Skip to main content

Full text of "Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique"

See other formats


Google 



This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project 

to make the world's bocks discoverablc online. 

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject 

to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books 

are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover. 

Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the 

publisher to a library and finally to you. 

Usage guidelines 

Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the 
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to 
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying. 
We also ask that you: 

+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for 
Personal, non-commercial purposes. 

+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine 
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the 
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. 

+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find 
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. 

+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just 
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other 
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of 
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner 
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe. 

About Google Book Search 

Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders 
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web 

at |http: //books. google .com/l 







:>■'"", "37.— .i»"Trr^ 







*<¥• 





f 


1 
1 


^'f ■ 


/■-. 




V 


• >- 




•:^-! 

-*•• 


r 




«*-■ 







BULLETINS 



DE 



L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 



ET 



BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 



r^J? 




.1 ■■'. 



^'9 







BULLETINS 



L'ACADÉMIE ROYALE 



DES 



SCIENCES ET BELLES-LETTRES 



DE BRUXELLES. 



TOME XI. - I» PARTIE. - 1844. 







BRUXELLES , 

M. HATEZ, IMPRIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE. 

1844. 



BULLETIN 



DE 



L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 



ET 



BELLES-IiETTRES DE BRUXELLES. 



1844. — N« 1. 



t 
Séance du i% janvier^ 

M. le baron de Stassart, directeur. 
M. Quetelet , secrétaire perpétueL 



CORRESPONDANCE. 



M. le Ministre de Tintérieur adresse à Tacadéinie un 
Nouveau rapport de M. Guioth» ingénieur en chef de la 
province du Limbourg, sur une découverte numismatique 
faite dans le cimetière de la commune de Mopertingen. 
(Commissaires : MM. Roulez et De Reifienberg* 

Trois communes envoient des réponses à la circulaire de 
l'académie , relative aux antiquités nationales. 

•rToM. XI. 1 



n 



(2 ) 

L'académie reçoit encore : 

i"" De M. le professeur SchwaDo, le ^ tableau des me- 
sures des oi^anes internes de Thomme, pour faire suite 
à celui publié en 1842. 

i? Les résultats des observations de MM. Jenyns et 
i. Blancquaert sur la périodicité des phénomènes naturels 
en 1843. 

S"" Les observations météorologiques horaires faites à 
Rennes par M. Aug. Morren^ à l'époque du dernier sol- 
stice. 



COMMUNICATIONS ET LECTURES. 



Observations météorologiques horaires des équinoxes et des 

solstices. 

Le secrétaire fait connattre que les l^ibles moyens dont 
il peut disposer pour mener de front les travaux relatifs 
aux observations horaires des équinoxes et des solstices, le 
mettent dans Timpossibililé de continuer la tâche difficile 
qu'il avait entreprise dans l'intérêt des sciences. Les nom- 
breux calculs de réduction et les travaux d'assemblage ont 
été faits jusqu'à présent à l'observatoire royal; mais cet 
établissement, avec le peu de ressources qu'il possède, ne 
saurait s'en charger à l'avenir , surtout depuis que les prin- 
cipales villes de l'Europe ont pris part au système d'obser- 
vation dont Bruxelles est le centre. 



(3) 

L'académie nomme une commission composée de 
MM. Grahay, Plateau, Stas et de Koninck, pour aviser 
avec ie secrétaire aux moyens de continuer les travaux 
commencés. 



Remarques sur une réclamation de M. le professeur Yrolik , 
insérée dans le Bulletin de l'académie du i 1 novembre 
dernier; par M. Martens, membre de l'académie. 

Dans ie Bulletin de la séance du li novembre dernier 
(page 365), M. le professeur Yrolik d'Amsterdam a cru pou- 
voir réclamer la priorité relativement à quelques observa- 
tions de physiologie végétale, que j'ai consignées dans ma no* 
tice sur les causes de la mort naturelle. Il annonce avoir déjà 
publié des observations analogues à la fin da dernier siècle 
dans sa Disserlatio medico-botaniea sistens observationes de 
foliatione vegetabilium, necnon de viribus plantarum ex 
principiis botanieis dijudieandis, publiée en i 7d6. N'ayant 
eu aucune connaissance de cet opuscule, je n'ai pu en faire 
mention dans mon travail , ni rendre au savant' professeur 
hollandais la justice qui lui est due* Mais depuis que 
M. Yrolik a eu la bonté de transmettre à l'académie un 
exemplaire de sa dissertation , je me suis empressé de la 
lire, pour voir jusqu'à quel point les idées de notre hono- 
rable confrère s'accorderaient avec les miennes. Or cet 
examen m'a convaincu que le travail de M. Yrolik n'a que 
bien peu de points de contact avec le mien. Il admet à 
la vérité, comme moi et comme plusieurs autres physiolo- 
gistes, que la mort des feuilles de nos arbres précède leur 
chute; mais il ne s'explique pas sur les causés de celte 
mort naturelle, que j'ai eu seules en vue d'étudier dans 



1 



(4) 

moQ travail. Il pense aussi que la chute des feuilles est le 
résultat d'une opération vitale en vertu de laquelle les 
parties vivantes de Tarbre se débarrassent de la feuille 
morte, de la même manière que» dans le cas degrangrèue 
partielle chez un animal , la partie vivante finit par s'isoler 
et se séparer de la partie morte par le travail de la suppu- 
ration. Je ne veux point ici discuter la valeur de cette opi" 
nion; mais il est évident qu'elle n'a aucun rapport avec celle 
que j'ai cru pouvoir adopter dans ma notice. D'après moi, 
la chute des feuilles peut n'être qu'un effet mécanique, 
suite de leur dessiccation et de la rétraction qui doit en 
résulter dans la surface immédiatement contîguë à l'arbre; 
car si ce dernier, aux points d'attache de la feuille, ne subit 
pas la même rétraction, ce qui est le cas dans un arbre 
vivant, il faut nécessairement qu'il s'établisse quelque 
solution de continuité entre la feuille morte et l'arbre; 
ce qui doit provoquer la chute de la première. Cette chute 
sera d'ailleurs d'autant plus prompte à se faire que les 
points d'attache de la feuille à l'arbre seront moins nom- 
breux, et que son tissu ou celui de son pétiole sera plus mou 
et plus susceptible de rétraction ; et de là la chute précoce 
des feuilles articulées et celle tardive des feuilles coriaces 
de la plupart (fes chênes, qui ne perdent leurs feuilles 
mortes qu'au printemps suivant et même plus tard, lorsque 
la sève montante vient dilater leur tissu et provoquer ainsi 
une solution de continuité entre la branche qui grossit ou 
se distend et la ba^ de la feuille morte qui ne peut la 
suivre dans cet accroissement. 
^ Quoi qu'il en soit des idéesqu'on peut avoir sur les causes 
immédiates de la chute des feuilles, il est clair que ce 
n'est là qu'un point très-secondaire de mon travail , qui a 
eu principalement pour but de constater s'il existait des 



(8) 
différences entre les quantités proportionnelles de matières 
inorganiques contenues dans le tissu du cœur à différents 
âges, afin d'arriver ainsi à déterminer, mieux qu'on ne 
l'avait fait jusqu'ici , quelles peuvent être les causes de la 
mort naturelle chez l'homme. C'était pour pouvoir mieux 
apprécier la nature de ces causes, que j'ai cru pouvoir 
prendre mon point de départ dans le règne végétal , et 
si j'ai dit qu'on devait ^'étonner que les physiologistes 
n'eussent guère fixé leur attention sur les causes de la 
mort naturelle dans les végétaux, c'est que dans la physio- 
logie végétale du célèbre P. Decandolle et dans celle plus 
récente de Meyen, que j'avais consultées à cet égard, je 
n'ai rien trouvé d'analogue à ce sujet. M. Vrolik lui-même, 
dans la dissertation qu'il a eu la bonté d'envoyer à l'aca- 
démie, n'a aucunement traité cette question, et encore 
moins celle de la mort naturelle de l'homme. Son travail 
est donc complètement différent du mien , et ne présente 
avec celui-ci que des points de contact tellement éloignés, 
que là lecture dé l'intéressante dissertation du savant pro- 
fesseur hollandais n'aurait pas méfme pu mé conduire à 
l'examen des faits que j'ai cherché à constater dans n(ia 
notice. 

Antiquités. — M. Grahay annonce qu'il y a eu méprise 
dans les indications qui lui ont été données au sujet dés 
antiquités mentionnées à la page 377 du Bulletin d'octobre 
dernier. Ce n'est pas dans le voisinage de Trêves, mais près 
de Yirton qu'elles ont été trouvées. 



(6) 



PALÉOGRAPHIE. — HISTOIRE LITTÉRAIRE. 



Suite des notices et extraits des man%tscrits de la biblio' 
thèque royale, — Le dominicain Brochart et la Terre- 
Sainte. — Barlaam et Josaphat (addition). — par (e 
baron de Reiffenberg, 

En 1330, le roi de France, Philippe de Valois, s'étail 
rendu à Avignon « et dans des conférences avec le pape 
Jean XXII y une nouvelle croisade fut projetée; maislafer^ 
veur s'était éteinte, et l'activité des esprits trouvait ail- 
leurs satisfaction : la prise de S^-Jean-d'Acre par le soudan 
de Babylone, arrivée dès l'ap 1291 , avait d'ailleurs ruiné 
la cause des croisés. 

Cependant le roi eut l'air de songer sérieusement à cette 
entrq[>rise. Le jacobin Burcard, surnommé l'Allemand, 
appelé Brocbart par les Français, et qui avait séjourné 
longtemps outre mer, essaya de lui venir en aide. Dans ce 
but il composa en latin deux ouvrages que l'on a quelque- 
fois confondus : l'un expose les motifs qui militaient en fa- 
veur de la croisade et les mesuresqu'il convenait de prendre; 
l'autre est une description de la Terre-Sainte. C'est celui-ci 
qui a été imprimé pour là première fois en 1475, dans le 
Rudimentum noviliorumy et qui a été reproduit souvent 
depuis avec des différences plus ou moins considérables. 
Une des meilleures éditions est celle de Jean Romberch , 
publiée à Venise en 1519 : celle de Magdebourg, en 1593 , 
n'en est qu'une réimpression. Dans l'édition d'Anvers 1536, 



(7) 

on a suivi le texte remanié par Simon Grynaeos. L'édilion 
d^Amsterdam 1707^ in^fol., est de tontes la plus rëceote(l). 
C'est aussi le texte imprimé en 1555, à Bàle, dans leNovus 
arbis de Grynaeus. 

Si les imprimés furent nombreux, les copies manuscrites 
Font été davantage encore. La bibliothèque du Roi , à Paris, 
le British MmeurHy le collège de la Maddaine, à Oxford, 
en possèdent de Tun des deux ouvrages ou des deux à la 
fois (2). Le catalogue de Gaignat, cité par MM. Villenave et 
Eyriès (Biogr. univ. VI, 2) , indique la traduction de Tavis 
directif sons le n*» 2637. Le savant M .V. Le Clerc, qui s'en 
occupe pour Fhistoire littéraire de la France, a reçu en 
partie la collation des manuscrits de l'Ëscurial contenant 
le lÀbeliuê de Terra Sancia. 

Quand à la cour de Phili|q»e-le*-Boa, la politique du, 
prince, afin de détourner l'attration, de distraire des esprits 
inquiets, et peut-être aussi d'autoriser certaines exigences 
financières, on voyait des plans chimériques de croisades se 
mêler aux plaisirs les plus mondains, il était tout simple 
que les écrits de Brochart eussent encore de la vogue» quoi- 
que la prise de Constantinople par les Turcs vint rendre la 
situation des chrétiens en Orient encore plus désespérée. 



(1) Onamasticon uHHutn et loœrmn ioeroê ieripturue seu liber de 
lœiê h^fraieiSf graece primum ab Eusebio eaesariensi deinde latine 
McripttiS ab ffieronymo , in commodiorem vero ordinem redaetus, . . . opéra 
Jacobi Bonfrerii S.-J. Recensuit.,, J. Clericus. Accessit huiceditioni 
BaocAKoi ■oNACKi OBO. PRABO. OEscBiPTio Tebrab-Sanctab. Anutel. 
Fr. Halma, 1707,iQ-rol. 

(3) Pertz, archiv,, VII , 65, SI, 05. Dans la table on a confondu Èur- 
chardus teutonicus avec Burehardus Ficedominus Gentinensis , cotnme 
Philippe Bosquier et Canfsius ont confondu le jacobin allemand avec le cor- 
délier français Bonaventure Brochard. 



(8.) 

Mais Brochart avait écrit en latio^ et si le latin élait la 
langue dés clercs » il s'en fallait qu'il fût celle des gentilsr 
hommes et des chevaliers. Philippe-l&-Bon lit donc tra** 
duire en français le Directorium et h Description de la 
Terre-SainU, par son translateur ordinaire, le bon Jean 
Mielot, chanoine de Lille en Flandre qui se qualifie hnm« 
blement du moindre de ses secrétaires. 

Je vais faire connaître rapidemeot deux manuscrits de 
la bibliothèque royale. 



I. 



Le premier marqué à l'inventaire sous les n"* 91 1 6-91 1 7 
( ancien 918 et 82^), est un grand in-fol. en papier ,. de 43 
feuillets, longues lignes, av^ lettrines peintes et dorées, 
écriture de la fin du xiv* siècle. Il contient les deux écrits 
de Brochart. Voir le S* vol. du Gat. des manuscrits (Béper* 
toire, I), p. 80. Il provient de la librairie primitive des 
ducs de Bourgogne. 

Legrand d'Âuss; , dans les mémoires de l'Institut 
(sciences morales et politiques , t. Y, pp. 450-466), parle 
de Brochart , à propos de Bertrandon de la Brocquiere , et 
cite les manuscrits de Bruxelles. II donne le n"" 319 au ma- 
nuscrit latin qui est coté 46 dans le catalogue de Haenel 
(col. 767), et le n^ 35â au manuscrit français. 

Le volume latin commence ainsi : 

In nomine pairis et fiiti et spiritus sancti, Incipit Directo- 
rium ad passagium faciendumy editum per quendam fratrem or- 
dinis praedicaiorum y scribentem experta et visa potiusqtiam 
audita, uid serenissimum principem et dominum dominum Phi- 
lippum regem Francorum, anno />"' MCCC XXXJl. Proiogus* 



(9) 

' u De Celsitudiais Vestrae sancto proposito, Domine mi Rex^ 
ia Romanacuria fama celebri divulgato « exultai el jôbilal; ôrbis 
totus, quod scilioelj taoquam alter provisu»de superis Mâcha- 
beus, pro i^emulatione legisy pro zelo fidei, pro liberatîone 
terrae ChrisU sanguine coqsecratae, sumitis bellum Dei. Et 
quia pauper ego non possum obsequium Vestrae Regiae Msjes- 
tati tribuere et in aequis , quod , peo teste, libentius el uberius 
facerem si haberem , eu m hoc opusçulo ad passagium directo- 
rio, in nomine Domini qui in tabernaculo testimonii pelles 
arietum et caprarum praecepit et docuit offerendas , et plus 
quam divites larga munera exhibentes, pauperculam commen- 
davit duo tantum aéra minuta in gazophilacium offerentem , 
Vestrae Felicitatis pedibus humiliter me prosterno. in quo 
quidem Directorio non tam aliorum relatione audita quam ea 
quae per ^XUII auQOs et amplius, quibus fui in terris infi- 
delium commoratus, causa fîdei praedicandae, visa refera et 

experta In ter haec, si mererer, tui, Domine mi, ve$tigia 

prosequi tam sanctum negotium exequentis, non sicut iinys 
de mercenariis tuis, sed sicut unus de iliis quae (qui) de micis 
quae cadunt de mensa tua cupiunt saturari, ut, sicut haec 
déscribo lîteris, sic dîgito demonstrarem. 

M Huic autem opusçulo Directorium ad passagium faciendum 
nomen dedi quod ad significationem duorum gladiorum quo- 
rum Dominus sufficientias attestatur , et ad typum apostolorum 
quorum nu merus in duodenario consummatur , in duos libellos 
et XII partes distinctum exhibée et completum. Ut sicut pri'' 
mus gla^ius vivus et efficax verbi dei , ipsorum apostolorum 
ministerio, indurata corda gentium penetravit, eorumque colla 
indomita suavi subdidit jugo legis, sic secundus gladius 
Vestrae Invictae Potentiae ac Virtutis exemptus de pharetra 
Regni Veslri , velut alter gladius Gedeonis , tabernacula hosti- 
lium nationum dividat, dejiciat, conterat et conculcet, amen. » 

Ainsi, d'après ce qui précède, Brochart était parti pour 
la Terre-Sainte et les contrées environnantes, vers Fan- 



m''^ 




née 1308, et y était resté an delà de yingt-qaatre aas pour 
y prêcher la foi, ce qui s*accorde mal avec la date moyenne 
de iâlO marquée par Sax {Onomastiûùn , II , 304). 

A la suite de son prologue , Brochart fait connaître la 
division de son premier ouvrage, qui est encore inédit. 

II est divisé en huit parties. 

Dans la première sont déclarés les quatre motifs qui d&r 
vaient engager le roi de France à la croisade, c'est-à-dire, 
Fexemple de ses prédécesseurs, l'amour de la propagation 
de la foi, la compassion des populations chrétiennes^ 
exposées aux plus grands malheurs , enfin le désir de ré- 
cupérer la terre arrosée par le sang de Jésns^Ghrist. 

La seconde partie traite des conditions préalables de i^ 
croisade, i"* Que dans tout l'univers on ordonne des prières 
pour la prospérité de Texpédition ; 3^ que ceux qui accom- 
pliront une œuvre si sainte se proposent surtout deux 
points, corriger et amender leur vie présente , la mieux 
régler à l'avenir ; s'exercer assiduement dans tout ce qui 
tient à la discipline et aux habitudes militaires; 3*" que la 
paix et la concorde soient établies entre ceux qui ont 
quelque autorité sur la mer; 4'' que l'on réunisse un 
nombre suffisant de galées et de nefs ; 5^ qu'au printemps» 
prochain douze galées soient armées pour la garde de la 
mer. 

La troisième partie indique les routes à suivre, afin 
qu'on puisse choisir la meilleure ; celle par l'Afrique doit 
être absolument évitée ; la seconde , directement par mer , 
a des inconvénients pour les troupes et les chevaux ; 
la troisième par l'Italie est sûre et bonne; la qua- 
trième par l'Allemagne et la Hongrie , chemin facile et 
salubre. 

La quatrième partie rouie sur le choix à faire entre ces 



( 11 ) 

routes pour le roi et sa suite y et pour les diverses fractions 
de rarmée, selon les nations qui les composent. Le roi doit 
préférer l'Allemagne et la Hongrie; aux populations ma-^ 
ritimes et aux convois , c'est la mer qui convient ; les 
autres prendront par Aquilée, l'Istrie, la Dalmatie, le 
royaume de Rassie et Salonique. 

Robert, comte de Flandre, s'était dirigé à travers la 
Pouille, par Otrante, Gorfou, etc. Godfroid de Bouillon ^ 
ses deux frères et Baudouin, comte de Hainaut , prirent par 
la Hongrie et la Bulgarie, tandis que Raimond, comte de 
S'*Gilles,et Ademar, évéque du Puy et légat du saint siège, 
traversèrent la Hongrie et l'Esclavonie, qui faisait partie du 
royaume de Rassie , quoique quelques auteurs prétendent 
qu'ils suivirent la route d'Aquilée et de Dalmatie. 

La cinquième partie apprend la conduite qu'il faut tenir 
en passant par la Rassye (Legrand d'Aussy rend ce mot 
par Servie) et l'empire grec. 

Le sixième montre les causes pour lesquellesil était facile 
de s'emparer de cet empire : 1"* la dégradation morale et 
la décadence militaire des Grecs , depuis qu'ils s'étaient 
séparés de la foi catholique; S^ la déplorable dépopulation 
du pays, devenu désert en beaucoup d'endroits; S*" son 
mauvais gouvernement politique et religieux. 

La septième partie se subdivise en deux : la première 
subdivision expose les moyens de soumettre Thessalonique 
et Gonstantinople, la seconde l'avantage qui devait résulter 
de l'asservissement de l'empire grec. 

La huitième partie enfin contient six règles de conduite 
pour conserver, sous l'autorité du roi de France, l'empire 
grec une fois subjugué. La première de ces règles est de 
brâler ou d'exiler tous les Latins qui ont abandonné la foi 
romaine pour le schisme des Grecs ; la deuxième de ren- 



( «) 

voyer en Occident les moines grecs qui n'auraient pas 
{adopté la vraie foi; la troisième d'obliger chaque famille 
grecque à livrer un fi{s pour être élevé dans les mœurs et 
les belles-lettres latines; la quatrième d'abandonner diii^ 
gemment aux flammes tous les livres dés Grecs; la cin-^ 
quième de rassembler les Grecs dans S^'-Sophie y où , après 
avoir fait leur profession de foi, ils se soumettront spon- 
tanément à la souveraineté des Francs ; la sixième consiste 
dans quelques réformes à introduire d'abord dans l'église 
grecque. Ce chapitre montre de plus avec quelle facilité 
on pouvait s'emparer du royaume de Rassye. Il n'aurait 
fallu pour la conquête de cette contrée que mille cheva-r 
liers et six mUle hommes d'infanterie. La guerre aujourr 
d'hui n'est pa3 si modeste ni si parcimonieuse. 

En lisant ce traité il semble que la croisade soit plutôt 
dirigée contre les Grecs que contre ceux que l'on appelail 
Sarrazins, et qu'aux yeux de bien des gens les schisma^ 
tiques fussent plus coupables que les infidèles. Quelques- 
unes des maximes politiques de l'excellent frère Brocharl 
pourraient paraître aussi d'une certaine brutalité, mais 
avant de les juger sévèrement , nous aurions raison de 
faire quelque retour sur nous-mêmes. 

Le Directorium finit au verso du 24^ feuillet. SequUur 
libellus de terra sancta editus a fratre Broçhardo Theutonico 
ordinis fratrum praedicatorum. Rubrica. 

Indpit prologus de situatione seu descriptione Tetrae 
Sanctae> c Cum in veteribus historiis legamus , sicut dicit 
beatus Jeronymus. » 

Ce prologue, où rien n'annonce que l'ouvrage soit dédié 
au frère de l'auteur, religieux comme lui, suivant la Bio^ 
graphie universelk, etc., manque dans l'édition de J. Le-* 
clerc qui est intitulée : Ijocorum Terrae Sanctae exactissinm 



(là) 

descriplio, auctore F, Brocarda monaeho, et qui remplit leé 
pp. 167-192 du volume dont j'ai donné le titre en com-^ 
mençant. 

Ce n'est pas la seule différence qu'on remarque entre 
notre manuscrit et cette leçon. D'abord les chapitres, dans 
le premier, ne sont point numérotés , et les sommaires 
de ces chapitres ne sont pas identiques; ensuite il y a des 
variantes très-nombreuses et même presque continues dan» 
le texte. Je n'en donnerai qu'un exemple i ' 



MS. 

JncipH diyisio Terrae Sanctaeper 
loca et per provincias . 

Sciendum tameii est in priocipio q^aod 
terra ista quam sanctam dicimus , quae 
cecidit in sortem duodecim tribaum 
Israël i pro parte aliqua dicebatur re- 
gnum Juda, quae erat duarum tribaum, 
scilicet Juda et Benjamyn, et erat caput 
decem tribaum reliquarum quae dice- 
bantur Israël,... 



LECLERC ou GRYN^^ÙS. 
CAPUT I. 

De Syria, Phœnicia, Palaestina et 
Ar^bia, 

Ista terra i quam sanctam vocamùf , 
duodecim tribubus Israël funiciilo vdist 
tribationis in pos&essiooem tradita , post 
tempus Salomoqis in duo régna excre- 
yit : ttuum regnum Judae dicebatur, 
duas complectens tribus, nerope Judae 
et Benjamin : alterum vero regnum Sa- 
mariae vocabatur, a metropoli Sama» 
riae , quae nunc Sebast nomen babet , 
reliquas decem continens tribus. 



On s'aperçoit aisément que le texte de Grynaeus ou de 
Lecierc est un texte entièrement retouché. Le deuxième 
chapitre offre les mêmes dissemblances que le premier , 
mais il serait trop long de s'y appesantir. Je me contenterai 
de quelques courtes observations. Au verso du ZV feuillet, 
dans un chapitre intitulé : De tertia divisione, quarlae 
onenfaJù^Brochartditqu'ilest faux qu'il ne tombe ni pluie 
ni rosée sur le mont Gelboe, puisque y étant allé le jour de 
S*-Martin, de l'an MCGIII (cette date doit être mal écrite) 
il y fut mouillé jusqu'aux os : Nec est verum quod dicunt 



( 14) 

quidam qwd nec ro9 neepluvia vmiant super montée Gelboe , 
quia enim in die beati Martini CCJII tôt vmit super me 
pluvia qua usque ad camem fui madefacttis. Or, Grynaeus , 
dans son \IV chapitre intitulé : Iter eè Acone versus Notum, 
donne une autre date plus probable et une leçon plus la- 
tine : c Née est verum, ut quidam putanty neque rorem 
nequepluviam descendere super montes Gelboe, quum in me- 
metipso, anno Dominé miUesimo ducentesimo octuagesimo 
tertio (1283) 9 et j^uviam et rorem in iUo monte fui ex^ 
pertus, > Il est impossible, en effet, qu'un homme qui 
écrivait en 1352 , raconte une aventure qui lui est arrivée , 
au moins dans ia force de sa jeunesse , 129 ans plus tôt. 

Au fol. 41 , dans le portrait très-peu flatteur que Bro- 
chart fait des Grecs, on lit ce qui suit : Inter Sarracenos ha-^ 
Mtant et y utplurimumoffkiiseorumfruunturet suntproeu^ 
ratores terrae. In habitu fere concordant cum Sarracenis, 
nisiquod tam^en per cingûlum laneum discemuntur. Graeci 
similiter suntchristianisèdscismatici, nisiquod pro magna 
parte in concilio generaliproœim^ , stib divo Gregoriopapa K, 
ad obedientiam romanae ecdesiae redierunt. Cette dernière 
circonstance a disparu dans le texte de Leclerc : Inter 
Sarracenos habitant^ et, ut plurimum,officiiseorum manci- 
pantur. In habitu a Sarracenis fere nihil différant, nisi 
quod per cingûlum laneum ab eis aliquid discriminis ha* 
bent, Graeci similiter christiani sunty sed schismntici et 
a romanae ecclesiae obedientia alieni. 

Le manuscrit se termine par le douzième chapitre de 
Leclerc, dont la fin n'est cependant pas la même et a rap- 
port à la manière dont les Arméniens célébraient la messe. 
Il ne contient pas la description de l'Egypte. En voici la 
conclusion : Et cantant melodiam quandam valde devotcm 
et dulcissimam sibi alternisecu^s re&pondentes. Istud absque 



( i5) 

dubio videre et (mdire devotissimum e$t. Et haec de hiis 
dicta sufficiunt. 

Eijq>licit libellus editus a fratre Brochardo Theutonico 
ordinis praedicatorum de diêcriptiùne (sic) et terminatione 
Terras Sanctae, quant ipse terrant perantbulavit et vidit, et 
diu ibi stetit. Quent conscripsit Dontinus Joannes Reginaidi, 
cameracensis ecclesiae canonicus , ob amorem illius qui in 
Terra Sanctamortuus estpro nobis. Cui sit laus et gloria in 
secula seculorum. Amen. 

Leclerc, qui a publié le traité fort modifié de Brochart 
sur la Terre-Sainte, dit quelques mots de cet auteur dans 
la préface de son édition de la Geographia sacra de Nie. 
Sanson, Amst., Halma , 4704, in-fol., pp. 10, 12. Il y re- 
marque que Chrétien Adrichomius de Delft, faisait grand 
cas de Brochart, et qu'il Ta presque toujours suivi : Indieat 
diligentissimum et accuratissintum terrae Chananaeae per- 
lustratorem et descriptorent fuisse Brochardum aut Bur^ 
chardum illum antiquiorem : qui eam ad ventorumrationem 
exegit , nec voluntate aut facultate rei perficiendae desti- 
tutus fuit. Eum ergo fere semper secutus est Adriehomius. . . . 
Busching , bon juge en ces matières , a été aussi très*4avo- 
rable à Brochart ; en effet ce moine n'a cédé que rarement 
à ce penchant au menreilleux qui a souvent ^aré Mande- 
ville et d'autres voyageurs (i). C'est un observateur exact et 
judicieux. 



(1) Sur Mandeville et sa relation, dont je parlerai plus tard , voir le curieux 
recueil de MBf. Fr. Jacobs et F. -A. Ukert : Beitraege zu aeltem Litteratur 
oder Merkwurdigheiten der Herxogl. œffentltchen Bibliothek zu Gotha ^ 
I B. 2 H. (1835) , pp. 420-429. On lit dans le même volume des détails inté- 
ressants sur les historiens ou romanciers d^Alexandre au moyen Âge , sujet 
dontj^ai déjà parlé à propos du Guidonis liber, V. 1 B. 2 H. pp. 571-420, 
432-4f53, n B. 2H. V1II-X ; on renvoie à F. Weckherlin's Beitnugên zur 
Geschiehtes altdeutseher Spraehe und Dichtkunst. Stuttg. 1S11 , 1-32. 



( 16) 

L'aulear de l'Itinéraire de Paris à Jérusalem ne fait que 
nommer Brochart sous Tan 1283 (i), mais cette mention 
très-concise est aussi un éioge. 

Venons maintenant de Toriginal à la traduction. 



IL 



Sanderus, dans son informe catalogue des manuscrits 
des ducs de Bourgogne (BibL MSS, II, p. 7^ q<» 252), en 
signale un de cette manière : 

Liwe du passage d'outre-mer que firent les chrestiens 
pour la conqueste de la Terre Sainte. 

Mais il est fort incertain qu*il soit ici question de la 
traduction de Brochart. 

M. J.-B. BsiTToiSyizns^Bibliothèque protypographique i 
fournit ces indications : 

P. 220, n^ 15S1. Ung lif>re couvert de noire toille, àung 
crucifix, intitulé au dehors.. Ce livre parle du passage 
d'oultre-mer. Començant ou second feuillet : d'icelle gent 
paienne et ennemie, et ou dernier : vestre sanit^tis (sanc^ 
titatis) pedes. 

P. 312, n''2203. Même ouvrage finissant : Mahomet 
Tan MCCC et XXXIX. 

Ce manuscrit , comme celui de Sanderus , est peut-être 
Touvrage traduit par Jean de Yignay en 1333, et porté sur 
le catalogue de la bibliothèque du Louvre , du temps de 
Charles V, avec ce titre : 



(1) GEuv.deM.de Chateaubriand. Paris, Fournîer,XV,291,Gf.Vossîu8t 
II, de Hi$t. lat. G. LX, pp. 446, 447, Guill. Cave, II, 510, Fabricii 
£m, latina med. I, 775-775, Fabricii iTistor. bibLY, 201 ,903, etc. 



( 17 ) 

N« 350. Le passage de la Terre Sainte, nommé directoire 
ou adrecement de la conqueste d'oultremer (Van Praet, In- 
ventaire de Vancienne bibl du Louvre, p. 72). Ou bien 
encore est-ce l'ouvrage de Mamerot , chanoine et chantre de 
Troyes, cité par Legrand d'Aussy (ubi supra, p. 448). Mais 
le n^ suivant ne laisse pas d'incertitude : 

P. 324, n*> 2308. Advis directi f jiour faire le voyage 
d'oui tremer, par un religieux de l'ordre des prêcheurs ^ 
en 1352, translaté de latin en français, par J. Mielot, cha- 
noine de Lille en Flandre, en 1445 (lisez 1455) par ordre du 
duc de Bourgogne. In-folio , sur vélin. 

La Serna Santander place également ce manuscrit parmi 
ceux du duc Philippe-le-Bon, Mém. historique sur la bibl 
de Bourg., p. 13, n° 4. Cette copie n'est pas la nôtre, qui 
n'est pas sur vélin, et qui est marquée plus bas par La 
Serna, p. 35, n^ 3. 

Legrand d'Aussy s'est servi d'un manuscrit qui renfer- 
mait non-seulement la traduction de Yadvis directif; mais 
encore celle deh description de la Terre Sainte y faite par le 
même Mielot en 1456, de plus le voyage outre-mer de 
Bertrandon de la Brocquièré, en 1432, M. Van Praet qui 
renvoie paiement à ce manuscrit , fait observer que dans 
une traduction du Budimentum novitiorum. sous le titre 

* y, 

ûeMer des histoires , Paris, Pierre Lerouge 1488, et Paris, 
Antoine Verard , vers 1501 , la version du voyage de Bro- 
chart n'est pas celle de Mielot (1). 

Notre volume, inscrit à l'inventaire sous le n*» 9095 
(ancien 1069 et 52**) , est un grand in-fol. à longues lignes, 
de cette large écriture du XV* siècle ou de cette espèce de 



(1 ) IVotice sur Colard Mansion , pp. 116,117. 

ToM. XI. 2 



( 18) 

grosse adoptée par les calligraphes du duc Philippe. Il est 
orné de lettrioes et de trois miniatures d'une bonne exécu- 
tion , dont la première représente Tanteur dans son cabinet » 
un cabinet de savants de ce temps -là, entouré de ban- 
quettes, tout parsemé de livres et dont le meuble principal 
est un énorme pupitre sur pivot, sur lequel se projette la 
paie lueur d'une lampe suspendue à une potence, comme 
un réverbère. Il contient 68 feuillets. 

Aubert Le Mire a écrit de sa main au^^dessus de la pre* 
mière miniature : 

234. 

BrocardtAs ordinis praedicatorum , cognomento Aie- 
mannus, scripsii latine , an. 153S. 

A. Miraeus, Bibliothecarius Regim. 

Au-dessous de Taquarelle on lit : 

Riû)riche du translateur. 

•t Cy commence nng advis direcUF pour faire le passage 
d*oulti«mer, lequel advis frère Bbochakt, de Tordre des pres- 
cheurs fist et composa en latia Fan mil CCGXXXIl et le présenta 
à tràs-excellent prince et son souverain seigneur Phclippe de 
Valois, par la grâce de Dieu lors roy de France , septiesme de 
ce nom , en récitant tes choses qu'il a veues et expérimentées 
sur les lieux , trop mieuU que celles qu'il a ouy dire par bouche 
d*aultrui. Et depuis, l'an mil CGCC cinquante Y, par le com- 
mandement et ordonnance de très-hault et très-puissant et 
mon très-redoubté seigneur Phelippe par la grâce de Dieu duc 
de Bourgongne, de Brabant, de Lembourg et de Lolhier, 
conte de Flandres, d'Artois et de Bourgongne palatin, de 
Haynnau , de Hollande , de Zélande et de Namur , marquis du 
saint Empire , seigneur de Frise , de Salins et de Malines , a esté 
translaté en cler^ François par io. Mielot, chanoine de Lille en 
Flandres^ en comprenant la substance selon son entendement, 



(19) 

$iws y a^jottster rien du mn en la fourme et manière qui ci- 
aprdi s'ensieyenl* » 

Charles Mielot , constamment appelé Melot par La Sema 
et Mictot par Paquet ^ est auteur d*un grand nombre de 
traductions (1). J*eîtrairai de celle-ci le chapitre relatif au 
Roy de Rassie. On y trouvera des détails qu'on chercherait 
vainement ailleurs, du moins dans nos écrivains, sur des 
pays qui sont à peine entrés » même aujourd'hui , dans la 
grande famille politique européenne (2). 

Fol. 34 verso. S'ensimt du ray d9 Bassie (Servie). 

<( Certes je ne sçay que je doy dire du roy de RdMoe pour 
ce qu'il n'a nul droit en ycellui royaume ne raison aussi , car 
il est noté et divulgué d*une semblable coulpe de infidélité , 
de trahison et de tirannie comme est l'empereur de Grèce, in- 
fâme par une chaine de péchiez qui se extent (s^étend) depuis 
ses ancestres jûsques à lui, laquelle se accroist continuelle* 
ment en lui et augmente de mal en pis. Et pour dédairier 
ceci, il fault savoir qu'il y eut jadis upgroy de Rassie nommé 
Estienne. Cestui ot ij filz dont l'un fu appelé Estienne et l'autre 
Orose* Après la mort du roy Estiennci père de ces II enfans-ci, 
Orose se drescha contre son frère Estienne jà fait roy de 
Rassie. Mais il advint que en champ de bataille ledit Orose fut 
vaincu. Mais depuis ledit Estienne ayant mercy du sang de 
son frère , le reçut en pitié et de son bon gré devisa le royaume 



■M-a^— «^••«««^••«^•«airtî*. 



{%) M. Van Praet , I¥oUcê mr Cokird Mantion , pp. 59 ^ 1 16, 117, if», 
éoumère quinze ouvrages de Mielot , dont Too est meertoia. Cf. Ar^iv» 
philolog., I, 224 , et Van Pract , Heeherçhes fur Zouis de Mrug9»p teigmur 
de la Gruthuyse, p. 105. 

(2) V. S. Giampi , ffibliografla critica délie antiche reciproche corris- 

pahamxepotiUehe,eceleiiaitithe, seienii/hhe, Utteratie, artisHehe deW 

ItaUm eoU0 Ruêiia , C9Ua Polonia èd aitte parti eénenirionàli, Firenze , 

1834-1350 , 3 vol. in-S«. Cet ouvrage , encore tnaoberé , s'arrête aux lettres 

PRA. 



(20) 

avec son frère Oro^. Gestuî Estienne joint à femme la fille du 
roy de Honguerie nommée Katherine , suer de madame Marie 
de bonne recordation , roy ne de Sicile et de Hongrie , qui fu 
mère de madame votre mère. 

)» De ceste dame Katherine engendra ledit Estienne 1 fil qoi 
ot nom Vlatislaus, lequel il laissa à sa mort héritier delapar-* 
tie du royaume qu'il avait retenu par tele condition que 
Orose recognoistrait soy tenir l'autre partie du royaume dudit 
VlatislauSjSonnepveu, si le prînt comme son vassal. Mais ledit 
Orose , après la mort dudit Estienne , fit guerre contre Vlatis- 
laus , son nepveu , si le print et lui osta sa part du royaume , si 
le mist en prison, dont il ne peut onçques estre délivré, tant 
que le dit Orose vesquist. 

Cestui Orose print à femme madame Elizabette, syer de 
madame votre taye, laquelle il répudia, et, elle encoires vivant, 
il espousa la fille de Fempereur de Grèce qui lors estoit, c'est 
assavoir la suer de cestui qui est maintenant empereur. Or 
n'eut-il oncques enfant de ces II femmes-ci , mais il engendra 
II fils de II concubines, dont l'un fu appelle Constantin et 
l'autre Estienne, qui fu père de cestyi qui ad présent occupe 
indeuement le royaume de Rassie. En la parfîn il fut com- 
mandé par son père que on lui crevast les yeulx et fu envoie 
banny en Constant inoble avec ses II filz. Et pource que lé bour- 
reau , corrompu par argent , ne lancha pas la flammette tout 
droit en la prunelle de l'oeil, comme il avoît esté ordonné et 
commandé par le père ^ toutefois il vey (vit) depuis aucune- 
ment, jà soit ce que non pas plainement, par médecines que 
on lui fit aux yeulx. Et autant que son père vesquist il voult 
ceci estre tenu si secret que tântost de sa propre main il estran- 
glason propre fil pour ce qu'il avoit entendu que ceci avoit 
esté fait par la sagesse de l'enfant, en ressongnant qu'il ne le 
revelasl à personne qui fust née. Et par ainsi cellui qui voult 
tuer son père ne espargna pas son propre fils. Puis après son 
père en ayant pitié , cuidant qu'il fust aveugle du tout , le rap- 
pella après plusieurs ans qu'il avoit esté en exil. Et quand son 



(21) 

père Orose fu mort , il manifesta par lettres escrites de sa maia 
et Ost savoir à tous ceux du royaume qu'il veoit bien et cler, 
pour quoy . il tira à soy par dons et par promesses une très- 
grande séquelle et priva et dechaça hors de son royaume 
Utislaus , le vray héritier qui esloit délivré hors de prison. Et 
puis il emprisonna son propre seul frère Constantin et le fîst 
morir d'une manière de crudelité non ouye, car il le fîst 
extendre sur une pièce de bois et le fîst transpercher de doux 
par les bras et par les cuisses , et puis le partit en deux par le 
millieu. Telle est ceste progenie serpentine qui jette et espant 
telz beuvrages envenimez. 

» Et s'il est aucun qui vueille oyr parler de cellui qui règne 
maintenant en Bassie, 61 de cest aveugle, pour certain il 
congnoistra que jà soit qu'il soit moindre de corps et d'eage 
plus bas , touteffois il sormonte ses ancestres ou venin de ma- 
lice non oûye en fait, et, par aventure, envoulenté, carilprint 
et loya et emprisonna et plus que cruellement mistàmortson 
propre père , comme dit est, bastart , illégitime, mal né , cruel 
tirant , occiant son 61 et son frère , et quant en lui fu , son 
père mesme de Grèce. 

Ce volume ne contient pas la traduction de la Descrip- 
tion de la Terre-Sainte dont nous avons parlé tout à 
Theure. 

ni. 

Parmi les manuscrits de la légende de Barlaam et de 
Josaphaiy je n'ai point mentionné celui qui est indiqué 
dans rinventaire de l'an 1373 des livres du roi de France 
Charles Y, dit le Sage , inventaire publié par M. Van Praet, 
et où cette légende occupe le n"" 347 (p. 72). 

M. Barrois place parmi les manuscrits de Charles-le- 
Téméraire, à Dijon, suivant une liste dressée en 1477, 
(n«» 703) La vie Barlaam et Jozepha, (Bibl.protyp., p. 119). 

M. Ad. Keller, à qui la litlérature romane est si redevable, 



( ^ ) 

note parmi les manuscrits da Yaiicau, un manuscrit en 
parchemin n"* 660 , qui contient un texte français de cette 
légende. Romvarty Mannheim, i844, p. iSS. » 

M. le directeur, en levant la séance, a fixé Tépoquede 
la prochaine réunion au samedi 3 février. 



OUVRAGES PRÉSENTÉS. 



Population; moutemenê de PéM civil pendant l'année 1841 , 
pablié par le Ministre de rintërieur. Bruxelles, 1848, 1 vol. 
in-fol. — De la part de M. le Ministre de L*intérieur« 

Bulletin de la commission centrale de statistique^ tom. !"'• 
Bruxelles, 1848; 1 vol. in-4<>. 

Programmes des questions proposées par l'académie royale de 
fnédedne de Belgique, pour le concours de 1844 ; 8 feuillets in-8**« 

annuaire de l'observatoire royal de Bruxelles ^ par M. A. Que- 
telet. Bruxelles, 1848; 1 voK in-l8. 

annuaire de V université catholique de Louvain , 1844, 8* an« 
née. Louvain; 1 vol. in-18. 

Salon triennal de l'académie de dessin, sct^pture et architec- 
ture de la ville de Gand. Gand^ 1844; in-8^. 

Journal vétérinaire et agricole de Belgique, tom. Il, feuilles 
44-Bl* Bruxelles, 1848; in.8^ 

Gasette médicale b^e», Supplément de décembre 1848, 
2* année, janvier 1844 ^n^"* 1 et 3, avec supplément. Braxelles; 
in-4«. 

Trésor national ^ B"* livr., décembre 1848. Bruxelles; în*8°. 

Annales delà Société médico-chirurgicale de Bruges^ tom* IV, 
année 1848. Bruges ; in-8<*. 

Annales de la société de médecine d'Anvers, feuille 18. 
Anvers , in-B". 



( 23 ) 

Arehiv99 de im Flore de Franee H d^ Allemagne y par M. F .-G. 
Schultz y feuilles 1 à S ; in-d*. 

Mémoires de l'académie impériale du sciences de S^-Péters^ 
bourg ^ yV' série. — Sciences politiques, histoire, philologie, 
tom. VI,livr. 1-8. S^-Pëtersbourg , 184S; i vol. in-4«. — 
Sciences mathëmatiques , physiques et naturelles, tom. V, 
I'" partie. «-- Sciences mathématiques et physiques , tom. III , 
liYr. 1-8. S^Pétersbourg , 1842-48; Il vol. in4«; tom. YII ^ 
2"* partie. — Sciences naturelles, tom. V, livr. 1 et 2. S^Péters- 
bourg, 1848; 1 vol. in*4«. 

Mémoires préseniés à l'académie impériale des sciences de 
S^Péierslnmrg y par divers savants, tom. IV, 8">" livr. S^-Pé- 
tersbourg^ 1848; 1 vol. in-4'*. 

Eeeueil des aotes des êéamcespuhligms de raeadémie impériale 
des sciences de S^-Péiersbourg , tenues le 81 décembre 1841 et 
le 80 décembre 1849. S^-Pétcorsbourg, 1848 ; 1 vol. in-4*. 

Correspondance moMmaiique ei physique de quelques célèbre» 
géomètres dm XVlll^^ sièek^ par M. P.-H. Fnss, tom* 1 et 11. 
S^-Pétersburg , 1 848 ; â vol. in-8«. 

Séance de l'tteadémie du \% janvier 1848. Discours prononcé 
par M. G.-H. Fuss, secrétaire pei^tuel. S^-Pétersbourg, 1848 ; 
in-S». 

Annuaire magnétique e$ mtéiéarologique du corps des ingé- 
nieurs des mines de RuMêicy publié par M. A.-T. Kupffer. 
Année 1841 , &•• 1 et 2. S^Fétersbourg , 1 848 ; 2 vol. in-4«. 

Zweiter Zuzatz zu der Schrift^ Ueber den Gahanismus els 
ekemieckes HeiimiUel^ von D^ Gustav Cruseil, miteiner Tafel. 
S'-Pétersburg, 1848; in-d». 

Ertnittelung der absoluism Stôrumgon in SlUpsen von beHe- 
biger BafcentriciUU und JMgung , von P.-A. Hansen , 1*^' 
Theil. Gotha, 1848; 1 vol. in-4». 

Flora ^ n^ 25-40. Regensburg, Juli-Oetober 1848; in-8°. 
Divers eiLlraits du même ouvrage , 6 feuilles in-8*^. 

Arohiv des Maihemaiik und Physiky herausgegeben von 
J.-A. Grunnert, 4**' Theil, !•*" und 2*" Hefl. Greifswald, 
1848; in.8». 



(24) 

Ferzueh einer neuen Méthode %ur Beetimmung der Polhôhe 
oder geographiâchen Breite bei geodatischen Meêsungen , von 
J.-Â. GruDDert* Leipzig^ 1844; îii-8^. 

Isis. Encyclopàdiêche Zettêchrift , von Oken, 1848, Heft XI 
(Taf. II , III, 1842), Leipzig; iD-4o. 

Vlnveeiigateur^ journal de'l'inêiitui hiitorique , 10"^ année, 
tome III, 2»" série, I12»«]iyr. , nov. 1848, Paris; in-8'*. 

La revue êynthétique, tome IV, n* 1, oct. 1848, Paris; 
1 vol. in-8». 

Bouwkundige Bijdragen , uitgegeven door de Maatschappij 
tôt bevordering der bouwkunst te Amsterdam , B^** stuk , 
nov* 1848. Amsterdam, 1848; in^*". Met 8 losse platen, 
n»- 15-17. 

KongL Yetenekapê^Academiene , (or Aer 1841. Stockholm, 
1842; 1 vol.in-8o. 

BeràUehe om astronomienê Framsieg , fur Aeren 1887-1841 , 
ofN.-H.Selander. Stockholm, 1842; in-B''. 

yierêheràttelse om FromstegenJ Kemiy och Mweralogi, afgi- 
ven den 81 Mars 1841 , den 81 Mars 1842, den 81 Mars 1848, 
af Jac. Benelius. Stpkholm , 1841-48 ; 8 vol. in-8^ 

Aersheràttehe om technologiens Framsteg* ^er 1841, of 
G.-E. Pasch. Stocholm, 1848; in-8^ 

AersberàtteUe om zooiogienê Frameieg underAeren 1 840- 1 842 , 
afC.-H. Boheman. Stockholm, 1848;in-8^ 

Le leggi eletiro-magneiicke del prof* Zaniedeschi , con una 
toWa. Venezia, 1848; in-B**. 

Dell' influença dei raggi êolari rifratti dai vetri colorati êulla 
vegetazione délie piante en germinazione de' eemiy memoria 
delFab. prof. F» Zantedeschi. Venezia, 1848; in-4^. 

Osservazioni intorno alla Struitura deU' arillo faite da 
G, Gasparrini, Napoli ; in-4°. 

Osservazioni intorno alla etruttura del frutto deW opunzia, 
par le même ; in-4^. 

Bicherche êulla struttura degli êtomiy par le même. Naples , 
1842 ; in-4». 



BULLETIN 



DE 



L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 



ET 



BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 



1844. — N« 2. 



Séance du 5 février. 

M. le baron de Stassart, directeur. 
M. Quetelet, secrétaire perpétuel. 



CORRESPONDANCE. 



L'académie reçoit les ouvrages manuscrits suivants : 
i^ Notice géologique sur le département de FAveyron, par 
M. Marcel de Serres. (Commissaires : MM. d*Omalius et 
Dumont.) 

T Note sur le mode de propagation desnédulaires, genre 
ToM. XI. 3 



(26) 

de Tordre desGasUomyces (cryplogamle), par M. G. D. Wes- 
tendorp. (Commissaires : MM. Kickx et Cantraine). 

S"" Mémoire sur la non-existence du sulfate d'oxyde azo- 
tique, par M. le D" Koene. (Commissaires : MM. Stas, de 
Koninck et de Hemptinne.) 

4° Mémoire de M. Vloeberghs sur la garance. (Commis- 
saires : MM. de Koninck et de Hemptinne.) 

M. Bergsma fait parvenir à Tacadémie les graines de 
dix espèces de plantes annuelles, pour être distribuées aux 
personnes qui s'occupent des phénomènes de la végétation. 

M. Staring communique ses observations sur la florai- 
son en i843, et M. le baron de Selys-Longchamps ses 
observations sur les migrations des oiseaux pendant la 
même année. 

L'académie reçoit de M. Duprez les résultats des obser- 
vations météorologiques faites à Gand en 1845. 

M. Decloet fait hommage de son herbier de la Belgique, 
fruit de vingt années de recherches et d'études. Remerci- 
ments. 

M. Morren montre le dessin d'un cercle lunaire qu'il a 
observé à Bruxelles > le 2 février, entre 9 i et il heures 
du soir. 

M. le D"" Gluge demande à l'académie, de la part de« 
M. Zipser, s'il pourrait lui être agréable de recevoir une 
collection des minéraux de la Hongrie; ces ofires sont 
acceptées avec reconnaissance. 

M. de Koninck fait connaître qu'il a appris, par une 
lettre de M. Liebig , que ce savant chimiste a découvert 
de l'acide hyppurique dans toutes les urines humaines 
fraîches. Cet acide a disparu dans les urines putréfiées et 
y a été remplacé par de l'acide benzoïque. 



(27) 

CONCOURS DE 1844. 

L'académie avait proposé, pour le concours de 1844, 
sept questions dans la classe des lettres , et sept dans la 
classe des sciences. Le secrétaire annonce qu'il a reçu en 
réponse à ces questions , les mémoires suivants : 

CLASSE DES LETTRES. 

l"* Sur la question : 

La famille des Berthout a joué ^ dans nos annales^ un 
rôle important. On demande quels ont été V origine de cette 
maison^ les progrès de sa puissance et Vinfluence qu'elle a 
exercée sur les affaires du pays. 

Un mémoire portant Tinscription : 

j^usi.,, €eM)rare domestica faeta. 

(EORkCt). 

Commissaires: MM. le baron de Reiffenberg, le chanoine 
de Ram et Willems. 

2^ Sur la question : 

Les anciens Pays-Bas autrichiens ont produit des juris- 
consultes distingués qui ont publié des traités sur l'ancien 
droit belgique, mais qui sont, pour la plupart^ peu 
connus ou n^ligés. Ces traités précieui , pour Thistoire de 
l'ancienne l^islation nationale^ contiennent encore des 
notions intéressantes sur notre ancien droit politique; et, 
sous ce double rapport , le jurisconsulte et le publiciste y 
trouveront des documents utiles à l'histoire nationale. 



(28) 

Vacadémie demande qu'on lui présente une analyse rai- 
sonnée et substantielle, par ordre chronologique et de ma- 
tières , de ce que ces divers ouvra^ges renferment de plus 
remarquable pour Vancien droit civil et politique de la 
Belgique. 

Un mémoire portant l'épigraphe : 

Jurisprudentia aliarum scientiarwn est dominatrix. 

Commissaires : MM. Sieur , le baron de Gerlache et 
Grandgagnage. 

CLASSE DES SCIENCES. 

l*" Sur la question : 

Étendre aux surfaces la théorie des points singuliers des 
courbes. 

Trois mémoires : 

Le premier portant l'inscription : 

Tout se tient dans la chaîne des vérités. 

Le deuxième, sans devise. 

Le troisième , avec l'inscription : 

Les principes de la science mathématique sont imprescriptiblement 
stéréotypés et dans les lois de la gravitation et dans celles qui régis- 
sent les phénomènes de retendue , sans acception de forme , et dans 
le système décadère écrit par Dieu même dans Torganisation qu'il 
nous donna, pour nous révéler en même temps sa puissance et sa 
bonté. 

Commissaires : MM. Timmermans , Pagani et Yerhulst. 



(29 ) 
3^ Sur la question : 

Éclaircirpar des observations nouvelles le phénomène de 
la circulation dans les insectes , en recherchant si on peut la 
reconnaître dans les larves des différents ordres de ces ani- 
maux. 

Un mémoire avec atlas , portant Tinscription : 

La vérité D^est que daos Tobservation. 

Commissaires : MM. Morren, Wesmael et Van Beneden. 



RAPPORTS. 



Rapport de M. de Koninck sur le mémoire de M. Koene, 
intitulé : MÉMOIRE sur l'action réciproque de l'acide 

SULFUREUX ET DU ZINC OU DU FER , ET SUR LA CONSTITUTION 
DES PRODUITS QUI RÉSULTENT DE CETTE MÊME ACTION. 

Le travail de M. Koene est divisé en cinq parties : 
I. Il commence par une introduction historique, dans 
laquelle il énumère les travaux des auteurs qui , depuis 
Stahl, ont successivement soumis Tacide sulfureux à leurs 
recherches. Il termine celte première partie par Texposi- 
lion des théories qu'a fait naître Faction réciproque des 
métaux et de l'acide sulfureux. 

Quelleque soit l'étendue de cette partie du travail de l'au- 
teur , nous y avons observé deux lacunes très-importantes : 
d'abord l'auteur ne fait aucune mention de la théorie 



(30) 

d'Ampère, adoptée par M. Dumas (1) , 8ur la consUtulion 
des byposulfites. D'après cette théorie, les hyposulfites 
sont considérés comme des bisulfates de snlAire , et trois 
équivalents d*acide sulfureux et un équivalent de métal 
concourent à la réaction ; un équivalent d'acide sulfureux, 
réagit sur le métal en lui cédant son soufre, pour former 
un équivalent de sulfure, tandis que ses deux équivalents 
d'oxygène se portent sur les deux autres équivalents d'a- 
cide sulfureux , et les transforment en acide sulfurique. 
Cette réaction peut être interprétée par la formule sui- 
vante : 

3 SOs + M = MS,âS03. 

Cette théorie méritait cependant d'autant mieux d'être 
citée, qu'elle a été émise par un homme dont les idées 
spéculatives ont souvent reçu la sanction de l'expérience 
et qu'elle avait en sa faveur l'opinion de l'un des plus sa- 
vants chimistes de notre époque. 

La seconde lacune consiste dans l'omission de la cita- 
tion d'un travail assez court, à la vérité^ et fait en 1826 
par M. Mitscherlich (2) , travail dans lequel la théorie de 
la formation des hyposulfites par Faction de l'acide sulfu- 
reux sur les métaux , se trouve cependant nettement for- 
mulée et appuyée sur des expériences précises, faîtes dans 
ce but , et que j'invoque depuis plusieurs années pour expo- 
ser cette même théorie à mes élèves. 

Cette théorie est la même que celle établie d'abord d'une 
manière générale par Fourcroy et Vauquelin, adoptée plus 



(1) Chimie appliquée aux arts, tom. U, p. 226. 

(2) PoggendorffAnn.j tom. VllI, p. 442. 



(31 ) 

tard par M. Berzélius, professée dans ces derniers temps 
par MM. Gay-Lussac et Pelouze (1) , et confirmée depuis 
par les expériences de MM. Fordos et Gélis , dont celles 
de M. Koene ne sont que le corollaire. 

En effet, M. Mitscherlich dit i < Lorsqu'on dissout du 
zinc dans de Tacide sulfureux » il se forme du sulfite et de 
rhyposulfite zinciques ; aucun d^agement de gaz n'a lieu , 
et le zinc s'oxyde aux dépens de l'oxygène d'une partie de 
l'acide sulfureux; la moitié de l'oxyde zincique formé se 
combine à l'acide hyposulfureux/et se transforme en sel 
neutre : l'autre moitié entre en combinaison avec l'acide 
sulfureux, pour donner un sulfite cristallisable. Il m'a été 
impossible de faire cristalliser l'hyposulfite. » 

II. La seconde partie du travail de M. Koene est con- 
sacrée à la discussion età l'essai desdivers réactifs propres 
à l'analyse des sulfites et des byposulfites , et ne contient 
rien qui ne soit déjà connu par les publications de MM. For- 
dos et Gélis, et par celles de l'auteur même. 

III. La troisième partie traite des produits de l'action 
de l'acide sulfureux sur le zinc. L'auteur y conclut à la 
formation simultanée de sulfite et d'hyposulfite zinciques , 
et ne nous apprend rien de nouveau à cet égard. Mais il y 
avance , que lorsqu'on fait arriver de Vadde sulfureux dans 
de Veau au fond de laquelle se trouve du zinc, il se dégage de 
l'hydrogène. Je me bornerai à observer que l'auteur est 
ici en contradiction avec les expériences de MM. Fordos 
et Gélis et avec les miennes , et que ces habiles chimistes 
n'ont pu, ainsi que moi-même, constater le dégagement 
de la moindre trace de gaz hydrogène , en faisant agir un 



(1) Journal de Pharm. , S*» série, lom. lY , p.247. 



(3â) 

courant continu de gaz acide sulfureux , sur de Teau et du 
zinc, mais qu'ils ont pu au contraire en constater le dé- 
gagement, chaque fois que Ton plongeait des lames de 
zinc dans une dissolution aqueuse d'acide sulfureux, pré- 
parée d'avance , ou bien lorsqu'on interrompait le couraat 
d'acide pendant quelque temps. Mes expériences confir- 
ment également ce second fait. J'ajouterai en outre, que 
M. Mitscherlich n'a pas remarqué non plus le moindre 
d^agement de gaz. 

A la fin de cette partie, l'auteur discute la théorie de la 
réaction par laquelle l'acide sulfureux et le zinc se trou- 
vent mutuellement transformés en sulfite et en hyposul- 
fite zinciques. La formation d'une petite quantité de sul- 
fure zincique, le conduit à émettre l'hypothèse que l'acîde 
sulfureux subirait des changements très-complexes avant 
d'être transformé en acide hyposulfureux. 

En effet, d'après l'auteur, 9 équivalents d'acide sulfureux 
et 6 éq. de zinc entreraient en jeu, et c dans la première 
période de chaque intervalle de la réa>etion, le zinc en s'oxy- 
dant réduit entièrement les f de Vacide sulfureux mis en 
activité et forme deux ^uivalents de sulfure, et par la com- 
binaison de Voocyde avec | de Vacide ^ quatre éq. de sulfite. 
Dans la deucdème, le sulfure formé en s'associant les élé- 
ments des I de Vacide qui reste, donne naissance à deux éq. 
d'hyposuifite et à un éq. de soufre. Ce dernier à son tour se 
combine avec le quart du sulfite formé, pour donner nais- 
sance-àunéq. d'hyposulfite. i» 

Avant de discuter les opinions de l'auteur du mémoire, 
' je ferai remarquer : 1*" que l'acide sulfureux n'est capable 
de produire des hyposulfites qu'avec des métaux qui opè- 
rent la décomposition de l'eau , circonstance qui fait déjà 
présumer Tinlervention de l'hydrogène dans la réaction; 



( 



-i 



(33) 

2"* que le sulfui*e zincique se produit toutes les fois qu'on 
ajoute à une dissolution d'acide sulfureux, dans laquelle 
le gaz ne peut pas se renouveler , un excès de zinc métal- 
lique; S"" que si Ton remplace le zinc par le cadmiùQiy on 
obtient , presque dès le début de Topéralion , un précipité 
assez abondant de sulfure cadmique (i) ; i^ que le suifide 
hydrique ne précipite pas les sels ferreux, que les sels zin- 
ciques ne sont précipités par le même agent que lorsqu'ils 
sont entièrement neutres ou très-peu acides , et enfin que 
les sels cadmiques sont précipités par ce même suifide, 
quelque soit leur degré de saturation. < Ces faits admis, 
disent MM. Fordos et Gélis (2) , nous allons expliquer les 
phénomènes. Aussitôt le contact établi entre Teau, Tacide 
sulfureux et le métal , l'eau est décomposée , il se forme 
un sulfite et de l'hydrogène naissant. Cet hydrogène , au 
moment où il prend naissance, rencontre de l'acide sul- 
fureux; or, nous avons prouvé dans un autre mémoire 
publié en 1841 , que dans cette circonstance l'acide sulfu- 
reux est réduit, et que de l'hydrogène sulfuré est le pro- 
duit de cette réduction. Que va-t-^il arriver? si le sulfite 
métallique contenu dans la liqueur peut être précipité à 
l'^at de sulfure en présence d'un acide par le gaz snlphy- 
drique, il se précipitera du sulfure, et l'excès de sulfite 
restera dans la liqueur : c'est ce que nous avons observé 
avec le cadmium etl'étain. Si au contraire l'acide sulphy- 
drique est sans action sur la dissolution métallique, dans 
laquelle il a pris naissance, les décompositions suivent 
leur cours; il se trouve en présence d'un grand excès 
d'acide sulfureux, les deux gaz se décomposent mutuelle- 



(I) Journal de Pharm. , S*"» série , tom IV, p. 539. 
(3) Id. ibid. 341. 



(34) 

ment; il se forme de Teau et du soufre. Mais ce soufre ne 
peut se précipiter 9 car il rencontre un sulfite prêt à le dis* 
soudre pour former- de Thyposulfite. Tels sont aussi les 
résultats que nous avons obtenus avec les métaux alcalins , 
le zinc , le fer et le nickel. > 

Ces explications sont bien plus en harmonie avec tous 
les faits observés et même avec certaines expériences in- 
voquées par M. Koene^ telles que la destruction du sulfide 
hydrique par l'acide sulfureux dans lequel on a dissout 
du sulfite zincique ^ aussi longtemps que cet acide s'y trouve 
en excès , et celle du soufre du persulfure potassique par 
cette même dissolution. 

Il en est de même de l'observation de M. Gay-Lussac , 
par laquelle ce savant a constaté, que la présence d'un hy- 
drosulfate était nécessaire pour qn'une dissolution de sul- 
fure alcalin soit capable de produire de l'hyposulfile au 
contact de l'air. 

Enfin , si la théorie de M. Koene était la véritable y oa 
devrait pouvoir transformer les sulfiires directement et 
uniquement en hyposulfites, en les traitant par Tacide 
sulfureux; mais, malheureusement pour lui, les expériences 
de MM. Fordos et Gélis semblent indiqua que les produits 
qu'ils ont obtenus par l'action de l'acide sulfureux sur le 
sulfure cadmique , sont très-différents de ce qu'ils devraient 
être suivant l'opinion de M. Koene , et ne se forment qu'en 
quantité variable et toujours assez faible (i). Si l'action se 
passait telle que le suppose l'auteur du mémoire , elle con- 
stituerait une véritable exception en faveur de l'acide sul- 
fureux, puisque tous les acides qui agissent directement sur 
les métaux capables de décomposer l'eau en présence de ce 
liquide, donnent des produits dans lesquels l'intervention 



(I) Journal de Pharmacie, Ô' série , t. IV, p. 340. 



(35) 

de Thydrogène est manifeste , si ce gaz oe se dégage pas 
à Tétat de liberté. C'est ainsi que l'on voit se produire de 
Tammoniaque par l'action de l'acide azotique sur le zinc , 
le fer, etc.; que se réduit l'acide cblorique et l'acide cbro- 
mique, etc. 

C'est à la fin de cette même partie que l'auteur discute 
la constitution de l'acide hyposulfureux, et il profite de l'oc- 
casion pour y rattacher aussi celle des acides byposulfu- 
rique sulfuré et bisulfure (acides ditbioneux, tritbionique 
et tétratbionique de M. Berzélius), Tout en ne se basant que 
sur des analogies plus ou moins éloignées , il finit par con- 
clure que l'acide byposulfureux véritable est encore à dé- 
couvrir, et que celui qui porte aujourd'hui ce nom, doit 
être considéré comme de l'acide sulfurique dans lequel un 
équivalent de soufre remplace un équivalent d'oxygène. 
En conséquence , il représente sa formule par S , et lui 
donne le nom d'acide oxysulfosulfurique. Pour lui , l'acide 
de M. Langlois résulte de la combinaison d'un équivalent 
d'acide hyposulfureux avec un équivalent d'acidesulfurique, 
tandis que l'acide du soufre de MM. Fordos et Gélis serait 
formé de la réunion d'un équivalent d'acide sulfureux bi- 
sulfuré> lequel n'existe pas, et d'un équivalent d'acide sul- 
furique. L'un aurait pour formule S, S et l'autre S ,S. 

Pour combattre les opinions de l'auteur à cet égard , je 
me contenterai de lui répondre par la bouche de deux de 
nos plus célèbres chimistes. Il ne serait pas plus absurde, 
dit M. Berzélius (1), d'avancer que le soufre n'est que de 
l'acide sulfureux dans lequel deux atomes d'oxygène sont 
remplacés par du soufre , qu'il ne Test de considérer l'acide 
hyposulfureux comme de l'acide sulfurique, dans lequel un 
atome d'oxygène est remplacé par un atome de soufre ; beau- 

(1 ) Bercélius , lehrbHoh der Chemie, 5*" 6lit. , 1. 1 , p. 903. 



(36) 

coup de chimistes de ce temps-ci, ajoute M. Rose (1), mon- 
trent souvent dans le groupement des formules chimiques, 
plus de licence qu'il ne faut, seulement dans le but d'attirer 
l'attention en présentant des combinaisons ingénieuses. 

Y. La dernière partie du mémoire comprend la descrip- 
tion et l'analyse de quelques sels zinciques, ferreux et fer- 
riqueSy dont l'auteur a déjà donné les formules dans le 
résumé de son travail publié dans le Bulletin de l'Académie. 

Je me bornerai à faire observer qu'il y rectifie la formule 
du sulfite ferreux cristallisé, qu'il dit contenir 5 éq. d'eau 
pour 2 éq. de sel , tandis que MM. Fordos et Gélis admet- 
tent 5 éq. d'eau pour i éq. de sel. Ce sera à l'expérience à 
décider laquelle des deux formules devra être considérée 
comme la véritable. 

Conclusions. — En résumé, le travail de M. Koene 
ne contenant rien qui ne soit déjà connu , soit par les 
travaux de MM. Fordos et Gélis , soit par ceux d'autres 
chimistes, soit par le résumé même qui a été inséré au 
Bulletin de V Académie, je propose à l'Académie d'ordonner 
le dépôt du mémoire dans ses archives et de remercier 
l'auteur de sa communication. 

Après avoir entendu ses deux autres commissaires, 
MM. Stas et de Hemptinne , l'Académie , cotiformément 
aux conclusions proposées, ordonne que le mémoire de 
M. Koene soit déposé aux archives et que des remercî- 
ments soient adressés à l'auteur. 

COMMISSION POUR LES ANTIQUITÉS NATIONALES. 

M. le Ministre de l'intérieur écrit que le sieur Toulmond , 
instituteur à Géronville, province de Luxembourg, a 

(1) Annales de Chimie et de Physique, 3" série , t. VIII , p. 373. 



(37) 

adressé uoe requête au Roi , tendante à ce qu'il soit fait des 
fouilles dans les ruines d'un ancien château, situé sur le 
territoire de la commune précitée. « Il résulte d'un rapport 
du bourgmestre de ladite commune, ajoute M. le Ministre, 
que ces ruines sont à peine apparentes aujourd'hui , let 
qu'on découvre de temps en temps sur l'emplacement 
qu'elles occupent, des médailles romaines. Le sieur Toul- 
mond en possède quelques-unes. M. le gouverneur de la 
province, consulté sur l'opportunité d'effectuer des fouilles , 
pense qu'il convient d'attendre les renseignements que 
vous avez demandés récemment par votre circulaire. Toute- 
fois j'ai cru, Messieurs, que les détails qui précèdent pour- 
raient vous offrir quelque intérêt. » 

— Le secrétaire annonce ensuite qu'il a reçu différentes 
réponses à la circulaire de l'Académie , relative aux anti- 
quités de la Belgique, savoir : des communes de Loo, 
Couckelaere, Zulte, Cherey, Fourron-le-Comte, Noville, 
Amay, Beauraing , Jauche, Laeken , Ocquier, Xhoris, Hou- 
gaerde. M. le baron de Reiffenberg dépose également une 
réponse qu'il a reçue de M. Gilen Luisdorff, pour Maesyck. 



Rapport fait par MM. Roulez et le baron de Reiffenberg, 
sur les mimnaies anciennes trouvées à Moperlingen, 

MM. Roulez et le baron de Reiffenberg font leur rapport 
sur les monnaies trouvées dans le cimetière de Mopertin- 
gen. Il en résulte que cette découverte, peu importante sous 
le rapport de l'histoire et même de la numismatique, mérite 
cependant les remercîments de l'académie, qui voit avec 
plaisir enregistrer les moindres faits archéologiques , et 
qui est convaincue que la science ne doit rien dédaigner. 
Les pièces venues au jour, au nombre de 65 , et parmi les- 



(38) 

qaelles se trouvaient piasieurs bractéates, sont toutes 
étrangères à la Belgique ; elles appartiennent à rAllemagne, 
à la Suisse, à la Lorraine , k la Pologne , etc., et datent des 
XV* et XVI* siècles. Quelques-unes, les polonaises, par 
exemple , sans être tout à fait rares , ne se rencontrent pas 
communément. 



ARCHÉOLOGIE. 

Note sur une statuette antique trouvée à Casterlé; par M. le 
chanoine de Ram , membre de Tacadémie. 

M. le chanoine de Ram présente à l'académie une sta- 
tuette de bronze, trouvée en i84i , à Casterlé, par M.-J. Van 
Hal , de Turnhout (i), et communique à ce sujet les obser-* 
vations suivantes : 

€ Cette statuette, d'une parfaite conservation , est près- 
qu'entièrement semblable à celle qui a été trouvée en 1839 , 
par des ouvriers occupés à creuser le chenal du port de 
Calais, et sur laquelle M. Pagard a donné une notice dans 
les Mémoires de la société des antiquaires de la Morinie , 
tom. V, p. 551. 

» La hauteur de la statuette de Calais est de 13 centi- 
mètres 2 millimètres (environ 5 pouces) ; celle de la sta- 
tuette de Casterlé est de 21 centimètres (environ 8 pouces) . 

» L'une et l'autre représentent un vieillard nu et sans 
apparence de sexe. L'ensemble des traits^ marqués d'une 
manière très -expressive dans la statuette de Casterlé, 
donne à la physionomie quelque chose de sauvage et de 
majestueux; de longues moustaches tressées descendent 

- ■-■--- - - 

(1) Voyei la planche. 



(39 ) 

des deux côtés de la lèvre supérieure et viennent eoca-* 
drer une barbe longue et épaisse , soigneusement peignée. 
Dans la statuette de Casterié la barbe flotte largement sur 
la poitrine du côté droit; la partie supérieure des bras, 
le tronc et les cuisses sont couverts de poils. 

i> Le front est ceint d*une corde tressée formant cou- 
ronne, laquelle dans sa partie inférieure, semble retenir 
les cheveux : ceux-ci, symétriquement disposés, tombent 
sur les épaules. 

i> Toute la partie de la tête en dedans de la couronne est 
rase dans la statuette de Calais, et au milieu de cette 
large tonsure est une ouverture circulaire d'environ 4 cen- 
timètres de circonférence, dont la profondeur est celle 
de la hauteur de la tête. La statuette de Casterié a la 
même ouverture dans cette partie de la tête qui est cou«- 
verte de cheveux. 

» Le bras droit est levé, et la main, seulement indiquée 
dans le monument de Calais, est percée d'un trou qui 
très- vraisemblablement était traversé par une verge métal- 
lique faisant partie, soit d'une arme, soit d'un attribut 
quelconque. La pose du bras gauche , dont la main est fer- 
mée, parait indiquer que la partie inférieure de Ce que 
tenait la main droite était tenue dans la main gauche : 
la pose des bras de notre statuette semble devoir écarter 
cette conjecture. 

» Le corps, à la hauteur des reins, est entouré d'une 
corde, comme celle qui forme couronne à la tête; elle est 
seulement un peu plus grosse. Le monument de Casterié a 
ceci de particulier» que la corde ou ceinture soutient une 
petite draperie ou tablier qui couvre une partie du bas- 
ventre et de la cuisse gauche. 

» La statuette ne semble pas avoir été faite pour être 



( ^0 ) 

posée droite sur les pieds; elle a dû être placée sur un 
support qui, peut-être, ressemblait à uu cippe, c'est au 
moins ce qu'on peut conjecturer de la forme arrondie des 
rainures entaillées dans Tintérieur des cuisses. Ce cippe 
avait été surmonté d'une ligne de fer qui , introduite dans 
la partie inférieure du corps , le traversait de part en part 
et le fixait invariablement. 

» A en juger par la planche insérée dans les Mémoires 
de la société des antiqtmires de la Morinie^ le monument de 
Casterlé est travaillé avec plus de soin que celui de Calais. 
On pourrait en déduire qu'il serait peut être un peu moins 
ancien. 

» Sans aucun doute , l'une et l'autre statuette représen- 
tent la même divinité gauloise. 

» M. Pagart , auquel nous avons emprunté la descrip- 
tion du monument de Calais, croit que sa statuette est du 
siècle qui a précédé l'invasion romaine dans les Gaules, 
ou delà première moitié du siècle qui l'a suivie. Il ajoute 
qu'elle appartient à l'art gaulois pur; non pas si l'on 
veut à cet art dans son enfance et tel (^u'il nous apparaît 
dans les médailles gauloises, qui offrent un travail vrai- 
ment barbare , et où les figures sont ce qu'on peut voir de 
plus informe et de plus disgracieux , mais à une époque 
où les artistes gaulois, sans faire beaucoup mieux que 
des ébauches grossières^ avaient néanmoins eu connais- 
sance des produits de l'art romain, et cherchaient à 
l'imiter. 

» En outre, M. Pagart croit que la statuette est celle de 
l'Hercule gaulois ou de YHercule Ogmios. 

3 Ogham , dont on fait Ogmios et Ogmius ÇOyfMog), ne 
nous est connu que par ce qu'en dit Lucien. Cet auteur 
en fait la description sur ce qu'il avait vu de ses propres 



(4i) 

yeux dans un voyage qu'il fit dans les Gaules » où il avail 
été témoin du culte qu'on rendait à cette divinité (1). 
c Les Gaulois, dit-il, appellent en leur langue Hercule 
}» Ogmius, et lui donnent une figure tout à fait extraordi- 
]» naire. C'est un vieillard décrépit et chauve , ayant le 
1» peu de cheveux qui lui restent blancs ; il est ridé et 
9 basané , comme le sont ordinairement les vieut nau- 
» tonniers. Vous le prendriez plutôt pour Garon, pour 
^ Japhet ou pour quelqu'un de ceux qui sont an plus pro- 
» fond du Tartare que pour Hercule. Cependant si Ton 
» considère sa peau de lion , sa massue dans la main 
> droite , son carquois et son arc dans la gauche» il a tout 
9 Tair d'uik Hercule (â). » La description de Lucien con- 
vient presque en tous points aux statuettes trouvées à 
Calais et à Cast^lé. 

» On explique le mot celtique Ogh^Afn par puissant sur 
mer; THercule gaulois , l'Hercule Ogmios, serait donc un 
dieu des iiiers, invoqué à ce titre pour toutes sortes de 
voyages qu'on faisait sur mer* Le culte de cette divinité 
marine a peut-être plus d'Un rapport avec celui dé l'flS^- 
cuks Magusanus, trotivé eu i Si 4 daias nie dé Walcheren, 
où l'on découvrit encore en i646 des statues de la dééèsé 
Nehallenia (3). 

» Toutefois on peut soulever desdoutes sur le vrai carac- 



(1) Les critiques ne sont pas d^accord sur Tépoque où Lucien a vécu. 
Reitzius le fait vivre depuis 120 de Jésus-Christ ju$qu*à 200. Des passages dé 
ses écrits prouvent non-éeulement quMl a voyagé dans les Gaules , mais aussi 
quMl y fit un séjour de plusieurs années. 

(3) Voy. Luciani opéra, edit. Reitzii, t. III, p. 82. Amstelod., 1755 ^ 
in-4**. 

(3) Voy. le mémoire du marquis de Ghasteler sur la déesse Nehallennia , 
dans le t. V des anciens Mémoires de l'académie. 

ToM. XI. 4 



(42) 

tère d^Ogmios. Dom Martin , clans son savant ouvrage sur 
la religion des Gaulois , t. I ^ p. 306, prétend que Lucien 
s*est trompé en appliquant mal à propos à Hercule les 
attributs et les symboles que les Gaulois donnaient seule- 
ment à Mercure, leur dieu favori. Us avaient tant de véné- 
ration, dit-il, pour le visage d'Ogmius, c'est-à-dire de 
Mercure-vietix y qu'ils confondaient quelquefois leurs Mer- 
cures, et donnaient de temps en temps, même depuis 
rentrée de César dans les Gaules , un visage vieux et barbu 
à Mercure : ce qui ne pouvait venir que de l'idée qu'Ogmios 
n'était autre chose que Mercure. 

» Il importerait d'examiner jusqu'à quel point la théo- 
gonie gauloise est d'accord avec celle des Égyptiens^ qui 
considère Hercule et Mercure comme le même dieu. 

i> Dans mon rapport sur les antiquités trouvées dans l'an" 
cienne Gampine brabançonne, je me propose de faire un 
examen des questions qui se rattachent à la statueltedécou- 
verte à Casterlé. Ce monument est d'autant plus précieux, 
puisque, selon le témoignage deMontfaucon ,on peut dire, 
généralement parlant , que, hors quelques médailles, nous 
n'avons pas de figures de dieux que nous puissions assurer 
être des anciens Gaulois, lorsqu'ils étaient en liberté et 
qu'ils vivaient selon leurs lois. » 



COMMUNICATIONS ET LECTURES. 

M. le professeur Schwann dépose un mémoire sur la 
bile, et donne sommairement les indications suivantes sur 
cet écrit : 

«i J'ai l'honneur d'entretenir l'académie d'expériences 
que j'ai faites sur la bile , pour savoir si elle joue dans 
l'économie animale un rôle essentiel pour la vie. Pour 



(44) 

L^ioventaire imprimé riodique comme contenant : 

Turpini. — Fin de Vhistoire du régne de Charkmagne. 

De translalione corpom S. Jacobi ab J&rùsolymis. 

Indépeodsimment de Tinexactitude de ce libellé, le 
MS. contient un autre morceau que je transcrirai ci-^près^ 

Ce volume a été signalé dans les Archives de M. Pertz , 
tom. VIII , p, 540, 

Le faux Turpin, dont j*ai donné, par parenthèse, une 
édition, et qui m'a fourni une dissertation étendue sur 
laquelle M. Ideler a bien voulu s'appuyer, n'est pas ici en- 
tier. Il commence par ces mots,.... ///f' plagas celi et 
sic digna morte discerp(u9 interiit .» passage qui a rapport 
au supplice de Ganélon , et qui se lit p. 514 de mon texte* 
Voici les intitulés des chapitres qui suivent : 

De corporibus mortuorum aromalibus et sale conditorum 
(R. ch. XXVII). 

Decimeteriis sacro-sanctis, unum apud Arelatem, alterum 
apud Blavium (R. ch. XXVIII), 

De sepultura Rotolandi et ceterorum qui apud Blavium 

lm$ mnt $epulti (R. ch. XXIX). 

De his qui ^epuUi mnt apud Arelatem in Aylis Campi 
{R,ch-XXX). 

De çonoilio quod apud $tum Dionisium fecit Karolus 
(R.ch.XXXI). 

De septem artibus qu>as Karolus in pakitio suo depingi 
fecit (R. pp. 627-628 , tom. I de l'éd. de Ph. Mouskes). 

De morte Kardi ^, ch. XXXII). 

De miraculo Rotolandi ^omiti$ qwd apud urbem Grano- 
polim Deus per eum facere dignatw est (R. pp. 629*630 du 
tom. I de l'éd. de Ph. Mouskes). 

Cap. XXUII explicuit. Calixtus PP. deinventione corpo^ 
ris beati (ib. 630). 



(45) 

Deallummare Cerdubœ. Quid patrie Gateeie... (ib. 630- 
632). 

De hoc qnod Navarri de vera prosapta non suntgeniti; 
ce chapitre ne se trouve dans aucune édition de Turpin, 
et je le donnerai ailleurs ainsi que le suivant ; 

Incipit translatio sci Jacobi apostoli frairis Johanni& 
evcmgeliste , qui III kl. joMuarii çelebratur , qmUter ab Jero- 
solimis translatus. eU in Gaktiam. Po&t salvatoris aostri 
passionem » etc 

Je m'arrête pour le moment à une pièce pUs impor- 
tante , qui reparaîtra dans I^ Mélanges de ta société hi^o»^ 
rique de Stuttgart , et qui oSr^ une relatioB de )ai croisade 
de Frédéric 1" Barberousse , précédée de eeWe de la prise 
de Jérusalem; relation écrite, en H87, par un témoin ocu^ 
laîre, probablement un prêtre ou un religieux, mais mal»- 
heureusement incomplète. Elle commence au verso du 
quatrième feuillet, continue jusqu'^ la fin du volume et 
s'arrête avec le passage du Danube par les. croisés allemands, 
lies fautes du texte prouvent que nous a'avon&qu^uae copie. 

Ce mofq^u. 9'qst ui dans Fr^ber, »i daps Canlsius, 
tom. m, P, II, ni dans Aasbert, éd, lîabçowsky; j^ le 
crois^ esktièrement inédit. Le voici textuellemeoil. 

Solet nonnuaquam a«cideré ut res quantumHbet notas et 
exîmto gesta» tractus temp^ria vel fama lapgaidior minuat , vel 
oMiria postovitatia «Ktingua^. Sic regam^ quam plurimum emaiv 
Gttî% glferia , et ipai^ oonsepoltum evaauit quod ah eia magni- 
fiée faetttm , et aiii^ ce^ebratuni temporibus novttas excepit in 
faYOFcm, fama in preeenioni, populua in exemplum. Hoe 
GraS veterea divinitua attaBdentes, aoNpti remedÎMm prudenter 
objeeerunt, aesoriploi^suoa qtiosdixerehy^opiagrapboa, ad 
conscribendas historias studiosius exciverunt. (Inde féliciter 
contigit ut vocis vive silentium vox scripta suppleret , ne ipsis 



(46) 

morUlibus ^orum comoiorerentur virlutes. Romani vero, Ore- 
corum emuli , perpeluam (perpeiuum) de virtutis obtentu non 
solum slîli assumpserunt olBcium , sed et statuas adjecerunt; et 
sic tam reteres representando quam provocando posteros, virtu- 
tis amorem tum per oculos, tumperaures, adinteriora multipli- 
citer demissum, imitantiummeotibusGrmîusimpresserunt. Quis 
iter Jasonis , labores Herculis , Âlexandri gloriatt , Cesaris victo- 
riasnosset, si scriptorum bénéficia defuissent? Et, utsanctornm 
patrum utamur exeinplis, nec Job*pacientia , nec Abraham lî- 
beralitas, nec David mansuetudo fidelibus posteris ad exem- 
plum viveret, si conscia veritatis antiquilas legendam nobîs 
historiam non reliquisset. Sane reges antiqui cum variis extol« 
lerentur preconiis, id vel maxime in votis habebant ut ad 
posteritatis noticiam devenirent. Geterum cum innumeri reruoi 
gestarum scriptores extiterint, plurimi quod audierant, pauci 
quod viderant scripserunt. Quod si Frigio Dareti de Pergamo-- 
rum eversione ideo pocius creditur, quia quod alii retulere 
auditum , ille presens conspexit ; nobis etiam non indigne fides 
debetur, quia quod vidimus testamur, et res gestas adhuc ca-* 
lente memoria stilo duximus designandas. Ât si cultiorem 
dicendi formam delitiosus exposcit auditor , noverit in caslris 
fuisse cum scripsimus , et bellicos strepitus tranquille médita- 
tionis ocins non admisisse. Ipsa sibi veritas ad gratiam suffîcit ; 
et licet pomposo non expolita ornatu, quemcumque saltem se* 
creti sui alliciet auditorem. 

Anno incamationis dominrce MGLXXXVII (I). 

Apostolice sedis apicem ofatinente Urbano tertio, imperante 
in Alemannia Frederico, apud Gonstantinopolim Ysaakio, Phi* 
lippp régnante in Franda , Henrico in Anglia , in Sicilia WiU 
lelmq, aggravata est manus Domini super populumsaum, si 
tamen recte dixerimus suum, quem conversationis immundi- 
cia, vite turpitudo, vitiorum feditas, fecerant alienum. Jam 
enim eo usque flagitiorum consuetudo proruperat , ut omnes, 

(1 ) L^année 1 187 (1 1 88) est celle même de la troisième croisade. 



(47 ) 

abjecto erubescenté vélo , palam et passim ad turjpia déclina-' 
rent. Cèdes, rapinat, adulteria, longum csset evolvere, ac 
proposito nostro contrarium , quia res gestas delibare decrevi- 
mua non formare tractatum. Sed cum hostis ille antiqus cor- 
ruptionis spem longe lateque diffudisset, specialius tamen 
Syriam occupaverat , et unde regioncs cetere susceperant reU- 
gionis principium , inde tocius immundicie sumebant exem" 
pium* Hinc igitur Dominus terram nativitatia sue, iocum pas- 
sionis sue, in abyssum turpitudinis decidisse coiispicieos, 
hereditatem suam sprevit , et virgam furoris sui Salahadînum 
ad obstinate gentis exterminium debachari permisit. Maluit 
enim tèrram sanctam per aliquantum tempus prophanis gei»* 
tilium ritibus ancillari, quam illos florere diucius, quos ab 
iliîcitiB nuUius honestatis cooipeseebat respectus. Hanc futu-re 
demolicionis instanciam casus preloquebantur diversi , famés , 
terre motus, frequens tam lune quam solis defectus* Sed et 
ventus ille valtdus quemde planetarumconcursu proventurum 
astronomie! prenuntiaverant , in hujus rei significationem 
commutatus migrayit. Ventus vere validus , qui quatuor mundî 
cardînes concussit, ac orbem totum in seditiones et . prelia 
condtandum premonstravit. Salahadinus igîtur , contraclis ar* 
inatorum eopîts , Palestinam violenter aggressus ad rairaculum 
Edesse, May àfaradinum cum septemmilibusTurcorum,.quiterT 
ram sacramdepopularentur , permisit* Hic autem cum in partes 
Tyberiàdis processissel , casu sibi obvies magistru m milicie 
templi Gerardum nomine de Rideffordia , et magistrum hospi* 
talisRogerumdeMolendittis, illumquidem fugatum , istum vero 
interfectum inopiné morte (marie) confecit. In quo conflictu qum 
nostrorumpaucissimi àb immense concluderentur.exercitu., in- 
signe quoddam et memoria dignum contigit.Nam quidam tem* 
plariusoificio miles, natione turonicus, nomine Jakelinus de Mail- 
liaco , quadam virtutis preeminentia in se omnium provocabat 
insuitus. CeCeris autem commilitionibus qui quingenti aesti- 
mabantur , vel capitis (capti») vel interfectis , belli tocius im* 
petum solus susUnuit^ et pro lege Domini sui athleta gloriosus 



(48) 

effulttl. Hic hoslium Talbtut ounois , et humano promis auxî- 
lio detUtntns , cura tôt milk kioc inde irrocntia conapiceret , 
coUegit in vires anîmnm, et nnus ooBlra cMmes baUura animo- 
sus suscepit. Yirtus ejus ad gratiam kostlum commendancU 
foitnit 9 ut ei plerique ooHipassi , ipium ad deditiooem iiffeor 
tuosius hortarcBlor. Quonna monita dissimuliuiay mori pro 
Christo non abborruit, scd telis, lapidibus, lanceis oppressus^ 
Diagis (piam Tietus, vix tandam oocumbens, ad celos feiiciter 
çum palqui martyrii triamphator aîgravit, Mors quidam mi- 
^or et ad sensum deioris nop venerat , cum unios viri gladîoa 
lantam cîpoomîaceotîs tiirbe struxîsaet earo^am. Dulce vira sto 
Qocumbere, ubi viotor ipse in medio et ia oircuitu impii (un* 
ptorum) quosdextra ▼fctrice eonsumpsit. Erant iolecoubî pog< 
oabatur stipule, quas messor, post graoa paujo autem decussa, 
l^eliquepat ioeonvulsas. Turoorum auten multitudo tanta irme- 
rat , et vir unicas contra tôt aoies tara diu confitxit , ut campus 
in quo stabaat, totus resolveretur in pulverem , nec uHa mesais 
vestigia penitus comparèrent. Fuere,ut dicebatur, nonnulli qui 
corpus virijanfi exanîmum pulvere superjecto coaspexerunt, et 
îpsum suisimponeotesverticibuSyTÎrtutem ex ooiitactu hausisae 
çredebant. Quidam ^era, ut fama fer^Mt, ardentiuf oeteris moTe* 
batur, et abscîsis viri g^italibus, ea tauquam inusura gignenrfi 
ireser¥fii^e disposuit, ut veiraortua çiembra, si fiwi posset, vir^ 
tutis tante suscitèrent beredem. Hao ei^o supriim vieUNPÎa Sa-» 
labadinus impendio. hilaratus, aiiimum occupandi regni ambî* 
tieBesuccensma ad majora intendit. Verura ut taatus cbrislisni 
nominîs perseeutor cupide posteritati plenius inootefcat , de 
priaeipiit ejus aliquid, quantum breritas oaptala perraiserit,^ 
premittemus. Fuit itaque de génère Mirmuraeiii^ parentum 
non ingenuorum proies , non tamen obsçuri sangutnis buroili^ 
tate plebescens. Pater ejus Job , ipse vero Josepb nuncupatur. 
Nam, juxta Mabumeti traditionem, bec apud plerosque gentil 
Bura viget obsefiraiilia, ut cum caractère circumoisionis, etiam. 
Hebreorum aomina circumcidendis {mponai^t. Principes vero , 
\it nomii^ibus suis aramoniti, legis mahumeticestudiosi defen- 



(49) 

«ores exialant , ab ipso legis VQcabulo nomina sorUuùtiir. Ltx 
siquidem lingua gentiii hadin dioitur. Unde et Satabadinua 
appellatus est, quod legia eorrector ioterprelatur. Et sic prin- 
cipes Dosiri Tel imperatores dicuntur yel regés, sic apud illoa 
qui preeipinent, Soldaoi, quasi soli dominantes , nominantur. 
Salahadinus itaque aub Soldano Damasoenorum Nobaradmo 
bocprimun potestaiis sue auspicium babuit^ quod de puêllis 
Uamasci questuariis questum sibi colUgebat in faiaetn» £aa 
enim non aliter lioebat proatitui niai ab ipso prinitus libidinia 
exeroonde copiam precio impetrasaent. Quicquid aulem faujos** 
Biodi lenocinio lucrabatur 9 in usua histrionnm prodigua refun- 
debat. Sicque birgitionis obtentu , venalem vulgi gratiam totia 
desideriis comparavit. Hic oujusdan^ Suriaai vaticinio in spem 
regni adductns , ab illo fnluram audierat 9 ut Damasei et Ra** 
bylonis dicione potiretur. Sic ergo aseensiones in corde suo. 
di^posuit, et jam cepit régna maiora sperare; eujus ambitus. 
anguste possessionis limites non excedebat, Processu temporis 
cum jam etas rohustior o|Kcium militare deposeeret , ad £rifri« 
çhim de Turone, illustrem Palestine prineipera, paludandua ao* 
cessit, et Fraoeorum ritu milicie cinguliim ab ipso susc^ît. Eo 
lempore gentilîs quidam , Stewarius {Sêpvanmu»?) nonîne , sub. 
Calepho de Baldaeh Egyptiorum tenebat imperium, quen Vie* 
toriosns iorosolimorum rex 9 Almaricus, ad tributum eoegàrat 
annuatim aolyendum. Molanns siquidem ter in anno tantum se 
visibilem, et adorandnm exibebat Egyptiis, qui apud sûbditos 
credebatur tantus ut ejus imperio Nilus effluerediceretur. Porro 
gentiUoie r^igionis statnta observanter adimplens , diés anni 
Goncubinaruro numéro coequabàt. Sicque inter maliereulas 
consenescens tractanda regni négocia Sevyarino coroittebàt. 
Hos Salahadinus oumpatruo suo Sarracuno tune temporis apud 
Egyptios militans prodiciose peremit incautos , et sie tocius 
l^gypti obtinuit prinoîpatum. Postmodum vero non multo tem** 
poris interfluente tractu , Nobaradinus dîem clausitéxtreroum. 
Cujifsuxorem Salabadinus matrimoaio sibi eopulans, cum ipsa 
](*egnt regimen fugatisheredibus occupavit. Hec fortune ludentis 



( 50 ) 

potentia has rerum vicissitudînes voluit , que de paupere dîvi- 
tem 9 de bomili sullimem (êublimen) , de servo suscitât dominan- 
tem. Quod si rerum precia judicio non opinione metimur, quaa- 
talibet terrene felîcitatis potencia vilis estimanda est , quam 
pesiimiet indîgni sepius nasciscuntur (nanci9cuntur). Lenoille 
cujusregnumînprostibulis , milttiain tabernis^studium in aieis 
etalliis, subito suIlimatur(«MMtffia/tir), sedeicumprincipibus, 
immo maior principibus , et , solium glorie tenens , Egyptiîs 
imperat , Damascenos subdit , terram Roasie cum terra Gesire 
occupât, et ad intima certioris (certior is?) in die pénétrât régna- 
turus.Regnaîtaquecircumiacentia nunc dolis nunc armîs impu- 
gnans et expugnans, de sceptrîs pluribus monarchiam effîcit, et 
tôt regum solus vindicat principatum. Necbis contenta tyranni 
cupiditas, quo plura possidet ad plura incenditur, et heredita- 
tem domini totis viribus occupare conatur. Tempus àutem vôtis 
accomodum nactus , jam obtinere sperat quod nunquam obtare 
(optare) presumpserat, nam propter regnum dissidentibus tri- 
politano comité Raimundo et Guidone Latinorum rege octavo , 
pernicîosa sedicio populum distrahebat. Hec igitur oportunitas 
cupientemanimum acrius accendit, ettam celerem qnamcertum 
gerendi negocii poUicetur effectum. Geterum non sua causa a 
Soldano bellum indicitur , nam princeps Antiocbie Reginaldus 
fedus induciale ruperat , quod nostri cum gentilibus bine iiide 
sanxerant observandum. Quodam enim tempore cum plurimus 
et opulentus gentilium comitatus a Damasco in Egyptum trans- 
iret , et prêter limites terre chrîstianorum , ob induciarum fidu- 
ciam, itinerare non formidaret, in eos subito princeps predictus 
irruit , et ipsos cum universis sarcinis minus decenter céptiros 
abduxit. Soldanus igitur tu m ambitione fervens , tum injuria 
sibi facta permotus , tocius imperii sui excito robore , Jerosoli- 
morum fines tam potenter quam violenter invadît. Si numerus 
hominum, dissimilitudo gentium, cerimoniarum diversitas, 
prout lex hyslorie postulat , plenius describercntur , tractatus 
diffusior brevitatis propositum conturbaret. Parthi , Bedu^ni et 
Arabes, Medi etScordini , etEgyptii , sicut loco, rîtu et nomine 



- (51 ) 

divers! , ^ic in excidium terre sancte unaDimileracceDsi* Nostrié 
obviam procedentibus,cuni jam fuuesta dies instaret,cainerarlo 
Régis Visio tremenda contigit , qùodquedamaquilachrisUanum 
traDSvolaret exereitum , que septem misstlia et balistam ges- 
tâns in pèdibus, voce terribili personabat : ve tibi Jérusalem ! 
Ad hujus visionis elicieudum mysterium sufficere credimus 
quod scriptum legitur : Tetendit Dominus arcum suum , et in 
eo paravit vasa mortis. Quid autem septem missiiia, nisi sep- 
tem criminalia typice indtcant , quibus infeiix exercitus erat 
in proximo pertturus? Potest etiam illius septenarii nomine 
penarum universitas que christicolis imminebant intelligi , 
sicut postmodum ûdelis nimium et dirus interpres rerum de- 
claravit eventus. Conflictu nondum inito, cum non longe a 
Tyberiade hino inde acies produxissent , condusit Dominus in 
gladio populum suum , et hereditatem suam peecalis bomiuum 
in cedem tradidit et direptionem. Quid pinra? Nec ténor pro- 
positi, nec ipsa doloris indulget immensitas ad singula trenos (?) 
aptare. Sed ut multa paucis claudantur , tôt ibi cesi , tôt vulne- 
rsiti , tôt in vincula conjecti , quod ad hostium miserationem 
gens nostra oonsumpta deperiit. Ulud viviûcum salutifere 
crucis lignum in quo Dominus ac Redemptor noster pependil , 
in cujus stipitem pius Christi sanguis defluxit, cujus signum 
adorant angeli , veuerantur homines , demones expavescunt , 
cujus presidio nostri semper in bellis victores extiterant , heu 
nec ab hoste capilur , et ipsius crucis baiulatores , duo episc» 
AcGonensis, et episc. sancti Georgii, iUe cesus, iste captus 
pariter cum ipsa succumbunt. Hanc alteram post Gosdroem 
regem Persarum crux sancla propter scelera nostra contume- 
Itam pértulit, et que nos a veteri captivitatis jugo ab&olvit, 
propter nos captiva ducitur , et prophanis gentiJium manibus 
conlrectatur. Yideat si est intelligens , que sit ira Domini, immo 
quanta servorum iniquitas , cum ad crucis custodiam gentiles 
quam christiani minus reputeàlur indigni. Nichil eque lugen- 
dum etas ànliqua prolulit , quia nec archa Domini , nec reges 
Judeorum captivali nostri casum temporis equiparare possit , 



(52) 

in quogloriose crucis rex dncîtur coDcaptiriM* De cajptivis au* 
tem (piorani multitude non minus mîranda qnam miseraiida 
«xtitit 9 para pro Tictoris arbitrio reservainr illeta , partcm Teto 
tam felici quam festino compendio ad odum gladiua mactater 
transmittit. Inter oeteros princeps Antiochie Regînaldus Sol- 
dani conspectibua presentatur , cui tjrannut ipae vel £iivorem 
suum secutus, yel yirî tantî exceUencîe déferons, manv propria 
caput emeritum et longevum abscidit. Templarioa quoque quot« 
quot erant prêter magistrum milicie, deoapitari precipîena, 
iptoa «tirpîtua extermînare atatoit , quos in bello ceteria omni* 
bus noyerat preyalere. O zelua 6dei ! o ferror anîmi , quani 
plures , assumpta templarioma» tonsura, oertatim ad camifioes 
eonfluunt, et sub pio noyé profesêionîs mendalio letam ferteo" 
tîum gladiis oeryicem dependunt. Hoa inter CiMPisti niHtes 
tomplanus quidam nomîne Nicbolaus ita ceteris subeunde mortis 
amorem persuaserat, quod jam aliis peryenire eertantibus, 
ipse martyrtî gloriam yix primus obtinere poterot, quod tamem 
snmmopere affeetabat. Nec défait miraculosa diyine misera* 
tionis potentia; nam per très noctes proximas , cum aanelorum 
martyrum eorpora adbnc insepnlta jaeercnt , oelestis radins 
îgnisdesuper manifestus inftilsit. Salakadinua itaque, cura jam 
belli firemitoaconquiesoeret, et bine capliyos trahi, îndeoesos 
passim jacere conapioeret, erectis ad celum oculis de adqptîan^ 
victorie gratea Domino reddidit ; sic enim facere in ospinibuft 
que accidebant eonauevit. At inter cetera hoc s^us dixisse 
ferttir , quod non sua potentia , sed nostrorum iniquttaa banc 
itti yidoriam contulit, et hoc ipsum non insoKtus revum oom^' 
probabat civentas. In congressibua aliis nostrorum exeacitos 
quantumlibet modieus , diyino pre^îdio aepper preyak«erat$ 
liuno autem quia neo nos cum Domino, nec nobiseum Domiiius» 
gens nostra penitus ante oonflictum succubuit, cum tamen 
«ulites plusquam mille , et pedites plusqiiam yiginti milià eèn- 
serentur. Adeo sane locius regni robur edicto regio ad baU«# 
îllud confluxerat : ut illi tantum în oastrorum et urbium rssi" 
^eroQt custodia, c^uos «tatis et sexus infirini|A9 armorun 



(53) 

prorsus habebat immunes. Hoe bellum die translationis Sancti 
Martini fato infelici commissum , sub unoactu temporis oamem 
regai gloriam transtuUt et extinxit. Soldanus ergo munitiones 
terre cesls defensoribus faciles ad occupandum oonfisas, regem 
captivum Victor per castra Syrie circumducit , ut in ludibrium 
reservatus et capiendis ostendatur urbibus , et populum incitet 
ad deditionem. Accon itaque veniens , ipsam primum et quam 
primum absque iasultu recipit , civibus ex condicto libertatem 
habentibus se ac sua , qua mens doxerit , transferendi* Interea 
naute cursus solitos Accon dirigunt , qui ab ore cbristiano pro-^ 
fecti , alii merces , aUi transvehnnt peregrinos ^ et heu \ rerum 
gestarum iascii , ad portum hostilem applicant captivandi. Gasus 
quîdem mirabilis ! litus a longe conspectum salutant, et vincuia 
parantur egressis, naufragia evasisse letantur, et in gladios 
incîdnnt , pacem iatîgati expectant , et inveniunt persequen* 
tem. Plerique reservantur captivi , quamplures faabentur ludi-^ 
brio , pauci sinuntur rererti quos hostis ex industria nudos et 
inopes abire permittit,utiUorumexemploexterreantnrvetltun. 
Intercetero&Mardiisus, a Constantinopoli veniens, extra portum 
Accon, sole in occasum vergente, velis dimissis subsistit. Urbis 
enim silentia suspicionem inducunt, cum alias semper jam 
ddventu navium ad plausum soleat concitari. Vexilla Soldani 
per orbem conspecta majorem timendi causam incatiunt ae , 
céleris diffidentibus, tamen (cum) jam galeaageiitîliumadven<^ 
tare cernèrent, Marcfaisus omnes silere imperat, et se omnium 
prolocutoremopponit. Misais namquequinamessentseisdtaiiti- 
bus, navem institoriam esse asserit , et se dominum navis rei 
geste non inscium , ae Soldano devotum ; die crastîna illuces- 
cente ad urbem venturam cum mercibns constanter promittit. 
Nocte ipsa , vento favente , Tjrum secedcns, ipsam defensurus 
suscipik , cujus adventus et venturis christicolis processit ad 
commodnm, et ipsi cessisset ad glonam , si qnalis eeperat pres« 
titisset. Marchisus iste Gonradus nomine , natione Italus , vir 
quidem singularis industrie et ad quevis aggredienda strenuus; 
sedquantumiibet insigne principium , si turpi claudatur exitus , 



1 



(3M 

vituperium pocius quam laudem meretur. Soklanu« post Accon 
redditam , Deritum et Sydonum occupans , cum Tyrum eadem 
facilitale vendicareaperaret^ turpiter repulsusabaceasit» Eunde 
rege secum perduclo Atcalonem perveoit , et erectîs petrariis 
urbem impugnat , quam captu facilem rarus et inermis defen- 
sor efficit , licet loci munitio multiplex invincibile robur pre- 
tendat» Urbem sibi reddi insacîabilis predo votia omnibus instat, 
prorsus abexpugoatione diffîdens , rerumquidèm inacius et sta- 
tum urbîa in armia, vins, victualibus inopemacinfirmum igno- 
rans. Pascitur [pacUcitur) autem et cives cum rébus suis libère 
discessuros et regem cum aliis (XV) quindecim electoribus cap* 
tivis quam cicius absolvendum. Die ipsa qua pactio prescripta 
in urbis traditionem processit , sol quasi compatiens beneficium 
luminis defectu ecliptico urbi et orbi subtraxit. Porro tyrannus 
perjurus et perfidus tenorem pacti ex parte transgreditur» Rex 
enim Damascum transmissus ibidem usque ad maium sequen- 
tem tenetur in vinculis nec aliter potest captivus absolvi , DÎsi 
reguo .primitus abjurato. Fatis itaqne succensum urgentîbus , 
Jerolimam (Jeroêolifnatn) victor tam festinus quaminfestusaggre- 
ditur , urbem obsidet , machinas extruit , loca sacra sacrilegiis 
irreverenter invadit. Erat crux quedam lapidea quam olim miii^ 
tes nostri cum banc urbem post Antiocbiam victoriose cepissent, 
in titulum facti super murum erexerant. Hanc ictu phalarice 
^ens seva diruit et cum ipsa partem mûri non parvam proster- 
nit. Givesequidem quas possunt defensionesobitiunt [ohjiciuni); 
sed quidquid temptatur a nostris. effectu caret, profectum 
non invenit. Arcus, baliste, petrarie inutiliter tractantur, 
sicque tam arma quam machine iram Domini manifeste nun> 
tiant, et urbis excidium perlocuntur. lUuc undique qiiam 
plurimi e castris vicinîs confluxerant , de loci pocius securitate 
quam de munitione confisi. Sed in tan ta hominum multitudine, 
bisaeptem (Yll) milites poterant inveniri. Ceterum sacerdotes et 
clerici, quamquam professioni sueindebitum^ pro tempore tamen 
officium militandi assumant , et pro domo Domint strenue di- 
micant , illud tenentes memorîter quod vim vi repellere, om* 



(55) 

nés leges et omnia jura permittunt. Yulgus vero tam igna- 
vum quam pavidum ad patriarcham et ad reginaiii, qui tune 
urbi preerant, fréquenter recurrit, débiliter queritur^ instan- 
ter suppHcat , ut cum Soldano de urbe tradenda quam cicius 
paciscantur. Yerum flenda magis quam commendanda pactio 
intercedit. Nam singuli capitis sui censum dependunt. Vir 
quidem bizantios (X) decem , mulier (V) quinque, infans unum ; 
et quisquis ad solvendum lion sufficit , tenetur captivus. Sic 
ergo contigit, ut cum plerique vel de rébus propriis, vel 
aliunde vindicato subsidto salutissue pensionem dédissent, reli- 
quorum qui sine redemptoresuperfuerant quatuordecim(XlIIl) 
milia jugum perpétue seryitutis subierunt {subiefinî). lUis au- 
iem qui libertatem emerant , bec optatio proposita fuit, ut vel 
Antiochiam pergerent, vel Alexandriam transfretandi gratia dato 
conductu migrarent. Dies illa y dies amara yalde , qua populus 
ezul ab invicem discedit, in diversa iturus , urbemque tamsa- 
cramdeserit, urbem que, domina urbiùm, in servitutem redi- 
gitur ; urbem que , filîorum hereditas , aliegenis (alienigenis) 
subdilur, a malicia babitantium in (en) eà gloriosa civitas Domina 
Jérusalem, ubi Dominus passus, ubi sepultus , ubi gloriam res- 
surrectionis osteudit, hosti spurio subjicitur poHuenda. Nec est 
dolor sicut dolor iste, cum bii sepulchrum possideant, qui sepul- 
tum persecuntur; crucem teneant, qui cruciOxum contempnunt. 
Hanc aulem sacratissimam civitatem circiter nonaginta et sex 
(VI}annosgensnostratenuerat, ex que ipsamparitercum Ahtio- 
chia, victoriosa chrislianorum recuperavit potentia , cum eam 
prius gentiles per annos (XL) quadraginla possedissent. Urbe 
reddita, preco legis mahumetice eminentem Calvarie rupem con- 
scendit , et ibi lex spuria declamata personuit , ubi legem morlis 
Christus in cruce consumpsit. Nefas aliud atrocissimi hostes 
aggressi, crucem quandam que super pinnaculumeclesiebospi- 
talariorumpositaeminebat,a]ligatisfunibus dejecerunt, et eam 
turpiter consputam et cesam per urbis sterquilinia in impro- 
prium (opprobrium) fidei nostre traxerunt. Sane regina régis 
Amalrici filia, Sibilla nomine, una cum patriarcba Eraclio, cum 



(56) 

templariis, hospitalariis et immeiiso coexulaniium cetu versus 
Antiochiam iter direxit. Quod autem apud Neapolim cum regv 
maritoet captivo colloquîum triste faabuerit, quando navera in 
qua transfretare disposuerat , Marchisus violenter Tyrum ab- 
duxerit, brevitatis studio sapersedemus. lUud quidem silentio 
supprimi omnîno arbitramur indignum, quod Salabadinus, 
DGcupande urbis desiderio fervidus, T jrum rursus totis viribus 
expugnare contendît* Nec terrestri obsidione comtemptus urbi 
qua mari cingitur , galeis obsidet^ et undique molitur insultam* 
Nil vero intemptatum relinqueoB^ patremMarchisi quem in bello 
superiori ceperat, sub hac fiducia présentât captivum, ut filius^ 
necessitudinis affectu permotus, patris concambio ci vitatein con-^ 
iradat. Nuncergo reddendum offert, nunc perdendumminatur, 
Varios contemplât accessus* Sed in omnibus fallitur , nam Mar- 
cbiso (Marchisus) âecti nescîus , offerentem irridet , minantem 
conterapnit. Quotiens autem provocande compassionis intuitu , 
illi pater in vinculis vivendus ostenditur , confestim balistam 
corripit /oblicos in patretn ictus désignât, m«ium quidem 
aberrare volens , sed similis percussuro^ Missis etiam Soldani 
qui patris interitum crebrius minitantnr, id se votis omnibus 
expetere asserit , ut et maieficus ille post tôt flagitia bonos tan* 
deminveniat exitus, et ipse patrem habere martyrem mereatur. 
Uac igiturtyrannus obtinende urbis de\us(delusus)ûducia. for-^ 
tunam alio pertemptat aditu , et quia nicbil arte perficit , quid 
armis valeat eïperitur. Tyrus siquidem in corde maris sita ^ 
undique ambitur menibus et modica sui parte, qua ponto non 
clàuditur, muro munitur multiplici, que suis olim famosa re- 
gibus Thebarum et Cârthaginis peperit conditores^ hoc régnante 
in Judea Salomone , proprio rege gaudebat , et que regni sui 
tune caput extitit, traetu temporîs régno Jerosolimorum in 
partem concessit. Hanc bôstis cupidus terra marique aggredî- 
tur , et iâtroréus famé afflictam varia incursione lacdssit* GrAs* 
tîna iûnoeentum festo seu gloriosi marlyris Thojâàe celebrem 
cires nanciscuntur victoriam, nam, iliucescente aurora, cum 
naviculis paucis et parvis egressi, obsidionem maris navali 



(57 ) 

congressu dîssolvunt. Geterum ad fugam pocius quam ad bel- 

lum prodire videntur, seu in primo impetu totà hostium classis 

ita yirtute divina succubuit , quod pars in urbem cum remi- 

gibus ipsis abducitur , pars vero refuga ultro barenis (arenië) 

illiditur peritura. Genliles, viso navali conflictu , urbem defen- 

soribus vacuam esse credunt, et eam, de Victoria cérti, certatim 

impugnant. Jam menibus applicantur actes, et ad conscensum 

festinant quam plurimi , cum Marchio portas pandi percipit, 

quem Hugo de Tyberiade cum fratribus suis , et alio comitatu 

strenuo exeuntem secutus , innumeros i^ara manu prosterni^. 

SalahadÎDus , facta sibî adversantia conspiciens , petrariis suis 

etgaleîs que superstites fuerant, igné ad ipsius jussionem con- 

sumptîs, recedit inglorius et Machomum (I^chometum) exe- 

cratur infessus. Postmodum circa circa (sic) principium raaii, 

regem a yinculis libérât, et, lésa pactione priori, novam etdu* 

ram conditionem imponit. £st insula que Atados dicitur, cujus 

civitas Antharados, vulgo Tortosa^ nominatur. Hic in occursum 

régis regina procedit, miscentur oscula , nectuntur amplexus j 

suas leticia lacrîmas elicit, et casus quos incidisse dolent, eva- 

sisseletantur.Rexsiquidem per annum sequentem, nunc Antio- 

cbîe, nunc apudTrîpolimcommoratur, et iransmartnos christi- 

c(^as in terre sancte subventionem Tenturos expectat. Sane hoc 

inter cetera nullatenussilendum censemus quod rex Anglorûm 

Henricus pecuniam multam apud templarios et hospitalarios 

congesserat, qua et Tyrus defensa et cetera negotîa regni 

utiitter expedita. Hanc autem pecuniam rex magnificus pia et 

necessaria provisione in terre subsidium per multos annorum 

circulosJerosolimamtransmiserat, cujus summa, ut dicitur, in 

triginta (XXX*) milia marcharum excrevit. Salahadinus igitur 

Tyro dîscedens, cum castra Palestine quam plurima occupassel, 

in partes Antiochie festinus secedit , et impetu potius quam 

obsidione Gabellum, Laodiciam et quasdam alias proTÎncie mu- 

nitiones expugnat. Terror quidem Gbristi urbi non parvus in- 

cutitur , sed civium communi consilio patriarcha et princeps 

deditionem tyranno promittunt, si cicius infra datum terminum 
TOM. XI. 5 



( 88) 

sperati (9p0mioê) iaven^riniadiulore^. Meror quideitt iacoofola- 
bilis uDÎversoa turbasset chrUtîco1a$, «i urba tam iocUla qw 
cbriatîanî nominis inventione letatur, rursum genitlibus oeaaîa^ 
set ionnundia, quoa lopgo et diro bellorum diBcrimine notlri dv- 
dum expulere yict<Mres. Celerum nova defensionia auxilia unde 
venient, quando venient, vel quomodo veaiant? terra neo patet 
acces$u$y mare ab hosUbua tenetur obseasum , christianoruni 
a veniendo tempérant , dum galeaa geatilium que aedent in 
insidiia încidiase formidant» Yerum perîre non potest quod Do- 
minu« aalvaredUponit : ecceoptati veniunt, expectati acoedunt, 
nam egreglusrex Siclorum {Siculoném) Wiiielmus primoa terre 
subaidiarioa destinât, qui comités duoa^ militea quingentoa, 
galeas quioquagihta tranamittit. Ejusergo beneficium esae, quia 
dubîlat, quod Antiochia reteuta, quod TripoUs defenaa, qued 
Tjrrua aervata, qui barum urbium incolas a famé et gladio vi> 
ribus sui* securoa conservât, Margaritua classi régie regende 
preerat, vir admodum strenuua, qui cum galeis percurreoa, 
ausua piraticos reprimit, et pertemptata venieodi fidueia ae- 
queotes invitât» Hic insulas procul positas premens imperio, 
et tôt casus equoreoa fato felici expertus, vi<^4>riis muUis ob* 
tinuit, ut raiR maris, et a nonnuUis alter diceretur NeptuoiM» 
Jam Tripolîs navigantibus in prospectum occurrit , civea enai- 
Qua vêla coaspiciuiit, et eum nuntii salutia adveniant* «nistra 
pronupciat peasimus in dubiis augur timor, nec mora mupoa 
coronant, propugnacula cooaceodunt^ victori tamen an dedî- 
tionem offerant» an pugnam pretemptent? At cum propiua ia 
^minenliis puppium vexitla crucis et alia christiane rdigionia 
in8Îgniaconspiçantur> clamor ingens toUitur, conaaiutantioœ 
voce résultant equora; turbis occurrentium Htus impletur, 
et ineffabile gaudium cunctos accendit, Inter alioa Hervicus de 
Danziaco , sed pre aliis fama factorum inatgnis , maturum terre 
presidium commodat, sicque in brevi manu multa et valida 
confluante , nostroruin maritima illesa servatur. Est caatrima 
quod Cratbum dicunt» ubi civitaa olim Petras nomine^ nuae 
yero metropolis^aed loci autistes nomen aotiquum retinet; , 



(59) 

et arohiepiftcopatum petracensis appellatur. Castrum illud in 
sinu regni penitiore consistens per admîralios Soldani dudum 
tenefoatur obsessum* Locus quidem sisoia recédât expugnatus*' 
que luta famés , ab omni securus insultu. Est et castrum quod 
Mons Regalis dicitur^ quod ab urbe jam dicta (XK^) yiginti leu*' 
garum interjectu distanS| ulterius versus Egf ptum seoedit. Hue 
etiaod admiralios sues a principio reriim tyrannus transmis^rat, 
ut diutiua obsidioue famés vinceret quos locî munitk> servabat 
iiivictos. Yerum nec eriguntur machine, nec temptatur iusul* 
tus» Ridiculum enim esset os in celum ponere, et ibi expu* 
gnandi habere fiduciam , ubi nec împugnandi datur accessus. 
Cumque in duos annos fere protraheretur obsidio , nostri egere 
ceperunt , sed victor anlmus adversis non frangitur , et ex vite 
pericuJo virlutis periculum enitescit. Quicquid autem triste 
vel durum apud Saguntum Hiberos, apud Perusium pertulisse 
Romanes, testis narrât antiquitas, nostrorum constantia susti- 
net , nec abhorret egestas edulium quod usus et natura con-» 
dempnant. Suas insuper affectiones pietas abdicat , suas amor 
abjurât delicias, nam pater progeniem parvulam, filius pa- 
rentes decrepitos y nuptam maritus proscribit , et ejecti cum 
lacrymis hostibus exponuntur invalidi , ut alimentis residuis 
diutius militent pugnatùri. Tandem famé confecti et semiani- 
mes honeste tamen deditionis pacium ineunt, nam et sibi re« 
cessus libères et domino suo Enfrido sctiicet de Turone qui te- 
nebatur captivus , liberationem adquirunt. Pari fato magister 
milicie templi Gerardus de Rideffordia quarumdam munitionum 
deditione absolvitur. Sed et pater Marchisi quodam gentilium 
captivorum concambîo lib^r abscedit, Salahadinus itaque jam 
toto fere regno potitus , cum cuncta sibi ad nuptum {i^utum) 
succédèrent, elatione fastuosa lascivienslegemMachomi magnî- 
ficentius extulit, et eam christiane religioni precellere, rerum 
gestarum probabateventu. Cujus snperbientis gloriam cum se 
Victor coram christicolis insolentius jactitaret, fatuus quidam , 
propter dicacitatem ipsi non îneognitus. Domino quidem inspi- 
rante, tali responso delusit. « Deus, fidelium pater, deliûquentes 



(60) 

christicolas corripiendos et corrigendos indicans, te mîntstrum, 
o princeps, in hos assumpsit, sicut carnalis pater ira nonnun- 
quam accensus baculum immundum e luto corrîpit, quocum 
filios excedentea pulsaverit, euodem rursua in aterquilinium 
uode assumptus erat demergit. » 

TaHadum apud Palestinamaguntur, archiepiacopua Tyrinayi 
coDceDsa tante dadis nuntium jamad orbem christianum detu- 
lerat,et terre tammodice vulnua terris omnibus tntuUt lesionens. 
Fama rerum ad aures principum îllapsa decurrit, et universis 
fîdelibuK hereditatem christi agentibus occupatam nuntians , 
quosdam ad lacrimas concitat, alios ad vindictam accendit. 
Primus omnium magnanimus Pictiivie cornes Ricardus, pb ul- 
ciscendam crucis injuriam cruce insignitur, etomnes precedit 
facto quos invitât exemplo. Pater ejus rez Anglorumjamverge- 
bat in senium,ipse tamen et patriscanitiem et regni jussibi de- 
bitum et itineris tanti difficultantes (diffictiltate») dissimulât, 
necullisoccasionibus a cepto declinabat. Hanc viri conslantiam 
Dominus remunerandam judtcans, quem primum aliorum om- 
nium incentorem elegit, eum ceteris principibus vel regressis 
vel defunctis negotii sui executorem reservavavit (reservaini)» 
Post aliquantum tempus rex Francorum Philippus et rex An- 
glie Henricus , apud Gizorcium crucizàntur , quos utriusqne 
regni principes et innumeri tam ecclesiastice quam secularis 
milicie viri voto pariter et effectu sequuntur. In tantum vero 
nove peregrinationis fervebat studium, ut jam non esset questio 
quis cnicem susciperet, sed quis nondum suscepisset. Plerique 
colum et pensa sibi mutuo transmittebant , ut ad muUebres 
opéras turpiter demigraret quisquis hujus miiitîe inveniretur 
inmunis. Ad tam insigne certamen et nuptie (nupte) viros, et 
matres incitabant fîlios quibus dolor unicus erat, propter sexus 
ignaviam conprofisci (conproficUci) non posse. Hac militandi 
gloria vagante licentius, de claustris quam plures piigrabant 
ad castra, et abjectis cucullis loricas înduti, jam vere <]hristi 
milites, nonarmariis sed armis studere gaudebant. Ecolesiarum 
veroprelatinutricemvirtutum sobrietatem publiée indicebant. 



( 61 ) 

exortantes atlentius , ut omnes et mensarum et yestîum nitoré 
postposito , a laxu solito temperarent. lostitutum etiani com* 
muni consilio tam principum quam presulum fuit, quod ad 
•ustentandos pauperes pereg^inos, alii qui remanebant reruni 
suarum décimas impenderent. Sed malitiosà multorum cupidi- 
tas hinc occastonem sumpsit ut graves et indebitas exaCtîtfneâ 
in subditos exercèrent. His diebus rel Siculorum Wtllelmus in 
fata concessit, cujus obitus universo fideli populo tauto llebi- 
lior erat, quanto ipse ad snbsidium terre sancte propior et 
pronior existebat. 

Decurso tempore Romanorum imperater Fredericus sacre 
peregrinatîonis assumit insignîa , et veri formam péregrini tam 
exterîore habitu quam interîore depromit affectu. Yir tanlus 
cujus imperium hinc mare mediterraneum, hinc borealis claude 
(claudif) occeanus, cujus gloria continuis crevityictoriis, cujus 
félicitas non sensit offensam , omncm blandientis seculi post- 
jponit iliecebram et humiUs pro Ghristo accingitur pugnaturus. 
Ejus strenuitas presertîm in annis Tigentibus non minus stu* 
penda quam laudanda est, nam cum senior esset, et fîlios 
haberet quibus et elas et virtus ad militandum aptior videba- 
tnr, eos tamen tanquam insuffîcientes repntans, te Çipse?) 
Christian issîmi negotium procurandum suscepit. Filiis autem 
instantibus ut vel pro illo vel cum ilio suscepte milicie rounus 
implorent ^implerent) , illum qui natu major erat regnantem 
reliquid [reliquit)^ alium vero quem ducem Suauorum fecerat, 
secuih assumpsit. Et quia imperialis majestas neminem subito 
impetens, hostibus suis belia semper indicit, destinatur ab 
imperatore ad Salahadinum nuntius ut vel christianorum uni- 
versitati quam lesit satisfaciat in plénum , vel disfîduciatus se 
preparet ad congressum. Epistolam Soldani responsoriam li- 
bello nostro inserendam duximus, nam superba tyranni 6du- 
cia quam ad resistendum conceperat, et ipsius tenore clarescit. 
Eam quidam in ipsa simplicitate verborum in qua cdnscripta 
fuerat, recitando proponimus, nichil penitus immutantes. « IIH 
régi sincero amtco, magno, excelso Frederioo, régi Aleman* 



( 62) 

nie, In aamioe Donioi miaereolM , per gratiam Domini unîus 
pQUDli9» exuperanlU» viciorlat perheoitis, oujus regnî non 
0#t Goia^ Grates et agimus perhenoea, cujut gralia cat super 
loluiA muncluin* Deprecamur eum ut infundat orationem 
suam super prophetaa suos , et maxime super ÎDstracto* 
rem Qoairum nuntium auum Mahumeth prophetam, quem 
misît pro correciione reete legia , qoam iaciet apparere 
super çuoQtaa leges, At tamen uotum Cacimus régi aÎDcero , 
poteoU, magna, amico, amicabili régi Alemannie, qaod 
quidam homo Henricus nomine, venit ad nos, dieens se nuD* 
cium yestrum esse , et detuUt nobis qoandam cartam qaam 
dixit esse vestram* Nos legi fecimus cartam et audivimus 
eum yiva voce loquentem» et yerbis que ore dixit, yerbie 
respondimua, sed boc est responsum carte. Quod si cowpu^ 
tatis eos q^ vobiscum concordant veniendi super noa, et no- 
minatia eoa et dicitis : Bex taUs terre , et rex altenua terre, et 
comea talis, et taleaarcbiepîacopi, et marcbiones , et milites; 
et ai nos vellemus enuntiare eos qui aunt in nostro servitio, 
et qui sunt intendentes nostro precepto , et promU nostro ser* 
mpni ^ et qui dimicarent ceram nostris manibus , non poaset 
hoc in scriptia redigi» £t si cbristianorum computatis nomina, 
Sarracejiorum aunt plura et plura h£d>undantiua quam ehris^ 
tianorum^ Et si inter nos et eos quoa nominastia cbriatianoa, 
mare est, înter Sarracenos qui non possunteaiimari, non est, 
mare inter eos et noa, nec uUum impedimentum veniendi ad 
nos* Et nobiscum habentur Beduini, quos si opponeremua, ini-* 
mîcis nostris sufficerent, Turkemanni, quoa ai effunderemus 
super bo&tes nosUros , destruerent eos ; et rustici nostri qui di* 
micarent strenue, ai juberemus, contra gentes que venture sunt 
«iuper terram nostram ,. et ditarentur de eia, et exterminarent 
eas^ Et quomodo? Nos babemna nobi^um soldarios bellicosos 
per qyos terram apertam babemus et adquisitam, et expu^ 
gnatoa wwc;<>â* Et hii etomnes reges paganiami nec tavdabunt 
qnm coa submonuerimua, nec morabnntur eum eos vocaveri* 
mua, et voa congrega.ti fuerltia, sicut caxta vestra dicit, et du** 



(63) 

cetis, sicut nuolius vester narrât f obyîabimui vobîs per poteit^ 
tiam Dei. Nec «uffîcit nobîs terra iata que est in maritîma , sed 
traimbimu» voluntate Dei et abtkiebimiu terra» vestfas univers 
sa» fortitudine Dei. Nanà al veneriti» ^ cum toto posse Te4ti*o 
venielis, et présente» erîti» eu m omoi gente veslra, etscimn» 
quod in terra vesura nullu» remanebit , qui »e defendere possit, 
nec terrain tueri. Et quoniam victoriam nobîs Dominu» sua 
fortitudine.de vobi» donaverit, nichil amplius erit quam ut 
tran» yestra» libère eapiamus fortitudine sua et Toluntate. Âdu«* 
natio enim légi» diristianorum bis yenit super nos in Baby-^ 
lone. Una vice apud Damiatam , et altéra apud Alexandrialn , 
et eral maritima Jerusalcsn cbristîanorum et in terra Damasci j 
et in t«rra Sarracenorum, in aingolts castellis sînguli erantdo^ 
mini sibî profieientes. Nodtis qualiter cbristiani utraqué viee 
rediemnt, et ad qualem exitum venerunt^ et hee génie» 
iMMBtre refeole sunt eum regîoinbus suis ^ et Deu» adunavit 
regione» affluentiu» et coadunavit «a» Idnge lateque in potestate 
noatra, et Babylodiam eum perlinentib suis, et ternun Da- 
HMseî el markimam Jérusalem et tefram Ge»rre, et eastelia sua 
et terrara Roasie tum pertinentiis suis; et per gratiam Domihi 
lioc totum in manibns nostri» est ^ et residuum regum Sarra^ 
eenorum nostro est împerio. Naaisi mandaremu» exeellenlis* 
simi» regibu» Sarraoenorum, non retraherent »e a nobis. £t »t 
submonereran» Galephnm de Baldaoh^ quem Dominu» salvet^ 
▼enîcndi ad nos, de sede exceisi imperii sui assurgeret» et re^ 
nlret in aiixilkim exceUentâe nostre. £t ik)s obtiuuimus pet vir* 
tiitem Domini et poteniîam^ Jérusalem et terra» ejus , et rema-' 
oent in manibns cbristîanorum très civitates : Tyros , Tripolis , 
«t Antiochiii;.et dehis non est aliudnisi utoccupentur. ÀttsMen 
si belbm vultis et si Dominns voluerît, ut ait per Tokintal!^!i 
anam quod totam terrain christianorum adqniramus, obviabi- 
mus per virtutew Domini sicut scriptnm est in litteris vestrisv 
Verum si nos de bono pacisrequistetis (requiêieritiê) ^ mandnbitiâ 
procuratoribus istorum triurm locorum predickovum ni nobià 
ea sîne conlradktîone afl»ignent^ et vobis sanetam crueem réd^ 



(64) 

demu», e( iiberabimus omoes capUvos christianos qui sunt ia 
tota terra noslra , et habebimus pacem vobiscum et permit- 
temus vobis ad sepulchrum unum saœrdotem , et reddemus 
abbatîas que solebaot esse în tempore paganismi , et bonum 
eis faciemus , et permittemus venire peregrinos în tota vîta 
Qostra , et habebimus vobiscum pacem. Quod si carta que ad 
nos venit per manum Henrici , nominatim sit carta régis, scrip- 
simus cartam istam pro responso , et Dominus erigat dos ad 
consilium suum sua voluntate. €arta hec scripta fuit anao 
adventus prophète nostri Mahumeth, DLXXXIIII, gratia Dei 
solius. Et Dominus salvet prophetam nostrum Mahumeth , 
et suam progeniem , et salvet salvationem salvatoris domini 
ezcelsi régis « Tictoriosi adunatoris , veridici verbi comptons , 
vexilli veritatis, correptoris orbis et legis, Soldani Sarraceno- 
rum et paganorum, servitoris duarum sanctarum domorum 
et sancte domus Jérusalem patris victorum. Joseph filii lob 
suscitatoris progeniei Mirmureni. » 

Haoc superbi et infidelis tyranni epistolam eu m nugis suis 
magnificus Imperator contempnens dignas principe iras conci- 
pit, et ad bellum totis affectibus exardescit» Eum totius imperiî 
sequntur magnâtes et apud Maguntiam ubi ex edicto imperiali 
conrenerant, una omnes et unanimiter omnes in votum eximie 
tam peregrinationis proclamant. A Domino factum est istud, 
qui spirat ubi vult, et corda omnium inclinât quo vult, nam 
principes tanti non inanis glorie appetitu illecti, non inducti 
precio, non precibus exciti , sed solo superne retributionis de- 
siderîo, per Dominum et propter Dominum, ad miliciam accin- 
guntur. Providerat quidem celestis altitude consilii ut et ipsi 
sponte vocati obsequium Domino gratum dependerent et impe- 
rialis raagnificentia comitatos condignos baberet« Sic ergo in- 
centore spiritu undîque confluunt et qui tôt gentes , tôt prin- 
cipes , sub uno imperante conspiceret , antiquam romane 
potéstatis gloriam non crederet deflixisse {deflexhse), lu hoc 
Christi exercitu erant pontifices, duces, comités, marehiones et 
principes aiii quam plurimi , quos si nominibus et locis distin- 



(65) 

gueremus, iocurreret pariter et scriptor moles! îam, et leclor 
tédium, et ténor brevitatts offensam. Decretum sane pruden- 
tum fuit consilio quod hoc iter nuUusarrîperet, cujus facultas 
adsumptum annuum insufficiens videretur. Véhicula vero quam 
plura propler itinerarios egrotantes constructa fueraot, ne vel 
sano infîrraus moram necteret, vel languentium turba ob iter 
destiluta periret. Dudum quidem in discussionem venerat an 
mari , an terra potius tanta belii moles încederet. Sed quanta- 
Ubet navium maititudo tôt milibus transyehendis minus suffi* 
cere videbatur. Imperator itaque opus propositum instanter 
accelerans, per Ungariam iter instituil, et qui regum ultimus 
peregrinandi votiim emiserat , primus ad solvendum festinat. 
Rex Ungarorum Bêla nomine, statura eminens , vullu insignis , 
cujus profectio a cumulo incipit, cujus preconium ad summa 
progreditur , cui et si cetera non suppeterent , sola imperiosi 
Yultus elegantia regno dignissima censeretur. Hic exercitum 
Chrisli hospitaliter recipit , ovanter occurrit , bénigne perse- 
quitur, et operum exhtbitione derotionis fenrorem testatur* 
Indigène vero quam plurimi, eximio calentes exemplo, vident 
aciem sanctam , et commilitaregestiunt, attendunt certantium 
premia, et labores non meluunt, simulque et volunt et vovent, 
et sequntur, ut jam liquide constet quod tarda molimina spi- 
ritus sancti gratia non novit. Danubio transito , cum ad ulte- 
riores Bulgarie fauces deventum esset, Huni, Alani, Bulgares 
et Pincenates.»... 

Certes y il est à regretter que ce morceau soit mutilé, et 
les savants membres de l'Institut de France , occupés de 
recueillir les historiens des croisades , le regretteront 
comme nous. Ce récit, écrit au milieu du bruit des armes, 
comme le dit l'auteur, semble, je le répète^ par les citations 
de la Bible, les réflexions pieuses et une certaine érudition, 
être dû à la plume d'un clerc ^ prélre ou religieux* Parmi 
les anecdotes singulières on aura sans doute remarqué celle 



§ 



( 66) 

de ce croisé qui , par une obscénité sublime^ avait innagiDé 
un singulier moyen de perpétuer la bravoure héroïqiie^u 
templier Jakelin de Mailly. 



IL 



Le répertoire du catalogue imprimé des MSS. de la bi- 
bliothèque royale indique, p. 79, comme distinct de Foii- 
vrage de Brochart, un Itinerarius terrae sanctae (inven- 
taire, n"* 739), qui n'est cependant autre que son ouvrage. 

Cette copie, qui fait partie d^un recueil entièrement 
copié au XV* siècle (deux colonnes, in-fol., papier mêlé 
de quelques feuillets en parchemin) , diffère beaucoup de 
celle dont j*ai déjà parlé. Elle occupe^ dans le volume , les 
feuillets 143 à 175^ et se termine par une description 4e 
l'Egypte comme Tédition de Le Clerc. 

Au verso du feuillet 154 se trouve le passage relatif au 
mont Gelboc , et sur lequel se fixe Taltention, parce qu'il 
peut servir à déterminer l'époque où Brochart était en Pa* 
lestine. Mais, ici , l'année a été omise et on lit simplement 
ces mots r Nec est verum quod dicunt quidam ^pwd nec 
vos nec pruina ventât super montes Gelboc, quia cum in 
die beati Martini essem ibi, venit super me pluvia qua 
usque ad camem fui madefactus. 

Telle est, après le prologue , la division des chapitres : 

Divisia terrarum adjacentium terre sancte. 

Dîvisio contra Aquilonem, 

Divisio contra Boream id est Septefitrionem, 

Divisio contra Subsolonum. 

Divisio contra Eurum. 

Divisio contra Nothum, 



Ja 



(67) 

De urbe Sanele Ihrlem. 

Divùio contra austrum directe. 

De langitudine et latitudine terre sancte. 

Summa langitudinis et latitudinis. 

De Divisione habitantium in terra sancta. 

De gentibus christianis que ultra mare sant et de cultu 
et uxoribus eorum. 

Descriptio Egipti. 

Exptidt itinerarius (et non pas iHnerarium comme dans 
le répertoire imprimé). 



ARCHÉOLOGIE. 

Combat de Thésée et de Vamazone Molpadie; peinture de 

irase, expliquée par M. Roulez. 

La défaite des Amazones par Thésée était regardée 
comme un des principaux exploits de ce héros » et comme 
QB des événements les plus glorieux de Thistoire primitive 
d'Athènes. Célébrée par la poésie épique (f ) , elle devint 
un sujet de prédilection pour l'art , qui le trouva si favo- 
rable au développement de son génie. Les ebefs-^'œiivre de 



(1) Oa cite UQ« ABBftzonide attribuée à Homère (Suidas voc. "OfiHpo^j^ et 
une Atlhide d'Hegesinoûs (Pansa nias, IX, 29, 1 ) , ksifiielles faisaient peut- 
être partie d*une Tbéséide. Voy. Weleker, Derepisehe Cydus, S. ^13 f^^. 
Cf. Millier , de Cyelo Graeçor. Epico et poei. Cycl.^ p. 64 , sq. 



(68) 

Phidias (1) et de Micon (2) , fixèreiit la farme des repré- 
sentations de ce sujet , et servirent de modèles aux artistes 
des siècles suivants. Leur influence sur la céramographie 
est attestée aujourd'hui encore par un grand nombre de 
vases peints y qui la plupart sont remarquables, du moins 
sous le rapport de la composition. L'amphore inédite de la 
collection Pizzati , dont je donne ici un dessin , tient une 
place distinguée parmi ces monuments. 

La peinture du côté principal du vase» offre une ama- 
zone placée entre deux guerriers , dont Tun la poursuit 
et l'autre court au devant d'elle pour l'arrêter dans sa 
fuite. Le premier l'a atteinte déjà et lui porte un coup de 
lance, au moment où, se retournant sur lui, elle lève le 
bras pour le frapper de sa bipenne. Ce guerrier, à la figure 
juvénile, est sans aucun doute Thésée. Il a la tétè coiffée 
de l'espèce de casque appelé aulopis (3) ; on remarque sur 



(1) Le combat des Athéniens contre les Amazones était représenté sur les 
bas-reliefs de la frise du temple de Thésée , dont plusieurs fragments se trou* 
vent au Musée britannique, ainsi que sur ceux des métopes du Parthéaon. 
\oy. Mûller, HandJbuch der Jrcheolog., § 118, 2. S. 103 fg. Il avait été 
reproduit également,' peut-être par Âlcamèné, élève de Phidias, sur les bas- 
reliefs du temple de Pbigalie, que possède aujourd'hui le Musée britannique. 
Yoy . Combe , ^ description ofthe collection of ancient Mathles in theBri- 
tith Muséum, P. lY. London, 1821. 0. M. Baron von Stackelberg, Der 
Apollo's Tempel zu Bassae in Jtrcadien, Rom., 1826, in- fol. Ph. Lebas, 
MonumerUs d'antiquité figurée , recueillis en Grèce par la commission de 
Jtforée, cah. I, in-8». — Phidias avait encore retracé le même sujet sur le 
trône de Jupiter à Olympie (Pausan., V, H , 2) et sur la partie convexe du 
bouclier de la Minerve Parthenos. (Plin., ffist. nat,, XXXYI, 4,4.) 

(2) Micon avait peint la lutte des Amazones contre les Grecs dans le Pœcile 
(Pausanias ,1,15,2, Scbol. ad Aristoph. Lysistr., 679) et sur les murS de la 
cella du temple de Thésée ( Pausan., 1,17,2). 

(3) Hesychius, voc. AyA«;r/;, tom. l,p. 618. Cf. le duc deLuynes, Jnnales 
de Vinst. arch», tom. V, p. 240. 



t 






(69) 

la visière relevée de grandes ouvertures pour les yeui. Sa 
tunique courte (sIgû/ca^) et succincte laisse à découvert l'é- 
paule droite et le sein droit (i). On aperçoit à la hanche 
gauche le bout de son parazonium suspendu à un cordon 
qui passe sur Tépaule droite; un vaste bouclier rond couvre 
une partie de son corps. Uarmure de Tautre guerrier est 
plus complète que celle de Thésée. Outre la lance, l'épée, 
le casque (2) et le bouclier, il porte encore une cuirasse 
et des cnémides. Aucun emblème particulier ne décore le 
bouclier; on remarque seulement, au milieu de deux cer- 
cles concentriques, des ornements lancéolés de différentes 
dimensions et disposés en forme d'étoile. 

Pindare rapporte que Thésée était accompagné de Piri* 
thoiis, lorsqu'il enleva Antiope (3), et en effet deux pein- 
tures de vases , munies d'inscriptions et représentant cet 
enlèvement (4), donnent ce nom au compagnon du héros 
athénien. Il ne saurait donc y avoir d'invraisemblance à 
reconnaître le chef des Lapithes dans le guerrier qui, sur 
notre vase, de même que sur plusieurs autres (5), combat 
à côté du fils d'Egée. Cependant il serait plus rationnel 
peut-être, surtout dans ces scènes de bataille, d'appeler 



(1) Pollux, VII, 13. Schol. Âristoph., Fesp., 442. Cf. Lebas , ]tfonuments 
d'antiquité figurée^ p. 57 sv. 

(2) G^est le casque appelé cranos; les généiastères ou couvre-joues en sont 
retroussés. Voy. Pollux , 1 , 136. Cf. leduc de Luynes, ouv. c, p. 240. 

(3) Pindare ap. Pausan., 1,2,1. 

(4) Vase du prince de Canino , décrit par M. de Witte , Catahgtte étrtisque, 
no 115. Cf. Gerhard , Rapporta volcente, p. 152 (386), et le Musée étrusque 
de Lucien Bonaparte , n"* 560 ; revers du célèbre vase de Crésus du cabinet 
Durand, publié par le duc de Luynes, dans les Monum. inédits de l'inst, 
areh., vol. I, pi. LV, et reproduit par Inghirami, Fasi Fittili, Tav. GGGXX. 

(5) Un vase publié chez Millin , Peintures de vases, tom. II, pi. XXV. 
Un autre décrit par de Witte , Catalogue Durand, n^ 345. 



(70) 

le guerrier en question Phalére (^^AAËPOS)^ nom qui 
nous est fourni par le fragment d'un beau cratère, appar- 
tenant à M. le duc de Luynes (i). II est naturel de ren- 
contrer dans les premiers rangs des défenseurs d'Athènes 
contre les guerrières redoutables des bords du Thermodon, 
le héros qui donna son nom à l'un des ports (2) et à un dème 
de cette ville (3), et qui avait, ainsi que Thésée, fait partie 
de l'expédition des Argonautes (4). 

Les armes offensives de l'amazone sont la bipenne et 
Tare; un carquois est suspendu à sa ceinture (5). Elle porte 
le costume national ou scythique, consistant en une tu- 
nique à manches et en une espèce de pentalons appelés 
anaxyrides. Ces vêtements sont mouchetés de taches et de 
raies en zig-zag, qui imitent la peau de la panthère et du 
zèbre. Le bonnet phrygien ou mitre , qui coiffe la tête de la 
guerrière, est d'une forme particulière et manque des trois 
pointes qui recouvrent ordinairement la nuque et les joues. 

Le nom à donner à cette amazone (6) ne peut pas être 



(1) Publié par Tillastre possesseur dans sa Description de quelques vases 
peints, etc., p. 24, pi. XLIII. — Peut-être Tamour-propre des ÂthéDiens 
ne Toulait-il reconnaître aucune assistance étrangère pour la défense de l9urs 
foyers ; et Ton sait que Pirithoiis n*était pas d* Athènes. 

(2) Pausan., 1, 1, 4. Dans ce port même, le héros avait un autel à côté de 
ceux qui étaient consacrés aux fils de Thésée, Pausan. , ibid. 

(•5) Xénoph., De re equest., c. 3, 1. Stephan. Byzant. voc. ^dktjpoif , 

p. 293, éd. Westermann.— Une des douze peuplades sur lesquelles régna Cé- 
crops, portait aussi le nom de ^aXifpoi, Yojr. Strabon, IX, 20, p. 397. 
(Tom. n, p. 160, Coray.) 

(4) Pausan., l. c, Orphei, Jrgonautic, 145. Apollon. Rbod., I, 96. 
Schol. Uy^a,Fab.,U, 

(5) Suecineta pharetra, Vojr. Virgile, ^n., 1,323. 

(6) L'inscription qui accompagne la figure est illisible. 



(71) 

détermiDé avec le même degré de certitude que ceux des 
guerriers. Sur le vase de rancienne collection Durand^ 
aujourd'hui au cabinet de M. le comte de Pour talés (1) , 
Famazone à cheval t[ui est aux prises avec Thésée , est ap-* 
pelée Hippolyte. Si nous ne connaissions que cette seule 
inscription, nous pourrions admettre que ce nom est appli-* 
cable à toutes les peintures où Famazone qui combat Ther- 
cule athénien se trouve à cheval; et cela avec d*autant 
plus de raison qift le nom même (2) est indiqué symbolique- 
ment par la figure équestre. Mais un autre vase à inscrip- 
tions» le cratère précité de M. le due de Luynes, s'il n^ 
détruit pas cette règle , y jette au moins de l'incertitude. 
Sur ce monument, l'amazone à cheval s'appelle Antiope. 
Cette différence de noms sur deux compositions qui offrent 
beaucoup de ressemblance entre elles, s'explique par la 
diversité des opinions des Anciens sur l'épouse de Thésée y 
que les uns (3) appellent Hippolyte et les autres (4) An- 



(1) Publié par Millin, Monum. inédits, tom. I, pi. XXXV, et par Pa- 
nofka (avec les explications inédites de Visconti), Antiques du cabinet du 
comte de Pourtalès-Gorgier , pi. XXXV. 

(S) Hippolyte, c*e8t-à-dire celle qui monte un coursier sans frein, la 
cavalière intrépide. Les allusions aux ooms propres dans les ouvrages de Tàrt 
grec sont très-fréquentes : ainsi un demi-cbeval avec les brides abandonnées 
sur le cou est le symbole de Lysippe, sur les monnaies de Tarente. Voir une 
foule d^autres exemples produits par Visconti dans sa dissertation précitée 
(voy. la note précédente), p* 17. 

(3) Clidemjis, ap. Plut., Fit. Thés., 97. Schol. Euripid., Bippolyt,,v, 
10, éd. Matthiae. Schol. Aristopban, Man., 873. Âthen., XIII, i, p. 557. 
Tzetzes ad Lycophr., 13â9, p. 1004. Mûller. Servius ad Mn., VII, 761 , 1. 1, 
p. 443 , éd. Lion. Justin, Hist,, 11 , 4. Inscr. du bas-relief farnésien de IV 
pothéose d'Hercule, Mariai, Iscriz jàUbane, p. 153. 

(4) Plut., I. c, 26. Isocrat., Panathen,, c. 78, p. 375, Coray. Diodor. 
Sic, IV, 16. Hygin., Fab., 30. Seneca, ffippolyt., 237. Pausan., 1,3, 
1. 41 , 7. Servius ad y£n., XI, 661 , t. II, p. 45. Cf. Bacbet de Meairiac, 



(72) 

tiope. Mais là n'est pas toute la difficulté; il s*agit encore 
de savoir si Tadversaire du héros athénien est bien celle 
qui devint ensuite sa femme. Pour pouvoir prendre une 
décision sur ce point , il faut rechercher d'abord de quel 
événement de la guerre des Amazones il est question sur 
ces peintures. 

Lorsqu'Hercule, par Tordre d'Eurysthée, alla conquérir 
le baudrier de la reine des Amazones, Thésée raccompa- 
gna dans cette expédition et reçut pour prix de sa valeur. 
An tiope ou Hippolyte, qui se trouvait au nombre des pri- 
spniiières (i). Une autre légende parlait d'une expédition 
particulière entreprise par Thésée dans le pays des Ama- 
zones (2). D'après le poète Hégias (3), Antiope étant de- 
venue amoureuse du héros athénien pendant le siège de 
Thémiscyre, lui livra la ville (4), puis le suivit dans l'At- 
tique et l'épousa. Mais selon Pindare (5) , elle aurait été 
ravie par le fils d'Egée et son compagnon Pirithoûs. Cet 
enlèvement est retracé sur deux peintures de vases prove- 
nant de Vulci (6). 



Comment, sur les épistres d'Ovide, tom. I, p. 317 sv. Ed. Most, de ffip- 
polyto Thesei filio y Marburg. 1840, p. 1. 

(1) Philochore , ap. Plut., l. l,, S6. Diodor. Sic, IV , 38. Justin., Il , 4 , 
36. Hygin., 30. Etymol.^ Magn., voc. "E^ercç , Tzetzes ad Lycophron, {. c. 

(â) Plut., h /., c. 26, sq. Statius, Theh., XII, 519, sqq. Cf. Bacbet de 
Mezeriac, ou\). c, p. 318, et Ludolf. Stepbani , Der Kampf zwiscken 
Theseus und Minautoros , Leipzig, 1842, in-fol., S. 12. 

(3) Ap. Pausan., 1 , 3 , 1 . Cf. Isocrat , Panathen., § 78. 

(4) Un vase peint du Musée britannique paraît représenter Tamazone 
introduisant Thésée dans la Tille. Voy. Millingen , Jncient unedited monu- 
ments, p. 53, pi. XIX. Cf. Welcker , dans les Hyperboreisch. Rom. Stu- 
dien von Gerhard, S. 305 fg. 

(5) u^p, Pausan., l.c. 

(6) Revers du vase représentant Crésas : Thésée emporte dans ses bras 



(73) 

Qaoi qu'il en soit, l'arrivée d'Ântiope à Athèues deyint 
le prétexte de rinvasion des Amazones dans TAttique. Une 
bataille sanglante fut livrée dans la ville même (i), et la 
victoire resta à Tarmée de Thésée. Cette défense glorieuse, 
qui avec Athènes, avait sauvé la Grèce entière (2} , intéres- 
sait bien plus vivement la vanité nationale des Athéniens 
que les combats livrés par leur chef sur les bords du Ther- 
modon. Ce sont ces succès qui avaient été chantés par les 
poètes, vantés par les historiens (3), et qui étaient devenus 
en quelque i^orte un lieu commun oratoire (4). Il n'est 
donc pas permis de douter que ce ne soit ce même fait 
d'armes que retracèrent le pinceau de Micon et le ciseau 
de Phidias. De même que le sculpteur des bas-reliefs de 
Phigalie (5), ces grands maîtres, dans la plupart de leurs 
compositions, avaient probablement montré aux prises les 
chefs des deux armées, et les peintres de vases , limités par 
l'espace, auront choisi de préférence ce groupe pour leurs 
tableaux. 

C'est donc la reine des Amazones que, sur les vases peints, 
il convient de reconnaître dans l'adversaire de Thésée. 
Or, cette reine est pour les uns Hippolyte (6), pour les 



Tamazooe , PirithoÛ9 les suit. Vase du prince de CaDioo (de Witte, Catalo- 
gue étrusque, 115) : Thésée monté sur un quadrige, enlève entre ses bras 
Antiope. Â la suite du char, marchent Pirilhoiis et Phorbas. 

(1) Plut., Fit. Thés., c. 27. Sur le lieu du combat, Voy. Th. Benfey , 
dans les NeueJahrbiich, fur Philologie, Vol. X. S. 431 . 

(2) On considérait en effet cette invasion comme étant dirigée contre la 
Grèce entière. Voy. Isocral., PanegyriCj § 19, pag. 50, Coray. Welcker, 
Der epische Cyclus, S. 317. 

(5) Herodot,IX,27. 

(4) \oy. Platon , Menexen., p. ^Z9 B. 

(5) Yoj. chez Lebas la plaque n" 8. 

(6) Pausan., 1, 41 , 7. Le vase de Noia au cabinet de M. le comte de Pourlalès. 

ToM. XI. 6 



(74) 

autres Ântiope (1) , selon que, dans leur opinion , le nom 
opposé appartient à Tépouse du fils d'Egée. Mais alors qu'on 
admet que la lutte souvent acharnée qu'offrent ces repré- 
sentations a pour théâtre TAttique^ rien n'autorise pins à 
supposer qu'elle se passe entre Thésée et l'Amazone qu'il a 
enlevée. Le poëme même de la Théséïde , dont la légende 
du reste ne parait pas avoir eu beaucoup de vogue (2) , tout 
en donnant pour cause de l'invasion la jalousie d' Antiope 
répudiée par Thésée, ne dit nullement que celle-ci se soit 
mise à la tête des Amazones et qu'elle ait péri dans la mêlée 
par la main de son mari (3). Enfin , dans la tradition, à 
mon avis d'origine tragique, que nous a conservée Hy- 
gin (4) et d'après laquelle Thésée immola Antiope pour 
obéir à un oracle d'Apollon , il ne peut pas être question 
d'une mort sur le champ de bataille. 

En jetant un coup d'œil sur les bas-reliefs de Phigalie, 
on remarque que l'artiste a distingué les chefs des Amazones 
des autres guerrières en les représentant à cheval. Cette 
distinction se sera rencontrée probablement sur d'autres 
compositions de l'époque de la grande splendeur de l'art, et 
aura été transportée de là aux imitations reproduites sur 
les monuments de la céramographie. Les vases de MM. de 



(1) Le fragment de cratère de M. le duc de Luynes. 

(2) Plut., Fit, The$., c. 28 : "Uv yàp 6 tJ; Sifffijlthç yronjriiç* K/Juâ^é' 

(3) Voy. Ph. Lebas , MonufMnts éCantiq, figurée , p. 31 , not. 120. 

(4) Fah, 241. On lit dans Plut., l. h, c. 26 : TéXcq de 0î/(7fi)«, Kurd 
T/ A^iov T^ f6fi(j) (M. Lebas corr. Mficp) afOfytaaâjxevoç avv^xpev av- 
reCiç* Si , dans ce passage , il est réellement question du sacrifice d*Ântiope, 
comme le conjecture très-ingénieusement M. Lebas (ouv. c, p. 32 , not. 126)9 
il n'en est pas moins vrai que ce sacrifice a eu lieu avant le combat. 




(75) 

Pourtalès et de Luyoes^ où se lisent les noms d'Hippolyte 
et d'Antiope viennent à Tappui de cette hypothèse. Une 
autre conjecture qui n*est que le corollaire de la précédente, 
c'est que ni l'une ni Tautre de ces princesses ne figure sur 
les. peintures où Thésée combat une amazone à pied. Par 
conséquent, sur le yase qui fait Tobjet de la présente 
notice , je suis porté à croire que l'amazone est Molpadie, 
qui , après avoir tué Antiope d'un coup de flèche (i), reçoit 
à son tour la mort de la main de Thésée (2). On montrait 
à Athènes le tombeau de cette amazone. 

La peinture du revers de notre vase montre au centre de 
la composition, un personnage barbu , enveloppé dans son 
himation , et s'appuyant de la main gauche sur un long 
sceptre. Il se trouve au milieu de deux femmes vêtues de 
tuniques et de longs péplus, et coiffées du bonnet nommé 
cecryphaie. Toutes deux tiennent la main droite levée. Un 
vase de la collection Durand , aujourd'hui au musée bri- 
tannique , représentant le combat de Thésée et d'Hippolyte, 
offre au revers une composition analogue à la notre, avec 
l'inscription 2INIZ, placée à côté du personnage barbu et 

drapé (3). Selon la tradition (4) , Sinis occupait l'isthme de 



(1) Pausan. , 1 , 21 : AvTton^ (Jièv ùyrh MoXiraJixç , ro^evâijyat» 

Plut., Fit, Thés., ^7 : "Eviot êi fam fiera tcv Giffféaç fiaxo/^y^iv Jrf- 

fféïy T^y àv^pairov uyrà MoATac^/àç OLKovrt<T^el(Tav, Cf. Herodorus, 
ap. Tztez. ad Lycopbron., 1332, p. 1010. Mûller, où, au lieu de MoA- 
TTiit^ , réditeur aurait dû rétablir dans le texte McArtf cT/^ç , nom simplement 
défiguré dans la leçon vicieuse 'M.aXroudioi des codd. Vit. 1 , et Ciz. 

(2) Hégias, ap. Pausan., /. c. 

(3) De Witte , Catalogue Durand ^ p. 121 , n» 346. 

(4) ApoUodor, III, 16, 2. Diodor Sic, IV, 59. Schol. Pind., Isthm. 
Arg. Pausan., II , 1 , 4. Ovid., Metam., VII, 440. Hyçin. Fab,, 38. 



Il 



'i\ 



Ai 



1 II 
1 • 

l j 
"Il 



i ■ 



(76) 

Gorintbe et y écartelait les voyageurs en les attachant aux 
cimes de deux pins, qu'il avait courbés et qu'il abandonnait 
ensuite à eux-mêmes. Thésée, en passant parla, irainquit 
le brigand, et lui fit subir le supplice auquel il condamnait 
ses victimes. Plutarque (1) raconte que Sinis avait une fille 
nommée Périgune, d'une beauté remarquable. Après sa 
mort, elle prit la iîiite, et alla se cacher dans un lieu cou- 
vert de broussailles. Mais rassurée* bientôt sur les inten- 
tions du héros athénien, qui s'était mis à sa poursuite, 
elle se livra à lui et en eut un fils, appelé Mélanippe. Nous 
devons supposer que, sur notre tableau, les filles de Sinis 
viennent annoncer à leur père l'approche d'un étranger, 
notamment de Thésée. Il faut avouer cependant que la 



} manière dont ce personnage est figuré ne convient guère 

pour caractériser le brigand inhumain de l'isthme de Go- 
rintbe, et ne répond pas non plus aux représentations que 
nous avons de lui sur d'autres monuments (2) , où nous le 
voyons nu ou bien couvert d'une peau d'animal. 

En l'absence de l'inscription du vase Durand, on eût 
plutôt reconnu dans ces compositions Gécrops au milieu 
de deux de ses filles, ou Minos avec Phèdre et Ariadne. 



(1) nt. Thés., c. 8. 

(S) Trois vases peints publiés Tun par Winckelmann , Monumenti on- 
tichi inediti, no 98; Pautre par Tischbein ,1, 6 , et le troisième par Mit- 
lin, Peintures de vases ^ tom. I, pi. XXXIY. Sur ce dernier monument le 
lieu de la scène est caractérisé par la présence de Neptune Isthmius. Sur notre 
vase, Sinis, son fils, s^identifierait-il avec lui ? ou bien le dieu prendrait-il lui- 
même le nom de Sinis , et recevrait-il sous sa protection ses petites-filles qui 
se réfugient vers lui après la mort de leur père ? 



( 77 ) 
M. le Directeur, en levant la séance, a fixe l'époque de 
la prochaine réunion au samedi 2 mars. 



OUVRAGES PRÉSENTÉS. 



Bulletin de l'académie royale de médecine de Belgique, Année 
1 84 1-42 , n»" 2 et S ; année 184243 , q<'- 8 à 1 1 ; année 1 84344, 
tome III, n*" 1. Bruxelles, 184344; 7 brochures in-8''. 

Notice hiatoriqtie surF.-C'E. Fottem, Par M. le docteur De 
Lavacherîe. Bruxelles, 1843; in-B**. 

Belgisch muséum. Uitgegeven door M. J.-F. Willems, 1843, 
4^« aflevering. Gent ; in-8**. 

Gas^tte médicale belge. S*" année, n*" 3. Bruxelles ; in4<^« 

Essai historique de la révolution brabançonne ^ suivi de la 
joyeuse entrée de Joseph II, Par M. Le Grand. Bruxelles , 1843 ; 
1 vol. in-8°. 

Essai sur les gangrènes spontanées. Par M. Victor François. 
Paris et Mons, 1832; 1 vol. in.8\ ' 

Essai sur les convulsions idiopathiques de la face. Par le 
même. Bruxelles, 1843; in~8^. 

annuaire de l'académie royale des sciences et belles-lettres de 
Bruxelles, lO*" année. Bruxelles, 1844; 1 volin-18. 

Recherches sur les polypiers flexibles de la Belgique , et parti- 
culièrement des environs d'Ostende, Par M. G.-D. Westendorp. 
Bruges, 1843; in.8°. 

Catalogue de livres anciens et modernes de M, A. VandoXe. 
1" catalogue de 1844. Bruxelles, 1844; in-8°. 

Note sur quelques libellules d'Europe. Par M. E. de Selys-Long- 
chatnps ; feuille in-8°. 

WoDANA. Muséum voor Nederduitsche Oudheidskunde, Uil- 



(78) 

gegeven door M. J.-W. Wolf, V^ afleveriog. Cent, 184S; 
in-80. 

Catalogué plantarum horti botanici AntwerpiensU* Anoo 
\U\, Antwerpiae, 1844; m-G". 

Annales de la société de médecine d'Anvers. Année 1848 , 
feuilles 2 et 3. Anvers; în-8®. 

Journal historique et littéraire de Liège. Tome X, livr* lO* 
Liège ; in- 8^. 

Histoire politique ^ civile et monumentale de la ville de 
Bruxelles,. Var MM. Alex. Henné et Alph. Wauters, livr. 57 à 
70. Bruxelles , in'8^ 

Messager des sciences historiques de Belgique. Année 1 843 , 
4Mivr. Gand, l844;in-8«. 

. Annales et Bulletin de la société de médecine de Gand. Année 
1844, janvier, XIV vol., 1" livr. Gand; in-8«. 

Annales d*oculistique. Publiées par le docteur FI. Cunier, 
Vil® année, tome XI , l'« livr. Bruxelles , 1844 ; în.8<». 

Du danger de Vemploi de quelgues collyres mal formtUés ou 
mal préparés y dans les cas dulcération de la cornée. Par le 
même. Bruxelles , 1844; in-S». 

Bulletin de la société géologique de France, TomeXIV, feuilles 
41-42, septembre 1843; 2' série, tome P', feuilles 1 à 8^ no- 
vembre 1843. Paris; in-8o. 

La revue synthétique. Tome IV, n» 2. Paris, 1843; in-8°. 

Revue zoologique. Par la société cuviérîenne, 1843, n° 11* 
Paris, 1843; in-8«. 

Journal d'agriculture pratique et de jardinage. Public sous la 
direction du docteur Bixio, 2* série, tome I", n» 6. Paris; 
in.8«. 

Journal de la société de la morale chrétienne. Tome XXIY, 
n<» 6. Paris ; in-B". 

Nouveaux mémoires de la société impériale des naturalistes 
de Moscou. Tome VII. Moscou, 1841 ; 1 vol. in-4*>. 

Bulletin de la société impériale des naturalistes de Moscou, 
Année 1843 , n"»" 2 et 3. Moscou, 1843 ; in-B». 



(79J 

Observations astronomiques faites à robservatoire de Genève, 
dans l'année 1842. Par M. £. Plantamour , â'' série. Genève, 
1843; iD4\ 

Remarques sur les anthracites des Alpes, Par M. Âlph. Favre. 
Genève ; in4°. 

Considérations géologiques sur le mont Salève et sur les ter- 
rains des environs de Genève, Par le même. Genève, 1843; 
in-4**. 

Observations sur les Diceras. Par le même. Genève, 1843 ; 
in4*>. 

Mémoires de la société de physique et d'histoire naturelle de 
Genève. Tome X, 1'® partie. Genève , 1843 ; 1 vol. in4'». 

Mémoires de la société royale des scie^ncesy lettres et arts de 
Nancy. 1842. Nancy; 1 vol. in-8». 

Astronomical observations made at the Radcliffe observatory, 
Oxford, in the year 1841, by Manuel J. Johnson, vol. II. 
Oxford, 1843; 1 vol. in-8». 

Programma certaminis poetici ab Instituto Regio Belgicopro- 
positi. Anno CIDI3CCCXLIV ; feuillet in 40. 



ERRATUM. 



Pag. 7, lig. 18 et 19, o/i voyait.... se mêler , lisez se mêlaient. 



■ 



I 



BULLETIN 



DB 



L'ACÀDÉlttlE ROYALE DES SCIENCES 



ET 



BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 



1844. — N« 3. 



Séance du 2 mars. 

M. le baron de Stassart, directeur. 
M. le baron de Reiffenberg, faisant les fonctions de se- 
crétaire. 



CORRESPONDANCE. 



Le secrétaire perpétuel écrit qu'une indisposition Tem- 

pécbe de se rendre à la séance ; il prie en même temps 

M. le directeur de vouloir bien prévenir Tacadémie que 

Munich remplacera désormais Bruxelles, comme centre 

ToM. XI. 7 



(82) 

des observations météorologiques horaires des équinoxes 
et des solstices. C'est M. Lamont, le savant continuateur 
des Éphémérides palatines , qui a consenti à reprendre la 
direction de cette entreprise. Le secrétaire prie également 
l'académie de vouloir bien le considérer désormais comnie 
déchargé de la direction des travaux relatifs aux phéno- 
mènes de la floraison , des migrations des oiseaux, etc. , et 
joint à sa lettre toutes les communications sur les phéno- 
mènes périodiques qu'il a reçues jusqu'à présent pour 1 843. 
Ces communications sont les suivantes. 

I. Observations botaniques. 

Belgique. Bruxelles, par M. Quetelet; ewnrons deBruocel- 
les, par M. Galeotti; Vinderhaute, près de Gand, par 
M. Blanquart; Bruges, par M. le docteur Forster. 

Néerlande. Lochenif en Gueldre, par M. Staring; Vucht, 
par A . Cartini Van Geffe. 

Bavière. Munich ^ par M. G. Lommier (communiqué par 
M. de Martius). 

Duché d'oldenbourg. Jever , par M. le docteur Breaneeke. 

Angleterre. Newmarket , par M. Jenyns. 

Ecosse. Makerstoun, par M. Bronn (communiqué par Sir 
Dugald Brisbane). 

Italie. Parm^, par M. Scherer ; Fenise, par M. Zantedeschi. 

II. Observations zoologiques. 

Belgique. Bruxelles, par M. Vincent; Liège, par M. de 
Selys-Longchamps; JLouvain^ par M. Schwann (i); 
Bruges y par M. le docteur Forster. 

V — —r- " ■ : ' - 

, (1) Ces pbseryatioDs se rapportent à rhomne. 



(88) 

Angleterre. Neiomarket , par M. Jenyns. 
Itaue. Parme ^ Vt. Camille Rondani. 

# 

III. Observations des équinoooes et des solstices. 

Le secrétaire a reça, de plus, pour le dernier solstice 
d'hiver, les observations météorologiques horaires des sta- 
tions suivantes : Bruxelles, Gand, Lille, Luxembourg, 
Francfort , Yalenciennes , Paris , Greenwich , Makerstoun , 
en Ecosse, York , Utrecht, Amsterdam, Leuwaarden , De- 
venter , Groningue, Angers, Thouarcé, Rennes, Marseille, 
Toulouse, Lausanne, Lucerne, Genève, Aoste, Thospice 
du grand Saint-Bernard , Gênes , Parme , Bologne , Flo- 
rence, Naples, Venise, Trieste, Milan , Vienne, Munich, 
Prague, Varsovie, Cracovie, Lemberg en Galicie. 

— Les villes de Nivelles, Malines et Turnhout , envoient 
des réponses à la circulaire de l'académie sur les antiquités 
nationales. MM. Piot et Hanssens adressent également des 
renseignements sur des tombelles et d'autres objets remar- 
quables. 



RAPPORTS. 



Notice géologique sur le département de VAveyron, par 
M. Marcel de Serres (rapport de M. d'Omalius 
d'Halloy). 

La notice géologique sur le d^rtement de VAveyron , 
touchant laquelle l'académie a demandé un rapport , est 
une nouvelle production de la plume, si féconde, de 



M. Marcel de Serres. Ce travail contient ane bonne des^ 
j cription géognostique d^une de$ contrées les pins inté- 

I ressantes de la France. II est écrit avec facilité, d'une 

lecture agréable , mérite assez difficile pour une matière 
aussi aride; mais on y aperçoit quelquefois Textrême 
rapidité avec laquelle Fauteur est habitué à produire ses 
ouvrages. 

Le mémoire est terminé par quelques considérations 
sur les phénomènes géogéniques qui se sont passés dans la 
contrée qui en fait le sujet. Ces considérations, con^me 
toutes celles de même nature, pourraient donner lieu à 
des observations ; mais , comme Tauteur a eu le bon esprit 
de les reléguer dans l'explication de sa planche^ qu'elles 
n'influent aucunement sur la partie géognostique, et que 
d'ailleurs elles sont assez conformes aux opinions admises 
dans la science , il n'y a pas lieu d'établir ici de discussion 
sur cette matière. 

L'auteur traite avec beaucoup de détail dn phénomène 
si remarquable et si difficile à expliquer, des caves de 
Roquefort^ qui ont la propriété de donner au fromage des 
qualités si estimées des amateurs. Je ne me permettrai pas 
de juger l'explication que l'auteur donne de ce singulier 
phénomène, et j'émettrai , à cet égards le vœu que l'aca- 
démie fasse examiner cette partie du travail par ceux de 
nos confrères qui ont fait une étude plus approfondie des 
causes des variations de température. 

Passant maintenant à la question de l'impression , dans 
les recueils de l'académie, du mémoire dont il s'agit, im- 
pression qui est, sans doute , le motif pour lequel ce travail 
! nous a été adressé, je dirai qu'une bonne description 

I géognostique étant toujours quelque chose d'utile à la 

science, je conclurais à l'impression , si l'état des finances 



L 



( 83 ) 
de Tacad^ie ne ]a force pas de faire des restrkiions à ses 
publications ; mais, dans le cas contraire, comme il s*agit 
d'une contrée éloignée de notre pays et que ce mémoire 
ne contient pas de faits nouveaux au point de vue général , 
je conclurais à ce que, en remerciant Fauteur de «on in- 
téressante communication, on lui témoignât le regret que 
les moyens dont Tacadémie dispose ne lui permettent pas 
de publier des descriptions de pays étrangers. 

L'académie , conformément aux conclusions de ce rap- 
port^ auxquelles adbèi*e M. Dumont, second commissaire , 
ordonne l'impression de la notice de M. Marcel de Serres 
dans le prochc^in volume des mémoires des savants 
étrangers. 

— L'académie, sur les rapports de ses coflainia^ires , 
MM. Gornelissen, Willems et Grandgagna^, ordonne 
également l'impression du mémoire de M. le chanoine 
De Smet, Surlagmrre de la Z^kunde, 1304-1305. 



Rapport sur un travail de M. le D'' Koene, intitulé : 
Mémoire sur la non-existence du sulpate d'oxyde azo- 
tique , par M. Stas. 

L'objet de ce mémoire est de démontrer que la combi- 
naison de l'acide sulfurique avec la deutoxyde d'azote , que 
MM. H. et Adolphe Rose avaient cru observer, et dont ils 
avaient même décrit les propriétés, n'existe pas. 

La lecture de ce travail nous a surpris, par la raison que 
le fait avancé par M. A. Rose paraissait avoir été vérifié par 
un chimiste distingué de France, M. Pelouze; En effet. 



(86) 

eelui-ci » dans un mémoire réceot (1) » dit positiveoieDl : 
« J'ai préparé celle oombioaison , > et d'un aalre o6lé il a 
basé un procédé de préparation de Tazote suf TexisteBca 
même de cette combinaison. 

Il est bien évident que Tune ou l'autre de ces assertions 
^ doit être erronée. Gomme il n'y a que Texpérience saile 

qui puisse résoudre la question , nous 7 ayons eu recours , 
et nous avons reconnu l'exactitude des données du mé* 
moire qui nous est présenté. 

En effet 9 quand nous avons éliminé, comme l'a fail 

II. Koene, l'oxygène des appareils , ai le deutoxyde d'aaote, 

1* ni aucune combinais<A oxydée de ce corps ne s'unit k l'ar 

cidesulfiirique. 

L'acide sulfurique au travers duquel a passé de l'oxyde 
azotiquepifr ne donne pas , comme le prétend M. Pelooze, 
de Tazole, qaand on le chauffe avec du sulfote d'ammo- 
niaque. 

Cet aeidé, au contraire , dans lequel on a (kit barboter 
I de l'oxyde azotique , mais sans exclure l'air des appareils, 

contient toujours des combinaisons oxydées de l'azote; ce- 
lui-là, chauffé avec du sulfote d'ammoniaque, donne con- 
stamment de l'azote. Ce qui prouve que l'intervention de 
l'oxygène de l'air, comme l'observe M. Koene, est indis- 
pensable à la formation de la combinaison nitrosulfurique 
que l'on avait observée et décrite depuis quelque temps. 

En conséquence de ceci , nous avons l'honneur de pro- 
poser à l'acâ^kémie de voter des remerciments à l'auteur 
pour sa communication et d'insérer son travail dans le 
prochain numéro des Stulktim. 

Conformément aux conclusions de ce, rapport , aux- 

1,, ^ ._ _._r.. '' "■• — — — -- - ^- ■--.- ■ — ^ - - 

(1) jénn. de Ph. et de Ch., troisième série , tom. II, p. 49. 



(87) 

qaeli^ ont adhéré les deox aulres oommissaires ^ MM. dé 
Hemptinne et de Koninck, Tacadémie a ordonné rimpres^ 
9ÎQn do mémoire de M. le docteur Koene. 



) Mémoire sur la fum-^xistence du sulfaté d'oxyde ajso- 

tique ^ par le docteur Koene, professeur à l'uni- 
Ycrsité de Bruxelles. 

i 

Dans un travail que j'ai entrepris il y a quelques semair 

nés, il m'était indispensable de connaitre la nature du sul- 
fate d'oxyde azotique que M. Henri Rose a décrite Comme 
cette nouvelle combinaison se forme , d'après M. Adolphe 
Rose , aussi bien par l'action de l'oxyde azotique sec sur 
l'acide sulfurique anglais , que sur l'adde suMurique anhy<- 
dre, et plus aisément encore si l'on feit arriver le gaz 
humide dans de l'acide sulfurique concentré, on a procédé 
dé la manière suivante pour le préparer. 

Dans une petite cornue tubulée , à col effilé et courbé à 
angle droit, on achauflEé de l'acide sulfurique pur et con- 
centré. Lorsque l'acide était en pleine ébullition, on a 
introduit le col dans un vase où il se dégageait constam- 
ment de l'acide carbonique. Ensuite on a dimisué la 
flamme de la lampe à esprit-de-vin , que l'on a éteinte quel- 
ques moments après. 

L'acide étant arrivé à la température arabianie, on a 
adapté à la tubulure de la cornue un tube recourbé plon- 
geant dans l'acide, et se trouvant en communication avec 
un flacon de Woulff contenant de l'eau , et drat l'air avait 
été expulsé préalablement par un courant d'acide carbonî^ 
que. A l'autre tubulure du flacon se trouvait adapté un 



(88) 

tttbe qui se fendait dans un vase contenant dn caivre el 
de Faeide azotique dilué. 

L'oxyde azotique, après avoir abandonné dans Teau do 
flacon de Wouiff les oiacides de Tazote qu'il avait en- 
traînés, passait dans Faeide sulfurique et de là dans Tair , 
où il formait des vapeurs rutilantes* L'acide sulfurique ne 
paraissait pas absorber de gaz. Il ne se formait pas son 
plus.de oristan de sulfate d'oxyde- azotique; même une 
heure après que le gaz eut passé constamment à travers 
l'acide, il ne s'y était présenté aucun phénomène autre 
que celui qui' résulte du passage d'un gaz bumide à travers 
un liquide qui est avide d'eau; 

L'opération ayant été prolongée suffisamment pour 
qu'une combinaison eût pu se fonner , on a enlevé de la 
cornue le tube de dédiarge pour y en introduire un autre , 
se trouvant en communication avec un vase où il se déga- 
geait de Tadde carbonique , destiné à dbasser l'oxyde azo- 
tique gazeux de la cornue. A l'instant où le bouchon s& 
trouvait détaché de la tubulure de la cornue , l'oxygène de 
l'air, en venant en contact avec l'oxyde azotique, produi- 
sait des vapeurs rutilantes. L'acide sulfurique qui s'était 
condensé pendant l'ébullition contre les parois de la 
cormie, absorbait ces vapeurs en formant des cristaux 
dans le voisinage de la tubulure. 

L'oxyde azotique gazeux ayant été chassé par l'acide 
carbonique, on a examiné l'acide sulfurique au moyen^ 
d'une solution de sulfate ferreux , laquelle s'en était co- 
lorée en brun rougeàtre. Avec l'eau purgée d'air il ne se 
formait point d'eiervescenee , et ii ne se d^ageait qu'une 
quantité si petite d'oxyde azotique , qu'on ne pouvait près* 
que f»as s'en apercevoir par l'odeur; tandis qu'avec l'alcool 
bouilli et refroidi dans une atmosphère d'acide carbonique^ 



(8^) 

Tacide doonait lieu à la formation d'une quantiié, à la 
Yérité fort petite, d'azotite éthylîque, mais perceptible par 
l'adorât. 

Or, si l'acide sulfurique était susceptible de contracter 
une combinaison avec l'oxyde azotique, il faudrait que ce» 
deux composés formassent entre eux une combinaison 
définie, cristalline même, si l'on a égard aux assertions 
de M. A. Rose; que cette combinaison colorât en noir une 
solution de sulfate ferreux, et qu'elle formât une ferle 
effervescence avec l'eau purgée d^air. L'exp^ience n'étant 
conforme à aucune de ces conditions , il est permis d'e& 
conclure que le sulfate d'oxyde azotique ne peut se former 
dans les circoaetances ci^lessus indiquées, et que le corps 
cristallin sur lequel H. A. Rose a expérimenté , est une 
combinaison d'une nature autre que ce sulfate. 

En considérant les circonstances dans lesquelles M; A. 
Rose a placé l'acide sulfurique et l'oxydQ azotique , on ob- 
serve tout d'abord que l'oxygène de l'air n'a point été 
étranger à la formation de la combinaison cristalline. Loin 
d'opérer à l'abri de l'action de ce gaz, le chimiste allemand 
a fait arriver l'oxyde azotique dans un vase spacieux, ccm- 
tenant de l'air et de l'acide sulfurique concentré. L'oxyde 
azotique, en traversant l'acide sulforique et en venant en 
contact avec l'air de l'appareil, a formé de Tacide azoteux 
qui s'était condensé contre les parois mouillées d'acide 
sulfurique en formant une combinaison cristalline, ana- 
logue à celle qui se forme pendant la fabrication de l'acide 
sulfurique. Au lieu d'isoler cette combinaison , on a agité 
le vase. Les cristaux s'étant dissous dans l'acide sulfurique, 
on a continué l'opération; bientôt après l'acide s'était pris 
en masse, ce qui permet de supposer que M. A. Rose n'a 
pas même lavé à l'eau l'oxydç azotique , avant de le faire 
réagir sur l'acide sulfurique. 



(90) 

Le cbiiniste allemand attache uae grande importance à 
la réaction de la combinaison cristalline sur une solution 
d*bypermanganate potassique. Il a même cru résoudre avec 
ce sel différentes^ autres questions relativement à la pré- 
sence ou à Tabsence de Foxyde azotique. On sait cependant 
qoeracide azoteux, aussi bien que Toxyde azotique , détruit 
Tacide bypermanganique ; qu'une combinaison d'acide 
sttllurique et d'acide azoteux forme y dans Teau , de Tacide 
azotique et de Foxyde du même radical y et que coaséquem- 
ment Tacide azoteux , en supposant qu'il ne soit point 
susceptible de désoxyder immédiatement Tadde hyper- 
manganique, réagirait immédiatanent sur cet acide« Or, 
M. A. Rose, dans toutes ses expériences, avait affaire avec 
de Tacide azoteux (1) ; les essais qu'il a tentés ne saunôenl 
donc conduire k une conclusion décisive. 

Il y a nu réactif qui conduit à des résultats autremeoC 
conduants que l'bypermanganate potassique. Ce réactif 
est le cuivre. Ce métaU comme on sait, n'a pas d'actioit 
sur l'oxyde azotique à la température ordinaire. Lors doue 
qu'oa introduit quelques fils de cuivre dmis de l'acide sut 
furique^ contenant un degré quelconque d'oxydation de 
l'azote y il y aura ou il n'y aura pas d'action , suivant que 
l'acide sulfurique contient un degré d'oxydation de l'azote 
supérieur à l'oxyde azotique , ou qu'il n'en contient point. 
Dans le cas où il y a réaction , l'acide prend une couleor 
pourpre plus ou moins foncée, qui s'approche même du 
violet si cette réaction est quelque peu intense. Il se forme 
en même temps w^ infinité de petites bulles de gaz , qui 



(1) Je ferai voir incessamment que Tacide sulfurique bouillant trans- 
forme de petites quantités diacide azotique en oxygène qui se dégage, et 
en acide ajoteux qui reste en combinaison avec TacMe sulftirîque. 



(91) 

I wienneat cre¥» à la sur&ce de Tacide et qui , si le flacon 
I n*est pas pleiD d'acide solfariqae, vicient Tair qui s'y trouve 
it e&fermé; autre preuve que Taxyde azotique ne contracte 
i| pas de combinaison avec l'acide suiAirique. 
i C'est par ce moyen qu'on a constaté la présence d'un 

I degré d'oxydation supérieur à l'oxyde azotique, dans Tacide 
sullurique qui avait été soumis à l'action de cet oxyde ; et 
c'est par le même moyen qu'on a pu se rendre eom0e de 
la coloration du sulfate ferreux, du dégaganent d'un peu 
d'oxyde azotique en traitant l'acide par de l'eau pure, et de. 
la formation de quelques traces d'étber azoteux, en le trai* 
I tant par de l'alcool bouilli et refroidi dans une atmosphère 
d'acide carbonique* 

Afin de savmr si ces phénomènes étaient dus unique* 
ment à l'action de l'oxygène de l'air, pendant qu'on sub- 
stituait au tube de décharge de l'oxyde azotique celui qui 
devait conduire de l'acide carbonique dans la cornue , et 
s'assurer en même temps si la vapeur d'eau ne nuisait 
point à la réussite de l'opération , on a répété l'expérience 
avec de l'oxyde azotique sec; mais au lieu de changer de 
tube de décharge pour chasser après l'opération cet oxyde 
au moyen d'un courant d'acide carbonique, on a substi- 
tué au vase contenant du cuivre ^ de l'acide azoli^pie 
dilué un appareil propre à faire dégager de l'acide carbo* 
nique, et rempli d'avance de cet acide. De cette manière 
oa se mettait à l'abri de l'action de l'oxygène de l'air , et 
l'on empêchait la formation de la matière cristalline que 
ce contact avait occaunonnée dans la première expérience; 
On pense bien que le produit de la réaction a dû con- 
tenir moins d'acide azoteux , et que les réactifs n'ont pu 
produire des effets aussi prononcés que dans le premier 
cas. Toutefois , quoiqii'avec l'alcool l'acide ne donnât pas 



m 



( 92 ) 

I I Heu à la formattoa d'étber azoteox» la solalion desuliate 

I ferreux se caiorai t encore sensibiemeot , cl avec Veau pare^ 

f l'acide produisait uon-seulemeut un faible d^ageinenl 

j d'oxyde azotique, mais il se formait mène une légèm 

efferveseence. De ce dernier phénomène on serait traté dd 

conclure à l'existence de la combinaison dont il est qoes^ 

tion ; mais qu'on ne s'y méprenne point. L'effen^escence 

occasionnée par l'addition de l'acide à l'eau y n'était que le 

résultat de la solubilité de l'adde carbonique dans l'acide 

sttlfurique qu'ilavaittraTersédans cette seconde expéri^ce 

pendant plusieurs minutes; et ce qui le prouve, c'est qa'i 

i la première addition de quelques gouttes d'acide à un peu 

^ d'eau , alors précisément qu'il aurait dû se dégager du gai 

' si refleryescence avait eu pour cause la formation d'oxyde 

azotique, on ne voyait naître que quelques bulles d'une 
petitesse extrême, là où le mélange de l'eau et de l'acide 
s'opérait, c'est-à<<lire au fond du vase. Ces bulles disparais- 
saient presqu'en totalité dans leur mouvement ascendant. 
Par l'addition d'une nouvelle quantité d'acide , les balles 
disparaissaient moins bien ; et en y ajoutant une bonne 
quantité d'acide à la fois , il se formait une légère effervefi- 
j cence. C'est que par l'élévation de la température l'acide 

carbonique, dont l'eau s'était saturée au premier moment, 

se dégageait spontanément ainsi que celui qu'apportait 

Tacide qu'on y avait ajouté en dernier lieu. Ajoutaît-oo 

{ l'acide à une solution de sulfate ferreux , l'effervescence 

1^ était au moins aussi forte; n^iis dans cet essai elle était 

\ due, tant au dégagement de l'acide carbonique qu'à celui 

I d'un tant soit peu d'oxyde azoteux qui se forme , eoninte 

I on sait , par la réaction de l'oxyde ferreux sur l'oxyde 

' 1; azotique pendant l'élévation de la température. Aussi la 

1 solution se décolorait-elle dans ce cas. 

\i 



(93) 

Quant à la coloration dû sel ferreux au moyen du pro- 
duit de cette seconde expérience , elle est essentiellement 
due à la présence de Tacide azoteux ; car le cuivre métal- 
lique communiquait une couleur pourpré intense à une 
partie de ce produit, tout en donnant lieu à la formation 
d'une infinité de bulles gazeuses d'une petitesse extrême. 

La présence de l'acide azoteux peut être attribuée à 
l'existence de quelques traces d'air dans l'appareil. II se 
peut aussi que cet acide ait été entraîné par l'oxyde azo- 
tique y dont il est assez difiScile de régulariser le ^courant. 
Enfiii de l'oxydé azotique peut s'être dissous dans l'aeide 
sttlftirique , et avoir contribué auxphénoraènes qui ont été 
décrits. Mais d'une solution de quelques traces de cet 
oxyde à une combinaison, et surtout à une combinaison 
cristalline tellement stable qu'elle ne prend l'état de va- 
peur qu'à une haute température , il y a une limite, et 
cette li^te , l'oxyde azotique ne l'a pu franchir dans les 
circonstances où nous l'avons placé. 

Considérons actuellement la combinaison que M. Henri 
Rose a formée en faisant passer de l'oxyde azotique sur 
de l'acide sulfurique anhydre. Les propriétés que possède 
ce composé sont : d'être solide, de ne point ftamer à l'air, 
de ne prendre l'état de vapeur qu'à une haute température, 
dé contenir de l'acide sulfurique tout formé et de former 
néanmoins de l'azotite éthylique avec l'alcool (1). 

D'après cela l'acide sulfurique anhydre, entouré d'une 
atmosphère d'oxyde azotique, perdra la propriété de fu- 
roar à l'air, tout eh absorbant le gaz avec lequel il forme 



(1) Pogg. Ann, B . 47, S. 609. 



(W) 

une combinaison solide et très-stable. 11 ne peut donc 
point se dégager de Taeide sulfuriqne anhydre, quand on 
tait passer de Foxyde azotique snr c^ acide. Une partie du 
premier pourrait échappera Taction du dernier, si le cou- 
rant gazenx en était trop fort » mais Tacide ne saurait être 
entraîné en quantité sensible , par cela seul qu*ll forme 
avec Toxyde aaotique une combinaison solide , non irola- 
tile à une température inférieure à 300 degrés. 

Mais il faut pour que ces phénomènes aient ponr cause 
essentielle Taffinité de Foxyde azotique pour Facide snlfii* 
rique anhydre, il faut, dis-je, que cet oxyde soit aussi pur 
que possible , attendu que Facide azoteux forme égale- 
ment avec Facide sulfurique une combinaison possédant 
les mén^s pr<^riétés que nous connaissons au composé 
i de M. H* Rose. 

ij Pour préparer le sulfate d*oxyde azotique, on a fait arri- 

l ver de Foxyde azotique sec et lavé sur de Facide suUbriqtie 

j anhydre, renfermé dans un tube de 0^,015 de diamètre. 

' A ce tube en était adapté un autre d'un pied de long et 

I de 0^,003 de diamètre. Ce dernier servait d'issiie au gaz 

j que Facide sulfurique n^absorberait point. 

I ; Dès que le gaz se dégageait , il s'échappait à Foùvertuie 

I du tube d'épaisses vapeurs blanches d'acide sulfurique* 

Ces vapeurs étaient entraînées par l'acide carbonique qui 
avait servi à chasser Fair de Tappareil. Bientôt après 
l'oxyde azotique arrivait dans le tube contenant Facide 
sulfurique anhydre, et dès lors les vapeufs blanches, qm 
ne cessaient de se former , étaient accompagnées de va* 
pëûrs rutilantes. Cet état de choses a duré jusqu'à ce que 
les trois quarts de Facide eussent disparu , moment auquel 
on se voyait obligé de terminer l'opération afin d'avoir de 
quoi expérimenter. 






I', 



9 



(95) 

Pendant que Toxyde azotique traversait le tube conte- 
nant Tacide sulfurique, on n'observait d'abord rien de 
particalier » si ce n'est la formation constante des vapeurs 
blanches que le gaz entraînait. Lorsque la moitié de l'acide 
avait disparu , les parois du tube se trouvaient çà et là 
enduites d'un liquide oléagineux au s^n duquel on voyait 
se former distinctement, quoique fort lentement, de petites 
aiguilles cristallines* 

Après avoir chassé l'oxyde azotique gazeux an moyen 
d'un courant d'acide carbonique , on a détaché de l'appa- 
reil le tube contenant l'acide sulfurique. Ce composé ne 
paraissait pas avoir éprouvé la moindre altération par son 
contact avec l'oxyde azotique, car il répandait dans l'air 
des vapeurs blanches aussi épaisses qu'avant l'opération. 
Pour éviter autant que possible le contact de Tair, on a 
détaché l'acide du tube et on l'a immédiatement après in- 
troduit dans nn flacon plein d'acide sulfurique pur. L'acide 
s'étant dissons, on l'a soumis aux mêmes épreuves que 
précédemment , et il s'est comporté à l'yard des réactife 
absolument de la même manière que celui de la seconde 
expérience; ce à quoi l'on devait s'attendre en ayant ^rd 
anx phénomènes qui accompagnaient le dégagement de 
l'oxyde azotique , ainsi qu'à la propriété qu'avait le résidu 
de l'opération de fumer fortement à l'air avant qu'il fût dé- 
taché du tube qui le contenait. 

II n'y a donc aucune analogie entre cette substance 
acide et le composé que M. H. Rose a décrit, lequel com- 
posé possédait d'ailleurs la propriété de former avec l'al- 
cool de l'azotite éthylique ; ce qui permet de supposer que 
ce chimiate, n'ayant point lavé à l'eau l'oxyde azotique 
pour le débarrasser de l'acide azoteux , a eu affaire avec un 
composé d'acide sulfurique et d'acide azoteux, et non avec 



t'I 



1' 
L'' 



I 

I 

I- > 

t» 

I 



(96) 

du sulfate d'oxyde azotique; car une pareille combinaison 
ne se forme, d'après ce qui précède , ni par le contact de 
roKydeazotiqueavecracidesulfurique anglais, ni par celui 
du même corps gazeux avec l'acide sulfurique anhydre. 
Dans ce dernier cas, il se forme à la vérité quelques aiguil- 
les cristallines, mais cette formation ne peut être attribuée 
qu'à des traces d'acide azoteux qui échappent à l'action de 
l'eau par le courant constant d'oxyde azotique qui les en- 
traine , et dont la présence est facile à constater au moyen 
du cuivre métallique. Avant de donner naissance à ces 
quelques cristaux, l'acide sulfurique devient liquide, avonsr 
nous dit. C'est qu'alors il se trouve dans les circonstances 
les plus favorables à sa combinaison avec l'acide azoteux. 
L'acide sulfurique anhydre s'est liquéfié en partie , parce 
que le chlorure calcique n'enlève pas toute la quantité d'eaa 
à un gaz qui se dégage d'un courant continu. 

Pour arrêter l'acide azoteux, on a délayé dans unese- 
xx)nde expérience du carbonate calcique dans l'eau de 
lavage, afin de saturer l'acide azotique qui s'y forme cons- 
tamment. Cette addition n'ayant pas eu d'influence sen- 
sible sur les résultats de l'opération , on peut en conclure 
qu'une bulle gazeuse ne se débarrasse complètement d'une 
autre substance également gazeuse, que par son contact 
quelque peu prolongé avec un solide ou avec un liquide 
qui tend à se combiner avec l'une d'entre elles. 

Que l'on permette en eflet à l'air d'arriver dans une 
éprouvette contenant de l'eau et de l'oxyde azotique, ^^ 
Ion s'apercevra , tant aux rayons solaires qu'à la lumière 
artificielle, que les vapeurs blanches qui succèdent aux 
vapeurs rutilantes ne se dissolvent dans Teau qtie par un 
repos de quelques minutes. Même en agitant l'eau de 
l'éprouvette , les vapeurs blanches persistent pendant quel- 



1 1 



( Ô7 ) 

' ques moments, parce que Tacide azotique gazeux; dont 

< l'affinité pour Teau est dans cette circonstance en grande 

I partie satisfaite > a à vaincre une certaine tension avant 

I qu'il paisse se dissoudre dans ce liquide. Cest pour la même 

I raison que VQcidé chlorhydrique gazeux mélangé d'air hth 

I mide n'abandonne pas complètement ce gaz pendant que 

I celui-ci passe à travers une colonne d'eau de quelques 

\ centimètres de hauteur. 

I Ce sont ces circonstances auxquelles on doit avoir 

égard , si Ton veut se rendre compte de la formation d'une 

I combinaison cristalline pendant lé passage de l'oxyde azo- 

I tique sur de l'acide sulfurique anhydre, doublions point 

I d'y ajouter que l'air enfermé dans les pores des bouchons, 

I du chlorure calcique et de l'acide sulfurique anhydre^ peu- 

I vent ausisi avoir contribué à la formation d'un peu d'acide 

azoteux.^ 



NOTICES ET COMMUNICATIONS. 



ETHNOGRAPHIE. 

Deuxiifne noie sur la classification des races humaines (i); 

par J. J. d'Omalius d'Halloy. 

J'ai entretenu l'académie , en 1859, de là classification 
des races humaines, et je lui ai présenté un aperçu de 

- — — - — ■ • ■ • — — ■ — ■ - - - --, --^,---, - ■■ - — 

(1) Voir le tome VI, page 279, du BuOetin. 

ToM. XI. 8 



• ••• :•• :> 
- • • :• w 



(98) 

leurs populations respectives; mais j'ai fait remarquer en 
même temps que Ton ne devait pas mettre trop d'impor- 
tance à cet essai» parce que la science à laquelle il se rat- 
tache est encore fort peu avancée, et que je ne puis me 
flatter d'y être assez versé pour lui faire faire des progrès. 
Toutefois, quelque imparfait que soit ce travail , Tintérêt 
du sujet me fait espérer que Tacadémie ne trouvera pas 
mauvais que je lui fasse connaître les changements que 
f ai été conduit, depuis lors, à opérer dans mes tableaux. 
On conçoit que ces changements doivent être de deux ca* 
tégories, selon qu'ils résultent de la marche des choses 
pendant le temps qui s'est écoulé, ou des modifications 
apportées dans les idées par la marche de la science. Or, 
pour que Ton puisse apprécier, sous ce dernier point de 
vue, les motife qui m'ont porté à persister dans le mode 
général de classification que j'avais adopté, et à opérer 
dans les détails quelques changements que j'avais déjà 
fait pressentir, il est nécessaire que je revienne sur quel- 
ques considérations générales. 

La classification des modifications que présente le genre 
humain peut, sans contredit, se faire d'une manière 
tout à fait indépendante des causes qui ont produit ces 
modifications, puisqu'une classification naturelle ne con- 
siste, en réalité, qu'à ranger les êtres qui en font le sujet 
en divers groupes, de manière que les êtres qui forment 
un de ces groupes présentent dans leur ensanhle plus de 
rapports entre eux qu'avec ceux des autres groupes , quelles 
que soient d'ailleurs les causes qui ont produit ces difié- 
rences. Mais il n'en est pas moins vrai que les opinions 
sur ces causes ont toujours exercé une grande inOuence 
sur les auteurs des classifications , surtout en ce qui con- 
cerne le genre humain, car on conçoit que l'on doit être 



( 99 ) 

porté à donner plus dlmporianee aux considéretiODS êo- 
eMês de langage el de filiation historique , ou bien aoi 
caractères naturel» de forme ou de couleurs (i), selon que 
l'on considère ces dernières modifications comme un sim<- 
pie résultat de l'action, telle qu'elle s'exerce aetoellement, 
do climat et de la ornière de vivre , ou selon qu'on les 
attribue à des causes plus énei^ques que celles qui se 
passent actuellement. 

Je n'ai nullement envie de rechercher ici quelles ont pu 
être les causes originaires de ces différences , questions 
dont l'esprit de parti s'est souvent emparé parce que l'on a 
cm y trouver des moyens d'attaquer ou de défendre des 
croyances religieuses, comme si ces croyances ne se rap* 
portaient pas à un ordre de choses trop âevé pour être at- 
tentes par des hypoUièses de naturalistes. 

Tout ce que je veux dire à ce sujets c'est que je pense 
avec Guvier que les différences qui existent entre les prin- 
cipales modifications du genre hamain sont trop profondes 
pour pouvoir être attribuées à l'action des causes qui ont 



. (1) lies délit caté^ovieft de eara^èret qoeje disUngue ici par les épi^ètes 
de naturels et de sociauiP sont ordinaifement désignés par celles de physi^ 
ques et de moraux. Mais cette manière de s^exprimer me parait défectueuse , 
parce que, d^un c^té, le mot physique étant spécialement affectée Tétudc 
de certains phénomènes de la kiature inorganique , ne derraît pas être ratta- 
ché à des résultats de la vie, et, d'un autre cMy parce que les caractères de 
la seconde catégorie ne sont pas toujours en rapport avec les mœurs ou avec 
la morale ; mais comme ces caractères sont toujours produits par des rela-. 
tiens sociales, tandis que ceux de la première catégorie sont une consé^ 
^epcc de la nature de rindividu qui en est doaé, il me. semble ^e les 
dénominations de oaroctéref naturels ei sociaux soi^ les plus ooarenahles. 
Si on objectait que la sociabilité est un caractère naturel , je répondrais que 
ce n*est point la sociabilité que je range daàs les caractères sociaux p mais 
seafement les effets de cette propriété. 






C 10») 

agi depuis les dernières grandes révolutions géologiques. 
En effet , ai c'était à la chaleur du climat et au défaut de 
civilisation que l'on dùl attribuer le museau allongé et les 
cheveux laioeax des ISègres, pourquoi ces formes ne se 
sont-elles pas développées dans d'antres contrées tout aussi 
chaudes, tout aussi barbares? Si c'était au climat froid que 
l'on dût attribuer le teint blanc, les chevcui blonds , les 
yeux bleus des Scandinaves, pourquoi leurs voisins, les 
Lapons ont-ils un teint basané, des cheveux noirs, etc. ? 
Aucune observation positive, aucune donnée historiqoe 
ne nous autorise à admettre que l'influence du climat, de 
la nourriture, des moeurs, puisse, dans l'état actne) du 
globe, produire des modifications semblables k celles que 
l'on observe dans le genre humain. Mais l'étude des effets 
de cette iuQueace, tant chez l'homme que dans la série 
animale, nous montre qu'Ole s'exerce dans des limites 
beaucoup plus étroites, et d'une manière différente de 
celle des chang^aents les plus marquants que nous voyons 
s'opérer chez l'homme el chez les animaux. 

On sait que les changements tes plus importants que 
l'on peut obtenir chez les animaux dérivent des croise- 
ments , et l'on sait également que les produits de ces croi- 
sements n'ont point la fixité de formes qui earactériseat 
les espèces ou variétés bien établies, et, quoiqu'en général 
les produits des croisements, c'est-à-dire les hybrides, 
présentent un intermédiaire entre les caractères du père 
et ceux de la mère, on voit qu'il y a souvent des exceptions 
à cette règle, et que certains petits participent plus de l'nn 
que de l'autre, comme si la natare ne se prétait qu'à re- 
gret à l'établissement d'une forme nouvelle. Qui ne sait, 
par exemple, que les produits de l'accouplement d'un 
chien noir et d'un chien blanc ne seront pas toujours des 



( 101 ) 

petits tachetés de noir et de blanc, mais qu'il pourra en 
venir dé tont noir et de tout blanc. On sait également que 
cette tendance à reproduire les types originaires^ ne se 
borne pas à la première génération, mais se retrouve, au 
contraire^ dans les générations suivantes; c'est ainsi que 
deux chiens blancs pourront donner quelques petits de 
couleur noire si, comme dans l'exemple précédent, ils 
descendent d'un chien noir. Or , ce sont précisément des 
phénomènes de cette nature que nous présente le genre 
humain , et qui nous montrent quelquefois dans une même 
famille des enfants à cheveux noirs et d'autres à cheveux 
blonds, tandis que si ces couleurs étaient le résultat de 
l'influence du climat, on verrait chaque famille tepdrè uni- 
formément à prendre la teinte en harmonie avec le climat 
qu'elle habite. 

Il résulte, selon moi , de cette tendance qu'ont actuelle- 
ment les êtres vivants à conserver leurs types , que dans la 
classification des races humaines ce sont les caractères na- 
turels qui doivent l'emporter sur tous les autres, ces t^arac- 
lères étant dans le fait les seuls qui ne peuvent pas induire 
en erreur, puisqu'ils expriment un fait positif, que l'on 
peut même dire immuable dans l'état actuel du globe; car 
lorsque ces caractères nous paraissent changés , c'est que 
la chose eHe-méme est changée, soit qu'un croisement ait 
formé un peuple nouveau , soit que ce peuple , résultant 
déjà de croisement^ ait tendu à reprendre l'un de ses carac- 
tères originaires , parce que sa nouvelle forme n'était pas 
encore suffisamment fixée. 

Si nous examinons, d'un autre côté, quelle peut être la 
valeur des caractères tirés du langage, des renseignements 
historiques et des autres considérations sociales, nous ver- 
rions qu'ils peuvent très-facilement nous induire en erreur. 



( 108) 
Car, quelles qœ soient les difficultés qu'il y a de cbasgN 
la langue d'un peuple, il y a beaucoup d'exemples de ce 
bit, et, sans sortir de ce qui s'est passé de nos jours, 
n'aTODS-noas pas vu des bommes de race aègre et ori^- 
aair^s d'Afrique, constituer, en Amérique, une nation 
dont la langue est le français? Or, si cette OEitioQ prenait 
un grand développement et que de violentes révolutions 
anéantissent loua les monuments écrits de notre civilisa- 
tion , en même temps qu'elles détruiraient le peuple fran- 
çais k l'exception des habitants de quelques hautes vallées 
des Alpes, on conçoit que dans les temps futurs des ethno- 
graphes, qui ne s'appuyeraienl que sur les caractères 
linguistiques, considéreraient la petite peuplade française 
des hautes Alpes comme des Haïtiens, dont un climat 
plus froid aurait modifié les caractères naturels. 

Les renseignements historiques sont danslecas de noos 
induire encore plus facilement en erreur, car combien de 
fois n'est-il pas arrivé qu'un peuple conquérant, après avoir 
donné son nom à un peuple conquis, plus nombres, a 
fini par se fondre dans cedemier, dont le sang s'est intro- 
duit dans toutes les familles des conquérants, qodles que 
soient les mesures que l'esprit de caste leur ait inspirées 
pour maintenir la pureté de leur sang. 

Le désir de mettre mes tableaux plus en harmonie avec 
les considérations qui précèdent, m'a porté à faire dans la 
ré[»rtition des peuples entre les cinq grandes divisions 
que j'ai adoptées d'après t'illustre auteur du Rèçnetmmtà, 
quelques changements dont je m'étais borné à indiquer la 
convenance , afin de ne point m'écarter des idées les plus 
communément reçues. 

Le principal de ces changements est relatif aux Hin- 
flous, dont on s'est plu à faire la souche des Européens, 



( 1<>3 ) 

parce qa'ils réimisseat à des analogies lingnistiques des^ 
preuYes de ciyilisatioti plus ancienne. Mais , outre qu'il est 
reconnu maintenant que les ancêtres des Européens étaieiit 
déjà séparés de ceux des Hindous, lorsque ceux-ci oat 
acquis leur ciyilisation, il n'est.nullement prouvé que cette 
civilisation doive son origine à un peuple semblable -aux 
Hindous d'aujourd'hui. Les variétés de couleur que l'on 
rencontre chaK ces derniers, leur division en caste , la co- 
loration des castes inférieures plus foncée que celles d^ 
castes supérieures, l'existence pour les livres sacrés d'une 
langue différente des langues usuelles, les rapports de cette 
langue des livres sacrés avec les langues européennes, sont 
autant de circonstances qui semblent annoncer qu'un peu- 
ple noir, habitant antérieur de l'Hindoustan, a été conquis 
par un peuple blanc^ venu du Nord-Ouest, qui a apporté sa 
civilisation, et qui, tout en réduisant le peuple conquis à 
un certain état de servage, a fini par se mêler plus ou moins 
avec lui. 

On a invoqué en faveur de l'opinion que l'Hindoustan 
aurait été le berceau de la race blanche , des rapports de 
coloration entre les anciens Egyptiens et les Hindous^ ainsi 
que des rapprochements dans les institutions et les arts de 
ces deux peuples. Mais en admettant que l'Egypte aur^t 
été anciennconent colonisée et civilisée par les Hindous, 
ce fait, bien loin d'annoncer que les Européens et les 
Perses descendent aussi des Hindous, est précisément une 
présomption en Êiveur de l'opinion contraire, puisque ces 
peuples n'avaient pas le teint rougeâtre ou basané que l'on 
suppose avoir caractmsé les anciens Égyptiens. 

D'autres ethnographes , qui admettent paiement l'opi- 
nion que les Hindous sont le résultat du mélange d'anciens 
habitants noirs avec des blancs qui les auraient conquis , 



(104) 

sapposeat que ces conquérants sont originaires de rHima- 
laya , et font également partir de cette chaîne de monta- 
gnes les peuples des familles Teutonnes et Slaves, de 
même qu'à la fin du siècle dernier on les faisait descendre 
du Caucase. Sans ayoir la prétention détablir à ce sujet 
une discussion régulière , pour laquelle je n'ai pas les cod- 
naissances nécessaires, je me permettrai de faire les ob- 
seryations suivantes. D'abord^ c'est qu'il n'est pas probable 
que les premiers peuples se Hoieski développés dans des 
montagnes qui leur offraient moins de ressources pour 
subsister que les pays plus unis et plus fertiles. D'un autre 
côté , les rapports des langues teutonnes et slaves , avec 
celles des conquérants de l'Hindoustan ne suffisent pas, 
comme je l'ai dit ailleurs, pour prouver que les Slaves et les 
Teutons sont originaires de l'Himalaya, car il est plus prdl)a- 
ble, dans l'hypothèse d'une origine commune, que le poifi^ 
de départ est intermédiaire entre les lieux où les temps 
historiques ont trouvé ces divers peuples. 

Je n'ai nullement envie de combattre l'origine asiatique 
que Ton se plait assez généralement à attribuer aux Euro- 
péens , car je n'ai aucun moyen positif pour soutenir cette 
controverse, mais je trouve que ceux qui adoptent l'opinioB 
que les premiers Germains , les premiers Celtes , les pre- 
miers Slaves sont originaires de l'Asie, ne peuvent aussi 
s'appuyer que sur des hypothèses ou sur des textes histo- 
riques qui peuvent s'interpréter de diverses manières. C'est 
ainsi que l'on a invoqué à l'appui de cette opinion la cir- 
constance rapportée par le père Ruisbrœk , plus connu 
sous le nom de Rubruquis, qu'au XIIP siècle les habitants 
d'un château de Crimée parlaient un dialecte teuton, 
comme si, à une époque aussi peu éloignée de celle où les 
Normands avaient poussé leurs conquêtes jusqu'au centré 



( 105) 

de la Russie et jusqu'à rexirémité de lltaUe, il n'était pas 
•plus probable que les ancêtres des Teutons» que Rubruquis 
a rencontrés en Crimée, y fussent venus du Nord -Ouest 
plutôt que d'être les traces d'une migration antérieure 
aux temps historiques? 

Une considération d'un autre genre vient encore ap- 
puyer le classement des Hindous hors de la race blanche: 
c'est que les linguistes reconnaissent maintenant qu'une 
grande partie des peuples de l'Hindoustan, c'est-à-dire les 
Malabars, les Telingas, les Tamouls, les Gingalais, etc., 
parient des langues tout à fait étrangères à la famille des 
langues sanskri tiques. Or, on sait qu'il y a les plus grands 
rapports naturels entre ces peuples et les Hindous propre- 
ment dits, et que les différences se réduisent à ce que 
ceux-ci ont le teint moins foncé. Or, en maintenant ces 
divers peuples dans un même groupe , je ne fais que con- 
server une réunion qui était généralement admise avant 
que l'on connût mieux la langue tamoule, et si je sépare 
des peuples qui parlent des langues sanskritiques , je con- 
serve un groupe d'hommes semblables par leurs caractères 
naturels, ce qui me paraît préférable à Ja réunion^ dans 
un même groupe, d'hommes à peu près noirs avec les peu- 
ples les plus blancs du genre humain* 

D'un autre côté, comme j'admets une race brune qui, 
par la variété de ses caractères, paraît, ainsi que les Hindous, 
n'être qu'une race hybride, il me semble qu'en plaçant 
aussi les Hindous dans cette race, on obtient un résultat 
beaucoup plus naturel. 

Des considérations du même genre m'ont aussi porté à 
retirer les Abyssiniens de la race blanche, pour les placer 
dans la race brune; mais je dois avouer que, loin de 
pouvoir appuyer ce changement sur des faits nouveaux, 



( 106) 

la plupart des voyageurs de ces deroiers temps partageai 
TopinioD que les AbyssiDieos sont originaires de rArabie. 
Je suis bien éloigné de contester querAbyssinie ait été con- 
quise» peut«étre plusieurs fois, par des peuples asiatiques, 
mais la couleur des Abyssiniens» beaucoup plus foncée que 
celle des peuples Araméens , annonce aussi que les con- 
quérants blancs de l'Abyssinie ont éprouré ce qui est 
arrÎYé à tant d'autres conquérants, c'est-à-dire qu'ils se 
sont mêlés ayec le peuple conquis. Peut-être , en Yoyaat 
combien la ciyilisation abyssinienne rétrograde» pourrait- 
on supposer que ce résultat social est du à ce que la con- 
tinuation de ce mélange parmi les descendants des con- 
quérants les a rendus moins propres à maintenir l'ordre 
établi par leurs ancêtres, et ramène jusqu'à un certaifi 
p<»nt la société abyssinienne vers un état de ebosics plus 
analogue à ce qui a lien chez les peuples noirs. 

A côté des Abyssiniens se trouvent qudques peuplades, 
telles que les Barabras , les Gallas, etc.^ dont les unes se 
placent ordinairement dans la race blanche et les autres 
dans la race noire, mais qui> dans le fait, ont trop de 
rapports avec les Abyssiniens pour en être séparés. Or, le 
nouveau classement que je propose pour ces derniers 
permet de réunir tous ces peuples dans un même groupe^ 
que je considère provisoirement comme une même famiU^ 
ethnographique, quoiqu'ils parlent des langues diflCéren- 
tes(l). 

L'application des principes énoncés ci-dessus à une 



(1) Ob considère ordinairement les Barabras comme une subdivision à» 
fierbères, à cause de la ressemblance des noms et parce que l*on suppose qu » 
existe des rapports entre les langues. Mais en admettant que ces rapports, 
dont Texistence n'est pas démontrée , proureraîent que des Berbères foni 
partie] des ancêtres des Barabras, le teint plus foncé de ces derniers annoo- 



( 107) 
autre famille africaine très«importante y celle des Fellans, 
conduit aussi à la retirer de la race noire pour la placer 
dans celle intermédiaire entre les noirs et les blancs, dont 
elle se rapproche par son visage analogue à celui des 
blancs, par son teint moins foncé que celui des nègres, 
par ses cheveux non laineux, par le commencement de 
civilisation qu'elle a atteint , par les grands états qu'elle 
a fondés depuis un siècle. Or, il est bien remarquable que 
des considérations linguistiques aient porté, dans ces der*- 
niers temps, M. d'Eichtal à rapprocher les Fellans de la 
famille malaise , c'est-à-dire de la race brune. 

Cette race, ainsi augmentée, forme trois groupes géo- 
graphiques respectivement séparés par la mer d'Oman et 
par le golfe de Bengale, et que l'on peut désigner par les 
dénominations de rameaux hindou , éthiopien et malais. 
Les deux premiers de ces groupes présaitent des formes 
analogues à celles de la race blanche , tandis que le rameau 
malais rappelle davantage la race jaune, comme s'il 
était le résultat d'un croisement de cette race avec la race 
noire, tandis que les Hindous et les Éthiopiens résulte- 
raient du croisement des blancs avec les noirs. 

D'un autre côté, la race blanche débarrassée des Hin<- 
dous et des Abyssiniens forme un groupe beaucoup plus 
naturel, plus en harmonie avec sa dénomination, et ne 
présente pour ainsi dire plus de difficultés qu'en ce qui 
concerne les rapports du rameau scythique avec la race 
jaune, ce qui m'a permis, sans m'écarter de mes princi* 



fierait également qu'ils sont le résultat du mélange de ces Berbères avec des 
peuples noirs, et If. Ruppel a reconnu que ce mélange est également indiqué, 
par la circonstance qu'une partie des Barabras parlent le Nuba , c'est-i^dire 
la hmgve des peuples nègres qui les ayoisinent . 



(108) 

pes, de reporter ce rameau k la fin de la série àiosi que le 
faisait Cuvier. 

Ces rapports da rameau scythique avec la race jauoe, 
sont tels qu'il y a des ethnohrapbes qui ne font qu'no 
même groupé des Turcs et des Mongols, et il est effective- 
ment difficile de faire autrement, lorsque Ton ne s'atta- 
che qu'ajux caractères linguistiques, car il y a entre ees 
peuples de telles liaisons, que la langue turque est non- 
seulement parlée par des peuples d'origine turque qui ont 
plus ou moins pris les caractères naturels des Mongols, 
mais aussi par de véritables Mongols, qui ont toujours été 
considérés comme tels (i). Dans cet état de choses , poor 
être conséquent avec les principes que j'ai posés ci-dessos, 
il faudrait retirer de la famille turque tous les peuples où 
les caractères naturels de la race jaune peuvent être con- 
sidérés comme dominants , mais on ne possède pas eo- 
core des notions suffisantes pour se flatter de pouvoir 
opérer ce triage d'une manière complète , et je me sais 
borné à reporter les Iakoutes dans la race jaune. 

J'ai cru aussi devoir placer dans la famille Finnoise les 
BachkirSy les Téléoutes et quelques autres petites pe»- 
plades voisines de l'Oural et de l'Âltai , qui parlent des 
langues turques, mais qui, d'après une manière devoir 
qui fait journellement des progrès, doivent être considéra 
comme Finnois (3). 

Je ferai remarquer^ au surfdus, que si l'usage, les liai- 
sons dont je viens de parler et Tétat d'infériorité actuelle 

(1) Cette circoDStance de véritables Mongols parlant la langue turque ma 
été communiquée dernièrement par M. de Tcfaicatcheff qui s'occupe de lapo* 
blication d*un voyage scientifique qui Ta conduit jusque sur le territoire 
chinois. 

(2) Voici notamment comme M. Helmerzen s'exprime à Toccasion des Te* 
léoutes : «Une faut d'ailleurs point oublier qu'on s'expose à de graves erreurs 



( 109 ) 

de la plupart.d^s peaples seyifaiques , m'ont porté à repla-. 
cer ce rameau auprès de la race jaune > ce n'est nullement 
que je partage Topinion des personnes qui voient une 
même souche chez les Scythes et les Mongols. Je pense , au 
contraire, que ce sont deux types très-différents, car les 
Finnois, qui se sont consenrés purs, et les Turcs des temps 
anciens , tels que les ont décrits les historiens chinois , pré- 
sentent par leurs cheveux roussâtres et leurs yeux bleuâ«> 
très ou verdàtres, des caractères extrêmement éloignés de 
ceux des peuples de la race jaune, qui ont toujours les yeux 
et les cheveux noirs. Au surplus, soit que les personnes 
qui entrent dans le champ des hypothèses voient dans le 
rameau scythique une dégénération de la race blonde pro- 
prement dite, ou la souche primitive de cette race, ou une 
souche particulière , tout semble annoncer que ce type est 
un de ceux qui tendent à s'éteindre ; car si , comme nous 
venons de le dire, il y a chez les Turcs orientaux une ten- 
dance à prendre les caractères des Mongols, les Turcs occi- 
dentaux, tout en conservant encore leur indépendance 
politique, sont frappés d'un état de dépérissement bien 
sensible; aussi, malgré l'oppression et les exactions de 
tous genres qu'ils font peser sur l$s Européens qui leurs 
sont soumis, le nombre de ces derniers tend à augmenter, 
tandis que celui de leurs dominateurs tend continuelle- 
ment à diminuer (1). D'un autre côté, les Finnois se fon- 
dent, parmi les Russes, mais il faut remarquer que cette 



» en établissant Torigine d*un peuple par sa langue. Ainsi les Bachkirs parlent 
» turc , et cependant celui qui les a vus chez eux , dans FOural méridional , ne 
» dira point qu*il8 sont dVigine turque, mais les rapportera plutétaux 
» Finnois ( Ougors). Aussi les Kirgbis ne les nomment-ils pas Bachkirs, mais 
» Itiaks ou Osliakes. » ( Annuaire des mines de Russie, 1840 , p. 84 ). 

(1) On peut notamment consulter les belles pages que M. Blanqui a écrites 
dernièrement sur ce sajet.^ 



( 110) 
f astoQ , considérée sous le rapport natarel , n^esl pas aussi 
rapide qu'elle le parait sous le rapport social ^ car le type 
finnois se prœente encore fréquemment parmi les hommes 
delà Russie septentrionale qui ont le langage et les mœurs 
des Russes. 

Ceci nous conduit à examiner les changements qui se 
sont produits dans le genre humain depuis les époques 
auxquelles remontent les matériaux qui ont servi à mes 
premiers tableaux , et nous verrons que le rameau européen 
a non^seulement continué à gagner en puissanee et en ter- 
ritoire , mais que les récensemrats y constatent un accrois- 
sement de population de plusieurs millions, tandis que 
les renseignements des voyageurs annoncent en général 
que les autres peuples présentent un état stationfiaire on 
rétrograde. Si nous poussons cet examen plus loin , nous 
verrons, en outre, que, si c'est seulement dans le rameau 
le plus blanc de la race blanche que ce pr<^ès a lieu , c'est 
aiissi la division la plus blanche, c'est-à-dire la famille 
teutonne, qui présente le plus de développement, et que, si 
ce développement s'est fait sentir dans la famille latine, 
c'est chez les peuples qui , comme les Français, les Itali^sis 
et les Yalaques, se rapprochent le plus des Teutons et des 
Slaves > par leurs caractères naturels et par les raj^orts 
d'origine. 

Il est bien remarquable, en efltet, que, tandis qiie l'é- 
mancipation des colonies anglaises de l'Amérique du Nord 
a donné lieu à un si prodigieux développement de la race 
blanche dans cette partie de la terre ^ les mêmes circon- 
stances politiques produisent assez généralement un lé- 
sultat contraire dans l'Amérique espagnole^ Cette différence 
n'âurait-elle pas quelques rapports avec ce préjugé, si for- 
tement enraciné chez les Américains, de ne pas s'unir avec 
les races colorées, et de rejeter, en quelque manière, les 



( Hl ) 
produits de ces unioDs hors de leur société, tandis que les 
Espagnols y plus libéraux sur cette question, admettent les 
gens de couleur à la participation des droits politiques? Ne 
pourrait-on pas aller plus loin , et se demandersi la circon- 
stance que les Espagnols n'occupent plus maintenant dans 
la civilisation européenne la position relative qu'ils y avaient 
il y a trois siècles , ne viendrait pas de ce que les anciens 
habitants de FEspagne auraientété d'origine araméenûe, et 
que l'effet produit par les conquêtes des Romains , des Goths 
et des autres Européens , aurait en quelque manière cessé 
de se faire sentir , par suite de la prépondérance reprise par 
le sang des peuples conquis à l'aide du temps et de l'in- 
fluence de l'occupation maure? Cette manière de voir se- 
rait pour moi un motif d'adopter l'opinion » assez générale- 
ment en faveur maintenant parmi les ethnographes, de 
placer dans le rameau araméen le petit peuple Basque, qui 
est probablement un reste des anciens habitants du sud- 
ooest de l'Europe , lequel aurait pu conserver sa langue à 
l'aide de ses montagnes et de son courage; je n'ai cepen- 
dant pas voulu faire à mon premier tableau un changement 
fondé sur une considération aussi hypothétique > et j'ai 
encore lai$sé provisoirement la famille basque à la suite dfi 
rameau européen. 

1) est bien remarquable que le temps qui s'est écoulé de 
nos jours , temps si minime par rapport à la série des 
siècles , suifit pour nous faire apercevoir le mouvement 
progressifdesvariétéshumaineslesplus blanches, etla mar- 
che rétrograde des autres races. On dirait que malgré l'état 
de stabilité imprimé maintenant à la nature organique , 
il se passe encore un phénomène analogue à celui que nous 
révèle l'étude paléontologique de l'écorce du globe terrestre, 
où nous voyons paraître successivement des espèces de plus 



( 112) 

en pltts perfectionnées , de telle manière que les poissons 
ont précédé les reptiles» que les reptiles ont précédé les 
mammifères didelphes , que les mammifères didelphes ont 
précédé les mammifères monodelphes, et que rhomme ii*a 
paru que pour couronner la série. 

Il me reste , avant de terminer cette note» à dire quel- 
ques mots sur le chiffre que j'ai adopté pour exprimer la 
population totale de la terre. Dans les tableaux que j'ai pré- 
sentés à l'académie en 1839, j'ai restreint toutes mes divi- 
sions dans le chiffre de 759 millions adopté par M. Baibi, 
Fnn des auteurs qui me paraissent avoir discuté cette ques- 
tion de la manière la plus judicieuse. Cependant lorsque 
j'ai reproduit ces tableaux , dans mes Notions élémentaires 
de itatùtiqae, j'ai élevé ce chiffre à 750 millions; d'abord, 
parce que les évaluations de M. Balbi se rapportaient à 
l'année 1836, et qu'il était constaté que les peuples euro- 
péens avaient augmenté de plusieurs millions pendant les 
quatorze années de 1826 à 1^40, ensuite, parce que le 
nombre rond de 750 me semble mieux exprimer l'état 
incertain de nos connaissances qu'un chiffre plus précis. 
Cette dernière considération est cause que , quoique les 
populations européennes aient encore augmenté sensible- 
ment depuis 1840, j'ai cru devoir maintenir le chiffre de 
750 millions , ce qui présente d'autant moins d'inconvé- 
nients que, outre que les évaluations de toutes les antres 
populations ne reposent que sur de simples conjectures^ 
presque tous les renseignements recueillis dans ces der- 
nières années tendent, ainsi que je viens de l'indiquer, à 
diminuer le chiffre de ces populations, et que j'ai tout lieu 
de croire que les évaluations de M. Balbi , pour le sud- 
ouest de l'Asie , sont trop élevées. 



( 113) 



TABLEAUX 



DE LA DIVISION DU GENRE HUMAIN EN RAGES, RAMEAUX ET PEUPLES, AVEC 
l'indication APPROXIMATIVE DE LA POPULATION. 



I. Division en races et en rameatix. 



RACE BLANCHE.. 



Eameau européen . 

— araméen . 

— persique . 

— scythique . 



• • 



260,000,000 
26,000,000 
23,000,000 
21,000,000 



330,000,000 



RACE JAUNE. 



Rameau hyperboréen . 

— mongol. . . 

— sinique. , . 



• • 



250,000 

2,000,000 

216,000,000 



218,000,000 



RACE BRUNE 



Rameau hindou 124,000,000 

— éthiopien 6,000,000 ) 146,000,000 

— malais 16,000,000 



RACE ROUCE. 



Rameau septentrional . . . 
— méridional. . . . 



500,000 ) 
4.500,000 I »•»•«•»«» 



RACE NOIRE. 



Rameau occidental. 
— oriental. . 



40,000,000 



0,000,000 ) 

> 41.000.000 
1,000,000 f *."w»«w 



HYBRIDES. 



Tels que métis, mulâtres, lambos, etc. , . 10,000,000 



Total. 



TOM. XI. 



750,000,000 

9 



( 114) 

II. Subdivision du Rameau Européen en familleg et en peuples. 



Suédois . . 
Scandinaves . ^ NorTégiens . 
Danois 



F. TBIlTOBIRBA Gmibmm 



•1 

Anglais . . j 



Allemands . 

Néerlandais . 

Anglais p. dits 
Ecossais . 



F. CELTIQUE. < 



Kimrys 



Galls 



• ■ 



Fmaçais 



( Gallois . . 
( Bas-Bretons. 

I Irlandais. 
BigbltBdirs. 

Français p. dits 
Wallons , . 
Romans . . 

t Espagnols . 



F. LATINE..../ Hispaniens . ', ^ 

\ * f Portugal! 



F. «RBCQQE.. 



Italiens . 
Vala<|ues. 

Grec» . . 
Albanais . 



F. SI.AYE. 



Russes 
Bulgares . 

Serbes 

Carnieny . 
Wendes . 

Tehàkhea. 
Polonais . 



• • 



Russes p. dits 

Rousniaques 

Cosaques 



Serviens . 
Bosniens. 
Dalmates , etc 



Bobémes. 
Slovakes. 
Hanakes, de. 



Lithuaniens 



•I 



Lithuaniens p. dits 
Lettons . . 



82,500,000 



3,000,000 
1,000,000 
1,500,000 

45,500,000 

31,500,000 

500,000 
1,000,000 

8,000,000 
500,000 

86,000,000 



22,500,000 ) 86,500,000 

22,500,000 
6,500,000 



10,000,000 



4,000,000 



I 



2,500,000 \ 
1,500,000 I 

47,000,000 

4,000,000 

3,500,000 



2,000,000 ) 76,000,000 
200,000 

6,500,000 



0,000,000 
I 2,400,000 / 



? F. BA80VE.| Basques 4,000 

ToTAt 260,000,000 



( 115) 

III. Subdivision du Rameau ^raméen m familles et en peuples. 

Arabe» 16,000,000 

F. SÉMITIQUE., ^ Juif. 4,000,000 ] 20,500,000 

Syrien» 500,000 

/ Kabyle» 1,000,000 

Berber, . \ ^"•'y'«'»» .... 4,000,000 
F. ATLA1ITIQUE.< i Touarik» .... 300,000) 6,500,000 

\ Tibbous 100,000 

Coptes 150,000 

''OTAL 26,000,000 



rv. Subdivision du Hiameau f»«r#f^w en familles et en peuples. 



F. PBRftANHE.. 



Tadjik» 9,500,000 

Afghans p. dit». . . 3,500,000 
Beloutchi» . . , ,\ 

Afghans . ( Brahouis ) * ' 

Eobillas ) 

, etc. . . .} ''«<>0'«00 \ 22.500,000 



Kurde» 



,000 



Palans , 

Kurdes p. dit» . . . 
Loures 



I 1,500,000 



Arméniens . . ! 1,000,000 

1 Ossètes 50,000 



f Géorgiens .... 

F. GéORGIENNE.S Mingrëliens { 500 000 

\ Lases 



Total. 23,000,000 



( 116) 



y. Stibdwiiian du Rameau Seythique en familles et en peuples. 



F. GIRGâSSlERBlE 



Finnois de la | 
Hongrie. .| 



Finnois de laj 
Baltique. . 



F. FlimOISE. 



Finnois de la' 
Russie orien* 
taie. 



F. TURQUE 



Tcherkesses 
Tchetschinset 
Lesghiens . 

Magiars 
Sseeklera . 

Livei . . 

Esthes . . 
Ischores 

Karèles. . 

Ymes . . 
Quaines 

Permiakes . 
Sirianes. . 
Yotiakes . 
TchouTaehes 
Tcheremisses 
Morduans . 
Bachkirs . 
Teptiaires . 
Metschériakes 

Vogouls . 
Ostiakes . 
Finnois de Ia) Tëléoutes . 
Sibérie . .\ Sagaïtses . 
Katchinses. 
Etc. . . 

Osmanlis . 
Turcomans 
Usbecks . 
Karakalpaks 
Kirghis. ' . 
Koumykes 
Basians. . 
Nogaïs . 
Touraniens 
Etc. . . 



84 

30 
141 
370 
100 

02 
140 
103 

10 




600,000\ 

200,000> 1,200,000 

400,000/ 

4,500,000' 



1,870,000 



1,110,00( 



120,000 



7,600,000 



4,000,000\ 
1,600,000] 

3,000,00of 

2,000,000 "'^^^'«^ 



1,600,000 



Total 21,000,000 



J 



( 117) 



YI. Subdivision de la Race Jaune en rameaux, familUt et peuples. 



' F. LAPONNE . . 
F. SAMOIÉOE 

F. liirisséENNE. 

F. IAKOUTB . . 
F. KAMTGBADALE 
RAMEAU / F. KORIAQUE . 
nTPBRBORÉEN.\ F. JCKAGIRE 

F. XSKIMALE 



i?F. KOURILIENHB 

F. MONGOLE. . 

F. TOUNGOUSE . 

F. CHINOISE . . 
F. COftÉENNE 
F. /APONNAtSE . 

F. INOOCHIHOISB 
F. TIBÉTAINE . 



RAMEAU 
M OR G 01.. 



RAMEAU 
SmiQUB. 



Lapons 
Saïuoiédes 
lënisséens 
Iakoutes . 
Kamtchadales 
Koriaques 
Jukagires 
Tchoaktches 
Tchougaches, etc. 
Àléoutes , etc 
Eskimanx 
Alnos . . 

Mongols . 
Eleuths . 
Bouriats . 
Toungouses 
Mandchous 

Chinois 
Coréens . 
Japonnais 
Annamites 
Siamois . 
Péguans . 
Birmans . 
Tibétains . 



250,000 



16,000] 
20,000 
38,000 
88,000j 

9,0001 

8,00ol 

3,000) 

50,000 

50,000j 
500,000^ 

i,ooo,oooi 

120,000^ 2,000,000 
60,00oi 
600,000 i 

160,000,000^ 

8,000,000 

25,000,000i 

12,000,00o( 



4,000,000/ 
5,000,000' 
2,000,000/ 



216,000,000 



Total. 



218,000,000 



C 118 ) 



YU. Subdiviiion de la Race Brune en rameaux , familles el peuples. 



iF. HINDOUE 



• • 



RâMBAtJ 
HIHDOV. 



F. MALABARB 



F. ▲■TMIHIIHIIB . 



RAMEAU 
ÉTHIOPISH. 



F. FELLAMITE 



RAHEAO 
MALAIS. 



Seiks . . 
Radjepoute» 
Uarattes • 
Bengalis . 
Zigeanes . 
Ett.» etc. 

/ MalaBars. 
1 Tamouls . 
«/Telingat . 
iCiiigalais . 
' Etc., etc. 

.' feferabras . 
) Abjcuniens 
jaallac. . 
1 Etc. , etc. 

Fellans 
Ovas . . 

Etc.) etc. 

Malais. . 
Battas . . 
Javanais . 
Mtfcassars 

Bogis . . 
Turajas . 
Dayaks 
Binayos . 
Tagals. . 
\ fitc.i etc. 

/ Mariannais 
[F. MlCEON]ftsi£NHE.|Caro]inlens 

( Mulgraviens 

Néosélandais 
Tonga s 

; Boogainvilliens 
JGookiens . 
F. TABOUEHNE. •( Taïtiens . 

I Pomotouens 
Marquesans 
Sandwickois 



F. MALAISE . 



74,000,000\ 



124,000,000 



60,000,000 



5,000,000) 



s,ooo,ooo] 



15,000,000 



1 ,000,000 1 



6,000,000 



100,000) 16,000,000 



Total 146,000,000 



( H9) 

yill. Subdivision de la Bace Rouge en rameaux^ familles et peuples. 



F. KOLIOUIÏE 



RAM. SEPTEN- 
TRION AL. . 



F. LENNAPE . 



F. IROQOOISB 



F. SIOUB. 



F. APACaE . . 

\ Etc., etc. . . 
f. astèque . . 

F. QVICME . . 
F. QUICHUENME 



RAMEAU 
MÉRIDIONAL .^ 



F. ANTrSIENNB . 

ARAVCAKIEHITE 



'. 



F. PAMPÉENNS . 



F. CHlQUITÉEMIfE 



F. MOXÉEHME 



F, GUARA,R1ENHE 



Etc., ETC. 



Koliouges 
H aidas 
Etc., etc. 

iKaistenaux 
Cliippewais 
Algonquins 
Etc., etc. 
(Horons . 
Etc.» etc. 
Dacotas . 
Assinibouins 
Pauls. . 
Osages . 
Etc., etc. 

i' Apàches . 
Etc., etc. 



j Astèque» 

( Etc., etc. 

/ Mayas 

< Qoiches . 

(Etc., etc. 
Qaichaas 
Aymaras. 
Etc., etc. 

ÎTacanas . 
Etc., elc. 
{Aoca» 
Fuégiens. 
ÎPatagons 
Mocobis . 
Etc., etc. 
iChiqaUo» 
Etc., etc. 
ÎMoxos 
Etc., etc. 
Guaranis 
Bot^ndis 
Etc. , etc. 



« • • • 



Total. 



500,000 



2,500,000 
100,000 

1,315,000 

15,000 
S4,000 

32,000 

19,000 
27,000 

242,000 



4«5O0,00O 



216,000 



• « 



5,000,000 



( 120 ) 

IX. Subdivision de la Race Noire en rameaux , famillee et peuples. 

/ F. cAras . . . j Une immense quantité de pea< 

< F. HOTTSKTOTE. > plades , dont plusieurs sont \ 40,000,000 

0€CIDEIITâL . / „ A \ . 

\ F. HEaRB ... 1 encore mconnnes .... 

Fidjiens 

Néocalédoniens 

F. PAPOUEHHE . < Néohébridiens 

Salomoniens 

BAMEAU / ^'••P""* 

ORIENTAL . j I A. des Andaman . . . . ) 1,000,000 

A. de r Indochine .... 

. A. de Lnson * * 

F. A5DAMEHE. • « A. de la NouTcUe-Guinée. . 

A. de la Nouvelle -Hollande. 
A . de Van Diemen .... 

Total 41,000,000 



M. Van Beneden, membre de Tacadémie, présente en- 
suite des Recherches sur Vorganisation des Lagenella et les 
différents polypes Bryozaires qui habitent la côte d'Ostende. 
(Commissaires : MM. Wesmael, Gantraine et Dumortier.) 



( 121 ) 



Enumeralio synaplica plantarum phaneroganicarum ab 
Henrico GcUeotti, in regionibus Meœicanis collectarum. 
Âuctoribus M. Martens, et H. Galeotti. 

VALERIANES. (Dec.) 

VALBBiAnA. Linné. Neck. 

1. Yaleriana LACimosA. Nobif, 

(CoU. H. Gai. No 2548.) 

Herbacea, erecta, glabra; foliis radicalibus pinnatifido-pin- 
natis, pinnis dîstantibus profunde laciniato-pinnatiOdis, laci- 
niis linearibus obtusis, caule caespitoso simplici subaphyllo , 
•foliis caulinis semi-amplexicaulibus laciniato-pinnatis , floribus 
subcapitato -cory mbosis , corollis 5-fidis. — Caulis |-pedali8; 
folia radicalia multa , petiolata , petioHs sub â-poUicaribus^ 
lîmbo sub 3-pollicari, pinnis sessilibus subpollicaribus laci- 
niato-pinnatifîdîs , laciniis integerrimis linearibus 3-5 lineas 
longis. 

e- — Croit sur les rochers trachy tiques de Santa-Maria, 
près de Morelia de Michoacan, de 6^500 à 7,000 pieds. 
FI. lilas. Août. 

2. Yaleriaua hexicahaP Dec. 

(CoU. H. Gai. No 2546.) 

Obs. Propter specimina imperfecta species dubia. 

e. — Croît dans les champs de Morelia, de Michoacan, 
à 6,000 pieds. FI. lilas. Août. 

5. Yai.eriana barbarb.cfolia. Nobts. 

(Coll. H. Gai. No« 2549 el 2553.) 

Caule herbaceo erecto glabro sulcato , foliis pinnatis petio- 
latis, pinnis bijugis distantibus obovatis sessilibus répandis, 



(122) 

foliolo terminali majori ovato-rotundato , petiolîs alatis subco- 
natis, floribus trichotomo-paniculatîs b-fidis , staminibus inclu- 
518. — Affînis F'alerianae Mesicanae , Dec. — Caulis ingula- 
tu8, foliorum pinnae repando-^entatae, saepius basi auricolatae, 
panicula laxa eloogata , ramis Uteralibus tricbotomis , stigma 
triGdum exsertum. 

0. — Croît dans les bois et sur les rochers de Real del 
Monte et de Moran, au nord de Mexico, de 7,500 à 8,500 
pieds. FI. rosées. Août-octobre, 

4. YALERlâNA RAHOSISSIMA. NM». 
(Coll. H. Gai. N" 2552.) 

Gaule herbacée erecto tereti pubesceali a basi trichotome- 
ramoto, foliia longé petiolatis pînnatis, pinoîs l-5-partitis , 
laciDÎia linearibus , corymbis terminalibus coarclatis trichoto- 
mis, bracteîs oppositis lioearibus basi ciliato-pilosis. — Corolla 
extut glabra albo-rosea. 

4. — Croit sur les rochers porphyriques du Cerro Ven- 
toso, entre Pachuca et Real del Monte (20 lieues au nord 
de Mexico), à 8,000 pieds. FI. blanc-rosé. Août. 

5. YaLERIAIVA CnTICvEFOLIA. HBK, 

(Coll. H. Gai. N« 2554.) 

0. — Croît dans les champs et près des rivières d'Ario, 
dans le Michoacan , de 4 à 5,000 pieds. FI. blanches. 
Août. 

6. Yaleriaiia pilosiuscui.a. Nobis. 

(Coll. H. Gai. N0 2551.) 

Gaule herbaceo erecto subquadrangulo pubescenti-hirto^ 
simpliciusculo , nodis incrassatis pilosis, foiiis pinnatis glabris 
rachialato , pinoîs 2-5-jugis adnatis ovalo-lanceolatis repando- 
dentatis acuminatis, corymbo bis vel ter trichotomo denso 
longé pedunculato, corolla înfundibuliformi glabra 5-fida, 



C 123 ) 

statnintbus exsertls, fructu piloso-hirto , bracteis lineari-subu- 
latis. — Caulis subbipedalis , folia pollicaria, superiora seMilia 
subcoooata , inferiora in petiolum alatum amplexicaulem atte- 
nuata, pinnae subpoliicares ab apice ad basin foiii decrescentes. 
— Affinis FcUerianae sorhifoliae ^ HBK. 

0. — Se trouve près de Morelia de Michoacaii, dans les 
endroits humides, à 6,000 pieds. FI. blanc-rosé. Aoât. 

7. YALCftlAHIA AFFlNlâ. Nohiê. 
(Coll. H. Gai. N«2555.) 

Gaule herbaceo elongato glabro nodis pilasiusculis , foliia 
petiolatis pinnatis, peliolis alatis connatis piloso-oiliatis , pin- 
nis lanceolatis subinciso-serratis , rachi alato ciliato , corymbis 
densis trichotomis pilosulis , corolla glabra , staminibus indu- 
sis, fructu ovato pubescenti-piloso. — Proximè accedit ad 
priorem speciem a quà pinnis inciso-serratis statninibusque 
inclusis praecipuè differt. 

^■'^. — Croît dans les forêts de chênes du Cerro de S. Fe- 
lipe, près d'Oaxaca, de 8 à 9,000 pieds, et sur les rochers 
gneissiques de Juquila (cordillère occidentale d'Oaxaca), 
de 5 à 6,000 pieds. FI. blanches. Mai-septembre. 

8. YALEftlANA PULCHfcfjLA. Nobiê. 

(Coll. H. Gai. No 2560.) 

Gaule herbaceo humili erecto glabro subsimplici , foliis ra- 
dicalibus longé petiolatis lyrato-pinnatis glabris, pinnis dis- 
tanlibus obovatis sinuato - dentatis subpetiolatis , terminali 
ovato-rotundato inaequaliter sinuato-inciso, foliis caulinis pin- 
natis , pinnis lanceolato-oblongis subinciso-dentatis , corymbis 
densis dichotomis longé pedunculatis , bracteis linearibus elon- 
gatis oppositis, floribus majusculis infundibuliformibus 5-fîdis 
glabris, staminibus exsertis. — Folia radicalia cum petiolo 
4-3-poilicares, flores roseo-aibi magni. 

e. — On trouve cette belle espèce dans les forêts de la 



( 124 ) 
Sierra de Yavezia, à 7,500 pieds. FI. blanc-rosé. Juin. 

9. yALERIANA LAT1FOLIA. Nobi». 
(CoU. H. Gai. N« 2558.) 

Caule herbaceo erecto sulcato pubescenti , foliis omnibus pe- 
tiolatis glabris subcordato-ovatis obtusis apiculatis répandis 
utrinque nigro-punctatis , panicula laxa dichotoma, floribus 
glabris S-fidis, fructu obovato angulato glabro. 

e. — Croit dans les champs de la Antigua , près Vera- 
Cruz. FI. violàtres. Juin. 

10. Yaleriara sgandshs. HBK, 

(Coll. a. Gai. N« 7068.) 

e^. — Croit dans les bois et dans les endroits humides, 
près de Xalapa, de 3 à 4,000 pieds. FI. blanches. Mai. 

11. Yaleriana Galeottiana. Martens, 

(Coll. H. Gai. No 2547.) 

Glabra; caule herbaceo tereti erecto, foliis radicalibus lon- 
gissimè petiolatis, caulinis sessilibus omnibus profundè pinna- 
tifidis, lacîniis approximalis obovato-cuneatis apice 2-3-Odis 
obtusis , corymbo dichotomo , bracteis linearibus obtusis , flo- 
ribus longé tubuloso-infundibuliformibus 5-fidis glabris fauce 
piloso , staminibus exsertis. Caulis sub S-pedalis , petioli folio- 
rum radicalium 8-10-pollicares, folia duos poUices longa, pol- 
licem et amplius lata, laciniae 8-10-lineares. 

e. — Croit dans les endroits humides et dans les champs 
de Jésus del Monte, village près Morelia de Michoacan , à 
7,000 pieds. FI. rosées. Août. 

lâ. Yaleriana. 

(Coll. H. Gai. No 2250.) 

Obs. Spécimen inconipletum. 

e. — Sur les rochers basaltiques de Régla, près Real 
del Monte, à 6,300 pieds. FI. blanc-rosé. Août. 



( 125 ) 

15. Yaleriaiva. 

(Coll. H. Gai. No 2559.) 

Obs. Species propter specimina incompleta non determinari potest. — 
Foiia cauiina integerrima petiolata lanceolata, pellucido-punctata , panicula 
effusa gracilis dichotomè-ramosissima. 

e. — Croit dans les endroits humides et dans les dunes 
de TAntigua et de Vera-Cruz. FI. blanc-rosé. 



RUBIACËiS. (JussiEu.) 

I. GALIUM. L. 
t. Gamum mexiganl'h. ffBK. 

(Coll. H. Gal.N* 2616.) 

ecj. — Se trouve dans les bois de Xalapa et de Mirador, 
de 2,500 à 4,000 pieds. FI. blanches. Juillet. 

2. GAfilVM CANESGBIIS. MBK. 
(Coll. H. Gai. No* 2598 et 2616 bis.) 

0CJ>. — Se trouve dans les bois de chênes du district de 
Real del Monte, à 8,000 pieds, et près de Xalapa , à 4,000 
pieds. FI. blanches. Juillet. 

3. Galidh obovatum. ffBK. 

(CoU. H. Gai. No 2656.) 

e^. — Dans les bois de Yavezia dans la cordillère orien- 
tale d'Oaxaca, de 7 à 8,000 pieds. FI. blanches. Sep- 
tembre. 

4. Galium caripense. HBK. 

(CoU. H. Gai. NO 2651.) 

eu. — Se trouve dans les haies de Tehuacan (région 
cactîfère) , à 5,000 pieds. FI. blanches. Août. 



( 126 ) 

IS. Gai.ium FiiftcuM. JVobiM. 

(Coll. II. Gai. N« 2633.) 

Gaule tetragono scaberrimo, foliis qualernis ovaiii acutis 
supra glabrîs niiidU sublus piloëulis margioe ciliatis, floribus 
terminalibus dichotomo-cymosis fuscis, fructu albo-pilosis- 
simo, pilis elongatis moUibuH ood uociaatis, — Folia semi- 
pollicaria subtus trinervia. — Affinis Gadio ohovato HBK.. 

• 

eu. — Se trouve dans les endroits humides et dans les 
forêts humides du Cerro de San Felipe, près Oaxaca, à 
8,500 pieds, et du Cerro de Juquila, de 7,000 à 8,500 
pieds. FI. brunes. Septembre. 

6. G.AMCM BiRSUTUM? Rui% et Paw)n. 

(GoU. H. Gai. N» 2650.) 

Hirsuto-pilosum ; caule debili tetragono ramosissimo , folîîs 
quaternis sessilibus reflexis lineari-lanceolatis margine subre- 
volutis undique hirtis, pedunculis axillaribus uDifloris folio 
brevioribus, involucro 4-phyUo foliis simili, fructu ignoto. — 
Folia S-linearia, interoodia {-I -pollicaria. Frucius deest. — « 
Affinis Rubiae hiriae, HBK. 

e. — Croît sur les rochers de Mirador (département de 
Vera-Cruz) , à 3,000 pieds. FI. blanches. Septembre. 

7. G.4MI]M INVOLIGRATLM. ffBK. 

Syn. Rubia ciliata. Dec. 
(CoU. H. Gai. No 2506.) 

eu» — Se trouve dans les bois de El Sabino , au nord 
de Mexico, à 6,500 pieds. FI. brunes. Août. 

8. GaMVK GEMINIFLORUM. NobiS. 
(CoU. H. Gai. No 2604.) 

Caule diffuso ramoso hispido, foliîs quaternis lanceolatis 
aciimioatis glabris margine hispidis , floribua geminis pedun- 
culatis in apice ramorum, fniictu glabro. -^ FoUa \ polUoaria« 



( 127 ) 

0. — Croit dans les régions alpines da pic d'Orîzaba, 
vers 9,500 pieds. FI. brunes. Août. 

H. RUBIA. Toum. 

9. RuBiA HYPOCARPiA? Dec. 

(Coll. H. Gai. NO 2622.) 

Gaule 4goDO piloso hispidiusculo , foliis qualernis ovatis 
subacuminatis utrioque piloso-subhispidis margine reflexis, 
peduDcuUs axillaribus unifloris folium aequantibus <, flore in 
iavoliicro 4phyllo sessili , bacca pilosiuscula magoitudine pisi 
minoris. — Folia |-pollicaria, pedunculi uniflori. 

6U. — Croît dans les forêts de Xalapa, à 4,000 pieds. 
FI, blanches. Mai. 

10. Hcbia acumihata. IVohis, 

(Coll. H. Gai. NO* 2631 et 2632.) 

Glabra; caule tetragono debili scabro secus angulos retror- 
sum subaculeolato , foliis quaternis nitidis lanceolatis acumi- 
nato-mucronulatis , floribus in ramulis termîualibus subternis 
pedunculatis , corolla stellata , laciniis lanceolatis longe acu- 
minatis, baccis glabris rotundatis. — Folia subsessiiia 8-4 li- 
neas longa ; laciniae corollae in acumen longum productae. — 
Affinis Eubiae Scahrae, HBK, 

%. — Se trouve avec le Galium geminiflorum , au pied 
des pins, dans les forêts du pic d'Orizaba» à 9^000 pieds; 
dans la plaine de Tehuacan, à 5,000 pieds, et dans les 
forêts de Juquila et de Sola (cordillère occid'** d'Oaxaca) , 
de 4 à 6,000 pieds. FI. blanchâtres. Août. 

III. BORRERIA. Mey. 

il. BORRBRIA SVBULATA. DeC. 

(Coll. H. Gai. N» 2654.) 

Obt. In speciminibus nostris stipularum setae vagina longiores. 



( 128 ) 

0. — Croit dans les bois humides de la cordillère orien- 
tale d'Oaxaca, près de Yavezia, de 6 à 7,000 pieds. FI. 
blanches. Juin. 

» 

1^. BORRERIA VERTICILLATA. Mey. 
(CoU. H. Gai. N« 2560.) 

e. — Se trouve avec l'espèce précédente. FI. blanc-rose. 
Juin. 

15. BoRRERiA viRGATA. Cham, et Schlecht. 

(GoU. H. Gai. N« 2618.) 

e. — Croît dans les bois de Xalapa et de la colonie 
allemande de Mirador, de 3 à 4,000 pieds. FI. blanches. 
Juin. 

14. BORRERIA FERRVGINEA. DeC. 
(Coll. H. Gai. No 2607.) 

e. — Se trouve dans les champs et près des endroits 
habités, à la colonie de Mirador, à 3,000 pieds. FI. blan- 
ches. Février. 

i&. BORRERIA PATULA. JYobiS. 
(CoU. H. Gai. No 2608.) 

Glabra, caule herbaceo letragono flaccido laevi ramoso, 
ramis patentibus elongatis, foliis sessilibus oblongis acutis 
margine asperis ac revolutis , stipularum setis vagina longio- 
ribus , verticillis multifloris subglobosis , calycis dentibus 4 
subulatis alternatim miooribus. — Gaulis pedalis decumbens , 
ramis subpedalibus , folia potlicarîa , verticilli densi magnîtu- 
dine pisi majoris. 

e. — Croît avec l'espèce précédente. FI. blanches. Fé- 
vrier. 

16. BORRERIA LONGISETA. NobiS, 
(CoU. H. Gai. No 2611.) 

Flavescens ; caule herbaceo subhexagono simpliciusculo 
erecto pubescenti, foliis sessilibus lineari-lanceolatis rigîdis 



( 129 ) 

ëiipra pubescenlibus subtus villosis scabrisj stipularum setië 
Hgidis vagina quintuplé longioribus , verticillis capitaiis glo- 
bosis , foliis 4 inaequalibus involucratis , coroUa glabriuscula 
lobls ovatis obtusis, staminibus exsertis, cs^aula oblooga vil- 
losa calycis dentibus 4 elongalis clliato-pilosis corouata. — 
Folia 2 pollices longa ; verticilli axillares pauci j terminalis 
major. 

e. — Se trouve dans les savanes de Zacuapan et de Mi-" 
rador, à 3,000 pieds. FI. violettes. Octobre* 

17. BORRERIA GRAMINIVOLIA. lYobit, 
(Coll. H. Gai. ^0 2599.) 

Caule herbaceo tetragono folioso glabro apicé pubescenti , 
foliis angùstê linèarîbuâ làevibus oppositis et fatso-verticillatis 
margine revolutis , stipularum setis vaginà pubescenti loDgio<» 
ribus , capitulis semiglobosis terminalibus quasi pedunculatts, 
foliis floralibus 4 involucratis , capsula oblonga glabra dentibus 
calycinis â subulatis coronata. — Gaulis 4-5pollicaris, folia 
graminea l-l|-pollicares, capilulum magnum hemisphaeri- 
cum^ — Àffînis Borreriae podocephalae , Dec. 

0. — Croit dans les bois de chênes de El Sabino, près 
deZimapan (au nord de Mexico), à 6,500 pieds. Cette 
espèce se plait dans les endroits humides. FI. blanches. 
Août. 

18. BORRERIA OVAUFOLIA. PfohiS. 
(Guli. H> Gai. No 260é.) 

Glabra ; caule herbaceo erecto tetragono , foliis ovatis obtu- 
siusculis subsessilibuH , stipularum setis reflexis vaginà sub- 
longioribus , verticillis axillaribus multifloris sessilibus , Cap- 
sula ovata subpubescenti-hirta dentibus 4 lîneari-subulatis 
elongatis coronata. — Gaulis ^-pedalis, folia 6-8-linearia. Ailinis 
Borreriae ocymoidesy Dec« 

e. — On trouve cette espèce dans les savanes et dans les 
ToM. Xi. 10 



( 130) 
eadroiu homide^ de la colonie de Mirador , k 5,000 pieds* 
FI. blanches. Février. 

19. BORRERIA LJBVIGATA. NohiS, 
(Ooll. H. Od. N* 3580.) 

Glabra ; caule herbaceo tetragono laeri , fblîis oblongîs aeu- 
tis uoinerviîs laevîgatis, stipularum setis 5 vagina sublongicH 
ribus, floribus capitatis terminalibus aessilibus, calycin den- 
tibus 4 linearibus eiongatis glabris obiusis, capitulo denso 
hemisphaerico foliis 2-10 iaaequalibus suffuHo , antheris ex^er- 
lis. — Folia pollicaria; flores albi. 

e. — Croit dans la vallée de Morelia (Valladolid de 
Michoacan), à 5,000 pieds, et dans la plaine de la Jor- 
dana, près Toluca, à 8,000 pieds. FI blanches* Août. 

dû. BORBKRIA HABllK.BAiA. DbD, 

(CpU.S.Gal. N«2585.) 

e- — Se trouve avec Tespèce précédente. FI. blanches. 
Août. 

21. BoRRERiA Oaxacana. Ncbi$, 

(Coll. H. Gai. N» 2629.) 

Glabra ; caule herbaceo tetragono ramotissimo, foliis oblongo- 
Unearibtts acuUs pppositia et falso-^v^rrtiqiliatis , ^tipolarum 
seti$ flavidis 7-8 vaginA pubeaeenti panlum longioribus, capi* 
tulo globoso terminali muUifloro, involucro 4-6-phyllo reflexo, 
calycis dentibus 4 linearibus obtusis. — Gaulis 4-5-poliicari9 
ramis patulis , folia semipollicaria. — Âffinis Borreriae Haen- 
kaeanae Dec. 

(^. — Se trouve près de la ville d'Oaxaca , à 5,000 pieds, 
ilaojs les champs cultivés et sur les rochm de las Can^ 
ceras. FI. blanches. Septembre, 

32. BORRBRIA ASPBRA Nohië, 
(Coll. H. Gai. N« 2625.) 

. Caule berbi^ceo er^çto ^iipplici pubescenti a«periusculo , 



J 



( 131 ) 

foliis SHbtef pU sestilibiif laaceo|ata*liniiaribu8 iitviaque asjper- 
pîmis flayeieeiiiibus , c^tis 7-d HavidU rigtdis vagioâ dupte 
longioribus , capituHs globosis crassis termioalibus iovolucro 
8-10-phyllo cÎQctis^ calycîs dentibifs 4 lioeari-lanceolatis ct- 
liatis. — Folia 1-2-pollicaria. 

e. — Croit dans les endroits humides et sur les rochers 
gneissiques de Juquila, près de la côte i'Q^%jx(^^ ^^ignée 
par rOcéan Pacifique, à 4,000 pieds. FI. blanches. Septem- 
bre-octobre. 

S3. BORREBIA SETOSA. lYohit, 
(CoU. H. Gai. NO 2627.) 

Gaule berbaqep ereplQ te^ragonp ^e^so ji^pprP 99tfîntm 'a- 
moso parMP folioso, ^tipwl.arupi $ptij$ muUipar|i|;i8 y^gti)^ lop^- 
Çioribas, fpliis ppposjUj» laac^oli^to-li^earîbMs elgngatis acu- 
mioatis utrJQjfae pilosorasperis n^rgioe r«yo)uti$ scabef rimis , 
floribus sybcapitati^ termiqalibus i|:^yoluprQ A-pl^yllo patejgiti 
cinctis, capsùUs ovatis, calycis dentibus 4 linearl-iapceolati^ 
basi longé setosis. — Gaulis elongatus , interoodii S-poUicares, 
folia â-8-pollicaria , bracteae înaec^uales l-S-polHcares foliis 
simillimae ciiîat». 

Ohi. Species distinctissima propter setos bjralinos albos 3-3-Uneares in 
capsulU et ad margines dentium caljrf is. 

e. — Se trouve dans les forêts de palmiers et sur les 
dunes de la côte d'Oaxaca, baignée par TOcéan Pacifique, 
près du Rancho du Rio Grande. FI. blanches. Septembre. 

IV. SPERMACOCE. £. 
24. Spermacogb bchioïdes? EBK, 

(Coll. H. Gai. M4 2611 bis.) 

Gaule herbaceo erecto tetragono hispido aogulis retrorsum 
aculeolatis , foliis lanceolatis acumînatis subpetîolatis u trinque 
piloso-hîspidis, stipulis hispidit longe (^iliato^-sétosis^ verli- 



( 13Î ) 

cillit axillaribua termînalibusque sobglobosis , capsolis ovoî- 
deia birtîs brevô 4-denUilii. — Folia S-poUkaria , TerticUli ma- 
goitudÎDe pisi. 

e* — Se trouve dans les savanes de Zacuapan » à 3,000 
pieds. FI. violettes. Septembre. 

à5. Spbbmacoce tmuior. Z. Far. Latifolia, 

(CoU. H. Gai. N* 2600.) 

4. '— Croit dans les ravins de Zacuapan , à S,000 pieds. 
FI. Avril. 

86. SpBRMAGOCB AllPERItOLlA. PtobU, 
(CoU. H. Gkd. N« 2626.) 

Caole herbacée erecto pubescentî-hirto scabriusculo , folîis 
Âubsessilibus ovato-lanceolatis iutegerrimis supra et margine 
aaperrîmis subtus pubescentibus scabriusculis , stipularum 
setis vagina longîoribus, floribus axillaribus subverticillatis , 
staminibus exseriiê^ capsula ignota. — ^ Âffinis Spermacoce te* 
nuiorif L. 

e. — Se trouve dans les endroits humides, près de 
rOcéan Pacifique, dans TÉtat d'Oaxaca. Fh blanches. Sep- 
tembre. 

27. Spermacoce? Tetracocca. Nchis. 

(GoU. H. Gai. N« 2587.) 

Gaule humifuso tetragono a basi dichotome-ramiOsissîmo « 
foliis lanceolato-Uoearibus acuminatis subclliatîs, stipularum 
setis vagina vix longioribus , floribus axillaribus 1-3 , calicis 
dentîbus 4 ciliatis, minoribus interjectis, capsula 4partibili 
glabra , coculis monospermis. — (An genus navum?) 

e. — Se trouve sur les rochers trachytiques de Santa 
Maria, près de Morelia de Michoacan, à 6,000 pieds. FI. 
blanches. Août. 

Jf,£. H'' 3^95 «8t Spermacoeeae , spécimen ipcompletum : io syWis 
Ario (Michoacan), ad 5,000 ped. gall. invenitur. Floribus albis. Aug. 



(133) 

V. TRIODON. />ec. 
48. TaiODON ANGULATUM. Benth, 

(Coll. J. Linden. N* 615.) 

e. — Se trouve dans les bois de Xalapa et de Mirador, à 
S.OOOpieds. FI. Août. 

TI. GRUSEA. Ckam, et Schleçht. 
29. Crusba brachtphtlla. Cham. et Sehleeht. 

(GoU. H. Qal. No 2609.) 

^. — Croit dans les forêts de Coscomatepeque et de To- 
tozinapa , sur la déclivité orientale du pic d'Orizaba , de 
5 à 7,000 pieds. FI. blanches. Août. 

50. Crusba calocephala. Dee. 

(Coll. H. Gai. N» 2580 et 2591.) 

e* — Cette espèce croit dans les endroits humides et 
dans les bois des riions tempérées du Mexique , près de 
Mirador et de Xalapa ( Vera-Cruz) , de 3,000 à 4,500 pieds ; 
dans le Rincon et la Chinantla (Oaxaca) , de 2,500 à 4,500; 
dans les ravins d'Arumbaro et de Tzitzio, près de Morelia 
(Hichoacan) , de 3 à 5,000 pieds, etc. FI. violettes. Juil- 
let-Septembre. 

st. Grosea hispidula Bartling. (Index 9em, hort, bot, Gotting. 1S59.) 

(Coll. H. Gai. NO 2628.^ 

e. — Se trouve dans les forêts et sur les rochers humi- 
des de Juquila (cordillère occidentale d'Oaxaca), de 6 à 
7,000 pieds. FI. blanches. Septembre-novembre. 



( 134) 

YII. RICHARDSOMA. Kunth, 

«S^n. RiGHAHOIA. L. 

82. RiCHARDSOMA scABRA. Lin, et Dec, 

(Coll. H. G«l. N«* 2588, 2590 et 2655.) 

e. — Od trouve cette espèce dans les ravins du Rio 
Grande de Lertnà, près de Onadalaïai^, à 5,000 pieds, 
dans les ravins d'Arumbaro, près Moirelia deMichoacan, 
à 3,000 pieds, et dans les forêts du Rincon (cordillère 
occidentale d'Oaxaca), à 4,000 pieds» FI. blanches. Août. 

33. RicHARDSoau pilosa. Dec, 

(Coll. H. Gai. KO 2582.) 

e. — Croit dans les endroits humides et dans les bois 
de Xalapa ^ Mirador et de tonte la région tempérée atlanti- 
que , de a,8Ô0 à 4,500 pieds. FI. blanches. Juin-octobre. 

VIII. MACHâONIA. ItBK. 

34. Machaohia TELVTiaA. JVobis, 

(CoU. H. Gai. NO 7104.) 

Fmtéfe spitiulMut, ramiilU villositt8<MiIié, foliit brève pe- 
UolaUs ovatîs aouttiioàtis liipra gkbriusciilîs -, subtuë veluttnÎB 
piifoé$centi-villbêia, stipiilis ovatis setaceo^acuàiinàtia mimitii, 
panicula terminalî laxa pubesceuti-hirla bracteolalfl, coceis 
dense pubescenti-hirtis. — Petioli 2-3-lineare6 hirti| foHa 
2-polUcarîa> braoteolae subulatae ^ cocci trigoni 2-8-lineares. 

t . — Se trouve dans les ravins de Puente Naoionali dans 
la région chaude, près Yera-Cruz. FI. blanc-fauve. Juin. 

IX. GEPHALANTHUS. Z. 

35. Cephalahthus salicifolius. ffBK. 

(Coll. H. Gai. No 2598.) 

t. — On trouve ce joli arbrisseau dans les ravins d'A- 



( 135 ) 
niinbaro, au bord des raisseàut, près de Morelia de Mi- 
choacan , à 3,000 pieds. FL blanches odorantes. Août. 

X. GEOPHILA. Don. 
36. Geophila reniforuis. Cham. et SùMêcht, 

(CoU. H. Gai. No 2630.) 

e* — Croit dans les forêts de hauts palmiers et sur les 
dunes de la côte de FOcéan Pacifique, dans le département 
d'Oaxaca. FI . blanches. Septembre, 

XL GEPHIELIS. Sw. 
87. €bphaelis hiusitta. iVbMi. ($ Tapogomea. Ihc,) 

(Coll. H. Gai. No 7185.) 

Caule inferne glabro , ramis petiotis pedunculis foliis ipvo- 
lucrisque flavo-hirsutis , stipulis connatis vaginantibus apice 
in lacîoias duas linearî-subulatas elongatas abeuntibus , foliis 
ovato-lanceolatis acumînatis io petiolum brevem attenuatis , 
capitulo tertninali longe pedunculato, învolucri folioti^ basi 
lata ovato-lanceolatis acutis puoiceis. — Folia 8-4-poUicaria 
foliolae inyolucri 1 1 pollices longa , apice atteouata. — A£Gnis 
Cephaelis totnentoaae , Dec. 

t . — Se trouve dans les bois humides et au bord des 
ruisseaux de la Chinantla, dans la cordillère orientale 
d'Oaxaca, de 4,000 pieds. FI. jaunes. Juin. 

Xn. PALICOUREA. ^tiblet, et Dec. 
(PsTGHOTHiA. Jussieu et fFUld.) 
38. Palicourea affinis P. Guianensi. AuhL 

(Gdll. H. Gftl. N<» 2640.) 

Ohs, Propter spécimen incompletum ûobis obvium non determinanda 
species. — Affinis Palicoureùe Guianmsi, Jubl. 



( 136 ) 

^ . ^— On trouve cette belle plante an bord des rivières 
de la Ghinantia (département d'Oaxaca), près de Tepi-^ 
napa, à S,000 pieds. FI. orangées. Juin. 

39. Palicourea Galeottiaha. MarUm. 

(Coll. H. Gai. No* 2602 et 26S6.) 

Glabra ; foliis petiolatii lanceolatis utrinque attenuatîs longe 
acuminatis, stipulis ovatis bipartitis acutis persistentîbu9, pa^ 
nicula laxa subtrichotoma termioali foliis breviore, floribus 
tubuloso - iofundibuliformibus albis, pedicellis bracteolatis , 
bracteolis parvuUs lineari-subulalis , stigmate exserto bifido , 
calyce minute campanulate K^fido. — Folia membranacea sub- 
lucîda 8-4 poUioes longa, poUiceni et ampli us lata , flores 
semipoUicares , antherae ioclusae. 

t . — Se trouve dans les forêts épaisses et humides^ 
entre LIano Verde et le Rincon (département d'Oaxaca), 
et dans la Ghinantia y au delà des monts élevés de la Sierra 
de Yavesia, de 3 à 6,000 pieds. FI. blanches. Mars-août. 

40. Palicourea nigrescbus. iVb6ûr. 

(Coll. H. Oal. N» 2653.) 

Glabra ; ramulis subtetragonis, foliis petiolatis ovato-laoceo-r 
latis nitidis longé acuminatis basi attenuatîs , siccitate nigfres-^ 
centibus, stipults bipartitis, lacim'is Hneari-Ianceolaiis, panicula 
trichotoma laxa subsessili foliis multo breviore, calyce tubuloso-^ 
campanulato, Hmbo circumscisso subintegro, corotla cylin- 
drica lîmbo 5-Tel 6-fido , staminibus exsertîs. -. — Folia S-6 poU 
lices longa, 2 pollices lata, petîoli semipoUicares, panicula 
sesquipollicaris , flores rosei 4 Hneas longî. 

"$ . — Groît au bord des ruisseaux , près de Xalapa 
(département de Vera-Gruz), k 4,000 pieds. FI. hlapc-. 
rosé. Juin. 



( 137 ) 

4t. Palicourea crocea. Rim et Sehult, (Syn. Piychotria crocea. Sw) 

(Coll. H. Gai. N« 2617,) 

$ . — Croit dans les forêts humides de Xalapa , de Mira- 
dor et de toute la région tempérée atlantique, de 3,000 à 
4,200 pieds. FI. jaunes. Juin-octobre. Bois jaune très- 
amer. 



Notice sur les armoiries des chevaliers de la Toison d'Or^ 
qui sont conservées dans la cathédrale de Saint-Bavon à 
Gand ; par le chanoine J. J. De Smet, membre de l'Aca- 
démie. 

Nous nous plaignons assez souvent de Tindifférence de 
nos compatriotes pour les monuments des arts et les beau- 
tés naturelles que la Belgique peut citer avec un juste or- 
gueil. Cette apathie pour les merveilles que nous avons , 
pour ainsi dire> sous la main , n'est malheureusement que 
trop réelle, mais avons-nous en effet le droit de nous en 
plaindre si vivement? 

Remarquons d'abord, que ce mal existe dans les autres 
pays autant que dans les provinces belges , et que nos voi- 
sins ne s'en plaignent pas moins que nous. Ce n'est pas 
l'enfant de l'Ecosse qui franchit le court espace qui le sé- 
pare de l'ilot de Staffa , pour admirer ces colonnes magni- 
fiques de basalte^ dont se forment les paroisde cette grotte, 
si célèbre dans l'Europe entière; ce n'est pas le Florentin 
qui s'extasie à la vue des tableaux et des statues de tant de 
grands maîtres, que les Médicis ont accumulés dans sa ville 
natale, comme ce n'est pas l'habitant de Paris qu'on voit 
empressé à connaître les monuments qui ennoblissent la 



(138) 

capitale de la France* Le mal est donc général^ et peot-^tre 
n'est-il pas difficile d'en découvrir la cause. Dieu a feit du 
travail une obligation rigoureuse à rhouime^ mais il a voulu 
lui faire trouver dans le travail mâtne une récompense : 
c'est donc par une vue toute providentielle que tout ce 
que nous pouvons obtenir sans peine et sans effort perd 
par là même ses charmes, et que la fleur la plus brillante 
devient sans prix quand elle est commune. 

Je ne veux pas conclure de là qu'on peut dédaigner ce 
que le sol de la patrie présente de curiosités naturelles ou 
de monuments ; j'en déduirai plutôt que, sans nous laisser 
arrêter par Tindifférence populaire, nous devons appeler 
Tattention sur nos antiquités nationales^ et faire pour elles 
ce que nos honorables confrères, MM. Kickx et Quetelet 
ont fait pour la grotte de Han«sur-Lesse : dès-lors que ces 
restes d'un autre âge ou ces curiosités naturelles devien* 
dront des objets de sérieuses études, l'indifférence dont 
nous nous plaignons ne tardera pas à disparaître* 

Ce préambule est peut-être un peu trop grave et hors de 
proportion avec l'objet de cette note» mais s'il renferme, 
comme je le pense , une réflexion vraie , l'Académie me 
pardonnera sans doute, d'en avoir ici fkit usage. 

Plusieurs de nos villes principales avaient vu célébrer 
dans leurs murs ces chapitres de l'ordre de la Toison d'Or^ 
où les ducs de Bourgogne et leurs successeurs étalaient tant 
de pompe; mais peu d'entre elles ont eu soin d'en immor^ 
taliserle souvenir, ou celles qui y avaient songé ont eu le 
malheur d'en perdre les monuments dans les bouleverse-^ 
ments successifs qui ont désolé le pays. Ainsi la magnifique 
cathédrale de Toumay ne possède plus rien qui rappelle 
le chapitre de l'ordre que Charles^}uint y réunit les 3, 
4 et 5 décembre de Tan 1531 , quoiqu'on eut placé les 



(189) 

écttssons des chevaliôlrs aù-dûssiis des fermes des ch^^^ 
Doines (1)< 

Laeaihédrale de Saiat^Bav^â, à Gand^ a eu plus de bon^ 
hettjT. Deux ohapîtres d0 Tordfe y forent tenui f Fan par 
le boD due >ui*inéinei ei Taatre pftir Philippe II , roi d'Es- 
pagne ; les armoiries des chevaliers» peintes à cette occasion 
et suspendues dans le choeur, échappèrent à la fureur des 
iconoclastes du XYP siède, et à celle des Vandales français. 
Elles eurent cependant leurs jours de danger, aussi bien 
que les braves guerriers qu'elles déGoraient aux champs de 
Buligneville et de Luxembourg^ de Pavie» dû Mulilberg et 
de Saint*Quentin« Pendant la durée de Tespècd de républi- 
que que Jean d'Hembyse et Pierre Daithenns avaient établie 
à Gand , on n'aurait pu les découvrir, sans les exposet à 
être lacérées et brûlées par la main du bourreau ^ comme 
rappelant le souverain qu'on surnommait le Démon du 
Midi, le terrible duc d'AlbCi et tant d'autres courtisans dé» 
testés. Le chapitre parvint à sauver les tableaux , quoi- 
qu'avec peine; et quand le règne d'Albert et Isabelle eut 
ramené le calme dans nos provinces, il les fit replacer dans 
la boiserie, immédiatement au-dessus des sièges des cha- 
noines» Il y manquait toutefois seize écussons, ce qui fui 
cause, apparemment, qu'on ne se mit pas en peine de les 
placer tous dans un ordre nécessaire. 

On y remédia en 1771, quand on fit au chœur ces em- 
bellissements somptueux , mais malheureusement peu en 
harmonie avec l'architecture de la majestueuse cathédrale. 
Les blasons furent complétés et placés dans leur ordre 



(1) RtchBtehesêurl'égliie cathédrale âe Toumay,p9iT Le Mâistre d^Âns- 
taing, tom. II, p. 239. 



(140) 

primitirdeyant les hautes galeries^où ils se trouvent encore 
aujourd'hui. A l'occupation française , le marteau révolu- 
tionnaire, qui avait démoli les antiques ^lises dé Saint- 
Lambertà Liège et deSaint*0onat à Brug^, s'arrêta devant 
celle de Saint-Bavon. Mais quand le concordat permit 
d'en rouvrir les portes aux fidèles > il fallut cacher avec soin 
des armoiries que proscrivaient les lois républicaines, aussi 
longtemps que Bonaparte crut qu'il était de son intérêt d'en 
caresser les utopies. Depuis lors les blasons demeurèrent 
dans le même état , si Ton en excepte quelques-uns qui fu- 
rent brûlés dans l'incendie qui faillit détruire de fond en 
comblé un des plus beaux monuments religieux de Belgi- 
que : ils ont été remplacés plus tard. 

En les parcourant des yeux on ne peut s'empêcher de 
remarquer qu'un assez grand nombre ne portent ni casque, 
ni cimier, mais à leur place le collier de l'ordre passé au 
nœud, et que trois blasons du dernier chapitre sont de- 
meurés en blanc. Les premiers appartiennent aux cheva- 
liers morts depuis le dernier chapitre. Les autres ont donné 
lieu à une méprise assez généralement admise, quoiqu'elle 
n'ait aucun fondement , comme l'a remarqué dans une de 
nos séances de l'année passée , notre honorable confrère , 
M. Gornelissen. On s'est imaginé > on a même écrit plus 
d'une fois, que ces armoiries étaient celles du prince d'O- 
range et des comtes d'Egmont et de Hornes , qui avaient 
été effacées, à cause de la rébellion de ces seigneurs contre 
le roi d'Espagne. Rien de plus faux que cette supposition : 
les armoiries de ces trois personnages, devenus si femeux 
plus tard, se trouvent intactes à leur place; et les écussons 
en blanc, mais entourés du collier , sont ceux des cheva- 
liers absents qui n'avaient pas été reçus avec les formalités 
requises. 



( 141 ) 

Dans son Histoire chronologique des ëvéques et du cha- 
pitre de Saint'Bavon (1)) M. le chanoine Hellin (â) a donné 
la liste des chevaliers dans leur ordre actuel , mais comme 
il Ta fait confusément et en différents endroits de son ou- 
vrage , on ne me saura pas mauvais gré, j'espère, de la re- 
produire ici d'une manière plus suivie. 

Les blasons des chevaliers du chapitre que Philippe-le- 
Bon célébra dans l'église, dédiée alors à saint Jean-Baptiste, 
les 6, 7 et 8 novembre, 1445, sont placés à l'entour du 
sanctuaire; ceux du chapitre, tenu les 25, 24 et 25 juillet 
4559 (3) , par le roi Philippe II, se trouvent au-dessus des 
stalles qu'occupent les chanoines. Deux inscriptions, pla- 
cées au-dessus des portes latérales du chœur, séparent les 
uns des autres. La première, du côté de l'Évangile, a au 
milieu les armoiries du chapitre (4) , et porte d'une part : 

AUREI VELLERIS 
INGOMITIIS GANDAVl GELEBRATIS 



(1) Tom. I, pag. 403 et suiv. ; tom. IIj, pag. 9 etsuiv. 

(9) Emmanuel-Auguste Hellin, né à Anvers, le 11 février 1724, d^une fa- 
mille de robe, était notaire apostolique, quand Pimpératrice Marie-Thérèse 
le nomma , en 1755 , à la troisième prébende royale de Saint-Bavon , où il de- 
vint depuis écolâtre. l\ ne fit point partie du chapitre institué après le con- 
cordat, et mourut paisiblement à Gand, au commencement du siècle. Sons des 
formes peu agréables , son livre présente beaucoup de recherches curieuses. 

(3) Ce fut le dernier chapitre de Tordre. 

(4) Elles étaient d*abord d^azur , à un phénix essorant sur des flammes et 
une crosse d^abbé posée en pal derrière le phénix , le tout d*or , et pour de- 
vise : Goddoeimeer, Depuis le phénix fut chargé sur la poitrine de Técusson 
aux armes de Saint-Bavon , qui sont d'azur , au lion d^argent chargé de quatre 
faces de gueules , armé , lampassé et couronné d*or , Técusson timbré d*une 
couronne de comte. G^est sans doute à ces armoiries qu^on doit le distique , 
placé sur le tombeau des deux premiers évêques de Gand , qui furent réellement 
des hommes de mérite : 

Unicus estf phoemx, cintefes haec tumba duorum 
Phoenicum verae relligionis kabet. 



( 1^2 ) 

MONUM ENTA , VT VORQUATOfiUM 

DE GENTIBU8 HEROUH PIGMÀTA^ 

TBMIKmUM INIURlIft LÀGG861TA, 

ILLUSTRE QU0I9DÀM PRifiDfiGESftORUM 

EXEMPLAR : 

et de Tautre : 

FRO PiQJiilTATB A9 PQfiVBI(Q$ 
TRAlfftHfTTPlïpp ET P]Bn)¥M|l|T4Tf 

ÇATHEDHALIS ECG|.¥;SI^ GAPITU^Uy 

IN yf:LiORp:M formam mp^tithit 

ET RÇfXOV^yiT, 

Sur un panneau semblable, vis-à-vis du premier, qui 
perle au milieu la croix de Bourgogne, entourée du colier 
de la Toison d'Or ^ sur le manteau de Tordre et sommée d'une 
couronne impériale, on lit à droite : 

PHILIPPE-Lfi-BON , 

PUG DE BOURGOGNE, FOI^DATEUR 

PT CPEF J>^ I.A TQIS0N p'on, 

AYANT GONVOQUÉ A GANB LE CHAPITRE 

DE l'ordre , VII* DEPUIS SON 

I^^TITPTïQN, Y PHJÉSIDA ET ÇN G^ïi-ÉP^A 

LA FÊTE EN CETTE ÉGLISE 
LE 6, 7 ET 8^ JOUR DE NOVEMBRE, 1445. 



et à gaudie : 



PHILIPPE II , ROI D'ESPAGNE , 
CHEF DE l'ordre, AVANT SON DÉPART 

POUR l'bspagne. 



( ■l-*3 ) 

TINT Ç0tl^IfBLI.ElI6NT BN CBTTB 

iGhl$M LECHAPITEp: i>S LA TOISOM d'OR , 

QUI FUT LE XXlIl'' ET LE DERNIER DE 

l'o^drS) hM 23^24 ET S5^ de juillet, 1559. 

En tête des deux côtés du chapitre du boq duc ise pré- 
sentent deux emblèmes : le premier est un caillou entpuré 
de quatre fusils ou briquets , d'où jaillissent de$ étmçeUf^s 
et au-4es]soiis la devise : 

Ante ferit quam flamma micat; 

le second porte le collier de la toison d'or, avec œtte 
autre devise : 

Pretium non vile làborum. 

A droite du maitre-autel sont placées les armoiries sui- 
vantes 3 

De très-haut et puissant prince Philippe, duc de Bour- 
gogne , etc. 

De messire Charles, duc d'Orléans et de Valois. 

De messire itofand d'Uutkerke, seigneur de Hemsterpde 
et de Herstruut. Décédé. 

De messire Daniel de Brimeu , seigneur de Ligny. 

De messire /ean de la Clyte, seigneur de Gommines. 
Décédé. 

De messire Guilbert de Lannoy , seigneur de Willerval 
et de Tronchiennes. 

De messire Antoine , seigneur de Croy , comte de Por- 
cien y seigneur de Renty. 

De messire Jacques de Brimeu, seigneur de Grigny. 

De messire Philippe^ seigneur de Temaut et de La Motte. 

De messire Jean, seigneur de Crfymfii ^(^ C^JMfie», 



( 144) 

De messire Frédéric, dit Waleram, comie de Meurs. 

De messire Jean de Melun, seigneur d*Ân(oiDg et d'Es- 
pînoy. 

De messire Baudot dé NoyéUès^ seigneur de Casteaa. 

De messire Jean, bâtard de Luxembourg, seigneur de 
Hautbourdin. 

De messire Jean, seigneur de Neufchdtel et de Chà tel- 
sur-Moselle. 

De messire /ean^ duc d'il(en^on, comte de Perche. 

De messire François de Borsek, comte d'Ostrevant (1). 

De messire Henri de Borsek , seigneur de Yere , comte 
de Grand-Pré. 

De messire Drieu, seigneur d'Humiëres. 

A gauche du maitre-autel se trouvent celles : 

De très-haut, très-excellent et très-puissant prince, Don 
Alphonse, roi d'Arragon , V* du nom. 

De messire Jean, seigneur de Roubaix et de Herselles. 

De messire Antoine de Vergy, comte de Dampmartin, 
seigneur de Champlyte et de Rigney. Décédé. 

De messire Hugues de Lannoy, seigneur de Sautes. 

De messire Jean de la Trémouilk, seigneur de Jon- 
velle. 

De messire Jean de Luxembourg, comte de Ligney, 
seigneur de Beaurevoir et de Bouhaing. Décédé. 

De messire Florimond de Brimeu, seigneur de Massin^ 
court. Décédé. 

De messire Baudouin de Lannoy , dit le Bègue , seigneur 
de Molembais. 



(1) Mari de Jacquetine de Bavière. 



( 1^5) 

De messire Pierre de Beaufremont , seigneur de Charny 
et de MoDtfort. 

De messire Jean de Croy , seigneur de Tour-sur-Marne. 

De missire Simon de Lalaing, seigneur de Hantes. 

De missire Jean de Vergy, seigneur de Jonves et de 
Vignorry. 

De messire Charles de Bourgogne, comte de Cbarolais. 

De messire Rupert, comte de Wemeburg. Décédé. 

De messire Jean, duc de Bretagne, comte de Montfort. 
Décédé. 

De messire Mathieu de Foix^ comte de Comminges. 

De missire Regnauld, seigneur de Brederode et de 
Viane. 

De messire Jean , seigneur et ber d'Auxi. 

Les armoiries du chapitre que présidait Philippe II 
commencent d'une manière opposée à celle dans laquelle 
sont rangées celles du précédent, les premières se trou- 
vent ainsi au-dessus des stalles de MM. le doyen et Far- 
cbiprétre. 

Du côté droit, en entrant au chœur, on trouve celles : 

De très-haut, très -excellent, très -magnanime et très- 
puissant prince Charles ^ empereur des Romains, Y* du 
nom. Décédé. 

De très-haut, très-excellent, très-magnanime et très- 
puissant prince Philippe, roi de Castille, de Léon, etc. chef 
et souverain de Tordre. 

De très-haut, très-excellent et très- puissant prince 
Christieme, roi de Danemarck. Décédé. 

De très-haut, très-excellent, et très-puissant prince 
Maximilien y roi de Bohême, archiduc d'Autriche: 
ToM. XI. H 



( 146 ) 

De messire Pedro Antonio de San-Severino , de S^-Marc, 
prince de Visignano. Décédé. 

De Don Bertrand de la Cueva, duc d*AJbnqQerque. 

De messire Regnauld, seigneur de Brederode et de 
Viaue. Décédé. 

De messire Charles , comte de Lalaing. Décédé. 

De don Inigo Lopez de Mendoça , duc de rinfantado. 

De messire Cùme de Médias, duc de Florence. 

De haut et puissant prince, messire Emmanuel Phili- 
bert, duc de Savoie , prince de Piémont. 

De don Manrique de Lara, duc de Najara. Décédé. 

De messire Joachim , seigneur de Bye. Décédé. 

De messire Lamoral, comte à'Egmonl, prince de Gavre, 
seigneur de Fiennes. 

De messire Maximilien de Bourgogne,, marquis de la 
Vere, seigneur de Beveren. Décédé. 

De messire Jean de lignes comte d'Aremberg , baron de 
Barbançon. 

De messire Jean de Lannay, seigneur de Molembais. 

De haut et puissant prince Ferdinand, archiduc d'Au- 
triche , comte de Tirol. 

De don Consalve Fernandez de Cordova , duc de Sesa 
et Terranova , comte de Cabra. 

Pour le duc de Médina del Rio seco (1). 

De messire Charles y baron de Berlaimonty seigneur de 
Perweis. 

De messire Charles de Brim^u, comte de Meghen , sei- 
gneur de Humbercourt. 

De médire Jean, marquis de Berghes, comte de Wal- 
hain. 

(1) Ce blason est en blanc. 



i 



( 147 ) 

De messire Jean de Monêmoreneyy seigDenr de Cou- 
rières. 

De messire Vladislas , baron de Bermtein. 

De messire Antonio Doria, marquis de S^-Etienne» sei^ 
gneurdeGynosa. 

Du côté gauche, celles : 

Du très-haut, très-excellent, très-magnanime et très^ 
puissant prince , Ferdinand, empereur des Romains , roi 
de Hongrie et archiduc d'Autriche. 

De très-haut, très-excellent et très-puissant prince Jean , 
roi de Portugal. Décédé. 

De haut et puissant prince, messire Frédéric , comté 
palatin, électeur, duc de Bavière. Décédé. 

De don Pedro Hernandex de Vélasco, duc de Prias , con- 
nétable de Castille. 

De don FerranH Gonzaga, {nrince de Motsetta, duc 
d'Âriano. Décédé. 

De messire Jean de Hennin, comte de Boussu. 

De messire André Doria , prince de Melfi. 

De messire Ferdinand Alvarez de Toledo^ duc d'Albe. 

De haut et puissant prince messire Albert, duc de Ba- 
vière , prince d'^nplre. 

De messire Octavio Famèse , duc de Parme et de Plai- 
sance. 

De messire Frédéric , comte de Furstembergh. Décédé. 

De messire Ponthus de Lala^n^, seigneur de Bugnicourt. 
Décédé. 

De messire Claude de Vergy, baron de Champlite. 

De messire Pierre Ernest, comte de MansfM. 

De messire Pierre, seigneur de W^chin^ sénéchal du 
Hainaut. Décédé. 



( 1-w) 

De haut et puissant prince Henri-le-Jeune , duc de 
Brunswick. 

De messire Philippe de Cray > duc d'Arschot , prince de 
Chimay, conste de Porcien et de Sinneghem. 

Pour don Carlos, prince d'Espagne (1). 

Pour le duc de Gordoue et Ségorbe (1). 

De messire Philippe de Stavekj baron de Chaumont , sei- 
gneur de Glyan. 

De messire Philippe , baron de Montmorency^ comte dei 
Homes. 

De messire Guillaume de Nassau, prince d'Orange, ba- 
ron de Breda. 

De messire Jean, comte d'Oost^Frise, seigneur de Dur- 
buy. 

De messire François-Ferdinand d'Avalos, de Aquino, 
marquis de Pescara et de Guasto. 

De messire s' Força s' Força, comte de Santa Fiora 
marquis de Varzy, seigneur de Castello-Arquato. 

Cf. de Reifienberg, Hist. de la toison d'or, pp. 28, 469, etc. 



Note sur la technologie archéologique, par M. Fabry 

Rossius, de Liège. 

Si Ton peut encore admirer dans notre pays ces nom- 
breux monuments d'architecture ogivale, que leur masse 
imposante a souvent sauvés de la destruction, il n'en est 
malheureusement pas de même pour cette multitude de 
menus objets, qui tous avaient leur but d'utilité ou d'em- 



(1) Blasons en blanc. 



( 149 ) 

bellissement. Ils ODt disparu presque partout par TefiFet des 
guerres ou des caprices de la mode. C'est donc un bon- 
heur inespéré, lorsque la terre, fidèle dépositaire de ces 
curieuses reliques, les rend inopinément aux regrets des 
archéologues. C'est ce qui est arrivé à Liège , au mois 
d'octobre 1842. Des ouvriers , en creusant les fondements 
d'un mur de jardin , découvrirent les débris plus ou moiiis 
complets de niches en terre émaillée de couleur verte. 
Quoiqu'aucune ne soit entière, cependant si l'on en com- 
bine les fragments^ on parvient aisément à une restaura- 
tion certaine. Cela étant, nous allons décrire une de ces 
nichas, qui du reste se ressemblent toutes. La hauteur est 
de 2 décimètres 1 4 centimètres , la largeur de 1 décimètre , 4 
centimètres, 6 millimètres, et la profondeur de 4 centimè- 
tres. La devanture offre un encadrement rectangulaire con- 
sistant en deux baguettes séparées par des gorges^ puis par 
un tore qui se bifurque pour former une arcade en mitre, 
ornée inférieurement d'un appendice tricurviligne composé 
d'une baguette qui descend le long du tore qui sert de support 
à l'arcade. Les cavités, produites par les trois détachements 
triangulaires de l'appendice tricurviligne, sont pleines et 
enjolivées de trèfles à lobes aigus. L'espace , compris entre 
chaque côté de l'arcade et chaque angle de la partie supé- 
rieure de la devantifre de la niche , forme deux triangles 
rectangles cernés d'une baguette. Chacun de ces triangles 
présente un enfoncement sur lequel s'étend élégamment 
une branche d'arbre couverte en partie d'un blason; celui 
qui est à gauche appartient à Érard de la Marck , LV« évé- 
que de Liège, et celui qui est à droite, à la noble cité de 
Liège. Le fond de la niche est paré d'arabesques italiques 
en forme de rubans légèrement végètalisés, et se terminant 
à leur extrémité supérieure par deux têtes de satyres 



( 130) 

afllroiitées. Imodédiatemenl dessous et au milieu» se moiitre 
ua blason dont l'apparleBance est inconnue. Le dos de la 
niche laissé brut et sans émail, indique évidemment 
qu'elle a dû être encfaftssée dans un mur. Ce qui rend cette 
terre cuite remarquable, c'est moins son exécution assez 
peu soignée el floue, que son style simple et gracieux. Les 
vrais principes de l'architecture gothique y apparaissent 
d'une manière si éclatante , qu'en n'examinant que la de* 
vanture, on serait presque tentéde lui assigner le commen- 
cement du XV* siècle , si un des blasons qui la décorent 
ainsi que les arabesques qui en ornent le fend> ne la rat- 
tachaient indubitablement à la première moitié du XYP 
(1506-1^38). €e système parachronistique démontre que 
l'artiste qui a composé le dessin de ce petit monument 
r^rouvait la multiplicité de lignes contournées, et la luxu- 
riance v^étale qui caractérisent le style quartaire , celui 
de là décadence de Tarchitecture ogivale. 



NOTES. 

1. „.d'ttn mur de jardin. Celui de M. Monard , situé le 

lODg de la partie aujourdliui comblée de rancien canal de Notger 
(quai de ia Sauvenière), près des substructions du rempart qui 
s^étendaît d« la porle d^Âvroi jusqu^à Rolangonlire. Ce rempart 
avait été bâti en 15)M), sous George d^Autricfae, LYII^ évéque 
de Liège , etpendaDt la magistrature des bourgmestres Ëdmoodde 
Schwartzemberg et Guillaume de Meeff-Loyeos. Recueil héraldique 
des hourgtnestres de la noble cite' de Liège ^ etc., p. S79. 

â. ,..puii par un tore Ce tore devrait être prismatique, 

mais le flou de ^exécution ne permet pas de s*en assurer. 

5. ,., Celui qui est é gauche appartient à Erard de la March 

Le blaMB 4*éraid de la. Marck porte d*or & la Tasce éefaiquetée 
émargent et de gueules, de trois trait», a« lion naiscant des gueules» 



( 131 ) 

Le blason de k npble cité de Liège porte de gaeoles à an perron 
soutenu de trois lionceaux et accompagné de deux lettres L. G., le 
tout d*or. Loyens, Recueil héraldique , etc. , pp. 1, 226. Le Trésor 
héraldique ou Mercure armoriai, par M. Charles Ségoing, advocat 
au parlement et es conseils d*état et privé du Roy. A Paris, 
MDCLYII, in-fol. pp. 97, 10$. Jules Pautet, Manuel du blason 
(Encyclopédie Roret). 

Le perron figuré sur notre niche n'est pas soutenu par des 
lions , ni accompagné des lettres L. G. , mais il est surmonté d*nne 
croix d'une dimension assez forte pour corroborer l'opinion du 
pseudonyme Léodinus, lequel a avancé, dans une savante disser- 
tation insérée dans la Revue numismatique de Tirlemont, 2^ livraison, 
que le perron était une croix de pierre, semblable à celles qu*on 
rencontre si fréquemment en Bretagne. Emile Souvestre , le Léo- 
nais , son aspect^ ses monuments f article inséré dans le Magasin 
pittoresque, tom. IV (1836) , p. 83-84. 

4 appendice tricurviligne. . . . L'expression ordinaire , arcade 

trilobée , me paraît entachée d'erreur ; quoiqu'elle ait été et qu'elle 
soit encore employée par les archéologues de la France et de la 
Belgique. 

Trilobé signifie muni de trois lobes ; or , dans les arcades dites 
trilobées (fig, 1), on ne pourra jamais voir qu'un seul lobe, celui 
qui touche à la partie supérieure de l'intrados de l'arcade à la- 
quelle il appartient. Pour qu'une arcade pût recevoir l'épilhèle de 
trilobée avec quelqu'apparence de raison , il faudrait qu'elle comp- 
tât réellement trois lobes (fig, 2). Dans cette supposition même, le 
trilobé n'existerait que dans le vide. Qu'arriverai t-il si une arcade 
était ornée de trois lobes véritables ? 

(fig, 3.) Il résulte de tout ceci : que l'expression arcade à ap- 
pendice tricurviligne, a l'avantage de présenter une image em- 
pruntée à la géométrie, et quel que soit le sens qu'on voudra don- 
ner au mot tricurviligne , il exprimera toujours un ensemble de 
trois lignes courbes. En supposant que Tappendice soit formé de 
quatre lignes courbes, ce qui arrive fréquemment lorsque la 
courbe supérieure et médiale étant rompue , elle forme une espèce 
d'ogive , par son adhérence à l'intrados de l'arcade (fig, 4). Dans 
ce cas , moyennant une légère calachrèse et un correctif , on peut 



( 152) 

conserver TeipreMion proposée , en disant : appendice tricurTÎ- 
ligne au sommet faussé. 

Le mot détachement (en aUemand , SpaUùng) m*a été indiqué 
par M. Mengé, ce savant et modeste artiste qui a composé et eié- 
culé toute la partie architeotonique de la nouvelle chaire de 
S*-Paul, à Liège, 

Dans un appendice tricurviligne appartenant à une arcade ogi- 
vale , les détachements sont au nombre de trois* 

Dans un appendice tricurviligne au sommet faussé et apparte- 
nant à une arcade ogivale , les détachements sont au nombre de 
deux. 

Dans Tun et Tautre cas , les détachements sont toujours trian- 
gulaires ; ils peuvent être pleins ou vides. Leur forme détermine 
d*une manière certaine le sens du mot tricurviligne. 

Leur sommet extérieur est quelquefois végétalisé. {fig. tf.) 



HISTOIBE NATIONALE. 

Notice sur les relations commerciales des Flamands avec le 
port d'Alexandrie d'Egypte, avant la découverte du cap 
de Bonne-Espérance; par M. Marchai. Lue en la séance 
du 5 février 1844. 

Qu*il me soit permis , à la suite d'an rapport que j'ai ré- 
digé pour raeadémie, au mois de décembre dernier, con- 
cernant différentes réponses adressées par M. Zizinnia, 
consul de Belgique à Alexandrie d'Egypte, d'ajouter une 
notice sur les relations commerciales des Flamands avec 
Alexandrie d'Egypte, avant la découverte du cap de Bonne- 
Espérance. J'y démontrerai, malgré l'opinion vulgaire, que 
les Vénitiens n'avaient point le monopole de ce commerce. 

Ce n'est pas seulement sous le ministère du duc de Ghoi- 



JSylI. ^e TAcad. 



Tome XI, l''^ partie , paçe W2 . 




r 



.( 153 ) 

seul , pendant les dernières années du règne de Loiiis XV, 
après Tapparition , sur les rivages méditerranéens de la 
Turquie, d'une flotte russe envoyée par Catherine II, que les 
princes chrétiens jetèrent des regards de convoitise sur 
FÉgypte , dont la conquête fut réalisée par Napoléon; mais 
plusieurs siècles avant cette époque , pendant les dernières 
croisades de Palestine , les chrétiens voulurent plusieurs 
fois s'en emparer , d'abord pour défendre ou reconquérir 
leurs possessions de la Terre-Sainte, plus lard pour l'avan*- 
tage de leur commerce. 

On apprend, par les écrivains des croisades, qu'à leur 
entrée en Palestine, les chrétiens, dont Godefroid de Bouil- 
lon était le principal chef, avaient voulu conquérir l'Egypte 
avant de faire le siège de Jérusalem , parce que c'était un 
acte de prudence d'anéantir la domination des califes fati- 
mites du Caire. Cette prévision, exposée dans le conseil des 
chefs de la première croisade , était fondée; l'expérience l'a 
démontré un grand nombre de fois , surtout lorsqu'on 1173, 
Saladin fut sultan de Damas, d'Alep et d'Egypte. Mats 
bornons-nous à ce qui concerne les Flamands. 

Aussitôt après que la première croisade eut été résolue, 
au concile de Clermont en 1095, les Flamands envoyèrent 
des expéditions navales pour secourir les croisés, conjoin- 
tement avec la marine des Pisans, des Génois et des Véni- 
tiens; car le passage suivant de V Histoire de Jérusalem ^ 
par l'archevêque Baldric, ne peut se rapporter qu'à la Bel- 
gique, d'où étaient partis le duc de Lothier dit de Bouillon, 
les comtes de Flandres , de Hainaut et l'élite de la cheva- 
lerie : Quivel Oceani, vel maris Mediterranei littus, navibus 
onustis armis et hominibus, machinis et victualibus, mare 
sulcantes operuerint. 
En l'année 1097, Baudouin de Boulogne ou du Bourg, 



( rô4) 

frère de Godeflroid de Bouillon (leur père était Eustache, 
comte de Boulogne), avait traversé TAsie-Mineore; il venait 
d'entrer en vainqueur dans la ville de Tarse, sur le Gydnus, 
où s'était baigné Alexandre le grand ; le port était à 5 stades 
de la mer Méditerranée, selon Strabon, et & 3 milles selon 
Albert d'Aix , Tun des historiens des croisades. Baudouin 
aperçut une embarcation qui s'approchait du rivage; c'était 
un navire flamand. Laissons parler de préférence k Albert 
d'AJx, Guillaume de Tyr, parce que celui-ci était très- 
instruit des affaires d'Orient, comme l'atteste H. de Gui- 
gnes : Mémoires deV Académie des Inscriptions, tome XXXYII, 
p. 479. Voici la copie du texte de Guillaume de Tyr, tra- 
duction française ou peut-être texte primitif; Manuscrit 
9492 de la Bibliothèque de Bourgogne, 
c En cette ville de Tarse, Baudouin et sa troupe si de- 
meurèrent asseoir, nesai quant jors, un matin, virent en 
la mer une nave, qui estoit bien à trois mil de la côte. Ils 
oissirent hors de la ville et dessendirent à la mer; cil se 
rapprochèrent, ce que ils parloient ensemble; bien di- 
soient cil del nef qu'ils estoient chrétiens. Lan leur de- 
manda de quelle terre, ils répondirent de Flandre, de 
Hollande, de Frise, et ce estoit voir que ils avoient été 
galiot de mer (c'est-à-dire, pirates, selon Roquefort, 
p. 660, 1. 1), et vagues depuis bien YIII ans. Or sestoient 
repenti et venoient par pénitence en pèlerinage en Jhéru- 
salem. Ils sénoncerent à venir à terre, et ilz y furent et 
orent grant joie que il i avoit ei maître d'entre eux, qui 
avoit nom Cumeniers, et estoit nez en Boulogne-sur-Mer, 
del terre au comte Hustace (Eustache)^ le père au duc 
Godefroi. Quant il oi que Baudouin, le frère à Godefroi 
son seigneur, estoit illec, il laissa ses nef et dit qu'il iroit 
» en Jhérusalem (Guill. Tyr, t. III , p. 35). » 



( 155 ) ^ 

Celle anecdote n'esl raiqK)rtée» ni dans Meyerus, ni dans 
Brando (MS. 18,180 de la Bibliothèque de Bourgogne, et 
qui est la base de la chronique de Meyerus), ni dans la belle 
dissertation , trop peu connue, que M. Mortier publia en 
1825 , à Gand, et qui a pour objet, la part que les Belges 
ont prise aux croisades. C'est, selon- mon opinion , un des 
meilleurs ouvrages sur cette matière. 

Les pirates flamands , c'est ainsi que M, Michaud les 
appelle, furent, un peu plus tard, faits prisonniers des 
Sarrazins; ils furent délivrés en 1099, à la prise d'Ârcas, 
forteresse au nord delà Palestine , et ils rendirent d'impor* 
tants services aux croisés, par leurs connaissances nau- 
tiques. 

Cet arrivage, au fond des parages orientaux de la mer 
Méditerranée, est la plus ancienne expédition maritime de 
long cours, que je connaisse^ des Flamands; mais la ma- 
nière dont elle est racontée par les historiens contempo- 
rains, fait conjecturer que les navigateurs de nos provinces 
avaient passé le détroit de Gibraltar et pénétré jusqu'en 
Asie, dans les temps antérieurs à la première croisade. 

Nous occupant spécialement des relations commerciales 
et maritimes des Flamands, dans cette notice, nous ferons 
connaître uniquement, pour la clarté chronologique , que 
Godefroid de Bouillon , 1*' roi de Jérusalem , mourut le 18 
juillet 1100, que Baudouin, son frère, dont nous venons 
de parler, lui succéda; que le5''roi,en 1118, est Baudouin 
d'Édesse; que le 4^ roi, en 1131, est Foulques, comte 
d'Anjou, appelé Foucault, par Oudegerst, et qu'il mourut 
en 1144. 

Les auteurs de Yu4rt de vérifier les dates font un reproche 
à Guillaume de Tyr, d'avoir placécet événement en l'année 
1142; mais si le texte latin, imprimé de la collection Gesta 



( 156) 
Dei per Francos, que j'ai consulté, porte efiectivement la 
date de 1144, la version de Guillaume de Tyr, au manuscrit 
949â de la Bibliothèque de Bourgogne, texte français , ne 
porte point de date d'année. La mort de Foulques y est ra- 
contée très-succinctement. Ainsi tout porte à croire que 
Guillaume de Tyr n'a point fait d'erreur, c'est l'éditeur latin 
qui aura voulu améliorer son texte, par une interpoUation, 
faite sans fondement. 

Si les trois premiers rois de Jérusalem appartiennent à 
la dynastie lotharingienne de la maison de Boulogne, le 
quatrième, de la maison d'Anjou, est allié à la dynastie 
comtale flamande de la maison de Bitche ou d'Alsace, car 
Thierry d'Alsace, comte de Flandre, pendant son premier 
voyage en Palestine, en 1138, ayant fait des prodiges de va- 
leur avec ses 300 chevaliers flamands , le roi Foulques lui 
donna en mariage Sybille, sa fille, née d'une première femme 
qu'il avait épousée en Anjou, et qui était morte avant qu'il 
fût roi de Jérusalem. Foulques était débarqué en Palestine, 
en 1129, il avait fait aussi des prodiges de valeur; il avait 
épousé la fille du roi Baudouin II ; ce second mariage fut la 
cause de son élévation, en 1131, au trône de Jérusalem. 

Thierry emmena Sybille en Flandre; il en était reparti en 
1138,selonlesconseilsdesaintBernard.Cemêmedocteurde 
l'Église, auteur d'un traité De laude novae militiae Templi^ 
à l'usage de l'ordre nouvellement institué des Templiers, 
fut apôtre de la deuxième croisade, il conseilla de nouveau 
à Thierry d'Alsace en 1146, de partir pour la Palestine, et 
d'y accompagner son suzerain, le roi Louis-le-Jeune , en 
laissant le gouvernement de la Flandre à Sybille, sa femme. 

Nous sortirions du cadre de celte notice, si nous expli- 
quions ce voyage de Thierry, par Constantinople , sa capa- 
cité et ses talents pour préserver d'une destruction totale les 



( 157 ) 

malheureux débris de rarmée française dans les défilés de 
la Gilicie. Il avait fait plus encore , une flotte de 200 voiles 
était sortie par son ordre des ports de Flandre, en 1147 ; 
elle contribua essentiellement à la conquête de la ville de 
Lisbonne, sur les Maures de la Péninsule espagnole. Cette 
flotte traversa ensuite le détroit de Gibraltar et arriva en 
Palestine avec des renforts. 

Cette expédition est la preuve la plus formelle, que dès 
le milieu du XIP siècle, les Flamands naviguaient jusque 
dans les parages les f lus éloignés pour eux> du monde 
connu des anciens. Je ne trouve, pendant ce même dou- 
zième siècle^ que la marine des républiques Lombardes, 
celles de Venise et d'Amalfi , qui aient porté des secours à 
la Terre-Sainte. Sans doute, les relations commerciales en- 
trèrent pour beaucoup dans ces expéditions; il y avait 
plus de facilité et plus de brièveté pour le voyage des pèle- 
rins en traversant la France et Iltalie et en s'embarquant 
dans le golfe de Tarente. Il y a dans la Bibliothèque de 
Bourgogne, un grand nombre de ces itinéraires, en manus- 
crit, tels que celui de Bocbard; leurs détails sont connus 
depuis longtemps. 

En 1157, Thierry d'Alsace fit un troisième voyage en 
Palestine; il y conduisit Sybille, sa femme. Le roi Foul- 
ques était mort depuis 1144, comme nous l'avons dit. 
Baudouin III, son fils, S" roi de Jérusalem, était frère con- 
sanguin de Sybille. On sait qu'elle mourut à Jérusalem. 

Thierry d'Alsace était débarqué au port de Berythe. In 
portu Berythensium applicuisse, dit Guillaume de Tyr, 
liv. XVIII, ch. 16 et 17 , amenant des renforts de troupes 
comme aux deux voyages précédents. 

J'ignore s'il fit la traversée par le détroit de Gibraltar , 
ce qui est assez probable, à cause de la désignation du port 



1 



( 158 ) 

de son débarquement et du nombre d^hommes qu'il con- 
duisait ; la route de terre était ordinairement par Ântioche. 

En 1 162 , Amaury, frère et successeur de Baudouin HT , 
fut le sixième roi de Jérusalem. L'année suivante, Thierry 
d'Alsace fit un quatrième voyage en Palestine, pour l'aider 
dans une guerre contre le dernier calife fatimite d'Egypte, 
dont la dynastie s'éteignait par la faiblesse d'un mauvais 
gouvernement 

L'historien Jacques de Yitry nous apprend (ch. XLYIII) 
qu'outre le si^e du Caire, le roi Amaury fit celui d'Alexan- 
drie, à l'extrémité occidentale de l'Egypte la plus éloignée 
de la Palestine. Amalriem prius Ahxandriam , egregiam 
JEgypii eivitatem, obséderai. Le texte deMeyerus dit: Bal- 
duinoregisespoponderant Alexandrini. C'est la première fois 
que les Francs essayèrent la conquête totale de l'Egypte. 
Guillaume de Tyr, dont le témoignage est prépondérant 
comme nous l'avons dit, fait ressortir en cet endroi t les avan- 
tages de la conquête d'Alexandrie. Il décrit cette place; voici 
l'extrait de son texte : Ferum et de regionibus transmarims 
navigio omnis opulentia ministratur, unde amplius qtuiU- 
bet urbe maritima commoditatibus dicitur abundare, Estque 
eadem àvitas forum publicum utriusque orbis. (Guill. Tyr, 
liv. XL) 

Amaury fut le plus grand roi de Jérusalem après Gode* 
froid de Bouillon. Il mourut en il7S. Baudouin lY, son 
fils, enfant de 15 ans, fut le T" roi; en 4183 , Baudouin V, 
enfant de 5 ans, neveu de Baudouin lY, fut le 8* roi. En 
1186, Gui de Lusignan, beau-père de Baudouin lY, fut le 
9"* roi, malgré l'opposition du comte de Tripoli , qui avait 
des droits à la couronne. 

L'année suivante , il fut fait prisonnier de Saladin , à la 
funeste bataille de Tibériade. La ville de Jérusalem ouvrit 
ses portes aux Musulmans. 



/ 



( 159 ) 

On ne peut lire le récit de cet événement sans faire de 
pénibles réflexions sur Tinutilité de tant de combats et de 
sang répandu, pour consolider la domination des chrétiens 
dans la Palestine. Le reste de Thistoire des croisades est 
une suite de catastrophes ^ après des succès brillants et 
toujours éphémères , après des actes innombrables de bra- 
voure qui étonnent Fimagi nation. 

Les historiens modernes, tels que Yertot, Michaud; les 
écrivains contemporains, tels que saint Bernard, Guillaume 
de Tyr, Jacques de Vilry, Joinville et d'autres, attribuent 
les revers des croisés, généralement et incontestablement 
supérieurs aux Musulmans par le courage et les talents mi- 
litaires, à leur insubordination et à leur immoralité; mais il 
y avait une cause fondamentale, plus forte de beaucoup que 
la multiplicité des chefs militaires, qui nuisaient à Tunité 
de commandement. Les historiens n'ont point considéré 
que les croisés transportèrent en Orient, le système de la 
féodalité, qui morcelait l'autorité supérieure dans chaque 
ville, dans chaque forteresse et même dans chaque terri- 
toire. Le roi était le suzerain, il est vrai, mais Ton sait 
combien la puissance royale était alors bornée. Les Francs 
étaient désunis, les Mahométans étaient unis. Voilà Tex* 
plication de tous leurs revers. Si les croisades avaient com- 
mencé au siècle où Pelage régnait en Espagne, lorsque la 
féodalité des grands vassaux n'existait pas encore, ou si elles 
avaient commencé sous le règne de Philippe-le-Bel, lorsque 
la féodalité commençait à décliner^ Tempire des Francs, 
à Jérusalem, à Edesse, à Ântioche, à Constantinople , au- 
rait été durable. 

Cependant tous les princes de l'Occident , ayant appris 
quei^ladin avait reconquis Jérusalem , en 1187 , s'étaient 
mis en mouvement à cette fatale nouvelle. Frédéric Bar- 



( 160) 

berousse, empereur d'Allemagne, Philippe-Auguste, roi 
de France, Richard Gœur-de-Lion, roi d'Angleterre, 
étaient partis par la voie de Constantinople, avec de nom- 
breuses armées pour la Terre-Sainte. Philippe d'Alsace, 
comte de Flandre, accompagnait les deux rois. Il fit 
mettre à la voile, en ii88, une flotte de 37 navires de 
guerre flamands, selon Meyerus, de 27, selon Oudegberst, 
qui sortirent des ports de Flandre et se joignirent à 50 na- 
vires danois et hollandais. Philippe d'Alsace, ayant épousé 
en 1184, Thérèse ou Mahault, fille du roi de Portugal, 
l'escadre eut ordre de prendre , pendant le voyage , la ville 
de Silves dans le royaume des Algarves, sur les Maures 
d'Espagne, ce qui fut heureusement exécuté. Nous repro- 
duisons cet événement parce que M. Michaud dit seule- 
ment : « Des guerriers français, anglais et flamands avaient 
devancé Philippe et Richard, conduit par Jacques d'A- 
vesnes, l'un des plus grands capitaines de son siècle, i» 

Le gouvernement du royaume , après la prise de Jérusa- 
lem en 1 187, fut dans l'anarchie jusqu'à l'arrivée de Jean de 
Brienne, envoyé par Philippe-Auguste, à S'-Jean-d'Acre; 
il fut le 13* roi , en 1210. Six ans auparavant , Baudouin IX, 
comte de Flandre, qui fut empereur d'Orient et qui s'était 
embarqué à Venise, avait envoyé à S*-Jean-d' Acre, Marie de 
Champagne, sa femme. Elle s'était embarquée sur une flotte 
commandée par Jean de Neelle, prévôt de Bruges. Cette 
flotte traversa l'Océan, c Oceano et mari Mediterraneo 
» emerso (Miraeus). » Les navires relâchèrent à Marseille, 
selon d'Outreman {Hist.de Valenciennes , p. 131); Marie y 
attendit les instructions de Baudouin, son époux, qui donna 
l'ordre qu'elle continuât la route par mer jusqu'à S*-Jean- 
d'Acre. Post varias jactationes , multaque pericula , Ptok- 
maïda pervenerat. (Meyerus, ad annum 1203). Elle y 



(161 ) 

mourut le 1"" septembre ou le 27 août de la mémeanuée. 

Jean de Brlenne , roi titulaire de Jérusalem » régnait 
seulement sur quelques ports du rivage , tels que SMean- 
d'Acre, Tyr et Sidon : il reconnut l'utilité qui résulterait 
de la conquête de FÉgypte, selon les projets d'Amaury P% 
Tun de ses prédécesseurs. 

En conséquence, pendant les années 1215 et 1216, il 
obtint de grands secours des princes d'Occident , pour faire 
le siège du vieux Damiette, à l'extrémité orientale de 
rÉgypte, le plus près de la Palestine. Je dis le vieux Da- 
miette, car cette place de guerre, dont nous allons parler, 
fut détruite à la fin des croisades; le nouveau Damiette est 
dans une autre localité. Une lettre d'OIiverius Scbolasticus 
de Cologne , témoin oculaire , à Engelbert , son archevêque, 
renferme les détails de ce siège fameux, où s'illustrèrent les 
Flamands, les Frisons et les Allemands du Bas^Rhin, 
Teutonicos et Frisiones. Il y eut entre autres douze vais- 
seaux sortis des bouches de la Meuse et commandés par 
Guillaume P', comte de Hollande; ils se joignirent à une 
flotte anglaise. De graaf stak met ttoaaif schepen uU de 
Maas, naar Engeland, enz. (Vaderlandsghe historié). 

Si deux Tournaisiens , frères , escaladèrent les premiers 
les murs de Jérusalem en 1099 , Ladolfus et Gisleberlus, 
fratres, viri nobiks artum habentes de civiêate Tomaeo, 
(Guill. Tyr, liv. YIII^ ch. 18), un Liégeois, et ensuite un 
Frison , escaladèrent les premiers , en quittant leur na- 
vire, la fameuse tour de la ville de Damiette. Primus 
militari clavd irrupit juvenis Leodiensis, Henricus naminey 
quem mox Frisus, Haijo Triveligim in agroprope Gronin- 
gamnatusy subsecutus est. ( Mortier, Dt^^er^, p. 124.) 

Pendant le siège de Damiette, les chrétiens d'Alexandrie, 
à l'autre extrémité du Delta du Nil , ne cessaient d'implorer 

Ton. XI. 12 



( 16Î) 

le secours du pape Innocent III , pour les déli^vrer de l'op- 
pression des Mosulmans ; le patriarche Mdquite d'Alexan- 
drie» c'est*à-dire , qui suivait Tobédienee de la cour de 
Rome, car il y avait un autre patriarche appelé Jacobite^ 
qui était schismatique , adressa lui-même les lettres les 
plus pressantes. Le souverain pontife lui répondit , par an 
bref que nous citons d'après le texte de YHiUoire des Conr 
eiles de Labbe. Il l'exhorte à supporter, avec une résigna*- 
tion chrétienne , les persécutions des infidèles. Il l'invite à 
se rendre au concile écuménique convoqué à S^-Jean^de* 
Latran. Il ajoute : Quim igitur in tanto negocio tuam dm- 
deramus hàbere pmesentiam , si fieripoUrit, personaUUr 
ad praesentiam nostram accédas. 

Le patriarche envoya le diacre Germain. En i323, 
Honorius III, l'un des Buecesseurs d'Innocent III, assembla 
un autre concile en Campanie {in Campama) , pour le 
recouvrement de la Terre^inte , et il écrivit des lettres 
affligeantes an roi Philippe-Auguste. Le patriarche écrivit 
de nouvelles lettres \ il traça la route que les croisés devaient 
suivre par mer pour assiéger Alexandrie. Il ajtMite, que 
depuis la reprise de Damiette , par les infidèles ,115 ^lises 
avaient été anéanties en Egypte; une partie de ces détails 
se trouve dans l'ouvrage de M. Michaud et dans la conti- 
nuation de Baronius, 1. 1 ^ p. 513^ etc. 

Voici l'extrait de la lettre du pape au roi des Francs : 
Qwintum ilhmsse credd^atur fldelibus felidfêm aurom suc- 
cessuum, quando cruce ^gnatorum eœercitHS Egyptum ag* 
grediens , posî turrim capîûm , castra fuerint in Damiela , 
quae robur censebattir jEgypti, 

Mais la discorde entre l'empereur Frédéric 11^ de la mai- 
son de Souabe, et le saintnsiége, paralysa les opérations des 
chrétiens en Palestine» Enfin , en 1348, saint Louis prit la 



(163) 

eroix. La conquête de l'Egypte fat le premier objet de ses 
opérations : « Le bon roi , dit Joinvllle , avoit dessein d-aller 
» de Chypre en Egypte sans séjourner. > La prise de Da- 
miette fat sa première opération. Damiette était» robur 
-^gypti, la principale forteresse du côté de la Palestine. 
On doit regretter de ne trouver, dans les descriptions de 
Joinville, de Geoffroi de Beaulieu, confesseur du roi, et au 
texte du MS. 9492 de la Bibliothèque de Bourgogne, ayant 
des extraits de Joinville , aucun détail commercial. Mats 
détournons les yeux des opérations subséquentes et da 
tableau déchirant de la captivité du roi et de son armée, 
résultat de Fimprudence du comte d^Artois, frère du roi. 
Tous les projets de saint Louis , pour la colonisation fran* 
çaise de l'Egypte , furent anéantis. 

Cependant les croisés avaient pris possession de deux 
grandes îles, Chypre, érigée en royaume en i 190, et Rhodes, 
où s'établirent les chevaliers de SWean-de-Jérusalem , en 
1307 et 1510. 

Parmi les rois de Chypre , Pierre I**, qui régna depuis 
1361 jusqu'en 1368 , est incontestablement le plus célèbre. 
Il forma le projet de conquérir l'Egypte. Il parcourut l'Eu- 
rope pour avoir des secours, mais il n'obtint que ceux des 
chevaliers de Rhodes. Néanmoins, il commença son expé- 
dition en 1365, avec une faible escadre de 30 galères. 
M. le comte de Caylus en a donné les détails dans un Mé- 
moire de V académie des inscriptions, tom. XX , p. 413. 
€ Pour tromper ses ennemis, dit ce mémoire, le roi 

> Pierre V mit à la voile sans déclarer le lieu qu'il voulait 
» attaquer. Il l'ignorait lui-même , mais avant de prendre 

> sa réBolution, il consulta Perceval de Cologne, chevalier 
» sage et courageux, qui connaissait parftiitement l'Egypte, 
» et qui avait été longtemps prisonnier à Alexandrie; celui- 



1 



(164) 

> ci lui conseilla d'attaquer la ville et lui promit un pleid 

> succès, s'il prenait ses mesures pour arriver un vendredi. » 
C'est en efiet le jour de repos hebdomadaire des Maho- 

métans. La ville fut prise avec la plus grande facilité; les 
Sarrazins en furent expulsés ; mais après quatre jours d'oc- 
cupation militaire, les chrétiens trop peu nombreux pour 
résister aux ennemis, dont la multitude s'accroissait de 
moment en moment , durent se rembarquer. 

M. de Caylus dit ensuite : c La prise d'Alexandrie irrita 
3» les Sarrazins; ils saisirent les effets des Chrétiens et mi- 
]» rent dans les fers tous ceux qu'ils trouvèrent dans le pays, 
p Les Vénitiens portèrent leur plainte au soudan , dont le 
» conseil leur répondit que c'était une représaille à l'insulte 
I» et au dommage qu'on lui avait faits. » 

Cependant il y eut un traité de paix qui fut favorable 
aux Chrétiens; par ce traité, ceux qui étaient munis d'an 
I^sseport du roi de Chypre, ne payaient que cinq florins 
de Florence pour visiter les saints lieux ; mais ce traité fat 
rompu après quelques mois. 

Le 18 juillet 1368, Pierre V , dont les vues supérieures 
h son siècle n'avaient pas été comprises, fut assassiné de 
50 coups de poignard, dans son palais , la nuit, pendant 
son sommeil , à côté de la reine. 

Après ces détails historiques, je vais donner quelques 
renseignements statistiques concernant le commerce des 
Flamande à Alexandrie. J'ai dit que les Vénitiens n'en 
avaient pas le monopole , je vais le démontrer. 

Je cite d'abord une liste des marchandises importées en 
Flandre au XIIP et au XI V" siècle. Cette liste est imprimée 
dans l'histoire de Flandre de M. Warnkœnig , tom. II > 
p. 512. 

tf Ce sont li royaume et. terre desquels les n^rcbandises 



(165) 

ï viengnent à Bruges et en la terre de Flandre; c'est assa- 
» voir les choses qui ensuivent ci-après. » 

Il y â aux dernières lignes : 

« Dou royaume de Constantinople vient alun de glace; 

> Dou royaume de Jhérusalem, dou royaume d'Egypte , 
de la terre de Soudan (d'Egypte ), vient poivre et autre épi- 
cerie et brésis. » C'est-à-dire , bois de teinture» selon l'in- 
terprétation de M. Warnkœnig , d'où serait venu le nom 
du Brésil ; Roquefort ne donne point ce mot. 

On va voir, par le paragraphe final de cette liste , que ces 
objets étaient importés directement en Flandre et non par 
Tintermédiaire des Vénitiens, 

c Et de tous les royaumes, et terres dessus dites, vien- 
» nent marchants et marchandises en la terre de Flandre ^ 
» par coi nulle terre n'est comparable, en marchandises , à 
» la terre de Flandre. » 

Cela est si vrai , que dans le tarif il y a des articles des 
royaumes de Fez» de Maroc, de Segelmesse, de Bougie,, 
de Tunis , c'est-à-dire, de toute la côte de Barbarie. . 

Ce n'était pas uniquement la religion qui avait été la 
cause des croisades, M. de Guignes {Mém. académ. inscrip., 
tom. XXXVII, p. 496) le fait observer : « Quoique nos 
» historiens , dit-il, qui étaient ou des prêtres ou des reli- 
> gieux, n'ont parlé de cette guerre que comme d'une 
» guerre sainte. » 

Mais le mémoire de M. de Guignes est spécialement 
rédigé pour démontrer l'existence antique du commerce 
de Marseille avec TÉgypte et la Syrie, et celui des provinces 
françaises de Normandie^ de l'Ile de France, d'Anjou, 
de Poitou et de Gascogne vers ces mêmes contrées, sans 
faire mention de la Belgique. J'ai pensé qu'il m'était per- 
mis de suppléer à cette lacune, par la présente notice qui 
en est un appendice. 



(166) 

II. de Gaîgoes nous apprend que dès le temps des Méro- 
vingiens, il y avait des marchands syriens, parlant leur 
langue, à Orléans et à Paris, et que les habitants de Verdun 
avaient aussi des relations commerciales chez les Musul- 
mans. Je regrette de n'avoir rien trouvé concernant les 
draperies d'Arras et de Flandre > qui se vendaient jusques 
en Italie , dès le temps de Tempire Romain. Tout porte à 
croire que ce commerce , qui prit un grand développement 
sous les Carlovingiens , n'avait pas cessé d'exister, et qu'il 
s'était étendu jusques outre-mer, dans Aloxandrie. 

Il nous reste, pour ce commerce, trois documents à 
consulter : le premier, en termes généraux, est de la fin du 
XII* et du commencement du XIII* siècle; les deux autres , 
plus spéciaux , sont du XTV* et du XY* siècle. 

Guillaume de Tyr, qui donne le premier de ces documents, 
est incontestablement l'écrivain le mieux instruit de la fin 
du XII« siècle; il dit (liv. XIX, cb. 26) : c Civitas sitaesi 

> autem quantum ad eeld>randa commercia commodissifné 
» verum et de regionibus transmarinis , si qtui sunt quae 

> jEgyptus non kabet , navigio omnis opulentia ministra'- 
» tur.... Ad haee ex utraque India, Saba, Arabia, ex 
» utraqus etiam nihilominue jEthopia, sed et de Petsià 

> quiquid aromatum, margaritarum orientaiium, gazarum 

> et peregrinarum mercium, quibus noster indiget orbis, per 
» mare Rubrûm et Adeb in Aleocandriam^per Nilum^ descm^ 
» dit; sic ergo orientalium et occidentalium itlue fit eon^ 
» cursus poptUorum, estque eadmn civitas forum publieutn 
» utrique orbi. > 

Ce passage exclut incontestablement l'idée du monopole 
des Vénitiens au XIIP siècle. 

Le meilleur écrivain du XIV* siècle , sur cette matière, 
est incontestablement Marino Sanuto Torzello , qui rédigea 



( 167 ) 
et lit transcrire» depuis Tao 1506 JQsqu'en 1331 , eo un 
grand nombre de copies, le manuscrit intitulé : Secretum 
fidelium crueis. Deux magnifiques exemplaires de ce ma- 
nuscrit, sont dans la bibliothèque de Bourgogne; Us sont 
datés de 1331. L'on y voit des cartes géographiques et de 
nombreuses miniatures. Le texte est imprimé dans la col- 
lection : Gesta Deiper Francos. Le grand conseil ou sénat de 
Venise fit expédier cet ouvrage à tous les princes de la chré- 
tienté, pour ranimer le zèle des croisades et surtout pour 
établir la domination des Latins, en Egypte. La famille 
Sanito ou Sanuto , et Fauteur lui-même , connaissaient par^ 
faitement TOrient ; cette famille avait des possessions dans 
FÂrchipel. 

Cet ouvrage, à la fois historique, statistique, stratégique 
et commercial , était à Fusage de toute la chrétienté; 
Fauteur donne des renseignements sur Futilité des services 
de toutes les nations pour la croisade d'Egypte. Â Findi- 
cation des forces navales et des marins, il fait une mention 
spéciale de ceux de Flandre, malgré sa partialité pour 
les Italiens. Il cite entre autres le port de FÉcluse, près de 
Bruges. Il ajoute, qu'il a vu, par lui-même, que la marine 
flamande est égale à celle des Vénitiens, ce qui fait conjec- 
turer qu'il aurait voyagé dans nos contrées comme Villani^ 
Pétrarque et d'autres hommes célèbres de Fltalie. Et pro 
parte oculis meis vidi , quod maritima Alamaniae, in qud 
dictusportus Clusae existit , valde nostrae maritimae VenC' 
tae conformis. Il fait ensuite l'éloge du courage , de l'in- 
dustrie et de la dévotion du peuple de nos contrées. 

Il décrit les deux routes d'arrivage des marchandises du 
Levant (lib. I, part. I), l'une par l'Asie, à travers la Haute- 
Asie et la Chaldée. On y reconnaît les traces des antiques 
caravanes de la Golchide et du mythe de Ta Toison-d'Or, 



1 



( 168 ) 

enlevée par les Argonautes; Tan ire route est celte qu'Âlexan- 
dre de Macédoine, Télève immortel d'Aristote y a tracée par 
la route de la ville d'Egypte qu'il a fondée, et qui porte son 
nom. Sanuto donne la liste des marchandises importées 
par Tune et par l'autre route. Il fait observer que la voie de 
Tartarie est moins dispendieuse, parce que les marchands 
y éprouvent moins d'avanies , et doivent payer moins de 
droits de douanes. Les plus précieuses marchandises ve- 
naient par la Tartarie ; il les indique : Cubebe, spkum, 
gariofile, nucae muscatae^ maei. » Ce qui démontre 
que ce commerce avait ses ramifications jusque dans les 
lies Moluques et de la Sonde. 

Parmi les arrivages d'Egypte , il dit : < Alia mereimo- 
nia gravions ponderis et minoris praetii est piper ^ cinziber, 
thus, canella et similia iis, descendunt per viam Huadan in 
Alexandriam. On comprend aisément que les articles les 
plus pondéreux étaient importés par mer et par le Nil , à 
cause de l'économie des frais de la navigation sur le portage. 

M. de Guignes, dans le mémoire dont nous faisons l'ap- 
pendice, nous apprend qu'il n'y avait, par la route de la 
mer des Indes et de la mer Rouge, depuis le port d'Aden, 
sur la mer Rouge, jusques à Cous sur le Nil que neuf 
journées de portage sur des chameaux; 15 journées de navi- 
gation en aval du Nil jusqu'au Caire , et que là on attendait 
la crue du fleuve, en octobre, pour faire descendre des 
embarcations jusqu'à Alexandrie. 

Sanuto donne un conseil qui d'abord paraîtra bizarre; il 
propose que les princes et les marchands de l'Occident 
cessent, avant l'expédition, tout commerce quelconque 
avec l'Egypte, et que l'on communique uniquement avec 
l'Asie par l'embouchure du Phase; il en résultera, dit-il, 
l'appauvrissement des états du soudan et la facilité de les 



( 169 ) 

eonquérir. Aussitôt après la conquête, le commerce repren- 
drait son ancien cours. Quod magna pars honoris reddù 
tur, pareniis et exaetionum Soldani et gentium iUi su6- 
jeetarum^ est propter speciariam et alia multa merdmonia. 
On dirait que Napoléon , en donnant ses décrets de Milan 
et de Berlin pour le blocus continental et la séquestration 
des Iles Britanniques, avait pris conseil dans les livres de 
Sanuto Torzello. 

Selon M. de Guignes, Ton exportait aussi de TËgypte, des 
dates, de la casse et du lin. M. Daru, auteur d'une excellente 
histoire de Venise , nous apprend que le Soudan avait le mo- 
nopole du poivre et d'énormes droits de douanes. On y im- 
portait d'Europe de l'ôr, de l'argent, du cuivre, de l'étain, du 
plomb, etc. Si l'on compare ces indications avec la liste don- 
née par M. Warnkœnig , qui désigne les arrivages des mar- 
chandises dans la rivière de Bruges, on verra : < Dou royaume 
» d'Angleterre viennent laine, etc., plomba estain; dou 
» royaume de Behainghe (Bohême) , vient or, aident, estain ; 
» dou royaume de Polone, or et argent en plate, et cuivre.» 
Ainsi , tout porte à croire que les Brugeois , outre lei^ 
objets de draperie , exportaient en Egypte plusieurs sortes 
de métaux. 

Le manuscrit publié au XY* siècle, par Emmanuel 
Piloti Gratensis ou Gretensis ( n"" 15,701 de la bibliothèque 
de Bourgogne, collection Yan Hulthem ) , en donne les dé- 
tails. Son livre porte pour titre : Emmanuelis Piloti Cra- 
tensis, de modo, progressif et ordine in passagio christia- 
norum, pro conquesta Terrae-Sanctae. 

L'auteur, né comme Sanuto , dans les états de la seigneu- 
rie de Yenise, écrivait en 1420, précisément un siècle 
après Sanuto. La traduction française de son ouvrage est 
de l'année 1441 (iranslatum in francigenam linguam); c'est 



( 170 ) 

effieclivemettl l'âge de Texemplaire de la «lublioUièque de 
Bourgogne , et Tépoque où le duc Philippe-le-Bon était à 
Tapogée de sa prospérité , de sa puissance et de sa magni- 
ficence. On sait qu'il était connu en AsiOi sous la désigna- 
tion de grand Duc de TOccident , et que les princes chré- 
tiens de rOrient et même le roi de Perse lui adressèrent 
des lettres et des ambassades , selon plusieurs manuscrits 
de la provenance du prieuré de Rouge*Cloitre dans la forêt 
de Soigne» près de Bruxelles » qui sont en la bibliothèque de 
Boui^ogne. Il méditait une croisade pour délivrer Gons- 
taatinople de Timportun voisinage du sultan ottoman 
d'Andrinople; il assembla pour cet objet, en 1451, un 
chapitre de la Toison -d'Or à Mons. Il avait envoyé au se- 
cours de Gonstantinople , en 1444, des navires flamands 
dont le payement ne fut liquidé qu'en 1480; j'en ai vu les 
pièces aux archives de l'état , à Bruxelles. Il fit un long sé- 
jour en Allemagne pour projeter la croisade et il corres- 
pondit avec le pape Pie II; c'est pour lui que les copies du 
manuscrit de Brochard sur le passage d'outre-mer ou d'au- 
tres furent rédigées. Mais revenons au manuscrit de Piloti , 
du pilote crétbis, au lieu de divaguer dans des anecdotes 
et des singularités bibliographiques qui sont superflues au 
dix-neuvième siècle. 

Piloti , après avoir donné des détails sur les premières 
croisades, porte un jugement, trop sévère peut-^tre, sur 
l'expédition de saint Louis en Egypte. < Le second passage, 
» dit-il, pour acquiert de la Terre-Sainte, fust celui que 
B fist l'illustre roy saint Loys de France, et soit entendu ce 

> que je dis, que qui veult tirer la Terre-Sainte des mains 
» des payens , fault acquester premièrement le si^e du 

> Soudan , c'est le Gayre , et avec elle on aura tout. » 
Guillaume de Tyr avait fait aussi mention du Gaire, au 



( 171 ) 
XIP siècle 9 il avail a^ncé à peu près les mêmes maximes, 
dans le récit de la guerre d'Amaury, roi de Jérusalem. 

Le pilote Cretois dit ensuite que saint Louis a eu tort de 
commencer son expédition trop peu de temps avant le dé- 
bordement annuel du Nil. C'était , selon mon opinion , une 
chose bien facile à dire ; mais il faut obs^nrer que Texpédi* 
tion française de saiiit Louis n'a pas échoué à cause de ce 
phénomène périodique. L'imprudence du comte d'Artois , 
qui laissa couper en deux l'armée française, au passage du 
Nil , fut la cause véritable de tous les malheurs arrivés à 
saint Louis ; d'ailleurs ce roi , si sage, si prévoyant, n'est pas 
arrivé directement en Egypte; il avait séjourné pédant 
plusieurs mois dans le royaume de Chypre, c'était égale^ 
ment pour y réunir ses forces et pour s'instruire des affaires 
de l'Orient. 

Piloti décrit dans de grands détails, la ville du Caire, qui 
était alors, selon lui , la plus grande cité qui soit au monde. 
En effet , Constantinople languissait sous les derniers Pa- 
léologues , Paris avait à peine 200,000 habitants, c Cette 
» cité du Cayre, dit-il, si merveilleuse et si prospéreuse, 
» tant du vivre des gens comme de ses trafic et richesses 
» sans nombre et sans mesures. » 

Après avoir fait connaître la fertilité de l'Egypte, les 
principes et les usages des sectateurs de Mahomet , il dé- 
crit la province de Syrie. Il revient en Egypte et il dit que 
la voie d'Alexandrie est préférable à celle de Damiette pour 
les arrivages au Caire. 

Il rend compte des différentes nations de l'Asie et de 
l'Europe, dontonvoit des marchands dans la ville d'Alexan* 
drie, ce qui est une des preuves formelles que les Yéni» 
tiens n'en avaient point le monopole et que les Flamands 
y trafiquaient, c Messeigneurs, ajoute-t-il, en s'adressant à 



( 172) 

» ses lecteurs (quoique l'ouvrage soit dédié au pape), la 
» cité d'Alexandrie est édifiée loiog du fleuve XXXV milles, 
laquelle est un lieu sûr. 

» Par ce devront, ajoute-t-il, des marchandises qui vien- 
» nent de ponent en Alexandrie , au Caire, en Baruth et à 
» Damasque. Si noterons les principales, lesquelles vont 
» avec la caravanne à la Mecque dessus des camels et 
» prennent draps de laine de Flandre, de Catalogne, de 
» Barcelone et de Venise. » 

L'auteur , comme on le voit , place les draps de Flandre 
au commencement de cette liste. < Seigneurs Chrétiens, 

> dit-il , la conquête d'Alexandrie requiert et si demande 
» ung grand seigneur puissant, lequel soit fameux et bien 
» aimé de tous les princes et seigneurs de la chrétienté. » 
Ce passage semble désigner le duc Philippe-le-Bon. » 

Il ajoute : c La cité d'Alexandrie est dé telle nature et 
B condition, que toute nation de chrétiens et toute nation 
» de payens ne peuvent vivre sans cette cité. Quant Alexan- 
» drie, dit-il plus loin, sera terre de chrétiens, toutes na- 

> tiens chrétiennes y viendront pour vendre leurê mar- 

> chandiseset pour tirer les espices, et seront seurs comme 

> en leur maison propre, et par cette occasion, Damasque 
» serait abandonnée. » 

Ce passage concorde avec le texte du voyage de Mande- 
ville, manuscrit de la bibliothèque de Bourgogne , gui fait 
connaître la situation avantageuse et la force d'Alexandrie. 

L'auteur désigne ensuite les diverses nations commer- 
çantes. Voici ce qu'il dit de nos provinces belgiques : 

c De la Flandre, fameuse et gentille, se tirent drap de 
» laine> une très-grant quantité d'une grant valeur. Après 
» se tirent ambre , estàin , fer et beaucoup d'autreis mâr- 
» chandises menues , lesquelles marchandises se chargent 



( 173 ) 
» sur naves et sur galées et viennent de porls en ports en 
» cité d'Alexandrie. » 

Ce passage est entièrement en concordance avec la liste 
ci-dessus donnée pour le port de Brages , concernant les 
pays où les Flamands faisaient le commerce de cabotage en 
Espagne, en Portugal et Afrique : c Dou royaume d'Ënte- 
]i louse (Andalousie) deSebille (Séville), de Gordoue, de 
» Grenade, de Fez , de Maroc, de Segelmesse, de Bugie, de 
]i Tunis , etc., etc. (voir t, II , p. 514 et 515 de VHistoire de 
» Flandre, par Warnkœnig). » Quant aux marchandises, 
on voit qu'il en provenait^ à Bruges , de Suède, de Dane- 
marck , d'Ecosse, etc., etc. , etc. 

L'auteur donne ensuite la liste des arrivages de Catalo- 
gne f de Sicile , de Génes^ de Venise, à Alexandrie. Si les 
Vénitiens avaient eu chez eux la concentration du com- 
merce flamand en Orient , comme on le pense vulgaire- 
ment, Piloti, leur régnicole, aurait-il fait un^ distinction 
en classifiant séparément les Flamands , les Catalans et 
d'autres peuples, et en faisant une mention spéciale de 
Venise ? 

On ne peut en douter, car à l'article où il traite plus par- 
ticulièrement de Venise, il fait une seconde mention du 
commerce des Flamands qui avaient d'autres relations avec 
la ville de Venise ; il y dit : c Et aussi vient (dans ladite ville) 
» des draps de laine de Flandre et labeurs d'argent, savon , 

> labeur de cristal ; encore de Flandre se porte ambre , 

> estain, etc., etc. > 

Enfin voici la péroraison du pilote Cretois, c Seigneurs 

> chrétiens, dit-il, tenez-vous seurs et certains que quant il 

> plaira au benoit Dieu, qu'Alexandrie soit en puissance de 
1^ chrétiens, que par l'espace de deux ou trois ans, elle 

> sera pleine et si habitée de toute nation chrétienne; je dis 



( 17^ ) 

» que ils iront pour demourer avec lettrs femmes et en&aU 
» pour tant qu'elle est terre fructueuseL k 

L'auteur connaissait également bien les lies de Tarchi- 
pel , ainsi que Candie» Rhodes et Chypre. Il vante le port 
de Famagouste en Chypre, pour être la clef de la navigation 
d'Europe en Egypte. En effet, cette navigation étant subor- 
donnée au vent 9 on sait, si j'ai bon souvenir de ce que j'ai 
appris dans mes voyages maritimes, que pendant une partie 
de l'année» la navigation de Marseille à Alexandrie est en- 
travée par des vents contraires, il faut louvoyer souvent 80 
jours, tandis que dans d'autres saisons^ il faut un cours de 
13 jours; mais cet inconvénient n'existe point en rangeant 
la côte d'Italie, de Candie, de Rhodes et de Chypre » parce 
que la traversée de Rhodes et de Chypre vers l'Egypte peut 
se faire pendant toute l'année. 

C'est par ce motif que les Phéniciens et ensuite les rois 
Lagides, successeurs d'Alexandre et souveraitis de FÉgypIe, 
recherchèrent particulièrement l'alliance des Rhodiens et 
des Cypriotes, et qu'ils soumirent plusieurs fois à leur domi* 
nation le royaume de Chypre au milieu de la redoutable 
mare Myrtaum, au débouquement des eaux de l'Archipel. 

De là les richesses de ces deux iles; c'est par ces 
motifs qu'à la décadence là puissance des Lagides , les Ro- 
mains jetèrent un œil de convoitise sur la succession du 
roi de Chypre, et que Caton alla recueillir; de là, redisons- 
nous, le passage d'Horace : Myrioum patiidus nautaueet 
mare. 

Les Vénitiens ayant reconnu tous ces avantages, an- 
ployèrent tous les moyens de l'intrigue^ au XY* siècle, dans 
l'apogée de leur puissance, pour forcer la malheuwise 
reine Catherine, couronnée en 1489, de leur faire la dona^ 
tion de son royaume de Chypre. M. Daru , l'un des plus 



( »75) 

habiles administniteurs du grand Napoléon^ a dénoué les 
ressorts secrets de cette abominable intrigue, dâmsson his- 
toire de Venise. Il leur manquait l'Ile de Rhodes , mais la 
corporation eheval^esque qui la possédait depuis Tannée 
1310 ne leur donnait aucun prétexte d'usurpation. 

Nous n'en dirons pas davantage , le régime féodal importé 
par les croisés, Jbt la cause principale qui fit avorter toutes 
les croisades; Tantipathie réciproque des communions 
grecque et latine combla la mesure des discordes civiles. 
L'Egypte y Chypre , Jlhodes j l'antique Phénicie et tout le 
monde hellénique, d'où est sortie la civilisation euro- 
péenne y ont passé sous le joug des Ottomans. Les Musul- 
mans furent toujours unis y les chrétiens étaient désunis. 
C'est ainsi que se vérifia l'adage de Salluste : Cancordia 
resparvœ crescunt, discardia maximae diUAuntur, 

Cependant l'expédition française de Napoléon avait fait 
connaître que l'Egypte étant au milieu des deux hémis* 
phères» le port d'Alexandrie peut redevenir comme aux 
temps des Ptolémées, l'entrepôt des deux mondes. Aujour- 
d'hui la navigation régulière à la vapeur a fait disparaître 
les retards et les autres inconvénients provenant des vents 
contraires. Cette invention contemporaine est aussi supé- 
rieure aux trirèmes des anciens, que notre artillerie l'est 
à leurs armes de jet. 

Un vice^roi d'une haute capacité règne en ce moment 
La ville fondée par Alexandre de Macédoine est dans un 
état progressif fort supérieur à Odessa, fondée de nos jours, 
par un autre Alexandre. Les importations et les exporta- 
tions d'Egypte, par les seuls navires d'Europe, y augmen- 
tent tellement d'année en année , que le dictionnaire de 
commerce et de navigation comm^eiale, publié à Londres^ 
en 185{^> par J.-B.-M. Culloch , est déjà un ouvrage su- 
ranné. 



1 



(176) 

Sdon des documeots officiels, le mouTement da port 
d'Alexandrie pendant Tannée 1841, fut de 2,321 bâtiments 
européens, j'ignore leur tonnage , sans compter les navires 
ottomans. Selon d'autres documents, la Belgique, qui avait 
cessé depuis plus de trois siècles toute relation maritime 
avec le Levant, importa^ pendant le premier semestre de 
1843, au port d'Alexandrie d'Egypte, pour 414,400 fr. de 
marchandises diverses, et en exporta pour 2,079,400 fr. 



PALÉOGRAPHIE. — HISTOIRE LITTÉRAIRE. 

Suite des notices et extraits des manuscrits de la bibliothèqm 
royale. — Addition au faux Turpin. — Légende relative 
à S^'Jacques le mineur. — Voyage de GuiUaume fio/uti- 
zele à la Terre-Sainte. Par le baron de Reiffenberg. 

I. 

L'ouvrage fabuleux, connu sous le nom de Chronique de 
Turpin , est un des monuments littéraires les plus curieux 
du moyen âge. II résume la plupart des traditions roma- 
nesques on du moins en contient le germe. Et cependant , 
malgré les textes donnés par Schardius et Reuberus, que 
j'ai reproduits avec les additions publiées par Lambecius 
et KoUarius , malgré la publication de Ciampi , on n'en a 
pas encore une édition telle que la science philologique a 
le droit d'en exiger une aujourd'hui. M. Ideler et d'autres 
érudits de l'Allemagne ont bien voulu reconnaître que nous 
avionsi jeté quelque jour sur les questions qui se rattachent 



( 177 ) 

à ce sojely mais il s'en tmi qae la besogne soit achevée, et 
il serait à désirer que M. Monmerqué, dont la littéra- 
ture est si étendue et si exquise , eût tenu la promesse qu'il 
avait faite, il y a longtemps^ d'une édition critique. 

Ce travail présente de nombreuses difficultés , d'abord 
pour établir un texte qui réunit les variantes essentielles , 
attendu la quantité de manuscrits qui se trouvent dans les 
différentes bibliothèques de l'Europe. 

Ensuite il faudrait, comme le profond et ingénieux 
M« Massmann , rechercher les sources où le pseudo-Turpin 
a pu puiser, les secours qu'il a procurés aux autres écrivains, 
et les analogies qui se rencontrent entre eux et cet auteur. 

Enfin , éclaircir par des notes ou commentaires tout ce 
qui, dans ce livre, tient à l'histoire, à la fable , à la géo* 
graphie, aux idées religieuses, etc. , etc. 

Pour contribuer encore à ce travail, j'extrairai du ma- 
nuscrit n^' 14775-76 (XIIP siècle) , qui contient un texte 
de Turpin^ avec les chapitres supplémentaires que j'ai 
placés à la fin du premier volume de Philippe Mouskes , 
un morceau que j'ai annoncé précédemment. 

Après le chapitre : De aitumajore Cordvbae, on lit ce 
qui suit (fol. 3) : 

De hoc quod Navarri de veraprosapia non nnt geniiù 

Julius Caesar, ut traditur, très génies , Vubilianos scilicet et 
Scotos et Cornubiandos caudatos ad expugnandum Hispano-^ 
rum populos , eo quod tributum ei reddere nolebaut , ad His* 
paniam misit ^ praecipiens eis ut omnem sexum mascolinum 
înterficerent , femineum tantum ad vitam reservarent. Quicum 
per mare illam terram ingressi essent , confractis navibus suis, 
ab iirbe Barcinona usque ad Caesaraugustam el ab urb« 
ToM. XI. iS 



( 178 ) 

fiarioQA (Bûionam) usque ad montem Oque , ignî et gladio 
devatUveruni. Hos fioet transire nequierunt , quum Castellaiu 
coadunali illoa expugooDtea a finibuf suit ejecerunt. Illi autem 
fuegientes (fugienies) venenint ad montes marinos qui sunt 
inter Yageram et Pampiloniam et Baionam, aciiicet versus 
maritimam , in terra Biscagie et Aiavae, ubi habitantes multa 
castra aedifîcaverunt et interfecerunt omnes masculos quorum 
uxores vi sibi rapuerant, e quibus natos genuerunt, qui postea 
a sequentibus Navarri Tocantur, Unde Navarrus interpretatur 
non rerus , idem non yera progenie aut légitima prosapia ge- 
neratus. Navarri et a quadam urbe quae Nadaver dicitur pri- 
mum nomen sumpserunt, quae est in illis horis (om) e quibus 
primitus advenerunt , quum sdlicet urbem in primis tempori* 
bus beatus Matheus apostolus et evangelista sua praedicatione 
ad Deum convertit. 



Ineipii tranêlaiio Sancti Jacobi apostoli fratrie Johannis evan- 
f/elistae^ qui iii kl. januarii cekbratury qualiter a JerosMmiê 
tranêhtuê ett, 

Post Salvatoris nostri passionem, ejusdem gloriotissimum re- 
surrectionis tropheum mirabilemque ascensionem qua paternum 
usque scandit ad solium nec non et paraclyti neumatis {jpneuiM' 
ti$) flammivomam super apostolos effusionem, sapientiae radio 
irradiatiac coelesti gratia iliustrati passim gentibus nationibus- 
que quos idem elegerat Christi nomen sua praedicatione pâte- 
fecerunt discipuli. Quorum praecluenti numéro mirae virtitus 
sanctùs extitit Jacobus vita beatus , virtute mirificus ^ ingenio 
clarus, sermone luculentus , cujus uterinus Jobannes habetur 
evangelista. Huic nempe gratia tanta fuit concessa divinitu$, 
ut etiam idem dominus inaestimabilis gloriaecorani e^us usibus 
super montem Thabor transfigurari non sit dedigqatus, astan- 
tibus cum eo Petro et Johanne y veridicis testibus, Hic v^ro 
aliis.diversa cosmi climata adeuntibus, nutu Dei Hiberia^v boris 



(179) 

(^s) appuUus, hominibus ibi de gentibus patrîamque ineolen* 
tibus verbum Dei praedîcando dissent intrepidus. Ubi dum 
parva admodum seges quae tuiic excoH v^let, inter spinas 
fructifîca invenîrelur , paululum commoratus , fertur sèptem 
cUeniulos perelegisse ^ Christo subnixas, quorum Domina faaec 
auDt: TorquatuSy Secundus, Indaletius, Tysephons, Eufrasius, 
Cecilius, Esiçius ; quorum collegio lolium evelleûdo extyrparet 
{fixHrpartt) radicibus , ubique semina telluri diu sterili perma*- 
Ae&ti committeret propeusius. Cumque dies immiaeret sup-- 
premus («fipi^0i»««),JerosoUmam tendit festinus , a cujas 
coatubernali solatio praedictorum vernularum nuUus «xtitit 
subtractus» Quem saducea ac farisiaca dum stipat manùs im- 
proba, àntiqua serpentis illecta irersutîa innumera apponit 
problemata. Yerum sancti spiritus debriatus {eti ehriatus) gra^ 
tîa; ejus eloqueutia a nemine est superata ; unde eorum freraens 
ira furitiu eum acrius concitata. Quae in tantutn, invidiae sti- 
mulante zelo, succenditur atque baccatur {hctcchatnr) , ut im« 
portunitate saeva violentorum impetu caperetur , Herodisque 
praesentiae necem percepturus traderetur. Qui capitali ac digla* 
dlabili sententia plexus, rosei cruore (cniorM) quoque sui unda 
pérfusus, triumphali martyrio eoronatus ad coelum evolat, im* 
marcessibili laurea laureatus. Exanime vero corpus magistri 
sui discipuli arripientes , summo eum labore haec percita festi* 
natione ad lictora (HUora) devehunt, navim sibi paratam inve* 
niunt, quam ascendentes alto pelago committunt atque die 
septima ad portum Hyriae, qui est in Gallicia, perveniunt remis* 
que desiderabOe àolum carpunt. Non est haesitandum rerum 
autori eos tune teinporis copiosissimas grates ac digoa persol- 
visse praeconia , tuHn pro tanto munere sibi a Deo concesso , 
tum eo quod nunc piratarum insidias, uuùc vitabundas sco- 
pulorum allisiones , nUnc hiantium oaecas vorticum absque; 
ulHus détriment» transegerunl fauces* Igitur tanti (tanio) ac 
tali subnixi patronb, ad caetera suis iisibus profutiirà anîmos 
iotendunt quètnque suo magistri (inagiitro) requiésdendi lociim : 
Dominus dare perelegerit, exploru*e pertemptaat..itaqtt« iti«* 



( m) 

nere ad orientem directo, in cujusdam matronae » Luparia Do- 
mine, praediolum fere quinque miiiariis ab urbe semotum, 
aanctum componuntatque deponunt loculum* Quisautem illius 
fundi possessor haberetur êcicitante8(to«fcàai»le«), quorum cum 
provincialium oslensu comperiunt, suaeque indaginis com- 
potes effîci vehementissime atque ardentissime gestiunt. Demum 
quippefeminaeadeuntea colloquium narrantes que per ordinem 
rei eventum , sibi impendi quoddam expetunt delubrum , ubi 
ad adorandum statuerai simulachmm atque illic regio quoque 
gentilitatis errore frequentabatui* forum. Quae clarissimis na* 
talibusortaacetiam, suprema intervenîentesorte, viro yiduata, 
tametsi sacrilegae fuisset supersticioni dedita » non suae nobi«* 
litatis obiita , juxta nobilium ac ignobilium sese appetentium ^ 
abdicaret {abdtcabat) conjugium, ne tanquam scortum priorem 
poUueret maritalem thorum. Haec quidem eorum petitionem 
et yerba saepius revolvendo, priusquamrespoosumdaret omni- 
modo cogitât cordis in imo , quonam modo eos traderet ferali 
exterminio, ac tandem sermonem reciprocat , saeviens in doio* 
« Ite , inquit , petite regem qui moratur in Dugio , locumque 
postulate ab eo , in quo vestro paretis sepulturam mortuo. i» 
Cujus dictis parendo , pars exequiarum ritu apostolicum cor- 
pus uno excubat in loco, parsque ocissime ad regaie palatîum 
caile pervenit citato. Anteque ejus ducti praesentiam, eum qui- 
dem more saiutant regio; qui et unde sint et quamobrem adye* 
nerint apperiunt (apertunt) narrando. Rexautem, licet inexor^ 
dicionis initie, libenter eorum adverteret assertionem attentus 
atque benivolus^ tamen incredibiii stupore attonitus, haesîtans 
quid sit aucturus (aeturuê)y daemoniaco jaculo jaculatus, clam 
insidias tendi atque Christicolasnecarijubet,admodumefferus. 
Ast enim yero , hoc yelle Dei comperto , clanculum diver* 
tendo prope absceduntfugitando. Ut autem est régi intimatum 
de eorum fuga, accerrima [acerritna) commotusira, rabidi qui- 
dem leonis imitatus ferociam , cum bis qui in ejus erantcuria,. 
fugientiumdeicol^rum pertinaciter insequituryestigia. Cumque 
jam adidforet yeçtum, quo pêne crudelium manibus caederen* 



( 181 ) 

fur , cujusdam fluminis istî trépidantes , illi confidentes una 
subeunt pontem; uno eodemque momento , cum subito Dei 
omnipotentis judicio, quem gradiebantur pons dissolvitur 
caemento ac funditus diruitur in unum ablato; sicque decrevit 
deliberata judicis aeternî censura, quatinus ex omni insecuto- 
rum turba ne unus quidem superesset qui ea quae erant gesta 
renunciaret régis in auln. 

Sancti autem ad armorum lapidumve corruentium sonitum 
sua vertentes capita, Dei praeconanda insonant magnalia, pers- 
pectando magnatum corpora equosque et militaria arma mise- 
rabiliter rotata sub fluminis unda , haut (haud) secus quam 
quondam exercitus acceperat Canopica. Igitur Dei auxiliante 
dextera adjuti atque erepti ac reanimati ac accensi , salubrem 
usquead praefatae matronae domum peragunt callera, edocent* 
que quemadmodum régis sententia exasperata eos perditum 
ire voluerit in necem, et quid Deus in eum egerit ad sui ultio- 
nem« Insuper efflagitando instant uti domum praedictam dae- 
moniis dicatam Deo concédât dicandam^ idola manufacta quae 
nec sibi prodesse nec aiiis possunt obesse quaeque oculis non 
YÎdere nec auribus audire, nec naribus odorare et quae penitus 
nuUo membrorum officie utuntuntur [utuntur), respuat hortari 
insîsse (inscite?). Cujus mens, quum in régis dimersione 
de propinquorum aut affinium morte verebatur, commota, 
ideoque salubris consilii, uti saepe fieri in bumanîs solitum est 
rébus, ignara, longe aliter quam dicebantur fraudulenti (longe 
aliter quam dicebatur fraudulente) ac frivola machinabatur ma- 
cbinatione cassa. Dum vero adhuc vcheméntius cara urgerent 
precibusutvelpraediolialiquantulum adsanctissimi yirimembfa 
praeberet humanda , nova et inusitata meditata praelia , putans 
eos aliquo posse interire dolo, hujusce modi sententia (senten- 
tiam) estexorsa. uQuando quidem, inquit, vestram tani effica- 
citer intentionem ad hoc cerno intentam fore, neque ab ea vos de- 
sipere (cfem/ere) velle, sunt mihidomiti bovesquodam in monte 
quos euntes assumite et quicquit {quidquid) vpbis visum fuerit 
utilitatisque necessarîa {utilUatis et necesaaria quae) exîslunt cum 



( 182 ) 

ei$ deFereiites, aedificate. Si quid victus defuerit propense 
vobis et illis impertire curabo* » Hoc apostolici viri audienteSi 
neque muliebria figmenta perpendentes, gratanter adeunt , ad 
montem usqueperveniunt, at aliudquod non merebantur cer- 
nunt. Dum enim montis confinia gçessibus calcant^ ex proviso 
{ex improvisa) ingens draco , eu jus frequenti incursu Tillarum 
habîtacula circum circa vicina eadem teropestate agebantur 
déserta, proprio digrediens ab antro in sanctos Dei flammiyo- 
mos ignés evomendo , quasi impetum faclurus, evolat exitium 
minando. Quem contra , fidei dogmata recolendo impavide , 
crucis munimina intentando , illum propulsant resistendo^ do-, 
minicique signum stigmatis ferre non yalens yentris rumpitur 
medio. 

Quo bello peracto oculorum figcntes lumina coelo , régi 
summo vota reddunt cordis ab imo. Demum ut daenionum il- 
Une omnino esset explosa frequentia, aquam exorcisant, quam 
super totum montem undique aspergunt* Is autem mons antea 
vocitatus Illicinùs , quasi diceretur Illiciens quod pîures , ante 
id temporis , mortalium maie illecti , ibi ritum daemonibus 
exibebant {exhibebant) , ab his Mons sacer , id est Mons sacratns 
appellatus est. Inde quoscumque boves dolose sibi pollîeito 
(poUiciios) perlustrando , habeuntes (abeuntes) procul contem- 
platur (contemplantur) indomitos ac mugientes, cornibus summa 
fronte aggerem (aefem) ventilantes pedumque ungulis forliter 
terram terentes. Quos sese per montes {fnontium) devexa se- 
quendo, mortis crudelitatem cursu infestissimo minitando tanta 
examplo (exemplo) lenitatis irrepsit mansuetudo ut qui prius 
praecipites atroci ferocitate ad inferandam (inferendam) cladem 
properabaot currendo, summissa colla (summisso collo) sancto- 
rum manibus cornua deponunt ultro. Sancti vero corporis dcla- 
tores mulcendo animati , ex immitibus mitia facta absque mora 
super imponunt juga ac recta incendendo (tnce</en</o)semita ju- 
gatis bobus intrant mulieris palatia. Ula quidem stupefacta mira 
videns miracula, bis tribus evidentibus signis excita, eorum ob- 
temperans peticioni , ex pràva obedièns facta , illis dorauncula 



( 183 ) 

tradita et trino (idei nomîne regenerata, sua cum familia Christi 
nominis efficitur credula, sicque, iaspirao^e Deo, fidei dogmate 
imbuta quae priusfantastîco errore delusa efflagitaret humilis et 
prona, s'upeferecta protrahit ac frangit simulachra, quaeque 
siibejus fuerant dominatu, funditus diruitfana. Quibus obrutis 
atque minutatiin in pulverem redactis, cavato in altum solo, 
construit sepulchrum miro opère lapideo , ubi apostolicum re- 
conditur corpus artiûciaii ingenio, cujus quantitatis ecclesia 
eodem super aediGcatur in loco, quae altari exornata divo , 
fîlicem (felicem) devoto pandit aditum populo. 

Post aliquantum vero temporis ab ejusdem alumpnis apostoli 
fidei agnitione plebibus scalentibus (^squaleniibus) edoctis, 
prius campis coelesti rore roratis , brevi adolevit fecunda ac 
Deo multiplicata messis. Duo autem magistri pedîssequi, prae 
reverentia iUius dum summo cum affectu ad praebtum sepul- 
chrum îpdesinenter pervigilarent , definito dubio termine vitae, 
naturae debîtum persolventes , felici excessu spiritum exala- 
runt (eshalarunt) , coelisque animas gaudendo intulerunt : 
quos praeceptor non deserens egiregius , coelo terraque secum 
coUocari obtinuit divinitus , stolaque purpurea purpuratus , in 
aetherea curia suis cum aseclis [asseolia) micat redimitus co- 
rona , miseris se poscentibus indicto suffragio patrocînatus , 
auxiliante domino nostro Jesu Ghristo , cujus regnum et impe- 
rium cum pâtre et spiritu sancto perhenniter [perenniter) 
manet in saecula saeculorum , amen« 

(Ici vient le fragment sur les croisades que j'ai fait im- 
primer précédemment). 

Le premier de ces chapitres ne s'éloigne pas du ton gé- 
néral du faux Turpin , ni pour le fond ni pour la forme ; 
mais le second s'en distingue par une certaine nuance de 
caractère. Il me semble que j'y reconnais quelque chose 
d'espagnol , à ce besoin de transporter, dans la légende 
sacrée le merveilleux et les émotions du roman profane. 
Enfin, on croirait que l'auteur a consulté un poêle ou du 



( 184) 

moins un yersificateur, aux disjecH membra poetae, c'est- 
à-dire aux bouts d'hémistiches que Ton rencontre dans 
son récit , dont la fin rappelle celle d'une homélie. 

IL 

Voici encore un voyageur allemand qui , de même que 
Brochart, a visité la Terre-Sainte, mais plus tard que lui. 
Sa relation est contenue dans un petit in-quarto en par- 
, chemin de 28 feuillets à longues lignes (n'^STTO). Elle est 
précédée de ces cinq vers» qui forment une espèce de dédi- 
cace à Engelbert de Nassau (l), seigneur de Brêda, mor( 
dai^ cette ville ail 1^04. 

Haie lioet exiguo cum magnus tu cornes altus 

ff asMvwenque Vianden , cum domuiswiue Breda (BredM) si» , 

Oaaeso, vir illnslris, dono , Ingelberle , favelQ ^ . 

Ipse tuae Jacolms Wortels quod ]iot>iUUti 

Offero , canpnicus , cum perpeti servjcioque. 

Ce n'est donc point l'auteur qui fait hommage de sa re« 
lation au comte de Nassau , mais le chanoine Jacques Wor-^ 
tels, qui s'était probablement réduit au rôle modeste de 
copiste. Quant à Bolunzele, c'est au cardinal de Tallayrand 
Périgord qu'il avait offert son ouvrage, ainsi que Findique 
le prologue, c'est-à-dire à Hélie de Talleyrand, né en 1301 , 
évéque de Limoges eq 1324, et d'Auxerre en 1329, créé 
catrdiqal en 1331 « 

Jncipù prologue nobilis viri demini Guithdmi Bolunzeh in h- 
brumdeparHbus^uihusdamuHrtiwariniêy etpraecipuede Terra 
Sancta^ qu^m compilavU ad instantiaM dommi TciZ/aj^mncIt 
Petragoriçensûi , tune aancti P$tri ad vincula çardinah'%. 

Ce prologue n'apprend rien , et ne contient que des ré- 
flexions pieuses. Au premier chapitre l'auteur raconte 



(1) Otkn^GenMlogiacomiium Nassoviae,p. 3S. 



( 185 ) 
qQ*ayant quitté rAllemagne , son pays natal > il alla s'em- 
barquer dans un port génois^ sur une galère bien armée. 
Il fait en peu de mots la description de la Méditerranée et 
dit que le détroit que nous nommons aujourd'hui de Gi* 
braltar, portait de son temps , le nom de détroit de Maroth. 
Il se rend à Constantinople , qui n'était pas encore sous la 
domination ottomane, et où l'empereur (Andronic II Pa- 
léologue) donna l'ordre de lui exhiber les choses les plus 
précieuses. Je transcris ses paroles mêmes : 

Haec civitas solemnissima in optimo mundi loco , tam ratîone 
aeris, maris quamterrae constructa est, portumhabens maxi- 
mum et optimum. Mûris fortîssimis cingitur, fîguram habens 
trianguli , cujus duo latera versus mare sunt ^ tertium versus 
terram. In bac civitate multae sunt ecclesiae et fuerunt plures 
supra modum pulchrae opère musayco , marmoribus et singu* 
lari modo construendi mirabiles , pluraque pallacia pulcher - 
rima in eadem. Tenet tamen principatum in ipsa civitate 
ecclesia Sanctae Sophîae , Sapientiae qui [quae) Chiristusest, 
quam Justinianus , sanctissimus imperator, fundavit, etmira- 
biliter singularîbus praerogativis ac praeconiis decoravit. Credo 
quod sub coelo, postquam mundus creatus est, non fecit taie 
officium completum quod huic poterit in nobilitate et magni- 
tudine caeteris paribus comparari. Goram ista preciosissima 
ecclesia stat imago Justiniani imperatoris eques , de imperiali 
dîadematecoronata^ tota deaurata, maximae quantîtatis, manu 
sinistra pomum quod orbem repraesentat , cruce superposita , 
tenens , dextramque contra orîentem levans , ad modum prin- 
cipis minas rebeliibus intentantis. Statua super quam imago 
posita est , altissima est , ex pétris magnis et caemento fortis- 
simo glutinata. In bac sancta urbe vidi , ex mandato domini 
imperatoris, magnam partem crucis dominicae , tunicam Do- 
mini inconsutilem, spongiam, calamum et unum clavum Do- 
mini corpusque beati Johannis Chrysostomi et plures alios 
sanctorum reliquias venerandas. 



( 186) 

On peut comparer ces lignes sur Constantinople à la 
description plas étendue de Bertrandon de la Broquiène , 
qui n'oublie pas non plus la statue équestre de Jusiinien, 
qui voyageait en 1432 et parcourut les mêmes contrées que 
notre pèlerin allemand (i). Après ce passage consacré à 
Constantinople , Bolunzele nous montre les champs où fui 
Troie. 

Obi vero hoc Lracchium maris dirivari incipit a mari M<^- 
terraneOy supra littus Asiae miaoris fuit Troya, illa antiqua 
civitas et potens coostituta. Pulchrum locum habebat et pla- 
num aspectu versus mare, et latitudinem gratiosam; portum 
vero bonum non videtur habuisse. Sed in quodam fluvio mari 
circa ipsam influente , aliqua navigia poterant conservari ; 
propter vetustatem temporis tantae civitatis vestigia vix ap- 
parent. 

Il parcourt ensuite les lies de la Méditerranée, Syo, 
Pathmos, Ephèse, Crète , Rhodes, eic. Ces îles jadis popu- 
leuses et opulentes étaient alors presque désertes à cause 
des Turcs : Nunc per Turcos plurimum desertae. 

Rhodes servait de siège aux chevaliers de S'-Jean. 

Rodum insulam fratres Jherosolymitani vi armorum Cons- 
lantinopolitaois abstulerunt , ubi nunc majorem conventum 
tenent et ipsum caput ordinis statuerunt. 

Ce passage rappelle nécessairement à des Belges les Mor 
numents de Rhodes du colonel Bottiers , et aux littérateurs 



(1) Voy. le mémoire de Legrand d'Aussy dans le recueil de TiDslitut de 
¥rsD!ce,Se4en€e$nwraUsetpolitiqHe$, t. VI, p.54Setsuiv. 



( 187 ) 

de tous lespays, Tpuvrage de M. le vicomte de Villeneuve^* 
Bargemont , sur les grands-roaitres de Malte, 

On sait que le graud-maitre Foulque de YiHaret s'em- 
para de Tile de Rhodes, en 1309, ce qui servirait ^ déter- 
miner Tépoque où vécut Belunzele, si on Tignorait^ et que 
les chevaliers chrétiens prirent cette Ile non pas sur les 
Grecs de Constantinople , mais sur les Musulmans. 

Le deuxième chapitre porte cette rubrique : De Siria 
Phenicis et terra Philistiniet civitatibus maritimis usqif£ ad 
desertum quod dividit Striam et Aegyptum. 

Dans ce chapitre, l'auteur poursuit sa route parla ville 
de Tyr ou Sur qui était presqu*entièrement détruite et dé- 
serte , quoique les Sarrasins veillassent sur son port avec 
soin. Il traverse Acon et Gaza dont Samson emporta les 
portes, et salue le Mont Carmel , Césarée , Joppé, Rama , 
Dispolis, Saffram, où naquirent, dit-on, saint Jacques et 
saint Jean. Il termine ce chapitre par ces mots : 

Post haec yeni ad castrum Darum, qaod ultimum occurrît 
procedentibus de Syria ad Aegyptum. Et notanduin quod eundo 
de Acon per hanc viam, dimisi civitatem sanctam JhrusaLem a 
sinistris vix ad vîginti mîliaria , Tolens videre prius Aegyptum 
et Arabiam , ut , obtentis Soldani lîtterîs , possem in régressu 
commodiosius et securius terrae promissionis loca sanctissima 
visîtare. 

Le chapitre troisième a pour objet ce qui suit : De deserêo 
quod dividit Syriam et Aegyptum. — De Aegypto. 

£ castre ergo Darum processi versus Aegyptum per deser- 
tum arenosum in septem diebus. In quo déserte est aquac 
penurîa , portavique victualia et alia necessaria in camelis. 
Sunt tamen ordinata per Sarraceoos certa secundum dietas 
hospiUa, ubi etiam inveniuniur. necessaria competenter. Post 
hoc vcni in Aegyptum , ubi sunt casalia pulcherrima inlkiita 



( 188) 

omnibus bonis temporalibus abundantia.... Perveni ad Ca- 
drum (le Caire) et Babiloniam (le meux Cair^ , metropolim 
Aegypti , ubi est sedes Soldani in uno castro pulcherrîmo prope 
Cadrum. Hoc castnim in monte est non alto sed petroso ; Ion- 
gum est valde , pulchris palatîis decoratum. Dicitur quod pro 
diversis ipsius Soldani serviciis et custodia ejus, in ipso castro 
commorantur circa sex milia personarum, quibus continue de 
curia yictualia ministranlur, caeteri yero amirati , id est capi- 
tanei , et gentes armorum équités in maxima multitudine sub 
Castro in civitatibus commorantur, ordinati sub millenariis , 
centenariis , quinquagenariis et decanîs, secundum quod visum 
fuerit expedire , quibus per Soldanum secundum gradus suos 
stipendia ministrantur. 

Plus loin BoluDzele fait une sortie contre Mahomet et 
glisse quelques mots sur son tombeau à la Mecqae, distante 
de la Babylone d'Egypte de vingt-cinq journées : 

Corpusque ipsius perditissimi.... pro maximo sanctuario con- 
servatur in pulchra ipsorum ecclesia quam Nusquet {^Mosquée) 
vulgariter dicunt, non quod pendeat in aère per virtutem pe- 
trae quae ferrum trahit , ut falsa divulgatum est , sed alias in 
tumba praecisa et elevata ad majorem ipsius mortui dampna- 
tionem perpetuam positum est. 

Bolunzele passe de là à Bagdad , qu'il considère comme 
Fancienne Babylone , près de laquelle fut élevée la tour 
de Babel. 

H ne se borne pas à parler des lieux, il mentionne aussi 
leurs productions et les animaux qui les habitent; ainsi il 
parle de Faloës (4) , et dît avoir vu au Caire trois éléphants 

(1) Joinville , le naïf Joinville, qui croit que le T*fil sort du parddîs terrestre , 
dit qu^on y- trouv« des filets où Ton pèche Valoè$ , la rhubarbe , le girofle et 
la caDnelle que le vent abat dans ce paradis , d*oà ils fiennent en droite Hgiie 
par le fleuve. 



( 189 ) 
vivauts , merveille dont il fait cette deseriptioa , 'qu^il est 
curieux de comparer avec les anciens traités appelés Phy- 
siologus : 

Est autem animal valde magnum , pellem habens duram ad 
modum squammarum piscis, valde disciplioabile , ad sonum 
instrumenti chorizat et saltat. Dentés de ore exeunt ad modum 
apri valde longi. Supra os habet promuscidam longam ad mo- 
dum nasi , rotundam , praeacutam , cartilaginosam, ad omnem 
partem flexibilem quautitur loco manus. Cibumpeream sumil 
et incurvando infra subtus in os mittit eaque plura recipit et 
distribuit. Solatiatur et ludit , se prosternit et se levât. Unde 
verum non est quod jacens se denuo erîgere non possit. Âd 
praeceptum magistri sui advenientibus alludit , caput incli- 
nando, genua flectendo , terramque osculando , quia hic modus 
honorandi in illa patria communiter est assuetus. 

Puis il décrit en abrégé la girafe, que Levaillant a fait 
connaître pertinemment en Europe : 

Vidi etiam in Cadro animal Indiae Jeraffa nomine , in ante- 
riori parte multum longissimum habens collum , ita ut de tecto 
altitudinis domus posset comedere ; relro ita dimissum est ut 
dorsum ejus manu hominis tangi possit. Non est ferox animal , 
sed ad modum jumenti pacificum, colore albo et rubeo pellem 
habens ordinatissime decoratam. - 

Le manceau Pierre Belon, imprimé plusieurs fois à An- 
vers par Plantin, et notamment en 1555, donne le portrait 
gravé sur bois et la description de la girafe, fol. 209 — 210 
verso. II l'avait examinée dans la ménagerie du Caire (1). 



(1) Les observations de pltisieurs singularitez et choses mémorables, 
trouvées en Grèce, Mie, Jtédée, Egypte, Jrabie, ef autres pays étrangers. 



( 190 ) 
DescriptioD d*un four à poulets vu par Bolunzeie au 
Caire. Les pyramides : 

Ultra Babyloniam , ad fluvium paradysi , versus desertum 
quod est inter Aegyptum et Africum , sunt plura antiquorum 
monumenta Ggurae pyramidalis, inter quae sunt mîrae magnî- 
tudinis et altîtudînis de maximis iapidibus , in quibus invent 
scripturas diveréorum îdiomatum. In uno inveni hos versus 
latinos pétri inscriptos* 

ViUi pyramidas sine te , dulciiiime f rater , 
Et tibi quo potui lacrymas hicmoesia profudi. 
Sit nomen decimi anni pyramide alla (1) 
Pontificis comitisque tuis, tyranne, triuiaphas 
Lustra sex intra censoris consulis esse. 

Horum versuum obscura expositioaliquantulum me tenebat. 

Notre voyageur se moque ensuite de ceuK qui croyaient 
que ces monuments étaient les magasins de blé des Pha- 
raon , puisqu'il ne se trouvait dans les pyramides que des 
salles fort petites. 

Le chapitre quatrième offre cette rubrique : De itinere 
versus montem Synaï in Arabici aç locis sanctisusque mt- 
tium terrae promissionis. 

Monastère situé au pied du mont Sinai» dans Tenceinte 
duquel il ne pouvait y avoir ni mouches, ni vermine. 

Intra septa hujus claustrl nec muscae nec pulices aut hujus 
modi immunditiae possunt esse, cum tamen extra per desertum 
undique molestent plurimum transeuntes et non minus utique 
habitantes , de quo mirarer si non oculis meîs vidissem quod 
hujusmodi animalia importuna moriebantur* Informatus fui 

. (1) U manque un pied à ce rers. 



( 191 ) 

quod olim oratiooibus saiictoruin in eodem looo commoran- 
tium, qui ia taotum hujusmodi animalibus vexabantur, quod 
etiam locum cogitabant dimittere , a pio Deo impetratum esse 
ut uullus tali taedio deinceps io dicto loco sanctissimo gra- 
varetur. 

Chapitre cinquième : De inilio terrae promissionis quod 
est Bersabee versus Arabiam et locis sanctis vasque ad Jheru" 
salent. 

Chapitre sixième : De civitate sancta Jherusalem et lods 
sanctis in ea et primo de templo Domini. 

Ce temple n*était pas celui de Saiomoa , quum hoc peni- 
tus diruium est. 

Rotundum figura , satis longum et altum , plumbo cooper- 
tum, ex maguis lapidibus et'^olitis , habens atrium longum 
etlatum incîrcuitu 

La description du temple est détaillée et curieuse. On 
peut la comparer avec celles des voyageurs des époques voi- 
sines, et de nos jours, avec celle de M. de Chateaubriand. 

Chapitre septième : De monte C<ilvariae et sepulchro 
Christi et sancta ecclesia sepulchri. 

Chapitre huitième : De lods sanctis in circuitu Jherusa- 
lem usque fluvium Jordanis. 

Chapitre neuvième : De fluvio Jordanis et locis sanctis 
quae sunt in itinere versus Galileam ac in Galilea et de ma- 
ritimis. Le voyage se termine par un tableau abrégé du 
Liban. 

Bolunzeleest appelé Guillaume de Boldensel par le Colo- 
nial Magasine (1). Son voyage , commencé en 1318 , a été 



(1) Des ambatsaâes européennes en Chine , trad.dè Tanglais , pp. dâ7— 
300 des IVouvelks annexes des voyages, 4* série. A' année, 184$; 
décembre. 



( 192 ) 

imprimé, mais cette impressioQ est assez rare pour <)ùé 
nous ayons donné un extrait du manuscrit , bien que le 
Magasin assure qu'elle ne contient rien de remarquable. 



H. le directeur, en levant la séance^ a fixé Fépoque de 
la prochaine réunion au samedi 6 avril. 




OUVRAGES PRÉSENTÉS. 



Bulletin de l^académïeroyàk^4s^^^^*^^ ^ Belgique, Année 
l&48-t844, tome III, n» «• BpuxeîieS>I844, in-8-. 

Mémoire et observations sur quelques malsiif^ ^^ os masil" 
hires. Par M. le docteur De Lavacherie. Bruxellé?; 1848, in-8*. 

De la ténotomie appliquée au traitement des luxations et des 
/Wic#ure«. Par le même. Bruxelles , 1843, în-8\ \ 

Observations de calculs vésicaus» Par M. Louis Duj^i'di°* 
Bruges , 1848, in-8«. \ 

Journal de médecine^ de chirurgie et de pharmacologie ÀP^' 
bliépar la société des sciences médicales et naturelles de Bruxeï 
S* année, cahier de février 1844. Bruxelles , in-8^ 

Gazette médicale belge, â* année, n^ 4 et 6. Bruxelles, in-fol 

Annales d^oculistique. Publiées par M. le docteur FI. Cuniei* '? 
tome X, 6* liv., décembre 1843. Bruxelles , în-8*». ^^ > 

Annales de la société de médecine d* Anvers. Année 1848,^^^ 
feuilles 4 à 6. Anvers , in-8<*« ^ 

Journal historique et littéraire de Liége^ Tome X , livr. 1 1 • 
Liège, in-8** 



( 193 ) 

La revue de Liège, l'« et â® livr., février 1844. Liège , in-8^. 
Essai sur la statistique générale de la Belgique , composé 9ur 
des documents publics et particuliers» Par M. X. Heuschling. 
Supplément à la â° édition. Bruxelles, 1844, in-8'*. 

Histoire politique^ civile et monumentale de la ville de 
Bruxelles, Par MM. Alex. Henné et Alph. Wauters, livr. 71 à 
80, Bruxelles, 1844, in-B». 

Compte rendu de la séance solennelle du \\ février 1 844 , 
tenue par les sociétés de littérature flamande du pays. Par M. le 
docteur Ch» Van Swygenhovcn, â® édition. Bruxelles, 1844, 
in-8». 

Trésor national, â* série, 9* livr., janvier 1844. Bruxelles, 
in-8^ 

Annales et bulletin de la Société de médecine de Gand. Année 
1844, février, 14« vol., 2« livr. Gand, in-B». 

Ver&eichniss der Biichets undLandharten^ u, s, ter., welchevom 
Juli bis December 1843 neu erschienen oder neu aufgelegt wor- 
den sind. Zu findenbeiC. Muquardt, 1843, in-12. 

Comptes rendus des séances de l'académie des sciences de Paris. 
Tome XV, 2« sem.4S4a, n°» 17-26 et la table; tome XVI, 
l"^ sem. 1843, n<>" 2-25 et la table; tome XVII, 2«sem. 1848, 
n^» 1-26; tome XVIH, 1« sem. 1844, n»- 1-8, in-4^ 

Bulletin de la société géologique de France. 2^ série, tome I"', 
feuilles 4 à 7. Paris, 1843-44, in-8\ 

Journal d'agriculture pratique et de jardinage. Publié sous 
la direction de M* le docteur Bixio; 2** série, tome I"', n'^ 7 , 
janvier 1844. Paris, in-B'^. 

L'investigateur y journal de Pinstitut historique. I0<* année, 
tome III, 2« série, llâ« livr., déc. 184S. Paris, in-8«. 

Bevtte zoologique, par la société cuviérienne. 1838, n^' 1 et 
â; 1843, nM2; 1844, n^ 1. Paris, in-8^ 
* Journal de la société de la morale chrétienne. 3^ série , tome 
I^; n«- 1 et 2. Paris, 1844, in-B«. 

Études chimiques f physiologiques et médicales , faites de 1885 

ToM. XI. 14 



r 



(194) 

à 1840, êur les matières albutnineuses. Par M. P.-S. Denis. 
Commercy, 184â, 1 vol. în-8<*. 

Eecueil de médecine vétérinaire pratique» 8* série, n® 1$ jan^ 
vier 1844. Paris, in-8». 

Transactions ofthe médical society ofthe state of New-Forh. 
Vol. y, 1841-43. Albany , 1843, 10-8». 

Fiffy-fiffh and fifty-sixth annual report of the régents of 
the university ofthe state of Neto-Yorh^ made to the législature, 
march 1, 1842-43. Albany , 1842-43, â toI. in-8^ 

Collectanea antiqua^ n** 1 1 1, Etchings ofandent remains, etc. 
By Ch. Roach Smith. London , 1848, in-8^ 

7%e numismatic chronicle and journal ofthe numismatic so- 
ciety y edited by John Yonge Akerman, January 1844, n» 23. 
London, in-8^. 

The electrical magasine, conducted by Ch. V. Walker , vol. 
1, n° 3, jan. 1844. London, in-8**. » 

Jahrbuch fur praktische Pharmacie und verwandte Fâcher. 
Herausgegeben von D' J.-E. Herberger und D' F.-L. Winckler, 
Band VU, Heft 6. Landau, 1843,in-8^ 

Annalen fur Météorologie und Erdmagnetismus. Jahrgang 
1843, 6*«» und 7*" Heft. Mûnchen, 1843, in-B^. 

Isis. Encyclopadische Zeitschrift von Oken, 1843, Heft XII. 
Leipzig, in-4°. 

Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bem , 
aus dem Jahre 1843. N*"' 7-12, titre et table des matières. Bern, 
1843, in-B». 

Beschrijving van eenen verwarmingstœstel in de warmekassen 
van den kruidtuin der hoogeschool te Utrecht. Door C. -A. 
Bergsma. Utrecht , in-4^. 

Belazione istorica degli atti e studj deW /• e /?• accademia 
Aretina di scienze, lettere ed arti, appartenente aW esercizio 
1 840-41 . Firenze , 1 84 1 , in:8o 

Opère deW abate Teodore Monticelli, segretario perp. délia R* 
accademia délie sdenze di Napoli. Vol. II. Napoli , 1841 , 1 vol. 
in-4". 



( 195 ) 

£logio dei conte di Camaldoli Fr. Ricciardi , ktto nella so- 
lenne adunanza délia reale acctidemia délie sctenze de di' 11 
Giugno 1848, dal socio ord. G. Ce va Grimai di. Napoli, 1848, 
in-4°. 



I 



BULLETIN 



DE 



L'ACÀDÉIIIIE ROYALE DES SCIENCES 



BBUJ5»-LBTTRB8 PB BBUXBIXBS. 



18+4. — N* 4. 



Séance du 6 ami. 

M. le baron de Stassart, directeur; 
M. Quetelet, secrétaire perpétueL * 



CORRESPONDANCE. 



Le secrétaire comtiiaiiique le programme d'une nouvelle 
association qui , à l'instar de celle organisée par l'académie 
de Bruxelles, vient de s'établir à Florence, par les soins 
de M. Antinori, directeur du musée ; le but de Tassociation 
est l'étude de la météorologie, de la physique du globe, 
et en particulier des phénomènes périodiques, tels que la 
floraison , les migrations des oiseaux, etc. 

— M. Bravais communique quelques observations de M. le 
ToM. XI. 15 




( 198 ) 
docteur LortetdeLyoD,surlesdépartsdesoiseaux voyageurs. 

M. le professeur Matlhes transmet également des ob- 
servations ornithologiqueSy faites dans les environs de 
Deventer, par M. Brants. 

M. Kickx communique les observations sur la floraison 
faites à Gand , et celles faites à Ostende par M. Mac-Leod. 

— Le secrétaire dépose sur le bureau un grand nombre 
de réponses à la circulaire de l'académie , sur les antiquités 
nationales; ces réponses lui ont été transmises par Tinter- 
médiaire de MM. les ministres de l'intérieur et de la justice. 

— M. J. Wiener fait hommage d'un exemplaire de la mé- 
daille qu'il vient de consacrer à la mémoire de M. Falck , 
membre honoraire de l'académie. 

— Le secrétaire présente les deux ouvrages manuscrits 
suivants : 

1** Mémoire $ur les tremblements de terre ressentis en 
France et en Belgiqiie, depuis le IV" siècle jusqu'à nos jours 
(1843), par M. Alexis Perrey, professeur supplémen- 
taire à la faculté des sciences de Dijon. Commissaires : 
MM. Quetelet et Grahay. 

2° Essai de coordination des causes qui précèdent , pro- 
duisent et accompagnent les phénomènes électriques y par 
M. Ath. Peltier. Commissaires : MM. Grahay et Quetelet. 

— M. Koene , professeur à l'université de Bruxelles , 
demande à pouvoir déposer un paquet cacheté; le dépôt 
est accepté. 

^-~ L'académie reçoit encore un supplément au mémoire 
envoyé au concours de 1844 , sur la circulation chez les 
insectes. Ge supplément est envoyé aux commissaires 
chargés de l'examen du mémoire. 



C 199 ) 



RAPPORTS. 



Rapport de M. Kickx sur une note de M. Westendorp, 
concernant le mode de propagation des Nidulaires. 

La note que M. Westendorp a adressée à Facadémie , et 
sur laquelle nous avons été chargé de faire un rapport, est 
relative au mode de propagation des champignons du 
genre Nidulaire, et plus particulièrement de la section des 
Cyathus. 

Le Cyathus subiculosus , espèce mexicaine, est celui dont 
la propagation a été étudiée en premier lieu. Nous y avons 
constaté : l"" que le sporange, après s'être aplati , donne 
naissance à une sorte de carcithe (mycélium Alior.J, qui a 
tout Taspect d'une mucédinée et en qui il finit par se ré- 
soudre entièrement; 2"* que du milieu de ce mycélium on 
voit poindre, au bout de deux ou trois jours, un corps de 
la grosseur d'une petite tète d'épingle qui grandit et de* 
vient ensuite leperidium (1). 

Quelques mois plus tard, au commencement de 1842, 
parut dans le Linnea de Schlechtendal un mémoire (S) 
dans lequel M. Schmitz rend compte des observations qu'il 
a recueillies sur le Cyathus striatus. L'auteur n'assista 



{lyNotice sur quelques champiffrums du Mexique dans les BtrusTiifs d« 
rAcadémie du mois d^août 1841 . 

(2) Mycologische Beobachtungen alsBeitràge xur Lehens-und Êntwick- 
lungsgeschichte einiger Gasteromyceten und ffymenomyceten. 



( ÎOO ) 

point à rëvoittlion du sporange même, mais bien à celle 
ànperidium déjà formé et choisi à des âges très-différents. 
En explorant en outre des localttës où croissaient de nom- 
breux individus de ce gastéromyce> il découvrit sur le 
mycélium qui en est toujours le premier développement, 
des points jaunâtres et floconneux , formés de fils raccour- 
cis , entrecroisés et convergents. De ces points il vit sortir 
des corpuscules qui produisirent chacun un peridium. Il 
crut de prime abord reconnaître en eux des sporanges , 
mais il en vint bientôt à les envisager comme des pousses 
immédiates de la matière byssoïde , dés espèces de stolons 
oti de propâgnles , par l'entremise desquels cette matière , 
vivace selon lui, peut annuelleâàent &ire reparaître un 
peridium nouveau. 

Il est assez vraisemblable que les mycélium observés 
dans cette circonstance étaient (quoi qu'en dise M. Sûhmit2, 
qui a prévu en partie cette objection sans la détruire) les 
produits du développement antérieur de sporanges déjli 
Changés en byssus. Les cofpli^ules mentionnés pluâ haut 
seraiént^îls dans cette hypcrthèse autre chose qne les pté- 
miet^ rudiments du jeiine petidiuni, à la formation duquel 
iûlerviennent peut-être les grains amylacés que fou a 
décrits sous le nom de spores? 

Un h\i qui n'en résulte pas moins des obsertatious de 
M< Schmiti, comme des nôtres, c'est que lepériâinm se 
développe toujours aux dépens du tissu byssoîdc. Aussi 
Ht. Schmitz, qui a vu d'ailleurs ce ti^u passer immédiate- 
ment dans la substance dupmdmm^ regarde-t-il le Cyathus 
dans son état primitif, comme une vraie byssoidée. Le 
peridium n'est pour lui <Jtie le mycélium même, parvenu à 
un plus haut degré d'évolution. 

Nous venons de résumer tout ce que l'on sait jus^ 



( 201 ) 

qu'ici (1) sur le mode de propagatiou da$ ]^idulaijr0Sf. Exa- 
miaaa» waintenaiit le travail qui nous e^ soutuis. 

L'espèce qui a fait l'objet des recherches de M. Westen- 
dorp est le Cyathus crucibulum. Placé daus les conditions 
requises, le sporange, dit cet obserTa leur, s'attache d*abord 
indifféremment par l'une de ses faces, au moyen d*une 
sorte de moisissure ou de mycélium. Il s'affaisse ensuite, 
puis s'élève au centre , et de lenticulaire qu'il était devient 
globuleux. Les deu^ membranes (2) dont le carpoderme 
se compose s^épaississent dans leur partie inférieure aux 
dépens de la partie supérieure, laquelle, ainsi amincie, 
constituera plus tard l'épîphragme. La jeune pîanle s*ial- 
longe, grossit et achève enfin son évolution complète, 
qui aura duré en tout une douzaine de jours. 

En même temps que ces changements ont fieu, ta 
matière blanche et sporulifère renfermée dans l'intérieur 
du sporange en subit d^autres, qui ne sont pas moins 
remarquables. De dure qu^elle était, elle devient liquide 
pour reprendre successivement une partie de sa consistance 
et redevenir de plus en plus visqueuse. Les globules ou les 
spores nageant dans ce liquide augmentent de volume sur 
ces entrefaites , acquièrent un filet ombilical qui va s'in- 
sérer au fond du peridium , et passent ainsi à l'état de spo- 
ranges. Ceux-ci contiennent à leur tour un nombre plus 
ou moins considérable de globules ou de spores élémentai- 



(1) Ce fApporl a. été remis à l'Aeadémie le 2 mars , époque dû le numéro 
des JnnoUi de$ sciences nutureîles, qui 4H>otieQt les reciiercbes de M. Tu- 
lasoe sur le même sujet, ne m^était pas encore parvenu. 

(2) Dans le Cyathus suhiculosus existent trois membranes, deux celfu- 
faîres et une autre formée de Taisseaui -fibreux à parois épaisses. M. Schmttz 
a retrouvé irne ftruotore analogue dans le Cyaikus $iriQiu$ (?oir lAnnea , 
XVI, p. 159). 



( 202 ) 

res, sur Torigine desquels Fauteur se tait , et sont destinés à 
présenter plus tard les mêmes phases de développement. 

Il résulte de là : 

V Que ce n'est point le mycélium, mais bien au contraire 
l'enveloppe sporangienne qui forme le peridium nouveau. 
Toutefois comment se fait-il alors que celui-ci , au moment 
de sa première apparition , se montre sous un volume in- 
finiment moindre que celui du sporange qui le produit? Et 
pourquoi est-il à cette même époque stipité, au moins dans 
le Cyathus subiculosus ? Il n'est cependant guère probable 
que le phénomène s'accomplisse différemment chez les di^ 
verses espèces d'un genre aussi naturel. 

2^ Que les corps lenticulaires habituellement pris pour des 
sporanges sont les véritables spores, pui^gu^ ce sont eux qui 
produisent le nouvel individu. Aussi l'auteur les désigne-t-il 
partout sous ce nom, bien qu'à la page 6 il les considère 
comme étant chez les champignons les représentants des 
bulbilles des phanérogames c lesquels, y ést-il dit, con- 
» tiennent également à l'état rudimentaire toutes les par- 
» ties qui doivent constituer une plante parfaite. » Nous 
devons faire remarquer que s'il en était ainsi , les bul- 
billes des phanérogames ne différeraient en rien des grai- 
nes. Dans celles-ci en effet ou dans leur embryon, pré- 
et co-existent les* différentes parties du végétal complet, 
tandis que le bulbille , simple bourgeon , doit former lui- 
même les parties qui lui manquent. La comparaison de 
l'auteur est-elle d'ailleurs compatible avec ses conclusions 
et surtout avec la suivante? Nous ne le pensons pas. 

5** Que les globules internes du sporange ou les spores des 
auteurs , ne sont pas aptes en cet état à reproduire la plante , 
mais quHls le deviennent à la seconde génération , et après 
avoir été soumis encore une fois à l'action de la matière gé^ 



( Ô03 ) 

latineuse. Il y aurait donc dans les Cyafhus une sorte d'enr* 
boitement du germe (en prenant ce mot dans le sens le 
plus large) ou de ses rudiments. Les globules primitifs y 
subiraient une espèce de métamorphose progressive^ qui 
tendrait à en faire des centres dMndiyidualisation, autour 
desquels les jeunes globules, procréés entretemps par 
l'acte végétatif, viendraient se grouper. Certains auteurs 
y verraient peut-être des triades se suroi^anisant et mon- 
tant, sans autre préambule, à la fructification. 

M. Westendorp parle aussi de la dissémination , et em- 
brasse à cet égard la manière de voir de Nées , qui est aussi 
celle deSchmitz. Il admet que la pluie remplissantlepm- 
dtuniyles sporanges surnagent et sont entraînés par Teau qui 
déborde ; d'autres fois encore les vapeurs d'eau répandues 
dans l'atmosphère sont absorbées par les filets ombilicaux 
qui , à raison du plus d'espace qu'il leur faut lorsqu'ils sont 
gonflés > élèvent les sporanges et les poussent hors du pe- 
fidium, d'où la moindre brise les fait tomber. Nous avons 
cependant sous les yeux, en ce moment même, deux péri- 
dium frais et fructifères du Cyathus vemicosus, dont l'un 
a passé 24 heures dans une immersion complète, et dont 
l'autre a été rempli d'eau pendant le même espace de temps, 
sans qu'un seul sporange se soit déplacé. Nous avons coupç 
vers le milieu de sa longueur le filet ombilical de quel- 
ques-uns de ceux qui étaient mûrs, et nous les avons vus 
alors gagner le fond du liquide , le filet tourné vers le haut, 
comme Bulliard l'avait déjà expérimenté. 

Il existe, croyons-nous, dans le travail de M. Westendorp 
relativement à l'origine de ce cordon ombilical une con- 
tradiction , plus apparente peut-être que réelle^ mais que 
nous devons cependant relever. L'auteur semble le consî* 



( 204 ) 

dérer d'abord (page 5), comme produit par lemycdmm, 
car il rappelle € ub proloDgemenl filameatoso-spongieiix 
€ formé par la réunion de plusieurs fibres capillaires, » 
tandis qu'un peu plus loin (page 8) ^ il parait le décrire 
comme se formant ausi dépens de la matière gélatineuse. 
Cette dernière opinion s'accorde atec celle de Schmitz. 

Sans entrer en plus de détails, nous ferons une remarque 
finale. Lorsqoe plusieurs obserrateurs , s'occupant d'an 
même sujet d'étude» arrivent à des résultats difÊéreats, et 
surtout lorsque les observations de l'un d'eux conduisent 
à des faits inconnus ou insolites dans la série des êtres 
dont il s'agit, il est permis de se renfermer dans 16 doute. 
Nous ne partageons donc pas jusqu'ici l'opinion de M. Wes- 
tendorp , sur le mode de propagation des Nidulatres. Ibis 
ceci ne nous empêche point de croire que son travail est 
consciencieux et propre à provoquer de noaveUes l'ècbei^ 
cbes. Nous en proposons par conséquent l'impression. 

Conformément à ces conclusions et à celles de M. Can- 
traine , second commissaire , Tacadémie a ordonné im- 
pression de la note de M. Westendorp. 



Noltf sur le mode de prapagaUvn des Niduiaires, genre de 
l'ordre des GASTROinrcES (cryptogamie) ; par G. D. Wes- 
tendorp , médecin à Thôpital militaire de Bruges. 

Vers la fin de 1836^ nous eûmes, pendant plusieurs mois 
oonsécutifti , occasion d'observer, sur une poutre dechâne 
à moitié pourrie et en partie enterrée, qui se trouvait 
dans la cour de rhôpital militaire d'Anvers, le dévdoppe- 
ment successif d'un grand nombre d'individus du Cy«* 



( 205 ) 

thus crucibulum, Hoffm. ; ce qui nous donua la facuUé d# 
suivre daas toutes ses phases le Eopde de propagation , 
raccroissement , etc. , d*une plante sur laquelle l'opinion 
des auteurs, relativement à la place qu'oUe doit occuper 
dans la grande fomille cryptogamique, sont encore loia 
d'être d'accord» et cela probablement parce que la plu- 
part jugent plutôt la question par l'analogie de Ibrm^s 
que les Nidulaires peuvent ayoir avec d'autres genres do 
champignons mieux connus, que sur des bases certaines» 
fondées sur l'organisation intime des organes de la pro- 
pagation, qui ont servi à établir presque toutes les autres 
familles et genres de la cryptoganiie. 

D'autres occupations nous avaient fait perdre de vue 
les notes que nous avions réunies sur ce sujet , et mémo 
nous ne pensions plus à les publier, lorsqu'une intéres-* 
santé publication , intitulée : Notes sur quelques champi- 
gnons du Mexique, par M. Kickx, professeur à l'université 
de Gandy insérée dans le tome YIII^ n"" 8» pag. 72 et sui- 
vantes , des Bulletins de racadémie royale des sciences et 
belles -lettres de Bruxelles y vint nous faire connaître la 
manière dont s'était dévelo{^^ dans les serres du jardin 
botanique de Gand, une nouvelle espèce de Nidulaire, 
qu'il nomma Cyaihus subiculosus , et nous rappeler ce que 
le hasard nous avait aussi permis 4'observer dans le temps. 

Nos propres observations différant, sous plusieurs rap- 
ports, avec ce que le savant professeur de Gand a observé, 
nous croyons que, dans l'intérêt de la science, il est de 
notre devoir de les faire connaître, d'aulnnt plus qu'elles 
tendent aussi à éclaircir l'hisliOire 4e ce genre, et surtout à 
confirmer ce que M. Kickn avait déjà supposé* lorsqu'il 
disait (Loc. cit., pag. 8i) : 4 Peut être devra-t-on en rêve- 
» nir un jour à regarder les prétendus sporanges comme, 



( S06 ) 

» des spores, et les spores d'aujourd'hui comme des 
» graios amylacés, comparables à ceux que Hugo Mohl a 
» observés dans les spores de TAnthoceros et de plusieurs 
» autres cryptogames. » En effet , nous avons obervé que 
chaque spore (sporanges, pérîdioles et orbicules des au- 
teurs) ne produisait jamais qu'un seul individu ; que son 
enveloppe ou carpoderme persistait et devenait, du mo- 
ment que la graine était placée dans des circonstances 
favorables à son développement , le nouveau peridium ; et 
enfin qu'une partie des globules contenus dans le spore 
(grains amylacés? spores et sporules des auteurs) chan- 
geaient de nature, à une certaine époque de l'existence de 
la plante , et devenaient à leur tour des spores à globules 
qui, plus tard, jouèrent le même rôle que la plante mère; 
de manière qu'on pourrait presque dire que cette plante 
passe successivement par trois métamorphoses, savoir : 
l"* l'état de globule, où elle est réduite à sa plus simple 
expression; 2^ l'état de spore, contenant lui-même des 
globules et enfin ; 3^ l'état de peridium ou de plante par- 
faite, donnant naissance aux spores; et tout cela rien 
que par le développement successif des différentes parties 
qui préexistaient déjà lorsque ces globules se trouvaient en- 
core à l'état rudimenlaire, nageant dans le liquide visqueux 
qui remplit les spores longtemps avant leur maturité. 

Ce qui avait d'abord fixé notre attention fut la manière 
dont s'opérait la dissémination dans ce genre. Depuis 
longtemps nous avions cru que , comme dans le genre 
Carbobolus, les lentilles des Niduiaires étaient projetées 
hors des cupules par une force élastique; toutes nos 
recherches ont eu pour résultat de nous démontrer jus- 
qu'à l'évidence qu'aucun organe contenu dans le peri- 
dium n'était en état de produire cette projection; en 



( 207 ) 

effet le cordon ombilical , qui est le seul intermédiaire qui 
existe entre la cupule et les graines , est beaucoup trop 
long et trop lâche, pour pouvoir faire l'office de ressort; et 
les lentilles elles-mêmes ne peuvent pas produire cet effet 
par leur propre élasticité , car dans ce cas la projection 
devrait se produire au moment où Tépiphragme se rompt , 
ce qu'on n'observe jamais : la dissémination n'ayant lieu que 
du troisième au dixième jour après la déhiscence , suivant 
le degré de chaleur et d'humidité de l'atmosphère. D'ail- 
leurs d'autres moyens que nous ferons connaître à l'in- 
stant, suffisent, suivant nous, pour qu'on ne doive pas 
recourir à la projection pour expliquer la sortie des lentilles 
dupendmfu. Yoici ce que nous avons observé à cet ^ard : 
on sait que chaque spore est attaché au fond de la cupule, 
au moyen d'un filet ou prolongement filamentoso-spon- 
gieux , formé par la réunion de plusieurs fibres capillaires 
assez longs, plusieurs fois repliés sur eux-mêmes pour oc- 
cuper le moins de place possible, et susceptibles de se 
gonfler, en absorbant une certaine quantité d'eau, lorsque 
l'atmosphère est chargée de beaucoup d'humidité. Ceci posé, 
on concevra facilement pourquoi, pendant le jour, lorsque 
le temps est beau et sec , toutes les lentilles restent immo- 
biles au fond de la cupule ; tandis que pendant les jours 
brumeux, et le soir, quant les vapeurs se condensent vers la 
terre , ces filets spongieux se gonflent par les molécules 
aqueuses qui s'interposent entre leurs fibres, remplissent de 
plus en plus le j^mdmm, et forcent les lentilles à s'élever; 
bientôt leur niveau dépasse les bords , et dans ce moment 
la moindre brise suffît pour faire tomber quelques-unes de 
ces graines sur le côté, où elles restent quelquefois sus- 
pendues par le cordon ombilical. D'autres fois cette 
dissémination est favorisée par la pluie , au point qu'il 



( 208 ) 

Q*est pas rare de trouver après une averse la eupule en-* 
tièrement vidée ; en effet , le peridium par sa foriae évasée 
et sa positUm est très-propre à rectteillir Teau q«i tombe 
da ciei ; dans ce cas, la cupule se remplît bieatM et les 
lentilles , par leur légèreté, surnagent et sont entraînées 
par Teau qui déborde. Il nous aemblie que ces deux causes 
sont plus que suffisantes pour expliquer pour quoi Mees 
avait attribué, non sans raison, la dispersion des i^nsà 
la pluie y tandis que le docteur Paulet el M. le professeur 
Kickx Tattribuent à voe pr^jectâoa ou éruption , agissant 
plus particulièrement la nuit. 

Maintenant passons aux résultats de la seooflde série 
d'observations que nous avcms été à même de iaire, c*e6t«à* 
dire à celles qui étaient relatives à la germination (si je puis 
m'exprimer ainsi) des lentilles, à leur dé^loppemeni, à 
leur croissanoe, etc. ; observations qui nous permettraient 
de ooiisidérer les lentilles, non pas justement comme des 
véritables semences , mais comme représentant en quelque 
sorte, pourrordredescbampigaotts, lesbulbilles des pha- 
nérogames, qui en effet contiennent aussi , ii Tétat rudi^ 
mentaire, toutes les parties qui doivent constituer une 
plante parfaite. 

Pour être aussi clair que possible dans Texposé des 
faits, nous suivrons pas à pas les évolutions d'une len* 
tille qui vient de tomber par une cause quelconque au 
pied de la plante-mère, et sur le bois pourri qui doit lui 
servir de base. 

Ainsi supposons une lentille, tombée indifféremment 
sur la face supérieure ou sur la faee ombilicale, oe iqui ar- 
rive plus souvent; elle; reste tant que l'état hygrométiique 
del'airetdubofs , sur lequel elle est eoucbée n'ei^ pase^a- 
venable au travail préparatoire; mais du moment qu'une 



( 209 ) 

quantiié suffisante d'humidité Fen taure pour ramoUir ses 
enveloppes (earpoderme) , ators on voit naitre sur les dé* 
bris du cordon ombilieal ou sur la face du spore qui re* 
garde la terre, une sorte de subiculum ou de moisissure 
rousse, jaune ou blanchâtre , rayonnant et se dirigeant 
vers le bois pour s'y attacher et faire l'office de racines; au 
bout de deux jours la graine adhère déjà assez fortement 
pour qu'on doive employer une certaine force pour la déta* . 
tacher. Si alors on rompt ces adhérences et qu'on retourne 
la lentille^ on voit que ce duvet disparait proœptement; 
si les circonstances sont favorables , elle ne tarde pas à 
reproduire un nouveau subicuhêm ^ par la face qui alors 
est tournée vers le bois> pour s'y attacher de nouveau. Ce 
n'est que quand ces adhérences sont bien établies, que la 
lentille elle-même commence à donner quelques signes de 
vie ; le c^tre qui s'était légèrement affaissé pendant la far* 
mfBtion du mMculum, commence à s'élever; les deux mem* 
branes dont le carpoderme est formé deviennent plus 
épaisses; la matière blanchâtre et dure, contenue dans 
l'intérieur, se ramollit au point dedevenir presque liquide, 
un peu visqueuse et U*aiisparente ; vue au microscope, on 
remarque que cette matière est formée par une agglomé- 
ration de globules très^tits et arrondis^ dont quelques- 
uns paràiss^t un peu plus gros. 

Du 4'"'' au S""** jour le spore grossit , perd sa forme pri- 
mitive lenticulaire pour devenir globuleux; la partie in- 
fi6rieure du carpoderme, qui constituera le peridmm, con- 
tinue à s'épaissir, mais aux dépens du segment supérieur 
(épiphragme) ; elle a déjà 4 à 5 millimètres de hauteur; le 
liquide intérieur devient plus consistant, {dus visqueux 
et d'un aspect laiteux; au microscope, on voit un certain 
nmnbre de globules beaucoup plus gros que les autres , 



( 210 ) 
presqu'opaques , arrondis, et dont quelques-uns sont mu- 
nis d'un prolongement sétacé à peine visible; ce sont ces 
globules qui formeront les nouTolies lentilles ou spores , 
dont le cordon ombilical est déjà représenté par cet appen- 
dice sétacé. 

Du S""** au 8""* jour la forme générale de la plante s'al* 
longe, devient ovalaire tout en continuant de grossir; sa 
.surface extérieure, qui était assez lisse, devient tomen- 
teuse et d*un jaune plus ou moins vif; sa hauteur a atteint 
de 6 à 8 millimètres; le liquide intérieur continue à s'é- 
paissir et devient entièrement blanc et très-visqueux; les 
spores ont au moins triplé de volume; les appendices sé- 
tacés se prononcent davantage et se dirigent vers la partie 
inférieure de la cavité dnperidium, pour y prendre des adhé- 
rences; le liquide visqueux étant placé sous le microscope, 
on y voit toujours une masse de petits globules arrondis, 
en tout semblables à ceux qu'on trouve maintenant aussi 
dans l'intérieur des nouvelles graines^ et qu'on peut bien 
observer quand on en écrase une avec la pointe d'un canif. 

Du S"""* au IS*"* jour le peridium a atteint toute sa hau- 
teur (9 à 10 millimètres) ; ses parois , qui sont d'un brun 
ferrugineux, sont comme subéreux et ont à peu près un 
demi-millimètre d'épaisseur; le bord est bien dessiné et 
donne attache au pourtour à l'épiphragme , qui s'amincit 
de plus en plus vers le centre ; les spores ont atteint un à 
un et demi millimètre de largeur, mais il se sont aplatis, 
comme s'ils avaient été soumis à une certaine pression ; les 
cordons ombilicaux ont tous pris leur attache au fond de 
la cupule. 

Si maintenant une belle journée se montre , alors l'épi- 
phragme ne tarde pas à se rompre au centre en plusieurs 
lambeaux, qui se roulent en dehors, se dessèchent et tom- 



(211 ) 

bent ; les bords du peridium n'étant plus retenus par ce 
frein , se déjettent un peu en dehors , et donnent à la cu- 
pule la forme évasée qu'on lui connaît ; le peu de liquide 
qui entourait encore les lentilles s'évapore promptement , 
et on voit, remplissant au moins les trois quarts de la 
cavité, 7 à 15 spores lenticulaires, opaques et jaunâtres, 
disposés comme des œufs dans un nid ; les parois internes 
sont lisses, comme vernissées et d'une couleur légèrement 
plombée. Enfin , après la déhiscence ou destruction de l'é^ 
piphragme, c'est une des causes dont nous avons parlé 
plus haut qui détermine la sortie des spores du peri- 
dium^ ce qui arrive ordinairement du 12"® au 20°*® jour, 
pour recommencer les évolutions d'une nouvelle généraT 
tion , en passant par les différentes phases que nous venons 
de faire connaître. 
De ce qui précède, nous pouvons conclure : 
l"" Que les globules contenus dans les lentilles, et que 
plusieurs auteurs ont considérés comme les spores, ne le 
sont pas , dans ce seus , qu'ils ne peuvent produire im- 
médiatement de nouveaux individus; seulement ils ont 
la faculté de devenir de véritables spores à la deuxième 
génération. 

S"" Que les lentilles auxquelles nous avons préféré donner 
dans le cours de ce travail le nom de spores, et que les 
auteurs avaient regardées comme des sporanges , ne peu- 
vent plus être considérées comme telles; parce que ce sont 
elles qui produisent immédiatement les nouveaux indi- 
vidus, et non pas les globules contenus dans leur inté- 
rieur , qui ne sont que les rudiments de spores d'une autre 
génération. 



(Èii ) 



LECTURES. 



PHYSIQUE. 

Quelqtus conridératUmê $ur le psychromilre , par J.-G. Cra- 
hay, professeur de physique à l'université catholique. 

Pour déterminer la force élastique de la vapeur d*ean 
contenue dans l'atmosphère , par les indications d'un tber* 
momètre à réservoir mouillé de ce liquide , on feit usage 
de formules dont la forme générale est déduite de considé- 
rations théoriques , mais dont les coefficients numériques 
sont modifiés de manière à satisfaire le mieux à des cas 
particuliers pour lesquels les résultats sont connus. 

Pour établir les formules , on part du principe connu 
en physique d'après leqael la vapeur , pour se former, a 
besoin de rendre latente une certaine quantité de chaleur, 
laquelle est en raison de la masse de vapeur qui se pro- 
duit , cette dernière étant proportionnelle à la fois à la 
température du liquide dont elle émane et au degré de 
sécheresse de l'air qui environne l'appareil; tellement que 
si l'air était saturé de vapeur, l'évaporation du liquide qui 
aurait la température de cet air serait nulle , par suite 
qu'il n'y aurait point de chaleur rendue latente, et ainsi 
point d'abaissement de température. 1^ l'atmosphère n'est 
pas saturée de vapeur , le réservoir mouillé du thermo- 
mètre en fournit , ce qui fait baisser sa température en 
même temps que celle de la couche d'air adjacente ; à me- 



( âi3 ) 

sure dtt refroidissement^ la vapeur se forme avec moins 
d'abondance , tandis que la couche d*air adjacente à l'enve- 
loppe humide se rapproche du point de saturation. A cause 
du mouvement inévitable de l'air, ne fût-ce qu'en raison de 
la diminution de densité par l'admission d'une plus grande 
quantité de vapeur, la couche humide est incessamment 
remplacée par du nouvel air , qui vient à son tour se char- 
ger de vapeur; par conséquent Tévaporation continue à 
avoir lieu à la surface du thermomètre. Cependant, lors 
même que la couche d'air humide ne serait pas déplacée, 
l'évaporation devrait encore continuer à se faire, pour 
remplacer la vapeur qui, de la couche immédiatement 
adjacente, se communique au reste de la masse, laquelle 
est supposée indéfinie, et par suite incapable d'éprouver 
un changement dans son état hygrométrique à cause de 
l'évaporation qui a lieu à la surface du thermomètre. 
Celui-ci continue à baisser jusqu'à un certain minimum, 
auquel il reste stationnaire tant que les circonstances 
extérieures, l'état hygrométrique, la température de l'at- 
mosphère, etc., restent les mêmes. 

Cet état de chose arrivé , la chaleur nécessaire pour la 
continuation de l'évaporation ne peut être fournie que 
par le rayonnement des corps environnants, mais princi- 
palement par le contact de l'air adjacent; soit que la 
couche de celui-ci se renouvelle sans cesse, et , dans ce 
cas, c'est la chaleur propre à cet air qui passe dans lava- 
peur; soit que la couche humide reste fixe, dans quel cas , 
c'est la chaleur des couches plus éloignées qu'elle trans- 
met à la vapeur à travers sa masse ; car nécessairement 
la première couche ayant été abaissée en température par 
le contact de la surface évaporante , les couches plus éloi- 
gnées qui l'enveloppent doivent lui céder de leur excès de 
ToM. XI. 16 



(214) 

chaleur qui , au fur et à mesure, devient latente dans la 
nouvelle vapeur qui se forme. 

Que le thermomètre à réservoir mouillé doive s'arrêter 
à un certain minimum de température, et y rester station- 
naire tant que les circonstances demeureat les mêmes, cela 
résulte de ce que , à mesure que sa température baisse an- 
dessous de celle des corps environnants, il s'approprie des 
portions croissantes de la chaleur que ceux-ci lui envoieot 
en quantité constante, soit par contact, soit par rayon- 
nement; tandis que, d'un autre côté, Tévaporation sur la 
même surface diminuant avec la température du liquide, 
la chaleur rendue latente va en décroissant ; d'où il snit 
que la différence entre les quantités de chaleur reçues et 
dépensées dans le même temps doit aller en diminuant 
jusqu'à s'effacer entièrement. D'après cela, qoand l'état 
stationnaire du thermomètre à réservoir mouillé est 
arrivé, la quantité de chaleur rendue latente dans la 
vapeur qui se forme incessamment est évidemment égale 
à celle qui est fournie dans le même temps par le rayon- 
nement et par le contact de l'air environnant, il y a com- 
pensation. A partir de là , le thermomètre mouillé ne peut 
pas descendre davantage , car à une moindre température 
l'évaporation serait moins abondante, la quantité de 
chaleur serait inférieure à celle apportée par le rayonne- 
ment et par le contact de Pair, le thermomètre devrait 
remonter. De même il ne peut pas s'élever au-dessus du 
point de compensation , parce qu'alors la formation plus 
abondante de vapeurs enlèverait plus de chaleur qu'il 
n'en est restitué dans le même temps ; le thermomètre ne 
tarderait pas à redescendre. Ceci suppose que toutes les 
circonstances extérieures restent les mêmes. 

Gela posé, admettons avec les physiciens allemands que 



( 215 ) 
la couche d'air adjacente immédiatement an réservoir 
mouillé , en cédant de son excès de chaleur à celui-ci , soit 
descendue précisément à la température V de ce réservoir, 
laquelle est indiquée par le mercure dans le tube du 
thermomètre. Admettons encore que la vapeur émanée de 
ce réservoir, en s*ajoutant à celle que la couche d'air 
contenait , et dont la tension est représentée par e , ait 
porté cette couche jusqu'à la saturation complète, et par 
conséquent ait amené la tension de la somme des vapeurs 
à e\ maximum de tension correspondante à la tempéra- 
ture i'; il s'en suivra que la vapeur fournie par le réservoir 
aura une tension e' — e. La couche d^air soumise à là 
presssionp, mesurée par le baromètre, étant formée d'un 
mélange d'air sec avec de la vapeur dont la tension est e' , 
la force élastique de l'air seul sera exprimée par p — e\ 

Avec ces données , on pourra calculer le poids d'un vo- 
lume d'air sec de la force élastique p — e , et celui d'un 
pareil volume de vapeur d'eau de la tension e, l'un et l'autre 
volume à la température t\ Connaissant aussi la chaleur 
spécifique 7 de l'air, celle k de la vapeur d'eau y contenue 
primitivement, on peut trouver la quantité totale de cha- 
leur abandonnée par la couche formée du mélange, en 
descendant de la température t de l'atmosphère à celle 
V du thermomètre mouillé. Et comme cette quantité 
est égale à celle rendue latente par la vapeur émanée 
de la surface du réservoir en même volume que celui du 
mélange ci-dessus , avec une tension e' — eet une tempé- 
rature t\ on aura une équation formée par l'égalité des 
quantités de chaleur cédée d'un côté et absorbée de l'au- 
tre. Cette équation est 



( 216 ) 

X étant la chaleur latente dans la vapeur d'eau à 0^» a le 
poids spécifique de la vapeur d'eau comparé à celui de 
Tair à ^alité de force élastique et de température (*). 

On tire de Téquation, pour la tension de la vapeur con- 
tenue primitivement dans Fair : 



e -JL^i^p^e')(t-n 



a(A-/') 



k 

I ^ (' — *') 



Ces valeurs numériques sont y =0,2669, ft = 0,837 
J = 650», a = 0,62349. 

Quelques physiciens, entre autres Stierlin, au lieu du 
terme X — f , qui est la chaleur latente de la vapeur d'eau 
à la température t\ se bornent au nombre 550^, qui est celle 
de la même vapeur à lOœ ; en adoptant cette valeur, on a 

4? — 0,D007788!^ (p — e' ) (4--*') 
* "^ l ^ 0,0015218 (/ — /') • - . (A) 

Il est des auteurs qui considèrent le dénominateur comme 
sensiblement égal à Funité, qui en outre négligent e' par 
rapport à p, et qui posent par conséquent 

e =^' — 0,00077882 p («—/'). 

Stierlin arrive à une approximation plus grande en opé- 
rant la division indiquée par l'équation (A) , en se bor- 
nant cependant aux termes où le facteur 0,001 52 J 8 ne 
dépasse pas la 2* puissance; représentons ce facteur parti, 
celui 0,00077852 par m, la division conduira à 

e = [e'-m(p — e')(*-0] [l — (^ — /> "«- (' — '')^'»^]' 

C) ^oyez, pour de plus amples renseignements sur cette équation, la 
page 380 de ce Bulletin. 



(217) 
et enfin 

e* ' m 

Maintenant , afin de pouvoir réduire cette formule en 
tableaux , Stierlin adopte pour % — t' et pour e' placés en- 
tre les grandes parenthèses, des valeurs moyennes four- 
nies par les observations continuées pendant un certain 
temps; il pose i — f'c= -♦- 2%5 et ^ = 0'""*,016, et comme 
pr^TeO""", il s'ensuit que e'=12"'",l 6, tension qui répond 
à <'= -♦- 14*»,1; par suite r = -♦- 16^6 pour température 
moyenne. Ce dernier chîfire est évidemment trop fort 
pour noire climat, il eût été plus convenable de prendre 
r = -♦- 10°, alors r= 10** — 2^5c=7^5, en supposant que 
Texpérience ai t donné moyennement 2%5 pourr — r;on au- 
rait eu ensuite e'=8"",65& et - = 0,0114. Dans le 
fait cela revient au même, puisque M. Stierlin se borne à 



leur le calcul indiqué, on arrive finalement à 



prendre simplement 0,01 pour |. Effectuant avec cette va- 



e = e' — 0,000782776 (/ — «'). jb. . . . (B) 

Si le thermomètre mouillé était plus bas que 0^, Teau 
serait congelée dans Tenveloppe; alors la chaleur néces- 
saire pour la formation des vapeurs qui en émanent se 
composerait d'abord de 75*" pour le passage de l'état solide 
au liquide, et ensuite de 550'' pour le passage à l'état de 
vapeur, donc en somme de 625*" (plus exactement ce 
chiffre devrait être 725° — i\ Substituant ce chiffre pour 
\ dans la formule et la transformant comme ci -dessus , 



( 218 ) 



Stierlin arrive à 



e=: e' — 0,000689482 {t —*')/>. 



(t) 



Les deux formules (B) et (G) ont été réduites en tables, 
tant en mesures métriques et en degrés du thermomètre 
centigrade y qu'en lignes de l'ancienne mesure de Paris 
et en degrés de Téchelle de Réaumur (*) , et Stierlin les a 



(*) l\ ne règne pas un accord complet entre les tables I et IH de Stierlin » 
qui donnent le maœimum de tension de la vapeur d*eau ^ la première en 
lîg^nes de Paris et en degrés de Aéaumur , là Seconde en millimètres et en 
degrés centésimaux ; toutes deux fondées sur les observations de Dattoo. 
L'une déduite directement des travaux du ph^rsicien ang4ai»^ après avoir fait 
subir à la température une correction du chef de la différence de pression 
atmosphérique sous laquelle le thermomètre avait reçu le point d^eau boui(- 
hate y et avoir réduit les mesures anglaises en anciennes mesures de Paris j 
Pautre table fondée sur les calculs par lesquels Biot a réduit les mêmes tra- 
vaux ea mesures nouvelles . Ces tables I et III ne conduisent pa6 Tune à 
Paittre par simple réduction des mesures linéaires et des divisions des échelles 
thermométriques. La comparaison des tensions des vapeurs à des degrés 
correspondants sur les deux échelles , attribue une Valeur trop grande à là 
ligne de Paris réduite en millimètres, et cette valeur n'est pas la même aux 
divers points de Péchelle. Les nombres suivants le prouvent. 



TABLE I. 



TEMPCRATURB 
Béaumur. 



TENSION 
en lignes. 



TABLE III. 



TEMPER. 

centigrade. 



TENSION 

en millimèt. 



TALEOR 

qui s'en déduit 

pour 

la ligne en milUm. 



Qo 

8 
20 
32 
36 



1. 
2,168 

4,071 

9,966 

22,935 

29,859 



10 
25 
40 
45 



mm. 
5,059 

9,475 

23,089 

52,891 

68,751 



mm. 
2,3335 

2,3274 

2,3168 

2,3061 

2,3025 



Or , il est bien établi que la ligne de Paris vaut réellement 3"A™,â55S5. 



( 219 ) 

vérifiées par la comparaison avec des observations faites 
simaltanément sur le psychromètre et sur Thygromètre de 
Daniell ; il les a soulmises également à Tépreuve en cal- 
culant par leur moyen quatre des expériences de Gay- 
Lussac y consistant à faire arriver un courant d'air des- 
séché sur la boule d'un thermomètre enveloppé d*uQ linge 
mouillé d*eau Ç). Les résultats de cette comparaison sont 
assez satisfaisants {**). 

J'ai été conduit à étendre la comparaison à la série 
entière des expériences de Gay-Lussac, en me servant des 
tables III et YI de Stierlin. Soit t la température du cou- 
rant d'air dirigé sur le thermomètre mouillé, t' la tempé- 
rature minimum à laquelle celui-ci descendait , la pression 
du baromètre étant de 760 millimètres ; puisque le cou- 
rant d'air était sec , les formules (B) et (G) doivent donner, 
en mettant e = o : 

o = e' — 0,000782776 (*—#'). 760 .... (B) 
0=6'- 0,000689482 (/ — f). 760 ... . (C) 

Je représente par E le 2"" terme de chacune de ces équa- 
tions dont la première a été employée pour les cas où / est 
au-dessus de 0, la seconde pour ceux où t' est plus bas que 
ce point. 



(*) JnruUes de chimie et de physique, tom. XXI, p. 8â. Elles sont 
rapportées dans tous les traités de physique. 

(**) Pour ces comparaisons , Stierlin s^est servi des tables 1 et IV en lig- 
nes de Paris et à degrés de Réaumur ; les valeurs numériques sont un 
peu plus faibles que celles des tables III et VI qui ont pour base le millimè- 
tre et réchelle centésimale. Aussi les écarts que Stierlin obtient de cette 
comparaison sont plus petits que sMl avait employé les tables citées en der- 
nier lieu. 



( S20 ) 



r. 


r. 


t-t\ 


«'. 


E. 


e'-jP. 


H- 


- 5?82 


5^82 


3,469 


mm. 

3,050 


-M),4Î9 


1 


— 5.09 


6,09 


3,638 


3,191 


0,447 


9 


- 4,37 


6,37 


3,814 


3,558 


0,476 


3 


— 3,66 


6,66 


3,994 


5,490 


0,504 


4 


- 2,96 


6,96 


4,180 


5,647 


0,533 


5 


— 2,27 


7,27 


4,371 


3,809 


0,562 


6 


— 1,59 


7,59 


4,567 


3,977 


0,590 


7 


-- 0,92 


7,92 


4,769 


4,150 


0,619 


8 


— 0,26 


8,26 


4,975 


4,328 


0,647 


9 


-*- 0,39 


8,61 


5,187 


5,123 


0,064 


10 


1,03 


8,97 


5,404 


5,337 


0,067 


11 


1,63 


9,37 


5,614 


5,575 


0,039 n 


lâ 


2,30 


9,70 


5,858 


5,771 


0,087 


13 


2,93 


10,07 


6,097 


5,991 


0,106 


14 


3,56 


10,44 


6,345 


6,211 


0,134 


15 


4,18 


10,82 


6,598 


6,437 


0,101 


16 


4,80 


11,20 


6,860 


6,663 


0,197 


17 


5,42 


11,58 


7,132 


6,890 


0,242 


18 


6,04 


11,96 


7,414 


7,116 


0,298 


19 


6,66 


12,34 


7,706 


7,342 


0,364 


30 


7,27 


12,73 


8,004 


7,574 


0,430 


SI 


7,88 


13,12 


8,313 


7,806 


0,508 


Sa 


8,49 


13,51 


8,653 


8,037 


0,596 


23 


9,10 


13,00 


8,964 


8,269 


0,695 


34 


9,70 


14,50 


9,302 


8,507 


0,795 


95 


10,50 


14,70 


9.651 


8,745 


0,906 


X') Tout 


porte à croire 


qu'U faut lire 


«'=:I»,67 e 


— *' = 9«,38, 


ce qui don- 


nerait 0' =: 


5,628 £ = 5 


.551 d'où e' ■ 


-E = 0,077. 







(-221 ) 

Ce tableau nous montre, en premier lieu, que la diffé- 
rence e' — E a toujours le même signe ; e' l'emporte con- 
stamment sur E, et d'autant plus que la température am- 
biante est plus élevée. Or, comme ce terme e' exprime la 
tension de la vapeur d'eau dans la couche qui entoure le 
réservoir mouillé du thermomètre, couche que l'on a 
supposé être descendue exactement à la température t' 
du réservoir, et s'être saturée par la vapeur émanée de 
la couche humide; il résulte de cette comparaison que 
i'hypothèse est inexacte, et que dans la réalité la couche 
reste au-dessous du point de saturation; ce qui d'ailleurs 
parait évident quand on considère la lenteur avec laquelle 
une masse d'air renfermée dans un vase avec de l'eau 
iirrive au point de saturation; à plus forte raison, la 
couche qui entoure la boule mouillée du thermomètre, et 
qui n'y reste toujours que peu de temps, doit elle difficile* 
ment pouvoir s'y charger de vapeur au maximum de tension. 

La supposition par rapport à la température à laquelle 
cette couche descend, n'est pas probable non plus^ car il 
est contraire à la théorie d'admettre que l'air ambiant qui 
vient en contact avec le thermomètre cède aux vapeurs qui 
s'y forment tout son excès de chaleur. En outre, on ne tient 
pas compte de la chaleur arrivée par voie de rayonnement 
des corps environnants; la quantité en est beaucoup plus 
petite, il est vrai , que celle due au contact de l'air libre 
toujours plus ou moins agité; elle n'est cependant pas tel- 
lement minime qu'il serait inutile d'en tenir compte, mais 
il n'est guère possible d'y avoir égard dans la circonstance 
actuelle, puisque sa valeur dépend d'une foule de particu- 
larités , qui sont même variables pour une exposition don- 
née de l'instrument. 

Ainsi, la couche d'air adjacente à la boule mouillée ne 



( 222 ) 

descend pas à la température de celle-ci , les vapeurs n'y 
atteignent pas la tension maximum; cette tension ne s'y 
élève qu'à la valeur de E. Il s'ensuit aussi que la formule 
attribue à la vapeur d'eau préexistante dans Fatmosphère 
une tension trop grande, et il faudrait pour la rendre 
exacte, diminuer la tension e' attribuée à la couche adja- 
cente au thermomètre, ou modifier le coefficient du 2*°® 
terme de la formule, eu le multipliant par quelque facteur 
tel que ^ déduit des expériences de Gay-Lussac, et dont 
la valeur devrait varier avec la température t. Mais se- 
lon toute apparence la valeur de ce facteur devrait dé- 
pendre aussi de la quantité de vapeur contenue primi- 
tivement dans Tair, car il est à croire que plus cette 
quantité est grande, plus la couche d'air adjacente au 
thermomètre mouillé s'approchera du point de saturation. 
Cette dernière influence ne pourrait être évaluée que par de 
nouvelles expériences analogues à celles de Gay-Lussac, et 
dans lesquelles l'air, amené sur le thermomètre mouillé 
à divers degrés de température , serait chargé de quantités 
connues de vapeur. Ces expériences présenteraient des dif- 
ficultés bien plus grandes que celles que Gay-Lussac a eues 
à surmonter. Des observations comparatives du psychro- 
mètre et de l'hygromètre de Daniell pourraient conduire 
au même but. Au reste, les diflërences signalées dans le 
tableau entre l'observation et le calcul sont assez faibles, 
du moins dans les environs de la température moyenne, 
pour qu'on puisse les négliger. 

Un autre fait signalé dans le tableau , consiste en ce que 
les différences e — E sont généralement plus fortes depuis 
t=o*» jusqu'à l=:8** que pour les degrés suivants; il y a 
un changement brusque dans leur valeur en passant de 
( «== 8^ à ^ == 9*». C'est que pour les huit premiers degrés 



( 223 ) 

le thermomètre mouillé était descendu au-dessous delà 
glace fondante, et que par conséquent il a fallu se servir 
de la formule (G), dont le coefficient numérique est plus 
faible que celui de la formule (B), à cause qu'on y a sup- 
posé qu'outre les 550 degrés de chaleur rendue latente 
dans la vapeur, 75 degrés Tétaient par la liquéfaction de 
la glace, qui a précédé Tévaporation. Comme le principe est 
incontestable, Texcès plus grand de e' sur £, qui indique 
que la couche d'air adjacente à la glace qui recouvre le 
réservoir du thermomètre est encore plus éloignée du 
point de saturation que lorsque ce réservoir est enveloppé 
d'eau liquide, doit être attribué à ce que les vapeurs se 
séparent plus difficilement de la glace que du liquide. — 
En calculant les 8 premières expériences par la formule 
(B),quî s'applique au cas où la température du thermo- 
mètre mouillé est supérieure à celle de la congélation , 
j'obtiens les résultats suivants : 



^ 


X\ 


%-f. 


6' 


E. 


e'-^. 





— 5^82 


5;82 


3,469 


3,462 


mm. 

-+- 0,007 


1 


— 5,09 


6,09 


3,658 


3,624 


0,014 


2 


- 4,37 


6,37 


3,814 


3,791 


0,023 


3 


— 3,66 


6,66 


3,994 


3,963 


0,031 


4 


— 2,96 


6,96 


4,180 


4,142 


0,038 


5 


— 2,27 


7,27 


4,371 


4,326 


0,045 


G 


- 1,59 


7,59 


4,567 


4,517 


0,050 


7 


— 0,92 


7,92 


4,769 


4,713 


0,056 


8 


— 0,26 


8,26 


4,975 


4,015 


0,060 


9 


-f- 0,30 


8,61 


3,187 


5,123 


0,064 



( 224 ) 

MaintenaDt les différences sont bien plus petites, le 
changement brusque signalé plus haut disparait aussi , et 
Tensemble forme une série régulièrement croissante. 

Il semblerait d'après cela que la formule (C) soit inutile , 
et qu'il soit préférable d'employer uniquement la formule 
(B) tant pour le cas où la boule du thermomètre est envi- 
ronnée d'une couche de glace, que pour celui où la couche 
est liquide. 

L'écart de la formule provenant, ainsi que je l'ai fait 
remarquer plus haut, de l'impossibilité de connaître la 
tension e' qu'acquiert la vapeur dans la couche d'air adja- 
cente au thermomètre, il ne reste d'autre moyen que de 
modifier le coefficient numérique de manière que l'équation 
représente le mieux possible les expériences ; et d'après 
cela , on s'éloignerait du but si, pour rester fidèle à la théo- 
rie, on voulait maintenir dans la formule (A) la valeur 
680 — i' pour la chaleur latente de la vapeur à V degrés, 
plutôt que d'adopter avec Stierlinet quelques autres physi- 
ciens, simplement le nombre 550*; car par l'introduction 
du premier nombre , le coefficient numérique serait plus 
petit que celui adopté, par suite la différence e' — E plus 
grande que celle que donne la formule de Stierlin. Je me 
suis plus particulièrement attaché à cette dernière comme 
donnant les résultats les plus satisfaisants. 

Quelques physiciens sont d'opinion que lorsque l'état 
stationnaire du thermomètre mouillé est arrivé, le mouve- 
ment plus ou moins rapide de l'air environnant ne peut 
pas le faire changer; d'après eux, si , à ce terme , une aug- 
mentation dans la vitesse du courant rend l'évaporation 
plus abondante, par suite fait passer plus de chaleur à 
l'état latent, ce même courant, dont la température est 
supérieure à celle de la surface mouillée, amène à celle-ci 



( 225 ) 

uDe plus grande quanlité de chaleur, et précisément dans 
le même rapport que l'absorption a été augmentée par 
Tévaporation. La compensation parait n'être pas exacte, 
du moins pas dans tous les cas. J'ai observé constamment 
que le thermomètre à boule mouillée, exposé à Tair sta- 
tionnaire dans une vaste salle, descendait de près de | d^ré 
quand Fair était agité dans ses environs, soit par le mou- 
vement d'un plan , soit par un balancement imprimé à 
l'instrument suspendu à une corde. J'ai vu même qu'en 
plein air, quand le vent était faible, sans être nul , le ther- 
momètre mouillé baissait encore plus ou moins quand 
j'augmentai l'agitation. La cessation du mouvement im- 
primé le faisait revenir à son point primitif. J'ai remarqué 
quelquefois que dans ces circonstances le thermomètre à 
boule sèche éprouvait une variation en sens contraire de 
celle indiquée par l'autre thermomètre. Quand le vent était 
plus fort, l'augmentation de mouvement imprimée à l'air 
ne produisait pas d'effet sur les thermomètres. Il faut con- 
clure de là que lorsque l'agitation est faible, la couche 
d'air adjacente au thermomètre peut arriver à un état plus 
voisin de la saturation , et que la diffusion de sa vapeur 
dans le reste de la masse d'air se fait plus lentement que 
lorsque le renouvellement de l'air est plus rapide; consé- 
quemment que dans cet air moins agité l'évaporation, et par 
suite l'absorption de chaleur, est dans un rapport moindre 
avec la chaleur venue du dehors , que lorsque le mou- 
vement est plus rapide. Si la diffusion était nulle, l'éva- 
poration serait arrêtée, et la température remonterait à 
celle du thermomètre sec. — Pour atteindre sûrement le 
minimum de température, il est donc utile d'agiter l'air 
dans les environs du psychromètre, si lèvent est très- 
faible. 



( 226 ) 

Il est d'usage de n'envelopper d'an linge mouillé qae 
la boule seule du thermomètre, et cependant on regarde 
comme température de cette boule celle marquée par le 
thermomètre auquel elle appartient, sans tenir compte 
de ce que la colonne de mercure renfermée dans le tube 
ne participe pas à cette température , d'où il résulte que 
l'instrument indique un point trop élevé. L'erreur qui 
provient de là n'est pas à n^liger, surtout lorsque la 
colonne hors de la boule est longue, comme c'est l'ordi* 
naire dans les psychromètres où cette colonne a souvent 
une étendue de 60 degrés. 

Pour tenir compte de cette circonstance , on peut ad^ 
mettre que toute la colonne renfermée dans le tube , et 
dont le volume se compose de m degrés ou unités compris 
depuis la naissance de la boule jusqu'au point de la glace 
fondante, plus des V degrés contenus dans la tige au- 
dessus du zéro, que toute cette colonne possède la tempé- 
rature t de l'air libre, tandis que ce volume ou cette 
longueur serait m-^œ s'il était à la température x de la 
boule. Or si k désigne le coefficient de dilatation appa- 
rente du mercure dans le verre ou ^^^ on a , 

m H- a? J H- ^ar 



m -ht' \ ^ kt 

de là on tire 

/' — mkt 

X = 



EfTecluant la division, en se bornant aux termes dans les- 
quels k ne dépasse pas la première puissance, on trouve 

Prenons pour exemple l'observation faite le 12 juin 1843 
à Taide d'un psychromètre pour lequel w=52**; le thermo- 



( 227 ) 

mètre à boule sèche marquait t = -^ 31^7 centigrade, 
celui à boule humide f' = -t- 18,2, avec ces données 

x=z 18?20 — 0îl5= 18î05, 

de là t — X = 13,65, tandis que sans la correction, t — f = 
iS^'yëO; si avec ces deux valeurs on calcule la tension ede 
la vapeur contenue dans Tatmosphère, on trouve ; 

Après la correction de (' e = 7""* ,225 
Sans e = 7""»,452 

Et pour l'humidité relative y, , on aura 0,22 pour l'un, 
0,21 pour l'autre cas. 



BOTANIQUE. 

Enumeratio synoptica plantarum phanerogamicarum in 
regionibus mexicanis ah Henrico Galeotli collcclarum , 
auctoribus M. Martens et H. Galeolti. 

RUBlAC£i£. (CoifimuATio.) 
Xni. PSYCHOTRIA. /. 

42. PSYCHOTRIA TRICHOTOUA. NobtS. 
(Coll. H. Gai. No 7002.) 

Glabra, ramulis compressis, foliis peliolatis ovatis acumi- 
natis parallèle venosis utrinque attenuatis^ stipulis caducis, 
panicuHs terminalibus subsessilibus folio multum brevioribus 
trîchotomo-subcymosîs , calycis limbo denticulato , corolla in- 
fundibuliformi 5fida glabra calyce duplo majori , laciniis 
oblongis patuHs, staminibus brève exsertis, floribus confertîs. 
— Petioli pollicares, foiia 5 poUices longa, Spotl. lata, apice 
longe attenuata, flores albi ^ lineas iongi. •— Affinis Psycho- 
triae micranthae, HBK* 



( 2â8 ) 

i. — Se trouve dans les forêts de chênes de Xalapa et 
de la colonie de Mirador, de 3 à 4,000 pieds de hauteur 
absolue. FI. blanches. Août. 

45. PSTCHOTRIA BRACTEOLATA. IVobiS. 
(Coll. H. Gai. N» 7226.) 

Herbacea, pubescenti-hirta; foliis brève petiolatis ovato- 
lanceolatis acuminatis submembranaceis supra glabriusculis 
8ubtu8, praesertim in nervis, pubescentibus, slipulisliberis bi- 
partitis, laciniis lanceolato-lincaribus apice longe filifortni-acu- 
minatis, panicula ovata densa terrainali pedunculata folio du- 
plo breyiori ramis patentibus suboppositis pubescenti-hlrti's , 
floribus basi bracteolatis , calycis 5fidi lacîniis lanceolato- 
linearibus aculis reflexis pilosis^ corolla tubuloso-infuodibuli- 
formi glabriuscula , lacîniis limbi ovatis reflexis , stamiuibus 
inclusis , stigmate exserto bifîdo. — Folia tenuia 4-5poIiice$ 
longa , Spoli. circiter lata , pelioli ^-pollicares , flores dense 
congesti 3-4lineas longi basi bracteolis duabus lineari-fîlifor- 
mibus persistentibus donati. — Afiinis Psychotriae reticuiataef 
Buts et Pavon, 

0. — On trouve cette espèce dans les bois et près du 
ruisseau de la Sierra de Capulalpan, dans la cordillère 
orientale d'Oaxaca, de 7 à 8,000 pieds. FI. blanches. 
Août. 

44. PSYCHOTRIA EXCELLA? EBK. 

(ColJ.H. Gai. NO7072.) 

Obs. Specimina sine fructu. 

*. — Habite les forêts de Xalapa, de 4 à S,000 pieds. 
FI. blanc-rosé. Juin. 

45. PSYGHOTRIA SESSIIJFOMA. NobtS, 
(CoU. H. Gai. No 7078.) 

Ramulis subtetragonis pedunculisque pubescentibns , foliis 
sessilibus obovato-lanceolatis utrinque attenuatis supra gla- 



( ââ9 ) 

briusculis subtus puberulis^ stipuHs caducis lato-ovatis pro- 
duciis in acumen bisetaceum, cymis terminalibus sessîlibus 
Irichotomis folio multum brevioribus, calyce tridentato pu» 
bescentiy coroHa glabra iofundibuliforini 5Gda fauce pilosa, 
staminibus inclusis, antheris subsessilibus. — Folîa 3-4 pol- 
lices longa, 1-1 | poliices iata acuta, cyma in ramis terminalis 
brevis. — Affînis Psychotriae aureolae, BartL 

e« — Habite les bois humides de la colonie de Mirador 
et Zacuapaa (état de Vera-Cruz) , de 2,500 à 3,500 pieds. 
FI. blanches. Juin. 

46. PsYCHOTRiA? kicotianejefolia. Nobi$. 

(Coll. H. Gai. No 7066.) 

Arborea glabra , rainulis apice subquadrangulatis compres- 
sisque, foliis brève petiolatis obovato-lanceolatis utrinque 
attenuatissubacuminatis, stipulis latè ovatis caducis, peduncu* 
lis axiliaribus fasciculatis corymbosis petiolo vix longioribus, 
floribus laxè cory mboso-congestis , calycis limbo integro cir- 
cumscisso, corolla subtubulosa quadrifida, lobis aestivatione 
valvatis tubo corollae subaequalibus lineari-oblongis , stami- 
nibus 4 inclusis , stigmate simplici? — Uabitus Psychotriae; 
sed stigmate non manifeste bifîdo , corollis quadrifîdis recedit. 
— An genus novum? 

Ob$. Petioli j-pollicares, folia 6-8 poliices longa , 2-3 poliices Iata utrin- 
que glabra apice longe attenuata , flores axillares corymboso-congesti brève 
pedicellatii 3 lineas longi , fructus immaturus calycis limbo coronatus. — 
Fructum maturum non vidimus. 

t. — Se trouve avec l'espèce précédente dans les bois 
humides de Mirador , à 3,000 pieds. FI. verdàtres. Sep- 
tembre-novembre. 

47. PSYCHOTRIA RIARISTATA. Bartl. 

(Coll. H. Gai. N» 7180.) 

^ . — Habite les forêts de la Chiuanllà , près du bourg 
ToM. XI. 17 



( 230 ) 
de Teoialcingo » sur le versant océanique de la cordillère 
orientale d'Oaxaca , à 3,000 pieds. FI. blanches. Juin. 

XIV. COFFEA. £. 

48. COFFEA ARABICâ. X. 

(Coll. H. Gai. No 2623.) 

i . — Cultivé dans plusieurs localités du département 
de Vera-Cruz, entre autres à la colonie allemande de Mira- 
dor et de Zacuapan , à Cordoba, etc., dans les régions 
tempérées et chaudes tempérées, de 2,000 à 3,500 pieds. 
Cet arbuste se plait sur les versants des collines. FI. blan- 
ches. Juillet. 

XV. FARAMEA. Jublet, 
Tetraherium. Gaert, 

49. FaBAMEA ODORATISSIHA. DcC. 

Syn. Coffea occidentàlis. L. 
Jasmin incolarum. 

(CoU. H. Gai. No 1578.) 

* . — On trouve cette belle plante dans les ravins som- 
bres et rocailleux de Consoquitla , près de Zacuapan (dé- 
partement de Vera-Cruz), à 2,000 pieds. FI. blanches 
très-odorantes. Août. 

XVI. GHIOGOGCA. Z. 

50. Ghiocogca racemosa. L. 

(Coll. H. Gai. No 7055."^ 

t. — Se trouve avec l'espèce précédente. FI. blanches. 
Août. 

51. Ghiococga macrocarpa. Nobis, 

(CoU. H. Gai. N» 7064.) 

Stipulis basi latis apiculo breviusculo , foliis ovato-oblongis 
apice attenuatis obtusis, racemis compositis folio brevioribus. 



( 231 ) 

fruclu rolundato compresso didymo diametro S-3-linearî. — 
Flores perfectos non yidimus. — Affinis Chiococcae raeemo- 
sae, Dec.y a qua foliis longioribus apice attenuatîs fructibus- 
que majoribus manifeste didymis, nec non racèmis compoeitîs 
diâert. 

* . — Habite les bois de Mirador , à 3,000 pieds. FL 
blanches. Août. 

1$2. Chiocogga coriagea. JVobis, 

(GoU. Linâen. Ifo 423.) 

FoHis petiolatis corîaceis ovato-oblongis uirinque altenuatis, 
stipulis latè ovatis apiculatîs , raceoiis simplicibus subsecundis 
folio dimidio brevioribus , corolla subcampanulata calyce qua- 
druplo longiore , Hmbo brevitcr quinqueûdo laciniis ovatis , 
staminum fîlamentis pilosulis basi coroUae insertis. — Corolla 
subcampanulata 5dentata nec usque ad médium fîssa , a caete- 
rîs speciebus distinguitur. 

^. — Se trouve dans les environs de Vera-Cruz. FI. 
blanches. 

^5. Chiocogga staiuiiea. IVobis. 

(CoU. J. Linden. N» 48.) Plantes non classées. 

Foliis brève petiolatis ovato-oblongis utrinque attenuatis, 
racemis axillaribus multifloris folio vix brevioribus, corolla 
profonde âfîda, laciniis lineari-oblongis obtusis , calyce ur- 
ceolato corolla quadruplo minore, limbo profonde ëdentato, 
antheris linearibus elongatis exsertis. — A Chiococca race- 
mosa corollis profonde incisis, staminibus exsertis praesertim 
diversa. 

t . — Où trouve cette espèce dans les environs de Xa- 
lapa , à 4,000 pieds. FI. blanches. 

XVII. DEGLIEUXIA. ffBK. 
I$4. Deglieuxia Galeottii. Martens. 

(Coll. H. Gai. No 2603.) 

Glabra ; caule suffruticoso subtereti , foliis^ brève petiolatis 



( 232 ) 

"ovato-Ianceolatis acuroinatis laevigatis , stipulis parvis ovatis 
cuspidati», cyma terminali laevî trichotoma subumbellata pu* 
bescenti-pulverulenta foliis longiore, bracleolis subulatis oppo- 
sitis, calyce ultra médium 4ficio , lacions lanceolatis , coroUis 
infundibuliformibus calyce triple longioribus, limbo 4fido 
intus barbato, genitalibus iaclusis, fructu didymo calyce co- 
ronato. — Flores albi 3 lineas longi , folia sesquipollicaria basi 
breviter atlenuata. — Affiais Declieusiae psychotrioides , Dec» 

f . — On trouve celte jolie petite plante dans les forêts 
et sur les versants rocailleux de Llano-Verde, du Cerro 
del Malacate, près du Rincon, dans la cordillère orien- 
tale d'Oaxaca, de 3 à 7,000 pieds. FI. blanc pur. Mars. 

XVIII. GDETTARDA. Fent. 

55. GUETTARDA PROTRACTA? Bartl. 

(Coll. H. Gai. N» 7175.) 

Foliis ovato- lanceolatis acuminatis supra glabris subtûs 
nervo venisque sericeis , petiolis pedunculis cymisque sericeo- 
pilosis , pedunculis axillaribus petiolo triple longioribus cy- 
moso-bifîdis, floribus sessîlibus unilatéral ibu s, calycis limbo 
4fido laciniis parvulis ovatis, corolla-tubuloso-hypocraleri- 
formi extus sericea limbo 4partito. — Folia 8-<4-poIlicaria 
apice attenuata, petioli {-pollicares, corolla |-poIlicaris gra- 
cilis. — Affînis Guettardae dichotomae nobis; sed foliis majori- 
bus subtus magis pilosis, floribus sessilibus, calyce villoso 4- 
dentato di versa. 

S . — Dans les bois de Tonaguia et près de Villa-Alta 
(cordillère orientale d'Oaxaca) , de 3 à 4,000 pieds. FI. 
blanchâtres. Juin. 

56. GURTTARDA DRALBATA. Nobis, 
(Coll. H. Gai. No 7131.) 

Foliis brève petiolatis lanceolatis acuminatis margine revo- 
lutis supra glabriS viridibus nitidis subtus niveo-velutinis ^ 



( 233 ) 

stipulis lanceolatis acuminatis décidais, cymis pedunculatîs 
oppositis bis bifidis io apice caulis racemoso-spicatis , pedun^ 
culis calycibusque albo-pulverulentis , calycis limbî lacîaiis 4 
Uneari-lanceolatis inaequalibus reflexis, corolla hypocrateri- 
morpha tubo elong^ato pubescenti , limbî 4fidi laciniis rotun- 
datis crispis patentibus, stigmate bifido exserto, staminibus 
•4 inclusis linearibus ïn fauce coroUae sessiiibus. — Folia 3-pol- 
licaria parallèle veQosa , pedunculi bas! bracteolati in cymam 
bifîdam vel dichotomam divisi, flores {-poliicares albidi secus 
cymae ramos secuadi sessiles conferli. 

î. — Dans les forêts épaisses et humides de Llano- 
Verde et de Tanetze, dans le Rincon (cordillère orientale 
d'Oaxaca) , de 4 à 6,000 pieds. FI. blanches. Août. 

57. GUETTARDA DICHOTOMA. NohtS. 
(Coll. H. Gai. N« 2601.) 

Foliis brève petiolatis ovatis acutiusculis supra glabris sub- 
tus in nervis pubescentibus , ramulis pedunculisque villosius- 
culis, cymis axillaribus terminalibusque dicbotomo-cymosis , 
calycis pubescentis limbo truncato integro , corolla extus seri- 
cea hypocraterimorpha limbo 4-fîdo laciniis ovatis obtusis. — - 
Folia bipollîcaria integerrima subtus in nervis adpressè pilo- 
siuscula , stipulae ovatae obtusae parvae deciduae , pedunculo 
petiolo triplo longiore, antherae -4 lineares ad faucem sessi- 
les, stigma capilatum simplex inclusum, flores 3-4 lineas 
longi. — Fructus deest. 

î . — Habite les savanes de Consoquitla , près la colonie 
de Zacuapan et Mirador , de 1,500 à 2,000 pieds. FI. ver- 
dâtres nombreuses. Mai. 

XIX. hâmelia. l. 

58. Hahelia LANCGiiiosA. Nobis. 

(Coll. H. Gai. N« 2615.) 

Caule ramoso rufo-pubescenti hirta, foliis ternis petiolatis 



( 234 ) 

ovato-obloDgis subacutis subtus petiolisque molliter lanugi- 
nosis supra pubescenti-hirtis , iloribu$ cymoso-paniculatis ter- 
minalibus, panicula stricta subtrichotoma multiflora dease 
rufo pubescenti-hirta, floribus brève pedicellatîs, corollîs tu- 
bulosis pubescentibos laciniis subulatis, antheris exsertls. — 
Folia 8pollicaria. 

S . — On trouve cette plante à Xalapa y à Hirador et 
dans plusieurs localités de la région tempérée atlantique, 
de 2 à 4,000 pieds. FI. rouges. Juillet. 

59. Uahema nodosa. Nobis, 

(Coll. H. Gai. N«2581.) 

€aule fruticoso nodoso glabro, foliis quaternîs petiolati» 
ovato-lanceolatis acuminatis glabris , cymis dichotomis in um- 
bellam terminalem dispositis , coroUis tubulosis mîniatis , bacca 
globosa laevi. — Folia 3 pollices longa pollicem et amplius 
lata , petioli {-pollicares , cymae terminales quatuor longe pe- 
dunculatae apice caulls insertae ac subumbellatae multiflorae, 
corollae l^pollicares, stamiua 5 exserta , laciniae corollae ovato- 
rotundatae. 

5 . — Se trouve avec Tespèce précédente dans les sava- 
nes de Mirador , à 3,000 pieds. FI. vermillon. Juillet. 

60. Hahelia PAccirLORA? fFUld. 

(Coll. H. Gai. No 2612.) 

Gaule subquadrangulo glabrîusculo , foliis quaternîs in pe« 
tiolum brevem attenuatis obovato-lanceolatis obtuse acumina- 
tis integerrimis glabris, stipulis minutis subulatis, panicula 
cymosa pauciflora terminali, ramis teretibus pubescentibuS; 
floribus sessilibus, coTollis glabriusculis ovarlo ëtuplo Ion- 
gioribus, staminibus exsertis, fructu pyramidali. -* Folia 2-3 
pollices loDga, pollicem lata, corolla tubulosa rubra subpol- 
licaris. 

4 . — Croît sur les dunes de Vera-Cruz. FI. rouges. Oc- 
tobre. 



( 235 ) 

XX. GONZALEA. Pers, 

61. GONZALEA SPIGATA. JOeC. 

Syn. Goccocypselum spîcatum. HBK, 

(Coll. H. Gai. No 1756.) 

i. — On trouve ce joli arbrisseau dans les bois de Za- 
cuapan, à 2,500 pieds. FI. blanches. Août. 

62. GONZALEA? SECUNDA. NohtS, 
(Coll. H. Gai. NM077.) 

Caule suffruticoso, ramulis pubescentibus , foliis brève pe- 
tiolatis ovato-lanceolatis acuminatis glabris, stipulis ovatis 
acutis deciduis, spica terminali secunda graeiii, floribus soli- 
tariis, calycis laciniis 4 subulatis, floribus glabrîs tubuloso- 
infundibuliformibus , limbi lobis ovatis obtusis; fructu ignoto« 

e. — Se trouve dans les bois bumides de Xalapa, à 
4,000 pieds. FI. blanches. Juin. 

XXI. OLDENLANDIA. L. 
65. Oldenlanoia latifolia. Nohis, 

(Coll. H. Gai. No 2556.) 

Glabra; caule herbaceo adscendente subquadrangulo basi 
radicaote, foliis subsessilibus ovato-oblongis utrinque atte- 
nuatis obtusiusculis membranaceis laevibus subciliolatis, sti- 
pulis setoso-laciniatîs, floribus iaxe dichotomo-paaiculatis, 
pediceilis 2-8-floris, floribus infundibuliformibus calyce quin- 
tuplo majoribus. — Gaulis pedalis , folia subpollicaria. — Àffi- 
nis Oldenlandiae microihecae , Dec, 

e. — Se trouve dans les bois et sur les rochers de Mi- 
rador, à 5,000 pieds. FI. blanc-rosé. Mai. 

XXII. BOUVARDIA. Salish. 

64. BOUTARDIA LONGIFLORA. BBK, 

(Coll. H. Gai. No* 2637 et 2S52.) 

$ . — On trouve cette belle plante sur les rochers cal- 



( 236 ) 

caires de Tehuacan de las Granadas, de 5 à 7^000 pieds^ 
et sur le mont basaltique du Cerro de Quinzeo , près de 
Morelia de Michoacan, à 7,000 pieds. FI. blanches très- 
odorantes. Juin-septembre. 

65. BouvARDiA LONGiFiiORA var. Latifolia, 

(CoU. H. Gai. N» 2659.) 

Obs. Foljis oyatis ôbtusiuscuîts. 

i . — Habite les montagnes de Capulalpan , dans la cor- 
dillère orientale d'Oaiaca , de 7 à 8,000 pieds. 

66. BOL'VARDU TRIFLORA. ffBK. 

(CoU. H. Gai. N» 2658.) 

5 . — Se trouve dans les montagnes du Rincon (cordil- 
lère orientale d'Oaxaca) , à 5,000 pieds. FI. rouge-orangé. 
Juin. 

67. BOCVARDIA TRIFLORA VOr. HiRSDTA. 
(GoU. H. Gai. No 2658 bis.) 

Obs. Calycis tubo hirsuto. 

î . — Se trouve avec l'espèce précédente , de 3 à S,000 
pieds. FI. rouges. Juin. 

68. BOUVARDIA QUATERKIFOUA. DeC, 

(Coll. H. Gai. No 2597.) 

Syn. Trompetilla incoUrom. 

*. — Dans les bois de chênes du Cerro de Quinzeo, 
près de Morelia de Michoacan, à 7,500 pieds. FI. rouge- 
vif. Août. 

69. BouvARDiA LiEvis. Nobis, 

(Coll. H. Gai. NO 2600.) 

Glabra; foliis brève petiolatis ovato-acuminatis subtus pal- 
lidis, stipulis subulatîs longitudine petioli, pedunculis termi- 
nalibus trifloris , pedicelHs calyce corollaque glabris , stigmate 
incluso, calycis laciniis lineari-subulatis corolla quadruplo 



( âar ) 

brevioribus. — Corolla coccioea pollîcarîs lobis Kmbi bvatîtf 
obtusis, stamina intra faucem corollae sessilia, stigma bila- 
mellatum tubo corollae inclusum , pedicelli |-pollicares graci- 
les, pedunculus sesquipollicaris , petioli bilineares^ folia 2 
pollices longa, pollicem et ultra lata, subtus pallida. — Àffinis 
Bouvardiae triflorae, Dec. 

i. — Se trouve au bord des ravins de la colonie de Za- 
cuapan , à 3,000 pieds. FI. vermillonnées. Avril. 

70. BoUVARDIâ CORDIFOLIA. DeC. 

(Coll. H. Gai. No 2584.) 

Fmtex; foliis oppositis brevissîme petiolatis subcordatls 
ovato-acuminatis ciliolatis supra pubescenti-pilosulis subtus 
glabriusculis, corymbîs terminalibus paucifloris, corolla tubu- 
losa extus puberula calycis lobis lineari-subulatis quintuplo 
longiore, stylo încluso. — Folia subpollicaria , corolla polli- 
caris. 

% . — Dans les bois de Jésus del Monte , près Morelia 
de Michoaean,à 6,500 pieds. FI. blanches odorantes. Août. 

7i. BODVARDIA HIRTELLA. JIBK. 

(Coll. H. Gai. N»* 2621 et 2640 B.) 

S. — Habite les bois de Zacuapan, à 3,000 pieds , et 
les rochers gnéissiques de Penoles , dans la Misteca Alta 
(département d'Oaxaca) , de 6 à 7,000 pieds. FI. rouger 
vif. Avril-août. 

72. BODVARDIA ANGCSTIFOLIA. ffBK. 

(Coll. H. Gai. No 2650 C.) 

* . — Dans les bois, et sur les rochers de la Misteca Alta 
et de la Sierra de Yavezia , près d'Oaxaca , de 5,500 à 
7,500 pieds. FI. rouge-vif. Avril. 

75. BOUVARDIA SCABRIDA. IVohtS. 
(CoU. H. Gai. N« 2624.) 

Kamis teretibus , junioribus pubescenti-hirtellis , foliis teruis 
subsessilibus lanceolatis acuminatis margine revolutis supra et 



( 238 ) 

margine «cabris glabriusculls subtus dense pubescenti-viUosis 
canescentibus , corymbis subtrichotomis , calyce tubo corollae 
birtello sextuplo breviore, bracteis subulatis. — FoUa S pol- 
lices longa , ^ pollicem lata , coroUa pollicarîs. — Affinis Bou- 
vardiae triflorae, HBK. 

< . — On trouve cette jolie espèce sur les rochers cal- 
caires et porphyriques da ravin de Yavezia (cordillère 
orientale d'Oaxaca) , de 6 k 7,000 pieds. FI. rouge-carmiaé. 
Décembre. 

74. BocTARDiA Jacquiiii. Dec. 

(Coll. H. Gai. N* 2020.) 

Ixora americana. Jœq, 

t . — Dans les bois de Xalapa, à 4,000 pieds. FI. rou- 
ges. Juin. 

XXIII. MANETTIA. L. 

75. Mahettia hirtella. Nobis, 

(CoU. H. GU. No 2635.) 

Caule herbaceo gracili tetragono volubili glabro, foliis pe- 
tiolatis basi attenuatis ovatis acutis supra hirtellis subtus palli- 
dioribus glabris, nervis pilosiusculis , floribus terminalibus 
agglomeratis subsessilibus foliis quatuor suffultis , calycis lobis 
4 lîneari-fiiîformîbus hirtis tubo corollae quadruplo breviori- 
bus. — Corolla coccînea 1 |-pollicaris tubuloso-infundibuli- 
formis basi hirtella , limbi laciniis ovato lanceolatis 3 lineas 
loDgis, stamina exserta fauci corollae inserta, folia 1{ polli- 
cem longa , ^ pollicem lata. 

2kj;. — Au bord des rivières, dans les forêts de Tona- 
guia (cordillère orientale d'Oaxaca) , de 4 à 5,000 pieds. 
FI. carminées. Juin. 

XXIV. COCCOCYPSELUM. P.Brown, 

76. GoccocYPSELUM NDHHULARiFOLiDM. Cham, et Sehleekt. 

(Coll. U. Gai. N« 2614.) 

4. — Se trouve dans les bois humides de Mirador et de 



( 23Ô ) 

Xalapa , et , en général , de toute la région tempérée hu- 
mide du versant atlantique de la cordillère, de 3 à 4,000 
pieds. FI. bleues. Mai-août. 

XXV. RANDIA. Z. 
tTT. Randia xalapensis. Nobis. 

(Coll. H. Gai. N07II6.) 

Glabra ; ramulis teretibus apice bispinosis , foliis oppositîa 
sessilibus subfasciculatis ovato-lanceolatis nitidis , floribus axil- 
laribus et terminalibus gfeminis , calycis campanulati iaciniis 
lineari-subulatis reflexis, corollae tubo calyce quintuplo Ion- 
giori , fauce dilatato , limbi laciniis ovatis acuminatis» -— Folia 
poliicaria subgemina utrinque attenuata, corolla |-pollicaris 
alba, antherae lioeares in fauce corollae sessiles. — Âffinis 
Bandiae nttidae , Dec. 

t' — On trouve cette espèce dans tous les environs de 
Xalapa et du Puente Nacional , près Vera-Cruz, de 1,000 à 
4,000 pieds. FL blanches. Juin. 

78. RâNDIA? 

(Coll. H. Gai. N»7U5.) 

Spécimen incompletum affine priori. 

* . — Se trouve dans les forêts du Puente Nacional , 
près Vera-Cruz, de 500 à 1,000 pieds. FI. blanches. Juin. 

XXVI. GARDENIA. Ellis, 
79. Gardénia Sghiedeana. Schlecht, 

(Coll. H. Gai. No 1592.) 

^ . — Dans les bois de Zacuapan , de Consoquitla et du 
Puente Nacional , de 1,000 à 2,000pieds. FI. blanches odo- 
rantes. Juin. 



( 240 ) 

XXVII. POSOQU£RIA. j^ubht. 

80. POSOQDERIA GORIACEA. Nobis, 
(Coll. H. Gai. N» 1580.) 

Foliis brève petiolatis amplis coriaceis ovato-oblongis acu- 
mioatis subintegerrimis basi attenuatis, stipulîs triangulari- 
bus appressis , corollae tubo gracili elongato limbo patenti , la- 
cioiis ovatis coriaceis , fauce villoso. — Affîais Posoqueriae 
latifoliaey Dec. 

S . — On trouve cette belle espèce dans les forêts hu- 
mides de la Chinantla, près des bourgs indiens de Teotal- 
cingo et Choapam (cordillère orientale d'Oaxaca) , de 2,000 
à 3,500 pieds. Elle est généralement épiphyte sur de grands 
Ficus, Mimosa, etc. FI. blanches très-odorantes. Juin. 
Rare, 

XXVIII. LINDËNIA (1). Ifooker, (Icônes plantarum.) 
81. LiNDENiA AccTiFLORA. ffooker, (Icon. plant.) 

(CoU. H. Gai. NM 1572 et 1573.) 

S . — Jolie plante qui se trouve au bord des rivières des 
régions chaudes de Vera-Cruz et d'Oaxaca, au Puente Na- 
cional , dans la Gbinantla (Jocotepeque , Teotalcingo , etc.), 
de 800 à 2,000 pieds. FI. blanc-rosé odorantes. Juin. 



(1) Ce nouveau genre ayant été dédié à notre insçu par M. W. Hooker au 
naturaliste-voyageur Linden, nous sommes obligés, pour prévenir toute con- 
fusion , de revenir sur la dénomination que nous avions donnée à un nouveau 
genre de la famille des JVyctaginées , avant d^avoir eu connaissance du genre 
Lindenia de M. Hooker. — Nous proposons, en conséquence , de rempla- 
cer la dénomination de notre genre Lindenia par celle de Tinantia, en 
rhonneur du botaniste belge , Tinant , auteur de la Flore Luxembourgeois- 



( 241 ) 

82. GARDENIiE. 

(Coll. H. Gai. N* 1581.) 

Specimèn înéompletum. an Thikodona? Cham. et SchUcht.) 

Frutex ramosus glaber , ramuli subteretes , folia brève pe- 
tiolata ovato>eliiptica nitida 4pollices loûga, 2 poil, lata, sti- 
pulae magnae basi connatae ovato-lanceolatae longe acumina- 
tae , flores axillares sessiles subcongesti , calix ovatus parvus 
truncatus margine denlîculato , coroUa hypocrateriformis tubo 
|-poHicari, Hmbi ëpartiti laciniis ovato-oblongis subrefiexis 
semipoUicaribus, stamioa ë ioclusa. 

S • — Dans les forêts de la Ghinantla , près Jocolepe- 
que (cordillère orientale d'Oaxaca), de 2,500 à 3,000 
pieds. FI. blanches odorantes. Juin. 

XXIX. SOMMERA. Cham, et SchleehL 
85. Sommera arborescens. Cham, et Schlecht. 

(Coll. H. Gai. NO 7112.) 

t . — Dans les bois de Mirador et de Zaciiapan , et sur 
les versants des ravins de THacienda de la Laguna^ près 
de Xalapa, de i,500 à 3,000 pieds. FI. blanchâtres. Mai- 
août. 

LONICERiE. EwDL. 
I. VESALEA (1). Nov.gen. 

Car. Gen. Calix tubo cum ovario connato ovato bine sulcato 
subulato iodé quinquervi basi bracteolato , apice in collum ao- 
gustato , limbi superi quinquepartiti lacinîis foliaeeis oblongis 
persistentibus, corolla supera tubuloso-infundibuliformis elon- 
gâta, limbi quinquefidi lacinîis ovatis obtusis subaequalibus , 



(1) IVomen imposimus in honorem eeleberrimi belgici anatomiei Ve- 
salei. 



( 242 ) 

stamina A subdidynama basi corollae inserta subexserta an- 
theris oblongis subsagittatis , stylus longitudiae stamînum 
stigmate capitato, ovarium uniloculare, fructas baocatus ex- 
8UCCU8 l-â-spermus calycis limbo corooatus. — Fruticea ra- 
mo$%y ramiê oppo$tti$ , foliiê oppo$iii$ tntegerrimiê suhpetiola- 
iiSf peduncuHs l-^-flori$ axillaribus termitialibuêqtêe^ bracteolù 
A minimiê êubulaiiê calyculum tnentientibus» — Affine Abeliae , 
R* Brown. 

1. YeSALEA rLORIBVNDA. N6bi$ (1). 
(Coll. H. Gai. No 2641.) 

Frutex glabriusculas , foliis ovatis obtusis integerrimis cî- 
liatis subsessîlibus , pedunculis brevibus unifloris , calycis 
limbo patenti, corolla elongata subcylindrica. — Folia poUica- 
ria , flores multi ad apicem ramulorum axillares et terminales, 
corollae bipollicares purpureae, laciniae calycinae oblongaeyi- 
rides 4-5 lineas longae , 2 lineas latae. 

5 . — On trouve ce bel arbrisseau dans les forêts alpines 
du pic d'Orizaba, à 10,000 pieds d'élévation absolue. FI. 
pourpres. Août. 

â. Tesalea hirscta. Nobis, 

(CoU. H. Gai. V 2640 bis.) 

Caule fruticoso pubescenti-birsuto , foliis petiolatis ovatis 
oblongis ciliatis , pedunculis axillaribus elongatis subbifloris, 
calycis laciniis ovato-oblongis coloratis, staminum filamentis 
pilosis. — Differt a priori specie foliis longîus petiolatis , pe- 
dunculis longioribus subbifloris pubescentibus , calycis limbo 
majori purpurascente* 



(1) Cette espèce et la suivante ont été introduites en Belgique par M. Gbies- 
breght, en 1842; elles sont connues des horticulteurs belges sous le nom de 
J^uchsia $p, Mexici. 



( 243 ) 

t' — On trouve cette seconde espèce avec la précédente, 
et sur les rochers porphyriques du Cerro de San Felipe , 
près d^Oaxaca, et dans les montagnes de Yavezia (cordil- 
lère orientale d'Oaxaca), de 7,500 à 9,000 pieds. FI. 
pourpres. Mai-septembre. 

II. STMPHORICARPUS. Dillen. 

3. Stmphoricabpi's microphtllus. Dec. 

(Coll. H. Ga]. N» 2642.) 

%. — Sur les rochers de Moran , près Real del Monte, 
et sur les versants du Popocatepetl , près de Mexico , de 
7,000 à 8,500 pieds. FI. roses. Juin. 

III. VIBURNUM. l. 

4. YiBCRNUM ACCTiFOiiiUM. Benth. 

(GoU. H. Gai. No 3005.) 

S . — Se trouve dans les montagnes de Castrasana et 
de Yalina, près de Yavezia (cordillère orientale d'Oaxaca), 
de 7 à 9,000 pieds. FI. blanches odorantes. Juin. 

6. YlBURSCM PARVIFIiORUM. NobiS, 
<GoU. H. Gai. No 7138.) 

Foliis petiolatis integerrimis oblongis utrinque attenuatîs 
margine subulatis , axillîs veoarum subtus barbatis , ramulis 
apice peduDculisque adpresse pilosulis. — Affine Vihumo 
tinus^ £•, sed flores multo minores. An Vibumum tinoides? 
Dec. 

t . — Habite les bois humides de Zacatepeque, sur la 
côte pacifique du département d'Oaxaca , de 3,000 à 4,500 
pieds. FI. blanches très-odorantes. Octobre. 



( 244 ) 



ARCHÉOLOGIE. 

Notice sur Vouvrage Muséum etrusgum Gregoriai«(um (i), 
par M. de Witte , correspondant de racadémie. 

Il y a environ deux ans y j'eus Fbonneur d'adresser à 
M. le Ministre de Fintérieur un rapport sur un voyage 
entrepris dans le but d'étudier les monuments anciens de 
ritalie el de la Grèce. Dans ce rapport, que l'académie fit 
insérer dans son bulletin mensuel (2), j'ai donné une des- 
cription assez détaillée du nouveau musée étrusque ajouté 
aux riches collections du Vatican, et dont la création ap- 
partient au pape régnant S. S. Grégoire XVI. J'ai parlé 
aussi de la publication que le gouvernement pontifical pré- 
parait, en faisant dessiner et graver les précieux monu- 
ments du musée étrusque, déclarant que cette publication 
devait intéresser au plus haut degré tous ceux qui s'occu- 
pent d'études archéologiques. Maintenant, je viens de re- 
cevoir de Rome un exemplaire du bel ouvrage que le 
monde savant attendait avec impatience, et comme j'ai tout 
lieu de croire que ce livre, à peine connu en France, est 
entièrement inconnu en Belgique, je m'empresse d'adres- 
ser à l'académie une courte notice sur les monuments qui 
s'y trouvent reproduits. 

Le Muséum etruscum Gregorianum est divisé en deux 
volumes in-folio , composés chacun de 107 planches , ac- 
compagnées d'un texte explicatif en italien , rédigé par 



(1) Deux vol. in-folio, Rome, 1843. 
Tom. IX, no 7, juillet 1842. 



( 245 ) 

M. Achille Gennarelli, sous la direclion du révérend père 
Marcbi ^ un des savants auteurs de YAes grave , ouvrage 
estimé à juste titre par tous les numismatistes. Ce texte, 
fort court, ne donne qu'une explication succincte des mo- 
numents^ avec une indication précise des endroits où ils 
ont été trouvés. 

Quant aux planches, elles reproduisent^ avec une grande 
exactitude, presque tous les monuments du nouveau mu- 
sée. Le premier volume, consacré aux bronzes , aux objets 
d'or et d'argent, aux urnes et sarcophages et aux peintures 
qui décorent les chambres sépulcrales, contient les plan- 
ches qui montrent les ustensiles, vases, miroirs, armes, 
statues, figurines de bronze: bracelets, colliers, bagues, 
couronnes et autres objets d'or : coupes d'argent, ciselées 
et enrichies de bas-reliefs : sarcophages et urnes de terre 
cuite et de pierre : fragments divers : peintures , etc. Tous 
ces monuments ont été dessinés avec le plus grand soin ; 
plusieurs des bronzes et des objets d'orfèvrerie sont repro- 
duits de la grandeur des originaux , avantage que les ar- 
chéologues aussi bien que les artistes sauront apprécier. 

Les planches I à XI représentent des ustensiles et des 
instruments de toute espèce, des cueillers, des vases, 
plusieurs avec des manches ou des anses ciselés. Ces ob- 
jets sont tous de bronze. Sur la planche YIII, on voit des 
anses ornées à leur extrémité inférieure de masques de 
Silène d'un caractère sévère. On remarque dans plusieurs 
collections d'antiquités des masques analogues exécutés 
en bronze (i). A la bibliothèque publique de Cité La Va- 
lette , à Malte , on conserve un vase de style phénicien , 



(1) Voir mon Catalogue Durand , n»> 1861 et 1863. 

ToM. XI. 18 



( 246 ) 

n'ayant d'autres ornements que des zones d'une teinte 
rougeàtre , qui ressort sur un fond jaune pâle. Les anses 
de ce Yase sont décorées de deux masques de Silène en 
relief, qui offrent une ressemblance frappante avec les 
masques de bronze qu'on voit sur plusieurs monuments 
tirés des hypogées étrusques (1). 

La planche XI montre un vase supporté par un pied en ' 
forme de candélabre, vase qu'on présume avoir servi à 
brûler des parfums. Ce vase, trouvé dans le grand tombeau 
de Caere (2) , est d'un travail tout particulier; il est orné 
de lions et de taureaux exécutés en très bas-relief, dans 
un style qui rappelle les monuments d'origine asiatique (3). 

Nous aurons souvent occasion , dans cette notice , de 
parler des monuments trouvés dans le fameux tombeau de 
Caere (CervelriJ^ découvert en avril 1836, monuments qui 
remontent à une époque fort reculée (4). Cette importante 
découverte, qui eut un grand retentissement dans le monde 
savant, est due aux soins du général Galassi et de l'archi- 
prêtre Regolini. Aucun des monuments renfermés dans ce 
tombeau ne porte l'empreinte des idées helléniques; tout 
accuse dans le travail un art d'origine asiatique (S). 

Les planches XII et XIII montrent de grandes patères 
creuses auxquelles s'adaptent des figurines servant de 
manches. Sur la planche XII, c'est une idole de Vé^us, 



(1) Bulletin de l'insi. arch., 1S43, p. 43. 

(â) £m. hrdiUQ,Bulletinde Pinst. arch., 1836 , p. 56 et suiv. ; Ganina , 
Vescrizione di Cere antica; L. GriG , Mon. di Cere antica. 

(3) L. Grifi , X. cit., tav. XI , 2. 

(4) CiïnïnaijDescrizione di Cere antica; Raoul Rochette, Journal des 
savants, juin 1843, p. 348. 

(5) Raoul Rocbette, (. cit., p. 354 et 355. 



( 247 ) 

tendni im miroir qui est employée à une semblable desti- 
nation. 

Sur la planche XIV sont gravés deux braziers de bronze, 
trouvés à Yulci. Dans Tun on voit encore des cendres et les 
instruments nécessaires à entretenir le feu. La planche 
XY^ montre un thuribulum, ou vase servant à brûler des 
parfums, porlé sur des roulettes (1) , et un grand réchaud 
posé sur un trépied de fer (2). Ces monuments provien- 
nent du tombeau de Caere* 

Sur la planche XVI , on voit un autre réchaud orné dV 
nimaux dans le style asiatique. Sur la même planche est 
gravé le It^ funèbre de bronze (3) , sur lequel reposait le 
corps d*un des personnages ensevelis dans la tombe de 
Caere. Cest un des monuments les plus rares qui existent. 
On sait qu'ordinairement , chez les Étrusques , les corps 
étaient placés dans les sépultures sur un lit taillé dans le 
tuf ou bien dans un sarcophage, creusé dans le même 
tuf ou rapporté en une autre matière. 

La planche XVII reproduit plusieurs fragments ciselés, 
qui ont appartenu à un char. 

Les planches XVIII à XX , montrent des boucliers de 
bronze^ enrichis d'ornements et de figures d'animaux (4). 

La planche XXI est destinée aux casques , cuirasses , 
cnémides et autres armes. On remarque surtout une trom- 



(1) Grifi , Mon. di Cereawtica, tav. VI, 3 et 5. J'ai décrit (Cat. étrusque, 
n<>361) un candélabre étrusque porté sur des roues. Voir Micali, Storia 
degli ant, pop. itcUiani, tav. XL, 4. 

(S) Le trépied est moderne et imité du trépied antique de fer , qui avait été 
détruit par Toxydation. 

<5) Grifi , Mon. di Cere ant. , Uv. IV , 6. Cf. Raoul Rochette , Journal 
des savants, juin 1843, p. 357. 

(4) Grifi , Mon. di Cere ant., tav. XI, 1 e 3. 



( 248 ) 

pelle de bronze. Plusieurs peintures de vases montrent 
des guerriers qui embouchent la trompette (1). On sait 
que Tinvenlion de cet instrament de musique est attri- 
buée à Tyrsenus (S). 

Maintenant nous arrivons à une classe de monuments, 
fort importante sous tous les rapports , je veux parler des 
miroirs élrusques. 

Le musée Grégorien possède une suite magnifique de 
miroirs (3), à laquelle on ne peut comparer , dans aucun 
musée d'Europe, que celle du cabinet des médailles à 
Paris, augmentée, il y a peu d'années, de la riche col- 
lection de miroirs qui faisait partie du cabinet Durand. 
Les miroirs du musée étrusque mériteraient chacun un 
examen particulier , tant à cause des sujets qui s'y trou- 
vent représentés qu'à cause des inscriptions qui accompa* 
gnent les gravures. Je me contenterai de signaler ici les 
principaux de ces miroirs. 

Ce sont les planches XXII à XXXYI , qui sont consa- 
crées à ces disques métalliques. 

Sur la planche XXIII, on voit un sujet accompagné 
d'inscriptions peu lisibles , dans lequel on a voulu recon- 
naître la résurrection d'Adonis. M. Achille Gennarelli 
explique cette composition par l'enlèvement de Thétis , ce 
qui me semble beaucoup plus probable. A la naissance du 



(1) Voir mon Catalogue Durand, n«* 380, 867. Cf. Micali , Storia degli 
ant. pop, italiani^ tav. G, 4. 

(2) Paus. II, 21, 3. Cf. K. 0. Mûller, die£trusker, III, 1, 4. 

(3) Outre les miroirs du musée étrusque , on conserve encore quelques 
autres miroirs à la bibliothèque du Vatican. Ces derniers n^ont point été pu- 
bliés dans le Mtiseum etruscum Gregorianum. M. Gerhard {Etruskische 
Spiegel, taf. LXIV) a fait connaître un très-curieux miroir de la bibliothèque 
du Vatican ; on y voit Neptune et Amymone. 



( 249 ) 

manche de ce miroir, on voit une Muse, ainsi que l'indi- 
que l'inscription étrusque Mus. Or , on sait que les muses 
assistèrent aux noces de Pelée et de Tbétis^ et y chantèrent 
répithalame(l). 

Sur la planche XXIV est gravé le magnifique miroir 
qui représente le soleil (Usil)^ entre Neptune (Nethuns) 
et Taurore (Thesan) (2). 

Planche XXY. Le célèbre miroir de la dispute de Vénus 
(Euturpa) et de Proserpine (Alpnu)^ pour la possession 
d'Adonis ( ITiamu) , sujet dans lequel M. Geanarelli veut 
reconnaître Phanês (Apollon) couronné par les Muses. Je 
ne reviendrai point ici sur cette explication ; je me con- 
tente de renvoyer le lecteur aux remarques que j'ai insé- 
rées dans le BiUletin de VinstUul archéologiqtie de 1842, 
p. 149 et suivantes. Du reste c'est un des miroirs les plus 
importants que les fouilles de TÉtrurie aient fait con- 
naître (3). 

Planche XXIX. Calcbas (Chalchas) ailé , qui inspecte les 
entrailles d'une victime , sujet du plus haut intérêt et qui 
donne la véritable explication de plusieurs peintures de 
vases, où l'on voit un petit éphèbe qui présente à un ou à 
deux guerriers un objet informe, peint en rouge, avec une 
enveloppe ou peau noire, sur les vases à figures noires (4). 



(1) Pindar, Pyth. , III , 159. Cf. mon article sur Pelée et Thétis, dans 
les jinnaUs de Vinst, areh,, IV, p. 96. 

(2) Monuments inédite de Vinet. areh. y II, pi. LX; Annales, p. 276 
et suiv. Cf. K. G. Mûller, Bull, de Vinst, arch,, 1840, p. 11; Gerhard, 
Etrukisehe Spiegel, taf. LXXVI. 

(3) Voyez aussi ma Lettre à M, Gerhard sur quelques miroirs étrusques, 
dans les Nouv, annales, I , p. 507 et suiv. 

(4) cr. Roulez , Annales de l'inst. arch., XV ; Mémoire sur une peinture 
de vase qui représente Amphiavaiis, 



n 



( 250 ) 

Planche XXXI. Jnpiter (Tinia) entre Thétis (Theihi^ et 
l'Aarore ( Thesan) qui viennent chacune implorer le son-* 
verain de FOlympe en fayeur de son fils (1). Près de TAu* 
rore se tient Minerve (Menrva). 

Planche XXXII. Hercule (Herce) qui étouffe le lion; 
près de ce groupe Minerve (Mmrfa). On sait que ce sujet se 
reproduit fréquemment sur les vases; il est très-rare an 
contraire sur les miroirs. 

Mean ailée, comme la victoire, couronne Hercule 
(Herde). Auprès de ces deux personnages se tient lolas 
(Vilœ) (2). 

Planche XXXHI. Ulysse ( Uthuxe) qui consulte Tombre 
des Tirésias (Hinthial Tera$icui) , fameux miroir qui a fourni 
au R. P. Secchi la matière d*une savante diss^tation in- 
sérée au VHP volume des Annales de l'institut archéologi- 
que, p. 65 et suivantes (3). 

Planche XXXV. La lutte de Pelée {Pelé) et d'Atalante 
{Ailntd) , un des miroirs les plus curieux de cette magni- 
fique collection. Ce sujet se retrouve sur quelques vases 
peints (4). 

Planche XXXYI. Hercule {Calanicé) au jardin des Hes- 
pérides et Atlas (Àriï) portant le globe. Ce précieux miroir 



(1) Cf. Em. Braan, Bull, de Vinst arch., iS37, p. 75 et suir. 

(3) Nous adoptons Tinterprétation de M. Pabbé Gavedoni {Bull, de l^inst 
arek., 1841 , p. 141) de préférence à celle de M. Mîgliarini {Bull., 1837, 
p. 41) , qui reconnaissait ici ffylas. 

(3) Gf. Mon. inédits, II , pi. XXIX et Bull., 1856, p. 81 . 

(4) Em. Braun , Bull, de Vinst. arch., 1837 , p. 315 et suiv. M. le duc de 
Luynes possède une coupe inédite à figures rouges sur laquelle on voit Pelée 
et Atalante qui se disposent à lutter ensemble. 



( 251- ) 

a été publié par M. Micali (1) ; plusieurs explications ont 
été proposées du nom Aril (S). 

L'Aurore qui enlève Gépbale, miroir avec sujet en re- 
lief (3). On sait combien sont rares les miroires étrusques 
avec bas-reliefs. 

Avec la planche XXXVI finissent les miroirs. 

Sur la planche XXXYII est gravée une ciste de bronze , 
autrefois conservée à l'académie de S*-Luc à Rome (4). 

Planche XXXYIII. Grandes plaques rondes ornées de 
mufles de lion ou de têtes de Bacchus tanriforme, ser- 
vant d*ornements aux portes. Plusieurs de ces plaques de 
bronze sont enrichies d'incrustations en ivoire. Les plus 
belles plaques de ce genre que j'ai vues appartiennent à 
M. le chevalier Maler, qui, en 1842, était ministre du grand 
duc de Bade à Rome. 

Planche XXXIX. Lames de bronze fort minces avec su- 
jets estampés. 

Sur les planches XL-XLII est représentée une ciste de 
bronze, trouvée à Vulci en 1834. 

Autour de cette ciste sont ciselés des combats de Grecs 
et d'Amazones. Sur le couvercle s'élèvent deux cygnes 
montés par un éphèbe et une jeune fille (5) . 

Planche XLIII. Plusieurs statues de bronze avec inscrip- 
tions étrusques. On y remarque la fameuse statue trouvée 



(1) Storia degli ant. pop. italiani, tav. XXXVI , 3. 

(â) Voyez ce qae j*ai dit moi-même de ce nom , qui se rapproche à^Ariel, 
dans les Nowo, annales, I, p. &40, note 4. M. Tabb^ Gavedoni {ÊuiL de 
l'inêt, arch.y 1841 , p. 139) jr reconnaît la racine étrusque fil, annus. 

(3) Mon. inéd. de l'intt. arch., IH , pi. XXIII. Cf. Cm. Braun , Annaies, 
XII, p. 149etsuiv. 

(4) Gerhard, Êtruskisehe Spiegel , laf. VI- VU. 

(5) Idem,t'frt(f.;taf. IX-XI. 



( 232 ) 

à Tarquioies et représentaDl un enfant accroupi , le cou 
orné de la bulla (1). Cette statue était autrefois conservée à 
la bibliothèque du Vatican. 

Planches XLIY et XLY. Statue de Mars trouvée à Todi 
en 1835; une inscription étrusque est tracée sur une des 
lanières qui pendent de la cuirasse (2). 

Planches XLYI et XLYII. Divers petits instruments de 
bronze, tels que styles à éci;ire> épingles servant à la coif- 
fure des femmes , strigiles , etc. 

Les planches XLYIII à LY inclusivement représentent 
des candélabres de formes variées. Plusieurs de ces candé- 
labres sont surmontés de curieuses Ggurines. 

Planche LYI. Beau trépied de bronze trouvé à Yulci (3). 
Des groupes de figures enrichissent les montants : on y 
voit Hercule, lole, Marsyas et Midas, et deux autres per- 
sonnages dans lesquels M. Secondiano Gampanari (4) re- 
connaît Castor et PoUuXy mais qui nous semblent être un 
personnage màle et une femme, peut-être ApolUm et 
Diane. 

Les pieds de ce monument posent sur des grenouilles, 
ce qui rappellerait la fable lycienne des paysans changés 
par Latone en grenouilles (5). 

Planche LYIL Autre trépied de bronze d'un travail plus 
simple, décoré de têtes de taureau. 



(1 ) Winckelmann , Histoire de l'art, tome I , p. 445 ; Mîcali , Storia degli 
ont. pop. ital., tav. XLIV , 1 . 
(â) Bull, del'inst. arch., 1835, p. 150 et suiv. 

(3) Mon. inéd. de Vinst. arch., 11^ pi. XLII, c. 

(4) Jnn. de Vinst. arch., IX , p. 163. 

(5) Antonio. Lib. Metam, XXXV. Voir les réflexions de M. le duc de 
Luynes, JYouv. ann., Il, p. 240. Cf. Mon. inéd. de Vinst. arch., III, 
pi. XLIII. 



( 253 ) 

Flabella trouvés dans la grande tombe de Gœre. 

Grande naaîn de bronze d'un travail grossier. M. Gen- 
narelli regarde cette main comme une main voltive. Nous 
croyons plutôt que c'est une enseigne militaire y destinée 
aux manipules^ 

Sur les planches LYIII à LXI, sont gravés des anses, 
des manches, des pieds de vases de bronze. On remarque 
plusieurs anses ornées de sujets, par exemple, planche LX, 
Actéon dévoré par ses chiens ; planche LXI, Hercule et lolas 
qui combattent TAj/é/re. 

A la planche LXII, commence la série des objets d'ar- 
gent et d'or. La plus grande partie vient du tombeau de 
Caere, où ces bijoux se trouvaient dans la seconde chambre 
sépulcrale. Quelques archéologues ont cru que dans cette 
seconde pièce avait été enseveli un pontife, que les plaques 
d'or et les ornements dont nous parlerons tout à l'heure, 
ainsi que les vases d'argent enrichis de figures en bas-re- 
lief, étaient les uns les insignes du sacerdoce, les autres 
les vases consacrés aux cérémonies du culte (1). Mais il 
nous parait plus probable, et c'est l'opinion de M. Raoul 
Rochette (2) , que le personnage enseveli dans la seconde 
chambre du tombeau de Caere était une femme , portant 
le nom deLarlhia, nom qui s'est trouvé tracé sur quelques- 
uns des objets renfermés dans cette tombe (5). 

La planche LXII nous offre plusieurs vases et fragments 
d'argent enrichis de ciselures. 

Planche LXIII. Coupe d'argent en forme de demi-œuf, 



(1 ) Grifi , Mon. di Cere ant, 
(^) Journal des savants ^ juin , p . 556 . 

(3) Ibid. et juillet 1843, p. 418 et 430. Sur deux vases d*argeiit. L. Grili , 
Mon. di Cere ant., tav. VII , 3 e 4. 



( »W) 

ornée au dehors et aa dedans de deux rangs de figures , re- 
présentant des guerriers en marche, les uns à pied, les 
autres à cheval , ou montés sur des chars. Cette scène pa- 
rait représenter un départ pour la chasse ; le lion accroupi , 
les arbres qui se voient dans le champ et Tépervier qui 
vole entre les personnages armés , ainsi que le chariot rus- 
tique attelé d'un seul mulet ^ tout cela semble bien se rap- 
porter à une chasse (i). M. Raoul Rochette (S) a signalé 
la présence de la croix ansée, symbole asiatique aussi bien 
qu'égyptien, imprimée sur la croupe de tous les chevaux 
qui figurent dans cette curieuse composition. La bande 
supérieure qui décore Tintérieur du vase, rappelle les scènes 
des coupes noires de Chiusi aussi bien que celles des mo- 
numents égyptiens. Deux hommes vêtus d'un simple cale* 
çon sont assis sur des pierres carrées ; une femme nue verse 
à boire à l'un d'eux , et le vase qu'elle tient est surmonté de 
la croix ansée. Trois autres femmes nues se trouvent debout 
derrière un des personnages màles assis; elles portent sur 
leur télé un grand cratère d'une forme très-évasée (3). Le 
médaillon placé à l'intérieur de la coupe, ofire le groupe 
d'une vache allaitant un veau , image qui appartient au 
culte de la Vénus asiatique (4). Le médaillon qui décore 
l'extérieur sous le pied du vase , est très-fragmenté : on y 
voit un lion accroupi au-dessus duquel parait un épervier; 



(1) L. Grifi , Mon, di Cere ont., lav. VIII e IX. 
(S) Journal des savants-, sept. 1843, p. 561 . 

(3) Raoul Rochette, Journal des savants , sept. 1843, p. 563. 

(4) Opinion souvent exprimée par M. Félix Lajanl. Voir son Mémoire sur 
une urne cinéraire du musée de Houen, p. 20, note 6. J'ai décrit {Cat. 
étrusque, it* 195) un charmant vase qui nous offre le même groupe, type 
des médailles de Dyrrachium. 



( 255 ) 

deux hommes, dont Faction est indéterminée, sont piaeés 
de chaque côté de ces animaux. 

Sur la planche LXIV^ on voit une coupe d'un travail 
analogue et divers fragments. 

La planche LXY nous offre deux coupes d'argent (1). On 
y voit encore un départ pour la chasse; la présence du 
lottAs et du cyprès nous reportent à TAsie ainsi que tous les 
détails du costume. Le médaillon du milieu d'une de ces 
coupes a pour type la vache allaitant un veau , et ce groupe 
est placé ici dans un bois de lotus. Le second médaillon 
est presque entièrement déiruit; on y distingue pourtant 
encore un éphèbe, qui est sur le point de percer de sa lance 
un captif qu'on lui amène les mains liées en avant du corps, 
sujet, comme le fait remarquer H. Raoul Rochette (2) , qui 
rappelle les sacrifices humains usités chez les Phénîciaas. 
Des sujets de même nature sont peints sur quelques vases 
grecs (3) , sans parler de la magnifique ciste de bronze , 
autrefois de la collection de H. Revil , aujourd'hui en la pos- 
session de M. Williams Hope, sur laquelle on voit Achille 
qui immole aux mânes de Patrocle les prisonniers 
iroyens (4). 

La planche LXVI nous offre une des coupes les plus 
belles et les mieux conservées du trésor de Caere (5). C'est 
une large phiale, ornée à l'intérieur de deux bandes de 
figures qui nous montrent encore^ l'un des chasseurs en 
marche, à pied , à cheval et deux personnages sur un char. 



(1) Grifi , Mon, di Cere ant., tav. X. 

(2) Journal des savants, sept. 1843 , p. 563. 

(3) Cat Durand, n" 85G , 857 , 858. 

(4) Raoul Rochette, Mon, inédits, pt. XX. Cf. mon Cat. Bmgnot, n'' 51 . 

(5) Gnfi, Mon, di Cere ant,, tav. V, 1 . 



1 



( 2S6 ) 

Dans le champ sont des cyprès et des oiseaux de proie. La 
seconde bande retrace les scènes de la chasse. Un lion 
foule aux pieds un homme nu; plusieurs personnages ac- 
courent pour déliyrer leur compagnon et attaquent le lion 
ii coups de lance et de flèche. Un autre groupe placé entre 
deux palmiers offre un homme sur le point d'enfoncer son 
glaive dans le corps d*un lion dressé devant lui. Une anti- 
lope qui franchit une montagne (1) pour se dérober aux 
poursuites d*un chien , des chasseurs à cheval y des oiseaux , 
des cyprès complètent rornementation de cette coupe 
précieuse. Enfin, au centre, parait dans un bois de lotud 
le taureau assailli par deux lions (2) . 

Tout concourt donc dans ces scènes aussi bien que dans 
celles des autres coupes d'argent^ à nous convaincre que 
ces monuments appartiennent à Tart asiatique; les sym- 
boles, les costumes, tout est oriental. Quant aux re- 
présentations de chasses, on sait par le témoignage posi- 
tif de Gtésias (3) que les artistes babyloniens en avaient 
fait leur sujet favori. Toujours Fart oriental est resté fidèle 
à ses traditions, et jusque sur les monuments de Tépoque 
des rois perses de la dynastie sassanide, les scènes de 
chasse ont été reproduites (4). Les vases grecs, et en parti- 
culier ceux qui nous montrent des imitations du style phé- 



(1) Figarée comme le mont Argée sur les médailles de Gésaréede Cappa- 
doce. Raoul Rochette, Journal des savants , sept. 1S43, p. 560. 

(2) Groupe d^invention purement orientale. Cf. le Mémoire déjà cité de 
M. Lajard, p. 7. 

(3) Ap. Diodor. Sicul., II, S. 

(4) Voir un savant mémoire de M. Adrien de Longpérier sur une coupe 
sassanide dont M. le duc de Luynes vient de faire don au cabinet des médailles; 
Annales de Vinst. arch., t. XV. 



( 257 ) 

nicieD , tel que le fameux vase Dodwell (i), trouvé à Carin* 
the y sont ornés de scènes analogues. Il est donc évident 
pour nous que les Tyrrhéniens > venus de la Lydie, avaient 
conservé le goût de leurs ancêtres pour ces représentations 
de chasses; mais il reste à savoir si les vases d'argent de 
Caere ont été fabriqués en Étrurie, ou bien si ces vases ont 
été apportés d'Asie par les colons partis pour aller fonder 
des établissements dans la Péninsule italique (2). 

Nous arrivons maintenant aux objets d'or, les uns dé^ 
couverts à Caere, les autres à Yulci. Sur les planche^ LXVIl 
à LXXY inclusivement sont gravés des ornements divers « 
des parures de femme, telles que fibules et boucles d'oreille, 
la plupart d'un travail fin et délicat. Quelques-uns de ce^ 
objets sont formés de feuilles d'or tellement minces, qu^on 
doit supposer que ces bijoux n'ont été fabriqués que pour 
l'usage des morts (3). 

Les planches LXXVI et LXXVII reproduisent des brace* 
lets de formes variées , des colliers de toute espèce et re* 
marquables sous le rapport du travail. Quelques-uns sont 
formés de feuilles bractéates repoussées et travaillées au 
marteau. On remarque sur une paire de bracelets un 
homme qui combat un lion (4) , sujet éminemment asia* 



(1) Maintenant à la Pinacothèque à Munich. Dodwell, Classical tour 
thrtntg Greece, t. Il, p. 197. Plusieurs autres vases offrent des sujets ana-» 
logues. 

(2) Cf. Raoul Rochette, Journal des savants, sept. 1S43, p. 557, et moa 
Rapports M. le Ministre dans le Bulletin de ^académie royale de Bruxelles, 
tom. IX , n° 7. — Une coupe et une phiale d*argent ont été publiées dansT^- 
truria regalis de Dempster , t. I , tab. LXXVII et LXXVIII. Ces deux mo- 
numents, qui offrent une grande analogie avec les vases de Cœre , avaient été 
trouvés , il y a un siècle, dans le territoire de Ghiusi. 

(3) Cf. Nouv. annales de Vinst. areh.,^ I , p. 88. 

(4) Grifi , Mon. di Cere ant,, tav. III , 4. 



n 



( 258 ) 

lique , et qui se voit sur un grand nombre de cylindres de 
travail assyrien ou babylonien* Ce groupe se répète deux 
fois, et au centre est une figure debout de face, tenant de 
chaque main une tige de lotus (1). 

PÏanche LXXVIIL Deux grandes bulles formées de feuilles 
hraciéaUs très-minces, travaillées au repoussé (3). Les sujets 
représentés sur ces plaques montrent un quadrige attelé de 
chevaux ailés , sur lequel on voit /tipt^^r et Minerve; Vénus 
assise et tenant embrassés Éro$ ailé et un autre éphèbe 
dans lequel nous croyons pouvoir reconnaître Adoms. Une 
bordure de flots entoure ces sujets. 

Sur la même planche est reproduite une huile sans orne- 
ment , attachée à une chaîne d'or. 
: Les planches LXXIX-LXXXI nous offrent encore des 
colliers. Quelques-unes des plaques travaillées au repoussé, 
sont enrichies de sujets mythologiques^ tels que le sphinx, 
la tête de Méduse d'un aspect gracieux , Aleeste et la cavale , 
Vuleain travaillant à un casque, Oreste et Clytemnes* 
«re, etc. 

Sur les plancheà iM^XXII et LXXXIII est gravé le pec^ 
tarai d'or trouvé dans Ias^l*efi4^chambre du tombeau de 
Caere. Ce monument unique , traVïiiillé en filigrane, est 
enrichi de figures d'hommes et d'anim^^x symboliques^ 
distribuées en neuf zones ou bandes concetfljfiques , for- 
mant un demi-cercle autour du cou ; au-dessous de ces neuf 
zones est une plaque carrée, divisée elle-même e1^ quatre 
bandes horizontales remplies de figures qu'entouren\> dans 




(1) Raoul Rocbette , Journal des sawMnts, sept. 1S43, p. 554. 

(2) J'ai publié dans les Nouv, unnaies, l , pi. A, 1837, ûeux plaques ank^- 
logues sur lesquelles on voit la naissance de ffaeehus, \ 

\ 



^ 



( 259 ) 

iioe direction verticale, doaze autres bandes semblables. 
Je n'entrerai point dans l'explication des figures d'hommes 
et d'animaux représentés sur ce précieux monument. 
M. Raoul Rochette (1), sans chercher à pénétrer dans le 
sens de ces symboles , s'est contenté d'exposer le système 
d'interprétation de M. le chevalier L. Grifi, système ingé*- 
nieux sans doute, mais que M. Raoul Rochette n'est nulle- 
ment porté à partager. C'est au culte de Mithra que M. Grifl 
rapporte tous les éléments des représentations figurées sur 
les monuments de Caere. Ainsi une doctrine purement 
pei'sique, consignée dans les livres de Zoroastre, aurait 
été, chez les Étrusques, la base de toutes les institutions 
religieuses de ce peuple. Ce qui nous semble avéré, ce que 
personne ne contestera, c'est que les types empreints sur 
lesmonuments de Caere appartiennent aux idées orientales, 
c'est que tout y indique une civilisation qui a eu sa source 
en Asie. Mais, comme le fait remarquer avec justesse 
M. Raoul Rochette (2) , les monuments étrusques trouvés 
dans la tombe de Caere, appartiennent à une bien plus haute 
antiquité que l'époque à laquelle M. Grifi en place l'exécu- 
tion , c'est-à-dire au moins un siècle après la réforme opé^ 
rée par Zoroastre dans la religion des Perses. De plus, il 
resterait à savoir par quels rapports les Étrusques ont pu 
avoir connaissance de la civilisation et des idées religieuses 
des Perses , qui , dans les temps antérieurs à Cyrus , n'ont 
dû avoir presque aucune influence sur les contrées de l'Asie 
antérieure, voisines du pays qu'ils habitaient, et qui, à plus 



(1) Journal des savants jiuWleilSAZ, p. 419, et sept. 1843, p. 545 et 

suiv. 

(2) Idem, sept. 1843, p. 547. Cf. juillet 1843, p. 421 etsuiv. 



( 260 ) 

ferle raison , n'ont pu avoir aucune relation avec les peu- 
ples de rOccident tels que les Étrusques. 

Les planches LXXXIII, LXXXIV et LXXXV, reprodui- 
sent rornement placé sur la tête du personnage dont on a 
retrouvé les restes dans la seconde chambre de la tombe 
de Caere. Cette coiffure, que M. Grifi (i) désigne par le nom 
de stemma, est composée de deux pièces, Tune supérieure 
et à peu près demi-circulaire, Tautre inférieure d*une 
moindre dimension et d'une forme ovale. On y voit des 
griffons, des lions, des autruches (2) , animaux qui se 
retrouvent sur plusieurs monuments produits par Tart 
oriental (3). 

Enfin les planches LXXXVI k XCI, qui terminent la 
série des objets d'or, nous offrent des couronnes d'or du 
travail le plus délicat, formées de feuilles de lierre, de 
chêne, d'olivier et de laurier. 

•Le travail de ces bijoux d'or a été jugé inimitable (4). 
Ces feuilles bractéates , repoussées au marteau , ces filigra- 
nes , ces chaînes flexibles , semblables à celles qu'on fa- 
brique encore de nos jours dans les Indes, et dont les 
modèles ont été apportés en Europe par les Anglais, tous 
ces objets excitent l'étonnement et l'admiration des artistes 
et des archéologues. Mais que n'essaie pas la fraude? On 



(1) Mon,diCere antica, tav. II. 

(â) Je ne sais pas pour quelle raison M. Raoul Rochette a admis la déno- 
mination de griffons et à^autruches. les prétendus griffons nous semblent 
être des chevattx ailés; quant aux oiseaux , ce sont évidemment des canards. 

(3) Cf. les réflexions de M. Raoul Rochette dans le Journal des savants, 
septembres 1843, p. 550 et suiv. Un ornement de tête analogue a été publié 
par M. Micali^ Storia degli ant. pop. italiani, tav. XLV, 3. 

(4) Ungarelli , descrizione dei nuovi musei Gregoriani aggiuntial FfUi- 
cano, seconda edizione. Roma, 1839, p. 12. 



( 261 ) 

est parvenu à imiter avec une perfection inouïe les bijoux 
tirés des tombes étrusques, malgré cette délicatesse et 
cette singularité de travail que nous signalions tout à 
l'heure. Il y a environ trois ans^ on vit à Londres une 
masse prodigieuse de bijoux d'or, qui par leur aspect sem- 
blaient être anciens. Les personnes qui ont été à même 
d'examiner ces bijoux contrefaits , assurent qu'ils étaient 
fabriqués avec une adresse extraordinaire. Mais dans le 
travail de ces objets d'or, il y avait certaines choses qui 
finirent par exciter la défiance et à faire naître des doutes 
sur leur authenticité. On cite , entre autres objets , une 
boite sur le couvercle de laquelle on avait représenté le 
sujet du beau miroir qui appartient à M. Ed. Gerhard , 
Phuphlnus dans les bras de Semla (1); les inscriptions 
avaient été supprimées. D'autres indices encore firent re- 
connaître que tous ces bijoux étaient des imitations : on 
trouva dans l'intérieur des fils de fer tout neufs. Une pa- 
reille fraude est bien propre à mettre les amateurs en 
garde contre l'adresse de ceux qui ne se font aucun scru- 
pule de fabriquer des monuments. 

Les planches XGII à XGVII sont consacrées aux urnes 
de terre et d'albâtre et aux sarcophages. Sur la planche 
XGIII, on voit une charmante urne de terre, peinte de di- 
verses couleurs. Adonis y est représenté > blessé à la cuisse 
et étendu sur le lit funèbre, au bas duquel est son chien 
de chas^ (3). 

La planche XGVI nous offre un grand sarcophage de 
nenfro, orné de quatre bas-reliefs, doux sur les grandes 
faces et deux sur les faces latérales. Sur les petits côtés on 



(1) Mon. inéd, de ViMt,arch.,î, pi. LVI, A. 

(â) Bull, de l'inst. arch. , 1857, p. 4; Nouv, annales, I, p. 510. 

ToM. XI. 19 



( t62 ) 

voit : l^' Pyrrhuê, qui est sur le point de tuer le vieui 
Priam; Asiyanax est dans les bras de son grand-père; ^ 
Pyrrhus qai sacrifie Polyxéne sur le tombeau d*Âchille. 
Les grands côtés représentent d'une part, Éiéocle et Pdy- 
niee, qui s'entretuent ; à droite Polynice assis sur son 
trône, Étéocle qui se présente devant son frère, puis deux 
Furies; à gauche un éphèbe guide les pas A'OEdipe aveu- 
gle, une Furie et enfin locasie assise sur un rocher. La 
seconde grande face nous offre Clytemnestre , étendue sur 
le lit funèbre; aux pieds du lit Éleclre qui pleure; à droite 
Pylade , Égisthe étendu par terre et deux personnages qui 
déplorent cette catastrophe; à gauche le vieux Pédagogue, 
qui verse des larmes, et enfin Oreste entre deux Furies. 

Planche XCYIII, divers fragments de statues et de bas- 
reliefs de marbre. 

Les planches XGIX à CIV nous offrent les peintures, 
qui décoraient rintérieur des chambres sépulcrales, ou- 
vertes à Tarquinies. 

Les copies rehaussées des couleurs des peintures origi- 
nales , sont conservées au musé^ Gr^orien. La plupart de 
ces compositions ont été publiées par les soins de Tinstitut 
archéologique (1). Ces curieuses peintures offrent dans 
leur ensemble et dans leurs détails plusieurs particularités, 
qui rappellent les mœurs de l'Asie et l'influence que les 
colonies lydiennes exercèrent sur le développement de l'art 
chez les Étrusques. 

Les planches CY et CYI reproduisent des inscriptions 
étrusques recueillies dans les hypogées. 

Enfin la planche CYII, qui termine le premier volume. 



(1) I, pi. nxiietzxziii;!!. pi. ii, iiietiv. 



( 263 ) 

offre le plan du grand tombean de Caere (i) , dont j'ai eu 
souvent l'occasion de parler dans le cours de cette notice. 
Tel est le riche ensemble de monuments reproduits 
dans ce beau volume* J'ose me flatter que l'académie dai- 
gnera accueillir avec quelque indulgence la notice, sans 
doute trop succincte et incomplète sous plusieurs rap- 
ports y que j'ai l'honneur de lui adresser. Dans un second 
article je me propose de rendre compte du second volume 
du Mitëeum etruscum Gregorianum ^ publication, je le 
répète, de la plus haute importance pour les études ar- 
chéoli^iques. 



Notice mr Brunetto-Latini , par M. Marchai. 

M. Florian Frocheur , employé dé l'ancienne bibliothè- 
que de Bourgogne , a offert à l'académie , en i 843 , un exem- 
plaire de sa notice sur le manuscrit n*" i0,2â8 intitulé : 
Le trésor des sciences par Brunetto-Latini. Ce volume fait 
partie de la librairie primitive de ce précieux dépôt litt6< 
raire. On sait que cet ouvrage eut une grande vogue au temps 
où des copies en furent répandues dans le monde savant , 
pendant le XIII'' siècle. C'est un des plus anciens recueils 
encyclopédiques. 

L'auteur étant né à Florence, M. Frocheur en envoya 
un exemplaire à l'administration actuelle de cette ville na- 
tale de Brunetto-Latini. M. Finnuini, conseiller d'état, 
gonfalonier de FI orence, présenta cette notice à une réunion 
de ia municipalité, au mois de février dernier. Ce collège 



(1) Grifi , Mon, di C«re ant., tav. Xil. 



^ 



( 264 ) 

fit adresser une lettre de remerciments à l'auteur, et or- 
donna le dépôt de son ouvrage dans les archives. M. le 
gonfalonier, pour montrer combien ce travail est intéres- 
sant , fit observer dans cette lettre quelques erreurs vul- 
gaires concernant l'illustre encyclopédiste, erreurs qui de- 
vaient être rectifiées, entre autres que Brunetto-Latini ne Ait 
point effectivement exilé de Florence pour crime de faux, 
comme on l'a cru vulgairement; mais qu'il quitta sa patrie, 
craignant le parti gibelin , vainqueur à Montaperti , et qu'il 
se réfugia en France , d'où il revint à Florence après la vic- 
toire des guelphes : c Mais supposé, ajoute M. le gonfalo- 
» nier, qu'il eût été coupable, il n'aurait jamais pu y rentrer, 
> le pouvoir étant même entre les mains des guelphes. > 

Parmi d'autres observations, on remarque que M. Chap- 
tal est dans l'erreur en soutenant que Napoléon , pendant 
les guerres d'Italie, était allé visiter la bibliothèque mé- 
dicéo-laurentienne et qu'il y avait vu le texte français du 
Trésor historique. 

M. Finnuini dit qu'il n'existait et ne pouvait exister un 
texte français du trésor de Brunetto , qui ne se trouve dans 
aucune des bibliothèques soit puMiques, soit particulières 
d'Italie, mais qu'au contraire il y en a beaucoup de traduc- 
tions italiennes de Bono-Giamboni. 

On sait qu'il y a plusieurs manuscrits français du Tré- 
sor des sciences dans l'ancienne bibliothèque de Bour- 
gogne. Nous terminons cette notice en ajoutant que deux 
concitoyens de Brunetto, c'est*à-dire , M. le chevalier 
Libri, professeur de mathématiques à Paris^ et M. le 
chanoine Bencini , bibliothécaire de la Riccardiana , tra- 
vaillent depuis quelque temps à la publication dudit trésor; 
le premier sur l'original , et le second sur la version de 
Giamboni , avec le texte en regard. 



( 265 ) 

Ainsi les longs vœux des savants italiens et étrangers 
seront doublement accomplis. 



PALÉOGRAPHIE. — HISTOIRE LITTÉRAIRE. 

Suite des notices et extraits des manuscrits de la bibliothè- 
que royale. — Diversarum lectionum historicarum et 
antiquarum farrago de Nicolas Du Fief. — Un mot sur 
les Stampien ; par le baron de Reiflfenberg. 

I. 

Nicolas du Fief vit le jour à Tournay, durant cette fatale 
année 1578, où toute la Belgique était plongée dans le 
trouble et le désordre. Après avoir fait sa licence en droit 
à l'université de Douay, il fut nommé , par le chapitre de la 
cathédrale de Tournay , chanoine hospitalier. 

Quelque temps après , Nicolas Zoes^ chanoine de la 
méme.^lise et conseiller ecclésiastique au grand-conseil 
de Malines, ayant été promu à l'épiscopat» Du Fief, qui 
passait pour un jurisconsulte instruit , fut appelé à le rem- 
placer dans ce corps. Ses lettres-patentes portent la date 
de 1615. 

Il fut ensuite revêtu de la dignité de prévôt de Téglise 
collégiale de Maubeuge, et, en 1635, nommé membre du 
conseil privé, à Bruxelles. 

Enfin, le 11 mars 1657, le roi d'Espagne Philippe IV, 
lui conféra le titre d'évéque d'Arras. Mais tandis qu'il at- 
tendait ses bulles de Rome , le chef-lieu de son diocèse fut 
assiégé et pris par les troupes du roi de France Louis XIII , 



( â66 ) 

et Du Fief aima mieux renoncer à l'effet de sa nomina- 
tion que d'obéir à une puissance étrangère. 

Il mourut à Bruxelles, le 20 octobre 1651, dans sa 
soixante-treizième année; son corps fut transféré h Tonr- 
nay, où on lui érigea un mausolée dans l'église N.-D. 

Il laissa beaucoup de manuscrits^ la plupart désignés 
par Foppens, et dont une grande partie était conservée dans 
la bibliothèque du chapitre de Tournay. Plusieurs sont en- 
core dans la bibliothèque de cette ville (1); d'autres se 
trouvent dans notre bibliothèque royale, et j'en ai déjà 
donné divers extraits (â). 

En voici un quePoppens passe sous silence, et qui fait 
partie du fonds Van Hulthem (n» 785, invent. 17301-2). II 
fut acheté en 1808 à la vente de Nelis , qui l'avait entière- 
ment copié de sa main , en faisant de larges coupures à 
l'original (voy. n<* 53 de son catalogue) . 

Cet ouvrage, qui forme un in-folio de 157 pp. en papier, 
est intitulé : 

Nicolai Du Fief diversarum lecHonum historicarum et 
antiqtutrum farrago. 

Ce n'est qu'au sein des littératures déjà vieilles et abon- 
dantes qu'apparaissent les recueils de cette espèce , livres 
faits avec des livres , choix destinés à épargner du temps 
et de la fatigue à la curiosité , résumés d'une lecture à 
laquelle peu de personnes ont le désir ou la possibilité de 
se livrer. Les anciens, quand le siècle des Virgile et des 



(1) Bulletins de la commission royale d'histoire ^ 1 , 27. De Flinne-lfa- 
bille , Précis historique et bibliographique sur la bibliothèque publique de 
la ville de Tournay, 2* éd. Tournay, 1855, pp. 38. 

(2) Introd, au deuxième vol. de Pb. Mouskes, Bullet. de Vacad., Hist, 
des ducs de Bourgogne, de M. de Baraote , etc. 



( 267 ) 

Cicéron fut passé , comptèrent grand nombre de ces com- 
plaisants compilateurs : Yalère Maxime , Athénée, Ma- 
crobe, Photius, Paléphates, Ampelius, etc, ne sont pas 
autre chose. Chez les modernes le nombre en est immense. 
A ]a renaissance des lettres quantité de savants se servirent 
même d*un titre analogue à celui que Du Fief a employé ; 
je ne citerai, en français, que les Diverses leçons d'knioine 
Duverdier, quia imité celles de Pierre Messie. Sans doute 
ce genre de travail n'exige pas un grand talent : les ci- 
seaux y sont souvent plus nécessaires que la plume; mais 
ici même encore , pour bien faire, il faut certaines qualités 
dont le commun des fabricants de volumes ne se doute 
pas ; du goût d*abord , pour choisir ce qui mérite d*êlre mis 
sous les yeux des lecteurs , un savoir réel ensuite, pour ne 
pas reproduire ce qui a été dit ou mieux dit^ pour ne pas 
s'extasier sur des merveilles déjà mises au néant. 

Voyons ce qu'on peut penser de Du Fief, qui , ne l'ou- 
blions pas , n'écrivait que pour lui-même. 

Sa compilation , rédigée, tantôt en latin ^ tantôt en fran- 
çais , suivant les occurrences, est divisée en deux livres et 
en paragraphes qui n'ont entre eux aucune liaison logique. 

En commençant par signaler certains traits historiques 
adaiis jadis comme vrais et reconnus douteux depuis (ce 
qui rappelle un livre fort amusant de Lancellotti , traduit 
par l'abbé Oliva : Les impostures de Vhistoire ancienne et 
profane. Londres et Paris, 1770, 2 vol. in-12) , il cite les 
annales deBaronius sous l'année 855, n*» 61, où ce cardi- 
nal révoque en doute l'écroulement du temple de la Paix , à 
Rome, lors de la naissance du Sauveur, la délivrance de 
l'âme de Trajan des enfers, par les prières de saint Grégoire, 
l'anecdote du pape Gyriac accompagnant à Gologne sainte 
Ursule et les onze mille vierges , les Sept Dormants , la magie 



n 



( 268 ) 

da pape Sylvestre II , la mort d'Adrien , causée par une 
mouche, et Tauthenticité de Turpia. 

Un fait auquel Du Fief refuse nettement de croire, c'est 
celui de la papesse Jeanne. Il ne veut pas non plus admettre 
que FempereurHenri YII ait été empoisonné par une hostie. 

Liv. I , § II. Pietatem mortàlium divis directum rerum 
stuirum dominium adscripsisse. 

La vierge était dame souveraine de Chartres, le Vexin 
relevait de saint Denis, le comté de Boulogne aussi de la 
vierge, etc., etc. 

y. Verane iit de Eginharti et fUiae Caroli magni imp, 
furtito congressu et matrimonio narratiof 

Du Fief rejette cette histoire romanesque , mais gra- 
cieuse, qui n'en restera pas moins acquise à la poésie, et 
qui a été célébrée notamment dans un poème de l'él^ant 
auteur de Belzonce , le sensible et pur Millevoye. M. Que- 
telet, qui a beaucoup des qualités de cet écrivain, a fait 
autrefois un intéressant mémoire sur la romance, et a 
traduit de l'allemand, mais en prose cette fois, une jolie 
ballade sur Emma et Eginhard. 

VI. (Add. au§ LXXXI). Le moi canaiUe vient-il de cette 
coutume qui , dans certains cas, forçait un gentilhomme à 
porter un chien en parcourant un espace déterminé, cou- 
tume dont Guntherus parle ainsi : 

In Ltgurtn, , lih, V, 

Quîppe Têtus mos est, ut si quis, rege remoto, 
Sanguine Tel flamma Tel seditionis apertae 
Turbine , seu crebris regnum Texare rapinis 
Audeat, ante graTem quam fuso sanguine poenam 
Excipiat , si liber erit , de more Tetusto , 
Cogalur per rura eanem confinio ferre \ 
Sin alius sellam. 



( 269 ) 

La selle cependant était portée aussi par des personnes 
titrées et même da rang le plus élevé. Voy. la Selle cheva- 
lière, de M. G. Peîgnot. 

X. An in GaUia primum vites iempore Probi imperatoris 
satae fuerint ? 

En 1616, on trouva àTournay, dans un souterrain, une 
fiole de verre pleine de vin, et quelques médailles de 
bronze de l'empereur Probus, fiole dont le dessin se 
voit dans VHistoire de Toumay^ de J. Cousin. A cette oc- 
casion, D. De Villers soutint que ce vin avait dû être en- 
foui sous le règne de Probus , le premier qui permit aux 
Gaulois la culture de la vigne et l'usage du vin. Du Fief 
montre par Gicéron, Pline le naturaliste. Athénée et Justin, 
que cet usage était beaucoup plus ancien. 

XII. CurAngli caudati (quottés) dicantur? Polydore Vir- 
gile raconte que les habitants d'un boui^ d'Angleterre , 
voisin de Rocheter, ayant coupé la queue du cheval de 
saint Thomas de Gantorbery, afin d'insulter ce vénérable 
personnage, leurs descendants naquirent avec une queue, 
en punition de cette insolence. Barclay, moins crédule, ex- 
plique cette expression proverbiale par la finesse et la du- 
plicité des Anglais , semblables en cela au renard , sans 
doute. 

XX. De ceremsia seu zythi potu Gallis antiquitus 
usitato. 

XXI. Imperatores stibscripsisse instrumentis aut actis en- 
causto purpureo. Addition au § XLIY. 

XXrV. Quo idiomate usi fuerint Galli, antequam Gallia 
in provin/nam redigeretur a Romanis , et post Francorum 
adventum. 

Du Fief, sur ce sujet , ne nous apprend rien de neuf. 

XXXIX. Verane sint quae de furtivo congressu Buchardi 



^ 



( 270 ) 

d'Avesnes et Margaritae, sororis Joannae canstatinopolUa-^ 
nae, comiiis Flandriae^ tradunt cUiqui aueiùres; anmm 
potius fuerint légitima matrimonio et bona fide, si eamdem 
Margaretam respiciasjuncii f 

L'auleur cite Gilles Li Muisis et /. De Guy se. 

XXXII. (Add. au § XCI). De peste murium e terra erum- 
Pentium. 

Un ou deux ans avant la mort de Mathias Hovius , ar- 
chevêque de Malines , une quantité prodigieuse de souris 
se répandit dans les campagnes et en dévora les moissons. 
Le prélat dit à Du Fief que les paysans avaient imploré son 
secours pour arrêter ce fléau , qu'on lui avait montré dans 
le Manuale Cam^rcLcense des exorcismes contre cette espèce 
de souris , et qu'il en avait permis l'usage dans son diocèse. 
Dans le Manuel des pasteurs, publié par ordre de Pierre 
Simons ou Simoens, évêque d'Ypres, on lit une formule 
d^exorcisme» intitulée : Exorcismus contra quaeeumque 
noxia animalia^ vermes, mures , serpentes, in agris vel in 
aquis (fol. 85» p. lli). 

XXXIII. En quel temps on a commencé Vusage des ca- 
nons en Europe. 

Du Fief se contente de transcrire un passage de la vie du 
cardinal Âlbornoz , par le chevalier de l'Escale, fol. âO et 
21 , et suivant lequel les Maures se servirent les premiers de 
canons au siège d'Algeziras, investie par les Espagnols le 
5 août 1342, et qui se rendit en mars 1344; ce qui précède 
de 38 ans la bataille navale de Chiozze, où quelques-uns 
prétendent que les Vénitiens employèrent les premiers le 
canon contre les Génois. 

XXXIV. (Add. aux § CIII et CVIL) Verane sit narraUo 
qua femina princeps in HoUandia 365 proies (uno parlu) 
enixa fertur. 



( 271 ) 
Dtt Fief aTait trouvé dans les papiers du chauoiae De 
ViUers rattestation suivante : 

« Universis christi fidelibus, soror Anna d'Egmont, abba- 
tissa monasterii monialium in Lausduno , ordinis cisterciensis, 
Trajectensis dîoecesis, salutem et praesenlibus firmam adhi- 
bere fidem. Quia multis extraneis populis difficile creditur boc 
supernaturale miraculum quod prope nostrum monasterium , 
in Castro de Hennenberch , per divinam potentiam , cui nihil 
prorsus est infactibile , olim constat factum , ideo tenore prae- 
sentium firmiter certificamus , quod annoDni. 1276 nobilis do- 
mina Margareta , comitissa de Hennenbercb , eu jus maritus 
exstitit D. Heruiannus , cornes de Hennenberch ^ ipso die pa- 
ras cey es, hora nona, uno partu miraculose enixa est 863 pue- 
ros , qui in nostra ecclesia a suffraganeo Trajectensi eadem 
bora baptisati sunt , adstantibus pluribus baronibus, militibus, 
caeterisque nobilibus. 

Infantes masculinî sexus vocati sunt Joannes , feminini vero 
Elizabeth. Statim eodem die mater cum omnibus bis pueris fé- 
liciter defuncta est, et in nostra ecdesia honorifice sepulta, in 
cujus sepulcri sarcophago istud epitaphium inscriptum habetur : 

Ista tenet fessa matronae nobîlis ossa , 
Quae dum vi?ebat , Lausdanis laeta manebat 
Atque Tocabatur Margareta , quiète fruatur. 

Ouae fuit gertnana ff^ilhelmi illustria régis germanici et comi- 
tissa de Hennenberch f qtuie obiit anno 1276, die ipso paras- 
ceves , hora nona. Oratepro ea (!)• 

Et ut omnis dubietas ab audientium cordibus tollatur , scien- 
dum quod praefatae dominae Margaretae , comitissae de Hen- 
nenberch , pater fuit Dominus Florentins XlV^^s Hollandiae 
atque Zélandiae cornes; ejus mater Machtelt, filiaHenrici ducis 



(1) Guicciardioi donne une autre épîtaphe. 



( 272 ) 

Brabantîae; germanus ejas Wilhelmus, Romanorum rex, soror 
ejus Aleidis , comitisM Hannoniae, patruus ejus D. Otto, epis- 
copus Trajectensis. Haec omnîa in librîs nostris fideliter repe- 
riuntur scripta. Sepulcrum faujas nobilis Margaretae magno in 
honore habetur, et a multis extraneis, ad yidendum tam grande 
miraculum , adhuc hodie quotidie visita tur. Insuper et duae 
pelves, in quibus supra scripti 86K pueri baptisati sunt, in 
memoriam facti a nobis conservantur et ostenduntur. Et quia 
omnia supra scripta veraciter contigisse scimus , duximus prae- 
sentibus in robur et fîrmitatem veritatis, nostrum abbatiale 
sigillum super imprîmere. 

Datum in monasterio nostro de Lausduno, anno Domini 1554 
die yero 3® mensis novembris. Inferius erat sigillum. » 

On lit , d'après Van Heusden {Hist. episc. fœd. Belg. , 
1719, in-fol., 1. 1 , pp. 441) , une explication fort naturelle 
de ce prodige dans un journal commencé par M. J.-B. Les- 
broussart, et qui n'eut qu'une courte existence, quoiqu'il 
méritât de vivre plus longtemps : JaumcU litt. et polit, des 
Pays-Bas autrichiens, n^XIV, 8 avriil786 , p. 155-54, et 
n« XXV, 24 juin 1786 , pp. 408-410. 

XXXYI. Du titre d*archiduc d'Autriche. 

Cet article débute par une longue dissertation du comte 
de Gommicourt. 

XXXYII. Epitaphe de Godefroid de Bouillon estant en la 
ville de Jérusalem, tiré du livre des épitaphes de feu M. de 
Nedonchel, chanoine de Toumay. 

€ Se void l'épitaphe en question escrit sur sa sépulture 
en Golgotba , au portail du temple du saint sépulcre , en 
cette sorte : 

Francorum gentes Sion loca saneta petentes 
Mirificum sydus^ Dux hic rexitGodefridus, 
Aegypti teror, Ârabum fuga , perfidie horror ^ 
Rex licet electus , rex noluit attitulari , 



( 273 ) 

Nec diadema tulil ; yoluit chrislp famularî. 
£ju8 erat cura Sion sua reddere jura , 
Galholiceque sequî pia dogmata juris et aequi, 
Totum achîsma teri , pietatem usque foyeri. » 

XLIII. Bationes quibus demonstratur eomitatum Bur- 
gundiae ul feudum ad imperium pertinere , et proinde re- 
gem y eo nomine, coneordatis imperii in eodem comitatu 
uti posse. 

XLVIII. Du proverbe : or de Toulouse. 

LV. De oculariorum (lunettes) antiquitate. 

LYI. An sinistri an dextri lateris loeus fuerit olim hono- 
ratior î 

LX. Primos christianos cames non edisse , et quid de 
cibis ex sanguine qt^s boudinos dicimus , seu fardmina^ 

Du Fief cite une loi de l'empereur Léon qui défend d'ap- 
prêter des mets avec du sang. 

«t Perlatum... ad aures nostras est, quod intestinis, tanquam 
tunicis, illum (sanguinem) infuretum, velut comuetum alir 
quem cibum, ventrl praebent. » (Novell, const. 58.) 

Manger du boudin! quel crime abominable! la confis- 
cation des biens , le feu , l'exil en faisaient justice ; mais 
hélas ! que nous sommes dégénérés ! 

LXI. Diversi testandi ritus. 

u Perpétua est sententia in Uannonia neminem ex morbo de- 
cumbentem posse testari , aut , ut Hannonesdicunt : après avoir 
mis la tête sur VoreiUier 

)> Id tamen statutum affixam lecto uxorem puerperum non 
ligare docet Peckius 

» Idem Peckius recenset in aliis locisconsuetudinem esse 

non posse quemquam nisi sub die testari. Quod accedit mori 
quorundam Lusemburgensium degentium juxta Stavelo, qui; 
bus testari non licet nisi in via regia , stantibus et adstanti ca- 



1 



(S74) 

tervae oslenso poculo propinantibus : qui mo6 in quadam lite, 
cujus enarratur fuit D. Peckius, postmodum Brabantiae can- 
cellarius , verificatua fuit , ut ab iis qui decisioui praesentes 
fuerunt, accepi. 

» Al iis in locis, ait.t*. {de teêtamentù con/fi^um] idem auctor, 
tempore condendi testamenti , ortium domus et cubiculi aper- 
tum esse débet , ut scilicet de majori libertate testandi hoc 
modo appareat. » 

LXY. (Add. au § XGIII). De la façon de prier Dieu de- 
bout ou assis. 

t Aujourd'hui le clergé, en aulcunea églises , psalmo- 
die assis, en autres debout, comme aux plus anciennes, entre 
autres à Tournay. La façon de prier assis , qui se pratique es 
églises de Brabant et autres, est reprouvée par Petrus Damianus 
adD. Uugonem archiep. Bisuntinum. » Chiflet Desont. II, 216. 

LXYI. Musici et cantores in SS. literis vocati fuerepro- 
phetae. 

Cette observation a encore été faite récemment par 
M. Aubin Gaulthier dans son Histoire du magnétisme. 

LXXI V. De bello puerili. 

Le chef de ces enfants, qui voulaient faire une nouvelle 
croisade, était un certain Nicolas de Cologne, dont le père 
les avait vendus d'avance aux païens. C'est ce que dit Du 
Fief, d'après un MS. du Chronicon de Gestis Trevirorum, 
c. 53. m Theodorico; MS. que lui avait prêté le sieur le 
Comte. 

LXXIX. Qui olim dicti fuerint bàgaudàe. 

LXXX (voy. LTX). De toparchis primum sponsae conçu- 
bitum, ex antiqua et barbara consuetudine , obtinentibus. 

L'évéque d'Amiens levait un droit sur lëspremières nuits, 
duquel droit il fut débouté par arrêt du 29 mai 1409. Cf. 
le traité de Raepsaet sur le droit de marquette. 



( 275 ) 

LXXXY. Regibus Lusitaniae titulum majestaiiê nm fuisse 
<ittributum. 

LXXXIX. QutdCÀMBOTÀ {cabula, camboca)? « Baculus 
pastoralis...,^ » en français crosse. 

CIV. Fable d'un prodigieux amour de Charlemagne en- 
vers une femme ayant un anneau soubs la langue. 

V. Pétrarque, liv. 1 , ép. 3. 

Pétri a Beeck,in Aquisgr. historia, c. 3. 

Pasquier, liv. V , ch. 31 de ses Recherches. 

L.'P. Garasse, Recherches des recherches, sect. 7 et 8. 

CrtitU. du Peyrat, Hist. de la chapelle du roi de France, 
liv. I, ch. 46. 

Scip. du Pleix, tom. I, de Thist. de France : Charlemagne. 

G V. Qui estoit Standonck , fondateur du collège de Stan- 
donck, à Louvain. 

n 11 était de Mali nés , sieur de Yillette , homme de bonne 
vie , instituteur des pauvres de Montagu , dicts vulgairement 
crupettesy dans Tuniversité de Paris, doù il fut banni comme 
du reste du royaume, pour avoir parlé trop librement contre 
la nullité prononcée du mariage de Louis XII avec Jeanne de 
France , ainsi quepour laquerellede Tuniversitéde Paris , contre 
Guy de Rochefort, son chancelier, etc. Il se retira à Malines , 
où il fonda, ainsi qu*à Louvain , un séminaire pour les pauvres , 
Yoy. Massé en ses Chroniques, liv. ^0, oii il raconte d-autres 
particularités. 11 fut rappelé à Pariset y mourut honorablement. 
Voy. Louis Douy d*Âttichy, en VBisi. de la bienheureuse Jeanne 
de France f chap. YI, fol. 95 et sqq. 

Lîb. II. Nelis n'a fait que des excerpta de ce livre, mais 
il en donne la table complète. 

XXIII. Qui antiquitus dictifuerint barones. 

XXIV. Quid sit droit de gave et unde dicatur. 

« In quodam lite abbatis Yedastini , cui interfui , apparebat 
plurimos incolas vel fundorum proprietarios obstrictos esse , 



( 276 ) 

illorum ratione , dicio abbati solutioni du droict de §ave» Haesl- 
tatum fait quid esaet illud jua et unde ortum duceret. •••••• » 

XXXII. De Erasmo, liv. V , §§ LV , CXXX , CLI, CLV, 
CLVII. 

XXXYI. An antiquis Gallis on aiiquid significaritf 

« Audivi Franciacum Moncaeum Fridevallianum disserea- 
tem , antiquis Geltis on aquam dénotasse , idque probare nîte- 
batur boc Ausonii yersu in Burdegala : 

DÎTona (Saligero Duiona) , Celtaram lingua fons addite divis. 

Ad idem tendit quod bodie multa Galliae flumina in on et one 
terminentur. » 

XLYIII et GXXXYII. Jtidicium aiiquùmm de haereUcis 
morte non puniendis et vi non cogendis ad amplectendam 
veram religionem. 

LXXII. De eo qui primus Belgarum haUeces satire mu- 
riaque condire in vasis docuit. 

« GuilehnusBucekheldus piscator obiit Bierylietianno 1S97; 

Voir le Mémoire de feu M. Belpaire sur Ostende. 

XGIY. Etiam latine dici hominem pro servo velfamulo. 

XGYI. D'où ment le mot de sergeant? îiesermre, ce qui 
est sufiQsammeDt connu. 

GY. Mansm , casa, aisati, castitia. 

GYI. D'où procède le mot huguenot. 

Du Fief s'en réfère à Pasquier, et aux mémoires de Gasr 
telnauyliv. II, pi. 79. 

GXIII, GXIX, GXXIII, GXXXYII. De legibus somptuariis. 

«( Mattre Barthélemi Pbilippi, namurois» chapelain de Té- 
glise de saint Pierre , à Louvain , proposa au collège des finan- 
ces un moyen de trouver deniers pour le service du roy en 
ceste nécessité publicque , sans toucher aux domaines du roy 
ni incommoder le petit peuple ; à sçavoir en faisant une or- 






( 277 ) 

doonanoe que cenx et celles qui Gy*après porteroient habits de 
velours , panne , soye , dentelles bu passemens d'or ou d'ar- 
gent, etc. , n'estant de la qualité plus relevée seroient taxés à 
certaine somme d'argent , sans laquelle ne leur seroit libre nj 
permis de s'accoustrer desdites estoffes : laquelle proposition 
renvoyée au conseil privé pour advis , et estant sur icelle déli- 
béré le 14 d'octobre 1645 , fut tenu que ce seroit chose raison- 
nable d'oster le luxe et excès qui va de plus en plus croissant es 
habits et tables , nonobstant la pauvreté qui court, à l'exemple 
des anciennes respubliques ; mais que restreignant l'usage de 
ces matières , y auroît préjudice aux manufactures d'Anvers et 
aultres villes de ces pays ; comme aussi à celles de Naples , Milan 
et autres lieux de l'obéissance du roy : pour lequel respect fut 
trouvé bon de demander advis des magistrats dudict Anvers, 
Brucelles et quelques autres villes principales en traficq , au- 
paravant que rien résoudre». •• » 

Voir Fédit somptuaire de Tempereur Charles-Qoint, du 
5 octobre 455i , et celui du 30 janvier 1545. 

CXXXTX, CLII. Atrebatum telae. 

En voilà assez. Cette analyse suffit pour montrer quelle 

variélé r^ne dans les adversaria de Du Fief. C'est un autre 

livre des singularités, mais moins piquant que celui de 

M. Peignot. 

IL 

A propos d*un passage de la chronique métrique de De 
Klerk , que Des Roches voulait appliquer à l'invention de 
l'imprimerie, il a été question à plusieurs reprises, dans 
ces Bulletins du mot stampien. M. Willems, savant édi- 
teur de De Klerk, a fort bien expliqué ce terme, dans le 
lieu où il est placé, par une espèce particulière de chan- 
sons ou d'airs de danse (1). Or , cette explication se trouve 

(1) Bull, de Vac,, W, 240 ; éd. de De Klerk, par M. Willems , I, 456 , notes. 

ToM. XI. 20 



( 278 ) 

confirmée par eelui-là même qui avait fourni à Des Roches 
les principaux éléments de son mémoire ; c'est-à-dire par 
M. F.-J.-J. Mois (1). Lorsque ce mémoire fut imprimé, 
Fauteur le communiqua à M. Mois, qui y fit des remarques 
restées manuscrites, et qui sont conservées à la bibliothèque 
royale, sous le n" 139-63. 

A la page 529 du tome 1*' du Recueil de l'ancienne aca- 
démie de Bruxelles f Des Roches demande : Louis (Yan 
Yaelbeke) a-t-il imprimé d'abord des figures sans lettres ou 
des lettres sans figures? et M. Mois écrit en note : Non, 
monsieur, il a fait de (des) chansons. 

Un peu plus haut, sur la page S26, il s'exprime ainsi : 

< Je crains fort que le mot stampien n'ait une double 
signification , car voici un passage remarquable que j'ai 
trouvé dans V Histoire littéraire des troubadours, Paris, 
1774, 2 vol. ; c'est au 1" tom. , page 285 ; 

» A la cour du marquis Boniface (de Montferrat) arri- 
vèrent deux jongleurs de France, qui jouaient parfaite- 
ment du violon (vers 1204 ou quelque temps auparavant). 
Un jour qu'ils exécutèrent une stampide, dont tout le 
monde fut enchanté , Vaquieras (autre troubadour) , loin 
de partager le plaisir commun , demeurait plongé dans la 
tristesse. 

» Qu'avez-vous , seigneur Rambaud (nom de Vaquieras) 
lui dit Boniface ? Pourquoi ne pas vous réjouir à entendre de 
si beaux airs et à voir une aussi belle dame qu'est ma sœur, 
la plus brave du monde et qui vous a retenu pour son servi- 
teur? — Je n'ai pas sujet d'air joyeux, répondit-il sèchement. 
Le marquis en savait la raison. Résolu de lui rendre le 



(1) Voy. ^ulL du bibliophile helge^ n** 2 , pp. 7â-88. 



( 279 ) 

repos et la joie , il dit à sa sœur : — Pour l'amour de moi et 
de toute la compagnie , je veux que vous daigniez prier 
Rombaut de s'^ayer pour l'amour de vous , de se réjouir et 
de chanter comme il faisait auparavant. 

» Yaquieras, encore plus docile aux ordres de sa mai- 
tresse , composa une chanson qu'elle lui avait demandée. 
Les couplets en sont de dix-huit vers, dont plusieurs de 
deux syllabes , et qui riment tous , excepté trois en e muet. 
On lui donne le nom à^ stampide , dont il ne reste que cet 
exemple. » 

Voilà donc , ajoute M. Mois, le mot de stampide (stam- 
pien) pris pour une chanson et non pas pour une impres- 
sion ; de sorte qu'il est très-probable que notre Louis Van 
Vaelbeke, aura été un troubadour (trouvère) et jongleur 
tout ensemble , qui le premier aura introduit parmi nous 
cette sorte de poésie qu'on appelait stampide en français 
et stampien en flamand. 

Ces vers, chantés sur un haut ton , obligeaient le chan- 
teur qui s'accompagnait lui-même, à marquer fortement la 
mesure. Kilianus , au mot stampyeny l'explique par supplo- 
dere, insultare. De tout cela il résulte que cette espèce de 
chanson aura été appelée stampide , parce qu'elle se chan- 
tait sur un air fort vif, et dont la mesure était fortement 
marquée. Nos danses anglaises et allemandes peuvent 
fournir une idée de ces airs stampida. 

Le fonds de ces remarques fait certainement honneur k 
la sagacité et au savoir de M. Mois. 



( 280 ) 



Addition à Vartide de M. Crahay (voir pag. S16). 

Pour calculer la quantité de chaleur abandonnée par 
le mélange d'air et de vapeur qui entoure le réservoir 
mouillé , et celle absorbée par la vapeur qui émane de ce 
dernier, soit ?? le poids qu'aurait la couche d'air sec à O" 
de température et sous la pression moyenne de 760 milli- 
mètres ou P f celui d'un égal volume de ce fluide sous la 
pression p — c' et à la température V sera n ^ ^^ ', g étant 
le coefiicient de dilatation des gaz; et si y est la quantité 
de chaleur qu'abandonne l'unité de poids d'air pour un 
abaissement de température d'un seul degré, elle sera 
pour le poids ci-dessus , et pour une variation de tempé- 
rature de t — f degrés , 

p — e 



?(!-*-(/*') 



Soit de même n' le poids qu'aurait , à 0® de température 
et sous la pression P^ un volume de vapeur d'eau ^1 à 
celui de l'air ci-dessus, le poids d'un pareil volume à la 
température t' et sous la force élastique e, sera 



e 

ou UT 



en représentant par a le rapport entre le poids de la va- 
peur d'eau et celui d'un même volume d'air^ à égalité de 
température et de pression. Ensuite, si k désigne la cha- 
leur abandonnée par l'unité de poids de vapeur d'eau; 



( 281 ) 
pour ua refroidissement d'un seul degrés elle sera 

pour le poids de la vapeur répandue dans la coucbe d'air , 
et une variation de t — t' degrés. 

Enfin , la vapeur émise par l'enveloppe mouillée pos- 
sède une tension e' — e, une température f et un volume 
égal à celui de la couche d'air ci-dessus dans laquelle elle 
se répand; son poids sera «^ j^Tlô' ^^ chaleur totale 
contenue dans l'unité de poids de vapeur d'eau étant > , 
celle latente dans le même poids , à la température f est 
X — t' ; par conséquent y celle absorbée par la vapeur qui 
vient de se former sera 

Cette dernière étant égale à la somme des quantités de 
chaleur abandonnées par l'air sec et par la vapeur qu'il 
renfermait primitivement , on aura , après avoir supprimé 
les facteurs communs, l'équation suivante : 



La séance générale est fixée aux 7 et 8 du mois de mai 
prochain. 



( â82 ) 



OUVRAGES PRÉSENTÉS. 



BulhHn de l'académie tùyale de médecine de Belgique, Année 
1848-1844, tome III, n^'S et 4. Bruxelles, ia-8<'. 

GaMeiie médicale belge , n°' 5 à 8 , avec supplément au n** 8. 
Bruxelles , in-4*« 

annales d'oculiêiique. Publiées par M. le docteur FI. Cunier, 
VU" année, tome XI, 2" et 8" livr. , février et mars 1844. 
Bruxelles, in-8®. 

Journal de médecine f de chirurgie et de pharmacologie, pu- 
blié par la société des sdenceê médicales et naturelles de Bruxelles. 
2" année, cahiers de mars et d'avril 1844. Bruxelles, in-8®. 

Cours élétnentaire de chimie générale inorganique , théorique 
et pratique. Par M. G. Louyet, tome II, feuilles 81 à 66. 
Bruxelles, 1844,in-8\ 

La revue de Liège, 8®livr., 16 mars 1844. Liège, in-8^* 

Discussions à la chambre des représentants du royaume de 
Belgique, sur F orthographe flamande, Gand, 1844, in-8^. 

annales de la société de médecine d'Anvers, Année 1848, 
feuilles 8 à 12 ; année 1844, livr. de janvier. Anvers , in-8^. 

Loi communale de la Belgique, expliquée et interprétée par 
les discussions du pouvoir législatif. Par M. J.-B. Bivort. 
Bruxelles, 1844, in-B». 

Histoire des comtes de Flandre jusqu'à l'avènement de la 
maison de Bourgogne, Par M. Edward LeGlaj. Bruxelles, 1848, 
â volumes , in-8^« 

Éloge de Guillaume Marcquis, Par M. C. Broeckx. Anvers, 
1844,in-8«. 

Journal historique et littéraire de Liège, Tome X, livr. 12, 
avril 1844. Liège, in-B''. 

Catalogue de livres anciens et modernes de A, Vandale, 2* 
catalogue de 1844. Bruxelles, in-8. 



( 283 ) 

Annales et bulletin ék la Société de médecine de Gand. Année 
1844, mars, 14« vol., 8« lîvr. Gand , in-8«. 

Annales de la société médico-chirurgicale de Bruges. Tome Y, 
année 1844, !'• livr. Bruges, in-8*». 

Rapport à M. le Ministre de l'intérieur , sur un manuscrit 
grec et deux manuscrits latins des lettres de Pkalaris, déposés à 
ia bibliothèque royale. Par M. Ph. Bernard. Bruxelles, 1844^ in-8*« 

Histoire des doctrines religieuses. Par M. M.-J.-F. Ozeray. 
Paris, 1848, 1 vol. in-8«. 

Des vices de la législation pénale belge et des améliorations 
qu^elle réclame. Par M. le chevalier De le Bidart de Thumaide. 
Mons, 1844, 1 vol. in-8^ 

Des améliorations que réclame la législation pharmaceutique 
belge. Parle même. Mons, 1844, 1 vol. in-8°. 

Description des animaux fossiles qui se trouvent dans le ter- 
rain houiller et dans le système supérieur du terrain anthraxi- 
fère de la Belgique. Par M. L. de Koninck , \1^ livr. Liège, 
1842,in-4o. 

JSotice sur C^G.-J. Laurillard-Fallot, Par M. le baron de 
Stassart. Liège, 1844, in-B». 

76^^ exposition de la société royale d'agriculture et de bota- 
nique de Gand, Mars 1844. Gand, in-8<^. 

Journal vétérinaire et agricole de Belgique, 8® année , janv. 
etfëv. 1844. Bruxelles, in-B*»* 

Abhandlungen der Physiologie und Pathologie, Anatomisch-- 
mikroskopische Untersuchungen ^ von Gottlieb Gluge. Jena, 
1841, in-B». 

Subsidia ad illustrandam veterem et recentiorem Belgii topo- 
graphiam* Edidit P.-F.-X. de Ram. Fascilus I et II. Bruxellis, 
1848-44, in.8». 

Notice sur Nicolas Cleynarts, par M . F . Ne ve . Lou v. , 1 844 , in- 1 8. 

Littérature historique de l'Arménie, Histoire d'Arménie , par 
Jean YI (extrait de Y Université catholique). Par le même, in-8®. 

Des portraits de femme dans la poésie de l'Inde, Damayanti 
dans la forêt (extrait du Correspondant) j par le même , in-8**. 

Bulletin de la société géologique de France, 2^ série, tome 1*=% 



( 3^ ) 

feuilles8 à 10 ; tom. Xlli, feuilles 8»à 89. Paris, 1848-1844, in-B". 

y^nnuaire de la sociéié pkihiechmque. Tome V, année 1844. 
Paris, 1 voh in* 18. 

Nouvelles, Par M. J.-G.-F. Ladooeette, 2" édition. Paris, 
1844, 1 vol. in-8«. 

Programme de la êociéié des aniiquaireê de la MoriniSf peur 
le concoure de l^année 1844 , in-4<*. 

Vinveêtigateur ^ journal de Pinitiiut hiêtorique. 11* année, 
tome IV, 2« série, 14" livr. Paris, 1844, in-8*. 

Mémoire sur la découverte de la loi du choc direct , etc. Par 
M. J. Plana, feuilles 5, 6 et 18, in-4«. 

Liste 4es tremblements de terre ressentis en Europe et dans 
les parties adjacentes de l'Afrique et de VAsie , pendant Vannée 
1848. Par M. Alexis Perrey. Paris, in4''. 

Journal de la société de la morale chrétienne. 8* série , tome 
I", n* 8, Paris, 1844, in-S». 

Bulletin de la société géologique de France. 2* série ^ tome I*', 
feuilles 11 à 13,jany. 1844. Paris, in-8». 

The numismatic chronicle and journal of the numismatic 
Society, Edited by John YongeAkerman , octobre 1843, n*22. 
London , in-8*. 

Report on the central high school, for the year endingjuly 
1842. Addressed to the committee of the board of controllers of 
the public schools. By A.-D. Bâche. Philadelphia, 1848, in-8*. 

Article IX. Observations ofthe magnetic inîensity at ttoenty- 
one stations in Europe. By the same , in-4®. 

Archiv der Mathematik und Physih, Herausgegeben von 
J.-A. Grunnert, !¥*•' Theil, 8*«* Hefk. Greifswald, 1848, in-8«. 

Commentarii critici in codices bibliothecae academicae Gis- 
sensis graecos et latinos^ etc. Scripsit E.-G. Otto. Gissae, 1842, 
1 vol. petit in-fol. 

Bydragen tôt de geschiedenis, ondheden, letteren^ enz. , der 
provincie Nord-Braband. Door D' C.-R. Hermans, eerstestuk. 
's Hertogenboscfa , 1843, in-8°. 



BULLETIN 



DE 



L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 



ET 



BEI.I.ES-I.ETTRES DE BRDZEI.I.ES. 



1844. — N« 5. 



Séance générale des 7 et S mai. 

M. le baron de Stassart, directeur; 
M. Quetelet, secrétaire perpétuel. 



CORRESPONDANCE. 



L^association britannique pour ravancement des scien- 
ces , fait connaître que sa quatorzième réunion aura lieu 
dans la ville d'York et commencera le jeudi , 26 septembre 
prochain. 

L'association des savants italiens annonce également que 
sa sixième réunion aura lieu à Milan , depuis le 1 S jusqu'au 
27 septembre. 

ToM. XI. 21 



( 286 ) 

L'académie reçoit les trois ouvrages manuscrits sui- 
vants : 

i^* Considérations sur la nature du produit qui résulte 
de Taction réciproque des acides sulfureux et hypoazotique, 
suivies d'une démonstration expérimentale de la non-exis- 
tence de ce dernier acide dans les cristaux qui se forment 
pendant la fabrication de Tacide sulfurique, par M. le doc- 
teur Koene. Commissaires MM. Stas, de Koninck et de 
Hemptinne. 

2® Notes géologiques sur la Provence, par M. Marcel de 
Serres. Commissaires MM. D'Omalius d'Halloy et Dumont. 

5"* Mémoire sur les lois naturelles inhérentes à l'oi^a- 
nisation animale, par M. le docteur Sommé, correspondant 
de l'académie. Commissaires MM. Cantraine et Yan Be- 
neden. 

M. le Ministre de l'Intérieur transmet quatre-vingts nou- 
velles réponses à la circulaire de l'académie, sur le3 anti- 
quités nationales. 

M. Galesloot , employé à l'hôtel de ville de Bruxelles , 
communique également des renseignements sur les anti- 
quités du royaume. 



CONCOURS DE 1844. 



L'académie avait proposé, pour le concours de 1844, 
sept questions dans la classe des lettres et sept dans b 
classe des sciences. L'exaniea des mémoires reçus en. ré- 
ponse à quatre de ces questions, a présenté ks résultats 
suivants : 



( 287 ) 

CLASSE DES LETTRES. 

Eu réponse à la question : 

La famille des Berthout a joué , dans nos annales , un rôle 
important. On demande quels ont été Vorigine de cette mai- 
son , les progrès de sa puissance et l'influence qu'elle a exercée 
sur les affaires du pays. 

L'académie n'a reçu qu'un seul mémoire; et après avoir 
entendu ses commissaires MM. le baron de Keiffenberg, 
Wîllems et le chanoine de Ram , elle a décerné une mé- 
daille d'or à l'auteur, M. le chevalier Félix Yandenbranden 
de Reeth, conseiller communal à Malines. 

M. le baron de Rdffenberg a présenté le rapport suivant 
sur ce travail : 

€ Un mémoire sur la famille Berthout ne peut fournir 
à l'écrivain l'occasion de tracer des récits animés, de pein- 
dre et d'intéresser à la fois, ni de se livrer à ces considé- 
rations politiques et morales qui appartiennent à la philo- 
sophie de l'histoire. Il serait injuste d'exiger que l'auteur 
eût mis dans son travail ce qu'il ne pouvait y mettre. Il 
avait à traiter un sujet de critique et de minutieuse érudi- 
tion ; il me semble qu'il s'est acquitté dignement de sa tâche. 
Son style est ce qu'il doit être, simple, clair, facile. Ses 
recherches paraissent faites avec soin, et les résultats aux- 
quels il parvient, conformes à la vérité. Il a fort bien dé- 
brouillé, suivant moi, une matière qui, malgré sa sèche* 
resse apparente, a aussi son intérêt, puisqu'elle tend à 
éclaircir l'ancienne organisation féodale du pays. L'auteur, 
sans s'arrêter aux opinions reçues, remonte à l'origine de 
la puissance des Berthout; il détruit quelques-uns de ces 



( 288 ) 

comtés dont des généalogistes ignorants ou eomplaisauts 
ont surchargé nos annales. 

A l'article de Florent Bertbout^ il examine si, comme 
Tavance Froissard, ce seigneur fut un riche marchand, 
assertion qui scandalisa jadis quelques savants de Halines. 
L'auteur, moins chatouilleux, mais ami de l'exactitude, 
rejette le rapprochement qu'on avait établi entre les Ber- 
thout et les Médicis. 

En résumé , je regarde le mémoire , portant l'épigraphe 
Ausi... celebrare domesHca fada, comme remplissant toutes 
les conditions requises, et je propose pour l'auteur la mé- 
daille d'or. > 

MM. le chanoine De Ram et Willems ont adhéré aux 
conclusions de ce rapport; seulement le dernier commis- 
saire a exprimé le regret que l'auteur du mémoire n'ait 
point consulté certaines chroniques du XIIP et du XIV' 
siècle, dans lesquelles les Berthout figurent très-activement, 
par exemple la relation de la bataille de Woeringen, par 
Yan Heelu, les Brabantsche Yeesten et autres annales con- 
temporaines. Les diplômes imprimés à la suite de ces chro- 
niques mentionnent très-souvent les noms de ces illustres 
Malinois. 

L'académie a décidé que l'auteur serait invité à avoir 
égard à ces observations. 

La classe des lettres a reçu également un mémoire en 
réponse à la question suivante : 

Les anciens Pays-Bas autrichiens ont produit des juris- 
consultes distingués, qui ont publié des traités sur l'ancien 
droit belgique, mais qui sont, pour la plupart, peu connus 
ou négligés. Ces traités, précieux pour l'histoire de Tan- 



( 289 ) 

cieDDe législation nationale, contiennent encore des no- 
tions intéressantes sur notre ancien droit politique; et, 
sous ce double rapport , le jurisconsulte et le publiciste y 
trouveront des documents utiles à Thistoire nationale. 

Lacadémie demande qu'on lui présente une analyse rai- 
sonnée et substantielle, par ordre chronologique et de matiè- 
res, de ce que ces divers ouvrages renferment déplus remar- 
quable pour Vancien droit civil et politiqvs de la Belgique, 

M. Grandgagnage, premier commissaire, a soumis à l'a- 
cadémie les considérations qui suivent, au sujet de ce 
travail. 

€ J'ai présenté l'an dernier un rapport assez étendu sur 
le mémoire ou plutôt sur l'ouvrage soumis en ce moment 
au jugement de l'académie, et, d'accord avec mes collè- 
gues, MM. Steur et de Gerlache, j'ai demandé que la ques- 
tion fût remise au concours. Depuis ce premier rapport 
l'ouvrage a reçu de notables améliorations , et s'est même 
considérablement augmenté, Composé jusqu'à présent (et 
il n'est pas fini) de deux volumes presqu'in-folio , il ren- 
ferme dans le premier de ces volumes toute une histoire de 
la jurisprudence en Belgique, histoire que l'auteur a judi- 
cieusement divisée en quatre périodes, où il passe successif 
vement en revue la vie et les écrits de nos jurisconsultes, 
depuis l'époque de la renaissance des études de droit, et 
même un peu plus haut, jusqu'à la fin du dernier siècle. Le 
second volume présente le tableau de notre ancienne légis- 
lation. C'est réellement le code général de l'ancien droit 
belgique que l'auteur s'est proposé de faire, mais, on le voit, 
le cadre était immense; et une année de plus n'a pu suf- 
fire pour le remplir entièrement. Nous pensons que l'aca- 
démie ne saurait témoigner trop haut sa satisfaction à 



( 290 ) 

Fauteur pour Fimportance et la grandeur de Foeuvre qu'il 
a entreprise; mais nous sommes au regret de ne pouvoir 
faire dès maintenant en sa fiiveur une proposition défini- 
tive. Ce serait peut-être manquer au désir qu'il parait ex- 
primer lui-même, ce serait surtout risquer de compromet- 
tre la perfection d*un travail qui n'est pas entièrement 
achevé. Voici ce que nous lisons dans Favant-propos de 
Fouvrage : 
€ Le temps pressait Les matières abondaient. Nous de- 

> vions donc nous restreindre dans le code civil aux ma- 

> tières d'une utilité presque actuelle^ aux matières lesplus 
» coutumières. Ces motifs nous ont porlé à traiter de pré^ 
» férenceavec quelque étendue les servitudes, les sucées- 
» sians , et le contrat de mariage. Nous regrettons que le 
» temps ne nous ait pas permis de mettre au net les maté- 
» riaux recueillis pour les titres de la vente, des hypothi- 
» ques, du louage et de h prescription; nous n'avons même 
» pu mettre la dernière main au chapitre des hypothèques, 
» relati f à to saisine et aux œuvres de loi » 

» Un peu plus bas Fauteur dit encore : 

< Nous aurions désiré ardemment avoir plus de temps 
» pour approfondir mieux ce sujet vaste et neuf , et surtout 
3> pour revoir le mémoire sous le rapport du style. Si Faca- 
» demie jugeait digne d'impression notre travail ou seule- 
» ment une partie, nous pourrions lui donner une forme 

> meilleure > 

» Je crois donc entrer dans les vues de Fauteur, en vous 
proposant d'étendre encore d'une année le terme du con- 
cours. Son travail ne peut être convenablement scindé ; et il 
serait vraiment malheureux de laisser imparfaite une œuvre 
aussi importante, et qui doit être éminemment utile, en 
mettant à la portée de l'époque actuelle les notions et la 



C 291 ) 

langue même d'une antique législation qui se perd. Bu 
reste, j'ose exprimer Tespérance que l'académie , lors du 
jugement définitif, ne se bornera pas à décerner la mé- 
daille ordinaire pour une œuvre qui sort réellement de la 
ligne ordinaire, et qui d'ailleurs aura exigé plus de quatre 
années d'étude et de travail; et j'ai lieu de croire que cha- 
cun de nous sera d'avis d'accorder à l'auteur un prix plus 
considérable. » 

Conformément à l'avis de M. Grandgagnage et de H. le 
baron de Gerlacbe , second commissaire , l'académie a dé- 
cidé que la question serait remise au concours pour l'an- 
née 1846. 

CLASSE DES SCIENCES. 

Deux mémoires ont été envoyés à l'académie en réponse 
à la question : 

Étendre aux surfaces , la théorie des points singuliers des 
courbes, 

MM. Timmermans , Pagani et Yerhulst , ont présenté sur 
ces ouvrages le rapport suivant : 

€ Dans le premier , ayant pour épigraphe : Tout se tient 
dans la chaine des vérités, l'auteur entre en matière en éta- 
blissant d'abord une théorio des points singuliers des 
courbes, fondée sur la considération des paraboles ôscula- 
trices d'un ordre quelconque. Passant ensuite aux surfa- 
ces, il substitue à celles qui lui sont données^ des surfaces 
paraboloïdales osculatrices , dont la discussion lui fournit 
des moyens très-simples pour reconnaître l'existence de 
certains points singuliers ; mais l'avantage qu'offre cette 
méthode sous le rapport de la simplicité , se trouve bien 
compensé par le défaut de généralité. En effet , outre que 



(292 ) 

les surraces paraboloidales ne présentent pas tous les gen- 
res de points singuliers, on conçoit que la substitution doit 
souvent être illusoire dans les points de la surface où se pré- 
sente une solution de continuité, c'est-à-dire là précisément 
où la substitution devrait être faite pour offrir de Tutilité. 

> Il est à remarquer aussi que Fauteur n*a pas fait men- 
tion des ombilics, ne fût-ce que pour les comprendre dans 
une classification générale des points singuliers des sur- 
faces, ou pour rappeler les recherches intéressantes dont 
ils ont été l'objet de la part de Monge , de Poisson , de M. 
Dupin et d'autres géomètres contemporains. Cette lacune , 
ainsi que d'autres moins importantes , nous portent à soup- 
çonner qu'il n'aurait pas eu le temps d'achever son travail, 
qui se recommande d'ailleurs par beaucoup de méthode et 
de clarté. 

» Il est à regretter que ce genre de mérite ne se trouve 
pas au même degré dans le mémoire n"" S , marqué de la 
IcttreR. De même que l'auteur du premier mémoire , celui- 
ci commence par exposer une théorie des points singuliers 
des courbes, en suivant une marche en quelque sorte in- 
verse de celle qui est généralement adoptée, c'est-à-dire , 
qu'au lieu de remonter de la connaissance d'un point sin- 
gulier au caractère analytique qui le spécifie , il part d'une 
forme d'équation déterminée pour établir , par la discus- 
sion, les caractères analytiques propres à chaque espèce de 
point remarquable qu'offre la courbe représentée par l'é- 
quation. 

> Cette partie du mémoire, qui , du reste , n'est que fort 
secondaire , laisse peut-être à désirer sous le rapport de la 
généralité; mais l'auteur abordant ensuite la question qui 
fait l'objet du concours , c'est-à-dire la théorie des points 
singuliers des surfaces, se montre complètement à la hau- 
teur de son sujet, par la variété des méthodes qu'il em- 



( 293 ) 
ploie pour reconnaître l'existence des points singuliers 
dont il a établi les caractères analytiques. La théorie des 
points multiples surtout est traitée dans son mémoire 
avec beaucoup d'étendue. Malheureusement , au défaut de 
clarté que nous avons déjà signalé, se joignent plusieurs 
inexactitudes de détail et un certain manque de correc- 
tion dans le style et d'élégance dans les formules , qui nous 
empêchent de regarder cette composition comme ayant en- 
tièrement rempli le vœu de l'académie. 

> En conséquence , nous avons l'honneur de vous pro- 
poser de décerner une médaille d'argent à l'auteur du 
second mémoire , d'accorder une mention honorable à 
l'auteur du premier mémoire , et de remettre la question 
au concours de cette année. Si les deux concurrents ren- 
trent dans la carrière que nous désirons leur voir ouvrir 
de nouveau , il est probable que nous ne serons plus obli- 
gés de restreindre nos éloges. 

> Un troisièmemémoire ayant pour titre: Coup d'œil sur 
les principes de la science mathématique a été envoyé au con- 
cours; mais comme le sujet est entièrement étranger à la 
question proposée par l'académie, nous pensons qu'il n'y a 
pas lieu de nous prononcer sur le mérite de cette pièce. » 

Conformément à ces conclusions, l'académie a décerné 
une médaille d'argent à M. H. Simonis de Gand , et une 
mention honorable à l'auteur du mémoire portant l'épi- 
graphe : Tout se tient dans la chaîne des vérités. 

La classe des sciences avait encore proposé au concours 
la question suivante : 

Éclaircir par des observations nouvelles le phénomène de 
la circulation dans les insectes, en recherchant si on peut la 
reconnaître dans les larves des différents ordres de ces 
animaux. 



( 294 ) 

MM. Charles Morren et Van Beaeden ont doiiDé succes- 
sivement lecture des rapports suivants , sur le seul mé- 
moire qui ait été présenté au concours. 

Rapport de M. Charles Morren. 

€ La nature suit dans l'organisation des êtres une mar- 
che à la fois si uniforme et si graduée que, lorsque se 
présente une exception aux lois générales , l'esprit se 
prend malgré lui à douter. Ainsi la circulation , ce trans- 
port du fluide vivant d'un centre de répulsion vers les 
parties périphériques, et ce retour de ces mêmes parties 
vers le centre, la circulation aperçue chez l'homme par 
Servet, démontrée par Harvey, devinée chez les plantes 
par notre illustre anatomiste bruxellois Spiegel, retrouvée 
ensuite successivement dans toutes les classes du règne 
animal , même dans les animalcules microscopiques, par 
cette phalange d'observateurs dont la science s'honore ; la 
circulation semble une fonction tellement inhérente à la 
vie, qu'on a de la peine à se figurer un plan d'organisation 
où celle-ci se manifeste sans l'existence du torrent circu- 
latoire. Aussi, lorsque le grand Guvier, mettant en rap- 
port ses magnifiques autopsies de mollusques, où il venait 
précisément de constater le développement considérable 
de l'appareil sanguin avec les admirables anatomtes d'in- 
sectes que lui avaient louées Sv^ammerdam et notre maes- 
trichtois Lyonet , dut expliquer comment le mollusque 
et l'insecte vivaient, l'un pourvu de riches vaisseaux et 
l'autre présentant à peine le simulacre d'un cœur et le 
rudiment d'un appareil vasculaire ; il ne le put qu'en re- 
montant au principe même, au dernier résultat que veut 
accomplir la nature en faisant circuler dans l'être animé 



( 295 ) 

le fluide vital. Le sang pour lui portait la vie aux organes 
en leur portant le principe de Tair, l'oxygène; de sorte 
que si Tair lui-même allait trouver les organes, le but 
était accompli , et Tappareil circulatoire pouvait s'amoin- 
drir et disparaître. Guvier le disait sans détour : la vie 
comportait pour essence une combinaison de Tair avec 
Torganisme. 

:» La richesse de développement qu acquiert chez les in- 
sectes l'appareil de la respiration , ces innombrables tra- 
chées spiraloïdes qui s'insinuent dans tous les organes 
semblaient, en effet, donner gain de cause aux principes 
qui avaient guidé l'Aristote du XIX^ siècle dans sa distri- 
bution du règne animal en ses quatre embranchements. 
Le temps vint néanmoins modifier ces doctrines. D'excel- 
lents observateurs, Carus , Newport, Dugès, Wagner, Eh- 
renberg , Behn , Gruthuisen et d'autres annoncèrent suc- 
cessivement qu'il y avait un véritable torrent circulatoire 
dans les insectes^ et même, chose intéressante, c'est dans 
les membres , parties périphériques , que ce mouvement 
du sang fut d'abord et le mieux aperçu. Or, l'observation 
est dans les sciences naturelles d'une importance si grande 
qu'un seul fait bien constaté eût pu ébranler le principe 
de Guvier. On le conçoit , à la vue de noms si respectables 
et si nombreux, le doute était de rigueur. De plus, ces 
observateurs n'étaient pas d'accord entre eux. Les uns ad- 
mettaient un appareil circulatoire à vaisseaux , mais orga- 
nisé de manièreque le sang, arrivé aux limites de l'appareil, 
en sortait et s'épanchait dans la trame des organes; les 
autres, au contraire, croyaient à l'existence d'un assem- 
blage de vaisseaux clos , organisés sur le plan général de 
l'appareil sanguin, tel qu'on le trouve dans les autres clas- 
ses. Guvier trouva encore dans M. Léon Dufour un ardent 



( 296 ) 

défenseur , et comme il arrive d*ordinaire dans les progrès 
de la science , )a vérité ne put être connue qu'après des 
allégations , des dénégations et toutes les luttes de la dis- 
cussion. 

> Cest au milieu de cet état de choses que Tacadémie 
royale des sciences et des belles-lettres de Bruxelles mit 
au concours la question sur la circulation du sang dans 
les insectes, sujet vaste et important : vaste, car, pour le 
résoudre, il exigeait beaucoup d'érudition, de connais- 
sances de faits écrits et d'autres que la nature offre direc- 
tement; il exigeait de plus un grand nombre d'observa- 
tions nouvelles, ces observations sont délicates et difficiles; 
important, car qui oserait nier la haute valeur de l'ana- 
tomie comparée pour l'entente de la nature et de ses 
règnes, et pour la connaissance de l'homme, la physio- 
logie et surtout pour les sciences médicales elles-mêmes. 
L'académie a reçue en réponse un mémoire portant pour 
épigraphe : La vérité n'est que dans robservation. Ce tra- 
vail est accompagné de planches et de préparations. 

» Un rapport, jugement motivé, embrasse d'ordinaire la 
question historique et fait ressortir en quoi le nouveau 
travail diffère de ceux qui l'ont précédé. Cette tâche ne 
pourrait aujourd'hui incomber au rapporteur sans le forcer 
à copier pour ainsi dire l'introduction du mémoire même 
envoyé au concours. L'auteur paraît appartenir à ces pays 
où l'érudition est en honneur ; il a une parfaite connais- 
sance de l'état des esprits, et à la conscience des citations 
il joint une entente des langues qui lui permet d'embras- 
ser les différentes nations de l'Europe. Le rapporteur ne 
saurait donc, sans nuire à l'intérêt que doit inspirer la 
lecture de ce mémoire, entamer la question historique. 
Ce qu'il en a dit plus haut suffira sans doute pour mon- 



( 297 ) 

trer de quel point de vue il envisage le sujet, et com- 
ment Tacadémie peut juger en toute connaissance de 
cause. 

» Sous le rapport de l'érudition , nous ne pouvons donc 
que rendre justice à Tauteur. Sous le rapport des obser- 
vations nouvelles, nous n'avons aussi qu'à lui adresser des 
félicitations^ ses anatomies sont parfaites, ses planches 
sont dignes de rivaliser avec celles de Lyonet, de Straus- 
Durckheim , de Newport , enfin , de ce qu'il y a de mieux en 
ce genre. Prendre les insectes à tous les âges, les examiner 
dans tous les ordres et trouver partout des signes non 
équivoques d'un système circulatoire complet à vaisseaux 
déterminés, tel est le résultat définitif en lequel se résume 
ce beau travail. 

> Cependant, nous ne le dissimulons pas : à côté d'un tel 
succès, il y a quelques défauts à déplorer. L'autçur aime 
les digressions, il les aime trop. Sa pensée , un peu difiuse, 
tend singulièrement à la généralisation. Que de fois il 
s'élève de l'insecte à l'homme , et de l'homme aux astres ; 
le tout à propos de quelques vaisseaux de chenille ! Sans 
doute, pour le naturaliste tout est grave> sérieux et di- 
vin dans la nature; mais, dans une question de faits , abu- 
ser de ces élans , c'est nuire à l'intérêt principal, c'est ra- 
petisser le sujet à force de l'élever. D'ailleurs, ce mémoire 
devant être fortement châtié sous le rapport de la langue , 
on pourra facilement élaguer quelques pages oiseuses et 
concentrer ainsi les vérités utiles pour leur donner encore 
plus de force. Le travail ne pourra que gagner à ces légers 
changements , d'autant plus excusables qu'il est évident 
que la langue française n'est pas celle du pays où ce mé- 
moire a été rédigé. 

» Si donc pour la forme nos éloges ont quelque restric- 



( 298 ) 

tioQ , nous devons nous empresser de déclarer que pour le 
fond ils sont sans réserve» et nous n'hésitons pas à regar- 
der ce travail comme Tun des plus beaux que la compagnie 
ait reçus pour les sciences naturelles : il remplit parfai- 
tement le but que l'académie avait en vue^ et nous lui 
proposons d'accorder à Tauteur la médaille d*or et les 
honneurs de l'impression. » 



Rapport de M. Van Beneden. 

€ Le mémoire qui a pour épigraphe La vérité n'est que 
dans l'observation, répond tout à £»it à la question. S'il ne 
contient point de faits entièrement neufs, il faut sans doute 
l'attribuer à la nature de la question ; les anatomistes les 
plus distingués s'étaient déjà beaucoup occupés dans ces 
dernières années, du phénomène de la circulation chez les 
insectes, et nos moyens d'investigation n'ont guère été per- 
fectionnés depuis. 

> La préface de ce mémoire est passablement loi^ue^ pea 
claire, d'un style assez négligé et remplie de considérations 
générales que Ton n'aime pas de trouver du moins en aussi 
grand nombre dans un ouvrage de pure observation. 

• L'auteurénumèreàla fin de sa préfeceles travaux écrits 
sur ce sujet, et qui ne sont point mentionnés dans l'ou- 
vrage estimé de notre savant confrère M. Lacordaire. Il était 
inutile, dit l'auteur avec raison, de donner toute la litté- 
rature , puisqu'elle est bien faite par M. Lacordaire. 

» Ce mémoire est divisé en deux chapitres : dans le pre- 
mier, qui a pour objet de prouver l'existence de la circu- 
lation chez les insectes, l'auteur nous semble se donner 
trop de peine pour combattre M. Léon Dafour, le seul 



( 299 ) 

aujourd'hui qui n'accorde point de cœur aux animaux de 
cette classe. Ce chapitre est trop long, et sans rien perdre 
de son importance, il pourrait se réduire au quart. 

» Sous forme de tableau , Fauteur a placé à la fin de ce 
même chapitre les insectes des différents ordres (Rhipip- 
1ères exceptés) dans lesquels la circulation a été constatée, 
soit par ses devanciers, soit par lui-même. Beaucoup de 
personnes pourront se dire, après la lecture de ce chapitre, 
qu'elles n'y ont rien appris. L'auteur y fait preuve d'une 
grande érudition; il a consulté les bons ouvrages écrits 
dans les différentes langues européennes. 

» Dans le second chapitre, Tauteur fait connaître le résul- 
tat de ses observations; ce chapitre doit donc être le plus 
important. 

> Il s'agit de savoir d'abord si le cœur est réellement com- 
posé tel que se le figurent les anatomistes qui se sont occu- 
pés en dernier lieu de ce sujet; l'auteur arrive à ce résul- 
tat : qu'il faut considérer la partie cardiaque du vaisseau 
dorsal comme un seul aj[)partement, ainsi que l'a déjà fait 
justement lîéaumur» 

:» Il lui a été impossible de bien distinguer les trois mem- 
branes que MM. Slraus et Newport distinguent dans les 
parois du vaisseau dorsal. 

> Les ailes du cœur ne sont pas de nature musculaire. 
Elles forment une gaine autour du vaisseau , qui lui sem- 
ble être la troisième membrane des auteurs et le sinus vei- 
neux de M. R. Owen. 

> Sans oser le nier, l'auteur ne croit pas que le vaisseau 
dorsal se divise en avant comme le pensent MM. Bower- 
bank et Newport, ni qu'il y ait des rameaux dans tout le 
corps. Il pourrait y avoir de courtes ramifications à l'ex- 
trémité antériettre; le liquide injecté s'est toujours épanché 
au sortir du vaisseau. 



( 300 ) 

» Il semble probableàTauleur qu'il existe^ outre lecoo- 
rant d^arrière en avant dans le vaisseau dorsal , d'autres 
mouvements ondulatoires en sens inverse , du moins chez 
rinsecte parfait. Il y aurait quatre courants principaux de 
ces ondes : un sous le vaisseau dorsal , un autre à la partie 
ventrale^ sous la chaîne nerveuse^ etdeuxle long des troncs 
latéraux de chaque côté. On verrait donc confirmées, comme 
le reconnaît Tauteur , les observations faites par Malpighi 
et Réaumur ; contrairement à ce que M. Garus a prétendu, 
la circulation serait plus complète chez des insectes par- 
faits que dans des larves. 

» Nous aurions désiré que Tauteur se fût étendu davan- 
tage sur le corps mobile découvert par M. Behn dans les 
insectes hémiptères. Il reste là une petite lacune. 

» L'auteur décrit et figure enfin avec plus de précision 
et de clartéy difiérentes dispositions anatomiques sur les- 
quelles les opinions n'étaient pas encore complètement 
arrêtées, et c'est à nos yeux un grand mérite. Rassembler 
tous les matériaux épars sur un point indécis , vérifier les 
faits acquis , et en modifier quelques-uns par Jes observa- 
tions nouvelles et représenter le tout sur des planches fort 
claires et très-intelligibles, c'est équarrir une pierre de 
l'édifice sur laquelle on pourra avec assurance en placer 
de nouvelles. C'est là le caractère du travail soumis à notre 
examen. 

» Le peu de temps que ce mémoire a été entre nos mains 
ne nous a guère permis que de le parcourir rapidement. Nous 
n'avons donc pas vérifié les citations , et nous n'avons pas 
cherché non plus à nous assurer par l'observation directe 
de l'exactitude de ces recherches. Mais le fini des dessins, 
l'exposition des faits et les soins minutieux dont il a fallu 
s'entourer pour commencer l'étude d'un sujet aussi délicat, 



( 301 ) 
nous donnent la persuasion que ces observations ont été 
recueillies avec une consciencieuse attention. 

» En résumé, ce mémoire est fait avec soin, si on met de 
côté le style et les digressions; il montre dans l'auteur un 
habile observateur et un naturaliste instruit, qui est au 
courant de la littérature ancienne et nouvelle. On voit aussi 
que l'auteur a l'habitude dtt microscope > qu'il sait fort bien 
éviter les causes d'erreur et qu'il y joint l'inappréciable avan- 
tage de représenter fort bien lui-même les objets. Le mémoire 
en effet est accompagné de trente figures fort bien dessinées. 

» Si l'académie est dansl'usage de donner lamédaille d'or 
à tout mémoire qui remplit les conditions que le sujet ré- 
clame , nous sommes d'avis d'accorder à l'auteur le grand 
prix. > 

M. Wesmael, troisième commissaire, adhère aux con- 
clusions des rapports précédents^ en n'admettant toutefois 
l'impression du mémoire que comme conditionnelle; l'a- 
cadémie a décerné ensuite sa médaille d'or à M. Yerloren , 
dIJtrecht , auteur du travail soumis à son jugement. 

M. Verloren sera invité à revoir son mémoire avant l'im- 
pression , et à vouloir bien avoir égard aux observations 
de MM. les commissaires. 



L'académie propose, pour le concours de 1845, les 
questions suivantes : 

CLASSE DES LETTRES. 

PREMIÈRE QUESTION. 

Quel était Vétat des écoles et autres établissements d'in- 
ToM. XI. 22 



( 302 ) 

êtruetionpuUiqw en Edgique^ depuis Charlemagne jusqu'à 
Vavénemeni de Marie-Thérèse? Quels étaient les matOres 
qu'an y enseignait, les méthodes qu'on y suivait^ les litres 
Oémmtaires qu'on y employait , et quels professeurs s'y dis- 
tinguèrent le plus aux différentes époques ? 

DEUXIÈME QUESTION. 

Faire l'histoire de Tétat militaire eti Belgique, depuis 
Philippe-te-Hardi jusqu'à Vavénement de Charles-Quint, en 
donnant des détails sur les diverses parties de Tadministra- 
tion de l'armée , en temps de guerre et en temps de paix. 

L'académie désire que le mémoire soit précédé, par 
forme d'introduction , d'un exposé succinct de l'état mili- 
taire en Belgique dans les temps antérieurs, jusqu'à la 
maison de Bourgogne. 

TROISIÈME QUESTION. 

Les anciens Pays-Bas autrichiens ont produit des juris- 
consultes distingués , qui ont publié des traités sur l'ancien 
droit belgique, mais qui sont, pour la plupart , peu connus 
ou négligés. Ces traités, précieux pour l'histoire de l'an- 
cienne législation nationale, contiennent encore des no- 
tions intéressantes sur notre ancien droit politique; et, 
sous ce double rapport, le jurisconsulte et le publiciste y 
trouveront des documents utiles à l'histoire nationale. 

L'académie demande qu'on lui présente une analyse rai- 
sonnée et stibstantielle , par ordre chronologique et de ma- 
tières j de ce que ces divers ouvrages renferment de plus 
remarquable pour l'ancien droit civil et politique de la Bel- 
gique, 



( 303 ) 

QUATRIÈME QUESTION. 

Les ducs et comtes qui ont régné dans l'ancienne Bel- 
gique y quelques évéques , des seigneurs et des corporations 
religieuses, ont battu monnaie tantôt au nom de leurs 
suzerains et au leur, tantôt en leur propre nom seulement. 

On demande vers quelle époque ils ont commencé, dans 
chaque localité, à battre des monnaies , tant en or qu'en ar- 
gent, et comment ils sont parvenus à exercer ce droit. 

CINQUIÈME QUESTION. 

Quelles ont été, jusqu'à l'avènement de Charles-Quint, les 
relations politiques et commerciales des Belges avec V An- 
gleterre. 

SIXIÈME QUESTION. 

Comment y avant le régne de Charles-Quint, le pouvoir 
judiciaire a-t-ilété exercé en Belgique? Quels étaient l'organi- 
sation des différents tribunaux, les degrés de juridiction y 
les lois ou lajurisprudence d'après lesquelles ils prononçaient ? 

SEPTIÈME QUESTION. 

Faire un exposé raisonné des systèmes qui ont été pro- 
posés pour l'éducation intellectueUe et morale des sourds- 
muets; établir un parallèle entre les principales institutions 
ouvertes à ces infortunés dans les différents pays , en compo- 
sant les divers objets de renseignement, les moyens d'in- 
struction employés, le degré d'extension donné à Vapplifiàtion 
de ces moyens dans chaque institution, et, enfin, déterminer, 
d'après un examen comparé de ces moyens d'enseignement y 
ceux auxquels on doit accorder la préférence. 

Par son arrêté du 7 juin 1843 , le Roi , sur ta proposi* 



( 304 ) 

tion de M. Nothomb, ministre de llntérieur, a bien vouia 
ajouter une somme de 600 francs au prix de l'académie, 
pour le meilleur mémoire en réponse à la question précé- 
dente. 

CLASSE DES SCIENCES. 

PREMIÈRE QUESTION. 

Étendre aux surfaces la théorie des points singuliers des 
courbes. 

DEUXIÈME QUESTION. 

Exposer et discuter les diverses expHeatians donnéei jus- 
qu'à ce jour sur les explosions des machines à vapeur. 

TROISIÈME QUESTION. 

Exposer et apprécier les travaux des géomètres qui ont 
le plus contribué aux progrès de la mécanique céleste, de- 
puis la mort de Laplace. 

QUATRIÈME QUESTION. 

Examiner et discuter les théories qui ont été proposées 
jusqu'à ce jour pour expliquer l'origine de l'électricité voU 
taïque et le mode d'action des piles. 

CINQUIÈME QUESTION. 

Faire la description des foHîles des terrains secondaires 
de la province de Luxembourg , et donner l'indication pré- 
cise des localités et des systèmes de roches dans lesquels Us 
se trouvent. 

SIXIÈME QUESTION. 

Les nouveaux foits reconnus par M. Amiei y relative- 



( 305 ) 

ment à la formation de Tembryon dans les plantes , n*é- 
tant pas d'accord avec la théorie publiée sur le même 
sujet par MM. Schleiden, Wydler, De Martius et d'autres, 
Vacadémie désire un mémoire où ces observations soient dis- 
cutées et où soient consignées de nouvelles recherches sur 
Vembryogénie végétale. 

SEPTIÈME QUESTION. 

Exposer et discuter les travaux et les nouvelles vties des 
physiologistes et des chimistes sur les engrais et sur la fa- 
culté d'assimilation dans les végétaux. Indiquer en même 
temps ce que Von pourrait faire pour augmenter la richesse 
de nos produits agricoles. 

L'académie demande que le travail soit appuyé d'expé- 
riences. 

Le prix de chacune de ces questions sera une médaille 
d'or de la valeur de six cents francs. Les mémoires doivent 
être écrits lisiblement en latin , français ou flamand , et se- 
ront adressés, francs de port, avant le 1" février 1845 , à 
M. Quetélety secrétaire perpétuel. 



PRIX EXTRAORDINAIRE 

de 3,000 francs accordé par le Gouvernement, 

L'époque d'Albert et Isabelle est remarquable dans l'his- 
toire de la Belgique. Pour la première fois, le pays, ra- 
mené à l'unité, eut une administration nationale. Pendant 
cette période, il produisit une foule d'hommes distingués 
et exerça au dehors une puissante influence. L'académie 



( 306 ) 

demande une Histoire du règne de ces princes. Ce travail 
devrait s^étendre jusqu^à la mort d*fsabelle. 

On sent que ce n'est pas un simple mémoire qu'elle at- 
tend, mais un livre qui unisse au mérite du fond celui delà 
forme, et où le sujet soit traité dans toute sa plénitude, 
c'est-à-dire sous les différents rapports de la politique in- 
térieure et extérieure, de l'administration , du commerce, 
de l'état social , de la culture des sciences , des lettres et des 
arts. Pour la complète intelligence des faits, l'ouvrage de- 
vra présenter , comme introduction , le tableau de la situa- 
tion de nos provinces à Tavénement des archiducs. 

Le travail des concurrents devra être remis avant le l""' 
février 1845. 

L'académie propose dès à présent , pour le concours de 
1846, les questions suivantes : 

CLASSE DES LETTRES. 



PREMIERE QUESTION. 

/( existe un grand nombre de documents écrits dans les 
dialectes de V Allemagne et appartenant aux VIP, VHP, 
IX", JT et XP siècles ; ils sont indiqués dans la préface de 
rAltbochdeutscher Sprachschalz de Graff, mais on ne con- 
naît guère d'écrits rédigés dans. la langue teutonique usitée 
en Belgique antérieurement au XII* siècle. On demande : 
1"* Quelle est la cause de cette absence de manuscrits belgico- 
germaniques? 2** Qmlle a été la langue écrite des Belges-Ger- 
mains avant le XW siècle? 5** Peut-on admettre que les 
Niederdeutsche Psalmen aus der Karolinger-Zeit, publies 
par Von der Hagen, le Heliand récemment mis au jour par 



i 



(307) 

Schmeller, et quelques autres ouvrages, appartiennent à la 
langue écrite dont on faisait usage en Belgique? 

DEUXIÈME QUESTION. 

On demande de rechercher d'une manière approfondie 
Vorigine et la destination des édifices appelés basiliques dans 
l'antiquité grecque et romaine, et de faire voir comment la 
basilique païenne a été transformée en église chrétenne. 

TROISIÈME QUESTION. 

Faire l'histoire de Fimpôt en Belgique, depuis les temps 
les plus reculés jusqu'à l'invasion française. 

L'académie désire qu'en répondant à cette question, 
on détermine les différentes espèces d'impôts, qui les 
frappait, et quel était le mode de leur perception? 

QUATRIÈME QUESTION. 

Assigner les causes des émigrations allemandes au XIXe 
siècle, et rechercher l'influence exercée par ces émigrations 
sur les mœurs et la condition des habitants de l'Allemagne 
centrale, 

CLASSE DES SCIENCES. 

Sur trois millions d'hectares de terre que renferme la 
Belgique , près de 300,000 sont encore incultes , spéciale- 
ment dans la Campine et les Ardennes. Déjà de nombreu- 
ses expériences ont été faites dans ces provinces où les 
landes abondent. 

Lacadémie demande une dissertation raisonnée sur les 
meilleurs moyens de fertiliser les landes de la Campine et 



( 308 ) 

des Ardmnef , sous le iripie point de vue de la création dé 
forêts, de prairies et de terres arables. 

Le prix de chacune de ces questions sera paiement une 
médaille d'or de la valeur de six cents francs. 

L'académie exige la plus grande exactitude dans les ci- 
tations; à cet effet y les auteurs auront soin d'indiquer les 
éditions et les pages des ouvrages qu'ils citeront. 

Les auteurs ne mettront point leurs noms à leurs ou- 
vrages^ mais seulement une devise, qu'ils répéteront sur 
un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse. On 
n'admettra que des planches manuscrites. Ceux qui se fe- 
ront connaître, de quelque manière que ce soit, ainsi que 
ceux dont les mémoires seront remis après le terme pres- 
crit, seront absolument exclus du concours. 

L'académie croit devoir rappeler aux concurrents que 
dès que les mémoires ont élé soumis à son jugement, ils 
sont déposés dans ses archives, comme étant devenus sa 
propriété , sauf aux intéressés à en faire tirer des copies 
à leurs frais , s'ils le trouvent convenable , en s'adressant 
à cet effet au secrétaire perpétuel. 



RAPPORTS. 

Mémoire sur les tremblements de terre ressentis en France et 
en Belgique y depuis UW siècle jusqu'à nos jours (1845), 
par M. Alexis Perrey , prof, suppl. à la faculté des sciences 
de Dijon. Rapport de M. Quetelet. 

<c L'étude de la physique du globe a fait sratir la nécessite 
d'énuipérer et de classer avec ordre les grands phénomènes 



( 309 ) 

que la nature manifeste de loin en loin, et particulière- 
ment ceux que les sciences d'observation ne peutent repro- 
duire, pour en examiner tous les détails. Il importe alors 
de recueillir soigneusement les documents historiques que 
nous ont laissés nos prédécesseurs; c'est le seul moyen 
que nous ayons pour examiner si ces phénomènes ont des 
similitudes entre eux; s'ils sont influencés par les temps et 
les lieux ; s'ils obéissent à des lois de périodicité; s'il existe 
des rapports de simultanéité entre ceux qui^ pris isolé- 
ment , sembleraient au premier abord ne dépendre d'au- 
cunes causes communes. 

» C'est ainsi que Mairan et quelques autres physiciens , 
dans le dernier siècle, s'occupèrent de la rédaction de catalo- 
gues des aurores boréales ; ces utiles travaux contribuèrent 
à faire reconnaître plusieurs faits importants , et spéciale- 
ment la concomitance qui existe en général entre ces 
phénomènes et les perturbations de l'aiguille magnétique. 

» Chladni, au commencement de ce siècle , rendit éga- 
lement un service aux sciences, en dressant un catalogue 
des chutes d'aérolithes, d'après les historiens de différents 
pays et de différentes époques. Il dissipa les doutes qui 
existaient encore sur plusieurs circonstances remarquables 
relatives à ces phénomènes; et n'eût-il démontré que leur 
réalité, dont on doutait encore, il faudrait lui savoir gré 
de la patience qu'il mit à classer et à discuter tant de docu- 
ments divers. 

» Les succès obtenus par ces premiers essais, ont fait 
sentir le besoin de cataloguer de la même manière tous 
les grands phénomènes de la nature. Malheureusement ces 
travaux sont pénibles, et exigent une grande prudence 
pour ne pas confondre des choses essentiellement diffé- 
rentes, et sur lesquelles lesrécîtsdes anciens observateurs 
laissent souvent beaucoup de vague. 



( 310 ) 

> On conçoit que les iremblemeats de terre mériteniuoe 
place toute spéciale dans de pareilles ënumérations; aussi 
s*est-on occupé depuis longtemps de recueillir les rensei- 
gnements qui les concernent. Ce n'est cependant que de- 
puis le commencement de ce siècle, que Ton a commencé à 
les étudier d'une manière sérieuse. M. Alexis Perrey mé- 
rite, sous ce rapport , d'être particulièrement mentionné. 
Plusieurs de ses mémoires ont été accueillis par l'académie 
royale des sciences avec la bienveillance qu'ils méritent; 
l'auteur s'y est successivement occupé de rechercher leur 
loi de production dans difiérents pays, et il a cru reconnaî- 
tre que les tremblements de terre sont plus fréquents pen- 
dant l'hiver et l'automne. Cependant ce caractère pourrait 
ne pas être général , comme il le trouve lui-même pour 
l'archipel des Antilles. 

» Le mémoire qu'il a soumis à l'académie, ne concerne 
que les tremblements de terre ressentis en France et en 
Belgique, depuis le IV® siècle de l'ère chrétienne. On con- 
çoit qu'un semblable travail n'est point susceptible d'ana- 
lyse, mais il est suivi de remarques où l'auteur discute 
judicieusement les principales conclusions qu'on peut dé- 
duire de ses tableaux. 

» Nous aurions désiré que les sources eussent été citées 
au commencement du mémoire, et que M. Perrey se fût 
borné, dans le texte, à renvoyer à ces sources au moyen de 
lettres conventionnelles pour éviter une prolixité de cita- 
tions, qui fatigue plus ou moins le lecteur. 

» Il parait que M. Perrey n'a pas eu connaissance de 
plusieurs catalogues qui auraient pu lui être fort utiles, et 
notamment l'ouvrage publié par M. Gharles-E.-A. Von Hoff, 
à Gotha, en 1840; cet ouvrage écrit en allemand et inti- 
tulé : Chronique des tremblements de terre, est fait avec 



J 



( 311 ) 
beaucoup de soin et résume fort bien tous les travaux sem- 
blables faits antérieurement. M. Perrey a bien voulu me 
témoigner la confiance de s'en rapporter à moi pour les in- 
tercalations que je jugerais à propos de faire à son travail ; 
mais ces intercalations sont assez nombreuses pour exiger 
le complet remaniement des tableaux, et cette révision ne 
pourrait être faite avec avantage que par Fauteur même. 

1» J'ai en conséquence l'honneur d'inviter l'académie à 
remercier Monsieur Perrey pour son intéressante commu- 
nication , et à l'engager à revoir et à compléter son travail, 
qui figurerait ensuite avec avantage dans le Recueil des mé- 
moires des savants étrangers. > 

Conformément à ces conclusions , auxquelles M. Crabay , 
second commissaire, avait adhéré, l'académie décide que 
des remerciments seront adressés à M. Alexis Perrey. 



RAPPORT DE M. GRAHAY. 

Mémoire sur la cohésion des liquides et sur leur adhérence 
aux corps solides, par M. Donny, préparateur de chimie 
à l'université de Gand. 

- < Plusieurs faits révèlent l'existence de la cohésion dans 
les liquides : la suspension des gouttes aux corps solides, 
la flottaison de corps sur la surface d'un liquide moins 
dense , l'emprisonnement de bulles de gaz au fond d'un 
liquide, l'adhésion de disques à la surface d'un liquide ou 
à d'autres disques avec interposition de liquide , etc., sont 
autant de phénomènes produits directement par l'adhé- 
rence des molécules de liquides entre elles, c'estrà-dire , 
par leur tendance à se maintenir à de certaines distances 



(312 ) 

mutaelles, nécessaires à l'équilibre eatre raitraction mo- 
léculaire et la répulsion due au calorique interposé. Les 
phénomènes capillaires sont également produits par l'at- 
traction que les liquides exercent sur leurs propres par- 
ties , combinée a^ec celle qu'ils éprouvent de la part des 
solides. Mais un fait inconnu jusqu'ici , et que M. Donny 
vient de constater , c'est la grande énergie que montre cette 
force de cohésion lorsque les liquides sont privés de l'air 
absorbé dans leur intérieur. Il semble , d'après ses re- 
cherches, que la facile séparation des gaz d'avec les li- 
quides aide puissamment à la désagrégation que des forces 
extérieures tendent à apporter dans la masse liquide. Une 
des expériences les plus remarquables , parmi celles dé- 
crites dans le mémoire , est celle où l'auteur a pu élever 
jusqu'à 135 d^rés la température de l'eau privée d'air, 
avant qu'il y eût ébullition , et par conséquent où la force 
qui suffit pour produire l'ébuUition du même liquide dans 
les cas ordinaires , a été triplée; d'où il suit que dans l'ex- 
périence citée 9 la cohésion de l'eau a été équivalente à 
deux atmosphères. 

» Toutes les expériences décrites dans le mémoire té- 
moignent de l'habilité de l'auteur. Elles confirment Topi- 
nion très -avantageuse qu'on a eu l'occasion de se former 
de ses connaissances scientifiques par la pompe pneumati- 
que qu'il a imaginée, et qui a figuré à l'exposition des pro- 
duits de l'industrie nationale , en 1841 . 

» Je conclus à ce que l'académie votedes remerciments à 
M. Donny pour la communication de son beau travail , et 
qu'elle ordonne l'insertion du mémoire, soit dans le Bul- 
letin des séances , soit dans le itecueti des mémoires des sa- 
vants étrangers. 

» Cette conclusion , toutefois , ne doit pas être considérée 



j 



( 313 ) 

comme une adhésion de ma part aux vues que Fauteur du 
mémoire croit pouvoir déduire de ses expériences , relative- 
ment à la théorie de l'ébullition. Suivant moi, les nouveaux 
faits mis au jour ne nécessitent pas de modification de 
cette théorie, pas plus que celle-ci n'a eu besoin d'être 
changée par le phénomène de non^bullition que présentent 
les liquides quand ils sont projetés sur des plaques forte- 
ment échauffées. La cohésion du liquide a toujours dû être 
considérée comme un des obstacles qui , ainsi que l'adhé- 
rence aux parois du vase, Tinfluence des matières dissoutes, 
la pression de l'atmosphère, celle du liquide lui-même, 
exigent d'être surmontés pour qu'il y ait ébuUitiou. L'un 
ou l'autre de ces obstacles peut , suivant les circonstances, 
changer d'intensité , sans qu'il en résulte de nécessité de 
modifier la définition ni la théorie de l'ébullition. » 

Conformément aux conclusions de ce rapport et à l'avis 
de M. Plateau, second commissaire, ce mémoire sera in- 
séré dans le Recueil des mémoires des savants étrangers, 

Molusques. — Après avoir entendu ses commissaires , 
MM. Wesmael, Cantraine et Dumortier, l'académie a éga- 
lement ordonné l'impression du mémoire de M. Van Be- 
neden , membre de l'académie , sur l'organisation du genre 
Lagenella et les différents polypes bryozoaires qui habitent 
la côte d'Ostende. 



( 314) 



LECTURES ET COMMUNICATIONS, 



PALÉOGRAPHIE. — HISTOIRE UTTÉRAtRE. 

Publius Victor de regionibus urbis romae. — Petite chro- 
nique d'Italie. — Addition relative à la légende de Josa- 
phat. — Suite des extraits et notices des manuscrits de la 
bibliothèque royale; par le baron de Reiffenberg. 

Dans le dépouillement successif des manuscrits de notre 
grand dépôt littéraire^ j'ai eu plusieurs fois Foccasion de 
donner des extraits du Liber Guidonis (1). J'en tirerai au- 
jourd'hui un traité emprunté à Publius Victor, sur Rome 
ancienne, et une petite chronique d'Italie depuis Héraclius 
jusqu'à l'année 1108, époque peu éloignée de celle où le 
manuscrit qui porte aussi la date de 1119 a été exécuté. 

Le premier se trouve au feuillet 9 verso et la seconde est 
la fin d'une chronique qui commence à la création du 
monde, au verso du feuillet 57. 

Publius Victor , que M. Bergeron ne nomme même pas 
dans son Histoire analytique et critique de la littérature ro- 
maine, a paru en 1568 , chez Henri Etienne, dans le troi- 
sième volume du Corpus historiae romanae scriptorum 
latinorum veterum ; ainsi que dans la collection de Fré- 
déric Sylburg , imprimée à Francfort en 1588. Son opus- 
cule De regionibus urbis Romae ne doit pas être confondu 



(1) Dans les Bulktifu de l'académie et dans Vjénnuaire de la hiblùh- 
thèque royale pour 1844, pp. 99-151. 



( 315 ) 

avec un autre sur le même sujet par un auteur anonyme, 
que Sylburg a mis au jour et que Pancirolle a placé à la 
tête de la notice des dignités de l'empire d'Occident. 
M. Panckouke a eu le bon esprit d'admettre Publius Victor 
dans sa bibliothèque latine, et M.L. Baudet l-a traduit à la 
suite de Pomponius Mêla, de ViMus sequester et d'Aethiçus. 
Paris, 1845, in-8«. 

Guido offre un texte très-différent. Il retranche souvent, 
ajoute par ci par là, transpose les détails, change la phra- 
séologie et varie surtout dans les chiffres. Le copiste est 
loin d'être toujours exact: 

Cette dernière observation s'applique aussi à la petite 
chronique d'Italie qui vient après. 

Quant aux retranchements de Guido, quelques-uns ont 
peut-être été dictés par les changements survenus dans 
Rome, depuis l'époque où Publius Victor a écrit, c'est-à- 
dire depuis Constantin. 

Au moment où j'achève cette notice , je reçois deux 
brochures, nouvelles preuves de l'intérêt qu'inspire au 
monde érudit notre bibliothèque royale. M. Le Noble, 
en examinant avec attention le manuscrit où se trou- 
vent des hymnes inédites d'Abailard , s'est aperçu que la 
lettre qui les précède surpasse en longueur le texte 
publié précédemment, et qu'elle est coupée en trois par- 
ties par les trois divisions adoptées pour les hymnes mê- 
mes (1). En conséquence, il a complété cette épitre et l'a 
fait imprimer dans son entier. De son côté M. L. Lersch 
de Bonn, qui a fait une courte apparition dans no- 
tre établissement , a mis à profit ce peu de moments 

(1 ) Sulietin du bibliophile belge , n» 4 , p. lOS, n» 46. 



(316) 

et a copié dans les manuscrits n^ 10083 et 9172, deux 
textes de Fabius Planeiades Fulgentius, De abstrusis ser- 
monibus, êeu expoiitio sermanum antiqt^orum, qu'il a pu- 
bliés atec tons les éclaircissements et les appendices que 
pouvait lui suggérer son profond savoir (1). 

Incipit liber de origine êiênque et qualitaie Rommnae ufinê. 

Remus et Romulus duo fratres fuerunt et Aooiam sibi civi- 
tatem aedificaverunt» Deinde orta est contentîo inter eos ex 
cujus Domine voearetur dyitas. Exieruntergo in monlem Àd- 
ventinum ut îbi caperent augurium. Deinde a niîlitibus Ro- 
muli interfectus est Remua. Hinc et Roma dicilur a Romnlo 
oonditori {condiiare) suo. 

Inoipit de êeptetn montibus urbis Romae. 

Septem montes urbis Romae : Tarpeius , Esquilinus , Pala- 
tinus j Coelius , Adventinus , Quirînalis , Yimînalis. 

De aquarum ductibue Romam rigantibus, 

Nunc nomina quorum usibus aeteroae urbis aquae formarum 
constructionibus advectae suht , indicemus. 

Claudia inventa est et adducta a Claudio Caesare, 
Marcia inventa est a Marco Agrippa. 
Trajana inventa adductaque est a^Ersyano Auguslo. 
Tepula item a Marco Agrippa inventa, dedncta est. 



(1) Bonn., H.-B. Ktfnig, 1844, in-8» de xxiv et 100 pp. M. Mar- 
chai vient aussi, dans la séance de Tacadémie du 8 mai, de lire une 
notice sur un manuscrit précieux dont j'ai fait Tacquisition à Louyain, 
en 1843, et dont j*ai dit quelques mots dans les BulMim d$ la com- 
mission royale d'histoire , t. VI, p. 40. Je renverrai pour ses conjectures sur 
Pauteur des miniatures à ce que j'ai avancé dans mes Nouveaux souvenirs 
d'Mlemagne, 1 , 58 , etc. 



( 317 ) 

Àlstatina item învenla , perdacta est a Claudio Caesare; 
Alexandrin» inventa perducta est ab Âlexandro. 
Virgo inventa perduclaque ab Agrippa Caesare. 
Drusia inventa perductaque est a Drusio* 

Praeter haec repletar etiam indigents hymphis , quae (quas) 
admiratur virgo. Aenean (^/^eneaa) taliter Italiam dixit : 

Nympbae , genus annibus {omnibus) unde est. 

Incipiunt regiones urhis Romae cum bremariis (breviariis) 

Buis (!)• 

Regio prima. Porta Capena ; ôontinet Aedem Honoris et Vir- 
tutîs(2), Camoenas , Lacum Promethei etVespasiani, Thermas 
Severianas et CommodianaS; Aream Apollinis et Splenis (S) et 
Galles, Vicum Vitiorum (i); Aream Pannariam (S), Mutato- 
rium Gaesarîs, Batneum Volanî (6) et Maraertini; Aream Car- 
sucae (7), BicUvium Abascanii (8) et Antiochianî, Aedem 
Martis et Minervae et Tempestatis, Fulmcn Ammonis (9), 
Arcum divi veri Patricii (10), et divi Trajani et Drusi. 

ViciX, aediculae X, vicomagîstri XL noût (?) curatores H, 
insulae IICCL, domos CXX, horrea XVI, balnea LXXXVII, 
lacus LXXXI, pistrina XX. Continet autem pedes IICCXL (11). 

Regio secunda. Caelio monte ; continet Templum Claudii , 
Macellum Magnum, Lupanarios (12), Antrum Cyclopis, co- 
hortes quinque vigilum , Castra peregrina , Caput Amitae (13) , 
arborem sanctam, Domum Philippi, Victiliana {yictilia- 
nam) (14) , Ludum Matutinum et Gallicum , Spoliarium (15) 
Samarium , Armamentarium , Micam auream. 



(1) Tout ce commencement manque dans le texte de M. Baudet. (2) Vicus 
Honoris et Virtulis. (5) Spei. (4) Vicus Trium Ararum. (5) Area Pinaria. 
Cette leçon est probablement la bonne , il y avait en effet à Rome une famille 
consulaire appelée Pinaria, (6) Bolani. (7) Carsurae. (8) Balineum Abas- 
cantiani.(9)Almo Fluvius. (10) Parthici. (11) XIICCXXII. (12) Lupariae. 
(13) Africae. (14) Domus Vectiliana. (15) Spolium. 

ToM. XI. 23 



^n 



(318) 

Vici VII, aedioulae VU, vicomagistri XLVIII, curatores II, 
insulae 1IIDG , lacu$ LXV, pistrina XV. Continet autem 

pedes flCC (1). 

RsGio TEKTiA. Jsts et Scrapts ; conlinet et Monetam, ampfai- 
theatrum quod capit loca GCLXXXVli (2) , Ludum Magnum et 
Dacium (3), Domum Brtiti (4) praesentis (5), Samitm 
choracum (6), Lacum Pastrorum (pastorum) (7), Scholam 
QuaestoruiD et Caplatorum (8) , Thermas Thicianas (9) et 
Trajanas, Porticuiu Libiae (10), Castra Misenatium. 

Vici XII, aediculae XII, vicomagistri XLVIII, curatores II, 
insulas IIDCCLVII , domos GLX, horrea XVIII, balnea LXXX, 
lacus LXV , pistrîna XVIIII . Continet autem pedes XI I CCCL ( 1 1) • 

Rbgio Q17ARTA. Tetiiplum PacM ; continet Porticum Assidatum 
(cassidatam) (12) , auro (13) Vulcani auream, Bucinum (H), 
Âpollinem Sandalarium, Templum Telluris, Horrea Castra- 
ria(15), Vigilum sororuoi(l6),Colos8um altum pedes CCII (17), 
habens in capite radia(18) VJI,singula peduinXXII(19), Melam 
sudantera, Templum Rémi et Veneris, Âedem Joyis statoris, 
Viam Sacram , Basilicam Constantinianam , Basilicam novam et 
Pauli, Templum Faustinae, Forum Transitorium , Subura, 
Balneum Damphnidis(20). 

Vici VIII, aediculas VI III, vicomagistri XLVIII, curatores II, 
insulas II DCC LVII, domos CXXXVIII, horrea XVIII, balnea LXV, 
lacus LXXXVll , pistrina XV. Continet autem pedes XIII. 

Regio quinta. Esquilia (21) Conturri (22) {cum turri)] 
Lacum Orphei, et Macellum Luvani [macellum Liviani)^ Ni- 
phaeum (Nymphaeum) divi Alexandri, cohortes II (23) vi- 



(1) XIICC. (2) LXXXVII. (3) Ludiis Dacicus. (4) Domus Brylliana. (5) 
Praetura praesenlissima. (6) Samium cboragîum. (7] Lacus pastorîs. (8] Ga- 
pulatorum. (9) TitiCaesaris Augusti. (10) Portions Livia. (11) XII GGGG L. 
(12) Porlicus absidata. (13) Area. (14) Buccina aurea Tel BaccÎDum aureum. 
(15) Ghartaria vel Tastaria aut Testaria. (16) Sororium Tigillum. (1 7) Gentuin 
duo semis. (18) Radios. (19) Singuli viginti duorum semis. (20) Balineam 
Daphuidis. (21) Exquilina. (22) Turrls et coUis Viminalis. (23) Septem. 



(319) 

gilum, Ortos (hortos) Palatianum (I), Herculem Sillanuhi (â), 
Amphiteatrum Gastroose {amphitheatrum castrense) y Campum 
Vimioàlem , Subager (3) {Suhagrum)^ Mînervam mcdicam, 
Isidem patrîciam. 

Yicos XV , aediculas XV , vicomagidtros XL VIII , curatores H , 
ÎDSulas IH D€CCL , domos CLXXX , horrea XXll , balnea LXXV , 
lacus LXXXVIII, pistrioa XV. Gontinet autem pedes XIII (4). 

RsGTo SEXTA. Alta Setnita; continet Templum Salustii (5) et 
Serapis, Templum Florae, GapitoHum antiquum (6), Stastuam 
[statuam) Mamiri (7), Vêla Moris, Templum Dei Quirîni, 
Malani Punicum (8) , Ortos [kortoé) Salustianos , gentem Fla- 
viaih, Thermas Dioclettanus et Gonstantinianae , Decem Ta- 
bernas, Galiianas al bas (9), Aream Gandidî(lO), cohortes IH 
vigilum. 

Yicos XVII, aediculas XVII, vicomagislri (vicomagtstros) 
XLVII, curatores H, insulas III GGG III, domos CXLVIf, 
horrea XVilI , balnea LXXV , lacus LXXII , pistrina XVI. Gon- 
tinet autem pedes XV DCG (11). 

Rseio sEPTiMA. f^ia lata . Gontinet autem Lacum Ganimedis (12), 
cohortes primorum (primarum) vigilum , Arcum novum , Ni- 
phaeum (Nymphaeum) Jovis , Aediculam Gaprariam , Gampum 
Agrippae , Templum Solis et catra {castra) (IS) , Porticum Gip- 
sîani Gonstantini (14) , Templum (templa) duo nova Spei et 
Fortunae , EquosTiridati (13), régis Armeniorum, Forum sua- 
rium , Hortos (hortos) Largianos (16), Mansuetas (17), Lapidem 
Pertusum. 

Vicos XV, aediculas... vicomagislri (vicomagtstros) XLVIIl, 
curatores H, insulas 111 DGGGV, domos GXX, horrea XXV, 
lacus LXXVI , pistrina XVI. Gonlinetautem pedes XV DGC (18), 



(1) Horti Planciant Tel Plantiani. (3) Hercules Sullanus. (3) Snb agg;ere. 
(4) XV XG. (5) Salutis. (6) Yolus. (7) Statua Mamuri plumbea. (8) Malum 
punicum. (9) Ad Galliaas albas. (10) Area Galidii. (11) XY DG. (12) Gany- 
medts. (13) Castra Geutiana aliter Gipsiaua. (14) Porticus Gonstantini. 
(15) Tiridatis. (16) Horti Argiani. (17) Ad Mansuetos. (18) XÎI LXX. 



( 320 ) 

Rfflio ocTATà. Forum romanum magnum; contînet Rosira 1 H 
Gentium populi romani (1), Senalum, aureum equum Cons- 
lantini (2) , Atrium Minervae , Forum Caesaris Augusti , Nervae, 
Trajaui, Templum dîvi Trajani et Columna (coiumnam) Con- 
cidem (S), altam pedum CXXYUI, habeute (kabeniem) inius 
gradua CLXXXY , fenestras XLY, cohortes VI vigilum, Basi- 
Hcam Argentariam, Templum Concidae (4) et Saturni, Um- 
bilicum Romae , Templum Saturni et Vespatiani Tili , Capito- 
lium, Miliarium aureum, Vicum Lugurinum (Ligurinum) (S), 
graeco Stadium, Basiiicam Julîam, Templum Astrorum, Mi- 
nervae et Yestae, Horrea Germanici, alia Agrippiniana , 
aquam cementem llll Scauros sub aede, Antrum Caci, 
Yicum Jugarium , Yicum unguenlarium,PorticumMargarieta- 
rium {^Margaritariam) y Elephantum herbarium (6). 

Yicos XXXIII, aediculas XXXIIII , vicomagistri (pt€oifiiu)rM- 
tro9) XLYIII 9 curatores il, insulas lUCCCC LXXX, domos CXXX, 
horrea XYIII, balnea LXXXY, lacus CXX, pistrina XX. Con- 
tînet autem pedes XÏiii LXYir(7). 

Rbgio roha. Circuê Fiammeuê (8). Contînet stabula IIII , fac- 
tionumYIlI (9), Porticum Filippi , Minuitias II (10), Yeterem 
et Frumentariam , Crîptam Balbi , theatrum în t. 1111 , impri- 
mis Balbi (II), quodcapît locaXIDX (12) , Pompei qnod capit 
loca XXX LXXXYIII, Campum Martis trigarium (IS), Ciconias 
nixas, Panthéon , Basiiicam Neptuni , Màtidies(14)et Marciani; 
Templum dîvi Anlonîi (15) et Columnam Coclidem(16), altam 
pedes CLXXY , habente ( habentem ) gradus intus CCIII (17) 
fenestras LYI; Thermas Alexandrînas et Agrippinas, Porti- 
cum Argonautorum { Argonautarum ) ^ Meleagriscum (18), 



(1) Nostra popuH Romanî. (3) Equus aeneus Constantini. (3) Gochlidem. 
(4) Goncordiae. (5) Vicus Ligurum. (6) Elepbantus berbarias. (7) XII DCCG 
LX. (8) Flaminius. (9) Omittitur. (10) Mimitia seu mioutia. (11) Tbeatnnn 
Balbi. (12) XXX XGY. (13) Campus Martis... Sepla trigaria. (14) Macidii. 
(15) Anlooini. (16) Cocblide. (17)GCyi. (18)Meleagricum. 



( 3âl ) 

Isium (1) et Serapium (2) , Miaervam Chalcidicam , Oivorum 
insula (inêulam). Félidés (S). 

Yicos XXXV, aediculas XXXV, vicomagistri (vicomagisiros) 
XLYIU, curatoresll, insulas H DGCLXXXVHl, domosCXL, 
horrea XXV , balnea LXYI , lacus CXX , pistrina XX ; contioet 
autem pedes XXXI l D (4). 

Regio DECIMA. Palatiunu Gontiaet et Casam Romuli , Aedem 
matris Deum, Apolliais, Samnisi (5), Pentapi liï (6), do- 
mum Augustianam et Tiberianam , Auguratoriam (7) , Aream 
palatî novam , Aedem Jovis victoris , Domum Dionisii , Curia 
( Curiam ) Veterem , Fortunam respicientetn , Sepiizonium 
divi Severi, Yictorîam Germaniciaaam , Lupercal. 

Yicos XX , aediculas XX , vicomagistri ( vicomagistros ) 
XLYIU, curatores H, insulas 11 DGCXLll, domos LXXXYIIII, 
horrea XLYIII^ balnea XLlIli , lacus XG , pistrina XX. Gontinet 
autem pedes XI DX. 

Regio undeciua. Circua maximus qui capît loca GGGLXXXY. 
Gontinet autem templum Solis et Lunae , Aedem matris Deum , 
Jovis arboratoris (arbitratoHs)^ trigeminam, Apollinem coelum 
respicientem , Herculem, Olivarium, Yelabrum (8), Fortu- 
nium (9) , arcum divi Gonstantini* 

Yicos XYIHI, aediculas XYIUI , yicomag. XYIIII, curât. II, 
insulas II DGL, domos LXXXLYIIII , horrea XYI, balnea XY, 
lacus LXXXVHI , pistrina XYIII. Gontinet autem pedes XI D. 

Regio duodecima. Piscina Publica. Gontinet Aream Radica- 
riam, Yiam Novam, Fortunam Mammosam , Fidem Athenoda- 
riam (10), Aedem bonae Deae Subaxanae, Glivium Delfini (II), 
Thermas Antonianas, VU domos Parthorum , Gampum Lana- 
larium, Domum Gilonis (12), cohortes IlII vigilum, Domum 
Garnificis (IS) , Privata Adriani (14). 



(1) Iseum. (2) Serapcum. (3) Insula Pbilidii sive Phelidis. (4) XXX D^ 
(5) Aedes Rhamnusiae. (6) Pentapylon Jovis arbitratoris. (7) Aaguratorium. 
(8) Velabrummajus. (9) Aedes Partumni. (10) Isis Antenodoria. (11) Signum 
Delpbini. (12) Ghilonis. (13) Gornificii. (14; Hadriani. 



( 3â2 ) 

Vicos XVII , vicomagi^tris XLVIll , curaiors II , iosulas 
IlCCGGLXXXVUl , domos GXIII, horrea XX, balnea^LlIll, 
1acu8 LXXXVIIII 9 pistrina XX. Conlînet autem pedes XI. 

Regio TsatiA DECIMA. jéveHtinus. Continet Arnulaslriuin(l), 
Templum Dianae et Minervae , Nynipbaeia, Thârmaa Syras et 
Decianus (/>eciaita«), Doloceum (2) , Privata TrajaDλ Map- 
pum auream Platonis (8) , Horrea Galbae et Anîcelîana , Por- 
ticum Fabarium (iFViAartain) (4), Scala {Scahm) €a8$ei (5), 
forum Pistorium. 

Vicos XXXV, aediculas XXXV, vicoinagîslri XLVIII , curato- 
re5 II , iiisulas II CCGCLXXXVIIi , domos GLXII, borrea XXXY, 
balnea LXIIII , laous LXXXIil, pislrina XX; conUoet autem 
pedes XVIH (6). 

Rgfiio QUARTA DBciMA. TVafif Tibertm, Gonlinel Gaîannm, 
Frigianum , Naumacbias et Vaticanum , Ortos ( hofioê) Domi- 
tianos , Janiculum , Molinas, Balneum Ampelidis , Prîsci, Dia- 
nae , Statuam Valerianam , cohortem (cohortes) VII vigUum , 
Capud (capui) Gorgonis , Fortis Fortunae , Goriariam Septi- 
manam (7) , Herculem Gubantem , Gampum Brutianum (8) 
et Godetanum , Ortos ( hortoê ) Gerae (9) , Castra Lectica- 
riorum. 

Vicos LXXXVIIII, aediculas LXXXVIII, yicomagistri (vico- 
magiêtro$ XLVIIU , curatores III , insulas IIII CGGGV, domos 
et borrea XXII , balnea LXXXV, lacus GLXXX, pistrina XXIlIIy 
continet autem pedes XXXIII GGGGXXXVIII (10). 

Bibliothecas totius Romae urbis publicae TÎginti qua- 
tuor (II). 

Abeliscos (oMiscos) totius Romae urbis VI ; in lireo maximo 
duos, minor babet pedes LXXXVIII (lâ); major vero pedes 



(1) Yicus Armilustri. (2) Doliolum. (5} Mappa aurea, Platanon. (4) Fa- 
braria. (5) Scbola Ca ssii. ( 6) XYI CG. (7) Area Septimiana. (8) GampusBrut- 
UDU8.(9)Getae.K10)XXX CGCG LXXYIII. (11) Undetrigiota (XXIX). 
{\^)Jdde semis. 



( 328 ) 

GXXII (1); ÎQ YaticaQo unum altum pedesLXXII, ia €ampo 
Martio unum altum pedes LXXIl, in mau.solaeo Augusti U altos 
sîngulos pedes XLIII (2) . 

(Fjontes octOy iElius, iEmilius, Aurelius, Tarpeius, Pala- 
tinus , Esquilinus , Yaticanus , Janiculerisîs (Janicuhris)' 

(G)anipi octo , Vimioates , Agrippae , Martis , Codetanus^ 
OctaYÎus, Pecuarius, Laaataris (S) (Lanatarius), Bruma- 
nus (4).. 

(F)ori undecim , Romanum, Magnum (5), Gaesarîs, Au-» 
gusti, Nervae, Trajanî Athenobardi (y^henobardi) (6), Boa- 
rium, Pistorum , Gallorum, Rusticorum» 

(B)a8Îlicae decem (7) , Julîa , Ulpia , Pauli , Vestiaria (8) ^ 
Neptuni (9), Matidies (10), Martianes (11), Vascellaria (là), 
Foscellaria (13) , Constantiniana. 

(T)hermae decem (14), Trajanae, Ttcianae, Agrippianae^ 
Sirîanae (16)^ Commodianae, Severianae, Antonîanae (16)^ 
Alexandrinae , Dioclitianae (Dioeîetianae) et Decianae , Gons- 
tantinianae. 

De aquis quae XVIIl (17), Trajana, Annîa, Attica, Mar- 
tia, Claudia , Herculea (18) , Cerulea , Julia, Augustea, Ap- 
pia, Algentiana , Giminia , Sabatina (19), Aurélia, Dannata 
(Dumnaia) , Virgo , Tepula , Severiana , Antoniana , Alexan- 
drina. 

De vit» quae XXVllI (20) , Trajana , Appia , Latina , Lavi- 
cana(âl), Praenestrina (Praenestina) , Tiburtina , Salaria, 
Numentana (32) , Flamminea , i£milia , Glaudia , Yaleria , 
Annia , Auleria , Campana , Ostiensis Laurentina , Ardeatina , 
Setina , Tiberina , Quintia , Cassia , Gallica , Gornelia , Trium-- 
pbalis , Patinaria , Asinaria , Giminia. 

(1) GXXXII. (2) XLII semis. (5) LaDalarius. (4) BruUanus. (5) Roma- 
Qum, qnoddicitur Mag^num. (6) Âenobarbi. (7) Undecim. (8) Vestini. (9) Nep- 
tumnii. (lO)Macidii. (11) Martiana. (là) Yastellaria. (13) Floselli. (14) Duo- 
decim. (15) Syriacae. (16) Antoninianae. (17) Viginti. (18) Uerculanea* 
(19) Sabbatina. (30) Viginti novem. (31) Labicana. (33) Nomentana. 



( 324 ) 

Horum breviarium, Capilolia duo , circi duo, aophitfaeft- 
trum (amphitheatra) II, collossi [sic) H, colunnae [columnae), 
cocUdes (1) H, maceUi (2) II, theatrum [theatra) il (3), 

ludi IIII (4), maumachial (5) nymphaea XI, equi 

XXII (6) , Dei aurei LXXX , ebumeî LXIlir (7), arcus mar- 
morei XXXIIH (8) , aediculae CCCXXIIII, vicomag. DCLXXUI, 
curatores XXYIIII, insulae per totam urbemXLYI milia sexoen- 
tae duae , domas mille septrigentac LXXXXYII , hoirea 
CGLXXXXI. 

Balnea DCCGGLYI , lacus I , puteos CCCLIII , officinae pis- 
toriae CCLIIII, lupanaria XL Y, latrinae publieae CXLIIII, co- 
hortes praetoriae duae (9), urbanae quatuor, vigilum YII (10), 
similiter XXII quorum (quarum) sunt excubitoria XIIII , vexîlla 
comunia (communia) II, castra equitum singulariornm (1 1) II, 
peregrinorum , Misenatium , Ravenatium , tabelliorum (13) , 
lectio cariorum (13) , victimariorum , sulicariorum , mensae 
olearîaeÏÏCCC(U). 

II. 

Ilaliae chroniçon abHerucleonadej ann. 641 , ad an» 1108. 

Heraclonas (Heracleonas) cum matre sua Martina II. Sergîus et 
Plrrus episcopi Acesalorum heresim instaurandum (instauran- 
dam) unam operationem in Christo , diviaitatis et humanitatis 
una, volunt adfirmare contra Theodorum, episcopum Romae. 

Constantinus , filius Eracliî mens. YII sequitur. 

Constantinus , filius Constantini. Hic decaptus a Pauto sicut 
Eraclius, avus ejus, una et Martinus papa congregavit multos 
episcopos. Subanathematizavit illas hereses. 

Constantinus, filius Constantini superioris régis* Saraceni 



(1) Gochlides. (^) Macella. (5) Tria. (4) Quinque. (5) Quinque. (6) Equi 
aeoei inaurati XXIV. (7) Equi eburnei XCIV. (8) XXXVI. (9) Decem. 
(10)Sex.(H)Singulopum.(12)TabeIIariorum.(13)Leclicariorum.(14)XXIV. 



( 3â5 ) 

Siciliam invadunt et cum spoliis multis recedunt , anno Domini 
DCLXXXV. indict. XIII. 

Justinianus minor, fîlius Gonstantini. Saxorum (?) doctor 
Gutbertus. Liberius imperator. 

Gisulfus , dux LaDgobardorum Beneventi Campaniam igné et 
gladio et captivitate vastavit cumque non erat qui ejus impe- 
tui resisteret , Johannes papa multos redemit. 

Aripertus , rex Langobardorum , multas donationes ad ec- 
clesias sedis apostolicae concessit. 

Justinianus secundo cum Tiberio fîlio ann. VU. Gonstanti- 
nu&; episcopus Romae, quem ille ad se fecit venire, cum ho- 
nore suscepit ac dimisit. 

Philippus primus. Hic ejectum de pontificato (sic) eumque 
abbatem fecit sui monasterii. 

Ânastasius tertius. Hic Philippi cum (Philippum) captum 
oculis privavit. 

Luiprandus (sic) , rex Longobardorum et Karolus , rex Fran-- 
corum. 

Theodosius imperator primus. Hic Ânastasium in belio vicit 
et presbyterum eum fecit. 

Léo imperator. Saraceni cum inmensu (immenso) exercitu 
Constantinopoli [Constantinopolim) venerunt. Tresannoscivita- 
tem obsidentes abscesserunt. Vulgarorum (^u/j^arortim) gens, 
quae est super Danubium, belio (?) etinde victa (victi) refugiunt. 

Luidprandus, rex Langobardorum^ audiens quia Saraceni 
depopulassent Sardiniam*, misit et tulit ossa Augustini epis- 
copi et transtulit ea cum honore in Papiam civitatem. 

Indic, Fini, In nomine Dni nosêri Jhu Christi, Dei aetemi 

anno ah incarn. ejus DCXXXF, 

Rotharis rex regnavit ann. XVI et menses très. 

Rodoaldus rex. Fiiius ejus regnavit ann. XV et dies VIII. 
Anni Dni DCLXVI, indic. VIIII, quando obiit. 

Godopertus, fîlius ejus, regnavit ann. I et mcnsibus III. 
Anni Dni DCLXVII, indic. XI, quando obiit. 



( 326 ) 

Grimualdus regnavit aon* YIIIL Ann. DniDCLXXVI, indic. 
un , quando obiil. 

Garipaldus, Clius eju8 regnavit mensibus HI. 

Pertbarit regnavit ann. X. Ann. Dni DGLXXXV indic. XllII, 
quando obiit* 

Gunipert 9 filius ejus, regnavit ann. III. Cum pâtre suo postea 
regnavit ann. XII. Ann. Dni DGXLVI, indic. XIIII, quando obiil. 

Liutpert, filius Gunipert, regnavit ann. II. Ann. Dni DCXG 
VIII indic. I, quando obiit. 

Aripertus, filius Ragiperti, regnavit ann. Xd. Ann. Dmini 
DGGXII, indic. XIIII quando obiit. 

Johannes papa. Apud Graecos Justinianus imperator re- 
gnabat. 

Insiprand regnavit menses III. 

Liutprand, ejus filius, regnavit ann. XXXIII. Ann. Dni 
DGGXLIIl indic. XI quando obiit. Gregorius papa. Apud Grae- 
cos Anastasius papa regnabat. 

Ilprald regnavit menses YIII. 

Rachis, filius Ammoni, regnavit ann. V. Anni Dni DGG 
XYIII , indic. 1 , quando obiit. Zacbarias pp. temporibus 
Leonis et Gonstantini imperatorum. 

Aistulfus , frater ejus , regnavit ann. YIII. Ann. Dni DGGLY, 
indic. YIII , quando obiit. Stephanus papa et apud Graecos 
Gonstantinus secundus regnebat. 

« Donnus (Domtnus) Pipinus venit, Longobardiam coegit 
eum (ad suum) jusjurandum. £rat namque indic. VII, ann. 
DniDCGLYl. 

Desiderius regnavit ann. XYIF. Adrianus papa. 

Tune Karolus ejecit eum de regno. Erat namque indic. XI , 
et Italiam suo subjugavit imperio (1). 

Causa fuit bellis quia papae facta rebellis , 
Perdunt Longobardi {sic), capiuntdîademataGalli. 

(1 ) Eu marge se trouve une tour créuclée sur laquelle est écrit , Ravenna. 



J 



( 327 ) 

Ann. Dni DGCLXXUl. 

Karolus magnus imperator regnavit in Longobardia aan. 
XXXIII et in Francia regnavit ann. V. Ântea , ann. Dni DGCCVI 
indic. XIIH. 

Pipinus, filins ejus, regnavit ann. VII et in Francia antea 
ann. XXV. Ann. Dni CCCXIII , indic. VI. 

Lodovicus, fiUus ejusdem Karoli , regnavit ann. VIIII. Ann. 
Dni DCCCXII, indic. XIIII. 

Lotbarius imperator regnavit ann. XXVIIf. Ann. Dni DCCCL, 
indie. XlII. 

Lodoicus {sic) junior regnavit ann. XXV et in XXVÏ obiit , 
ann. Dni DGCG, LXXVII, indictioneX. 

Karolus de Francia regnavit ann. II. Ann. Dni DGGG 

LXXXIÏII (LXXIX), indic. XII. 

Karolus Magnus regnavit ann. Dni DCCGLXXXI, indictione 
XIIII. 

Karolus , frater ejus, divina favente clementia, regnavit ann. 
VIIII; antequum coronatus est Romae ann. 11 etpost quam se 
coronavit regnavit ann. Vil. 

Anni (anno) Domni Berengarii et Widonis regnum (regutn) 
primo, XII kal. april. in nocte parascevae luna XIIII obscurata 
est in modum sanguinis. Anni Dni DGGG LXXXVIII , indic. VI. 

Regnavit ipse Berengarius cum Guidone et Lamberto , ûlius 
(filio) Guidonis an. XXVIII antequam coronatus fuisset, et 
postea regnavit ann. VIII. 

Rodulfusrex regnavit in Longobardia ann. III. Ann. DGGGG 
XXVI , indic. XIIII. 

Erectus fuit Ugo ad regem II non. Julii et regnavit ann. XXI. 
Anno praedicti Ugonis régis V, indic. IIIl , VI id. April. eleclus 
fuit Lotharius , filius ejus , ad regem , et regnavit ipse Lotha- 
rius ann. XVIIH et in XX obiit et erat indictione V, ann. DGGGG 
XLVII; kal. Jan. eadem indic. V. 

Electusfuit Berengarius et Adalbertus , filius ejus, ad regem 
et regnaverunt insimul ann. XI. 



( 3f 8 ) 

Dum Franci, lamentabantur Romanis, ipsi sic responde- 
runt : 

Gallinae facli nobiscum plangite ; Gallî , 

Nos patriam tolam , tos dentam (demptam) flete coromam (1). 

• 
Octo (OUo) vero rex Romam perrexît ibique coronam acci- 

piens totam Italîam suo subjugavit imperio , anno Dnîcae incar- 

nationis DCGGC LXl , îndic. 1111 ; et post ipsemet Otto magous 

imperatorregnarecoepit et regnavitann. XI; in XII ann. Dnicae 

incarnationis DGGGCLXXII, indict. Xfll. Hoc anno obiitOlto 

magnus imperator. 

Et Otto secundus regnare coepit et regnavit ann. X[ ; in Xll 
obiity anno Dnicae incarnationis DGGGG LXXXIII, indic. XI, 
hoc anno secundus obiit. 

Et Otto tertius, filius ejus^ regnare coepit et regnavit ann. 
XYini ; in XX obiit. Signum Domini Ottonis serenissimi Caesaris. 
Signum Donni (Domni) Ottonis fîlii ejus piissimi régis (2). 

Anno Dnicae incarnationis MXIY^ indic. XI. 

Henrigus (Henricus) imperator coepit regnare in Ilalia et 
regnavit ann. Xlill; in quinto decimo obiit, anno Dnicae in- 
carnationis MXXVIII, indic. XI. 

Gurradus ^Cunradus) imperator coepit regnare in Italia et 
regnavit ann. XVIIII , in XX obiit anno Dnicae incarnationis 
MXLVII, indic. XV. 

Henrigus imperator regnare coepit in Italia et regnavit annos 
YIIII , in decimo obiit anno Dnicae incarnationis MLVI , iQ' 
dictione Vllll. 

Henrigus imperator , filius Henrici , coepit regnare in Italia 
et regnavit annos quinquaginta et unum ; in quinquagesimo 
secundo obiit, anno Dnicae incarnationis MGVIII , indic. XV. 



(1) Jnn. delabibl. royale pour 1844, p. 109. 

(3} GVst la formule qui termine les diplômes de ces princes. 



( 329 ) 

III. 

Eq récherchant les rapports de la légende de Josaphat 
avecla poésie romane (1), j*ai mentionné, entre autres, un 
texte en vers français , celui de Gui de Cambray , vu peut- 
être par M. Buchon au Mont-Cassin. M. Francisque Michel , 
en décrivant le manuscrit Cottonien Caligula, A, IX, 
donne l'extrait d'un autre texte , par le trouvère anglo- 
normand Chardri , texte que j'ai déjà cité d'après le même 
savant , mais sans dire que M. Francisque Michel en a pu- 
blié deux fragments d'une certaine étendue, dans un autre 
travail littéraire (2). 

2. Ici commence la vie de saint Josaphaz fol. 192 i^. 

Ki vout à nul bien aentendre 
Par essample poet mult aprendre 
A (Ireite veie de salu.... 

Ce poème finit au fol. 213 recto : 

Ici finit la bone vie 

De Josaphaz , le duz enfant. 

 cens ki furent escutant 

Mande Chardri saluz «ans fin 

Et au vespre et au matin. Amen (5). 

L'abbé de La Rue, qui consacre une notice à Chardri , 
ou Chardry , remarque aussi que Gui de Cambray, trouvère 
français , a mis en vers la vie de Barlaam et de Josaphat. 
« C'est lui, dit-il, qui nous apprend que cet ouvrage est 



(1) T. X de ces Bulletin8 , n« 10. 

(â) Documents inédits sur Vhist. d& France. Rapports au Ministre. 
Paris , 1831 , in-4% pp. 186-190. 
(3) Bibl. duRoi,n'*7595. 



( 330 ) 

de saint JeaaDainascène, et qu'il avait été porté en France 
par Jean, doyen de la cathédrale d'Arras (1). 

L'abbé de La Rue s'autorise du témoignage de Huet 
(Traité de Varigine des romans) et de Baillet {Vie des Saints, 
vol. III, 27 nov.) pour révoquer en doute la légende de 
Barlaam et de Josapbat, suspicion qui s'établit suflBsam- 
ment d'elle-même. Il ajoute que longtemps avant ces hom- 
mes érudits, Pierre Alphonse 9 dans son ouvrage intitulé* 
Disciplina Clericalis , et Boccace, dans son Décaméran , ont 
placé sous d'autres noms, parmi leurs contes, l'histoire de 
Barlaam et de Josaphat, et que le premier de ces auteurs 
confesse qu'il avait pris cette prétendue histoire parmi les 
contes des Arabes. 



Notice sur l'étude de la langue grecque dans Vempire des 
Carlovingiens , et sur la miniature grecque d'un évangé- 
liaire latin, transcrit en Allemagne, pendant le second tiers 
du IX"* siècle; par M. Marchai. 

Ce précieux et magnifique manuscrit, acheté en i843, 
est coté 18723 de l'inventaire général , au catalogue de l'an- 
cienne bibliothèque royale de Bourgogne; il est classé au 
répertoire de ce catalogue , titre troisième, chapitre pre- 
mier , troisième division , parmi les évangiles en langue 
latine, page 109, etc. 

Sur la première garde est attachée une note de M. Mone , 
l'un des érudits d'Allemagne qui connaît le mieux les ma- 
nuscrits de l'ancienne bibliothèque de Bourgogne; M. Mone 



<1) Essais histor, sur les Bardes, les Jongleurs et les Trouvères , UI , 
127-150. 



(331 ) 

y fait remarquer que le texte doit être d'environ Tannée 
840, et que desglosses intercalaires très-anciennes, en lan- 
gue allemande, augmentent le prix de cet ouvrage. Insimt 
autem glossae germanicae, quae ium obpriseum sermanem, 
tum obraritatem, praecipm opus hocce sane praestaniissi" 
mum reddunt. Telles sont ses expressions. 

Une annolatiou, d*une écriture du XV« siècle, au feuillet 
initial , porte ces mots : In sacrario S^ Vietoris, ecdesiae 
Xanthmsis. Je n^ai pu m'assurer s'il y a entre autres un 
indice de cet évangile à la BiUiotheca bibHothecarum de 
Montfaucon. 

Nous allons examiner ce manuscrit sous d'autres rap^ 
ports que ses glosses germaniques. L'écriture, comme nous 
le démontrerons à la conclusion de cette notice , est du 
second tiers du IX^ siècle. L'opinion , d'ailleurs prépondé- 
rante, de M.Mone est fondée. Ce volume fut transcrit vers 
le temps où Lothaire, fils de Louis le débonnaire, était 
empereur , où Charles le Chauve était roi de la France 
occidentale et où Louis le Germanique était roi de la 
France orientale. Ce volume est-il sorti de l'école grecque 
et latine d'Osnabrug, de l'école mère établie à Fulde, ou 
de celle de CorweydeSaxe (la nouvelle Corbie), toutes trois 
également florissantes pendant le IX* siècle? Je l'ignore. 
S'il ne provient pas d'une de ces écoles, c'est du moins l'ou- 
vrage d'un calligraphe libraire, élevé selon leurs principes. 
Est-il transcrit d'après un texte très-ancien des évangiles, 
qui fut apporté à Echternach, dans l'Ardenne allemande, 
par saint Willibrord? C'est ce que je présumerai plus loin. 
Mais il n'y a point de doute que sa transcription et sa 
principale miniature ne soient d'un temps peu éloigné de 
l'époque où les nations germaniques furent totalement 
converties au christianisme. Cette époque est en synchro- 



( 33â ) 

nisme avec le commencement de la renaissance des études 
littéraires et des beaux-arts en Occident , après la longue 
torpeur de Tintelligence humaine sous la dynastie des Mé- 
rovingiens. Notre opinion sur cette époque est expliquée 
plus amplement à Thistoire imprimée de la bibliothèque 
de Bourgogne. 

Cest au règne de Charlemagne que Ton voit sortir os- 
tensiblement et avec splendeur^ Tceuvre de la renaissance. 
Alors lamarcbede Tintelligence humaine est redeyenue pro- 
gressive. Cest depuis Charlemagne , sans interruption jus- 
qu'à nos jours, que de génération en génération, de siècle 
en siècle, le domaine conquis par Tintelligence humaine 
s'est agrandi , comme l'atteste le nombre qui n'a pas cessé 
de s'accroitredes illustrations littéraires, scientifiques et ar- 
tistiques, illustrations qui se sont continuellement succédé. 

On doit cependant faire une remarque peu connue, c'est 
qu'avant que le dernier des Mérovingiens eût été séquestré 
dans un cloître , deux maires du palais , nés en Belgique et 
propriétaires terriens d'une partie considérable du sol de 
nos contrées. Pépin deHerstalet surtout le grand Charles 
Martel, son fils, avaient préparé le réveil de l'intelligence, 
qui eut lieu pendant les jours glorieux de Charlemagne : 
on s'en aperçoit par les hommes de capacité dont ils se sont 
entourés. C'est ainsi, mais dans des circonstances fort 
différentes , que Richelieu fut le précurseur du grand roi. 

Je viens de dire que cette remarque est peu connue , 
parce que les chroniqueurs et les autres écrivains du YIII'' 
siècle et même du IX"", étant généralement des personnes 
de l'ordre du clergé, ont fait ressortir principalement les 
ouvres pieuses de ceux qui gouv^naient la France. 

Pour mieux constater le mérite de l'évangéliaire manus- 
crit n"* 18723^ sorti du scriptorium d'une des librairies 



j 



( 333 ) 

germaniques, nous devons exposer quelques considérations 
sur la supériorité de l'état social du IX^ siècle en Germanie^ 
comparé au YIIP. C'était le résultat des moyens employés 
pour la propagation du christianisme chez les Germains 
dits transrhénans, relativement à la Gaule, et par l'éta- 
blissement et la très-prompte prospérité des écoles germa- 
niques. Les progrès des études, dans cette contrée, furent 
inhérents au progrès de la calligraphie, objet de cette notice. 
On sait que pendant les derniers temps de la mairie de 
Pépin de Herstal et pendant la mairie tout entière de Charles 
Martel, deux insulaires de la Bretagne, saint Wiilibrord, et 
quelques années plus tard, saint Boniface, l'un et l'autre 
d'une naissance distinguée, et très-profondément instruits 
dans toutes les études profanes de leur siècle, vinrent en 
Belgique, passèrent le Wahal et le Rhin, et travaillèrent à la 
conversion totale des nations de la Frise , de la Thuringe , 
de la Bavière, etc. La postérité récompensa leur zèle infa- 
tigable, par leur canonisation. 

Mais si le but de* leur apostolat était la propagation de 
la foi, ils reconnurent que dans les cloîtres qu'ils fondèrent, 
il fallait instituer des établissements littéraires pour amé- 
liorer l'état social des néophites. Ils furent encouragés dans 
cette entreprise par les maires du palais; ceux-ci prévoyaient 
que les études profanes pouvaient contribuer à soumettre 
à la domination française, tous les peuples de la Germanie. 
Vers ce même temps où l'on travaillait à la civilisa- 
tion de la Germanie, les relations avec le chef de l'élise 
romaine, et par conséquent avec l'artistique Italie, deve- 
naient plus fréquentes : elles étaient motivées sur un intérêt 
réciproque. Avant ce temps, comme on le voit surtout par 
le Registrum, ou correspondance du pape saint Gr^oire 
le Grand, à la fin du YP siècle , avec la reine Brunehault et 
ToM. XI. 24 



(334) 

les évoques de l'église gallicane, il n*y avait eu que des rela- 
tions d'intérêts spirituels. On s'était occupé uniquement du 
maintien de la pureté de foi. Mais il y eut d'autres intérêts 
au pontificat de Grégoire II , qui commence en Tannée 7i5; 
le roi de Lombardie employait tous les moyens pour s'em- 
parer de la ville de Rome , tandis que l'exarque de Ravenne , 
Tempereur d'Orient , son souverain et le patriarche de Con- 
stantinople, c'est-à-dire de la nouvelleRome, tourmentaient 
par une politique iconoclaste, hostile et souvent violente, 
le chef de l'église, qui résidait dans Tancienne et véritable 
Rome. Les fureurs de l'empereur Léon l'Isaurien avaient 
rendu cette position insupportable : invoquer le secours des 
maires du palais, en-deçà des Alpes, devenait indispensable. 

Les deux apôtres des peuples d'au delà du Wahal et du 
Rhin avaient reçu là consécration épiscopale du souverain 
pontife, dans Rome : saint Willibrord, vers l'année 695 , par 
le papeSergius I, saint Boniface, en 723, par le pape Gré- 
goire Il , dont non&venonsjcle parler. Grégoire II avait déjà 
envoyé en Germanie saint Corbinien r natif de Chartres , 
qui fut le premier évêque de Freisingea, en Bavière (voir 
les Bollandistes : 8 septembris). Il avait eu peu de succès. 

On sait que saint Willibrord séjourna principalement 
à Utrecht , et que saint Boniface résidait vers II. fin de ses 
jours à Mayence. 

Quoique l'histoire n'ait conservé que peu de renseigne- 
ments sur les travaux de ces deux apôtres , en ce Qui con- 
cerne les études littéraires, on ne peut cependant douter 
qu'ils en aient fait un grand usage. < Ce sont leur^ élèves, 
1» disent les auteurs de YHistoire littéraire de France (f^ IV, 
» p. 222) , qui ayant adouci la férocité d'une grande pari 
» des anciens Belges, des Germains, des Frisons, l 
j» firent préférer l'amour des lettres à leur barbarie, e71(le 



j 



( 335 ) 

^ christiaDisrae à l'idolâtrie et aux superstitions païennes.» 
Qu'il me soit permis d'ajouter une conjecture. Saint WiU 
iibrord et saint Boniface, instruits des connaissances del'an- 
tiquité classique , comme nous l'avons démontré ci-dessus, 
ont vu les chefs-d'œuvre de la ville qu'Ammien Marcellin , 
auteur païen , quatre sièdes avant eux, avait appelé la ville 
éternelle. Ces monuments et les écrits de cette même an- 
tiquité classique, dans la ville où ils furent en grande partie 
rédigés , doivent avoir agrandi le génie de ces deux apôtres 
de la foi. C'est le résultat de l'admiration que cette reine 
des cités , jadis maîtresse de tous les états du monde ci- 
vilisé, a toujours inspirée aux hommes de génie qui l'ont 
visitée , quelle que soit la différence de leurs professions* 

Saint Willibrord mourut en 758 ou 741, exerçant l'apos- 
tolat depuis cinquante années. Selon une chronique d'Ech- 
ternach, qui est en la bibliothèque de Bourgogne, il avait 
fondé l'abbaye d'Ëchternach ayant le dessein , disent Mar- 
tène et Durand, dans leur Voyage littéraire de il VI ^ p. 297, 
<c d'y élever des missionnaires qui pussent le seconder 
» dans ses travaux apostoliques. » Les mêmes voyageurs 
diplomatistes font connaître que, selon toute probabilité, 
saint Willibrord y avait apporté de l'ile de Bretagne , sa pa- 
trie, un évangéliaire écrit en lettres anglo-saxonnes et corri- 
gé , à ce qu'on prétend , sur l'original même de saint Jérôme. 
Le texte porte pour l'explicit : Indictione VIpost consulatum 
Basilii VC anno décimo septimo. Cette date doit correspon- 
dre à l'année «^59, car le consulat de Basilius, selon lesfiistes 
consulaires, est terminé avec Tannée 54â. L'indiction 
sixième correspond à 55f dans les tables chronologiques. 
Si ce texte est encore aujourd'hui réputé pour le plus au- 
thentique, à plus forte raison il devait l'être au IX^ siècle. 
Il aura donc servi, soit en original , soit par une copie, à 



y 



( 336 ) 

la transcription de Tévangéliaire 18723, qui est Fobjet de 
cette notice. 

Revenons à saint Boniface. Il avait fait un nouveau voyage 
à Rome en 732 ; le pape Grégoire III , qui venait de succé- 
der à Grégoire II , Fautorisa d'établir des évêchés en Ger- 
manie , comme on peut s'en convaincre par le texte de 
ses agiographes au 14 mai. 

En conséquence, il fonda les sièges de Wurtzboui^, 
d'Eichstàdt, d'Erfurt. On sait qu'en 752, il conféra Fonction 
royale à Pépin le Bref. Cette solennité, comme le font ob- 
server les auteurs de Y Art de vérifier les dates , n'était pas 
une innovation. Pipinus , secundum morem framgorum, 
electus est ad regem et unctus, dit Réginon, cité par Dom 
Bouquet, V, 33. C'était incontestablement une preuve de 
la haute faveur dont jouissait saint Boniface dans les deux 
cours de Rome et de France. On ignore quelle participa- 
lion politique il eut à cette grande et paisible révolution, 
qui investit les Carlovingiens du titre de roi. 

Six années auparavant, c'est-à-dire en 746, il avait in- 
stitué Fabbaye de Fulde. Ce monastère devint bientôt célè- 
bre par une école littéraire qu'il y fonda, et qui parait être 
la plus ancienne de la Germanie. La prospérité de cette 
école s'accrut considérablement au IX'' siècle. Cette œuvre 
immortelle du saint apôtre , qui était également homme d'é- 
tat et de lettres, sous la protection du prince , est la preuve 
que le prince connaissait l'avantage que la religion pouvait 
procurer pour la civilisation et l'industrie. Ne dit-on pas 
vulgairement que les abbayes de Belgique, y ont donné 
l'élan à l'agriculture de cette terre classique de Féconomie 
rurale? 

Le témoignage des auteurs de YHistoire littéraire de 
France (t. IV) , vient à Fappui de ce que j'ai avancé en ce 



■J 



( 337 ) 

qui concerne l'école de Fulde. Les voyageurs diplomatistes 
Mabillon et Lannoy le disent aussi dans leur lier germa- 
nicum^ chapitre VIII , p. 40. Sctiola Fuldensis , quo nullum 
fuit in Germania celebrius. Ils disent un peu plus loin : Erat- 
que laus et memoria Fuldensium monachorum apud impe- 
ratares, reges et principes magnopretio, non solum propter 
sanctitatem vitae, sed etiam propter incomparabilem scien- 
tiam litterarum, quâ Fuldenses monachi, eo tempore, prae 
coieteris multum dicebantur erudili. 

Environ quatre ans après que Charlemagne eut été pro- 
clamé empereur d'Occident, une autre école littéraire 
s'établissait par les soins de ce prince qui fondait un évéché 
et une autre colonie religieuse germanique, à Osnabrug. 
L'on y était dans l'obligation d'y enseigner également les 
deux littératures grecque et latine. Cette innovation est re- 
marquable, quoique sous les Mérovingiens la langue grec- 
que, importée dans les Gaules par l'antique influence com- 
merciale des Marseillais, ne fût pas encore oubliée dans les 
contrées méridionales jusqu'à Lyon. Il y a des preuves 
nombreuses de ce que j'avance chez les Bollandistes. Le texte 
du capitulaire impérial de l'institution de l'évôché avec la 
double école d'Osnabrug a pour objet d'y former des hom- 
mes capables d'avoir des relations avec l'empire de Byzance, 
dont la frontière louchait à celle de l'empire Carlovingien. 
Voici la remarque d'Albert CranUius, qui se trouve dans 
l'itinéraire de Mabillon et Lannoy (pag. 44) : Ut muUo mer- 
caretur, habuisse tune se viros linguae graecae gnaros, quos 
Carolus Magnus opponeret legationi , quae ei tune venerat 
ex Constantinopoli , ab Irène ^ regina et Nicephoro, patricio. 

Voici le texte même du capitulaire impérial qui sert de 
corollaire à toutes ces preuves. Et hoc ea de causa statuimus 
quod in eodem loco Graecas et Latinas scholas , inperpetuum 



( 338 ) 

manere ordinammus , et nunquam clercs utriusque linguae 
gnaros ibidem déesse confidimus. Datum i5 Cal. Jan. anno 
IV, Imperii nostri, XXXVII regni noslri iû Francia , atque 
XXXI in Italia.Âctumiapalatio Aquisgrani. (VoirBaluzios^ 
Capitularia Begium Francorum, p. 418.) 

Remarquons accessoirement que ce même empereur 
n'encourageait pas seulement la propagation des études 
grecques pour les relations extérieures de son empire, 
mais il encouragea aussi Tétude de la langue teutonique 
ftheodisca lingtAa) pour soumettre la Saxe. 

J'en ai autrefois donné plusieurs preuves dans des mé- 
moires qui ont été imprimés en 1819, à Bruxelles, au jour- 
nal littéraire intitulé : Le Mercure Belge. C'est dans ces 
mémoires que j'ai démontré, le premier, l'usage non inter- 
rompu des idiomes rustiques, tant wallons que flamands, 
depuis des temps antérieurs à la domination romaine jus- 
qu'à nos jours, contrairement à l'idée vulgairement répan- 
due d'une langue celtique imaginaire. 

J'y ai établi, en désignant les localités, la ligne antique 
de séparation des deux idiomes, le wallon et le flamand, 
presque dans les mêmes limites où cette séparation existe 
encore actuellement, depuis Dunkerque et Gravelines jus- 
qu'à Maestricht , et Aix-la-Chapelle d'un côté: depuis Calais 
jusqu'à Hervé de l'autre. Plusieurs écrivains, d'après mon 
travail , ont eu la confiance d'adopter mon opinion depuis 
Tannée 1819, que ces mémoires ont été publiés. 

Sous l'empire de Louis le Débonnaire une troisième 
école littéraire devint la rivale de Fulde et d'Osnabrag par 
la fondation de l'abbaye de Corwey de Saxe , la Nouvelle- 
Corbie. Si une famille belge a remplacé les Mérovingiens 
dans la royauté, une personne de cette même famille en 
est le fondateur; c'est saint Adalard; il était neveu du roi 



J 



r 



( 339 ) 

Fepin le Bref» et cousin -germain de Gbarlemagpe et de 
Louis le Débounaire. Il naquit très-certainement dans un 
des domaines Carlovingiens entre FEscaut et la Meuse , 
mais on ignore » selon le témoignage des Bollandistes (2 
Januarii, p. 95), si c'est aux environs d'Âudenaerde ou près 
de Louyain. Ex Uscia, oriundum esse prope Aldenardem , 
vtdgo Huyse (BoIIand. loco cilato). Les mêmes agiographes 
disent un peu plus loin : AliU lego Usciam fuisse Bethle- 
mium, territorii Lovaniensis non obscurus pagm. 

Saint Adalard était très-instruit dans les belles- 1 ettres , 
selon le témoignage de Molanus (Natales SS. Belgii, pag. i'), 
Erai acuti ingenii, divilis eloquentiae. Il parlait avec une 
^ale facilité les trois langues^ laline, wallone et flamande. 
Latina, gallica et teutonica. S^inl Âdalard réunissait donc 
sous ce rapport, pour la prédication en Germanie, 1^^ même 
capacité que saint Willibrord et saint Boniface, anglo- 
saxons, ayant par conséquent le moyen de se faire com- 
prendre des Germains, ce qui était très-diffîcile pour les 
Wallops ou Gaulois d'origine, tels que saint Gorbinien. 

Paschasius et Rathbertus sont les deux agiographes de 
saint Âdalard; le pren^ier Tavait connu personnelleipent ; 
ils disent qu'il préféra Tétat monastique aux plaisirs de la 
cour de Cbarlemagne. Il se retira et se distingua à Gorbie 
en Picardie; de là au Mont Gassin, dont le monastère détruit 
par les Lombards au VI"^® siècle, avait été récemment ré- 
tabli et augmenté en 718, par le même pape Grégoire II , 
qui consacra Tévêque saint Boniface. 

Rappeler le souvenir du Mont Gassin , c'est remonter à 
rt)rigine des ateliers monastiques de librairie, car un des 
préceptes de la règle de Tordre de saint Benoit, fondateur 
de ce cloître, prescrit en termes formels, ce genre de tra- 
vail , qui nous a conservé les copies des plus précieux ou- 
vrages classiques de l'antiquité profane. 



( 340 ) 

Saint Adalard fut ministre du roi Pépin, fiis de Charle- 
magne, en Italie. Il était par conséquent homme d'état, 
comme il était homme de lettres. Son administration est 
citée avec éloge dans sa biographie par Rathbertus : Depa- 
8uU enim illico, in ingressu, omnem tyrannicam potesia- 
tem eorum, qui velut praedones iniqui, in populo furebanL 
(P.98,Bonand.) 

Il fut en disgrâce pendant sept années entières sous Tem- 
pire de Louis le Débonnaire. En 823 , il fonda près de Pa- 
derborn (Fonte patris) Tabbaye de Corwey, filiale de Cor- 
bie. Il y institua une école littéraire. 

On ne doit donc point s'étonner des progrès de l'art de 
transcrire les manuscrits en Germanie, l'impulsion géné- 
rale était donnée. L'on y était parvenu en très*peu de temps 
au même degré d'exactitude grammaticale et de pureté cal- 
ligraphique, et même de beauté dans les ornements, que 
chez les Gaulois, alors appelés Francs, et chez les Italiens 
appelés Lombards. 

Ce serait inutilement prolonger cette notice que d'entrer 
dans des détails sur les écoles littéraires de Prum , Hil- 
desheim, Mayence et autres. Nous remarquerons seulement, 
en ramenant la question à la langue grecque et aux minia- 
tures grecques en Germanie, qu'il nous faut démontrer 
que rétude de cette langue était généralement répandue 
au IX^^ siècle, parmi les hommes de lettres et d'état. Les 
preuves se trouvent aisément dans le quatrième volume 
de YHistoire littéraire de France. Nous allons donner quel- 
ques indications parmi ceux qui connaissaient la langue 
grecque. Voici leurs noms : 

Paschasius, abbé de Gorbie, contemporain et agiographe 
de saint Adalard, comme nous l'avons dit: < Il est peu de ses 
écrils, ajoutent les auteurs de YHistoire littéraire, pp. 288 



j 



( 341 ) 

et 311, où il ne fasse usage de la connaissance qu'il avait 
des langues grecque et hébraïque. 

Saint Angilbert, aussi abbé de Gorbie(p. 651). 

Druthmar, moine de Corbie (p. 84). 

Saint Anschaire, premier archevêque de Brème. 

Scot Érigène, Fune des lumières de ce siècle. Il dédia au 
roi Charles le Chauve, protecteur des lettres à l'égal de 
Charlemagne, aieul de ce prince, plusieurs ouvrages tra- 
duits du grec , tels que l'hiérarchie céleste de saint Denis 
l'aréopagiste (p. 425). 

Saint Eric, abbé de S^-Germain d'Auxerre» qui dans ses 
ouvrages, aussi dédiés au roi Charles le Chauve, fait usage 
d'un grand nombre de mots grecs et même souvent de vers 
grecs tout entiers (p. 539). Angiome, moine de Luxeu 
(p. 134), etc. 

Le diacre Florus, dont les auteurs de Y Histoire littéraire 
de France disent que le manuscrit était perdu , tandis qu'il 
nous semble que c'est le n^* 9370 , de l'inventaire de la bi- 
bliothèque de Bourgogne. Ce ne serait pas la première fois 
que des étrangers de la plus profonde érudition , n'auraient 
point connu, avantMer^ne de Marie-Thérèse, les richesses 
de la bibliothèque de Bourgogne, que cette bonne souve- 
raine rendit accessible au public, en 1772. 

Werembert de l'école de Fulde ( p. 603) . Ërmeneric 
(p. 327), etc., etc. 

On pourrait aisément augmenter cette liste des hommes 
de lettres parlant la langue grecque, en consultant les ou- 
vrages les plus répandus ; mais je me borne à faire remar- 
quer, parmi les hommes notables d'état et d'alise, les noms 
de Godescalc , d'une célébrité malheureuse à cause de ses 
opinions religieuses, Wahlafrid Strabon , Raban Maur de 
l'école de Fulde , Ratram de notre école belge de Lobbes 



( 3-*2 ) 

sur Sambre, et surtout Hincmar , dont les écrits latins ap- 
prochent de la pureté cicéronienne. 

Si la culture des lettres grecques était alors i^ulgaire, 
selon la volonté suprême de l'empereur, l'on doit en con- 
clure que la peinture des miniatures dans le style grec, ait 
alors été pratiquée , mais elle est moins généralement ré- 
pandue en Occident, que la littérature, malgré l'axiome: 
Maxime grœci librarii picturis et imaginibus qtuB res ab 
auctoribuê deêcripta nativii colaribus atque picturis repré- 
sentant, dit Montfaucon, Palœographia grœca ^ p. 7. 

D'après tout cet exposé , l'on peut facilement expliquer 
que le manuscrit des évangiles, n^" 18723, transcrit en 
Grermanie, soit remarquable par une miniature qui doit 
être l'ouvrage d'un artiste grec. 

Ce n'est pas moi qui ai reconnu le premier le caractère 
spécial de cette miniature, c'est M. le commandant Sten- 
gel, qui a visité ces jours derniers^ l'ancienne bibliothèque 
royale de Bourgogne. 

M. Stengel a copié lui-même, selon ma demande, pour 
la présente notice, cette miniature, qu'il a dessinée au 
simple trait. L'explication des couleurs est plus loin, en 
appendice. 

C'est donc l'ouvrage d'un artiste grec, qui habitait la Ger- 
manie; on ne peut en douter, parce qu'elle est inhérente 
au codice; elle se trouve à la suite de Yargumentum et du 
breviariunif sur le verso du feuillet, portant ces mots au 
recto : Eœplicit breviarium. 

C'est un artiste grec qui l'a composée , parce qu'alors 
tous les Occidentaux, sans exception, étaient de la commu- 
nion latine. Le schisme de la communion grecque , dont 
la tendance fut donnée par le patriarche Photius, un 
peu plus tard, et qui ne fut consommé qu'au XI"" siècle 



( 343 ) 

par Michel Gérulaire , autre patriarche de Constantinople , 
n'existait pas encore. 

On reconnaît cette différence entre des artistes peintres 
des deux communions au IX^ siècle dans Rome même» sous 
les yeux du souverain pontife. On peut s'en convaincre en- 
tre autres 9 par les planches de Touvrage de Ciampini, 
Manumenta vetera. Il décrit au chapitre XXYII, p. 161, 
tome II, les mosaïques de l'élise de Sainte-Cécile, bâtie à 
Rome en 820 , par le pape Pascal P^ Ce souverain pontife 
avait ouvert dans Rome , un asile aux Grecs qui devaient 
fuir de Tempire de Byzance , pour avoir pris la défense des 
saintes images contre les iconoclastes. C'est peut-être un 
de ces artistes qui se réfugia en Allemagne et y composa , 
quelques années plus tard, entre 833 et 866 , c'est-à-dire 
au second tiers du IX"" siècle , la miniature dont le simple 
trait est joint à cette notice. 

Tout porte à croire que ce ne fut pas un artiste latin de 
Germanie , parce que ce genre de miniatures grecques est 
de la plus grande rareté, tandis que les manuscrits du IX* 
siècle sont assez nombreux, mais en simple calligraphie. 

Pour constaterde quelle communion fut l'auteur, il suffît 
de voir la pose de la main droite du Christ donnant la béné- 
diction. Cest ce que M. le commandant Stengel me fit re- 
marquer; je oe l'avais pas encore aperçu. Voici le texte de 
Giampini sur la différence des deux bénédictions, selon le 
liturgies grecque et latine, d'après une mosaïque de l'é- 
glise de Sainte-Cécile dont Ciampini donne le dessin. 

Subtus manu, Christus, mundi Salvator, veluti inter nubes 
stans cidspicitur. Sinistra volumen obvolutum tenens, dex* 
tram elevatam in bemdiemdi actu ac pollicem cum annulari 
GiLËGO MORE, junctam extendens. Dixi gr^go more, quo- 
niam Grasd in benediclione imparlienda, annularcm dtgt- 
tum cum pollice conjungunt. 



C 344 ) 

Giampini décrit ensuite la bénédiction latine : PoUiem, 
indicem et médium extendens. On reconnaît plusieurs 
exemples de la bénédiction'Iatine dans d'autres dessins du 
même auteur : Monumenta vetera, tandis qu'il ne s'y 
trouve qu'une seule mosaïque à la bénédiction grecque , ce 
qui prouve la rareté, même en Italie, de ce genre de pro- 
ductions d'artistes byzantins. 

La différence du signe de ta bénédiction des deni obé- 
diences grecque et latine^ ne se reconnaît pas seulement 
en Europe et en Asie, mais aussi en Afrique, dans l'Abys- 
sinie, qui est de la communion romaine. Je viens de re- 
marquer cette différence sur un manuscrit abyssin rempli 
de magnifiques miniatures que M. Blondeel , consul géné- 
ral de Belgique, en Egypte, a rapporté de son voyage en 
Âbyssinie. 

Ce manuscrit est une histoire de l'archange saint Michel, 
qui est auprès de Dieu , selon les légendes orientales , ce 
que le premier visir est auprès du monarque. C'est saint 
Michel, selon ce manuscrit, qui conduisit Moïse et les 
Hébreux au passage de la mer Rouge, et qui fit engloutir 
l'armée de Pharaon. Sur les miniatures de ses nombreux 
miracles, il y a le même archange^ le Christ^ et d'autres 
personnages qui donnent la bénédiction , selon la litui^ie 
latine, en élevant l'index et le médius. 

Le dessin de la mosaïque de Sainte-Cécile , de la date 
de l'an 830, comme on vient de le dire, a une grande ana- 
logie avec le dessin de la miniature grecque de l'évangile 
latin-germanique n"" 18723. « Cette miniature, dit M. le 
9 commandant Stengel , dans une note qu'il m'a donnée, 
» offre un des exemples rares qui constatent la présence 
» des peintres grecs dans le nord-ouest de l'Europe, sou- 
» mis aux rois Çàrlovingiens et à leurs successeurs. » 



( 345 ) 

On verra au dessin ci-joint, que le Sauveur, roi de gloire, 
est assis au point culminant , sur un globe. Au-dessous de 
lui , sont les quatre évaugélistes dans la pose de rédacteurs : 
ils sont reconnaissables par les quatre ligures symboliques 
placées sur la tête de chacun d'eux, Fange, le lion, le 
taureau et Taigle. A leurs pieds sont les scrinia et d'autres 
ustensiles des calligraphes. 

Le devoir nous prescrit d'ajouter ici le jugement porté 
sur cette miniature, par M. le commandant Stengel : c La 
» composition , dit-il , en est sagement ordonnée , bien 
» qu'un peu froide. Le dessin et la touche ont les qualités 
» et les défauts des œuvres byzantines de cette époque; 
» une grande assurance de crayon, beaucoup de noblesse 
» dans les poses de certaines figures, comme dans le roi 
» de gloire , et des poses moins nobles, comme dans les 
» évangélistes ; une légèreté de touche admirable, mais 
» qui va jusqu'au laisser-aller du pinceau. En résumé une 
» facilité extrême, jointe à une négligence presque aussi 
» grande. :» 

Qu'il nous soit permis d'ajouter, la simplicité, la finesse 
et la légèreté des draperies, héritage de l'antiquité helléni- 
que, précieusement conservé par l'école byzantine, trans- 
mis en Occident, comme on le voit entre autres au Gampo- 
Santo de Pise en Italie, et au manuscrit inimitable qui 
appartenait k Jean, duc de Berry , et que, jusqu'à ce jour, 
j'ai pensé avoir été fait pour Yenceslas, duc de Brabant. 
J'en donnerai une notice à la prochaine séance. 

Les qualités qui distinguent les draperies ont été mo- 
difiées par récole de David Aubert, qui le premier fut le 
chef de la bibliothèque de Bourgogne, fondée par le duc 
Philippe le Bon. Mais les draperies du XV® siècle sont quel- 
quefois maniérées dans leurs poses; ou y voit plus d'art, 



( ^46 ) 
plus d'arrangement dans les plis et les ondulations , mais 
ee n*est pas Tadmirable simplicité hellénique. 

Après cette digression sur la miniature , il faut dire 
quelques mots sur lacalligraphiede révangéliaire^ pour con- 
stater que c'est une œuvre du second tiers du IX"" siècle. 
M. Mone , nous le réitérons y fixe la date à l'an 840 » 
M. Stengel le croit un peu moins ancien. 

Leurs opinions , qui diffèrent de quelques années» ce 
qui est beaucoup pour un travail d'une aussi grande ra- 
reté, se concilient aisément : nous allons voir que ce ma- 
nuscrit, d'une des librairies saxones-germaniques, est du 
second tiers du IX"* siècle , c'est-à-dire de 833 à 866. 

Est-il de la librairie de Fulde , d'Osnabrug, de Cor^ey, 
ou de la librairie d'un autre monastère d'Allemagne? Je le 
réitère, c'est ce que j'ignore. Mais c'est incontestablement 
une écriture germanique. Je l'ai vérifiée en la confrontant 
avec la planche 55°"^ du Nouveau recueil de diplomatique, 
t. m, p. 384 

En effet , les lettres capitales, qui constatent mieux que 
les minuscules le siècle et la fraction du siècle , se rappor- 
tent à cette planche. Il y a passim dans l'évangéliaire , plu- 
sieurs capitales isolées et même des lignes capitales entiè- 
res, qui feraient honneur encore aujourd'hui à nos meilleurs 
fondeurs de caractères, par leur fermeté, leur r^ularité, 
leur grandiose. 

Quant aux minuscules, on en trouve des échantillons à 
ladite planche 55 , t. III, p. 384 : descendons d'époque en 
époque pour y arriver. 

On remarque à cette planche le septième genre , pre- 
mière espèce , qui commence : Ik gikorta datseggendat 
Mh, etc. Les auteurs de ce recueil sont de l'opinion que 
c'est une écriture d'un saxon, instruit par saint Boniface h 



liu/Lffe f'Antii., imn.Xl. l'^JWrtie. 



Pai 



^(Oi 



\ 



\ ■' "?) ; 



'm'^^-3^) 













, 1 ^ -■' 



•A 






r—i- 






-- 1 ■- — ^ -*■ 



.j^ 



> 



^ 



j 



/ 



_,y 



V- 









''■ î'ri'f'. ,,\', l'itJ' .de ! A va. 



Evangéliaire de SHlotor,à Santen. (lîT* Siècle) 



( 347 ) 

la fia du YIIP siècle. Cet échantillon présente les hases 
du caractère du manuscrit 18723. 

Passant à la seconde espèce du même septième genre, 
ayant pour paradigme : Exemplar ex epistolis Hieronymi ad 
Eustochium, monument de l'an 816; l'écriture se rappro- 
che davantage du manuscrit 18723. 

La troisième espèce : De filio suo qui foetus est, est en- 
core plus analogue, ainsi que la quatrième espèce. Ce sont 
bien évidemment des œuvres du second tiers du IX° siècle. 
Ainsi la date du manuscrit se trouve bien constatée. 

Telles sont nos remarques sur le texte et sur la minia- 
ture grecque qui l'accompagne. Nous ne dirons rien d'une 
autre miniature an tique » placée immédiatement à la suite 
de celle-ci. Elle est peinte sur vélin pourpre, ce doit être 
aussi un évangéliste, rédigeant son livre, comme on le 
voit par sa pose; mais le dessin et les couleurs sont telle- 
ment détériorées, qu'il n'y a pas de possibilité d'en repro- 
duire une copie satisfaisante au simple trait. 



EXPLICATION DES COULEURS. 

Le fond est bleu de ciel à partir d*eii haut , jusqu*à la moitié du globe ; à 
partir de là il est vert clair jusqu^en bas j la bande du milieu est un peu plus 
foncée, et les animaux y sont peints en g^risaille verte, encore plus foncée. 
— Les tuniques du sauveur et des évangélistes sont d*un blanc-bleuâtre; 
les manteaux des mêmes , sont roses. — Les cheveux et la barbe du pre- 
mier sont foncés ; les cheveux des évangélistes 'également. — On ne croit 
pas que le rond au fond ait été la lune, il est possible que ce soit un reste d^une 
goutte d^eau tombée sur la miniature. — Le globe est bleu clair plus foncé 
que le bleu du ciel du fond. — Le livre tenu par le roi de gloire est ver- 
millon. Il nous semble que le Sauveur a les yeux élevés et en extase , mai» 
la détérioration des contours n^a point permis de Texprimer ; il aurait fallu 
moderniser ce regard sublime et intellectuel , dont les traits sont d*une finesse 
plus sentie que perceptible. 



( 3^8 ) 

— L'académie a voté des remercimenls à M. le baron 
de Stassart^ directeur sortant, qui a été nommé vice-di- 
recteur pour Tannée 1844 à 1845. 

— M. le baron de Gerlache, directeur pour 1844 à 
1845, a ensuite Gxé l'époque de la prochaine réunion aa 
samedi 1*' juin. 



OUVRAGES PRÉSENTÉS. 



Annakê des univenitéi de Belgique* Année 1842. Bruxelles, 
184S, i YoL in-8®. — De la part de M» le ministre de Tinté- 
rieur. 

La génération des connaissancei humaines * Par M. G. Ti- 
berghien. Bruxelles, 1844, 1 vol. în-8®. — De la part du 
même* 

Catalogue des accroissements de la bibliothèque royale. Troi- 
sième partie. Bruxelles , 1 844 , in-8^. — De la part du même. 

jinnales des travaux publics de Belgique. Tome II. Bruxelles, 
1844, S exemplaires, în-8<*. — De la part de M. le ministre 
des travaux publics. 

Annales de la société de médecine d^ Anvers. Année 1844, 
livr. de févr. et d'avril. Anvers, în-8<>. 

Gazette médicale belge. Deuxième année , 1844 , n®' 9 à 17. 
Bruxelles, in-4®. 

Compte rendu des séances de la commission royale d'histoire. 
Tome VU , n» 3 , et fin du tome YII ; tome YIII , no 1 . Bruxel- 
les, 1843-44, în-8^ 

Notions élémentaires des sciences naturelles et physiques. 
Par M. Gh. Morren, 4^ partie , botanique. Bruxelles, 1844, 
in-18. 

Documents relatifs aux troubles du pays de Liège, sous les 



( 349 ) 

prtnceS'évêqtMê Louiê de Bourbon et Jeon 4e Borne ^ 1455- 
1505. Publiés sous la direction de la commission royale d'bis^ 
toire, par M. P.-F.-X. De Ram. Bruxelles, 1944 , 1 vol. in-4<'. 

De la situation de Vindmtrie du fer en Prusse ( Haute Sîlé* 
sie). Par M. A. Delvaux de Fenffe. Liège, 1844 , io-^^. 

Histoire politique, civile et monumentale de la ville de 
Bruxelles. Par MM. Alex. Henné et Alph. Wauters , livr. 80 à 
90. Bruxelles, 1848, in-8\ 

Commentaire sur r Œdipe-roi de Sophocle. Par M. A. Scheler. 
Bruxelles, 1843, in- 1,8. 

Annales et bulletin de la société de médecme de Gand, Année 
1844 , mois d'avril , 14* vol., 4** livr. Gand , in-8°. 

Bulletin de l'académie royale de médecine de Belgique. Année 
1848-44 , tome III , n** 5. Bruxelles , in-*8«>« 

Les quatre fils A y mon. Par M. Ferd. Henaux. Liège, 1844, 
in-8'>. 

Rapport adressé à la députation permanente du conseil pro- 
vincial de Liège, par la commission d'agriculture, sur le défri- 
chement des landes et bruyères. — De la part de M* Morren. 
Liège , in-8®. 

Notice sur un denier d'or inédit de, l'empereur Uranius An- 
toninus. Par M. DeWitte, Pari«, in-8®, 

lettre à M. Th. Panofka sur, une amphore de Nola, Par le 
même. Paris, 1848, in-8». 

Le géant Asous. Par le même. Blois , ia-8^. 

Journal historique et litténaire de Liège. Tome XI., l'^ livr. 
Liège, in-8**. 

Annales d'oculistique» Publiées par le D' FI. Guaier , 7® an- 
née, tome XI, 4« livr. Bruxelles, 1844 , in-8^ 

Messager des sciences historiques de Belgique. Année 1844 , 
1" livr. Gand , in-8«. 

La revue synthétique. Tome Y, n» 1, janvier 1844. Paris, 
in-8°. 

Journal d'agriculture pratique et de jardinage. S'' série, 
tome I", n*- 9 et 10. Paris , in-B^ 

TOM. XI. 25 



( 330 ) 

Eevue Moologique. Par la société Cuviérienne, 1844, n"! 
Paris, in-8*. 

L*Inve$tigateur , journal de l'duiiiut hûiorique, 11* année, 
tome lY , 3« série, 11K« et 116* li?r. Paris, in-8». 

Mémoirei de la société royale de§ scienceê , des lettrée et da 
arts d'^rras. Knnées 1829, 1888-36, 1888, 1840 et 1841 
Arras, 1880-43, 8 vol. in-8<>. 

iSéances publiques de la société royale d^Arras* Années 1832, 
1824, 1825 et 1827. Arras , 1828-28 , 4 yol. in-8^ 

Mémorial historique ei archéologique du département du Poi- 
de-Cafais, Par M. Harbayille. Arras , 2 vol. in-8«. 

Journal de la société de la morale chrétienne, 8* série , 1. 1*, 
n»4. Paris, 1844, in-8o. 

Mémoires de la société royale d* émulation d'Abbeviik^ 1841 
à 1848. Abbevilie, 1 vol. in-S». 

Archives du muséum d'histoire naturelle. Publiées parles 
professeurs-administrateurs de cet établissemmt, tome ID, 
livr. 4. Paris, 1848, 1 vol. in-4». 

Observations faites dans les Alpes sur la température d'ébul- 
lition de l'eau. Par MM. Peltier et Bravais. Paris ^ in-4*'. 

Sur les phénomènes que présentent les corps projetés wr ^ 
surfaces chaudes. Par M. Boutigny. Paris, in-8<^. 

Lettre à M, Hase^ sur le discours de Dion Chrysostome ^ inti- 
tulé : Éloge de la chevelure. Par M. J. Geel. Leyde, 1889 , in-8*. 

Geschiedenis der Godsdiensten , benevens derselven leerstdm 
en plegtigheden , bij aile volheren der aarde , enz. {àooT 
M. S. Polak). Amsterdam, 1848. Aflevering 1 tôt 7, iD-4<'. 

Algemeene geschiedenis der wereld, van de schepping t<^ ^ 
den tegentcoordigen tijd (door denzelfden). Amsterdam, 184i- 
48 , 3 vol. gr. in-8<». 

Berigten en mededeelingen door het genootschap voor lanà- 
bouw en hruidkunde te Utrecht. 2^* Aflevering. Ulrecbt, 1844, 
in-4«. 

Proef eener geologische kaart van de Nederlanden. ^^ 
D'W.-C.-H. Staring. Groningen, 1844, in-fol. 



(331 ) 

Proceedinga ofthe royal Irisk academy , for the year 1842- 
43, part VIL Dublin, 1844, în-8^ 

The numiêtnattc chronicle, Ëdited by John Yonge Akerman , 
april 1844, n» 24. London , in-8o« 

Proceedingg of the royal aociety of Edinburgh, 1841-42, 
n"19et20,in.8«. 

Transactions ofthe royal society of Edinhurgh. Vol. XY, 
part 2. Edinburgh , 1842, in-4*. 

The journal ofthe royal asiatic society of Great Britain and 
Ireland, Vol. VII. London , 1848, 1 vol. in-8°. 

Proceedings ofthe royal society^ 1843, n°* 57 et 58. Lon- 
don , in-8**. 

Address ofthe most noble the marquis of Northatnpton , the 
président, read at the anniversary meeting ofthe royal society» 
Nov. 80, 1848. London, in-8o. 

The council and fellows ofthe royal society, 30^^ nov. 1848. 
London , in-4'^* 

Philosophical transactions ofthe royal society of London for 
the year 1843, part. 2. London , 1 vol. in-4*'. 

Jahrbuch fur prahtische Pharmacie , unter der Rédaction 
von J.-E. Herberger und F.-L. Winckler. Band VIII, Heft 1 
und 2. Landau, 1844, in-8«. 

Repertorium fiir Anatomie und Physiologie, von G. Valen- 
tin. 8^« Bandes 2*« Abtheilung.BernundS*-Gallen,1843,in-8^ 

Annalen fiir Météorologie und Erdmagnetismus, Jahrgang 
1843 , %^ Heft. Mûnchen, 1843, in-8». 

Gottingische Anseigen, 1"'"' und 2^*' Band , auf das Jahr 
1843. Gôtlingen , 2 vol. in-8®. 

Almanacco Aretinoy 1836-1842. Montepulciano ed Arezzo , 
183M842,6vol. in-18. 

Storia degli antichi vasi fittili Aretini del Dott. A, Fabroni, 
Arezzo, 1841 , in-B**. 

Narrazione storica degli atti délia società filarmonica Are- 
tina^ in Arezzo (par le capitaine Oreste Brizi). Arezzo , 1841 , 
in-8*. 



( 352 } 

Memarie ùêoriohe ragguardanti la venwkk dd ûlH penonaggi 
in Arezzo (par le même). In Arezzo , 1843, in*8^. 

Stdle eaêêe éi riêparmio , cenni del oapiiano OrMiBmi, 
Aretino, Firenze, 1841 , 10-8°. 

Osêervazioni suUa miliziu di Orette Brisd, Aretino. Lucca, 
1839, m-8». 

AUi deW J, e R, aceadenUa Aretina di scienze , lettereed 
arti. Vol. I. In Arezzo, 1848, m-8*'. 



ERRATA POUR LE BULLETIN N» 4. 



Page 272 , ligne ayant-dernière , teror , lises ; terror. 



— 273, — 16 , infuretum y — - 


infarcitum. 


— ib., — 26, puerperHntf — 


puerperam. 


— 276, — lA. halleces, — 


haUces. 


— ib., — 25, somptuariiSf — 


sumptuariis 


— 278, — 27, dWr, — 


d'être. 


— 279, — avant-dernière , Jtam;»i<la , — 


stampides. 



BULLETIN 



DE 



L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 



ET 



BELLES-LETTnES DE BHUXELLES. 



1844. — No 6. 



Séance du 1" juin. 

M. le baron De Gerlacbe, directeur; 
M. Quetelety secrétaire perpétueL 



CORRESPONDANCE. 



Le secrétaire annonce que la réunion des naturalistes 
Scandinaves aura lieu à Christiania, du 12 au 18 juillet 
prochain. 

M. le Ministre de l'intérieur écrit que le conseil com- 
munal de Tongres a consenti , sur sa demande , à ce que 
le fragment de la colonne milliaire romaine» découvert 
dans cette ville , soit déposé au musée de TÉtat. 

ToM. XI. 26 



(354) 

L'académie reçoit plusieurs réponses à sa circulaire sur 
les antiquités nationales. Une de ces réponses^ écrite par 
M. Flamont , curé et doyen de Pâturages , est accompagnée 
de trois médailles. 



LECTURES ET COMMUNICATIONS. 



ASTRONOMIE. 

M. Quetelet rend compte des circonstances de l'édipse 
de lune qui a été observée la nuit précédente. L'état da 
ciel était très- favorable, et a permis de suivre toutes les 
phases de cet intéressant phénomène. 

Le premier contact arec Tombre a eu lieu à 9^ 36*° 32*. 
Le commencement de réclipse totale » 10^ 29*° 17*. 
La fin de Téclipse totale • 11^ 46" 2â*. 

Le dernier contact a?ec Tombre » là** 50"" 10*. 

Ces résultats sont donnés en temps moyen de Broxelles. 
L'occultation et la réapparition des principales taches de 
la lune ont également été observées par le directeur de 
Tobservatoire et par MM. Liagre et Houzeau. 



( 355 ) 



BOTANIQUE. 

Enumeratio synoptka plantarum phanerogamicarum ab 
Hmrieo Galeotti in regianibus mexicanis colkctarum , 
auct. M. Martens et H. Galeotti. 



APOCYNEifi. Jussiiv et Endugher. 
I. TÂBERNi£MONTANA. Z. 

1. TaBBR!IJBIIO!ITA!IA MAGROPHTLLA? Pûir. 
(CoU. H. Gai. No 1590.) 

Foliîs oppositis brève petiolatis nitidis ovalibus subacutis , 
nervîs transyersalibus parallelis, stipulis breyibus interpetio- 
laribus, pedunculîs axillaribus cymosis infernè trifîdis, floribus 
dichotomo-cymosis albis bracteatis, calyce 6-partito laciniis 
obtusis. *- Folia 5-8 pollices longa, 2-4 pollices lata, coroUae 
tubus S-linearis apice paulum ampUatus, laciniis Hmbi oblon- 
gis obliquisque tubo corollae sublongioribus. 

t. — Se trouve dans les bois humides de la colonie 
allemande de Mirador, près Yera-Cruz, à 3,000 pieds de 
hauteur absolue. FI. blanches odorantes. Avril. 

â. TABERmUfONTANA? 
(Coll. H. Gai. No 1577.) 

Obs. Specimeo mancum. Foliis obovato-oblongis obtusiusculis nitidis in 
peliolum longe attenuatis, floribus dichotomo-corymbosis albis, corymbo 
muUifloro, calycis laciniis obtusis. 

t, — Se trouve dans les forêts de Chiltoyac, près de 
Xalapa, à 4,000 pieds. FI. blanches. Mai. 



( 356 ) 

II. NERIANDRA. Mp, Dec. Prodr. T, 8. 
5. I^bbiaudha? aubantiaca. Nohis. 

(Coll. H. Gai. N* 1591.) 

Frutex glaber ; foliis altemis brève petiolatis oblongis nilidis 
coriaceis transverse venosis, peduncults oppositifolîis subdi- 
chotomis multifloris , floribus fasciculato-umbellatis aurantia- 
cîs. — Calix parvulus 5-partitus eglandulosus lacîniis ovatîs 
acutls, corolla |-pollicaris hypocraterimorpha intus pilosa, 
tubo apîce inflato, limbl quinquepartiti laciniis obliquis tubo 
duplo brevioribus , stamina 5 summo coroUae tubo inserta io- 
dusa ; antherae subsessiles ovato-lanceolatae acuminatae in 
filum productae conniventes , stylus fillformis longitudine tobi 
corollae, stigma capitatum, ovaria duo glabra, fructus îgnotus. 

t. — On trouve cette belle plante au bord des ri- 
vières qui coulent dans le fond des ravins, près de San- 
tiago de Huatusco (département de Vera-Cruz) , surtout 
au Rio Xamapa, vers 3,500 à 4,000 pieds. FI. orangées. 
Avril. 

III. THEVETIA. JtMHeu et Endl. 

4. ThEVETIA LACRIFOLIA. /tUS. 

Syn, Gerbera tbevetia. L. 

(GoU. H. Gai. No i634.) 

% . — Croit dans les bois et les taillis des régions 
chaudes atlantiques, près de Vera-Cruz ( Consoquitla , 
Puente Nacional, etc.); dans la Chinantla (Oaxaca),de 
500 à 2,000 pieds. FI. jaunes-citron. Août. 

IV. EGHITES. z. 

s. Ecrites suaveolens. Nohis. 

( An Echites bypoleuca? j^^n^Aam.) 
Rosa de San Juan încolarum . 

(Coll. H. Gai. NO 1593.) 

Caule suffruticoso erecto pubescenti ramoso , foliis oppositis 



( 357 ) 

subsessilibus integerrimis oblongis margine revolutis supra 
pubesceDtibus , subtus incano-tomentosis , pedunculis unifloris 
folio brevioribus , corolla magnà hypocrateriformi tubo pubes- 
centi'tomentoso , staminibus inclusis* — Radix longa fibrosa , 
folia â-poUices longa , 5-6 lîneas lala, tubus corollae sesqui- 
poUicaris, limbus diametro sesquipollicari , flos odoratissimus , 
atbus. 

$. — On trouve cette magnifique espèce dans les sa- 
vanes à hautes graminées, et sur les versants rocailleux 
des profonds ravins d'Arumbaro et de Jésus del Monte, 
près de Morelia de Michoacan , de 3,500 à 7,000 pieds. 
FI. blanches très-odorantes. Juin-septembre; 

6. ECHITES LANUGINOSA. Nobis. 
(CoU. H. Gai. No 1594.) 

Caule erecto fruticoso , ramulis foliis et calyce molliter to- 
meatoso-lanatis , foliis oppositis brève petiolatis subcordato-ro- 
tundatis integerrimis dense tomentosis , supra pallide viridibus 
subtus incanîs , floribus solitariis brève pedunculatis axiUaribus 
longissîmis ochroleucis , staminibus inclusis. — Folia vix polli- 
caria , tubus corollae 2 |-poHicaris. 

^ . — Croît sur les versants calcaires et schisteux du 
grand ravin de Mextillan au NNE. de Mexico , à 6,000 
pieds. FI. jaunâtres. Septembre. Très-rare. 

7. ËGHITES JASmilI FLORA. Nohis. 
(CoU. H. Gai. No 1575.) 

Caule fruticoso gracili pubescenti volubili , foliis oppositis 
brève petiolatis sagittato-cordatis lanceolatis acuminatis supra 
glabriusculis subtus molliter villoso-pubescentibus,petiolisvil- 
losis, racemisaxillaribus pedunculatis folio longioribus, floribus 
hypocrateriformibus magnis calyce parvulo multum longiori- 
bus , staminibus inclusis , folliculis longissimis torulosis. — 
Xîànïs Echiti toro$ae , Jacq.; a qua foliis non tinearl-lanceolatis 
differt. Flores poUicares lutei. 



( 358 ) 

tu. — Se trouTe dans les taillis, près de l'Hacienda 
del Mirador (département de Vera-€raz) , à 3,000 pieds. 
FI. jaunes et orangées. Juillet. 

8. ECHITBS TOBIVLOEA. Ifobiê. 
(Coll. H. Gai. R« 1570.) 

Gaule gradli volubili, foliis oppositis brève pettolatis ew- 
dato-ianoeolatis acuminatis supra glabrîs, subtus cioereo-vela* 
tnK^-tomentosis, floribusracemosis reflexis subtubulosis, limbo 
brevi patenti lacîniis obtussîsimis, calyce ^abro 5-partito 
corolla quadraplo breriore, fbllicnlis binis gracilibus longîs 
appressis* 

tu. — Se trouve avec Tespèce précédente. FI. Jaunes. 
Octobre. 

9. ECHITBS «LAVCBflCMS. Jfobiê. 
(CoU. H. Ga. N« 1582.) 

Glabra, caule volubili, foliis oppositis petîolalîs cordato- 
ovato-acutis subtus j^aucts, racemis pancifloris pedunculatis 
axiUaribus subsecundis folio longiorîbus , floribus racemosis 
pedicellatis infundibuliformibus, aulberis indusîs. — Pedun- 
Guli eiongati apice flores S-4 racemosos gerentesi calycis laci- 
niae ianceolatae parvulae, oorolla 1 ^^-poUîcaris infundibulifor- 
mia tubo |-pollicari , limbo magno subcampanulalo lacîniis 
rotundatisy aquamulae 5 crasaae hypogynae. 

Su. — Croit dans les bois et dans les taillis de la 
Sierra de Yavezia et du Cerro de San Felipe, près 
d*Oaxaca, de 6,S00 à 7,500 pieds. FI. jaunes. Juin. 

10. ECHITES CITRIFOLIA? ffBK. 

(GoU. H. Gai. 170 1583.) 

Foliis niagnia brève petiolatis ellipticîs acuminatis gtaberri- 
mis nitidis , peduuculis axfllaribus bifidis racemiferis , floribus 
hypocrateriformibus. — - GoroHae tubus brevts |-poUiearis vîx 



( ais9 ) 

càlyee longior lîmbo explanato diametro 8-l(V-lîneari , laciniis 
rotundalis » folîa 6-8-pollicaria. 

^o. — Croit au bord des rivières de la Chinantia 
(Oaxaca), k 3,000 pieds. FI. jaunes rayées de brun. Juin. 
Rare. 

11. ECHITBS LAN ATA. NMê, 
(Coll. H. Gai. N« 1584.) 

Gaule fruticoso pubeaeenti, folits sessilibus ooriaceis obo- 
valis acuminatîs basi oordatis , nipra dense pubescentibus 
subtus lanatis» racemis Iaxis axillaribus folio loogîoribut, flo- 
ribus pedicellatis hjpocrateriformîbus , staminibus iaclusîs, 
calycis laciniis o valis obtusis. — Flores subpollicares. — Spe- 
cies affinis Echiti monianae, HBK»; sed laciniis calycis la- 
tioribus glabriusculis differt. 

Croit au bord de la grande rivière de Sola , à 20 
lieues au S. d*Oaxaca, à 4,000 pieds. FI. jaunes. Sep- 
tembre. 

IS. Ecrites aspera. N<M$, 

(CoU. H. Gai. No 1587.) 

Gaule ligooso erecto pubesceoti , fbliis brève petiolatis ovato- 
lanceolatis acuminatis suprà hispidis subtùs villoso^canescen- 
tibus , pedunculis brevibus bifloris, corolla hypocrateriformi 
limbi laciniis obovato-obloogis , calycis laciniis subulatis , sta- 
minibus inclusis , folliculis lineari-filiformibus canescenti-vil- 
losis. — Flores lutei |-pollicares. 

S . — Dans les bois humides du ravin du Rio de las 
Yueltas » près Don Dominguillo ( route de Tehuacan à 
Oaxaca). FI. jaunes. Août 

y. TUENARDIA. HBK. 
15. Thenardia? siiaveoleks. Nobi$. 
Syn. Siruqua incolarum. 

(Coll. H. Gai. N«1557.) 

Foliis ovato-lanceolatis acuminatis glabris, caule ramoso 



( 360 } 

fruUcoso volubili , peduncuHs axiUarîbus ac terminalibus mol- 
tifloris , floribus sub-umbellatU longé pedicellatis , pedicellis 
basi bracteolalis , coroUae lobis tubo parum longiaribus. — Flo- 
res rosei odorem vanillae spirantes , semipoUicares , stigma hir- 
sutuniy folia 2 poUices longa pollicem lata. — Affînis Thenardias 
floribundae , HBK.; sed flores non albo-virescentes nec corolla 
tubo brevissîmo rotata. 

tu. — Cette magnifique liane dont les fleurs roses ré- 
pandent ude délicieuse odeur de vanille , se trouve à Urua- 
pan dans le Michoacan. Ce qui rend cette espèce remar- 
quable c'est que les indiens ne connaissent qu*un seul 
pied de cette liane qui croit sur un énorme Laurus dans 
le village même. Aussi font-ils voir cette plante aux étran- 
gers comme une curiosité^ et ils en sont fort jaloux. FI. 
roses. Août-septembre. 

VI. HCEMADIGTYON. Lindl. et Mp. Dec, 

14. HOBMADIGTTOH GOHTORTUII. NobiS. 
(GoU. H. Gai. N« 1588.) 

Foliis petîolatis subcordato-ovalibus acuminatis supra pu- 
bescentibus subtus pubescenti-velutinîs , floribus pedunculatis 
cymoso-congestis , cymls bifidis axillaribus folio longioribus , 
laciniîs calycinis lioeari-lanceolatis , corolla hypocrateriforini 
tubo elongato contorto laciniis liiubi ovato-rotuodatis subre- 
flexis , antberis exsertis. — Corolla rubra subpollicaris. 

2|.cj. — Croît dans les bois de Zacatepeque , près de 
rOcéan pacifique (département d'Oaxaca), de 2,500 à 
4,000 pieds. FI. rougeâtres. Septembre. 

VII. PRESTONIA. R. Brown. 
15. Peestonia serigea. IVobis. 

(Coll. H. Gai. N» 1586.) 

Caule fruticoso volubili villoso , foliis oppositis subsessilibus 



( 361 ) 

subcordato-ovato-lanceolatis acuminatissupràvilloëis scabrius- 
culis subtùs flavesceDti-sericeo-tomentosis , pedùnculis axilla- 
rîbus corymbiferis folio minoribus fulvo-tomentosis , calycb 
5phylli laciniis amplis cordato-ovatis acumioatis villosis, brac- 
teislinearibus acumiDatis, coroUaebypocrateriformis tubo seri- 
ceo-villoso limbi laciniis obovatis , staïuinibus subinclusis ap- 
pendicibus coronae nullis. — A^ms Prestoniaemexicanae, Andr. 

4^. — Croit dans les taillis sur le rivage de TOcéaa 
pacifique (État d'Oaxaca). FI. jaunes. Septembre. 

ÂSCL£PlÂD£i£. R. Bbo^n. 
I. METASTELMA. R. Brown. 

t. Metastelma ScHLEGHTENDALii. Decaiitie. 
(âS'yn. M. parviflorum ScMecht» 

(GoU. H. Gai. No 1541.) 

2kt). — Dans les bois et taillis de la colonie de Zacua- 
pan, k 3^000 pieds. FI. blanches. Août. 

II. YINGETOXIGUM. Endl. 
2. YiNGETOXiGUM SEPiuM. Decaisne. 

(CoU. H. Gai. NO 1533.) 

2j.. — Dans les haies de la Sierra de Yavezia (Oaxaca ) ^ 
à 6,500 pieds. FI. blanches. Juin. 

m. ROULINIA. Jd, Brogn. 

5. RouLiHiA Jagqdini. Decaisne, 
Syn. Gynanchum fœtidum. EBK, 

(GoU. H. Gai. N» 1538.) 

2|.CmP. — Dans les haies de Tehuacan de las Granadas et 
d'Oaxaca, à 5,000 pieds. FI. blanches. Août. 

lY. SARGOSTEMMA. A. Brown. 
4. SARcosTEMMâ CRAssiFOLiDM. Becaisns. 

(GoU. H. Gai. NO 1529.) 

4^. — Dans les bois de Cuicatlan , Don Dôminguillo 



( 362 ) 

(route de Teiiaacaa à Oaiaca), à 8,000 pieds. FL Uan- 
cbes odorantes. Âo6t* 

5. SâBcosmiMA cfwiffnsB. EBK. 

(C<A. H. Oal. M* 1617.) 

2^17. — Belle espèce qui entoure les arbres , près des 
côtes de TOcéan pacifique (département d'Oaxaca). FI. 
blanches très-odorantes. Septembre. 

6. Sabcostemma bigolor. Decaisne. 

(Coll. ■• Gai. N« 1537.) 

^^. — Dans les taillis de Tehuacan de las Granadas, 
à 5,000 pieds. FL brunes et blanches. Aoât 

7. Sabcostemma blegabs. Decaisnê. 

(Coll. H. Gai. N» 1534.) 

4u. — Croit dans la Sierra de Yavezia, le long des haies, 
de 6 à 7,000 pieds. FI. brunes et blanches à odeur de va- 
nille. Juin. 

y. ASCLEPUS. i. 

8. ASCLEPIAS LAHUG1H08A. EBK, 

(CoU. H. Gai. No 1510.) 

21. — Sur les rochers et près des ruisseaux de la Misteca 
AI ta (Penoles), et de la Sierra de Yavezia, de 6 à 7,000 
pieds. FI. blanches. Novemln^avril. 

9. ASGLEPIAS GLAVCESCERS. EBK, 
(Coll. M. Gai. No 1508.) 

2|.. — Se trouve avec l'espèce précédente et dans les en- 
droits humides, près d'Oaxaca, de 5 à 7,000 pieds. FI. 
blanches. Juin-octobre. 

10. ASCLEPIAS CI)BA85A¥ICA. L. 

(Coll. H. Gai. N» 1511.) 

i. — Au bord des ruisseaux et dans les endroits horoi- 
des des régions chaudes et tempérées (Quiotepec, Xalapa, 



( 363 ) 

de â à 5,000 pieds; Oaxaca, Tehuacan, de 4 à 3,000 
pieds, etc.). FI. rouges et jaunes. Juin-décembre. 

II. AsGLEPiAS SBTOSA. Bentk, 
Syn. Gontrayerba incolarum. 

(CoU. H. Gai. NM 1606 et 1547.) 

4' — Dans les savanes de Zacuapan , près Yera-Cruz, à 
2,000 pieds , et dans les bois des ravins d'Arumbaro ( Mi- 
choacan), à 3,500 pieds. FI. blanches. Juin-août. 

iS. AjKXBPiAS pRATBiisis. Bentk, 

(CoB.H.G«l. lf«1549,) 

4. — Dans les prairies humides, près de Morelîa de 
Michoacan, à 5,000 pieds. FI. blanches. Août. 

15. A'SCLEPIAS OTATA. NoUi, 
(GoU. H. Gai. No 1554.^ 

Caule suffruticoso erecto dense pubescenti , foliis oppositis 
subsessilibus ovatis acutîusculis basi rotundatis suprà glabrius- 
culis subtus pubescenti-<yillosulis , umbellis longe pedunculatis 
Iaxis multifloris axillaribus et terminalîbus, coroflae laciniis 
oMongis reflexis pediceUî dimidiacD partem subaequantibus , 
cucullis gymnostegio stipitato subbrevioribus processa lineari 
falcato longiore , pedicellis pubescentibus pedunculo breviari- 
bus. — Folia S-3-poUicaria , pedunculi l^^lf-pcdlicares, pedi^ 
eellif-pollicareSy flores albo-viresce&tes. — Affîms priori speciei, 
sed umbellis axillaribus longé pedancalatis , gymnostegio sti- 
pitata et yiUositate ommum partium praesertîm diversa. 

1;^ — Croit dans les forêts de ehénes des montagnes de 
El Sabino, près d'Izmîquilpan, au N. de Mexico , à 6,500 
pieds. FI. blanc-jaunâtre. Septembre. 

14. ASGLBPIAS ROSEA. EBK. 

(Coll. H. Gai. N<» 1516 et 1542.) 

4. — Dans les savanes arides, près de Zacuapan (Vera- 
Gruz) , à 2,500 pieds, et sur les rochers porphyriques de 



( 364 ) 

la Sierra de Yavezia (Oaxaca) , à 6^000 pieds. FI. rosées. 
Juin-décembre. 

lis. A5GLBPIA8 LIHIFOLIA. HBK, 

(CoU. H. Gai. No 1509.) 

t. — Au bord des ruisseaux de la Misteca Alta (à FO. 
d'Oaxaca) , de 6,500 à 7,300 pieds. FI. blanches. Avril. 

16. Ajbclepias linaria. Cao. 

(CoU. H. Gai. NOS 1515 et 1555.) 

% . — Croit dans les prairies et endroits marécageux da 
grand plateau central ( environs de Puebla , Mexico , mon- 
tagnes dlzmiquilpan) , de 6,000 à 7,500 pieds, sur les 
rochers calcaires d*Acultzingo (roule de Vera-Cruz à Te- 
huacan), à 6,500 pieds; enfin, sur les monts gneissiques 
de la Misteca Alta, à 7,000 pieds. FI. blanches. Mai-dé- 
cembre. 

17. AscLEPiAS LOHGiGOBau. Benth. 

(Coll. H. Gai. No* 1512 et 1543.) 

4. — Dans les champs et dunes, près Vera-Cruz, et 
dans les plaines de Tehuacan et d'Oaxaca , à 5,000 pieds. 
FI. blanches. Août. 

18. ASGLEPIAS MELANTHA. DeCOiiM. 

(GoU. H. Gai. N« 1514.) 

06f . Species insignis , flores atro-purpurei , cuculla in cornu loDgum <u- 
bulatum patenti-recurvtim producta. 

4. — Cette belle et rare espèce croît dans les forêts de 
chênes et de pins du Cerro ou Pelado de San-Andres, dans 
la Sierra de Yavezia, à 8,000 pieds. FI. noir-pourpre. 
Juin. 

19. ASCLEPIAS AVRIGIILATA. HBK. 

(GaU. H. Gai. N»* 1507 et 1513.) 

4. — Croit dans les forêts de Gonsoquitla, près deZa- 
cuapan,à 2,000 pieds; dans la Chinantia (Oaxaca), à 



( 365 ) 

Tonagnia, vers 4,000 pieds, et à Juquila (cordillère occi- 
dentale d'Oaxaca) , de 4 à 5,000 pieds. FL blanches. Mai- 
août. 

VI. OXYPETALUM. R. Brown. 

20. OXTPETALDM RIPARIDII. HBK. 

(Coll. H. Gai. No 1576.) 

2].^. — Croit dans les haies de Mirador et de Zacuapan, 
prèsYera-Cruz, de 2 à 3,000 pieds. FI. jaunes. Juillet. 

VIL GONOLOBUS. Mich. 
21. GoNOLOBUS ERiANTHCS. Decaisns» (Vide Dec., Prodr., t. 8.) 

(CoU. H. Gai. No* 1510 et 1532.) 

4o. — Croit dans les bois de Mirador, à 3,000 pieds, 
et dans les haies, près de la rivière à Sola (Oaxaca), à 
4,000 pieds. FI. vertes et brunes. Juin-septembre. 

22. GOHOLOBCS TRIFLORCS. Nobis. 
(Coll. H. Gai. No 1530.) 

Ramis pubescentibus , foliis cordatis ovatis et ovato-lanceo- 
latîs acuminatîs utrinque pubescenti-pilosiusculis , pedunculis 
trifloris axillaribus petiolo brevioribus, pedicellis pedunculo 
longioribus , sepalis lanceolatîs apicé longé subulato-acumina- 
tis pilosiusculis lacinias coroilae ovato-Ianceolatas glabras sub- 
aequantibus. — Flores magni virescentes immaculati , corooa 
pentagona viridis. — • DiJBfert a priori specie , cui affînis , foliis 
subtus non tomentosîs, sepalisque anguste lanceolatis elongatis 
nec tomentosîs. 

tu. — Croit dans les bois de la Misteca Alta ( départe- 
ment d'Oaxaca), à Pe noies, à 6,500 pieds. FI. vertes. 
Avril. 

25. GoNOLOBUS STRiATUS. Nobis. 

(Coll. H. Gai. No 1558.) 

Ramis petiolis pedunculis foliisque pubescenti-hirtîs , pe- 
dunculis subtrifloris petiolo vix longioribus, foliis profunde 



( 366 ) 

cordatU oyatîs acumiiiaiis , sepalis lanoeolato-Uoearîbas acu- 
mînatis pilosia, coroUae lacmiis ovato-laiiceolatis longe acuini- 
Dalis extus pilosiusculis iotus glabris calycem duplo superaa- 
tibus. — Flores virides striati diametro poUicari, corona peD- 
tagona fusco-purpurea , folia 2-pollicaria petioli pollîcares. 
Affioîs GoHoiobo grandifloro, Bot. Reg. 

4u. — Croit dans les bois de chênes des montagnes de 
El Sabine, près El Fajayuca, au N. de Mexico , à 6,S00 
pieds. FI. vertes , rayées. Septembre. 

S4. GoHOLOBus rusGcs. Dtcaitne, 

(CoU. H. Oal. lf« 154e.) 

2|.u. — Dans les ravins humides d*Arumbaro, prèsMo- 
relia, à 4,000 pieds. FI. brunâtres. Août. 

2^. GOHOLOBDS Tn«BH8. Decai$ne. 

(GoU. H. Gftl. N« 1559.) 

4u. — Se trouve avec le Gtmolobus striatuê Nobis. FI. 
brunes et vertes. Septembre. 

M. GoiOLOBDS GHLOBABmos. D&ioUne. 

(CoU. H. Gai. M» 1523.) 

SU. — Croit dans les bois de Xalapa, à 4,000 pieds. F). 
vert-jaunâtre , rayée. Mai. 

27. GOHOLOBOS YIHBSCEHS. DwaitfM. 
(Coll. H. Gid. V 1552.) 

4^. — Croit dans les haies de San Pedrito, près 
Mextitlan (au NNE. de Mexico) , à 4,500 pieds. FI. ver- 
dâtres. Septembre. 

28. GoHOLOBcs NEMOROScs. Deoaisw. 

(GoU. M. Gd. N» 1540.) 

4u. — Croît dans les bois de Penoles (Misteca Alta, 
Oaxaca) , à 6,500 pieds. FI. vertes. Avril. 

39. GoNOLOBcs 6RACILIS. Decaism. 

(Coll. H. Gai. N« 1531.) 

4ci;. — Croit dans les taillis de Sola (département 



( 367 ) 

d'Oaxaca)» au bord des ruisseaux, à 4,800 pieds. FI. ver-* 
dàires et brunes. Septembre. 

30. GoNOLOBiis LiTTOBALis. Decttisue. 

(Coll. H. Gai. No 1545.) 

4u. — Dans les taillis et sur les dunes du littoral de 
Vera-Cruz. FI. verdâtres. Septembre. 

31. GoBOLOBus TBISTI8. Decaisne. 

(CoU. H. Gai. No 1530.) 

4o. — Autour des arbres , au bord de la rivière de Ya- 
vezia, surtout à l'Hacienda del Socorro, à 6,250 pieds. FI. 
verdâtres. Novembre. 

32. GOHOLOBUS BARBATCS. EBK. 

(CoU. H. Gai. NO 1625.) 

4u. — Croit sur les dunes de la côte d'Oaxaca baignée 
par rOcéan pacifique. FI. verdâtres. Septembre. 

33. GoHOLOBDs BiCiER. R, Brown. 

(CoU. H. Gai. NO 1522.) 

4u. — Dans les taillis du littoral de Vera-Cruz et de 
FAntigua. FI. noirâtres. Juin. 

34. CvOiiOLOBiis COBGESTUS. DecoUne. 

(Coll. H. Gai. No 1528.) 

4u. — Dans les bois de Juquila ( près de la côte pacifi- 
que d'Oaxaca), à 5,000 pieds. FI. brun-pourpré. Sep- 
tembre. 

35. GoBOLOBUs LARCEOLATUS. Decoime. 

(Coll. H. Gai. No 1518.) 

I^tj). — Dans les bois de la colonie allemande de Mira- 
dor, à 3,000 pieds. FI. vertes tachetées. Juin. 

36. G0BO1.OBDS siDiEFOLius. Nobis. 

(Coll. H. Gai. No* 1520 et 1561.) 

Gaule petiolisque fulvo-hirsuto-pilosîs, foliis longé petiolatis 



( 368 ) 

amplis 8Înu angusto et profundo cordatis apice abrupto et 
longé acuminatis margine ciliatis supra pubescenti-hirtis 
subtus glabriusculis , pedunculîs hirsutis petiolo multum bre- 
vioribus, calyce pubescenti-velutioo corolla dimidio breviore, 
sepalis ellîptîca-elongatis , corolla rotata plana laciniis o?ato- 
rotundatis fuscis supra glabrîs atro-purpureo-retîculatis sub- 
tus hinc glabris bine pubescenti-velutinîs. — Petioli 8-10-poi- 
licares , folia adulta subpedalia cordato-rotundata acuminata, 
infloresceutia et fructus ob specimîna încompleta îgnoti. 

îu. — Cette belle liane entoure les arbres les plus éle- 
vés des ravins de Mirador et de Zacuapan , à 2,000 pieds. 
FI. rouge-orangé. Juin. Très-rare. 

VIII. POLYSTEMMA. Decaime. 

37. PoLTSTEMiiA viRiDiPLORA. Decùisne. 

(GoU. H. Gai. NO 1517.) 

Ob$, Habitus Gonolobi; sed corona staminea ligulis 51inearibus patulis 
purpureîs, setîs pluribus nigricantibus interpositis , donata. 

4^. — Dans les bois et taillis de Santiago de Huatusco, 
près Mirador, à 4,000 pieds. FI. vertes et brunes. Août. 

IX. BLEPHARODON. DeeaUne, 

38. Blbpharodon mucrohatuii. Deeaisne. 
Syn. Astepbanus mucronatus Sehleeht. 

(GoU. H. Gai. N» 1524.) 

21-u. — Dans les bois de Mirador et de Zacuapan , i 
3,000 pieds. FI. blanches. Juillet. 

39. Blepharodon keriifolium. Deeaisne, 

(GoU. H. Gai. N» 1535.) 

S . — Croît au bord des rivières de la Chinantla à Joco- 
tepeque, à 2,000 pieds. FI. brunes. Juin. 



( 369 ) 

X. CHTHAMALIA. Deeaisne. 

40. Ghthamalia peddnculata. Deeaisne. 
Syn. Xalayote^*) incolarum. 

(Coll. H. Gai. N«« 1548 et 7211.) 

4. — Croit sur les rochers et dans les champs de Santa 
Maria » près Morelia de Yalladolid » à 6,000 pieds , et dans 
les forêts de £1 Sabino (au nord de Mexico) , où les habi- 
tants en mangent le fruit, qu'ils appellent œalayote. FI. 
brun-jaune. Juin-septembre. 

GENTlANEi£. Jcss. Griseb. 
I. GENTIANA. Tourn. 

1. GENtlAItA SPATH ACE A. fFUld. 
(Coll. H. Gai. No 1481.) 

e. — Croît dans les montagnes de la Sierra de Capulal- 
pan (cordillère orientale d'Oaxaca), de 5 à 7,000 pieds. 
FI. bleues. Août. 

s. GeNTIANA LiETIGATA. IVcibiSé 
(Coll. H. Gai. No 1481 bis.) 

{Cyane Ren») Gaule erecto gracili simplici, foliis oppoàitis 
lanceolatÎ8 trinerviis laevigatis, floribus pedicellatis oppositis 
terminal ibus bracteatis azureis , calyce scarioso campanulato 
subîntegro denticulato , corolia iofundibuliformi-campaDulata, 
liiubo decemfido lobis intermediis minoribus bi-vel trîûdis, 
fauce imberbi. — Affînis Gentianae spathaceae, ^Hld»^ sed foliis 
et bracteis angustioribus , calyce non spathaceo-fisso diversa. 

e. — Croit avec l'espèce précédente. FI. bleues. Août. 

5. Gertiana ovALis. Nobii, 

(Coll. H. Gai. No 1483 bis.) 

Gaule adscendenti unifloro , foliis ovali-rotundatis subsessi- 
(*) Prononcez Chalayote. 

ToM. XI. 27 



( 370 ) 

)ibu8 approximalis trinerviU, flore terminalî solitarîo sessili 
campanutato decemûdo fauce nuda , calyce 5-7fido , lobîs obo- 
vato-oblongts inaequalibus. Gaulis pedalU , folia 8-10 liôeas 
longa , 6-7 lineas lata , flos magnus campanalatus Umbo erecto 
diametro aubsesquipoUicari. 

9. — Cette jolie espèce croit dans les bois du pic d^Ori- 
zaba, de 8 à 9,000 pieds. FI. bleues. Septembre. 

4. GbHTIAHA CiCSPITOSA. NM$. 
(Coll. H. GmI. N« 1483.) 

Caulibus caespîtosis subprostratis adsccndenlibus unifloris, 
foliîs obloDgo-ellipticta coriaceia margkie revolutis , flore soli- 
tario terminalî subseaslli campanulato decemfido fauce nuda , 
calycîs laciniis linearibus elongatis , coroUa magna caerulea. 

Ohê, Species haec proximè accedit praecedenti , a <]iiâ folii» flDgu9tk>ribus 
laciniisque calycis linearibus differt. 

9. — Se trouve avec l'espèce précédente. FI. bleues. 
Septembre. 

n. HALENIA. Griseh, 

5. Halehia longicorhc. Ndbis, 

(Coll. H. GU. 1|(» 7168.) 

Gaule eàeapito8<(y adacendeDti'aimplièî fcrlioao^ foHîs lufenV 
rfbti^peliôkilw aiibèpatbnlirtis S-bnerrita, caidiiirisatilxiMoa- 
lis ovalo-^blodgia obtuaià 6nerTTÎ8 , floribua tetrfainialibtisf ^b- 
urabellalis , catjcia laeibils obicmgîé obtusiîr eoroHà dttplo 
mfoor^ëa^ calcaribti# încurl^ii^ dèflexia- divartcatîs corollâ Vîx 
brevioribua. — Foliâ .polIk^Tfa^ florea majtrsotili «emî^polii- 
carea flavi apice vîreacf«4eiv:U(âniae corDllaeiovato-^rolundatae 
Qbtusissimae. — Afiinis Swertiae Michauxianae B. et 5c« 

9. — Croit dans les endroits humides des forêts de 
pins, chênes et arboudie)^ du Gerro* dé ^n Fetipe^-près 
d'Oaxaca, de 8,500 à 9,500 pieds. FI. jaunâtres. Juin-sep- 
tembre. 



( 371 ) 

(CoU. H. GaL No.72200 

Glabra ; caule gracili subsimplici apîce telpagooe basî tan-, 
tum folioso , fuliis triaerTiis spathulatorlao^^l^iti^ longé pe- 
tîoUtîs , iloribus termînalibus cymoso-umbellalis , cymîs 
paucifloris bracteolatis , calcaribus încurvis corolla triplo bre- 
YÎoribus. — Folia ^-l-pQllicaria, petî^H pollicares, caulis apîce 
subramosus , involucri foliola Hnearnsubulata pedicellis inae- 
qualibus minora, flores lutei 3-4 lineas longî,, sepaki oblopga 
corolla duplo minora^ — Aifinis ffaleniap .muli^iflorae Bmth. 

e. — Croit daDs les forèU humides d^hd^it picd^Or izaba, 
de 9 à 11,000 piedQ d'étévatioû absolue. FI. jaùn&trës. 
Août. 

7. Halenia nctans. N6bi$, 

(Coll. H. Gai. No 7222.) 

Caule erecto sîmplicî subtetragono nudiusculo^ foHîs inrc- 
rioribus obovato-oblongîs in petioluoi attenuatis , caulinîs 
lanceolato-linearibus sessilibus, flortbu« solitariis oppositis 
nutaïklibtts laxè subracemoso-spicalis , calcaribus gracilil>us 
corolla triplo minoribus , sepalis spathulato-linearibus obtusis 
corolla duplo minoribus, petali$ obpvato-rotundatis obtu$i$. 
— Folia iaferiora pollicaria petiolis semipollîcaribus , folia 
Hoi^ia lioeairirlaiicleolata:peduoottUti aequiiUa*. •rr' AlBoift H^h- 

e- — Se trouve avec Tespèee précédente. FI. jaunâtres. 

Août. 

' • • • • ', 

8. IIalenia APicuLATA. Tf^ohis. 

' • . ■ • I ■ ■ ■ 

(Coll. H. Gftl. No 7166.) 

Caule bumili subsimplici, foliis inferioribus oblongis 8ner- 
viis longé petiolatis, caulinis sessilibus lanceolatis obtusius- 
culi subconnatis , floribus cymoso-umbellalis penduUs , calca- 
ribus încurvis corolla duplo brevîoribus , petalîs ovatîs obtusis 
apiculatis , sepalis oblongis obtusis coroUà triplo minoirîbus , 



( 372 ) 

cymadensa multiflora. — Caulîs 4-5-poliicari9 , fblia t-If-pol- 
licaria, flores breTÎ pedicellati Klîneas loDgi, laciniae corollae 
distincte apiculata. 

e. — Se trouve avec YHalenia longicomu tiobis an Cerro 
de San Felipe, de 8 k 0,000 pieds. FI. jaunâtres. Sep- 
tembre. 

III. EXADENUS. Grùeb. 

9. ElADENCS ALATt'S. Nohis. 
(CoU. H.Gal. N*722t.) 

Planta pusiUa glabra ; caule simplici erecto subalato nudius- 
culOy foliis radicaiibus congestis subsessilibus oblongo-linea- 
ribus obtusis subtrinerviis caule duplo breYÎoribus , foliis 
floralibus linearibus oppositis, floribus axillaribus solitariis, 
pedunculis tetragonis alatis, calycis quadripartiti laciniis 
ovatis obtusiusculis corolla subrotata vixbrevioribus. — Planta 
3-4-pollicaris basi foliosa , apicep auciflora , corolla lutea 4-fida 
laciniis ovato-ellipticis. 

e* — Se trouve dans les forêts et sur les rochers trachy- 
tiques du pic d'Orizaba , de 9 à 1 1 ,000 pieds. FI. jaunâtres. 
Août. 

tO. EXADEHDS PA0GIF0LIIJ8. Nobiê. 
(Coll. H. Gai. N* 7219.) 

Caule adsceadentt gracili subaphyllo , foliis linearibus elon- 
gatis acutis semi-amplexicaulibus, pedunculis axillaribus ge- 
minis 1'8-floris, calycis 4-partiti laciniis linearibus acuminatis 
tubo corollae vix brevioribus , corollae subrotatae laciniis 
ovatis acuminatis. — Caulis pedalis vix ramosus^ folia caulinia 
1 |-pollicaria , flores lutei parvi. 

e. — Se trouve avec l'espèce précédente , de 9 à 12,000 
pieds. FI. jaunes. Août. 

IV. ERYTHRiEA. Benealm. 

11. ERTTHRiKA TENCIFOLIA. NobiS. 
(GoU. H. Gai. N« 1478.) 

Annua, glabra; caule 4gono alato, foliis lineari-subolatis 



( 373 ) 

intermedio loogioribus , floribus dichotomo-pedunculatis sub- 
apbyllis, corolla rosea subrotata lobis obloDgis tubo duplo 
longioribus. — Flores {pollicares, antherae aurantiacae ele- 
ganter spiratîm tortae. Affinis Erythreae texensi Grisêb. ; sed 
foliîs angustioribus , corollae lobis multo majoribus diJBfert. 

e- — Où trouve cette belle plante sur le mont volcani- 
que nommé Cerro del Coll , près de Guadalaxara , à S,500 
pieds. FI. roses. Décembre. Rare. 

IS. EBYTHRiEA PACCIFLORA. Nob%$, 
(CoU. H. Gai. N» 1482.) 

Gaule tenui angulato sûbsimplici erecto basi folioso apice 
nudiuscalo ac parum ramoso , ramis unifloris , foliis inferiori- 
bus subspathulatis, superioribus lineari-Ianceolatis acutis , 
corollae lobis ovato-oblougîs subapiculatis , capsula ovoidea 
inflata. — Flores lutei , caulis |-pedalis. 

e. — Croît dans les bois du pic d'Orizaba , à 8 et 9,000 
pieds. FL jaune-rosé. Septembre. 

V. URANANTHUS Benth, 

15. tjRANAHT&IJS 6LAUGIF0LIIJS. Benth. 

Syn. Chlora exaltaia Grib. 

(CoU. H. Gai. N* 1480.) 

Oht, Calycis profonde partiti laciniae Uneari-subulatae elongatae planae. 
— Habitus Chlorae perfolicOae L. 

e. — Croît aux bords du Rio Antigua, près Vera-Cruz. 
FI. blanches. Juin. 

VI. ARENBERGIA. Gen. nov. (*). 

Car, gen. Calyx campanulatus ëfidus carinato-angulatuSf 
laciniis eloDgatis lineari-subulatis carinatiê erectis, corolla 
hypogyna rotato-subhypocrateriformîs marcescens limbi 5fidi 



(*) Diximus in honorem Serenmimi ducis d'Arenherg plantanim exoti- 
carum iu Belgio cultoris diligentissimi. 



( 374 ) 

lobis obloDgis lubo longibribus , stamioa '5 ftitiiiiiio îcorolbe 
tubo ÎDserla , ésteriA, anlherae oacillatorîae immutatae Ibngi- 
tudinaliler debîsceDtes , ovarium margiDibus Introflexis semi- 
bîloculare, ovula juxta iatroflçxos valvularum margines phi- 
rima in&iiata, Hylus termiDalia reclus exfterlus slaminibus 
loogior persislens ; stîgma bilamellatum , lamellae obovato- 
rotundatae divaricatae margînibus revolulîs; capsula oblonga 
subovoidea tubo coroUae marcidae scarioso obtecta. — Habitus 
Chlorae. 

Obs. Ad tribum CMorae Griseb, erat referendam genus nostram Disi 
ttylo in capsula matura persistenti ab illo recederit, itaque ad Iribam 
LiMk^nthea» €H$ék. pertinet^ Biflfbrt ahSrj^hnua aotheris imHiiitatiB,caljGe 
campaiMlato, capsula ««Ibloogo-fliiboToidea ; a CaUopiêma Mart, cal/ce 
campanulato 5^fido, staminibns 5 ; a Chlora Gris, caljrce alato, capsub 
semibiloculare ; a Zygottigma Griieb, stîgmatibus non conglutinatîs,co- 
rolla rotata ; a Lisiantho Auhl. calyce carînato-alato, 

14. AnEHBKRGIA CLADCA. 

(Coll. H. G«]. N« 1474.) 

ÀDDua. Caule tereti glau<^ ereoto 8ub-3chotomo-ramoso, 
foliis ovato-obloDgis connatîs obtusîa intcgerrimis glaucis sub- 
Snerviia^ floralibus vcl bracteis lineari-fîlîformîbus, floribus 
dichotomo-paniculatis subcorymbosîs , pedunculîs angulatîs, 
calycia laciniis carinatis ovatia apice subalato-attenuatis elon- 
gatis. — Flores pallidè roseî limbo Spartito laciniis lîneari-Iao- 
ceolalis |po11icaribus , capsula |pollicaris, anlberae subrecu^ 
vatae. 

Obs, Specîes haec LUiantho glauci folio Jacq, (ic. rar. tab. S3) 
proxîmè accedit; sed differt calyce alato, foliis internodio longioribus, 
floralibus lineari-filiformibus. 

e* — Oa trouve cette belle plaatedaas les forêts du Ma- 
naotial» route de Yera-Cruz à Xalapa; dans la région 
chaude de la côte. FI. roses. Mai. 

VII. LISIANTHCS. L. 

Itf. LlSIANTHDS CRASaiCACMS. JVobiS, 
(Coll. H. Gai. No 7176 ) 

Caule herbaceo crasso elato fistuloso tetragono alalo , apice 



( 375 ) 

kufaaphyllo, foliifi^ppositis amplis subconnatis obovato-laDceo- 
lalis acuminatis basi atieiiuati$ margioe inembraaaceo^ pani- 
cula termiualis cymosa laxa dichotoma , calycis campanulati 
laciniis ovatis obtusissimis , corblla infundibuliforrai calyce 
quintuplo longiore, laciniis lirabi ovatis obtusis. — Flores pc- 
dunculati virescentes, l|pollicares; folia caulina ovalo-lan- 
Cjeolata 8 poliices longa , 2-8 pollices iata ; folia floralia ovata 
2-8 pollices longa , 1 \ polUcem Iata. 

11. — Cette belle plante croit dans les taillis et les sa- 
vanes situées sur les versants des montagnes de Ghoapam , 
dans la GUnantla (Oaxaca) ^ ^ 5/)00 pieds. Fi. vertes. 
Juin. 

VIII. LEIANTHUS. Griieb. 

16. LeIAITHI'S III6RE8CENS. GrÎHb. 

Sy». .Uwanthiis Qig^escens>tSS0A(ecA^ 

(CoU.H..Cal. N0 14J3.) 

2|.» **^ Croit dan& les boî&pâu épais , dans tes savanes , et 
sur les roêfaers de Mirador «t^de Zàouâpan, près Viei^â^Gruz , 
et dans 'toute 'la Gbihantia (Oaxaca), de 3 à 3,000 pieds. 
Fl . ncfir-pé rptir in . Juillet. 

IX. VILLARSIA ^en^ 

17. YlLLARSIA HUMBOLDTIAHA. UBE. 

Syn» Limoanthemum Jlumboldtianum Griseb. 

(CoU. H. Gai. N» 1461.) 

4- — Croit dans les marais et au bord des ruisseaux , 
près Yera-Cruz. FI. jaunes. Juin-novembre. 

SPIGELIACEi£. Erdl. 
SPIGELIA. Z. 
1. Spigelia spbciosa. ffBK. 

(Coll. U. Gai. N» 1471.) 

4. — Cette belle espèce, k grosses racines charnues, 



( 376 ) 

croit dans les champs et sur les lisières des forêts , près de 
Penoles à THacienda del Carmen ( Misteca AJta) , à 7,000 
pieds. FI. pourpres et vertes. Avril. 

s. Spicblia lohciploba. Nohii, 

(Coll. H. Gftl. N« 1477.) 

Foliis obovato-oblongis acuminatîs supra glabris subtus pilo- 
«usculis, spicis terminalibus plurimis , corolla tubulosa gracili 
elongata ^ubspiraiiter torta , staminibus subexertis. — Corolla 
2 poliices loDga, vix 2 lineas lata , punicea , limbo vîx ampliato. 

2|.. ' — On trouve cette espèce remarquable dans les en- 
virons de Régla y près Real del Monte ^ à 6,500 pieds. FI. 
pourpres. Septembre. 

3. Spigblia pauciploba. NohU, 

(CoU. H. Gai. N«i 1475 et 1479.) 

Herbacea ; caule birto subglanduloso, foliis ovatis subcorda- 
tis semi-amplexîcaulibus nervosis integerrimis ciliatis supra 
glabris subtus piloso-birtis , inferioribus oblusis subcounatis, 
superîoribus acutis majoribus , spica terminali brevi secunda 
erecU 2- 4-flora.-— Corolla yiolacea tubuloso-infundibuliformis 
sesquipollicaris calyce triplo longior , calycis lacioiae lineari- 
lanceolatae ^pollicares. — * Affinis Spigeliae scabrelhej Benih» 

2|.. — Croît dans les forêts des ravins d*Arumbaro , près 
des sources thermales > à 3,000 pieds, et sur les rochers 
de Santa Maria , village situé près de Horelia de Michoa- 
can, à 6,000 pieds. FI. violàtres. Juin-août. 



Notice sur un recueil d'anciennes chansons françaises, par 

M. Willems. 

Dans mes recherches qui ont pour but de rassembler les 
matériaux d'un recueil de chansons flamandes , que je me 



( 377 ) 

propose de publier incessamment avec des mélodies , j'ai eu 
beaucoup de peine à reconnaître l'origine véritablement 
flamande de certaines productions de ce genre , en ce qui 
concerne la musique ou Fair, surtout depuis le XVP siè- 
cle , alors que ta réforme religieuse, agitant les esprits de 
nos ancêtres y fit arriver de France beaucoup de mélodies 
étrangères, avec les psaumes deMarot.Plustard, les trou- 
pes du duc d'Alençon nous en apportèrent encore d'autres; 
de sorte qu'avant la fin de ce même siècle , les joyeux cou- 
plets des poètes français eurent assez généralement la vogue 
en Flandre et en Brabant, tout comme aujourd'hui.Déjà en 
1576 on avait commencé d'en imprimer un certain nom- 
bre à Anvers, sous le titre de : Reciml et eslite de plusieurs 
belles chansons joyeuses , honnestes et amoureuses, parties 
non encore veues et autres, colligées des plus excéUents poètes 
françois, par /. W. Livre premier , un volume petit in-12 
de 608 pages, que je n'ai pas eu le bonheur de rencontrer, 
mais que je trouve cité dans Brunet , sous le nom ^Etienne 
Walcourt, ainsi que dans le second volume du Recueil de 
chants historiques français, publié par Le Roux de Lincy, 
page 644. 

La plupart de ces chansons françaises portaient l'em- 
' preinte d'une galanterie quelque peu excessive. Elles durent 
avoir beaucoup d'influence sur les mœurs de ce qu'on ap- 
pelle la bonne société, en Belgique; car j'ai pu constater 
que nos dames flamandes, même les plus dévotes , les con- 
naissaient. Elles les chantaient probablement, se montrant 
ainsi ferventes à l'amour de Dieu sans perdre de vue les 
plaisirs que l'on goûte à l'amour des hommes; témoin tous 
ces recueils de chants religieux qui ont été imprimés dans 
la première moitié du XYII* siècle , tels que le Geestelycken 
Leeutœrcker de 6. Bolognino, le Blyden Requiem et autres, 



( 378 ) 
dan» l^squelâ on Ireuve de$ îttdicaliODS d'airs français 
irèa^iHMiqQéSv pfti* ^«emple ceux^-ei : 

Air : Philis, cachez voire beau sein. 

» Qu*un baiser me semble doui. 

• Amour, puisque le feu de la flamme divioe. 

» Il n*e8t plus lemps de faire résistance. 

«> )*ayme la blonde et la brune. 

» <QBand je t«is ix ^erge ouverte. 

» OieuK, que Baccfaus a des chalrnes. 

)» Que la débauche est déleclable. 

» Nuiot, agréable mère des plaisirs. 

» Que cette brune est parfaite. 

n Si c*est pour mon pucellage, etc., etc. 

Un recueil de pareilles chansons est dernièrement tombé 
entre '^wesvmains, et j'en ai fai4 racqnisiiion. C'est w vo- 
lume manaserit de Tannée IGOS, déforme oblongue in4% 
contoaant soixante-dix^Hiit feuillets, doot le texte, ^«ant 
à la composition poétique^ semble appart^ir pr^squ'ieotiè- 
rement au XYP siècle. Il a été écrit en Flandre «ou en 
Brabant; du moins je le suppose; car des pièces y sont 
marquées comme devant être chantées sur des airs natio- 
naux, tels que le chant de Nassau et le chant de Franskm 
Floris. D'autres portent en tête Air de France. 

Comme ce volume, composé de 89 chansons amoureu- 
ses, parmi lesquelles il y en a de très^libres, contient quel- 
que ch<^se d'intéressant pour l'histoire littéraire, et même 
des morceaux compi^is dm» une publication <de l'académie, 
je me fai^ un devoir de le mettre sous: les yeux de cette 
compagnie et d'en idonner<un léger aperçu. 

Et d'afi«fd'jef>ferfti t*emanquer <|ii'<m y lit trois ebansoDS 
qui se retrouvent dabs les albums de Marie de fiekerke et 
d'Hélène de Mérode, nofamment^de celles qui ont été pu- 



( 379 ) 

biJées par notre honorable confrère M. André Van Hassdi , 
à la «aile de sa dissertation couronnée sur Thistoire de la 
poésie française en Belgique , pages 3Qâ-310. J*en citerai 
les deux premières lignes : 

1** Au feuillet 10, recto : 

Cruelle départie 
3Ialheureux jour! 

( Sept couplets ; ainsi un de plus que dans le XI1I*= volume àt% 
Mémoires couronnés de l'académie , page 502. ) 

2<* Au feuillet 24, verso : 

Sentit soit l'œil brun de ma dame, 
Pour quy j'ay l'amoureuse flamme» 

(18 couplets au lieu de8<dii<que4oDne M. Van Hasselt , pp. 508 
et 509. ) 

Il existe une chanson flamande commençant par les 
mêmes mots : 

Ghesegent sijn mijn liefs hruyn ooghen , 

et dont la musique, pour la partie de mperior et de bassus, 
est imprimée dans lë recueil Ben boeck der gheestelycke 
sanghen, Blyden Requiem, Anlw», 1651 , p. 125. 

3* Au feuillet 38, verso : 

'■■ Vite jeune fllhelte 

De noble cœur, 

« ■ 

''' (^Dix 'cevpletsi'M. ^an H'àsselC n^en a fait imprimer que six , 
peut-être a^t-il fait chroir des meilleurs seulement, p. 510. ) 

Béàûcouj^ de variantes sont à signaler dans les deux 
textes; toutefois je ne crois pas devoir m'en occuper. Mais, 
ce qui s\ trouve de plus curieux à voir c'est que le premier 



( 380 ) 

des trois morceaux dont nous venons de parler, com^ 
menée par un couplet entièrement conforme au refrain 
d'une chanson généralement attribuée à Henri lY , roi de 
France. En effet, je lis dans mon manuscrit : 

1. 

Cruelle départ y e 
Malheureux jour ! 
Que ne suis-je saus vie 
Ou sans amour ! 

S. 

Que ne te puis-je suivre, 
Soleil ardant ! 
Ou bien cesser de vivre 
En te perdant , etc. 

Le commencement de la chanson de Henri IV , adressée 
à sa maîtresse^ est comme suit : 

Charmante Gabrielle , 
Percé de mille dards. 
Quand la gloire m^appelle 
Sous les drapeaux de Mars , 

Cruelle départie. 
Malheureux jour ! 
Que ne suis-je sans vie 
Ou sans amour (1) ! 

Cette concordance nous permet de croire que le royal 
amant aura emprunté ce refrain à une chanson fort en vo- 
gue durant son règne et que Gabrielle d*Estrées affection- 
nait peut-être préférablement à toute autre. Je n'en doute 

(1) Âuguis, lei Poètes français avant Malherbe y vol. Yi, p. 5. 



( 381 ) 
aucunement. On peut citer des milliers d'exemples de 
pareils emprunts faits aux airs vulgaires. Malheureuse- 
ment pour la mémoire littéraire du poète souverain , ces 
quatre lignes étaient ce qu'il y avait de mieux dans sa com- 
position. 

Au verso du SS"" feuillet de mon manuscrit se lit la belle 
chanson : 

Duict , jalouse nuict , contre moi conjurée , 
Quy renflammes le ciel de nouvelle clarté, 
T*ay-îe donc aujourd*huy tant de fois désirée 
Pour estre sy contraire à ma félicité ? 

Peut-être est-ce la meilleure de toutes celles du XVI* 
siècle. J'en connais plusieurs imitations , même dans le 
volume qui nous occupe , et janker Jacques Ymmeloot, 
seigneur de Steenbrugghe en Flandre , en parle avec éloge 
dans son ouvrage : La France et la Flandre reformées, 
Iraictié enseignant la vraye méthode d'une nouvelle poésie 
françoise et thyoise, harmonieuse et délectable (i) page 47, 
tout en se permettant d*y critiquer quelques messéances de 
rhythme. < Quant à la chanson , dit-il , qui commence O 
» nuict y jalouse nuict, contre moi conjurée, etc., nous ne 
> sçavons qui en est l'auteur , mais bien souvent en nostre 
» jeunesse de l'avoir ouy chanter les dames mille fois, et 
* n'y avoit autre plus en vogue qu'icelle. > 

La mélodie en est charmante : je la publierai dans le 
recueil de ma collection , avec la traduction flamande pour 
les trois premiers couplets, due au même seigneur de 
Steenbrugghe (elle en a quinze dans l'original). 



(1) Traité fort curieux et extrêmement rare, imprimé en 1636 a?ec le 
Triple meslange poétique latine, françoise et thyoite, du même auteur, 
cbe2 Jean Bellet, à Ipre , un volume in-4<*, oblong. 



( 3tt2 ) 

Quant au. texie fraoçai^ de ce iner!ees^i».auti:efois;&i ik 
pai^u €;a notre paja » iwm 4'a]^Kd,Q9péré i à. faîa^cB^ 
de cette grande ppWi(ùté».sîgw:ordjmijrQ.df$iriiuligé»a(» 
de pouvoir ra^^nbuêr à qvifiii^^mii^eiA.fm^ dfiMMvr 
que; mais j'ai été bien déçu dans mon espoir en I&retroM; 
vaat entièremeol dam lea œuxreside Phillpfb il^cspoEtes, 
abbé de Thiron , page 383 de Fédition imprimés cbéz 
Ârnould Goninx, k Anvers, en 1996, et page 518 de Tédi- 
tion de Rouen, de Fannée 1611. 

Enfin, an feuillet .43 recto., nouSr lisons uBéd.Cham(m 
de Madame la sœurdu^ roy , $ur c$ chant : i^ vaudrais estre 
morte. Sans aucun doute cette sœur, du roi ne. peut être 
autre qiie Marguerit^e^de yaloi3^:née le44 n^ ^^ , sœur 
de^ rois de France ,,Francqîsn,.Ch,arjçs. IX. el;^!^^ 
puis femme, mais femippbientotVréPHfliécj.de.ï^ 
Elle s'est fait connaître jpigi^spn ^tf:ême,g^nji^rie».el,pD$ 
dévotion non moins outrée pen(}ajat le ten^ps, de sajédu- 
sion au cbàteau. d*Usson (1), et mieux encore par des mé- 
moires historiques, d'une élégance, peu pommuoe, que je 
regrette de ne pas voir cités dans VEssai sur les meilleurs 
ouvrages écrits en prose franççise <de M, le,çopi^($ Fjcapçois 
de Neufchâleau. 

Cette chanson donc, con^ppsée probajjlçmj^m ppur IV 
mantde la reine, d'Aubiap^JeTai vainemept, cherchée dans 
toutes les collections d'anciennes poésies françaises à moi 
connues. Par ce mptif ,.je terminerai, wa,pf)ései^le.npM.çe en 
la reproduisant ici ,te^tuel).çment. 

J*ayme en ce village 
Ung jeune berger, 

(1) Voir le dictionnaire de Baj^le, à Part. Us$on, 



( 383 ) 

Qny n^est point volage, 
Ny son cœur léger. Gay. 
Quoy queJ*oii Iqy poule envie 
Je Fayme plq8;que;ma:i?ieé, 

â. 

11 y* est a^r^ble , 
De bonne façon , 
D*autant plus amiable 
Qu*il esl beau garçon. Gay. 
Quoy queiToatuy. porte envie 
Je Tayme plus qve »a vie« . 

3. 

L^amour esl la Haminç 
Quy brus!» son cœur , 
Embrasant mon ame 
De pareille ardeur. Gay. 
Quoy que Ton luy porte envie 
Je Tayme plus. que ma vie. 

Celles quy d'^nj^ie, . 
Me le vont blasmant 
N*auront en leur vie 
yng pareil amant. Gay. 
Quoy que Ton luy porte envie 
Je Fayme plus que ma vie. 

». 

Je scay qu*il n*adore 
Que moy seulement;. 
£t moy qui Thonore , 
On m*en va blasmant ! Gay. 
Quoy que Ton luy porte envie 
Je Tayme plus que ma vie. 



{ 384 ) 

6. 

Je acay qoe pour rien 
Ne Touldroit changer 
Sa gaye bergère (1) , 
Pour une aultre aymer. Gay. 
Quoy que Ton luy porte envie 
Je Tayme plus que ma vie. 

7. 

Quoy que on le soupçonne 
D*aymer auUre part , 
Je scay qu*à personne 
Son cœur ne départ. Gay. 
Quoy que Ton luy porte envie 
Je Tayme plus que ma vie. 

Je scay bien qu*îl n*aynie 
Que moy soubs les cieux ; 
Son amour extrême 
Se lit dans ^es yeux. Gay. 
Quoy que Ton luy porte envie 
Je Tayme plus que ma vie. 

». 

Sy en ma présence 
A quelque aultre il rit, 
Ce n*est qu*apparence, 
Point ne la chérit. Gay» 
Quoy que l'on luy porte envie 
Je l*ayme plus que ma vie. 



(1) Ceci ne rime pasa?ec rien. II est probable quMci , comme aussi au 13' 
couplet , le copiste a mal copié. 



( 385 ) 

10. 

Je suis asseurée 
De sa loyauUé j 
Il me Ta jurée, 
C'est la vérité. Gay. 
Quoy que l'on luy porte envie 
Je l'ayme plus que ma vie. 

11. 

Sy tost qu'il souspire 
Je fonds toute en pleurs; 
S'il plaint mon martire 
Je plains ses douleurs. Gay. 
Quoy que l'on luy porte envie 
Je l'aymè plus que la vie. 

12. 

Las , je ne puis vivre 
Si je ne le vois ; 
.Mon cœur pour le suivre 
S'absente de moy. Gay. 
Quoy que l'on luy porte envie 
Je l'ayme plus que ma vie. 

13. 

Parle quy vpuldrat ! 
Jamais je n'auray 
Servant plus loyal. 
Plustost je mouray. Gay. 
Quoy que l'on luy porte envie 
Je l'ayme plus que ma vie. 

14. 

Vien donc , mon amy , 
Approche de moy ; 

TOM. XI. 28 



( 386 ) 

Passe ton envie , 
Il ne tient qu*a toy. Gay. 
Quoy que Ton Iny porte envie 
Je Tayme pins que ma vie. 



PALÉOGRAPHIE. — HISTOIRE. 

Suite des extraits des manuscrits de la bibliothèque royale. 

— Ancien manuscrit de Priscien. — Vie de S^-Vulfilaïc. 

— Lettre de Sismond sur le ghronigon centulense. — 
Guillaume Wiltheim. — Catalogue des abbés de Saint- 
Vit. — Rit de la séquestration d'un lépreux dans Vm- 
cien diocèse de Trêves; par le baron de Reiffeoberg. 

Le jésuite Alexandre Wiltheim , dont le souvenir est 
encore vivant parmi toutes les personnes qui , dans le 
Luxembourg y ont quelque sympathie pour les lettres, et 
dont M. le docteur Neyen a publié récemment l'ouvrage le 
plus important, entretenait une correspondance scientifi- 
que des plus étendues. Les immenses relations de sa société, 
sa réputation , ses amis , tout contribuait à le mettre 
au courant de ce qui se faisait de considérable dans le 
domaine de Térudition. De là des recueils de toute espèce 
formés de pièces composées par A. Wiltheim lui-mémeou 
qui lui étaient communiquées, des notes , des extraits, des 
transcriptions 9 etc. La bibliothèque royale en possède 
beaucoup , sinon la totalité, et déjà j'en ai tiré des mor- 
ceaux importants ^ tels que de petites chroniques de Sta- 
velot et de S*-Maximin de Trêves , un mémoire sur saint 
Yulfilaïc , etc. Ces extraits sont empruntés , sans exception , 



j 



(387 ) 

au t. P' des CollecUones scriptorum minusculorum Alexan- 
dri Wiltheim, n'' 2105—2153. 

Je vais encore en tirer quelques pages qui pourront in- 
téresser les gens de lettres. 

Mais d*abord je dirai , ne fût-ce qu'en faveur de M. Linde- 
mann (i), que Wiltheim nous donne le signalement d'un 
manuscrit très-précieux d'un grammairien sur lequel il y 
aurait encore à faire un beau travail philologique. Je veux 
parler d'un Priscien de la bibliothèque de S*-Maximin de 
Trêves dont je ne connais pas la destinée ultérieure. 

Ce MS. fort ancien offrait ces lignes avant le Prooemium : 

Scripsi ego Theodorus Dionysiî F. Z>. memorialis sacri 
scrinii epistolarum et adjutor V. M. questoris in urbe Roma 
Constantinopolitana me. KL octob. indictione V , Olibrio 
V. C. Cons. 

En tète du sixième livre y on lisait : 

Incipit liber VI féliciter. Scripsi ego Theodorus Dyo- 
nisii V. D. memorialis sacri scrinii epistoL et adjutor viri 
M. questoris S. pal. in urbe Roma Constantinopolitana, 
Olibrio viro C. C. 

A la fin du huitième livre on trouvait : 

Artis Prisciani viri disertissimi grammatici Cesariensis 
doctoris urbis Rome Constantinopolitane praeceptoris mei 
lib. VlIIdeverbo explic. féliciter. Incipit q'usdem lib. VIIIJ 
de generaliverbo, déclinât, fi. Theodor, Dyonisii memorialis 
epistolarum et adjutor viri magni questor. S. P. scripsi ar- 
tem Prisciani grammatici doctoris mei manu mea in urbe 
Roma Constantinopolit. die III id. Januarias, Mavortio 
viro consule, indictione quinta. 



(1) Éditeur du Corpu$grammaticorunilatinonAfnveterum,h\^%.^\%Z\ 
et «uiv. , in-Ar, 



( 388 ) 

iQscription qui diffère un peu de celle d*un manuscrit 
de Priscien de Tabbâye de S'-Laurent de Li^e, ainsi que 
Ta observé Laevinus Torrentius. 

Le livre douzième se termine par cette formule : 

Theodorus memorialis S. S. epistolarum et adjutor Y. M. 
qtiestoris S. P. I. scripsi manu mea in urbe Roma Canston- 
tinapol. Nonis februariis, Mavartio csiUe. 

Les indications du P. Wiltheim ne nous en apprennent 
malbeureusement pas davantage. 

Nos autres extraits consistent dans une vie fort conrte 
de Vulfilaïc , celui-là même dont Grégoire de Tours nous 
a fait connaître aussi les terribles austérités. Yulfilaïc était 
lombard, et ces barbares^ en renonçant au paganisme, 
semblaient transporter dans leur nouvelle croyance Fen- 
tbousiasme farouche, la sévérité impitoyable de leurs 
mœurs sauvages. Yulfilaïc, sous un climat rigoureux, s'éta- 
blit en plein air au sommet d'une colonne , pour imiter 
saint Siméon d'Antioche; mais admirez la sagesse de Fé- 
véque de Trêves ! en louant la piété de Vulfilaïc , il le rap- 
pelle à la modération , il ne veut pas qu'il soit si cruel pour 
lui-même, et lui montre qu'il est d'autres voies plus rai- 
sonnables qui mènent à Dieu. Grégoire de Tours nous avait 
déjà révélé ce fait si apostolique, et c'est une grande leçon 
pour les imaginations échauffées qui voient la perfection 
où elle n'est pas réellement, pour cet orgueil qui triomphe 
dans de fastueuses macérations. 

Cette légende est suivie d'une lettre datée de 1649 et 
écrite par le docte jésuite Sirmond , relative au Chrmicon 
Centulense qui a paru dans le tome IV du Sptdkgium de 
Dachery. Paris, 1635-1677, in-4^ 

Une autre lettre, de ces circulaires que les Jésuites en- 
voient à la société pour l'informer de la mort des leurs, 



( 389 ) 

contient une biographie de Guillaume Wiltheim, père 
d'Alexandre, et montre en lui Talliance de la piété et de la 
science , du détachement du monde et du dévouement à 
l'humanité. 

Vient ensuite un catalogue des abbés de S*-Vit , qui peut 
servir à la rédaction de la Belgica sacra. Enfin quelques dé- 
tails touchants , dans leur rude simplicité, sur les lépreux 
àe l'ancien diocèse de Trêves. Ce mélange de cruauté 
et de pitié religieuse , cet exil désespérant prononcé au 
nom d'un dieu de charité, arrachent presque des larmes et 
font souvenir des pages admirables du comte Xavier de 
Maistre. 

Je ne finirai pas ce court préambule sans ajouter deux 
mots à la remarque que je me suis permis de faire derniè- 
rement sur les peintures des anciens évangéliaires. M. F.- 
H. Mûller , directeur de la galerie de S. A. R. le grand duc 
de Hesse , a donné dans ses Beidraege zur teutschen Kunst- 
und Geschichtskunde durch Kunstdenkmale (Leipz., 1837^ 
în-4'', p. 43) , le fac-similé d'une miniature représentant l'é- 
vangéliste S'-Jean, d'après un évangéliaire du XP siècle, 
conservé dans le dépôt dont il a la surveillance. Cette mi- 
niature est presque identique avec celles de plusieurs de 
nos évangéliaires , notamment celui deSMacquesdeLiége. 

Qu'y a-t-il d'étonnant? Il existait des types que les mi- 
niaturistes copiaient fidèlement et dont l'usage n'atteste 
pas toujours le temps ni le pays où le manuscrit a été 
exécuté. Quant aux symboles avec lesquels on a représenté 
lesévangélistes, on se souvient que M. Peignot a écrit une 
dissertation sur ce sujet (i). 



(1) Notice sur un bas-relief représentant les figures mystérieuses et sym- 
boliques dont les quatre évangélistes sont ordinairement accompagnés , sui- 
vie de recherches sur l'origine de ces symboles, Dijon, 1839, in- 4" de 
16 pp. 



( 390 ) 

I. 
Narratio Ebermni abbatis de S. VtUfilaîco. 

Scribit de S. Tnlfilaico Eberwinns abbas ad S. HartiaDum Treviris, A. C. 
995, nt habet Têtus HS CoDflueDtinum vitae S. Magnerici per Eberwinom 
conscriptae. Scribit autem magna fide , nam ea quae aetatem suam antece- 
dunt , conscribit iisdemprope verbis quibus Gregorius Taronensis , testisocu- 
latus , usus est. Ea vero quae addit de translatione S. Vulfilaîci , sont res 
gestae quibus aliquam partem coram ipse Tenit Eberwinus , testis eliam 
proinde oculatus. Eberwino igitur et Gregorio , reor oemo poteotior ad tes- 
tandam Vulfilaîci sanctitatem adduci poterit. 



De memorato autem superius ex Italia yiro (de S. Vulfilaîco 
sermo fuerat) cujus et îpse Magnerici temporibus vitae et con- 
versationis faerit, libet ut dicamus. Hic etenim vir génère 
Longobardus^ nomine Wolfilaïcus, cum adhuc puer esset, 
audita fama bonarum Tirtutum S. Martini , cum primum se pro 
amore Dei in iilis Galiiarum partibus contuUsset , B. Âredio ab- 
bâti, cujus superius mentionem fecimus, discipulo S.Nicetii, 
connivens, et in ejus monasterio conyersatus est , a quo et ec- 
clesiastice instructus, sanctarum scripturarum notitiam me- 
ruit , ita ut eas assidue meditando et legeret et scriberet. Cujus 
etiam optimae conversationis et sanctitatis imitator effectus, 
jejuniis, vigiliis et orationibus indesinenter vacabat, et elee- 
mosynas faciebat. Jam vero profîciente aetate , cum quadam 
vice (1) cum eodem abbate Turonis venisset, et ad sepulchrum 
S. Martini orasset , parum pulveris de eodem sepulchro sibi 
pro benedictione coilegit , et ad collum suspendit ; quod mo- 
nasterio revertens (2) cum detulisset , ita pu I vis in capsula (3) 



(1) Die? 

(2) Alias reversus, 
(5) Alias capaetla. 



( 391 ) 

in qua inerat (1) , cresoere coepit ut foras scaturiret ; quo viso 

miraçulo amplior ei erga patrocinium S. Martini amor excrevit. 

Deinde ad Magnericum episcopum veniens^ locum in territo- 

rio urbis Trevericae expetit , in monte qui non longe ab Epo- 

sino (â) Castro octo miilibus distat , in cujus cacumine orato- 

rium nec non habitaculum proprîo labore construxit, sed et 

columnam sibi statuit, secundum quod Simeonem , sanctum 

illum Antiochenum, legimus fedsse ; in qua cum grandi cru- 

ciatu sine uUp pedum perstabat tegmine. Itaque cum byemis 

iempora advenissent , ita glaciali rigore urebatur , ut ungues 

pedum ejus vis algoris excuteret , et. in barba ejus congelata 

dependeret. Cibus ejus et potus erat parumper panis et oleris 

ac modiçum aquae. Reperit tamen ibi Dianaesimulachrumquod 

adhuc ex fece gentilitatis supererat , quodque a stulto rustico- 

rum populo colebatur. Yerum ubi ad eum ex proximis villulis 

multîtudo confluere coepit, praedicabat jugiter, nibil esse Dia- 

cam , nibil esse simulacbra , vana esse prorsus et diabolica 

omnia quae coiebantur. Flexit Domini misericordia mentem 

rusticam, ut scilicet relictis idoiis Dominum sequerentur. Qua- 

dam autem die convocatis bis qui secum erant fratribus , cum 

simulachrum illud immensum tentarent evertere, factadifficul- 

tate (nam super ipsum antiquus hostis sedebat)^ orationi incu- 

buit, rogans ut virtus illud diyina destrueret. Et surgens ab 

oratione, immisso fune simulachrum iliud ad terram diruit, 

quod malleis comminuendo in pulverem redegit. Uico autem 

malitia Diaboli apparuit. Nam statim antequam yir Oei cibum 

acciperet, ita totum corpus ejus repletum est pustuiis, ut 

nuUus in eo inyeniretur locus vacuus. Ingressus itaque solus 

ecclesiam ad orationis yirtutem confugit , et coramsancto altari 

nudum se exposuit, acceptaque ampuUa^ quam de basilica 

$• Martini secum detulit , omnes artus sui corporis oleo sancto 



(1) Alias erat. 

(2) Alias Evosino. 



( 392 ) 

perunxit , moxque sopori se contulit. Circa médium vero doc- 
tis y cum ad cursum solito reddendum surrexisset , ita sanum se 
reperit| ut nuUiug in corpore ulceris vestigia inyenîre potais- 
•et. Ex uno apparet ulcéra illa immissione dîabolica viro Dei 
inflicta, sed curatioue angelica diTÎnitus fuisse sanata. Eccle- 
siam autem, quam aedificavit, ut diximus, episcopo sacrante, 
Beati Martini aliorumque sanctorum reliquiis illustravit, se- 
cumque nonnuilos iliuc fratrum aggregavit. Ipse deiode in 
magna contritione, camis (1) maceratione, Deo serriens, in 
praedicta columnae suae statione permansit. Ad quem cum, 
ex more yisitationis gratia , venisset episcopus , yidens cum 
tanto labore cruciari et pêne corpore debilitari, compassus 
ejus doloribos ad yiam illum discretionis revocat, atque ab bac 
statione desistere utiliter suadet. « Non enim , inquiens , aequa 
est via quam sequeris ; nec Simeoni Àntiocheno , quiincolumna 
stetit , comparari poteris , nec cruciatum hune te ferre loci 
permittit positio , quia videlicet magnam regio illa persaepe 
dicitur hyemem sustinere. » Descendere itaque eum et cum- 
fratribus quos secum aggregaverat, commanere jubet, majus 
hoc , id est communiter vivere , aliosque instruendo et aedifi- 
cando lucrari , utiliusesse approbans (S). Quam jussionem licet 
moleste suscipiens , quia tamen incongruum valde yisum est 
praeceptis non obedire pontificum , descendit et cum fratribus 
quos aggregayerat , ambulabat, cibumque improbat, praeca- 
yens autem episcopus ne iterum ad stationem illam rediret , 
iterum laboriosa et humanis inexperta yiribus praesumeret, 
quodum die eum ad alium locum destinans, operarios intérim 
yenire fecit , qui praedictam columnam incidentes ad terram 
eliserunt fînemque stationi iliisimul et praesumptioni fecerunt. 
In crastinum homo Dei reversus et columnam destructam re- 
periens , salis aegre tulit , sed, meliore via usus, cum fratribus 



(1) Allas carnisque 

(2) Alias approbat. 



( 393 ) 

deinceps se contulit , multisque post hac clarus virtutibus in 
pace quievit , sepultusque est in eodem loco , in ecclesia quam 
îpseaedificayit, in qua multa apud ejus memoriam referuntur 
crebro miracula. Nostrîs namque temporibus , cum locus idem 
ex antiquitate esset neglectus , contigii ob incuriam ut qua- 
dam die incendium pateretur ; cumque ecclesiam et omnia in 
circuitu ejus absumeret, moesti cives deturbari de B. virire- 
liquiis coeperunt, quia eas velut fracto loculo détectas antiqui- 
tas reliquerat. £t ecce sedato îgne diligenter intuentes , ossa 
S. yiri ab hac ustione intacta repererunt ( 1 ) et ita illuosa ac 
si Dullum locus ille incendium esset perpessus, impletumque 
est quod de sanctis. Psalmista ait : Custodit Dominus omnia ossa 
eorum , unuè ex eis non conteretur. 

Oh hanc ergo causam , et maxime quia solitarius erat locus , 
yisum est Domino yenerabili Egeberto , Treyirorum episcopo , 
ut ossa S. viri ad alium transferrentur locum , in memoratum 
yidelicet castrum, quatenus ibi majori cum reverentîa et cus- 
todia reliquiae sanctae haberentur. Inito itaque consiiio cum 
ex eodem loco praesente episcopo et clericis(â)etmonachisalia- 
que populi frequentia , deportarentur , euntibus iilis , cum jam 
fluTÎum processissent (8) , larga super nos (4) repente pluvia 
descendit : sed ut tanti yiri meritum Dominus ostenderet , per 
omne quod a praedicto loco ad castrum tendebatur spatium , 
cum nequaquam imber cessaret , super sancti viri feretrum 
nec una piuviae gutta cecidit , ita ab illa inundatione protec- 
tus , sicut a supradicta fuerat ignis laesione defensus. Et haec 
de tanto viro dicta sufiiciant. 



(1) Alias reperitinf. 

(2) Alias vel. 

(3) Forte praeterissent , ul habet codex Rubrac Yallis 

(4) Alias eot. 



( 394 ) 

IL 
Lettre de J. Sirmond à A. Wiltheim , sur le chronigom 

C£NTULENSE. 
RbYEEBKOB PATEE lit CBEISTO. 

Pax Christi. 

In codîce Petaviano post loogam exspectationem spes nostra 
nos fefellît. Ubi enim ejus copia facta est , deprehendimus in 
meinbranis illis , vetustis sane et antiquis , aliud nihil contineri 
praeter originem primam et fundationem monasterii et eccle- 
siae S. Richarii. Integrum chronicum et historiam abbatum 
Centulensium nactas aliquando quidam e nostris, brève in 
compendium rédigerai (sic), Inde quae de Elizachare (1) ha- 
bebat , ipso annuente , descripsi et bis literis inclusi , si quid 
forte usui esse possit Reverentiae vestrae. Mitto etiam una ex- 
cerptum quiddam ex bistoria édita archiepiscoporum Senooen- 
sium , ex qua bausisse crediderim auctorem Galliae chrisiianae 
paucula illa quae babet de coenobio et ecclesia S. Maximini. 
Non video quid amplius expectare bac de re liceat. Amolonis 
epistola ad Gotbescalcum mirifîce placuit : neque haec soia in 
îUo codice , sed et alia etiam luce^ opinor, non indigna* Utinam 
haberemus quibus boc Reverentiae vestrae beneficium et alia 
plurîma compensarentur. De vita Joannis Gorziensis , quam ad 
Mussipontanos nostros pervenisse jam pridem litteris suis Re- 
yerentia vestratestata est , nuUumbucusque verbum ab illis fac- 
tum est; nec conjicere possum quae causa silentii. Reveren- 
tiae vestrae precibus et sanctis sacrîûciis me unice commeodo. 
Parisiisdie28 JuDiil649. 

R. V. 

Servus in Chrisio , 

Jacobus Sirmofibds. 
^1) Neuvième abbé de S'-Ricber. 



( 395 ) 

III. 

Lettre circulaire sur la mort du P. Guillaume Wiltheim, 

Rde in ChtoP. 
Pax ejusdem. 

Hodie 26 Martii felix pascha et transitum ad meliorem vi- 
tam, uti speramus, invenit, omnibus eeclesîae sacramentis 
rite raunitus, carissimus nobis in Christo P. GuilielmusWil- 
theim. 

Agebat aetatis annum 42 , initae societatis U , a professione 
quatuor votorum octavum ; quanto tempore in societate yixit , 
variis in locis varia obivit munera , non minore signifîcatione 
virtutis quam ingenii laude. Graecas litteras , poeticam , rhe- 
toricamque in hac provincia docuit annos quinque, theolo- 
giam audivit Duacî et Ingolstadii ; philosophiae triennalem 
cursum ex|)Iicuit Friburgi Brisgoiae. Inde ad nos reversus do- 
cuit in hoc collegio Theologiam moralem annis tribus. Sodali- 
tatem Parthenicam yirorum litteratorum bis rexit, aliquot an- ' 
norum intervallo. Concionator ad populum fuit ordinarius ; ad 
rusticos dixit saepius. Ita erat ad omnia societatis munera 
promptus aptusque , ut quam lubenter ea susciperet', tam bene 
perfecteque omnibus satisfaceret . Itaque tum domesticis tum ex- 
ternis carus admodum fuit, atque ejus jacturam utriquemagno 
moerore prosequuti sunt. Magno redimendam dixerunt, si 
redimi posset. 

Tanta erat in eo scientiarum omnium et historicae antiqui- 
tatis cognitio, ut eo nomine admirationi esset; tantus vero 
animi candor ac simplicitas, ut omnium animos sibi conciliaret. 
Res eas quae inani splendore vulgi ocuios perstringunt, ipse 
adeo contemnebat , ut eum contemptum non tam studio acqui- 
sisse yideretur , quam a natura atque a Deo accepisse. Ërant 
praeterea in eo virtutes omnes , sed eae magis eminebant quae 
cum societatis instituto magis conjunclae sunt , et quae votis 



( 396 ) 

religiosis continentur. In cultu corporis ac vestitu , in supel- 
lectilium cubiculi paupertatis se studiosum semper ostendit. 
Imaginum , rosariorum , numismatum recularumque id genus 
po8t mortem repertum prorsus nihil; cumquehîstoriarum corn- 
mentariis quos posteritati parabat , continenter occuparetur, 
saepe res gravissimas scribebat in studiosorum thematis, ut 
parceret chartae. £a de re tanquam de inuiili parcimonia mo- 
nîtus a familiari quodam suo , respondit ante se idem faclitasse 
Bellarminum , aliosque gravissimos socielatis nostrae patres. 

Obedlentiae vero ac reverenliae erga superiores illi ipsi 
testes sunt quibus eam exhibebat , fatenturque fuisse excelleo- 
tem atque omnibus numeris absolutum.Frater ejusgermaDus, 
bujus urbis graphiarius, cumextremum eivale per quempiam 
nostrorum diceret ac sibi benedici ab eo postularet^ nihil tam 
justis precibus impetravit, donecintellexit aegrotus , bona ve- 
nia superioris , licere sibi fratris benedictionem impertiri. 

De ejus castitate supervacaneum est multa scribere , ange- 
lica fuit. Raro cum sororibus germanis loquebatur ; rarissime 
cum aliis mulieribus ; nunquam cum ulla , nisi abjectis ac de- 
fixis in terram oculis. Qui a puero ipsum noverunt, constanter 
referont ipsum jam tum in tenella aetate muliebrem ornatum 
odisse , fugisse conspectum. Jam caeterarum yirtutum quae 
a societatis religioso potissimum requiruntur, illustria huic 
collegio reliquit exempla. Temporis summam semper rationem 
habuit , ne qua ejus pars absque fructu efflueret. 

Agebat vitam inter libros^ nunquam legendo scribendove 
defessus : atque id studium non ad inanem obiectationem, sed 
ad proximi salutem ac Dei majorera gioriam referebat. Id ita 
esse ex chartula in ejus cubiculo inventa ^ compertum est , in 
qua scripserat sibi propositum esse de humilitate , de patientia , 
dequeDei gloria promovenda examen particulare facere.Etvero 
id illi propositum fuisse vedetur non recens sed antiquum et 
crebro repetitum , in quo tantum profecisse ejus omnisvita dé- 
clarât. Nemo iilum de re uila conquaerentem audivit , nemo 
unquam iratum vel offeosum vidit , ne leviter quidem. Fere- 



( 397 ) 

bat aliorum defectus non modo patienter , sed etiam cum tanta 
carîtate ut si quae colloquia de eis misceri sentiret , ea yel si- 
lentio sopiret , vel alio illato sermone compesceret. 

Morbi doiores et insomnes noctes aequissimo semper anime 
tulit 9 ac, sui oblitus , Ghristi morientis cruciatus interea medi- 
tabatur. Quare subinde a pâtre spirituali rogatus quid anime 
Yolveret, respondit se processiones obire cum Christo , et jam 
ad tribunal id , quod nominabat pervenisse. Nec mortem magis 
timuit , quam horruit morbum. Expetivit illam potîus ac palam 
professus est cupere se jam nunc mori , nisi forte vitam pro- 
trahendo melior esset eyasurus. Guidam impensius se consola- 
vit , dixit se non modo ab omni tristitia liberum esse , yerum 
etiam superabundare gaudio. 

Humilitatem ejus noverunt omnes cum quibus vixit , inter 
quos vixit ut agnus , sine felle , sine fastu , vir tamen magni 
animi. Incessus, verba, facta ,omnia sui ipsius contemptum 
prae se ferebant. £jus virtutis hoc extremum dédit spécimen. 
Confortabatur ipsum sacerdos noster ut fidenti animo mortem 
exspectaret , multis videlicet operibus piis ac vertutibus pa- 
ratam inventurum in coelum viam. Ât ille : « Ego vero , inquit, 
mi pater, de illis meritis ne cogitare quidem volo. » Quin 
etiam religioni ducebat ac humilitati jure minime putabat- 
convenire, sanitatem recuperare miraculo. Âllatae sunt de- 
cumbenti reliquiae S. Maximini, quem sanctum praecipuo 
amore prosequebatur , cujus etiam historiam meditabatur* 
Hune suppliciter ac pie veneratus est ac sacrum ejus caput 
suo capiti applicari voluit. Âlias cum de aliis quoque sanctis 
invocandis mentionem fecisset non nemo , respondit haec jam 
praestita esse , se Dei voluntatem praestolari nec cupere sa- 
nari miraculo. 

Omitto quae ad fraternam caritatem spectant , ut extremum 
hoc attexam de divinae gloriae studio. Hujus propagandae 
studio ac saluti animarum procurandae cum nondum sacris 
initiatus esset , impetravit ab admodum R. P. N. potestatem 
ad Sinas proficiscendi cum P. Trigaultio ; jamque parentibus 



( 398 ) 

valedixerat, iiineri se datunis, nisi aliud rescriptum Roma 
abeuntem detinuisset. Ita profectio quidem illa impedita est, 
aoiinus vero pro Deo et proximo laborandi minime est retar- 
datus. Quamvis enim plerumque domesticis studiis occupare- 
tur , tamen ubi ae offerebat occasio , e musaeo prosiliebat iu 
ciyitatem, in agrum, ad concionandum civibus , rusticis, ad 
solandos pauperes , yisitandos , juvandos morientes. Âtque 
bisce operibua mortem sibi boou$ pater videtur accersivisse. 
Cum enim in pagum excurrisset militum injuriis adeo afflictum, 
ut mortui multî cum aegris eodem strato decumberent, alii 
ad yalyaa templi jacerent insepuiti, ipse et moribuDdorom 
confessiones excepit ^ et mortuos terrae suis manibus mandare 
juvit. Itaque non modico pedore bausto domum reversus, so- 
rorem , virginem Deo devotam , inyenit gravi affectam morbo : 
cui cum animam agenti aliquot noctibus praesto fuisset , eadem 
febri correptus est, nec deinceps ulla arte yel somnus illi re- 
conciliari potuit, vel morbus repelli* . 

Dolemus eum virum immatura morte nobis ereptum esse. 
cujus opéra maxime boc coUegium indigebat : gaudemuseum 
ita yixisse ut merito sperare debeamus ejus animam in coelo 
degere. Si quid tamen humani naevi inter tôt virtutes illi ad- 
haesisset , R. Y . pro eo consueta societatis suffragia dignabitur 
suis indicere meque suis SS. sacrificiis commendatum habere. 
Luxemburgi, 26 Martii MDCXXXVI. 

Scripta per R. P. Lud. RombauU , tum studiorum Luxem- 
burgi praefectum. Nae audita epistola R. P. Petrus Halloix, 
defuncto olim amicus, ob res litterarias, maxime graecas, 
dixit: tt Pater Guillielmus vitasSS. contexebat; atqui ipsius- 
met vita , ut sancti et magai viri , conscribeDda foret. • 

R. V. 

Servus in Christo , 
JoANNES Pbtri. 



( 399 ) 

IV. 

Cathalogus abbatum Sancti Vitoni. 

1 . Humbertus electus anno Dni 952. 
% Àdelmarus, 
8. Âdelardus. 
•4. Ermenricus. 

5. Rothardus. 

6. Lambertus. 

7. Fingenius. 

8. Rîchardus electus 1005, obiit 1046. 
0. Yalerannus electus 1046, ob. 1060. 

10. Grimoldus electus 1060, ob. 1078. 

11. Rodulphus electus 1078, ob. 1089. 

12. Laurentius electus 4089 , ob. 1 188. 
18. Segardus electus 1188, ob. 1142. 

14. Gono electus 1142, ob. 1178. 

15. Rîcherus electus 1178, resigoayitauno sequenti. 

16. Allestanus junior (1) (?) eodem anno 1179 electus et 

mortuus. 

17. Allestanus senior (2) (?) electus ann. 1179, resignavit 

1188. 

18. Thomas, 1187. 

19. Hugo, 1196. 

20. Stephanus, 1197. 

21. Ludovicus frater Albertiexi Yird. , 1288. 

22. GuiUelmus, deinde abbas Sti Mansueli, post hune va- 

cavit abbatia per octo annos. 

23. Radulphus, 1267. 

24. Joannes, 1281. 



(1) Senior. 
(9) Junior. 



( 400 ) 

25. Thiericu8, 1291. Post hune eligitur Gerbertus , sed snc- 

cessît 

26. Philippus d'Orne. 

27. Hugo deRemy, ob. 180S. 

28. Baudotus de Faeuy (?) ob. 1805. 
29 Nicolaus Marlet , ob. 1816. 

30. Symon de Nanceio, ob. 1318. 

31. Theobaldus de Bazaiiles, ob. 1319. 

32. Errardus de BazaiUes , ob. 1849. 
88. Raymundus d'Âthie. 

34. Gerardus de Yauldenay, 1353, ob. 1381. 

35. Joannes Destain, 1882. 

36. Henricus de Passavant , ob. 1417. 

37. Reginaldu8Paiilardel,ob. 1417. 
88. Stephanus Burgensis , ob. 1452. 

39. Joannes de Aianaeio (Nanceio) , ob. 1462. 

40. Guillelmus Gardinalis. 

4 1 . Antonius des Guerres. 

42. Matbeaus de Dompmane. 

43. Gerardus. 

44. Ludoyicus. 

45. Waricus , ob, 1509. 

46. Gobertus, 1542. 

47. Nicolaus a Lotharingia. 

48. Carolus a Lotharingia Archiep. Remens. 

49. Toussanus Hossi. 

50. Carolus a Lotharingia. 

5 i . Nicolaus Psalmaeus , episc. Vird. 

52. Nicolaus Boresmard , episc. Vird. 

53. Carolus Cardinalis Vaudemontan , episc. Vird. 

54. Nicolaus Boucher, episc. Vird. 

55. Erricus a Lotharingia episc. Vird. 

56. Carolus a Lotharingia , episc. Vird. 

57. Franciscus a Lotharingia episc. Vird. 



(401 ) 

V. 

Modus ejiciendi seu separandi leprosos a sanis in dioeœsi 

Trevirensù 

In primis enim leprosus yestibus habitu solito existens , in 
domo sua adventum presbiteri ituri ad domumipsius et ad ec- 
clesiam ducturi , sic exspectet : presbiter indutus superpellicîo 
et stola , cruce praecedente et populo sequente, progrediatur 
ad domum infîrmi, alloquatur eum et demonstret quod per banc 
infirmîtatem corporalem sanitatem animae et domum salutis 
aeternae , benedicendo et laudando Deum omnipotentem pa- 
tienterque tolerando , consequetur. Presbiter leprosum aqua 
benedicta respersum ducat ad ecclesiam, cruce praecedente , et 
presbiter deinde infirmo et parochianis a longe sequentibus 
cantet : Libéra me. Domine, etc. 

In ecclesia vero , ante altare summum , dévote missam au- 
diat, qua finita débet conGteri in ecclesia et non amplius, 
deinde stet leprosus ante portam , aspergat eum salutari aqua 
benedicta et recommendet populo, et modo praedicto eum 
cruce , vexillo , luminaribus ad domum in qua morarî débet 
deducendus est, cantando : Libéra tne^ Domine , etc., quo 
idem pervento sacrae scripturae utendo documentis (videlicet : 
Memorare novissima tua, etc., unde Augustinus : Facile con- 
temnit omnia qui se semper cogitât moriturum) presbiter palea 
terram super quemlibet pedemejus projiciet dicendo iSismor- 
tuuê mundOf vivens iterum Deo. Et eum consolans et in patien- 
tia eum corroborans verbis Isaia de Domino nostro Jesu Ghristo 
dicendo : P^ere languores nostros ipse ttUit et dolores nostros ipse 
portavit et repufavimus eum quasi leprosum percussum a deo et 
humiliatum , dicatque : si infirmitatis corporalis causa se pa- 
tientia Christo assimilaverit , profecto sperare potes quod spiritu 
eum Deo laetaberis» Hoc tibi concédât altissimus , in libre vitae 
scribens te eum fidelibus , amen . 

ToM. XI. 29 



( 402 ) 

Nota. Ântequam intret domum suam débet habere tunicam 
eicalîges de grisio , sotulares proprios videlîcet simplices, et 
suum signum , clamîtellas , unum caputium et unam togam , 
duplicia linteamina , unam hus clam ? , unum intrusorium ; 
unam corrigiam , unum cultellum et unam scutellam , domus 
enim débet esse parva, unus puteus (unum puteum) , unum ou- 
blie ornatura linteaminibus , auriculare , unam arcam , unam 
mensam, unam sedem , unum lumînare , unam paleam , unum 
potum et alia necessaria. 

Nota. Missa celebrabitur in exclusîone ejusdem ad libitum 
presbiteri aut inGrmi , sed tamen consuetum est dicere introi- 
tum : Circumdederunt me gemitus , etc. 

Sequuniur inkibitioneê verhis iatiniê* 

1. Praecipio tibi nunquam intrare in ecclesîas, in (brum, 
in molendinum, in furnum et in societates populorum. 

2. Praecipio tibi nunquam larare manus tuas nec etîamalia 
tibi necessaria in fontibus neque in rivulis cujuscunque aqua- 
rum , et si vis bibere , bauries aquam cum tuo basilic vel alio 
vase. 

8. Item defendo ne decaetero vadas sine habitu leprosati, 
ut cognoscaris ab aliis , et noli decalceatus intra domum tuam 
ire. 

4. Commendo tibi ne tangas rem. aliquam quam volueris 
emere, in quoeunque loco fueris^ nisî cum quadam virga vel 
baculo, ut cognoscatur cujus generis sis. 

5. Item commendo tibi ne de caetero intres tabernas vel alias 
domos , si velis vinum emere, vel quod tibi daturfac illud po- 
nere in tuo busillo. 

6. Item praecipio tibi ne commiscearis alicui mulieri nec 
tuae conjugi. 

7. Item praecipio tibi, eundo per itinera, alicui tibi obvianti 
et interroganti ne respondeas^ nisi prius fueris extra iter sub 
vento , ut non de te maie habeat ; eliam quod non de caetero 
vadas per strictum vicum , ne obvies alicui. 



( 403 ) 

B. Item praecipio tibi , si nece^ter urgeat te per quoddam 
pedagium , supra aquam vel alibi , ut non tungas stipites vd 
instrumenta mediantibus quibus transieris, ni prius tuas im- 
posueris chirotecas. 

9. Item commendo tibi ne tangas infantes atque juvenes , 
quicumque sint , vel aliis de tuis bonis dederis. 

10. Item praecipio tibi ne de caetero comedas vel bibas in 
societatibus bomînum , nisi cum leprosîs , ut scias quando mo- 
rieris; in domo tua sepultus eris (nisi fuerit, de gratia prae- 

^ cedente petita , în ecclesta). 



ARCHÉOLOGIE. 

Lutte d'Hercule et de Triton; peinture de vase expliquée 

par M. Roulez. 

Les vases peints représentant Hercule luttant avec un 
dieu marin existent en assez grand nombre depuis les 
fouilles de Yulci. La plupart ont été décrits, mais quelques- 
uns seulement se trouvent publiés. M. Gerhard, à l'occa- 
sion de la publication de l'un de ces monuments, a dressé 
une liste de tous ceux qui sont connus (1); il manque tou- 
tefois à cette liste une hydrie de la collection Pizzati, dont 
la planche ci -jointe reproduit le dessin. Le fils d'Alc- 
mène couvert de la dépouille du lion et ayant son carquois 
sur l'épaule, est à cheval sur son adversaire qu'il étreint 
entre ses bras vigoureux. Celui-ci est figuré sous la forme 
d'un être humain dont le corps se termine par en bas, à 
partir de la poitrine, en une large queue de poisson, cou- 



(1) Voy. Juserlesene Griech. Fasenbilder, Th. II, s. ^5, fog., not. 19. 



"1 



( 404 ) 

verte de grandes écailles el se repliant sur elle-même. Son 
front est ceint d*une couronne, et une barbe très-longae et 
touffue ombrage son menton. On a attribué d'abord (1) à 
cette divinité marine le nom de Nérée, ce célèbre devin 
que, malgré ses refus et ses diverses métamorphoses, Her- 
cule força à lui découvrir la demeure des Hespérides (2); 
et même après Tapparition de trois vases à inscriptions où 
le dieu marin est appelé Triton (S), on n'a pas moins con- 
tinué à croire qu'il s'agissait toujours de la même divinité^ 
et du même fait mythologique (4). Mais M. Gerhard (5) a 
revendiqué dernièrement pour toutes les représentations 
analogues , le nom de Triton écrit sur les vases susmen- 
tionnés, et rejeté celui de Nérée , par la raison d'abord qne 
ces compositions n'offrent aucune trace des transforma- 
tions à l'aide desquelles le fils de Pontus cherche à se sous- 
traire aux exigences d'Hercule^ et ensuite par le motif plus 
concluant encore, que, sur quelques-unes^ Nérée assiste 
sous la forme humaine à la lutte entre le dieu-poisson et le 
héros thébain. 

Pour expliquer la défaite de Triton par Hercule , lesavant 
archéologue de Berlin a mis en avant deux hypothèses. 11 
suppose en premier lieu , que , d'après une version diffé- 



(1) Vojr. Mniingen, Ancient unediied monumenis , I, p. 39. Panofka, 
Antiques du cabinet Pourtalès, p. 68. De Witte, catalogue Durand, 
n» 299 9VV. 

(â) Apollodore, II, 5, 11. 

(3) UepMcXeoçy Tpnovuoi: Gerdhard, Berlins antike Mildioerke, 1, 
no 697 ; UepXKXeçy TptTov : BrOndsted, A brief descript. of greek vases, 
n* VII ; Hf/MfxXff ç , TptTov , Nepevç : De Witte , Catalogue étrusque , n» 84. 

(4) Voy. De Witte, Catalogue Beugnot, n** 31, et Étude du mythe de 
Géryon, p. 71. 

(5) Auserles. Gr. Fasenb., s. 96. 



( 405 ) 

rente de la tradition suivie par tous les auteurs parvenus 
jusqu'à nous, ce serait de Triton et non de Nérée que le fils 
d'Alcmène aurait voulu apprendre où étaient les pommes 
des Hespérides. Nous savons positivement que Triton ren- 
dit des oracles aux Argonautes (1) , et d'ailleurs le talent de 
divination constitue un caractère particulier des divinités 
marines (2). La seconde hypothèse consiste à voir dans les 
représentations en question non pas une simple lutte dans 
le but d'obtenir une révélation , mais un combat sérieux 
entre Hercule et Triton , considéré comme personnification 
de la mer. En effet, Euripide, dans une de ses tragédies (3)^ 
fait allusion à une victoire d'Hercule sur la mer, et la compte 
au nombre des douze travaux du héros. C'est à cette der- 
nière explication que M. Gerhard accorde la préférence. 
Tout en reconnaissant qu'elle est aussi savante qu'ingé- 
nieuse, j'avoue cependant qu'elle me parait moins vraisem- 
blable que la première. 

Remarquons que sur le vase publié ici la comiposition 
est réduite à sa plus simple expression , c'est-à-dire qu'elle 
n'offre que les deux adversaires aux prises; tandis que, 
sur d'autres monuments, des Néréides, quelquefois Nérée 
et Neptune sont présents à ta lutte. Tous ces personnages 
désirent ou favorisent la victoire du dieu marin; Hercule 
au contraire reste isolé. Cet isolement n'a rien d'étonnant 
alors que le héros ne court aucun danger sérieux, comme 
cela a lieu dans le cas où il veut forcer Triton à un aveu. 
Mais dans ces rudes combats qui lui sont comptés pour des 
travaux , les divinités qui le protègent ne peuvent pas l'aban- 



(1) Herodot. , lY, 179. Apollon. Rhod., lY, 1562. 

(2) Cf. Panofka , Mutée Blacas, p. 62. 

(3) ffercul. fur.j 397. 



( 406 ) 

doDDer à l*inflaence funeste de celles qui lui sout défavo- 
rables. Telles me paraisseat avoir été les idées qui ont con-* 
stamment guidé les artistes anciens. Aussi je pense qu'on 
pourrait citer fort peu d'exemples où Hercule se trouve seul, 
sans compagnon 9 en présence d'un ennemi appuyé par une 
divinité supérieure , comme l'est ici Triton par Neptune. 

Si par les considérations précédentes j'admets que le 
sujet de notrevase, ainsi que des peintures analogues, a rap« 
port à une variante de la fable connue de Nérée, le même 
motif doit m'empécher d'attribuer à cette même fable de 
Mérée la rq)résentation qui décore une amphore de la col- 
lection Durand possédée aujourd'hui par M. Panckoucke(l), 
bien qu'on y lise l'inscription NEPEt^. Car, outre que l'ad* 
versaire d'Hercule n'a rien qui le fasse ressembler à Nérée, 
figuré partout ailleurs sous la forme d'un vieillard aux che- 
veux blancs (3), le fils d'AIcmène est accompagné de Miner- 
ve, tandis qu'une autre femme se tient debout derrière son 
antagoniste. Je pense, en conséquence, qu'il convient de 
revenir au nom d'Antée donné d'abord à ce dernier (3) et de 
regarder l'inscription comme le résultat d'une erreur de 
celui qui l'a tracée (4). 

Les anciens dépeignent Triton comme un être moitié 
homme moitié poisson (5), et l'on croirait qu'Apollonius de 
Rhodes avait devant les yeux une représentation semblable 
à la nôtre quand il a fait cette peinture du dieu-marin (6). 



(1) Publiéepar M. Gerhard, ^M«eW. Gr. r<uenbilder, Taf. CXIII. 
(^ Voj. Gerhard, ihid. %. 96, not. 18. 

(3) De Witte, Catalogue Durand j n» 305. 

(4) Le même soupçon se trouve déjà exprimé par M. Gerhard lui-même , 
ihid.,sAO\. 

(5) Voy. seulement le scboliaste de Lycophron, 34. 886. 89S. 

(6) Argonautic, IV, 1610 sqq. 



( -*07 ) 

AéjE/aç iê cl e{ ÙKdxoio 

Kpdaxoç ÔLiimi te vcSra yjxI t'^vaç eorr éni v/^St/Vj 

Aùrip ÙKod }.ocy6v(ùv iC^pcupoL cl ev5a nal ev5a 
Knzeoç ok/jcclyj fiyptùvezo 

La couronne de laurier que le peintre de notre vase a 
donnée à Triton et dont on rencontre ailleurs plusieurs 
exemples , semble faire allusion au don qu'il avait de con- 
naître l'avenir. 

Au-dessus de cette peinture principale de Thydrie» règne 
une frise que j'ai jugé inutile de reproduire par un dessin. 
Au milieu de la composition s'avance Bacchus barbu et cou- 
ronné de lierre. Il est vêtu d'une tunique recouverte d'un 
manteau et tient dans la main droite un céras. Aux deux 
extrémités du tableau on voit deux satyres séparés du dieu 
par deux ornements en forme d'œil. 



Notice sur un livre et heures qui appartenait à Jean le Ma- 
gnifique, duc de Berry , frère de Charles F, m de 
France; par M. Marchai. 

Un des plus beaux manuscrits sur vélin et à miniatures 
de l'ancienne bibliothèque royale de Bourgogne, est in- 
diqué sons les n""* 11060 et 11061 , à Y Inventaire géné- 
ral. C'est un livre d'heures de la fin du XIY* siècle on du 
commencement du XY*" , et qui parait être, sous le rapport 
des miniatures, l'un des plus précieux de l'Europe entière. 
Ce que j'avance n'est pas une exagération. Ce volume , to- 
talement achevé, ce qui est assez rare, est aussi complet, 
aussi bien conservé, que s'il venait de sortir des ateliers 
du calligraphe et du dessinateur. 



( 408 ) 

J'ai pensé jusqu'à présent , que ce livre d'heures avait été 
fait pour Wenceslas ^ duc de Brabaut et de Luxembourg , 
qui mourut en 1383 et qui était frère de l'empereur Char- 
les IV. C'est sous le nom de ce Wenceslas que je l'ai indiqué 
à Y Inventaire général; mais je viens de reconnaître qu'il 
a été fait par ordre de Jean , duc de Berry , frère de Char- 
les V, roi de France. J'ai constaté cette erreur, en faisant 
la révision de l'inventaire général et des autres parties du 
catalogue. 

Jean le Magnifique, duc de Berry et d'Auvergne, comte 
de Poitou, était fils de Jean, roi de France, qui , à l'imitation 
de Philippe de Valois , père et prédécesseur de celui-ci , 
avait inspiré à sa famille, pour le progrès de la civilisation , 
le goût de la bibliographie. Jean, duc de Berry était biblio- 
phile comme deux de ses frères le roi Charles V, fondateur 
de la bibliothèque du Louvre, et le duc Philippe le Hardi, 
qui jeta les fondements de la bibliothèque de Bourgogne, 
devenue un des ornements de l'Europe depuis le règne de 
Philippe le Bon , et dans laquelle il y a plusieurs manu- 
scrits de la bibliothèque du Louvre et de celle du duc de 
Berry. Nous indiquerons en appendice à la présente notice, 
les manuscrits signés de la main de ces deux princes et qui 
se trouvent en la bibliothèque de Bourgogne, indépendam- 
ment d'autres que nous soupçonnons provenir de leurs 
librairies respectives. 

Jean, duc de Berry, était oncle du malheureux roi Char- 
les VL II avait épousé en 1360, à l'âge de 20 ans, Jeanne 
d'Ârmagnac^ dont j'ignore la date du décès. Il épousa, 
par un second mariage, à l'âge environ de 50 ans, Jeanne 
de Boulogne et d'Auvergne, en 1389, selon le témoignage 
de V Histoire générale de Languedoc, t. IV, p. 394. Il don- 
nait à cette seconde femme le surnom d'Oursine, comme 



( 409 ) 

nous l'expliquerons plas loin. Tous ces détails, en grande 
partie fort connus, doivent être réunis pour Texplication de 
ce qui va suivre. Je dois y ajouter que le roi Jean , son père, 
avait épousé Bonne de Luxembourg , sœur de l'empereur 
Charles IV et de Wenceslas , duc de Brabant et de Luxem- 
bourg et que la maison impériale de Luxembourg , proté- 
geait les lettres à T^al de la branche royale de Valois. 
Ce n'était donc pas extraordinaire que ce beau manuscrit 
eût été fait pour Wenceslas. Mais la chronologie s'y oppose, 
car si nous allons reconnaître le surnom d'Oursine sur 
toutes les miniatures de ce manuscrit, sans exception^ 
si Jean épousa en 1389 , Jeanne, sa seconde femme , à la- 
quelle il donnait ce surnom , si Wenceslas mourut le 7 
décembre 1383, il y a impossibilité que ce volume ait été 
ùkii pour ce dernier , ou lui eût été donné. 

Enfin, nous devons dire que Jean, duc de Berry, 
mourut le 15 juin 1416 , à l'âge très-avancé de 76 ans. 

Mon erreur d'avoir attribué la possession primitive de 
ce livre d'heures à Wenceslas , est provenue d'une annota- 
tion qui est sur les six premiers feuillets que l'on trouve 
avant le texte. Elle est en langue latine, d'une très-belle 
écriture de la fin du règne de Marie-Thérèse , mais sans 
signature. Nous présumons qu'elle a été rédigée vers 
l'année 1772, à l'époque où plusieurs savants rétablirent 
les anciens catalogues des imprimés et des manuscrits de 
la bibliothèque de Bourgogne, d'après ceux de 1577 et de 
1731 , pour la rouvrir au public. 

Cette annotation commence par l'indication des diverses 
parties du texte, qui sont : l'ofiice de la Vierge, quelques 
litanies, les sept psaumes de la pénitence, l'office de la 
Sainte Croix, l'office des morts. Ces détails sont aussi né- 
cessaires que les précédents, pour ce qui va suivre. Il y a, 



(410) 

après cette table , une liste raisooDée des miniatures que 
Famiotation attribue avoir été faites pour le duc Wea- 
ceslas. Elles soatau nombre de vingt; elles sont paginâtes, 
c'est à dire de la grandeur de la page entière , selon une 
nomenclature que nous avons dû inventer et qui se trouve 
détaillée au résumé historique du catalogue publié en 1843. 

Mous devons expliquer collectivement les trois pre* 
mières de ces miniatures; nous parlerons ensuite som- 
mairement des dix-sept autres. 

Le dessin au simple trait de la pranière de ces trois minia- 
tures n'a pu être publié avec la présente notice ^ cause de 
la grandeur de son format. Celui de la seconde , qui est 
l'ouvrage de M. de Brou , dessinateur de Mgr. le due d'A- 
renberg » est publié depuis l'an 1842 au premier volume 
du catalogue. Ces deux miniatures doivent être posées en 
regard l'une de l'autre ; la seconde est la contre-partie in- 
dispensable de la première. Nous allons le démontrer. 

La première renferme pour objet principal , le portrait 
du possesseur primitif de ce livre d'heures. J'appelle ico- 
nisme ce genre de miniature , très-commun aux anciens 
manuscrits^ du mot grec et latin icon, ioanis, portrait Ce 
possesseur primitif n'est pas un Wenceslas, comme le dit 
l'annotation, mais un personnage apnt le nom de Jean , 
comme on va le prouver. Il a une robe blanche, avec un ca- 
mail et un laticlave d'hermine ducale. Il est en profil et à ge- 
noux devant un prie-dieu. Il est très-chauve , ses cheveux 
sont blanchâtres, il a l'apparence d'un homme de cinquante 
ans au moins, ce qui se rapporte à l'année 1389 ou 1390 , 
comme nous l'avons dit. Sa pose est en adoration devant la 
madone tenant l'en&nt Jésus qui est sur Fautre miniature. 

Le prie-dieu est recouvert d'un tapis d'étoffe blanche : 
on y voit le dessin du livre d'heures que nous décrivons. 



i 



(411 ) 

On ne peut en douter à cause de l'incipit : Domine, labiamea 
apmes, qui est le même que celui du texte. Les tranches 
du livre sont d'or, telles qu'on les voit encore aujourd'hui. 
Les fermoirs, qui n'existent plus et qui étaient en forme de 
boucle à lanières, étaient d'or. La reliure actuelle, de soie 
noire, est trèsrmutilée par la vétusté; elle a été faite sans 
doute pendant le règne de Charles-Quint; d'autres reliures 
semblables étant incontestablement de cette époque, aussi 
glorieuèe pour la Belgique en général que pour la biblio- 
thèque de Bourgogne en particulier; je l'ai démontré au 
catalogue. 

Derrière le duc de Berry sont deux personnages qui ont 
chacun la tête entourée d'une auréole matte. Ce sont les 
deux saints Jean. Celui qui est le plus avancé est saint Jean- 
Baptiste; il tient dans les bras l'agneau paschal , ognu^ Dei , 
qui est tourné vers la madone de l'autre miniature. L'agneau 
a l'auréole de la divinité, c'est-à-dire renfermant la croix de 
feu. Derrière cette auréole est une hampe d'émail de 
gueules, supportant la bannière de saint Jean-Baptiste , 
précurseur du Messie; elle est bifide et d'argent à la croix 
de gueules; cette hampe est sommée de la croix pattée d'or. 

Ce personnage étant incontestablement saint Jean-Bap- 
tiste, c'est le patron du possesseur primitif de ce volume, 
Jean, duc de Berry. Mi ce saint Jean-Baptiste ni l'autre 
patron, dont nous parlerons plus loin, ne ressemblent en 
aucune manière, par le costume, à saint Wenceslas, qui 
était duc de Bohême et que l'église reconnaît pour martyr, 
parce que , le 28 septembre 936 , il fut détrôné et assassiné 
par son frère, qui était païen et ennemi du christianisme. 

L'agneau paschal , ou en style héraldique plus vulgaire , 
le mouton , est l'emblème armoriai de la ville de Bourges , 
capitale et séjour de prédilection du duc Jean de Berry. On 



( 412 ) 

voit le même emblème de l'agneau pasehal auréolé , avec la 
hampe et la baanière de saint Jean-Baptiste, sur plusieurs 
monnaies du Berry , frappées à la fin du XIV^ et au XV'' 
siècle. On en retrouve le dessin et la description aux ouvra- 
ges numismatiques de Tobiesen Duby, publiés en 1786 et 
1790, et tout récemment aux planches de Thistoire moné- 
taire du Berry, publiée en 1842, par M. Pierquin de Gem- 
bloux. Sur la plupart de ces monnaies il y a : Jon. Dux 
(Joannes Dux). Ces agnelets ou moutons. étaient fort répan- 
dus dans le commerce. 

Plusieurs empreintesdes armoiries, tant anciennes qu'ac- 
tuelles de Bourges, portent trois moutons : 2,1 , ce qui n'est 
pas un problème héraldique, mais une vérité très-connue, 
malgré la facétie inventée depuis le règne de Henri IV, des 
prétendues armes de Bourges, facétie dénuée de toute 
vraisemblance. 

L'autre personnage divin , placé derrière le duc de Berry, 
le soutient en signe de protection , par la main droite ap- 
puyée sur la robe de ce prince. Il porte sur l'épaule droite 
une croix alignée et lisse; ce n'est pas une croix de saint 
André, qui serait formée de deux cotices en sautoir aigu. 
Ces cotices de saint André, ou bâtons noueux, seraient de 
gueules. Il y en a de nombreux exemples aux supports des 
armoiries de Bourgogne, dans toutes les provinces des 
Pays-Bas. 

Ce personnage qui porte la croix, est donc saint Jean 
l'évangéliste , qui accompagna le Sauveur au Calvaire. Les 
deux saints Jean sont donc les patrons du duc de Berry. 

Les trois robes, le tapis et la fourure, sur laquelle se 
trouve l'hermine, sont en blanc, ou pour mieux dire le 
dessinateur a laissé le vélin a découvert. Le lainage de 
l'agneau est légèrement moutonné bleuâtre. Les têtes des 



( 413) 

trois personnages, les pieds, les mains sont coloriés au na- 
turel , mais d^une transparence qui laisse voir le fond de 
parchemin. 

L'or, séyèremenl apposé aux auréoles, à la tranche et 
aux fermoirs du livre, fait ressortir la blancheur de tous 
ces fonds et l'admirable simplicité des contours au simple 
trait à peine ombré. 

Le travail est tellement franc et pur, qu'on distingue 
partout le fruste du vélin , même entre les rides des têtes 
et jusque dans les yeux. Les ondulations des draperies 
sont aussi diaphanes que simples et légères. 

On blâmera peut-être , après avoir admiré la perfection 
des trois têtes, le contour des mains et surtout des pieds, 
mais ce faux goût est un sacrifice que le dessinateur de la 
fin du KIY"" siècle devait faire à la mode de son temps ; 
car dans tous les temps, comme nous l'avons démontré 
au catalogue, la mode vient entraver le progrès. Une con- 
sidération plus grande doit être ajoutée : l'anatomie était 
alors mal connue, parce que les lois défendaient la dissec- 
tion. Il n'y avait pas comme aujourd'hui, les méthodes 
graduées des principes académiques de dessin du corps hu- 
main. D'ailleurs, dans des temps beaucoup plus modernes, 
on voit le même défaut^ entre autres au célèbre tableau de 
Rubens, qui représente saint François d'Assise épouvanté, 
réclamant l'indulgence du Christ armé de la foudre, qui va 
frapper la perversité humaine. Ce tableau admirable est 
au musée de Bruxelles. 

Que de temps il a fallu au dessinateur de cette miniature 
pour l'inventer, la coordonner et en harmoniser la com- 
position, avant de la poser sur le vélin; que de talent, de 
fermeté il a fallu, pour l'exécuter. C'est ainsi que des vers 
de Racine, tellement simples que chacun se croirait capa- 



(414) 

ble de les improviser, ont été métamorphosés un grand 
nombre de fois, avant d*étre écrits. 

Mais ce qui est un nouvel objet d'admiration, et en termes 
artistiques un tour de force, c'est le repoussoir on fond 
gouache à fleurages gros bleu sur bleu , qui est tellement 
délicat et nuancé qu'il faut la plus grande attention pour eo 
analyser les détails à peine visibles. Il y a impossibilité de 
le reproduire au simple trait : c'est par ce motif que M» de 
Bron n'a point dessiné cet iconisme pour le catalogue. 

Cette miniature est un des chefs-d'œuvre de l'art du 
dessin ; les figures et leurs accessoires ne sont guère que 
des traits à peine ombrés, un fond admirable les fkit déta- 
cher et ressortir, c'est tout au plus si les chairs sont colo- 
riées ; cependant le teint de bistre des personnages est vi- 
goureux. Michel-Ânge , cent cinquante ans plus tard , au- 
rait-il mieux fait? 

Ce n'est pas moi qui exprimecette opinion, je l'ai entendu 
souvent dire par des artistes du plus haut mérite, tant ré- 
gnicoles que des autres contrées du monde, qu'on me par- 
donne cette expression , car des Américains du Nord et des 
Mexicains ont admiré ce chef-d'œuvre; ils ont tous déclaré 
qu'il fallait une longue étude au talent le plus transcen*- 
dant, pour rivaliser avec ce travail. Nou^ ne trouvons de 
rivalité que dans la miniature d'Hoefnagel d'Anvers, faite 
en 1570; nous en parlerons une autre fois. 

Le pendant de cet iconisme est la madone placée en re* 
gard; elle est assise sur un trône d'ivoire; elle reçojt, pour 
l'enfant Jésus qui ne s'interrompt pas d'allaiter, en tenant de 
la main gauche, le sein de sa mère, l'adoration du duc de 
Berry ; l'enfant le regarde du coin de l'œil , car il est sur l'autre 
miniature , sous la protection des deux saints Jean. La ma- 
done tient aussi de la main gauche, l'extrémité d'un rouleau 



.*• 



(415 ) 

dont les circonvolutions passent derrière Tenfant , celui-ci 
écrit sur ce volumeny telle est l'expression véritable et anti- 
que de la forme des rôles de comptabilité féodale , comme il 
y en a beaucoup dans les dépôts d'archives. Serait-ce , selon 
les idées pieuses du XVf" siècle, le livre de vie, sur lequel 
s'inscrivaient les actions des hommes? J'ignore si c'était 
l'intention du dessinateur, mais très -certainement les 
actions du duc de Berry n'étaient point sans tâche. Ses 
avilissantes concussions pendant son gouvernement du 
Languedoc pour les rois son frère et son neveu ; ses agents 
criminels, tels que Bethisac, qui ne purent échapper au 
dernier supplice; ses intrigues , pendant sa régence, après 
la mort de son frère , pour s'emparer de la totalité du pou- 
voir, terniraient totalement sa mémoire^ si la protection 
qu'il accordait aux beaux-arts et aux belles-lettres n'avait 
été un palliatif de tous ses vices et un moyen noble de faire 
usage des trésors acquis par les moyens les plus ignobles. 
Certes, notre Wenceslas, duc de Brabant, malgré de nom- 
breuses inconséquences chevaleresques , lui est bien supé- 
rieur; celui-ci était d'ailleurs un zélé protecteur des lettres 
et littérateur lui-même, comme Jean, duc de Berry, son 
cousin-germain. 

Revenons au dessin de la seconde miniature : même 
blancheur des draperies , mêmefermeté> pureté, simplicité 
dans les contours. Le coloris rosé des chairs de la madone 
et de l'enfant a une telle délicatesse , que l'on aperçoit dans 
les traits et jusque dans les yeux, comme à la miniature 
précédente, le fruste du vélin; c'est un contraste sublime 
avec les chairs bistrées de l'autre miniature. 

La blancheur de l'ivoire des pilastres d'accotements du 
trône est rehaussée par les tentures des coussins brodés 
d'or sur écarlate. 



( -^ic ) 

Le food, que j'appelle aogélique, parait d'abord être 
formé de hachures au vermillou. Ou doit regretter que Tira- 
pression de la gravure de M. de Brou n'ait pu le reproduire 
qu'en noir, ce qui en fait perdre la magie. Ce fond de ver- 
millon , c'est-à-dire de couleur de feu , lorsque l'œil de l'ob- 
servateur s'accoutume à le remarquer un certain temps, 
est reconnu peu à peu pour l'orchestre céleste des anges. 
D'un côté de ce chœur d'harmonie est la partie instrumen- 
tale; on y voit des instruments à corde, à vent et des cym- 
bales; de l'autre côté est la partie vocale; les anges y tien- 
nent des rouleaux où sont inscrits les hymnes : Gloria in 
exceUiSjHozanna, Lœtare, etc. ; au-dessous de l'orchestre , 
derrière le trône de la madone, d'autres anges innombra- 
bles sont^ de tous côtés, en adoration devant l'enfant Jésus. 

A quel degré de perfection poétique et artistique est ar- 
rivé le dessinateur, pour avoir comprimé toute cette com- 
position de traits et de demi teintes en vermillon, de ma- 
nière à produire l'illusion de la métamorphose des hachu- 
res, en un ciel ouvert au fond du tableau! Est-ce l'ouvrage 
d'un artiste italien précurseur de Raphaël d'un siècle entier? 
est-ce celui d'un des artistes français qui travaillaient aux 
librairies du roi Charles V? est-ce d'un artiste belge, nourri 
des études italiques? car au XIV® et au XV* siècle, les sa- 
vants des républiques lombardes étaient continuellement 
en relation avec tes Flamands et les Brabançons, tels que 
Pétrarque, Villani, Brunetto-Latini , et tant d'autres ita- 
liens illustres qui ont séjourné dans nos contrées. Je le 
présume d'un artiste italien. 

Comme il n'y a ni signature , ni chiffre d'artiste , on ne 
peut en reconnaître l'auteur. Mais il vivait très-certaine- 
ment plus de deux générations avant l'époque appelée la 
renaissance par les flatteurs des Médicis, époque qui ap- 



(417) 

partiendrait avec autant d'équité k notre Philippe-le-Bon, 
dont la règne immortel commence plusieurs années avant 
les Médicis. La vraie renaissance, j'ai essayé de le démon- 
trer dans Que précédante notice , commence au siècle de 
Charlemagne. 

La troisième miniature réunit la composition des deux 
précédentes, c'estnà-dire que Jean, duc de Berry, protégé 
par ses deux patrons^ est en adoration devant l'enfant Jésus 
tenu par la madone assise sur un trône; l'enfant donne la 
bénédiction à ce prince. Le fond est un choeur angélique, 
dessiné au carmin , comprimé dans le genre de la deuxième 
miniature. Le duc a un manteau écarlate : le blanc du 
parchemin ne domine plus. Cette miniature serait un chef- 
d'œuvre , si elle n'était éclipsée par les deux premières. 

Plusieurs artistes qui ont vu ces deux iconismes m'ont 
assuré qu'il y avait la plus grande ressemblance du por- 
trait avec la statue du duc de B^ry , qui est à Bourges. 

Mous venons de démontrer que le possesseur primitif 
de ce livre d'heures était appelé Jean , et qu'il était investi 
de la dignité ducale. Il faut en constater la spécialité et 
l'époque approximative. Nous y parviendrons par l'enca- 
drement de toutes les vingt miniatures. On y trouve la ré- 
pétition : 1^ des mêmes armoiries placées aux quatre coins 
ou angles; 2"" par le chiffre Y E; 3^ par un ours; 4"^ par 
un cygne blessé au cœur. 

i"" Sur les deux admirables et premières miniatures , les 
armoiries du sommet de chacun des quatre angles de l'en- 
cadrement, sont d'azur aux fleurs de lis sans nombre, à 
la bordure engrélée de gueules. Ces armoiries sont des ducs 
de Berry du sang royal de France. Sur les dix-huit autres 
miniatures, les mêmes armes n'ont que trois fleurs de lis. 
Nous devons en conclure qu'elles sont du commencement 

ToM. XI. 30 



(418) 

du règne de Charles VI, car on sait qu'à cette époque les 
trois fleurs de lis furent insensiblement substituées aux 
fleurs de lis sans nombre. 

J'ai recherché sans succès les lettres royaux qui ordon- 
nent ce changement. Je n'ai rien trouvé, ni dans les ordon- 
nances des rois de France, ni dans Timmense recueil 
héraldique du père Anselme , ni dans d'autres ouvrages. Je 
présume que ce changement du sceau royal aura été fait 
par une simple convention. Voici mes inductions : 

Sous le roi Charles V^ il y avait encore, en 1372 , les fleurs 
de lis sans nombre; on ne peut en douter, parce que le 
manuscrit 9353 de la bibliothèque de Bourgogne qui ap^- 
partenait à ce roi, porte, après Texplicit, une note de son 
écriture, datée de cette même année. Là voici : € Ce livre 
» des moralitez et des moches à miel est à nous; finiez, 
» translater, escrire et parfaire^ Tan M. CCC. LXXIJ. » Il 
y avait la signature du roi Charles , elle a été effacée au 
grattoir, très-probablement en 1794, lorsque ce manuscrit 
fut, par ordre des représentants du peuple français, trans^ 
porté de Bruxelles à Paris , car alors on effaça au charbon, 
à d'autres manuscrits, la tète de Philippe-Ie-Bon ; c'était 
immédiatement après le régime de Robespierre; mais une 
partie des lettres et du paraphe a repoussé. Ce manuscrit 
est indiqué au tableau ci-après. On y voit au-dessous de 
la première page, Técusson de France aux fleurs de lis 
sans nombre. Elles sont gardées par deux lions en repos, 
emblèmes adoptés spécialement par Charles V (on sait que 
les autres Valois prenaient généralement les anges pour 
supports de leurs armes) , comme on le voit aussi aux MSS. 
des ducs de Bourgogne , branché cadette des Valois; mais 
après Tannée 1374, le roi Charles V avait l'intention de 
n'admettre que trois fleurs de lis, comme on l'apprend par 



( 419 ) 

la préface de Raoul dePresles, traducteur français de la Cité 
deDieUy par S'-Augustin. « Et si vous portez, dit-il au roi , 
> les armes de trois fleurs de lis en sigae de la béuoite Tri- 
nité. » Je transcris ce passage du magnifique manuscrit 9015 
qui est de la même époque. On y voit à Ticonisme, Técus- 
son aux trois fleurs de lis; cet écusson parait sortir, du ciel. 

Cependant cet usage n'était pas général ; je n'ai point vu 
de diplômés de la fin du règne de.Charles V. On peut faci- 
lement le vérifier aux archives royales de. France. 
. Au texte des monuments de la monarchie française par 
Montfaucon, il y a (t. III, p. 40) Fintercalation d'un grand 
dessin paginai qui représente l'entrevue à Paris, du même 
roi Charles Y avec l'empereur Charles IV, le 4 janvier 1377 
(1378). Les fleurs de lis de l'écusson de France y sont sans 
nombre. Il est vrai que ce changement se remarque à un 
grand dessin du sacre de Charles YI , à Rheims , le 4 no- 
vembre 1380; mais très-certainement ce dessin est beau- 
coup plus moderne que la date de l'événement > dès lors il 
ne peut rien constater. Il est dans le même ouvrage des 
monuments de la monarchie française par Montfaucon, 
t. III, p. 74. Il est copié, dit ce même auteur, d'une tapis- 
serie qui était en la chapelle impériale à Bruxelles , ce qui 
signifie la cour brûlée en 1731. J'y remarque au-dessus du 
trône royal l'écusson de France aux trois fleurs de lis , mais 
je remarque aussi que parmi les douze pairs de France qui 
assistent à cette solennité , ceux qui ont des armoiries 
fleurdelisées à leurs écussons , les portent sans nombre. 
J'en tire la conséquence que c'est seulement plusieurs an- 
nées après le sacre de Charles YI , qu'on adopta générale- 
ment pour le roi et les princes, l'écusson aux trois fleurs 
de lis. 

J'en conclus que si Wenceslas mourut en 1383; si Jean, 



( 420 ) 

doc de Berry, se remaria en 1389 avec Jeanne qu'il appelait 
SOD OursineyCommeje l'ai dilje manuflcrii a été Eût après 
1389. 

Personne ne pourra admettre l'opinion que ces armoiries 
sur le manuscrit soient de Bourbon , comme le porte Tan- 
notation d-^dessus aux premiers feuillets du volume qui 
attribue ce livre à Wenceslas s Eligerat prisca Bùrinmidum 
familia, à cause de Béatrix de Bourbon , mère de Wences^ 
las. Cette erreur est évidente. Bourbon ancien portait : 
D'or au lion de gueules ^ à l'orle à buit coquilles d'azur. 
Bourbon porta ensuite : De France au péri de gueules pour 
brisure. Ce péri ou bftton , placé au milieu du champ , n'est 
certainement pas Tengrélure ou l'entourage. 

Une autre preuve se trouve à la miniature vingtième et 
dernière du manuscrit. Elle est placée en regard du com- 
mencement de l'office des morts. Outre les quatre écussons 
aux trois fleurs delis, aux quatre angles droits du cadre, il y a 
dans le dessin, un catafalque entouré de prêtres qui récitent 
l'office. Ce catafalque est bordé de six écussoos de France 
aux trois fleurs de lis. A la lettrine miniaturée qui est en 
regard, il y a un cadavre devant lequel un évéque, reconnai»- 
sable par la crosse et la mitre , récite des prières ; cet évéque 
•a une chape fleurdelisée de France, sans nombre. 

T La seconde de nos quatre remarques qui se fait sur 
tons les vingt encadrements sans exception $ est le mono- 
gramme composé des lettres superposées Y , E': ce cliiffre 
est reproduit au moins deux fois sur les deux grands côtés 
à chaque encadrement* L'auteur anonyme de l'annotation 
latine croit y reconnaître les lettres initiales du nom de 
Wenceslas. C'est de là sans doute que provient l'erreur que 
moi-même j'ai longtemps suivie. Il dit : Paginis i(y et 11" 
Wenceslaus, cames iMxemburgenêis , junior et adhitc dum 



(421) 

domkdlm, médius inter sanetum Joannem Baptistam et 
beaium Andream apoBtelum sub praesidio B. M. V. confu- 
git. Il ajoute an peu plus loin : In utroque singularutn ic(h 
num reperitur Utterarum V et E implexus. Impkxus iUe xo 
Weneeslas dénotât, et quidem per simplex Vy juxta imitO' 
tam temporum iUorum ortkagraphiam. La lettre E se troore 
doue superposée k la lettre Y comme je l'ai dit, ce qui se- 
rait Venceslas selon l'annotation. 

Nous ferons observer au contraire, qu'aucun des écrits 
contemporains, ni même les écrits exacts des modernes, 
soit diplomatiques, soit historiques, en latin, en français, 
en flamand, en allemand, ne porte le nom deWenceslas par 
un Y simple, mais par on W (double W). Ce serait aussi irré* 
gulier que pour les mots Wilhelm, Wallon , Wandelbert et 
d'autres; mais nous ferons aussi observer que l'ortlK^praphe 
latine admet Y pour la lettre U moderne. Autrefois on l'ap- 
pelait U consonne. Le monogramme Y £ devant se pro- 
noncer U E , ne signifie pas Wenceslas, mais Ursîne, qui 
est le mot Oursine. 

Noas l'avons dit au commencement de cette notice, Jean, 
ducdeBerry, épousa par un second mariage, en 1389, 
Jeanne de Boulogne et d'Auvergne; il l'appelait son Our- 
sine. Tous les historiens sont d'accord sur la devise qu'il 
adressait à sa femme : Ursine le tems venra. Cette devise 
cachait l'idée séditieuse» que le temps viendrait où il serait 
roi de France, après les désordres du malheureux règne de 
Charles YL II y a, encore une fois, impossibilité d'adapter 
cette devise au règne vigoureux de Charles Y avant i380. 

S9 et 4'> La troisième et la quatrième remarque ne lais- 
sent aucun doute sur le mot Ursine , car à tous les vingt 
encadrements, sans aucune exception , il y a près du mo- 
nogramme Y E, un ours tantôt muselé par un ruban de 



( 422 ) 

gueules, tantôt couché sur des fleurs de lis, tantôt suppor- 
tant Fécusson élevé de Berry aux fleurs de lis sans nombre , 
ce qui est une preuve qu'en 1389, après son second ma- 
riage, les trois fleurs de lis n'étaient pas encore rigoureu- 
sement héraldiques. On verra pour la quatrième et dernière 
remarque, à tous les encadrements^ au côté supérieur et 
au côté inférieur, un cygne blessé au cœur. La blessure est 
une tache de sang, qui est saillante sur la blancheur du 
plumage. Qui ne reconnaît point là un emblème de la se- 
conde femme du vieux bibliophile, remarié en 1389? On 
ne peut douter par conséquent de Texplication phonétique 
des mots : ours , cygne ; c'est ce qu'en style trivial on appelle 
le rébus du mot Oursine. 

En résumé, ce volume est évidemment plus moderne que 
Tannée 1389^ c'est-à-dire qu'il a été confectionné après la 
mort de Wenceslas , duc de Brabant, décédé en 1383, et 
n'a, par conséquent , jamais pu lui appartenir , soit par 
confection , soit par donation. 

Nous regrettons de ne pouvoir excéder leis bornes d'une 
notice pour décrire les 17 admirables miniatures qui sui- 
vent les trois premières que nous avons expliquées. Elles 
ont pour objet l'histoire du Nouveau Testament , depuis 
l'Annonciation jusqu'à la sépulture de Jésus-Christ et son 
entrée aux Limbes. On voit ici le Christ y portant la ban- 
nière de saint Jean-Baptiste^ patron du duc de Berry. 

Mais nous devons nous arrêter sur la scène raphaéllque 
(qu'on me permette cette expression) , du Stabat Mater à 
la miniature du Calvaire , en voici la description sommaire : 

La mère du Sauveur tombe évanouie, tandis que sur la 
plupart des peintures, elle est debout, en regardant son 
fils. Ici son visage est décoloré. Saint Jean s'eflbrce.de la 
soutenir. Deux saintes femmes viennent la secourir; une 



( 423 ) 

d'elles la tenant dans les bras, lève les yeux vers le Christ, 
qui la regarde la tête penchée et qui parait achever de 
prononcer ces mots : voilà votre fils. Derrière ce groupe 
sont des bergers , ceux qui , sans doute> assistèrent à la 
naissance du Christ. De Tautre côté du crucifix , sont les 
exécuteurs de son supplice. II y a un grand désordre parmi 
eux y dans le mouvement qui les agite de diverses manières^ 
Un d'entre eux, au premier plan, lève impérieusement la 
tète et la main; sans doute il ordonne au Christ, qu'il re- 
garde^ de se taire. 

La miniature suivante est la descente de croix. On s'a*- 
perçoit aisément que Rubens Fa consultée avant de com- 
poser un de ses chefs-d'œuvre , qui est Tornement de l'église 
cathédrale d'Anvers. 

Il y a, par annexe à ce volume, une sainte face peinte sur 
cuir, dans le style bysantin du XIV« siècle; c'est un chef- 
d'œuvre d'un autre genre. L'auteur de l'annotation dit : 
Pagina 8* effigies Salvatoris nostri J.-C. juxta prototypum 
Venetiis asservatum, sed temporis diutumitate ac frequenti 
frictione prorsus obsoleta. 

Nous terminons cette notice en donnant le tableau des 
manuscrits de la bibliothèque de Bourgogne, qui porteat 
la signature de Charles V et de son frère le duc de Berry , 
selon l'indication faite ci-dessus. 



( 4^4 ) 



Indication des manuscrits de ia hibiiothèque de Bourgogne , 
revêtus des signatures du roi Charles P^ et de Jean, due de 
Berry, son frère. 



de TinTen taire 
aetaeldeUM- 
bliotbtqae de 



BOBS DBS AUTKVmS 
et 

IITITtLé Bit ODT»ASIS. 



ObsertMitionM. 



9607 



9553 



9542 



9555 



Bibliothèque du Louvn 
ou de Châties i^, roi de 
France. 



TflOBAS CàRTwnl— Li- 
vre du Bien universel, 
Mion la eonsMératîon 
des Mousches à miel, 
transcrit par Henri du 
Tff«?(Mi,eD Tano. 1373. 



Bibliothèque de Jean^ duc 
de Berry» etc. t frère du 
roi Charles f. 



S' Grégoire. — Dialo- 
gues {XIV" et dernier 
tiers siècle). 



Le chevalier Latodr. — 
Enseignem*' à ses filles 
(XIV % siècle). 



Le Mirouer des Dames et 
aullres livres ( XIV «»/, 
siècle). 



it«Marf«M : Aaeaa dci Tolumes ei-eontre ne 
M troove ni à riaveotaiM de la bibUotUque d« 
LovTre, rablM par M. ilarrels« ni 4 rinventalre 
de la bibuotbèque du due de Beny* déeédé en 
IMe, les donationa éUnt antdrf««Mii ta rMac- 
tign de eet deux inventaires. 



C'est le «• 139 du ceUlocUe puUi< 
par M. Van Prael, en 1836 (pag. 34). 

On IH après rezplwitreanotaUon sui- 
vante de récritare de Charles Y, roi de 
France : 

« Ce livre de moralité et dei moches 
» ■ miel est & nous. 

» Finies, translater, escrire et par* 
faire, Tan m. ccc. lxxu. » 

La signature du roi est mal efface; 
on voit senlement le reste du paraphe : 
' e prisnma aa*eUe aura été détruite dans 
e temps de la république française. 



• 

I 



u 



On lit au dernier feuillet : « Ce livre 
est H Jehan, 61s de roy de France, duc 
de Bernf et d'Auvei^ne, conte de Poi- 
tou et d Auvergne. {Signe) Jehan . 
» Ledit monseigr de Berry Ta donné 
& monseigr de Bourgogne. » 



Au feuillet initial il y a la signature 
de Jean , duc de Berry. 

Au dernier feuillet il y a : a Ce livre est 
»• au duc de Berry et d Auvergne, conte 
M de Poitou et d Auvergne. » 

{Signé) Jeban. 

Au feuillet initial il y a : « Ce livre est 
» au duc de Berry. » {Signe) Jbhan. 

La même indication avec la signature 
se retrouve au feuillet final. Il y a en ico- 
nisme le portrait de Jeanne a*£vreux, 
femme du roi Charles lY , dit le Bel, 
grand*tante de Jean, duc de Berry. 



( '*25 ) 

— M. le directeury en levant la séance» a fixé l'époque de 
la prochaine réunion au samedi 6 juillet. 



OUVRAGES PRÉSENTÉS. 



Bulletin de Pacadémie royale de médecine de Belgique. Année 
1841-1843 , n» 4 ; année 184S-1844 , tome III, n» 6. Bruxelles , 
in-8«. 

Belgiêch muséum. 1844, 1"" aflevering. Cent, in-8<*. 

Monographie des orchidéee mexicaines» Par MM« A. Richard 
et H. Galeotti. Paris, in-4». 

Rapport sur le travail des enfants et la condition des ouvriers 
dans la province d'Anvers. Par MM. Berchem, G. Broeckx et 
F«-J. Mathyssens , rapporteur. Anvers, 1844 , ln-8®* 

Recherches sur la vie et les travaux de quelques imprimeurs 
belges établis à l'étranger ^ pendant les XP^^ et XFP eiècles. Par 
M. P. -G. Van der Meersch. I. Gérard de Lisa de Flandria. Gand, 
1844, in-8«. 

Journal de médecine , de chirurgie et de pharmacologie y pu^ 
blié par la société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. 
â" année, cahier de mai 1844. Bruxelles, in-8®* 

Dictionnaire de morale^ choix de pensées et de maximes ex- 
traites des meilleurs écrivains. Par M. Henri Logé. Bruxelles , 
1844, lYol. in-lâ. 

La revue de Liège. 5® livr., 15 mai 1844. Liège , in*8o. 

Annales et bulletin de la société de médecine de Gand. Année 
1844 , mois de mai, XIY^ vol., 5*^ livr. Gand, in-8°. 

Annales de la société d'émulation pour l'étude de l'histoire et 
des antiquités de la Flandre. Tome II , S*" série , n"»' 1 et 3. 
Bruges, 1844, in-^°. 

Essai d'étymologie philosophique, ou recherches sur l'origine 

ToM. XI. 31 



(416) 

et le$ variaiionê des mat$ qui expriment ie$ moie$ iuMedueU et 
moraux. Par M. Tabbé Chavée. Bruxell^, 1844, 1 vol. ia-8<*. 
Journal hiitorique et littéraire de Liège, Tome XI, livr. S. 
Liège , in-S". 

Mémoires de ^académie royale de Mets» Lettrée, sciences j arts^ 
agriculture. Années 1821 à 1822; 1822 à 1825; 1826 à 1848. 
Metz , 1822-1843 , 22 toI. in-8^ 

Académie royale de Mets, Exposition des produits de l'indus- 
trie, de Vagriculture et de V horticulture du département de la 
Moselle, ouverte à Âfetm, du 5 au 25 septembre 184i. Metz , 
1844, m-8«. 

Faune omithologique de la Sicile. Par M. Alfred Malherbe 
(den]edeFrance)« Metx, 1843, 1 vol. în>8*. 

Journal de la société de la morale chrétienne, 8* série, tome 
1", n» 5. Paris, 1844, in-8». 

B^dktin de la société géologique de France. 2* série , tome I""" , 
feuilles 14-18. Paris, 18431844, in-S''. 

Bibliothèque de w%édeeine et de chirurgie pratiques , représen- 
tant en relie f les altérations morbides du corps humain. Par le 
docteur Félix Tbibtrt. Paris, 1844, l vol. in-8°. 

Caêalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la biblio- 
thèque communale de la ville d'Amiens. Par M. J. Garnier. 
Amiens, 1843, 1 vol. in-8®. — I>e la part du conseil municipal 
de la ville d'Amiena. 

Annales academiae Lugduno-Batavae annorum 1815-1840. 
Lugd. Batav. et Hagae Comtt. , 1817-1842 , 25 vol. in-4<'. 

Het nuêituui ofverslagen en mededeeling en .Vii^eQeveïi door 
de vier klassen van het koninklijk Nederlandsch instituât van 
wetenschappea, letterkunck en schoone kunsten, over den 
Jare 1842, n**2-4; over den lare 1843, n^ 1-2. Amsterdam, 
1843,5broch. in-8«. 

Over het onmmtig gebmik ioan sterhen drank, en de middelen 
cm hetsehe te heer te gaan^ Door A.-W.-F. Herckenrath. Utrecht , 
1843, l vol. in-8<». — De la part de la société provinciale des 
arts et sciences d'Utrecht. 



( 427 ) 

H et gebruik en miibruik der geestrijke dranken. Door H. -M. 
Duparc Utrecht, 1848, in-8°. — De la part de la même so- 
ciété. 

Geschiedenis derjoden in Nederland, Door M. H.-J. Koenen. 
Utrecht , 1848, 1 vol. in-d". — De la part de la même société. 
Algemeene geschtedenis der wereld, Door M. S. Polak , 2^** deel , 
bladz. 1-360. Amsterdam, 1844, in-8''. 

Theannah and magazine of natural history. Vol. XII , n° 78. 
London , in*8<'. 

^ theory of ike structure ofthe sidéral heavens. Part the first. 
London, 1842, in-4''. 

Ueber Granit und Gneuss, vorzUglich in Hinsicht der àus- 
seren Form^ mit welcher dièse Gebirgsarten auf der Erdflàche 
erscheinen. Von Leopold von Buch. Berlin, 1844, in-4'*. 

Isis, Encyclopàdische Zeitschrift* Von Oken, 1844. Heft 
I-llI. Leipzig, in-4". 

Annalen der Staats- jérsneikunde. Herausgegeben von 
Schneider , Schûrmayer und Hergt. 9**' Jahrgang , l»*" Heft. 
Freiburg im Breisgau, 1844, in-B**. 



.K\Vz *^ 




t7xy