tetirage, le laminage des substances que nous
voulons mettre en OBuvre; mais la quantity de travail pro*
duite ne sera jamais que T^quivalent du travail d^pens^ ;
pour donner k cette loi toute la g^n^ralit^ dont elle est
susceptible, il faut comprendre sous \6 nom de travail la
force vive que Ton communique k certaines masses au
moyen du travail d'une force donn^e; on sait en effet que
le travail d*une force qui agit sur un corps libre est egal k
la force vive qu*elle lui imprime: ainsi, par exemple, si je
veux puiser k 20 metres de profondeur un litre d'eau par
seconde et le lancer avec une vitesse de 10 mitres, je
devrai disposer d*une force capable en une seconde d'un
travail Equivalent k TelEvation du poids de ce litre d*eau
a 20 metres de hauteur et k la force vive de cette mSme
masse d*eau lancEe avec une vitesse de 10 mitres. Un tra<-
vail peut doncse convertir soit en un autre travail, soit en
force vive; riciproquement une force vive peut se con-
vertir soit en une autre force vive, soit en travail, de telle
sorte quil y ait toujours Equivalence entre Teffet produit
et la cause productive. Celui-la done qui, se disant que la
chaleur n'est que la force vive d*un mouvement des parti-
cules des corps, aurait appliquE le principe giniral de
TEquivalence de la force vive et du travail, celui-li aurait
trouvE par cela meme I'Equivalent mecanique de la cha-
leur, c'est-i-dire la quantity de travail dans laquelle peut
se transformer nne quantity donnie de chaleur.
Comme je Tai dejk dit, c*est Mayer qui a le premier posi
ce grand principe, et, avec le coup d'oeil du ginie, il a in-
diqui immediatement le moyen de determiner theorique-
( 803 )
ment r^qiiivaleol cherch6. En comparant la quantite de
chaleur n^cessaire pour augmenler d'un certain nombre
de degr^s la temperature d'un gaz sous volume constant k
celle qui est n^cessaire pour T^lever d'autant sous pres-
sion constaute, et qui est plus considerable que la pre-
miere, Mayer en a conclu que cet excedanl de chaleur s'est
transforme dans le travail que le gaz a effectu^ en se dila-
tant et il a d^duit de lit par un calcul tr^s-simple que r^qui*
valent mecaniqne de la chaleur, c*est-&-dire le travail
equivalent k une unite de chaleur est egal^ 424 kilogram-
metres (*). •
(*) All lieu du oombre 434, Mayer avail Irouve 370 seulement, a cause
de rinexactitude des donnees experimentales donl 11 avail fail usage. En
se servanl des plus receules, on arrive au nombre que nous avons indiqu^.
En void, au reste, le calcul qui esl tr^s-simple :
ConsiUerons I*"- •'• d'air k 0», renferme dans ud cylindre de l"- ••• de base
muni d'un pislon libre ^ !">• de hauleur; el supposons que nous voulions
doubter le volume de eel air au moyen de la chaleur. II faudra pour cela
vaincrela pression almospherique, cVsl-5-dlre Clever 10336^"', qui repr^
senlenl la pression exerc^ sur le pislon, ^ 1°>' de hauteur, ou bien effec-
luer un Ira vail de !0356^'»-.
' Or, un melre cube d*air a 0<^ sous la pression almospherique |)^se r293;
pour doubler son volume sous pre&«ion conslanle, il a fallu 61ever sa lem-
peralure h 273*; el comme, pour Clever de 1<> la lemp^ralure de 1^ d'air
dansces condilions, il Paul 0,2575 calories, le nombre tolal de calories
uecessaire sera :
1,293 X 273 X 0,2375 = 83,855
Pour echauffer d'aulanl de degres celle m^me masse d'air sous volume
conslant, il faul 1,41 fois moins de chaleur, ou
83,833
---- = 59,437 calories.
1,41
D*oii provicnl celle difference? Mais evidemmenl de ce que, dans le
premier cas, la chaleur a effeclue, par rintermediaire de Pair, un Iravail
( 804 )
Ce r^sultat, obteDu sans recourir directemeni k Texpe-
rieDce, Concorde admirablement avec ceux que Joule a
deduils d*un noinbre trte-considerable de mesures lout k
fait directes, en employanl soil le travail de la chute d'un
corps, soit celui du frottement k produire de la chaleur.
Une semblable preuve est convaincante; aussi Fun de
mes mattres les plus v^n^r^s, k qui je la commuhiquais un
jour pour lui enlever ses doutes au sujet de cette th^orie,
me r£pondit-il, en balauQant la tSte aveccet air m^ditatir
que se rappellent tons ceux qui Tont connu : en effet, c'est
^tontiant. Ce seul mot, chez lui, d^notait un homme pres-
que entierement convaincu.
On objectera peut-Stre a la determination prec^dente,
qu*il n^a pas &i6 tenu compte du travail int^rieur n^ces-
saire pour augmenter le volume d*air. Mayer s*etait con-
tent6 de regarder ce travail comme tr^s-faible et par suite
comme n^gligeable. Clausius, le premier (*), prenant pour
base les vues qu*il a d^veloppees depuis sur la nature de
ce mouvement mol^culaire que nous nommons chaleur, a
affirm^ neltement que ce travail n'est pas seulement n^-
gligeable, roais qu*il est rigoureusement nul, du moins
pour les gaz parfaits, c'est-i-dire pour ceux qui suivent
de 10336 km.; d'oii il r^sulle que Pexces de cbaleur consomme dans le
pi'emier cas equivaut ^ ce travail. Get exc^ est de 24,378 calories, equi-
valant k un travail de 10556 km.; une calorie equivaut done k un travail
egal ^
^0556
-—:— = 424 km.
24,578
(') Pour toutes les citations qui se rapportent ^ Clausius, voir ses Afe-
moires sur la Ih^orie mScanique de la chaleur, traduits par F. Folie,
2 vol., Paris. E. Lacroix, et parliculierementles Memoires I, II, IV, VI, IX,
XIV, XV, XVI.
( 805 )
exactement les lois de MarioUe et de Gay-Lussac; et les
experiences post^rieures de Regnaiilt soot venues confir-
mer cette id^e; l^objection disparatt par suite complete-
meut.
Sans doute, s'il s*agissait de produire du travail par la
dilatation d'un solide ou d*un liquide, ce travail inl^rieur,
n^cessaire pour effectuer la dilatation, abstraction faite
des r&islances ext^rieures quisont k vaincre,nepourrait
pas dtre n^lig^; mais Torc^ de me borner, je me conten-
terai de vous dire que dans ce cas encore la th^orie a ^t^
admirablement confirmee par les experiences les plus7)re-
cises, et a servi m^me k Taire corriger des experiences an-
terieures, qui ont ete en eflTet trouvees defectueuses.
Je ne puis pas, dans cet entretien, aborder mathemati-
quement la demonstration du second principe fondamen-
tal, qui est du reste plus difficile k bien saisir que le pre-
mier; et au lieu de lui donner la forme abstraite qu'il revet
dans son expression analytique, je prefere exposer la ma-
niere dont Glausius I'a developpe posterieurement dans
diflerents travaux, et dont il s*est servi lorsqu'il a pris ce
second principe pour sujel d'une lecture faite k Tassem-
biee des naturalistes allemands a Franfortsur*Mein en
1867.
La chaleur manifeste une tendance universelle k s'equi-
librer entre les differents corps par rayonnement ou par
conductibilite, c*est-i-dire qu'elle passe d*elle-meme d'un
corps chaud k un corps froid, sans qu'il soit necessaire
qu'aucune autre modification se presente simultanement.
Cette tendance est tellement inberente k la nature meme
de la chaleur, que Glausius a jbnde la demonstration de
son principe sur ce postulat que la cbaleur ne pent passer
d'elle-meme d'un corps froid k un corps chaud. Lorsque la
( 806 )
chaleur p^D&tre un corps, elle a pour effet d*auginenter la
distance entre ses mol^ules, soil en le dilalant, soil en le
liqu^flant ou le vaporisant, et mSme parfois de dissocier
ses molecules, comme on le voil dans les decompositions
chimiques qu'eile produit. Clausius a compris tons ces
effets sous un nom g^n^rique en disaut que la chaleur tend
k augmenter la disgr6gation des corps.
Mais pour augmenter la disgr^alion d'un corps, la cha-
leur a, en g^n^raly deux travaux k effectuer, le premier
int^rieur pour vaincre la cohesion des molecules, le se*
cond ext^rieur pour vaincre les pressions auxquelies le
corps est soumis. Dans ces deux cas, comme nous le
savons en vertu du principe de Mayer, la chaleur qui a
effectu^ le travail disparait et se trouve remplac^e par une
quantity de travail ^quivalente.
Le travail int^rieur est g^neraleraent fort difficile k ^va-
iucr; mais on pent ^viter cette difficult^ de deux mani^res :
soit en operant sur un gaz parfail, dans lequel le travail
int^rieur est nul« comme nous Tavons vu, soit en operant
sur un autre corps de fa^on ^ le ramener iinalement dans
son ^tat initial, ce qui fail que la somme alg^brique des
travaux int^rieurs qui auront^t^ effectu^s sera nulie; une
telle s^rie d*operations s'appelle un cycle ferm^.
Pour Tuniformite de la terminologie, nous donnerons
le nom g^n^ral de transformations k tons les effets de la
chaleur que nous venons d'^num^rer. Ainsi, lorsqu^un
corps k la temperature de 30*" cede une certaine quantity
de chaleur k un corps k 0° ou vice versa, nous dirons qu'il
y a eu une transformation de cette quantity de chaleur k
SO"" en la m£me quantite.de chaleur k 0"* ou vice versa.
De mSme lorsqu'un corps aura subi un accroissement ou
une diminution de disgr^gation, nous dirons qu'il s*est
( 807 )
effeclu^ une iransformaiion de la disgr^gation. Et eoGa,
lorsqu*une certaine quantity de chaleur aura et^ eonvertic
en une quantity de travail ^quivaleule, ou produile par la
cousommation de cette quantity de travail, nous dirons
quMl y a eu transformation de travail en chaleur ou vice
versa. Le principe de Clausius exprime une relation entre
Ics valeurs num^riques des transformations qui s'effectuent
dans une s^rie d*op^rations que Ton fait subir ^ un corps
donn^.
Le cas le plus simple k examiner est celui oh cette s^rie
d'op^rations est reversible, c*est-i*dire pent s'effectuer
^alement en sens inverse. Pour que cette condition soit
remplie, il faut : l"" que le corps consid^r^ soit soumis k
une pression normale ^gale k chaque instant k sa force
expansive, car alors il pourra se dilater malgr^ cette pres-
sion ou se comprimer sous llnllncnce de cette m^me
pression ; 2° que le corps consider^ soit toujours k la mdme
temperature que ceux avec lesquels il effectue des ^changes
de chaleur, afin que la chaleur puisse passer indifl<§rem-
ment du premier aux autres et vice versa.
On voit par ces conditions mdmes que Ics cycles r^ver-
sibles ne peuvent pas se r^aliser dans la nature et ne sont
qu'une limite qu'il nous est permis d'enseigner theorique-
ment.
Bornons-nous done aux operations reversibles et cher*
chons k evaluer en nombres les transformations que nous
venous d*enumerer.
Nous conviendrons que deux transformations sont equi-
valentes lorsque Tune d'elles pent etre aneantie et rem-
plac^e par Tautre au moyen d*un cycle d'op^rations r^ver-
sibles. Ainsi, je suppose une certaine masse de gaz qui
s*est dilatee au double de son volume primitif; voila une
( 808 )
transformation de disgr^^ation du gaz; je puis aneantir
cette transformation en comprimant le gaz jusqu'a le r^-
duire^son volume primitif; mais alors je transforme une
certaine quantity de travail en cbaleur; celte derni^re
transformation, ayant remplac^ celle de la disgr^ation, est
regard^e comme son ^quivalente.
Mais il faut bien remarquer que la valeur de celte trans-
formation n'est pas le nombre des unit^ de cbaleur pro-
duites par le travail; non, ce que nous avons k determiner,
c'est la valeur num^rique que nous devons attribuer k
cette transformation elle-m^me pour que cette valeur soit
^ale k celle de la transformation de disgregation qui Ini
est ^quivalente. Ici done ce n*est plus une certaine quan-
tity de cbaleur qui est prise pour unit^; c'est une certaine
transformation d^termin^e, celle, par exemple, qui se pre-
sente dans la disgregation d'une masse donn^e d*un gaz
parfait qui double de volume d*une maui^re reversible.
Apr^s avoir indiqu6 comment nous mesurerons les trans-
formations, nous avons encore une convention k faire
quant k leurs signes; nous regarderons un accroissement
de disgregation comme une transformation positive; il en
sera naturellement de m^me de la transformation equiva-
lente que nous venons de mentiouner du travail en cba-
leur. Les deux transformations oppos^es seront negatives;
et quant au signe de la transformation d*une quantity de
cbaleur k une temperature donn^e en cbaleur k une autre
temperature, il sera determine directement par la mesure
de cette transformation au moyen des conventions prece-
dentes.
Les trois esp^ces de transformations dont 'nous avons
parie, vont se rencontrer dans le cycle ferme reversible que
nous prendrons comme exemple.
( 809 )
Les temperatures seronl indiqu^es en degr^s centi-
grades, k la fois k partir du z^ro ordinaire et du z^ro absolu
{— 273« C).
Soit donn^ un volume de gaz a 275*" ceritigrades (on
2 X 275** A) soumis k des operations reversibles :
l"" Au moyen de Faddition d'une ceriaine quantity de
chaleur, laissons-le se dilater jusqu'au double de son vo-
lume primitif en le maintenan t constamment ^ la m^me tem-
perature; sa disgregation sera doubl^e , sa pression devenue
moitie moindre, et il aura effectue un certain travail;
2° Abaissons sa temperature k 0** centigrade (ou 273''
A) en faisant passer Texcedant de chaleur dans un reser-
voir; sa pression decroitra encore de moilie, c'est-a-dire
sera devenue le quart de la pression primitive;
S"" Comprimons-le k cetle m^me temperature constante
deO*" centigrade jusqu*^ le ramener au volume primitif, en
sorte que sa pression sera doubiee et redevenue la moitie
de la pression premiere. Cetle compression exigera la con-
sommation d'un certain* travail , mais inferieur de moitie k
celui qui a eie produit precedemment, puisque les volumes
sont les memes, tandis que les pressions sont de moitfe
moindres dans le travail actuel que dans le premier. Cette
compression aura, en outre, produit une certaine quantite
de chaleur k O"" centigrade que nous supposons re^ue par
un corps k cette temperature.
IV. Pour ramener notre gaz k son etat initial , nous
n'avons qu'k lui faire restituer par le reservoir la chaleur
que celui-ci lui avait empruntee dans la deuiieme opera-
tion. La temperature s*eieve alors k 273'' C. qui est sa
temperature primitive, et comme son volume reste con-
stant, sa pression doublera, c'est-^-dire redeviendra la
pression primitive.
2"^ s£rie, tome XXXVI. S3
(810)
(^ premiere operation a donn^ pour r^sultat les deux
transrormations suivanles : un accroissement dedisgrega-
lion du gaz du simple au double, et une traDsforination de
chaleur en travail. Or, si nous effectuons celle-ci en sens
inverse, c*est-i-direanaly(iqucment, si nous la prenons en
signe contraire, elle an^anlira la transformalion de disgr^-
gation et la remplacera; il en r^sulte, d*apr6s ce que nous
avons dit sur T^quivalence des transformations, que Taug*
mentation de disgr^gation et la transformation simultan^e
de la chaleur en travail sont ^ales et de signes contraires,
auirement dit que leur somme alg^brique est nulle. La
troisi^me operation a de m^me donn^ pour r&ultat les
deux transformations suivanles : une diminution de dis-
gr^gation du gaz du double au simple, et une transfor-
mation de travail en chaleur. Cette derniere eflectu^e en
sens inverse ou prise en signe contraire andantit la pre-
miere et la remplace; la diminution de disgrdgation et la
transformation simultande de travail en chaleur sont done
^ales et de signes contraires; autcement dit leur somme
algdbrique est nulle.
Remarquons d*abord Taccord qui se prdsen(e quant aux
signes des transformations : dans la premiere operation
nous avons eu un accroissement de disgrdgation , trans-
formation positive, et une transformation de chaleur en
travail que nous avons trouvde £tre de signe contraire,
done n^ative. Dans la deuxi^me operation il y a une dimi-
nution de disgr^ation, transformation negative; et une
transformation de travail en chaleur qui est de signe con-
traire; done positive.
Quanta la valeur nuroerique de ces transformations,
remarquons que la transformation de disgr^ation est la
m^me dans les deux operations en grandeur absolue; les
(811 )
deux iransformations simullan^es de chaleur eu travail et
de travail eD chaleur qui lui sont ^quivalenles, doivenl
done avoir aussi la m6me valeur num^rique. Or nousavons
vu que dans le second cas la quantite de chaleur ou de
travail est deux fois moiudre que dans le premier, et que
la temperature absolue du gaz par I'intermediaire duquei la
transformation est op^r^e est ^galement deux fois moindre;
il en r^sulte que le rapport de la quantity de chaleur trans-
form^e en travail, ou produite par du travail, k la tempe-
rature absolue, est le mSme dans les deux operations
precedentes, et que nous pourrons prendre ce rapport
comme valeur numerique de ces deux transformations,
ainsi quedela transformation equivalenle de disgregation.
Dans la premiere operation done, la somme alg^brique
de Taccroissemisnt de disgr^gation et du rapport de la
quantite de chaleur transformee en travail, k la tempera-
ture absolue du gaz, est egale k zero, cette derniere quan-
tite etant negative, comme representant la valeur d'une
transformation negative.
Dans Tautre operation, la somme algebriquede la dimi-
nution de disgregation , qui est une transformation nega-
tive, et du rapport de la quantite de chaleur produite par
du travail, k la temperature absolue du gaz, est egale i zero.
La valeur numerique d*une transformation de chaleur
en travail ou vice-versa telle que nous venons de la deter-
miner est done egale en grandeur absolue au rapport de la
quantite de chaleur k la temperature absolue k laquelle la
transformation s*est eflectuee. Cette valeur numerique
n*est pas, comme on *le voit, I'expression d*une grandeur
concrete; c'est plut6t une expression destinee k traduire
aisement la condition necessaire pour que deux transfor-
mations puissent se remplacer mutuellement dans un cycle
( 812 )
rFop^rations r^versibles sans donQer naissance k une autre
transformation simullan^e.
Rccbcrchons inaintenant de la mSme mani^re la valeiir
num^rique de la transformation d'une quantity de chaleur
k une certaine temperature en la m^me quantity de cha-
leur k une autre temperature; et pour cela reprenons
sommairement le cycle ferm^ decrit plus haut.
Dans la premiere operation le gaz a double de volume
a la temperature constante de STS"" C. (ou SxSTS'* A) en
transformanl une certaine quantite de chaleur en travail.
Dans la deuxieme on abaissait sa temperature 4 0"" C. en
faisant passer Texcedant de chaleur dans un reservoir.
Dans la troisi^me on le comprimait k cette temperature
constante 0"" C. (21^" A) et il se produisait ainsi une trans-
formation de travail en chaleur, la chaleur produite etant
de moitie moindre que celle qui avait ete transformee en
travail dans la premiere operation; et cette chaleur etait
regue par un corps i 0" C.
Dans la quatrieme operation enfin on reprenait au re-
servoir, pour la restituer au gaz Ja chaleur que celui-ci lui
avait cedee, de sorte que le gaz etait ramene k son etat
initial.
En considerani Tensemble de ce cycle ferme, nous pour-
rons faire abstraction de la deuxi^me et de la quatrieme
operation , puisque la chaleur cedee dans la deuxi^me k un
reservoir par le gaz est restituee k celui-ci par le mSme re-
servoir dans la quatrieme. De plus y si nous voulons consi-
derer la quantite de travail dont nous avons fait usage dans
la troisieme operation comme empruntee k celle qui avait
ete produite dans la premiere, nous aurons en resultat
final, dans le cas actuel , une quantite de chaleur, de moitie
moindre que dans la premiere operation , transformee en
( 813 )
travail , et de plus le transport de la quantity de chaleur
produite par la troisi^me operation k un corps k 0® C;
mais cette quantity de cbaleur De provient que de celle qui
a iU fournie dans la premiere operation au gaz a la tem-
perature de STS"" C, et dont une rooiti^ est rest^e Irans-
form^e en travail, tandis que Tautre, apr^s avoir ^t^
transform^e de m^me, est repass^e k T^tat de cbaleur dans
la troisi^me operation; de sorteque nous avons une trans-
formation d'une certaine quatit^ de chaleur ^ STS"" C.
(2x273« A) en chaleur i 0« C. (273* A).
Or, si nous supposons cette derni^re transformation
donn^e , et que nous effecluions tout le cycle precedent en
sens inverse, elle sera an^antie et remplac^e par la trans-
formation d*une quantity de travail en chaleur, transfor-
'fliation qui sera pr^cis^ment Tinverse de celle que nous
venous d'obtenir comme r^sultat final conjointement avec
la transformation de chaleur k 273° C. en chaleur 4 0° C.
Ces deux transformations sont done ^gales et de signes
contraires, ou leur somme algebrique est nulle.
On d^duit ais^ment de ces considerations, en g^nerali-
sant Texemple qui precede, que la valeur num^rique de la
transformation d*une certaine quantite de chaleur k une
temperature donn^e en chaleur k une autre temperature
est egale k la somme algebrique des valeurs numeriqucs
dedeux transformations, dont la premiere serait celle de
cette chaleur k la premiere temperature en travail, et la
seconde celle de ce travail en cette meme quantite de cha-
leur k la seconde temperature (').
(*) Nous allons iodiquer bridvcmeDt cette d^uctioii pour les leeteurs
qu'elle peut int^resser.
En vue de g^neraliser, nous supposerons que la temperature iuitiale du
(814)
Remarquons que la premiere de ces deux transrorma-
lions'est negative, et la seconde positive; qu'elles ont le
gaz (qui eUit 2 X 273oA)soit T,; qaela temperature Ooale (qui ^tail 373«A)
soilT,; que le volume du gaz devienne, au lieu de 2 fois, n fois plus con-
siderable. Appelons p sa pression, v son volume; les lois de Mariotte et
de Gay-Lussac s'exprimeront par la formule pv = RT, R designant une
conslante.
Le travail effectue par le gaz se dilataot ^ temperature constante T| du
volume 1 au volume n est
f)dv=l RT, — = RT,l.rt;
de meme le travail effectue pour le comprlmer ^ tem|)erature constante
T, du volume n au volume 1 est
^,=rRT, l.n.
Solent Qi et Q, ces deux quantites exprimees en calories, de sorte que
Qi = Ag,, Q, = A7,,
A d^ignant T^uivalent calorifique de Punit^ de travail.
Nous avons'tu qu'en r^sultat final, c'est la difference seulement de
ces deux quantites de cbaleur qui a ete converlle en travail ; la valeur
numdrique de cette transformation est
T,
Cette valeur est, commc nous Pavons dit , egale et de signe contraire a
celle de la transformation de la quantile Q, de cbaleur k la temp<^rauire
T, en cbaleur k la temperature T,. Si done nous designons la valeur
numerique de cettt? derni^re transformation par x, nous aurons :
T, T, T. T/
ou blen encore, en rempla^ant ^-P^r^i ce qui est permis puisque ces
rapports ont AR I. n pour valeur commune :
« = -~H-J?, C Q. F. D.
( 8iS )
m^me numeraleur, qui est la quantity de chaleurdonnee,
et que par suite leur somme sera positive si le d^nomina-
teur de la premiere est plus grand que celui de la seconde,
et negative dans le cas contraire. Le passage d'une quan-
tity de cbaleur d'une certaine temperature k une tempera-
ture plus basse est done une transformation positive, le
passage inverse une transformation negative.
Ainsi, parmi les trois genres de transformations directes
et inverses que nous avons examinees, les positives sont :
L'accroissement de disgr^gation, la transformation de
travail en chaleur, le passage d*une temperature plus^levee
k une temperature plus basse.
Les negatives sont :
La diminution de disgr^gation , la transformation de
cbaleur en travail, le passage d*une temperature plus basse
k une temperature plus eievee.
Nous avons determine les valours numeriques de ces
trois genres de tranformations, et I'eiemple simple que
nous avons choisi nous a conduit k ce resultat que dans
tout cycle reversible, la somme algebrique des valours
numeriques des transformations est egale a zero.
Ce principe, que nous avons demontre en supposant que
le corps au moyen duquel les transformations ontete ope-
rees est tin gaz permanent, est applicable quel que soil le
corps dont on fait usage.
Supposons en effet que eela nc soit pas, et qu'un cycle
d*operations reversibles eflectuees sur un gaz ait donne
pour resultat une certaine transformation de cbaleur en
travail, en memo temps que le passage d*une quantito
determinee de cbaleur de 275" k 0% par exemple, la
somme de ces deux transformations etant nulle; tandis
qu*un cycle analogue eflectue sur un autre corps aurait
( 8<6 )
donne une somme de transforiDaiions qui ii*esl pas nulle;
il faudrait pour cela que, Bi la quantity de chaleur trans-
form^e en travail est la mSme que dans le cas du gaz, la
quantity de cbaleur qui a pass^ de ^TS"" k & TAt diff^rente.
Supposons la plus grande, et renversons ce dernier cycle :
nous an^nlirons le premier, k part un excte de chaleur
qui aura pass^, sans compensation aucune, d*un corps k 0®
a un corps k 275% ce qui est absurde.
Les autres cas se traileraient de la m^me maniire; et,
pour le dire en passant, c*est dans ce cas particulier que
consiste, k proprement parler, le principe de Carnot.
Quel que soit done le corps qui subit des modifications
reversibles, on pent lui appliquer le principe que la somme
alg^brique des valeurs num^riques des transformations est
egale k z^ro.
Voyons comment ce principe de Clausius se moditiera
pour les cycles non reversibles.
Le principe tout k fait g^n^ral est que cette somme est
n^cessairement positive dans tous les cycles, quels qu'ils
soient, et qu'elle n'est nulle qu*^ la limite, c'est-^-dire
quand les modifications deviennent. reversibles, limite qui,
nous Tavons vu, ne pent pas ^tre alteinte. Nous nous bor-
nerons ici k faire voir que cette somme ne saurait etre
negative, et nous constaterons par des exemples bien
connus quil est une foule de pbenom^nes naturels dans
lesquels elle est positive.
Si la somme alg^brique des valeurs des transformations
qui s'op^rent dans un cycle quelconque est negative, c'est-
i-dire, si la somme des transformations negatives Tem-
porte sur celle des transformations positives, nous pour-
rons prendre dans la premiere somme une partie ^gale k
la seconde, de sorte que Tautre partie se composera de
(817)
IransformatioDS negatives non compens^es; or celles-ci
pourronl toujours se ramener k un passage de chaleur d'un
corps froid k un corps plus chaud , comroe nous allons le
voir, au moyende Taddition d'un cycle reversible, c'esl-i-
dire, de plusieurs transforma lions dont la somme est nulle,
el ne peut, par consequent, pas alterer la somme finale.
Les transformations negatives, en effet, sonl :
1" Une diminution de disgr^gation. Celle-ci peut.etre
aneanlie el remplac^e par une transformation de chaleur
en travail au moyen d'un cycle reversible;
2" La transformation de chaleur en travail, k laquelle
nous venons de ramener la premiere transformation nega-
tive.
Cette transformation peut etre aneantie en renversant
la serie des operations que nous avons effecluees prece*
demment sur un gaz permanent, el remplacee par le
passage d'une certaine quantite de chaleur d'une tempera-
ture plus basse k une temperature plus eievee;
S"" Enfin cctte derniere transformation,^ laquelle peu-
vent se ramener les deux precedentes.
Si done une transformation negative pouvait se pre-
senter sans compensation comme resultat d'un cycle quel-
conque d operations, cela reviendrait k dire qu*il a pu
passer sans compensation de la chaleur d*un corps froid k
un corps plus chaud, ce que nous avons reconnu impos-
sible.
Au contraire, les transformations positives peuvent se
presenter seules, el sepresentent en effet tres-frequemment
dans la nature.
Parmi les nombreux exemples que Ton en peut citer,
nouschoisirons les suivants :
Un gaz permanent mis tout k coup en communication
( 818 )
avec un espace vide $*y repandra saus effecluer aucun
travail el sans perdre aucune cbaleur ; voili done un ac-
eroissemcnl de disgr^gation qui s*e$t effectue sans aucune
autre transformation simullan^e.
Le travail pent se transformer en chaleur sans qu*il se
pro<Iuise de transformation negative, comme on le voit
dans le choc des corps mous, dans la production de la
chaleur par le frottemetit et par la resistance des milieux,
ou, dans les ph^nom^nes ^lectriques, par la r&istance de
Fair et par celle du conducteur.
On sait avec quelle facility le travail des forces molecu-
laires se transforme en chaleur, spuvent m^me avec un
accroissement de disgr^gation, dans les combinaisons chi-
miques, tandis que la production du froid est toujours ac-
compagn^e d'un accroissement de disgr^ation soit par
dissolution, soil par Evaporation.
EnOn nous savons que la chaleur peut passer d*elle-
m^me, par conductibilitE ou par rayonnement, d*un corps
chaiid k un corps plus froid.
Les transformations positives peuvent done survenir
sans qu*il se pr^sente de* transformations negatives simul-
tan^es; celles-ci, au conlraire, ne le peuvent pas sans Eire
accompagnEes de transformations positives au moins Equi-
valenles; en d*autres termes, les transformations non
compensEes ne peuvent etre que positives, ou la somme
algEbrique des valeurs des transformations d*un cycle quel-
conque d^opErations ne peut Etre que positive.
Tel est le principe general dA a Clausius. Si nous Tex-
primons analytiquement en tenant compte de la maniere
donl nous avons Evalue numEriquemenl les transforma-
tions, nous pourrons Tenoncer sous la forme suivante dans
laquelle le mot accroissement est pris dans un sens alge-
(819)
brique: si pour un cycle quelconque on ajoule les accrois-
semen ts de disgr^gation aiix accroissemenls de chaleur
divis^s respeclivement par les temperatures absolues aux-
quelles ils s*effectuent, la somme obtenue ne pourra ^tre
que positive {*).
Si done d'une part, en vertu du principe de Mayer, il y a
toujonrs Equivalence entre la chaleur consomm^e ou pro-
duite et le travail produit ou consommE, dans les modifica-
tions que pent subir un syst^me de corps sous Tinnuence
de la chaleur et des differentes forces tant int^rieures
qu'exterieures qui agissent sur lui, d*autre part, en vertu
du principe de Clausius, chaque sErie de modifications
am6nera, en g^n^ral, un accroissement de disgr^gation et
de chaleur produit au detriment de la quantity de travail
fournie par les forces qui agissent sur le syst^me ; cette
derniere quantity ne fera done que d^crottre d*une s^rie k
la suivante, tandis que la somme des premieres ne fera que
croitre.
Ces lois, qui existent pour un syst^me quelconque de
corps, peuvent Evidemment s^Etendre i I'univers tout
entier, et il en r^sulte que la quantity de travail des forces
qui Taniment, d^croissant toujonrs, finira par devenir nulle,
en se transformant sans cesse en un accroissement de la
disgr^ation et de la quantite de chaleur, et que la somme
de celles-ci tend vers un maximum f *).
Examinons maintenant plus en detail les consequences
(*) Dans la derniere partie de colle somme sont comprises les transfor-
mations de cbalenr d*ane temperature ^ une autre, dont la valeur nume-
rique se compose , comme nous TaTons tu , de deux termes de meme
forme que ceux qui entrent dans cette somme.
(*') Voir la nole precedente.
( 820 )
de ces deun principes appliques au syst^rae de l*univcrs.
Si nous voulons comprendre sous le nom coinmun
d*£nergie Ik force vive , le travail et la chaleur, qui ne sont
en effet que des quanlit^s de mdme nature se rapporlant
k des raouvemenis plus ou moins rapides soit des corps,
soit de leurs molecules, le premier principe pourra s*£non-
cer sous celte forme :
Une ^nergie quelconque peut se transformer en une
autre ^quivalente, ou bien la somme des Energies de Tuni-
versest invariable, comme la somme des particules mate-
rielles qui le constituent. Ainsi le travail de la gravity peut
se convertir en force vive par la chute d*un corps, et cette
force vive en mouvemenls vibratoires qui constituent la
chaleur; T^nergie d^velopp^e par la combustion de la
poudre se transforme en chaleur, celte chaleur en force
vive du boulet, et cette force vive enfin en un travail qui
m\e le poids du boulet jusqu*^ ce que toute T^nergie soit
d^pens^e, ou plutdt convertie en travail ; mais dans tons
Iescas,il ne se perd m ne se gagne aucuae quantite
d*^nergie dans loutes ces transformations.
Cest la certes une magnifique synthase des lois physi-
ques, et qui semble bien favorable k r^lernitS de Tunivers;
eh bien, quelque ^loign^e qu'elle paraisse de ma these, je
ne crains pas d'essayer de d^rouler k vos yeux le tableau
de la nature physique tel que nous pouvons Tentrevoir
gr^ce k cette spiendide d^couverte de la transformation des
forces.
Partons de Thypothese de Laplace sur la formation de
notresyst^meplan^taire, hypoth^se qui semble confirmee
par les formes et les mouvements des planites et de leurs
satellites, par Texistence des comiteset par cellede Tan-
neau de Saturne.
( 821 )
Notre syst^me aurait ^te prirailivemenl une nebuleuse,
c'est-^-dire un amas de mati^re gazeuse simplement aiii-
m^e d*un mouvemenl de rotation f ) et soumise k ses attrac-
tions rautiielles; cette mati^re se serait separ^e en diffi§-
rentes masses en vertu de la force centrifuge , et ces masses
partielles se condensant par Fatlraction auraient form^ le
soleil et les diff^rents corps du syst^me, fluides d^abord,
puis se solidifiant peu k pen k cause du rayonnement.
Vous comprenez d^ja combien ce travail de Tattraction^
cette chute des molecules gazeuses vers leurs centres
respectifs a dA produire de chaleur. Helniholtz a calculi
que cette chaleur repr^sentait 454 fois celle qui serait
actuellement produite par la chute de toutesles planetes
et de leurs satellites sur le soleil.
Notre terre ne revolt aujourd'hui qu*une quantity tr^s-
faible de chaleur de son noyau de feu ; oh done est la source
de toutes les Energies qui se d^veloppent k sa surface?
Elle reside presque tout enti^re dans le soleil.
£tudions en effet les diff^rentes forces dont nous dis-
posons; je laisse de cdle le magn^tisme et T^lectricit^
qu'il ne serait pas difficile de ramener ^alement k Taction
solaire comroe k leur principe.
Nous disposons surtout de la force des cours d'eau, de
celle des courants d'air, de la chaleur produite par les dif-
f^rents combustibles , enfin de notre force musculaire et
de celle des animaux.
Ord^oJi vient la premiere force, celle des cours d'eau?
Le soleil a vaporish Teau des mers, et a effectu6 ce grand
travail de la dilatation; en outre, il a dA Clever la vapeur
(*) II esi inutile des^occuper id du mouvement de Iranslalion de noire
syst^me dans Pespace.
( 822 )
ainsi form^e au soramet des montagDes, second travail ; la
vapeur.en se condensant, a rendu une partie dela chaleur
solaire sous forme de cbaleur ou d*£lectricil6, el a cod-
serv£, sous forme de travail potentiel, I'autre partie, celle
qui ^quivaut au travail n^cessaire pour Clever sod poids
au sommetde la montagae; cd en redesceodaDt, elle nous
rend, sous forme de force vive, la provision de chaleur so*
laire qu'elle avait absorb^e.
La force des courants d'air D*a pas dod plus d*autre
cause : le soleil echauffe Fair, T^l^ve, el sa cbaleur se trans-
forme en travail polentiel; cet air refroidi retombe par son
poids, ct c'est la force vive dc sa chute que nous utilisons;
cette force vive n'est done encore qu^une transformation
d^une quantity ^quivalente de chaleur solaire.
Mais la chaleur des cx^mbustibles, dira-t-on? Celle-li du
moins ne vientpas du soleil? Tout aussi bien que les pr^-
c^dentes, et que la force musculaire elle-m6me, qui a, avec
celle de la combustion, la liaison la plus intime, comme
nous allons le voir. "^
Tons nos combustibles sont exclusivement des mati^res
v^^tales ou animales; la bouille n'est que du bois fossile;
les huilesdc schiste^ le p^trolesont le produitde la distil-
lation de v^^taux enfouis depuis des siecles; les corps
gras proviennent tons du r^ne v^g^tal ou du r6gae
animal.
Or c*est grice k la lumiere et a la chaleur solaires que
les plantes s'assimilent le cbarbon contenu dans I'acide
carbonique qui est m^l^ i Tair. Pour s^parer Toxyg^ne du
carbone et retenir celui-ci, la plante doit effectuer un
grand travail, et c'est le soleil qui le lui fournit; la frai-
cheur des for^ts a pour principale cause cette conversion
de la chaleur solaire en travail de la v^g^tation. C*est ce
( 823 )
mSme travail que Ic tissu vegetal convertil en chaleur
quand il brilkle, c est-^-dire quand il s^unit de nouveau k
Toxyg^ne, de sorte que la chaleur produite par la combus-
tion est directement emprunt^e au soleil.
La plante done sVmpare du charbon renferm^ dans
Tacide carbonique de Tair, et met Foxyg^ne en libert^; cet
oxygine est respir^ par les animaux, et s'unit dans leurs
poumons au sang qui est le produit de la digestion des ali-
ments; c'est la chaleur resultant de cette combustion effec-
tu^e continuellement dans les poumons qui est la source
de r^nergie animale. Et d'oii vient cette chaleur? Du tra-
vail dont ^taient capables Toxyg^ne libre et le sang; et ces
deux elements nous sont fournis en derniere analyse par
le r^ne vegetal qui les doit au soleil.
II y a certes une ravissante harmonic dans ces deux
grands r^nes de la nature, dont chacun tire sa nourriture
et sa force des produits mdmes qui sont rejel^s par Tautre,
de telle fa^on que la prosp^rit^ de Tun des r^gncs doit
entrainer celle de son rival; et Ton pourrait se demander
par quelle sorte de vertu secrete les molecules gazeuses
du chaos se sont groupies dans cet ordre admirable; mais
la science positive nous reprocherait de faire du senti-
roeiit, et nous tenons k demeurer sur son propre terrain.
Admettons done, si vbus le voulez, que ce soit Taction
seule des forces naturelles qui ait produit toutes les vies
qui se d^veloppent k la surface de la terre. Le soleil suffit
k maintenir leur activity physique; sa chaleur se trans-
forme en courants d*air ou d eau, en puissance expansive
des gaz et des vapeurs, en Electricity, en bois, en fleurs, en
fruitSy en force musculaire; aussi longtemps qu'il pourra
nous fournir une chaleur suffisante, la dur^e du monde et
de la vie semble assur^e. Mais cette chaleur qu*il nous
( 824 ) ,
fournil doit pouvoir lui^tre restitute par du travail , car
tous les corps re^ivent de lui uue chaleur beaucoup plus
coQsid^rable que celle quails lui renvoient par rayonne-
ment.
Oil trouver'ce travail? Si on le cherchait dans une con-
densation du soleil , condensation qui produirait une cha-
leur ^norme\ ou dans une diminution de sa vitesse de
rotation due ^ des nfan^es dont le frottement se convertit
en cbaleur, on tehapperait ^ la mort pour quelques mil-
liers de siecles; mais qu*est-ce que celte durte vis-ji-vis de
r^temit^?
Si Ton cherche avec Mayer ce travail dans la chute des
com^tes et des a6rolithes sur le soleil, sans doute on trou-
vera encore 1^ une source notable de chaleur, puisque la
chute d*une masse sur le soleil produirait, selon qu'elle se
roeut plus ou moins directement vers lui, une quantity de
chaleur comprise entre celles que fournirait la combustion
d*une masse de houillede 4,000 k 9,000 fois plus grande;
^t cette chute de corps nteessaire k Tentretien de la cha-
leur solaire produirait une augmentation de volume im-
perceptible apres 4,000 ans. Mais encore n'est-ce Ik qu'un
palliatif, et en outre, on voit clairement que la masse du
soleil allant en augmentant, il finira par attircr k lui les
plan^tes, k commencer par les plus rapprochees, de sorte
que notre syst^me solaire se r^duirait en chaleur.
Cette alimentation du soleil par la chute des mondes
n^est qu'une hypolh^e trte-probable k la v^rit^; et fAt-elle
exacte, il n'y a pas 1^ de quoi effrayer ceus qui croicnt k
r^ternit^ de Tunivers; car la chaleur ainsi produite, affir-
meront-ils, pourra de nouveau se convertir en travail et
former de cette mani^re un autre univers. Au reste, il n'est
nullement nteessaire que le soleil nous prodigue (oujours la
( 825 )
mdme chaleur qa'aujourd'bui; quand elle aura d^cru, nous
dironl-ils, les vies qui se manifeslent aujourd*hui sur la
terre feroht place k d'autres vies qui auront moins besoin
de chajeur, comroe les plantes et les animaux giganlesques
de la p^riode aot^diluvienne out fait place k ceux de
r^poqueacluelle.Toutes ces consequences n'onl rien d'in-
compatible avec la loi de la conservation de i'energie , la
science est obligee de le reconnaltre et elle le fail Tranche-
ment. Je n'atlends pas moins desinc^rit^ des partisans de
la doctrine de r^ternit^ de Tunivers dans Texamen des
consequences de la seconde loi fondamentale qui n*cst,
comme celle de la conservation de T^nergie, qu^une g^ne*
ralisation des faits observes dans la nature.
Nous avons vu que la seconde loi conduisait k ce double
resultat, d'une part, qu'il ya plus de transformations de
travail en chaleur que de transformations en sens inverse,
de sorte que la quantity de chaleur augmente constam-
ment aux d^pens de la quantity de travail; d*autre part,
que la chaleur tend k s^^quilibrer, i se r^partir d*une ma-
ni^re de plus en plus uniforme dans Tespace, et la disgr^-
gation des corps ^s'accrottre; il s*ensuit que Tunivers se
rapproche fatalement de jour en jour, en vertu des lois
naturelles, d*un etat d*equilibre final de temperature dans
lequel les distances entre les molecules des corps seront
arriveesi leur extreme Itmite, et qui rendra toute. trans-
formation nouvelle impossible; alors, suivant une expres-
sion memorable reproduite par Tyndall f), c les elements
seront dissous par le feu. » Tel est done le terme fatal du
monde ; sorti du chaos, il renlrera dans le chaos, avec cette
(*) La chaleur considiree comme un mode de mouvement, trad, de
Tabbe MoigoOp p. 435. Paris, E. Giraud. ^
2"* S^RIE , TOME XXXVI. 54
( 826 )
difference toutefois qu^il ne sera plus anim^ de ce roouve*
inent de rotation qu'avail le chaos originaire, et qui iui a
permis de se s^parer en diff^rents groupes d*attraction ; ce
mouvemenl de rotation aura lui-m^me ^t^ convert! tout
entier en chaleur.
Voici une consideration au reste qui vous fera pour ainsi
dire sauter aux yeuic cette conversion finale de toutes les
forces naturelles en chaleur : Je vous ai dit que le travail
renferme originairement dans la matiftre n^buleuse de
notre systftme solaire ^lait 454 fois plus grand que le tra-
vail des forces qu*il renferrae encore actuellement, ou que
celui-ci n'est plus que la 454* partie du travail primitif.Que
sont done devenues les 453 autres parties de ce travail?
Elles sont reduites en chaleur; et la partie restanle suit la
m&tne tendance. Le monde finira done, sans qu^il Iui soit
possible de se recoustituer au moyeu des forces naturelles
existantes; et la science, la science positive surtout, n'a
pas le droit de supposer que ces forces puissent avoir ma-
nifeste auparavant ou qu'elles puissent un jour mani-
fester des lois differentes de celles qui ont ^t^ i*econnues
par Texperience.
II y a plus encore; non-^ulement le monde finira, mais
il a commence. Et en effet, s*il existait depuis toute eter-
nity, il y a une eternite d&jk qu*ii aurait dA finir, puisque
la tendance k Taneantissement de tout travail et k requi-
libre final de temperature agissant depuis toute eternite
aurait dA se realiser enlierement depuis une eternite dej^.
On est done en droit d'affirmer scientifiquementque Tuni-
vers, constitue avec les lois physiques que nous Iui connais*
sons, et il est interdit k la science positive d*en supposer
d'autres, n^existe que depuis un temps limite, quelque
long du reste qu*il puisse etre. Et quelle cause a ainsi con-
( 827 )
slitu^ dans le temps? line cause inh^rente k lui-mdme?
BMiis ce serait absurde, car celte cause aurait dA agir aussi
bieu de &otile ^lernil^. Cette cause ne peul-£lre que le fait
d'une voloDl^ iibre, et la creation se trouve ainsi d^mon-
tr^e pbysiquement, j'allais dire math^matiquement.
Et qu*est-ce qui nous emp^che d'admetlre, et mSme d'es-
piirerque cette cause, qui a constitu6 Tunivers dans le
temps avec les forces qui Taniment, pourra agir^ la fin
des temps sur le morne chaos auquel il se trouvera r^duit,
pour lui imprimer une activity nouvelle et reconstituer un
autre univers? Alors seraient r^alis^es ces paroles fatidi-
ques ^crites depuis prte de ireute si6cles : c Au commen-
cement tu as fond6 la terre, et les cieux sont les oeuvres
de tes mains; ils p^riront, mais toi tu subsistes ^ternelle-
ment; et ils vieilliront tons comme un vdtement, et tu les
changeras comme un manteau, et ils seront transform^s. »
L'assembl^e a fait entendre de vifs applaudissements
apr^s cette lecture.
La stance a 6t6 termin^e par la proclamation suivante
des rdsultats des concours et des Elections, faite par
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
JUGEMENT DU CONCOURS DE LA GLASSE DES SCIENCES
POUR 1873.
Quatre m^moires avaient ^le re^us en r^ponse k quatre
questions du programme :
Le premier, portant pour divise: Ingressum instruas,
progressum dirigas, egressum compleas! (saint Thomas) ,
( 828 )
avail £t6 eovoy^ pour la premi^ire question demandant
de resumer el de simplifier la theorie de I'integration des
equations aux derivees partielles des detix premiers ordres.
Conform^ment aux concIusions.de ses rapporteurs , la
classe a vot^ sa medaille d'or de mille francs k Tauteur de
ce m^moire; Touverlure du billet cachet^ a fait connatlre
qu*il est dA k M. Paul Mansion, professeur k TUniversil^
de Gand.
M. Mansion est venu, aux applaudissemenls de Tassem-
bl^e, recevoir la recompense qu*il avait remport^e.
— La classe avait demand^, comme sujet de la troisi^me
QUESTION, un Expose des connaissances acquises sur les
relations de la chaleur avec le developpement des vegetaux
phanerogames , particulierement au point de vue des
phenomenes periodiques de la vegetation. — Le m^moire
envoys en r^ponse k cette question porte pour ^pigraphe :
Le fait materiel qui parait le plus desordonne est regi par
des lois.
Les rapporteurs, tout en reconnaissant du m^rite et un
certain int^r^t k ce memoire, ont ^t^ d*accord pour diiclarer
qu*il ne r^pond pas suflisamment k la question posee. La
classe, se ralliant k ces conclusions, a, en consequence,
decide qu*il n*y avait pas lieu de d^cerner le prix.
— Le memoire ayant pour but de r^pondre k la qua-
TRit:ME QUESTION, relative au Mode de reproduction des
anguilles, a pour devise : Les merveilles de la nature reve-
lent la puissance du Crealeur.
La classe a decide, sur la demande de ses rapporteurs,
( 829 )
(I'^rter ce m^moire comme n^^lant pas digne de fixer
son atlei^tion.
— La sw£:me question, demandant la Description du
syslenie houiller du bassin de Liege^ a donn£ lieu k un m^-
moire portant pour devise : Les observations directes accu-
mulees a suffisance permettent, seules, d'appliquer la
melhode de generalisation que I'on doit toujours avoir
comme objectifen matiere de geogenie.
La classe, tenant compte des lacunes et des imperfec-
tions signal^es dans ce m^moire par les rapporteurs, aussi
bien que du m^rite des cartes qui Taccompagnent, decide
qu'elle maintiendra la question au concours, dans Fespoir
que Tauteur pourra, I'ann^e prochaine, m^ritec la m^daille
d'or.
Elections.
La classe avait & proc^der au remplacement d'un membre
titulaire de la section des sciences naturelles, M. C. Wes-
niael, et de trois associ^s de la section des sciences mathi'
matiques et physiques ^ MM. Maury, Hansteen et Liebig,
tons les trois d^c^d^s depuis une ann^e.
Dans sa stance du 15 decembre, elle a porte ses suf-
frages, pour la place de membre titulaire, sur M. Con-
STANTiN Malaise, Tun de ses correspondants^
Cette election sera soumise ^ Tapprobation de Sa Ma-
jeste le Roi, Protecteur de TAcademie.
Ont^t^ ^lus associ^s: MM.de CoLNETD'HuART,directeur
de Tath^n^e royal grand-ducal de Luxembourg; Helm-
( 830 )
HOLTZ, professeur k TUniversite de Berlin; et Henri
Sainte-Claire Deyille, de rAcaddmie des sciences de
Paris.
M. F.-L. Cornet 9 ing^nieiir da Levant du Plena, i
Guesroes (Mons), a ^t^ ^lu correspondant de la section de*
sciences naturelles.
jugement du concodrs musical de la glasse
DES beaux-arts.
La classe des beaux-arts n^avait pa proc^der, lors de ses
stances du mois de septembre dernier, au jugement du
concours qu*elle avait ouvert pour la composition d*un
quatuor a instruments a cordes.
Depuis, siir les conclusions de ses rapporteurs, elle a
d^cern^ le prix de la valeur de mille francs k M. Samuel
De'Lange, artiste compositeur y k Rotterdam, auteurdu
quatuor couronn^ portant pour devise : The ideal lives
only with art and beauty.
OUVRAGES PRESENTfiS.
Faider{Ch.), — La publicite, discours. Bnixelles, t873;
in-8».
Juste (Th.). — La revolution beige de 1830. Lettre a
M. Ch. V. De Bavay. Bruxelles, 1873; in-8^
Firket [Ch.). — La chaleur et la vi^dtation. Gand, 1873;
in-8^
Kabsch (C.). — La chalcur ct la v^g^tation , chapitrc dc-
( 83< )
Uich6 du Pflanzenleben der Erde , traduclion analytique par
Ch. Firket. Gand ,1873; in-8^
Laurent {Auguste), — Biire de Tavenir. Meinoire en fa-
yeur d*une revision des lois fiscales. Bruxellcs, i873; broch.
in.8*.
Terby (F.). — Configuration des taches de la plandte Mars
i la fin du dix-huitiime siecle d*apres les dessins inddits de
J.-H. Schroeter. Bruxelles, i873;in-8^
Ministh'e des affaires etrangh'es. — Recueil des rapports
des secretaires de legation, tome 11, S2"* livraison. Bruxelles,
«72;in-8«.
Ministkre des travaux publics. Chemins de fer de VEialy
pastes et titegraphes. —Compie rendu des operations pendant
Fannde 1872. Bruxelles; un vol. in-4^ *
L'jicbo midical, 4»« annde, n"*' tO h 12. Bruxelles, 1873;
3 cab. in-S"*.
rieho vitirinaire, III"* annee, n*"' 8 et9. Liege, 1873;
2 cab. in-8^
Revue de l*instruction publique, XXI""* annee, 5"* livr.
Gand, 1873;]n-8^
Revue de Belgique, 5°" annee, 10"" a 12"Mivr. Bruxelles,
1873;3cab. in-8*.
Le Scalpel, XX VI-* ann<Se, n""* 14 a 26. Liege, 1873;
13 feuilles in-4\
VAbeille, XIX"* ann^e, 10-* ft 12"* livr. Bruxelles, 1871 ;
3 cab. in-8*.
Journal des Beaux-Arts. — Quinzieme annee, n°' 19 a 2i.
Saint-Nicolas, 1873; 6 feuilles in-4^
Chronique de I'industrie, vol. 11, n"" 87 & 100. Bruxelles,
1873; 14 feuilles in-4^
Bulletin du musee de Vindustrie de Belgique, 32"^ annee ,
octobre & d^cembre 1873. Bruxelles; 3 cab. in-8*.
Soeiete medico-chirurgicale de Liige. — Annales, 12"* an-
ndc, octobre ft decembrc. Liege, 1873; in-8*.
( 832 )
Fidiraiion des socieles d'horticuliure de Betgique. —
Bulletin, 1872. Lidgc; in-8*.
SocUU de midecine d'Anvers. — Annates, XXXIV"* annce,
•livr. d'oclobre , novembre et d^cembre. Anvers , 1 873 ; in-8®.
Acadhnie d'arcMologiede Betgique^ d Anvers. — Annales,
tome XXIX, Anvers, 1873; in-8*.
SoeiM de pharmacie d'Anvers, — Journal, XXIV"« ann^c,
livT. d octobre, novembre et decembre. Anvers, 1873 ; 2 cab.
in.8-.
Willeins-Fonds te GenL — Jaarboek voor 1874« Gand,
1873; un vol. in-12.
Historiseh genoolschap te Utrecht. — Wcrken, nieuwc
serie, n~ 18, 19; — Kroniek, XXVIII*' Jahrg. 1872. Utrecht,
1873;3vol.in-8\
Lenormant [Francois). — Essai sur la propagation de Tal-
phabet ph^nicien dans I'ancien monde, tome If,'!" livr.
Paris , 1 873 ; un vol. gr. in-8*.
Aeademie des sciences de Paris. — Gomptes rendus des
seances, tome LXXVII, n*"' 13 £i 26. Paris, 1873; 13 cab.
in.4».
Revue hrilannique, octobre k decembre 1873. Paris;
3 cab. in-8®.
Revue hebdomadaire de chimie, 4"* ann^e-, n? 39 a S2.
Paris, 1875; 13 cab. in-8*.
Archives de midecine navale ^ 1873, octobre )i decembre,
n*' 4 i 6. Paris, 1873; 3 cab. in-8^
Journal de ('agriculture, 1873, tome IV, n" 234 h 246.
Paris ; 1 3 cab. in-8'*.
f Le Progrh midical, I'* annee, n" 25 k 29. Paris, 1873;
5 feuiilcs in-4*'.
Revue scienlifique , 2"* s<5rie , 3"'* annee, n" 14 k 28. Paris ,
1873; 13cah.in-4«.
Revue politique et litteraire, 2"* serie, 3"* annde, n*' 14 a
28. Paris, 1 873 ; 13 cab. in-4^
(«35 )
, Bulleiin sckntifique , etc. , du (Upartemenl du NorA —
Cinquieme artn^e, n** 9 et 10. Lille, i875; in-8*.
Societe d^ agriculture de Valenciennes, — Rcivuc agricole,
,2»'"«.'ailn^, tome XXVII, n*« 9 a 12. Valeneiennes , 1873;
iu-8*.
* Sociite de gtographie de Parts. ^- Bulletin, ndvembrc,
1873; Pan's; cah. in-8*. . . . • . /
• Sociele mathimdtique de France, d Paris, — BulUtin,
tome V'l n** 5. Paris, 4873 ;in-8*.
Sociite geologique de France^ d Parts. — Bulletin, o"' siric,
tome I", 1873, n» 4. Paris; in-8".
Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin, — Berichtc,
VI"" Jahrg., n**' 18, 19. Berlin. 1873; 2 cah. in-8^
K, preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. —
Monatsbericht, September ct October 1873. Berlin, 1873;
in-80.
Senckenbergisch'Nalurforschende Gesellschaft zu Frank-
furt A IM. -^ Berichl, 1872-1873. FrancfortS/M., 1873; in-8«.
Justus Perthes' geographische Anstalt zu Gotha, — Mit-
theilungen , 19. Bd., 1873, XII. Golha; cah. in4^
Astronomische Gesellschaft zu Leipzig. — Vierteljahrs-
scbrift, Vlll. Jahrg., 3. und 4. Heft. Leipzig , 1873; in-8^
Berliner Gesellschaft fur Anthropologic ^ Ethnologic und
Urgeschichte. — Sitzung vom 10 mai 1873. Berlin; in-8*.
Revista de Portugal e Brazil, — N** 4, 3, decembre 1873;
Lisboa; 2 cah. in-V.
Revista scientifico-industriale di FirenzCy anno V, ottobre
el novembre. Florence, 1873; in-8'.
Davidson (Thomas), — The silurian Brachiopoda of the
Pentland hills. Glasgow, 1873; in-4^
Nature, n»« 204 to 216, vol. 8. Londrcs, 1 873; 1 3 cah. in-8«.
The Academy, n"" 81 ^86, tome LXXXVL Loudres, 1873;
6 cah. in-4^
( 854 )
Geological Society of London. — Journal, vol. XXfX,
part 4 (n* 116). Londres, 1873; in-8«; — LisU, dot. V\ 187S.
Londres; in-8^
Chemical Sodely of London. — Journal, ser. S, vol. XI,
aug.-oct. 1875. Londres; in-8^
Royal geographical Society of London. — Proceedings,
vol. XVII, n*- HI, IV, V. Londres, 1875; 3 cab. in-8^
American Journal of Science and Arts, Third series,
vol. VI , n*' 55 et 56. New-Haven, 1875; 2 cah. in-8*.
Fill DU TOHB XXXVI DB LA 3"' S^RIE.
BULLETINS DE l'aCAD^.MIE ROTALE DE BELGiQUE.
TABLES ALPH4B£TIQUES
DU TOME TRENTE-SIXifiME DE LA DEUXifiME S^RIE.
1873.
TABLE DES AUTEURS.
A,
Abrassart {Julet).— Laareal du ooneours des Canutes fnin^ises de 1875,
104,243,285.
Acad^miedes beaux-atHs de Sainl-P^tersbourg. — Consulte PAcadtoie
sar la cr^lion d*ane classe d'^lives m^aillenrs, 455; rapport de
MM. J. Geefs, J. Lecleroq et Robert k oe sojet, 343.
Alherdingk Thym {J,^A.). — Hommage d'ouYrage , 376.
Alvin (£.)• -~ Rapporl sar les projets d*architectare enToyes en r^ponse
au ooncours d*art appliqa^ de la classe des beaux- arts, 273; discoars
proRODce en s^nce pnbliqoe de la classe des beaux-arts , 277 ; la classe
des beaux-arts lui adresse ses remerctments pour la mani^re dont II a
« ger6 les intMts de la Gaisse des artistes pendant Tannic 1872 , 438.
Andrada Mendo^ (A.'C. cT ). — Presente un oiimoire sur le calcul de la
Vitesse inltialc d*un projectile, 5; rapport de M. De Tilly sur ce m^
moire, 140.
BaUi^t {Alph.) — Rapport sur le ntemoire de conoours conoemant Tipoque
k laquelle Tarchitecture a subi, dans les Pays-Bas, rinlluence italienne,
254; rapport sur les projets d'arcbilecture euToy^ en riponse au
ooncours d*art appliqui de la classe des beaux-arts, 272.
836 ■ tABLE OES AUTEURS.
Bellynck {Aug.). — Prdsenle ses observations de la feuillaison el Ue la
floraisoo, failesk Naraur en 1875, 398, 602.
Bensoni {le chev. J.'M,). — Annonce de sa morl, 103.
Blomme {H.). — Laoreat du ooncours de la classe des beaux-arts , 273 ,
283; remercie pour la distinction dont il a ^te Tobjet, 433 ; inscription
pour sa medaiUe de conoours, 388; demande k4tre remis en possession
de son projet d*arcbitecture , ibid. ; promet une reproduction photogra-
pbique de ce projet , 640.
Borchgrave {fimile de). — Le logement de madame de Lorraine i Gand
(1646), 571.
Bormans {J.-ff.), — Karel en Elegast. Deux fragments manuscrits dn
XI Vn« Steele, conserve h la Biblioth^ue de la ville de Namur , 220.
Brian {Alph.). — Hommage d*ouvrage , 298; rapport sur le m^moire de
concours concernant la description du systeme bpuiller du bassin de
Li6ge,72t.
Brixhe {L). — Pr^nte un travail sur la nomenclature des notes de mu-
sique, 244; rapport verbal de M. Gevaert sur ce travail, 433.
Burbure {!e chev, LSon de). — Gommissaire pour juger les partitions du
concours musical de la classe des beaux-arts ,107; rapport surce oon-
cours, 589.
Bus (levicomte B. du), — Donne lecture de son rapport sur le mdmoire
de M. £)d. Van Beneden concernant un dauphin nouveau de la baie de
Rio de Janeiro, 299.
C.
Catalan {Eug.), — Rapport sur le memoire de M. Gill)ert concernant le
d^veloppement de la fonction r, 4 ; commissaire pour la note de M. Man-
sion sur les transformations arguesiennes de M. Saltel , 299; rapport sur
~ cette note, 605; adhere aux rapports de MM. De Tilly et Polie sur le
memoire de concours concernant I'lutegration des Equations aux deri-
' v^s partielles des deux premiers ordres , 657. '
Cavalier (/.). — Communique les r^sum^s m^ttorologiques de mai a
novembre 1873 , pour Ostende , 3 , 11 4 , 298, 450, 602.
ColnetdBuart(de) •— tXu associe de la classe des sciences, 829.
Comet (F.'L), — £lu correspondant de la classe des sciences, 830.
Cripin (Fr.). — Note sur un Caulinites recemment decouvert dans Tassise
laekenienne, 170.
TABLE DES AUTEORS. 837
Desrumeaux {Remt). — Communique ses observations mel6orologiques
faites k Tournai pendant le 1«' semestre de 1873, 114.
Dew>8 (Isid.). — Laur^at (mention honorable) du grand concours de oom-
posiUon musicale de 1873, 243, 385.
Dewalque (G.). — Communique ses observations de la floraison el de la
feuillaisou, faites k Li^e le 31 mars 1873, 3 ; rapport sur le m^moire de
concours concernant les relations de la chaleur avec le developpement
des v^^taux phanero^mes, 668; rapport sur le Bi6moire de concours
concernant la description du systime bouiller du bassin de Li^ge, 696.
Donny (Fr.). — Commissaire pour la notice de H. Helsens sur Van Hel-
mont, 113; commissaire pour la notede M. Henry sur les derives dyaW
lyliques, 603; commissaire pour la note de M. W. Spring concernant
Tacide hyposulfureux et Tacide tritbionique, ibid.
Dubois {Alph.). — Observations touchant la faune de la Belgtque, 344.
Duprez (Fr.). — Pr^seute la liste des orages observes k Gaud du 15 oc-
tobre 1872 au 10 octobre 1873, 298 ; commissaire pour le mdmoire de
H.Perrey sur les tremblements de terre ressentisen 1870, 299; rapport
sur ce memoire , 603.
F.
FStis (id.). — Expose de radministration de la Caisse des artistes pendant
Tannee 1872, 436; la classe des beaux-arts lui adresse ses remerciments
pour la mani^re dont il a gere les int^rSts de la Caisse, 438. .
FoUe (F). — Note sur quelques tbeor^mes de geometric superieure, 620 ;
rapport sur le memoire de concours concernant rint^gralton des equa-
tions aux d^rivdes partielles des deux premiers ord res, 653; du com-
mencement et de la fin du monde d^apr^ la thtorie m^nlque de la
chaleur, 797.
G.
Gachard (P.) — Hommage d'ouvrage, 571.
Geefs (/.)• ~ Commissaire pour Texamen de la lettre de I'Acad^mie des
beaux-arts de S^-P^tersbourg relative k la cr^Uou, par ce corps artis-
tique, d*une classe d'^ldves m^ailleurs, 243; rapport sur cette lettre, 433.
Genocchi {A.). — Adresse une lettre sur diverses questions math^matiques,
3; rapport de M. De Tilly sur cette lettre, 124; impression, 181 ; pre-
«
^
858 TABLE DES AUTBOftS.
seote aiie note sur qaelqaes d^veloppements de It fonction log. r (x),
1 16; rapport d« N. De Tilly sur celte note, 454 ; impression, 546.
Gevaert {A.), — Commissaire pour Juger les partitions du Gonoours mu-
sical de la classe des beaux-arts, i07; rapport sur ce concours, 589;
oonunissaire pour un traYail de H. Brixbe sur la nomenclature des notes
de musique, Si4 ; rapport verbal sur ce travail, 433.
Gilbert {Ph.). — Rapports de MH GaUlan, Liagre et De Tilljr sur son
m^moire concernant le d^veloppement de ta fonction r, 4, 12; commis-
saire pour la note de M. Genocchi sur quelques d^veloppements de la
fonction log. r (x), 1 16 ; commissaire pour la note de H. Manaion sur les
transformations arguesiennes de M. Saltel, 390; observations sur deux
notes de M. Genocchi relatives an d^veloppement de la fonction log. V
(ib),541.
Gloesen$r (Jf.). — Rapport sur la note de N. Van Rysselbergbe concernant
un m^tterographe «niversel » 117 ; notii sur le m^ltorograpbe enregls-
treur de H. Van Rysselliergbe, 469.
Ctuge {Th.). ~ Commissaire pour le m^molre de M. Nuel sur Tinnervation
du coeur par le nerf vague, 116; rapport sur ce m^moire, 301 ; commis-
saire pour la note de M. Noel sur les ph^nom^nes 61ectriques du coeur,
116; adh^ au rapport de M. Schwann sur cette note, 304; rapport
verbal sur une note de H. £d. Robin relative k des travaux de r^forme
dans les sciences m^icales et naturelles , 454 ; I'enseignement de la bio-
logte dans les ^coles : disoours, 761 .
Grandgagnage (F.). — Donne lecture de la premito partie de son travail
concernant Aduatuca, 638.
GmUiaume (/.). — La mort du Tasse: traduction de la cantate couronn^
de M. Van Droogenbroeck, 387.
BansUen (Ch.). — Annonce de sa mort, 2.
Been {Pierre De). — Pr^iile un m^moire sur les nebuleuses, 451 ; rap-
ports de HM. Liagre, Em. Quetelet et Mailljr sur ce m^moire,C06, 608.
Belmholtz (B.). — £lu associ^ de la classe des sciences, 829.
Benry{L.). — Recherches sur les d^riv^ glyc^riques,41; lecture du
rapport de H. Stas sur ce travail; 19; pr^nte une note sur les d^riv^
dyallyliques, 602.
Birn {G.*A). — Hommage d*ouvrage, 2.
Boninck. — Hommage d*ouvrage, 635.
BouMeau (/.). — Hommage d'ouvrage, 298; note sur la tendance qu'alTec-
teut les grands axe& des orbilifs com^laires k ae diriger dans un sens
donn6,315.
TABLE DES AfJtEUES. 839
inslitut imperial des mines de S'^P^tersbourg, — Aouonce la cel^bn-
Uoo desoa centi^me anoiversaire de foDdalkNi, 298.
Juste (7A.). ~ Honunages d^ouvrages, 206, 576, 635.
Kervyn de Letlenhove {le baron), -— Hommage d*ouvrage, 64; unelettre
des jugesde Frise an roi de France Philippe le Hardi, 101.
Keyser (iV. De), — Nomina pr^idenl de rAcad^mle pour 1674, 644.
Kaninck {L de). — flommage d^ouvrage, 115; oommissaire pour la no-
tice ^e H. Ilelseossur Van HelmoDt,t6ici.; rapporl rerbal sur la notede
M. W. Spring concemant Tacide bjrposulfureuz, 142;commissalrepour
diff^rentes notes de M . De Wilde concemant la chimie, 431 ; commissalre
pour la note de H. Henry sur les d^riv^ dyallyliques, 603.
L.
Lancaster (Alb.), ^ Note sur le tremblement de terre ressenti le 22
octobre 1673, dans la Pmsse rh^nane et en Belgique, 469.
Landseer (£(fto.).— Annonce de sa mort, 482.
Lange {S. De). — Lanr^t du ooncours musical de la classe des beaux*
arts, 569, 630; remeretments, 640.
La Rivs {Aug. de). — Annonce de sa mort, 602.
Laveleye(B.de). ^ Presentation d'outrages, 635.
Leclercq (/.). — Gonunissaire pour Texamen de la lettre de TAcadtole des
beaux-arts de S'-P^tersbourg relative ^ la cr^tion, par ce corps artis-
llque, d*une classe d^^l^ves mMallleurs, 243; rapport sur cette lettre,
433; rapport sur les projels d'architecture enyoy^ en r^ponse au con«
cours d*art appliqu^ de la classe des beaux-arts, 272.
Leemans {€.), — Hommage d*onvrage, 207.
Le Roy [Alpk.). ~ Hommage d'ouvrage, 64; nomme membre de la com*
mission de la Biographie nationale, ibid.
Uagre (/.). ^ Gommissaire pour la note de H. Terbj sur la conflguration
des laches de la plan^te Mars k la On du XVII 1« sitele, 3; rapport sur
celte note, 116; adh^ au rapport de H. Catalan sur le mtooire de
840 TABLE DBS AOTBDRS. .
M. Gilberl conoernant le d^veloppemenl de la foDclion F, 12; oouunis-
saire pour la note de H Terby codcernani Paspecl des plau^les Mars
el Jupiter en 1873, 116; rapport sur cette note, 452; rapport sur la
note de H. Vao Rysselberghe concernaDt im m^ttorographe universe!,
122; commissaire pour lememoire de H. De Heen sur les nebuieuses,
451 ; rapport sur ce travail, 606; commissaire pour la note de M. Siacci
sur la similitude des tngectoires des projectiles oblongs, 602.
M.
Mailly (Ed.). — Commissaire pour le memoire de M.Perrey sur les trem-
blements de terre ressentis en 1870, 299; rapport sur ce memoire, 604;
commissaire pour le memoire de M. De Been sur les n^buleuses, 451 ;
adhere au rapport de M. Liagre sur ce travail^ 608.
Malaise (C). — Hommages d'ouvrages, 2, 4b0; ^lu membre titulaire de
la classe des sciences, 829.
Man {G. De). — Rapport sur le memoire de coucours concernant r^t)oque
^laquelle Tarchiteciurea subi, dans les Pays-Bas, TinQuence italienne,
251 ; rapport sur les projets d'architecture en voy^s en r^ponse au concours
d*art appliqu^ de la classe des beaux-arts, 272.
Mansion (P.). — Pr^ute une note sur les transformations arguesiennes
de M. Saltel, 299; rapport de M. Catalan sur cette note, 605; impres-
sion, 625; laur^at du coocours de la classe des sciences, 657, 828.
MelsensiL). — Adhere au rapport de M. Stas sur la note deM. W. Spring
concernant les compost oxyg^n^s du soufre, 18; adhere au rapport de
H. Stas sur la note de M. Swarts concernant les acides pyrocilriques, 1 8 ;
presente une notice historique sur Van Helmont, 115; sur la congela-
tion des liquides alcooliques, 148; commissaire pour differentes notes
de M. De Wilde concernant la chimie, 451.
Michel. — Des remerctments lui sont vol^s par la classe des sciences pour
la serie d'observations meteorologiques qu*il a faites ^ Ostende, 114.
Minislre de la guerre {M, le). — Envoi d'ouvrage, 297.
Ministre de la justice (Af. le). — Envois d'ouvrages, 376, 571.
Ministre de Vintirieur (M. le). — Envois d^ouvrages, 2, 83, 104, 115,
243, 375, 432, 450 , 571 , 587; communique le resultat du concours
des cantates de 1873, 10$, 243; transmet deux partitions manuscrites
de M. Van den Eeden , 1 03; communique un travail de M. Goiibet, sur la
quadrature du cercle, 115; transmet une cople du procds-verbaldes ope*
rations du jury du grand concours de composition musicale de 1873,
242; envoie differentes pieces musicales de M. De Mol, 243, 250 ; annouce
TABLE DES AUTEURS. 84i
que H. Potviu a remport^ le prix triennal de lilt^ratare dramatique
frangaise, 575; adresse aneexp^itioo d*un arrSte royal modifiant Tar-
ticle 4 du R^Iement general de PAcad^mie, 450, 570, 587 ; demande
que la classe des sciences lui communique une lisle double decandidats
pour former le jury du concours quinquennal des sciences matbtoali-
ques et physiques, 450 ; demande que la classe des leltres lui commu-
nique une lisle double de candidats pour former le jury du concours
triennal de litt^ralure dramaliqoe flamande, 570; transmet une exp^i-
lion de TarrSt^ royal nommant M. De Keyser president de TAcad^mfe
pour 1874, 644.
Montigny (C/j.). — Gommissaire pour la note de H. Nouille sur un oiseau
mecanique ,116; rapport verbal sur cette note, 305; commissaire pour
la note de M. Verstraete concernantle ph^nomene de la vue, 116; lec-
ture de son rapport sur cette note, 305; la direction absolue du vent
est le plus souvent oblique k Tborizon, 475; rapport sur le m^moire de
concours concernant les relations de la cbaleur avec le d^veloppement
des vegelauxpbanerogaines, 690.
Morren (Ed.), — Annonce Tach^vement du Prodromus systematis na-
turalis regni vegettibilis^ public par M. de Candolle, 451 ; rapport sur le
memoire de concours concernant les relations de la cbaleur avec le d^-
veloppement des v^getaux phan^rogames , 658; les relations entre la
cbaleur et la vegetation, sp^cialement au point de vue de Tintervention
dynamique de la cbaleur dans la pbysiologie des plantes, 742.
N.
Neeffs (Emm.), — Sur un document in^lt relatif k Tbistoire de la l^pre
dans les Pays-Bas , 499.
Ndve (Felix). — Le conseiller Jer6me Busleiden , ^crivain latin et protec-
teur des lettres (1470-1517), 377.
Nolet de Brauwere (/.). — Hommages d'ouvrages , 376, 571.
Nouille (P.). — Presente une note sur un oiseau mecanique, 116; rapport
verbal de Sf . Montigny sur cette note , 305.
Nuel (/.-P.)* ~ Presente un memoire sur Tinnervation du cceur par le
nerf vague, 115; rapports de MM. Schwann et Gluge sur ce memoire,
300, 301 ; presente une note sur les pb^nomenes ^lectriques du cceur
(effets electro-moteurs), 116; rapports de MM. Schwann et Gluge sur
cette note , 302, 304 ; impression , 335.
Nypels (G.). — Uommage d^ouvrage, 571.
Nyst (H.), — Hommage d*ouvrage, 2.
2""' S^RIE, TOME XIXVI. 55
842 TABLE DBS ACTBURS.
o.
OmiHusd'Ralloy {(C). — Rapport sur le memoire de concours concer-
naDt la descriptioa du syst^me houiller du bassin de Li^e, 720; sur le
traosformisme, 769.
P.
Payen {Aug.). — Rapporl sur le memoire decoocours concernanl Tcpoque
k laquelle Tarchileclure a subi, dans les Pays-Ras, I'iofluence ilalienne,
354; rapport sur les projets d'archilecture envoyes en r^ponse au con-
cours d'art applique de la classe des beaux-arls, 272.
Perrey {Alexis). — Pr^sente un memoire sur les Iremblements de terre
ressentis en 1870, 200; rapports de MM. Duprez, Ern. Quetelet el Mailly
sur ce memoire, 603, 604.
Plateau {F.). — Un parasite des Gh6iroplSres de Belglque (Nyclerlbia
Frauenfeldii, Kol.), 332.
Plateau (J.). — Commissaire pour la note de M. Verstraete concernant le
pb^nom^ne de la vue, 116; lecture de son rapport sur cette note, 305.
Portaels {J.]. — Appelle Tailention de la classe des beaux-arts sur la posi-
tion des laur^ats des grands concours, aetuellement pensionnaires du
gouvernement k Rome, 593.
Potvin {Ch ). — Laureat du concours triennal de litt^rature dramatique
fran^ise, 375.
Q
Quetelet {Ad.). ^ Hommages d^ouvrages, 2, 115; sur le calcul des proba-
bilites appliqu^ k la science de Thomme, 19; une lettre inedite de Gr6-
goirede Saint-Vincenl,89; bolide observe k Bruxelles le 21 juillet 1873,
145; ^toiles filautes des mois d^aoiit et de novembre 1873, 305, 608;
sur Teciipse de lune du 4 novembre 1873, 468 ; communique ses oI)ser-
rations sur la v^elation , failes k Bruxelles en 1873, 602.
Quetelet {Ern.). — Commissaire pour la note de M. Terby sur la configu-
ration des laches de la plan^te Marsk la Qn du XVllI* si^cle, 3; adhere J
au rapport de M. Liagresur cette note, 1 17; commissaire iK)ur la note
de M. Terb^ concernant Taspect des plandtes Mars et Jupiter en 1873,
116; adhere au rapport de M. Liagre sur cette note, 454; determina-
tion de la declinaison et de Tinclinaison magn6tique k Bruxelles, en
1873| 142; commissaire pour le memoire de M. Perrey sur les tremble-
TABLE DES AOTBURS. 845
ments de lerre ressentis en 1870, 299; rapport sur ce m^moire , 604;
sur le coDgr^s internatioaal de meteorologie tenu k Vieone da i** aa
16 septembre 1873, 306 ; hommage d'ouvrage , 450 ; commissaire pour
lememoire de M. De Been sur les'nebuleuses, 451 ; adhere aU'tapport
de M. Liagre sur ce Ira vail, 608.
R.
Benard (A.). — Demande le d6p5td*un billet cacheie, 114.
Rivier {Alph.). — Hommage d^ouvrage, 571.
Robert {Alex.). — Commissaire pour I^examen de ia lellre de TAcademie
des beaux-arts de S^-Peiersbourg relative ik la cr^tiou , par ce corps
artislique, d^une classe d'eleves medailleurs, 243; rapport sur celte
lettre, 433.
Robin (i!d.). — ^ Pr^ente uoe note sur divers sujets pbysiologiques, 299;
rapport verbal de M. Gluge sur cette note, 454.
Roulez (J ). — Des remerctments lui soot adress^s par la classe des letlres
el par la classe des beaux-arts, au sujel des inscriptions qu'il a redigees
pour les medailles de concours , 84; bommage d*Ouvrage, 206; reponse
a un article de M. Schuermans insure dans le Bulletin des commissions
royales d'art et d^arcb^logie, 227 ; inscriptions pour les medailles de
concours de MM Blomme et Schoy, 588.
8.
Sainte-Claire-DeviUe (H.). — itlu associe de la classe des sciences, 830.
Schoy {Aug). — Laur^at du concours de la classe des beaux-arts, 271, 284;
remercie pour la distinction doot il a ^t^ Tobjet, 433: inscription pour
sa medaille de concours, 588.
Schwann (Th.). — Commissaire pour le m^moire de M Nuel sur IMnner-
valion du coeur par le nerf vague, 116; rapport sur ce m^moire, 300 ;
commissaire pour la note de M. Nuel sur les pb^nomdnes electriques du
cceur, 116; rapport sur cette note, 302; lecture d'une notice sur Antoine
Spring, sa vie et ses travaux academiques, 796.
Sttys Longchamf>s {Edtn. de). — Pr^sente Pelat de la vegetation k Wa-
remme le 21 octobra 1873, 450; appendice aux troisi^mes Additions el
liste des Gompbines, d^crites dans le Synopsis et ses trois Additions,
492; appendice aux troisi^mes Additions au Synopsis des Calopt^ry-
gines, 610; lecture de sou rapport sur le m^moire de concours concer-
844 TABLE DBS AOTECRS.
oanl le mode de reproduction des anguHles, 696; sur la reproducUoD
des anguilles, 757.
Servais {M.-F.). — Laureat (premier prix) do grand concours de composi-
tion musicalede 1873, 242,285.
Siacci {Fr,). — Presente une note sur la similitude des tnyectoires des
projectiles oblongs, 602.
Siberdt {Bug.), — Laureat (2« prix) du grand concours de peinture de
1873, 286.
Sicuro{D.).— Hommage d*ou?rage, 2.
Siret (Ad.). — Rapport sur le memoire de concours coucernant Tepoque a
laquelle Tarchitecture a subi, au\ Pays-Bas, Pinfluence italienne, 255.
Society alhmande des naturalistes, a Yeddo. — Demande Pecbange des
publications, 298.
Soci4t6 litUrcUre et philosophique de Liverpool. — Demande Tecbange
des publications , 376.
Spring (W.). — Quelques fails poor servir a Petude dela constitution des
composes oxygeii^s du soufre, 72; rapports de MM. Stas et Melseos sur
ce travail, 17, 18; note sur la constitution de Pacide hyposulfureux, 196 ;
rapports verbaux de MM. Stas et de Kooinck sur celte note, 142 ; pre-
sente une note intitulee : Nouvelles synthases de Pacide byposulfureux
etde Pacide tritbionique,603.
Stas {J,'S.). — Rapport sur la note de M. Waltbire Spring concernant les
composes oxygenes du soufre, 17; rapport sur la note de M. Swarls con-
cernant les acides pyrocitriques ,18; lecture de son rapport sur la note
de M. Henry relative k un nouvel hydrocarbure acetyl^uique isom^re de
la benzine, 19; commissaire pour la notice de M. Melsens sur Van Hel-
mout, 1 15; rapport verbal sur la note de M. W. Spring concernant Pacide
hyposulfureux, U2; commissaire pour diflerentes notes de M. De Wilde
concernant la chimie, 451 ; commissaire |)our la note de H. Henry sur
les derives dyallyliques, 602; commissaire pour la note de M. W. Spring
concernant Pacide byposulfureux et Pacide tritbionique, 603.
Steur {Ch.). -- Hommages d'ouvrages, 84, 206.
Swarts {Th.). — Note sur quelques propri^tes des acides pyrocitriques,
64; rapports de MM. Stas et Melsens sur cette note, 18.
Terby (Fr.). — Pr^ente une notice intitulee : Configuration des tacbesde
la plan^te Mars k la fin du XVI11»« si^le, 3; rapports de MM. Liagre
et Ern. Quetelet sur cette notice, 116, 117; impression, 173; commu-
•TABLE DES AUTEURS. 845
Dique la Hste des orages observes k Louvain en 1873, 114; presente
une Dote sur Taspect des plan^tes Mars et Jupiier en 1873, 116;
rapports de MM. Liagre et Ern. Quctelet sur cette note, 452, 454;
impression , 531 .
Thonissen (J»-J.). — Donne lectore d'une notice sur !e baron de Gerlacbe ,
207, 377.
Tilly {J.'M. De). — Commissaire pour la lettre de M. Genoccbi 5 M. Ad Que-
telet, sur diverses questions mathemadques, 3; rap{>ort sur cette
lettre, 124; commissaire pour le memoire de M. d*Andrada Mendo^
sur le calcul de la vitesse initiale d*un projectile quelconque, 3; rap-
port sur ce memoire, 140; adhere au rapport de M. Catalan sur le
memoire de M. Gilbert concernant le developpement de la fonction f,
12; commissaire pour la note de M. Genoccbi sur quelques developpe-
ments de la fonction log r{x), 116; rapport sur cette note, 454; note
sur la similitude mdcanique dans le mouvement des corps soiides en
g^n^ral, et en particulier dans le mouvement des projectiles lances par
lesarmes k feu ray6es, 160; commissaire pour la note de M. Siacci
sur la similitude des trajectoires des projectiles oblongs, 602; rapport
sur le memoire de concours concernant Pint^gration des Equations aux
deriv^es partielles des deux premiers ordres, 644.
V.
Valerius {H.). — Reclamation de priorite, 331.
Van Beneden {6d,). — Lecture des rapports de MM. le vicomte Du Bus et
P.-J. Van Beneden sur son memoire concernant un Dauphin nouveau de
la baie de Rio de Janeiro, 299; lecture de son rapport sur le memoire
de concours concernant le mode de reproduction des anguilles, 696.
Van Beneden (P,- J.). — Note sur deux desslns de ceiac^s du cap de
Bonne-Esperance , 32; donne lecture de son rapport sur le memoire de
M. ^d. Van Beneden concernant un Dauphin nouveau de la baie de Rio
de Janeiro, 29U; lecture deson rapport sur le memoire de concours
concernant le mode de reproduction des anguilles, 696; un mot sur la
vie sociale des animaux inferieurs , 779.
Van Droogenbroeck (/). — Laur^at du concours des cantates flamandes,
104, 243, 283 ;Torqifaito Tasso*s Dood : canlale couronnee, 292.
Van Duyse (Fi). — Laur^at (second prix) du grand concours de compo-
sition musicalede 1873, 243,283.
Van Erlbom {le baron 0.). — Note sur les orages qui ontsevi ^ Aartse-
laar le 23, le 26 et le 29 juillet 1873 , 143.
846 TABLE DES AUTBURS.
Van Bysselberghe. — Notice sur uo sysleroe m^teoi^ographique universel,
346 ; rapports de MM. Gloesener et Liagre sur cetle note, 1 17, 122.
Verslraeie (Alb.). — Pr^nte uoe note sur le pb^nom^oe de la vue, 116;
lecture des rapports de MM. J. Plateau et Montigny sur cette note, 305.
Vievxlemps {R.). — Commissaire pour juger les partitions du concours
musical de la classe des beaux-arts, 107; commissaire pour un travail
de M. Brixbe sur la nomenclature latine des notes de musique, 244.
W.
Wauters {Jlph,). — Un dipl6me de T^poque carlovingienne ooncemant
le village de Huysse, en Flandre,et, k ce propos, qudques considera-
tions sur la transplantation des Saxons en Flandre, du temps de
Charlemagne, 01 ; la legende des foresllers de Flandre, 208.
Wilde (P. De). — Pr^sente differentes notes relatives i la cbimie, 451.
Witte {le buron de). ^ Hommages d*ouvragcs, 376, 635.
TABLE DES MATIfiRES.
A.
Acadimie. — Modification ^ I'article 4 du r^glement general, 450, 570,
587.
Arch^ologie. — Voir Geogr^phie aficienne.
Architecture. — Rapporls de MM. Oe Man, Balal, Payen et Siret sur !e
memoire de concours concernant l^epoque k laquelle Tarchitecture a
subi , dans les Pays-Bas , I'influence ilalienne , 251, 254, 255; rapport de
la Commission nomm^e pour juger le concours d'archiieciure ouvert
par la classe des beaux-arts , 02.
ArrStis royaua, — Arr^te royal qui modifie Farlicle 4 du r^lemenl
g^n^ral de TAcademie, 450, 570, 587; arr^i^ royal nommant M. De
Keyser president de I'Acad^mie pour 1874, 644.
Astronomie. — Presentation, par M. Terby, d*une note sur la configuration
des tacbes de la plan^te Mars k la fin du XY1]1">« si^cle , 3; rapports de
MM. Liagre et Ern. Quetelet sur celte note , 116, 1 17; impression, 173;
une leltre inedite de Gregoire de Saint-Vincent, communication de
M. Ad. Quetelet , 89; presentation, par M. Terby , d*une note intitule :
Observations de Jupiter et de Mars faites ^ Louvain pendant Pappari-
tion de ces planetes en 1873, 116; rapports de MM. Liagre el Em.
Quetelet sur celte note, 432, 434; impression , 531 ; bolide observe 4
Bruxelles le 21 juiilet 1873, nole de M. Ad. Quetelet, 145; sur les
etoiles filantes du mois d^aoCit 1873, par le m^me, 305; nole sur la
tendance qu'affecient les grands axes des orbites com^taires li se
dinger dans un sens donne, par M. Houzeau,315; presentation, par
M. De Been, d'un memoire sur les nebuleoses, 451; rapports de
MM. Liagre , Ern. Quetelet et Mailly sur ce memoire, 606, 608 ; sur
reclipsede lune du 4 novembre 1873, par M. Ad. Quetelet, 468; Etoiles
filantes du mois de novembre 1873, i)ar le meme, 608.
848 TABLE DES NATI^RBS.
Balistique. — Pi^seDtation , par M. d^Andrada Mendo^a, d*UD memoirc
sur lecalcal de la vitesse iDitiale d*un projectile quelcoaque, etc., 3;
rapport de M. De Tilljr sur ce memoire, 140; presentation, par
M. Siacci, d'une note sur la similitude des trajectoires des projectiles
oblongs, 602. — Voir MtUh^matiques,
Ueaux-arts, — Discours de M. Alvin sar Tart beige ^ TExposition uni-
verselle de Vienne , 277.
Bibliographie. — Note de Bf. Juste sur un ouvrage de M. Philipson inti-
tule : Henri IV et Philippe III (iS98'16iO) , 241 ; note de M. de Lave-
leye sur un ouvrage de M. Bonnal et un ouvrage de M. Pierantoni, 635.
Billet cachets. — Dep6t d*un billet cachete par M. Renard ,114.
Biographie. — Presentation, par M. Melsens, d'une notice sur Van
Helmont, 115; le conseiller Jer6me Busleiden, ecrivain latin et protec-
teur des lettres (1470-1317), notice par M. N^ve, 377.
Biologie, — L*enseignenient de la biologic dans les ecoles , discours par
M. Gluge , 76i .
Bolaniqiie. — M. Ed. Morren annonce Tacbevement du Prodromus iys-
tematis naluralis regni vegetabilis , public par M. de Candolle , 431 ;
rapports de MM. Morren, Dewalque et Montiguy sur le memoire de
concours concernant Tetude des relations de la chaleur avec le d^velop-
pement des vegetaux pbanerogames , 638, 608, 690; les relations entre
la cbaleur et la vegetation, specialement au point de vue de Tinter-
vention dynamique de la cbaleur dans la physiologic des plantes , par
M. tiorren, 742.
C.
Caisse centrale des artistes beiges. — Expose general de radministralion
pendant Tannee 1872, par M. fid. Fetis, 436.
Chimie, — Quelques fails pour servir ^ Tetude de la constitution des
composes oxygeues du soufre, par M. Walth^re Spring, 72; rapports de
MM. Slas et Melsens sur ce travail , 17, 18 ; note sur quelques proprietes
des acides pyrocitriques , par M. Swarts, 04; rapports de M.Vf. Stas et
Melsens sur cette note, 18 ; rapiK)rt verbal de M. Stas sur la note de
M. Henry concernant un nouvel bydrocarbure acetylenique Isom^re de
la benzine, 10; rechercbes sur les derives glyceriques , par M. Henry ,
41 ; note sur la constitution de Pacide byposulfureux, par M. Waltbere
TABLE DES MATIERES.
849
Spring, 196; rapports verbaux de MM. Slas et de Koninck sur celte
DOle, 14^; sur la coogelalion des liquides alcooliques, par M. Melsens,
148; pr^entatioo, par M. De Wilde, de diff^rentes notes concernant la
cbimie, 451 ; presentation, par M. Henry, d*une note sur les derives
dyaliyliques, 602; presentation, par M. W. Spring, d*une nouvelle
synthase dePacide byposulfureux etde Tacide tritbionique, 603.
Commission de la Biographic ncUionale, — M. Le Roy nomme menibre
de la Commission, 84.
Concours de composition musicals (grand). — Pieces trausmises par
M. le Ministre de Tinterieur pour le Jury permanent, 104, 243,250;
r^sultats du concours de 1873, 242,285.
Concours de la classe des beaux-arts, — Liste des partitions revues en
reponse k la question mnsicale du concours de 1873, 104; rapports de
MM. Gevaert et de Burbure sur ce concours, 589; rapports de MM. De
Man, Dalat, Payen et Siret sur le memoire concernant Tepoque 4 la-
quelle Parcbilecture a subi , dans \es Pays-Bas, Tinfluence italienne,
251, 254, 255; rapport de la Commission nommee pour juger le con-
cours d'art applique ayant pour sujet Tarcbitecture, 27S;; r^ultals des
concours de 1873: MM. Scboy, Blomme et De Lange laureats, 284, 589,
830 ; remerctments de M. De Lange, 640; inscriptions pour les m^ailles
de MM. Blomme et Scboy, 588; M. Blomme demande ^ etre rerois en
possession de son projet d'arcbitecture , et promet dVn donner une
reproduction pbotographique, 588, 640 ; programme de concours pour
1874 et question pour 1876, 590,592; lettres di verses de concurrents,
640.
Concours de la classe des lettres. — Programme pour 1874 el questions
pour 1875, 85; memoire re^u pour le concours de 1874, 207.
Concours de la classe des sciences. — Rapports de MM. De Tilly, Folic
et Catalan sur le memoire concernant Tlntegration des Equations aux
derivees partlelles des deux premiers ordres, 644, 653, 657 ; M. Man-
sion laureat, 657, 828; rapports de MM. Morren , Dewalque et Montigny
sur le memoire concernant Tctude des relations de la cbaleur avec le
d^veloppement des vegetaux phan^rogames, 658, 668, 690 ; lecture des
rapports de MM. Van Beneden pdre et fils et de Selys Longchamps sur
le memoire concernant le mode de reproduction des anguilles, 696;
rapports de MM. Dewalque, d'Omalius et Briart sur le memoire con-
cernant la description du syst^me bouiller du hassin de Liege, 696;
720, 721; r^sultatsdu concours de 1873, 827.
Concours depeinture {grand), — Resultais du concours de 1873, 286.
Concours de Rome {grands). >- Communication de M. Portaels au sujet
850 ' TABLE DES NATIERES.
(le la posilion des Uureats de ce concours , actuellemeDt peosioonaires
du gouvernemeDt k Rome, 593; decisions de la classe des beaux-arls
a ce sujet, 641.
Concours des can/a/es. — Resul tats du concours de 1873: MM. Abrassarl
et Van Droogenbroeck laur^ats, 103, 243,385; Torquato Tasso*s Dood,
canlate de M. Van Droogenbroeck , 29i ; traduction fran^aise de celle
cantate, par M. Guillianme, 287.
Concours de sculpture {grand), — Pen.sion de voyage de 3,500 francs
conferee a M. Guypers , laureat du concours de 1872, 243.
Concours de Slassart. — Question d*hisioire nationale pour le concours
de 1874, 88; sujet biographique pour le concours de 1875 , 89.
Concours quinquennal des sciences physiques et math^atiques. — For-
mation de la liste double de candidats parmi lesquels seroni cboisis les
membres du jury charge de juger la cinquieme p^riode de ce con-
cours, 450.
Concours Iriennal de litterature dramatique flamande. ^ Formation de
la liste double de candidats parmi lesquels seront cboisis les membres
du jury charge de juger la sixieme periode de ce concours, 570.
Concours triennal de littirature dramatique frangaise, — R^ullat de
la cinquieme periode de ce concours : M. Cb. Poivin laureat , 375.
D.
Discours. — Discours de M. Alvin prouonc^ en seance publique de la
classe des beaux-arts, 277; Tetiseignement de la biologic dans les
ecoles , discours de M. Gluge , 761 .
Dons. — Ouvrages, par M. le Ministrede rint^rieur, 2, 104, 115, 243,
375, 432, 450,571, 588; par M. Ad. Quelelet, 2, 115; par MM. Nyst
et Birn, 2; par M. Malaise, 2, 450; par M. le Minisire de la justice,
83, 376, 571 ; par Padministralion communale de Bruges, 83; par M. le
baron Kervyn de Leltenhove, 84; par M. Steur, 84 , 206; par M. Le Roy,
84; par M. de Koninck, 115; par M. Roulez, 206; par M. Juste, 206,
376, 635; par M. Leemans, 207; cartes, par M. le Ministre de la guerre,
297; ouvrages, par MM. Briart et Houzeau,298; par M. de Witte,
376, 635; par M. Nolet de Brauwere, 376, 571; par M. Alberdingk
Thyro, 376; par M. Ern. Quetelet , 450 ; par MM. Gachard , Nypels ct
Rivier, 571; par MM. Honinck et de Laveleye, 635.
TABLE DBS MATIERES.
£.
851
Elections. — Bf . Le Roy nomme merabre de la commission Ue la Biogra-
phie nalionale, 84; M De Keyser nomme president de PAcad^mie pour
1874, 644 ; M. Malaise elu membre lilulaire de la classe des sciences,
MM. de Colnei d'Huart, Helmhollz et H. Sainlc-Claire-Deville elusasso-
cies, et M. Cornet correspondant , 829.
Enlomologie. — Voir Zoologie,
Epigraphie, — Inscriplions pour les m^dailles de concours de MM. Blomme
e( Scboy, 588.
G.
Geographic ancieime. — M. Grandgaguage donne lecture de la premiere
partie de son travail concernant Aduatuca^ 658.
Geologic, — Rapports de MM. Dewalque, d'Omalius et Briarl sur le
memoire de concours concernant la description du sysleme bouiller du
bassin de Liege, 696, 720, 721.
Gravure. — MM. J. Geefs , Leclercq et Robert designds pour faire rapport
sur une lettre de PAcad^mie des beaux-arls de S'-P^tersbourg concer-
nant la creation, par ce corps artistique, d'une classe d*^l^ves medail-
leurs, 243 ; rapport sur les demandes coutenues dans cette lettre, 433.
H.
Hisloire. — Un dipldme de Pdpoque carlovingienne concernant le village
de Huysse , en Flandre , et , a ce propos, quelques considerations sur la
transplantation des Saxons en Flandre, du temps de Charlemagne , note
|)arM.Wauters, 91 j une lettre des juges de Frise au roi de France Philipiie
le Hardi, note par M. le baron Kervyn de Lettenbove, 101 ; la legende
des foresliers de Flandre, notice par M. Wauters, 208; sur un document
inedit relatif ^ Tbistoire de la lepre dans les Pays-Bas, par M. NeefTs,
429 ; le logement de Madame de Lorraine ^ Gand (1646), par M. l^m. de
Borcbgrave, 571. — Voir Biographic.
M..
Math^maliques pures et appliqvees. — Presentation d*une. lettre de
M. Genocchi sur diverses questions mathematiques, 5; rapport de
M. De Tilly sur cette lettre, 124 ; impression, 181 ; rapports de MM. Ca-
talan, Liagre et De Tilly sur le memoire de M. Gilbert intitule :
852 TABLE DES MiTIBRES.
Rpchercbes sur le developpement de la fonclioD V, 4, 12 ; communica-
tion, par M. le Minislre de Tinlerieur, d'un travail de M. Goabet sar la
quadrature du cercle, 115; presentation, par M. Genocchi.d'une note
sur quelques developpements de la fonction log. r(x), 116; rapport de
M. De Tilly sur ce travail, 454; impression, 541 ; note sur la similitude
mecanique dans le mouvement des corps solides en general , et en par-
tlculier dans le mouvement des projectiles lances par les armes k feu
rayees, par M de Tilly, 160; presentation, par M. Mansion , d'une note
sur les transformations arguesiennes de M. Saltel, 299; rapport de
M. Catalan sur cette note, 605; impression, 625; note sur quelques
tbeordmes de geometric superieure, par M. F. Folic, 620; rapports de
MM. De Tilly, Folic et Catalan sur le memoire de concours concernanl
integration des equations aux d^rlvees partielles des deux premiers
ordres, 644,653, 657.
M6Uorologie el physique du globe. — Notic^ sur un syst^me met^ro-
graphique universel, par M. A. Van Rysselbergbe, 346; rapports de
MM. Gloesener et Liagre sur cette notice, 117, 122; determination de
la declinaison et de Pinclinaison magnetique k Bruxelles,en 1873, note
de M. Ern. Quetelet , 1^2; note sur les orages qui out s^vi k Aartselaar
le 23, le 20 et le 29 juillet 1873 , par M. le baron 0. Van Ertborn, 145;
presentation, par M. Perrey, d'une note sur les ti*emblements de terre
en 1870,299; rapports de MM Duprez, Ern. Quetelet et Mailly sur
cette note, 603, 604; sur le congr^s international de m^teorologie
tenu k Yienne du 1" au 16 septembre 1873, communication de
M. Ern. Quetelet, 306; note sur le tremblement de terre ressenti le
22 octobre 1873 dans la Prusse rbenane et en Belgique, par M. Alb. Lan-
caster, 469; la direction absolue du vent est le plus sou vent oblique k
rhorizon , par M. Cb. Montigny, 475; sur le met^rograpbe enregistreur
de M. Van Rysselbergbe, par M. Gloesener, 489.
Musique. — Presentation, par M. Brixbe,d'un travail sur la nomenclature
latine des notes de musique, 244 ; rapport verlKil de M. Gevaert sur ce
travail, 433; rapport colleclif de MM. de Burbure et Gevaert sur le
concours musical ouvert par la classe des beaux-arts, 589.
N.
iV^cro/o^<>. — Annonce de la morl de M. Hansteen, 2; dc M. Benzoni, 103;
de sir Edwin Landseer, 432; de M. de la Rive, 602.
NotiQes biographiques pour VAnnuaire. — Lecture d'une notice sur le
baron deGerlacbe, parM. Tbonissen, 207, 377; lecture, par M. Scbwann,
d*une notice sur Antoiue Spring, 796.
TABLE DBS MATl^RBS. 85S
Ouvrages prismt^. — Enjuillet, 107; en aodt, 245; en septembre el
ocU)bre,i39; en novembre, 594; en decembre, 830.
PaUontologie. — Notesarun CauliniUs recemmenl d^ouvert dans ('as-
sise laekenienne, par M. Grepin , 170; sur le Iransformisme , par
M. d'Omalius d^Halloy, 769.
Phenomenes pModiques. — Docaments pr^entes, pour le Recueil des
observations sur les phienom^nes periodiques, par M. Dewalque , 3; par
M. Cavalier, 3, 1 1 4, 298, 450, 602 ; par M. Oesrumeaux, 1 1 4 ; par M. Terby ,
114; par M. Bellynck, 298, 602; par M. Duprez, 298; par M. de Selys
Longchamps, 450 ; par M. Ad. Quelelet, 602.
Philologie. — Karel en Elegast. Deux fragments manuscrils (ensemble
128 vers) du XI V< si^clei conserves k la Bibliotb^ue de la ville de
Namur; communication de M. J.-H. Bormans, 220; r^ponse k un article
de M. Scbuermans, insure dans le Bulletin des commissions royales
d'art et d'arcb^ologie, par M. Roulez, 227.
Physiologie. — Presentation, par M. Nuel, d*un m^moire sur I'innervation
du coeur par le nerf vague et d*une note sur les phenomenes ^lectrlques
du cceur, 1 15, 1 16; rapports de MM. Schwann et Gluge sur ces travaux,
300, 301 , 302, 304 ; impression de la seconde note, 335; M. Ed. Robin
presente une nouvelle communication sur diflerenls sigets physiologi-
ques, 299; rapport verbal de M. Gluge sur cette communication, 454.
Physique, — Presentation, par M. Nouille, d*une note intitule : Oiseau
m^nique, 116; rapport verbal de M. Montigny sur cette note, 305;
pr^n(ation,par M. Verstraete, d'une note sur le ph^nomdne de la vue,
116; rapports verbaux de MM. Plateau et Montigny sur cette note, 305;
reclamation de priority, par M. Valerius, au sujet de son m^moire sur le
mouvement d*un fil eiastique dont une extr^mite est anim^e d*un mou-
vemenl vibratoire, 331 ; du commencement et de la fin du monde d'apr^s
la tbeorie m^canique de la chaleur, par M. Folie, 797.
Po^sie. — Torquato Tasso's Dood , sc^ue dramatique par M. Van Droogen-
broeck, 292; traduction fran^ise par M. Guilliaume, 287.
Publications acadSmiques. — Demandes d^dcbange, 298, 376; presentation
du tome XL des M4moires des membres et du tome XXIII des M6moires
couronnSs in-8^ 298.
854 TABLE DES HATI^RES.
R.
Rapports. — Rapports de MM. Catalan, Liagre etDe Tilly sur le memoire
de M. Gilbert intitule : Rec^erches sur le developpenient de la fonc-
lion r, 4, 13; de MM. Sias et Melsens sur la note de M. Walth^re Spring
concernant les composes oxygenes du soufre, 17, 18; des m^mes sur la
note de M. Swarts concernant les acides pyrocitriques, 18; rapport
verbal de M. Stas sur la note de M. Henry concernant un nouvel hydro-
carbure acetylenique isomdre de la benzine, 19; rapports de MM. Liagre
et Ern. Quelelet sur la note de M. Terby concernant la conQguration
des tacbes de la plan^ie Mars k la fin du XVlll* sidcle, 116, 117; de
MM. Gloeseuer et Liagre sur la note de M. Van Rysselbergbe concer-
nant un m^t^orographe universel, 117, 123; rapport de M. De Tilly sur
la lettre de M. Genoccbi concernant diverses questions matbematiques,
134; du m^me sur la note de M. d^Andrada Mendo^a concernant le
calculde la Vitesse initiale d*un projectile quelconque, 140; rapports
verbauz de MM. Stas et de Kouinck sur la note de M. Walth^re Spring
concernant Pacide byposulfureuxj 143 ; rapports de MM. J)e Man, Balat,
Payen et Siret sur le memoire de concours concernant Tepoque h
laquelle Parcbitecture a subi , dans les Pays-Bas, Pinfluence Italienne,
2(S1, 254, 255; rapport de la commission nomm^ pour juger le concours
d'atchitecture ouvert par la classe des beaux-arts, 272; lecture des
rapports de MM. du Bus et P.-J. Van Beneden sur le memoire de
M. Ed. Van Beneden concernant un dauphin nouveau de la baiede Rio de
Janeiro, 299; rapports deMM. Schwann et Gluge sur un memoire de
M. Nuel concernant Pinnervation du cceur par le nerf vague etsur une
notice concernant les phenom^nes ^lectriques du coeur, 300, 301, 302,
304; rapport verbal deM. Gevaert sur le travail de M. Brixhe concernant
la nomenclature latiue des notes de musique,433; rap|)ort collectif de
MM. J. Geefs, J. Leclercq et Robert sur la lellre de PAcademie imperiale
des beaux-arts de Saint-Petersbourg relative a la cr^tion, par ce corps
artistique, d'une classe d'el^ves m^dailleurs, 433; rapports deMM. Liagre
et Ern. Quetelet sur la note de M. Terby concernant Paspect des pla-
n^tes Mars et Jupiter en 1873, 432, 453; rapport verbal de M. Gluge
sur une note de M. llld. Robin concernant des reformes dans les sciences
medicales et naturelles, 454; rapport de M. De Tilly sur la note de
M. Gt>noccbi concernant quelques developpements de la fonction
1. r-(^), ibid.; rapport collectif de MM. de Burbure et Gevaert sur le
concours de musique ouvert par la classe des beaux-arts, 589; rapports
TABLE DES HATl^RBS. 855
de MM. Ouprez, Ern. Qaetelet et Mailly sur la note de M. Perrey coucer-
naot les tremblemenls de terre eu 1870, 603, 604; rapport de M. Ca-
talan sur la note de N. Mansion concernant les transformations argae-
siennes de M. Saltel, 605; rapports de MM. Liagre, Ern. Quelelet et Mailly
sur le memoire de M. De Heen concernant les n^buleuses, 606, 608 ; de
MM. De Tilly, Folie el Catalan sur le memoire de concours concernant
riniegration des equations aux derives partielles des deux premiers
ordres, 64i, 653, 657; de MM. Morren, Dewalque et Montigny sur le
memoire de concours concernant T^tude des relations de la chaleur avec
le d^veloppement des v^taux pbanerogames, 658,668. 600; lecture des
rapports de MM. Van Beneden p^re et tils et de Selys Longcbamps sur
le memoire de concours concernant le mode de reproduction des
anguilles, 696; rapports de MM. Dewalque, d*Omalius el Brian sur le
memoire de concours concernant la description du systdme houiller du
bassin de Lidge, 696, 720, 721.
S.
Sciences morales el poUliques. — Sur le calcul des proliabilites appllqu^
fk la science de rhomme,par M. Ad. Quelelet, 19.
Stances publiques, — Preparalifs et programme de la stance publique de
la classe des beaux-arts, 273; id. de la classe des sciences, 758.
Z.
Zoologie, — Sur deux dessins de c^tac^s du Cap de Bonne-Esperance, par
M. P.-J. Van Beneden, 32; lecture des rapports de MM. du Bus et
P. -J. Van Beneden sur le memoire de M. £d. Van Beneden concernant
un daupbin nouveau de la bale de Rio de Janeiro, 299 ; un parasite des
Ch^lropl^res de Belgique (iVj/ctert^ia Frauenfeldii, Kol.), par M. Felix
Plateau, 332; observations toucbant la fanne de la Belgique, par M. Du-
bois, 344; appendice aux troisi^mes Additions et lisle des gompbines ,
d^criles dans le Synopsis el ses irois Additions, par M. Edm. de Selys
Longcbamps, 492; appendice aux Iroisi^mcs Additions au Synopsis des
calopl6rygines, par le mdme, CIO; lecture des rapports de MM. Van Be-
neden pdre et fils el de Selys Longcbamps sur le memoire de concours
concernant le mode de reproduction des anguilles, 696; sur la repro-
duction des anguilles, par M. de Selys Longcbamps, 757 ; un mot sur
la vie sociale des animaux inferieurs, par M. P.-J. Van Beneden, 779.
ERRATA.
Page 3, ligne 48, an liea de : MM. E. Liagre et Quetelet, lisez : Jf Jf. Liagre
et E. Quetelet.
— 134,-16, — et appelant a le pteudo-angle, lisez : et donnont
a ale nom de pseudo-angle.
— 168, — n, - rf^Misezrd*^.
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SSvERSITyOF MICHI^^^
a Sib 06666 6302