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Full text of "Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique"

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A5 

,389 


BULLETINS 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  BT  DES  BBAUX-ABT8  DE  BELGIQUE. 


BULLETINS 


DE 


L'ACAT>ÉMIE  ROYALE 


DES 


SCIENCES,     DES   LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS 


DE    BELGIQUE. 


GIIIQOâMTE-SKPTIÈME  année.  —  â-<  SERIE,  T.  14. 


BRUXELLES, 

F.     HAYKZ,    IMPRlHHrn   DE   l'aCADÉMIE   ROYALE   DE  BELGIQUE, 

rue  de  Lourain,  108. 


4887 


BULLETIN 


DE 


l'âgâdémie  royale  des  sciences, 


DES 


LETTRES  RT  DBS  BEAOX-ARTS  DE  BELGIQUE. 


4887.  —  No  7. 


CLASSE  DES  SCIEUCES. 


Séance  du  2  juillet  1887. 

M.  De  Tillt,  directeur,  président  de  rAcadémie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Fr.  Crépin,  vice^irecteur;  J.-S.  Stas, 
P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de  Selys  Longchamps, 
Gloge,  J.  C.  Houzeau,  G.  Dewalque,  H.  Maus,  E.  Candèze, 
Cb.  Montigoy,  Ëd.  Van  Beneden,  C.  Malaise,  F.  Folie, 
Briart,  Ëd.  Mailly,  Ch.  Van  Bambeke,  G.  Van  der  Mens- 
broche,  W.  Spring,  Lûllîs  Henry,  M.  Mourlon,m6m6res; 
£.  Catalan,  Cb.  de  la  Vallée  Poussin,  associés;  L.  Fredericq, 
Paol  Mansion,  P.  De  Heen  et  C.  Le  Paige,  correspon- 
dants. 

5"*  SÉRIE,  TOUS  XI Y.  1 


(  2  ) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  Tlndustrie  et  des 
Travaux  publics  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  TAca- 
déœie,  Touvrage  du  lieuteuant  Jérôme  Becker,  intitulé  : 
La  vie  en  Afrique,  avec  prélace  du  comte  Goblet  d'Alviella. 
—  Remerciements. 

—  M.  le  maréchal  des  logis  d'artillerie  en  retraite 
Delaey,  à  Roulers,  adresse  des  communications  se  rappor- 
tant à  divers  sujets.  —  Dépôt  dans  les  archives. 

—  M.  F.  Terby,  docteur  en  sciences,  à  Louvain,  demande 
le  dépôt  dans  les  archives  d'un  billet  cacheté  daté  du 
50  juin  1887.  —  Accepté. 

—  Le  Musée  royal  d'histoire  naturelle  de  Bruxelles 
envoie  le  tome  XIII  (avec  planches)  de  la  Description  des 
ossements  fossiles  des  environs  d'Anvers^  par  P.-J.  Yan 
Beneden.  —  Remerciements. 

—  Hommages  d'ouvrages  : 

i*  Travaux  du  laboratoire  de  Léon  Fredericg,  à  C Institut 
de  physiologie  de  l'Université  de  Liège,  tome  1*%  1885-86; 

2^  a)  Note  sur  l'hypnoscope  et  sur  les  phénomènes  de 
transfert  par  les  aimants  ;  b)  La  matière  brute  et  la 
matière  vivante  ;  par  J.  Delbœuf; 


(3) 

3*  Sur  Us  tempêtes^  théories  et  diseussions  nouvelles;  par 
H.  Paye,  associé  de  la  Classe,  à  Paris  ; 

4*  Der  jetzige  Stand  der  morphologischen  Disciplinen 
nix  Besug  aufallgemeine  Fragen.  Discours  par  A.  von 
Kôlliker,  associé,  à  Wurtzboarg; 

5*  a)  Sur  les  causes  des  variations  diurnes  du  magnétisme 
terresie  et  sur  la  loi  qui  règle  la  position  du  courant  per- 
turbateur principal;  b)  Variations  diurnes  inler tropicales 
el  iMirta/fOfi«  annuelles  du  magnétisme  terrestre;  par 
Ch.  Lagrange  (présenté  par  M.  Folie,  qui  <  estime  que  cet 
»  ouvrage  semble  avoir  fait  Taire  un  grand  pas  à  la  tbéorie 
da  magnétisme  terrestre)  >  ; 

8^  Fauna  und  Flora  des  Golfes  von  Neapel  :  Polygor- 
dnù;  par  J.  Fraipont  (présenté  par  M.  Ëd.  Van  Beneden); 
7*  a)  Notes  de  technique  microscopique;  b)  Résumé  d'une 
conférence  sur  la  microphotographie^  appliquée  à  l'histo- 
iogie^  l*anatomie  comparée  et  l'embryologie;  par  P.  Fran- 
ootte  (présentés  par  M.  Éd.  Van  Beneden).  —  Remer* 
ciements. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
Teiamen  de  commissaires  : 

1*  Note  sur  les  oscillations  d'un  pendule  produites  par  le 
déplacement  de  Caxe  de  suspension  ;  par  Ë.  Ronkar.  — 
Commissaire  :  M.  Folie; 

2*  Description  de  quelques  cucurbitacées  nouvelles  ;  par 
A.  Cogniaui.  —  Commissaire  :  M.  Crépin  ; 

3*  Sur  le  sulfure  de  cadmium  colloïdal  ;  par  Eug.  Prost. 
—  Commissaires  :  MM.  Stas  et  Spring. 


(4) 


RAPPORTS. 


Développement  sur  la  théorie  des  formes  binaires; 

par  J.  Deruyts. 

€  Les  fonctions  învarîantives  d'un  système  de  formes 
algébriques  satisfont,  comme  on  le  sait,  à  deux  équations 
aux  dérivées  partielles  qui  suffisent  pour  les  définir. 

On  s'est  occupé,  depuis  longtemps,  des  fonctions  des 
coefficients  seuls  qui  satisfont  à  l'une  de  ces  deux  équa- 
tions, et  qui,  pour  cette  raison,  ont  été  appelées  semi- 
invariants.  H.  Deruyts  a  obtenu  de  très  intéressantes 
propriétés  de  ces  fonctions  et  les  a  communiquées  récem- 
ment à  l'Académie. 

Dans  le  travail  actuel,  il  se  propose  une  question  ana- 
logue :  celle  de  déterminer  les  fonctions  des  coefficients  et 
des  variables  qui  satisfont  à  une  seule  des  équations  diffé- 
rentielles que  nous  venons  de  mentionner  ;  il  appelle  semi- 
covqriants  ces  expressions  nouvelles. 

La  nature  du  travail  de  notre  jeune  collègue  de  Liège 
ne  nous  permet  pas  d'entrer  dans  de  longs  développe*- 
ments  :  nous  nous  bornerons  à  signaler  quelques-uns  des 
théorèmes  énoncés. 

L'auteur  rencontre  d'abord  cette  propriété  fondamen- 
tale :  Dans  un  semi-covarianl,  le  coefficien  t  de  la  plus 
haute  puissance  de  x^  est  un  semi-invariant. 

Lorsque  la  fonction  satisfait  à  la  seconde  équation  aux 
dérivées  partielles,  ce  coefficient  suffit  pour  déterminer, 


(8) 
d'ooe  maoiëre  unique,  tous  les  autres  coefiBcients,  c'est-à- 
dire  le  oova  riant.  Il  n*en  est  naturellement  plus  de  même 
dans  le  cas  actuel.  Hais,  grâce  à  l'opération  •—>  définie 
dans  on  travail  précédent  de  Fauteur,  celui-ci  parvient  à 
montrer  la  liaison  entre  les  coefficients  du  semi-co variant 
et  celai  de  son  premier  terme. 

Il  arrive  ainsi  à  cette  propriété  : 

Tout  semi-covariant  est  une  somme  de  produits  de  puis* 
umces  de  x^  par  des  expressions  de  la  forme 

[w\  1  i/Ao        .  i   d'"ko 

k^  (tant  un  semi^invariant. 

H.  Deruyts  établit  ensuite  un  autre  mode  de  formation 
des  fonctions  qu'il  étudie. 

Comme  nous  l'avons  dit,  il  nous  est  impossible  de 
reprendre  un  à  un  les  nombreux  théorèmes  énoncés  par 
rauleor  :  ce  serait  simplement  reproduire  son  travail  en 
sapprimant  les  démonstrations. 

Noos  signalerons  cependant  la  liaison  intéressante  que 
H.  Deruyts  établit  entre  les  semi-covariants  et  la  théorie 
des  fractions  continues,  et  le  procédé  ingénieux  qu'il  en 
dédoit  pour  retrouver  le  canonizant  de  Sylvester,  ainsi 
que  les  remarques  auxquelles  il  est  conduit  sur  l'addition 
de  certains  déterminants. 

En  résumé,  nous  pensons  que  le  nouveau  travail  de 
M.  Deroyts  est  très  digne  d'être  approuvé  par  la  Classe,  et 
iM)os  en  proposons  bien  vivement  l'impression  dans  un  des 
Recoeils  in-S"*  de  l'Académie.  » 

b  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  M,  Man- 
ûon,  second  commissaire,  s'est  rallié. 


(«) 


Application  de  la  photographie  à  Cétude  de  réleclrolonus 

des  nerfs;  par  M.  Henrijean. 

c  Les  mélhodes  lespliis  ingénieuses  de  rélectro^phjîsiolo- 
gieontété  utilisées  pour  l'élude  des  courants  électroioniques 
des  nerrs.  Malheureusement  ces  méthodes  sont  extrême- 
ment compliquées,  el  ne  permettent  d'arriver  à  reconsti- 
tuer la  courbe  qui  représente  les  différentes  phases  de 
réleclrotonus,  qu'en  combinant  les  résultats  fournis  par 
un  grand  nombre  d'expériences  successives.  Il  faut  bien 
se  résigner  à  faire  abstraction  de  l'influence  de  la  fatigue 
du  nerf,  et  des  autres  modifications  qui  peuvent  se  pro* 
duiredans  sa  substance,  au  cours  d'une  série  d'expériences. 

Bernstein,  l'un  des  physiologistes  allemands  qui  s'est 
occupé  avec  le  plus  de  succès  de  ce  sujet  difficile,  émet- 
tait récemment  le  vœu  de  voir  répéler  ces  expériences,  en 
les  disposant  de  manière  à  n'avoir  à  soumettre  le  nerf  qu'à 
une  seule  action  de  polarisation ,  —  ce  qui  s'obtiendrait 
le  mieux,  dit-il,  au  moyen  de  réiectromètre  capillaire,  dont 
on  photographierait  les  excursions. 

Ce  vœu  exprimé  par  Bernstein,  M.  Henrijean  est  par- 
venu à  le  réaliser  II  a  pu,  au  moyen  de  la  photographie, 
recueillir,  en  une  seule  expérience,  la  courbe  complète  du 
courant  électroionique.  Hâtons-nous  de  dire  que  son  tra- 
vail confirme,  en  grande  partie,  les  résultats  obtenus  par 
d'autres  expérimentateurs;  son  intérêt  réside  donc  moins 
dans  la  découverte  de  faits  nouveaux  que  dans  la  sub- 
stitution d'une  méthode  directe,  simple  et  facile,  aux  pro- 
cédés compliqués  et  laborieux  utilisés  jusqu'à  présent. 


(7) 

NoBS  TOUS  propo60D8  : 

i*  De  voter  Timpression  de  la  notice  de  M.  Henrijean» 
avec  la  planche  qui  raccompagne,  dans  le  Bulletin  de 
^Académie  ; 

2*  D'adresser  des  remerciements  à  Taoteur,  en  l'enga- 
geant à  poorsQÎvre  ses  recherches  et  notamment  à  étendre 
i  rétode  de  quelques  autres  problèmes  de  l'électro-physio* 
logie  la  oiéthode  qui  lui  a  si  bien  réussi  dans  celle  de 
réiectrotoDas.  » 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  s*esl 
rallié  M.  Van  Bambeke,  second  commissaire. 


Sur  la  circulation  du  sang  dans  le  cercle  artériel  de  Williê, 

par  M.  G.  Corin. 


c  Quatre  gros  vaisseaux,  les  deux  carotides  et  les  deux 
vertébrales,  amènent  au  cerveau  le  sang  artériel  qui  doit  le 
nourrir.  Ces  vaisseaux  s'anastomosent  largement  à  la  base 
do  crftne,  de  manière  à  former  une  espèce  de  polygone 
vasculaire,  connu  sous  le  nom  de  cercle  artériel  de  Willis. 

C'est  grâce  à  l'existence  de  ces  anastomoses  que  le  cer- 
veau et  le  cervelet  peu  vent  supporter  l'oblitération  d'une  ou 
de  plusieurs  artères  nourricières,  les  canaux  qui  restent 
sufllsantà  la  nutrition. 

M.  Corin  a  cherché  à  déterminer  dans  quelle  mesure  se 
fait  cette  suppléance.  Il  a  constaté  que,  chez  le  chien,  la 
ligature  de  deux  et  même  de  trois  des  grosses  artères. 


(8) 
n'exerce  que  fort  peu  dMnflueoce  sur  la  pressiou  du  sang 
dans  le  cercle  artériel  de  Willis,  et  par  conséquent  sur  les 
conditions  de  la  circulation  cérébrale.  Dans  la  plupart  des 
cas,  la  ligature  des  quatre  vaisseaux  afférents  n'amène  pas 
non  plus  de  troubles  graves  :  le  cerveau  reçoit  alors  son 
sang  par  des  voies  détournées,  notamment  par  les  anasto- 
moses avec  les  vaisseaux  spinaux. 

Il  n'y  a  donc  pas  lieu,  selon  M.  Corin,  de  s'étonner  du 
peu  d'influence  que  la  ligature  des  carotides  ou  des  verté- 
brales exerce  sur  le  rythme  respiratoire,  et  l'on  n'est  plus 
en  droit  d'invoquer  ces  faits  contre  la  théorie  respiratoire 
de  Rosenthal. 

On  sait  que,  d'après  ce  physiologiste,  le  rythme  respira- 
toire est  réglé,  en  grande  partie,  par  la  qualité  (composition 
des  gaz)  du  sang  qui  circule  dans  la  léte,  notamment  par  les 
conditions  de  Tirrigation  sanguine  de  la  moelle  allongée. 

M.  Gorin  termine  son  travail  en  déterminant  la  vitesse 
de  propagation  des  ondes  pu  Isa  ti  les  à  travers  le  cercle  de 
Willis.  Cette  vitesse  est  notablement  plus  faible  que  dans 
les  gros  troncs  artériels  voisins  du  cœur. 

La  notice  dé  M.  Corin  contient  plusieurs  fait  nouveaux 
et  intéressants. 

Nous  vous  proposons  : 

1"*  D'insérer  son  travail  dans  le  Bulletin  de  l'Académie; 

S*  De  voter  des  remerciements  à  son  auteur,  i 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  s'est 
rallié  M.  Van  Bambeke,  second  commissaire. 


(9.) 


Nouvelles  recherches  sur  le  spectre   du  carbone; 

par  M.  Ch.  Fievez. 


€  Dans  son  travail,  M.  Fievez  expose  brièvement  Pétat 
de  DOS  coQDaissaDces  sur  le  spectre  du  carbone,  qui  a  déjà 
iaii  de  sa  part  l'objet  de  longues  et  délicates  recherches. 
Des  speclroscopistes  attribuent  au  carbone  un  spectre 
différent  de  celui  de  ses  composés  hydrogénés;  d'autres 
spectroscopistes  considèrent  le  spectre  des  composés  hydro- 
génés da  carbone  comme  le  spectre  propre  de  cet  élément. 

Des  expériences  nouvelles,  consignées  dans  la  notice 
présentée  à  F  Académie,  M.  Fievez  conclut  que  c  dans 
Tétai  actuel  de  nos  connaissances,  le  carbone  n'a  pas  de 
spectre  différent  de  celui  de  ses  composés  hydrogénés  ». 

L'Académie  sait  qu'il  y  a  plusieurs  années  déjà  j'ai  fait 
des  recherches  sur  le  spectre  du  carbone  et  le  spectre  de 
rhvdrogène,  en  soumettant  à  l'analyse  prismatique  succes- 
sivement :  l""  la  flamme  du  gaz  d'éclairage  et  des 
vapeurs  hydrocarbonées  alimentée  par  l'air  ou  par  l'oxy- 
gèoe;  2*  la  flamme  de  Thydrogène  pur  dans  l'air  et  dans 
Toxygène;  y  le  gaz  de  Téciairage  contenu  dans  des  tubes 
de  Geissier  à  la  pression  de  20  millimètres  et  rendu  lumi- 
neux par  le  passage  d'un  courant  électrique. 

  loccasion  d*un  rapport  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
faire  â  l'Académie  sur  un  Mémoire  de  M.  von  Konkoly, 
j'ai  communiqué  à  la  Classe  l'introduction  d'un  travail 
inédit  sur  des  recherches  chimiques  et  spectroscopiques, 
dans  lequel  j'expose  mes  investigations  sur  le  spectre  de 


(  10) 

flamme  de  Phydrogèoe  alimentée  par  Tair  ou  par  l'oxygène, 
et  le  spectre  de  flamme  du  gaz  d'éclairage  alimentée  par 
l'air  ou  par  l'oxygène. 

Depuis  la  présentation  de  la  notice  de  M.  Fievez,  j'ai  eu 
soin  de  soumettre  à  un  nouveau  contrôle  mes  observations, 
en  priant  mon  savant  ami  et  collègue,  M.  Depaire,  profes- 
seur à  l'Université  de  Bruxelles,  de  me  prêter  son  concours 
actif  et  éclairé  en  même  temps  que  sa  remarquable  et  si 
parfaite  installation  spectroscopique. 

Il  résulte  de  mes  anciennes  et  nouvelles  observations 
que: 

1"*  Le  spectre  de  flamme  du  gaz  d'éclairage  et  des 
vapeurs  des  hydrocarbures  liquides,  alimentée  à  l'oxygène, 
brûlant  à  la  température  de  la  fusion  de  l'iridium,  se  com- 
pose des  raies  et  des  bandes  décrites  dans  l'introduction 
déposée  sur  le  bureau  de  l'Académie  et  paraphée  à  cette 
époque  par  M.  le  Directeur  et  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 
Les  raies  C.  F.  G.  de  Frauenhofer,  caractéristiques  de  la 
présence  de  l'hydrogène,  font  absolument  défaut  dans  ce 
spectre. 

On  constate  l'absence  des  raies  de  l'hydrogène,  lors 
même  qu'on  fait  passer  une  étincelle  ou  une  décharge  à 
l'aide  de  cônes  de  charbon  ou  de  sphères  de  platine  au 
travers  de  la  partie  de  la  flamme  hydrocarbonée  considérée. 
Quelles  que  soient  les  dispositions  que  M  Depaire  et  moi 
nous  ayons  prises  pour  la  position  des  cônes  ou  des  sphères 
dans  la  flamme,  notre  impuissance  à  faire  apparaître  les 
raies  G.  F.  G.,  et  même  la  raie  G  qui  se  présente  toujours 
dans  le  spectre  de  l'étincelle  jaillissante  à  la  surface  d'une 
solution  saline  aqueuse,  notre  impuissance,  dis-je,  a  été 
absolue; 

^  Le  spectre  électrique  du  gaz  de  Péclairage  et  des 


(  *i  ) 

tapeors  bydroearbonées,  observé  à  la  teosion  de  20  inilli- 
nèCresdans  la  partie  rétrécie  des  tubes  de  Geissler,  se 
eonpose  des  raies  et  des  bandes  du  spectre  de  flamme  de 
ces  mêmes  gaz  et  vapeurs,  auxquelles  viennent  s'ajouter, 
soivant  Tintensité  du  courant,  soit  la  raie  C.  soit  les  raies 
C.  et  F.,  soit  les  raies  C.  F.  et  G.  de  Frauenhofer,  caracté- 
ristiques de  rhydrogëne  ; 

3*  Le  spectre  de  flamme  de  l'hydrogène  pur,  suivant  que 
la  flamme  est  o6<€ure  et  incolore  ou  portée  à  Vincandencence 
et  colorée  dans  ce  cas  en  bleu  d'azur^  est  représenté  par 
on  espace  spectral  totalement  obscur  ou  par  un  espace 
spectral  illuminé^  formé  d'un  spectre  continu  présentant 
un  facie9  propre,  distinct  absolument  du  fades  du  spectre 
continu  qo'oD  observe  par  l'analyse  prismatique  des  radia- 
tions lumineuses  émises  par  les  solides  opaques  et  fixes, 
tels  que  le  platine,  Tiridiom,  le  carbone,  portés  à  la  plus 
vive  incandescence. 

Quelles  que  soient  les  dispositions  prises  pour  la  com- 
bustion de  l'hydrogène  dans  l'oxygène,  quels  que  soient  la 
partie  de  la  flamme  analysée  et  les  spectroscopes  employés, 
il  est  impossible  de  constater,  à  la  vue,  dans  le  spectre 
continu,  faiblement  ou  intensément  illuminé,  la  présence 
d'une  raie  de  l'hydrogène.  D'après  mon  expérience,  suffi- 
samment contrôlée,  je  me  crois  en  droit  d'affirmer  que  le 
spectre  de  flamme  de  l'hydrogène  pur  est  dépourvu  de 
raies  brillantes  ou  noires  proprement  dites; 

4*  Le  spectre  électrique  de  l'hydrogène  pur  observé  dans 
des  tubes  de  Geissier  est  caractérisé  par  les  raies  parfaite- 
ment connues  C.  F.  et  G.  de  Frauenhofer.  Je  dis  observé 
dons  des  tubes  de  Geisbler,  car  j'ai  des  doutes  sur  la  possi- 
bilité de  constater  l'apparition  des  raies  de  Frauenhofer 
dans  le  spectre  de  l'urc  électrique,  produit  dans  l'hydro- 


(  12) 

gène.  A  mon  avis,  rapparition  ou  la  non  apparition  des 
raies  C.  F.  et  G.  de  Frauenhofer,  dans  ie  courant,  i*élincelle, 
la  décharge  ou  Tare  électriques,  eiige  des  recherches 
nouvelles. 

Des  faits  qui  précèdent,  je  me  crois  autorisé  à  dire  que 
la  conclusion  que  M.  Fievez  déduit  de  ses  recherches  et 
dont  j'admets,  sans  réserves  aucunes,  la  parfaite  exacti- 
tude, n*est  pas  absolument  adéquate  à  ces  faits.  Elle  ne 
s'adapte  qu'an  spectre  du  carbone  de  I  arc  électrique  et 
qu'au  spectre  de  flamme  des  hydrocarbures.  Elle  ne 
s'applique  pas  au  spectre  électrique  des  hydrocarbures 
observé  dans  les  tubes  de  Geissier.  Ce  spectre  électrique 
n'est  pas  le  même  que  celui  du  spectre  de  flamme;  il  est 
représenté  par  la  somme  du  spectre  de  l'arc  du  carbone 
et  du  spectre  électrique  de  l'hydrogène. 

L'énoncé  des  expériences  exposées  ci-dessus  dit  suflQ- 
samment  pourquoi  le  spectre  de  flamme  des  hydrocar- 
bures n'est  pas  le  même  que  le  spectre  électrique  des 
mêmes  hydrocarbures,  et  pourquoi  ces  difl*érences  existent 
et  doivent  exister;  mais  je  ne  veux  pas  insister  davantage. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  partage  l'opinion  de  M.  Fievez  que  le 
spectre  de  flamme  des  hydrocarbures  représente  ie  spectre 
vrai  du  carbone,  spectre  identique  à  celui  observé  à  l'aide 
du  carbone  dans  l'arc  électrique  fonctionnant  dans  le  vide. 
En  conséquence,  j'ai  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie 
d'ordonner  l'impression  du  travail  de  M.  Fievez  dans  le 
Bulletin  de  la  séance,  de  lui  voter  des  remerciements  pour 
sa  communication,el  de  l'engager  à  continuer  lesrecherches 
qu'il  annonce  avoir  entreprises  sur  le  spectre  des  différents 
composés  carlionés.  » 

—  Adopté. 


(  «5  ) 


COMMCNICATIONS  ET  LECTURES. 


Swr  une  rdalion  entre  rélasticité  optique  et  raclivité  chi' 
mique  dans  un  cristal  de  Spath  d'Islande;  par  Walibère 
SprÎDg,  membre  de  TAcadémie. 

y  ai  eu  rhonneur  de  communiquer  à  la  Classe  des 
sciences  de  TAcadémie,  dans  la  séance  du  mois  de  mars 
deroier,  les  résultats  de  rechercbes  que  j'avais  entreprises 
en  Toe  de  connaître  comment  variait,  avec  la  température, 
la  vitesse  de  réaction  des  acides  minéraux  sur  le  marbre. 

J'étais  arrivé  à  un  résultat  très  simple,  car  la  vitesse 
de  la  réaction  s'est  montrée  indépendante  de  la  nature 
chimique  des  acides,  et  variable  avec  la  température  sui- 
vant une  exponentielle  dont  le  module  est  2  :  toutes  autres 
GoodilioDs  (étendue  de  la  surface  du  marbre,  concentra- 
Uoo  des  acides,  etc.)  restant  les  mêmes,  bien  entendu. 

Le  marbre  n'étant  pas  un  corps  identique  à  lui-même, 
soas  ie  rapport  physique,  dans  toutes  ses  parties,  puisqu'il 
o^est  pas  rare  de  rencontrer  des  régions  plus  ou  moins 
dores,  j'ai  tenu  à  vérifier  le  résultat  trouvé  d'abord  en 
faisant  usage,  cette  fois,  d'un  corps  cristallisé  :  le  spath 
d'Islande. 


(  U) 

J*ai  examiné  la  vitesse  de  dissolution  d'un  cristal  de 
celte  espèce  minérale^  dans  ses  diverses  directions  prin- 
cipales. Je  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  accueillir  la 
relation  des  résultats  obtenus  afin  de  me  permettre  de 
prendre  date  pour  quelques  faits  qui  me  paraissent  assez 
curieux. 

l"*  Toutes  les  faces  du  solide  de  clivage  se  dissolvent 
avec  la  même  vitesse  dans  les  acides  minéraux,  toutes 
conditions  étant  égales  d'ailleurs. 

2^  Les  sections  obtenues  en  taillant  un  cristal  perpen- 
diculairement à  Taxe  optique,  ou  parallèlement  à  celui-ci, 
se  dissolvent  inégalement  vite. 

La  section  qui  se  dissout  le  plus  rapidement  est  aussi 
celle  pour  laquelle  l'indice  de  réfraction  d'un  rayon  lumi- 
neux est  le  plus  grand.  Si  Ton  détermine  le  rapport  des 
vitesses  de  réaction  des  deux  sections  mentionnées,  on 
trouve,  en  moyenne,  qu'elles  sont  entre  elles  comme 
1 : 1,14;  d'autre  part,  les  indices  de  réfraction  correspon- 
dants sont  entre  eux  comme  1  : 1,12. 

Il  n'y  a  pas  identité  entre  ces  rapports;  mais  la  diffé- 
rence ne  comporte  que  2  ""1.  de  la  valeur  totale,  de  sorte 
que  Ton  est  fondé  à  conclure,  me  semble-t-il,  que  l'élasti- 
cité optique  dans  une  direction  donnée  d'un  cristal  n'est 
pas  sans  influence  sur  l'activité  chimique.  Peut-être  bien 
y  a-t-il  là  la  trace  de  connexion  entre  les  phénomènes 
chimiques  en  général  et  les  mouvements  ondulatoires  que 
Ton  a  nommé  lumière. 

J'aurai  bientôt  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le 
comi>lénient  de  cette  note. 


(15) 


Sur  une  nouvelle  interprétation  de  quelques  dépôts  ter- 
tiaires  ;  par  M.  Mourloo,  membre  de  TAcadémie. 

M.  Ém.  Vincent  vient  de  publier  une  intéressante  Note 
sar  trois  coopes  de  dépôts  tertiaires  relevées  à  Nossegem, 
Sierrebeek  et  Ophem,sur  le  territoire  de  la  Plancbettede 
Saventbem  (1). 

Cette  Note  remet  en  question  rinlerprétalion  d*nne 
partie  de  ces  dépôts  telle  qu'elle  se  trouve  consignée  dans 
la  légende  de  la  carte  géologique  à  Técbelle  de  Vsoooo  ^^ 
aboutit  à  des  conclusions  qui  laissent  entrevoir  dlmpor- 
tants  résultats. 

Pour  le  moment»  M.  Vincent  se  borne  à  Teiamen  minu- 
tieui  des  deux  groupes  de  couches  sableuses  qui^  dans  la 
région  dont  il  s'agit,  s'observent  entre  les  sables  laeke- 
DÎens  de  l'Éocène  moyen  et  l'argile  glauconifère  que 
Duroont  range  dans  son  Tongrien. 

Le  plus  inférieur  de  ces  groupes  de  couches,  séparé  des 
sables  laekeniens  par  un  gravier  à  Nummuliies  variolaria, 
est  considéré  comme  étant  la  base  de  l'étage  wemmelien, 
mais  il  parait  bien  plutôt  devoir  constituer  un  étage  spécial. 
1^  groupe  de  couches  supérieur,  au  contraire,  renferme  Ja 
faone-type  des  sables  de  Wemmel  proprement  dits,  et 
c*est  par  erreur  qu'il  a  été,  en  de  certains  points  comme 
à  N4issegem,  rapporté  à  un  nouveau  système  de  couches 


(I)  Procès-Terbnl  de  la  séance  du  2  avril  1887  de  la  Société  royale 
WÊmimeotogkifte^  p.  xlvii. 


(  16} 
auquel  MM.  Rutot  et  Van  den  Broeck  ont  dooné  le  nom 
d^asschien* 

Sans  vouloir  me  prononcer  pour  le  moment  sur  la 
valeur  de  ce  nouveau  système  qui  me  parait  tout  au  moins 
sujette  à  discussion,  je  crois  pouvoir  conclure  de  mes  pro- 
pres observations  sur  les  dépôts  en  question  que  le  nou- 
veau classement  proposé  par  M.  Vincent  est  celui  qui, 
dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  répond  le  mieux  à 
la  réalité  des  faits. 

Le  tableau  suivant  permettra  de  bien  apprécier  en  quoi 
ce  nouveau  classement  diffère  de  l'ancien  : 


Ancien 
classement. 


Série  des  dépôts  tertiaires,  inférieurs 

à  l*argile  glaaconifëre, 

sur  la  planchette  de  Saventheou 


Nouveau 
classement. 


Argile  glauconifère  (Tongrien  de 
Dumont). 


Asschien  .    . 

Wemmeiien  . 

Laekenien    . 
Brnxellien    . 


i 


Sable  fin , 


) 


î  Gravier  à  N.  wemmelensis i 


Sable  ferrugineux.    .    . 
Gravier  à  iV.  variolaria 


Wemmeiien. 


Ledien. 


) 


Sable  blanchâtre  calcarifère  . 


(  Gravier  à  iV.  lœvigata  rouléet 
Sables  siliceux  et  calcarifëres 


'  I  Laekenien. 
»    •    •  ' 

Bnixellien. 


J'ajouterai  qu'un  nouvel  examen  des  échantillons  de 
roches  et  de  fossiles  déposés  au  Musée  de  Bruxelles  et  se 
rapportant  aux  nombreuses  coupes  dont  plusieures  ne 
sont  plus  guère  visibles  aujourd'hui  et  qu'il  m'a  été  donné 
de  relever  dans  les  différentes  parties  du  bassin  franco- 


(17) 

belge,  semble  devoir  confirmer  en  tous  points  la  nouvelle 
ioterprétation  qui  faitrobjel  de  cette  communication. 

Les  sables  à  A',  variolaria  présentent  un  faciès  faunique 
difleraot  de  celui  des  sables  de  Wemmel  proprement  dits, 
notamment  à  Lede  et  à  Moorsei  près  d'Alost,  à  Forest  et 
à  Melsbroeck  près  de  Bruxelles,  à  Baeleghem  près  de  Gand, 
à  Cassel  en  France,  etc.  C'est  cette  considération  qui, 
jointe  à  celle  des  caractères  minéralogiques  et  stratigra- 
phiques  des  sables  en  question,  me  fait  proposer,  d*accord 
avec  H.  Vincent,  de  les  considérer  comme  formant  un 
étage  spécial,  et  de  désigner  ce  dernier  sous  le  nom  d'étage 
Mien  comme  le  renseigne  le  tableau  ci-dessus. 

Déjà,  en  1873  (1),  j'avais  proposé  de  désigner  les  sables 
à  A\  variolaria  sous  le  nom  de  <  sables  de  Lede  »,  mais 
le  degré  d'avancement  des  études  de  nos  dépôts  tertiaires 
o'aotorisait  pas  à  celte  époque  de  les  séparer  nettement 
des  sables  de  Laeken  et  de  Wemmel,  comme  les  nom- 
breux et  remarquables  travaux  effectués  depuis,  per- 
mettent aujourd'hui  de  le  réaliser. 

Ne  voalant  pas  anticiper  sur  les  résultats  des  recherches 
qui  ne  peuvent  manquer  de  se  produire  à  bref  clëlai  sur 
les  autres  dépôts  composant  le  système  asschien,  je  me 
bornerai  à  faire  remarquer  que,  partout  où  il  m'a  été  donné 
d'observer  le  contact  des  sables  lediens  à  iV.  variolaria^  soit 
avec  les  sables  wemmeliens  qui  les  surmontent,  soit  avec 
les  sables  laekeniens  qu'ils  recouvrent,  ils  m'ont  paru  avoir 
une  épaisseur  et  un  développement  beaucoup  plus  consi- 
dérables qne  ces  deux  autres  dépôts  sableux. 

Cest  ainsi  que,  dans  la  coupe  de  Baeleghem  (Géologie 


(«)  Pairia  belgieaj  1 1,  p.  191. 

3^  SÉRIE,  TOMB   XIT.  2 


(  i8; 

de  la  Belgique,  1. 1,  fig.  43,  pu  259),  les  sables  et  grès  n""'  7  à 
11,  que  je  rapporte  au  nouvel  étage  ledien,  sont  beaucoup 
plus  épais  que  les  sables  wemmeliens  réduits  à  la  couche 
II''  5.  Ces  derniers  sont  séparés  des  sables  lediens  par  le 
banc  de  grès  coquiller  n*"  6,  constituant  un  gravier  de  base 
à  peine  visible,  et  sur  lequel  l'attention  n'avait  pas  encore 
été  appelée  lorsque  je  relevai  cette  coupe  en  1873.  Il 
paratt  en  être  de  même  du  banc  de  grès  avec  sable  blanc 
légèrement  glauconifère  et  graveleux  qui,  dans  ma  coupe 
du  Mont  des  Récollets  (Ibid.,  p.  243),  sépare  les  sables 
wemmeliens  n^  3  des  sables  lediens  n""  4. 

Cest  le  banc  de  grès  le  plus  inférieur  de  la  première 
zone  à  iV.  variolaria  de  la  coupe  de  MM  Orllieb  et  Chel- 
lonneix  (1). 

Quaut  aux  sables  laekeniens,  ils  ne  sont  représentés 
dans  ces  deux  coupes  que  par  un  faible  dépôt  de  sable 
graveleux  à  N.  lœvigata  roulées  avec  blocs  de  grès  perforés. 

Il  est  à  remarquer  à  ce  sujet  qu'en  de  certains  points 
des  environs  de  Bruxelles,  notamment  à  Boitsfort  et  à 
Watermael,  ces  mêmes  sables  laekeniens  semblent  faire 
complètement  défaut,  et  Ton  voit  le  gravier  ledien  reposer 
directement  sur  les  sables  et  grès  ferrugineux  bruxelliens.  - 

Qu'il  me  soit  permis,  en  terminant,  de  faire  remarquer 
que,  tout  en  adoptant  le  nouveau  classement  proposé  par 
M.  Vincent  et  dont  je  viens  de  montrer  l'application  en 
des  points  assez  éloignés  de  ceux  qu'il  a  plus  particuliè- 
rement étudiés,  je  crois  devoir  insister  sur  l'intérêt  qu'il 
y  aurait  à  faire  connaître  la  répartition  des  nombreuses 


(1)  Études  des  collines  tertiaires  du  département  du  Nord,  p.  62, 
fig.9. 


(  19) 
espèces  fossiles  recueillies  dans  les  dépôts  qui  font  Pobjet 
dadit  classement. 

Pour  effectuer  cet  important  travail,  M.  Ém.  Vincent 
troovera  dans  la  personne  de  son  père,  M.  G.  Vincent,  un 
collaborateur  d*autant  plus  autorisé  que,  par  ses  habiles  et 
persévérantes  recherches,  il  a  conlribué  pour  une  très  large 
part  aux  progrès  si  marquants  réalisés  depuis  quelques 
aouées  dans  la  connaissance  de  nos  terrains  tertiaires. 


Les  genres  Egteinasgidia  Herd.  Rhopalea  Phil.  et  Slui- 
TERiA  (nov.  gen.).  —  Noie  pour  servir  à  la  dassifica' 
tion  des  Tuniciers;  par  Edouard  Van  Beneden,  membre 
de  TAcadémie. 

Nos  connaissances  relatives  au  groupe  des  Tuniciers  se 
soDl  considérablement  accrues  dans  ces  dernières  années, 
elcela  à  un  double  point  de  vue.  Plusieurs  travaux  récents, 
traitant  soit  de  Fanalomie  soit  du  développement  des 
Urochordes,onl  largement  conlribué  à  élucider  les  diverses 
questions  relatives  à  la  morphologie  de  ces  animaux; 
dautre  part,  un  grand  nombre  de  formes  inconnues  jus- 
qolciont  été  décrites  et  figurées;  les  caractères  distinctifs 
des  familles  ont  été  mieux  définis.  Il  y  a  cinq  ans  Ton  con- 
naissait à  peine  quelques  espèces  exotiques;  aujourd'hui, 
grâce  surtout  aux  travaux  de  Herdman,  qui  a  fait  connaitre 
les  Ascidies  simples  et  les  Synascidies  recueillies  pendant 
l'expédition  du  Challenger  y  grâce  aux  mémoires  deSluiter 
sor  les  Tuniciers  de  la  Malaisie,  de  von  Drasche  et  de 
Traustedt,  qui  ont  décrit  un  grand  nombre  de  formes  nou- 
velles provenant  de  diverses  parties  du  globe,  particuliè- 


(20) 

rement  du  Pacifique,  la  liste  des  Ascidies  simples  et  com- 
posées, décrites  et  figurées,  a  plus  que  doublé. 

L'ensemble  de  ces  recherches  fait  pressentir  une  réforme 
de  la  classification  des  Tunicier$,et  diverses  tentatives  ont 
été  faites  déjà  en  vue  d'établir  la  systématique  sur  des 
bases  nouvelles. 

Je  me  propose  de  publier  prochainement  la  critique  de 
ces  essais  et  de  faire  connaître  les  résultats  auxquels  j'ai 
été  moi-même  conduit,  en  ce  qui  concerne  la  classification 
des  Urochordes.  La  présente  note,  préliminaire  à  ce  travail, 
a  pour  objet  l'étude  critique  du  genre  Ecteinascidia  établi 
par  Herdman  (1).  Il  comprend  cinq  espèces,  dont  trois  ont 
été  décrites  par  Herdman  lui-même,  sous  les  noms  de 
Ecteinascidia  crassa,  Ecteinascidia  fusca  et  Ecteinascidia 
turbinata,  deux  découvertes  par  Sluiter  (2)  et  désignées 
par  lui  sous  les  noms  de  Ecteinascidia  diaphanis  et 
Ecteinascidia  rubricollis.  Quatre  de  ces  espèces  se  multi- 
plient à  la  fois  par  voie  sexuelle  et  par  bourgeonnement 
stolonial,  à  la  façon  des  Clavelines  et  des  Pérophores;  la 
cinquième  est  probablement  une  Ascidie  simple.  Le  genre 
Ecteinascidia  que  Milne-Edwards  eut  certainement  rangé 
à  côté  des  genres  Clavelina  et  Perophora^  dans  son  groupe 
des  Ascidies  sociales,  est  placé  par  Herdman  à  côté  de  ces 


(1)  Hebdman,  W.-A.,  Preliminary  Report  on  Tunicata  of  thc 
Challenger  Expédition,  Part.  II.  Edimb.  Roy.  Soc.  Proc.  Session 
I879.i880. 

Report  tho  upon  the  Tunicata  coUected  during  the  voyage  of 
H.  M.  S,  Challenger  during  the  years  i873-1876.  Zool.  Ghal.  Exp. 
Vol.  VI,  part.  XVII,  296  pages  et  S7  planches. 

(2)  Sluitbr,  Ueber  einige  einfachen  Ascidien  v.  d.  Insel  BiUiton, 
NatQurkund.  Tijdsch.  v.  Nederl.  Indie.  Bd.  XIV,  p.  460. 


n 


(24) 

genres,  daoâ  la  famille  des  Claveiinides»  parmi  les  Ascidies 
simples. 

L'organisation  des  différentes  espèces  de  ce  genre  et  les 
aiDÎcés  qu'elles  manifestent  les  unes  avec  des  Ascidies 
simples,  les  autres  avec  des  Synascidies,  démontrent  avec 
évidence  qu'il  faut  renoncer  à  chercber  dans  les  modes 
de  reproduction  un  principe  de  classification.  A  ce  point 
de  vue,  aucun  groupe  d'espèces  de  la  classe  des  Tuniciers 
n'est  plus  instructif.  Des  cinq  espèces  réunies  dans  le 
genre  Ecteinascidiay  deux  doivent  prendre  place  dans  le 
genre  Rhopatœa  Phil.,  deux  peuvent  être  conservées  dans 
le  genre  Ecteinascidia;  la  cinquième  constitue  un  type 
générique  distinct,  que  je  propose  de  désigner  sous  le 
nom  de  Sluileria, 

Rhopalgea  Phil. 

Quand,  en  i879-1880,  Herdman  créa  le  genre  Eclein- 
asddia^  l'on  ne  connaissait  que  par  la  description  qu'en 
avait  donnée  Philippi  (1),  la  forme  si  particulière  que  ce 
uatnraliste  avait  découverte,  en  1842,  dans  le  golfe  de 
Naples,  et  qu'il  avait  baptisée  du  nom  de  Rhopalœa  neapo- 
litana. 

Jusqu'en  iSSI,  personne  ne  réussit  a  retrouver  cet  Asci- 
dien,  ou  tout  au  moins,  si  des  exemplaires  sont  tombés 
entre  les  mains  de  naturalistes,  n'ont-ils  pas  été  reconnus 
eomme  appartenant  au  type  découvert  par  Pbilippi.  En 
visitant  l'an  dernier  les  collections  zoologiques  de  l'Uni- 
versité de  Leipzig,  je  fus  surpris  de  trouver,  parmi  les 


(I)  Pbilippi,  Ein  tieues  gentud.  einf,  Ascidien.  MûIIer*s  Archiv, 
«843,  p.  45. 


(  22  ) 

Ascidiens,  un  bel  exemplaire  de  Rhopalœa  neapolitana 
sous  le  nom  de  Phallusia  mentula, 

Traustedi  (1),  que  la  direction  de  la  Station  zoologique 
de  Naples  a  chargé,  en  1882,  de  la  publication  des  Asci- 
dies simples  du  golfe,  ne  fait  pas  même  mention  du  genre 
Rhophalœa, 

En  i884,  Roule  (2)  annonçait  à  l'Académie  des  sciences 
de  Paris  la  découverte  qu*il  venait  de  faire  d*une  station  de 
Rhopalœa  sur  les  côtes  de  Marseilles,  dans  les  fonds  du 
pourtour  des  Zostères,  dans  les  sables  vaseux  charriés 
par  les  courants,  par  25  à  60  mètres  Je  proTondeur.  Il 
donna  d*abord  quelques  renseignements  sommaires  sur 
Torganisalion  de  ce  Tunicier;  il  en  a  publié  depuis,  dans 
le  Journal  de  Fol  (3),  une  description  anatomique  accom- 
pagnée de  fort  beaux  dessins. 

Pendant  mon  séjour  à  Naples  en  1881,  j'avais  réussi  à 
retrouver  le  Rhopalœa  neapolitana  de  Philippi;  j*en  ai 
rapporté  cinq  exemplaires.  M.  Roule  a  bien  voulu  m*en 
envoyer  quelques  autres  recueillis  par  lui  à  Marseille,  et 
j*ai  pu  ainsi  non  pas  seulement  m'assurer  de  fidentité  de 
la  forme  des  côtes  de  Provence  avec  l'espèce  napolitaine, 
mais  aussi  étudier  par  moi-même  l'organisation  de  cette 
forme  intéressante. 

Roule  avait  reconnu  que  la  description  de  Philippi,  très 
exacte  d'ailleurs  pour  la  plupart  des  détails  d'organisation 
qu'il  signale,  devait  être  rectifiée  sur  un  point  important. 
Philippi  avait  cru  reconnaître  que  les  barres  longitudinales 


(i)  Traustedt,  Die  eiufachen  Afcidien  (Âscidiœ  simplîces)  des 
Golfes  von  Neapel,  Mitth.  a.  d.  Zool.  Stut.  zu  Neapel.  4885.  Heft.  IV. 

(â)  Roule,  Sur  le  genre  Rhopalcha.  Comptes  rendus  du  i  9  mai  \  88i. 

(3)  Roule,  Revision  des  espèces  de  P/uillusiadés  des  côtes  de  Pro- 
vence.  Rcc.  Zool.  Suisse,  t.  III. 


(Î23) 

du  sac  branchial  portent  des  papilles  comme  on  en  observe 
chez  la  plupart  des  Ascidiadés.  C'est  là  une  erreur;  ces 
papilles  n*existent  pas.  Ace  point  de  vue,  les  Rhopalœa  ne 
diffèrent  en  rien  des  trois  espèces  du  genre  Ecteinascidia 
décrites  par  Herdman.  Or,  si  Herdman  s'est  décidé  à  créer, 
pcMir désigner  ces  trois  formes,  un  nom  générique  nouveau, 
c'est  en  se  fondant  principalement  sur  la  présence  supposée 
de  papilles  chez  les  Rhopatcsa,  et  sur  Tabsence  totale  de  ces 
organes  dans  les  trois  formes  ramenées  par  le  Challenger. 
Faut-il  en  conclure  à  la  suppression  du  genre  créé  par 
Herdman  ? 

Si  Ton  étudie  avec  soin  les  caractères  des  trois  espèces 
désignées  par  Tascidiologue  anglais  sous  les  noms  de 
Ecteinascidia  crassa^  E.  fusca  et  E.  turbinata,  on  con- 
state entre  elles  des  différences  considérables,  touchant  à 
des  points  dWganisation  fort  importants.  Dans  deux  d*en(re 
elles,  £.  crassa  et  E.  fusca,  la  masse  viscérale  se  trouve 
placce  en  arrière  du  sac  branchial,  de  façon  à  constituer  un 
véritable  abdomen  séparé  du  thorax  par  un  étranglement 
qui,  pour  être  moins  apparenta  Textérieur  dans  E.  crassa 
que  dans  E.  fusca^  n'en  est  pas  moins  réel  :  c  The  alimen- 
tary  and  génital  visccra,  ainsi  s'exprime  Herdman  en 
décrivant  £.  crassaj  extend  in  this  species  for  a  considé- 
rable distance  beyond  the  branchial  sac,  so  as  to  form  a 
distinct  abdomen,  which  is  almost  as  large  as  the  thorax, 
and  is  connected  with  it  by  a  narrow  pedicle  traversed  by 
the  œsophagus,  the  intestine  and  the  génital  ducts  >.  — 
Chez  Ecteinascidia  fusca,  le  caractère  est  plus  apparent 
encore,  et  extérieurement  déjà  on  reconnaît  que  le  corps  est 
divisé  en  deux  portions  renQées  séparées  l'une  de  l'autre 
par  un  étranglement,  et  reliées  entre  elles  par  un  pédi- 
cule, comme  dans  les  genres  Rhopalœa  et  Diazona. 

Cette  division  du  corps  en  un  thorax  comprenant  le  sac 


(24) 

branchial  et  un  abdomen  composé  de  la  plus  grande  partie 
du  canal  alimentaire,  des  organes  génitaux  et  du  cœur,  ces 
deux  portions  se  trouvant  séparées  par  un  étranglement 
médian  traversé  par  roesophage,  le  rectum,  les  conduits 
génitaux  et  l'épicarde,  constituent  le  caractère  le  plus  sail- 
lant de  l'organisation  du  Rhopalœa. 

Ce  n*est  pas  là  le  seul  caractère  qui  rapproche  du  Rho^ 
palœa  ntapolitana  les  espèces  Ecteinascidia  crassa  et 
E.  fusca. 

Dans  ces  deux  formes»  rapportées  par  Herdman  au  genre 
Ecteinascidia,  E.  crassa  et  E.  fusca,  comme  dans  le  AAo- 
palœa  neapolitana,  le  test  est  résistant  et  de  consistance 
cartilagineuse;  en  outre,  il  est  épais,  moins  cependant 
autour  du  thorax  que  dans  la  région  abdominale  et  autour 
du  pédicule  qui  relie  Tune  à  l'autre  les  deux  portions  du 
corps.  Les  trois  espèces  se  fixent  par  l'extrémité  posté- 
rieure de  leur  abdomen  au  moyen  d'une  surface  irrégulière 
et  inégale  moulée  sur  les  corps  étrangers  qui  les  portent. 
Les  bandes  musculaires  longitudinales  de  la  tunique  interne 
sont  très  développées;  le  sac  branchial  est  pourvu  de  barres 
longitudinales  fixées  à  des  prolongements  triangulaires 
dépendant  des  côtes  transversales.  Il  n'existe  pas  de 
papilles  le  long  des  barres  longitudinales. 

On  ne  peut  distinguer,  pas  plus  chez  les  Rophalœa  que 
chez  les  £.  crassa  et  £.  fusca  divers  ordres  de  côtes  trans- 
versales. Toutes  se  rapportent  à  une  seule  et  même 
catégorie,  et  les  différences  que  Roule  signale,  entre  ce 
qu'il  appelle  les  sinus  transversaux  de  premier  et  de  second 
ordre,  sont  si  peu  marquées  et  si  peu  constantes,  qu'elles 
méritent  à  peine  d'être  signalées  :  elles  sont  plus  appa* 
rentes  que  réelles  et  dépendent  des  ondulations  de  la  paroi 
du  sac  branchial.  Roule  reconnaît  lui-même  combien  peu 


(28) 

les  deux  ordres  de  côtes  qu'il  dislingue  diffèrent  enlre 
eux  quand  il  dil  :  <  Toutes  les  descriptions  qui  précèdent 
sofit  faites  d'après  Texamen  de  la  branchie  par  sa  face 
externe;  il  n'en  est  plus  tout  à  fait  ainsi  lorsqu^on  regarde 
la  face  interne  du  tnème  organe.  Les  calibres  des  sinus  ne 
sont  pins  très  différents,  et  comme  leurs  rapports  avec  les 
sioQS  longitudinaux  sont  semblables»  on  ne  peut  distinguer 
qu'avec  difficulté  les  deux  ordres  l'un  de  Vautre.  >  J*ai 
examiné  avec  grand  soin  la  branchie  des  Rhopalœa  et  je 
dois  déclarer  que  si,  en  certains  points  de  la  branchie,  là 
oà  les  ondulations  de  la  paroi  sont  bien  marquées,  on 
peot  reconnaître  une  alternance  plus  ou  moins  régulière 
de  vaisseaux  an  peu  plus  et  un  peu  moins  volumineux,  en 
d*aotres  points,  où  les  ondulations  sont  moins  apparentes, 
il  est  absolnment  impossible  de  distinguer  des  vaisseaux 
de  premier  et  de  second  ordre.  De  plus,  et  ce  point  est 
essentiel,  toutes  les  côtes  affectent  les  mêmes  rapports 
avec  les  barres  longitudinales,  toutes  fournissent  des 
insertions  à  ces  derniers  organes. 

Il  n'existe  donc,  chez  Rhopalœa  comme  chez  Ë.  crassa 
tlE.fusca,  qu'un  seul  ordre  de  vaisseaux  transversaux 
(côtes  transversales  ou  sinus  transversaux). 

Dans  les  trois  formes,  les  stigmates  di posés  en  séries 
transversales  régulières  présentent  les  mêmes  caractères  : 
cesont  des  boutonnières  à  direction  longitudinale,  de  forme 
ovalaire  allongée. 

Dans  les  trois  formes,  il  existe,  le  long  de  la  ligne  médio- 
dorsale,  une  série  de  languettes  indépendantes  les  unes  des 
autres,  insérées  aux  points  où  les  côtes  transversales 
croisent  le  raphé  dorsal. 

Il  n'existe  donc  aucun  caractère  dans  l'organisation  qui 
permette  de  séparer  génériquement  le  Hhopœala  neapo^ 


(26) 

li(ana  des  espèces  Ecteinascidia  crussa  et  Ecleinascidia 
fusca.  Aussi  je  pense  qu'il  faut  les  réunir  en  un  seul  et 
même  genre,  pour  lequel  le  nom  de  Rhopalœa  doit  être 
conservé  (1).  Ce  genre  comprendrait  donc  actuellement 
trois  espèces  : 

Rhopalœa  neapoUtana,  Philippi; 

Rhopalœa  crassa,  Herdman; 

Rhopalœa  fusca,  Herdman. 

Roule,auquel  les  analogies  entre  les  genres  Ecteinascidia 
et  Rhopalœa  n*ont  pas  plus  échappé  qu'à  Herdman  lui- 
même,  quoique  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  auteurs  n'ait  appelé 
l'attention  sur  la  distinction  qu'il  y  a  lieu  de  faire  à  cet 
égard  entre  Ecteinascidia  crassa  et  Ecteinascidia  fusca^ 
d'une  part,  Ecteina^^cidia  turbinata^  de  Taulre,  Roule  croit 
trouver  la  justificalion  de  la  séparation  des  deux  genres 
dans  le  fait  que  Rhopalœa  neapolitana  serait  un  organisme 
monozoïque,  tandis  que  les  £c/et/ia5ctrfta  seraient  polyzoï- 
ques.  Il  attache  une  grande  imporlance  à  l'absence  de  la 
faculté  de  bourgeonner  chez  les  Rhopalœa. 

A  supposer  que  réellement  les  Rhopalœa  ne  puissent  pas 
se  multiplier  par  gemmation,  ce  qui  ne  me  parait  pas  encore 
absolument  établi,  il  n'en  faudrait  pas  encore  conclure,  à 
mon  avis,  à  l'obligation  de  séparer  génériquement  Rhopalœa 
neapolitana  de  Rhopalœa  crassa  et  fusca. 


(i)  Je  ne  vois  pas  qu  il  y  ait  lieu  de  substituer,  comme  Roule  eu 
fait  la  proposition,  le  mot  Rhopahna  au  mot  Rhopalœa,  S'il  fallait 
corriger  les  écarts  commis  aux  lois  qui  régissent  la  confection  des  mots 
scientifiques  créés  au  moyen  de  racines  grecques  ou  latines,  on  en 
arriverait  à  transformer  une  bonne  partie  de  la  nomenclature.  Ce 
serait  certes  avantageux  au  point  de  vue  de  la  correction  du  langage, 
mais  il  en  résulterait  un  grave  inconvénient,  celui  de  compliquer 
davantage  encore  la  synonymie. 


(27) 

Il  7  a  lieu  de  faire  observer  que,  eu  ce  qui  concerne 
Rkopaltea  crasga,  il  n'est  nullement  prouvé  que  cette  espèce 
se  moltiplie  par  bourgeonnement.  Herdman  n'a  eu  entre 
lesinaios  que  deux  exemplaires  de  cette  espèce  trouvés  sur 
ooeépooge  Hexactinellide.  Il  ne  dit  pas  s'il  existait  ou  non 
des coDoexions  organiques  entre  les  deux  individus. 

D*antre  part,  en  ce  qui  concerne  Rhopalœa  neapolitana^ 
nous  ne  pouvons  faire  abstraction  de  l'observation  de  Phi- 
lippi,qui  a  représenté  un  exemplaire  de  son  espèce  pourvu 
de  deux  excroissances  quil  dit  être  des  bourgeons.  Il  est 
(lilBeile  d'admettre  qu'un  observateur  aussi  consciencieux 
eAl  pris  pour  des  bourgeons  d'autres  Ascidies  accidentel- 
lemeot  fixés  sur  le  Rhopalœa.  Tout  récemment,  M.  Lahille, 
daos  une  note  sur  le  système  vasculaire  colonial  des  Tuni- 
ciers,  exprime  l'opinion  que  les  formes  isolées  de  Rhopalœa 
soot  produites  aux  dépens  de  colonies,  par  suite  de  l'alro- 
pbie  des  stolons  qui  les  réunissaient  entre  elles  (1). 

Mais  à  supposer  même  que  réellement  Rhopalœa  soit 
(Dooczoîque  et  qu'il  en  soit  de  même  de  Rhopalœa  crassa, 
alors  que  nous  savons  positivement  que  Rhopalœ.a  fusca 
»(  one  forme  polyzoïque,  en  résulterait-il  qu'il  faille 
sé|)arer  génériquement  cette  dernière  espèce  des  deux 
aotres?  Je  ne  le  pense  pas.  On  peut  citer  dans  le  groupe 
des  Zoophytes  plusieurs  exemples  de  genres  renfermant,  à 
c6lé  d'espèces  se  multipliant  par  bourgeonnemant,  des 
espèces  à  peine  di^érentes,  dépourvues  de  cette  faculté, 
sans  que  l'on  ait  songé  à  se  fonder  sur  cette  diflérence 


(I)  Labille,   Sur  le  iystème  vasculaire  colonial  de»    Tuniciers, 
Coaptes  rendus  du  24  janvier  1887. 


(28) 

pour  les  ranger  dans  des  genres  disUncts.  UActinia  mesem* 
bryanthemum  se  mulliplie  par  bourgeonnement,  alors 
qu'une  foule  d'espèces  voisines  sont  dépourvues  de  cette 
faculté.  Des  faits  du  même  genre  ont  été  révélés  chez  tes 
Fungies  et  les  Flabetlum. 

Et  à  supposer  qu'une  Hydre  ou  une  Claveline>  sons  Tin- 
Quence  de  conditions  particulières,  contrariant  sa  multipli- 
cation par  bourgeonnement,  en  fut  réduite  à  ne  se  repro- 
duire plus  que  par  voie  sexuelle,  cesserait-elle  pour  ce 
motif  d'être  une  Hydre  ou  une  Claveline?  En  quoi  l'organi- 
sation de  ces  êtres  s'en  trouverait-elle  modifiée  ? 


EcTEiNAScmiA.  Herd. 

Si  les  ressemblances  remarquables  que  j'ai  fait  ressortir 
entre  les  deux  premières  espèces  du  genre  Ecteinascidia  et 
Rhopalœa  neapolitana  justifient  pleinement,  à  mon  avis, 
l'idenliflcation  générique  de  ces  formes,  il  me  parait  évi- 
dent, d'autre  part,  que  V Ecteinascidia  turbinata  représente 
un  type  générique  fort  différent.  Et  tout  d'abord  la  division 
du  corps  en  un  thorax  et  un  abdomen  n'existe  pas  chez 
V Ecteinascidia  turbinata.  il  ressort  en  effet  aussi  bien  de  la 
description  que  des  figures  produites  par  Herdman  que, 
chez  cette  espèce,  le  sac  branchial  s'étend  jusque  près  de 
l'extrémité  inférieure  du  corps,  et  que  la  masse  viscérale 
siège  en  grande  partie,  non  plus  en  arrière  du  thorax,  mais 
sur  la  face  gauche  du  sac  branchial.  Ce  fait  à  lui  seul 
éloigne  V Ecteinascidia  turbinata  du  type  Rhopalœa  et  rap- 
proche cette  forme  des  Ascidiadés  proprement  dits. 

De  plus,  le  test  est  mince  et  membraneux,  non  de  con- 
sistance cartilagineuse,  comme  c'est  le  cas  chez  Rhopalœa. 


r 


Ao  lien  de  s*iosérer  par  one  large  surface  répondant  à 
reitréoDÎté  postérieure  de  l'abdomen,  le  corps  s'effile  en 
arrière  pour  se  continuer  dans  le  stolon  par  un  pédicule. 

Les  supports  des  barres  longitudinales  n'ont  pas  la  forme 
de  languettes  triangulaires,  insérées  par  leurs  bases  aux 
côtes  transversales,  pour  se  terminer  en  pointes  au  niveau 
des  barres;  ils  s'élargissent  au  contraire  à  partir  de  leur 
insertion,  poar  atteindre  leur  maximum  de  largeur  au 
niveao  des  barres.  Les  stigmates  sont  des  fentes  allon- 
gées  et  étroites,  non  des  boutonnières  ovalaires. 

Les  languettes  insérées  le  long  du  raphé  dorsal  sont 
disUDles  et  ont  l'apparence  de  tentacules,  non  de  lamelles 
triangulaires. 

La  composition  et  le  trajet  du  tube  intestinal  diffèrent 
ootiblement  de  ce  que  l'on  observe  chez  Rhopalœa  neapo- 
likma,  R,  cras^a  et  jR.  fusea.  L'œsophage  est  court;  il  se 
dirige  en  arrière  et  à  gauche  pour  aboutir  à  l'estomac,  situé, 
ao  moins  en  partie,  sur  la  face  gauche  du  sac  branchial.  L'in- 
testin est  placé  dans  toute  sa  longueur  sur  la  face  gauche 
do  sac  braochial,  le  long  duquel  il  remonte  d'arrière  en 
avant  pour  atteindre  le  cloaque. 

Les  organes  génitaux  sont  placés  dans  la  concavité  de 
Panse  que  forme  le  canal  alimentaire. 

Herdman  ne  décrit  pas  la  musculature;  mais  il  est  pro- 
bable, à  en  juger  par  ce  qui  existe  dans  une  espèce  décrite 
parSIoiter,  Ecteinascidia  diaphanis,  très  voisine  de  Ectein- 
aseidia  turbinala,  que  les  faisceaux  longitudinaux  sont  très 
réduits,  tandis  que  les  faisceaux  à  direction  transversale 
sont  relativement  très  développés. 

Ces  caractères,  et  avant  tout  celui  qui  résulte  de  l'ab- 
senee  de  tonte  division  en  un  thorax  et  un  abdomen,  me 


(30) 

paraissent  justifier  pleinement  la  séparation  de  VEclein^ 
ascidia  turbinata  du  genre  Rhopalœa.  Je  pense  donc  qu'il 
y  a  lieu  de  conserver  le  nom  générique  crée  par  Herd- 
man  pour  désigner  génériquement  Tespèce  turbinata. 

Sluiter  a  décrit,  postérieuremenl  aux  travaux  de  Herd- 
man,  deux  formes  nouvelles  recueillies  par  lui  à  Tlle 
Billiton;  il  a  cru  devoir  les  rapporter  au  genre  Ectein- 
ascidia.  Il  les  a  appelées £c/&tna«ctrfta  diaphanis  et  Ectein- 
ascidia  rubricollis.  Je  dois  à  Tobligeance  du  D'  Sluiter, 
qui  a  bien  voulu  m'envoyer  quelques  exemplaires  de  ces 
deux  espèces,  d'avoir  pu  les  étudier  par  moi-même. 

Les  caractères  extérieurs  de  la  première,  E.  diaphanis^ 
dont  si  semblables  à  ceux  de  E.  turbinata  de  Herdman, 
que  Ton  pourrait  hésiter,  et  que  Sluiter  lui-même  a  hésité, 
à  distinguer  spécifiquement  la  forme  recueillie  à  Billiton  de 
l'espèce  des  Bermudes.  Cependant  l'étude  de  l'organisation 
a  permis  de  constater  quelques  difiérences  qui  justifient 
bien  l'établissement  d'un  nom  spécifique  distinct.  En  effet, 
l'espèce  de  Billiton  est  incolore;  son  test  est  absolument 
transparent  et  fort  délicat.  La  lamelle  dorsale  est  repré- 
sentée par  une  série  de  languettes  dont  la  forme  diffère 
assez  notablement  de  celle  des  languettes  dorsales  de 
E.  turbinata. 

Le  nombre  des  tentacules  est  de  quarante,  moitié  moin- 
dre à  peu  près  que  chez  E.  turbinata. 

Les  organes  génitaux,  disposés  dans  l'anse  unique  formée 
par  le  canal  alimentaire,  semblent  différer  assez  notable- 
ment de  ceux  de  £.  turbinata.  Chez  E.  diaphanis  Tovaire 
occupe  le  centre  d'un  cercle  formé  par  les  lobules  testi- 
culaires,  et  les  canaux  excréteurs desorganessexuels,  acco- 


(31  ) 

lés  Ton  à  l'autre,  d'abord  assez  écartés  de  l'intestin,  s'en 
rapprochent  ensuite  et  s'accolent  à  lui  mais  ne  le  croisent 
jamais. 

D*après  Herdman  la  position  relative  des  testicules  et  de 
refaire  serait  inverse  chez  £.  turbinata,  et  chez  cette  espèce 
le  canal  déférent  croiserait  le  rectum  avant  de  s'ouvrir 
dans  le  cloaque.  Il  y  a  lieu  de  douter  de  la  réalité  de  ces 
deux  particularités  signalées  par  Herdman.  Elles  éloigne- 
raient !'£.  turbinaia  non  seulement  de  £.  diaphanis,  de 
laquelle  elle  est  si  voisine  par  tous  les  autres  caractères, 
maisaussî  de  Clavelina,  Perophora,  Ciona,  et  de  la  plupart 
des  Ascidies.  Dans  toutes  ces  formes  les  lobules  testi- 
colaires  entourent  l'ovaire,  et  chez  aucune  déciles  le  canal 
déférent  ne  croise  le  rectum. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  peut  y  avoir  le  moindre  doute 
sur  le  bien  fondé  du  rapprochement  établi  par  Sluiter 
entre  son  E.  diaphanis  et  E.  turbinaia. 

Legenre  Ec^etna^ctdtapeu  t  être  caractérisé  corn  me  il  suit: 

Le  corps  de  forme  allongée,  nettement  cylindroïde,  se 
rétrécit  assez  brusquement  en  arrière  pour  se  fixer  au 
stolon  par  un  pédicule  grêle  et  court.  Il  est  tronqué  en 
avant.  Les  orifices  buccal  et  cloacal,  assez  rapprochés  Tun 
de  Pautre,  répondent  à  la  troncature  antérieure.  L'un  et 
l'autre  sont  sessiles.  Surface  du  corps  lisse. 

Dans  les  deux  espèces  actuellement  connues,  de  nom- 
breux individus  sont  réunis  en  colonie  par  un  stolon 
rampant. 

Test  mince,  délicat,  diaphane,  peu  consistant,  dépourvu 
de  tubes  slotoniaux  stériles;  tunique  interne  mince  et  déli- 
cate pourvue  seulement  de  faisceaux  musculaires  à  direction 
transversale,  sauf  au  niveau  du  siphon  buccal  et  du  siphon 


C32) 

cloacal.  Les  muscles  longitudinaux  des  siphons  ne  dépassent 
pas  les  bases  de  ces  organes.  Au  contraire,  les  muscles  à 
direction  transversale  sont  répandus  dans  toute  l'étendue 
de  la  tunique  interne,  sauf  au  niveau  de  la  gouttière  hypo- 
branchiale  et  de  la  masse  viscérale.  En  ces  points,  la  tunique 
interne  est  tolalementdépourvue  de  muscles  (1).  Le  système 
musculaire  éloigne  considérablement  le  genre  Ectein- 
ascidia  du  genre  ClavelinOy  aussi  bien  que  des  Rhopalœa 
et  des  Ciona.  Chez  les  Clavelines,  si  Ton  excepte  les  siphons, 
il  n'existe  dans  la  tunique  interne  que  des  muscles  longi- 
tudinaux. Par  les  caractères  du  système  musculaire  les 
Ecteinascidia  se  rapprochent  au  contraire  des  Pérophores, 
chez  lesquels  les  faisceaux  musculaires  longitudinaux  se 
trouvent  aussi  considérablement  réduits,  quoique  à  un 
moindre  degré  et  des  Âscidiacés  en  général. 

Sac  branchial  à  côtes  transversales  toutes  semblables. 
Barres  longitudinales  grêles,  dépourvues  de  papilles, 
fixées  par  des  pédicules  assez  longs  s'insérant  sur  les  barres 
par  une  base  élargie.  Pas  de  membranes  le  long  des  côtes 
transversales. 

Lamelle  dorsale  représentée  par  une  série  de  languettes 
tenlaculiformes,  distantes  les  unes  des  autres,  peu  nom- 
breuses et  non  réunies  entre  elles  par  une  membrane  lon- 
gitudinale. 

Tentacules  coronaux  simples  et  nombreux. 

Orifice  de  la  glande  sub-ganglionnaire  de  forme  ovalaire 
allongée  dans  le  sens  transversal,  et  de  petite  dimension. 

Le  tube  alimentaire  forme  une  anse  unique  sur  le  côté 


(i)  Ces  caractères  tirés  de  la  mosculatore  résultent  de  Tétude  que 
j*ai  faite  de  V Ecteinascidia  diaphani$  de  Sluiter. 


(33) 

(iiicbe  do  sac  branchial,  Pestoniac  dépassant  sculemem 
«0  partie  rexlrémilé  postérieure  du  ^t  En  partant  de 
roconac,  Tintestin  se  dirige  en  avant  et  en  haut  pour  se 
mnilre  directement  au  cloaque* 

Lés  organes  génitaux  occupent  la  concavité  de  F'anse 
oiiiqoe  formée  par  le  canal  alimentaire. 


Genre  Sluitebia,  nov.  gen. 

Sluitera  décrit,  sous  le  nom  de  Ecteinascidia  rubricollis, 
une  antre  forme  qu'il  a  rencontrée  également  à  Billiton. 
Tout  en  reconnaissant  qu'elle  diffère  de  Ecleinascidia  itir- 
binaia  beaucoup  plus  que  Tespèce  qu'il  décrit  sous  le  nom 
de  Ecleinascidia  diaphanis,  il  a  cru  devoir  la  faire  rentrer 
dans  le  même  genre.  Je  pense  que  ce  rapprochement  ne 
se  justifie  guère  et  que  Ecleinascidia  rubricoUii  constitue 
un  type  générique  différent. 

I^  forme  générale  de  Ecleinascidia  rubricollis  rappelle 
celle  des  Péropbores«  Les  deux  oriflces  ne  sont  point  ter- 
minaoXyComme  chez  Ecleinascidia  turbinala  et  diaphanis: 
ils  sont  fort  distants  Tun  de  l'autre.  L'orifice  buccal  répond 
i  la  petite  extrémité  du  corps  ovoïde  et  est  exactement 
terminai  ;  l'orifice  cloacal  est  placé  du  côté  du  dos,  à  une 
distance  de  la  bouche  équivalent  au  tiers  environ  de  la 
longueur  du  corps.  Les  deux  orifices  sont  portés  à  l'extré- 
mité de  siphons  allongés,  incomplètement  rétractiles. 
Chacun  d*eux  est  pourvu  de  sept  festons,  tandis  que  chez 
les  Esieinascidia  les  orifices  sont  dépourvus  de  festons  ou 
à  peine  lobules. 

Le  test  est  notablement  plus  épais,  plus  résistant  et 
moins  vitreux  que  chez  les  Ecleinascidia.  De  plus,  il  n'est 

3"*  SÉRIF,   TOME  XIV.  5 


(34) 

pas  lisse,  mais  présente  çà  et  là  des  prolongements  papiU 
laires,  conoïdes,  dans  lesquels  se  terminent  des  tubes  stoto- 
niaux  qui  cheminent  et  se  divisent  dans  l'épaisseur  de  la 
tunique  externe.  Des  grains  de  sable,  des  fragments  de 
coquilles  ou  de  polypiers»  des  squelettes  de  foraminifères 
adhèrent  à  la  surface  du  test. 

La  tunique  interne,  assez  épaisse,  est  riche  en  faisceaux 
musculaires  à  direction  transversale;  on  ne  trouve  de  mus- 
cles longitudinaux  que  dans  les  sîphons. 

Le  sac  branchial  est  pourvu  de  barres  longitudinales 
supportées, suivant  les  côtes  transversales,  toutes  de  mêmes 
dimensions,  par  de  longs  pédicules.  Les  barres  portent  des 
papilles  qui,  pour  être  peu  développées  et  réduites  à  de 
simples  tubercules,  n'en  sont  pasmoinsdistinctes.Les  pédi- 
cules, qui  supportent  les  barres,  naissent  par  une  base 
élargie  de  petits  replis  intersériaux,  régnant  le  long  des 
côtes  transversales.  Ils  sont  rétrécis  au  milieu  et  s'élar- 
gissent de  nouveau  au  voisinage  des  barres. 

Le  long  du  raphé  dorsal  règne  une  lame  dorsale  continue 
très  élevée,  s'étendant  jusqu'à  l'entrée  de  l'œsophage.  Cette 
lame  membraneuse  se  termine  suivant  son  bord  libre  par 
un  feston  au  niveau  de  chaque  côte  intersériale.  Les  replis 
membraneux  transversaux,  qui  régnent  le  long  de  ces 
côtes,  se  prolongent  sur  les  deux  faces  de  la  lame,  de  façon 
à  lui  constituer  des  bourrelets  ou  des  crêtes;  ces  côtes  se 
poursuivent  jusqu'aux  sommets  des  festons.  Elles  sont  au 
nombre  de  quatorze;  elles  sont  dirigées,  non  pas  perpen- 
diculairement au  raphé  dorsal,  mais  très  obliquement 
d'avant  en  arrière.  La  lame  dorsale  est  incurvée  et  en 
quelque  sorte  enroulée;  la  convexité  de  la  surface  cylin- 
drique qu'elle  décrit  regarde  à  gauche,  la  concavité  à 
droite;  à  cause  de  l'obliquité  des  côtes  qu'elle  supporte  et 


(35) 

qm  paraissent  la  consolider,  il  semble  qu^un  dessin  spira- 
kmle  r^e  dans  tonte  la  longueur  de  la  membrane , 
enroolée  en  qd  cylindre  creux  incomplètement  Terme; 
eo  effet,  l'extrémité  libre  de  chaque  c6te  se  projette  à  peu 
ftèi  sor  la  base  de  la  côte  suivante.  La  première  côte 
fépood  à  la  côte  transversale  interposée  entre  la  deuxième 
et  la  troisième  série  de  stigmates.  La  neuvième  siège  au 
oireaQ  de  Tanus;  les  cinq  dernières  répondent  au  rectum. 
Dans  la  partie  antérieure  de  la  lame  dorsale  se  voit  une 
gODttière  épibrancbiale  qui  se  termine  en  pointe  en  arrière, 
ao  niveau  de  l'extrémité  postérieure  du  cerveau. 

La  lame  dorsale  est  constituée  de  la  même  manière  dans 
Boe  foule  d'Ascidies  simples.  Herdman  a  donné,  pi.  XXIX, 
iig.  7,  et  pi.  XXXI,  fig.  7  des  dessins  d'une  portion  de  cette 
lame  chez  deux  Ascidies  appartenant  la  première  au  genre 
PackycUcBna,  l'autre  au  genre  Ascidia  (1).  Ces  dessins 
lappelleraient  fort  bien  la  lame  médio-dorsale  de  Ectein" 
asctdia  rubricollis^  n'était  que,  chez  cette  dernière  espèce, 
les  côtes,  au  lieu  d'être  perpendiculaires  au  raphé  dorsal, 
sooi  au  contraire  très  obliques,  et  que,  en  outre,  elles  sont 
beancoop  moins  nombreuses  et  moins  rapprochées  les 
Qoes  des  autres. 

La  description  que  je  viens  de  faire  de  la  lame  dorsale 
de  Ecieinascidia  rubricollis  repose  sur  l'examen  de  trois 
individus  chez  lesquels  elle  présentait  identiquement  les 
mêmes  caractères. 

Sloiter  n'a  pas  bien  décrit  cet  organe  quand  il  dit  :  c  Die 
Dorsalfalte  besteht  aus  ziemlich  breiten  Zûngelchen,  welche 


(t)  HnDMAN,   Report  on   the  scientifie  retults  of  the  exploring 
«tyo^e  ofH,  M,  S.  Challenger,  vol.  XIV.  Tanicata. 


(36) 

mitlelst  éinéf  schmaten  MeoDibran  fnîteinander  verbuoden 
siod  B.  D'après  sa  description  et  ses  6gures,  on  pourrait 
croire  que  Ecteifuueidia  rubricollis  porte,  le  long  dû  raphé 
dorsal,  des  languettes  assez  semblables  à  celles  qui  existent 
chez  EcteinaMcidia  diapkanis,  à  part  qu*elles  seraient 
réunies  entre  elles  par  une  membrane  étroite.  Il  n*en  n*est 
pas  ainsi  :  il  n'existe  pas  ici  de  languettes  comme  chez 
Clavelina^  Perophara^  Ecteina$cidiaf  RhepaliBa,  Ciona  et 
quelques  autres  Ascidies,  mais  bien  une  membrane  con- 
tinue, très  élevée,  terminée  par  un  bord  festonné,  pourvue 
de  côtes  obliques  et  contournée  en  cylindre,  comme  chez 
la  plupart  des  Ascidies  proprement  dites.  Ces  caractères 
de  la  lame  dorsale  éloignent  complètement  Ecteinascidia 
rubricollis  des  genres  susmentionnés  et  la  rapprochent  au 
contraire  des  vraies  Ascidies. 

Sluiter  décrit  Torifice  de  la  grande  subneurale  comme 
étant  circulaire;  il  me  parait  plutôt  qu'il  a  la  forme  d'un 
ovale  allongé  dans  le  sens  transversal,  et  dont  le  grand  axe 
serait  légèrement  incurvé  :  la  lèvre  antérieure  de  Torifice 
est  semi-circulaire;  la  postérieure  est  au  contraire  faible- 
ment convexe.  Quoique  j'aie  trouvé  la  même  forme  à  cet 
orifice  dans  les  trois  individus  que  j'ai  désséqués,  il  est  pro- 
bable qu'ici  comme  dans  d'autres  espèces  il  se  présente 
des  variations  individuelles.  Si  j'ai  cru  devoir  indiquer  les 
particularités  que  j'ai  constatées,  en  ce  qui  concerne  la 
forme  de  cet  orifice,  c'est  que  cette  forme  parait  intermé- 
diaire -entre  l'orifice  en  fer  à  cheval  de  la  plupart  des 
Ascidies  et  la  forme  circulaire  de  l'orifice  dans  les  genres 
Clavelina^  Perophoraei  autres. 

Le  sac  branchial  est  très  étendu,  de  sorte  qu'une 
petite  partie  seulement  de  l'estomac  dépasse  en  arrière  le 
bord  postérieur  du  sac.  La  masse  viscérale  est  appliquée 


(37) 

eoDtre  la  face  latérale  gauche  du  sac  branchial.  La  courbe 
iolesliiiale  est  presque  identique  à  celle  que  Ton  trouve 
chez  Perophùra. 

Les  organes  génitaux  occupent  la  concavité  de  Fanse,  à 
peu  près  complètement  fermée,  que  forment  ensemble 
Tœsophage,  festomac  et  la  première  partie  de  l'intestin. 

L'ovaire  est  au  milieu,  les  vésicules  testiculairesà  la  péri- 
phérie, ao  Yoisinage  de  l'intestin.  L'oviducte  et  le  canal 
déférait,  intimement  accolés  Tun  à  Tautre,  accompagnent 
le  rectum  et  s'ouvrent  dans  le  cloaque  un  peu  en  avant  de 
Tanus. 

Tentacules  simples,  au  nombre  de  quarante-huit,  de 
trois  longueurs  et  disposés  en  cercles  concentriques  de 
diamètres  différents. 

Les  caractères  par  lesquels  Ecieinascidia  rubricollis 
s'éloigne  du  genre  Ecieinascidia  sont  donc  : 

).  Le  test  pourvu  de  papilles  conoides  et  traversé  par 
des  tnbes  stoloniaux  (vaisseaux  de  la  tunique),  comme  il  en 
existe  chez  la  plupart  des  Ascidies. 

2.  Siphons  bien  développés;  orifices  très  écartés  l'un  de 
lautre,  la  bouche  étant  terminale,  l'orifice  cloacal  sur  le 
dos.  Lèvres  buccales  et  cloacales  décomposées  en  sept 
festons. 

3.  Barres  pourvues  de  papilles  rudimentaires.  Lame 
donale  formée  par  une  membrane  continue  très  développée^ 
renforcée  par  quatorze  côtes  obliques. 

4.  Le  tube  alimentaire  forme  une  première  anse  à  peu 
près  fermée,  logeant  les  organes  sexuels;  la  direction  du 
rectum  forme  un  angle  droit  avec  la  première  portion  de 
rinlestin.  —  Chez  les  Ecieinascidia,  le  tube  alimentaire 
décrit,  au  contraire,  une  courbe  ayant  la  fbrme  d'un  ^ 
renversé  :^,  le  rectum  formant  avec  la  première  portion 
de  rintestin  un  angle  très  obtus,  peu  accusé. 


(38) 

L'espèce  Ecteinascidia  rubricMû  ne  peut  être  rangée 
dans  aucun  genre  connu.  Je  propose  de  créer  pour  cette 
espèce  un  nom  générique  nouveau  et  de  rappeler  désor* 
mais,  en  la  dédiant  à  Téaiinent  observateur  de  Batavia,  à 
qui  nous  sommes  redevables  de  sa  découverte,  Sluiteria 
rubrieollis. 

Des  cinq  espèces  rapportées  au  genre  Ecteinascidia, 
Herdm.,  deux  rentrent  donc  dans  le  genre  Rhopalœa^  Pbil., 
sous  les  noms  de  Rhopalœa  crassa,  et  Rhopalœa  fusca; 
une  constitue  un  genre  nouveau  et  sera  appelée  Sluiteria 
rubricollië;  deux  restent  dans  le  genre  primitif  et  cou* 
servent  leurs  noms  :  Ecleinascidia  turbinata,  Herdm., 
et  Ecteinascidia  diaphanis^  Sluit. 

Voici  les  caractères  distinctifs  des  trois  genres  : 


G.  Rhopalœa.  Philippi. 

Ascidies  simples  ou  sociales. 

Corps  allongé,  fixé  par  son  extrémité  postérieure,  divisé 
en  un  tborax  et  un  abdomen,  séparés  Tun  de  Tautre  par 
un  étranglement  tra\ersé  par  Tœsophage  et  le  rectum,  les 
conduits  génitaux  et  Tépicarde. 

Orifices  du  corps  sessiles,  placés  près  du  bord  antérieur 
tronqué  de  l'animal. 

Test  à  surface  inégale  à  l'extrémité  inférieure  de  Tabdo- 
men,  translucide,  de  consistance  cartilagineuse,  aminci 
autour  du  thorax. 

Sac  branchial  à  côtes  transversales  d'un  seul  ordre, 
c'est-à-dire  toutes  semblables  entre  elles,  à  barres  longi- 
tudinales dépourvues  de  papilles;  stigmates  ovalaires  allon- 
gés; replis  membraneux  plus  ou  moins  développés^découpés 


(39) 

eo  fesfODs Je  long  des  côtes  transversales;  les  barres  sont 
liées  aux  extrémités  des  festons  faisant  fonction  de 
pédicules. 

An  Iteo  d'one  lame  médio-dorsale  membraneuse,  une 
rangée  unique  de  languettes,  très  nombrenses,  triangn- 
iaires,  indépendantes  les  unes  des  autres  et  aplaties  d'avant 
en  arrière. 

Tentacules  simples,  filiformes. 

Organes  génitaux  remplissant  la  cavité  de  Panse  intesti- 
nale et  s*étcndant  autour  de  Tintestin;  très  richement 
lobules. 

Cœur  et  péricarde  repliés  sur  eux-mêmes  de  façon  à 
former  un  U,  dont  la  convexité  serait  dirigée  en  arrière 
comme  dans  le  genre  Diazona  et  chez  les  Polyclinides. 
Il  occupe  la  même  {losition  et  affecte  les  mêmes  rapports 
avec  les  viscères  que  chez  Diazona^ 

Chjoint  quelques  croquis  représentant  une  série  de  coupes 
transversales  de  Forgane  cardiaque  de  Rhopalœa  neapoli" 
lana;  ces  ligures  montrent  les  rapports  du  cœur  avec  le  tube 
épicardiaque.  La  figure  1,  faite  en  avant  du  cœur  propre- 
ment dit,  montre  quici,  comme  dans  le  Polyclinien^  étudié 
par  Gi.  Maurice,  le  péricarde  se  prolonge  en  avant  en  deux 
culs-de-sac  tubulaires,  CPe.  La  figure  2  montre  une  coupe 
jiassant  par  les  orifices  cardiaques.  Ce.  La  figure  3,  faite 
plus  en  arrière,  montre  les  deux  cornes  péricardiques 
accolées  Tune  à  Tautre  comme  dans  les  figures  précédentes. 
11  semble,  à  ne  voir  que  cette  coupe,  qui!  existe  deux 
cavités  péricardiques  et  deux  tubes  cardiaques.  La  figure  4 
montre  la  cavité  péricardique  unique,  C.Pe;  Tépicarde  C.Ep. 
recouvre  le  raphé  cardiaque.  1^  figure  5  passe  p(ès  de 
l'extrémité  |K>stérieure  de  rorgane,au  niveau  de  la  convexité 
de  ru.  On  y  voit  le  tube  cardiaque  unique  Ce.  inscrit  dans 


(*0) 
la  cavité  péricardiqne  indivise  CPe.  Dans  toule^  Ips  figures 
la  cavité  épicardique  est  dé^gnée  par  CEp.  La  portion 
supérieure  de  l'épicarde  n'est  pas  (igurée.  Il  y  a  lieu  de 
supposer  que  le  cceur  présente  les  mé.nes  caractères  cliez 
Rhopatma  crassa  et  Rhapalœa  fiuca. 

Fig.  1. 


Le  cœur  de  Rhopalœa  neapoUtana  diffère  donc  Dolable- 
ment  de  celui  de  toutes  les  Asciilies  simples,  des  Clavelînes 


et  des  Péropbores;  il  esl  constitué,  au  contraire,  comme 
chez  les  Diazona  el  les  PolyclinieDS. 

Fig.  5. 


I.'eslomac  et  la  première  portion  de  l'intestin  forment 
avec  les  organes  génitaux,  le  tube  épicardique  et  le  cœur, 
la  masse  viscérale  ou  l'abdomen. 

Trois  espèces  connues  : 

Rhopalaa  n'apotilana  Philippi,  de  la  Méditerranée;  fait 
piirlie  de  la  faune  littorale;  mooozoïque? 

Rhopaiœa  cratta.  Éd.  V.  Ben.  =>  Ecteimucidia  cratsa, 
Herdman,  de  Ki  Island,  Malaisie.  129  brasses.  Monozoïque? 

Rhopaiœa  fusca,  Êà.  V.  Ben.  ■=  Ecleinaicidia  fuica, 
Herdman.  Banda,  Iles  Moloques.  Faune  littorale  (17  bras- 
ses). Polyzoïque. 


(45) 


Genre  Sluiteria.  Ëd.  Van  Beneden. 

Ascidies  sociales. 

ÛM|n  oToide,  fixé  par  od  pédicule  court,  répondant  à  la 
extrémité  de  Tovoïde  ;  non  divisé  en  thorax  et 

(0. 

du  corps  portés  sur  des  siphons  bien  dévelop* 

iiieomplètement  rétractiles.  Bouche  terminale;  orifice 

cbiqae  dorsal,  placé  à  assez  grande  distance  de  la 


tnnsincide,  pourvu  de  prolongements  papillaires 
\,  rares,  délicats,  adhésifs,  dans  lesquels  se  termi* 
des  tubes  stoloniaux  peu  nombreux,  se  divisant  par 
dichotomique  dans  Tépaisseur  du  test. 

Imuchial  à  côtes  transversales  d'un  seul  ordre 
ites  semblables  entre  elles),  à  barres  longitudinales 
poonrues  de  papilles  rudimentaires  ;  pas  de  replis  mem* 
tiraneiix  aux  côtes  transversales.  Les  barres  sont  suppor- 
tées par  des  pédicules  étranglés  àleur  tnilieu.  —  Stigmates 
alloogés,  disposés  en  séries  transversales  bien  régulières. 
Lame  médio-dorsale  consistant  en  une  membrane  con- 
tÎDiie  très  développée,  pourvue  de  côtes  fortement  inclinées 
en  arrière;  le  bord  de  la  membrane  est  festonné,  un  feston 
correspondant  à  chaque  côte. 

Tentacules  simples,  filiformes,  insérés  suivant  deux  ou 
trois  cercles  concentriques. 
Masse  viscérale  au  côté  gauche  du  sac  branchial. 
L*e8tomac  forme  avec  l'intestin  une  anse  fermée  dans 
laquelle  siègent  les  oi^anes  génitaux.  L,e  rectum  suit  une 
direction  formant  avec  la  première  partie  de  Tintestin  un 
angle  droit  ou  même  un  peu  aigu. 


(44) 

Organes  génitaux  rappelant  ceux  de  la  Péropliore  par 
leur  siège,  leur  composition  et  leurs  rapports. Lobules  tes- 
ticulaires  disposés  en  cercle ,  beaucoup  plus  nombreux 
que  chez  la  Pérophore;  entourent  Tovaire. 

Le  cœur  droit  croise  obliquement  le  fond  du  sac  bran- 
chial. Il  est  adjacent  à  Testomac. 

Le  genre  Sluiteria  est  le  seul  genre  où  Ton  ait  constaté 
jusqu'ici  la  coexistence  de  tubes  stoloniaux  fertiles,  sup- 
portant des  Âscidiozoîdes  multiples,  nés  de  ces  stolons 
par  bourgeonnement,  et  des  tubes  stoloniaux  stériles,  logés 
dans  répaisseur  du  test  des  Ascidiozoîdes.  Les  uns  et  les 
autres  sont  constitués  de  la  même  manière  et  proviennent 
d'un  même  tronc  traversant  le  pédicule  des  individus 
associés  en  colonie. 

Une  seule  espèce  connue  :  Sluiteria  rubricoUis^  Éd.  Van 
Ben.  «a  Ecteinascida  rubricollisj  Sluiter,  lie  Billiton. 
Faune  littorale.  —  Espèce  polyzoïque. 


Genre  EcTBiNAScmiA,  Herdman. 

• 

Ascidies  sociales. 

Corps  cylindroïde  tronqué  en  avant,  se  rétrécissant 
progressivement  en  arrière  pour  se  fixer  par  un  pédicule 
court  sur  le  stolon  colonial;  non  divisé  en  thorax  et 
abdomen. 

Orifices  sessiles,  voisins,  siégeant  le  long  du  bord  anté- 
rieur. Festons  des  orifices  peu  accusés. 

Test  très  délicat,  tout  à  fait  vitreux,  lisse,  peu  résistant, 
dépourvu  de  tubes  stoloniaux. 

Sac  branchial  à  côtes  transversales  d'un  seul  ordre 
(toutes  semblables  entre  elles),  à  barres  longitudinales 


(  48) 

dépourrues  de  papilles.  Pas  de  replis  membraneux  aux 
c6ies  transversales.  Barres  supportées  par  des  pédicules 
ré(féds  à  iear  base.  Stigmates  allongés,  en  séries  transver^ 
aies  régolières.  Le  long  du  rapbé  dorsal  la  première  barre 
longitudinale  est  remplacée  par  une  série  de  papilles  en  T. 

Lame  dorsale  absente,  remplacée  par  une  série  unique 
de  languettes,  en  forme  de  tentacules,  indépendantes  les 
Does  des  autres. 

Tentacules  coronaux  simples,  filiformes. 

Masse  yiscérale  au  c6té  gaucbe  du  sac  branchial. 

Tout  le  tnbe  intestinal  forme  une  anse  intestinale  unique 
commençant  par  Poesophage  et  se  terminant  par  le  rec- 
tom.  Cette  anse  est  largement  ouverte  en  haut  et  en  avant. 
Le  rectum  se  trouve  dans  la  même  direction  à  peu  près 
que  la  première  portion  de  Tintestin  :  à  peine  les  deux 
portions  de  Fintestin  forment-elles  ensemble  un  angle. 
Les  organes  génitaux  sont  logés  dans  la  concavité  de  Tanse 
intestinale. 

Cœur  reclîligne,  court  parallèlement  à  Testomac  sur  le 
eèté  droit  de  cet  oi^ane. 

Deux  espèces  : 

Ecteinascidia  turbinata^  Herdman.  Bermudes.  Faune 
littorale.  Espèce  polyzoïque. 

Ecteinascidia  diaphanis^  Sluiter.  Billiton.  Faune  litto- 
rale. Espèce  polyzoïque. 

Il  me  resterait  à  discuter  la  question  des  affinités  de  ces 
genres  entre  eux  et  avec  les  autres  groupes  de  Tordre  des 
Asddiens.  Je  réserve  celte  discussion  pour  le  travail  qui 
paraîtra  prochainement  sur  la  classification  des  Uro- 
chordes. 


(«) 


Détermination  de  la  loi  théorique  qui  régit  la  compreesi" 
bilité  des  gaz  ;  par  P.  De  Heen,  correspondant  de  TÂca» 
démie. 

On  désigne  sous  le  nom  de  gaz  parfait  un  gaz  idéal  con- 
stitué par  des  molécules  infiniments  petites,  n'exerçant 
aucune  action  les  unes  sur  les  autres. 

A  moins  d'adopter  l'hypothèse  d'une  matière  continue, 
hypothèse  dont  le  résultat  serait  de  revêtir  d'une  appa- 
rence paradoxale  tous  les  phénomènes  qui  dépendent  de 
la  nature  intime  de  la  matière,  il  faut  admettre,  non  à  titre 
d'hypothèse  mais  à  titre  de  fait  établi,  que  les  molécules 
qui  constituent  les  gaz  sont  animées  de  mouvements  de 
translation.  Ceci  nous  est  démontré  par  le  phénomène  de 
la  diffusion. 

Pour  un  gaz  idéal,  constitué  tel  que  nous  venons  de  le 
définir,  la  loi  de  Mariotte  se  vérifierait  d'une  manière  abso- 
lument  rigoureuse  ;  les  volumes  occupés  par  ces  corps 
seraient  toujours  inversement  proportionnels  aux  pres- 
sions, quelle  que  fût  du  reste  l'intensité  de  celles-ci. 

Mais  si  Ton  attribue  un  certain  volume  aux  molécules, 
il  faut  considérer  dans  l'expression  de  celte  loi,  non  pas  le 
volume  total  du  gaz,  mais  bien  le  volume  intermoléculaire, 
ainsi  que  M.  Hirn  l'a  fait  remarquer  (*). 

Cette  proposition  est  conforme  à  la  théorie  cinétique; 
en  effet,  si  la  pression  exercée  par  un  gaz  est  représentée 
par  le  nombre  de  chocs  d'une  molécule  sur  la  paroi  d'un 
vase  pendant  Tunilé  de  temps,  ce  nombre  sera  inverse- 
ment proportionnel  au  volume  intermoléculaire. 


(*)  Théorie  mécanique  de  la  chaleur,  t.  II,  p.  207,  1876. 


(47) 

Si  Ton  désigne  par  P  la  pression  exercée  sur  un  gaz, 
par  V  le  ?olnme  de  ce  gaz  et  par  v  le  volume  occupé  par 
les  molécoles  elles-mêmes,  nous  écrirons  à  litre  de  pre- 
mière approximation  : 

P(V  — r) 

Po^t  \q  représentant  la  pression  et  le  volume  pris  pour 
origine.  Comme  on  peut  attribuer  à  ces  grandeurs  des 
valeurs  telles  que  le  gaz  puisse  être  considéré  comme  un 
gaz  idéal  et  poser,  lorsque  cette  condition  est  satisfaite, 
Po=l,  V0<=3i,  nous  écrirons  plus  simplement: 

P(V— 1?)  =  1 (2) 

Cette  relation  permet  déjà  de  nous  faire  un  idée  appro- 
chée de  la  valeur  de  v^  laquelle  nous  est  donnée  par  Tex- 
pressioD  : 

PV  —  1 

P 

On  doit  à  M.  Natterer  (')  un  travail  remarquable  tou- 
chant les  variations  de  volume  que  les  gaz  éprouvent 
lorsqu'ils  sont  soumis  à  des  pressions  variant  entre  des 
limites  très  étendues.  Ce  physicien  trouve,  par  exemple, 
que  Pazote  soumis  à  une  pression  égale  à  2750  atmosphères 
occupe  un  volume  égal  à  '/yoo  ^^  volume  qu'il  occupe  sous 
la  pression  normale. 

En  introduisant  dans  l'expression  (S)  les  plus  grandes 
valeurs  oWrvées  de  P,  on  trouve  : 


0  Annotes  de  Poggendorff,  t.  LXII,  p.  i59  et  t.  XCIV,  p.  430. 


(48) 

Pour  Tazote: 

3,908  —  i 

^'=^   \»ur.     =0,004057, 
2750  ' 

Pour  rhydrogène  : 

t;=  -4—-—  «  0,0006S3. 
2790  ' 

Pour  Toxygène  : 

2,06i  —  4 
v  =  -^— -— =  0,000785. 

Les  observations  de  M.  Caillelet  et  de  M.  Amagat  sur 
Toxygène  et  sur  l'azote  établissent  que,  pour  des  pressions 
relativement  faibles,  on  a  PV<  4,  ou,  en  d'autres  termes, 
que  V  est  négatif.  Ce  résultat  paradoxal  nous  montre  qu*il 
ne  s'agit  ici  que  d'une  première  et  assez  grossière  approxi- 
mation, même  si  Ton  considère  des  pressions  élevées.  (1  y 
a  lieu  d'admettre  avec  M.  Hirn  qu'il  faut  ajouter  à  la 
pression  extérieure  P  une  pression  n  correspondant  aux 
attractions  que  les  molécules  exercent  les  unes  sur  les 
autres. 

La  loi  de  Mariette  entièrement  corrigée  doit  donc  se 
mettre  sous  la  forme  : 

(P  +  n)(V-t;)=4 (4) 

Le  travail  actuel  a  pour  objet  la  détermination  des 
valeurs  de  II  et  de  v,  détermination  qui  nous  permettra 
de  calculer  la  pression  correspondant  à  un  volume  donné. 

Voici  la  métbode  que  nous  avons  suivie  et  qui  nous 
parait  être  la  plus  commode. 


r 


(49) 

L'éqoatioD  (4)  nous  donne  : 

n-i^:-^ m 

fotrodaisons  dans  celte  équation  la  valeur  de  v  qui  nous 
éuit  doDuée  à  titre  de  première  approximation  par  Téqua- 
tion  (3),  et  calculons  la  valeur  de  n  correspondant  à  des 
nleors  connues  de  P  et  de  Y,  différentes  de  celles  qui 
oot  servi  au  calcol  de  v. 

Cela  étant,  supposons  que  l'attraction  réciproque  des 
moléciiles  s'exerce  en  raison  inverse  d'une  puissance  égale 
à  »  de  la  distance,  ou  égaie  à  |  =  m  du  volume,  et  calcu- 
loDs  la  valeur  de  II  correspondant  à  un  autre  volume  V  (de 
préféreoce  au  volume  qui  a  servi  au  premier  calcul  de  v)  en 
aUribaant  à  n  une  valeur  que  Ton  se  donne. 

Noos  aurons  la  relation  : 


".-"(;) 


m 


(6) 


n,  désignant  les  valeurs  de  n  calculées  à  l'aide  de  cette 
expression. 
Si  l'on  résout  Téqualion  (4)  par  rapport  à  v,  on  trouve  : 

PV  +  nv-1  ,„ 

" pTn— <^ 

Introduisons  dans  cette  équation  une  valeur  de  n^  cal- 
colée  et  les  valeurs  de  V  et  de  P  correspondantes.  Nous 
obtenons  ainsi  une  nouvelle  valeur  de  t;  que  nous  intro- 
doisoos  dans  l'équation  (5)  à  titre  de  deuxième  approxi- 
mation. 

En  répétant  ces  opérations,  on  obtient  des  valeurs  de  n 
et  de  0  (correspondant  à  une  valeur  déterminée  de  n)  aussi 
approchées  qu'on  le  juge  convenable. 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIV.  i 


(50) 
Enfin  l'équation  (4)  résolue  par  rapport  à  P  nous  donne 

i_n(v  — v) 


p= 


V  — V 


(8) 


Celte  équation  nous  permettra  de  calculer  la  valeur  de  P 
correspondant  à  une  troisième  valeur  de  V,  après  avoir 
déterminé  la  valeur  de  II,  donnée  par  la  relation  (6). 

Le  résultat  correspondra  à  une  valeur  observée  de  P,  si 
nous  avons  attribué  à  n  une  valeur  convenable. 

Les  observations  que  nous  possédons  actuellement  nous 
portent  à  croire  qu'il  faut  admettre  pour  les  gaz  nés  5  ou 
m  =  1,666... 

Voici  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  en  utilisant 
les  observations  de  M.  Natterer. 


Oxygène 
t;  =  0,OOiOl 


Volume. 

Vialeur 

de?r 

eo  atnstphères. 

Valeur,  de  P 

Valeur  de  PV 

calculée. 

observée. 

calculée. 

observée. 

1,000 

0,01319 

0,988  n 

» 

0,988 

0,01 

28,33 

83,0 

0,830 

0,00666 

55,65 

121,7 

0,810 

0,00500 

S9,9 

163,9 

0,819 

0,00333 

176,5 

236,4 

0,854 

0,00250 

385,3 

388,0 

0,957 

0,00300 

371,4 

648,9 

650 

1,298 

1,300 

0,00i808 

484,2 

785,0 

795 

1,419 

4,437 

0,00154 

640,5 

1290,0 

1300 

1,984 

2,000 

(*)  On  peut  remarquer  que 

\  les  écarts  que  l'on  consl 

aie  entre  les  valeurs  de 

P  calculées  et  observées  son 

t  en  réalité  très  faibles, 

car  la  moindre  erreur 

commise  dans  la  délerminali 

on  du  volume  donne  lieu 

à  une  variation  consi- 

dérable  de  la  ] 

tression. 

(51) 


Azote 
0  =  0,001105, 


▼OiXVE. 

Valeur 

Valeur  de  P 

Valeur  de  PV 

ei  alBMphifts. 

calculée. 

observée. 

calculée. 

observée. 

1,000 

0,006411 

0,905 

» 

0,995 

» 

0^ 

4,i36 

48,76 

» 

0,975 

> 

0/H4» 

7^ 

.68,68 

» 

0,981 

• 

Û,(MOO 

43.13 

99,30 

100 

0,993 

1,00 

(MW333 

83,75 

366,00 

338 

1,218 

1,125 

(MWSOO 

191,70 

914,00 

912 

1,828 

1,824 

Q.00ieii6 

9S&JS0 

1446,00 

1562 

2,409 

2,602 

0,0014^ 

335,80 

2730,00 

2750 

3,898 

3,908 

Il  est  înotile  de  dire  que  les  données  expérimentales  que 
0008  possédons  actnellement  sont  encore  insuffisantes 
poor  fixer,  d'une  manière  définitive  et  rigoureuse,  les  con- 
stantes o  et  m  de  notre  équation.  Notre  intention  en 
publiant  cette  note  est  seulement  de  poser  un  premier 
jalon. 

Les  observations  de  M.  Natterer  semblent  douées  d'un 
degré  de  précision  toiérabie  pour  les  pressions  élevées, 
mais  elles  semblent  par  contre  peu  rigoureuses  pour  les 
pressions  relativement  faibles.  Je  suis  même  assez  porté  à 
croire  que  ce  physicien  s*est  laissé  guider  par  cette  idée, 
préconçue  et  erronée,  que  la  compressibilité  d'un  gaz  doit 
nécessairement  diminuer  avec  la  pression.  S'il  n'en  avait 
été  ainsi,  il  est  probable  que  M.  Natterer  aurait  constaté  le 
maximum  de  compressibilité  de  l'oxygène  ;  il  a  sans  doute 
pris  cette  anomalie  pour  une  erreur  d'observation.  Ce 
maximum   correspondrait,  d'après  les  observations  de 


(  S2  ) 

H.  Amagat  et  d'après  notre  calcul,  à  une  pression  voisine 
de  130  atmosphères.  L'azote  présente  également  un  maxi- 
mum de  compressibilitéy  mais  il  est  moins  accentué  que 
celui  de  l'oxygène. 

Pour  ce  qui  concerne  l'hydrogène,  qui  ne  présente pasde 
maximum  de  compressibilité  au-dessus  de  1  atmosphère, 
les  observations  de  M.  Natterer  concordent  sensiblement 
avec  celles  de  M.  Cailletet.  On  sait  que  ce  gaz  se  comprime 
de  moins  en  moins  à  mesure  que  la  pression  s'élève.  Cette 
circonstance  est  due  à  ce  que  la  valeur  de  n  est  toujours 
extrêmement  faible.  Les  observations  que  nous  possédons 
ne  nous  permettent  pas  de  nous  faire  une  idée  approxima- 
tive de  cette  grandeur,  car  les  valeurs  de  v  que  l'on  obtient 
en  supposant  n  =0  sont  sensiblement  concordantes,  alors 
que  l'on  considère  des  pressions  très  différentes. 

C'est  ainsi  que  Ton  trouve  : 


Valeur  de  P. 

Valeur  de  V. 

Valeur  de  v. 

400 

940 

S690 

0,00S5 

0,001666 

0,00i000 

0,000656 
0,000602 
0,000628 

Moy.  0,000628 

Il  est  seulement  permis  de  dire  que,  pour  Thydrogène, 
la  valeur  de  n  est  inférieure  à  0,000638  atmosphères  sous 
la  pression  normale.  C'est  là  la  pression  interne  qui  devrait 
être  introduite  dans  notre  équation,  si  l'on  avait  rt^oureu- 
sement  pour  une  pression  de  1  atmosphère  PV  »»  1  (on 
sait  qu'il  n*en  est  pas  même  ainsi). 


(53) 
Dans  cette  hypothèse,  TéquatioD  (8)  noos  donne  en  effet 

i  —11(4—0,000628) 
""         i  —  0,000628 

Soit  sensiMement  n  =»  0,000628. 


Développements  sur  la  théorie  des  formes  binaires; 
par  Jacques  Deruyts,  chargé  de  cours  à  TUniversité 
de  Liège. 

Soit  il:  une  fonction  entière,  homogène  et  isobarique  des 
variables  xi.x^  et  des  coefficients  de  formes  binaires. 

Noos  supposerons  que  la  fonction  k  est  égale  à  sa 
transformée  K  par  la  substitution  :  a;^  «»  X^  +  ^X^, 
xj  =  X)  :  nous  dirons,  pour  abréger,  que  la  fonction  A: 
est  on  semi'covariant. 

I.  —  Soit  un  semi-covariant. 

fc  =  4^r  -♦-  (7)*»^r-'x,  -♦-  (2)ft.x7-V,  H- ...  -4-  A;«x?;    (i) 

diaprés  la  défmition  précédente.  A:  satisfait  à  Tune  des  équa- 
tions des  co variants  : 

dk  dk  .^. 

T,-'^d^r ^'^ 

la  signification  de  la  dérivée  symbolique  J^  est  donnée  par 
la  formule 

d       y.[     d  d  .       d  1 

oÇ       ^\_    dat  dat  da^         J 

dans  laquelle  a,  désigne,  pour  une  forme  binaire,  le  coeffi- 
cient de  x^,  abstraction  faite  du  nombre  binomial  corres* 
pondant;  du  reste,  le  signe  sommatoire  se  rapporte  aux 


(54) 

différentes  formes,  dont  les   coefficients  entrent  dans 
l'expression  soumise  à  l'opération  p. 
Les  équations  (1)  et  (2)  donnent  immédiatement  : 


et  en  général, 


^=« (') 

rf/t, 

~Tr  —  ^  j (^) 

—  —  2«i , (5) 


Ces  formules  montrent  que,  dans  un  semi-comriant^  le 
coefficient  de  la  plus  haute  puissance  de  Xf  est  un  serai- 
invariant. 
II.  —  Nous  ferons  usage  de  la  formule 

d  dT        d  dT 

dont  nous  avons  développé  récemment  plusieurs  appli- 
cations ('). 
Dans  la  relation  (Â),  les  notations  sont  les  suivantes  : 
T  est  une  fonction  homogène,  du  degré  total  T^,  par 
rapport  à  des  séries  de  quantités,  analogues  à 

flo,  ^1,  df,  ...  dj,  Of^i»  .  ., 

et  formant  un  système  c; 


{*)  Sur  quetquei  propriétés    des    semi-invariatUs.  (bulletins   de 
rAeadémîc  royale  de  Belgique,  mars  1687). 


(S5  ) 
b  dérivée  symbolique-^  est  définie  par 


"*^'rf^.  •*■-]' 


le  signe  sommatoire  se  rapportant  au  système  a. 

Soit  dans  la  formule  (A),  T  =  A:o;  désignons  par  h  la 
valeor  de  T^  dans  ce  cas  particulier;  nous  aurons,  à  cause 
de  réquation  (5), 

Sê-*M-) (7) 

D*aprës  ce  résultat,  et  d'après  la  formule  (4),  nous 
aurons  : 

1  dko 


(T)  '-  (7)  KÊ  *  ^' 


i^  désignant  un  semi-invariant  de  même  poids  et  des 
mêmes  degrés  d'homogénéité  que  ^. 
Soit  encore  dans  la  formule  (A)  : 

m{m — i)  \   dko       m — I  ^  t. 
et  par  suite,  T^  =»  A. 


(*)  A  FoccasioD  de  ceUc  formule,  nous  signalerons  une  Note  très 
intéressante  de  M.  Perrin,  Sur  les  péninvariants  de  formes  binaires 
(Comptes  rendus,  18  avril  4887).  Dans  cette  Note,  se  trouve 
démontrée  la  relation 

dans  le  cas  d'an  semi-invariant  A'.,  d^unc  seule  forme. 


! 


(S6) 

En  tenaot  compte  de  la  condition  -^s»  o,  nous  aurons 


d  rm(m  —  i)i(Pko      m  —  ii  d^l 
dil      Ta       l^d^'^  ~ï      hd^\ 

d    rm(m  — 1)  i  d  dkol       m(m--\)i 


D'après  Téquation  (7),  la  relation  précédente  devient 

d  rm{fw  —  \)\^      m  —  \  y  dlir\ 

Si  Ton  tient  compte  de  ce  résultat,  on  a  par  la  for- 
mule (5)  : 

lm\  (m\id'k,      /m— IHdfc;       ... 

k'^  étant  un  semi-invariant  de  même  poids  et  des  mêmes 
degrés  d'homogénéité  que^. 
En  continuant  de  même,  on  trouverait  : 

(m\     __  /mx  i  d'/fo       /*»— 1\  *  <^*i       /m— 2\t  dk; 


si  Ton  représente  par  k'ô'  un  semi-invariant  de  même  poids 

et  des  mêmes  degrés  que  j^^. 

La  formation  des  coeiBcients  de  A:  est  facile  à  suivre,  et 
on  en  déduit  que  tout  semi-covariant  est  une  somme  de 


r 


(S7  ) 


(  57  ; 

produits  de  puit$ancea  de  «j  par  des  expressions  de  la 
firme  : 

(m\\  dk,   _  /''»\  <  <^*o  .  ,  ,  <  d"*o  .  -„, 

1q  éfani  lin  senit-tnvartanf. 

III.  —  On  peut  établir  ud  autre  système  de  formation 
des  semi-covariaDts  :  nous  l'indiquerons  succinctement,  en 
DOQS  servant  de  la  formule 

ddT       d  dl       ^  ^,  ■     „, 

Ti -r^^'^-TO,    .    .     .    .    (B) 

aÇ  Gif       dti  aÇ 

donnée  par  M.  Cayley.  Dans  cette  formule,  la  dérivée 
symbolique  j->  analogue  à  la  dérivée  symbolique  ^»  est 
définie  par 

d       -,  (         d        ,  ^       d  d     ) 

—  =  >    wfl,  —  +  (n  —  la,-—  -♦-  ...  -♦-  an- , 

dn      ^{        dao  dui  rfa«-i) 

si  Ton  désigne  par  n  Tordre  de  la  forme,  qui  a  pour  coeffi- 
cients 00  a^  a^...;  T  est  une  fonction  homogène  et  isoba- 
rique  des  coefficients  analogues  à  a,;  t  est  un  facteur 
numérique  égal  à 

Wjr,  -♦-  Tî^rj  -♦-•••  —  2p, (9) 

si  ^t  ^Sf—  désignent  les  degrés  d*bomogénéité  de  T,  par 
rapport  à  des  formes  d'ordre  9)^,  nj,..-  ;  enfin,  p  représente 
le  poids  de  T. 


(*)  Voir  notre  travail  cité  plus  haut. 


(58  ) 

En  employant  la  formule  (B),  de  la  même  manière  que 
nous  avons  employé  la  formule  (Â),  on  trouve  que  tout 
semi'covariant  est  une  somme  de  produits  de  puissances 
de  \f  par  des  expressions  de  la  forme  : 

,  midko      ,        m(m — i)  i  cPAo       .  •  ,.^. 

fci  dif  fjL{fjL  —  !)1.2aif' 

(|x  désigne  la  valeur  de  t  (9),  quand  on  prend  pour  T  le 
semi-invariant  k^. 

Remarque.  —  Dans  le  cas  particulier  de  «n  =  p,  l'ex- 
pression E  est,  d'après  le  théorème  de  M.  Roberts,  le 
covariant  Cqui  a  pour  source  Aq. 

On  trouve  sans  difficulté  que  le  covariant  dont  il  s*agit 
peut  s'écrire 

si  Ton  prend 

(/H       dif  dx^ 

IV.  —  Les  coeflicients  p^,  pi  d'un  semi-covariant 
linéaire  poXf  h-  p^x^,  se  transforment  de  la  même  manière 
que  ^2  et  —  x^,  par  la  substitution 

X|  =  X|  -♦-  ^X),    Xf  «=•  X|. 

On  voit  par  là  qu'en  remplaçant  X|,  or,  par  —  Pi«Pot 
on  déduira  du  semi-covariant  i,  un  semi-invariant. 
Plus  généralement,  les  produits  (—  iyxT^'x^  se  trans- 


(89) 

fonneot,  par  la  sabsiiiation  x^  =»  X^  -4-  >Xs,  x^  »=  X^»  de 
b  même  manière  qae  les  coefficients  de  x|x7~''  dans  un 
saDÎ-eo?ariaot  d*ordre  m  (abstraction  faite  des  coeffi- 
denCs  binomianx).  On  obtiendra  donc  un  semi-invariant, 
en  remplaçant  dans  k  les  produits  ( —  iY"'*xî'%  par  les 
coefficients  de  x!x?~'  dans  un  semi-covariant  de  même 
ordre. 

Remarquons  encore  que,  pour  le  cas  actuel,  les  coeffi- 
cients de  x{x!;''  dans  un  semi-covariant»  se  transforment, 

comme  les  dérivées  ^i^^^-if  d'un  semi-covariant  quel- 
conque /.  On  déduira  donc  du  semi-covariant  A,  un  autre 
semi-covariant  A:\en  y  rempIaçantiesproduits( — l)*~'arr"'xî 

par  les  dérivées  ^i^-,;  ces  résultats  sont  tout  à  fait  ana- 
logues i  ceux  qui  ont  été  donnés  pour  les  covariants. 

Exemple.  —  Soient  les  semi-co variants 

{ s3  6oXÎ  -♦-  36|X|Xi  -♦-  56iX|x2  -f-  ôjxî. 
Remplaçons  dans  k,  successivement  x],  —  X|  x,,  xi  par 

(PI  (PI  (PI 

•— = 6(6^:,  -♦-  6sx,),  ,     ,    =  6(64X1  +  fcjXj)»  j-,  «  6(6oX,  -♦-  6,x,) . 

Cq  aXiOXf  aX| 

Nous  obtenons  le  semi-covariant 

*'  =  6  {ajbi  —  2oj6|  -♦-  aj)^)  X|  -♦-  6  (ao6j  —  2(ii6,  -♦-  a,6,)  Xt. 

V.  —  La  proposition  suivante  nous  permettra  d'établir 
plusieurs  propriétés  des  semi-co  variants  : 


(  60  ) 

Si  l'expression  du  semi'Covariant 

k  «=  k^x"^  -*-  r^\  kixT'^Xi  -♦-.•.-♦-  Ar.xJ, 
se  change  en 

fc = K«  Koxr  +  M  K,xr  -%  + ...  +  k^x?, 

par  la  transformation  ar^  =  X^  +  iX„  x^  =  X^,  la  suite 
*  peut  s'écrire 

^r.K.Ï;-.(ï:)-.K.(î;)'-...^_.,K.(|)-.(J,)n. 

En  eifet,  de  l'égalité 

2  (;j)a,(x.  ^  ix,r-'x?= 2  (pJMr-x? . 

on  déduit,  par  rideutification  des  coefficients  de  X|  : 

(")-^=2,(;)(::zî)v"....(o^|l,), 

OU  bien. 


(*)  La  notation  izz^j  représente,  suivant  l'usage,  une  suite  de 


termes  en 

1  1  1 


x«+î^     x;"^''    x^-^ 


,     PtC... 


r 


(61  ) 

D'autre  part,  on  a,  en  remplaçant  x^,  Xj   par  leurs 
laleors  X|  +  XX^,  X9  : 


-sj-'i-Min-^è 


-(F+O 


le  eoefficient  de  [|^|''^*  dans  cette  expression  est 

c'est  le  résultat  annoncé. 
VI.  —  Réciproquemenl,  si  l'on  a 

...i|_,(|)'.....,_.,„.(i;)-%(_l,). 

ta  quantité 

kfflCi  -♦-  (^jÉjxr-'xj  -4-  •••  -♦-  k^xj 

es<  ^afe  à  «a  transformée  par  la  substitution 

X|  s=  X|  -4-  iXs,      Xs  =  X2. 

Pour  le  vérifier,  il  suffit  de  reprendre  exactement,  en 
sens  inverse,  la  démonstration  précédente. 


n  Nous  désignons  par  (~7lj)  le  coefficient  de  afl-^  dans  le 
déreloppcment  de  (i  -t-  «)'  <'"*■  *K 


(6Î) 

Comme  application  de  cette  propriété  réciproque,  nous 
pouvons  énoncer  la  proposition  suivante  : 
<St  l'expression 

f^oxT  -«-  ('5*j*ia?~*x,  -f- ...  -^  É^xy 

est  un  semi-covariantf  tien  est  de  mime  de 

*oxr-  ^  {^  7  *J  fcixr'-*x,  -♦- ...  +  t,.,x?-', 

i  étant  un  nombre  inférieur  à  m. 

Cette  propriété  pourrait  du  reste  se  déduire  de  la  for- 
mule (6). 

Exemple.  —  Pour  une  forme  a^x*  -f-  (i")0|x;  '  *x^  ■+■  ... 
on  a  le  semi-co variant 

(oja 3  -4-  2aî  —  ^Goa^Of)  x]  *  ^  (a\a^  -¥■  aoa^(h  —  Sa^aî)  xjxj 

-*■  3(î2aîa8 — Oiol — aoa,as)x4XÎ+  (5a,a,as— aocj— 2aî)xî. 

On  en  déduit  le  semi-covariant 

(ajos  -*-  Î2aî  —  3agaici,)xî  -♦-  2(oîa,  -♦-  OoOjaj  —  î2a„a J)X|Xj 
-*-  (âaîas  —  aïOÎ  —  aoasOsjxl. 

vn.  —  Pour  abréger,  nous  dirons  que  la  suite 

est  une  suite  invariantive  d'ordre  m,  quand  sa  trans- 
formée r,  par  la  substitution  x^  =  X^  +  ÀXj,  x^  =  X^* 
peut  s'écrire 


^  =  ^-^(xî?^J' 


(  65) 

da  resie,  les  quantités  ^q,  k^,  k^^  •••  seront  supposées  fonc- 
(ioos  entières  et  homogènes  des  coefficients  de  formes 
binaires,  les  poids  de  ces  différentes  fonctions  formant 
ooe  progression  arithmétique  de  raison  1. 
PIos  généralement,  nous  dirons  qu'une  suite  y  de  la 

forme  ii;o^  —  *i  (i*)*  ^"  •—  ^^^  "°^  suite  invariantive 
(Tordre  m,  quand  ses  m  •+- 1  premiers  termes  forment  une 
suite  invariantive  d*ordre  m. 

Il  existe  des  suites  invariantives  d'ordre  infini  :  en  effet, 
soit  ip  un  semi-invariant;  on  obtiendra,  par  la  formule  (8), 
Pexpression  d'un  semi-covariant,et  l'on  pourra  fairecroltre 
m  indéfiniment. 

Si  y  est  une  suite  invariantive  d'ordre  m,  et  si  k'  est  un 
umi-covariant  d'ordre  m'  inférieur  à  m  +  1,  /a  partie 
entière  du  produit  yk'  est  un  semi^covariant  :  de  plusj  la 
purtie  fractionnaire  du  même  produit  est  une  suite  inva^ 
riontive  d'ardre  m  —  m'. 

Soit  le  semi-covariant 

qui  se  change  en 

k  =  R  =  K^Xj^  "*"  l  4  1  '^i^î'  ~  "*  «4-  •••  -I-  Kf^/^!*  » 
par  la  transformation 

Xi  =  X|  -♦-  3iXs)     Xs  =  Xj. 

Soit  d'autre  part,  la  suite  invariantive  d'ordre  m  : 

,^|_K,©-.....H.rK.(r'*(^)- 


(64) 

Nous  aurons  : 

_[K.Ï;....,_,rK.(|f.(J^)][Mr*.....^xr] 

Dans  les  deux  membres  de  cette  égalité,  les  parties 
entières  sont  égales  entre  elles  :  de  plus,  elles  s'expriment 
de  la  même  manière  au  moyen  des  quantités  k,  k\  X|,  x^ 
et  K,  K',  Xo  Xa,  si  Ton  suppose  m!  "^  m. 

On  en  déduit  facilement  que,  pour  ce  cas,  la  partie 
entière  de  yk'  est  un  semi-co variant. 

Pour  démontrer  la  seconde  partie  du  théorème  énoncé, 
observons  que,  dans  les  deux  membres  de  l'égalité  (11), 
les  parties  fractionnaires  sont  égales;  dans  ces  parties 
fractionnaires,  la  somme  des  m  —  m'-^i  premiers  termes 
s'exprime  de  la  même  manière,  au  moyen  des  quantités 
k,  k\  Xf ,  X)  et  des  quantités  K,  K',  X^,  Xj.  De  plus,  la  dif- 
férence de  ces  expressions  peut  se  mettre  sous  la  forme 
1^».-  m'^-t)  :  la  proposition  énoncée  résulte  de  là. 

Corollaire.  —  Dans  toute  suite  invariantive,  le  coeffi- 
cient du  premier  terme  est  un  semi-invariant.  Le  coeffi- 
cient de^dans  le  produit  yk'  est  donc  un  semi-invariant, 
et  nous  pouvons  énoncer  cette  propriété  : 

Si 


0^ 


m 


I 


k' = kjtr  *  {^  k\xr-'x,  +  -  +  *:.xr', 


r 


(65) 

sont  deux  semi'COvariantSj  la  quantité 

es/  iffi  temi'invariantj  dans  le  cas  de  m"^  m. 

Applications  I.  —  Diaprés  la   formule  (8),  on  peut 

prendre 

id%  \  d'k' 


"•  ""  77X7  '      '^«  —  17 


si  Ton  emploie  h^  et  ^,  comme  notations  analogues  à  A 
et^(§  2).  Dans  le  cas  actuel,  la  restriction  de  m' inférieur 
i  m  + 1  est  inutile,  car  dans  la  formule  (8)  on  peut 
supposer  m  aussi  grand  que  l'on  veut.  Diaprés  le  corollaire 
précédent,  nous  voyons  que  si  k^  et  Are  sont  des  semi- 
iovariants,  il  en  est  de  même  de  l'expression 

\     i%      fr\    t     dk^d'-'k,     lr\     i     d^kodr-% 
hCÏ^,     \\  Ihr'hdcj^  d«-*  "*"  lâj ArW  t/4  d«;;'      "*    ^  ^ 

Si  Ton  suppose  plus  particulièrement  que  les  semi- 
ÎDvariants  fco,  ko  dépendent  d'une  seule  forme,  on  retrouve 
au  théorème  démontré  récemment  par  M.  Perrin  [Comptes 
rendus  :  18  avril  1887). 

H.  —  D*après  la  formule  (10),  on  peut  prendre 

^._ 1 d% 

à  u'  représente  la  valeur  fx  correspondant  au  semi- 
invariant  ko . 


(*]  Nous  remplaçons  m'  par  r,  pour  simplifier  récrilurc. 
5"'  SÉRIE,   TOME   XIV.  5 


Prenons  encore 


(66  ) 


«  d% 

k    ——  —  _— —  • 


nous  aurons,  par  la  formule  (12),  le  semi-invariant  : 

On  voit  racilementque  Ton  pourrait  encore  déduire  de  la 
formule  (12)  d*au(res  suites  de  semi-invariants. 

VIII.  —  Soienl  I  un  semi^covariant  d'ordre  r,  k'  tin 
semi^covariani  d  ordre  r  -4-  i  ;  t7  existe  une  suite  invarian' 
tive  y  d'ordre  r  -+-  i — i  telle  que  Iko     xî  est  la  partie  entière 
du  produit  yk\ 
Soient 

Par  la  condition 


•^  ••  • 


r*'  =  //t 


r4.|       •  /  i  \ 


on  peut  déterminer  une  expression 


^-•©'-'•ëj 


dont   les  coefficients  sont  des  fonctions    entières   des 
coefficients  de  k'  et  de  /. 


(*)  Ce  résultat  est  élabli,  pour  le  cas  de  r  s=  i,  à  la  page  8  de 
notre  travail  déjà  cite. 


I 


1 


f  67) 

Eo  effet,  OD  a  les  équations  suivantes,  pour  déterminer 
les  coefficients  k  : 


Par  la  transformation  des  variables  X|,  rr,  en  X|  +  ^X2,  X,; 
k\  i^,  /,  7  se  changent  en  K\  Ko,  L, T  et  l'on  a  : 

Or,  on  a 

K  =»,     Ko  =  aq,     L  =  cj 

soit  7,  rexpression  de  f,  quand  on  y  remplace  X|,  X2  par 
leurs  valeurs  X|  —  ^2*  ^2;  on  aura  : 


,*'=/*'/*'xiH-(i). 


Cette  équation,  comparée  à  la  formule  (fS),  démontre  la 
relation 


-^'-{^) 


Si  Ton  observe  que  les  coefficients  de  y  sont  homogènes 
et  de  poids  convenables  (VII),  on  voit  que  7  est  une  suite 
iovariantive  d'ordre  r  h-  1  —  1 . 


(68) 

Exemple.  —  Soîenl 

/  =  /oXi  -♦-  /|Xj,      k'  =  ^o^î  -♦-  %k[XiXi  -¥-  k'^\  : 

on  trouve  la  suite  invarianlive  du  premier  ordre  : 

IX.  —  Soit  C  tin  semi-covariant^  contenant  les  coefficients 
d'une  suite  invariantive  y  ;  on  obtiendra  un  semi'Covariani 
C|,  en  remplaçant  dans  C  les  coefficients  de  y  par  les 
coefficients  analogues  d'une  suite  invariantive  y^  d'ordre 
égal  ou  supérieur  f). 

En  effet,  il  résulte  des  propriétés  indiquées  ci-dessus 
(V  et  VI)  que  Texpression  de  €«  se  déduit  de  C,  en  substi- 
tuant aux  coeflScienls  d'un  semi-covariant  k,  les  coefficients 
d*un  semi-covariant  k'  de  même  ordre.  D*aulre  part,  C| 
sera  un  semi-covariant,  puisque  les  coefficients  de  X:  et  de  A' 
se  transforment  de  la  même  manière  par  la  substitution 
X|  c=  X^  •+•  /X21  X2  =  Xj. 

Applications  I.  —  Supposons  que  la  suite  invariantive 

Xi  /^«\* 

r  =  *'o *i  —    -^  •'• 

Xi  \x,/ 

est  d'ordre  infini  :  la  suite 

n 


ri 


(*)  Cette  propriété  se  rapporte  de  même  aux  semi-invariants,  qui 
sont  des  semi-covariants  d'ordre  zéro. 
(**)  p  est  un  nombre  entier. 


r 


(69) 

est  évidemment  une  suite  invariantive  d'ordre  iuGni. 
Donc  :  si  le  semi^covariant  C  contient  les  coefficients  de  y, 
on  obtiendra  un  semi^covariant  Cj,  en  remplaçant  ces 
ioefficients  par  les  coefficients  correspondants  de  /. 
Soit  par  exemple  : 

C  =  (ijk,  —  *î)xî  -4-  (ktks  —  A|^i)x,X2  -¥■  7  ( A-ttt^  —  kl)x\; 

4 

h  soppositioD  de  p-=2f  donne 

r'  «  «^  -  2U,  §-  +  (2A„)t,  ^  Aï)  ^  -  etc.  : 
00  obtient  le  semi-co  varia  ni 

eo  remplaçant  successivement  Aq*  ^i>  ^'s*  ^3  P^i* 

Pios  généralement,  si  y\  y",  y"\  ...  sont  des  suites  inva- 
rantives  d'ordre  infini,  on  obtiendra,  au  moyen  de  C,  un 
semi-covariant,  en  remplaçant  les  coefficients  de  y  par  les 
ooelBcients  correspondants  du  produit  y'y'y'"-',  qui  est 
aussi  une  suite  invariantive  d'ordre  inOni. 

II.  —  L'opération  X2^  appliquée  à  une  suite  invarian- 
tive y  d'ordre  m  Tournit  une  suite  invariantive  d'ordre 
m  +  1. 

En  effet,  de  la  formule. 

Xi  XXj/  \Xi, 


(70) 
on  déduit  : 


'•i-i^(?)'-«'©'--<-'«"-'Mr'i 


HP 

De  même,  Topération  xf  — ,  appliquée  à  7,  fournit  la 
suite  invariantive  d'ordre  m  +  p  : 

rp  =  2(-  ^l'^'C'  -^  ^X'  ■*■  '^)  -  "■  +  vH-]      ' 

dont  les  p  premiers  termes  sont  nuls. 

D'après  le  théorème  énoncé  ci-dessus,  on  obtient  un 
semi-covarianty  en  remplaçant  dans  C  les  coeiBcients  de  y 
par  ceuiL  de  y^  ;  on  a  donc  cette  propriété  : 

Si  C  désigne  un  semi-'COvariantf  on  obtiendra  un  semi^ 
covariant  en  remplaçant  dans  C,  k|  par  zéro  ou  par 
i(i  —  1)  •••  (i  —  p  -H  l)k,_p,  suivant  que  Vindice  i  est  infé^ 
rieur  ou  non  au  nombre  p. 

X.  —  Considérons  le  développement  en  fraction  continue 
d'une  suite  invariantive  d'ordre  m. 

Le  numérateur  et  le  dénominateur  d'une  réduite,  sont 
des  semi'COvariantSy  quand  cette  réduite  ne  contient  pas  de 
puissance  des  variables  supérieure  à  —g- . 

(Cet  énoncé  suppose  le  numérateur  et  le  dénominateur 
écrits  sous  la  forme  entière  la  plus  simple,  pour  laquelle 
les  coefficients  arithmétiques  sont  entiers). 

Soit 

._,5_,(5)'.....,_,,..gp'. 


(  71  ) 

Qoesaite  invariaotive  d'ordre  m.  Soit  ^  la  réduite  d*ordre 
n^fn^^^y-i],  dans  le  développement"  de  y  en  fraction 

cootioue. 
Od  a,  par  la  propriété  caracléristique  des  réduites  : 

Désignons  par  P„,  F,  les  transformées  de  p„,  f„  correspon- 
dant au  changement  de  variables  :r4  =  X|  +  ^^Xj,  x^^Xo. 
Nous  aurons,  en  conservant  les  notations  précédentes  : 

rp. = F„ .  (  J^; 

Dans  cette  relation,  remplaçons  les  quantités  K,  Xj,  X2 
eo  fonction  de  k^  or,,  2*2  :  soient  p^,  f[,  les  expressions 
de  P.,  F.,;  nous  aurons,  par  la  propriété  fondamentale 
des  suites  invariantives  (V)  : 

et  par  conséquent. 


V*{^)Y-'-*^'. 


En  supposant  n-^  ^^^ ,  on  pourra  écrire 


rK=/:-(,-^} 


'^ 


(74) 

La  fraction  ^  est,  diaprés  cette  relation,  une  réduite  du 
développement  en  fraction  continue  de  7.  On  a  donc 
0^  =  =^,  ou  bien  : 

P  n  Pn 

Pn  =  «P„  ,        fn  =  af„ 

si  Ton  désigne  par  a  un  coefficient  de  proportionnalité. 
Les  égalités  précédentes  peuvent  encore  s'écrire 

Le  coefficient  a  est  égal  à  l'unité  :  en  effet,  P^,  et  F„  sont 
formés  de  la  même  manière  que  p„  et  /*«  et  n'ont  aucun 
facteur  commun;  de  là,  p„  =  P„.  Le  dénominateur  p»  de 
la  réduite  ^  est  donc  un  semi-covariant;  le  numérateur /L 

Pn  lin 

est  de  même  un  semi-covariant;  du  reste,  il  suffit  d'obser- 
ver que/),  est  la  partie  entière  du  produit  ypn  (§  Vit). 
XL  —  Cherchons  l'expression 

du  dénominateur  p„  de  la  réduite  ^,  dans  le  développement 
en  fraction  continue  de 

r  =  *o-—  A-,  M)  -*-  •••; 
X,  \x,/ 

pour  plus  de  simplicité,  nous  supposerons  que  cette  suite 
invariantive  est  d'ordre  inGni. 
Les  coefficients  a  doivent  satisfaire  aux  conditions 

a>o     —  a»-|A:i  -^  «„.  t*i     -+-  (—  iY^iJ^n      =  ^^ 


^>».|  —  «n-ikn  -*-  ««-*A\^, -+-  (—  l)"«o^-l  =  0; 


(73) 

ees  cooditioDs  expriment  que  le  produit  yp„  ne  contient 
pas  de  terme  en 


1       1 


ji  •  •  •  î 


Qo  déduit  de  là  ; 


P. 


x;    —  xj-'x,    xr'xî     ...  (— 4)"xï 

*«  i»!  fCi  •  •  •  »»,, 

*|  *t  ^'s  •••  ^«-i-t 


*»-l         ^/ 


«•4- 


^î»-l 


Le  ooméraleur  de  la  réduite  i^  s'obtiendra  en  remplaçant 
siice$sivemenl  dans  p^ ,  les  quantités 


X|,      X|      Xt,      Xj      Xf..., 


par  les  parties  entières  des  produits 


»»-5«.« 


rxj,    rJrî"*Xî,    r^r'^5»  .... 

Le  semi-covariant  p„  est  le  canonizant  de  M.  Sjlvester, 
quand 

*.ïf-'-^(^''~']*.x'--'x,H.(2Y']MÎ--VÎH-...+Af,,..xî-S 

représente  une  forme  binaire  ('). 
On  peut  établir  directement  une  liaison  entre  la  théorie 


{')  On  a  rtmarkable  dùeovery  in  the  theory  of  canonical  forma  and 
9f  hgperdetenmnants.  (Philosophicai  Magazine.  185i,  11,  p.  354). 


(74) 

des  fractions  continues,  et  la  réduction  d*une  forme  binaire 
d'ordre  2n  —  là  la  somme  des  puissances  (2»  —  1)""^ 
de  n  fonctions  linéaires 
Considérons  la  forme  binaire 


et  la  suite  invariantive  d'ordre  2n  -^  1  : 

X,       ix^y       /x,\»  /x,\'- 

Soit  ^~  la  réduite  d'ordre  n  dans  le  développement  de  y  en 
fraction  continue;  soient  0|,  B^y  ...,  0»  les  valeurs  de^ 
pour  lesquelles  on  a  p„  ==  0  :  soit  encore  e  le  coefficient 
de  xî  dans  p„. 
Nous  avons 

r û^ =  f-LV 

f  (x,  —  MO(j^i  —  ^i^î)  ••  •  l-Ti  —  ô„Xj)        \x»,-*-7 

Dans  le  second  membre  de  cette  égalité,  les  coefficients  de 

1       i  i 


sont  nuls  :  il  en  est  donc  de  même  dans  le  premier 
membre,  et  l'on  a  : 


en  général , 


(-  ^y«.  =  2-S^''      (»  =  0,l,2....2n-l):       (U) 


1 


(75) 

dans  ces  fomiHleSy  iioas  représentons  par  ^(0)  et  par  p'^  (0) 
les  faleors  de  fn  et  de  7^p„,  pour  x^  =  9,  X2  ==»  1 . 
Les  reiaUOQS  (14)  montrent  que  Ton  a  : 

^=  A,(x,  —  e.x^)'-'  +  A,(x.  -  â^^r-"*  -^  - •  -+-  A„(x,  —  d^x,)'-  *, 

si  Ton  prend 

XII.  —  Les  résultats  obtenus  ci-dessus  sont  susceptibles 
de  généralisation. 

Soient  *',  *"  ...,  k^\  fx  semi-covariants  d'ordre  m', 
m", . . .  m^^^  analogues  à 

Soient  /,/', ...,  /^Mes  suites  invariantives  correspondantes, 
analogues  à  y.  Déterminons  une  quantité 

q  =  Œj^ij*  -f-  a,x{*"*Xi  -+-  ajjcj'~'xî  -*-•«•-♦-  a^xj*, 

de  telle  façon  qne  les  parties  Tractionnaires  de  y'ç,  y"q^ 
If"^^  "">  /^'9  commencent  par  des  termes  d'un  certain 
ordre  en  ^  : 

1  1  1 


X, 


1  •  •  • 


X 


:j.^«  '      a;j.-^«  xf '^^^  ' 


le  nombre  des  conditions  équivalentes  étant  égal  à  u. 
Poar  définir  complètement  la  fonction  q,  nous  Tassujet* 
tirons  aux  conditions  suivantes  : 

1*  de  s'exprimer  sous  forme  entière  au  moyen  des 
coefficients  de  y\  y"  ...  y^\  les  coefficients  arithmétiques 
étant  des  nombres  entiers. 


(76) 

â""  de   oe  contenir  aucun  diviseur   satisfaisant  aux 
conditions  précédentes. 

Cela  posé,  si  le  nombre  |x  —  iest  inférieur  aux  nombres 

m'--rt,    m"'^r^y   ..,    mf^  —  r^^, 

la  quantité  q  est  un  semi^covariant. 

En  effet,  nous  devons  avoir  fx  relations  de  la  forme 


rq 


='*(if^)' <*«) 


e  désignant  la  partie  entière  du  produit  79. 

Soient  respectivement  r  et  Q,  les  expressions  qui 
remplacent  y  et  9,  après  la  transformation 

Xj  =^  ^1   "l-  AÀj  9       JT]  =^  \f  • 

nous  aurons  les  relations 


FQ 


=  ="(xp)' 


analogues  aux  équations  (1S),  E  désignant  un  polynôme 
en  X|,  X2.  Soient  9,  et  e^  les  valeurs  de  Q  et  de  E 
exprimées  au  moyen  des  variables  x^,  x^  et  des  coeffi- 
cients de  /,  /'  ...;  nous  aurons  par  la  formule 


=''-^(^')' 


en  supposant  p  —  2  <  m  —  r  : 


rq 


'=""(^! 


Cette  relation,  de  même  que  la  relation  (15),  tient  lieu  de  (i 


(77) 

rehtioiis  analogues  :  il  en  résulte,  d*aprë8  les  suppositions 
établies  ci-dessus,  que  la  fonction  q  ne  peut  différer  de  q^ 
c'est-Jklire  de  Q;  cette  fonction  est  d'ailleurs  isot)arique 
et  homogène  :  elle  est  par  suite  un  semi-covariant. 

Exemple.  —  Soient  fjt  =  3,  n  =  1,  Tj  =  2,  rj  =  0  : 
prenoos  pour  y\  -/'  les  suites  invariantives  d'ordre  infini  : 


-'•{jj^'-ij}'- 


La  fonction 


q  =  a,prî  -+-  «iXÎXs  ■+■  0LqX^xl  -4-  a^x] , 


defra  satisfaire  aux  conditions 


On  trouve 


..,-..  (1), 


9  = 


^. 

—  xjj, 

itjarî 

-xî 

a» 

«1 

«t 

«3 

b» 

fc. 

6. 

6, 

b, 

6, 

6, 

6. 

.     (16) 


Remarfue.  —  Pour  le  scmi-covariant 


q  •=  «o3f|*  -♦-  «iXf  *Xj  -♦-...  -4-  a^xi* , 


(78) 
on  a,  d'après  la  formule  (6), 

—  «(m  — p-*-1)«,-i,      ou      --^  =  (p^  1)a^t-,-|. 

Les  coefficients  a^_,,  ^/i-p-a  sonl,  dans  le  cas  actuel,  des 
déterminants  d*ordre  u,  dont  les  rangées  sont  respective- 
ment de  la  forme 

les  coefficients  X;  se  rapportant  à  Tun  ou  à  Tautre  des  semi- 
covariants  k'y  k"  ...  Les  coefficients  kj  sont  les  coefficients 
de  xi  dans  des  semi-co variants  (abstraction  faite  des  nom- 
bres binomiaux)  :  on  a 

^*>  ^  -^ 

Il  résulte  de  là  que  ^^  "  sera  la  somme  des  déterminants 
obtenus  en  remplaçant  successivement  Tune  des  rangées 
de  a^.,,  telle  que 

par  la  suite  d*éléments 

(t  -♦-  p  -4-  1  )*:.+p,  . . . ,     (î  -^  fi)ki+fj,^i  ' 

La  somme  des  déterminants  ainsi  obtenus  est  égale  à 
(p  -H  l)a^-,.i  :  si  Ton  observe  que  a^_,^i  est  aussi  un 


»  1 


(79) 
détermiDant,  on  iroit  que  les  fx  égalités 


=  (P-*-  1)ayx_p_i, 


doDoeol  aotaot  de  théorèmes  sur  Taddition  des  détermî- 
naots.  Ne  pouvant  actuellement  développer  ces  considé- 
rations, nous  nous  bornerons  à  un  exemple. 

Considérons  le  semi-covariant  de  la  formule  (16);  nous 
atons 


«0  = 


«0 

0| 

«t 

b. 

b, 

6, 

•) 

«1   =» 

6. 

b. 

6, 

b  relation 


donne 


Qq      tti      Qz 

60  fr|    63 

61  6«    64 


0  a^  ôOf 
K  6|  6, 
6|     6s     ^« 


=sû 


a»  Oi     As 

0  6b  36, 

6,  6,     64 

«•  Oi     «1 

60  6|    6t 

6,  64    65 


Oo  tti  as 
60  6,  63 
60  26,  463 


Liège,  le  28  avril  1887. 


(80) 


Application  de  la  photographie  à  Vétude  de  Vélectrotonus 

« 

des  nerfs  (communication  préliminaire)  ;  par  F.  Henri- 
Jean,  assistant  à  l'Université  de  Liège. 

(Travail  da  laboratoire  de  physiologie.) 


§1. 

Lorsque  Ton  fait  passer  un  courant  constant  (courant 
dit  polarisant)  à  travers  une  portion  de  nerf,  il  se  produit, 
dans  tonte  la  longueur  de  ce  dernier,  des  modiûcations 
extrêmement  remarquables  de  l'état  électrique. 

Ces  phénomènes,  découverts  par  du  Bois-Reymond,  ont 
reçu  le  nom  d'éleclrotoous.  Ce  savant  chercha  à  déterminer 
exactement  les  différentes  phases  du  développement  des 
courants  électrotoniques  des  nerfs,  en  reliant  deux  points 
de  la  partie  extra-polaire  au  circuit  de  la  boussole  de  Wiede- 
mann  et  en  observant,  d'une  manière  continue,  la  dévia- 
tion de  Taiguille  aimantée.  —  Les  valeurs  trouvées  de 
cette  façon  lui  permirent  de  construire  la  courbe  des  cou- 
rants électrotoniques. 

Malheureusement,  la  boussole  de  Wiedemann  est  un 
instrument  paresseux  qui  n'est  pas  susceptible  de  suivre 
et  d'indiquer  les  variations  rapides  qui  peuvent  se  pré- 
senter dans  l'intensité  d'un  courant  électrique.  Ce  défaut 
est  surtout  sensible  au  début  de  l'observation,  au  moment 
où  l'aimant,  primitivement  au  repos,  est  brusquement  mis 
en  mouvement  sous  l'influence  du  passage  d'un  courant 
électrique.  Il  faut  plusieurs  secondes  avant  que  l'aimant 


(  81  ) 

apériodiqne  prenne  sa  noavelle  position  d*éqailibre.  Avec 
nue  boossole  non  apériodiqne,  comme  celle  qui  servit  aux 
premières  recherches  de  do  Bois-Reymond,  le  reproche 
est  encore  plus  grave.  —  Aussi,  rilluslre  physiogiste  de 
Berlin  dut-il  laisser  en  blanc  la  partie  des  courbes  repré- 
5«Dtant  ie  début  de  réleclrotonHs(l). 

Les  méthodes  les  plus  ingénieuses  et  les  plus  compli- 
quées de  réiectrophysiologie  furent  utilisées  pour  combler 
cette  lacune. 

Melmhoitz  (2)  chercha  à  déterminer  l'intervalle  de  temps 
après  lequel  le  début  des  phénomènes  électrotoniques  se 
manifeste  et  se  propage  dans  le  nerf,  en  se  servant  de  la 
secousse  secondaire  de  la  patte  galvanoscopique  comme 
signal  de  Tarrivée  du  courant  électroionique  en  un  point 
déterminé  du  tronc  nerveux.  Supposons  un  nerf  de  gre- 
nouille AB;  faisons  passer  un  courant  constant  à  travers 
une  portion  de  nerf  voisine  de  A  ;  pour  déterminer  le 
moment  où  le  courant  d*électrotonus  se  manifeste  en  B, 
appliquons  sur  cette  extrémité  le  nerf  d'une  patte  galva- 
noscopique (3).  Celle-ci  sera  disposée  de  façon  à  inscrire 
ses  secousses  sur  un  cylindre  enregistreur.  On  inscrira,  en 


(1)  De  Bois  Rsvmond.  Ueber  die  eleklromolorisehe  Kraft  d.  Nerven 
H  MtttkelH.  Arcii.  f.  Âoal.  u  Physiologie,  1 867,  p.  417.  —  Et  Gesam- 
meUe  Jbhandlungen,  II,  p.  232. 

(2)  UiufHOLTZ.  Ueber  die  Geschwindigkeit  einiger  Vorgdnge  in 
Miukeln  u  Nerven.  Bericht.  Âkadem.  d.  Wiss.  z.  Berlin,  p.  328. 

(3)  Les  eourants  éiectrotoniqoes  peuvent  exciter  un  second  nerf 
placé  snr  le  premier.  Le  nerf  d*une  patte  galvanoscopique,  dans  ces 
cwiditions,  se  trouve  excité  à  chaque  ouverture  et  à  chaque  fermeture 
àa  ooorant  polarisant,  et  il  en  résulte  une  contraction  des  muscles  : 
Contraction  paradoxale, 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIV.  6 


(82) 

regard,  le  début  du  courant  polarisant  sous  Finfluence 
duquel  s'est  développé  le  courant  électrotonique.  L'expé- 
rience montre  que  le  retard  de  la  secousse,  sur  le  début  du 
courant  de  polarisation,  est  fort  petit.  Par  conséquent, 
les  courants  électroioniques  se  propagent  avec  une  très 
grande  vitesse.  Celle-ci,  d'après  Helmhoitz,  serait  très 
analogue  à  celle  avec  laquelle  Texcitation  elie-mênoe  se 
propage  dans  les  nerfs;  c'est-à-dire  de  27  mètres  à  la 
seconde,  comme  l'a  démontré  le  même  auteur. 

Tschirjew  (i)  s'est  également  efforcé  de  mesurer  la 
vitesse  de  propagation  des  courants  d'électrotonus,  c'est- 
à-dire  de  déterminer  le  retard  de  l'apparition  du  début  du 
courant  éleclrotonique  en  un  point  de  la  partie  extra- 
polaire du  nerf,  retard  compté  à  partir  du  début  du  cou- 
rant de  polarisation. 

Dans  les  expériences  de  cet  auteur,  la  partie  extra- 
polaire d'un  nerf  de  grenouille  est  reliée  soit  à  la  i)Oussole, 
soit  à  l'électromètre capillaire,  et  le  courant  propre  du  nerf 
est  exactement  compensé  de  façon  à  ramener  au  zéro 
l'instrument  qui  sert  de  galvanoscope. 

Dans  une  série  d'expériences  successives,  il  cherche  à 
rompre  le  circuit  galvanoscopique  1, 2,  3,  4,  etc.,  10  mil- 
lièmes de  seconde  après  le  début,  c'est-à-dire  après  la 
fermeture  du  courant  polarisant.  Si  la  rupture  du  courant 
galvanoscopique  se  fait  avant  que  le  courant  d'électrotonus 
ait  atteint  la  partie  extra-polaire  du  nerf  comprise  dans 
ce  circuit,  l'instrument  reste  au  zéro,  et  il   n'v  a  de 


(i)  s.  TscBiBJBW.  Ueber  die  Forlpflanzungsgeschwindigkeit  d.  e2ec- 
trolonùchen  Vorgânge  inâ  Nerven.  —  Du  Bois-Rbtmond.  Archiv.  f. 
Physiologie,  4879,  pp.  524,  »5S,  t.  VIII,  fig.  8. 


(  83) 

«léTiitiûn  ni  de  raimaDt,  ni  de  la  colonne  mercurielle. —  Si, 
aoeontraire,  la  rupture  du  conduit  galvanométrique  a  lien 
après  Tarrivée  du  courant  de  polarisation,  celui-ci  aura  le 
lemps  d*agir  snr  Tinstrument,  ce  qui  se  manifestera  par 
on  commencement  de  déviation  de  Taimant  ou  de  la 
colonne  de  mercure  de  Télectromètre.  C'est  par  tâtonne- 
ments qoe  cet  intervalle  de  temps  se  détermine. 

Tschirjew  a  employé  le  mouvement  de  la  plaque  du 
myographe  pour  fermer  automatiquement  le  cx)urant  de 
polarisation,  et  pour  ouvrir  le  circuit  galvanométrique  à 
(les  intervalles  de  temps  très  petits,  variables  et  exactement 
inesarables.  Il  trouva,  comme  Helmhoitz,  que  la  vitesse  de 
propagation  du  début  du  courant  d*électrotonus  est  très 
considérable,  mais  qu*elle  est,  cependant,  en  général  infé- 
rieure à  la  vitesse  de  propagation  du  processus  d'excitation. 
lies  valeurs  qu'il  indique  varient  entre  13,4  et  22,2  mètres 
i  la  seconde. 

Plus  récemment,  J.  Bernstein  (1)  est  parvenu  non  seu- 
lement à  déterminer  le  moment  de  début  des  courants 
d*électrotonus,  mais  encore  à  construire  la  courbe  qui 
représente  les  phases  successives  par  lesquelles  passe  la 
valeur  de  ces  courants.  L'une  des  extrémités  du  nerf  étant 
soumise  à  l'action  d'un  courant  constant,  l'autre  extrémité 
est  introduite  dans  le  circuit  de  la  boussole,  au  moyen  du 
rhéotoroe  de  Bernstein,  pendant  un  temps  très  court  et 
après  un  intervalle  de  temps  variable,  compté  à  partir  du 
moment  de  la  fermeture  du  courant  de  polarisation.  On 


^ 


(I)  J.  BitNSTEiN.  Ueber  das  EnMte/icn  u  Versthwinden  der  elekiro- 
Imùeken  Sirôme  ins  A'erven  u  die  damit  verbundenen  Erregungs- 
Kkwanhtnyen,  d,  Nervensirùtnes.  —  Du  Bois  Reyhond.  Archiv,  f. 
Pksiioiogie,  1886,  pp.  197-250,  t  IX  cl  X. 


(84) 

répète  TexpérieDce  an  grand  nombre  de  fois,  en  augmen- 
tant graduellement  cet  intervalle.  A  chaque  expérience» 
la  déviation  observée  sert  de  mesure  au  courant  électro- 
tonique au  moment  de  l'observation.  Chaque  observation 
fournit  donc  un  point  de  la  courbe  à  construire. 

Bernstein  est  arrivé  à  des  résultats  analogues  à  ceux 
de  ses  devanciers.  La  méthode  du  professeur  de  Halle, 
bien  que  fort  compliquée,  est  des  plus  élégantes.  Le 
principal  reproche  que  l'on  puisse  y  faire,  c'est  que 
la  construction  de  la  courbe  n'est  possible  que  par  le 
groupement  de  valeurs  obtenues  dans  un  grand  nombre 
d'expériences  exécutées  successivement  sur  un  même 
nerf.  Or,  les  résultats  des  dernières  expériences  ne  sont 
pas  rigoureusement  comparables  à  ceux  des  premières,  à 
cause  de  la  fatigue  du  nerf  et  des  autres  modiGcalions  qui 
peuvent  se  produire  dans  sa  substance  au  cours  d'une  série 
de  recherches.  Ce  défaut  n'a  d'ailleurs  pas  échappé  à 
Bernstein  lui-même;  aussi  exprime-t-il  le  désir  de  voir  se 
répéter  ces  expériences  en  les  disposant  de  manière  à 
n'avoir  à  soumettre  le  nerf  qu'à  une  seule  action  de  pola- 
risation, ce  qui  s'obtiendrait  le  mieux,  dit-il,  au  moyen  de 
rélectromètre  capillaire  dont  on  photographierait  les 
excursions  (1  ). 


(4)  Auch  wSre  erwûnsch  fûr  diesen  Fall,  den  Verlauf  der  ganzen 
Curve  bei  einmalîger  Polarisatioa  aufzanehmea ,  um  Ermûdang 
za  yermeiden,  und  dies  wûrde  sich  vielleicht  am  bcstcn  mit  Hûlfe 
des  Capillarelcktrometers  ausfûhrea  lassen,  weoa  mann  dessen  Aus- 
schlige  pholographisch  aufzeichoete  (^},  pages  208  et  213  :  «  Ein 
einzelne  Gorve  aufzunebmen  wûrde  ebenfalls  eine  dankbare  mit 
dem  CapiUarelektromcter  auszufûbrende  Aufgabe  seio.  >• 

(>)  BUHDON  Samderson.  Journal  of  Physiology,  t.  lY,  p.  9S7. 


r 


(83) 


§  II. 

Ce  Yœo  exprimé  par  Bernsleio,  je  suis  parvenu  à  le 
réaliser,  c'est-à-dire  que  j*ai  pu  photographier  les  excur- 
sions de  la  colonne  de  mercure  de  réiectromètre  capillaire 
relié  à  une  portion  de  nerf  soumise  à  Téleclrotonus.  J*ai 
po  recueillir,  de  cette  façon,  en  une  seule  expérience,  la 
courbe  complète  du  courant  électrotonique.  Ces  courbes 
sont  très  analogues  à  celles  construites  par  Bernstein. 

Le  présent  travail  confirme  donc  en  grande  partie  les 
résultais  obtenus  par  d'autres  expérimentateurs;  son  inté- 
rêt réside  moins  dans  la  découverte  de  faits  nouveaux  que 
dans  la  substitution  d*une  méthode  directe,  simple  et  facile, 
aux  procédés  compliqués,  laborieux  et  indirects  utilisés 
par  Tscbirjew  et  Bernstein. 

Toutes  mes  expériences  ont  été  faites  sur  des  nerfs  de 
lapins,  de  chiens  et  de  grenouilles.  Les  nerfs  pneumogas- 
triques, sciatiques,  etc.,  des  mammifères  se  prêtent  tout 
aussi  bien  que  le  sciatique  de  la  grenouille  aux  expériences 
d'éleetropbysiologie,  ainsi  que  Ta  démontré  Léon  Frede- 
ricq  (1);  de  plus,  ils  ont  l'avantage  d'être  beaucoup  plus 
longs  et  plus  faciles  à  manier. 

L'expérience  est  disposée  de  la  manière  suivante:  le 
nerf  est  tendu  horizontalement  au-dessus  d'une  plaque  de 
liège,  au  moyen  de  deux  stylets  de  verre  faisant  office 
d'épingles.  Les  deux  extrémités  du  nerf  sont  fortement 
serrées  au  moyen  de  fil  de  lin  imprégné  d'une  solution  de 


(i)  L.  Fredericq.  Ueberdie  elektromotorische  Kraft,  d,  Warmbiûi' 
Archiv.  f.  Physiologie. 


(86  ) 
chlorure  sodïque  (solotion  physiologique).  Ces  ligatures 
sont  placées  en  dedaDs  des  aiguilles  de  verre;  elles  repré- 
sentent des  sections  transversales  du  nerf,  de  telle  façon 
que,  pour  meure  celles^:!  en  rapport  avec  les  électrodes, 
il  suffit  d'enrouler  le  fil  imprégné  de  la  solution  de  sel 
marin  sur  les  extrémités  de  cts  derniers.  —  Chaque  extré- 
mité du  nerf  est  reliée  avec  une  paire  d'électrodes  impo- 
larisables  de  du  Bois-Reymond,  dont  l'un  est  en  rapport 
avec  le  fil  qui  correspond  à  la  coupe  transversale,  l'autre 
avec  la  surface  longitudinale.  (AB  el  ab,  fignre  1 .)  Le  cou- 
rant polarisant  est  fourni  par  un  élément  de  Danlell  D, 
figure  i.  Ce  circuit  contient,  outre  reitrémité  ABdu  nerf. 
une  clef  C<  qui  permet  d'ouvrir  ou  de  fermer  le  courant 
et  un  commutateur  de  PohI  qui  permet  de  changer  su 
direction.  L'extrémité  ab  du  nerf  qui  sert  à  l'étude  de 
l'éleclronus  est  reliée  à  l'électromèlrc  capillaire  par  l'inler- 
médiaire  d'une  clefC. 

Fig.  I. 


L'image  du  capillaire,  vivement  éclairé  à  la  lumière 


(87) 

électrique,  est  projetée,  au  moyen  de  la  lanterne  Duboscq, 
à  lr»Ters  la  fente  d'une  chambre  obscure,  sur  le  cylindrt^ 
eoregûitreor  recouvert  de  papier  au  gélatino-bromure 
d'argent  (Hutinet). 

L*ombre  de  la  colonne  de  mercure  mettant  le  papier 
sensible  à  Tabri  des  rayons  lumineux,  Timage  que  Ton 
obtient  est  négative.  Grâce  à  cette  ^disposition,  tes  moindres 
mouvements  de  la  colonne  mercurielle  se  traduisent  par 
des  déplacements  de  la  limite  entre  Tombre  et  la  lumière. 
La  partie  de  la  fente  qui  permet  le  passage  des  rayons 
lumineux  est  en  partie  employée  pour  inscrire  le  temps  et 
le  passage  du  courant  de  polarisation.  Le  temps  est  inscrit 
en  disposant  une  horloge  à  seconde  de  telle  façon  que  le 
balancier  interrompe  et  permette  alternativement  le  pas- 
sage des  rayons  lumineux.   L'horloge   dont  nous  nous 
sommes  servi  produisait  deux  interruptions  à  la  seconde. 
Pour  inscrire  le  début  et  le  passage  du  courant  de  polari- 
sation, un  second  circuit  électrique,  provenant  d'une  pile 
Je  Grenet,  est  relié  à  un  signal  électro-magnétique  dont 
la  plume  projette  sou  ombre  sur  la  partie  du  papier  sen- 
sible non  protégée  par  Hmage  de  la  colonne  de  mercure. 
Ce  courant  est  fermé  par  la  clef  C^  dont  les  mouvements 
sont  solidaires  de  ceux  de  la  clef  qui  sert  à  ouvrir  et  à  fer- 
mer le  courant  de  polarisation,  c'est-à-dire  que  le  signal  S 
indique  exactement  les  phases  de  ce  dernier. 

Les  graphiques  obtenus  de  cette  façon  présentent  donc 
en  regard  :  la  courbe  du  courant  électrotonique,  le  tracé 
de  la  durée  du  courant  polarisant  et  celui  du  temps. 

Les  tigures  1,  â,  3  de  la  planche  I  représentent  trois  de 
ces  graphiques.  Les  échancrures  de  la  partie  inférieure  de 
chaque  ligure  correspondent  à  des  demi-secOndes.  Le  trait 
blanc  représente  l'ombre  du  style  du  signal  électro-magné- 


(88) 

tique  Dans  les  figures  A  et  B,  le  signal  présentait  le  défaut 
de  vibrer  quand  le  courant  cessait  de  passer,  d'où  est 
résulté  le  vague  dans  le  trait  blanc  à  ce  moment;  dans  la 
figure  Cy  nous  avons  remédié  à  cet  inconvénient,  le  trait 
est  aussi  net  à  la  fermeture  qu'à  Touverture  du  courant. 
Ajoutons  que,  dans  les  figures  A  et  B,  le  style  du  signal 
se  rapproche  de  Finscription  du  temps  quand  le  cou- 
rant de  polarisation  passe,  de  sorte  que,  pendant  toute  la 
durée  de  celui-ci,  le  trait  formé  par  le  signal  électrique  se 
trouve  au-dessous  de  celui  qu'il  donne  au  repos.  Dans  la 
figure  C,  le  passuge  du  courant  polarisant  est,  au  contraire, 
indiqué  par  le  fait  que  le  trait  blanc  se  rapproche  de  la 
courbe  de  Télectrotonus. 

Le  graphique  n""  1  représente  la  courbe  de  Vanéleclro' 
tonus  et  les  n*'  Set  3  celle  du  katélectrotonus.  Dans  le  pre- 
mier cas,  le  mercure  rentrait  dans  le  capillaire,  de  sorte 
que  la  lumière  venait  influencer  une  plus  grande  partie  du 
papier  sens^ible.  C'est  donc  la  limite  entre  la  partie  noircie 
qui  s'élève  ao-dessus  du  niveau  ordinaire  qu'il  faut  lire, 
tandis  que  pour  le  katélectrotonus  la  colonne  de  mercure 
étant  projetée  en  avant,  c'est  la  partie  du  graphique  qui 
se  trouve  enfoncée  dans  la  partie  noire  qu'il  faut  étudier. 

Dans  la  figure  1,  nous  voyons  que  le  courant  électroto- 
nique s'établit  rapidement; il  atteint  presque  son  maximum 
en  moins  d'un  quart  de  seconde.  La  courbe  qui  représente 
le  passage  au  maximum  forme  presque  un  angle  droit.  Le 
courant  s'établit  immédiatement,  ainsi  que  l'indique  l'as- 
cension brusque  de  la  courbe  à  la  fermeture.  Cependant, 
il  serait  possible  de  calculer  le  temps  perdu  et,  par 
suite,  la  vitesse  de  propagation  de  l'électrolonus,  en 
employant  des  nerfs  très  longs  et  eu  faisant  tourner  plus 
rapidement  le  cylindre  qui  porte  le  papier  sensible.  Dans 


(89) 

ia  figure  3,  par  exemple,  la  vitesse  est  déjà  notablement 
plos  grande  que  dans  la  figure  1,  et  sur  le  trait  S  qui 
indique  le  passage  du  courant  polarisant,  on  peut  élever, 
an  moyen  d'une  équerre,  au  point  qui  correspond  à  la  fer- 
metore  du  courant  polarisant,  une  droite  représentant 
eiactement  la  fente  par  laquelle  la  lumière  passe.  Cette 
droite  tombe  au  point  P.  On  voit  que  le  courant  nes'éta* 
Mil  qtt*un  peu  vers  la  droite  de  celle-ci.  il  n'est  pas  très 
facile  de  mesurer  une  aussi  petite  portion  du  graphique, 
parce  que  la  limite  entre  la  lumière  et  l'ombre  n'est  pas 
absolument  nette;  mais,  on  pourrait  considérablement 
agrandir  cet  espace  en  se  servant  de  plaques  sensibles  se 
mouvant  très  rapidement.  J'évalue  l'espace  à  droite  de  P 
à  environ  74  de  n^'llîinè^re.  La  vitesse  du  cylindre  étant 
de  45  millimètres  à  la  seconde  et  la  longueur  du  nerf  à 
parcourir  dans  le  cas  représenté  figure  C  étant  7,5  centi- 
mètres, la  vitesse  de  propagation  serait  de  IS"*,  5  à  la 
seconde,  ce  qui  correspond  exactement  au  chiffre  le  plus 
faible  donné  par  Tschirjew.  La  disparition  du  courant 
électrotonique  paraît  se  faire  immédiatement  sur  les 
courbes  des  figures  S  et  5,  mais  sur  la  figure  1  il  persiste 
encore  pendant  Vis  ^^  s>econde. 

Pour  apprécier  exactement  les  phénomènes  du  début  et 
delà  fin  de  l'électrotonus,  il  faudrait  employer  des  plaques 
rapides  se  mouvant  extrêmement  vite. 

Il  faudrait,  également,  répéter  les  expériences  en 
employant  des  vitesses  très  faibles,  afin  de  déterminer  la 
marche  delà  diminution  du  courant  électrotonique  signalée 
par  du  Bois-Reymond.  C'est  ce  que  nous  faisons  en  ce 
moment.  Nous  n'avons  pas  constaté  l'existence  de  la  varia- 
tion négative  signalée  par  plusieurs  auteurs. 


(90) 


EXPLICATION  DES  FIGURES. 

Les  tracés  se  lisent  dans  les  directions  des  flèches.  La  ligne  infé- 
rieure H  représente  le  temps  en  demi-secondes.  La  ligne  supérieure 
correspond  à  Textréroité  de  la  colonne  de  mercure  de  rélectromètrc. 
—  La  ligne  blanche  S  représente  Taiguille  du  signal  électro-magné- 
tique indiquant  le  passage  du  courant  polarisant. 

Fig.  i4.    C.  P  ss  courant  propre  du  nerf. 
Pm.  0  =  anélectrotonus. 

ab.  passage  du  courant  polarisant. 

Fig.  B,  mêmes  lettres  qu'à  la  Bgurc  précédente.  P.  M.  0.  katélec- 
trotonus. 

Fig.  C.  P  0  anélectrotonus.  —  Mêmes  lettres  qu'aux  figures  précé- 
dentes. Vitesse  du  cylindre  plus  grande. 


Sur  la  circulation  du  sang  dans  le  cercle  artériel  de 
Willis;  par  G.  Corin,  préparateur  de  physiologie  à 
rUoiversité  de  Liège. 

Les  conditions  de  la  circulation  du  sang  dans  le  cercle 
artériel  de  Willis  n'ont  jamais  fait  l'objet  d'une  élude  spé- 
ciale. 

Un  seul  auteur,  à  notre  connaissance,  Steiner(l),  ren- 
seigne une  valeur  absolue  de  pression  prise  dans  le  i)out 
périphérique  de  la  carotide. 

Quant  aux  modiflcalions  que  cette  pression  subit  sous 
rinfluence  d'oblitérations  plus  ou  moins  étendues  des 
artères  afférentes  du  cercle  de  Willis,  quant  au  retard  que 
peut  subir  la  propagation  de  l'onde  pulsatîle  dans  le  canal 


(1)  Steinee.   Grundrùê  der  Physiologie  des  Mensoften;   zweiie 
Jufiage.  Leipzig,  1885. 


/ 


%  / 


•  • 


Fic,.2. 


W 


Fia  3. 


hiscnptwn  phot(xjmphi(fnc  de  l'ELedfvtouus. 


(91) 

irrégulier  coDSlitué  par  les  carotides  el  le  cercle  artériel, 
nous n'avoos  trouvé  à  ce  sujet  aucun  renseignement. 

La  question  a  cependant  de  Timportance,  puisque  la 
laieor  des  expériences  de  Schiff,  de  Kussmaul  et  Tenner 
sur  raoéaiic  expérimentale  du  cerveau,  la  théorie  ciii- 
nique  de  la  respiration  émise  par  Rosenthai  et  admise 
aDJourd*huî  par  la  plupart  des  physiologistes,  ont  été 
reiii»es  en  question  de  différents  côtés  dans  ces  derniers 
temps  (Mosso,  Hoppe  Seyler,  Herter,  Marckwald)  (1). 

Labsence  de  modifications  du  rhylhme  respiratoire  à  la 
suite  de  la  ligature  d'une  ou  de  deux  carotides  a  été 
invoquée  contre  la  théorie  de  Rosenthai,  qui  admet  une 
corrélation  étroite  entre  le  fonctionnement  des  centres 
respiratoires  et  les  conditions  de  la  circulation  encépha- 
lique. On  admettait  a  priori  que  la  ligature  des  carotides 
devait  amener  une  baisse  considérable  de  pression  dans  le 
cercle  artériel  de  Willis. 

Nos  expériences  ont  eu  principalement  pour  but  de 
vérifier  l'exactitude  de  cette  assertion. 

Steiner  attribue  à  la  pression  artérielle  dans  le  cercle  de 
Willis  du  chien  une  valeur  beaucoup  plus  élevée  (156  mil- 
limètres de  mercure)  que  celle  trouvée  par  nous.  Nous 
avons  vu,  il  est  vrai,  cette  valeur  atteindre  quelquefois 
130  millimètres;  mais  dans  la  grande  majorité  des  cas,  elle 
o*est  que  de  80  à  90  millimètres,  quelquefois  même  de 
60  millimètres,  alors  que  la  pression  dans  le  bout  central 
de  la  carotide  oscille  entre  120  et  180  millimètres  de  mer- 
aire.  La  valeur  de  la  pression  dans  le  bout  périphérique 
renseignée  par  Steiner  serait  donc  égale  à  la  moyenne  de 


(I)  Die  aihembewegungen  und  deren  innervation  beim  Kaninchen. 
ZeiUdirin  fur  Biologie,  Bd.  XXIII,  N.  F,  Bd.  V,  1886. 


(92) 

la  pression  que  nous  avons  trouvée  dans  le  bout  central  de 
la  carotide. 

La  déperdition  de  pression  causée  par  le  maintien  de 
l'ouverture  des  branches  externes  de  la  carotide  est  d'ail- 
leurs très  faible.  Sous  Tinfluence  de  leur  fermeture,  la 
pression  n*augrrenie  que  5  à  7  millimètres  de  mercure. 

Los  branches  afférentes  du  cercle  de  Willis  sont  les  deux 
carotides  internes  et  les  deux  vertébrales.  La  fermeture 
de  Tune  d'elles  doit  avoir  a  priori  pour  effet  de  faire 
baisser  la  pression  dans  le  cercle  de  Willis  et  la  fermeture 
de  (rois  d'entre  elles;  la  quatrième,  une  des  carotides,  par 
exemple,  étant  reliée  au  manomètre,  doit  amener  la  pres- 
sion au  zéro,  à  moins  qu'il  n'existe  des  branches  collaté- 
rales autres  que  les  vertébrales  et  les  carotides. 

Ces  branches  collatérales  supplémentaires  existent  très 
certainement  chez  tous  les  animaux  de  laboratoire,  car 
jamais  la  pression  dans  le  cercle  de  Willis  n'arrive  au  zéro 
sous  l'influence  de  la  fermeture  des  quatre  branches  affé- 
rentes principales. 

Mais  leur  développement  n'est  pas  le  même  chez  tous 
les  animaux,  et  cela  explique  pourquoi  l'expérience  de 
Kussmaul  et  Tenner,  qui  consiste  à  provoquer  l'asphyxie 
chez  le  lapin  par  la  fermeture  des  vertébrales  et  des  caro- 
tides, ne  réussit  pas  dans  tous  les  cas,  et  pourquoi  elle  ne 
réussit  qu'exceptionnellement  chez  le  chien. 

Tout  au  moins  devrait-il  se  produire  chez  ce  dernier 
une  dyspnée  plus  ou  moins  accentuée  sous  l'influence  de 
cette  occlusion.  C'est  ce  qui  arrive  à  la  vérité  dans  quel- 
ques cas,  mais  cette  dyspnée  est  passagère,  et  dans  la 
grande  majorité  des  cas  elle  n'existe  pas  du  tout. 

Dans  la  théorie  de  Rosenthal,  cette  anomalie  apparente 
devrait  être  évidemment  justifiée  par  un  maintien  de  la 
pression  à  son  niveau  primitif.  C'est  ce  que  nous  avons 
cherché  à  vérifier. 


Si  chez  un  chien  on  isole  soigneusement  les  deux  caro- 
tides et  les  deux  vertébrales^  si  on  ligature  les  branches 
eilenies  d*une  des  carotides  et  qu*on  mette  le  bout  péri- 
phérique de  Tartère  ainsi  préparée  en  rapport  avec  un 
naocmètre  à  mesurci  on  obtient  la  pression  dans  le  cercle 
deWillis.  Si  maintenant  Ton  comprime  successivement  ou 
sinoltanémenl  les  trois  autres  branches  afférentes  acces- 
sibles, on  8*altend  à  voir  la  pression  diminuer  d'une  cer- 
taine quantité. 

MaiSy  chose  remarquable,  cette  baisse  de  pression  dans 
la  plupart  des  cas  n'est  que  momentanée;  bientôt  la  pres- 
sion se  relève  jusqu*à  revenir  à  peu  près  à  son  niveau  pri- 
mitif. 

Cette  régulation  est  d'autant  plus  parfaite  et  d'autant 
Hqs  rapide  que  Panimal  a  été  soumis  un  plus  grand  nombre 
lie  fois  à  la  même  expérience,  d'autant  plus  aussi  qu'on  a 
laissé  plus  de  branches  afférentes  un  peu  considérables 
libres  de  compression. 

Il  arrive  même  que  la  pression  devient  plus  grande 
après  qu'avant  là  fermeture  de  l'une  des  branches  affé- 
rentes, et  dans  certains  cas  nous  avons  vu  cette  pression 
augmenter  immédiatement  après  la  fermeture^  de  façon  à 
dépasser  d^emblée  et  de  beaucoup  le  niveau  primitif. 

Ne  pouvant  consigner  ici  graphiquement  nos  résultats, 
nous  allons  résumer  quatre  expériences  qui  peuvent  servir 
«le  types. 

Noos  écarterons  dès  l'abord  les  expériences  où  nous 
avoos  obtenu  une  baisse  de  pression  durable  par  la  ferme- 
tore  d'un  ou  de  plusieurs  canaux  afférents  du  cercle  de 
Willis,  les  animaux  de  ce  genre  rentrant  en  somme  dans 
la  catégorie  de  ceux  chez  qui  réussit  l'expérience  de 
Kossmaul  et  Tenner.  Nous  n'avons  d'ailleurs  obtenu  ce 
résultat  qu'une  fois  dans  quinze  expériences. 


(.94) 

Type  I.  —  54  mars  4887. 

Chien  ro&le  n*  VIII;  40  centigrammes  de  morphine,  chloroforme. 

Les  branches  externes  de  la  carotide  droite  sont  liées,  et  un  mano^ 
mètre  introduit  dans  le  bout  périphérique. 

Pression  :  60  millimètres  de  mercure. 

On  comprime  la  carotide  gauche;  la  pression  baisse  de  3  centi- 
mètres, puis  remonte  légèrement  (0>",005  en  50  secondes).  On  corn- 
prfme  la  vertébrale  gauche  ;  la  pression  n^est  pas  modifiée;  on 
comprime  la  vertébrale  droite  ;  la  pression  baisse  de  4  centimètre, 
puis  tend  à  remonter.  On  ouvre  la  carotide  droite,  la  pression 
remonte  brusquement  a  la  normale.  On  ouvre  les  vertébrales,  la 
pression  n'est  pas  modifiée. 

La  compression  des  vertébrales  seules  ne  produit  pas  d'effet  Cette 
compression  persistant,  si  Ton  ferme  la  carotide  gauche,  la  pression 
baisse  du  coup  de  3  centimètres  et  n'a  que  peu  de  tendance  à 
remonter. 

Pression  dans  le  bout  central  de  la  carotide  :  430  millimètres  de 
mercure. 

Type  II.  —  4i  avril  4887. 

Chien  m&le  n<»XII;  40  centigrammes  de  morphine,  chloroforme. 

Les  branches  externes  de  la  carotide  gauche  sont  fermées.  Mano- 
mètre dans  le  bout  périphérique. 

Pression  :  iiO  millimètres  de  mercure. 

On  comprime  la  carotide  dioite;  la  pression  baisse  de  40  milli- 
mètres ;  puis,  en  50  secondes,  remonte  de  façon  à  n'être  plus  qu'à 
1  centimètre  sous  la  normale.  On  ferme  alors  la  vertébrale  gauche, 
puis  la  droite,  sans  que  la  pression  soit  modifiée.  On  ouvre  la  caro- 
tide droite  et  le  niveau  redevient  normal. 

Il  n'est  plus  influencé  par  l'ouverture  des  vertébrales. 

1^  fermeture  des  vertébrales,  la  carotide  droite  restant  ouverte, 
n'influence  en  rien  la  pression.  La  fermeture  des  carotides,  les  verté- 
brales étant  comprimées,  produit  une  baisse  de  pression  de  i  centi- 
mètres; puis  la  pression  tend  à  se  relever  légèrement. 

Pression  dans  le  bout  central  :  180  millimètres  de  mercure. 


r 


(95) 


Type  111.  —  22  mars  1887. 

Chien  mâle  n*  Il  ;  40  ccnlîgramoies  de  morphine,  chloroforme. 

La  jiressîon  dans  le  eercle  de  WîUis,  prise  par  la  carotide  gauche, 
est  de  80  millimètres  de  mercure. 

Oo  ferme  la  earotide  droite;  ia  pression  baisse  de  iO  millimètres, 
fms  rcmonle  et,  an  bout  de  25  secondes,  est  revenue  à  la  normale. 
Od  oaTre;  pas  de  modifîca lions.  On  ferme  la  carotide,  la  pression 
ittîaaede  5  millimètres,  puis  remonte  et,  au  bout  de  12  secondes, 
dépasse  la  normale  de  5  roillimèlres  et  se  maintient  à  ce  niveau.  On 
leme  la  vertébrale  gauche,  la  pression  baisse  de  iO  millimètres,  puis 
remonte  à  la  normale  en  20  secondes.  On  ferme  alors  la  vertébrale 
droite,  la  pression  baisse  de  25  millimètres  et,  pendant  90  secondes 
environ,  ne  parvient  à  remonter  que  de  iO  millimètres. 

Pression  dans  le  bout  périphérique  :  i  60  millimètres  de  mercure. 

Koos  n^aYons  pas  la  prétention  d'établir  ici  trois  types 
iovariables. 

Il  existe,  comme  on  peut  le  voir,  des  transitions  d'un 
type  i  Tautre,  et,  d'ailleurs,  tel  chien  qui,  au  début  d'une 
expérience,  ne  possédait  qu'une  régulation  imparfaite 
comme  le  type  I,  montrait  à  Ja  fin  une  régulation  tout 
aossi  parfaite  que  le  type  III.  Il  est  donc  vraisemblable 
que  cette  régulation  dépend,  au  moins  en  partie,  du  cali- 
bre des  voies  collatérales,  el  que  celui-ci  devient  assez 
grand  au  bout  de  quelques  expériences,  sous  l'influence 
de  l'augmentation  de  pression  centrale  qui  résulte  de  la 
fermeture  d'une  des  branches  afl'érentes,  pour  permettre 
à  ia  pression  de  se  relever  dans  le  cercle  de  Willis.  C'est 
par  des  transitions  également  que  l'on  arrive  au  type  de 
relation  que  nous  allons  décrire. 


(96) 


Type  IV.  —  28  mars  4887. 

Chien  mftie  n«  V;  40  centigrammes  de  morphine,  chloroforme. 

Pression  dans  le  bout  périphérique  de  la  carotide  gauche  :  90  mil- 
limètres; après  fermeture  des  branches  externes  de  la  carotide  : 
97  milimctros. 

On  ferme  la  carotide  droite;  la  pression  baisse  de  35  millimètres, 
puis  remonte  rapidement  vers  la  normale;  après  39  secondes,  elle 
n*en  est  plus  éloignée  que  de  tt  millimètres. 

On  ouvre  la  carotide  droite;  la  pression  remonte  de  7  millimètres, 
puis  baisse  et  revient  à  la  normale.  Nous  répétons  la  même  expé- 
rience avec  les  mêmes  résultats,  plus  accentués  L*animal  est  laissé 
tranquille  pendant  5  minutes;  puis  nous  fermons  la  carotide  droite. 
La  pression  augmente  rapidement  et,  au  bout  de  iO  secondes,  est  à 
20  millimètres  au-dessus  de  la  normale.  Nous  ouvrons  alors  la  carotide 
droite  ;  la  pression  baisse  graduellement  et  revient  à  la  normale  en 
30 secondes.  Une  nouvelle  tentative  donne  le  même  résultat;  une 
troisième  aussi;  seulement,  la  baisse  de  pression  que  nous  avions 
constatée  à  Touverturc  est  précédée  d'une  légère  ascension  et,  d'une 
façon  générale,  se  fait  beaucoup  plus  rapidement. 

Cette  régulation  paradoxale  s'accentue  de  plus  en  plus  et,  au  bout 
de  â  m'uutes,  rocclusion  de  la  carotide  droite  produit  dans  le  cercle 
de  Wlllis  une  augmentation  de  pression  de  40  millimètres, 

La  carotide  droite  étant  ouverte,  Tocclusion  des  vertébrales  donne 
une  légère  baisse  de  pression  (iO  millimètres)  et,  cette  occlusion  se 
maintenant,  si  nous  comprimons  la  carotide  droite,  Taugmentation  de 
pression  ne  se  produit  plus,  mais  est  au  contraire  remplacée  par  une 
baisse  de  20  millimètres.  La  pression  tend  cependant  à  remonter  et, 
après  20  secondes,  elle  Ta  fait  de  40  millimètres.  Nous  ouvrons  alors 
les  vertébrales  ;  la  pression  monte  de  25  millimètres  ;  nous  ouvrons 
la  carotide  droite  ;  la  pression  baisse  rapidement  et,  en  iO  secondes, 
est  arrivée  à  20  millimètres  au-dessous  du  niveau  qu'elle  occupait 
avant  l'ouverture,  puis  elle  remonte  un  peu  pendant  une  minute. 

Nous  fermons  la  carotide  droite  et  la  pression  remonte  de  30  mil- 
limètre et  se  maintient  à  ce  niveau. 

Pression  dans  le  bout  central  :  14  millimètres  de  mercure. 


r 


(  97  ) 

Noos  n'avons  pu  obtenir  ce  singulier  phénomène  dans 
loole  sa  pureté  que  chez  deux  chiens  intacts;  nous  voyons 
d*ailleon$  que  celle  régulalion  paradoxale  nVst  que  l'exa- 
gération  de  celle  que  nous  avons  conslatée  à  la  fin  chez 
le$  trois  premiers  types,  et  qui  s'est  montrée  au  début  chez 
le  type  IV. 

A  quoi  tient  cette  régulation?  Nous  devons  dire  tout 
d'abord  que  chez  des  chiens  à  pneumogastriques  coupés, 
qai  oe  présentaient  avant  celte  opération  qu'une  régulation 
imparfaite  comme  celle  du  type  I,  nous  avons  observé  une 
fois  la  régulation  du  type  1(1,  une  autre  fois  celle  de  type  IV. 

Chez  tous  les  chiens,  d'ailleurs,  le  manomètre  introduit 
daDS  le  bout  central  de  la  carotide  montre  que,  sous  Tin- 
floence  de  rocclusion  d'une  branche  considérable  telle  que 
la  carotide  de  l'autre  côté,  la  pression  augmente  considé- 
rablement (40  millimètres),  que  les  vertébrales  soient  liées 
OD  non.  Cette  augmentation  est  tout  aussi  durable  que  celle 
que  Ton  obtient  dans  les  mêmes  conditions  si  l'on  explore 
la  pression  dans  le  cercle  de  Willis  des  chiens  du  type  IV. 
La  fermeture  de  branches  moins  déjreloppées,  celle  des 
vertébrales,  par  exemple,  n'a  que  peu  ou  point  d'influence 
»ar  la  pression  dans  le  bout  central  de  la  carotide. 

En  même  temps  que  cette  augmentation  de  pression, on 
obsene  une  accélération, assez  faible,  il  est  vrai,  des  batte- 

» 

ments  cardiaques  (117  pulsations  à  la  minute  au  lieu  de 
105). 

La  régulation  de  la  pression  dans  le  cercle  de  Willis 
dépend  donc  bien  certainement  de  l'augmentation  de 
pression  qui  se  produit  en  amont  du  point  observé  du 
vaisseau  afférent. 

Si  ce  vaisseau  est  la  carotide,  cette  augmentation  est 
considérable  et  peut  dans  certains  cas  dépasser  la  quantité 

3**  SÉRIE,  TOME  XIV.  7 


(98) 

exigée  par  une  compensation  parraite;  si  c'est  la  vertébrale, 
elle  est  faible  ou  nulle. 

Si  les  voies  collatérales  restées  perméables  sont  assez 
larges,  la  pression  dans  le  cercle  de  Willis  pourra,  soit  res- 
ter la  même,  soit  devenir  plus  forle  qu'auparavant.  Si  ces 
voies  ne  sont  pas  suffisamment  étendues,  la  pression  bais- 
sera dans  le  cercle  de  Willis.  Mais  dans  la  grande  majorité 
des  cas,  la  dilatation  qui  se  produit  dans  les  voies  collaté- 
rales par  la  répétition  ou  la  prolongation  de  Texpérience, 
sera  grande  assez  pour  que  la  pression  ne  baisse  plus 
dans  la  suite  sous  l'influence  de  la  fermeture  de  la  caro- 
tide. 

Quand  l'augmentation  de  pression  dans  le  bout  central 
de  la  carotide  est  plus  forte  que  ne  le  ferait  supposer  la 
fermeture  de  la  carotide  du  côté  opposé,  et  que  cette 
augmentation  se  maintient  quelques  secondes  après  la 
réouverture  de  cette  même  carotide,  on  observe,  préala- 
blement à  la  chute  de  la  pression  dans  le  cercle  de  Willis, 
une  augmentation  passagère. 

Nous  ignorons  encore  à  quoi  peut  être  due  l'augmen- 
tation de  pression  si  considérable  dans  la  régulation  para- 
doxale du  lY.  Peut-être  faut-il  la  rattacher  à  la  légère 
augmentation  du  nombre  des  pulsations  que  nous  avons 
constatée  sous  l'influence  de  la  fermeture  de  la  carotide. 

Ces  résultats  expliquent  évidemment  pourquoi,  en  admet- 
tant la  théorie  de  Rosenlhal,  l'expérience  de  Kussmaul  et 
Tenner  ne  réussit  le  plus  souvent  pas  chez  le  chien. 

La  vitesse  de  la  propagation  de  Tonde  pulsatile  doit 
être  beaucoup  moindre  dans  le  canal  irrégulier  formé  par 
la  carotide  d'un  côté,  le  cercle  de  Willis  et  la  carotide  de 
Tautre  côté,  que  dans  les  autres  artères  du  corps  où  le 
calibre  va  en  diminuant  régulièrement.  Chez  les  grands 


r 


(99) 

chiens  qui  nous  servent  au  laboratoire,  la  circonférence 
moyenne  intérieure  des  carotides  à  la  région  cervicale  est 
de  1  centimètre,  celle  des  communicantes  antérieures  du 
cercle  de  Wiliis  de  3  millimètres,  celle  des  fémorales  de 
<5  millimètres. 

Liotercalation  entre  deux  artères  aussi  volumineuses 
qoe  les  carotides  d'un  canal  aussi  étroit  que  le  cercle  de 
Wiliis,  doit  augmenter  considérablement  les  résistances. 
Le  fait  seul  qu'il  est  pour  ainsi  dire  impossible  d'obtenir 
QD  tracé  sphygmographique  du  bout  périphérique  de  la 
carotide,  montrant  nettement  le  dicrotisme,  suffirait  déjà  à 
le  démontrer. 

Le  tracé  ci-joint  montre  que  le  retard  éprouvé  par  l'on- 
dée sangnine  pour  se  propager  de  l'aorte  à  travers  le 
eeftie  de  Wiliis,  est  égal  à  celui  qu'elle  éprouve  pour  arri- 
ver à  la  fémorale. 

Chez  le  chien  sur  lequel  ce  graphique  a  été  obtenu,  la 
distance  de  la  fémorale  à  la  crosse  aortique  était  de 
S5  centimètres;  celle  de  la  crosse  au  bout  central  de  la 
carotide  de  15  centimètres  ;  celle  de  la  crosse  à  la  base 
do  crine  de  30  centimètres  ;  de  la  base  du  crâne  au  cercle 
de  Wiliis,  de  25  centimètres;  entre  les  deux  carotides  dans 
le  cercle  de  Wiliis,  1  centimètre;  de  la  base  du  crâne  au 
iMHit  périphérique  de  la  carotide,  6  centimètres.  Il  en 
résulte  que  la  distance  â  parcourir  par  l'ondée  sanguine 
poor  arriver  aux  sphygmoscopes  pisrcés  dans  le  bout  péri- 
phérique de  la  carotide  et  le  bout  central  de  la  fémorale, 
était  respectivement  de  29  et  de  40  centimètres  plus 
grande  que  celle  qu'elle  devait  parcourir  pour  arriver  au 
sphjgmoscope  placé  dans  le  bout  central  de  la  carotide. 
Pour  parcourir  ces  distances,  elle  a  mis  de  4  à  5  cen- 
tièmes de  seconde. 
La  vitesse  était  donc  : 


(  «00  ) 

De  la  crosse  à  la  fémorale 

40  X  iOO 


4.5 


=  8»88. 


De  la  crosse  au  bout  périphérique  de  la  carotide  par  le 
cercle  de  Willis 

29  X  100 


4.5 


=  6"»44. 


Nouvelles  recherches  sur  le  spectre  du  carbone;  par 

Charles  Fievez. 

Quoique  le  spectre  du  carbone  se  trouve  parmi  les 
spectres  les  plus  étudiés  par  les  chimistes  et  les  pbysi- 
ciensy  les  opinions  sont  encore  divisées  sur  sa  nature,  les 
uns  attribuant  au  carbone  un  spectre  spécial^  différent  de 
celui  de  ses  composés  hydrogénés,  et  les  autres  considérant 
le  spectre  des  composés  hydrogénés  du  carbone  comme 
celui  de  cet  élément. 

Il  en  résulte  que  le  spectre  des  comètes  (identique  au 
spectre  des  flammes  bydrocarbonées)  et  les  spectres  de  cer- 
taines (1)  étoiles,  peuvent  être  considérés  comme  indiquant 
la  présence  soit  du  carbone  seul,  soit  des  composés  hydro- 
génés de  cet  élément. 

Bien  que  les  expériences  citées  par  les  observateurs  à 
l'appui  de  leurs  conclusions  semblent  à  Tabri  de  toute 
critique,  la  divergence  de  ces  conclusions  permet  cepen- 
dant de  croire  que  certains  faits  ont  été  mal  interprétés. 

Aussi  nos  recherches  ont-elles  été  entreprises,  non  pour 

(I)  DÛNBR,  Sur  les  étoiles  à  spectres  de  la  troisième  classe,  p.  122; 
1884.  Académie  des  sciences  de  Suède. 


.••  •     ••  *  .  » 


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(  101  ) 

vérifier  celles  des  savants  qui  se  sont  occupés  de  la  ques- 
tion, mais  plutôt  pour  examiner  la  valeur  des  conclusions 
tirées  des  Taits  observés. 
Elles  ont  porté  sur  trois  points  controversés,  savoir  : 

a)  Le  carbone  a-t-il  un  spectre  différent  de  celui  de  ses 
composés  hydrogénés? 

b)  Ijes  composés  hydrogénés  du  carbone  ont-ils  un 
spectre  spécial,  différent  de  celui  du  carbone  pur? 

c)  Le  carbone  possède-t-il  plusieurs  spectres  distincts? 
D'après  AngstrSiH  (1)  et  Huggins  (2),  le  carbone  exige 

one  décharge  électrique  disruptive  pour  amener  la  produc- 
tion de  son  spectre  réel,  presque  semblable  à  celui  de 
l'hydrogène,  et  caractérisé  par  la  présence  d*une  forte  raie 
ronge  un  peu  moins  réfrangible  que  la  raie  C. 

L'arc  Tollaïque  ne  donne  pas,  selon  Ângstrôm,  le  spectre 
propre  du  carbone,  mais. seulement  ceux  des  carbures 
dliydrogène  et  du  cyanogène. 

Les  ex|)ériences  de  Piazzi  Smyth  (3)  confirment  celles 
iTAngstrôm  et  de  Huggins.  Un  spectre,  consistant  princi- 
palement en  une  double  raie  rouge  située  près  de  la  raie 
C  de  rhydrogène,  a  été  observé  par  ce  savant  en  faisant 
éclater  une  étincelle  condensée  entre  deux  électrodes  de 
carbone. 

Cette  expérience  peut  être  aisément  répétée  en  observant 


(1)  AliasTftÔM.  Recherches  sur  le  spectre  solaire,  p.  58,  1868.  — 
Beekerckes  sur  les  spectres  des  métallMes,  Nova  Âcta  Upsaliensis, 
IS75. 

(i)  RuociHS.  On  the  spectrn  ofsotne  of  the  stars  and  nebulae.  Philo- 
sopfaical  Transactions,  vol.  tK8,  p.  1555. 

(3)  PiAZZi  Smtth.  Carbon  and  carbohydrogcn  fpectra,  Philosoph. 
Magazine,  5*  série,  vol.  8,  p.  1 17. 


<  102  ) 

dans  Tair  le  spectre  cfune  forle  étincelle  électrique  (i) 
éclatant  entre  deux  électrodes  de  charbon  (tels  que  ceux 
employés  pour  la  lumière  électrique)  de  3  millimètres  de 
diamètre,  terminées  en  pointe  et  distantes  l'une  de  Tautre 
de  3  à  4  millimètres. 

Le  spectre,  observé  avec  un  spectroscope  d*une  disper- 
sion équivalente  à  six  prismes  de  flint,  est  alors  constitué 
par  deux  raies  rouges  très  brillantes,  très  voisines  Tune  de 
Tautre  et  très  proches  de  la  raie  C,  deux  raies  brillantes 
dans  Torangé,  et  un  grand  nombre  de  raies  dans  le  vert. 

Si  Ton  dispose  Texpérience  de  manière  à  faire  passer 
rétincelle  entre  les  électrodes  de  carbone  placées  dans 
rhydrogène,  à  la  pression  de  700  à  1000  millimètres,  on 
remarque,  avec  Huggins,  qu'une  seule  des  deux  raies 
rouges  est  visible,  les  autres  raies  ayant  disparu. 

On  constate  encore  qu'une  seule  des  deux  raies  rouges 
est  visible,  en  plaçant  les  deux  électrodes  de  carbone  dans 
une  flamme  d*bydrogène  brûlant  à  l'air  libre  (on  observe 
de  plus  l'apparition  des  bandes  carbonées).  Mais,en  plaçant 
les  deux  électrodes  dans  l'air  très  raréfié  (pression  40  mil- 
limètres) et  desséché,  on  observe,  par  contre,  la  disparition 
totale  des  deux  raies  rouges,  quelle  que  soit  C énergie  de 
rétincelle  électrique,  ce  qui  semble  indiquer  qu'aucune  de 
ces  deux  raies  n'appartient  au  spectre  du  carbone. 

Remplaçant  alors  les  électrodes  de  carbone  par  des  fils 
d'aluminium  et  opérant  à  Taîr  libre,  on  reconnaît  que  le 
s|)ectre,  observé  dans  ces  conditions,  est  absolument  sem- 
blable, sauf  une  raie  rouge,  au  spectre  de  rétincelle  éclatant 
entre  les  deux  électrodes  de  carbone,  c'est-à-dire  constitué 
par  une  raie  rouge  très  brillante,  deux  raies  dans  l'orangé 
et  un  grand  nombre  de  raies  dans  le  vert.  £n  superposant 

(I)  Produite  par  une  bubine  munie  d*un  grand  condensateur. 


(  «03) 

le  spectre  solaire,  on  8*assore  que  la  raie  rouge  coïncide 
fxaclement  avec  la  raie  C  de  Thydrogèoe. 

Cette  expérioDce  démontre  que  toutes  les  raies,  sauf 
aoe,  du  spectre  présumé  du  carbone,  sont  étrangères  au 
spectre  réel  de  cet  élément. 

Il  s'agit  maintenant  de  déterminer  l'origine  de  la  seconde 
raie  rouge. 

A  celte  fin,  on  observe  le  spectre  de  rétincelle  éclatant 
i  Pair  libre  entre  deux  électrodes  de  carbone  de  1  milli- 
mètre de  dhmèire^  en  ëuperposani  ce  spectre  sur  te  spectre 
solaire^  et  on  constate  que  Tespace  obscur  séparant  les 
deux  nies  rouges  coïncide  exactement  avec  la  raie  noire  C 
do  spectre  solaire. 

Et,  par  un  examen  attentif,  on  acquiert  la  certitude  que 
les  deux  raies  rouges,  séparées  par  un  espace  obscur,  con- 
stituent dans  leur  ensemble  le  renversement  de  la  raie 
rouge  de  Thydrogèue,  renversement  formé  par  une  raie 
Doire  au  milieu  d'une  raie  brillante  très  élargie,  c*est-à- 
dire  présentant  la  même  apparence  que  deux  raies  bril- 
hntes  très  proches  séparées  par  un  espace  noir. 

Cette  dernière  expérience  n*est  pas  sans  présenter 
quelques  difficultés  d*observation,  à  cause  des  change- 
ments de  rérrangibilité  qui  se  produisent  sous  Tinfluence 
de  rétincelle  d'induction. 

Aussi,  pour  toute  certitude,  j'ai  employé  successivement 
des  spectroscopes  de  construction  difléren te,  notamment 
le  spectroscope  à  demi-prismes  de  Christie  et  le  speclro- 
8C0|je  i  réversion  de  Young,  en  disposant  les  électrodes  de 
carbone  tantôt  suivant  la  longueur  de  la  fente  des  spec- 
troscopes,  tantôt  transversalement  à  cette  longueur,  en 
employant  la  méthode  de  projection,  c'est-à-dire  en  pro- 
jetant sur  la  fente  du  spectroscope,  au  moyen  d'un  objec- 
tif, une  image  des  électrodes  et  de  l'étincelle. 


(  104  ) 

Je  crois  donc  pouvoir  conclure  que  le  spectre  spécial 
attribué  au  carbone  n'appartient  pas  à  cet  élément  chimique. 

Examinons  maintenant  les  raisons  qui  s'opposent  à 
considérer  le  spectre  des  composés  hydrogénés  du  carbone 
comme  le  spectre  du  carbone  pur. 

Swan  (i),  en  1856,  avait  déjà  remarqué  que  les  raies 
brillantes  du  spectre  d'un  hydrocarbure  sont  identiques 
aux  raies  similaires  du  spectre  d*un  oxycarbure,  Féclat 
des  raies  variant  avec  la  proportion  de  carbone  brûlé,  et  le 
nombrpdes  raies  avec  l'intensité  lumineuse. 

Ensuite,  Allfield  (2)  avait  conclu  que  ce  spectre  est 
celui  du  carbone,  puisqu'il  peut  être  observé  dans  tous  les 
composés  du  carbone,  quelles  que  soient  les  forces  élec- 
triques ou  chimiques  qui  en  déterminent  Tincandescence. 

c  Si  c'est  bien  la  vapeur  du  carbone  qui  est  en  jeu,  dit 
Morren,  on  doit  toujours  rencontrer  le  même  spectre 
lorsqu'on  rend  libre  le  carbone  par  la  décomposition  d'un 
composé  où  il  entre  comme  élément,  quel  que  soit  d'ailleurs 
le  corps  auquel  il  est  uni  (3).  » 

Dibbits  (4),  Lielcgg  (5),  Lockyer  (6),  partagent  aussi 


(I)  Swan.  On  Ihe  prismatic  spectra  ofiheflame  of  compaundt  of 
Carbon  and  hydrogen,  Edinburgh  Philos.  Trans.,  t.  XXI,  p.  411. 

(3)  Attfield.  On  Ihe  spectrum  of  carbon.  Philos.  Traos.,  vol.  1S3, 
p.  2ât. 

(5)  MoRKBN.  De  la  flamme  de  quelques  gaz  carbures  Annales  de 
chimie  et  de  physique,  1865,  p.  305. 

(i)  Dibbits.  Ueber  die  Spectra  der  Flammen  einiger  Gaz.  Poggen- 
dorfs  Annalen,  tome  CXXII,  p.  497. 

(5)  LifiLEGG.  Contributions  to  Ihe  knowledge,  etc.  Philos.  Magazine, 
4«  série,  l.  XXXVII.  p.  308. 

(6)  Loc&TBR.  ^lote  on  the  spectrum  of  carbon,  Proceedings  Roy. 
Soc.,  vol.  30,  p.  335. 


r 


(  *os  ) 

oeUe  opioion,  en  $*appuyan(  sur  Téclal  avec  lequel  ce 
spectre  se  développe  lorsque  le  cyanogèoe  est  brûlé  dans 
foijgèoe,  et  lorsque  Félincelle  électrique  passe  dans  le 
CTaoogène»  le  tétrachloride  de  carbone,  Toxyde  carbonique 
i  haute  pression,  tous  ces  gaz  étant  desséchés  avec  le  plus 
gnnd  soin. 

Mais  d'autre  part,  Plûcker  (I)  aiSrme  que  les  conoposés 
do  carbone  peuvent  donner  naissance  à  des  spectres  appar- 
leoaut  à  quatre  types  différents;  Angstiôra  et  Thalèn  (2) 
M>oliennent  que  le  spectre  des  oxycarbures  est  différent  de 
eelui  des  hydrocarbures  et  que  le  spectre  à  bandes,  tel 
i)Q*îl  est  observé  dans  Tare  vollaïque,  appartient  aux  car- 
bures d'hydrogène  et  au  cyanogène;  Hasselberg  (3)  con- 
dot  que  le  spectre  de  tous  les  composés  bydrocarbonés  se 
rapporte  avec  une  grande  probabilité  à  celui  de  Tacétylène. 

Eolin  Liveîng,  Dewaar  (4)  et  Piazzi  Smylh  (5),  arrivent 
aux  conclusions  d'Angslrôni  en  s'appuyant  sur  le  Tait  que 
le  spectre  à  bandes  est  toujours  bien  développé  dans  les 
circonstances  où  Ion  sait  qu(;  les  hydrocarbures  sont  pré- 
scDtSy  et  sur  Timpossibililé d'exclure  toute  trace  d^hnmidité, 
par  conséquent  toute  trace  d'hydrogène,  dans  les  autres 
cas. 

Oo  voit  par  cet  exposé  que  la  raison  principale  qui 


[i)  Plôckib.  On  the  spectra  of  igniled  gazes.  Pbilosoph.  Trans.» 
I86S,  Tol.  455,  p.  t. 
(3)  Amgstbôii.  ReeftercheM  sur  le  spectre  solaire,  1 808. 

(3)  H  ASSELMERG.  Uebtr  die  spectra  der  Cornet  en,  1880. 

(4)  LiTimo  et  Dbwaak.  On  the  spectra  ofthe  compounds  of  carbon. 
Proeeedings  Roy.  Soc.,  vol.  30,  p.  i5â. 

(5)  Puni  Smttb.  âticrometrical  measwes  of  gascons  spectra.  Tran- 
sactions. Aoy.  Edinborgh  Soc,  vol.  53. 


(  i06  ) 

s'oppose  à  considérer  le  spectre  des  composés  bydro* 
gênés  du  carbone  comme  étant  celui  du  carbone  pur, 
consiste  dans  Timpossibilité  d'éliminer  toute  trace  d'hy- 
drogène des  corps  et  des  appareils  employés  dans  les 
recherches. 

Je  crois  cependant  qu'il  est  un  appareil  qui,  plus  que 
tout  autre,  par  les  nécessités  de  son  emploi,  satisfait  en 
partie  à  cette  condition  :  c'est  la  lampe  à  incandescence  à 
lilament  de  charbon,  car  les  gaz  occlus  dans  ce  filaqient 
sont  éliminés  en  portant  celui-ci  à  l'incandescence,  pendant 
qu'un  vide  aussi  parfait  que  possible  est  déterminé  dans 
l'appareil. 

Pour  étudier  le  spectre  du  carbone  dans  des  lampes 
ainsi  construites,  il  faut  pouvoir  observer  VignUion  instan- 
tanée du  filament  [lorsqu'il  est  traversé  par  un  courant 
électrique  d'intensité  croissante]  au  moyen  d'un  spec- 
troscope  de  faible  dispersion  et  de  préférence  à  vision 
directe. 

Au  moment  de  Tignition,  une  vive  lumière  illumine 
soudainement  le  champ  du  spectroscope,  et  le  carbone  vola- 
tilisé  se  dépose  sur  les  parois  intérieures  de  la  lampe;  ce 
n'est  qu'après  quelques  essais  infructueux  qu'on  parvient 
à  observer  le  spectre  du  carbone  et  à  constater  qu'il  est 
absolument  semblable  au  spectre  des  flammes  hydrocarbo- 
nées et  au  spectre  des  comètes,  observés  avec  le  même 
spectroscope. 

Lorsque  les  lampes  à  incandescence  sont  ainsi  brûlées, 
il  arrive  fréquemment  qu'une  petite  portion  du  fliament 
est  seule  détruite,  de  manière  que  les  deux  extrémités 
restantes  peuvent  alors  être  employées  comme  électrode.^. 

En  faisant  passer  entre  ces  deux  électrodes  une  faible 
étincelle  d'induction,  on  vérifie  l'expérience  précédente 


(  107) 
dans  de  meilleares  conditions  d'observation,  et  on  s'assure 
eocore  que  le  spectre  est  bien  identique  à  celui  des  hydro- 
carbures. 

Je  considère  néanmoins  cette  expérience  comme  moins 
probante  que  la  précédente,  car  en  admettant  qu'une  faible 
trace  d'hydrogène  soit  encore  présente  dans  l'appareil^  cette 
faible  trace  serait  insuffisante  pour  produire,  lors  de  Vigni-- 
liondn  filament  de  charbon,  un  spectre  d*bydrocarbure  d'un 
éclat  suffisant  pour  être  visible,  tandis  qu'un  pareil  spectre 
iiourraii  être  produit  avec  Tétincelle  éclatant  entre  les 
deux  portions  du  filament.  Cependant  Téclat  du  spectre 
observé,  dans  la  seconde  expérience,  est  tel  qu'il  ne  permet 
pas  de  l'attribuer  à  la  présence  de  faibles  traces  d'hydro- 
carbures. 

fie  Tensemble  de  ces  ex|)ériencc$,  je  crois  pouvoir  con- 
dare,  avec  une  grande  probabilité,  que  : 

Ooiis  rélat  actuel  de  nos  connaissances ^  le  carbone  na 
pas  de  spectre  différent  de  celui  de  ses  composés  hydro- 
génés. 

Mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  toutes  les  raies  ou  bandes 
visibles  dans  les  spectres  des  principaux  composés  car- 
booés,  autres  que  les  hydrocarbures,  appartiennent  au 
spectre  du  carbone,  car  il  faudrait  pouvoir  établir  que  le 
spectre  de  cet  élément,  dans  les  conditions  où  je  Tai  étudié, 
est  constitué  par  une  partie  ou  par  toutes  les  bandes 
signalées  dans  les  spectres  de  ces  composés.  J'espère  pou- 
voir disposer  bientôt  des  moyens  suffisants  pour  entre- 
prendre ce  travail. 


(108) 


GL/iSSE  DES  LETTRES. 


Séance  du  4  juillet  4881. 

M.  B0RMAN8,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  L1A6RE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  Cb.  Faider,  le  baron  Kervyu  de 
Lellenhove,  Tb.  Juste,  Alph.  Waulers,  Alpb.  Le  Roy, 
P.  Willems,  G.  Rolin-Jaequemyos,  Cb.  Piot,  Cb.  Potvin, 
J.  Stecber,  T.-J.  Lamy,  Aug.  Scbeler,  J.Gantrelle,  Cb.  Loo- 
mans,  Tibergbien,  L.  Roersch,  membres;  J.  Noietde  Brau- 
were  van  Steeland,  Alpb.  Rivier,  M.  Pbilippson,  associés  ; 
A.  Henné,  A.  Van  Weddingen  et  le  comte  Goblet  d'AI- 
viella,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


La  Classe  apprend,  avec  un  vif  sentiment  de  regret,  la 
perte  qu'elle  vient  de  faire  en  la  personne  de  Tun  de  ses 
associés,  M.  Ludolpbe  Slepbani,  conseiller  impérial  de 
Russie,  décédé  récemment  à  Kurziicb. 

—  S.  A.  R.  Mgr.  le  duc  d'Aumale  accuse  réception  de 
son  diplôme  d'associé. 


r 


(  109  ) 

—  Sor  llnvitation  de  la  Société  d'Émulation  de  Bruges, 
li  Classe  délègue  un  de  ses  membres,  M.  Piot,  pour  la 
représenter  au  Congrès  de  la  Fédération  historique  et 
archéologique  de  Belgique,  dont  la  session  s'ouvrira  dans 
la  même  ville,  le  S2  du  mois  d'aoûtprochain. 

—  M.  le  Ministre  de  TAgriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Traiaoi  publics  envoie,  pour  là  bibliothèque  de  TAcadé- 
mie,  les  ouvrages  suivants  : 

1*  L'amiral  Georges  van  Spilbergen  et  son  temps,  par 
Alphonse  de  Decker; 

2"  LÉgtise  et  Vordre  social  chrétien^  par  Pierre  De 
Deeker; 

5*  La  principauté  d'Archaîe  et  de  M  orée  (1204*1430), 
parCh.-A.  Beving; 

4*  Bibliotheca  Belgica,  publiée  par  F.  Vander  Haeghen, 
livraisons  73  à  78  ; 

5*  Middelnederlands  Woordenboek,  van  E.  Verwijs  en 
J.  Verdam,  2*  deel,  9**'  en  10*  aflevering  (Gebuur-Gelove.) 
—  Remerciements. 

—  A  la  demande  du  même  haut  fonctionnaire  précité, 
la  Classe  émet  un  avis  favorable  sur  le  buste  en  marbre  de 
M.  L-P.  Gachard,  que  M.  Fraikin  vient  d'exécuter  pour  la 
galerie  des  bustes  des  académiciens  décédés  qui  ont  rendu 
d'importants  services  au  pays. 

—  Hommages  reçus  : 

1*  Géographie  et  histoire  des  communes  belges  :  canton 
de  Léauy  par  Alph.  Wauters  (avec  une  note  qui  figure 
ci-après); 


(HO) 

3®  L'agnosticisme  contemporain  dans  ses  rapports  avec 
la  science  et  avec  la  religion^  par  Tiberghieo  ; 

3*  Épislémonomie  ou  tables  générales  d'indications  des 
connaissances  humaineSy  par  feu  Ph.  Vandermaelen.  Pré- 
senté par  M.  Wauters  avec  une  note  qui  figure  à  la  p.  120; 

4®  a)  Sulla  topografia  antica  di  Palermo  dal  secolo 
X*  al  XV";  b)  Saggi  di  critica  religiosa  e  filosofica^  par 
V.  di  Giovanni,  associé  à  Palerme.  Présentés  par  M.  Le 
Roy  avec  une  note  qui  iigure  ci-après. 

5"*  Principes  de  la  politique,  par  Franz  de  HoItzendorfT; 
traduit  de  l'allemand  par  M.  Ernest  Lehr.  Présenté  par 
M.  Rivier  avec  une  note  qui  figure  ci-après.  —  R^niercie- 
ments. 


NOTES   BIBLIOGRAPHIQUES. 

Notre  savant  et  Técond  associé  sicilien,  M.  Vincenzo  di 
Giovanni,  ne  laisse  pas  sVcouler  une  année  sans  nous 
donner  plusieurs  fois  signe  de  vie.  Il  nous  présente  aujour- 
d'hui deux  nouveaux  opuscules  qui  se  recomnriandent  à 
des  titres  bien  différents.  Je  ne  les  analyserai  pas;  je  me 
contenterai  d'en  signaler  l'intérêt. 

En  voici  les  intitulés  : 

Sulla  topografia  antica  di  Palermo  del  Secolo  oc"*  al 
xt?"".  —  Saggi  di  critica  religiosa  e  filosofica. 

L'attrait  du  premier  est  avant  tout  local.  L'auteur  y 
poursuit  ses  curieuses  études  sur  la  topographie  du  vieux 
Palerme,  avec  ce  soin  de  l'exactitude  et  ce  souci  des 
moindres  détails  dont  les  patients  fouilleurs  d'archives 
connaissent  seuls  tout  le  prix.  Les  recherches  de  M.  Gio- 


(  1*1  ) 

vdiiiii  foni  pcDser  à  celles  des  géologues,  qui  relrouvont 
dans  les  stratifications  du  fous-sol  les  éléments  de  This' 
Koirede  notre  planète.  Peu  de  villes  ont  été,  autant  que  la 
capitale  de  la  Sicile,  successivement  habitées,  colonisées 
00  conquises  par  des  populations  appartenant  aux  races 
les  plus  diverses  :  les  Phéniciens,  les  Grecs  et  les  Romains 
ont  passé  par  là,  et  après  eux  les  Arabes,  les  Normands, 
les  Italiens,  les  Espagnols,  les  Slaves,  que  sais-je?  chaque 
flot  laissant,  en  se  retirant,  des  épaves,  chaque  domination 
nouvelle  marquant  ses  reconstructions  du  sceau  de  sa 
religion  et  de  ses  mœurs,  rebâtissant  sur  des  ruines  une 
dtc  splendide,  elle-même  destinée  à  ne  rester  debout  que 
dans  quelques  vieilles  murailles,  témoins  muets  d'une  civi- 
lisation disparue.  M.  di  Giovanni  ne  s'est  pas  seulement 
occupé  des  monuments  :  il  n'a  visé  à  rien  de  moins,  dans 
le  mémoire  que  nous  avons  sous  les  yeux,  qu'à  ressusciter 
tous  les  quartiers  et  jusqu'aux  rues  et  aux  boulevards  du 
Palerroe  du  moyen  âge,  depuis  le  XH'' jusqu'au  XV"*  siècle, 
d'a|irës  des  documents  manuscrits  authentiques,  publics 
oii  privés,  qu'il  résume  méthodiquement,  par  un  travail 
minutieux  qui  rappelle  les  procédés  de  notre  honorable 
confrère  M.  Alph.  Wauters.  On  a  beaucoup  écrit  sur 
l'histoire  des  villes  italiennes;  néanmoins  il  est  à  constater 
que  le  plan  adopté  par  M.  di  Giovanni  est  une  innovation 
dans  son  pays.  L'auteur  se  promet  bien  de  ne  pas  s'en 
tenir  là  :  j'apprends  qu'il  prépare  un  travail  spécial  sur  les 
Palermitains  eux-mêmes,  aux  différentes  périodes  de  leurs 
annales.  Cette  fois  nous  aurons  plus  qu'une  étude  locale  : 
noQs  aurons  une  contribution  iniportante  à  l'histoire  des 
peuples  méditerranéens.  Maintenant  le  théâtre  est  décrit  : 
les  acteurs  vont  entrer  en  scène. 
Le  second  ouvrage  dont  je  viens  de  dire  un  mot  atteste 


(  <«2J 

que,  pour  s*éirc  Tait  archéologue  par  patriotisme,  M.  di 
Giovanui  n*a  pas  cessé  de  se  tenir  au  courant  du  mou- 
vement  religieux  et  philosophique   si  accentué  de  nos 
jours,  depuis  que  le  génie  de  la  critique  a  tout  ébranlé, 
tout  remis  en  question.  Le  professeur  sicilien  vient  de 
réunir  en  un  volume  une  série  dressais,  qui  ont  vu  le  jour 
pour  la  première  fois  dans  la   Rassegna  nationale,  de 
Florence.  Uhistoire  des  religions^  qui  commence  à  être 
partout  à  Tordre  du  jour,  y  tient  une  plus  grande  place 
que  la  métaphysique,  objet  principal,  jusqu'ici,  des  médi- 
tations de  réminent    disciple  de   Miceli.  Je  signalerai 
d'abord  quelques  pages  sur  des  lectures  faites  à  Oxford 
et  à  Londres  par  un  savant  hollandais,  M.  A.  Ruenen,  el 
répandues  en  France  par  la  traduction  par  M.  Maurice 
Vernes.  Il  s'agit  de  l'élément  d'universalité  qui  se  révèle 
dans  les  grandes  religions  à  côté  de  leur  caractère  national^ 
et  qui  a  finalement  atteint  dans  le  christianisme  sa  plus 
complète  expansion.  C'est  à  ce  point  de  vue  que  l'auteur  se 
place  pour  faire  ressortir,  en  remontant  jusqu'à  Abraham, 
les  points  de  contact  de  Tlslam,  du  Jahvisme  et  de  la  pré- 
dication du  Christ.  Si  le  livre  de  M.  Kuenen  était  animé 
d'un  souffle  de  foi,  M.  di  Giovanni  y  verrait  une  sorte  de 
Préparation  évangélique  au  sens  d'Eusèbe.  Le  Bouddhisme 
est  touché  en  passant  ;  contrairement  à  Tavis  de  certains 
critiques,  M.  Kuenen  estime  que  ses  origines  n'ont  rien 
de  commun  avec  celles  du  christianisme. 

Dans  les  autres  essais,  consacrés  aux  derniers  travaux 
de  MM.  Ad.  Franck,  L.  Ferri  (ici  la  métaphysique  reprend 
ses  droits),  Ernest  Havet,  Ernest  Renan,  La  Banca  et 
Albert  Réville,  les  grandes  controverses  modernes  sont 
exposées  avec  une  bonne  foi  qui  témoigne  chez  Tauteur 
de  l'amour  le  plus  sincère  de  la  vérité,  ce  qui  ne  Tempèche 
pas  de  laisser  transparaître  ses  fortes  convictions  person- 


(H3) 

Belles,  notamment  quand  il  prend  à  partie  le  professeur 
de  Rome,  M.  La  Banca.  Encore  une  fois,  je  ne  puis  entrer 
dans  des  détails  :  un  seul  mot  résumera  tout  Touvrage.  La 
préoecopation  dominante  de  M.  di  Giovanni  est  de  pré- 
mollir  le  public  contre  Tabus  de  la  critique,  laquelle,  selon 
loi,  en  est  venue  à  dogmatiser  en  se  permettant  des  néga- 
tions à  priori,  et  s*est  trop  souvent  laissé  envahir  par  l'es- 
prit de  système,  sans  souci  des  données  positives  de 
lliistoire.  âlph.  Le  Roy. 


Le  volume  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe 
(Belgique  ancienne  et  modemcj  arrondissement  de  Lou^ 
taîHy  5*  livraison)  contient  la  description  du  canton  de 
liau,  l'une  des  parties  de  Brabant  dont  l'histoire  est  la 
plos  intéressante.  On  y  trouve,  en  effet,  à  côté  des  localités 
dont  le  passé  féodal  est  des  plus  curieux,  comme  Rummen 
61  Donnaei,  an  bourg  qui  a  jadis  été  une  commune 
remuante,  one  forteresse  entourée  de  puissants  remparts, 
00  centre  de  commerce  très  actif,  et  qui,  aujourd'hui 
eocore,  attire  le  voyageur  par  la  profusion  des  richesses 
archéologiques  de  son  église  paroissiale,  devant  laquelle 
s'élève  un  gracieux  hôtel  de  ville  en  style  renaissance. 

J*ai  déjà  eu  l'occasion,  il  y  a  dix-neuf  ans,  de  vous  faire 
conoaltre  le  nom  de  l'artiste  auquel  on  doit  le  célèbre 
tabernacle  de  Léau,  ce  triomphe  delà  renaissance  flamande, 
ce  joyau  que  l'on  avait  trouvé  trop  beau  pour  être  d'un 
Belge.  Le  travail  que  je  vous  offre  aujourd'hui  établit, 
d'ooe  manière  positive,  deux  circonstances  de  la  plus  haute 
importance  pour  Phistoire  de  Léau,  c'est  que  son  origine 
remonte  ^u  moins  à  l'époque  romaine,  et  que  sa  prospérité, 
ao  moyen  âge,  eut  pour  principaux  aliments  :  d'une  part, 
le  commerce  par  eau  qui  s'y  faisait  avec  les  villes  de  la 

3"*  SÉKIE,  TOME  XIV.  8 


(114) 

vallée  du  Démer  et  de  la  vallée  de  TEscaul  et,  d'autre 
part,  le  commerce  par  terre  qui  répandait  dans  le  pays  de 
Liège  les  marchandises  arrivant  par  eau  de  Pavai.  Pour 
ceux  qui  sont  habitués  à  contempler  dans  la  rade  et  les 
bassins  d'Anvers  de  gigantesques  steamers  el  de  magni- 
fiques trois-màls,  la  navigation  s*opérant  dans  d'étroites 
rivières  pourra  paraître  pins  que  modeste;  il  ne  faut  pas 
s'arrêter  à  cette  idée.  Si  cette  navigation  était  moins 
importante,  elle  était  cependant  très  active  et  elle  enri- 
chissait la  contrée  voisine  du  Démer.  A  en  juger  par  les 
chiffres  que  j'ai  recueillis  et  qui  concordent  entre  eux  d'une 
manière  parfaite,  quoique  puisés  à  des  sources  différentes, 
les  petites  villes  el  les  villages  situés  près  des  rivières 
citées  plus  haut,  en  aval  de  Léau,  nourrissaient  une  popu- 
lation très  dense  et  se  trouvaient  en  général  dans  une 
situation  très  favorable. 

Pour  ce  qui  est  de  Tanliquité  de  Léau,  elle  avait  déjà 
été  soupçonnée,  et  il  se  rattachait,  aux  commencements  de 
cette  ville,  des  traditions,  je  n'ai  pas  besoin  de  dire  qu'elles 
sont  fabuleuses,  dont  on  trouve  un  écho  dans  Tœuvre  de 
Jean  d'Outre-Mense.  Elles  se  rattachent  à  une  colline, 
située  à  une  demi-lieuc  environ  au  N  -N.-E.  de  Léau  et 
connue  encore  sous  le  nom  de  Casteelbergh  (la  Montagne 
du  château).  Il  n'y  a  eu  là  ni  un  poste  fortifié,  ni  une 
habitation  féodale,  mais  simplement  des  ruines  dont  les 
derniers  vestiges  ont  disparu  au  commencement  de  ce 
siècle,  et  dont  une  partie  a  été  remblayée  il  y  a  environ 
160  ans,  pour  que  les  malfaiteurs  et  les  vagabonds  n'y 
trouvent  plus  un  asile.  Ces  constructions  inconnues  à  l'his- 
toire remontent  évidemment  très  haut;  elles  sont,  selon 
toute  apparence,  un  souvenir  de  plus  de  l'existence  sur 
notre  sol  du  peuple-roi.  Alphojnse  Wauters. 


(  *<5) 

Les  études  de  M.  le  baron  de  Holtzendorff  sur  les  Pm- 
cipi$  de  la  politique  ont  paru,  en  première  édition,  en  i  869; 
la  traduction  dont  notre  savant  confrère  fait  honimage  à 
PAcadémie,  et  qui  est  due  à  la  plume  très  habile  de 
M.  Ernest  Lehr,  forme  en  réalité  une  édition  nouvelle,  qui 
est  la  troisième.  Ce  succès  d'un  livre  de  théorie,  sur  une 
matière  que  Ton  n'est  point  habitué  à  voir  traitée  scienti- 
fiquement, est  pleinement  justifié;  M.  de  Holtzendorff  y 
déploie  la  richesse  d'idées,  la  hauteur  de  vues,  l'esprit  large 
et  lumineux  que  nous  lui  connaissons  depuis  longtemps; 
et  si  la  lecture  n'en  est  pas  toujours  facile,  personne  ne 
regrettera  de  l'avoir  entreprise;  on  la  poursuivra  jusqu'au 
bout,  la  plume  à  la  main,  et  on  en  tirera  grand  profil. 

L'auteur  étudie  d'abord  l'objet  de  la  politique,  envisagée 
comme  science  du  gouvernement  et  comme  art  de  gou- 
verner; puis  le  principe  juridique  et  moral  de  la  politique  ; 
enfin  la  mission  de  l'État,  considérée  comnie  principe  de 
la  politique.  Il  passe  en  revue,  en  les  soumettant  à  une  cri- 
tique approfondie,  les  diverses  missions  idéales  que  l'on  a 
voulu  assigner  à  TËtat  :  la  réalisation  du  bien  public  au 
moyen  d*une  tutelle  générale  exercée  par  le  gouvernement 
sur  les  citoyens,  vieille  et  énervante  doctrine  dont  les  effets 
subsistent  dans  quantité  de  nos  institutions;  la  mission  ilc 
la  garantie  des  droits  individuels,  théorie  moins  arbitraire 
que  la  précédente,  mais  tout  aussi  erronée  dans  son  exa- 
gération, d'après  laquelle  €  le  centre  de  tous  les  intérêts 
publics,  le  but  et  la  fin  de  toute  activité  gouvernementale, 
est  la  liberté  de  l'individu,  que  l'État  est  impuissant  à 
rendre  heureux  d'autorité,  et  qui  doit  être  reconnu  maître 
de  son  sort  »;  la  réalisation  de  la  loi  morale,  mission 
moralisatrice  qui  est  ou  bien  rationaliste  ou  bien  ecclé- 


(H6) 

siaslique  et  théocra tique.  Cet  examen  aboutit  à  constater 
que  c  toutes  ces  conceptions  du  rôle  de  TÉtat,  de  sa  mis- 
sion, de  son  but,  manquent  de  précision  »,  que,  c  nées  de 
réflexions  abstraites  sur  i*État,  elles  ne  s'adaptent  que 
médiocrement  aux  phases  du  développement  politique  de 
notre  époque  et  aux  États  actuellement  existants.  > 

Aux  missions  idéales,  M.  de  Hoitzendorff  oppose  la  mis- 
sion réelle  :  €  Il  est  clair  que  le  but  matériel  de  l'activité 
de  rÉtatdoit  être  indiqué  par  les  sentiments  intimes  delà 
nation  tout  entière,  et  non  pas  seulement  d'après  les 
données  théoriques  d*un  idéal  de  l'État  ou  les  exigences 
égoïstes  des  partis.  La  politique  n'a  à  prendre  en  considé- 
ration comme  situation  donnée,  comme  fait  acquis,  que  les 
idées  qu'en  réalité  le  peuple  se  fait  de  la  mission  de 
l'État.  >  Considérant  les  nations,  de  civilisations  en  somme 
assez  égales,  qui  forment  le  domaine  du  droit  des  gens  dit 
européen,  M.  de  Holtzendorfl*  constate  que,  chez  elles,  la 
mission  réelle  de  l'État  porte  sur  les  trois  objets  suivants  : 
organisation  de  la  puissance  nationale,  garantie  des  droits 
individuels,  perfectionnement  social. 

C'est  bien  ce  que  la  constitution  de  1871  indique  comme 
triple  but  de  l'empire  allemand  :  protection  du  territoire 
national,  protection  du  droit  en  vigueur  sur  ce  territoire, 
développement  de  la  prospérité  publique  en  Allemagne. 
C'est  aussi  ce  qu'exprime  la  constitution  actuelle  de  la 
Confédération  suisse,  en  déclarant  que  la  Confédération 
a  pour  but  d'assurer  l'indépendance  de  la  patrie  contre 
l'étranger,  de  maintenir  la  tranquillité  et  les  droits  des 
Confédérés  et  d'accroître  leur  prospérité  commune. 

Les  Principes  devraient  être  lus  et  médités  par  toute 
personne  qui  s'occupe  de  près  ou  de  loin  du  maniement 
de  la  chose  publique,  et  c'est  fort  justement  que  l'auteur 


r 


les  caractérise,  dans  un  sous-titre,  comme  Introduction  à 
rétude  du  droit  public  contemporain.  Malheureusement 
cette  science  (le  la  politique,  si  délicate  et  si  difficile, 
est,  seule  peut-être  dans  notre  siècle  de  division  du  tra- 
vail, considérée  communément  comme  susceptible  d*étre 
acquise  et  appliquée  sans  aucune  préparation  spéciale,  et 
par  le  premier  venu.  Alph.  Riyier. 


PROGRAMME  DE  CONCOURS  POUR  1889. 


Première  question. 

Faire  Chistoire  des  relations  politiques  du  pays  de  Liége^ 
au  XYlf  et  au  XYllP  siècle^  avec  la  France^  les  Pays-Bas 
espagnols  et  les  Pays-Bas  autrichiens. 

Deuxième  question. 

Quelle  a  été  en  Flandre,  avant  l'avènement  de  Gui  de 
Dampierre,  [influence  politique  des  grandes  villes^  et  de 
([Utile  manière  s'est^elle  exercée  ? 

Troisième  question. 

Faire  Ckisloire  de  la  littérature  française,  dans  les  livres 
el  dans  les  publications  périodiques  belges,  de  4801  à  1S50. 

Quatrième  question. 

On  demande  une  étude  sur  Jean  Van  Boendale  au  point 
de  tjue  de  Cétat  social  du  Brabant  à  son  époque. 


(m) 

Cinquième  question. 

Quel  est  l'effet  des  impôts  de  consommation  sur  la 
valeur  vénale  des  produits  taxés?  En  d'autres  termes, 
dans  quelle  mesure  cet  impôt  pèse-t-il  sur  le  consomma- 
teur ? 

Exposer  et  discuter^  à  l'aide  de  documents  statistiques^ 
les  résultats  des  expériences  récemment  faites  à  cet  égard 
dans  les  divers  pays,  et  plus  spécialement  en  Belgique. 

Sixième  question. 

Faire,  éCaprès  les  auteurs  et  les  inscriptions,  une  étude 
historique  sur  l'organisation,  les  droits^  les  devoirs  et  fm- 
fluence  des  corporations  d'ouvriers  et  d'artistes  chez  les 
Romains. 

La  valeur  des  médailles  attribnéps  comme  prix  à  la 
solution  de  ces  questions  sera  de  huit  cents  francs  pour 
chacune  d'elles. 

Les  mémoires  pourront  être  rédigés  en  français,  en 
flamand  ou  en  latin.  Ils  devront  être  écrits  lisiblement 
et  adressés,  francs  de  port,  avant  le  1"  février  1889,  à 
M.  J.  Liagre,  secrétaire  perpétuel,  au  palais  des  Académies. 

Conditions  réglementaires  des  concours  anntiels, 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les 
citations  et  demande,  à  cet  effet,  que  les  auteurs  indiquent 
les  éditions  et  les  pages  des  livres  qu'ils  citent. 

Les  auteurs  ne  mellronl  point  leur  nom  à  leur  ouvrage  ; 
ils  y  inscriront  seulement  une  devise,  qu'ils  reproduiront 


(  1*9  ) 

dans  un  biliel  cacheté  renfermant  leur  nom  el  leur  adresse. 
Faole  par  eux  de  satisfaire  à  cette  formalité,  le  prix  ne 
poom  leur  être  accordé. 

Les  ouvrages  remis  après  le  temps  prescrit,  ou  ceu> 
(loBt  les  auteurs  se  feront  connaître,  de  quelque  manière 
que  ce  soit,  seront  exclus  du  concours. 

L'Académie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que, 
dès  que  les  mémoires  ont  été  soumis  à  son  jugement,  ils 
sont  et  restent  déposés  dans  ses  archives.  Toutefois  les 
auteurs  peuvent  en  faire  prendre  des  copies  à  leurs  frais 
eD8*adre$saiit,  à  cet  effet,  au  secrétaire  perpétue!. 


PRim   PERPBTCEIiS 

PRIX     lOSEPH     DE     &EYN. 
Quatrième  concours  :  deuxième  période  (1880-1887). 

Enseignement  moyen. 

U  Classe  des  lettres  rappelle  que  la  a  deuxième  période 
du  quatrième  concours  annuel  »  pour  les  prix  Joseph  D<: 
KejD  sera  close  le  31  décembre  1887.  Tout  ce  qui  a 
rapport  à  ce  concours  doit  être  adressé,  avant  cette  date, 
à  II.  le  secrétaire  perpétuel  (au  palais  des  Académies). 

Cette  période,  consacrée  à  l'enseignement  du  second 
degré,  comprend  les  ouvrages  d'instruction  ou  d'éducation 
oioTeone,  y  compris  l'art  industriel. 

Peuvent  prendre  part  au  concours  :  les  œuvres  iné- 
diles, aussi  bien  que  les  ouvrages  de  classe  ou  de  lecture 
qui  auront  été  publiés  du  1^'  janvier  1886  au  31  décem- 
bre 1887. 

Conformément  à  la  volonté  du  fondateur,  ne  seront 
admis  au  concours  que  des  écrivains  belges  el  des  ouvrages 


(  120  ) 

conçus  dans  un  esprit  exclusivement  laïque  et  étrangers» 
aux  matières  religieuses. 

Les  ouvrages  pourront  être  écrits  en  français  ou  en 
flamand,  imprimés  ou  manuscrits.  Les  imprimés  seront 
admis  quel  que  soit  le  pays  où  ils  auront  paru.  Les  manu- 
scrits pourront  être  envoyés  signés  ou  anonymes  :  dans  ce 
dernier  cas,  ils  seront  accompagnés  d'un  pli  cacheté  con- 
tenant le  nom  de  Tauteur  et  son  domicile. 

Un  premier  prix  de  2,000  Trancs,  un  second  prix  de 
1,000  francs  et  un  troisième  de  500  francs^  pourront  être 
décernés. 

Les  travaux  manuscrits  qui  sont  soumis  à  ce  concours 
demeurent  la  propriété  de  TAcadémie,  mais  les  auteurs 
peuvent  en  faire  prendre  copie  à  leurs  frais. 

Tout  ouvrage  manuscrit  qui  sera  couronné  devra  être 
imprimé  pendant  Tannée  courante,  et  le  prix  ne  sera 
délivré  à  Tauteur  qu'après  la  publication  de  son  ouvrage. 

La  Classe  des  lettres  jugera  le  concours  sur  le  rapport 
d*un  jury  de  sept  membres,  élu  par  elle,  dans  sa  séance 
du  mois  de  janvier  de  Tannée  1888. 


PRIX   GASTIAD. 

(Troisième  période,  18S7-t889.) 

La  Classe  rappelle  que  la  c  troisième  période  >  du  prix 
Adelson  Castiau  sera  close  le  5i  décembre  1889. 

Ce  prix,  d'une  valeur  de  mille  francs,  sera  décerné  à 
Tauteurdu  meilleur  travail  belge,  imprimé  ou  manuscrit  : 

€  Sur  les  moyens  d'améliorer  la  condition  morale,  intel" 
lectuelle  et  physique  des  classes  laborieuses  et  des  classes 
pauvres.  > 


{m) 


RèglemenL 

Abt.  W.  Ne  seront  admis  au  concours  Castiau  que  des 
écrivaiDs  belges. 

Abt.  2.  Seront  seuls  examinés  les  ouvrages  soumis 
directement  par  les  auteurs  au  jugement  de  TAcadémie. 

Abt.  3.  Ces  ouvrages  pourront  être  rédigés  en  français 
00  eu  flamand.  Les  manuscrits  seront  reçus  comme  les 
imprimés.  S'ils  sont  anonymes,  ils  porteront  une  devise 
qoi  sera  répétée  sur  un  billet  cacbeté  contenant  le  nom  et 
le  domicile  de  l'auteur. 

Abt.  4.  Le  jury  &e  composera  de  trois  commissaires 
délégués  par  la  Classe  des  lettres  de  l'Académie.  Il  n'y 
aora  qu'un  seul  prix. 

Abt.  s.  Si  le  concours  demeure  sans  résultai,  la  somme 
restée  disponible  s'ajoutera  au  capital  primitif. 

Abt.  6.  Le  nom  du  lauréat  sera  proclamé  dans  la 
séance  publique  de  la  Classe  des  lettres. 

Abt.  7.  Tout  ce  qui  concerne  le  concours  devra  être 
adressé  à  M.  le  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  avant 
le  31  décembre  1889. 

Abt.  8.  Si  l'ouvrage  couronné  est  inédit,  il  devra  être 
imprimé  dans  l'année. 

Le  prix  ne  sera  délivré  au  lauréat  qu'après  la  publica- 
tion de  son  travail. 

Abt.  9.  Les  manuscrits  envoyés  au  concours  de  vien- 
nent la  propriété  de  l'Académie  (art.  24  du  règlement 
général). 


(  m  ) 


PRIX  DE  STASSART  POUR  UNE  NOTICE  SUR  UN  BELGE  CÉLÈBRE. 

(Cinquième  période  prorogée  :  1875-1880.) 

Conformément  à  la  volonté  du  donateur  et  à  ses  géné- 
reuses dispositions,  la  Classe  des  lettres  offre,  pour  la 
S""  période  prorogée  (1875-1880)  de  ce  concours,  un  prix 
de  mille  francs  à  Tauteur  de  la  meilleure  notice,  écrite 
en  français,  en  flamand  ou  en  latin,  consacrée  à  la  vie 
et  aux  travaux  de  David  Teniers  (né  en  1610,  mort 
vers  1690). 

Le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  expirera  le 
!•'  février  1888. 

Les  concurrents  se  conformeront  aux  conditions  régle- 
mentaires, données  ci-dessus,  des  concours  annuels  de 
TAcadémie. 


GRAND  PRIX   DE   STASSART   POUR    UNE    QUESTION    d'hISTOIRE 

NATIONALE. 

(Quatrième  période  prorogée  :  1877-1883.) 

Conformément  à  la  volonté  du  fondateur  et  à  ses  géné- 
reuses dispositions,  la  Classe  des  lettres  offre,  pour  la 
4*  période  prorogée  (1877-1882)  de  ce  concours,  un  prix 
de  trois  mille  francs  à  fauteur  du  meilleur  travail,  rédigé 
en  français,  en  flamand  ou  en  latin,  en  réponse  à  la  ques- 
tion suivante  : 

<  Tracer,  sur  la  carte  de  la  Belgique  et  des  départe^ 
ments  français  limitrophes,  une  ligne  de  démarcation 
indiquant  la  séparation  actuelle  des  pays  de  langue  romane 
et  des  pays  de  langue  germanique.  Consulter  les  anciens 
documents   contenant    des    noms    de   localités,  de  lieux- 


(125; 

dits,  eic.^  et  constater  si  cette  ligne  idéale  est  restée  la 
mime  depuis  des  siècles^  ou  siy  par  exemple,  telle  corn- 
mume  wallone  est  devenue  flamande,  et  vice  versa. 
Dresser  des  cartes  historiques  indiquant  ces  flucluations 
pour  des  périodes  dont  on  laisse  aux  concurrents  le  soin  de 
déterminer  l'étendue;  enfin^  rechercher  les  causes  de 
Cinstabitilé  ou  de  l*immobilité  signalées.  » 

Le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  expirera  le 
1"  février  1888. 

Les  concurrents  devront  se  conformer  aux  conditions 
réglementaires,  données  ci-dessus,  des  concours  de  TAca- 
déoiie. 


raiX  DE  SAINT-GENOIS  POUR   UNE   QUESTION    D  HISTOIRE 
OU   DE  LITTÉRATURE  EN  LANGUE   FLAMANDE. 

(Première  période  prorogée  :  1868-1877.) 

Conformément  à  la  volonté  du  fondateur  et  à  ses  géné- 
reuses dispositions,  la  Classe  des  lettres  offre,  pour  la 
i'*  période  prorogée  (1868-1877),  un  prix  de  mille  francs 
i  Tauteur  du  meilleur  travail,  rédigé  en  flamand,  en 
réponse  i  la  question  suivante  : 

<  Letterkundige  en  wijsgeerige  beschouwing  van  Coorn- 
l^l'swerken.  » 

(Élude  littéraire  et  philosophique  des  œuvres  de 
^.oornhert.) 

Le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  expirera  le 
!•*  février  4888. 

Les  concurrents  devront  se  conformer  aux  conditions 
réglementaires,  données  ci-dessus,  des  concours  annuels 
de  TAcadémic. 


.J 


(  124  ) 


PRIX   TEIRLINGK   POUR   UNE  QUESTION   DE   LITTÉRATURE 

FLAMANDE. 

(Première  période  prorogée  :  4877-1881.) 

La  Classe  des  lettres  proroge  jusqu'au  l**  février  1888 
le  délai  pour  la  remise  des  manuscrits  en  réponse  à  la 
question  suivante,  mise  au  concours  pour  la  première 
période  quinquennale  du  prix  fondé  par  feu  Auguste  Teir- 
linck,  greffier  de  la  justice  de  paix  du  canton  de  Cruys- 
hautem  (Flandre  orientale). 

«  Faire  l'histoire  de  la  prose  néerlandaise  avant  Mamix 
de  Sainte- Aldegonde.  > 

Un  prix  de  mille  francs  sera  décerné  à  l'auteur  du 
mémoire  couronné. 

Les  concurrents  devront  se  conformer  aux  conditions 
réglementaires,  données  ci-dessus,  des  concours  de  TAca- 
démic. 


RAPPORTS. 


Alexandre  d'Abonotighos  :  Un  épisode  de  l'histoire  du 
paganisme  au  //•  siècle  de  notre  ère;  par  Frantz 
Cumont. 

<  Le  travail  de  M.  Cumont  peut  être  considéré  comme 
une  dissertation  historique  sur  le  traité  de  Lucien  intitulé  : 
Alexandre  ou  le  faux  prophète.  Si  incroyable  que  paraisse. 


(  «s  ) 

i  première  vue,  Télrange  récit  du  sophiste  de  Samosate,  on 
a  le  droit  d'affirmer  qu'il  est  de  tout  point  conforme  à  la 
réalité.  Voici,  en  très  peu  de  mots,  de  quoi  il  s'agit.  L'ac- 
tion se  passe  vers  le  milieu  du  II*  siècle  de'^notre  ère.  Un 
oertaîo  Alexandre,  né  en  Paphiagonie  de  parents  obscurs, 
a|»rès  s'être  signalé  dans  sa  jeunesse  par  des  désordres 
scandaleux»  parvient,  vers  l'âge  de  quarante  ans,  à  se  faire 
prendre  au  sérieux  comme  prophète  à  Abonolichos,  petite 
fille  de  rAsîe-Minenre,  située  sur  les  bords  du  Pont-Euxin. 
Il  réussit  à  y  faire  établir  un  sanctuaire  en  l'honneur  du 
dieu  Escnlape,  dont  il  devint  immédiatement  le  grand 
prêtre.  Ayant  fait  l'acquisition  d'un  serpent  familier,  auquel 
il  adapte  une  espèce  de  tête  humaine,  fabriquée  en  toile, 
il  fait  accroire  à  des  milliers  de  personnes  que  ce  serpent, 
oommé  par  lui  Glycon,  est  l'épiphanie,  l'incarnation  du 
dieo  de  la  médecine.  Lui-même  se  fait  passer  pour  fils  de 
Podalire  et  descendant  de  Persée.  Il  déclare  que  sa  fille  a 
poor  mère  la  déesse  de  la  Lune,  Séléné,  et  il  réussit,  chose 
i  peine  croyable,  à  lui  faire  épouser  un  des  plus  grands 
personnages  de  Rome,  Publius  Hummius  Sisenna  Rulil- 
lianus,  fils  de  consulaire,  consulaire  lui-même,  chargé  plus 
tard  du  proconsulat  de  l'Asie,  c'est-à-dire  de  la  plus  haute 
dignité  qui  pût  échoir  en  partage  à  un  sénateur.  Fort  de 
cette  illustre  alliance,  il  se  rend  redoutable  à  ses  ennemis 
et  continue  à  émetttre  d'innombrables  prophéties,  soit  en 
faisant,  à  l'aide  d'un  porte-voix,  parler  le  serpent  lui-même 
(genre  de  miracle  jusqu'alors  inédit),  soit  en  donnant  des 
réponses  en  vers,  d'une  obscurité  calculée,  à  des  lettres 
cachetées  dont  il  est  censé  ignorer  le  contenu.  Non  seule- 
ment il  prodigue  ses  conseils  aux  malades,  mais  il  se  trans- 
forme en  oracle  universel,  à  l'instar  de  celui  de  Delphes, 
dont  l'importance,  on  le  sait,  avait  notablement  baissé  à 


4 

I 


f 


i 


f 


i 

t 


(  126  ) 

celle  époque.  De  ions  les  côlés  de  Pempire,  de  la  capifale 
aussi  bien  que  des  provinces,  on  vient  le  consulter.  L'em- 
pereur Marc-Aurèle  lui-même  ne  dédaigne  pas  de  deman- 
der son  avis  au  sujet  des  mesures  à  prendre  contre  les 
Marcomans  et  les  Quade?,  qui  menaçaient  Tempire  d'unn 
guerre  terrible.  Il  est  vrai  que  les  conseils  donnés  par 
Alexandre  aboutirent  à  une  épouvantable  catasirophe. 
Mais  son  crédit  n'en  fut  pas  ébranlé  :  le  culte  du  serpent 
Glycon  se  répandit  de  plus  en  plus,  et  nous  en  trouvons 
encore  des  traces  environ  un  siècle  après  la  mort  du  misé- 
rable imposteur  qui  l'inventa. 

Les  traits  principaux  de  l'épisode  que  nous  venons  de 
résumer  ont  été  empruntés  à  Lucien.  Mais  H.  Cumont, 
pour  le  mettre  pleinement  en  lumière,  a  dû  le  placer  dans 
son  cadre  naturel,  en  nous  faisant  connaître  une  foule  de 
détails  curieux,  qui  étaient  familiers  aux  contemporains 
du  spirituel  auteur  des  Dialogues  des  morts^  mais  qui  ne 
le  sont  nullement  à  ses  lecteurs  du  XIX' siècle.  Il  s'est  servi 
à  cette  tin  de  toutes  les  ressources  que  pouvait  lui  fournir 
l'érudition  de  nos  jours. 

Toutefois  il  ne  s'est  pas  borné  à  tirer  parti  des  auteurs 
modernes  qui  se  sont  occupés  des  croyances  répandues 
dans  le  monde  romain  au  II"  siècle  de  notre  ère.  Il  est  allé 
puiser  directement  aux  sources,  notamment  à  cette  source 
inépuisable  de  documents  authentiques  qu'on  appelle  les 
Inscriptions.  Il  a  emprunté  en  outre  des  indications  pré- 
cieuses à  la  numismatique. 

Le  mémoire  de  M.  Cumont  est  divisé  en  trois  parties 
principales,  précédées  d'une  assez  longue  introduction. 
Dans  celle-^ci,  après  avoir  jeté  un  coup  d'œil  d'ensemble 
sur  la  nature  des  croyances  qui  avaient  cours  dans  l'em- 
pire romain,   notamment  en   Asie,  au   premier  et  au 


(  <27  ) 

fleuxiènie  ^îècle  de  noire  ère,  il  montre  qu'il  ne  faut  voir 
rien  île  bien  extraordinaire  dans  les  Taux  miracles  du  pro- 
phète Alexandre,  succédant  à  ceux  d'Apollonius  de  Tyane, 
de  Néryllinus,  de  Pérègrinus  et  d'autres.  Il  n'y  a  donc 
sacoD  motir,  d'après  lui,  pour  mettre  en  doute  la  véracité 
do  récit  de  Lucien,  si  sarcastique  qu'il  soit,  d'autant  plus 
i|ae  ce  récit  a  été  composé  à  la  demande  expresse  d'un 
homme  considérable,  portant  le  nom  de  Ceisus,  qu'âssu- 
réroeot  Lucien  n'aurait  pas  voulu  mystifier.  Quel  était  ce 
Cfisus?  Ëiait-ce  le  même  que  celui  qui  combattit  les  chré- 
tiens et  composa  contre  eux  «  Le  discours  véritable  », 
conservé  par  Origène  dans  la  réfutation  qu'il  en  a  faite. 
La  discussion  à  laquelle  se  livre  à  se  sujet  M.  Cumont, 
pour  prouver  Tidentité  des  deux  Celse,  ne  nous  parait  pas 
avoir  abouti  à  des  résultats  concluants. 

Le  corps  du  travail  soumis  à  notre  appréciation  com- 
preod,  nous  l'avons  dit,  trois  parties  principales  :  la  pre- 
mière contient  le  récit  de  la  vie  d'Alexandre;  la  seconde 
esl  consacrée  à  l'exposé  du  culte  qu'il  fonda;  dans  la  troi- 
sième, l'auteur  a  tâché  de  montrer  comment  ce  culte  se 
propagea  et  quelle  influence  il  exerça. 

Pour  compléter  ce  qu'il  dit  au  sujet  de  l'adoption  du 
colle  de  Glycon  par  les  Gnosliques,  nous  croyons  devoir 
loi  signaler  que  le  cabinet  des  médailles  de  Paris  vient 
toot  récemment  de  faire  Tacquisition  d'une  pierre  gnostique, 
portant  le  nom  et  l'image  du  dieu-serpent  Glycon.  Voir  : 
Berve  critique  d'hisL  et  de  liU.^  1887, 15  juin,  p.  480. 

Dans  un  appendice,  M.  Cumont  s'est  efforcé  d'établir, 
d'une  manière  aussi  rigoureuse  que  le  permettent  les  docu- 
ments doni  nous  disposons,  la  chronologie  de  la  vie 
d'Alexandre. 


I 

I 


i  128  ) 

La  dissertation  dont  nous  venons  de  présenter  Fanalyse 
nous  parait  pleinement  satisfaisante  dans  son  ensemble. 
/  Elle  dénote  non  seulement  une  érudition  de  bon  aloi, 

mais  aussi  un  véritable  esprit  critique.  Le  sujet  dont  elle 
s'occupe  n*avaît  pas  encore,  que  nous  sachions,  été  traité 
ex  professa.  Les  détails  fournis  par  Lucien  y  ont  été  coo)- 
/^  piétés  d'une  manière  fort  heureuse.  Après  avoir  lu  le 

mémoire  de  M.  Cumoni,  on  se  rend  parfaitement  compte 
de  la  surprenante  carrière  d'Alexandre  le  Paphiagonien,  et 
de  l'importance  de  Toracle  créé  par  lui.  Ce  travail  est  donc 
une  contribution  utile  à  l'histoire,  hélas  éternelle,  de  l'in- 
sondable crédulité  humaine. 

J'ai  en  conséquence  l'honneur  de  proposer  à  la  Classe 
d'ordonner  l'impression  de  l'étude  de  M.  Cumont  dans  son 
Recueil  des  Mémoires  in-8^  » 


M.  Willems,  deuxième  commisssaire,  déclare  se  rallier 
volontiers  aux  conclusions  du  rapport  de  son  savant  con- 
frère M.  Wagener. 


€  Cofx>me  mes  savants  confrères,  je  suis  d'avis  que  ce 
Mémoire  mérite  un  accueil  favorable  dans  les  publications 
académiques.  Je  m'associe  pleinement  aux  éloges  que  lui  a 
décernés  M.  Wagener.  Je  prierai  seulement  l'auteur  de  voir 
s*il  n'a  pas  été  trop  affirmatif  en  déclarant  qu'Alexandre 
n'a  pu  naître  à  Abonotichos,  pour  la  raison  qu'il  était 
Paphiagonien  et  que  cette  ville,  au  point  de  vue  admi- 
nistratif, était  détachée  de  la  Paphiagonie  depuis  l'époque 
de  Pompée.  Qu'il  considère  que  Strabon,  comme  plus  tard 


(  129  ) 

Hierocles  et  les  Novelles  de  Justinien,  29,  c.  1,  continuenl 
de  nommer  AboDOlichos  une  cité  paphlagonienne,  et  que 
Locien  dit  expressément  (c.  12)  qu'Alexandre,  arrivant 
dàùs  la  ville,  rentra  dans  sa  patrie. 

Je  conseillerai  aussi  à  M.  Cumont  de  eollationner  encore 
ooe  fois  son  Mémoire  avec  le  texte  de  Lucien.  En  certains 
IMÎDts,  il  m*a  paru  s*en  écarter  sans  motif,  par  exemple 
dans  des  détails  rapportés  aux  chapitres  11, 13, 15>  22, 26, 
47,48 el  54.  EnGn,  Torthographe  de  quelques  noms  propres 
devrait  être  revue  :  il  faut  écrire  :  Cocconas  et  non  Cocon- 
nos,  Rutilianus  (conformément  aux  inscriptions  et  comme 
le  réclame  le  primitif  Rutilius)  et  non  Rutillïanus.  » 

La  Classe,  adoptant  les  conclusions  des  rapports  de  ses 
commissaires,  décide  l'impression  du  travail  de  M.  Cumont 
dans  le  recueil  des  Mémoires  in-8®. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Sur  rÉPiSTÉMONOMiE  de  feu  Philippe  Vander  Maelen, 
ancien  membre  de  l'Académie;  par  M.  Alphonse 
Wanters,  membre  de  l'Académie. 

Dans  une  brochure  récemment  publiée  sous  le  titre  de 
Notice  sur  les  catalogues  des  bibliothèques  publiques 
(Bruxelles,  Vanbuggenhout,  1887,  in-8''  de  24*  pages),  on 
insiste  fortement  sur  la  nécessité  d'établir  dans  les  grandes 
bibliothèques,  à  côté  et  indépendamment  des  catalogues 
douvrages,  un  dépouillement  méthodique  des  matières 

5"*  SÉRIE,  TOME  XIY.  9 


(  150  ) 

qui  sont  traitées  dans  les  volumes,  de  manière  à  faciliter, 
autant  que  possible,  la  tâche  au  chercheur  et  de  mettre  à  sa 
disposition  le  plus  d'éléments  possible. 

Qui  ne  sait,  en  eiïel,  que  les  livres,  les  recueils,  les 
journaux,contiennentd*excellentesdonnées  que,  plus  tard, 
faute  de  tables  ou  de  toute  autre  indication  suffisante,  on 
ne  retrouve  plus  qu'au  prix  d'efforts  considérables,  au 
prix  d'une  énorme  perte  de  temps?  L'idée  est  donc  excel- 
lente, et  Ton  ne  peut  que  féliciter  l'auteur  de  la  bro- 
chure citée  plus  haut  de  s'en  être  servi  pour  rendre  plus 
accessible  les  trésors  de  tout  genre  de  notre  Bibliothèque 
royale. 

J'aurais  désiré  que,  en  énumérant  les  avantages  résul- 
tant de  celte  méthode,  l'auteur  eût  rappelé  l'application  qui 
en  a  été  faite,  il  y  a  longtemps  déjà,  par  un  homme  que 
la  plupart  d'entre  nous  ont  connu,  et  que  Ton  peut  citer  au 
premier  rang  de  ceux  qui  ont  contribué  en  Belgique  à  la 
vulgarisation  des  connaissances  scientifiques.  Je  veux  parler 
de  feu  notre  confrère  Philippe  Vander  Maelen,  fondateur 
de  rÉtablissement  géographique  de  Bruxelles.  Il  est  inutile 
de  rappeler  les  services  éminents  de  ce  citoyen  ;  ils  ont  été 
savamment  exposés  dans  ri4nf7natre  de  l'Académie,  par  la 
plume  exercée  et  compétente  de  M.  Houzeau. 

Je  veux  me  borner  à  dire  aujourd'hui  que,  pendant  près 
d'un  demi-siècle,  M.  Vander  Maelen  avait  fait  dépouiller, 
jour  par  jour,  les  nombreux  ouvrages,  journaux,  revues, 
brochures,  qui  venaient  enrichir  ses  précieuses  collections. 
En  1840,  longtemps  avant  sa  mort,  il  avait  déjà  recueilli 
plus  de  trois  millions  de  notes,  qu*il  classait  lui-même 
avec  le  plus  grand  soin. 

Ces  notes,  il  ne  les  réservait  pas  pour  lui  seul,  car  Van- 


(  131  ) 
der  Maeleo  était  à  la  fois  la  modestie  et  la  complaisance 
iDcaraées.  Ses  notes,  sa  bibliothèque,  ses  collections,  étaient 
oovertes,  avec  la  plus  grande  libéralité,  au  public,  et 
surtout  aux  travailleurs,  qu'il  avait  en  haute  estime.  Son 
plus  grand  plaisir  était  d'étaler  à  tout  venant  ses  richesses, 
et  autant  il  faisait  peu  parler  de  lui,  autant  il  agissait  sans 
reiâcbe  pour  propager  tout  ce  qui  concernait  les  sciences, 
eteo  particulier  la  géographie.  C'est  lui,  on  peut  le  dire, 
qui,  en  Belgique,  Ta  fait  sortir  de  la  torpeur  dans  laquelle 
elle  était  plongée. 

Il  existe  des  notes  de  M.  Yander  Maelen  un  témoignage 
vîvanL  C'est  la  brochure  intitulée  :  Êpistémonomie  ou 
Tables  générales  d'indications  des  connaissances  humaines^ 
par  Ph.  Vander  Maelen  et  le  docteur  Meisser.  (Prospectus. 
Bruxelles,  1840,  in-S"  de  16  colonnes;  il  y  a  des  exem- 
plaires ayant  72  colonnes).  Je  prie  la  Classe  d'accepter  le 
don  de  cette  brochure,  où  l'on  verra  quelles  étaient  les 
idées  des  auteurs.  On  y  a  réuni,  sous  la  rubrique  Chemins 
de  fer,  une  foule  d'indications  de  tous  genres,  à  l'aide 
desquelles  on  pourrait,  sans  peine,  écrire  un  très  bon  livre 
sur  les  premières  années  de  l'établissemenl  des  chemins 
de  fer.  MM.  Vander  Maelen  et  Meisser  auraient  voulu 
publier,  c'est  à-dire  mettre  à  la  portée  de  tous,  les  innom- 
brables notes  de  l'Établissement  géographique.  Inutile  de 
dire  que  cette  pensée  féconde  resta  sans  suite,  faute  d'en- 
couragements; elle  mérite  d'être  rappelée  et  sauvée  de 
roubii. 


(  132  ) 


Barthélémy  Latomus,  le  premier  professeur  (Véloquence 
latine  au  Collège  royal  de  France;  par  L.  Roerscli, 
membre  de  PAcadémie. 

Le  Collège  de  France,  à  Paris,  doit, comme  on  sait,  son 
origine  au  Collège  Royal  fondé  par  François  I''  à  l'instar  du 
Collège  des  Trois  Langues  de  notre  ancienne  Université  de 
Louvain.  D'abord  le  roi  n^avait  voulu  y  établir  que  des 
cours  de  grec  et  d'hébreu,  mais  bientôt  il  compléta  son 
œuvre  par  l'institution  d*une  chaire  d'éloquence  latine,  et  y 
lit  monter  TArlonais  Barthélémy  Steinmetz  ou  Masson, 
plus  connu  sous  le  nom  de  Latomus.  Pendant  huit  ans, 
Latomus  enseigna  avec  assez  d'éclat,  puis,  se  lançant  dans 
une  nouvelle  carrière,  il  exerça  des  fonctions  politiques 
dans  le  pays  de  Trêves,  comme  conseiller  de  l'Ëlecteur,  et 
joua  un  rôle  d'une  certaine  importance  dans  les  querelles 
religieuses  de  l'Allemagne.  Ces  faits  ont  appelé  sur  notre 
compatriote  l'attention  des  annalistes  de  Trêves  aussi 
bien  que  celle  des  historiens  du  Collège  de  France.  Les 
écrivains  belges  n'ont  pas  manqué  non  plus  de  noter  les 
détails  de  sa  vie  et  de  dresser  le  catalogue  de  ses  ouvrages. 
Mais  ils  n'ont  pas  toujours  vu  eux-mêmes  les  livres  dont 
ils  donnent  les  titres,  ou  ne  paraissent  en  avoir  fait  qu'un 
examen  superficiel.  De  là,  des  erreurs  constamment  répé- 
tées par  les  écrivains  postérieurs,  qui  ont  cru  pouvoir 
ajouter  foi  à  leurs  assertions  sans  recourir  aux  sources. 

En  nous  adressant  à  diverses  bibliothèques  du  pays  et 
de  l'étranger,  nous  sommes  parvenu  à  lire  la  plupart  des 
écrits  de  Latomus  ;  il  nous  a  été  ainsi  possible  de  compléter 
et  de   rectifier  les  notices  qui  lui  ont  été  consacrées 


(  133) 

jufqu'ici  (!)  et  dlndiquer  en  même  temps,  sinon  la  valeur 
réelle  de  ses  ouvrages,  du  moins  les  circonstances  dans 
lesquelles  ils  ont  vu  le  jour.  Cest  ce  que  nous  avons  tenté 
de  faire  dans  le  présent  travail. 

Barlholomaeus  Henrici,  ou  Barthélémy,  fils  de  Henri,  . 
devait  à  la  profession  de  son  père  le  nom  additionnel  de 
Steinmelz  ou  le  Masson  (=  maçon).  Selon  l'usage  des 
humanistes,  il  traduisit  ce  dernier  en  grec  et  s'appela 
Rarth.  Laiomus  (2).  Il  naquit  à  Ârlon,  vers  la  fin  du 


(1)  Les  principales  sont  :  Gesoer,  Bibliotheca  tmiversalis  (Zurich, 
1545),  fol.  133;  Simlcr,  Bibl.  collecta  a  Gcsnero  in  Epitomen  redacta 
fi  aucia  (Zurich,  1574);  Henri  Panlaleon,  Prosopographia  illustrium 
tmrum  totius  Germaniae  (Basiieae,  1566),  t.  III,  p.  229;  Valérc 
Aodre,  BibL  Belgicoy  p.  106  ;  Goujel,  Mémoire  histor,  et  littér.  sur  le 
CoUège  Boyal  de  France,  t.  Il,  p.  H8  ;  D.  Calmet,  Bibliothèque 
lorraime  (Nancy,  i75l),  p.  561;  Nicéron,  Mémoires,  etc.,  t.  XLII, 
p.  14;  Paqnot,  Mémoires  pour  servir  à  l'hist,  lit  1er,  des  Pays-Bas, 
éd.  io-fol.,  1. 1,  p.  136;  W.  Wiithcim,  Disquisitio  autiquit,  luxemb.. 
Il  c.,  il,  §  9  (Bibl.  roy.  de  Bruxelles,  sect.  des  manuscr.,  n«  7146); 
—  Chr.  Brower,  Annales  Trevirenses,  t.  Il,  pp.  327,  358,  365,  368, 
370,  373;  Hontheim,  Histor.  Trevir,  diplomatica,  t.  II,  pp.  554 
et  699.  Ces  deux  auteurs  ont  servi  de  source  à  J.  Marx,  Geschichte  des 
Erzslifts  Trier,  t  llf,  p.  499,  d'où  est  extraite  la  notice  dcF.-H.  Kraus 
dans  V  JUgemeine  Deutsche  Biographie,  t.  XVI H,  p.  ^4;  —  A.  Ncyen, 
Biographie  luxembourgeoise,  p.  309  ;  Douret,  Notice  sur  les  ouvrctges 
composés  par  les  écrivains  luxembourgeois  dans  Vfnst.  archéol,  de  la 
proc.  de  Lux.,  t.  VI,  p.  175. 

(2)  Son  inscription  comme  bachelier  au  registre  de  la  Faculté  des 
Arts  de  Fribourg  est  conçue  en  ces  termes  :  Barlholomaeus  Uenrici 
lapieidae  Ârlunensis.  L'année  suivante  il  était  inscrit,  en  qualité  de 
magistcr,  sous  les  noms  de  Bartholomacus  Latomus  Arlunensis, 
V.  H.  Scbreibcr,  Geschichte  der  Albert- Ludwig s  Universitât  zu  Frei- 
ffurg  im  Breisgau  (Fribourg,  1857),  t.  Il,  p.  195. 


(  15^) 

XV^  siècle  et  mourut  à  Coblence,  le  5  janvier  1570.  L'an- 
née de  sa  naissance  ne  peut  élre  exactement  établie.  La 
biographie  insérée  dans  la  Prosopographta  de  Henri 
Pantaléon  la  place  vers  1485;  Valère  André  la  suit,  mais 
en  supprimant  la  particule  vers,  Marx,  Thisiorien  de  Trêves, 
croit  plus  probable  qu'il  vit  le  jour  vers  1498.  Il  y  a  bien 
certains  faits  qui  militent  en  faveur  de  cette  opinion  :  le 
mot  d Wo/escen/ta, appliqué  par  Latomusà  Tépoquedesa  vie 
antérieure  à  1528  (Advers,  Buccerum  altéra  defensio  0  ij)y 
le  terme  iuvenis,  par  lequel  Érasme  le  désigne  en  1521 
{EpisioL  650);  mais  d*un  autre  côté  Dathenus,  en  1558, 
parle  de  lui  comme  d*un  vieillard  ayant  un  pied  dans  la 
tombe,  langage  qui  cadre  mieux  avec  soixante-treize  ans 
qu'avec  soixante,  et  dans  Touvrage  de  Pantaléon  imprimé 
en  1556  il  est  dit  encore  vivant  à  Coblence,  déjà  octogé- 
naire. 

Latomus  fit  ses  premières  études  dans  sa  ville  natale. 
Dans  la  dédicace  de  son  édition  du  discours  pro  Caecina 
(1559),  il  rappelle  à  Matthias  Held,  vice-chancelier  de 
l'Empire,  les  années  qu'ils  avaient  passées  ensemble  à 
l'école  d'Arlon  (1).  Le  jeune  Held  le  conduisait  souvent 
dans  la  maison  de  son  oncle  paternel,  excellent  juriscon- 
sulte, possesseur  d'une  riche  bibliothèque,  dont  la  vue  le 
remplissait  d'admiration  et  le  stimulait  au  travail  (2). 


(1)  La  date  de  la  naissance  de  Latomus  pourrai t-étre  approxima- 
tivement établie  par  ceUe  de  Held,  mais  cette  dernière  est  également 
inconnue.  C*est  par  erreur  que  la  Biographie  nationale,  t.  VIU,  p.  889, 
fait  naître  Held  en  IKOO.  Voir  la  notice  plus  complète  de  la  AUge- 
meine  Deutsche  Biographie, 

(2)  Bibliothecam  illius  vidi  puer  uoa  cum  essemus,  non  solum 
assiduitatc  ludi  iilterarii,  sed  ctiam  amore  coniuncti. 


r 


(  138) 

Noos  afons  lieu  de  croire  qu'il  continua  ses  éludes  à 
Trêves,  il  se  trouvait  dans  cette  ville lejourde  Pâques  1512, 
lorsqo*en  présence  de  l'empereur  Maximilien,  la  relique 
de  la  Sainte  Robe  fut  noontrée  pour  la  première  fois  au 
people  (1).  ËtailHl  déjà  à  cette  époque  professeur  de  latin 
à  Trêves?  Goujet  prétend  qu'il  y  enseigna  tout  d^abord, 
mais  Latomus  lui-même  désigne  Fribourg  comme  le  pre- 
mier siège  de  son  professorat  (2).  Il  est  du  reste  peu  pro* 
bable  qo1l  ait  enseigné  dès  1512,  car  dans  un  écrit 
de  1559,  il  dit  s'être  livré  à  renseignement  depuis  qua- 
rante ans,  ce  qui  nous  amène  à  1519  (3). 

Eo  1514  ou  1515,  il  alla  suivre  les  cours  de  la  Faculté 
des  Artsà  rUniversité  de  Fribourg.  Le  28  t^eptembre  1516 
il  subit  avec  succès  Texamen  de  hacbelier  devant  six 
magislri  ou  docteurs  appartenant^  comme  c'était  Tusage  à 
Fribourg,  pour  une  moitié  à  la  tendance  des  réalistes  et 
pour  l'autre  à  celle  des  nominalistes  (A),  A  la  fin  de  l'année 
suivante  il  surmonta  brillamment  les  épreuves  de  magister 
en  obtenant  la  première  place  parmi  dix  candidats.  Aussi, 
le  13  janvier  1518,  il  fut  admis  dans  le  corps  des  maîtres 
de  la  Faculté  et  autorisé  en  cette  qualité  à  ouvrir  des  cours 


(1)  Maxim,  defuneius  b.  ij  :  Ipse  aderam,  sacrum  celebrabant 
tempon  pascha  et  dabat  aetbereas  mystica  luensa  dapes. 

(2)  Advrrs^is  Buecerum  defensio  altéra  :  cursum  iactationemque 
adolescentiac  meae,  quam  primum  Friburgi,  deinde  Treviris,  postea 
Coloniae  io  Gymnasiis  egi. 

(3)  De  docia  simpHciiate  H.  2.  :  Qaadraginta  plas  minus  annis 
stodiis  operam  dedi,  exeeptîs  paucis  quibus  nunc  Reipublicae  milito. 

(4)  Les  examinateurs  furent  :  NominalUtes,  Mag.  Matbieu  Zell, 
M.  Henri  Klamcr  et  M.  Melchior  Fatlin  ;  Réalùles^  M.  Albert  Krauss, 
M.  Job.  Caesar,  et  un  troisième  pris  en  dehors  du  conseil  de  la  Faculté. 
Voir  Scbreiber  o.  c. 


(  <36  ) 
à  rUniversité  (1).  Le  26  décembre  1519  il  devint  membre 
du  Conseil  de  la  Faculté  (2),  et  il  fut  élu,  Tannée  suivante, 
comme  régent  ou  convenior  d'une  bourse  (3).  On  donnait 
ce  nom  aux  collèges  ou  pensionnats  dans  lesquels  les 
étudiants  de  Fribourg  étaient  logés  et  nourris  soit  à  leurs 
frais,  soit  avec  les  produits  d'une  fondation  (4).  Latomus 
exerçait  encore  cet  emploi, quand  Érasme,  qu'il  connaissait 
depuis  1515  (5),  traversa  en  1521  l'Alsace  pour  se  rendre 
à  Bâie.  Il  l'accompagna  de  Strasbourg  à  Schlelstadt,  et 
Érasme,  racontant  plus  tard  ce  fait  au  chanoine  Marc 
Laurin  de  Bruges,  fait  Téloge  de  son  esprit  et  de  son 
affabilité  :  singulari  morum  et  ingenii  dexferitale  iuve- 
nis  (6). 

Les  maîtres  de  la  Faculté  des  Arts  étaient,  comme  nous 
l'avons  dit,  divisés  selon  les  tendances  ou  les  voies,  viae^ 


(1)  Convocatis  Magistris  de  Consilio  13  die  Jan.  i518  scquentos 
Baccalaurei  ad  Kegcntiam  seu  consortium  Magistrorum  assumtisunt  ; 
Barlh.  Latomus,  Thcobald.  Bapst,  etc.  (Extrait  des  Protocoles  de  la 
Foc.  des  Arts,  dans  Sclireiber  o.  c). 

(2)  26  Dec.  1919.  Concludebatur  :  M.  Tbeobaldum  et  M.  Latomum 
assumendos  esse  in  Gonsilium  Facultatis.  Ibidem. 

(5)  Mag.  Latomus  an.  1920  conventorem  bursae,  uti  vocarunt,  egit. 
Note  de  J.'A.  Ricgger,  dans  Udalrici  Zasii  Epistolae  ad  viros  aetalis 
suae  doctissimos  (Ulm,  1774,  p.  912). 

(4)  Voir  Schreiber  o.  c,  t.  I,  pp.  36, 44. 

(9)  Lettre  de  Lat.  à  Érasme,  Ep.  1283,  datée  de  Paris  le  29  juin 
1939  :  lam  vigcsimus  annus  est,  opiner,  et  amplius  ex  quo  primum 
mihi  cognitus  fuisti. 

(6)  Epist.  690  du  1^'  février  1 923  :  Inde  (Argentorato)  SIetstadium 
me  confère  comitantibus  aliquot,  inter  quos  erat  Bartholomaeus 
Latomus  Trevir,  singulari  morum  et  ingenii  dexterilate  juvenis,  qui 
Friburgi  moderabatur  collegium  philosophicum. 


\ 


(  137) 

eD  DcmiDalistes  et  en  réalistes.  Latomus  se  trouvait  dans 
la  seconde  (1).  Mais  si  ces  dénominations  rappelaient  les 
disputes  de  récole,rhumanisme  n'en  dominait  pas  moins  à 
Friboorg,  et  Ton  y  accordait  une  large  place  aux  études 
littéraires,  aux  exercices  poétiques  et  oratoires,  à  Tinter- 
prélation  des  auteurs  latins  et  grecs.  Latomus  fit  dans  ce 
sens  des  cours  privés  ou  extraordinaires,  s*attirant  parfois 
le  reproche  d'occuper  les  heures  des  cours  publics  ordi- 
naires (2),  comme  aussi  on  le  blâmait  de  ne  pas  observer 
strictement  la  tenue  prescrite  par  les  règlements  (5).  Les 
maîtres  es  arts  étant  obligés  de  fréquenter  certains  cours 
des  autres  Facultés  (4),  il  assista  à  ceux  du  célèbre  juris* 
consulte  Zasius  (5).  Enfin  il  s'exerça  beaucoup  à  la  poésie 
htine,  fort  en  honneur  à  Fribourg,  où  elle  avait  même  un 
professeur  public  spécial  (6).  Le  fruit  de  ces  exercices 
forent  les  premiers  ouvrages  de  Latomus. 
En  1519  parut  de  lui  :  Imp.  Caesar,  D,  Maximilianus 


(t)  Elecli  examina  tores  die  20  Febr.  IS2i  :  In  via  Realium:  Doclor 
Caspar.  NeU,  Mag.  Job.  Cacsar.  Slag.  Barlhoiomaeus  Latomus  Arlu- 
ocnsis.  Prof.  Facull.,  dans  Schrciber,  t.  Il,  p.  l!29. 

(i)  Sô  Aug.  i524.  «  Barlh.  Latomum  Art.  Mag.  placuit  vocarî  ad 
UnÎTersitalem  co  quod  boram  non  mularct  ad  conclusa  Unîversîtatis, 
ordioariis  lectionibus  praciudicantcm.  •  Prot.  Univ.,  dans  Schreibcr, 
t.  Il,  p.  195. 

(3)  24  Jan.  1521.  «  Oietum  fuit  quod  Mag.  Barlh.  Latomus  et 
Mag.  Gregorius  Frauenfeid,  studentium  praesides  et  instilutores, 
Byrreta gestant  Galeris  similia.  Placuit  quod  cis  dlcaturperpedeUum, 
Qtislis  Byrretis  abstineant  similiter  et  longioribus  iliis  gladiis  quibus 
ctogantur.  •   ProL  Univ.,  dans  Scbrcibcr,  t.  Il,  p.  85. 

(i)  Schreibcr,  t.  II,  p.  167. 

(5)  Dans  la  lettre  qui  a  été  publiée  par  Riegger  {Epist.  Zasii, 
p.  (09),  il  le  désigne  comme  amicus  et  praeceptor  colendissimus, 

(6)  Schrciber,  t.  I,  p.  69. 


(  138; 

defunclus  Bart/iolomaeo  Latomo  Arlunen.  Germano  aulore 
(Âuguslae  Vindelicoruin  27  oct.  1S19,  17  feuillets  non 
chiffrés  iii-4'*  {^).  C'est  une  élégie  de  trois  cent  soixante- 
treize  distiques  célébrant  les  vertus  et  les  exploits  de 
Maximilien  décédé;  le  style  est  coulant  et  prend  une  cou- 
leur vraiment  poétique,  quand  Tauteur  décrit  les  derniers 
moments  de  Tempereur.  L'auteur  la  fait  précéder  d'une 
épttre  dédicatoire  aux  princes  Charles  et  Ferdinand,  datée 
de  Fribourg,  le  8  mai  1 51 9  (2). 

C'est  aussi  de  Fribourg,  ex  Academia  nostra,  que  le 
premier  janvier  1 520  il  dédia  à  sou  ancien  élève  Jean  Louis 
de  Hagen  et  à  Godfroid  d'Ëitz,  chanoines  de  Téglise  de 
Trêves,  une  lettre  en  vers,  que  TAutriche  personnifiée  est 
supposée  adresser  à  Charles  V,  pour  le  prier  de  se  rendre 
sans  retard  dans  le  pays  de  ses  pères  :  Epistola  Austriae 
ad  Carolum  Imp.  ficlilia  Barptolomaeo  Latomo  Arlu^ 
nense  (3)  aulhore.  Argentinae,  Jean  Knobloch,  novembre 
1521  (4),  12  feuillets  in-8'.  En  décrivant  Tâge  d'or  que 


(i)  Réimprimé  dans  Schardius,  Orationum  ac  elegiarum  in  funcrc 
iUustriss.  principum  Germaniac,  1. 1,  pp.  59-72. 

(â)  Latomus  étant  encore  un  inconnu,  son  ouvrage  est  introduit 
par  une  lettre  de  Jacques  Spiegel  J.-C.  au  conseiller  Jérôme  Prunner, 
écrite  à  Augsbourg  le  i  5  octobre.  Spiegel  y  déclare  avoir  fait  imprimer 
cette  poésie  à  cause  du  sujet  traité  et  de  Télégance  des  vers. 

(5)  L'exemplaire  de  la  bibliothèque  de  TUniversité  de  Liège  porte, 
par  buîte  d'une  faute  d'impression,  ar  fierue, 

(i)  Simicr,  dans  son  résumé  complété  de  la  Bibliothèque  de 
C.  Gesner  (Zurich  157i),  donne  par  erreur  la  date  de  4527  et  fait 
un  léger  changement  au  titre  :  Epistola  Elegiaeo  carminé  Auslriae 
nomine  ad  Carolum  K,  hnp.  Le  faux  millésime  se  retrouve  dans 
Valère  André,  avec  un  tilrc  complètement  altéré  :  Elegia  de  Auslriae 
nomine.  Cette  double  erreur  a  été  reproduite  par  tous  les  biblio- 
graphes. 


-1 

I 


(159) 

(en  naflre  en  Allemagne  le  séjour  du  nouvel  empereur, 
Ulomas  s'élève  assez  vivement  contre  le  luxe  de  la  Cour 
de  Rome  et  le  commerce  des  indulgences.  Une  tirade  sem- 
blable se  rencontre  aussi  dans  le  Maximilianusdefunctus(l), 
mais  ces  attaques  paraissent  plus  étonnantes  dans  une 
fpitre  adressée  directement  à  Charles  V  et  dédiée  à  deux 
chaDoioes,  dont  Tun  occupa  plus  tard  le  siège  épiscopal  de 
Trêves  et  se  montra  un  ardent  défenseur  de  la  cause  catho- 
lique (2).  Cependant  il  ne  faut  pas  oublier  que  les  plaintes 
doot  Latomus  se  fait  ici  Técho,  formaient  un  lieu  com- 


(I)  biiij  aa  verso  :  Rhoma  fîdem  loties  (veniam  da  Petre)  fefellit 

Qaasquc  dcdit  populas  pro  crucc  caepit  opes. 
Et  malc  divitias  rebas  cessisse  prophanis 
fnque  ferunt  usus   sacra  abiissc   levés. 

(2)  F.  iO  :  Tanc  solium   Pétri  nuilis   violabilc   stabat 

Artîbus,  exteruas  ni!  cupiebat  opes. 
Régna  levi  sumptu  Papam  moderata  fcrcbant, 

Pompae  aberant,  aberat  luxuriosa  domus. 
Non  famuios  totidem  Scribasque  fovebat  inertes 

Rhoma,  le  vis  yitiis  fabula  facta  suis. 
Non  tibi  bis  ccntum  tua  limina,  Petre,  tenebant 

Hclvctii,  pacis  tu  tibi  tutus  cras. 
Non  tibi  régales  cura  ostenlarc  paratus, 

Tune  sua  pontificum  gloria  Christus  erat.  — 
....  Prô,  perhibent  Rboiuam  vénales  tradere  coelos 

Vertereque  arbitrio  limina  celsa  suo. 
Quum  volet  haec  precio  claudct,  rursumque  recludet. 

Quum  volet  haec  vacuus  Juppitcr  exul  eris. 
Juppitcr  exul  eris,  nisi  sit  tibi  Juppiier  aurum. 

Si  venias,  ibis  tu  quoquc  Christe  foras. 
Paupcr  cras,  paupcr  gcnitor,  tibi  paupera  mater 

Discipulique  inopes,  i  quoque  Christe  foras. 


(  140  ) 

muD  dans  les  écrits  des  humanistes  de  celte  époque,  et 
que  les  partisans  de  Luther  n*étaient  pas  seuls  à  les  faire 
entendre. 

Peu  après  il  fut  appelé  à  Trêves  II  y  était  en  septembre 
1522,  lorsque  Frans  de  Sickingen  leva,  avec  les  chevaliers, 
l'étendard  de  la  révolte  et  tenta  un  coup  de  main  contre 
la  ville.  Notre  professeur  prit  lui-même  les  armes  en  cette 
circonstance  (1)  et  fut  ainsi  témoin  oculaire  des  faits  qo*il 
exposa,  Tannée  suivante,  dans  un  récit  poétique  de 
i  089  hexamètres  :  Faclio  memorabilis  Francisci  ab  Siccin- 
gen  cum  Trevirorum  obsidione,  tum  exitus  eiusdem  :  Barpto- 
lemaeo  Latomo  Arlunen  autore.  (Apud  sanctam  Ubiorum 
Aggrippinam,  in  aedibus  Eucharii  Cervicorni,  1523,  20  ff. 
non  chiffrés,  petit  in-4''  (2).  Brower  en  donne  de  nombreux 
extraits  dans  les  Annales  Trevirenses.  Il  décrit  en  style 
pompeux,  avec  nombreuses  réminiscences  de  Virgile,  les 
forces  de  l'ennemi,  les  préparatifs  de  la  défense,  le  bom- 
bardement, l'arrivée  des  secours,  la  fuite  de  Sickingen,  la 
prise  de  son  château  et  sa  mort.  La  liberté  de  langage  que 
nousavonssignalée  dans  les  précédentes  poésies  se  retrouve 
encore  dans  celle-ci.  La  cause  de  la  sédition  est  à  son  avis 
la  haine  du  peuple  contre  le  clergé  (Invidia  populi  erga 


(1)  fpse  ego  qui  placidis  fueram  sacer  ante  camoenis 

Tranquillac  pacis,  studiorum  cultor  et  oci, 
Non  ulla  expertus  bella  aut  Mavortia  régna, 
Exceptis  vatum  ingcniis  clarisque  loqucntum 
Librorum  pugnis,  horrendo  corpora  ferro 
Accingor... 

{t)  Réimprime  dans  Schardius,  Scriplores  rerum  Cvrmanicttrum^ 
t.  Il,  pp.  1019-1050. 


(  441  ) 

c/fmm),  baioe  provoquée  par  le  fasle  et  l'orgueil  dont 
Rome  avait  doDoé  Texemple  (1)  : 

Caelen  pars  sequitar  reliquum  dispersa  per  orbem, 
Exemplamqne  ducîs  proeeres  tarbaeque  minores 
Arripiant  :  leges  et  mercenarla  iura 
Cooduntar,  premitur  popalas,  fît  iniqua  tyraniiis 
Relligîo  et  loto  pietas  vilescit  in  orbe. 

Lliistoire  du  siège  est  suivie  d'une  poésie  de  quarante  et 
on  vers  intitulée  Bombarda,  et  dédiée  à  Jean-Louisde  Hagen. 
Llostroment  de  destruction  y  décrit  lui-même  ses  ravages  : 

En  ego  tarlareis  Bombarda  reperta  sub  umbris 
Vukani  et  duras  Telluris  fîlia,  flammas 
Ore  gerens,  fcrro  ant  duro  cavus  œre  Cbylindrus 
Deîeîo  terras,  celsas  demolior  arces,  etc. 

Après  avoir  enseigné  quelque  temps  à  Trêves,  Latomus 
se  rendit  à  Cologne.  Il  y  composa  plusieurs  manuels  de 
logiqae  et  de  rhétorique,  et  l'on  peut  en  conclure  qu'il  fut 
professeur  de  ces  arts.  Le  30  septembre  1527  il  dédia  In 
Coloniensi  Academia^  à  3ean-Louisde  Hagen  et  au  frère  de 
celui-€i,un  résumé  de  la  dialectique  et  de  la  rhétorique  réu- 
oiesdaosun  même  traité;il  lesregardait  comme  constituant 
ensemble  l'art  du  discours,  dont  le  but  est  docere^  movere, 
deUctare:  Sutnma  lotius  rationis  disserendi,  uno  eodemque 
corpore  et  Dialeclices  et  Rhetorices  partes  complectens^ 
Bartholomaeo  Latomo  Arlunensi  authore.  Coloniae.  excu- 
debat  Joannes Gymnicus,  1 527  (2).  Il  composa  aussi  des  noies 


(1)  Latomus  pensait  surtout  à  la  cour  d*Aibert  de  Mayencc,  sur 
hqueUe  oo  peut  voir  Touvrage  de  J.  Janssen,  Geschichic  des  deutschen 
Fottet  seU  demAuigang  des  MUlelallers^  t  II,  pp.  60  et  339. 

(2)  Une  réimpression  datant  de  4544  a  il2  feuillets  non  chiffrés, 
io^. 


(  U2  ) 

sur  la  logique  de  Georges  de  Trébizonde,  qui  étail  généra- 
lement employée  dans  les  écoles.  Jean  de  Nimègue  avait 
fait  paraître  à  Cologne  une  édition  corrigée  de  celte  logique 
avec  un  commentaire.  On  y  ajouta  plus  lard  les  notes  de 
Latomus  :  elles  sont  courtes,  ne  remplissent  que  dix  pages 
et  demie,  mais  claires  et  bien  appropriées  à  la  matière  : 
Georgii  Trapezunlii  de  re  diateclica  libelluSj  ab  innu- 
merisy  quitus  hacienns  scaluil  mendis  repurgatus  una 
cum  scholiis  Joannis  Noviomagi  et  Bartholom.  Latomi 
illustratm.  Coloniae,  Martin.  Gymnicus,  lo44y1549.  126 
feuillets,  petit  in-8''  non  chiffrés  (ajssi  Lyon  1545  in-4''). 

Un  autre  traité  de  dialectique  fort  estimé  était  celui  de 
Rodolphe  Âgricola.  Latomus  en  fit  un  résumé  qu'il  dédia 
le  5  mars  1530  au  jurisconsulte  Henri  Olioslager,  et  qui 
parut  chez  Gymnicus  en  1552:  Epilome  commentario- 
rum  Dialecticae  invenUonh  Rodolphi  Agricolae.  Per 
Bartholomaeum  Lalomnm  Arlunensem,  (1S7  p.  in-S"*. 
Réimprimé  en  1534.)  Il  est  divisé  en  trois  livres  :  de  locis, 
de  usu  locorum,  de  movendi  et  delectandi  ratione. 

Le  professeur  appliqua  les  préceptes  de  la  rhétorique  à 
l'interprétation  des  œuvres  oratoires,  dans  les  ouvrages 
suivants  :  Oratio  Ciceronis  pro  MUone^  expositions 
arlificio  et  annotaiionibus  illustrata.  Coloniae,  15S8;et 
Artificium  Dialecticum  et  Rhetoricum  in  quatuor  prae- 
clarissimas  orationes  ex  T.  Ltvio  et  Cicérone.  Coloniae, 
J.  Gymnicus^  1532,  in•8^ 

Nous  ne  savons  si  c'est  à  Cologne  ou  à  Fribourg  que 
Latomus  écrivit  les  notes  sur  Térence  qui  furent  jointes  à 
l'édition  de  ce  poète  publiée  en  1552,  à  Paris,  chez  Jean  de 
Roigny,  in-folio.  Ces  notes  donnent  un  court  argument  de 
chaque  scène,  exposent  la  suite  des  idées  ainsi  que  les 
intentions  du  poète  et  les  artifices  du  style.  Quelques 


r 


(  1*3  ) 

mots  difficiles  y  sont  traduits  en  allemand  (1),  d*où  Pon 
pettC  conclure  que  le  coromenlaire  n'a  pas  été  fait  pour 
d«s  auditeurs  ou  des  lecteurs  français.  Plusieurs  de  ces 
notes  se  retrouvent  dans  l'édition  variorum  de  Corn. 
Schrefelins,  Leyde,  1651. 

Cest  aussi  en  Allemagne  que  furent  rédigées  les  notes 
snr  les  Paradoxes  de  Cicéron,  qui  parurent  à  Cologne 
en  1532  (2)  et  furent  souvent  réimprimées  (3)  Dans  une 
édilioo  du  traité  de  Officiis  et  des  autres  petits  écrits 
moraux,  de  1559,  ces  notes  occupent  huit  pages  et  demie 
io-S*.  Elles  se  bornent  en  générai  à  indiquer  les  noms 
techniques  des  arguments  et  des  figures. 

Nous  trouvons  mentionnée  dans  G.  Lizel,  Historia  poe^ 
tarnm  graecorum  Germaniae  (Francf.  et  Lipsiae,  1750), 
page  32,  une  poésie  greco-latine  composée  par  notre 
Latomos  m  orationem  Christi  passionalem  et  imprimée, 
après  sa  mort,  à  Rostoch,  en  1593.  Il  est  à  supposer  qu'elle 
a  été  écrite  en  Allemagne,  mais  nous  ne  l'avons  pas  vue 
et  ne  saurions  en  indiquer  l'époque. 


(1)  EuD.  IV,  4,  46  varia  veste,  i.  e.gedeylt  ;  v.  22  colore  mustelino^ 
fliTo,  hUychge^  ad  eolorem  mustelae.  Adelph.  V,  9,  29  prae  manu^ 
ivA^uffdiehani, 

(2)  Paradoxa  cum  annolationibus  D,  Erasmi,  addilis  in  tnargine 
HhoHit  B.  Latomo  autore,  Coloniae  J.  Gymnicus. 

(3)  Entre  autres  k  Cologne,  4534,  4539;  à  Paris,  4544,  4543, 
4545,  4556;  à  Bâle,  4547.  On  les  trouve  aussi  dans  M.  T.  C.  Para- 
i^aad M,  BnUum  Audomari  Tolaei commentario  explicata,  Lutetlae, 
CSlephani,  4554,  in-4<>.  Puis  avec  le  traité  de  Officiis,  Lyon,  4535; 
Paris,  4538,  4544,  4545,  4546,  4550;  Francfort,  4545;  s.  1.  (Stras- 
hwf)  456ft 


(  444  ) 

De  Cologne,  Latomus  partit  pour  Louvain  (1).  Melchior 
Adam  {Vitae  Germanorum  phiiosophorum,  page  158), 
raconte  qu'il  y  fut  le  condisciple  de  Jean  Sturn),  avec 
lequel  il  se  lia  d'amitié.  Or,  Sturm  demeura  à  Louvain 
pendant  cinq  à  six  ans,  de  1524  à  1529,  trois  ans  comme 
élève,  et  deux  comme  professeur.  Nous  savons  que 
Latomus  était  à  Cologne  le  30  septembre  1527  et  le 
3  mars  1530;  si  l'assertion  de  M.  Adam  est  vraie,  son 
séjour  dans  TUniversité  brabançonne  doit  être  placé  entre 
ces  deux  dates  ou  vers  1525.  Mais  nous  n'avons  trouvé 
aucune  trace  du  séjour  de  Latomus  à  Louvain  à  cette 
époque.  Il  est  établi  au  contraire  qu'il  s'y  Gt  inscrire 
le  31  juillet  1530  sous  le  rectorat  de  Pierre  Curtius  (2). 
il  y  demeura  peu  de  temps;  après  avoir  suivi  quelques 
cours,  il  se  rendit  à  Trêves,  où  il  semble  avoir  été  appelé 
pour  enseigner  les  lettres  à  l'Université,  mais  dans  des 
conditions  peu  avantageuses. 

Un  certain  découragement  s'était  emparé  de  lui^  mais 
soutenu  par  Zasius,  son  ancien  maître  de  Fribourg,  il  se 
remit  avec  zèle  à  l'étude.  Nous  le  voyons  par  une  lettre  écrite 
de  Trèv(>s  à  Zasius  en  1530  le  jour  des  Innocents,  c'est-à- 
dire  le  28  décembre  (3).  En  janvier  1551,  Ferdinand  fut 

(i)  Àdv,  Bucc,  ait.  def.  0  ij  :  cursum  iactationcmque  adolescentiae 
mcae,  quam  primum  Friburgi,  dciiide  Treviris,  postca  Coloniae  in 
Gymnasiis  egi,  doncc  robustior  factus  cvolavi  Lovanium^  mox  in 
Galliam  atque  Italiara. 

(2)  II  est  mentionne  comme  il  suit  dans  les  matricules  de  TUni- 
versilc:  4530.  <*  Pridie  Augusti  Barlholomacus  Latomus,  Arlonensis, 
clericus  Trcvirensis.  «  Nous  ignorons  dans  quel  sens  est  pris  ici  le 
terme  de  clericus, 

(3)  Elle  a  clé  publiée  par  Riegger,  Ud.  Zasii  EpitL,  p,  509. 
L'année  n'est  pas  indiquée,  mais  peul  être  facilement  fixée.  Zasius 


(  U5  ) 

coarooné  comme  roi  des  Romains.  Latomus  célébra  aussitôt 
cetévénemenl  par  un  poème,compreDaDt, d'après  CGesner, 
une  feuille  et  demie  :  Gralulatio  in  Coronationem  Régis 
Romanùrum  ad  Carolum  V  Caesarem  et  Ferdinandum 
regem^fratres  Augustos(l).  Mais  il  ne  devait  pas  longtemps 
professer  à  Trêves.  Le  13  mars  1551  mourut  Tarchevéque 
Richard  de  Greiffenklau,  parent  de  Louis  de  Hagen,  le 
protecteur  de  Latomus.  Un  personnage  influent  auprès  du 
Douvean  prélat,  Jean  de  Metzenhauzen,  élu  le  27  mars, 
éuit  mal  disposé  pour  l'humaniste  ;  il  critiqua  vivement 
te  système  qu'il  avait  inauguré  pour  les  études  latines  et 
rendit  fort  difficile  sa  position  à  l'Université.  Latomus  se 
décida  donc  à  prendre  le  chemin  de  l'étranger,  mais  avant 
de  partir,  il  voulut  laisser  un  souvenir  de  reconnaissance 
envers  Tévéque  décédé,  et  pour  avoir  l'occasion  de  louer 
ses  mérites,  il  écrivit  un  discours  funèbre,  qu'il  supposa 
avoir  prononcé  lui-même  au  dôme,  le  jour  des  funérailles. 
Il  le  fit  paraître  après  son  départ  et  signa  ex  ilinere  in 
Gttlliam,  le  28  juin  1531,  la  préface  à  Louis  de  Hagen,  où 


y  est  dit  avoir  sous  presse  la  Douvelie  édition  de  ses  Singulares 

nUeUeetus,  qui  parut  à  Fribourg  en  1532.  La  lettre  a  donc  dû  être 

écrite  en  1530  ou  en  153i;   mais  en  décembre  193i  Latomus, 

comme  nous  verrons,  n*était  plus  à  Trêves.  Notre  humaniste  y  déplore 

le  dédain  qu'on  a  maintenant  pour  les  études  :  «  dolenda  profecto 

muera  et  depioranda  studlorum  conditio,  quae  eo  nunc  redacta  est, 

ut  iotra  vilissimârum  etiam  artium  sordes  habeatur.  »  Aussi  se 

&erait-il  repenti  de  sa  vie  passée,  si  les  exhortations  de  Zasius  ne 

lui  araient  donné  du  courage.  «  In  quo  functus  es  cum  praeceptoris 

tam  amici  officio,  et  tua  adhortatione  ita  me  obfirmasti  ut  ab  honcsto 

institato  numqnam  defecturus  sim.  » 

(1)  il  nous  a  été  impossible  de  voir  cette  pièce. 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIT.  10 


(  146  ) 

il  se  plaint  de  la  conduite  tenue  à  son  égard  (1)  :  Decla-- 
maiio  funebris  in  obitum  magnanimi  et  excellentissifnt 
Prmcipis  Richardi,  Archiepiscopi  Treverensis^  Bartholo- 
maeo  Latomo  Arlunensi  aulore,  Coloniae,  apud  Joannem 
Gymnicum.  1531,  12  feuillets  in-16''  non  chiffrés.  Le 
Père  Brower  en  donne  de  nonnbreux  extraits  ;  il  croit  à 
tort  que  le  discours  a  été  tenu  réellement. 

Le  départ  de  Latomus  devait  avoir  pour  lui  les  plus 
heureux  résultats.  Arrivé  à  Paris,  il  entra  d'ahord  en  rela- 
tion avec  les  savants  allemands  qui  y  étaient  étahlis,enlre 
autres  avec  Jean  Sturm.  Puis  il  ne  tarda  pas  à  se  faire 
apprécier  des  lettrés  français  ;  il  possédait  en  effet  à  un 
haut  degré  l'art  du  style  latin,  auquel  on  attachait  une  si 
grande  importance;  il  parlait  correctement,  écrivait  en 
vers  et  en  prose  avec  une  rare  élégance,  savait  à  fond  la 
logique  et  la  rhétorique  et  pouvait  non  seulement  enseigner 
la  théorie  oratoire,  mais  reconnaître  mieux  que  personne 
la  nature  des  arguments,  des  figures  et  artifices  employés 
par  les  écrivains  classiques.  C'était  en  un  mot  un  parfait 
humaniste.  Le  15  septembre  1533  nous  le  voyons  installé 
au  Collège  S'^'-Barbe,  dirigé  par  André  Goveau,  qui  était 

(i)  Gratiam  habeo  vobis  et  tibi  imprimis,  pro  sîngulari  tua  in  me 
liberalitate  ac  bcneficentia.  Deinde  caeteris  Trevoris  meis,  qui  me 
omni  ofilcio  et  bcnignitate  prosecuti  sunt.  Um'us  hominis  Invidiam  ac 
malcvolcntiam  in  me  singuiarem  dissimularenonpossum...Detraham 
illi  falsam  personam,  sub  qua  iatuit,  et  re  ipsa  comraonstrabo  noa 
eura  esse  qui  (ut  videri  affecta  vit)  sanis  studiis  ac  literis  meliorîbus 
consultum  velit  :  scd  qui  omni  conatu  et  libidine  obiecerit  se  meis 
commodis,  ex  quibus  solis  in  deplorato  Gymnasio  spes  aliqua  futura 
erat  :  tum  qui  omni  contentione  et  accrbitate  studia  mca  ita  impugna- 
verit,  ut  ea  caiumniari  non  sit  vcritus,  quae  ab  optimo  et  doctissimo 
quoquc  tamquam  electa  et  frugifera  ad  primac  aetatis  institutionem 
uno  ore  confirmantur. 


(  147  ) 

lion  rectearde  rUoiversité.  Il  lui  dédia,  à  cette  date,  une 
édilioo  corrigée  de  son  résumé  de  la  dialectique  de 
Rodolphe  Agricoia.  Elle  parut  à  Paris,  chez  Pr.  Gryphius» 
eo  1534,  et  fut  souvent  réimprimée,  entre  autres  à  Bàle, 
eo  1536,  à  Paris,  chez  Nie.  Buffet,  en  1542  (93  feuillets 
ooB  chiffrés,  îd-8''),  à  Cologne,  chez  Cholin,  en  1561 
(110  pages  io-4''). 

Une  plus  brillante  destinée  attendait  notre  compatriote. 
François  I*'  avait  résolu,  au  commencement  de  1534,  de 
fonder  à  côté  des  chaires  de  grec  et  d'hébreu  du  Collège 
Royal,  une  chaire  d'éloquence  latine.  Budée,  tout  puissant 
aoprès  du  Roi  pour  les  questions  scientifiques,  avait  cru 
recoonailre  en  I^tomus  l'homme  le  plus  capable  pour 
inaugurer  ce  nouvel  enseignement;  il  le  recommanda 
doDC  au  souverain,  et  l'humaniste  arlonais  devint  le  pre- 
nier  professeur  de  latin  au  Collège  de  France.  Sa  nomi- 
nation ne  se  fit  cependant  pas  sans  obstacle;  beaucoup  de 
gens  criaient  au  scandale  de  voir  un  Allemand  appelé  à 
cette  chaire,  au  moment  où  l'Allemagne  était  infestée  par 
rbérésie;  plusieurs  directeurs  de  collèges  étaient  hostiles  à 
Finslilution  même,  ils  croyaient  inutile  de  créer  une  chaire 
publique  pour  l'éloquence  latine,  enseignée  déjà  dans  leurs 
établissements,  et  craignaient  même  d'être  désertés  par 
leurs  élèves  (Bulaeus,  Historia  Universilalis  ParisiensiSf 
t  VI,  p.  244).  L'animosité  ne  fut  cependant  pas  de  longue 
durée  et  Latomus  put  enseigner  paisiblement  pendant  huit 
ans,  devant  un  grand  concours  de  jeunes  gens  de  diverses 
nations  (1).  Il  fut  seulement  inquiété  sur  la  fin  de  Tannée 

(1)  Smpta  duo  advenaria  :  publiée  docui  per  norem  annos  in 
GymnasioParisiensi,  maltos  studiosos  et  atteotos  aaditores  ex  diversis 
Dationibiis  habui.  —  Des  neaf  années  indignées  ici,  il  faut  retrancher 
on  an  poor  le  voyage  d*Italie. 


(  448  ) 

1534.  Les  prolestanls  ou  sacramentaires,  comme  on  les 
appelait  alors,  ayant  placardé  des  affiches  injurieuses  pour 
le  roi  et  les  catholiques,  le  peuple  se  souleva  contre  les 
Allemands  de  Paris  et  plusieurs  faillirent  élre  tués,  mais 
uneenquéte  prouva  que  les  coupables  étaient  des  Français, 
et  plus  de  vingt-quatre  furent  punis  du  dernier  sup- 
plice (1). 

En  prenant  possession  de  sa  chaire,  il  prononça,  sur 
rétude  des  lettres,  un  discours  qui  fut  imprimé  la  même 
année  chez  Fr.  Gryphe  {Oratio  de  studiis  humanilalis. 
Paris,  1534,  in-4*).  <  Il  y  exposa  avec  éloquence,  dît 
Goujet,  les  avantages  que  l'étude  des  lettres  procure  à  nu 
royaume,  il  y  entra  dans  le  détail  de  ceux  qu'en  avaient 
retirés  les  Grecs,  les  Romains  et  d'autres  nations,  décrivit 
les  effets  pernicieux  de  l'ignorance,  peignit  la  barbarie  des 
derniers  siècles  et  finit  par  un  bel  éloge  de  François  P'  et 
du  savant  Budée.  >  La  correspondance  d'Érasme  contient, 
aq  sujet  de  ce  discours,  une  lettre  de  Latomus  lui-même; 
il  lui  écrit  qu'ayant  été  nommé  professeur  d'éloquence 
latine  par  la  recommandation  de  Budée,  il  a  publié  sa 
harangue  pour  lui  témoigner  publiquement  sa  reconnais- 
sance. 

Le  Collège  Royal  n'ayant  pas  encore  de  local  spécial, 
les  cours  devaient  se  faire  dans  d'autres  établissements  de 
l'Université.  C'est  ainsi  qu'en  1534  Latomus  inaugura  son 
enseignement  au  Collège  de  S'^'-Barbe,  par  l'interpréutioo 
des  Satires  et  de  l'Art  poétique  d'Horace.  Les  notes  dictées 
à  ce  cours  nous  ont  été  conservées;  un  cahier  qui  les  con- 
tient était  venu  en  la  possession  de  Joseph  Scaliger  et 


(i)  Lettre  à  Erasme,  Ep.  1283. 


\ 


(  ^^9  ) 

passa  après  sa  mort  dans  la  bibliolbèque  de  FUniversité  de 
Uyde.  il  y  Torme  le  n""  75  des  manuscrits  de  Scatiger  et 
porte  pour  titre  :  Annolationes  in  Sermones  Horadi  et 
eiusdem  de  arte  poetica^  anno  1554^  Parrhisiis,  calamo 
neerptae  Barptolomœo  Latomo  Trevirensi  in  Collegio 
Barbarae  ibidem  publiée  legente  (67  feuillets  petit  in-S""). 
Le  savant  bibliothécaire  de  Leyde,  M.  le  D'  du  Rieu,  a 
bieo  voulu  mettre  ce  manuscrit  à  notre  disposition. 

Les  remarques  sur  les  Satires  sont  loin  de  constituer 
QD  commentaire  continu.  Latomus  les  distribue  un  peu  au 
ba!»ard;  dans  la  satire,  par  exemple,  qui  raconte  le  voyage 
de  Brindes,  les  deux  premières  notes  se  rapportent  aux 
vers  li  et  12,  la  troisième  au  vers  32,  alors  que  les 
autres  vers  présentent  bien  des  difficultés.  La  plupart  des 
remarques  qui  paraissent  propres  à  Latomus  sont  du 
genre  des  notes  sur  Térence. 

L'Art  poétique  a  été  l'objet  d*une  explication  suivie;  le 
professeur  s*y  est  efforcé  de  ne  rien  passer  qui  pût  avoir 
besoin  d'éclaircissement.  Il  s'attache  à  bien  établir  la 
oatnredes  préceptes  donnés  par  Horace,  montre  la  suite 
des  idées,  rend  compte  des  expressions  et  des  figures,  et 
fournit  les  explications  historiques  nécessaires,  sans  se 
litrerà  des  digressions  inutiles.  Mais  la  critique  du  texte 
fait  entièrement  défaut,  l'auteur  ne  cite  pas  la  moindre 
variante;  les  notes  grammaticales  sont  rares  et  insigni- 
fiantes; plusieurs  interprétations  sont  empreintes  d'une 
grande  naïveté;  la  signification  des  mots  est  donnée  par 
des  périphrases  manquant  souvent  de  précision  ou  d'exac- 
titude; enfin,  le  commentateur  est  plus  d'une  fois  à  côté 
du  sens  ou  se  trompe  dans  des  détails  d'histoire  ou  d'anti- 
quités. Au  lieu  (le  citer  des  exemples,  nous  préférons 
donner  en  appendice  le  commentaire  des  quatre-vingts 


(  150  ) 

premiers  vers.  On  pourra  se  faire  ainsi  une  idée  complète 
de  ce  qu'élait  le  premier  enseignemenl  du  latin  au  Collée 
de  France. 

L'année  suivante,  il  ouvrit  ses  leçons  par  un  discours  à  la 
louange  de  l'éloquence  et  de  Cicéron  (Oratio  Bartholomaei 
Lalomi,  professoris  regii,  Luteliaey  de  laudibus  eloquentiae 
et  Ciceronis  dicta  in  Avditorio,  cum  enarrationem  Aclio^ 
num  in  Verrem  auspicaretur,  Paris,  Gryphius,  1535,  in-4^). 
c  L'orateur,  dit  Goujet,  y  monlre  Tort  bien  le  pouvoir  que 
l'éloquence  a  sur  touslesesprilsetsa  nécessité  dans  toutes 
les  professions  où  il  est  question  d'arts,  de  sciences  et  ric 
littérature,  combien  celle  de  Cicéron  était  vive,  pressante, 
supérieure  à  tous  les  obstacles,  quand  il  voulait  vaincre,  et 
persuasive  quand  il  ne  voulait  que  persuader.  »  Le  dis- 
cours eut  un  certain  retentissement.  Quand  Jean  Oporinus 
fit  paraître  à  Rftle,en  1553,  son  édition  avec  commentaires 
de  tontes  les  œuvres  oratoires  de  Cicéron,  il  imprima  en 
tète  cette  introduction  de  Latomus.  Elle  est  écrite  en  effet 
en  beau  latin  et  peut  rivaliser,  au  point  de  vue  du  style, 
avec  les  meilleures  productions  de  l'époque. 

Comme  on  le  voit  par  le  titre  du  discours,  Latomus  avait 
résolu  d'enseigner  l'éloquence  en  expliquant  Cicéron.  Nous 
pouvons  juger  de  la  nature  de  ses  explications  par  les  notes 
qui  ont  été  publiées.  Il  s'attachait  avant  tout  à  faire  saisir 
les  particularités  du  style  oratoire,  les  figures  du  langage 
ou  de  la  pensée,  la  disposition  des  parties,  la  nature  des 
arguments.  Aujourd'hui,  qu'on  étudie  moins  les  anciens 
pour  se  faire  un  style  que  pour  pénétrer  au  fond  de  leurs 
pensées,  les  notes  de  Latomus  paraissent  avoir  peu  de 
valeur,  et  l'on  comprend  que  Halm  ait  pu  dire  en  parlant 
de  son  commentaire  sur  le  discours  in  Vatinium  :  «  Nihil 
frugi  invenimus  in  hac  editione.  {Cicer.  orai,  in  Valin. 


superiorum  commentariis  suisque  annolationibus  explana- 
âtCaroluê  Halm.  Lipsiae,  1845,  p.  33.)  Mais  les  contem- 
porains en  jugeaient  autrement;  ils  avaient  ces  notes  en 
grande  estime  et  plusieurs  éditeurs  s'empressèrent  de  les 
publier»  soit  seules,  soit  avec  les  scolies  d'autres  comnienta- 
leors.  Ainsi  François  Gryphe  fit  paraître  avec  arguments  et 
notes  marginales  de  Latomus  :  en  1534  pro  Archia;  en  1 535 
pro  MUone;  en  1536,  les  discours  pro  Deiotaro,  pro  Liga- 
rîo,  pro  Marcello^  pro  Roscio  Amerxno,  pro  lege  Manilia; 
en  1538,  pro  Cœlio,  pro  Murena.  Michel  Vascosan  édita  en 
iSSè^pro  Plancio,  en  1540,  orationes  très  ante  exilium  et 
post  reditum ;  eï\  1543  pro  QuintiOy  en  1544  les  Philip^ 
pîfiie5.  François  Gryphe  ajouta,  en  1545,  à  l'édition  des 
Verrines,  une  analyse  ou  partitio  faite  par  Latomus  pour 
chaque  discours  (1).  En  1539,  parut  à  Strasbourg,  chez 
Craton  Mylius:  if.  T.  Ciceronis  Oratio  pro  A.  Cecinna  cum 
enarrationibus  Bartholomaei  Lalomi  nunc  primum  aeditis^ 
atque  iterum  ab  ipso  autore  recogniiis  et  gcnuino  candori 
restituiis  (Petit  in-S",  232  pages.  Bibl.  Nat.  de  Paris),  avec 
une  dédicace  intéressante  pour  l'histoire  intellectuelle  d*Âr- 
loD,  datée  de  Paris,  le  1*'  mai  1539^  et  adressée,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  an  vice-chancelier  de  l'empire  Mathias 
Held.  Plus  d'une  fois  ces  notes  furent  réimprimées,  par 
eiemple,  à  Paris,  chez  Fr.  Gryphe  pro  ^4 rcAta,  1536, 1538; 
pro  lege  Maniliay  1539;  pro  MUone,  1557, 1539;  pro  Ros- 
cio Amerino,  1537;  in  Verrem,  1538;  chez  M.  Vasco- 
san, pro  CoWio,  1544;  pro  D«o/aro,  1547;  pro  Ligario, 


(i)  Ces  éditions  sont  citées  dans  VOnomasticum  Tullianum  d'Orelli, 
p.  45.  Nons  n*avons  pu  les  iroir. 


(  <S2  ) 

1 539  (1  ),  1 542  ;  pro  lege  Manilia,  1 541  ;  pro  Marcello,  1 556  ; 
pro  MUonCy  1537, 1539,1 541;  pro  Roscio  Amerino,  1541 , 
1544;  in  Vatiniutn,  1560;  in  Verrem,  153^  (2);  —  chez 
J.  L.  Tilelan,  pro  Marcello,  1539;  pro  Milone,  1539;  pro 
Mnrena,  1545;  in  Verrem,  1545;  —  chez  Calvarin,  en 
\S50,  pro  Ligario,  lege  Manilia,  Marcello ^  Roscio  Ame^ 
rino;  —  chez  Malhieu  David,  en  1553,  pro  Marcello  (3); 
chez  Th.  Richard,  en  1549,  pro  Roscio  Amerino;  en  15S8 
pro  Archia  el  pro  lege  Manilia;  en  1560,  pro  Ligario  (4)  ; 
en  1563  pro  Cecina;  en  1564,  in  Vatinium;  —  chez 
Th.  Brumerius,  pro  Milone,  1547,  pro  Murena,  1579;  — 
à  Cologne,  chez  Gymnicns,  pro  Ligario,  1555,  1579;  pro 
Milone,  1544,  1545,  1563;  pro  Murena,  1540,  1545, 
1563,  etc.  Enfin,  le  grand  recueil  de  comnoentaires  sur  les 
discours  de  Cicéron,  qu'Oporinus  fit  paraltreà  Bàle  en  1553 
(à  Lyon  1574),  renferme  toutes  les  explications  citées.  A 


(1)  3/.  Tul.  Ciceronis  orationes  très  ad  C.  Caesarem  pro  M.  Mar- 
ceUOf  pro  Q,  Ligario,  pro  Deiolaro  Rege,  Eruditissimis  lucubrationibus 
Francisci  Sylvii,  Bartholomaei  Latomi,  PhUippi  Melanchthonis  cl 
Antonii  Luschi  illustrât ae,  Parisiis,  ex  officina  Michaelis  Vaicosani, 
1539,  67  feuillets  in-4«. 

(2)  if.  T.  Ciceronis  Àctionum  in  Verrem  libri  quatuor  priores, 
Q.  yisconii  Paediani  et  Francisci  Sylvii  commentariis,  Christophori 
Hegendorphini  artificio  et  bartholomaei  Latomi  Partitionibus  explicatif 
Parisiis,  apud  Michaclem  Vascosaiium.  1559,  in-i^  528  pages. 

(5)  AI,  T.  Ciceronis  pro  Marcello  oratio  Fr.  Sylvii  commentariis, 
argumcnlis  et  aunolationibus  Bart.  Latomi  etc.  illustrata,  Parisiis  ex 
typ.  Mallhat'i  Davidis,  1555,  in-4^ 

(4)  —  pro  Archia  Fr.  Sylvii  comm.  Barth,  Latomi  annotatiuncults.,, 
illustrata  —  pro  lege  Manilia  F,  Syhii,  Jac,  Omphalii,  Ant,  Luschi 
comment,  et  Barpt.  Latomi  artificio  Rhetorico  illustrata,  —  pro  Ligario 
F,  Sylvii  comm,  et  Barpt.  Latomi  artificio  Rhetorico  explicata. 


{m) 

rexceptîoo  des  notes  sur  les  discours  pro  Cecinay  pro 
Pfajicio  et  sur  la  seconde  Pbilippique,  qui  ont  plus  d*éten- 
doe,  elles  se  l>ornent  pour  la  plupart  à  indiquer  ce  que 
Ton  appelait  Variificium  rhetoricum,  ou  sont  de  courts 
arguments  marginaux. 

Parfois  Latomus  prenait  pour  texte  de  ses  leçons  une 
ceoTre  de  rhétorique  de  Porateur  romain.  Ainsi,  pendant 
rhiver  de  1537,  il  expliqua  les  Topiques.  Le  1"  juin  1358, 
il  dédia  ses  notes  sur  ce  traité  à  Jean  Morin,  président 
du  Collège  de  Navarre,  et  les  flt  imprimer  à  Strasbourg 
chez  Craton  Mylius,  où  elles  parurent  au  mois  de  mars 
1359  (127  pages  petit  in-8°).  Elles  obtinrent  un  grand 
succès,  comme  le  prouvent  les  nombreuses  réimpressions; 
oous  trouvons  mentionnées  les  suivantes  dans  divers  cata- 
logues :  Paris,  Fr.  Grypbe,  1539  et  1540,  in-4%  Bâie  1541  ; 
avec  d'autres  commentaires:  Paris,  Tiletan  1543,  1546, 
104%  Palierins,  1542,  in.4%  Richard,  1549,  1554,  1557, 
1561,in-4%  Vascosan,  1554,  in-4^ 

L'année  suivante,  il  avait  préparé  et  en  partie  copié  pour 
rîmpression  ilesEnarraliones  in  Ciceronis  Parlitiones  ora- 
lorîoj,  lorsqu'il  entreprit  le  voyage  d'Italie.  Pierre  Galand, 
désigné  pour  le  remplacer  pendant  son  atjsence,  se  cbargea 
i  sa  demande  de  la  revision  de  l'œuvre  et  en  surveilla  la 
poUication.  Elle  parut  à  Paris  cbez  Fr.  Gryphius  en  1539, 
in-4^fut  réimprimée  en  1543,  ainsi  que  chez  Tiletan  en 
1545,  chez  Richard  en  1549,  1555  et  1558,  à  Lyon  en 
1541  et  1545,  à  Cologne  en  1547  et  1558.  Latomus  y 
expliquait  le  texte  par  de  nombreux  exemples  choisis 
d'ordinaire  dans  les  discours  mêmes  de  l'auteur,  et  parfois 
aessi  dans  Virgile  ou  Horace,  il  a  fréquemment  recours 
aux  autres  écrits  de  Cicéron,  ainsi  qu'à  Aristote,  à  Quin- 
tilieu  età  Agricola.  En  un  endroit,  il  corrige  avec  bonheur 


(  tu  ) 

la  leçon  reçue.  Les  notes,  d'abord  assez  étendues,  dimi- 
nuent vers  la  fin. 

On  le  voit,  Tactivité  littéraire  à  Paris  du  professeur 
belge  fut  assez  considérable.  Il  ne  négligea  pas  non  plus 
de  cultiver  la  poésie  et  de  faire  sa  cour  en  vers  aux  grands 
personnages.  A  la  fin  de  1556,  il  composa  un  poème  sur 
un  sujet  qui  avait  déjà  exercé  sa  verve  et  renvoya  comme 
étrenne  au  roi  François  P^  dans  un  magnifique  exemplaire 
sur  vélin,  qui  se  trouve  actuellement  à  la  Bibliothèque  de 
TArsenal  (1).  Elle  a  pour  titre  :  Ad  Chris tianissimum 
Galliarum  regem  Franciscum  Bartholomaei  Latomi  pro» 
fessons  eius  in  bonis  lilteris  Luletiae  Bombarda,  Franc • 
Gryphius  excudebat  ann.  M.D.XXXVI  Mense  Decembri^ 
Luletiae  (11  feuillets).  II  y  rappelle  qu'il  a  vu  lui-même  à 
Trêves  les  effets  terribles  de  la  bombarde,  en  décrit  la 
puissance,  trace  le  tableau  des  victoires  de  François  l""" 
et  termine  par  le  vœu  patriotique  de  voir  le  roi,  récon- 
cilié avec  Tempereur,  s'unir  avec  lui  pour  combattre  les 
Turcs  (2).  La  guerre  aux  Turcs  était  encore  un  lieu  corn- 


(1)  Nous  devons  à  Tobligeance  de  M.  Parmentier,  professeur 
agrégé  et  ancien  élève  de  Técole  normale  des  humanités,  la  description 
de  cette  pièce  et  plusieurs  autres  détails  bibliographiques  sur  les 
ouvrages  de  Latomus  qui  se  trouvent  a  Paris.  —  Nous  ne  savons  si 
c*est  le  même  exemplaire  qui  est  mentionné  dans  Brunet,  Manuel  du 
libraire f%,  III. 

(2)  Ât  vos,  0  Superi,  tantos  averti  te  luctus, 
Praecipitesque  inhibite  minas,  miserescite  gentis 
Christicolae 

Sit  salis  immanem  multo  vis  robore  Turcam 
Quod  ferimus,  nostrisque  minantem  arcemus  ab  oris. 


(  185  ) 
mao  des hamanistes  de  ce  temps;  mais  il  est  assez  piquant 
de  la  voir  eoDseiller  au  roi  au  moment  même  où  il  était 
leor  secret  allié. 

On  eiemplaire  sur  papier  du  même  poème  à  la  Biblio- 
tbèqae  Nationale  annonce  de  plus  sur  la  feuille  du  titre 
eiasdem  ad  Cardinaletn  Bellaium  episc.  Parisiensem  Ele^ 
giacon;  mais  cette  dernière  poésie  n*est  pas  dans  le  volume. 
Elle  j  manquait  proltablement  déjà  en  1750,  comme  semble 
rindiqner  la  mention  de  pièce  dans  le  catalogue  de  la 
BiU.  du  Roi,  1. 1,  p.  369,  n^  2353. 

Enfin  Latomus  ne  négligea  pas  sans  doute  de  recom- 
mander en  vers,  selon  Tusage,  les  nouveaux  livres  de  ses 
amis.  Groter,  dans  les  Deliciae  poet.  Belgicorumy  1. 111, 
p.  57,  insère  Téloge  poétique  qu'il  iii  des  hymnes  de  Sal- 
mooios  Macrinus,  qui  parurent  à  Paris  en  1537.  Ce  sont 
les  seuls  vers  de  notre  écrivain  q  le  Gruter  ait  admis  dans 
son  recueil;  il  aurait  pu  se  montrer  plus  généreux. 

En  1539,  Latomus  obtint  un  congé  et  peut-être  aussi 
un  subside  pour  aller  visiter  Tltalie.  En  décembre,  il  était 
à  Venise  et  peu  après  à  Bologne.  Il  s'arrêta  quelque  temps 
dans  cette  dernière  ville,  pour  faire  des  études  de  droit 
civil,  et  c'est  là  probablement  qu'il  reçut  le  grade  de  legum 
dmor,  dont  nous  le  voyons  orné  dans  la  suite.  C'est  de 
Bologne  aussi  que,  le  2  février  1540,  il  adressa  à  son  ami 
Jean  Sturm,  alors  directeur  du  gymnase  de  Strasbourg, 
Qoe  longue  lettre  sur  les  dissensions  en  Allemagne  et  la 
nécessité  de  maintenir  la  paix  pour  lutter  contre  les  Turcs. 
One  guerre  civile  entre  les  deux  partis  aurait  les  consé- 
quences les  plus  funestes  :  si  le  parti  évangélique  triomphe, 
il  est  bien  à  craindre  que  tout  ne  soit  pas  réglé  conformé- 
ment à  l'Évangile;  si  la  victoire  appartient  en  ce  moment 


(  156  ) 

aux  catholiques,  tout  espoir  de  réforme  est  perdu,  et  il 
aurait  mieux  valu  ne  pas  commencer  le  mouvement  que 
de  le  voir  arrêté  avant  qu'un  sage  et  libre  concile  ait  pu 
décider  de  la  querelle  (1).  Sturm  répondit  longuement 
à  cette  lettre  le  51  mai,  en  exposant  les  griefs  des  réfor- 
més et  en  protestant  de  leur  amour  pour  la  paix.  Puis 
jugeant  la  publication  des  deux  écrits  utile  à  sa  cause, 
il  les  6t  imprimer  encore  la  même  année  sous  ce  titre  : 
Epistolae  duorum  amicorum  Barlholomaei  Latomi  et 
Joannis  Slurmii  de  dissidio  periculoque  Germaniae  et  per 
quos  8(a(  qnominus  concordiae  ratio  inter  partez  inea" 
tur.  Strasbourg,  1540;  seconde  édition  en  1567.  La  lettre 
de  Latomus  comprend  quinze  pages,  celle  de  Sturm» 
vingt  et  une. 

A  son  retour  d'Italie,  Latomus  s'arrêta  quelque  temps  à 
Strasbourg,  fêté  par  les  humanistes  de  l'endroit  et  fréquen- 
tant familièrement  aussi  les  professeurs  du  séminaire  pro- 
testant,Capilon,  Hédion  etBucer(2).ll  semble  s'être  trouvé 
dans  la  ville  alsacienne  dès  le  commencement  de  juillet, 
car  il  accompagna  les  Strasbourgeois  à  la  conférence  de 
Hagenau,  comme  il  parait  résulter  d'un  écrit  du  chanoine 
Grôpper,  à  Cologne  (1545),  invoquant  le  témoignage  de 


(1)  Quis  fînis  omnino  futurus  est  cum  in  hanc  vel  illam  partem 
fortuna  inclina veril?  Vicerint  Evangelici,  metuo  tamen  ne  non  omnia 
protinus  cvangclica  futura  sint.  Ecclesiastici  vicerint:  hic  vero  quan- 
tum spei  occiderit,  ut  mihi  satius  milHes  videatur>  nuUam  unqoam 
querelam  motam  fuisse,  quam  abrupta  iam  infractaqae  animonim 
intentione,  causam  tantam...  aut  indecisam  reiici,  aut  non  liberrimo 
sapienlissimoque  concilio  dcfiniri. 

(2)  Sçripta  duo  adversaria. 


(  157  ) 
LâtoiDosaa  sajel  d'an  entrelien  qu*il  y  eut  avec  Bucer  et 
aoqoeUi  le  dit,  avoir  assisté  (1). 

Revenu  à  Paris,  il  y  prononça,  au  mois  d'octobre  1340, 
uD  discours  dans  lequel  il  fit  la  relation  de  son 'voyage 
(Otb/îo  Lutetiae  in  audUorio  regio  dicta  mense  octobri  1540^ 
qua  peregrinalionem  suam  per  Italiam  describiL  Paris, 
ap.  Fr.  Gryphinm»  in-4'*.  Nous  avons  cherché  en  vain  à 
Doos  le  procurer).  Il  continua  ensuite  son  enseignement  et 
rendit  en  même  temps  des  services  de  secrétaire  auprès  du 
cardinal  de  Bellay,  lorsque  son  ancien  protecteur  Louis  de 
Hagra  Tut  appelé  à  Tarchevéché  de  Trêves  et  fit  des  offres 
à  Latomus  pour  l'attacher  à  sa  personne. 

Ayant  accepté  la  proposition  de  Tévéque,  il  fut  nommé 
son  conseiller,  au  commencement  de  1542  (2),  s'éta- 
Uit  à  Coblence,  et  s'y  maria,  peu  après,  avec  Anna  Zie- 
glios^).  Dans  une  lettre  adressée  le  jour  de  TÂscension 
H 18  mai)  1542,  au  cardinal  de  Bellay,  il  annonce  son 
mariage  comme  ayant  eu  lieu  peu  auparavant,  s*excuse  de 
oe  pouvoir  revenir  en  France  et  recommande  Pierre 
Galand  pour  le  remplacer  auprès  du  prélat  (4).  C'est  à  tort 
que  Brower  place  le  retour  de  Latomus  à  Trêves  en  1540 


(!)  Voir  le  passage  dans  D'  Pastor,  Die  Kirchlichen  Revisionsbc' 
tirtintngen  wâhrend  der  Reyierung  Karels  V.  Freiburg,  1879,  p.  238. 

(3)  Gesta  Treviroram,  dans  de  Hontheim,  Prodromus  historiae 
Trerirensb,  1. 1,  p.  866. 

(3)  Diplôme  du  17  avril  i5ii,  dans  de  Hontheim,  Historia  Trevi- 
raists  diplomatica,  t.  Il,  p.  694. 

(4;  Biblioth.  Nation,  de  Paris,  sect.  des  manuscr.,  Fonds  latin, 
n*  1587,  f*  67  :  (Jxorem  duxi  his  proximis  dicbus  Conflucntiac,  et 
oooceo  loco  sum  ut  videar  non  posse  redire  in  Galliam. 


(188) 

el  qu'il  le  fait  assister,  à  la  fin  de  cette  année,  au  premier 
colloque  de  Worms»  en  confondant  ce  colloque  avec  la 
conférence  de  1557  (1). 

Les  historiens  de  Trêves  louent  le  zèle  et  la  capacité 
déployés  par  Lalomus  dans  ses  nouvelles  fonctions,  et 
affirment  qu*il  rendit  au  prince  les  services  les  plus  signa- 
lés. Dans  les  querelles  religieuses  qui  agitaient  l'Allemagne, 
il  prit,  comme  son  maître,  résolument  le  parti  des  catho- 
liques et  mit  en  œuvre  pour  le  défendre  tout  son  talent 
d'écrivain  (2).  Il  n'intervint  cependant  pas  spontanément 
dans  les  disputes  théologiques;  il  y  fut  en  quelque  sorte 
provoqué  et  s'y  trouva  engagé  malgré  lui  par  la  force  des 
circonstances.  Les  réformateurs  le  croyaient  d'abord  favo- 
rable à  leur  cause.  Il  était  lié  d'amitié  avec  plusieurs 
d'entre  eux  et  avait  attaqué  plus  d'un  abus  dans  ses  écrits. 
Peut-être  même  avaient-ils  espéré  de  le  voir  déterminer 
l'Électeur  de  Trêves  à  suivre  l'exemple  de  Herman  von 
Wied,  qui  avait  résolu  d'introduire  la  réforme  dans  son 
diocèse  de  Cologne  et  appelé  dans  ce  but  Bucer  de  Stras- 
bourg. Mais  leur  espoir  fut  bientôt  déçu.  Le  conseiller  de 


(4)  Annales  Treviretues,  t.  Il,  p.  365.  —  Voir  plus  loin  les  détails 
sur  le  dernier  colloque  de  Worms. 

(5)  Brow.  Ann,  7>ev.,  t.  Il,  p.  327  :  manus  Scnatoris  constantis  et 
catholici  magna  pariter  et  integritatis  et  eruditionîs  laude  dum 
vixit  in  hac  Dioeccsi  implevit;  ibid.  363  :  Magna  sane  et  cxioiia 
Job.  Ludov.  bunc  cooptando  virum  in  Ecclesiam  suam  ornamenta 
contulit,  cuius  doctrinae  singularis  facundiaeque  presidio,  per  id  tcm- 
pus  admirandae,  res  catholica,  qaae  tum  a  vicinis  hostibus  acerrime 
oppugnabatur,  fortiter,  strenueque  multos  annos  defensa  stetit.  Voir 
aussi  Marx,  o.  c. 


r 


(  iS9) 

Jeao-Louis  manifesta  des  idées  bien  différentes  et  blâma 
ouvertement  les  innovations  de  Tarchevéque  de  Cologne. 
Boeer  l'apprit  pendant  qu'il  prêchait  à  Bonn  et  lui  exprima 
sa  sorpriseet  son  mécontentement  dans  une  longue  lettre 
dai^  de  celle  ville^  le  15  juin  1543.  La  lettre  était  accom- 
pagnée d'an  écrit  de  Melanchlhon  sur  les  questions  en 
litige.  Bucer  invitait  son  ami  à  le  lire  et  à  lui  écrire  ce  qu'il 
trouverait  à  y  répondre.  Ainsi  mis  en  demeure,  Latomus 
motiva  ses  opinions  dans  une  épttre  détaillée,  datée  de 
Coblence  le  12  juillet  1543;  après  s'être  excusé  d'aborder, 
lui  simple  laïque,  une  discussion  théologique,  il  soutient  la 
doetrinecatholiquesur  la  communion  sous  lesdeux  espèces, 
rinvocation  des  saints,  le  célibat  des  prêtres,  l'autorité  de 
rÉcriture  et  celle  de  l'Église.  Une  copie  de  sa  lettre  circula 
qaelqae  temps  parmi  les  partisans  de  la  foi  ancienne  et 
fut  imprimée  à  son  insu  à  Cologne.  Bucer  entreprit  alors 
de  la  réfuter  en  détail  et  fit  paraître  sa  réponse,  avec  la 
lettre  de  Latomus,  à  la  fin  de  mars  de  l'année  suivante, 
daos  :  Scripla  duo  adversaria  D.  Bartholomaei  Laiomi 
kgum  doctoris  et  Martini  Buceri  theologi.,.  Ârgentorati, 
Wendelin  Rihel,  1544,  262  pages  in-4'.  L'écrit  de  Lato- 
mus y  occupe  les  pages  neuf  à  vingt-huit;  celui  de  Bucer 
remplit  le  reste  du  volume.  L*élendue  de  ce  dernier 
ouvrage,  la  quantité  de  faits  qui  y  étaient  allégués,  ren- 
daient une  réplique  nécessaire.  Latomus  demanda  et  obtint 
UD  coDgé  pour  s'y  livrer  à  loisir.  Le  7  septembre  elle  était 
terminée  et  elle  parut  sous  ce  titre,  avec  une  dédicace  à 
PËlecteur  :  Bartholomaei  Latomi  adversus  Martinum  Buc- 
cerum  de  controversiis  quibusdam  ad  religionem  pertinent 
tîbus  altéra  plenaque  defensio,  Coloniae,  Melchior  Neus, 
1545,  144  feuillets  non  chifTrés,  in-4''.  Cet  ouvrage  se 


(  *60  ) 

distingue  par  Télégance  du  style  et  la  force  de  Targumen- 
talion.  Il  s*y  trouve  un  passage  important  pour  Thistoire 
de  récrivain  0  ij. 

I/atlitude  prise  par  Latomus  dans  cette  discussion  le 
confirma  dans  les  bonnes  grâces  de  l'évéque.  Celui-ci  lui 
montra  sa  satisfaction  en  accordant,  par  diplôme  du  7 
avril  1544  (1),  comme  demeure  viagère  à  lui  et  à  sa  femme, 
la  Cour  électorale  à  Coblence,  dans  le  voisinage  de  l'église 
de  S^-Florent,  maison  que  de  Hontheim  dit  avoir  occupée 
comme  officiai  à  partir  de  1738,  et  qui  sert  maintenant  de 
presbytère  au  curé  de  Notre-Dame  (2).  Latomus  y  avait 
déjà  demeuré  antérieurement  et  y  avait  fait  des  répara- 
tions (3). 

il  accompagna  l'archevêque  en  1544  et  en  1545  aux 
diètes  de  Spire  et  de  Worms,  et  fut  envoyé,  comme  audi- 
teur catholique,  au  colloque  sur  les  affaires  religieuses 
tenu  au  commencement  de  1546  à  Ralisbonne.  Les  théo- 
logiens protestants  ayant  quitté  brusquement  la  conférence 
le  20  mars,  il  en  résulta  une  polémique  entre  les  deux 
partis  sur  les  causes  de  leur  départ.  Latomus  rédigea  une 
relation  allemande  de  tout  ce  qui  s'était  passé,  et  la  fit 
paraître  peu  après,  mais  sans  y  mettre  son  nom  :  Hand- 


(i)  Le  texte  du  diplôme  se  trouve  dans  Hontheim,  Hùt,  dipU^  i.  Il, 
p.  694.  Latomus  y  est  qualifié  comme  hochgelehrler,  uruer  Raih  und 
liehe  getrcuwe  Doctor. 

(2)  Voir  Marx,  o.  c. 

(3)  La  cession  est  faite  en  partie  pour  le  dédommager  des  frais,  et 
en  partie  par  considération  pour  le  service  utile  et  agréable  qu'il  a 
rendu  à  TÉlecteur. 


(161  ) 

lungm  des  Colloquiums  zu  Regenspurg  (1).  Le  Codex 
mùcellaneus  17437-50  de  la  Bibliolhèque  royale  de 
Bnixelles,  section  des  manuscrîtSy  contient  un  résumé  de 
b  lettre  que  Lalomus  écrivit  sur  ces  faits  à  ses  amis»  à 
la  date  du  2  avril. 

Le  23  mars  1547  il  eut  la  douleur  de  perdre  son  ancien 
protecteur,  Jean -Louis  de  Hagen.  Mais  cet  événement 
o'amena  aucun  changement  dans  son  existence;  les  élec- 
teore  suivants  lui  continuèrent  leur  conflance.  S'il  faut 
ajouter  foi  à  Paquot,  Charles  V,  à  la  recommandation  de 
Yiglios,  lui  donna,  en  1548,  le  rang  de  conseiller  à  la 
Chambre  impériale  de  Spire.  Pendant  les  années  qui 
suivent,  on  n'entend  plus  parler  de  lui,  mais  au  mois  de 
septembre  1557,  il  reparait  au  dernier  colloque  religieux 
de  Worms.  Cette  conférence  échoua,  comme  on  sait,  grâce 
i  la  désunion  qui  régnait  dans  le  camp  des  protestants  (2). 
La  discussion  devait  avoir  lieu  entre  les  catholiques  et  les 
partisans  de  la  confession  d'Augsbourg,  mais  les  réformés 
ne  parvenaient  pas  à  s'entendre  sur  l'étendue  de  cette 
confession. 

Les  théologiens  luthériens  du  duché  de  Saxe  et  de 
fininswick  prétendirent  en  exclure  les  adhérents  de  Calvin, 
d^Osiander  et  d'autres  dissidents;  ils  partirent  quand  ils  ne 
pnreot  faire  prévaloir  leur  opinion.  Les  interlocuteurs 
eatholiques  refusèrent  dès  lors  de  continuer  la  discussion, 
ignorant,  disaient-ils,  quels  étaient  les  vrais  partisans  de  la 


(i)  L.  Pastor  o.  c,  p.  52K,  note  3. 

())  Ranke,  Zar  Dcutschen  Gescliiclitc  vom  Religionsfrîeden  bis 
zam  dreissigjâbrigen  Krieg.  OEuvres  comptètcs,  t.  VIÎ,  p.  IH^. 

3"'  SÉRIE,   TOSIB   XIV.  11 


(162) 

confession  et  ne  sachant  plus  avec  qui  ils  avaient  à  traiter. 
La  conférence  fut  ainsi  levée,  mais  avant  de  quitter  Worms, 
les  calvinistes  y  firent  paraître  un  écrit  oà  ils  accusèrent  les 
catholiques  d'avoir  amené  la  rupture  des  négociations,  et 
soutenaient  que  leurs  doctrines  étaient  comprises  dans  la 
confession  d'Âugsbourg.  Latomus  rétablit  les  faits  dans  un 
opuscule  allemand,  rédigé  sous  forme  de  dialogue,  dans 
un  style  clair  et  incisif.  Il  est  intitulé  :  Spaliung  der 
Auspurgischen  Confession  durch  die  newen  und  streitigen 
Theologen  mit  kurtzer  Widerlegung  der  unbeslendigen 
Mire  derselben..,  Auch  vcelche  Parthey  die  Trennung  des 
angestelten  Colloquii  zu  Wormbs  verursacht  habe,  1557. 
40  feuillets  non  chiffrés  in-4'',  sans  nom  d'imprimeur 
(Bibliothèque  royale  de  Munich). 

La  question  était  de  la  plus  haute  importance  pour  les 
calvinistes  flamands  réfugiés  alors  en  Allemagne  et  peu 
certains  d'y  trouver  un  asile.  C'est  pourquoi  Dathenus, 
lors  du  congrès  des  princes  à  Francfort,  se  décida  à  ébran- 
ler l'effet  de  la  dialectique  de  Latomus  et  le  combattit 
dans  une  brochure  latine  :  Ad  Bartholomaei  Latomi  rheto- 
ris  ealumnias  responsio.  Ce  titre  seul  montre  le  ton  dans 
lequel  l'opuscule  était  écrit;  le  conseiller  de  Trêves  y  est 
apostrophé  comme  calomniateur,  menteur,  impie,  rhé- 
teur, etc.  Il  répondit  avec  non  moins  de  vivacité  :  Respon^ 
sio  Barlholomaei  Latomi  ad  impudentissima  convilia  et 
ealumnias  Pétri  Dathaeni.  Scripta  Franckfordiae  in  Con^- 
ventu  Caesaris  et  Principiim  Eleclorum  Imperiiy  Mense 
Mariis  anno  1558,  11  feuillets  in-4%  non  chiffrés  (Biblio- 
thèque royale  de  Munich). 

L'année  suivante  il  crut  devoir  rompre  une  lance  avec 
un  nouvel  adversaire.  Une  discussion  s'était  élevée  entre 


r 


C  165) 
Jean  Brenlz  et  Mathias  Bredenbach,  recteur  du  gymnase, 
alors  très  florissant,  d'Emmericb.  Le  débat  portait  sur  la 
messe  et  la  communion,  la  question  brûlante  du  jour. 
Jaques  Andreae,  pasteur  protestant  de  Gôppingen,  vini  au 
secoarsde  Brentz  dans  un  Hyperaspisles;  il  s'y  éleva  vive- 
Dieot  contre  on  passage  de  la  réponse  de  Latomus  à  Bucer, 
oà  Tancien  professeur  de  Paris  avait  employé  le  mot  rudis 
pour  caractériser  la  simplicité  des  institutions  primitives 
de  rËglise.  Andreae  qualifiait  cette  expression  de  blas- 
phème et  appliquait  au  docteur  Latomus  le  dicton  ijuristen 
base  Christen.  Ainsi  pris  à  partie,  Latomus  intervint  dans 
le  débat  par  Topnscule  intitulé  :  De  docta  simpliciiaie  pri- 
mae  Ecclesiae  et  de  u$u  calicis  in  Synaxi  et  de  Eucharis- 
îico  iocrificiOj  adversus  petulanlem  insultaiionem  Jacobi 
Andreae^  pastoris  GoppingensiSy  Barth.  Latomi  responsio. 
Coloniae,  apud  Maternum  Cbolinum,  1559,  55  feuillets 
ooD  chiffrés.  Un  curieux  passage  de  cet  écrit  est  celui  où 
le  grave  conseiller  reproche  à  son  adversaire  d'avoir  prêché 
i  Worms,  lors  de  la  conférence  de  1557,  en  habit  de  cour, 
le  couteau  de  chasse  au  côté.  Brower  l'a  reproduit  dans 
ses  Annales. 

Peu  après  parut  la  réplique  de  Dathenus  à  la  réponse 
qu'il  avait  reçue  deux  ans  auparavant  :  Ad  Bartholomaei 
Laiomi  calumnias  responsio  altéra.  Latomus  y  reçoit  les 
épithètes  d'idolâtre,  flatteur  et  parasite;  mais  il  n'était  pas 
homme  à  se  taire.  Il  reprend  donc  la  plume,  oppose  aux 
accusations  de  son  adversaire  un  tableau  de  sa  vie  passée,  et 
combat  les  idées  de  Dathenus  sur  l'autorité  de  l'Écriture 
et  le  caractère  de  l'Église  :  Ad  furiosas  Pétri  Datheni  cri-' 
minationes  falsasque  et  absurdas  eiutdem  de  Verbo  Dei^  et 
Scriptura^  item  de  Ecclesia  Catholica  eiusdemque  commu'- 


(  164  ) 

nione  senlentias,  interiectis  intérim  et  aliis  controversae 
Religionis  locis  Barth.  Latomi  altéra  refponsio.  Coloniae, 
apud  Malernum  Cholinum,  1560,  88  feuillets  in-8''  non 
chiffrés  (Bibliothèque  royale  de  Munich).  Dathenus  avait 
raillé  la  vieillesse  du  conseiller,  qui  avait  déjà,  selon  son 
expression,  un  pied  dans  la  fosse.  Latomus  se  déclare  prêt 
pourtant  à  recommencer  la  dispute,  quand  son  antagoniste 
le  désirera  :  nunc  si  quid  amplius  delectat  te,  fac  pericu^ 
luniy  efficiam  quantum  potero  ne  cum  fungo  tibi  aui 
êtipile  negotium  fuisse  videatur.  Mais  la  querelle  en  resta 
là,  et  Latomus  put  passer  dans  le  repos  le  reste  de  ses 
jours. 

Lorsqu'on  1569  févéque  Jacques  d'EItz  réforma  sa  cour 
de  justice,  Latomus  obtint,  malgré  son  grand  âge,  le  pre- 
mier rang  après  le  chancelier  Wimpheling  et  fut  même 
placé  au-dessus  des  conseillers  de  Tordre  équestre  (1). 
Il  ne  jouit  pas  longtemps  de  ce  nouvel  honneur  et  mourut 
à  Coblence,  le  3  janvier  1570  (2). 

Le  personnage  dont  nous  venons  d*esquisser  la  vie  et 
es  travaux  passait  de  son  vivant  pour  un  des  hommes  les 
plus  savants  de  Tépoque  (3).  Cependant  il  n*a  guère  laissé 
de  traces;  ses  écrits  sont  aujourd'hui  rares  et  oubliés, 
quelques-uns  semblent  même  avoir  complètement  dispru. 


(i)  Honth.  HUt.  Tr.  dipU,  t.  Il,  p.  554. 

(3)  Ibid. 

(3)  On  lit  dans  la  Prosopographia  do  Pantaléon  :  magnum  tibi 
nomen  comparavit  et  talis  evasit  ut  inter  virot  doctitsimot  recefue^ 
retur.  Guicciardin  (Description  des  Pay$-Ba$.  Anvers,  4583,  p.  457), 
dit  en  parlant  d*Arlon  :  «  De  ce  lieu  fut  natif  Barthélémy  Latomus 
ou  le  maçon)  bien  versé  en  toutes  sciences  et  qui  a  escrit  beaucoup 
d'œuvres  excellentes.  • 


(  163  ) 

Dans  le  domaine  de  la  philologie,  qu'il  a  particulièrement 
coltifé,  il  a  été  bientôt  dépassé.  Le  cours  sur  TArt  poétique 
professé  par  le  Hollandais  Nannius  au  Collège  des  Trois 
Laognes  de  Louvain,  peu  de  temps  après  que  Thumaniste 
d'Arloo  interprétait  le  même  ouvrage  an  Collège  Sainte- 
Barbe,  a  été  publié  par  Valère  André  (1),  d'après  un  cahier 
d*élève  qu'il  tenait  d'André  Schott.  Si  Ton  compare  les 
deux  cours,  on  reconnaît  dans  le  second  une  exactitude 
bien  plus  grande,  une  connaissance  plus  profonde  de  la 
laogne  et  de  l'antiquité,  et  surtout  l'esprit  scientifique  qui 
marquera  les  œuvres  de  la  génération  suivante  et  qui  a 
fait  dire  à  Juste  Lipse  que  Nannius  avait  le  premier  allumé 
le  feo  sacré  à  Louvain  :  Petrus  Nannius  qui  primus  ibi 
hùnestum  ignem  accenderat  (2).  Le  progrès  est  encore  plus 
sensible  dans  le  commentaire  à  moitié  critique  de  Lambin, 
qni  occupa,  une  vingtaine  d'années  plus  tard,  la  chaire 
d'éloquence  latine  inaugurée  par  Latomus.  Mais  si  notre 
humaniste  ne  fut  pas  un  initiateur,  sa  place  n'en  est  pas 
moins  marquée  dans  Fhistoire  littéraire  de  la  première 
moitié  du  XVP  siècle,  et  au  moment  où  la  Biographie 
nationale  va  l'accueillir,  il  nous  a  paru  utile  de  le  faire 
connaître  avec  plus  de  détails  que  ne  le  comportent  les 
notices  nécessairement  restreintes  de  ce  recueil. 


(I)  Derrière  l*Horace  de  Torrentius,  Anvers,  4608.  Nannius 
enseigna  le  latin,  au  Collège  des  Trois  Langues,  de  iK39  à  1547.  Il 
prit  possession  de  sa  chaire  le  i*'  février  1539  par  un  discours  sur 
TArt  poétique  d'Horace.  Il  expliqua  donc  cet  ouvrage  dès  la  première 
aimée  de  son  professorat.  Voir  F.  Né  va.  Mémoire  historique  et  litté- 
raire sur  le  Collège  des  Trois^Langues,  p.  1 50. 

(9)  Epût.  MiseelU,  c.  III,  87. 


(  166  ) 


APPENDICE. 

Annotationes  Bartolomaei  Laiomi  in Horaiii  Artem  poeticam, 

vs.  1-82. 

ARGUMENTUM. 

Florente  imperio  Populi  Romani  sub  Augusto  principe,  cum 
simul  fiorerent  ingénia,  honosque  esscl  poelis,  multi  poemata 
scribebant  non  tam  quod  possent  scribere,  quam  ut  se  ostcn- 
tarent,  itaque  adductus  Horatius  vel  sponte  sua,  vel  ut  gratifi- 
caretur  Pisonibus,  scripsit  hune  libellum  de  Arte  poetica,  in 
quo  docet  quid  observandum  sit  in  condendo  pocinate,  et  unde 
oiateria  pelenda,  tuui  quae  adhibenda  cura  et  diligentia  : 
reprehendens  intérim  vitia  et  ineptam  ostentationem  suas 
œtatis  multorum,  qui  nuUis  ingeniis,  nullaque  arte  freli,  rem 
paucis  concessam  indigne  tractabant.  Primum  igitur  de  corpore 
tolius  poemalis  prascipit,  et  de  verbis  in  universum.  Deindc 
subtexitparlicularia  pr8ecepta,el  digerit  in  varias  officii  partes. 


HUMANO  GAPITI.  PRIMUM  PR^CEPTUM.  DB  CONVENIBNTIA  TOTIUS 

OPERIS    ET   PARTIUM    INTBR   SE. 

Humano  capiti. 

Monstro  simile  erit  poema  quod  non  omnibus  partibus  et 
inter  se  et  cum  tolo  conveniet,ut  unum  quodammodo  effîciat 
corpus.  Hœc  est  summa  totius  buius  opusculi.  Primum  autem 
prœcipere  videtur  de  disposilione  et  convenientia  et  dxokou^içf. 
poematis  et  carminis.  Humano.  A  similitudine  incipit,  qua  rem 


(167) 

déclarât  0  amici  admissi  apectatum,  scilicet  in  iheatrum  ad 
speclandaro,  ut  spectetis.  Est  supinum.  TeneatiSf  possîtis 
ffoere.  CoUatis,  aliunde  sumptis,  ut  conferre  sepem,  i.  e. 
somere  undiqoe.  Desinat  in  piscem^  u  e.  in  monstrum  :  hoc 
«alem  cum  dîcit,  respicit  ad  Sirènes.  Cermcenij  collum.  Tem- 
porîbus  Ciceronis  in  singulari  erat  inaudilum,  dicebantque 
cnrices,  quia  duo  semper  sunt  colla.  Hortensius  autem  primus 
Ifgit  cemcem,  ut  notant  Quintilianus  et  Aulus  Gellius.  VariaSy 
dirersi  coloris  avium  plumas.  Undiqtie,  u  e.  aliunde  ex  variis 
animalibos  sumptis. 

Pi%onts.  Ad  Pîsones,  patrem  et  filios,  scribit,  dootos  ea 
elale  homines  et  poeticœ  studlosos,  ex  gente  Calphurnia,  quœ 
fuit  nobilissioia  apud  Romanos. 

Crédite.  Accoromodatio  similitudinis  ad  proposilum.  Tabulœ^ 
i.  e.  piclune.  Fore  librum,  i.  e.  poema.  Vanœ,  ineptœ. 

Ve{iif  œgrL  JEgr'is  variœ  occurrunt  speCies  propter  valetu- 
dinis  perturba tionem.  Est  igitur  apta  compara tio.  Fingentttr, 
se  apoeta.  Vanœ^  i.e.  non  cohœrentes,  more  somniorum  œgri, 
qiix  non  cobœrent  inter  se.  Uni  formas,  i.  e.  ccrtœ  speciei. 

Pieloribys.  Occurrit  obiectioni  et  concedit  fictis  eatenus 
Qtendom  esse  in  poemate,  quatenus  congruant  intcr  se  et  a 
somma  totius  non  abhorreant.  Eadem  praecipiunt  rbetores 
debcri  fieri  in  narratione,  ut  ostcndit  Rodolphus  in  2**  libro. 
Pictoribus  atquCy  subaudiatur  dicat  aliquis. 

Sdmus  etc.  Rcspondet  Horatius.  Veniam,  i.  e.  licentiam 
fin|;eodi  quœvis,  modo  sint  apta.  Petimusqve^  snb.  tanquam 
nos  edaro  poêlas.  Damusque,  se.  tanquam  censores  et  critici 
aliorum  pocmatum.  Sed  non,  se.  coneedimus. 

Xon  ul  serpentes.  Ffœc  allegoricos  dlcuntur  et  intelligenda 
de  pariibus  pocmatis.  Tigrihus,  i.  c.  animalibus  efferalissimis. 
Agni^  se.  qui  sunt  mansuetissimi. 


(  168  ) 


INCBPTIS  GRAVIBUS.  SBCONDUH   PRACEPTUH.  DB  DIGRBSSIONIBOS 

FACIBNDIS    IN   ALIQUO    OPBAE. 

Inceplis  gravibus. 

Vetat  ab  extraneis  rébus  ornatum  intempestivum  petendum 
esse,  ne  alio  évadât  oralio  quam  instituturn  sit.  InceptiSy  i.  e. 
operibus  et  cxordiis  operum,  quœ  prœ  se  ferunt  magni 
aliquid.  Magna  professis^  i.  e.  prse  se  fereotibus  et  poUieitan- 
tibus.  Assuilury  i.  e.  attexitur,  se.  a  vitiosis  poetis.  Allegoricos 
autem  hase  dicuntur.  PannuSy  est  fragmentum.  Purpureus 
pannus,  u  e.  purpura  quœ  multum  splendet.  Lucus,  sylva 
sacra.  Pluvius  arcus,  i.  e.  Iris,  cum  describitur  pcr  digressio- 
nem,  sed  parum  aptam  et  iniempestivam,  et  per  quam  recc- 
dunt  plerumque  ab  inslituto,  eîus  obliti  instituti.  Sed  nunCy  i. 
e.  in  hoc  opère  quod  inslituis. 

Scis  simulare.  Facit  eiusmodi  poetam  imperito  pictorî 
similem,  qui  nihil  prœter  cupressum  pingere  novernt.Âd  hune 
igitur  cum  aliquando  naufragus  vcnisset  et  petissct  ut  casura 
suum  exprimeret,  interrogavit  ille,  num  et  de  cupresso  aliquid 
addi  vellet:  quse  res  postea  in  iocum  et  proverbium  abiit,  cum 
rem  iniempestivam  et  ineptam  significare  vellet.  Scis  simu- 
lare,  î.  e.  pingere  et  nil  aliud;  id  est  quœris  Iocum  amœniorem 
qui  nil  faciat  ad  propositum  tuum,  in  quem  per  digressionem 
cas.  Enatat,  u  e.  evadit,  emergit.  Exspes,  i.  e.  sine  aliqua  spe. 
JSre  datOy  î.  e.  pretio.  Amphora  cœpiL  Loquitur  àXkriyopixîùç 
de  poeta,  ducta  similitudine  a  figuHs,  qui  in  rota  fingunt  vasa 
currente.  Sensus  est  :  cum  a  magnis  incipias,  turpe  est  te 
desinere  in  minima. 

Denique  sit*  Vetat  ne  diversœ  misceantur  res  in  poemate, 
sed  unius  argumenti  tractatîone  unum  tanquam  corpus  effî- 
ciatur  :  nam  vitiosum  erit,  si,  cum  de  Oreste  fabulam  instî- 
tueris,  ad  Iphigeniam  sororem  eius  dilabaris.  Possunt  tamcn 


r 


(169) 

duo  négocia  simul  tractari,  si  non  misceantur  in  ter  se,  sed 
perspicao  ordine  alterum  separatim  ab  altero  per  vices 
describator,  ut  in  Andrîa  et  Adelphis  Terentii,  quœ  sunt 
doplicis  ai^menli.  Denique  sit  quodvis,  se.  poema.  Simptex, 
L  e.  000  pannosum  et  citra  ineptas  digressiones  in  locos  com- 
mones  :  nec  ita  desinas  et  perficias  luam  composilionem 
bumilîter,  com  in  propositione  magna  pollicilus  sis.  Hactenus 
preeepît  de  iaconveDÎcnlia,  iam  dégénère  clocutionis. 

liXlHA  PARS  YATCH.    TERTIUM   PRiECBPTUH.    DE   BLOCUTIONB. 

Maxima. 

Genos  elocutionis  aptam  adhibendum  est,  ut  neque  brevitas 
ofascoritateni  pariât,  neque  efîusa  explanatio  languorem,  neque 
tomorem  magnitude,  neque  faslidium  bu  mi  11  las,  neque  afiec- 
lalavarietas  absurditalem  Cum  enim  hœc  vilia  propinqua  sint 
Tirtoiibus,  facile  in  bis  aberrant  imperili,  et  culpam  vilanles 
in  eaodem  incidunt.  Alloquitur  autem  Pisones.  Specie,  i.  e. 
imagine,  bec  est,  fallîmur  recto  iudicio,  non  possumus  rectum 
iodicare  in  poemate  :  non  possumus  iustam  formam  consti- 
lucre  in  poemate  aliquo,  ut  simus  aul  brèves,  aut  prolixi. 

Brevis  esse,  se.  in  explanando  poemate.  Obscurus  fio,  i.  e. 
milita  omitto  et  non  intelligor.  JVervi  deficiunU  i.  e.  vires  et 
animi,  spiritus.  Alludît  ad  currentes,  qui  amitlunt  spiritum. 
Utidyi.  e. Gopîosa,  effusa  et  prolixitatem.  Turget,  i.  e.  inflatur, 
at  fit  in  tragœdîis. 

Serpiî  humù  Alludit  ad  navigantes,  qui  tempestatem 
metuentes  terram  prémuni.  Tulus,  cautus.  Timidus  procellœ, 
i<  e.  qui  limet  ne  fiât  turgidus. 

Qui  variare.  Sicut  pictura  coloribus,  ita  poema  verborum  et 
senteniiarum  figuris  varîandum  est,  in  quo  cavendum  est  ne 
id  affeetatc  et  praeler  décorum  faciamus,  alîoqui  absurdi  et 
iaepli  crimus  :  nam  id  est  delphinum  sylvis  et  fluctibus 
apnim   appingcre.    Variare.  rem   unam,  aliquam,    ornare, 


(  170) 

expolire  :  quod  solet  fierî  apud  oratores  expolitionc.  Prodi- 
gialiter,  i.  c.  mirabilitcr,  se  ut  videatur  mira  illi  inesse  elo- 
quentia.  Appingit^  sub.  tanquam  pictor  ineptus.  Dicitur 
autem  (iXkriyopf,xCî^  pro  eo  quod  est,  facit  orationem  absurdani 
et  prodigiosam.  In  viiium,  se.  conlrarium.  'EiciftovT^iAaxix^ç 
hoc  subiungitur. 

JSniilium  circa.  Non  satis  est  poema  una  atque  altéra  parte 
elaboratum  esse  per  elocutionem  eleganteni,  sed  oportet  vir- 
tutibus  elocutionis  tolum  œquabiliter  esse  perfectum,  quod 
déclarât  per  similitudincm  iXh\yopi7^  nam  loquitur  de  fabro 
œrario,  intelligens  poetam. 

Jmu8,  i.  e.  in  ima  parte  eius  loci  habitans  circa  Lucium 
iEmilium  gladialorem  (I).  Apparet  autem  in  eo  loco  multos 
habitasse  fabros,  quia  dicit  imus.  Non  est  autem  proprium 
nomen  viri,  ut  quidam  putant.  Ungues^  statuarum.  CapilloSj 
comam.  Imilabitur^  i.  e.  exculpet.  Ponere,  exprimcre  et  absol- 
vere  totum.opus.  Infelix,  se.  hic  faber.  Summa^  i.  e.  perfec- 
tione,  i.  e.  quantum  attinet  ad  summam.  Curent,  vclim.  Quid, 
aliquod  poema  reule  componere.  Hune,  i.  e.  talem  imperitum. 
ViverCy  i.  c.  esse.  Pravo^  distorto,  et  quamvis  tamcn  habeam 
pulciiros  oculos  et  crines.  Spectandum,  laudandum,  dignum 
spectatu,  form({sum. 


SUBIITE    BUTERIAM.  QUÂRTUM    PRiECEPTUV.  ELIGENDA    VATERIA. 

Sumite, 

Materia  non  supra  vires  tentanda  est,  sed  apte  eligenda,  ita 
et  caetera  facilius  constabunt  de  quibus  diclurus  est.  Itaque 
videmus  alios  in  aliis  gencribus  excellere,  quia  aptam  mate- 
rîam  sibi  quisque  eiigit  et  sumit. 


(i)  L'erreur  commise  ici  disparaîtrait,  si  on  lisait  :  càrca  ludum 
A  emilii  gladiatorium. 


(171  ) 

Et  versate  diu,  Ailtidil  ad  baiulos,  qui  diu  tentant  num 
homeris  onus  ferre  possînt.  Versate^  i.  e.  perpendîte.  Récusent^ 
Mgent,  non  possînt.  Viribus,  se.  érudition is.  Res^  i.  e.  mate- 
ria  scribenda.  Potenter,  apte,  née  supra  vires  et  quam  reete 
traclare  possis.  Lecta,  electa.  Facundia^  i  e.  virtus  elocutionis. 
Ordo  luàdus^  i.  e.  dispositio  apta  Aptum  epithetum,  quia 
ordo  locidam  reddit  orationem. 


010151$  B£C.  QUINTUM  PR^CBPTUH.  DE  ORDINB  MATERIiE. 

Ordinis  hœc. 

Gimmode  subncctit  ordinem  raateriae,  quia  dispositio  est 
in  rébus.  Vide  Rodolphum  lib*.  S*",  de  dispositione.  Venus, 
Le.  gratia.  Aut  ego  fatlor,  i.  e.  si  reete  dico  :  modeste  loquitur. 
Jam  nunc,  se.  quœ  debent  dici  hoc  loco.  Pltraque  différât,  et 
dicai  alio  loco,  quanivis  ordo  rerum  gestarum  tamen  hoc  non 
paiiatur.  Ct  Virgilius  ineipit  n  septimo  aiino,  tanquam  a  média 
Tty  missis  quœ  illis  rdiquis  annis  gesta  erant  et  translatis  in 
secundum  et  tertium  librum.  Hoc  amet,  se.  in  dispositione  et 
ordine  rerum« 

Ur  TBIB^S  ETIAH.    SBXTUM    PnifiCBPTUBI.    OB    VBRBIS    NOVANDIS 
TEL    COMPOSITIONE,    VBL   FICTIONE. 

In  verbîs. 

De  Terbis  singulis  praecipil,  quœ  vel  compositione  vel  fic- 
tionenovari  soient:  nam  in  bis  scile  et  pradentcr  agendum  est, 
si  res  vel  utilitas  poslulorit.  Componanlur  vcrba  ut  supertec- 
tunij  supereminere,  subclnmare,  item  expedorare,  eliminare, 
purpurare  (1),  et  velivolum  mare^  et  ignivomvs  soly  quœ  poe- 

(4)  Il  est  probable  que  le  professeur  avait  donné  un  mot  composé 
tomme  purifieare,pessumdarey  procroêtinare. 


(  ^72  } 

tica  suQt  et  omnia  ex  notis  verbis  significandî  causa  compo- 
nontur,  vel  gralia  necessitatîs.  Ficla  autem  sunt  et  derivata 
(um  ex  latina,  tum  ex  graeca  origine  parceque  ad  latinitatem 
detorla,  ut  raliocinatio,  veriloquxum^  bealitas.  Item  syllo- 
gismus,  erts  (i)  essentia,  tum  fframmatica,  rhetorica,  musiea 
etalia  multa,  quœ  partim  ex  latinis,  partim  ex  grœcis  formata 
et  deducta  temporibus  Giceronis  nova  fuerunU  De  quibus 
vide  Fabium  lib.  8,  Erasmum  de  copia  (2).  Nova  hodie  sunt  ut 
bombarda  et  eampana  et  alia  pleraquc,  quœ  in  consuetudine 
eruditorum  observare  licet. 

Quia  locutus  est  de  elocutione,  nunc  de  verbis  agit  quibus 
constat  eloculio.  Tenuis,  i.  e.  parcus,  se.  si  fueris.  Notum,  se. 
extra  composilionem  et  novum  per  compositionem.  Junciuraj 
i  e.  compositio  callida,  apta  et  prudenter  facta.  Indiens  recen- 
tibus,  i.  e.  novis  vocabulis.  Abdita,  i.e.  latentes  significationes. 
Exaudita, se.  \ocfihu\si,  Ce/Ae^ts^i.e.veteribus Romanis;  posiiît 
enim  partem  pro  tolo,  se  familiam  Gethegorum  pro  omnibus 
priscis  Romanis. 

CethegL  Cethegi  ex  gente  Gornelia  fuerunt,  quos  cinctutos 
pro  cinetos  vocat,  metri  causa,  vel  expeditos  et  bellicosos  : 
significans  ab  habitu  militari,  vel  ad  morem  et  habitum  genti- 
litium  spectans  :  quo  dextro  humero  exerto  Gethegi  in  bello 
prodibant,  subter  brachia  cincti,  Gabino,  ut  opinor,  ritu  :  nam 
is  cinclus  ita  erat,  ut  altéra  lacinia,  i.  e.  ora  vestis,  reducta 
super  dextrum  brachium,  per  sinistrum  humcrum  in  tergura 
reiiceretur.  De  Gethegis  apud  Silium  Italicum  (3)  est  :  Ipse 
humero  exerlus  gentili  more  parentum,  difficili  gaudebat 
equo,  et  apud  Lucanum  (4):  exertique  manu  saga  CethegL 


(1)  Voir  Acron. 

(2)  Fabius   Quintilianus  VIII,  3,  30.  Erasm.   de  duplici  copia 
verborum. 

(5)  Sil.  It.  Vin,  587. 

(4)  Luc.  Il,  545.  On  y  lit  :  exsertique  manus  vesana  Cethegi, 


(  173) 

Dixii  «uiem  einctutis  pro  cinctis  per  speciem  pleonasroi  ut 
ûAiperator.  Unde  incincti,  i.  c.  imbelles  et  mulierosi.  Habe^ 
Imnt  fidem,  i.e.  probabuntur.  FiclOy  formata,  ut  iriclinivm 
—  a  Tptç"  el  x)w{vT^,  lectus  —  et  calix. 

Quidautem.  Exemplo  Plautl  et  Caecilii,  vult  cœterU  etiam 
poetis  novationem  verborum  concedendam  esse.  Plauto^ 
CoidliOj  i.  e.  Teteribus  comicis.  Virgilio  VartoquCy  se.  novis 
poetis  et  proînde  Horaiio,  qui  florebat  eorum  tempore  :  nam 
poslea  de  se  loquitur.  Acquirere,  i.  e.  nova  facere  et  fingere. 
Jwiieor.  Passive  usurpât  secutus  naturam  verbi  :  nam  invi- 
dere  est  nimium  iotueri  alienam  felicitatem  :  unde  et  Actius 
in  Melanippa  accusativo  non  dativo  iunzit  :  floretn  quis 
incidit  meiim.  Hune  versum  citât  Gicero  in  TuscuL  quœsL 
(Tertio  llbro)  et  banc  novationem  laudat  in  poeta,  etsi  contra 
coDsuetudinem  erat.  Mire  autem  cum  de  novis  verbis  praecipit, 
ipse  novitalem  usurpât.  Invideor,  i.  e.  cur  mibi  invidelur. 
Acquirere,  i.  e.  adiicere  pauca  nova  verba  linguœ  Latinae. 

Clan  lingua.  Profert  exempla  quœ  vim  habent  a  minori. 
Si  £nnius,  velus  ille  scriptor  et  borridus,  potuit  fingere  nova, 
qaidni  et  ego,  qui  elegantiori  utor  slilo  et  novus  sum.  Enni, 
pro  Enniù 

UeuîL  Claudit  sententiam  é7ri^o)V7^|ji(mx(0(;.  Signatum. 
Metaphoram  facît  a  moneta,  quae  certa  nota  signa tur,  atque 
iU  dcmum  proba  est  et  in  usu  babetur.  Idem  in  vocabulis 
iacieodum  est  liotOy  i.  e.  autoritate  alicuius  aulhoris  boni,  ut 
mooeta  ab  autoritate  principis  et  nota  eius  valet.  Producere, 
proferre. 

Vt  iilvœ  foliis.  Similitudine  monet  prisca  nomina  interire  et 
nova  saccedere.  Pronos,  i.  e.  volventes,  ut  dizit  Yirgilius  (i), 
et  transeuotes,  per  metonymiam,  quod  quae  prona  sint  facilius 
volvantur.  Aetas,  i.  e.  usus.  Prima,  se.  folia,  i.e.  votera  qu» 
prima  faerunt. 

(I)  Volventibus  annis,  A  en,  I,  25i. 


(  174  ) 

Debemur  morti,  Argumentatur  ex  maiori  :  homînes  et 
cuncta  hnmana  opéra  interire,  qualîacunque  sint;  ergo  et 
vocabuia  interirc.  Jam  exeropla  humanorum  operum  suinit  : 
Lucrînum  lacum,  in  quem  immisso  mari  Augiistus  portnm 
Baianum  effecerat;  item  Ponlinam  paludem,  quam  siccaverat, 
ut  ager  aropliaretur  :  Tybrim  autem  crebroinundantem  alveo 
purgato  et  pcr  vicina  directo  represserat  Agrippa.  Nostraque, 
î.e.  oninia  liumana  opéra.  NeplunuSy  i.  e.  mare  [JLeT(i)vu|i.ixc5c. 
RecepluHy  î.e.  immissas  in  Lucrinum  lacum.  Arcet  Aquilonibus, 
i.e.  prohibet  a  ventis,  per  synecdochen.  Est  autem  ùicaXXocyi^ 
pro  arcet  Aquilones  a  classibus;  nam  in  tuto  sunt  naves^  cum 
sunt  in  portu,  quem  ibi  feccrat  Augustus  et  appellabat  portum 
Baianum. 

Régis  opus.  Regem  Augustum  vocat  (ivT0V0[jLa<mx(o^,  pro 
magnifico  ac  potente.  Sic  alibi  in  Epistolis  :  rex  eris,  ctc  (1). 
Palus,  se.  Pontina  in  Campania.  Apla  remis,  i.  e.  navigabilis. 
Grave  arairum,  i.  e.  laboriosum.  Amnis,  Tybris.  Iniqvum,  i.  e. 
daronosum  proptcr  fréquentes  inundationes.  Cursum,  alveum. 
Doctus,  i.  e.  directus.  Est  autem  audax  metaphora,  cum  dicîl 
amnem  doctum,  quem  docuit  Agrippa  recta  fluere  nec  amplius 
inundari.  Honos,  usus.  Vivax,  i.e.  durabilis.  Sermonum, 
vocabulorum.  Cecidere,  exoluere  et  antiquata  sunt.  MuUa 
renascentur,  sub.  nova  vocabuia. 

Si  volet  usvs.  Ostendit  magnum  momentum  esse  in  consue- 
tudine  et  docet  nos  debcre  sempcr  sequi  usum  et  consue- 
lodinem. 

« 

RBS   GBSTiE.   8EPT1IIDM    PRiBCBPTUBI.    DE   GENERE    HETRl. 

Bes  geMœ. 

De  génère  metri,  nam  alise  materiœ  ulio  gcncre  tractandœ 
sunt,  et  bcxametro  res  gestœ  scribentur,  ut  apud  Homerum 
et  Virgilium,  ctegiaco  res  tristes  et  flebiles,  ut  apud  Ovidîum 

(1)  I.  I,  89. 


(175) 

de  Ponto  et  TrisUbns.  Soient  ctiam  lœta  et  prospéra  elegiaco 
TCfso  scribî,  Qt  Amores  Ovidil,  Tibulli,  Propertii.  Jambicum 
ameo,  qaod  Tanam  est,  cofnœdiis  et  tragœdiis  accommo- 
datom,  lyrieum  deorum  et  heroum  laudibus  :  item  materiis 
ioeondioribus,  ut  amoribas  et  conviviis  :  unie  et  quondain  in 
cooTiTiis  adbibebatur.  Numéro ^  i.e.  versu. 

Tertibut  impariter,  se.  carminé  elegiaco.  Quaerimonia^  i.  e. 
ealMBÎtates  sunt  inelusœ.  Sententia  voti  eompos,  i.  c.  rcs  lœtœ 
et  prospene.  Fuerit  auclor.  Alii  tradunl  Elheoclem  (l)Naxium, 
•lîi  Arcbilochum,  alii  Calinorum  (2).  Exiguos,  i.  c.  humiles  et 
dcmissos,  qui  grandibus  rébus  apli  non  sunt,  scd  semper  biuis 
fcrsîbos  absolvunt  sentenliam  :  quod  in  ampla  raateria  iieri 
non  potest.  Dîcti  autem  ab  éXeeco,  quod  est  misereor. 

Arcbilochus,  poeta  Lacedœmonius  (5),  cum  in  Lycambem 
socerum,  qui  desponsatam  sibi  filiam  Neobulcm  dencgaverat, 
stilum  stringere  vellet,  exeogitavit  iambum  pcdcm,  cuius 
aaimonia  nîmirum  ita  insectatus  est,  ut  ad  laqueum  redegerit. 
Coostat  Jambus  brevi  et  longa  syllaba  imitansictumpugnantis, 
qoi  celeriter  veniens  hœret  in  corpore.  Rabies,  i.  e.  ira.  Jambo 
ftvprio,  quem  ipse  primus  invcnit^  ut  ulcisccretur  Lycamben, 
a  que  fuerat  iniuria  affectus.  Socci\  i.  e.  comœdia,  ab  habitu, 
quodsoccus  esset  habitus  comicorum.  Cothurni,  i.  e.  tragœdia. 
ÂUemis  sermonibus,  i.  e.  dialogis,  dramatico  génère,  ut  in 
comœdiis  Terentii. 

Populares  sirepitus,  i.  e.  populi  turbam  et  clamores  in 
tbeatro.  Natum,  i.  e.  aplum.  Rébus  agendis,  i.  e.  dramatico 
génère  :  nam  est  narrativum,  activum  et  {jiéat)y. 


(i)  Tbeoelem.  Voir  Etymologicum  magnum,  p.  527. 
(2)  Cailinoum  (dans  Terentianus  de  Metris,  y.  I72â). 
(5)  Ces  deux  mots  sont  écrits  au-dessus  de  la  ligne.  L'erreur  qu'ils 
contiennent  derra  probablement  être  mise  sur  le  compte  de  Téiève. 


C  476) 

Fidibus,  i.  e.  lyrico  versu,  quia  hoc  genus  metrî  ad  lyram 
cantabatur,  ut  suiit  Odœ  Horatii  et  Pindari  carmina  apud  Grae- 
cos,  quœ  deorum  laudes  et  Olympîacas,  i.  e.  sacrorum  cerlami- 
num  victorias(l),  ut  Castorem  Pollucemque  et  casteros  heroas 
célébrant.  Pugilem  victorem^  sub.  PoUucem.  Et  equum,  i.  e. 
cquitem  Castorem,  synecdochicos,  genus  prospecte.  Curas,  î.  e. 
aniores.  Divos,  u  e.  eorum  laudes.  JReferre,  i.  e.  celebrare. 
Vina  libéra,  i,  e.  libéras  comessationes,  quia  liberius  faciunt 
vina  homines  loqui,  ut  Ânacreon. 

Fac-similé  des  dernières  lignes  de  la  lettre  de  B.  Lato- 
mus  à  Ulrich  Zasius,  publiée  par  Riegger  (voir  note  3, 
p.  144). 

Vale  et  Magiitrum  Johannem  Cœsarem  unicum  parentem  meum 
plurimum  salutcL.  Dates  Trwiri  die  InnœetUunu 
Titus  ex  animo  Latomus  Trevirensis, 

Voi^^U    ^^5Vrvv    X^ht^^r^<^    Cotfd^nZ     VvJ^ 


({)  Le  professeur  a  dit  sans  doute  :  Olympionicas,  t.  e.  sacrorum 
eertaminum  victores. 


(177) 


CLASSE  DES  BEADX-ARTS. 


Séance  du  7  juillet  1887. 

M.  C-A.  Fraikin,  directeur. 
M.  LuGRE,  secrétaire  perpéiuel. 

Soot  présents  :  MM.  Robert,  vice^directeur ;  le  chevalier 
LéoD  de  Borbure,  Ern.  SlingCDeyer,  Ad.  Samuel,  Ad* 
Paali,  Jos.  Scbadde,  Josepb  Jaquet,  J.  Demannez,  Charles 
Yerlat,  G.  De  Groot,  Gustave  Biot,  H.  Hymans,  Vinçotte 
et  le  chevalier  Edm.  Marchai,  membres;  Joseph  Stallaert 
et  Mai.  Rooses,  correspoudanls. 


CORRESPOiNDANCE. 


M.  le  Ministre  de  TAgriculture,  de  Plndustrie  et  des 
Tnvaui  publics  Tait  savoir  que,  courormément  au  désir 
qui  loi  a  été  exprimé  par  la  Classe  des  beaux  «arts,  il  vient 
<le  commander  à  M.  Thomas  Vinçotte  le  Iniste  en  marbre 
de  fea  Louis  Alvin. 

La  Classe  prend,  en  même  temps,  notification  d'une 
lettre  de  remerciements  de  la  Tamille  Alvin,  pour  Thom- 
mage  que  FAcadéroie  a  rendu  à  Louis  Alvin  lors  de  ses 
ronérailles. 

3**  SÉRIE,  TOME  XI Y.  là 


(  178  ) 

—  M.  le  Ministre  de  TAgricullure  demande  que  la 
Classe  veuille  bien  lui  faire  connaître  son  avis  sur  les 
hustes  en  marbre  de  Louis-Prosper  Gachard,  ancien 
membre  de  la  Classe  des  lettres,  et  de  Louis  Melsens, 
ancien  membre  de  la  Classe  des  sciences.  Le  premier  de 
ces  bustes  a  été  exécuté  par  M.  C.-A.  Fraikin,  le  second 
par  M.  Charles  Brunin.  —  L*avis  favorable  de  la  Classe, 
émis  séance  tenante,  sera  communiqué  au  Gouvernement. 

—  Le  même  Ministre  rappelle  que,  aux  termes  de 
Tarticle  5  de  Tarrété  royal  du  5  mars  1849,  relatif  aux 
grands  (concours  de  composition  musicale,  la  Classe  doit 
désigner  trois  de  ses  membres  pour  faire  partie  du  jury  du 
concours,  qui  s'ouvrira  le  20  juillet  prochain.  —  Ont  été 
élus  :  MM.  Gevaerty  Samuel  et  Radoux. 


ÉLECTION. 


La  Classe  avait  à  pourvoir  au  remplacement  de  Louis 
Alvin  comme  délégué  auprès  de  la  commission  adminis- 
trative pendant  Tannée  18871888:  M.  Éd.  Fétis  a  été 
élu. 

RAPPORTS. 

II  est  donné  lecture  du  rapport  de  M.  Éd.  Pétis,  auquel 
ont  souscrit  MM.  Slingcneyer,  Robert  et  Verlal,  sur  le 
6'  rapport  semestriel  de  M.  Emile  Verbrugge,  prix  de 
Rome  pour  la  peinture  en  1883. 

Ce  rapport  sera  envoyé  à  M.  le  Ministre  de  TAgricul* 
ture,  de  Tlndustrie  et  des  Travaux  publics. 


im  ) 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


De  Deektr  (P.),  —  L'Église  cl  Tordre  social  chrétien.  Lou- 
rain,Piri9, 1887;  vol.  in-8«  (404  pages). 
Mbieuf(J.\,  —  La  matière  brute  et  la  matière  vivante. 

Pana,  1887;  vol.  In-1 2  (184  p.). 

—  Noie  sur  rhypnoscope  et  sur  les  phénomènes  de  trans- 
fert par  les  aiisanls.  Paris,  1887;  ex tr.  in-8«  (3  p.). 

Fndericq  (Léon),  —  Travaux  du  laboratoire  de  Tinslitul  de 
pliTsiologie  à  l'Université  de  Liège,  tome  V,  1885-86.  Gand, 
1886;  vol  in^*. 

Tiberghien  (G.).  —  L'agnosticisme  contemporain  dans  ses 
np|iorts  avec  la  science  et  avec  la  religion.  Bruxelles,  1887; 
«ïr.  iii.8*(32p.). 

WoMters  (it/pA.). —  La  Belgique  ancienne  et  moderne.  Géo- 
graphie et  histoire  des  communes  belges  :  canton  de  Léaii. 
Bruxelles,  4887;  exlr.  în-8*. 

Vander  Maden{Ph.)  et  Meiser.  —  Épistémonomie,  ou  tables 
générales  d'indications  des  connaissances  humaines.  Bruxelles. 

i«40;broch.  in-8*(l6p.). 

Beving  (Ch.'A.). —  La  principauté  d*Achaîe  et  de  Morée 
(fi04-143O).  Bruxelles,  1879;  in-8«  (100  p.). 

La9rttnge{Chy  —  Sur  les  causes  des  variations  diurnes  du 
magnétisme  terrestre,  et  sur  la  loi  qui  règle  la  position  du  cou- 
rant perturbateur  principal.  Paris,  1887;  extr.  in-4''(4  p.). 

—  Variations  diurnes  et  variations  annuelles  du  magné- 
tisme terrestre.  Paris,  1887;  extr.  in-4*  (4  p.). 

Francotte  (P,).  —  Résumé  d'une  conférence  sur  la  micro- 
photographie appliquée  à  Thistologie,  l'anatomie  comparée  et 
rembr)ologic.  Bruxelles,  1887;  extr.  in-8«  (34  p.,  pi.}. 


(  180) 

Francotte  (P.).  —  Notes  de  technique  microscopîqoe. 
Bruxelles,  1887;  extr.  in-8''  ^20  p.,  1  pi.). 

Vander  ffaeghen  (F.).  —  Bibliotheca  Belgica,  livraison  73-78. 
Gand,  1887;  in-12. 

Becker  {Jérôme).  —  La  vie  en  Afrique,  ou  trois  ans  dans 
TAfrique  centrale,  avec  préface  du  comte  Goblet  d*Alviella, 
2"*  édit.,  1. 1  et  11.  Paris,  Bruxelles,  4887;  2  vol.  in-S*"  avec  pi. 

Delvaux  (£*.).  —  Visite  aux  gites  fossilifères  d'Aeltre,  et 
exploration  des  travaux  en  cours  d'exécution  &  la  colline  de 
Saint- Pierre  a  Gand.  Bruxelles,  1887;  br.  in-8*(â7  p.). 

Swûen  {A.).  —  Études  sur  le  développement  de  la  torpille, 
V  partie.  Gand,  4886;  extr.  in-8«  (50  p.,  5  pi  ). 

(ijfon  (Clément).  —  L'inventeur  du  gaz  d'éclairage  en  Franre 
[artide  de  journal]. 

IHêtilut  archéologique  liégeois.  —  Bulletin,  t.  XX,  f  livr. 
Liège;  in-8^ 

Willems' Fonds.  —  Uitgave  nMi5  :  De  hollandsclic  schil- 
dcrkunst  (Henry  Havard).  Gand,  1887;  in-8% 

Société  de  tnédecine  d'Anvers.  —  Livre  jubilaire  du  cinquan- 
tième anniversaire  de  la  fondation.  Anvers,  1887;  vo!.  in-8*. 


Allemagne  et  Autbichb-Hongrib. 

Kôlliker  (A ,  von).  —  Der  jetzige  Stand  der  morpliologischen 
Disciplinen  mit  Bezug  auf  allgeineine  Fragen,  Rede.  léna, 
1887;in-8*{26p.). 

ffoltzendorff  (Franz  de).  —  Principes  de  la  politique.  Intro- 
duction k  rétude  du  droit  public  contemporain.  Ouvrage  tra- 
duit par  Ernest  Lehr.  Hambourg,  1887;  vol.  in-8«. 

Frûipont(Jul.). —  Fauna  und  Flora  des  Golfes  von  Neapel, 
XIV.  Monographie  :  Polygordius  Berlin,  1887;  vol.  in-4«. 


(^8^  ) 

PhysikaL-medic.  GeselUcha/t  zu  Wiirzbvrg,  —  Vcrhand- 
Juogeo,  XX.  Band,  1886;  în-8^ 

Zoolog.'boian.  GeselUchap^  Wien.  —  Verhandiuiigcn,  Band 
XXXVII,  f  an    d.  In-8*. 

Catopiê^.,  malemaîiky  a  fysiky,  XVI.  Prague,  4886;  vol. 
in*. 

WelUrauische  GeselUfchaft  fur  die  gesammte  IVaturkvnde, 
-Benrhl,  1885-87.  Hanau,  i887;  in-8^ 

Geodàlisches  Iristituly  Berlin,  —  Astronomisch-geodatischc 
Arfoeiten,  I.  Ordnang.  —  Jahresberîcht,  i  886-87;  in-4^ 

GettlUehaft  fur  Natur-und  ffeilkunde y  J^resdcn.  —  Jah- 
rrsberichl,  1886-87.  In-8*. 

Naiurwisuen^chaftlicher  Verein  in  Uugdeburg.  —  Jahrcs  - 
bericbt,  1886.  In-8V 

Physikalische  GeselUehaft,  Berlin.  —  Die  Forlschritle  dcr 
Physik  im  jahre  1881,  1.-5.  Ablheilung.  —  Vcrliandluiigcn. 
5.  Jihrgang. 

yatvrfargeliende  GescUschaft  in  Danzig, —  Schriften,  nciic 
Kolge,  VI.  Bd  4.  Iii-8». 

VereiJi  fur  vaterlàndische  Nulurkunde   in   IVurUemherg. 

—  Jahreshcfle,  43.  Jahrgang.  Stuttgart,  1887;  in-8^ 

Verein  fur  Erdkunde,- DarmstadL  —  Notizblatt,   IV,  7. 

Gesellêchafi  der  WissenBchaflenj  Gôttingen.  —  Abhandlun- 
$^,  Baiid  55.  Nachrichten  und  Anzeigen  fiir  1886;  în-8^ 

Umversitaei  Heidelberg.  —  Die  altdeulschen  Handscbriftcn 
(Karl  BartFch).  Heiiclberg,  1887;  vol.  in-4^ 

Verein  fur  Geschichteund  AUerlhuni  Schtesiens^t  Breslau.  — 
Codex  diplomaticus  Silesiae,  Bd.  XII.  —  Zeitschrift,  Bd.  XXI; 
in-8*. 

GeselUchaft  fur  ScMesMoig-Holsiein. ..   Geschichte,    Kiel. 

—  Regesten  und  Urkunden  I,  5;  II,  2-4.  Zeitschrift,  XVI.  Bd.; 
in-8». 


(  182  ) 


Amérique. 

» 

Manierola  {Ramon).  —  £nsayo  sobre  una  clasificacioii  de 
las  ciencÎHS.  Mexico,  4884;  vol.  pet.  in-8*. 

Lockwood  (Samuel).  —  Raîsing  diatoms  in  the  laboratory. 
New-York,  iSM;  exlr.  in-8*  (i  4  p.). 

Peabodi/  Inslitute.  —  Annual  report,   1887;  Baltimore; 

Geological  ami  natural  hisiory  Survey  of  Minnesota.  — 
Report  for  1884  and  4885.  Sl-Paul,  i 885-86;  2  vol.  in-8«. 

New-York  Academy  of  sciences.  —  Transactions,  4885-80, 
vol.  V,  n"  7  and  8.  —  Annals,  vol.  III,  n"  44  and  12.  New- 
York;  2  cah.  in-8*. 

Hisiorical  Society  of  Pennsylvania.  —  The  pcnnsylvaiiia 
Magazine,  vol.  X,  n<>*  I,  3  and  4. 

Blue  Hill  meteorological  Observatory.  —  Resulls  of  obser- 
vations, 4886.  Boston,  4887;  in-4^ 

Smithsonian  Institution,  Washington.  —  Fourlli  animal 
report  of  the  Bureau  of  ethnoiogy,  4,  1882-85.  —  Miscelln- 
neous  Collections,  vol.  XXVIIl-XXX;  in-8^ 

Chief  signal  office.  —  Annual  report,  4885,  parts  1  and  2. 
Washington;  2  vol.  in-8*. 

—  Sumniary  and  review  of  international  meteorological 
observations,  4883;  4885  :  july-decemher.  In  4^ 

—  Montlily  weather  Review,  4880;  july-december.  In-4'. 
Department  of  the  Interior  :  U.  States  geological  Survey. 

—  Minerai  resources,  4885.  Washington;  in-8«. 

Oficina  meteorologica  Argentina  —  .\nales,  tomo  V. 
Bucnos-Alrcs,  1887;  vol.  in-4". 


(  *83) 


France. 

Fojff  [tierce).  —  Sur  les  tempêtes  :  théories  et  diseussions 
DOOTclles.  Paris,  1887;  in-8''  (75  p.). 

Institut  de  France  :  Académie  des  sciences.  —  Mémoires  par 
dÎTers  savants,  l.  XXIX.  —  Mémoires  relatifs  au  passage  do 
Vénus  sur  Je  soleil,  t.  III,  2'  partie,  texte  et  allas. 

Académie  des  inscriptions.  —  Mémoires,  t.  XXXII,  V*  partie 
•\ec  allas.  —  Notices  et  extraits,  l,  XXVII,  l**  partie,  i"  fasc. 
(avee  pi.):  XXXI,  2*  partie;  XXXII,  V*  partie.  -~  Histoire  litté- 
raire de  la  France,  t.  XXIX.  —  Recueil  des  historiens  des 
Croisades:  historiens  orientaux,  t.  II,  i*^  partie;  historiens 
occidentaux  t.  IV  et  V,  1'*  partie.  —  Corpus  inscriptionum 
Seoiticarum,  etc.,  pars  prima,  t.  I,  fasc.  3  et  4.  —  OEuvres  de 
Borghesi,  U  IX,  V  et  V  parties.  Paris,  1885-87. 

Académie  de  législation  de  Toulouse.  — Fête  de  Cujas  : 
scaorr  publique  du  27  mars  1887.  ln•8^ 


GlANDC- BaiTAGIf E,  IRLANDE  ET  Coi.OlflBS  BRITANNIQUES. 

Royal  Society  of  South  Australia,  Adélaïde.  —  Transactions 
and  proeeedingiB,  vol.  IX,  1885-86.  ln-8^ 

Gexdogical  Survey  of  Canada.  —  Rapport  annuel,  188?i, 
vol,  I.  Ottawa  ;  2  vol.  in-  8*. 

British  Association  for  the  advaneement  of  science.  — 
Report  for  ihe  55*^  and  56*"  meeting  (Abcrdcen,  1885,  and  Bir- 
mingham, 1886).  Londres;  S  vol.  in-8^ 

Baddiff  Observatoryy  Oxford.  —  Resulls  of  observations, 
mZ;  in-8^ 

lÂnnean  Society  of  New  South  Wales.  —  The  proccedings, 
vol.  1.  Sydney,  1886;  vol.  in-8\ 


(  184  ) 


Italie. 

Giovanni (V.  di),  —  Sulla  topografia  antica  di  Palerino  da] 
secolo  XaIXV.  Palcrme,  1887;  vol.  in-8*. 

—  Saggi  di  crîtîca  rclîgîosa  e  filosofica.  Florence,  1887; 
iri-8*»(188  p.). 

Luvini  (GiovJ).  —  Perliirbazione  eleltrica  foriera  del  terre- 
iiiolo.  Florence,  1887;  exlr.  in-8*  (5  p.). 

Scuola  normale  superiore  di  Pisa,  —  Annali,  se.  fis.  e 
malem.,  vol.  IV.  ïn-8*. 


Pays  divers. 

Academiade  cienciai  morales  y  poliiicas,  Madrid,  —  El  cre- 
dilo  agricola.  In-8\ 

Société  helvétique  des  sciences  naturelles. — Actes  et  comptes- 
rendus  des  travaux  de  la  69^  session,  réunie  à  Genève  en  1886. 
2  br.  in-8*. 

Naturforschende  Gesellscliaft  in  Bern,  —  Miltheihingen, 
1886.  ln-8*. 

Naturforscher-Gesellschafty  Dorpat,  —  Silzungsberichte, 
fiand  VHI,1, 1886.  —  Archiv,  erste  Série,  ÏX,  4. 

GesellschafC  fur  Literatur  und  Kunst, —  Sitzungs-Berichte, 
1886.  Mitau,  1887;  in-8*. 

NordhavS'Expedition.  —  XVIII'****:  Ihc  nortli  Océan 
(II.  Mohn).  Christiania,  1887;  â  vol.  in-4*. 

Association  géodésique  internationale.  —  Comptes  rendus 
de  la  8*  conférence  réunie  à  Berlin  en  1886.  Berlin  1887;  vol. 
in-4*. 


BULLETIN 


DE 


L ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  BT  DES  BEADX-ARTS  DE  BELGIQUE. 

1887.  —  N«  8. 


CJLASSe  D£8  SCIENCES. 


Séance  du  6  août  1887. 

H.  Fr.  Crépin,  vice^irecteur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  J.-S.  Stas,  P.-J.  Vao  Beoeden,  le 
laroD  Edm.  de  Selys  Loogchamps,  Gluge,  J.  G.  Houzeau, 
G.  Dewalqae,  Ch.  Mootigny,  Ëd.  Vao  BeDeden,  G.  Malaise, 
F.  Folie,  Alph.  Brîart,  F.  Plateau,  Ëd.  Mailly,  Gb.  Van 
Bambeke,  G.  Vao  der  Mensbrugghe,  Louis  Heory  et 
M.  MoQflon,  membres;  Gb.  de  la  Vallée  Poussin,  associé; 
hul  HansioD,  P.  De  Heen  et  G.  Le  Paige,  correspond 
dents. 

H.  J.  De  Tilly,  directeur,  devant  se  rendre  à  Tétranger 
poar  affaire  de  service,  s'est  fait  excuser  de  ne  pouvoir 
présider  la  séance. 

3*"  SÉRIE,   TOME   XIV.  15 


(  186  ) 


CORRESPONDANCE. 


La  Classe  apprend  avec  un  profond  sentimenl  de  regret 
la  perte  qu'elle  a  faite  en  la  personne  de  M.  Laurent- 
Guillaume  de  Koninck,  membre  de  la  section  des  sciences 
mathématiques  et  physiques,  décédé  à  Liège,  le  15  juillet 
dernier,  dans  sa  septante-neuvième  année. 

Elle  vote  des  remerciements  à  son  directeur,  qui  a  bien 
voulu  se  charger  d'être  son  organe  aux  funérailles  da 
défunt. 

Le  discours  de  M.  De  Tilly  paraîtra  dans  le  Bulletin. 

Une  lettre  de  condoléance  sera  écrite  à  la  famille  de 
M:  de  Koninck. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  communique  le  rapport  qui  lui  a  été 
adressé  par  M.  Paul  Pelseneer,  sur  les  résultats  de  sa 
mission  à  la  station  zoologique  de  Naples.  —  Commis- 
saires :  MM.  Van  Beneden,  père  et  flis,  et  Plateau. 

—  M.  Van  der  Mensbrugghe  présente,  pour  le  procbaîo 
Annuaire^  la  notice  biographique  de  M.  François  Duprez, 
ancien  membre  de  la  section  des  sciences  physiques  et 
mathématiques.  —  Remerciements. 

—  M.  Malaise  demande  le  dépôt  dans  les  archives  de 
l'Académie  d'un  billet  cacheté  portant  pour  suscription  : 
Silurien  S.  Jf .  —  Accepté. 


(  <87  ) 

—  L'Académie  des  letlres,  sciences^  aiis  et  agriculture 
de  Metz  adresse  son  programme  de  concours  pour  Tanoée 
7-1888. 


—  L'Académie  de  Stanislas»  à  Nancy,  adresse  le  pro- 
gramme du  prix  de  chimie  appliquée,  de  500  francs  (fon- 
dation Paul  Bonfiis),  à  décerner  au  mémoire  qui  lui  paraî- 
tra le  plus  recommandable,  soit  sous  le  rapport  des  faits 
oottveauK  qu'il  contiendra,  soit  sous  le  rapport  des  progrès 
qQ*il  peut  être  appelé  à  faire  faire  à  la  chimie  appliquée. 

Délai  pour  la  remise  des  travaux  :  31  janvier  1888. 

—  La  Classe  vote  des  remerciements  aux  auteurs  des 
ouvrages  suivants,  dont  il  lui  est  fait  hommage  : 

i*  a.  Déiermination  d'une  relation  empirique  entre  le 
coefficient  de  frottement  intérieur  des  liquides  et  les  varia" 
tions  que  celui-ci  éprouve  avec  la  température;  b.  Déter^ 
mination,  à  F  aide  d'un  appareil  nouveau,  du  coefficient  de 
diffusion  des  sels  en  solution,  etc.;  c.  Détermination  des 
rarialions  que  le  coefficient  de  frottement  intérieur  des 
liquides  éprouve  avec  la  température;  trois  extraits  par 
P.  De  Heen  ; 

2*  A.  De  Làsaulx  :  Précis  de  pétrographie,  traduit  de 
rallemaod  par  H.  Forir; 

3*  La  poterie  en  Belgique  à  l'âge  du  Mammouth 
(quaternaire  inférieur),  première  partie.  La  poterie  de  la 
grotte  d'Engis;  deuxième  partie.  La  poterie  de  la  grotte  de 
Spy,  par  Julien  Fraipont;  ext.  in-S""; 

4*  a.  De  la  réhabilitation  de  la  saignée,  etc.;  b.  Rapport 
de  la  commission  qui  a  examiné  le  travail  de  Af .  le  docteur 
Moin,  à  Chambéry,  intitulé  :  Les  applications  des  pro" 
priétés  antiseptiques  du  borax  et  de  F  acide  borique,  deux 
brochures  io-8%  par  le  D'Borlée; 


(  188  ) 

5**  €  Les  trous  >  au  mauvais  air  de  Nivezé  (Spa).  Notice 
sur  les  sources  naturelles  d*acide  carbonique,  par  le  D' Ach. 
Poskin.  Bruxelles,  1887;  brochure  in-8%  présentée  par 
M.  G.  Dewalque. 

—  La  Classe  renvoie  à  Texamen  de  MM.  Houzeau  et 
Folie  le  travail  suivant  de  M.  L.  de  Bail,  préparateur  des 
cours  d'astronomie  et  de  géodésie  à  TUniversité  de  Liège: 
Masse  de  la  planète  Saturne  déduite  des  observations  des 
satellites  Japhet  et  Titan,  faites  en  1885  et  en  1886 
à  l'Institut  astronomique  de  Liège, 

MM.  Éd.  Yan  Beneden  et  Yan  Bambeke  examineronl 
une  note,  avec  planche,  intitulée  :  Contributions  à  l'étude 
du  développement  de  Cœil  pineal  (Épiphyse)  chez  les  rep- 
tiles, par  Francotte. 


RÉSULTATS  DU  CONCOURS  DE  LA  CLASSE 

POUR  1887. 


Un  mémoire  portant  pour  devise  :  Numeri  regunt 
mundumy  a  été  reçu  en  réponse  à  la  question  suivante  de 
la  partie  du  programme  de  concours  se  rapportant  aux 
sciences  mathématiques  et  physiques  : 

On  demande  des  recherches  nouvelles  sur  Vécoulement 
linéaire  des  liquides  chimiquement  définis  par  des  tubes 
capillaires,  en  vue  de  déterminer  si  l'on  peut  appliquer 
aux  liquides  l'hypothèse  des  molécules,  telle  que  Vétude  des 
gaz  nous  Va  fait  connaître. 


(  189  ) 

Od  se  placera  au  point  de  vue  des  trois  hypothèses 
priocipales  admises  aujourd'hui  pour  rendre  compte  de  la 
coDstilution  intime  des  gaz. 

Commissaires:  MM.  Spring,  Van  der  Mensbrugghe  et 
Stas. 

—  Un  mémoire  portant  pour  devise  :  Trado  quœ  poiui, 
a  été  reçu  en  réponse  à  la  question  suivante  de  la  partie 
du  programme  se  rapportant  aux  sciences  naturelles  : 

On  demande  des  recherches  sur  le  développement 
embryonnaire  d'un  mammifère  appartenant  à  un  ordre 
dont  Fembryogénie  n*a  pas  ou  n^a  guère  été  étudiée 
JMsquici. 

Ce  mémoire  porte  pour  titre  :  Onderzoekingen  over  de 
ontwikketings  geschiedenis  van  den  Egel  (Erinaceus  eurO' 
p(uu$). 

Commissaires  :  MM.  Van  Bambeke,  Éd.  Van  Beneden 
et  Plateau. 


Discours  prononcé  aux  funérailles  de  M.  de  Koninck, 
par  M.  De  Tilly,  directeur  de  la  Classe, 

Messieurs, 

L'Académie  traverse  une  période  fatale.  En  six  mois, 
nous  avons  perdu  autant  de  confrères  que  pendant  les 
deux  années  précédentes  réunies.  Après  Cornet,  Laurent, 
Alvin,  Tielemans»  De  Man,c*est  aujourd'hui  notre  respec- 
table et  affectionné  confrère  de  Koninck  à  qui  nous  devons 
dire  adieu.  En  entrant  dans  cette  maison  mortuaire,  j'ai 
appris  la  triste  nouvelle  du  décès  d'un  septième  membre. 


(190) 

EDlré  à  rAcadémie  eo  1836,  à  Tftge  de  S7  ans,  comme 
correspoodant,  après  avoir  produit  plusieurs  travaux  de 
chimie,  dont  trois  avaieot  été  insérés  dans  les  Bulletins, 
de  Koninck  fut  élu  membre  titulaire  en  1842.  Depuis  sa 
participation,  toujours  active,  aux  travaux  de  la  Classe  des 
sciences,  dont  il  fut  directeur  en  1862,  ses  efforts  se 
tournèrent  principalement  vers  la  paléontologie,  science 
qui  a  pris  en  Belgique  un  développement  si  considérable. 

Il  était  aussi  membre  de  l'Académie  de  médecine,  et 
avait  obtenu  de  nombreuses  distinctions  regnicoles  et 
étrangères;  mais  je  ne  dois  parler  que  comme  représentant 
de  l'Académie  des  sciences. 

Le  moment  n'est  pas  venu  d'énumérer  et  d'analyser  les 
œuvres  de  notre  confrère;  toutefois,  ce  ne  sera  pas  déro- 
ger aux  usages  que  de  rappeler  ici,  rapidement,  celles  qui 
lui  valurent  le  plus  de  succès. 

La  Société  géologique  de  Londres,  qui  lui  avait  déjà 
accordé  un  prix  dès  1853,  lui  décerna  en  1875  la  médaille 
de  Wollaston  pour  ses  travaux  sur  le  terrain  carbonifère. 

En  1882,  il  obtint  en  Belgique  le  prix  quinquennal  des 
sciences  naturelles  (période  de  1877-1881),  pour  lequel  il 
avait  déjà  été  désigné  en  1852  et  en  1857,  mais  en  partage 
avec  d'autres  personnes.  C'est  un  fait  peut-être  unique  que 
ce  prix  ait  été  obtenu  par  un  membre  de  la  section  des 
sciences  mathématiques  et  physiques.  De  Koninck  appar- 
tenait, en  effet,  à  cette  dernière  section  et  présida  même 
en  1884  le  jury  qui  décerna  le  prix  des  sciences  mathé- 
matiques. J*ai  déjà  fait  observer  que,  dans  sa  jeunesse,  il 
s'était  adonné  surtout  à  la  chimie  et  que  l'ardeur  pour  les 
sciences  naturelles  ne  lui  vint  que  plus  tard. 

Pour  apprécier  complètement  les  travaux  auxquels  le 


(  191  ) 

jory  de  i8S2  décerna  le  prix  quinquennal,  il  faudrait 
lire  (oot  le  rapport  de  ce  jury.  Je  ne  puis  y  emprunter  que 
quelques  mots. 

cNoQs  nous  trouvons  >,  dit  le  rapporteur,  €  en  présence 
des  (Buvres  sur  le  choix  desquelles  le  jury  a  longuement 
liésité  dans  Paccom plissement  de  son  mandat.  Dues  à 
MM.  P.-J.  Van  Beneden  et  L.-G.  de  Koninck,  elles  reste- 
ront certainement  au  nombre  des  travaux  les  plus  considé- 
rables que  le  pays  ait  produits.  C'est  avec  admiration  que 
nous  voyons  deux  vétérans  de  la  science  belge,  illustres  à 
plus  d*un  titre,  entreprendre,  à  un  âge  qui  commande 
d'ordinaire  le  repos,  d'aussi  vastes  ouvrages,  avec  une 
énergie  et  un  élan  qui  n'ont  d'égale  que  leur  puissante 
expérience.  » 

Entre  ces  deux  noms  illustres,  c'est  pour  de  Koninck 
que  le  jury  se  prononça  à  l'unanimité. 

L'ensemble  de  ses  travaux  couronnés  peut  se  résumer 
ainsi  :  classement  des  terrains  par  la  paléontologie,  étude 
zoologique  des  faunes  primaires,  particulièrement  de  la 
faune  carbonifère  belge,  recherches  sur  les  faunes  simi- 
laires du  globe  et  notamment  de  l'Australie. 

Par  cette  œuvre  considérable,  de  Koninck  affirmait  en 
Belgique  les  principes  de  l'école  paléontologique,  qui  voit 
dans  la  connaissance  des  fossiles  Pauxiliaire  indispensable 
do  stratigraphe,  pour  le  classement  et  le  raccordement  des 
cooches. 

Mille  à  douze  cents  fossiles  de  diverses  localités  de  la 
NoQveile^allesduSud,  résultat  des  explorations  prolongées 
do  révérend  Glarke,  avaient  été  remis  aux  mains  de 
de  Koninck  pour  être  décrits. 

Cette  large  immixtion  dans  la  palépntologie  de  l'Austra- 


(  192  ) 

lie  obtint  une  autre  récompense,  décernée  par  les  savants 
de  ce  pays  même.  En  1886,  la  Société  royale  de  la 
Nouvelle-Galles  du  Sud  décernait  la  médaille  fondée  eo 
mémoire  de  Clarke,  à  L.-G.  de  Koninck,  comme  témoi«* 
gnage  d'admiration  pour  ses  nombreux  et  importants  tra- 
vaux paléontologiques,  et  particulièrement  en  reconnais- 
sance de  sa  publication  relative  aux  fossiles  paléozoïques 
de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud. 

Le  directeur  de  la  Classe  des  sciences,  en  portant  cette 
distinction  à  la  connaissance  de  ses  confrères,  rappelait  les 
récompenses  de  même  nature  récemment  obtenues  par 
M.  Stas  à  la  Société  royale  de  Londres,  et  par  M.  P.-J.  Van 
Beneden  à  l'Académie  des  sciences  de  Paris.  <  La  Classe 
peut  être  fière  »,  ajoutait-il,  <  des  honneurs  rendus  à  ses 
trois  plus  anciens  membres,  dans  les  pays  étrangers  et 
jusque  chez  nos  antipodes  ». 

Peut-être,  en  m'arrétant  ainsi  aux  travaux  que  j'ai  consi- 
dérés comme  principaux,  d'après  les  éloges  qui  leur  ont  été 
oflBciellement  décernés,  n'ai-je  pas  eu  la  bonne  fortune  de 
mettre  réellement  en  relief  les  parties  les  plus  importantes 
de  l'œuvre  considérable  du  regretté  défunt.  Les  idées  que 
les  contemporains  apprécient  et  récompensent  ne  sont  pas 
toujours  celles  que  sanctionnera  l'avenir.  Si  j'ai  péché  sous 
ce  rapport,  il  faut  l'attribuer,  d'abord  à  la  hâte  extrême 
avec  laquelle  ces  lignes  ont  dû  être  écrites  en  quelques 
heures,  ensuite  et  surtout  à  mon  incompétence  personnelle. 
Mais  je  n'ai  pas  voulu  m'appuyer  sur  celte  dernière  consi- 
dération pour  décliner  le  pénible  devoir  que  je  viens 
remplir. 

Les  hommes  qui  s'adonnent  à  une  science  quelconque 
n'ont  pas  le  droit  de  se  dire  étrangers  aux  autres  sciences, 


(  i93) 
JB5qu*ao  point  cl*igDorer  les  noms  et  les  œuvres  principales 
de  lears  compatriotes  illustres. 

On  a  pu  constater,  à  diverses  reprises,  que  des  savants 
belges,  jouissant  à  Tétranger  d'une  célébrité  éclatante, sont 
i  peine  connus  dans  leur  pays,  lorsque  leur  science  ne 
fooroit  point  dVguments  à  la  politique.  Sans  tomber 
dans  Texagération  contraire,  qui  serait  encore  plus 
ficbeose,  il  est  de  notre  devoir  de  protester  et  de  réagir 
contre  les  indifférences  injustes. 

Cher  et  vénéré  confrère,  il  ne  sera  point  dit  que  les 
travaux,  admirés  par  le  monde  entier  et  récemment  accla- 
més jusqu'aux  antipodes,  sont  oubliés  dans  ton  pays,  ou 
D'y  sont  connus  que  dans  les  étroites  limites  de  ta  spécia- 
lité. C'est  au  nom  de  toutes  les  sections  de  la  Classe  que  je 
viens  rendre  hommage  à  ta  renommée,  et  exprimer  en 
même  temps  les  regrets  que  nous  cause  à  tous  la  perte 
d'ijD  confrère  si  bon,  si  dévoué,  si  affable,  si  attentif  à 
faire  oublier  sa  supériorité. 

Que  ces  regrets,  et  ceux  de  sa  respectable  famille,  dont 
on  membre  suit  noblement  les  traces  de  son  père,  soient 
tempérés  en  ce  jour  par  la  conviction  que  celui  qu'elle 
pleure  jouit  déjà  de  la  récompense  méritée  par  une  vie 
entièrement  consacrée  au  culte  de  la  science,  de  la  vérité 
et  de  la  justice. 

Adieu!  cher  confrère I  au  nom  de  l'Académie,  au  nom 
de  tous  ceux  qui  ont  pu  apprécier  tes  brillantes  qualités, 
adieu! 


i 


\  (  194  ) 


RAPPORTS. 


La  Classe  décide  le  dépôt  aux  archives  : 

1*  D'uoe  lettre  de  M.  le  maréchal  des  logis  d*artillerie 
en  retraite,  J.  Delaey; 

^  D'une  lettre  de  M.  Nie.  Daniel,  de  Mal-Mets,  R  9/2 
(Asie-Mineure),  se  rapportant  au  mouvement  perpétuel. 

Elle  ratifie  l'avis  favorable  exprimé  par  MM. Yan  Beneden» 
père  et  fils,  et  Van  Bambeke,  sur  la  demande  d'un  subside 
adressée  au  Département  de  TAgriculture  par  M.  Cb.  Julin, 
à  l'effet  de  pouvoir  participer  au  congrès  organisé,  cette 
année,  à  Manchester,  par  l'Association  britannique  pour 
l'avancement  des  sciences. 

La  Classe  vote  Timpression  au  Bulletin  des  communi- 
cations suivantes  : 

1**  Des  variétés  dans  l'espèce  Mustela  putohius,  par 
Adolphe  Drion,  fils;  examinée  par  MM.  P.  Van  Beneden 
61  de  Selys  Longcbamps; 

â*  Note  sur  quelques  espèces  rares  de  la  faune  des  ver^ 
tébrés  de  la  Belgique  observées  dans  le  Limbonrg  belge 
par  le  D*^  Bamps;  examinée  par  M.  de  Selys  Longcbamps. 


n 


(495) 


Kote  sur  les  oscillatiani  (Tun  penduh  produites  par  le 
déplacement  de  Faxe  de  suspension;  par  E.  Ronkar. 


ÊSmmmmw^  «Ve  M,  rmSâm, 


c  M.  Ronkar  a  eo  l'idée  du  présent  travail  en  recher- 
dttot  quel  serait  le  procédé  expérimental  le  plus  propre  à 
■anifesler  les  petites  irrégularités  que  je  viens  de  signaler 
dans  le  mouvement  de  l'écorce  solide  du  globe. 

Il  s'est  demandé  si  un  pendule  en  repos,  librement  sus- 
pendu, ne  pourrait  pas  prendre  un  mouvement  oscillatoire 
dans  le  cas  où  son  point  de  suspension  éprouverait  un 
Miivement  de  même  nature. 

Voici  quelles  sont  les  conclusions  qu'il  tire  de  l'analyse 
élégante  à  laquelle  il  a  soumis  la  question  proposée. 

Lorsque  Taxe  d'un  pendule  au  repos  reçoit  un  certain 
tooibre  d'inupnlsions  ondulatoires  simples  horizontales, 
le  pendule  peut  conserver  un  certain  mouvement  oscilla- 
toîrey  ou  ne  le  peut  pas,  suivant  les  cas. 

Lorsque  la  durée  d*oscillation  du  pendule  est  la  même 
que  celle  de  Taxe,  le  pendule  conserve  un  mouvement  dont 
ramplitode  est  proportionnelle  au  nombre  d'impulsions 
reçues  par  Taxe. 

En  dehors  de  ce  cas,  le  pendule  peut  ne  conserver 
aucune  trace  d'oscillation,  même  si  les  périodes  ci-dessus 
sont  dans  un  rapport  très  simple,  tandis  qu'il  peut  prendre 
on  mouvement  sensible  dans  le  cas  contraire.  Ce  mouve- 
inenl  dépend  de  l'amplitude,  du  nombre  et  de  la  durée  des 
impulsions  ainsi  que  de  la  phase. 


\ 


s 

t 
t 

\ 


\ 


« 
V 


W 


y 


(  <96) 

\  Ces  résultats  ne  sont  pas  entièrement  conformes  à  Tas- 

serlion  de  Rossi  relativement  aux  pendules  employés 
dans  les  observations  sismiques,  quand  il  dit  que  des  pen- 
dules, qui  reçoivent  quelques  impulsions  conformes  au 
rythme,  sont  naturellement  fortement  agités,  et  qu'au  con- 
traire, avec  des  impulsions  qui  se  succèdent  suivant  un 
rythme  différent,  ils  ne  bougeront  pas. 

Quand  on  considère  l'action  d'une  onde  simple  de 
longue  durée,  on  peut  assimiler,  pendant  son  action,  le 
mouvement  du  pendule  à  un  mouvement  oscillatoire,  de  la 
période  propre  au  pendule,  autour  d'une  certaine  position 
moyenne  qui  est  elle-même  assujettie  à  un  mouvement 
pendulaire  dont  la  durée  d'oscillation  est  celle  de  l'onde 
simple  considérée. 

L'amplitude  de  ces  deux  mouvements  est  inversement 
proportionnelle  à  l'intensité  de  la  pesanteur  pour  le  cas  de 
longues  périodes,  et  on  conclut  de  là  un  procédé  d'expéri- 
mentation pour  la  recherche  d'irrégularités  périodiques 
dans  le  mouvement  de  rotation  diurne  ;  ces  irrégularités, 
très  faibles,  peuvent  être  rendues  plus  sensibles  en  dimi- 
nuant l'action  de  la  pesanteur. 

J'espère  que  nous  arriverons  prochainement,  M.  Ronkar 
et  moi,  à  réaliser  dans  de  bonnes  conditions  cette  expé- 
rience, qui  serait  fondamentale  pour  l'astronomie. 

Je  propose  à  la  Classe  d'ordonner  l'impression  du  tra- 
vail de  M.  Ronkar  au  Bulletin  et  de  voter  des  remercie- 
ments à  Tauteur.  >  —  4dopté. 


(<97) 


Sur  le  iulfure  de  cadmium  colloïdal;  par  M.  Eug.  Prost. 


«le  JV.  9Uu, 


c  Les  solotioDS  des  substances  cristallioes  se  diffuseDt 
avec  la  plos  grande  facilité.  Celle  propriété  Tait  à  peu  près 
compiëlemenl  défaut  aux  solutions  des  substances  que 
Graham  a  désigné  sous  le  nom  de  corps  colloïdes.  Dans 
cesileroiers  temps,  Tattention  des  chimistes  a  été  portée 
«ir  ce  sujet  :  aux  solutions  colloïdales  des  hydrates  sili- 
ciqae,  aiuminique  et  ferrique,  primitivement  découvertes, 
soot  venues  se  joindre  les  solutions  colloïdales  des  sulfures 
anéoieox,  anlimonieux  et  stannique,  et  des  oxydes  anti- 
Donieux,  manganique  et  stannique.  Dans  le  travail  qu'il 
présente  à  TAcadémie,  M.  Prost  ajoute  à  cette  liste, 
longue  déjà,  le  sulfure  de  cadmium,  qui  jusqu'ici  n'était 
cooou  qu'à  rétat  insoluble.  Il  obtient  une  solution  colloï- 
dale de  ce  composé  en  faisant  passer  de  l'acide  sulfhydrique 
ao  travers  de  l'eau  tenant  en  suspension  du  sulfure  cad- 
mique  récemment  précipité,  et  en  éliminant  ensuite  par 
l'action  de  la  chaleur  l'acide  sulfhydrique  dissous  dans  le 
liquide,  devenu  limpide  et  coloré  en  jaune.  M.  Prost  a  étu- 
dié avec  soin  les  propriétés  de  la  solution;  il  a  reconnu 
par  l'examen  spectroscopique  du  liquide  que  le  sulfure 
admique  est  réellement  à  l'état  dissous,  et  que  la  solution 
présente  les  caractères  constatés  jusqu'ici  à  tous  les  corps 
colloïdaux  dissous,  c'est-à-dire,  la  faculté  de  se  coaguler 
spontanément  par  le  temps,  souvent  fort  court,  et  par 
Taddition  de  substances  étrangères. 


(198) 

Soo  travail  renferme  à  ce  sujel  des  détails  très  précis  et 
ioléressants^  qui  concordent  du  reste  avec  les  faits  observés 
sur  les  solutions  des  sulfures  eolloidaux  d*arsenic  et  d'an- 
timoine. 

Le  travail  de  M.  Prost  est  incontestablement  bien  exé- 
cuté. Je  rengage  à  compléter  son  élude  en  recherchant 
si  le  sulfure  cadmique  colloïdal  devenu  spontanément 
insoluble,  et  le  sulfure  colloïdal  coagulé  par  Faddition  à  sa 
solution  de  substances  étrangères,  et  enGn  le  sulfure  cad- 
mique précipité,  chauffé  de  manière  à  faire  cesser  son  état 
pulvérulent  et  soumis  en  présence  de  Teau  à  un  courant 
d'acide  sulfhydrique,  peuvent  passer  de  nouveau  à  Tétat  de 
solution  colloïdale. 

J'ai  Thonneur  de  proposer  à  l'Académie  d'ordonner 
rimpression  du  travail  de  M.  Prost  dans  le  Bulletin  de  la 
séance  et  de  voter  des  remerciements  à  l'auteur  pour  sa 
communication.  > 

M.  Spring,  second  commissaire,  se  rallie  à  la  proposition 
de  M.  Stas,  qui  est  adoptée  par  la  Classe. 


Descriptions  de  quelques  Cucurbitacées  nouvelles;   par 

M.  Alfred  Gogniaux. 

€  La  notice  que  M.  Gogniaux  a  soumise  au  jugement  de 
l'Académie  comprend  les  descriptions  de  quatorze  espèces 
et  de  plusieurs  variétés  inédites  appartenant  à  la  famille 
des  Cucurbitacées. 


(m) 

Ces  descriplions  consliloent  uoe  addition  assez  impor- 
laole  à  la  monographie  générale  de  cette  famille,  qae 
Fâoteor  a  publiée  dans  les  Monographiœ  phanerogamum 
de  M.  Alphonse  de  Candolle. 

Noos  avons  Tbonneur  de  proposer  Timpression  de  ce 
travail  dans  le  Bulletin  et  de  voter  des  remerciements 
i  Taotear.  »  —  Adopté. 


Sur  la  représentation  des  involutians  unicursales;  par 

Fr.  Deroyts. 

<  Dans  nn  mémoire  présenté  à  l'Académie,  il  y  a  près 
de  dix  ans,  j'ai  signalé  le  parti  que  Ton  pourrait  tirer  des 
espaces  à  un  nombre  quelconque  de  dimensions  pour  la 
représentation  des  in  volu  tiens 

Cest  cette  même  idée  qui  sert  de  point  de  départ  au 
travail  de  M.  Fr.  Deruyts  (*). 

L'auteur  se  sert  de  la  définition  ordinaire  de  l'involu- 
tion  I;  par  l'équation 


(*)  U  avait  été  devancé  dans  cette  voie  par  un  jeune  géomètre 
Italien  fort  distingué,  M.  G.  Gastelnuovo,  mais  je  crois  pouvoir  ajouter 
que  e*est  moi  qui  ai  signalé  à  M.  Deruyts  Texistence  de  ce  travail 
antérieur,  aiors  qu*il  m'avait  déjà  communiqué  les  principaux  résul- 
tits  de  son  étude. 


(  200  ) 

fi  représentant  un  polynâme  du  degré  n.  A  l'une  de  ces 
formes 

il  fait  correspondre  la  forme  linéaire 

F«  =  a/  z,  -♦-  ai  z,  -f^  ..«  -f^  ai^  «,+,. 

Maintenant,  on  peut  imaginer  un  espace  à  n  dimensions, 
dans  lequel  l'équation 

F,  =  0, 

représentera  un  espace  E»_|. 

Si  l'on  suppose  en  particulier  k'^^n  —  1,  l'ensemble 
des  n  équations 

Ft  =  Ot  F,  =  0,...  F,  =  0, 

déterminera  un  espace  Eq  ou  point;  c'est  ce  point  qui 
représentera  l'involution  i;;^. 

Mais  en  cherchant  à  quelle  condition  doit  satisfaire  le 
point  Eq  pour  que  l'involution  l;;.|  soit  décomposable  en 
un  élément  fixe  et  une  involution  Ij^i,  il  trouve  que  ce 
point  doit  se  trouver  sur  une  courbe  d'ordre  n,  C«,qui  est 
précisément  la  courbe  normale  de  l'espace  E«. 

C'est  l'inverse  de  la  voie  que  M.  Gastelnuovo  et  moi- 
même  avions  suivie,  et  je  pense  que  la  méthode  de 
M.  Deruyts  l'emporte  en  élégance,  car  elle  indique  en 
quelque  façon  l'origine  de  cette  courbe  C». 

Si,  au  lieu  de  l'égalité 


(  20i  ) 
00  pari  d*uDe  relation  restreinte 


à-hl 


isst 

00  a  une  Ir  et  Ton  obtient  un  système  d'équations  linéaires 
en  nombre  it+1,  dont  chacune  définit  un  espace  E._o  et 
doDl  Tensemble  caractérise  un  espace  £»_4_«  que  Tauteur 
appelle,  avec  M.  Castelnuovo,  l'espace  central  de  l'involu- 
tioD  l;. 

Si  maintenant  on  considère  la  courbe  normale  G«,  les 
espaces  E._iqui  passent  par  E^^.,  rencontrent  cette  courbe 
et  des  groupes  de  n  points,  dont  les  paramètres,  sur  ia 
courbe  C.,  sont  liés  par  l'équation 

I 

A  côté  de  la  représentation  par  des  formes  binaires, 
00  rencontre  une  représentation  des  involutions  par  des 
formes  plurilinéaires. 

Cette  double  représentation  a  l'avantage  de  faire  cor- 
respondre, à  l'aide  des  mêmes  formes  algébriques,  deux 
involutions  conjuguées. 

En  se  servant  de  cette  seconde  méthode,  M.  Deruyts 
est  amené  à  regarder  l'espace  central  d'une  I"  non  plus 
comme  l'intersection  de  /?  +  1  espaces  E».|,  mais  comme 
la  jonction  de  n  —  A:  espaces  Eq. 

Je  ne  suivrai  pas  l'auteur  dans  tous  les  développements 
de  ces  principes  :  je  signalerai  seulement  la  manière  ingé- 

3"*  SÉRIE,  TOME  ilV.  14 


(  202  ) 

Dieuse  donl  il  établit  Téquation  de  l'espace  £«.«  détermioé 
par  k  points  de  la  courbe  C«. 

M.  Deruyts  applique  ensuite  la  méthode  de  représen- 
tation à  quelques-unes  des  questions  les  plus  intéressantes 
de  la  théorie  des  involutions  :  détermination  des  éléments 
neutres,  qui  lui  servent  à  établir,  comme  corollaire,  une 
forme  canonique  élégante;  et  détermination  des  groupes 
singuliers  composés  d'éléments  multiples. 

Nous  nedoutons  pas  que  le  jeune  auteur  ne  communique 
bientôt  à  la  Classe  d'autres  conséquences  des  principes 
qu'il  établit  dans  le  présent  travail  :  ces  principes  sont,  en 
eflét,  d'une  grande  fécondité  et  permettent  de  présenter^ 
d'une  manière  qui  fait  image,  des  résultats  souvent  fort 
compliqués. 

Nous  espérons  que  la  Classe  voudra  bien  accueillir  favo- 
rablement la  proposition  que  nous  faisons  d'imprimer  la 
notice  de  M.  Deruyts  dans  le  Bulletin  de  la  séance.  » 
—  Adopté. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES- 


M.  Folie  présente  la  troisième  et  dernière  partie  de  sa 
Théorie  des  mouvements  diurne^  annuel  et  séculaire  de 
l'aoce  du  monde. 

La  Classe  décide  l'impression  de  cette  nouvelle  commu- 
nication dans  le  Recueil  des  Mémoires  in-4^ 


f^ 


(  203  ) 

M.  Folie  a  lu  Id  note  saivanle  au  sujet  de  son  travail 
précité  : 

Le  livre  III  traite  des  variations  séculaires. 

J';ai  ajouté  en  appendice  les  formules  qui  expriment 
Tenâernble  des  variations  en  obliquité  et  en  longitude,  telles 
qu'elles  rét^ultent  de  ma  théorie  et  de  l'adoption  des  con- 
stantes de  StfQve  et  Peters  pour  la  précession  et  la  nuta- 
tioD,  de  l^everrier  et  Oppoizer  pour  la  variation  séculaire 
de  récliptique. 

On  verra  que  mes  formules  relatives  à  l'obliquité  con- 
cordent mieux  qu'aucune  des  précédentes  avec  les  obser- 
tioos.  Il  se  manifeste  encore,  toutefois,  lorsqu'on  les 
applique  aux  observations  les  pins  anciennes,  des  écarts 
qui  restent  à  expliquer.  Ils  proviennent  peut-être  de  ce 
que  l'obliquité  a  été  considérée  comme  constante  dans 
Hotégralion. 

Dans  une  Aildition  au  Livre  I,  j'ai  fait  voir  que  l'exis- 
tence de  la  Dutation  diurne  a  pour  conséquence  indiscu- 
table une  irrégularité  dans  le  mouvement  de  rotation  xie 
récorce  solide  dn  globe.  Cette  irrégularité,  qui  consiste  en 
00  balancement  semi-diurne  de  la  croûte  autour  de  son 
axe  de  rotation,  est  une  véritable  nutation;  et  comme  elle 
n'affecteqoe  l'heure,  on  pourrait  l'appeler  nutation  horaire. 
Son  maximum  peut  s'élever  à  0',06,  et  se  produit  au  bout 
de  6  heures,  c'est-à-dire  qu'une  pendule  dont  la  marche 
serait  parfaite  accuserait,  comparativement  au  mouvement 
dinrne  dn  ciel,  une  avance  ou  un  retard  de  0*,06  après 
6  heures.  Cette  quantité  n'est  plus  négligeable  aujourd'hui 
en  astronomie.  Dans  les  mêmes  conditions,  le  déplacement 
linéaire  d'un  point  de  la  croûte  terrestre  serait,  sous  la 


(  204  ) 

latitude  de  45%  de  20  mèlres  environ  plus  grand  ou  plus 
petit  que  le  chemin  qu'il  parcourrait  dans  le  cas  d'un 
mouvement  de  rotation  uniforme  de  la  croûte.  Ce  déplace- 
ment est  peut-être  assez  sensible  pour  pouvoir  être  accusé 
par  un  flotteur  qu'on  maintiendrait  bien  immobile  pen- 
dant quelques  heures  dans  un  liquide  en  repos,  et  qu'on 
abandonnerait  ensuite  à  son  inertie.  Si,  comme  j'ai  lieu  de 
le  penser,  la  résistance  du  liquide  n'est  pas  suffisante  pour 
vaincre  cette  inertie,  on  verra  le  flotteur  se  déplacer  vers 
l'E.  ou  vers  l'W.,  selon  que  le  mouvement  de  l'écorce  ter- 
restre sera  accéléré  ou  retardé. 

J'ai  installé  à  Cointe  un  appareil  destiné  à  des  observa- 
tions de  l'espèce;  la  condition  essentielle  d'un  semblable 
appareil  est  une  grande  stabilité  que  je  ne  saurais  obte- 
nir à  Bruxelles.  IVaulres  expériences  très  intéressantes 
peuvent  être  faites  dans  le  même  ordre  de  recherches.  A 
ce  dernier  également  se  rapporte  ta  note  que  M.  Ronkar  a 
communiquée  par  mon  intermédiaire  à  l'Académie  dans  sa 
dernière  séance,  et  dont  il  a  eu  l'idée  en  recherchant  le 
moyen  le  plus  propre  à  mettre  en  évidence  l'irrégularité, 
théoriquement  démontrée,  du  mouvement  de  rotation  de 
l'écorce  terrestre. 

J'ai  cru  utile  de  signaler  aux  physiciens  une  expérience 
du  plus  grand  intérêt,  qui  n'est  nullement  dispendieuse, 
mais  qui  exige  une  installation  d'une  stabilité  absolue, 
dans  un  milieu  de  température  bien  uniforme. 


(  203  ) 


Petite  expérience  relative  à  l'influence  de  l'huile  sur  une 
masse  liquide  en  mouvement;  par  G.  Vai)  der  Mens- 
bnigghe,  membre  de  l*Académie. 

Récemmeot,M.  le  vice-amiral  Cloué  a  rappelé  Tauenlion 
da  moDde  savant  et  du  public,  sur  refficacité  d'une  très 
mÎDce  couche  d'huile  pour  calmer  les  vagues  de  la  mer  (1); 
le  travail  du  savant  français  fait  ressortir  pleinement,  par 
les  conclusions  de  plus  de  deux  cents  rapports,  dont  cent 
et  quatre-vingts  faits  à  bord  de  navires  de  long  cours,  l'uti- 
lité de  remploi  de  Thuile  débitée  par  très  minces  fliets  ou 
même  par  gouttes,  non  seulement  pour  calmer  les  vagues 
en  pleine  mer,  mais  encore  pour  rendre  accessibles  les 
vaisseaux  en  détresse  ou  les  côtes  rendues  inabordables 
par  les  brisants,  et  pour  combattre  les  effets  désastreux 
desoiarées.  On  se  rappelle  qu'en  1882,  j'ai  proposé  une 
théorie  rationnelle  de  cette  efficacité  si  mystérieuse,  théorie 
foodée  sur  les  variations  d'énergie  potentielle  des  surfaces 
liquides  :  je  faisais  alors,  comme  l'a  fait  maintenant  M.  le 
vice-aiDiral  Cloué,  le  vœu  consistant  à  voir  obliger  tout 
capitaine  de  navire  d'être  muni  non  seulement  d'une 
boussole  destinée  à  guider  sa  route  à  travers  l'océan,  mais 
encore  d'une  provision  de  pétrole  ou  d'huile  de  baleine, 
^t  l'emploi  judicieux  protégerait  contre  les  tempêtes  ses 
passagers,  son  équipage  et  sa  cargaison. 

Cest  avec  la  plus  grande  satisraction  que  j'ai  appris  les 


(1)  Sur  le  filage  de  l'huile,  Paris,  librairie  L.  Baudoin,  1887. 
(â)  Sur  les  moyen» propoiés  pour  calmer  les  vagues  de  la  mer.  (Bull. 
dePAcad.  roy.  de  Belg.,  1882,  3-«  série,  t  IV,  p.  176.) 


(  206  ) 

efforts  tentés  dans  ce  but  aux  États-Unis,  en  Angleterre  et 
tout  récemment  en  France. 

A  ce  propos,  qu'il  me  soit  permis  de  décrire  une  petite 
expérience  de  cours,  qui  me  paratt  bien  propre  à  rendre 
manifeste  l'influence  d'une  quantité  minime  d'huile  sur  le 
mouvement  d'une  masse  d'eau  animée  d'une  grande  force 
vive. 

I.  —  On  fixe  sur  un  support  un  entonnoir  parfaitement 
débarrassé  de  toute  trace  graisseuse,  et  ayant,  par  exemple, 
25 centimètres  de  largeur  au  bord  supérieur,  IS  millimètres 
de  largeur  à  l'orifice  et  une  hauteur  totale  de  52  centi- 
mètres ;  après  qu'on  a  fermé  l'orifice  au  moyen  d'un  bou- 
chon, et  rendu  vertical  l'axe  de  l'entonnoir,  on  remplit 
l'appareil  d'eau  distillée,  puis,  à  l'aide  d'une  lame  de  bois 
ou  de  verre  bien  nettoyée  (1),  on  imprime  au  liquide  un 
mouvement  de  rotation  autour  d'un  axe  aussi  rapproché 
que  possible  de  la  verticale.  On  débouche  ensuite  rorifice, 
et  l'on  constate  les  effets  suivants,  dont  plusieurs  ont  été 
signalés  depuis  des  années,  mais  interprétés  d'une  façon 
différente. 

1**  Le  liquide  se  creuse  graduellement  vers  le  milieu  de 
la  surface  libre;  cela  doit  être,  car,  à  cause  de  la  force 
centrifuge,  l'eau  qui  s'écoule  par  l'orifice  est  surtout  four- 
nie par  les  portions  voisines  de  l'axe,  où  cette  force  est  le 
moins  sensible. 

Les  portions  superficielles  descendent-elles  aussi  facile- 
ment que  les  particules  inférieures?  Nullement;  en  effet. 


(1)  La  lame  de  bois  dont  j*ai  fait  usage  avait  â6  millimètres  de 
largeur;  je  tournais  pendnnt  une  minute,  et  je  faisais  effectuer 
cinquante  tours  à  la  lame  solide. 


(  207  ) 

aQ  for  elà  mesure  que  le  creux  se  proDOoce  davantage,  la 
surface  libre  doit  augmenter  :  or,  dans  les  portions  supé- 
rieures m^m!  (fig.  ci-contre), 
le  liquide  tend  à  obéira  la  for- 
ce centrifuge,  tandis  que  le 
sommet  concave  o  du  creux 
a  une  grande  tendance  à  des- 
cendre; par  conséquent,  il 
doit  se  produire  constam- 
ment des  surfaces  fraîches 
dans  les  parties  intermédiai- 
res p,  p'  ;  mais»  diaprés  un  principe  que  j'ai  avancé  depuis 
longtemps,  on  pareil  accroissement  de  surface  doit  donner 
lieo  à  une  résistance  d'autant  plus  grande  que  l'énergie 
potentielle  de  la  couche  superficielle  du  liquide  employé 
est  plus  forte. 

S*  Lorsque  l'écoulement  se  prolonge  encore,  la  portion 
centrale  descend  de  plus  en  plus,  jusqu'à  former  une 
figure  creuse  dont  la  longueur  dépasse  notablement  le 
diamètre;  mais  alors  cette  figure  liquide  est  instable,  et, 
d'après  un  principe  démontré  par  Joseph  Plateau,  elle  doit 
se  transformer  en  bulles  séparées  les  unes  des  autres  : 
c'est  précisément  ce  que  l'expérience  confirme  parfois,  du 
moins  dans  les  premiers  moments,  car  bientôt  la  force 
centrifuge  rend  cette  transformation  impossible. 

3^  L'écoulement  continuant  toujours,  la  force  centrifuge 
imprime  à  une  même  masse  liquide  voisine  du  bord  de 
PcDlonnoir  une  vitesse  angulaire  croissante  :  en  eflet,  si 
l'on  applique  le  principe  des  aires  à  l'unité  de  masse  en 
mouvement,  arrivée  successivement  à  deux  distances  r 
et  r' de  l'axe,  les  deux  vitesses  angulaires  correspondantes 
a  et  «*  seront  liées  entre  elles  par  la  relation  oli^  =  aLr^\ 


T* 


donc  *  <=»pî»  c'est-à-dire  que  la  vitesse  angulaire  irait  en 


(  208  ) 

croissant  en  raison  inverse  du  carré  de  la  dislance  à  Taxe. 
Bien  que  celle  solulion  ne  soit  qu'approchée,  il  est  certain 
que  la  vitesse  croit  rapidement  quand  r  diminue  :  voilà 
pourquoi  le  tube  central  d*air  peut  s'allonger  jusqu'à 
dépasser  l'orifice,  sans  donner  lieu  à  la  transformation  en 
bulles  isolées  :  toutefois,  on  voit,  le  long  de  la  figure  tubu- 
laire,  une  suite  de  renflements  et  d'étranglements  qui 
rendent  manifeste  la  tendance  à  la  transformation. 

4"*  Pour  savoir  quelle  forme  la  masse  liquide  doit 
affecter  aussitôt  après  sa  sortie  de  forifice,  il  faut  remarquer 
que  la  force  centrifuge  animant  le  liquide  ne  se  trouvera 
plus  gênée  alors  par  la  paroi  solide  de  l'entonnoir,  et  agira 
immédiatement  pour  élargir  la  masse  tubulaire;  c'est  effec- 
tivement ce  qui  a  lieu;  mais,  en  raison  de  cet  élargissement, 
il  se  produit,  d'une  part,  une  augmentation  de  distance  à 
l'axe  pour  chaque  particule,  ce  qui  entraine  une  diminu- 
tion rapide  de  vitesse  angulaire;  et  d'autre  part  un  amin- 
cissement de  la  lame  liquide,  d'où  résulte  une  perte 
notable  de  force  vive;  c'est  pourquoi  la  pesanteur  agit  plus 
librement,  et  la  largeur  de  la  masse  tubulaire  atteint  bien- 
tôt son  maximum;  si,  à  partir  de  ce  moment,  le  régime 
était  établi,  c'est-à-dire  si  le  mouvement  pouvait  continuer 
dans  les  mêmes  conditions,  les  pressions  normales  exercées 
sur  les  deux  faces  de  la  lame  auraient  pour  effet  de  rappro- 
cher de  nouveau  celle-ci  de  la  verticale,  ce  qui  amènerait 
à  la  fois  une  augmentation  de  la  vitesse  angulaire  et  un 
accroissement  de  force  vive;  pour  ce  motif,  la  lame  ne 
pourrait  atteindre  l'axe;  elle  s'en  rapprocherait  jusqu'à 
une  distance  minimum  à  partir  de  laquelle  la  figure  s'élargi- 
rait encore  une  fois,  et  ainsi  de  suite.  En  réalité,  les  con- 
ditions du  mouvement  sont  tellement  variables,  qu'on  ne 
constate  généralement  qu'un  renflement  et  un  étrangle- 
ment, après  quoi  la  lame  s'éparpille  en  gouttelettes. 


i 


(  209  ) 

IL — Tous  ces  phénomènes  sont  prolondéinent  modifiés, 
kHsqoe,  avant  récoulemeot,  on  a  soin  de  verser  à  la  sur- 
hod  de  Peau  distillée  une  très  mince  couche  d'essence  de 
térébenthine, ayant,  par  exemple, O,^'""'  à  OfS*"""  d'épaisseur; 
poison  met  le  liquide  en  rotation  en  faisant  effectuer  à  la 
lame  de  bois  le  même  nombre  de  tours  pendant  le  même 
temps  que  dans  Texpérience  précédente,  et  Ton  débouche 
l'oriBee  de  Tentonnoir  :  on  voit  alors  le  liquide  se  creuser 
plus  rapidement  et  la  flgure  lubulaire  se  former  plus 
proraplement  que  dans  le  premier  cas;  ce  qui  s'explique 
par  la  diminution  de  la  tension  de  la  couche  superficielle 
do  liquide  (la  tension  7,5  milligrammes  de  l'eau  distillée 
est  remplacée  ici  par  la  force  contractile  4,2  milligrammes 
eeviron  de  la  couche  comprenant  la  surface  libre  de 
Fessence  de  térébenthine  et  la  surface  commune  à  ce 
liqoide  et  à  Teau  distillée). 

En  second  lieu,  la  figure  tubulaire  a  un  plus  faible  dia- 
mètre et  offre  des  renflements  et  des  étranglements  moins 
marqués  à  rînlérieur  de  la  masse  liquide  :  ce  résultat  est 
ddà  ce  que  les  pressions  normales  dues  à  la  tension  sont 
devenues  plus  faibles  que  dans  le  cas  de  Teau  distillée,  et 
offrent  ainsi  des  différences  de  valeur  moins  sensibles  aux 
divers  points  de  la  ligne  méridienne  de  la  figure. 

En  troisième  lieu,  la  figure  se  renfle  davantage  après  la 
sortie  de  Foritice,  ce  qu'il  fallait  prévoir,  attendu  que 
raecroissement  de  surface  libre  du  à  l'action  de  la  force 
centrifuge  se  trouve  maintenant  contrarié  par  une  résis- 
tance notablement  moindre,  puisque  l'énergie  potentielle 
7i5de  Teau  distillée  est  remplacée  par  la  valeur  4,2  envi- 
ron :  le  renflement  qui,  dans  le  premier  cas,  avait  5  à 
6  ceotifflèlres  de  largeur,  peut  en  avoir  actuellement  7 
â  8  et  même  davantage,  si  Ton  a  réussi  à  faire  tourner  la 


(  210  ) 

masse  liquide  autour  d'un  axe  dirigé  à  fort  peu  près  sui- 
vant la  verticale.  Comme  on  le  comprend  aisément,  le 
renflement  atteint  les  dimensions  les  plus  fortes,  lorsque, 
avant  de  verser  Teau  distillée  dans  Tentonuoir,  on  mouille 
parfaitement  d^essence  de  térébenthine  toute  la  paroi  inté- 
rieure de  Tentonnoir  et  celle  du  bec;  on  ferme  alors  l'orî*- 
fice,  on  remplit  à  peu  près  Tentonnoir  d*eau  distillée  et  Ton 
y  verse  la  mince  couche  d*essence.  Dans  ces  conditions, 
l'écoulement  du  liquide  tournant  donnera  nécessairement 
lieu  à  une  figure  liquide  creuse,  dont  la  surface  extérieure, 
aussi  bien  que  Tintérieure,  aura  partout  une  tensîoo 
moindre  que  celle  de  IVau.  Cest  en  opérant  ainsi  que  j*ai 
obtenu  une  figure  liquide  creuse  qui  allait  en  s'élargissani 
à  partir  de  Torifice  et,  après  avoir  atteint  une  largear 
maxima  dVnviroii  8  centimères,se  prolongeait  suivant  une 
lame  cylindrique  ayant  près  de  20  centimètres  de  longueur, 
pour  se  résoudre  ensuite  en  une  infinité  de  gouttelettes. 

Ainsi  se  trouve  démontrée,  d'une  façon  bien  simple, 
l'influence  exercée  par  une  mince  couche  d'huile  sur  une 
masse  d'eau  relativement  grande,  animée  d'une  notable 
quantité  de  mouvement. 

ill.  —  Dans  les  expériences  précédentes,  on  imprime 
un  mouvement  de  rotation  à  la  masse  liquide,  après  avoir 
fixé  l'entonnoir  à  un  support  convenable;  mais  les  résul- 
tats seraient  du  même  genre,  si,  sans  faire  tourner  le 
liquide,  on  imprimait  au  contraire  un  mouvement  de  rota- 
tion à  l'entonnoir.  Une  vérification  curieuse  de  celle  propo- 
sition se  réalise  dans  l'expérience  classique  du  tourniquet 
hydraulique,  quoique  le  vase  supérieur  où  l'on  verse  le 
liquide  n'ait  pas  la  forme  d'un  entonnoir.  Après  que,  par 
le  jeu  des  pressions  latérales,  l'appareil  a  été  mis  en  rota- 
tion, on   voit  aussi  se  creuser  graduellement  la  masse 


(2H  ) 

iiqoide  fers  Taxe  da  système,  et  finir  par  atteindre  le  tube 
fertical  de  Terre  fixé  au-dessous  du  vase;  bientôt  après,  le 
tube  eesse  d*étre  rempli  entièrement  de  liquide,  et,  à  partir 
de  ee  moment,  Tappareil  tourne  de  moins  en  moins  vite,  bien 
qo^l  y  ait  encore  du  liquide  dans  le  vase  supérieur.  On 
eoiçait  que  cet  effet  serait  obtenu  beaucoup  plus  rapide- 
ment si  le  vase  du  tourniquet  hydraulique  avait  la  forme 
d'an  entonnoir  suflBsamment  évasé. 

IV.  —  11  n'est  pas  même  nécessaire  d'imprimer  un 
mouvement  de  rotation  à  l'eau  contenue  dans  un  entonnoir 
nilEsamment  grand  et  convenablement  fixé,  pour  voir  se 
produire  des  phénomènes  analogues  à  ceux  que  j'ai  décrits 
plus  haut;  mais  alors  il  sont  beaucoup  plus  lents  à  se 
manifester  et, de  plus,  beaucoup  moins  prononcés.  C'est  ce 
que  bien  des  personnes  ont  pu  constater  en  transvasant 
de  grandes  quantités  de  liquide  à  Taide  d'un  entonnoir. 


Sur  les  élémenîs  neutres  des  involutions;  par  C.  Le  Paige, 

correspondant  de  l'Académie. 

Les  géomètres  qui  ont  traité  des  involutions  supérieures 
se  sont  occupés  des  éléments  singuliers  appelés  neutres, 
mais  ils  se  sont  bornés,  au  moins  autant  que  nous  sachions, 
aux  groupes  neutres  de  première  espèce,  c'est-à-dire  que 
dans  une  1?,  ils  ont  considéré  seulement  les  groupes  de  k 
points  tels  qu'il  leur  corresponde  oo'  groupes  de  (n  —  k) 
points,  au  lieu  de  déterminer  un  groupe  unique. 

Les  propriétés  de  ces  groupes  se  résument  dans  les  trois 
propositions  suivantes,  démontrées,  par  exemple,  dans  la 
Note  de  M.  Deruyts  : 


(  212  ) 

I.  Les  groupes  de  {n  —  1)  points  neutres  d'une  ll^  for-' 
ment  une  lHlJ. 

II.  Une  involution  I;  possède  - — 1,^       couples  neutres. 

III.  k  —  2    éléments   arbitraires    d^une  II  entrent 
dans  ^°     'î2^°~    groupes  de  k  éléments  neutres. 

Nous  avons  déjà  signalé,  dans  un  Iravail  antérieur  (*), 
la  possibilité  d'une  indétermination  plus  générale. 
Considérons,  par  exemple,  une  I"_i. 
Elle  sera  définie  par  une  équation  telle  que 

a,  dy  Qg  a^ ..  Of  s=  0. 

Cette  équation  peut  s'écrire 

Xi.  a^  Oy  a^  a«  ...  Ot  +  Xf.  a^  a^  a,  a^  ...  a,  =  0. 

L'élément  X  sera  indéterminé  si  nous  avons  simultané- 
ment, 

tti  ffy  a,  a^ ...  Of  s=3  0, 
0)  ffy  a,  a«  ...  Of  «=  0. 

Chacune  de  ces  équations  définissant  une  l;|iî,  l'ensemble 
caractérise  une  ]lzi  C'est  le  théorème  I  rappelé  plus  haut. 
La  même  équation  pourra  aussi  s'écrire  : 

Les  éléments  X  et  Y  seront  indéterminés  si  l'on  a  simul- 
tanément : 

Ou  a,  a.  ...  Oi  ^  Of 

Oit  a^  A»  •*•  A|=  ^9 
a^agU^,..  01  =  0; 

équations  qui  définissent  une  ^ij. 

(*)  J ornai  de  iciencias  cutronomicas  e  matematicas  de  Cotmbre,  t.  V. 


(  213  ) 

Par  saîte,  dans  une  Iâ.19  les  groupes  doublement  neutres 
constituent  une  \ll\. 

Eo  géoéral,  les  groupes  qui  laissent  k  éléments  indéter^ 
minés  forment  une  lâltt-i* 

Ces  propriétés  permettent  d'étudier,  dans  un  espace 
quelconque,  des  courbes  rationnelles  différentes  de  la 
ooDrbe  normale. 

Ainsi  supposons  qu'il  s'agisse  de  notre  espace  Ë5. 

LInTolution  II  permet,  comme  on  sait»  d'établir  toute  la 
(héorie  des  cubiques  gauches. 

Considérons,  dans  ce  même  espace,  une  courbe  ration- 
nelle C4. 

Tous  les  plans  de  l'espace  marquent  sur  G4  une  Ij.  Les 
éléflients  neutres  déterminent  sur  cette  courbe  une  If.  ]ls 
soDl  évidemment  formés  de  groupes  de  trois  points  en 
ligne  droite.  Il  existe  donc  une  infinité  de  trisécantes  de  C4. 

Si,  d'un  autre  côté,  nous  considérons  une  droite  quel- 
conque l  de  l'espace,  les  plans  du  faisceau  /  marquent  sur 
C4  une  1}.  l\  et  l\  ont,  d'après  un  théorème  connu,  six 
couples  communs.  Or,  chaque  trisécante  de  C4  donne  trois 
cooples  communs  II  en  résulte  que  /  est  rencontrée  par 
deox  trisécantes  do  C4  :  le  lieu  de  ces  trisécantes  est  donc 
on  des  systèmes  de  génératrices  d'une  surface  du  second 
ordre. 

Si,  au  contraire,  nous  prenons  un  point  G,  les  plans  de 
cette  gerbe  marquent  sur  C4  une  II 
Les  deux  involutions  lî,  U  ont  trois  ternes  communs. 
Donc  par  un  point  G,  on  peut  mener  trois  trisécantes 
de  la  courbe  C4. 

De  même,  si  nous  considérons,  dans  l'espace  E4,  une 
coarbe  rationnelle  G»,  les  E3  de  E4  marquent  sur  G5  une  \\. 
Les  groupes  de  quatre  points  neutres  forment  une  li. 


(  2U  ) 

Si  nous  coDsidéroDS  successivement  les  espaces  £5  pas-^ 
sant  par  un  Eq»  un  Eo  ou  un  Ej»  nous  obtenons  des 
involutions  lU  lî,  l\* 

Ces  involutions  ont  en  commun  avec  l\  respectivement 

1^0  quaterne. 

2*  trois  ternes. 

S""  douze  couples. 

Il  n'est  pas  difficile  d'interpréter  géométriquement  ces 
résultats.  Prenons  encore  une  lH.,;  on  peut  la  regarder 
comme  définie  par  les  deux  équations 

Qg  Qg  a,  a^  ...  Qg  =ss  0, 
bg  &y  6^  6m  •••  b,  =  0. 

Par  suite,  pour  qu*un  élément  X  soit  indéterminé,  il 
faudra  que  Ton  ait  simultanément 

Oi  Oy  Gg ...  Of  =B  0;  Us  Oy  a,  •••  Og  «s  0, 
bg  6y  bg  •••  6/  «a  0;  6|  6,  6« ...  bg  =  0. 

Les  groupes  de  n  —  1  éléments  neutres  forment  ainsi 
une  \m. 

En  général  les  groupes  de  n  —  k  points  laissant  k  points 
indéterminés  forment  une  IJUL-s* 

Ainsi,  si  nous  considérons  une  I^  il  existe  une  1^,  c'est- 
à-dire  un  groupe  de  six  points  tels  que  les  deux  autres 
points  sont  indéterminés. 

Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  cette  élude,  que  nous 
espérons  compléter  par  l'exposé  des  conséquences  géomé- 
triques qu'on  en  peut  déduire. 


215  ) 


Noutellet  recherches  sur  la  fécondation  et  la  division 
mitosique  chez  l'Ascaride  mégalocéphale.  —  Commu- 
okalioD  prélîmiDaire  ;  par  Edouard  Van  Beneden  et 
Adolphe  Neyt. 


INTRODUCTION. 

Onand,  après  deux  années  de  recherches  consacrées  en 
grande  partie  à  Tétude  des  phénomènes  de  la  fécondation 
et  de  la  division  cellalaire  chez  TAscaride  mégalocéphale, 
je  me  sois  décidé  à  livrer  à  la  publicité  les  résultats  de  ces 
étodes,  je  ne  me  suis  fait  illusion  ni  sur  le  nombre  ni  sur 
rimportaoce  des  lacunes  démon  travail.  Les  œufs  qui  m'ont 
KrTÎ  à  rechercher  la  genèse  des  pronucléus  et  la  division 
des  premiers  blastoroères  avaient  été  tixés  par  l'alcool  et 
colorés  an  carmin  boracique.  Je  me  suis  rendu  compte  de 
la  nécessité  de  contr6ler  les  résultats  obtenus  au  moyen  de 
raleool  par  l'emploi  d'autres  réactifs.  Il  importait  de  trouver 
ooe  méthode  qui  permit  de  durcir  rapidement  le  corps 
ovolaire,  d'arrêter  le  développement  à  volonté  et  d'obtenir, 
sur  on  même  porte-objet,  un  grand  nombre  d'œufs  mon- 
trant tous  un  seul  et  même  stade  évolutif.  La  présence, 
autoor  du  corps  ovulaire,  de  couches  périvitellines  épaisses, 
qui  opposent  une  résistance  vraiment  prodigieuse  à  la 
pénétration  de  la  plupart  des  liquides,  tels  que  Tacide 
chroiniqne,  les  bichromates,  l'acide  picrosnifurique,  l'acide 
«mique,  le  sublimé,  constitue  une  source  de  difficultés 


(  216  , 

doul  il  n*a  pas  été  facile  de  triompher.  Ce  D'esl  qu'après 
de  nombreuses  tentatives  et  des  essais  infructueux  que  j'ai 
réussi  à  trouver  une  méthode  qui  permet  de  fixer  en 
quelques  minutes,  de  colorer  sur  porte-objets  et  de  mon- 
ter en  préparations  permanentes,  sans  qu'aucune  défor- 
mation se  produise,  les  stades  relatifs  à  la  fécondation 
proprement  dite  et  à  la  division  des  premiers  blaslo- 
mères.  Il  y  a  maintenant  plus  de  deux  ans  que  ce  résultat 
a  été  obtenu,  et  je  n'ai  guère  discontinué,  depuis  cette 
époque,  à  poursuivre  l'élude  des  préparations  exécutées 
suivant  ce  procédé,  que  je  ferai  connaître  plus  loin.  J'ai 
démontré  à  Berlin,  au  dernier  Congrès  des  naturalistes,  en 
septembre  1886,  dans  le  laboratoire  particulier  de  Prings- 
heim  et  à  l'Institut  zoologique  dirigé  par  F.  E.  Schnlze, 
quelques-unes  de  ces  préparations,  et  je  me  suis  fait  un 
devoir  de  faire  connaître  aux  naturalistes  présents  à  ces 
séances  la  méthode  employée  pour  fixer,  colorer  et  monter 
les  œufs  en  préparations  permanentes.  Vers  la  fin  de 
septembre  de  la  même  année,  M.  le  D'  0.  Zacharias  de 
Hirchberg  m'écrivit  pour  me  demander  de  vouloir  bien 
lui  communiquer  quelques-unes  de  mes  préparations.  Je 
n'hésitai  pas  à  lui  envoyer  les  mêmes  préparations  que 
j'avais  démontrées  à  Berlin,  et  qui  y  furent  examinées  par 
un  grand  nombre  de  naturalistes,  parmi  lesquels  je  citerai 
Pringsheim,Slrasburgcr,R.Hertvi^ig,F.  E.SchuIze,  Henseo, 
Selenka,  Reinke  et  Pfefier. 

Depuis  un  an  environ,  M.  Âd.  Neyt,  dont  le  nom  est 
lié  à  rhisloirc  des  applications  de  la  photographie  à  la 
microscopie  et  à  l'astronomie,  a  bien  voulu  s'associer  à 
moi  pour  l'élude  des  diverses  questions  qui  se  rattachent 
à  la  fécondation  et  à  la  division  cellulaire  chez  l'Ascaride 
mégalocéphale.  Il  s'est  consacré  en  outre  à  reproduire 


(  217  ) 

par  la  photographie  tous  les  détails  relatifs  à  la  pénélra- 
tioD  da  zoosperme,  à  la  formation  des  globules  polaires, 
i  la  genèse  des  pronucléus  et  à  la  karyokinèse.  Il  a  si 
complètement  réussi  à  photographier,  non  seulement  les 
éléments  chromatiques  des  pronucléus  et  des  noyaux,  à 
tOBS  les  stades  de  la  division,  mais  même  les  figures  achro- 
matiques, les  sphères  attractives  avec  leurs  corpuscules 
polaires,  les  fuseaux  nucléaires  et  les  radiations  protoplas- 
ffliqoes  des  asters,  que  nous  serons  en  mesure  de  publier 
i  bref  délai,  avec  planches  photographiques  à  l'appui,  les 
résultats  de  nos  études  communes.  Le  nombre  des  clichés 
attoellement  exécutés  est  de  1200  environ.  Chaque  cliché 
représente  un  œuf  unique  grossi  de  750  à  780  fois  (7^6*' 
de  pouce  Imm.  Eau  Powell  et  Lealand)  et  mesurant  en 
photographie  un  diamètre  moyen  de  5  à  6  centimètres. 

Les  recherches  nouvelles  que  nous  avons  faites  contir- 
meot  pleinement,  sauf  sur  quelques  points  de  détail,  qui 
seront  relevés  ci-dessous,  les  résultats  que  j*ai  fait 
connaître  précédemment.  Nous  avons  réussi  en  outre  à 
combler  plusieurs  lacunes,  à  trancher  différents  points 
restés  douteux  et  à  découvrir,  notamment  en  ce  qui  con- 
cerne la  karyokinèse,  des  faits  nouveaux  auxquels  nous 
croyons  devoir  attacher  une  grande  importance  et  une 
hante  signiGcation. 

Quoique  peu  partisan,  en  général,  des  communications 
préliminaires,  j'ai  proposé  à  M.  Neyt  de  publier  dès  à  pré- 
sent, sous  une  forme  sommaire,  les  faits  nouveaux  que  nous 
avons  constatés  et  de  faire  connaître  la  méthode  qui  permet 
de  les  contrôler.  J'ai  déjà  exposé,  dans  une  conférence  que 
fai  faite  aux  membres  de  la  Société  royale  de  microscopie 
de  Bruxelles,  au  mois  de  février  dernier,  quelques-uns  de 
ces  résultats,  notamment  la  division  dos  sphères  nlirac- 

S"*   SÉRIE,   TOME  XIV.  lo 


(  218  ) 

(ives,  précédée  par  celle  des  corpuscules  polaires.  Nous 
joindrons  à  cette  note  quatre  planches  photographiques 
destinées  à  montrer  qu'il  est  possible  de  rendre  par  la 
photographie  bien  des  détails  relatifs  aux  plus  délicates 
particularités  de  structure  des  éléments  anatomiques. 

Edouard  Van  Beneden. 


Méthode  de  préparation. 

Les  œufs  du  vagin  et  des  portions  a  voisinantes  des 
utérus  sont  pourvus  de  deux  éléments  nucléaires,  qui 
apparaissent,  dans  les  œufs  vivants,  sous  la  forme  de  deux 
taches  claires  dans  le  fond  granuleux  du  vitellus. 

Si,  après  avoir  fixé  un  Ascaris  vivant  dans  un  baquet  au 
moyen  de  deux  épingles  placées  l'une  près  de  l'extrémité 
antérieure,  l'autre  près  de  l'extrémité  postérieure  du  corps, 
on  incise  la  paroi  musculo-cutanée,  ce  qui  peut  se  faire  en 
un  instant  et  d'un  seul  coup  de  ciseaux,  les  deux  utérus 
étant  mis  à  nu,  on  peut  en  quelques  minutes  avoir  déposé 
sur  une  série  de  porle-objets  de  petits  amas  d'œufs  retirés 
de  l'appareil  sexuel  en  des  points  de  plus  en  plus  éloignés 
du  vagin,  et  distants  les  uns  des  autres  d'un  quart  de  cen- 
timètre environ.  Ces  œufs  sont  traités  sur  porte-objet, 
soit  par  de  l'acide  acétique  glacial,  soit  par  un  mélange  à 
parties  égales  d'acide  acétique  cristallisable  et  d'alcool 
absolu.  En  suivant  au  microscope  l'action  du  réactif,  on 
constate  qu'au  bout  de  cinq  minutes  quelques  œufs  se  font 
remarquer  par  leur  transparence  :  de  granuleux  et  à  peine 
translucide  qu'il  était,  le  vitellus  est  devenu  transparent. 
Ce  changement  d'aspect  du  vitellus  se  fait  brusquement 
et  pour  ainsi  dire  instantanément*  Au  fur  et  à  mesure  que 


(  219  ) 

le  réactif  agit  plus  longtemps,  un  plus  grand  nombre 
«Toeafe  subissent  cette  transformation;  au  bout  de  vingt 
mioates  on  ne  trouve  plus  guère  d'œufs  restés  granuleux; 
tous  ont  été  frappés  de  mort:  Pacide  a  passé  à  travers  les 
enveloppes  périvitellines,  est  ai  rivé  au  contact  du  proto- 
plasme et  a  déterminé  les  modifications  que  nous  venons 
de  signaler.  Au  moment  choisi,  soit  quand  quelques  œufs 
seulement  ont  été  tués,  soit  après  que  tous  ont  été  fixés, 
00  remplace  l'acide  par  de  la  glycérine  au  tiers  additionnée 
d*DDe  solution  aqueuse  de  vert  de  malachite,  de  vésuvine, 
00,  ce  qui  vaut  mieux ,  des  deux  matières  colorantes  à  la 
fois.  Il  est  à  peu  pi  es  indi&érent  que  la  glycérine  soit  plus 
00  moins  chargée  de  matière  colorante.  Moins  d'une  heure 
après,  les  éléments  nucléaires  apparaissent  distinctement, 
plos  ou  moins  énergiquement  colorés,  dans  le  fond  clair 
et  uniforme  du  vitellus.  La  coloration  s'accentue  avec  le 
temps;  on  peut  sans  inconvénient  laisser  les  œufs  pendant 
plusieurs  jours,  voire  même  pendant  des  semaines  ou  des 
mois  dans  la  glycérine  colorée.  S'il  s'est  produit  un  excès 
de  coloration,  on  décolorera  soit  par  l'eau  pure,  soit  par 
Peau  acidulée  d'acide  acétique,  soit  par  la  glycérine  au  tiers 
00  même  plus  fortement  étendue  d'eau  et  très  légèrement 
acidulée  d'acide  acétique. 

Un  point  intéressant  à  noter  c'est  que,  si  l'on  substitue  la 
glycérine  à  l'acide  acétique  pur  ou  au  mélange  à  parties 
égales  d'acide  et  d'alcool,  au  bout  de  cinq  à  dix  minutes, 
alors  qu'un  nombre  plus  ou  moins  considérable  d'œuis 
ooot  pas  encore  été  tués,  ces  œufs,  quoique  placés  dans  la 
glycérine  colorée,  voire  même  dans  des  préparations  for- 
mées à  la  paraffine,  se  développent,  se  segmentent  régu- 
lièrement, donnent  parfois  même  naissance,  après  dos 
semaines  ou  des  mois,  à  des  embryons  normaux,  absolu- 
ojenl  comme  si  rien  ne  s'était  produit. 


(  220  ) 

Ail  moment  où  Ton  verse  sur  les  œufs  l'acide  pur  ou 
mélangé  à  Talcool,  Tamas  se  gonfle  considérablement. 
Ce  phénomène  dépend  exclusivement  du  gonflement  de 
la  couche  de  substance  qui,  dans  Tutérus,  se  dépose  à 
l'extérieur  de  chacun  des  œufs  et  qui,  sur  le  frai,  se 
montre  composée  de  bâtonnets  juxtaposés  les  uns  aux 
autres.  L'œuf  lui-même  conserve  exactement  son  volume 
primitif.  La  substance  gonflée  par  Tacide  est  visqueuse, 
molle,  parfaitement  transparente  et  homogène  en  appa- 
rence. Elle  fait  adhérer  les  œufs  au  porte-objet  et  permet 
d'exercer  sans  aucun  inconvénient  une  pression  suffisante 
sur  le  cover  pour  étendre  l'amas  d'œufs,  traités  par  le 
réactif,  en  une  seule  assise  d'ovules. 

Quand  l'acide  a  traversé  la  première  couche  périvitel- 
line  et  qu'il  commence  à  imprégner  la  seconde  couche, 
celle-ci  perd  l'apparence  ribrillaire,si  marquée  sur  le  vivant, 
de  sa  couche  corticale. 

La  subslilution  de  la  glycérine  à  l'acide  n'amène  pas  la 
moindre  déformation  de  l'œuf,  ni  rétraction  des  mem- 
branes, ni  altération  de  la  forme  du  corps  vitellin. 

Que  l'on  ait  employé  l'acide  pur  ou  le  mélange  d'acide 
et  d'alcool,  on  distinguera  avec  la  plus  grande  netteté, 
moins  d'une  heure  après  que  l'on  aura  commencé  l'opé- 
ration, deux  éléments  nucléaires  sphériques  dans  l'im- 
mense majorité  des  œufs.  Si  l'on  a  aflaire  à  des  œufs 
rétirés  du  vagin  ou  du  quart  inférieur  de  l'utérus  d'un 
ascaris  vivant,  chacun  des  éléments  nucléaires  montre  une 
structure  réticulée  très  délicate,  et  les  éléments  chroma- 
tiques des  pronucléus,  aussi  bien  que  ceux  des  globules 
polaires,  apparaissent  vivement  colorés  en  vert  ou  en  brun, 
suivant  les  matières  colorantes  employées.  Comme  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  !a  présence  de  deux  éléments  nuclé- 


(  221  ) 

aires,  daos  l'immense  majorité  des  œufs  retirés  soil  du 
«agio,  soit  du  quart  inférieur  de  l'utérus,  peut  cire  d*ail^ 
leurs  constatée  sur  le  vivant  :  ces  noyaux  apparaissent 
alors  comme  des  taches  claires  dans  le  fond  granuleux 
du  viiellas  (1  ).  Mais  il  est  impossible,  par  Texamen  des 
(Bofs  vivants,  de  se  rendre  compte  de  la  structure  de  ces 
éléments,  et  ce  n'est  guère  que  quand  on  a  reconnu,  par 
remploi  des  réactifs,  la  présence  dans  le  vitellus  de  deux 
beaux  novaox  sphériques,  bien  délimités  et  plus  ou  moins 
diargés  de  chromatine,  que  Ton  acquiert  la  certitude  que 
les  deux  taches  claires,  qui  se  voient  sur  le  vivant,  sont  bien 
déterminées  par  ta  présence  de  deux  éléments  nucléaires. 

Pour  étudier  la  genèse  du  pronucléus  femelle  aux  dépens 
de  la  seconde  figure  pseudo-karyokinélique,  du  pronucléus 
mâle  aux  dépens  du  spermatozoïde,  il  faut  examiner  des 
séries  de  préparations  d'œufs  rétirés  de  l'utérus,  en  des 
points  suffisamment  éloignés  du  vagin.  La  méthode  à 
Tacide  acétique  et  la  coloration  au  moyen  de  la  glycérine 
additionnée  de  vert  de  malachite  et  de  vésuvine,  permet  de 
constater  avec  la  plus  parfaite  évidence  deux  faits  impor- 
taots  :  1*  le  moment  où  le  pronucléus  mâle  se  consti- 
tue aux  dépens  du  petit  noyau  chromatique  du  zoosperme 
eoiocide  exactement  avec  celui  où  le  pronucléus  femelle 
se  forme  aux  dépens  de  deux  éléments  chromatiques,  en 
forme  de  bâtonnets,  qui  proviennent  de  la  seconde  figure 
pseudo-karyokinétique  (2);  2*"  au  moment  où  il  prend 


(1)  Edouard  Van  Bbnbdbn,  Recherches  sur  la  maturation  de  VoBuf^ 
ta  fécondation  et  la  division  cellulaire,  planche  XIX,  fig.  iO. 

(3)  Ibidem,  planche  XiX,  fig.  i,  5,  6,  7  et  8.  Planche  XVII|>>>V 
fig.  3,  i,  5  et  6. 


(  222  j 

naissance  le  pronucléus  mâle  est  enveloppé  par  le  résidu 
dégénéré  du  corps  proloplasmique  du  zoosperme;  celui-ci 
ne  se  confond  pas  avec  le  protoplasme  ovulaire  :  il  consti- 
tue autour  du  noyau  du  spermatozoïde  une  couche  parfai- 
tement délimitée,  qui  ne  se  sépare  du  pronucléus  mâle 
qu'après  que  celui-ci  s'est  constitué  en  une  vésicule. 
Jusqu'à  ce  moment  le  résidu  du  protoplasme  spermalique 
enveloppe  partiellement  le  pronucléus  et  affecte  la  forme 
d'une  calolte  à  surface  irrégulière  (1).  Cette  calolte,  après 
s'être  éloignée  du  pronucléus,  se  ramasse  sur  elle-même; 
elle  diminue  rapidement  de  volume,  au  point  de  n'être 
bientôt  plus  qu'un  globule,  puis  un  granule  à  peine  per- 
ceptible; enfin  toute  trace  du  corps  dégénéré  du  zoosperme 
disparait  complètement.  Le  résidu  du  protoplasme  sper- 
malique se  dissout  dans  le  vilellus,  probablement  par  une 
sorte  de  digestion. 

Ce  qui  rend  particulièrement  facile  l'observation  de  ces 
faits,  que  l'un  de  nous  avait  observés,  décrits  et  figurés 
d'après  des  préparations  à  l'alcool,  colorées  au  carmin 
boracique,  c'est  que  si  l'on  traite  par  la  glycérine  addi- 
tionnée de  vert  de  malachite  et  de  vésuvine  les  œufs 
fixés  par  l'acide  acétique,  le  corps  proloplasmique  dégé^ 
néré  du  zoosperme  se  colore  vivement  en  brun,  tandis 
que  les  éléments  chromatiques  nucléaires  prennent  une 
coloration  verte,  le  vitellus  restant  à  peu  près  incolore. 
Impossible  de  ne  pas  distinguer  à  première  vue,  dans  ces 
préparations,  les  deux  pronucléus  d'une  part,  le  résidu 
du  corps  protoplasmique  du  zoosperme  de  l'autre.  Rien  de 
plus  facile  à  constater  que  ce  fait  capital  que,  au  moment 


{{)  Loe.  cit.,  planches  XYlil'*'*  et  XIX. 


(  S23  ) 

(A  il  se  constitue  en  un  noyau  vésiculeux  et  réticulé,  au 
voisinage  du  centre  du  vitellus^  le  pronucléus  mâle  est 
encore  enveloppé  en  tout  ou  en  partie  par  le  résidu  du  corps 
protoplasmique  du  zoosperme.  Il  atteint  des  dimensions 
considérables  et  affecte  une  forme  spbérique  régulière, 
afaot  de  sortir  de  la  concavité  de  la  calotte  fortement 
colorée  en  brun  que,  dans  des  œufs  plus  rapprocbés  du 
vagio,  on  trouve  recroquevillée  et  séparée  du  pronucléus. 
(H.  I,  fig.  1  à  3.) 

Avant  que  le  pronucléus  mâle  se  soit  dégagé  de  son 
manteau  de  protoplasme  dégénéré,  le  pronucléus  femelle 
s*est  constitué  en  un  noyau  réticulé  au  voisinage  du  second 
globule  polaire. 

Dans  celte  genèse  des  pronucléus,  la  chromaline,  jusque- 
là  homogène,  se  résout  en  un  réticulum  formé  de  granules 
chromatiques  reliés  entre  eux  par  des  filaments;  de  la  péri- 
phérie des  deux  bàtonnels  ponctués  partent  de  petites  traî- 
nées de  grains  achromatiques,  réunis  en  filaments;  les 
bAtonnets  siègent  à  ce  moment  dans  un  espace  clair;  ils 
augmentent  rapidement  de  volume,  au  point  d*envahir 
bientôt  tout  cet  espace,  dont  les  limites  deviendront  celles 
des  pronucléus.  On  ne  peut  mieux  comparer  Taspecl  du 
phénomène  qu'au  gonflement  d'une  éponge  comprimée 
d'abord,  au  moment  où  elle  s'imbibe  de  liquide. 

La  même  miéthode,  traitement  par  l'acide  acétique  cris- 
tallisable  pur  ou  mêlé  à  parties  égales  avec  de  l'alcool 
absolu,  coloration  par  la  glycérine  additionnée  de  vert  de 
malachite  et  de  vésuvine  et  remplacement  après  deux  ou 
trois  jours  de  la  glycérine  colorée  par  de  la  glycérine  au 
tiers  non  colorée,  cette  méthode  donne  des   résultats 


(  an  ) 

superbes  pour  l'élude  de  la  karyokinèse  dans  les  blaslo- 
mères  de  l'Ascaris.  Pour  faire  apparaître  les  éléments 
chromatiques  il  est  indifférent  que  Ton  emploie  Tacide 
seul  ou  Tacide  additionné  d'alcool.  Mais  les  fibrilles  achro- 
matiques des  fuseaux  et  des  asters  se  conservent  beau- 
coup mieux  dans  le  mélange  d'alcool  et  d'acide.  Quant 
aux  sphères  attractives  avec  leurs  corpuscules  polaires, 
elles  apparaissent  très  distinctement  aussi  dans  les  prépa- 
rations colorées  après  l'action  de  l'acide  pur;  mais  elles 
présentent  un  autre  aspect  dans  les  deux  catégories  de 
préparations,  ce  qui  dépend  de  ce  que  les  fibrilles  achroma- 
tiques ne  résistent  guère  à  l'action  de  l'acide  seul,  tandis 
qu'elles  se  conservent  bien  par  le  mélange  d'acide  et  d'al- 
cool. L'acide  fait  gonfler  les  granules  puncliformes  des 
fibrilles  et  parait  résoudre  celles-ci  en  granulations.  L'alcool 
empêche  l'acide  de  produire  ce  résultat. 

Pour  étudier  la  métamorphose  des  pronucléus,  voir  uo 
cordon  chromatique  d'abord  très  ténu,  puis  de  plus  en  plus 
épais,  se  constituer  aux  dépens  du  réseau  nucléaire  dans 
chacun  des  pronucléus,  pour  observer  les  phases  succes- 
sives de  la  karyokinèse  pendant  la  segmentation,  voici 
comment  il  faut  procéder.  Les  œufs  retirés  du  vagin  et  du 
quart  inférieur  des  utérus  d'un  Ascaris  vivant  sont  mis  en 
culture  dans  un  verre  de  montre  ou  sur  des  fèces  de  che- 
val. La  rapidité  du  développement  est  fonction  de  la  tempé- 
rature. Lés  œufs  retirés  de  l'utérus  ou  du  vagin  placés 
dans  un  verre  de  montre,  sans  addition  d'aucun  liquide  et 
maintenus  dans  un  milieu  humide  à  une  température  de 
25  degrés  environ,  sont  déjà  segmentés  en  deux,  douze 
heures  et  même  moins  de  douze  heures  après  avoir  été 
mis  en  culture.  Ils  se  segmentent  moins  vite  si,  au  lieu  de 


(  22S  ) 

les  i06((re  en  contact  avec  l'air  atmosphérique,  on  les 
maiotient  plongés  dans  un  liquide,  eau,  sérum  ou  glyeé- 
rioe.  Hais  pour  être  un  peu  plus  lent,  le  développement 
n'en  marche  pas  moins  régulièrement  dans  ces  conditions. 
Des  températures  plus  basses  ralentissent  le  développe- 
meo(;  mais  elles  u*araènent,  pas  plus  que  l'immersion, 
ancoD  phénomène  anormal  ou  pathologique.  On  peut, 
comme  Ta  montré  Hallez,  arrêter  à  volonté  le  développe- 
ment pendant  un  temps  plus  ou  moins  long,  soit  en  abais- 
sant suffisamment  la  température,  soit  en  empêchant 
l'accès  de  l'oxygène,  sans  que  le  développement  normal 
de  l'embryon  en  soit  affecté  d'aucune  manière.  Quelles 
que  soient  les  conditions  dans  lesquelles  les  œufs  retirés  du 
vagin  et  du  quart  inférieur  de  l'utérus  se  trouvent  placés, 
qu'ils  soient  immergés  dans  l'eau  ou  maintenus  dans  un 
verre  de  montre  sans  addition  de  liquide,  que  l'on  prenne 
la  précaution  de  les  placer  dans  une  chambre  humide  ou 
qo'on  les  laisse  se  dessécher,  qu'on  les  conserve  à  une  tem« 
pératore  constante  ou  qu'on  les  soumette  pendant  l'hiver 
à  toutes  les  variations  journalières  de  chaud  et  de  froid, 
on  est  certain,  en  examinant  les  œufs  après  un  laps  de 
temps  variant  de  six  semaines  à  trois  mois,  de  trouver  un 
embryon  complètement  développé  et  parfaitement  vivant 
dans  chaque  œuf. 

Les  œufs  de  l'Ascaris  du  cheval,  admirablement  pro* 
tégés  par  les  enveloppes  périvitellines,  si  peu  perméables 
qu'elles  s'opposent  à  la  pénétration  de  la  plupart  des 
réactifs,  tant  que  l'œuf  est  vivant,  présentent  donc  une 
résistance  merveilleuse,  et  l'on  chercherait  en  vain,  dans 
o*imporle  quelle  classe  du  règne  animal,  des  œufs  mieux 
abrités  contre  l'action  des  causes  extérieures. 


L'hypothèse  purement  gratuite  diaprés  laquelle  les  œufs« 
chez  lesquels  la  conjugaison  des  pronucléus  n'a  pas  lieu, 
seraient  des  œufs  pathologiques,  peut  être  écartée  à  priori. 
Les  expériences  de  contrôle  sont  d'ailleurs  des  plus  simples 
et  des  plus  faciles  à  faire.  Elles  ont  été  répétées  un  grand 
nombre  de  fois.  Des  œufs  sont  mis  en  culture  dans  un 
verre  de  montre.  De  demi-heure  en  demi-heure  on  en  fait 
deux  ou  trois  préparations.  Au  début,  on  trouve  deux  pro- 
nucléus dans  chaque  œuf;  puis  on  voit  un  cordon  chro- 
matique se  constituer  dans  chaque  pronucléus  et  deux 
anses  chromatiques  primaires  se  former  aux  dépens  do 
chacun  d'eux;  puis  le  vitellus  se  divise  et  les  préparations 
donnent  successivement  tous  les  stades  de  la  karyokinèse. 
Sur  le  même  porte-objet  les  œufs  se  trouvent  à  peu 
près  tous  an  même  stade  du  développement.  On  varie  la 
durée  de  Taction  de  l'acide  dans  les  trois  préparations 
faites  au  même  moment,  de  façon  à  tuer  dans  chacune 
d'elles  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  d'œufs,  ou 
bien  à  les  tuer  tous.  Dans  ce  dernier  cas  encore,  les  œufs 
présentent  tous  indistinctement  les  mêmes  particularités. 
Dans  les  préparations  où  Taciion  de  Tacide  a  été  moins 
prolongée,  un  certain  nombre  d'œufs  ont  échappé  à  la 
mort.  Si  l'on  prend  la  précaution  d*enlever  le  couvre-objet, 
ou  même  sans  prendre  cette  précaution,  ces  œufs  conti- 
nuent leur  évolution  normale  et,  après  quelques  semaines, 
on  y  trouve  des  embryons  complètement  développés,  par- 
faitement vivants  et  se  contournant  en  tous  sens.  Les  œufs 
mis  en  culture  ne  sont  pas  tous  employés.  Après  quelques 
semaines,  on  trouve  un  embryon  vivant  dans  chacun  des 
œufs  conservés  dans  le  verre  de  montre. 

Il  faut  bien  admettre  que  ces  œufs  n'étaient  point  palho- 


(  227  ) 

logiqoes,  et  si  ceux  qui  sont  restés  en  culture  et  qui  ont 
po  se  développer  complètement  étaient  des  œufs  normaux, 
capables  d'un  développement  normal,  dira-t-on  que  ceux 
qui  ont  été  tués  par  l'acide  et  chez  lesquels  deux  anses 
chromatiques  se  sont  constituées  aux  dépens  de  chacun 
des  pronucléus,  sans  aucune  conjugaison  préalable,  étaient 
des  œufs  pathologiques? 

Soutiendra- t-on  que  Tacide  acétique  les  a  rendus 
malades  avant  de  les  tuer?  Comment  se  fait-il  alors  que 
eeox  qui  ont  été  plongés  dans  l'acide  pendant  plusieurs 
miontes^maîs  qui  ontnéanmoins  échappé  à  la  mort,  à  raison 
de  Faction  trop  peu  prolongée  du  réactif,donnent  naissance 
à  des  embryons  parfaitement  vivants?  Il  faut  n'avoir  jamais 
observé  Tinstantanéité  avec  laquelle  Taspect  du  vitellus 
cbange,  au  moment  où  Tacide,  après  avoir  traversé  les 
enveloppes, arrive  au  contact  du  globe  vitellin,  pour  expri- 
mer semblable  opinion. 

Si  Ton  plonge  les  œufs  dans  de  l'alcool  faible,  ils  ne 
sont  tués  qu'après  une  immersion  prolongée.  On  pourrait 
croire  que,  dans  ces  conditions,  les  œufs  avant  de  mourir 
ont  pu  pendant  quelque  temps  évoluer  anormalement. 
Ici,  l'objection  pourra  paraître  fondée;  et  cependant  elle 
ne  l'est  pas;  nous  n'avons  rencontré  dans  les  œufs  traités 
de  cette  manière  que  des  stades  normaux,  montrant  les 
mêmes  phénomènes  que  Ton  constate  en  traitant  par  l'acide 
acétique  et  dont  on  peut  contrôler  le  caractère  normal, 
tout  au  moins  en  ce  qui  concerne  les  phénomènes  exlé- 
rkun  de  la  segmentation,  en  comparant  avec  le  vivant. 
Quant  au  traitement  par  Tacide  acétique  ou  par  un  mélange 
d'acide  et  d'alcool  absolu,  l'objection  tombe  d'elle-même 
eo  présence  de  ce  fait  que  les  œufs  sont  tués  en  quelques 


(  2!28  : 

minutes.  Il  serait  plus  exact  de  dire  qu'il  suffit  de  quelques 
minutes  pour  que  le  réactif  traverse  les  couches  périvi- 
tellines  et  arrive  au  contact  du  vitellus.  Dès  le  moment 
où  Tacide  atteint  le  globe  vitellio,  il  est  ins(anlanément 
tué  et  fixé  dans  sa  forme,  comme  le  serait  un  œuf  nu  ou 
entouré  de  membranes  n'opposant  aucun  obstacle  à  la 
pénétration  des  liquides. 

La  méthode  à  Tacide  acétique,  qui  donne  des  résultats  si 
favorables  pour  Tétude  de  la  formation  des  pronucléus  et 
de  la  segmentation»  ne  convient  pas  pour  l'analyse  des 
figures  qui  se  rattachent  à  la  formation  des  globules 
polaires.  La  cause  en  est  dans  la  composition  du  vitellus, 
toute  différente  pcLdant  la  période  de  maturation  de  l'œuf 
et  après  la  maturation.  Il  existe  piobablement  dans  le 
protoplasme  ovulaire,  préalablement  à  l'expulsion  du 
second  globule  polaire,  des  substances  qui  gonflent  au  con- 
tact de  l'acide.  Ce  gonflement  détermine  des  altérations 
profondes  du  corps  cellulaire  H  des  figures  pseudo- 
karyokinétiqufs. 

Nous  n'avons  pas  réussi  à  trouver,  pour  l'étude  de  la 
formation  des  globules  polaires,  de  méthodes  plus  favo- 
rables que  celles  qui  ont  donné  à  l'un  de  nous  les  résultats 
qu'il  a  fait  connaître.  La  valeur  de  ces  méthodes  a  été 
critiquée  et  l'on  a  révoqué  en  doute  le  bien-fondé  des  con- 
clusions tirées  de  l'étude  de  ces  préparations,  quant  à  la 
signification  des  globules  polaires.  La  plupart  des  au- 
teurs continuent  à  penser  que  les  globules  polaires  sont 
essentiellement  des  cellules,  et  que  les  phénomènes  préa- 
lables à  l'expulsion  de  ces  éléments  sont  assimilables  à 
ceux  qui  caractérisent  essentiellement  la  karyokinèse. 


V  229  ) 

Noas  réservons  pour  plus  tard  la  discussion  des  objoc- 
tioDS  qni  ont  été  faîtes  à   Tinterprétation   des  figures 
décrites  et  flgurées  dans  le  mémoire  sur  la  maturation  de 
Toeof  et  la  fécondation  chez  TAscaris.  Nous  nous  bornons 
à  déclarer  que  nous  maintenons  absolument  Topinion 
émise  par  l'un  de  nous  quant  à  la  nature  des  globules 
polaires.  Sans  entrer  dans  le  détail  des  phénomènes  qui 
prélodenl  à  la  formation  de  ces  éléments,  nous  appelle- 
rons l'atlention  sur  le  fait  suivant  qui,  à  notre  avis,  résoud 
la  question.  Chaque  fois  qu'une  cellule  de  l'Ascaris  se 
divise,  on  constate  dans  la  plaque  équatoriale  de  la  figure 
dicentrique  l'existence  de  quatre  anses  chromatiques,  et 
les  Doyaui  dérivés  se  constituent  aux  dépens  de  quatre 
anses  secondaires.  La  division  karyokînétique  n'a  donc  pas 
poar  effet  de  réduire  le  nombre  des  éléments  chroma- 
tiques du  nojau,  mais  seulement  de  dédoubler  ces  élé- 
ments. Au  contraire,  la  genèse  des  globules  polaires  a  pour 
résultat  de  réduire  de  moitié  le  nombre  des  éléments  chro- 
matiques du  noyau  ovulaire.  Dans  les  œufs  primordiaux 
et  les  spermatomères  en  voie  de  division,  comme  dans  les 
cellules  des  tissus  et  les  blastomères  en  cinèse,  la  plaque 
éqnatoriale  se  constitue  de  quatre  anses  chromatiques.  La 
cbromatine  de  Tœuf  ovarien,  condensée  dans  le  corpuscule 
germioatif,  procède  de  quatre  anses  chromatiques.  Tout 
au  contraire,  le  pronucléus  femelle  se  constitue  aux  dépens 
de  deux  bâtonnets  chromatiques  et  il  ne  fournit  que  deux 
anses  chromatiques  à  la  première  figure  dicentrique  :  il 
n'est  donc,  au  point  de  vue  de  la  quantité  de  cbromatine 
qu'il  renferme,  qu'un  demi  noyau.  Pendant  la  genèse  des 
globules  polaires,  le  noyau  ovulaire  a  donc  subi  une  réduc- 
tion nucléaire.  Le  noyau  ovulaire,  après  le  rejet  des 
globules  polaires,  n'est  plus  qu'un  demi  noyau. 


230  ) 

Ce  fait  capital,  établi  pour  la  première  fois  dans  le 
mémoire  sur  la  maluratioo  de  Tœuf  et  la  fécondation  chez 
^  l'Ascaris,  montre  à  l'évidence  qu'il  existe  une  différence 

'  radicale  entre  une  division  cellulaire  et  la  formation  des 

globules  polaires. 

Dans  son  mémoire  sur  la  spermatogenèse  chez  l'Ascaris, 
publié  en  collaboration  avec  Cb.  Julin,  l'un  de  nous  a 
montré  qu'il  en  est  de  même  lors  de  la  formation  des  sper- 
matozoïdes. Tandis  que,  dans  les  spermalomères  en  cînèse, 
la  plaque  équatoriale  se  constitue  de  quatre  anses  cbro- 
maliquesy  identiques  à  celles  que  Ton  observe  dans  ud 
blastomère  en  voie  de  division,  dans  les  spermatogonies 
l'on  ne  trouve  plus,  au  stade  de  la  métapbase,  que  deux  élé- 
ments chromatiques  primaires,  et  il  en  est  de  même  dans 
les  spermatocytes  et  par  conséquent  dans  les  spermato- 
zoïdes. 

Donc,  tandis  que  les  noyaux  de  toutes  les  cellules  de 
TAscaris  sont  caractérisés  en  ce  qu'ils  renferment  l'équi- 
valent de  quatre  anses  chromatiques,  l'œuf,  après  avoir  subi 
les  phénomènes  de  la  maturation,  les  spermatogonies,  les 
spermatocytes  et  les  spermatozoïdes,  ne  renferment  plus 
chacun  qu'un  demi-noyau.  Alors  que,  dans  toute  division 
mitosique,  il  s'opère  un  dédoublement  des  éléments  chro- 
matiques, jamais  de  réduction,  la  formation  des  globules 
polaires  et  la  genèse  des  spermatozoïdes  sont  caractérisés 
par  une  réduction  de  moitié  des  éléments  chromatiques 
de  la  cellule.  Tandis  que,  dans  toute  cellule  de  l'Ascaris, 
existe  l'équivalent  de  quatre  anses  chromatiques,  dont  la 
présence  caractérise  un  noyau  complet,  il  n'existe  dans 
l'œuf  mûr  et  dans  le  spermatozoïde  que  l'équivalent  de 
deux  anses  chromatiques. 


(  23i  ) 


RÉSULTATS. 

§  I.  —  Formation  des  pronucléus. 

L'ooe  des  conclusions  fondamentales  que  Tun  de  nous 
a  formulées  dans  le  mémoire  qui  fut  livré  à  la  publicité  au 
eommencement  d'avril  1884,  c'est  que  l'un  des  deux  élé- 
ments nucléaires,  que  l'on  trouve  dans  les  œufs  vaginaux 
et  utérins  (quart  inférieur  de  l'utérus)  de  l'Ascaris,  se 
développe  tout  entier  et  exclusivement  aux  dépens  du 
loosperme,  tandis  que  le  second  procède  d'un  reste  de  la 
vésicule  germinative,  concurremment  avec  le  second  glo- 
bole  polaire.  Seul  le  noyau  du  spermatozoïde  intervient 
daos  la  formation  du  pronucléus  mâle  :  le  protoplasme  du 
zoosperme  subit,  pendant  la  maturation  de  l'œuf,  une 
dégénérescence  progressive,  qui  s'accuse  notamment  en 
œ  qu'il  acquiert  une  grande  avidité  pour  les  matières  colo- 
rantes. Au  moment  où  le  petit  noyau  chromatique  du 
zoosperme  se  transforme  en  un  noyau  vésiculeux,  sphé- 
riqoe  et  à  structure  réticulée,  le  résidu  dégénéré  du  pro- 
toplasme spermatique  entoure  ce  noyau,  en  tout  ou  en 
partie,  et  lui  constitue  un  revêtement  à  surface  irrégulière, 
qui  se  colore  énergiquement  en  brun  par  la  vésuvine. 
(PI.  I,  tig.  i.)  Quand  le  pronucléus  a  atteint  un  certain 
volume,  il  quitte  la  concavité  de  la  calotte  que  lui  formait 
le  résidu  du  protoplasme  spermatique,  et  l'on  trouve  alors 
le  résidu  de  ce  dernier  dans  le  vitellus,  à  côté  du  pronu- 
cléus. (PI.  I,  fig.  2  et  3.  Voir  aussi  pi.  XYIIP",  fig.  3,  5  et 


(  23i  ) 

6,  pi.  XIX,  fig.  4,  5,  6,  7,  8  du  mémoire  cité).  La  calotle 
recroquevillée,  réduite  à  un  amas  irrégulier  de  substance 
assez  réfringente,  nettement  circonscrite  et  se  colorant 
vivement  en  brun  par  la  vésuvine,  est  alors  progressive- 
ment résorbée  (pi.  I,  fig.  4);  elle  finit  par  disparaître 
complètement.  Pendant  ce  temps,  le  pronucléus  m&le  con- 
tinue à  s'accroître. 

En  même  temps  que  se  forme  le  pronucléus  m&le,  aux 
dépens  du  noyau  du  zoosperme,  le  pronucléus  femelle 
prend  naissance  à  la  périphérie  du  vitellus,  au  voisinage 
du  second  globule  polaire.  (Voir  pour  les  détails  du  phé- 
nomène, pi.  XVIIP-,  fig.  3,  4,  5  et  6,  pi.  XIX"',  fig.  i,  % 
3,  4,  5  et  6  du  mémoire  cité.) 

Les  préparations  faites  au  moyen  de  la  méthode  à  Tacide 
acétique  et  coloration  par  les  matières  d'aniline  ont  si 
complètement  confirmé  ces  résultats,  que  nous  n'avons  rien 
à  ajouter,  rien  à  retrancher  de  la  description  que  l'un  de 
nous  à  faite  précédemment  de  cette  période  du  développe- 
ment. 

§  IL  —  Prophases  cinétiques. 

Un  autre  résultat  du  même  travail,  c'est  que,  dans  l'im- 
mense majorité  des  œufs,  il  ne  se  produit  pas,  chez  l'Ascaris 
du  cheval,  de  conjugaison  des  pronucléus.  Dès  que  les  élé- 
ments nucléaires  ont  atteint  leur  complet  développement, 
il  se  constitue  dans  chacun  d'eux,  aux  dépens  du  reticulum 
nucléaire,  un  cordon  chromatique.  Les  préparations  à 
l'acide  acétique  nous  ont  permis  d'étudier  de  plus  près  la 
genèse  de  ce  cordon.  Il  se  forme  exclusivement  à  la  péri- 
phérie du  pronucléus,  et  siège,  tout  au  moins  en  grande 


(  233  ) 

partie,  dans  i'épaisseor  do  la  membrane  oacléaire  (1  ).  Il  se 
présente,  ao  début,  sous  la  forme  d*on  cordon  extrême- 
ment fin,  très  sinueux,  contourné  et  pelotonné.  Il  est  diifi* 
ctle  de  dire  si,  à  ce  stade,  où  chacun  des  pronucléus  pré-* 
sente  exactement  l'aspect  que  Plemming  a  si  bien  figuré 
pour  les  noyaux  de  la  salamandre  au  début  de  la  cinèse 
{Beitr.  zmt  Kenntn.  derZelle.  Arch.  f.  Mikr.  Anat.  Bd.  16, 
pi.  XVII,  (ig.  3),  le  cordon  est  continu  ou  discontinu.  A 
mesure  que  le  développement  progresse,  le  cordon  s'épais- 
sit et  se  raccourcit;  son  trajet  devient  moins  flexueux, 
et  bientôt  il  devient  facile  de  constater  que,  dans  chacun 
des  pronucléus,  il  n'existe  qu'un  cordon  unique  et  continu, 
formant  dans  la  plupart,  sinon  dans  tous  les  cas,  une 
courbe  fermée.  A  un  moment  donné,  on  distingue  nette- 
ment, dans  chaque  pronucléus,  un  champ  polaire  répondant 
à  la  zone  que  RabI  a  décrite  sous  ce  nom  dans  les  noyaux 
de  la  salamandre.  Le  cordon  décrit  à  la  surface  de  chaque 
pronucléus  un  certain  nombre  de  lignes  méridiennes  qui, 
â  des  distances  variables  du  champ  polaire,  se  réunissent  en 
anses  deux  à  deux.  Ces  méridiens,  flexueux  à  des  stades 
plus  jeunes,  se  régularisent  progressivement;  leurs  termi- 
naisons en  anses  s'éloignent  progressivement  du  champ 
polaire  et  aussi  du  pôle  du  noyau  opposé  à  ce  champ. 
Il  arrive  un  moment  où  le  cordon  chromatique  ne  forme 
pins  qu'un  anneau  sinueux,  à  mi-distance  entre  les  deux 
pèles  du  noyau.  Puis  une  moitié  de  l'anneau  est  refoulée 
dans  l'autre  :  le  cordon  chromatique  de  chaque  pronucléus 
forme  une  figure  analogue  à  celle  que  l'on  produirait  au 
inoyen  d'un  anneau  élastique,  en  le  pliant  suivant  un  de 


(i)  Loc,  cit.,  |Mige  53â. 

3**  SÉRIE,  TOME   XIV.  16 


(  234  ) 

ses  diamètre^  de  façon  à  eo  faire  deux  demi-^Dneaux  saper* 
posés.  Chaque  demi-anneau  n*est  pas  cependant  régulière- 
ment semi-circuiaire;  il  décrit  encore  des  sinuosités  plus 
ou  moins  marquées.  Après  ce  stade,  le  cordon  chromatique 
subit  généralement  une  rétraction  ;  il  quitte  en  partie  la 
surface  des  pronucléus  et  se  pelotonne  plus  ou  moins  vers 
rintérieur^  de  sorte  que,  dans  beaucoup  d^œufs,  il  devient 
difficile  d^analyser  le  cordon. 

Le  plus  souvent  avant,  parfois  seulement  après  cette 
rétraction,  qui  est  du  reste  plus  ou  moins  accusée  et  présente 
des  aspects  variables  d*un  œuf  à  Tautre,  le  cordon  subit  la 
segmentation  transversale.  Il  résulte  de  cette  segmentation 
que,  dans  chacun  des  pronucléus,  le  cordon  chromatique 
se  résout  en  deux  anses  chromatiques  primaires,  phis  on 
moins  parallèles  entre  elles,  parfois  emboîtées  Tune  dans 
Taulre;  parfois  les  deux  anses,  encore  réunies  entre  elles 
par  une  de  leurs  extrémités,  forment  ensemble  une  sorte  de 
W.  Le  plus  souvent  Tune  des  anses  est  un  peu  plus  courte 
que  Tautre.  A  ce  moment  les  pronucléus,  dont  les  contours 
sont  devenus  fort  indislincls,  se  regardent  l'un  l'autre  par 
leurs  faces  laférales,  les  champs  polaires  étant  dirigés  d'un 
mémecàtéy  vers  les  sphères  attractives  adjacentes  entre  elles» 
Les  anses  primaires  ont  leurs  extrémités  divergentes  et 
elles  dirigent  toutes,  vers  le  centre  de  la  figure,  la  con* 
vexiié  de  la  courbe  qu'elles  décrivent.  Leur  position  relative 
se  modifie  peu  à  peu  :  au  moment  où  elles  viennent  de  se 
constituer,  les  quatre  anses  forment  encore  deux  groupes 
composés  chacun  des  deux  éléments  dérivés  d*un  même 
pronucléus.  Souvent  les  deux  anses  d*un  même  groupe 
sont  au  début  plus  ou  moins  parallèles  entre  elles;  elles 
décrivent  la  môme  courbe,  et  Tune  se  trou\e  logée  dans  la 
concavité  de  lautre.  Plus  tard  les  anses  d'un  même  groupe 


r 


(  235  ) 
s'écarleol  i'one  de  Taatre  et  en  vieonent  à  se  placer  Tune 
à  ctté  de  Taotre.  A  ce  moment  il  devient  impossible  de 
dtsiin^er  les  anses  paternelles  des  anses  maternelles  :  les 
quatre  anses  forment  ensemble  une  étoile  composée  d'élé- 
ments semblables  juxtaposés  entre  eux.  Les  membranes  des 
prooocléns  n  existent  déjà  plus  depuis  longtemps  et  il  peut 
sembler,  si  l'on  n*y  regarde  pas  de  très  près,  que  les  anses 
chromatiques  sont  librement  suspendues  dans  le  proto- 
plasme ovulaire.  Alors  s'accomplit  la  division  longitudinale 
00  le  dédoublement  des  anses  primaires  en  anses  secon- 
daires: rétoile  chromatique  primaire  se  divise,  suivant  le 
pian  équatorial  de  la  figure,  en  deux  étoiles  chromatiques 
seooodaireSy  identiques  entre  elles;  adjacentes  Tuneà  Tautre 
a«  moment  où  elles  prennent  naissance,  elles  s'écartent 
progressivement  l'une  de  l'autre,  gagnent  peu  à  peu  les 
pôles  de  la  figure  dicentrique  et  constituent  les  ébauches 
des  noyaux  des  cellules  filles.  Cette  découverte  du  chemi- 
oemeot  vers  les  pôles  opposés  de  la  figure  des  anses 
jomdies,  nées  du  dédoublement  d'une  anse  primaire,  fut 
faite  eo  même  temps  par  l'un  de  nous  chez  l'Ascaris  (1), 


(1)  Le  premier  exemplaire  de  mon  mémoire  fut  remis  à  Dubois- 
Riymond,  lors  de  son  passage  à  Liège,  le  4  avril  4884.  Le  trayait 
de  Heoser  parut  dans  le  courant  de  mars  (884.  Il  résulte  de  ces  dates 
qae  cette  découverte  à  été  faite  et  publiée  à  peu  près  simultanément 
par  Heuser  dans  des  cellules  végétales  et  par  moi  dans  des  cellules 
•nimales.  Le  mémoire  de  RabI,  sur  la  karyokinèse  chez  la  salamandre, 
parut  plusieurs  mois  plus  tard.  C'est  donc  tout  à  fait  à  tort  que 
Waldeyer,  dans  nn  éeril  récent,  attribue  à  Heuser  et  à  Rabl  la  décou- 
verte dont  il  s*agît.  Je  tiens  à  en  revendiquer  la  priorité  pour  Heuser 
et  pour  moi-même.  Nos  travaux  ont  paru  à  moins  d*un  mois  d*inter- 
Tille.  De  même  que  Heuser  à  découvert  ce  fait  important  chez  les 
T^élanx,  sans  eonoaitre  les  résultats  de  mes  recherches  chez  TAscaris, 


(  236  ) 
par  Heuser  dans  les  cellales  végétales  et,  bientôt  après,  elle 
Tut  conlirmée  par  Rabl  dans  les  cellules  des  tissns  de  la 
salamandre.  Elle  donne  la  clef  de  Tinterprétation  des  phé- 
nomènes si  compliqués,  jusque*là  incompréhensibles,  de  la 
karyokinèse. 

En  ce  qui  concerne  la  division  du  premier  blastomère  de 
r  Ascaris  y  cette  découverte  a  permis  de  reconnaître  que  la 
chromatine  des  noyaux  des  deux  premiers  blastomères 
dérive,  par  moitiés,  du  pronucléus  mâle  et  du  pronucléus 
femelle,  sans  qu*à  aucun  moment  il  y  ait  eu  ni  fusion, 
ni  mélange,  moins  encore  d'imprégnation  (Durchdringen 
Hertwig)  des  chromatines  paternelle  et  maternelle.  Si  Ton 
rapproche  Tun  de  Fautre  ces  trois  faits  :  l""  le  fait  bien 
connu  que  le  descendant  hérite,  à  égalité  de  titres  et  par 
parts  égales,  des  caractères  paternels  et  des  caractères 
maternels,  qu'il  lient  également  du  père  et  de  la  mère; 
â"*  le  fait,  résultant  avec  une  absolue  certitude  de  Tétude  du 
développement  de  TAscaris,  que  le  corps  protoplasmique  du 
spermatozoïde  dégénère  et  n'intervient  pas  dans  l'édification 
do  corps  protoplasmique  de  la  première  cellule  embryon- 
naire, que  le  noyau  du  zoosperme  est  le  seul  élément 
paternel  fourni  à  l'œuf  fécondé;  3**  que  les  noyaux  des  deux 


de  même  je  n*ayais  et  je  ne  pouvais  ayoir  aueune  connaUsaDce  de 
ses  travaux,  quand  j'ai  reconnu,  dans  les  blastomères  de  rAscarts, 
la  raison  de  la  division  longitudinale  des  anses  primaires.  Je  pense 
aussi  que  la  constatation  des  mêmes  faits  par  Rabl,  dans  les  cellules 
de  la  salamandre,  a  élc  tout  à  fait  indépendante.  Cependant  le 
mémoire  de  Rabl  parut  assez  longtemps  après  les  recherches  de 
Heuser  et  après  mon  travail,  pour  avoir  permis  à  cet  auteur  de 
citer  nos  ouvrages.  Quelques-uns  des  résultats  consignés  dans  mes 
«  Recherchée  •  sont  cités  par  Rabl  à  la  page  348,  dernier  alinéa,  de 
son  mémoire.  Édouabd  Van  Benedbn. 


" 


(  237  ) 

premiers  blaslomères  et  Ions  les  noyaux  subséquents  se 
coostitoeotaux  dépens  de  quatre  anses  chromatiques  sem- 
blables entre  elles,  dont  deux  paternelles  et  deux  maler- 
Delles,  on  en  arrive  à  cette  double  conclusion  :  1*  que  le 
DOTaoest  le  support  exclusif  des  propriétés  héréditaires  et 
rofgane  directeur  du  développement,  de  la  forme  et  de 
b  foDCtion;  et  ^  que  Thérédité  se  conçoit  chez  les  êtres  les 
plus  compliqués,  au  même  titre  et  de  la  même  manière 
que  chez  les  Protozoaires  qui  se  multiplient  par  division, 
U  première  de  ces  conclusions  a  été  surtout  mise  en 
lamiëre,  après  la  publication  de  nos  recherches  sur  la 
fécondation  chez  PAscaris,  par  Strasburger,  par  0.  Hert- 
wîg,  par  Weissmann  et  par  Kôlliker. 


§  m.  —  Théorie  de  ta  fécondation. 

Les  observations  que  nous  venons  de  rappeler,  pleine- 
ment conflrmées  par  Tétude  des  préparations  faites  au 
moyen  de  l'acide  acétique,  ont  conduit  fun  de  nous  à 
formoler  une  théorie  de  la  fécondation  toute  différente  de 
celle  de  Hertwig,  généralement  acceptée  aujourd'hui  en 
Allemagne. 

Pour  0.  Hertwig,  comme  pour  Strasburger  et  beaucoup 
d'autres  auteurs,  la  fécondation  consiste  essentiellement 
dans  la  conjugaison  du  noyau  spermatique  avec  le  noyau 
OTolaire.  Pour  ces  auteurs  il  n'y  a  pas  de  différence  entre 
ks  éléments  nucléaires  que  l'un  de  nous  a  le  premier 
appelés  prontic/éuj,  afin  de  bien  les  distinguer  des  noyaux 
complets,  et  des  noyaux  de  cellules  ordinaires.  La  forma- 
lion  des  globules  polaires  consisterait,  d'après  eux,  en  une 
division  cellulaire  ne  différant  en  rien  d'essentiel  de  toute 


(  238  ) 

autre  karyokinèse;  elle  ne  se  rattacbcrail  pas  à  la  féconda- 
tion, et  il  faut  attribuer  aux  globules  polaires  une  signifl- 
cation  non  pas  physiologique  mais  morphologique.  Le  sens 
qu'il  faut  attribuer  au  mot  conjugaison,  les  frères  Hert- 
wig  Tout  bien  précisé  dans  leur  dernier  travail,  quand  ils 
ont  cherché  à  montrer  que  la  fécondation  n'est  accomplie, 
qu'un  développement  normal  de  l'œuf  n'a  lieu,  qu'à  la 
condition  que  le  noyau  spermatique  et  le  noyau  ovulaire 
se  soient  non  seulement  soudés  entre  eux,  mais  qu'ils 
se  soient  intimement  confondus  [Durchdringt)  :  <  nur 
dann,  wenn  die  Substanzen  von  Ei-  und  Spermarkern  sich 
ganz  durchdringen,  entstehen  Kerne,  welche  mit  allen  fur 
die  weitere  Entv^icklung  nôtigen  Lebenseigenschaften 
ausgerusiet  sind  (1)  ». 

La  théorie  qui  a  été  formulée  précédemment  par  Tun 
de  nous,  fondée  sur  les  phénomènes  observés  chez  l'Ascaris, 
voit  dans  la  conjugaison  des  pronucléus  un  phénomène 
tout  accessoire  et  en  quelque  sorte  accidentel.  La  fécon- 
dation et  la  maturation  de  l'œuf  sont  des  phénomènes 
inséparables,  en  ce  sens  que  le  second  est  nécessairement 
préalable  au  premier  :  la  fécondation  consiste  essentiel- 
lement dans  un  remplacement,  dans  la  substitution  d'un 
demi-noyau  fourni  par  le  mâle  et  introduit  par  le  sperma- 
tozoïde, à  un  demi-noyau  éliminé  par  l'œuf  sous  forme  de 
globules  polaires.  I^a  cellule-œuf,  réduite  après  la  matura- 
tion à  un  gonocyte  femelle,  à  un  organisme  élémentaire 
pourvu  d'un  demi-noyau,  et  pour  ce  motif  incapable  de 
multiplication,  se  complète  et  devient  la  première  cellule 


(I)  0.  et  R.  Hbbtwig.  Uher  den  Be/ruchtungê-und  Teilungi-Vor- 
gang  det  thieriêehm  Etes,  unter  dem  Ein/luu  aûêêerer  Agenlien. 


(  239  ) 

de  renbryoQ,  quand  uo  demi-ooyau  d*origioe  mâle  ou 
palerneile  8'est  constitué,  dans  le  vitellus,  aux  dépens  de 
réiément  nucléaire  du  zoosperme.  La  fécondation,  de 
Déme  que  la  nalrition,  se  constitue  de  deux  ordres  de 
(èénomènes  opposés  :  élimination  et  remplacement  d^une 
part,  décomposition  et  recomposition  de  l'autre  :  dans  Tun 
eomme  dans  Tantre  cas  une  réduction  s'accomplit  d'abord, 
Boe  reconstitution  ou  une  substitution  ensuite.  Cette  corn* 
paraison  n'a  d'ailleurs  que  la  valeur  d'une  image  destinée 
i  Aire  comprendre  la  pensée;  car  dans  la  nutrition  il 
s'agit  d'un  phénomène  chimique,  dans  la  fécondation  d'un 
phénomène  morphologique. 

Mais  dès  que  ces  deux  demi-noyaux  existent  dans  le 
corps  protoplasmique  de  l'œuf,  la  fécondation  est  accom- 
plie et  il  est  absolument  indifférent,  pour  la  suite  du  déve- 
loppement, que  les  demi-noyaux  que  nous  avons  appelés 
des  pronucléus  se  confondent  en  un  noyau  unique  ou  qu'ils 
restent  séparés  et  écartés  l'un  de  l'autre.  Dans  l'immense 
majorité  des  œufs  d'Ascaris,  ils  restent  séparés  l'un  de 
l'aotre  et  ils  se  comportent,  dans  TédiGcation  de  la  première 
figure  karyokioétique,  absolument  comme  s'ils  nu  formaient 
ensemble  qu'un  noyau  unique.  Les  éléments  qui,  dans  une 
mitose  ordinaire,  procèdent  du  noyau,  sont  fournis  ici,  par 
moitiés  égales,  par  chacun  des  pronucléus. 

Cette  théorie  repose  sur  les  faits  suivants  : 

1*  La  genèse  des  pronucléus  coïncide  exactement  avec 
l'élimination  du  second  globule  polaire,  c'esl-à-dire  avec 
le  moment  où  Tœuf  a  achevé  sa  maturation  ; 

2*  Dans  fimmense  majorité  des  cas,  il  ne  se  produit  pas 
même  d'accolement  entre  les  pronucléus; 

3*  Les  changements  préalables  à  la  constitution  de  la 
figure  dicentrique  s'accomplissent  simultanément  dans  les 


(  24») 

deux  pronucléiiSy  qui,  quoique  écarlés  Tun  de  l'autre,  se 
comportent  exactement  comme  slls  ne  formaient  qu'un 
noyau  unique  ; 

4"*  Deux  éléments  nucléaires,  l'équivalent  de  deux  anses 
chromatiques,  sont  éliminés  par  l'œuf,  lors  de  la  formation 
des  globules  polaires,  de  (elle  sorte  que  le  pronucléus 
femelle  diffère  des  noyaux  des  cellules  des  tissus  de  l'As- 
caris, en  ce  qu'il  ne  renTerme  plus  que  deux  anses  chroma- 
tiques au  lieu  de  quatre. 

5^  Le  noyau  du  zoosperme  ne  renferme  lui  non  plus  que 
deux  éléments  chromatiques  au  lieu  des  quatre  anses  que 
Ton  observe  constamment  dans  les  spermatomères  en  voie 
de  division.  L'élément  nucléaire  du  zoosperme,  aussi  bien 
que  l'ébauche  du  pronucléus  femelle,  ne  sont  donc,  en  se 
fondant  sur  le  nombre  des  éléments  chromatiques  qu'ils 
représentent,  que  des  demi-noyaux. 

6**  Dès  le  moment  où  les  pronucléus  se  sont  constitués 
à  rétat  de  corps  nucléaires  sphériques  et  réticulés,  dès  le 
moment  où  ils  ont  atteint  leur  complet  développement,  la 
cinèse  commence.  La  première  cellule  embryonnaire, 
capable  de  division  et  représentant  virtuellement  l'individu 
futur,  est  donc  constituée  dès  le  moment  où,  aux  dépens 
du  reste  de  la  chromatine  ovulaire  d'une  part,  de  la  chro- 
matine  du  spermatozoïde  de  l'autre,  se  sont  formés  deux 
éléments  nucléaires  réticulés. 

Les  deux  éléments  représentent  ensemble  un  noyau 
complet,  et  il  est  absolument  indifférent  qu'ils  s'accolent 
et  se  fondent  ou  non  l'un  avec  Tautre  puisque,  chez  l'As- 
caris, cette  fusion  n'a  pas  lieu  dans  l'immense  majorité  des 
œufs. 

Quelques-uns  des  faits  qui  servent  de  base  à  notre 
théorie  ont  été  récemment  contestés  par  deux  auteurs. 


N.  le  chanoine  Carnoy,  professeur  à  TUniversité  de  Lou- 
îaîo  (1),  et  M.  le  D'O.  Zaeharias,  de  Hirchberg. 


(I)  Il  ne  peut  me  convenir  ni  de  discuter  avec  M.  le  chanoine 
Canioy,  ni  de  répondre  aux  critiques  dirigées  contre  mes  travaux 
dans  ses  ouvrages»  dans  les  conférences  qu'il  a  faites,  notamment 
à  la  Société  de  roicroscopie  de  Bruxelles,  dans  des  journaux  poli- 
ttqoes  belges,  tels  que  le  Patriote  et  le  Bien  public,  et  dans  la 
Bevme  iâentifipie.  Les  motifs  les  voici  :  M.  Carnoy  a£Brme,  dans  le 
prospeetus  de  sa  Biologie  cellulaire,  qu'il  fit  paraître  en  juin  4883, 
que  les  globules  polaires  se  forment,  chez  les  Nématodes,  au  sein 
du  eorpt  ovulairel  Dans  un  œuf  que  Tautcur  représente  cinq  fois,  et 
qu'il  dit  avoir  suivi  durant  3  '/,  heures,  un  globule  polaire  est  repré- 
senté en  voie  de  formation,  aux  dépens  d'un  noyau  ovulaire  sphérique, 
AC  SC15  va  coaps  protoplasmiqub,  puis  arrivé  plus  près  de  la  surface, 
pais  enfin  éliminé  (fîg.  211  et  S  là,  6,  c,  d,  /*,  g)  !  M.  Carnoy  figure  le 
SKiHATozoÎDB  dc  rAscaHs  niégalocépbale,  entouré  d'un  magnifique 
aster,  sa  comjcgaison  avec  un  noyau  femelle  consistant  en  quelques 
Sraoulations  entourées  d'un  autre  aster  (fig.  317)  !  II  figure  sous 
k  nom  de  cellule  mère  des  spermatoblastes,  un  spermatozoïde 
(fig.  iOO  B)î  Alors  que  les  travaux  de  Munk  ont  établi  depuis  trente 
ans  qu'il  ne  se  forme  jamais,  chez  les  Nématodes,  que  quatre  sperma- 
tozoïdes aux  dépens  d'une  spermatogonie,  non  par  bourgeonnement 
nais  par  division,  M.  Carnoy  représente  jusqu'à  (5  spermatozoïdes 
se  formant  par  bourgeonnement  aux  dépens  d'un  spermatoblaste  ! 
(Fig.  SOI.)  Ces  spermatoblastes  n'existent  pas.  M.  Carnoy  ignore  qu'il 
se  forme  successivement  deux  globules  polaires  chez  l'Ascaris;  il  n'a 
pas  la  moindre  notion  des  pronucléus  :  il  fait  conjuguer  le  spermato- 
zeidt  avec  le  noyau  ovulaire l  Ces  faits  donnent  la  mesure  des  apti- 
tadcs  de  H.  Carnoy  en  matière  d'observation,  en  même  temps  qu'ils 
montrent  l'étendue  dc  son  savoir. 

Le  même  auteur  qui,  en  juin  (885,  s'imaginait  que  les  globules 
polaires  siègent,  chez  les  Nématodes,  au  sein  du  corps  ovulaire,  qui 
Ifs  représente  tout  formés,  blottis  (sic)  dans  le  protoplasme,  qui  igno- 
fiit  Pcxistenec  de  deux  globules  polaires  chez  ces  animaux,  qui  repré- 
sentait la  conjugaison  entre  le  spermatozoïde  et  le  noyau  ovulaire,  a 


(  242  ) 

Nous  ne  savons  quelle  mélhode  M.  e  D'  Zacharias  a 
employée  pour  obtenir  les  préparations  qui  lui  ont  fait 
voir  les  images  extraordinaires  qu'il  a  représentées  pi.  IX, 
(ig.  i2  à  17«  de  son  mémoire.  Cette  méthode,  il  n'a  pas  cru 
devoir  la  faire  connaître.  M.  le  D'  Zacharias  n'a  pas  vu 
qu'au  moment  de  la  formation  du  second  globule  polaire, 
le  spermatozoïde  existe  encore  au  centre  du  vitellus;  que 
son  corps  protoplasmique  dégénéré  entoure  encore  le 
noyau  spermatique;  que  c'est  entouré  par  ce  résidu  que 
le  pronncléus  mâle  se  constitue  à  l'état  de  noyau  vésiculeiix 
et  réticulé;  que  le  pronucléus  ne  se  débarasse  de  ce  rêvé* 
tement  que  quand  il  a  atteint  des  dimensions  déjà  consi- 
dérables; que  le  pronucléus  femelle  se  forme  à  la  périphé- 
rie de  l'œuf,  aux  dépens  de  deux  bâtonnets  chromatiques 
qui,  d'abord  homogènes  en  apparence,  plus  foncés  et  plus 


publié  en  4886,  deux  ans  après  Tapparition  de  mon  Mémoire,  deux 
irayaux  dont  les  résultats  et  les  figures  rappellent  d'autant  plus  ceux 
que  j'avais  fait  connaître,  qu'ils  s'éloignent  davantage  des  résultats  et 
des  figures  consignés  dans  le  prospectus  de  la  Biologie  cellulaire. 

Cependant  M.  Camoy  ne  cite  mon  nom  que  quand  il  croit  devoir 
me  combattre,  et  pour  en  avoir  de  plus  fréquentes  occasions,  il  relate 
mes  observations  d'une  manière  erronée;  il  tronque  les  citations  et 
m'attribue  des  opinions  que  je  n'ai  jamais  exprimées.  C'est  du  reste 
une  habitude,  peut-être  même  un  principe,  chez  lui,  de  ne  citer  les 
auteurs  que  pour  relever  les  erreurs  qu'il  leur  attribue. 

La  conclusion  des  œuvres  de  H.  Carnoy,  c*est  qu'aucune  loi  ne  se 
dégage  de  l'étude  des  phénomènes  de  la  karyokinèse  et  de  la  fécoo- 
datiou  :  qu'aucun  phénomène  n'est  essentiel,  que  tous  sont  variables  ! 
Cette  thèse  H.  Carnoy  s*est  efforcé  de  l'établir;  je  ne  sais  s'il  s'imagine 
avoir  réussi  à  le  faire.  Mais  je  pense  qu'il  a  surtout  réussi  k  démontrer 
qu'il  n'est  pas  donné  au  premier  venu  de  contribuer  efficacement  aux 
progrès  de  la  science,  ^on  cuivis  homini  contingit  adiré  Coritilhum. 

ËDOUABD  Van  Benbosn. 


(245) 

réfriogents  à  leurs  extrémités  qu*à  leur  milieu,  prennent 
peoipen  une  apparence  ponctuée  ;qu*en  même  temps  qu'ils 
te  rfsokent  eo  granulations  chromatiques,  reliées  entre 
elles  par  de  fins  filaments,  ils  augmentent  de  volume,  et 
que,  de  leur  périphérie,  partent  de  0ns  filaments  traver- 
sant l'espace  clair  qu'ils  occupent;  qu*au  moment  où  ils 
secoDsiituent  à  Tétat  de  noyaux  vésiculeux  et  réticulés  les 
deux  éléments  nucléaires  se  trouvent  presque  toujours  fort 
écartés  Tuo  de  l'autre,  lo  pronucléus  mftie  occupant  dans 
rimuiense  majorité  des  cas  le  centre  du  vitellus,  tandis 
que  le  pronucléus  femelle  siège  à  la  périphérie,  au  voisi- 
nage do  second  globule  polaire;  que  Ton  trouve  pendant 
longtemps,  à  côté  du  pronucléus  mâle  exclusivement  formé 
anxdépensdu  zoosperme,  le  résidu  du  corps  proloplasmique 
dn  spermatozoïde.  M.  le  D'  0.  Zacharias  n'a  constaté  aucun 
de  ces  faits,  que  chacun  pourra  contrôler,  non  seulement 
en  employant  Tacide  acétique  pur  ou  le  mélange  d'acide  et 
d'alcool,  mais  même  en  examinant  des  œufs  non  segmentés 
Sxfe  au  moyen  de  l'alcool  et  colorés  par  le  carmin  bora- 
ciqoe.  Nous  nous  offrons  à  envoyer  nos  préparations, 
démontrant  la  genèse  des  pronucléus,  à  tout  histologiste,  à 
tout  embryologiste  compétent,  qui  nous  en  exprimera  le 
désir.  Nous  affirmons  de  la  façon  la  plus  catégorique  que 
jaouiis,dans  aucun  œuf,  il  ne  se  fait  aucune  union  en(re  les 
éléments  chromatiques  mâles  et  femelles,  comme  ceux  que 
H.  Zacharias  a  cru  observer  et  qu'il  a  figurés  planche  IX, 
figures  13  et  14  de  son  mémoire;  que  jamais,  dans  aucun 
mrf,  tes  deux  éléments  nucléaires  que  renferment  les  œufs 
iutaginetdu  quart  inférieur  de  Culérus  n'ont  la  significa- 
tion  que  Jf.  Zacharias  a  cru  devoir  leur  attribuer.  L'un  de 
ces  éléments  nucléaires  dérive  toujours  et  exclusivement 
dn  zoosperme,  l'autre  toujours  et  exclusivement  de  l'œuf. 
Autant  M.  le  D'  Zacharias  se  trompe  quand  il  décrit  et 


(  244  ) 

figure  une  conjugaison  entre  chroroaiines  mâle  et  femelle 
d*où  résulterait  la  formation  de  deux  noyaux  conjugués, 
autant  il  a  raison  quand  il  affirme  que,  dans  certains  œui's, 
les  pronucléus  s*accolent  Tun  à  Tautre,  pour  donner  nais- 
sance à  un  noyau  unique.  Tandis  que»  dans  la  plupart  des 
femelles,  il  est  difficile,  parfois  même  impossible  de  trou- 
ver un  seul  œuf  montrant  les  pronucléus  soudés  entre 
eux,  dans  d*autres»  ces  cas  ne  sont  pas  extrêmement  rares, 
tout  en  restant  toujours  exceptionnels.  C'est  ce  que  M.  le 
D'  0.  Zacharias  pourra  lire  à  la  page  525  de  notre  premier 
mémoire.  Il  y  est  dit  : 

c  On  rencontre  dans  un  certain  nombre  d'œufs  un 
véritable  accotement  des  deux  pronucléus  qui  se  défor- 
ment et  s'aplatissent  suivant  la  portion  de  leur  surface  par 
laquelle  ils  se  touchent.  Il  s'agit  toujours  alors  de  pronucléus 
arrivés  à  maturité  et  présentant  la  constitution  que  j'ai 
décrite  et  représentée  planche  XIX^",  figure  8.  Ces  élé- 
ments se  moulent  partiellement  Tun  sur  l'autre,  mais  sans 
jamais  se  confondre  en  un  noyau  unique  et  indivis.  Ces 
cas  d'accolement  sont  relativement  rares  :  sur  une  cen- 
taine d  œufs  montrant  les  pronucléus  complètement  sépa- 
rés, on  en  trouve  deux  ou  trois  à  peine  dans  lesquels 
Taccolement  s'est  produit.  Dans  l'immense  majorité  des 
cas,  les  deux  pronucléus  restent  distincts  et  indépendants 
l'un  de  l'autre,  et  toute  la  série  des  changements  que  je 
vais  décrire,  qui  préludent  à  la  division  cellulaire  et  con- 
stituent les  premières  phases  de  ce  phénomène,  s'accom- 
plissent dans  les  pronucléus-encore  écartés  l'un  de  l'autre. 
Ces  mêmes  changements  peuvent  se  produire  après  acco- 
lement  préalable;  mais  il  est  certain  que  cette  union  est 
accidentelle  :  elle  n'entraine  pas  une  fusion:  on  ne  peut 
donc  lui  accorder  aucune  valeur  principieUe  :  les  deux 
pronucléus  ne  se  confondent  jamais.  » 


(  245  ) 

Qu'esl-ce  à  dire,  si  ce  n*est  que  dans  des  cas  exception- 
nels les  cordons  chromatiques  procédant  Tun  du  père» 
Tantrede  la  mère»  peuvent  se  constituer  aux  dépens  des  pro- 
nncléos  unis  en  un  noyau  unique  en  apparence,  tandis  que 
dans  rimmense  majorité  des  œufs  ces  cordons  se  forment 
«lorsque  les  pronucléus  sont  encore  séparés  et  écartés  Tun 
dePaotrc?  M.  Zacharias  croit-il  qu'il  serait  logique  d'ad- 
mettre que,  si  dans  quatre-vingt-dix-sept  œufs  sur  cent, 
deux  des  anses  chromatiques  primaires  dérivent  incon- 
testablement et  exclusivement  du  pronucléus  mâle,  deux 
autres  du  pronucléus  femelle,  les  quatre  anses  chromati- 
ques auraient  une  autre  signification  dans  les  cas  où,  au 
lieu  de  rester  séparés  Fun  de  Fautre,  ces  pronucléus  s'ac- 
coleot  entre  eux? 

Nous  avons  estimé  à  2  ou  3  p.  ^U  la  proportion  des 
œofs  chez  lesquels  on  constate  une  union  des  pronucléus 
préalablement  à  la  formation  de  cordons  pelotonnés  dans 
cbaeon  d'eux.  Nous  avons  fait  le  dénombrement  des  œufs 
de  cinq  préparations  faites  au  moyen  d'œufs  vaginaux  ou 
otérios  de  cinq  femelles  différentes.  Voici  les  résultats  de 
l'analyse  de  ces  préparations  : 


Piipira&M. 

Nombre  total 
des  œufs. 

Nombre  des   œufs 
montrant  les  pro- 
nucléas  séparés. 

Nombre  des  œufs 
montrant  les  pro- 
nucléus réunis  en 
un  noyau  unique. 

1 

347 

345 

S 

S 

3» 

305 

47 

3 

iM 

454 

0 

4 

340 

St6 

4 

5 
Totaux. 

MS 

503 

9 

4^5 

4,543 

32 

(  246  ) 

l.a  moyenne  est  donc  de  deux  et  une  Traction  p.  ""/o.  Que 
conclure  de  là,  si  ce  n'est  (|ne  la  conjugaison,  Paccolement 
et  la  fusion  apparente  des  pronucléus  constituent  un  phé- 
nomène accidentel,  indifférent  et  sans  aucune  importance. 
A  supposer  même  que  la  fusion,  au  lieu  de  se  présenter 
exceptionnellement,  se  produise  dans  Timmense  majo- 
rité des  œufs,  mais  que  le  développement  s'accomplisse 
normalement  et  amène  la  formation  d'une  larve  normale, 
dans  quelques  rares  œufs  où  la  conjugaison  des  pronu- 
cléus n*aurait  pas  eu  lieu,  qu'il  résulterait  encore  avec 
évidence  de  Texistence  de  ces  faits  exceptionnels  que  la 
conjugaison  n'est  pas  essentielle  à  la  fécondation. 

La  conjugaison  des  pronucléus  a  été  observée  chez  plu- 
sieurs espèces  animales  et  végétales.  Nous  n'avons  jamais 
songé  à  contester  l'exactitude  des  observations  faites  chez 
ces  espèces,  nous  n'avons  pas  pensé  qu'elles  pussent  être 
invoquées  comme  objection  contre  notre  théorie  de  la 
fécondation.  Le  fait  qu'il  est  établi  pour  une  espèce  ani- 
male, l'Ascaride  mégalocéphale,  que  le  développement 
normal  et  complet  de  l'embryon  s'accomplit  sans  qu'il  y  ait 
eu  au  préalable  conjugaison  de  pronucléus,  non  pas  dans 
tous  les  œufs,  mais  dans  l'immense  majorité  des  œufs 
(97  7o  du  moins),  ce  fait  prouve  inéluctablement  que 
l'essence  de  la  fécondation  ne  réside  pas  dans  une  union  des 
pronucléus. 

La  circonstance  que  chez  l'Ascaris  la  conjugaison  peut 
indifféremment  se  produire  ou  ne  pas  se  produire,  sans 
qu'il  en  résulte  aucune  conséquence  pour  la  suite  du 
développement,  ne  prouve-t-elle  pas  à  elle  seule  tout  le 
bien  fondé  de  la  conclusion  ?  Et  comme  les  phénomènes 
qui  s'accomplissent  dans  chacun  des  pronucléus  sont  de 
tous  points  identiques  à  ceux  qui,  dans  le  noyau  unique 


(  247  ) 

ifaoe  cellule  ordinaire,  se  passent  préalablement  à  la  con- 
slîlotion  de  la  figure  karyokinétique,  que  les  pronucléus  se 
coodoiseot  exactement  comme  s'ils  ne  formaient  ensemble 
qu'on  noyau  unique,  il  est  de  tonte  évidence  que  la  première 
cdlole  embryonnaire  se  trouve  constituée,  que  par  consé<- 
qoenl  la  fécondation  est  accomplie  dès  le  moment  où  les 
pronucléus  ont  atteint  leur  complet  développement. 

L'étude  des  préparations  à  Tacide  acétique  ou  à  Talcool 
acétique  ne  nous  ont  rien  appris  à  cet  égard  que  ne  nous 
aient  montré  les  préparations  d'œofs  fixés  par  Talcool. 
Dans  les  unes  comme  dans  les  autres  on  trouve  exception- 
nellement çà  et  là,  au  milieu  de  centaines  d*œufs,  montrant 
les  pronucléub  bien  distincts  et  plus  ou  moins  écartés  Tun 
de  l'autre,  quelques  rares  œufs  où  les  pronucléus  se 
trouvent  accolés  et  soudés  entre  eux. 

Quand  les  pronucléus  ont  perdu  leur  contour  et  qu'un 
gros  cordon  chromatique  se  trouve  constitué  dans  chacun 
d'eux,  il  n'est  pas  toujours  possible  de  décider  s'il  existe 
un  cordon  unique  et  commun  aux  deux  éléments  ou  deux 
cordons  distincts.  Il  suffira  que  les  deux  pronucléus  soient 
voisins  l'un  de  l'autre  ou  qu'ils  se  projettent  légèrement 
l'un  sur  l'autre,  pour  qu'il  soit  impossible  de  trancher  la 
question  de  savoir  s'il  y  a  ou  non  continuité  entre  les  cor- 
dons chromatiques  des  deux  pronucléus.  A  plus  forte 
raison,  s'il  y  a  eu  soudure  au  stade  réticulé  entre  les  deux 
prooocléus,  sera-t-il  bien  diflicile  de  dire  s'il  s'est  constitué, 
dans  le  noyau  de  segmentation,  un  cordon  chromatique 
unique  ou  deux  cordons  distincts.  Mais  tous  ceux  qui  vou- 
dront prendre  la  peine  d'étudier  les  objets  dont  il  s'agit 
reconnaîtront  que  l'on  ne  peut  absolument  rien  conclure 
de  ces  cas  douteux,  alors  que  l'immense  majorité  des  œufs 
démontrent  de  la  façon  la  plus  évidente  la  formation  d*un 


(  248  ) 

cordon  distincl  et  de  deux  anses  chroroatiqnes  primaires 
dans  chaque  pronucléus.  Si  même  dans  tous  les  œufs  qui 
se  prêtent  mal  à  Tobservation,  et  où  la  solution  de  la 
question  est  douteuse,  il  n'exislait  réellement  qu'un  cordon 
unique,  en  serait-il  moins  vrai  que  dans  la  grande  majo- 
rité des  œufs  le  développement  s*accomplit  sans  fusion 
préalable  des  pronucléus?  Mais  hàtons-nous  d*ajooter 
que  nous  n'avons  jamais  eu  sous  les  yeux  un  seul  œuf  qui 
nous  ait  montré  avec  certitude  un  cordon  chromatique 
unique  et  commun  pour  les  deux  pronucléus;  nous  n'avons 
jamais  vu  des  images  comme  celles  que  M.  0.  Zacharias  a 
représentées  planche  X,  figures  21 ,  22, 23, 24  de  son  mé- 
moire. Ce  jeune  auteur  invoque  volontiers  à  l'appui  de  ses 
affirmations  l'autorité  de  Flemming,  sans  indiquer  de 
quels  points  particuliers  Flemming  est  disposé  à  se  porter 
garant.  Il  serait  intéressant  de  savoir  si  les  œufs  repré- 
sentés planche  X,  figures  21,  22,  23,  24  du  mémoire  de 
M.  le  D'  0.  Zacharias  ont  été  mis  sous  les  yeux  de 
Flemming,  et  si  Téminent  cytologue  de  Kiel  est  disposé  à 
certifier  l'exactitude  de  ces  images.  Consentirait-il  à  affir- 
mer, après  l'examen  des  préparations  de  M.  Zacharias, 
que  les  éléments  qui  sont  pour  nous  l'un  un  pronucléus 
roâle>  l'autre  un  pronucléus  femelle,  et  cela  dans  tous  les 
cas,  sans  aucune  exception,  sont,  au  contraire,  à  ses  yeux 
des  noyaux  conjugués?  Â-t-il  constaté  par  Texamen  des 
préparations  de  M.  Zacharias  qu'il  ne  se  forme  qu'un  cor- 
don chromatique  unique  dans  le  noyau  de  segmentation, 
dans  les  cas  exceptionnels  où  un  semblable  noyau  prend 
naissance  ? 

La  tentative  faite  par  M.  Zacharias  de  représenter  les 
phénomènes  que  l'on  constate  chez  l'Ascaris  mégalocéphale» 
comme  corroborant  la    théorie  de  Hertwig,  est  donc, 


(  249  ) 

d'après  nous,  tout  à  fait  malheureuse.  On  comprendra 
qoe  nous  ayons  quelque  peine  à  nous  incliner  devant  Pau- 
torité  de  ce  jeune  auteur,  quand  il  proclame  la  supériorité 
des  recherches  de  MM.  Mussbaum  et  de  A.  Schneider. 
Nous  attendons  de  Tavenir  un  jugement  basé  sur  des 
observations  moins  superficielles  et  moins  rapides. 


S  IV.  —  Métaphase  et  anaphase. 

Le  dédoublement  des  anses  chromatiques  primaires 
pr^Dte  fréquemment,  dans  les  œufs  de  TAscaris,  une 
particularité  intéressante,  dont  la  constatation  a  permis  de 
rattacher  à  la  karyokinèse  ordinaire  les  phénomènes  que 
Flemming  avait  observés,  en  étudiant  la  cinèse  des  sper- 
matocytes  de  la  Salamandre,  et  qui  lui  avait  fait  admettre 
Pexistence  d'un  type  aberrant,  s'écartant  assez  notable- 
ment de  la  mitose  normale.  Voici  en  quoi  consiste  cette 
particularité.  Dans  les  blastomères  de  TAscaris,  les  anses 
joDielles  ou  secondaires  restent  parfois  unies  entre  elles 
i  leurs  extrémités,  alors  qu'elles  sont  déjà  notablement 
écartées  Tune  de  l'autre  dans  la  plus  grande  partie  de  leur 
longueur.  Leur  écartement  est  alors  maximum  vers  leur 
milieu  et  décroît  vers  leurs  extrémités.  Quand  cette  union 
terminale  se  maintient  pendant  longtemps,  l'ensemble  de 
la  Ggure  chromatique  prend  l'aspect  d'un  tonneau,  carac- 
téristique de  la  ligure  doliforme  de  Flemming. 

Flemming,  à  la  suite  de  nouvelles  études  faites  par  lui 
sur  la  spermatogenèse  chez  la  Salamandre  (1),  a  reconnu 

(i)  N.  Flemminq,  Nette  Beitràge  zwr  Kenntniss  der  Zelle,  4887, 
Arebiy  for  Mikr.  Ânat  Bd.  29.    . 

3**  SÉRIE,  TOME   XIV.  17 


(  250) 

que  la  division  loDgitudinale  des  cordons  chromaliques 
ne  fait  pas  défaut  dans  les  cas  où  elle  lui  avait  échappé  lors 
de  ses  premières  recherches,  et  il  se  rallie  pleinement  à 
rinterprétaiion  que  nous  avons  donnée  des  images  qu*il 
avait  produites  dans  son  précédent  travail.  Ses  nouvelles 
éludes  Font  conduit  d'autre  part  à  admettre  trois  moda- 
lités dans  la  karyokinèse:  deux  d*entre  elles,  la  forme 
hétérotypique  et  la  forme  homéotypique,  se  rencontrent 
dans  la  division  des  spermatocytes  <le  la  Salamandre; 
il  existe  dans  ce  cas  un  vrai  dimorphisme  dans  la 
mitose.  La  première  multiplication  cellulaire  des  éléments 
épithéliaux  se  fait  suivant  la  forme  homéoty pique.  Les 
spermatocytes  de  la  première  génération,  qui  mesurent  en 
moyenne  28  à  30  p,  se  multiplient  presque  exclusivement 
suivant  la  forme  hétérotypique.  Lors  de  la  division  des 
spermatocytes  de  la  seconde  génération  (18  à  20fA)  la 
forme  hétérotypique  est  encore  prédominante;  mais  on 
trouve  cependant  de  nombreux  cas  de  division  homéoty- 
pique.  Le  nombre  des  cellules  en  division  se  rattachant 
à  chacun  des  types  est  approximativement  le  même  dans  la 
multiplication  des  spermatocytes  de  troisième  génération 
(14àl5fx). 

Ce  qui  caractérise  principalement  la  forme  hétéroty- 
pique, c'est  Texistence  de  la  figure  doliforme,  à  la  suite  du 
maintien  prolongé  d'une  union  entre  les  extrémités  des 
anses  secondaires  dans  le  plan  équatorial.  Dans  la  forme 
homéotypique,  au  contraire,  la  séparation  complète  des 
anses  secondaires  se  fait  très  tôt.  Cependant  le  stade  de  la 
métakinèse  est  prolongé,  en  ce  sens  que  les  anses  secon- 
daires restent  longtemps  au  voisinage  de  Féquateur  avant 
de  se  disposer  régulièrement  en  deux  groupes  étoiles, carac- 
téristiques de  la  phase  dyaster. 


(  251   ) 

^ùûs  avons  reconnu  que,  à  tous  les  stades  de  la  segmen* 
lalioo,  il  se  présente,  chez  PAscariSy  des  variations  indivi- 
duelles d'un  œuf  à  Tautre,  qui  font  qu'à  un  même  stade  de 
la  segmentation,  tantôt  la  mitose  s'accomplit  suivant  le 
ivpe ordinaire,  tantôt  suivant  la  forme  hélérotypique.  Dans 
certains  œufs,  la  division  longitudinale  des  anses  se  fait 
simultanément  dans  toute  la  longueur  de  ces  éléments,  et 
les  étoiles  secondaires,  résultant  du  dédoublement  de 
rétoile  primaire,  s'écartent  l'une  de  l'autre  tout  d'une 
pièce;  c'est  à  peine  si,  au  moment  où  elles  commencent  à 
s  éloigner  l'une  de  l'autre,  pour  se  rapprocher  des  pôles,  et 
même  au  stade  dyaster,  les  extrémités  des  anses  s'inclinent 
légèrement  vers  l'équateur:  les  étoiles  secondaires  siègent 
tout  entières  dans  deux  plans  parallèles  entre  eux  et  per- 
peodiculaîres  à  Taxe  de  la  figure  dicentrique.  (PI.  IV,  iig.  2.) 
Dans  d'autres  œufs  l'union  des  anses  secondaires,  à  leurs 
eitrémités,  se  maintient  encore  dans  le  plan  équatorial, 
alors  que  Tes  convexités  des  anses  se  trouvent  déjà  fort 
écartées  du  plan  équatorial  et  fort  rapprochées  des  pôles. 
Oo  rencontre  alors  de  belles  figures  doliformes,  comme 
celle  que  nous  avons  représentée  planche  IV,  figure  3.  On 
trouve  toutes  les  transitions  possibles  entre  ces  formes 
extrêmes.  L'existence  de  ces  formes  de  transition  et  le  fait 
que  l'on  rencontre,  à  un  même  stade  de  la  segmentation, 
<le  grandes  variations  d'un  œuf  à  l'autre, en  ce  qui  concerne 
la  roétakinèse,  prouvent  que  ces  variations  n'ont  qu'une 
importance  très  secondaire.  Nous  dirons  plus  loin  à  quelle 
cause  nous  croyons  devoir  les  attribuer. 

II.  Un  fait  que  l'on  constate  constamment  dans  la  forme 
hétérotypique,  chez  l'Ascaris,  c'est  que  jamais  les  extrémi- 
tés incurvées  des  ans'  s  secondaires  ne  sont  dirigées  direc- 
tement vers  les  pôles  de  la  figure  dicentrique,  comme  le 


(  252  ) 

représente  Flemming  dans  la  figure  4,  planche  XXX  (  de  son 
dernier  mémoire.  Sans  vouloir  émettre  le  moindre  doute 
sur  la  réalité,  chez  la  Salamandre,  de  la  disposition  figurée 
par  Flemming,  nous  pouvons  affirmer  que  généralement, 
peut-être  même  toujours,  chez  TAscaris,  les  parties  des 
anses  secondaires  qui  avoisinent  le  point  de  rebroussement 
des  courbes  se  trouvent  dans  un  seul  et  même  plan,  per- 
pendiculaire à  Taxe  de  la  figure,  leurs  extrémités  seules 
étant  obliquement  dirigées  vers  le  plan  équatorial.  Cette  dis- 
position se  maintient  au  stade  dyaster,  c*est-à-dire  après 
l'écartement  des  anses  jumelles  du  plan  équatorial.  Il  en 
résulte  que,  dans  la  figure  dolilbrme,  une  portion  des  anses 
secondaires  répond  aux  fonds  du  tonneau,  les  méridiens 
étant  constitués,  non  par  les  anses  complètes,  comme  dans 
la  figure  de  Flemming,  mais  seulement  par  les  portions 
terminales  de  ces  éléments.  Ceci  revient  à  dire  que,  à 
la  fin  de  la  métakinèse  et,  plus  tard,  au  stade  dyasler, 
chacune  des  branches  de  chaque  anse  secondaire  décrit 
une  ligne  brisée.  (PI.  VI,  fig.  H  et  12.)  On  peut  se  repré- 
senter la  figure  réelle  en  s*imaginant  le  trajet  que  sui- 
vraient des  méridiens  tracés  à  la  surface  d*une  sphère 
molle,  après  qu'elle  aurait  été  aplatie  à  ses  deux  pôles, 
de  façon  à  former  une  sphère  doublement  tronquée  ou  un 
tonneau. 

Ce  fait  est  intéressant,  voici  à  quel  point  de  vue.  Nous 
avons  observé  que,  dans  une  même  préparation,  on  trouve 
des  variations  considérables  d*un  œuf  à  Tautre,  en  ce  qui 
concerne  la  netteté  des  limites  du  fuseau  achromatique. 
Dans  certains  œufs  les  filaments  du  fuseau  achromatique 
se  distinguent  nettement  des  autres  rayons  de  Taster,  en 
ce  qu'ils  sont  formés  par  des  fibrilles  beaucoup  plus  volu- 
mineuses et  partant  beaucoup  plus  apparentes  que  celles 


r" 


(  283  ) 

qui  consticuenl  les  autres  radiations  de  Téloile  achroma- 
liqoe.  Dans  ce  cas  on  peut  voir  que  les  grosses  iibrilles 
qoi  marquent  les  limites  du  fuseau  s'insèrent  aux  anses 
chromatiques  primaires  vers  le  milieu  de  la  longueur  des 
branches  divergentes  de  ces  dernières,  et  que  la  portion 
des  aoses  avoisinaut  leur  point  de  rebrousement  se  trouve 
en  dedans,  tandis  que  les  extrémités  dis  branches  diver- 
gentes des  anses  se  trouvent  en  dehors  du  fuseau.  (PI.  YK 
fig.  7  et  9.)  Dans  les  figures  doliformes,  comme  au  stade 
d}aster,  on  voit  que  les  points  des  anses  où  s'insèrent  les 
fibrilles  génératrices  des  cônes  achromatiques  répondent 
exactement  aux  points  où  les  anses  secondaires  changent 
brusquement  de  direction  en  formant  un  angle.  (PI.  VI, 
fig.  10,11,12.) 

Ce  fait  nous  parait  établir  clairement  la  contractilité  des 
fibrilles  constitutives  du  fuseau  achromatique.  Nous  éta- 
blirons plus  loin  que  ces  fibrilles  ne  sont  en  définitive, 
comme  toutes  les  autres  radiations  des  asters,  que  des 
éléments  différenciés  du  treillis  protoplasmique.  Nous 
avons  déjà  donné  ailleurs  d'autres  preuves  de  la  conlrac* 
tililéde  ces  fibrilles,  et  nous  avons  montré  que  la  structure 
do  treillis  protoplasmique  est  fondamentalement  la  même 
que  celle  de  la  substance  musculaire  striée  (1). 

On  est  antorisé  à  admettre,  pensons-nous,  que  plus  ces 
fibrilles  sont  volumineuses,  plus  leur  énergie  est  consi- 


(4)  Édocaed  Van  Bixbdbn,  Recherches  sur  la  maturation  de  l'œuf, 
Ia  fécondation  et  la  division  cellulaire,  pages  546  et  suivantes,  pages  572 
etfaifaotes.  Voir  aassi  planche  XL  figures  i  à  51,  particulièrement 
tt*  30  et  31,  et  planche  XV,  fig.  3,  qui  montre  que  le  spermatozoïde 
^ooe  lieu  à'  la  formation  d*une  saillie  partout  où  s'insèrent  des 
fibrilles  du  treillis  protoplasmique. 


(  254  ) 

dérable.  Si  les  fibrilles  des  asters,  et  parliculièremenl 
celles  du  fuseau  achromatique,  sont  les  agents  actifs  de 
récartement  des  anses  secondaires  et  de  leur  cheminement 
vers  les  pôles,  la  traction  exercée  par  elles,  aux  points  des 
anses  où  elles  s'insèrent,  étant  d'autant  plus  intense  que  les 
fibrilles  insérées  en  ces  points  seront  plus  volumineuses, 
qu'elles  constitueront,  si  Ton  veut,  des  muscles  plus  puis- 
sants, il  est  clair  que  si  les  anses  secondaires  adhèrent  entre 
elles  par  leurs  extrémités  et  que  d'autre  part  les  fibrilles  du 
fuseau  achromatique  s'insèrent  vers  le  milieu  de  la  longueur 
des  branches  divergentes  des  anses,  il  en  résultera  néces- 
sairement des  figures  comme  celles  que  Ton  observe  en 
réalité  (pi.  VI,  fig.  10,  11,  12).  Dans  certains  cas,  nous 
avons  constaté  des  saillies  en  forme  de  crochets  aux  points 
des  anses  chromatiques  qui  donnent  insertion  aux  fibrilles 
achromatiques  du  fuseau. 

A  côté  des  œufs  montrant  très  distinctement  le  fuseau 
achromatique,  il  en  est  d'autres  où  ses  limites  sont  si  peu 
marquées  qu'il  se  confond  avec  Taster,  dont  il  constitue 
un  secteur.  Cela  dépend  probablement  de  ce  que  les 
fibrilles  du  fuseau  différent  plus  ou  moins,  suivant  les  cas, 
des  autres  radiations  des  asters.  Dans  les  œufs  où  le  fuseau 
est  peu  apparent,  comme  dans  ceux  où  il  est  bien  visible, 
des  fibrilles  s'insèrent  aux  anses  chromatiques  dans  tous  les 
points  de  la  longueur  de  ces  dernières,  suivant  leurs  faces 
dirigées  vers  les  pôles.  On  conçoit  que  si  ces  fibrilles 
sont  toutes  à  peu  près  de  mêmes  dimensions  et  partant 
possèdent  la  même  énergie,  les  anses  secondaires  unifor* 
mément  sollicitées  vers  les  pôles  en  tous  les  points  de  leur 
longueur  resteront  parallèles  entre  elles,  après  leurécarte- 
ment,  dès  le  moment  où  leur  adhérence  est  partout  la 


(  235  ) 

même  :  les  étoiles  secondaires  siégeront  alors  tout  entières 
dans  deax  plans  parallèles  entre  eux  et  perpendiculaires  & 
Taxe  do  fuseau. 

Quand,  au  contraire,  des  fibrilles  plus  fortes  slnsèrent 
an  mflieu  des  branches  divei^entes,  et  que  d'ailleurs 
radbérence  entre  les  anses  secondaires  est  maximum  à 
ieiin  extrémités,  il  devra  se  produire  nécessairement  une 
figure  doliforme  avec  fonds  et  méridiens.  Nous  pensons 
qoe  les  variations  que  Ton  observe  dans  Taspect  de  la 
méiakinëse  dépendent,  d*une  part,  de  la  constitution  des 
asters  et,  d*autre  part,  de  différences  individuelles  dans 
rîDteDsité  de  Tunion  des  anses  jumelles  aux  bouts  libres 
des  anses  primaires. 

Nous  avons  vu  très  distinctement,  dans  un  assez  grand 
nombre  d*œufs,  que  les  anses  chromatiques  primaires  et 
secondaires  se  trouvent  rattachées  les  unes  aux  autres 
par  des  fibrilles  achromatiques  interposées  entre  elles 
(iig.6et  8,  pi.  I).  La  présence  de  ces  fibrilles,  probablement 
contractiles,  comme  tous  les  éléments  constitutifs  du  treil- 
lis protoplasmique,  explique  le  déplacement  relatif  des 
anses  primaires,  préalablement  à  la  formation  de  Tétoile 
chromatique  de  la  plaque  équatoriale. 

in.  Réédification  des  noyaux  dérivés  aux  dépens  des 
dyasters.  —  Flemming  a  admis  qu*avant  que  le  noyau 
d*une  cellule  fille  se  reconstitue  aux  dépens  d'un  dyaster, 
les  anses  secondaires  se  pelotonnent  et  que  ce  stade  de  pelo- 
toonenient,  quil  appelle  dispirem,  répond  au  stade  de 
pelotonnementde  la  prophase  (spirem)^  ce  qui  Ta  amené  h 
représenter  par  un  U  le  schéma  de  la  karyokinèse.  f/uno 
des  extrémités  des  branches  de  TU  représente  le  stade 


(  256  ) 

ÎDilial,  Tautre  le  stade  final  de  la  division;  Tune  des  bran- 
ches de  ru  représente  la  succession  des  prophases,  Tau  ire, 
parallèle  à  la  première,  la  succession  des  anaphases,  la 
convexité  de  TU  répondant  à  la  métakinèseou  métapbase. 
La  plupart  des  cytologues  admettent  en  outre  que  deux 
éléments  interviennent  dans  la  réédificalion  des  noyaux  : 
d'une  part,  les  anses  chromatiques  des  dyasters,  d'autre 
part)  la  portion  du  corps  protoplasniique  de  la  cellule  inter- 
posée entre  ces  cordons  ou  délimitée  par  les  branches  diver- 
gentes  des  dyasters. 

Les  choses  ne  se  passent  pas  de  cette  manière  dans  les 
blastomères  de  TÂscaris.  Il  est  bien  vrai  que  les  anses 
secondaires  groupées  en  une  étoile  décrivent  à  un  moment 
donné  des  sinuosités  (pi.  VI,  fig.  10);  mais  il  y  a  lieu  de 
distinguer,  à  ce  point  de  vue,  deux  portions  dans  le  dyaster 
modifié  :  une  portion  centrale,  de  l'orme  circulaire,  formée 
par  cette  partie  des  anses  qui  avoisine  leur  point  de 
rebroussement,  et  une  portion  marginale  formée  par  les 
bouts  libres  des  anses.  Tantôt  ceux-ci  se  trouvent  dans  le 
même  plan  que  la  portion  centrale  de  Tétoile,  tantôt,  au 
contraire,  ils  sont  dirigés  obliquement  vers  Téquateur  de 
Tancienne  ligure  dicentrique,  la  portion  centrale  de  réloile 
siégeant  au  contraire  dans  un  plan  perpendiculaire  à  Taxe 
de  la  ligure.  Cette  différence  dépend  du  caractère  de  la 
métapbase,  tantôt  typique,  tantôt  hétérolypique. 

Seule  la  portion  des  anses  secondaires  qui  répond  à  la 
portion  centrale  de  Tétoile  devient  flexueuse,  et  il  en 
résulte  des  images  très  élégantes,  quand  on  examine  une 
de  ces  figures  stellaires  i^uivant  Taxe  de  Tancienne  figure 
dicentrique.  (PI.  V(,  fig.  19.)  Souvent  on  observe  que  les 
anses  sont  étranglées  à  la  limite  entre  la  portion  centrale 


' 


:  2S7  ) 

de  I  eloiie  e(  les  tiouls  libres  marginaux.  Ln  longueur  de 
ees  boute  est  du  reste  très  variable  dans  une  naéme  étoile, 
nriable  d'un  œuf  à  Tautre,  variable  aussi  suivant  Page 
de  rétoile.  La  portion  des  anses  qui  siège  dans  la  région 
eeotnile  circulaire  de  Tétoile  s'allonge  aux  dépens  des 
bouis  marginaux,  au  fur  et  à  mesure  que  les  Qexuosités 
B*aecusenl  d'avantage.  Souvent,  peut-être  même  toujours, 
quelques-uns  des  bouts  marginaux  rentrent  complètement 
daos  la  portion  centrale,  de  telle  sorte  que  le  nombre  des 
bouts  libres  n'est  plus  de  huit,  mais  de  sept,  de  six  ou 
même  moins.  Parfois  même  tous  les  bouts  libres  sont 
employés  à  Tédification  de  la  portion  centrale  de  Tétoile, 
el  il  se  forme  alors  un  noyau   arrondi,  dépourvu  de 
lobes.  H  est  très  difficile  de  dire  si,  dans  ces  cas,  les 
extrémités  rentrées  des  anses  ne  se  juxtaposent  pas  bout 
4  bout,  de  façon  à  reconstituer  un  cordon  pelotonné;  mais 
si,  dans  certains  cas,  il  n'est  pas  possible  d'affirmer  que  ce 
phénomène  n*a  pas  lieu,  dans  d'autres  il  est  absolument 
certain  qu'il  ne  se  produit  pas,  et  qu'il  ne  se  constitue  pas, 
aux  dé|iens  des  anses  secondaires,  un  cordon  chromatique 
pelotonné  par  apposition  des  extrémités  libres  des  anses. 
Dans  l'immense  majorité  des  noyaux  des  blastomères  en 
voie  de  reconstitution,  les  deux  bouts  d'une  même  anse 
sont  d'inégale  longueur,  el  la  plus  longue  des  deux  bran- 
ches oe  rentre  jamais  dans  la  portion  centrale  de  l'étoile, 
aux  dépens  de  laquelle  va  se  former  la  plus  grande  partie 
do  ooyau.  Elle  se  transforme  au  contraire  en  un  lobe 
oneléaire  qui  persiste  pendant  tout  le  stade  de  repos.  (PI.  I, 
ig.  9  et  iO;  pi.  VI,  fig.  i3,  U  et  21.) 

Les  cordons  chromatiques,  moniliformes,  homogènes  au 
début,  au  moins  en  apparence,  prennent  peu  à  peu  un  aspect 


(  288  ) 

ponctué;  ils  se  résolvent  en  fins  granules  reliés  entre  eux 
par  des  rilamenls;  ils  prennent  une  structure  spongieuse. 
Parfois  cette  transformation  est  précédée  par  une  division 
longitudinale  des  anses  secondaires;  elle  peut  déjà  se  pro- 
duire à  la  fin  de  la  métakinèse.  Dans  un  grand  nombre  de 
cas,  au  moment  où  se  produit  la  transformation  de  la  sub- 
stance chromatique  réfringente  en  une  substance  ponc^ 
tuée,  les  cordons  présentent  une  striation  transversale  très 
nette,  surtout  marquée  dans  les  bouts  libres.  (PI.  I,  fig.  8.) 
Bientôt,  à  ta  place  de  quatre  cordons  chromatiques  réfrin- 
gents et  homogènes  en  apparence,  le  noyau  en  voie  de 
reconstitution  montre  huit  boyaux  ponctués,  contournés 
dans  la  partie  centrale  de  Tétoile,  étranglés  à  la  limite  de 
sa  partie  marginale  et  renflés  à  leurs  bouts.  (PI.  V(,  fig.  20.) 
Les  granules  chromatiques  siègent  principalement,  sinon 
exclusivement,  à  la  périphérie  de  ces  boyaux,  dans  lesquels 
la  structure  réticulée  est  d'ordinaire  très  manifeste. 

Les  boyaux,  en  gonflant,  finissent  par  se  toucher,  dans 
la  portion  centrale  d**  Tétoile;  ils  se  soudent  entre  eux 
ou,  tout  au  moins,  leurs  limites  disparaissent.  Le  noyau  a 
pris  alors  sa  forme  définitive  et  sa  structure  caractéristique 
du  stade  de  repos.  (PI.  VI,  lig.  21.)  Il  se  constitue  d*one 
portion  centrale  discoîdale  ou  ovoïde,  formée  aux  dépens 
de  la  portion  centrale  de  Téloile,  et  d'un  certain  nombre 
de  lobes  marginaux,  qui  proviennent  de  la  transformation 
des  bouts  libres  des  anses  secondaires.  (PI.  I,  fi^.  9  et  10.) 
La  forme  des  novaux  des  blastomères  est  éminemment 
variable,  suivant  que  les  bouts  libres  des  anses  secondaires 
sont  restés  plus  ou  moins  séparés  de  la  portion  centrale 
de  rétoile,  et  aussi  suivant  le  nombre  de  ces  bouts  libres, 
d'où  dépend  le  nombre  des  lobes  marginaux  du  noyau. 


(  259  ) 

Quoi  qa*il  eo  soit  de  ces  variations  individuelles,  il  est 
eertain  que  le  noyau  reconstitué  présente  une  structure 
déferminée  par  la  forme  de  l'aster  dont  il  procède,  et  qqe 
les  extrémités  des  lobes  marginaux  de  ces  boyaux  répon- 
dent aux  extrémités  des  anses  secondaires  du  dyaster.  Il 
est  également  certain  que  le  noyau  se  reconstitue  exclusi- 
vement aux  dépens  des  éléments  chromatiques  du  dyaster, 
qui  slmbihenl  à  la  façon  d'une  éponge;  aucune  por- 
tion du  corps  protoplasmique  de  la  cellule  n'intervient 
directement  dans  la  réédification  du  noyau.  Certes  les 
liquides  dont  s'imbibent  les  cordons  chromatiques  sont 
soutirés  au  protoplasme  cellulaire;  mais  le  noyau  se  recon- 
stitue exclusivement  aux  dépens  des  cordons  chromatiques 
gonflés,  qui  finissent  par  se  toucher  entre  eux,  de  façon  à 
donner  naissance  à  une  masse  réticulée,  unique  en  appa- 
feoce,  mais  en  réalité  constituée  de  quatre  parties  distinc- 
tes, juxtaposées  entre  elles,  et  organiquement  liées  en  un 
tout  unique  en  apparence  qui  est  le  noyau  au  repos. 

Ce  mode  de  formation  du  reticnlum  nucléaire  aux  dépens 
des  anses  chromatiques  du  dyaster  diffère  complètement 
de  la  formation  du  cordon  pelotonné  aux  dépens  du  reti- 
culum  au  début  de  la  cinèse.  Ce  dernier  phénomène  résulte 
de  la  confluence  des  granules  chromatiques  répandus  dans 
certaines  parties  du  reticulum,  particulièrement  à  sa  péri- 
phérie, en  un  cordon  d'abord  très  fin  et  excessivement 
long,  dont  les  flexuosités  courent  en  partie  transversale- 
Dent,  par  rapport  à  la  longueur  de  l'anse  chromatique 
transformée.  (PI.  I,  fig.  11.) 

Quand,  en  eflet,  au  moment  ofi  une  nouvelle  division  va 
se  produire,  un  cordon  chromatique  se  reconstitue  dans  le 
ooyau  lobule  d'un  blastomère  d'Ascaris,  on  voit,  dans 


(  260  ) 

chacun  des  lobes,  la  chromaline  se  concentrer  dans  un 
filament;  celui-ci  décrit  à  la  surface  de  toutes  les  parties  da 
noyau  et  de  chaque  lobe  en  particulier,  de  nombreuses 
sinuosités.  La  direction  moyenne  de  ces  flexuosités  est 
transversale.  Quand  le  trajet  de  ce  cordon  se  simplifie  et 
qu'en  même  temps  il  devient  plus  épais,  ce  qui  permet 
de  suivre  son  trajet,  on  peut  s*assurer  de  ce  fait  que  le 
cordon  ne  se  termine  pas  par  un  bout  libre,  à  reitrémilé 
du  lobe  nucléaire  aux  dépens  duquel  il  s'est  formé,  mais 
qu'arrivé  au  bout  du  lobe,  il  rebrousse  chemin,  remoote 
vers  la  racine  du  lobe  et  se  continue  dans  le  corps  nucléaire. 
(PL  I,  fig.  11;  pi.  VI,  fig.  15,  11.)  La  segmentation  trans- 
versale de  ce  cordon  s'accomplit  à  l'extrémité  des  lobes 
marginaux  transformés.  (PI.  VI,  ûg.  23.)  Il  en  résulte 
qu'aux  dépens  d'une  anse  chromatique  originelle  se  for* 
ment  ou  bien  des  portions  de  deux  anses  différentes,  ou  les 
deux  extrémités  d'une  même  anse.  En  d'autres  termes,  il 
résulte  clairement  de  nos  observations  que  les  anses  chro- 
matiques aux  dépens  desquelles  s'édiûe  un  noyau,  ne  se 
retrouvent  pas  comme  telles  dans  les  anses  chromatiques, 
qui  se  formeront,  ûu  moment  de  la  division  subséquente, 
aux  dépens  de  ce  noyau. 

Nous  n'avons  jamais  constaté,  au  stade  dit  spirem  d'un 
noyau  de  blastomère,  en  voie  de  division,  un  cordon  pelo- 
tonné unique,  mais  toujours  deux;  chacun  d'eux  fournit  à 
la  plaque  équatoriale  deux  anses  primaires  par  division 
transversale.  II  est  donc  probable,  quoique  nous  n'ayons 
pas  réussi  à  le  constater  par  l'observation,  que  des  quatre 
anses,  aux  dépens  desquelles  se  reconstitue  un  noyau, 
deux  se  juxtaposent  bout  à  bout  par  une  de  leurs  extré* 
mités,  qu'elles  restent,  au  contraire,  distinctes  par  les 


V  261  ) 

aoires  extrémités,  et  que  les  deux  groupes,  comprenant 
deux  anses  chacun,  restent  indépendants  l'un  de  l'autre, 
dans  le  noyau  au  repos.  (PI.  VI,  fig.  22  el  23.) 

Si  nous  désignons  par  a,  ^^  c,  a  les  quatre  anses 
d'un  djaster,  comme  celui  que  nous  avons  représenté, 
plaocbe  VI,  figure  19,  le  noyau  au  repos,  formé  aux 
dépens  de  ces  anses,  peut  être  représenté  par  la  formule 

a/ cet  Si  nous  appelons  ^n,  4%,^,  ^  les  anses 
diromatiques  qui  se  formeront  aux  dépens  de  ce  noyau 
(pl.VlI,fig.23et24),au  moment  de  la  division  subséquente, 

m  D'estpaségalà   a,    ^à^^àeret^à^ 

mais  99%  «=  «/,  fl^   ^  =  ^2    ^'^  /^  =  Va  ^^ 

^  =  «/j  ce/.    C'est  ce  qui  ressort  avec  évidence  de  la 
série  des  figures  demi-schématiques  »  qui  ont  été  repré«> 
seolées.  (PL  VI,  fig.  19  a  24.) 
Il  n'est  malheureusement  pas  possible  de  décider  si  les 

groupes  a^,  ^procèdent,  le  premier,  des  anses  pater- 
nelles, le  second,  des  anses  maternelles,  ou  si  les  anses 

paternelles  répondent  aux  éléments   a,     ^   les  anses 

maternelles  aux  groupes  ^,  <4 /  si,  en  d'autres  termes, 
les  éléments  patcinels  et  maternels  restent  séparés  dans 
la  série  des  générations  cellulaires  successives,  ou  si,  au 
contraire,  il  s'opère  des  unions  bout  à  bout  d'un  élément 
paternel  et  d'un  élément  maternel.  La  première  hypothèse 
parait  plus  probable,  si  l'on  se  rappelle  que,  dans  la  pre- 
mière cellule  de  Tembryon,  où  le  noyau  est  représenté  par 
deox  pronucléus  séparés,  il  ne  s'opère  aucune  apposition 
boni  à  bout  des  éléments  chromatiques  paternels  et 
maternels.il  est  difficile  d'admettre  que  la  première  cellule 
defembryon  diffère  beaucoup  des  cellules  qu'elle  engendre. 


V  26-2  ) 


§111.  —  Origine  des  sphères  attractives,  des  asters 
et  du  fuseau  achromatique. 

Cest  au  stade  équatorial  que  les  sphères  allractives,  les 
corpuscules  polaires  logés  à  leur  centre,  les  radiations  des 
asters  et  les  fibrilles  du  fuseau  achromatique,  présentent  la 
plus  grande  netteté.  Si,  après  avoir  tué  par  un  mélange  à 
parties  égales  d*alcool  et  diacide  acétique  un  amas  d'œufs 
montrant  le  stade  équatorial  dans  le  premier  blàstomère 
en  voie  de  division,  on  colore  les  œufs  par  de  la  glycérine 
additionnée  de  vert  de  malachite  et  de  vésuvine,  tous  les 
éléments  achromatiques  de  la  figure  dicentrique  appa- 
raissent distinctement.  En  examinant  une  de  ces  figures 
de  profil,  l'axe  du  fuseau  étant  dirigé  perpendiculai- 
rement à  Taxe  du  microscope,  on  voit  le  fuseau  achroma- 
tique coupé  à  son  milieu  par  la  plaque  équatoriale  compo- 
sée de  ses  quatre  anses  chromatiques,  et  Ton  constate 
tout  d'abord  que  la  portion  convexe  de  chacune  des  anses 
se  trouve  en  dedans  du  fuseau,  tandis  que  leurs  extré- 
mités libres  siègent  en  dehors.  Ceci  revient  à  dire  que 
rétendue  occupée  par  les  quatre  anses  réunies  est  beau- 
coup plus  considérable  que  la  section  transversale  du  fuseau, 
pratiquée  à  mi-distance  entre  ses  deux  extrémités.  Il  est 
facile  de  voir  aussi  qu'un  corpuscule  teinté  en  vert  clair 
siège  à  chacune  des  extrémités  du  fuseau;  c'est  le  corpus- 
cule polaire  que  Tun  de  nous  a  le  premier  signalé  dans  les 
cellules  en  voie  de  division  mitosique(t).  Ce  corpuscule  est 

(I)  Edouard  Van  Bbnbdbn,  Recherches  sur  tes  Dicyémides,  Bull. 
Acad.  roy.  Belg.,  1874. 


C  263  ) 

formé  ici  par  un  amas  do  granuiationb.  Il  occupe  le  centre 
(Taoe  figure  radiaire  bien  circonscrite  et  à  contour  circa- 
laire;  dans  les  limites  de  cette  région,  circulaire  en  coupe 
optique, spbéroidale en  réalité, on  distingue  des  fibrilles  très 
apparentes,  dirigées  radiaireaienl;  ces  fibrilles  aboutissent 
i  la  sorface  des  sphères  et  y  présentent  d'habitude  des 
reoflements.  Cependant  elles  ne  s'arrêtent  pas  en  ces 
points  :  elles  se  prolongent  dans  le  vitellus  et  on  peut 
les  poursuivre  jusqu'à  la  surface  de  ce  dernier.  Au  delà 
de  la  surface  des  sphères,  elles  sont  beaucoup  plus 
flaÎDces  que  dans  les  limites  de  ces  dernières.  Si  l'on 
donne  à  l'ensemble  des  figures  stellaires  le  nom  A'asters^ 
il  7  a  lieu  de  distinguer  dans  ces  derniers  une  portion  cen- 
(raie,  de  forme  sphéroïdale,  bien  circonscrite,  se  teignant 
en  vert  clair,  comme  le  corpuscule  polaire  qui  occupe  leur 
centre;  ce  sont  ces  portions  centrales  des  asters  que  nous 
avons  désignées  sous  le  nom  de  sphères  attractives;  elles 
se  détachent  en  vert  dans  le  fond  faiblement  coloré  du 
lilellusysi  Ton  examine  Tœuf  à  un  faible  grossissement. 

Les  extrémités  du  fuseau  achromatique  font  partie  des 
s|riiéres  attractives.  Les  portions  terminales  du  fuseau  sont 
formées,  en  effet,  par  des  fibrilles  plus  épaisses  que  celles 
qui  sont  adjacentes  à  la  plaque  équatoriale  et  souvent  il 
existe,  sur  le  trajet  de  chaque  fibrille  achromatique,  un 
renflement,  oaarquant  la  limite  entre  les  deux  portions  du 
foseao.  H  est  souvent  difficile  d'ailleurs  de  voir  nettement 
la  limite  entre  le  fuseau  et  les  fibrilles  radiantes  des  asters: 
comme  nous  le  montrerons  plus  loin,  le  fuseau  n'est  qu'une 
portion  différenciée  des  asters,  dans  les  limites  de  laquelle 
les  fibrilles  se  font  remarquer  par  une  plus  grande  épais- 
seur. Et  de  même  que  l'aster  se  constitue  d'une  portion 
centrale,  la  sphère  attractive,  et  d'une  portion  corticale 


(  264  ) 

répondant  au  vitellus,  de  même  chaque  demi -fuseau 
comprend  deux  portions,  Tune  polaire,  qui  fait  partie  de  la 
sphère  attractive,  Tautre  équatoriale,  qui  se  rattache  à  la 
portion  périphérique  des  asters.  Il  n'y  a  pas  que  les  fibrilles 
du  fuseau  qui  s'insèrent  aux  anses  chromatiques  primaires: 
les  rayons  des  asters  qui  avoisinent  le  fuseau  proprement 
dit  peuvent  être  poursuivis  jusque  dans  le  plan  équatorial, 
et  Ion  peut  en  voir  ça  et  là  s*y  terminer  en  s*insérant 
aux  cordons  chromatiques. 

Si  Ton  examine  de  plus  près  la  constitution  des  sphères 
attractives,  on  remarque  qu'il  existe,  immédiatement 
autour  des  corpuscules  polaires ,  qu'il  vaudrait  mieux 
appeler  corpuscules  centraux,  une  zone  circulaire  plus 
claire,  dans  les  limites  de  laquelle  les  radiations  sont  peu 
marquées  et  peu  nombreuses.  Elle  est  délimitée  par  un 
cercle  de  granulations  assez  volumineuses.  Des  fibrilles 
réunissent  ces  granulations  aux  corpuscules  centraux. 
Nous  donnerons  à  ces  zones  centrales  des  sphères  le  nom 
de  zones  médullaires,  en  réservant  le  nom  de  zones 
corticales  à  leur  couche  périphérique.  Les  fibrilles  de 
la  couche  corticale  ne  convergent  pas  toutes  exactement 
vers  le  centre  des  sphères;  on  voit  fréquemment  deux 
ou  plusieurs  fibrilles  partir  de  l'une  des  granulations  plus 
volumineuses  qui  siègent  à  la  limite  entre  la  couche 
médullaire  et  la  couche  corticale.  Ceci  s'observe  aussi  dans 
le  fuseau  achromatique,  et  il  en  résulte  que,  dans  beaucoup 
d'œufs,  il  semble  que  les  pôles  du  fuseau  ne  répondent 
pas  aux  corpuscules  centraux,  mais  bien  à  la  limite  entre  la 
zone  médullaire  et  la  zone  corticale  des  sphères.  Le  même 
fait  se  constate  à  la  limite  entre  la  sphère  attractive  et  le 
vitellus  ambiant:  là  aussi  l'on  voit,  si  l'on  suit  les  fibrilles 
rndiairesde  la  périphérie  vers  le  centre,  deux  ou  plusieurs 


(265) 

fibrilles  coQliguës  aboutir  à  un  des  granules  qui  siègent  à 
la  sorface  limite  des  sphères  attractives.  Il  ressort  de  là 
qoe  les  radiations  des  asters  et  les  fibrilles  du  fuseau  achro- 
matique De  constituent  pas  des  filaments  simples,  mais 
qo'elies  se  résolvent  en  pinceaux  en  certains  points;  ces 
points  sont,  d'une  part,  la  limite  entre  la  zone  médullaire 
et  la  zone  corticale  des  sphères  attractives,  d'autre  part, 
la  limite  entre  les  sphères  attractives  ot  le  reste  du  corps 
cellolaire. 

Toutes  les  fibrilles  des  asters  ne  sont  pas  également 
épaisses;  de  la  même  façon  qu*il  existe  deux  cônes  différen- 
ciés dirigés  vers  Téquateur  qui  forment  ensemble  le  fuseau 
acbromatique,  et  que  nous  appelons  cônes  principaux^ 
chaque  cône  principal  répondant  à  un  demi  fuseau,  de 
même  il  existe  des  cônes  antipodes  dont  les  centres  répon- 
dent aux  corpuscules  centraux,  tandis  que  leurs  bases  sont 
dirigées  vers  les  pôles  de  la  cellule  en  voie  de  division. 
Les  fibrilles  qui  constituent  autant  de  génératrices  de  ces 
surfaces  coniques  sont  plus  épaisses  que  celles  qui  sont 
plus  voisines  de  Taxe  de  la  figure,  et  aussi  que  celles  qui 
sont  situées  plus  en  dehors.  Toutes  ces  génératrices  8*in- 
sèrent  à  la  surface  de  la  cellule  suivant  une  circonférence 
coDceutrique  au  pôle,  et  l'on  distingue,  suivant  cette  cir- 
conférence, un  faible  sillon  que  l'un  de  nous  a  figuré,  sans 
en  connaître  la  signification.  Nous  désignerons  sous  le  nom 
de  cercle  polaire  la  portion  légèrement  saillante  de  la  sur- 
face de  la  cellule  délimitée  par  cette  circonférence.  Ces 
cercles  superficiels  se  voient  très  distinctement,  si  Ton  suit 
an  microscope  les  phases  successives  de  la  segmentation, 
dans  un  œuf  vivant.  Ils  se  conservent  même  parfois  dans 
les  œafs  fixés  par  les  réactifs. 

Les  radiations  des  asters  dirigées  vers  le  plan  équatorial 

5"*  SÉRIE,  TOME  IIV.  18 


(  266  ) 

n'atteignent  pas  toutes  l'équateur  :  elles  s'arrêtent  suivant 
deux  lignes  divergentes  à  partir  des  extrémités  de  la 
plaque  équatoriale  de  la  figure  dicentrique.  Ces  lignes 
divergentes  marquent  les  limites  des  asters.  Elles  aboutis- 
sent à  la  surface  de  Tœuf  suivant  deux  lignes  circulaires 
parallèles  aux  cercles  polaires,  plus  rapprochées  Tune  de 
l'autre  d'un  côté  de  la  cellule  que  de  l'autre.  Elles  délimitenl 
un  anneau  superficiel  constituant,  an  début  de  la  division, 
un  bourrelet  équatorial  que  Fun  de  nous  a  déjà  figuré 
planche  XIX^'%  figure  5.  La  portion  du  corps  cellulaire, 
correspondant  à  cet  anneau,  présente  en  coupe  la  forme 
d'un  triangle  à  base  dirigée  en  dehors,  et  dont  le  sommet 
répond  à  la  plaque  équatoriale  chromatique.  (PL  VI,  fig.  2.) 
Nous  ne  savons  si  les  fibrilles  des  asters  se  prolongent 
dans  cet  anneau;  en  tous  cas,  s'il  en  est  ainsi,  elles  y  sont 
plus  ténues  que  dans  toutes  les  autres  régions  du  corps 
cellulaire. 

Pour  rendre  compréhensible  la  description  qui  précède, 
nous  avons  figuré  dans  un  schéma  que  l'on  trouvera  plus 
loin  (pi.  VI,  fig.  2)  les  diflérentes  particularités  que  nous 
venons  de  décrire. 

Il  est  facile  de  voir  que  les  fibrilles  achromatiques 
sont  moniliformes,  qu'elles  sont  formées  de  microsomes 
réunis  entre  eux  par  des  interfils.  On  peut  voir  aussi  çà 
et  là  que  les  microsomes  de  fibrilles  voisines  sont  réunis 
entre  eux  transversalement,  de  telle  sorte  que  les  fibrilles 
ne  sont  très  probablement  que  des  parties  plus  apparentes, 
à  cause  d'une  plus  grande  épaisseur,  du  treillis  proto- 
plasmique. 

Les  diverses  particularités  du  treillis  protoplasraique, 
constitué  en  asters,  que  nous  venons  de  décrire,  ne  se 
voient  pas  également  bien  dans  tous  les  œufs.  Les  fibrilles 


(  267  ) 
sont  plos  00  moins  complètement  conservées  par  l'agent 
fixatenr.  Les  préparations  par  un  mélange  à  parties  égales 
(Taeide  acétique  et  d'alcool  absolu  montrent,  en  général, 
fort  bien  les  fibrilles  achromatiques  et  les  détails  des 
asters.  Cependant,  les  meilleurs  objets  que  nous  ayons 
oblenos  ont  été  rencontrés  dans  des  préparations  faites  à 
facide  par.  Parmi  les  œufs  restés  vivants,  au  moment 
où  on  substitue  à  Tacide  la  glycérine  colorée,  il  en  est 
qoi  meurent  plusieurs  jours  après  et  qui  sont  lente- 
ment saisis  par  le  reste  d'acide  retenu  par  la  glycérine. 
C'est  dans  ces  œufs  que  les  détails  achromatiques  se 
montrent  avec  la  plus  grande  netteté.  Malheureusement,  il 
se  développe  en  même  temps  dans  le  vitellus  de  ces  œufs 
des  globules  arrondis,  de  dimensions  diverses,  parfois 
coDsidérables,  qui  se  colorent  en  brpn  par  la  vésuvine. 
Leur  présence  rend  la  photographie  de  ces  œufs  difficile. 

Les  œufs  tués  brusquement  par  l'acide  acétique  pur 
conservent  fort  incomplètement  les  détails  de  structure 
da  protoplasme.  Néanmoins  ils  se  prêtent  fort  bien  à 
rétode,  non  de  la  constitution,  mais  de  l'histoire  des 
sphères  attractives;  en  voici  la  raison  : 

L*acide  paraît  gonfler  les  microsomes  et  résoudre  les 
fibrilles  en  granulations  qui,  n'étant  plus  reliées  entre 
elles,  ne  permettent  plus  de  reconnaître  les  fibrilles  dont 
elles  proviennent.  Tandis  que  le  corpuscule  central  des 
sphères  attractives  reste  parfaitement  distinct,  les  rayons 
qai  en  partent  deviennent  indistincts.  A  la  place  de  la 
sphère  attractive  à  structure  rayonnée,  se  voit  alors  une 
masse  uniformément  granuleuse,  entourant  le  corpuscule 
central.  Cette  masse,  grâce  à  cet  aspect  uniformément  gra- 
nuleux, se  détache  nettement  au  milieu  du  protoplasme 
vitellin,  qui  présente  un  tout  autre  aspect.  En  outre,  tan- 


I 


f 


(  268  ) 

dis  que  le  reste  da  corps  cellulaire  se  teinte  à  peine,  la 
masse  granuleuse  qui  répond  à  la  sphère  attractive  prend 
une  belle  teinte  vert  clair;  la  chromatine  nucléaire  se 
colore  en  vert  foncé  ou  en  brun,  suivant  les  conditions 
dans  lesquelles  s'est  effectuée  la  coloration.  Le  corpuscule 
central,  qui  siège  au  milieu  de  la  sphère  attractive,  se  colore 
en  vert  plus  fortement  que  le  reste  de  la  sphère.  Les  élé- 
ments constitutifs  des  sphères  attractives  ne  Oxent  jamais 
la  vésuvine,  tandis  que  le  reste  du  corps  vitellin  se  teinte 
volontiers  en  brun  pâle.  Si  donc  on  examine,  à  un  faible 
grossissement,  un  œuf  brusquement  tué  par  Pacide  pur  et 
convenablement  coloré,  les  sphères  attractives  se  recon- 
naissent immédiatement,  en  ce  qu'elles  apparaissent 
comme  des  taches  vert  clair,  au  milieu  de  chacune  des- 
quelles siège  un  corpuscule  plus  vivement  coloré  de  la 
même  teinte.  Les  meilleures  images  s'obtiennent  en  colo- 
rant énei^iquement  les  œufs  et  en  les  soumettant  ensuite, 
pendant  deux  ou  trois  jours,  à  une  décoloration  progressive. 
Quand  la  décoloration  est  suffisante,  on  monte  de  nouveau 
dans  la  glycérine  au  tiers. 

Des  préparations  faites  suivant  cette  méthode  permettent 
de  décider  quand  apparaissent  les  sphères  attractives  et  de 
voir  ce  qu'elles  deviennent. 

Origine  des  sphères  attractives.  —  L'un  de  nous,  dans 
son  mémoire  précédent,  disait  : 

c  Je  n'ai  jamais  vu  apparaître,  pendant  la  série  des 
stades  que  je  viens  de  décrire  (formation  des  cordons  chro- 
matiques dans  les  pronucléus),  aucune  trace  ni  de  fuseau 
achromatique  ni  de  pôles  d'attraction.  Pour  autant  que  Ton 
puisse  se  fonder  sur  des  résultats  négatifs,  je  crois  pouvoir 
exprimer  l'opinion  que  les  pôles  ne  s'accusent  qu'au  stade 
suivant,  répondant  à  la  phase  étoilée  de  Flemming.  » 


(  269  ) 

L'étude  des  préparations  à  Facide  acétique  nous  permet 
de  rectifier  et  de  compléter  sur  ce  point  nos  précédeutes 
recherches. 

i)  Les  sphères  attractives  existent  déjà  dans  Tœuf,  non 
seulement  pendant  les  stades  de  pelotonnement,  mais 
Diane  plus  tôt,  alors  que  les  pronucléus  sont  encore  réti- 
culés et  Tort  écartés  Tun  de  l'autre. 

i)  Les  deux  sphères  apparaissent  simultanément.  Si 
parfois  on  croit  n'en  voir  qu'une,  cela  dépend  de  la  posi- 
tion relative  des  deux  organes  relativement  à  l'observa- 
teor. 

3)  Elles  sont  peu  écartées  Tune  de  l'autre  au  début  et 
parfois,  sinon  toujours,  des  Gbrilles  réunissent  l'un  à  l'autre 
leurs  corpuscules  centraux  (préparations  au  mélange  d'acide 
et  d'alcool). 

4)  Leur  position  relativement  aux  pronucléus  varie 
beaucoup  d'un  oeuf  à  l'autre,  au  moins  en  apparence.  Nous 
disons  en  apparence,  parce  que  ces  différences  peuvent 
dépendre  de  la  position  de  l'œuf  relativement  à  l'observa- 
teur; elles  dépendent  certainement  aussi  en  partie  du  stade 
de  développement  que  l'on  a  sous  les  yeux.  Les  deux  sphères 
contiguës  se  voient  parfois  fort  écartées  des  deux  pronu- 
cléus, ou  de  l'un  seulement  d'entre  eux.  Elles  se  projettent 
parfois  entre  les  deux  pronucléus  ;!e  plussouvent  on  les  voit 
d'uo  même  côté  des  élémentsnucléaires,  également  éloignés 
de  l'un  et  de  Tautre,  ou  plus  voisins  de  l'un  d'eux.  Quand  les 
pronucléus,  munis  chacun  d'un  gros  cordon  chromatique 
pelotonné,  se  rapprochent  Tun  de  l'autre,  la  figure  dicen- 
trique  se  dessine  :  les  deux  sphères  prennent  alors  une  posi- 
tion déterminée  vis-à-vis  des  pronucléus.  Elles  se  trouvent 
alors  au  contact  immédiat  de  ces  éléments,  dans  Técarte- 
ment  qu*ils  laissent  entre  eux.  La  droite  réunissant  les 


(  270  ) 

corpuscules  centraux  croise  perpendiculairement  celle  par 
laquelle  on  peut  réunir  les  centres  des  pronucléus.  Cepen- 
dant ces  deux  droites  ne  se  trouvent  jamais,  à  aucun  stade 
du  développement,  dans  un  seul  et  même  plan.  Cela  dépend 
probablement  de  ce  que  les  sphères  attractives  sont  reliées 
Tune  à  Fautre  et  d'abord  placées  d*un  même  côté  des  pro- 
nucléus. C*est  ce  qui  fait  aussi  que  Taxe  de  la  figure  dicen- 
trique,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  la  droile  réunissant 
entre  eux  les  corpuscules  centraux  des  asters,  ne  répond 
pas  davantage  à  un  diamètre  du  globe  vitellin,  et  qu'elle  ne 
passe  jamais  par  le  centre  de  Tétoile  chromatique.  Les  cer- 
cles polaires  de  la  cellule  et,  par  conséquent,  leurs  centres, 
ne  répondent  jamais  aux  extrémités  d*un  diamètre  du  globe 
vitellin.  L*anneau  équatorial  est  plus  large  d'un  cAté  que 
de  Tautre,  et  le  sillon  qui  amène  la  division  de  la  cellule 
en  deux  moitiés  commence  toujours  d*un  côlé,  là  où  Tan- 
neau  équatorial  est  le  plus  étroit.  Les  centres  des  cercles 
polaires,  les  corpuscules  centraux  des  sphères  attractives 
et  le  centre  de  6gure  du  globe  vitellin,  se  trouvent  sur  le 
trajet  d'une  ligne  courbe  tournant  sa  convexité  du  côté  où 
Tanneau  équatorial  est  le  plus  large.  (PI.  VI,  flg.  2.)  Tout 
cela  dépend  de  la  position  primordiale  des  sphères  attrac- 
tives, reliées  entre  elles,  vis-à-vis  des  pronucléus.  (PL  Vf, 
fig.  1.)  Le  plan  médian  de  Tœur  passe  par  la  courbe  qui 
réunit  entre  eux  les  centres  des  cercles  polaires,  les  cor- 
puscules centraux  des  sphères  attractives  et  le  centre  de 
l'œuf.  Ce  plan  passe  entre  les  deux  pronucléus:  un  pronu- 
cléus se  trouve  dans  chaque  moitié  de  l'œuf,  et  ces  deux 
éléments  nucléaires  sont  symétriquement  placés  relative- 
ment au  plan  médian  (pi.  VI,  fig.  i  ). 

Comme  l'un  des  pronucléus  dérive  du  père,  l'autre  de 
la  mère,  l'un  du  mâle,  l'autre  de  la  femelle,  il  n'y  a  pas 


(271  ) 

identité  eoire  les  deux  moitiés  droite  et  gauche  de  la  cel- 
lole,  quoiqu'il  soit  iaipossible  de  distinguer  les  uns  des 
autres  les  pronucléus  et  les  anses  chromatiques  qui  en 
dérivent. 

Le  premier  plan  de  division  est  perpendiculaire  à  celui 
que  nous  considérons  comme  étant  le  plan  de  symétrie. 
On  ne  peut  considérer  le  plan  suivant  lequel  se  fait  la 
division,  comme  plan  de  symétrie,  parce  que  les  deux  pôles 
delà  cellule  ne  sont  pas  identiques  entre  eux  : 

A  Tun  des  pôles  siège  une  saillie  polaire  beaucoup  plus 
marquée  et  formée  par  une  accumulation  de  protoplasme 
hyalin  plus  considérable  qu'à  Tautre;  les  deux  premiers 
Uastomères  diffèrent  entre  eux  par  leurs  dimensions;  Tun 
est  notablement  plus  granuleux  que  Taulre;  l'un  est  exclu- 
^vement  ectodermique,  l'autre  renferme  l'ébauche  de 
rendoderme.  Nous  étions  arrivés,  en  ce  qui  concerne  la 
valeur  des  deux  premiers  blastomères,  aux  mêmes  conclu- 
sions que  Hallez.  Le  premier  plan  de  division  ne  devient 
pas,  chez  l'Ascaris,  le  plan  médian  de  l'animal,  contraire- 
ment à  ce  qui  a  été  établi  pour  la  grenouille  et  pour  la 
daveline. 

Le  premier  plan  de  division  ne  présente  donc  pas,  chez 
tous  les  animaux,  le  même  rapport  avec  le  plan  médian  de 
Tadalte,  et  l'exemple  de  l'Ascaris  prouve  que  le  plan  de  sy- 
métrie du  premier  blastomère  n*est  pas  le  plan  de  sépara- 
tion, mais  bien  un  plan  passant  par  les  pôles  organiques  de 
la  cellule,  fort  rapprochés  l'un  de  l'aulre  au  début.  (PI.  VI, 

5)  Les  sphères  attractives  sont  d'autant  plus  apparentes 
et  d'autant  plus  étendues  que  les  pronucléus  sont  plus 
avancés  dans  leur  développement.  Nous  ne  les  avons  pas 
observées  au  moment  de  la  formation  du  second  globule 
poUire.  Nons  ne  pouvons  rien  dire  de  certain  quant  à  leur 


(  272  ) 

origine.  Nous  inclinoDS  à  croire  cependant,  en  nous  fon- 
dant sur  certaines  images  où  les  sphères  paraissaient 
exister  au  voisinage  du  pronucléus  Temelie,  encore  peu 
éloigné  du  second  globule  polaire,  qu'elles  dérivent  de  la 
seconde  Hgure  pseudokaryokinétique, 

6)  H  est  absolument  certain  que  le  fuseau  achroma- 
tique dérive  en  partie  des  sphères  attractives.  Alors  que 
les  contours  des  pronucléus  existent  encore,  on  voit  ceux 
des  rayons  des  sphères  qui  sont  dirigés  vers  les  pro- 
nucléus devenir  plus  apparents  que  tous  les  autres  rayons 
des  asters.  Souvent  ils  convergent,  non  vers  les  centres 
des  sphères  attractives,  mais  vers  un  globule  situé  à 
la  limite  entre  la  zone  médullaire  et  la  zone  corticale 
des  sphères.  Il  semble  alors  qu'il  existe  deux  centres 
stellaires,  l'un  pour  le  fuseau,  l'autre  pour  l'aster.  Â  ce 
moment  les  pronucléus  se  moulent  véritablement  sur  les 
sphères. 


Destinée  des  sphères  attractives.  —  Dédoublement  par 
division  des  corpuscules  centraux  et  des  sphères  altraC" 
tives.  —  Les  sphères  attractives  constituent  des  organes 
permanents  de  la  cellule.  —  Elles  président  à  la  division 
de  la  cellule. 

L'un  de  nous  a  reconnu  précédemment  que  les  sphères 
attractives  n'interviennent  en  rien  dans  l'édiflcation  des 
noyaux  des  cellules  tilles,  qu'on  les  retrouve,  quoique 
réduites,  à  côté  des  noyaux  reconstitués.  Disparaissent-elles 
plus  tard?  Les  préparations  à  l'alcool  n'ont  pas  permis  de 
résoudre  cette  question.  L'étude  des  préparations  à  l'acide 
acétique  et  au  mélange  d'acide  et  d'alcool  absolu,  colorées 


(273) 

par  la  glycérioe  addilioonée  de  vert  de  malachite  et  de 
vésovioe,  nous  a  montré  qu'elles  ne  disparaissent  pas, 
qo'elles  persistent  à  côté  des  noyaux,  en  tant  que  portions 
différeneiées  du  corps  cellulaire,  avec  leurs  corpuscules 
ceotraoi,  à  tous  les  momenis  de  la  vie  cellulaire. 

Il  j  a  lieu  de  faire  observer  ici  que  Ton  ne  peut  con- 
fondre les  sphères  attractives  avec  les  asters.  La  structure 
radiaire  du  protoplasme  cellulaire,  d'où  résulte  l'image 
désignée  sous  le  nom  d'aster,  est  caractéristique  de  certains 
stades  déterminés  de  la  vie  cellulaire.  C'est  pendant  la 
doèse  que  les  asters  apparaissent  nettement  ;  ils  attei- 
gnent leur  maximum  de  netteté  et  d'étendue  au  stade 
éqoatorial.  A  ce  moment  le  fuseau  achromatique  est  aussi 
distinct  que  possible;  il  se  constitue  de  deux  cônes  fibril- 
laires  adjacents  base  à  base,  la  plaque  équatoriale,  formée 
parles  anses  chromatiques  primaires,  étant  interposée  entre 
les  bases  des  deux  demi-fuseaux. 

La  plupart  des  fibrilles  des  cônes  s'insèrent  aux  anses 
chromatiques,  et  il  est  impossible  de  les  poursuivre  à 
travers  le  plan  équatorial  de  la  figure  dicentrique.  On 
observe  souvent  de  légères  saillies  aux  points  où  les  anses 
chromatiques  donnent  insertion  aux  fibrilles  achroma- 
tiques. Cependant  toutes  les  fibrilles  ne  s'insèrent  pas  aux 
anses  chromatiques:  un  certain  nombre  de  ces  éléments 
relient  entre  eux  les  deux  centres  de  la  figure  dicentrique. 
Ad  début  de  la  mitose,  alors  que  les  deux  sphères  attrac- 
tives se  trouvent  d'un  même  côté  du  noyau,  au  voisinage 
l'ene  de  l'autre,  les  centres  des  sphères  sont  manifestement 
reliés  entre  eux  par  des  fibrilles.  Cependant  la  plus  grande 
partie  du  fuseau  se  constitue,  non  pas  aux  dépens  de  ces 
filaments,  mais  aux  dépens  de  deux  secteurs  des  sphères 
dont  les  rayons  sont  dirigés  vers  le  noyau  en  voie  de 
cioèse. 


(  274  ) 

Au  stade  équatorial,  les  rayons  des  asters  intéressent 
la  plus  grande  partie  du  corps  cellulaire,  sinon  le  corps 
cellulaire  tout  entier.  Non  seulement  la  couche  périphé- 
rique du  corps  cellulaire,  mais  aussi  la  sphère  attractive 
présentent,  à  ce  moment,  une  structure  nettement  radiée. 

Les  radiations  de  l'aster,  quoique  déjà  plus  faiblement 
accusées,  sont  encore  très  nettes  au  stade  de  la  division 
caractérisé  par  le  dyaster,  et  même  encore  au  moment  où 
les  noyaux  des  cellules  filles  se  reconstituent  en  noyaux 
vésiculeux  à  structure  réticulée.  Seulement  les  radiations 
deviennent  de  moins  en  moins  apparentes,  et  quand 
les  noyaux  ont  revêtu  les  caractères  de  noyaux  au  repos, 
Taster  est  devenu  tout  à  fait  indistinct. 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  sphères  attractives  :  celles-ci 
persistent;  la  limite  qui  les  séparait  du  reste  du  corps 
cellulaire  ne  disparaît  pas,  et  la  portion  du  corps  proto- 
plasmique  de  la  cellule,  circonscrite  par  cette  limite,  con- 
serve des  caractères  spéciaux  qui  permettent  de  la  recon- 
naître :  elle  montre  dans  les  préparations  à  Tacide 
acétique  l'apparence  uniformément  granulée  qui  contraste 
avec  l'aspect  du  reste  du  corps  cellulaire;  elle  conserve 
cette  affinité  spéciale  pour  le  vert  de  malachite,  qui  la 
fait  apparaître  comme  une  tache  colorée,  dans  le  fond 
beaucoup  clair  du  protoplasme.  Au  milieu  de  la  tache 
se  voit  toujours  le  corpuscule  polaire  simple  ou  dédoublé, 
reconnaissable  à  sa  coloration  d'un  vert  plus  vif  que  celui 
de  la  sphère  elle-même. 

Au  moment  où  les  noyaux  dérivés  se  reconstituent  aux 
dépens  des  éléments  chromatiques  du  noyau  maternel,  les 
sphères  s'aplatissent  et  s'allongent  dans  une  direction 
perpendiculaire  à  Taxe  de  l'ancienne  figure  dicenlrique. 
(PI.  VJ,  fig.  3  et  4  )  Au  lieu  d'un  corpuscule  central  arrondi 


(  278  ) 

00  UtNive  au  miiiea  de  la  sphère,  modifiée  dans  sa  forme, 
Boe  tîgelle  à  direction  transversale,  renflée  aux  doux  bouts 
et  ressemblant  à  une  haltère.  (PI.  J,  fig.  7  et  8.)  Puis  les 
renflements  terminaux  s'accusent  davantage,  tandis  que  le 
lien  qui  les  réunissait  entre  eux  devient  plus  grêle.  A  des 
stades  plus  avancés,  au  lieu  d*un  corpuscule  central,  on 
en  voit  deux,  de  sorte  que  la  tache  foncée,  interposée  entre 
le  noyau  et  la  surface  de  la  cellule,  présente  alors  deux 
centres.  Le  corpuscule  central  s'est  dédoublé. 

Pendant  que  ces  changements  s'accomplissent,  le  noyau 
reconstitué  s'est  approché  de  la  surface  de  la  cellule 
et«  i  on  moment  donné,  il  n'en  est  guère  séparé  que  par 
la  sphère  attractive.  Puis  il  s'écarte  de  nouveau  de  la 
sarrace;  il  atteint  sou  plus  grand  volume  et  présente  la 
structure  caractéristique  du  noyau  au  repos.  La  sphère 
attractive  déjà  dédoublée  ne  suit  pas  exactement  ces 
changements  de  position  :  elle  reste  au  voisinage  de  la 
surface  et  se  trouve,  pendant  quelque  temps,  distante  du 
Boyau.  Elle  est  si  apparente  que,  dans  les  préparations  bien 
colorées,  elle  se  reconnaît  aussi  facilement  que  le  noyau 
lui-même. 

An  moment  où  le  noyau  se  prépare  à  une  nouvelle 
dnèse  et  que  les  cordons  chromatiques  s'y  constituent,  la 
sphère  attractive  a  subi  une  modification  importante:  elle 
s*est  complètement  dédoublée  en  deux  sphères  conliguês, 
ayant  respectivement  pour  centres  les  corpuscules  résul- 
tant de  la  division  du  corpuscule  central  de  la  sphère 
malernelle.  (PI.  I,  fig.  9,  iO  et  1i.) 

Celte  division  de  la  sphère,  qui  débute  par  le  dédou- 
blement du  corpuscule  central,  précède  donc  la  division 
do  noyau  :  il  y  a  plus,  elle  débute  avant  l'achèvement  de 
la  division  cellulaire  antérieure  :  avant  même  que  le  noyau 


(  276  ) 

cellulaire  soil  complèlement  reconstitué,  souvent  même 
déjà  au  stade  dyaster,  la  sphère  attractive  est  pourvue  de 
deux  centres^  et  Ton  peut  dire  qu'elle  est  virtuellemenl 
divisée.  La  sphère  attractive,  ainsi  pourvue  de  deux  corpus- 
cules centraux,  occupe,  dans  la  cellule  reconstituée,  la  région 
avoisinant  le  cercle  polaire,  il  est  clair  que  la  cellule  pré- 
sente à  ce  moment  une  symétrie  bilatérale  manifeste.  L'axe 
passant  par  le  centre  du  cercle  polaire,  le  milieu  de  la 
sphère  attractive,  à  mi-distance  entre  les  deux  corpus- 
cules centraux  et  le  milieu  du  novau,  vient  aboulir  au 
milieu  de  la  face  cellulaire  répondant  au  plan  de  sépa- 
ration entre  les  deux  cellules  filles  nées  du  premier  blas- 
tomère.  Il  est  bien  évident  que  les  deux  extrémités  de  cet 
axe  ont  une  tout  autre  valeur.  La  sphère  attractive  siège 
entre  le  noyau  et  Tune  des  extrémités  de  cet  axe;  de 
l'autre  côté  du  noyau,  il  n'y  a  rien  de  comparable  à  celle 
sphère.  Par  contre,  de  ce  côté  se  trouvent  les  restes  des 
filaments  de  réunion  qui,  jusqu'au  moment  de  la  division 
complète,  réunissaient  l'un  à  l'autre  les  noyaux  des  deux 
cellules  filles.  L'axe  a  donc  deux  pôles  d'inégale  valeur, 
tout  comme  l'axe  d'un  œuf  de  poule  ou  de  grenouille. 
N'était  que  la  sphère  attractive  a  maintenant  deux 
corpuscules  centraux,  n'étaient  la  position  du  cercle 
polaire  et  la  direction  du  cercle  subéquatorial,  tout  plan 
passant  par  l'axe  cellulaire  diviserait  celui-ci  en  deux 
moitiés  semblables.  Mais,  en  raison  de  la  présence,  dans 
la  sphère  attractive,  de  deux  centres  d'attraction,  en  raison 
aussi  des  autres  particularités  que  nous  venons  d'indiquer 
et  dont  il  sera  question  plus  loin,  il  n'y  a  qu'un  plan  qui 
puisse  diviser  la  cellule  en  deux  moitiés  semblables,  c'est 
un  plan  passant  à  la  fois  par  l'axe  de  la  cellule  et  par  la 
ligne  réunissant  entre  eux  les  deux  corpuscules  centraux. 


(  277  ) 

Us  premiers  blastomères  ont,  comme  Tœuf  fécondé, 
BOQ  seolement  ane  symétrie  monaxone,  mais  une  struc- 
lare  bilatérale.  Il  est  probable  que  c'est  là  un  caractère 
oommaa  à  toute  cellule  et  l'on  doit  concevoir  un  orga- 
DÎsaie  cellulaire,  non  comme  formé  de  couches  concen- 
triques, mais  comme  présentant  essentiellement  un  axe 
i  extrémités  différentes  et  un  plan  unique  de  symétrie. 
Cette  symétrie  bilatérale  de  la  cellule  est  probablement 
la  cause  de  la  symétrie  bilatérale  des  organismes  plus 
oamplexes,  des  animaux  en  particulier.  Il  est  bien  prouvé 
maintenant  que  la  symétrie  bilatérale  est  primordiale 
chez  les  Radiaires,  les  Echinodermes  et  les  Zoophytes, 
comme  chez  les  Mollusques,  les  Vers,  les  Arthropodes  et 
les  Chordés  :  la  symétrie  radiée  n'apparaît  que  secondai- 
rement chez  les  Echinodermes  et  les  Cœlentérés.  Nous 
pensons  que  la  même  démonstration  sera  faite  un  jour 
pour  les  protozoaires  et  pour  les  végétaux. 

Après  la  division  de  la  sphère  attractive  en  deux  sphères 
filles,  dans  chacune  desquelles  les  radiations  stellaires  ne 
lardent  pas  à  apparaître,  celles-ci  restent  adjacentes  à  la 
sorlaee  de  la  cellule;  elles  déterminent  une  dépression  de 
celte  surface  aux  points  où  elles  adhèrent.  Entre  les  deux 
dépressions,  la  snrrace  cellulaire  forme,  au  contraire,  une 
saillie.  Ces  dépressions  répondent  aux  cercles  polaires  et 
sabéquatoriaux  des  cellules  filles  en  voie  de  formation,  et 
la  saillie  interposée  entre  elles  est  le  premier  indice  de  la 
portion  rétrécie  du  bourrelet  équatorial  de  ta  cellule  en 
voie  de  division.  (PI.  VI,  fig.  5.) 

Les  deux  sphères  attractives,  quoique  séparées  l'une  de 
l'autre,  se  trouvent  encore  du  même  côté  du  noyau,  au 
ftade  de  pelotonnement  (spirem).  (PI.  I,  fig.  11.)  Leurs 
corpuscules  centraux  sont  reliés  entre  eux  par  des  fila- 


(  278  } 

ments,  qui  consliluent  avec  les  fibrilles  dirigées  vers  le 
Doyau  UD  fuseau  achromatique  de  très  petites  dimensions. 

Bientôt  les  sphères  s*écartenl  davantage  de  la  surface 
de  la  cellule,  mais  elles  restent  unies  à  cette  surface  par  des 
filaments;  en  même  temps  qu'elles  s'éloignent  Tune  de 
Tautre,  elles  s'agrandissent  et  elles  en  arrivent  à  toucher 
le  noyau  dans  lequel  des  cordons  chromatiques  de  plus  en 
plus  épais  se  sont  constitués.  Des  filaments  radiés  de 
chacune  des  sphères  s'insèrent  manifestement  à  la  surface 
du  noyau. 

Peu  à  peu  les  sphères  filles  en  arrivent  à  gagner  deux 
extrémités  opposées  du  noyau  en  voie  de  division  (pi.  I, 
fig.  12);  à  ce  moment  quatre  anses  primaires  se  sont  for- 
mées aux  dépens  des  cordons  chromatiques  du  noyau 
maternel;  ces  anses  se  disposent  dans  un  plan  perpendi- 
culaire à  la  droite  réunissant  entre  eux  le$  centres  des 
sphères.  Néanmoins  la  position  primitivement  latérale  du 
fuseau  achromatique  est  toujours  bien  reconnaissabie  :  la 
droite  réunissant  les  centres  attractifs  ne  passe  pas  par  le 
centre  de  l'étoile  chromatique.  (PI.  I,  fig.  i S,  à  gauche.) 
Celle-ci  se  trouve  presque  tout  entière  d*un  même  côté 
de  cette  droite.  L'axe  de  la  figure  dicentrique  est  une 
ligne  courbe  et  les  pôles  organiques  de  la  cellule  en  voie 
de  division,  marqués  par  les  cercles  polaires,  ne  répondent 
pas  aux  pôles  géométriques  de  la  cellule.  Le  sillon  qui 
amène  la  division  de  la  cellule  apparaît  d'abord  au  point 
correspondant  au  cercle  polaire,  maintenant  effacé,  de  la 
cellule  maternelle. 

La  figure  dicentrique  se  trouve  reconstituée.  Une  nou- 
velle division  est  imminente.  H  en  résultera  la  formation 
de  quatre  blastomères. 

La  série  des  phénomènes  se  reproduit  identique  quand 


(  :279  ) 

les  qoatre  premiers  biastomères  se  divisent  à  leur  tour. 
Nous  sommes  donc  autorisés  à  penser  que  la  sphère 
attraetife  avec  son  corpuscule  central  constitue  un  organe 
permaoeot,  non  seulement  pour  les  premiers  biastomères, 
mab  pour  toute  cellule;  qu'elle  constitue  un  organe  de 
la  cellule  au  même  titre  que  le  noyau  lui'^même;  que  tout 
corpuscule  central  dérive  d'un  corpuscule  antérieur;  que 
toute  sphère  procède  d'une  sphère  antérieure,  et  que  la 
division  de  la  sphère  précède  celle  du  noyau  cellulaire. 

Quelle  est  la  fonction  de  cet  organe? 

La  division  de  la  cellule  est  activement  déterminée  par 
les  fibrilles  moniliformes  des  asters  et  du  fuseau  achroma- 
tique. Leur  structure  est  comparable  à  celle  des  fibrilles 
musculaires  striées  (1).  Plusieurs  faits  établissent  que  les 
fibrilles  du  treillis  protoplasmique  sont  les  agents  de  la 
contractilité  du  protoplasme;  nous  avons  fait  connaître 
plus  haut,  en  parlant  des  figures  chromatiques,  de  nou- 
veaux faits  qui  établissent  en  particulier  la  contractilité 
des  fibrilles  du  fuseau.  Si  la  division  de  la  sphère  attrac- 
tive est  déji  en  partie  effectuée  dans  la  cellule  au  repos, 
si  tout  au  moins  le  corpuscule  central  s'y  trouve  déjà 
dédoublé,  il  est  clair  que  la  cause  immédiate  de  la  division 
cellulaire  ne  réside  pas  dans  le  noyau,  mais  bien  en  dehors 
du  Doyau,  et  spécialement  dans  le  corpuscule  central  des 
sphères.  Il  est  probable  que  les  filaments  des  cônes  prin- 
cipaux déterminent  en  se  contractant,  sinon  le  dédouble- 
ment des  anses  chromatiques  primaires,  tout  au  moins 
récartement  et  le  cheminement  des  anses  chromatiques 
secondaires  vers  les  pôles  de  la  figure  dieentrique;  que  les 
filaments  qui,  partant  de  ce  même  corpuscule  central,  soit 

(i)  Édocabd  Vam  Bbmbdbn,  2oe.  ctï. 


(  280  ) 

directement,  soit  indirectement,  se  fixent  à  la  surface  de 
la  celluhs  plus  particulièrement  suivant  les  surfaces 
coniques  du  cône  antipode,  retiennent  le  corpuscule  cen- 
tral et,  en  l*empéchant  d*étre  attiré  vers  le  plan  équatorial 
par  Taction  des  fibrilles  du  fuseau,  font  de  lui  un  point 
d*appui  permettant  l'écartement  des  anses  chromatiques 
secondaires. 

Dans  notre  opinion,  tous  les  mouvements  internes  qui 
accompagnent  la  division  cellulaire  ont  leur  cause  immé- 
diate dans  la  contractilité  des  fibrilles  du  protoplasme  cel- 
lulaire et  dans  leur  arrangement  en  une  sorte  de  syslènoe 
musculaire  radiaire,  composé  de  groupes  antagonistes;  le 
corpuscule  central  joue  dans  le  système  le  rôle  d'un  organe 
d'insertion.  Des  divers  organes  de  la  cellule  c'est  lui  qui 
se  divise  en  premier  lieu,  et  son  dédoublement  amène  le 
groupement  des  éléments  contractils  de  la  cellule  en  deux 
systèmes  ayant  chacun  leur  centre.  La  présence  de  ces 
deux  systèmes  entraine  la  division  cellulaire  et  détermine 
activement  le  cheminement  des  étoiles  chromatiques 
secondaires  dans  des  directions  opposées.  Une  partie 
importante  des  phénomènes  qui  constituent  la  cinèse  a 
donc  sa  cause  efficiente,  non  dans  le  noyau,  mais  dans  le 
corps  protoplasmique  de  la  cellule.  D*où  vient  Timpulsion 
qui  détermine  le  dédoublement  des  corpuscules  centraux, 
la  formation  des  cordons  pelotonnés  et  la  division  longi- 
tudinale des  anses?  Réside-t-elle  dans  le  noyau,  ou  dans 
le  corps  cellulaire?  Aucune  donnée  positive  ne  permet  de 
résoudre  cette  question.  Nous  n'avons  réussi  à  établir  que 
deux  choses:  c'est  l'existence  dans  la  cellule  d'un  appareil 
ou  d'un  mécanisme  qui  préside  à  la  division  cellulaire, 
comme  notre  système  musculaire  à  la  locomotion,  et  le 
dédoublement  de  ce  mécanisme  préalablement  à  la  division 
nucléaire. 


k 


(  284  ) 


{  4.  —  Quelques  faite  relatifs  à  la  forme  et  à  la  itructure 
du  corps  cellulaire  pendant  la  mitose. 

La  forme  du  globe  vitellinn'esl  jamais,  pendant  la  cinèse, 
ni  celle  d'one  sphère,  ni  celle  d'un  ovoïde  régulier.  Les 
£uU  qui  ont  été  signalés  à  cet  égard  et  les  particularités 
qni  ont  été  figurées  (pi.  XIX"",  fig.  S,  4,  5,  6,  7,  8,  9, 10, 
il  et  12  (1))  peuvent  être  constatés,  non  seulement  sur 
des  œufs  fixés  par  les  réactifs,  mais  aussi  sur  le  vivant. 

Il  existe  constamment,  au  moment  de  la  métaphase, 
en  deux  points  opposés  de  la  cellule,  deux  saillies  siégeant 
ooD  pas  aux  deux  extrémités  du  grand  axe  de  Tovoïde 
vitellin,  mais  en  des  points  voisins  de  ces  extrémités,  d*un 
même  c6té  de  cet  axe.  (PI.  VI,  Gg.  2.)  Les  deux  saillies, 
répondant  à  ce  que  nous  avons  appelé  plus  haut  les  zones 
polaires,  sont  très  apparentes  sur  le  vivant;  elles  sont 
inégalement  développées,  Tune  étant  plus  marquée  que 
l'aatre  et  formée  par  une  accumulation  plus  considérable 
de  protoplasme  hyalin.  Elles  sont  délimitées  par  une  ligne 
circulaire  suivant  laquelle  règne  souvent  un  léger  sillon, 
le  cercle  polaire. 

Suivant  Téquateur  de  l'œuf  règne  un  bourrelet  équato- 
rial,  plus  large  d'un  côté,  plus  étroit  de  Tautre.  Il  est  limité 
par  deux  cercles  subéquatoriaux,  concentriques  aux  cercles 
polaires. 


(4)  Édovakd  Van  Bbnbdbn,  Recherches  sur  la  maturation  de  Vœuf, 
fa  fécondation  et  la  dhison  cellulaire. 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIV.  19 


r 


(  282  ) 

L'étude  des  œufs  que  l'on  a  fixés  au  moyeu  d*un 
mélange  à  parties  égales  d'acide  acétique  et  d'alcool  absola 
permet  de  reconnaître  : 

1*  Que  les  cercles  subéquatoriaux  marquent,  à  la  surface 
de  la  cellule,  les  limites  des  portions  du  corps  cellulaire 
qui  sont  envahies  par  les  radiations  des  asters  :  qu'au 
stade  de  la  métakinèse,  le  corps  cellulaire  se  constitue  de 
trois  parties.  (Pi.  VI  Gg.  2.)  Il  comprend  a)  deux  régions 
astéroïdes,  de  forme  arrondie,  à  structure  radiaire,  ayant 
pour  centres  les  corpuscules  centraux  des  sphères  attrac- 
tives et  séparées  Pune  de  l'autre,  au  milieu  du  corps  cellu- 
laire, par  la  plaque  équatoriale  chromatique;  et  b)  un  anneau 
marginal,  déterminant  la  formation  superficielle  que  nous 
avons  appelée  le  bourrelet  équatorial.  En  coupe  optique, 
cet  anneau  a  une  section  triangulaire,  la  base  du  triangle 
dirigée  en  dehors,  répondant  au  bourrelet  équatorial,  son 
sommet  dirigé  en  dedans  à  la  plaque  chromatique.  L'an- 
neau équatorial  a  la  forme  d'un  prisme  triangulaire, 
contourné  sur  lui-même  en  un  anneau.  Des  trois  faces  du 
prisme,  deux,  adjacentes  aux  régions  astéroïdes,  sont 
concaves;  la  troisième,  convexe,  regarde  en  dehors.  Cette 
subdivision  du  corps  cellulaire  dépend  de  ce  que  les  deux 
asters,  ovoïdes  l'un  et  l'autre,  séparés  entre  eux  par  la  pla- 
que équatoriale  chromatique,  n'envahissent  pas  tout  le 
corps  cellulaire. 

2*  Les  cercles  et  les  saillies  polaires  dépendent  de  la 
présence  des  cônes  antipodes,  c*est-à-dire  de  cônes  fibril- 
laires  suivant  lesquels  les  radiations  des  asters  sont  parti- 
culièrement volumineuses  et  par  là  plus  actives.  Les  saillies 
polaires  sont  probablement  sous  la  dépendance  des  con- 
tractions des  fibrilles  des  cônes  anti[)odes. 
On  constate,  pendant  la  division  des  spermatogonies, 


r 

(  285  ) 

f  des  particularilés  rappelant  singulièrement  celles  que  je 
I  Mens  de  signaler  au  1*  (voir  pi.  XIX'*%  fig.  16  et  17  (1)); 
<les  cercles  polaires  et  subéquatoriaux  se  montrent  très 
iipiteoeoty  pendant  la  segmentation,  chez  la  Claveline  et 
aossi  ebez  le  Lapin. 

Ilja  donc  tout  lieu  de  supposer  que  ces  particularités 
(le  forme  qui,  comme  nous  venons  de  le  voir,  sont  sous  la 
«lépendance de  la  structure^  ne  sont  nullement  accidentelles, 
mais  bien  au  contraire  caractéristiques  de  toute  divisioû 
cellolaire.  L'un  de  nous  avait  constaté  que,  dans  les  blas- 
lomères  de  la  Claveline,  deux  systèmes  de  cercles  concen- 
(riqaes  superficiels,  d*abord  très  voisins  Tun  de  Tautre  au 
liébot  de  la  cînèse,  s'écartent  rapidement  l'un  de  l'autre, 
(le  façon  à  gagner  peu  à  peu  deux  points  opposés  de  la 
œllule,  au  moment  de  la  métakinèse.  Il  en  est  de  même 
chez  TAscaris  (pi.  VI,  fig.  1  et  5),  et  l'écartement  des  sys- 
lèfoes  concentriques  superficiels  marche  parallèlement 
avec  récarîement  progressif  des  sphères  attractives  pen- 
dant les  prophases. 

Au  for  et  à  mesure  que  la  cinèse  progresse  et  que  les 
étoiles  secondaires  s'écartent  Tune  de  Tautre,  les  régions 
astéroïdes  (asters)  diminuent  d'étendue,  et,  au  contraire, 
l'anneau  équatorial  s'élargit.  Il  gagne  exactement  en  épais- 
seur ce  dont  les  étoiles  chromatiques  6*écartent  l'une  de 
l'autre,  cVst-à-dire  que  ces  étoiles  répondent  aux  surfaces 
qui  terminent  les  asters  du  côté  équatorial.  (PI.  VI,  fig.  % 
5, 4.) 
L^anneau  équatorial  proprement  dit,  qui  se  terminait 


(i)  ÉoocABD  Van  Benbdbn,  Recherches  sur  la  maturation  de  l'ceiéf, 
ie.  fécondation  et  la  division  eéUtUaire, 


(  284  ) 

en  dedans  par  un  bord,  au  stade  de  la  mélakinèse  (pi.  VI, 
fig.  2),  se  complète,  pendant  la  période  de  la  métapbase, 
vers  Taxe  de  la  cellule,  par  la  substance  protoplasnii(|ue 
qui  s'accumule  entre  les  étoiles  chromatiques  secondaires. 
L'anneau  devient  ainsi  un  disque  séparant  entre  elles  les 
deux  régions  astéroïdes  réduites.  (PI.  VI,  fig.  3  et  4.)  Ce 
disque  a  la  forme  d'une  lentille  biconcave.  En  même  temps, 
les  deux  cercles  snbéquatoriaux  superficiels  se  rapprochent 
des  pôles  (voir  pi.  XIX'-'  fig-  9  et  10  (1)). 

La  réduction  des  régions  astéroïdes  et  l'accroissement 
progressif  du  disque  interposé  s'accusent  de  plus  en  plus. 
Au  stade  dyaster,  le  disque  se  subdivise  en  deux  portions, 
au  moment  où  la  division  cellulaire  s'accomplit. 

Chaque  cellule-fille  se  constitue  alors  d'une  région  asté- 
roïde réduite,  ayant  pour  centre  le  corpuscule  central,  et 
d'un  demi-disque  très  épais,  plan  d'un  côté,  concave  de 
l'autre;  par  sa  concavité  il  se  moule  sur  la  région  asté- 
roïde et  le  noyau,  en  voie  de  réédification,  siège  à  la  limite 
entre  les  deux.  Un  cercle  marque  à  la  surface  la  limite 
entre  les  deux  portions:  c'est  le  cercle  subéquatorial.  Un 
sillon  plus  ou  moins  accusé  règne  suivant  ce  cercle. 
(PI.  Yl,  fig.  6.)  Dans  le  demi-disque  qui  se  moule  sur  la 
région  astéroïde  par  une  surface  concave,  le  noyau  se 
trouvant  entre  les  deux,  il  y  a  lieu  de  distinguer,  au 
point  de  vue  de  leur  origine,  trois  régions  distinctes. 
Au  moment  de  la  première  métakinèse,  on  ne  voit  plus 
nettement  les  contours  des  pronucléus;  la  masse  achro- 
matique des  pronucléus  s'est  confondue  avec  le  proto- 
plasme cellulaire.  Cependant  l'espace  qu'occupaient  les 


(  I  )  Edouard  Van  Bbnbdbn,  loc.  cit. 


(  ^285  ) 

proQudéus  pi'éseule  eucore  un  aspect  pailiculier,  ce  qui 
permel  de  distinguer  encore  vaguement  la  limite  des  corps 
QQcléaires(voir  pi.  XIX*",  Hg.  6  et  suivantes  (1)).  L'espace 
nucléaire  s'étend  très  rapidement,  au  point  d'envahir  une 
partie  de  plus  en  plus  considérable  du  corps  cellulaire. 
Qoaod,  d^autre  part,  les  étoiles  chromatiques  secondaires 
s'écartent  Tune  de  Tautre,  l'espace  interposé  entre  ces 
étoiles  se  remplit  d'une  substance  claire,  et  cet  espace  est 
bien  délimité  par  les  Glaments  de  réunion,  qui  relient  les 
ODS  aux  autres  les  éléments  chromatiques  des  deux  étoiles. 
Quand  donc  la  cellule  se  divise,  chaque  demi-disque  se 
coostitoe  de  trois  régions  concentriques  :  une  région  mar- 
ginale provenant  du  corps  cellulaire  de  la  cellule  mater- 
nelle, et  pins  particulièrement  de  l'anneau  équatorial;  une 
i^;ioD  intermédiaire  provenant  de  la  portion  achromatique 
des  pronacléus;  une  portion  médiane  provenant  de  la  sub- 
stance accumulée  entre  les  étoiles  chromatiques  secon- 
daires, pendant  Técartement  de  ces  dernières.  Les  fila- 
ments de  réunion  les  plus  externes  marquent  la  limite 
entre  les  deux  dernières  portions  du  demi-disque. 

Et  puisque  nous  parlons  des  filaments  de  réunion,  nous 
mentionnerons  ici  un  fait  intéressant,  c'est  que  le  faisceau 
Ghrillaire,  formé  par  l'ensemble  des  filaments  de  réunion, 
présente  des  variations  remarquables  dans  le  cours  de  la 
cinèse.  Jusqu'au  moment  où  le  sillon  qui  amène  la  division 
de  la  cellule  commence  à  se  former,  l'ensemble  du  faisceau 
présente,  vu  en  coupe  optique,  la  forme  d'une  bande 
fibrillaire,  à  bords  parallèles,  interposée  entre  les  étoiles 
chromatiques  secondaires.  Pendant  la  formation  du  sillon 


(l)  Ibidem. 


(  286  ) 

et  immédiatemenl  après,  la  baDde  fibrillaire  s^élrangle  à  son 
milieu  (pi.  I,  tig.  8),  les  filamenls  de  réunion  cessent  d*élre 
parallèles  entre  eux  et  reciilignes;  la  section  du  Taisceau 
au  niveau  du  plan  équatorial  est  plus  petite  qu'au  niveau 
des  étoiles  chromatiques.  En  partant  de  ces  dernières, 
les  filaments  de  réunion  s'inclinent  en  dedans,  de  façon  à 
former  ensemble  deux  cônes  tronqués,  un  pour  chaque 
cellule  fille,  les  bases  des  cônes  répondant  aux  étoiles 
chromatiques  secondaires.  La  séparation  des  deux  cellules 
illles  se  fait  en  dernier  lieu  suivant  la  troncature  des 
cônes,  au  niveau  du  plan  équatorial.  Immédiatemen  après, 
le  cône  de  réunion  de  chacune  des  cellules  filles  gonfle; 
les  fibrilles,  de  reciilignes  qu'elles  étaient,  deviennent 
incurvées,  leur  convexité  étant  dirigée  en  dedans.  Le  cône 
augmente  très  rapidement  de  volume;  sa  troncature  s^étend 
rapidement  dans  tous  les  sens,  au  point  de  remporter 
bientôt  en  étendue  sur  la  base  du  cône  répondant  à  Tétoîle 
chromatique.  Les  filaments  de  réunion  divergents  devien- 
nent de  moins  en  moins  nets,  et  il  est  difficile,  parfois 
même  impossible,  de  les  distinguer  encore,  quand  le  noyau 
est  complètement  reconstitué. 

L'étranglement  que  subit  la  bande  fibrillaire  que  forment 
ensemble  les  filaments  de  réunion,  au  moment  où  s'opère 
la  séparation  des  deux  cellules,  prouve  que  la  formation  du 
sillon  de  séparation  s'accompagne  d'une  contraction  cir- 
culaire du  bourrelet  équatorial  à  mi-distance  entre  les 
cercles  subéquatoriaux.  Cette  contraction  est  plus  forte 
du  côté  où  le  sillon  apparaît  en  premier  lieu  ;  car  les  axes 
des  cônes  de  réunion  résultant  de  la  transformation  de  la 
bande  fibrillaire  ne  se  trouvent  pas  dans  une  même  direc- 
tion; ils  forment  ensemble  un  angle  ouvert  du  côté  où  le 


(  287  ) 

bourrelet  équatorial  est  le  plus  étroit,  c'est-à-dire  du  côté 
oà  k  Sillon  apparaît  en  premier  lieu. 

Revenons  à  la  constitution  du  demi-disque  équatorial, 
au  moment  où  les  cellules  viennent  de  se  séparer.  Nous 
avons  vu  qu'il  se  constitue  de  trois  parties  :  un  cône  de 
réunion,  une  portion  provenant  de  la  substance  achroma- 
tique des  pronucléus,  enfin  d'un  demi-anneau  équatorial. 
Il  présente  la  même  constitution  dans  les  blastomères 
subséquents,  avec  cette  différence  toutefois  que  la  partie 
qui,  dans  les  deux  premiers  blastomères,  provient  des 
pronucléus,  dérive,  dans  les  blastomères  subséquents,  de 
h  substance  achromatique  du  noyau  maternel. 

Le  corps  cellulaire  des  cellules  filles  se  constitue  donc 
de  diverses  portions  :  une  de  ses  moitiés  procède  de  Pasler 
réduit  et,  par  conséquent,  dn  corps  cellulaire  de  la  cellule 
maternelle;  l'autre  moitié  résulte  de  la  transformation  de 
la  substance  achromatique  du  noyau  maternel,  y  compris 
un  cône  de  réunion;  entre  les  deux  règne  une  bande 
circulaire  qui  dérive,  elle  aussi,  du  corps  cellulaire,  et  n'est 
qu'une  moitié  de  l'anneau  équatorial  de  la  cellule  mère. 
Dans  la  portion  astéroïde  du  corps  de  la  cellule  fille  siège 
la  sphère  attractive;  le  noyau  se  trouve  à  Ia  limite  entre  la 
région  astéroïde  et  la  région  d'origine  nucléaire. 

La  structure  du  protoplasme  est  différente  dans  la 
portion  d'origine  cellulaire  et  dans  la  portion  d'origine 
nucléaire  de  la  cellule  fille  :  le  protoplasme  est  plus  dense, 
plus  finement  granuleux  et  moins  transparent  dans  la 
portion  d'origine  cellulaire;  il  est  plutôt  vacuoleux,  plus 
clair,  moins  apte  à  fixer  les  matières  colorantes  dans  la 
portion  d'origine  nucléaire. 

Dans  les  premiers  blastomères,  au  stade  II,  plus  encore 


(  288  ) 

au  stade  IV  et  au  stade  VIll,  la  forme  des  blastoroères  aa 
repos  est  tout  à  fait  caractéristique  :  les  portions  astéroïdes 
des  cellules  forment  une  saillie  hémisphérique  très  mar- 
quée, séparée  par  un  sillon  circulaire  du  reste  du  corps 
cellulaire.  Il  en  résulte  des  images  très  particulières. 
(PI.VI,lig.6) 

Comme  le  bourrelet  équatorial  de  la  cellule  mère  est 
beaucoup  plus  large  d'un  côté,  plus  rétréci  de  l'autre,  il 
en  résulte  que  les  moitiés  de  cet  anneau  sont  aussi  plus 
larges  d*un  côté  que  de  Tautre  dans  les  cellules  filles.  La 
symétrie  bilatérale  de  ces  cellules  en  ressort  avec  évidence. 

Les  faits  qui  précèdent  ont  déjà  été  signalés  en  partie 
dans  les  travaux  de  l'un  de  nous.  Ils  n'ont  guère  attiré 
l'attention  jusqu'ici,  et  M.  Zacharias,  qui  s'est  spécialement 
occupé  du  développement  de  l'Ascaris,  ne  les  a  pas 
remarqués.  Il  donne  à  tous  les  blastomères  une  forme 
qu'ils  ne  présentent  jamais. 

Nous  pensons  que  ces  faits  méritent  d'être  étudiés;  ils 
montrent  que  les  formes  cellulaires  sont  en  rapport  avec 
leur  structure  complexe;  ils  établissent  la  symétrie  hilaté- 
raie  de  la  cellule  et  se  lient  intimement  aux  phénomènes 
de  la  cinèse. 

Poil'-scriptum.  —  La  communication  qui  précède  a  été 
déposée  à  la  Classe  des  sciences  de  l'Académie  royale  de 
Belgique  à  sa  séance  du  7  août  1887.  Un  exposé  verbal 
en  a  été  fait  par  l'un  de  nous,  et  les  planches  ont  été  mises 
sous  les  yeux  des  membres  de  la  Classe. 

Au  commencement  de  février  de  cette  année,  l'un  de 
nous  a  rendu  compte,  dans  une  conférence  qu'il  a  faite  à 
la  Société  royale  de  microscopie  de  Bruxelles,  des  princi- 


(  289  ) 

paui  résiuUais  de  nos  recherches  ;  il  a  projeté  une  série  de 
positifs  sor  verre  montrant  la  division  des  sphères  attrac- 
tives et  des  corpuscules  centraux,  et  il  a  mis  sous  les  yeux 
des  membres  de  la  Société  une  série  de  préparations  rela- 
tive à  Porigine  et  à  la  multiplication  des  organes  attrac- 
tifs des  blastomères,  et  à  la  reconstitution  des  noyaux 
aox  dépens  des  éléments  chromatiques  du  dyaster.  La 
découverte  de  la  division  des  sphères  attractives  et  des 
corpuscules  centraux  a  été  communiquée  à  Flemming 
dans  une  lettre  que  Tun  de  nous  lui  a  adressée  en 
1885;  à  Weissmann,  lors  de  son  voyage  en  Belgique  en 
aoAt  1885,  à  RabI,  dans  une  conversation,  au  banquet 
d'inauguration  du  congrès  des  naturalistes,  à  Berlin,  en 
septembre  1886. 

Le  14  août  dernier,  huit  jours  après  la  communication 
à  TAcadémie  dn  présent  manuscrit,  Tun  de  nous  a  reçu  de 
H.  le  ly  Boveri,  de  Munich,  une  note  intitulée  :  Ueber  die 
Befiruehtung  der  Eier  von  Ascaris  megalocephala.  Celte 
brochure  relate  une  communication  faite  par  cet  auteur  à 
la  Société  de  morphologie  et  de  physiologie  de  Munich  le 
3  mai  1887. 

Les  ot^servations  du  D'  Boveri  confirment  pleinement 
les  résultats  fondamentaux  consignés  dans  les  Recherches 
sur  la  maturité  de  l'œufy  la  fécondation  et  la  division  cellU" 
taire.  A  part  l'interprétation  donnée  aux  globules  polaires, 
que  Fauteur,  contrairement  à  notre  opinion,  considère 
comme  des  cellules,  ses  conclusions  sont  entièrement 
conformes  aux  nôtres  en  ce  qui  concerne  la  genèse  du 
proDucléus,  la  signification  de  ces  éléments  nucléaires, 
Tabseocede  conjugaison  dans  l'immense  majorité  des  œufs, 
la  formation  de  la   première  figure  karyokinétique,  la 


(  290  ) 

transmission  à  chacun  des  noyaux  des  deux  premiers  blas- 
tomères  de  deux  anses  chromatiques  mâles  et  de  deux 
anses  femelles,  après  la  division  longitudinale  des  anses 
chromatiques  primaires.  Il  pense  comme  nous  que  les 
quatre  anses  aux  dépens  desquelles  se  reconstitue  un 
noyau,  restent  distinctes  dans  ce  noyau  et  que  les  éléments 
mâles  et  femelles  se  maintiennent  séparés  dans  la  série 
des  générations  cellulaires  successives.  Il  adopte  entière- 
ment notre  manière  de  voir  sur  la  constitution  du  fuseau 
achromatique  :  il  a  vu  également  que  les  fibrilles  du 
fuseau  s*insèrent  aux  anses  chromatiques;  il  pense  comme 
nous  que  Técartement  des  anses  secondaires  est  dû  k  Tac- 
tivilé  contraclile  des  fibrilles  du  fuseau.  Comme  nous  il  :i 
reconnu  lorigine  protoplasmique  d'une  partie,  sinon  <le 
tout  le  fuseau. 

De  plus,  plusieurs  des  faits  relatés  ci-dessus,  en  ce  qui 
concerne  Torigine,  la  destinée  des  sphères  attractives,  cl 
notamment  la  division  des  corpuscules  centraux,  ont  été 
observés  par  M.  le  D'  Boveri.  C'est  une  grande  satisfac- 
tion pour  nous  de  constater  que  cette  découverte  a  été 
faite  en  même  temps  que  par  nous-mêmes,  par  un  observa- 
teur travaillant  d'une  manière  tout  à  fait  indépendante,  et 
c'est  avec  une  vive  impatience  que  nous  attendons  la 
publication  de  l'ouvrage  in  extenso  et  des  planches  que 
M.  le  D'  Boveri  nous  fait  espérer  et  dont  il  annonce  l'ap- 
parition prochaine. 

Liège,  le  !25  août  1887. 


\ 


(  291  ) 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


Planche  I. 

Fî|.  I.  Œuf  utérin  montrant  le  pronucléus  mâle  entouré  par  le 
résida  du  corps  protoplasmique  du  zoosperme.  Les  deux  sphères 
attractÎTes  se  trouvent  au  voisinage  du  pronucléus  femelle  en  voie 
de  formation  aux  dépens  de  deux  bâtonnnets  chromatiques,  et 
encore  relié  au  second  globule  polaire. 

Fig.  S.  Les  sphères  attractives  adjacentes  entre  elles  se  projettent 
entre  les  pronucléus.  Le  résidu  du  corps  protoplasmique  du 
xoospcrme  est  encore  accolé  au  pronucléus  mâle. 

Fig.  S.  Un  eordon  pelotonné  est  déjà  constitué  dans  chacun  des  pro- 
sueléos.  On  voit  le  résidu  du  corps  protoplasmique  du  zoosperme 
dans  le  vitellus. 

Fig.  4.  Il  existe  un  gros  cordon  chromatique  dans  chaque  pronu- 
cléus. Les  sphères  attractives  se  trouvent  encore  du  même  côté 
des  pronucléus. 

Fig.  5.  La  figure  dicentriquc  apparaît.  Les  pronucléus  ont  encore 
ron  et  Tautre  un  contour  bien  apparent.  Un  cordon  chromatique 
tonnant  une  courbe  fermée  dans  chaque  pronucléus.  Champs 
polaires  des  pronucléus  dirigés  en  dehors. 

F%.  6.  Les  quatre  anses  chromatiques  primaires.  Striation  transver- 
sale. Filaments  achromatiques  reliant  les  anses  entre  elles. 

Fig.  7.  Stade  dyaster.  Les  corpuscules  centraux  sont  allongés  de 
fiçoo  à  constituer  des  bâtonnets  renflés  à  leurs  bouts.  Les  régions 
utéroldes  se  voient  au  voisinage  des  pôles  de  la  cellule  en  voie 
de  division.  Les  sphères  attractives  sont  aplaties  et  allongées 
transversalement 


(  292  ) 

Fig.  8.  Stade  voisin  du  précédent.  Les  anses  chromatiques  du  dyaster 
montrent  une  striation  transversale  très  nette.  Ces  stries  sont  for- 
mées par  des  rangées  transversales  de  granules  très  avides  de 
matières  colorantes. 

Fig.  9.  Sphères  attractives  divisées.  Noyaux  lobules* 

Fig.  40.  Les  sphères  attractives  sont  plus  écartées  Tune  de  Tautre. 

Fig.  \  i.  Stade  plus  avancé. 

Fig.  4â.  Les  sphères  attractives  plus  écartées  tendent  à  gagner  deux 
points  opposés  des  noyaux,  aux  dépens  desquels  se  sont  formés 
quatre  anses  chromatiques  primaires.  La  position  latérale  des 
sphères  est  encore  très  évidente  dans  le  blastomère  gauche. 


Planche  IL 

Fig.  1.  Le  spermatozoïde  vient  de  se  fixer.  La  partie  de  son  corps 
protoplasmique,  engagée  dans  le  vitellus,  est  vivement  colorée  en 
rouge,  tandis  que  la  partie  restée  en  dehors  est  à  peine  colorée. 
Son  petit  noyau  chromatique  est  formé  de  deux  bâtonnets  chro- 
matiques; il  est  entouré  d'un  espace  clair.  La  vésicule  germioative 
n'était  pas  au  foyer. 

Fig.  'i.  Le  spermatozoïde,  complètement  entré,  est  vivement  coloré  en 
rouge.  Figure  Ypsiliforme. 

Fig.  3.  La  même,  plus  rapprochée  de  la  surface.  Le  spermatozoïde 
qui  a  gagné  le  centre  du  vitellus  n*est  pas  au  foyer. 

Fig.  4.  Le  premier  globule  polaire  au  moment  de  sa  formation.  Le 
spermatozoïde  n'est  pas  au  foyer. 

Fig.  5.  Cordon  chromatique,  très  long  et  fin,  fortement  pelotonoé 
dans  chacun  des  pronucléus. 

Fig.  6.  Stade  plus  avancé.  Dans  Tun  des  pronucléus,  la  segmenta- 
tion transversale  en  ses  deux  parties  a  déjà  eu  lieu. 


(  293  ) 


Plancbb  III. 

Fi§.  1.  La  segmentation  transversale  des  cordons,  dans  chaeun  des 
pMNicléas,  a  amène  la  formation,  dans  chacun  d*eQX,  de  deux 
éléments  chromatiques. 

Fig.  S.  Les  anses  chromatiques  sont  encore  groupées  en  deux 
groupes.  Les  bouts  libres  sont  dirigés  en  dehors,  les  convexités 
des  anses  en  dedans.  A  gauche  les  deux  anses  sont  encore  réunies 
en  an  cordon  unique  par  Tun  de  leurs  bouts.  L'ensemble  de  la 
figure  rappelle  un  W. 

Fig.  3.  L'étoile  chromatique  primaire  vue  par  Tun  des  pôles. 

Fig.  4.  Les  deux  pronucléus  encore  bien  délimités,  renfermant 
chéeon  an  cordon,  et  les  deux  sphères  attractives  avec  leurs  cor- 
pmcales  centraux.  La  figure  dicentrique  se  dessine. 

Fig.  5.  La  figure  dicentrique  au  stade  de  la  métaphase,vue  de  profil. 
Le  foseaa  achromatique  est  bien  délimité. 

Fig.  6.  Idem.  Les  fibrilles  du  fuseau  ne  sont  guère  distinctes  des 
autres  radiations  des  asters.  On  distingue  assez  bien  les  limites 
des  régions  astéroïdes  et  le  bourrelet  équatorial  interposé  entre 
ciles.  En  haut,  les  limites  de  la  sphère  attractive  sont  assez  bien 
nnrquées.  La  ligne  transversale  brisée  qui  coupe  en  deux  la  sphère 
résulte  de  la  présence  de  fibrilles  radiaires  plus  considérables  dans 
la  direction  suivant  laquelle  va  se  faire  la  division  du  corpuscule 
polaire.  La  plaque  équatoriale  chromatique  sépare  entre  elles  les 
deux  régions  astéroïdes. 


Plancbb  IV. 

Fig.  1.  Division  longitudinale  des  anses  chromatiques  primaires. 

Les  deux  étoiles  chromatiques  secondaires,  encore  très  voisines 

Fane  de  Tautre,  sont  vues  de  profil.  Les  deux  sphères  attractives 

et  leurs  corpuscules  polaires  sont  visibles. 
Fig.  2.  Les  étoiles  secondaires  sont  un  peu  plus  écartées  Tune  de 

Tautrc. 
Fig.  3.  Figure  doliforme.  Forme  hétérotypique  de  la  karyokinèse. 


,29i) 

Fig.  i.  La  division  cellulaire  va  se  produire;  un  sillon  se  montre 
déjà  d*un  côté. 

Fig.  tt  La  division  vient  de  s*accomplir.  Les  deux  blastomères  sont 
inégaux.  Deux  corpuscules  centraux  dans  la  sphère  attractive  do 
plus  petit  blastomère.  Dans  les  noyaux,  vus  par  le  pôle,  on  voit 
encore  distinctement  les  quatre  anses  chromatiques  du  dy aster. 
Elles  sontflexueusei, 

Fig.  6.  Le  noyau  en  voie  de  reconstitution.  Les  branches  divergentes 
du  dyaster  se  résolvent  en  granulations  chromatiques. 


Planche.  V. 

Fig.  4.  Noyaux  lobules. 

Fig.  %  3,  i  et  tt.  Les  sphères  attractives  divisées,  situées  d'un  même 
côté  des  noyaux. 

Fig.  6.  La  division  se  fait  suivant  deux  plans  perpendiculaires  entre 
eux,  dans  les  deux  blastomères  arrivés  Tun  et  Tautre  au  stade  de 
la  métaphase.  Dans  Tun  des  deux  la  division  est  cependant  un 
peu  plus  avancée  que  dans  Tautre,  ce  qui  est  constant.  Apres  leur 
séparation,  les  deux  premiers  blastomères  pivotent  Tun  autour  de 
Tautre  d'un  angle  de  90«,  de  telle  façon  que  leurs  pians  de  symé- 
trie, qui  se  confondaient  au  moment  de  la  séparation,  en  viennent 
à  former  entre  eux  un  angle  droit. 


Planche  VI. 
Figures  demi-9ehétnatiques, 

Fig.  1.  Les  sphères  attractives  voisines  de  la  surface  sont  situées  d*UD 
même  côté  des  pronucléus.  La  droite  qui  unit  leurs  centres  est 
perpendiculaire  à  celle  qui  réunit  entre  eux  les  centres  des  pronu- 
cléus; mais  ces  droites  se  trouvent  dans  des  plans  différents  paral- 
lèles entre  eux.  Un  seul  pronucléus  a  été  représenté;  Tautre  se 
trouve  derrière  celui  qui  a  été  figuré,  c.  p.  cercles  polaires; 
c.  8  e.  cercles  subéquatorlaux.  L'œuf  est  vu  de  profil. 


"i"^, 
^ 


c 


\#âS 


\ 


FIJI 


PIJI 


I 


s 
I 


1 


PIJII 


/ 


» 


PL/V 


\ 


t^:i,lfUr,„IHa!/,/,Jirl,j.->-'Ser: 


"^"^ 

^^.  ' 

• 

•                  •'                ■;■■ 

^. 

yt^   ./, 

li 

§^ 

^  ^ 

295  ) 

Fi^l  Sudcdela  métakinèso.  c.  p.,  c.  t,  e.  comme  cî-dcssiis.  (/œuf 

est  TU  de  profil. 
Fi^  3.  Stade  dyaster.  Les  corpuscules  centraux  des  sphères  attrac- 

tires  sont  di?isés.  L'œuf  est  vu  de  face* 
Fig.  4.  IVoyaux  divisés  eu  voie  de  reconstitution.  Les  corpuscules 
polaires  divisés  déterminent  la  subdivision  des  sphères  atlrac- 
tires.  c  f.  e.  cercles  subéqualoriauz. 
Fij^  5.  Les  cellules  filles  se  préparent  à  se  diviser  à  leur  tour.  Les 
deux  sphères  sont  nettement  séparées  Tune  de  Pautre,  mais  elles 
fiègent  encore  du  même  côté  du  noyau.  Les  cercles  subéquato- 
riauz  des  cellules  de  seconde  génération  ont  apparu. 
ffî^  6.  Division  en  quatre  pour  montrer  la  saillie  bien  marquée, 
dâiioitée  par  un  sillon  profond,  que  forment  les  régions  asté- 
roïdes de   chaque   cellule.    Les  sphères  attractives   sont   déjà 
dÎTÎsées.  Préparation  à  Talcool. 
Fig.  7  à  14.  Phases  successives  de  la  cinèse,  à  partir  du  stade  équa- 
lorial;  8  et  10,  cinèse  typique;  0,  il,  12,  i3,  cinèse  hétéro- 
typique.  Fig.  44.  Les  noyaux  divisés,  arrivés  au  stade  de  repos, 
présentent  une  forme  lobulée.  Fig.  iS.  Deux  cordons  chromati- 
qoes  formés  aux  dépens  d'un  de  ces  noyaux.  (Non  schématique.) 
Les  figures  7  à  i  5  représentent  des  vues  de  profil. 
Fig.  16  à  24.  Vues  polaires. 
Fig.  16.  Étoile  chromatique  primaire. 
Fig.  17  et  18.  Division  longitudinale  des  anses  primaires.  Fig.  i7. 

Cinèse  typique.  Fig.  i  8.  Cinèse  hctérotypique. 
Fig.  i9.  Un  des  dyaslers  vu  du  pôle.  Portions  centrales  et  bouts  mar- 
ginaux de  rétoile  bien  distincts.  (Figure  réelle.) 
Fig.  20.  Reconstitution  du  noyau  aux  dépens  des  quatre  anses  secon- 
daires. (Schématique.) 
Fig.  il.  Noyau  au  repos.  Vue  polaire. 
Fig.  22.  Deux  cordons  chromatiques  reconstitués  dans  un  de  ces 

noyaux.  Image  polaire  non  schématisée. 
Fig.  23.  Segmentation  transversale  de  ces  cordons.  Image  réelle. 
Fig.  24.  Les  quatre  anses  chromatiques  primaires  formées  aux 
dépens  des  quatre  cordons  de  la  figure  précédente.  Vue  réelle. 


(  296  ) 


Noie  sur  les  oscillations  cTun  pendule  produites  par  te 
déplacement  de  Vaxe  de  suspension;  par  E.  Ronkar, 
chargé  de  cours  à  rUniversilé  de  Liège. 

CoDsidéroDS  ud  pendule  au  repos  et  supposons  qu*à  un 
iostaut  donné,  Taxe  de  suspension  Â  vienne  à  éprouver  ao 
certain  mouvement  dans  une  direction  déterminée  du  plan 
d*osciilation;  recherchons  le  mouvement  que  prendra  le 
pendule  autour  de  Taxe  de  suspension.  Prenons  le  plan 
d'oscillation  pour  plan  des  xj/,  Taxe  des  y  étant  vertical  et 
dirigé  vers  le  bas.  Soit  G  le  centre  de  gravité  du  pendule; 
imaginons  par  le  point  A  deux  axes  mobiles,  k\\  AT% 
parallèles  aux  premiers.  La  position  du  pendule  sera  déter- 
minée par  Tangle  a  que  fait  la  ligne  AG  avec  Taxe  AT\ 
cet  angle  étant  considéré  comme  positif  du  côté  de  AY'  où 
se  trouvent  les  x  positifs 


*«., 


"-^. 


r 

[  (  297  ) 

[         te  principe  de  d'Alembert  nous  donne  l'équation  géné- 
nie  connue  : 

dm  (z,  y)  étant  un  élément  du  corps,  et  les  dx,  dy  étant 
compatibles  avec  les  liaisons  du  système. 

Soient  i,  jj  les  coordonnées  du  point  A;  soit  p  la  distance 
de  réiément  dm  à  Taxe  A  et  6  l'angle  de  p  et  de  AG;  nous 
itoQs  : 

X  Œs  ç  -4-  p  sin  (6  -»-  a) 
y  =  V  H-  p  COS  (6  -♦-  a). 

Considérant  p  et  8  comme  constants,  les  équations  de 
li»8on  seront  satisfaites^  $i  nous  prenons  :. . 

âx  =  ^  -¥•  p  COS  (B  -¥-  a)  (fa  =  Jf  -•-  {y  —  jf)<Ja 

^  =  3if  —  p  sin  (d  +  a)  (fa  ■=  (ft/  —  (x  —  Ç)^a.  ;  > 

Pour  chaque  élément  dm  du  pendule,  on  a  en  outre  : 

Si  nous  désignons  par  Xq,  Yq  les  composantes  de  la 
force  agissant. sur  Taxe  A,  nous  aurons  Téquation  : 

XM^rA+fdm  L.^((îç+(y-i,)(r«)H-  (  j-  ^)  ((fV-(aî-«K«)l«  0. 

(■  ■ 

?  Cette  équation  se  décompose  en  trois  autres  :     .  "  ■  ^ 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIV.  20 


*.f 


(  298  ) 

Les  (leuK  premières  de  ces  équations  peuvent  servir  à  la 
détermination  de  la  force  (Xq,  Yq),  lorsqu'on  connatl  le 
mouvement  oscillatoire  du  pendule  et  le  mouvement  du 
point  de  suspension;  la  dernière  nous  permettra  de  déter- 
miner le  mouvement  oscillatoire,  connaissant  le  mouve- 
ment du  point  de  suspension. 

Nous  ne  nous  occuperons  que  de  celle-ci. 

Pour  cela,  remplaçons  ^  e^  ^  P^r  '^tirs  valeurs  en 
fonction  de  £,  17  et  a. 

Nous  avons  d*abord  : 


dx       d^  ,  da       dÇ  ^da 

dy      dn  da       Al  da 


ensuite  : 


^«_^.(y_,)__(x-ç)^-). 


cPy        dhi 


Si  nous  substituons  dans  l'équation  précitée, nous  aurons: 


et  en  développant,  il  vient  : 


£ï 
de 


r 

(299) 

I        Posons  AG  =>  po«  appelons  M  la  masse  du  pendule,  et  I 
MO  momeol  d'ioeriie  par  rapport  à  l'axe  A,  nous  aurons: 

(P.        r/         A\  .        «PI      1 

PosoDS  eDcore  :  |^  ^»  Pi>  et  supposons  que  les  oscilla- 
tions coDsidérées  soient  assez  petites  pour  que  I'od  puisse 
prendre: 

sin  a  =  a  ;     cos  a  =^  i  ; 

il  viendra  alors  simplement  : 

d'à       I  fPA  rf'f 

Le  mouvement  du  point  de  suspension  du  pendule 
étant  connu,  il  s^agira  d*iDtégrer  cette  équation. 

Supposons,  par  exemple,  que  le  point  de  suspension 
vienne  à  prendre  un  mouvement  vibratoire  de  direction 
boriiOQtale,  et  posons  : 

ç  s=  ao  +  cTi  sin . 

T 

Nous  aurons  ainsi  : 


ii         2«-       as-  ((  -^  X) 

T"  =  <'i  "=r  eos  — ;= M 

dl  T  T 

rixV  .     î2îr  (r  H-  X)  ,    .    2r  (r  -♦-  X) 

siii =  — .  A  sm  — 


ï 


(  300  ) 
en  posant  : 


-t) 


Nous  obtenons  aingi  l'équation  : 

cPa  ^    .    2y(t-4-A) 

ù^  -— r  -♦-  O  a  ==  A  Sin  _ 

Cette  équation  admet  une  solution  particulière  de  la 
forme  Aq  sin  ^^^^;  la  constante  Âo  est  déterminée  par 
Téquation  : 


(^ -<"(¥)) 


»  A- 

\'  \  1  /  / 

d'où 

A 


-P.  (y) 


L'intégrale  générale  de  l'équation  proposée  est  donc  de 
la  forme  : 

\  /T  \  /T      .  .  sr  (f  -I-  A) 

««CiSinV  ^(H-CcosV  ^t  -4-  A.sm — ^— . 

Le  pendule  a  été  supposé  au  repos  au  temps  r=>o; 
nous  avons  ainsi  les  deux  conditions  : 


«0=0,    (J)^o. 


f 

pour  déterminer  les  constantes  arbitraires  C|  et  Cj  et  nous 


(301) 
obtenons  : 

C,  =  —  Aosin_-, 


C,=-Aoy  ^-^cos 


2tA 

ces 

9     T 
Si  nous  posons: 

/J         2: 
Pi 


y    Pi      T 


^représentera  la  dorée  de  roscillation  complète  du  pendule, 
dans  le  cas  où  Taxe  de  suspension  reste  fixe;  nous  aurons 
alors: 

A         !         r       2«-((-4-A)  2tA       2rï       t       2t  A       IVH 

««-. --—  |sin sin  — =r-cos =rCOS-— -sin . 

9    .     /^yL  T  T  T        T         T  T  J 


Celte  équation  donne  la  solution  de  la  question. 

Considérons  maintenant  le  mouvement  pendulaire 
après  on  intervalle  de  temps  équivalent  à  n  périodes  du 
moQvement  oscillatoire  du  point  de  suspension;  en  Taisant 
<«nT,  nous  avons: 


■«1= 

9 


-ri  sm--— -M — cosSrn—   — —cos sin  2t  n—  . 

Ty[         T    \  t/       T         T  rj 


Recherchons  également  l'expression  de  la  vitesse  angu- 
laire à  cet  instant;  on  a,  en  général  : 


*    A       2w       n         27r((-l-A)      1    .    2jrA   .    ^rt       i         2tr  A       2W\1 

^- ml;::eos 1 — sin—— -sm rrcos-— —cos  —  I   . 

9.     /ryLT  T  T         T  T       T         T  r/J 


(  302  ) 
et  par  suite  : 


—  -*-  -sin----8in  2im— 


dx\         A     2t      ri       27rX/  T\     4  . 

hr     =" 7-r:h;:cos---  1 — cosâjrn— U--si 

W«/.T       »^       /jVLT         TV  r/      r 


Si,  à  cet  instant  f^anT,  le  mouvement  du  point  de 
suspension  vient  à  cesser,  le  pendule  continuera  à  osciller, 
et  son  mouvement  satisfera  à  Téquation  : 


fit* 

9 

«. 

Pi 

D'où  l'on  tire  : 

a 

—  osin 

2r(l  + 

dï 

L*amplitude  du  mouvement  oscillatoire  sera  Sa. 

Il  faut  déterminer  les  constantes  a  et  |x  par  les  coodi'- 
tions  initiales  du  mouvement;  si  nous  comptons  mainte- 
nant le  temps  à  partir  de  Tinstant  nT  que  nous  avons 
considéré  plus  haut,  nous  pouvons  prendre  pour  ce 
second  mouvement  du  pendule  : 


«0  =  «iiT 


Nous  obtenons  ainsi  : 


^^(Sr(S.; 


,    ^itfjL  r.    2«A/  ^     T\      r       2yA.  ^     T"| 

m =  Ao   sin i  —  cosâïrn—  1  — —-cos  ---smïîm— 

T  L        T    \  r/      T         T  tJ 

nfi      ^  [r       2rX/  ^      T\       .   2rA  .    _      T"| 

-i.=r  Ao   -cos M  —  cos  2irn  —  -4-sm  -— -sm  2irn  —  | 

r  "[t         T    \  t/  t  tJ 


29rfft 
a  cos 


(  303  ) 
Paîsaol  la  somme  des  carrés,  il  vient  en  réduisant 


A' 


2jrX/ 


TV 


«n"  ^  ^*  —  «®s  2y  w-j  ^  -  cos' 


â^A 


r'      .2jrA 

--COS*-- 

T*         T 


(l  — cos2jrn— j  -♦-sin^ 


T 

2rX 


sin*2Tn- 

T 


T 
sin'  2jr«  — 


4  A|  sîn'jr/i—  1  sin* 

rL  T 


r'         ,2trAl 

—  cos' ; 

V  T  J* 


SA       i 


smrn 


'-h 


V.i 


2;rX 


2tA 


'ir--^^C08«— . 


On  peut  lirer  de  cette  formule  plusieurs  conséquences 
importantes  : 

!•  Supposons  d'abord  que  la  durée  d'oscillation  du 
point  de  suspension  soit  égale  à  celle  du  pendule;  nous 
aurons  t  =  T;  et  la  formule  précédente  se  réduira 
fabord  à  : 

assit: -.  sin  rn  —  . 

T» 

Si'nous  faisons  |i  »»  1,  cette  formule  prend  d'abord  la 
forme  indéterminée;  mais  en  appliquant  la  méthode  géné<- 
raie  relative  à  ce  cas,  nous  aurons  : 


T 

_.     TTlI.COStrn  — 

2A  T 


(;! 


•     T 


A 

9 


(  304  ) 


SA 


L^mplitude  du  mouTemeot  pendulaire  sera  donc  ==  nn^ 
e*e8t*à-djre  qu'elle  sera  proportioDoelle  au  nombre  d*iin- 
pulsions  qu*a  subi  r4ixe  de  suspension  du  pendule; 
.  2*  Supposons  que  la  durée  d'oscillalion  du  poinl  de 
suspension  diffère  de  la  durée  d'oscillation  du  pendule. 

Pour  si mplifier,  remarquons  que  nT  est  la  durée  de 
Taction  exercée  sur  Taxe  de  suspension,  et  soit  nT  =  T', 
il  vient  : 


o  =  d=   a  ' — r*sinr— V    sm'-— --4-    —     ces* 

^  ^  rV  r    V  T  \T/  T 

T' 

On  voit  d'abord  que  si  ~  est  un  nombre  entier,  00 
a  aB=  0. 

Ainsi,  lorsque  la  durée  de  l'action  exercée  sur  Taxe  de 
suspension  est  un  multiple  entier  de  la  durée  de  l'oscilla- 
tion du  pendule,  celui-ci  ne  conserve  aucune  trace  do 
mouvement  qui  a  affecté  l'axe.  Comme  il  est  entendu  que 
T'  comprend  un  nombre  entier  de  périodes  T,  la  condition 
précédente  sera  toujours  satisfaite,  lorsque  la  période  T 
sera  un  multiple  entier  de  la  période  t. 

Le  rapport  -  peut  d'ailleurs  encore  être  entier  alors 
même  que  la  durée  de  l'oscillation  du  pendule  est  un 
multiple  entier  de  la  durée  de  l'oscillation  de  l'axe;  mais 
alors  il  est  nécessaire  que  le  nombre  d*impulsîons  imprif» 
mées  à  Taxe  soit  plus  grand  que  l'unité;  cette  condition 
étant  satisfaite,  le  rapport  ^  peut  encore  être  un  nombre 
entier,  et  alors  le  pendule  ne  conservera  aucune  trace  du 
mouvement  de  l'axe. 

Au  contraire,  il  peut  se  faire  que  le  pendule  conserve 


(  305  ) 

m  assez  fort  mouvement  oscillatoire,  bien  qu'il  n'existé 
pas  de  rapport  immédiat  entre  T  et  t.  Par  exemple, 
«opposons  que  le  rapport -soit  très  grand;  si  sin -^ 
D*est  pas  très  petit,  nous  aurons  approximativement: 

2A  «T  .    2îrx 

tt  =  dh  —  sin  JT  —  sin  -— -. 
9  -  T 

La  valeur  maximum  que  peut  prendre  celte  expression 

est: 

2A 


L'amplitude  correspondante  sera  j;  et  l'on  voit  que 
cette  quantité  est  comparable  à  la  valeur  ^  nn  qui  est 
relative  au  cas  où  T=aT,  surtout  si  n  nest  pas  très 

Noos  supposons  naturellement  dans  cette  comparaison 
qoe  A  a  une  valeur  constante;  cette  quantité  A  n*est  d'ail- 
lesrs  pas  autre  chose  que  la  moitié  de  la  variation  totale 
qa'éprouve  l'accélération  de  Taxe  de  suspension  dans  une 
période  T.  Ainsi,  si  nous  considérons  cette  amplitude  de 
variation  de  l'accélération  comme  constante,  il  résulte  de 
ce  qui  précède  : 

1"*  Qoe  si  T  =T,  le  pendule  conserve  un  mouvement 
oscillatoire  dont  Tamplitude'est  proportionnelle  au  nombre 
d*06cillations  de  Paxe; 

2*  Que  si  T  ^T,  le  pendule  peut  ne  conserver  aucune 
trace  du  mouvement  qui  a  affecté  Taxe;  ce  cas  se  présente 
iHMammentsi  T  est  un  multiple  entier  de  t,  et  peut  se 
présenter  aussi  quand  t  est  un  multiple  entier  de  T;  d'autre 
part,  le  pendule  peul  conserver  un  mouvement  oscillatoire 


C  306  ) 

assez  fort»  alors  même  qu'il  n'existe  pas  de  rapport  simple 
entre  T  et  t. 
Si  maintenant  nous  nous  reportons  à  la  formule  initiale 

ç  =  0o-^  flism , 

nous  voyons  que  l'amplitude  du  mouvement  oscillatoire 
de  Taxe  de  suspension  est  âa^  et  nous  avons  posé  : 


"[tJ- 


Ainsi,  pour  une  même  valeur  de  ai,  Â  est  inversement 
proportionnel  au  carré  de  la  durée  de  foscillation  de  Taxe. 

Si  nous  remplaçons  A  par  sa  valeur  dans  a,  noas 
aurons  : 


—  ttâ  ■  ^  sin  ir»  —  V/  sur 1 cos'  

^     *T*  — T*  T    V  T         T*  T 


Nous  pouvons  maintenant  discuter  cette  formule  eo 
attribuant  à  ai  une  valeur  constante.  La  discussion  conduit 
à  des  résultats  analogues  à  ceux  de  la  discussion  précédente. 

Ainsi,  pour  T  <=»  t,  il  vient  : 

47r'a, 

a  ==  db —  n  ; 

g  T« 

ce  résultat  correspond  à  celui  qui  a  déjà  été  obtenu  précé- 
demment. 

Sans  entrer  dans  une  plus  longue  discussion,  on  voit  tout 
de  suite  que  le  mouvement  oscillatoire  qui  subsiste  dans  le 


(  307  ) 

pendole,  après  un  certain  nombre  d^impulsions  communi- 
quées au  point  de  suspension,  varie  beaucoup  suivant  les  cir- 
eoostanees:  Taroplitude  du  mouvement,  le  nombre  d'impul- 
skMUs la  durée  d'oscillation,  la  phase  ).  En  ce  qui  concerne 
la  dorée  d'oscillation,  l'influence  varie  beaucoup  suivant  la 
valeur  du  rapport  des  périodes  d*oscillation  du  pendule  et 
de  Taie.  Même  dans  le  cas  où  ce  rapport  est  simple,  soit 
qu'il  s'exprime  par  un  nombre  entier  ou  l'inverse  d'un  tel 
nombre,  i]  se  peut  que  le  pendule  ne  conserve  aucune 
trace  de  l'agitation  de  l'axe,  tandis  qu'il  peut  conserver 
des  traces  sensibles  de  cette  agitation,  alors  qu'il  n'existe 
entre  T  et  t  aucun  rapport  simple. 

Ces  résultats  ne  nous  paraissent  pas  entièrement  con- 
formes à  l'assertion  suivante  de  M.  S.  Rossi  (1),  au  sujet 
des  pendules  employés  dans  les  observations  sismiques  : 
c  Chaque  pendule,  d'après  sa  longueur,  oscille  en  un  temps 
déterminé;  celui  de  près  de  25  centimètres  fait  2  oscilla- 
tions i  la  seconde.  Si  ces  pendules  reçoivent  quelques 
impulsions  conformes  à  ce  rythme,  ils  seront  naturelle- 
ment fortement  agités.  Au  contraire,  avec  des  impulsions 
qui  se  succèdent  suivant  un  rythme  différent,  ils  ne  bou- 
geront pas.  » 

Nous  venons  de  voir,  en  effet,  qu'il  peut  se  faire  que  le 
pendule  prenne  un  certain  mouvement,  alors  même  que 
l'ue  reçoit  des  impulsions  qui  ne  sont  pas  conformes  à 
son  rythme  et  que,  réciproquement,  le  pendule  peut  ne 
conserver  aucune  trace  d'un  mouvement  vibratoire  dont 
le  rythme  serait  dans  un  rapport  simple  avec  le  sien. 


(I)  V.  s.  Rossi.  Programma  deW  Osservatorio  ed  archiva  geodi" 
namkOfprtMMo  il  R,  Comitato  Geologico  d'Itàlia.  Rome,  1883,  p.  61. 


;  (  308  ) 

Les  résultats  précédents  se  compliqaent  naturellemeot 
encore  davantage  si,  à  Tinstant  initial»  le  pendule  n*est  pas 
au  repos. 

Nous  avons  jusqu'ici  supposé  que  le  mouvement  vibra- 
toire de  Taxe  était  un  mouvement  pendulaire  simple. 
Généralement,  on  peut  considérer  une  onde  quelconque 
comme  résultant  de  la  superposition  d'une  série  d'ondes 
simples. 

Il  faudrait  donc,  dans  ce  cas  général,  poser  : 

Les  coefficients  A,  et  \  sont  généralement  déterminés 
par  les  circonstances  qui  accompagnent  Tébranlement  ini- 
tial considéré.  L'analyse  précédente  peut  être  Tacilemeot 
étendue  à  ce  cas,  et  nous  ne  nous  y  arrêterons  pas  davan- 
tage. 

Revenons  au  cas  d'une  onde  simple,  et  examinons  le 
cas  où  T  est  assez  grand  relativement  à  t.  Pendant  l'ébran- 
lement, le  mouvement  du  pendule  est  déterminé  par 
l'équation  : 

A       1       r       t>  «-(«-♦- A)        .    2tX        2îrt       T        î2îrX   .    StH 

«= sm sm cos — «-"-cos--— -sm —  |« 

^        T*[  T  T  T       T         T  T  J 


Dans  le  cas  actuel,  nous  pouvons  considérer  la  quantité 
sin  ^^Y^  comme  constante  pendant  une  période  t. 

Le  mouvement  du  pendule  sera  donc  à  très  peu  près 
un  mouvement  pendulaire  simple  autour  de  la  position 


(  309  ) 
oojeone  : 


A     i      .  2T(e4-A) 


«    = ;S1D 

9  ^ 

V 


L'amplitude  Skf  de  ce  mouvement  sera  déterminée  par 
réqoatîon  : 


a-* 


oa: 


t i-^_J__%  /  .  .  2tx     ?    li^ 


w 


~p,(y) 

Si,  par  suite,  T  est  grand  et  que  pi  ne  soit  pas  considé- 
rable, on  aura  simplement  :  ^ 


Supposons,  par  exemple,  que  pour  /  =  0,  on  ait  : 

ç==0        cl        -r  =  0; 

dt 

il  Tiendra  X  b=  ^  et 
«t  il  reste  : 


a'  = 


a'=-^- 


A 

7 


(310) 

L*amplitude  du  mouvemeDl  pendulaire  à  un  moment 
donné  est  donc  en  raison  inverse  de  gr.  Il  s*ensuit  que  si  le 
pendule  était  suspendu  en  partie  dans  un  liquide  au  repos« 
ce  qui  reviendrait  à  diminuer  9,  la  grandeur  des  oscilla-- 
tions  tendrait  à  s*accrottre;  mais  il  est  probable  que,  dans 
ce  cas,  ces  oscillations  seraient  fortement  amorties  par  la 
résistance  du  liquide,  qui  tendrait  de  son  côié  à  prendre 
un  certain  mouvement  vibratoire. 

Il  n'en  résulte  pas  moins  que  le  mouvement  du  point 
de  suspension  n'étant  pas  uniformément  accéléré,  Tincli- 
naison  moyenne  du  pendule  varie  avec  le  temps. 

En  effet,  nous  venons  de  voir  qu'à  un  instant  quel- 
conque, le  pendule  oscille  autour  de  la  position  mayenne: 

A            .        ((-^  A) 
smâîr — 


9 


-  P.  (y) 


L'amplitude  du  mouvement  oscillatoire  de  cette  posi- 
tion est  : 


2a"  = 


y-p^{YÏ 


On  pourrait  peut-être  utiliser  ce  résultat  pour  rechercher 
s'il  existe  des  inégalités  périodiques  dans  le  mouvement 
de  rotation  de  la  terre  autour  de  son  axe.  Dans  ce  cas,  si 
nous  prenions  T  «»  12*"  »>  43.200*,  on  verrait  tout  de  suite 
que  le  terme  p^  ÇyY  est  négligeable  vis-à-vis  de  g,  et  00 
pourrait  prendre  : 

9 


(3!1  ) 

Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  l'amplitude  du 
Boatement  oscillatoire,  dont  \%  durée  est  iâ  heures,  soit 

  réqaateiir,  nous  aurons  : 


40.000.000 
ia,« 0,1. 


D'OÙ 


et 


40.000.000       (Îtt)* 
86.400       (43.200)*     '    ' 


ia"  =  -  •  2A  =* — - — ,  environ, 

g  10.01 6  400' 


c'est-Mire  O",0206  en  arc.  Si  g  était  réduit  au  Vtooo  d^ 
sa  îaleor,  on  aurait  ainsi  une  déviation  de  â0",6  environ. 
Il  ne  Êiot  cependant  pas  perdre  de  vue  que,  dans  ce 
cas,  d'antres  influences,  telles  que  l'action  du  soleil  ou  de 
la  looe,  etc.9  pourraient  altérer  la  position  d'équilibre  du 
pendule;  mais,  par  un  certain  ensemble  d'observations, 
9û  pourrait  peut-être  isoler  les  effets  de  ces  différentes 
caoses;  par  exemple,  on  pourrait  faire  varier  la  direction 
do  plan  d'oscillation;  il  ne  faudrait  pas  toutefois  négliger 
Haflueoce  de  la  variation  de  la  force  centrifuge  résultant 
de  la  variation  de  la  vitesse  angulaire. 


(312) 


Sur  le  sulfure  de  cadmium  colloïdal  ;  par  Eug.  ProsC , 
assistant  de  chimie  générale  à  l'Université  de  Liège. 

Longtemps  on  a  cru  que  la  solubilité  appartenait  en 
propre  à  certains  composés  minéraux,  tandis  que  cetle 
propriété  faisait  complètement  défaut  aux  autres. 

Graham»  le  premier,  montra  ce  qu'il  y  avait  d*arbitraire 
dans  cette  division,  en  mettant  en  solution  certaines  sub- 
stances absolument  insolubles  dans  les  conditions  ordi- 
naires. Ce  savant  réussit,  entre  autres,  à  préparer  des 
solutions  d'hydrate  ferrique,  d'hydrate  d'aluminium  et 
d'acide  silicique,  en  se  basant  sur  le  pouvoir  diffusif  des 
corps  cristallisés  qu'il  appela  c  cristalloides  »,  et  sur  l'ab- 
sence de  cette  propriété  chez  les  corps  amorphes  ou  «  col- 
loïdes ».  Cet  état  particulier  de  solution  fut  désigné  sous 
le  nom  d'état  colloïdal. 

Depuis  Graham,  le  nombre  des  corps  colloïdaux  s'est 
notablement  accru. 

En  1882,  Hans  Schuize  (1)  obtint  le  sulfure  arsénieux 
en  solution  aqueuse,  en  traitant  l'anhydride  arsénieux  par 
l'acide  sulfliydrique,  et  éliminant  ensuite  l'excès  de  ce  der- 
nier gaz  par  un  courant  d'anhydride  carbonique. 

L'année  suivante,  le  même  chimisteporta  ses  recherches 
sur  le  sulfure  d'antimoine  (2).  Presque  en  même  temps, 
M.  le  professeur  W.  Spring  prépara  des  solutions  colloï- 
dales de  sulfure  de  cuivre,  de  sulfure  slannique,  de  per- 


(i)  Journal  fur  prak,  Chemie^  1882,  p.  ^^31. 
(2)  fd.,  1885.  p.  520 


(  313) 

oiîde  de  mangaDèse»  d*osyde  stannique  et  d'oxyde  antimo- 
Dieux  (i  ). 

Tootes  les  solutions  des  substances  que  je  vteus  d'éuu- 
iDérer  daos  cet  aperçu  rapide  offrent  ce  caractère  commun 
de  paraître  troubles  ou  limpides,  suivant  qu'on  les  examine 
par  réflexion  oii  par  transmission.  En  outre,  leur  conser- 
vation est  subordonnée  à  de  nombreuses  conditions  ;  la 
températurey  la  concentration,  le  temps,  sont  autant  de 
facteurs  qui  influent  notablement  sur  Tétat  colloïdal.  Dans 
la  plupart  des  cas,  l'addition  à  une  solution  colloïdale  d'une 
qoaotité  même  très  faible  de  matière  étrangère  détermine 
la  coagulation  du  corps  dissous. 

D'autre  part,  l'examen  optique  et  microscopique  a  tou- 
jours montré  qu'on  avait  bien  affaire  à  de  véritables  disso- 
lotioDs.  J'ai  pu  observer  ces  différents  faits  en  étudiant 
le  sulfure  de  cadmium  colloïdal  dont  il  est  question  dans 
ce  travail. 

Eo  les  combinant,  on  est  amené  à  voir,  dans  l'étal  col- 
loïdal, une  phase  de  transition  entre  l'état  insoluble  et 
l'état  de  solution  parfaite,  une  sorte  d'équilibre  instable, 
suffisant,  toutefois,  pour  nous  montrer  qu'il  n'y  a  pas  de 
limite  tranchée  entre  les  corps  solubles  et  les  corps  inso- 
lubles, et  pour  nous  autoriser  à  penser  que  la  solubilité  est 
une  des  propriétés  générales  de  la  matière. 

J'ai  obtenu  le  sulfure  de  cadmium  à  l'état  colloïdal,  en 
traitant  une  solution  ammoniacale  de  sulfate  de  cad- 
mino)  par  l'acide  sulfhydrique  jusqu'à  précipitation  com- 
plète de  tout  le  métal  ;  le  sulfure  précipité,  après  avoir  été 
lavé  à  fond  par  décantation  avec  de  l'eau  distillée,  a  été 


<1)  Ber,  der  (ieutichen  Chetn.  Ces,,  4883,  p.  H  42., 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIV«  .,.21 


(  214  ) 
mis  en  suspension  dans  Peau»  puis  traité  par  un  couraot 
lent  d*acide  sulfhydrique.  Pendant  cette  opération,  on  con- 
state que  le  sulfure,  d*abord  floconneux,  devient  de  plus 
en  plus  laiteux,  pour  finir  bientôt  par  disparaître.  Il  ne 
reste  plus  alors  qu*à  faire  bouillir  le  liquide,  jusqu^à  ce 
que  les  vapeurs  dégagées  ne  noircissent  plus  un  morceaa 
de  papier  imprégné  d*acétate  de  plomb. 

La  solution  de  sulfure  de  cadmium  est  d*un  beau  jaune 
d*or  lorsqu*on  la  regarde  par  transparence.  La  teinte  est 
naturellement  d'autant  plus  foncée  que  la  concentration 
est  plus  forte  ;  vue  par  réflexion,  la  solution  paraît  fluo- 
rescente. 

A  la  filtration,  le  liquide  passe  sans  laisser  le  moindre 
dépôt  sur  le  filtre. 

Deux  analyses  faites  sur  un  volume  mesuré  de  solution 
ont  conduit  au  rapport  atomique  CdS.  Il  est  donc  hors  de 
doute  que  la  substance  dissoute  est  bien  du  sulfure  de 
cadmium.  A  Tévaporation  au  bain-marie,  on  obtient  avec 
les  solutions  diluées  un  enduit  jaune  d*or;  si  le  dépôt  est 
suffisamment  abondant,  il  se  fragmente  par  une  dessica- 
tion  prolongée  en  de  nombreuses  particules  rougeâtres  et 
translucides. 

Au  point  de  vue  de  la  stabilité,  on  peut  dire  qu'en  géné- 
ral les  solutions  les  plus  diluées  se  conservent  le  plus 
longtemps  intactes.  Un  liquide  renfermant  environ  quatre 
grammes  de  sulfure  par  litre  s*est  maintenu  limpide  pen- 
dant plusieurs  jours. 

Pour  une  concentration  de  il  grammes  par  litre,  la 
coagulation  était  complète  après  24  heures.  Il  semble 
cependant  que  d'autres  facteurs  interviennent  au  moins 
aussi  énergiquement  que  la  concentration.  A  titre  de 
simple  coïncidence,  je  ferai  remarquer  à  ce  sujet  que, 
pendâât  une  couple  de  jours  où  le  temps  était  orageux,  il 


(318) 

m\  été  impossible  de  conserver  intactes  des  solutions, 
même  très  diluées,  pendant  plus  de  quelques  heures. 

Bien  que,  d*après  Taspect  de  sa  solution  et  la  nature  du 
résidu  de  Tévaporation  au  bain-naarie,  le  sulfure  de  cad- 
mioDiiuait  pani  réellement  dissous,  j*ai  tenu  à  m'assurer 
directement  du  fait  en  examinant  le  liquide  au  spectros- 
cope.  La  solution  de  sulfure  étudiée  contenait  par  litre 
l''J46  CdS.  En  l'observant  sous  une  faible  épaisseur, 
(2  i  3  millimètres),  j*ai  constaté  la  production  dans  le 
qieelre  d'une  bande  commençant  dans  le  vert  près  de  la 
nie  F  de  Frauenhofer  et  s'étendant  sur  la  totalité  du  bleu 
et  do  \iolet.  Le  restant  du  vertJVangé  et  le  rouge,  étaient 
parbitement  nets. 

Dans  un  second  essai,  la  solution  de  sulfure  a  été  exa- 
oÛDéesous  une  épaisseur  de  26  millimètres.  Le  résultat  a 
été  le  même  que  dans  Pexpérience  précédente;  seulement, 
la  partie  éteinte  du  vert  était  un  peu  plus  grande.  En 
somme,  Texamen  spectral  permet  d'admettreque  le  liquide 
est  réellemen t  une  dissolution  de  sulfure  de  cadmium. 

Jai  rappelé  précédemment  qu'un  des  principaux  carac- 
tères des  solutions  colloïdales  est  de  se  coaguler  sous  Tac- 
lioo  de  quantités  même  très  faibles  de  substances  étran- 
gères. On  constate  à  cet  égard  des  différences  très  grandes 
daos  ce  qu'on  pourrait  appeler  le  pouvoir  coagulant  des 
corps.  Dans  des  travaux  antérieurs,  H.  Schuize  a  tiré  de 
Tétode  de  la  coagulation  des  sulfures  d*arsenic  et  d'anti- 
inoine  des  conclusions  intéressantes.  Je  me  suis  proposé 
de  rechercher  jusqu'à  quel  point  les  faits  observés  par 
Scbolze  s'appliquaient  au  sulfure  de  cadmium.  Dans  ce 
but,  j'ai  fait  agir  sur  la  solution  colloïdale  un  certain 
nombre  d'acides  et  de  sels  minéraux  et  organiques.  Les 
essaisont  été  faits  de  la  manière  suivante:  on  introduisait 
dans  un  tube  à  réaction  bien  sec  10  c.  c.  du  réactif  à  étu- 


(316) 

dier,  dont  on  connaissait  la  concentration;  à  Taide  d'un 
compte-gouttes,  on  versait  ensuite  dans  le  tube  cinq 
gouttes  de  la  solution  de  sulfure  de  cadmium;  on  agitait, 
puis  on  observait  Taspect  du  liquide  par  transparence  ;  s*il 
restait  limpide,  on  recommençait  rexpérience  avec  une 
concentration  plus  grande  ;  s'il  se  troublait,  on  mesurait 
dans  un  autre  tube  5  c.  c.  de  réactif,  on  complétait  avec 
de  Teau  distillée  le  volume  de  iO  c.  c,  puis,  après  avoir 
agité  pour  rendre  le  liquide  homogène,  on  ajoutait  les 
cinq  gouttes  de  sulfure  de  cadmium.  S*il  se  produisait 
encore  un  louche,  on  renouvelait  Tessai  en  prenant  moins 
de  réactif  et  de  Peau  distillée  en  quantité  suffisante  pour 
parfaire  le  volume  de  10  c.  c.  Si,  après  quelques  tâlonoe- 
ments,  on  reconnaissait  que  le  réactif  était  trop  concentré, 
on  en  prélevait  un  certain  nombre  de  centimètres  cubes 
que  Ton  diluait  à  un  volume  déterminé,  puis,  avec  cette 
nouvelle  solution,  on  recommençait  une  série  d'essais.  Il 
est  clair  qu'avec  un  peu  d'exercice  on  arrivait  à  recon- 
naître facilement  quelle  était  la  concentration  à  donner  au 
réactif  avant  de  faire  les  essais.  Un  exemple  pris  au 
hasard  fera  comprendre  aisément  la  manière  d'opérer.  Je 
suppose  qu'il  s'agisse  de  déterminer  quelle  est  la  concen- 
tration minimum  pour  laquelle  l'iodure  potassique  coagule 
encore  le  sulfure  de  cadmium.  On  constate  par  un  essai 
préliminaire  que  10  ce.  d'une  solution  d'iodure  à  5  % 
coagulent  instantanément  cin.]  gouttes  de  sulfure  ;  on 
observe  d'autre  part  qu'un  mélange  de  3  c.  c.  de  réactif  et 
de  7  c.  c.  d'eau  distillée  ne  coagule  plus;  on  essaie  avec 
5  c.  c.  Kl  et  S  c.  c.  d'eau  ;  il  se  produit  un  trouble.  La 
limite  est  donc  comprise  entre  les  dilutions  suivantes: 

3  c.  c.  Kl  H-  7  c.  c.  H»0  Cl  5  c.  c.  Kl  -4-  5  c.  c  HH). 

En  faisant  varier  les  proportions  du  mélange  de  réactif 


(317) 

et  d'eau  entœ  ces  timiies,  on  constate  que  3,5  c.  c.  Kl  + 
6^c.  c.  H^O  coagulent  instantanément  le  sulfure,  tandis 
qoe  le  mélange  3,4  c.  c.  Kl  -f-  6,6  c.  c.  H^O  n'agit  qu'après 
quelques  instants.  Le  pouvoir  coagulant  de  Tiodure  de 
potassium  est  donc  représenté  par  la  quantité  de  ce  sel 
diffîoute  dans  3,5  c.  c.  d'une  solution  à  5  7o*  après  dilution 
de  ces  3^5  c.  c.  au  volume  de  10  c.  c.  Or,  cette  quantité 
est  de  0«%175.  Pour  présenter  les  résultats  sous  une  forme 
comparable,  on  a  rapporté  la  dilution  à  i  gramme  de  sel. 
Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  0,175  Kl  étant  contenu  dans 
iOc.  c.  de  liquide,  1  gramme  est  contenu  dans  57  c.  c.  La 
eoDceotration  minima  pour  laquelle  l'iodure  de  potassium 
coagule  le  sulfure  de  cadmium  est  donc  exprimée  par  une 
partie  Kl  pour  57  parties  H'O. 

Dans  le  tableau  suivant,  les  résultats  sont  calculés  en 
disant  abstraction  de  l'eau  de  cristallisation  que  certains 
sels  renferment.  De  plus,  on  ne  doit  accorder  aux  nombres 
qui  s'y  trouvent  transcrits  qu'une  valeur  comparative. 
Dans  tous  les  essais  j'ai  pris,  pour  établir  la  limite,la  coagu- 
lation instantanée^  du  sulfure  de  cadmium.  Voici  les  résul- 
tats auxquels  je  suis  arrivé  en  opérant  avec  une  solution 
renfermant  3^',62  de  sulfure  par  litre. 


Chlorure  de  potassium 

Bromure  de  potassium 

lodure  de  potassium 

Cyanure  de  potassium  .     .      .... 

Chlorate  de  potassium 

Nitrate  de  potassium 

Dithionate  de  potassium 

Sulfate  de  potassium 

Tetrathionate  de  potassium 

Ferrieyanure  de  potassium 

Ferrocyaunre  de  potassium < 


1615 

7-27 

57 

466 

1666 

iOOO 

5000 

1666 

853 

166 

100 


(  548  ) 


Chromatc  de  polassium  .     . 
Bichromate  de  potassiam    . 
Chlorure  de  sodium  .     .    . 
Hyposulfite  de  sodium  .     . 
Carbonate  acide  de  sodium. 
Carbonate  neutre  de  sodium 
Phosphate  secondaire  de  sodium 
Acétate  de  sodium     . 
Beuzoate  de  sodium  . 
Oxalalc  d'ammonium 
Chlorure  de  baryum. 
Nitrate  de  baryum    . 
Dithionate  de  baryum 
Sulfate  de  magnésium 
Sulfate  manganeux 
Sulfate  de  cadmium 
Nitrate  de  cadmium 
Chlorate  de  plomb 
Acétate  de  plomba.     . 
Cyanure  mercurique 
Sulfate  d'aluminium 
Alun  ammoniacal . 
Alun  de  chrome    . 
Acide  chlorhydrique 
Acide  sulfurique  . 
Acide  acétique.     . 
Acide  oxalique.     . 
Acide  succinique  . 
Acide  tartrique     . 
Acide  citnque.     .     . 


< 


< 


iOO 

357  i 

2666 

98 

353 

466 

20!2 

10000 

388 

11764 

8032 

3617 

41666 

22232 

230000 

285714 

209 

147038 

20 

232338 

192377 

42333 

4807 

8000 

13 

23233 

100 

333 

266 


L'examen  des  nombres  coDsignés  dans  le  tableau  précé* 
dent  permet  de  tirer  plusieurs  conclusions.  On  voit  d'abord 
que  les  sels  aJcalins,  c'est-à-dire  les  sels  à  métaux  mono- 
valents, sont  ceux  dont  l'énergie  de  précipitation  est  la 
plus  faible.  Presque  tous  sont  sans  action  sur  le  sulfure  de 


(  319  ) 

cadmium  colloïdal  pour  une  concentration  inrérieure  à 
ViMo-  Lisais  à  métaux  bivalents  agissent  à  une  dilution 
beaacoop  plus  considérable.  Ainsi,  tandis  que  le  chlorure 
de  potassium  à  moins  de  Vieis  Q^  précipite  plus,  nous 
toyons  que  le  chlorure  de  baryum  est  encore  actif  à  la  con- 
centration de  Vii764-  De  même,  la  limite  pour  le  sulfate 
de  potassium  est  exprimée  par  Vieee*  tandis  que  pour  le 
solfate  de  magnésium  elle  atteint  Viieee*  H  convient  cepen- 
dant de  mentionner  récart  que  montrent  à  ce  point  de  vue 
le  cfaorate  de  plomb  et  le  cyanure  mercurique.  Ces  deux 
sels  se  comportent  comme  les  sels  alcalins.  Le  sulfate  et  le 
nitrate  de  cadmium  sont,  de  tous  les  corps  avec  lesquels 
j'ai  expérimenté,  ceux  dont  le  pouvoir  coagulant  est  le  plus 
éaergique;  peut-étre  ce  fait  tient-il  à  Panalogie  de  compo- 
sition qui  existe  entre  eux  et  le  sulfure  de  cadmium.  Les 
sels  dans  lesquels  entrent  des  métaux  trivalents  sont  doués 
d'une  énergie  de  précipitation  beaucoup  plus  grande  que 
les  sels  à  métaux  bi-  ou  monovalents.  C'est  ainsi  que  le 
sulfate  d'aluminium  est  encore  actif  à  l'énorme  dilution 
de  7i32S5s-  D^D^  l^s  aluns,  qui  sont  en  somme  des  sels 
doubles,  le  pouvoir  coagulant  paraît  être  déterminé  par  le 
solfate  à  métal  trivaleni  qui  y  entre,  et  non  par  le  sulfate 
alcalin.  On  constate,  en  effet,  que  les  dilutions  extrêmes 
observées  pour  Talun  ammoniacal  et  l'alun  de  chrome  sont 
respectivement  V192377  ^^  V42kb3*  L'action  du  sulfate  alca- 
lin semble  cependant  se  manifester  en  ce  sens  que,  bien 
qoe  très  élevé,  le  pouvoir  coagulant  des  aluns  est  inférieur 
à  celui  du  sulfate  d'aluminium.  Ce  fait  contribue  aussi  à 
montrer  qu'il  n'existe  pas  de  relation  entre  le  poids  molé- 
culaire d*nn  sel  et  son  énergie  de  précipitation.  Les  nombres 
fournis  par  le  ferrocyanure  et  le  ferricyanure  de  potassium 
sont  intéressants.  Ces  deux  corps  ont  un  pouvoir  coagulant 
très  faible  etanalogue  à  celui  des  sels  alcalins.  H.  Schuize. 


(  320  3 

dan$  son  (ravail  sur  le  sulfure  d'arsenic  colloïdal,  avait 
déjà  mentionné  ce  fait  et  en  avait  conclu  qu*on  ne  peut 
assimiler  ces  composés  aux  sels  doubles. 

En  général,  il  ressort  des  nombres  obtenus  que  la  nature 
de  l'acide  qui  intervient  dans  la  constitution  d'un  sel  est 
sans  action  sur  la  manière  dont  le  sel  se  comporte  à  Tégard 
de  la  solution  colloïdale.  On  ne  peut  toutefois  méconnaître 
que  les  différences  que  Ton  constate  entre  le  chlorure,  le 
bromure  et  l'iodure  de  potassium,  ne  dépendent  que  des 
éléments  acides,  chlore,  brome  et  iode.  De  même,  le  chro- 
mate  et  le  bichromate  de  potassium,  le  carbonate  neutre 
et  le  carbonate  acide  de  sodium,  montrent  que  le  rapport 
de  l'acide  au  métal  n'est  pas  sans  influence.  Les  nombres 
fournis  par  ces  sels  semblent  indiquer  que  les  sels  acides 
ont  un  pouvoir  coagulant  supérieur  à  celui  des  sels  nor- 
maux. 

En  ce  qui  concerne  les  acides,  les  résultats  obtenus 
indiquent  qu'en  général  les  acides  minéraux  agissent 
comme  précipitants  à  des  dilutions  beaucoup  plus  grandes 
que  les  acides  organiques. 

En  somme,  les  faits  acquis  par  l'étude  de  la  coagulatîoa 
du  sulfure  de  cadmium  peuvent  se  résumer  dans  les  quel- 
ques points  suivants  : 

V  II  n'existe  pas  de  relation  entre  le  poids  moléculaire 
des  acides  et  des  sels  et  leur  énergie  de  précipitation; 

2"  Le  pouvoir  coagulant  des  sels  est  déterminé  par  le 
métal  qui  y  entre  :  les  sels  des  métaux  monovalents  sont 
les  moins  actifs;  ceux  des  métaux  trivalents  ont  la  plus 
grande  énergie;  enûn,  les  sels  des  métaux  bivalents 
tiennent  le  milieu  entre  les  deux  catégories  précédentes» 

En  général,  l'influence  de  l'acide  n'est  pas  appréciable. 

S"*  D^ins  les  aluns,  l'influence  du  sulfate  à  métal  triva- 
lent  l'emporte  sur  celle  du  sulfate  alcalin; 


(  321  ) 

4*  Le  pouvoir  coagulant  des  sels  acides  parait  être 
sopérieur  à  celui  des  sels  normaux; 

5*  Les  sels  de  cadmium  ont  une  énergie  de  précipitation 
très  grande  à  Tégard  du  sulfure  de  cadmium. 

La  plupart  des  faits  que  je  viens  de  signaler  concordent 
avec  ceux  que  H.  Schuize  mentionne  dans  ses  recherches 
wr  les  sulfures  d'arsenic  et  d'antimoine  à  l'état  colloïdal. 

Il  est  donc  probable  que  la  coagulation  des  substances 
colloïdales  est  soumise  à  de  véritables  lois»  dont  la  cause 
nous  échappe  encore.  Peut-être»  lorsque  la  découverte  de 
ooivelles  matières  colloïdales  aura  permis  d'augmenter  le 
nombre  des  observations,  arrivera-l-on  par  la  comparaison 
des  bits  à  connaître  la  raison  de  ces  singulières  propriétés 
qoe  présentent  les  corps  colloïdaux. 

Od  entrevoit  dès  à  présent  que  la  solution  du  problème 
ptKirraît  contribuer  à  étendre  notablement  nos  connais- 
sances actuelles  sur  la  structure  moléculaire  des  substances 
minérales. 

En  terminant,  je  mentionnerai  que  j'ai  fait  une  série 
(fessais  de  coagulation  avec  une  solution  de  sulfure  de 
eadmiom  renfermant  20  7o  CdS  de  plus  que  celle  dont  je 
m'étais  servi  d'abord.  Mon  but  était  de  voir  si  la  concen- 
tration du  sulfure  influerait  sur  le  mode  d'action  des  sub-; 
stances  précipitantes.  Les  nombres  auxquels  je  suis  arrivé 
étant  tous  du  même  ordre  que  ceux  qui  Ggurent  dans  le 
tabieaa  précédent,  il  me  parait  inutile  de  les  reproduire 
ici.  Je  crois  pouvoir  en  conclure  que  la  concentration  du 
iolfnre  de  cadmium  colloïdal  est  sans  action  sur  la  façon 
dont  il  se  coagule. 


Université  de  Liège.  Laboratoire  de  chimie  générale 
de  la  faculté  des  sciences.  Juin  4887. 


(  322  ) 


Sur  la  représenlaHon  des  involutions  unicursales;  par 
François  Deruyts,  docteur  en  sciences  physiques  et 
mathématiques  de  TUniversité  de  Liège. 

Dans  son  mémoire  c  Sur  quelques  applications  de  la 
théorie  des  formes  algébriques  à  la  géométrie  »  (*),  M.  Le 
Paige  a  signalé  l'emploi  de  la  géométrie  des  espaces 
supérieurs  comme  moyen  d'investigation  dans  la  théorie 
de  rinvolution.  Plus  tard,  il  a  appliqué  ce  procédé  à  la 
recherche  des  groupes  communs  à  certaines  classes  d*in- 
volutions  (**).  Pour  cela,  il  prend  comme  support  des 
involutions  d'ordre  n,  la  courbe  normale  C.  de  l'espace 
à  n  dimensions,  et  il  recherche  la  classe  du  lieu,  enveloppé 
par  les  espaces  plans  à  k  dimensions,  déterminés  par  k-hi 
points  d'une  involution  i;. 

Plus  récemment,  M,  Castelnuoyo  (**')  a  retrouvé  les 
principales  propriétés  des  involutions  unicursales,  en 
partant  de  la  définition  suivante  : 

«  Soient  donnés  dans  un  espace  à  n  dimensions  E^,  une 
courbe  normale  C„,  et  un  espace  E„_k_4  à  n  —  k  —  1 
dimensions;  les  oo^  espaces  an  —  1    dimensions,    E..4, 


(*)  Mémoires  couronnés  et  mémoires  des  savants  étrangers  de  FAea" 
déH^ie  de  Belgique,  tome  XLIII,  4871». 

("*)  Bulletins  de  l'académie  de  Belgique,  tome  XI,  5«  série,  4886. 

(***)  Jtli  dcl  R.  Istitulo  venelo  di  scienzi,  lettere  ed  arti,  tome  IV, 
4*  série,  4886: 

Studio  delt  involazione  sulle  curoe  rmzionali  mediante  la  loro  eurve 
normale  dello  »pasio  a  n  dimensioni. 


f — TW" 


(  523 ./) 

passani  par  E^^^i  marquent  sur  C.,  oe^  groupes  de  n 
points  qui  constituent  une  involuiion  df  ordre  d  et  de 
rangk^  V  ». 

H.  Castblrtoyo  appelle  £.^^.4,  espace  central  de  Vin^ 
vûlution. 

Noos  DOQS  proposons  d*étudîer  la  représentatioa  des 
ÎDTolations  anicursales,  en  partant  de  la  définition  analy- 
tique qa'on  leur  donne  ordinairement;  nous  arriverons 
ainsi  à  retrouver,  comme  une  propriété  de  ces  involutions, 
ce  que  M.  Castelndoto  en  prend  comme  la  définition. 

I.  —  L'involution  la  plus  générale  d'ordre  n  et  de  rang 
n— 1,  placée  sur  un  support  unicursal,  peut  se  définir 
analytîqaement  de  deux  façons  (')  :  soit,  par  une  forme 
n —  linéaire  symétrique  égalée  a  zéro, 


aja^ttg  • . .  a.  =  0 , 


avec  les  conditions 


soit,  par  une  équation  de  la  forme, 

^9  ^«  •••  ^9  étant  des  paramètres  arbitraires,  les  fonc- 
tions a|^^*  des  formes  binaires  d'ordre  n,  que  nous  suppo- 
serons avoir  pour  expressions  effectives 


i^*)-  =  ai*>xî  -♦-  cii*»x^r 


•-1 


<*>a:î-*x,  -♦-  a\tU^,. 


(')  Voir,  ptr  exemple,  les  Essai*  de  tjéùmélrie  supérienre  du  troi- 
sième ordre  de  Ai.  Le  Paige, 


(  324  ) 

Nous  partiroDs  de  cette  seconde  déÛDition. 
CoDsidérons  les  n  équations  linéaires, 

AC)  s  ai*)x.  H-  a?)x,  +  ...  ^  ai*>x.  +  aïi.x,^.  =  0, 
A^«>  =  ai'^x,  -f-  ai*'x,  -+-  ...  -f-  aS?'x,  -+-  oiS.|X^  =  0. 

A<"^  ^  ai*^X|  -♦-  ai*^Xi  -♦-  —  -♦-  a^^x,  -f-  oi.'îJ.iX.  j^  =  0; 

Tensemble  de  ces  équations  peut  être  regardé  coaiaie 
représentant  un  point  de  Tespace  E»  (*);  nous  dirons  que 
ce  point  correspond  à  Tinvolution,  définie  par 

/'=0. 

Nous  allons  voir  comment,  dans  ce  mode  de  représen** 
tation,  nous  pouvons  déterminer  les  images  des  différents 
groupes  de  Tinvolution.  Supposons  que  celle-ci  soit  décom- 
posable,  l'équation  qui  la  caractérise  devient  : 

f  =  «.(A,aL*^-  -f.  x^a'y^  H- ...  -I-  a,ar-')  =  0. 
Les  équations  du  point  correspondant  sont  alors  : 

BW=al*)«,x,  +  («^«1+  «S%)x,  -.- ...  -*.  (al^,  -*-  aL«  i«,)J:,  -Haj?)«^^,=0, 
B<»>sal"^«,x,  -h  (a;")a,-h  ai->a,)xj  -+-...  h-  (oï^aj  -HaïL,«,)x.-+-aï>a^«+,  =0. 


(*)  Pour  abréger  le  langage,  nous  désignerons  par  espace  E«,  Tespace 

* 

a  k  dimensions  et  du  premier  ordre. 


I 


(  328  ) 

11  est  facile  de  déduire  de  là  pour  les  coordonnées  de  ce 
point  : 


•— **»      •     *.*-•-.•  •    .     .    •    -T-    *.»—**.      • 


Xi:x,:jr,:  —  :x,:XiH-i=«t  •  —  «î    «i:  «!    «;:  — ripa,    a,:  ±a" 

(le  signe  d:  selon  que  n  est  pair  ou  impair). 
Si  nous  posons  ^  <=>  —  \  nous  aurons  : 

X,  :  X,:  Xs:  •••  :x,:  x,^i  «=  X"  :  X""*;  .••  :  x:  i...; 

ce  qui  est  Téquation,  sous  forme  normale,  de  la  courbe 
caracléristique,  C.,  de  l'espace  E.. 

Nous  en  déduisons  ce  théorème  : 

Le  lieu  des  points  qui  représentent  les  involutions  d'ordre 
net  de  rang  n  —  1  décomposables,  est  la  courbe  normale  de 
f espace  à  n  dimensions. 

Tout  espace  EL.i,  passant  par  le  point  correspondant 
i  Qne  involution  l;|_i,  définie  par 

peot  se  représenter  par  Téq nation 

Cet  espace  coupera  la  courbe  C»  en  des  groupes  de 
points  dont  les  paramètres  sont  les  racines  de  l'équation 


(•-IL 


0. 


Ainsif  ces  groupes  de  points  forment  une  involution 
l!^,  et  la  relation  qui  la  caractérise  est  précisément  celle 
dont  le  point  en  question  est  le  correspondant.  Ces  groupes 
de  points  sont  donc  les  images  des  groupes  de  Finvolution. 


(  326  ) 
II  —  Une  involution  d'ordre  n  et  de  rang  A;,  F;, est  définie 

1 

par  la  relation, 

» 

,  é 

Les  i+l  éqiialîoii8:linéaive3^ 

AW  =  ai*>x,     ^  a?>x,     -h  ••    -f-  o^x,     +  a2Uac-*i  =  <>. 
A'H-i)  =  aj*+i)^^  -+-  ai*^>x,  HÎ^  •.-  H-  air*)x,  -+-  <i*>x,H^  «  0, 

représentent  dans  Tespace  E«  on  espace  E»_t_i  :  c'est 
Vespace  central  de  Tinvolotion;  nous  dirons  que  cet  espace 
correspond  à  l'involution. 

Si  riûYolution  est  décomposable  en  un  point  Bxe  et  en 
une  involution  Ip',  auquel  cas  son  équation  est 

son  espace  centrai  sera  représenté  par 

B<*+^)=al*+'>a,X4+(ai*+*^-*-ai*^*»a,)x,-^...+(aL*^>a,H^^^ 

Ces  équations  sont  vériflées  identiquement  si  l'on  sup- 
pose 


»  .  -."—**,      •   .    .    •    -w   ^•— I. 


X,  rx,: .-.  :x,:  x,^^  ««;:  — o;~"a|:  —  :  qp  «;-'«,:  ±aî. 


(  327  ) 

Donc  :  Fespace  central  de  toute  involution  (Tordre  n  et 
de  rang  k,  qui  possède  un  dément  fixe^  renœntre  la  courbe 
Mormale  de  l'espace  à  n  dimensions. 

Oo  démontrerait  de  même  que,  si  Pinvolotion  estdécom- 
posaUe  eo  k'  éléments  fixes  et  en  une  involution  i;'',  son 
espace  ceotral  rencontre  la  courbe  normale  en  k!  points. 

Tout  espace  E..i,  passant  par  l'espace  central  d^une 
iovolution  lî,  peut  se  représenter  par 

Cet  espace  coupera  la  courbe  C,  en  des  groupes  de 
points  dont  les  paramètres  satisfont  à  la  relation, 

c'est-à-dire,  à  la  même  relation  que  Tinvolution  I;  pro- 

WKKKm 

III.  —  Si  nous  prenons  la  seconde  délinilion  de  Pinvo- 
lolion,  une  IT  sera  représentée  par  n  —  h  formes  algé- 
briques n^linéaires^  égalées  à  zéro, 

/;  =  a?>    <)    ai*'     ..  oî;>    =0, 
/;  =  «?)    a?>    a?^     ...a?    =0, 

■     •  •••         •••■• 

f,_, = air*w,-*>a;"-*^ . .  <-*>  =  0. 

Avec  les  conditions 

(p=i,2,...,n  — fc). 
Pour  simplifier  la  notation,  nous  représenterons  les 


(  328  ; 

coefficieols  de  ces  formes  par  les  lettres  a^\  affectées  des 
indices  ioférieurs,  1,  S,...  n-i-l. 

Nous  pouvons  considérer  les  paramètres  de  chacune  de 
ces  formes  comme  représentant  les  coordonnées  d'un  point 
dans  Tespace  E,.  L'ensemble  de  ces  points  représentera 
un  espace  E._kh  •  c'est  Vespace  central  de  l'involutioo. 
Il  est  aisé  de  s'assurer  que  cet  espace  a  pour  équations, 


a 


(t) 


a 


(«) 


ai" 


^3 

a?» 


"■-4      «i.-4+rf 


a^-k)    fj^n-k)    ^n^L)        ^in.L)    ^^n-k^ 


=  0, 


t  variant  de  1  à  A; -4-1. 

En  partant  de  la,  nous  arriverions  aux  mêmes  théorèmes 
que  plus  haut;  nous  ne  croyons  pas  utile  de  reprendre  la 
suite  de  leur  démonstration. 

Nous  pouvons,  d'ailleurs,  passer  d'un  mode  de  repré- 
sentation de  l'involution  à  l'autre  de  la  manière  la  plus 
simple,  ainsi  qu'il  suit  :  si  l'involution  est  définie  par  n  —  k 
formes  n-linéaires  égalées  à  zéro,  on  en  déduit  immédia- 
tement qu'elle  peut  se  représenter  par  la  seule  relation. 


2 


t=3l 


•A  I  JljJl|  jl^Xf  ..•%A'|  Xj  Jl  I  «â  I 


o'," 


a 


1») 


ai" 
a?' 


« 


(-')  a'"  ') 


ai" 


fj'H-k} 


a 


«l'I. 


.,(1) 
"n-k-hi 

a':ik^i 


^u~k-t- 


=0. 


(  329  ) 
Cda  résalle  de  4:e  que  nous  venon»  de  voir. 
Supposons  maiotenant  qu'âne  iovolution  I;  soit  définie 
par  la  relation 

>.a,  •  -f.  A^,  ■  +  ...  -H  a^+iO,     "  =  G; 

son  espace  central  est  représenté  alors  par  les  A  +  l  équa- 
tions 

<x,  -».  aï>xj-^  ...  -f-  a^xj^,  -*-  aU^^,  ^  ...  +  a2ViX^  =  0, 

(f  =  'l,2,...,)fc-*.i). 

Si  nous  désignons  par  a^,  a^^^ ...  a,^,  n — /r  paramètres, 
nu  point  quelconque  de  cet  espace  a  pour  coordonnées, 
par  exemple, 

2  *^'«i+,K^,oi%...,aiV;*))     2"*«*.,Ai^> 


*l  — 

(«l^a?),..,al*+/))          - 

B^.        • 

I' 

.         •        • 

S" 

f 

1 

•             •              .             a 

•M-l 

(ai",  «!?>,...,  aiï;") 

B*+i 

*»«=         «*+i 

9 

'»H  —        «■+« 

• 

3"*  SÉRIE , 

TOME  XIV. 

22 

(  330  ) 

Ce  point  définit  dans  l'espace  E.  une  involution  i;.,,  qui 
a  pour  équation, 

j«^,A<."  +  a.^l«    ^  ...  +  «^Ai"-"  j  PW 
H-  j«^,Ai»'  +  «^AP>    --  ...  +  «^.Ai-*)|  P!.-«»  -H  ... 
■*■  i«.+.A<Ji,  +  a^\<S^  ^  ...  ^  «^Ai55»'jPi.-'» 
-  «»+.B^.P2-*-"  -  «»+.B„^P|r-»-«) «mhB*wP?'  =  o. 

en  désignant  par  Pi*>  la  somme  des  combinaisons  des  n 
variables 


X, 

yi 

«1 

W| 

X, 

9 

f 

Ut 

prises  A:  à  A:. 
Nous  pouvons  écrire  Téqualion  précédente  sous  la  forme, 

-+-  «.+1 1  Ai"-*'PÏ^-*. Ai-'>Pi-*>^...  -^  Al!p,*)Pir-*)~  B^^Pl?»  j  =0. 

Si  nous  considérons  tous  les  points  de  Tespace  central,  il 
leur  correspondera  un  faisceau  d'ordre  n  —  k —  1  d'involu- 
lions  l;;.|.  Les  groupes  de  base  de  ce  faisceau  sont  précisé- 
ment les  groupes  de  l'involution  proposée;  cette  involution 
pourra  donc  se  représenter  par  les  n — A:  équations 

Ai*>Pi-'   -♦-  Ai*)pir  ')  + ...  -+-  Ai^ps;-*)  —  B,+,Pir-*-'> = 0, 

A(-*)pf;)  ^  Ai" - *'P>-*)  +  .. .  +  AiV/^PlT"'^  —  B,+,P!?>        =  0, 

c'est-à-dire,  par  n  —  k  formes  n-linéaires  symétriques, 
égalées  à  zéro. 


f  331) 

D'après  ce  que  nous  venons  de  voir,  nous  pouvons 
r^rder  l'espace  central  d'une  involution  I;  comme  étanl, 
oa  bien  rinterseclion  de  A;  +  1  espaces  E,..i,  ou  bien  la 
JMicUon  de  n  —  k  points  de  l'espace  E,.  C'est  à  ce  dernier 
point  de  vae  que  nous  envisagerons  l'espace  central  dans 
la  suite  de  ce  travail. 

IV.  —  Lemme.  Si  nous  prenons  sur  la  courbe  normale 
de  Tespace  E.,  n  points  de  paramètres 


11 


^»  •••»  ^«j 


Fespace  E._o  déterminé  par  ces  points  a  pour  équation  : 


A  = 


«• 

Xt 

Zz      ...  Z^^i 

*î 

xr* 

>?-*...  i 

>i 

iï-' 

A                     A                    *                     A 

K 

xr* 

•                     •                    •                     • 

a:*  ...  \ 

=  0, 


00  en  développant  : 

A  ^  z*  -  ^,Pi">  H-  «3Pi-^ db  z,+,Pi:)  =  0, 

(le  signe  ±  selon  que  n  est  pair  ou  impair). 

Nous  désignons  par  la  notation  Pi'^  la  somme  de  toutes 
les  combinaisons  des  q  lettres  \,  X„ ...,  \^  prises  A:  à  A:. 
11  est  visible  que  l'on  peut  écrire, 

^^r\z^''  z,Pi*>+z,Pi*>  - ...  ±z,^zm  - ... 


Pour  plus  de  facilité ,  nous  mettrons  cette  formule  »  en 


(  332  ) 
faisant  les  coDventioDs  nécessaires,  sous  la. forme, 

Il  en  résulte  immédiatement  que  l'espace  E^.i,  déter- 
miné par  k  points  de  la  courbe  normale  de  l'espace  E., 
peut  se  représenter  dans  cet  espace  par  les  n  —  k-hi 

équations 

Ko    ==0, 

K.    «0, 

•    •    •    • 

Si  l'espace  E^i  était  osculateur  à  la  courbe  au  point  de 
paramètre  ^,  il  suffirait  de  faire 

Nous  en  déduisons  encore  que  Tespace  Ea.o  qui  unit 
les  p  espaces, 

osculateurs  à  la  courbe  normale  aux  points, 

^1»    ^>  •*.»  ^p» 
quand  on  a  la  condition. 


i(r,  +  1)  =  fc, 


est  représenté  par  n  —  k  -hi  équations 

Ko  =^  U,       Kj  s^  Oj  ,,,j  K^  s^  {)  „,j  Kn-Jk  s^  vF, 

les  K,  étant  des  fonctions  non  homogènes  du  degré  kk  p 
variables  \,  Cette  fonction  est  du  degré  r(+ 1,  par  rapport 
à  la  variable  \. 


(  353  ) 

Y.  —  De  notre  procédé  de  représentation,  il  résulte 
qoe,  pour  étudier  les  propriétés  des  groupes  d'éléments  de 
HoTolution  unicursale  la  plus  générale,  il  suffit  d'étudier 
les  propriétés  des  groupes  de  poiuts  donnés  par  Tinter- 
section  d*an  faisceau,  d*ordre  k,  d'espaces  an  —  1  dimen- 
sions» avec  la  courbe  normale  de  l'espace  à  n  dimensions. 
Noos  a?ons  vu  aussi  que  l'on  pouvait  représenter  une 
inTolution  d'ordre  m  dans  un  espace  E,  (n>  m);  cette 
remarque  est  mile  pour  la  recherche  des  groupes  com- 
muns à  certaines  involutions. 

Comme  application,  recherchons  le  nombre  des  points 
oeotres  d'une  I;.  Si  nous  prenons  k  points  sur  le  support 
C^  d'une  I;  représentée  dans  l'espace  E,  par  son  espace 
eeniral  E._j|.|,  l'espace  E,.i,  passant  par  ces  k  points  et 
par  E,»^_|,  est  complètement  déterminé.  Cependant  il  peut 
arrriver  que,  par  un  choix  convenable  des  k  points  du  sup- 
port, on  ait  non  un  espace  E,.|  mais  un  faisceau  d'espaces 
E^i.  Dans  ce  cas, il  est  évident  que  les  points,  ainsi  choisis, 
sont  soumis  à  une  loi  que  nous  allons  rechercher. 

Soient, 

^i>    *t»    •  ••    **> 

les  paramètres  de  k  points  de  C..  L'espace  central  de 
Hovolution  I;  peut  être  défini  parn  —  k  points  de  E., 


,        «>,        •••        A)        •••       «*         9 


le  point  !^^  ayant  pour  coordonnées, 

af\    af\     ...,    air>,    oi'|,. 

L'espace  E^.!»  déterminé  par  les  k  points  \  a  pour 

équations, 

Ko=.0,    K,=0,    ...    K.-*-=0. 


(  334  ) 

L'espace  E„_o  passaot  par  E^t  et  l'espace  central,  est 
représenté  par 


Ko  -*-  ajK| 


-^«»-4K,.^=0, 


les  n  —  k  coefficients  a  étant  déterminés  par  les  n  —  k 
conditions 


Kî 


:-*) 


«iKl' 


— *) 


«._*Ki:.v»=o. 


en  désignant  par  Kj,*^  ce  que  devient  K,,  quand  on  y  rem- 
place les  coordonnées  courantes  parcelles  du  point 2^*^ 

En  général,  les  équations  précédentes  permettent  de 
déterminer  d'une  façon  unique  les  coefficients  a,  sauf  les 
cas  ou  l'on  aurait 


Ki«>    K?>    K?^ 
K?>    KP    K?) 


KiJL* 


Ki"-*>Kl-*)Ki-*)...    KÎU*> 


=  0. 


Alors  l'espace  E»_i,  passant  par  £«_«  et  E..^i,  est  indé- 
terminé du  premier  ordre.  Pour  résoudre  le  problème  que 
nous  nous  sommes  posé,  il  suffira  donc  de  rechercher 
combien  il  existe  de  systèmes  de  valeurs  des  A:  paramètres 
l  qui  satisfont,  par  exemple,  aux  deux  conditions, 


A  s  (Kf  ),  K?\ . . ,  KirJi.V>,  KL-Ji*!.)  =  0 
Bs(K?),  KP, . .,  KSL-/r,'>,  Kir:/))  =0 


.   .    (0 


Il  est  visible,  tout  d'abord,  qu'il   existe  oo*~'  tels 


(  335  ) 

groupes.  Donnons  ai  —  2  de  ces  paramètres  \  par 
exemple  à  )^,  ^4» ...  A^,  des  valeurs  déterminées;  nous  dési- 
gnerons par  (KJ*')  ce  que  devient  K]^^  dans  celte  hypothèse. 
On  a,  lésa,  p,  y,  étant  des  facteurs  constants, 

Le  système  (1)  se  transforme  en 

(A)  =  ((Kf >) ,  (KP), . . ,  {KirË.,))=0 

(B)  s((Kl?>),  (K?)),  ...,(Kt/»)j  =  0 


•     . 


(2) 


Recherchons  combien  il  existe  de  systèmes  de  valeurs  de 
\  et  de)^  qui  satisfont  à  (2).  Remarquons  que  ces  valeurs 
doivent  dépendre  de  tous  les  points  de  l'espace  central,  et 
aniqaement  de  ceux-ci.  Nous  devons  donc  rejeter  tout 
système  qui  ne  satisferait  pas  à  celte  condition.  Cela  posé, 
1KHI8  pouvons  considérer  ^  +  >tt  et  ^  \,  comme  définis- 
sant les  coordonnées  non  homogènes  d'un  point  de  l'espace 
E|.  Il  nous  suflBra  donc,  d'après  cette  remarque,  de  recher- 
cher le  nombre  X  des  points  d'intersection  des  deux 
eoorbes  représentées  par  (2).  Ces  deux  courbes  se  coupent 
en  (n  —  Ar)*  points,  mais  le  système  (2)  est  vérifié  identi- 
quement si  Ton  a 

(AO=((Ki^(Kn...(KL-.V-V>))-0  ) 

.     .      (5) 
(B.)  =  ((K?\  (K?)) ...  (Kt/.-/>))  =  0  ) 

Parmi  les  points  d'intersection  des  deux  courbes,  repré- 
sentées par  ces  équations,  il  en  est  qui  ne  dépendent  que 
de  n—  k  —  1  points  de  l'espace  central  :  représentons 
leur  nombre  par  Xi;  il  en  est  d'autres,  en  nombre  X*,  qui 
ne  dépendent  que  de  n  —  k  —  2  points  de  cet  espace;  en 


(  336  ) 
effet,  (es  équations  (3)  sont  vérifiée»  si  Ton  a 

■  (A,)  s  ((Ki",  (Ki* ) ...  (Kiziz^>))  =  0  l 

(B.)  s  ((Ki'>,  (KH .  ~  (K':.-/_v>)) = 0  !  ■ 

En  continuant  de  la  sorte,  on  arriverait  à  la  suite 

X  =.  (n  -  fc)'  -  X, 
X,=(n-it— I)'  — X, 


(*) 


d'où 

X=(„_jfc)«_(n_it_|)«  -K  (n-fc-2)*...  ±1= iîî=M!L±±l . 

Nous  en  déduisons  les  résultats  suivants  : 

V  k  —  â  éléments  arbritr aires  d'une  involution  If 
entrent  dans  ("'i'^')  groupes  de  k  éléments  neutres. 

^  Les  groupes  de  n  —  1  points  neutres  d^une  involu^ 
tton  Ill^i  forment  une  involution  imJ. 

3*  Une  involution  If  possède  C'^')  couples  neutres. 

Remarque.  En  général,  une  involution  1"  ne  peut  posséder 
d'élément  neutre.  Cela  résulte  ioiniédiatementdeséquatioDS 
précédentes.  En  effet,  le  paramètre  d'un  élément  neutre 
doit  satisfaire  aux  conditions 

(KT,    KP  ...  Ki,-_.«>)  «  0, 
(K^    Kf) ...  Kta -=  0. 

les  fonctions  Kj,^^  étant  linéaires  par  rapport  à  h  Ces 
équations  ne  peuvent,  évidemment,  être  vérifiées  par  mue 
même  valeur  de  X  que  dans  des  cas  très  particuliers, 
l^s  théorèmes  que  nous  venons  d*énoncer  ont  été 


(  337  ) 

dooDés  par  M.  En.  Wetr  f ).  Us  permettent  de  mettre 
réqoalion  d'ime  involution  sous  une  forme  assez  simple. 
PreooDs  d'abord  le  cas  particulier  de  n= 3  et  de  k=% 
Une  involution  I'  peut  se  représenter  par  les  points  oti 
les  pians  d'une  gerbe  rencontrant  une  cubique  gauche.  Le 
roupie  neutre  de  cette  involution  est  marqué  par  les  points 
où  la  bisécante,  menée  du  centre  de  la  gerbe  à  la  cubique 
gaoche,  rencontre  cette  courbe. 

Si  donc,  nous  désignons  par  7  ^^  4-  l^s  paramètres 
de  ces  points,  les  coordonnées  du  centre  de  la  gerbe  pour- 
root  s'exprimer  par 

Xj  =  a|0|  -♦-  a^Of, 

L'équation  de  l'involution  pourra  donc  s'écrire  : 

OQ  bien, 

M.  Le  Paige  a  trouvé  celte  remarquable  expression 
canooique,  en  se  servant  de  ses  recherches  sur  les  formes 
algébriques  plurilinéaires  (**). 

Daos  le  cas  général,  une  involution  1;;  est  définie  par  son 
espace  central;  celui-ci  peut  être  considéré  comme  la 
jooction  de  n  —  k  points  de  l'espace  E., 

AO       AW  A<"-*» 

D  Ud>er  involutionen  n^  grades  und  A*"  êhtfê,  Sitgungsberichtê 
^Kaù.  Àkademiein  Wien,  4879). 

(*')  MH  âeW  Àecademia  Pontifica  de'  Nuwi  Lineei,  juin  4881,  et 
CempUe  rendus,  mai  1881. 


(  338  ) 

D'un  autre  côté,  si  nous  prenons  un  groupe  de  k  points 
neutres  de  Tinvolution,  représentée  sur  la  courbe  C.,  ils 
déterminent  un  espace  E^.!  qui  rencontre  l*espace  central 
de  Tinvolulion.  Nous  pouvons  donc  prendre,  par  exemple, 
au  lieu  du  point  Â^*^  le  point  B^'^  d'intersection  de  E^^t  et 
de  E..,.,. 

Si  nous  représentons  par  ^ot  m^  -"  J^^  '^^  paramètres 
des  k  points  neutres  et  par  a/',  o^\  ...  a!i\  des  constantes, 
ce  point  aura  pour  coordonnées, 

X,  =  «ï'ï  -f-  4*»  -f. ...  -♦-  «l^ 


Si  donc  nous  considérons  (n  —  k)  groupes  de  A:  éléments 
neutres,  et  si  nous  prenons  sur  chacun  des  espaces 
correspondants  un  point  B^'^,  au  lieu  de  regarder  l'espace 
central  de  l'involution  comme  formé  de  n  —  k  points  A^'^ 
nous  pourrons  le  regarder  comme  formé  de  n  —  k  points 
B^'^.  Alors,  il  est  visible  que  les  équations  de  l'involution 
sont  : 

/;=2*ï^  (x, 4. (rjf>x.)  (y,-*-<rjj)^,)(2r.+^îJ)^j  ...(ii,-Hcr<;>ii,)  =0 


/;=2«J?    (xiH-J^'^x,)    (t/.-H(rj?y,)  (^.^(^iP-y,)   ...(w, +<?{?«,)    =0 


(  339  ) 

D*aprè6  ce  qae  doqs  avons  vu,  cette  transformation  peut 
fi'effeetoer  de  oo*~'  manières. 

VL  —  Une  des  questions  les  plus  intéressantes  de  la 
théorie  de  Tinvolution  est  la  recherche  des  éléments  mul- 
tiples associés.  Le  problème  à  résoudre  est  le  suivant  : 

Combien  existe-UU  de  groupée  de  n  élémenls  d^une  invo* 
lulion  Ify  tels  que  dans  ces  groupes  figurent  p  points  tnul" 
Hfies  f  ordres  respectifs 

r,  -♦-  1,    r,  -t-  1,...,    rp  -+-  1, 

«9«c  les  conditions f 

r,  -+-  Tt  -♦-•••-•-  Tp  =  Ar,    k  -^  pS  n. 

H.  LsRCH  (*)  a  trouvé  que  le  nombre  N  de  ces  groupes 
est  donné  par  la  formule 


N«p!('*7*)n(r,^  1). 


Noos  avons  retrouvé  cette  formule  par  une  voie  diffé- 
rente de  celle  qui  est  employée  par  M.  Lerch;  il  nous 
semble  intéressant  de  la  reproduire,  au  moins  pour  le  cas 
particulier  de  p  «»  S. 

Soit  donc  une  involulion  I;,  représentée  par  son  espace 
œDtral  £..«_!,  et  la  courbe  normale,  C..  Les  équations  de 
fespace  à  Ti  +  r,  h-  i  dimensions,  qui  unit  les  deux 
espaces  E^,  et  E,,,  osculateurs  à  la  courbe  normale  C.,  aux 


(')  SUzungsberiehte  des  Kônigl,  bôhm.  GeicUschaft  der  Wittetuchaf' 
taiy  novembre  4885. 


(  340  ) 
points  de  paramètres  A,  et  A,,  sont  : 

K,     =0, 
K,     =0, 


Les  K,  sont  des  fonctions  du  degré  ib+âà  deux  variables 
non  homogènes  \  et  \,  du  degré  r,  +  1  par  rapport  à  X., 
et  du  degré  r,  -i-  1  par  rapport  à  )^. 

L'espace  E,.,  qui  joint  l'espace,  dont  nous  venons 
d'écrire  les  équations,  et  l'espace  centrai,  quand  cela  est 
possible,  est  représenté  par 


Kg  +  0C|  K|  -4-  O]  Kt 


-♦-  «Il  *-.»  K,.i,,— «0, 


les  paramètres  a  étant  assujettis  aux  conditions  : 


Ki" 
KJ" 


«.Kl" 
«.Kl»' 


«,Ki'> 
«.Ki» 


-.-«..t.,KL'l*,=0, 
+  «.-*_, K<?i*  ,  =  0, 


(A) 


Ki-*'  +  «,KM  +  «,Ki-*>-t-   ...    +  «.-*-,KL"-il,=0; 


nous  désignons,  comme  plus  haut,  par  Kj,*'  ce  que  devient 
K^  quand  on  y  remplace  les  coordonnées  courantes, 
z„z„...z,^,,  par  les  coordonnées  du  point  A.'* 'de  l'espace 
central. 

Pour  que  ces  équations  (A)  soient  compatibles,  il  fant 
que  l'on  ait  : 

KO        Kl"       K?»  Ki'l».,  KL".»_, 

K?'       Kl"       K?>  Kl'it.,  K!«». 


Ki"  *-«)Kj.-»-<)K("-*-')  Ki".V.V' K!r.-/r," 

Ki-*>    Ki-"   Ri"  *'       Kïr/',  K!r--»1, 


0, 


(  3*4  ) 
00,  ee  qai  revient  aa  même,  il  faut  que  les  paramètres 
\tl\  satisrassent,  par  exemple,  aux  deux  relations. 


A. 
B. 


.*-.'>^  = 


E(Ki^K?',...,KL■•..il^Kw.-.•') 

i(Ki",KJ'>,.,.,K<'_V.-,%K<:.-.^.,  ) 


0,1 
0.( 


Remarquons  que  les  valeurs  des  paramètres,  qui 
répoDdenl  au  problème,  doivent  dépendre  de  tous  les 
points  qui  définissent  Tespace  central  et  uniquement  de 
ceax-ci. 

Cela  posé,  nous  pouvons  considérer  les  deux  équations 
préoédentes  comme  reprësentant,  en  coordonnées  non 
bomogènes»  deux  espaces  à  une  dimension  et  de  Tordre 
(it+  2y  (n  —  A:  —  1),  ces  deux  espaces  étant  situés  dans 
an  même  espace  E,.  On  peut  s'assurer  Tacilement  qu'ils 
ont  en  commun  les  éléments  suivants,  étrangers  à  la 
qoesUon  : 

1*  Deux  espaces  nuls  d'ordres  (r^  +  1)  (n  —  k  —  1)  et 
(r,  +  l)  (n — k  —  1),  situés  sur  Tespace  Et  à  Tinfini  de  E,. 

2*  L'intersection  des  deux  espaces  à  une  dimension  dont 
les  équations  sont  : 

B.  =  (Ki%    Kl%...Ki:r/r/>,    Ktit?')  =  0;  ) 

parmi  les  points  d'intersection  de  ces  espaces,  il  en  est  qui 
dépendent,  en  effet,  uniquement  des  coordonnées  de 
n  —  k  —  2  points  de  l'espace  central;  soit  N,  le  nombre 
de  eenx-ci  et  d'autres  en  nombre  N,  qui  dépendent  de 
n-^k  —  Z  points  de  l'espace  central,  nous  aurons  : 


N.  =  2(n  -H  i)(r,  +  i)(fi  -  *-«)«  — N„ 


(  342  ) 
de  même 

N,        =2(r,-Hl)(r,-^  \)(n  —  k^^f  —  N^ 
de  sorte  que, 

N«!2(r,+  l)(r,-Hi)|(n  — i-l)«-(n-*— 2)'-H...=fcl(, 

OU 

tn  —  k){n  —  k  —  i) 
iN  =  2(n  -^  i)(r.  +  1)^ ^^-^ î, 

ce  qui  est  bien  la  formule  de  M.  Lergh. 

Dans  le  cas  général,  les  calculs  devenant  assez  compli- 
qués, nous  nous  bornerons  à  indiquer  la  marche  de  la 
démonstration. 

On  écrira  les  équations  de  l'espace  E^^p^,,  formé  par  la 
jonction  des  p  espaces, 

osculateurs  à  la  courbe  normale  aux  points  de  paramètres 

On  en  déduira  l'équation  de  l'espace  E._,,  passant  par 
Ei+p^t  et  par  l'espace  central  de  Tin volu lion,  en  fonction 
de  n — k — p  paramètres  non  homogènes  qui  doivent  satis- 
faire k  n  —  k  équations  linéaires.  Pour  que  celles-ci  soient 
compatibles,  il  faut  qu'un  déterminant  multiple,  formé  de 
n  —  k  —  p  +  1  colonnes  et  de  n  —  A  rangées,  soit  nul.  Le 
probème  revient  donc  à  chercher  combien  il  existe  de  sys- 
tèmes de  valeurs  des  paramètres  X  qui  annulent  ce  déter- 
minant multiple.  Or,  celui-ci  peut  être  considéré  comme 
représentant,  en  coordonnées  non  homogènes,  dans  l'espace 
Ep,  l'intersection  des  p  4- 1  espaces,  E{r_\,  à  p  —  1  dimen- 
sions et  d'ordres  P'=={n  —  k  —  p  -h  1)  (*  -h  p). 


(  343  ) 

Oo  remarquera  que  ces  espaces  oui  en  commun  les 
éléments  suivants  : 
1*  p  espaces  Ep_«,  multiples  d'ordres  respectifs 

{n-k  —  p^\)(r,-^i\ 
(n  — *  — /)+  i)(r,  -H  i), 


ces  éléments  sont  situés  dans  l'espace  Ep_i  à  l'infini  de 
l'espace  Ep. 

2*  La  partie  d'un  espace  à  p  —  2  dimensions  et  dont 
l'équation  s'obtient  en  retranchant  du  déterminant  mul- 
tiple primitif  p  —  2  rangées;  cette  partie  ne  dépend  que 
de  n  —  k —  2  points  de  l'espace  central. 

On  cherchera  l'intersection  des  p  espaces  E^ii,  en  faisant 
abstraction  des  points,  situés  sur  les  éléments  que  nous 
Tenons  d'énumérer,  et  on  retrouvera  la  formule  de  M.  Lerch. 
Noos  pouvons  donc  énoncer  les  théorèmes  suivants  : 

i*  Les  espace  an  —  1  dimensions^  qui  passent  par  les 
espaces  à  k  dimensions,  osculateurs  à  la  courbe  normale  de 
tespace  à  n  dimensions,  enveloppent  un  espace  an  —  k 
dimensions  et  déclasse  (n  —  k)  (k  +  1). 

Nous  entendons  par  classe  d'un  espace  an  —  p  dimen- 
sions, enveloppé  par  des  espaces  plans  E..|,  le  nombre  de 
ces  espaces  E..i,  qui  passent  par  un  espace  plan  E..^_,. 

2*  Les  espaces  an  —  1  dimensions  qui  passent  par  les  p 
espaces  E^  à  Ti  dimensions, 

(i  =  i,  2, .. .  /»;  2  ('•.  -*-  i)  =  *  -*-  p), 

(^culateurs  à  la  courbe  normale  de  l'espace  à  n  dimensions, 
enveloppent  un  espace  an  —  k  dimensions  et  de  la  classe 


.■("7')n(n*'). 


(  344  ) 

VH.  —  Si  nous  considérons  la  courbe  normale  de 
l'espace  E.,  par  un  point  extérieur  P,  nous  pourrons  lai 
mener  n  espaces  E._,  osculateurs.  L'espace  an  —  1 
dimensions,  qui  joint  les  points  de  contact,  s*appelle  espace 
polaire  du  point  P. 

Réciproquement,  si  Ton  considère  les  n  espaces  E..,, 
osculateurs  aux  points  où  un  espace  E'..i  rencontre  la 
courbe  C.,  Tintersection  de  ces  espaces  est  le  pôle  de 
l'espace  £',.4. 

Recherchons  l'équation  de  l'espace  polaire  d'un  point 
de  coordonnées 

Oi,       Of,       ...       fl„       0«-|-|. 

Les  points  de  contact  des  espaces  osculateurs,  issus  de 
ce  point,  sont  donnés  par  les  racines'de  l'équation, 

«1  — UJ  iOi-^  (2)  ^^"^ ^  u)  ^"^«+«  =  ^' 

(le  signe  ±  selon  que  n  est  pair  ou  impair). 

L'équation  de  Tespace  E,^,  passant  par  ces  points  est 

z,  —  z,  pf^  -+.  z,  pf  )  - . . .  =fc  i,^..  Pir> = 0, 

or, 

(ï)  "-  (2)^"-' 

donc  l'équation  de  Pespace  polaire  est 

a.+,  s,,  j^j o,  Zi-h  f  ^ j  a^_i  Zz ±  f "j  a,  z^j  »  0. 


(  3^5  ) 
Réciproquement,  les  équations  du   pôle  d'un  plan    de 
l'espace  E., 


(ont 


6,  «I  -♦-  6a  zj  -h  •••  -4-  6,+4  jj,^4  =  0, 


^»  .    ««+1 


i:)    C)  (?)        (:;) 

Nous  pouvons  en  déduire  ce  (héorème  : 

L'espace  polaire  d^un  point  (Vun  espace  à  n  dimensions 
posée  par  ce  points  et  le  pâle  d\in  espace  au  —  1  dimen^ 
siens  est  situé  dans  cet  espace  quand  n  est  impair. 

Ou,  ce  qui  revient  au  même: 

Les  points  multiples  d^ordre  n  d'une  involution  l^.i 
forment  un  groupe  de  cette  involution^  quand  n  est  impair. 

Ce  théorème  est  dû  à  M.  Lk  Paige. 

En  parlant  de  là,  on  en  déduirait  des  théorèmes  i>ur  les 
involutioos  conjugées  et  par  suite  des  théorèmes  sur  les 
courbes  normales,  analogues  à  ceux  que  M.  Appell  (')  a 
donnés  pour  les  cubiques  gauches,  notamment  sur  les 
espaces  axiaux  et  diamétraux  de  ces  courbes.  On  en  tirerait 
encore  des  propriétés  analogues  à  celles  des  complexes 
linéaires  de  droites  de  Tespace  E,.  Nous  espérons  pouvoir 
revenir  sur  ce  sujet. 

(*)  Appell.  Sur  le»  propriélés  des  cubiques  gauches  et  le  mouvement 
kélieoidal  d'un  corps  solide,  (Annales  de  TÉcole  normale  supérieure, 
8*  série,  tome  V.) 

3"*  SÉRIE,   TOME  XIV.  23 


(  34G  ) 


Descriptions  de  quelques  Cucurbitacées  nouvelles  ;  par 
Alfred  Gogoiaux,  professeur  à  TÉcole  normale  de  l'État 
à  Verviers,  et  vice-consul  de  TEmpire  du  Brésil. 

Depuis  la  publication  de  notre  Monographie  générale 
des  Cucurbitacées  dans  les  Monographiœ  Phanerogama^ 
rum  de  M.  de  Candolle,  en  1881,  nous  n'avons  cessé  de 
rassembler  des  matériaux  pour  compléter  ce  travail.  Nous 
avons  déjà  publié  quelques-uns  de  ces  matériaux  antérieu- 
rement ;  aujourd'hui,  nous  décrivons  quatorze  espèces  et 
plusieurs  variétés  inédites,  provenant  de  diverses  régions 
d'Amérique,  d'Afrique  et  d'Océanie. 

Dans  le  but  de  faciliter  les  comparaisons,  nous  avons 
eu  soin  de  rédiger  nos  diagnoses  et  nos  descriptions  exac- 
tement sur  le  même  plan  que  celles  des  espèces  du  même 
genre  dans  notre  Monographie  générale.  En  outre,  nous 
avons  indiqué,  autant  que  possible,  la  place  que  chaque 
espèce  nouvelle  doit  occuper  dans  l'ordre  systématique,  et 
nous  avons  signalé  les  principales  différences  qui  la 
séparent  des  espèces  affines. 

Nous  espérons  être  parvenu  ainsi  à  caractériser  nette- 
ment ces  diverses  espèces,  afin  qu'aucune  d'elles  ne  reste 
obscure. 

f  •  Tricliosantlies  Huelieri  Cogn.  sp.  nov.;  foliis  ambitu  ova- 
tis,  supra  punctato-scabris,  subtus  glabris  laevibusque,  usque 
ultra  médium  3-sub-5-Iobatis,  lobis  oblongo-Ianceolalis,  acutis- 
simis,  margine  remolissîme  minuteque  denticulatis  ;  floribus 


(  3-^7  ) 

ffloooicis,  brevissiroe  raccmosis  subfasciculalis,  longe  pedicel- 
htis,  ebractealis  ;  seminibus  valde  turgidis,  longitudinaliler 
zooa  crassissime  circumvallatis,  unilocularibus. 

Rami  gracilJimi,  ramalosi,  sulcati,  glaberrimi,  lacvcs.  Petio- 
las  graeillimus,  striât  us,  glaber  vel  sparissîme  brevitcrquc 
asperus,  5-4  cm.  longus.  Folia  tenuîter  membranacea,  supra 
beleTiridia  et  albo-punctatajsubtus  paulo  pallidiora,  i  1-15  cm. 
looga,  8-iO  cm.  lata,  lobo  iotermedio  longîore,  adbasim  levî- 
trr  coDstrîclo  ;  sinus  înter  lobi  angusti,  obtusi,  basilaris 
sobrectangulariSy  i  Vs~^  Vs  ^^'  profondus.  Cirrhi  salis  gra- 
ciles, eloDgati,  angulato-sulcati,  glaberrimi,  bifidi.  Pedunculus 
commanis  masculus  multifiorus,  i-4  mm.  longus;  pedicellli 
patnii,  capillares,  glabri,  i-i  '/g  cm.  longi.  Flores  perfecii 
ijpsoti.  Fructus  subscssilis,  pallidus,  ovoidcus,  teres,  basi 
sttbtruncatus,  apice  oblusus,  5  cm.  longus,  1  ^j^-jt  cm.  crassus. 
Semina  sordide  cincrea,  vix  rugulosa,  basi  obtuse  attcnuata, 
7  mm.  longa,  4  mm.  la  la,  5  mm.  crassa. 

HabitatinQuesIandAustralia  (coU.Palmer  et  co mm. Cl.  baron 
F.  TOD  Mueller). 

Cette  espèce  fait  partie  de  la  curieuse  section  du  genre 
à  graines  presque  en  forme  de  marteau,  dont  Gaerlner 
avait  d^abord  formé  le  genre  Cucumeroïdes  ^  nom  que 
H.  Naudin  a  changé  beaucoup  plus  tard  en  Platygonia. 
Elle  est  assez  voisine  du  T.  Himalensis  G.  B.  Clarke,  qui 
s*eD  dislingue  nettement  par  la  villosité  recouvrant  pres^ 
que  tous  ses  organes^  et  par  ses  fleurs  mâles  munies  de 
bractées.  Toutes  les  autres  espèces  de  la  même  section 
diflerenl  des  deux  précédentes  par  leurs  graines  pourvues 
de  deux  grandes  loges  latérales  vides. 

Nous  dédions  cette  espèce  au  célèbre  explorateur  de 
l'Australie,  M.  le  baron  von  Mueller,  de  Melbourne,  de  qui 
nous  Tavons  reçue  en  1886. 


(  348  ) 

9.  Eureiandra  Balfourii  Cogn.  sp.  nov.  caule  glabro;  pctîolo 
brevissime  sparscque  puberulo  demum  glabro;  foliis  ulrinque 
brcviter  sparseque  asperis  demum  albo-callosis,  plerumque 
Icviter  5-5-lobatis,  lobis  saepius  triangularibus,  apice  sub- 
acutis;  floribus  pro  génère  parvis,  masculis  brevissime  racemc- 
sjs  subfasciculatis;  calycis  tubo  late  infundibuliformi  subcam- 
panulato  ;  staminum  filamentis  glabris;  ovario  oblongo;  fructu 
ovoideo-subfusiformi,  apice  longiuscule  acutequc  rostrato. 

Caulis  graciliSy  angulato-sulcatus,  lacvis,  cinereus.  Petiolus 
satis  gracilis,  striatus,  laevis  vel  demum  interdum  levîter 
rugosus,  2-6  cm.  longus.  Folia  tcnuiter  membranacea,  ambîtu 
ovata,  supra  laete  viridia,  subtus  paulo  palHdiora,  8-15  cm. 
longa  et  fere  totidem  lata,  rariu&fere  usque  ad  médium  lobata, 
]obis  margine  undulato-crenulatis,  mediano  paulo  longîore,  ad 
basim  non  constricto;sinus  basilaris  subrectangularis,  1  ^i-^  cm. 
profundus  latusque.  Cirrbi  graciles,  elongati,  teretcs,  glabri. 
Pedunculus  communis  masculus  gracilis,  sulcntus,  leviter 
puberuhis,  mulliflorus,  ^If5  cm.  longus;  pedicclii  filiformes, 
recti,  puberuli,  i  7t~^  ^^'  longi.  Calycis  tubus  puberulus,  Ion- 
giludinalitcr  tenuissime  nervosus,  superne  satis  dilatatus« 
inferue  longiuscule  attenuatus,  5-6  mm.  longus  et  apice  toti- 
dem latus;  segmenta  lincarin,  6-7  mm.  longa,  i  Vt  '^^^'  ^^^^' 
Corolla  subglabra,segmenlisovato-oblongis,  aeutis,d-5-nerviis, 
margine  brevissime  ciliatis,  i  </,  cm.  longis.  Staminum  fila- 
menta  ad  basim  non  dilatata,  "2-0  mm.  longa;  antberae  bilocu- 
lares  leviter  lobatae,  4  mm.  longac,  5  mm.  latae.  —  Flores 
feminei  solitarii  vel  rarius  geminati.  Staminodia  lanceolata, 
puberula,  i  '/,  mm.  longa.  Stylus  subfiliformis,  5  mm.  longus. 
Pedunculus  fructiferus  satis  gracilis,  Icvitor  flcxuosus,  i-5  cm. 
longus.  Fructus  glaber,  leviter  verrucosus,  inferne  leviter 
atlenuatus  obtusus(|ue,  5  cm.  longus,  '2  cm.  crassus.  Scmîiia 
(immatura)  ovoidea,  Icviler  compressa,  distincte  marginata, 


(  349  ) 

atrioqae  laevia,  basî  minute  bidcnticulata,  7  mm.  longa, 
4-5  mm.  lata. 

Habitat  in  însula  Socotra  ad  altit.  âOO-700  m.  ubi  dicitur 
c  Dachschana  >  vel  «  Dichschani  >  (B.  Balfour,  n.  181;  Scbwein- 
furth^expcd.  Riebeck,  ann.  1881,  n.  502,  541,  640  et  747). 

En  1882,  nous  avons  reçu  de  M.  le  professeur  Bayley 
Balfour,  de  Glascow,  tous  les  exemplaires  que  nous  citons 
id  de  cette  espèce;  comme  nous  les  lui  avons  retournés 
après  avoir  rédigé  la  description  ci-dessus,  nous  ne  pour- 
rions citer  avec  certitude  quelles  sont  les  collections 
pobliqoes  où  elle  se  trouve  aujourd'hui. 

Il  est  facile  de  distinguer  TE.  Balfourii  des  deux  autres 
espèces  du  genre.  Voir  Monogr.  Phaner.,  III,  pp.  415-416. 

t.  C^iavxia  ampla  Cogn.  sp.  nov.  foliis  amplis,  ovato- 
cordalis,  apîce  acutisstme  et  breviuscule  acuminatis,  margine 
vil  undulatis,  utrinque  tenuissime  valde  rcticulatis  et  ad  ner- 
Tos  brcvissime  puberulis  caeteris  glaberrimis  ;  racemis  mascu- 
lin folio  brevîoribus,  pedicellis  apice  vel  subapicc  bracteatis; 
olyceleviier  furfuraceo  praecipue  ad  apicem. 

Peiiolus  robustus,  striatus,  dcnsiuscule  furfuracco-puberu- 
lus,4-6  cm.  longus.  Folia  membranacca,  supra  intense  viridia, 
sublos  paulo  pallidiora,  S4-30  cm.  longa,  18-21  cm.  lata;  sinus 
basilaris  anguste  subrotundatus,  6-8  cm.  profundus,  â-4  cm. 
ialus;  nervi  latérales  imum  sinum  marginantfs.  Pcdunculus 
oommonis  masculus  robustus,  profunde  striatus,  subglaber, 
^operne  tanlum  floriferus,  14-16  cm.  longus  ;  pcdicelli  crecto- 
patoli,  robustiusculi,  brevissime  puberuli,  5-8  mm.  longi. 
Braeieae  Hnearcs,  flexuosae,  rigîdiusculae,  dense  furfuracco- 
paberolae,  8*14  mm.  longae,  sacpius  vix  1  mm.  latae.  Caljxis 
Uibos  ieviter  10-costatus,  ad  basim  paulo  inflatus,  apîce  satis 
dilatatas,  fere  1  cm    longus,  inferne  5   mm.  ad  médium 


1 


i  */2-2  mm.  apice  7-8  mm.  latus;  ]imbus  remolissime  minute 
acutcque  dentîcu latus.  Pelala  ut  videtur  flava,  late  obovala  » 
satis  asjmmetrica,  plus  minusve  inaequalia,  tenuiter  mem- 
branacca,  grosse  T-O-iiervin,  inlus  glnbra,  exlus  tenuîssime 
sparsequc  punctato-furfuracea,  apice  subtruncata  el  longîus- 
culc  arislato-apiculata,  5-4  cm.  longa,  2-3  cm.  lata.  Slamîna 
ori  calycis  inserta,  filamentis  brevîssimis;  antherae  liberac, 
bilocularcs  7-8  mm.  longne,  b  mm.  latac.  Pislillodium  nullum. 
Rami  cirrlii  flores  feminei  et  fructus  îgnoti. 

Habitat  in  Gabonia  20  sept.  i884  (D'  R.  Bûttner,  n.  20  in 
herb.  Bcrol.). 

4.  Cogniauxia  coniîfolia  Gogn.  sp.  nov.  foliis  pro  génère 
parvis,  ovato- corda  lis,  apice  acuiis,  margiiie  undulato-suberc- 
nulatis,  utrinque  tenuissime  valde  reliculatis,  supra  ad  nervos 
vîx  puberulis  caeteris  glabris,  subtus  brevissime  et  densiuscule 
puberulis;  cirrhis  bifidis;  racemis  masculis  folio  multo  longio- 
ribus,  pedicellis  sub  apice  bracteatis;  caJyce  dense  furfumceo- 
puberulo. 

Rami  satis  graciles,  sulcati,  leviier  furfuraceo-pubcruli. 
Petiolus  satis  gracilis,  obscure  angulatus,  brevissime  denseque 
puberulus,  2-3  cm.  longiis.  Folia  rigidiuscula,  supra  laete  viri- 
dia,subtus  cinerea,  9-11  cm.  longa,  6  Vt-9  cm.  lata;  sinus  basi- 
laris  auguste  subrectangularis,  2-3  cm.  profondus,  */|-2  cm. 
latus;  nervi  latérales  imum  sinum  marginantes.  Girrhi  robus- 
tiusculi,  elongati,  sulcati,  leviter,  furfuraceo-puberuli.  Pedtin- 
culus  communis  masculus  robustiusculus,  profundus  cule  stria, 
tus,  brevissime  puberulus,  fere  usque  ad  médium  floriferus, 
I  </s-2dm.  longus;  pedicelli  erecto-patuli,  satis  graciles,  leviter 
puberuli,  10-14  mm.  longi.  Bracteae  lineares,  arcuatae,  rigt- 
diusculae,  dense  furfuraceo-puberulae,  6-8  mm.  longae,  vîx 
1  mm.  latac.  Galycis  tubus  obscure  10-costatus,  infernc  vix 
incrassatus,  apice  abrupte  dilatatus,  1  f*ltcm.  longus,  ad  medum 


(  351  ) 

1 7<  ^t  ad  apîcem  4-5  mm.  latus.  Pctala  lutea,  obovala,  sati^ 
asjmroetrica,  paulo  inaequalia,  tenuiter  membranacea,  grosse 
3-5-neryia,  intus  glabra,  extus  deosiuscule  punctato-furfuracea, 
apîce  sobacula  et  longiuscule  apiculata,  â  cm.  longa,  11-14  mm. 
bu.  Slamina  ut  in  C,  ampla.  Flores  feminei  et  fnictns  ignoti. 

Htbitat  in  Gabonîa,  11  august.  1885  (D^  R.  Biittner,  n.  19  in 
herb.  Berol.).  ' 

Le  genre  Cogniauxia^  décrit  par  M.  le  professeur  Bâil- 
lon en  1884  (in  Bull.  Soc.  Lin.  de  Paris,  n«  53,  p.  423; 
BisLdes  PL,  VllI,  pp.  409  et  446),  vient  se  ranger  natu- 
rellement à  la  suite  des  Eureiandra.  L'espèce  décrite  som* 
mairement  par  M.  Bâillon,  le  C.  podolaena,  originaire 
également  du  Gabon  où  elle  a  été  découverte  par  le 
P.  Duparquet  en  1863,  diffère  des  deux  espèces  que  nous 
veooDS  de  décrire  par  ses  feuilles  cordées^haslées  et  par 
ses  bractées  se  détachant  du  milieu  du  pédicelle  et  non  du 
sommet.  En  outre,  elle  se  distingue  du  C.  atnpla  par  ses 
grappes  florales  plus  longues  que  les  feuilles,  et  du  C.  cor^ 
difolia  par  ses  vrilles  simples. 

On  sait  que  le.  pollen  est  loin  d'élre  de  structure  uni- 
forme chez  les  Cucurbitacées;  dans  ce  genre,  il  est  relati- 
îement  assez  gros,  globuleux,  lisse,  à  peine  marqué  de 
trois  sillons  obscurs,  et  à  déhiscence  poricide. 


&•  GteciBia  Buttaeriana  Cogn.  foliis  breviter  pctiolatis,  ova- 
tis,  basi  profunde  emarginato-cordiformibus,  apice  longiuscule 
aeuteque  acuminatis,  marginc  levlter  angulato-sublobulatis  et 
Kmotissime  minuteque  denticulatis,  utrinque  glabris  laevi- 
busqae  et  sub  lente  tenoissime  punctulatis;  cirrhis  simplici- 
bus;  raceniis  masculis  apice  8-25-floris,  petiolo  paulo  longio- 
ribus;  calycc  glabro,  dcnlibiis  ovatis,  erectis. 


(  352  ) 

Gaulis  gracillimus,  sulcatus,glaberrifnus,1aevis,leviter  ramo- 
8U8.  Petiolus  gracilis,  aogulato-striatus,  glaber,  1-2  cm.  longus. 
Folia  membranacea,  supra  laele  viridia,  sublus  paulo  palli- 
dîora,  basi  trincrvia,  7s'^  ^^-  longa,  5-6  cm.  lala;  sinus  basi- 
laris  angustus,  imum  obtusus,  1-1  7*  cm.  profoodus;  nervi 
latérales  bifidi,  imum  sinum  marginantes.  Cirrhi  filiformes, 
elongati,  obscure  angulati,  glabrl.  Pedunculus  communis  mas- 
culus  gracilis,  leviter  slriatus,  glaber,  1-4  cm.  longus;  pedi- 
celli  ercclo-paluli,  sulcati,  capillares,  glabri,  1-1  '/t  cm.  longi. 
Calycis  tubus  subpateriformis,  4-9  mm.  latus;  dentés  aeutius- 
culi,  1 7s-2  mm.  longi,  basi  1-1  '/t  ^^'  l&ti.  Corolla  6-8  mm. 
longa,ulrinque  tenuisslme  furfuraceaysegmenlis  ovato-oblongis, 
5  nerviis,  acutis,  non  ciIialis.Slaminum  filamentn  in  oolumnam 
coalila,  ù  mm.  longa  ;  capitulum  antberarum  snbglobosum, 
2  mm.  crassum.  Flores  feminei  et  fructus  ignoli. 

Habitat  in  Gabonia,  seplemb.  1884  (D'  R.  Butiner,  n.  18  ia 
berb.  Berol.). 

Cette  espèce  doit  se  placer  à  côté  du  C.  jalrophaefolia 
Cogn.  (Monogr.  Phan.,  III,  p.  558),  originaire  d*Abyssinie, 
qui  en  diffère  beaucoup  par  ses  feuilles  divisées  presque 
jusqu'à  la  base  en  cinq  lobes  très  étroits,  et  par  plusieurs 
autres  caractères. 


••  Apodanthera  crispa  Cogn.  monoica;  foliis  mediocribus, 
breviter  petiolalis,  lalioribus  quam  longis,  ferc  usque  ad 
médium  3-S-lobatis,  supra  brcvissime  subsparseque  piloso- 
scabris,  subtus  densiusculc  breviterque  villoso-birtellis;  cirrbîs 
ad  basim  trifidis;  racemis  masculis  4-8-floris;  calyce  -densius- 
cule  breviterque  villoso-birlello,  tubo  subcylindrico,  ad  basim 
subtruncato  non  dilatato,  dentibus  tubo  dimido  brevioribus. 

Radix   carnosa,  ut  videtur  3-5  cm.   crassa.   Rami    salis 


(  553  ) 

robasti,  sulcati,  brcviicr  sparseque  pilosi.  Petiolus  robustus, 
m  striatus,  densiuscule  breviterque  vîlloso-birlellus.  2-3  cm. 
kmgus.  Folia  rigidhiscula ,  'margine  plus  minusve  crispa  la, 
^oprayiridi-cînerea,  subtus  canescenti-cinerea,  2-5  cm.  longa, 
3-6  cm.  lata,  lobis  uodulato-crenulatis;  nervi  robusti,  subtus 
leriter  prominentes  ;  sinus  basilaris  latissimus,  parum  pro- 
fondus  Cirrhi  graciles,  brevissimi,  compressi,  subsparse 
pilosi.  Pedunculus  communis  masculus  salis  robustus,  striatus, 
densiuscule  breviterque  pilosus,  2-4  cm.  longus;  pedicelli 
erecto-palnli,  %-{  7»  cm.  longi.  Bracteolae  subulatae,  ereclo- 
palulae,  Iiirtellae,  3-5  mm.  longae.  Calyx  cinerco-fuscus;  tubus 
sd  apicem  leviter  dilatatus,  8-9  mm.  longus,  ad  médium  3  et 
adapicem  5-6  mm.  latus;  dentés  lincari-subulati,  erectî,  basi 
Talde  remoti,  4-5  mm.  longi  Petnla  ovato-oblonga,  aculîuscula, 
sabenervin,  brevissimc  denseque  pubcrula,  1  '/a  cm.  longa. 
Pedunculus  femîneus  3-4  cm.  longus,  robustus,  levîter  striatus. 
Ovarium  obiongum ,  breviuscule  denseque  villoso-birtellum, 
i  cm.  longum.  Fructus  (immaturus)  obovoideus,  carnosus, 
4  cm.  longus,  2  Va  cm.  crsssus.  Semina  pcrfecla  ignol». 

Habitat  in  Mexico  ad  San  Luis  Potosi,  ann.  1879  (SclinfTner, 
n-  587  in  herb.  Bcrol.). 

L'.4.  crispa  a  Taspect  des  A.  undulala  A.  Gray  et 
A.Buraeavi  Cogn.,  entre  lesquels  il  doit  se  placer.  Il  se 
distingue  sans  difficultés  de  ces  deux  espèces  :  VA.undulata 
a  les  feuilles  beaucoup  plus  grandes  et  presque  entières, 
le  calice  légèrement  dilaté  à  la  base,  à  dents  5-4  fois  plus 
tartes  que  le  tube;  VA,  Buraeavi  a  les  feuilles  aussi  longues 
que  larges,  W.s  vrilles  bifides,  le  calice  tomenteux^  insensi'^ 
blemeièt  nlfénué  en  pêdicelle  A  In  base. 


(  3o4  ) 

9.  Wilbrandia  GlazioTÎi  Gogo,  dioica?;  foliis  ]ongiuscuIe 
petiolalis,  ambitu  laie  suborbicularîbus,  supra  brevissime  sub- 
sparscquc  piloso-scabriusculis,  subtus  brevissime  denseque 
pubescentibus,  plus  miousve  lobatis  vel  subintegrîs;  florîbus 
masculis  parvis,  in  spicas  densiusculas  brevissimas  ad  apicem 
pedunculi  coramunis  foliis  paulo  brevioris  dispositis;  bracteîs 
nullis  ;  calyce  leviter  pubescente,  dendbus  erecto-patulis, 
anguste  ovato-triangularibus,  lubo  2-5-pIo  brevioribus. 

Caulis  robustusy  leviter  sulcatus,  subglaber.  Petiolus  brevis- 
sime puberulus,  slriatus,  3-6  cm  longus.  Folia  tenuiter  mem- 
branacea,  10-14  cm.  longa,  12-16  cm.  lala,  supra  laete  viridîa, 
subtus  viridi-cinerea,  margine  minute  remoteque  spinuloso- 
denticulata  ;  sinus  basilaris  subrectangularis,  2-3  cm.  latus, 
1  7s-S  cni-  profondus  ;  nervi  latérales  bi-trifidi,  imum  sinum 
marginantes.  Cirrhi  robusli,  longissimi,  basi  leviter  incrassatî, 
striati,subglabri  Pedunculus  communis  masculus10-15-florus, 
gracilis,  striatus,  glaber,  7s*^  <1™-  longus,  ab  1-3  cm.  florife- 
rus.  Calycis  tubus  anguste  obconicus,  4-5  mm.  longus,  apice 
â-27î  mm.  latus  ;  dentés  pallidi,  1  Vf^  ™na-  longi,  1  mm.  lati. 
Petala  imperfecte  evoluta  extus  brevissime  puberula.  Flores 
feminei  et  fructus  ignoti. 

Var.  a,  subintegri folia. 

Folia  5-aiigulata  vcl  leviter  trilobata. 

Var.  p,  lobata, 

Folia  usque  ad  médium  5-lobata,  lobis  acutissimis  vel  suba- 
cuminatis,  mediano  oblongo,  lateralibus  anguste  triangula- 
ribus. 

Habitat  var.  a,  in  littore  maris  ad  Gavia  prov.  Rio  de  Janeiro, 
decembr.  1878  (Glaziou  in  herb.  Warming).  —  Var.  p.  in  prov. 
Rio  de  Janeiro  (Glaziou,  n.  1:2109,  in  licrb.  Eiclilor  et  War- 
ming). 


(  355  ) 

CelCe  espèce  n'a  de  rapports  qu'avec  le  W.  ebracteata 
Cogn.,  qui  s*en  dislingue  facilement  par  ses  feuilles  pres^ 
que  glabres  en  dessous  et  par  les  dents  du  calice  élalées, 
lûncéolées^lin  éaires. 


%.  Helotliria  (Eumelothria)  Papnana  Cogn.  foliis  brevius- 
cule  pefiolalis,integris,ovato-oblongis,  ufrinque  glabris,  supra 
ininutlssime  sparseque  punctatis,  subtus  laevibus,  basi  rotun- 
dalis  vel  subtruncatis,  apice  breviuscule  acuminatis,  margine 
subÎQlegerrimis  vel  inferne  minute  remote  acuteqne  denticii- 
laiis  ;  florîbus  feniineis  longissime  pedunculatis  ;  fruetu 
oblongo,  basi  rotundato^  apice  acutiuscule  breviterque  apicu  - 
lato;  seminibus  obscure  mai^inatis, utrinque  tenuissime scro- 
biculaiis. 

CauHs  gracilis,  angulato-ramosus,  glaber,  laevis.  Peliolus 
sabfiliformis,  glaber  vel  vix  puberulus,  striaius,  1-2  cm.  lon- 
gas.  Folia  membranacea^  tenuiter  5-nervia,  supra  laete  viri- 
dia,  subtus  satis  pallîdiora,  6-10  cm.  longa,  4-5  cm.  lata. 
Cirrhi  graciles,  brcviuseuli,  obscure  angulati,  glabri.  Flores 
masculi  ignoti.  Flores  fcminei  solilarii;  pedunculus  filiformis, 
glaber,  angiilato-sulcatus,  6-10  cm.  longus.  Cnlyx  supra  ova- 
rium  laie  cupuliformis,  tenuissime  furfuraceo-puberulus  ; 
dentés  lineari-subulatî,2  mm.  longi.  Corolla  brevissîme  villosa, 
segmeotis  erecto-patulis,  triangulari-lanceointis,  acutis,  5-ner- 
vits,cireiler  i  cm.  longis.  Ovarium  auguste  oblongum,  superne 
loogiuseulc  attenuatum,  vix  furfuraceum.  Fruclus  2  V«  ^™« 
loogus,  \  cra.  crassus.  Semina  canescentia,  5  mm.  longn, 
4  mm.  lala,  1  */<  mm.  crassa. 

Habitat  îu  ^ova-Guinea  ad  Strickland  River  (coll.  Bauerlen 
et  eomm.  Cl.  baron  F.  von  Mueller). 


,350, 

Quoique  nous  n'ayons  pas  vu  les  fleurs  m&Ies  de  cette 
espèce,  nous  croyons  pouvoir  parliculièremenl  la  rappro* 
cher  des  M.  Grayana  Cogn.  et  Jlf.  Peneyana  Cogn. 
{Monogr.  Phan.^  III,  pp.  591  -592)  ;  mais  tous  les  deux  ont 
les  fleurs  femelles  brièvement  pédonculées  et  les  graines 
lisses.  De  plus,  le  M.  Grayana,  qui  eu  a  presque  le  pori, 
s'en  dislingue  encore  par  ses  feuilles  assez  profondément 
échancrées  à  la  base  et  son  fruit  obtus  aux  deux  extrémités^ 
et  le  M.  Peneyana,  par  ses  feuilles  cordées^eltoîdes. 


tr.  Helothria  (Eumelothria)  sulipelliicida  Cogn.  foliis  tenui- 
ter  mcmbranaceîs  subpellucîdis,  laie  ovalo-subcordiformibus 
▼el  înlerdum  subdelloideis,  levîter  3-sub-5-Iobali$,  basi  levi- 
ter  latissîme  emarginalis,  supra  vix  pilosulis  su blaevi busqué, 
subtus  ad  nervos  brevissimehirtelliscaeterissparsepunctulato- 
scabriusculis;  racemis  masculis  paucifloris,  petiolo  longiori- 
bus;  calyce  campanulato,  denlibus  minulis,  basi  rcmotis, 
linean-stibiilalis. 

Caulis  siibGlîforrais,  angulato-sulcatus,  pallîde  vîrîdis,  vix 
brevissîme  puberulus.  Peliolus  gracilis,  striatus,  leviler  pube- 
rulus,  3-4  cm.  longus.  Folia  supra  saturate  yiridia,  subtus  laete 
viridia,  margine  minutissime  remoteque  subulato-denticulata^ 
5>8  cm.  longa,  6-9  cm.  lata,  lobis  aculissimis;  sinus  basilarîs 
lato  subrolundatus,  vix  i  cm.  profundus,  3-4  cm.  latus.  Cîrrhi 
filiformes,  elongati,  sulcati,  vix  puberuli.  Pedunculus  commu- 
nis  masculus  filiformis,  sulcatus,  puberulus,  3-6  cm.  longus, 
apice  8-15-florus;  pedicelH  patuli,  capillares,  leviter  flexuosî, 
sub  lente  pilis  bre\issimisramosi$  densiusculeveslîiî,i-i'/scm. 
longi.  Calyx  siccilate  fulvus,  leviler  puberulus,  basi  obtusus, 
1  Va  mm.  longus  latusque.  Corolla  subglabra,  ut  videtur 
3  mm.  InlA.  Flores  fcminci  et  fructus  ignoti. 

Habitat  in  Aiistralia  ad  Endeavour  River  (coll.  Perseih  et 
comm.  Cl.  baron  F.  von  Muellcr). 


(  357  ) 
Nous  sotipçoDDons  que  cette  espèce  pourrait  bien  venir 
se  ranger  dans  le  voisinage  du  M.  marginala  Cogn. 
{Monogr.  Phan.^  III,  p.  593)  ;  mais  en  l'absence  des  fleurs 
Temelles,  du  fruit  et  des  graines,  nous  ne  pouvons  rien 
d&rmer. 


.  M.  Mflotkria  celebiea  Cogn,  io  Monogr,  Phaner,^  III, 
I>.6i5. 

Var.  p,  villosior. 

Caolis  breviter  denseque  villoso-hirlellus.  Folia  utrinque 
cancseentia  vel  canescenti^cinerea  et  densissime  breviuscu- 
leque  Tilloso-subtomentosa  praecipue  subtus.  Cirrhi  longius- 
culi,  breviter  denseque  viiloso-birtclli. 

Habitat  in  Âustralin  ad  sinura  Carpenlaria  (F.  von  Mueller). 

L'exemplaire  que  nous  possédons  de  cette  plante,  reçu 
Taonée  dernière  de  M.  le  baron  F.  von  Mueller,  est  assez 
iDcomplet;  il  est  accompagné  de  frugments  de  fruit  et  de 
graines  qui  paraissent  identiques  à  ceux  du  M.  Celebiea, 
mais  il  ne  porte  pas  de  fleurs  bien  développées.  Nous 
sommes  assez  porté  à  croire  que  lorsqu'on  pourra  en  étu- 
dier des  exemplaires  suffisamment  complets,  il  faudra 
rélever  au  rang  d'espèce  distincte. 

11.  KcdrostîsBofhmiiCogn.  foliis  longe  petiolatis,  utrinque 
subtilissime  puberulis  praecipue  subtus,  ambitu  suborbieula- 
ribos^asque  ad  médium  trilobatis,  basi  profunde  emarginatis, 
apiceobtusis  et  longiuscule  mucronatis,  margine  minutissime 
remotequesubulato-denticulalis;  racemis  masculis  petiolo  vix 
longioribus;  calyce  densiuscule  brevilcrque  villoso-hirtello, 
deotibos  oblongis,  tubum  aequanlibus;  fructu  sessili,  ovoideo, 


(  338  ) 

parvo,  Jonge  roslrato,  brevissime  et  densiuscule  puberulo, 
oligospermo. 

Gaulis  gracilis,  leviter  ramosus,  angulato-sulcalus,  levissime 
villoso-hirlellus,  clongatus.  Petiolus  gracilis,  strîalus,  Tix 
puberulus,  3-5  cm.  loogus.  Folia  tenuiter  membraoacea, 
ulrinque  laete  viridia,  7-11  cm.  longa,  8-iâ  cm.  lata,  lobis 
ovatis,  basi  plus  minusve  constrictis  ;  sinus  intcr  lobos  sae- 
pius  angusti,  oblusi,  basilaris  subrotundatus,  1-2  cm.  profun- 
dus.  Cirrhi  graciles,  elongati,  sulcati,  brevissime  leviterque 
puberuli.  Peduncuhis  commuais  masculus  subfiliformiSy  sul- 
catus,  subrectus,  puberulus,  5-6  cm.  longus,  apice  5-8-florÎ8; 
pedicelli  capillares,  patuli,  recti,  1-5  mm.  longi,  ebracteolatL 
Calycis  tubuscampanulato-ovoideus,  basi  subtruncatus,superne 
salis  conslriclus,  1  '/a  >nin.  longns,  1  mm.  Inius;  dénies  erecii, 
1-1  '/s  ^^'  longî-  Flores  feminei  solilarii  veJ  rarius  gcminati. 
Fructus  densiuscule  breviterque  puberulus,  5-8  mm.  longus, 
4-5  mm.  crassus;  rostrum  rectum ,  anguslissinium,  4  mm. 
longum. 

Habitat  in  Africa  oricntaii  ad  Kakoma,  27  januar.  1881 
(R.  Bôhm,  n.  5  a  in  herb.  Berol.). 

Celte  espèce  doit  être  rangée  à  la  suite  du  K.  roslrala 
Cogn.  (Monogr.  Phaner.,  III,  p.  656),  plante  indienne  qui 
en  diffère  par  ses  feuilles  brièvement  pétiolées,  entières, 
arrondies  au  sommet,  les  dents  du  calice  subulées^  quatre 
fois  plus  courtes  que  le  tube,  etc. 

19.  Cayaponia  (Eucayaponia)  ilmeldeana  Sald.  et  Cogn. 
foliis  supra  densiuscule  brevissimeque  hirtellis  et  longiuscule 
sparscquc  setulosis,  subtus  breviuscule  denseque  hirtellis 
praecipue  ad  nervos,  ambitu  ovatis,  fere  usquc  ad  médium 
trilobatis,   basi    profundc  nngusteque    emarginalis;   cirrhis 


(  3o9  ) 

34-fidi$;  ealyee  breviter  dcnseque  villoso-tomentoso,  segnien- 
tb  ereclis,  coooiveniibus,  lioeari-lanceolatis,  loDge  acumioalis, 
cofolla  loDgioribus. 

Rami  graciles,  profunde  sulcali,  subsparse  longeque  villoso- 
hirtelli.  Peliolus  robuslus,  leviicr  slrintus,  longe  denseque 
TÛlosns,  4-6  cm.  longus.  Folia  membranacca,  supra  saturate 
Tiridîa,  subtus  Yiridi-cinerca  et  leviler  reticulata,  1  ^3-^  <!>"• 
longs,  14-18  cm.  lata  ;  lobi  ovato-triangulares,  margine  leviter 
andulati  et  minute  rcmotequc  subulato-denticulati,  latérales 
aeati  Tel  acutiusculi,  termînalis  major,  breviuscule  acumina- 
tus;  ner?i  salis  graciles,  subtus  paulo  prominentes,  duo  laté- 
rales bi-trifurcati,imum  sinum  marginantes;  sinus  inter  lobos 
sutncuti,  basîlaris  obtusus,  4-5  cm.  profundus;  lobi  basilares 
valde  approximatî,  nonnunquam  superpositi.  Cirrhi  satis  gra- 
cies, longiusculi,  sulcati,  densiuscule  breviterque  vilIosQ- 
fairtelli.  Flores  masculi  magni,  solitarii  vel  rarius  gemiriatî. 
Peduncolus  gracilis,  dense  longeque  villosus  praecipue  ad 
apieem,  Vr^  cm.  longus.  Calyx  viridi-cinereus,  tubo  late  cam- 
panulalo,  4-5  mm.  longo,  apice  7-8  mm.  lato,  segmentis 
obscure  5-nerviis,  2t-24  mm.  longis,  basi  4-5  mm.  latis. 
Coroila  (imperfecte  evoluta)  utrinque  brevissimc  denseque 
tomentosa.  Flores  fcminei  ignoti.  Fructus  pedunculo  erassius- 
colostriato  dense  villoso-hirsuto  1  cm.  longo  instruo.tus,  oblon- 
gu.%  basi  rotundatus,  superne  satis  attenuatus  acutusque,  5  cm. 
loogus,  12-13  mm.  crassus.  Semina  perfecta  ignota. 

Habitat  in  prov.  Rio  de  Janeiro  ad  Laranjeiras,  ubi  dicitur 
Abobra  danta,  22  octobr.  1886  (Glaziou,n.  16.079  in  herb. 
meo). 

Notre  collègue  et  ami,  M.  le  consul  général  J.  deSal- 
danba  da  Gama,  a  bien  voulu  s'associer  à  nous  pour  étu- 
dier et  nommer  cette  intéressante  espèce,  qui  est  dédiée  à 
son  ami  de  jeunesse,  M.  le  conseiller  Thomas  Coeibo 


~.  i 


(  5t)0  ) 

d'Almeidây  député  et  ex -ministre   de   Tagriculture   du 
Brésil. 

Le  C.  Almeideana  doit  se  placer  entre  les  C.  F/uitii* 
nensis  Cogn.  et  C.  hirstita  Cogn.  (Monogr.  Phaner.j  111, 
pp.  745  et  744),  dont  il  diffère  par  ses  feuilles  beaucoup 
plus  grandes,  à  sinus  basilaire  profond  el  étroit.  En  outre, 
lé  C.  Fluminensis  a  les  feuilles  tomenteuses  en  dessous^  la 
corolle  plus  longue  que  les  lobes  du  calice^  le  fruit  ovoïdCj 
arrondi  aux  deux  bouts;  le  C  hirsuia  a  les  feuilles  à  peine 
lobées^  le  fruil  peu  atténué  au  sommet,  etc. 


18.  Cajaponia  (Euoayaponia)  retîculata  Cogn.  foliis  brcvi- 
ter  petiolatis,  trifoliolalis  ;  foliolis  subsessilibus,  coriaceis, 
utrinque  glaberrirais  lacvibusque,  subtus  Talde  nervuloso- 
retîculatis,  margine  intcgerrimis  vel  vix  undulatis;  cirrhis  tri- 
fidis  ;  calycc  glaberrimo,  tubo  campanulato,  segrneniis  linea- 
ribus,  tubum  aequantibus. 

Dioica,  Rami  robustiusculi,  profunde  suicati,  glabeiTimi, 
laeves,  elongati.  Pctiolus  robusliùscuius,  slrialus,  glaberri- 
mus,  1-2  Vs  ^^'  longus.  Foliota  oblonga  yel  ianceolata,  basi 
levitcr  attenuata,  apicc  acuta  vel  oblusiuscula,  utrinque  laetc 
vel  pallide  viridia,  5-13  cm.  longa,  2-4  cm.  lata,  lateralia  paulo 
asymractrica  ;  nervi  robustiusculi,  sublus  nervulique  valdc 
prominenlcs.  Cirrhi  satis  graciles,  elongali,  sulcaii,  glabrî, 
superiores  inlcrdum  bifidi.  Flores  masculi  majuscuii,  in  pani- 
culas  terminales  longiusculas  angustasquc  dispositi.  Peduncu- 
lus  communîs  1-2  dm.  longus,  salis  gracilis,  sulcatus,  usque 
ad  basim  leviter  ramosus;  pedicelli  graciles,  glabri,  bracteo- 
lali,  3-6  mm.  longî;  bracteolae  subulatae,  5-8  mm.  longae. 
Calyx  siccilate  nigricans,  tubo  basi  subrotundato,  8-9  mm. 
longo,  apicc  9-iO  mm.  lato,  segmentis  basi  rcmolissimis,  levi- 
ter floxiiosis,  7-9  mm.  longis,  i  7^  mm.  latis.  Corolla  utrinque 


(  361  ) 

vîx  forfuracea,  1  cm.  longa,  usqiie  ultra  médium  divisa,  seg- 
mentis  erectis,  ovato-triangularibus,  S-nerviis,  apice  acutîus- 
colis.  Stamina  (ubo  calycis  inserta  ;  filamenta  inferne  satis 
dilalata  et  dense  villosa  ;  antherac  in  capitulum  4  mm.  longum, 
3  mm.  crassum  cohaerentes.  Flores  feminei  in  racemos  pie- 
rumque  axillares  paucifloros  dispositi.  Pedunculus  communis 
pato]Qs,salis  gracilis,4-6  cm.  longus;  pedicelli  basi  bracteoiati, 
iS  mm.  longi.  Staminodia  minuta,  subulata,  basi  dense  vil- 
losa. Ovarium  sphaericum,  glabcrrimum,  4  mm.  crassum  ;  Sty- 
lus fiiiformis,  Icvîter  flexuosus,  glaber,  8-9  mm.  longus;  stig- 
mala  palula,  satis  dilatala.  Fructus  ul  videtur  olivaceus,  sphae- 
ricus,  laevis,  nitidus,  7-8-spermus,  2  Vs  cm.  crassus.  Semina 
fosceâcentia,  valdc  compressa,  ovata,  t  cm.  longa,  7-8  mm. 
iata.  2-2  */§  nmi>  crassa. 

Habitat  in  Brasiliae  prov.  Rio  de  Janeiro  (Glaziou,  n.  13908 
et  13909  in  herb.  Eichler);  ad  Petropolin  loco  dicto  Jaco  (Gla- 
xioa,  D.  8998  in  herb.  Eicbler  et  Warming). 

Celte  espèce  n'a  d'affinité  bien  étroite  avec  aucune  autre 
espèee  do  genre  ;  cependant,  nous  pensons  qu*il  faudrait 
la  placer  au  voisinage  du  C.  coriacea  Cogn.  (Monogr,  Pha- 
wr.,  III,  p.  761).  Les  caractères  :  feuilles  très  glabres  sur 
les  deux  faces;  segments  du  calice  égalant  le  tube,  suffisent 
pour  la  distinguer  nettement  des  sept  autres  espèces  de 
la  section  Eucayaponia,  qui  ont  les  feuilles  divisées  en 
folioles  distinctes. 

Des  trois  numéros  distribués  par  M.  Glaziou,  le  n"*  8998 
<^t  en  beaux  fruits  mûrs,  le  n""  13908  est  femelle,  et  le 
0*  13909  mâle. 

i4.  Cajapoyia  (Trianosperma  ?)  Saldanhaei  Cogn.  foliis 
longioseole  petiolatis,  ambitu  suborbicularibus,  utrinque  gla- 
bris  et  punctato-scabris,  basi  leviter  lateque  emarginalis  et  ad 

3**  SÉRIE,   TOME  XIV.  24 


(  362  ) 

petiolum  non  decurrenlîbus,  usque  ad  mediam  vel  paulo 
ultra  5-5-Iobatls;  cirrhis  trîfidis;  floribus  roasculîs  parvis,  ia 
axillis  foliorum  geminatis  ternisve,  brevissîme  pedîcellatis , 
pedicellis  bracteolatis;  calyce  glabro  vcl  vix  furfuraceo,  seg- 
mentis  erccto-patulis,  triangulari-lanceolatis,  basi  conniven- 
tîbus,  apice  longîuscule  acuininatis,interduin  leWter  puberulis, 
tubo  â-3-plo  longioribus. 

Rami  graciles,  sulcati,  glabri,  laeves,  paulo  ramulosî.  Petiolus 
satis  gracilîs,  strîatus,  glaber,  scabriusculus,  3-5  cm.  longus. 
Folia  submembranacea,  supra  laete  vîridia,  subtus  pallide 
viridia,  10-12  cm.  longa  et  fere  totidem  lata,  superiora  satis 
minora,  lobis  ovatis  vel  oblongis,  apice  saepius  obtusis,  mar- 
gioe  undulatis  et  remotissime  minuteque  subulato-denticulalis, 
termioali  majore;  nervi  crassîusculi,  subtus  leviter  promi- 
nentes,  duo  latérales  basilares  bifurcati  imum  sinum  leviter 
marginantes  ;  sinus  inter  lobos  angusti,  obiusi,  basilaris 
1-1  '/,  cm.  profondus,  2-3  cm.  latus.  Cirrhi  satis  graciles,  bre- 
viusculi,  profunde  sulcati,  glabri.  Pedicelli  masculi  graciles, 
leviter  puberuli,  1-3  mm.  longi  ;  bracteolae  lineares,  cîrciter 
*/s  cm.  longae.  Calyx  pallide  viridis,  tubo  late  campanulato- 
obconico,  tereliusculo,  basi  acutiusculo,  2-2  ^t  ^^'  longo, 
apice  5-4  mm.  lato,  segmentis  leviter  flexuosis,  tenuiter  triuer- 
viis,  6-7  mm.  longis,  basi  2  Vt  mm.  latis.  Petala  (imperfecte 
evoluta)  extus  brevissime  denseque  villosa.  Flores  feminei  et 
fructus  ignoti. 

Habitat  in  Brasiliae  prov.  Rio  de  Janeiro  (Glazîou,  n.  13904 
in  herb.  Eichler). 

Nous  dédions  cette  espèce  à  M.  le  consul  général 
J.  de  Saldanba  da  Gama.  Cest  par  analogie  de  port  que 
nous  la  rapportons  à  la  section  Trianosperma^  car  ea  Tab- 
sence  de  fleurs  femelles  et  de  fruits,  on  ne  peut  rien  affir- 


(  363  } 

mer  sur  ce  point.  Dans  cette  section,  elle  doit  venir  se 
placer  à  cAté  da  C.  trilobala  Cogn.  (Monogr.  Phaner.^  III, 
p.  780);  mais  elle  en  diffère  énormément,  car  celui-ci  a 
les  feoilles  densément  velues-hérissées  en  dessous^  à  sinus 
baiilttire  très  étroit^  les  vrilles  bifides^  les  fleurs  mâles 
grandes,  en  grappes^  le  calice  velu,  à  segments  plus  courts 
fti  le  tube. 


th.  AlMDitra  Hnelleri  Cogn.  foliis  breviuscule  pétiolatis, 
trifoliolatis  ;  foliolis  breviter  petiolutatis»  eglandulosis,  mem- 
bnoaceis,  anguste  ovatis,  basi  subrotundalls,  apîce  acutissi- 
mis  subacominatisque,  iniegerrimis ,  utrinque  glabcrrimis 
lacvibasqoc,  penninerviîs;  cirrhis  longiuscule  bifidis. 

Rami  graciles,  tereles,  lenuiter  strîati,  glabri.  Petîolus  gra- 
cilis,leviter  strîatus,  glaber,  i-2  em.  longus;  petioluli  glabri, 
3-9  mm.  longî.  FoHola  utrinque  laete  viridia,  subtus  tenuis- 
siflie  reticulata,  5-11  cm.  longa,  2  */t-6  cm.  lata,  lateralia  vix 
asjminetrica  ;  nervi  subtus  leviter  prominentes  Cirrhi  satis 
gnôles,  longîssimi,  profunde  sulcati,  glabri.  Paniculae  mascu- 
be  sttis  ramosae,  multiflorae,  interdum  foliatae.  Pedunculus 
coflimonis  gracilis, subrectus,  glaber  vel  supernevix  puberulus, 
eloQgatos;  rami  divaricati,  elongati;  pedicelli  capiliares,  glabri 
vel  iafeme  vix  puberuli,  saepius  fasciculati,  basi  bracteolati, 
4*6  mm.  longi  ;  bracteolae  subulatae,  leviter  puberulae,  vix 
i  mm.  longae.  Calyx  leviter  puberulus,  segmentis  lanceolato- 
linearibus,  apice  acuniinatis,  I  '/t  ^^>  longis.  CoroIIa  vix  pube- 
rabpraecipueextus^albescens,  segmentis  ovato-triangularibuSy 
Irioerviis,  apice  acutiusculis,  5  mm.  longis.  Staminum  fila- 
menu  ^,  mm.  longa.  Flores  feminei  et  fructus  ignoti. 

Habitat  <  Islands  near  S.-E.  coast  of  N.  Guinea,  1884  > 
(coll.  Armit  et  comm.  Cl.  baron  F.  von  Mueller). 


C  364  ) 

L'affinité  de  celte  espèce  avec  l'A.  Beccariana  Cogn. 
(Monogr.  Phan.,  III,  p.  952)  est  évidente.  Cependant,  dans 
Tétai  où  ces  deux  plantes  sont  connues  actuellement,  il  est 
assez  difficile  de  les  comparer,  par  la  raison  que  pour 
Tune,  celle  que  nous  venons  d'établir,  on  connaît  ses  fleurs 
màleSy  mais  on  n'en  a  encore  récollé  ni  les  fleurs  femelles, 
ni  les  fruits;  tandis  que  l'autre  a  été  décrite  sur  un  exem- 
plaire de  l'herbier  du  Musée  de  Florence  présentant  des 
fruits  et  des  graines  en  bon  état,  mais  absolument 
dépourvu  de  fleurs.  La  comparaison  ne  pourrait  donc 
porter  que  sur  les  rameaux,  les  feuilles  et  les  vrilles.  Or, 
dans  ce  genre,  des  espèces  très  distinctes  ont  parfois  les 
organes  de  végétation  presque  identiques. 

Voici,  pour  ces  organes,  en  quoi  VA.  Beccariana  diffère 
de  l'espèce  précédente  :  ses  rameaux  sont  distincteaient 
sillonnés;  ses  folioles  sont  presque  de  moitié  plus  petites, 
plus  largement  ovales,  moins  aiguës,  les  latérales  asymé- 
triques et  notablement  plus  petites  que  la  médiane;  ses 
vrilles  sont  seulement  bifides  au  sommet. 

!••  Feuillea  albiflora  Cogn.,  var.  p.  Glaziovii^  var.  nov. 

Calyx  pilis  brevissimis  leviter  flexuosis  densiuscule  ves- 
tilus. 

Habitat  in  prov.  Rio  de  Janeiro  (Glaziou,  n.  15906  in  herb. 
Eichler). 

Le  type  de  cette  espèce,  observé  dans  les  provinces  de 
Bahia  et  de  Minas  Geraes,  a  le  calice  glabre. 


(  365  ) 


Des  races  et  des  variétés  dans  V espèce  Mustelà  putorics; 

par  Adolphe  Drion,  fils. 


Il  existe  en  Belgique  deux  races  de  pulois  : 

1*  La  race  jaune; 

^  La  race  noire. 

Lt  putois  jaune  a  le  corps  plutôt  court;  il  est  haut  sur 
jambes;  ses  ongles  sont  effilés  et  droits;  le  dessous  du 
corps,  les  cuisses  et  les  pattes  sont  d'un  poil  très  foncé; 
les  flancs  sont  couleur  jaune  d'or;  le  contour  des  yeux  et 
du  museau  est  marqué  de  teintes  jaunâtres,  tirant  sur  le 
gris;  la  queue  est  brune  et  fournie,  surtout  chez  les  sujets 
lieux. 

Le  putois  jaune  habite  ordinairement  les  endroits 
bumides  et  le  bord  des  ruisseaux  ;  accidentellement  les 
lieux  secs  et  le  voisinage  des  habitations. 

Rebelle  à  toute  éducation,  il  devient  craintif  et  timide 
en  captivité. 

Le  putois  noir  est  de  forme  plus  allongée;  il  est  moins 
bautsur  pattes  que  son  congénère;  ses  ongles  sont  plus 
courts  et  plus  recourbés;  les  oreilles,  le  contour  des  yeux 
et  du  museau  sont  d'un  blanc  pur  qui  tranche  vivement 
sur  le  poil  foncé;  la  robe  est  noire;  cependant  les  côtes 
présentent  une  teinte  jaunâtre,  mais  effacée. 

Il  se  plall  ordinairement  dans  les  lieux  secs  et  le  voisi- 
nage des  maisons  habitées;  accidentellement  dans  les  berges 
des  rivières  et  les  marais. 


(  366  ) 

Ëa  captivité  il  est  indomptable;  non  seulement  il  se 
montre,  comme  le  putois  jaune ,  rebelle  à  toute  espèce 
d'éducation,  mais  il  est  bardi  et  sanguinaire,  au  point  de 
se  jeler  furieux  sur  la  main  qui  le  nourrit. 

En  dehors  de  ces  deux  races  caractérisées  par  une 
différence  appréciable  dans  la  structure  du  corps,  la  con- 
formation particulière  des  ongles,  la  couleur  de  la  robe  et 
par  les  mœurs,  il  existe  des  nuances  mélangées  qui  résul- 
tent des  croisements. 

Ce  sont  : 

1^  Le  putois  brun-jaune  (issu  d*un  croisement  entre 
jaune  pur  et  noir  pur;  conformation  demi-allongée;  ongles 
moyens); 

S*  Le  jaune  d*or  bronzé; 

3*  Le  jaune  citron  ; 

i*  Le  gris  mêlé  de  jaune  terne; 

S""  Le  putois  à  plastron  (variété  accidentelle). 

Les  putois  aux  nuances  jaune  d'or  bronzé,  jaune-citrou 
et  à  plastron  sont  des  fils  du  putois  brun-jaune  croisé 
avec  le  jaune  pur  ou  le  noir. 

Le  gris,  mêlé  de  jaune  terne,  diffère  complètement  des 
autres  par  sa  robe;  celle-ci  est  d'une  teinte  beaucoup  plus 
uniforme  sur  toutes  les  parties  du  corps. 

Je  n'ai  pu  former  mon  opinion  sur  ce  point  :  à  savoir  s*il 
constitue  une  race  distincte  des  deux  précédentes,  s*il 
résulte  d'un  croisement,  ou  enfin  s'il  n'est  pas  tout  simple- 
ment c  le  furet  »  échappé.  Cette  dernière  appréciation 
parait  assez  vraisemblable,  car  le  furet-putois  est  beaucoup 
moins  frileux  que  le  furet  albinos  et  par  conséquent  beau- 
coup moins  exposé  à  mourir  de  froid,  à  l'état  de  liberté. 

Il  existe  au  Musée  d'histoire  naturelle  de  Bruxelles  un 


(  367  ) 

jeooe  patois  noir  el  ud  jeone  putois  gris;  celui-ci  est  men- 
lionné  comme  c  jeune  i  sans  commentaires;  la  différence 
de  teinte  qui  existe  entre  ces  deux  animaux  empaillés  est 
frappante. 

Le  putois  gris  ressemblant  beaucoup  au  furet  métis,  il 
pourrait  se  faire  que  ce  fût  un  produit  du  mélange  d*un 
patois  nuancé  avec  un  putois  albinos  (pour  autant  que  ce 
dernier  existe...). 

Le  putois  ^  plastron  est  remarquable  par  une  tache 
blanche  ou  jaune,  sous  la  gorge. 

Je  possède  un  sujet  gris  à  plastron  blanc  el  un  sujet 
noir  à  plastron  également  blanc;  et  il  m'a  été  donné  d'en 
voir  de  noirs  qui  avaient  le  plastron  jaune. 

Les  putois  c  brun-jaune  >  sont  les  plus  communs;  les 
jaunes  et  les  noirs  sont  assez  rares;  ces  deux  derniers 
constituent  les  sujets  de  race  pure. 

Les  putois  gris  et  ceux  à  plastron  se  rencontrent  très 
mremeiity 

Mes  observations  portent  sur  200  individus  de  toutes 
noances  dont  108  capturés  par  moi-même  et  92  qui  me 
furent  apportés  par  des  gardes-chasse. 

On  a  cru  longtemps  que  les  différences  de  couleur  entre 
le  putois  jaune  et  le  putois  noir  n'étaient  que  le  résultat 
dmQuences  locales,  accidentelles,  climatériques,  d*âge  ou 
de  sexe. 

Je  puis  affirmer  le  contraire,  parce  que  j'ai  pris  des 
patois  jaunes,  mâles  ou  femelles,  jeunes  ou  vieux,  qui  por- 
taient les  signes  distinclifs  de  leur  race  en  toute  saison; 
j'en  ai  pris  de  noirs,  jeunes  ou  vieux,  mâles  ou  femelles, 
depuis  le  commencement  de  l'année  jusqu'à  la  fin. 

De  plus,  j'ai  fait  une  expérience  sérieuse  qui  confirme 
ma  manière  de  voir  : 


(  368  ) 

Je  me  suis  procuré,  au  mois  de  septembre  1885,  deux 
jeuues  putois  mâles,  Tun  jaune  et  Tautre  noir;  je  les  ai 
conservés  dans  des  cages  séparées,  jusqu'en  septembre 
1886.  Or,  pendant  ces  trois  années  ils  n*ont  absolument 
pas  changé  de  couleur,  ni  de  conformation  :  le  jaune  est 
toujours  resté  jaune,  en  été,  aux  saisons  de  mue  et  en 
hiver;  le  noir  a  toujours  conservé  sa  même  robe  noire;  j*ai 
remarqué  que  le  noir  était  plus  féroce  et  plus  hardi  ;  il  était 
aussi  plus  agile  et  grimpait  ordinairement  au  haut  de  sa 
cabane  quand  on  Tinquiétait;  le  jaune  était  craintif,  timide 
et  moins  léger  dans  ses  mouvements;  il  avait  pour  hahi« 
tude  d*arracher  le  pavement  de  sa  cage  et  voulait  chercher 
une  retraite  en  se  creusant  un  terrier. 

Dans  les  couleurs  intermédiaires,  les  ongles  des  indivi- 
dus dont  le  pelage  se  rapproche  du  jaune,  sont  plus  tins, 
moins  recourbés  que  les  ongles  des  putois  à  la  robe  foncée. 

Pour  bien  reconnaître  la  différence  des  griffes,  il  faut 
donc  posséder  des  sujets  de  race  pure. 

Les  tout  jeunes  putois  des  deux  variétés,  âgés  à  peine 
de  quelques  mois,  sont  noirs;  il  est  donc  diflicile  de  déter- 
miner, dans  le  premier  âge,  s*ils  appartiennent  à  la  race 
jaune  ou  à  la  race  noire. 

Les  riches  fourrures  sont  celles  des  putois  jaune  pur, 
des  jaune-bronzé  et  des  jaune-citron.  Les  peaux  des  putois 
noirs  ne  plaisent  pas  à  la  vue  et  sont  rarement  employées 
dans  le  commerce. 

Enfin,  dans  toute  l'espèce,  le  mâle  adulte  est  toujours 
d*un  bon  tiers  plus  gros  et  plus  grand  que  la  femelle. 


(  569  ) 


Note  sur  quelques  espèces  rares  de  la  faune  des  vertébrés 
de  la  Belgique,  observées  dans  le  Limbourg  belge^  par  le 
docteur  C.  Bamps. 

OISEAUX. 

Odamoherpe  aqualica  Lath.  —  Acrocephalus  aquaiicus 
Hewt.  ex  Gm.  —  Dans  sa  faune  des  vertébrés,  en  voie  de 
publication,  M.  Âlph.  Dubois  considère  cet  oiseau  comme 
très  rare  en  Belgique.  D*autre  part,  dans  une  brochure 
plos  récente  (1),  le  même  auteur  le  cite  comme  rare  et  de 
passage  irrégulier  en  été,  ajoutant  :  c  il  parait  qu'on  le  voit 
chaque  année  aux  environs  de  Hasselt  >.  Déjà  en  1883, 
dans  un  petit  travail  publié  dans  les  Bulletins  de  la  section 
scieotiflque  de  la  Société  des  mélophiles  de  Hasselt  (2),  je 
cite,  parmi  mes  observations  ornilhologiques,  à  la  date  du 
6  octobre,  le  départ  de  la  rousserolle  aquatique.  Plusieurs 
savants  m'écrivirent  à  ce  sujet,  pour  attirer  tout  spécia- 
lement mon  attention  sur  cet  oiseau  et  pour  m'engager  à 
vérifier  avec  le  plus  grand  soin  la  date  des  captures  éven- 
toelles  de  cette  rare  espèce. 

Dans  un  nouvel  article  publié  en  1886,  aux  bulletins 
de  la  même  Société  (5),  je  signalai  aux  dates  du  S  août, 
do//  et  du  /4  septembre  1884  et  du  â/  septembre  1885, 
des  observations  concernant  cet  oiseau,  faites  dans  les 
marais  de  Stockroye,  à  une  lieue  nord-ouest  de  Hasselt, 


(i)  Voir  :  Bévue  des  oiseaux  observés  en  Belgique,  dans  le  Bulletin 
doMosée  royal  d'histoire  naturelle  de  Belgique,  tome  IV. 

(S)  Voir  :  Les  oieectux  des  environs  de  Hasselt  et  letvrs  phénomènes 
périedkfues,  dans  les  Bulletins  de  la  section  scientifique  et  littéraire  de 
la  Société  des  mélophiles  de  Hasselt,  tome  XIX. 

(S)  Tome  XXII. 


(  370  ) 

par  M.  Edgard  Claes,  avocat.  Malheureusement  cet  oiseau 
n'a  jamais  été  rencontré  au  printemps  par  M.  Claes  qui 
suppose  qu*il  passe  après  la  fermeture  de  la  chasse  (1).  Je 
suis  plus  porté  à  croire  qu*il  s'agit  ici  d*un  oiseau  d*été  qui 
vient  régulièrement  nicher  près  de  nos  marais,  et  que  c'est 
même  la  rousserolle  qui  nous  quitte  la  dernière.  Les  inté- 
ressantes observations  de  M.  Fontaine  de  Papignies  (2) 
semblent  conflrmer  entièrement  ces  suppositions. 

0(ocorys  alpeslris,  L 

Cette  espèce^  qui  est  aussi  considérée  comme  très  rare 
en  Belgique  où  elle  n'arriverait  qu'irrégulièrement,  d'après 
M.  Dubois,  est  prise  régulièrement  depuis  six  ans  au  moins, 
avec  Valauda  arvensisy  à  la  tenderie  de  l'arrière^aison,  aux 
environs  de  Hasselt.  Comme  je  le  fais  remarquer  dans  un 
de  mes  articles  cités  ci-dessus,  cette  espèce  est  bien  connue 
des  amateurs  d'oiseaux  de  la  ville  de  Hasselt,  et  plusieurs 
en  conservent  continuellement  dans  leurs  volières.  On  en 
rencontre  chaque  année,  parmi  les  alouettes  ordinaires, 
chez  les  marchands  de  volaille  de  Hasselt,  provenant  des 
alentours  de  cette  ville,  particulièrement  de  Schuelen. 

S'agirail-il  ici  d'un  passage  localisé  en  Belgique?  Comme 
cette  espèce  boréale  affectionne  les  lieux  marécageux,  il 
n'y  a  rien  d'étonnant  à  la  voir  paraître  régulièrement  en 
automne  aux  environs  de  Hasselt,  si  remarquables  par  leurs 
nombreux  marais,  de  même  que  M.  Albarda  l'a  constaté 
pour  la  province  de  la  Gueidre  en  Hollande  (3). 

(i)  Voir  :  Compte  rendu  de$  observaliant  omUhologique»  faiteê  em 
Belgique  pendant  Vannée  4885,  dans  le  Bulletin  du  Musée  royal 
d'histoire  naturelle  de  Belgique,  tome  IV. 

(3)  \oir  idem. 

(3)  Voir  :  Ornithologischer  Jahreiberie/U  (1885)  nus  BoUand,  rwk 
Herman  Albarda  in  Leeuwarden. 


(371  ) 

REPTILES. 
Lacerta  agilis,  L.  —  Lacerta  stirpium  Daud. 

Daosia  liste  des  reptiles  de  la  Belgique,  publiée  dans  la 
Patria  Belgica  en  1875,  M.  le  baron  de  Selys-Longcbamps 
dit  que  ce  lézard  —  le  plus  grand  de  ceux  qu*on  rencontre 
tn  Belgique, si,  comme  il  est  probable,  le  Lacer/n  viridis  n*y 
existe  pas  —  parait  n'habiter  que  la  Lorraine  luxembour- 
geoise. L*an  dernier,  au  mois  de  septembre,  un  étudiant 
deHasselt,  M.  Constant  Stellingwerff  m'apporta  un  magni- 
fique exemplaire  de  cette  espèce,  lequel  mesurait  16  à 
i7  centimètres  de  longueur  et  6  '/^  centimètres  de  pour- 
tour à  la  région  abdominale.  II  venait  de  le  capturer  à 
LancUaer  dans  une  vaste  sapinière.  Cette  espèce  dont  les 
localités  sont  si  restreintes  en  Belgique,  parait  être  assez 
abondante  là  où  elle  existe,  car  depuis  cette  époque  et  sur 
mes  indications,  mon  ami  le  baron  Paul  de  Chestret  en  a 
trouvé  plusieurs  exemplaires  près  du  château  de  Hochl  à 
Pietersheiin,  dans  des  bois  montueux  qui  forment  la  con- 
tinuation de  la  chaîne  de  collines  boisées,  allant  de  Neeroe- 
teren  à  Lanaeken  et  qui  traverse  Lancklaer  en  longeant, 
parallèlement  à  la  Meuse,  la  lisière  orientale  de  la  province 
du  Limbourg. 

Cette  découverte  me  parait  offrir  de  l'intérêt,  parce 
qu'elle  permet  d'élargir  notablement  l'aire  de  dispersion 
de  cette  espèce,  connue  dans  notre  pays,  et  qu'elle  tend 
à  prouver  que,  malgré  de  grandes  différences  de  sol  et 
d'altitude,  la  Campine  limbourgeoise,  dans  certaines  de 
ses  parties,  offre  non  seulement  par  sa  flore,  mais  encore 
par  sa  faune,  de  frappantes  analogies  avec  les  Àrdennes 
et  le  bas  Luxembourg. 


(  372  ) 


POISSONS. 

Leucaspius  delineatus.  Siebold. 

A  la  suite  d'une  note  de  M.  Gens,  parue  dans  le  Bulletin 
de  l'Académie  des  sciences  (1)  et  de  renvoi  gracieux  que 
l'auteur  me  fit  d'un  échantillon  de  Leucaspius  delineatus^ 
découvert  par  lui  dans  les  eaux  du  fortin  n®  4  de  l'ancienne 
enceinte  des  fortifications  d'Anvers,  je  fis  de  nombreuses 
recherches  dans  les  étangs,  les  mares  et  les  ruisselets  pré- 
levés sur  les  cours  d'eau  pour  l'irrigation  des  prairies  dans 
les  environs  de  Hasselt.  Mes  recherches  furent  couronnées 
de  succès,  car,  au  printemps  de  Tannée  1886,  je  découvris 
Tespèce  en  question  en  grande  abondance  dans  une  mare 
plusieurs  fois  séculaire,  appelée  <  Begyne  poel  i,  mare 
des  béguines  (2)  située  aux  portes  de  la  ville  de  Hasselt. 

Cet  étang  bourbeux,  qui  n'est  alimenté  que  par  les  eaux 
pluviales  et  qui  déverse  son  trop  plein  dans  les  égouts  de 
la  ville,  ne  nourrit,  outre  ce  rare  poisson,  que  quelques 
carpes  et  quelques  tanches  minuscules.  Je  pus  récolter, 
sans  crainte  de  détruire  l'espèce,  plusieurs  centaines 
d'exemplaires  du  Leucaspius. 


(1)  Voir  :  Note  sur  un  poisson  d'eau  douce,  nouveau  pour  la  faune 
belge,  dans  les  Bulletins  de  rAcadémîe  royale  de  Belgique,  troisième 
série,  tome  XI,  1886. 

(3)  Cette  irare  est  déjà  citée  dans  des  actes  da  XVI*  siècle  repo- 
sant aux  archives  de  la  ville  de  Hasselt.  Le  béguinage  qui  existait 
anciennement  à  cet  endroit  et  qui  remontait  au  Xlh  siècle  a  été 
détruit  lors  du  bombardement  de  la  ville  de  Hasselt,  en  i567,  par  le 
prince-évéque  de  Liège  Gérard  de  Groisbeek, 


(373) 

L'absence  complète  de  communication  de  cette  mare 
avec  des  rivières  ou  des  ruisseaux  nourrissant  des  brochets 
00  d'antres  poissons  carnassiers,  jointe  à  sa  proximité  d'un 
centre  habité  qui  éloigne  les  oiseaux  piscivores,  nous 
explique  sans  doute  l'existence  en  quantité  considérable  de 
ce  petit  cyprinoïde  en  cet  endroit,  où  il  n'a  guère  à  craindre 
que  le  filet  du  collectionneur. 

La  rareté  relative  des  mares  où  les  poissons  sont  placés 
ainsi  à  l'abri  des  causes  de  destruction  naturelle,  est  pro- 
bablement la  cause  du  nombre  si  réduit  d'habitations 
renseignées  de  cette  espèce,  non  seulement  dans  notre 
pays,  mais  encore  dans  les  contrées  limitrophes. 

En  effet,  M.  Gens  nous  apprend  qu'elle  est  inconnue  en 
France  et  en  Hollande  et  rare  en  Allemagne. 

Notons  toutefois  que  cette  espèce  est  facile  à  confondre 
avec  le  fretin  des  différents  leuciscus  qui  habitent  nos 
eaux,  et  qu'il  faut  un  filet  à  mailles  fort  étroites  pour 
pouvoir  le  capturer. 

Comme  M.  Gens,  je  serais  tenté  d'expliquer  la  présence 
de  ce  poisson  dans  la  mare  isolée,  dite  des  béguines,  par 
un  transport  accidentel  d'œufs  de  poissons,  effectué  par 
des  oiseaux  aquatiques  voyageurs,  si  je  n'avais  des  rai- 
sons de  croire  que  cette  mare  a  fait  partie  autrefois  du 
système  de  défense  des  fossés  de  la  ville  de  Hasselt,  les- 
quels étaient  alimentés  par  le  Démer.  L'origine  de  cette 
espèce  dans  le  Begyne  poel  reste  donc  bien  obscure. 


>ft800^' 


(374  ) 


CLASSE   DES  LETTRES. 


Séance  du  ^^  août  1887* 

M.  BoRMANS,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  LiAGREf  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  P.  De  Decker,  le  baron  J.  de  Wille, 
R.  Chaloo,  Th.  Juste,  Alph.  Wauters,  Emile  de  Laveleye, 
Alph.  Le  Roy,  A.  Wagener,  P.  Willems,  G.  Rolin-Jaeque- 
myns,  Cb.  Piot,  Cb.  Potvin,  J.  Stecber,  Aug.  Scbeler, 
P.  Henrard,  J.  Gantrelle,  G.  Tibergbien  et  L.  Roersch, 
membres  ;  J.  Noiel  de  Brauwere  van  Steeland  et 
Alpb.  Rivier,  associés;  G.  de  Harlez  et  A.  Van  Weddingeo» 
correspondants. 

M.  Éd.  Mailly,  membre  de  la  Classe  des  sciences,  assiste 
à  la  séance. 

En  ouvrant  la  séance,  M.  Bormans,  vice^irecteur, 
rappelle  que  les  vœux  qu'il  avait  exprimés  de  ne  pas  être 
appelé  une  seule  fois  à  occuper  cette  année  le  fauteuil  de  la 
présidence,  ne  se  sont  malbeureusement  pas  réalisés  : 
M.  Tielemans  est  mort.  Appelé  à  lui  succéder,  M.  Bormans 
ne  se  dissimule  pas  les  difficultés  de  la  tàcbe  et  fait  appel 
à  l'indulgence  de  ses  confrères. 


(  375  ) 


CORRESPONDANCE. 


La  Classe  apprend,  avec  un  profond  senliment  de  regret 
—  par  Qoe  lettre  de  M"*  Z.  Poncelet-Tielemans  —  la  perte 
qa*elle  a  faite  en  la  personne  de  son  directeur,  M.  J.-Fran- 
çoisTielemans,  ancien  premier  président  de  la  Cour  d'appel 
de  BroxelleSy  décédé  à  Ixelles,  le  5  juillet  dernier. 

Uoe  lettre  de  condoléance  sera  adressée  à  la  famille  du 
défunt. 

Des  remerciements  sont  votés  à  M.  Bormans  pour  les 
paroles  qu*il  a  prononcées,  au  nom  de  la  Cla^^se,  à  la  céré- 
mooie  des  funérailles. 

Son  discours  sera  inséré  au  Bulletin. 

H.  Paider  est  désigné  pour  retracer  la  vie  du  défunt.  Sa 
notice  paraîtra  dans  un  prochain  Annuaire. 

—  H.  Piot  remet,  pour  TAnnuaire  de  1888,  le  manuscrit 
de  sa  notice  sur  Louis-Prosper  Gachard.  —  Remercie- 
oeots. 

—  M.  Emile  de  Laveleye  remercie  par  écrit  ses  confrères 
poor  les  félicitations  qu'ils  lui  ont  fait  parvenir  à  l'occasion 
de  sa  nomination  de  membre  du  sénat  académique  de 
rOoiversiié  de  Saint-Pétersbourg. 

—  Sur  la  demande  exprimée  par  M.  le  Ministre  de 
l'Agriculture,  de  Tlndustrie  et  des  Travaux  publics,  le 
4  juillet  dernier,  une  liste  complémentaire  de  noms  lui  a 
été  adressée,  en  vue  de  la  formation  du  jury  pour  le  prix 
Goinard. 


(376) 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  envoie  pour  la  Biblio- 
thèque : 

1®  Un  Rapport  sur  la  situation  des  Sociétés  de  secours 
mutuels  pendant  les  années  1S85,  1884  et  1885; 

2"  Fleurs  d'Ardenne.  Poésies  par  Arthur  Drumaux. 
Bruxelles,  1887;  in-18; 

3**  Éludes  morales  et  littéraires.  Épopées  et  romans 
chevaleresques  par  Léon  de  Monge.  Vol.  in-18; 

4®  Bulletin  de  la  section  scientifique  et  littéraire  de  la 
Société  des  Mélophiles  de  Hasselt;  23**  volume,  in-8*, 

—  M.  le  Minisire  adresse  également,  pour  être  distribués 
aux  membres  de  la  Classe  des  lettres,  des  exemplaires  da 
rapport  du  jury  qui  a  jugé  la  première  période  du  concours 
quinquennal  des  sciences  sociales. 

—  Des  remerciements  sont  votés  aux  auteurs  des 
ouvrages  suivants,  dont  il  est  fait  hommage  : 

1®  Correspondance  du  cardinal  de  Granvelle^  tome  VI, 
publié  par  Ch.  Piot  (avec  note  bibliographique  insérée 
ci-après)  ; 

^  Canakya,  Recension  de  cinq  recueils  de  stances  morales^ 
par  Eugène  Monseur  (présenté  par  Ch.  de  Harlez  avec  une 
note  bibliographique  insérée  ci-après); 

3®  Religion  ou  irréligion  de  l'avenir,  par  le  comte 
Gobletd'Alviella; 

4®  Message  de  Dieu  aux  hommes  de  mon  temps  et  à 
ceux  de  l'avenir,  ou  Dieu  et  P enfant,  par  Joseph  0*  Dru  de 
Revel. 

M.  H.  Pascaud,  conseiller  à  la  cour  d*appel  de  Chambéry, 
adresse  une  collection  de  ses  travaux,  dont  les  titres  paraî- 
tront au  Bulletin  de  la  séance. 


(377) 

—  L'Académie  de  Stanislas,  à  Nancy,  envoie  le  pro- 
gramme du  Prix  Herpin,  à  décerner  en  1889. 

Ce  prix  de  1,000  francs  sera  attribué,  s'il  y  a  lieu,  au 
mémoire  jugé  le  meilleur  sur  le  sujet  suivant  : 

Recherches  sur  les  temps  préromains^  en  Lorraine 
(archéologie,  linguistique,  anthropologie,  etc.). 


Discours  prononcé  aux  funérailles  de  M.  Tielemans^  direc- 
teur de  la  Classe  des  lettres^  par  M.  Bormans,  membre 
de  l'Académie. 

Messieurs, 

^Académie  royale  de  Belgique  tient  à  faire  entendre 
sa  voix  au  milieu  du  concert  d'éloges  et  de  regrets  qui 
soivent,  au  bord  de  sa  tombe,  le  vénérable  M.  Tielemans. 

Elle  est  fière  d'avoir  compté  au  nombre  de  ses  membres 
ce  grand  citoyen  qui ,  après  avoir  fourni  dans  la  politique 
et  dans  la  magistrature  la  plus  brillante  carrière,  est  venu 
tranquillement  prendre  part  aux  travaux  de  la  Classe  des 
lettres. 

Sa  place  y  était  depuis  longtemps  marquée.  Comme 
rédacteur  d'arrêts,  il  avait  fait  preuve  d'une  science  juri- 
dique profonde  en  même  temps  que  d'une  grande  fermeté 
d'appréciation;  comme  écrivain,  et  notamment  comme 
moteur  du  Répertoire  du  droit  administratifs  il  s'était  fait 
remarquer  par  sa  méthode  d'exposition,  par  la  clarté  et 
l'élégance  de  son  style. 

3"*   SÉRIE,  TOME   XIY.  25 


(  578  ) 

Malgré  ses  litres,  ce  ne  fut  que  bien  tard  que  M.  Tiele- 
mans  occupa  un  siège  parmi  nous.  Entraîné  par  le  tour- 
billon des  affaires,  cet  homme  d'élite,  revêtu  successivement 
des  plus  hautes  dignités,  qui  avait  été  tour  à  tour  profes- 
seur et  recteur  d^université,  conseiller  et  premier  président 
de  cour  d'appel,  membre  de  la  Chambre,  deux  fois  gou- 
verneur de  province,  ministre  du  Roi,  n'avait  pas  eu  le 
temps  de  songer  aux  lauriers  académiques. 

Il  nous  consacra  les  dernières  années  de  sa  vie  ;  et  si  la 
plume,  à  l'âge  de  74  ans,  était  devenue  entre  ses  mains 
un  instrument  rebelle,  il  sut,  pour  nous  aider  de  ses  con- 
seils, retrouver  en  plus  d'une  occasion  l'énergie  de  Tâge 
mûr  et  la  verdeur  de  la  jeunesse. 

Appelé  au  commencement  de  cette  année  même  à  rhon- 
neur  de  diriger  les  travaux  de  la  Classe,  vous  savez  avec 
quel  zèle,  avec  quelle  dignité  il  sut  accomplir  sa  mission. 

Cher  et  vénéré  confrère I  La  place  que  j'occupais  auprès 
de  vous  au  bureau  m'imposait  le  devoir  de  prendre  la 
parole  en  cette  circonstance.  Tout  autre  se  serait  acquitté 
mieux  que  moi  de  cette  tâche  douloureuse.  Mais  cette 
situation  me  permet  de  rappeler  la  bienveillance  louchante 
de  vos  rapports  avec  tous  vos  confrères  et  en  particulier 
avec  celui  qui  vous  adresse  aujourd'hui  un  suprême  adieu; 
bienveillance  qui  nous  faisait  oublier  à  tous  deux  et  la 
différence  d'âge  et  la  divergence  de  nos  directions  d'esprit. 
J'en  garderai  précieusement  le  souvenir. 

Au  nom  de  l'Académie,  cher  et  excellent  confrère,  je 
vous  dis  adieu! 


(  379  ) 


NOTES  BIBLIOGRAPHIQUES. 

J'ai  rbooneur  de  faire  hoinoiage  à  la  Classe  d'un  exem- 
plaire do  tome  VI  de  la  Correspondance  de  Granvelle. 

Ce  volume  renferme  les  lettres  adressées  au  cardinal 
00  écrites  par  lui  de  1576  à  1577. 

Les  plus  anciennes  se  rapportent  au  décès  de  Requesens, 
gOQverneor  général  des  Pays-Bas.  Cet  homme  d'État 
expira  au  moment  où  il  était,  pour  ainsi  dire,  abandonné 
de  son  souverain,  harcelé  par  ses  amis  aulant  que  par  ses 
eooemis,  sans  argent,  sans  ressources,  vivant  enfin  au 
milieu  d*une  soldatesque  effrénée,  presque  toujours  muti- 
oee. 

Philippe  n'avait  pas  pourvu  au  remplacement  de  son 
lieutenant  général.  Le  conseil  d'État,  en  attendant  la 
nomination  d'un  nouveau  gouverneur  général ,  dirigea 
lootes  les  affaires  du  pays,  jusqu'au  jour  où  les  insurgés 
s'emparèrent  des  membres  de  ce  corps  politique.  Le  désar- 
roi était  grand.  Partout  les  soldats  espagnols  pillaient, 
détruisaient,  assassinaient,  dans  les  villes,  dans  les  cam- 
pagnes. 

Pendant  ce  temps-là  que  faisait  le  roi?  Il  délibérait.  Il 
délibérait  sur  le  parti  à  prendre  pour  la  nomination  d'un 
gooverneur  général  en  remplacement  de  Requesens. 

Dès  1573  il  avait  été  question  de  nommer  à  ce  poste 
don  Juan,  le  vainqueur  de  Lépante,  le  frère  naturel  de 
Philippe.  Mais  le  caractère  chevaleresque  de  ce  prince,  son 
ambition  favorisée  par  ses  secrétaires,  n'inspiraient  pas  de 
cooGance  au  monarque.  Don  Juan  déplaisait  également  à 
Graovelle.  Ses  imprudences,  l'impétuosité  de  sa  nature,  ne 
permettaient  pas  de  faire  le  moindre  fonds  sur  lui.  Était-il 
capable  de  rétablir  la  paix,  l'union  entre  le  souverain  et 


(  380  ) 

son  peuple?  Avait-il  assez  d'expérience  pour  négocier  ce 
rapprochement?  Philippe,  qui  commençait  à  comprendre 
Pimpossibilitè  de  réduire  les  révoltés  par  la  force  et  la 
compression,  n'avait  pas  plus  de  foi  dans  les  aptitudes  de 
son  frère. 

D'autre  part  les  provinces  des  Pays-Bas  réclamaient  un 
gouverneur  de  sang  royal  et  déclaraient  hautement  ne  plus 
vouloir  d^Espagnol.  La  situation  était  critique.  A  quelle 
combinaison  s*arréter?  Le  roi  hésitait.  Granvelle  lui  sug- 
géra l'idée  de  rappeler  Marguerite  de  Parme.  Cette  prin- 
cesse était  adroite,  intelligente  ;  elle  abhorrait  la  violence; 
elle  était  aimée  et  respectée  de  ses  compatriotes. 

La  proposition  de  Granvelle  allait  être  adoptée,  lorsque 
tout  à  coup  Philippe,  cédant  aux  suggestions  de  conseil- 
lers imprudents,  résolut  d'envoyer  son  frère  aux  Pays- 
Bas. 

Pressentant  combien  cette  résolution  serait  nuisible  à  la 
cause  qu'il  défendait,  Granvelle  écrivit  au  roi,  à  don  Juan, 
pour  les  conjurer  d'arranger  les  choses  à  l'aaiiable.  C'étail 
tout  ce  que  le  cardinal  pouvait  encore  tenter.  Il  prévit  et 
prédit  le  fatal  dénouement  des  affaires.  Bientôt  le  conflit 
entre  don  Juan  et  les  Ëtats,  excités  par  le  prince  d'Orange, 
amena  la  guerre  ouverte. 

Dans  cette  correspondance,  Granvelle  n'apparait  pas  tel 
qu'on  se  Test  trop  souvent  ûguré,  comme  un  despote,  qd 
séide  aveugle  de  Philippe  IL  Au  contraire,  le  cardinal  veut 
l'apaisement,  la  réconciliation.  Il  condamne  remploi  de  la 
force,  répudie  les  soudards  espagnols  et  blâme  leur  féro- 
cité ;  il  se  montre  enfin  un  véritable  et  sincère  patriote.  II 
eut  même  le  courage  d'écrire  au  roi  :  <  Je  crains  que  la 
colère  soulevée  par  les  Espagnols  n'ait  plus  de  puissance 
que  jamais  pour  aliéner  les  cœurs.  >  Ch.  Piot. 


r 


(381  ) 


Càaakya.  —  ReceDsion  de  cinq  recueils  de  stances 
morales,  par  E.  Monseur,  docteur  en  philosophie  et  lettres, 
avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Liège.  Paris.  E.  Leroux,  1887, 
grand  in-8%  pp.  xx,  76. 

J'ai  rhonneur  de  présenter  à  la  Classe  des  lettres  Tou- 
îrage  d'un  jeune  avocat  belge,  qui  a  uni  aux  études  juri- 
diques celles  de  la  littérature  sanscrite,  et  qui  à  ce  double 
titre  mérite  une  attention  spéciale  de  la  part  de  l'Académie 
royale  de  Belgique.  Trop  souvent,  nos  jeunes  compatriotes, 
entraînés  par  la  nécessité  de  la  vie  et  les  habitudes 
régnantes,  ne  visent  qu'au  pratique  et  à  l'utilité  matérielle. 
Il  est  du  devoir  du  premier  corps  savant  du  pays  d'encou- 
rager, par  une  attention  bienveillante,  ceux  qui  savent 
s'élever  au-dessus  des  basses  régions  de  l'utilitarisme. 
H.  Monseur,  avocat  près  la  Cour  d'appel  de  Liège,  est  nn 
de  ceux  qui  ont  obéi  à  des  sentiments  plus  élevés  et  s'est 
adonné  aux  études  orientales,  qui  ne  rapportent  guère 
aujourd'hui  que  de  l'honneur,  même  aux  plus  brillants 
succès. 

Le  désir  de  tout  sanscritiste  sérieux  est  d'arriver  à 
enrichir  le  trésor  des  textes  connus,  à  publier  un  manuscrit 
inédit.  C'est  par  là  que  M.  Monseur  a  voulu  faire  son 
entrée  dans  le  monde  savant.  Ce  n'est  point  naturellement 
en  s'attaquant  à  une  œuvre  considérable  que  l'on  fait  ses 
premières  armes  en  ces  régions  d'abord  difficiles;  les  com- 
mencements ne  peuvent  être  que  modestes;  l'important 
est  de  choisir  un  texte  qui  présente  à  la  fois  de  l'intérêt 
par  son  contenu  et  une  matière  suffisante  au  travail  per- 
sonnel pour  qu'on  puisse  en  faire  l'objet  d'une  œuvre  origi- 
oale.Le  temps  m'a  man:jné  pour  donner  à  cette  appréciation 
le  caractère  que  j'eusse  désiré,  mais  j'ai  pu  cependant 


(  382  ) 

m'assurer  que,  80us  ces  différents  rapports,  M.  Mooseur 
paraît  avoir  réussi.  Le  texte,  ou  plutôt  les  textes,  qu'il 
s*esl  décidé  à  éditer,  forment  de  ces  pages  où  Ton  étudie 
avec  utilité  et  satisfaction  les  manifestations  originales  de 
Pesprit  humain,  et  en  même  temps  lui  ont  fourni  ample 
matière  au  travail  de  lecture,  de  collation,  de  correction, 
qui  constitue  le  mérite  d'un  éditeur  de  texte.  Cesl  là 
surtout  qu^»  nous  devons  chercher  le  mérite  de  l'œuvre, 
bien  que  le  premier  point  de  vue  ne  soit  pas  à  dédaigner. 

Depuis  longtemps,  les  indianistes,  et  spécialement  le 
savant  professeur  de  lena,  D'  Otto  Bôhtiingk,  se  sont 
appliqués  à  recueillir  les  Indische  Sprûche,  ou  proverbes, 
maximes  indoues.  La  collection  est  déjà  énorme,  mais  n*est 
pas  complète.  M.  Monseur  a  voulu  y  ajouter  quelques 
pages  et  s'est  appliqué  pour  cela  à  l'étude  de  cinq  recueils 
inédits,  qui  portent  le  nom  de  Cânakya. 

Ce  personnage  était  un  brahmane  contemporain 
d'Alexandre  le  Grand;  Cànakya  joua  un  rôle  politique 
considérable  dans  le  Magadha,  renversa  la  dynastie 
régnante  des  Nanda,  pour  porter  sur  le  trône  Chandra- 
Gupta  (i)  qui,  à  l'aide  de  hordes  de  mercenaires,  chassa 
les  Grecs  de  l'Inde  et  lui  rendit  son  indépendance.  Le 
célèbre  ministre  du  grand  roi  est  appelé  le  Machiavel  de 
l'Inde;  il  y  est  resté  célèbre  et  y  a  même  été  pris  comme 
héros  de  drame.  On  possède  un  recueil  de  sentences  qui 
lui  est  attribué  et  d'autres  qui  portent  son  nom,  soit  parce 
qu'on  a  puisé  dans  le  premier  pour  les  composer,  soit  que 


(I  )  De  même,  semble-t-il,  que  les  Sandracottos  ou  Sandrogi/ptos 
d'Arrien,  et  d'autres  historiens  grecs,  cette  identification  a  été  con> 
testée,  mais  sans  succès,  à  mon  avis. 


(  383  ) 

son  nom  soit  devenu  générique,  comme  les  Buffon,  les 
Pénelon,  etc. 

M.  Mooseur  a  recueilli,  étudié  cinq  de  ces  recueils,  dont 
il  Doos  expose  la  nature.  Il  a  réuni  de  nombreux  manu- 
scrits, comme  on  peut  le  voir  dans  son  introduction  ;  il  les  a 
comparés,  soit  entre  eux,  soit  avec  les  recueils  de  sentences 
déjà  publiés,  pour  en  extraire  ce  qu'il  pouvait  y  avoir 
dioédit  et  publier  le  résultat  de  ses  recbercbes.  Son  intro- 
duction esta  ce  point  de  vue  un  apparalus  complet  et  très 
remarquable.  L'auteur  a  encore  dû  faire  davantage.  En 
possession  de  matériaux  très  imparfaits,  il  a  dû  en  cor- 
riger les  défauts,  rechercher  les  fautes  des  copistes,  en 
découvrir  la  nature  et  la  correction  la  meilleure,  et  son 
(Bovre  témoigne,  sous  ce  nouveau  rapport,  d*une  étude 
smeuse  et  d*une  érudition  de  bon  aloi.  impossible  d'en 
donner  un  résumé  ou  un  aperçu;  il  faut  tout  lire,  pour 
s'en  faire  une  idée  exacte  et  juste.  M.  Monseur  s'est  trouvé 
devant  de  grandes  diflicnllés,  vu  l'état  de  délabrement  de 
ses  manuscrits  et  leur  imperfection,  dont  on  se  fera  aisé- 
ment une  idée  quand  on  saura  que  plusieurs  ont  été  copiés 
par  des  écoliers. 

Les  restitutions  et  corrections  sont  le  plus  souvent 
heureuses  et  méritent,  si  pas  une  adhésion  complète  et 
constante,  une  attention  sérieuse. 

De  fes  considérations  sur  la  nature  des  recueils  étudiés, 
M.  Monseur  tire  deux  conclusions  qui  ne  peuvent  être 
qu'approuvées  et  qui  lui  sont  propres.  La  première  est  que 
ces  recueils  ont  été  faits  ou  tout  au  moins  utilisés  pour 
servir  aux  leçons  des  écoles;  la  seconde  qu'ils  portent  le 
ooiD  de  Cânakya,  parce  que  le  premier  de  l'espèce  avait 
été  extrait  d'un  livre  attribué  pour  de  justes  raisons  au 
célèbre  ministre.  Nous  nous  rangeons  entièrement  à  cet 


(  384  )  • 

avisy  y  ajoulanl  qu'il  se  pourrait  que  le  recueil  originaire 
eût  été  publié  sous  le  nom  de  Cânakya  el  comme  venant  de 
lui,  bien  qu'il  n*en  fût  rien,  et  selon  Tusage  indien  d*après 
lequel  les  hommes  illustres  donnaient  leur  nom  à  des 
publications  qu*un  autre  avait  composés  pour  eux. 

Le  texte  publié  par  M.  Monseur  contient  218  stances 
nouvelles  ou  436  vers,  dont  196  complètement  restituées 
et  22  plus  ou  moins  désespérées.  Mais  là  encore  les  con- 
jectures de  M.  Monseur  ne  sont  pas  sans  mériter  l'atten- 
tion, sinon  l'adhésion  complète.  Ce  texte  est  accompagné 
d'une  traduction  généralement  exacte  et  qui  ne  manque 
pas  d'élégance. 

Une  dernière  partie,  non  sans  importance,  nous  donne 
tout  ce  que  M.  Monseur  a  recueilli  de  variantes  relative- 
ment aux  sentences  recueillies  et  publiées  par  M.  Bôht- 
lingk;  elles  remplissent  24  pages  et  pourront  fournir 
matière  en  quelques  endroits  à  une  revision  du  texte 
connu. 

Quelques  pages  d'addenda,  en  améliorant  certaines 
parties  du  livre,  nous  montrent  tout  le  soin  que  l'auteur 
a  pris  pour  mener  son  livre  à  bonne  et  savante  tin. 

Cette  œuvre  étant  devant  nous  uniquement  pour  Tap- 
précier  en  gros  et  non  pour  l'améliorer,  s'il  y  avait  lieu, 
je  me  borne  à  en  donner  les  caractères  généraux,  sans 
entrer  dans  aucun  détail  ni  indiquer  aucun  changement  on 
correction  désirable  ou  possible.  M.  Monseur  a  été  à  bonne 
école;  les  maîtres  qui  l'ont  aidé  dans  son  travail  et  dont  il 
cite  les  noms  avec  le  sentiment  d'une  juste  reconnaissance, 
nous  sont  garants  de  la  valeur  de  ses  études. 

Qu'il  me  soit  permis,  en  terminant, d'ajouter, pour  ceux 
de  mes  savants  auditeurs  qui  désireraient  avoir  une  idée 
de  ces  textes,  quelque  spécimen  où  se  reflète  l'esprit 
indou. 


(  385  ) 

Ed  voici  trois  prises  au  hasard  : 

2.  La  divinité  des  brahmanes  est  dans  les  feux  sacrés; 
celle  des  hommes  éclairés,  dans  le  cœur;  celle  des  esprits 
étroits,  dans  les  images  ;  celle  des  gens  qui  connaissent 
rAlinao,  partout. 

i3.  Le  grand  voyage  (la  mort)  est  inévitable;  les  provi- 
sions sont  très  utiles,  fais-les  avec  tout  effort;  la  mort  est 
chose  certaine. 

i04.  Toutes  les  divinités  sont  invisibles;  le  roi  est  une 
divinité  visible.  On  voit  les  conséquences  de  sa  faveur  et 
de  sa  colère.  C.  de  Harlez. 


RAPPORTS. 


La  Classe  entend  la  lecture  des  rapports  de  MM.  Tiber- 
ghieo  et  Alpb.  Le  Roy,  sur  le  mémoire  de  M.  A.  Van 
Weddingen,  intitulé  :  Les  tendances  sponfanéeSy  dans  leurs 
rapports  avec  l'objectivité  et  la  certitude  des  connaissances 
rationnelles. 

Conformément  aux  conclusions  de  ces  rapports, la  Classe 
vote  l'impression  du  travail  dans  les  Mémoires  in-S"*. 


^ 


(  386  ) 


CLASSE  DES  BEA^VX-ARTS. 


Séance  du  4  août  18S7. 

M.  C.-A.  Fraikin,  directeur. 
M.  LuGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Robert,  vice-directeur;  Éd.  Fétis, 
le  chevalier  Léon  de  Burbure,  Ern.  Slingeneyer,  Ad.  Pauli, 
God.  Guffens,  Jos.  Scbadde,  Tb.  Radoux,  Joseph  Jaqoet, 
J.  Demannez,  G.  De  Groot,  Gustave  Biot,  H.  Hymans,  le 
chevalier  Ëdm.  Marchai  et  Th.  Vinçotte,  membres; 
J.-B.  Meunier,  Max.  Rooses  et  J.  Rousseau,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


La  Classe  apprend  avec  un  profond  sentiment  de  regret 
la  perte  qu'elle  vient  de  faire  en  la  personne  de  deux  de  ses 
membres  titulaires  : 

M.  Nicaise  de  Keyser,  de  la  section  de  peinture,  né  à 
Sanlvliet,  le  26  août  1813,  décédé  à  Anvers,  le  16  juillet 


(387) 

dernier,  et  M.  Gustave  De  Man,  de  la  section  d*arcbilecturey 
né  à  Braxelles,  le  SO  mai  1805,  décédé  à  helles,  le  10 
jaillet  1887. 

D*après  les  dernières  volontés  de  M.  De  Keyser,  aucun 
discours  n*a  été  |)rononcé  à  ses  funérailles. 

Eo  remplacement  de  M.  Fraikin,  empêché,  M.  Robert, 
tiee-directeur,  délégué  de  TÂcadémie,  a  tenu  l'un  des  coins 
da  poêle. 

Lors  des  funérailles  de  De  Man,  M.  Fraikin  a  prononcé 
réloge  du  défunt. 

La  Classe,  après  un  dernier  hommage  rendu  par 
M.  le  directeur  à  la  mémoire  des  regrettés  défunts,  décide 
qu'une  lettre  de  condoléance  sera  écrite  à  leurs  familles 
respectives. 

M.  Ad.  Siret  sera  prié  de  faire  la  notice  biographique 
de  M.  De  Keyser,  et  M.  Rousseau  accepte  de  fliire  celle  de 
M.  De  Man. 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  transmet  : 

Mine  copie  du  procès-verbal  du  jury  chargé  de  juger 
le  grand  concours  d'architecture  de  cette  année,  d'où  il 
résulte  que  le  grand  prix  a  été  décerné  à  M.  Ch.  De  Wuif, 
de  Bruges,  élève  de  l'Académie  royale  des  beaux-arts  de 
Broxelles,  et  le  second  prix,  en  partage,  à  MM.  Michel  De 
Braey  et  Ferdinand  Truyman,  tous  deux  élèves  de  TAca- 
défliie  royale  des  beaux*arts  d'Anvers;  une  mention  hono- 
rable a  été  accordée  à  M.  Philippe  Van  Boxmeer,  de 
Malines,  également  élève  de  l'Académie  d'Anvers; 

2*  Une  expédition  de  son  arrêté  conférant  à  M.  Montald, 
prix  de  Rome  pour  la  peinture  en  1886,  la  pension  de 


(  388  ) 

5,000  francs,  instituée  en  vue  d'aider  les  lauréats  à  per- 
fectionner leurs  études  à  Tétranger; 

S"*  Le  troisième  rapport  semestriel  de  M.  J.  Anthooe, 
lauréat  du  grand  concours  de  sculpture  de  1885.  —  Renvoi 
à  la  section  de  sculpture  et  à  M.  Marchai,  rapporteur. 


Discours  prononcé  aux  funérailles  de  M.  Auguste  De  Manj 
membre  de  la  section  d'architecture;  par  M.  C.-A.  Fraî- 
kin,  directeur  de  la  Classe  des  beaux-arts. 

Dans  la  mission  si  complexe  de  l'État,  les  arts  occupent 
une  des  premières  places;  leur  développement  marche  eo 
première  ligne  dans  la  culture  de  Tintelligence. 

Tous  les  Gouvernements  ont  toujours  été  soucieux 
d'aider  les  jeunes  artistes  qui  se  sont  distingués  dans  des 
concours  à  se  perfectionner  dans  le  goât  du  beau.  Celle 
noble  mission  part  du  sentiment  que  l'art  fait  partie  da 
domaine  direct  de  la  société. 

L'un  des  premiers  soucis  des  Gouvernements  qui  ont 
présidé  aux  premiers  temps  de  notre  nationalité  fol 
d^étendre  aux  différentes  branches  artistiques  l'institution 
des  grands  concours  de  peinture  et  de  sculpture,  créée  par 
le  Roi  Guillaume,  institution  qui  avait  pour  but  d'aider 
par  une  bourse  de  voyage  l'artiste  qui  se  serait  distingué 
dans  une  de  ces  branches,  à  se  perfectionner  en  allant 
s'inspirer  des  immortels  chefs-d'œuvre  que  possèdent  les 
pays  étrangers,  notamment  l'Italie. 


(  389  ) 

Gostave  De  Han  fut  le  lauréat  du  premier  grand  coo- 
coors  d*architeclure  qui  eut  lieu  en  1834. 

Notre  confrère  avait  alors  29  ans.  Il  était  arrivé  à  la 
pléoilude  de  la  jeunesse,  c*est-à-dire  à  Tépoque  où  les 
organisations  bien  douées  sont  1.  s  plus  aptes  à  s'assimiler 
le  sentiment  du  beau. 

Peu  d'années  après  son  retour  en  Belgique,  en  1841,  le 
Gouvernement  attacha  De  Man  au  Ministère  des  Travaux 
publics  en  qualité  d'ingénieur  pour  la  construction  des 
bâtiments  des  chemins  de  fer.  Le  nouveau  système  de 
relations  de  ville  à  ville,  de  contrée  à  contrée,  exigeait 
des  dispositions  et  une  architecture  toutes  spéciales  pour 
les  édifices  destinés  à  ce  service. 

Oo  cite  de  De  Man,  entre  autres,  ses  bâtiments  de  la 
balte  de  Cureghem,  de  Koekelberg,  de  TOuest,  élevés  de 
1870  à  1872,  constructions  on  ne  peut  plus  heureusement 
appropriées  à  leur  service  et  dont  le  caractère  arcbitecto- 
niqoe  se  distingue  autant  par  Télégance  que  par  de  bonnes 
proportions. 

Dix  années  après  l'entrée  de  De  Man  au  Ministère 
des  Travaux  publics  (1830),  le  Département  de  l'intérieur 
le  chargea  de  l'inspection  des  bâtiments  et  du  mobilier  des 
atbénées  et  des  écoles  moyennes  de  TÉtat,  lourde  tâche, 
dans  laquelle  notre  confrère  put  surtout  faire  ressortir 
l'esprit  pratique  qu'il  avait  recueilli  pendant  ses  voyages 
i  rétranger.  Il  dut  bien  s'acquitter  de  sa  mission,  car  de 
ISSl  â  1871  le  même  Département  lui  confia  Texamen 
de  tous  les  projets  de  construction  de  maisons  d'école, 
et  ils  étaient  déjà  nombreux  à  cette  époque,  à  en  juger  par 
les  soios  que  les  pouvoirs  qui  se  sont  succédé  ont  mis  à 
développer  Tinstruction  dans  tout  le  pays. 


(  390  ) 

C'est  pendanl  celte  longue  période  que  De  Man  s'occupa 
à  dresser  des  plans  et  à  élever  des  édiOces  pour  le  Départe- 
ment de  rinlérieur;  que  De  Mao  construisit  les  élégantes 
tribunes  de  fancienne  plaine  des  Manœuvres,  au  Quartier 
Léopold.  en  1845;  les  bâtiments  de  la  grande  Exposition 
agricole  de  1848;  et  d'autres  constructions  du  même  genre 
que  le  Gouvernement  lui  confia  ensuite  :  constructions 
éphémères,  mais  qui  ne  réclamaient  pas  moins  tontes  les 
qualités  sérieuses  que  comporte  l'art  architectural.  Son 
hospice  des  enfants  rachitiqnes,  à  Ixelles  (1853),  date 
encore  de  cette  période. 

Le  sentiment  architectonique  tout  particulier  qui  prési- 
dait à  ses  conceptions,  les  heureuses  dispositions  et  les 
agencements  de  ses  constructions  valurent  à  De  Man  la 
faveur  de  nombreuses  constructions  d'hôtels  privés  et  de 
châteaux. 

A  farchitecture  civile  ne  se  borna  pas  le  talent  de 
De  Man.  Il  s'acquitta  avec  un  goût  heureux  de  la  con- 
struction, à  Bruxelles,  de  la  sacristie  de  l'église  de  N.-D. 
des  Victoires,  au  Sablon,  1846,  et  de  la  chapelle  évangélique 
rue  Belliard,  1850;  des  églises  de  Sugny,  1851  ;  de  Rou- 
vroy,  1856;  de  Maçon,  près  de  Chimay,  1859;  de  Couvin, 
1863;  d'Ethe,  1864,  et  de  Lacuisine,  1869. 

Ce  n'est  que  depuis  peu  d'années  que  Bruxelles  possède 
un  Palais  des  arts,  grâce  au  talent  d'un  des  nôtres.  Avant 
cette  époque,  les  solennités  avaient  lieu  soit  au  temple 
des  Augustins,  soit  dans  l'ancien  Palais  ducal.  En  1855, 
De  Man  appropria;  à  la  demande  du  Gouvernement,  le 
premier  de  ces  édifices  pour  les  concerts  du  Conserva- 
toire, et  en  général  pour  les  grandes  solennités  publiques. 
En  1860,  il  appropria  le  second  pour  la  même  destina- 
tion. 


(391  ) 

Il  avail  espéré  pouvoir  attacher  encore  son  nom  à  une 
œavre  importante  :  On  lui  avait  confié  en  1863  les  plans 
do  Palais  du  Roi  à  Ostende.  Cet  édifice,  dont  on  n*a  jeté 
que  les  fondements,  resta  inachevé. 

Ostende  doit  an  regretté  défunt  son  débarcadère  des 
baiteaux  à  vapeur,  dont  la  construction  remonte  à  i869. 

En  raison  de  sa  notoriété  artistique,  la  place  de  De  Man 
était  naturellement  indiquée  dans  la  Commission  royale 
des  monuments;  sa  nomination  date  de  1859. 

Quelques  années  après  (1865),  il  remplaça  Roelandt 
comme  membre  titulaire  de  TAcadémie.  Plus  d*une  fois 
la  Classe  des  beaux-arts  recourut  à  son  judicieux  juge- 
ment; notre  confrère  prouva  qu'il  avait  aussi  quelque 
habileté  à  manier  la  plume. 

De  Man  avait  été  nommé  professeur  de  T Académie  des 
beaax-arts  de  Bruxelles  en  1863.  Nous  n'avons  pas  à 
parler  ici  de  son  professorat. 

Le  Gouvernement  l'avait  nommé  à  la  même  époque 
chevalier  de  Tordre  de  Léopold. 

Telles  ont  été  la  carrière  et  l'œuvre  de  celui  dont  nous 
entourons  en  ce  moment  la  dépouille  mortelle.  Rappeler 
ce  qu'il  a  fait  est  le  plus  bel  éloge  que  nous  puissions  faire 
de  lui. 

Adieu,  cher  et  affectionné  confrère,  au  nom  de  la  Classe 
des  beaux-arts,  toi  dont  l'existence  a  été  si  dignement  et 
si  Boblement  remplie  par  le  travail. 


(  392  ) 

COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 

La  Classe,  après  avoir  reçu  communication  d'une  dépêche 
ministérielle  transmissive  d'une  lettre  de  l'Académie  royale 
des  beaux-arts  d'Anvers,  relative  à  un  envoi  réglementaire 
de  M.  Yerbrugge,  prix  de  Rome  pour  la  peinture,  décide 
le  renvoi  de  ces  pièces,  pour  rapport,  à  une  commission 
composée  de  MM.  Fétis,  Slingeneyer,  Robert,  Guflens  et 
Ver  la  t. 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 

Gobtet  (FAlviella  (Le  comte  E.).  —  Religion  ou  irréligion  de 
l'avenir.  Bruxelles,  1887;  exlr.  in-8*  (50  p.). 

De  Heen  (P.).  —  Détermination  d'une  relation  empirique 
entre  le  coeilicient  de  frottement  intérieur  des  liquides  et  les 
variations  que  celui-ci  éprouve  avec  la  température.  Bruxelles, 
1884;  extr.  in-8*(5  p.). 

—  Détermination,  à  l'aide  d'un  appareil  nouveau,  du  coeffi- 
cient de  diffusion  des  sels  en  solution  et  des  variations  que 
cette  quantité  éprouve  avec  la  température.  Bruxelles,  1884; 
exlr.  in-8^  (20  p.). 

—  Détermination  des  variations  que  le  coefficient  de  frotte- 
ment intérieur  des  liquides  éprouve  avec  la  température. 
Bruxelles,  1886;  extr.  in-8^(16  p.,  1  pi.). 

Borlée.  —  De  la  réhabilitation  de  la  saignée  et  des  émissions 
sanguines  dans  les  congestions  et  les  inflammations,  etc. 
Bruxelles,  1884;  extr.  in-S"*  (16  p.). 

—  Rapport  sur  un  travail  intitulé  :  «  Les  applications  des 
propriétés  antiseptiques  du  borax  et  de  l'acide  borique.  » 
Bruxelles,  1887;  extr.  in-8^(7  p.). 


(  393  ) 

Burggraeve  (D').  —  Conroiirs  Guiiianl  pour  ramëlioratioii 
de  la  position  matdrieile  et  inleileelucilc  du  la  classe  ouvrière 
en  gênerai,  etc.,  3- éd.,  Garni,  1887;  vol.  pel.  in- 16. 

^Vizel  (F.).  —  Notice  sur  les  calnlogucs  de  bihliolhèques 
publiques,  2*  éd.  firuxelles,  1887;  br.  in.8%50  p  ). 

Blanckarl  [Charles  de).  —  Histoire  njoderne  (1860-80), 
tomes  I  et  II.  Bruxelles,  1885-86  ;  2  vol.  in  8". 

Druniaux  (Arthur),  —  Fleurs  d'Ardcnne.  Bruxelles,  1887; 
vol.  in-i2. 

Poskin  (Ac/i.). —  c  Les  Trous  •  au  mauvais  air,  de  Nivezc 
(Spa)  Notice  sur  les  sources  d'acide  carbonique.  Bruxelles, 
I887;in-8»(42p). 

Ministère  de  l^Agriculture^etc.  —  Rapport  sur  la  situation 
des  sociétés  de  secours  mutuels  pendant  les  années  1885-85. 
Bruxelles,  1887!  gr.  in-8«. 

—  Bullrlin  de  la  fédération  des  sociétés  d  agriculture  de 
Belgique,  1885-85.  Bruxelles,  1887  ;  vol.  in•8^ 

Société  chorale  et  littéraire  des  Mélophiles  de  Hasselt,  — 
Bulletin  de  la  section  scientifique  et  littéraire,  ^5"*  volume. 
Hasselt,  1886;  in-8'*. 

Société  des  sciences,  des  arts  et  des  lettres  du  ffainatit.  — 
Mémoires,  4*  série,  tome  IX.  Mons,  1887  ;  vol.  in-8». 


AtLEVAGiNE. 

Kôlliker{A.  von).  —  Die  Untersuchungen  von  Golgi  ucbcr 
lien  feineren  Ban  des  zentralen  Nervensystems.  léna,  1887; 
cxir.  in-»*»  (7  p.). 

Verein  fur  Geschirhte  der  Mark  Urandeburg  ~  Mârkischc 
Forsfhungen,  Band  XX.  Berlin,  1887;  vol.  in-8«. 

Gesellschaft  «  Philomathie  »,  in  IVeisse.  —  !2I",  22"  und 
î3*Bericht,  1879-86;  in-8». 


5"*   SÉKIE,   TOME   XIV.  26 


(  394  ) 


Amérique. 

Pickering  (Edw -C).  —  Observations  of  variable  stars  in 
1886.  Boston,  1887;  exlr.  În-8*(I6  p.) 

Langley,  Young  et  Pickering,  —  Pritchard's  wedge  Photo- 
meter.  Boston,  1887;  exlr.  in-4*  (22  p.). 

Burmeister  (Gennan).  —  Allas  de  la  description  physique 
de  la  République  argentine,  î2*  section  :  Mammifères,  3*  liv. 
Bnenos-Ayres,  1886;  cah.  in-folio. 

Academia  national  de  cieneias  en  Cordoba.  —  Boletin,  1 886, 

1*  v2Mn-8«. 


France. 

Institut  de  France.  —  Annuaires  pour  1880  et  1887.  Prix  «le 
vertu  :  discours  prononcé  le  25  novembre  1886. 

Gosseiet  {/.)•—  Note  sur  quelques  Rhynchonelles  du  terrain 
dévoniquc  supérieur.  Lille,  1887  ;  exir.  in-8^(52  p ,  3  pi). 

—  Note  sur  le  Famennien.  Lille,  1887;  exlr.  in-K»  (!6  p.). 

LasaulxiA.  de), —  Précis  de  pétrographie.  Introduction  à 
réluilc  «les  ror.lies,  tradiiil  de  l'allemand  par  IL  Forir.  Paris, 
1887;  pet.  in.8". 

O'Dru  de  Revel  (Joseph).  —  Messnge  de  Dieu  aux  hommes 
lie  mon  temps  et  à  ceux  de  l'avenir,  ou  Dieu  et  Tcnfant,  2*  éd. 
Grenoble;  vol.  pet.  in-8'. 

Fraipont  [Julien).  —  La  poterie  en  Belgique  à  l'âge  du 
Mammouth  :  l'*  partie,  la  poterie  de  la  grotte  d'Engis.  Paris, 
1887;  extr.  in-8*  (20  p.). 

Monseur  (Eug,).  —  Cànakya.  Reeension  de  cinq  recueils  de 
stances  morales.  Paris,  1887;  jçr.  in-8"(xix-70  p.). 


(  393  ) 

Paseaiid  (Henri).  —  Science  économique,  lëgislalion  et 
jurisprudence  (articles  divers  dans  V Économiste  français^  la 
Gazette  des  Tribunaux^  et  la  Hevue  critique  de  législation). 
Paris,  1875-86;  21  br.  in-8»  et  9  journaux. 

—  Des  actions  en  détaxe  contre  les  compagnies  de  cliemins 
de  fer.  Paris,  1883;  exlr.  in-8»  (G  |).). 

—  Delà  responsabilité  du  colocataire  chez  lequel  l'incendie 
a  pris  naissance.  Pari»,  1884;  exlr.  in-8®  (10  p.), 

—  De  Tabrogation  de  Texception  de  jeu  dans  les  opérations 
(Je  bourse  et  les  spéculalions  cominrrcinJes.  Paris,  1877;  extr. 
in  8' (15  p.). 

—  La  lettre  de  change  et  les  modifications  qu'elle  comporte. 
Paris,  1883;  extr.  in -8"  (18  p.). 

—  Du  recours  de  l'ouvrier  contre  le  patron  on  cas  d'aeci- 
Jent.  Paris,  1885;  extr.  in-8»  (7  p.). 

—  De  la  plainte  de  la  partie  civile  devant  le  juge  d'instruc- 
tion. Paris,  1884  ;  extr.  in-8'»  (22  p.). 

—  Un  projet  de  réforme  communale.  Paris,  1883;  extr. 
in-8'{l5p.)L 

—  La  puissance  paternelle  et  ses  déchéances  nécessaires. 
Paris,  1881;  exlr.  in-8»  (8  p.). 

—  I^a  séparation  des  pouvoirs  et  les  conflits  d'attributions. 
Paris,  1878;  in^»  (54  p.). 

—  La  police  des  mœurs.  Paris,  1878;  exlr.  în-8*  (20  p.). 

—  De  l'organisation  communale  et  municipale  en  Europe, 
anx  États-Unis  et  en  France.  Paris,  1877;  vol.  in-8<*  (288  p.). 

—  Étude  historique  et  critique  des  différents  systèmes 
(l'organisation  du  suffrage  politique.  Paris,  1875;  in-8*  (83  p  ). 

Comité  international  des  poids  et  mesures,  —  Procès-ver- 
baux des  séances  de  1886.  Paris,  1887;  vol   in-8^ 


(  396  ) 


Italie. 

Gnccia(G.'B.).  — Sui  sislcini  iineari  di  superficie  algebrielie 
dointi  di  singolarita  base  qiialimques.  Palerme,  i%S7;  10-8*" 

(12  p.). 
Accademia  agraria  di  Pesaro»  —  Primo  congrcsso  degli 

agncoltori  inarcliî^îani,  i885  :  Resocoiilo.  Pesaro,  1887;  in-8". 

Osservatorio  délia  regia  Universita  di  Torino.  —  BolletlÎDO, 

1887.  In-4'. 


Pays  divers. 

Reuler  (F.).  —  Observations  météorologiques  faites  h 
Luxembourg,  ô'  et  4*  volumes.  Luxembourg,  1887;  ï  vol.  în-8**. 

Sleen{Aksel-SX  — Hie  internationale  Polar forsehung,  1882- 
83.  Beobacblungs-Ergebnisse  der  norwegiscben  Polarstation 
Bos^ekop  in  Alten,  L  Tlieil.  Christiania,  1887;  voL  in-4^ 

Warfvinge  (F.-W.).  —  Arsberaltelse  fran  Sabbatsbergs 
Sjukbiisi  Stockholm,  188().  Stockholm,  1887;  in-8°. 


BULLETIN 


DB 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 

DES 

LCTTRES  ET  DES  BKADX-ARTS  DE  BELGIQUE. 

4887.  —  No-  9-40. 


CLASSE  MES  SCEEKCIIS. 


Séance  du  8  octobre  1887. 

M.  J.  De  Tilly,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Fr.  Crépin,  vice-directeur;  J.-S. 
Sias,  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de  Selys  Long- 
champs,  Gluge,  J.  G.  Houzeau,  G.  Oewalque,  H.  Maus, 

E.  Caudèze,  Gh.  Montigny,  Éd.  Van  Beneden,  G.  Malaise, 

F,  Folie,  Alph.  Briart,  F.  Plateau,  Éd.  Mailly,  Gh.  Van 
Bambeke,  Alf.  Gilkinet,  G.  Van  der  Mensbrugghe, 
W.  Spring,  Louis  Henry,  M.  Mourlon,  membres;  E.  Gatalan, 
associé;  A.  Renard,  P.  De  Heen  et  G.  Le  Paige,  corres" 
pondants. 

M.  Slcrry  Hnnt,  géologue,  membre  de  la  Société  royale 
dn  Canada,  assiste  à  ta  séance. 

5"*    SÉRIE,   TOME    XIV.  27 


(  398  ) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  TÂgricullure,  de  rinduslrie  et  des 
Travaux  publics  demande  que  la  Classe  des  sciences  pro- 
cède, conjointement  avecla  Classe  des  lettres,  à  la  forma- 
tion de  la  liste  double  des  candidats  pour  le  choix  du  jury 
qui  jugera  la  première  période  du  concours  décennal  des 
sciences  philosophiques  (1878-1887). 

—  Le  même  Ministre  transmet  une  ampliation  de  Tarrété 
royal  du  30  juillet  dernier,  nommant  membres  du  jury 
chargé  de  juger  le  quatrième  concours  pour  la  collation 
du  prix  Guinard  :  MM.  P.-J.  Van  Beneden  et  Briart, 
proposés  par  la  Classe  des  sciences,  et  Ém.  de  Laveleye, 
Liagre  et  Rivier,  proposés  par  la  Classe  des  lettres. 

—  M.  le  Ministre  de  TAgriculture,  de  Tlndustrie  et  des 
Travaux  publics  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  TAcadémie, 
un  exemplaire  : 

1**  Des  exposés f  avec  annexes,  de  la  situation  adminis" 
trative  des  provinces  pour  4886; 

^  De  Touvrage  de  MM.  Corneli  et  Mussely  :  Anvers  et 
f  Exposition  universelle  de  4885  ; 

3°  Du  Mémoire  de  zoologie  présenté  au  concours  univer- 
sitaire de  1886,  pour  la  collation  des  bourses  de  voyage, 
par  M.  Oscar  Terpve,  docteur  en  sciences  naturelles  de 
l'Université  de  Liège.  —  Remerciements. 

—  La  Société  des  sciences  naturelles  de  Hambourg  fait 
savoir  qu'elle  célébrera,  le  18  novembre  prochain,  le 
cinquantième  anniversaire  de  sa  fondation. 


(  399  ) 

—  Le  comité  coDstitné  en  Hollande  pour  la  célébration 
da  soixante-dixième  anniversaire  de  M.  Donders,  pro- 
fessenr  à  l'Université  dUtrecbt  et  associé  de  l'Académie, 
soamet  une  liste  de  souscription  à  l'effet  de  fonder,  à  cette 
occasion,  une  institution  scientifique  qui  portera  le  nom 
do  jubilaire. 

—  La  Classe  accepte  le  dépôt  dans  les  arcbives  de  deux 
plis  cachetés  adressés,  l'un  par  M.  le  D'  De  Keersm^ecker, 
de  Bruxelles,  l'autre  par  M.  le  lieutenant-colonel  d'artille- 
rie Léopold  Yerstraete. 

Elle  autorise  la  restitution  à  M.  Emile  Laurent,  profes- 
seur à  l'École  d'horticulture  de  Vilvorde,  du  pli  déposé  par 
loi  dans  la  séance  du  1''''  août  1885. 

—  M.  Delaey,  à  Roulers,  adresse  de  nouvelles  commu- 
nications se  rapportant  à  divers  sujets  scientifiques.  — 
Dépôt  aux  archives. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
Texameo  de  commissaires  : 

1**  Action  gustalive  des  acides;  par  Joseph  Corin.  — 
Commissaires  :  MM.  L.  Fredericq  et  Jos.  Deibœuf; 

2*  Sur  la  théorie  de  l'Involution;  par  Fr.  Deruyts.  — 
Commissaires  :  MM.  Le  Paige  et  Mansion; 

3*  Observations  physiques  sur  SaturnCy  faites  en  1887; 
par  Paul  Stroobant.  —  Commissaires  :  MM.  Polie  et 
Bouzeau. 

—  Hommages  d'ouvrages  : 

1*  Odonates  de  l*Asie  mineure  et  revision  de  ceux  des 
autres  parties  de  la  faune  paléarctique ;  par  le  baron  de 
Seiys  Longcbamps; 

2*  Observations  sur  une  grande  scolopendre  vivante;  par 
F.  Plateau  ; 


l  400  ) 

3°  Résumé  du  cours  d'analyse  iufinUésimale  de  l'Uni'' 
versiléde  Gand;  par  P.  Mansion; 

A^  Théorie  mécanique  de  la  chaleur,  par  R.  Clausius, 
2*  édition  traduite  sur  la  5^  édition  de  l'original  allemand, 
lome  I";  par  F.  Folie  el  E.  Ronkar; 

5^  a)  Construction  et  emploi  du  métronome  en  musique; 
I))  Théorie  et  application  du  pendule  à  deux  branches; 
c)  La  thermodynamique  et  Vélude  du  travail  chez  les  êtres 
vivants;  par  G.- A.  Hirn; 

6®  Recherches  sur  la  structure  de  la  substance  fondamen^ 
taie  du  tissu  osseux;  par  0.  Van  dcr  Strichl; 

7*  Trajectoire  d'un  corps  assujetti  à  se  mouvoir  sur  ta 
surface  de  la  terre  sous  l'influence  de  la  rotation  terrestre; 
par  L.  Lindelôf,  de  Heisîngrors.  (Présenté  par  M.  Van  der 
Mensbrugghe  avec  une  note  qui  figure  ci-après); 

8**  Méthode  pour  la  détermination  des  parallaxes  par 
des  observations  continues  ;  par  Ci).  Lagrange. 

9''  Propositions  relatives  aux  bases  à  employer  dans  le 
calcul  des  tarifs  de  la  Caisse  de  retraite,  réduits  à  3  ^U. 
Premier  rapport;  par  le  capitaine  Mahillon  (avec  deux 
aulres  rapports).  —  Remerciements. 


NOTE   BIBLIOGRAPHIQUE. 

J'ai  riionneur  de  présenter  à  rÂcadémie  un  Mémoire 
très  intéressant  de  M.  L.  Lindelôf,  conseiller  d'État,  chef 
de  l'administration  supérieure  des  Écoles  en  Finlande, 
bien  connu  par  ses  travaux  d'analyse  et  notamment  par 
son  calcul  des  variations,  rédigé  en  collaboration  avec 
l'abbé  Moigno. 

Le  Mémoire  actuel  a  pour  titre  :  Trajectoire  d'un  corps 
assujetti  à  se  mouvoir  sur  la  surface  de  la  terre  sous  /*!«- 
fl  tence  de  la  rotation  terrestre. 


(  401  ) 

L'anteur  rectifie  les  notions  peu  exactes  qui  on  t  cours  dans 
des  traités  populaires  et  même  dans  des  publications  scien- 
tifiques sérieuses, quant  à  Tinfluence  exercée  par  la  rotation 
de  la  Terre  sur  le  mouvement  des  corps  à  sa  surface.  S*agit*il, 
par  exemple,  d'expliquer  la  déviation  d*un  courant  atmo- 
sphérique vers  rO.  ou  vers  TE.  suivant  qu'il  s'approche 
ou  qu'il  s'éloigne  de  l'équateur,  on  attribue  ce  phénomène 
simplement  à  la  variation  de  la  vitesse  linéaire  de  la  rota- 
tion terrestre  aux  différentes  latitudes,  variation  à  laquelle 
le  courant  ne  participerait  pas.  Mais,  suivant  M.  Lindelôf, 
celte  explication  est  loin  d'être  suffisante,et  poursuivie  par 
l'analyse,  elle  donnerait  une  idée  fort  inexacte  du  chemin 
da  courant  ou  d'un  corps  en  mouvement.  Ainsi,  d'après 
cette  explication,  il  n'y  aurait  pas  de  déviation  pour  un 
eonrant  allant  vers  l'E.  ou  vers  l'O.,  tandis  que,  en  réalité, 
la  déviation,  ou  pour  mieux  dire,  la  courbure  horizontale 
en  uo  point  donné  de  la  trajectoire  est  exactement  la 
même  pour  tous  les  azimuts  et  ne  dépend  que  de  la 
vitesse  et  de  la  latitude. 

Deroande-t-on  pourquoi  les  grands  fleuves  de  l'Asie  et  de 
l'Amérique  qui  suivent  la  direction  d*un  méridien  tendent 
i  roDger  leur  rive  droite,  tandis  qu'une  pareille  tendance 
n'aurait  pas  lieu  pour  les  cours  d'eau  «Hrigés  vers  l'E.  ou  vers 
rO.,  la  réponse  donnée  vulgairement  est  aussi  erronée  que 
la  précédente  :  il  n'y  a  pas  de  raison,  dit  l'auteur,  pour  que 
l'effet  ci-dessus  ne  se  produise  pas  dans  tous  les  cas. 

U  Mémoire  de  M.  Lindelôf  est  divisé  en  quatre  parties: 
dans  la  première,  l'auteur  établit  les  é(|uations  différen- 
tielles du  mouvement,  et  en  tire  immédiatement  quelques 
propriétés  essentielles  de  la  trajectoire;  la  seconde  ren- 
ferme la  discussion  des  diverses  formes  possibles  de  la 
trajectoire,  quand  on  fait  varier  de  toutes  les  manières  les 
données  du  problème;  la  troisième  est  consacrée  à  Tinté- 


(  *02  ) 

gration  des  équalions  du  mouvement;  enfin  dans  la  qua- 
trième, l'auteur  applique  sa  théorie  à  l'étude  de  la  roule 
de  l'onde  atmosphérique  observée  à  la  suite  de  la  mémo- 
rable éruption  volcanique  de  Krakatoa  en  1883. 

Je  n*ai  pas  encore  eu  le  temps  d'étudier  le  beau  travail 
de  M.  Lindelof  avec  toute  Tattention  qu'il  mérite;  il  m'aura 
suffi,  je  pense,  de  faire  connaître  l'objet  de  chacune  de  ses 
parties  pour  montrer  tout  l'intérêt  qui  s'attache  aux  der- 
nières recherches  du  savant  géomètre  de  Helsingfors. 

G.  Van  der  Mensbrugghe. 


CONCOURS  EXTRAORDINAIRE  POUR  1887. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  dépose  sur  le  bureau  deux 
mémoires  reçus  pour  le  concours  extraordinaire  se  rap- 
portant à  r  assainisse  ment  des  rivières,  la  vie  et  la  repro^ 
duction  des  poissons. 

Le  premier,  écrit  en  français,  porte  la  devise  :  Travail 
et  persévérance. 

Le  second,  écrit  en  allemand,  porle  la  devise  :  Truila. 

Commissaires  :  MM.  P.-J.  Van  Beneden,  Spring  el  de 
Selys  Longchamps.        

RAPPORTS. 

Il  est  donné  lecture  du  rapport  de  MM.  Van  Bcneden, 
père  et  (ils,  et  P.  Plateau  sur  la  mission  dont  M.  P.  PeJse- 
deer  a  été  chargé  à  la  Station  zoologique  du  D'  Dohrn,  à 
Naples.  —  Ce  rapport  sera  coinniuniqué  à  M.  le  Ministre  de 
J'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des  Travaux  publies. 


(  403  ) 

Sur  un  mode  de  préparation  de  la  phénylehydrazine; 

par  A.  Reychler. 

c  M.  Reychler,  docteur  en  sciences,  m'a  prié  de  pré- 
senter à  la  Classe  une  courte  note  relative  à  un  mode  de 
préparation  de  la  phénylehydrazine.  Ce  travail  est  bien 
conçu  et  bien  exécuté;  le  doute  n'est  pas  possible  ni  sur 
la  nature  du  produit,  ni  sur  le  rendement  considérable 
obtenu.  J'ai  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  d'or- 
donner l'insertion  de  la  note  de  M.  Reychler  dans  le 
Bulletin  de  la  séance.  » 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions,  auxquelles  a  souscrit 
H.  Spring. 


Sur  la  masse  de  la  planète  Saturne;  par  L.  de  Bail. 

C  J'ai  rhonneur  de  rendre  compte  à  la  Classe  d'un 
mémoire  de  M.  L.  de  Bail,  de  l'Observatoire  de  Cointe, 
déjà  connu  de  l'Académie  par  plusieurs  travaux  exacts 
d'astronomie. 

Dans  la  présente  communication,  M.  L.  de  Bail  discute, 
pour  en  déduire  la  masse  de  Saturne,  une  partie  des  obser- 
vations qu'il  a  faites  des  satellites  de  cette  planète,  dans 
l'hiver  de  i885  à  1886.  Il  a  réuni  alors,  en  se  servant  du 
réfracteur  de  Cointe  de  O'^,^  d'ouverture,  cent  cinquante- 
sept  mesures  portant  sur  les  cinq  anciens  satellites  de 
Saturne.  Dans  ces  dernières  années,  les  observateurs  ont 


(  404  ) 

trouvéqull  était  plus  sûr  de  comparer  eotre  eux  les  satel- 
lites, qui  sont  de. petits  points  brillants,  plutôt  que  rappor- 
ter ces  satellites  au  globe  de  Saturne.  C'est  aussi  la  méthode 
que  fauteur  a  employée.  Quarante-trois  des  mesures  qu*il 
a  réunies  sont  des  positions  relatives  de  Titan  et  de  JapeC, 
savoir  :  vingt-cinq  différences  d'ascension  droite  et  de 
déclinaison,  et  dix-huit  angles  de  position  avec  distances.. 
Le  mémoire  actuel  est  consacré  au  calcul  de  ces  mesures^ 
pour  en  déduire  la  correction  des  éléments  des  satellites 
employés,  ainsi  que  la  masse  de  Saturne. 

Il  n'y  a  rien  de  particulier  à  signaler  dans  la  marche 
des  calculs.  L'auteur  suit  la  méthode  de  correction  de 
Bessel.  Il  y  a  apporte  d'ailleurs  l'ordre  et  le  soin  auxquels 
il  nous  a  accoutumés  dans  ses  précédents  travaux. 
'  On  voit  par  ses  résultats  à  quel  degré  d'approximation 
les  astronomes  sont  arrivés  dans  la  connaissance  du  sys- 
tème de  Saturne.  Les  corrections  des  éléments  de  Titan 
et  de  ceux  de  Japet  de  M.  L.  de  Bail  sont  fort  petites.  La 
plus  importante  est  celle  du  périsalurne  de  Japet,  qui 
diffère  d'un  peu  plus  de  2®  de  la  longitude  déterminée  par 
A.  Hall,  d'après  ses  observations  de  1875-77.  Mais  comme 
l'excentricité  de  l'orbite  de  ce  satellite  est  peu  considérable, 
le  périsaturne  est  nécessairement  assez  indécis.  Une 
seconde  correction  d'une  certaine  importance  est  celle  de 
près  de  l""  sur  l'inclinaison  de  l'orbite  de  Titan.  Les 
observations  que  l'on  possédait  jusqu'ici  s'accordaient 
cependant  à  donner  à  ce  satellite  une  inclinaison  un  peu 
moindre  que  celle  du  mémoire,  et  les  mesures  de  W.Meyer 
tendaient  à  diminuer  encore  les  nombres  de  Bessel  et  de 
Jacob. 

Le  résultat  principal  de  ces  calculs  est  toutefois  la 
détermination  de  la  masse  de  Saturne,  d'après  les  élonga- 
tions.  Chaque  stallite  fournit  une  valeur.  La  différence 


(  405  ) 

enire  les  deux  chiffres  est  on  peu  supérieure  à  la  somme 
ies  erreurs  moyennes  des  deux  résultats,  circonstaoce  qui 
prouve  une  fois  de  plus  qu*on  ne  peut  pas  regarder  les 
écarts  des  observations  comme  uniquement  accidentels,  et 
réglés  par  la  seule  loi  de  possibilité. 

Le  résultat  général  [masse  de  Saturne  =a^jj^  de  la 
masse  do  soleil],  est  un  peu  plus  faible  que  les  valeurs 
obtenues  par  les  derniers  observateurs,  W.  Meyer,  A.  Hall 
et  H.  Struve.  Mais  cette  différence  est  de  Tordre  de  celles 
qai  se  rencontrent  dans  les  déterminations  astronomiques; 
CD  la  notant,  je  n*ai  pas  pour  but  de  diminuer  le  mérite  du 
travail  de  M.  L.  de  Bail,  lequel  me  paraît  digne  de  figurer 
dans  le  recueil  de  nos  Mémoires  couronnés.  Le  format 
iD-4*  serait  évidemment  c(  lui  qui  conviendrait  le  mieux  à 
l'impression  des  tableaux  de  calculs. 

J'ai  donc  Thonneur  de  proposer  à  la  Classe  de  voter 
celte  impression,  et  d*adresser  des  remerciements  au  labo- 
rieux auteur  du  mémoire.  » 


<  Je  me  rallie  entièrement  au  rapport  de  mon  savant 
confrère;  je  n'ai  à  y  ajouter  qu'une  remarque,  destinée 
i  préciser  un  peu  davantage  la  dernière  observation  pré- 
scDtée  dans  ce  rapporL 

Le  résultat  moyen  de  M.  de  Bail  s^ôits»  4"'  provient 
de  la  combinaison  des  deux  résultats  partiels  jjfnô  ^^ 
uij:^,  est,  à  la  vérité,  plus  faible  que  ceux  de  W.  Meyer, 
A.  Hall  et  H.  Struve;  ces  derniers  sont,  en  effet,  54^,75 
(Meyer,  1884),  yj^  (1882)  et  ^^^  (1883)  (A.  Hall), 
nrô4Japel)F4TO»(Titan)et3-j^(Titan)3j^.-8(R^ 
(H.  Struve).  Mais  on  voit  que  la  seconde  détermination  de 


(  406  ) 

M.  H.  Struve  se  rapproche  cependant  beaucoup  de  celle  de 

M.  de  Ball,el  W  semble  que  la  masse  attribuée  par  A.  Hall 

à  Saturne  soit  en  effet  trop  considérable. 

Déjày  comme  le  fait  remarquer  M.  de  Bail,  Hill  a  déclaré 

que  ses  recherches  sur  les  perturbations  mutuelles  de 

Jupiter  et  de  Saturne  ne  lui  permettent  pas  d'admetlre, 

pour  la  masse  attribuée  à  ce  dernier  par  Bessel,  ^i^rTé 

(1834),  une  correction  telle  qu'elle  résulterait  de  la  déter-^ 

mination  de  Hall. 

J'ajouterai  que  Le  Verrier  a  donné  (1876)  le  chiffre 
1 


5599.6* 

Il  faut  reconnaître  toutefois  que  les  observations  sont 
trop  peu  nombreuses,  vu  surtout  le  grand  nombre  des 
équations  à  résoudre,  pour  pouvoir  en  tirer  une  conclusion 
un  peu  déûnitive. 

Heureusement  ce  ne  sont  pas  les  seules  que  M.  de  Bail 
ait  faites.  Outre  Japet  et  Titan,  dont  les  observations,  au 
nombre  de  43,  font  l'objet  du  travail  actuel,  il  a  fait  éga- 
lement 36  observations  de  Titan  et  Rhéa,  27de  Rhéa  et 
Télh ys,  29  de  Rhéa  et  Dione,  22  de  Dione  et  Téthys. 

Nous  ne  pouvons  qu'engager  M.  de  Bail  à  nous  donner 
la  suite  de  ce  travail,  qui  sera  certainement  de  nature  à 
jeter  quelque  lumière  sur  la  question  encore  assez  indécise 
de  la  masse  de  Saturne.  » 

La  Classe  adopte  les  conclusions  de  ces  deux  rapports; 
elle  décide  l'impression  du  travail  de  M.  de  Bail  dans  le 
recueil  in-4"  des  Mémoires  des  savants  étrangers. 

Des  remerciements  ont  élé  votés  à  Tauleur. 


.  407   ; 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Recherches  expérimentales  sur  la  vision  chez  les  Arlhro^ 
podes  (première  parlie).  —  a.  Résumé  des  travaux 
effectués  jusqu'en  1887  sur  la  structure  et  le  fonction^ 
nement  des  yeux  simples,  b.  Fiston  chez  les  Myriapodes  ; 
par  Félix  Plateau»  membre  de  l'Académie  rayale  de 
Belgique,  professeur  à  TUniversilé  de  Gand,  etc. 

Avant-propos. 

J*ai  Tait  paraître  dans  le  Bulletin  de  1885,  sous  le  titre  : 
Recherches  expérimentales  sur  la  vision  chez  les  Insectes; 
Us  Insectes  distinguent-ils  la  forme  des  objets  {1)1  une  notice 
préliminaire  dont  la  publication  avait  surtout  pour  but  de 
prendre  date  au  sujet  de  quelques  procédés. 

La  façon  dont  ce  petit  travail  fut  accueilli  et  les  critiques 
da  reste  bienveillantes  dont  il  fut  lobjet  de  la  part  de 
MM.  WesthofTet  Aug.  Forel  (2)  m'engagèrent  à  poursuivre  ce 
genre  d'études,  et  même  à  étendre  mes  investigations  bien 
an  delà  de  la  question  spéciale  dont  je  m'étais  d'abord  pro- 
posé la  solution. 


(1)  BuU.  de  t'/iead.  roy.  de  Belgique,  5*  série,  t.  X,  n<»  8;  i88S. 

(2)  J*ai  tenu  largement  compte  des  objections  formulées;  elles 
seront  exposées  ultéricu renient  dans  la  4*  partie. 


(  408  ) 

Depuis  deux  ans,  j'ai  cherché  toutes  les  occasions  de 
m'éclairer,  j'ai  multiplié  les  observations  sur  les  animaux 
en  liberté,  et  j'ai  effectué  sur  la  vision  des  Myriopodes,  des 
Arachnides  et  des  Insectes  un  nombre  considérable  d'expé- 
riences variées,  dont  les  résultats  m'ont  parfois  permis  de 
remplacer  par  des  données  positives  les  hypothèses  basées 
sur  Tanatomie  seule. 

Malgré  mes  efforts,  je  ne  puis  cependant  me  flatter 
d'avoir  épuisé  le  sujet;  travaifieur  isolé,  j'ai  certainement 
laissé  échapper  des  détails  qui  frapperont  d'autres  obser- 
vateurs et  j'ai  dû,  faute  de  temps,  réserver  pour  plus  tard 
des  questions  importantes,  telles  que  celle  de  la  visibilité 
des  couleurs  déjà  abordée  par  des  chercheurs  éminents,  et 
celle  de  la  vision  chez  les  Crustacés. 

Le  Mémoire  actuel  est  divisé  en  cinq  parties  qui  seront 
publiées  successivement  et  qui  traitent  des  matières  sui- 
vantes : 

Première  partie  :  a.  Résumé  des  travaux  effectués 
jusqu'en  1881  sur  la  structure  et  le  fonctionnement  des 
yeux  simples,  b.  Vision  chez  les  Myriopodes, 

Deuxième  partie  :  Vision  chez  les  Arachnides. 

Troisième  partie  :  a.  Vision  chez  les  Chenilles,  b.  Rate 
des  ocelles  frontaux  chez  les  insectes  parfaits. 

Quatrième  partie  :  Fi^ion  à  Caide  des  yeux  composés. 
Résumé  anatomO'physiologique  et  expériences  sur  les 
Insectes. 

Cinquième  partie  :  Perception  des  mouvements  et  con' 
dus  ions  générales» 


(  409  ) 

En  terminant  cet  avant-propos,  j'exprime  le  désir  légi- 
time que  les  spécialistes  se  donnent  ta  peine  de  répéter 
qaelques-unes  de  mes  expériences.  Si  j'ai  bien  vu,  de 
nouvelles  confirmations  transformeront  les  résultats  que 
j'énooce  en  faits  définitivement  acquis;  si  j'ai  peut-être 
mal  interprété,  les  objections  que  Ton  formulera  auront 
une  tout  autre  valeur  que  des  critiques  théoriques. 


PREMIÈRE  PARTIE. 


Chapitre  I. 


Icnné  des  Iravaux  efi'eclués  jusqu'en   1887  sur  la  structure 
et  le  fonctionneiiieut  des  yeui  simples. 

§  1.  —  Résumé  analomique. 

La  bibliographie  de  ta  structure  des  yeux  simples  des 
Aribropodes,  quoique  moins  étendue  que  celle  qui  con- 
eeroe  les  yeux  composés,  est  encore  considérable.  Ayant 
lu  el  analysé  à  peu  près  tout  ce  qui  a  été  publié  sur  cette 
matière,  je  pourrais  faire  montre  d'érudition  et  remplir 
plusieurs  pages  par  une  longue  liste  de  travaux  rangés 
cbrooologiquement  depuis  P.  Lyonel  (1762)  jusqu'à  l'année 
actuelle.  Celte  façon  de  procéder  offre  de  l'utilité  dans  un 
traité,  mais  elle  n'est  pas  de  mise  dans  un  Mémoire  où 
ToD  se  propose,  avant  tout,  de  faire  connaître  les  résultats 
d'expériences  physiologiques. 

Je  me  bornerai  donc,  dans  les  lignes  ci-dessous,  à 


(  440  ) 

résumer  aussi  simplemienl  que  possible  Télat  actuel  de  la 
question,  en  utilisant  les  données  fournies  par  les  recher- 
ches importantes  de  H.  Grenacher  (1),  V.  Graber  (2), 
E.  Ray  Lankester  et  A.  G.  Bourne  (5),  Ph.  Bertkau  (4), 
W.  Pallen  (5),  W.  A.  Locy  (6)  et  E.  L.  Mark  (7). 


(1)  Grenacher,  (Intersuchungen  ûber  das  Schorgan  der  Arthro^ 
poden,  GôUingcn,  1879. 

Ueber  die  Àugen  einiger  Myriapoden  (Archiv  fur  mikroskopîscbe 
Anatomie,  Band  XVIII,  Bonn,  4880). 

(â)  Graber,  Uebcr  das  unicomeale  Trachcaten-und  gpedell  das 
Arachnoideen-und  Myriopoden- .4uge  (Archiv  fur  mikroskopische 
Anatomie,  Band  XVII,  Bonn,  i880). 

(3)  Ray-Lankbster  and  Bourne,  The  minule  Structure  ofthe  latéral 
and  the  central  Eyes  ofScorpio  and  Limulus  (Quarterly  Journal  of 
microscopical  Science,  New  séries,  n«  89.  January,  1883). 

(i)  Bertkau,  Beitràge  zur  Kenntniss  der  Sinnesorgane  der  Spinnen 
(Archiv  fur  mikroskopische  Anatomie,  Band  XXVII,  4886). 

(9)  Pattgn,  Eyes  of  Molluscs  and  Arthropods  (Mittheilungen  aus 
der  zoologischen  Station  zu  Neapel.  Sechster  Band,  IV  Hcfl.  Berlin, 
1886).  Le  Mémoire  de  Patten  a  élc  vivement  critiqué  par  Ray- 
Lankestcr  (Quaterly  Journal  of  microscopical  Science.  Oclober  1886, 
pp.  285  et  suiv.)  Patten  a  répondu  dans  Zoologischer  Anzeiger, 
n*  251,  20  mai  1887,  p.  256.  Je  dois  naturellement  me  borner  à 
signaler  cette  polémique. 

(6)  LocY,  Observalions  on  the  Development  of  /igelena  neevia 
(Bullet.  of  the  Muséum  of  comparative  Zoology  at  Harvard  Collège, 
vol.  XII,  n«  3,  Cambridge,  1886). 

(7)  Mark,  Simple  Eyes  in  Arthropods  (même recueil,  vol.  XIII,  n^  3. 
Cambridge,  1887).  L'auteur  discute  avec  beaucoup  de  talent  les  tra- 
vaux de  ses  prédécesseurs  (celui  de  Patten  excepté).  Le  naturaliste 
qui  désire  approfondir  ce  sujet  ne  peut  se  dispenser  de  lire  attentive- 
ment rétude  du  savant  américain.  Cette  lecture  lui  évitera  bien  des 
erreurs  d'interprétation. 


-^ 


(  4-14  ). 
Je  réclame  rindiilgence  du  lecteur,  car,  en  présence  de 
divergences  d'opinions  parfois  noultiples,  un  pareil  résumé 
esl  fort  difficile  à  rédiger  d'une  manière  salisfaisanle. 

Je  laisse  naturellement  de  côté  les  yeux  de  Peripaius 
el  de  Limulus  sur  les  fonctions  desquels  je  n'ai  pu  faire 
d'expériences.  Les  yeux  des  chenilles,  qui  offrent  une 
structure  spéciale,  doivent  aussi  être  écartés  pour  le 
moment  :  j*en  parlerai  dans  la  S""  partie.  Ce  qui  suit  con- 
ceroe  donc  les  ocelles  des  Insectes,  des  Myriopodes  et  des 
Arachnides  (1). 

L'œil  simple  d'Arthropode  est  le  résultat  d'une  invagi- 
Dation  locale  de  l'bypoderme.  La  partie  la  plus  profonde 
de  cet  hypoderme  invaginé  donne  lieu  à  une  vésicule 
opiiqve  plus  ou  moins  sphérique,  tandis  que  la  portion 
ToisÎDe  de  la  surface  redevient  généralement  continue  pour 
former,  devant  la  vésicule,  une  couche  cellulaire,  consti- 
tuant le  prolongement  de  l'hypoderme  général  du  corps. 
De  même  que  sur  toute  la  surface  de  l'individu,  la  cou- 
che hypodermique  externe  sécrète  une  cuticule  chitineuse 
superficielle.  Seulement,  cette  cuticule  acquiert  ici  une 
grande  épaisseur  et  devient^  dans  ta  plupart  des  cas,  une 
volumineuse  lentille  transparente,  la  lentille  culiciilaire 
ou  le  cristallin  des  descripteurs  anciens  (pi.  I,  ff.  1  el  5,  /.). 
La  lentille  est  presque  toujours  fortement  biconvexe, 
la  convexité  de  sa  face  profonde  étant  tantôt  moindre, 
tantôt  plus  forte  que  celle  de  sa  face  externe. 


(1)  Je  passe  intcnlionnellement  sous  silence  une  série  de  détails 
tels  que  le  tapis,  certains  groupes  de  fibres  musculaires,  les  noyaux 
des  cellules  et  leur  position,  etc.  Les  uns  n*ont  qu^unc  valeur  histo- 
logique,  et  la  connaissance  des  autres  ne  peut  fournir  aucun  élément 
Doavcau  pour  la  théorie  de  la  vision. 


(412) 

Les  valeurs  suivantes  en  fractions  de  millimèlres, 
empruntées  à  Graber,  peuvent  donner  une  idée  approxi^ 
mative  de  la  convexité  de  Forgane  : 


Scorpio  (Buthun)  eiiropœus,  yeu\  latéraux. 
Duthux  {Heieromelrui) afer,  yeux  médians. 
Epeira  Schreibersii,  yeux  antérieurs.    .    . 

Julus  sabulotus 

Scolopetidra  cinyuiatj 

LUhob'tU%  forficaïus 


'  Dans  la  lentille,  les.couches  superposées  qui  caractéri- 
sent la  cuticule  desÂrthropodes  sont  devenues  plus  épaisses, 
leur  densité,  leur  réfringence  et  leur  courbure  varient  de 
Tune  à  Tautrc  (1).  Enfin,  si  Ion  fait  attention  aux  bonnes 
figures  publiées  par  les  auteurs,  on  voit  que  les  couches 
sont  enchâssées  les  unes  dans  les  autres  à  la  façon  de  ces 
vases  de  verre  mince  pour  laboratoires  de  chimie  que  le 
commerce  livre  par  piles  emboîtées  (2).  S.  Exner  a  con- 


({)  Dl'jardin,  Sur  les  peux  simples  ou  stemmales  des  animaux 
articulés  (Comptes  rendus,  Acad. se. de  Paris,!.  XXV,  p.  7H,  4847.) 

(2)  Voyez  Grexacher,  Untersuchungcn,  etc.  op  cit.,  pi.  I  à  V. 
Graber,  op.  eil.,  pi.  VI,  fig.  22.  Gre.nacher,  Uebcr  die  Augen  einiger 
Alyriapoden^  op.  cit.,  pi.  XXI,  fig.  41,  etc. 


(  *i3  ) 
sUlé  à  peu  près  la  même  chose  dans  les  cornées  des  yeux 
i  racetles  de  THydrophilc,  et  a  trouvé,  en  oulre^  que  les 
couches  centrales  réfractent  plus  fortement  la  lumière 
que  les  couches  périphériques  (1). 

Suivant  lopinion  généralement  admise  et  que  le  beau 
Mémoire  de  Locy  sur  le  développement  embryonjiaire  de 
VAgelena  nœoia  me  semble  confirmer  absolument,  la 
couche  hypodermique  continue  qui  sécrète  la  lentille 
culiculaire  constitue  ce  que  Ton  appelle  le  corps  vitré  ou 
la  couche  vitrée  de  Toeil  simple.  Interposée  entre  la  lentille 
et  les  éléments  rétiniens,  presque  toujours  limitée  du  côté 
profood  par  une  fine  membrane  basale  (membrane  préré- 
liniennede  Graber),  cette  zone  cellulaire  transparente  peut 
être  ou  assez  épaisse  (Larves  de  Dyliscides,  Puce,  Diptères 
muscides,œil  des  Hyménoptères  en  voie  de  développement, 
la  plu|)art  des  yeux  d'Arachnides)  ou  fort  mince  (ocelle 
Je  Ve$pa  complètement  développé,  Grenacher.  Yeux  de 
iljriopodes,  Graber);  mais,  malgré  certaines  assertions  qui 
demandent  confirmation,  ii  est  probable  qu'elle  existe 
loujours  l2)  (pi.  U  fig.  i  et  fig.  3  c  v). 

La  xésicule  optique  dont  il  nous  reste  à  esquisser  la 
structure  comprend  deux  catégories  de  cellules,  des  cellules 
ptgmentaires  dont  je  me  contenterai  de  signaler  Texistence 


tt)  Sig.  ExNER,  Ein  Mikrorefractometer  (Archiv.   fur  mikrosko- 
pisehc  Analomie,  Band  XXV,  I.  Hcft,  p.  110.  Bonn,  1885). 

(i)  Sans  cnlrcr  dans  les  discussions  que  soulève  ce  point,  it  est 
Qtîle  de  remarquer  que  les  quelques  recherches  faites  sur  le  déve- 
ioppenieat  de  i'œil  simple  montrent  que  la  couche  vitrée  n'a  pas  la 
Béaie  importance  à  tous  les  stades,  et  que,  parfois  très  épaisse  dans 
ioeiljeane,  elle  peut  être  réduite  à  une  zone  excessivement  mince  dans 
lœilenlit'rcmcnt  formé. 

5"'  SÊKIE,   TOME   XIV.  28 


(  Mi  ) 

afin  de  ne  pas  surcharger  la  description  de  détails  sans 
utilité  immédiate  et  des  cellules  rétiniennes,  les  rétino^ 
phores  de  Patten. 

Les  rétinophores,  ainsi  nommées  (1)  parce  qu'elles 
servent  de  support  aux  éléments  nerveux  récepteurs, 
généralement  très  allongées,  insérées  à  peu  près  norma- 
lement sur  la  paroi  de  la  vésicule  optique,  convergent 
plus  ou  moins  vers  l'axe  de  Tœil,  c'est-à-dire  que  leurs 
directions  prolongées  viendraient,  dans  beaucoup  de  cas» 
s'entre-croiser  approximativement  au  milieu  de  la  len- 
tille. 

Pendant  longtemps  on  a  considéré  ces  cellules  comme 
répondant  au  type  classique  des  cellules  neuro-épithéliales^ 
chacune  d'elles  effilée  à  son  extrémité  profonde  semblant 
continuer  une  des  fibres  du  nerf  optique.  De  là,  le  terme 
de  nerve-end^cells  employé  par  Ray-Lankester  et  Bourne 
dans  leur  description  des  yeux  des  Scorpions.  Mais  diaprés 
le  remarquable  travail  de  Patten,  qui  a  fait  faire  incontesta- 
blement d'immenses  progrès  à  nos  connaissances  sur  la 
structure  des  organes  visuels  des  Articulés,  les  terminai- 
sons nerveuses  excitables  par  la  lumière  auraient  une 
disposition  plus  complexe. 

On  sait  que  chaque  cellule  rétinienne  ou  rétinophore 
produit  un  bâtonnet  transparent.  Ce  bâtonnet,  de  nature 
cuticulaire  pour  la  grande  majorité  des  auteurs,  de  nature 
protoplasmique  pour  Bertkau  (2),  est  tantôt  terminal, 
c'est-à-dire  situé  à  l'extrémité  de  la  cellule  dirigée  vers  la 

(4)  J*ai  mis  au  féminin  plusieurs  des  termes  nouveaux  proposés 
par  Patten;  s'ils  deviennent  classiques,  Tusage  leur  attribuera  bientôt 
un  genre  déterminé. 

(2)  Op.  cit.,  pp.  598,  599. 


(  ^'5  ) 

limuére,  comme  dans  les  ocelles  des  Insectes,  dans  les 
jeax  médians  antérieurs  des  Araignées,  et  probablement 
aussi  dans  les  yeux  des  Myriopodes,  tanlôt  laléral,  occu- 
pant alors  une  des  longues  faces  de  la  rélinophore,  modi- 
fication qui  s'observe  dans  les  yeux  des  Scorpions,  ainsi  que 
dans  les  yeux  postérieurs  et  latéraux  des  Araignées. 

S'il  s'agit  d'ocelles  peu  complexes,  les  rétinopbores  plus 
00  moins  fusionnées  sont  associées  deux  à  deux;  dans  les 
;eox  des  Phalangiuniy  elles  paraissent  associées  trois  à 
trois  (1);  enfin,  dans  les  yeux  centraux  des  Scorpions  elles 
9001  associées  cinq  à  cinq.  Chacun  des  petits  groupes  dis- 
tincts ainsi  formés  est  une  Ommalidie  (2)  (pi.  I,  ff.  1  et  3  o). 

Lorsque  les  bâtonnets  sont  terminaux,  l'ommalidie  est 
surmontée  d'un  corps  bacillaire  double  (parfois  triple); 
lorsque, au  contraire,  les  bâtonnets  sont  latéraux,  Pomma- 
tidie  enveloppe  un  faisceau  central  de  deux  ou  de  cinq 
bâtonnets  (pi.  I,  fig.  2  et  4). 

Ceci  posé,  les  fibres  provenant  de  la  subdivision  du 
nerf  optique,  au  lieu  d*aboutir  simplement  â  l'extrémité 
profonde  effilée  des  cellules  de  la  zone  rétinienne,  se 
grouperaient  en  petits  faisceaux  qui  occuperaient  chacun 
l'axe  d'une  ommatidie.  De  sorte  qu'il  y  aurait  non  pas 
autant  de  fibres  séparées  qu'il  existe  de  cellules,  mais 
seulement  autant  de  faisceaux  ou  nerfs  axiles  (axial  nerve, 
Patteo)  qu*il  y  a  de  groupes  ommalidiens  (pi.  f,  ff.  1  et  3  n). 

Arrivé  â  la  hauteur  des  corps  bacillaires,  le  faisceau 


(t)  A  en  juger  au  moins  par  la  disposition  des  corps  bacillaires  ou 
Mloonets  figurés  par  Grenacher  {Unlersuchungen,  etc.,  op.  cit.,  pi.  If, 
Ï|.I7) 

(S)  0'(t|u(T<Siov,  petit  œil. 


(  416  ) 

axile  pénétrerait  dans  ces  derniers,  puisse  résoudrait  dans 
répaisseur  et  dans  toute  la  hauteur  des  bâtonnets  en  un 
réseau  de  fines  fibrilles  nerveuses  transversales,  le  retint'- 
dium  (Patlen)  (pi.  I,  ff.  1  et  3  r). 

Les  rétinidies  des  bâtonnets  seraient,  par  conséquent, 
les  véritables  éléments  récepleui:s. 


§  2.  —  Résumé  physiologique. 

Réservant  pour  les  chapitres  suivants  Tanalyse  des  expé- 
riences faites  antérieurement  aux  miennes  et  les  concep- 
tions théoriques  relatives  à  des  cas  spéciaux,  j^examinerai 
seulement  ici  quelles  sont  les  hypothèses  qui  ont  été 
émises  sur  le  fonctionnement  des  yeux  simples,  considérés 
d'une  façon  générale. 

La  plupart  des  auteurs,  frappés  de  Tanalogie  qui  existe 
entre  beaucoup  d*yeux  simples  et  les  yeux  des  Vertébrés, 
ont  admis  la  possibilité  de  la  production  d'une  image  ren- 
versée des  objets  extérieurs.  Cependant,  préoccupés 
surtout  de  la  grande  convexité  de  la  lentille,  ils  ont 
presque  toujours  ajouté  que  la  distance  de  vision  distincte 
I  devait  être  très  petite;  les  yeux  simples  étant,  suivant  eux, 

exclusivement  conformés  pour  la  vision  des  corps  rappro- 
I  chés. 

Cette  façon  de  raisonner  suppose  deux  conditions  qui 
n'existent  pas  :  Thomogénéité  de  la  lentille  et  la  situation 
des  éléments  récepteurs  au  fond  de  la  vésicule  optique, 
comme  chez  les  Vertébrés. 

J'ai  déjà  dit  que  la  lentille  cuticulaire  n'est  pas  homo- 
gène, qu  elle  se  compose  de  couches  emboîtées  de  cour- 
bures et  de  réfringences  différentes. 


(417  ) 

F.  DojardÎD  (1),  considérant  que  les  zones  concentriques 
de  la  lentille  sont  d'autant  plus  courbes»  c'est-à-dire  ont 
des  rayons  de  courbure  d'autant  plus  courts  qu'elles  sont 
plus  voisines  de  la  surface  (pi.  I,  (ig.  1, 1),  en  déduisit 
qae,  quelle  que  soit  la  distance  d*un  objet  extérieur,  les 
rayons  qui  en  émanent  rencontrent  une  zone  susceptible 
de  les  réfracter  de  manière  à  donner  encore  lieu  à  une 
image  située  dans  Toeil  à  une  profondeur  telle  qu'elle  puisse 
être  perçue. 

En  d'autres  termes»  grâce  à  la  structure  spéciale  du 
corps  réfringent,  un  objet  serait  représenté  derrière  cette 
lentille  par  autant  d'images  successives  qu'il  existe  de 
zones»  ou,  si  l'on  veut»  il  y  aurait  une  image  coïncidant 
aTec  les  extrémités  réceptrices  rétiniennes  pour  autant  de 
distances  différentes  de  Tobjet  que  la  lentille  compte  de 
couches  (3). 

Joignant  l'expérience  à  la  théorie»  Dujardin  montra  à 
FAcadémie  des  sciences  de  Paris  une  lunette  dont  l'objectif 
était  composé  de  plusieurs  zones  et  qui,  Foculaire  restant  à 
la  même  place,  donnait  quatre  images  distinctes  pour 
autant  de  distances  de  l'objet  visé.  Enfin,  employant  des 
lentilles  d'yeux  simples  d'Arachnides  et  d'fnsectes»  il  crut 
constater  que  l'image  reste  en  réalité  distincte  pour  des 


(I)  DujARDiif,  Sur  lûM  yeux  simples  ou  sUmtnates,  etc.,  op.  cit., 
p.  7 1 5,  et  Annales  des  scienees  naturelles.  Zoologie,  S*  série,  t.  VII; 
^  107,  1867. 

(S)  s.  Pappenhiiii,  Le  problème  de  M,  Dujardin  relativement  aux 
ftftxdes  Insectes  (Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  se.  de  Paris,  t.  XXV, 
p.  809, 1847),  a  critiqué  le  travail  de  Dujardin,  mais  pour  d*autres 
points  dont  nous  ne  nous  occuperons  pas  ici. 


(  418  ) 

distances  variables  de  l'objel  t  sans  toutefois  avoir  le 
brillant  de  celle  que  donne  une  lentille  à  foyer  unique  ». 

J*ai  rappelé  aussi,  plus  haut,  qu*Exner  avait  observé 
dans  les  cornéules  des  jeux  composés  que  Tindice  de 
réfraction  des  couches  successives  croissait  des  couches 
superQcielles  vers  les  couches  centrales.  Nous  ignorons, 
i)ien  que  la  chose  soit  probable,  si  ce  fait  est  vrai  pour  les 
yeux  simples;  cependant  on  commettrait  une  imprudence 
en  raisonnant  à  la  légère  comme  si  la  lentille  était  homo- 
gène. 

Quant  à  la  situation  des  éléments  récepteurs,  oo  sait 
(pi.  I,  fig.  3,  rr)  que  ceux-ci  ne  sont  pas  placés  à  la  péri- 
phérie de  la  sphère  optique,  mais  qu'ils  sont,  au  contraire, 
groupés  de  façon  à  former  une  surface  concave  générale* 
ment  voisine  de  la  lentille  cuticulaire,  et  même  si  rappro* 
cbée  de  celle-ci  dans  les  yeux  antérieurs  des  Araignées, 
les  yeux  des  Faucheurs  et  les  yeux  simples  des  Vespides 
que,  quelle  que  soit  la  grande  convexité  du  corps  réfrin- 
gent et  la  brièveté  de  sa  distance  focale,  on  peut  conce- 
voir Texistence  d'une  image  perçue  pour  des  objets  assez 
éloignés. 

Reste,  enfin,  la  question  de  raccommoda tion.  En  suppo- 
sant qu'il  ne  se  forme  qu'une  seule  image  et  non  plusieurs, 
comme  le  voulait  Dujardin,  il  est  encore  possible  que  la 
vision  puisse  avoir  lieu  d'une  façon  satisfaisante  pour  des 
distances  variables  :  Grenacher(t)  a  fait  remarquer  le  pre- 
ifnier  que  l'absence  d'appareil  spécial  d'accommodation  est 
peut-être  compensée,  dans  l'œil  simple,^  par  la  longueur  des 


(i)  Grenacbbr,  Unlertuchungen  ûber  das  Sehorgan,  etc.,  op.  cit., 
p.  444 


(419) 

bàloDoels;  les  rayons  provenant  d'un  objet  éloigné  agissant 
SÛT  rexlrémité  antérieure  de  ces  éléments,  et  ceux  qui 
émanent  d'un  objet  rapproché  produisant  leur  effet  à  une 
profondeur  plus  ou  moins  grande,  voisine  de  l'extrémité 
postérieure  des  corps  bacillaires  (1).  Puis,  plus  récemment, 
sont  venues  les  observations  de  Patten,  d'après  lesquelles 
toute  la  hauteur  des  bâtonnets  se  trouve  occupée  par  un 
réseau  au  relinidium  de  fines  terminaisons  nerveuses 
transversales.  Patten  ne  s'est  pas  occupé  de  la  vision  à 
l'aide  des  yeux  simples;  cependant  si  l'on  applique  à  ceux-ci 
ce  qu'il  dit  des  yeux  composés,  aucune  accommodation  ne 
serait  nécessaire,  l'image  rencontrant,  pour  des  distances 
très  diverses,  des  terminaisons  réceptrices  en  nombre 
suffisant  pour  être  perçue  (2). 

Il  résulte  de  l'exposé  qui  précède  qu'il  n'est  pas  du  tout 
certain  que  les  Arthropodes  ne  possédant  que  des  yeux 
simples  soient  nécessairement  myopes,  et  qu'il  n'y  aurait 
rien  de  surprenant  à  ce  que  leur  vue  fût  bonne  dans  des 
limites  assez  étendues.  Mais  comme  toutes  ces  considéra- 
lioDS  sont  théoriques  et  que  rien  ne  vaut  l'expérimentation 
00  l'observation  directe  des  mœurs,  je  n'insisterai  pas 
davantage  sur  ce  sujet,  pour  le  moment.  Des  conclusions 
positives  et  d'une  bien  autre  valeur  découleront  tout  natu- 
rellement de  l'ensemble  des  recherches  expérimentales  de 
mes  devanciers  et  des  miennes  propres. 


(i)  Grenacher,  dans  le  même  passage  de  sa  page  li4,  émet  des 
doutes  sur  la  possibilité  du  phénomène;  la  gaine  de  pigment  qui 
enveloppe  les  bâtonnets  jusque  près  de  leur  extrémité  antérieure 
constituant,  pour  lui,  le  principal  obstacle  a  Tcxistcnce  d'une  image 
ciblée  un  peu  profondément. 

(i)  Je  combattrai  ce  deniier  point  à  propos  des  yeux  composés 
(quatrième  partie). 


(420) 


CHAPITRE  II. 
Vision  cbez  les  Hyriopodes. 

§  3.  —  Cotisidéraiions  générales. 

Ma  notice  intitulée  :  Recherches  sur  la  perception  de  la 
lumière  par  les  Myriopodes  aveugles  (i)  qui,  malgré  son 
titre,  contient  la  relation  d'un  certain  nomt)re  d'expériences 
effectuées  sur  le  Lilhobius  forficalus,  dans  le  double  but 
de  prouver  que  cet  animal  est  excessivement  lucifuge  et 
d'apprécier  sa  sensibiliié  pour  la  lumière,  est,  je  crois, 
jusqu'à  présent,  le  seul  travail  expérimental  à  citer.  En 
effet,  les  recherches  de  Gervais  (2),  Sograff  (3),  Graber  (4), 
Patten  (5),  le  livre  de  Carrière  (6),  sont  purement  anato- 


(1)  Journal  de  VÂnatomie  et  de  la  Physiologie  normales  et  patho* 
logiques,  t.  XXil.  Septembre-octobre.  Paris,  1886. 

(9)  Gervais,  Études  pour  servir  à  l'histoire  des  Myriapodes  (Annales 
des  sciences  naturelles,  série  II,  t.  VI,  p.  57.  Paris^  1857). 

(3)  SooRàPF,  Vorlaûfige  Mittheilungen  ûber  die  Organisation  der 
Myriapoden  (Zoologischer  Ânzeigcr.  II  Jahrgang,  p.  17,  1879). 

Id.,  Anatotnie du  Lithobius  forficatus,  pi.  III,  fig.  14,  Moscou,  1880 
(en  russe). 

(4)  Geabbb,  £/e6fr  das  unicorneale,  etc.,  op.  cit. 

(5)  Patten,  Eyes  of  MoUuscs  and  Arthropods,  etc.,  op.  cit. 

(6)  Carriârb,  Die  Sehorgane  der  Thiere,  pp.  1 17  et  suiv.  (Mûncbeo 
und  Leipzig,  1885). 


{  421  ) 

miques,  el  les  théories  émises  par  J.  Mûller  (1)  et  Gre- 
oacher  (S)  ne  reposent  que  sur  des  hypothèses. 

Le  Mémoire  de  Grenacher  étant  de  beaucoup  le  plus 
important,  je  m*y  arrêterai  quelque  peu,  prévenant  toute- 
fois le  lecteur  qu'il  ne  peut  être  question  ici  ni  des  yeux  tout 
i  fait  spéciaux  des  Scviigera  (3),  ni  de  ceux  d'un  certain 
nombre  de  formes  exotiques. 

D'une  façon  générale,  les  yeux  simples  des  Scolopendta^ 
LithobiuSy  Juins  et  Glomeris  ont  une  structure  analogue 
i  celle  des  organes  visuels  des  Araignées,  avec  cette  diffé- 
rence capitale,  cependant,  que,  sauf  chez  les  Lithobies, 
In  bàlonnetê  terminaux  et  nombreux  occuperaient,  dC après 
Grenacher,  une  position  entièrement  transversale  par  rap* 
port  à  Vaxe  de  l'œil. 

Patten,  s'appuyant  probablement  sur  la  composition 
de  Torgane  chez  le  Lilhobins  où  l'on  observe,  au-dessus 
de  bâtonnets  tournés  vers  la  lumière  et,  par  conséquent, 
entre  ces  bâtonnets  et  la  lentille,  une  couche  épaisse  Gne- 
nement  striée  en  travers,  comme  si  elle  était  formée  de 
la  juxtaposition  de  poils  réfringents  horizontaux,  admit, 
chez  tous  les  MyriopodeSj  des  bâtonnets  à  situation  nor^ 
maie  surmontés  d'un  corps  vitré  volumineux  sécrété  par 
des  cellules  spéciales.  Cette  manière  de  voir,  â  propos  de 
laqnelle  il  donne  une  flgure  schématique,  expliquerait  tout, 
puisque,  dans  cette  façon  d'interpréter,  les  bâtonnets  trans- 


(t)  J.  HÛLLiR,  FortgcMttzte  anatomische  Untersuchungen  ûber  den 
BwitrAugen  heiden  Insecten  und  Criutaceen  (Meckel  Arcliiv.,  p.  43, 
Jabrg.  i8i9). 

(2)  GtiNACHiR,  Ueberdie  Àugen  einiger  Myriapoden,j  op.  cit. 

(d)  Je  n*ai  pas  eu  Toccasîon  d'observer  des  SctUigera  vivantes. 


I 


(  422  ^ 

versaux,  qui  ont  tant  embarrassé  Grenadier,  ne  seraient 
pas  les  corps  bacillaires  véritables,  mais  une  apparence 
résultant  de  la  texture  fibrillaire  du  corps  vitré. 

Grcnacher,  qui  regardait  naturellement  ses  observations 
bistologiques  personnelles  comme  exactes,  a  émis,  en 
substance,  les  considérations  théoriques  suivantes  :  à  sup- 
poser qu'une  petite  image  renversée  soit  produite  par  l'in- 
termédiaire de  la  lentille  culiculaire  (1),  celle-ci  ne  saurait 
être  perçue  en  tant  que  représentation  des  objets  exté- 
rieurs, l""  parce  que  la  lumière  ne  tombe  pas  sur  l'extré- 
mité des  bâtonnets,  mais  sur  la  totalité  de  la  longueur  de 
ces  corps  bacillaires  transversaux  ;  2""  parce  que  tous  ces 
bâtonnets, qui  sont  traversés  par  les  rayons  lumineux,  avant 
comme  après  Tentre-croisement  de  ceux-ci,  sont  nécessai- 
rement influencés  en  bloc  (2).  Chacun  des  yeux,  considérés 
à  part,  ne  pourrait  servir  qu'à  distinguer  la  lumière  de 
Tobscurité.  Enfin,  comme  ces  yeux  sont  groupésen  nombre 
plus  ou  moins  considérable  chez  les  Lithobius,  Jtilus  et 
Glomeris,  il  en  résulte,  peut-être,  une  vision  mosaïque 
analogue  à  celle  que  J.  Muller  a  admise  pour  les  yeux 
composés  des  Insectes. 

Telles  sont,  dégagées  des  détails,  les  seules  données 
que  nous  possédions,  données  vagues,  incomplètes,  ne 
pouvant  satisfaire  personne.  On  comprend,  après  cela, 
combien  des  expériences  suivies  étaient  nécessaires  et 
avec  quoi  intérêt  j'attendais  leurs  résultats. 


(1)  Il  fait  ses  réserves  pour  les  Julus,  dont  la  leulillc  lui  semble 
avoir  une  forme  telle  que  la  production  d'une  iuia<;c  est  impossible. 

(2)  Si  Ton  admet  provisoirement  la  structure  attribuée  par  Gre- 
nadier aux  yeux  des  Lithobies,  ce  raisounenient  ne  leur  est  pas 
applicable. 


(  *23  ) 


CHILOPODES. 
S  4.  —  Expériences  sur  le  Lithobius  forficatus.  Linn. 

La  Liihobie  à  tenailles  élant  excessivenienl  commane 
dans  mon  jardin,  j'ai  pu,  à  loisir,  multiplier  mes  observa- 
tions sur  celte  forme. 

L'animal  quieslfortagile  possèded'assezionguesanlennes 
de  36  à  48  articles  et  offre,  de  chaque  côté  de  la  tête,  un 
groupe  de  26  yeux  simples,  dont  25  arrondis  de  petit  dia- 
mètre et  un  plus  gros  elliptique  (pi.  I,  fig.  8).  Suivant 
Lndwig  Roch  (1  ),  le  nombre  d'organes  visuels  varie,  du 
reste,  dans  certaines  limites,  d'un  individu  à  l'autre  et 
D*est  même  pas  toujours  égal  à  droite  et  à  gauche. 

J'ai  montré  ailleurs  (2)  que  la  Liihobie  est  lucifuge  et 
très  sensible  à  la  lumière.  Comme  ce  fait  a  ici  une  impor- 
tance spéciale  et  que  j'aurai,  à  propos  d'autres  animaux,  à 
parler  de  propriétés  analogues,  on  me  permettra  de  redé- 
crire le  procédé  employé  et  de  résumer  les  résultats. 

Imitant  la  méthode  de  V.  Graber  (3),  j'ai  fait  usage 
d'une  boite  en  verre  de   60  centimètres  de  longueur. 


(t)  Roch,  Die  Myriapodengailung  Lilhobius,  p.  40,  pi.  I,  fig.  9. 
Nvrnberg,  1862, 

(9)  Recherches  sur  la  perception  de  la  lumière  par  les  Myriapodes 
aveugles,  op.  cit,  fig.  5,  pp.  AA6  et  suiv. 

(3)  Graber,  fundamentalversuche  ûber  die  HelUgheits  und  Farben 
emppndlichkeit  augenloser  wtd  geblëndeler  Thiere  (Sitzungsbcrichte 
Nalh.  Naturwiss.  Cl.  d.  k.  Âkadcmic,  Band  LXXXVIl,  1  Abtheil. 
Wieo.  1883). 


(  424  ) 

6ceDiiiiiètres  de  largeur  el  8  7s  ^^  hauteur.  Le  couvercle 
est  en  carton  el  à  rebords  (pi.  I,  fig.  5). 

Une  seule  des  longues  faces,  celle  qu'on  tourne  vers  la 
lumière,  est  transparente;  toutes  les  autres  sont  recou- 
vertes extérieurement  de  papier  noir  épais.  Enfin,  le  sol 
ou  plancher  de  la  boite  est  revêtu  à  Tintérieur  d'une 
couche  de  papier  à  filtrer  blanc  maintenu  humide. 

À  Taide  de  trois  rectangles  de  papier  noir  double,  on  a 
divisé  la  face  transparente  en  six  parties  égales,  dont  troi? 
laissent  pénétrer  le  jour  et  alternent  avec  trois  parties 
opaques. 

Lorsque  la  boite  fermée  est  placée  devant  une  fenêtre 
donnant  sur  un  espace  largement  découvert,  Tintérienr 
comprend  naturellement  trois  régions  éclairées  et  trois 
régions  relativement  obscures. 

Les  divers  essais  ont  été  faits  à  la  lumière  diffuse  pour 
éviter  les  différences  de  température. 

J*ai  mis  dans  Tappareil  douze  Lilhobies  et,  au  moyen 
des  barbes  d'une  plume  d'oie,  je  les  ai  distribuées  à  peu 
près  uniformément  partout.  Toutes  les  dix  minutes,  j'ai 
noté  combien  d'individus  se  trouvaient  placés  dans  les 
régions  éclairées  el  combien  il  y  en  avait  dans  les 
régions  obscures  de  la  botte.  Puis,  après  chaque  constata- 
tion, j'ai  redistribué  uniformément  les  animaux  suivant  la 
longueur  de  l'instrument,  afin  de  les  forcer  à  manifester 
nettement  leurs  préférences. 

Dans  douze  essais  successifs,  les  Lithcbies  ont  été  trou- 
vées cantonnées  de  la  manière  suivante: 

Titiii. 
Dans  les  régions  obscures   li,  13,  ii,  i%  i%  i%  i%  i%  i%  H,  il,  13     440 

Dans  les  régions  éclairées     i,    0,   i,    0,    0^    0^    0,    0,    0,    i»    i,    0        4 

t  .     .     Régions  obscures  440      „„  ^ 

Le  rapport  est  :  ^. — -— j  =  85,0. 

Régions  éclairées     4 


(  425  ) 

Cest-à-iiire  qu*il  s'est  trouvé  Ireote-cinq  fois  plus  d'iDdi- 
vidus  à  Tombre  que  dans  les  espaces  clairs. 

La  sensibilité  des  Lithobies  pour  la  lumière  et  leur 
désir  d*éviter  Féclat  du  jour  sont,  du  reste,  assez  intenses 
pour  amener  ces  ^nimau:L  à  aller  se  pelotonner  en  quel- 
ques instants  dans  le  recoin  le  plus  obscur  de  la  boite. 

Les  Lithobies  distinguent  donc  la  lumière  de  l'obscurité 
et  il  semble  naturel  d'attribuer  cette  faculté  à  leurs  yeux 
seuls.  On  commettrait  cependant  une  grossière  erreur  en 
raisonnant  de  cette  façon,  car  il  faut  tenir  compte,  en 
même  temps,  de  la  perception  dermatoptique  ou  percep- 
tion de  la  lumière  par  les  centres  nerveux  au  travers  de 
Tensemble  des  téguments  (1). 

Eo  effet,  en  répétant  les  mêmes  expériences  sur  des 
Myriopodes  à  organisation  voisine,  mais  normalement 
aveugles,  dix-sept  Geophilus  longicornis  et  deux  Crypiops 
punctalusy  j'ai  obtenu  chaque  fois,  dans  douze  essais  suc- 
cessifs, les  distributions  ci-dessous  : 


1®  Geophilus. 

,  Tolaai. 
Dans  les  rgions  obscures    i3,  i3,  4o,  46,  1-2,  46,  44,  43,    8.  43,  44,  45      463 

D»s  les  régions  éclairées     2,    4,    2,    %    5,    4,    3,    4,    9,    4,    3,    2       44 

„  Régions  obscures  463       „,»--,  v    / 

^^"^  -■  Région,  éclairées    41  =  **•"''  '^"  *  P*^"  P"*^  *• 


(t)  V.  Graber,  dans  ses  Fundamentalversuche  déjà  citées,  ensuite 
<Uos  Grundlinien  sur  Erforschung  des  HcUigheits-und  Farbeminnes 
der  TMerc.  Prag  und  Leipzig,  488^,  a  démontré  Pexistence  des  per- 
ceplious  dermatoplîques  cHez  le  ver  de  terre,  puis  chez  le  TrUon 
cnstttlus  cl  la  Blatta  germanica  aveuglés.  Graber  et  moi,  de  mon 
côlé,  avons  public  d'assez  longues  listes  d'observations  qui  semblent 


^ 


(  426  ) 


2*»  Crypiaps. 

Dans  les  régious  obscures     %%%%%%%%%%3t,^ 
Dans  les  régions  éclairées     0,    0,    0,    0,    0,    0,    0,    0,    0,    0,    Q»    0  (1). 

Comme  je  le  disais  dans  mon  travoil  antérieur,  ces  expé« 
rienees  démontrent  le  fait  curieux  que  <  la  sensibilité  des 

>  Myriopodes  aveugles  pour  la  lumière  est  assez  grande  et 
»  n'est  pas  beaucoup  inférieure  à  celle  des  Myriopodes 

>  munis  d'yeux  (2).  » 

Ainsi,  en  délSnitive,  si  les  Litholiies  offrent  une  sensi- 


prouver  que  le  phénomène  est  plus  répandu  qu'on  ne  le  croirait  au 
premier  abord.  Enfin,  en  1887,  A.  Forel  a  fait  paraître  (Expériences 
et  remarques  critiques  sur  les  sensations  des  Insectes,  Deuxième  partie) 
le  résultat  de  ses  recherches  sur  les  sensations  dermalopliques  chez 
les  Fourmis. 

(1)  Étonné  de  Tuniformité  des  résultats,  j*ai  changé  àdeux  reprises, 
pendant  Texpérience,  la  direction  de  la  boite,  de  façon  à  modifier  les 
formes  et  jusqu'à  un  certain  point  retendue  relative  des  surfaces 
éclairées  et  ombrées;  mais  rien  n'y  fit,  toujours  les  deux  Cryptops 
allèrent  se  blottir  à  peu  de  distance  l'un  de  Tautre  dans  Textrémité 
la  plus  obscure  de  la  boite. 

(2)  Celle  phrase  se  rapporte  aux  Myriopodes  aveugles  de  la  section 
des  Chilopodes.  Dans  une  petite  notice  que  je  viens  de  publier  sous 
le  titre  :  Observations  sur  les  mœurs  du  Blaniulus  gutlulatus  et  expé- 
rienees  sur  la  perception  de  la  lumière  par  ce  Myriopode  aveugle 
(Société  entomologiqae  de  Belgique.  Comptes  rendus  du  1"  octobre 
i  887)  j*ai  montré  que  les  perceptions  dermatoptiques  des  Blaniules 
sont  plus  faibles  que  celles  des  Géophiles. 


bililé  excessive  vis-à-vis  des  rayons  lumineux,  ce  n'est  pas 
à  lenrs  yeux  seuls  qu'ils  la  doivent.  Il  se  pourrait  même 
fort  bien  que  leurs  organes  visuels  ne  fussent  pas  plus  faci- 
lement excitables  que  ceux  de  la  plupart  des  autres  ani- 
maux. 

J'aborde  maintenant  les  expériences  nouvelles. 

Afin  de  déterminer  jusqu'à  quel  point  les  Lithobies  dis- 
tioguent  les  objets,  j'ai  employé  le  dispositif  suivant,  que  je 
désignerai  dorénavant  par  te  nom  un  peu  prétentieux, 
mais  que  je  crois  bien  appliqué,  de  labyrinthe  (pi.  I,  fig.  6). 

Une  feuille  de  papier  d'emballage  brun  foncé  (couleur 
neutre  de  terre),  un  peu  rugueuse,  de  68  centimètres  de 
longueur  et  de  50  centimètres  de  large  est  appliquée  sur 
une  table  bien  horizontale  placée  en  pleine  lumière  diffuse 
devant  une  fenêtre. 

Au  milieu  de  la  feuille  de  papier  qui  constitue  le  sol  sur 
lequel  les  Arthropodes  doivent  circuler,  est  ménagée  une 
zone  à  peu  près  elliptique  de  18  centimètres  de  long  sur 
15  de  large.  Puis,  tout  autour,  suivant  six  ellipses  concen- 
triques, on  a  collé  sur  le  papier,  comme  l'indi^que  la  figure, 
des  obstacles  divers  d*un  centimètre  de  hauteur  représentés 
par  des  bandes  de  carton  blanc,  des  bandes  de  carton  noir, 
des  lames  de  liège  et  des  fragments  d*écorce  couverts  de 
mousse. 

Ces  objets  forment  ainsi  des  enceintes  interrompues  de 
distance  en  distance  et  sont  en  général  placés  de  façon 
que  ceux  d'une  des  enceintes  soient  situés  vis-à-vis  des 
solutions  de  continuité  de  l'autre. 

I.es  obstacles  étant  blancs,  noirs,  couleur  de  bois  ou 
couleur  d'écorce,  n'offrant  donc  rien  de  particulièrement 
étrange^  il  est  évident  qu'un  animal  doué  d'une  bonne  vue 


(  428  ) 

circulera  dans  le  labyrinthe  en  conlournanl  toutes  ces 
petites  barrières  et  arrivera  à  la  limite  extérieure  après 
avoir  décrit  un  trajet  sinueux.  Tandis  qu*un  animal  qui 
voit  mal  ou  qui  ne  voit  pas,  se  heurtera  d'abord  à  un  pre- 
mier obstacle,  tâtonnera,  longera  Tobjet,  ira  se  heurter  à 
Tobstacle  de  Tenceinte  suivante  et  ainsi  de  suite,  n*abou- 
tissiint  enfin  au  bord  de  la  feuille  de  papier  qu'après  une 
série  de  chocs  et  de  crochets. 

Voici  coque  j'ai  observé  dans  des  expériences  multiples 
sur  des  séries  d'individus  : 

1*"  Lilhobies  inlacles.  —  Les  Lilhobies  intactes,  déposées 
au  centre  du  labyrinthe,  marchent  la  plupart  du  temps 
droit  sur  les  obstacles,  quel  que  soit  leur  aspect,  les  ren- 
contrent par  ^intermédiaire  de  leurs  antennes  que  ces 
Myriopodes  utilisent  constamment  comme  organes  explo- 
rateurs, les  contournent,  par  conséquent,  à  la  distance  de 
la  longueur  de  ces  antennes,  puis  vont  aborder  de  la 
même  façon  une  nouvelle  barrière  et  ainsi  de  suite. 

Il  en  résulte  que  la  sortie  du  labyrinthe  s'effectue  avec 
une  lenteur  relative,  malgré  la  vivacité  d*allures  des  Myrio- 
podes en  (|ue$tion.  Ainsi,  ayant  compté,  dans  douze  expé- 
riences, pondant  lesquelles  on  a  opéré  sur  trois  individus, 
le  nombre  de  secondes  employé  pour  arriver  au  bord  exté- 
rieur de  l'instrument,  le  trajet  effectué  étant  mesuré  en 
ligne  droite,  à  vol  d'oiseau,  du  centre  au  point  périphé- 
rique atteint,  je  trouve  que  les  Lilhobies  n'ont  parcouru  en 
moyenne  que  2,4  centimètres  par  seconde.  Ce  chiffre  pris 
seul  a  peu  de  valeur;  il  en  acquiert,  comme  nous  le  verrons, 
lors(|u'on  le  compare  à  ceux  donnés  |)ar  les  autres  séries 
suivantes; 

2"  Lilhobies  à  antennes^  mais  dont  les  yeux  sont  couverts 


(  429  ) 

de  couleur  à  Phuile  noire  (1).  —  Je  fais  vingt  essais  SQC- 
eessîfs  en  utilisant  trois  individus.  De  temps  en  temps  je 
remets  sur  les  yeux  une  nouvelle  couche  de  couleur.  La 
température  est  assez  élevée,  -«-  27"^  c. 

Les  allures  des  animaux  semblent  identiques  à  celles  des 
Litbobies  intactes.  Les  barrières  sont  abordées  perpendi- 
calairement  et  sont  reconnues  à  Taide  des  antennes. 

Les  Myriopodes  aveuglés,  qui,  malgré  les  obstacles, 
soiient  un  trajet  bien  déterminé,  parallèle  à  la  fenêtre,  par 
exemple,  parcourent  en  moyenne  2,7  centimètres  par 
seconde.  La  chaleur  qui  excite,  comme  on  sait,  les  Articulés, 
suffit  pour  rendre  raison  d'un  léger  accroissement  de 
vitesse; 

3"  Lilhobies  dont  les  yeux  sont  intacts,  mais  dont  on  a 
coupé  les  antennes.  —  Désirant  supprimer  le  rôle  des 
antennes  et  voulant  obliger  les  animaux  à  se  servir  de  leurs 
yeux  seuls,  j'ai  coupé  les  appendices  antennaires  à  trois 
individus  que  j*ai  laissés  se  reposer,  en  les  nourrissant, 
pendant  dix  jours.  Les  0(>érés  étaient  fort  vifs  et  ont  vécu 
encore  durant  des  mois. 

Douze  expériences  conduisent  à  un  chiffre  très  voisin  du 
précédent  :  les  Litbobies  sans  antennes  parcourent  en 
moyenne  %d  centimètres  par  seconde. 

Quant  aux  allures,  elles  sont  nettement  différentes;  de 
même  que  les  Lilhobies  intactes  ou  aveuglées,  les  individus 
privés  d'antennes  marchant  presque  toujours  droit  sur  les 


(1)  Je  montrerai  dans  la  troisième  partie  qu'un  Arthropode  dont 
OD  a  recouvert  les  yeux  de  couleur  à  Ptiuile  noire  perçoit  encore  un 
peu  de  lumière  par  les  organes  msuels.  La  suppression  est  cependant 
plus  que  suffisante  pour  rendre  des  expcriencôs  du  genre  de  celles 
qui  sont  décrites  ici  tout  à  fait  démonstratives.  ) 

5*'  SÉRIE,  TOME   XIV.  29 


(  430  ) 

barrières,  mais  n'étant  plus  avertis  à  temps  par  leurs 
appendices,  ils  viennent  littéralement  se  cogner.  Ils  se 
détournent  alors  d'autant  plus  vile  pour  longer  Tobstacle 
ou  parfois  pour  le  franchir,  et  c'est  ce  qui  explique,  peut- 
être,  la  rapidité  un  peu  plus  grande  de  la  progression; 

• 

A""  Cryptops  punctalus  intact. — A  titre  de  comparaison, 
je  mets  dans  le  labyrinthe  un  Cryptops  ponctué,  Myriopode 
peu  différent  des  Lithobies,  mais  normalement  aveugle. 

Sept  expériences  montrent  que,  malgré  des  allures 
encore  plus  vives,  la  rapidité  de  translation  dans  l'appareil 
est  beaucoup  moindre.  Le  Cryptops  ne  parcourt  en 
moyenne  que  1,9  centimètre  par  seconde.  Cela  tient  à  ce 
que  le  Cryptops  palpe  encore  plus  activement  avec  ses 
antennes  que  la  Lithobie;  il  longe  les  obstacles  dans  toute 
leur  étendue,  puis  vient  butter  contre  d'autres  qu'il  longe 
encore,  etc. 

Tandis  que  les  Lithobies,  même  sans  antennes,  suivent 
ordinairement,  malgré  les  heurts  et  les  détours,  une  direc- 
tion générale  déterminée,  parallèle  ou  perpendiculaire  à  la 
fenêtre,  par  exemple,  les  Cryptops  se  jettent  à  droite,  à 
gauche,  et  font  trois  ou  quatre  fois  le  chemin  nécessaire; 

5^  Cryptops  punctalus  privé  d'antennes  depuis  sept 
jours;  très  vif. 

La  moyenne  de  douze  expériences  montre  que  l'animal 
met  un  temps  encore  plus  considérable  à  arrivera  la  péri- 
phérie; il  ne  parcourt  plus  que  1  centimètre  par  seconde. 

Cette  fois,  le  Cryptops  décrit  presque  des  cercles, 
cognant  tout.  Il  n*a  plus  manifestement  pour  se  guider  un 
peu  que  le  sens  tactile  très  délicat  qui  réside  dans  ses 
pattes.  Marchant  la  tête  en  avant  et  balançant  celte  tête  de 
droite  et  de  gauche,  il  se  heurte  brutalement  à  chaque 


r 


(  451  ) 

ioslant^  hésite,  se  détouroe,  se  heurte  encore,  etc.  fl  n*arrive 
donc  à  reitériear  que  par  hasard  et  y  met  parfois 
50  secondes; 

6**  Lilhobie  sans  antennes  depuis  dix-sept  jours  et  dont 
mœuvre  les  yeux  de  couleur  à  Chuile  noire.  —  La  Litho- 
bie  se  Iroave  ainsi  placée  à  peu  près  dans  les  mêmes  con- 
ditions que  le  Cryplops  privé  d'antennes.  Durant  les  dix 
expériences  effectuées,  on  renouvelle  de  temps  à  autre 
Tenduit  qui  recouvre  les  yeux. 

Fait  intéressant,  bien  qu'on  pût  le  prévoir,  la  Lithobie 
sans  antennes  et  aveuglée  se  comporte  exactement  comme 
leCryptops  auquel  on  la  compare.  Ce  sont  les  mêmes  chocs 
contre  tous  les  obstacles,  les  mêmes  courses  en  zigzag  ou 
en  cercle,  sans  qu'il  y  ait  la  moindre  direction  générale 
dans  la  marche.  Enfin  le  temps  employé  à  arriver  au  bord 
do  labyrinthe  est  aussi  très  long;  l'Arthropode  n'a  plus 
fait,  en  moyenne  que  1,7  centimètre  par  seconde. 

Lâché  sur  le  sol  de  la  chambre,  il  se  heurte  à  tout  obsta- 
cle,quelque  petit  qu'il  soit,  par  exemple  la  tige  d'un  crayon 
00  le  doigt  que  l'on  place  verticalement  sur  son  trajet. 

Si  nous  récapitulons  les  résultats  obtenus  jusqu'ici, 
ooas  constatons  que,  dans  le  labyrinthe  : 

La  Liibobie  intacte.    .    .  Heurte  les  obsta- Conserve  une  di- Parcourt  par 

clés  de  front,    reciion  générale,     seconde    %\  cent. 

La  Lilhobie  aTeuglée,  avec 
antennes Id.  Id.  2,7  cent. 

La  litbobie  munie  d'yeux, 
•ans  antennes    ...  Id.  Id.  3,9  cent. 

La  Lithobie  aveuglée,  sans 
anicones  .....  IdL-  Ne  conserve  au- 

cune direction 

déterminée.    .  d, 7  cent. 
LeCrjptops  (aveugle)  in- 
tact             Id.                     Id.  4,9  cent. 

LeCr7pcops(avengle)  sans 
uitennes Id.  Id.  4,0  cent. 


L 


(  432  ) 

De  quelque  façon  que  Ton  envisage  ce  qui  précède,  la 
conclusion  qui  s'impose  est  que  la  vision  proprement  dite 
doit  être  à  peu  près  nulle; 

« 

T*  Lithobies  intactes  libres  et  obstacles  mobiles.  —  Pour 
déterminer  jusqu*à  quel  point  les  yeux  sont  utilisés»  je 
faisse  des  Lithobies  en  liberté  sur  le  parquet  de  sapin  bien 
éclairé  d'une  assez  grande  chambre  recevant  le  jour  par 
deux  fenêtres  situées  d'un  même  côté  (1). 

Au  bout  d'une  canne  légère  j'ai  flxé,  dans  un  plan  ver- 
tical, une  lame  de  liège  rectangulaire  des  dimensions  d*une 
carte  de  visite.  On  peut  ainsi,  en  circulant  dans  la  chambre 
et  en  restant  debout,  maintenir  la  lame  de  liège  vertica- 
lement sur  le  sol,  en  un  point  quelconque,  de  façon  à 
créer  un  obstacle  là  où  on  le  juge  convenable. 

En  outre,  comme  il  est  facile  d'attacher  sur  la  lame,  à 
l'aide  de  deux  épingles,  des  rectangles  de  même  dimen- 
sion en  papier  blanc,  noir  ou  de  couleurs  vives,  il  y  a 
moyen  de  faire  des  expériences,  non  sur  la  visibilité  des 
couleurs,  ce  qui  n'a  pas  été  dans  mes  intentions,  mais  sur 
les  influences  de  Téclat  offert  par  la  surface  de  l'obstacle 
et  du  contraste  existant  entre  la  teinte  de  cet  obstacle  et 
celle  du  parquet. 

Les  Lithobies  libres  marchent  en  général  en  ligne  droite 


(i)  La  chambre  est  au  second  étage  de  ma  demeure,  les  fenêtres, 
qui  sont  larges,  donnent  sur  des  jardins  et  des  prairies,  le  plafond 
complètement  uni,  sans  moulures,  est  blanc,  enOn  le  papier  de 
tenture  des  murailles  est  d'un  gris  clair,  de  sorte  que  les  conditions 
d'éclairage  sont  fort  bonnes. 


(  ^3  ) 

ioit  vers  les  fenêtres,  soit  parallèlemeot  à  ces  ouvertures, 
soit  vers  le  fond  de  la  chambre. 

A.  Lame  de  liège  seule.  —  Je  place  de  tefDps  en  temps 
la  lame  de  liège  transversalement  sur  le  trajet  du  Myrio^ 
pode,  à  5,  à  10  et  même  à  20  centimètres  en  avant  de 
eelai-ci. 

Toujours  et  cent  fois  de  suite,  si  l'on  veut,  la  Lithobie 
vient  se  heurter  perpendiculairement  à  Tobstacle  et  ne  se 
détourne  à  droite  ou  à  gauche  qu'après  le  contact  brusque 
de  ses  antennes  avec  l'objet  rencontré. 

B.  Lame  de  carton  blanc.  —  Le  liège  ayant  une  teinte 
braoâtre  neutre  peu  difTérente  de  celle  du  parquet,  on  le 
recouvre  d'une  lame  de  carton  bristol  blanc. 

Dans  ces  conditions,  chaque  fois  que  la  position  de  cette 
plaque  est  telle  qu'elle  se  présente  à  contre-jour  ou  seule- 
ment obliquement,  de  façon  à  être  obscure  ou  à  offrir  une 
teinte  neutre,  le  Myriopode  la  heurte  comme  il  se  heurtait 
à  la  lame  de  liège.  Si,  au  contraire,  la  lame  est  éclairée  en 
plein,  de  manière  à  trancher  par  son  éclat  d'un  blanc  pur 
sur  la  surface  brunâtre  du  sot,  Tanimal  aperçoit  Tobstacle 
et  change  de  direction  pour  passer  à  c6(é. 

La  distance  où  se  manifeste  cette  perception  oscille  entre 
10  et  15  centimètres.  Un  grand  nombre  d'essais  sur  divers 
individus  me  conduisent  à  admettre  10  centimètres  comme 
étant  la  distance  la  plus  fréquente. 

C.  Essai  alternatif  de  la  lame  de  liège  et  de  la  plaque 
UaïuAe.  —  La  lame  n'étant  couverte  Je  carton  blanc  que 
sur  une  face,  il  suffit  de  l'aire  tourner  la  canne  entre  les 
doigts  pour  présenter  le  liège  aux  Ljthobies. 


C  434  ) 

Ed  pleine  lumière,  la  lame  de  liège  reste  presque  tou- 
jours inaperçue  et  est  rencontrée  perpendiculairement.  Si 
on  présente  la  face  blanche,  Tobstacle  est  vu  dans  la  grande 
majorité  des  cas.  L*expérience  qu'on  peut  répéter  à  satiété 
est  excessiveinent  démonstrative. 

Les  petits  individus  paraissent  ne  percevoir  la  présence 
de  la  lame  blanche  éclairée  qu'à  une  distance  moindre  que 
les  individus  ordinaires.  Une  petite  Lithobie  d'un  centi- 
mètre et  demi  de  longueur  ne  se  détournait  qu'à  7  centi- 
niètres  de  la  plaque. 

D.  Emploi  alternait' f  (lu  blanc  et  du  jaune  vif.  —  L'une 
des  faces  de  la  lame  de  liège  est  revêtue  de  carton  blanc, 
l'autre  de  papier  jaune  (1). 

Autant  qu'il  est  possible  d'en  juger,  l'effet  du  jaune  est 
à  peu  près  le  môme  que  celui  du  blanc,  avec  un  léger  désa- 
vantage cependant. 

E  Lame  d'un  vert  cru  (vert-de-gris  pur)  (2).  —  Résultat 
beaucoup  moins  net  que  pour  le  blanc.  Le  Myriopode  ne 
se  détourne  plus  chaque  fois  et,  loisqu'il  le  fait,  ce  n'est 
qu'à  6  ou  7  centimètres  du  carton  verl. 

F.  Lame  d'un  bleu  franc  (voisin  du  bleu  du  spectre).  — 
Résultat  imparfait  analogue.  Quand  la  Lithobie  manifeste 
de  la  perception,  c'est  à  10  centimètres  de  l'obstacle. 

G.  Lame  d'un   beau  rouge  (rouge  cerise)  (5).  Chose 


(1)  Jaune  de  chrome  clair  des  peintres. 

{'!)  Vert  de  Paris  dans  le  commerce  des  papiers  dcslincs  aux  car- 
tonnages de  luxe. 

(3)  liouge  de  Perse,  id.  (c'est  le  plus  beau  rouge  que  Ton  paisse 
trouver  dans  le  commerce). 


'I 


(  *36  ) 

curieuse,  le  rouge  agit  comme  une  teinte  neutre,  oaéme 
dans  des  cas  où,  sortant  des  conditions  habituelles  J'ai  fait 
en  sorte  que  la  plaque  fût  éclairée  par  le  soleil;  le  Myrio- 
pode  va  s*y  cogner  en  plein  à  peu  près  à  coup  sûr. 

H.  Essai  alternatif  du  rouge  et  du  blanc.  —  La  lanne  de 
liège  porte  sur  une  Tace  une  plaque  rouge  et  sur  l'autre 
une  plaque  blanche. 

Sauf  de  petites  indécisions  inévitables  dans  ce  genre 
d'eipériences,  la  plaque  rouge  bien  éclairée  n'est  jamais 
voe,  tandis  que  la  plaque  blanche  Test  toujours  et  amène 
tooslamment  le  Myriopode  à  changer  de  direction. 

Cette  invisibilité  du  rouge  n'a  rien  qui  doive  beaucoup 
éloQoer  si  Ton  songe  qu*il  résulte  des  expériences  de 
V.  Graber  qu'un  grand  nombre  d*animaux  lucifuges,  soit 
munis  d'yeux,  soit  aveuglés  et  qui,  dans  une  botte  à  com-* 
partiments  clairs  et  obscurs,  manifestent  leur  préférence 
pour  les  régions  sombres,  soumis  à  des  lumières  colorées 
l'oue  bleue  et  l'autre  rouge,  fuient  la  zone  bleue  pour  se 
porter  dans  la  zone  rouge,  cette  dernière  leur  produisant 
la  sensation  générale  d'une  zone  obscure  (1). 

Donc,  en  résumé,  lorsque  Tobstacle  est  à  contre-jour, 
lorsqu'il  réfléchit  peu  de  lumière  ou  lorsqu'il  offre  une 
couleur  telle  qu'il  agit  sur  Tanimal  comme  un  corps  obscur, 
le  Myriopode  ne  le  voit  pas.  Si,  au  contraire,  l'objet  réfléchit 
beaucoup  de  lumière  blanche  ou  réfléchit  une  lumière 


(i)  Graber,  Gruudlinien  zur  Erforschwng  des  Helhykeits-und 
Farbmtinnes  der  Thiere,  op.  cit.  Pour  ne  citer  que  des  Arthropodes, 
Graber  a  observé  la  préférence  des  animaux  lucifugcs  pour  la  lumière 
rouge  chez  la  Blatte  germanique  aveuglée,  puis  chez  une  dizaine  de 
ffomies  intactes,  larves,  insectes  parfaits  et  arachnides. 


(  436  ) 

appartenant  à  la  région  la  plus  rérrangible  du  spectre,  ce 
qui  pour  les  Arthropodes  lucifuges  semble  être  à  peu  près 
la  même  chose,  le  Myriopode  s'aperçoit  de  sa  présence  à 
une  distance  approximative  de  10  centimètres. 

Il  y  a  loin  de  là  à  la  vision  proprement  dite;  la  distinc- 
tion entre  la  lumière  et  Tobscurité  pouvant  toujours,  pour 
les  Lithobies»  ne  Poublions  pas,  s'expliquer  en  partie  par 
des  perceptions  dermatoptiques. 

Quant  à  la  vision  de  la  forme  des  objets ,  celle-ci  n'existe 
évidemment  pas;  une  dernière  expérience  le  prouve  une 
fois  de  plus. 

Une  Lithobie  en  captivité  depuis  deux  mois  au  moins  el 
nourrie  à  l'aide  de  mouches  est  déposée  dans  un  grand 
cristallisoir  de  20  centimètres  de  diamètre  dont  le  fond  est 
garni  d'une  couche  de  sable  fin  humide.  Plusieurs  jours 
se  sont  écoulés  depuis  le  dernier  repas,  l'animal  a  faim. 
La  chambre  n'est  éclairée  que  par  de  la  lumière  diffuse  (1). 

Ces  conditions  établies,  on  place  dans  le  cristallisoir  et, 
à  peu  près  suivant  le  trajet  circulaire  que  décrit  le  Myrio- 
pode, (rois  mouches  vivantes  privées  d'ailes.  Or  la  Lithobie 
passe  un  grand  nombre  de  fois  à  2  et  même  à  i  centimètre 
des  mouches  sans  les  voir.  Il  faut  que  ses  antennes  explo- 
ratrices écartées  rencontrent  par  hasard  un  des  Diptères 
pour  qu'elle  attaque  rinsecleel  le  mange. 


(i)  Je  préviens  le  lecteur  qu'il  est  inutile  d'essayer  cette  expé- 
rience avec  des  Lîthobies  que  l'on  vient  de  capturer  et  dans  uoc 
chambre  vivement  éclairée.  Les  animaux  affolés  courront  autour 
du  vase  en  culbutant  les  Diptères  comme  si  ceux-ci  nVxistaient  pas. 
Il  est  indispensable  d'employer  des  Myrîopodes  habitués  à  la  captivité 
et  d'éviter  un  éclairage  intense. 


(  ^37  ) 


§  5.  —  Expériences  sitr  la  Scolopendra  stibspinipes 

Kohlrauêch  (1). 

Grâce  à  l'obligeance  d*iin  membre  distingué  de  la  Société 
eolomologîque  de  Belgique,  M.  J.  Puis,  en  relations  con- 
stantes avec  les  horticulteurs  gantois,  j'ai  eu  à  ma  dispo- 
sition un  magnifique  exemplaire  vivant  de  Scolopendra 
subipinipes  Kobl.,  arrivé  de  Bornéo  avec  des  Orchidées  (2). 

L'animal  avait  14  centimètres  de  longueur  et,  durant 
les  premières  semaines  de  captivité,  offrit  les  allures  d'un 
Hyriopode  bien  portant. 

On  sait  que  les  Scolopendra  proprement  dites  n'ont  de 
chaque  côté  de  la  tête  que  quatre  yeux  simples  assez  dis- 
tants. Les  antennes  sont  médiocrement  longues;  celles  de 
l'individu  observé  étaient  de  18  articles  (pi.  I,  fig.  9). 

Comme  toutes  ses  congénères,  la  Se.  subspinipes  s'est 
montrée  très  luciTuge;  pendant  le  jour  elle  se  tenait  con- 
stamment cachée  sous  les  débris  d'écorce  humide  qui  gar- 


(t)  Scolopendra  giganlea,  C.  L.  Koch.  (Die  Myriapoden  gctreu  nach 
der  Naiur  abgebildet'Und  beschrieben^  Il  Bçind,  p,  0,  fig,  i35.  Halle, 
t865).  L*anima1  a  porlc  une  foule  de  noms,  comme  le  prouve  le 
remarquable  travail  deFr.  Meinert  :  Myriapoda  Musci  Cantabrigensis 
(Âmeric  philos.  Sociely,  Oclobcr  2,  4885),  que  Ton  ne  saurait  trop 
recommander  aux  naturalistes  qui  désirent  déterminer  avec  exactitude 
les  Cliilopodes  exotiques. 

(3)  D'après  le  même  Mémoire  de  Meinert,  celle  espèce  figure  dans 
les  musées  comme  reçue  de  toutes  les  régions  tropicales. 


(  438  ) 

nissaieiit  le  fond  du  vase  où  elle  élail  renfermée.  Déposée 
dans  la  boite  à  compartiments  alternativement  clairs  et 
obscurs  décrite  plus  haut(§  4,  pi.  I,  fig.  5),  elle  se  réfugiait 
toujours  au  bout  de  fort  peu  de  temps  dans  une  région 
sombre.  Entin,  placée  sur  le  parquet  de  la  chambre,  elle 
s'éloignait  généralement  des  fenêtres. 
Voici  le  résumé  de  quelques  expériences  : 

A.  Emploi  d'obstacles  fixes.  —  (Lumière  diffuse  vive, 
température  de  Tappartement  -h  i&*  c.) 

Je  mets  la  Scolopendre  au  milieu  d'un  labyrinthe  impro- 
visé composé  de  quatre  grandes  enceintes  concentriques 
placées  à  10  ou  12  centimètres  Tune  de  l'autre,  et  formées 
de  blocs  de  bois  blanc  et  de  gros  livres  in-S""  à  reliures  d'un 
vert  obscur  ou  d'un  brun  foncé  posés  à  plat.  Ces  obstacles 
sont  séparés  par  des  intervalles  d'au  moins  10  centimètres. 
L'aire  centrale  a  80  centimètres  de  diamètre  (1). 

La  progression  est  beaucoup  plus  lente  que  celle  des 
Lithobies,  mais  l'ensemble  des  allures  est  identique.  Coaime 
les  Lithobies  intactes,  la  Scolopendre  vient  rencontrer  les 
barrières  perpendiculairement,  les  explore  activement  à 
l'aide  de  ses  antennes  et  les  longe  avant  de  les  contourner. 

J'ai  noté,  dans  six  des  essais,  l'ordre  dans  lequel  ont  eu 
lieu  les  arrêts  contre  les  obstacles.  Le  signe  -^  représente 


(I)  Afin  d'évilcr  d^elTraycr  le  Myriopode,  qui  était  excessivement 
craintif  et  irascible,  je  ne  Tai  jamais  pris  avec  des  pinces.  A  la  fîn  de 
chaque  essai,  je  mettais  simplement,  sur  le  trnjet  de  l'animal,  une 
boite  de  carton  couchée  sur  le  côté  et  ouverte  ;  il  y  entrait  infaillible- 
ment et  c*est  cette  boite  que  je  retournais  doucement  lorsqu'il  s'agis- 
sait de  placer  de  nouveau  la  Scolopendre  au  milieu  du  labyrinthe. 


(  439  ) 

BQ  arréi,  le  signe  —  signifie  que  le  Myriopode  passe  entre 
deux  objets  : 


Premier  essai 

Deuxième 

Troisième 

Qaairième 

Cinquième 

Sixième 

Première 
enceinte 

Deuxième 
enceinte. 

Troisième 
enceinte. 

Quatrième 
enceinte. 

-4- 

4- 

H- 
H- 

■4- 

4- 

-+- 

-4- 
-*- 

La  seule  inspection  de  ce  petit  tableau  montre  combien 
les  arrêts  contre  les  obstacles  ont  été  fréquents. 

B.  Emploi  d'obstacles  mobiles  (lumière  diffuse  vive. 
Température  de  l'appartement  +21''c). 

Ainsi  que  dans  une  partie  des  expériences  sur  les  Litho- 
bies  (§  4),  lobstacle  mobile  est  une  plaque  de  liège  fixée 
au  bout  d'une  canne.  L'une  des  faces  de  cette  plaque  est 
re\èlue  de  carton  blanc,  de  sorte  que  Tobservateur  peut, 
à  xolonlé,  présenter  à  l'Arthropode,  soit  la  face  liège,  soit 
la  face  blanche. 

On  se  rappelle  que,  dans  ces  conditions,  les  Lithobies 
viennent  rencontrer  la  plaque  de  liège  placée  en  pleine 
lumière,  mais  qu'elles  voient,  au  contraire,  presque  tou- 
jours la  plaque  blanche  éclairée  et  qu  elles  changent  alors 
de  direction  à  une  distance  de  10  centimètres  environ. 

La  Scolopendre  a  la  vue  encore  plus  mauvaise,  car  elle 
iieurle  la  plupart  du  temps  l'obstacle  présenté»  que  celui-ci 


(  440) 

soit  d'un  blanc  éclatant  ou  de  teinte  neutre.  Lorsqu'elle  se 
détourne,  c^  qui  est  relativement  rare»  c'est  aussi  à  peu 
près  à  10  centimètres  de  Tobjet. 

Certaines  précautions  sont  indispensables  pour  ne  pas 
fausser  les  résultats  et  pour  ne  pas  en  déduire,  par  con- 
séquent, des  conclusions  erronées:  la  Scolopendre, comme 
presque  tous  les  Arthropodes  munis  d'yeux,  perçoit  les 
grands  mouvements;  ainsi,  si  on  déplace  un  peu  vite  l'ob- 
stacle à  droite  ou  à  gauche,  une  incurvation  brusque  de 
la  partie  antérieure  du  corps  du  Myriopode  montre  que 
celui-ci  a  acquis  la  notion  de  l'existence  d'un  objet  mobile 
à  droite  ou  à  gauche  de  sa  tète.  Il  faut  donc  éviter  les 
mouvements  trop  brusques  et  poser  la  plaque  à  20  ou 
30  centimètres  en  avaut  de  l'animal  (1). 


CHILOGNATHES. 

§  6.  —  Expériences  sur  CIulus  londinensis  Leach. 

Les  Iules  ont  des  antennes  assez  courtes,  coudées  vers 
le  bas,  de  huit  articles,  les  trois  derniers  formant  une  petite 
massue.  Derrière  chaque  antenne  existe  un  groupe  d'yeux 
simples,  serrés  les  uns  contre  les  autres,  constitué  par  cinq 
séries  verticales  d'au  moins  dix  yeux  chacune  (pi.  I, 
fig.  10). 


(\)  On  trouvera  dans  une  petite  note  que  j'ai  publiée  sous  le  titre  : 
Observations  sur  une  grande  Scolopendre  vivante  (Comptes  rendus  de 
la  Société  entomologique  de  Belgique,  6  août  1887),  la  description 
de  quelques  autres  faits  concernant  Texcmplaire  dont  il  est  quesiioo 
dans  ce  paragraphe. 


(  ^1  ) 

La  slaiion  babitaelle  de  ces  animaux,  sous  les  pierres» 
entre  les  racines  des  plantes,  sous  les  écorces,  etc.,  per- 
mettait de  supposer  qu'ils  se  montreraient  très  lucifuges. 
L'expérience  suivante,  effectuée  sur  viùgt-deux  individus 
déposés  dans  la  botte  à  compartiments  éclairés  et  obscurs 
(pi.  I,fig.  5)  et  examinés  toutes  les  cinq  minutes,  a  donné 
le  résultat  ci -dessous  : 

TttiDI. 

Dans  les  régions  obscures  SI,  32,  âO,  32,  i9,  21      125 
Dans  les  régions  éclairées     1,    0,    2,    0,    3,    i         7 

^  Régions  obscures  125       ._„ 

Rapport  :  ^. —pr-î z  =  47,8 

"^         Régions  éclairées      7 

Les  Iules  distinguent  donc  nettement  la  lumière  de 
l'obscurité,  faculté  qui,  comme  pour  les  autres  Myrio- 
podes,  peut  tenir,  en  partie,  à  des  perceptions  dermatop- 
tiques  (1). 


{{]  Dans  ma  notice  :  Obtervations  sur  les  mœurs  du  Blaniulus 
fuitulùtus  Base  et  expérienees  sur  la  perception  de  la  lumière  par  ce 
Mffriopode  aoeugle  (Comptes  rendus  de  la  Société  entomologique  de 
Belgique,  1"  octobre  1887),  j'ai  publié  le  résultat  suivant  obtenu  à 
Taide  d'un  Chilognathe  voisin  des  Iules,  mais  dépourvu  d*ycux 
(20  individus)  : 

Tttinx. 
Dans  les  régions  obscures  14,  16,  14,  15,  12,  14,  11,  12,  13,  16     137 

Dans  les  régions  écUirées     tf,    4,    6,    5,   8,    6,    9,    8,    7,    4       63 

'  R'égîons  obâcures  137 
^*PP^  '-'  Réglons  éclairées    63  "  ^^^' 
•  •  • 

qni  démontre  Tezistence  de  perceptions  dermatoptiques  incontes- 
tables, mais  assez  faibles. 


(442) 

Lorsque  ces  Arthropodes  circulent  sur  une  surface,  il» 
palpent  constamment  le  sol  à  Taide  de  leurs  deux  antenqes, 
dont  ils  touchent  le  terrain  de  mouvements  alternatifs. 
Sauf  la  lenteur  des  déplacements,  on  dirait  quMIs  jouent 
du  tambour. 

Déposés  dans  le  labyrinthe  à  barrières  d'un  centimètre 
de  hauteur  (voyez  §  4,  pi.  I,  fig.  6),  les  Iules  n'évitent 
aucun  obstacle;  ils  les  abordent  perpendiculairement, 
absolument  comme  s*ils  ne  les  voyaient  pas,  les  tàtent 
de  leurs  antennes,  les  longent  sans  cesser  de  palper, 
puis  vont  rencontrer  les  obstacles  de  l'enceinte  sui- 
vante, etc. 

Les  obstacles  blancs  bien  éclairés  d'un  centimètre  de 
hauteur  ne  sont  pas  mieux  vus  que  ceux  de  teinte  neutre 
ou  de  couleur  foncée,  mais  les  Myriopodes  en  question  se 
détournent  et  changent  de  direction  lorsqu'on  leur  pré- 
sente, en  pleine  lumière  diffuse,  un  rectangle  blanc  d'une 
surface  un  peu  considérable. 

Désirant  mesurer  jusqu'à  un  certain  point  la  valeur  de 
cette  perception,  j'ai  fait  des  expériences  répétées  en  met- 
tant sur  la  route  d'un  Iule  circulant  sur  une  table  en  bois 
foncé  presque  noir,  des  rectangles  verticaux  de  carton 
blanc  de  plus  en  plus  petits,  et  en  notant  la  distance 
moyenne  où  l'animal  déviait  de  la  ligne  droite,  distance 
que  l'on  peut  considérer  comme  étant  celle  où  a  lieu  la 
perception.  J'ai  obtenu  ce  qui  suit  : 

Rectangle  de  :  L'Iule  se  détourne 

6    cent. sur 40  =  60    ce*,  toujours    ...    à  iO cent. en moy. 

6    cent. sur  o»30    ce*.        id.       •   •    .    i  iO eent. en moy. 

5    cent,  sur  3  =  i5    ce*.       Id.        ...    à    3  cent,  en  moy. 

2,0  cent,  sur  3»  7,5  c  c*.  parfois  et  sealement  à  i  cent,  en  moy. 


C  443  ; 

La  perception  est  ctoDC  encore  netle  lorsque  le  rectangle 
a  une  surface  de  15  centimètres  carrés  (quart  d'une  carte 
de  Tisite  ordinaire);  pour  7,5  cenlimèlres  carrés  (huitième 
d'une  carte  de  visite),  elle  devient  fort  douteuse.  Il  est,  par 
conséquent,  évident  qu'il  ne  s*agit  pas  là  de  la  perception 
de  la  forme  des  objets,  mais  simplement  de  la  perception 
de  la  lumière  blanche  réfléchie.  Lorsque  la  surface  réflé- 
chissante est  un  peu  grande.  Pluie  a  la  notion  vague  d'une 
zone  lumineuse  et,  comme  il  est  lucifuge,  il  cherche  natu- 
rellement à  passer  dans  une  zone  obscure. 

Enfin  j*ai  employé  un  procédé  fort  simple  qui  m'a 
doooé  avec  les  Chenilles  des  résultats  assez  nets.  L'Iule 
est  placé  sur  une  petite  baguette  horizontale  de  20  centi- 
oièlres  de  long  portée  par  un .  fil  métallique  vertical 
implanté  au  milieu  de  sa  longueur.  Le  tout  a  donc  la 
forme  de  la  lettre  T  (pi.  I,  fig.  7).  L'animal  circule 
librement  sur  la  barre  horizontale  du  T,  mais  ne  peut  en 
descendre  à  cause  du  faible  diamètre  et  du  poli  du  fil 
mélallique. 

Dans  cette  situation,  le  Myriopode  s'arrête  de  temps  à 
autre,  comme  les  Chenilles,  pour  balancer  dans  divers 
sens  la  moitié  ou  le  tiers  antérieur  de  son  corps  à  la 
recherche  d'un  nouveau  point  d'appui  qui  lui  permette  de 
qoiuer  son  support.  On  saisit  ces  instants  pour  présenter 
à  riule,  à  des  distances  variables,  une  deuxième  baguette 
verticale  du  diamètre  d'un  crayon. 

Or,  si  on  fait  bien  attention  de  ne  pas  confondre  les 
incurvations  exécutées  au  hasard  y  avec  des  mouvements 
effectués  dans  le  but  de  saisir  un  objet  vu,  si  l'on  met,  par 
exemple,  la  baguette  à  droite  de  la  tète  pendant  que 
ranimai  se  courbe  lentement  vers  la  gauche,  on  peut 


(  444  ) 

s'assurer  que  les  yeux  ne  sont  d*aucun  secours;  Tliile 
semble  ne  voir,  même  à  un  centimètre,  ni  une  baguette 
couverte  d'écorce,  par  conséquent  de  couleur  terne,  ni  un 
cylindre  de  papier  blanc  de  même  diamètre;  mais  dès 
qu'on  agit  de  façon  qu'une  antenne  frôle  l'objet,  la  pré- 
sence de  celui-ci  est  reconnue  et  le  Myriopode  s'y  attache 
d'un  mouvement  vif. 

Le  rôle  prépondérant  des  antennes,  dont  la  sensibilité 
tactile  supplée  à  rinsuffisance  ou  à  l'absence  de  la  vision, 
peut  encore  être  nettement  démontré  en  plaçant  vertica- 
lement devant  un  Iule  qui  marche  une  petite  baguette 
plus  étroite  que  la  distance  qui  sépare  les  extrémités  des 
antennes  écartées.  Si  l'obstacle  est  touché  par  un  des 
appendices  antennaires,  le  Myriopode  s'arrête  à  temps, 
pal|)e  et  se  détourne;  mais  si  l'objet  est  bien  situé  dans 
l'ouverture  de  l'angle  formé  par  les  antennes  qui,  prolon- 
gées, viendraient  donc  se  placer  à  sa  droite  et  à  sa 
gauche,  tiule  se  heurte  brutalement,  absolument  comme 
un  aveugle  marchant  les  bras  étendus  et  un  peu  écartés 
peut  aller  se  meurtrir  le  visage  contre  un  tronc  d'arbre. 


§7.  —  Expériences  »ur  la  Glomeris  marginata  Villers 

(G.  limbata^  Olio.).  . 

Ces  petits  Myriopodes  oniscidiformes  ont,  de  chaque 
côté  de  la  tête,  huit  yeux  simples,  disposés  suivant  une 
ligne  à  peu  près  verticale.  Les  antennes  de  sept  articles 
sont  analogues  à  celles  des  Iules  (pi.  I,  fig.  11). 
'  J.-F.  Brandt,  dans  ses  Observations  sur  le  genre  de  vie 


(  448  ) 

€lla  physiologie  des  espèces  du  genre  Glomeris  [\\  a  bien 
déerif,  dès  1841,  la  manière  dont  les  animaux  en  question 
progressent  en  tâtant  constamment  le  sol  à  l'aide  des 
extrémités  de  leurs  antennes.  Le  rôle  de  ces  appendices 
eomme  organes  d'exploration  lui  a  paru  très  important, 
tandis  que  celui  des  yeux,  dont  il  jugeait  par  les  mouive- 
meots  des  Glomeris,  lui  a  semblé  fort  réduit. 

Voici  ce  que  j'ai  pu  constater  de  mon  côté  :  les  Glomeris 
distinguent  la  lumière  de  Tobscurité  et  sont  lucifuges. 
Placées  dans  la  botte  à  compartiments  éclairés  et  obscurs 
{pi.  I,  Gg.  5),  elles  vont  toujours,  après  un  temps  dont  }a 
durée  assez  considérable  tient  à  la  lenteur  de  (eur 
marcfae,  se  réfugier  dans  une  zone  sombre. 

Sur  une  table  située  devant  une  fenêtre,  elles  se  diri- 
gent plus  ou  moins  obliquement  vers  l'intérieur  de  l'ap* 
parlement. 

Enfin,  mises  dans  le  labyrinthe  à  barrières  de  I  centi- 
Diètre  de  hauteur,  elles  n'évitent  aucun  obstacle;  ellesles 
abordent  directement,  les  talent  à  l'aide  des  antennes,  les 
longent  entièrement,  puis  vont  se  comporter  de  même 
vis-à*vis  des  obstacles  situés  plus  loin. 

Bien  que  l'excessive  lenteur  des  mouvements  rende 
l'interprétation  de  ceux-ci  difficile,  j'estime  que  la  vision 
proprement  dite  est  à  peu  près  nulle. 


(1)  Brandt,  dans  :  Recueil  de  Mémoires  relatifs  à  l'ordre  dèis 
itueetes  Myriapodes  (BuUetfn  scientifiqae  de  l^Àcadémie  des  sciences 
et  $«-Petersbourg,  pp.  i6â  et  167,  4841). 


3"*  SÉRIE,   TOME   XIV.  30 


(  446  ) 


§8.  —  Résumé  des  résultats  fournis  par  les  Myriapodes. 

De  ce  qui  précède  on  doil,  je  pense,  tirer  les  conclu* 
sions  suivantes  : 

i""  Les  Myriopodes  distinguent  la  lumière  de  robscurité; 

2^  Cette  propriété  existant  aussi  chez  les  Myriopodes 
normalement  aveugles,  la  perception  de  la  lumière  peat, 
chez  les  formes  munies  d*yeux,  s'expliquer  partiellement 
par  des  sensations  dermatoptiques; 

3"  Les  Myriopodes  voient  très  mal  et  suppléent  à  Pio- 
suflBsance  de  la  vue  par  le  toucher,  principalement  localisé 
dans  les  antennes; 

4*"  Les  espèces  possédant  des  yeux  ne  sont  guère  mieux 
partagées  à  cet  égard  que  celles  qui  sont  aveugles; 

S""  Les  Myriopodes  munis  d*organes  visuels  ne  per* 
çoivent,  à  dislance,  Texistence  d'un  obstacle  placé  sur  leur 
route  que  si  celui-ci  réfléchit  beaucoup  de  lumière  blanche, 
ou  une  lumière  appartenant  à  la  région  la  plus  réfrangible 
du  spectre.  Cette  perception  est  probablement  en  partie 
dermatoptique; 

6*  Les  Myriopodes  ne  distinguent  pas  la  forme  des 
objets  ; 

V  Certains  d'entre  eux  semblent  percevoir  les  grands 
mouvements. 

Les  idées  théoriques  de  Grenacher  (voir  §  5)  qui,  en  se 
basant  sur  la  structure  seule,  émit  l'opinion  que  dans  Tœtf 
simple  des  Myriopodes  il  ne  se  produit  pas  d'image  et 
que  ces  animaux  ne  sauraient  avoir  d'autres  notions  que 


(  447  ) 

celles  de  lumière  et  d^obscurilé,  étaienl  donc  exactes  sur  ce 
poiDi  (i). 

Ajoutons,  enfin,  que  Timperfeclion  des  sensations 
Tisuetles  chez  les  uns,  l'absence  totale  d*yeux  chez  d'au- 
tres, sont  parfaitement  en  accord  avec  le  genre  de  vie  de 
œs  Arthropodes  qui,  habitant  dans  l'intérieur  du  sol, 
80QS  les  pierres  et  sous  les  écorces,  passent  tous  leur 
existence,  comme  les  animaux  des  cavernes,  dans  des 
milieux  sombres  où  le  sens  de  la  vision  n'a  pu  se  déve- 
lopper. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  I. 

Fig.    r   Figure  schématique  d'un  œil  postérieur  d'Âraignce  (com- 
binaison d*une  figure  de  Grenacber  et  d'un  schéma 
dePalten). 
l.   Lentille  eutieulaire  avec  ses  couches  emboîtées. 
h.  ffypoderme, 
e,  V.  Corps  vitré  (modification  de  rhypodermc). 
m.  Membrane  btuale  ou  prérétinienne, 
6.  Corps  baeiUaires  doubles   formés   de  deux   bâtonnets 

accolés, 
o.  Ommalidie  constituée  par  deux  relinophores  (cellules 
rétiniennes)  accolées  et  plus  ou  moins  complètement 
fusionnées. 

(1)  La  coïncidence  entre  une  hypothèse  de  Grenacber  et  les  résul- 
tats de  rexpérience  ne  signifie  pas  le  moins  du  monde  que  Tlnterpré- 
tition  faite  par  le  savant  bistologiste  de  la  structure  des  yeux  des 
Hyriopodes  soîl  la  bonne.  Le  désaccord  entre  ses  vues  et  celles  d'au- 
tres auteurs  sérieux  est  tel,  que  la  question  mérite  d'être  reprise 
cntièrenient,  en  évitant  les  productions  artificielles  résultant  de 
remploi  de  certains  réactifs. 


(  448  ) 

p.  Prolongement  effilé  d'une  ommafîdie,  pris  par  presque 
tous  les  auteurs  pour  un  filament  nerveux, 
r.  r.  Rélinidies  (réseaux  nerveux)  dans  les  corps  bacillaires. 
«.  n.  Ncrft  axiles. 

On  a  fait  abstraction  des  cellules  pigmenlaires.  Les 
nerfs  axiles  et  les  rélinidies  ne  sont  intentionnelle* 
ment  représentés  que  sur  la  moitié  droite  de  la  figure, 
afin  de  faire  saisir  la  différence  entre  les  interpréta- 
tions récentes  (à  droite)  et  les  anciennes  (à  gauche). 

Fig.  2.  Figure  schématique  montrant  comment,  dans  Tocil  d'Arai- 
gnée, Tommatidie  résulte  de  raccolement  et  de  la 
fusion  de  deux  rétinophorcs  ou  cellules  rétinienaes 
munies,  chacune,  de  son  bâtonnet  bilatéral. 

Fig.     S.  Figure    schématique  d'œil  simple  dlnseclc  (combinaison 

d'une  figure  de  Grenachcr  et  d'un  schéma  de  Patteo). 
Les  lettres  ont  la  même  signification  que  dans  la  fig.  i. 
Les  ommalidies  sont  encore  constituées  chacune  par 
deux  cellules,  mais  dont  les  noyaux  sont,  cette  fois, 
à  des  hauteurs  différentes.  Les  corps  bacillaires  et, 
par  conséquent,  les  rélinidies,  sont  terminaux. 

Fig.  ^.  Figure  schématique  d'une  ommatidic  d'œil  d'Insecte  (en 
grande  partie  d'après  Palten). 

Fig.     5.  Boite  de  verre  recouverte  extérieurement  de  papier  noir, 

pour  les  expériences  sur  les  perceptions  dermatopti- 
ques.  La  face  tournée  vers  la  lumière  comprend  trois 
portions  transparentes  et  trois  portions  opaques. 

Fig.    6.  Labyrinthe  avec  obstacles  d'un  centimètre  de  hauteur.  La 

hauteur  des  obstacles  a  été  un  peu  exagérée  sur  le 
dessin,  afin  de  rendre  ce  dernier  plus  clair. 

Fig.     7,  Baguette   horizontale   portée  par  une  tige  métallique  et 

servant  aux  expériences  sur  la  vision  des  Iules  on 
des  Chenilles. 

Fig.     8.  Tête  de  Lilhobiiu  forficatus  montrant  la  disposition  des 

yeux.  Grossissement  7. 

Fig.     9.  Tête  de  Scolopendra  iubfpinipes,  id.  Grossissement  A. 

Fig.  10.  Tète  dWului  londinewfiSy  id.  Grossissement  7. 

Fig.  il.  Tète  de  Glomeris  mor^ma/a,  id.  Grossissement  IS. 


.ï'Sèivr.  ! 


Rf/O. 


(  **9  ) 

Remarques  au  sujet  de  Véclipse  totale  de  soleil,  du  49  août 
4887 ;  par  L.  Niesten,  astronome  à  l'Observatoire  royal 
de  Bruxelles. 

(CommaDiqué  par  M,  Folie,  directeur  de  cet  élablissement.) 

Mu  examen  sommaire  des  photographies  prises  pendant 
la  durée  de  la  dernière  éclipse  totale  nous  donne  Tespoir  de 
pouvoir,  en  agrandissant  les  images,  étudier  en  détail  la 
structure  de  la  couronne;  leur  comparaison  avec  les  résul- 
tats obtenus  des  éclipses  précédentes  nous  permettra 
d'ajouter  quelques  données  relatives  à  la  configuration 
extérieure  de  Tenveloppe  solaire. 

Une  série  de  photographies  du  soleil,  que  le  directeur 
de  rObservatoire  se  propose  de  prendre  dans  certaines 
conditions  d'exposition,  viendra  aider  à  prouvrer  ce  qui 
appartient  réellement  au  soleil  dans  les  appendices  lumi- 
neux et  de  structure  si  variée  que  montrent  les  dessins  et 
les  photographies  autour  de  la  chromosphère. 

Noos  pouvons  déjà  établir  les  deux  points  suivants, 
d'après  la  comparaison  de  nos  photographies  avec  celles 
obtenues  par  M.  Karelin,  de  Nijni-Novgorod,  qui  opérait, 
comme  nous,  à  Jurjewetz  : 

i"*  Avec  les  plaques  sensibles  de  Van  Monckhoven, 
des  objectifs  photographiques  <  portrait-lenses  i  d'un  dia- 
mètre de  12  centimètres  donnent  presque  instantanément 
(Vbo  i  Veo  de  seconde)  une  image,  non  seulement  des 
protubérances^  mais  aussi  de  la  couronne.  On  ])ourra  donc, 
dans  les  observations  (féclipse,  se  dispenser,  pour  photo- 
graphier le  phénomène,  d'emporter  avec  soi  des  instruments 
disposés  sur  des  montures  parallactiques,  qui  sont  toujours 
d'un  transport  difficile  et  coûteux  ; 

S*  Des  temps  de  pose  de  30  secondes  ne  donnent  pas 


(  ^so  ) 

des  images  plas  détaillées  de  la  coaroDDe  qae  celles  qae 
Ton  obtient  ao  boat  de  8  secondes;  il  en  résolterait  qoe 
ce  qui  forme  réellement  la  couronne  solaire  doit  se  montrer 
an  bont  d'un  temps  de  pose  très  conrt.  Si,  dans  les  photo- 
graphies de  la  couronne  obtenues  après  une  durée  d'expo- 
sition de  plus  d'une  minute,  on  obtient  des  auréoles  éten- 
dues et  des  appendices  lumineux,  ne  devrait-on  pas  les 
attribuer  à  des  phénomènes  physiques  dus  aux  conditions 
atmosphériques,  ou  à  des  effets  de  lumière  produits  dans 
Tappareil  photographique  lui-même,  effets  d*aulant  plus 
sensibles  que  le  temps  d'exposition  des  plaques  photogra* 
phiques  est  pins  long? 

A  ce  sujet,  nous  croyons  intéressant  de  mentionner  que, 
parmi  les  photographies  de  Jupiter  que  nous  avons  prises 
à  rObservaloire  de  Bruxelles,  les  images  obtenues  après 
un  temps  de  pose  de  2  secondes  étaient  parfaitement  nettes 
et  définies,  tandis  que  celles  exposées  pendant  30  secondes 
montraient  une  auréole  autour  de  la  planète. 


Sur  un  mode  de  préparation  de  la  phénylhydrazine  ;  par 
A.  Reychler,  docteur  en  sciences,  à  TUniversité  de 
Bruxelles. 

J'ai  obtenu  de  la  phénylhydrazine  d'après  un  procédé 
qui  n'est  point  sans  présenter  quelque  analogie  avec  celui 
de  Fischer.  Les  matériaux  employés  sont  les  mêmes,  mais 
ils  entrent  en  réaction  dans  un  ordre  inverse. 

Une  solution  d'une  demi-molécule  de  carbonate  de 
potassium,  tenant  en  suspension  une  molécule  d'aniline, 
est  traitée  par  un  courant  d'anhydride  sulfureux  jusqu'à 
^lissolution  complète  de  la  base  or^^anique.  Dans  celte  satu- 


(4SI  ) 

ralîon,  qai  va  jusqu'à  donner  des  bisuIGles,  on  évite  avec 
soin  Taddilion  d'un  trop  grand  excès  de  gaz  suirureux. 

La  liqueur  obtenue  est  ensuite  versée  lentement  dans 
une  solution  aqueuse  d'azolite  de  potassinm,  que  Ton  a  eu 
soin  de  neutraliser  au  préalable  par  quelques  gouttes 
d'acide  acétique. 

La  réaction  donne  lieu  à  un  dégagement  de  chaleur 
peu  considérable,  ne  nuisant  pas  au  rendement  si  les 
liquides  à  mélanger  ont  été  quelque  peu  refroidis. 

On  obtient  alors,  sans  aucun  dégagement  gazeux,  une 
solution  jaune  et  un  abondant  précipité  de  la  même  cou- 
leur. Celui-ci  consiste  en  diazobenzolsulfonate  de  potas- 
sium, sans  doute  déjà  mélangé  d'une  faible  proportion 
d'bydrazine  sulfonate. 

Un  repos  d'une  couple  d'heures  est  alors  nécessaire, 
pendant  lequel  on  voit  le  précipité  pâlir  en  nuance,  à 
mesure  que  le  diazobenzolsulfonate  subit  rinflueuce 
réductrice  du  milieu  sulfureux.  En  même  temps  la  réac- 
tion du  mélange  devient  nettement  alcaline. 

Il  ne  s'agit  plus  alors  que  d'achever  la  réduction  déjà 
commencée.  A  cet  effet,  on  chauffe  le  tout  au  bain-marie 
jusqu'à  produire  une  solution  claire,  on  rend  la  réaction 
acide  par  l'addition  d'un  léger  excès  d'acide  acétique,  puis 
on  ajoute  prudemment  du  zinc  en  poudre  et  de  l'acide 
cblorhydrique  étendu  jusqu'à  réduction,  c'est-à-dire  déco- 
loration, complète. 

La  solution  filtrée,  additionnée  d'un  peu  d'acide  chlor- 
bydrique,  est  alors  concentrée  à  feu  nu.  Si  l'on  a  poussé 
l'évaporation  suffisamment  loin,  Taddition  d'une  quantité 
peu  considérable  d'acide  cblorhydrique  concentré  suffit 
pour  faire  naître  un  abondant  précipité  de  chlorhydrate 
de  phényihydrazine. 

Le  rendement  en  chlorhydrate  brut  est  assez  variable  :  il 


C  482  ) 

se  rapproche  le  plus  souvent  de  85 ''/o  de  la  quantité  théo- 
rique. Le  rendement  en  produit  vrai  (déduit  du  dosage  de 
l'azote  dans  le  produit  brut)  n*cst  guère  que  de  60  à  70  ^'/o* 

Le  reste  de  la  phénylhydrazine  a  été  en  partie  détruit 
lors  de  Tévaporation,  laquelle  donne  lieu  à  un  faible  déga- 
gement de  produits  hydrocarbonés  (?).  En  majeure  partie 
il  se  trouve  dans  les  eaux-mères  du  chlorhydrate  :  forte 
réaction  par  la  liqueur  eupropotassique. 

L'extraction  de  la  base  libre  se  fait  d'après  le  procédé  de 
Fischer.  Elle  présente  absolument  les  caractères  de  la  phé- 
nylhydrazine. Par  son  aspect,  elle  ressemble  beaucoup  ao 
phénol.  Elle  est  solide  à  la  température  ordinaire,  bout  vers 
236%  réduit  à  froid  la  liqueur  eupropotassique  et  donne  avec 
l'acide  pyruvique  le  produit  de  condensation  caractéristique. 

Dans  mes  essais  j'ai  employé  le  plus  souvent  : 

s/io  de  poids  moléculaire  =»  26  à  SO  grammes  d'azotite  de  potassium. 

'/fo  de  poids  moléculaire  &=  28  grammes  d'aniline. 

s/^  de  poids  moléculaire  =»  SI  grammes  de  carbonate  de  potassium. 

Pour  une  opération,  il  fallait  environ  500  c.  c.  d'eau» 
dont  300  c.  c.  pour  la  dissolution  des  bisullites. 

Le  mélange  des  deux  solutions  prenait  à  peine  cinq  à 
dix  minutes. 

La  quantité  totale  d'acide  chlorhydrique  à  employer 
était  de  80  à  100  ce. 

L'interprétation  théorique  de  la  réaction  me  parait 
devoir  se  rattacher  aux  travaux  de  Raschig  sur  les  acides 
sulfazolés  (1).  Une  molécule  d'azotite  alcalin  et  une  mole- 

(i)  Berichte  der  deutschen  chemiscfien  GeseUschaft,  t  XX,  pp.  K8i 
et  it58. 

Mon  étude  a  été  faite  antérieurement  à  ces  publications  et  allait 
donner  lieu  à  des  recherches  sur  les  acides  sulfazotés,  quand  parut 
dans  les  Berichte  le  communiqué  de  Raschig. 


(453) 

eole  d*acide  sulfureux  teudent  à  former  comme  premier 
produit  de  condensation  une  molécule  de  dibydroxylamine 
sulfonate  de  potassium  : 

KO  NO  -I-  HSOjH  =  N  (OH),  SO5K 

lequel,  trouvant  une  molécule  d'aniline  à  sa  disposition, 
forme  le  prodnil  diazolé  C6H5N  =  N  —  SO3K. 

La  réduction  ultérieure  en  dérivé  d*hydrazine  est  opérée 
par  la  molécule  additionnelle  de  bisulGte  et  par  Tbydro- 
gène  naissant  (Zn  h-  2HC/). 

La  méthylaniline  ne  se  prête  point  à  la  même  transfor- 
mation. La  réaction  du  mélange  devient  ici  fortement 
alcaline,  et  la  base  organique  se  trouve  précipitée.  Dans 
ces  conditions  il  se  forme  probablement  de  Thydroxyla- 
mine  disulfonate  de  potassium. 

Pour  Qnir,  je  ferai  remarquer  que  l'opération  inverse  de 
celle  qui  a  été  décrite  (verser  l'azotiie  dans  la  solution  des 
bisullites)  conduit  à  un  tout  autre  résultat.  Les  produits 
de  cette  réaction  n'ont  pas  été  étudiés.  Ils  forment  proba- 
blement un  mélange  variable  de  dérivés  diazotés  et  diazo- 
amidés,  mêlés  à  leurs  produits  de  décomposition. 


La  Classe  se  constitue  en  comité  secret  pour  prendre 
connaissance  de  l£t  liste  des  candidats  présentés  par  les 
sections  pour  les  places  vacantes. 


(  AU  ) 


CDiSSK    DES   LETTRES 


Séance  du  10  octobre  i887, 

M.  P.  De  Dbgkbr,  doyen  d*àge,  occupe  le  fauteuil. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  le  baron  J.  de  Witte,  Ch.  Faider, 
le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  R.  Ghalon,  Thonissen, 
Th.  Juste,  Âlph.  Wauters,  Alph.  Le  Roy,  A.  Wagener, 
P.  Willems,  G.  Rolin-Jaequemyns,  Ch.  Plot,  Ch.  Potvin, 
Aug.  Scheler,  P.  Henrard,  J.  Gantrelle,  L.  Roersch,  membres; 
H.  Philippson,  associé;  Alex.  Henné  et  A.  Van  Weddingen, 
correspondants. 

M.  Bormans,  vice-directeur,  écrit  qu'il  est  empêché 
d'assister  à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  TAgriculture,  de  Tlndustrie  et  des  Tra- 
vaux publics  demande  que  la  Classe  des  lettres  procède, 
conjointement  avec  la  Classe  des  sciences,  à  la  formation 
de  la  liste  double  des  candidats  pour  le  choix  du  jury 
chargé  de  juger  la  première  période  du  concours  décennal 
des  sciences  philosophiques  (1878-1887). 


(  *ss  ) 

—  Le  même  Ministre  demande  une  liste  double  des  can- 
didats pour  le  choix  des  jurys  chaînés  de  juger  : 

1"*  La  8*  période  du  concours  quinquennal  de  littérature 
française  (i8S5ASSl); 

2"*  La  10*"  période  du  concours  triennal  de  littérature 
dramatique  en  langue  française  (i885-i887). 

Ces  élections  auront  lieu  dans  la  séance  du  mois  de 
novembre. 

Le  même  Ministre  envoie  : 

A,  Une  copie  de  l'arrêté  royal  du  30  juillet  dernier  nom- 
mant MM.  P.-J.  Yan  Beneden  et  Briart,  proposés  par  la 
Classe  des  sciences,  et  MM.  de  Laveleye,  Liagre  et  Rivier, 
proposés  par  la  Classe  des  lettres,  comme  membres  du 
jury  chargé  de  juger  le  quatrième  concours  pour  la  collation 
du  prix  fondé  par  le  docteur  Guinard; 

B.  Les  ouvrages  suivants  destinés  à  la  bibliothèque  de 
TAcadémie  : 

V  Catalogue  descriptif  et  critique  des  manuscrits  d^Am^ 
phonius  se  trouvant  dans  la  Bibliothèque  royale  d^Erfurt, 
une  des  collections  les  plus  riches  et  les  plus  recherchées  de 
l'Europe,  en  ce  qui  concerne  la  littérature  scolaslique.  (En 
allemand.)  —  Don  du  Gouvernement  impérial  allemand; 

2"  La  Flandre  orientale  et  ses  anciennes  archives^  manuel 
de  renseignements,  publié  par  Félix  d'Hoop; 

3'  Sur  la  liberté  de  réunion j  mémoire  présenté  au  con- 
cours universitaire  de  1886  pour  la  collation  des  bourses 
de  voypge,  par  L.  Dupriez; 

4^  Les  mauvaises  langues^  par  Jules  De  Soignie  ; 

5*  Bulletin  de  la  Société  d'art  et  d'archéologie  du  diocèse 
de  Liège.  Tomes  I"  à  IV; 

6"*  Histoire  de  la  discipline  parlementaire,  par  Auguste 
Reynaert.  —  Remerciements. 


(  456  ) 

—  Hommages  d*ouvrages  : 

V  Le  texte  originaire  du  Yih'King^  sa  nature  et  son 
interprétation^  par  C.  de  Harlez.  (Présenlé  par  M.  P.  Wil- 
lems  avec  une  note  qui  figure  ci-après); 

2^  a)  /  documenti  del  archivio  di  Barcelona,  e  il  ribella" 
mento  di  SicAlia  contro  ReCarlo^nel  128S;  b)  L'apologetica 
cattolica  e  gli  studi  etnografici,  storici  archeologici  cotUem" 
poraneiy  par  Vinceozo  di  Giovanni  (Présentés  par  M.  Âlph. 
Le  Roy); 

5*"  Le  mien  et  le  tien,  causerie  populaire^  traduite  de 
l'italien  par  Camille  Wiliquet.  (Présenté  par  M.  Alph. 
Le  Roy  avec  une  note  qui  figure  ci-après.)  —  Remer- 
ciements. 

—  M.  Alex.  Henné  écrira  pour  VAnnuaire  prochain 
la  notice  nécrologique  sur  Alphonse  Vandenpeereboom, 
ancien  membre  de  la  Classe  des  lettres.  —  Remercie- 
ments. 


NOTES  BIBLIOGRAPHIQUES. 

J'ai  rhonneur  dWrir  à  la  Classe,  de  la  part  de  notre  con- 
frère, M''  de  Harlez,  un  exemplaire  d'une  étude  intitulée  : 
Le  texte  ordinaire  du  Yih-Kingy  sa  nature  et  son  interpré- 
tation. 

Les  Chinois  possèdent  un  livre  qui  remonte  à  une  haute 
antiquité  et  dans  lequel  ils  ont  prétendu  trouver  tous  les 
principes  et  les  mystères  de  toutes  les  sciences  philoso- 
phiques, morales,  politiques,  naturelles,  etc.  Aucune 
découverte  européenne  qui  ne  soit  prévue  par  ce  livre.  Il 
s'appelle  Yih'King  ou  livres  des  changements.  Ce  n'est 
en  soncme  que  l'explication  de  64  groupes  formés  chacun 


(  ^^7  ) 

de  six  lignes  droites,  horizootales  et  parallèles,  dont  les 
unes  sont  pleines,  les  autres  coupées  par  le  milieu.  Celte 
explication  tout  entière  consiste  dans  des  pronostics  à 
tirer  de  cette  figure  et  de  chaque  ligne.  II  y  a  64  sections 
dont  chacune  a  une  figure  hexagramme,  un  caractère  chi- 
nois qui  en  est  le  non),  et  une  double  interprétation.  Tune 
de  la  figure  entière,  Tautre  de  chaque  ligne.  C'est  un  vrai 
livre  (le  bonne  aventure. 

Tout  cela  est  si  obscur,  que  le  livre  a  été  l'objet  de  plus 
de  naille  commentaires  sans  qu'on  y  ait  vu  plus  clair.  En 
outre  il  est  si  bizarre  qu'on  a  pu  dire  qu'aucun  livre  au 
monde  n^est  si  absurde  que  celui-là. 

Tous  les  interprètes  et  traducteurs  chinois  ou  euro- 
péens ont  admis  tout  cela  sans  chercher  plus  loin,  et  ils 
ont  travaillé  là-dessus  avec  un  courage  digne  d'une  meil- 
leure réussite. 

Enhardi  par  les  doutes  émis  par  un  savant  sinologue  de 
Londres,  M.  de  Lacouperie,  M.  de  Harlez  s'est  demandé  s'il 
n'y  avait  pas  autre  chose  à  trouver  dans  le  fonds  originaire 
du  Yih'King.  Après  une  étude  approfondie,  il  a  constaté 
que  primitivement  ce  n'était  nullement  un  livre  de  bonne 
aventure  ridicule,  mais  un  recueil  de  réflexions  philoso- 
phiques tout  à  fait  dans  le  goût  des  meilleurs  philosophes 
chinois,  et,  dans  la  seconde  partie  ou  commenta  ire,  une 
série  d'explications  lexicologiques,des  exemples  d*appli- 
cation  du  sens  des  mots  et  autres  choses  semblables,  le 
tout  selon  le  système  des  dictionnaires  chinois. 

Pour  arriver  à  ce  résultat  inattendu  et  si  intéressant,  il 
ne  lui  a  fallu  que  traduire  naturellement  tous  les  mots 
du  texte,  en  rendant  aux  premiers  caractères  chinois  leur 
rôle  naturel  d'interprétation  des  figures,  au  lieu  d'y  voir 
de  simples  sons/et  ed  écartant  lès  termes  d^ugùreéx  de 
nécromancien  qui  sont  vends  interpoler  et  dé{ig^rer  un 


(  458  ) 

texte  des  plus  rationnels,  sans  forcer  le  sens  en  aacun 
point.  On  pourra  comparer  les  deux  résultats  et  interpré- 
tations. 

La  nouvelle  interprétation  est  certainement,  autant  que 
nous  pouvons  en  juger,  rationnelle  et  concordante,  et 
remet  le  vieux  livre  chinois  parmi  les  œuvres  sensées  et 
dignes  d'attention.  Aussi  interprétation  de  M.  de  Harlez 
a-t-elle  déjà  reçu  Tapprobation  des  sinologues  les  plus  en 
renom.  P.  Willrms. 


J'ai  Fhonneur  d'offrir  à  la  Classe  des  lettres  un  ouvrage 
intitulé  :  Le  mien  et  le  tien,  causerie  populaire,  traduite  de 
Titalien,  par  Camille  Wiliquet. 

M.  Tavocat  Wiliquet  nous  offre  aujourd'hui  une  nou- 
velle traduction  de  Titalien.  Son  choix  n'a  pas  été  moins 
heureux  que  d'habitude.  Il  s'agit  d'un  simple  opuscule  de 
moins  de  cent  pages,  mais  qui  en  dit  plus  que  maint  gros 
livre,  du  moins  pour  la  classe  de  lecteurs  à  laquelle  il 
s'adresse.  L'auteur  est  M.  Aristide  Gabelli,  député  au  par- 
lement d'Italie,  et  le  titre  est  suffisamment  significatif:  Le 
mien  et  le  tien.  Rien  de  neuf  dans  ce  cadre,  on  a  soin  de 
le  déclarer  tout  d'abord  ;  des  vérités  aussi  vieilles  que  la 
société  humaine  elle-même,  mais  des  vérités  qu'il  est  plus 
que  jamais  utile  de  rappeler  au  peuple,  en  ce  temps  où 
les  sophistes  l'égarent  à  plaisir  et  où  c  les  révolutionnaires 
sans  le  savoir  »  sont  de  plus  en  plus  nombreux.  Le  danger 
est  imminent,  surtout  dans  les  pays  à  gouvernement  popu- 
laire, livrés  aux  fluctuations  de  l'opinion,  préoccupés  de 
compter  les  suffrages  au  lieu  de  les  peser. 

L'absurdité  des  théories  égalitalres  qui,  si  elles  étaient 
lin  instant  réalisables,  n'aboutiraient  qu'à  l'égalité  de  la 


(  439  ) 

misère;  le  salul  et  la  prospérité  de  Touvrier  dépendant  de 
son  esprit  de  conduite;  la  propriété  reconnue  comme  le 
fondement  de  la  vie  civile  :  ce  sont  là  autant  de  thèses  tri- 
viales, pour  ainsi  dire,  mais  sur  lesquelles  on  est  bien  forcé 
de  revenir  sans  cesse,en  présence  des  convoitises  malsaines 
et  de  Taveuglement  des  passions.  Cependant  les  plus  élo- 
quents plaidoyers  n'y  font  rien  :  le  grand  point,  c'est  de 
parvenir  à  faire  écouter  les  leçons  du  bon  sens  dans  la 
mansarde  ou  la  chaumière.  M.  Gabelli  a  compté,  pour 
arriver  à  ce  résultat,  sur  Tinfluence  des  exemples.  Il  met 
en  scène  des  personnages,  raconte  tout  bonnement  leur 
vie,  et  finit  sur  leur  céder  la  parole,  attentif  à  leurs  objec- 
tions et  y  répondant  par  des  faits  précis  et  par  des  chif- 
fres. Tout  y  passe,  depuis  la  réforme  des  impôts  jusqu'à  la 
réforme  des  salaires,  jusqu'aux  illusions  de  l'école  qui  ne 
compte  que  sur  Te  gouvernement.  L'auteur  ne  croit  pas 
aux  panacées,  mais  il  croit  au  progrès  et  apprécie  haute- 
ment les  institutions  modernes,  basées  sur  le  respect  de  la 
justice.  Il  montre  de  la  manière  la  plus  pertinente  que 
ceux  qui  en  méconnaissent  le  bienfait  sont  en  définitive 
les  ennemis  de  ceux  qu'ils  tentent  de  séduire  :  les  oisifs 
des  grandes  villes  et  les  dépensiers  qui  ont  contracté  des 
besoins  factices.  Un  discours  magistral,  prêté  à  un  vieux 
général  américain,  présente  en  un  résumé  clair  les  conclu- 
sions échelonnées  dans  tout  l'ouvrage,  dans  un  langage 
k  la  fois  consolateur  et  fait  pour  fortifier  les  âmes. 

Ce  petit  volume  sans  prétention,  mais  dont  chaque  page 
contient  une  leçon  pratique  et  s'inspire  d'idées  élevées, 
serait  avantageusement,  ce  me  semble,  introduit  dans  nos 
écoles,  et  je  serais  surtout  heureux  de  le  voir  pénétrer  au 
foyer  de  famille  de  ceux  pour  qui  il  a  été  écrit.  La  Bel- 
gique peut  en  faire  son  profit,  comme  l'Italie.  L'honorable 
traducteur  l'a  pensé  sans  doute;  mais  ici  je  me  permets  de 


(  460  ) 

loi  adresser  une  observation.  C'était  le  cas,  ou  jamais,  non 
de  procéder  à  une  version  lillérale,  mais  à  ce  qu'on  est 
convenu  d'appeler  une  adaptation.  Si  M.  Wiliquet  se  déci- 
dait à  entreprendre  ce  travail,  Il  pourrait  rendre  un  véri- 
table service  à  nos  classes  laborieuses,  mises  directement 
en  cause  et  ainsi  plus  vivement  intéressées. 

Alph.  Le  Rot. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Vondel  et  la  Belgique;  par  J.  Stecher, 
membre  de  l'Académie. 

Le  17  novembre  prochain,  Cologne  fêtera  le  troisième 
centenaire  du  poète  Vondel,  de  Agrippijnsche  Zwaan  (le 
Cygne  agrippinien  de  Colonia  agrippina  Ubiorum).  On  s'y 
propose  de  jouer  sa  tragédie  Jeplita,  où  il  a  voulu  repro- 
duire la  régularité  classique.  A  Amsterdam,  dès  septembre, 
à  1  occasion  du  grand  congrès  littéraire  hollando'belge,  le 
VondelS'park  a  vu  des  fêtes  magnifiques  en  l'honneur  du 
plus  brillant  génie  poétique  de  la  Néerlande  (1).  Anvers,  à 
son  tour,  a  eu  son  comité  institué  en  vue  de  cette  comme- 
thoration,  et  pour  que  tout  fût  bien  national,  il  se  compo- 
sait fraternellement  de  libéraux  et  de  catholiques.  Ils  ont 


(1)  Voudbl,  The  great  idéal  poet  of  ihe  Nelkerlandi.  Saturday- 
Review  du  â8  août  1886. 


■»^**v 


(  464  ) 

fait  représenter  les  Leeuwendalers,  l'idylle  patrioliqae  par 
excellence.  Le  conseil  communal  avait  chargé  M.  Robert 
Fabri  de  sculpter  un  buste  du  po^te  destiné  à  Tune  des 
salles  du  théâtre  flamand,  Nederlandsch  Schouwburg.  Dans 
les  écoles,  on  s'attachait  avec  une  sorte  de  fièvre  à  faire 
connaître  à  la  jeunesse  la  vie  et  les  œuvres  de  ce  Flamand 
que  la  Belgique  donna  à  la  Hollande*(i).  A  Bruxelles, 
VUnion  littéraire  annonçait  quelle  se  ferait  représenter 
aux  fêtes  d'Anvers.  Enfin  on  vient  d'inaugurer  le  2  octobre 
le  grand  théâtre  flamand  de  la  capitale  par  la  représen- 
tation de  Vondel,  le  drame  du  docteur  Van  Peene. 


I 

On  conçoit  l'enthousiasme  de  Cologne,  où  Vondel  est 
né,  et  celui  d'Amsterdam,  où  il  a  composé  tous  ses  chefs- 
d'œuvre.  Mais  en  Belgique,  ne  faut-il  pas  se  résigner  à 
dire  :  c  Par  la  fatalité  de  nos  guerres  religieuses,  nous 
avons  perdu  ce  grand  coloriste  flamand,  comme  nous 
avons  failli  en  perdre  un  plus  grand  encore,  Rubens,  né  â 
Siegen?  » 

Quelques  traits  pris  dans  la  vie  et  surtout  dans  l'œuvre 
de  Vondel  montreront  aisément  que  notre  pays  peut 
revendiquer  quelque  part  de  cette  gloire.  C'est  bien  un  fils 
de  parents  belges  dont  on  a  voulu  célébrer  la  mémoire. 

Joost  Vondel  (ou  Van  den  Vondel)  (2)  est  né  à  Cologne, 

(1)  Cf.  Notre  Histoire  de  la  UttércUure  néerlandaise  en  Belgique, 
page  235. 

(2)  Un  nom  tout  à  fait  brabançon  :  vondel  signifie  planche  ou  pont 
sur  un  fossé. 

3*"'  SÉRIE,   TOME  XIV.  51 


(  462  ) 

le  17  novembre  1S87.  Son  grand-père,  Peter  Kranen,  élait 
uo  de  ces  rhéloriciens  anversois  qui  de  la  Renaissance 
avaient  glissé  jusqu'à  la  Réforme,  allant  plus  loin  que 
Houwaerl  ou  que  Van  Ghistele,  fakleur  de  la  Goudbloem. 
Il  s'était  fait  mennonile,  doopsgezindy  c'est-à-dire  non 
pas  anabaptiste  (comme  on  traduit  quelquefois),  mais,  tout 
au  contraire,  une  sorte  de  quaker  mitigé  par  les  prédica- 
tions de  Menno  Simonis,  ancien  curé  catholique.  Poursuivi 
par  les  sbires  du  markgraaf,  sans  doute  pour  quelque  satire 
trop  hardie,  Peter  Kranen  eut  le  temps  de  se  sauver  à 
Cologne  avec  ses  enfants.  Sa  femme,  près  d'accoucher,  fut 
enfermée  au  Steen;  mais  un  cousin,  Hans  Michiels,  se 
portant  caution,  obtint  sa  liberté  jusqu'après  ses  couches. 
Ramenée  à  la  prison  par  Hans  Michieis  lui-même,  la 
pauvre  femme  apprit  bientôt  qu'elle  allait  être  condamnée 
au  bûcher.  On  ne  lui  accorda  sa  grâce  qu'à  la  condition  de 
faire  baptiser  un  de  ses  enfants  qu'il  fallut  faire  revenir 
de  Cologne.  C'était  la  petite  Sarah,  qui  devait  être  la  mère 
du  poète  et  lui  préparer,  de  loin  et  comme  par  influence 
poéli(]ue,  sa  conversion  au  catholicisme. 

A  Cologne,  refuge  d'un  grand  nombre  de  Flamands,  les 
Anversois  mennonitcs  formaient  une  sorte  de  colonie  fer- 
mée. On  ne  se  mariait  qu'entre  coreligionnaires  (1).  Ce  fut 
ainsi  que  Joosl  Vondel,  un  chapelier  [hoedsloffeerder)^ 
épousa  la  tille  de  Peter  Kranen,  qui,  baptisée  par  force, 


({)  On  a  remarqué  partout  cette  intime  solidarité  des  proscrits 
flamands.  V.  Alph.  Willcms,  Les  Elzeviers,  p.  clxvii.  —  Nous  venons 
de  lire  dans  le  Gidt  de  décembre  i887,  p.  549  :  a  L'histoire  de 
nos  Réfugiés,  de  ces  énergiques  Flamands  qui  ont  fait  la  grandeur 
d*Âmsterdam,  demeure  inconnue  maigre  le  concours  institué  par  la 
Provincictal  Utrechtsch  Genootschap,  » 


(  463  ) 

était  bientôt  ramcDée  à  la  douce  religion  mennonite  de  sa 
famille.  Bientôt  le  nord  des  Pays-Bas  s'affranchit,  et  les 
protestants  purent  obtenir  la  liberté  de  leur  culte.  Pour 
des  Flamands,  rentrer  en  Hollande,  c*était  alors,  gr&ce  à 
ridenlité  d'idiome,  revenir  de  Texil.  Le  chapelier  Joost  y 
songea  comme  tant  d'autres;  mais  des  intérêts  de  commerce 
le  forcèrent  d*abord  à  résider  à  Francfort  et  à  Brème. 
Enfin,  en  1598,  il  put  s'établir  à  Utrecht,  où  le  futur  poète 
commença  son  éducation.  En  1600,  son  père  est  marchand 
de  bas  et  de  chaussons  dans  la  célèbre  Warmoessiraat 
d'Amsterdam.  Dans  cette  ville,  où  se  concentrait  alors 
rénergie  néerlandaise,  deux  Sociétés  de  rhétorique  fla- 
mande, épaves  de  la  catastrophe  d'Anvers  de  1585,  avaient 
la  vogue.  Elles  attiraient,  à  leurs  représentations  de  Zin- 
nespelen  ou  moralités  allégoriques,  non  seulement  les 
réfugiés  de  Belgique,  mais  le  peuple  d'Amsterdam,  dont 
le  langage  ne  différait  guère  du  brabançon  que  par  un  peu 
moins  de  mots  français. 

Le  jeune  Vondel,  on  l'a  généralement  remarqué,  fut  pro- 
fondément impressionné  par  ces  jeux  de  scène  où,  avec 
une  naïveté  digne  du  moyen  âge,  on  cherchait  avant  tout  à 
édifier  un  public  facilement  enthousiaste.  M.  J.  te  Winkel(l) 
a  parfaitement  dégagé  ces  traces  curieuses  de  l'influence 
rhétoricale.  A  dix-sept  ans,  en  1605,  un  épilhalame 
pour  le  mariage  de  Clara  van  Tongerloo,  montre  le  poète 
déjà  tout  formé  par  ce  style  flamand  mêlé  de  réminis- 
cences évangéliques  et  de  bizarreries  dérivées  du  mauvais 


(1)  Vondel  aU  treurspeldiehier  (Haarlem,  1881).  —  Dans  le  pre- 
mier volume  de  sa  Geschiedenis  der  Nederlandtehe  leiterkunde,  qui 
Tient  de  parailre,  le  D' Te  Winkcl  s'attache  à  faire  ressortir  Timpor- 
tance  de  Félément  flamand  dans  la  littérature  néerlandaise. 


(  464  ) 

goût  des  ailleurs  de  la  période  bourgaignonne.  Ce  Schrif- 
tuerlyck  Bruyloftsreffereyn  esl  une  de  ces  ballades  pom- 
peuses doDl  le  refrain  ou  stock-regel  ne  manque  pas  d'af- 
félerie. 

L*an  d*aprèsy  au  concours  dramatique  {land-juweet)  de 
H.'iarlera,  un  lied  encore  assez  rbétorical  esl  adressé  9ux 
deux  chambres  de  rbélorique  brabançonnes  qu'on  venait 
d'applaudir.  Mais  déjà  le  grand  écrivain  Hooft,  le  Richelieu 
et  le  Malherbe  de  la  nouvelle  renaissance,  signalait  le  fils 
du  boutiquier  anversois  comme  un  des  rimeurs  qui  don- 
naient les  plus  hautes  espérances. 

En  1609,  le  doux  mennonite,  convaincu  que  la  guerre, 
même  défensive,  ne  peuls*inspirerd*aucun  versetdu  sermon 
de  la  Montagne,  célèbre  avec  amour  la  Trêve  de  douze  ans 
obtenue  par  le  tolérant  Oiden  Barneveldt,  en  dépit  do  trop 
belliqueux  prince  Maurice,  il  espère  que  cette  trêve  pourra 
bientôt  amener  une  paix  définitive,  que  d'avance  il  se  glo- 
rifie de  chanter  : 

Op  hope  of  met*  er  tydt  ccn  vrede-zon  misschien 
Den  Nederlanden  mocbt  gheduuriglijck  bestralen. 

Mais  quoi!  le  fanatisme  se  réveille  :  Henri  IV  esl  assas- 
siné, et  cette  victime  de  Ravaillac,  populaire  aux  Pays-Bas 
comme  en  France,  inspire  à  Vondel,  dans  un  style  déjà 
renouvelé,  une  poésie  à  détails  réalistes  comme  les  aimait 
la  peinture  flamande (1).  Le  Wtvaerl  en  treur-dichi  déplore 


(1)  Simon  Gobtbr,  dans  ses  Letterkundige  studien  (2«  édition, 
Amsterdam,  i884)  et  principalement  à  propos  de  Bilderdijk  •  qui 
osait  se  placer  au-dessus  de  Vondel,  »  analyse  finement  le  réalisme 
du  génie  anversois.  ->  Il  faut  pourtant  reconnaître  que  Bilderdijk, 
dans  la  préface  de  son  Willem  van  Holland,  se  montre  plus  enthou- 
siaste que  Jonckbloet  pour  la  tragédie  de  Vondel. 


(  468  ) 

la  mort  «  du  défenseur  du  saint  Évangile  »  et  salue  naïve- 
ment Louis  XII i  comme  le  protecteur  de  la  république 
des  Provinces-Unies. 

Celte  même  année  (1610),  Yondel  épouse  Maaiken 
(Mariette)  de  Wolf.  dont  le  père,  qui  était  un  passementier 
anversois,  avait  autrefois  dû  profiter  du  refuge  de  Cologne 
à  cause  de  son  mennonisme.  La  jeune  femme  se  met  bra- 
vement à  la  tête  de  la  boutique  de  la  Warmoesslraai  et 
permet  ainsi  à  son  mari,  d*un  an  moins  âgé  qu'elle,  de  se 
livrer  plus  librement  aux  aspirations  de  la  poésie. 

Aussi,  dès  1612,  voyons-nous  Yondel  aborder  le  théâtre 
pour  son  propre  compte.  Rien  de  plus  curieux  pour  nous 
que  ce  début  dans  un  genre  longtemps  convoité  par  l'admi- 
rateur des  Flamands.  La  chambre  brabançonne  Lavendel^ 
bloem  s*était  naturellement  chargée  de  la  représentation. 
Het  Passcha  était  une  tragédie,  ou  plutôt,  comme  dit  Van 
Lennep(l),  un  mystère  sur  la  sortie  d'Egypte.  Avec  une 
orthographe  essentiellement  brabançonne,  la  pièce  s'an- 
nonçait comme  donnant  une  leçon  édifiante  au  peuple, 
trage  comedischer  wijze^  ce  qui  signifiait,  comme  pour 
Corneille,  un  dénouement  heureux.  Il  s'agissait,  en  effet, 
de  la  délivrance  des  Israélites;  mais  Jéhovab,  qui  y  figure 
comme  protagoni$te,y  semble  bien  promettre  une  autre  déli- 
vrance, celle  des  Pays-Bas  opprimés  par  Philippe  II,  auquel 
Pharaon  fait  sans  cesse  penser.  Dans  une  «  Ëpistre  à  mon- 
seigneur Jean-Michiels  van  Vaerelaer,  mon  singulier  ami  » 
(les  seuls  vers  français  que  l'on  connaisse  de  Yondel),  il 


(i)  Avons-nous  besoin  de  faire  remarquer  que  la  plupart  des 
faits  cites  dans  cet  article  sont  empruntés  à  la  grande  édition  de 
Vondcl  par  Van  Lennep  (iS  vol.  gr.  in-8«.  Amsterdam,  i8B5-1869.)? 


(  466  ) 

copie  la  langue  de  ce  Dubarlas  de  la  Pléiade,  si  souvent 
traduit  en  flamand  (i).  A  son  mécène,  un  marchand  bra- 
bançon enrichi,  il  vanle  toujours  la  paix  : 

Durant  Paage  doré  que  nos  premiers  ancestrcs 
Faisoicnt  profession  des  ouvrages  cbampestres, 
Astréc  florissoit,  et  la  terre  à  cbascun 
Estoit  avec  ses  fruicts  en  partage  commun. 
Les  fifres  ni  tambours  n'csveilièrent  Torage 
D^un  sanglant  eschaffaut 

Malgré  certains  mots  et  certains  détails  qui  se  ressentent 
de  la  trivialité  des  rhétoriciens  ses  premiers  maîtres,  Von- 
del  rappelle  souvent  l'élévation  de  Calderon,  qui,  lui  aussi, 
n'a  fait  que  transformer  des  mystères  du  moyen  âge.  Puis, 
quelle  intensité  de  vie  à  travers  cette  diction  parfois  mys- 
tique! C'est,  en  vérité,  la  sensation  des  choses  comme  on 
l'a  dans  Rubcns,  jusque  dans  ses  allégories.  L'inspiration 
esl  à  la  fois  patriotique  et  biblique,  et  cependant  plus  d'une 
tirade,  d'une  audacieuse  familiarité,  a  les  tournures  les 
plus  brabançonnes,  les  plus  naturelles  pour  exprimer  des 
idées  transcendantes.  On  pourrait  aisément  se  moquer  de 
Pharaon  qui  maudit  Jupyn  et  les  Furies,  tout  comme  un 
fakieur  de  Belgique;  on  se  lasserait  vite  de  compter  les 
burgondismes  de  ce  que  les  Brabançons  appelaient  «  lan- 
gage de  cour,  »  par  exemple,  parwyck  van  Phebus^  eene 
tombe,  een  aster,  etc.;  mais  que  nous  importe,  dès  que  la 
Fama  ou  Renommée  raconte  le  passage  de  la  mer  Rouge 
comme  si  elle  traduisait  le  fameux  Cantiqtie,en  y  ajoutant 
l'ampleur  de  l'épopée?  Que  nous  fait  ce  reste  de  fldélité  à 


(I)  Par  exemple,  par  le  graveur- poète  anversois,  Zacharias  Heyns. 


(  467  ) 

la  rhétorique,  si  tout  à  coup,  dans  les  chœurs  ou  Ryen,  on 
s'aperçoil  que  le  vieux  flamand,  dégagé  de  son  bariolage 
bourguignon,  retrouve  la  simplicité,  la  netteté  de  Ruus- 
broec  et  de  Maerlanl  pour  monter  jusqu'au  sublime?  Si  la 
Passcha  garde  encore  çà  et  là  l'attirail  des  Brabandsche 
KamerSf  du  moins  y  trouve-t-on  un  esprit  nouveau,  jusque 
dans  le  rythme  et  la  cadence.  On  dirait  que  la  liberté,  par 
ses  épreuves,  a  retrempé  ce  vieux  langage  d'antan. 


IF 

De  jour  en  jour,  Vondel  s'associait  mieux  aux  destinées 
de  la  patrie.  Pendant  plus  de  soixante  ans,  il  devait  en 
célébrer  les  moindres  aventures.  Le  catalogue  de  ses  vers 
correspond  de  point  en  point  aux  annales  de  la  Néerlande. 
A  peine  a-t-il  achevé  sa  tragédie  qu'il  entreprend  une 
autre  œuvre  tout  aussi  nationale.  C'est  l'hymne  à  la  marine 
des  Provinces-Unies  :  0  bondigh  Nederland!  0  forte 
république!  que  vous  voilà  vengée  de  Philippe  11!  Mais 
que  de  ruines  en  ces  quarante  années  de  guerre,  jusqu'à 
ce  que  TEspagne  nous  octroie  le  chapeau  de  la  liberté!  Et 
alors,  avec  une  netteté  de  pinceau  vraiment  flamand,  il 
retrace  la  perte  de  TArmada,  la  bataille  de  iNieuport,  les 
lointains  voyages,  les  audacieuses  découvertes.  Nova- 
Zembla,  Heemskerk,  Nassau,  sont  chantés  d'une  façon 
triomphale.  Après  le  triomphe,  la  prière  pour  que  Dieu 
préserve  ce  peuple  des  ivresses  de  la  victoire  et  pour  que 
le  brillant  Maurice  se  résigne  à  la  paix.  Qui  croirait  que 
l'auteur  de  ces  vers  magnifiques  composait  encore,  quatre 
ans  plus  tard  (1616),  un  chant  de  Pentecôte  (Pinxter 
Zangh),  signé  d*une  anagramme  à  la  mode  rhétoricale! 

On  pouvait  craindre  que  cette  naïveté  à  la  fois  si  ger- 


(  468  ) 

manique  et  si  chrétienne  ne  se  perdit  par  les  nouvelles 
éludes  entreprises  par  Vondel.  Pour  mieux  se  mettre  à  la 
hauteur  du  cercle  des  Roemer  Visscher,  des  Hooft  et  d'au- 
tres nombreux  amis  littéraires,  il  s*élait  mis  à  apprendre 
le  latin  ;  il  se  préoccupait  surtout  des  écrits  du  Gantois 
Daniel  Heinsius  et  de  TAnversois  Barlœus  sur  l'esprit  de 
la  littérature  ancienne.  Mais  il  lui  arriva  comme  à  Cor- 
neille, auquel  son  génie  nous  ramène  quelquefois  ;  il  main- 
tint la  liberté  de  ses  allures  malgré  toute  la  vénération 
qui  rinclinait  devant  le  moindre  poète  ou  critique  de 
l'antiquité. 

Celle  préférence  pour  Térudition  se  concilie  sans  effort 
avec  la  bonhomie  toute  flamande  et  le  charmant  naturel 
qui  désormais  se  montrent  dans  tous  ses  écrits.  En  1615, 
un  libraire  lui  demande  de  commenter  les  gravures  du 
Gulden  Winckel,  dédié  à  son  beau-frère  Abraham  de  Wolf; 
il  combine  la  mythologie  grecque  et  la  simplicité  évangé- 
lique,  sans  qu'on  s'aperçoive  de  la  combinaison,  de  la 
soudure.  Un  autre  libraire  invoque  sa  plume  pour  refaire 
le  fablier  du  Brugeois  De  Deene  et  rehausser  d'autant  les 
spirituelles  gravures  d'un  autre  Brugeois,  Markus  Gee- 
raerts.  Aussitôt  la  Warande  der  dieren  apparaît  avec  un 
trésor  de  vieux  dictons,  pratiques  comme  dans  Cals, 
mais  d'une  tournure  plus  vive  et  même  fringante.  Pour- 
tant, on  y  rencontre  maint  adage  destiné  à  des  héros  de 
Teniers  : 

Lett  vooral  op  de  spreuck  :  AIst  bier  is  in  de  man 
Dan  is  al  zijn  verstant  en  wijsheid  in  de  kan  (4). 


(4)  Prends  garde  avant  tout  au  dicton  :  «  Quand  la  bière  est  dans 
rbomme,  dès  lors  toute  sa  sagesse,  tout  son  esprit  est  dans  le  pot.  » 


(  469  ) 

Lorsque,  vers  la  fin  de  1617,  pour  lutter  contre  les 
buveurs,  les  kanne-kykers  des  rhétoriques  décadentes,  le 
D'  Samuel  de  Coster  reconstitua  la  vieille  chambre,  de 
oude  kamer^  Vondel  fut  un  des  premiers  à  slnscrire.  11 
aimait  d'ailleurs  ce  spirituel  descendant  des  gueux  de  mer, 
qui  savait  le  guérir  de  sa  mélancolie.  Chose  curieuse,  en 
effet,  ce  génie  si  anversois  de  raillerie  cordiale  (voir  son 
portrait  en  tête  de  l'édition  Van  Lennep)  était  parfois 
rêveur  et  concentré.  Le  docteur,  an  surplus,  lui  plaisait, 
parce  que  son  protestantisme  était  tolérant,  humaniste,  à 
la  façon  des  anciens  «  politiques  >.  Quand  il  finit  par 
transformer  les  rhétoriques  en  académie  et  par  obtenir  un 
théâtre  permanent,  ce  fut  à  la  grande  joie  de  Vondel, 
redoublée  encore  par  la  colère  de  quelques  prédicants 
fanatiques  etgomariens  (sectateurs  du  BrugeoisGoemare). 

A  ce  théâtre  régénéré,  Vondel  fit  représenter  sa  seconde 
tragédie  :  La  Destruction  de  Jérusalem.  Il  était  alors  diacre 
chez  les  Mennoniles,  section  des  Waterlanders,  et  Ton 
pouvait  croire  qu'il  avait  mystiquement  renoncé  au  drame 
et  à  ses  pompes.  Mais  celle  pièce  sans  action,  sans  véri- 
table mouvement  scénique,  éiait  en  quelque  sorte  une 
élégie  religieuse,  où  la  gravilé  de  la  pensée  était  relevée 
par  une  noble  simplicité  de  style. 

Si  mystique  qu'il  se  montrât  par  moments,  depuis  sa 
maladie  de  1620,  il  demeurait  fidèle  â  sa  prédilection  pour 
les  humanistes.  C'est  ce  qui  l'inspira  à  propos  d'Ërasme, 
qui,  sous  le  nom  de  libertyn  (libre-penseur),  était  violem- 
ment attaqué  par  les  calvinistes  de  Rotterdam,  ennemis 
des  politiques.  Un  sonnet  contre  l'abus  des  condamnations 
ecclésiastiques  est  contemporain  d'une  ode  sur  sainte 
Agnès  faite  à  propos  d'un  livre  de  Slalpaert  van  der  Wiele, 


(  470  ) 

archiprêtre  de  DelOand  et  grand  ami  de  ces  deux  filles  de 
Roemer  Yisscher  qu'on  a  pu  surnommer  les  demoiselles 
Rambouillet  de  la  Hollande.  Elles  figuraient  au  cercle  lit- 
téraire de  Muiden  sous  la  présidence  de  Hooft.  C'était  le 
vrai  foyer  de  la  tolérance,  si  difficile  à  réaliser  dans  une 
époque  de  luttes. 

Pour  un  des  plus  brillants  familiers  du  cercle,  Laurens 
Reaely  ancien  gouverneur  des  Moluques,  Vondel  composa 
VÉloge  de  la  navigation,  où  se  remarque  encore  une  fois 
cette  vivacité  de  coloris,  cette  exactitude  de  termes  tech- 
niques, qu'on  doit  d^autant  plus  admirer  dans  une  œuvre 
largement  épique  et  de  la  part  d'un  auteur  qui  n'avait  pas 
encore  expérimenté  la  vie  maritime  (1).  Ce  don  de  la 
description  vivante  et  poétique  le  rendait  naturellement 
enthousiaste  de  Dubartas  et  de  ses  traducteurs.  On  n'a 
qu'à  lire  les  vers  qu'il  adressa  au  poète-graveur  et  impri- 
meur Zacharias  Heyns,  d'Anvers,  membre  de  la  Bra^ 
bandsche  Kamer.  Un  autre  traducteur  eut  part  à  ces  éloges 
sincères,  c'est  le  baron  d'Asperen,  gendre  de  Marnix,  en 
même  temps  que  le  célèbre  imprimeur  Balthasar  Moretus 
(Moerentorf). 

En  1625,  à  la  mort  de  Maurice,  Vondel  salua,  dans  des 
vers  encore  admirés  de  nos  jours,  le  nouveau  capitaine- 
général,  Frédéric-Henri,  qu'il  croyait  modéré  en  religion 


(1)  Vondel  ctaît  un  voyant,  à  l'imagination  nette,  vive  et  péné- 
trante. «  Quand  il  compose  son  Rhijrdied,  dit  Simon  Gorter,  il  a 
nettement  dans  l'esprit  toutes  les  villes,  tous  les  paysages  que  par- 
court le  grand  fleuve  depuis  les  Alpes  jusqu'à  Katwijck.  •  Aussi, 
ajoute  l'auteur  du  Beeldspraak,  son  plus  grand  charme  encore  c'est 
d'être  vrai. 


C47i  ) 

et  grand  ami  de  la  paix.  Cétail  comme  un  rêve  d*idylle. 
Avec  plus  d'énergie  el  même  avec  une  certaine  virtuosité 
dramatique,  il  composa  alors  Palamedesy  une  tragédie 
grecque  dont  le  sous-titre,  c  Tinnocence  égorgée  >,  indi- 
quait une  pensée  vengeresse  à  tous  les  amis  du  malheureux 
pensionnaire  des  États  de  Hollande,  Olden  Barneveldt. 
Les  intentions  allusives  sont  transparentes,  grâce  à  une 
foule  de  détails  nettement  caractéristiques  des  lieux  et 
des  personnes  que  Ton  visait.  Ce  fut  un  acte  de  courage. 
De  tous  côtés  pleuvaient  les  pamphlets  et  les  pasquins 
scandaleux.  Le  fanatisme  parvint  même  à  exciter  le  zèle 
du  Schoui,  chef  du  tribunal  des  échevins  d'Amsterdam; 
mais  tel  était  déjà  l'ascendant  du  grand  poète,  qu'il  ne  fut 
condamné  qu'à  une  amende  de  500  florins,  qu'un  ami  paya 
pour  lui.  La  guerre  aux  juges  iniques  du  tolérant  Barne- 
veldt  (1)  semblait  au  moins  exiger  un  long  et  dur  empri- 
sonnement. Pro  libertale,  ainsi  signait-il  ses  ripostes,  et  il 
en  avait  bien  le  droit. 


III 

Jamais  poète  n'a  fait  plus  longtemps  (de  1610  à  1672) 
un  nombre  incalculable  de  pièces  de  circonstance,  et  tou- 
jours avec  une  verve  rajeunie.  Lui,  si  modeste  et  si  peu 
flagorneur,  dès  qu'il  s'a\ise  d'un  fait  ou  d'un  homme 


(I)  On  sait  que  le  grand  pensionnaire  de  HoUande,  après  avoir 
été  un  vaillant  soldat  dans  les  guerres  de  F  Indépendance,  se  montra, 
comme  Vondel,  ami  de  la  paix  et  de  la  mansuétude  chrétienne.  Le 
parti  des  fanatiques  le  fît  condamner  h  mort  en  1617. 


(  472  ) 

qni  peut  intéresser  Amsterdam,  aussitôt,  comme  pour 
Bérauger  : 

Son  cœur  est  un  luth  suspendu  : 
Sitôt  qu*on  le  touche  il  résonne. 

Voyez  ses  consola tioDs  à  Hooft,  puis  son  poème  (car  c'est 
bien  cela)  sur  la  naissance  du  futur  Guillaume  II,  ses  com- 
pliments tournés  en  frais  tableaux  dMdylle  néerlandaise, 
(Ailes  boier  en  melky  tout  est  beurre  et  lait),  et  surtout  son 
May-Lted  en  l'honneur  d'Orange.  Voyez  aussi  ses  épttres 
satiriques  aux  bourreaux  des  consciences,  ses  adjurations  à 
des  mennoniles  qui  veulent  pousser  jusqu'à  Tanabaptisme, 
sa  piquante  raillerie  Rommelpot  à  côté  du  splendide  poème 
sur  la  prise  de  Grol.  Et  quelle  variété  de  cadres  rehaussée 
encore  par  la  prodigalité  de  détails  topiques?  Si  Hooft 
se  remarie  à  Heleonora  Hellemans,  (ille  d*un  marchand, 
colonel  de  la  garde  bourgeoise  à  Anvers,  vite  un  tafelzpely 
un  épithalame  dialogué  comme  on  en  faisait  chez  les 
anciens  rederijkers,  Frédéric-Henri  arrive-t-il  à  Amster- 
dam pour  apaiser  Témeute  des  orthodoxes,  Vondel  trouve 
des  accents  trop  agressifs,  trop  francs,  et  que  le  prince 
n*ose  pas  récompenser,  à  cause  de  la  fureur  des  Arminiens. 
Une  créance  importante  le  poussa  jusquVn  Danemark, 
en  même  temps  son  ami  Reael  est  nommé  amiral  à  propos 
des  menaces  de  Wallenstein  :  quelle  meilleure  occasion 
pour  des  pièces  nouvelles,  soit  intimes,  soit  publiques, 
d'autant  qu'en  ces  parages  il  a  rencontré  plus  d'une 
colonie  hollandaise!  Chemin  faisant,  lui  qui  incline  déjà 
au  calholicisme,  ne  craint  pas  pourtant  de  prophétiser 
les  victoires  de  Gustave-Adolphe,  le  héros  des  ennemis 
de  Rome. 


(  473  ) 

En  1630,  ce  fils  d*Anversois  est  mêlé  à  une  lulle 
curieuse.  C'est  Tacadémie  de  Samuel  de  Coster  que  les 
calvinistes  et  les  rbétoriciens  brabançons  attaquent  avec 
fureur.  Cats  même  ici  ne  joue  pas  un  rôle  bien  honorable. 
Vondel,  ennemi  des  cafards,  kerkuylefiy  adresse  son  Ros^ 
kam  (rélrille)  au  spirituel  et  libérai  Hooft.  Ce  qui  ne  Tem- 
pêcbe  pas  de  célébrer,  presque  en  même  temps,  le  triomphe 
de  Gustave-Adolphe  à  Leipzig,  et  de  supplier  le  vainqueur 
d*épargner  Cologne,  sa  ville  natale. 

Il  pense  en  vers  aussi  facilement  que  Voltaire  pensait 
en  prose  :  il  a  toujours  la  plume  à  la  main.  Voici  son  ami 
Barlœus  dont  il  faut  chanter  le  professorat  à  l'Athenœum 
illustre;  voici  encore  Grotius,  le  philosophe  tolérant,  qui 
revient  d*exil.  Puis  c'est  Maestricht  pris  par  Frédéric- 
Henri;  c'est  Rubens,  ambassadeur  pacifique;  c'est  Tinfante 
Isabelle  qui  meurt,  dit  le  poète,  après  avoir  tout  fait  pour 
la  paix,  la  bienheureuse  paix.  Après  une  touchante  prière 
pour  l'installation  de  l'orphelinat  wallon,  c'est  une  aimable 
boutade  en  l'honneur  de  Gillis  van  Vinckeroy,  bourgmestre 
de  Hasselt  et  empereur  c  de  la  noble  arbalète  >.  Il  chante 
avec  strophes,  antistrophes  et  épodes,  tout  comme  Pindare 
ou...  Ronsard,  le  Démer  aux  cent  moulins  (1)  et  la  joie  de 
Saint-Quentin,  patron  de  la  ville,  au  milieu  de  ces  joutes 
qui  jadis  étaient  pratiquées  par  les  comtes  de  Flandre.  C'est 
le  Hollandais  Van  Lennepqui  aime  à  signaler  par  le  menu 
ces  moindres  témoignages  de  l'amour  que  Vondel  portail  à 
tout  ce  qui  était  belge.  Nous  aurions  mauvaise  grâce  à  ne 
pas  souligner  de  telles  attestations. 


(1)  Nu  giet  de  molenrijcke  Demer, 

Door  Hasselt,  sijn  verheugde  stée. 


(474  ) 


IV 

L'esprit  belge  de  Vondel  se  remarque  partout,  dès  qn*on 
y  veut  faire  attention.  En  1638,  à  Tinauguralion  du  grand 
théâtre  d'Amsterdam  (1),  Vondel  fit  représenter  un  chef- 
d'œuvre  resté  jusqu'à  nos  jours  au  répertoire  néerlandais. 
Gysbrecht  van  Amstel  est  une  tragédie  qui  se  rapporte  à  un 
épisode  du  quatorzième  siècle.  Or,  si  l'on  a  pu  constater 
dans  ces  vers  la  fidélité  de  la  couleur  locale,  devançant 
Walter  Scott  (comme  dit  J.  de  Meyer),  nous  ne  devons  pas 
moins  reconnaître  dans  plus  d*un  trait  une  sorte  d'atavisme 
flamand.  On  songe  aux  vieux  trouvères  thiois  quand  Bade- 
loch,  la  femme  de  Gysbrecht,  développe  dans  des  vers 
limpides  et  qui  semblent  appartenir  à  un  de  nos  dialectes 
cristallisés,  la  théorie  germanique  de  l'héroïsme  conjugal  : 

Met  smarte  baerde  ick't  kind,  en  droegh  het  onder  't  hart; 
Mijn  man  is  't  harte  self;  'k  heb  son  der  hem  gcen  leven  (2). 

Hou  en  trou,  fidèle  et  loyale,  telle  doit  être  réponse, 


(1)  Cf.  N.  Wyhranàs,  Het  Amsterdamsche  tooneel  (Virechi,  1873). 

(2)  «  Avec  douleur  je  portais  mon  enfant  sous  le  cœur;  le  cœur 
même,  c*cst  mon  époux;  sans  lui,  je  ne  vis  plus!  »  —  D'  Jan  Ten 
Brink  a  pu  dire,  au  dernier  congres  hollando -belge  d'Amsterdam  : 
«  Au  treizième  siècle,  Thistoire  de  la  littérature  néerlandaise  est  un 
chapitre  de  Thistoire  du  moyen  ftge  français.  •  Mais,  par  exemple 
pour  le  roman  de  la  Eote,  combien  ces  imitateurs  néerlandais  ont 
toujours  soin  d'écarter  tout  ce  qui  semble  poétiser  Tadultère  !  Même 


(  4-75  ) 

chantent  les  burg-meten,  les  vassaux  du  bourg,  clans  un 
chœur  (Reij  van  Eldeiingen)  qu'on  peut  comparer  à  Pun  des 
plus  beaux  de  Sophocle.  La  dignité  d'une  belle  tendresse 
conjugale,  faite  d'estime,  de  confiance  et  de  respect  mutuel, 
toute  celte  poésie  domestique  se  retrouve  dans  nos  vieux 
poètes,  qui  n'ont  pas,  eux,  comme  les  trouvères  français, 
organisé  et  perpétué  la  conspiration  contre  le  mariage.  Le 
Rei  van  Klarissen  a  un  Kersllied  qui  rappelle  nos  vieux 
Doëls  flamands. 

Dans  des  vers  adressés  au  D'  Plemp,  le  père  d'un  pro- 
fesseur de  Louvain,  nous  rencontrons  également  des  sen- 
timents familiers  à  nos  rimeurs  belges.  Le  catholicisme 
qu'il  avoue  franchement  en  1640  est  celui  de  la  tolérante 
Tesseischa,  qu'il  appelait  Eusebia  la  Pieuse.  Est-ce  par 
affection  pour  cette  femme  si  distinguée,  si  lettrée  et  si 
peu  pédante?  Non;  Van  Lennep,  qui  n'est  guère  suspect 
à  cet  endroit,  nous  donne  les  raisons  véritables.  Sa  nature 
d'artiste  finit  par  se  déplaire  aux  temples  trop  nus,  aux 
cérémonies  trop  sommaires  des  mennonites.  Beaucoup  de 
ses  amis  de  Belgique  et  de  Hollande  étaient  catholiques. 


le  Spreker  Willem  yod  Hildegaertsberge,  aussi  bohème  que  Rutebeuf, 
célèbre  le  mariage  en  des  termes  aussi  respectueux  que  ceux  du 
Mvinen-locp.  —  Dans  un  mémoire  couronne  par  TAcadémie  de  Bel- 
gique {Lof  van  Vondel  door  D'  de  Jager)  (MI^moires  couronnés,  in-8% 
48()5),  où  Ton  étudie  surtout  les  types  féminins  du  poète  anversoîs, 
Badeloch,  Théroîne  conjugale,  occupe  la  place  d^honneur.  —  Récem- 
ment, H.  de  Veer  dans  son  Trou'ringh  voor  'tjonge  Holland  (5*  édlt., 
Leyde,  1876),  s'inspire  à  merveille  de  ce  noble  esprit  vondélien  qui 
trouve  la  plus  réelle  poésie  dans  les  plus  humbles  devoirs  de  la  vie 
domestique. 


(  476  ) 

Ceux  qui  ne  Tétaient  pas  détestaient  comme  lui  les  que- 
relles théologiques,  répétant  avec  Ovide  :  Molesta  omnis 
argunientalio,  et,  à  tout  prendre,  s'inspiraient  plutôt  de 
Pesprit  moderne  renouvelé  par  la  Renaissance.  Puis,  dans 
son  intérieur,  Vondel  aimait  à  suivre  les  conseils  de  sa 
fille  Anna,  qui,  après  la  mort  de  sa  mère,  s'était  chargée  de 
la  conduite  du  ménage  et  des  affaires.  Or,  elle  avait  été,  on 
ne  sait  pourquoi  ni  comment,  élevée  à  Cologne  dans  le 
catholicisme,  et  elle  finit  par  se  faire  religieuse. 

Vondel  avait  le  caractère  trop  aimable,  et  ses  amis  du 
cercle  de  Muiden  étaient  trop  peu  fanatiques,  pour  que  le 
changement  de  religion  amenât  autre  chose  qu'un  peu  plus 
de  réberve.  Grâce  à  beaucoup  de  délicatesse  en  ces  matières 
délicates  de  la  conscience,  les  relations  se  maintinrent 
jusque  dans  leur  cordialité,  en  dépit  de  tout  changement 
de  culte.  On  ne  s'étonnera  donc  pas  de  rencontrer  â  cette 
date  (1642)  des  vers  charmants  adressés  â  un  protestant 
belge, Constantin  Sohier,  d'origine  montoise,etâ  sa  femme, 
Anna  Saye,  de  Tournai.  On  dirait  que  le  poète  aime  les 
Belges  uniquement  parce  qu'il  regrette  de  les  voir  séparés 
de  la  Hollande.  Il  n'eût  voulu  de  guerre  que  contre  les 
Turcs,  comme  il  le  dit  dans  son  poème  sur  le  mariage  de 
Guillaume  H  avec  Marie  Sluart,  la  sœur  de  Charles   II 
d'Angleterre.  Peut-être  alla-l-il  trop  loin  dans  ses  invec- 
tives contre  les  puritains  d'Ecosse,  qu'il  appelait  sabba- 
tistes.  Du  moins  les  chefs  de  la  régence  d'Amsterdam  lui 
en  témoignèrent  leur  mécontentement.  Le  naïf  poète  con- 
trariait leur  politique,  comme  l'auteur  du  Cid  celle  de 
Richelieu,  sans  y  songer. 

En  1645,  il  dédie  â  l'archevêque  de  Malines,  Jean  Boo- 
nen,  une  de  ses  conceptions  les  plus  grandioses  :  Altaer 


(  477  ) 

Gehefmnissen  (les  mystères  de  l'autel).  Ce  primat  de  la 
Néerlande,  qui  fut  depuis  condamné  comme  janséniste,  ne 
pouvait  pas  être  un  Tervent  admirateur  des  lettres  ni  des 
arts.  On  cite  de  lui  ce  compliment  à  Vondel  :  c  C'est  fort 
bien  ceci,  sinjenr  Vondel;  mais  vous  n'êtes  pas  encore  un 
Cats,  à  beaucoup  près  {op  verre  nae).  »  Brandt,  dans  sa 
naïve  biographie  de  Vondel,  raconte  que  l'archevêque  crut 
le  récompenser  suffisamment  en  lui  donnant  un  tableau 
religieux  de  valeur  médiocre.  Étant  à  Malines,  le  poète  alla 
visiter  l'atelier  du  jésuite  peintre  Daniel  Seghers;  l'affinité 
des  goûts  dut  rendre  l'entretien  assez  intime.  II  est  pro- 
bable que  les  deux  artistes  flamands  ont  échangé  leurs 
regrets  sur  la  durée  de  ia  guerre  fratricide  qui  ravageait 
le  nord  et  le  sud  de  la  Néerlande. 


EnBn,  la  guerre  de  Quatre-vingts  ans  allait  avoir  son 
terme.  Vondel  s'adressa  tour  à  tour  au  prince  Frédéric- 
Henri  et  aux  vrede  vaders  (pères  de  la  paix),  les  quatre 
bourgmestres  d'Amsterdam.  La  paix  de  Munster  (1648), 
tant  souhaitée,  pourrait  bientôt  être  consacrée  par  le 
beau  tableau  de  Barthélémy  Vander  Heist,  l'ami  de  notre 
poète. 

Lui-même,  au  comble  de  ses  vœux,  célébrait  le  grand 
événement  par  une  œuvre  originale  :  les  Leeuwendalers. 
A  une  lecture  fugitive,  on  est  tenté  de  n'y  voir  qu'une 
imitation  de  YAminta  du  Tasse,  et  surtout  du  Paslor  fido 
de  Guarini.  On  s'imagine  un  échange  d'élégantes  fadeurs, 
de  gracieux  compliments,  de  banalités  bien  sonores,  bien 
cadencées. 

5""*   SÉRIE,   TOME   XIV.  32 


C  478  ) 

Hais  ÂlberdiDgk-Thijm  (dans  le  Gids  de  1879)  noas 
averlil  tout  d'abord  que  c'est  le  style  essenlieilement  fla- 
mand de  Floris  et  Blanchefleur,  le  joli  roman  de  Diederik 
van  Assencde,  du  XIII*  siècle.  Les  scènes  d'amour  entre 
Hageroos  (qui  symbolise  la  Hollande)  et  Adelaert  élevé  par 
Lantskroon,  c'est-à-dire  la  Belgique  espagnole,  sont  ravis- 
santes de  fraîcheur  et  de  vérité.  Ni  mièvreries,  comme 
dans  la  pastorale  italienne,  ni  paroles  quiutessenciées, 
comme  on  pouvait  le  craindre  d'une  pièce  allégorique  et 
même  officielle.  Non,  Vondel  obéit  ici  mieux  que  nulle 
part  ailleurs  à  sa  pensée  favorite,  au  sentiment  qui  domine 
toute  sa  vie.  D'abord,  comme  chrétien,  il  voudrait  effacer 
toute  trace  de  guerre  : 

Het  zaet  van  tweedraght  teelt  zoo  wraDge  en  bittere  vruchten  (I). 

Puis,  comme  Néerlandais,  fils  d'Anversois,  il  voudrait 
que  le  Sud  (Warandier^  le  pays  des  parcs  et  des  bois) 
et  le  Nord  [Duynrijcky  le  pays  des  dunes),  gardant  leur 
autonomie,  s'unissent  pour  se  compléter  à  jamais.  Cest 
presque  la  grande  idée  du  congrès  de  Vienne,  si  mal  com- 
prise en  1815  et  si  lamentablement  compromise  en  1830. 
En  Hollande  même,  plus  d*un  critique  a  trouvé  que  Vondel, 
dans  cette  idylle  où  il  épanche  tout  son  cœur  aimant, 
donne  le  plus  beau  rôle  à  la  Belgique.  Il  ne  songeait  pas, 
sans  doute,  dans  cette  œuvre  de  circonstance,  à  blesser 
les  sentiments  du  public  entassé  au  Schouwburg  d'Amster* 


(4)  La  semence  de  discorde  doDoe  des  fruits  si  acres,  si  amers! 
—  M.  Alberdingk-Thijm  vient  de  commencer  une  très  savante  édition 
des  œuvres  de  Vondel. 


(479) 

dam.  Le  créalear  du  Déerlandais  littéraire,  le  doux  poète 
8»  fiûement  flamand  et  si  ingénument  pittoresque»  n'a  pour 
muse,  en  ce  moment,  que  la  muse  de  Virgile,  dont  il  tra- 
duit la  première  églogue  en  télé  de  sa  pièce.  Comme  le 
chantre  de  Manloue,  il  a  horreur  de  la  guerre  civile,  il  en 
a  subi  les  angoisses,  et  puisque  le  Sud  veut  la  paix,  c'est 
le  Sud  qu'il  exalte. 

Cette  véritable  passion  pour  la  paix,qu*il  célèbre  encore 
dans  la  dédicace  adressée  au  graveur  Michiel  Leblon,  agent 
de  la  reine  Christine,  a  donné  à  tous  ses  vers  une  suavité 
pénétrante,  une  ardeur  communicalive.  Que  nous  sommes 
loin  des  raffinements  disparates  de  Granida,  la  pastorale 
de  HooftI  N'est-ce  pas  plutôt,  par  endroits,  une  éclatante 
Kermesse  où  vibre  la  couleur  de  Rubens  Tunique?  Que 
toutes  ces  bergeries  sont  vraies,  palpitantes  de  vérité,  et 
comme  on  sent  que  les  moindres  personnages  de  la  pièce, 
Wouter,  le  messager,  Warner  et  Govert,  les  paysans  que- 
relleurs de  la  frontière,  Kommerijn,  la  nourrice,  et  même 
les  personnages  du  chœur,  sont  peints  d'après  naturel  II  y 
a  là  ce  coloris  gai  et  clair,  ce  réalisme  de  la  chair  vivante 
et  frémissante  qu'on  admire  dans  Rubens  (1).  Là  comme 
ici,  ce  qui  triomphe,  c'est  un  art  sâr  de  lui-même,  fidèle 
aussi  jusqu'au  bout  à  la  pensée  qu'il  a  mission  de  traduire. 
Un  souffle  lyrique  traverse  cette  molle  idylle  où  plus  d'un 


{{)  Quand  on  oppose  Rembrandt  le  Hollandais  à  Rubens  le  Belge, 
ne  faut- il  pas  aussi  songer  qu*à  tout  le  moins  Vondel  a  le  coloris 
belge  dans  son  néerlandais  classique?  —  Pour  mieux  admirer  ce 
réalisme  obstine  jusque  dans  Tallégorie,  voyez  ce  qu'il  y  a  de 
vague  dans  rallcgorie  :  Flamands  et  Wallons,  jouée  à  Bruxelles  au 
VUuunsche  Schonwburg,  le  22  octobre  dernier. 


(  480  ) 

détail  semble  bien  rustique;  mais  ce  qui  eunoblit  cette  car- 
nation rutilante,  c*est  la  pensée  si  chrétienne  de  la  con- 
corde. 

Pais  en  vré^  paii  et  concorde,  c'est  la  conclusion  des 
Leeuwendalers.  Le  chœur  termine  par  ces  paroles  :  c  Nord 
et  Sud  sont  enfin  réunis.  La  Discorde  est  en  fuite;  l'union 
est  indissoluble;  la  prospérité  est  inépuisable  (1).  >  C'est 
pour  ces  strophes  que  Brandt  a  pu  dire  que  son  vénérable 
ami  savait  unir  la  douceur  et  le  grandiose  :  Zoetvloeijent" 
heit  met  hooghdraventheiL  Quant  aux  Belges  qui  n'ont 
pas  oublié  l'une  de  nos  deux  langues  nationales,  avec  quel 
ravissement  ils  retrouvent  ici,  sous  des  termes  familiers  à 
nos  patois,  un  sentiment  généreux,  une  haute  pensée! 
Deux  ans  plus  lard,  Vondel  a  lui-même  donné  la  théorie  du 
style  grand  à  force  d'être  simple,  éloquent  par  la  précision 
même  technique,  dans  son  aimable  et  paternel  traité  : 
Aenleidinge  ter  nederduitsche  dichtkunste  (Introduction  à 
la  poésie  néerlandaise  (1650). 

Il  recommande  d'abandonner  l'afféterie  rhétoricale  et 
de  remonter  jusqu'à  la  vieille  langue,  si  libre,  si  coulante 
et  si  facile  en  son  (our  :  natuerlijcke  vrijpostigheity  vloient- 
heit  en  bevalijcken  zwier.  Avec  quel  tact  il  prémunit  contre 
la  manie  des  composés  et  des  dérivés,  dont  la  fausse  richesse 
abuse  aujourd'hui  tant  de  jeunes  écrivains!  Avec  quelle 
bonhomie  spirituelle,   pour   recommander  Télude  et  la 


(1)  «  De  Koeicn  gcven  meick  en  room  : 

Het  is  ai  boter  tôt  den  boom.  » 

—  Cela  sent,  dit  Hofdijk,  Taubépine,  les  fleurs  de  prairie,  le  tilleul 
et  le  saule. 


(  481  ) 

patience,  il  donne  Texemple  des  poules  mettant  la  tête  en 
Pair  pour  humer  et  savourer  {met  smaeck  en  nastnaeck 
drincken)  et  des  moutons  bien  portants  qui  remàcbenl  et 
ruminent  Therbe!  En  tout  ce  qu'il  dit^  en  tout  ce  qu'il  fait, 
on  voit  prévaloir  la  simplicité,  la  franchise  de  nos  vieux 
peintres.  En  vérité,  quand  il  semble  s'abaisser  ainsi,  il  n'en 
montre  que  plus  de  souplesse  pour  se  redresser  jusqu'à 
l'idéal.  Même  quand  l'oiseau  marche,  on  sent  qu'il  a  des 
ailes. 

Ce  4  faire  flamand  >  a  plus  de  charme  encore  quand  il 
l'applique  à  ses  études  de  Virgile  et  d'autres  poètes  de  l'an- 
tiquité, ou  bien  encore  quand,  au  paroxysme  de  son  élan 
lyrique,  comme  dans  son  beau  mystère  de  Lucifer  (1), 
digne  d'inspirer  Mil  ton,  il  dit  des  choses  pindariques  ou 
escbyléennes  dans  un  flamand  qu'on  dirait  l'anversois 
d'aujourd'hui. 

Soit  qu'il  fêfe  le  sacre  de  l'évêque  de  Bruges  (Karel  van 
den  Bosch,  de  Bruxelles),  ou  Anvers,  la  ville  de  ses  pères, 
ou  les  triomphes  de  l'amiral  Tromp,  ou  les  écrits  de  Karel 
van  Mander  (de  Meulebeke),  ou  les  acteurs  de  l'archiduc 
Léopold,  gouverneur  des  Pays-Bas,  ou  le  prieur  Karel 
Couvrechef,  d'Anvers,  ou  notre  Rubens,  ou  notre  Arthur 
Quellijn,  ou  notre  Roland  de  Lattre,  quelque  sujet  qu^l 
aborde,  il  le  maîtrise  sans  eflbrt,  ne  s'inspirant  que  de  son 
cœur  aimant,  ne  forçant  rien  de  sa  langue  plébéienne.  Aussi 
coloré,  aussi  original,  aussi  mouvementé  en  prose  qu'en 
vers,  il  offre  partout  des  modèles.  On  peut  glaner  dans  ses 


(1)  ffoUdndischen  jEtekylut,  dit  D*  \ào\{  Glazer,  de   Brunswick 
(Herrig*s  Archiv.,  t.  XXFI). 


(  482  ) 

moindres  bluetles.  Cest  l'accord  d'une  belle  àme  et  d'un 
beau  langage.  A  92  ans,  il  ne  sent  pas  encore  la  plume 
trembler  entre  ses  doigts,  c  C'est  Vondel,  dit  un  autre 
roatlre,  Nicolas  Beets,  qui  nous  révèle  le  mieux  toutes  les 
ressources  de  notre  idiome;  c'est  lui  qui  a  créé  un  néer- 
landais pur,  lumineux,  transparent  et  sonore;  c'est  lui  qui 
doit  être  le  guide  de  tous  nos  écrivains.  » 

Lorsque,  en  1654,  les  peintres  de  la  gilde  Saint-Luc 
lui  offraient  solennellement  la  couronne  de  laurier,  après 
avoir  bien  souvent  cherché  à  reproduire  sur  toile  les  traits 
si  honnêtes  et  si  doux  du  Vader  Hooftpoeet  (père  et  chef 
des  poètes),  ils  reconnaissaient  la  solidarité  de  la  Peinture 
et  de  la  Poésie.  N'était-ce  pas  le  propre  de  Vondel  de  tout 
peindre  à  la  pensée,  de  même  que  Rubens,  qu'il  appelait 
le  phénix,  excellait  à  faire  paraître  aux  yeux  les  allégories 
et  les  conventions  les  plus  subtiles? 

Au  génie  pictural  de  sa  race,  Vondel  sut  associer  quel- 
quefois une  noblesse  singulièrement  sculpturale  dans  ses 
tragédies,  qu'il  ne  Tant  juger  ni  d^après  nos  classiques,  ni 
d'après  nos  romantiques.  Or,  le  style  est  si  bien  l'homme, 
que  si,  comme  on  l'a  vu,  l'écrivain  unit  la  familiarité  au 
sublime,  on  en  peut  dire  autant  de  ce  boutiquier  employé 
par  miséricorde  au  Mont-de-Piété  d'Amsterdam  et  gar- 
dant sa  sérénité  chrétienne,  sa  majesté  poétique,  dans  des 
embarras  qui  semblaient  faits  pour  humilier  et  démo- 
raliser. 

Iji  vie  de  Vondel  (mort  le  8  février  1679,  presque  cen- 
tenaire) apparaît  comme  un  triomphe  de  la  vertu  et  du 
génie,  à  travers  beaucoup  d'épreuves  et  beaucoup  de  mau- 
vais exemples.  N'a-t-il  pas  résisté  à  ceux  de  ses  amis  bra- 
bançons de  la  Lavendelbloem,  Heyns,  Van  Mander,  De 


(  483  ) 

Koningb,  Serwouters,  Jan  Kolm  et  bien  d*autres?  Ferme 
eD  ses  desseins,  tenax  propositi^  comme  dit  un  des  poètes 
qu'il  admirait,  il  a  réalisé  pour  son  compte  ce  que  ses 
contemporains  ne  cherchaient  pas,  et  ce  qu'aujourd'hui 
même  Ton  ne  trouve  pas  communément  :  la  conciliation 
du  grand  et  du  vrai. 

Et  pour  ce  qui  concerne  particulièrement  la  Belgique, 
ne  paye-t-elle  pas  un  peu  la  rançon  de  sa  décadence  espa- 
gnole, puisque,  comme  l'honnête  Boonen,  archevêque  de 
Malines,  elle  Tait  encore  toujours  penser  au  proverbe  : 
Cals  wordt  gelezen  en  Vondel  geprezen  (on  lit  Cats,  et  Ton 
se  borne  à  louer  Vondel)? 

H  faudra  pourtant  que,  dans  le  peuple  flamand ,  on 
s'accoutume  enfin  à  reconnaître  le  véritable  interprète  de 
la  race. 

Mais  cela  soit  dit,  comme  le  voulait  Vondel  lui-même, 
zonder  gai,  zonder  ergwaen,  sans  Gel,  sans  amertume. 
Est-ce  que  la  fête  que  l'on  a  célébrée  à  Anvers  n'est  pas 
de  bon  augure?  Est-ce  que  ce  seul  projet  ne  prouve  pas 
combien  nous  voulons  nous  affranchir  de  nos  vieux  pré- 
jugés? Puissions-nous  aussi,  en  relisant  ou  en  revoyant 
ces  Leeuwendalers,  hymne  triomphal  à  la  paix,  pénétrer 
jusqu'à  la  source  sacrée  de  l'inspiration  du  poète  qui,  dans 
le  Belgium  fœderatnm  de  1579,  aimait  à  rêver  l'alliance 
de  la  Belgique  et  de  la  Hollande! 


(  484  ) 


DES  BEAVX-ARTS. 


Séance  du  6  octobre  1887, 

M.  C.-A.  Fraikin,  directeur. 
M.  LuGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Alex.  Robert,  vice -- directeur  ; 
Éd.  Fétis,  Ern.  Slingeneyer,  F.-A.  Gevaert,  Ad.  Samuel, 
Godf'r.  Guffens,  Jos.  Schadde,  Th.  Radoux,  Joseph  Jaquet, 
J.  Demannez,  Ch.  Verial,  G.  De  Groot,  Gustave  Biol, 
H.  Hymans,  le  chevalier  Edm.  Marchai,  membres;  Joseph 
Slallaert  et  J.-B.  Meunier,  correspondants. 

M.  Mailly,  membre  de  la  Classe  des  sciences,  assiste  à  la 
séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  TAgriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  transmet  une  copie  du  procès-verbal  de 
la  séance  tenue  par  le  jury  pour  le  jugement  du  grand  con- 
cours de  composition  musicale. 


(  485  ) 

—  Le  premier  prix  a  élé  décerné  à  M.  Pierre  Heckers, 
de  Gand. 

Un  second  prix  a  été  voté,  en  partage,  à  M.  Paul  Lebrun, 
de  Gand,  et  à  M.  Edmond  Lapon,  d'Ostende. 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  donne  connaissance  des 
résolutions  du  jury  chargé  de  juger  le  double  concours 
des  cantates  devant  servir  de  thème  aux  concurrents  pour 
le  grand  prix  décomposition  musicale. 

Le  prix  des  cantates  françaises  a  été  décerné  à  M.  Louis 
de  Casembroot,  secrétaire-adjoint  et  bibliothécaire  du  Con- 
servatoire royal  de  Bruxelles,  pour  son  poème  intitulé  : 
Les  Suppliantes. 

Le  prix  des  cantates  flamandes  a  été  décerné  à  M.  J.  Van 
Droogenbroeck,  chef  de  bureau  à  la  Direction  des  lettres, 
des  sciences  et  des  arts  du  Ministère  de  l'Agriculture,  de 
rindustrie  et  des  Travaux  publics,  pour  son  poème  intitulé  : 
De  Morgen. 

—  M.  H.  Hymans  remet  pour  le  prochain  Annuaire  sa 
notice  biographique  sur  Joseph  Franck,  ancien  membre  de 
la  section  de  gravure.  —  Remerciements. 


(  486  ) 


JUGEMENT  DU  CONCOURS  ANNUEL  (1887). 


ART  Am^ifiué. 

Peinture. 

Neuf  carions  ont  été  reçus  pour  une  frise  décorative  à 
placer  à  5  mètres  d'élévation  : 

Les  nations  du  globe  apportant  à  la  Belgique  les  produits 
de  leurs  sciences^  de  leurs  arts  et  de  leur  industrie. 

Un  prix  de  mille  francs  était  attribué  à  ce  concours 
national. 

Les  cartons  portaient  pour  devises  ou  marques  distinc- 
tives  : 

N*'  1 .  Peindre  au  dessiner  toujours  ; 

S.  Bramo  assaiy  poco  spero; 

5.  Sapientia; 

4.  Voorwaarts; 

5.  La  lettre  A  dans  un  triangle  ; 

6.  Vn  double  cercle  guilloché; 

7.  Belgique; 

8.  Une  croix  et  une  ancre; 

9.  Pour  l'art. 

La  Classe,  ratifiant  la  proposition  unanime  de  la  section 
de  peinture,  a  décerné  le  prix  à  M.  Joseph  Middeleer,  à 
Bruxelles,  Tauteur  du  n*"  4  :  Voorwaarts. 


(487) 


Gravure  en  médailles. 

Lai  Classe  des  beaux-arts  avait  proposé  comme  sujet  le 
<  médailloo  préalable  à  une  médaille  destinée  aux  lauréats 
des  concours  ouverts  par  l'Académie  >. 

Aucun  projet  n'a  été  reçu. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Slallaert  donne  lecture  d'une  note  qui  se  rapporte 
aux  modifications  réglementaires  des  grands  concours, 
question  dont  la  Classe  est  saisie  depuis  quelque  temps. 

—  M.  Hymans  fait  part,  au  nom  de  M.  A.  BertoloUî, 
conservateur  des  Archives  de  TËtat,  à  Mantoue  (Italie),  des 
démarches  faites  par  ce  savant  auprès  de  la  municipalité 
romaine,  en  vue  de  faire  donner  le  nom  de  Rubens  à  Tune 
des  rues  de  la  capitale.  M.  Bertolotti  propose  la  via  délia 
Croce,  qui  fut  habitée  par  Rubens  durant  son  séjour  à 
Rome. 

Les  journaux  italiens  ont  fait  le  meilleur  accueil  à  la 
proposition. 


(  488  ) 


DES  BEAVX-ARTS. 


Séance  du  27  octobre  4881. 

M.  C.-A.  Fraikin,  directeur. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Alex.  Robert,  vice  "directeur; 
Éd.  FétiS)  le  chevalier  Léon  de  Burbure,  Ern.  Slingeneyer, 
F.-A.  Gevaerl,  Ad.  Samuel,  Ad.  Pauli,  Godfr.  Guflens, 
Jos.  Scbadde,  Joseph  Jaquet,  J.  Demannez,  P.-J.  Clays, 
Charles  Yerlat,  Gustave  Biol,  H.  Hymans,  le  chevalier 
Edm.  Marchai,  membres;  Alex.  Markelbach  et  Jos.  Du  Caju, 
correspondants. 

M.  le  directeur  annonce  que  M.  Ëm.  Wauters,  membre 
de  la  Classe,  vient  d'être  élu  correspondant  de  l'Académie 
des  beaux^arts  de  l'Institut  de  France. 

Il  fait  savoir  aussi  que  le  Musée  des  Offices,  à  Flo- 
rence, a  demandé  à  quatre  membres  de  notre  Académie, 
MM.  Slingeneyer,  Guffens,  Yerlat  et  Ém.  Wauters,  de  lui 
envoyer  leurs  portraits,  qui  seront  placés  dans  la  galerie 
des  peintres  célèbres.  —  Applaudissements. 


(489) 


CORRESPONDANCE. 


Par  une  lettre  du  Palais,  LL.  MM.  le  Roi  et  la  Reine 
font  exprimer  leurs  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
séance  publique  de  la  Classe. 

LL.  AA.  RR.  le  Comte  et  la  Comtesse  de  Flandre  font 
exprimer  des  regrets  semblables. 

MM.  les  Ministres  de  Tlntérieur,  de  PAgriculture,  de 
rindustrie  et  des  Travaux  publics,  des  Affaires  étrangères, 
des  Chemins  de  fer,  Postes  et  Télégraphes,  écrivent  égale- 
ment qu'ils  regrettent  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  fait  savoir  qu'il  aura  le 
plaisir  d*y  assister. 

—  M.  le  Ministre  de  TAgriculture,  de  Tlndustrie  et  des 
Travaux  publics  transmet,  comme  suite  à  la  demande 
de  la  commission  de  publication  des  œuvres  des  grands 
musiciens,  une  première  série  des  Bulletins  formant  le 
résultat  des  recherches  que  M.  Edmond  Yander  Straeten 
a  faites  au  Musée  de  Leyde  et  à  la  Ribliothèque  royale  de 
Munich.  —  Renvoi  à  la  commission  précitée. 

—  M.  Joseph  Middeleer  remercie  la  Classe  pour  le 
prix  accordé  à  son  carton  du  concours  d*arl  appliqué. 

—  M.  Marchai  présente  pour  VAnnuaire  sa  notice 
biographique  sur  Joseph  Geefs.  —  Remerciements. 


(  490) 


RAPPORTS. 


M.  Joseph  Martin,  de  Visé,  soumet  une  note  manu* 
scrite  intitulée  :  Proposition  (Tune  base  harmonique.  — 
Renvoi  à  la  section  de  musique»  qui  fait,  séance  tenante^ 
un  rapport  concluant  au  dépôt  dans  les  archives. 


PRÉPARATIFS  DE   LA   SÉANCE   PUBLIQUE. 

Conformément  à  Tarticle  15  du  règlement  de  la  Classe^ 
M.  Fraikin  donne  lecture  du  discours  qu*il  se  propose  de 
prononcer,  en  sa  qualité  de  directeur,  dans  la  séance 
publique  annuelle  fixée  au  dimanche  30  octobre,  à  1  heure 
et  demie. 


•^<i 


(  ^9i  ) 


CLASSE  DES  BEAUX-ARTS. 


Séance  publique  du  dimanche  50  octobre  1887. 

M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 
M.  Fraikin,  directeur  de  la  Classe. 

Prennent  également  place  au  bureau  :  M.  Robert,  vice- 
directeur  de  la  Classe;  M.  J.  De  Tilly,  directeur  de  la 
Classe  des  sciences^  président  de  l'Académie. 

Sont  présents  :  MM.  Éd.  Félis,  Ernest  Slîngeneyer, 
F.-A.  Gevaert,  Ad.  Samuel,  God.  Guflens,  Th.  Radoux, 
Jo8.  Jaquet,  Jos.  Demannez,  P.-J.  Clays,  G.  De  Groot, 
Gustave  Btot,  H.  Hymans,  le  chevalier  Edm.  Marchai, 
membres;  Joseph  Slallaerl,  correspondant. 

Assistent  à  la  séance  : 

Classe  des  sciences.  —  MM.  Fr.  Crépin,  vice^irecteur; 
Gluge,  J.  C.  Houzeau,  G.  Malaise,  F.  Folie,  Éd.  Mailly, 
G.  Van  der  Mensbrugghe,  membres;  Ch.  de  la  Vallée- 
Poussin,  associé;  A.  Renard,  correspondant. 

Classe  des  lettres.  —  MM.  P.  De  Decker,  Ch.  Faider, 
Th.  Juste,  Alph.  Wauters,  Ch.  Piot,  membres;  A.  Rîvier, 
associé. 


(  492  ) 


Les  prix  de  Rome^.leur  institution  et  leur  but;  discours 
par  C.-A.  Fraikin,  directeur  de  la  Classe  des  beaux- 
arts. 

Mesdames,  Messieurs, 

La  solennité  à  laquelle  nous  vous  avons  conviés  com- 
porte un  double  caractère  :  elle  est,  tout  à  la  fois,  la  fête 
des  récompenses  et  la  fête  de  Tintelligence. 

En  ma  qualité  de  directeur  de  la  Classe  des  beaux-arts, 
la  tâche  m'incombe  de  prononcer  une  allocution. 

Les  collègues  qui  m'ont  précédé  au  fauteuil  vous  ont 
entretenus  du  sujet  favori  de  leurs  études  ou  de  leurs 
travaux.  Ils  vous  ont  exprimé  le  mouvement  et  les  progrès 
des  branches  des  arts  qui  sont  Tobjet  de  leurs  préoccupa- 
tions constantes,  et,  qui,  par  leur  coordination,  forment  le 
domaine  intellectuel  de  la  Classe  dont  j'ai  Thonneurde 
présider  les  travaux  cette  année. 

Ma  mission  serait  donc  de  vous  parler  de  la  sculpture, 
l'aspiration  et  le  but  suprême  de  toute  mon  existence. 
Mais  une  étude  pareille  exige  beaucoup  d'érudition  et 
rentre  plutôt  dans  le  domaine  du  livre  que  dans  celui  du 
discours.  Je  n'entends  pas,  au  surplus,  abuser  de  vos 
moments,  car  notre  ordre  du  jour  comporte  une  partie 
musicale  que  la  plupart  d'entre  vous  attendent  avec  une 
légitime  impatience. 

C'est  aux  jeunes  lauréats,  qui  ont  si  vaillamment  conq  uis 
les  couronnes  et  les  palmes  que  nous  allons  leur  décerner. 


(  493) 

que  je  désire  donner  quelques  conseils,  qui,  je  Tespère, 
pourront  avoir  une  certaine  influence  sur  leur  carrière  au 
moment  où  ils  vont  faire  leur  entrée  dans  le  monde  des 
artistes.  Je  me  bornerai ,  à  ce  sujet,  à  quelques  réflexions 
sur  les  grands  concours  de  peinture,  de  sculpture,  d*archi- 
tecture  et  de  gravure. 

A  en  juger  par  certaines  œuvres  soumises  à  l'Acadé- 
mie depuis  peu  d'années,  à  litre  d'envois  réglementaires 
par  des  lauréats  des  grands  concours,  il  semble  que  ces 
pensionnaires  du  Gouvernement  méconnaissenl  ou,  tout  av 
moins,  perdent  de  vue  le  but  de  l'institution  des  bourses 
de  voyage. 

Il  est  utile,  toul  d'abord,  de  faire  remarquer  que  ces 
bourses  sont  plus  qu'une  récompense,  puisqu'elles  compor- 
tent, outre  la  distinction  honorifique  qui  y  est  attachée, 
des  moyens  pécuniaires  qui  doivent  être  considérés  comme 
une  bonne  fortune  dans  la  vie  de  l'artiste.  Elles  ont  donc 
été  créées  en  vue  d'aider  les  lauréats  à  se  perfectionner 
dans  leurs  études,  en  les  mettant  à  même  d'aller  visiter 
les  grands  musées  de  l'Europe,  notamment  ceux  de  l'Ita- 
lie, cette  contrée  classique  des  chefs-d'œuvre  de  l'anti- 
quité et  de  la  Renaissance. 

Comme  vous  le  savez,  grâce  à  la  libéralité  du  Gouver- 
nement, les  lauréats  des  prix  de  Rome  jouissent,  pendant 
quatre  années,  d'une  pension  qui  s'élève  de  4,000  à 
5,000  francs.  Aux  termes  du  règlement,  ils  ne  sont  tenus 
lie  voyager  que  durant  trois  années;  pendant  la  quatrième 
année,  le  montant  de  leur  bourse  d'étude  leur  est  concédé, 
à  titre  de  libéralité,  sans  qu'ils  soient  astreints  à  d'autres 
obligations. 
•  Les  lauréats  des  prix  de  Rome  semblent  croire  actuelle- 
ment que,  dès  qu'ils  ont  pu  satisfaire  ^  Texamen  sommaire 

3**  SÉRIE,  TOUR  XIV.  3«3 


(  494  ) 

sur  les  branches  lilléraires  et  historiques  indispensables  à 
leur  art  —  examen  qui  leur  esl  imposé  avant  rentrée  en 
jouissance  de  leur  pension  —  ils  sont  dégagés  de  toute  autre 
obligation  que  celles  prescrites  par  le  règlement.  Or, 
celles-ci  se  bornent  à  six  rapports  semestriels,  dans  lesquels 
les  pensionnaires  consignent  les  réflexions  esthétiques  qui 
leur  ont  été  suggérées  pendant  leurs  voyages,  et  à  un  ou 
deux  envois  réglementaires  ou  envois-copies,  que  l'État 
rétribue  largement  lorsque  ces  œuvres  en  sont  jugées 
dignes. 

Rien  n'est  plus  erroné  que  cette  manière  de  voir. 

Les  grands  prix  de  peinture,  de  sculpture,  d  architecture 
et  de  gravure,  constituent  la  plus  haute  récompense  à 
laquelle  puissent  aspirer  les  jeunes  artistes.  C'est,  en 
quelque  sorte,  une  récompense  nationale,  car  ce  sont  les 
deniers  de  l'Ëtat  qui  servent  à  la  payer  :  c'est  le  pays  tout 
entier  qui  contribue  à  la  former.  Donc,  si  le  Gouvernemeoi 
distrait,  chaque  année,  du  budget  de  l'État,  la  somme 
nécessaire  pour  aider  les  lauréats  à  parfaire  leur  éduca- 
tion artistique,  le  pays  est  en  droit  d'exiger  que  ce  ne  soit 
pas  en  pure  perte. 

C'est  donc  en  vue  de  perfectionner  leur  talent  dans  ses 
dernières  limites,  c'est-à-dire  en  leur  assurant  les  moyens 
de  se  former,  par  l'appréciation  des  chefs-d'œuvre  tant 
aflcieiis  que  modernes,  une  synthèse  d'idées  ou  un  senti-^ 
ment  personnel,  autant  sous  le  rapport  de  l'interprétation  . 
de  la  nature  dans  son  sens  réel  que  pour  la  composition 
artistique,  que  les  prix  de  Rome  ont  été  créés. 

De  toutes  les  carrières,  aucune  ne  se  prête  moins  à 
se  former,  au  point  de  vue  méthodique,  que  celle  de 
l'ariisie.  La  culture  de  Tart,  en  son  essence,  procède  d'un 
itUinct  ou  d'une  disposition  propre  à  certaines  organisa- 


(  ^^3  ) 

lions,  c'est-à-dire  :  la  vocalion.  Mais  il  ne  suffit  pas,  pour 
se  diriger  dans  cette  carrière,  de  se  livrer  seulement 
aux  inspirations  naturelles  et  de  se  borner  aux  principes 
méthodiques  puisés  sur  les  bancs  de  Técolc;  il  faut  encore 
enrichir  suffisamment  son  imagination  par  tous  les  élé- 
ments de  nature  à  susciter  et  à  réaliser  les  grandes 
pensées. 

La  peinture,  la  sculpture,  farchitecture,  ne  sauraient 
subsister  s*ils  n'étaient  inspirées  par  des  sujets  d'ordre 
moral  ou  matériel,  auxquels  concourt  ce  riche  ensemble 
d'idées  que  Ton  appelle  l'imagination  ou  la  pensée  humaine. 
La  perfectibilité  de  chacune  de  ces  manifestations  de  l'art 
a  toujours  marché  conjointement  avec  le  mouvement  pro- 
gressif de  l'intelligence.  Chacune  de  ces  branches  répond, 
non  seulement  à  un  besoin,  mais  aussi  à  une  nécessité 
d'ordre  social;  autrement  dit,  fart  a  sa  place  marquée 
dan^  la  marche  de  la  civilisation.  Il  en  a  même  été  tou- 
jours un  des  plus  puissants  éléments  moralisateurs,  car 
rimage,  reproduite  par  la  pierre,  le  marbre  ou  le  pinceau, 
a  dû  devancer  lexpression  de  la  pensée  par  récriture.  Aussi, 
n'est-ce  pas  sans  raison  que  la  sculpture,  entre  autres, 
aux  temps  reculés,  était  appelée  :  l'image  ou  le  miroir  de 
l'univers. 

Hais  l'étude  seule  de  la  nature  ne  suffit  pas  à  la  réali- 
sation de  ces  manifestations.  Il  faut  encore  que  l'artiste 
sache  créer  des  sujets,  coordonner  des  faits  ou  des  idées 
pour  en  composer  une  synthèse.  Il  doit  pouvoir  réaliser  sur 
la  toile  ou  par  le  marbre  ce  que  la  plume  rend  dans  le 
domaine  de  l'histoire  et  de  la  littérature. 

£n  s'abslenani,  comme  elle  Ta  fait  jusqu'ici,de  prescrire 
aux  candidats  pour  les  prix  de  Rome  un  examen,  même 
des  plus  sommaires,  sur  les  connaissances  historiques  et 


(  496  ) 

liltéraircs,  TAcadémie  a  fait  chose  sage  et  prudente.  En 
élevant  cette  barrière,  que  tous  les  jeunes  artistes  ne  sont 
pas  toujours  à  même  de  franchir,  elle  aurait  pu  empêcher, 
peut-être,  Téclosion  d'organisations  heureusement  douées 
uniquement  au  point  de  vue  de  Part,  mais  qui,  par  des 
circonstances  indépendantes  de  leur  volonté,  n'auraient 
pu  être  à  même  de  se  mettre  au  courant  des  études  clas- 
siques. C'est  pour  cette  raison  que  le  règlement  ne  prescrit 
d'examen  que  lorsque  le  lauréat  est  prêt  à  entrer  en  jouis- 
sance de  sa  bourse  de  voyage. 

Mais  l'obtention  du  prix  de  Rome  constitue  une  sorte 
de  maîtrise,  une  consécration  artistique,  et,  dès  lors,  le 
lauréat  doit  être  à  la  hauteur  de  ce  que  le  pays,  la  société, 
est,  en  droit  de  réclamer  de  lui. 

S'il  fallait  s'en  rapporter  à  un  certain  courant  d'idées 
qui  s'est  produit  de  nos  jours  en  fait  d'art,  il  semblerait 
que  la  grande  peinture,  que  la  grande  sculpture,  que  l'art 
monumental  proprement  dit,  enfln,  ne  seraient  plus  de 
notre  temps.  Le  grand  art  ne  meurt  jamais  :  il  est  de  toutes 
les  époques;  mais  si  ses  manifestations,  si  ses  tendances 
subissent  les  fluctuations  de  tout  ce  qui  est  subordonné 
à  la  marche  des  idées,  son  côté  moral  et  humanitaire, 
son  côté  sublime  reste  éternellement  debout,  comme  la 
Vérité. 

S'il  faut  une  justification  à  Tappui  du  sentiment  que 
j'e;Eprime  au  sujet  du  courant  actuel  des  idées,  on  la  trou- 
vera dans  les  motifs  émis  à  propos  de  la  création  d'un 
Institut  pour  le  haut  enseignement  artistique  en  Belgique» 
que  renferme  le  dernier  rapport  annuel  sur  les  travaux  de 
l'Académie  royale  des  beaux-arts  d'Anvers  : 

c  Dans  ces  derniers  temps  —  dit  ce  rapport  —  le 
>  respect  des  principes  qni  concourent  au  maintien  de 


(  497  ) 

Tunilé  enire  les  clifférenles  branches  de  Tart  o(  à  leur 
véritable  élévation,  s*était  considérablement  amoindri  : 
la  virtuosité  dans  la  pratique  semblait  être  le  dernier 
mot  du  but  à  atteindre;  de  là,  dans  tous  les  genres,  cette 
éclosion  dev productions  faciles,  sans  vie,  sans  expression 
ni  pensée. 

>  Jamais  Tart — comme  le  fait  encore  si  judicieusement 
remarquer  ce  môme  document — n'atteignit  des  som- 
mets plus  hauts  qu'à  l'époque  glorieuse  de  notre  histoire 
où  la  peinture,  la  sculpture,  Tarchitecture,  étroitement 
unies  à  la  science,  concouraient  toutes  à  la  fois  à  la 
grandeur  de  l'œuvre.  » 
Si  la  marche  constante  des  faits  sociaux  nous  éloigne  à 
grands  pas  des  époques  qui  ont  servi  d'inspiration  à  tant 
de  grandes  pages  historiques  ou  religieuses,  formanl  la 
richesse  artistique  du  pays,  Tétat  actuel  de  la  société  nous 
offre  d'autres  sujets  mémorables  tout  aussi  dignes  d'être 
l'objet  des  pensées  des  jeunes  artistes. 

N'oublions  pas  que  c'est  aux  grandes  écoles  qui  ont 
brillé  en  Belgique  que  celle-ci  doit  sa  gloire  la  plus  pure 
et  la  plus  enviable;  c'est  aux  maitres  de  ces  écoles  qu'elle 
est  redevable  de  son  droit  de  cité  artistique  parmi  les 
principales  nations  européennes. 

Nous  vivons  à  une  époque  où,  d'un  côté —  selon  l'essor 
que  certaines  écoles,  si  funestes  aux  jeunes  artistes,  veulent 
imprimer  à  l'art  —  la  toile  hâtivement  brossée,  Tébauche 
sculpturale  à  peine  modelée,  la  conception  architecturale 
sans  caractère  propre  au  point  de  vue  des  styles  définis, 
sont  exallées  comme  étant  la  vraie  expression  de  l'art; 
d'un  autre  côté,  d'après  les  mêmes  novateurs,  le  sujet 
d'un  lableau  ou  d'un  groupe,  sous  le  rapport  de  l'idée  ou 
de  la  conception,  est  laissé  complètement  de  côté»  pour 


(  498  ) 

être  remplacé  par  des  compositions  le  plus  souvent  d*une 
pauvreté  absolue  d'idées.  Il  semblerait  donc  que  tout  ce  qui 
a  été  exécuté  jusqu'ici,  en  fait  de  chefs-d'œuvre,  à  toutes  les 
époques,  que  tout  ce  qui  a  été  écrit  pour  le  développement 
du  sentiment  du  beau,  n'a  plus  de  raison  d*étre  pour  Tédu- 
cation  des  jeunes  artistes! 

Que  serait  devenu  Tari,  lors  de  ce  retour  passionné 
à  Tanlique  qui  a  si  brillamment  inauguré  les  temps 
modernes,  si  les  artistes  du  commencement  du  XVI'  siècle 
avaient  pensé  de  la  même  manière  que  les  novateurs 
actuels?  Nous  n'aurions  eu,  peut-être,  ni  Rubens,  ni 
Collyns,  ni  Jean  Bologne,  ni  François  Du  Quesnoy,  ni  tant 
de  célèbres  maîtres  flamands  qui  s'inspirèrent  si  longue- 
ment en  Italie  des  œuvres  de  leurs  illustres  devanciers! 
Ces  maîtres  ne  se  contentaient  pas  de  peindre  ou  de 
sculpter,  l'érudition  marchait  de  pair  chez  eux  avec  la 
pratique  de  leur  art. 

La  virtuosité  qui  sacrifie  l'art  au  procédé  technique,  et 
auquel  tend  la  jeunesse  artistique,  ne  peut  donc  qu'être 
néfaste  non  seulement  au  but  que  celle-ci  veut  atteindre,  si 
elle  est  sincère  dans  ses  intentions  d'aider  au  progrès  des 
arts,  mais  encore  au  but  réel  de  l'art.  Si,  parfois,  les 
anciens  ont  péché  par  un  excès  de  maniérisme  ou  par  l'abus 
des  principes  conventionnels  classiques,  dans  la  recherche 
du  beau,  certains  de  nos  modernes  sont  tombés  dans  l'excès 
contraire  dont  ils  voudraient  faire  la  règle.  Les  réalistes, 
en  ne  choisissant  que  les  côtés  matériels  de  la  nature,  ne 
sauront  jamais  arriver  à  un  niveau  plus  élevé  que  la  banalité 
ou  la  vulgarité  dans  le  langage. 

Chaque  jour  ces  adeptes  mettent,  autant  dans  le  choix 
de  leurs  sujets  que  dans  leur  sentiment  de  la  couleur,  des 
effets  que  l'on  rechercherait  vainement.  Aussi,  sons  le  pré- 


C  ^99  ) 

texte  d'établir  la  vérité  dans  l'art,  ils  sont  tombés  dans  la 
même  licence  que  certaine  littérature  où  Ton  ne  s'occupe 
que  des  sens,  au  lieu  des  sentiments  qui  ennoblissent,  et 
que  réprouvent  les  organisations  ayant  le  souci  de  leur 
dignité  morale.  Que  les  lauréats  des  prix  de  Rome  se  garent 
donc  de  celte  voie  funeste,  qui  ne  peut  que  farre  tache 
dans  notre  histoire  artistique. 

La  virtuosité  actuelle,  ou  cette  manière  de  sacrifier  tout 
à  l'effet  à  produire,  dérive  malheureusement  d'une  absence 
complète  de  sentiment  personnel  de  l'observation;  elle 
découle  également  autant  de  l'étude  imparfaite  des  œuvres 
des  grands  maîtres  que  de  celle  de  la  nature  prise  dans 
son  sens  réel;  elle  est  le  résultat,  enfin,  pour  certains 
lauréats,  du  manque  de  connaissances  historiques  et  litté- 
raires sufiisantes  pour  connaître  le  passé  de  Tart  et  ses 
utiles  enseignements. 

Les  leçons  du  passé  forment  un  héritage  que  nous  ne 
saurions  non  seulement  assez  honorer,  mais  dont  nous  ne 
pouvons  assez  nous  rendre  dignes.  Pour  l'artiste  donc, 
comme  pour  tous  ceux  qui  concourent  au  développement 
intellectuel,  le  passé  oblige. 

Si  les  sentiments  que  je  viens  d'exprimer  sont  empreints 
de  quelque  sévérité,  que  les  lauréats  des  prix  de  Rome 
qui  m'écoutent  n'y  voient  que  des  conseils  et  des  encourage- 
ments à  mieux  faire  que  certains  de  leurs  devanciers.  Nous 
ne  saurions  assez  les  engager  à  s'inspirer  sufiisammenl 
des  œuvres  les  plus  remarquables  des  principaux  musées  : 
le  marbre  et  le  bronze,  les  grandes  peintures  historiques 
et  religieuses  forment,  surtout  pour  eux,  un  ensemble  de 
productions  sublimes  auquel  tant  de  générations  artisti- 
ques ont  travaillé,  et  que  le  Gouvernement  leur  offre  si 
libéralement  d'aller  admirer  dans  les  palais,  dans  les  monu- 
ments, dans  tous  les  sanctuaires  de  l'art. 


(  500  ) 

Je  leur  rappellerai,  entre  autres,  à  ce  sujet,  que  Michel- 
Ange  ne  se  lassait  pas  d'admirer  le  célèbre  Torse  du 
Belvédère,  cette  merveille  de  l'art  grec  au  Vatican.  II 
se  gloriGait,  disait-il,  de  s'être  inspiré  de  celte  œuvre 
sublime  I 

Il  est  de  notre  devoir  aussi  d'appeler  l'attention  des 
lauréats  des  prix  de  Rome  sur  le  développement  du  sens 
critique^  qui  fait  généralement  défaut  dans  leurs  rapports 
semestriels.  Par  une  application  de  leurs  idées  à  l'observa- 
tion, ils  saisiront  non  seulement  le  caractère  synthétique 
de  la  composition,  mais  ils  se  formeront  un  jugement  sain 
et  correct.  En  apprenant  à  connaître,  de  celte  manière,  les 
productions  des  grands  maîtres,  tout  en  combinant  avec 
celle  élude  leur  manière  personnelle  de  voir  la  nature,  ils 
finiront  par  acquérir  dans  son  sens  réel  le  senliment  du 
beau.  D'autre  part,  qu'ils  s'eiTorcenl  aussi  de  fortifier  leur 
éducation  artistique  par  Tétudc  de  Thistoire  et  par  celle  de 
la  littérature  sérieuse,  enfin,  par  la  lecture  des  classiques, 
ces  sources  toujours  si  pures  et  si  vivaces  accumulées 
depuis  tant  de  siècles.  Au  surplus,  celte  lecture  des  grands 
penseurs,  à  commencer  par  celle  d'Homère,  est  devenue 
plutôt  un  délassement  inlellocluel  qu'une  fatigue,  en  raison 
des  soins  constants  apportés  à  en  élaguer  tout  ce  qui 
s'y  trouvait  d'aride  ou  d'absirait,  et  à  en  faire  valoir  les 
beautés.  Ils  trouveront  dans  le  livre  la  même  jouissance 
qu'ils  auront  ressentie  en  admirant  les  chefs-d'œuvre  de 
l'art. 

Quel  plus  noble  souci  pour  l'artiste  d'orner  son  intelli- 
gence et  de  puiser  ses  inspirations  dans  les  beautés  litté- 
raires de  l'antiquité,  que  l'exemple  que  nous  révèle  notre 
confrère  Henri  Hymans  dans  une  de  ses  intéressantes 
dissertations  académiques  :  Rnbens,  entouré  de  ses  élèves 


(  501  ) 

dàos  son  atelier,  diclant  uoe  lettre  tout  en  se  faisant  lire 
Tacite  dans  celte  si  belle  et  si  harmonieuse  langue  latine; 
Tacite  qui  est  considéré  comme  le  plus  correct  et  le  plus 
difficile  des  historiens  romains  ! 

Il  est  dans  la  vie  des  jeunes  artistes,  comme  dans  toutes 
les  organisations  où  le  travail  intellectuel  prédomine,  des 
moments  d^irrésolution  ou  de  lassitude  morale  pendant 
lesquels  le  besoin  d*une  direction  ou  d'un  guide  se  fait 
sentir. 

Livrés  à  eux-mêmes  pendant  trois  années,  il  n*a  appar- 
tenu qu'aux  organisations  spécialement  douées  parmi  les 
lauréats  des  prix  de  Rome  de  se  soutenir  assez  fortement 
dans  leurs  études  |)0ur  arriver  au  résultat  désiré.  Mais  à 
tous  n*est  pas  accordée  cette  force  morale.  Nous  comprenons 
donc  les  faiblesses  qui  se  sont  trahies  récemment,  et  c'est 
à  nous  de  rechercher  les  moyens  d'empêcher  qu'elles  ne  se 
renouvellent. 

Chaque  fois  que  Toccasion  s'est  présentée,  nous  avons 
cru  devoir  faire  ressortir  la  sollicitude  dont  le  Gouverne- 
ment n'a  cessé  d'entourer  l'institution  des  grands  concours. 

Il  y  a  peu  d'années  encore,  par  suite  de  l'élévation  pro- 
gressive du  prix  des  besoins  matériels  de  la  vie  à  Rome, 
les  jeunes  peintres  et  les  jeunes  sculpteurs  y  ont  été 
pourvus,  aux  frais  du  pays,  d'ateliers  confortables  daus 
lesquels  ces  pensionnaires  de  l'État  peuvent  se  livrer  à 
leur  art  tout  en  poursuivant  leurs  éludes  esthétiques. 

Il  resterait  une  dernière  mesure,  hautement  désirable, 
à  prendre  en  faveur  de  nos  jeunes  compatriotes  :  ce  serait 
de  pouvoir  les  entourer,  durant  leur  séjour  dans  la  ville 
éternelle,  d'une  haute  surveillance  artistique,  aOn  d'impri- 
mer à  leurs  travaux  la  direction  voulue  pour  qu'ils  en 
recueillent  immédiatement  le  fruit. 


Noos  ne  doutons  pas  que  l'appel  que  nous  faisons 
actoelleraent  à  ce  sujet  au  Gouvernement  ne  soit  écouté 
avec  bienveiMance  par  le  Ministre  qui  a  les  beaux-arts  dans 
ses  attributions.  Nous  connaissons  suffisamment  ses  vues 
éclairées  et  sa  sollicitude  en  tout  ce  qui  touche  au  domaine 
de  rintelligence,  pour  oser  espérer  de  voir  ce  vœu  se  réa- 
liser dans  un  avenir  prochain. 

L'institution  des  prix  de  Rome  restera  incomplète  tant 
qu'elle  n'aura  pas  cette  direction  artistique  indispensable 
à  la  jeunesse,  et  qui  suscitera  chez  nos  lauréats  l'ému- 
lation nécessaire  au  travail  :  elle  les  réconfortera  aussi 
aux  moments  de  découragement  ou  d'indécision  inhérents 
à  ceux  qui  sont  livrés  à  leurs  seuls  sentiments. 

Nous  pourrons  espérer  alors  voir  se  relever  le  niveau 
des  études  de  nos  pensionnaires,  et  voir  dorénavant  leurs 
productions  se  placer  au  même  degré  que  celles  de  leurs 
brillants  devanciers. 


—  M.  le  secrétaire  perpétuel  proclame  de  la  manière 
suivante  le  résultat  des  concours  : 


JUGEMENT  DU  CONCOURS  ANNUEL  (1887). 


PARTIE   lilTTÉRAIRE* 

Quatre  questions  avaient  été  inscrites  au  programme  de 
concours  de  la  Classe  pour  l'année  1887.  Elles  avaient  pour 
objet  des  sujets  se  rapportant  à  l'architecture,  à  la  gravure 
en  médailles,  à  la  peinture  et  à  la  musique. 

L'Académie  n'a  reçu  aucun  mémoire  en  réponse  à  ces 
questions. 


(  8Ô3  ) 


Peinture. 

Neuf  cartons  ont  été  reçus  pour  une  frise  décorative  à 
placer  à  S  mètres  d'élévation  : 

Les  nations  du  globe  apportant  à  la  Belgique  les  produits 
de  leurs  scienceSy  de  leurs  arts  et  de  leur  industrie. 

Un  prix  de  mille  francs  était  attribué  à  ce  concours 
national. 

Les  cartons  portaient  pour  devises  ou  marques  distinc-* 
tives  : 

N**  i.  Peindre  ou  dessiner  toujours; 

2.  Bramo  assai^  poco  spero; 

3.  Sapientia; 
-4.  Voorwaarts; 

5.  La  lettre  A  dans  un  triangle; 

6.  Un  double  cercle  guilloché; 

7.  Belgique; 

8.  Une  croix  et  une  ancre, 

9.  Pour  l'art. 

La  Classe,  ralinanlla  proposition  unanime  de  la  section 
de  peinturera  décerné  le  prix  à  M.  Joseph  Middeleer, à 
Bruxelles,  l'auteur  du  n^  A:  Voorwaarts. 

Gravure  en  médailles. 

La  Classe  des  beaux-arts  avait  proposé  comme  sujet  le 
c  médaillon  préalable  à  une  médaille  destinée  aux  lauréats 
des  concours  ouverts  par  PAcadémie  ». 

Aucun  projet  n'a  été  reçu. 


(  504  ) 


PRIX  DE  ROME« 

Grand  concours  d'architecture  de  1887. 

Comme  suite  aux  résolutions  du  jury  chargé  déjuger  le 
grand  concours  d'architecture  de  1887,  le  grand  prix  a  été 
décerné,  à  Tunanimité  des  voix,  à  M.  Charles  De  Wuif,  de 
Bruges,  élève  de  TÂcadémie  royale  des  beaux-arts  de 
Bruxelles.  Q 

Un  second  prix,  en  partage,  a  été  voté,  également  à 
Tunanimité,  à  MM.  Michel  De  Braey  et  Ferdinand  Truy- 
man,  tous  deux  élèves  de  l'Académie  royale  des  beaux-arts 
d'Anvers. 

Une  mention  honorable  a  été  votée  à  M.  Philippe  Van 
Boxmeer,  de  Malines,  également  élève  de  l'Académie 
d'Anvers. 


Concours  des  Cantates. 

Comme  suite  aux  propositions  du  jury  qui  a  jugé  le 
double  concours  des  cantates  devant  servir  de  thème  aux 
concurrents  pour  le  grand  prix  de  composition  musicale  de 
1887,  le  prix  des  cantates  françaises  a  été  décerné  à  M.  de 
Casembroot,  secrétaire  adjoint  et  bibliothécaire  du  Conser- 
vatoire royal  de  Bruxelles,  pour  son  poème  intitulé  :  Les 
Suppliantes. 

Le  prix  des  cantates  flamandes  a  été  décerné  à  M.  J.  Van 
DroogenbroeckyChefde  bureau  à  la  Direction  des  sciences, 
des  lettres  et  des  beaux-arts  du  Ministère  de  l'Agriculture, 
pour  son  poème  intitulé  :  De  Morgen. 


(  50»  ) 


Gband  concours  de  composition  musicalb  de  1887. 

Comme  suite  aux  résolutions  du  jury  qui  a  jugé  le  grand 
eoDCOurs  de  composition  musicale  de  1887,  le  premier  prix 
a  été  décerné  à  M.  Pierre  Heckers,  élève  du  Conservatoire 
royal  de  Gand. 

Un  second  prix  a  été  voté,  eu  partage,  à  M.  Paul  Lebrun, 
élève  du  même  Ëiablissement,  ei  à  M.  Edmond  Lapon, 
d'Ostende,  élève  du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles. 


La  séance  a  été  terminée  par  l'exécution  de  la  cantate: 
Les  Suppliantes^  poème  couronné  de  M.  Louis  de  Casem- 
broot,  musique  (sur  la  traduction  flamande  dé  M.  Emma- 
nuel HicI)  par  M.  Pierre  Heckers,  de  Gand,  premier  prix 
du  grand  concours  de  composition  musicale  de  1887. 

Voici  les  noms  des  solistes  : 

M"*  Clémence  Van  de  Weghe  {Ëvadné]  ; 

M"*  Irma  De  Jaeger  (Ëlhra); 

H"*  Horteuse  De  Crozièrcs  {Une  Argiennè); 

H.  Paul  Van  Hende  (Thésée)  ; 

M.  Charles  Wayenbcrghe  (Adrasle). 

Les  chœurs  ont  été  chantés  par  les  élèves  du  cours 
d'ensemble  vocal  du  Conservatoire  royal  de  Gand  et  les 
membres  de  la  section  chorale  du  Van  Crombrugghe's 
Genootschapf  de  la  même  vUle. 


(  S06  ) 


UBS  SVPPIilAIVTES 


(d'après  Euripide)  ;  par  L.  de  Casembroot,  secrétaire  adjoint 
et  bibliothécaire  du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles. 


PREMIÈRE  PARTIE. 


(Lm  «cène  ai  à  Életuù,  dans  le  temple  de  Cérèê,) 


Adraate. 

Prête  roreille  à  nos  prières, 
Toi  qui  viens  implorer  la  divine  Cérès, 
Dans  ce  temple  debout  au  milieu  des  clairières 
On  les  premiers  épis  dorèrent  les  guérets. 


ClicDar  des  mères  argiennes. 

Auguste  Élhra»  mère  du  grand  Thésée, 
Par  les  rameaux  fleuris  que  vers  toi  nous  levons 
Sois  de  toute  part  enlacée  t 

Auguste  Éthra,  mère  du  grand  Thésée, 
Abaisse  tes  regards  vers  nos  tristes  haillons! 


±ÎM 


Ma  pitié  s'est  émue 
A  voir  couler  vos  pleurs  ; 
Apprenes*moi  qui  cause  vos  malheurs 
Et  ^pia  votre  vieillesse  ici  soit  bienvenue  ! 


(  807. 


Sous  les  murs  de  C&dmus  nos  fils  sont  tombés  morts. 
Dans  le  combat  qu*hier  j'ai  livré  contre  Tbèbes  ; 
Argos  pleure  vaincue,  et  aes  plus  beaux  épbèbes. 
Sur  le  champ  de  bataille  où  se  pressent  leurs  corps. 

Gisent  sans  sépulture! 
Gréon,  roi  des  Thébains,  au  mépris  de  nos  lois. 
Nous  défend  d*enlevcr  leurs  restes,  en  pâture 
Aux  hôtes  farouches  des  bois. 


Le  eliCDar. 

Auguste  Éthra,  mère  du  grand  Thésée, 
Abaisse  tes  regards  vtra  nos  tristes  haillons  ! 


Adraate. 

Auguste  Éthra,  j'invoque  ta  clémence  ! 
Fléchis  ton  fils  au  nom  de  la  souffrance. 

Et  que  la  terre  des  tombeaux 
S'amasse  enfin  sar  ceux  dont  les  corps enlurahcaux 

Saignent  abandonnés,  héroïque  pléiade. 

Sous  le  ciel  bleu  de  notre  Hellade  ! 


Le  ehCDBr. 

Auguste  Éthra,  mère  du  grand  Thésée, 
Abaisse  tes  regards  vers  nos  tristes  haiUons  ! 


(arrivant  avec  sa  suite). 

Pourquoi  ees  femmes  étrangère^ 
Par  leurs  gémissements  oni>elks  dispersé 
Le  sacrifice  à  peine  ooawMOQà? 


(  508  ) 

Mon  fils,  ce  sont  les  mères 
Des  guerriers  argicns  tues  par  les  Tbcbains; 
Elles  tendent  vers  nous  leurs  suppliantes  mains. 

Tiié«ée  (à  Adraste  qui  s*est  mis  à  récarl). 


Quel  est  ton  nom  à  toi  qui  voiles  ton  visage? 
Suspends  tes  pleurs;  reprends  courage. 


^ 

D^Athènes  contre  les  Tbcbaiiis 


Dis-moi  ce  que  tu  réclames. 

Adraate. 

Je  suis  Adraste,  roi  des  Argicns  ;  j'accours, 
Thésée,  .implorer  ton  puissant  secours^ 
Des  enfants  et  des  femmes 
M^accompagnent  de  leurs  clameurs! 
Thésée,  6  le  plus  grand  des  Grecs,  ô  chef  d'Atbène, 

Rends  les  derniers  honneurs 
A  nos  guerriers  tombés  sur  les  bords  de  Flsmène  ! 
Que  leurs  mânes  délaisses 
Par  tes  soins  soient  apaisés! 

Thésée. 

Ton  orgueil  t*a  perdu  I  Le  poids  de  la  détresse 
Est  lourd  au  front  de  ceux 
Que  punissent  les  dieux, 
Et  Némésis  vengeresse 
Mit  au  bras  de  Créon  le  cliAliment  d*Argos. 
A  tes  morts,  je  ne  puis  élever  des  tombeaux  : 

Dans  la  plaine,  c^est  Zens  lui-même 
Qui  coucha  tes  guerriers,  ainsi  que  des  roseaux. 


(  S09  ) 


Adra«ie 

Se  venais  implorer  une  faveur  suprême 

Au  milieu  de  nos  tourments; 
Je  ne  t^ai  pas  choisi  pour  juge  de  mes  fautes, 
Et  si  je  fus  coupable  il  est  des  mains  plus  hautes 
Qui  préparent  pour  moi  de  justes  ehâtiments. 


lie  ehoDor. 
Pitié,  pitié  de  nos  lourdes  épreuves  ! 


i%dra«(e. 

Cessez  vos  pleurs;  femmes,  eouri>ez  le  front; 

Caehcz  votre  chagrin  profond! 
Pauvres  mères,  tristes  veuves. 

Éloignez -vous!  Luisisez  sur  cet  autel 
Les  rameaux  verts  qu'ont  humectes  vos  larmes; 

Et  prenez  à  témoins  et  la  terre  et  le  ciel 

Et  les  flambeaux  du  temple  et  le  droit  éternel 
Qu*Athcnes  n'a  pas  eu  pitié  de  vos  alarmes  ! 


Bihra. 

Mon  fils,  j'embrasse  tes  genoux; 
A  mon  tour  je  te  conjure. 
Ton  refus  et  ton  courroux 
Aux  dieux  sembleront  un  parjure! 

S'^*  SÉRIE,  TOME  XIY.  34 


(  sio  ) 


Thésée. 

Ma  mère,  cesse  de  pleurer; 
Lève  ta  tète  blanche; 
Ta  pilic  qui  s'épanche 
Sur  ceux  qu'abrite  ce  foyer 
A  fléchi  ma  colère  impie. 
Adraste,  mon  passé  de  victoire  me  lie 
A  la  cause  des  malheureux  : 
Puisque  au  mépris  du  droit  consacré  par  les  dieux, 
Thèbes  voudrait  priver  tes  morts  de  sépulture; 
Puisque  ma  mère  même,  oubliant  le  danger. 
Fait  taire  dans  son  cœur  la  voix  de  la  nature. 
Et  m'exhorte  au  combat,  et  supplie  et  conjure, 
Adraste,  je  veux  te  venger! 


ChiDor  des  mères  arg^iennes  et  ces  soldats  de  Thésée. 

Honneur  &  toi,  soutien  de  la  détresse, 

Héros  rempli  de  majesté! 
A  jamais  ton  nom,  par  toute  la  Grèce, 
Sera  béni,  sera  chanté! 
Argos,  6  féconde  patrie, 
0  toi  que  les  malheurs  font  cncor  plus  chérie. 

Espère,  oublie! 
Les  rameaux  d'olivier  cueillis  dans  les  chemins 

Qui  des  bords  de  l'Ismène 

Ont  conduit  \         pas  vers  Athèoe 
(  vos  ' 

N'ont  pas  en  vain  frissonné  dans  <        mains! 
^  (  vos 


(  su  ) 


DEUXIÈME  PARTIE. 

(Les  êoidai$  de  Thésée  rapportent,  en  cortège,  les  corps  des  principaux 
guerriers  d'Ârgos;  on  dreste  les  hùeherèJ) 


Le  ehiDor  des  mères. 

I. 

Voici  que  les  bûchers  s'allument; 

Les  corps  sanglants 

De  nos  enfants 
Parmi  les  flammes  se  consument. 

Cruel,  cruel  malheur! 
Enfants  chéris,  objets  de  ma  douleur! 

n. 

Élevez-vous,  triste  harmonie 

Du  chant  des  morts  ; 

Vibrez,  plaintifs  accords 

Des  lyres  d^onie. 

Cruel,  cruel  malheur! 
Enfants  chéris,  objets  de  ma  douleur  ! 

m. 

Les  feux  de  la  prochaîne  Aurore 
Ne  sécheront  pas  les  pleurs  de  nos  yeux. 

Et,  dans  ces  lieux. 
Nous  trouveront  encore. 
Cruel,  cruel  malheur! 
Enfants  chéris,  objets  de  ma  douleur! 


(  S12'; 


Thésée. 

N'approchez  pas,  femmes  infortunées; 
N*empli$scz  point  vos  yeux  d'un  spectacle  d*borreur; 
Les  paupières  des  morts,  par  Thèbcs  profanées. 

Les  mains  de  mes  soldats  les  ont  fermées. 


Le  ehoBiir* 


Cruel,  cruel  malheur  ! 
EnCints  chéris,  objets  de  ma  douleur! 


Adraate. 


Au  nom  d*Argos  qu'écrase  la  défaite 
Et  qui  mit  son  espoir  aux  mains  de  Tétranger, 
Au  nom  de  la  patrie  où  souffle  la  tempête. 
Sois  salué,  toi  qui  sus  nous  venger! 


Le  ehiDar. 


Au  nom  de  la  patrie  où  souffle  la  tempête. 
Sois  salué,  toi  qui  sus  nous  venger  ! 

{La  cérémonie  fttnèbre  est  interrompue  par  l'apparition  tTÉtfodné.  ) 


Le  eliiMir. 

Qui  surgit  là,  sur  la  colline? 
0  ciel,  c'est  Evadné!...  Voyez,  elle  s*incline 
Sur  la  flumme  du  bûcher... 
Evadné,  pourquoi  t*approcber! 
Nous  frémissons  d'épouvante. 


(    S13    ; 

iSTAdné  (les  yeux  perdus  dans  Pexlase). 

Pourquoi  dans  les  cieux  ctlicrcs, 
Pboebé,  répandais-tu  la  lumière  mouvante, 
Quand  la  Tille  d'Argos,  en  des  chants  inspirés, 
Célébrait  Thymcnéc 
Qui  m^unissait  au  héros  Ca panée? 
Pourquoi,  chastes  nymphes  des  bois, 
En  cadence,  joignant  vos  voix. 

Dans  la  nuit  illuminée. 
Autour  de  moi,  vous  mélicz-vous? 
Femmes,  demain,  avec  des  gestes  doux, 
Jetez  des  fleurs  nouvelles 
Sur  ce  bûcher  a  Taube  éteint. 
Ne  pleurez  pas!  Puissent  vos  cœurs  fidèles 

Garder  mon  nom!  Femmes,  demain 
Cueillez  pour  moi  dos  fleurs  nouvelles! 
Chantez  Thcurcux  destin 
Qui  me  rend  au  héros  que  j'aime. 
Adieu,  pure  lumière!  0  rayonnant  soleil. 
Toi  qui  va  l'abaisser  sur  Phorizon  vermeil. 
Reçois  mes  derniers  vœux  et  mon  souffle  supréikic! 

Fille  d*Iphis,  écoute-nous! 

Évadaé. 
O  mort,  étends  sur  moi  tes  ailes  de  ténèbres! 

Le  eliiDar. 

Renonce  à  les  projets  funèbres' 


(se  précipitant  daos  le  bûcher  qui  consume  le  corps  de  Capanée^ 
Viens  me  rejoindre  à  mon  époux  ! 


C  ^^^  ) 


lie  ehcDnr  (épouvaDlé  du  spectacle  qui  s^offlre  à  sa  vue). 

Horreur!  Plus  d*cspcrancc! 
Horreur!  La  voilà  qui  s'clancc 
Du  haut  du  rocher! 


Iphl«  (survenant). 

Femmes,  je  vous  implore! 
Mon  Évadné,  la  fille  que  j'adore, 
Est-elle  auprès  du  bûcher?... 
Vous  vous  taisez?...  O  cruelle  souffrance! 
Ah!  Je  succombe  à  mon  malheur  immense! 
0  mon  enfant!  Chère  Évadnc  ! 
Hélas!  Infortune! 


Le  elioBor. 


Que  je  te  plains,  ô  père! 
Profonde  est  ta  misère  ! 


■phiM. 


0  toi  qui  m'entourais  de  tes  bras  caressants, 
La  dernière  de  mes  enfants! 
Serait-il  vrai?  Je  t'ai  perdue. 
Toi  qui  baisais  mes  blancs  cheveux. 
Enfant  à  qui  paraissait  due 
La  tâche  de  fermer  mes  yeux! 

I«e  elioBBr. 

Que  je  te  plains,  ô  père  ! 
Profonde  est  ta  misère  ! . . . 


(515) 


Puissance  aveugle  qui  me  laisse 
La  solitude  et  la  douleur. 
Ah!  que  je  te  hais,  ô  vieillesse. 
Plus  forte  encor  que  le  malheur! 

Thcaée. 

Mettez  an  terme  h  vos  crncnes  peines;      ^ 
Âdraslc  et  vous,  6  femmes  argienncs, 

Recevez  de  mes  mains 
Les  cendres  de  vos  fils,  viclimes  des  Thébains; 
Conservez- les  en  souvenir  d*Âlhènes  ! 

Adraiice. 

Ârgos  n*oublicra  pas  ton  secours  généreux. 

Sois  aimé  par  les  dieux  ! 
Que  pour  toi  Ta  venir  soit  riche  en  jours  heureux  ! 

Chœur  gCBCral. 

Argos,  ô  féconde  patrie, 
0  toi  que  les  malheurs  font  encor  plus  chérie. 

Espère,  oublie! 
Les  rameaux  d^olivicr  cueillis  dans  les  chemins 

Qui  des  bords  de  flsmène 

Ont  conduit  <         pas  vers  Athène 
/  vos  . 

(  nos 
N*ont  pas  en  vain  frissonné  dans  <  mains! 

I  vos 


(816) 


BB  SMEEKEIYDEM. 


(EURIPIDBS  gcvolgd.) 


(Vertaald   door  Emmanuel   HIEL.) 
EERSTE  TAFEREEL. 

Sehouwplaalê    EleuêU,    tempel  van    Demeter. 

Adramos. 

Hoort,  hoort  aandachtig  naar  ons  bidden, 

Gij,  die  Demeter  smcckt,  H  gcmocd  met  hoop  venruld. 
Hier  rijst  haar  tempel  in  hct  middcn 
Van  H  veld,  waar  eerst  hct  graan  bccft  dorren  grond  vergald. 

Rel  der  Argîviscbe  inoeders. 

Doorlachtigc  Actbra,  gij,  Thcscus  moeder, 

Bij  *t  gcarig  ycldgcbloemt  gcstokcn  naar  u  heen, 

0,  wecs  ons,  armen,  Ibans  te  goeder  ! 
Doorlucbtige  Acthra,  gij,  Tbcscus  mocder, 
Bezie  meewarig  ons  en  hoor  naar  ons  geween. 

AeChra. 

*k  Zie  nwc  tranen  slroomcn  : 

Mijn  hert  is  aangcdaan... 
Wie  tegcn  u  bccft  al  dit  kwaad  begaan? 
0  grijsbeid,  sprcckt,  gij  zijt  blcr  welgekomen! 


«7  ) 


Bij  Kadmos  murcn  Ticlcn  onze  zoncn  dood; 
En  gislren,  io  dcn  slag  gcicvcrd  legcn  Thcben, 

Verloor,  ach,  Argos!  Zij,  die  dapper  stredcn. 
De  schoonc  jongcns,  liggen  lijf  aan  lijf,  gansch  bloot, 
Op  H  slagvcld  zonder  gruf!... 
En  Kreon,  Thcbcns  koniiig,  bij,  die  onze  wct  yersmaadt, 
Verbicdt  ons  de  ovcrblîjfsc'Is  te  bcgravcn  :  achi  en  staat 
AU  prooi  aan  *t  wild  gcdicri  ben  af. 


Bel. 

Doorlucbtige  Aolbra,  gij,  Thcs5u5  moeder, 
Bezie  meewarig  ons,  en  boor  naar  ons  geween. 


Doorluehtigo  Aelhra,  wces  nu  gocderticrcn, 
Vermnrf  aw^  zoon,  bct  mcriij  moet  hem  stieren, 
Hij  schenk*  de  lijkcn  eouwgc  rust. 
De  beldcnlijkcn,  die,  door  H  zwaard  lerdood  geknst, 
Verlaten  liggen  in  hun  bloed  vcrsroacht, 
Hier,  ondcr  Hellas  blauwe  hernelprachl. 

Rel. 

Doorlucbtige  Aetbra,  gij  Thcscus  moeder, 
Bezie  meewarig  ons  en  boor  ons  smeekgeween. 


ThcsëoM  (komt  op  met  z'Jo  gevolg . 

Waarom,  die  vrccmdc  yrouwen, 
Verwarren  zij  door  bun  gcjammcr,  droefonlzind, 
Den  oiTerdienst,  die  pas  begint? 


(818) 


Aetkra. 


0  soon,  't  zîjn  mocdcrs,  vol  vcrtroiiwen, 
Der  Argivischc  krijgcrs,  vcrslagcn  door  Thcbarien  ! 
Zij  smeeken  u,  en  storten  biUrc  trancn. 


rhefliëiM  tôt  AdraatOM,  die  1er  zijde  gewekeo  is. 

Hoe  is  uw  naam,  gij  die  uw  aangezicht  bedekt? 
Staak  dit  gclraan,  wccs  opgcwckt  ! 
Wat  eischt  Athcnc  tlians  van  Theben? 


Adraiiio«. 

Adrastos  ben  ik,  Koning  dcr  Argivcrs,  *k  loop 
Tôt  u,  TIjcscus,  'k  vraag  uw  liulp  vol  boop, 
En  kindren,  mocdcrs,  moegclcdcn, 
Verzellcn  mij  met  huii  gckerm. 
Thesêus,  macbtigste  aller  Grieken,  V^orst  van  *t  scboone  Atbeae, 

Ach,  onlfcrm,  onlferm 
U,  ovei*  onze  heiden,  liggond  aan  de  zoomen  der  Ismene, 

Bewijs  bun'  scliimmcn  cer. 
De  laatsle,  gccf  ze  vrcde  weer  ! 


Ylieiiëus. 


Uw  trots  was  uw  verlîes!  H  gewicht  van  nood 

Drokt  zwaar  als  lood 
Dp  't  boofd  der  mcnsrhen,  door  der  Godcn  wraak 
Vervolgd. . .  zij  schonk  aan  Kresus  arm  de  straf 
Van  Argos;  o  verzaak 
l  Thans  uwc  dooden . . .  Ik  stichl  hen  geen  graf 

1^  H  naakte  vcld.  H  Is  Zcus  zclf  die  liet 
Uw  krijgers  vellen  als  hct  zwakke  riet. 


(819) 


Ik  smeek  om  eenc  booge  gunste  van  uw  edel  herte, 

In  H  bittcrstc  diizcr  sn^crtc  ! .. . 
*k  Hcb  o,  a  nict  gekozco  nls  rcchtcr  mijncr  schulden: 
Indien  ik  plichlig  bcn,  de  Godcn,  die  gccn  misslag  dulden, 
Bcreidcn  dan  voor  mij  de  wciverdiende  slraf. 


Bel. 

(vena!  gcna!  ons  Iced  is  zwaar,  laat  af! 


Staakt  smartgcwcen...  gij,  vrouwen,  buigt  uw  boofd  I 

Uw  dicp  verdrict  Ihans  uitgcdoord... 
0  arme  mocdcrs,  wi-cuwcn,  gaal  nu  hcncn; 
Vcrwijdcrt  u!  on  leg  op  *l  oulcr  necr 
De  groeno  iwijgen,  nal  door  hoopvol  weenen... 
Neemt  aardc  en  hemcl  toi  gctuigcn,  ja,  nog  meer, 
De  fakkels  van  dcn  tempcl,  H  ccuwig  recbt,  der  schimmeneer 
Atbcne  beeft  gccn  meelij  met  uw  lecd. 


Aethra. 


Alijn  zoon,  o  wccs  nict  wreed, 
Ik  zwciT  Uf  wcif^er  nid... 
Uw  gramscliap  schijnt  den  Goden 
Meinccd!  nicinced!  mcinced! 


(  520 


Thesëns. 

O  Mocder,  die  zoo  rein  deedt, 
H  Gcwccn  is  u  vcrbodcn... 
Bcur  H  grijzc  hoofd, 
Uw  mcclîj  zij  gcloofd! 
Het  straalt  zich  uit,  door  u  gcbeilîgd, 
Op  hcn,  door  dczcn  liaord  bcvciligd; 
H  Bcdaart  mijn  helsclic  wocde; 
Adrastos,  mijn  berocmd  vcricdcn,  bindt  mij  blij  te  moede 

Aan  H  lut  der  lijdcrs  : 
Daar,  ondanks  *t  rccht,  door  Godcn  bicr  gewijd, 
Tbans  Tbcben  *t  graf  wil  wcigrcn  aan  gcvallcn  strijders, 
Daar  gij,  o  Mocdcriicf,  nict  baoge  zijt» 
En  in  nw  bcrt  de  stem  der  Horde  stil  versmacht, 
Mij  smeckt,  bezwccrt  en  aandrijft  lot  den  strijd, 
Adrastos,  *k  wil  uw  wraak! 


Bel  der  moeders  en  der  Argivers. 

Eer,  ecr  aan  u,  gij  stcun  der  diepbedrakten, 
Gij,  hcld  vol  majesteit! 
Het  Griekscbe  volk  verukt  en 
Verheugd,  bczingt  uw  naam  in  eeuwigheid. 

0  Argos,  vrucblbaar  vaderland... 
Gijf  gij,  ons  lie  ver  nog  door  al  uw  lecd, 
0  Iioop,  vcrgccl! 
De  olijven  geplukt,  ter  boordcn  der  Ismene... 
Aïs  vredes  onderpand  ! 

ionze 
stappen  voerden  naar  Athene, 
Qwe       ^'^ 

Zij  bebbcn  nict  vergeefs  gesidderd  in  \        band! 


(  S21  ) 

TWEEDE  TAFEREEL. 

(Kfiiffen  «on  Thesêus  dragen  in  stœi  de  Ujken  der  bijsmuUriU 
êtrijdcrs  van  Argos  en  richten  brandstapeU  op.) 

Bel  der  moeders. 

De  slopcls  vlammcn, 
Hct  vuur  vcrsiiiidt 
Het  blocdîg  lîjk  van  kiiid  op  kind... 
GccD  fci  vcrgramrocn 
suit  tlians  de  smcrt, 
0  kindren  licf,  van  H  mocdcrhert. 


*  • 


Klinkt,  trcurgczangcn, 
Klinkt  cindloos  voort... 
Gîj,  klagcnd  Jonlscb  luilaccoord 
suit  gccn  Tcriangcn 
Der  wrccdc  smcrt, 
0  kindren  lief,  van  H  mocdcrbertl 


*  » 


De  zonncstralcn 
Zc  droogcn  nict 
De  trancii  van  ons  zicisvcrdrict, 
We  blijvcn  dwalen 
Hier  met  ons  smcrt, 
0  kindren  licf,  in  *t  mocdcrhert. 

Thecëuii. 

Âchy  nadert  niet,  rampzaaige  vrouwen, 
Vcrvult  Qw  blikkcn  niet  met  U  becld  van  angst  en  smcrt. 
Door  onze  krijgers  werdcn  de  oogen  tocgcvouwen 
Der  heldenschaar,  die  bier  door  Tlicben  snood  ontheiligd  werd. 

Boi. 

0  ramp,  hoe  wrced,  hoe  wrced! 
Gij  kindren  licf,  gij  oorzaak  van  ons  leed! 


(  522  ) 


In  naam  des  yadcrlands,  waar  wocdcn  oaweérsvlagep. 
Gij,  die  ons  wrccktct,  wecs  gcgroet  ! 

(  De  begrafenisplcchtigheid  wordt  onderbroken  door 
de  veneliijning  van  Ëvadnee.) 

Bel. 

Wîe  rijst  daar  op  dcn  hcuTcltop? 
0  God,  *t  is  Evadnce—  ze  wcnilt  den  kop 

Ten  stapcl,  naar  de  vlam... 
Ach,  Eyadnce,  ncen,  nadcr  niet...  o  grani! 

We  siddren,  scbrik,  schrik  slaat  ook  lam. 


■  •  i. 


lee  (de  blikken  verloreD  io  geesivervperihg). 

Waarom,  in  *t  blauwe  van  den  bemel; 
0  Pbebos  straalt  ge  uw  lichtgcwemel, 
Wanneer  iiî  Argos  stede  licfdczangcn 
Luid  loofdcn  H  hyinencus, 
Dat  mij  met  eencn  bcld  vcrbond,  met  Kapenëus?... 
Waarom,  gij  ninifcn  van  bel  boscb, 
Sprongt  gij  vol  zwicrige  dansmaat  loa 
In  de  nacbt,  glinstrcnd  zacbt, 
Rond  mij,  vol  licfdcpracbt? 
0  morgen,  vrouwen,  wcrpt  met  tecdre  band, 

Ten  stapcl,  frisschc  bloemeii... 
Ten  stapel,  met  den  ucbtcnd  uitgcbrand. 


Acb,  weëht  niet,  laat  uw  trouwe  roemen; 
Bcwaart  mijn  naam;  o  vrouwen,  morgen 
Piukt,  plukt  voor  mij  «dan  frisscbe  bloemen  ! 
Zingt  *t  beiilot,  dat  voor  mij  wil  zor^cn, 
Dat  mij  besobîkte  ccn  bcld,  door  mij  faomind.v; 


(  823  ) 


Vaarwd,  rein  licht,  o  glanzcnd  licht,  dat  mij  rerblindt; 
Gîj,  die  nu  slapcn  gaat  in  U  rozig  bcd  van  vrée. 
O  neem  mijn  laatslcn  wil,  mijn  laatsten  adem  mée. 

Bel. 

O  Iphîs  docbtcr,  wce  !  *t  gevaar  is  groot  ! 

..    '  ■        . 

Bvadnee. 

Delf  m*in  nw  duisternis,  o  dood!  o  dood! 

Bel. 

Laal,  laat  uw  onUverp  dwaas  en  snood  ! 

Kvadnee  (stort  zich  in  den  brandstapeJ,  die  bel  lijk  van  Kapanéus 

versïlindl). 

Heil  !  *k  Tind  u  wcdcr,  lieve  cebtgenoot  ! 

Bel  (vei'scbrilci  duor  bet  scbouwspel). 

0  ramp!  gecii  bope  mcer! 

0  ramp  !  daar  slort  ze  neer 

In  dcn  glocd  ... 

Iphlii  (vorschijnt). 

O  yrouwcn,  nioedcrs,  ^k  smeek  u, 

Mijn  Edvancc  onlwcck  a: 
Waar  ^cbuilt  mijn  kind,  mijn  dierbaar  bloed? 

Gij  zwijgt ...  o  bitlcr  lijden  !••• 

Gijzwijgt ...  o  wroed  kaslijden!... 
O  kind  ...  G(j  sparlcli  in  den  gloed .. . 
0  H'slcrven  waar  uiij  zoet! 


1 


(  524  ) 


Kel. 

0  vadcr,  laat  ons  dicp  iiw  lot  bcklagen, 
Uw  Iccd  is  nicl  te  dragon. 


IphU. 

0  Gij,  die  mot  uw  strcclcndc  armen, 
Gij,  laatste  kind,  mijn  hoczcm  wist  te  warmeii, 
Zou  *t  waar  zijn?  ccuwig  zijl  gc  hccn  ? 
Gij,  die  door  kussen  slildc  mijn  gewccn, 
Zult  mij  nîct  de  oogen  sliiilcn?  Nccn! 
Wcc!  wcet  Toor  eeuwîg  zijt  gij  hcen. 


Mrl. 

O'vadcr,  laat  ons  dîcp  uw  lot  bcklagen, 
Uw  Iced  is  niet  le  dragen. 


I  pilla. 

0  blinde  macht,  o  domme  kracht, 
'k  Blijf  droef  allecn  van  mijn  geslacht... 
0  grijslicid,  'k  haat  u  met  mccr  gloed 
Dan  mijncn  hclschen  tcgcnspoed. 


Thesëns. 

Bekampt  en  sliU  uw  smartlijk  rouwen, 
Adrastos;  ook  gij,  Argivischc  vrouwen, 
Ontvangt  uit  mij  ne  band 
Thans  de  assche  van  de  zoons,  gedooddoor  die  vanThcben... 

En  ncemt  ze  aïs  pand, 
Gcdenknis  van  Athcnc  mede  !  Zij  hebben  kioek  gestrcden  ! 


(  825  ) 

Neen,  Argos,  nccn,  vergeet  Dooit  de  edeldaad, 
Dat  nooit  der  Goden  zegen  u  vcrlaat  ! 

Bel. 

0  Argos,  vruchtbaar  vaderland, 
Gij,  gij,  ons  liever  nog  door  al  uw  leed, 
Och  hoop,  vergeet  ! 
De  olijven,  geplukt  ter  boorden  der  Ismene, 

Als  vredesonderpand, 
Die  onze  slappen  voerden  naar  Atbene, 
Zij  hebben  niet  vergeefs  gesidderd  in  ons  hand. 

Aanmerking,  —  Men  moet  de  tijdroaat  der  Griekscbc  namcn 
uilspreken  op  de  volgende  wijze  : 


Acthra. 

Hella. 

V     —  V 

Thesëus. 

—  \y  —    \/ 

Argiviscbe. 

Vf     —       Vr 

Adrastos. 

vr  —  vr 

Atbene. 

—  V   — 

Evadnee. 

vr  —    \y 

Argivers. 

Ipbis. 

X/  —    \/ 

Ismene. 

■V    —     vr 

Demcter. 

—  \/ 
Zeus. 

Kadmos. 

Jonîscb. 

Theben. 

—    \/ 
Pbebos. 

—    v 

Argos. 

—     \/  -  V 

Hymenëas. 

Kreon. 

—  Vf  —  vr 

Rapanëus. 

-  beteekent  : 

lang. 

\^  beteekent  : 

:  kort. 

3**  SÉRIE,  TOME  XIT. 


35 


(  826  ) 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Mariez  (Ch.  de),  —  Le  texte  originaire  du  Yih-King,  sa 
nature  et  son  intcrprëtalion.  Paris,  4887;  in-8*(35  p.). 

Clausius  (A.).  —  Thëorie  mécanique  de  la  chaleur,  2"*  édi- 
tion traduite  sur  la  S*"  édition  de  l'original  allemand,  par  F.  Folie 
et  E.  Ronkar,  tome  P'.  Mons,  4887;  vol.  in-S*. 

Aiansion  (P.).  —  Résumé  du  cours  d'analyse  infinitésimale 
de  l'Université  de  Gand  :  calcul  différentiel  et  calcul  intégrai. 
Paris,  4887;  in-8«  (500  p). 

Plateau  (F.).  —  Observations  sur  une  grande  Scolopendre 
vivante.  Bruxelles,  4886;  exlr.  in-S"*  (4  p.). 

Selys  Longchamps  (de).  —  Odonates  de  l'Asie-Mineure  et 
revision  de  ceux  des  autres  parties  de  la  faune  paléarclique 
(dite  européenne).  Bruxelles,  4887;  extr.  in-S""  (87  p.). 

Errera  (Léo),  —  Pourquoi  dormons-nous?  Bruxelles,  4887; 
extr.  in-8''(31  p.). 

De  Coninck'De  Windt  (C).  —  Le  houblon.  Alost,  4887; 
vol.  în-8'. 

Delvaux  (£.).  —  Documents  stratigraphiques  et  paléonlo- 
logiques  pour  l'étude  monographique  de  l'étage  ypresien. 
Liège,  4887  ;  in-8«  (20  p.  et  i  pi). 

—  Les  aneiens  dépôts  de  transport  de  la  Meuse  appartenant 
à  l'assise  moséenne.  Liège,  4887;  extr.  in-8*  (24  p.). 

^-  Description  sommaire  des  blocs  colossaux  de  grès  blanc 
cristallin.  Liège,  4887;  extr.  in-8''(t8  p.). 

Feys  {E.)  et  H^elis  (A.).  —  Les  cartulaires  de  la  prévôté  de 
Saint-Martin  h  Ypres  précédés  d'une  esquisse  historique  sur 
la  prévôté,  tome  II,  Glossaire.  Bruges,  4887;  in -4*. 


(  î^27  ) 

Wiliquet  (Camille),  —  Le  mien  et  le  tien,  causerie  popu- 
laire traduite  de  ritalien  d'Aristide  Gabelli.  Mons,  i887;  in-8® 
(95  p.). 

Van  der  Stricht  (0.).  —  Recherches  sur  la  structure  de  la 
substance  fondamentale  du  tissu  osseux.  Gand,  1887;  e%tr. 
in.8*  (7  p.). 

Terby  (F.).  —  Sur  une  observation  de  Saturne  faite  à  Lou- 
vain,a  Taide  de  Tëquatorialde  huit  pouces  deGrubb.  Bruxelles, 
1887;  extr.  in-8*  (4  p.). 

—  Phénomènes  observés  sur  Saturne.  Bruxelles,  1887;  extr. 
in -8'» (8  p.  et!  pi.). 

Toussaint  (Le  chan,).  —  Histoire  civile  et  religieuse  de  Wal- 
court.  Namur,  1887;  vol.  in-18. 

—  Martyre  de  saint  Lambert,  évéque  de  Macstricht,  drame 
en  5  actes  avec  chœurs.  Namur,  1887;  in-i2  (S6  p.). 

Forir.  —  Contributions  ft  l'étude  du  système  crétacé  de  la 
Belgique,  I  :  Sur  quelques  poissons  et  crustacés  nouveaux  ou 
peu  connus.  Liège,  1887;  extr.  in-8*  (34  p.  et  3  pi.). 

Houzé  {Le  D'  E.).  —  Comparaison  des  indices  ccphalomé- 
trique  et  craniométrique.  Bruxelles,  1887;  extr.  in-B""  (11  p.). 

—  Description  d'un  squelette  d'Hindou.  Bruxelles,  1887; 
extr.  in-8*'(16p.). 

Corneli  (René)  et  Mussely  (Pierre).  —  La  galerie  des 
machines,  la  galerie  internationale  du  travail,  rélcctricité  et 
le  concours  international  de  la  traction  mécanique  h  rExposi-* 
tion  universelle  d'Anvers,  1885.  Bruxelles,  1887;  vol.  in-folio 
(no  pages,  illustré). 

Terfve  (Oscar).  —  Recherches  sur  la  spermatogénèse  chez 
Asellus  Aquaticus.  Bru.\elles,  1887;  in-8''  (26  p.  et  3  pi.). 

Dupriez  (Léon).  —  La  liberté  de  réunion.  Bruxelles,  1887; 
vol.  in-8®. 

Ronkar  (E,).  —  Note  sur  les  oscillations  d'un  pendule  pro- 
duites par  le  déplacement  de  l'axe  de  suspension.  Bruxelles, 
1887;in-8*(18p.). 


(  528  ) 

D'Hoop  [Henri).  —  La  Flandre  orientale  et  ses  anciennes 
archives.  Alost,  1886;  vol.  in-S""  (236  p.). 

Soignie  {Jules  de).  —  Les  mauvaises  langues.  Braine-le> 
Corale,  1887;  vol.  in-8«. 

Lagrange  (CA.).  —  Méthode  pour  la  détermination  des  paral- 
laxes par  des  observations  continues.  Bruxelles,  1887;  extr. 
in-4»  (85  p.). 

Heymans  {J.-F,).  —  Études  expérimentales  sur  le  curare  et 
le  manganèse.  Bruxelles,  1886;  extr.  in-8*  (42  p.)* 

Burggraeve  (Le  D').  —  Concours  Guinard,  4"«  ëdilion.  Gand, 
1888;in-12(490p.). 

Fraipont  (Jules)  et  Lohest  (Max.),  —  La  race  humaine  de 
Néanderthal  ou  de  Canstadt  en  Belgique  :  Recherches  ethno- 
graphiques sur  les  ossements  humains  découverts  dans  les 
dépôts  quaternaires  d'une  grotte  de  Spy,  et  détermination  de 
leur  âge  géologique.  Gand,  1886;  extr.  in-8''  (170  p.).- 

Caisse  générale  d^épargne  et  de  retraite.  —  Premier  rap- 
port :  propositions  relatives  aux  bases  k  employer  dans  le 
calcul  des  tarifs  (Mahillon).  —  Tarifs  de  la  Caisse  de  retraite 
(Maurice  Ânspach).  —  Nouveaux  tarifs  des  rentes  viagères 
(Mans  et  Mahillon).  Bruxelles,  [1887];  3eah.  pet.  in-folio. 

Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse  de  Liège.  —  Bulletin, 
tomes  MV.  Liège,  1881-86;  4  vol.  in-8". 

Conseils  provinciaux,  —  Procès-verbaux  des  séances  de 
Tannée  1886.  9  vol.  in-8«. 

Cercle  archéologique  d'Enghien.  —  Annales,  t.  III,  1"livr 
Braine-lc-Comte,  1887;  in-8». 


.  I 


(  529  ) 


Al.LEHÂGNB  ET  AUTRICHE- HONGRIE. 

Winkler  (Clemens). —  Mittheilungen  ûber  das  Germanium. 
Leipzig,  4887;  extr.  in-8»(32  p.). 

Schum  (Wilhelm),  —  Beschreibendes  Verzeichniss  der 
amplonianischen  Handschriften-Sammlung  zu  Erfurt.  Berlin, 
1887;  vol.  in-8»(H0p.  et  2  pi.). 

Schlesische  Gesellschaft  fur  vaierlàndische  Cultur.  — 
64.  Jahres-Bericht.  Breslau;  in-8^ 

—  Zacharins  Allerts  Tagebucb  aus  dcm  Jabre  1627. 
Breslau,  1887;  in-8*. 

Senckenbergtsche  naîvrforschende  Gesellschafi,  —  Bericht, 
4887.  Francforl-s/M.;  in-8^ 

Sternwarte  zu  Prag.  —  Beobacblungen  im  Jabre  1886. 
In-4*. 

Verein  der  pretissischen  Rheinlande,  Bonn.  —  Verliand- 
lungen,  24.  Jabrgang,  1.  ln-8^ 

Université  de  Tubingen.  —  Tbèses  et  dissertations,  1886- 
1887.  39  br.  in-8«  et  in-4'. 

Université  de  Giessen.  —  Tbèses  et  dissertations,  i 886-87. 
29  br.  in-8»  et  in-4^ 

Phjjsikalischer  Verein  zu  Frank  fur  i  am  Main.  —  Jabres- 
bericiit,  1885-86.  In-8^ 

Historischer  Verein  fur  Sleiermark.  —  Beitrage  22.  Jabr- 
gang. —  Mittbeilungen,  35.  Heft.  Gralz,  1887;  in-8^ 

Akademie  der  Wissenschaflen,  Wien.  —  Pbilos.-bistor, 
Classe  :  a)  Sitzungsber.,  Bd.  CXII,  CXill,  CXIV,  \ .  b)  Denk- 
scbriften,  Register  zu  dcm  Bânden  XV-XXXV.  —  Matbem.- 
naturw.  Classe  :  a)  Sitzungsber.,  I.  Ablb.,  1886, 4-10;  II'  Abtb.. 
1886,  5-10;  1887,  1,  2;  IH-  Ablb.,  1886,  MO.  6)  Denkscbrif- 
ten,  Bd.  51  und  52.  —  Arcbiv  fur  Kunde,  Bd.  68,  2;  69 
und  70. 


(  830  ) 


France. 

Rei/naert  [Aug,), —  Histoire  de  la  discipline  parlementaire  : 
règles  et  usages  des  assemblées  politiques  des  deux  mondes,  etc., 
tomes  I  et  II.  Paris,  4884;  2  vol.  in-8*. 

ffirn  (6.-i4.).  -^  La  thermodynamique  et  Tétude  du  travail 
chez  les  êtres  vivants.  Paris,  1887;  extr.  in-4*  (30  p.). 

—  Construction  et  emploi  du  métronome  en  musique.  Paris, 
i887;  exlr.  in- 4*  (8  p.). 

—  Théorie  et  application  du  pendule  h  deux  branches. 
Paris,  1887;  extr.  in-4«  (16  p.). 

Dargel  {L,).  —  Des  cubes  solides,  de  leurs  arêtes  et  de  leurs 
racines  numéraires.  En  outre,  procédés  pour  la  destruction  du 
phylloxéra.  Enfin,  soins  hygiéniques  à  donner  au  besoin  k  sa 
santé.  Auch,  1887;  in-4°  (20  p.). 

Les  fêtes  jubilaires  de  Tabhaye  de  Saint-Pierre  de  Solesmes, 
9,  10  et  1 1  juillet  1887.  Solesmes,  1887;  in-S*"  (GO  p.). 


Grande-Bretagne  et  Colonies  britanniques. 

Royal  Society  of  Edinburgh.  —  Transactions,  vol.  XXX,  4, 
1882-85.  ln-4'. 

Meteorological  Service  of  Canada.  —  Report,  1884.  Ottawa, 
1887;  in.8«. 

Slatistical  office,  Sydney.  —  Handbook  to  the  statistical 
rcgister  of  New  South  Wales,  1886.  Sydney,  1887;  vol.  in-8*. 

Churchill  (John  Francis).  —  First  and  second  report....  frcc 
Dispensary  for  consumpiion.  Londres,  1886-87;  2  br.  in-8^ 

Mueller  (Baron  von).  —  Eucalyptographia,  décade  8-10.  — 
Iconography  of  australian  specics  of  acacia,  décade  1-4.  Mel- 
bourne; 5  cah.  in-4^ 


(831  ) 

—  Key  to  ihe  System  of  Victorian  plants,  H.  Melbourne, 
4885;  vol.  in-18  (60  p.  et  i52  fig.). 

Royal  Society  of  Canada.  —  Procecdings  and  transactions, 
1886,  vol.  IV.  Montréal,  i887;  vol.  in-4». 

Transit  of  Venus,  i88S  :  Report  of  the  Commiitee  appoin- 
(ed  by  the  Brilish  Government.  Londres,  [4887];  pet.  in-folio 
(88  p.). 


Italie. 

Giovauni  (  V.  di), —  I  documenti  dcli'  arcliivio  di  Barceiiona 
c  il  ribcllaraenlo  di  Sicilia  conlro  Rc  Carlo,  nel  i282.  Bologne, 
i887;in-8«(16p). 

—  L'apologetica  cattolica  c  gli  studii  elnografici,  storici, 
archcologiri  contcmporanel.  Païenne,  4887;  in-8®  (80  p.). 

Osservalorio  di  Brera  in  Milano.  —  Pubblieazioni,  n""  32. 
Triangolazionc  di  Milano.  In•4^  ' 

Comilaio  geologico  d'Italia.  —  Bolleltino,  1886.  Rome; 
in-8°. 

Società  reale  di  NapolL  —  Rendiconto...  scienze  fisiche  e 
matematiche,  XXV,  n»'  4-iO,  4885-86;  in-4^ 

Accademia  di  scienze.,,  Modena.  —  Memorie,  tomo  XX,  5; 
série  2,  tomo  IV.  2  vol.  in-4". 


Pays-Bas  et  Luxembourg. 

Ferron  {Eug,).  —  Étude  sur  la  catastrophe  de  Hugsstclten, 
survenue  h  un  train  de  plaisir  de  Fribourg  k  Golmar,  le  3  sep- 
tembre 1882.  Luxembourg,  4883;  extr.  in-8°  (46  p.). 

—  Mémoire  sur  le  calcul  et  la  construction  des  polygones 
réguliers.  S.  1.  ni  d.;  extr.  in-8^  (22  p.,  4  pi.). 


(  532  ) 


Pays  divers. 

Kammerinann  {A.).  —  Résumé  météorologique  de  raniiée 
1886  pour  Genève  et  le  Grand  Saiat-Bernard.  Genève,  4887; 
in-8*. 

Lindelôf{L,).  —  Trajectoire  d'un  corps  assujetti  h  se  mou- 
voir sur  la  surface  de  la  terre  sous  Finfluence  de  la  rotation 
terrestre.  Helsingfors,  1887;  in-i"  (60  p.,  \  pi), 

Turrettini  {Th.).  —  Prix  courant  de  la  Société  pour  la  con- 
struction d'instruments  de  physique.  Genève,  4887;  in-8^ 

Société  khédivale  de  géographie.  —  Bulletin,  2"*  série, 
n"  10  et  41.  Le  Caire,  4887;  in-8^ 

Société  d'histoire  de  la  Suisse  romande.  —  Mémoires  et 
documents,  seconde  série,  tome  I.  Lausanne,  4887;  vol. 
in-8'. 

Tifliser  Observatorium.  —  Magnctische  beobaclitungen, 
4884-85.  In^8°. 


liULLETlN 


OiC 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 

DES 

LtTTRËS  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 

1887.  — NMl. 


CLASSE  DES  SGIEKGLS. 


Séance  du  5  novembre  1887. 

M.  J.  De  Tjlly,  directeur,  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Fr.  Crépin,  vice-directeur;  J.-S. 
Stas,  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de  Selys  Long- 
cbanips,  J.  C.  flouzeau,  G.  Dewalque,  H.  Maus,  E.  Cau- 
dèze,  Ch.  Montigny,  A.  Brialmoiit,  Ëd.  Van  Beneden, 
C.  Malaise,  F.  Folie,  Alph.  Briart,  F.  Plateau,  Éd.  Mailly, 
Ch.  Van  Bambeke,  Alf.  Gilkinet,  G.  Van  dcr  Mensbrugghe, 
W.  Spring,  Louis  Henry,  M.  Mourlon,  membres;  E.  Catalan, 
Ch.  de  la  Vallée  Poussin,  associés;  J.  Delbœuf,  L.  Fredericij, 
J.-B.  Masius,  Paul  Mansion,  A.  Renard,  P.  De  Heen  cl 
C.  Le  Paige,  correspondants. 

5"*  SÉRIE,  TOME  XIV.  56 


(  S3^  ) 


CORRESPONDANCE. 


La  Classe  prend  notification  de  la  mort  : 

1^  de  Gustave  Kirchhoff,  l'un  de  ses  associés  de  la  sec- 
lion  des  sciences  mathénaatiques  et  physiques,  décédé  à 
Berlin  le  17  octobre  dernier,  à  Page  de  63  ans; 

2^  de  Spencer  Fullerton  Baird,  secrétaire  de  ta  Smilhso' 
nian  institution  de  Washington,  décède  à  Woods  Holl  (M^^*), 
le  19 août  dernier; 

S""  du  conseiller  Antonio-Auguslo  d'Aguiar,  président 
de  la  Société  de  géographie  de  Lisbonne,  décédé  le  4  sep- 
tembre dernier,  à  Tâge  de  49  ans. 

—  M.  le  Ministre  de  FAgriculture,  de  Tlndustrie  et  des 
Travaux  publics  demande  l'avis  de  la  Classe  sur  la  requête 
de  M.  Pergens  qui  sollicite  de  pouvoir  occuper,  pendant 
Tannée  1888,  la  table  de  la  Station  zoologique,  à  Naples, 
affectée  aux  Belges.  —  Renvoi  à  MM.  Van  Beneden,  père 
et  fils,  et  Plateau. 

—  Le  même  Ministre  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Académie,  le  tome  VU  des  Annales  du  Cercle  hutois  des 
sciences  et  des  beaux-arts.  —  Remerciements. 

—  M.  le  général  Ibanez,  associé  de  la  Classe  et  président 
de  l'Institut  géographique  et  statistique  de  Madrid,  offre 
plusieurs  livraisons  de  la  Carte  topographique  de  l'Espagne 
au  l/50.000\ 

M.  le  lieutenant-colonel  Hennequin,  directeur  de  l'in- 
stitut cartographique  militaire  belge,  adresse,  au  nom  de 
M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  deux  exemplaires  du  premier 


fascicule  dn  tome  VI  de  la  Triangulation  du  rotjauuie  de 
Belgique. 

Ce  fascicule  se  rapporte  aux  observations  astronomiques 
faites  à  Hamipré,  en  1884,  par  M.  le  capitaine  adjoint 
d'élal-major  Delporte.  —  Remerciements. 

—  M.  E.  Ducretel,  à  Paris,  adresse  une  note  manuscrite 
sur  un  Enregistreur  mécanique  et  automatique  de$  signaux 
transmis  par  les  télégraphes  et  par  les  projecteurs  optiques, 
—  Dépôt  aux  archives,  le  règlement  s'opposanl  à  ce  qu'il 
soit  émis  un  avis  sur  des  travaux  déjà  communiqués  à 
d'autres  corps  savants. 

—  L'auteur  du  mémoire  portant  la  devise  :  Numeri 
regunt  mundtim,  envoyé  en  réponse  à  la  question  du  con- 
cours de  Tannée  actuelle  se  rapportant  à  Vécoulement 
linéaire  des  liquides,  demande  à  rentrer  en  possession  de 
son  manuscrit.  —  La  Classe  prononce  Tordre  du  jour  sur 
cette  demande,  qui  est  contraire  au  règlement. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
Texamcn  de  commissaires  : 

1**  Études  sur  l'aspect  physique  de  Jupiter  (2®  partie). 
Observations  faites  à  Louvain,  à  la  lunette  de  Secrétan,  de 
488S  à  1885,  par  F.  Terby  (avec  5  planches).  —  Commis- 
saires :  MM.  Houzeau,  Polie  et  Liagre; 

2"  Les  plans  planétaires  et  Véqualeur  solaire;  par 
L.  Nieslen.  —  Commissaires  :  MM.  Folie  et  Liagre; 

3*  On  Forecasting  the  weather;  par  B.-J.  Jenkins, 
(avec  1  planche).  —  Commissaire  :  M.  Houzeau; 

4"  Sur  la  nature  minérale  des  silex  de  la  craie  de 
Nouvelles,  et  contribution  à  l'étude  de  leur  formation; 
par  A.  Renard  et  C.  Klément.  —  Commissaires  :  MM.  de 
la  Vallée  Poussin  et  Briart. 


(  836  ) 

—  Hommages  d*ouYrages  : 

1*  Observations  sur  les  mœurs  du  Claniulus  Guttl- 
LATUS  Bosc;  par  P.  Plateau; 

2*  L'apophyse  slyloïde  du  troisième  métacarpien  chez 
l'homme;  par  H.  Lehoucq; 

3°  Théorie  analytique  des  mouvements  des  satellites  de 
Jupiter  {^^  partie);  par  L.  Souillarl.  —  Remerciemenls. 

—  La  Classe  donne  mission  à  MM.  P.-J.  Van  Beneden, 
Folie  et  Fredericq  de  la  représenter  à  la  célébration  dn 
soixante-dixième  anniversaire  du  D'  Donders,  associé  de 
TÂcadémie,  qui  aura  lieu  à  Utrecht  le  27  mai  1888. 

—  Sur  la  demande  de  M.  Van  der  Mensbrugghe,  pre- 
mier rapporteur,  M.  Ferron  sera  remis  en  possession  de 
son  travail  intitulé  :  Sur  rinsvffisance  du  système  suivi 
par  Cauchy  (théorie  de  la  lumière),  etc.,  afin  que  Pauteur 
puisse  le  modifier  s*il  le  juge  nécessaire. 


RAPPORTS. 


Action  des  acides  sur  le  goût;  par  J.  Corin. 

<  Après  avoir  fait  cette  remarque  générale  que  les  acides 
ont  tous  le  goût  acide,  M.  Corin  s'est  appliqué  à  rechercher 
quelle  relation  il  pouvait  bien  y  a\oir  entre  ce  goût  et  la 
composition  chimique.  Il  est  arrivé  à  ce  résultat  curieux, 
que  l'acidité  sensible  croîtrait  avec  la  quantité  d'hydrogène 
basique  renfermé  dans  la  molécule  acide,  et  décroîtrait 
avec  le  poids  même  de  la  molécule. 


(557) 

Il  D'élablil  d'ailleurs  —  et  c'est  avec  raison  —  aucune 
relation  numérique  précise  entre  les  deux  termes  com- 
parés. 

Rien  de  plus  délicat  que  les  problèmes  qui  se  rattachent  à 
la  mesure  des  sensations.  On  peut  s'en  convaincre  en  lisant 
les  innombrables  travaux,  souvenf  contradictoires,  sur 
la  mesure  des  sensations  lumineuses,  qui  sont,  sans  con- 
tredit, les  plus  favorables  à  l'expérimentation.  Mais,  de  tous 
les  sens,  le  goût  est,  avec  l'odorat,  celui  qui  lui  offre  le 
moins  de  prise,  et  les  tentatives  faites  jusque  dans  ces  der- 
niers temps  pour  l'en  rendre  justiciable,  sont  loin  d'être 
pleinement  satisfaisantes. 

Le  travail  de  M.  Corin  constilue  un  essai  heureux  et  ori- 
ginal, qui,  perfectionné,  pourra  fournir  des  résultats  plus 
précis. 

L'auteur  a  saisi  d'emblée  les  difficultés  de  la  question, 
et  son  travail  commence  par  le  détail  des  précautions  à 
prendre  pour  expérimenter  avec  toule  la  rigueur  possible. 
Seulement  il  ne  nous  dit  pas  qu'il  a  été  seul  à  faire  ses 
dégustations,  et  c'est  là  un  point  important  à  signaler.  Il 
est  donc  possible  qu'un  autre,  en  appliquant  la  même 
méthode,  arrive  à  une  autre  classification  des  acides  au 
point  de  vue  de  l'acidité.  Qui  sait?  en  matière  de  goût,  il 
se  révélerait  peut-être  des  différences  personnelles,  comme 
en  fait  de  couleurs. 

Provisoirement  donc,  les  résultats  que  M.  Corin  nous 
livre  ne  sont  garantis  que  par  lui,  et  celui  qui  voudrait  les 
contrôler  devrait  commencer  par  faire  sa  propre  éducation, 
comme  lui  l'a  faite.  Il  me  parait  nécessaire  que  le  mémoire 
instruise  le  lecteur  de  cette  circonstance. 

M. Corin  désigne  les  degrés  d'acidité  par  des  termes  assez 
vagues  en  eux-mêmes  :  très  acide,  acide,  assez  acide,  peu 


(  338  ) 

aci(Jc,  limonade,  douteux,  faible,  nul.  Il  devrait  et  pourrait 
arriver  à  une  terminologie  plus  précise.  Pour  apprécier  le 
degré  d*acidilé  de  ses  différentes  solutions,  il  les  goûtait 
l'une  après  Tautre,  et  les  rangeait  dans  Tordre  du  plus  ou 
moins.  Mais  ceci  n'est  pas  dit  dans  le  mémoire,  et  il  faut 
le  deviner.  Il  se  servait  donc  de  la  méthode  des  différences 
finies.  S*il  nous  donnait  un  seul  tableau  des  essais  aux- 
quels il  s'est  livré  pour  arriver  à  obtenir  sa  classification, 
nous  pourrions  nous  faire  une  idée  claire  de  ce  que  peut 
être  une  échelle  d'acidité.  Il  parait  qu'il  s'était  exercé  au 
point  de  ranger  toujours  dans  le  même  ordre  les  solutions 
qu'il  éprouvait.  Ce  qui  semble  indiquer  que  les  différences 
étaient  suffisamment  sensibles. 

Partant  de  là,  on  conçoit  qu'il  y  aurait  peut-être  moyen 
de  classer  les  différents  acides  au  point  de  vue  de  l'acidité, 
en  les  rapportant  à  des  dilutions  déterminées  d'un  même 
acide  type.  C'est  ainsi  que  les  essayeurs  de  matières  d'or 
et  d'argent  apprécient  les  alliages. 

Il  est  vrai  que,  d*après  M.  Corin,  il  serait  plus  difficile 
de  juger  d'une  équivalence  que  d*une  différence.  Cependant 
l'essai  dont  il  nous  donne  un  spécimen  devrait,  ce  semble, 
l'encourager  dans  cette  voie.  Ayant  par  deux  fois  obtenu 
des  solutions  d'acide  chlorbydrique  et  d'acide  sulfurique, 
sensiblement  les  mêmes  an  goût,  et  les  ayant  neutralisées 
par  de  la  soude,  il  est  arrivé  les  deux  fois  au  même  rap- 
port ^7»  soit  exactement  "/es  cl  ^^^U\o  pour  les  quantités 
<le  soude  respectivement  employées. 

Ce  serait  le  cas  de  recourir  à  la  méthode  connue  en 
psychophysique  sous  le  nom  de  méthode  des  erreurs 
moyennes.  Ce  pourra  être  là  matière  à  recherches  ulté- 
rieures. 

En  somme,  travail  intéressant. 


(  539  ) 

Je  propose  donc  l'^dlnsérer  le  travail  dans  le  Bulletin  de 
l'Académie^  après  que  l'auteur  Taura  complété  dans  le  sens 
des  observations  précédentes,  et  en  aura  fait  disparaître 
des  négligences  de  rédaction  qu'on  y  rencontre»  surtout 
dans  l'énoncé  des  théorèmes; 

^  De  voter  des  remerciements  à  l'auteur,  en  llnvitant 
à  continuer  ses  recherches.  » 


c  Pour  aucune  catégorie  de  substances  sapides,  les 
relations  qui  peuvent  exister  entre  le  goût  et  la  fonction 
chimique  ne  paraissent  aussi  évidentes  que  pour  les  acides. 
Tous  les  corps,  acides  au  point  de  vue  gustatif,  le  sont 
aussi  au  point  de  vue  chimique;  comme  si  certaines  ter- 
minaisons nerveuses  de  la  langue  étaient  le  siège  d'une 
affinité  spéciale  pour  les  acides. 

Ainsi  que  le  fait  remarquer  l'auteur  du  travail  que 
nous  analysons,  le  bout  de  la  langue  peut  remplacer  le 
tournesol  quand  il  s'agit  de  décider  si  la  molécule  d'un 
composé  soluble  contient  de  l'hydrogène  basique,  c'est- 
à-dire  remplaçable  par  un  métal;  mais  il  est  incapable  de 
discerner  à  quelle  espèce  d'acide  appartient  cet  hydro- 
gène. En  effet,  la  plupart  des  acides  ont  identiquement  le 
même  goût  :  l'intensité  seule  de  la  saveur  varie. 

Jusqu'où  va  cette  relation  entre  l'action  gustalive  et  la 
fonction  chimique?  L'une  peut-elle  servir  de  mesure  à 
l'autre?  En  d'autres  termes,  l'intensité  de  la  saveur  des 
différents  acides  est-elle  en  rapport  avec  le  poids  de 
l'hydrogène  basique  qu'ils  contiennent,  ou,  ce  qui  revient 


(  840  ) 

au  même  pour  la  plupart  d'entre  eux,  avec  la  quaulilé 
absolue  de  soude  qu*ils  sont  capables  de  neutraliser? 
Telle  est  la  question  que  M.  Corin  a  cherché  à  résoudre. 

Il  a  Composé,  avec  les  acides  chlorhydrique,  nitrique, 
formique,  acétique,  etc.,  des  limonades  contenant  la  même 
quantité  d*hydrogène  basique  et  il  est  arrivé^  en  les  goû- 
tant)  à  un  résultat  tout  à  fait  inattendu  :  ces  solutions, 
équivalentes  au  point  de  vue  chimique,  ne  le  sont  pas  au 
point  de  vue  du  goût.  Une  molécule  d'acide  chlorhydrique 
(c'est-à-dire  une  quantité  d'acide  chlorhydrique  propor- 
tionnelle au  poids  moléculaire)  exerce  sur  ta  langue  une 
action  plus  forte  qu'une  molécule  d'acide  nitrique;  celle-ci 
à  son  tour  est  plus  acide  au  goût  qu'une  molécule  d'acide 
formique  ou  d'acide  lactique,  etc. 

En  classant  les  acides  de  même  basicité  d'après  l'inten- 
sité de  la  saveur  acide  de  leur  molécule,  M.  Corin  est 
arrivé  à  ce  second  résultat  curieux,  que  la  saveur  d'une 
molécule  d'acide  est  d'autant  plus  forte  que  cette  molé- 
cule est  plus  légère.  L'action  qu'un  atome  d'hydrogène 
basique  exerce  sur  la  langue  est  donc  d'autant  plus  . 
marquée  que  la  molécule  dont  il  fait  partie  a  un  poids  plus 
faible. 

Si  cette  proportionnalité  était  rigoureuse  (point  que 
M.  Corin  n'a  pas  résolu),  il  en  résulterait  celte  consé- 
quence curieuse  que,  pour  composer  des  limonades  éga- 
lement acides  au  goût,  en  partant  de  solutions  d*HCI, 
HNO3,  H2CO3,  etc.,  équivalentes  comme  acidité  au  point 
de  vue  chimique,  il  faudrait  prendre  de  chacune  de  ces 
dernières  solutions  une  quantité  proportionnelle  au  poids 
moléculaire  de  l'acide  considéré,  et  diluer  chaque  fois 
au  même  volume  d'eau.  Si  l'on  partait  de  poids  absolus  de 
HCI,  HNOs,  H2CO5,  il  faudrait  prendre  de  chacun  de  ces 


.    541    ; 

acides  un  nombre  de  grammes  ou  de  centigrammes  pro- 
portionnel au  carré  du  poids  moléculaire  et  dissoudre 
dans  le  même  volume  d'eau,  pour  avoir  des  limonados 
équivalentes  au  goût. 

Je  me  h&te  d'ajouter  que  les  tableaux  d'expériences  de 
M.  Corin  ne  concordent  pas  bien  avec  la  loi  de  propor- 
tionnalité rigoureuse,  telle  que  je  l'ai  supposée  un  instant. 

D'autres  facteurs  que  le  poids  moléculaire  interviennent 
sans  doute  pour  déterminer  l'intensité  de  la  saveur  aigre- 
lette d'un  atome  d'hydrogène  basique. 

J'ai  l'honneur  de  me  rallier  aux  conclusions  formulées 
par  mon  savant  confrère,  M.  Del  bœuf.  » 

Les  conclusions  de  ces  deux  rapports  ont  été  adoptées 
par  ta  Classe. 


Observations  physiques  de  Saturne  faites  en  1887; 

par  Paul  Stroobant. 

Hmppowt  dm  Jf.  V.  Foiim, 

A  M.  P.  Stroobant,  astronome  amateur  très  zélé,  connu 
par  plusieurs  publications  intéressantes  insérées  au  Bu/- 
letin^  a  fait  avec  soin,  du  il  janvier  au  20  avril,  des  obser- 
vations physiques  de  Saturne  et  de  son  anneau.  Elles  sont 
résumées  dans  le  travail  que  l'auteur  soumet  à  l'Académie, 
et  dont  le  texte  sort  d'éclaircissement  à  la  planche  qui 
l'accompagne. 

Les  faits  les  plus  intéressants  signalés  par  M.  Stroobant 
sont  les  suivants.  Les  fameuses  divisions  d'Encke  et  de 
Stuve  paraissent  sujettes  à  de  très  grands  changements 
quant  à  la  netteté  avec  laqurllo  on  les  aperçoit  et  quant  à 


(  542  ) 

la  position  qu'elles  occupent.  C'est  ainsi  que  le  9  et  le 
42  février,  la  séparation  d*Encke  semble  diviser  en  parties 
égales  l'anneau  extérieur  A,  alors  que  le  4  avril,  Tobser- 
vaieur  la  voit  tout  près  de  la  division  Gassinienne.  Même 
remarque  quant  à  la  division  de  Slruve;  celle-ci  est  beau- 
coup plus  rarement  visible,  et,  lorsqu'on  l'aperçoit,  c'est 
souvent  sur  une  anse  seulement.  D'ailleurs,  jusqu'ici  aucun 
observateur  n'a  pu  la  voir  distinctement  sur  toute  la  por- 
tion visible  de  l'anneau  C\  Les  dentelures  que  M.  Stroo- 
bant  nous  montre  à  différentes  reprises,  empiétant  sur 
l'anneau  A  comme  des  éclaboussures  parlant  de  la  division 
CassiniennCj  méritent  de  fixer  l'attention,  ainsi  que  les 
changements  dans  l'allure  de  l'ombre  du  disque  sur  l'an- 
neau et  les  modifications  profondes  des  bandes  qui  recou- 
vrent la  surface. 

L'ensemble  des  descriptions  et  des  dessins  de  M.  Stroo- 
bant  nous  montre  que  nous  sommes  bien  loin  d'une 
explication  complète  du  brillant  phénomène  admiré  dans 
Saturne.  Assurément  l'état  de  l'atmosphère  joue  un  grand 
rôle  dans  les  résultats  observés,  la  limpidité  et  le  calme  de 
l'air,  le  voisinage  de  la  Lune  doivent  exercer  de  l'influence. 
Nous  savons  aujourd'hui  que,  sous  un  ciel  très  pur,  les 
raies  de  la  chromosphère  apparaissent  brillantes  en  dehors 
de  toute  éruption,  mais  le  caractère  des  variations  signa- 
lées, par  exemple,  l'extinction  de  la  division  d'£ncAe, 
alors  que  la  division  de  Slruve  était  apparente,  établissent 
l'existence  d'autres  causes.  Il  faut  remercier  et  encourager 
ceux  qui,  possédant  un  bon  crayon  comme  M.  Stroobani, 
ont  la  patience  de  dessiner  fidèlement  les  changements 
d'état  que  Saturne  et  son  anneau  présentent  dans  un  bon 
télescope.  Us  contribuent  ainsi  non  seulement  à  étendre  le 
champ  de  nos  connaissances  relativement  à  cette  planète, 


(  3^3  ) 
mais  à  faire  avancer  la  solution  du  problème  cosmique  et 
mécanique  de  Panneau. 

Je  propose  donc  bien  volontiers  à  la  Classe  l'insertion 
du  travail  de  M.  Slroobanl  ainsi  que  de  ta  planche  qui  y 
est  annexée,  dans  le  Bulletin  de  la  séance.  » 

M.  Houzeauy  second  commissaire,  ayant  adhéré  aux 
conclusions  qui  précèdent,  elles  sont  mises  aux  voix  et 
adoptées  par  la  Classe. 


Sur  la  théorie  de  l'involution;  par  François  Deruyts. 

A<tf»|iorl  dm  Jf«  C,  Mj9  Ê^aigm. 

<  Le  travail  dont  j'ai  l'honneur  de  présenter  l'analyse  à 
la  Classe  est  la  suite  naturelle  de  celui  que  M.  Deruyts  a 
présentée  l'Académie  dans  la  séance  du  6  août  dernier. 

Après  avoir  rappelé  la  méthode  dont  il  fait  usage  pour 
représenter  les  involutions  unicursates  dans  un  espace  E, 
à  H  dimensions,  l'auteur  fait  observer  que  le  point  de  cet 
espace  qui  représente  une  involution  l"_|  peut  aussi  être 
considéré  comme  l'image  d'une  forme  algébrique. 

La  courbe  normale  devient  alors  le  lieu  des  points  qui 
représentent  des  formes  binaires,  puissances  exactes. 

Lorsqu'il  s'agit  d^une  forme  d'ordre  inférieur  à  n,  n — p, 
par  exemple,  la  même  représentation  a  lieu,  et  il  corres- 
pond, <^  la  forme  donnée,  un  espace  E^. 

L'interprétation  dont  il  fait  usage  permet  à  l'auteur 
d'énoncer  et  de  démontrer  simplement  des  théorèmes  dus 
à  M.  Rosanes. 


(  544  ) 

Reprenant  les  résultais  de  son  étude  antérieure,  le  jeune 
docteur  obtient  certaines  propriétés  des  éléments  neutres 
d*involutions  supérieures;  nous  pourrons  faire  observer, 
en  passant,  qinl  retrouve,  par  une  méthode  différente,  un 
des  théorèmes  que  nous  avons  énoncés  dans  une  récente 
communication.  Je  me  hâte  d'ajouter  que  IM.  Deruyts 
n*avait  pas  connaissance  de  ma  petite  note  et  que  d'ail- 
leurs, tout  en  généralisant  et  complétant  mes  résultats,  il 
énonce  d'autres  propriétés  qui  découlent  immédiatement 
de  ses  procédés. 

Au  surplus,  il  fait  usage  de  ces  propriétés  pour  établir 
l'existence  de  formes  canoniques  simples  pour  l'équation 
des  involutions  supérieures,  et  pour  démontrer  certains 
théorèmes  généraux  de  réduction  à  des  formes  normales 
d'un  système  de  formes  algébriques  binaires. 

Ces  théorèmes  comprennent,  comme  cas  fort  particu- 
lier, les  résultats  sur  la  réduction  d'une  forme  binaire  à 
une  somme  de  puissances  n  obtenus  par  M.  de  Paolis. 

0»tte  courte  analyse  permettra,  je  pense,  d'apprécier 
rinlérêt  que  présentent  les  recherches  de  M.  Fr.  Deruyts, 
et  justifiera  Je  l'espère,  la  proposition  que  je  fais  à  la  Classe 
d'ordonner  l'insertion  de  son  mémoire  dans  le  Bulletin  de 
la  séance.  > 

Ces  conclusions,  appuyées  par  M.Mansion,  second  com- 
missaire, sont  mises  aux  voix  et  adoptées  par  la  Classe. 


(  548  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Recherches  expérimentales  sur  la  vision  chez  les  Arthro- 
podes (deuxième  partie).  —  Vision  chez  les  Arachnides; 
par  Félix  Plateau,  membre  de  TAcadémie  royale  de 
Belgique,  professeur  à  TUniversilé  de  Gand,  etc. 

Avant-propos. 

La  première  partie  de  ces  recherches  (1),  consacrée  à  la 
vision  chez  les  Myriopodes,  concernait  des  êtres  d'un  type 
très  primitif,  lucifnges,  comparables,  pour  les  habitudes, 
aux  Articulés  cavernicoles  et  fort  inférieurs,  par  le  déve- 
loppement incomplet  des  facultés  instinctives  ainsi  que  par 
l'absence  totale  d'industrie,  à  un  grand  nombre  d'Arthro- 
podes mieux  doués. 

Dans  la  deuxième  partie  actuelle,  qui  traite  des  Arach- 
nides, il  s'agit  aussi  d'animaux  voisins,  par  l'organisation, 
des  Arthropodes  anciens,  mais  dont  les  mœurs  sont  loin 
d'être  restées  uniformes  :  les  uns,  comme  les  Scorpio- 


(i)  Bull,  de  VAcad,  roy.  de  Belgique,  3«  sér.,  t  XIV,  n»»  9-iO, 
p.  407,  1887. 


(  S46  ) 

aides,  vivent  encore  à  l'abri  du  jour  et,  ainsi  que  nous  le 
verrons,  doivent  compter  surtout  sur  le  hasard  pour  se 
procurer  de  la  nourriture;  d'autres,  conome  la  plupart  des 
Aranéides,  tendent  des  pièges  aux  Insectes;  enfin,  dans  ce 
dernier  ordre,  les  représentants  de  fanoille  entières  recher- 
chent la  lumière  et  se  livrent  à  de  véritables  chasses;  ce 
sont  naturellement  ceux  dont  les  instincts  et  les  percep- 
tions visuelles  ont  atteint  le  développement  le  plus  élevé 
qu'ils  pouvaient  acquérir  dans  cette  catégorie  d'Articulés. 

Les  expériences  sur  la  vision  devaient  donc  donner  et 
donnent,  en  effet,  des  résultats  un  peu  différents  suivant 
les  types  étudiés.  C'est  pour  ce  motif,  qu'au  lieu  d'essayer 
de  formuler  des  conclusions  générales  à  la  (in  de  cette 
étude,  j'ai  préféré  rédiger  des  conclusions  spéciales  pour 
les  trois  groupes  distincts  des  Âranéides,  des  Scorpionides 
et  des  Phalangides. 

Les  figures  1  et  S  de  la  planche  I  (première  partie) 
représentant  la  structure  d'un  d'œil  postérieur  d'Araignée, 
et  les  figures  3  et  4  de  la  même  planche,  quoique  se  rap- 
portant à  l'ocelle  des  Insectes,  permettant  de  comprendre 
aisément  l'organisation  des  yeux  simples  à  bâtonnets  ter- 
minaux, je  prie  le  lecteur  d'y  jeter  un  coup  d'œil  avant 
d'aborder  l'examen  du  présent  travail. 

Enfin,  celui-ci  étant  une  suite,  les  numéros  des  cha- 
pitres et  des  paragraphes  continuent  les  séries  com- 
mencées dans  la  première  partie. 


(547) 


Chapitre   III. 


Aranéidcs. 


§  9.  —  Considérations  générales. 

J.  M&lier  (1)  attribue  aux  Araignées  une  vue  nette  à 
courte  distance,  et  Lacordaire  (2),  qui  emprunte  peut-être 
ses  renseignements  au  précédent,  dit  la  même  chose  pour 
l'ensemble  des  Arachnides. 

Dugès  (5)  fait  probablement  allusion  à  la  Mygale 
maçonne  (Cleniza  cœmentaria)  qu'il  connaissait  bien, 
lorsqu'il  s*exprime  ainsi  :  <  Si  une  Araignée  rentre  dans 
»  son  trou  à  l'approche  de  l'homme,  même  quand  il  est 
9  encore  éloigné  de  près  d'une  toise  (environ  deux 
»  mètres),  il  n'est  pas  besoin,  pour  expliquer  ce  fait,  de 
»  lui  supposer  une  vision  distincte  jusqu'à  cette  distance, 
p  mais  seulement  la  perception  des  masses  »  (4). 

Rappelons,   en   outre,  que    c'est    Grenacher  (5)   qui 


(i)  MÛLLER.  Zur  vergleichenden  Physiologie  des  Gesichtsinnes  des 
Menschen  und  der  Thiere,  p.  353,  Leipzig,  i  8^6. 

(2)  Lacordaire.  Introduction  à  V entomologie ,  t.  H,  p.  241,  Paris, 
1838. 

(3)  DiGÉs.    Traité  de  physiologie   comparée  de   l'homme  et  des 
animaux,  t.  I,  p.  322,  Paris,  i  838. 

(4)  Nous  dirions  aujourd'hui  la  perception  des  mouvements. 

(5)  Grbnachbr.  Untersuchungen  iiber  das  Schorgan  der  A  rthropoden. 
Gôttingen,  1879. 


(  S*8  ) 
découvrit  le  curieux  dimorphisme  des  yeux  des  Ara- 
néides  :  les  b&lonnels  étant  situés  aux  extrémités  des 
ommatidies  dans  les  uns  (yeux  médians  antérieurs 
d'Epeiray  par  exemple)  et  plus  profondément  dans 
d'autres  (yeux  médians  postérieurs  d^Epeira^  etc.);  les 
éléments  rétiniens  étant  aussi  plus  petits  et  plus  serrés 
dans  les  yeux  à  bâtonnets  terminaux,  plus  larges  et 
moins  nombreux  dans  les  yeux  à  corps  bacillaires  pro- 
fonds. 

Sans  admettre  immédiatement  avec  Grenadier  (1)  que 
la  vision  doit  nécessairement  être  plus  nette  avec  les  yeux 
de  la  première  catégorie,  ce  qui  serait,-  du  reste,  presque 
impossible  à  constater,  nous  pouvons  raisonnablement 
supposer  que  les  deux  formes  d*organes  ont  des  rôles 
légèrement  différents. 

Là  se  réduisent  à  peu  près  les  hypothèses  générales  sur 
la  fonction  visuelle  des  Araignées.  Les  observations  spé- 
ciales sont  consignées  ci-iessous. 


§  10.  —  Atlides. 
(Genres  :  SaUicus,  Epiblemum,  Aitus^  etc.) 

Ce  groupe,  très  remarquable  par  ses  mœurs,  se  com- 
pose de  petites  Araignées  chasseuses  se  promenant  le 
jour  sur  les  murailles,  la  surface  des  rochers,  le  tronc  des 
arbres,  à  la  recherche  des  Insectes  et  fondant  sur  leur 
victime  en  exécutant  un  bond. 

Nous  sommes  obligés  d'y  ranger  les  Aranéides  indéler- 


(I)  Gre.N4cii£R.  Unleriuchtingcn,  clc,  op.  cit.,  p.  14G. 


(549) 

mioées,  dont  les  auteurs  parlent  en  employant  la  dénomi- 
nalion  d'Araignées  sauteuses. 

Toutes  ont  les  yeux  médians  antérieurs  plus  grands 
que  les  autres,  parfois  énormes  (pi.  H«  Gg.  1);  leurs  allures 
curieuses  ont  attiré  l'attention  dès  longtemps  (1). 

Treviranus  (2),  puis  des  naturalistes  plus  modernes  (3), 
ont  doué  les  Attides  d'une  adresse  et  d'une  précision  dans 
la  capture  des  Insectes  que  l'observation  attentive  ne  con- 
firme guère.  Dugès  (i)  est  à  peu  près  exact  lorsqu'il  dit 
que  les  Saltiques  c  ne  poursuivent  leur  proie  qu'à  la  dis- 
»  tance  de  quelques  pouces  »,  et  E.  Simon  (5)  rend  bien 
certaines  attitudes  dans  la  phrase  suivante  :  c  l'Atte  reste 
»  souvent  à  la  même  place  pendant  des  heures  entières, 
»  tournant  de  temps  en  temps  sur  elle-même  et  sou- 

>  levant  son  grand  corselet  pour  agrandir  son  horizon 

>  visuel  »  ;  mais  c'est  à  Fr.  Dahl,  à  Aug.  Forel,  à 
C.-B.  Lyster  et  à  H.-F.  Hutchinson,  que  l'on  doit  les 
renseignements  les  plus  précis. 

D'après  Dabi  (6),  l'Atlus  arcuaius.  Cl.  constate  la  pré- 
sence d'une    petite   mouche    (Homalomyia  canicularis) 


(1)  Voyez,  par  exemple,  Clekck,  A ranei  suecici,  p.  1 15,  Stockholm, 
«757. 

(2)  Treviranus.  Biologie  odcr  Philosophie  der  lebenden  Nalwr, 
Bd  VI,  p.  4U,  Gôttingen,  i822. 

(3)  Lisez  à  cet  égard  :  Brkhm.  Le»  Insectes,  traduction  de  Kûnckel 
d'Herculais,  t.  Il,  p.  751,  Paris,  1882. 

(4)  DuGÉs.  Traité  de  physiologie,  etc.,  op.  cit.,  p.  322. 

(5)  Simon.  Histoire  naturelle  des  Araignées,  p.  318,  Paris,  ISG^i. 

(6)  Dahl.  Versitch  einer  Darstellung  der  psychischen  Vorgàtige  in 
den  Spinnen  (Virteljahrscbrift  f.  Wisscnschafll.  Philosophie,  pp.  94, 
95,  IX,  I,  I88i). 

3"**   SrtRIK,   TOME    XIV.  37 


(  850  ) 

à  20  centimèires  (I);  cependant  la  dislance  doit  être 
réduite  à  1  7^  ^^  même  à  1  7^  centimètre  pour  que 
TAraignée  bondisse  sur  sa  proie.  L'ingénieux  auteur, 
désirant  déterminer  la  limite  de  vision  distincte  de  TAra- 
néide  en  question,  lui  présenta  un  petit  Hyménoptère 
{Hylœus  morio)  différant  peu  en  forme  et  en  volume  du 
Diptère  précédent.  L'Atte  s'approcha  jusqu'à  2  centi- 
mèlresy  puis  recula  aussitôt. 

Même  résultat  avec  un  Diptère  byménoptériforme,  la 
Cheilosia  prœcox,  puis  avec  une  boulette  de  papier  de  la 
grosseur  d'une  mouche,  suspendue  et  déplacée  à  Taide 
d'un  fil  fin.  L'Araignée  recula  chaque  fois  lorsqu'elle  ne 
fut  plus  qu'à  2  centimètres  environ  de  l'objet. 

Dabi  cite  aussi  le  cas  d'un  Epiblemum  scenicum  qui 
semblait  remarquer  les  déplacements  de  l'observateur 
à  50  centimètres  de  distance.  Il  ne  s'agit  évidemment  ici 
que  de  la  perception  des  mouvements  et  non  de  la  vision 
distincte  d'un  objet  déterminé. 

J'arrive  aux  faits  constatés  par  Forel  (2)  :  <  Lorsqu'on 
»  observe,  dit-il,  une  petite  Araignée  sauteuse  faisant  la 
»  chasse  aux  mouches  sur  une  fenêtre,  on  est  étonné  de 


(1)  Il  est  possible  que  Dabi  ait  bien  mesuré;  cependant  cette 
distance  de  20  centimètres  comparée  à  ce  que  j'ai  pu  constater 
moi-même  chez  VEptbleinum  scenicum,  me  semble  énorme.  Il  faut,  ou 
bien  être  très  exercé,  ou  bien  porter  sur  soi  une  règle  divisée  pour 
ne  pas  commettre  d'erreurs. 

(2)  Forel.  Heitrag  zur  Kenntniss  der  Sinncsempfindungen  dcr 
Insekten,  (Mittheilungcn  d.  Mûnchcncr  entom.  Vereins,  p.  13,  i878.) 

FoRBL.  Expériences  et  remarques  critiques  sur  les  sensations  des 
Insectes.  Première  partie.  (Recueil  zoologiquc  suisse,  t.  IV,  n^*  1, 
p.  18,  Genève,  4886.} 


(  «SI  ) 

>  voir  combien  sa  vue  est  mauvaise;  elle  n'aperçoit  la 

>  proie  qui  se  promène  tranquillement  devant  elle  qn*à 

>  deux  ou  trois  pouces  (5  '/^  à  8  centimètres),  la  cherche 
»  dans  une  fausse  direction  dès  qu'elle  s'éloigne  un  peu 
»  plus.  Et,  lorsque  la  mouche  se  tient  tranquille,  cette 

>  petite  Araignée  qui  ne  possède  que  des  ocelles  peut 

>  passer  encore  bien  plus  près  d'elle  sans  la  voir.  Si  les 
»  mouches  n'étaient  pas  si  stupides  et  si  imprudentes, 
»  elles  ne  seraient  jamais  prises.  » 

Forel  (1)  ajoute  plus  loin,  à  propos  des  Âttides  :  c  Quant 
»  aux  Araignées  sauteuses,  il  m'a  paru  qu'elles  ne  voient 
»  leur  proie  que  lorsqu'elle  se  meut  à  peu  de  distance 
»  d'elles.  Alors  elles  se  tournent  dans  sa  direction  et 
»  sautent  de^sus.  Comme  elles  ont  quelqut's  groupes 
»  d'ocelles,  on  peut  facilement  se  représenter  qu*ils 
»  doivent  suffire  pour  leur  indiquer  la  direction  du 
»  mouvement  perçu,  ce  qui  leur  permet  d'atteindre  l'objet 
»  par  un  saut  qui  rase  terre.  Du  resie^  elles  manquent 
»  cinquante  mouches  pour  une  qu'elles  atteignent  (2).  » 

C.-B.  Lyster,  décrivant  récemment  dans  Nature  (3)  les 
allures  d'une  Atiide  qu'il  désigne  par  l'expression  vague  de 
c  petite  Araignée  chasseuse  commune  sur  la  côte  occiden- 
»  taie  d'Afrique  »,  évalue  à  5  centimètres  la  distance  à 
laquelle  l'Aranéide  se  trouvait  de  sa  proie  lorsqu'elle  fixa 
son  fll  et  à  2  V^  centimètres  l'espace  qu*elle  franchit  en 
sautant. 

L'observation  de  Lysler,  qui  concorde  fort  bien  avec 


(i)  FoBiL.  Ihid.,  pp.  40-ii. 

(3)  Les  passages  en  italique  sont  en  caractères  ordinaires  dans  le 
texte  original  de  Forel. 

(5)  Ltstbr.  à  spider  allowing  for  ihe  Force  af  Gravitation.  (Nature, 
Tol.  XXXVi,  n«  929,  page  566,  18  août  1887.) 


(  5S-2  ) 

les  autres,  a  d*autant  plus  de  valeur  à  mes  yeux  qu'elle  est 
indépendante  de  toute  idée  préconçue,  ayant  été  efiecluée 
par  un  naturaliste  qui  ignorait  l'existence  de  recherches 
sur  la  vision  des  Arachnides. 

Enfin,  on  doit  rappeler  encore  le  fait  curieux  rapporté 
par  H.-F.  Hutchinson  (1)  d'un  Epiblemum  scenicum  pour- 
suivant  sa  propre  inoage  sur  un  miroir.  Il  serait,  je  crois, 
difficile  d'imaginer  une  expérience  qui  démontre  mieux 
que  TAranéide  distingue  très  mal  la  forme  des  corps,  et 
qu'elle  voit  surtout  les  mouvements. 

Ces  citations  un  peu  longues  étaient  nécessaires  pour 
pouvoir  comparer  les  faits  déjà  observés  aux  résultats  de 
mes  recherches  personnelles. 

§11.  —  Observations  et   expériences   sur  V Epiblemum 
scenicum  Clerck.  [Salticus  scenicus  Blackw,) 

A.  Individus  en  liberté,  -^  Deux  Epiblemum  circulent 
sur  un  mur  exposé  au  midi.  Comme  la  muraille  supporte 
un  poirier  en  espalier,  les  Arachnides  errent  tantôt  sur 
les  pierres,  tantôt  .*^ur  les  branches  de  l'arbre. 

Je  promène  dans  leur  voisinage  une  mouche  vivante 
placée  à  l'extrémité  d'une  longue  épingle  à  insectes 
implantée  elle-même  dans  le  bout  d'une  mince  baguette  : 
à  10  et  à  13  centimètres  de  distance,  l'attention  des  Ara- 
néides  est  évidemment  attirée  par  les  déplacements  de  la 
mouche;  elles  se  tournent  à  droite  lorsqu'on  transporte  la 

(1)  Hutchinson.  The  Hunting  Spider.  (Nature,  vol.  XX,  p.  581, 
1879.) 

G.  J.  Romanes.  {L'intelligence  des  animaux,  traduction  française, 
t.  I,  p.  201,  Paris,  4887;,  reproduit  Tobscrvation  de  Hutchinson. 


(  853  ) 

proie  vers  la  droite,  à  gauche  lorsqu'on  la  déplace  de  ce 
c6té.  Pour  une  dislance  plus  grande,  20  centimètres,  par 
exemple,  les  résultats  sont  si  douteux  que  je  n'oserais 
rien  affirmer. 

Si  la  mouche  n'est  plus  qu'à  5  centimètres,  VEpible^ 
mum  observé  s'approche  et,  en  usant  de  quelques  précau- 
tions, on  peut  l'amener  à  suivre  sa  proie  le  long  des 
branches  du  poirier,  la  distance  restant  à  peu  près  5  cen- 
timètres. 

Tout  ceci  ne  signiGe  encore  que  perception  des  mouve- 
ments et  non  perception  de  la  forme,  car  ce  n'est  qu'à  une 
distance  notablement  plus  petite,  à  peu  près  exactement  à 
2  centimètres,  que  VEpiblemum  voit  assez  nettement  sa 
victime  pour  se  décider  à  la  capturer. 

On  s'en  assure  aisément  en  approchant  lentement  la 
mouche  au  lieu  de  l'éloigner.  L'Araignée  se  ramasse  gra- 
duellement sur  elle-même  et,  au  moment  seulement  où  la 
distance  n'est  plus  approximativement  que  2  centimèires, 
ses  pattes  se  détendent  et  elle  saute. 

Il  faut  remarquer  à  ce  sujet  :  l""  que  celte  distance  de 
2  centimètres  n'est  pas  choisie  parce  qu'elle  représente  la 
limite  du  saut,  les  Epibiemum  pouvant  franchir  d'un  bond 
un  espace  presque  double; 2°  que  l'attention  que  l'Arach- 
nide prête  aux  mouvements  de  la  mouche  ne  provient 
aucunement  des  bruits  que  pourrait  produire  le  Diptère 
par  le  frémissement  de  ses  ailes  ou  autrement,  puisque 
l'expérience  susdite  réussit  aussi  bien  avec  une  mouche 
morte. 

D'autres  faits  prouvent  encore  qu*à  plus  de  2  centi- 
mètres il  n'y  a  que  perception  des  mouvements  :  un  Epi- 
biemum circulant  sur  la  muraille  passe  et  repasse  à 
4  centimètres  d'une  mouche  vivante  posée,  immobile,  et 
ne  la  voit  pas;  mes  individus  suivent  à  5,  à  4  et  même  à 


(  884  ) 

3  cenlimèlres  de  distance  une  simple  bouleile  de  cire 
noircie  que  Ton  traîne  devant  eux  (pi.  II,  fig.  2). 

Dans  ce  dernier  cas  encore,  les  Araignées  doivent  être 
très  près  du  simulacre  pour  reconnaître  leur  erreur;  à 
i  Va  ^^  P'us  exactement,  je  crois,  à  i  centimètre  seule- 
ment, l'animal  s^aperçoit  qu'il  est  dupe  d'une  illusion.  Si 
alors  on  approche  la  boulette  de  cire,  VEpiblemum  recule 
craintif. 

B.  Individus  captifs.  —  Je  transporte  un  Epiblemum 
dans  la  chambre  d'observations  et,  afin  de  pouvoir  opérer 
sans  Teffrayer,  tout  en  lui  laissant  une  liberté  relative,  je 
le  place  dans  un  cristallisoir  de  20  centimètres  de  dia- 
mètre flottant  sur  Teag  d'un  assez  grand  aquarium. 

Après  avoir  constaté  que  là,  comme  sur  la  muraille, 
l'Arachnide  apercevait  les  déplacements  d'une  mouche  à 
5  et  à  7  centimètres  de  distance,  je  lui  ai  Tait  suivre  une 
boulette  de  cire  noircie,  puis  j'ai  observé  de  nouveau 
qu'elle  reconnaissait  la  nature  artificielle  de  c^tte  bou- 
lette lorsque  celle-ci  n'était  plus  qu'à  i  centimètre. 

Mais  de  nouvelles  surprises  m'attendaient  :  l'essai  à 
l'aide  de  la  boulette  de  cire  ayant  été  répété  coup  sur  coup, 
il  arriva  un  instant  où  il  me  fut  impossible  d'attirer  l'at- 
tention de  ma  prisonnière  avec  une  mouche  véritable,  et 
si  j'approchais  l'Insecte,  VEpiblemum^  au  lieu  de  chercher 
à  le  saisir,  reculait. 

De  plus,  chose  à  peine  croyable  et  que  je  n'écrirais  pas 
si  je  n'en  avais  été  nettement  témoin,  l'Araignée,  qui  avait 
fini  par  comprendre  que  la  boulette  de  cire  mobile  n'était 
pas  une  mouche,  agit  ensuite  comme  si  elle  avait  eflectué 
un  raisonnement  bien  autrement  compliqué.  Placée  sur 
le  bord  du  cristallisoir,  elle  ne  recule  plus  lorsque  j'ap- 


(  855  ) 

proche  lentement  la  boulette,  mais,  étendant  ses  pattes 
antérieures,  elle  attend  que  Tobjet  soit  à  sa  portée,  monte 
délibérément  dessus  et  cherche  ainsi  à  s'échapper  de  sa 
prison  flottante  en  essayant  de  grimper  le  long  de  Pépingle 
et  de  la  baguette.  Il  n'y  a  ici  ni  hasard,  ni  accident;  j'ai 
pu,  dans  l'espace  d'un  quart  d'heure,  voir  l'Arachnide 
répéter  trois  fois  la  même  tentative. 

On  peut  donc  conclure  provisoirement  de  ces  observa- 
tions que  la  distance  de  vision  distincte  est  petite  et  que, 
certainement,  à  1  centimètre,  YEpiblemum  scenicum  voit 
dans  le  sens  strict  du  mot. 


§  iâ.  —  Observations  sur  la  Marpessa  muscosa  Q  Clerck 
(AUus  tardigradus  Walck.)  (pi.  Il,  ûg.  i). 

Les  mouvements  de  cette  Âtte  sont  très  lents  et  elle 
mérite  bien  son  nom  de  tardigrade,  particularité  qui  faci- 
lite les  observations  et  qui  augmente  la  netteté  des 
résultats. 

  i  centimètres,  la  Marpessa  aperçoit  les  mouvements 
d'une  mouche  que  l'on  promène  au  bout  d'un  fil  fin;  mais 
il  s'agit  des  mouvements  seuls,  car  à  cette  distance,  et  même 
à  5  centimètres,  elle  semble  perdre  la  proie  de  vue  et 
retombe  dans  l'indifliérence  la  plus  complète  si  la  mouche 
reste  absolument  immobile. 

A  2  centimètres,  la  vision  est  meilleure,  l'Araignée 
continue  à  voir  une  proie  qui  ne  bouge  plus.  Elle  s'approche 
alors  graduellement  en  se  tournant  de  temps  à  autre  de 
façon  à  regarder  la  mouche  à  l'aide  des  yeux  latéraux 
d'un  seul  côté.  Elle  avance  ainsi  jusqu'à  1  centimètre, 
puis,  seulement  au  lioutd'un  temps  appréciable,  probable- 


(  5S6  ) 

ment  nécessaire  poar  la  rassurer  enlièrcment,  elle  étend 
ses  pattes  antérieures  et  capture  le  Diptère. 

J*ai  pu  lui  faire  suivre  successivement  deux  grossiers 
simulacres  attachés  à  des  bouts  de  fli;  un  fragment  de 
plume  grise  de  Nandou  et  une  boulette  de  papier  noire  et 
blanche  obtenue  en  chiffonnant  un  morceau  de  journal. 
L'Atte  marche  comme  pour  capturer  Tinsecte  artiâciel 
auquel  on  imprime  de  petits  mouvements,  s'arrête  encore 
une  fois  à  i  centimètre  de  distance  atin  de  le  considérer 
avec  ses  yeux  latéraux,  puis,  constatant  enfin  son  erreur, 
recule  ou  se  détourne. 

La  distance  de  vision  distincte  serait  donc  de  i  centi- 
mètre. Cependant  à  cette  distance  si  faible,  la  vue  doit 
encore  être  très  imparfaite;  en  effet,  en  employant  comme 
appât  une  boulette  de  cire  noircie  irainée  à  l'extrémité 
d'un  fil,  j'ai  réussi  deux  fois  de  suite  à  amener  la  Mar^ 
pessa  à  saisir  la  boulette  qu'elle  a  parfaitement  prise  pour 
un  Insecte  véritable. 


§  13.  —  Thomisides. 

Les  Thomisides  ont  des  mœurs  qui  ressemblent  quelque 
peu  à  celles  des  Attides.  La  forme  de  leurs  pattes,  dont  les 
deux  paires  antérieures  sont  beaucoup  plus  fortes  que 
les  paires  postérieures,  et  leur  démarche  souvent  latérale 
les  ont  fait  comparera  des  Crabes. 

Observalions  sur  leXysticus  cristatus  Clerck  {Thomisus 
cristatus  Blackw). 

Le  Xystique  est  captif  dans  un  bocal  contenant  quel- 
ques rameaux  de  bruyère,  la  lumière  est  diffuse,  mais  vive. 

A  2  72  centimètres  il  aperçoit  une  mouche  que  Ton 


(  557  ) 

fail  mouvoir  au  bout  d'un  fil,  se  tourne  dans  la  direction 
de  rinsecte  et  écarle  forlemenl  ses  pattes  antérieures  afin 
de  saisir  la  proie  lorsqu'elle  passera  à  sa  portée. 

Dans  ces  conditions,  si  la  mouche  est  promenée  le  long 
des  rameaux,  TArachnide  la  suit,  pourvu  que  le  mouve- 
ment continue  ou  que  la  dislance  n'augmente  pas  trop 
rapidement.  Ainsi,  à  3  centimètres,  le  Xyslique  ne  voit 
plus  la  mouche  lorsque  celle-ci  reste  immobilie;  à  i  cen- 
timètres il  ne  la  voit  pas  non  plus,  même  lorsqu'on  imprime 
à  celle-ci  des  mouvements  divers. 

Le  même  individu  se  laisse  entièrement  duper  par  une 
boulette  de  cire  noircie  qui  sautille  au  bout  d'un  fil;  non 
seulement  il  la  suit  à  la  dislance  où  il  suivait  une  mouche, 
mais  si  on  le  laisse  gagner  de  vitesse  il  la  capture  comme 
une  véritable  proie,  et  s'y  cramponne  de  telle  façon  qu'on 
peut  enlever  l'Araignée  avec  l'appât. 

Les  conclusions  sont  donc  à  peu  près  celles  auxquelles 
conduisent  les  observations  sur  les  Atlides  :  visibilité  des 
mouvements,  vue  mauvaise,  distance  de  vibion  très  courte. 


§  14.  —  Lycosides. 

(Genres  :  Lycosa,  Dolomedes,  etc.) 

Rappelons  que  les  Lycosides  sont  des  Araignées  chas- 
seuses, vagabondes,  courant  partout  avec  plus  on  moins 
d'agilité,  soit  sur  les  terrains  secs,  soit  dans  le  voisinage 
des  cours  d'eau  ou  même  à  la  surface  des  plantes  aqua- 
tiques. Les  Lycoses  femelles  traînent  avec  elles  le  petit 
cocon  qui  renferme  leurs  œul's.  Les  \eux  de  la  rangée 


(  S58  ) 

anlérienre  sont  petits;  les  quatre  yeux  postérieurs  sont 
plus  volumineux. 

Je  n'ai  rencontré,  jusqu'à  présent,  que  trois  indications 
touchant  la  vision  des  Aranéides  de  ce  groupe.  D'après  le 
passage  ci-dessous  de  Simon  (1),  la  vue  serait  nette  à  une 
assez  grande  distance  :  <  lorsque  cette  araignée  (Lycose) 
>  s  empare  d'une  proie,  c'est  toujours  par  bonds;  si  c'est 
»  un  Insecte  ailé,  elle  s'élance  sur  lui  de  fort  loin...  » 
D'un  autre  côté,  suivant  une  observation  plus  précise  de 
Forel  (2),  la  vue  serait  au  contraire  fort  mauvaise  :  c  qu'on 
»  enlève  soigneusement,  dit  Forel,  à  certaine  Araignée 
»  qui  court  par  terre  son  gros  sac  blanc  rempli  d*œufs... 
»  et  qu'on  le  dépose  à  deux  ou  trois  pouces  (5  '/i  ^  ^  cen- 
9  limètres)  d'elle;  aussitôt  elle  se  mettra  à  le  chercher 
»  partout  et  l'on  verra  quelle  peine  elle  aura  d'ordinaire 
»  à  le  retrouver.  » 

Ajoutons  enfin  que  V.  Graber  (3)  a  constaté  par  la 
méthode  photokinétique  que  la  Lycosa  {Trochosa)  ruricola 
De  Geer  préfère  la  lumière  k  l'obscurité  [i). 

En  présence  des  deux  opinions  différentes  de  Simon  et 
de  Forel,  il  devenait  absolument  nécessaire  d'effectuer  des 
expériences  nouvelles.  Voici  celles  que  j'ai  eu  l'occasion 
de  faire. 


(4)  Simon.  Oisloire  tuilurelle  des  Araignées,  op.  cit.,  p.  56i. 

(2)  FoBEL.  Expériences  et  remarques  critiques,  op.  cit.,  p.  19. 

(3)  (jRABBR.    Grundlinien  zur  Erforschnng  des    Heltigkeits   und 
Farbensinnes  der  Thiere,  p.  S 17.  Prag  und  Leipzig,  4884. 

(i)  Je  passe  sous  silence  les  expériences  faites  par  Graber  sur  la 
visibilité  des  couleurs,  ce  sujet  étant  étranger  au  travail  actuel. 


(  359  ) 


§15.  —  Observations  sur  le  Dolomedes  fimbriatus   CL 

(q  non  complètement  adulte). 

Le  Dolomède  voit  mal,  car  ii  s'est  laissé  prendre  facile- 
ment. Afin  de  le  placer  autant  que  possible  dans  son 
milieu  naturel,  je  le  mets  dans  un  large  vase  contenant 
de  Teau,  des  algues  fraîches  et  d'autres  plantes  aquatiques. 

Après  vingt-quatre  heures,  temps  parfaitement  suffisant 
pour  habituer  l'Araignée  à  sa  nouvelle  demeure,  on  s'as- 
sure par  des  essais  répétés  : 

i'*  Que  les  mouches  promenées  au  bout  d'un  fil,  soit 
sur  l'eau,  soit  sur  les  plantes,  soit  sur  la  paroi  du  vase, 
ne  sont  point  vues  à  une  distance  de  4  centimètres; 

^  Que  pour  exciter  l'attention  du  Dolomède,  il  faut 
une  distance  beaucoup  moindre,  2  centimètres  au  maxi- 
mum; 

Z""  Que  l'Araignée  ne  se  décide  à  capturer  la  proie  que 
lorsque  celle-ci  n'est  plus  qu'à  1  centimètre; 

A""  Qu'à  cette  faible  distance  d'un  centimètre,  elle  se 
laissa  encore  tromper  à  peu  près  à  coup  sûr  par  une  bou- 
lette de  cire  noircie  de  la  grosseur  du  corps  d'une  mouche 
domestique.  Ce  n'est  qu'après  avoir  louché  l'objet  à  l'aide 
de  ses  pattes  antérieures  qu'elle  reconnaît  sa  nature  arti- 
ficielle et  qu'elle  recule. 

La  vue  est  par  conséquent  très  mauvaise. 


(  860  ) 


§  16. — Observations  et  expériences  sur  la  Lycosa  amentala 

Clerck  (Lycosa  saccata  Ltnn.). 

A.  Individus  en  liberté,  —  Les  Lycoses  circulent  sur 
le  sol  et  à  la  surface  du  mur  de  mon  jardin.  Elles  ont, 
comme  la  plupart  des  Arthropodes,  la  perception  des 
grands  mouvements  effectués  par  les  corps  volumineux  ; 
ainsi  elles  fuient  lorsque  j'approche  avec  brusquerie,  mais 
elles  ne  s'aperçoivent  pas  du  tout  de  ma  présence  si  je 
m'installe  doucement  dans  leur  voisinage. 

Je  promène  devant  elles  une  mouche  piquée  au  bout 
d'une  Une  épingle  implantée  dans  l'extrémité  d'une 
baguette.  Tandis  que  les  Epiblemum  (§  11),  habitant  la 
même  muraille,  manifestent  leur  attention  en  se  tour- 
nant dans  divers  sens  dès  que  l'appât  est  à  10  centimètres 
de  leurs  jeux,  les  Lycoses  ne  voient  rien,  ni  à  cette  dis- 
tance, ni  à  des  distances  notablement  moindres;  je  suis 
obligé,  ainsi  que  je  l'ai  constaté  nombre  de  fois,  d'appro- 
cher la  mouche  jusqu'à  S  cenlimètres  pour  attirer  mes 
Araignées.  En(in,  ce  n'est  très  certainement  qu'à  1  centi- 
mètre qu'elles  se  décident  à  s'élancer  vers  leur  victime. 
Elles  la  saisissent  alors  avec  tant  d'énergie  qu'on  a  peine 
à  leur  faire  lâcher  prise. 

La  vision  manque  cependant  encore  de  netteté  à  1  cen- 
timètre, car  il  est  aisé  de  tromper  les  Lycoses  à  l'aide 
d'une  boulette  de  cire  noircie  (pi.  H,  iig.  2);  elles  sautent 
sur  ce  grossier  simulacre,  comme  sur  une  mouche  vivante, 
lorsque  la  boulette,  animée  de  mouvements,  arrive  à  1  cen- 
timètre de  leur  tête.  J'ai  dupé  trois  fois  de  suite  de  cette 
manière  le  même  individu  mâle,  et  ce  n'est  qu'au  quatrième 
essai  qu'il  ne  s'est  plus  laissé  prendre. 


(  »6<  ) 

B.  Individus  captifs.  —  Il  serait,  la  plupart  du  temps, 
parfaitement  inutile  de  tenter  des  expériences  sur  une 
Lycose  qui  vient  d*étre  capturée.  Dépaysée  et  continuelle- 
ment effrayée,  elle  fuirait  de  tous  côtés  sans  faire  la 
moindre  attention  aux  proies  qu'on  lui  offrirait. 

Les  individus  doivent  être  placés  isolément  dans  de 
grands  cristallisoirs  dont  le  frad  est  garni  d'une  couche 
de  sable  fm,  un  peu  humide.  Au  bout  d'un  jour,  ils  sont 
calmés,  accoutumés  à  leur  prison  et  dans  de  bonnes  con- 
ditions pour  fournir  des  résultats  nets. 

J'ai  d'abord  répété  sur  une  Lycose  femelle  l'expérience 
deForel  en  la  modifiant  comme  il  suit:  j'ai  préparé  d'avance 
quatre  boulettes  de  mie  de  pain  colorées  ayant  grossière- 
ment la  forme  et  presque  la  teinte  du  sac  à  œufs  de 
l'Araignée.  Je  dépose  ces  boulettes  vers  la  périphérie  du 
cristallisoir,  puis  j'enlève  à  TArachnide  son  sac  véritable, 
que  je  place  à  peu  près  au  milieu. 

La  Lycose  erre  en  cherchant,  passe  plusieurs  fois  non 
loin  de  sou  sac  et  même  à  1  centimètre  de  celui-ci  sans  le 
voir.  Rencontrant  une  des  imitations  en  mie  de  pain,  elle 
se  pose  dessus,  ainsi  que  j'ai  constaté  plus  tard  qu'elle  le 
faisait  pour  le  vrai  sac;  l'erreur  est  bien  vite  reconnue  au 
toucher  et  l'Araignée  s'éloigne.  Quelques  minutes  après, 
elle  commet  la  même  faute,  puis,  à  partir  de  ce  moment, 
devient  si  méfiante  qu'elle  passe  sans  y  faire  attention^ 
non  seulement  sur  les  boulettes  de  mie  de  pain,  mais 
aussi  sur  sa  poche  à  œufs,  que  j'ai  fini  par  mêler  aux  imi- 
tations vers  le  pourtour  du  vase. 

Ce  n'est  qu'au  bout  d'une  heure,  lorsque  le  hasard  d'une 
marche  plus  lente  l'amène  sur  le  sac  cherché  depuis  si 
longtemps,  que  [a  Lycose  saisit  enfin  celui-ci,  le  trans- 


(  562  ) 

porte  quelque  temps  sous  le  céphalotorax  à  Taide  des 
palpes,  puis  finaleoient  rattache  à  sesûlières. 

La  vue  doit  être  bien  mauvaise,  car  cette  longue 
recherche  a  eu  lieu  sur  un  terrain  restreint  n'ayant  que 
20  centimètres  de  diamètre. 

Les  essais,  en  employant  des  mouches  comme  appâts, 
confirment  ce  qui  précède  :  une  Lycose  femelle  dans  le 
cristallisoir  à  fond  de  sable  ne  voit  pas  une  mouche  sus- 
pendue à  un  fil  et  que  Ton  promène  à  5  centimètres  de 
distance.  Il  faut  que  le  Diptère  ne  soit  qu'à  1  72«  même 
à  1  centimètre  de  l'Araignée  pour  que  celle-ci  saute 
dessus. 

Je  dépose  sur  le  sable  blanc,  où  elle  se  distingue  nette- 
ment par  sa  teinte  noirâtre,  une  mouche  vivante  libre  dont 
les  ailes  sont  coupées.  Or,  la  Lycose  n'a  aucunement  l'air 
de  voir  la  mouche  qui  circule  devant  elle  à  des  distances 
variant  entre  5  et  3  centimètres  ;  l'Araignée  ne  fait  aucun 
mouvement  qui  puisse  laisser  soupçonner  la  moindre  atten- 
tion spéciale.  Enfin,  après  divers  crochets,  la  mouche  stu- 
pide  arrive  à  1  centimètre  des  pattes  antérieures  de  la 
Lycose,  qui  l'aperçoit,  s'élance  et  la  saisit. 


§  1 7.  —  Observations  sur  la  Lycosa  paludicola  ç  Clerck. 

La  Lycose  est,  comme  la  précédente,  dans  un  cristal- 
lisoir de  20  centimètres  de  diamètre,  garni  d'une  couche 
de  sable.  . 

Je  lui  enlève  son  cocon  et  je  dépose  celui-ci  à  une  \ 

petite  distance.  L'Araignée  cherche  en  décrivant  des  cer- 
cles et  passe  à  2  centimètres  du  sac  sans  le  reconnaître. 
Une  chance  heureuse  l'ayant  amenée  à  1  centimètre  seu- 
lement, elle  s'assure  de  la  nature  de  l'objet  en  le  tàtant 


(  863  ) 

rapidement,  non  à  Taide  de  ses  pal|)es,  mais  à  Paide  de 
ses  pattes  antérieures.  Rassurée,  elle  monte  sur  le  cocon, 
puis  remporte. 

Je  lui  reprends  de  nouveau  le  sac  à  œufs  que  je  place 
un  peu  plus  loin,  et  je  mets  en  même  temps  dans  le  cris- 
tallisoir  une  boulette  de  cire  hianche  de  même  grosseur 
et  de  même  forme.  La  Lycose,  passant  à  i  centimètre  du 
simulacre,  se  trompe,  monte  dessus,  puis  Tabandonne. 
Une  deuxième  fois,  à  quelque  temps  de  là,  elle  se  trompe 
encore,  et  cette  fois  s'efforce  d'emporter  le  faux  cocon  ;  elle 
ne  reconnaît  probablement  son  erreur  qu'à  la  différence 
de  poids. 

La  même  Lycosa  paludicola  fait  ensuite  une  tentative 
analogue  pour  un  débris  de  cadavre  de  mouche  qui  était 
bien,  par  sa  couleur  noire  et  par  sa  forme,  le  dernier  objet 
auquel  un  animal  voyant  convenablement  eût  fait  atten- 
tion. Quant  au  cocon  véritable,  j'ai  dû  le  poser  sur  le  trajet 
de  TAraignée  pour  qu'elle  finisse  par  le  reprendre. 

La  vue  des  Lycosides  est  par  conséquent  courte  et  mau- 
vaise. L'opinion  de  Simon,  d'après  laquelle  ces  Arachnides 
s'élanceraient  sur  leur  proie  de  fort  loin,  doit  donc  reposer 
sur  des  observations  très  supcrflcielles. 

§  18. —  Agalénides. 

Genres:  Agalena,  Tegenaria^  Argyronela,  etc. 

Sauf  les  Argyronètes,  dont  les  mœurs  aquatiques  sont 
spéciales,  les  Agalénides  habitent  de  grandes  toiles  en 
nappe  plus  ou  moins  horizontale,  terminées  par  un  tube 
au  fond  duquel  elles  attendent  les  Insectes.  Les  yeux  des 
différentes  paires  ont  à  peu  près  le  même  volume. 


(  564  ) 

V.  Graber  (1)  a  soumis  la  Tegenaria  domestica  à  la 
méthode  photokinétique  et  a  trouvé,  ce  qui  était  du  reste 
à  prévoir  pour  la  Terme  en  question,  que  cette  Araignée 
est  luciTuge. 


§  19.  —  Observations  sur  les  Tegenaria  domestica  Clerck 

et  Tegenaria  civilis  Walck. 

Je  promène  une  boulette  de  cire  noire  de  la  grosseur 
d'une  mouche  sur  la  toile  d'une  Tégénaire  domestique. 
L'animal,  averti  par  les  vibrations  du  réseau,  s'élance  du 
fond  de  sa  retraite,  mais  à  2  centimètres  au  plus  de  la 
fausse  proie,  il  semble  s'apercevoir  de  son  erreur  et  rentre 
dans  son  entonnoir. 

Quelques  semaines  plus  tard,  résultat  analogue  avec 
une  jeune  Tégénaire  civile  9.  L'Arachnide  s'est  approché 
à  peu  près  jusqu'à  1  centimètre  avant  de  fuir. 

Il  est  très  probable  que,  dans  ces  deux  cas,  les  Araignées 
ont  été  effrayées  soit  par  l'ombre  que  je  projetais,  soit  par 
les  mouvements  de  mon  bras.  Les  observations  suivantes 
prouvent  du  reste  la  chose  d'une  façon  presque  évidente  : 

Je  capture  la  jeune  Tégénaire  civile  dont  il  vient  d'être 
question  et  je  l'installe  dans  un  grand  bocal  garni  de  quel- 
ques rameaux.  Ainsi  conflnés,  les  animaux  ne  s'aperçoi- 


(1)  Gbabbr.  Grundlinien,  etc.,  op.  cit.,  p.  217.  Après  avoir  rappelé 
encore  une  fois  que  je  ne  puis  m'occuper  ici  des  autres  recherches  de 
l'auteur  sur  la  perception  des  couleurs,  je  signalerai  au  lecteur  une 
erreur  d'impression  que  présente  le  résultat  donne  par  Graber;  les 
totaux  "id  et  5  doivent  être  évidemment  remplacés  par  37  et  S9. 


(  865  ) 

vent  que  de  ce  qui  se  passe  dans  leur  prison  de  verre  eiy 
sauf  dans  les  moments  où  Ton  imprime  des  ébranlements 
i  la  table,  ou  bien  lorsque  des  ombres  s'interposent  rapi- 
dement entre  le  bocal  et  le  jour,  ils  n'ont  aucune  notiiHi 
de  ce  qui  a  lieu  au  dehors.  Or,  au  bout  de  quarante-huit 
heures,  i*Àraignée,  parfaitement  calmée»  s'élance  trois  et 
quatre  fois  de  suite  sur  une  boulette  de  cire  noircie  sus- 
pendue à  un  fil.  Lors  des  trois  premières  attaques,  elle 
touche  la  boulette  de  ses  pattes  antérieures;  la  quatrième 
fois,  elle  va  jusqu'à  saisir  l'appât  et  ne  recule  qu'après 
avoir  reconnu  sa  méprise  par  le  tact. 

Enfin,  fait  plus  démonstratif  encore,  je  parviens  à 
amener  la  Tégénaire  à  se  précipitera  deux  reprises  sur  un 
petit  bouquet  constitué  par  quelques  délicats  épillets  verts 
de  graminée  noués  ensemble  et  rognés  aux  ciseaux.  Per- 
sonne n'admettra  qu*un  animal  distinguant  les  formes 
d'une  façon  passable  puisse  faire  pareille  erreur. 

J*introduis  dans  la  toile  d'une  Tégénaire  civile  adulte,  en 
liberté,  un  grossier  simulacre  de  mouche,  formé  par  un 
petit  fragment  de  plume  d'un  gris  foncé  noué  à  l'extrémité 
d'un  fil  (pi.  Il,  Hg.  3).  La  torsion  répétée  de  l'autre  extré- 
mité du  fil,  entre  le  pouce  et  l'index,  imprime  au  morceau 
de  plume  de  petits  mouvements  ayant  une  certaine  ana- 
logie avec  ceux  d'une  mouche  qui  se  débat. 

L*Araignée  arrive,  capture  cette  proie  singulière  et  la 
perce  de  ses  crochets,  mais  la  mouche  artificielle  conti- 
nuant à  s'agiter,  elle  répète  ses  morsures.  J'en  compte 
jusque  20,  séparées  par  de  courts  temps  d'arrêt,  pendant 
lesquels  la  Tégénaire  recule  pour  s'élancer  de  nouveau. 
Je  tire  le  fil  à  moi,  TArachnide  suit  son  faux  gibier  jusqu'à 
l'extrême  limite  de  la  toile.  A  ce  moment,  une  secousse 

3""*   SÉRIE,  TOME    X!V.  38 


(566  ) 

an  peu  trop  forte  Teffraie  et  elle  retourne  rapidemeot  au 
fond  de  sou  tube. 

L'expérience  a  réussi  d*une  façon  complète,  parce  que, 
vu  la  direction  de  la  lumière  Je  ne  projetais  aucune  ombre 
et  aussi  parce  que  la  longueur  du  fil  ne  permettait  pas  à 
i*animal  de  soupçonner  ma  présence. 

La  vue  des  Tégénaires  est  donc  très  mauvaise,  et  il  est 
presque  évident  qu'elles  ne  reconnaissent  pas  les  Insectes 
à  leur  forme. 


§  20. —  Observations  sur  VAgalena  labyrinthica  ç  Clerck. 

A.  Individu  captif.  —  L'Agalène  est  prisonnière  depuis 
trois  jours;  elle  a  tissé  une  (oile  bien  fournie  entre  les 
rameaux  quigarnissenl  Tintérieur  du  bocal. 

L'animal  distingue  d'une  façon  étonnanleentre  les  vibra- 
tions imprimées  à  cette  toile  par  un  Insecte  véritable  el 
celles  que  Ton  produit  à  l'aide  dinsecles  artificiels  ou  à 
Paide  d  autres  corps.  Ainsi  je  promène  inutilement  une 
boulette  de  cire  noircie  sur  la  périphérie  du  réseau,  l'Aga- 
lène  n'y  fait  aucune  attention;  je  projette  ensuite  une 
mouche  vivante  dans  la  même  direction,  c'est-à-dire  à 
3  V2  ou  à  4  centimètres  de  l'Araignée;  celle-ci  s'en  aperçoit 
immédiatement  et  vient  s'emparer  de  la  proie. 

Quelques  jours  après,  TAgalène  ayant,  ainsi  que  toutes 
celles  que  Ton  élève  en  captivité,  compliqué  sa  toile  d'une 
manière  extraordinaire,  de  façon  à  la  composer  de  plusieurs 
plans  fort  épais  situés  dans  des  directions  diverses,  j'essaie 
vainement  de  l'attirer  avec  une  mouche  artificielle  en 
plume  suspendue  à  l'extrémité  d'un  fil.  Ceci  constaté,  je 
jette  une  mouche  vivante  sur  le  bord  de  la  toile;  aussitôt 


(  567  ) 

TAraignée,  qui  ne  peut  rien  votr,  séparée  qu'elle  est  de 
rinsecte  par  une  distance  de  6  centimètres  et  par  des 
couches  superposées,  denses  de  tissu  serré,  se  met  cepen-^ 
dant  en  route  pour  capturer  le  Diptère.  La  mouche 
s'échappe  ;  j'en  proGte  pour  y  substituer  immédiatement  la 
mouche  artificielle;  peine  perdue,  TArachnide  ne  bouge 
plus. 

Je  jette  sur  la  toile  une  mouche  vivante,  et,  à  5  centi- 
mètres de  là,  je  fais  sautiller  une  mouche  artificielle  en 
plume  espérant  que  TAraignée  se  trompera;  maiscelle«ci 
discerne  parfaitement  la  différence  qui  existe  entre  les 
deux  formes  de  secousses  et  se  précipite  sur  Tlnsecte  véri- 
table sans  hésitation. 

B.  Individu  en  liberté.  —  Bien  des  fois,  dans  des 
excursions  à  la  campagne,  j'avais  essayé  d'attirer  des 
Agalènes  à  l'aide  de  boulettes  de  cire  ou  d'autres  petits 
corps  suspendus  à  des  fils.  Les  Araignées  restaient  obsti- 
nément au  fond  de  leur  tube,  ou,  si  elles  en  étaient  sorties, 
elles  y  rentraient  au  moindre  mouvement  de  mon  bras. 

Persuadé,  malgré  cela,  qu'il  s'agissait  du  phénomène 
ordinaire  de  la  perception  des  déplacements  des  objets 
volumineux  et  que  les  Agalènes  ne  voient  pas  mieux  que 
les  autres  Aranéides,  je  choisis  soigneusement  les  circon- 
stances les  plus  favorables  :  je  me  rendis  le  long  d'une 
haie  habitée  par  des  centaines  d'Agalènes  labyrinthiques 
à  l'heure  où,  vu  la  position  du  soleil,  je  ne  pouvais  porter 
ombre,  et  je  répétai  mes  essais  de  toile  en  toile. 

Après  quelques  insuccès  dus  soit  à  la  forme  des  réseaux, 
soit  à  des  fils  qui  en  empêchaient  l'accès,  je  réussis  enfin 
complètement  :  une  Agaiène  femelle  attirée  par  un  simu- 
lacre de  mouche  en  plume  sortit  de  son  entonnoir,  se  jeta 


(  568  ) 

sur  Tappât  et,  au  premier  contact,  recula  étoooée;  maU  la 
moucbe  artificielle  sautillant  toujours,  TAraignée  revînt  à 
la  charge,  mordit,  puis  recula  de  nouveau.  J*eus  ainsi  la 
satisfaction  de  compter  huit  attaques  successives  et  huit 
morsures. 

Les  Agalènes  ne  font  donc  pas  exception,  et  leur  vue 
e^t  aussi  mauvaise  que  celle  des  Tégénaires. 


§  SI.  —  Amaurobiïdfs. 

Je  n'ai  rencontré,  dans  les  auteurs,  aucune  indication 
louchant  la  vision  des  Aranéides  de  cette  famille.  Ce  sont 
des  Araignées  à  habitudes  nocturnes,  vivant  dans  les 
caves,  dans  les  trous  des  vieux  murs  et  sous  les  grosses 
pierres.  La  toile  lâche,  irrégulière,  peu  étendue,  entoure 
ToriOce  d'un  tube  qui  aboutit  à  la  retraite  dans  laquelle 
ranimai  se  tient  presque  constamment  caché. 

Observations  sur  l' Amaurobius  ferox  Q  Walck,  — 
L'Amaurobie  captive  habite  un  bocal  garni  de  fragments 
d^écorce  sous  lesquels  elle  a  construit  sa  de^neure.  En 
plein  jour,  et  alors  que  la  chambre  est  assez  vivemeni 
éclairée,  il  est  impossible  de  l'attirer  hors  de  sa  cachette, 
soit  en  employant  des  simulacres,  soit  en  faisant  usage  de 
mouches  fixées  à  des  lK)uts  de  fil. 

Les  choses  se  passent  tout  autrement  et  les  expériences 
réussissent  asspz  bien  si  Ton  produit  une  obscurité  arti- 
ficielle relative  ou  si  Ton  aitend  le  soir. 

Ain.^i,  après  avoir  dressé  une  grande  plaque  de  carton 
entre  le  bocal  et  la  fenêtre,  je  puis,  au  bout  de  quelques 
instants,  faire  sortir  TAmaurobio  à  peu  près  à  coup  sûr  en 


j 


(  869  ) 

faisant  sautiller  sur  les  fils  <le  la  toile  une  mouche  arti- 
ficielle en  plume  (pi.  Il,  fig.  3).  L'Arachnide  s'en  approche 
jusqu'à  1  centimètre  environ.  Une  seule  fois,  elle  touche  la 
fausse  proie  de  ses  pattes  antérieures,  puis,  reconnaissant 
son  erreur,  elle  retourne  précipitamment  à  son  trou. 

Le  soir,  au  crépuscule,  TAmaurobie  circule.  Bien  qu'elle 
soit  très  méfiante  et  qu*elle  fuie  pour  le  moindre  ébran- 
lement du  bocal,  je  parviens,  à  deux  reprises,  à  lui  faire 
suivre  e/ca/)/urer  la  même  grossière  imitation  en  plume  déjà 
employée.  Effrayée  au  contact  de  cet  objet  étrange,  l'Arai- 
gnée recule  et  s'enfuit  rapidement. 

Les  circonstances  dans  lesquelles  ces  résultats,  du  même 
ordre  que  les  précédents,  ont  été  obtenus,  montrent  com- 
bien il  faut  de  précautions  diverses  pour  éviter  les  erreurs 
d'interprétation.  ' 

§  22.  —  Êpéirides. 

Genres  :     Meta,  Zilla,  Epeira^  etc. 

Tout  le  monde  connaît  les  Épéires;  il  est  à  peine 
besoin  de  rappeler  qu'elles  construisent  de  grandes  toiles 
orbiculaires  verticales  ou  inclinées,  dans  lesquelles  les 
Insectes  viennent  s'engluer.  Leurs  yeux  sont  peu  inégaux 
quant  au  volume. 

Dabi  a  fait  sur  ces  animaux  des  observations  que  je  vais 
résumer:  la  Zilla-x^notata  67.  semble  ne  reconnaître  la 
présence  d'un  Insecte  et  la  position  de  celui-ci  sur  la  toile 
qu'à  l'ébranlement  du  réseau  et  à  la  tension  du  fil  auquel 
la  proie  est  fixée.  Ainsi  Dabi  (1)  jette  une  mouche  dans  la 

(1)  Dahl.  VersHch  einer  Darsteltung  der  psychisehen  Vorgdngc  in 
den  Spinnen,  op.  cit.,  pp.  05-06. 


(  870  ) 

toile  d*uDe  Zilla  et,  avant  qae  le  Diptère  soit  complè- 
tement tué,  il  en  jette  un  deuxième  à  2  centimètres  du 
premier  ;  or,  TÀraignée,  bien  que  s*é(ant  aperçue  tout  de 
suite  de  la  chute  d'une  nouvelle  mouche,  ne  courut  pas 
directement  à  celle-ci,  mais  se  rendit  d'abord  au  centre  du 
filet,  et  ce  n*est  que  là,  après  avoir  appuyé  par  hasard  sur 
le  rayon  convenable,  qu'elle  sut  constater  la  véritable 
direction  qu'elle  devait  suivre. 

Le  même  observateur  lance  dans  la  toile  d'une  jeune 
Zilla  un  Chironomus  beaucoup  plus  gros  qu'elle.  Le 
Diptère  ayant  été  un  peu  serré  entre  les  doigts  ne  bougeait 
plus  lorsque  TAraignée  arriva  au  centre  de  son  réseau. 
Cette  absence  de  mouvements  suffit  pour  que  la  Zi7/a,  qui 
n'était  cependant  qu'à  2  centimètres  à  peine  du  C/iiVo- 
nomus^  ne  sût  plus  découvrir  celui-ci  et  se  mit  à  tirailler 
un  tout  autre  fil  que  celui  qui  pouvait  la  guider. 

Dabi  jette  une  abeille  sur  la  toile  d'une  Epeira  sclope- 
taria  Cl.  L'Arachnide  ne  reconnut  l'Hyménoptère  que 
lorsqu'il  en  fui  à  1  centimètre.  L'auteur  ayant  ensuite 
lancé  sur  la  même  toile  un  Diptère  plus  ou  moins  api- 
forme,  un  Helophilus  pendulus^  l'Épéire  se  trompa  de 
nouveau  et  prit  le  Diptère  pour  une  abeille  (1). 

Enfin,  A.  Forel  (2)  dit  aussi  qu'il  suffit  d'observer  un 
peu  attentivement  pour  s'assurer  que  <  les  Araignées  qui 
»  se  filent  une  toile  reconnaissent  leur  proie  à  l'ébran- 
»  lement  de  cette  toile  au  moyen  du  toucher.  » 

Comme  le  prouveront  les  paragraphes  suivants,  Dabi  et 

(1)  Les  autres  expériences  de  Dabi  concernent  la  visibilité  des 
couleurs.  Quoique  très  intéressantes,  elles  ne  doivent  pas  trouver 
place  ici. 

(2)  Forel.  Expériences  et  remarquée  criliquei,  etc.,  op.  cit ,  p.  40. 


(  871  ) 

Fonl oDt interprété  les  phénomènes  très  exactement  :  les 
Aranéides  tendant  des  toiles  ont  une  vue  détestable  et 
règlent  leurs  actes  d*après  la  nature  des  secousses  ou  des 
vibrations  imprimées  aax  61s  de  leur  piège.  Cette  particu- 
larité curieuse  explique  fort  bien  les  faits  dont  C.  V. 
Boys  (1)  a  été  témoin  en  touchant  avec  un  diapason  la 
toile  d*une  Ëpéire-diadème  :  TAraignée  tâtait  les  fils  pour 
déterminer  celui  qui  vibrait;  elle  courait  ensuite  du  côté 
du  diapason  et  cherchait  à  le  saisir  en  l'entourant  de  ses 
pattes.  En  utilisant  les  vibrations  de  son  instrument, 
Tauteur  cité  a  même  pu  amener  PÉpéire  à  se  jeter  plu- 
sieurs fois  de  suite  sur  une  mouche  imbibée  de  pétrole  (2); 
<  chaque  fois,  écrit-il,  que  TAraignée,  ne  trouvant  pas  le 
>  morceau  de  son  goût,s*en  éloignait,  je  la  faisais  revenir 
»  en  touchant  la  mouche  de  nouveau  avec  lediapason  (3).  » 
Voici  maintenant  mes  expériences  personnelles. 

§  23.  —  Observations  sur  la  Meta  segmentata  Clerck, 

Une  mouche  artificielle  en  plume  fixée  au  bout  d*un  fil 
fin  (pi.  Il,  fig.  3)  et  que  Ton  jette  dans  la  toile  d*une  Mêla 
segmentata  attire  presque  toujours  Tattention  de  TArai- 
gnée,  pourvu  qu*on  torde  fextrémilé  libre  du  fil  de  façon 
à  provoquer  de  la  part  du  simulacre  de  mouche  des  mou- 


(1)  Bots.  Tht  influence  of  a  Tuning-fork  on  the  Gardeti  spider, 
(Nature,  yol.XXIlI,  pp.  149.150, 1880-1881.) 

(3)  La  mouche  était  sur  la  toile. 

(  3)  G.  J.  Romanes,  qui  reproduit  i^artieie  de  Boys  dans  LUnlelligence 
des  animaux  (trad.  fraoç ,  U  1,  p.  195),  fait  remarquer  de  son  côté 
que  cette  expérience  permet  peut-être  d*explîquer  des  obserrations 
citées  çà  et  là  et  d*après  lesquelles  des  Araignées  auraient  été  attirées 
par  les  sons  de  certains  instruments  de  musique. 


(878) 

vcmenls  aoalogaes  à  ceux  que  détermine  lui  lusecle.  Si 
Ton  8*y  prend  bien,  TAraignée  fond  sur  cette  fausse  proie, 
la  saisit  et  y  enfonce  ses  cbélicères. 

On  a  vu  plus  haut  (§  90)  que  VAgalena  labynnlhica, 
lorsqu'il  y  a  à  la  fois  sur  sa  toile  un  Insecte  véritable 
vivant  et  un  Insecte  artificiel  auquel  on  imprime  des 
vibrations,  distingue  la  différence  existant  entre  les  deux 
genres  de  mouvements.  AOn  de  décider  si  la  vision  ne 
joue  aucun  rôle  dans  le  choix  de  TArachnide,  j'ai  disposé 
les  choses  de  façon  que  Tlnsecte  jeté  dans  le  réseau  déter- 
minât lui-même  les  déplacements  du  simulacre. 

A  cet  effet,  une  mouche  vivante  est  attachée  par  un 
bout  de  ûl  de  2  centimètres  de  longueur  à  uneociouche 
artificielle  en  plume  offrant  des  dimensions  analogues 
(pi.  Il,  fig.4).  Lorsqu'un  pareil  système  adhère  à  une  toile 
d'Araignée,  tous  les  mouvements  généraux  de  la  mouche 
vraie  sont  répétés  avec  la  même  amplitude  par  la  mouche 
fausse. 

Les  essais  ont  dû  être  répétés  nombre  de  fois,  parce 
qu'il  suffit  que  Tlnsecte  vivant  soit  placé  de  telle  sorte 
que  TAraignée,  en  se  précipitant,  le  rencontre  en  premier 
lieu  pour  que  Texpérience  n'ait  plus  de  signification.  Enfin, 
après  une  série  de  tentatives  avortées,  j*ai  eu  le  plaisir  de 
voir  une  Meia  se  tromper  complètement,  se  précipiter  sur 
la  mouche  artificielle,  l'attaquer  en  plein,  puis  s'arrêter 
étonnée. 

La  proie  vivante  n'étant  distante  que  de  S  centimètres, 
pareille  erreur  n'aurait  jamais  lieu  si  la  vue  des  Meta  était 
bonne  et  si  elles  l'utilisaient  lorsqu'elles  se  dirigent  vers  le 
gibier. 

Moins  curieuses  et  plus  faciles  à  répéter,  les  expériences 
suivantes  montrent  aussi  combien  les  Meta  voient  mal. 

Je  jette  dans  la  toile  d'un  individu  habitant  mon  jardin 


(  573  ) 

une  petite  boulette  de  papier  noir  et  blanc  obtenue  en 
chiffonnant  un  fragment  de  calendrier  à  effeuiller.  Les 
dimensions  et  la  couleur  de  la  boulette  sont  à  peu  près 
celles  d*une  mouche  domestique,  mais,  en  somme,  la  res- 
remblance  avec  un  Diptère  est  si  faible  qu*à  i  mètre  de 
distance  un  enfant  ne  s'y  tromperait  pas. 

Néanmoins,  dès  que  la  boulette  de  papier  a  touché  la 
toile,  la  Meta  se  précipite  dessus.  L'illusion  pour  TAraignée 
semble  complète,  car  elle  saisit  Tobjet,  le  manipule  et  ne 
le  rejette  hors  de  sa  toile  qu'après  un  examen  d'une  durée 
appréciable. 

Une  deuxième,  puis  une  troisième  boulette  semblable 
provoquent  le  même  manège;  seulement  l'Arachnide  les 
laisse  suspendues  à  son  réseau.  Une  quatrième  boulette  est 
rejetée.  Ce  n'est  qu'au  cinquième  essai  que  la  Meta  finit 
par  comprendre  que  ce  ne  sont  que  des  corps  étrangers 
qui  tombent  dans  3a  toile.  A  partir  de  ce  moment,  il  n'est 
plus  possible  de  la  tromper. 

J'approche  ensuite  graduellement  des  yeux  do  l'Arai- 
gnée la  surface  métallique  brillante  d'un  manche  de  canif 
en  métal  blanc;  à  S,  à  1,  à  72  centimètre  l'animal  ne 
bouge  pas  ;  Je  dois  le  toucher  pour  qu'il  s'aperçoive  de  la 
présence  d'un  objet.  L'expérience  réussit  en  employant  un 
corps  quelconque  et  presque  autant  de  fois  que  l'on 
veut(l). 

D*autres  Meta  segmentata  soumises  en  pleine  campagne 
à  l'épreuve  des  boulettes  de  papier  se  laissent  duper  abso- 
lument comme  la  précédente. 

La  vue  e^it  évidemment  détestable  à  toutes  les  distances. 


(t)  Il  est  bien  entendu  que  j'ai  glissé  la  main  derrière  la  toile  et 
que  je  n*ai  pas  pris  le  côte  ventral  pour  le  côté  dorsal. 


(  S74  ) 

§  24.  —  Observations  sur  VEpeira  diademata  Clerck, 

Une  jeune  Épéire-diadènle  ne  semble  voir  aiicun  des 
corps  que  Ton  promène  devant  ses  yeux  à  des  distances 
variables  même  très  faibles  (1).  Elle  ne  devient  attentive 
que  si  Ton  tiraille  un  des  fils  de  sa  toile.  Ainsi,  elle 
s'élance  vivement  vers  une  boulette  de  cire  noircie  piquée 
an  bout  d'une  épingle  et  promenée  légèrement  à  la  péri- 
phérie du  réseau. 

J'ai  induit  plusieurs  fois  des  Ëpéires  en  erreur  à  l'aide 
d'une  mouche  artificielle  en  plume;  elles  se  précipitaient 
dessus,  puis,  reconnaissant  au  toucher  qu'il  ne  s'agissait 
pas  d'une  proie  bonne  à  sucer,  elles  entortillaient  le  petit 
pinceau  dans  un  paquet  de  fils  et  le  faisaient  tomber  hors 
de  la  toile. 

Enfin,  j'ai  été  témoin  d'un  fait  qui  prouve  une  fois  de 
plus  combien  les  yeux  des  Épeires  sont  inutiles  et  à  quel 
degré  les  sensations  tactiles  remplacent  pour  elles  les 
sensations  visuelles  :  je  suivais  des  yeux  le  vol  d'une 
femelle  de  Bourdon  des  jardins  (Bombus  hortorum), 
lorsqu'à  mon  grand  étonnemenl  je  vis  le  gros  Hyménop- 
tère  empêtré  dans  une  toile  d'Épéire;  je  me  précipitai 
pour  assister  à  ce  qui  allait  se  passer.  L'Araignée,  qui  était 
demi-adulte  et  par  conséquent  bien  petite  par  rapport  à 
rinsecte,  sortit  vivement  de  dessous  une  feuille  et  courut 
droit  au  Bourdon  qu'elle  toucha  presque.  Elle  ne  parut 
effrayée  par  les  dimensions  du  monstre  et  ne  recula  vers 
sa  retraite  que  lorsque  la  distance  entre  ses  yeux  et 
PHyménoptère  se  trouva  réduite  à  \  ^2  centimètre 
environ. 


(i)  Même  observation  que  dans  la  noie  précédente. 


t  S78  ) 
Mais  la  scène  n*élait  pas  terminée;  le  Bourdon  conti- 
nuant à  se  déballre,  rÉpéire,  encore  une  fois  victime  de 
la  même  illusion,  retraversa  âa  toile,  pour  fuir  de  nouveau 
lorsqu'elle  eut  à  peu  près  touché  l'animal  dont  elle  avait 
eu  si  peur  quelques  instants  auparavant.  Ce  manège 
aurait  peut-être  recommencé  si  le  Bourdon  n'avait  Gni 
par  se  dégager  complètement. 

§  25.  —  Observaiions  sur  l'Epeira  cornuta  Ç    Clerck 

(E.  apoclisa  Walck.). 

L'Épéire  cornue  habite  ordinairement  une  loge  de  tissu 
assez  serré  Gxée  à  un  épi  de  graminée  courbé  d'une  façon 
caractéristique.  L'animal  y  attend  que  des  secousses 
l'avertissent  qu'un  Insecte  est  pris  entre  les  fils  de  sa 
toile,  tendue  sous  la  loge  dans  un  plan  h  peu  près  ver- 
tical. 

Comme  je  l'avais  déjà  fait  pour  la  Meta  segmentnta 
(§  23),  je  jette  dans  le  réseau  d'une  Epeira  cornuta  un 
petit  système  double  constitué  par  une  mouche  vivante 
reliée  par  un  bout  de  fil  de  1  72  centimètre  de  longueur 
à  une  mouche  artificielle  formée  d'un  petit  morceau  de 
plume  d'un  gris  foncé  (pi.  II,  fig.  4). 

Le  hasard  me  sert  à  souhait;  le  système  double  tombe 
sur  le  centre  de  la  toile  dans  une  position  horizontale  ; 
l'Araignée  sort  de  sa  loge  et  se  précipite  d'abord  sur  la 
mouche  artificielle  en  plume  qu'elle  touche  ou  peu  s'en 
faut,  puis,  seulement  après  avoir  reconnu  son  erreur,  elle 
se  déplace  sur  le  côté  pour  s'attaquer  à  la  mouche  vivante. 

Il  serait  difficile,  ce  me  semble,  de  trouver  une  meilleure 
preuve  de  l'insuffisance  de  la  vision  et  de  fa  prépondé- 
rance du  sens  tactile. 


(57«) 


S  26.  — -  Réiumé  de$  résuUats  fournis  par  les  Aranéides. 

En  réunissant  les  résultats  obtenus  par  les  auteurs  qui 
m'ont  précédé  et  ceux  de  mes  expériences  personnelles, 
on  peut  dresser  le  petit  tableau  ci-dessous  : 


ÀUutarcuatuê    •    .    . 

Obierrateirt. 

Dislaireenceiti- 
nèlrnilifiellf 
rAraigaée  Ttit 
lei  ■••Ttaeili 

Ict^tilsibjets. 

l^ittaaceêBttiU- 
■èlres  •!  la 
TJtiM  «t  issa 
iMiie  ptnr  qae 
rinigiétniiie 
4a  caftircr  la 
frtie. 

OBSERVATIONS. 

Dabi. 

90 

iikii 

• 

Araignée  sauteuse    .    . 

ForeL 

5^è8 

V^ 

Araignée  sauteuse    .    . 

Lyster, 

5 

«,» 

Epiblemum  scenicum  . 

Plateau. 

iO  à  \^ 

\  èS 

Marpetsa  muscosa  .    . 

Id. 

4 

i           \ 

# 

Xyaiicui  eristatut   .    . 

Id. 

2,» 

Aranéides  se  lais- 

Dolomedei fimbriatua  . 
Lycosa  amentata.    .    . 

Id. 
Id. 

S 
S 

i 
i 

sant  tromper  par 
des  imitations  gros- 
sières. 

Lycoxa  paludicola  .    . 

Id. 

i 

Tegenaria  civtlîs.    .    . 

Id. 

Tegenaria  domestica  . 

Id. 

Àgalena  labyrinthica  . 
Àmaurobius  ferox  ,    . 
Zilla-x^noiaia    .    .    . 
Metasegmentaia,    .    • 
Epeira  tclopetaria  .    . 

Id. 

Id. 

Dabi. 

Plateau. 

Dahl. 

Aranéides  ne  re- 
connaissant guère 
l'existence  d'une 
proie  qu'aux  Tibra- 
tionsdelatoileetse 
laissantaussi  trom- 
per par  des  imita- 
tions grossières. 

Epdra  diademata  .    • 

Plateau. 

Epeira  eomuta  .    •    . 

Id. 

(  »77  ) 

De  ce  tableau  et  des  détails  donnés  à  propos  de  chaque 
forme,  je  crois  pouvoir  conclure  que  : 

1^  Les  AranéideSy  en  général,  perçoivent  à  dislance  les 
déplacements  des  corps  volumineux; 

S**  Les  Araignées  chasseuses  (Attides,  Lycosides)  sont 
probablement  les  seules  qui  voient  les  mouvements  des 
petits  objelsj 

3°  Elles  perçoivent  ces  mouvemenls  à  une  distance  qui 
oscille,  d'après  les  observateurs  et  suivant  les  espèces,  entre 
S  et  30  centimètres  (1); 

4^  La  dislance  à  laquelle  la  proie  est  vue  assez  bien  pour 
que  la  capture  en  soit  tentée,  n'est  que  de  1  à  2  centi- 
mètres; 

5*  Même  à  cette  faible  distance,  la  vision  n*est  pas 
nette,  puisque  les  Araignées  chasseuses  commettent  de 
nombreuses  erreurs  ; 

ô*"  Les  Araignées  tendant  des  toiles  ont  une  vue  détes- 
table à  toutes  les  distances;  elles  ne  constatent  la  présence 
et  la  direction  de  la  proie  qu'aux  vibrations  de  leur  (ilel,  et 
cherchent  à  prendre  de  petits  objets  tout  autres  que  des 
Insectes,  dès  que  la  présence  de  ces  objets  détermine 
dans  le  réseau  des  secousses  analogues  à  celles  que  pro- 
duiraient les  mouvemenls  d'Arthropodes  ailés. 


(1)  Je  crois  qu'il  serait  plus  prudent  d'admettre  que  cette  distance 
oscille  entre  .2  et  42  centimètres.  J'ai  déjà  fait  remarquer  dans  une 
note  du  §  10  que  les  âO  centimètres  indiqués  par  Dabi  pour  VÀUns 
arcuaius  résultent,  peut-être,  d'une  erreur  de  mesure. 


(  S78  ) 


Chapitre  IV. 
Seorpionides. 

§  27.   —  Historique. 

Bien  que  les  mœurs  des  Scorpions  aient  élé  fréquem- 
ment décrites,  les  observations  sur  la  vision  sont  rares; 

»  

Emile  Blanchard  et  Ray  Lankester  paraissent  être  les 
seuls  auteurs  qui  se  soient  sérieusement  occupés  de  ce 
point  spécial. 

Voici,  du  reste,  ce  que  Ton  peut  citer  :  <  Un  Insecte, 
9  écrit  Blanchard  (1  ),  vient-il  à  passer  plus  ou  moins  près 
9  d*un  Scorpion,  celui-ci  se  dirige  vers  sa  proie  et  ne  lui 
»  porte  des  coups  d'aiguillon  qu^au  moment  où  il  en  est 
9  suffisamment  rapproché  pour  l'atteindre,  » 

Le  même  ajoute  plus  loin  ;  <  ...  d*après  les  observations 
*  faites  sur  les  individus  vivants,  on  peut  dire  que  les 

>  Scorpions  voient  à  une  distance  médiocre^  mais  cepen- 
»  dant  assez  variable,  les  objets  placés  au-devant  ou  au- 

>  dessus  d'eux  (2).  > 

Jousset  de  Bellesme  (3),  parlant  de  la  façon  dont  le 
Scorpion  se  sert  de  son  appareil  venimeux,  dit  :  <  Toute 


(i  )  Blanchard.  L'organisation  du  règne  animal  ;  Arachnides,  p.  57, 
Paris,  i851-»9. 

(2)  Les  passages  en  italique  sont  en  caractères  ordinaires  dans  le 
texte  original. 

(3)  Jousset  db  Bbllbshb.  Essai  sur  le  venin  du  Scorpion.  (Annales 
des  sciences  naturelles,  5*  sér.,  Zoologie,  t.  XIX,  p.  13, 1874.) 


(  879  ) 

»  proie  saisie  par  les  pinces  est  ramenée  devant  les  yeux; 
»  il  en  approche  alors  son  aiguillon  et  pique  avec  discer- 
»  nemeol...  » 

L*atiilude  que  prend  ainsi  le  Scorpion  lorsqu'il  main- 
tient rinsecte  au-devant  des  organes  visuels  pour  piquer 
a  été  bien  représentée  par  Joyeux  LafTuie  (1)  d'après  le 
Buihus  eurapœuSy  puis  par  Ray  Lankester  (2)  d'après 
VEuscorpius  italiens. 

Le  savant  naturaliste  anglais,  qui  a  étudié  en  même 
temps  les  mœurs  de  VAndroctonus  funestus^  Hempr.  et 
Ehrenb.  (Buihus  australis,  Linn.)  (5),  a  pu  constater  les 
particularités  intéressantes  ci-dessous  :  l'animal,  très  lucî- 
Tuge,  se  tient,  pendant  le  jour,  soit  dans  des  excavations 
creusées  dans  le  sable,  soit  sous  les  objets  déposés  sur  le 
-fond  du  vase  qu'il  habite;  extrait  de  ces  retraites,  il  donne 
peu  de  signes  de  vision  proprement  dite  (very  Utile  evi^ 
dence  ofsight)  et  cherche  immédiatement  à  se  cacher  de 
nouveau. 

Il  ne  prend  de  nourriture  que  la  nuit.  Les  observations 
faites  à  l'aide  d'une  lampe  semblent  indiquer  que  le  Scor- 
pion en  question  ne  poursuit  pas  sa  proie,  mais  qu'il 
Tattend  en  quelque  sorte.  Ainsi  les  Blattes,  se  promenant 
dans  le  récipient,  approchent  sans  aucnne  crainte  de 
TArachnide,  puis,  tout  à  coup^  celui-ci  saisit  un  des 
Insectes  de  la  pince  gauche  et  le  pique. 


(i  )  Joyeux  Làffuië.  Appareil  vetiimeux  et  venin  du  Scorpion,  (Thèse 
pour  le  doctorat  en  médecine,  Paris,  1883,  et  Archives  de  zoologie 
expérimentale,  2«  sér.,  vol.  I,  fig.  I  de  la  planche.  4884.) 

(!2)  Ray  Lamkbstbr,  Noies  on  some  IJabils  of  Ihe  Scorpions.  (Journal 
of  the  Linnean  Society.  Zoology,  vol.  XVI,  p.  455,  fig.  2,  London, 
1883.) 

(3)  Ray  Lanxbstbb.  Op.  cit.,  pp.  456-457, 


(  580  ) 

Même  absence  de  poursuite  de  la  part  de  VEuscorpius 
ilalicus  (1)»qui  ne  se  donne  pas  de  peine  pour  courir  après 
les  Calliphores  dont  on  le  nourrit.  La  capture  de  la  proie 
n*est  due,  en  aucun  façon,  à  Tagilité  du  Scorpion,  mais  à 
la  stupidité  des  mouches  qui  vont,  en  fait,  se  promener 
jusqu'entre  les  pinces  de  leur  ennemi.  C'est  le  moment 
que  celui-ci  parait  attendre,  encore  une  fois,  pour  prendre 
le  Diptère,  pour  le  porter  devant  les  yeux  et  pour  le  piquer 
à  la  tète. 

On  peut  déjà  déduire  des  extraits  ci-dessus  :  1*  que  les 
Scorpions  soal  lucifuges  et  ont  des  habitudes  nocturnes; 
ce  que  Ton  savait  depuis  longtemps  (S); 

2**  Que  leur  distance  de  vision  distincte  est  probable» 
meut  courte. 

Cependant  ces  données  ne  suflBsent  point,  et  des  obser- 
vations méthodiques  nouvelles  étaient  nécessaires  pour 
arriver  à  des  conclusions  nettes. 

§  28.  —  Observations  sur  le  Buthus  europœus  Linn, 
{Androctonus  occilanus  Amoreux)  (3). 

M.  Jules  Chalande  de  Toulouse,  naturaliste  bien  connu 
par  des  travaux  intéressants  tels  que  ses  curieuses  Recher^ 
ches  sur  le  mécanisme  de  la  respiration  chez  les  MyriO' 
podes,  etc.,  et  qui  m'avait  déjà  procuré  des  Scorpions  à 
deux  reprises  différentes,  ayant  eu  Textréme  obligeance 

(1)  Rày  Lànkbsteb.  Op.  cit.,  p.  i60. 

(2)  Voyez  :  Auorbux.  Notice  des  Insectes  de  la  France  réputés 
venimeux,  p.  47,  Paris,  i  789. 

(5)  Voyez,  pour  la  synonymie  et  les  caractères  :  E.  Simon  Les 
Arachnides  de  France,  t.  VII,  p.  96,  Paris,  4879. 


(581  ) 

de  me  faire  un  nouvel  envoi,  j*ai  eu,  à  ma  disposilion,  dès 
les  premiers  jours  de  juin  1887,  cinq  Buthus  europœus  en 
parfait  étal  (i  ). 

Je  n'insisterai  plus  sur  les  mœurs;  fétude  des  allures 
des  derniers  individus  et  de  ceux  que  j'avais  élevés  en 
captivité  en  1885  (2)  n'ayant  fait  que  me  prouver  l'exac- 
titude des  descriptions  de  Ray  I.ankester;  j'indiquerai 
seulement  ce  fait,  que  les  Bulhus  europœus  entrent  en 
activité  avant  le  coucher  du  soleil  ou  vers  cet  instant  de 
la  journée,  ce  qui  permet  d'effectuer  les  observations  à  la 
lumière  naturelle. 

Tous  les  essais  ont  été  répétés  à  satiété  sur  les  divers 
exemplaires;  je  puis  donc  énoncer,  sans  hésitation,  les 
propositions  suivantes: 

h  Pour  toute  distance  supérieure  à  \  centimètre,  le 
Scorpion  ne  voit  pas  un  corps  de  faible  surface  (tel  que 
Textrémité  d'une  règle,  le  bout  d'une  baguette,  le  manche 
ou  la  lame  d'un  scalpel,  une  grosse  mouche  suspendue  à 
un  fli,  etc  ),  immobile  ou  animé  de  mouvements  lents  et 
placé  verticalement  au-dessus  des  yeux  médians. 

^  Pi  \  cenumètre  des  yeux  médians,  la  présence  de 
l'objet  est  perçue  et  Tatlitude  du  Scorpion  devient  mena- 
çante; 

S"*  Comme  Ray  Lankester  l'a  fort  bien  constaté,  les 
Scorpions  ne  voient  pas  les  proies  (ici  des  Calliphores,  des 


(1)  Au  moment  où  j^écris  ces  lignes  (23  octobre)  les  animaux 
vivent  encore,  mais  ne  prennent  plus  de  nourriture  à  cause  de 
rabaissement  de  la  température. 

(2)  Voyez  ma  notice  :  De  Vabsence  de  mouvetneuU  respiratoires 
perceptibles  chez  les  Arachnides,  (Arcbives  de  biologie,  t.  VU,  p.  337, 
1886.) 

S""*    SÉKIE,    TOME    XIV.  59 


[ 


II 
i 


C  582  ) 

iDOucbes  domestiques,  des  araignées,  etc.)  qui  circulent 
dans  leur  bocal  à  une  distance  de  quelques  centimètres: 

it""  Les  proies  libres,  les  mouches  vivantes  suspendues 
à  des  bouts  de  flls,  enfin  les  simulacres  de  moncbes  qui  se 
meuvent  ou  que  Ton  fait  sautiller  devant  le  Scorpion,  ne 
sont  point  vus  par  celui-ci,  si  la  distance  horizontale  est 
de  5  centimètres  ou  davantage.  A  2  centimètres  (peut-être 
parfois  à  2  H^  centimètres)  seulement  des  yeux  latéraux, 
CQs  objets  sont  vus  tout  à  coup,  comme  s*ils  sortaient  d*un 
brouillard; 

5""  Il  résulte  des  faits  ci-dessus  que,  vers  le  soir,  lorsque 
les  Scorpions  ont  faim  et  sont  en  pleine  activité,  ils  ne 
chassent  pas,  dans  le  sens  exact  du  mot,  mais  marchent  à 
l'aventure.  Des  Calliphores  et  des  mouches  privées  d'ailes 
peuvent  impunément  circuler  à  3  cenlimètres  des  Buihns, 
sans  que  ces  derniers  s'aperçoivent  de  leur  existence. 

Pour  constater  la  façon  dont  les  Scorpions  prennent  et 
piquent  leur  proie,  j'étais  obligé  de  procéder  à  une  véri- 
table distribution  de  vivres;  après  avoir  enlevé  à  des  Calli- 
phores, à  des  mouches  et  à  des  Syrphes  les  ailes  et  les 
extrémités  des  tarses,  je  les  mettais  directement  entre  les 
pinces  des  Buthux.  Si  Ton  no  prend  pas  ces  précautions, 
il  arrive  que  les  Scorpions  errent  toute  la  nuit  sans  rien 
capturer (1); 
6**  Le  Ituthus  enropœus  est  assez  maladroit  et  manque 


(1)  II  ne  fuut  pas  oublier  que  les  Scorpions  retires  sous  des  pierres 
ou  sous  d'autres  corps  reposant  sur  le  sol,  profitent  très  probablement 
de  Tarrivée  des  Insectes  qui,  par  instinct,  cherchent  des  retraites 
analogues.  C'est  ainsi  qu'en  soulevant  une  pierre  plate  sous  laquelle 
se  trouvait  un  Buthui  élevé  en  captivité,  j'ai  trouvé  le  Scorpion 
occupé  à  manger  une  Forficule  qui  s'était  glissée  sous  le  même  abri. 


J 


(  S83  ) 

(le  temps  en  temps  l'Insecte  placé  à  sa  portée.  Celte  mala- 
dresse indique  aussi  une  mauvaise  vue; 

7^  Le  Scorpion  auquel  on  a  offert  une  mouche  et  qui 
Ta  manquée,  se  montre  excité;  il  marche  les  pinces  éten- 
dues et  ouvertes,  tantôt  au  hasard,  quand  le  Diptère  s*est 
rapidement  éloigné,  tantôt  dans  une  direclion  bien  déter- 
minée, si  la  mouche  chemine  à  une  distance  qui  ne  dépasse 
pas  2  V2  centimètres.  Le  Buthus  perçoit  alors  très  proba- 
blement les  mouvements,  mais  non  la  forme,  car  il  s'arrête 
si  la  mouche  ne  bouge  plus,  se  remet  en  marche  lorsque 
la  mouche  chemine  de  nouveau,  la  progression  ayant  lieu 
ainsi  par  saccades. 

Toutes  les  fois  que  la  proie  a  une  vitesse  telle  qu'elle 
parvient  à  s'éloigner  au  moins  à  5  centimètres,  elle  cesse 
d*étre  vue  et  la  poursuite  ne  continue  pas; 

8**  Le  Scorpion  ne  capture  pas  une  Calliphore  ou  une 
mouche  domestique  placée. entre  ses  pinces  et  qui  reste 
immobile; 

9"  Lorsqu'on  met  deux  Scorpions  dans  le  même  vase, 
ils  ne  se  voient  pas  mutuellement  et,  bien  qu'ils  craignent 
beaucoup  les  individus  de  leur  espèce,  ils  ne  fuient  effrayés 
que  lorsque  le  hasard  les  fait  se  heurter; 

10**  Une  Blatte  (Pleriplaneta  on'enlalis)  est  parfaite- 
ment en  sûreté  dans  un  bocal  renfermant  un  grand 
Buthus  eiiropœiis,  car  ce  dernier  en  a  peur.  Malgré  cette 
frayeur,  le  Scorpion  ne  s'aperçoit  jamais  de  la  présence 
de  rOrthoptère  que  lorsqu'il  le  touche. 

iV  Mis  dans  le  labyrinthe  à  obstacles  d'un  centimètre 
de  hauteur  (première  partie,  §  4,  pi.  I,  (ig.  6),  un  ButhttH 
y  circule  les  pinces  portées  en  avant.  Ne  contournant 
aucune  barrière,  il  les  aborde  perpendiculairement  et  fran- 
chit les  unes  après  les  autres  celles  qui  sont  dans  une 


(  584  ) 

d^recUon  déterminée.  Ses  pinces,  qui  remplissent  ici  à  peu 
près  les  mêmes  fondions  que  les  antennes  drs  Myriopodes, 
semblent  seules  Tavertir  de  la  présence  d*objets  placés 
en  travers  de  sa  route. 

Afin  de  rendre  les  expériences  de  ce  genre  plus  démon- 
stratives, j*ai  employé  ensuite  un  labyrinthe  de  dimensions 
considérables.  Les  enceintes  concentriques  au  nombre  de 
cinq  se  composent  de  lames  verticales  de  carton  hautes  de 
3  centimètres  et  longues  de  douze.  Les  passages  ou  solu- 
tions de  continuité  des  enceintes  ont,  en  général,  au  moins 
7  centimètres.  b]nfin  chacune  des  enceintes  comprend  des 
barrières  noires,  blanches  et  brunes,  de  façon  que  Tanimal 
circulant  dans  une  direction  quelconque  doive  nécessaire- 
ment rencontrer  des  obstacles  d'aspects  très  divers. 

Les  essais  ont  été  effectués  au  commencement  d*août, 
vers  7  ^2  heures  du  soir,  au  moment  du  coucher  du  soleil 
et  par  un  temps  beau  et  chaud,  par  conséquent  dans  les 
circonstances  les  plus  favorables,  les  Scorpions  se  mon- 
trant excités  et  Téclairage  étant  presque  aussi  intense 
qu*au  milieu  du  jour. 

Lrs  BuihuR  déposés  au  centre  du  labyrinthe  marchent 
vers  le  fond  de  la  chambre,  c'est-à-dire  en  fuyant  la 
lumière;  les  obstacles  qui  se  dressent  devant  eux  sont 
donc,  pour  la  plupart,  éclairés.  Malgré  cela,  les  Scorpions, 
qui  circulent  les  pinces  étendues  devant  eux,  vont  donner 
en  plein  sur  les  barrières  noires  ou  brunes  comme  si 
celles-ci  n'existaient  pas. 

La  même  chose  se  passe  presque  toujours  pour  les  bar- 
rières bliinches,  et  le  noud)re  de  fois  où  les  Arachnides  ont 
paru  se  détourner  afin  de  passer  à  côié  est  si  restreint, 
qif il  est  impossible  d*en  déduire  que  les  animaux  aient 
vu  les  obstacles. 


(  885  ) 

L'expérience  ci-dessous  semble,  du  reste,  prouver  que 
la  vision  n*est  pour  rien  dans  les  rares  exceptions  con- 
statées; 

12**  J*ai  fait  usage  d'un  procédé  déjà  employé  pour  les 
Myriopodes  (première  partie,  §  4).  Je  veux  parler  d*iine 
carte  blanche  des  dimensions  d'une  carte  de  visite  fixée  à 
l'extrémité  inférieure  d'une  canne  et  que  l'on  place  verti- 
calement sur  le  trajet  de  l'animal  circulant  à  la  surface 
d'un  parquet  bien  éclairé  (1). 

Or,  la  plaque  blanche  réfléchissant  la  lumière  qui  vient 
des  fenêtres  et  tranchant,  par  conséquent,  par  son  éclat, 
sur  la  teinte  neutre  du  sol  est,  presque  sans  exct'ption, 
heurtée  en  plein  par  le  Scorpion,  pourvu  qu'on  la  mette  à 
10  centimètres  en  avant  de  l'Arachnide. 

Pour  des  distances  supérieures,  le  Scorpion  passe  de 
temps  à  autre  à  côté  de  l'obstaclt*;  fait  qui  tient  unique- 
ment à  Tincertitude  naturelle  de  la  marche;  le  Bulhus 
progressant  rarement  en  ligne  absolument  droite  sur  une 
longueur  de  plus  de  10  à  15  centimètres; 

15°  Les  allures  du  Scorpion  qui  rencontre  un  obstacle, 
puis  qui  le  longe,  montrent  déjà  nettement  le  rôle  d'or- 
ganes explorateurs  joué  par  les  pinces;  mais  on  peut 
mettre  encore  mieux  ce  rôle  en  évidence  en  couchant  un 
vase  ouvert  ou  une  botte  ouverte  sur  le  chemin  d*un 
Bulhus  eu  marche.  Chaque  fois  que  l'extrémité  des  pinces 
s'engage  sous  le  bord  du  récipient,  TArachnide  fait  tous 
ses  efforts  pour  s*insinuer  entre  celui-ci  et  le  sol;  chaque 
fois  que  les  pinces  se  sont  placées  au  contraire,  par  hasard, 
au-dessus  de  ce  bord,  le  Scorpion  entre  dans  le  vase  ou 
dans  la  boite  sans  hésiter; 

(i)  Il  est  entendu  que  ces  essais  ont  eu  lieu  dans  les  mêmes 
conditions  d'heure  et  de  lumière  que  ceux  du  n"  H  précédent. 


(  586  ) 

ii"*  Ln  plupart  des  auteurs  paraissent  croire  que  le 
Scorpion  maintient  sa  proie  au-devant  des  yeux,  au 
moment  de  la  piquer,  pour  mieux  voir  la  place  exacte  où 
il  enfoncera  Taiguilion.  L'observation  minutieuse  des  faits 
prouve  cependant  que  la  vue  n'intervient  guère  et  que  le 
sens  tactile  a  une  influence  prépondérante.  En  effet  : 

A.  —  L'Arachnide  ne  porte  pas  sa  victime  au-dessus 
des  yeux  médians,  mais  à  Va  centimètre  en  avant  de  la 
tête,  là  où  il  ne  peut  l'entrevoir  et  même  mal  qu'avec  les 
petits  yeux  latéraux  (1). 

B.  —  L'acte  de  piquer  se  Aiit  avec  une  rapidité  telle 
que  si  l'animal  se  laissait  en  réalité  guider  exclusivement 
par  ses  impressions  visuelles,  la  vue  devrait  être  très 
bonne;  hypothèse  qui  n'a  pour  elle  aucune  preuve,  et  dont 
les  diverses  expériences  que  je  viens  de  décrire  semblent 
démontrer  la  fausseté. 

C.  —  Si  Ton  approche  jusqu'à  2  centimètres  d'un 
Buthus  une  mouche  artificielle  en  cire  ou  en  plume  sus- 
pendue au  bout  d'un  tll,  il  saisit  le  petit  objet  de  la  pince 
gauche  (2),  puis  le  rejette  de  côté.  Jamais  il  ne  l'approche 
des  yeux.  Toute  fausse  proie  est  ainsi  reconnue  au  tou- 
cher et  dédaigneusement  repoussée^  sans  que  la  vision 
paraisse  utilisée  d*une  façon  spéciale. 


(1)  La  position  que  le  Scorpion  donne  h  la  proie  est  scrupuleu- 
«ement  reproduite  sur  la  planche  qui  accompagne  le  mémoire  de 
If.  Joyeux  Laffnie  ;  jéppareil  venimeux  et  vefiin  du  Scorpion,  op.  cit. 

(2)  J*ai  vu,  mais  rarement,  le  Scorpion  saisir  une  proie  vivante  de 
la  pince  droite.  L'animal  nVmpIoie  donc  pas  toujours  la  gauche,  ainsi 
que  des  naturalistes  ont  cru  le  constater. 


(  587  ) 

U.  —  J'offre  à  un  Scorpion  une  Callipbore  véritable 
suspendue  à  un  fil  Hn;  il  la  saisit  et  cherche  à  piquer. 
L*animal  donne  deux  coups  d*aiguillon,  mais  chaque  fois 
le  dard  rencontre  le  (il,  de  sorte  que  la  mouche  reste 
intacte.  Non  seulement  le  Scorpion  n'a  point  vu  qu*il  n'a 
pas  piqué  Pinsecte,  mais  persuadé,  à  la  suite  de  la  résis- 
tance rencontrée,  que  Taiguilion  avait  réellement  fait  son 
œuvre,  il  dévore  le  Diptère  encore  bourdonnant  et  dont 
les  pattes  s'agitent  convulsivement. 

§  29.  —  Résumé  des  résultats  fournis  par  les  Scorpions. 

Les  observations  de  Ray  Lankester  sur  VAndroclonus 
funestus  et  YEuscorpius  italicus^  ainsi  que  les  miennes 
sur  le  Buthus  europœus,  permettent  de  considérer  comme 
définitivement  acquis  :  que  la  vue  des  Scorpions  est  très 
mauvaise;  que  la  distance  de  vision  distincte  ne  dépasse 
pas  1  centimètre  pour  les  yeux  médians  et  2  7^  centi- 
mètres pour  les  yeux  latéraux  du  Buthus  europœus;  que 
ces  animaux  ne  chassent  pas,  mais,  ou  bien  qu'ils  errent 
au  hasard  jusqu'à  ce  qu'une  proie  soit  à  leur  portée,  ou 
bien  qu'ils  attendent  dans  leur  retraite  les  Articulés 
imprudents  qui  s'y  glissent;  que  ce  sont  leurs  pinces  et 
non  leurs  yeux  qui  les  avertissent  de  l'existence  d'obstacles 
placés  sur  leur  route;  enfin  que,  lorsqu'ils  ont  capturé  un 
Insecte,  c'est  surtout  par  le  toucher  qu'ils  jugent  de 
l'endroit  où  doit  être  enfoncé  l'aiguillon  (1). 


(I)  u  n'y  a  là  rien  que  de  parfaitement  naturel.  Les  pages  6H,  459, 
160  et  220  des  intéressants  Souvenirs  entomoloffiques  de  J.  H.  Fabrt 
(Paris  1 879)  nous  apprennent  en  effet  que  les  Hyménoptères  tels  que 
les  Cerceris,  les  Sphex  et  les  /immùphiles  qui  engourdissent  des 


(  888  ) 


Chapitre  V 
PbalangideB  (OpilioDes) 

§  50.  —  Considérations  générales. 

Les  Arachnides  de  Tordre  des  Phalangides  offrent, 
comme  chacun  le  sait,  des  pattes  grêles  d'une  grande 
longueur  et  ne  possèdent  que  deux  yeux  simples  situés 
sur  les  faces  latérales  d'une  éminence  occupant  la  partie 
supérieure  du  céphalothorax. 

La  position  des  yeux  et  la  direction  de  leurs  axes  sont 
telles  qu'il  semble  impossible  que  Tanimal  puisse  voir  un 
objet  placé  devant  lui  sur  le  sol.  Enfin  la  structure  des 
organes  visuels  étudiée  par  Grenacher  (2)  parait  très  voi- 
sine de  celle  des  yeux  antérieurs  des  Aranéides;  la  seule 


Insectes  dans  le  bat  de  les  offrir  en  pâture  à  leurs  larves  et  qui 
piquent,  à  cet  effet,  certains  ganglions  bien  détermines  de  la  chaîne 
nerveuse,  n'utilisent  en  aucune  façon  leurs  yeux  dans  cette  opération 
délicate.  Placés  au-dessus  de  la  victime,  ils  recourbent  leur  abdomen 
80ÎU  le  corps  du  Charançon,  de  TÉphippigère  ou  de  la  Chenille,  et  vont 
précisément  perforer  la  face  de  Tlnsecte  qu'ils  ne  peuvent  voir.  Les 
sensations  tactiles  seules  les  guident,  et  cependant  ils  opèrent  avee 
une  précision  et  une  sûreté  remarquables. 

On  peut  soi-même,  sans  le  secours  de  la  vue,  effectuer  des  actes 
aussi  nets  que  ceux  dont  le  Scorpion  nous  rend  témoins.  Fermez  les 
yeux  et,  tenant  entre  le  pouce  et  Tindex  de  la  main  gauche  un  petit 
objet  quelconque,  vous  serez  étonné  de  constater,  quelle  que  soit  la 
position  du  bras,  avee  quelle  précision  vous  irez,  d'un  mouvement 
assez  rapide,  toucher  Tobjet  de  l'Index  de  la  main  droite. 

(2)  GaBMACHza.  Untersuehungen  ûber  das  Sehorgan  der  A  rthropoden, 
pi.  Il,  fig.  16  (Phalangium opillo),  GSttingeo,  1879. 


(  589  ) 

différence  un  peu  importante  consiste  dans  la  présence  de 
trois  bâtonnets  terminaux  au  lieu  de  deux,  au  sommet 
des  ommatidies  (1). 

Aucune  recherche  n'avait  été  effectuée,  jusqu'à  présent, 
sur  la  vision  des  Phalangides. 


§31.  —  Observations  eï  expériences  sur  les  Phalangium 
parielinum  de  Geer  et  Phalangium  opilio  Linn. 

Toutes  les  observations  ont  été  faites  soit  sur  des  ani- 
maux en  liberté  dans  mon  jardin,  soit  sur  des  individus 
transportés  direetemenl  de  l'extérieur  dans  la  chambre  à 
expériences. 

J'ai  cru  longtemps  les  Phalangides  Incifuges;  cependant, 
en  soumettant  six  Ph.  parielinum  à  la  méthode  pholoki- 
nétique,  c'est-à-dire  en  les  introduisant  dans  la  boîte  à 
compartiments  éclairés  et  obscurs  (première  partie,  §  4, 
pi.  I,  fig.  5)  et  en  répétant  les  essais  dix  fois  de  suite, 
à  10  on  15  minutes  d'intervalle,  j'obtins  les  distributions 
ci-dessous  (2)  : 

Tflaai. 
Dans  les  régions  éclairées    6,  4,  3,  5,  5,  8,  5,  3»  5,  $     46 

Dans  les  régions  obscures    0,  3,  3,  i,  i,  1,  i,  3,  i,  i      U 

Régions  éclairées  46       «.^ 

Rapport  :  •^. r n  «  3,2. 

Régions  obscures  14 


(i)  Voir  pour  la  signification  de  ce  terme  :  Première  partie,  §  I. 

(!2)  Le  fond  de  la  boite  était  garni  de  papier  à  filtrer  humide, 
condition  indispensable,  les  Phalangides  souffrant  beaucoup  dans 
Pair  sec. 


.(  590  ) 

C*esl-à-(lire  que,  malgré  une  lumière  diiïuse  vive,  il 
s*est  trouvé  trois  fois  plus  d'individus  dans  les  parties 
claires  que  dans  les  portions  ombrées. 

L'examen  de  ce  qui  se  passait  dans  la  boite  chaque  fois 
que  les  animaux  avaient  été  dérangés  pour  les  amener  i 
se  distribuer  de  nouveau,  permettait  de  voir  les  Phalan* 
gium  se  repousser  mutuellement  pour  occuper  plus  vite 
une  place  dans  un  segment  éclairé  (1). 

Les  Phalangides  du  geore  type  Phalangium  préfèrent 
donc  la  lumière  du  jour  à  l'obscurité;  mais,  malgré  l'évi- 
dence du  fait,  nous  ne  sommes  en  droit  de  formuler 
aucune  conclusion  quant  à  la  vision  proprement  dite, 
puisque,  dans  certains  cas,  des  perceptions  dermatoptiques 
vives  peuvent  déterminer  des  actes  qu'un  observateur 
superficiel  attribuerait  facilement  à  l'influence  de  percep- 
tions visuelles  (2).  J'arrive,  du  reste,  à  ces  dernières  qai, 
ainsi  que  le  lecteur  en  jugera,  doivent  être  d'une  bien 
faible  utilité  aux  Arachnides  dont  il  est  question  dans  ce 
chapitre. 

Posé  sur  le  sol,  sur  une  muraille  ou  sur  une  feuille,  le 


(I)  A  la  vérité,  beaucoup  d*entre  eux  finissaient  par  s^appliqucr 
au  plafond  de  rinstnimcnt,  parce  que  ce  plafond  en  carton  leur  offrait 
plus  de  prise  que  les  autres  parois  qui  sont  en  verre.  C'^pcndant,  cela 
D*altère  guère  les  résultats,  puisque  le  plancher  étant  blanc  réfléchissait 
beaucoup  de  lumière  vers  le  haut,  et  que  certainement  des  Arthropodes 
lucifuges  auraient  choisi,  de  préférence,  les  parties  du  plafond  situées 
dans  les  compartiments  sombres;  fait  qui  n'avait  lieu  ici  que  pour  la 
minorité. 

(^)  Voyez  k  ce  sujet,  dans  la  première  partie,  le  §  4,  où  il  est 
question  de»  Myriopodes  aveugles,  et  le  §  6  traitant  de  In  vision  chez 
les  Iules. 


(  391   > 

Faucheur  ne  voit  évidemmenl  aucun  des  corps  que  Ton 
approche  de  ses  yeox.  J'ai  employé  à  cet  effet  le  doigt» 
un  rame.iu,  une  petite  sphère  de  verre,  un  nianche  de  coq- 
leau  garni  de  métal  blanc  brillant,  une  petite  mouche  sus- 
pendue à  un  (il,  un  simulacre  de  mouche  en  plume,  etc. 
L'objet  peut  être  approché  horizontalement  ou  verticale- 
ment, très  lentement  ou  assez  vite  (pourvu  qu'on  ne  pro- 
voque pas  de  courant  d*air).  L'expérimentateur  peut 
l'avancer  en  ligne  droite  ou  lui  imprimer  des  oscillations, 
jamais  \e  Phalangium  ne  manifeste  rien,  tant  qu  il  n'y  a 
point  contact  soit  avec  son  corps,  soit  avec  ses  pattes» 

Les  Faucheurs  ne  perçoivent  pas  davantage  les  dépla»- 
cements  des  objets  volumineux,  à  la  condition  que  ces 
déplacements  n'amènent  ni  niouvement  d'air  considé- 
rable, ni  trépidation  du  support  sur  lequel  les  individus 
sont  placés.  Ainsi  on  circulera  tout  près  de  ces  animaux, 
on  agitera  même  avec  une  vitesse  modérée  et  à  10  centi- 
mètres au  plus  de  distance,  la  main,  une  plaque  de 
carton,  etc.,  sans  les  faire  sortir  de  leur  immobilité. 

Ces  faits  qui  expliquent  pourquoi  les  Phalangium  se 
laissent  facilement  capturer  soulèvent  une  question  plus 
importante  :  comment,  avec  une  aussi  mauvaise  vue,  les 
Faucheurs  parviennent-ils  à  se  diriger  et  comment 
arrivent-ils  jamais  à  .«^aisir  une  proie  quelconque?  (1) 


(i)  J*ai  montré  aiUcurs  :  Note  sur  hs  phénomènes  de  la  digestion 
et  sur  la  structure  de  V appareil  digestif  chez  les  Phalangides  (Bull,  de 
l*Âcad.  roy.  de  Belgique,  2*  scr.,  t.  XLII,  novembre  4876),  qu^on 
trouve  dans  le  tube  digestif  des  Faucheurs  des  débris  d'Insectes, 
et  E.  Simon  (les  Arachnides  de  France,  t.  Vil,  p.  132,  Paris,  4879) 
dit  avoir  vu  ces  animaux  dévorer  des  Fourmis,  des  Lithobies,  des 
Larves  et  des  Cloportes. 


(  592  ; 

En  remontant  au  6"*  du  §  â6,  le  lecteur  y  trouvera  que 
les  Araignées  tendant  des  toiles  voient  aussi  mal  et 
qu'elles  suppléent  à  TinsuflEsance  de  la  vision  par  le  sens  du 
toucher.  L'observation  montre  que,  chez  les  Phalangides, 
ce  sont  aussi  les  pattes,  appendices  tactiles  d'une  sensibilité 
extrême,  qui  servent  d*organes  avertisseurs  et  explora- 
teurs. 

Au  repos  et  entouré  de  ses  huit  pattes  grêles  disposées 
en  étoile,  le  Faucheur  est  au  centre  d*un  cercle  qui  peut 
parfois  atteindre  6  centimètres  de  rayon.  Indifférent  à 
tout  ce  qui  pourrait  émouvoir  un  animal  doué  de  bons 
yeux,  il  perçoit,  au  contraire,  immédiatement  le  plus  léger 
contact  d*uu  corps  étranger  avec  chacun  de  ses  membres. 

Grâce  aux  dimensions  considérables  de  ses  appendices 
locomoteurs  et  à  leur  disposition  rayonnante,  il  est  averti 
à  temps  du  voisinage  d*un  ennemi  ou  du  gibier,  que  ceux-ci 
soient  devant  lui,  derrière  lui  ou  sur  le  côté.  J'approche, 
par  exemple,  des  yeux  d'un  Phalanghim  pariednnm  un 
fragment  de  plume  d'un  demi-centimètre  de  longueur,  sus- 
pendu à  un  Gl;  l'Arachnide  ne  bouge  pas;  mais  je  touche 
la  patte  droite  de  première  paire  à  l'aide  de  ce  corps  doux 
et  léger;  le  Faucheur  lève  aussitôt  la  patte  frôlée  et  la 
maintient  levée;  je  touche  ensuite  la  patte  gauche;  même 
gesle;  enfm,  j'amène  le  petit  morceau  de  plume  en  con-, 
tact  avec  les  chélicères,  l'animal  recule  de  quelques  pas. 

Lorsque  le  Phalangium  circule,  ce  sont  les  pattes  de  la 
seconde  paire,  les  plus  longues  de  toutes,  qui  lui  donnent 
des  indications  sur  la  nature  des  obstacles.  Courant  sur  les 
pattes  des  paires  1 , 3  et  4,  il  tient  les  extrémités  des  mem- 
bres de  deuxième  paire,  qui  dépassent  les  autres  comme 
de  longues  antennes,  légèrement  relevées,  et  il  s'en  sert 
pour  palper  constamment  d'un  mouvement  rapide  les  divers 
objets  qu'elles  rencontrenl. 


(  593  ) 

On  constate  déjà  facilement  ce  rôle  des  secondes  pattes 
en  mettant  un  Phalangium  dans  un  grand  bocal  conte- 
nant quelques  rameaux.  L'Arachnide  ne  circule  qu'à  tâtons 
el  ne  s'aventure  sur  une  branche  ou  sur  une  feuille  qu'après 
avoir  palpé  la  surface. 

Cependant,  l'absence  de  vision  distincte  el  son  rempla- 
cement partiel  par  le  loucher  deviennent  surtout  évidents 
si  Ton  place  un  Faucheur  dans  le  grand  labyrinthe  à  obsta- 
cles de  3  centimètres  de  hauteur  (voir  §  28).  L'animal  ne 
se  détourne  jamais  pour  passer  à  côté  des  lames  verticales 
de  carton  noires,  blanches  ou  brunes;  il  marche  directe- 
ment vers  elles  sans  les  voir,  s'arrête  un  instant  dès  que 
les  extrémités  de  ses  pattes  exploratrices  de  deuxième 
paire  rencontrent  une  barrière,  palpe  celle-ci,  puis  passe 
au-dessus  pour  effectuer  le  même  manège  à  l'obstacle  sui- 
vant, etc. 

La  façon  de  procéder  de  l'Arachnide  est  identiquement 
la  même  lorsque,  comme  pour  les  Scorpions  el  les  Myrio- 
podes,  on  met^  en  travers  du  trajet  d'un  Faucheur  circulanl 
librement  sur  le  parquet,  une  plaque  verticale  de  carton 
blanc,  (ixée  au  bout  d'une  canne  (voir  l'"*  partie,  §  4,  et, 
dans  la  partie  actuelle,  §  28).  Que  la  plaque  soit  éclairée 
ou  qu'elle  soit  à  contre-jour,  l'individu  en  expérience  la 
rencontre  toujours  eu  plein  à  l'aide  de  ses  pattes  de  deu- 
xième paire,  el  ne  se  détourne  ou  ne  monte  sur  l'obstacle 
qu'après  une  exploration  rapide  de  la  surface. 

Enfm,  dernière  preuve,encore  plus  convaincante  que  les 
précédentes  :  les  Phalangium  parielinum  ou  les  Ph.  opilio^ 
dont  on  abolit  à  peu  près  entièrement  les  perceptions 
visuelles  en  leur  couvrant  les  yeux  d'une  couche  de  couleur 
à  l'huile  noire,  et  les  PU,  oplio,  complètement  aveuglés  par 


(  ^9i  ) 

la  seclion  des  nerfs  opliqiies  (1),  circulent  nn  peu  moins 
vile  dans  le  premier  ers,  d*une  façon  un  peu  plus  saccadée 
dans  le  second,  mais  se  comportent  vis-à-vis  des  obstacles 
absolument  de  la  même  manière  que  les  individus  jouis- 
sant de  la  totalité  de  leurs  organes  des  sens.  Ils  tàtenl  les 
barrières  du  labyrinthe  de  leurs  membres  de  seconde  paire, 
franchissent  les  lames  de  carton  ou  les  contournent  pour 
rencontrer  celles  qui  sont  situées  au  delà,  etc.,  avec  des 
allures  si  normales  qu*un  observateur  non  prévenu  serait 
persuadé  que  les  animaux  qui  évoluent  devant  lui  sont  par- 
faitement intacts. 


§  32.  —  Résumé  des  résultats  obtenus  par  les  Phalangides. 

Les  expéi^iences  et  les  observations  sur  les  Phalangides 
conduisent,  en  somme,  à  des  résultats  analogues  à  ceux 
que  nous  ont  donnés  les  Aranéides  tissant  des  toiles. 

La  vue  est  fort  mauvaise,  et  il  semble  n'y  avoir  de  vision 
distincte  à  aucune  dislance. 

Ces  Arthropodes  compensent  Tinsuffisance  du  sens  visuel 
en  utili^ant  la  sensibilité  tactile  exquise  de  leurs  membres, 
et  surtout  en  employant,  comme  organes  explorateurs,  les 
longues  pattes  de  la  seconde  paire,  qui  jouent  à  peu  près 
le  rôle  des  antennes  des  Myriopodes. 


(I)  Cette  opération  assez  facile  se  pratique  en  enfonçant  horizon- 
talement et  de  droite  à  gauche  la  lame  bien  aiguisée  d'une  aiguille 
à  cataracte  au  travers  de  la  base  du  tubercule  qui  porte  les  yeux.  On 
sépare  ainsi  presque  totalement  le  tubercule  du  reste  des  téguments 
dorsaux  et,  lorsqu'on  retire  Finstrument,  Tanimal  saigne  fort  peu. 


xUletins.  3 'Série  Tome  AW 


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(  595  ) 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  IL 

Fig    4.  Céphalothorax  d^une  Attide,  JUarpessa  muscosa,  vu  de  profil. 
Grossissement,  12. 
L^apparcil  visuel  est  cnorinc  et  cependant  la  vue  est  mauvaise 
(consultez  le  §  42). 

Fig.  3.  Boulette  de  cire  noircie  suspendue  à  rextrcmitc  d'un  fil 
(G.  n). 

F'ig.  5.  Mouche  artificielle  en  plume  (G.  n).  Remarquer  combien  ce 
simulacre  ressemble  peu  à  un  Insecte  véritable. 

Fig.  4.  Système  double  jeté  dans  une  toile  d'Âraîgnce  et  composé 
d'une  mouche  vivante  reliée  par  un  fil  de  S  centimètres 
de  longueur  h  une  mouche  artificielle  en  plume  (con- 
sultez les  §§  23  et  25). 


Simple  observation  au  sujet  d'un  travail  de  M.  W.  Hal^ 
lock  (i)  intitulé  :  The  Flow  op  Solios,  etc.;  par 
W.  Springy  membre  de  TÂcadémie. 

J*ai  démontré,  on  se  le  rappelle,  par  de  nombretises 
expériences,  que  les  corps  solides  jouissaient,  à  des  degrés 
divers,  de  la  faculté  de  se  souder,  à  froid,  sous  faction 
(fune  pression  suflisamment  énergique.  En  comprimant 
des  corps  de  nature  chimique  différente  j'ai  pu  obtenir,  à 
basse  température,  nombre  de  combinaisons  qui  ne  se  pro- 
duisent, généralement,  qu*à  Taide  d*une  température  plus 
ou  moins  élevée. 

Ces  recherches  avaient  été  entreprises  en  vue  de  vérifier 

(i)  Voir  TU  american  Journal  of  Science,  t.  XXXIV,  n»  202, 
4>ctobre  1887,  p.  277. 


(  596  ) 

s'il  est  possible  de  retrouver ,  dans  les  corps  à  l'état 
solide,  la  Irace  des  proprfétés  qui  caractérisent  surtout 
rélat  liquide.  J'ai  été  amené  aussi,  à  la  suite  de  mes 
expériences,  à  formuler  en  principe,  dès  1880,  que  la 
madère  prend,  sous  pression^  un  état  en  relation  avec  le 
volume  qu'elle  est  obligé  d'occuper;  mais  cette  condensa- 
tion n'est  permanente  que  si  la  matière  admet  des  états 
allotropiques  différents.  Depuis ,  des  expériences  nou- 
velles (1),  en  partie  encore  inédites,  m'ont  fait  reconnaître 
rimporliiuce  du  rôle  que  joue  un  certain  degré  de  tempé- 
rature dans  ces  phénomènes;  de  telle  sorte  que,  pour 
rétai  solide  comme  pour  l'état  liquide,  on  observerait 
une  température  critique,  au-dessus  ou  au-dessous  de 
laquelle  les  changements  par  simple  pression  ne  seraient 
plus  possibles. 

La  conséquence  de  tout  ceci  est,  par  exemple,  que  les 
corps  liquides  doivent  passer,  sous  pression,  à  l'état  solide, 
en  tenant  ccmpte  de  la  température  critique,  bien  entendu, 
si  leur  volume  spécifique  est  plus  petit  à  Tétat  solide  qu'à 
l'état  liquide,  et  réciproquement. 

Cette  réciproque  a  été  démontrée  d'abord  par  Mouzon, 
puis,  récemment,  par  moi-même  en  collaboration  avec  mon 
ami  J.-H.  van  't  Hoff. 

Je  me  proposais  de  vérifier  aussi  la  proposition  pre- 
mière, mais  j'ai  été  devancé,  à  ma  grande  satisfaction, 
par  M.  Amagat  (S),  qui  vient  de  produire  la  solidification 
de  plusieurs  liquides  par  l'action  de  la  pression. 

Voilà  une  vérification  des  résultats  généiaux  de  mes 
expériences  qui  m'a  fuit  le  plus  grand  plaisir;  sa  grande 
valeur  n'échappera  à  personne. 

(1)  ZuiUchrift  f.  phys.  Chemie,  1,  p.  227. 

(2)  Comptes  rendus,  l.  CV,  p.  165;  1887. 


y  897  ) 

Ceci  posé,  j'arrive  à  Tariicle  de  M.  Hallock. 

L'auteur  m*atlribue  l'absurde  pensée  que  les  corps 
solides  se  liquéfieraient  tous  sous  l'action  de  la  pression. 
Il  s'imagine  même  que  j'ai  tiré  cette  conclusion  de  mes 
expériences!  Pour  appuyer  son  dire  il  altère  des  passages 
de  mes  travaux,  en  remplaçant  partout  le  mot  «  soudure  > 
dont  je  me  suis  servi,  par  le  mot  c  fusion  >,  ou  même  en 
dénaturant  complètement  le  texte*  Qu'on  en  juge  : 

M.  Hallock  me  fait  dire,  par  exemple  (p.  281),  <  sulphur 
prismalic — 5,000  atm.  fusion  to  the  octahedral  form.  > 

il  ajoute  de  son  cru  :  c  and  so  on  throngh  a  long  and 
varied  list.  >  Or,  j'ai  dit,  page  351  de  mon  Mémoire  de 
1880  :  c  Du  soufre  prismatique  transparent,  fraîchement 
préparé,  a  été  soumis  à  une  pression  de  5,000  atm.  à  la 
température  de  IS"";  il  s'est  moulé  en  un  bloc  opaque  beau- 
coup plus  dur  que  ceux  qu'on  obtient  par  fusion  I...  »  — 
Tout  commentaire  est  superflu. 

Après  avoir  ainsi  préparé  le  terrain,  il  fait  l'exposé  d'ex- 
périences nouvelles  qui  lui  ont  démontré,  naturellement, 
que  les  corps  solides  ne  fondaient  pas  sous  pression  ! 

Enfin,  il  achève  de  démontrer  mon  absurdité  en  m'op- 
posant  les  expériences  d'Amagat,  qui  démontrent,  ainsi  que 
je  viens  de  le  rappeler,  la  solidification  de  certains  liquides 
par  la  pression,  ce  qui  exclut  le  contraire. 

Il  est  bien  clair  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  discuter  avec 
M.  Hallock,  puisque  son  travail,  qui  s'appuie  sur  une  chi- 
mère, est,  pour  moi,  nul  et  non  avenu. 

Mais  je  crois  qu'il  ne  m'est  pas  permis  de  laisser  passer 
son  œuvre  sans  protestation,  car  il  est  de  l'intérêt  scienti- 
fique général  de  rappeler  que  si,  à  la  vérité,  les  erreurs  ne 

S"*'  SÉRIE,  TOME  XIV.  40 


(  598  ) 

peuvent  pas  toujours  être  évitées,  il  n'en  est  pas  de  même 
de  Tinattention. 

Je  dois  ajouter,  cependant,  à  la  décharge  de  M.  Hallock, 
que  son  travail  a  été  entrepris  et  dirigé  par  M.  J.-W. 
Powell,  de  Washington.  J'engage  M.  Hallock  à  choisir 
mieux,  à  Tavenir,  ses  conseillers. 


Sur  les  dépôts  rappariés  par  Dumont  à  ses  systèmes 
laekenien  et  tongrien,  au  S.-E,  de  Bruxelles;  par 
Michel  Mourlon,  membre  de  TÂcadémie. 

Les  grands  travaux  de  terrassement  effectués  dans  ces 
derniers  temps,  pour  le  prolongement  de  Tavenue  du  tram 
à  vapeur  d'Ixelles  jusqu'à  Thippodrome  de  Boitsfort,  ainsi 
que  les  déblais  occasionnés  par  la  création  de  celle  autre 
avenue  dite  c  boulevard  Militaire  »  qui  relie  la  c  Petite 
Suisse  >  aux  nouvelles  casernes  d*Etterbeek,  ont  mis  à 
découvert  des  coupes  d*une  grande  importance  pour 
rétude  des  dépôts  tertiaires  se  rapportant  aux  systèmes 
laekenien  et  tongrien  de  Dumont.  Cest  ce  qui  m'a  engagé 
de  hâter  la  publication  de  ces  coupes,  aGn  d'attirer 
l'attention  des  géologues  sur  les  Taits  intéressants  qu'elles 
présentent  pour  la  solution  de  certains  points  litigieux. 

Seulement,  malgré  tout  l'intérêt  qu'offrent  ces  coupes, 
aucune  d'elles  ne  permettant  d'observer  la  série  complète 
des  dépôts  de  la  région,  j'ai  cherché  à  combler  cette 
lacune  en  sollicitant  de  l'administration  des  chemins  de 
fer  l'autorisation,  qu'elle  a  bien  voulu  m'accorder,  d'uti- 
liser les  profondes  tranchées  du  chemin  de  fer  au  S.-E. 
de  la  Station  d'Etterbeek  et  au  N.  de  Watermael. 


I: 

S- 


' 


(  599  ) 

Avant  de  faire  connaître  le  résultat  des  observations 
que  m'ont  permis  d'effectuer  les  déblais  que  j'ai  fait  pra- 
tiquer dans  ces  tranchées,  je  commencerai  par  exposer 
les  faits  intéressants  que  présentent  Pavenue  de  THip- 
podrome  et  le  boulevard  Militaire,  ainsi  que  Pancienne 
chaussée  de  Boendael. 

Avenue  de  l'Hippodrome.  —  Au  point  culminant  de 
cette  avenue,  qui  est  à  la  cote  105,  on  observe,  dans  la 
petite  tranchée  située  un  peu  en  contre-bas  de  la  maison 
Capouillet,  qui  domine  toute  la  région,  un  bel  affleurement 
d'argile  grise  tachetée  de  jaunâtre  et  alternant  avec  de 
l'argile  sableuse  glauconifère.  Ce  dépôt  argileux  a  une 
épaisseur  de  plus  de  3  mètres  sur  le  talus  et  représente 
le  Tongrien  de  Dumont. 

En  descendant  l'avenue  de  l'Hippodrome,  on  ne  voit 
plus  d'afQeurement  sur  une  assez  grande  longueur,  mais 
près  de  la  ferme  de  la  Petite  Suisse,  au  coin  de  l'avenue 
et  du  boulevard  Militaire,  une  butte  de  sable  présente  la 
coupe  que  voici  : 


Covpe  d'une  butte  de  sable  près  la  ferme  de  la  Petite  Suisse 

(fig.  0- 

4|«    Limon  et  cailloux  roulés  h  la  base,  ravinant  fortement  les 
dépôts  sous-jacents. 

T.    Lits  de  graviers  argileux  séparés  par  O^^M  de  sable  et 
recouverts  de  0%40  de  sable  jaune  également  graveleux. 

^W*  Sable  blanc  et  jaune  avec  concrétions  ferrugineuses  à  la 
partie  supérieure,  limité  par  un  gravier  de  base  sur- 


t  600  ) 

monte  d'un  lit  ferrugineux  dont  il  est  quelquefois 
séparé  par  0%i5  de  sable  graveleux  •     mètres.     S,20 

li.  Sable  fin  blanc  et  jaune,  présentant  deux  niveaux  de 
concrétions  ferrugineuses  :  Finférieur  continu  et  en 
contact  avec  le  gravier  de  base,  et  le  supérieur  non 
continu,  mais  paraissant  par  places  se  confondre  avec 
le  premier,  le  sable  qui  les  sépare  se  durcissant  en 
prenant  une  teinte  rouge  brunâtre  ferrugineuse. 
Entre  ces  deux  niveaux  ferrugineux,  on  observe  parfois 
aussi  un  lit  de  gravier  à  0"*,20  au-dessus  du  niveau 
inférieur i,50 

liK.  Sable  jaune  verdâtre  demi-fin,  moucheté  de  noir, 

visible  sur 0,50 

En  continuant  à  descendre  ravenne  de  rHippodrome, 
on  observe  sur  le  petit  talus  de  celle-ci,  vis-à-vis  la 
maison  portant  le  n"*  151,  du  sable  graveleux  lackenien 
pétri  de  Num.  lœvigata  roulées;  et  enfin,  plus  bas 
encore,  dans  un  déblai  pratiqué  pour  les  fondations  d'une 
maison  en  face  du  Pavillon  du  Tram,  situé  au  coin  de 
Tavcnue  et  de  la  rue  du  Bourgmestre,  du  sable  bruxellien 
durci  passant  au  grès  ferrugineux  brun  rougeâtre,  ayant 
jusqu'à  2'",50  à  3  mèlres  d'épaisseur. 

Boulevard  Militaire.  —  Celle  nouvelle  grande  avenue 
présente,  entre  la  rue  du  Cygne  et  le  nouveau  Pont  du 
chemin  de  fer  de  la  Station  d'Etterbeek,  une  belle  coupe 
sur  le  talus  méridional  de  la  tranchée.  Elle  commence  à 
90  mèlres  du  Pont  et  s'étend  à  l'O.-S.-O.  sur  une  longueur 
de  230  mètres,  jusque  près  de  la  ?  ue  du  Cygne. 


(601  ) 

Coupe  prise  au  boulevard  Militaire  entre  le  nouveau  Pont  du 
chemin  de  fer  et  la  rue  du  Cygne  (fig.  2). 

9*  Limon  brun  avec  cailloux  roulés  à  la  base  et  limon  sableux 
stratifié  {q')  entre  deux  niveaux  de  cailloux. 

^V.  Sabie  blanc  glauconifère  quartzeux,  parfois  très  grossier 
et  passant  au  gravier  vers  le  bas.  Il  prend  souvent  une 
teinte  jaunâtre  et  se  présente  k  grains  beaucoup  plus 
fins  à  la  partie  supérieure;  il  devient  brunâtre  humecté 
sur  O'^fiO  vers  le  bas  au  contact  du  gravier,  lequel  est 
parfois  associé  h  un  petit  lit  argileux.  Ce  sable  W.  ren- 
ferme des  lentilles  presque  continues,  en  de  certains 
points,  de  concrétions  sableuses  ferrugineuses  fossili* 
fères  h  Pecten  corneus,  etc.,  et  de  plaquettes  de  grès 
ferrugineux  passant  à  la  limonite  et  pétries  de  N^um. 
wemmelensis;  il  atteint  ^'^fiO  h  5  mètres  d*épaisseur. 

li.  Sable  gris  jaunâtre  assez  fin,  légért^ment  glauconifère, 
présentant,  en  quelques  points,  des  concrétions  ferru- 
gineuses friables  presque  au  contact  du  gravier  de  base. 

liK.  Sable  jaune  verdâtrc  moucheté  de  noir  légèrement  glau-» 
conifère  avec  rares  taches  ferrugineuses. 

Sur  le  talus  septentrional  de  la  tranchée  du  boulevard 
Militaire,  on  n'observe,  pour  ainsi  dire,  que  du  limon 
quaternaire;  mais  un  déblai  pratiqué  pour  la  construction 
de  régout  a  mis  à  nu,  sous  S'^^SO  de  limon  avec  rares 
cailloux  à  la  base  : 

0'',80  de  sables  blanc  et  jaune  séparé  du  sable  sous- 
jacent  par  un  gravier  de  O'^yOS,  et  correspondant  aux 
couches  L  de  la  coupe  précédente; 

3  mètres  de  sable  jaune  verdàtre,  à  peine  visible  sur 
Tautre  talus  de  la  tranchée  (LK). 


(  602  ) 

Inlerprétalion.  —  Gomment  faut-il  interpréter  les 
coupes  qui  précèdent?  Celle  de  l'avenue  de  THippodrome 
montre  bien  neUement,  au-dessus  des  sables  laekeniens 
séparés  dessables  bruxelliens  par  le  gravier  à  iVummu/i/M 
lœvigata  roulées,  une  succession  de  trois  dépôts  sableux 
séparés  par  des  graviers  bien  apparents  (fig.  1). 

Toutefois,  n^ayant  pas  rencontré  de  fossiles  dans  ces 
dépôts,  il  eût  été  diflicile  de  préciser  leur  âge  géologique, 
si  la  coupe  du  boulevard  Militaire  n'avait  présenté  dans  la 
couche  W  des  concrétions  de  sable  quartzeux  durci  ferru- 
gineux très  fossilifères,  renfermant  la  faune  caractéristique 
des  sables  de  Wemmel,  que  MM.  Vincent  ont  eu  la  bonne 
fortune  de  découvrir  en  maints  endroits  à  ce  niveau. 

Dès  lors,  il  devenait  évident  que  le  dépôt  sableux  qui 
sépare  ces  sables  wemmeliens  des  sables  laekeniens, 
représente  le  nouvel  étage  auquel  nous  avons  proposé, 
M.  Ë.  Vincent  et  moi,  de  donner  le  nom  d'étage  ledien  (1). 

On  verra  plus  loin  que  la  coupe  de  la  tranchée  au  S.-O. 
de  la  Station  d*Etterbeek  confirme  pleinement  cette  inter- 
prétation. 

Quant  à  la  couche  argilo-sableuse  et  graveleuse  qui, 
dans  la  coupe  de  la  ferme  de  la  Petite  Suisse^  surmonte 
les  sables  W.,  elle  semble  bien  représenter  la  base  des 
dépôts  argileux  tongriens  de  Dumont,  qu'on  a  vus  si  bien 
caractérisés  au  point  culminant  de  l'avenue  de  l'Hip* 
podrome,  près  de  la  maison  Gapouillet. 

Avant  la  création  de  cette  avenue,  en  ne  connaissait. 


(1)  Bull,  de  V/4cad,  roy.  de  Belgique,  ô*  série,  tome  XIV,  1887, 
pp.  45-49. 


(  605  ) 

dans  la  région,  de  représenlant  de  ce  dépôt  argileux  qu'en 
un  seul  point  situé  à  peu  de  distance  sur  la  chaussée  de 
Boendael,  vis-à-vis  la  ferme  portant  le  n""  267. 

On  y  observe,  sur  le  talus  de  la  chaussée,  à  environ 
300  mètres  au  S.-E.  du  boulevard  Militaire,  la  coupe 
ci-dessous  : 


Coupe  relevée  sur  le  talus  de  la  chaussée  de  Boendael. 

9.    a.  Limon  et  cailloux  roulés  recouverts  de  terre 

vép;étale mètres.      0,50 

T.    b.  Argile  sableuse  grisâtre  et  jaunâtre    ....  1,00 
c.  Lit  de  concrétions  ferrugineuses  dans  un  sable 

jaune  brunâtre 0,20 

(/.  Sable  argileux  grisâtre  bigarré  de  jaunâtre.     .  0,50 

e.  Sable  blanc  qnarlzeux  avec  grnins  de  glauconie.  0,20 

^vr/:  Sable  blanc  et  jaune 0,80 

Les  couches  argileuses  6-e  de  la  coupe  qui  précède 
étant  à  la  cote  99,  on  pouvait  en  conclure  qu'elles  sont 
inférieures  à  celles  qu'on  vient  de  voir  près  de  la  maison 
Capouillet;  mais  comme,  entre  ces  derniers  aiQeurements 
et  ceux  de  la  Petite  Suisse  et  du  boulevard  Militaire, 
on  n'en  observe  pas  d'autres,  il  eût  été  impossible 
d'établir  leurs  relations  stratigraphiques,  sans  les  données 
si  précieuses  que  m'ont  fournies  les  tranchées  du  chemin 
de  fer  au  S.-E.  de  la  Station  d'Etterbeek  et  au  N.  de 
WatermaeL 


(-.604  ) 

Tranchée  du  grand  Pont  au  S.-E.  de  la  Station 
d'Etterbeek.  —  Cette  profonde  tranchée,  dont  la  hauteur 
n'atteint  pas  moins  de  20  mètres  au  grand  Pont,  ayant  ses 
talus  recouverts  de  végétation  et  d*arbustes,  il  ne  m'a  été 
possible  d'en  relever  la  coupe  qu'en  pratiquant,  de  dis- 
tance en  distance,  une  série  de  déblais  en  escalier,  per- 
mettant de  voir  la  roche  en  place  du  haut  en  bas. 

Déjà,  en  avril  1862,  cette  tranchée  avait  attiré  l'attention 
du  major  Le  Hon,  qui  en  fit  connaître  la  composition 
€  au  grand  Pont  du  chemin  de  fer  du  Luxembourg,  près 
>  de  Watermael.  > 

Voici  le  relevé  qu'il  en  donne  dans  son  intéressante 
Note  sur  les  terrains  tertiaires  de  Bruxelles  (Bull.  Soc. 
GÉOL.  DE  France,  2*  série,  t.  XIX,  p.  823)  : 

Altitudes  : 

iOâ  mètres.  Niveau  du  soi  humus,  limon  hesbayen. 
100      —      Argile  verte  un  peu  sableuse. 

99      —      Sable  verdâire,  argileux,  bigarré  de  fer. 

87      —      Sable  siliceux  pur,  gris,  bleuâtre  clair. 

85      —      Sable  gris,  panaché  de  fer. 

82  —  Sable  ferrugineux  (orangé  foncé),  devenant,  en 
descendant,  argileux  et  panaché  de  vert. 

74  —  Couches  mélangées  de  sables  argileux  tachés  de 
rouge  et  de  vert  et  de  petites  veines  pures  d'ar- 
gile verte,  comme  à  Schaerbeek. 

70      —      (Voie  ferrée). 

69      —      Surface  du  système  bruxellien. 

Après  avoir  donné  ce  relevé  des  couches  de  la  tranchée 


(  60S  ) 

qu'il  rapporte  au  système  laekenien,  Le  Hou  ajoute  : 
€  On  a  trouvé,  eu  creusant  cette  vaste  tranchée,  des  lits 
de  pierres  dont  une  partie  contenait  des  fossiles  laekeniens, 
mais  il  nous  a  été  impossible,  depuis  tant  d'années  déjà, 
de  découvrir  le  niveau  du  gisement  de  ces  pierres.  » 

En  comparant  la  coupe  de  la  tranchée  telle  que  Ta 
décrite  Le  Hon,  aussi  complètement  que  le  permettait 
rétat  de  la  science  à  cette  époque,  avec  celle  qu'on  trou- 
vera ci- après,  on  sera  frappé  de  voir  combien  l'étude  des 
terrains  qui  la  composent  a  fait  de  sérieux  progrès  depuis 
vingt-cinq  ans. 

Coupe  relevée  sur  le  talus  oriental  de  la  tranchée  au  Sud-Est 

de  la  Station  d'Etterheék  (fig.  3). 

Celte  coupe  n'ayant  pu  être  levée  qu'à  l'aide  des  déblais 
pratiqués  sur  le  talus  oriental  de  la  tranchée,  j'ai  cru  bien  faire 
de  donner  ici  le  relevé  détaillé  des  couches  rencontrées,  de 
haut  en  bas,  pour  chacun  de  ces  déblais  : 

Déblai  n®  /  (à  i5  mètres  du  grand  Ponl). 

9*     a.  Limon  brun,  terre  à  briques  avec  cailloux  disséminés 

à  la  base mètres.     i,25 

b.  Limon  jaunâtre  pâle  stratifié  avec  cailloux  à  la 

base 4,60 

T.      c.  Argile  glauconifère  d'un  vert  foncé  ....     0,55 

d.  Argile  grise,  nuancée  de  jaunâtre  par  places.      i,00 

e.  Sable  argileux  glauconifère,  jaunâtre  vers  le 

haut  et  grisâtre  vers  le  bas  ....  2,50 

A  reporter.     .     .      6,90 


(  606  ) 

ReporL     .     .      6,90 

f.  Sable  jaunâtre  peu  ou  point  glaucouîfère  avec 

rares  paillettes  de  mica  et  concrétions  ferru- 
gineuses disséminées,  devenant  argileux  vers 
le  bas mètres.     â,00 

g.  Sable  gris  blanchâtre  légèrement  glauconifère 

semblable  à  t i,00 

h.  Gravier  peu  apparent  dans  le  sable  grisâtre. 

^V.  ».  Sable  quartzeux  grisâtre  et  blanchâtre  légè- 
rement glauconifère,  parfois  assez  grossier, 
passant  au  gravier  vers  le  bas  et  rappelant 
le  sable  W.  avec  plaquettes  fossilifères  de  la 

coupe  figure  2 3,iO 

j.  Gravier  dans  un  sable  jaune  glauconifère   .     .     0,05 

li.  k.  Sable  fin  gris  blanchâtre  présentant  vers  le  bas, 
à  O^ySO  du  gravier  /,  un  lit  argilo-ferrugi- 

neux  rougeâtre  [k') 3,^ 

L  Gravier  dans  un  sable  jaune 0,05 

EiK.  m.  Sable  jaune  visible  sur  Z'^fiOy  dont  un  mètre 

sous  le  niveau  de  la  voie  ferrée 3,80 


Total.     .     .    20,40 

Déblai  n'  2  (î\  50  mètres  du  grand  Pont). 

9*     a.  Terre  végétale iiiclres     0,70 

6.  Sable  calcarifère  qui  semble  provenir  d'une 
extraction  par  bure  des  niveaux  laekcnien 

ou  ledien i,30 

c.  Limon  sableux  stratifié  d'aspect  remanié  par 

places  avec  cailloux  roulés  à  la  base.     .     .      3,00 

A  reporter.     .    .      5,00 


(607  ) 

Report.     .     .      S,00 

T«  d.  Sable  argileux  gris  verdalre  et  jaunâtre,  pas* 
saiU  à  1  argile  grise,  nuancée  de  jaunâtre, 
avec  concrétions  ferrugineuses,  rares  pail- 
lettes de  mica  ;  ce  sable  présente  un  lit  de 
concrétions  limonitcuses  rouge  d*ocre  {d\ 
à  0*,90  des  cailloux  6,  et  un  autre  (d") 
à  i  ",40  du  premier mètres.     S,00 

e.  Sable  gris  blanchâtre  glauconifèrc  semblable 

hg.    .     .' 0,25 

f.  Gravier  dans  un  sable  jaune 0,05 

W*   g.  Sable  blanc  quartzeux  glauconifèrc  et  jaune 

brunâtre  au  contact  du  gravier 2,10 

À.  Gravier  épais  vcrdâtre 0,10 

li.  ».  Sable  gris  blanchâtre  et  jaunâtre  ayant,  sur- 
tout à  la  partie  supérieure,  un  aspect  mou- 
dieté  tout  particulier  rappelant  un  peu  celui 
de  la  peau  de  daim 5,!20 

j.  Gravier  peu  apparent  dans  un  sable  jaune. 

k  Sables  et  grès  calcarifères  blanchâtres  et  jau- 
nâtres très  fossilifères  avec  abondantes 
petites  Nummuliteit, 

Le  premier  banc  de  grès  k'  est  séparé  du 
gravier  j  par  0'",80  de  sable  ;  le  deuxième 
banc  de  grès  k''  Test  du  précédent  par 
1*^,60;  le  troisième  banc  k*'\  le  plus  épais, 
est  distant  du  deuxième  de  0",90  •     •    •    .     4,70 

/.  Gravier  mince  ^'annonçant  par  une  mince  ligne 
jaune  brunâtre  ondulée. 

A  reporter.     .     .    17,40 


(  608  ) 

Report.     .     .    17,40 

liK.  m.  Sable  et  grès  calcarifères   présentant  deux 
bancs  de  grès  :  le  premier  séparé  de  O^ylO 
du  gravier  f  et  de  i  mètre  du  second,  au 
niveau  de  la  voie mètres.     1,20 


Total.     .     .    48,60 


Déblai  n?  3  {h  78  mètres  du  grand  Pont). 

f|.      a.  Terre  végétale mètres.     0,50 

b.  Limon    pâle  avec   cailloux    disséminés  à  la 

base 4,00 

c.  Limon  stratifié  avec  une  couche  de  cailloux 

serrés  de  0'",1  G  à  la  base 3,30 

^V.  cf.  Plaquettes  de  sable  ferrugineux  durci  concré-* 
tionné  passant  à  la  liinonite,  en  contact  avec 
les  cailloux  serrés  de  c,  et  séparées  du  gra- 
vier ê  par  0%iO  de  sable  blanc  et  jaunâtre 

glauconifère  graveleux 0,i3 

e.  Gravier  bien  apparent  dans  un  sable  jaune 

brunâtre 0,20 

li.  f.  Sable  blanc  calcarifère  et  fossilifère,  et  jaune 
plus  ou  moins  graveleux  par  places,  renfer- 
mant un  lit  de  plaquettes  ferrugineuses  (/*) 
séparé  par  0'°,40  des  plaquettes  (/....  2,60 
£•  Banc  de  grès  calcarifère,  légèrement  grave- 
leux, très  fossilifère,  et  pétri  de  petites  Dfutn- 
mulites  variolaria  rappelant  tout  i  fait  cer- 
tain banc  de  Lcde  et  de  Moorscl  près  d'Âlost.     0,10 

A  reporter.     .     .    10,85 


(  609  ) 

Report.     .    .    40,85 

h.  Sable  blanc  jauoâlre  calcarifère,  avec  petites 
NutnmulileSy  et  graveleux  surtout  vers  le 
bas  (h') mètres.      0,90 

t.  Sable  calcarifère  avec  petites  Nummuliles  pré- 
sentant un  banc  de  O'^yiO  de  grès  calcari- 
fère {%')  h  i  '"jTO  de  la  couche  graveleuse  h' 
et  à  1*,90  du  gravicrj 3,70 

j.  Gravier  dans  le  sable  calcarifère 0,05 

MjêL.  k.  Sable  calcarifère  avec  un  banc  de  grès  {k') 
séparé  par  0°^,50  du  gravier  j  et  du  niveau 

de  la  voie  ferrée 4,00 

L  Banc  de  grès  calcarifère  séparé  du  niveau  de 
la  voie  ferrée  par  O'^jSO  de  sable  blanc  calca- 
rifère. 

ToUl.    .    .    46,50 

Déblai  n'  4  (à  100  mètres  du  grand  Pont). 

f|.      a.  Terrain  remanié,  sable  calcarifère  et  limon 

avec  cailloux  roulés  à  la  base  .     .    mètres.     4,00 
6.  Sable  argileux  d*aspect  remanié  et  limon  au 

contact  de  la  couche  de  cailloux  de  0°^,25.     .     2,65 

^¥,  e.  Gravier  formant  une  épaisse  couche  de  O'^y^O 
avec  interposition  de  sable  blanc  et  limité 
inférieurement  par  un  lit  ferrugineux     .     .      0,40 

l4.  d.  Sable  fin  blanc  et  jaune,  parfois  ferrugineux, 
présentant  le  plus  souvent  l'aspect  moucheté 
de  la  peau  de  daim 5,70 


A  reporter.     .     .    iO,75 


(  610  ) 

Report     .    .    iO,75 

e.  Banc  de  grès  calcarifère  et  fossilifère  variant 
en  épaisseur  de  0",iO  à  0"*,30,  et  séparé  du 
lit  graveleux  /"  par  O",  1 0  de  sable  .    mètres.     0,40 

/'.  Lit  de  sabic  jaune  calcarifère  graveleux.    ,     .     0,05 

g.  Sable  blanc  et  jaune  calcarifère  présentant 
deux  bancs  de  grès  :  le  premier  (g')  de  0"*,20 
d'épaisseur  séparé  du  gravier  /"par  l",50  et 
du  second  banc  de  grès  {g")  de  0",iO d'épais- 
seur par  O^jQO 3,90 

h.  Gravier  bien  apparent  dans  le  sable  calcarifère.      0,05 

liK.  t.  Sable  et  grès  calcarifères  blanc  jaunâtre  dont 
un  banc  se  trouve  juste  au  niveau  de  la  voie 
ferrée i,iO 


Tolal.     .     .    <6,M 


Déblai  n°  5  (à  iiO  mètres  du  grand  Pont). 

9»      a.  Limon  et  terre  végétale mètres.     0,45 

6.  Sable  et   grès    calcarifères    semblables    aux 

roches  6  du  déblai  n**  2 0,80 

c.  Limon  jaunâtre  devenant   brun  à  la   partie 

supérieure  avec  cailloux  disséminés  k  la  base.      2,70 

d.  Limon  stratifié  présentant  deux  lits  de  caiU 

toux,  le  premier  de  O^jOS  séparé  des  cailloux  c 

par  1»,20  et  du  second  de  O^SO  par  0",80.      2,50 

IV.  e.  Sable  jaune  et  rougeâtre  ferrugineux  avec  lit 
mince  de  sable  concrétionné  passant  à  la 
limonile 0,30 

A  reporter.    .    .     6,55 


v6H  ) 

Report.    •    .     6,55 

« 

f.  Sable  blanc  et  jaune  quarUeux  très  grossier  .     0,80 

g.  Plaquettes  de  grès   ferrugineux   fossilifère  i 

Nummulites  wemmelensis  .  .  .  mètres.  0,15 
h.  Sable  quartzeux  jaune  brunâtre  devenant  de 
plus  en  plus  graveleux  vers  le  bas,  où  il 
présente  une  couche  de  gravier  de  0'",10; 
ce  sable  est  traverse  par  un  lit  de  concré- 
tions ferrugineuses  limoniteusesavec  géodes 
renfermant  du  sable  blanc 0,65 

li.       t.  Sable  fin  blanc  et  jaune  devenant  graveleux 

vers  le  bas 3,20 

j.  Sable  gris  jaunâtre  foncé,  moucheté  de  noir.  4,50 

k.  Gravier 0,05 

IjK.  /.  Sable  fin  blanc  et  jaune  mis  à  nu  sur  \  mètre 
et  présentant  jusqu'au  niveau  de  la  voie 
ferrée  une  épaisseur  de 0,40 


Total.    .    .    i5,10 


Déblai  n'*  6  (k  \  50  mclres  du  grand  Pont). 

a.  Limon  avec  rares  cailloux  à  la  base    •    mètres  4,60 

b.  Limon  sableux  stratifié 1,15 

c.  Cailloux  roulés 0,25 

d.  Sable  jaune  et  gravier 0,50 

e.  Sable  blanc 0,60 

f.  Cailloux    roulés    et    gravier   dans   un    sable 

humecté 0,10 

A  reporter.     .     .  7fiO 


(  612  ) 

Report.    .    .     7,00 

li.    g.  Sable  gris  verdâtre  graveleux  vers  le  bas  {g')  .      3,00 
h.  Sable  et  grès  calcarifères  plus  ou  moins  grave- 
leux entre  les  deux  bancs  de  grès,  surtout 
sous  le  premier  {h')  qui  est  &  1",S5  du  gra- 
vier 9';  le  second  est  au  niveau  de  la  voie  .     2,45 


Total.    .     .      12,42^ 

liK.  t.  Un  sondage  i  la  bêche  a  mis  encore  à  nu,  sous  le 
niveau  de  la  voie  ferrée  :  â'jiS  de  sable  et  grès  caN 
carifères  renfermant  des  vertèbres  de  poissons;  un 
premier  banc  de  grès  de  0^,10  se  trouve  à  O^'ySS  du 
niveau  de  la  voie,  puis  des  moellons  de  O'^jSO  teintés 
en  rouge  h  la  surface  s'observent  à  0^,80  du  pre- 
mier banc  et  i  0'",30  du  dernier  qui  à  O'^ylO  est 
presque  continu  et  séparé  du  gravier  j  par  O^ySO 
de  sable. 
j.  Gravier  épais  avec  grès  perforés  à  Num,  lœvigata 
roulées,  O^SO. 

B.    k.  Sable  quartzeux  bruxeliicn. 

La  tranchée  se  termine  un  peu  au  delà  de  ce  déblai 
n®  6  qui  se  trouve  près  du  bloc,  à  la  bifurcation  des  deux 
lignes,  puis  la  voie  vers  Âudergbein  est  en  remblai  et 
bientôt  apparaît  une  nouvelle  tranchée  au  N.  de  Water- 
mael.  Un  déblai  pratiqué  sur  le  talus  septentrional  de 
cette  tranchée,  à  700  mètres  environ  de  la  bifurcation  et 
à  140  mètres  h  VO.  du  petit  pont  vers  Auderghem,  m*a 
permis  de  relever  la  coupe  suivante  : 


(  6»3; 


Coupe  relevée  dans  la  tranchée  au  Nord  de  WalermaeL 

9»    a.  Limon  et  cailloux mètres    0,50 

6.  Sable  jaune  durci  avec  cailloux  roulés  dissé- 
minés      0,50 

1¥.  c.  Gravier  wemmelien?  peut-être  quaternaire  .    .     0,05 

l4»  d.  Plaquettes  de  grès  ferrugineux  fossilifères  (Tur- 
ritelles  et  Lamellibranches)  formant  de  grandes 
géodes  renfermant  du  sable  blanc    ....     0,35 

e.  Sable  jaune  et  blanchâtre  à  la  partie  supérieure.     1 ,50 

f.  Lit  ferrugineux  de  sable  jaune  rougeàtre,  pré- 

sentant plus  à  r£st  de  grandes  plaquettes 
limoniteuses  correspondant  sans  doute  à  celles 
qui  s'observent  à  l'entrée  du  premier  chemin 
creux  à  TEst 0,20 

g.  Sable  lin  jaune  moucheté  de  blanc  vers  le  haut 
et  rappelant  la  peau  de  Daim,  sur  f'yâO;  gris 
blanchâtre  vers  le  bas,  sur  l%70 2,90 

A.  Gravier  reposant  sur  un  lit  de  sable  ferrugineux 

d^un  rouge  ocreux 0,iO 

liK.  t.  Sable  jaunâtre  graveleux  vers  le  bas  ....     4,20 
j.  Gravier  &  Num.  lœvigata  roulées 0,10 

B.    k.  Sable  blanc  quartzeux  bruxellîen. 

Résumé  et  conclusion.  —  En  résumé,  on  constate  dans 
les  coupes  qui  précèdent,  au-dessus  des  sables  bruxelliens 
et  du  gravier  laekenien  à  blocs  de  grès  perforés  et  à  Num. 
lœvigata  roulées,  des  sables  et  grès  calcarifères  et  fossili- 
fères, parfois  décalcarisés,  au  milieu  desquels  s'observe  un 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIV.  41 


(  614  ) 

gravier  tantôt  Tort  apparent,  comme  entre  les  3"  et 
4"  déblais  de  la  coupe  iig.  3,  où  je  l'ai  mis  à  découvert 
sur  toute  la  longueur;  tantôt,  au  contraire,  à  peine  visible 
et  s'annonçant  par  une  mince  ligne  ondulée  de  sable  jaune 
brunâtre  foncé.  Ce  gravier  représente  la  base  du  nouvel 
étage  de  TÉocène  moyen  auquel  nous  avons  proposé,  avec 
M.  E.  Vincent,  de  donner  le  nom  d'étage  ledien. 

Il  dépasse  8  mètres  d'épaisseur  dans  la  tranchée  du 
grand  Pont,  où  il  se  montre  formé  de  sables  et  grès  calca- 
rifères,  dont  certains  bancs,  très  fossilifères  et  pétris  de 
petites  Nummulites  variolaria,  rappellent  entièrement  les 
sables  et  grès  de  Lede  et  de  Moorsel,  près  d'Alost. 

J'ai  recueilli  dans  le  banc  de  grès  g  du  déblai  n""  3  un 
certain  nombre  de  fossiles  peu  ou  point  déterminables, 
mais  parmi  lesquels  M.  G.  Vincent  a  pu,  néanmoins, 
reconnaître  la  présence  des  espèces  suivantes  : 

Turritella  crenulala.  Cylherea  Uevigata. 

Pecten  comeus,  Cardium  Honi, 

Tellina  filosa.  Cardium  setni  granulalum, 

—     setilaroîdes,  LunuHtes  urceolata. 

Ces  dépôts  calcaires,  plus  ou  moins  graveleux,  passent 
vers  le  haut  à  des  sables  fins  blanc  et  jaune  offrant  fré- 
quemment, par  leurs  bigarrures  mouchetées,  l'aspect  d'une 
peau  de  daim.  Ils  sont  aussi  parfois  ferrugineux  jaune 
brunâtre  et  rougeâtre  et  présentent,  vers  le  milieu  de  la 
masse,  un  niveau  de  gravier  qui  paraît  assez  constant. 

Les  sables  lediens  (Ëocène  moyen)  sont  surmontés  par 
un  épais  gravier  que  recouvrent  des  sables  grossiers  très 
quartzeux,  renfermant  des  plaquettes  de  grès  ferrugineux 
fossilifères  à  Num,  wetnmetensis  et  autres  fossiles  caracté- 
ristiques des  sables  de  Wemmel  (Ëocène  supérieur). 

Enfin  un  point  important  et  qui  n'a  pas,  semble-t-il. 


élé  suffisamment  mis  en  lumière  jusqu'ici,  c'est  que  les 
sables  wemmeliens  eux-mêmes  sont  surmontés  par  un 
gravier  qui,  dans  la  tranchée  du  grand  Pont,  les  sépare 
des  dépôts  argileux  rapportés  par  Dumont  à  son  système 
tongrien. 

Ces  dépôts,  commençant  ainsi  par  un  gravier  de  base  et 
formés  de  sables  argileux  glauconifères  passant  à  l'argile 
grise,  se  terminent,  au  contact  des  cailloux  diluviens,  par 
une  couche  d'argile  glauconifère  d'un  vert  foncé,  dans 
laquelle  on  serait  tenté,  à  première  vue,  de  voir  le  repré- 
sentant de  la  <  bande  noire  »,si  Ton  ne  savait  que  celle-ci 
se  trouve  à  un  niveau  inférieur,  entre  le  gravier  et  l'argile 
grise.  C'est  dans  cette  position  que  je  l'ai  observée, 
notamment  dans  une  sablière  d'Esschene,  près  d'Assche, 
que  je  visitai  cette  année  en  compagnie  de  M.  G.  Vincent. 

C'est  aussi  à  celte  occasion  que  je  pus  constater  par  un 
sondage  à  la  bêche,  que,  sur  le  territoire  d'Assche  comme 
sur  celui  de  Tervueren,  l'argile  grise,  correspondant  exacte- 
ment à  celle  de  notre  grande  tranchée,  passe  insensible- 
ment aux  sables  qui  les  surmontent.  Or,  la  faune  de  ces 
sables  d'Assche,  bien  que  très  imparfaitement  connue,  com- 
prend des  espèces  caractéristiques  du  Tongrien,  telles  que 
VOstrea  ventilabrum'  ei  la  Terebratulina  ornala.  Dans  ces 
conditions,  on  peut  dire  qu'il  était  au  moins  prématuré  de 
renseigner  dans  la  légende  de  la  carte  géologique  au 
20,000*,  les  sables  d'Assche  et  les  dépôts  argileux  sous- 
jacents  comme  formant  un  nouvel  étage  de  TÉocène 
supérieur. 

On  a  déjà  vu  que  ce  dernier,  désigné  sous  le  nom 
A^étage  asschien^  comprend  des  dépôts  comme  ceux  de 
Nosseghem  qui,  par  leur  faune,  correspondent  exactement 
aux  sables  types  de  Wemmel,  alors  que  d'autres  sables, 
qui  leur  sont  immédiatement  inférieurs  et  qui  sont  ren- 


C  616  ) 

seignés  comme  wemmelieus  sur  la  nouvelle  carie,  consli- 
luenl,  au  contraire,  le  nouvel  étage  ledien  dont  le  présent 
travail  permet  de  bien  apprécier  l'importance. 

L'introduction  de  l'étage  ledien  dans  la  légende  de  la 
carie  entraîne  un  nouveau  levé  pour  les  parties  où  affleu- 
rent les  dépôts  qui  font  l'objet  de  cette  communication; 
seulement  il  importe  de  ne  pas  perdre  de  vueque,  malgré 
les  derniers  résnllats  acquis,  ce  serait  s'exposer  à  préjuger 
une  question  qui  reste  encore  pendante,  que  de  vouloir 
fixer  définitivement  la  position  des  dépôts  argilo-sableux 
d'Assche  dans  la  série  tertiaire,  sans  avoir  pu  bien  |)ré- 
ciser  leurs  relations  stratigraphiques  avec  les  dépôts  ana- 
logues des  environs  de  Louvain  et  du  Limbourg. 

C'est  ce  travail  auquel  plusieurs  géologues  et  moi-même 
travaillons  depuis  assez  longtemps  déjà,  avec  l'espoir  de 
pouvoir  le  mener  bientôt  à  bonne  fin. 


Action  des  acides  sur  le  goût;  par  Joseph  Corio,  prépa- 
rateur de  physiologie  à  l'Université  de  Liège. 

Les  physiologistes  admettent  généralement  dans  le  sens 
du  goût  quatre  énergies  spécifiques,  c'est-à-dire  quatre 
espèces  de  sensations  élémentaires,  qui  sont  les  sensations 
amère,  sucrée^  salée^  acide  (1).  Quelque  variées  qu'elles 

(1)  Zenneck  et  Valentin  n'admettent  que  deux  espèces  de  goût  : 
amer  et  doux. 

Clericus,  Schîff,  Stich  et  Brûck  admettent  en  outre  une  saveur 
acide. 

Voyez  :  Hbrhann,  Handbuch  der  Physiologie  der  Sinnesorgane, 
zweiter  Theil;  Physiologie  des  Gesehtnaekssins  und  des  Geruchssisms, 
par  VON  ViNTSCHGAu,  pages  131  à  133. 


(  617  ) 

nous  paraissent,  toutes  les  sensations  sapides  pourraient 
être  ramenées  à  des  mélanges  de  ces  quatre  sensations 
simples,  ou  à  des  modifications  de  ces  sensations  simples 
par  suite  de  leurs  combinaisons  avec  des  sensations  tactiles 
ou  olfactives. 

Les  relations  qui  existent  entre  le  goût  des  substances 
sucrées  (glycols,  glycoses,  sucres,  glycérine,  saccha- 
rine, etc.),  amères  (sels  de  magnésium,  acides  biliaires, 
quinine  et  beaucoup  d'autres  alcaloïdes),  ou  salées  (chlo- 
rure de  sodium  et  quelques  autres  sels),  et  leur  fonction 
chimique^  sont  assez  obscures.  Pour  les  substances  acides, 
au  contraire,  la  fonction  chimique  et  la  saveur  aigrelette 
sont  si  étroitement  liées  qu'on  les  désigne  sous  un  seul 
et  même  mot,  celui  d'acide.  Tous  les  corps  acides  au 
point  de  vue  du  goût  le  sont  aussi  au  point  de  vue  chi- 
mique. Le  bout  de  la  langue  remplace  parraitement  le 
tournesol  quand  il  s'agit  de  décider  si  une  molécule  d'un 
composé  soluble  contient  de  Thydrogène  remplaçable  par 
un  métal. 

Jusqu'où  va  cette  relation  entre  faction  gustative  et  la 
fonction  chimique?  L'une  peut-elle  servir  de  mesure  à 
l'autre?  En  d'autres  termes,  l'intensité  de  la  saveur  des 
différents  acides  est-elle  en  rapport  avec  la  quantité  de 
soude  qu'ils  sont  capables  de  neutraliser? 

Telle  est  la  question  que  j'ai  cherché  à  élucider  dans 
ce  travail. 

I.  —  La  plupart  des  acides  présentent  exactement  le 
même  goûty  si  l'expérimentateur  se  pince  les  narines  ou 
dilue  suffisamment  ces  acides  pour  éliminer  Faction  qu'ils 
peuvent  exercer  sur  l'odorat. 


(618) 

Chacun  sait,  en  effet,  que  la  distinction  des  différentes 
substances  sapides  par  le  goût  seul  est  limitée.  Mais, 
Todorat  aidant,  nous  reconnaissons  facilement  les  unes 
des  autres  plusieurs  substances  présentant  la  même 
saveur,  par  exemple,  plusieurs  fruits  également  sucrés  ou 
également  aigres.  De  même,  on  distingue  facilement 
d'ordinaire  les  acides  acétique,  chlorhydrique,  nitrique  et 
phosphoreux,  tandis  que  si  l'observateur  se  pince  les 
narines,  la  distinction  de  ces  substances  devient  impos- 
sible (1). 

Si  donc  on  a  soin  de  diminuer  autant  que  possible  ou 
d'empêcher  Taclion  de  ces  corps  sur  l'odorat,  on  pourra 
comparer  l'intensité  de  leur  saveur  acide  et  arriver  par  là 
à  résoudre  la  question  que  nous  nous  sommes  posée.  C'est 
ainsi  que  nous  avons  pu  employer  les  douze  acides  sui- 
vants, dont  le  goût  est  presque  exactement  le  même  : 
chlorhydrique,  nitrique,  sulfurique,  hypophosphoreux , 
phosphoreux,  formique,  acétique,  oxalique,  tartrique, 
citrique,  maliqiie  et  lactique. 

II.  —  Avant  d'aborder  la  question  capitale,  j'ai  cherché 
quels  étaient  les  meilleurs  procédés  à  employer  et  les 
limites  (ferreur  possible. 

Remarquons  d'abord  que,  par  l'exercice,  on  arrive  faci- 
lement à  retrouver  de  faibles  traces  d'acides  ajoutées  à  de 
l'eau  distillée,  ou  à  percevoir  de  faibles  différences  de 
saveur  entre  des  liqueurs  de  concentrations  voisines. 


(1)  Les  acides  propionique,  succinique  et  salicylique  et  plusieurs 
autres  peuvent  encore  se  distinguer  par  le  simple  goût,  alors  qu*on 
a  pris  toutes  les  précautions  voulues  pour  empocher  leur  action  sur 
Fodorat. 


{  6i9  ) 

Nolons  aussi  qu'il  faut  prendre  certaines  précautions 
pour  qu'un  acide  déterminé  provoque  toujours  sur  la 
laugue  la  même  sensation. 

On  sait  que  toute  la  surface  de  la  langue  n*est  pas  sen- 
sible aux  corps  sapides. 

Le  sens  du  goût  n'est  établi  d'une  façon  certaine  que 
pour  la  base,  la  région  située  près  des  bords  libres,  et 
entres  autres  une  surface  placée  immédiatement  en  arrière 
de  la  pointe  de  la  langue.  Cette  dernière  partie  est  la  plus 
accessible  et  suffit  généralement.  Car  la  saveur  d*une 
petite  quantité  de  liquide  placée  sur  la  pointe  de  la  langue 
se  caractérise  presque  toujours  aussi  nettement  qu'en 
absorbant  une  gorgée  de  ce  liquide  et  en  comprimant  la 
langue  contre  le  palais.  Ce  dernier  procédé  n'est  employé 
et  ne  donne  de  meilleurs  résultats  qu'avec  des  liqueurs 
très  étendues^  c'est-à-dire  lorsque  ces  liqueurs  ne  donnent 
plus  que  des  sensations  difficilement  appréciables  en  en 
goûtant  de  petites  quantités  placées  sur  la  pointe  de  la 
langue. 

Il  est  bon  de  n'opérer  que  sur  un  certain  nombre  de 
corps  par  jour,  de  changer  souvent  Pordre  dans  lequel  on 
les  a  pris  successivement,  et  de  s'arranger  de  telle  sorte 
que,  ne  connaissant  pas  la  substance  que  l'on  veut  goûter, 
on  soit  certain  de  ne  pas  établir  de  jugement  a  priori  sur 
sa  saveur.  Pour  cela,  on  doit  mettre  les  différents  liquides 
dans  des  flacons  semblables,  faire  disposer  ces  flacons  par 
une  personne  étrangère  à  l'expérience,  et,  après  avoir 
noté  les  résultats,  écrire  en  regard  les  noms  et  les  con- 
centrations des  liquides  employés. 

Il  faut  de  plus  prendre  des  quantités  d'acide  toujours 
les  mêmes  et  relativement  faibles.  A  cet  effet,  je  me  suis 
servi  d'un  tube  effilé  et  muni  d'un  index  qui  mesurait  un 


(  620  ) 

volume  rigoureusement  exact  de  liquide  (de  74  à  V2  centi- 
mètre cube).  Pour  les  acides  très  dilués,  j'ai  pris  2,5  centi* 
mètres  cubes;  mais  alors,  j*ai  pris  aussi  2,5  centimètres 
cubes  des  différents  liquides  que  je  voulais  comparer  dans 
une  série  d'expériences.  Je  laissais  couler  ces  liquides  sur 
la  pointe  de  la  langue,  je  les  y  conservais  un  laps  de  temps 
égal,  5  secondes,  par  exemple,  je  les  crachais,  et  me 
rinçais  la  bouche  avec  le  moins  d'eau  possible  pour  que 
l'eau  conservée  sur  la  langue  ne  vînt  pas  diluer  une 
liqueur  goûtée  peu  de  lemps  après.  Pour  les  acides  les 
moins  concentrés,  je  me  rinçais  la  bouche  de  préférence 
avec  la  salive,  mais,  naturellement,  en  opérant  toujours 
de  la  même  manière  pour  les  différents  essais  à  comparer 
entre  eux. 

Il  est  bon  aussi  de  n'opérer  que  lorsque  la  langue  est 
parfaitement  libre,  qu'on  n'y  perçoit  aucune  saveur,  que 
l'on  n'a  ni  bn^  ni  mangé,  ni  fumé  depuis  un  certain  temps. 

in.  —  J'ai  cherché  d'abord  à  établir  pour  chaque  acide 
le  maximum  de  dilution  auquel  on  peut  le  ramener,  avant 
que  Von  ne  parvienne  plus  à  le  distinguer  de  l'eau  pure. 

C'était  là  un  point  important,  car  si  ce  maximum  est 
invariable,  il  suffit  de  le  déterminer  pour  avoir  en  quelque 
sorte  une  mesure  exacte  de  l'intensité  de  la  saveur  de 
chacun  des  acides  employés. 

Malheureusement,  et  comme  on  pouvait  le  prévoir,  ce 
maximum  de  dilution  est  un  point  variable,  dépendant 
sans  doute  de  l'état  de  l'expérimentateur.  En  effet,  j'ai  p» 
distinguer  d'avec  l'eau  pure  une  solution  d'acide  sulfurique 
telle  qu'un  litre  d'eau  contînt  0,98  grammes  de  H^SO^ 
chimiquement  pur,  à  peu  de  chose  près,  soit  */iooo  siq. 
Cet  essai,  répété  plusieurs  fois  le  même  jour,  et  en  pre- 


(621  ) 

nanl  les  précautions  indiquées  plus  haut  pour  éviter  les 
erreurs  résultant  d'une  opinion  établie  a  prioriy  ne  m'a 
pas  laissé  le  moindre  doute.  Mais^  d'autres  jours,  j*ai  pu 
percevoir  l'acidité  d'une  liqueur  contenant  seulement 
0,3  grammes  d'acide  sulfurique  par  litre  d'eau,  soit  Vioooo' 
tandis  que  d'autres  fois  je  n'ai  pu  distinguer  de  l'eau  pure 
une  liqueur  contenant  moins  de  2  pour  1000  d'acide; 
souvent  même  je  n'ai  pu  conclure  certainement  que  pour 
3,5  grammes  de  H^SO^  par  litre  d'eau.  En  résumé,  les 
solutions  acides  les  plus  étendues  que  j*aie  pu  distinguer 
d'avec  l'eau  pure  varient  entre  'Vioooo  ^^  '/«oooo* 

Le  maximum  de  dilution  auquel  on  puisse  amener  un 
acide  avant  de  ne  pouvoir  plus  le  distinguer  de  l'eau  pure 
n'est  donc  pas  un  point  invariable;  mais  ce  point  dépen- 
dant de  l'expérimentation,  je  pouvais  tout  au  moins  com- 
parer entre  eux  différents  maxima  observés  à  peu  d'inter- 
valle pour  des  acides  différents. 

Et  ce  dernier  point  m'a  été  d'un  grand  secours  pour 
mes  expériences  ultérieures. 

Avant  d'abandonner  cette  question,  je  vais  indiquer  les 
doses  minima  que  j'ai  pu  percevoir  d'ordinaire  pour  quel- 
ques acides  (1): 


Acide  citrique  .  .  .  0,40  p.  i,000  aq. 

Acide  succinique .  .  0,55  p.  1,000  aq. 

Acide  oxalique .  .  .  0,^  p.  i,O0O  aq. 

Acide  acétique  .  .  .  0,35  p.  1,000  aq. 


Acide  formique  .  .  .  0,16  p.  1,000  aq. 

Acide  tartrique  .  .  .  0,60  p.  1,000  aq. 

Acide  nitrique.  .  .  •  0,40  p.  1,000  aq. 

Acide chlorhydrique  0,25  p.  1,000  aq. 


Pour  les  acides  sur  lesquels  j'ai  expérimenté,  une  con- 


{{)  Valentin  distingue  ^/looooo  d'acide  sulfurique  dans  l'eau  pure. 
Voyez  :  Hbrmann,  Handbuch  der  Physiologie  der  Sinnesorgane, 
zwei^er  T/iei/^  p.  âli. 


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(  622  ) 

centration  de  Viooo  suffisait  généralemeDt  pour  leur  don* 
ner  uoe  saveur  franchement  acide.  Notons  encore  qu'une 
liqueur  très  faiblement  acidulée,  et  qui  pourrait  être  prise 
pour  de  Teau  pure»  s'en  distingue  aisément  si  Ton  a  soin 
de  goûter  plusieurs  fois  cette  liqueur  et  une  même  quan- 
tité d*eau  distillée.  (Le  mieux  est  de  prendre  de  Tune  et  de 
l'autre  2  à  5  centimètres  cubes). 

Un  dernier  point  important  était  de  rechercher  ju^fu'à 
quel  point  je  pouvais  établir  une  distinction  entre  deux 
solutions  acides  présentant  des  saveurs  d'intensités  diffé^ 
rentes . 

En  opérant  sur  l'acide  chlorhydrique  dilué J*ai  pu  établir 
une  distinction  de  saveur  nettement  tranchée  entre  deux 
liquides  contenant  respectivement  0,17  et  0,25  7«  de  HCI 
chimiquement  pur.  La  différence  était  difficile  à  établir 
entre  des  solutions  contenant  0,17  et  0,20  7o  de  HCI;  de 
0,17  à  0,18  Vo  là  distinction  est  très  difficile,  et  entin,  de 
0,17  à  0,175  7o  elle  est  impossible. 

En  résumé,  pour  une  concentration  d*acide  d'environ 
1,5  pour  1000  à  2,5  pour  1000,  on  peut  établir  une  dis- 
tinction bien  marquée  entre  des  solutions  différant  au 

minimum  de  Vioooo* 

Lorsque  la  concentration  n'est  que  de  3  pour  10000  à 
1,5  pour  1000,  on  perçoit  encore  une  différence  nette 
entre  deux  liquidés  différant  entre  eux  de  YjQopo«  c'est-à* 
dire,  entre  deux  liquides  concentrés  respectivement  à  3 
pour  10000  et  à  6  pour  10000,  par  exemple;  ce  résultat 
n'est  atteint  qu'exceptionnellement.  Pour  des  liquides  plus 
dilués,  il  est  assez  rare  que  l'on  puisse  distinguer  la 
liqueur  acide  de  Peau  pure. 

La  marche  à  suivre  pour  rechercher  ce  qui  fait  varier 
l'intensité  de  la  saveur  d'un  acide  est  donc  à  peu  près 


i;  623  ) 

tracée  :  chercher  pour  les  acides  très  dilués  le  degré  de 
concentration  nécessaire  pour  pouvoir  les  distinguer  de 
feau  pure,  mais,  dans  ce  dernier  cas,  ne  comparer  entre 
eux  que  les  résultats  obtenus  dans  des  expériences  faites  à 
peu  d'intervalle. 

Toutefois,  notons  encore  qu'un  autre  procédé  pouvait 
être  suivi  :  c'était  de  préparer  des  liquides  tels  qu'ils  eus- 
sent tous  la  même  saveur,  puis  de  les  doser  pour  obtenir 
des  données  numériques.  Mais  j'ai  dû  l'abandonner. 

Car  je  me  suis  rapidement  convaincu  qu'il  est  souvent 
plus  facile  d'établir  une  différence  qu'une  égalité  de  saveur 
entre  deux  substances  données;  du  reste,  on  conçoit  faci- 
lement qu'en  cherchant  à  savoir  si  deux  saveurs  acides 
sont  également  intenses,  je  ne  puis  accorder  que  peu  de 
confiance  à  une  égalité  apparente,  qui  peut  bien  n'être 
qu'une  différence  trop  faible  pour  être  perceptible  au  goût, 
tandis  que,  par  le  premier  procédé,  je  puis  me  prononcer 
catégoriquement  même  pour  des  différences  assez  faibles. 

Je  citerai  seulement  deux  expériences  faites  d'après  ce 
procédé  : 

Ayant  une  solutioh  d'acide  chlorbydrique  modérément 
étendue,  j'ai  cherché  à  composer  une  solution  d'acide  sul- 
furique  provoquant  sur  la  langue  la  même  sensation.  Après 
bien  des  tâtonnements  pour  arriver  à  établir  autant  que 
possible  une  analogie  à  peu  près  complète  entre  les  sen* 
sations  produites,  j'ai  titré  les  deux  liqueurs  par  une  les- 
sive de  soude  contenant  6,3  grammes  de  NaOH  pour 
1000  centimètres  cubes  d'eau. 

10  centimètres  cubes  de  la  solution  de  HCl  ont  été 
saturés  par  9,8  centimètres  cubes  de  liqueur  alcaline; 
10  centimètres  cubes  de  la  solution  de  H'SO*  par  6,3  cen- 
timètres cubes  de  cette  même  liqueur. 


/ 


(  61>4  ) 

Dans  un  autre  cas,  10  centimètres  cubes  d'une  solution 
cblorhydrique  ont  demandé  15,8  centimètres  cubes  de  les- 
sive alcaline;  et  10  centimètres  cubes  d'une  solution  sul- 
furique,  présentant  la  même  saveur  acide,  ont  été  saturés 
par  21  centimètres  cubes  de  cette  lessive. 

Ces  deux  essais,  auxquels  je  n'attribuai  du  reste  aucune 
valeur  sérieuse,  me  faisaient  cependant  douter  que  la 
saveur  plus  ou  moins  prononcée  des  acides  fût  due  seule- 
ment à  la  quantité  d'hydrogène  basique  y  contenue.  Car, 
dans  ce  cas,  deux  liqueurs  présentant  la  même  saveur 
devraient  contenir  la  même  quantité  d'hydrogène  acide, 
et  par  conséquent  être  saturées  par  le  même  volume  de 
lessive  alcaline. 

Ces  deux  essais  ont  été  faits  le  même  jour.  Aussi  m'ont- 
ils  donné  des  résultats  très  rapprochés  :  le  rapport  entre 
les  quantités  de  soude  nécessaires  pour  neutraliser  un 
même  volume  de  la  solution  cblorhydrique  et  de  la  solution 
sulfurique  est  assez  constant  : 


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—  =  —  et  — —. 
6,5       21        21 


On  voit  donc  que  les  appréciations  émises  le  ménie  jour 
sur  la  saveur  des  liqueurs  ne  diffèrent  presque  pas,  et  que 
l'on  pourrait  peut-être  employer  pour  des  recherches  plus 
complètes  cette  méthode,  qui  est  celle  des  erreurs  moyennes. 
Toutefois,  je  n'ai  pas  cru  devoir  m'en  servir  ici,  parce  que 
ce  procédé  est  très  long,  et  que,  du  reste,  dans  beaucoup 
de  cas,  les  appréciations  émises  sur  les  saveurs  de  diffé- 
rents liquides,  d'après  ce  procédé,  et  même  à  peu  d'inter- 
valle, étaient  loin  d'être  aussi  comparables. 

Je  ferai  encore  remarquer  que  les  différents  essais  dont 


,  ►    V 


(  6!25  ) 

je  publie  ici  les  résultats  ont  été  faits  par  moi  seul,  eu 
sorte  qu'il  est  possible  qu'un  autre  expérimentateur  arrive 
à  une  autre  classification  des  acides  au  point  de  vue  du 
goût;  du  reste,  ainsi  que  j*ai  pu  m'en  convaincre  en  fai- 
sant ce  travail,  Pexercice  m'avait  rendu  capable  de  distin- 
guer entre  deux  saveurs  données  une  différence  qu'un  autre 
n'eût  pu  reconnaître  sans  avoir  fait  comme  moi  sa  propre 
éducation. 

Pour  désigner  les  différentes  intensités  des  saveurs 
acides,  j'ai  dû  me  borner  à  me  servir  de  termes  assez 
vagues.  J'aurais  pu  employer  des  longueurs  ou  des  chiffres, 
plus  maniables  au  point  de  vue  de  la  variété  des  qualifi- 
catifs qu'ils  auraient  remplacés.  Mais  le  lecteur  est  tou- 
jours porté  à  attribuer  une  valeur  absolue  aux  longueurs 
ou  aux  chiffres»  et  à  établir  entre  eux  des  comparaisons 
rigoureuses. 

Ce  procédé  pourrait  à  la  rigueur  être  employé  pour 
désigner  des  saveurs  acides,  que  j'aurais  classées  en  les 
comparant  à  des  dilutions  déterminées  d'un  même  acide 
type;  ce  qui  m'eût  entraîné  dans  une  nouvelle  et  longue 
série  d'essais  à  pratiquer  d'après  la  méthode  des  erreurs 
moyennes  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

J'ai  donc  goûté  les  solutions  acides  de  façon  à  pouvoir 
toujours  ranger  dans  le  même  ordre  les  sensations  que 
j'ai  perçues^  et  toujours,  en  effet,  les  résultats  ont  con- 
cordé. Ces  résultats  ne  sont  donc  pas  des  moyennes;  ils 
ont  toujours  été  constants,  ce  qui  montre  que  les  diffé- 
rences perçues  sont  sufiisamment  sensibles,  et  c'est  pour 
ce  motif  que  j'ai  cru  inutile  de  publier  in  extenso  les  diffé- 
rents tableaux  représentant  différentes  séries  d'essais  qui 
donnaient  des  résultats  identiques. 


(  626  ) 


§  II.  —  RÉSULTATS  OBTENUS. 
Acides  monobasiques. 

I.  —  L'intensité  de  la  saveur  n'est  pas  égale  chez  les 
différents  acides  monobasiques  au  même  degré  de  dilution, 
(fest'à'dire  contenant  le  même  poids  absolu  d'acide  dilué 
avec  un  égal  volume  d'eau. 

En  effet,  préparons  différentes  solutions  d'acides  avec 
la  même  quantité  d'eau  et  des  poids  égaux  (3  grammes)  de 
différents  acides  monobasiques.  Nous  obtiendrons  des 
saveurs  d'intensilés  nettement  différentes.  Nous  pourrons 
les  étendre  successivement  de  la  même  quantité  d*eau, 
le  résultat  ne  changera  pas.  Je  résume  dans  le  tableau 
suivant  n®  1  les  résultats  obtenus.  Les  solutions  acides 
comparées  dans  chaque  colonne  verticale  ont  été  compo- 
sées de  façon  à  contenir  5  grammes  d'acide  (1)  pour  le 
volume  d'eau  indiqué  en  tête  de  chaque  colonne.  Dans  la 
dernière  colonne  (liquides  formés  de  3  grammes  d'acide 
pour  2,000  d'eau),  les  liqueurs  étant  trop  étendues  pour 
présenter  des  saveurs  nettement  acides  ont  été  goûtées  par 
gorgées  de  2,5  centimètres  cubes. 


(1)  Ces  quantités  d'acide,  comme  toutes  les  autres  renseignées 
dans  cet  ouvrage,  ont  été  mesurées  par  des  dosages  faits  avec  une 
solution  de  NaOH  à  6,5  pour  1,000. 


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(  628  ) 

II.  —  L'intensité  de  la  saveur  acide  nest  pas  propor- 
tionnelle chez  les  différents  acides  aux  quantités  d'hydro* 
gène  acide  contenues  dans  les  solutions^  ou^  ce  qui  revient 
au  même,  au  nombre  de  molécules  diacide. 

Ainsi,  pour  200  gramoies  d'eau,  prenons  3,65  grammes 
d'acide  chlorhydrique,  6,5  grammes  d'acide  nitrique, 
6,6  grammes  d'acide  hypophosphoreux ,  4,6  grammes 
d'acide  formique,  6  grammes  d'acide  acétique  et  9  grammes 
d'acide  lactique,  c'est-à-dire  des  poids  d'acide  proportion- 
nels au  poids  moléculaire  de  chacun.  Après  avoir  goûté  ces 
liquides,  nous  les  étendrons  de  la  même  quantité  d'eau. 
Nous  obtiendrons  dans  tous  les  cas  des  saveurs  d'inten- 
sités sensiblement  différentes. 

Je  résume  les  résultats  obtenus  dans  le  tableau  n^  2 
construit  sur  le  modèle  du  précédent. 

Si  l'intensité  de  la  saveur  acide  dépendait  de  la  quan- 
tité d'hydrogène  basique  contenue  dans  la  solution,  tous 
les  liquides  indiqués  dans  ce  tableau  devraient  présenter 
la  même  saveur,  car,  d'après  leur  composition,  ils  ren- 
ferment à  volume  égal  le  même  nombre  de  molécules 
d'acides,  et,  puisqu'ils  sont  monobasiques,  le  même  nombre 
d'atomes  d'hydrogène  acide. 

III.  —  La  saveur  acide  de  différentes  solutions  conte^ 
nant  le  même  nombre  de  molécules  d'acide^  en  d'autres 
termes,  la  même  quantité  d'hydrogène  basique^  est  d'au- 
tant  plus  prononcée  que  le  poids  moléculaire  de  l'acide  est 
plus  faible. 

Une  inspection  attentive  du  tableau  ci -après  (n^  2) 
suffit  pour  le  démontrer.  En  effet,  disposons  les  résultats 


(  629  ) 


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3*"  SÉRIE ,  TOME  XIV. 


42 


(  630  ) 

obtenus  de  manière  que  ]*acide  dont  la  saveur  est  la  plus 
prononcée  soit  en  télé,  et  que  celui  dont  le  goût  acide  est 
le  plus  faible  soit  le  dernier;  nous  verrons  alors  que  ces 
acides,  placi'S  dans  Tordre  de  la  saveur  la  plus  prononcée, 
sont  aussi  placés  dans  Tordre  du  poids  moléculaire  le  plus 
faible;  c'est-à-dire  que  leurs  poids  moléculaires  augmentent 
en  sens  inverse  de  leur  saveur.  Ne  voulant  laisser  aucun 
doute,  j'ai  préparé  de  nouvelles  solutions  avec  les  mêmes 
acides  et  dans  les  mêmes  conditions  qu'au  tableau  n"*  S.  Je 
les  ai  goûtés  avec  toutes  les  précautions  indiquées,  et  les 
résultats  ont  encore  été  aussi  concluants.  Je  les  expose 
dans  le  tableau  n^'S,  construit  diaprés  le  modèle  précédent. 
Les  acides  ont  été  composés  comme  dans  le  tableau 
n**  2.  Leurs  poids  moléculaires  sont  inscrits  à  côté  de  leurs 
noms.  Les  essais  sur  la  langue  ont  été  faits  à  deux  reprises 
différentes. 


§  m. 

Acides  polybasiques. 

I.  —  UintensUé  de  la  saveur  acide  fCesl  pas  égale  chez 
les  différents  acides  polybasiques^  pris  au  même  degré  de 
dilution,  c^est-à-dire  contenant  le  même  poids  d'acide  dilué 
avec  le  même  volume  d'eau. 

Il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de  lire  le  tableau  n''  i. 
Les  différents  liquides  ont  tous  été  composés  avec  le 
même  poids  (3  grammes)  des  différents  acides  et  les 
mêmes  quantités  d'eau  (200,  500,  1,000,  1,500  et  2,000 
centimètres  cubes  d'eau). 


(631  ) 


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(  633  ) 

IL  —  Uintensité  de  la  saveur  acide  n'est  pas  propor- 
tionnelle chez  les  différents  acides  poly basiques  aux  quan- 
tités d'hydrogène  acide  contenues  dans  la  solution. 

En  d'autres  termes,  pour  des  acides  de  même  basicité, 
l'intensité  de  la  saveur  acide  n'est  pas  proportionnelle  au 
nombre  de  molécules  acides  contenues  dans  la  solution. 

Le  tableau  n""  5  moutre  les  résultats  obtenus  par  l'expé- 
rience. Les  différents  liquides  ont  été  composés  en  ajou- 
tant les  volumes  d'eau  inscrits  en  tète  de  chaque  colonne 
à  des  poids  d'acides  proportionnels  aux  poids  moléculaires 
de  chaque  acide. 

Par  la  composition  de  ces  liquides,  ils  contiennent  tous 
le  même  nombre  de  molécules  par  centimètre  cube.  Il 
s'ensuit  que  si,  pour  les  acides  de  même  basicité,  l'intensité 
de  la  saveur  acide  était  proportionnelle  au  nombre  de 
molécules  acides  contenues  dans  la  molécule,  les  acides 
bibasiques  (les  quatre  premiers)  devraient  avoir  la  même 
saveur. 

III.  —  La  saveur  acide  de  différentes  solutions  con- 
tenant le  même  nombre  de  molécules  d'acides  de  même 
basicité,  est  d'autant  plus  forte  que  le  poids  de  la  molécule 
est  plus  faible. 

Le  goût  acide  d'une  molécule  d'acide  d'une  basicité 
donnée  est  donc  d'autant  plus  prononcé  que  Phydrogène 
acide  est  fixé  à  une  molécule  plus  petite. 

Ou   bien,  pour  des  solutions  d'acides  de  bastcités 

DIFFÉRENTES  CONTENANT  LE  MÊME  NOMBRE  DE  MOLÉCULES 
DIACIDE,  l'intensité  DE  LEUR  SAVEUR  ACIDE  DÉPEND  DE  LA 
GRANDEUR  DU  RAPPORT  DU  POIDS  d'hTDROGÈNE  ACmE  CONTENU 
DANS  LA  MOLÉCULE  AU  POIDS  DE   CETTE  MOLÉCULE. 


(  634  ) 


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(  635  ) 

Le  tableau  n^  6  contient  les  résultats  obtenus  dans  une 
série  d'expériences  répétées  avec  des  acides  de  basicités 
différentes. 

Les  liquides  ont  été  composés  de  telle  sorte  qu'à  unité 
de  volume  ils  contiennent  le  même  nombre  de  molécules 
d'acides,  c'est-à-dire  avec  des  poids  d'acides  proportionnels 
aux  poids  moléculaires  de  chaque  acide  par  une  même 
quantité  d'eau. 

Notons  seulement  que,  pour  les  cinq  premiers  acides, 
dans  la  première  colonne  verticale  (à  200  centimètres 
cubes  d'eau),  si  je  n'ai  pu  percevoir  de  différences  de 
saveur  entre  eux,  c'est  que  chacun  de  ces  liquides  m'a 
donné  une  sensation  de  brûlure  tellement  forte  que  j'ai  dû 
attendre  longtemps  avant  de  recouvrer  toute  la  délicatesse 
de  goût  nécessaire  pour  continuer  mes  essais. 

Le  rapport  du  poids  d'hydrogène  acide  contenu  dans 
chaque  molécule  au  poids  de  cette  même  molécule,  qui, 
ainsi  que  le  prouvent  ces  expériences,  est  la  mesure  de 
l'intensité  de  saveur  acide,  est  indiqué  dans  la  première 
colonne  au-devant  du  nom  de  chaque  acide. 


§  IV.  —  CONCLUSIONS. 
I.  —  Acides  monobasiques. 

a)  L'intensité  de  la  saveur  acide  nest  pas  égale  chez  Us 
différents  acides  pris  au  même  degré  de  dilution^  c'est- 
à-dire  contenant  le  même  poids  absolu  d'acide  dilué  avec  le 
même  volume  d'eau. 

b)  L'intensité  de  la  saveur  acide  n'est  pas  proportion^ 
nelle  chez  les  différents  acides  aux  quantités  d'hydrogène 
acide  contenues  dans  la  solution. 


(  656  ) 


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(  637  ) 

c)  Vacidité  de  différentes  solutions  contenant  le  même 
nombre  de  molécules  d'acides,  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
la  mime  quantité  d'hydrogène  acide,  est  d'autant  plus  forte 
que  le  poids  moléculaire  est  plus  faible.  Le  goût  acide 
d'une  molécule  d'acide  monobasique  est  donc  d'autant  plus 
prononcé  que  l'hydrogène  acide  est  fixé  à  une  molécule 
plus  petite. 


11.  —  AcMes  poljlMisiques. 

a)  L'intensité  de  la  saveur  acide  des  acides  polyba- 
siques  n'est  pas  la  même  chez  ces  différents  acides  pris  au 
même  degré  de  dilution. 

b)  L'intensité  de  la  saveur  acide  des  acides  polyba- 
siques  n'est  pas  non  plus  proportionnelle  à  la  quantité 
d'hydrogène  acide  contenue  dans  la  solution. 

c)  La  saveur  acide  de  différentes  solutions  d'acides  de 
même  basicité,  conte^iant  le  même  nombre  de  molécules 
d'atides,  est  d'autant  plus  forte  que  le  poids  de  la  molécule 
est  plus  faible. 

d)  L'iMTENSiTÉ  DE  LA  SAVEUR  ACIDE  D*DME  MOLÉCULE  D^UN 
ACIDE  QUELCONQUE  DÉPEND  DU  RAPPORT  DU  POIDS  D*HYDRO- 
6ÈNE  ACIDE  CONTENU  DANS  LA  MOLÉCULE  AU  POIDS  DE  CETTE 
MOLÉCULE. 


(  638  ) 


Observations   physiques   de  Saturne  faites  en  4887 ,   à 
l'Observatoire  royal  de  Bruxelles  ;  par  Paul  Stroobant. 

Ces  observations  ont  été  faites  au  grand  équalorial 
(ouverture  O'^^SS);  les  grossissements  habituellement 
employés  sont  ceux  de  360  et  de  480.  La  dernière  obser- 
vation seule  (SO  avril)  a  été  faite  à  Téquatorial  de  PEst 
(ouverture  0",15). 

Nous  avons,  suivant  Tusage,  désigné  les  trois  anneaux 
de  Saturne  respectivement  l'extérieur  par  A,  le  moyen 
par  B  et  rinlérieur  par  C. 

La  forme  de  Tombre  projetée  par  le  globe  sur  les  anneaux 
a  particulièrement  attiré  notre  attention. 

Ces  observations  pourront  être  comparées  à  celles  de 
M.  Terby  [Bulletin  de  V Académie  royale  de  Belgique; 
3^  bérie,  tome  XIII,  n""  5,  mars,  1887),  de  M.  Stuyvaert 
(loc.  cit.)  et  de  M.  T.-G.  Elger  (Monthly  Notices,  vol.  XLVII, 
p.  511). 


99  Janvier  18^9. 

1 1  heures.  La  partie  plombée  du  disque  parait  un  peu 
plus  foncée  que  l'anneau  extérieur.  La  calotte  polaire  et  la 
portion  du  disque  en  contact  avec  la  bande  équatoriale 
brillante  semblent  plus  grises  que  la  zone  intermédiaire.  On 
soupçonne  une  trace  de  division  dans  l'anneau  extérieur. 


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(  639  ) 

qai  est  moins  brillant  que  Panneau  moyen.  La  ligne  de 
séparation  entre  l'anneau  sombre  intérieur  et  le  fond  du 
ciel  est  nettement  dessinée.  L'éclat  de  la  bande  équatoriale 
paraît  égal  à  cetui  de  l'anneau  moyen. 
Grossissement  :  360. 


•  février. 

10  h.  30  m.  On  soupçonne  une  trace  de  division  dans 
Panse  orientale  de  Panneau  extérieur  Â.  La  région  polaire 
paraît  remarquablement  foncée.  La  bande  grise  et  étroite, 
qui  s'étend  au  Sud  de  la  zone  équatoriale  brillante,  semble 
très  foncée.  La  partie  moyenne  du  disque  n'est  pas  d'une 
teinte  uniforme  (fig.  1). 

Grossissement  :  360. 


tt  février. 

10  h.  45  m.  Sur  Panse  orientale  de  A  on  voit  la  divi- 
sion de  Encke.  Cet  anneau  se  divise  en  deux  zones  concen- 
triques inégales  en  grandeur  et  en  éclat,  la  zone  intérieure 
étant  plus  brillante  et  plus  étroite  que  la  zone  extérieure 
(fig.  2).  On  aperçoit  deux  dentelures  sombres  qui  empiè- 
tent sur  l'anneau  A  dans  l'anse  occidentale  (fig.  3). 

L'ombre  du  globe  sur  Panneau  moyen  B  parait  assez 
fortement  concave  (fig.  4). 

La  zone  équatoriale  brillante  est  séparée  vers  l'orient 
par  une  bande  grisâtre  et  étroite  qui  s'élargit  vers  le  limbe 
de  Saturne  (fig.  5).  Conditions  assez  mauvaises. 


(  640  ) 


tS  WèwTÎeTm 

9  b.  15  m.  La  bande  grisâtre  qui  traverse  la  région 
équatoriale  parait  plus  large  et  moins  nette  qu'bier.  On 
voit  assez  bien  la  division  de  Encke.  Les  conditions 
d'observation  sont  assez  bonnes. 


19  février. 


8  heures.  La  division  de  Encke  est  bien  visible.  La  zone 
extérieure  de  l'anneau  A  parait  plus  brillante  sur  l'anse 
occidentale  que  sur  l'anse  orientale. 

L'ombre  du  globe  sur  l'anneau  est  représentée  fig.  6. 


te  février. 

10  h.  45  m.  La  division  de  Encke  est  plus  rapprochée 
de  celle  de  Cassini  que  du  bord  extérieur  de  l'anneau  A; 
elle  est  mieux  visible  dans  l'anse  orientale  (grossissement 
de  360). 

La  figure  7  représente  l'ombre  du  globe  sur  l'anneau, 
observée  avec  un  grossissement  de  480. 

Très  bonnes  conditions  d'observation. 


t9  février. 

7  h.  40  m.  On  soupçonne  la  division  de  Struve  dans 
l'anneau  sombre  C. 
Ombre  du  globe  sur  l'anneau  (fig.  8). 
Grossissement  :  480.  Temps  très  beau. 


(  641  ) 


t8   lévrier. 

11  heures.  Od  aperçoit  deux  dentelures  sur  Panse  occi< 
dentale  de  l'anneau  A  (fig.  9). 
L'ombre  du  globe  sur  Panneau  est  représentée  fig.  10. 
Grossissement  :  480.  Les  conditions  sont  bonnes. 


7  h.  30  m.  On  voit  avec  beaucoup  de  netteté  la  zone 
sombre  intérieure  de  l'anneau  moyen.  La  division  de  Encke 
est  bien  visible.  L'espace  obscur  visible  entre  Panneau  et 
le  disque  de  Saturne  a  une  largeur  égale  aux  deux  tiers 
environ  de  celle  de  Panneau  sombre.  La  division  de  Struve 
est  visible  dans  l'anse  occidentale  de  l'anneau  sombre.  La 
limite  intérieure  de  cet  anneau  ne  parait  pas  régulière, 
surtout  dans  la  partie  australe  des  deux  anses  (tig.  1 1). 

L'ombre  du  globe  sur  l'anneau  est  représentée  fig.  12; 

On  voit  quelques  dentelures  partant  de  la  division  de 
Cassini  et  pénétrant  dans  l'anse  occidentale  de  l'anneau 
extérieur.  Ces  dentelures  paraissent  se  prolonger  à  Pinte- 
rieur  de  Panneau  A  sous  forme  de  stries  (fig.  13).  Grossis- 
sement :  480. 


s  mars. 


7  b.  35  m.  L'anneau  sombre  parait  plus  large  dans 
Pansé  occidentale  que  dans  l'anse  orientale.  La  division  de 
Struve  est  visible  dans  les  deux  anses  (fig.  14). 


(  642  ) 

La  zone  moyenne  du  globe  de  Saturne  paraît  un  peu 
moutonnée. 
Ombre  du  globe  sur  Tannean  (fig.  15). 
Grossissement  :  360. 

5  mara. 

7.  h.  15  m.  L'ombre  du  globe  sur  Tanneau  B  parait  à 
peu  près  rectiligne;  on  aperçoit  à  peine  un  petit  crochet  à 
la  division  de  Cassini  (Gg.  16). 

L'ombre  du  globe  sur  Panneau  G  est  visible. 

Gomme  le  3,  l'anneau  sombre  parait  plus  large  dans 
l'anse  occidentale  que  dans  Tanse  orientale. 

Nous  n'avons  pas  aperçu  la  division  de  Struve,  ni  la 
division  de  Encke. 

L'anneau  sombre  paraît  particulièrement  bien  visible; 
on  le  voit  avec  beaucoup  de  netteté  devant  le  disque  de 
Saturne. 

Grossissement  :  480.  Les  conditions  sont  bonnes,  cepen- 
dant la  lune  est  assez  près  de  Saturne. 


8  heures.  L'ombre  a  le  même  aspect  qu'hier  (grossis- 
sement :  360).  Les  conditions  sont  mauvaises,  le  ciel  est 
nuageux. 


9  inara. 


9  h.  30  m.  L'ombre  du  globe  sur  les  anneaux  a  le  même 
aspect  que  les  jours  précédents.  Sur  B,  elle  parait  cepen- 
dant légèrement  concave.  On  ne  voit  rien  de  remarquable 
ailleurs. 

Grossissement  :  360. 


(  643.) 


tO  mars. 

8  h.  4Sm.  Sor  Tanneau  A  Tombre  est  parallèle  au  globe; 
sur  Tanneau  moyen  B,  elle  est  rectiligne,  puis  se  courbe 
en  tournant  sa  convexité  vers  la  division  de  Cassini. 
L'ombre  paraît  plus  large  à  la  hauteur  de  la  division  cas- 
sinienne  (fig.  17). 

La  division  de  Enckeest  visible  dans  Tanse  occidentale. 

L*anneau  sombre  est  mieux  visible  dans  l'anse  orientale 
que  dans  l'anse  occidentale.  Dans  la  première,  sa  largeur 
est  à  peine  la  moitié  de  la  distance  de  l'anneau  B  au  globe; 
dans  la  seconde,  au  contraire,  la  largeur  de  l'anneau  est 
plus  grande  que  celte  moitié. 

Dans  l'anse  occidentale,  on  soupçonne  la  division  de 
Struve;  la  ligne  de  séparation  de  l'anneau  sombre  et  du 
fond  du  ciel  parait  peu  nette  et  peu  régulière  dans  cette 
anse. 

Grossissement  :  480. 


14  mars. 

9  h.  à  10  h.  15  m.  L'ombre  du  globe  sur  l'anneau  a  le 
même  aspect  que  le  10.  L'ombre  est  visible  sur  l'anneau 
sombre. 

On  voit  bien  la  division  de  Encke,  surtout  dans  l'anse 
ocientale.  Sa  distance  à  la  division  cassinienne  égale  le 
tiers  environ  de  la  largeur  de  A  (Og.  18). 

L'anneau  B  se  partage  en  trois  zones  concentriques  : 
la  première  très  brillante  voisine  de  la  division  Cassini,  la 


(644) 

seconde  un  peu  moins  brillanle  et  beaucoup  plus  large, 
enfin  une  troisième  intérieure  et  grisâtre,  mais  d'une  teinte 
moins  terne  que  A.  Le  bord  extérieur  de  cette  zone 
sombre  est  estompé  et  en  festons. 

L*anneau  C  parait  extrêmement  bien  visible,  surtout 
dans  Tanse  orientale;  sa  largeur  est  à  peine  la  moitié  de 
rîntervalle  qui  sépare  Tanneau  B  du  globe.  Malgré  la 
netteté  des  images,  nous  n'avons  pas  vu  la  division  de 
Struve. 

La  bande  brillante  équaloriale  sur  le  globe  parait 
divisée  en  deux  parties,  la  partie  boréale  étant  moins 
brillante  que  la  partie  australe. 

Bonnes  conditions  d'observation.  Grossissement  :  480. 


7  h.  30  m.  L'ombre  a  le  même  aspect  que  le  3;  cepen- 
dant, au  lieu  d'être  à  peu  près  rectiligne  sur  A,  elle  est 
assez  fortement  convexe. 

L'anneau  sombre  est  bien  visible  dans  les  deux  anses. 

Le  temps  est  assez  beau. 


9  h.  45  m.  L'ombre  est  convexe  sur  A  et  concave 
sur  B,  le  crochet  à  la  division  de  Cassini  est  très  accentué» 

Mêmes  remarques  que  le  10  mars  relativement  à  la 
largeur  de  l'anneau  sombre  dans  les  deux  anses. 

Images  assez  mauvaises.  Grossissement  :  360. 


(  645  ) 


8  b.  à  9  h.  30  m.  L'ombre  du  globe  sur  l'anneau  A  est 
convexe  (parallèle  au  limbe  de  Saturne),  sur  l'anneau 
moyen  elle  est  légèrement  concave  et  se  prolonge  jusque 
sur  C. 

On  soupçonne  la  division  de  Encke. 

La  zone  sombre  intérieure  de  l'anneau  B  s'étend 
presque  jusqu'à  la  moitié  de  l'anneau.  Il  est  difficile  d'en 
saisir  la  limite  exacte,  elle  va  en  diminuait  d'éclat  insen- 
siblement de  l'intérieur  vers  l'extérieur.  On  aperçoit  une 
zone  d'un  gris  très  clair  s*étendant  près  de  la  division  de 
Cassini. 

L'anneau  sombre  a  dans  l'anse  orientale  une  largeur 
égale  à  peu  près  à  la  moitié  de  l'espace  qui  sépare  le  globe 
de  l'anneau  fi,  c'est-à-dire  un  peu  moins  large  que 
l'anneau  extérieur. 

Dans  cette  anse,  la  limite  intérieure  de  l'anneau  sombre 
est  nette. 

Dans  l'anse  occidentale  cet  anneau  est  un  peu  plus  large 
et  moins  nettement  terminé  que  dans  l'anse  orientale. 

Dans  la  partie  Ouest  de  l'anneau  sombre,  on  voit  la 
division  de  Struve  près  du  bord  extérieur.  Cet  anneau 
parait  moins  large  proportionnellement  devant  le  globe  de 
Saturne  que  dans  les  anses. 

Sur  le  globe  on  observe  en  allant  du  Nord  vers  le  Sud: 

l""  La  projection  de  l'anneau  sombre;  elle  est  plus 
foncée  que  A,  mais  bien  moins  sombre  que  C  dans  les 
anses; 

S"*   SÉRIE,  TOME   XIV.  43         ' 


(  646  ) 

S°  Une  bande  septentrionale  grise  qui  dépasse  un  peu 
de  l'anneau  sombre; 

3"^  La  grande  bande  équatoriale,  dont  la  partie  Nord 
moins  brillante,  surtout  vers  TEst,  a  une  étendue  un  peu 
moindre  que  la  moitié  de  la  largeur  totale  de  cette  bande; 

4^  Une  bande  sombre  et  étroite  plus  foncée  que  la 
partie  Nord  de  la  zone  équatoriale; 

5*  La  zone  moyenne  grisâtre  et  présentant  deux  ou 
trois  rangs  de  taches  plus  claires; 

6"^  Une  bande  moins  foncée,  mais  cependant  bien  moins 
brillante  que  la  bande  équatoriale; 

7^  Enfin  la  calotte  polaire  qui  paraît  être  la  partie  la 
plus  foncée  de  tout  le  globe. 

Bonnes  images;  vent  fort.  Grossissement  :  480.  L'aspect 
de  Saturne  est  représenté  Gg.  19. 


7  h.  30  m.  L'ombre  du  globe  est  parallèle  au  limbe  de 
la  planète  sur  Panneau  A.  Sur  l'anneau  moyen  elle  pré* 
sente  l'aspect  d'une  ligne  droite  brisée  près  de  la  division 
cassinienne.  Sur  l'anneau  C  l'ombre  est  légèrement  con- 
cave (fig.  20). 

La  zone  brillante  de  A  n'occupe  guère  que  le  quart  de 
la  largeur  totale  de  cet  anneau.  La  division  de  Encke  est 
visible  dans  les  deux  anses  comme  un  léger  trait  grisâtre* 

L'anneau  A  est  d'un  gris  sale^  verdâtre. 

La  division  de  Cassini  parait  bien  nette  et  bien 
régulière. 

L'espace  le  plus  brillant  de  B  (proche  de  la  division  de 
Cassjnij  occupe  un  quart  de  la  largeur  de  l'anneau,  tandis 


(  647  ) 

que  la  zooe  foncée  intérieure  en  occupe  deux  cinquième  ^ 
environ.  Quoique  étant  la  partie  la  plus  grise  de  Panneau  B, 
elle  est  moins  foncée  que  A.  Cette  troisième  zone  parait 
an  peu  moins  large  dans  Pan^e  occidentale. 

L'anneau  sombre,  qui  est  remarquablement  bien  visible, 
présente  son  aspect  habituel  ;  moins  large  et  plus  régu- 
lier dans  Panse  orientale,  plus  large  et  plus  diffus  dans 
Poccidentale. 

Vers  PEst  la  division  de  Struve  est  faiblement  marquée 
et  située  près  du  bord  de  Panneau;  vers  POuest  elle  est  au 
contraire  très  noire,  et  elle  parait  séparer  fi  de  C. 

La  couleur  de  Panneau  est  gris  violacé. 

L'anneau  parait  tangent  au  globe;  celui-ci  nous  semble 
cependant  dépasser  légèrement  (fig.  21). 

Sur  le  disque  nous  observons  en  allant  du  Nord  au  Sud  : 

1"  La  projection  de  Panneau  sombre  sur  le  globe; 

2^  Une  bande  grisâtre  qui  émerge  derrière  cet  anneau; 

S""  La  large  zone  équatoriale  brillante  séparée  en  deux 
parties  à  peu  près  égales  par  un  iilet  gris;  la  portion  sep* 
tentrionale  parait  légèrement  plus  sombre; 

4**  Une  bande  foncée; 

5"*  Une  bande  plus  claire; 

6®  Une  bande  foncée  et  moutonnée  ; 

7*  Une  seconde  zone  moutonnée  dans  laquelle  les  pelils 
nuages  paraissent  être  disposés  en  files  parallèlement  à 
Péquateur; 

8*"  Une  bande  relativement  claire; 

9^  La  calotte  polaire.  L'aspect  de  Saturne  est  repré- 
senté (fig.  22). 

Au  commencement  de  l'observation  il  faisait  encore  un 
peu  clair;  le  ciel  était  très  pur.  Grossissement  :  480. 


(  648  ) 


8  avril. 

7  h.  15  m.  à  8  h.  30  m.  L'ombre  a  le  même  aspect  que 
le  3  mars  (flg.  15).  Elle  esl  à  peine  visible  sur  Panneau  C. 

Le  bord  intérieur  de  cet  anneau  est  mal  terminé,  surtout 
dans  Panse  occidentale;  dans  cette  anse  la  division  de 
Struve  est  visible  près  du  bord  de  Panneau. 

L'anneau  A  est  d*un  gris  verdfttre,  il  paratt  plus  foncé 
sur  Panse  orientale. 

La  première  bande  grise  australe  du  globe  esl  très 
foncée,  surtout  vers  POuest. 

On  voit  deux  zones  moutonnées,  la  plus  rapprochée  de 
Péquateur  étant  plus  foncée  que  Pautre. 

La  bande  claire  voisine  de  la  calotte  polaire  parait  unie 
et  notablement  moins  brillante  que  la  grande  bande 
équatoriale  (voir  flg.  23).  Grossissement  :  480. 

•  avril. 

7  h.  35  m.  L'ombre  est  difficile  à  voir  sur  Panneau  C. 
Cet  anneau  sombre  se  voit  facilement  dans  Panse  orien- 
tale, où  il  paratt  un  peu  plus  large  que  la  moitié  de  l'inter- 
valle qui  sépare  le  globe  de  Panneau  B.  Sa  teinte  n'est 
pas  uniforme,  il  paratt  plus  foncé  vers  Pintérieur. 

Dans  Panse  occidentale  il  paratt  étroit  et  diiTus,  mal 
terminé,  et  un  peu  plus  large  dans  la  région  australe  a 
(fig  24). 

Dans  cette  anse  la  division  de  Struve  est  visible. 

La  zone  sombre  de  Panneau  B  paratt  radiée  dans  la 
région  Ouest. 

La  division  de  Encke  n'est  visible  que  grâce  à  la  zone 
claire  qui  avoisine  la  division  de  Cassini. 


(  649  ) 

Lauoeaii  A  parail  vercl&tre  et  plus  sombre  dans  Tanse 
orientale  que  dans  roccidentale,  où  sa  teinte  est  d'un  jaune 
sale. 

La  division  de  Cassini  parait  bien  régulière. 

Les  bandes  grises  voisines  de  Téquateur  paraissent 
assez  foncées. 

L'aspect  moutonné  est  moins  apparent  que  les  jours 
précédents. 

La  bande  grise,  adjacente  à  Tanneau  sombre  devant  le 
globe,  se  voit  difficilement. 

La  calotte  polaire  parait  foncée.  Grossissement  :  480. 


iO  avril. 

7  h.  35  m.  L'ombre  du  globe  sur  l'anneau  B  présente 
une  partie  concave  et  une  partie  convexe,  le  point 
d'inflexion  étant  à  peu  près  au  milieu  de  l'anneau.  Sur  C 
l'ombre  est  difficile  à  voir  (fig.  25). 

La  largeur  de  l'anneau  C  est  moindre  que  la  moitié  de 
l'intervalle  qui  sépare  le  globe  de  l'anneau  B,  dans  l'anse 
orientale.  Dans  l'autre  anse,  on  soupçonne  la  division  de 
Struve  près  du  bord  extérieur  de  l'anneau. 

Grossissement  :  480. 


90  avril. 


9  h.  15  m.  L'ombre  du  globe  sur  l'anneau  est  repré- 
sentée fig.  26. 

Les  deux  bandes  grises  de  Phémisphère  Sud  paraissent 
très  foncées.  Grossissement  :  360  (équatorial  de  TEst). 


(  680  ) 


Sur  la  théorie  de  Vinvolution;  par  François  Deruyts, 
docteur  en  sciences  physiques  el  mathématiques  de 
rUniversité  de  Liège. 

Dans  un  précédent  travail  ('),  nous  avons  montré  qu'une 
involution  d'ordre  n  et  de  rang  n  —  1,  V~\  définie  ana- 
lytiquement  par  une  forme  n  —  linéaire  symétrique,  égalée 
à  zéro,  peut  être  représentée  par  un  point  de  Tespace  à  n 
dimensions  E,,  les  coordonnées  de  ce  point  étant  propor- 
tionnelles aux  paramètres  de  la  forme.  Dans  ce  mode  de 
représentation,  le  lieu  des  points  de  l'espace  E.,  corres- 
pondant à  des  involutions  décomposables,  est  la  courbe 
normale,  C„,  de  cet  espace;  de  plus,  les  espaces  an  —  1 
dimensions,  passant  par  le  poinjt  correspondant  à  une 
involution,  marquent  sur  la  courbe  C.  des  groupes  de 
points,  qui  sont  les  images  des  groupes  d'éléments  de 
l'involution. 

Si  l'involution  est  de  rang  A,  elle  est  définie  par  n  —  k 
formes  symétriques  égalées  à  zéro  :  dans  notre  système, 
cette  involution  est  représentée  par  l'ensemble  des  n  —  k 
points,  correspondant  aux  n  —  k  formes  :  du  reste,  cet 
ensemble  de  n — k  points  détermine  un  espace  an  —  k — 1 
dimensions,  qui  est  Vespace  central  de  l'involution. 

Nous  nous  proposons  actuellement  d'établir  quelques 


(*)  Bulletins  de  rAcadémie  royale  de  Belgique,  tome  XIV,  5«  série 
(août  1887),  Sur  la  représentation  des  involutionn  nnicursales. 


(651  ) 

théorèmes  sur  Texpression  analytique  des  involutions,  en 
nous  servant  des  résultats,  que  nous  venons  de  rappeler. 

I.  —  En  modifiant  quelque  peu  les  considérations  précé- 
dentes, on  est  amené  à  représenter  une  forme  binaire 
d'ordre  n, 

par  le  point  de  l'espace  à  h  dimensions,  E.,  dont  les  coor- 
données sont  respectivement  proportionnelles  à 

«0»    ûii    o«>    •••5    ^«-15    û„_i,    a„. 

Nous  dirons  que  ce  point  correspond  à  la  forme  f. 
Si  la  forme  donnée  est  une  puissance  exacte,  il  existe 
entre  ses  coefficients  les  relations. 


^==  — =  ...  =  ?^c=a?îî:l—  1 

«1       <h  û«-i         a„ 


d'où  l'on  tire 


ao  =  A", 


^1 


*         5 


Nous  en  déduisons  ce  théorème  : 

Le  lieu  des.  points^  qui  représentent  des  formes  binaires^ 
puissances  exactes^  est  la  cottrbe  normale  de  l'espace^  dont 
le  nombre  de  dimensions  est  égal  au  degré  de  la  forme. 


(*)  Il  est  entenda  que  di\,ns  ce  système  le  signe  d^égalitë  équivaut 
au  signe  de  proportionnalité. 


(  652  ) 

Cela  posé,  par  le  poiol  correspondant  à  une  forme 
donnée, 

nous  pouvons  mener  n  espaces  an  —  1  dimensions,  oscu- 
lateurs  à  la  courbe  normale  de  Tespace  à  n  dimensions. 
Les  paramètres  des  points  de  contact  sont  donnés  par  les 
racines  de  Téquation 

(le  signe  d=  selon  que  n  est  pair  ou  impair)  ; 
ou,  en  posant 

par  les  racines  de 

Donc,  les  images  des  racines  d'une  forme  d*ordre  n^ 
égalée  à  zéro,  sont  les  points  de  contact  des  espaces  an  —  1 
dimensions,  osculateurs  à  la  courbe  normale  de  Vespace 
à  n  dimensions,  menés  par  le  point  correspondant  à  la 
forme. 

On  peut  encore  représenter,  dans  l'espace  à  n  dimensions, 
une  forme  de  degré  m{m  <c^  n),  de  la  manière  suivante  : 

Soit  une  forme  de  degré  n  —  p, 

yetr'^toxï-' + ('*7P)6ixî-'-*x,  ^ ...  -4-  (Jzj)'^-f^î"'- 

Prenons  une  forme  quelconque  d'ordre  p  : 

«; = «a«t  -*-  (4)  «ixr*a:i  -4-  —  -4-  In  a^. 


(  683  ) 
A  la  forme  d'ordre  n 

correspond  un  point  de  coordonnées  X,  satisfaisant  aux 
relations 

(r)M"T'')(JK(.t:î)(î)*-.*-(j)(jiîK. 

(»•  — 0,    i,    2,    ...n), 
OU,  par  an  changement  de  notation, 

(;)x^.=p.{''7'')*«-^p'(?rî)v.+--^p.(?zî)v,. 

Ce  point  se  trouve  dans  Tespace  à  p  dimensions,  E^,  qui 
unit  les  p  H- 1  points  de  paramètres^ 

(?)xa-(r?)v.. 

r  variant  de  o  à  p,  et  t  de  o  à  n. 

Nous  dirons  que  cet  espace  E,  correspond  à  la  forme  ^ . 
Il  est  visible  d'ailleurs  que  par  cet  espace  on  peut  mener 
n  —  p  espaces  an  —  1  dimensions  osculateurs;  les  para- 
mètres des  points  de  contact  sont  précisément  donnés  par 
les  racines  de  l'équation, 

Le  rapprochement  des  modes  de  représentation  indiqués 
ci-dessus  pour  les  involutions  et  pour  les  formes  binaires, 
nous  permet  d'envisager  un  point  de  l'espace  à  n  dimensions, 
£.,  de  deux  manières  différentes  : 


(  654  ) 

1"^  Un  point  de  Tespace  E«  caractérise  une  involulion 
d'ordre  n  et  de  rang  n  —  1  :  les  groupes  de  cette  involution 
sont  représentés  par  les  points  de  rencontre  de  la  courbe 
normale,  C,,  de  Pespace  E,  et  des  espaces  an  —  1  dimen- 
sions, passant  par  le  point  considéré. 

2^  Le  même  point  détermine  une  forme  binaire  d'ordre  n; 
les  images  des  racines  de  cette  forme  égalée  à  zéro  sont 
représentées  par  les  points  de  contact  des  espaces  oscu- 
iateurs,  menés  à  la  courbe  normale  C,,  par  le  point  dont 
il  s'agit. 

Tout  point  qui  représente  une  involution  lâ~^  représente 
à  un  autre  point  de  vue  la  forme  binaire,  dont  les  racines 
sont  les  paramètres  des  éléments  multiples  de  l'involution. 

* 

II.  —  Soient  deux  involutions  l;;~\  définies  par 

et 

f  ^  bJ)J)g ...  6«  =  0  ; 

nous  dirons  que  ces  deux   involutions  sont  associées, 
quand  les  deux  formes  ^  et  (pi,dont  les  racines  représentent 
les  éléments  multiples  des  involutions,  sont  conjuguées 
suivant  la  définition  de  M*  Rosanes  {*). 
On  aura  alors 

(a6)»  =  0, 

si  l'on  écrit  symboliquement 


(*)  Journal  de  Crelle,  tome  LXXVl,  Ueber  Hn  Prineip  der  Zuord- 
nung  aigebraiseher  Formen. 


(  6S5  ) 

:  Nou8  pourroDS  dire  aussi,  en  nous  servant  d'une  défi- 
nition donnée  par  M.  Le  Paige  (*),  que  deux  iuvolutions 
d'ordre  n  sont  associées,  quand  leurs  éléments  multiples 
sont  conjugués  harmoniques  d'ordre  n. 

La  liaison  qui  existe  entre  deux  iuvolutions  associées 
s'exprime  facilement  au  moyen  des  points  correspondant 
à  ces  involutions. 

L'espace  an  —  1  dimensions  polaire  du  premier  point, 
par  exemple,  est  représenté  par  l'équation 

a^Xt  —  f  Jja,_|X,  -4-  (2)o«-iX8  —  —  =h  OoX^i  «  0; 

la  condition 

«n^o  ~  (J)a.-i6|  +  (jja^A =fc  ao6„  s  (ab)r  =  0, 

exprime  que  le  second  point  se  trouve  dans  cet  espace,  et 
réciproquement.  ^ 

Nous  pouvons  donc  énoncer  ce  théorème  : 
Pour   que  deux   involutions  de  rang   n  —  1    soient 
associées,  il  faut  et  il  suffit  que  le  point  correspondant  à 
Vune  d'elles  soit  situé  dans  l'espace  an  —  1  ditnensions 
polaire  du  point  qui  représente  l'autre  involution.  ' 

En  d'autres  termes,  pour  qu'une  involution  de  rang 
n  —  1  puisse  s'exprimer  par  la  relation 

n 


(*)  Bulletins  de  rAeadémie  royale  de  Belgique,  2«  série,  tome  XLI V  : 
Sur  quelques  propriétés  de  l'invariant  qtiadratique  simuUané  de  deux 
formes  binaires. 


^  656  ) 

c'est-à-dire  pour  que  le  poîol  qui  la  représente  ait  pour 
coordonnées 

n 

Xrf+1^2"*^»         (t=-0,    i,...n), 

il  faut  et  il  suflSt  que  ce  point  soit  situé  dans  Tespace 
polaire  du  point  correspondant  à  la  forme  binaire,  dont 
les  racines  sont 

Observons  encore  que  la  forme  dont  les  racines  repré- 
sentent les  éléments  multiples  de  Tinvolution,  se  trouve 
ramenée  à  l'expression 

Nous  retrouvons  ainsi  ce  théorème  dû  à  M.  Rosanes  (*). 

Les  groupes  de  n  point s^  qui  expriment  une  forme  binaire 
de  degré  n  comme  la  somme  de  n  puissances  n***"",  consti" 
tuent  une  involution  de  rang  n  —  1  ;  ces  groupes  sont 
conjugués  harmoniques  d'ordre  n  au  groupe  de  n  points, 
que  représente  la  forme. 

De  plus,  le  procédé  que  nous  employons  permet  de 
trouver  immédiatement  l'équation  de  l'involution. 

Si  la  forme  est 

f^a:. 


(*)  Voir  le  mémoire  de  M.  Rosanes  indiqué  plos  haut. 


■  (  657  ) 
réquation  de  rinvolutioo  est 

f  ^a^ya, ...  o^hbO, 

ou  bien,  en  employant  une  formule  de  transformation  que 
nous  avons  fait  connaître  antérieurement  (*), 


2^ 


xî  arj-*  xj 


=  0. 


III.  —  L'espace  an  —  *  —  1  dimensions  E^4_o  déter- 
miné par  n  —  k  points  de  la  courbe  C»  de  l'espace  à  n 
dimensions  E.,  est  représenté,  comme  nous  le  savons, 
par  les  A  +  1  équations, 

K^^z,    -^Pl-*)    +z,Pr*^    -...dbz..*+*Pi:!:i?>c=.0, 


K*=«*+4-z*+,pi"-*>-4-z^Pir-*>--=fc«^  PSr:i*>-o, 

en  représentant  par  Pjf^  la  somme  de  toutes  les  combi- 
naisons des  paramètres 

de  9  points  de  la  courbe  €„  »  pris  p  à  p. 

Si  cet  espace  Ë,_*^  doit  passer  par  un  espace  à  ?  —  1 
dimensions  E^^i,  déterminé  par  <p  points, 

«^1»     Af,     A^f  •••  Aa, 


(*)  Voir  notre  trayail  cité  plas  haut. 


,  \ 


(  638  ) 
le  point  A,  ayant  pour  coordonnées, 

il  faut  qoe  l'on  ait  les  conditions. 


Ki'»=0,    K1*'=0,...  Ki"=:0. 
Ki?>— 0,    Ki*=0,...KP>=0, 

KiW  =  0,    Kl«  =  0, . . .  K?»  =  0. 
Nons  représentons  par 

r 

ce  (}ue  devient  K^,  quand  on  y  remplace  les  coordonnées 
couranies  par  les  coordonnées  du  poinl  A,. 

Nous  en  déduisons  les  résultats  suivants  : 

!•  Quand  A:  <  ^^,  nous  pouvons,  par  un  espace  à  9 — 1 
dimensions,  Ey_, ,  faire  passer  00""*^^+*^"^'  espaces  à  n — * — 1 
dimensions,  n  —  k  fois  sécants  de  la  courbe  G„  de  Tespace 
à  n  dimensions* 

S°  Quand  X:=>~^,  ce  qui  a  lieu  quand  n  h-  1  est  un 
multiple  de  9  -H  1 9  on  ne  peut  faire  passer  par  un  espace 
à  9  —  1  dimensions  qu*un  seul  espace  à  ^^^  dimensions, 
9  -^  fois  sécant  de  la  courbe  normale  de  l'espace  à  n 
dimensions. 

3*  Quand  *  >  ^^,  on  ne  peut  mener  par  Tespace  E^^ 
d'espace  E._a.i,  n  —  k  fois  sécant  de  la  courbe  normale, 
que  lorsque  les  coordonnées  des  points  qui  composent 


(  659  ) 

l'espace  E^.|, satisfont aox  i(ç-f-l)  —  (n — <p) conditions, 
comprises  dans  le  symbole 


ai;i*aiJ>  ^. ...  aL*>  a{?> * ...  a?)  ...  <??* ...  aj?) 


0. 


Nous  pouvons  donc  énoncer  les  théorèmes  suivants  : 

Une  involution  (Tordre  n  et  de  rang  n  —  (f  possède 
Qpi>-k(f+o-î'  groupes  neutres  de  n  —  k  éléments,  quand 
k  <  ^^-7;  ces  groupes  forment  une  involution  d'ordre  n — k 
et  de  rang  n  —  (1  -f-  ?)  k  —  ç. 

Une  involution  d'ordre  n  et  de  rang  n  —  ç  possède  un 
seul  groupe  neutre  de  9  ^—^  éléments^  quand  n  -f- 1  est 
un  multiple  de  Ç  -h  1 . 

D'un  autre  côté,  soient  les  équations  d'une  involution 
d'ordre  n  et  de  rang  n  —  <p  : 

f,  =  ai*^Qir>  +  ûi'^QSrii  +  •••-*-  ûi/iiQi"^  +  flL*>Qlr» = o, 

/i  =  al?)Qi:>  H-  ai«Q22,  +  ...  -4-  a?i.Qi->  -h  aS?>Qir>  =  0, 


/•y=arQir)-f.aTO£>, 


aiaQi->-f-aif>Qi->-a 


Nous  représentons  par  la  notation  Q|"^  la  somme  de 
toutes  les  combinaisons  des  n  paramètres 


pris  i  à  t. 


yt 


'I 


«I 


>      >      >  •••    > 

a:,       y,       ^r^        ti, 


(  660  ; 

Vespace  centrât  de  celle  involulion,  E^i,  esl  délerminé 
par  les  <p  poinls 

A|  9        Af  9  •  •  •   "f  f  •  •  •  ^9  y 

correspoodant  aux  involulions  de  rang  n — 1,  représentées 
par  cbacuoe  des  équalions  précédeoles. 

Par  l'espace  E^.«,  menons  un  des  espaces  an  —  k  —  1 
dimensions»  qui  rencontrent  la  courbe  normale  C„  en  n — k 
points;  appelons 

1      ^         JL 

les  paramètres  de  ces  poinls.  Il  est  visible  que  les  coor- 
données des  points  A  pourront  se  mettre  sous  la  forme^ 

alf)  =  «it)<ÎJ  -H  alitai  H-  ...  -»-  «IVi-., 
a?»  «  «P(îî  +  af>(îj  -*- ...  -f-  ogUC*, 


I  variant  de  o  à  n. 
Dès  lors,  les  équations  de  Tinvolution  pourront  s'écrire  : 

IsK) 


A  s  2  QirU«i"<Jï  +  «fdi  + ...  +  «?v..o = 0, 


/•y  s  2  Qf-^'W^'-n + 4"« + -  +  ««^<iu)=o. 


<aiO 


(  661  ) 
ou  bien, 


ism-k 


fK^^  «J*%=2  «?*(*«-^<^'««Xy«-*-^*yî)(«i-*-<îi«0---(«'i-^*Wf)— 0, 


A ^2  **'^^'  —2   «5^(^*-^<^.-^«)(yi-^-%i)(-i-^^i^)-.(<«i-^*t'f)=o, 


feal  t==i 


isri».t 


/f=2   «i^*Vrf=2  «i^^(^i-^^**«)(yi-^-<^*«)(«i-^<^<««)---(wi-^-<^*«'i)« 


fel  <=l 


Nous  appellerons  la  quantité 

V,.  «  (ar,  -4-  ^,x,)  (y,  h-  c^y,)  («,  -i-  ^^z^) . . .  (ii,  -f-  ^.t/,) , 

produit  d'ordre  n^  et  di  la  racine  de  ce  produit. 

Donc,  dans  le  cas  de  k  <  ^^. 

Toute  involulion  d'ordre  n  et  de  rang  n  —  9  peut  se 
définir  analyliquement  de  oo^-^tt+fHf  manières  différentes ^ 
par  l'égalité  à  zéro  de  9  formes  n  linéaires  symétriques; 
chacune  d'elles  étant  la  somme  de  n  —  k  mêmes  produits 
dCordre  n,  affectés  de  coefficients  distincts. 

Les  groupes  de  points,  correspondant  aux  racines  de  ces 
produits,  constituent  à  leur  tour  une  involution  d'ordre  n—k 
et  de  rang  n  —  (1  h-  9)  )fc  _  tp. 

Cette  involution  est  représentée  par  les  (f(k  -i-  i)  équa- 
tions 

K?>  =  a{*>  —  a[*l^?^r'^  -H  . ..  ±  ai/i^PLr/ï  =  0, 
K?)  ^  al»  -  alî,Pi-*)  -*-•••  ±  ai?)  ^Pîrr/>  =  0, 


K}?)  =  aS?>  —  a}Ç,Pl-*>  -H  .. .  ±  aL?)^P!r/»  =  0, 
î  variant  de  0  à  A:. 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIV.  44 


(  668  ) 

En  faisant  usage  d'une  formule,  que  nous  avons  rappelée 
plus  haut  (§  H),  nous  pouvons  remplacer  les  équations 
précédentes  par  Tunique  relation. 


T^ 


xt- 

-  acî~'xi  — 

q=  xi"x: 

± 

jpj-r-<^r+i 

ai'> 

aj"      ... 

o?» 

•        • 

•         •        • 

•       • 

• 

•                           • 

oif>     ... 

%                 9 

<e 

# 

4^    ... 

aiï. 

ai'nU. 

=  0. 


Dans  cette  relation,  les  lettres  l  désignent  des  paramètres 
quelconques,  et  nous  avons  posé  pour  abréger  p^^^n  —  k^ 
r«.ç(k-hl)  — 1. 

Nous  pouvons  encore  observer  que  le  système  des  formes 
binaires  d'ordre  n,  dont  les  racines  représentent  les  éléments 
multiples  de  chacune  des  involutions  i;;~'  définies  par  les 
équations 

/;=o,  /;=o,  ...  /-y^o, 

se  trouve  ramené  en  même  temps  à  un  système  de  sommes 
de  »  —  k  puissances  n****  :  on  a 


(0. 


t-k 


Considérons  maintenant  le  cas  de  k 


n  —  f    rr 


f -t-1 


.  L'involution 


I 


(  665  ) 
peut  s'exprimer,  et  d'une  seule  façon,  sous  la  rorme 


Donc  :  Toute  involution  d'ordre  n  et  de  rang  n  —  cp 
peut  s'exprimer  d'une  seule  façon  par  l'égalité  à  zéro 
de  ç  formes  n  —  linéaires  symétriques,  chacune  d'elles 
étant  la  somme  de  <p  ^^  mêmes  produits  d'ordre  n, 
lorsque  n  -^  l  est  un  multiple  de  <p  -f-  1. 

C'est  la  forme  canonique  de  toule  involution  i;_ç,,  qui 
satisfait  à  la  condition  que  ses  deux  caractéristiques  véri- 
fient la  relation 


n  -4- 1 


entier. 


En  particulier,  un  système  de  9  formes  binaires  d'ordre  n 

**x      »       *««      j  •  •  •  f  "a       > 

peut  s'exprimer  d'une  seule  manière  par  un  système  de  tp 
sommes  de  (p^±i  =  (x  mêmes  puissances  n'*"".  Il  est 
facile  de  s'assurer  que  le  canonizant  de  ce  système  est 


XJt  —  xf"*Xi  •••  qp 


aî*> 


0. 


(  664  ) 

Ces  résultats  peuvent  s'appliquer  facilement  au  cas  d'un 
système  de  formes  de  degrés  différents,  en  faisant  usage 
de  la  représentation  des  formes  d'ordre  n — p  dans  l'espace 
à  n  dimensions. 

Un  cas  particulier  intéressant  correspond  à  9=a1;  on 
arriverait,  entre  autres,  à  des  théorèmes  sur  la  réduction 
d'une  forme  plurilinéaire  symétrique  à  la  somme  de  produits 
d'ordre  n,  et  sur  la  réduction  des  formes  binaires  à  la 
somme  de  puissances  d'ordre  n;  ces  derniers  théorèmes 
ont  été  donnés  par  M,  De  Paolis;  nous  ne  croyons  donc 
pas  nécessaire  de  les  reproduire  à  nouveau  (*). 


—  La  Classe  se  constitue  en  comité  secret  pour  discu- 
ter les  titres  des  candidats  présentés  aux  places  vacantes. 


(*)  Atti  ddla  R.  Accademîa  dei  Lincei,  tome  XII,  Z*  série  :  SxUla 
espressUme  di  una  forma  binaria  di  grado  n  con  una  sùtnma  di 
poleuze  n*. 


(  66S  ) 


CLilSSE   DES   LETTRES 


Séance  du  7  novembre  1887. 

M.  BoRMANs,  vice-directeur,  occupe  le  Tauteuil. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  P.  De  Decker,  Ch.  Faider,  le  baron 
Kervyn  de  Lettenhove,  R.  Chalop,  Tbonissen,  Th.  Juste, 
Alph.  Wauters,  Ém.  de  Laveleye,  Alph.  Le  Roy,  A.  Wage- 
ner,  P.  Willems,  G.  Rolin-Jaequemyns,  Ch.  Piot,  Ch.  Pot- 
vin,  J.  Stecher,  T.-J.  Lamy,  Aug.  Scheler,  P.  Henrard, 
J.  Gantrelle,  Ch.  Loomans,  G.  Tiberghien,  L.  Roersch, 
membres;  Alph.  Rivier,  Philippson  et  Aug.  Snieders,  asso- 
ciés; Alex.  Henné  et  A.  Van  Weddingen,  correspondants. 

MM.  Houzeau  et  Mailly,  membres  de  la  Classe  des 
sciences,  assistent  à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  Tlndustrie  et  des 
Travaux  publics  adresse  les  ouvrages  suivants  : 

i"*  La  Uuérature  française  au  XVII*  siècle,  par  J.-B. 
Stiernet  ; 

2^  Histoire  populaire  de  Schaerbeek,  par  De  Saegher  et 
Bartholeyns.  —  Remerciements. 


(  666  ) 

—  M.  Loomans  présente  pour  le  prochain  Annuaire 
sa  notice  biographique  de  G.  Nypels»  ancien  membre  de 
la  Classe.  —  Remerciements. 

—  M.  Pasquet,  ancien  professeur  à  l'Athénée  royal  de 
Liège,  soumet  un  travail  intitulé  :  Sermons  de  carême 
en  dialecte  wallon.  —  Commissaires  :  MM.  Scheler  et 
Bormans. 

—  Hommages  d'ouvragés  : 

l**  Les  origines  de  la  métallurgie  au  pays  d'Entre^ 
Sambre-el'Meuse;  par  Victor  Tahon.  (Présenté  par  M.  Alph. 
Wauters  avec  une  note  qui  (igure  ci-après.) 

2**  Études  morales  et  lilféraires  :  Épopées  et  romans 
chevaleresques,  l;  par  Léon  de  Monge.  (Présenté  par 
M.  Ém.  de  Laveleye  avec  une  note  qui  figure  ci-après.) 

3*  M.  Tvlii  Ciceronis  pro  M.  Cnelio  oratio  ad  ivdices; 
par  L-C.  Vollgraff.  (Présenté  par  M.  Philippson  avec  une 
note  qui  flgure  ci-après.)  —  Remerciements. 


NOTES  BIBLIOGRAPHIQUES. 

J'ai  rhonneur  d'offrir  à  la  Classe  des  lettres,  au  nom  de 
l'auteur,  M.  Victor  Tahon,  ingénieur,  le  travail  intitulé  : 
Les  origines  de  la  métallurgie  au  pays  d'Entre-Sambre^t^ 
Meuse  (Mons,  Manceaux,  in-S'^). 

M.  Tahon  s'attache  à  prouver  que  l'industrie  du  fer  esl 
très  ancienne  dans  le  pays  borné  d'un  côté  par  la  Meuse 
^t  de  l'autre  par  son  principal  afiluent,  la  Sambre.  Il  rap- 


(667) 

pelle  avec  beaucoup  dVpropos  ce  fait  quMI  y  a  une  tren* 
taine  d'années,  alors  que  l'industrie  ne  s'en  était  pas  encore 
servie  pour  les  utiliser,  il  existait  dans  l'Entre-Sambre-et- 
Meuse  des  quantités  énormes  de  scories,  attestant  une 
longue  et  considérable  exploitation  des  couches  de  minerais 
de  fer  de  cette  contrée.  On  aura  une  idée  de  l'importance 
de  ces  dépôts  en  se  rappelant  qu'en  vingt-cinq  années  les 
hauts  fournaux  du  bassin  de  Charleroi  en  ont  consommé 
la  quantité  prodigieuse  d'un  million  de  tonnes.  Ces  scories 
y  sont  connues  sous  le  nom  de  Crayats  de  Sarrasins^  nom 
qu'il  ne  faut  pas  prendre  à  la  lettre,  mais  envisager  comme 
un  reflet  de  l'opinion  vulgaire,  qui  voit  dans  ces  débris  les 
traces  d'un  peuple  disparu,  d'une  époque  bien  différente 
de  la  nôtre. 

L'auteur  de  notre  brochure  a  réuni  différents  témoi- 
gnages sur  les  procédés  qu'emploient  encore  des  peuples  de 
l'Asie  et  de  l'Afrique  pour  se  procurer  du  fer;  il  décrit  les 
fourneaux  de  forme  rudimen taire  qu'ils  emploient  encore 
et  les  rapproche  des  vestiges  de  fourneaux,  en  forme  de 
cuves,  que  l'on  a  signalés  en  plusieurs  endroits  et»  en  par- 
ticulier, à  Vodecée,  près  de  Philippeville.  Il  en  conclut  avec 
raison  que  les  procédés  dont  ailleurs  on  se  sert  encore,  ont 
probablement  été  d'un  usage  général  dans  le  passé,  et  que 
l'on  peut  se  représenter  ce  qu'étaient  nos  forgerons  primi- 
tifs en  étudiant  les  habitudes  des  forgerons  de  THindous- 
tan  et  de  l'Afrique  centrale. 

Sous  la  domination  romaine,  le  travail  du  fer  s'améliora 
et  s'étendit.  Les  découvertes  de  poteries,  faites  dans  les 
amas  de  scories,  indiquent  d'une  manière  incontestable 
l'époque  où  cette  industrie  se  développa  en  Belgique.  Afin 
d'expliquer  comment  elle  envoyait  au  loin  ses  produits, 
M.  Tahon  a  donné  une  idée  des  voies  de  communication 


(  668  ) 

qui  traversaient  TEntre-Sambre-et-IMeuse.  Sa  conciQsioD 
que  <  TEotre-Sambre-et- Meuse  était  sans  conteste  le 

>  pays  le  plus  industriel,  au  point  de  vue  métallurgique, 

>  du  nord  des  Gaules  et  peut-être  du  monde  romain  > , 
pourrait  être  contestée,  mais  on  s'accordera  du  moins  à 
reconnaître  que  son  travail  constitue  une  page  intéressante 
de  l'histoire  du  pays,  sous  le  rapport  économique. 

Alph.  Wauters. 


J*ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Classe,  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Léon  de  Monge,  professeur  de  littérature  à  l'Université 
de  Lpuvain,  un  livre  intitulé  :  Études  morales  et  litté- 
raires. —  Épopées  et  romans  chevaleresques.  En  parlant 
des  Nibelungeriy  M.  de  Monge  montre  bien  comment  nais- 
sent et  se  développent,  d'une  façon  pour  ainsi  dire  spon- 
tanée, les  épopées  nationales  ou  €  naturelles  >  comme  il 
les  appelle.  La  comparaison  qu'il  fait  entre  les  idées  et  les 
sentiments  de  la  Chanson  de  Roland  et  du  Romancero  du 
Cid  est  un  modèle  d'analyse  littéraire.  Le  style  de  l'ou- 
vrage est  très  élégant  et  d'une  grande  distinction,  sans 
nulle  recherche.  Les  réflexions  ingénieuses  et  profondes 
abondent.  Le  culte  du  bien  et  du  beau  est  la  base  de  tous 
les  jugements;  partout  règne  un  sentiment  de  haute  mora- 
lité. On  est  heureux  de  lire  ces  pages  d'une  inspiration  si 
élevée  et  si  pure,  alors  que  de  toutes  parts  un  souffle  de 
bas  matérialisme  et  de  grossière  sensualité  envahit  la  lit- 
térature.  Emile  de  Lavelete. 


(  669  ) 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe,  au  nom  de 
Taateur,  Tédition  du  Pro  CœliOy  de  Cicéron,  publiée  par 
M.  J.-C.  Vollgraff,  mon  collègue  à  TUniversité  de  Bruxelles. 
Le  Pro  CœliOy  négligé  pendant  le  moyen  âge,  parce  que  son 
contenu^  parfois  assez  scabreux,  ne  permettait  guère  de  le 
placer  entre  les  mains  des  élèves  et  surtout  des  jeunes  pré- 
tresy  ne  nous  a  été  conservé  que  dans  un  petit  nombre  de 
manuscrits,  fort  corrompus  d'ailleurs,  et  se  basant  presque 
tous  sur  une  copie  unique,  aujourd'hui  perdue,  et  dont  le 
plus  ancien  représentant  est  le  Parisinus,  n°  7794.  M.  VolU 
graff  a  coliationné  attentivement  les  manuscrits  les  plus 
importants  du  Pro  Cœlio;  pour  la  première  fois,  il  s'est 
servi,  pour  Témendation  de  ce  discours,  d'un  codex  de 
Salzbourg,  actuellement  à  Munich,  qui,  à  côté  de  bien  des* 
fautes,  offre  cependant  un  grand  nombre  d'excellentes 
leçons,  évidemment  empruntées  à  un  texte  d'une  plus 
grande  valeur.  Muni  de  connaissances  profondes  et  solides 
dans  la  langue  et  la  littérature  latines,  comme  il  convient 
à  un  des  élèves  favoris  du  grand  Cobet,  M.  Vollgraff  a  tiré 
profit  de  tous  ces  matériaux  pour  établir  le  texte  le  plus 
digne  de  foi  qu'il  soit  possible  de  restituer  avec  les  res- 
sources dont  dispose  actuellement  la  science  philologique. 
Un  appendice  critique,  assez  développé,  qui  termine  le 
volume,  met  le  lecteur  à  même  d'apprécier  le  travail  assidu 
et  intelligent  auquel  l'éditeur  s'est  livré  et,  en  même  temps, 
de  le  contrôler.  On  y  découvrira  beaucoup  de  leçons  nou- 
velles et  apparemment  justifiées,  dues  aux  recherches  cri- 
tiques de  M.  Vollgraff.  Le  docte  éditeur  cite  avec  un  soin 
scrupuleux,  dont  bien  des  auteurs  aiment  maintement  à 
s'affranchir,  les  travaux  précédents  qui  se  rapportent  à 


1 . 


(  670  ) 
son  sujet,  et  dont  aucun,  ce  semble,  n*a  échappé  à  ses 
investigations.  L'édition  du  Pro  Cœlio  que  j'ai  l'honneur 
de  vous  sounoettre.  Messieurs,  est  donc  un  excellent 
spécimen  de  cette  forte  et  bonne  école  philologique  dont 
la  Hollande  se  glorifie  à  juste  titre. 

M.  Philippson. 


ÉLECTIONS. 

La  Classe  procède  ensuile  à  l'élection  : 

1**  de  quatorze  noms  pour  le  choix  du  jury  chargé  de 
juger  la  huilièmo  période  du  concours  quinquennal  de 
littérature  française  (1883-1887)  ; 

2^  de  dix  noms  pour  le  chuix  du  jury  chargé  de  juger 
la  dixième  période  du  concours  triennal  de  littérature 
dramatique  en  langue  française  (1885-1887). 

Ces  noms  seront  transmis  à  M.  le  Ministre  de  l'Agri- 
culture, de  l'Industrie  et  des  Travaux  publics. 


I 


(671  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


La  dernière  séance  du  Conseil  avant  le  supplice  (1);  par 
le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  membre  de  TAca- 
démie. 

(Diaprés  des  documents  inédits.) 

Walsingham,  saluaut  avec  joie  le  terme  de  sa  dîsgràce, 
était  reveuu  de  Barn-Elms  à  Londres,  où  il  devait  conférer 
avec  le  Secrétaire  Davison  et  avec  son  beau-frère  le  clerc 
du  Conseil,  Robert  Beale. 

Tous  les  trois  comptaient  parmi  les  chefs  du  parti 
puritain  et  attendaient  avec  la  même  impatience  l'heure 
où  ils  pourraient  verser  le  sang  de  la  reine  d*Ëcosse. 

Ce  moment  semblait  venu.  Le  11  février,  Elisabeth, 
épouvantée  par  l'image  des  complots  qu'on  déroulait 
devant  elle  comme  une  perpétuelle  menace  pour  sa  vie, 
avait  signé  le  warrant  ou  ordre  d'exécution,  et  elle  avait 
ajouté  en  le  remettant  à  Davison  :  <  Jamais  un  vilain 
»  comme  toi  n'eut  entre  ses  mains  un  semblable  warrant!» 
Et  toute  troublée  encore  de  ce  qu'elle  venait  de  faire,  elle 
avait   prononcé  ces  paroles,  entrecoupées  de  profonds 


(I)  Fragment  d*unc  histoire  de  la  dernière  période  de  la  vie 
de  Marie  Stiiart. 


(  672  } 

soupirs  :  <  Que  personne  ne  sache  que  ce  warrant  est 
»  signé!  Qu'on  ne  m'en  parle  plus!  Je  verrai  plus  tard  ce 
»  que  j*ai  à  faire.  Les  membres  de  TAssocialion  ne  sont- 

>  ils  pas  tenus  par  leur  serment  de  décharger  ce  fardeau 

>  de  mes  épaules?  » 

Ce  que  voulait  Elisabeth,  ce  qu'elle  insinuait  par  ces 
mots,  c'était  qu'un  vulgaire  assassin  prtt  la  responsabilité 
d'un  crime  qui  eût  laissé  une  tache  sanglante  sur  son 
manteau  de  reine. 

Le  lendemain,  Elisabeth  avait  fait  rappeler  Davison. 
Elle  répéta  ce  qu'elle  avait  dit  la  veille  :  <  Que  tout  reste 

>  secret!  Que  l'on  attende  que  j'aie  fait  connaître  mon 
»  bon  plaisir!  »  Et  insistant  sur  la  pensée  qui  ne  la  quit- 
tait point  :  <  Pourquoi,  s'écria-t-elle,  rejeter  sur  moi  tout 

>  ce  fardeau?  Que  n'ai-je  des  conseillers  comme  Archi- 

>  bald  Douglas!  »  Archibald  Douglas,  soudoyé  par  Eli- 
sabeth, lui  avait  autrefois  rendu  le  service  d'assassiner 
Darniey. 

Davison  reparaît  chez  Walsingham.  Il  lui  raconte  ce 
nouvel  entretien;  il  lui  montre  la  reine  inquiète  et  hési- 
tante. Peut-être  reprendra-t-elle  de  ses  mains  le  warrant, 
depuis  si  longtemps  préparé,  et  signé  avec  tant  de  diffi- 
cultés. C'est  une  heure  d'anxiété,  mais  la  résolution  est 
bientôt  prise.  Le  warrant  est  signé  :  il  faut  en  faire  usage, 
et  sans  délai,  avant  que  la  reine  puisse  le  révoquer  et 
l'anéantir.  Rien  ne  sera  plus  aisé  à  justiCer;  car,  selon  un 
avis  adopté  avec  empressement  par  Davison,  celui-là  méri- 
terait d'être  pendu,  qui  n'achèverait  point,  pour  le  repos 
de  la  reine  et  du  royaume,  une  œuvre  si  bien  commencée. 

Ce  même  jour,  à  onze  heures  du  soir,  Davison  se  pré- 
sente chez  Robert  Beale  :  celui-ci  convoquera  le  Conseil  à 
Greenwich,  mais,  avant  de  s'y  rendre,  il  devra  passer  chez 
Walsingham  :  c'est  là  qu'on  lui  révélera  la  part  impor- 


(  673  ) 

tante  qu'il  aura  à  remplir  dans  le  drame  sinistre  qui  se 
prépare. 

En  effet,  le  Conseil  se  réunit  à  Greenwich  le  lendemain 
à  onze  heures  du  malin.  Walsingham  y  assistait.  Davison 
prit  le  premier  la  parole  et  fit  connaître  que  la  reine  avait 
signé  le  warrant  prescrivant  l'exécution  de  la  sentence 
prononcée  contre  la  reine  d'Ecosse.  <  Tel  est-il  bien  le 
»  plaisir  de  la  reine?  »  interrompit  Burleigh  qui,  avec  son 
habileté  accoutumée,  ne  songeait  qu'à  dégager  sa  respon- 
sabilité. <  Oui,  >  répliqua  Davison. 

Quelques  conseillers,  alléguant  combien  la  matière  était 
grave,  demandaient  qu'on  consultât  de  nouveau  Elisabeth. 
Walsingham  et  ses  amis  ne  pouvaient  se  rallier  à  cette 
proposition  qui  eût  tout  compromis.  Aussi,  eurent-ils  soin 
de  faire  remarquer  que  la  reine  elle-même  avait  défendu 
qu'on  lui  parl&t  davantage  de  cette  affaire;  que  l'on  savait 
combien  elle  désirait  que  ce  fardeau  fût  déchargé  de  ses 
épaules;  que,  par  suite,  rien  ne  lui  serait  plus  agréable 
que  de  rester  étrangère  aux  mesures  relatives  à  l'exécu- 
tion du  warrant. 

Voici  ce  que  Davison  écrira  plus  tard  dans  son  Apo- 
logie :  <  Le  Conseil  avait  à  rechercher  les  moyens  les 
»  plus  honorables  et  les  plus  convenables  pour  l'envoi 

>  du  warrant.  Il  considéra  que  Sa  Majesté  avait,  en  ce 

>  qui  la  touchait,  déjà  fait  tout  ce  que  l'honneur,  la  loi  et 
»  la  raison  réclamaient  d'elle;  et  il  fut  finalement  résolu 
»  qu'on  enverrait  le  warrant  sans  troubler  davantage 

>  Sa  Majesté.   Vu  la  charge  qui  avait  été  donnée  à 

>  Davison,  on  jugea  qu'il  n'y  avait  pas  lieu,  puisqu'elle 
»  avait  fait,  comme  il  a  déjà  été  dit,  tout  ce  qu'exigeaient 

>  la  loi  et  la  raison,  de  l'en  entretenir  de  nouveau  jus- 

>  qu'à  ce  que  tout  eût  été  achevé.  On  avait  pesé  les  dan- 

>  gereuses  conséquences  qui  auraient  pu  se  présenter  si 


(  674  ) 

»  Sa  Majesté,  à  la  suite  d*une  nouvelle  démarche  sans 
»  résultats,  était  revenue  à  quelque  intention  d'inter- 
»  rompre  ou  d'arrêter  le  cours  de  la  justice.  > 

Des  lettres  avaient  été  préparées  pour  les  joindre  au 
warrant;  mais  Christophe  Hatton  les  trouva  trop  expli- 
cites. Au  lieu  de  prescrire  le  supplice  de  Marie  Stuart,  il 
valait  mieux,  en  termes  généraux,  s'en  référer  à  la  com- 
mission signée  par  la  reine.  Aux  yeux  de  Christophe  Hat- 
ton, c'était  diminuer  la  grave  responsabilité  qu'assumaient 
les  membres  du  Conseil.  On  jugea  aussi  qu'au  lieu  d'y 
maintenir  le  nom  de  cinq  lords  (craignait-on  le  refus  de 
quelques-uns  d'entre  eux?)  il  suflBsait  de  les  adresser  aux 
comtes  de  Kent  et  de  Shrewsbury. 

La  séance  avait  été  interrompue  afln  de  mettre  au  net 
ce  nouveau  texte;  elle  fut  reprise  à  deux  heures, et  la 
rédaction  modifiée  fut  approuvée.  Elle  était  ainsi  conçue  : 


€  Au  comte  de  Kent, 

>  Sa  Majesté  ayant  adressé  au  comte  de  Shrewsbury,  à 
Votre  Seigneurie  et  à  d'autres  sa  commission  signée  de 
sa  main  et  revêtue  du  grand  sceau  d'Angleterre,  pour 
son  service  spécial,  afin  d'assurer  le  salut  de  sa  royale 
personne  et  le  repos  de  tout  le  royaume,  nous  avons  jugé 
convenable  de  vous  faire  parvenir  la  dite  commission 
par  le  porteur  de  cette  lettre,  M.  Robert  Beale,  homme 
digne  de  toute  confiance  et  plein  d'expérience,  afin  qu'il 
la  remette  d'abord  à  Votre  Seigneurie  et  puis  au  comte 
de  Shrewsbury;  et  vous  apprendrez  promptement  par 
lui  quand  Sa  Seigneurie  et  vous-mêtne  vous  pourrez 
vous  réunir  pour  l'exécution  de  la  dite  commission.  En 
attendant.  Votre  Seigneurie  entendra  par  le  porteur  de 
cette  lettre  combien  il  est  nécessaire  que  tout  ce  qui  se 


(  675  ) 

>  fera  reste  secret  :  tel  est  le  motif  pour  lequel  cette 
9  commission  ne  sera  point  remise  aux  autres  lords  qui  y 
»  sont  nommés,  p 

On  lisait  au  bas  de  cette  lettre  les  noms  de  lord  Burleigh, 
du  comte  de  Derby, du  comte  de  Leicester,  de  lord  Howard, 
de  lord  Hunsdon,  de  William  Cobham,  de  Francis  Knollis 
et  de  Christophe  Hatton.  Walsingham  et  Davison  avaient 
signé  les  derniers. 

Une  lettre  conçue  dans  les  mêmes  termes  fut  adressée 
au  comte  de  Shrewsbury.  On  y  avait  ajouté  qu'elle  avait 
été  écrite  à  la  hâte. 

Pour  mieux  cacher  celte  résolution  et  les  mesures  qui 
devaient  en  être  la  conséquence,  on  rédigea,  en  même 
temps,  un  warrant  de  hue  and  cry,  qui  prescrivait,  au  nom 
de  la  reine,  la  sévère  répression  des  troubles  qui  avaient 
éclaté  dans  plusieurs  parties  du  royaume,  notamment  dans 
les  comtés  d'Hertford  et  de  Huntingdou. 

Dès  que  la  délibération  fut  terminée,  Robert  Beale  fut 
introduit.  Burleigh  lui  déclara,  au  nom  du  Conseil,  qu'on 
l'avait  choisi  pour  faire  exécuter  le  warrant,  parce  qu'on 
Je  savait  honnête,  sage  et  digne  de  toute  confiance;  il 
ajouta  que  la  matière  réclamait  une  grande  célérité  et  un 
grand  secret;  car,  si  le  warrant  était  connu,  la  vie  de  la 
reine  d'Angleterre  serait  en  péril.  Il  lui  recommandait 
donc  d'annoncer  que  sa  mission  se  rapportait  unique- 
ment aux  hues  and  cryes  dans  certains  comtés;  on  le 
chargea  eu  même  temps  de  choisir  la  salle  pour  le  sup- 
plice et  de  veiller  à  ce  que  le  corps  fût  embaumé;  on  lui 
indiqua  même,  à  cet  effet,  le  nom  d'un  chirurgien  du  pays. 

Un  ordre  spécial  allait  être  adressé  directement  aq 
sheriff  de  Northamplon  pour  qu'il  se  trouvât  à  Folhe« 
ringay  le  16  février;  mais  Beale,  après  avoir  vu  Powlet, 
devait  remettre  lui-même  les  lettres  qui  étaient  destinées 


(  676  ; 

aux  comtes  de  Kenl  et  de  Shrewsbury.  S'il  rencontrait 
quelque  scrupule  chez  eux,  il  pouvait  leur  déclarer  qu'ils 
n'avaient  rien  à  redouter. 

Beale,  en  ce  moment  suprême,  ne  put  échapper  à  ces 
sentiments  intimes  de  la  conscience,  que  les  passions  et  la 
haine  elle-même  ne  peuvent  étouffer.  Quelle  était  donc 
la  mission  pour  laquelle  il  était  choisi  entre  tous  comme  le 
plus  cruel  et  le  plus  impitoyable?  Et  cet  échafaud  même 
qu'il  allait  élever,  ne  transmettrait-il  pas  à  la  dernière 
postérité  son  nom  couvert  de  honte  à  côté  de  celui  de  la 
victime? 

Burleigh  s'efforça  de  rassurer  Robert  Beale  ;  mais  Beale 
avait  déjà  repris  son  sang-froid.  <  Je  ne  crains  rien  >,  fut 
sa  seule  réponse.  <  Que  pourriez-vous  avoir  à  craindre  ? 
»  interrompirent  Walsingham  et  ses  amis.  Vous  avez  un 
»  ordre  de  la  reine;  vous  connaissez  sa  volonté  :  n*a-t-elle 
»  pas  déclaré  à  Bellièvre  et  à  d'autres  ambassadeurs 
»  qu'elle  ne  pouvait  point  épargner  la  vie  de  la  reine 
»  d'Ecosse?  > 

Sur  ces  paroles,  le  Conseil  se  sépara. 

Le  lendemain,  Davison  étant  arrivé  à  la  cour,  Elisabeth 
s'approcha  de  lui,  le  visage  troublé  des  émotions  de  la 
nuit  :  <  J'ai  eu  un  songe  affreux,  lui  dit-elle;  j'ai  rêvé 

>  qu'on  m'annonçait  l'exécution  de  la  reine  d'Ecosse;  et, 

>  si  en  ce  moment  vous  aviez  été  là,  je  vous  aurais  plongé 
»  une  épée  dans  le  corps.  » 

Davison  se  borna  à  quelques  vaines  paroles  :  le  secret 
des  délibérations  du  Conseil  avait  été  fidèlement  gardé. 

A  l'heure  où  avait  lieu  cet  entretien,  deux  personnages 
suivaient  la  route  de  Londres  à  Fotheringay.  L'un  se 
nommait  Robert  Beale;  l'autre  était  le  bourreau. 


)Q9^ 


(677  ) 


CLASSE  DES  BEA.VX-ARTS. 


■ 

Séance  du  10  twvembre  48S^. 

M.  khsx.  RoBBRT,  vice-directeur,  occupe  le  faoteail. 
M.  Lucre,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Éd.  Fétis,  Alph.  Balat,  le  chevalier 
Léon  de  Borbure,  Ernest  Slingeneyer,  F.-Â.  Gevaert, 
Âd.  Samuel,  Âd.  Pauli,  Godfr.  Guffens,  Jos.  Schadde, 
Joseph  Jaquet,  J.  Demannez,  P.-J.  Clays,  G.  De  Groot, 
Gustave  Biot,  H.  Hymans,  le  chevalier  Edm.  Marchai, 
membres;  Joseph  Stallaert,  Max.  Rooses  et  J.  Rousseau, 
correspondants. 

M.  Chalon,  membre  de  la  Classe  des  lettres,  assiste  à 
la  séance. 

M.  Yerlat  fait  savoir  qu'une  indisposition  Tempéche 
d*y  assister. 

A  l'occasion  de  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
du  27  octobre,  M.  le  directeur  fait  savoir  que  le  nom  de 
M.  P.-J.  Clays  doit  être  ajouté  à  ceux  des  quatre  autres 
membres  de  la  Classe  auxquels  le  Musée  des  Offices,  à 
Florence,  a  demandé  de  lui  envoyer  leurs  portraits,  pour 
être  placés  dans  la  galerie  des  peintres  célèbres. 


3"*  SÉRIE,   TOME   XIV.  45 


(  678  ) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  vicomte  Henri  Delaborde,  associé  de  rAcadémie, 
adresse  un  exemplaire  de  la  Notice  iur  la  vie  et  les  ouvragée 
de  M.  Théodore  Ballu,  architecte,  qu'il  a  lue  comme 
Secrétaire  perpétuel  de  TÂcadémie  des  beaux-arts  de 
riostitut  de  France,  dans  la  séance  publique  annuelle  du 
29  octobre  1887.  —  Remerciements. 

—  M.  Siret  écrit  qu'il  regrette  de  ne  |)ouvoir  se  charger 
d'écrire,  vu  son  état  de  santé,  la  notice  biographique  de  feu 
Nicaise  De  Keyser,  membre  de  la  section  de  peinture. 
—  M.  H.  Hymans,  sur  la  demande  qui  lui  en  est  faite  par 
la  Classe»  s'engage  à  faire  cette  notice. 


RAPPORTS. 
Jugement  du  concours  annuel  (1887). 

Peinture. 

On  demande  le  carton  d'une  frise  décorative,  à  placer  à 
S  mètres  d'élévation,  et  représentant  : 

Les  nations  du  globe  apportant  à  la  Belgique  les  produits 
de  leurs  sciences,  de  leurs  arts  et  de  leur  industrie. 

Les  cartons  (sur  châssis)  devront  avoir  0"',7S(  de  haut 
sur  S'',25  de  développement. 
Prix  :  mille  francs. 
(Ce  concours  sera  national.) 


(  <>79  ) 


La  Classe  des  l)eaux-arts  avait  donné  pour  1887,  comme 
sujet  de  concours  d'arl  appliqué  [peinture),  une  frise  déco- 
rative, à  placer  à  5  mètres  d'élévation  et  représentant  :  Les 
nations  du  globe  apportant  à  la  Belgique  les  produits  de 
leurs  sciences,  de  leurs  arts  et  de  leur  industrie. 

Neuf  cartons  ont  été  soumis  à  son  jugement. 

Cest  en  1849  que  la  Classe  de  beaux-arts  décidait  qu'un 
concours  d*art  appliqué  aurait  lieu  concurremment  avec  le 
concours  littéraire  annuel.  Cette  disposition  a  été  mise  à 
exécution  en  1872. 

Les  résultats  ohienus  depuis  permettent  de  dire  que 
TAcadémie  a  lieu  de  se  féliciter  d'avoir  institué  ce  con- 
cours. 

En  187:2,  M.  Mellery,  en  1874,  M.  Dillens,  en  1879, 
M.  Bourotte,  en  1881,  M.  Broerman  et  en  1883,  M.  Henri 
Evrard,  obtinrent  le  prix.  Plusieurs  des  œuvres  couronnées 
sont  remarquables. 

Cette  année,  les  cartons  soumis  ne  le  sont  pas  moins; 
le  nombre  de  jeunes  artistes  qui  ne  dédaignent  pas  de  se 
livrer  aux  efforts  de  la  pensée  et  de  se  soumettre  à  un 
programme  donné,  augmente  toujours;  il  semble  aussi 
qu'ils  comprennent  mieux  les  règles  et  les  conditions 
qu'exige  la  peinture  monumentale  :  La  clarté  dans  la  dis^ 
position  générale  de  la  composition ,  la  simplicité  dans 
^exécution.  Cependant  plusieurs  encore  ne  paraissent  pas 
se  douter  qu'il  faut  se  dépouiller  des  ressources  dont  on 
peut  user  avantageusement  dans  un  tableau  de  chevalet  : 
effets  de  perspective,  plans  multiples,  profondeurs,  ombres 
et  raccourcis,  toutes  qualités  qui  sont  déplacées  dans  une 
peinture  décorative  et  qui  nuisent  à  l'architecture,  qu'elle 


I 
\ 


(  680  ) 

est  appelée  à  compléter  et  à  embellir;  les  modelés  trop 
accentués  labourent  la  muraille  et  détruisent  l'harmonie 
du  monument  auquel  la  frise  mise  au  concours  est  censée 
être  destinée. 

Peu  de  concurrents  ont  tenu  compte  de  la  hauteur  à 
laquelle  elle  devrait  être  placée;  il  aurait  fallu  plus  de 
fermeté  dans  les  contours  pour  qu'on  pût,  à  cette  distance, 
distinguer  les  figures  et  les  accessoires.  Quelques-uns  des 
cartons  prouvent  cependant  que  ces  règles  ne  sont  pas 
inconnues  à  leurs  auteurs. 

Le  concurrent  qui  a  obtenu  le  premier  prix,  M.  Midde* 
leer,  a  le  mieux  compris  le  programme  donné,  et  a  démon- 
tré qu'il  n'ignore  pas  les  conditions  que  nécessite  ce  genre 
de  peinture.  La  Classe  a  été  unanime  à  lui  accorder  cette 
récompense. 

Sa  composition  est  simple  et  tranquille;  la  lumière  esl 
large  et  également  distribuée;  ses  figures  se  détachent 
bien  les  unes  des  autres;  mais  généralement  les  types 
manquent  de  caractère  et  de  beauté,  les  draperies  sont 
négligées  et  arrangées  sans  goût;  la  Belgique  surtout 
pèche  par  là. 

Néanmoins,  ce  dessin  pourrait  être  exécuté  avantageu- 
sement en  y  faisant  quelques  corrections.  Je  me  borne  à 
parler  de  quelques  caractères  généraux  de  cette  œuvre, 
sans  entrer  dans  d'autres  détails,  sans  demander  des  chan- 
gements désirables;  et  je  ferai  de  même  pour  les  autres 
concurrents  dont  les  noms  nous  sont  restés  inconnus. 

Celui  qui  a  pour  devise  ;  Bramo  assai,  pocco  spero,  a 
envoyé  une  des  meilleures  compositions;  le  sujet  est  clair, 
les  groupes  sont  bien  disposés,  et  certaines  figures  sont 
réussies  comme  pose  et  comme  caractère;  elles  sont  géné- 
ralement bien  dessinées;  l'effet  général  est  large  et  bien 
entendu;  la  figure  de  la  Belgique  n'est  pas  heureuse. 


(681  ) 

Le  carton  peindre  et  dessiner  toujours  est  également 
bien  composé;  les  groupes  sont  parfaitement  disposés,  les 
nations  sont  bien  caractérisées;  la  Belgique  est  la  figure 
la  moins  réussie.  L^auteur  s'est  attaché  trop  aux  détails, 
son  dessin  manque  d'ampleur  et  de  fermeté. 

Celui  qui  porte  pour  devise  •  a  un  ensemble  dur  et 
noir,  ce  qui  fait  paraître  les  figures  d'autant  plus  raides  et 
ainsi  leur  ôte  le  mouvement.  Sa  composition  est  heureuse, 
le  groupe  de  droite  est  charmant  et  disposé  avec  goûL 
Malheureusement  la  figure  de  la  Belgique  est  manquée. 

Saptenaa  a  également  une  bonne  composition,  parfaite- 
ment équilibrée;  les  groupes  sont  savamment  disposés, 
l'action  est  claire  et  vraie.  C'est  celui  qui  a  la  meilleure 
figure  de  la  Belgique;  mais  le  dessin  est  médiocre. 

Deux  compositions  pleines  de  vie  et  de  mouvement  sont 

signées:  pour  far/,  et   /\  .  Elles  dénotent,  de  la  part  des 

auteurs,  de  vrais  tempéraments  de  peintre,  réellement 
flamands;  mais  aucune  des  deux  ne  répond  au  programme, 
aux  exigences  d'une  décoration  monumentale  ;  le  premier^ 
au  lieu  d'une  frise,  en  a  fait  un  plafond,  et  le  second  s'est 
tellement  préoccupé  de  l'effet  et  du  modelé  qu'à  une  cer- 
taine distance  on  ne  peut  plus  deviner  la  silhouette  d'une 
figure.  Le  dessin  et  le  caractère  manquent  absolument 
dans  ces  deux  cartons.  Je  n'insisterai  pas  sur  les  deux 
autres  cartons,  dont  l'un  est  par  trop  novice  et  l'autre 
trop  fantastique. 

En  résumé,  les  résultats  obtenus  dans  ce  concours  sont 
satisfaisants,  mais  il  est  évident  que  le  sentiment  du  beau 
n'est  pas  très  développé  chez  les  concurrents;  aucune 
figure  de  la  Belgique  n'a  la  grandeur,  ni  la  dignité  dési- 
rables; chez  tous,  le  type  est  banal,  et  l'arrangement  des 
draperies  est  sans  caractère,  sans  goût;  ce  qui  dénote  chez 


:  682  ) 

eux  Tabsence  complète  de  Félude  sérieuse  des  productions 
de  l'art  ancien  et  de  la  Renaissance. 

En  terminant  je  fais  des  vœux  pour  que  le  goût  de  la 
peinture  murale  se  développe  chez  nous;  c*est  le  genre  le 
plus  propre  à  former  des  artistes  sérieux,  et  poar  lequel 
ils  sont  obligés  d'acquérir  des  connaissances  diverses,  de 
se  pénétrer  de  Tordonnance  d'un  monument,  d'en  faire 
ressortir  les  proportions,  outre  la  science  de  la  composi- 
tion du  dessin  et  de  la  couleur. 

Je  fais  également  des  vœux  pour  que  le  Gouvernement 
continue  à  soutenir  ce  grand  art,  et  pour  qu'il  se  propage 
chez  les  particuliers.  Quelle  immense  ressource  ce  serait 
pour  les  artistes! 

COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 

La  Classe  reprend  l'examen  de  la  revision  du  règlement 
des  grands  concours  pour  les  arts  graphiques  et  plastiques. 

L'assemblée  décide  que  la  commission  pour  les  Prix  de 
Rome  se  réunira  avant  la  prochaine  séance  de  la  Classe 
des  beaux-arts,  afin  de  s'occuper  des  différentes  questions 
soulevées  par  M.  Stallaert  dans  une  note  qui  a  été  impri- 
mée et  communiquée  aux  membres. 

Cet  objet  sera  porté  à  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine 
séance. 

—  La  Classe  se  constitue  ensuite  en  comité  secret  pour 
prendre  connaissance  de  la  liste  des  candidatures  aux 
places  vacantes  arrêtées  par  les  sections  de  peinture»  de 
gravure,  d'architecture  et  des  sciences  et  des  lettres  dans 
leurs  rapports  avec  les  beaux-arts. 


(  683  ) 


OUVRAGES  PRESENTAS. 


Plateau  {Félix).  —  Observations  sur  les  mœurs  du  Buniulus 
GCTTULATus,  Bosc,  et  expëricDces  sur  la  perception  de  la 
lumière  par  ce  myriopode  aveugle.  Bruxelles,  1887;  extr. 
in-S*"  (4  pages). 

Leboucq  {ff,)  —  L'apophyse  styloîde  du  3*  métacarpien 
chez  rbomme.  Gand,  i887;  extr.  in-8*  (i5  pages). 

Tahon  {Victor).  —  Les  origines  de  la  métallurgie  au  pays 
d'£ntre-Sambre-et-Meuse.  Mons,  1886;  in-8''  (46  pages). 

Matthieu  (Ernest),  —  Surprise  de  la  ville  d*Avesnes  par  les 
Français  en  1523.  Douai,  1887;  in-8®  (15  pages). 

—  Nécrologie  :  Louis-Âlphonse-Joseph  Petit.  In-8*  (6  pages). 

—  Thomas  Tordcur,  fondeur  nivellois.  1887;  in -8*  (5  pages). 
Ba8telaer{D.'A,  Van).  —  Mémoires  archéologiques,  tome  IV. 

Mons,  1886;  vol  in-8^ 

Sehiffers.  -^  Du  traitement  du  catarrhe  du  sinus  maxillaire. 
Bordeaux,  1887;  extr.  in-8®  (8  pages). 

Mohge  {Lion  de).  —  Études  morales  et  littéraires.  Épopées 
et  romans  chevaleresques  :  I,  les  Niebclungen;  la  Chanson  de 
Roland;  le  Poème  du  Cid.  Bruxelles,  1887;  voL  pet  in-8*. 

Deruyts  {Jacques),  —  Développements  sur  la  théorie  des 
formes  binaires.  Bruxelles,  1887;  extr.  in-8''  (28  pages). 

—  Sur  la  représentation  des  involutions  unicursales. 
Bruxelles,  1887;  extr.  in-8<'  (26  pages). 

—  Sur  certains  systèmes  de  polynômes  associés.  Bruxelles, 
1887;  extr.  in-8''  (14  pages). 

Bollandistes  (les).  —  Acta  sanctorum  novembris,  tomus  I 
quo  dics  primus,  secundus  et  partim  tertius.  Paris,  Bruxelles, 
1887  ;  vol.  gr.  in-4*. 

De  Saegher  {E.)  et  Bartholeyns  {Éloî).  —  Histoire  populaire 
de  Schaerbeek.  Schacrbeek,  1887:  in-8<'  (216  pages,  plans  et 
gravures). 


(  684) 

Cercle  hutois  des  sciences  et  beauxHirts.  —  Annales,  tome  Y 11^ 
livraisons  i-3.  Huy,  1887;  3  br.  in-8^ 

Stiemet  {J.-B.).. —  La  littérature  française  au  XVII*  sièele  : 
Essais  et  notices  avec  une  introduction  (Moyen  âge  et 
XVP  siècle).  Bruxelles,  Paris,  1887;  vol.  in-8% 

Souillart  {M.),  —  Théorie  analytique  des  mouvements  des 
satellites  de  Jupiter,  â*  partie.  Paris,  1887  ;  voL  in-4^ 

Institut  cartographique  militaire.  -—  Triangulation  du 
royaume  de  Belgique,  tome  VI,  1^  fascicule.  Bruxelles,  1887; 
voL  in-4*. 

Institut  archéologique  du  Luxembourg.  —  Annales,  t  XOL 
Arlon,  1887;  vol.  in-8^ 


Allemagne  et  Autriche-Hongrie. 

Verein  fur  Naturwissenchaft  zu  Braunschweig. —  5.  Jahres- 
bericht,  1886-87.  in-8*. 

Naturhistorischer-medieinischer  Verein  zu  Beidelberg.  — 
Verhandlungen,  neue  Folge,  4.  Band,  1887;  in-8*. 

Statistischer  Landesamt.  —  Jahrbûcher.  —  Wûrttem- 
bergische  Vierteljahrshefte  fur  Landesgeschichte,  1886.  In-4*. 

Nassauischer  Verein  fur  Naturkunde.  —  Jahrbûcher,  Jahr- 
gang  40.  Wlesbade,  1887;  vol.  in-8^ 

Naturforschende  Gesellschaft  in  Bamberg,  —  XIV.  Bericht, 
1887.  In-8». 

Geodàtischer  Institut,  Berlin.  —  Prâclsions-Nivellementder 
Elbe,  3.  Mittheilung.  ln-4^ 

Universiiài  zu  Kiei.  —  Schriften  aus  dem  Jahre  1886-87. 
49  br.  io-8'  et  in-4*. 

Ministerium  fur  Landwirtschaft,  etc,  —  5*'  Bericht  der 
Rommission...  der  deutschen  Meere  (i  882-86),  XII-XVK  Jahi^ 
gang.  Berlin,  1887;  vol.  in-4**. 

—  Ergebnisse  der  Beobachtungsstationen  an  den  deutschen 
Kûsten  liber  die  physikalischen  Eigenschaften  der  Ostsee, 
und  Nordsee,  1886.  Berlin,  1887;  in-4<>  oblong. 


(  685  ) 

Ac€ulémîe  des  Sciences  de  Hongrie^  Budapest.  —  Âlinannch, 
-1887.  ÂDDuaire,  XVII,  4.  Bulletin  de  PÂcadémie,  1886,  5-7; 
1887,1,2,5.  Nécrologues,  IV,  2-5.  Rapports  de  la  section 
philologique,  XIII,  5, 4et  6-12.  Phonétique,  relative  spécia- 
lement k  la  langue  hongroise.  Archives  des  anciens  poètes 
hongrois,  V.  Mémoires  philologiques,  XX,  I,  2.  Fragments  de 
poésie  populaire  des  Votjaks.  Rapports  de  la  section  histo- 
rique, XIII,  2, 4,  5,  Rapports  de  la  section  des  sciences  poli- 
tiques, VIII,  7-10;  IX,  i.  L'infraction  consommée  et  la  tenta- 
tive,  Fauteur  matériel  et  la  complicité,  II.  L'élection  d'Etienne 
Bathory,  roi  de  Pologne.  La  famille  du  comte  de  Bercsényi,  If. 
Defters  du  fisc  turc  en  Hongrie,  I.  Monumchtu  Comiliorum 
Transilvàniœ,  XI.  Aperçus  politiques  et  correspondances  de 
Jean  Rimay  d'Alsé-Sztregova  et  de  Rima.  Codex  diplom.  Hun- 
garicus  Andegavensis,  V  (1347-1552).  Documents  pour  servir 
i  l'histoire  diplomatique  de  Gabriel  Bethlen.  Mémoires  archéo- 
logiques, vol.  XV.  Bulletin  archéologique,  VI,  3, 4,  5;  VII,  1,2. 
Rapports  de  la  section  des  sciences  naturelles,  XV,  19;  XVf, 
i-6;  XVII,  1.  Rapports  de  la  section  mathématique,  XIII,  1,2. 
Bulletin  des  sciences  naturelles  et  mathématiques,  IV,  7-f); 
V,  1-5.  Mémoires  des  sciences  naturelles  et  mathématiques, 
XXI,  2-5.  Annuaires  militaires  hongrois,  I.  Ungarische  Revue, 
1887, 1-7.  Naturwissenschaftliche  Berichte,  IV. 


Amérique. 

Baxter  {Sylvester).  —  Morse  collection  of  japanese  pottery. 
Salem,  1887;  in-4*  (16  pages,  4  planches). 

Coni  {D'  Em.'R,).  —  Progrès  de  Thygiène  dans  la  Répu- 
blique argentine.  Paris,  1887;  vol.  gr.  ln-8*^  (2G5  p.  avec  pL). 

U.  5.  geological  Survey,  Washington.  —  6***  annual  report, 
1884-85.  Washington;  in-i*. 

Signal  office^  Washington.  —  Tri-dailly  meteorological 
Record,  January-april  1878-1884;  4  vol.  in-4»  oblongs. 

3"'   SÉRIE,   TOME   XIV.  46 


(  C86  ) 

Essex  InstUute.  —  Balletin,  vol.  XVIII,  1886.  In -8% 
Acculemy  of  sciences^  San-Francisco. —  Bulletin,  11,  6, 1887» 

In-8\ 

République  Argentine.  —  Primer  eenso  gênerai  de  la  Pro- 

vincia  de  Santa-Fé.  Censo  de  las  eseuelas  correspondente  a 

fines  de  1886  y  principios  de  1887.  Buenos-Ayres,  1887; 

In- 4*. 


France. 

Delaborde  [Henri).  —  Notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
M.  Théodore  Ballu.  Paris,  1887;  in-4^ 

Guimet  (Emile).  —  Sécurité  dans  les  théâtres.  Lyon,  1887; 
vol.  in-8*. 

Guecia  (G.-B.),  —  Théorème  sur  les  points  singuliers  des 
surfaces  algébriques.  Paris,  1887;  cxtr.  in-i*"  (3  pages). 

Polybiblion,  —  Revue  bibliographique  universelle  :  partie 
littéraire  et  partie  technique  pour  1887.  Paris;  in-8'*. 

Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Chàlons-sur-Saône.  -— 
Mémoires,  t.  Vil,  1885-86.  \n-A\ 

Société  archéologique  et  historique  du  Limousin.  —  Bulletin, 
t  XXXIV.  Limoges,  1887;  in-8% 

Société  des  antiquaires  de  la  Morinie.  —  Mémoires,  t.  XX. 
Saint-Omcr,  1887;  vol.  in-8«. 

Académie  des  sciences^...  de  Rouen.  —  Précis  analytiques, 
1885-86.  Rouen,  1887;  vol.  in  8^ 

Société  des  amis  des  sciences  naturelles,  Rouen.  —  Bulletin, 

1886,  2'  semestre.  In-8^ 

Société  libre  d'émulation,  Rouen.  —  Bulletin,  1886-87, 
i"  partie.  In-8'. 

Académie  de  Stanislas,  Nancy. —  Mémoires,  5'  série,  t.  IV. 
In-8'. 

Société  des  antiquaires  de  Picardie.  —  Bulletin,  1886,  :2-4; 

1887,  1.  Mémoires,  5-  série,  t.  IX.  Amiens,  1887;  inS*. 


(  687  ) 

École  polytechnique^  Paris,  —  Journal,  56'  cahier.  Paris, 
1886;  in-4% 

Académie  des  sciences  d*Arras.  —  Mémoires,  2*  série, 
t.  XVil.  Arras,  i887;  vol.  în-8*. 

Société  académique  indo-chinoise.' —  Bulletin,  2*  série, 
t  !•%  <88i.  Paris,  1882;  vol.  in-8». 

Académie  de  législation  de  Toulouse.  —  Recueil,  1885-86. 
ln-8*. 

Société  des  antiquaires,  Paris.  —  Mémoires,  5*  série,  t.  VI. 
—  Bulletin,  4885;  2  vol.  in-8^ 

Société  des  sciences  de  Nancy,  —  Bulletin,  4886;  in-8'. 


Grande-Bretagne,  Irlande  et  Colonies  britanniques. 

Browning  [Oscar).  —  England  and  Napoléon  In  4805  being 
the  despatches  of  lord  Whitworth  and  others,  now  first 
printed  from  the  originals  in  the  Record  Office.  Londres. 
1887;  vol.  in-8''  (Historical  Society) 

Cotes  {E.'C.)  and  Swinhoe  (C).  —  A  catalogue  of  the  moths 
of  India,  pt  1,  Sphinges.  Calcutta,  1887;  in-S""  (40  pages). 

Edinburgh  geological  Society.  —  Transactions,  V^  3.  In-8*. 

Philosophical  Sodety  of  Glasgow, — Proceedings,  vol.  XVIII, 
4886-87.  In-8^' 


Italie. 


Accademia  Virgiliana  di  Mantova  —  Atti  e  memorie, 
1885-87.  In-8». 

Osservatorio  di  Brera  in  ifiïano.— Pubblicazioni,n*XXXI  : 
Azimut  assoluto  del  segnalc  trigonometrico  del  monte  Palan- 
zone  sull  *orizonte  di  Milano.  Milan,  4887;  in-4*. 


{  688  ) 


Pats-Bas. 

• 

Vollgra/f  {J,'C,y  —  M  Tvllii  Ciceronis  pro  M.  Caelio  oratio 
ad  ivdices.  Leyde,  1887;  în-8''  (96  pages). 

Vwrsterman  Van  Oyen  (A, -A,).  —  Joost  Van  dco  Vondel  en 
zijn  nageslacht.  La  Haye,  1867;  in-48  (22  pages). 

Fondation  Teyler,  • —  Catalogue  de  la  Bibliothèque,  5*  et 
6*  livr.  —  Archives  du  Musée,  vol.  III,  l'"*  partie.  3  cah.  in-8*. 

Natuurkundige  Vereeniging  in  Nederlandsch  Indië.  — 
Tijdschrift,  deel  XLVI  Batavia,  1887;  in-8*. 


Pats  divers. 

Université  d'UpsaU  —  Thèses  inaugurales  et  dissertations, 
1886.  Arsskrift,  1886.  25  br.  et  vol.  in-8<'  et  in-4^ 

Instituto  y  Observatorio  de  Marina  de  San^Fernando.  — 
Almanaque  nautico  para  1888  y  1889.  2  vol.  gr.  in-8*. 

Instituto  geografico  y  estadistico.  —  Memorias,  tomo  VI. 
Madrid,  1886;  vol.  in-8\ 

—  Mapa  topogrâfico  de  Espana,  en  escala  de  1/50000,  bajo 
la  direccion  del  senor  don  Carlos  (Ibanez  ë  Ibaâez  de  Ibero) 
n"*  602,  627,  628»  655,  656,  659,  683-86.  Madrid,  1885; 
in- piano. 


BULLETIN 


DR 

I 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DBS 


LKTTRGS  ET  DES  BEADX-ARTS  OK  BELGIOUE 


4887.  —  No  42. 


CLASSE  DES  SCIENCES. 


Séance  du  5  décembre  4887. 

M.  J.  De  Tilly,  directear  et  président  de  l'Académie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Fr.  Crépin,  vice-directeur;  J.-S. 
Stas,  P.-J.  Van  Beneden,  le  baroa  Edm.  de  Selys  Long- 
champs,  J.  G.  Hoazeau,  H.  Maus,  E.  Candèze,  Ch.  Mon- 
tigny,  Brialmont,  Éd.  Van  Beneden,  G.  Malaise,  F.  Folie, 
Briart,  F.  Plateau,  Éd.  Mailly,  Gh.  Van  Bambeke,  Alf.  Gil- 
kinet,  G.  Van  der  Mensbrugghe,  W.  Spring,  Louis  Henry, 
M.  Mourlon,  membres;  E.  Gatalan,  Gh.  de  la  Vallée  Poussin, 
associés;  Paul  Mansion,  A.  Renard,  P.  De  Heen  et  G.  Le 
Paige,  correspondants. 

3*'  SÉRIE,  TOME  XIV.  47 


(  690  ) 

M.  le  directeur  donne  lecture  d'un  arrêté  royal  du 
29  novembre  dernier,  par  lequel  le  prix  quinquennal  des 
sciences  naturelles,  pour  la  période  188S-1 886,  est  décerné 
à  M.  Edouard  Van  Beneden  pour  son  ouvrage  intitulé  : 
Recherches  sur  la  maturation  de  Cœuf^  la  fécondation,  et 
la  division  cellulaire. 

C'est  la  seconde  fois,  fait  remarquer  M.  De  Tilly,  que 
notre  confrère  remporte  cette  distinction  honorifique;  le 
prix  de  la  période  1872*1876,  lui  avait  été  attribué  pour 
ses  Travaux  d'analomie  comparée^  d'histologie^  et  pour 
l'impulsion  qu'il  a  donnée  à  celte  branche  des  sciences. 

D'un  autre  côté,  ajoute  M.  De  Tilly,  j'ai  le  plaisir  d'an- 
noncer à  la  Classe  que  notre  confrère  vient  d'être  élu  cor- 
respondant de  l'Académie  royale  de  Berlin.  Je  serai  cer- 
tainement l'interprète delaClasse  en  félicitant  M.Ëdouard 
Yan  Beneden  pour  ces  nombreux  succès,  dont  Thonneur 
rejaillit  sur  l'Académie  tout  entière.  —  Applaudissements. 

M.  Edouard  Van  Beneden  remercie  M.  le  directeur  pour 
les  félicitations  qu'il  a  bien  voulu  lui  adresser,  il  remercie 
aussi  ses  confrères  pour  l'accueil  bienveillant  qu'ils  ont 
fait  aux  paroles  de  H.  le  directeur.  —  Applaudissements. 


CORRESPONDANCE. 


Le  Gouvernement  anglais  offre  à  l'Académie,  par  les 
soins  de  M.  John  Murray,  la  suite  des  Challenger  Reports; 
Zoologie,  vol.  XX,  XXI,  première  et  deuxième  parties,  et 
vol.  XXII,  4  volumes  in-4''.  —  Remerciements. 


(  691  ) 

—  M.  Dormal,  de  Gembloux,  demande  à  rentrer  en  pos- 
session d*un  billet  cacheté,  déposé  par  lui  dans  les  archives 
de  PAcadémie  le  4  juin  de  cette  année.  —  Accordé. 

—  Hommages  d'ouvrages  : 

1®  Description  des  fossiles  du  calcaire  grossier  de  Mons, 
4^  et  dernière  partie;  par  Briart  et  Cornet; 

2*"  Compte  rendu  de  l'excursion  de  la  Société  malacolo- 
gique  :  noie  sur  la  structure  des  dunes;  par  A.  Briart; 

3®  Expérience  detant  servir  à  l'explication  de  la  vertu 
curativede  l'hypnotisme  ;  par  J.  Delbœuf; 

4**  Annuaire  populaire  de  Belgique  pour  l'année  1888, 
4^  année;  par  J.  C.  Houzeau; 

5*  Troisième  note  sur  les  observations  des  coups  de  foudre 
en  Belgique;  par  F.  Evrard  (présenté  par  M.  Folie); 

6^  Flora  Brasiliensis,  fasciculus  C  :  Melastomaceae  II  b; 
par  A.  Cogniaux.  —  Remerciements. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

{""  A  new  philosophy,  par  John  Barker  Smith.  — Com- 
missaire :  M.  Houzeau; 

2°  Becherches  sur  les  causes  probables  de  l'explosion 
d'un  récipient^  etc.,  et  Nouvelles  tables  des  pressions,  den^' 
site  et  vitesse  de  sortie  de  la  vapeur,  etc.;  par  Delaurier. 
—  Commissaire  :  M.  Spring; 

3®  Sur  un  nouveau  glucoside  azoté  retiré  du  <  Linum 
usiTATissiMUM  >;  par  A.  Jorissen  et  E.  Hairs.  —  Commis- 
saires :  MM.  Stas  et  Gilkinet; 

A"*  Notice  sur  les  Mélastomacées  austro-américaines  de 
M.  Éd.  André;  par  Alfred  Cogniaux.  —  Commissaire  : 
M.  Crépin. 


(  692  ) 


ÉLECTIONS. 


La  Classe  procède  à  Télection  de  sa  Commission  spé- 
ciale des  finances  pour  Tannée  1888  :  MM.  Gluge,  Mailly, 
Maus,  Montigny  et  P.-J.  Van  Beneden,  membres  sortants, 
sont  réélus. 


JUGEMENT  DU  CONCOURS  ANNUEL  (1887). 

La  Classe  entend  la  lecture  des  rapports  suivants  : 

l""  De  MM.  Spring,  Van  der  Mensbrugghe  et  Stas,  sur 
le  mémoire  portant  pour  devise  :  Numeri  regunt  mundum, 
relatif  à  Técoulemenl  des  liquides; 

2^  De  MM.  Van  Bambeke,  Éd.  Van  Beneden  et  Plateau, 
sur  le  mémoire  Trado  quœ  potui,  relatif  au  développement 
embryonnaire  d'un  mammifère. 

La  Classe  statuera  dans  sa  prochaine  séance  sur  les 
conclusions  de  ces  rapports.  Les  mémoires  restent  déposés 
à  Tinspection  des  membres  qui  voudront  en  prendre 
connaissance;  les  rapports  seront  imprimés  et  distribués. 


RAPPORTS. 

MM.  Van  Beneden  père  et  fils,  et  Plateau,  émettent  leur 
avis  sur  la  requête  de  M.  Pergens,  tendant  à  pouvoir  occu- 
per, pendant  Tannée  1888,  la  table  belge  de  la  station 
zoologique  à  Naples. —  Cet  avis  sera  communiqué  au  Gou- 
vernement. 


(  693  ) 

—  M.  Houzeau  donne  lecture  de  son  rapport  sur  un 
travail  de  M.  B.-G.  Jenkins  :  On  forecasting  the  tveather. 

Sur  la  proposition  de  M.  Houzeau^  ce  travail  est  accepté 
à  titre  de  conamunication  d'attente. 


Sur  quelques  dérivés  nouvea  ux  de  l  alcool  heptylique  normal^ 
comparés  à  leurs  homologues;  par  G.  Winssinger. 

<  Il  y  a  quelques  mois,  M.  C.  Winssinger  a  communiqué 
à  TAcadémie  le  résultat  de  recherches  qu'il  avait  entre- 
prises sur  quelques  dérivés  du  propane;  aujourd'hui,  com- 
plétant son  étude,  il  s'occupe  de  plusieurs  dérivés  nouveaux 
de  l'alcool  heptylique  normal,  dérivés  qu'il  a  préparés  sur- 
tout en  vue  de  procéder  à  une  étude  comparée  des  pro- 
priétés physiques  et  chimiques  des  corps  appartenant  à 
des  séries  homologues  déterminées. 

Après  avoir  fait  connaître  le  mode  de  formation  et  les 
propriétés  spéciales  de  Valcool  heptylique  normal^  du  chlo^ 
rure  de  heplyle^  du  mercaptan  heptylique  y  du  sulfure, 
de  l'oxysulfure,  du  sulfone  et  de  V acide  sulfonique  hepty- 
liquey  tous  corps  nouveaux,  à  l'exception  de  l'alcool  et  du 
chlorure^  l'auteur  expose  des  considérations  générales  sur 
les  séries  homologues  auxquelles  appartiennent  les  dérivés 
sulfurés  heptyliques.  Ces  considérations  font  connaître  la 
raison  de  ce  travail  et  lui  donnent  sa  valeur  scientifique. 
Elles  contribueront,  en  effet,  à  faire  mieux  connaître  la 
loi  de  l'évolution  des  propriétés  physiques  et  chimiques 
des  corps  à  travers  les  diverses  espèces  d'un  genre  com- 
mun. Ainsi,  après  avoir  défini  une  fonction  chimique 


(  694  ) 

générale,  à  laquelle  il  donne  le  nom  très  clair  dUntensité 
réactionnelle^  il  montre  que  le  caractère  chimique  des 
combinaisons  heptviiques  doit  être  considéré  comme  le 
développement  de  propriétés  dont  la  trace,  ou  l'origine,  se 
trouve  déjà  dans  les  termes  inférieurs  de  la  série  où  figure 
le  beptyle. 

Par  exemple,  la  propriété  des  sulfhydrates  d'abandonner 
facilement  de  Tacide  sulfbydrique,  pour  devenir  des  sul- 
fures, n'apparaît  pas  brusquement  chez  le  mercaptan  hep- 
tylique,  mais  ce  pouvoir  se  retrouve  dans  ses  homologues 
inférieurs,  à  des  degrés  d'autant  plus  prononcés  qu'ils  sont 
plus  voisins  de  ce  groupe  heptyle. 

L'ensemble  des  remarques  faites  par  l'auteur  établit,  en 
résumé,  que  la  tendance  à  la  formation  de  corps  variés,  ou 
multiples,  diminue  de  plus  en  plus  à  mesure  que  s'accroît, 
dans  une  molécule,  Faccumulation  des  groupes  CH^ 

On  peut  rapprocher  de  cette  observation  cette  autre,  que 
ce  sont  généralement  les  corps  à  poids  atomique  faible 
qui  présentent  le  plus  d'activité  chimique,  ou,  pour  me 
servir  du  terme  proposé  par  l'auteur  :  le  plus  d'intensité 
réaclionnelle. 

Le  travail  de  M.  Winssinger  a  été  exécuté  avec  grand 
soin;  on  y  retrouve  la  marque  de  l'exactitude  scrupuleuse 
qu'il  a  apportée  aux  recherches  que  l'Académie  connaît 
déjà.  Je  n'en  doute  pas,  les  résultats  numériques  qu'il  con- 
tient seront  reconnus  comme  exacts.  En  conséquence,  j'ai 
l'honneur  de  proposer  à  la  Classe  d'insérer  ce  travail  dans 
le  Bulletin  et  d'engager  l'auteur  à  continuer  ses  laborieuses 
recherches.  > 

M.  Stas  s'est  rallié  aux  conclusions  du  rapport  précé- 
dent. —  Adopté. 


(  698  ) 


Sur  la  nature  minérale  des  silex  de  la  craie  de  NoU'- 
velleSf  et  contribution  à  l'étude  de  leur  formation;  par 
Â.-F.  Renard  et  C.  Klément. 


C  Le  mémoire  présenté  à  la  Classe  par  MM,  Renard  et 
Klément  traite  de  la  composition  chimique,  de  la  consti- 
tution minéralogique  et  du  mode  de  formation  des  silex 
compris  dans  la  subdivision  créée  par  MM.  Briart  et  Cornet 
dans  le  système  crétacé  du  Hainaut,  sous  la  désignation  de 
craie  de  Nouvelles.  Quoique  ce  travail  n'aborde  qu'une 
place  limitée  de  la  période  crétacée  du  Hainaut,  les  auteurs, 
avec  raison,  d'après  nous,  l'ont  fait  précéder  de  Thistorique 
plus  ou  moins  détaillé  des  opinions  émises  jusqu'à  présent 
sur  l'importante  question  de  l'origine  des  silex  de  la  craie. 
Ils  résument,  en  accordant  une  part  à  la  critique,  les  doc- 
trines et  les  hypothèses  qui  se  réclament  notamment 
d'Ehrenberg,  de  Bischof,  de  Lyell,  de  Wyville-Thomson, 
de  Wallich,  de  Solas,  de  Julien.  La  solution  du  problème 
serait  d'une  telle  portée  en  géologie,  qu'on  s'explique  les 
nombreux  travaux  qu'on  lui  a  consacrés  dans  ces  dernières 
années. 

En  eflet,  Tassociation  intime  des  formations  siliceuses 
et  calcédonieuses  à  des  calcaires  et  à  d'autres  sédiments 
marins  encombrés  de  restes  organiques,  n'est  pas  un  fait 
propre  à  la  période  crétacée.  Il  se  répète,  et  souvent  sur 
la  plus  grande  échelle,  dans  le  Jura  supérieur,  dans  le 
Muschelkalk,  dans  le  calcaire  carbonifère,  dans  les  cal- 
caires sénoniens  et  siluriens  de  plusieurs  pays.  Il  est  établi 


(  696  ) 

que,  dans  un  grand  nombre  d'étages  de  la  série  sédimen- 
taire,  des  bancs  calcaires  incontestablement  zoogènes  sont 
entrelacés  à  des  produits  siliceux  qui,  d'après  toutes  les 
analogies,  dérivent  également  des  organismes.  C'est  ce 
qu'ont  admis  depuis  longtemps  beaucoup  d'observateurs, 
mais  sans  l'appuyer  de  preuves  suffisantes  et  avec  des  vues 
divergentes.  Si  Ton  obtenait,  par  l'observation  de  la  craie 
blanche  sénonienne,  une  démonstration  de  co  mode  d'ori- 
gine et  de  son  processus^  elle  conduirait  probablement  à 
l'explication  de  beaucoup  de  roches  siliceuses  à  grains  fins 
déposées  dans  les  mers  anciennes  en  bancs  puissants  et 
sans  mélange  avec  le  calcaire;  telles  que  les  KieseUchiefer^ 
par  exemple,  qui  sont  encore  une  énigme  lithologique. 

MM.  Renard  et  Klément  ont  étudié  les  silex  de  la  craie 
de  Nouvelles  par  l'analyse  chimique  et  à  l'aide  du  micro- 
scope. Ils  y  distinguent  un  mélange  de  silice  anhydre  cris- 
talline et  de  silice  amorphe  colloïde.  Ils  consignent  leurs 
propres  expériences,  confirmant  celles  de  Rammeisberg, 
qui  montrent  que  la  séparation  des  deux  modes  de  la  silice 
dans  une  agrégation  qui  les  renferme  tous  les  deux,  ne  peut 
s'effectuer  sûrement  par  l'emploi  d'une  solution  de  potasse 
chaude,  celle-ci  attaquant  toujours  la  silice  cristalline  pro- 
portionnellement à  la  durée  de  l'opération.  C'est  pourquoi 
ils  s'en  rapportent  aux  poids  spécifiques,  qui  sont,  comme 
on  sait,  notablement  différents  pour  la  silice  anhydre  et 
pour  la  silice  à  l'état  d'opale. 

Le  poids  spécifiqne  des  silex  de  Nouvelles  (S,606),  très 
peu  inférieur  à  celui  du  quartz,  montre  que  la  silice  col- 
loïde n'y  joue  qu'un  rôle  très  subordonné.  La  perte  au  feu, 
assez  faible,  qu'éprouvent  ces  silex  aboutit  à  la  même  con- 
clusion. Elle  ressort  également  de  l'examen  de  nombreuses 
plaques  minces  par  le  microscope  polarisant.  Les  deux 


(  697  ) 

auteurs  ont  reconou  entre  niçois  croisés  une  polarisation 
d'agrégat  dérivant  de  grains  biréfringents,  entre  lesquels 
est  interposée  une  petite  proportion  de  substance  isotrope 
atlribuable  à  la  silice  colloïde. 

D'un  autre  côté,  le  microscope  révèle,  dans  ces  mêmes 
silex,  d'innombrables  spicules  de  spongiaires.  On  constate 
qu'autour  des  spicules,  comme  dans  leur  canal  axial,  la 
silice  s'est  déposée  le  plus  souvent  à  rétat  de  calcédoine. 
D'où  cette  conclusion,  que  les  spicules  sont  devenus,  après 
la  disparition  de  la  matière  organique,  le  point  d'appel 
d'un  supplément  de  substance  siliceuse  qui  a  converti 
l'agrégation  en  silex  compact. 

MM.  Renard  et  Klément  rapprochent  ensuite  les  faits 
qui  précèdent  des  données  acquises  sur  la  boue  à  globi- 
gérines  qui  s'étale  dans  les  grandes  profondeurs  océa- 
niques. Ils  font  ressortir  certaines  différences  qu'elle  pré- 
se^nte  avec  la  craie  blanche  sénonienne,  et  qui  font  juger 
que  celle-ci  n'est  pas  à  proprement  parler  un  dépôt  péla- 
gique, mais  qu'elle  a  dû  se  former  sous  une  médiocre 
profondeur  d'eau.  Il  est  remarquable  que,  malgré  l'abon- 
dance des  spongiaires  vivant  sur  les  grands  fonds,  la 
drague  n'a  jamais  ramené  un  silex  des  abtmes  de  l'Atlan- 
tique. Ce  contraste  entre  deux  formations  aussi  semblables 
minéralogiquement  et  zoologiquement  que  le  sont  la  craie 
et  la  boue  à  globigérines,  a  occupé  plus  d'une  fois  les 
savants  de  notre  temps,  et  l'on  n'en  n'a  pas  donné  jusqu'à 
présent  d'explication  satisfaisante.  Nos  deux  auteurs  font 
observer  très  judicieusement  que  les  silex  crétacés  appar- 
tiennent à  la  catégorie  des  rognons,  sorte  de  concrétions 
qui  ne  se  produit  à  peu  près  jamais  qu'à  Tintérieur  des 
couches,  c'est-à-dire  quand  les  dépôts  ont  acquis  déjà  une 
certaine  épaisseur,  tout  en  conservant  de  la  plasticité.  En 


(  698  J 

distinguant  entre  la  surface  même  du  fonds  marin  et  les 
lits  immédiatement  sous-jacents,  ils  rendent  compte  jus- 
qu'à un  certain  point,  et  beaucoup  mieux  qu'on  ne  Ta  fait 
avant  eux,  d*ai)ord  de  l'absence  de  rognons  siliceux  dans 
les  fonds  actuels  de  l'Atlantique,  et  ensuite  du  double 
phénomène  chimique  que  présuppose  la  formation  des 
silex,  à  savoir  une  dissolution  partielle  de  la  silice  des 
spongiaires  et  des  diatomées  dans  l'eau  de  la  mer,  suivie 
d'une  précipitation  de  cette  même  silice  pour  la  pro- 
duction du  silex.  L'attaque  du  squelette  des  spongiaires 
par  les  agents  multiples  qui  s  exercent  dans  l'eau  marine 
est  communément  admise,  et  l'état  corrodé  de  beaucoup 
de  spicules  la  démontre.  Après  avoir  rappelé  les  diverses 
réactions  classiques  auxquelles  on  a  attribué  la  dissolution 
et  la  précipitation  de  la  matière  siliceuse,  MM.  Renard  et 
Klément  font  observer  que  le  magma  calcareo-siliceux 
mélangé  à  la  matière  organique  en  décomposition  qui 
constitue  les  lits  de  dessous,  est  comme  imbibé  par  l'eau 
chargée  de  silice  provenant  du  dessus.  Dans  un  tel  milieu 
les  conditions  deviennent  favorables  à  la  concentration  de 
la  silice  en  rognons  autour  des  organismes  siliceux 
antérieurs,  comme  à  la  pseudomorphose  de  beaucoup 
d'organismes  calcareux  qui  l'accompagne  ordinairement. 
Cette  interprétation  étant  proposée  pour  la  genèse  des 
silex  crétacés,  les  auteurs  terminent  en  remarquant  que 
l'alignement  des  silex  dans  le  terrain  crétacé  et  la  dispo- 
sition stratifiée  qui  en  résulte  répondent  précisément  aux 
alternances  dans  les  dépôts  et  les  organismes  qui  sont 
propres  aux  mers  peu  profondes. 

Le  mémoire  que  je  viens  d'analyser  n'éclaircit  pas  sans 
doute  toutes  les  difficultés  soulevées  par  un  des  problèmes 
obscurs  de  la  lithologie;  et  les  auteurs  n'ont  pas  la  pré- 


(  699  ) 

tentioD  de  raflBrmer.  Mais  leurs  analyses  des  silex,  leurs 
observations  microscopiques  et  Texamen  comparatif,  en 
partie  nouveau,  qu'ils  font  des  couches  crétacées  et  des 
sédiments  pélagiques  actuels,  me  paraissent  avoir  une 
importance  très  sérieuse;  et  je  propose  avec  empressement 
la  publication  du  travail  à  la  Classe  des  sciences.  > 

M.  Briart,  second  commissaire,  s'est  rallié  à  l'opinion 
de  M.  de  la  Vallée  Poussin. 

La  Classe  vote  l'impression  du  travail  de  MM.  Renard 
et  Klément  dans  le  Bulletin  de  la  séance. 


Contribution  à  l'étude  du  développement  de  Vépiphyse  et 
du  troisième  œil  chez  les  reptiles.  Communication  pré- 
liminaire; par  Francotte. 

c  Le  travail  que  M.  Francotte,  professeur  de  sciences 
naturelles  à  TAthénée  royal  de  Bruxelles,  a  soumis  à  l'ap- 
préciation de  la  Classe,  traite  d'une  question  à  Tordre 
du  jour.  Il  n'est  personne  qui  n'ait  connaissance  de  la 
découverte  faite  récemment  d'un  œil  médian,  résidant  à 
la  face  supérieure  de  la  tête,  chez  un  certain  nombre  de 
reptiles  actuellement  vivants.  Cet  œil  siège  au  niveau  d'un 
trou  de  la  voûte  du  crâne,  dont  Texistence  a  été  remarquée 
depuis  longtemps;  il  présente  des  dimensions  particu- 
lièrement considérables  chez  des  amphibiens  et  des  reptiles 
secondaires,  tels  que  les  Labyrinthodon^  les  Ichthyosatires, 
les  Plésiosaures,  les  Iguanodons^  etc.  Au  niveau  de  ce  trou, 
appelé  trou  pariétal,  réside  un  organe  bien  particulier. 


(  700  ) 

entrevu  pour  la  première  fois  par  Braodt  en  1829,  étudié 
par  Leydig  et  désigné  par  lui  sous  te  nom  d'organe  frontal 
(Stirnargan).  Strahl  reconnut  que  l'organe  frontal  procède 
de  la  glande  pinéale  et  Rabl  Riickhart,  dans  ses  remar- 
quables études  sur  l'encéphale  des  poissons  osseux,  après 
avoir  signalé  l'analogie  qui  existe  entre  l'ébauche  de 
l'épiphyse  et  celle  des  vésicules  optiques  primaires,  exprima 
l'opinion  que  la  glande  pinéale  est  le  résidu  d'un  organe  de 
sens  impair  semblable  à  un  œil,  atrophié  chez  les  vertébrés 
actuels,  mais  qui  a  présenté,  chez  les  reptiles  secondaires, 
un  grand  développement.  Ahiborn  avait  été  conduit  à  la 
même  idée  par  ses  études  sur  Tépiphyse  des  Lamproies. 

Cette  opinion  devait  recevoir  une  conGrmation  éclatante 
par  les  recherches  de  deux  anatomisles,  l'un  néerlandais, 
l'autre  anglais,  de  Graaf  et  Spencer. 

De  Graar  démontra  que  l'organe  frontal  de  Leydig  pré- 
sente, chez  Torvet,  une  structure  très  semblable  à  celle  d'un 
œil  do  mollusque  céphalopode,  ptéropode  ou  hétéropode;  il 
y  reconnut  la  présence  d'une  rétine  et  d'un  cristallin,  mais 
il  ne  put  découvrir  aucun  nerf  le  rattachant  au  cerveau. 

il  prouva  l'homologie  de  cet  œil  impair  avec  la  glande 
extra-cranienne  des  Âmphibiens,  connue  sous  le  nom  de 
glande  de  Stieda. 

Spencer  étudia  l'organe  pinéal  dans  vingt-huit  espèces 
de  Sauriens.  C'est  chez  Hatleria  que  l'œil  pinéal  atteint 
son  plus  grand  développement.  La  rétine  y  est  constituée 
de  six  couches  bien  distinctes  et  elle  est  reliée  au  cerveau 
par  un  nerf  optique  bien  développé.  Chez  d'autres,  l'orvet, 
par  exemple,  le  nerf  manque  et  la  composition  de  la  rétine 
est  moins  complexe,  quoiqu'elle  comprenne  encore  quatre 
couches.  D'après  Spencer  le  cristallin  serait  en  continuité 
avec  la  rétine,  tandis  que  de  Graaf  admet  l'indépendance 
des  deux  formations. 


(701) 

Spencer  fait  connaître  toutes  les  variations  que  Ton 
observe  dans  le  degré  de  développement  et  dans  la  con- 
stitution de  Tœil  pinéal  chez  les  reptiles  qu'il  a  étudiés; 
chez  les  uns,  l'organe  montre  des  traces  manifestes  de 
régression,  chez  d'autres,  un  arrêt  de  développement. 
Quant  au  nerf  optique,  tantôt  il  existe,  d'autres  fois  il  fait 
totalement  défaut. 

M.  Francotte  a  étudié  le  développement  de  l'organe 
pinéal  chez  l'orvet  et  chez  le  lézard,  et  a  utilisé  à  cet  effet 
un  riche  matériel  d'embryons  qu'il  a  recueillis  lui-même, 
il  y  a  quelques  années,  dans  la  province  de  Namur.  H  a 
fait  des  séries  de  coupes  frontales,  horizontales  et  sagittales 
d'embryons  d'âges  fort  différents  et,  par  l'examen  compa- 
ratif des  stades  successifs,  il  a  pu  tracer  un  tableau  très 
clair  de  l'évolution  de  Torgane  dont  il  s'agit,  depuis  le 
moment  où  l'épiphyse  prend  naissance  à  la  voûte  du  tba- 
lamencéphale,  jiisqu'au  complet  développement  de  l'œil 
pinéal.  Il  a  vu  le  diverticule  épiphysaire  s'allonger  en  haut 
et  en  avant,  se  mettre  en  contact  avec  Pépiderme  par  son 
extrémité  distale  renflée  en  massue;  puis  celle  ci  se  séparer 
par  étranglement,  s'isoler,  former  une  vésicule  distincte  ;  le 
cristallin  d'une  put  t,  la  rétine  de  l'autre,  procéder  par  dif- 
férenciation delà  même  ébauche  vésiculaire.  Il  analyse  les 
modifications  successives  que  subit  la  structure  de  l'œil 
pinéal.  Un  groupe  de  cellules  sous-jacent  à  la  vésicule  opti- 
que, après  la  séparation  du  pédicule  épiphysaire,  donnerait 
naissance  à  un  nerf  qui,  partant  du  pédicule,  va  s'épanouir 
dans  la  rétine.  Puis  ce  nerf  dégénère  et  disparaît  sans  laisser 
de  traces.  L'organe  visuel  de  l'orvet  parcourt  dans  son  évo- 
lution une  série  de  stades  successifs,  tous  réalisés  d'une 
façon  permanente  chez  l'un  ou  l'autre  reptile  adulte.  C'est 
un  fait  bien  étrange  de  voir  cet  organe  de  sens  innervé 


(  702  ) 

chez  TembryOD  perdre,  dans  la  suite,  le  lien,  indispensable 
à  son  fonctionnement,  qui,  pendant  une  courte  périodei 
l'a  rattaché  aux  centres  nerveux. 

M.  Francotte  a  fait  aussi  de  bonnes  observations  sur  la 
genèse  des  plexus  choroïdes  chez  l'orvet,  le  lézard  et  le 
poulet. 

Son  travail  est  accompagné  d'une  fort  belle  planche 
photographique,  très  démonstrative  ;  l'auteur  a  lui-même 
exécuté  tous  les  clichés.  Les  résultats  qu'il  a  obtenus 
permettent  d'affirmer  une  fois  de  plus  que  la  photographie 
peut  rendre  dès  aujourd'hui  d'immenses  services  au  micro- 
graphe. 

Je  propose  à  la  Classe  :  l""  de  voter  l'impression  du  tra- 
vail de  M.  Francotte  dans  le  Bulletin  de  la  séance;  S""  d'or- 
donner la  reproduction  par  la  phototypie  de  la  planche 
dont  l'auteur  tient  les  clichés  à  la  disposition  de  TAcadé^ 
mie;  S"*  de  voter  des  remerciements  à  M.  Francotte  pour 
son  intéressante  communication.  » 

M.  Ch.  Van  Bambeke  a  souscrit  à  ces  conclusions,  qui 
sont  adoptées  par  la  Classe. 


COMMONICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Catalan  communique  une  suite  à  ses  précédents  tra- 
vaux :  Nouvelles  propriétés  des  fondions  Xn,  La  Classe 
en  vote  l'impression  dans  le  Recueil  des  Mémoires  in^"*. 


{  705 


Influence  des  bourrasques  sur  la  scintillation  des  étoiles  ; 
par  M.  Montigny,  membre  de  l'Académie. 

Dans  la  soirée  du  7  décembre  1886,  à  Bruxelles  te  ciel 
élail  serein,  les  instruments  météorologiques  n'accusaient 
rapproche  d'aucun  trouble  atmosphérique,  et  cependant  la 
scintillation  des  étoiles  était  excessivement  forte.  Cet 
accroissement  me  surprit  :  il  était  dû  à  l'influence  d'une 
bourrasque  encore  très  éloignée,  mais  dont  les  effets 
s'étendaient  déjà,  dans  les  couches  supérieures  de  l'air, 
sur  les  rayons  stellaires  qui  les  traversaient  avant  de 
pénétrer  dans  les  couches  inférieures,  qui  étaient  encore 
calmes  dans  nos  régions.  Ce  fut  seulement  plusieurs 
heures  après  mes  observations  que  le  baromètre  com- 
mença à  descendre  d'une  manière  accentuée.  Cette  chute 
était  provoquée  par  la  bourrasque  qui  sévit  du  8  au  10  dé- 
cembre dans  nos  régions  avec  une  intensité  telle,  que, 
d'après  le  Bulletin  météorologique  de  Paris,  cette  tempête 
est  la  plus  violente  qui  ait  été  signalée  en  Europe  depuis 
la  création  du  service  météorologique  (1). 


(I)  Bulletin  du  9  décembre  1886.  Dans  rezceUent  article  de  Ciel 
et  Terre  (n*  du  16  décembre)  qu'il  a  consacré  à  la  tempête  du  8, 
M.  Lancaster  fait  remarquer  que,  pendant  sa  durée,  la  yiolenoe 
du  vent  n'atteignit  pas,  dans  nos  régions,  celle  de  Touragan  du 
12  mars  1876,  et  qu'on  n'a  pas  eu  à  enregistrer  des  malheurs 
semblables  à  ceux  qui  atteignirent  alors  la  Belgique  entière.  M.  Lan- 
caster n'en  considère  pas  moins  la  tempête  du  8  décembre  1886 
comme  l'une  dcsplus  mémorables  du  siècle. 


(704) 

Dans  la  notice  que  j*ai  l'honneur  de  présenler  à  l'Aca- 
demie,  j'indiquerai  d'abord  les  varialions  d'intensité  et  les 
caractères  particuliers  que  la  scintillation  présenta  sous 
rinfluence  de  cette  tempête.  J'exposerai  ensuite  les  résul- 
tats généraux  d'autres  observations  qui  ont  coïncidé,  au 
nombre  de  près  de  trois  cents,  soit  avec  de  grands  troubles 
atmosphériques,  soit  avec  des  dépressions  de  moindre 
importance,  dans  le  cours  de  mes  observations  depuis 

1870. 
Voici  les  indications  relatives  à  la  scintillation  pendant 

les  soirées  des  7,  8  et  10  décembre,  telles  qu'elles  ont  été 

insérées  au  Bulletin  météorologique  de  notre  Observatoire  : 

Mardi  7  décembre.  «  Scintillation  excessivement  forte, 
à  154  par  16  étoiles.  Son  intensité  est  158  à  l'Est,  156  au 
Sud,  140  à  l'Ouest  et  159  au  Nord.  —  Trait  épaissi,  diffus 
et  pointillé.  —  Couleurs  très  vives  avec  excès  de  bleu 
marqué  pour  7  étoiles.  —  Observations  entre  5  Vi  ^^ 
9  heures.  » 

Mercredi  8.  €  Scintillation  la  plus  forte  que  j'ai  observée 
depuis  l'origine  de  mes  observations  (1870),  à  244  par 
16  étoiles.  Son  intensité  est  222  à  l'Est,  190  au  Sud,  260  à 
l'Ouest  et  507  au  Nord.  —  Trait  épaissi,  pointillé  pour 
toutes  les  étoiles  observées.  —  Couleurs  vives  avec  excès 
de  bleu  très  marqué  pour  9  étoiles.  —  Observations  entre 
5  et  8  heures.  » 

Vendredi  40,  €  Intensité  très  forte  à  150  par  14 
étoiles.  Son  intensité  est  135  à  l'Est,  124  au  Sud,  144 
à  rOuest  et  199  au  Nord.  —  Trait  épaissi,  diffus  et 


(  708  ) 

pointillé.  —  Couleurs  vives  avec  excès  de  bleu  par 
4  étoiles.  —  Observations  entre  6  7)  ^^  8  heures.  » 

L'état  du  ciel  ne  permit  de  faire  aucune  observation  dans 
la  soirée  du  9  (1). 

Résumons  actuellement,  d'après  M.  Lancaster,  les  prin- 
cipales indications  concernant  la  marche  que  suivit  la 
tempête  pendant  les  journées  du  7  au  11  décembre,  tem- 
pête qui  avait  été  annoncée  par  le  Nem-York  Herald  ^us. 


(1)  Les  indications  précédentes  sont  formulées  conformément  an 
mode  adopté  pour  la  transmission  de  mes  déterminations  à  TObser- 
vatoire,  le  lendemain  au  matin  de  chaque  soirée,  à  la  demande  de 
M.  Houzcau,  depuis  la  création  du  Bulletin  météorologique,  en  1878. 
Ces  indications  comprennent,  comme  on  le  volt  :  l"  l'intensité  de  la 
scintillation,  telle  qu'elle  a  été  précisée  dans  mes  travaux  précédents; 
3»  les  caractères  du  trait  circulaire  que  décrivent  les  images  des 
étoiles  par  le  jeu  du  scintillomotre  adapté  à  la  lunette  ;  d'^  Téclat  des 
couleurs,  et,  parmi  elles,  la  prédominance  du  bleu  quand  il  y  a  lieu, 
cet  excès  annonçant,  selon  qu*il  est  plus  ou  moins  marqué,  des  pluies 
plus  ou  moins  abondantes,  comme  je  Tai  montré;  4*  les  heures  d'ob- 
servation. 

En  ce  qui  concerne  cette  dernière  indication,  je  dois  dire  ici  que, 
presque  toujours,  mes  déterminations  ont  été  effectuées  sans  discon- 
tinuité. Mais  il  en  a  été  autrement  pendant  les  trois  soirées  du  7, 
du  8  et  du  40  décembre.  Toutefois,  pendant  celle  du  8,  sous  Tin- 
fluence  la  plus  violente  de  la  tempête,  les  douze  premières  étoiles, 
qui  accusèrent  une  scintillation  aussi  excessive  que  Tensemble  dés 
seize  étoiles,  furent  observées  entre  5  et  6  heures  et  les  quatre  autres 
avant  8  heures. 

Je  ferai  remarquer  passagèrement  ici  que  Tinsertlon  de  mes  obser- 
vations au  Bulletin  depuis  4878,  constituerait,  au  besoin,  une  garantie 
au  sujet  des  résultats  sur  lesquels  reposent  mes  travai^x  de  scintil- 
lation. 

3""*   SÉRIE,  TOME   XIV.  48 


(  706  ) 

Bureaux  méléorologiques  d'Europe,  dès  le  5  décembre  (1). 

Le  7  décembre,  au  matin,  la  dépression  s'annonça  au 
large  des  lies  Britanniques.  Â  8  heures  du  soir,  une  forte 
inflexion  des  lignes  isobares  indiqua  que  le  centre  de  la 
tempête  n'était  plus  loin. 

Le  8  au  matin,  la  tourmente  avait  abordé  Tlrlande  :  un 
violent  ouragan  se  levait  sur  une  partie  de  l'Europe  occi- 
dentale; Tagitation  de  la  Manche  et  de  la  mer  du  Nord 
était  extrême;  la  pluie  se  déclarait  intense  et  accompagnée 
de  manifestations  orageuses,  d'éclairs,  de  tonnerre  et  de 
grêle.  A  huit  heures  du  matin,  le  foyer  de  la  tempête  se 
trouvait  en  mer,  un  peu  au  N.-O.  de  l'Irlande.  A  deux 
heures  du  soir,  il  avait  gagné  le  Nord  de  ce  pays,  et  à  huit 
heures,  le  voisinage  de  l'Ile  de  Man.  C'était  précisément 
au  moment  de  mes  observations  d'intensité  excessive  (244) 
de  scintillation. 

Le  9  au  matin,  le  centre  de  la  tempête,  qui  sévissait 
encore  avec  une  extrême  violence,  avait  son  centre  sur  la 
mer  du  Nord,  à  l'Est  de  PÉcosse. 

Le  10,  ayant  atteint  le  Sud  de  la  Norwège,  elle  cessa 
d'exercer  une  influence  marquée  sur  nos  contrées  et  con- 
tinua sa  marche  vers  le  Nord-Est  (2). 

Nous  voyons,  par  ces  indications,  que  l'intensité  de  la 
scintillation,  d'abord  très  forte  à  155  dans  la  soirée  du  7 


(1)  Voici  le  texte  du  télégramme  :  Une  dépression  qui  traverse  en 
ce  moment  l'Atlantique  atteindra  probablement  les  îles  Britanniqttee 
entre  le  7  et  le  8,  en  y  occasionnant  des  troubles  atmosphériques, 

(î2)  La  trajectoire  suivie  par  celte  bourrasque  figure  dans  le  travail 
de  M.  Lancaster,  ainsi  qu'aux  Bulletins  météorologiques  de  Bruxelles 
et  de  Paris.  Je  ferai  remarquer  ici  que,  malgré  la  distinction  qui 


(  707  ) 

avaDt  que  la  tourmenle  abordât  l'Irlandc^àplus  de 900  kilo- 
mètres de  Bruxelles,  atteignit  «a  valeur  extrême,  244, 
le  8  au  soir,  quand  le  foyer  de  la  tempête  se  trouvait  près 
de  rile  de  Man,  à  600  kilomètres  environ,  au  point  de  sa 
trajectoire  le  |)lus  rapproché  de  nos  contrées.  Enfin,  le  sur- 
lendemain au  soir,  Tintensité  avait  notablement  diminué 
relativement  à  l'avant-veille,  la  tempête  s*étant  éloignée 
alors  à  plus  de  1000  kilomètres  au  Sud  de  la  Norwège. 

Les  variations  d'intensité  que  subit  la  scintillation  du  7 
au  10  décembre,  sous  finfluence  des  déplacements  de  la 
forte  bourrasque  dont  il  s'agit,  confirment  entièrement 
les  conclusions  auxquelles  j'avais  été  conduit  précé- 
demment à  ce  sujet  (1). 


pourrait  être  établie  ici,  diaprés  la  force  du  vent,  entre  les  tempêtes 
et  les  bourrasques  et  même  les  dépressions  atmosphériques,  ce  der- 
nier phénomène  étant  en  réalité  la  cause  des  déplacements  d'air  qui 
produisent  les  grands  troubles  atmosphériques,  je  me  sers,  dans  cette 
notice,  de  ces  diverses  expressions  comme  si  elles  étaient  en  réalité 
synonymes.  On  trouvera  des  indications  précises  k  leur  égard  dans 
rexcellent  Traité  élémentaire  de  météorologie^  par  MM.  Houzcau  et 
Lancaster,  pp.  149  et  138. 

(1)  «  L'intensité  de  la  scintillation  augmente  toujours  et  très 
»  fortement  quand  une  dépression  s'approche  de  nos  contrées  :  elle 
»  est  le  plus  marquée  au  moment  du  passage  de  la  dépression  à 
»  Bruxelles,  ou  dans  son  voisinage;  alors  son  Intensité  est  toujours 
»  supérieure  à  la  moyenne  correspondant  à  Fensemble  des  jours  de 

•  pluie.  Enfin,  Tintensité  de  la  scintillation  diminue  quand  la  dépres- 

•  sion  s'éloigne  de  nous  ou  qu'elle  se  comble.  »  Recherchée  $ur  les 
variations  de  la  scintillation  des  étoiles  selon  l'état  de  l'atmosphère. 
Bulletin  db  l'Acadâmib  eotalx  db  Beloiqub,  3*  série,  t.  XLlf,  4870, 
et  t.  XLVf,  4878. 


(  708  ) 

Remarquons-le,  Tintensilé  de  la  scintillation  et  les 
caractères  du  trait  annoncèrent,  dès  le  commencement  de 
la  soirée  du  7  décembre,  rapproche  d*une  forte  bour-* 
rasque,  plusieurs  heures  avant  que  celle-ci  provoqu&t  une 
baisse  marquée  du  baromètre  à  Bruxelles.  En  effet,  d'après 
les  indications  données  par  M.  Lancasler,  c'est  à  partir  de 
deux  heures  du  malin,  le  8,  que  le  baromètre,  qui  avait 
commencé  à  descendre  lentement  quelques  heures  aupara- 
vant, baissa  d*uno  manière  accentuée.  Ainsi,  dans  la  soirée 
du  7,  la  scintillation  annonça,  par  son  intensité  si  forte  155, 
rapproche  d'une  bourrasque  huit  heures  avant  que  la 
chute  marquée  de  la  colonne  mercurielle  annonçât  au 
niveau  du  sol,  à  Bruxelles,  ce  phénomène.  Ce  fait  prouve 
incontestablement  que  le  trouble  produit  dans  l'atmo- 
sphère par  l'arrivée  d'une  forte  dépression,  s'étend,  dans 
les  régions  supérieures  de  Tair,  à  une  distance  beaucoup 
plus  grande  que  son  influence  déprimante  sur  le  baro- 
mètre ne  s'exerce  dans  les  régions  inférieures.  Cette 
extension  de  l'action  d'une  bourrasque  dans  les  couches 
élevées  n'est  point  surprenante  :  on  conçoit  que  les  masses 
d'air  en  mouvement  tourbillonnant  éprouvent  une  résis- 
tance moindre  à  leur  propagation  dans  les  régions  supé- 
rieures de  l'air,  dont  la  densité  est  beaucoup  moindre  que 
celle  des  couches  inférieures. 

Il  est  à  remarquer  que  cette  extension  des  effets  d'une 
bourrasque  persiste  en  arrière  de  celle-ci  après  son  éloi- 
gnement.  Ainsi,  le  10  décembre  au  soir,  alors  que  le  foyer 
de  la  bourrasque  se  trouvait  entre  Christiansund  et  Brono, 
l'intensité  de  la  scintillation  était  encore  à  150  et  le  trait 
restait  pointillé  pour  plusieurs  étoiles.  Ajoutons  que  la 
hausse  barométrique  se  déclara,  à  Bruxelles,  dans  l'après- 
midi  du  9  décembre,  puis  à  l'Ouest  et  au  Nord-Ouest  de 
l'Europe,  le  10,  avant  huit  heures  du  matin. 


(  709  ) 

J'ai  remarqué  souvent,  et  depuis  longtemps,  qu'après  le 
passage  d'une  bourrasque  dans  nos  contrées,  la  scintil- 
lation accuse  encore  une  intensité  très  forte,  quoique  \c 
temps  se  fût  amélioré  (1). 

Pendant  la  période  du  7  au  10  décembre,  le  irait  cir- 
culaire décrit  par  les  images  des  étoiles  scintillantes  dans 
la  lunette  munie  du  scintillomèlre,  parut  pointillé  pour  un 
très  petit  nombre  d'étoiles  le  7,  lorsque  la  dépression  était 
encore  très  éloignée;  puis,  le  8,  pour  toutes  les  étoiles 
observées,  lorsqu'elle  était  le  plus  rapprochée  de  nous  et 
la  scintillation  la    plus    forte.   Enfin,  le  10  au  soir,  la 


(1)  C'est  ici  le  lieu  de  citer  un  fait  particulier  qui  a  été  consigne 
au  Bulletin  de  TObservatoire,  et  cela  pour  montrer  ici  combien  la 
scintlUation  est  sensible  aux  changements  qui  surviennent  dans  Tétat 
de  Tatmosphère,  et  la  rapidité  avec  laquelle  elle  les  accuse. 

Le  47  février  4878,  j'observai  la  scintillation  entre  6  et  7  '/«heures 
du  soir;  je  trouvai  une  intensité  moyenne  66  par  45  étoiles;  le  trait 
était  régulier  et  présentait  des  couleurs  pâles.  Le  même  soir,  h 
H  *l^  heures,  je  renouvelai  mes  observations  ;  l'intensité  de  la  scintil- 
lation, devenue  beaucoup  plus  forte,  s'élevait  à  96  par  \9  étoiles 
qui  présentaient,  pour  la  plupart,  un  trait  irrégulier  et  frangé,  avec 
couleurs  vives,  parmi  lesquelles  prédominait  le  bleu.  Cet  excès  pro- 
nostiquait rapproche  de  la  pluie.  En  effet,  le  lendemain  le  ciel  resta 
couvert  dans  la  matinée;  puis  la  pluie  tomba,  à  Bruxelles,  mais  en 
petite  quantité,  à  partir  de  trois  heures  de  Taprès-midi.  Ce  changement 
de  temps  s'est  produit  sur  une  région  assez  étendue,  car  le  Bulletin 
de  Paris,  en  date  du  18  février,  porte  cette  indication  :  «  Le  ciel, 
généralement  beau  hier,  s'est  couvert  pendant  la  nuit,  et  ce  matin  la 
pluie  tombe  en  plusieurs  stations.  •  Il  n'est  pas  inutile  de  faire 
remarquer  qu'au  même  moment  passait  près  de  Haparanda  utie  forte 
dépression  (741"'"),  se  dirigeant  vers  l'Est  de  la  Russie.  Ajoutons 
que,  du  47  au  48,  le  baromètre  était  descendu  de  6  millimètres  à 
Bruxelles,  à  Flessingue  et  à  Yarmouth. 


(710) 

dépression  s*étant  éloiguée  sur  la  Norwège,  le  trail  poin- 
tillé ne  fut  plus  accusé  que  par  un  pelil  nombre  d'étoiles. 

La  prédominance  du  bleu  parmi  les  couleurs  qui  carac- 
térisent la  scintillation  est  un  indice  manifeste  de  pluie, 
comme  je  l'ai  montré;  cet  excès  s^est  ici  produit  à  chaque 
soirée  d'observation,  particulièrement  le  8  décembre;  la 
quantité  d*eau  de  pluie  recueillie  à  Bruxelles,  du  7  au  10, 
s'éleva  à  19™,6,  dontJO~V  du  9  au  10  (1). 

La  bourrasque  du  8  décembre  a  provoqué  des  vents 
excessivement  forts.  D'après  M.  Lancasler,  à  Bruxelles  le 
vent  commença  à  prendre  de  la  force  le  8  vers  huit 
heures  du  matin.  Le  même  jour,  à  partir  de  onze  heures  du 


(4)  C'est  la  présence  de  Peau  en  quantité  plus  ou  moins  grande 
dans  Tatmosplicre  qui  exerce  Tinfluence  la  plus  marquée  sur  la  scin- 
tillation en  temps  ordinaire,  et  qui  en  modifie  le  plus  les  caractères 
selon  cette  quantité,  ainsi  que  je  Tai  fait  voir.  D'après  ce  fait,  serait-ce 
Teau  qu'entraînent  les  bourrasques  et  qu'elles  déversent  le  plus  sou- 
vent sur  le  sol,  qui  serait  la  cause  de  Taccroissement  si  marqué  que 
subit  la  scintillation  sous  leur  influence?  Non,  car  on  peut  citer  des 
exemples  de  fortes  dépressions  qui  ne  provoquèrent,  dans  notre  pays^ 
que  de  faibles  pluies.  Ainsi,  le  48  octobre  4882,  l'intensité  de  la  scin- 
tillation s'éleva  à  209  sous  l'influence  d'une  forte  bourrasque,  et 
cependant  la  quantité  d'eau  recueillie  à  Bruxelles,  du  49  au  24  de 
ce  mois,  ne  dépassa  point  A  millimètres.  Le  23  du  même  mois,  sous 
Faction  d'une  autre  bourrasque  plus  violente  encore,  qui  produisit 
de  grands  ravages  en  Angleterre,  et  à  laquelle  correspond  une  scin- 
tillation 235,  la  quantité  d'eau  recueillie  à  l'Observatoire  atteignit 
5  millimètres  seulement,  du  25  au  25.  Quoique  ces  deux  faits  soient 
exceptionnels,  car  les  fortes  dépressions  sont  le  plus  souvent  accom- 
pagnées de  pluies  abondantes,  ils  n'en  sont  pas  moins  significatifs 
ici,  au  point  de  vue  de  la  cause  niénte  de  l'accroissement  de  la  scin- 
tillation à  l'approche  et  au  passage  des  bourrasques. 


(741  ) 

soir  jusqu'au  lendemain  vers  trois  heures  de  raprès-midi, 
la  lempéte  sévit  avec  fureur  et  Tair  court  avec  une  vitesse 
moyenne  qui  varie  de  i3  à  16  mètres  à  la  seconde  (1). 

C'est  à  Tagitation  extrême  de  Tair,  surtout  dans  les 
couches  élevées,  qu'il  faut  attribuer  l'accroissement  si 
marqué  qu'éprouve  la  scintillation  sous  l'influence  des 
bourrasques.  Depuis  longtemps,  des  observations  à  l'œil 
nu  ont  manifesté  une  scintillation  très  forte  quand  des 
vents  violents  régnent  dans  l'atmosphère.  Cet  accrois- 
sement sous  l'influence  du  vent  s'explique  aisément,  si  l'on 
a  égard  aux  considérations  et  aux  faits  suivants.  Les 
rayons  colorés  originaires  d'une  même  étoile  sont  séparés 
par  dispersion  dans  l'atmosphère  en  faisceaux  rouge, 
orangé,  jaune,  vert,  bleu  et  violet,  suivant  le  plan  verti- 
cal de  l'étoile  :  ces  faisceaux  sont  ainsi  étalés  dans  l'air 
sur  une  certaine  étendue  suivant  ce  plan,  à  une  distance 
éloignée  de  l'observateur.  Ils  sont  incessamment  traversés 
par  des  ondes  aériennes  en  nombre  d'autant  plus  grand 
que  la  translation  de  l'air  ou  le  vent  est  plus  rapide.  De- 
là, des  chances  d'interceptions  nombreuses  et  momen- 
tanées de  ces  faisceaux,  et  par  suite  des  variations  de 
couleurs  multiples  de  l'image  de  Pétoile,  ce  qui  carac- 


(1)  Diaprés  le  Bulletin  de  Paris,  où  est  indiquée  la  force  relative  du 
yent  de  0  à  9  pour  chacune  des  stations  météorologiques,  cette  force, 
à  nie  de  Scilly,  ue  dépassait  pas  Tiotensitc  relative  5,  le  6  décembre. 
Mais  le  7,  elle  s'éleva  au  maximum  9  et  s'y  maintint  jusqu'au  9  au 
soir;  alors  elle  tomba  à  S,  6.  11  n'est  pas  inutile  de  rappeler  ici  que, 
lors  de  la  fameuse  tempête  du  13  mars  4876,  le  coup  de  vent  le  plus 
violent  exerça  une  pression  de  i44  kilogrammes  par  mètre  carré, 
à  Bruxelles.  Cette  pression  équivaut  à  une  vitesse  de  36  mètres 
environ  par  seconde. 


(  712  ) 

térise  une  forte  scintillation.  Si  le  vent  est  d*une  extrême 
violence,  ces  interruptions  sont  excessivement  fréquentes. 
Ajoutons  que»  suivant  des  météorologistes,  €  à  Tendroit 
où  règne  une  dépression  Tair  est  plus  léger  que  sur  les 
régions  voisines;  il  s'élève  donc  en  vertu  de  sa  légèreté 
spécifique,  et  son  mouvement  ascensionnel  continue  jus- 
qu'au moment  où  il  atteint  des  couches  de  moindre  den- 
sité que  la  sienne  (1).  »  Selon  d'autres  savants,  ce  mou- 
vement suivant  la  verticale  s'effectuerait  en  sens  inverse. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  la  direction  verticale  que  suit  le  mou- 
vement particulier  de  certaines  masses  d'air  dans  les  dépres- 
sions, elles  pressent  alors  les  masses  qui  les  entourent, 
et  il  en  résulte  des  différences  de  densité  qui  augmentent 
les  chances  d'interception  des  faisceaux  des  rayons  lumi- 
neux émanés  des  étoiles.  Je  ferai  remarquer  également 
qu'au  milieu  du  conflit  de  ses  mouvements  si  divers,  il 
doit  se  produire  des  condensations  partielles  et  de  courte 
durée  de  la  vapeur  d'eau  dissoute  dans  l'air  entraîné  par  les 
dépressions,  et  que  cet  autre  phénomène,  qui  est  indé- 
niable, tend  à  accentuer  singulièrement  la  scintillation  (2). 


(1)  Traité  élémentaire  de  météorologie,  par  MM.  Houzeau  et  Lan- 
caster,  p.  126. 

(3)  J'ai  établi  primitivement  d'abord  ^es  faits  de  la  séparation 
des  rayons  émanés  d'une  même  étoile  par  suite  du  phénomène  de  la 
dispersion  atmosphérique,  puis  celui  de  Tinfluence  si  importante  que 
cette  séparation  exerce  sur  la  scintillation,  dans  un  mémoire  qui  est 
inséré  au  tome  XX Vil I  des  Mémoires  de$  savants  étrangers^  de  l'Aca- 
démie de  Belgique  (4856).  Depuis  lors,  je  suis  revenu  sur  cette 
question  dans  un  travail  particulier,  où  j'ai  montré  que  l'écartement, 
dans  l'atmosphère,  des  rayons  diversement  colorés  provenant  d'une 
même  étoile,  dépend  :  l^du  pouvoir  dispersif  de  l'air;  2^  de  la  distance 


1 


Dans  le  cours  de  mes  observations,  j'ai  relevé  des  inten- 
sités de  scintillation  qui  ne  sont  guère  inférieures  au 
maximum  244,  de  Touragan  du  8  décembre  :  toutes  ont 
coïncidé  avec  des  bourrasques  sévissant  dans  nos  contrées. 
J'ai  réuni  dans  les  tableaux  suivants  les  indications  relatives 
à  dix-huit  tempêtes  auxquelles  correspondent  des  inten- 
sités supérieures  à  180.  Les  indications  concernant  la 
marche  des  dépressions,  la  position  du  centre  ou  du  foyer 
de  chacune,  d'abord  le  jour  de  l'observation  scintillomé- 
trique,  à  huit  heures  du  matin,  puis  le  lendemain  à  la  même 
heure;  la  pression  barométrique  au  centre  de  la  dépres- 
sion aux  mêmes  heures;  toutes  ces  indications  ont  été 
empruntées  aux  Bulletins  de  Paris  et  de  Bruxelles. 

J'ai  déduit  de  la  pression  barométrique  au  foyer  de 
chaque  tourmente  la  profondeur  de  la  dépression»  c'est- 
à-dire  Teicès  de  la  moyenne  générale  O^'Jô  de  la  pression 
atmosphérique  sur  la  hauteur  barométrique  à  ce  foyer, 
à  huit  heures  du  matin  des  deux  jours  indiqués.  On  admet 
actuellement  que  la  profondeur  d'une  dépression  exprime 
son  importance  ou  plutôt,  au  point  de  vue  qui  nous  occupe, 
elle  mesure,  |)our  ainsi  dire,  la  violence  de  la  tempête 
qu'elle  provoque.  En  effet,  cette  agitation  extrême 
qu'éprouve  une  partie  de  l'atmosphère  a  pour  cause  un 
violent  appel  d'air  vers  le  point  où  le  baromètre  est  nota- 


pour  laquelle  on  calcale  cet  écartement;  3^  de  la  distance  zénithale  à 
laquelle  on  considère  l'étoile;  4^  enfin  de  la  largeur  de  Pobjectif  de 
la  lunette,  ou  de  la  pupille  de  Toeil  du  spectateur  quand  il  observe  à 
Pœii  nu.  BuUetin  de  l* Académie  royale  de  Belgique,  2*  série,  t.  XXIX, 
1870. 


(7U) 

blemeot  plus  bas  que  dans  les  régions  environnantes.  Or, 
le  lieu  où  la  pression  barométrique  est  un  minimum,  c*e8t 
le  cenlrede  la  dépression.  Ou  comprend  ainsi  que  la  vitesse, 
ou  mieux  la  violence,  avec  laquelle  Pair  aflOue  vers  ce  lieu, 
est  d*autant  plus  grande  que  la  pression  barométrique  y 
est  plus  faible,  et,  par  conséquent,  la  profondeur  de  la 
dépression  plus  grande. 

Quant  aux  indications  relatives  à  chaque  observation, 
je  me  suis  borné  à  signaler,  en  outre  de  l'intensité  de  la 
scintillation,  le  nombre  des  étoiles  observées  à  chaque 
soirée  et  celui  des  étoiles  qui  accusèrent  le  trait  pointillé 
ou  perlé,  aGn  de  mettre  en  évidence  ce  curieux  caractère 
qui  se  manifeste  sous  Tinfluence  des  bourrasques  (1). 


(I)  Dans  mes  travaux  précédents,  j'ai  donné  la  désignation  de 
trait  perlé  k  un  caractère  particulier  que  présente  le  trait  circulaire 
qui  est  décrit  par  les  images  des  étoiles  scintillantes,  sous  Taction  des 
bourrasques,  dans  la  lunette,  par  le  jeu  du  scintillomètre.  Le  trait 
présente  alors  des  parties  plus  brillantes,  espacées  sur  son  contour, 
qui  lui  donnent,  jusqu'à  certain  point,  Taspect  d'un  cercle  présentant 
des  perles  disposées  avec  plud  ou  moins  de  régularité.  Les  points 
lumineux  sont  plus  étroits,  plus  brillants  et  plus  nombreux  sur  le 
trait  poirumé.  Pour  plus  de  simplicité,  j'ai  conservé  cette  désignation 
seule. 

Les  communications  télégraphiques  avec  l'Angleterre  ayant  été 
interrompues  par  l'ouragan  du  42  mars  1876,  le  Bulletin  de  Paris 
ne  renferme  guère  d'indications  au  sujet  des  mouvements  cycloniques 
pour  le  45  et  le  14,  la  première  de  ces  deux  dates  figurant  au  tableau. 
J'ai  trouvé  les  indications  des  mouvements  qui  s'y  rapportent  dans 
les  Cartes  journalières  de  M.  Hoffmeyer  (Trimestre  Mars-Mai  4876). 


(715) 

Voici  les  principales  conséquences  qui  résultent  de  ces 
tableaux  : 

1"^  Toutes  ces  observations  de  scintillation  excessive- 
ment forte  ont  coïncidé  avec  de  violentes  tempêtes,  qui 
troublaient  profondément  l'atmosphère  dans  les  régions 
occidentales  de  l'Europe  lors  de  mes  déterminations,  soit 
en  automne,  soit  en  hiver  ou  au  mois  de  mars;  l'observa- 
tion du  23  août  1882  seule  appartient  à  la  saison  estivale; 

^  Au  moment  même  de  la  plupart  de  mes  observations, 
le  centre  de  la  tempête  se  trouvait  généralement  peu 
éloigné,  et  même  très  près  de  Bruxelles,  comme  les  indi- 
cations cycloniques  nous  le  montrent.  Ainsi,  le  24  octobre 
i882,  le  foyer  de  la  tourmente  passa  dans  l'après-midi 
près  de  notre  littoral.  Le  10  février  1881, celui  d'une  autre 
bourrasque  se  trouva  sur  les  Pays-Bas,  à  six  heures  du 
soir,  au  moment  même  de  mes  observations.  Le  25  mars 
1882,  l'atmosphère  est  troublée  par  une  dépression  qui 
passa  près  de  Fumes  à  huit  heures  du  matin.  Le  28  mars 
1876,  le  27  novembre  1881,  puis  le  23  août  1882,  le 
11  décembre  1885,  des  troubles  atmosphériques  sévirent 
également,  soit  sur  la  Manche,  soit  sur  les  Pays-Bas,  ou 
sur  la  mer  du  Nord,  aux  jours  de  mes  observations.  Ainsi, 
l'action  qu'exerce  une  tempête  sur  la  scintillation  est 
excessivement  forte  quand  elle  sévit  au  voisinage  du  lieu 
d'observation  ; 

S"*  Sauf  pour  le  18  octobre  1882,  le  trait  circulaire  que 
décrit  l'image  de  l'étoile  par  le  jeu  du  scintillomètre,  est 
pointillé  ou  perlé  pour  toutes  les  autres  observations.  Ce 
caractère  se  manifeste  donc  spécialement  sous  l'influence 
des  fortes  dépressions; 


(716) 


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(  720  ) 

4^  La  pression  atmosphérique  au  centre  de  chacune  des 
bourrasques  a  généralement  varié  entre  des  limites  res- 
treintes, dans  rintervalle  des  vingt-quatre  heures  écou- 
lées entre  le  matin  du  jour  des  observations  et  celui  du 
lendemain.  On  peut  donc  admettre  que  la  pression  baro- 
métrique au  centre  de  chacune  de  ces  tempêtes,  au  moment 
même  de  mes  observations,  est  sensiblement  représentée 
par  la  moyenne  des  pressions  correspondant  aux  matins 
du  jour  de  mes  observations  et  du  lendemain; 

5*  La  bourrasque  à  laquelle  correspond  la  profondeur 
la  plus  grande  est  celle  qui  provoqua  la  violente  tempête 
du  8  décembre,  pour  laquelle  se  présente  précisément  le 
maximum  dlntensilé  de  scintillation  observé. 

Ce  dernier  rapprochement  est  très  important  au  point 
de  vue  qui  nous  occupe,  car  d'après  ce  qui  a  été  dit,  une 
tempête  est  produite  par  un  violent  appel  d'air  vers  une 
dépression  atmosphérique,  et  cet  air  est  violemment 
attiré  vers  le  point  où  le  baromètre  est  notablement  plus 
bas  que  dans  les  régions  qui  Tenlourent.  Ainsi,  parmi 
les  exemples  cités,  le  maximum  d'intensité  de  la  scintil- 
lation, celui  du  8  décembre  1886,  correspond  à  la  tem- 
pête produite  par  la  dépression  la  plus  profonde,  et  pour 
laquelle  Pair  doit  avoir  été  attiré  avec  le  plus  de  vio- 
lence au  centre  même. 

Les  résultats  précédents  m'ont  engagé  à  étendre  ce 
genre  d'étude  en  recherchant  quelles  ont  été,  depuis  l'ori- 
gine de  mes  observations  en  1870,  les  dépressions  plus  ou 
moins  profondes  qui  ont  coïncidé  avec  mes  mesures  d'in- 
tensité de  la  scintillation.  Ces  coïncidences  se  sont  élevées 
au  nombre  de  trois  cent-huit,  les  intensités  de  scintillation 
restant  comprises  entre  244  et  120.  Mais  ce  nombre 
eût  été  plus  grand  si  j'avais  compris  les  observations 
d'intensités  inférieures  à  120,  relevées  sous  l'influence 


(  721  ) 

de  plus  faibles  dépressions.  Il  a  dû  subir  d'ailleurs  une 
réduction  de  vingt-cinq  déterminations  de  scintillation, 
parce  que  celles-ci  coïncidèrent  simultanément  avec 
une  dépression,  et  avec  une  perturbation  magnétique  à 
Bruxelles.  Or,  j'ai  fait  voir,  à  l'aide  de  nombreux  exem- 
ples, que  l'intensité  de  la  scintillation  éprouve  un  accrois- 
sement marqué  lorsqu'une  perturbation  de  ce  genre  sur- 
vient à  Bruxelles  dans  le  cours  de  mes  observations.  Cette 
influence  se  produit  également  quand  une  aurore  boréale 
apparaît,  comme  d'autres  observateurs  l'ont  constaté  dans 
d'autres  régions.  La  suppression  de  vingt-cinq  soirées 
d'observations^  qui  était  ici  de  rigueur,  réduit  donc  à  deux 
cent  quatre-vingt-trois  le  nombre  de  mes  observations  rele- 
vées sous  l'influence  de  dépressions  dans  les  limites  indi- 
quées plus  haut  (1). 

Je  me  suis  assuré  d'abord,  par  l'inspection  des  Bulletins 
de  Paris  et  de  Bruxelles,  que  ces  observations  ont  coïn- 
cidé avec  des  dépressions  sévissant,  soit  sur  nos  contrées, 
soit  sur  des  régions  plus  ou  moins  éloignées  de  Bruxelles. 

Afin  d'établir  aisément  la  comparaison  entre  l'intensité 
de  la  scintillation  et  l'importance  des  dépressions,  puis 


(i)  Il  convient  de  rappeler  iei  que  le  fait  de  raccroissement  de  la 
scintillation  des  étoiles  pendant  les  aurores  boréales  fut  afiOrmé 
d*abord  par  le  D'  Ussher,  en  Irlande,  dès  la  fin  du  siècle  dernier,  et 
plus  tard  par  Forbes  et  Necker  de  Saussure.  J'ai  confirmé  ce  fait 
remarquable  par  des  observations  seintillométriques  lors  de  l'appari- 
tion d*aurores  boréales  en  1870,  1878,  i881  et  i88â,  à  Bruxelles. 

Quant  à  Taccroissement  qu'éprouve  la  scintillation  lorsqu'une  per- 
turbation magnétique  survient,  à  Bruxelles,  pendant  mes  observations, 
j'ai  constaté  cet  autre  fait,  de  même  genre,  dès  4881,  comme  je  l'ai 
indiqué  dans  les  notices  qui  sont  insérées  au  Bulletin  de  l'Académie 
royale  de  Belgique  (3*  série,  tomes  V  et  VI). 

3"'*SÉRI£y  TOME  in.  ^9 


(  722  ) 

leur  éloignemenl,  j'ai  subdivisé  ces  dépressions  en  diffé- 
rents groupes,  d'après  les  intensités  de  la  scintillation 
correspondantes.  Le  premier  comprend  les  dix-huit  bour- 
rasques dont  il  a  été  question  précédemment;  le  second, 
les  dépressions  auxquelles  correspondent  les  intensités  de 
scintillation  comprises  entre  180  et  170;  le  troisième, 
entre  170  et  160,  et  ainsi  de  suite. 

Le  tableau  suivant  présente  les  moyennes  relatives  à 
l'ensemble  des  observations  appartenant  à  chaque  groupe 
et  qui  sont  : 

1""  L'intensité  de  la  scintillation;  2*"  la  fréquence  rela- 
tive du  trait  pointillé,  c'est-à-dire,  le  rapport  du  nombre 
des  soirées  où  ce  caractère  a  été  observé  au  nombre  total 
des  soirées  d'observation  pendant  les  tempêtes  comprises 
dans  le  groupe  indiqué;  3®  la  pression  atmosphérique  au 
centre  des  dépressions  à  huit  heures  du  matin,  d'abord  le 
jour  de  l'observation  scintillométrique,  puis  le  lendemain  ; 
4''  la  profondeur  des  dépressions  déduite  de  ces  mesures 
de  la  pression  atmosphérique;  5"^  la  distance  en  kilomètres 
entre  le  centre  de  chaque  dépression  et  Bruxelles,  à 
huit  heures  du  matin,  le  jour  de  l'observation,  puis  le 
lendemain. 

Remarquons  que  les  premiers  tableaux  nous  ont  offert 
la  réunion  des  données  relatives  au  premier  groupe,  sauf 
les  distances  des  centres  des  bourrasques  qui  n'y  figurent 

pas. 

Je  dois  ajouter  ici  que,  quand  deux  dépressions  sévis- 
saient au  même  moment,  ce  qui  s'est  rarement  présenté, 
j'ai  seulement  considéré  la  dépression  la  plus  rapprochée 
de  nos  contrées,  parce  que  c'était  celle  dont  l'action  a  été 
la  plus  directe,  et  très  probablement  la  plus  marquée,  sur 
la  scintillation.  Les  cas  où  la  dépression  s'était  comblée  le 
lendemain  de  l'observation  ont  été  excessivement  rares. 


(  723  ) 


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(  724  ) 

Ce  tableau  nous  montre  que  les  intensités  de  la  scintil- 
lation et  les  fréquences  relatives  du  trait  pointillé  corres- 
pondant aux  divers  groupes,  forment  deux  séries  de 
valeurs  numériques  qui  décroissent  régulièrement  et  paral- 
lèlement à  la  série  des  profondeurs  moyennes  des  bour- 
rasques ou  des  dépressions.  Ces  profondeurs  nous  don- 
nant, pour  ainsi  dire,  une  mesure  de  Timportance  de  ces 
météores,  les  ra|)!)rochements  que  présente  le  tableau 
précédent  nous  permettent  d*établir  les  conclusions  géné- 
rales suivantes  : 

1°  Sous  l'influence  des  bourrasques ^  l'intensité  de  la 
scintillation  des  étoiles  est  d'autant  plus  forte  qu'elles  sont 
plus  violentes; 

2*"  Dans  les  mêmes  conditions,  la  fréquence  relative  du 
trait  pointillé  augmente  avec  l'intensité  de  la  scintillation 
et  par  conséquent  avec  la  violence  de  la  tempête. 

Le  premier  groupe,  auquel  correspond  la  scintillation 
moyenne  la  plus  forte,  est  aussi  celui  pour  lequel  Téloi- 
gnement  des  centres  des  bourrasques  est  le  moindre,  tant 
le  lendemain  au  matin  du  jour  des  observations  que  pour 
ce  jour  même.  Quoique  ce  soit  aussi  le  groupe  qui  réunisse 
les  deux  profondeurs  des  bourrasques  les  plus  grandes  en 
moyennes,  il  ne  résulte  pas  moins  du  rapprocbement  pré- 
cédent cette  conclusion  :  toutes  choses  égales  d'ailleurs^ 
Cinfluence  des  dépressions  sur  la  scintillation  est  d'autant 
plus  marquée  que  celles-ci  sévissent  plus  près  du  lieu  des 
observations. 

Ce  dernier  résultat  justifie  toute  prévision  que  Ton  aurait 
pu  émettre  à  priori  à  cet  égard,  et  il  se  trouve  conGrmé 
par  les  cas  particuliers  sur  lesquels  j*ai  appelé  l'attention 
au  sujet  de  l'influence  si  marquée  qu'ont  exercée  sur  la 


(  725  ) 

scintillation  des  dépressions  qui  troublaient  profondément 
Tair,  lorsque  leurs  centres  passaient  sur  notre  pays  ou 
près  de  son  littoral. 

La  grandeur  si  considérable  des  distances  moyennes  dii 
centre  des  bourrasques  qui  sont  réunies  dans  les  deux 
dernières  colonnes  du  tableau,  nous  montre  combien 
l'influence  de  ces  troubles  sur  la  scintillation  s'étend  au 
loin  dans  les  régions  de  l'air.  Le  fait  sur  lequel  j'ai  attiré 
particulièrement  l'attention  au  début  de  cette  notice,  à 
propos  de  l'extrême  extension  que  prit  la  bourrasque  du 
8  décembre  1886  dans  les  régions  supérieures  de  l'atmo- 
sphère, n'était  donc  pas  un  fait  exceptionnel. 


Sur  la  vitesse  de  réaction  du  spath  d'Islande  avec  quelques 
acides  ;  par  W.  Spring,  membre  de  l'Académie. 

Dans  une  note  préliminaire  que  j'ai  eu  Phonneur  de 
présenter  dernièrement  à  l'Académie  (1),  j'ai  fait  connaître 
une  relation  entre  l'élasticité  optique  et  l'activité  chimique 
dans  un  cristal  de  spath  d'Islande.  En  taillant  un  cristal 
perpendiculairement  à  l'axe  optique,  ou  parallèlement  à 
celui-ci,  on  obtient  des  surfaces  qui  se  dissolvent  inéga- 
lement vite  dans  l'acide  chlorhydrique.  Le  rapport  des 
vitesses  de  réaction  a  été  trouvé,  à  2  7o  près,  égal  au  rap- 


(i)  BulL  de  VAcad,  roy.  de  Belgique,  3""  sér.,  t.  XIV,  n»  7,  1887. 


1 


(  726  ) 

port  des  indices  de  réfraction  du  rayon  ordinaire  et  du 
rayon  extraordinaire. 

Je  me  permets  de  communiquer  aujourd'hui  à  l'Acadé- 
mie ie  développement  de  cette  note. 

La  méthode  suivie  pour  mesurer  la  vitesse  de  réaction 
du  spath  d'Islande  avec  certains  acides,  est  celle  dont  j'ai 
fait  usage  pour  le  marbre;  je  puis  donc  me  borner  à 
renvoyer  à  ce  travail  pour  les  renseignements  d'ordre  tech- 
nique. 

Le  spath  a  été  examiné  non  seulement  suivant  ses 
faces  de  clivago,  mais  encore  dans  ses  deux  directions 
cristallographiques  principales  ;  pour  cela  on  a  taillé  des 
cristaux  parallèlement  et  perpendiculairement  à  l'axe 
principal  de  manière  à  obtenir  les  plans  de  dimensions 
voulues,  destinés  à  l'attaque  des  acides.  On  aura  donc 
trois  cas  à  examiner  : 

1*  Surfaces  de  clivage,  —  L'expérience  démontre  que 
toutes  les  faces  du  solide  de  clivage  se  dissolvent  éga- 
lement vite,  toutes  conditions  restant  égales  d'ailleurs.  Le 
tableau  suivant  reproduit  les  résutats  obtenus  à  la  suite 
de  plusieurs  séries  d'essais  concordants,  à  l'aide  d'acide 
chlorhydrique  au  titre  de  10  7o  et  aux  températures  de 
15%35*et55\ 

Le  volume  d'acide  employé,  chaque  fois,  était  mesuré 
de  manière  à  pouvoir  fournir,  au  plus,  522  centimètres 
cubes  de  CO^  sec  à  la  pression  normale  et  à  la  tempé- 
rature de  15".  C'est-à-dire  que,  comme  dans  les  mesures 
faites  à  l'aide  du  marbre,  la  réaction  s'arrêtait  après  un 
débit  de  522  centimètres  cubes  de  gaz. 

J'ai  reproduit,  dans  la  dernière  colonne  des  tableaux, 
pour  faciliter  la  comparaison,  la  vitesse  de  réaction  obser- 


(  727  ) 

vée  à  Taide  du  marbre  après  des  débits  successifs  de 
25  centimètres  cubes  de  CO^. 


APRÈS 

FACES  DE  CUVAGE. 

débit  (le  C0< 

Vitesse  de  réaction  du  spath  par 

VITESSE  : 

en 

millimètre  carré  de  surface. 

cas 
du  marbre. 

centim.  cubes. 

15« 

35* 

55» 

0 
S5 

0,00115 

0,00334 

0,00553 

0,01483 

50 

0,00106 

0,00319 

0,00488 

0,00173 

75 

000098 

0,00205 

0,00413 

0,00161 

100 

O^OOOiH 

0,00184 

0,00349 

0,00151 

135 

0,00083 

0,00167 

0,00307 

0,00144 

150 

0,00074 

0,00150 

0,00271 

0,00138 

175 

0,00007 

0,00133 

0.00343 

0,00127 

âOO 

0,00061 

0,00118 

0,00316 

0,00130 

335 

0,00054 

0,00109 

0,00190 

0,00114 

250 

0,00044 

0,00068 

0,00165 

0,00106 

375 

0,00036 

0,00079 

0,00140 

0,00107 

300 

0,00031 

0,00065 

0,00116 

0,00094 

335 

0,00027 

0,00055 

0,00092 

0,00082 

350 

0,00016 

0,00034 

0,00069 

0,00075 

375 

etc. 

0,00018 

0,00042 

etc. 

1         400 

— 

etc. 

0,00018 

— 

L*cxamen  des  résultats  contenus  dans  le  tableau  pré- 
cédent est  beaucoup  facilité  si  Ton  trace,  à  Taide  des 
nombres  précédents,  des  courbes  ayant  pour  abscisses  les 
volumes  de  CO^  débités  et  pour  ordonnées  les  vitesses 
correspondantes.  On  reconnaît  alors  que  : 

a.  Les  lignes  figurant  la  variation  de  la  vitesse  de  la 
réaction  pour  les  températures  de  IS""  et  de  35"^,  sont  à  très 
peu  près  des  droites  après  le  débit  de  50  et  de  75  centi- 
mètres cubes  de  C0^  et  jusqu'au  débit  de  350  centimètres 
cubes  environ. 


(  728  ) 

DoDCy  comme  pour  le  marbre,  la  vitesse  varie  entre  les 
limites  indiquées,  proportionnellement  à  la  concentration 
de  l'acide.  Mais  pour  la  température  de  55"^,  il  n'en  est 
plus  de  même  :  la  ligne  est  courbe  et  la  concavité  de  la 
courbe  est  tournée  vers  le  haut,  c'est-à-dire  que,  dans  ce 
cas,  la  vitesse  diminue  plus  rapidement  que  la  concen- 
tration. 

Il  est  clair  que  les  résultats  ne  peuvent  plus,  ici,  être 
exprimés  par  la  formule  exponentielle  simple  applicable 
au  cas  du  marbre.  Même  si  Ton  compare  les  vitesses  à 
15  et  à  TiS^y  on  trouve  qu'elles  ne  varient  pas,  en  chaque 
point,  du  simple  au  double  exactement  :  la  moyenne  des 
rapports  calculés  pour  tous  les  points  est  2,04. 

b.  Pour  chacune  des  trois  températures,  la  vitesse  de  la 
réaction  diminue,  après  le  débit  de  350  centimètres  cubes 
de  CO^  d'une  manière  si  rapide,  qu'en  pratique  op  peut 
la  considérer  comme  nulle  après  le  débit  de  400  centi- 
mètres cubes  pour  les  températures  de  15  et  de  SS"",  et  de 
425  centimètres  cubes  pour  la  température  de  55^  La 
concentration  de  l'acide  est  descendue  alors  respectivement 
à  2,54  et  1,86  ""/p.  J'ai  vérifié  directement  que  le  spath 
n'était  plus  attaqué  qu'avec  la  plus  grande  lenteur,  dans 
de  l'acide  chlorhydrique  à  2  7o* 

Ce  résultat  parait  d'autant  plus  curieux  que  rien  de 
semblable  n'a  pu  être  observé  à  Paide  du  marbre.  On  se 
le  rappelle,  la  réaction  continuait  alors  jusqu'à  épui- 
sement complet  de  l'acide.  Bien  plus,  quand  l'acide  s'était 
affaibli  par  les  progrès  de  la  réaction,  on  remarquait,  au 
contraire,  une  recrudescence  de  la  vitesse.  J'avais  attribué 
c^tte  augmentation  de  la  vitesse  ou  bien  à  l'accumulation 
des  sels  qui,  comme  Ostwald  l'a  fait  voir  déjà,  facilite 
Faction  des  acides,  ou  bien  à  la  propriété  du  marbre 
d'être  inégalement  attaqué  par  les  acides  faibles  ou  affai- 


(  729  ) 

blis  ;  ainsi,  dans  les  acides  organiques,  le  marbre  s'émiette, 
pour  ainsi  dire,  tout  en  se  dissolvant.  Cela  étant,  la  sur- 
face d'attaque  présentée  aux  acides  ne  demeure  plus 
constante. 

Comme  le  spath  résiste  à  cet  émiettement  et  que, 
d'autre  part,  il  montre  une  diminution  rapide  de  la  vitesse 
de  réaction  quand  les  acides  s'affaiblissent,  il  me  parait 
que  l'anomalie  observée  pendant  la  dissolution  du  marbre 
n'est  que  le  résultat  d'un  accident  dû  à  l'attaque  irrégulière 
des  acides  faibles. 

c.  Pour  chacune  des  trois  températures,  la  vitesse  de 
dissolution  du  spath  est  plus  petite  que  celle  du  marbre, 
toutes  autres  conditions  restant  les  mêmes. 

Ainsi,  après  un  débit  de  100  centimètres  cubes  de  CO^, 
on  obtient  les  vitesses  suivantes,  par  millimètre  carré  de 
surface. 


Températures. 

VITESSES. 

Rapports. 

Spath. 

Marbre. 

180 
550 

0,00091 
0,00184 
0,00340 

0,00154 
0,00390 
0,00619 

1.69 
1.73 
1.77 

La  différence  va  grandissant  avec  la  température,  d'une 
manière  lente,  mais  régulière.  Soit  dit,  à  titre  de  ren- 
seignement, le  calcul  montre  qu'à  ITI""  on  trouverait  la 
vitesse  de  dissolution  du  marbre  double  de  celle  du  spath, 
s'il  était  possible  d'opérer  à  cette  température. 

Mais  revenons  aux  vitesses  de  réaction  du  spath  aux 
températures  de  15""  et  SS"";  celles-ci,  variant  proportion- 
nellement à   la  concentration  de  l'acide,  peuvent  être 


(  730  ) 

mieux  comparées  aux  vitesses  de  dissolution  du  marbre. 

Si  Ton  trace  les  lignes  des  vitesses  pour  le  spath  et 
pour  le  marbre,  on  voit  que  Ton  obtient,  pour  une  même 
température,  des  droites  parallèles.  La  démonstra- 
tion de  ce  fait  se  trouve  dans  le  premier  tableau  des 
vitesses  ;  en  effet,  on  peut  passer  des  valeurs  de  la  vitesse 
pour  le  spath  à  celles  qui  se  rapportent  au  marbre,  en 
ajoutant  aux  premières  la  valeur  0,00060. 

La  loi  de  la  solubilité  est  donc  la  même  pour  le  spath 
et  le  marbre,  à  une  même  température,  mais  la  réac* 
tion  ne  commence  pour  le  spath  qu'au  delà  d'une  con- 
centration d'acide  chlorhydrique  de  2,34  7o-  H  fatit  cette 
charge  d'acide  pour  vaincre  la  résistance  du  spath,  ou 
bien  encore,  pour  reprendre  une  expression  déjà  ancienne, 
on  peut  dire  que  la  réaction  réclame,  pour  s'accomplir,  la 
présence  préalable  d'une  certaine  masse  d'acide  (2,34  Vo)* 
masse  qui  est  probablement  en  relation  avec  la  cohésion 
du  spath  calcaire. 

d.  Pour  le  spath,  comme  pour  le  marbre,  si  l'on  ne 
prend  une  précaution  spéciale,  la  vitesse  de  la  réaction 
n'est  pas  la  plus  grande  au  début,  alors  que  l'acide  est 
au  titre  le  plus  fort,  mais  seulement  quand  environ  50  à 
74  centimètres  cubes  de  CO^  ont  été  produits.  Le  fait  est 
surtout  évident  pour  les  basses  températures. 

La  première  pensée  qui  vient  à  l'esprit,  pour  expliquer 
cette  particularité,  est  que  le  CO^  se  dissout  d'abord  dans 
le  liquide  acide  jusqu'à  le  saturer  et  échappe,  dès  lors,  par- 
tiellement à  la  mesure.  Des  expériences  de  vérification 
entreprises  avec  le  marbre  avaient  laissé  la  question  sans 
réponse  certaine  ;  mais,  à  l'aide  du  spath,  j'ai  pu  me  con- 
vaincre que  véritablement  le  retard  de  la  réaction  au  début 
était  accidentel  et  dû  à  la  dissolution  de  CO^. 

Pour  s'assurer  de  la  chose  il  convient,  non  pas  de  saturer 


(731  ) 

le  liquide  acide  par  un  courant  de  CO^,  ainsi  que  je  Tavais 
fait  pour  le  cas  du  marbre,  mais  de  préparer  une  solution 
d'acide  à  un  titre  un  peu  plus  élevé  que  le  litre  utile  (HCl 
à  12  7«  au  lieu  de  10  7o)  6t  de  laisser  agir  cette  solution 
sur  du  spath  jusqu'à  ce  que  le  titre  soit  revenu  à  10  7o* 
On  obtient  alors  un  liquide  qui  se  trouve  bien  dans  les  con- 
ditions voulues  et  avec  lequel  on  observe  que  la  vitesse  de 
réaction  est  la  plus  grande  au  début. 

C'est  d'ailleurs  ce  que  montrent  les  nombres  figurant 
dans  le  tableau  des  résultats. 

e.  La  vitesse  de  dissolution  du  spath  parallèlement  à  ses 
faces  de  clivage  est  la  même  dans  les  acides  cblorhydrique, 
azotique,  iodhydrique  de  titres  équivalents.  Ce  résultat  est 
conforme  à  celui  que  Ton  a  observé  à  l'aide  du  marbre. 
Avec  l'acide  bromhydrique  la  vitesse  dépasse  d'autant  celle 
des  acides  mentionnés  que  la  concentration  est  plus  élevée, 
c'est-à-dire  que  la  différence  tend  à  s'effacer  de  plus  en 
plus  à  mesure  de  l'épuisement  de  l'acide.  Voici,  d'ailleurs, 
les  résultats  numériques  obtenus  à  l'aide  de  cet  acide  à  la 
température  de  SS*",  comparativement  avec  l'acide  chlor- 
bydrique  : 


co« 

débité. 

Vitesse 
pour  HBr. 

Vitesse, 
pour  HCl. 

DIFFÉRENCES. 

0 

_ 

^^^ 

^^^ 

KO 

000302 

0,00219 

0,00083 

iOO 

0,00250 

0,00184 

0,00066 

ISO 

0.00197 

0,00150 

0,00047 

âoo 

0,00150 

0,00118 

0,00032 

sso 

0,00107 

0,00068 

0,00019 

300 

0,00068 

0,00065 

0,00003 

350 

0,00036 

0,00034 

0,00002 

«» 

etc. 

etc. 

— 

(  732; 

3**  Faces  taillées  parallèlement  à  Caxe.  —  Je  me  suis 
placé  exaclement  dans  les  conditions  précédentes;  les 
résultats  numériques  contenus  dans  le  tableau  suivant 
sont  donc  immédiatement  comparables  aux  précédents: 


APRÈS 

FACES  PARALLÈLES  A  L'AXE. 

débit  de  G0< 

• 

en 
centim.  cubes. 

Vitesse  de  réaction  par  millimètre  carré. 

i6p 

350 

55» 

0 

^^^ 

^^^ 

^^^ 

25 

0,00112 

0,00355 

0,00782 

tso 

0,00103 

0,00310 

0,00625 

75 

0,00094 

0,00275 

0,00521 

iOO 

0,00087 

0,00240 

0,00442 

iS5 

0,00080 

0,00208 

0,00391 

d50 

0,00072 

0,00180 

0,00347 

175 

0,00067 

0,00162 

0,00313 

âOO 

0,00057 

0,00142 

0,00272 

225 

0,00051 

0,00122 

0,00250 

250 

0,00040 

0,00102 

0,00202 

275 

o,ooa36 

0,00086 

0,00179 

aoo 

0,00030 

0,00070 

0,00149 

325 

• 

0,00056 

0,00114 

350 

— 

'       0,00042 

0,09082 

375 

— 

— 

— 

400 

— 

— 

— 

En  comparant  ces  vitesses  à  celles  que  Ton  a  obtenues 
à  Taide  des  faces  de  clivage,  on  voit  que  : 

a.  A  la  température  de  15**  les  faces  taillées  parallèle- 
ment à  Taxe  se  dissolvent  avec  une  vitesse  sensiblement 
égale  à  celle  des  surfaces  de  clivage.  Mais,  à  mesure  que 


(  733  ) 

la  température  s'élève,  l'égalité  disparaît  et  Ton  observe 
qu'à  35"*  et  à  55"^  les  faces  parallèles  donnent  une  vitesse 
respectivement!, 23et  1 ,28  fois  plusgrande en  moyenne (1). 

b.  Il  résulte  nécessairement  de  là  que,  pour  les  faces 
parallèles,  la  vitesse  de  réaction  n'est  plus  reliée  à  la  tem- 
pérature par  une  exponentielle  simple. 

c.  Enfin,  ici  comme  dans  le  cas  des  faces  de  clivage,  la 
ligne  traduisant  la  variation  des  vitesses  est  sensiblement 
une  droite  pour  la  température  de  15%  mais  au-dessus  de  ce 
degré  elle  devient  une  courbe  de  plus  en  plus  prononcée. 

En  d'autres  termes,  ici  encore,  au-dessus  d'une  certaine 
température,  la  vitesse  ne  diminue  plus  proportionnelle- 
ment à  la  température. 

3^  Faces  taillées  perpendiculairement  à  l'axe. 
Résultats  numériques. 


APRÈS 

débit  de  C0« 

en 
centimèt.  cubes. 

FACES  PKRPENDICULAIRES  A  L'AXK. 

Vitesse  de  réaction  par  millimètre  carré. 

450 

350 

550 

0 

25 

50 

75 

400 

425 

450 

0,00428 
0,00147 
0.00107 
0,00400 
0,00094 
0,00062 

0,00400 
0,00375 
0,00320 
0,00273 
0,00247 
0,00224 

0,00754 
0,00754 
0,00643 
0,00531 
0,00459 
0,00404 

(4)  Ces  moyenDes  sont  calculées  en  comparant  les  valeurs  des 
vitesses  correspondantes  à  un  même  débit  de  C0\  depuis  le  débit 
Stt  centimètres  cubes  jusque  500  centimètres  cubes. 


(  734  ) 


Résultats  numériques  {Suite), 


APRÈS 

débit  de  G0< 

en 
centimèt.  cubes. 

FACES  PERPENDICULAIRES  A  L'AXE. 

Vitesse  de  réaction  par  millimètre  carré. 

15« 

35« 

55* 

475 
200 
225 
280 
275 
300 
325 
350 
375 
400 

0,00076 
0,00065 
0,00058 
0,00046 
0,00040 
0,00034 
0,00028 

0,00193 
0,00167 
0,00140 
0,00115 
0,00095 
0,00074 
0,00031 
0,00035 

0,00357 
0,00311 
0,00268 
0,00225 
0,00187 
0,00143 
0,00106 
0.00069 
0,00035 

On  le  voit,  dans  ce  troisième  cas,  les  vitesses  de  réac- 
tion sont  plus  grandes  encore  que  dans  le  cas  précédent. 

Si  l'on  trace  les  lignes  des  variations  des  vitesses  pour 
les  trois  températures,  on  peut  faire  les  remarques  sui» 
vantes  : 

a.  A  15**  la  vitesse  diminue  proportionnellement  à  la 
concentration;  la  ligne  est  une  droite,  comme  dans  le  cas 
de  remploi  des  faces  de  clivage  ou  de  faces  parallèles  à 
Taxe;  seulement,  le  coefficient  angulaire  de  la  droite  es! 
plus  grand. 

6.  Pour  la  température  de  35%  et  surtout  pour  celle 
de  5S%  la  vitesse  diminue  d*abord  très  lentement  jusqu'au 
point  correspondant  environ  au  débit  de  la  dixième  partie 
de  CO^  possible,  puis  elle  tombe  plus  rapidement  pour  se 
raccorder  enfiny  après  l'épuisement  du  cinquième  environ 
de  l'acide^  à  la  droite  qui  exprime  la  proportionnalité,  pour 
chacune  des  deux  températures,  avec  la  concentration  de 


(  738  ) 

Tacide.  En  d*autres  termes,  au  lieu  d'obtenir  des  courbes 
concaves  comme  dans  les  cas  précédents,  on  a  des  couches 
d'abord  convexes,  à  points  d'inflexion,  qui  se  raccordent  à 
une  droite  par  un  arc  concave. 

La  vitesse  augmente  donc,  pendant  un  certain  temps, 
malgré  l'affaiblissement  de  l'acide, ainsi  que  je  l'ai  constaté 
pour  le  marbre,  et  le  fait  ne  dépend  en  aucune  façon  de  la 
solubilité  de  CO^  dans  le  liquide  acide  au  début  de  la  réac- 
tion, puisque  j'ai  toujours  opéré  en  saturant  l'acide  de  CO^ 
comme  je  l'ai  dit  plus  haut. 

On  peut  se  demander  si,  pour  le  marbre,  VinducHon  de 
la  vitesse  de  réaction  n'a  pas  pour  origine  la  circonstance 
que,  dans  une  surface  taillée,  il  peut  y  avoir  nombre  de 
petits  cristaux  découpés  perpendiculairement  à  leur  axe. 

c.  Comparons,  eniin,  la  vitesse  de  réaction  des  faces  per- 
pendiculaires à  l'axe  à  la  vitesse  des  faces  parallèles  à  cet 
axe.  A  cet  effet,  divisons,  pour  les  trois  températures,  cha- 
cune des  vitesses  pour  les  faces  perpendiculaires  par  les 
vitesses  correspondantes  pour  les  faces  parallèles,  et  pre- 
nons la  moyenne  des  quotients;  on  obtient  : 


Rapport  des  vitesses  .... 

15» 

350 

«5» 

i.i3 

i.iS 

4.44 

• 

Ou,  comme  moyenne  générale,  i,14.  Or,  les  indices  de 
réfraction  correspondant  aux  deux  sections  mentionnées 
sont  entre  eux  comme  :  1,115,  c'est-à-dire  qu'ils  condui- 
sent à  un  rapport  ne  différant  que  de  S,25  7»  du  précé- 
dent. 

Ce  résultat  curieux  donne  à  penser  qu'il  existe  une 
relation  entre  l'activité  chimique  d'une  substance  et  son 
élasticité  optique  dans  une  direction  donnée.  Cependant 


(  736  ) 
on  ne  perdra  pas  de  vue  que  celte  relation  peut  bien  ne 
pas  être  immédiate,  car  le  pouvoir  réfringent  d'un  corps 
est  en  rapport  inverse  de  la  densité,  et  celle-ci  est,  à  son 
tour,  très  probablement  au  moins  pour  une  même  sub- 
stance, une  fonction  simple  de  la  dureté. 


De  Caction  du  chlore  sur  les  combinaisons  sulfoniques  et 
sur  les  oxysulfures  organiques  (quatrième  communi- 
cation); par  W.  Spring  et  C.  Winssinger. 

Sous  ce  titre,  nous  avons  Thonneur  de  présenter  à 
l'Académie  la  suite  d'un  travail  dont  le  début  date  déjà  de 
plusieurs  années  (1). 

Dans  notre  troisième  mémoire,  publié  il  y  a  trois  ans,  il 
nous  avait  paru  nécessaire  de  rappeler  succinctement  le 
but  que  nous  nous  étions  proposé,  et  de  résumer  les  pre- 
miers chapitres  de  notre  étude,  afin  que  l'on  pût  mieux 
rattacher  nos  résultats  nouveaux  aux  précédents. 

Au  risque  de  nous  répéter  encore,  nous  agirons  de 
même  aujourd'hui,  en  vue  d'épargner  au  lecteur  une 
recherche  peut-être  un  peu  longue,  et  de  pouvoir  dire  un 
mot  de  la  position  nouvelle  que  prennent  maintenant  nos 
recherches  à  la  suite  des  résultats  obtenus  par  nos  travaux 
précédents.  Nous  pourrons  mieux  tenir  compte,  de  la  sorte, 
des  modifications  apportées,  dans  ces  derniers  temps,  à  la 
notion  de  l'affinité  chimique  comme  aux  idées  admises  sur 
la  structure  des  corps  organiques. 


(i)  Bull,  de  l'Acad.  de  Belg.,  3«  sér.,  t.  II,  n*  42;  1881;  3«  sér^ 
t  IV,  no  8;  188-2;  3*  sér.,  t.  Vil.  n*  1;  1884. 


(  737  ) 

Od  le  sait,  Kekulé  avait  considéré  une  molécule  d'un 
corps  organique  comme  résultant,  au  fond,  de  l'union  des 
atomes  de  carbone,  les  uns  aux  autres,  par  la  saturation 
de  couples  de  valence.  Les  atomes  ainsi  enchaînés  ne 
devaient  manifester  de  caractère  chimique  différent  que 
par  le  nombre  plus  ou  moins  grand  des  valences  dispo^ 
nibles  pour  retenir  des  éléments  ou  des  groupes  étran* 
gers;  mais  aucun  d'eux  ne  devait  jouir  par  lui-même  d'une 
propriété  prépondérante.  Une  molécule  était  à  comprendre, 
en  un  mot,  comme  un  système  mécanique. 

Suivant  Kolbe,  au  contraire,  la  molécule  devait  offrir 
Yimage  d'un  organisme,  chaque  atome  se  trouvant, 
d'après  lui,  soumis  à  l'influence  de  tous  les  autres,  et  de 
plus,  certains  d'entre  eux  devaient  être  doués  d'une  in- 
fluence prépondérante.  Dans  cet  ordre  d'idées,  les  proprié- 
tés d'un  atome,  ou  d'un  groupe  d*atomes,  dépendaient 
immédiatement  de  sa  position  relative  parmi  ses  voisins 
ainsi  que  de  la  nature  de  ces  derniers. 

Il  nous  avait  paru  qu'il  n'était  pas  impossible  de  décider, 
par  l'expérience,  laquelle  de  ces  deux  manières  de  voir 
était  la  plus  conforme  à  la  réalilé  des  choses;  aussi  avions- 
nous  commencé  une  série  de  recherches  dont  la  conti- 
nuation fait  précisément  l'objet  du  présent  travail. 

On  se  le  rappelle,  nous  avions  choisi,  comme  champ 
d'expérience,  Taclion  du  chlore  sur  les  dérivés  sulfurés  des 
hydrocarbures  saturés  normaux.  Ce  choix  était  motivé 
par  la  nature  même  de  ces  dérivés  qui  possèdent,  gr&ce  à 
l'union  directe  du  soufre  et  du  carbone,  une  stabilité 
remarquable  en  même  temps  que  des  propriétés  bien 
caractéristiques. 

Notre  plan  consistait  à  établir  d'abord  les  différences 
que  présenterait  l'action  du  chlore  sur  un  hydrocarbure  et 

3**  SÉRIE,  TOME  XIV.  50 


(  738  ) 

sur  ses]|dérivés  sulfurés,  pour  mettre  en  lumière  rio- 
fluence  de  la  nature  du  nouvel  élément  soufre,  ou  de  ses 
dérivés,  sur  la  partie  carbure  de  la  molécule;  ensuite,  à 
répéter  parallèlement  les  mêmes  expériences  sur  des  corps 
homologues,  à  chaînes  carbonées  de  plus  en  plus  longues, 
pour  reconnaître  si  l'étendue  du  champ  dinduction  était 
limitée,  et  arriver  peut-être,  dans  Taffirmative,  à  la 
mesurer. 

Nos  recherches,  qui  n^ont  encore  porté,  à  la  vérité,  que 
sur  des  corps  à  2,  5  et  5  atomes  de  carbone,  ont  montré 
qui  ni  Tune  ni  Tautre  des  deux  théories  rappelées  ne  sont 
en  état  de  rendre  compte  des  faits  observés  d'une  manière 
satisfaisante. 

En  effet,  nos  conclusions  précédentes  peuvent  se  résumer 
comme  il  suit  : 

1*^  La  faculté  de  substitution  du  chlore  à  l'hydrogène 
d'une  chaîne  carbonée,  dont  l'extrémité  est  unie  à  un 
groupe  sulfuré,  semble  une  fonction  de  la  longueur  de 
cette  chaîne,  en  ce  sens  que  la  substitution  est  d'autant 
plus  facile  que  la  chaîne  est  plus  longue;  mais, 

2*^  Lorsque  la  substitution  est  possible,  elle  ne  peut  être 
que  partielle  :  si  le  nombre  des  atomes  de  chlore  substitués 
à  Phydrogène  atteint  une  certaine  limite,  dépendant  de  la 
longueur  de  ta  chaîne,  l'union  du  groupe  sulfuré  au  car- 
bone est  rompue;  enfin, 

3**  Si  Ton  provoque  une  chloruration  à  outrance,  le 
cMore  s'accumule  surtout  sur  l'atome  de  carbone  uni  au 
groupe  sulfoné^  de  sorte  qu'au  moment  de  la  rupture,  cet 
atome  de  carbone  se  trouve  uni  à  trois  atomes  de  chlore. 

On  voit  où  gît  la  difficulté.  La  substitution  de  l'hydro- 
gène de  la  molécule  organique  par  le  chlore  n'a  pas  lieu 
dans  la  région  où,  suivant   la  théorie  de  Kekulé,  elle 


(  739)- 

devrait  se  produire, c'esl-à-dire  loin  des  groupes  sulfoués, 
mais  bien  dans  le  voisinage  de  ceux-ci.  On  ne  doit  donc 
pas  dire  que  le  chlore  se  porte  sur  les  atomes  de  carbone 
suffisamment  éloignés  des  groupes  sulfonés. 

En  outre,  le  caractère  générique  des  combinaisons  sul- 
fonées  (théorie  de  Kolbe)  devrait  apparaître  dans  chaque 
espèce,  tandis  que,  en  réalité,  il  fait  défaut  dans  les  molé- 
cules dont  le  nombre  d*atomes  de  carbone  est  un  peu 
élevé. 

En  présence  de  ces  faits,  il  nous  a  paru  nécessaire  de 
rechercher  si  les  trois  lois  énoncées  plus  haut,  applicables 
aux  trois  groupes  de  corps  successivement  étudiés,  seraient 
encore  vérifiées  par  des  homologues  d'un  degré  nota- 
blement plus  élevé;  cependant,  avant  d'aborder  l'étude  des 
propriétés  d'une  chaîne  beaucoup  plus  longue,  nous  avons 
cru  prudent  de  poser  un  nouveau  jalon  intermédiaire, 
afin  de  découvrir  sûrement  toutes  les  phases  de  l'évolution 
des  propriétés  dans  les  séries,  et  de  ne  pas  nous  trouver, 
par  suite  d'un  saut  trop  brusque,  en  présence  de  carac- 
tères trop  nouveaux  peut-être  pour  que  le  processus  des 
métamorphoses  fût  encore  saisissable. 

A  cet  effet»  nous  avons  soumis  à  l'action  du  chlore  les 
dérivés  sulfurés  de  l'alcool  heptylique  normal  (I). 

Les  conclusions  à  tirer  de  ces  nouvelles  expériences 
trouveront  leur  place  ci-après,  et,  dans  un  dernier  para- 
graphe, nous  mettrons  en  parallèle  tous  les  résultats 
acquis  jusqu'à  présent. 


(i)  La  préparation  et  les  propriétés  principales  de  ces  substances 
ont  été  décrites  par  Tun  de  nous.  Bulletin  de  VAcadémie^Z*  série, 
t.  XIV,  n»  42,  «887. 


(  740  ) 

Ainsi  qu'on  le  verra,  les  dérivés  beptyliques  se  con- 
duisonl  vis-à-vis  du  chlore  tout  aulrenaenl  que  leurs 
homologues  inférieurs,  mais  les  différences  observées  sont 
précisément  de  nature  à  confirmer  les  lois  qui  découlent 
de  nos  premières  recherches. 


Action  du  chlore  sur  T acide  hep tylsiilfonique  normal. 

De  Tacide  heptylsulTonique  parfaitement  pur  a  été 
dissous  dans  une  petite  quantité  d'eau  et  exposé  à  Faction 
d'un  courant  de  chlore. 

Aucune  réaction  ne  s'est  manifestée  tant  que  l'acide  a 
été  placé  à  la  lumière  diffuse,  mais  il  a  suffi  de  l'exposer 
aux  rayons  d'une  lampe  au  magnésium  ou  aux  rayons 
directs  du  soleil  pour  provoquer  l'absorption  du  chlore 
avec  dégagement  d'acide  cblorhydrique. 

Afin  de  hâter  l'opération,  on  a  concentré  la  lumière 
solaire  au  moyen  d'un  miroir  concave,  et  placé  le  liquide 
à  une  distance  du  foyer  telle  que  la  température  n'atteignit 
jamais  50"". 

Au  bout  de  sept  à  huit  heures  d'insolation,  l'absorption 
du  chlore  ne  semblait  pas  s'être  ralentie  et  le  liquide  était 
demeuré  limpide  et  incolore. 

On  en  a  prélevé  à  cet  instant  une  première  portion  qui 
a  été  soumise  séparément  à  examen. 

Le  reste  du  liquide  a  subi  une  seconde  période  de  chlo- 
ruration  de  même  durée  que  la  première.  Comme  au  bout 
de  ce  temps  le  chlore  ne  paraissait  plus  être  absorbé,  et 
que  la  liqueur  en  gardait  la  coloration  verdàtre,  même 
lorsqu'on  la  laissait  exposée  à  une  lumière  intense,  on  a 


(741  ) 

séparé  alors  une  seconde  portion  qui  a  fait  l'objet  d'un 
nouvel  examen. 

Enfin  on  a  continué  à  faire  passer  du  chlore  dans  la 
dernière  partie  du  liquide,  après  y  avoir  ajouté  quelques 
paillettes  diode.  Mais  Tanalyse  a  montré  que  cette  addi- 
tion n'avait  produit  aucun  changement  qualitatif  dans  la 
composition  du  liquide  précédent. 

Nous  nous  occuperons  d'abord  du  liquide  qui  n'a  été 
chloré  qu'incomplètement. 

Il  est  limpide,  incolore  et  un  peu  moins  fluide  qu'à  l'ori- 
gine. Après  l'avoir  étendu  d'eau,  ce  qui  ne  le  trouble  pas, 
on  constate  qu'il  ne  renferme  pas  d'acide  sulfurique;  d'où 
Ton  conclut  déjà  que  le  groupe  sulfonique  SO'H  ne  s'est 
pas  détaché  du  (carbone  pour  former  de  l'acide  chloro- 
sulfurique,  qui,  réagissant  avec  Peau,  aurait  produit  de 
l'acide  sulfurique. 

Le  chlore  a  donc  pénétré  dans  le  noyau  carboné  sans 
produire  de  division  dans  la  molécule.  De  fait,  le  liquide 
est  un  acide,  on  le  sature  par  du  carbonate  de  baryum. 
Comme  le  sel  qui  se  forme  est  très  peu  soluble  à  froid, 
on  chaufle  jusqu'à  l'ébullition  et  l'on  filtre  à  chaud. 

Par  refroidissement  on  obtient  un  précipité  abondant 
et  volumineux  de  sel  de  baryum  (i),  cristallisé  en  très 
petites  houppes  formées  de  fines  aiguilles  rayonnées. 

L'eau  mère  ne  renferme  pas  d'heptylsulfonate  de 
baryum.  Il  s'ensuit  que  la  réaction  a  eu  lieu  dans  toute  la 
masse,  et  n'a  point  été  limilée^  ainsi  qu'on  l'a  observé 
dans  les  cas  de  l'acide  amyisulfonique. 

Le  sel  de  baryum  (I)  a  été  soumis  à  de  nouvelles  cristal- 
lisations avant  d'être  analysé;  mais  comme  on  constate 
qu'il  se  décompose  en  présence  du  nitrate  d'argent,  avec 


(  742  ) 

production  de  chlorure  d'argent,  il  est  difficile  de  s'assurer 
qu'il  n'est  plus  souillé  par  du  chlorure  de  baryum. 

Néanmoins  l'analyse  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'identité 
de  ce  sel,  qui  est  un  heptylsulfonate  bichloré  : 


Trouvé 

CaleuK  pour 
(C'H"C1«S0»)»B« 

Ba.     .     . 

21,74 

21,64 

Cl.    .     . 

21,7«> 

22,43 

S  .     .    . 

9,72 

10,11 

c .    .    . 

20,67 

26,54 

H.    .    . 

4,54 

4,10 

0  (diff.) . 

15,57 

15,16 

i  00,00  99,98 

Le  dépôt  de  BaCO^  séparé  par  fillration,  présentant 
une  odeur  térébentbineuse  rappelant  celle  des  dérivés 
chlorés  supérieurs  des  hydrocarbures,  on  l'a  épuisé  au 
moyen  d'éther.  On  a  pu  en  exiraire,  en  effet,  une  petite 
quantité  d'une  substance  huileuse;  elle  a  été  reconnue 
pour  être  un  dérivé  chloré  supérieur.  Il  s'était  donc  formé, 
à  côté  de  l'acide  bichloré,  un  acide  polychloré  qui  s'est 
décomposé,  en  abandonnant,  au  contact  de  Peau,  le  groupe 
SO'H.  Ce  qui  permet  de  conclure  de  la  sorte  avec  certi- 
tude, c'est  qu'on  retrouve  de  l'acide  sulfurique  dans  le 
liquide  à  mesure  de  la  Tormalion  de  la  matière  à  odeur 
térébentbineuse. 

Avant  d*aller  plus  loin,  il  ne  sera  pas  inutile  de  faire 
dès  à  présent  ressortir  les  différences  profondes  que  nous 
rencontrons  déjà    entre    TaoiJe    lieptylsulfonique  et  les 


(743) 

homologues  inférieurs  dont  nous  avons  irailé  précé- 
demment, savoir  : 

1*  La  propriété  de  Tacide  heplylsulfonique  d'échanger 
facilement  deux  atomes  d'H  contre  deux  atomes  de  Cl, 
alors  que  l'acide  amyisulfonique  n'admettait  qu'un  seul 
échange  de  ce  genre  par  deux  molécules  d'acide,  et  que 
les  acides  éthyl-  et  propylsulfoniques  n'en  admettaient 
aucun,  dans  les  mêmes  conditions  d'éclairage; 

2^  L'étendue  de  l'action  du  chlore  qui  n'est  plus,  comme 
dans  le  cas  de  l'amyle,  limitée  à  une  portion  de  la  masse 
liquide  (1); 

S*"  Enfin  la  tendance  moins  marquée  du  groupe  SO^H 
à  abandonner  le  carbone  en  présence  de  la  pénétration  du 
chlore. 

Revenons  maintenant  à  la  portion  d'acide  sulfonique 
qui  a  été  soumise  à  l'action  du  chlore  jusqu'à  refus. 

L'acide  chloré,  traité  comme  le  premier,  a  fourni  un  sel 
de  baryum  (II)  tout  différent  du  sulfonate  bichloré. 

L'odeur  camphrée  a  été  également  perçue  pendant  la 
neutralisation,  mais  pas  plus  intense  que  lors  de  la  précé- 
dente opération. 

Le  sel  (II)  est  soluble  dans  cinq  ou  six  fois  son  poids 
d'eau  bouillante.  Par  refroid issement,  il  se  dépose  presque 
complètement  sous  forme  de  grumeaux  constitués  par  des 
fibres  microscopiques  transparentes,  de  diamètre  variable, 
ressemblant  à  des  gouttes  liquides  et  visqueuses  très 
allongées. 


(i)  Peut-être  bien  la  limite  observée  dans  le  cas  de  remploi 
diacide  amyisulfonique  était-elle  accidentelle.  Elle  pouvait  avoir 
pour  cause  la  présence  d*un  peu  d*acide  penthylsulfonique  normal. 


(  744  ) 

Par  une  légère  agitation,  ces  gouttes  se  rassemblent  en 
une  masse  molle,  facile  à  séparer  du  liquide.  On  redissoul 
cette  masse  dans  une  grande  quantité  d'alcool  à  95  % 
bouillant. 

Par  refroidissement,  le  sel  se  prend  en  une  masse  feutrée 
volumineuse,  dont  l'aspect  rappelle  celui  de  Touate.  Loris- 
qu'on  en  exprime  i'alcool,  le  sel  se  transforme  en  une 
pâte  qu'on  peut  couper  au  couteau  comme  du  savon. 

L'analyse  a  donné  : 


Ba.    . 

1M9 

Cl.    .    , 

.      50,0S 

S.    .    , 

9,40 

C.    .    , 

25.04 

u.    .    . 

3,78 

0  (diff.). 

i%U 

i  00,00 

On  en  déduit  que  le  sel  (II)  est  un  sulfonale  trichloré 
accompagné  d'une  petite  quantité  du  sel  (I). 

En  effet,  si  l'on  se  base  sur  les  rapports  fournis  par 
l'analyse,  on  arrive  à  la  formule 

25(C'H«CI»SO»)*Ba  -h  (C'H»Cl«SO»)'Ba 


qui  exigerait  : 

Ba.    . 

.    19,S8 

Cl.    . 

.     30,06 

C  .    . 

.    S4,02 

S  .    . 

.      9,i5 

H.     . 

.      3,U 

0.    . 

.    15,72 

99,98 


(  745  ) 

|£d  comparant  les  rapports  des  quantités  trouvées  de 
G»;^,  Cl  à  ceux  des  quantités  calculées  des  mêmes  éléments 
on  a  le  tableau  suivant  : 


Trouvé  Calculé 


c  c 

-=2,66  c=2,62 

S 

Cl         ^  Cl         ^ 

-=1,20  -»i,25 


Ainsi  Taction  du  chlore»  à  la  pression  ordinaire,  à  la 
lumière  solaire  concentrée,  à  une  température  d'environ 
40",  et  en  présence  de  Tiode,  est  limitée  à  l'introduction 
de  trois  atomes  de  chlore  dans  la  molécule  d'acide. 

De  plus,  nous  voyons  que  ce  degré  de  chloruration 
s'étend  uniformément  à  la  presque  totalité  de  la  masse 
liquide,  puisque  la  formule  déduite  de  la  composition  du 
sel  indique  que  Tacide  trichloré  est  de  beaucoup  plus 
abondant  que  le  bichloré. 

On  ne  peut  cependant  pas  conclure  à  l'existence  d'une 
limite  quant  à  la  quantité. 

En  effet,  rien  ne  prouve  qu'en  prolongeant  le  séjour  au 
soleil  de  la  liqueur  acide  sursaturée  de  chlore,  nous 
n'aurions  pas  obtenu  une  quantité  plus  grande  encore 
d'acide  trichloré.  Nous  avons  seulement  constaté  que 
l'absorption  du  chlore  unissait,  au  bout  de  quinze  heures, 
par  devenir  insaisissable  par  les  moyens  dont  nous  dis- 
posions, mais  nous  ne  pouvons  aflSrmer  avoir  atteint  une 
limite  réelle  de  chloruration. 

Nous  ferons  remarquer  encore,  à  ce  sujet,  que  pendant 


(  746  ) 

ta  chloruralion,  la  solution  acide  devient  de  plus  en  plus 
visqueuse;  il  en  résulte  que  le  chlore  éprouve  une  diffi- 
culté croissante  à  rencontrer  les  parties  du  liquide  sur  les- 
quelles son  action  pourrait  encore  s'exercer. 

Action  du  trichlorure  d'iode  sur  l'acide  heptylsulfonique 

trichloré. 

Bien  que  le  but  principal  de  notre  étude  comparative 
fût  atteint  déjà  par  les  expériences  que.  nous  venons  de 
rapporter,  il  était  intéressant  de  pousser  plus  loin  la  com- 
paraison et  de  savoir  comment  se  comporterait  Tacide  tri- 
chloré  en  présence  d'un  chiqrurant  plus  énergique. 

Nous  avons  donc  soumis  notre  premier  produit  à  l'action 
d'un  grand  excès  de  trichlorure  d'iode  en  tube  scellé. 

Un  premier  tube  fut  maintenu  à  125*^  pendant  trois 
heures.  En  l'ouvrant  on  ne  constata  qu'un  très  faible  déga- 
gement d'HCI,  et  l'on  ne  trouva  ni  cristaux  d'iode  ni  acide 
sulfurique  dans  le  liquide,  dont  l'aspect  primitif  s'était 
conservé.  Le  dégagement  d'HCI  peut  être  attribué  à  la 
transformation  en  acide  trichloré  d'une  petite  quantité 
d'acide  bichloré  existant  dans  le  liquide,  comme  nous 
l'avons  vu. 

Dans  une  nouvelle  expérience,  la  température  de  l'étuve 
a  été  portée  à  lôT'^-lTO*.  Ici  l'acide  trichloré  a  été  profon- 
dément attaqué.  Les  tubes  dégagent  des  torrents  d'HCI  et 
sont  tapissés  d'une  grande  quantité  de  cristaux  d'iode.  On 
en  verse  le  contenu  dans  de  l'eau,  puis  on  sépare  la  partie 
liquide  par  filtration.  Le  résidu  est  traité  par  une  solution 
de  NaHSO'  qui  dissout  l'iode  et  abandonne  une  huile 
(III)  serai-fluide,  brune,  à  odeur  camphrée,  brûlant  avec 
une  flamme  à  bords  verts  et  un  grand  dépôt  de  carbone. 


(747) 

Celte  substance,  dool  nous  n'avons  malheureusement 
pu  recueillir  que  quelques  décigrammes,  n'a  pu  être  amenée 
à  un  état  de  pureté  convenable,  et  l'analyse  qui  en  a  été 
faite  ne  peut  fournir  que  des  indications  sur  sa  nature. 
Nous  avons  trouvé  : 


c.    .    . 

23,89 

Ha 

2,30 

Cl.     .     . 

6i,40 

Différ.    . 

12,41 

100,00 

Ces  nombres  se  rapprochent  néanmoins,  d*une  manière 
très  satisfaisante,  de  ceux  auxquels  conduit  la  formule 
d'un  acide  oxyheptylique  hexachloré  : 

C'H'CP .  CHOH .  CO'H  :     ou     CH^Cl^O' 


qui  exigerait  : 


C   .  .  .  à3,79 

H    .  .  .  2,26 

Cl  .  .  .  60,30 

0   .  .  .  43,59 


99,94 


Ce  qui  tend  à  démontrer  l'exactitude  de  cette  conclu- 
sion, c'est  que  la  potasse,  en  solution  concentrée,  ne  dis- 
sout que  partiellement  cette  substance.  Il  demeure  un 
résidu  incolore,  d'odeur  semblable  à  celle  du  produit  pri- 
mitif, et  fortement  chloré,  ce  qui  s'explique  parce  que  la 
potasse  enlève  le  groupe  CO^H  pour  laisser  une  chlorhydrine 
chlorée. 


(748) 

Quoi  qoll  en  soil  du  doute  qui  peut  régner  encore  sur 
l'identité  de  la  substance,  il  est  néanmoins  établi  qu'une 
partie  de  l'acide  sulfonique  a  éprouvé,  pendant  la  chloru-^ 
ration  en  tube  scellé,  une  décomposition  qui  a  détaché  le 
groupe  sulfonique  du  carbone.  C'est  là  le  point  essentiel.  Il 
s'est  formé  d'abord  G^H^I^  qui,  au  contact  de  l'eau,  est 
devenu  C^H^CW. 

Revenons  à  la  solution  aqueuse  fournie  par  le  lavage  du 
contenu  des  tubes  scellés. 

Après  avoir  éliminé,  par  une  agitation  avec  du  mercure, 
le  chlore  et  l'iode  libre  qu'elle  renferme,  la  solution  a  été 
saturée  à  iOO^  par  du  carbonate  de  baryum.  Après  filtra- 
tion,  décoloration  au  noir  animal  et  évaporation ,  elle 
abandonne  un  sel  (IV)  de  même  apparence  que  le  sel  (II). 
On  le  purifie,  autant  que  possible,  par  une  nouvelle  cris- 
tallisation et  on  le  soumet  à  l'analyse. 

Celle-ci  montre  que  l'on  a  affaire  à  un  mélange  d'œnan- 
thylate  et  d'heptylsulfonate  de  baryum  chlorés  qu'on  peut 
représenter,  très  approximativement,  par  la  formule  : 

(CH"Cl*SO')»Ba  -*-  i,5(C»H»Cl»0VBa  -♦-  12H«0. 


En  effet  : 


On  tronfe 

An  lien  de 

Ba.    . 

.      16,53 

16,88 

Cl.     . 

35,44 

36,76 

S  .    . 

3,24 

3,15 

C  .     . 

.      20,90 

20,71 

H.    . 

3,94 

3,55 

0  .    . 

S0,9S 

(diff.).  18,93 

i  00,00 


99,98 


C  749  j 

La  coDCordaDce  peut  être  jugée  satisfaisante,  si  Ton 
tient  compte  de  l'extrême  difficulté  des  dosages  de  soufre 
et  de  chlore  y  dans  un  composé  renfermant  aussi  du 
baryum* 

La  masse  du  chlore  a  donc  produit,  dans  la  molécule, 
la  division  à  Tendroit  du  groupe  terminal,  de  sorte  que 
Textrémité  de  la  chaîne 


serait  devenue  : 


Cl    Cl  1 

I      I 
«C— C— SO»H 

I       I 
Cl    Cl 

Cl    Cl 

I    I 

-c— c— Cl, 

I    I 

Cl    Cl 


puis,  sous  l'influence  de  l'eau  : 

Cl 

I        ^0 
—  C— C 

I        \  OH. 

Cl 

Cette  supposition  trouve  d'ailleurs  sa  justification  dans 
les  résultats  de  nos  précédents  travaux. 

Nous  avons  vu,  en  eflet,  que  chaque  fois  qu'un  atome 
de  carbone  terminal  se  trouve  uni  à  trois  atomes  de  chlore, 
il  échange  facilement  ce  dernier  contre  de  lliydroxyle, 
puis  une  molécule  d'eau  se  sépare  et  la  substance  devient 
acide.  Le  groupe  — CCI'  semble  donc,  en  toute  circon- 
stance, agir  comme  dans  le  chloroforme  suivant  : 

HC.CP  +  4K0H  =  HCO'K  -♦-  3KC1  -♦-  2ffO. 


(  730  ) 


Action  du  chlore  sur  Voxysulfure  d'heplyle. 

Pour  continuer  la  comparaison  des  propriélés  de  Phep- 
tyle  à  celles  des  radicaux  homologues  inférieurs,  nous  avons 
fait  réagir  le  chlore  sur  Toxysulfure  heplylique. 

Ce  corps  est  solide  et  ressemble  par  ses  caractères  exté- 
rieurs à  Tacide  stéarique.  11  flotte  sur  Peau  et  fond  à  70*" 
en  éprouvant  une  forte  dilatation. 

Pour  nous  placer  dans  des  conditions  comparables  à 
celles  de  nos  précédentes  expériences  sur  les  oxysulfures 
inférieurs,  corps  qui  étaient  solubles  dans  Teau  ou  au  moins 
liquides,  nous  avons  traité  celui-ci,  comme  Toxysulfure 
d'amyle,  en  l'agitant  avec  de  l'eau  dans  laquelle  passait  un 
rapide  courant  de  chlore. 

Dès  l'arrivée  des  premières  bulles,  l'oxysulfure  a  com- 
mencé à  se  liquéfier,  tout  en  restant  à  la  surface  de  l'eau. 
L'absorption  du  chlore  continuant,  la  température  s'est 
élevée  jusqu'à  60*"  environ,  et  Thuile  formée  a  fini  par 
gagner  le  fond  du  vase. 

Après  14  à  15  heures,  le  chlore  paraissant  ne  plus  être 
absorbé,  on  a  séparé  la  couche  aqueuse  supérieure  de  la 
couche  huileuse. 

La  première  n'était  qu'une  solution  concentrée  d'acide 
chlorhydrique,  contenant  une  trace  d'un  acide  organique 
chloré.  Cet  acide  provenait  de  l'action  de  l'eau  sur  un 
chlorure  d'acide  très  stable,  constituant  la  majeure  partie 
de  l'huile.  En  eflet,  cette  huile,  lavée  à  l'eau  pure,  aban- 
donnait une  très  petite  quantité  du  même  acide,  et  l'on 
pouvait  répéter  l'opération,  même  en  employant  de  Teau 


(751  ) 

chaude,  sans  réussir  à  décomposer  le  chlorure  d'acide  en 
quantité  notable. 

Pour  obtenir  la  décomposition  complète,  après  avoir 
constaté  que  l'huile  ne  pouvait  être  distillée,  même  dans 
le  vide, sans  s'altérer,  nous  avons  eu  recours  à  une  solution 
concentrée  de  soude  caustique  qui  a  dissous  environ  les 
deux  tiers  de  l'huile,  en  produisant  une  forte  élévation  de 
température. 

Le  résidu  a  été  traité  de  la  même  façon  et  à  deux 
reprises  par  de  la  solution  de  soude  fraîche,  puis  lavé  à 
l'eau  et  séché  sur  du  chlorure  de  calcium.  Après  ce  traite- 
ment on  l'a  soumis  à  la  distillation  dans  le  vide  et  l'on  a 
recueilli  un  liquide,  presque  incolore,  passant  de  120^ 
à  155"*  ;  le  résidu  était  brun  foncé  et  visqueux  (V5). 

Le  liquide  soumis  à  une  nouvelle  distillation  a  fourni 
une  huile  incolore  (V^)  passant  de  120''  à  142°  et  un  résidu 
(Vs)  légèrement  jaunâtre. 

L'analyse  a  montré  que  ces  liquides,  composés  de  car- 
bone, chlore  et  hydrogène,  étaient  des  mélanges  d'heptane 
tri-  et  tétra-chloré,  ainsi  que  l'indique  le  tableau  suivant  : 

Calculé  Calculé 

Trouvé  Vi        Trouvé  V,        C7H«»C1'  CtH««C1* 

C.     .    .      38,00  36,15  4i,27  35,29  . 

H.    .    .        5,60  5,29  6,38  5,04 

Cl    .     .      56,40  58,56  52,35  59,67 


i  00,00        100,00        100,00        100,00 

Il  restait  à  trouver  la  position  relative  des  atomes  de 


(  752  ) 

chlore  dans  la  molécule,  c'est-à-dire,  à  s'assurer  si,  comme 
dans  le  cas  des  composés  amyliques  et  propyliques,  le 
chlore  s'était  porté  de  prérérence  sur  l'atome  de  carbone 
qui  avait  été  uni  au  soufre. 

A  cet  effet,  nous  avons  d'abord  fait  réagir  en  tube  scellé, 
sur  une  portion  de  l'huile  V^,  une  solution  concentrée  de 
soude  caustique  à  une  température  d'environ  120°. 

Le  résultat  a  été  absolument  nul  :  le  verre  du  tube  a  été 
attaqué,  mais  l'huile  V^  n'a  pas  été  modifiée. 

Dans  une  seconde  expérience,  la  soude  a  été  remplacée 
par  de  l'hydrate  d'argent,  et  la  température  maintenue 
pendant  2  7^  heures  vers  ISS*". 

On  a  retiré  du  tube  la  presque  totalité  de  l'huile  intro- 
duite; cependant  un  commencement  de  réaction  s'était 
manifesté,  une  faible  couche  d'argent  s'était  déposée,  par 
places,  sur  le  verre,  et  il  s'était  formé  du  AgCI. 

En  conséquence  on  a  rechargé  un  nouveau  tube  avec 
grand  excès  d'hydrate  d'argent,  et  Ton  a  chauffé  de  1S5* 
à  IGâ""  pendant  5  '/a  heures.  Il  eût  été  inutile  de  dépasser 
cette  température  puisque  l'huile  V^  se  serait  décomposée, 
comme  pendant  la  distillation. 

Après  la  chauffe  le  tube  était  complètement  argenté 
sous  une  épaisseur  telle  que  la  couche  métallique  avait 
pu,  en  certains  endroits,  se  détacher  par  feuilles. 

Le  contenu  du  tube  fut  agité  avec  de  l'eau;  après  filtra- 
tion  et  addition  de  BaCl^  on  constata  la  formation  d'un 
faible  précipité  de  AgCI,  indice  de  la  présence  d'une  trace 
de  sel  d'argent  soluble. 

Mais  la  majeure  partie  de  la  substance  étudiée  était 
restée  sur  le  filtre,  mélangée  au  chlorure  d'argent  formé 
et  à  l'excès  d'hydrate;  on  traita  le  dépôt  par  de  l'éther  qui 
enleva  une  huile  à  odeur  de  fruits,  agréable,  rappelant 


(  733  ) 

celles  de  falcool  et  de  Tacétate  heptyliques.  Elle  brûlait 
sans  résidu  avec  flamme  à  bords  verts. 

Il  s'était  donc  très  probablement  formé  un  éther  chloré* 

Pour  s'en  assurer»  il  suffisait  de  tenter  la  saponification 
de  la  substance.  On  fit  d'abord  bouillir  celle-ci  avec  une 
solution  de  potasse  caustique]  dans  de  l'eau,  mais  sans 
aucun  résultat.  Au  contraire,  il  y  eut  réaction  immédiate 
lorsqu'on  remplaça  l'eau  par  de  l'alcool.  La  liqueur  brunit, 
changea  d'odeur,  et  il  se  Torma  un  dépôt  de  KGI. 

On  ajouta  alors  une  grande  quantité  d'alcool  absolu, 
puis  de  l'acide  sulfurique  en  quantité  suflBsante  pour 
saturer  la  potasse  et  mettre  l'acide  inconnu  en  liberté. 
Enfin,  on  sépara  le  K^SO*  formé  et  l'on  satura  les  acides 
par  une  solution  de  baryte,  après  quoi  l'on  évapora  à 
siccité  pour  chasser  l'alcool.  Pendant  toute  la  durée  de 
cette  opération,  les  vapeurs  d'alcool  étbylique  entraînèrent 
une  substance  odorante  rappelant  l'alcool  heptylique; 
c'était  probablement  l'alcool  auquel  l'éther [inconnu  devait 
sa  formation;  mais  comme  on  n'opérait  que  sur  une  très 
petite  quantité  de  matière,  il  était  impossible  de  songer  à 
recueillir  cet  alcool  pour  Tanalyser. 

Finalement,  le  résidu  de  l'opération,  repris  par  l'eau,  et 
débarrassé  de  l'excès  de  baryte  par  un  courant  d'anhydride 
carbonique,  a  fourni  un  sel  de  baryum,  mais  en  quantité 
iosuSisante  pour  l'analyser  même  qualitativement.  Nous 
nous  sommes  bornés  à  constater  que  la  solution  de  ce  sel, 
additionnée  diacide  sulfurique,  répandait  une  odeur  ana- 
logue à  celle  de  l'acide  œnanthylique. 

En  résumé,  les  expériences  précédentes  montrent  que 
les  heptanes  chlorés  de  l'huile  (V^)  résistent  incomparable- 
ment mieux  à  l'action  des  bases  que  les  dérivés  corres-' 
pondants  du  propajne  et  de  l'hydrure  d'amyle;  ces  derniers, 

3"*   SÉBIE,   TOUR   Xiy.      .  :   .     .:  ]  .  51  , 


(754) 

comme  on  peut  se  le  rappeler  (1),  étaient  attaqués,  même 
par  l'eau  à  basse  température,  pendant  la  chloruration,  et 
nous  ont  donné  de  Tacide  propioniqtie  et  de  Tanhydride 
valérianique.  Dans  le  cas  actuel,  au  contraire,  ni  Peau, 
ni  même  la  soude  caustique  à  120''  n'ont  produit 
semblable  résultat,  et  il  a  fallu  faire  réagir  l'hydrate 
d'argenl  vers  162°. 

Mais  là  ne  se  borne  point  la  différence  :  il  faut  comparer 
aussi  les  produits  obtenus. 

Tandis  que  le  propane  trichloré  a  donné  naissance  à  de 
l'acide  propionique,  que  l'hydrure  d'amyle  trichloré  a  pro- 
duit beaucoup  d*anhydride  valérianif|ue  et  probablemenl 
un  peu  d'aldéhyde  valérique,  l'heptane  tri-ou  tétra-chloré 
a  produit,  au  contraire,  très  peu  d'acide  en  combinaison 
avec  Toxyde  d'argent,  une  quantité  très  notable  d'aldéhyde 
(ainsi  que  le  donne  à  supposer  la  couche  d'argent  métal- 
lique obtenue),  et  un  éther,  impliquant  nécessairement  la 
formation  préalable  d'un  alcool  et  d'un  acide. 

Il  semble  donc  que,  dans  les  heptanes  chlorés  que  nous 
venons  d'étudier,  les  atomes  de  chlore  ne  sont  pas  tous 
groupés  vers  Textrémité  de  la  chaîne  carbonée  qui  se  trou- 
vait liée  au  soufre,  mais  occupent  diverses  positions  diffé- 
rentes par  rapport  au  dernier  atome  de  carbone. 

Remarque.  —  Avant  d'abandonner  ce  sujet,  nous  ajou- 
terons que  nous  avons  procédé  à  des  expériences  directes 
sur  l'huile  provenant  de  la  chloruration  de  Toxysulfure 
d*heptyle,  pour  nous  assurer  si  elle  ne  contenait  pas 
d'anhydride.  Nous  ne  les  rapporterons  pas  ici  pour  la 


(i)  Voir  BitU.  Acad,  Composés  propyliques  :  3*  sér.,  t.  IV,  n^8; 
1883;  Composés  amyliques  :  ?•  sér.,  t.  VH,  n"»  I;  1884 


(755) 

raison  que  le  résultai  eu  a  été  négatif,  ce  qui  était  à  pré- 
voir, étant  donné  que  les  heptanes  poly-chlorés  résistent 
à  l'eau  et  même  aux  bases  aussi  énergiquement  que  nous 
venons  de  le  prouver. 

Passons  à  l'examen  de  la  dissolution  obtenue  en  trai- 
tant par  la  soude  l'huile  brute  provenant  de  l'action  du 
chlore  sur  Toxysulfure  d'heptile. 

Cette  dissolution  contient  différents  sels  de  sodium  qui 
cristallisent  mal  ;  on  les  transforme  en  sels  de  baryum  afin 
de  pouvoir  plus  facilement  les  amener  à  un  état  de  pureté 
relatif. 

On  trouve  successivement  dans  l'ordre  de  cristallisation  : 

l"*  Un  sel  (VI)  cristallisant  en  houppes  formées  de  fines 
aiguilles,  plus  soluhle  dans  Teau  à  chaud  qu'à  froid,  et  s'y 
dissolvant  avec  un  violent  mouvement  de  giration. 

Ce  sel  se  décompose  assez  facilement,  surtout  à  chaud, 
en  présence  du  AgNO^  en  donnant  du  AgCI.  il  est  loin 
d'être  pur,  renferme  un  peu  de  sodium,  probablement  à 
l'état  de  chlorure,  et  peut*élre  aussi  un  peu  de  BaCK  On 
l'a  séché  à  100%  puis  soumis  à  l'analyse. 

Le  résultat  permet  de  conclure  que  Ton  a  affaire  à  un 
mélange  d'heptylsulfonates  de  baryum,  contenant  du 
chlore  en  différentes  proportions. 

La  formule  suivante,  qui  exigerait  cependant  une 
teneur  en  soufre  un  peu  plus  faible  que  celle  que  Ton  a 
trouvée,  exprime  assez  bieii  la  constitution  que  le  sel 
semble  devoir  présenter 

(7H"CIS0'    p^      C'H^CI'SO»    R^  _  Q„,.. 
CH^CISO*'-^  ***  •*■  C'H**CISO'^'**'  +  yw  u 

H-  0,28BaCI* 
4-0,16NaCl. 


(  736  ) 


En  effet  od  a 

Trouvé 

Calculé 

Ba.    . 

22,54 

22,43 

Na     . 

0,28 

0,26 

S  .    , 

.     .      11,25 

9.19 

Cl 

.     .       14,70 

14,58 

C  . 

,    .      24,11 

24,13 

H.    . 

,    .        4,63 

S.24 

0  (di 

ff.).      22,49 

24,13 

400,00 


99,96 


^  Un  sel  (Vfl),  nacré,  formé  de  fines  lamelles  prisma- 
tiques, anhydre,  répondant  à  la  formule 

C'H"CISO'     p        C'H"CISO»     n.. 

ainsi  que  l'indique  le  tableau  suivant  : 


Trouvé 


Calculé 


c  .    .    . 

31,02 

30,73 

H.     .     . 

5,78 

5,21 

Cl.     .    . 

9,82 

9,74 

S  .    .     . 

12,11 

11,70 

Ba.     .    . 

25,04 

25,05 

0  (diff.). 

16,23 

17,56 

100,00 


99,99 


3"*  Un  sel  (VIII),  amorphe,  en  poudre  pesante,  insoluble 
dans  l'eau  froide,  répondant  à  la  formule  du  sel  VI,  à  part 
cette  différence  que  le  sel  VIII  est  anhydre. 


(  757  ) 

Il  ressort  de  ce  qui  précède  que  le  chlore,  agissant  eu 
présence  de  Teau  sur  Toxysulfure  d'heptyle 

C'fl«  —  s  —  0  —  C'H", 
ou  C'H"  —  S  —  CH", 


0 

(si  Ton  admet  la  tétra-atomicité  du  soufre),  opère  une  scis- 
sion bien  nette  à  Tendroit  du  soufre  :  d'une  part,  le 
groupe  C^H'^  se  sépare  en  formant  du  chlorure  d*heptyle 
plus  ou  moins  chloré,  et  d'autre  part  le  résidu  C^H^^SO 
subit  une  oxydation  qui  le  transforme  en  chlorure  d'acide 
C^H*^SO^CI.,  tandis  que  du  chlore  se  substitue  à  une  partie 
de  l'hydrogène  du  radical  C^H*^ 

On  peut  remarquer  que  les  deux  groupes  C^  H*^  de  la 
molécule  d'oxysulfure  ne  se  sont  pas  comportés  de  la 
même  manière  vis-à-vis  du  chlore  :  tandis  que  celui  qui 
est  devenu  chlorure  d'heptyle  chloré  a  pu  absorber  5  et 
4  atomes  de  chlore,  l'autre,  au  contraire,  qui  s'est  trans- 
formé en  chlorure  d'acide,  n'en  a  admis  qu'un  seul,  ou  au 
plus  deux.  Cette  différence  n'a  rien  qui  doive  surprendre, 
si  l'on  considère  que  le  chlorure  d'acide  participe  déjà 
aux  propriétés  de  l'acide  même  qu'il  peut  engendrer  Jequel, 
nous  l'avons  démontré,  n'absorbe  plus  aucun  atome  de 
chlore,  si,  comme  c'était  le  cas,  la  réaction  se  passe  à  la 
lumière  diffuse. 

De  cette  remarque  il  semble  résulter  aussi  qne  la  scis- 
sion de  la  molécule  d'oxysulfure  doit  être  postérieure  à 
la  pénétration  du  chlore  dans  les  deux  groupes  heptyles^ 
ou  tout  au  moins  dans  celui  qui  devient  chlorure  d'acide. 

Si  nous  comparons  la  réaction  de  Toxysulfure  d'heptyle 
à  celles  des  oxysulfures  de  propyle  et  d'amyle,  avec  le 
même  métalloïde»  nous  apercevons  une  différence  fonda- 


(  758  ) 

mentale,  c'est  que,  dans  le  cas  actuel,  nous  n'avons  pas 
trouvé  trace  de  sulfone  heptylique 

((?H"J«S0* 

parmi  les  produits  de  la  réaction,  alors  que,  dans  les  pré- 
cédentes, nous  avions  recueilli  une  notable  quantité  de 
sulfone  propylique,  et  une  quantité  incomparablement 
plus  grande  encore  de  sulfone  amylique. 

Nous  pouvons  affirmer  aussi  que  ce  corps  ne  s'est  pas 
formé  au  cours  de  la  chloruration,  pour  être  détruit  ensuite 
par  le  chlore,  car  nous  avons  constaté,  par  une  expérience 
spéciale,  que  le  sulfone  heptylique  ne  subit  pas  la  moindre 
action  de  la  pari  de  ce  gaz,  même  à  la  lumière  concentrée 
d'un  miroir  ardent. 

Il  faut  très  probablement  voir  dans  ce  fait  une  consé- 
quence de  la  propriété,  que  nous  avons  reconnue  aux 
composés  heptyliques,  d'être  plus  attaquables  par  le  chlore 
que  leurs  homologues  inférieurs. 

En  effet,  la  formation  du  sulfone  n*est  possible  que  si 
la  phase  A'oxydation  précède  c^lle  de  chloruration^  et 
nous  venons  de  voir  que  c'est  l'inverse  qui  semble  avoir 
lieu. 

CONCLUSIONS. 

En  résumé,  les  trois  lois  auxquelles  parait  soumise 
l'action  du  chlore  sur  les  combinaisons  snifonées,  ironveol 
une  confirmation  complète  dans  les  faits  nouveaux  obser- 
vés au  cours  de  ce  travail. 

Le  chlore  se  substitue  d'autant  plus  facilement  à 
fhydrogène  d'une  molécule  contenant  un  groupe  sulfone, 
'que  le  nombre  d'atomes  de  carbone  de  cette  molécule  est 
j)lus  grand;  ensuite,  le  remplacement  de  l'hydrogène  par 


(  759  ) 

le  chlore  affaiblit  graduelIcmeDl  la  liaison  des  groupes  sul- 
fonés  au  point  de  finir  par  l'annuler;  enfin,  le  chlore,  loin 
de  se  porter  sur  Ta  tome  de  carbone  non  uni  directement 
au  groupe  sulfoné,  se  fixe  de  préférence  sur  celui-ci,  de 
sorte  qu'après  la  division  de  la  molécule,  on  obtient  des 
homologues  du  chloroforme. 

Nous  Tavons  dit  au  début  de  ce  travail,  ces  trois  lois 
ne  peuvent  trouver  une  explication  satisfaisante  ni  dans 
la  théorie  de  Kekulé,  ni  dans  la  théorie  de  Kolbe.  Les 
molécules  organiques  ne  peuvent  pas  être  assimilées  à  des 
systèmes  mécaniques  simples,  ni  à  des  organismes.  On 
verse  dans  Terreur  en  raisonnant  dans  ces  théories,  non 
pas  parce  que  celles-ci  seraient  complètement  fausses,  mais 
plutôt  parce  qu*elles  ne  nous  donnent  qu'un  tableau 
incomplet  de  la  réalité.  En  un  mot,  le  défaut  de  ces  théo- 
ries est  d'être  trop  simples.  On  doit  les  compléter. 

Mais  n'oublions  pas  non  plus  qu'il  nous  manque  encore 
un  renseignement  essentiel,  avant  de  faire  une  tentative 
dans  le  sens  indiqué.  On  ne  connaît  pas  encore  le  rôle  que 
peut  jouer  dans  les  phénomènes  de  chloruration,  ce  que 
Ton  est  convenu  de  nommer  aujourd'hui  la  longueur  de 
la  chaîne  carbonée. 

Dans  notre  dernier  travail,  nous  avions  déjà  fait  allu- 
sion à  cette  lacune  de  nos  connaissances,  et  nous  avions 
fait  connaître  notre  projet  de  mesurer  Captitude  réac- 
tionnelle  comparée  des  hydrocarbures  d'une  même  série 
vis-à-vis  d'un  même  élément  :  le  chlore.  Des  diflScultés 
extraordinaires  nous  ont  empêché  d'aboutir  jusqu'à  pré- 
sent; mais  nous  pensons  qu'en  reprenant,  par  une  méthode 
nouvelle,  l'étude  de  la  chloruration  des  hydrocarbures, 
conjointement  avec  celle  des  acides  gras^  nous  pourrions 
:résoudre  le  problème. 


(  760  ) 

Tel  est  Tobjet  du  travail  que  nous  nous  permettons 
d'annoncer  dès  maintenant  comme  la  suite  naturelle  de 
nos  recherches  actuelles. 


Sur  quelques  dérivés  nouveaux  de  Calcool  heptylique 
normal^  comparés  à  leurs  homologues;  par  C.  Winssinger, 
ingénieur. 

La  découverte  du  premier  alcool  heptylique,  faite  en 
186^,  est  due  à  Faget,  qui  isola  ce  corps  de  Fhuile  de  marc 
de  raisin. 

Peu  de  temps  après,  d*autres  chimistes,  parmi  lesquels 
on  peut  citer  Bonis,  Chapman,Schorlemmer  et  Cross,  firent 
connaître  de  nouveaux  alcools  présentant  la  même  com- 
position que  le  premier,  et  décrivirent  quelques-uns  de 
leurs  dérivés. 

Depuis  cette  époque,  nos  connaissances  sur  les  dérivés 
de  rheptane  sont  restéesàpeu  près  ce  qu'elles  étaient;  c'est 
ainsi  qu'en  ce  qui  concerne  notamment  l'alcool  heptylique 
normal,  on  ne  possède  encore  des  données  que  sur  l'alcool 
lui-même  et  ses  élhers  acétique,  chlorhydrique,  bromhy- 
drique  et  iodhydrique. 

Des  recherches  précédentes  (1)  m'ayant  fourni  l'occasion 
d'étudier  les  dérivés  sulfurés  de  quelques  termes  inférieurs 
de  la  série  des  hydrocarbures  saturés  normaux,  je  me  suis 
proposé  de  répéter  cette  étude  à  l'égard  des  dérivés 
beptyliques,  moins  en  vue  de  produire  un  travail  descriptif 
et  de  cataloguer  quelques  substances  nouvelles,  que  dans 


(i)  NoUmmcnt,  Bull,  de  VAead.,  3*  série,  t.  XIII,  n»  5,  1887  : 
Sur  quelques  dérivés  du  propane» 


(76i  ) 

le  but  d'obtenir  des  séries  homologues  assez  étendues  pour 
donner  lieu  à  une  étude  comparative. 

Il  n'est  guère  admissible»  en  effet,  que  l'élude  des  corps 
rangés  dans  une  même  série  puisse  se  borner  à  la  déter- 
mination de  leurs  propriétés  iùdiviJuelles,  ni  même  à  la 
découverte  des  analogies  qu'ils  présentent  entre  eux;  cette 
étude  doit  être  complétée  par  la  recherche  des  relations 
qui  doivent  exister  entre  le  degré  variable  de  développe- 
ment des  caractères  communs  et  la  constitution  molécu- 
laire des  corps. 

Les  résultats,  encore  peu  nombreux,  auxquels  je  suis 
parvenu,  prouvent  que  ce  genre  de  recherche,  loin 
d'exposer  à  des  redites,  ainsi  qu'on  pourrait  le  croire,  peut 
conduire,  au  contraire,  à  des  observations  intéressantes, 
capables  d'apporter  des  éléments  nouveaux  à  l'étude  de  la 
constitution  de  la  matière. 

A  ce  point  de  vue,  la  note  que  j'ai  l'honneur  de  pré- 
senter à  l'Académie  peut  être  considérée  comme  une 
annexe  au  travail  que  M*  Spring  et  moi  nous  avons  entre- 
pris sur  les  combinaisons  sulfoniques  et  les  oxysulfures 
organiques  (1). 

Les  combinaisons  heptyliques  que  j'ai  étudiées  sont  :  le 
sulfhydrate,  le  sulfure,  l'acide  sulfonique  et  le  sulfone. 

Avant  de  les  décrire,  et  afin  de  ne  laisser  aucun  doute 
sur  l'identité  de  ces  composés  pour  lesquels  de  nombreux 
isomères  sont  à  prévoir,  j'exposerai  succinctement  le  mode 
de  préparation  de  l'alcool  et  du  chlorure  qui  m'ont  servi  de 
point  de  départ. 


{{)  Bull  de  l'Acad.,  3«sér.,  t.  Il,  n«  12,  4881  \  3*  sër..  t.  IV,  n«  8, 
188-2;  3«  sér.,  t.  VII,  n«  I,  488i. 


(  762  ) 

1.  Alcool  hepiylique.  —  On  l'obtient  faciiement  lorsque 
l'on  traite  Tœnanthoi,  produit  de  la  distillation  sèche  de 
rhuile  de  ricin,  par  de  Thydrogène  naissant.  Suivant  la 
méthode  générale  de  Krafft  (1),  on  dissout  l'aldéhyde  dans 
de  i*acide  acétique  cristal lisable,  et  l'on  ajoute,  par  petites 
portions  successives,  de  la  poudre  de  zinc.  On  chauffe 
légèrement  pendant  plusieurs  jours. 

L^hydrogénation  terminée, l'aldéhyde  se  trouve  convertie 
en  acétate  d*heptyle  qu'on  saponifie  par  la  potasse. 

L'alcool  rectifié  bout  de  173®  à  176%  retenant  encore  de 
l'eau  que  n'enlève  plus  le  carbonate  de  potassium.  On  ne 
peut  faire  usage  du  chlorure  de  calcium,  qui  forme  avec 
l'alcool  une  combinaison  cristallisée. 

2.  Chlorure  d'heptyle.  —  On  l'a  préparé  au  moyen  de 
l'alcool  et  de  l'acide  chlorhydrique  que  l'on  a  fait  réagir 
en  tube  scellé,  pendant  deux  heures,  enlre  130"  et  180*. 

Le  produit,  lavé  à  l'eau,  débarrassé  d'un  reste  d'alcool 
par  dUr  peniachlorure  de  |)liosphore,  puis  rectifié,  bout 
à  158%2  (corr.),  à  la  pression  de  760  millimètres  (2). 
Il  représente  86  °/o  du  rendement  théorique. 

Cette  méthode  est  préférable  à  celle  qui  consiste  à  opérer 
la  chloruration  au  moyen  du  chlorure  de  zinc,  lequel 
attaque  profondément  l'alcool  heptylique,  en  produisant 
un  mélange  complexe  de  chlorures  normal  et  secondaire 
accompagnés  d'heptylène. 


li)  Berichle  der  deuttchen  chemisehen  Gesellsehaft^  1883,  s.  1714. 
(2)  Cross,  Ann,  Chem.  Pharm.,  b.  489,  s.  1,  donne  le  nombre 
de  \  59«2. 


(763) 

3.  Mercaptan.  —  Ce  corps  prend  naissance  lorsqu'on 
met  le  chlorure  d'heptyle  en  présence  d'une  solution 
alcoolique  de  snifhydrate  de  potassium,  mais  il  faut  provo- 
quer la  réaction  en  chauffant  légèrement  au  bain-marie. 
Dès  lors  la  double  décomposition  se  fait  rapidement,  sans 
grand  dégagement  de  chaleur,  et  le  mercaptan  formé 
gagne  la  surface  du  liquide,  sous  forme  d'une  couche 
huileuse.  De  fait,  ce  sulfhydrate  est  peu  soluble  dans 
l'alcool.  C'est  un  liquide  mobile,  incolore,  doué  d'une  odeur 
moins  pénétrante  que  celle  de  ses  homologues  inférieurs. 

Il  bout  à  174'*-175%  à  la  pression  de  760  millimètres, 
sans  séprouver  la  moindre  altération.  Au  contraire, 
lorsqu'on  le  chauffe  au  bain-marie,  mélangé  à  la  solution 
alcoolique  dans  laquelle  il  s'est  formé,  il  se  décompose 
rapidement  en  sulfure  d'heptyle  et  en  hydrogène  sulfuré. 

C'est  là  une  propriété  singulière,  étant  donnée  l'extrême 
solidité  qui  caractérise  ordinairement  la  liaison  directe  du 
soufre  au  carbone;  par  exemple,  dans  les  termes  inférieurs 
de  la  série  des  mercaptaus,  dans  les  dérivés  du  benzol,  etc. 

La  décomposition  du  mercaptan  heptylique,  que  j'ai 
d'ailleurs  déjà  mentionnée  (1)^  parait  donc  constituer  une 
véritable  anomalie.  Cependant  on  verra  plus  loin,  par 
l'examen  comparatif  des  séries,  que  cette  manière  de  voir 
n'est  pas  fondée,  et  que  le  phénomcne  semble  être  plutôt 
la  conséquence  naturelle  d'une  relation  générale, qui  appa- 
raît entre  la  tendance  des  radicaux  à  entrer  dans  une  com- 
binaison et  le  degré  de  complication  moléculaire  qu'ils 
présentent. 


(I)  Dérivés  du  propane,  loc.  cit. 


: (   764  ; 

4.  Sulfure.  —  Si  i*OD  emploie,  dans  la  préparation  pré- 
cédente, do  sulfure  de  potassium  au  lieu  de  sulfhydrate, 
on  n'obtient  plus  que  du  sulfure  dlieptyle.  Ici  encore  il 
faut  élever  légèrement  la  température  pour  que  la  réaction 
commence,  au  moins  sans  trop  se  faire  attendre.  Elle 
s'effectue  alors  en  peu  d'instants,  et  le  rendement  est 
presque  théorique. 

Le  sulfure  possède  une  odeur  moins  forte  et  moins 
persistante  que  celle  du  mercaptan.  Il  bout  à  SOS""  sans  se 
décomposer. 

5.  Acide  heptylsulfonique.  —  L'acide  nitrique  d'une 
densité  1,3  attaque  le  suif  hydrate  et  le  transforme  en 
acide  sulfonique. 

La  réaction,  analogue  à  celle  qui  donne  naissance  à 
TaciJe  propylsulfonique,  en  diffère  cependant  par  une 
moindre  énergie.  Elle  ne  se  produit  même  pas  visiblement 
sans  qu'on  élève  légèrement  la  température.  Une  fois 
commencée,  elle  s'achève  d'elle-même  avec  dégagement  de 
chaleur. 

L'oxydation  terminée,  on  sature  le  mélange  acide, 
étendu  d*eau,  par  un  lait  de  carbonate  de  plomb.  L'heptyl- 
sulfonate  de  plomb  étant  insoluble  dans  l'eau  froide,  et  se 
dissolvant  bien  à  chaud,  on  parvient  très  aisément  à  le 
débarrasser  du  nitrate  qui  s'est  formé.  Après  deux  cristal- 
lisations, le  sel  de  plomb  est  décomposé  par  l'hydrogène 
sulfuré,  et  l'acide  est  évaporé  jusqu'à  consistance  sirupeuse. 

Il  est  soluble  dans  l'éther,  ce  qui  permet  de  lui  enlever 
les  dernières  portions  d'eau.  Néanmoins  l'acide  ne  cristallise 
qu'après  un  séjour  prolongé  dans  le  vide  au-dessus  de 
l'acide  sulfurique.  Il  est  alors  formé  d^qne  masse  de  gros 


(765) 

mameloDs  atteignant  1  centimètre  en  diamètre,  et  dont  la 
cassure  est  rayonnée.  Il  peut  être  rangé  parmi  les  corps 
les  plus  déliquescents  que  l'on  connaisse.  Il  fond  un  peu 
au-dessus  de  15®. 

6.  Oxysutfure  d'Iieplyle.  —  Ce  corps  résulte  de  l'oxy- 
dation du  sulfure  par  Tacide  nitrique  (densité  1^).  On 
verse  le  sulfure  dans  l'acide  tiède.  Le  dégagement  de  cha- 
leur n'est  pas  considérable.  L'oxysulfure  produit  reste 
combiné  à  Tacide  nitrique  en  excès,  sous  forme  d'une 
couche  huileuse.  Cette  combinaison  est  analogue  à  celles 
que  produisent  les  oxysulfures  en  général  dans  les  mêmes 
conditions.  On  la  détruit  par  l'eau,  qui  enlève  l'acide  et 
abandonne  l'oxysulfure.  Ce  dernier  a  l'aspect  physique 
d'une  graisse  solide.  On  le  purifie,  d'abord  par  l'eau  chaude, 
ensuite  par  des  cristallisations  dans  l'alcool,  ou  mieux  dans 
l'éther. 

L'oxysulfure  d'heptyle  pur  rappelle,  par  ses  caractères 
extérieurs,  l'acide  stéarique.  Il  est  incolore;  il  fond  à  70"* 
en  se  dilatant  notablement.  Solide,  il  possède  à  peu  près 
la  densité  de  l'eau.  Il  se  dissout  dans  l'acide  chlorhydrique 
chaud  avec  lequel  il  semble  se  combiner  de  même  qu'avec 
l'acide  nitrique. 

7.  Diheptylsulfone.  —  (C7H«»)«S0«.  On  prépare  ce  sul- 
fone,  comme  tous  ses  homologues  à  partir  du  terme  pro- 
pylique,  en  oxydant  l'oxysulfure  au  moyen  du  permanga- 
nate de  potassium. 

Comme  l'oxysulfure  est  solide,  on  le  fond  sur  une 
soUition  sursaturée  de  permanganate,  et  l'on  agite  le 
mélange  pendant  qu'on  le  chauffe  jusqu'à  l'ébullition. 
Sitôt  commencée,  la   réaction   s'active  d'elle-même,  à 


(  766  ) 

tel  (ioint  qu*il  devient  Décessaire  de  la  modérer  par  une 
addition  d'eau  froide. 

Cette  dernière  circonstance  pourrait  faire  supposer  que 
la  transformation  de 

((7H*YS0  en  (C'H")«SO« 

dégage  plus  de  chaleur  que  celle  de 

{Cnys  en  (C'H«)«SO, 

puisque,  dans  ce  dernier  cas,  la  température  s'élève  peu 
pendant  la  réaction.  Mais,  sans  avoir  procédé  à  des  déter- 
minations calorimétriques,  je  pense  qu'il  n'y  a  là  qu'une 
illusion  due  aux  conditions  particulières  de  chaque  réac- 
tion. En  effet,  pendant  l'oxydation,  le  sulfure  se  dissout  dans 
une  grande  masse  d'acide  nitrique,  tandis  que  l'oxysulfnre 
fondu  ne  se  mélange  pas  à  la  solution  de  permanganate, 
et  presque  toute  la  chaleur  de  combinaison  s'y  concentre. 

On  puriiie  le  sulfone  obtenu  en  le  dissolvant  à  plusieurs 
reprises  dans  de  l'alcool  bouillant,  qui  Tabandonne,  par 
refroidissement,  en  feuillets  nacrés,  fusibles  à  80^ 

À  15%  il  est  plus  dense  que  l'eau,  mais  à  Tétat  liquide 
il  est  moins  dense  que  cette  dernière. 

Il  se  dissout  très  peu  dans  Téther,  lentement  dans  l'acé- 
tone, le  sulfure  de  carbone  et  l'acide  acétique;  presque  pas 
dans  ta  térébenthine,  mais  très  rapidement  dans  le  chloro- 
forme, son  meilleur  dissolvant. 

L'acide  nitrique  le  plus  concentré  ne  l'attaque  aucune- 
ment à  la  pression  atmosphérique,  même  à  chaud.  Il  se 
dissout  dans  cet  acide  à  l'ébullition,  mais  s'en  sépare  par 
refroidissement. 


767  ) 


Considérations  générales  sur  les  séries  homologues  aux- 
quelles appartiennent  les  dérivés  heptyliques  sulfurés 
précédents. 

Ces  séries,  au  nombre  de  c'mq,  sont  les  suivantes  : 

Séries.  Formule.  Termes  connus. 

Sulfhydrates.  R.  S.  H.  i ,  ^,  3, 4,  G,  7 

Sulfures.  R.  S.  R.  ^,2,3,4,     7 

Oxysulfupes.  R.  S.  0.  R.  ^,2,3,4,      7 

Sulfones.  R.  S.0. 0.  R.  1,2,3,4,      7 

Acides  sulfoniques.      R  S.  0.  0.  0.  H.  i,  S,  3,  4,  6,  7 
R  Ggurant  un  radical  alcoolique  normal, 

Â.  Relations  entre  les  points  d'ébullition. 

En  général,  si  Ton  trace  une  courbe  en  prenant  pour 
abscisses  des  longueurs  proportionnelles  aux  nombres 
d'atomes  de  carbone  contenus  dans  la  molécule  de  chaque 
terme  d'une  série,  et  pour  ordonnées  des  longueurs  pro- 
portionnelles aux  points  d'ébullition  correspondants,  on 
obtient  une  ligne  assez  régulière,  d'une  courbure  peu  pro- 
noncée, et  dont  la  concavité  se  trouve  tournée  vers  Taxe 
des  abscisses. 

Si,  en  un  même  tableau.  Ton  applique  ce  tracé  aux 
principales  séries  des  corps  gras  (1),  on  voit  qu'à  quelques 
exceptions  près,  les  courbes  présentent  toutes  une  régu- 


(1)  Notamment  aux  séries  suivantes  :  acides,  chlorures,  bromures, 
iodures,  cyanures,  sulfures,  sulfhydrates,  aeélates,  formiates  aleooU" 
ques,  aldéhydes,  éthers  simples,  acétones  symétriques,  acétones  mixtes 
(dont  chaque  terme  renferme  le  radical  CH'),  monamines,  etc. 


(  768  ) 

larilé  de  même  ordre,  et  que  de  plus  la  grande  majorité 
d'entre  elles  ont  une  allure  semblable;  de  telle  sorte  que 
Tensemble  du  tracé  a  Taspect  d*un  faisceau  de  lignes 
presque  parallèles  à  une  directrice  commune. 

En  examinant  ces  courbes,  on  peut,  plus  facilement 
qu'en  faisant  usage  de  formules  d'interpolation,  juger  de 
l'exactitude  relative  des  points  d'ébullition  des  corps 
rangés  en  une  même  série,  ou,  inversement,  découvrir  des 
erreurs  de  classiGcation  provenant  soit  de  ce  que  certains 
corps  n'étaient  que  les  isomères  des  combinaisons  sup- 
posées, soit  de  ce  qu'ils  n'étaient  pas  purs;  enfin  l'on 
peut  prévoir  avec  une  assez  grande  probabilité  la  tempé- 
rature d'ébullilion  d'une  substance  encore  inconnue. 

C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'il  est  aisé  de  constater  que 
le  sulfure  hexylique,  passant  pour  normal,  offre  un  point 
d'ébullition  probablement  trop  bas  d'environ  30^.  Le  fait 
n'aurait  rien  de  surprenant,  étant  donné  que  ce  sulfure  a 
été  préparé  au  moyen  d'hexane  provenant  du  pétrole. 

Le  sulfhydrate  hexylique,  provenant  de  la  même  source, 
présente  aussi  un  point  d'ébullilion  qui  semble  trop  faible, 
mais  de  quelques  degrés  seulement. 

Autre  exemple  :  En  examinant  la  courbe  des  sulfures 
normaux,  dont  la  forme  vient  d'être  mieux  déterminée 
par  la  connaissance  du  terme  éloigné 

qui  renferme  quatorze  atomes  de  carbone,  on  voit  que  le 
nombre  141%5-142%5,que  j'ai  trouvé  en  mesurant  le  point 
d'ébullition  du  terme  propylique,  répond  mieux  à  la  forme 
dû  diagramme  que  le  nombre  précédemment  admis  130*- 
d55^  La  première  de  ces  données  se  justifie  d'ailleurs  par  . 
des  considérations  d'un  autre  ordre. 


(  769  ) 


B.  Relaiioûs  entre  les  propriétés  chimiques. 

Si  Ton  possédait  actuellemenl  la  définition  exacte  de  la 
cause  efficiente  de  la  combinaison  chimique,  et  le  moyen 
d'en  mesurer  les  effets  avec  précision,  de  façon  que  le 
degré  dlntensilé  des  réactions  pût  être  représenté  par  des 
nombres  rapportés  à  une  unité  vraie,  il  serait  facile,  après 
avoir  mis  les  termes  successifs  d'une  série  homologue  en 
présence  d'un  même  réactif,  d'apercevoir  des  relations 
enire  Vintensité  réaclionnelle  [l)  et  la  constitution  molé- 
culaire. 

On  pourrait  notamment  faire  usage  du  moyen  graphique 
applicable  à  la  comparaison  des  points  d'ébullition,  et  il 
est  à  présumer  que  les  diagrammes  que  l'on  obtiendrait 
seraient,  comme  les  précédents,  des  courbes  régulières, 
indices  d'une  loi  générale  de  continuité. 

Pareille  étude  est  malheureusement  au-dessus  des 
forces  de  la  chimie  moderne,  qui  n'est  point  encore  par- 
venue à  mesurer  l'intensité  réactionnelle. 

Dans  ces  conditions,  la  comparaison  des  réactions  ne 
peut  être  qu'appréciative  et,  par  conséquent,  approxima- 
tive; mais  il  ne  s'ensuit  pas  qu*elle  soit  inutile;  au  con- 
traire, car  les  résultats  imparfaits  qu'elle  peut  donner 


(i  )  Qu'il  me  soit  permis  d'employer  ici  cette  expression  pour  dési- 
gner la  résultante  de  toutes  les  forces,  quelles  qu'elles  soient,  qui 
concourent  à  l*acte  de  la  combinaison. 

3"*   SÉRIE,   TOME   XIV.  S2 


(  770  } 

coDtribueroDl  peut-éire  à  faciliter  la  découverte  de  la 
cause  même  des  réactions. 

Lorsqu'on  étudie  parallèlement,  par  çéries,  les  dérivés 
sulfurés  dont  Ténumération  précède,  on  peut,  en  estimant 
l'intensité  réactionnelle  d'après  l'ensemble  des  phénomènes 
observés,  faire  les  remarques  suivantes  : 

d"*  Dans  la  formation  des  sulfhydraies  par  l'action  du 
chlorure  alcoolique  sur  le  sulfhydrate  de  potassium,  l'inten- 
sité réactionnelle  semble  diminuera  mesure  que  la  chaîne 
carbonée  augmente  de  longueur.  On  verra,  par  exemple, 
que  le  mercaptan  éthylique  se  forme  immédiatement  à  la 
température  ordinaire,  tandis  que  Thomologue  heptylique 
ne  le  fait  pas;  de  plus,  les  manifestations  thermiques  sont 
fort  différentes; 

â"  Les  sulfures  se  comportent  de  la  même  façon; 

S"*  De  même,  à  mesure  que  la  chaîne  carbonée  s'accroît, 
les  sulfhydrates  se  montrent  de  moins  en  moins  stables. 
Le  septième  terme,  par  exemple,  offre  un  caractère  d'insta- 
bilité déjà  très  marqué;  ainsi  qu'on  l'a  vu,  il  se  dédouble 
facilement  en  sulfure  et  hydrogène  sulfuré; 

4''  Les  sulfures  et  sulfhydrates  réagissent  de  moins  en 
moins  vivement  avec  l'acide  nitrique; 

5"  Les  oxysulfures  eux-mêmes,  d'abord  facilement  oxy- 
dables, perdent  ensuite  ce  caractère,  à  tel  point  que,  dès 
le  troisième  terme,  ils  résistent  à  l'action  de  l'acide 
nitrique  ; 

6"*  D'autre  part,  les  oxysulfures  étudiés  possèdent  tous 
la  propriété  de  s'unir  à  l'acide  nitrique,  pour  former  une 
combinaison  définie,  qui  conserve  le  caractère  d'un  acide. 

Les  remarques  qui  viennent  d'être  faites  sont  toutes 
concordantes  et  se  prêtent  un  mutuel  appui.  Elles  tendent 


(  771  ) 

à  établir  qu'un  radical  organique  devient  de  moins  en 
moins  capable  de  se  combiner  par  addition  à  une  même 
substance,  à  mesure  qu*il  s'accroît  du  groupe  CH*. 

Mais  avant  de  généraliser  cette  thèse  et  de  l'ériger  en 
un  principe  d'où  l'on  puisse  utilement  tirer  des  con- 
clusions, il  importe  qu'on  multiplie  les  données  sur  les- 
quelles elle  repose,  et  qu'on  s'assure  qu'elle  s'applique  à 
tous  les  types  de  réaction  qui  nous  sont  connus. 

Je  me  propose  d'entreprendre  de  nouvelles  recherches 
sur  ce  sujet. 

Laboratoire  de  la  Faculté  des  sciences  de  f  Université  de  Liège, 


Sur  la  découverte  de  poissons  devoniens  dans  le  bord  nord 
du  bassin  de  Namur;  par  C.  Malaise,  membre  de  l'Aca- 
démie. 

J'ai  rhonneur  d'annoncer  à  la  Classe  des  sciences  qu'un 
de  mes  élèves,  M.  Victor  Dormal,  candidat  en  sciences 
naturelles,  a  trouvé,  dans  les  couches  du  calcaire  de  Givet, 
exploitées  à  Alvaux  (Bossières),  divers  débris  de  poissons. 

Profitant  d'un  voyage  scientifique  en  Angleterre,  je  les 
ai  soumis  à  l'examen  de  M.  Henry  Woodward,  chef  de  (a 
section  paléontologique  au  British  Muséum  y  et  à  Ml  Wil- 
liam Davies,  attaché  au  même  établissement.  D*après 
les  déterminations  de  ces  messieurs,  ils  appartiennent  à 
diverses  parties  se  rapportant  aux  genres  Cephalaspis, 
Coccosteus,  et  Holoptychius^  genres  en  partie  nouveaux 


(  lit  ) 

pour  la  Belgi(|ue.  Ils  sonl  analogues  à  ceux  signalés  par 
Pander,  en  Russie  (!)• 

Ces  poissons  ont  été  rencontrés  dans  des  calcaires  ren- 
fermant les  espèces  caractéristiques  du  devonicn  moyen  : 

Macrocheilus  arculalus, 
Murchinonia  bilineata, 
Stringocephalus  Burtinij 
Uncites  gryphitSy 
Cyathophyllum  quadrigeminum. 

M.  V.  Dormal  a  également  trouvé  des  restes  de  poissons 
dans  les  roches  rouges  du  Mazy  et  dans  le  calcaire  de 
Bovesse,  appartenant  au  devonien  supérieur.  Il  en  a  aussi 
rencontré  dans  le  calcaire  à  criuoîdes  du  carbonifère  infé- 
rieur, entre  la  ferme  de  Falnuée  (Mazy)  et  le  château  de 
Mielmont  (Onoz)  :  dents  de  Cochliodus  et  de  Helodus. 

De  mon  côté,  j*ai  trouvé  des  écailles  de  Holoptychius 
nobilissimus^eiàes  dents  d*autros  espèces  dans  les  psam- 
mites  du  Condroz,  au  bois  de  la  Rocq,  près  d*Arquennes; 
et  divers  débris  de  poissons,  à  Marches-les-Dames,  dans 
les  schistes  des  Isnes  an  voisinage  des  oligistes. 


(1)  D*"  G.->H.  Pamdbr,  Geognosliche  Beschreihung  der  Russich  Bal- 
tischen  Gouvernements,  S^-Pclersburg,  4857. 


(  773  ) 


Sur  la  nature  minérale  des  silex  de  la  craie  de  Nou- 
velles, contribution  à  l'étude  de  leur  formation;  par 
A.-F.  Renard  et  C.  Klement. 

Dans  la  notice  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter 
à  PAcadémie,  nous  nous  proposons  surtout  d'étudier  les 
questions  qui  se  rattachent  à  la  nature  minérale  du  silex 
de  la  craie  :  sous  quelle  Torme  la  silice  existe-t-elle  dans 
ces  concrétions?  Quels  sont  les  caractères  physiques  et 
chimiques  des  matières  siliceuses  qui  les  constituent?  Nous 
nous  appuyons  pour  les  résoudre  sur  l'examen  microsco- 
pique et  les  analyses  que  nous  avons  faites  du  silex  noir  de 
la  craie  de  Nouvelles,  troisième  assise  de  la  craie  blanche 
du  Hainaut,  d'après  la  division  de  MM.  Cornet  et  Briart. 

Dès  les  débuts  ue  la  géologie,  les  problèmes  que  pré- 
sentent ces  concrétions  siliceuses  ont  attiré  l'attention  des 
savants;  on  a  formulé  des  opinions  diverses  sur  leur  mode 
de  formation  et  sur  l'étal  moléculaire  de  la  silice  qu'elles 
renferment.  Nous  avons  voulu  donner  dans  cette  notice 
un  aperçu  général  sur  la  question  d'origine  des  silex  de 
la  craie,  et  nous  avons  pensé  qu'il  serait  peut-être  utile 
de  voir  réunies  les  diverses  hypothèses  auxquelles  ces 
concrétions  ont  donné  naissance.  Sans  nous  arrêter  aux 
travaux  anciens,  nous  nous  bornons  à  )es  résumer  avant 
d'exposer  les  résultats  de  nos  recherches.  A  la  fin  du  travail 
nous  indiquons  l'interprétation  que  nous  croyons  pouvoir 
accepter  pour  expliquer  l'origine  du  silex.  Nos  recherches, 
boisées  sur  des  faits  dont  on  a  moins  tenu  compte,  mais 
qu'il  importe  de  faire  entrer  en  considération,  apporteront 


(  774  ) 

quelques  données  complémentaires  pour  interpréter  la 
formation  de  ces  concrétions  siliceuses. 

On  considère  généralement  le  silex  comme  un  mélange 
intime  de  silice  amorphe  hydratée  et  de  silice  cristalline  ; 
comme  un  état  intermédiaire  entre  le  hornstein  (silex 
corné)  crypto-cristallin  et  Fopale  amorphe.  A  cette  masse 
principale  viennent  s*ajouter  de  petites  quantités  de 
matières  accidentelles,  telles  que  Talumine,  le  fer,  la 
chaux,  les  alcalis  et  des  matières  organiques.  Ces  dernières 
provoquent  souvent  la  coloration  des  silex.  Ils  forment 
des  nodules  ou  des  lits  continus,  orientés  suivant  les 
couches,  ou  bien  ils  affectent  une  disposition  plus  irrégu- 
lière, quelquefois  ils  traversent  la  craie  sous  la  forme  de 
veines.  On  les  trouve  surtout  dans  la  craie,  où  ils  consti- 
tuent un  horizon  caractéristique  pour  certains  étages.  Leur 
forme  est  très  variable,  elle  imite  en  cela  celle  des  corps 
concrétionnés.  Souvent,  ils  renferment  des  restes  orga- 
niques siliceux  ou  silicifiés,  surtout  des  foraminifères,  des 
bryozoaires,  des  diatomées,  desspicules  de  spongiaires,  etc  ; 
souvent  même  on  y  trouve  des  éponges  entières. 

Guettard,  de  Luc,  Faujas  S'-Fond,  Dolomieu,  Huot, 
Parkinson  et  d*autres,  admettaient  déjà  que  ces  nodules 
ne  sont  autre  chose  que  des  spongiaires  associés  à  certains 
organismes  qui  auraient  extrait,  de  Teau  de  mer,  la  silice 
d*où  se  serait  formé  le  nodule.  Plus  tard  Bowerbank  et 
Ansled,  ayant  soumis  les  silex  à  Pexamen  microscopique, 
conflrmèrent  cette  interprétation,  en  s*appuyant  sur  le  fait 
que  la  silice  renferme  presque  toujours  des  spicules  de 
spongiaires  et  d*autres  organismes  microscopiques  siliceux. 

Dans  un  travail,  publié  en  1849,  dans  le  Quarlerly 
Journal  of  the  Geological  Society j  Bowerbank,  résumant 
les  idées  qu*on  avait  émises  avant  lui  sur  l'origine  de  ces 


(  775  ) 

nodules,  se  deiuande  d'où  peuvent  venir  les  quantités 
énormes  de  silice  qui  ont  été  emmagasinées  dans  les  fos- 
siles et  qui  conlinuenl  à  se  séparer  encore  de  Tocéan.  On 
a  exprimé  bien  des  opinions  sur  ce  phénomène,  dit-ii,  on 
a  invoqué  comme  causes  l'extrême  chaleur,  les  grandes 
pressions,  les  sources  thermales,  une  condition  spéciale 
gélatineuse  de  la  silice.  Mais  aucune  de  ces  causes  ne  lui 
parait  donner  une  interprétation  sufiisante  pour  les  vasies 
dépôts  de  silice  unis  aux  matières  organiques.  La  pression 
et  la  température  élevée  sont  incontestablement  des  agents 
actifs  pour  produire  la  solution  de  silice  en  excès,  dont 
quelques  sources  minérales  sont  chargées.  Ces  agents  sont 
peut-être  très  énergiques  pour  former  certains  produits 
minéraux  à  l'intérieur  de  la  terre;  mais,  pour  ce  qui  con- 
cerne la  silice  des  fossiles  et  celle  stcrétée  par  les  orga- 
nismes vivants,  les  causes  invoquées  lui  paraissent  avoir 
été  moins  en  jeu  qu'on  ne  le  suppose  communément.  On  a 
attaché  beaucoup  de  poids  à  Thypothèse  que  les  spicules  de 
spongiaires  agissent  comme  centres  d'attraction,  lorsqu'ils 
se  fossilisent;  mais  c'est  un  fait  remarquable  que  cer- 
tains spongiaires  dans  lesquels  ces  spicules  abondent,  sont 
extrêmement  rares  à  l'état  fossile. 

Mantell  décrivait  les  nodules  et  les  veines  de  silex 
si  fréquents  dans  le  terrain  crétacé  supérieur,  comme 
ayant  été  formés  sous  l'action  d'eau  surchauffée  tenant  en 
solution  de  la  silice.  Il  montrait  que  cette  matière  siliceuse 
devait  avoir  été  pâteuse  ou  dissoute  avant  sa  conso- 
lidation, parce  que  certains  nodules  présentaient  des 
empreintes  bien  nettes  de  coquilles,  parce  qu'un  grand 
nombre  de  corps  organiques  étaient  inclus  dans  ces  con- 
crétions et  enfin,  parce  que  des  spongiaires  se  rencon- 
traient si   fréquemment  enveloppés  de  silice  dans  les 


(776) 

couches  crétacées.  Il  croyait  que  Teau  surchauffée,  dissol- 
vant la  silice  des  roches,  au  travers  desquelles  elle  circu- 
lait,  pouvait  réaliser  tous  les  phénomènes  présentés  par 
les  nodules,  les  veines,  les  filons  de  silex  ;  que  ces  concré- 
tions  pouvaient  dériver,  en  un  mot,  du  quartz  des  roches 
granitiques  et  d'autres  roches  plutoniques  dissous  idans 
des  eaux  thermales  venant  se  jeter  dans  le  bassin  où  se 
formait  la  craie. 

Mantell  ajoute  que  d'autres  sont  portés  à  penser  que  les 
silex  de  la  craie,  de  TOolite  de  Porlland  et  de  certaines 
couches  calcarcuses,  doivent  leur  origine  aux  spongiaires 
dont  on  retrouve  souvent  les  traces  dans  le  silex.  Bower- 
bank^  dit-il,  admet  cette  origine  pour  tout  le  silex  que 
renferment  Tes  terrains  crétacés  (1).  Mantell  fit  remarquer, 
en  outre,  que  bien  souvent  des  coquilles  calcareuses  sont 
remplacées  par  la  silice.  Il  se  ralliait,  pour  expliquer  ce 
remplacement  de  la  matière  calcaire  par  l'élément  siliceux, 
à  une  interprétation  déjà  donnée  par  Dana.  Il  admettait 
que  la  silice,  dissoute  dans  Teau  de  mer  surchauffée,  sous 
pression,  en  présence  d'alcalis,  se  précipitait  dès  que  la 
pression  et  la  température  diminuaient.  L'acide  silicique 
remplaçait  alors,  atome  par  alome,  le  carbonate  de  chaux 
qui  entrait  en  solution.  Si  nous  nous  sommes  arrêtés  un 
instant  à  cette  interprétation,  c'est  qu'elle  a  été  souvent 
reprise  depuis  pour  expliquer  la  formation  des  silex. 

Notons  que  Mantell  signale  dans  \es  silex  de  l'Irlande 
des  micro-organismes  siliceux  dont  les  coquilles  sont  silici- 
fiées  et  dont  les  chambres,  dans  le  cas  où  elles  étaient 


(i)  Cité  par  Wallich,  jé  eontribaiion  to  the  physical  hisiory  oflhe 
eretaceous  flints.  Quart.  Journ.  geol.  Soc,  i880,  pp.  68  et  69. 


(  777  ) 

vides  lors  de  la  siliciticalion,  sont  de  même  enlièremenl 
remplies  par  de  la  silice.  Si  ces  organismes  conlenaient 
encore  des  substances  organiques,  on  voit  celles-ci  souvent 
conservées  sous  la  forme  d'une  matière  à  laquelle  il  donne 
le  nom  de  moUuscite;  dans  plusieurs  cas,  il  vit  les  coquilles 
remplies  d'une  substance  grenue  de  couleur  ambre,  qui  est 
peul-élre  la  matière  organique  primitive  de  l'animal,  ou 
de  la  silice  colorée  par  cette  substance.  Ces  dernières 
observations,  comme  nous  le  montrerons,  conservent 
encore  aujourd'hui  toute  leur  valeur. 

Ehrenberg,dont  le  nom  est  lié  à  l'étude  de  l'action  géolo* 
gique  des  micro-organismes,  défendit  aussi  l'origine  orga- 
nique des  silex  ;  il  admet  que  ce  sont  surtout  les  infusoires 
siliceux,  comme  il  les  appelle,  qui  ont  donné  naissance  à  ces 
nodules.  Ils  ne  seraient  autn:  chose  qu'une  accumulation 
de  carapaces  d'organismes  microscopiques  siliceux  dont 
tous  les  pores  sont  pénétrés  par  de  la  silice.  Il  montra  la 
présence  de  spicules  de  spongiaires  et  de  radiolaires  dans 
plusieurs  nodules  de  silex.  C'est  par  celte  théorie  qu'il 
expliquait  pourquoi,  dans  la  craie  de  l'Europe  méridionale, 
on  trouve  des  couches  marneuses  remplies  d'organismes 
siliceux,  mais  où  le  silex  est  peu  ou  point  représenté; 
tandis  que  dans  les  couches  crayeuses  du  Nord,  riches  en 
silex,  ces  masses  siliceuses  font  défaut;  on  peut  dire  que  le 
silex  remplace  ici  les  marnes  à  organismes  siliceux. 

Avant  d*aller  plus  loin,  notons  un  détail  sur  lequel 
Ehrenberg  insiste.  Le  silex  est  souvent  recouvert  à  la 
partie  externe  d'un  enduit  plus  ou  moins  compact,  quel- 
quefois friable  et  d'aspect  farineux,  blanchâtre  ou  jau- 
nâtre. Parlant  de  ces  zones  externes,  ce  savant  constate 
tout  d'abord  qu'elles  ne  sont  pas  de  la  craie,  mais  de  la 
silice;  il  admet  que  ces  zones  ne  sont  pas  produites  par 


(  778  ) 

décomposition  du  nodule,  mais  qii^on  peul  les  considérer 
comme  une  zone  où  la  consolidation  n'est  pas  encore 
faite,  où,  en  (fautres  termes,  la  substance  siliceuvse,  qui  a 
cimenté  les  nodules,  ne  s'est  pas  déposée  entre  les  éléments 
encore  plus  ou  moins  isolés.  Il  appuie  cette  manière  de 
voir  par  le  fait,  qu'il  rencontre,  dans  cette  patine,  un 
grand  nombre  d'organismes  dont  les  formes  sont  bien 
nettes. 

  ces  observations  on  peut  opposer  les  suivantes  : 
d'abord,  pour  un  grand  nombre  de  silex,  la  zone  externe 
est  tellement  épaisse  que  non  seulement  la  concrétion  en 
est  constituée  à  la  périphérie,  mais  qu'elle  pénètre,  peut- 
on  dire,  jusqu'au  cœur  du  nodule.  On  comprend  d'ailleurs, 
si  l'on  admet  que  la  zone  externe  est  décomposée,  que  les 
organismes  doivent  y  apparaître  mieux  que  dans  les  par- 
lies  massives,  car  l'élément  qui  cimente  étant,  comme  nous 
le  verrons,  la  partie  la  plus  soluble,  a  dû  disparaître  sous 
l'influence  des  agents  d'altération.  De  même  qu'il  est 
impossible  de  voir  les  organismes  microscopiques  consti- 
tutifs dans  des  bancs  de  calcaire  massif,  de  même  appa- 
raissent-ils parfaitement  dès  que  le  calcaire  est  altéré  et 
devient  terreux  à  la  surface  des  cassures  ou  des  bancs;  fait 
bien  connu  d'ailleurs  des  chercheurs  do  fossiles. 

Nous  passerons  sous  silence  un  grand  nombre  de  tra- 
vaux qui  n'ont  fait  que  redire  avec  pinson  moins  de  détail 
les  interprétations  que  nous  venons  de  rappeler. 

Dès  que  les  premiers  sondages  en  mer  profonde  eurent 
révélé  l'existense  de  la  vase  à  globigérines,  et  fait  penser 
aux  relations  qui  existent  entre  ces  dépôts  des  océans 
modernes  et  les  formations  géologiques  de  la  craie,  l'at- 
tention fut  vivement  attirée  sur  l'origine  des  silex. 


C  779  ) 
Lyoll,  dans  sa  <  Géologie  élémenlaire  (I)  Py  rappelant  le 
résultai  des  sondages  en  mer  profonde  par  le  D'  Wallicb, 
dit  :  sur  certains  fonds  de  mer  où  les  rbizopodes  calca- 
reiix  ne  sont  pas  représentés,  des  plantes  microscopiques, 
les  diatomées,  dont  les  parties  solides  sont  composées  de 
silice»  s'étalent  sur  le  lit  de  la  mer  à  des  profondeurs  de 
400  brasses.  La  grande  quantité  de  silice  en  dissolution, 
que  réclament  ces  plantes,  dérive  probablement  de  la 
désintégration  des  roches  feldspat biques  dont  plus  de 
la  moitié  de  la  masse  est  formée  de  silice;  elles  peuvent 
en  fournir  des  quantités  inépuisables  à  tous  les  grands 
fleuves.  Il  serait  possible,  en  outre,  (|u*après  une  longue 
série  d'années,  des  modilications  se  fissent  sentir  dans 
l'allure  des  courants  marins;  cette  modification  des  cou- 
rants aurait  déterminé,  en  un  point,  le  développement  des 
organismes  siliceux  et,  en  un  autre,  celui  d'organismes 
ealcareux.  Les  éponges  peuvent,  par  leur  décomposition, 
avoir  donné  naissance  à  la  silice  qui,  en  se  séparant  de  la 
vase  calcaire,  se  groupait  sur  des  corps  organiques,  formait 
des  nodules  ou  remplissait  des  fissures  de  retrait.  Dans  les 
Principles  ofGeology,  Lycll  dit  :  €  Le  caractère  bomogène 
»  de  la  craie  blancbe  ou  de  la  partie  supérieure  de  la 
»  grande  formation  crétacée,  qui  s'étend  sur  une  aire 
»  considérable  de  l'Europe,  peut  s'expliquer  maintenant 
»  (1872)  par  le  fait  qu'elle  est  formée  exclusivement  des 
»  restes  calcareux  de  foraminifères,  tandis  que  la  silice 
»  que  renferme  ces  coucbes  doit  surtout  son  origine  aux 
»  diatomées  (2).  » 


(1)  Lybll.  The  Studenrs  Eléments  of  Geology,  4874,  pp.  364  et 
suivantes. 

(2)  Ltell,  Principles  of  Geology,  il»  édition,  4873,  vol.  I,  p.  346. 


(780  3 

En  1869,  on  >ouleva  la  question  de  la  nature  (Je  la 
vase  calcaire  trouvée  dans  le  fond  de  Tocéan  ;  on  la  con- 
sidérait comme  étant  le  représentant  de  la  craie  et  on 
avança  même  que  nous  vivions  encore  dans  la  période 
crétacée.  Nous  n*avons  pas  à  discuter  ici  cette  question, 
mais  citons  l'interprétation  que  donne  à  ce  sujet  Sir  Wy- 
ville  Thomson  (i)  pour  expliquer  la  présence  des  nodules 
siliceux  des  terrains  crétacés  :  <  La  silice  organique,  dis- 
»  tribuée  dans  la  craie  sous  la  forme  de  spiculos  de  spon- 
»  giaires  et  d'autres  organismes  siliceux,  doit  avoir  été 
»  dissoute  sous  l'action  d'une  cause  à  déterminer,  et  lors- 
»  qu'elle  était  à  l'état  colloïde,  elle  a  dû  se  mouler  dans 
»  les  vides  'aissés  par  des  fossiles.  » 

Wallich  (2),  dans  son  Histoire  physique  des  silex  de  la 
craie,  reprend  la  question;  après  avoir  envisagé  les  résul- 
tats des  sondages  en  mer  profonde,  il  applique,  pour 
expliquer  la  formation  de  ces  concrétions,  les  hypothèses 
qui  avaient  cours,  à  cette  époque  sur  la  présence  d'une 
matière  protoplasmique  étalée  sur  le  lit  de  la  mer  (3). 

Nous  donnons  ici  quelques-unes  des  conclusions  de 
cet  auteur  qui  se  rapportent  à  notre  sujet  : 

1*  La  silice  des  silex  dérive  surtout  des  lits  d'épongés 


(  I  /  Thomson,  The  Dfplhs  of  the  Sea,  1872,  p.  482. 

(2)  Wallich,  On  the  physical  fùsfonj  ofthe  cretaeeous  flints,  Qaar- 
terly  Journal  of  the  Geological  Society,  XX Vf,  4880,  p.  68. 

(5)  WaUich  n'explique  pas  seulement  de  cette  façon  Porigine,  mais 
la  forme  du  silex  ;  il  dit  :  «  Tbose  cbaracteristic  amœbîform  outlines 
»  whicli,  according  to  my  hypothesis,  are  dépendent  on  ihc  présence 
»  of,  and  the  consolidation  of  the  sllica  with,  the  accumulation  of 
•  nearly  pure  protoplasm  still  sufficiently  récent  to  hâve  resis^d 
»  admixture  with  calcareous  or  other  mat  ter.  • 


(781  ; 

qui  s'élalenl  sur  de  grandes  aires  dans  les  parties  du  lit  de 
l'océan  où  se  dépose  la  vase  à  globigérines; 

S""  Les  éponges  des  mers  profondes,  avec  la  matière 
protoplasmique  qui  les  environne,  constituent  les  éléments 
les  plus  importants  dans  la  formation  et  de  la  disposition 
stratifiée  des  lits  de  silex; 

5*^  Tandis  que  presque  tout  le  calcaire,  sécrété  par 
les  foraminifères  et  d'autres  organismes  du  fond  et  de  la 
surface,  forme  la  vase  calcareuse,  presque  toute  la  silice, 
dérivée  des  éponges  de  mer  profonde  et  des  protozoaires 
de  la  surface,  forme  les  silex; 

4*"  Les  éponges  du  fond  des  mers  sont  le  facteur 
essentiel  dans  la  formation  du  silex; 

S"*  Ces  silex  sont  le  résultat  de  l'action  des  organismes 
tout  comme  la  craie  elle-même; 

G"*  La  stratification  des  silex  est  due  à  ce  que  les 
protozoaires  sessiles  sont  confinés  à  la  couche  superficielle 
du  dépôt  vaseux. 

Dans  la  discussion,  qui  suivit  la  lecture  de  ce  travail  à 
la  Société  géologique  de  Londres  (i),  M.  Sorby  a  fait 
remarquer,  avec  beaucoup  de  justesse,  que,  puisque  dans 
les  couches  crétacées  qui  renferment  des  silex,  les  orga- 
nismes siliceux  ne  se  retrouvent  plus;  tandis  que  dans  les 
vases  des  océans  modernes  les  restes  siliceux  existent  et 
les  nodules  manquent,  on  doit  en  conclure  que  c'est  aux 
organismes  siliceux  que  les  silex  doivent  leur  origine. 

Les  remarques  de  M.  Seeley  nous  paraissent  devoir  être 
surtout  notées.  H  fil  observer  que  les  fissures  remplies  de 
silex  et  les  couches  tabulaires  qui  entourent  les  nodules 


(i)  Quart,  Journal  Geol,  Soc,  loc  cit.,  p.  91. 


(  782  ) 

montrent  que  la  silice  s'est  déposée  dans  les  couches  de  la 
craie.  Le  flint  des  tissures  doit  être  produit  par  des  infil- 
trations venant  de  la  craie.  Il  est  porté  à  penser  que  les 
masses  siliceuses  de  la  craie  ont  des  analogies  marquées 
avec  les  seplaria  des  argiles,  et  que  les  silex  s'étaient 
développés  après  le  dépôt  des  couches.  M.  Huddieston  fit 
observer  (|ue  M.  Mortimer,  dans  son  travail  sur  le  Marsu- 
pite  Chalk  de  rYorksbire  ne  renfermant  pas  de  flint, 
établit  que  ces  couches  contiennent  deux  fois  autant  de 
silice  que  la  craie  à  silex.  A  North  Grimston,  dans  le 
Coral  Rag,  où  les  couches  sont  horizontales,  il  u*y  a  pas 
de  flint;  partout  où  elles  sont  infléchies,  on  en  trouve. 

Nous  devons  nous  arrêter  plus  longtemps  au  travail  de 
M.  Sollas  sur  les  nodules  de  silex  de  la  craie  de  Trimmin- 
gham  (I).  L'auteur  a  envisagé  les  divers  aspects  de  This* 
toire  bien  compliquée  du  silex  ;  son  mémoire  mérite  à 
tous  égards  une  analyse  détaillée.  M.  Sollas  se  rallie  à 
Fopinion  défendue  autrefois  par  Ehrenberg,  Lyell  et  plus 
récemment  par  W.  Thomson,  Wallich  et  Alexis  A.  Julien. 
11  démontre  que  les  sédiments  qui  renferment  des  nodules 
de  silex  doivent  avoir  contenu  autrefois  des  quantités  plus 
ou  moins  considérables  d'organismes  siliceux,  qui  n'y 
existent  plus  aujourd'hui.  Ainsi,  dan3  les  silex  de  Trim- 
mingham,  on  observe  des  fragments  d'hexactinellides  et 
de  lithistides  et  d'autres  restes  de  spongiaires  indiquant, 
d'une  manière  bien  évidente,  qu'autrefois  ces  sédiments 
devaient  renfermer  des  éponges  entières;  d'un  côté,  les 
spicules  qui  sont  conservés  montrent  des  traces  incon- 


(1)  w.  J.  Sollas,  On  the  flint  nodules  of  ike  Trimmingham  ehalk, 
Ann.  Uag,  nat.  hist.,  nov.  1880. 


(  785  ) 

testables  de  corrosion.  Il  a  conslalé  des  faits  analogues 
dans  un  grand  nombre  de  roches  de  formation  ancienne 
et  plus  récentes  de  PÂmérique,  de  TÉcosse  et  de  TAngle- 
terre,  et  il  signale  au^si  que  la  silice  des  éponges,  dans 
quelques-uns  de  ces  terrains,  est  remplacée  par  la  calcite. 

M.  Sollas,  après  avoir  montré  que  les  spicules  de  spon- 
giaires ont,  selon  toute  probabilité,  donné  naissance  au 
silex,  recherche  la  cause  de  Taccumulation  de  ces  spicules. 
Proviennent-ils  d'épongés  qui  vivaient  aux  points  où  nous 
rencontrons  leurs  débris,  ou  ont-ils  été  amenés  sous  Faction 
de  courants? 

L'examen  des  silex  montre  qu'ils  renferment  des  spicules 
de  différents  genres  et  de  différentes  familles  d'épongés. 
Certains  spongiaires  bien  caractéristiques  de  la  craie, 
comme  Poterion  cretaceum^  qui  est  certainement  in  silu^ 
est  rempli  de  spicules  appartenant  à  d'autres  espèces. 
L'auteur  admet  que  la  profondeur  à  laquelle  les  dépôts 
crayeux  de  Trimmingham  se  sont  formés,  est  comprise 
entre  100  el  400  brasses.  Ces  conditions  bathymétriques 
ne  sont  pas  inconciliables  avec  l'existence  de  courants,  et 
nous  verrons  plus  loin  que  nous  avons  bien  des  raisons 
d'admettre  que  des  actions  mécaniques  étaient  en  jeu  lors 
de  la  formation  de  la  craie.  Mais  acceptons  ici,  pour  le  fait 
dont  il  s^agity  l'interprétation  que  suggère  M.  Sollas;  elle 
est  sudisante  pour  expliquer  la  formation  des  nodules. 
<  Nous  croyons  que  l'aire  sur  laquelle  se  trouvent  aujour- 
»  d'hui  les  spicules  de  Trimmingham  était  autrefois  un 
»  lit  de  spongiaires  où  ces  organismes  vivaient  en  grand 
»  nombre,  et  s'y  accumulaient  générations  après  gêné' 
»  rations...  plusieurs  avaient  une  existence  parasitique 

ou  épizoïque,  d'autres  croissaient  sur  le  même  support, 

de  même  qu'aujourd'hui  nous  ne  voyons  pas  moins  de 


(  784  ) 

»  sept  espèces  d*éponges  croissani  ensemble  sur  un  petit 
»  fragment  <le  Lopfiohelia  (1).  Après  la  mort  et  lors  de 
»  la  dissolution  des  organismes,  les  spicules  se  mêlèrent, 
>  des  courants  peuvent  avoir  alors  contribué  à  accumuler 
»  ces  restes  organiques....  Les  éponges,  assez  résistantes 
»  pour  maintenir  leur  forme,  peuvent  avoir  été  recouvertes 
»  et  remplies  de  spicules  et  de  vase.  Nous  aurions  ainsi 
»  rinterprétalion  de  ces  éponges  fossiles  présentant  une 
»  forme  externe  bien  préservée  et  qui  renferment  un 
»  curieuï  mélange  de  spicules  ». 

M.  Sollas  résume  les  causes  qui  peuvent  déterminer  la 
solution  des  spicules.  D*après  M.Â.  Julien  (2),  ce  seraient  les 
acides  humiques,  produits  par  la  décomposition  sous-marine 
des  organismes,  qui  auraient  été  les  agents  de  la  solution. 
L'auteur  croit  que  l'eau  de  mer  aidée  de  la  pression  pour- 
rait suQire  (5).  Lorsqu'il  veut  expliquer  que  la  silice,  après 
avoir  été  tenue  en  solution,  va  se  déposer  dans  le  même 
sédiment  dont-elle  a  été  éliminée,  il  se  heurte  à  des  objec- 
tions qui  peuvent  être  levées  si  Ton  admet,  comme  nous  le 
ferons,  que  le  concrélionnement  de  ce  corps  ne  s'est  pas 
fait  sur  le  fond  même  de  la  mer.  Il  arrive,  en  effet,  à  sup- 
poser, pour  expliquer  la  précipitation  de  la  silice,  que  le 
fond  de  la  mer  aurait  pu  se  soulever  et  que  la  silice,  tenue 


(1)  Carter,  .4nn,  mag.  Nat.  //isi,,8ér,  4, vol. XII, pi.  i,  fig.,  s.  1,2. 

(2)  A.  Julien,  Proc,  Am,  Ass,  Adv,  Science,  XXVIII,  p.  596,  4879. 

(5)  M.  Sollas  rapporte  (loc.  cit.,  p.  444),  pour  expliquer  la  décom- 
position de  certains  silex,  que  la  calcitc  renfermée  quelquefois  dans 
les  nodules  peut  les  avoir  rendus  attaquables  à  Tcau  de  pluie,  plus  ou 
moins  chargée  d'acide  carbonique;  quoique,  ajoute-til,  la  quantité 
extrêmement  petite  de  chaux,  que  montrent  les  analyses,  doit  nous 
faire  hésiter  h  accepter  cette  interprétation. 


(  785  ) 

en  solutioQ  sous  l'influence^de  la  pression^se  sérail  déposée 
à  chaque  exhaussement.  Nous  verrons  que  celte  hypothèse 
est  au  moins  aussi  peu  probable  que  celle  que  MM.  Hull, 
Hanlman  el  Renard  invoquaient  autrefois  pour  expliquer 
la  silicification  du  calcaire  (1).  Hàtons-nous  d'ajouter  que 
M.  Sollas  reconnaît  lui-même  que  cette  explication  soulève 
des  objections  sérieuses,  el  qu'il  n'attache  pas  une  grande 
valeur  à  cette  interprétation. 

Après  avoir  rappelé  que  la  silice  peut  remplacer  le  car- 
bonate de  chaux  el  indiqué  les  formes  qu'affecte  le  silex  de 
la  craie  :  lits,  filonnels,  concrétions  autour  d'épongés,  il 
examine  les  causes  qui  ont  déterminé  cette  concentration 
de  silice  autour  de  ces  derniers  corps.  Voici,  en  résumé, 
comment  il  rend  compte  de  ces  phénomènes  :  On  sail 
que  Graham  a  montré  que  la  silice  possède  la  propriété 
de  se  combiner  avec  des  substances,  telles  que  l'albumine 
el  la  gélatine,  pour  former  des  silicates;  il  suppose,  qu'après 
la  mon  des  spongiaires,  l'acide  silicique  tenu  en  solution 
vient  se  combiner  avec  les  lissus  de  ces  organismes,  el 
former  avec  eux  un  composé  chimique  qui  se  décomposera 
plus  tard  en  carbone,  hydrogène,  etc.,  abandonnant  la  silice, 
qui  se  concentrera  comme  le  carbone  dans  la  houille.  Il 
suppose  en  même  temps  que  le  silicale  de  sodium  qui 


(I)  H  DLL  et  Hardman,  Scientifie  transactions  of  the  Royal  Dublin 
Society,  1878,  vol.  I,  p.  71. 

Rbnard,  Recherches  lithologiques  sur  les  phlhanUes  du  calcaire 
carbonifère,  Bull,  de  TÂcad.  roy.  de  Belgique,  2*  sér.,  t.  XLVl,  1878. 

L*intcrprétation  donnée  par  ces  auteurs,  pour  expliquer  Porigine 
des  pbthanites,  n*a  pas  été  admise  par  M.  Sollas  et  plus  récemment 
par  M.  Hînde.  Dans  une  prochaine  notice  consacrée  à  Tétude  de  cette 
question,  nous  reviendrons  sur  cette  controverse. 

3"*  SÉniF,  TOMF  XIV.  55 


(  786  ) 

pourrait  être  contenu  dans  l>au  se  décomposerait  sous 
Faction  de  l'acide  carbonique,  provenant  de  la  matière 
organique  en  décomposition»  et  qu'il  se  formerait  ainsi  du 
carbonate  de  sodium  et  de  Tacide  siiiciquc  libre.  Il 
n'admet  pas  que  toute  la  silice  qui  remplace  les  substances 
organiques,  ou  les  parties  dures  des  organismes,  ait  toujours 
été  fournie  par  la  décomposition  des  spicules  de  spon- 
giaires. Dans  le  cas  des  coquilles  siliciGées  de  Blackdown, 
par  exemple,  la  silice  proviendrait  de  l'altération  des  sables 
de  cette  formation  par  l'action  de  l'eau  contenant  de 
l'acide  carbonique. 

En  résumé,  il  admet  :  i^  que  la  silice  se  combine  avec 
les  matières  organiques,  —  cest  un  fait,  dit-il,  admis  en 
chimie;  2^  que  le  silicate  ainsi  formé  se  décompose  et  que 
la  silice  se  concentre.  Il  ajoute  que  ceci  n'est  qu*une 
hypothèse,  mais  qu'elle  se  concilie  très  bien  avec  d'autres 
faits  chimiques.  Avant  d'aller  plus  loin,  insistons  sur  les 
difficultés  que  présente  la  discussion  des  idées  hypothé- 
tiques que  suggère  M.  Sollas.  On  sait,  en  effet,  quels  doutes 
soulèvent  encore  les  questions  relatives  aux  combinaisons 
qui  peuvent  se  réaliser  entre  plusieurs  corps  en  présence, 
et,  d*un  autre  côté,  on  devrait  pouvoir  apprécier  si  les  con- 
ditions, où  ces  nodules  se  sont  formés,  sont  comparables  à 
celles  des  expériences  du  laboratoire.  Ainsi,  dans  les  expé- 
riences de  Graham,  auxquelles  il  vient  d*étre  fait  allusion, 
on  à  expérimenté  avec  de  la  silice  en  solution  concentrée, 
et  rien  ne  prouve,  à  notre  avis,  que  des  solutions  de  cette 
nature  aient  existé  lors  de  la  formation  des  nodules.  Nous 
ne  voulons  pas  dire  que,  lorsqu'on  le  peut,  on  ne  doive 
pas  aller  plus  loin  que  les  faits,  mais  encore  imporle-t-il 
de  détacher  nettement  les  spéculations  de  l'observation 
directe.  Ceci  ne  s'adresse  pas  à  M.  Sollas,  qui  fait  preuve 


(  787  ) 

dans  le  travail,  que  nous  analysons,  d*une  grande  circon- 
spection à  cet  égard. 

M.  Julien  modifie  la  théorie  de  M.  Sollas  en  ce  sens  qu'il 
admet  que,  durant  la  décomposilion  des  parties  molles  des 
végétaux  et  des  animaux,  il  se  forme  des  substances 
gélatineuses  ou  colloïdes  ressemblant  à  la  glairine,  qui 
sont  solubles  dans  Teau  de  mer  et  se  combinent  avec 
la  silice.  Elles  concentrent  cette  matière  et  dissolvent 
les  particules  siliceuses  qui  sont  disséminées  dans  les 
sédiments.  Cette  opinion  se  rapproche  de  celle  déjà 
exprimée  par  Bischof  et  d*après  laquelle  la  silicification 
ne  serait  autre  chose  que  la  combinaison  des  acides  cré- 
niques  (Quetlsàuren),  produits  par  la  décomposition  de 
substances  organiques(par  exemple  des  mollusques)  et  de  la 
silice  qui  est  en  solution  dans  les  eaux.  M.  Julien  attribue  la 
forme  des  silex  non  à  la  matière  organique,  mais  il  admet 
que  la  silice  s'est  déposée  autour  d'organismes  et  de  par« 
ticules  siliceuses  non  dissous,  qui  deviennent  les  centres 
des  nodules. 

M.  Sollas  étudie  ensuite  le  rôlequ*ont  joué,  dans  la  pré- 
cipitation de  la  2>ilice,  les  squelettes  des  éponges  qu'on 
retrouve  revêtus  de  silex,  et  il  passe  enfin  aux  nodules  irré- 
guliers de  flint.  Il  conclut,  contrairement  aux  idées  de 
Wallich,  que  cette  forme  n'est  pas  due  à  l'action  directe 
des  matières  organiques;  il  l'attribue  à  la  distribution  irré- 
gulière de  solutions  siliceuses  dans  un  lit  irrégulier  lui- 
même  de  spicules  de  spongiaires,  à  l'époque  où  ces  solu- 
tions remplissaient  la  craie  et  déposaient  de  la  silice  entre 
les  interstices  de  ces  masses  calcareuses. 

Il  ressort  donc  de  ce  travail, où  abondent  les  vues  et  où 
bien  des  points  sont  traités  par  un  habile  spécialiste,  que 
l'histoire  du  silex  commence  à  s'éclaircir.  Nous  résumons 


(  788  ) 

les  résultais  principaux  en  disant  que  la  silice  du  silex  est 
dérivée  des  spicules  de  spongiaires;  qu'elle  n  été  déposée 
d'abord  comme  remplacement  de  la  craie,  et  qu'une  dépo- 
sition subséquente  de  silice  a  transformé  la  craie  siliceuse 
en  nodules  de  silex.  Quant  à  la  forme  externe  de  ces 
nodules,  elle  a  été  déterminée  par  la  distribution  des 
spicules  qui  leur  ont  donné  naissance  et,  en  partie,  par 
les  fissures  et  les  cavités  de  la  roche.  Un  fait  dominant 
ressort  aussi  des  recherches»  c*est  qu'une  quantité  prodi- 
gieuse de  spicules,  qui  doivent  avoir  existé  dans  presque 
toutes  les  formations  stratifiées,  ont  disparu,  et  que  leur 
décomposition  nous  donne  la  clef  de  dépôts  de  silice  que 
renferment  un  grand  nombre  de  roches  sédimentaires. 

Signalons  enfin  le  récent  travail  de  M.  Hiude  (1)  sur  les 
lits  de  spongiaires  du  grès  vert  du  sud  de  l'Angleterre. 
Ce  uiémoire,  écrit  par  un  savant  auquel  ses  connaissances 
spéciales  donnent  une  compétence  particulière,  montre 
que  dans  les  couches  du  Greensand  du  Wealden,  de  l'tle 
de  Wight  et  des  comtés  de  sud-ouest  de  l'Angleterre,  il 
existe  des  dépôts  de  matières  siliceuses  dont  Taccumulation 
est  due  à  des  éponges.  Ces  lits  sont  quelquefois  formés 
d'une  roche  massive  dans  lequel  on  peut  distinguer  des 
restes  d'épongés  siliceuses.  La  masse  de  la  roche  est 
constituée  par  de  la  silice  amorphe  ou  cristalline.  L'auteur 
a  décrit  avec  beaucoup  de  soin  les  spicules  de  spongiaires 
qui  forment  ces  dépôts  ;  il  y  trouve  représentés  les  quatre 
ordres  d'épongos  siliceuses  :  les  monactinellides  et  les 
hexactinellides  sont  peu  nombreux,  tandis  que  les  tetrac- 
linellides  et  les  lithistides  y  sont  très  abondants. 

(I)  HiNDB,  On  beds  of  Sponge-remaitis,  etc.  Pbil.  Transaet.  of  the 
Royal  soc,  Part  H,  4885. 


(  ^S9  ) 

Nous  venons  d'indiquer  les  notions  que  i*on  a  émises  sur 
l'origine  des  nodules  de  silex.  Voyons  maintenant  —  et 
c'est  surtout  le  but  de  notre  travail  —  quelle  est  la  consti- 
tution intime  de  ces  nodules  composés,  comme  les  ana- 
lyses chimiques  le  démontrent,  presque  exclusivement  de 
silice.  On  sait  que  ce  corps  se  présente  dans  la  nature 
surtout  sous  deux  formes  :  Tune  cristalline,  représentée 
par  les  diverses  variétés  du  quartz,  et  l'autre  amorphe, 
représentée  par  l'opale.  Il  résulte  des  recherches  de 
H.  Rose  que  ces  deux  manières  d'être  de  la  silice  sont 
caractérisées  par  le  poids  spécifique;  celui-ci  s'élève,  pour 
la  variété  cristalline,  à  peu  près  à  2,6;  pour  la  variété 
amorphe,  il  varie  entre  2,2  et  2,3.  Ce  savant  range  le  silex 
parmi  la  variété  cristalline  compacte. 

Souvent  on  a  avancé  qu'on  peut  distinguer  ces  deux 
formes  de  silice  par  la  solubilité  dans  la  potasse  caustique. 
La  silice  amorphe,  en  effet,  est  remarquablement  plus 
soluble  dans  ce  réactif  que  la  variété  cristalline.  Mais  quant 
à  vouloir  trouver  dans  ce  caractère  un  moyen  de  diffé- 
rencier nettement  les  deux  modalités  de  l'acide  silicilique 
libre,  les  travaux  de  Rammelsberg  et  nos  propres  recherches 
démontrent  qu'on  ne  peut  pas  l'appliquer  d'une  manière 
absolue. 

Ce  savant  a  trouvé,  en  effet,  que  l'attaque  par  la  potasse 
caustique  ne  se  borne  pas  seulement  à  la  silice  amorphe, 
mais  que  le  quartz  lui-même  peut  se  dissoudre  sous  Tin- 
fluence  de  cet  agent.  C'est  ainsi  qu*en  traitant  du  quartz, 
finement  pulvérisé,  par  de  la  potasse  (une  partie  de 
potasse  sur  trois  d'eau),  il  s'est  dissous  jusqu'à  7,75  ^/q  de 
la  poudre  cristalline.  M.  Rammelsberg  arrive  à  la  conclusion 
que  la  quantité  de  silice  amorphe  est  toujours  inférieure 


(  790  ) 

à  celle  qu*on  déduirait  de  la  somme  de  la  silice  dissoute.  Il 
résulte  encore  de  ses  expériences  que  la  solubilité  de  cette 
substance  augmente  avec  sa  densité  (1). 

Voici  les  résultats  obtenus  sur  trois  échantillons  de  siles 
de  la  craie  de  Nouvelles,  dont  on  a  traité  la  poudre  fine 
par  une  solution  de  potasse  caustique  à  20  7o  (KHO),  au 
bain-marie  pendant  trois  heures.  La  masse  compacte  d*un 
silex  noir  s'est  dissoute  dans  ce  réactir  jusqu*à  5i  Vo*  Ce 
chiffre  concorde  avec  les  résultats  de  quelques-unes  des 
expériences  de  Rammelsberg.  Mais  il  est  bien  évident  que 
la  solubilité  crott  ou  décroît  suivant  les  conditions  spé- 
ciales de  Texpérience  :  élévation  de  la  température,  degré 
de  concentration,  durée  du  traitement,  finesse  de  la  pou- 
dre, etc.  On  ne  doit  donc  attacher  qu'une  valeur  relative 
aux  indications  fournies  parées  expériences. 

Cest  ce  que  montrent  d'ailleurs  les  faits  que  nous 
avons  constatés  nous-mêmes.  Ainsi,  dans  le  cas  du  silex 
noir  qui,  après  trois  heures,  s'était  dissous  jusqu'à  5i  7o9 
l'expérience  ayant  été  prolongée  ensuite  pendant  neuf 
heures,  la  solubilité  s'est  accrue  jusqu'à  86  V«* 

M.  Rammelsberg  a  déjà  fait  observer  que  certains  silex 
sont  attaqués  assez  facilement  par  la  potasse  caustique, 
tandis  que  leur  poids  spécifique  montre  que  la  quantité  de 
silice  amorphe  doit  être  beaucoup  moins  forte  que  celle 
qui  est  dissoute  par  la  potasse.  C'est  ce  qu'il  a  constaté  en 
particulier  pour  une  calcédoine  de  Hongrie  et  pour  un 
silex,  qui,  l'un  et  l'autre,  se  sont  dissous  jusqu'à  envi- 
ron 94  7o  d^  l^ur  masse.  Pour  éliminer  les  incertitudes 


(1)  Rammelsberg,  Ueber  das  Verhailen  der  aus  Kieêehâure  bcste- 
henden  Mineralitn  gegen  Kalilange,  Pogg.  Ann.,  tome  CXII,  4861. 


(701  ) 

que  laissent  comme  on  vient  de  le  voir,  ie  procédé  précé- 
dent, beaucoup  employé  autrefois,  on  a  généralement 
recours,  aujourd'hui»  au  poids  spécifique.  On  sait,  comme 
nous  l'avons  rappelé,  que,  pour  les  variétés  cristallines  de 
Tacide  silicique,  le  poids  spécifique  est  approximativement 
de  2,6,  celui  de  la  silice  amorphe  étant  de  2,2  à  2,3. 

Nous  avons  pris  le  poids  spécifique  des  échantillons  que 
nous  décrivons,  et  les  résultats  obtenus  montrent  qu'il  faut 
rapporter  ceb  silex  à  la  variété  cristalline  compacte  à 
laquelle  s'ajoute  de  la  silice  amorphe.  C'est  ce  que  démon- 
trent l'examen  optique  et  les  caractères  chimiques  des 
nodules  do  la  craie  que  nous  allons  décrire. 

Nous  avons  examiné  d*abord  un  échantillon  de  silex  de 
la  craie  de  Nouvelles  dont  le  centre  était  absolument  inal- 
téré, de  teinte  noire,  à  cassure  conchoïdale,  à  arêtes  tran- 
chantes dans  ses  éclats,  très  transparent  sur  les  bords, 
homogène  et  compact.  Il  était  entouré,  à  l'extérieur,  par 
une  couche  de  décomposition  de  3  ou  4  millimètres,  blanc- 
jaunâtre,  happant  à  la  langue,  se  laissant  entamer  par 
l'acier  et  se  désagrégeant  en  matière  farineuse.  Au  micro- 
scope, cette  roche  se  montre  composée,  pour  la  majeure 
partie,  de  formes  allongées  présentant  des  ramifications, 
et,  dans  certains  cas,  on  voit  le  canal  central  caracté- 
ristique des  spicules  de  spongiaires.  On  peut  dire  que 
les  3/3  de  la  masse  totale  sont  formés  par  l'accumulation 
de  ces  formes  organiques,  auxquelles  viennent  s'ajouter 
plus  rarement  des  corps  sphériques  hérissés  de  spicules 
microscopiques  et  qui  pourraient  bien  se  rapporter  à  des 
rhizopodes.  Les  spicules  de  spongiaires  présentent  sou- 
vent (les  sections  transverses  circulaires  dont  le  bord  plus 
foncé  se  détache  de  la  masse  entourante.  Généralement, 


(  792  ) 

les  bords  des  spiculcs  sont  en  quelque  sorle  soulignés  par 
une  matière  organique  transformée  aujourd'hui  en  matière 
charbonneuse  empâtée  dans  la  silice.  Souvent,  le  spicule 
tout  entier  se  détache  de  la  masse  fondamentale  par  une 
teinte  noirâtre  ou  grisâtre  répandue  uniformément  sur  sa 
section.  Dans  d*autres  cas,  cette  teinte  est  jaune  clair. 
On  voit  en  outre  dos  fragments  irréguliers  noirâtres,  des 
petits  flocons  informes  de  matière  charbonneuse.  Plus 
rarement  ces  substances,  unies  probablement  à  du  fer, 
remplissent  des  moules  qui  ressemblent^  à  s'y  méprendre, 
à  des  chambres  de  foraminifères.  Ces  faits  rappellent  le 
remplissage  de  ces  organismes  par  la  glauconie.  Tel  est 
Taspect,  à  la  lumière  ordinaire,  des  éléments  dVigine 
organique  empâtés  dans  la  masse  fondamentale.  Celle-ci 
est  formée  d'une  masse  grisâtre,  presque  incolore,  qui  se 
présente  partout  homogène  et  sans  structure  lorsqu'on  la 
voit  sans  appareil  de  nicol.  Certaines  plages,  où  Ton 
découvre  plus  de  spicules  accumulés,  sont  d'une  teinte 
plus  brunâtre.  A  la  lumière  polarisée,  cette  pâte  donne 
la  polarisation  d'agrégats  et  se  montre  en  même  temps 
formée  de  grains  excessivement  tins,  dont  quelques-uns 
réagissent  entre  niçois  croisés,  et  d'autres  se  présentent 
comme  sensiblement  isotropes.  En  employant  la  teinte 
sensible,  on  voit  que  ces  derniers  maintiennent  la  couleur 
violette  pour  une  rotation  complète.  Mais  il  est  difficile  de 
définir  exactement  les  contours  respectif^  des  plages  iso- 
tropes et  cristallines,  à  cause  de  la  petitesse  des  grains  et 
de  l'enchevêtrement  des  éléments  constitutifs  de  celle 
pâle.  On  dirait  que  la  silice  amorphe  est  intercalée  en  par- 
ticules infinitésimales  entre  tous  les  grains  cristallins. 
Parmi  ces  derniers,  il  en  est  d*»  plus  grands  qui  se  détachent 
de  la  masse  fondamentale  et  qui  présentent  tous  les  carac- 


(793) 

(ères  (le  la  calcédoine.  Ils  sont  isolés,  de  forme  irrégulière 
ou  circulaire;  dans  ce  cas,  ce  sont  souvenl  des  sections  et 
des  spicules.  Dans  ces  sections,  on  observe  alors  fréquem- 
ment la  structure  fibro-radiée  de  la  calcédoine  et  quelque- 
fois même  la  croix  caractéristique  de  ses  agrégats.  Les  sec- 
tions de  spicult^s  parallèles  à  rallongement,  lorsqu'elles  ne 
sont  pas  trop  chargées  de  matière  noires,  grisâtres,  opaques, 
se  détachent  vivement  aussi,  par  leur  teinte  brillante,  de  la 
masse  fondamentale.  On  voit  dans  ces  sections  allongées, 
les  mêmes  caractères  de  silice  calcédonieuse  que  dans  les 
sections  circulaires.  Les  détails  micrographiques  que  nous 
venons  de  donner  conviennent,  peut-on  dire,  au  grand 
nombre  des  silex  crétacés.  Dans  quelques-uns,  nous  voyons 
moins  de  traces  d'organismes,  dans  d'autres  ils  sont  plus 
fréquentai;  mais  les  caractères  phvsiques  restent  à  peu 
près  toujours  les  mêmes,  ainsi  que  les  caractères  chimiques 
dont  nous  allons  parler. 

Voici  les  résultats  de  Tanalyse  du  nodule  noir  dont  on 
vient  de  lire  la  description  lithologique  : 


Analyse  /. 

0,8^6  gramme  de  substance  séchée  k  100"  donna  0,0108 
gramme  de  perle  au  feu,  et,  attaquée  en«îuife  par  les  carbonates 
alcalins,  0,8089  gramme  de  silice. 

0,6740  gramme  de  substance  traitée  au  bain-marie  pendaut 
trois  heures  par  une  solution  de  potasse  caustique  (a  ^0**/.  de 
KHO  environ)  laissa  0,5139  gramme  de  résidu  iusoluble  dans 
\v.  réactif. 

0,9998  gramme  de  substance,  traitée  de  la  même  manière 
pendant  douze  heures,  donna  0,8575  gramme  de  silice  soluble 
dans  la  potasse  raus(i«|iie 


(794) 

Silice  tolalc 97,50   '/o 

Silice  soluble  dnns  KHO  (traitement  pendant 

trois  heures) 51,— 

Silice  soliible  dans  KHO  (traitement  pendant 

douze  heures) 86, — 

Perle  au  feu 1 ,30 

Poids  spécifique 2,606 

Si  Ton  lient  compte  de  la  solubilité  datis  la  potasse,  de 
la  perte  au  feu  et  surtout  du  poids  spécifique  2.606  (celui 
du  quartz  étant  2.65);  on  voitquela  silice  doi t se  rapporter, 
pour  la  presque  lolalité,  à  la  variété  cristalline  de  ce  corps^ 
comme  l'indique  d*ailleurs  Texamen  o|)tique. 

Afin  de  se  rendre  compte  de  la  nature  de  la  zone  blan- 
châtre de  décomposition  qui  entoure  souvent  le  silex,  nous 
avons  analysé  et  examiné  au  microscope  un  fragment  de 
cette  matière.  Ce  fragment  de  patine,  environnant  un  silex 
noir,  esl  blanchâtre,  à  cassure  subconchoîde,  mal,  légère- 
ment granulé,  happant  à  la  langue,  opaque  sur  les  bords, 
il  ressemble  â  la  craie,  et  se  laisse  aisément  entamer  par 
Tacier.  Les  préparations  microscopiques  montrent,  en 
lumière  naturelle,  une  masse  incolore,  transparente,  for- 
mée, on  dirait,  d'une  infinité  de  granules  microscopiques  à 
contours  extrêmement  vagues,  juxtaposés  les  uns  contre  les 
autres  et  dont  l'ensemble  reproduit  une  apparence  chagri- 
née. H  serait  difficile  de  dire  s'il  existe  une  substance 
intercalée  entre  chacune  de  ces  sections  plus  ou  moins 
circulaires;  il  se  pourrait  fort  bien  que  cette  apparence  ne 
fût  due  qu'aux  contours  des  sections  accolées.  Çà  et  là  on 
observe  comme  des  éclaircies.  Dans  cette  masse  formée  de 
plages  irrégulières,  il  s'en  détache  qui  présentent  la  même 
structure,  mais  dont  la  couleur  est  sensiblement  moins 
foncée.  En  lumière  polarisée,  on  voit  de  nouveau  la  polari- 
sation d'agrégats,  mais  vaguement  indiquée  celte  fois;  les 


(  793  ) 

grains  sonl  si  petits  qu'ils  réagissent  à  peine.  Entre  niçois 
croisés,  la  silice  isotrope  y  parait  un  peu  mieux  représentée 
que  dans  la  matière  centrale  inaltérée  du  nodule.  Les 
traces  d'organismes,  beaucoup  plus  rares,  sont  indiquées 
encore  par  des  |)lages  calcédonieuses,  mais  elles  tendent  à 
s'effacer. 

Les  résultats  de  Tanalyse  concordent,  comme  nous  allons 
le  voir,  avec  ceux  de  l'examen  microscopique. 

Analyse  IL 

i,1447  gramme  de  substance  séchëe  kiO(y*  donna  0,0188 
gramme  de  perte  au  feu,  et  fusionnée  ensuite  par  les  carbo- 
nates alcalins,  i.iili  gramme  de  silice,  0,0059  gramme  de 
scsquioxydes  de  fer  et  d*aluminium,  0,0H1  gramme  de  chaux 
et  des  traces  de  magnésie. 

1,0737  gramme  de  substance  attaquée  par  l'acide  fluorhy- 
drique  donna  0,0045  gramme  de  chlorures  de  sodium  et  de 
potassium. 

0,75:25  gramme  de  substance  traitée  au  bain-marîe  pendant 
trois  heures  par  la  potasse  caustique  laissa  0,1758  gramme  de 
résidu  insoluble. 

0,^^998  gramme  de  substance  (railée  de  la  même  manière 
pendant  douze  heures  donna  0,7950  gramme  de  silice  soluble 
dans  la  potasse  caustique. 

Silice  totale 97,59    ^o 

Silice  soluble  dans  KHO  (traitement  pendant 

trois  heures) 74, —    » 

Silice  soluble  dans  KHO  (traitement  pendant 

douze  heures) 88, —     » 

Alumine  et  fer 0,52     » 

Chaux 0,97    » 

Alcalis 0,25     » 

Perte  au  feu 1 ,64    » 

Poids  spécifique 2,606 


I 


(  796  ) 

Dans  ce  eus,  cumine  dans  le  précédent,  on  voit  que  la 
silice apparlienl  à  la  variété  cristalline;  elle  atteint  le  poids 
spécifique  de  2,606,  mais  elle  est  plus  attaquable  à  la 
potasse  caustique  que  dans  le  cas  précédent,  et  enlin  sa 
perle  au  l'eu,  1,64,  indique,  comme  les  faits  que  nous 
venons  de  citer,  un  mélange  de  silice  amorphe  en  petite 
quantité  et  de  quartz  cryptocristallin. 

Enfin,  nous  avons  soumis  à  Tanalyse  la  patine  plus 
compacte,  ressemblant  à  la  porcelaine  et  recouvrant  d*une 
épaisseur  de  2  à  5  milliniètres  un  silex  noir  type.  Cette 
patine  représente  les  silex  dans  un  état  moins  altéré  que 
pour  le  cas  précédent;  elle  est  blanche,  légèrement  luisante 
dans  la  cassure,  translucide  sur  les  bords,  sans  grains 
apparents  à  Tœil  nu,  ne  happe  pas  à  la  langue,  ne  se  laisse 
pas  entamer  par  l'acier  et  raie  le  verre. 

L*examen  des  lames  minces  prouve  que  cette  zone  est 
encore  presque  entièrement  composée  de  silice  cristalline 
qui  se  dévoile  par  la  polarisation  d'agrégat.  A  la  lumière 
transmise,  on  voit  que  cette  zone  d*altération  se  décompose 
en  deux  bandes  juxtaposées.  Celle  superposée  sur  le  nodule 
est  opaque;  on  dirait  qu'une  m'alière  pigmentaire  charbon- 
neuse s'y  est  accumulée;  la  bande  externe,  au  contraire, 
est  composée  de  silice  incolore  où  n'apparaissent  que  de 
petites  ramifications  dentritiques  do  la  même  substance 
qui  refnpiit  la  bande  opaque  inférieure.  L'analyse  som- 
maire de  cet  enduit  confirme  les  observations  précédentes. 
On  trouve,  en  effet  : 

Analyse  llf. 

0,78iO  gramme  de  substance  sëchce  à  100"  donna  0,0108 
gramme  de  perte  au  feu,  et  fusionnée  ensuite  par  les  carbo- 
nates alcalins,  0,7673  gramme  de  silice. 


(  797  ] 

0,7750  gramme  de  substance  traitée  au  bain-marie  pendant 
trois  heures  par  la  potasse  caustique  donna  0,4120  gramme  de 
«ilice  soluble  dans  ce  réactif. 

Silice  totale 98,12    »/.. 

Silice  soluble  dans  KHO  (traitement  pendant 

trois  heures) 55,50    > 

Perte  au  feu 1,54    » 

Poids  spécifique  .     .........        2,597(1) 

Une  conclusion  découle  de  ce  que  nous  venons  de  dire 
sur  les  propriétés  physique  et  chimique  de  ces  nodules  de 
la  craie  :  c'est  qu'ils  ne  renferment  qu'une  quantité  relati- 
vement faible  de  silice  amorphe.  Ce  fait,  établi  par  l'ana- 
lyse microscopique  et  les  expériences  relatives  au  poids 
spécifique  et  à  la  composition  chimique,  nous  permet  de 
ranger  le  silex  parmi  les  variétés  crislallines  de  la  silice  se 
rapprochant  surtout  de  la  calcédoine. 

Il  résulte  de  l'ensemble  des  observations  précédentes 
que  les  nodules  de  silex  de  la  craie  doivent  avoir  été  pro- 
duits par  le  concrétionnement  de  la  silice,  provenant  dV- 
ganismes siliceux,  surtout  de  spongiaires,  tenue  en  solution 
par  Teau.  On  peut  ajouter  que  le  concrétionnement  s  est 
opéré  autour  des  restes  ou  des  débris  organiques  dans 
des  masses  déjà  accumulées  de  sédiments  crayeux,  et 
que  la  silice  a  pris  généralement  la  forme  cristalline;  une 
petite  partie  de  la  masse  restant  à  l'état  amorphe.  Sans 
admettre  que  les  conditions  de  sédimentation  et  la  nature 


(1)   Le  poids  spécifique  de  la   mas^c  interne   noire  du  ménie 
échantillon  est  2,591. 


(  798  ) 

litbologique  aient  été  les  mêmes  pour  la  craie  que  celles 
des  sédiments  pélagiques  de  la  période  actuelle,  nous 
pouvons  trouver,  dans  la  vase  à  globigériues  des  océans 
modernes,  quelques  points  de  rapprochement  qui  per- 
mettent d*éclaircir  les  problèmes  que  présente  la  formation 
des  silex.  Nous  savons  que,  dans  les  profondeurs  moyennes 
de  Tocéan,  qui  ne  dépassent  pas  1,500  brasses  et  à 
des  distances  assez  grandes  des  côles  pour  que  les 
matières  terrigènes  n'y  soient  pas  entraînées,  il  se  forme 
aujourd'hui  de  vastes  dépôts,  composés  essentiellement  de 
foraminifères  calcareux,  dont  les  dépouilles  viennent 
s'accumuler  sur  le  lit  de  la  mer  après  la  mort  de  ces  orga- 
nismes. Pendant  que  ces  dépouilles  de  rhizopodes  tombent 
sur  le  fond  de  la  mer,  celui-ci  se  tapisse  d'organismes  qui 
habitent  des  grands  fonds,  et  parmi  lesquels  les  spon- 
giaires jouent  un  rôle  important.  Ces  spongiaires  y  sont 
tellement  nombreux  qu'un  seul  dragage  en  ramène  quel- 
quefois plus  de  40  espèces,  et  que  la  vase  est  comme 
cimentée  par  des  spicules  ou  filaments  siliceux.  Ils  jouent 
dans  les  sédiments  calcareux,  comme  le  disait  W.  Thom- 
son, le  même  rôle  que  le  poil  dans  le  mortier  (1). 

Les  vases  à  globigériues,  même  les  plus  pures,  ont  tou- 
jours donné  à  l'analyse  un  excès  de  silice  non  combinée 
qui  doit  se  rapporter  à  ces  spicules  de  spongiaires  enchâssés 
dans  ce  qu'on  appelle  la  craie  moderne  (2).  Il  n'est  pas 
hors  de  propos  de  citer  ici  l'appréciation  que  formulaient 


(1)  w.  Thomson,  Ann.  mag.  nat.  hisL,  1869,  pp.  419-121. 
(â)  MuBRAT  et  Renard,  Classification  et  nomenclature  des  sédiments 
pélagiques,  p.  45. 


(  799  ) 

deux  pionniers  des  explorations  sous-marines,  le  D'  Car- 
penter  et  Sir  Wy  ville  Thomson.  Ils  étaient  portés  à  admet- 
tre comme  hautement  probable  qu'à  toutes  les  périodes 
de  l'histoire  de  la  terre  les  rhizopodes  et  les  spongiaires, 
ou  les  deux  à  la  fois,  prédominaient  en  nombre  sur 
toutes  les  autres  formes  organiques.  Thomson  écrivait 
en  1877  (i)  :  «  Des  éponges  vivent  à  toutes  les  profon- 
9  deurs,  quoique  cette  classe  n'atteigne  son  maximum  de 
»  développement  qu'entre  500  et  1000  brasses;  cependant 
»  tous  les  ordres  se  retrouvent  dans  la  zone  abyssale, 
9  sauf  Tordre  des  Calcarea;  à  de  grandes  profondeurs  les 
»  hexactinellides  dominent...  » 

On  sait  la  part  qui  revient  aux  foraminifères  dans  la 
constitution  de  la  craie  et  combien  y  sont  abondants  les 
débris  siliceux  de  spongiaires.  On  voit  donc,  d'un  coup 
d'œil,  les  analogies  qui  unissent  les  sédiments  crayeux  et 
les  dépôts  à  globigérines;  dans  les  deux  cas,  c'est  l'énergie 
vitale  qui  est  la  source  d'où  dérivent  les  matériaux  qui 
constituent  ces  roches. 

Si  nous  tenons  compte  de  la  grande  quantité  de  spicules 
de  spongiaires  qu'on  retrouve  dans  certaines  couches  de 
la  craie,  spicules  mélangés  et  appartenant  à  des  espèces 
différentes,  si  Ton  se  rappelle  en  même  temps  les  nom- 
breux exemplaires  d'épongés  plus  ou  moins  complètes 
qu'on  découvre  dans  ces  couches,  on  peut  en  déduire  que 
ces  organismes  étaient  aussi  bien  représentés  dans  les 
mers  crétacées  que  dans  les  océans  modernes.  Les  éponges 
siliceuses  actuelles  sont  formées  de  silice  amorphe,  de 


(i)  TflOMSoif,  The  Atlanlic,  vol.  Il,  p.  oiO, 


(  800  ) 

même  aussi  TétaicDl  celles  de  la  craie.  Les  expériences 
qu*on  a  Taites  sur  ceUe  variété  de  silice,  montrent  qu*elle 
est  la  plus  l'acilemènt  attaquable,  et  les  recherches  entre- 
prises par  M  Thoulet  (1)  sur  les  spongiaires  dragués 
par  Texpédition  du  Talisman^  apportent  une  nouvelle 
preuve  en  faveur  de  la  solubilité  de  ces  restes  organiques. 
M.  Thoulet,  en  efTet,  a  démontré  que  la  silice  de  ces  spon- 
giaires se  prétait  facilement  à  Tatlaque  des  substances  qui 
agissent  sur  ce  corps. 

I^  silice  en  solution  dans  l'eau  des  mers  doit  avoir  été 
primitivement  dissoute  par  les  agents  physico-chimiques 
qui  déterminent  la  décomposition  des  roches  où  ce  corps 
existe  à  Tétat  libre  ou  à  Tétai  combiné.  Les  fleuves  en 
apportent  à  la  mer  et  celle-ci,  par  son  action  dissolvante 
sur  son  lit  et  ^urtout  sur  ses  côtes,  en  ajoute  sans  cesse  de 
nouvelles  quantités  à  celles  qui  lui  viennent  de  l'intérieur 
des  terres.  Les  organismes,  dont  l'enveloppe  ou  les  parties 
dures  sont  formées  par  la  silice,  puisent  dans  l'eau  de  mer 
cette  substance  qu'ils  fixent  à  Tétat  amorphe.  Lorsque 
l'action  vitale  a  cessé  de  s'exercer,  l'acide  silicique,  isolé  et 
accumulé  |)ar  ces  êtres,  est  rendu,  peut-on  dire,  au  monde 
inorganique.  La  silice  se  redissout  en  partie  et  enfin  se  fixe 
en  se  concrétionnant.  Demandons-nous  maintenant  quelles 
peuvent  être  les  causes  en  jeu  pour  redissoudre  ces  restes 
d'organismes  siliceux? 

Nous  n'hésitons  pas  à  avouer  qu'il  est  difficile  de  les 
spécifier;  toutefois  on  peut  avancer,  comme  hypothèse  très 
probable,  en   nous  basant   sur   des  faits  bien  connus, 


(i)  Thoulet,  Comptes  rendus  de  l'Acad,  des  menées,  188i,  p.  1000. 


i 

i 


(  801  ) 

que  Teau  de  mer  chargée  de  ses  sels,  aidée  de  la  pression, 
daos  d'aulres  cas,  chargée  d'acide  carbonique  ou  d'acides 
organiques  plus  ou  moins  analogues  aox  acides  crénique 
et  ulmique,  peut  être  envisagée  comme  dissolvant.  On  doit 
dire  la  même  chose  à  peu  près  de  Teau  circulant  dans  les 
couches.  On  sait  aussi  combien  l'élévation  de  la  tempéra- 
ture peut  aider  l'eau  à  se  charger  de  silice;  mais  nous  ne 
pensons  pas  qu'on  doive  tenir  compte  de  ce  facteur  pour  le 
cas  dont  il  s'agit. 

Nous  verrons  plus  loin  qu'il  n'est  pas  nécessaire 
d*admeltre  que  cette  redissolution  se  fasse  sur  l'aire  qui  est 
actuellement  le  fond  de  la  mer  ;  cependant  il  résulterait  de 
certaines  observations  de  Carter  (1),  que  des  spicules,  dra- 
gués sur  le  lit  de  la  mer,  montrent  comme  un  commence- 
ment de  décomposition  :  leur  surface  est  pointillée  de 
petites  excavations  et  le  canal  axial  est  élargi. 

Tout  porte  à  croireque,  parmi  les  organismes  à  enveloppe 
siliceuse,  ce  sont  les  spongiaires  qui  doivent  avoir  fourni, 
pour  la  plus  grande  partie,  la  silice  des  nodules  que  nous 
avons  décrits.  Non  seulement  on  a  la  preuve,  par  l'exa- 
men microscopique,  que  ces  nodules  sont  comme  pétris 
de  spicules,  mais,  suivant  une  observation  déjà  ancienne 
d*Ehrenberg,  que  nous  avons  rappelée  plus  haut  et  qui 
se  trouve  conOrmée  par  de  nombreuses  recherches,  les 
couches  crayeuses  où  la  silice  s'est  concrétion  née  ne 
renferment  pas  de  spicules,  et,  d'un  autre  côté,  celles, 
où  les  spicules  sont  disséminés  en  grand  nombre  dans  la 
masse  de  la  craie,  ne  présentent  pas  le  développement 


(I)  Carter,  inSoHas,  loc.  cit.,  p.  4i4. 

S""*  SÉRIE,  TOME  XiV.  54 


(  802  ) 

de  concrétions  siliceuses  que  nous  remarquions  tout  à 
l'heure  (1). 

Bornons-nous  à  citer  ici  les  faits  signalés  par  Petzold  et 
qui  confirment  ce  qu'on  vient  de  dire.  Ce  savant  a  montré 
que,  dans  une  roche  dolomitique,  les  parties  les  plus  voi- 
sines des  concrétions  siliceuses  ne  contenaient  que  %Zi  V» 
de  silice,  tandis  que  celles  plus  éloignées  de  la  concrétion 
en  renfermaient  près  de  4,73  7o*  Nous  avons  donc  la 
preuve  bien  évidente  que  c'est  à  la  silice  des  spongiaires 
qu'est  due  la  matière  des  nodules  siliceux.  Ces  derniers 
se  seront  formés^  comme  il  arrive  si  souvent  pour  les 
concrétions,  par  concentration  sur  un  point  de  particules 
de  la  même  substance,  disséminées  dans  les  couches  et 
auxquelles  les  eaux  servent  de  véhicule.  Ces  faits  prou* 
vent,  en  outre,  que  la  concrétion  s'est  formée  lorsque 


(1)  La  craie  de  Nouvelles  a  été  analysée  dans  le  but  de  s'assurer 
de  la  teneur  en  silice.  Voici  les  résultats  de  cette  recherche. 

0,9853  gramme  de  substance  sécbée  à  i10>  donna  0,1594  gramme  de  chaux  et 
0,0033  gramme  de  pyrophosphate  de  magnésium. 

0,7083  gramme  de  substance  traitée  dans  l'appareil  de  Ludwig  par  Tacide 
chlorhydrique  donna  une  perte  de  0,3055  gramme  d'acide  carbonique. 

3)0977  grammes  de  substance  traité  par  l'acide  acétique  laissaient  un  résidu 
contenant  0,0314  gramme  de  silice  et  0,0183  gramme  de  sesquioxydes  de  fer  et 
d'aluminium. 

CO, 43,14 

Si  Oj 0,69 

Alj  O5  +  Fe,  0, 0,59 

CaO 55,87 

M  g  0 0,38 

100,57 

Ces  résultats  montrent  que  la  craie  renfermant  les  nodules  est 
pure  et  contient  des  quantités  très  petites  de  silice. 


(  803  ) 

les  sédiments  s*étaient  déjà  accumulés.  Nous  fournirons 
plus  tard  d^autres  arguments  en  faveur  de  cette  interpré- 
tation ;  admettons-la  pour  le  moment  et  supposons  que  des 
masses  crayeuses,  remplies  de  spicules  de  spongiaires, 
soient  venues  recouvrir  un  lit  d'épongés  qui  s'étalaient  au 
fond  de  la  nier  crétacée.  Voyons  quels  sont  les  phéno- 
mènes qui  se  passent  et  dont  le  résultat  se  traduit  par  la 
formation  du  silex. 

Un  dissolvant  de  la  silice,  Teau  plus  ou  moins  chargée 
de  sels  ou  d*acides,  s'infiltre  au  travers  de  la  masse 
crayeuse;  cette  eau  peut  être  déjà  saturée  de  bicarbonate 
de  chaux,  qu'elle  possédera  cependant  encore  le  pouvoir 
de  dissoudre  la  silice  ;  elle  trouve  dans  le  sédiment  crayeux 
des  spicules  microscopiques  disséminés  et  des  radioliaires 
ou  des  diatomées  constitués  par  de  Tacide  silicique  à  Tétat 
amorphe.  Ceux-ci,  grâce  à  leurs  petites  dimensions,  à  la 
résistance  relativement  faible  qu'ils  opposent  comme  silice 
amorphe  à  l'action  des  dissolvants,  grâce,  en  outre,  aux 
grandes  surfaces  d'attaque  qu'ils  présentent,  cèdent  une 
partie  de  leur  substance.  Le  dissolvant  se  sature  peu  à  peu 
d'acide  silicique;  la  capillarité  aidant,  la  solution  siliceuse 
arrive  au  contact  des  amas  de  spicules  et  d'épongés  qui 
constituent  le  lit  sur  lequel  ces  organismes  vivaient  avant 
le  dépôt  des  matières  crayeuses  surincombantes.  C'est  en 
ce  point  que  le  concrétionnement  va  se  faire;  c'est  sur  ce 
lit  que  vont  se  former  les  nodules  que  nous  trouvons 
aujourd'hui  alignés  à  certains  niveaux  des  terrains  de  la 
craie. 

Rappelons  la  propriété,  que  possèdent  d'une  manière 
tout  à  fait  spéciale  certaines  formes  de  silice,  de  se  concré- 
tionner  en  passant  de  l'état  colloïde  à  l'état  solide  cristal- 
lin ou  amorphe  ;  rappelons,  en  même  temps,  que  c'est  pré- 


(  804  ) 

cisément  à  rinlérieur  des  couches  que  les  formes  concré- 
tionnées  prennent  surtout  naissance.  Nous  ne  sommes  pas 
dans  le  domaine  de  l'hypothèse,  si  nous  affirmons  que, 
d'une  solution  saturée,  la  précipitation  se  (cra  généralement 
sur  un  corps  solide  et  qu'elle  se  fera  de  préférence  sur  un 
corps  de  même  nature  chimique.  Nous  pouvons  ajouter 
que  le  dépôt  de  la  substance  dissoute  s'effectuera  même  en 
raison  de  la  masse  qui  lui  sert  de  centre.  Les  eaux  infiltrées^ 
chargées  de  silice,  se  trouvant  au  contact  de  ces  lits  de 
spongiaires»  vont  donc  déposer  sur  ces  restes  organiques 
la  silice  dont  elles  sont  saturées  et,  d'après  ce  que  nous 
venons  de  dire,  les  spongiaires  ou  les  accumulations  de 
leurs  débris,  étalés  en  lit  plus  ou  moins  continu,  serviront 
de  centres  d'attraction  et  de  nuclei  pour  les  concrétions. 

Il  importe  de  faire  entrer  ici  en  ligne  de  compte  la  pré- 
sence de  substances  organiques,  qui  doivent  se  trouver 
associées  aux  éponges  et  à  leurs  débris,  réunis  sur  l'ancien 
fond  de  mer  où  se  forment  les  concrétions.  Si  la  forma- 
tion de  ces  nodules  trouve  déjà  sa  raison  d'être  dans  les 
conditions  que  nous  indiquions  tout  à  l'heure,  à  plus  forte 
raison  serons-nous  portés  à  admettre  l'interprétation  d'un 
concrétionnement  de  la  silice  autour  d'un  centre  siliceux; 
lorsque  le  centre  dont  il  s'agit  est  pénétré  de  matière 
organique  en  décomposition.  Ces  matières,  avons-nous 
dit,  peuvent  posséder  la  propriété  de  se  combiner  avec 
l'acide  silicique  ;  d'un  autre  côté,  le  carbonate  d'ammo- 
niaque qui  se  forme,  lors  de  la  décomposition,  peut  préci- 
piter la  silice.  Ce  sont  autant  de  particularités  qui  corro- 
borent l'interprétation  que  nous  sommes  portés  à  admettre; 
mais  si  nous  voulions  entrer  ici  dans  le  détail  des  réactions, 
nous  serions  dans  le  domaine  de  l'hypolhèse.  Nous  ne 
citons  ces  vues  générales  que  pour  montrer  qu'aucun  des 


(  803  ) 

faits  n'est  en  opposition  avec  ildée  que  nous  nous  faisons 
de  la  formation  des  silex. 

Ces  concrétions,  comme  toutes  les  autres  formes  inor- 
ganiques de  cette  nature,  se  sont  développées  par  des 
apports  successifs  de  la  matière  qui  les  constitue,  l/action 
dissolvante  et  continue  des  eaux  dans  les  couches  environ- 
nantes, s'exerçait  sur  les  particules  infinitésimales  de  silice, 
et  dès  que  celles-ci  avaient  livré  une  partie  de  leur  sub- 
stance, elle  venait  s'ajouter  aux  nodules  en  voie  de  for- 
mation. La  silice  ainsi  agrégée  se  fixe  tout  d'abord  comme 
un  enduit  autour  des  formes  organiques  préexistantes. 
Celles-ci,  grâce  au  bain  de  silice  qui  les  enveloppe  et  à  l'eau 
saturée  qui  les  entoure,  conservent  leurs  contours  primitifs. 
C'est  ce  que  nous  montrent  les  préparations  microscopiques 
où  les  sections  de  spicules  abondent.  Ces  derniers  ont  leurs 
contours  bien  souvent  mis  en  relief  par  une  matière  bru- 
nâtre, qui  est,  suivant  toute  protiabilité,  le  reste  de  la 
matière  organique  adhérente  aux  spongiaires.  Dans  les 
creux,  la  silice  se  dépose  sous  la  forme  de  grains  ou 
d'agrégats  fibreux  cristallins  qu'on  rapporte  à  la  calcédoine; 
elle  se  trouve  surtout  le  longdu  canal  axial  des  spongiaires. 
Autour  des  débris  organiques,  la  silice  cristallise  en  grains 
microcristallins,  et  enfin  certaines  plages,  peu  nombreuses 
et  très  petites,  s'observent  où  la  silice  colloïde  en  se  soli- 
difiant reste  à  l'état  amorphe.  Nous  pouvons  rapprocher 
ces  faits,  relatifs  au  mélange  de  silice  à  différents  états 
moléculaires,  de  ce  que  nous  montrent  certaines  concré- 
tions siliceuses  où  la  calcédoine  et  Topale  se  sont  déve- 
loppées simultanément.  La  silice,  en  se  concrétionnant, 
devait  non  seulement  englober  des  restes  d'organismes 
siliceux,  mais  aussi  des  fragments  ou  des  coquilles  de 
mollusques  ou  de  rhizopodes  à  enveloppes  calcaires,  qui 


(  806  ) 

étaient  emprisonnées  dans  les  éponges  ou  les  accumulations 
(le  spicules.  Dans  ce  cas,  Télémenl  calcareux  est  entière- 
ment remplacé  par  Tacide  silicique,  les  cavités  de  Porga- 
nisme  sont  remplies  de  calcédoine,  et  Von  a  un  de  ces  nom- 
breux  exemples  du  phénomène  bien  connu  de  substitution 
de  la  silice  au  calcaire. 

Nous  avons  supposé  jusquMci  que  ces  nodules  se  sont 
formés  dans  les  couches  de  sédiments  irayeux  et  non  sur 
le  fond  même  de  la  mer;  il  nous  reste  à  établir  cette 
interprétation.  Ceci  nous  fournira  l'occasion  de  montrer 
les  différences  que  doivent  présenter  la  sédimentation 
des  masses  de  la  craie  et  celle  des  vases  calcareuses  péla- 
giques modernes.  Nous  avons  rappelé  plus  haut  les  condi- 
tions dans  lesqueUes  s'opère  le  dépôt  de  la  Globigerina 
ooze;  nous  avons  vu  les  dépouilles  des  organismes  calca- 
reux de  la  surface  venir  s'accumuler  lentement  sur  le  fond 
de  la  mer  et  se  réunir  aux  spongiaires  qui  vivent  sur  son 
lit.  L'action  mécanique  de  l'eau,  comme  agent  de  sédimen- 
tation, ne  se  fait  pas  sentir  dans  les  profondeurs  loin  des 
terres  émergées.  Tout  nous  porte  à  croire  que  ces  carac- 
tères de  dépôt  pélagique  proprement  dit  manquent  à  la 
craie.  Les  sédiments,  compris  sous  ce  nom,  ne  sont  pas  ce 
qu'on  a  appelé  des  sédiments  de  haute  mer.  Si  Ion 
admettait  que  la  craie  et  la  vase  à  globigérines  ont  un  mode 
de  dépôt  identique,  on  aurait  tout  d'abord  à  lutter  avec 
les  difficultés  que  présente  l'interprétation  des  couches  de 
silex  intercalées  régulièrement  dans  les  masses  crayeuses. 

Représentons-nous  un  instant  ce  qui  se  passe  sur  le 
fond  des  mers  modernes,  aux  points  où  se  dépose  lente- 
ment la  vase  calcaire.  Des  spongiaires,  pour  ne  parler  que 
de  ces  organismes,  s^étalent  sur  le  lit,  des  foraminifères 


(  807  ) 

vivant  à  la  surface  tombent  au  fond,  après  leur  mort»  et 
viennent  recouvrir  lentement  cette  végétation  de  proto- 
zoaires qui  croit  à  mesure  que  les  dépouilles  de  foramini- 
fères  se  déposent.  Supposons  un  instant  qu'on  fasse  une 
coupe  au  travers  des  couches  ainsi  formées.  Comme  les 
conditions  des  fonds  de  mer  sont  absolument  stables,  on 
verra,  en  admettant  même  que  la  silice  des  spongiaires  se 
soitconcrétionnée,  que  ces  concrétions  sont  réparties  d'une 
manière  irrégulière  dans  les  masses  de  calcaire  qui  les 
enveloppent.  Il  est  évident,  en  effet,  que  les  organismes 
siliceux  vivant  sur  le  fond  doivent  continuer  à  se  déve- 
lopper part  passu  avec  Taccumulation  des  dépouilles  de 
rhizopodes  qui  viennent,  en  quelque  sorte,  enterrer  les 
premiers.  Nous  n'avons  pas,  en  effet,  dans  les  mers 
actuelles,  de  raisons  pour  admettre  que  les  sédiments  péla- 
giques doivent  alterner,  et  l'interprétation  donnée  par 
Lyell,  et  d'après  laquelle  il  se  formerait  en  un  point  de 
l'océan,  sous  l'influence  des  courants,  tantôt  un  dépôt 
siliceux,  tantôt  un  dépôt  calcareux,  n*est  pas  fondée  et  ne 
sera  partagée  aujourd'hui  par  personne. 

Ainsi  donc,  les  phénomènes  actuels  que  nous  cx>n- 
naissons  par  les  explorations  sous-marines,  ne  montrent 
pas  dans  les  vases  à  globigérines  des  faits  analogues  à 
ceux  que  présentent  les  lits  de  silex  de  la  craie.  La 
formation  du  silex,  aligné  suivant  les  couches  de  strati- 
fication, ne  peut  s'interpréter  en  admettant  le  mode  de 
sédimentation  qu'on  observe  dans  les  océans  modernes 
aux  grandes  profondeurs  loin  des  côtes. 

Hâtons-nous  d'ajouter  qu'aucun  fait  ne  vient  prouver 
non  plus  que  ces  nodules  ou  ces  concrétions  siliceuses  se 
forment  à  la  surface  du  lit  actuel  de  la  mer.  Parmi  tant 
de  sondages  eflfectués  partout  dans  les  aires  à  globigérines 


(  808  ) 

de  TAlIantique,  clans  les  fonds  à  diatomées  de  l'Antarc- 
tique, dans  les  sédiments  à  radiolaires  du  Pacifique, 
dans  l'argile  rouge  des  plus  grandes  profondeurs,  jamais 
la  drague  n'a  rapporté  un  fragment  de  silice  de  formation 
récente,  rappelant  les  silex  de  la  craie. 

Il  est  inutile  d'objecter  que  nous  ne  connaissons  rien 
ou  presque  rien  du  fond  des  grandes  mers  actuelles,  que 
les  appareils  ne  rapportent  qu'une  quantité  infinitésimale 
des  matières  qui  constituent  le  fond  :  cet  argument  perd 
toute  sa  valeur  dès  qu'on  réfléchit  à  Tuniformité  de  la 
composition  minéralogique  que  les  explorations  sous- 
marines  établissent  d'une  manière  incontestable  pour  cha- 
cune des  régions  du  lit  de  la  mer. 

Ainsi  donc,  ni  les  conditions  théoriques  dans  lesquelles 
devrait  s'effectuer  la  sédimentation  des  valses  à  globigé- 
rines,  ni  les  faits  directement  observés,  en  viennent 
appuyer  l'opinion  que  les  nodules  siliceux  se  forment  sur 
le  lit  des  mers  modernes.  Rien  de  ce  que  nous  con- 
naissons des  dépôts  pélagiques  ne  s'oppose  à  admettre  que 
ces  concrétions  siliceuses  stratifiées  se  sont  formées  dans 
les  couches  elles-mêmes,  après  le  dépôt  des  matières 
crayeuses.  Entre  un  grand  nombre  de  faits,  qui  plaident 
d*nne  façon  incontestable  en  faveur  de  cette  interprétation, 
bornons-nous  à  rappeler  les  suivants  :  1*  la  formation 
du  silex  en  veines,  qui  présuppose  nécessairement  Texis- 
tence  de  fentes  dans  un  sédiment  déjà  accumulé;  ^  Téli- 
mination  de  la  silice  dans  les  couches  qui  renferment  les 
nodules.  Cette  élimination  ne  peut  se  comprendre  que 
dans  le  cas  d'une  dissolution  de  particules  enchâssées  dans 
les  couches  calcareuses,  et  d'une  concentration  autour 
d'amas  de  matières  siliceuses  étalées  sur  un  ancien  fond 
de  mer. 


C  809  ) 

Nous  sommes  donc  amenés  à  admettre,  pour  expliquer 
d'une  manière  adéquate,  la  formation  des  nodules  siliceux 
de  la  craie,  que  les  sédiments  de  cette  formation  ont  été 
accuranlésd^une  manière  bien  différente  de  celle  des  dépôts 
l>élagiqnes  proprement  dits.  Bien  des  preuves  ont  été 
données  d'ailleurs  pour  montrer  que  la  formation  crétacée 
n'est  pas  un  dépôt  de  mer  profonde.  Nous  ne  voulons 
rappeler  ici  qu'un  fait,  qui  nous  paraît  décisif  en  faveur  de 
cette  interprétation.  L'examen  des  fossiles,  spécialement 
des  échinodermes,  nous  prouve  à  l'évidence  qu'ils  ont  été 
soumis  à  des  remaniements  mécaniques.  Or,  ceux-ci 
sont  inexplicables  si  la  craie  s^est  déposée  comme  les 
vades  océaniques.  Non  seulement,  les  oursins  de  la  craie 
ne  se  retrouvent  presque  jamais  avec  leurs  piquants, 
mais  souvent  ils  sont  recouverts  de  scrpules.  Ces  obser- 
vations nons  forcent  à  admettre  deux  interprétations 
qui  sont  en  opposition  directe  avec  ce  que  nous  savons 
des  conditions  dans  lesquelles  se  forment  les  dépôts 
des  mers  profondes.  Pour  expliquer  ces  faits,  il  faut 
recourir  à  des  émersions  successives,  qui  n'ont  rien  de 
vraisemblable,  ou  bien  à  l'invasion  sur  le  lit  des  mers  assez 
profondes  et  tranquilles  de  matières  sédimentaires  calca- 
reuses.  Celles-ci,  apportées  par  des  agents  mécaniques,  les 
courants  marins  ou  atmosphériques^  viennent  recouvrir  le 
fond  où  vivait  une  faune  de  profondeur  moyenne  et  où 
dominaient  les  éponges.  Nous  arrivons  donc,  pour  rendre 
compte  de  la  formation  des  nodules  de  silex,  au  même 
résultat  où  nous  amènent  des  considérations  d*un  autre 
ordre,  et  la  concordance,  qui  existe  dans  cet  ensemble  de 
faits,  nous  donne  la  preuve  de  la  probabilité  de  l'inter- 
prétation que  nous  avons  formulée. 


(810) 


Contribution  à  rétfide  du  développement  de  Cépiphyse  et 
du  troisième  œil  chez  les  reptiles.  —  Communication 
préliminaire,  par  le  D'  P.  Francode. 

PREMIÈRE  PARTIE. 

Depuis  1879,  nous  nous  sommes  occupé  de  recueillir 
le  matériel  nécessaire  pour  l'étude  du  développement  de 
Torvet  {Anguis  fragilis).  Les  stades  que  nous  possédons 
sont,  actuellement,  suffisamment  nombreux  pour  que 
nous  puissions  exposer  le  mode  de  formation  de  Tépi- 
physe. 

Les  derniers  travaux  de  Graaf  (1)  et  de  Spencer  (2)  ayant 
trait  à  cet  organe  chez  Torvet  et  d'autres  reptiles  adultes, 
rendent  la  question  intéressante.  C'est  ce  qui  nous  a 
engagé  à  présenter  dès  aujourd'hui  à  l'Académie  les 
résultats  de  nos  recherches  sous  une  forme  succincte,  mais 
suffisante  pour  prendre  date  (3). 


(1)  De  Graaf,  Zur  AnoUomie  und  Entwieklung  der  Epiphyse  bei 
Àmphibien  und  Reptilien,  (Zool.  Anzeiger  n«  319,  39  mars  1886.) 

De  Graaf,  Bijdrage  tôt  de  kennis  van  den  bouw  en  dp  ontwikkeling 
der  Epiphyse  bij  Amphibien  en  Beptitien  (Leiden,  1886). 

(2)  Spbkcbr,  The  pariétal  eyeof  Hatteria  (Nature,  n«  863,  mai  1 886). 
Spencer,  On  the  présence  and  Structure  ofthc  Fineal  eye  in  Lneer^ 

I  iilia,  Quartcrly  journal  of  Micros.  Science.  London,  1886. 

(3)  Le  travail  complet,  comprenant  Tbistoire  du  déyeloppement 
de  répipbysc  chez  Torvet,  sera  présenté  sous  peu  à  la  Faculté  de 

I  médecine  de  l'Université  de  Bruxelles  f  pour  Tobtention  du  grade  de 

docteur  spécial. 

Les  embryons  d'orvet  qui  avaient  été  recueillis  par  nous  jusqu'en 


(  su  ) 

Nous  ne  croyons  pas  nécessaire  de  donner  ici  riu^lorique 
conoplet  des  recherches  qui  ont  élé  entreprises  sur  la 
structure  et  le  développement  de  Tépiphyse.  Mais  nous 
indiquerons  brièvement  les  principaux  résultats  auxquels 
sont  arrivés  les  différents  auteurs  qui  ont  abordé  la  ques- 
tion. 

En  1829,  Brandt  (i)  a  reconnu  qu'il  existait  sous  une 
écaille  de  la  télé  chez  Lacerta  agtlisj  et  correspondant  à 
une  dépression  circulaire,  une  glande  spéciale  là  précisé- 
ment où  se  trouve  le  irou  pariétal.  Cet  auteur  n'a  pas  fait 
figurer  dans  ses  dessins  cette  particularité,  mais  il  est  évi- 
dent que  la  glande  spéciale  qu'il  a  entrevue  est  bien  la 
partie  distale  de  Tépiphyse. 

Milne  Edwards  (2)  et  Dugès  (3)  ont  figuré  cette  modifi- 
cation externe  chez  certains  lézards  ;  mais  ni  Tun  ni  l'autre 
n'en  ont  fait  mention  dans  leur  description. 

Ce  n'est  que  plus  tard,  en  1875,  que  Leydig  (4)  fit  con- 
naître quil  existe,  chez  les  reptiles,  au-dessus  du  cerveau 


1889  avaient  élé  déposés  à  TUniversité  de  Liège  dans  les  collections 
du  laboratoire  de  M.  Éd.  Van  Beneden,  qui  nous  avait  proposé  d'en- 
treprendre l'élude  du  développement  des  reptiles  de  notre  pays.  Ce 
matériel,  considérablement  augmenté  depuis,  a  élé  généreusement 
remis  k  notre  disposition  pour  Tétude  de  l'épipbyse.  Nous  espérons 
pouvoir  soumettre  à  bref  délai  à  TAcadémie,  un  travail  concernant  le 
développement  du  système  nerveux  de  ForveU 

(i)  Brandt,  Medizinisch  Zoologie.  1839,  vol.  I,  p.  160. 

(â)  MiLNB  Edwards,  Recherches  zoologiques  pour  servir  à  l'histoire 
des  lézards.  Annales  des  Se.  nat.,  1839,  tome  XVI. 

(5)  Duo  ES,  Mémoire  sur  les  espèces  indigènes  du  genre  Lacerta, 
Annales  des  Se.  nat,  tome  XVI. 

(i)  Lbtdig,  Die  in  Deutschlandlebenden  Arten  des  Saurien,  Tubin- 
gen,  4872. 


(  812  ) 

inleniiéJiaire,  un  orgàoe  correspondant  par  ^a  position  au 
trou  pariétal,  et  consistant  en  une  légère  dépression  à 
bord  circulaire  délimitée  par  des  cellules  allongées  pareilles 
à  celles  d*un  épithélium  cylindrique.  Le  bord  de  la  dépres- 
sion est  dirigé  vers  le  haut  et  possède  un  anneau  épais  de 
pigment  noir.  Sur  une  coupe  à  travers  la  télé  de  Lacerta 
agilis,  Leydig  a  reconnu  que  Torgane  frontal  (Stirnor- 
gan)  (1)  est  nettement  délimité,  qu'il  est  logé  au  niveau  du 
trou  pariétal;  dans  le  même  plan  et  en  dessous  se  trouvait 
la  glando  pinéale. 

Chez  Anguis  fragilis  le  même  auteur  a  constaté  la  pré- 
sence de  Vorgane  frontal.  Il  Ta  trouvé  sous  forme  d'une 
tache  foncée  chez  de  jeunes  embryons.  Il  donne  des  ren- 
seignements assez  précis  sur  Tépiphyse,  et  il  établit  un 
rapprochement  entre  Torgane  frontal  de  Torvel  et  le  même 
organe  chez  les  batraciens. 

Slrahl  (2)  démontra  le  premier,  en  étudiant  le  dévelop- 
pement du  lézard,  que  Vorgane  de  Leydig  n'est  qu'une 
partie  de  la  glande  pinéale. 

Dans  ses  Weilere  Unlersuchungen  zur  Enlwicklungs^ 
geschichle  der  Reptilien  (3),  Hoffmann  établit  que  : 

l**  A  la  voûte  du  cerveau,  il  se  produit  deux  diverti- 
cules  épithéliaux;  l'un  se  trouve  à  la  limite  du  cerveau 
antérieur  et  du  cerveau  médian  (c'est  le  plexus  choroïde 
du  troisième  ventricule);  l'autre,  a|»paraissant  entre  le 
cerveau  intermédiaire  et  le  cerveau  moyen,  formera  l'épi- 
physe  et  l'organe  de  Leydig; 

(1)  L*organe  du  sixième  sens. 

(2)  Silzungsber,  d,  Gesellseh.  %ur  Befàrderung  d,  gesammt.  Natwrw, 
zur  Marhurg,  i88i. 

(3)  Morpholog,  Jahrbvchf  Bd.  Xî. 


(  8i3  ) 

2*  La  porlîoo  proximale  de  Tépiphyse  avait  Taspect 
d*uD  tube  creux  piriforme,  dilatée  vers  le  haut;  la  pointe 
dirigée  vers  le  bas  est  rétrécie; 

S""  Le  plexus  choroïde  du  troisième  ventricule  se  trouve 
accolé  contre  Tépiphyse  et  ces  deux  parties  ne  semblent 
former  qu*un  tout; 

4""  L*épiphyse  existerait  également  chez  les  cbéloniens 
et  les  sauriens. 

Rabl-Ruckhard  (1),  en  étudiant  ]*épiphyse  embryonnaire 
de  la  truite,  a  comparé  cet  organe  aux  vésicules  optiques 
primaires.  Cet  auteur  remarque  que,  chez  les  reptiles,  il 
existe  au  niveau  de  cet  organe  dans  l'os  pariétal  un  trou 
où  vient  se  loger  l'organe  du  sixième  sens  de  Leydig. 

Deux  ans  plus  tard,  le  même  auteur  (2),  revenant  sur 
cette  manière  de  voir,  disait  :  «  die  Glandula  pinealis  der 
WirbeUhiere  als  Rudiment  einer  unpaaren  Attgenanlage 
anzusehen  ist  ».  Enfln,  il  remarque  que  chez  les  Enalio- 
sauriens  fossiles  du  lias,  l'Ichthyosaure  et  le  Plésiosaure, 
un  trou  impair  existe;  ce  trou  correspond  par  sa  position 
au  trou  pariétal  des  sauriens. 

Il  suppose  qu'un  organe  pinéal  s'y  trouvait  bien 
développé  et  servant  moins  d'organe  visuel  que  d'un 
organe  spécial  du  sens  de  la  température,  à  Taide  duquel 
l'animal  était  prévenu  avant  qu'il  eût  à  souffrir  de  l'inten- 
sité des  rayons  tropicaux. 

Remarquons  que  Ahiborn  avait  également  établi,  en 
étudiant  le  développement  du  Petromyson,  l'analogie  de 
l'épipbyse  avec  des  vésicules  optiques  primaires,  les  rap- 


(4)  ZurDeutung  und  ErUwicklungs  der  Gehims  der  Knochemfische 
(Arch.  fur  Anat.  und  Physiologie.  Anat.  Ablb.,  4883). 

(5)  RABL-RucKnAAD,  GeselUch.  fur  Hcilkunde  zu  Berlin,  20  juin 
4884. 


[  814  ) 

ports  (lu  premier  organe  avec  la  région  optique  du  cerveau 
et  spécialement  avec  le  Thalamus  oplicus  (1). 

Cest  à  de  Graaf  que  revient  Thonneur  d'avoir  montré 
que  l'organe  frontal  de  Leydig,  la  parue  distale  de  Tépi- 
physe,  était  constituée  comme  un  organe  visuel  chez 
Anguis  fragilis;  que  cet  œil  impair  possédait  un  cristallin, 
une  rétine,  etc.  Au  point  de  vue  phylogénique,  cette  décou- 
verte a  une  importance  considérable. 

Dans  ses  recherches,  l'auteur  a  étudié  le  mode  de 
développement  de  l'épiphyse  chez  différents  batraciens; 
nous  avons  pu  vérifier  chez  plusieurs  espèces  les  résultats 
qu'il  a  obtenus  et  nous  pouvons  affirmer  que  son  travail 
est  parfait  sous  ce  rapport. 

Parmi  ses  propositions  les  plus  importantes,  nous  remar- 
quons qu'il  établit  :  1**  l'homologie  entre  la  glande  de 
Stieda,  extra-craniale  et  logée  sous  la  peau,  et  l'œil  frontal 
des  reptiles;  ^  que  la  structure  de  l'œil  impair  de  l'orvet 
rappelle  celle  d'un  œil  des  céphalopodes,  des  ptéropodes  et 
des  hétéropodes. 

Spencer,  dans  le  Quaterly  journal  of  ihe  microscopi" 
cal  science  (fascicule  d*oclobre  1886),  étudie  Tépiphyse 
des^  reptiles  d'une  façon  remarquable;  vingt-huit  espèces 
différentes  ont  été  soumises  à  l'observation. 

f.es  recherches  du  savant  anglais  établissent  que  chez 
les  reptiles  l'épiphyse  affecte  une  série  de  formes  présen- 
tant, au  point  de  vue  de  la  phylogenèse,  la  plus  haute 
importance.  Nous  ne  croyons  pas  nécessaire  d'analyser 
complètement  le  travail  de  l'auteur  qui  nous  occupe  en 


(1)  Ablborn,  UrUersuehungen  ûber  dos  Gehim  der  PetromyzorUsn, 
Zeitsch.  fur  Wiss.  Zool.,  t  XXXIX,  4883. 


(815) 

suivant  toutes  les  variations  de  chaque  partie  de  Toeil 
pinéal  chez  les  nombreuses  ei^pèces  examinées.  Nous 
nous  contenterons  de  rapporter  brièvement  les  grands 
faits  constatés  chez  les  reptiles  adultes  et  qui  se  repro- 
duisent successivement,  d'après  nos  observations  pendant 
le  cours  du  développement  de  l'orvet.  Les  observations  si 
bien  faites  de  Spencer  montrent  que,  parmi  les  vingt-huit 
lacertiliens  étudiés,  c'est  chez  l'Hatteria  que  l'œil  pinéal 
est  le  plus  parfait. 

La  rétine  comprend  : 

1*  Une  couche  de  bâtonnets  chargés  de  pigments  tapis- 
sant intérieurement  la  cavité  oculaire  ; 

2°  Une  couche  d'éléments  sphériques  en  connexion 
d'une  part  avec  les  bâtonnets,  d'autre  part  avec  la  couche 
externe;  les  cellules  nucléées  qui  constituent  cette  couche 
sont  placées  sur  une  double  et  même  sur  une  triple  rangée 
en  certains  points.  Les  bâtonnets  reposent  sur  cette 
couche  ; 

S""  Une  couche  moléculaire  constituée  par  une  substance 
finement  ponctuée.  Cette  couche  est  très  mince  chez 
Hâlteria; 

4°  Une  couche  de  cellules  sphériques  appliquées  contre 
la  couche  moléculaire.  Les  éléments  sont  réunis  par  des 
prolongements  filiformes  à  la  couche  2; 

5®  Une  couche  de  corps  en  forme  de  cônes,  proba- 
blement sans  noyaux.  Leur  extrémité  élargie  repose  sur 
la  capsule  propre  de  l'organe,  tandis  qu'ils  s'efBlent  en 
cône  pour  aller  se  perdre  dans  la  couche  moléculaire  ; 

6*"  Entre  la  base  élargie  de  ces  éléments  coniques,  on 
trouve  une  série  d'éléments  nucléés  dont  les  extrémités 
vont  se  perdre  dans  la  couche  moléculaire  ;  des  prolon- 
gements sont  aussi  envoyés  dans  la  couche  externe.  Ces 


(846) 

cellules  fusiformes  se  prolongent  jusque  dans  le  pédicule 
de  répiphyse,  et  elles  se  continuent  directement  avec  ies 
fibres  de  ce  pédicule. 

L'œil  pinéal  est  relié  au  cerveau  par  un  nerf.  Quant 
au  cristallin,  c*est  une  lentille  très  épaisse  au  centre, 
constituée  par  des  cellules  nucléées  distinctes  et  très 
nombreuses. 

Chez  Torvet  adulte,  Spencer  (comme  de  Graaf)  (1)  a 
reconnu  que  la  rétine  était  constituée  de  : 

i"*  Une  couche  de  cellules  cylindriques  remplies  de 
pigment  noir,  représentant  pour  Spencer  la  couche  de 
bâtonnets  chez  Hatteria  ; 

S""  Une  couche  de  cellules  sphériques  à  grands  noyaux 
disposés  sur  deux  rangées; 

Z""  Une  couche  moléculaire  ; 

i"*  Une  couche  externe  de  cellules  à  grands  noyaux. 

Le  cristallin  est  formé  d'une  lentille  biconvexe;  les 
cellules  qui  le  forment  sont  en  continuité  directe  avec 
les  cellules  de  la  rétine.  De  Graaf  avait  cru  primitive» 
ment  que  le  cristallin  était  complètement  distinct  de  la 
rétine;  nos  observations  confirment  la  manière  de  voir  de 
Spencer. 

Chez  l'orvet  adulte,  il  n*y  a  plus  de  nerf  optique.  Par  la 
suite,  nous  montrerons  qu*à  un  stade,  il  existe  complè- 
tement formé;  nous  verrons  par  quel  processus  il  dispa- 
raît. 

Chez  Lacerla  ocellata,  Spencer  constate  que  la  rétine  a 
subi  une  dégénérescence  pigmentaire.  Les  bâtonnets  sont 
bien  marqués;  ils  sont  en  rapport  avec  le  nerf  qui  entre 

(i)  Nous  aurons  par  la  suite  Toccasion  de  revenir  sur  les  diver- 
gences entre  les  observations  des  deux  auteurs. 


(  817  ) 

postérieurement  dans  la  rétioe.  En  dehors  se  trouvent 
deux  séries  de  cellules  rangées  en  une  couche  interne  et 
une  couche  externe.  Un  nerf  relie  la  rétine  à  la  partie 
proximale  de  Tépiphyse.Chez  Varanus  giganleush  plupart 
•des  détails  de  structure  signalés  chez  Hatteria  se  retrou- 
vent. Au  milieu  du  cristallin,  les  cellules  sont  envahies 
par  un  pigment  noir  brunâtre.  Ce  fait  n*a  pas  été  constaté 
•chez  d*a  u  très  espèces  (  1  )• 

Chez  Leiodera  nitida^  Seps  chalcidica^  Calotes,  il  n*y  a 
pa&  de  nerf  pinéal  reliant  Tœil  au  cerveau.  Il  y  a  analogie 
<le  structure  avec  ce  que  nous  avons  vu  chez  l'orvet. 

f/épipbyse  chez  Cijclodus  gigas  est  arrêtée  dans  son 
<léveloppement;  la  partie  distale  de  Fépiphyse  qui  forme 
Tœil  chez  les  espèces  nommées  précédemment,  ne  se 
sépare  pas  de  la  partie  proximale.  L'épiphyse  reste  à  Tétat 
d'une  vésicule  reliée  au  troisième  ventricule.  Toutefois,  la 
portion  distale  est  élargie;  les  cellules  ciliées  de  la  paroi 
n'offrent  pas  partout  le  même  aspect  et  la  même  dispo- 
sition. Les  noyaux  des  cellules  de  la  paroi  superGcielle 
sont  disséminées  sans  ordre;  l'ensemble  représente  le 
cristallin  des  autres  espèces;  les  noyaux  de  la  paroi  pro- 
fonde sont  rejetés  vers  la  périphérie;  cette  paroi  repré- 
sente la  rétine.  L'existence  d'un  pigment  n'a  pas  été 
constatée. 

Chez  Chameleo  vulgarisj  une  vésicule  distale  représente 
Tœil  pinéal  ;  au  lieu  d'être  en  communication  directe  avec 
\e  troisième  ventricule  par  une  partie  proximale,  non 
séparée,  les  deux  parties  de  l'épiph}  se  sont  reliées  par  un 
cordon  de  fibrilles  nerveuses  ;  ces  dernières  se  mettent  en 

(\)  Dans  rétiide  du  développement  de  Torvct,  nous  avons  trouvé 
«ouvcnt,  au  centre  du  cristallin,  des  cellules  pigmentée!:* 

S"**  SÉRIE,   TOME  XIV.  85 


(818) 

communication  avec  les  cellules  allongées  qui  Tormenl  la 
paroi  profonde  du  saccule.  Les  cellules  de  la  partie  dis- 
taie  sont  ciliées;  il  n*y  a  pas  de  différenciation  cellulaire 
entre  la  paroi  superficielle  et  la  paroi  profonde.  Aucun 
élément  cellulaire  n*est  envahi  par  du  pigment. 

Il  résulte  des  observations  de  Spencer  que  : 

fichez  les  lacertiliens,  Tœil  pinéal  est  hautement  orga- 
nisé chez  certaines  espèces,  qu'il  subit  une  série  de  modi- 
fications avec  dégénérescence  pigmentaire  de  plus  en  plus 
profonde  ; 

3"  Que  chez  Cyclodus,  cet  orgaue  reste  à  Tétat  rudimen- 
taire  sans  aucune  dégénérescence  ; 

S""  Chez  Chameteo  vulgaris,  il  y  a  arrêt  dans  le  dévelop- 
pement. 

Voici  les  conclusions  que  Spencer  a  tirées  de  ces 
études  : 

1*"  Nos  connaissances  actuelles  ne  sont  pas  assez  avan- 
cées pour  établir  que  Fœil  de  TAmphioxus  est  Thomologue 
de  Toeil  impair  des  tuniciers,  ou  de  Tœil  pinéal  des 
vertébrés  ; 

2*L'cpiphys'3  des  charJila  supirieups  est  l'homologue 
de  Tœil  de  la  larve  des  tuniciers; 

S""  L'œil  pinéal  est  une  différenciation  secondaire  de  la 
partie  distale  de  Fépiphyse; 

i?  il  n'est  pas  suffisamment  évident  que  cet  organe 
existe  ou  n'existe  pas  chez  les  amphibiens  éteints,  et 
parmi  les  formes  vivantes,  il  ne  subsiste  que  chez  les 
lacertiliens  ; 

S"*  Dans  toutes  les  formes  existantes,  il  est  à  l'état  rudi- 
mentaire  et,  quoique  bien  développé  quant  à  la  structore 
chez  quelques-uns,  il  n'est  cependant  pas  parfaitement 
fonctionnel  ; 


(819) 

6°  Il  a  été  développé  le  plus  haulement  : 

1"*  Dans  les  amphibiens  (Labyriiuhodon); 

2®  Dans  les  grands  groupes  des  formes  éteintes  (ichtyo- 
saure, plésiosaure,  iguanodon,  qui  peuvent  être  regardés 
comme  ancêtres  des  reptiles  et  des  oiseaux); 

S""  L'œil  pinéal  doit  être  regardé  comme  un  organe  de 
sens  particulier  à  l'époque  prétertiaire. 

La  première  ébauche  de  Tépiphyse  apparaît  chez 
Angnis  fragitis  sur  Tembryon  correspondant  à  un  poulet 
vers  la  fin  du  troisième  jour  (fig.  2).  L'embryon,  qui  a 
4  millimètres  de  longueur,  est  alors  contourné  en 
demi-ellipse,  couché  sur  le  côté  droit  et  reposant  sur  l'aire 
vasculaire;  cette  dernière  mesure  7  millimètres  de  dia- 
mètre; elle  est  légèrement  échancrée  en  cœur  vis-à-vis  de 
la  tête  (l"")de  Tembryon,  à  l'endroit  où  aboutissent  la  veine 
et  l'artère  omphalo-mésentériques  uniques.  Le  corps  de 
l'embryon  est  allongé  et  grêle  et  mesure  en  diamètre  à 
peine  un  demi-millimètre.  Les  vésicules  optiques  se 
sont  invaginées,  et  elles  contiennent  un  cristallin  encore 
creux;  les  fentes  branchiales  ont  apparu;  la  figure  2 
montre  à  quoi  en  est  la  flexi  in  de  la  tête  par  rapport 
au  corps. 

Sous  sa  première  forme,  la  glande  pinéale  est  un  diver- 
ticule  creux  ayant  l'aspect  d'un  champignon  sans  stype 
(fig.  âœ);  elle  s'est  formée  aux  dépens  de  la  voûte  du  tha- 
lamencéphale  (fig.  26);  elle  se  trouve  ainsi  invaginée 
dans  la  paroi  supérieure  du  cerveau  intermédiaire  b. 

La  paroi  de  l'épiphyse  est  alors  formée  de  plusieurs  cou- 
ches de  cellules  fusiformes.  La  voûte  du  cerveau  intermé- 
diaire en  avant  de  l'épiphyse  s'amincit  jusqu'à  l'endroit  où 
elle  se  confond  avec  le  cerveau  antérieur;  tandis  qu*en 
arrière,  elle  s'épaissit  en  se  fusionnant  avec  la  paroi  du  cer- 


(  820  : 

veau  moyen. Quantaii  creux  épipbysairej'l  communique  lar- 
gement avec  la  cavité  du  troisième  ventricule  ((ig.2j,et  Tor- 
gane  lui-môme  est  logé  dans  le  mésoblaste;  il  vient  eu  con- 
tact direct  avec  répiblaste.  Cestà  ce  moment  que  Pépiphyse 
ressemble  le  plus  à  une  vésicule  optique  primaire.  Disons 
en  passant  que  chez  le  poulet,  d*après  nos  observations, 
la  même  disposition  existe  vers  la  fin  du  troisième  jour. 
Il  suffit,  pour  s*en  assurer,  de  comparer  la  figure  10,  repré- 
sentant une  coupe  d'embryon  de  poulet,  à  la  figure  3. 

Ce  premier  état  de  l'épiphyse  est  de  courte  durée,  le 
diverticule  s*allonge  rapidement  en  doigt  de  gant  en  même 
temps  qu'il  se  porte  en  avant;  les  parois  s'épaississent, 
soit  que  les  cellules  atteignent  une  hauteur  plus  grande^ 
soit  qu'il  se  forme  une  nouvelle  couche  d'éléments;  la 
cavité  d'abord  largement  ouverte  se  réduit  un  peu  parce 
qu'il  y  a  probablement  compression  de  l'organe  au  milieu 
du  mésoblaste;  par  sa  face  supérieure,  l'épiphyse  est  en 
contact  avec  l'épiblaste;  par  sa  face  inférieure,  elle  repose 
dans  toute  sa  longueur  sur  la  voûte  amincie  du  thalamen* 
céphale  (fig.  3).  Chez  le  poulet,  au  quatrième  jour  (fig.  9), 
les  dispositions  sont  pareilles  à  ce  qui  existe  chez  l'orvet, 
mais  les  dimensions  de  la  vésicule  sont  relativement  bien 
plus  considérables  chez  le  poulet  (fig.  9œ). 

Mais  tandis  que  l'épiphyse  se  développe  comme  nous 
venons  de  le  décrire,  il  apparaît  en  même  temps,  à  la 
limite  du  cerveau  antérieur,  dans  le  cerveau  intermédiaire 
et  dans  le  plan  médian,  un  autre  diverticule  d'abord  indécis, 
mais  qui  ne  tarde  pas  à  ressembler  quelque  peu  à  la  glande 
pinéale  telle  que  nous  Pavons  primitivement  décrite;  toute- 
fois, au  lieu  de  s'aplatir  par  la  suite  comme  l'épiphyse,  ce 
creux  reste  largement  ouvert,  débouchant  dans  le  troisième 
ventricule;  la  paroi  de  cette  cavité  constitue  l'ébauche  da 
plexus  choroïde  du  troisième  ventricule. 


(  824  ) 

Les  phénomènes  que  nous  venons  de  décrire  ont  lieu 
jusqu*au  moment  où  Textrémité  caudale  commence  à  s'en- 
rouler chez  l'embryon. 

Dès  que  rexirémité  postérieure  se  contourne  (1)  sur 
elle-même,  la  partie  libre  de  l'épiphyse  s'épaissit  considé- 
rablement (fig  4),  les  cellules  s'étirent  en  longueur  et 
deviennent  cylindriques;  et  alors  qu'il  n'existe  encore 
aucune  trace  de  séparation  entre  la  portion  distale  et  la 
portion  proximaleépiphysaires,  il  est  possible  de  distinguer 
quelles  seront  les  cellules  qui  sont  destinées  à  devenir  le 
cristallin  et  celles  qui  formeront  la  rétine.  Celle-ci  est 
constituée  par  les  cellules  de  la  paroi  profonde  placées  à 
l'extrémité. 

Les  noyaux  sont  rejetés  à  la  périphérie,  tandis  que  les 
éléments  qui  doivent  former  la  lentille  sont  disséminés 
sans  ordre  précis.  A  ce  moment,  sans  nul  doute,  nous 
nous  trouvons  en  présence  d'un  état  voisin  de  ce  qui  existe 
chez  Cyclodus,  et  que  Spencer  a  si  bien  décrit  dans  son 
excellent  travail  sur  l'état  de  l'épiphyse  chez  les  reptiles 
adultes.  La  différeuciation  s'accentue  rapidement  et  la 
paroi  de  la  vésicule  tournée  vers  l'épihlaste  est  nette- 
ment biconvexe,  formant  un  plafeau  qui  deviendra  le  cris- 
tallin de  l'œil  pinéal.  (Nous  avons  pu  dérouler  complè- 
tement un  embryon  du  stade  que  nous  décrivons 
actuellement;  il  mesurait 9  millimètres  de  longueur.) 

Sur  des  embryons  un  peu  plus  développés,  un  étran- 
glement apparaît  et  sépare  bientôt  la  partie  distale  diffé- 
renciée, comme  nous  venons  de  l'indiquer;  la  séparation  se 
trouve  complète  dans  le  stade  de  la  figure  1 . 

(I)  II  n'est  plus  possible  alors  de  considérer  les  phases  successives 
en  notant  la  longueur  de  Tembryon.  Par  les  figures,  il  est  facile  de  se 
rendre  compte  du  stade  que  nous  décrivons. 


C  822  ) 

La  longueur  de  la  tèle  de  Tembryon,  depuis  rextrémité 
nasale  jusqu'à  rextrémité  du  cerveau  moyen,  mesure  3  mil- 
limètres. L'axe  des  cerveaux  antérieur  (a),  intermédiaire  (6) 
et  moyen  (c),  se  trouve  sur  une  même  ligne  droite;  tandis 
que  Taxe  du  cerveau  postérieur  est  perpendiculaire  à  cette 
dernière  ligne;  le  cerveau  moyen  commence  à  proéroiner; 
les  cavités  nasales  sont  déjà  profondes.  Quant  à  Tépi- 
physe,  avec  un  peu  d'attention,  on  la  découvre  à  l'œil  nu 
en  avant  du  cerveau  intermédiaire.  Elle  a  l'aspect  d'un 
petit  bourgeon  hyalin;  à  la  loupe  de  Steinheil  grossissant 
cinq  fois,  il  est  possible  de  constater  le  sillon  qui  sépare 
les  deux  parties  de  l'organe  que  nous  étudions.  Cette  sépa- 
ration n'est  pas  aussi  simple  que  pourrait  le  faire  penser 
un  premier  examen  des  figures  7  et  8.  Nous  verrons  par 
la  suite  que  les  choses  se  passent  de  la  même  façon  chez 
Lacerla  muralis  (fig.  26). 

Tandis  que  le  cristallin  se  sépare  nettement  par  la 
scission  à  la  partie  supérieure  de  l'extrémité  distale,  il 
reste,  dans  l'angle  formé  entre  la  face  antérieure  de  la 
partie  proximale  et  la  voûte  du  cerveau  intermédiaire,  un 
amas  de  grosses  cellules  provenant  de  l'épiphyse  et  qui 
niarquent  encore  la  trace  de  l'union  des  deux  parties  de  cet 
organe. 

La  figure  7  montre  une  dizaine  de  ces  cellules  en  con- 
tact avec  Tœil  pinéal  qui,  à  ce  moment,  a  la  forme  d'une 
coupe.  Ces  cellules  adhèrent  à  la  partie  inférieure  de  la 
coupe  par  de  fins  prolongements;  ces  derniers  pénètrent 
dans  les  cellules  formant  le  fond  de  la  cou|>c.  Dans  la 
figure  5,  à  la  base  de  l'œil  pinéal,  on  découvre  encore 
nettement  les  cellules  qui  nous  occupent;  leur  réunion  a 
Taspect  d'un  court  pédicule;  enfin,  sur  des  coupes  voisines 
de  celles  que  nous  avons  photographiées,  ce^  cellules  repo^ 
sent  stir  la  voûte  luème  dn  cerveau  intermédiaire. 


(  823  ) 

En  suivant  les  amas  de  cellule^  au  stade  figuré  en  i,  5, 
6,  7  el  8,  toutes  photographies  prises  sur  le  même  em- 
bryon, on  voit  que  ces  cellules,  d'une  part,  sont  en  rela- 
tion avec  Ta  base  de  l'œil  (flg.  1}  et,  d'autre  part,  avec 
Pépiphyse  proximale  même.  Le  cordon  cellulaire  ainsi 
formé  est  analogue  aux  pédicules  primitifs  des  yeux  ordi- 
naires; toutefois,  remarquons  que  ce  cordon  n'est  pas 
creux  ;  il  conduira  cependant  les  cylindres-axes  qui  consti- 
tueront plus  tard  le  nerf  optique. 

L'examen  des  figures  7  et  8  nous  montre  :  1**  que  le 
cristallin  est  formé  d*un  plateau  biconvexe  en  forme  de 
lentille;  2*^  que  ce  cristallin  est  en  continuation  directe 
avec  le  reste  de  la  paroi  de  Tœil;  Z"  qu'il  est  formé  de  deux 
rangées  de  cellules  fusiformes  portant  des  cils  vibratiles 
vers  la  cavité  interne;  4**  que  le  reste  delà  paroi  de  la  cavité 
dislale  est  formé  de  trois  couches  de  cellules  à  gros  noyaux; 
a)  des  cellules  à  la  périphérie  sont  globuleuses  et  délimitent 
Tœil  pinéal  sauf  à  la  partie  inférieure,  là  où  vient  aboutir  le 
cordon  cellulaire  dont  il  a  été  question  plus  haut;  6)  une 
couche  de  cellules  moins  volumineuses  placées  sur  deux 
rangées;  c)  sur  cette  dernière  couche  repose  une  assise 
de  cellules  tournées  vers  la  cavité;  elles  ont  la  forme  de 
bâtonnets  très  bien  délimités  et  dont  les  noyaux  se  trouvent 
vers  la  base;  ces  bâtonnets  sont  ciliés  vers  la  cavité  ocu- 
laire; 5''  que  la  partie  proximale  de  l'épiphyse  forme  une 
cavité  dont  la  paroi  est  formée  de  plusieurs  couches  de 
cellules  fusiformes  et  ciliées.  Cette  cavité  communique 
avec  le  troisième  ventricule. 

A  ce  stade,  Tœil  pinéal  ainsi  que  la  partie  proximale  de 
l'épiphyse  se  ti  ou  vent  logés  dans  le  mésoblaste.  Ils  sont 
environnés  de  toutes  parts  par  des  cellules  sembryonnaire 
n'ayant  subi  aucune  différenciation.  Une  seule  rangée  de 


(  824  ) 

cellules  mésoblastiqnes  séparent  de  l'épiblasle  la  surface 
supérieure  du  cristallin;  un  vaisseau  sanguin  arrivant  pos- 
térieurement se  dirige  vers  le  plexus  choroïde  S. 

La  partie  proximale  de  Tépiphyse  se  trouve  rattachée  à 
la  voûte  du  cerveau  en  avant  de  la  commissure  postérieure, 
qui  est  déjà  très  apparente. 

Les  figures  1,  5,  6  et  li  nous  montrent  que  la  voûte  du 
cerveau  intermédiaire  est  très  mince  en  avant  de  Toeil 
pinéal  jusqu'au  plexus  choroïde  S;  une  seule  couche  de 
cellules  peu  élevées  en  forme  la  paroi. 

Quant  à  la  cavité  S,  fig.  5  et  6,  résultant  de  la  formation 
du  plexus  choroïde,  elle  s'est  considérablement  accrue;  elle 
se  dirige  en  arrière  vers  Tépiphyse,  elle  pousse  latérale- 
ment dans  le  mésoblaste  des  tubes  parfaitement  limités 
(la  Ggure  6  montre  la  section  de  Kun  de  ces  tubes).  La 
paroi  de  Tensemble  de  cette  cavité  est  formée  d'une  seule 
couche  de  cellules.  Entre  la  voûte  du  cerveau  moyen  et  la 
paroi  de  la  nouvelle  cavité  s'insinue  un  vaisseau  sanguin. 

  partir  du  stade  que  nous  venons  de  décrire,  la  voûte 
très  mince  du  thalamencéphale  va  diminuer  en  longueur 
par  le  rapprochement  des  hémisphères  cérébraux  et  du 
cerveau  moyen.  La  cavité  creusée  pendant  la  formation 
du  plexus  choroïde  atteindra  la  portion  proximale  de  l'épi- 
pbyse  (fig.  i  1  et  12),  tandis  que  cette  cavité  communiquera 
encore  avec  le  troisième  ventricule.  Pour  se  faire  une  idée 
des  modifications  de  la  voûte  du  thalamencéphale,  il  suffit 
de  comparer  les  figures  11  et  12.  On  constate  par  cette 
comparaison  que  la  paroi  de  cette  voûte  cesse  mainte- 
nant de  délimiter  extérieurement  le  troisième  ventricule 
(fig.  H). 

Les  transformations  que  vont  subir  maintenant  les  deux 
portions  de  l'épiphyse  s'accompliront  très  rapidement;  sur 


(  825  ) 

les  embryons,  on  découvrira  h  Tceil  nu  la  tache  pigmenlaire 
signalée  autrefois  par  Leydig.  Sur  des  enabryons  plus  âgés, 
on  la  découvrira  facilement  au  milieu  de  la  plaque,  telle 
que  de  Graaf  Ta  figurée  chez  l'adulte. 

L*œil  pinéal,  qui  avait  dans  notre  dernière  description 
l'aspect  d'une  coupe,  va  maintenant  en  s'aplatissant,  et 
il  prend  en  s'allongeant  la  forme  d'un  ovoïde.  Le  cristallin 
est  formé  de  plusieurs  couches  de  cellules  en  continuation 
avec  les  éléments  de  In  rétine. 

De  Graaf,  chez  l'adulte,  avait  d'abord  décrit  et  figuré  le 
cristallin  comme  séparé  des  éléments  rétiniens;  Spencer 
a  reconnu  que  cette  disposition  n'existait  pas  et  que  de 
Graaf  s'était  trompé;  quant  à  ce  point,  nos  observations 
sur  un  nombre  considérable  d'embryons  confirment  que 
l'auteur  anglais  a  exactement  reconnu  les  rapports  du 
cristallin  et  de  la  rétine.  Nos  photographies  tranchent  la 
question  d'une  façon  absolue. 

Entre  les  éléments  du  cordon  cellulaire  (fig.  5,  6,  7  et  8) 
s'insinuent  des  fibrilles  nerveuses  qui  prennent  leur  ori- 
gine à  la  face  inférieure  du  pédicule  proximal;  elles 
naissent  des  cellules  constituant  la  paroi  de  ce  dernier 
organe,  qui  fait  toujours  partie  du  cerveau  intermédiaire, 
et  par  conséquent  doit  être  considéré  comme  partie  inté- 
grante des  centres  nerveux. 

Il  nous  a  été  possible  de  constater  que,  dans  le  début, 
les  cylindres^axesy  nombreux  vers  la  base  du  pédicule, 
s'avancent  vers  l'œil  pinéal;  ils  arrivent  bientôt  en  contact 
avec  l'œil  lui-même;  ils  y  pénètrent  par  la  face  inférieure 
là  où  le  cordon  cellulaire  vient  aboutir. 

Dans  l'œil,  lescvlindres-axess'irradientdans  les  éléments 
rétiniens.  La  photographie  116»  nous  montre  quelques-uns 
de  ces  cf/Hnffre^-axes;  il  en  est  que  l'on  voit  s'étendre  de 


(  826  ) 

rœil  à  répiphyse  prosimale.  Nos  préparations  inootrent 
que  quelques-unes  (les  cellules  du  cordon  réunissant  les 
deux  parties  de  Tépiphyse  fournissent  des  prolongements 
fibrillaires;  nous  pensons  que  ces  cellules  peuvent  consti- 
tuer des  cylindres-axes.  Le  nerf  est  fort  bien  limité 
(fig.  16,  n).  Les  cellules  du  mésoblaste  qui  environnaient 
Tœil  se  sont  différenciées,  elles  se  sont  aplaties  et  elles 
entourent  de  toute  part  l'organe  formant  une  enveloppe 
piale.  La  membrane  formée  ainsi  se  continue  directement 
autour  du  nerf  auquel  elle  forme  une  véritable  gaine.  Le 
nerf  est  d'autre  part  en  contact  avec  la  face  inférieure  de  la 
partie  proximale  de  l'épipbyse.  Quant  au  reste  de  la  rétine, 
il  se  trouve  formé  :  i'*  de  deux  rangées  de  cellules  qui 
viennent  reposer  h  certains  endroits  sur  une  couche  de 
fibrilles  provenant  du  nerf;  2*"  d'une  couche  constituée 
de  bâtonnets  ciliés  tapissant  l'intérieur  de  l'œil. 

La  couche  fibrillaire  occupe,  comme  nous  venons  de  le 
dire,  le  fond  de  l'œil;  latéralement  (voir  fig.  16)  on  peut 
voir  une  première  trace  de  la  zone  moléculaire  future 
entre  la  couche  de  cellules  externes  et  internes. 

La  cavité  résultant  de  la  formation  du  plexus  choroïde 
s'est  ramifiée  dans  le  mésoblaste  en  s'incurvant;  elle  a 
atteint  maintenant  le  voisinage  de  la  partie  proximale  de 
l'épiphyse. 

Les  figures  11  et  11  bis  montrent  lo  nerf. 

La  figure  llbis  montre  des  fibrilles  nerveuses  s'éten- 
daul  de  l'épiphyse  proximale  à  la  base  de  rœil,  où  elles 
vont  se  perdre  dans  la  rétine. 

La  figure  12  représente  une  coupe  d'un  embryon  plus 
âgé,  sur  lequel  on  aperçoit  une  traînée  de  cellules  consti- 
tuant la  gaine  des  nerfs. 

La  coupe  n'a  atteint  que  latéralement  le  nerf,  mais  il  est 


(  827  ) 

possible  de  \oir  qu'à  la  base  de  lœil  des  tibriiles  du  nerf  y 
pénètrent;  vers  Tépiphyse,  c'est  avec  la  face  inférieure  de 
la  tige  que  le  contact  a  lieu. 

La  figure  12  montre  encore  les  rapports  de  l'extrémité 
inférieure  de  l'épiphyse  avec  les  couches  optiques.  Elle 
indique  ce  que  devient  le  plexus  choroïde  S;  on  voit  que 
la  cavité  du  troisième  ventricule  6,  qui  était  relativement 
grande,  est  actuellement  très  réduite. 

Sur  des  embryons  plus  âgés,  le  nerf  optique  a  disparu; 
les  cellules  et  les  fibres  qui  le  formaient  se  sont  dispersées 
et  sont  perdues  sans  ordre  dans  la  partie  comprise  entre 
le  revément  commun  de  l'œil  et  l'extrémité  de  l'épiphyse 
par  la  pie-mère;  la  figure  15  nous  montre  en  effet  que 
l'œil  est  enveloppé  d'une  membrane  piale  commune  éga- 
lement à  l'extrémité  libre  de  l'épiphyse. 

Dans  le  stade  représenté  par  la  figure  13,  les  organes 
qui  nous  occupent  ont  atteint,  à  peu  de  chose  près,  le 
développement  qu'ils  auraient  sur  Padulte;  l'embryon  a 
alors  S  centimètres  de  long,  l'axe  de  la  tète  se  trouve 
maintenant  dans  la  direction  de  l'axe  du  corps,  tandis  que 
dans  les  figures  11  et  12,  l'axe  de  la  tête  se  trouvait  encore 
perpendiculaire  à  l'axe  du  corps. 

En  examinant  la  figure  15,  on  voit  que  la  portion  proxi- 
male  de  l'épiphyse  a  subi  un  allongement  considérable; 
une  flexion  s*y  est  produite;  dans  l'angle  de  cette  flexion 
est  venu  se  loger  le  plexus  choroïde  du  troisième  ventri- 
cule. C'est  pendant  que  s'allonge  la  tige  épiphysaire  en 
même  temps  qu'elle  se  plie,  que  le  nerf  disparaît;  il  se 
rompt  d'abord,  et  bes  éléments  diparaissent,  confondus 
avec  l('s  cellules  du  mésoblaste;  des  coupes  nous  font 
penser  qu'il  en  est  ainsi.  Remarquons  encore  que  très 
souvent,  entre  la  partie  proximale  et  la  partie  distale  de 


(  828  } 

répiphyse,  nous  avons  trouvé  des  amas  de  cellules 
pigmentées.  La  dégénérescence  pigmentée  intervient- 
elle  dans  la  disparition  du  nerf?  Nous  sommes  tenté 
de  le  croire,  sans  que  nous  puissions  rassurer  d'une 
manière  absolue.  Pour  se  rendre  un  compte  exact  des 
phénomènes  qui  se  produisent  relativement  aux  dimen- 
sions et  à  la  direction  de  la  partie  proximale  de  Tépiphyse, 
il  suffit  d'examiner  les  photographies. 

Chez  le  lézard,  ces  phénomènes  d'allongement  et  de 
flexion  sont  moins  accentués;  en  comparait  la  ligure  23, 
représentant  une  coupe  longitudinale  d'un  embryon  de 
lézard  au  stade  correspondant  à  celui  qui  est  représenté 
figure  12  pour  l'orvet,  on  voit  que  l'épiphyse  proximale  est 
perpendiculaire  à  la  direction  de  l'œil  pinéal. 

Il  sera  aisé  de  comprendre  comment  il  se  fait  que  chez 
le  lézard,  le  nerf  persiste  même  chez  l'adulte,  comme 
Spencer  l'a  prouvé. 

Les  figures  11,  12,  15  montrent  que  l'œil  produit 
une  dépression  sur  la  tète.  On  voit  sur  la  figure  18 
qu'au-dessus  de  l'œil  se  trouve,  en  allant  du  dehors  en 
dedans  :  1*  la  couche  cornée  de  l'épiderme  et  le  corps 
muqueux  de  Malpighi;  2**  le  derme  qui  vient  ensuite  est 
formé  de  fibres  transversales  minces,  puis  de  libres  longi- 
tudinales serrées  les  unes  contre  les  autres;  elles  forment 
au-dessus  de  l'œil  un  épaississement  plus  considérable 
que  partout  ailleurs;  la  photographie  18  montre  nette- 
ment cet  épaississement.  Le  resie  du  mésoblaste  vient 
ensuite.  Il  s*y  est  produit  un  commencement  de  différen- 
ciation contre  le  cristallin;  cette  différenciation,  qu'on 
remarque  également  tout  autour  de  l'œil,  représente  la 
capsule  piale  de  cet  organe.  Remarquons  encore,  pour  que 
le  lecteur  puisse  se  faire  une  idée  exacte  des  choses  au 


I 


(  829  ) 

point  de  vue  topographique,  que  les  figures  i5  el  18  pro- 
viennent du  même  embryon,  sur  lequel  nous  sommes 
parvenu  à  dissoudre  te  pigment  des  bâtonnets  à  Paide  de 
réactifs. 

Il  nous  est  ainsi  facile  de  constater  que  le  pigment  noir 
est  contenu  dans  les  bâtonnets,  â  Textrémité  de  ceux-ci  ; 
nous  voyons  encore  que  les  bâtonnets  sont  ciliés.  La  cavité 
de  l'œil  est  occupée  par  une  substance  qui  s*est  coagulée 
par  les  réactifs. 

Sur  des  coupes  transversales  de  Pœil,  nous  avons  décou- 
vert que  la  pigmentation  formait  un  réseau  â  mailles  poly- 
gonales» et  il  nous  a  été  possible  de  constater  que  le  pig- 
ment est  accolé  â  la  paroi  des  bâtonnets  (peut-être  même 
entre  les  paroisdes bâtonnets);  de  là,  Taspect  réticulé  obtenu 
sur  les  coupes.  Il  se  peut  que  par  la  suite  le  pigment  enva- 
hisse toute  Textrémité  des  bâtonnets,  ce  qui  parait  exister 
d'ailleurs  chez  VHatteria  (voir  Spencer). 

De  Graaf  croyait  d'abord  que  Textrémité  des  bâtonnets 
dirigés  vers  la  cavité  était  tout  à  fait  claire;  Spencer  a 
reconnu  que  cette  région  claire  et  réfringente  n'existe 
pas;  nos  observations  sur  des  embryons  dont  le  pigment 
a  été  enlevé  sans  nuire  à  la  conservation  des  tissus 
(tig.  18)  nous  permettent  d'aflSrmer  que  c'est  l'opinion  de 
Spencer  qui  doit  prévaloir. 

Sur  les  figures  18  et  19,  nous  voyons  que  les  bâtonnets 
reposent  sur  une  couche  de  deux  rangées  de  cellules  â 
gros  noyaux.  Sur  la  figure  19,  on  peut  s'assurer  que  ces 
bâtonnets  sont  munis  inférieurement  de  filaments  qui  tra- 
versent la  couche  de  cellules  sous-jacenles  et  vont  même 
se  perdre  dans  la  couche  moléculaire;  ces  filaments  eux- 
mêmes  sont  envahis  par  du  pigment,  c'est  ce  qui  pernoet 
de  suivre  leur  trajet  ;  sur  les  préparations,  il  est  facile  de 


(  830  ) 

voir  que  ces  filaments  parviennent  jusqu'à  la  couche  de 
cellules  externes. 

Ensuite  vient  une  assise,  très  mince,  d'une  substance 
granuleuse  qui  ne  se  colore  pas  par  les  réactifs.  Sur  la 
photographie,  elle  simule  une  zone  claire  séparant  nette- 
ment la  couche  interne  de  la  couche  externe.  Endn,  on 
rencontre  une  dernière  couche  formée  de  grosses  cel- 
lules à  gros  noyaux;  nous  avons  déjà  dit  que  des  prolon- 
gements Oiîformes,  souvent  pigmentés,  partent  de  cette 
couche,  traveisant  les  autres  parties  de  la  rétine  et  se 
terminant  à  la  partie  inférieure  des  bâtonnets.  La  couche 
qui  nous  occupe  est  fort  bien  différenciée  de  la  couche 
granuleuse;  elle  s'est  accusée  d*une  façon  précise  à  partir 
du  moment  où  le  nerf  s'est  constitué  (1). 

Par  Texamen  des  figures  17  et  18,  il  est  facile  aussi  de 
s'assurer  que  de  Graaf  s'est  trompé  en  décrivant  et  en 
représentant  le  cristallin  comme  un  organe  séparé  de  la 
rétine. 

Spencer  a  reconnu  que  la  rétine  et  le  cristallin  étaient 
en  continuation  non  interrompue;  nos  observations  mon- 

(4)  De  Graaf  et  Spencer  ont  comparé  l'oeil  pinéal  des  reptiles  aux 
yeux  de  Céphalopodes  et  des  Ptéropodes.  Nous  pensons  que  la 
ressemblance  entre  cet  œil  et  ceux  des  planaires  est  aussi  très  grande. 
C'est  ainsi  que  d'après  Lang  (Fauna  und  Flora  des  Golfes  von  Neapel, 
XI  Monographie  { 884}  chez  Pseudoceros  la  rétine  est  formée  d'une 
couche  de  cellules  volumineuses  où  viennent  aboutir  les  fibrilles  du 
nerf  optique;  ces  cellules  portent  des  bâtonnets.  D'après  nos 
recherches,  chez  Leptoplana  tremellaris  il  existerait  même,  entre  la 
couche  de  cellules  et  les  bâtonnets,  une  couche  moléculaire  très 
mince  ne  se  colorant  pas.  En  comparant  les  figures  12  et  15,  planche 
22,  de  la  belle  Monographie  de  Lang  à  nos  figures  17  et  18  ainsi  qu'à 
celles  données  par  Spencer  et  de  Graaf,  on  sera  convaincu  de  la 
ressemblance  de  structure  dont  nous  parlons  actuellement. 


,  831  ) 

trenl,  en  effet,  qu*il  n'existe  aucune  solution  de  continuité 
entre  les  deux  organes  que  nous  décrivons  en  ce  montent. 
Le  cristallin  fornoe  une  lentille  biconvexe  composée  de 
cellules  allongées;  à  Textrémité  tournée  vers  la  cavité  ocu- 
laire ces  cellules  sont  ciliées  (tig.  18).  Il  arrive  très  sou- 
vent, qu'au  centre,  les  cellules  du  cristallin  sont  envahies 
par  du  pigment. 

L'œil  pinéal  apparaît  maintenant  comme  une  tache  noire 
sur  la  tête  de  Tembryon. 

Par  les  figures  15,  14  et  15,  nous  pouvons  fixer  la  posi- 
tion de  l'œil  par  rapport  aux  autres  organes.  La  figure  15 
nous  représente  la  section  transverse  de  la  téie  d'un  em- 
bryon âgé;  cette  coupe  passe  par  Tœil  lui-môme. 

Latéralement  et  en  dessous,  nous  voyons  la  section  des 
deux  hémisphères  cérébraux  aa;  immédiatement  sous  Tœil 
nous  remarquons  la  section  de  Tartère  pinéale,  puis  la  sec- 
tion du  plexus  choroïdien  S,  qui  ferme  supérieurement  le 
troisième  ventricule.  Sur  le  Thalamus  opticua  (t.  h.)  repo- 
sent latéralement  les  deux  hémisphères. 

La  ligure  14  nous  montre  une  section  de  la  tête  d*un  orvet 
du  même  stade;  la  coupe  passe  par  le  point  où  viennent 
aboutir  les  dernières  cellules  de  la  tige  proximale  de  Tépi- 
pbyse.  On  voit  en  avant  les  deux  hémisphères  sectionnées  ; 
en  arrière  et  dans  l'angle  formé  par  ces  deux  hémisphères, 
on  découvre  la  section  du  sommet  du  Thalamus  opiicus^ 
limitant  la  cavité  du  troisième  ventricule  b;  on  reconnaît 
encore  le  plexus  choroïde  S  avec  la  Tela  choroïden. 

Nous  aurions  voulu  joindre  une  photographie  d'en- 
semble représentant  une  section  longitudinale  d'une  tête 
d'embryon  passant  également  par  l'œil  pinéal,  mais  il  n'est 
pas  possible  que  nous  multipliions  les  figures  déjà  nom- 
breuses. Les  photographies  11  »  IS  et  15  tiendront  lieu  de 
cette  coupe  longitudinale. 


(  852  ) 

L'œil  pinéal  ainsi  formé  esi  semblable,  à  peu  de  chose 
près,  à  ce  qui  a  été  décrit  par  de  Graaf  et  Spencer.  Si  Too 
se  rappelle  ce  que  nous  avons  dit  antérieurement  dans  la 
partie  liistorique,  nous  voyons  que  Tœil  pinéal  a  de 
grandes  ressemblances  avec  celui  de  THatteria. 

Occupons-nous  maintenant  de  la  structure  de  la  partie 
proximale  de  Tépiphyse,  du  plexus  choroïde  et  des  cavités 
qu*il  limite.  Nous  savons  déjà  comment  ce  plexus  se  forme, 
nous  avons  vu  comment  ces  cavités  arrivent  à  atteindre  le 
voisinage  de  Toeil  pinéal  et  de  la  partie  proximale  épipfay- 
saire.  Nous  savons  aussi  que,  sur  la  ligne  médiane,  la  voûte 
primitive  du  thalamencéphaleost  remplacée  par  une  voûte 
de  formation  secondaire;  tous  ces  détails  de  formation  se 
découvrent  facilement  si  Ton  compare  les  figures  5, 6,  H, 
12eH5. 

Quant  à  Textrémité  libre  de  Tépiphyse  proximale,  la 
figure  13  nous  la  montre  formée  de  deux  parties;  la  partie 
antérieure  est  composée  d*un  tube  allongé,  cylindrique, 
se  dirigeant  parallèlement  à  la  surface  de  répiderme;la 
partie  inférieure  se  dirige  vers  le  bas,  elle  a  la  forme  d*un 
cône  dont  lextrémilé  repose  sur  la  commissure  pos- 
térieure. Nous  savons  comment  cet  état  de  choses  s'est  pro- 
duit; nous  croyons  inutile  de  parler  encore  des  phases  par 
lesquelles  |)asse  la  tige  épiphysaire  :  IVxamen  des  figures 
11, 12  et  15  remettra  rapidement  en  mémoire  les  traus- 
formalions  successives  dont  il  a  été  question  antérieu- 
rement. 

Remarquons  toutefois  qu'il  y  a  eu  un  momont  où  la 
direction  de  cette  tige  était  presque  prrpendiculaire  au 
grand  axe  de  Tœil  pinéal;  cette  disposition  existe  à  un 
degré  plus  marqué  chez  le  lézard  (voir  (Ig.  25  24- et  26). 

De  Graaf  a  décrit  la  partie  proximale  de  Tépipbyse 


(  835  ) 

munie  de  sinuosités.  Sur  des  embryons»  jamais  cette  dis- 
position ne  se  présente;  c'est  là  une  difTérenciation  post- 
embryonnaire. 

Les  figures  30,  Si  «  22  et  25  représentent  des  coupes 
de  répipbyse  proximale  et  du  plexus  choroïde  du  troi- 
sième ventricule  à  difTérents  niveaux  et  parallèles  au 
plancher  du  crâne.  Les  tubes  sont  donc  sectionnés  à  peu 
près  perpendiculairement.  La  cavité  représente  la  lumière 
du  tube  épipbysaire;  cette  cavité  diminue  à  mesure  qu'on 
approche  de  l'extrémité  inférieure.  Nous  voyons  que  la 
paroi  interne  est  formée  de  longues  cellules  cylindriques 
ciliées,  fort  analogues  aux  bâtonnets  de  la  rétine  pinéale 
(fig.  2S).  Sur  certains  embryons,  on  rencontre  même  du 
pigment  noir  dans  les  bâtonnets. 

Ces  bâtonnets  reposent  sur  une  couche  externe  formée 
de  deux  rangées  de  cellules.  Sur  la  partie  en  contact  avec 
le  plexus,  les  cellules  sont  souvent  plus  nombreuses  (Hg.  25). 

Quant  au  plexus  choroidien,  nous  le  voyons  formé  de 
cavités  irrégulières  affectant  la  forme  de  tubes  contournés, 
et  dont  les  parois  sont  formées  d'une  seule  assise  de 
cellules  peu  élevées;  extérieurement,  entre  ces  tubes 
choroïdiens,  se  sont  glissées  des  cellules  du  mésoblaste  et 
des  vaisseaux  sanguins.  II  existe  toujours  une  cavité  prin- 
cipale S  représentant  la  première  invagination  que  nous 
avons  décrite  antérieurement.  La  6gure  22  montre,  outre 
la  coupe  de  cette  cavité,  la  section  de  la  voûte  du  cerveau 
intermédiaire,  à  la  hauteur  de  l'endroit  où  l'épiphyse  vient 
en  contact  avec  les  couches  optiques. 

Les  figures  12, 13, 14, 15  montrent  suffisamment  les 
dispositions  du  plexus  choroïde  par  rapport  aux  organes 
voisins,  pour  que  nous  puissions  nous  dispenser  d'une 
description  plus  longue. 

3""   SÉRIE,   TOME   XIV.  56 


(  834  ) 


Comparaison  de  Vœil  pinéal  et  de  Vépiphyse  chez  l'orvet 

et  le  lézard  des  murailles. 

M.  le  proresseur  Swaen,  de  rUniversité  de  Liège,  a  eu 
rexlréme  obligeance  de  nous  céder  une  série  d'embryons 
de  lézards  sur  lesquels  nous  avons  pu  étudier  le  dévelop- 
pement de  répiphyse. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  de  Tépiphyse  de  Torvet,  tant 
de  la  portion  proximate  que  de  la  portion  distale, 
s'applique  tn  tout  point  au  lézard  jusqu'à  la  phase  repré- 
sentée par  la  figure  1.  A  partir  de  ce  stade,  le  pédicule 
proximal  se  place  tout  à  fait  dans  une  direction  perpendi- 
culaire à  l'œil  épiphysaire;  cette  direction,  que  nous  avous 
déjà  décrite  antérieurement»  persiste  chez  des  embryons 
très  âgés;  chez  ces  derniers,  le  nerf  optique  persiste,  contrai- 
rement  à  ce  qui  a  lieu  chez  l'orvet. 

Un  coup  d'oeil  sur  la  figure  7  se  rapportant  à  l'orvet,  et 
sur  la  figure  26  se  rapportant  au  lézard,  suffit  pour  se  con- 
vaincre que  la  structure  de  i'épiphyse  est  semblable  à  ce 
moment  chez  les  embryons  de  ces  deux  reptiles  à  des 
stades  correspondants. 

Le  plexus  choroïde  du  troisième  ventricule  suit  égale- 
ment dans  son  développement  le  même  processus  chez  le 
lézard  que  chez  l'orvet. 

Au  stade  représenté  par  les  figures  23  et  24,  et  qui 
correspond  à  un  embryon  dont  la  tête  a  4  millimètres  de 
long,  l'œil  pinéal  diffère  cependant  dans  sa  structure  da 
même  organe  chez  l'orvet.  Le  cristallin  est  une  lentille 
biconvexe  formée  de  cellules  fusiformes;  la  face  tournée 
vers  l'extérieur  est  claire  et  hyaline,  le  mésoblaste  a 


(  835  ) 

beaucoup  moins  (i*épaisseur  que  chez  Anguis.  Le  cristallin 
est  cfailleurs  en  continuation  directe  avec  la  rétine. 
Celle-ci  est  formée:  1"*  d'une  couche  de  bâtonnets  dont 
Textrémité  tapisse  la  cavité  oculaire;  ces  bâtonnets 
commencent  à  être  envahis  par  de  petites  sphérules  de 
pigment;  2°  puis  on  distingue  une  couche  de  cellules 
internes  servant  de  support  aux  b&tonnets;  3^  une  couche 
de  cellules  sphériques  volumineuses  à  gros  noyaux  se 
trouve  à  la  périphérie.  Les  cellules  provenant  de  Tépi- 
physe,  et  qui  s'accolent  d'une  part  à  l'extrémité  proximale, 
d'autre  part  à  la  couche  externe,  forment  un  cordon  comme 
chez  l'orvet;  plus  tard  des  cylindres-axes  apparaissent 
également.  Quant  aux  cavités  du  plexus  choroïdîen  du 
troisième  ventricule,  comme  chez  l'orvet,  elle  est  tapissée 
d'une  seule  couche  de  cellules  peu  élevées.  Ces  cavités  sont 
formées  de  tubes  s'insinuant  dans  le  mésoblaste  et  venant 
86  loger  sous  l'œil  et  dans  le  voisinage  du  pédicule  proximal 
épiphysaire.  Chez  l'orvet  et  chez  le  lézard,  ce  sont  là  des  dis- 
positions qui  se  ressemblent  trop  pour  que  nous  refassions 
à  nouveau  nos  descriptions.  Les  photographies  prouvent 
suffisamment  ce  que  nous  avançons  sous  ce  rapport,  et 
elles  nous  dispensent  de  rendre  plus  longue  cette  note 
préliminaire. 

Pour  ce  qui  est  du  rôle  fonctionnel  de  l'œil  pinéal, 
nous  avons  fait  des  expériences  qui,  sans  être  absolument 
concluantes,  nous  permettent  de  penser  que,  chez  le  lézard 
do  moins,  l'œil  impair  est  encore  capable  de  percevoir  la 
lumière. 

Nous  avons  disposé  six  bottes  de  carton  (1)  en  contact  par 
leur  angle  et  de  façon  qu'elles  limitent  un  espace  hexa- 

(i)  Boites  qai  avaient  contenu  des  plaques  photographiques  9  x  19* 


(  836  ) 

gonal.  Chaque  tK)Ue  élait  percée  (l*une  ouverture  d'on 
centimètre  carré  de  surface,  chacune  d'elles  communiquant 
ainsi  avec  Tespace  hexagonal. 

Dans  Tune  de  ces  bottes  nous  plaçons  une  lampe  à 
incandescence  de  4  volts. 

Un  lézard,  dont  les  yeux  avaient  été  cautérisés  profon- 
dément par  un  fer  rouge,  fut  placé  dans  Thexagone  central; 
ce  dernier  fut  rerouvert  de  son  couvercle;  en  répétant  un 
grand  nombre  de  l'ois  Texpérience,  huit  fois  sur  dix,  après 
un  quart  d*he!ire,  nous  avons  retrouvé  le  lézard  dans  la 
botte  où  fonctionnait  la  .lampe  à  incandescence.  Dans  les 
mêmes  conditions,  et  en  opérant  avec  Torvet,  nous  avons 
trouvé  ranimai  trois  fois  sur  dix  dans  la  boite  éclairée. 
Ces  expériences  militent  en  faveur  du  rôle  actuellement 
en  partie  fonctionnel  de  Tœil  pinéal. 

Comme  nous  Tavons  dit  antérieurement,  c*est  sur  les 
conseils  et  sur  les  indications  de  M.  Éd.  Van  Beneden  que 
nous  avons  entrepris  Tétude  du  développement  de  Torvet, 
alors  que  nous  fréquentions  encore  les  laboratoires  d*ana- 
lomie  comparée  et  d'embryologie  de  l'Université  de  Liège. 
Dans  le  cours  des  recherches  dont  nous  présentons  les 
premiers  résultats  à  l'Académie,  notre  ancien  mattre  a 
bien  voulu  nous  honorer  de  ses  conseils  éclairés  et  bien- 
veillants. Qu'il  nous  soit  permis  de  lui  exprimer  ici  toute 
notre  reconnaissance. 

Nous  remercions  M.  Swaen  de  Tobligeance  qu'il  a  eue 
en  nous  confiant  une  série  d'embrvons  de  lézard.  Nous 
avons  été  ainsi  à  même  de  vériGer  nos  observations  sur 
un  second  reptile.  M.  Swaen  a  eu  la  bonté  de  nous  indiquer 
également  quelle  était  la  marche  à  suivre,  au  point  de  vue 
de  la  technique,  pour  arriver  à  de  bons  résultats  sur  les 
sujets  qu'il  nous  donnait  à  étudier. 


(837) 


V 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 

iV.  B,  Toutes  les  figures  ont  ëté  obtenues  par  la  photographie; 
elles  représentent  des  coupes  colorée»  en  rouge  par  le  picro -carmin  (4). 
Aocune  retouche,  quelle  qu*elle  soit,  n*a  été  exécutée  i  aucun 
cliché.  Les  plaques  employées  étaient  isochromatiques  de  la  marque 
Attout  Tailefer  ou  d'Obernetter  (Perutz)  (3).  Nous  avons  nous- 
méme  rendu  isochroroatiques  des  plaques  Nys  suivant  les  procédés 
que  nous  avons  fait  connaître  à  la  Société  belge  de  microscopie  (3). 
Gomme  éclairage,  nous  nous  sommes  servi  simplement  de  la  Inmpe 
au  pétrole  (Lampe  belge)»  Toujours  le  condenseur  d*Abbe  a  été 
employé  avec  le  diaphragme  4  millimètres. 

Photographie  i.  —  Embryon  d'orvet,  coupe  a ntéro -postérieure  : 
a.  cerveau  antérieur;  6,  cerveau  intermédiaire  ou  thalamencéphale; 
e,  cerveau  moyen  ;  o,  œil  pinéal  ;  «,  tige  proximale  de  Tépiphyse. 

Objectif  3  de  Nachet  sans  oculaire;  amplification  30  diamètres. 

Photographie  2.  —  Embryon  d'orvet,  coupe  antéro-postérieure  : 
a,  cerveau  antérieur;  6,  thalamencéphale;  c,  cerveau  moyen  ;  œ,  pre- 
mière apparilion  de  Pépiphyse  à  la  voûte  du  thalamencéphale. 

Objectif  apochromatique  NA  ss  0,30  de Zeiss, foyer  46  millimètres; 
oculaire  projecteur  2;  amplification  48  diamètres. 

Photographie  3.  —  Embryon  d'orvet,  coupe  antéro-postérieure  : 
a,  cerveau  antérieur;  6,  thalamencéphale;  œ,  épiphyse  s'allongeant 
en  avant. 

Objectif  NA3=sO,50  foyer  46  millimètres  de  Zeiss;  amplification 
38  diamètres. 

Photographie  4.  —  Embryon  d'orvet,  coupe  antéro-postérieure  : 
portion  de  la  voûte  du  thalamencéphale  montrant  les  différenciations 
qui  s'accomplissent  dans  la  paroi  de  l'épiphyse  <b. 

Objectif  NA  =  0,30  foyer  16  millimètres  de  Zeiss  ;  amplification 
48  diamètres. 


(i)  Voir  Manuel  de  Technique  microscopique^  par  le  D'  P.  FnincoUe. 

02)  Voir  Réaumé  d'une  conférence  sur  la  microphotographie  appliquée  à 
rhistologie^  Vanatomie  comparée  et  V embryologie^  par  le  D'  P.  Fraucotte. 

(3)  Voir  Noies  de  technique  microscopique,  par  le  D'P  Fnincotte.  -  BULLETIN 
DES  séances  de  la  SOCIÉTÉ  BRLGE  DE  MICROSCOPIE,  30  avril  4887. 


(  838  ) 

Pbotoorapbibs  5  et  6.  —  Embryon  d'orvet,  coupe  antéro -posté- 
rieure: 6,  thalamencéphale ;  o,  œil  pinçai;  e,  épiphyse  proximale; 

5,  plexus  choroïde  du  troisième  ventricule  ;  en  5,  on  voit  encore  la 
communication  de  la  cavité  de  ce  plexus  avec  le  troisième  ventricule  ; 

6,  montre  un  tube  de  ce  plexus  parfaitement  limité  dans  le  méso- 
blaste.  En  arrière  de  la  tige  proximale  de  Tépiphyse,  on  voit  la 
première  ébauche  de  la  commissure  postérieure.  Même  combinaison 
optique  et  même  grossissement  qu*en  4. 

Photographies  7  et  8.  —  Embryon  d'orvet,  coupe  antéro-posté- 
rieure:  6,  thalamenccphale;  o,  œil  pinéal;  e,  tige  proximale  de 
répiphyse;  postérieurement  à  cette  tige,  commissure  postérieure; 
7  montre  la  forme  du  cristallin  futur;  sous  Tœil  et  entre  cet  organe 
et  la  voûte  du  thalamencéphale,  on  voit  de  grosses  cellules  formant 
le  cordon  que  nous  avons  décrit;  5  et  6  montraient  également  un 
certain  nombre  de  cellules  de  ce  cordon.  En  8,  on  remarquera  la 
cavité  de  répiphyse  proximale. 

Objectif  6  de  Nachct,  oculaire  S,  projecteur  de  Zeiss;  amplification 
230  diamètres. 

Photographies  9  et  40.  —  Embryon  de  poulet,  coupe  antéro- 
postérieure:  a,  cerveau  antérieur;  6,  thalamencéphale;  c,  cerveau 
moyen  ;  œ,  épiphyse  h  la  voûte  du  thalamencéphale. 

Objectif  5  de  Nachct,  sans  oculaire;  amplification  48  diamètres. 
(9,  fin  du  troisième  jour  ;  40,  quatrième  jour  d*incubation.) 

Photographie  W.  —  Embryon  d'orvet,  coupe  antéro-postérieure  : 
6,  thalamencéphale;  o,  œil  pinéal;  e,  épiphyse  proximale  venant 
aboutir  à  la  commissure  postérieure;  S,  plexus  choroïde.  On  voit 
sans  peine  le  nerfoptiqiie  pinéal  reliant  Tœil  à  répiphyse  proximale. 

Objectif  NA  =:  0,50,  46  millimètres  de  foyer  de  Zeiss,  oculaire 
projecteur;  amplification  48  diamètres. 

Photographie  1 4  bis,  —  Coupe  du  même  sujet  que  4  4  è  un  niveau 
inférieur.  On  voit  Tœil  entier  avec  le  cristallin  et  la  rétine;  Tépiderme 
est  un  peu  détaché;  on  voit  en  dessous  le  derme.  A  droite  est 
représenté  rexlrémilé  de  Tt^piphyse  proximale;  le  fier f  optique pinéai 
relie  cette  dernière  à  Tœil;  dans  ce  nerf,  on  distingue  sans  peine 
quelques  cylindres-axes  qui  vont  se  perdre  d;ins  la  rétine. 


(  839  ) 

Objectif  D  de  Zeiss;  oculaire  projecteur  corrigé  pour  cet  objectif; 
grossissement  âOO  diamètres. 

Photographib  13.  —  Comme  ii,  mais  à  un  stade  moins  avancé. 
Même  combinaison  optique  et  même  grossissement. 

PioTOQBAPHiB  13.  —  Comme  II  et  12,  stade  plus  avancé.  Même 
combinaison  optique  et  même  grossissement. 

Photographie  14.  ~  Embryon  d^orvet,  coupe  parallèle  au  plancher 
du  crâne  :  aa,  hémisphères  cérébraux  ;  6,  thalamencéphale  avec  fe 
plexus  choroïde  en  avant  et  la  Ma  choro§dea;  latéralement  les 
couches  optiques  (thalamus  optieus);  ce^  cerveau  moyen. 

Objectif  3  de  Nachet,  sans  oculaire,  18  diamètres. 

Photogbaphib  15.  —  Embryon  d^orvet,  coupe  transversale  et 
perpendiculaire  à  Taxe  du  corps  :  aa,  hémisphères  cérébraux  recou- 
vrant le  thalamencéphale;  6,  cavité  du  troisième  ventricule  limitée 
latéralement  par  les  couches  optiques  (thalamus  oplicus);  vers  le 
haut,  le  thalamencéphale  est  limité  par  le  plexus  choroïde  S  et  la  tela 
ehoroidea.  Exactement  au-dessus  du  thalamencéphale,  on  voit  Tœil 
pinéal;  vers  ce  dernier  se  montre  la  section  de  Fartère  pinéale. 
Même  combinaison  optique  que  pour  14;  grossissement  25  diamètres. 

Photogbaphib  16.  —  OEil  pinéal  coupé  longitudinalement;  infé- 
rieurement  et  à  droite,  on  voit  le  nerf  optique  pinéal  pénétrant  dans 
Tœil;  on  y  distingue  nettement  des  fibrilles  nerveuses  ainsi  qu^nne 
série  de  noyaux  dont  le  grand  axe  est  dirigé  dans  la  longueur  du 
nerf.  On  voit  que  la  gaine  du  nerf  se  continue  avec  Penveloppe  piale 
de  rœil.  Latéralement  dans  la  rétine  apparaît  la  couche  moléculaire. 

Photogbaphib  17.  —  Comme  la  précédente;  une  partie  du  derme 
est  enlevée,  les  bâtonnets  sont  pigmentés.  Même  combinaison  optique 
et  même  grossissement  que  18. 

Photogbaphib  18.  —  OEii  pinéal  coupé  longitudinalement.  La 
eoupe  montre  Tépiderme;  une  couche  de  fibres  transverses  sectionnées, 
une  couche  de  fibres  longitudinales  serrées  et  hyalines  s^épaississant 
et  prenant  ce  dernier  aspect  au«dessus  de  Tœil  seulement,  une  couche 
de  cellules  du  derme;  on  voit  ensuite  Tenveloppe  piale  de  l'œil. 


(  840  ) 

Le  cristalliD  et  les  différentes  couches  de  la  rétine  se  montrent 
fort  bien;  il  n'y  a  ]>a8  de  pigment  dans  les  bfttonncts. 

Objectif  NA  =  0,95,  4  millimètres  de  foyer  de  Zciss;  oculaire  2, 
projecteur,  grossissement  230  diamètres. 

Photoorapbib  10.  —  Coupe  transversale  de  Tœil  pinéal.  Nous 
croyons  inutile  d'analyser  cette  figure.  Même  combinaison  optique 
et  même  grossissement  que  17  et  18. 

Photographie  20.  —  Coupe  transverse  de  la  tige  proximale  de 
répiphyse  t  et  du  plexus  choroïde  S« 

Objectif  NA  ^  0,30  et  oculaire  4,  projecteur  de  Zeiss,  85  dia- 
mètres. 

Photooraphib  21.  —  Comme  20,  è  un  niveau  un  peu  plus  bas; 
c,  section  de  la  tige  proximale;  S,  cavité  principale  du  plexus  ; 
remarquer  Textension  des  replis  du  plexus. 

Photographii  22.  —  Comme  20  et  21,  à  un  niveau  plus  bas 
encore;  e,  cavité  réduite  de  Tépiphyse  proximale;  s,  cavité  principale 
du  plexus. 

Pour  21  et  22,  même  combinaison  optique  et  même  grossissement 
que  pour  20. 

Pbotographib  23.  —  Embryon  de  lézard,  coupe  antéro-postérieure: 
œil  pinéal  o,  tige  proximale  e  perpendiculaire  à  la  direction  de  Pasil; 
cavité  du  3«  ventricule  6;  plexus  choroïde  de  ce  ventricule.  L'analyse 
du  reste  de  la  figure  se  fera  facilement. 

Pbotographib  24.  —  Embryon  de  lézard;  œil  pinéal  o;  tige 
épiphysaire  proximale;  6,  cavité  du  troisième  ventricule;  S,  plexus 
du  troisième  ventricule.  Commissure  postérieure.  Même  combinaison 
optique  et  même  grossissement  que  11  et  12. 

Photographie  25.  —  Comme  20,  à  un  niveau  supérieur,  grossis- 
sement 210  fois;  e,  épiphyse  proximale;  s,  plexus  choroïde.  Combi- 
naison optique  comme  p5ur  7  et  8. 

Photographie  26,  —  Embryon  db  lézard;  ooupc  longitudinale  de 
Fœil  et  de  la  tige  proximale  è  un  stade  voisin  de  7  et  8.  Même 
grossissement  et  même  combinaison  optique  que  7  et  8. 


>  (  Sli  ) 


I 

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CLASSE   DES  LETTRES. 


Séance  du  5  décembre  4887. 

H.  B0RMÀN89  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  P.  De  Decker,  Cb.  Faider,  R.  Cha- 
loD,  Th.  Juste,  Alph.  Wauters,  Alph.  Le  Roy,  A.  Wagener, 
P.  Willems,  G.  Rolin-Jaequemyns,  Ch.  Piot,  Ch.  Potvin, 
J.  Stecher,  T.-J.  Lamy,  Aug.  Scheler,  P.  Henrard,  J.  Gan- 
trelle,  Ch.  Loomans,  G.  Tiberghien,  L.  Roersch,  membres; 
Alph.  Rivier,  M.  Philippson,  associés;  et  A.  Van  Weddingen, 
correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Minisire  de  TAgriculture  adresse,  pour  la  Biblio- 
thèque de  FAcadémie,  un  exemplaire  de  l'ouvrage  publié 
par  J.  Van  Droogenbroeok  sous  le  pseudonyme  de  Jan 
Ferguut  :  Makamen  en  Ghazelen^  proeven  oosterscher 
poëzie.  —  Remerciements. 

La  Classe  reçoit  encore  à  titre  d'hommages,  les  ouvrages 
suivants  pour  lesquels  il  est  voté  des  remerciements  aux 
auteurs  : 

I""  A.  Dictionnaire  d'éhjmologie  française,  d'après  les 


(  8U  ) 

aboutir  à  ud  résultat,  selon  De  Brbux,  Yander  Mérsch, 
alors  réfugié  à  Lille,  devait  prendre  la  résolution  de  repa- 
raître à  Bruxelles.  De  Broux  s'épuise  en  instances  et  finit 
par  triompher.  Vander  Merscb  se  montre  un  instant,  puis 
repart;  les  lettres  relatives  à  cet  incident  sont  fort 
curieuses.  Ce  qui  suit  est  relatif  au  mémoire  entrepris  par 
Dinne,  avec  la  collaboration  du  chanoine,  pour  la  réha- 
bilitation du  général»  qui  a  été  en  butte  à  des  calomnies 
de  toute  sorte.  Mais  celui-ci  décourage  son  ami  par  ses 
lenteurs  et  ses  hésitations  :  le  fait  est  qu'on  lui  avait  pro- 
posé de  prendre  du  service  en  France,  et  que  statistes  et 
démocrates  commençaient  à  tourner  les  yeux  de  ce  cdié. 
Mais  le  rôle  du  général  était  bien  fini,  et  la  Révolution 
belge  avait  dit  son  dernier  mot.  De  Broux  vécut  dans  une 
demi  obscurité  jusqu'en  1817. 

Il  faut  savoir  gré  à  M.  Descailles  d'avoir  rendu  justice 
à  un  bon  citoyen,  à  un  esprit  éclairé  et  vraiment  libéral, 
type  de  fidélité  et  patriote  sincère,  supérieur  par  l'intel- 
ligence à  la  plupart  des  politiques  belges  de  cette  malheu- 
reuse époque.  âlph.  Ls  Rot. 


J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Classe,  de  la  part  de 
fauteur,  notre  savant  confrère  Mgr..de  Harlez,  la  traduc- 
tion annotée  de  la  Kâushitaki  Upanishad^  traité  indien 
de  philosophie,  tirant  son  nom  de  celui  d'un  sage  dont  les 
commentateurs  indous  ne  savent  eux-mêmes  absolument 
rien.  Ce  document  n'en  est  pas  moins  important,  ne  fût-ce 
qu'à  raison  de  son  antiquité  légitimement  présumée  : 
Weber,  qui  le  cite,  fait  remarquer,  en  effet,  que  pour  celui 
qui  l'a  rédigé,  le  nord  de  l'Inde  est  l'univers.  Il  se  rat- 


I 

l 


(  845  ) 

tache  d'aatre  part  au  Rig-Véda,  le  plus  ancien  des  livres 
sacrés  du  brahmanisme,  du  moins  en  certaines  parties. 
On  y  constate  d'ailleurs  la  liberté  de  penser  qui  distingue 
loutes  les  compositions  du  même  genre.  Les  Vpanishads 
sont  à  proprement  parler  des  leçons  de  philosophie  ajou- 
tées par  les  Brahmanes  aux  grands  commentaires  d'hymnes 
'  religieux  et  liturgiques  :  la  spéculation  et  la  théologie  s'y 
rencontrent  sans  se  heurter. 

Celle-ci  forme  le  troisième  livre  d'un  brâhmana  d'une 
étendue  relativement  considérable,  portant  également  le 
nom  de  Kàushttaki.  Ce  troisième  livre  comprend  quatre 
chapitres,  traitant  respectivement  du  passage  de  l'àme 
dans  le  monde  des  bienheureux,  c'est-à-dire  arrivante  la 
connaissance  de  la  divinité,  du  prâna,  souffle  vital  ou 
énergie  de  Tétre  universel  agissant  dans  tous  les  êtres 
particuliers;  de  la  lutte  d'Indra,  assimilé  à  ce  souffle, 
contre  les  éléments;  enfin,  des  enseignements  donnés  à 
un  brahmane  instruit  par  un  kshatriya,  Ajataçatrn,  roi 
de  Kàçi.  Le  chapitre  II  présente  un  singulier  mélange 
d'idées  philosophiques  et  d'exposés  de  pratiques  supersti- 
tieuses; les  trois  autres  sont  de  petits  traités  spéciaux, 
jusqu^à  un  certain  point  méthodiques.  Le  point  de  vue  est 
celui  du  panthéisme  :  c  Brahma  n'est  pas  le  Dieu  suprême, 
mais  l'être  universel  dont  tous  les  êtres  finis  et  particu- 
liers ne  sont  que  des  ondulations  ».  La  sagesse  consiste  à 
découvrir  <  que  chacun  est  identique  à  Brahma,  et  n'en 
diffère  que  par  des  formes  illusoires  ».  Celui  qui  sait 
cela  est  sauvé  à  jamais  et  exempt  des  métempsychosos. 

Je  ne  puis  ici  qu'indiquer  l'intérêt  de  l'ouvrage,  plein 
d'idées  et  de  figures  ingénieuses,  comme  tous  les  monu- 
ments de  la  littérature  et  de  la  philosophie  indiennes.  Cet 
intérêt  s'étend  à  Vappendice,  où  l'on  trouvera,  traduit 
pour  la  première  fois,  le  chapitre  IX  d'une  Upanishad 


(  846  ) 

composée  par  le  sage  Vidyftranya,  dans  le  but  de  faire 
coonallre  et  de  réunir  en  un  corps  les  doctrines  et  les 
interprétations  éparses  dans  une  multitude  de  traités. 
L'auteur  s*appuie  sur  KâusbUakiy  mais  laisse  entrevoir 
des  tendances  éclectiques  qui  Tempéchent  d'aboutir  à  un 
système  suivi  et  laissent  le  cbamp  libre  à  la  fantaisie. 
Aussi  bien^  quand  on  y  regarde  de  près,  on  se  convainc 
avec  Mgr.  de  Harlez  que  toute  la  philosophie  indoue  est 
une  œuvre  d'imagination  plutôt  que  de  réflexion;  elle 
n'en  a  pas  moins  sa  place  marquée  dans  l'évolution  de  la 
pensée  religieuse  et  de  la  haute  métaphysique. 

Alph.  Le  Rot. 


J'ai  Thonneur  de  présenter  à  la  Classe»  au  nom  du 
directeur,  la  première  livraison  imprimée  en  Belgique  de 
la  Dietsche  Warande.  Elle  inaugure,  si  je  puis  m'exprimer 
ainsi,  la  nouvelle  série  belge  d'une  œuvre  internationale. 

Fondée  par  le  frère  de  son  nouveau  directeur,  M.  Paul 
Alberdingk  Thijm,  professeur  à  l'Université  de  Louvain, 
cette  revue  d'archéologie,  d'histoire  et  de  littérature,  dont 
la  réputation  n'est  plus  à  faire,  s'imprimait  jusqu'à  ce 
jour  en  Hollande.  L'impression  et  la  publication  du  recueil 
auront  lieu  désormais  à  Gand,  le  siège  de  notre  jeune 
Académie  flamande.  Une  part  plus  importante  de  colla- 
boration est  réservée  à  nos  archéologues,  historiens  et 
linguistes  flamands. 

Qu'il  me  soit  permis  de  voir  là  une  nouvelle  preuve  du 
développement  des  lettres  néerlandaises  dans  notre  pays^ 
et  en  même  temps  un  lien  intellectuel  de  plus  avec  nos 
frères  du  Nord.  Ch.  Piot. 


\ 


847 


\ 


) 


ÉLECTIONS. 

11  est  procédé  à  Télectiou  : 

V  de  quatorze  noms  pour  le  choix  du  jury  chargé  de 
juger  la  première  période  du  concours  décennal  des  sciences 
philosophiques,  qui  sera  close  le  Si  décembre  prochain.  — 
Ces  noms  seront  communiqués  à  M.  le  Ministre  de  TAgri- 
culture,  de  l'Industrie  et  des  Travaux  publics; 

2*  des  membres  de  la  Commission  spéciale  des  finances 
de  la  Classe  pour  Tannée  1888:  les  membres  sortants  sont 
réélus  par  acclamation. 


RAPPORTS. 


Sermons  de  carême  en  dialecte  toallon;  travail  présenté 

par  M.  Pasquet. 


€  Pour  deux  raisons,  le  travail  sur  lequel  je  viens  ici 
émettre  mon  appréciation  était  de  nature  à  m*intéresser 
plus  particulièrement.  D'une  part,  il  a  trait  à  une  branche 
d'étude  qui,  depuis  de  longues  années,  possède  toutes  mes 
affections  et  qui,  si  dans  tous  les  coins  de  l'Europe  elle  se 
développe  et  prospère  étonnamment,  ne  se  manifeste  qu'à 
de  rares  occasions  parmi  nous.  D'autre  part,  le  nom  de 
l'auteur  s'était  récemment  présenté  à  mes  yeux  au  bas  d*un 
article  de  philologie  romane  intitulé  :  <  Quelques  partica- 


t  848  ) 

larilés  grammaticales  du  dialecte  wallon  au  Xlil*  siècle  », 
et  inséré  dans  le  tome  XV  de  la  Romania,  de  Paris,  recueil 
dirigé  par  deux  sommités  de  la  science  en  question, 
MM.  Paul  Meyer  et  Gaston  Paris. 

En  lisant  cet  article,  je  ne  me  doutais  pas  que,  quelques 
semaines  plus  tard,  ma  qualité  de  membre  de  l'Académie 
me  mettrait  en  présence  d'un  autre  travail  se  mouvant  sur 
le  même  terrain  et  signé  du  même  nom,  et  encore  moins 
que  ce  nom  se  révélerait  comme  celui  d'un  compatriote 
liégeois. 

C'est  donc  avec  empressement  que  je  me  suis  mis  à  étu- 
dier le  vieux  texte  wallon  communiqué  par  M.  Pasquet  et  les 
notes  dont  il  Ta  accompagné,  et  je  suis  heureux  de  pouvoir 
déclarer  que  son  envoi,  après  un  scrupuleux  examen,  m'a 
paru  tout  aussi  digne  d'être  accueilli  dans  nos  publications 
académiques  que  le  travail  mentionné  plus  haut  avait 
trouvé  faveur  auprès  d*un  critique  aussi  compétent  et  aussi 
sévère  que  M.  I^aris.  Je  n'ai  pas  la  prétention  de  dire  par 
là  que  les  Sermons  de  carême  jetteront  de  vives  et  surtout 
de  nouvelles  clartés  sur  la  question  relative  au  dialecte 
wallon  dans  ses  rapports  avec  les  dialectes  circonvoisins, 
question  prise  en  main  dans  ces  derniers  temps  par  des 
romanistes  de  premier  rang,  mais  ils  fourniront  leur 
contingent  d'enseignement  aux  savants  engagés  dans  cette 
matière.  M.  Pasquet  ne  possède  peut-être  pas  encore  toute 
la  force  voulue,  toute  la  sûreté  de  jugement  pour  aborder 
de  haute  lutte  la  controverse  provoquée  par  divers  points 
se  rattachant  à  son  sujet;  toujours  est  il  qu'il  se  fait 
connaître  comme  initié  sulfisamment  dans  la  science 
romane  pour  avoir  la  conscience  des  devoirs  qu'assume 
aujourd'hui  tout  homme  qui  se  charge  d'exhumer  un  vieux 
texte  français  quelconque  au  profil  de  la  science. 


(  8^9  ) 

Le  fond  de  sa  communication  est  le  texte  de  quelques 
sermons  de  carême  en  français  wallon^  qu*il  juge  avoir  été 
écrits  au  plus  tard  dans  le  premier  tiers  du  XIII*  siècle, 
et  quMI  a  découverts  parmi  les  pièces  d'un  manuscrit  de 
Gand,  ayant  appartenu  jadis  à  Tabbaye  de  Saint- Jacques, 
à  Liège. 

Ce  texte  est  précédé,  outre  une  courte  introduction, 
d'une  série  de  notes  philologiques  sur  des  traits  relatifs  à 
Torlbographe,  à  la  phonétique  et  à  la  grammaire  qui  carac- 
térisent la  langue  de  ces  sermons,  comparés,  d'une  part, 
avec  celle  des  textes  littéraires  wallons  récemment  mis 
au  jour  et  qui  leur  sont  antérieurs,  d'autre  part,  avec  celle 
des  chartes  qui  sont  de  date  postérieure.  Il  n'entre  pas 
dans  notre  mission  de  faire  ici  un  examen  minutieux  du 
travail  de  M.  Pasquet,  et  d*exposer  tout  ce  qu'il  y  aurait  à 
relever  au  point  de  vue  de  la  critique;  cependant  j'ai  cru 
faire  chose  utile  en  signalant  à  l'auteur  un  certain  nombre 
de  passages  qui,  à  mon  avis,  me  semblent  mériter  une 
retouche  et  où  je  lui  soumets,  le  plus  succinctement  pos- 
sible, ma  manière  de  voir  personnelle. 

Je  commence  par  une  série  d'observations  relatives  aux 
Notes  philologiques;  mes  citations  se  rapportent  ici  à  la 
pagination  de  la  copie  de  M.  Pasquet. 

Page  10.  Je  cherche  vainement,  dans  l'article  cité  de  la 
Zeitschrifl  fûrrom.  Philologie^  l'opinion  prêtée  à  M.Suchier 
à  'propos  des  deux  formes  puisons  et  puisiens.  Il  doit  y 
avoir  erreur. 

Page  là.  Chuintement  de  c  devant  «ou  t.  Note  mal  rédi- 
gée; elle  laisse  entendre  que,  si  l'auteur  du  sermon  a  dit 
camenchierent^  il  n'a  pas  dit  comenchayComenchons. 

Page  13. 11  fallait  noter  à  côté  d'avarize  la  concurrence 
d'avarisce  (146  v.). 

3"*  SÉRIE,  TOMB   XIT.  37 


(  850  ) 

Page  15.  La  persistance  de  a  p.  e  dans  celestialj  toiai  est, 
je  suppose,  réservée  aux  cas  de  t  -h  lat.  ali$. 

Page  16.  Gleve  (glaive);  la  bonne  forme  gfaîre  se  trouve 
deux  lignes  plus  haut. 

Page  17.  £  (breQ  libre*»  te  est  jusle,  mais  les  exemples 
sont  mal  choisis  :  Ve  dans  lat.  sequere  (qu  <»  qv)^  d'où 
siere,  n'est  pas  libre,  mais  entravé,  et  mides  (qui  n'est  pas 
médius^  mais  medictAs)  est  issu  de  miede,  qui,  quoi  que  j'en 
aie  dit  dans  mon  Gloss.  de  la  Geste  de  Lièges  me  parait 
être  la  forme  wallonne  normale. 

Page  21.  Vermissiel  étant  fautif,  c'est-à-dire  anti-wallon, 
pourrait  être  un  lapsus  de  copiste;  il  fallait  citer  une  autre 
exception,  plus  frappante,  celle-là,  puisqu'il  n'y  a  pas  de 
sifflante  en  jeu  à  savoir  :  bel  miracle  (150  v.). 

Page  21.  IUo8  «a  wall.  eas  n'est  pas  à  sa  place  ici. 

Page  22.  A  côté  de  lit  (lectus),  à  l'appui  de  e  -h  t  <=»  t, 
notre  texte  offrait  aussi  per/ilement. 

Page  24.  Astalet  =  installé,  selon  moi,  est  une  modifi- 
cation de  estalet,  qui  a  préexisté,  et  qui  repose  sur  le  même 
principe  que  anoier^  anemi^  astoit  chascun  (à  côté  de  che$- 
cun)f  à  savoir  la  position  de  ïi  ou  e  sur  la  protonique.  — 
Aclin  n'est  pas  lat.  inclxnis,  mais  acclinis. 

Page  25.  Je  trouve  aussi  dans  les  Dial.  Gregore  le  nom. 
soloz. 

Page  26.  /  long  =  o  dans  promier  est,  je  pense,  tout  à 
fait  exceptionnel  et  l'effet  de  la  labiale  voisine  Cp.  v.  fr« 
provende  =  prébende. 

Page  26.  Sous  ô  il  valait  la  peine  de  mentionner  Tin- 
constance,  dans  le  traitement  de  cette  voyelle,  qui  règne 
dans  notre  texte;  j'y  trouve  p.  latin  solus^  en  tonique  sol^ 
soûl  et  soûle,  à  TatQne  solement,  souUmenl  et  seulement. 


,  851  ) 

Page  27.  Présenter  assegurer  comme  iioe  forme  exclu^ 
sivemenl  wallonne  est  inexact. 

Page  M.DdLUsensaieuet^n  n*est  pas  intercalaire;  ensayer 
appartient  à  tous  les  domaines  du  français;  mieux  valait 
citer  ici,  bien  que  se  trouvant  aussi  ailleurs,  le  mot  lare/i' 
chin  (152  v.)  =  latrocinium. 

Page  35.  AstoU,  Dans  cetie  note,  il  était  opportun  de 
remarquer  que  la  forme  régulière  esteve  s'employait  aussi 
dans  notre  texte  (je  trouve  le  plur.  esteuent^  153  r.),  mais 
qu'il  était  réservé  (exclusivement?)  au  sens  de  lat.  stare. 

Page  35.  Je  tiens  piiue  pour  une  faute  d'écriture. 

Page  36.  Les  parfaits  diet^  rechiet,  restent  à  mes  yeux 
problématiques  en  tant  que  wallonismes,  tant  qu'il  n'y  a 
pas  plus  d'exemples  à  alléguer.  En  tout  cas  cette  forme  est 
isolée  et  étrangère  à  la  langue  des  Dialoges  Gregore.  — 
J'ai  relevé  comme  digne  d'attention  le  parfait  pn'ns^  (150  v.) 
—  Poist  (=  potuit)  est  certainement  fautif. 

P.  46.  Ajoutez  aux  exemples  de  l'adjectif  encore  non 
fléchi  au  fém.  :  grief  chosey  la  viez  loi, 

P.  46.  Pour  le  pronom  possessif  sua^  ajoutez  l'exemple 
à  la  soi  honor  (152  r.). 

Passons  maintenant  à  ce  qui  me  semble  vicieux  ou 
digne  d'éclaircissement  dans  le  texte  même. 

146  r.  Maloït  est  impossible;  corrigez  soit  maleït  ou 
maloit.  Cp.  pi.  loin  fuoit. 

146  V.  Les  trésors  en  (ou  eu?)  chiel  la  u  ruinins  net 
(I.  nés)  porat  courir  ne  vermisiaz  de  dé  rore  (1.  ne  verm. 
derore).  —  Une  explication,  s.  v.  p.,  sur  prewchiei.  — 
Doist  p.  doinst  {=  qu'il  donne)  est  inadmissible. 

147  r.  Que  la  mort  iert  venue;  I.  mors.  —  Uilhés,  comme 
plur.  de  tielhe  (veuille),  est-il  admissible?  peut-être,  en 
raison  de  l'avancement  de  la  tonique.  —  et  se  voi[e]. 


(  852  ) 

147  V.  aussi  fa[i\tefnent.  —  Causant  (p.  Tassaut)  est 
bien  peu  probable;  j'accepterais  plutôt  la  forme  nasalisée 
fansaut. 

148  r.  Plusemes  =  plurimum  est-il  connu?  —  prouehet 
(I.  prouuelcet).  —  Faut-il  lire  aiue  par  ajue  ou  par  aive? 
ma  question  est  fondée  sur  la  concurrence  de  la  graphie 
aiwe  (150  v). 

148  V.  Malgré  plusieurs  cas  de  suppression  de  s  devant 
consonne  qui  se  rencontrent  dans  les  Sermons^  il  m*est 
avis  que  atenir  n'est  guère  acceptable,  d'autant  moins  que 
nous  trouvons  astenons  150  v.  (1).  —  départes  [de]  uos 
Hz.  —  crèïl,  corr.  créât,  comme  je  le  trouve  écrit  153  v. 
(un  parfait  cm  est  tout  aussi  peu  présumable  qu'un  par- 
fait chargi).  —  ne  s'en  jme[en]t  partir.  —  manance  n'a 
pas  de  sens,  corr.  manance.  —  pi(i)ue.  —  laissez  subsister 
que  après  chastiement,  la  répétition  est  conforme  à  la 
syntaxe  ancienne  et  même  moderne.  —  esperir  est  fautif; 
I.  espir.  —  haims  (=  haine)  est  bien  suspect.  —  psC  ne 
m'est  pas  clair,  mais  certes  il  ne  représente  pas  pœste. 

149  r.  merchable^  I.  merchiable, 

149  V.  I.  [en]  offrande.  —  et  en  travalh  est,  \.  ert.  — 
atrati,  1.  a  trait  (en  deux  mots).  —  marte  p.  martre  est 
acceptable.  —  ne  nés  uuelent;  il  faut  ne  les  uuelent.  — 
corace^  I.  corage  (comme  ailleurs).  —  /'ennemi(s),  ranemt(s). 


(1)  Sur  cet  intéressant  sujet,  je  ne  puis  m'empécher  de  signaler  à 
M.  P.  une  note  pleine  dMnstruction,  insérée  par  son  compatriote  lié- 
geois, le  professeur  M.  Wilmotte,  dans  sa  critique  du  Poème  moral 
(publié  fan  dernier  par  le  professeur  Cloetta  è  Erlangen),  Romania, 
tXVI,pp.  4l8-i28. 


(  853  ) 

150  r.  ki  vous  enpuist;  I.  A^  ou  k'iL  —  bon[e]  mérite. 

—  siwoi[en]t,  —  8pirit[u]eL  — 

150  V.  si  fer[s]  (=  firmus)^^ enclos.  —  delà gr.  dochor; 
L  et  la  gr.  d.  —  qui  (I.  ke)  si  astoit  (ici  un  mot  omis)  el  {t 
(I.  si)  spirituez  el  couers  [li]  sens.  —  XII  corbel;  1.  corbias. 

—  qu'il  nos  [le]  die.  —  louez  [uos], 

151  V.  les  (I.  ses)  commans  acomplir.  —  La  conjonction 
qiAe  après  lizant  peut  rester.  —  et  tws  le[s]  devez.  —  c/e«t>- 
rementy  I.  desieramment  ou  desieréement.  —  contre  nostre 
mortel  anemi{s). 

152  r.  nostre  mortel  anemi(s),  —  voil[h]ent. 

152  V.  poist  ne  peut  traduire  que  potuisset  (pût).  —  por 
sauietet,  quid  ?  je  comprends  e(  je  lis  por  sa  viutet  ou  viltet 
(c=3  pour  l'avilir). 

153  r.  bojure,  mauvaise  graphie  p.  boiuvre  (à  lire  boivre 
=  boisson).  —  aisit  p.  aisil  (vinaigre)  m'est  inconnu.  — 
eiissit;  I.  eissit^  comme  pi.  h.  (le  texte  donne  aussi  essit), — 

153  v.  i?ot(s)ct  ton  fil.  —  soles  (soleil)  étant  répété  pi. 
loin  el  correct,  peut  être  conservé,  bien  qu'il  se  heurte 
contre  la  forme  voisine  del  sololh.  —  retrast  p.  retraist  est 
bien  douteux.  —  giet,  participe  de  gesir^  donc  p.  geût^ 
esl-il  admissible?  j'en  doute.  —  à  ceu(s)  de  la  cite.  —  que 
se  nos  tort;  I.  qu'ele  n.  t.  —  nos  uuelh[é]  releuer. 

La  lecture  des  Sermons  m'a  mis  en  présence  de  quel- 
ques termes  ou  formes  qui  me  paraissent  dignes  d'atten- 
tion, el  pour  rintelligence  desquels  l'auteur  aurail  bien 
fait  d'éclairer  les  lecteurs.  Ainsi  le  mot  ruinin  (rouille) 
olSre  pour  l'élymologie  du  mot  français  rouille  un  grand 
intérêt.  De  même  foink  au  sens  de  prairie.  —  Comment 
expliquer  delissier  (<  des  trésors  que  li  Termissiel  cfWts- 
sent  >)?  Serait-ce  avoir  en  délice?  —  Descolchier  <  la  flor 


(  854  ) 

de)  foink  >  (150  v.),  au  sens  de  lat.  conculcarej  est  inté- 
ressant. —  La  valeur  de  porter  dans  la  phrase  t  la  lois  que 
li  pueles  des  juies  porteuet  >  ne  Test  pas  moins.  —  Il  est 
curieux  de  voir  soler  »=  lat.  satullare  remonter  si  haut 
dans  la  langue;  de  même  saurer^  qui  doit  représenter 
saporare,  —  Fer  stat  (=  ferme  stat)  méritait  aussi  une 
petite  observation.  Je  termine  enfin  par  deux  mots  qui  ont 
particulièrement  captivé  mon  attention. 

Le  mot  français  désir  est  rendu  alternativement  par 
desier  (qui  est  primitivement  sans  aucun  doute  de  3  syli. 
et  =  lat.  desideriurrif  v  fr.  deseier^  desier)  et  par  désir. 
Cette  dernière  représenlalion  doit-elle  être  considérée, 
pour  la  langue  des  Serinons,  comme  le  subst.  verbal  de 
désirer,  ou  peut-elle  se  rapporter  à  desier  comme  mestir  à 
mestier?  Question  délicate.  —  Le  moi  juif  ne  nous  apparaît 
qu'au  pluriel,  et  sous  les  formes  variées  suivantes  : 

Au  cas  sujet  :  li  gyu  ({S3  v.),  li  Telon  juyer  (152  v.),  H 
juter  (152  r.),  li  félon  gye  (153  v.);  au  cas  oblique  :  rois 
des  guiz  (153  r.),  disjuyers  (151  v.  et  152  r.),  li  pueles  des 
juies  (152  r.,  2  fois),  as  félons  juyers  (152  v.).  Il  y  a  là, 
comme  on  volt,  une  difficile  question  de  phonétique  et  de 
graphie  à  débrouiller, que  nous  abandonnons  à  M.  Pasquet. 

La  polémique  engagée  parmi  les  étymologistes  sur  Fori- 
gineet  Tàge  du  subst  soif  (y oy.  mon  Âppend.  au  Dict.  de 
Diez,  éd.  de  1887,  ainsi  que  mon  Dict.  d*étym.  franc., 
3*  éd.)  m'oblige  à  remarquer  en  dernier  lieu  que  notre 
texte  donne  h  la  fois  soit  et  soef  Cette  dernière  forme  est 
insolite  et  me  semble  suspecte.  > 


(  858  ) 


c  Je  me  rallie  avec  empressement  aux  conclusions  si 
bien  juslifiées  de  mon  savant  confrère.  Pour  les  biblio- 
philes, j'ajouterai  que  le  manuscrit  de  l'Université  de 
Gand  d'où  M.  Pasquet  a  tiré  ses  sermons  wallons  du 
XIII*  siècle,  &gure  sous  le  n*"  184  dans  le  Catalogue  des 
livres  de  la  bibliothèque  de  la  célèbre  abbaye  de  Sainte 
Jacques,  à  Liège,  dont  la  vente  se  fera  publiquement  au 
plus  offrant  sur  les  cloîtres  de  ladite  ex  ^  abbaye,  le 
3  mars  4788,  catalogue  qui  fut  dressé  par  Paquot.  Nul 
doute  qu'on  en  retrouverait  aussi  la  trace  dans  les  deux 
listes  des  manuscrits  de  Saint-Jacques,  beaucoup  plus 
détaillées  que  le  catalogue  imprimé,  faites  au  XVII''  siècle,- 
et  conservées  aujourd'hui  à  notre  Bibliothèque  royale, 
n*'  13993  et  13994  >. 

La  Classe  vote  Timpression  du  travail  de  M.  Pasquet 
dans  les  Mémoires  in-8*. 


(  856  ) 


CLilSSE  DES  BEA.DSL-i%HTS, 


Séance  du  /*'  décembre  4887. 

M.  Alph.  Balât,  doyen  d'ancienoeté»  occupe  le  fauteuil. 
H.  LuGRB,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  préseots  :  MM.  Éd.Fétis,  le  chevalier  Léon  de  Bar* 
bure,  Ernest  Slingeneyer,  F.-A.  Gevaert,  Ad.  Samuel, 
Ad.  Pauliy  G.  Guffens,  /os.  Schadde,  Th.  Radonx»  Jos. 
Jaqnety  J.Demannez,  P.-J.  Clays,  Ch.  Variât»  G.  De  Groot, 
Gustave  Biot,  H.  Hymans,  le  chevalier  Edm.  Marchai, 
Th.  Yinçotte,  membres;  Max.  Rooses  et  J.  Rousseau,  cor- 
respondants. 

MM.Fraikin  et  Robert,  respectivement  directeur  et  vice- 
directeur  de  la  Classe,  font  savoir  que  leur  état  de  santé 
les  empêche  de  diriger  les  travaux  de  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  secrétaire  perpétuel  donne  lecture  de  la  lettre  sui* 
vante,  qu'il  a  reçue  de  la  famille  Gallait,  sous  la  date  du 
20  novembre  dernier  : 

c  J'ai  la  douloureuse  mission  de  vous  faire  part,  au 


(  887  ) 

Dom  de  la  famille,  de  la  mort  de  mon  beau-père,  M.  Louis 
Gallait,  membre  de  l'Académie. 

»  Celui  que  nous  pleurons  a  manifesté  le  désir  qu'aucun 
discours  ne  soit  prononcé  sur  sa  tombe. 

Agréez,  etc. 

>  (Signé)  Ch.  Faidbr-Gallait.  > 

Une  lettre  de  condoléance  sera  écrite  à  la  famille  du 
défunt. 

M.  Éd.  Fétis  se  charge  d*écrire,  pour  VAnnuaire  de 
l'Académie,  la  notice  biographique  de  Louis  Gallait.  En 
attendant,  la  Classe  décide  de  publier  l'éloge  du  défunt,  que 
M.  Fétis  a  bien  voulu  rédiger  dans  les  termes  suivants  : 

c  L'Académie,  l'art,  le  pays,  viennent  de  faire  une  perte 
immense  :  Louis  Gallait  a  cessé  de  vivre.  L'altération  de 
sa  santé  inspirait,  depuis  longtemps,  des  inquiétudes  à 
ses  amis,  c'est  à-dire  à  tous  ceux  qui  l'approchaient,  car 
de  simples  relations  conduisaient  rapidement,  avec  lui, 
à  des  sentiments  affectueux  ;  mais  on  ne  croyait  pas,  on  ne 
voulait  pas  croire  à  une  6n  aussi  prochaine.  Sa  modestie, 
en  prescrivant  l'absence  de  tout  appareil  officiel  à  ses 
funérailles,  n'a  pas  permis  à  l'Académie  de  faire  exprimer, 
par  Torgane  de  son  président,  la  profonde  douleur  que  lui 
cause  une  perte  qu'on  peut,  cette  fois,  qualifier  d'irrépa- 
rable. Ce  suprême  hommage  n'ayant  pu  être  rendu  au  plus 
illustre  de  ses  membres,  la  Classe  des  beaux-arts  tout 
entière  vient  lui  payer  le  tribut  de  ses  regrets.  Ce  n'est 
pas  ici  le  lieu  de  retracer  la  brillante  carrière  du  maître 
dont  la  renommée  est  européenne.  L'accomplissement 
d'une  pareille  tâche  demande  un  temps  et  un  espace  qui 
nous  manquent  en  ce  moment;  elle  sera  religieusement 
remplie;  mais  l'Académie  ne  peut  pas  attendre  jusque-là 


(  858  ; 

pour  rendre  hommage  à  une  mémoire  qui  lui  est,  qui  lui 
sera  éternellement  chère. 

»  Gailait  est  du  petit  nombre  des  artistes  dont  la  car- 
rière a  été  exempte  de  vicissitudes.  Quelques-uns,  accueillis 
d'abord  par  la  faveur  publique,  sont  tombés  dans  Toubli 
pour  n'avoir  pas  répondu  aux  espérances  que  leurs  débuts 
avaient  fait  naître;  d'autres  ont  eu  des  alternatives  de  bons 
et  de  mauvais  jours,  suivant  que,  bien  ou  mal  inspirés,  ils 
produisaient  des  œuvres  de  plus  ou  de  moins  de  valeur. 
Gailait  n'eut  pas  de  telles  épreuvf  s  à  subir.  Les  premiers 
tableaux  qu'il  exposa  à  Paris,  où  il  s'était  temporairement 
établi,  fixèrent  sur  lui  l'attention  du  monde  artiste,  et  il  eut 
l'honneur  de  voir  Tun  d'eux  acquis  par  le  Gouvernement 
français  pour  le  Musée  du  Luxembourg,  honneur  bientôt 
suivi  de  la  commande  de  plusieurs  toiles  importantes  pour 
les  galeries  de  Versailles. 

>  La  fortune,  qui  avait  souri  à  ses  premières  tentatives, 
lui  resta  tidèle  jusqu'à  la  fin  de  sa  longue  et  laborieuse  vie 
artistique.  La  fortune, comme  nous  l'entendons  ici,  ce  n'est 
pas  un  capricieux  effet  du  hasard,  c'est  la  continuité  de 
cette  force  mystérieuse  qu'on  appelle  le  génie  et  que  les 
artistes  d*une  trempe  vigoureuse  portent  en  eux-mêmes. 
A  l'âge  où  l'heure  du  repos  a  sonné  pour  la  plupart  des 
hommes,  Gailait  eut  le  courage  d'entreprendre  l'exécution 
d'une  œuvre  colossale,  sa  vaste  composition  de  la  Peste  de 
Tournai,  et  il  eut  le  bonheur  de  l'accomplir  magistrale- 
ment. Il  aura  eu  cette  chance  heureuse  de  ne  pas  avoir  à 
traverser  la  période  de  décadence  par  laquelle  se  termine 
communément  la  carrière  des  artistes  auxquels  la  nature 
accorde  de  longs  jours.  Ses  œuvres  sont  partout  en  Europe, 
disons  mieux,  dans  les  deux  mondes,  et  l'on  peut  affirmer 


(859  ) 

qo'iJ  a  plus  fait  pour  la  gloire  de  TÉcole  belge  qu'aocuo 
des  peintres  de  son  temps.  Chez  lui,  la  haute  faculté  de  la 
conception  s'unissait  a  celle  de  l'exécution. Ses  nombreuses 
.et  belles  productions  ont,  à  un  degré  supérieur,  le  mérite 
.de  l'idée  et  celui  de  la  forme,  qu'on  rencontre  rarement 
.chez  le  même  artiste. 

>  Le  nom  de  Gallaita  été,  il  devait  être  le  premier  inscrit 
sur  la  liste  des  membres  de  l'AcadémiCy  quand  fut  créée 
la  Classe  des  beaui-arts.  Ce  n'est  pas  en  ce  lieu,  ce  n'est 
pas  à  ses  collègues,  qu'il  est  nécessaire  de  rappeler  l'élé- 
vation des  vues,  la  justesse  des  appréciations,  la  sûreté  des 
jugements  dont  il  fit  preuve  toutes  les  fois  qu'une  question 
importante  était  soumise,  en  sa  présence,  aux  délibéra- 
tions de  TAcadémie.  Bornons-nous  à  signaler  deux  cir- 
constances où,  par  sa  judicieuse  et  puissante  initiative, 
furent  prises,  tant  au  sein  de  l'Académie  elle-même  que 
par  le  Gouvernement,  des  mesures  qui  ont  fait  contracter 
à  son  égard,  par  les  artistes  de  la  famille  belge,  une  dette 
de  reconnaissance  au  devoir  de  laquelle  ils  ne  sauraient  se 
soustraire  sans  une  profonde  ingratitude.  C'est  sur  sa  pro- 
position que  fut  créée  la  Caisse  centrale  des  artistes,  insti- 
tution de  prévoyance  qui  a  rendu  et  rendra  de  plus  en  plus, 
au  fur  et  à  mesure  que  s'accroîtront  ses  ressources,  d'im- 
portants services  aux  familles  de  ses  membres  éprouvés 
par  le  sort.  En  second  lieu,  ce  fut  à  la  suite  d'un  discours 
prononcé  par  lui,  en  1871,  à  une  séance  publique  de  la 
Classe  des  beaux-arts,  dont  il  était  le  directeur,  discours 
dans  lequel  il  blâma  Fabsence  d'un  édifice  affecté  aux 
expositions  triennales,  que  fut  décidée  l'érection  du  Palais 
des  Beaux-Arts,  un  des  monuments  que  la  capitale  montre 
avec  orgueil  aux  étrangers. 


(  860  ) 

>  La  perte  que  rÂcadémie  a  faite  d'un  membre  aussi 
émineut  nous  a  causé  une  profonde  et  cruelle  émotion* 
Notre  admiration  pour  ses  œuvres,  notre  haute  estime  pour 
son  caractère,  notre  attachement  pour  sa  personne,  redou* 
blent  en  voyant  vide  aujourd'hui  la  place  où  il  venait  s'as- 
seoir parmi  nous  et  qui,  toutes  les  fois  qu'il  Toccupail» 
devenait  un  centre  de  sympathique  et  puissante  attraction. 
L'Académie  perd  en  Louis  Gallait  sa  plus  grande  illustra- 
tion. Payer  à  ce  glorieux  maître  un  tribut  d'amers  regrets 
est  un  devoir  qu'elle  accomplit  pieusement  et  douloureu- 
sement. > 

—  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des 
Travaux  publics  transmet  le  premier  rapport  semestriel  de 
M.  Guillaume  Yander  Veken,  lauréat  du  grand  concours 
de  gravure  de  1886.  —  Renvoi  à  la  section  de  gravure  et 
à  M.  Hymans. 

—  M.  Rousseau,  correspondant  de  la  Classe,  fait  hom- 
mage des  quatre  brochures  Suivantes  : 

1"*  Monuments  et  peintures  de  Pise,  le  Campo  sanlo; 

2*  L'Espagne  monumentale  et  quelques  architectes  fia^ 
mands; 

3°  Le  musée  des  plâtres  au  Palais  des  Académies; 

A^  Les  anciennes  portes  de  Berchem  et  de  Borgerhout, 
à  Anvers.  —  Remerciements. 


(  861  ) 


ÉLECTIONS. 

Par  acclamation,  la  Classe  renouvelle  à  MM.  Demannez» 
Fraikin,  Pauli,  Samuel  et  Slingeneyer,  leur  mandat  de 
membre  de  la  commission  spéciale  des  finances  pour  Tannée 
1888. 


RAPPORTS. 


Il  est  donné  lecture  de  l'appréciation  faite  par  la  section 
de  sculpture  et  M.  Marchai  (rapporteur)  du  troisième  rap- 
port semestriel  de  M.  Jules  Anthone,  lauréat  du  grand 
concours  de  sculpture  de  1885.  —  Ce  document  sera  com* 
muniqué  à  M.  le  Ministre  de  FAgriculture»  de  l'Industrie  et 
des  Travaux  publics. 

—  La  Classe  entend  ensuite  Tappréciation  faite  par  la 
section  de  gravure  de  l'envoi -copie  réglementaire  de 
M.  Lenain,  lauréat  du  grand  concours  de  gravure  de 
1881.  —  Cette  appréciation  sera  communiquée  au  même 
Minisire. 


(  8t)2  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Fra  Bealo  Angelicoy  par  J.  Rousseau,  correspondant  de 

rAcadémie. 

Le  couvent  de  Saint-Marc,  à  Florence,  a  vu  vivre 
ensemble,  côte  à  côte,  deux  célébrités,  deux  génies,  de 
caractères  bien  différents. 

Là  travaillait  le  doux  frère  Giovanni  de  Fiesole,  ce 
peintre  qu'on  disait  inspiré  par  les  anges  et  qu'on  a  béatifié. 
Là  prêchait  Savonarole,  le  grand  apôtre  républicain,  qui 
prétendait  réformer  du  même  coup  l'Église  et  l'État,  et 
qui  tonnait  à  la  fois  contre  les  Médicis  et  contre  les 
Borgia. 

Aujourd'hui  le  couvent  est  changé  en  musée.  Ce  n'est 
plus  le  souvenir  de  Savonarole  qu'on  y  cherche;  il  n'y 
reste  rien  de  lui  que  son  portrait,  peint  à  fresque  par 
son  compagnon.  C'est  celui-ci,  l'Angelico,  le  peintre  séra- 
phique,  qu'on  y  vient  voir  et  admirer,  car  il  a  laissé  ses 
plus  belles  peintures  aux  murs  de  ce  cloître  où  s'est  passée 
sa  vie  paisible. 

Ces  fresques  du  bienheureux  frère  Giovanni  sont  géné<- 
ralement  assez  bien  conservées.  Chose  naturelle,  puisque, 
après  sa  mort,  elles  sont  devenues  des  reliques. 

Dans  le  nombre  sont  quelques-unes  de  ses  œuvres  les 
plus  vantées;  je  cite  : 


(  863  ). 

En  face  de  la  porte  d'entrée  du  premier  clottre,  an 
grand  Christ  crucifié,  abaissant  un  regard  de  bonté  sur  le 
patron  du  couvent.  Saint  Dominique,  qui  embrasse  la  croix 
de  ses  deux  bras  ; 

Au-dessus  de  l'ancienne  entrée  de  la  foresteria  (hospice 
des  étrangers),  le  Christ  encore,  déguisé  en  pèlerin,  et 
reçu  par  deux  bons  dominicains  qui  Tinvitent  à  entrer  au 
couvent; 

Au-dessus  de  la  porte  qui  conduit  à  la  sacristie,  un 
Saint  Pierre  martyr,  sévère,  le  doigt  sur  la  bouche,  invi- 
tant au  silence.  Sur  une  autre  porte,  un  Saint  Dominique^ 
tenant  dans  la  main  droite  la  discipline  et,  dans  la  main 
gauche,  le  livre  de  la  Règle; 

Dans  le  corridor  supérieur,  une  délicieuse  Annonciation^ 
avec  une  de  ces  Vierges  frêles  comme  des  lys  et  divine- 
ment candides,  dont  les  Madones  de  Raphaël  lui-même 
n'égalent  pas  l'idéalité; 

Signalons  encore  une  Nativité^  une  Présentation  au 
Temple,  dont  on  a  eu  la  singulière  fantaisie  de  vouloir 
modifier  le  fond;  une  très  importante  Adoration  des  Mages; 
un  grand  et  admirable  Calvaire,  dans  la  salle  du  chapitre; 
un  Eece  homo  très  original  :  le  Christ  est  assis  sur  un  trône 
avec  une  majesté  toute  royale,  et  Ton  entrevoit,  sous  le 
bandeau  abaissé  sur  ses  yeux,  son  regard  qui  menace  ses 
bourreaux  et  juge  ses  juges;  et,  finalement,  un  charmant 
Couronnement  de  la  Vierge,  car  de  toutes  les  visions  chré- 
tiennes, la  Vierge  est  celle  qui  a  le  mieux  inspiré  le  doux 
peintre-moine.  Je  ne  parle  pas  d'une  foule  de  petites 
fresques  de  moindre  importance  qui  tapissent  beaucoup 
de  cellules,  comme  si  fra  Giovanni  avait  voulu  laisser 
un  souvenir  à  chacun  de  ses  frères. 


(  8«4  ) 

Il  serait  oiseux  de  décrire  toutes  ces  peintures,  si  belles 
qu'elles  soient.  Je  renvoie  aux  pages  enthousiastes  du 
père  Marchese,  qui  a  tout  dit.  Je  ne  demande  qu'à 
n)*arréter  un  moment  à  une  intéressante  question  qu'elles 
soulèvent  :  je  veux  parler  du  rôle  de  l'idée  dans  l'art. 

Les  croyants  sont  absolument  extasiés. 

—  Comme  on  voit,  s*écrient-ils,  Ique  l'artiste  avait  la 
foi  !  Comme  il  a  le  respect  des  lieux  sacrés  qu'il  veut  orner, 
des  scènes  augustes  qu'il  représente!  Tous  ses  person- 
nages, anges,  moines,  prélats,  martyrs,  sont-ils  là  pour 
nous  offrir  seulement,  comme  dans  les  toiles  vulgaires,  un 
assemblage  mondain  de  formes  etdecouleurs,de  silhouettes, 
de  types  et  de  costumes?  Nullement,  ils  ne  sinquiètent 
que  de  célébrer  la  gloire  de  Dieu,  aux  pieds  duquel  l'artiste 
lui-même  s'immole.  Aussi  voyez  I  nulle  recherche  dans  les 
attitudes  des  figures,  ni  dans  la  distribution  des  groupes; 
nul  souci  des  élégances  et  des  pompes  ordinaires  de  la 
peinture  ;  la  simplicité,  la  modestie,  l'absence  de  toute 
prétention,  voilà  le  premier  caractère  de  cet  art  con- 
sacré au  ciel  et  humble  comme  le  servage.  Les  allures  et 
les  gestes  ont  cette  retenue  que  les  fidèles  apportent  dans 
les  lieux  saints.  Les  habits  flottent  sur  les  corps  sans  les 
dessiner,  avec  une  chasteté  monacale.  Le  nu  est  rare;  il 
craint  d'être  indécent.  Les  morceaux  les  pFus  beaux  et 
les  plus  étudiés  sont  les  têtes,  car  tout  le  reste  n*est  que 
l'épanouissement  de  cette  matière  que  le  chrétien  doit 
mépriser.  Que  sont  eux-mêmes  ces  types  où  se  concentrent 
la  vie  et  l'effet?  De  simples  portraits,  faits  aussi  naïvement 
que  possible  et  rayonnant  d'une  beauté  toute  morale  par 
le  caractère  toujours  sincère,  le  sentiment  toujours  tou- 
chant. Beauté  bien  supérieure  à  la  beauté  païenne  des 


(  865  ) 

formes  et  des  proportions,  car  elle  o'éblouit  pas  seulement, 
elle  remue,  attendrit  et  gagnerait  au  bien  les  cœurs  les 
plus  rebelles.  Cette  action  morale,  voilà  le  vrai  rôle  de 
Tart  dans  la  société;  sinon  il  D*est  qu'un  charmeur,  un 
amuseur,  et  l'artiste  n'est  pas  sensiblement  au-dessus  de 
l'histrion. 

Là-dessus,  et  à  bon  droit,  les  artistes  réclament. 

—  Que  de  telles  théories,  objectent-ils,  soient  celles  d'un 
moine,  c'est  logique,  et  sa  robe  ne  lui  laisse  guère  le  droit 
de  parler,  de  penser  autrement.  Mais  qu'elles  deviennent 
celles  des  peintres,  et  demain  l'art  aura  vécu. 

Combien  d'éléments  de  beauté  sacrifiés,  dans  Angelico, 
à  l'idée  que  poursuit  l'artiste,  et  par  cela  seul  qu'ils  sem^ 
blaient  inutiles  à  la  cause  ! 

La  composition  d'abord.  Fra  Angelico,  avec  son  tact 
d'artiste,  eu  comprenait  certainement  les  lois,  et  il  a  trouvé 
plus  d'un  beau  groupe,  plus  d'une  harmonieuse  combi- 
naison de  lignes.  Mais  il  ne  les  cherchait  pas,  sa  sincé- 
rité de  chrétien  dédaignait  cet  art  théâtral  de  la  mise  en 
scène,  cela  se  voit  de  reste.  Combinées  au  hasard,  à  la  grâce 
de  Dieu,  ses  compositions  sont  d'un  arrangement  parfois 
banal,  voire  choquant.  On  trouve  de  lui  à  l'Académie  de 
Florence,  ce  beau  Musée  des  primitifs  italiens,  un  Juge- 
ment dernier  divisé  exactement  en  quatre  compartiments; 
dans  le  haut,  à  droite  et  à  gauche  du  Christ,  les  bienheu- 
reux, tous  assis;  dans  le  bas,  les  âmes  jugées;  à  gauche, 
les  élus,  à  genoux;  à  droite  les  réprouvés  et  les  démons, 
tohu-bohu  de  contorsions  et  de  grimaces.  Les  poses  sont 
aussi  uniformes  que  les  groupes  sont  symétriques. 

Je  ne  dis  rien  des  erreurs  de  la  perspective,  souvent  très 
naïve.  Je  ne  parle  pas  des  inexpériences  de  la  coloration» 
inhabile  à  combiner,  à  échelonner  ses  valeurs. 

3**  SÉRIE,  TOMB  XIV.  58 


(  866  ) 

J'ai  parlé  des  nus.  Ils  ne  sont  pas  rares  seulement  chez 
Fra  ÂDgelico;  ils  sont  pauvres,  maigrement,  gauchement 
exécutés.  Il  n*en  use  qu'avec  répugnance,  et  lorsque  le 
sujet  les  réclame  absolument,  comme  dans  le  Baptême  du 
Christy  la  Flagellation,  etc.,  et  il  les  coule  dans  un  galbe 
ascétique  qui  leur  ôte  tout  attrait  profane.  Son  austérité 
redoute  jusqu'à  la  nudité  des  enfants,  si  innocents  dans 
rindécence  même.  Il  emmaillotte  l'enfant  Jésus.  Il  met 
des  chemises  aux  petits  innocents,  massacrés  par  les  sol- 
dats d'Hérode. 

Quant  aux  costumes,  il  va  de  soi  qu'il  n'y  attache  pas 
d'importance  :  ce  sont  des  voiles  quelconques  jetés  sur  la 
matière,  rien  de  plus.  Il  habillera  ses  personnages  sacrés 
de  draperies  idéales  et  flottantes,  mais  ne  croyez  pas  qu'il 
perde  à  varier,  à  étoffer  ses  plis,  un  temps  dont  il  doit 
compte  à  Dieu.  Il  endossera  à  d'autres  figures  les  modes 
florentines  de  son  temps;  mais  il  s'inquiétera  peu  d'en 
faire  valoir  l'élégance  et  le  pittoresque. 

Par  la  même  raison,  il  négligera  de  même  les  fonds  de 
ses  tableaux,  paysages  ou  architecture;  tout  cela  est 
nul,  mesquin,  sacrifié.  Qu'importe  le  lieu  où  se  passe  le 
miracle?  C'est  le  miracle  qui  doit  appeler  les  yeux. 

Qu'importe,  pour  l'œil  d'un  chrétien,  un  raccourci  bien 
rendu?  Qu'importe  la  grâce  d'un  pied  ou  d'une  main? 
Autant  de  beautés  profanes  qu'il  ne  faut  point  demander  à 
Fra  Angelico,  absorbé  dans  des  rêves  d'un  ordre  supé- 
rieur. Il  y  a  des  lacunes  analogues  jusque  dans  ses  têtes,  si 
adorablement  parlantes.  Il  exprime  à  ravir  la  vertu,  qu'il 
pratique;  en  revanche  le  vice,  qu'il  ne  connaît  pas,  le 
déroute  visiblement;  son  Judas  est  le  plus  bénin  des  traî- 
tres, ses  démons  sont  grotesques  au  point  de  sembler  ino^ 


(867) 

fensifSy  et  jusqu'à  :  je  vou^  hais  !  tout  se  dit  tendrement 
dans  ces  évangéliques  peintures. 

C'est  ainsi  que  l'horizon  de  Fra  Angelico  est  borné, 
rétréci  en  toutes  choses  par  les  murailles  de  son  couvent. 
Un  petit  coin  de  ce  monde  qu'il  peint  lui  est  à  peine 
connu;  du  fond  de  sa  cellule,  il  ne  contemple  avidement, 
il  ne  voit  bien  que  les  profondeurs  étoilées  de  ce  ciel 
auquel  il  aspire.  Humble  et  naïf  religieux!  Pendant  qu'il 
traçait  ces  peintures  timides,  l'art  hardi  et  capricieux  de 
la  Renaissance  ouvrait  ses  ailes  d'aigle;  Donatello  sculptait 
son  fier  S^-Georges,  si  bien  campé  sur  ses  jambes  en 
compas;  Ghiberti  nouait  et  déliait  librement  ses  groupes 
charmants  sur  les  portes  du  Baptistère;  Masaccio  retrou- 
vait les  secrets  du  style;  Tantiquité  sortait  des  entrailles  de 
la  terre  et  rendait  à  l'art  ressuscité  ses  modèles  éternels 
de  la  grâce  sans  effort,  de  la  grandeur  sans  emphase.  Et  Ton 
dirait  que  Fra  Angelico,  qui  a  vécu  à  côté  de  ces  hommes 
et  de  ces  merveilles,  ne  les  a  point  connus.  Ou  plutôt  il  a 
fermé  volontairement  les  yeux  à  ces  progrès,  car  le  moine, 
chez  lui,  commande  au  peintre,  et  avant  de  fiatter  les 
yeux,  il  veut  édifier  les  âmes. 

Et  pourtant,  malgré  tout,  malgré  ses  lacunes,  Fra  Ange- 
lico n'en  reste  pas  moins  un  maître  exquis,  incomparable. 
Cette  idée  à  laquelle  il  sacrifie  tout  et  qui  fait  si  souvent 
sa  faiblesse,  fait  aussi  sa  force.  Ce  peintre*apâtre,  ce 
fervent,  ce  convaincu,  est  un  des  types  de  l'art  sincère  et 
simple,  de  l'émotion  vraie,  profonde  et  pénétrante.  Par 
cela  même  qu'il  cherche  dans  la  peinture  un  moyen  de 
prédication,  et  qu'il  concentre  son  talent  sur  les  tètes, 
sièges  de  la  pensée  et  de  l'expression,  ses  tètes  charment 
presque  toujours  par  l'intimité  du  gentiment  et  du  carac- 


(  868  ; 

(ère.  Toute  son  âme  serait  montée  à  la  face  de  ses  per- 
sonnages, qu'ils  ne  seraient  pas  enQammés  d'une  charité 
plus  vraie,  d'une  piété  plus  vive.  Ces  yeux  levés  semblent 
voir  véritablement  le  paradis,  et  Ton  comprend  que  le 
peintre  qui  sentait  si  bien  ces  naïves  extases,  tombât 
lui-même,  en  travaillant,  dans  les  catalepsies  des  vision- 
naires. Bien  que  Texécution  soit  d'une  rare  minutie,  elle 
semble  réellement  inspirée,  tant  elle  est  sûre  et  nette  : 
aussi  la  tradition  assure-t-elle  que  Fra  Ângelico  peignait 
du  premier  coup  et  ne  retouchait  jamais  ses  tableaux, 
estimant,  dit  Vasari,  que  Dieu  les  voulait  tels  qu'ils  étaient 
venus. 

Telle  est  la  puissance  de  Pidée  sur  l'art.  Elle  porte  en 
quelque  sorte  Partiste  qui  se  voue  à  elle.  Par  reffort  qu'elle 
fait  pour  s'exprimer,  elle  élève  le  style,  elle  accentue  les 
caractères,  les  types,  elle  met  dans  les  gestes,  dans  les  atti- 
tudes, un  maximum  de  signification. 

Ce  n'est  pas  à  dire  assurément  que  l'art  n'existe  pas  par 
lui-même.  Quiconque  est  sensible  à  une  harmonie,  à  un 
effet,  à  la  richesse  d'une  silhouette,  à  l'éclat  d'un  ton,  au 
rhythme  d'un  contour,  quiconque  a  entrevu  seulement 
les  mystères  de  cette  beauté  dont  l'antiquité,  éblouie, 
s'était  fait  une  religion,  quiconque  a  reçu  cette  initiation 
première,  sait  que  le  beau  tout  seul  est  assez  merveilleux 
pour  être  un  but  et  non  un  moyen.  L'art  pur,  avec  ses  lois 
d'équilibre  et  d'harmonie,  constitue  déjà  un  spectacle  fait 
pour  grandir  les  âmes  capables  de  le  comprendre.  Il  reflète 
les  grands  principes  d'ordre,  de  justice,  d'unité,  qui  gou- 
vernent le  monde  créé.  Il  résumée  lui  seul  des  idées  d'un 
ordre  supérieur  et  foncièrement  civilisatrices. 

Quelle  est  l'idée  enfermée  dans  un  de  ces  débris  antiques 


(  869  ) 

qu'on  ne  se  lasse  pas  d'admirer?  Hier»  quand  la  statue 
était  entière  et  debout  sur  son  piédestal,  dans  son  temple^ 
elle  incarnait  peut-être  un  dogme  vénéré,  une  légende 
héroïque,  qui  commandaient  le  respect;  elle  était  Jupiter, 
elle  s'appelait  Thésée  ou  Achille.  Mais  voici  que  les  siècles 
et  toutes  les  dévastations  du  temps  et  des  hommes  ont 
passé  sur  elle;  maintenant,  la  voilà  par  terre,  mutilée, 
sans  bras,  sans  visage,  sans  nom;  ce  n'est  plus  un  héros 
ni  un  dieu,  ce  n'est  qu'un  torse.  Et  ce  torse  qui  ne  repré- 
sente plus  rien,  sinon  le  triomphe  de  la  forme,  ce  torse 
restera  cependant  une  des  idoles  et  des  modèles  éternels 
de  la  statuaire! 

Mais  qui  dira  ce  que  doit  sa  prestigieuse  beauté  à  l'idée 
qu'il  exprimait  d'abord  ?  Qui  dira  ce  qu'il  y  a  gagné  en 
hauteur  de  style,  en  puissance,  en  pureté,  en  affinement 
de  la  forme? 

Oui,  l'art  existe  par  lui-même;  mais  il  n'existe  pas  que 
par  la  forme  extérieure  et  par  l'enveloppe  :  il  lui  faut  uno 
ime.  Il  ne  vaut  même,  disons-le  bien  haut,  que  par  la 
quantité  d'àme  mêlée  à  l'œuvre,  je  veux  dire  par  l'émo- 
tion ressentie  et  communiquée.  L'œuvre  d'où  cette  émotion 
est  absente  aura  beau  réunir  toutes  les  perfections  nialé- 
rielles  :  elle  ne  sera  que  le  dernier  mol  du  métier.  L'art 
la  renie. 

L'idée  élève  Tart  au-dessus  de  la  pure  copie  des  chosos  : 
aussi  est^^e  quand  Part  remplit  une  fonction,  religieuse  on 
sociale,  et  non  quand  il  n'est  plus  qu'un  objet  de  luxe  et  de 
fantaisie  au  service  de  quelques  Mécènes,  qu'il  produit  ses 
plus  purs,  ses  plus  fiers  chefs-d'œuvre.  Phidias,  dans 
son  Parthénon,  Michel-Ange,  du  fond  de  sa  Sixtine,  ne  le 
proclament-ils  pas  assez  haut? 


(  870  ) 

Seulement»  preDons  garde  de  nous  tromper  sur  le  rôle 
de  ridée  et  sur  ses  moyens  d'expression  ! 

Défions -nous  du  tableau  à  thèse  et  de  ses  rébus 
solennels  I  L'artiste  peut  et  doit  émouvoir,  mais  il  n'est  ni 
de  son  ressort,  ni  dans  ses  moyens  de  plaider  et  d*en- 
seigner.  La  ligne  ne  raisonne  pas,  la  couleur  ne  prouve 
pas,  un  aspect  n'est  pas  une  démonstration,  le  pinceau  se 
refusera  toujours  à  ces  besognes,  faites  par  la  plume. 

Défions-nous  aussi  des  idées  qui  changent  les  artistes 
en  hommes  de  parti  I 

Savonarole  aimait  les  arts;  mais,  comme  les  intran- 
sigeants de  nos  jours,  il  les  aimait  à  la  condition  qu'ils 
servissent  une  idée,  la  sienne.  Pour  les  épurer,  il  imagina 
une  procession  solennelle.  Elle  symbolisait  le  triomphe  du 
génie  chrétien  sur  le  paganisme.  Des  enfants  allaient  de 
maison  en  maison, demandant  qu'on  leur  livrât  Vanathème; 
c'était  le  nom  qui  désignait  et  flétrissait  tout  objet  d'art 
profane.  Un  bûcher  était  dressé  sur  la  place  publique;  on 
y  jetait  péle-méle  des  recueils  de  chansons  licencieuses,  des 
monceaux  de  gravures  indécentes,  les  poésies  erotiques 
de  rantiquit«5,  les  peintures  et  les  sculptures  qui  repré- 
sentaient autre  chose  que  des  objets  de  sainteté.  Jamais 
il  ne  se  vit  plus  prodigieux  autodafé.  Ce  bûcher  colossal 
était  fait  d'une  accumulation  de  chefs-d'œuvre.  Des  statues 
antiques  y  brûlaient;  pour  qu'on  les  regrettât  moins,  on 
leur  avait  donné  le  nom  de  quelques  prostituées  du  temps; 
les  Vénus,  les  Minerve,  les  Diane  s'appelaient  la  beUa 
Bina,  la  bella  Bencina^  Lena  Morella.  Les  peintures  pro- 
fanes de  Baccio  délia  Porta  et  de  Lorenzo  di  Credi  brû- 
laient, et  c'était  la  main  repentante  de  leurs  auteurs  qui 
les  livrait  aux  flammes;  la  Morganle  de  Pulci  brûlait. 


(  871  ) 

Pétrarque  brûlait,  Boccace  brûlait  :  de  là  rexlréme  rareté 
de  leurs  premières  éditions.  Pendant  ce  temps,  on  disait 
des  prières,  on  chantait  des  hymnes,  on  sonnait  les 
cloches,  car  l'idée  chrétienne  triomphait  de  ce  grand  holo- 
causte où  périssaient  ensemble  Tart  païen  et  la  littérature 
sceptique  de  la  Renaissance. 

Dieu  nous  garde  de  voir  relever  au  nom  d'une  idée, 
quelle  qu'elle  soit,  le  bûcher  de  Savonarolet 

Dieu  nous  garde  de  l'art  communiste  qui  déboulonne 
les  colonnes  triomphales  et  qui  entreprend  follement  de 
raturer  l'histoire! 

Dieu  nous  garde  de  l'art  orthodoxe  qui  voudrait  expulser 
de  nos  églises,  comme  mondains,  les  chefs-d'œuvre  des 
trois  derniers  siècles,  comme  si  celte  succession  d'époques 
et  de  styles  différents  dans  un  monument  ne  contribuait 
pas  à  sa  grandeur,  en  rappelant  combien  de  générations 
se  sont  relayées  pour  le  construire! 

En  politique  et  en  religion,  Dieu  nous  garde  de  Part 
sectaire! 


—  La  Classe  se  constitue  en  comité  secret  pour  dis- 
cuter les  titres  des  candidats  présentés  pour  les  places 


vacantes. 


(  872  ) 


CLASSE  DES  SCIENCES. 


Séance  du  45  décembre  1881. 

M.  J.  De  Tillt»  directeur,  président  de  rAcadémie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Fr.  Crépin,  vice-directeur;  J.-S. 
Stas,  P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de  Selys  Long- 
champs,  J.  C.  Houzeau,  6.  Dewalque,  H.  Maus,  E.  Candèze, 
F.  Donny,  Ch.  Montigny,  Brialmont,  Éd.  Van  Beneden, 
C.  Malaise,  F.  Folie,  P.  Plateau,  Éd.  Mailly,  Ch.  Van  Bam- 
beke,  Âlf.  Gilkinet,  G.  Van  der  Mensbrugghe,  V^.  Spring, 
Louis  Henry,  M.  Mourlon,  membres;  E.  Catalan,  Ch.  de  la 
Vallée  Poussin,  associés;  A.  Renard,  correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


Par  une  lettre  du  Palais,  Leurs  Majestés  le  Roi  et  la 
Reine  font  exprimer  leurs  regrets  de  ne  pouvoir  assistera 
la  séance  publique. 

Des  regrets  semblables  sont  exprimés  de  la  part  de 
Leurs  Altesses  Royales  le  Comte  et  la  Comtesse  de 
Flandre. 


(  873  ) 

MM.  les  Ministres  de  TAgriculture,  de  Tlndastrie  et  des 
Travaux  publics;  des  Finances;  des  Chemins  de  fer;  et  de 
la  Guerre,  remercient  pour  Tinvitation  qui  leur  a  été  faite. 

—  La  Classe  accepte  le  dépôt,  dans  les  archives  de 
TAcadémie/ d'un  billet  cacheté  de  M.  6.  Van  der  Mens- 
brugghe  :  Sur  la  pression  électrostatique  exercée  par  le 
fluide  électrique  contre  le  milieu  ànMant. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

i  ®  Étude  expérimentale  sur  Cinfluence  du  magnétisme 
et  de  la  température  sur  la  résistance  électrique  du  bismuth 
et  de  ses  alliages  avec  le  plomb  et  Vétain;  par  Edmond  Van 
Aubel.  —  Commissaires  :  MM.  Spring  et  Van  der  Mens- 
brugghe ; 

2^  Sur  la  détermination  de  la  pression  du  vent  en 
grandeur  et  en  direction;  par  A.  Damry.  —  Commissaires  : 
MM.  Houzeau  et  Folie, 

—  M.  Folie,  directeur  de  TObservatoire  royal  de 
Bruxelles,  fait  hommage  du  Tome  VI  de  la  nouvelle  série 
des  Anfiales  astronomiques^  publié  par  cet  établissement. 

Ce  volume  renferme  le  catalogue  de  10,792  étoiles 
observées  à  TObservatoire  royal  de  Bruxelles,  de  1857  à 
4878,  et  réduites  à  Tépoque  4865,00,  entrepris  par  Ernest 
Quetelet,  astronome  à  TObservatoire  royal. 

M.  Hirn,  associé  à  Colmar,  envoie  un  exemplaire  de  sa 
brochure  :  Remarques  sur  un  principe  de  physique  d*ou 
part  M.  Clausius  dans  sa  nouvelle  théorie  des  moteurs  à 
vapeur.  —  Remerciements. 


(  874  ) 


RAPPORTS 


Sur  un  nouveau  glucoside  azote  relire  du  Linum  usita;» 
tissimum;  par  A.  Jorissen  et  Hairs. 


c  Dans  un  travail  précédent,  M.  Jorissen  a  fait  connaître 
le  dégagement  de  Tacide  cyanhydrique  qui  se  produit  lors* 
qu'on  écrase  les  plantules  de  lin.  Ayant  constaté  que  Tacide 
cyanhydrique  ue  préexiste  pas  dans  ces  plantules  ou  dans 
les  plantes  du  Linum  usiiatissimum^  et  s'associant  à 
M.  Hairs»  il  a  recherché  la  substance  qui  donne  naissance 
à  cet  acide.  Après  avoir  reconnu  que  celle-ci  n'est  ni 
Tamygdaline,  ni  la  laurocérasine,  qui»  se  dédoublant»  four* 
nissent,  ainsi  qu'on  le  sait,  de  l'acide  cyanhydrique» 
MM.  Jorissen  et  Hairs  ont  institué  des  recherches  directes 
pour  isoler  la  matière  en  question.  Ils  ont  découvert  ainsi 
un  glucoside  nouveau»  cristallisable»  se  dédoublant  par 
l'acide  sulfurique  dilué  en  acide  cyanhydrique»  en  glucose» 
et  en  un  troisième  produit  que»  jusqu'à  présent,  ils  ne  sont 
pas  parvenus  à  déGnir.  Ils  continuent  leurs  investigations, 
mais,  afin  de  pouvoir  s'assurer  la  priorité  de  leur  décou- 
verte, ils  adressent  une  note  préliminaire  à  l'Académie. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  Classe  de  voter  l'impres- 
sion de  cette  note  dans  le  Bulletin  de  la  séance  et  d'engager 
les  auteurs  à  se  livrer  à  une  étude  complète  du  glucoside 
qu'ils  ont  découvert.  > 

La  Classe  a  adopté  ces  conclusions»  auxquelles  s'est  rallié 
M.  Alf.  Gilkinet,  second  commissaire. 


(878) 


Recherches  sur  les  causes  probables  de  Pexplosion  (Tun 
récipient,  laquelle  a  dû  se  faire  à  lOfiOO  atmosphères, 
quoique  la  pression  interne  ne  dût  pas  théoriquement 
dépasser  60;  suivies  de  nouvelles  tables  des  pressions , 
densités  et  vitesses  de  sortie  de  la  vapeur  d'eau  dans  V at- 
mosphère^ en  raison  de  la  température,  de  ^4  d^atmo-' 
sphère  à  534,000;  par  Delaurier. 

c  M.  Delaarier  a  chauffé  dans  un  récipient  métallique 
composé  de  deux  parties  vissées  Tune  sur  l'autre»  du  sucre 
en  poudre,  en  vue  de  s'assurer  si,  sous  la  double  action  de 
l'élévation  de  la  température  et  de  la  pression  énorme  qui 
devait  en  être  la  conséquence,  il  ne  se  produirait  pas  un 
changement  moléculaire  intéressant,  tel  que  la  séparation 
du  carbone  des  éléments  de  l'eau,  soit  sous  forme  de  gra- 
phite, soit  sous  forme  de  diamant. 

Quand  la  température  eut  atteint  245""  environ,  le  réci- 
pient fit  explosion. 

M.  Delaurier  calcule  que  la  pression  due  à  la  vaporisa- 
tion des  produits  de  décomposition  du  sucre  n'a  pas  pu 
dépasser  60  atmosphères,  tandis  que  le  récipient  avait  été 
construit  pour  résister  à  iO,000  atmosphères. 

M.  Delaurier  admet,  pour  expliquer  cette  explosion,  que 
c  des  corps  volatils,  enfermés  hermétiquement  dans  des 
>  corps  solides,  acquièrent  une  température  bien  supé- 


(  876  ) 

>  rieure  à  celle  des  vases  qui  les  enferment.  >  Ce  serait 
la  pression  développée  par  suite  de  la  dilatation  qui  serait 
la  cause  de  l'excès  de  température. 

Cette  explication  est  inadmissible»  car  elle  est  contraire 
au  principe  de  physique  en  vertu  duquel  la  chaleur  ne 
peut  passer  d'un  corps  froid  à  un  autre  plus  chaud  sans 
dépense  de  travail. 

En  conséquence  j'estime  que  la  note  de  M.  Delaurier  ne 
présente  pas  un  intérêt  scientiâque  suffisant  pour  être 
insérée  dans  le  Bulletin  de  la  séance. 

Je  dirai  la  même  chose  des  tables  de  pressions^  etc., 
calculées  par  M.  Delaurier. 

Ces  tables,  qui  s'étendent  jusqu'à  524,000  atmosphères 
de  pression  et  12,618i^  de  température,  ont  été  dressée» 
dans  l'hypothèse  où  la  loi  bien  connue  de  Regnault  sur  les 
tensions  de  la  vapeur  d'eau  serait  encore  applicable  à  ces 
températures  excessives,  et  aussi  dans  l'hypothèse  où  l'eau 
ne  subirait  aucun  phénomène  de  dissociation;  ceci  est 
contraire  au  fait. 

Le  long  travail  auquel  M.  Delaurier  s'est  livré  est  donc 
destiné  à  rester  sans  emploi,  aussi  longtemps  qu'on  ne  pos- 
sédera pas  le  moyen  d'empêcher  l'eau  de  se  dissocier  par 
l'action  de  la  chaleur.  Dès  lors,  il  est  inutile  de  publier 
aujourd'hui  les  tableaux  de  l'auteur.  » 

Ces  conclusions  ont  été  adoptées  par  la  Classe. 


(  877  ) 


A  new  philoèophy;  by  Jobo  Barker  Smitb. 


c  La  Classe  a  renvoyé  à  mon  exameo  une  note  en  anglais 
de  M.  J.  B.  Smith,  intitulée  <  Une  pbilosopbie  nouvelle  > 
(A  new  philosophy).  Cette  note,  qui  se  réduit  à  5  pages, 
est  d'une  telle  concision  qu'il  n'est  pas  facile  de  saisir  le 
but  de  l'auteur.  Le  principe  sur  lequel  il  se  fonde  me 
parait  celui-ci  :  les  sensations  ne  sont  pas  uniquement 
personnelles  au  sujet  qui  les  éprouve  directement;  elles 
sont  susceptibles  de  se  communiquer,  bien  que  d'une 
manière  moins  vive,  aux  voisins  de  ce  sujet.  Elles  pas- 
sent, dit  l'auteur,  à  travers  les  corps  opaques  (opaque 
média). 

J'ai  cru  devoir  essayer  l'expérience  principale  indiquée 
par  M.  Smitb.  J'ai  prié  M.  A.  Lemonnier,  ingénieur,  de  la 
répéter  avec  moi.  Sans  le  mettre  au  courant  de  ce  qu'on 
attendait,  je  lui  ai  bandé  les  yeux  et  je  Pai  fait  entrer  dans 
une  chambre  obscure.  Après  avoir  attendu  le  temps  néces- 
saire pour  dissiper  les  images  accidentelles  qui  pouvaient 
subsister  dans  l'organe,  j'ai  enlevé  le  bandeau,  en  recom- 
mandant à  mon  compagnon  de  conserver  les  paupières 
constamment  fermées.  J'ai  alors,  étant  près  de  lui,  fixé 
très  attentivement  les  regards  sur  deux  petites  ouvertures 
brillantes  de  la  chambre  obscure.  Mon  compagnon,  qui 
tenait  toujours  les  yeux  fermés,  n'a  rien  vu.  L'expérience, 
renouvelée  avec  l'assistance  d'un  tout  jeune  homme  (ainsi 


(  878  ) 

que  Tautear  le  conseille),  n'a  pas  donné  de  meillear 
résultat. 

Mais  si  le  sujet  était  introduit  dans  la  chambre  obscure 
les  yeux  ouverts,  si,  avant  de  commencer  Texpérience,  il 
voyait  les  points  brillants  qui  vonc  en  faire  l'objet,  il  est 
manifeste  qu'après  avoir  fermé  les  yeux  et  perdu  Pimage 
accidentelle,  le  souvenir  lui  représenterait  encore,  dans 
bien  des  cas,  la  mire  brillante.  Il  pourrait  prendre  ce  sou- 
venir pour  une  sensation  actuelle;  mais  ce  serait  une 
erreur. 

Dans  les  conditions  où  j*ai  essayé  l'expérience,  je  me 
gardais  contre  une  pareille  confusion,  et  le  résultat  a  été 
négatif.  Je  ne  prétends  pas  en  conclure  sans  réplique  que 
l'auteur  a  été  victime  d'une  illusion  ou  d'un  entraînement, 
mais  seulement  qu'il  y  a  lieu  d'attendre  avant  d'accepter 
sa  philosophie  nouvelle. 

J'ai  donc  l'honneur  de  proposer  à  la  Classe  de  déposer 
aux  archives  la  note  de  M.  J.  B.  Smith,  et  d'en  donner 
avis  à  Pauteur.  >  —  Adopté. 


Sur  le  rapport  de  M.  F.  Crépin,  la  notice  de  M.  A. 
Cogniaux,  Sur  les  Mélastomacées  austro- américaines  de 
M.  Ed.  Andréa  paraîtra  dans  le  Bulletin  de  la  séance. 


(  879  ) 


JUGEMENT  DU  CONCOURS  ANNUEL  (1887). 


Aft^BAAAA^kAAitf      ^A^B        9Êt  ^B^AiAtt^^^^ia  Aft^hB^B^AA^^^AS      .^AtJb^^A^MA^^  A^M^^^k^A 


c 


La  première  question  du  programme  de  concours 
pour  i887  (section  des  sciences  mathématiques  et  phy- 
siques), était  formulée  comme  il  suit  : 

On  demande  des  recherches  nouvelles  sur  Vécoulement 
linéaire  des  liquides  chimiquement  définis,  par  des  tubes 
capillaires^  en  vue  de  déterminer  si  l'on  peut  appliquer 
aux  liquides  thypothèse  des  molécules^  telle  que  l'étude  des 
gaz  notis  Va  fait  connaître. 

Un  mémoire  a  été  envoyé  en  réponse  à  cette  question  ;  il 
porte  pour  devise  :  Numeri  regunt  mundum. 

Avant  de  passer  à  l'examen  de  ce  travail,  je  crois  néces- 
saire de  rappeler,  en  quelques  mots,  le  but  que  l'Académie 
a  eu  en  vue  en  provoquant  des  recherches  nouvelles  sur 
l'écoulement  linéaire  des  liquides.  J'aurai,  en  eflét, 
quelques  observations  critiques  à  présenter  sur  la  forme  du 
mémoire  soumis  au  jugement  de  l'Académie  ;  il  me  sera 
plus  facile,  alors,  de  les  justifier. 


(  880  ) 


* 


L'ensemble  des  propriétés  des  gaz,  simples  ou  composés, 
a  conduit  à  admettre  que  leurs  atomes  ne  sont  pas  répartis 
uniformément  dans  Tespace,  mais  qu'ils  sont  groupés  et 
serrés,  plus  ou  moins  nombreux,  en  masses  (molécules)  qui, 
elles,  sont  partagées  de  manière  à  réaliser  l'homogénéité 
de  la  matière  gazeuse. 

La  raison  des  groupements  se  trouve  dans  les  forces 
chimiques  dont  les  atomes  sont  le  siège,  de  sorte  que  les 
groupes  eux-mêmes,  ou  molécules,  sont,  pour  ainsi  dire, 
indépendants  les  uns  des  autres.  De  cette  façon,  l'idée  de 
la  discontinuité  de  la  matière,  nécessaire  pour  l'explication 
des  phénomènes  physiques  les  plus  constants,  est  la  con- 
séquence, non  seulement  de  la  conception  des  atomes, 
mais  encore  de  celle  des  molécules. 

La  grandeur  de  ces  groupements  est  aujourd'hui  connue 
pour  tous  les  corps  gazeux  ou  gazéiâables.  Sa  détermina- 
tion a  d'ailleurs  une  importance  capitale  pour  l'étude 
chimique  des  corps. 

Mais  pour  les  corps  liquides  ou  solides,  il  n'en  est  pas 
ainsi,  et  bien  que  la  connaissance  des  grandeurs  molécu- 
laires pour  les  corps  solides  ou  liquides  ne  paraisse  pas 
impossible  a  priori,  aucune  tentative  réelle  de  mesure  n'a 
encore  été  faite.  L'analyse  chimique  a  permis  seulement  de 
nous  renseigner  sur  le  poids  relatif  de  matière,  exprimé 
atomiquement,  qui  doit  avoir  la  même  composition  que  le 
tout  ;  mais  elle  n'a  pu  nous  dire  si  cette  grandeur  exprime 
véritablement  le  groupement  atomique  dû  aux  forces 
moléculaires.  Ainsi,  par  exemple,  l'analyse  démontre  seu- 


(881) 

lement  pour  la  cellulose  la  formule  brute  C^H'^O^,  tandis 
que  les  propriétés  de  cette  substance  font  conclure  à  un 
polymère  (C^H*W)*;  mais  le  coefficient  n  est  encore 
inconnu. 

Cependant,  avant  de  faire  un  essai  de  détermination  des 
grandeurs  moléculaires  pour  les  corps  solides  ou  liquides, 
il  ('St  logique  de  s'assurer  d'abord  si  la  matière  admet, 
dans  ces  états  d'agrégation,  une  répartition  des  atomes  en 
molécules  telles  que  l'élude  des  gaz  nous  les  a  fait  connaitre. 
Cette  question  mérite  d'autant  plus  un  examen  sérieux, 
qu'il  s'agit  précisément  de  savoir  si  la  cohésion,  caractéris- 
tique des  liquides  et  des  solides,  ne  pourrait  être,  jusqu'à 
un  certain  point,  la  négation  d'un  arrangement  d'atomes 
par  groupes  déterminés. 

Dans  le  cas  où  ces  groupes  ne  seraient  pas  fictifs^  on 
doit  s'attendre  à  trouver,  dans  l'étude  du  frottement  inté- 
rieur des  liquides,  une  manifestation  de  leur  réalité.  On 
conçoit  sans  peine,  en  effet,  qu'un  groupe  d'atomes  pourra 
se  déplacer  d'autant  plus  facilement,  toutes  autres  condi- 
tions restant  égales  d'ailleurs,  que  sa  complication  ato- 
mique sera  moins  grande  et,  s'il  est  possible  de  tenir 
compte  de  l'influence  de  la  température  seule  sur  les 
mouvements  moléculaires  d'un  même  liquide,  la  part  du 
frottement  intérieur  qui  reviendra  à  la  grandeur  molécu- 
laire devra  varier  seulement  avec  la  dilatation  du  groupe 
atomique. 

Ainsi,  en  résumé,  le  problème  posé  par  l'Académie  con- 
siste à  résoudre  la  question  de  savoir  si,  dans  les  liquides, 
les  atomes  forment  des  groupements  déterminés,  caracté- 
ristiques de  chafjue  corps  composé,  et,  comme  moyen  de 
résoudre  ce  pioblème,  l'Académie  indique  l'étude  du  frot- 
tement intérieur. 

3"'   SÉHIE,   TOME   XIV.  59 


(  882  ) 

Voyons  maintenant  comment   l'auteur    du    mémoire 
envoyé  en  réponse  à  cette  question  a  traité  la  matière. 

Abstraction  faite  d*un  premier  chapitre  intitulé  :  Intro- 
duction, le  mémoire  comprend  trois  parties  principales  : 

!•  Une  étude  sur  le  frottement  intérieur  des  liquides; 

^  Une  étude  sur  le  coefficient  de  diffusion  ; 

3®  Un  examen  des  tensions  des  vapeurs. 

On  le  voit  déjà,  l'auteur  ne  s'est  pas  borné  aux  limites 
dans  lesquelles  l'Académie  a  cru  devoir  renfermer  la  ques- 
tion, car  l'étude  de  la  diffusion  et  de  la  tension  des 
vapeurs  ne  figurait  pas  dans  son  programme.  A  mon  avis, 
cette  extension  n'est  pas  un  mal,  au  contraire;  en  poursui- 
vant dans  d'autres  directions  la  solution  du  problème 
proposé,  l'auteur  a  fourni  un  complément  utile  à  son 
travail.  Peut-être  bien  a-t-il  été  amené  à  agir  de  la  sorte 
parce  qu'il  s'est  assuré,  au  cours  de  ses  recherches,  que, 
dans  l'état  actuel  de  la  science,  l'étude  de  récoulement 
linéaire  des  liquides  n'était  pas  susceptible  d*un  dévelop- 
pement suffisant. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  pense  qu'en  ma  qualité  de  rappor- 
teur, je  dois  rendre  compte  surtout  du  chapitre  qui  rentre 
le  plus  dans  la  voie  indiquée  par  l'Académie., 

La  pensée  qui  parait  avoir  guidé  l'auteur  dans  ses 
recherches  a  été  de  vérifier  si,  pour  les  liquides,  le  frot- 
tement intérieur  varie  avec  la  température  et  avec  la  pres- 
sion, dans  le  même  sens  que  pour  les  gaz.  Selon  le  résultat 
obtenu,  il  pouvait  conclure  à  une  similitude  ou  à  une  dif- 
férence dans  la  constitution  de  la  matière  dans  ces  deux 
états  d^agrégation. 

L'examen  de  Tinfluence  de  la  température  sur  le  frotte- 
ment intérieur  des  liquides  ne  comprend  pas  de  recherches 
expérimentales  nouvelles.  L'auteur  a  été  devancé,  depuis 


(  885  ) 

le  jour  où  TAcadémie  a  fail  connaître  le  programme  du 
concours,  par  un  travail  de  M.  De  Heen  (i)  qui  complète 
des  observations  dues  à  MM.  Pribram  et  Handl.  Force  lui 
a  été  de  résumer  les  travaux  de  ces  physiciens.  II  les  a 
soumis  au  calcul  et  il  montre,  par  une  formule  simple, 
dont  il  est  superflu  de  donner  ici  le  développement,  com- 
ment l'expérience  et  la  ihéorie  sont  d'accord  pour  recon- 
naître que,  dans  les  liquides,  le  coefficient  de  frottemeni 
intérieur  diminue  quand  la  température  augmente. 

Ce  résultat  montre  déjà  Pi  m  possibilité  de  reporter  sur 
rétat  liquide,  sans  les  modifier  profondément,  les  idées 
généralement  reçues  sur  la  constitution  des  gaz.  En  effet, 
pour  ceux-ci,  le  frottement  intérieur  augmente  avec  l'élé- 
vation de  la  température.  Le  passage  de  l'état  liquide  de 
la  matière  à  l'état  gazeux  semble  ainsi  accompagné  d'un 
changement  de  direction  complet  dans  l'une  des  propriétés 
fondamentales  de  la  matière. 

Cependant,  il  ne  parait  pas  encore  établi  à  suffisance 
de  preuves  que,  dans  les  liquides,  la  diminution  de  la 
cohésion  provoquée  par  l'élévation  de  la  température 
n'absorbe  pas  l'action  exercée  par  l'augmentation  du  mou- 
vement que  l'on  nomme  chaleur,  de  sorte  que  Ton  ne  peut 
pas  conclure  nécessairement  à  une  différence  de  constitu- 
tion de  la  matière. 

C'est  pour  répondre  à  cette  objection  que  l'auteur  a 
entrepris  de  mesurer,  celte  fois,  la  vitesse  d'écoulement 
des  liquides  en  faisant  varier  la  pression  de  manière  que, 
malgré  une  élévation  de  la  température,  les  liquides  occu- 
passent cependant  le  même  volume.  Ceci  présuppose,  bien 


(i)  Bulletins  de  l'Acad.  roy,  de  Belgique,  3«  sér.,  t.  VIII,  n«  8. 


(884, 

entendu,  qu'à  égalité  Je  volume  la  cohésion  demeure  la 
même,  dans  un  même  liquide,  malgré  les  changements  de 
la  température.  Soit  dit  en  passant,  ce  postulat  est  lom 
d*étre  évident. 

La  méthode  suivie  est  ingénieuse.  Elle  consiste  à  enfer* 
mer  dans  un  tube  capillaire,  en  verre,  le  liquide  à  étudier, 
el  à  mesurer  le  temps  mis  par  un  petit  cylindre  de  fer 
pour  parcourir  le  tube  placé  verticalement  à  la  tempéra- 
ture voulue.  Il  est  évident  que  si  le  liquide  a  été  empri- 
sonné à  basse  température,  il  se  trouvera  fortement  com- 
primé à  toute  température  plus  élevée;  mais,  à  la  vérité, 
son  volume  ne  sera  pas  maintenu  complètement  constant, 
puisqu'on  ne  peut  empêcher  le  tube  fermé  qui  le  contient 
de  se  dilater.  On  opérait  d'ailleurs  toujours  par  compa- 
raison avec  un  tube  identique  mais  laissé  ouvert  à  son 
extrémité  supérieure.  Le  coefficient  de  frottement  inté- 
rieur du  liquide  est  proportionnel  au  temps  employé  par 
le  curseur  pour  parcourir  le  tube. 

L*auleur  a  observé  que,  pour  tous  les  liquides  employés, 
<  le  coellicient  de  frottement  intérieur  croissait  avec  la 
pression  >,  mais  moins  vite  qu^il  ne  diminue  par  suite  de 
l'élévation  de  la  température.  Par  conséquent,  même  si 
Ton  tient  compte  de  l'impossibilité  de  maintenir  absolu- 
ment constant  le  volume  du  liquide,  il  demeure  établi  que 
l€s  lois  qui  régissent  le  frottement  des  gaz  ne  peuvent 
s'appliquer  en  aucune  façon  aux  liquides. 

Dans  la  discussion  de  ces  résultats,  fauteur  émet  Topi- 
nion  qu'il  n'y  a  aucune  continuité  de  constitution  entre 
les  gaz  et  les  liquides.  Bien  plus,  chaque  pression,  ou 
chaque  température,  engendrerait,  pour  ainsi  dire,  un 
liiiuide  répondant  à  une  autre  définition  physique. 

Pour  rendre  sa  pensée  plus  tangible,  l'auteur  s'exprime 


(  885  ) 

en  disant  que  les  molécules  telles  qu*on  les  admet  dans 
les  gaz  (<  les  molécules  gazogènes  >)  se  groupent  en 
nombre  plus  ou  moins  grand  lors  du  passage  de  Tétat 
gazeux  à  Tétat  liquide;  mai^  le  coefficient  de  ce  groupe- 
ment n*est  pas  constant  pour  chaque  liquide,  il  varie  avec 
la  pression  et  avec  la  température,  de  manière  même  que, 
dans  les  régions  voisines  de  la  surface,  il  se  ferait  déjà  un 
travail  de  simplification  préparatoire  à  la  vaporisation. 

Suivre  Tauteur  dans  les  développements  de  sa  pensée 
serait  dépasser  les  bornes  d'un  rapport;  mais  je  ferai 
remarquer  qu'elle  revient,  en  résumé,  à  la  négation  de 
ridée  de  molécule  telle  que  Tétude  des  gaz  nous  Ta  don- 
née. Bien  plus,  si  des  groupes  grossissent  tandis  que 
d'autres  diminuent,  on  doit  admettre  un  échange  perpé- 
tuel d'atomes  entre  les  groupements  et,  de  cette  façon, 
on  revient  à  une  conception  que  j'ai  exposée,  il  n'y  a  pas 
longtemps,  à  l'occasion  d'un  travail  sur  la  chaleur  des 
alliages  fusibles  (1).  Il  me  sera  permis  de  rappeler  le  pas- 
sage suivant  : 

c  Les  échanges  d'atomes  ne  se  produisent  pas  seule- 

>  ment  à  l'état  liquide  entre  des  corps  différents,  mais  il 

>  se  fait  un  transport  de  matière,  de  molécule  à  molécule 
»  même  à  l'état  solide.  On  serait  porté  à  penser  qu'entre 

>  deux  molécules  il  y  a  un  va-et-vient  perpétuel  d'atomes. 
> 

»  Il  me  paraît  même  que  la  raison  de  la  cohésion,  dans 

les  corps  solides,  doit  être  cherchée  dans  ce  mouvement. 


» 


»  La  cohésion  ne  serait  qu'un  cas  particulier  de  la  force 
»  qui  unit  les  atomes  :  de  Vaffinité  chimique  en  un  mot.  » 

(i)  Bulletins  de  VAcad,  roy.  de  Belgique,  3*  sér,  t.  XI,  n«  5,  4886. 


:(  886  ) 

Je  passe  maintenant  à  Texamen  sommaire  des  deux  der- 
nières parties  du  mémoire. 

Je  Tai  dit  plus  haut,  Tauteur  a  tenu  à  vérifier  si  la  dif- 
férence observée  dans  la  constitution  des  gaz  et  des  liquides 
se  manifestait  aussi  dans  le  phénomène  de  la  diffusion. 

  cet  effet,  il  a  placé,  dans  un  liquide  donné,  grâce  à 
un  arrangement  spécial,  dans  le  détail  duquel  il  est  inutile 
d'entrer,  une  certaine  quantité  du  même  liquide,  teint  par 
addition  d'une  très  faible  partie  de  matière  colorante.  Le 
tout  pouvait  être  maintenu  à  une  température  constante, 
plus  ou  moins  élevée.  La  vitesse  de  diffusion  était  déter- 
minée en  mesurant,  par  la  méthode  colorimétrique,  la 
quantité  de  matière  colorante  transportée  dans  la  partie 
non  teinte,  après  un  temps  déterminé. 

Soit  dit  en  passant,  Texactitude  de  cette  méthode  n*rst 
pas  tout  à  fait  hors  de  question.  On  doit  se  demander  si 
la  matière  colorante,  qui  diffère  chimiquement  du  liquide 
qu'elle  teint,  n*a  pas  une  diffusion  propre  en  état  de  faus- 
ser le  résultat  final? 

Qnoi  qu'il  en  soit,  Tauteur  a  constaté  que,  pour  un  même 
liquide,  pris  à  des  températures  différentes,  la  valeur  du 
coefficient  de  diffusion  est,  à  peu  près,  inversement  pro- 
portionnelle au  coefficient  de  frottement  intérieur. 

Ce  résultat,  établi  d'ailleurs  aussi  par  le  calcul,  montre, 
à  son  tour,  la  différence  que  présentent  le  gaz  et  les 
liquides. 

Enfin,  dans  la  dernière  partie  de  son  mémoire,  Tauteur 
montre  que  la  volatilité  d'un  liquide  est  en  relation  sim|)le 
avec  le  coefficient  de  frottement  intérieur. 

Pour  cela,  il  se  sert  d'une  formule  démontrée  par 
M.  Stefan,  formule  reliant  la  quantité  de  liquide  volati- 
lisée o,  dans  Tunité  de  temps,  à  la  tension  de  vapeur  p  et 


(  887  ) 

à  la  pression  pi  de  la  vapeur;  il  introduil  le  rrottement 
iolérieur  y  et  arrive  à  la  relation  simple  : 

II 
log.  p  s=  ~  X  const.  : 

Faisant  usage,  ensuite,  des  mesures  de  volatililé  exécu- 
tées par  M.  De  Heen  pour  divers  liquides,  il  calcule,  pour 
chacun  d*eux,  la  valeur  de  log.  p  et  de  -  ;  il  montre  rac- 
cord de  ces  grandeurs.  Il  conclut  ensuite  à  l'inadmissibi- 
lité de  l'hypothèse  classique  qui  consiste  à  attribuer  la 
vaporisation  des  liquides  à  la  force  vive  de  translation  des 
molécules  et  à  la  nécessité  d'admettre  un  travail  préalable 
de  division,  de  la  matière  :  en  un  mot,  d'admettre  qu'il  n'y 
a  pas  continuité  simple  enlre  l'état  gazeux  et  Tétat  liquide 
de  la  matière. 


* 


Cette  courte  analyse  montre  que  l'auteur  du  mémoire  a 
répondu,  dans  une  certaine  mesure,  à  la  question  posée 
par  TÂcadémie.  Cependant,  il  ne  m'est  pas  possible  de 
proposer  à  la  Qasse  de  lui  décerner  le  prix. 

Si,  à  la  vérité,  dans  un  concours  académique,  un  auteur 
doit  traiter  son  sujet  avec  une  certaine  latitude  et  dépasser 
les  limites  de  la  question  posée  quand  les  recherches  l'exi- 
gent, il  est  néanmoins  entendu  que  cette  liberté  ne  peut 
pas  aller  jusqu'à  s'écarter,  en  quelque  sorte,  de  l'objet  lui- 
même  du  concours.  L'auteur  ne  parait  avoir  porté  que  par 
occasion  ses  efTorts  sur  la  question  posée,  car  j'ai  tenu  à 
le  dire  dès  le  début  de  ce  rapport,  l'étude  de  l'écoulement 
linéaire  des  liquides  était  moins  but  que  moyen  dans  le 


(  888  ) 

problème  proposé.  En  outre,  Texposé  des  recherches  laisse 
beaucoup  à  dosircr. 

Dès  les  premières  lignes  Tauleur  développe  ses  vues 
théoriques  sur  la  constitution  des  liquides  sans  que  les 
bases  sur  lesquelles  il  s'appuie  soient  suffisamment  éta- 
blies. Ensuite,  dans  chaque  chapitre,  les  recherches  expé- 
rimentales sont  présentées  comme  étant  la  conséquence 
de  ces  vues,  tandis  que,  en  réalité,  cellesd  viennent  de 
celles-là.  Enfin,  Tobjet  de  la  question  posée  par  l'Académie 
n*est  pas  tenu  assez  en  évidence.  Il  résulte  de  là  que  le 
lecteur  éprouve  une  certaine  difficulté  à  suivre  Tauteur; 
il  ne  saisit  pas  sans  effort  Tordre  logique  des  diverses  par- 
ties du  travail  et  il  peut  se  demander  (cela  a  été  le  cas 
pour  moi,  je  dois  le  reconnaître)  s'il  a  bien  affaire  à  une 
réponse  à  la  question  posée  par  TAcadémie. 

SU  m'est  permis  d'exprimer  mon  avis,  je  dirai  que  la 
lecture  du  travail  eût  été  beaucoup  plus  aisée  si  l'auteur, 
après  avoir  montré  l'état  de  la  question  et  exposé  les 
moyens  pratiques  d'arriver  à  une  solution,  avait  réuni, 
sous  forme  de  conclusions,  les  vues  théoriques  que  son 
travail  lui  a  inspirées. 

En  résumé,  malgré  des  mérites  incontestables,  ce  travail 
ne  réunit  pas  les  qualités  nécessaires  pour  être  couronné.» 


JUmppoê^i  «fe  M,   FdiM  «f«t*  M0n9b9*uggh9,  deuaeié§H0 


<  Le  rapport  du  premier  commissaire  fait  connaître 
d'une  manière  précise  le  but  que  l'Académie  a  eu  en  vue 
en  provoquant  de  nouvelles  recherches  sur  Técoulement 
linéaire  des  liquides;  mon  savant  confrère,  M.  Spring, 
donne  ensuite  une  analyse  complète  du  mémoire  soumis 


(  889  ) 

nu  jugement  de  In  Classa';  je  pourrai  donc  noe  borner  k 
IVxamen  de  quelques  points  spéciaux  qui  ont  particu- 
lièrement appelé  mon  attention. 

L*auteur  débute  par  quelques  réflexions  générales  sur 
la  théorie  cinétique  des  liquides,  sans  insister  suffisamment 
sur  la  relation  qui  existe  entre  cette  théorie  et  la  question 
pro|}Osée  par  TAcadémie  :  il  rappelle  l'hypothèse  de  notre 
honorable  confrère,  M.  De  Heen/  consistant  à  appeler 
molécules  gazogéniques,  les  molécules  isolées,  douées  de 
mouvements  rectilignes,  et  molécules  liquidogéniques  les 
systèmes  moléculaires  produits  par  la  réunion  de  plusieurs 
molécules  gazogéniques;  il  admet,  entre  les  molécules  des 
deux  espèces,  une  attraction  sensible  et  s'exerçant  en  raison 
inverse  d'une  puissance  déterminée  de  la  distance;  seub*- 
ment  il  ne  mentionne  pas  que  les  choses  se  passent  comme 
s'il  existait  aussi  entr^  ces  molécules  une  force  répulsive; 
est-ce  une  lacune,  ou  bien  veut-il  exclure  la  force  répul- 
sive ? 

S'appuyant  toujours  sur  les  recherches  de  M.  De  Heen, 
Fauteur  regarde  comme  démontrée  la  proposition  que  les 
molécules  liquidogéniques  doivent  être  considérées  comme 
se  touchant  entre  elles;  mais  si  elles  exercent  une  attrac- 
tion sur  les  molécules  gazogéniques,  le  contact  supposé 
ne  pourra  se  faire,  semble-l-il,  que  par  Tintermédiaire  des 
différentes  couches  de  molécules  gazogéniques. 

Enfm,  l'auteur  déclare  que  Tétude  de  la  compressibilité 
permet  d'établir  ce  fait  naturel  que  la  densité  des  molé- 
cules liquidogéniques  est  plus  considérable  au  centre  qu'à 
la  périphérie;  c*est  là  un  point  capital  qui  n'est  pas  mis  en 
lumière;  le  lecteur  ne  voit  pas  où  finissent  les  molécules 
liquidogéniques  et  où  commencent  à  paraître  les  molécules 
se  comportant  comme  gnzogéniqu(>s. 


(  890  ) 

Il  y  a  lieu  de  demander  aussi  à  Tauteur  du  Mémoire  : 
1*"  pourquoi  la  quanlité  de  mouvement  déduite  dans 
rbypollièso  de  mo'éculesgazogéniques  indépendantes,  doit 
étrerem|dacée  par  une  autre  plus  grande,  dès  que  Ton  con- 
sidère des  molécules  comme  taisant  partie  d'une  molécule 
liquidogénique;  ^  pourquoi  la  grandeur  ^i  diminue  len- 
tement quand  la  température  augmente  pour  se  confondre 
avec  la  masse  m  d*une  molécule  gazogénique  à  la  tempéra- 
ture critique;  3°  quel  est  le  sens  de  la  variable  x  dans  la 
dérivée  ^  ;  4"  pounjuoi  le  frottement  intérieur  est  inver- 
sement proportionnel  au  diamètre  D  des  molécules  liqui- 
dogéniques;  5®  comment,  si  fx  et  n  diminuent,  tandis  que 
D  et  T  augmentent,  on  est  autorisé  à  conclure  que  le 
frottement  intérieur  r\  =  C  X  pnDT  diminue  quand  la 
température  augmente. 

Je  suis  porté  à  croire  que  l'auteur  trouverait  sans  doute 
aisément  la  solution  de  ces  diverses  questions;  mais 
j'estime  que  cette  solution  devrait  être  indiquée  dans  le 
Mémoire,  au  lieu  d'être  abandonnée  à  Unitiative  du 
lecteur. 

Je  regrette  aussi  de  ne  pouvoir  approuver  sans  réserves 
le§5du  Mémoire,  où  l'auteur  cherche  à  établir  une  relation 
entre  la  volatilité  et  le  coefficient  du  frottement  intérieur 
des  liquides. 

Et  tout  d'abord,  l'auteur  ne  justifie  par  la  relation 
v=—x   constante,  entre  le  poids  de  la  substance  qui 

s'échappe  pendant  l'unité  de  temps  de  l'unité  de  surface 
liquide,  la  vitesse  moyenne  U  des  molécules  liquidogé- 
niques  et  le  volume  V  du  liquide;  comment  v  change-t-il 
nécessairement  avec  Y?  pourquoi  la  volatilité  varie-t-elle 
avec  le  volume  total  du  liquide,  la  surface  libre  testant  la 


(891  ) 

même?  Le  doute  qui  règne  dans  Tespiil  du  lecteur  au 
snjel  de  la  formule  précédente  augmente  encore  à  propos 
d*une  autre  qui  est  déduite  de  la  première,  savoir 
t?  =  i  X  constante,  d'après  laquelle  le  poids  de  la  sub- 
stance volatilisée  serait  en  raison  inverse  du  frottement 
intérieur  du  liquide.  Quelques  mots  d'explication  suffiraient 
peut-être  pour  dissiper  ce  doute. 

Pour  obtenir  une  expression  de  v  en  fonction  de  la  ten- 
sion de  la  vapeur  du  liquide  et  de  la  pression  du  gaz  où  se 
produit  la  vaporisation,  l'auteur  invoque  une  formule  due 
à  M.  Stefan,  qui  montre  comment  le  degré  de  volatilité 
dépend  de  la  pression  p^  de  l'enceinte  et  de  la  tension  p 
de  la  vapeur  du  liquide. 

Au  lieu  de  se  servir  de  cette  relation  sous  la  Torme  que 
lui  a  donnée  M.  Stefan,  l'auteur  suppose,  sans  invoquer 
aucun  motif  spécial,  que  p^  peut  être  négligé  à  côté  de  p; 
mais  dès  lors,  eu  cherchant  à  justifier  cette  supposition,  il 
ne  Tait  en  réalité  que  prouver  l'inexactitude  de  la  formule 
de  M.  Stefan. 

D'après  cela,  les  conséquences  énoncées  à  la  fin  du  §  5 
ne  permettent  pas,  à  mon  avis,  de  conclure  qu'il  n'y  a  pas 
continuité  simple  entre  l'état  gazeux  et  l'état  liquide  de  la 
matière. 

En  résumé,  si  le  Mémoire  ayant  pour  devise  :  t  Numeri 
regunt  mundum  >  ne  répond  pas  d'une  façon  claire  et 
logique  à  la  question  proposée  par  l'Académie,  il  prouve 
du  moins,  selon  moi,  que  l'auteur  serait  en  mesure  de  la 
résoudre  d'une  manière  satisfaisante;  pour  atteindre  ce  but, 
il  n*aurait  qu'à  recourir  à  une  méthode  plus  rigoureuse,  à 
ne  pas  présenter  comme  des  vérités  déjà  démontrées,  des 
propositions  qui  doivent  découler  de  ses  expériences,  et  à 
ne  formuler  ses  conclusions  qu'après  avoir  fait  connaître 


(  892  ) 

les  i'é.suUa(s  de  ses  observations.  La  rcdaciion  même  de 
son  travail  exigerait  aussi  des  soins  plus  scrupuleux. 

En  conséquence,  j*ai  l'honneur  de  me  rallier  aux  conclu- 
sions du  premier  commissaire,  et  de  proposer  à  la  Classe 
de  maintenir  la  question  au  concours.  » 


<  J'ai  examiné  avec  attention  le  mémoire  de  concours 
portant  pour  devise  :  Numeri  regunt  mnndum. 

Je  suis  d'accord  avec  mes  savants  confrères  MM.  Spring 
et  Van  der  Mensbrugghe  que  ce  travail,  quoique  renfer- 
mant des  recherches  originales,  ne  satisfait  pas  aux  con- 
ditions du  concours.  Je  partage  donc  leur  avis  qu'il  n'y  a 
pas  lieu  de  lui  décerner  la  médaille  d'or. 

La  conformité  de  la  théorie  cinétique  des  gaz  avec  tous 
les  faits  observés,  étant  contestée,  je  m'abstiens  de  me 
prononcer  sur  la  convenance  et  l'opportunité  qu'il  y  a  de 
reporter  la  question  au  programme  du  prochain  con- 
cours. > 

Conformément  aux  conclusions  <les  rapports  des  com- 
missaires qui  ont  examiné  ce  travail,  la  Classe  décide  que 
le  prix  ne  sera  pas  décerné. 


(  893  ) 


(hiderzoekingen   over  de  onlwikkelingsgeschiedenis    van 
den  Egel  (Erimageus  europeus). 

<  Le  mémoire  soumis  à  notre  examen  porle  pour  épi- 
graphe :  Trado  QUifi  POTUi.  Il  a  été  envoyé  en  réponse  à  la 
question  suivante  : 

c  On  demande  des  recherches  sur  le  développement 
embryonnaire  d'un  mammifère  appartenant  à  un  ordre 
dont  ^embryogénie  n*a  pas  ou  n'a  guère  été  étudiée 
jusqu'ici.  » 

Gomme  Tindique  le  titre  du  mémoire,  écrit  en  langue 
néerlandaise,  fauteur  a  choisi,  pour  objet  d'étude,  le 
Hérisson  (Erinageus  europëus).  Le  travail  est  divisé  en 
huit  chapitres;  dix-neuf  belles  planches  (dessins  et  photo- 
graphies) accompagnent  le  texte. 

Chapitre  /•'  ou  préface.  —  L'auteur  cherche  à  justifier 
pourquoi  il  a  choisi  un  représentant  de  Tordre  des  insecti- 
vores, si  intéressant  au  point  de  vue  de  la  morphologie 
comparée,  et  il  invoque,  à  Tappui  de  sa  thèse,  diverses 
citations  de  Parker  et  de  Huxley.  Il  fait  allusion  à  la  diffi- 
culté qu'il  y  a  de  se  procurer,  en  quantité  suffisante,  le 
matériel  nécessaire  aux  recherches.  Toutefois,  dans  l'espace 
de  trois  étés,  il  a  pu  examiner  deux  cents  femelles  environ, 
dont  plusieurs  étaient  pleines  et  à  des  stades  très  divers 


(  894  ) 

de  la  geslalion.  En  outre,  de  nombreux  individus  furent 
tenus  en  captivité  pendant  Thivcr,  dans  le  but  d'obtenir 
un  rapprochement  des  sexes  au  printemps;  mais  ces  ten- 
tatives, entourées  de  toutes  les  précautions  voulues, 
restèrent  sans  résultat.  L*ayteur  regrette  vivement  cet 
insuccès,  sans  trancher  la  question  de  savoir  s*il  est  dû  à 
une  influence  fâcheuse  de  la  captivité  sur  les  fonctions 
génitales  ou  à  certaines  précautions  négligées  par  lui. 
D'autre  part,  il  a  été  assez  heureux  de  rencontrer,  chez 
certaines  femelles  en  gestation,  quelques  phases  primor- 
diales du  développement.  Après  avoir  signalé  combien  les 
difficultés  que  rencontre  l'observateur  sont  moindres  quand 
il  s'agit  de  mammifères,  comme  le  Lapin,  la  Souris,  le 
Cochon  d'Inde,  se  reproduisant  en  captivité,  il  termine  le 
premier  chapitre  par  cette  remarque  :  Lorsque,  après  des 
années,  on  est  parvenu  à  rassembler  une  série  à  peu  près 
complète  d'un  matériel  embryogénique  rare  et  à  confec- 
tionner les  préparations  se  rapportant  aux  divers  stades, 
le  terme  fatal  est  arrivé,  le  temps  fait  défaut  pour  étudier 
à  fond  les  objets  donl  on  dispose  et  en  tirer  tout  le  parti 
désirable.  Cette  remarque  est  suggérée  à  notre  auteur  par 
les  conditions  où  lui-même  s'est  trouvé.  Puis  il  ajoute  : 
<  J'ose  espérer  que  les  nouveaux  résultats  auxquels  j'arri- 
verai peut-être  après  l'envoi  de  ce  mémoire  —  et  ils  sont 
d'autant  plus  probables  que  la  période  de  reproduction 
tombe  en  juillet  —  pourront  y  être  intercalés  avant  son 
apparition.  » 

Dans  le  chapitre  II,  l'auteur  s'occupe  des  recherches 
antérieures  aux  siennes  sur  le  développement  des  Insecti" 
vores.  Après  avoir  cité  les  travaux  de  Needham,  Rolleston, 
Nasse,  Ercolam',sur  la  placentation  du  Hérisson,  il  a  épuisé 
'a  liste  des  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  l'embryogénie 


I 


(  895  3 

de  cet  inseclivore.  Il  rappelle  ensuite  les  recherches  de 
Heape  sur  le  dévclo|ipement  de  la  Taupe,  auxquelles  il 
reviendra  d*aillenrs  au  chapitre  consacré  à  Torganogenèse. 

• 

III.  Description  des  stades  de  développement.  —  Nous 
savons  déjà  pour  quels  molifs  les  tout  premiers  stades  du 
développement,  ceux  notamment  relatifs  à  la  fécondation 
et  à  la  segmentation  de  l'œuf,  n*ont  pu  être  observés.  Le 
stade  le  plus  jeune,  quatre  fois  rencontré  par  l'auteur,  était 
représenté  par  une  vésicule  blastodermique  à  plusieurs 
couches  cellulaires  à  Tendroit  du  disque,  à  une  seule 
rangée  de  cellules  aplaties  dans  le  reste  de  son  étendue. 
Dans  les  quatre  cas,  la  vésicule  montrait  de  nombreux 
replis  et  occupait  une  cavité  spéciale  de  la  caduque  mater* 
nelle,  sans  contracter  d'adhérence  avec  cette  dernière. 
Une  particularité  propre  à  ces  vésicules  blastodermiques 
est  la  facile  séparation,  au  niveau  du  disque,  des  cellules 
ectoblastiques  d'avec  la  couche  hypoblastique;  ce  qui 
rappelle  une  disposition  décrite  et  figurée  par  Heape.  Il  est 
à  remarquer,  enlin,  que  certaines  coupes  tangentielles 
pourraient  en  imposer  pour  des  stades  plus  précoces,  tels 
que  ceux  de  (rès  jeunes  vésicules  blastodermiques  de  ron- 
geurs figurées  par  Selenka. 

L'interprétation  donnée  par  l'auteur  est-elle  exacte,  en 
d'autres  termes  a-t-il  eu  sous  les  yeux  une  vraie  vésicule 
blastodermique  ?  Si  nous  ne  nous  trompons,  ce  qu'il  décrit 
et  figure  comme  vésicule  blastodermique,  c'est  Thypoblasle 
plus  la  portion  épiblastiquc  de  la  tache  embryonnaire.  Il 
rattache  à  la  caduque  le  reste  de  l'épiblaste  déjà  uni,  à  cette 
époque,  à  la  muqueuse  utérine  modifiée.  C'est  là  une 
erreur  d'autant  plus  regrettable  qu'elle  met  nécessaire- 
ment en  question  les  résultats  obtenus  au  sujet  de  la  for- 
mation des  caduques  et  de  la  placentation. 


(  896  ; 

L*auteur  a  pu  examiner  également  quatre  exemplaires 
d*un  deuxième  stade  de  développement;  malheureusement, 
trois  de  ces  exemplaires  furent  en  grande  partie  perdus  par 
les  manœuvres  de  préparation,  mais  le  quatrième,  laissé  eo 
place  dans  la  caduque  maternelle,  Tournit  une  série  de 
coupes  en  excellent  élat  de  conservation.  Comme  dans  le 
précédent  stade,  la  vésicule  blastodermique,  renfermée 
dans  une  cavité  de  la  caduque  maternelle,  est  maintenant 
plus  étroitement  appliquée  contre  la  paroi  de  cette  cavité; 
un  espace  libre  existe  seulement  au-dessus  du  disque  blasto- 
dermique,  à  Tendroit  où,  plus  tard,  apparaîtra  l'amnios. 
Dans  ce  stade,  le  disque  blastodermique,  didermique  sur 
la  ligne  médiane,  au  point  d*apparition  de  la  future  lame 
médullaire,  se  compose,  sur  les  parties  latérales,  de  Tépi- 
blaste,  du  mésoblaste  déjà  divisé  en  deux  lames,  et  de 
riiypoblaste.  Mais  comme  l'auteur  n*a  pu  examiner  des 
embryons  en  place,  ni  pratiquer  ses  coupes  avec  toute  la 
rigueur  désirable,  il  a  jugé  inutile  d'insister  sur  ces  parti- 
cularités et  de  les  comparer  avec  les  résultats  obtenus  chez 
d*autres  espèces.  Il  s'arrête  plus  longuement,  par  contre,  à 
la  partie  périphérique  du  disque,  là  où  elle  s'applique  contre 
les  cellules  déciduales.  Elle  consiste  en  un  amas  cellulaire 
à  la  formation  duquel  contribuent  les  cellules  mésoblas- 
tiques  et  hypoblastiques.  Cet  amas  mérite,  dès  à  présent, 
le  nom  d'aire  vasculaire  (area  vascttlosa)^  avec  cette 
réserve,  toutefois,  que  Tapparition  des  vaisseaux  y  est  plus 
tardive.  Viennent  ensuite  des  considérations  snr  le  rôle  et 
la  signification  de  ce  bourrelet  périphérique;  indépendam- 
ment de  son  rôle  hématopoétique,  il  contribuerait  à  la 
nutrition  de  Tembryon  par  rintermédiairc  de  matériaux 
venus  du  dehors. 

Mais  Tamas  cellulaire  dont  il  est  ici  question  repré- 


(  897  ) 

sente-t-il,  en  réalité,  l'aire  vasculaire?  Ne  correspond-il 
pas  plutôt  à  la  région  du  sinus  terminal,  et  Topinion  expri- 
mée par  Tauteur,  d'après  laquelle  les  globules  sanguinss'y 
formeraient  aux  dépens  du  mésoblaste  et  de  l'bypoblaste, 
ne  repose-t-elle  pas  sur  les  images  que  donnent  les  coupes 
obliques? 

Dans  un  stade  encore  plus  avancé,  dont  l'auleur  eut 
également  quatre  exemplaires  à  sa  disposition,  nous  trou- 
vons plusieurs  organes  à  l'état  d'ébauche.  Ce  stade  se  dis- 
tingue surtout  <les  précédents  par  les  particularités  sui- 
^'anles  : 

a)  L'existence,  à  l'état  d'ébauche,  des  principaux 
organes  ; 

6)  La  présence,  très  évidente,  d'un  pro-amnios; 

c)  La  fermeture  encore  incomplète,  mais  prochaine,  de 
l'amnios  définitif  au-dessus  de  la  région  dorsale; 

fi)  L'apparition  de  la  première  ébauche  de  l'allantoïde; 

e)  Le  fonctionnement,  comme  telle,  de  l'aire  vasculaire. 

Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  de  longs  détails  au 
sujet  de  ces  particularités.  Signalons  quelques  points  sur- 
tout intéressants.  En  ce  qui  concerne  la  fermeture  de  la 
gouttière  médullaire,  l'auteur  attire  notre  attention  sur  le 
fait  suivant  :  dans  la  région  lombaire,  au  niveau  du  sinus 
rhomboïdal,  la  gouttière,  encore  ouverte,  présente  une 
hauteur  à  peu  près  double  de  celle  des  somites  mésoblas- 
tiques  auxquels  elle  touche;  de  là  résulte  une  forte  saillie 
de  cette  gouttière  au-dessus  de  la  région  dorsale,  et  une 
intlexion  brusque  et  très  prononcée  de  l'épiblaste.  Comme 
cela  ressort  clairement  de  l'examen  des  figurés,  la  corde 
dorsale,  encore  peu  développée,  surtout  en  arrière,  est  à 
rétat  de  corde-eiUoblaste.  D'autres  Ggures  montrent  Tori- 
gine  épiblaslique  du   canal   segmentaire.  La  cavité  des 

S"'   SÉRIE,   TOME^XIY.  60 


n 


(  898  ) 

somites  mésoblasliques  ne  se  irouve  pas  en  communica* 
lion  avec  celle  limitée  par  les  lames  latérales  (cavité  cœlo- 
mique).  La  première  paire  de  somites,  située  un  peu  en 
arrière  de  la  vésicule  acoustique,  diffère  des  paires  sui- 
vantes par  ses  caractères  et  par  des  dimensions  plus 
petites;  diaprés  Tauteur,  celte  particularité  peut  s'expli- 
quer de  deux  façons  :  ou  bien,  comme  cela  se  constate 
ailleurs,  celte  première  paire  n'apparaît  qu'après  les  paires  II 
et  Illy  et  reste  ainsi  en  arrière  au  point  de  vue  du  dévelop- 
pement; ou  bien,  elle  possède  en  réalité  un  caractère  plus 
ou  moins  rudimentaire,  ce  qui  ne  peut  étonner  quand  il 
s'agit  d'un  somite  antérieur,  et  eu  égard  à  la  manière  d'être 
des  somites  céphaliques  visibles  chez  les  vertébrés.  Enfin, 
chez  le  Hérisson,  la  paroi  supérieure  du  sac  vitellin,  loin 
de  montrer  la  dépression  observée  par  Bischoff  et  d'au- 
tres chez  la  Lapine,  se  ferme  du  côté  de  la  caduque  mater- 
nellcy  dès  le  moment  où  cette  paroi  peut  se  tourner  libre- 
ment vers  la  face  dorsale;  les  échanges  de  matériaux  entre 
la  mère  et  le  fœtus  se  font,  par  conséquent,  à  la  face  externe 
du  sac  vitellin,  comme  cela  s'observe,  d'après  les  récentes 
recherches  de  Selenka,  chez  V Opossum. 

Dans  le  stade  suivant,  désigné  par  le  chiffre  IV,  la  sépa- 
ration entre  les  parties  embryonnaires  ventrales  et  h^  sac 
vitellin  est  devenue  plus  nette.  Des  descriptions  et  des 
figures  nous  renseignent,  tant  sur  les  caractères  extérieurs 
que  sur  les  modifications  internes  appréciablessur  les  coupes 
microscopiques. 

Entre  les  stades  IV  et  V,  l'écart  est  considérable.  Dans 
ce  dernier  stade,  l'allautoïde  se  irouve  définitivement 
reliée  au  tissu  maternel.  Un  stade  intermédiaire  entre  les 
stades  IV  et  V,  et  montrant  la  toute  première  origine  de 
cette  union,  n'a  pas  été  vu  par  l'auteur.  En  ce  qui  con- 
cerne l'embryon  dn  stade  V,  il  insiste  plus  particulièrement 


(  89»  ) 

sur  la  manière  d'élre  de  la  vésicule  vilelline,  et  sur  la 
disposition  des  vaisseaux  ombilicaux  et  omphalomésenté- 
riques.  Renvoyant  au  chapitre  V  pour  la  description  des 
différenciations  internes  propres  à  ce  stade,  il  s'attache 
ensuite  à  démontrer  en  quoi  les  stades  VI-X  se  distinguent 
de  ce  dernier.  L'embryon  revél  de  plus  en  plus  sa  forme 
définitive,  les   piquants  deviennent  visibles;  mais  il  est 
surtout  deux  phénomènes  qui  méritent  de  fixer  Tattention  : 
a)  une  rotation  de  90""  exécutée  par  Tembryon  ;  6)  l'invo- 
lulion  progressive  du  sac  vitellin.  Au  troisième  stade, 
l'embryon  est  placé  de  telle  sorte  que  la  région  dorsale 
regarde  la   partie  voisine  de  la  caduque»  tandis  que  la 
région  ventrale  est  tournée  du  côté  de  la  cavité  du  sac 
vitellin  ;  sa  position  est  donc  parfaitement  symétrique.  Un 
changement,  en  relation  avec  le  développement  progres- 
sif de  rallantoïde,  s'observe  au  stade  IV  et  atteint  son 
apogée  au  stade  V,  l'embryon  se  plaçant  alors  sur  le  flanc, 
Tune  moitié  du  corps  en  regard  de  la  cavité  du  sac  vitel- 
lin, l'autre  moitié  tournée  vers  le  placenta.  H  en  résulte 
que  la  ligne  dorso-ventrale  forme  un  angle  de  90"  avec 
celle  du  stade  précédent.  Mais  telle  n'est  pas  la  position 
définitive  de  l'embryon.  Dans  les  périodes  qui  précèdent 
immédiatement  la  naissance,  le  dos  se  trouve,  derechef, 
tourné  du  côté  du  placenta.  Ce  changement  serait  en 
relation  intime  avec  le  mode  spécial  suivant  lequel  dispa- 
raît la  vésicule  vitelline  vers  la  fin  de  la  gestation.  Cinq 
pages  de  texte  avec  renvoi  à  bon  nombre  de  figures  sont 
consacrées  à  mettre  en  relief  le  processus  dont  il  s'agit. 

L'auteur  nous  explique  poun|uoi  il  s'est  abstenu  d'envi- 
sager les  stades  Vl-X  au  point  de  vue  de  l'onlogénio 
comparée;  mais  ces  stades  lui  fourniront  des  résultats 
importants  concernant  les  enveloppes  fœtales  et  la  placen- 
ta tion. 


(  900  ) 

IV.  Enveloppes  fœtales  et  placentation.  —  L*auleur  a 
consacré  une  grande  partie  du  temps  dont  il  disposait  à 
rétude  de  la  placentation,  de  finvolution  et  de  la  trans- 
formation de  la  vésicule  vitelline,  de  rallantoïde  et  de  la 
caduque.  Si,  plus  que  ces  prédécesseurs^  il  insiste  sur  ces 
questions,  s'il  en  a  fait  son  étude  de  prédilection,  c'est, 
d'après  lui,  grâce  à  la  lecture  des  nombreux  travaux 
d'Ercolani. 

Il  signale  d*abord  les  divergence^  d'opinions  au  sujet  du 
rôle  des  glandes  utérines  dans  la  placentation,  et  expose 
les  vues  d'Ercolani  concernant  la  formation  de  la  caduque. 
Comme  le  savant  italien,  il  a  constaté  que,  chez  le  Héris- 
son, le  développement  de  la  caduque  précède  l'arrivée  de 
l'œuf  fécondé  dans  l'utérus.  C'est  sur  la  paroi  utérine 
opposée  au  mesometrium  que  ce  développement  com- 
mence. Il  décrit  ensuite  les  caractères  macroscopiques  et 
histologiques  de  cette  formation,  les  modifications  éprou- 
vées par  la  cavité  utérine;  une  sorte  de  bouchon,  rap- 
pelant par  ses  caractères  un  coagulum  sanguin,  qui  semble 
avoir  pris  naissance  après  la  pénétration  de  la  vésicule 
binstodermique  dans  la  cavité  de  la  caduque,  et  qui  a  sans 
doute  pour  mission  de  séparer  cette  cavité  de  la  lumière 
utérine.  Au  milieu  du  tissu  cellulaire  nouvellement  formé 
de  la  caduque,  on  rencontre,  par  places,  des  caillots, 
désignés  par  Tauteur  sous  le  nom  de  caillots  (coagula) 
nucléaires;  leurs  caractères  rappellent,  à  maints  égards, 
ceux  du  bouchon;  ils  se  distinguent,  par  contre,  tant  au 
point  de  vue  macroscopique  qu'au  point  de  vue  microsco- 
pique, des  masses  jaunâtres,  formées  aux  dépens  d'un 
liquide  coagulé,  et  qui  renferment  des  éléments  figurés  de 
dimensions  variables,  mais  pas  de  noyaux. 


(901) 

Certaines  parties  de  la  néoformation  déciduale  présen- 
teotdes  points  de  ressemblance  avec  la  formation  désignée, 
chez  l'Homme  et  les  Primates,  sous  le  nom  de  caduque 
réfléchie  (decidua  reflexa). 

On  distingue  facilement,  notamment  dans  les  stades 
avancés,  deux  parties  constituantes  de  la  caduque  :  Tune 
amincie,  la  caduque  réfléchie  [decidua  reflexa),  l'autre, 
plus  épaisse,  qui  concourt  à  la  formation  placentaire,  et 
que  Tauteur  désigne  sous  le  nom  de  caduque  placenlaive 
(dectdtia  p/acen^a/û);  cette  désignation  lui  semble  préfé- 
rable, pour  divers  motifs,  à  celle  de  caduque  sérotine 
(serotina).  La  caduque  placentaire  livre,  à  elle  seule, 
toute  la  portion  maternelle  du  placenla,  c'est-à-dire  cette 
portion  qui  se  dislingue  de  la  portion  fœtale  par  sa 
couleur  plus  foncée,  et  que  Ton  pourrait  appeler,  avec 
Winkler,  plaque  basale.  Elle  est  le  siège  de  processus 
importants,  très  analogues  à  ceux  que  montre  la  caduque 
réfléchie  dans  les  plus  jeunes  stades  de  développement. 
Parmi  ces  processus,  le  principal,  décrit  depuis  longtemps 
par  plusieurs  observateurs,  consiste  dans  la  déliquescence 
d'un  grand  nombre  de  cellules  de  la  caduque,  et  dans 
l'utilisation  des  produits  de  cette  déliquescence,  c  le  lait 
utérin  »,  comme  nourriture  de  l'embryon.  Dans  une  courte 
revue  historique  de  la  question,  sont  mentionnées  tout 
particulièrement  les  recherches  de  Masquelin  et  de  Swaen. 
L'auteur  décrit  et  tigure  les  diverses  phases  de  cette  déli- 
quescence; celle-ci  a  nécessairement  pour  conséquence 
l'augmentation  du  nombre  des  lacunes  renfermées  dans  la 
caduque.  La  plupart  de  ces  lacunes  se  remplissent  main- 
tenant de  lait  utérin.  Celles  qui  limitent  la  cavité  occupée 
par  l'embryon  sont  à  peine  séparées,  à  l'endroit  où  se 
développe  l'aire  vasculaire  du  sac  vitellin,  par  l'épaisseur 
d'une  cellule,  des  parois  vasculaires. 


(  902  ) 

l/aiileiir  noua  fait  connaître  ensuite  le  développement 
progressif  de  Tallantoïde,  les  caractères  de  texture  de 
cet  organe  provisoire,  son  étalement  à  la  surface  de  la 
caduque  et  son  mode  de  fixation  à  cette  dernière.  Cet  inté- 
ressant processus,  capable  de  jeter  quelque  lumière  sur  la 
manière  d*étre  si  controversée  de  la  placentation  chez 
rhomme,  a  été  suivi  dans  toutes  ses  phases.  Chez  le  Héris- 
son, a)  il  n'existe  pas  d'espace  intermédiaire  entre  la  paroi 
allanloïdienne  et  la  caduque;  6)  les  villosités  choriales  ne 
pénètrent  pas  dans  des  cavités  préformées,  cryptes  glan- 
dulaires ou  autres.  Déjà,  dans  un  stade  précoce,  ces  der- 
niers ont  perdu  leur  épithélium  et  se  sont  transformés  en 
des  lacunes  remplies  de  lait  utérin. 

Le  contact  immédiat  des  parois  allantoïdienne  et  déci- 
duale  mérite  d'autant  plus  de  fixer  Tattention,  que  Langhans 
et  d'autres  embryologisles  admettent  la  persistance,  entre 
l'allantoïde  et  la  caduque  chez  l'homme,  de  cavités  desti- 
nées à  se  transformer  plus  lard  en  des  lacunes  vascnlaires 
du  placenta.  Rien  de  semblable  ne  s'observe  chez  le  Héris- 
son. La  lente  pénétration  du  tissu  allantoïdien  vascularisé 
est  interstitielle  et  se  fait  à  Tinstar  de  celle  d'une  plante 
parasite  qui  s*insinue  entre  les  tissus  sains  de  son  hôte.  La 
pénétration  a  lieu  le  long  des  parois  de  séparation  encore 
persistantes  de  la  caduque  en  partie  liquéfiée;  on  peut  dire, 
avec  Kôllikcr,  qu'il  s'agit  d'une  sorte  de  corrosion,  ein  von 
cllen  Seiten  Anfresseu,  du  placenta  mafernel. 

A  mesure  du  développement,  la  caduque  placentaire 
produit  de  moins  en  moins  des  matériaux  de  réserve,  et 
perd  ainsi  son  caractère  glandulaire;  mais  elle  acquiert 
une  haute  signification,  en  servant  de  réservoir  à  une 
quantité  importante  de  sang  maternel  et  en  facilitant  le 
contact  entre  ce  dernier  et  le  sang  fœtal.  Nous  dépasse- 


(  9G3  ) 

Irions  les  limites  de  ce  rapport  en  suivant  Fauteur  dans  les 
nombreux  détails  donnés  par  lui  au  sujet  de  ces  divers 
processus.  Rappelons  simplement  ici  les  conclusions  aux- 
quelles il  arrive  : 

a)  On  ne  distingue  Tallantoule,  en  (iehors  du  corps  de 
Pembryon,  qu'à  une  époque  très  tardive  (stade  IV). 

b)  Sa  paroi  est  d'abord  épaisse  et  conserve  ce  caractère, 
d'une  Taçon  très  évidente,  en  certains  endroits,  en  dehors 
du  placenta. 

c)  Sa  lumière  persiste  sous  forme  d'une  cavité  spa- 
cieuse, dans  laquelle  saillent  fréquemment  les  vaisseaux 
allantoïdiens. 

d)  Dans  les  stades  embryonnaires  plus  avancés,  la  por- 
tion extra-placentaire  de  l'allantoïde  est  devenue  mem- 
braneuse, la  portion  placentaire,  par  contre,  de  plus  en 
plus  épaisse. 

e)  Cet  épaississement  peut  être  considéré  comme  un 
phénomène  d'accroissement  de  la  face  allantoïdienne  en 
contact  avec  la  caduque.  A  la  suite  de  l'émigration  (diapé- 
dèse)  de  leucoblastes,  du  tissu  allantoidien  de  nouvelle 
formation  prolifère  de  plus  en  plus  entre  les  cellules  déci- 
duales  en  voie  de  déliquescence. 

f)  Les  lacunes  du  tissu  décidual  déliquescent,  remplies, 
à  l'origine,  de  lait  utérin,  se  mettent  de  plus  en  plus  en 
communication  avec  les  vaisseaux  de  la  paroi  utérine.  Les 
lacunes  les  plus  volumineuses  forment  une  couche  située 
immédiatement  en  dehors  de  la  prolifération  fœtale  de 
l'allantoïde.  Du  côté  interne,  elles  se  trouvent  reliées  aux 
espaces  lacunaires,  beaucoup  plus  petits,  mais  très  nom- 
breux, qu'entoure  l'allantoïde. 

g)  Déjà  le  mode  d'accroissement  du  placenta  fœtal 
démontre  qifil  ne  peut  être  question  de  vraies  villosités 


(  904  ) 

ou  bien  d'épithélium.  L*épilhéliuin  chorial  primilil'^  (la 
couche  cellulaire  de  la  membrane  séreuse)  n'esl  déjà  plus 
reconnaissable  dès  le  moment  où  débute  la  prolifération 
de  Tallantoïde  à  Tinlérieur  de  la  caduque. 

La  conclusion  sub  liiiera  g  pourra  contribuer  à  élucider 
la  question  controversée  de  Texistence  ou  de  la  non-exis- 
tence, à  la  surface  des  villosités  placentaires  chez  Thomme, 
d'un  revêtement  épitbélial,  le  soi-disant  épithélium  sub- 
chorial,  comme  aussi  de  Torigine  de  cet  épiihélium.  L'au- 
teur rappelle  que  Éd.  Van  fieneden  et  Julin  n*ont  pu,  de 
leur  côtéf  découvrir  chez  la  Lapine  une  couche  épithéliale 
intermédiaire  entre  les  tissus  fœtal  et  maternel. 

Nous  trouvons  ensuite  des  considérations  sur  les  villo- 
sités vitellines,  la  délaminalion  du  mésoblaste  dans  sa  por- 
tion extra-embryonnaire,  le  rapport  de  ce  processus  avec 
Textension  des  vaisseaux  vitellins,  l'union  définitive  de  la 
paroi  du  sac  vitellin  diamétralement  opposée  à  Tembryon 
avec  la  membrane  séreuse,  la  non-division  du  mésoblaste 
au  delà  de  l'endroit  où  cette  union  a  lieu.  Il  est  fait  un 
rapprochement  entre  la  disposition  rencontrée  chez  le 
Hérisson  et  celle  décrite,  chez  les  Chéiroptères,  par  Erco- 
lani,  Robin  et  surtout  par  Ëd.  Van  Beneden  et  Julin. 

Le  chapitre  se  termine  par  des  remarques  au  sujet  de  la 
caduque  réfléchie  et  de  la  membrane  séreuse  ;  notre  atten- 
tion est  plus  particulièrement  attirée  sur  le  peu  d'impor- 
tance du  rôle  de  cette  dernière  chez  le  Hérisson. 

Comme  nous  l'avons  fait  remarquer  à  propos  du  premier 
stade,  la  description  de  tout  ce  qui  concerne  les  caduques 
et  la  placentalion  se  ressent  fatalement  de  l'interprétation 
erronée  donnée  par  l'auteur  de  la  vésicule  blastodermique. 
Cette  description  pèche  ainsi  par  la  base. 


(  905  ) 

V.  De  quelques  particularités  sur  le  développement  des 
systèmes  organiques.  —  L'auteur  rappelle  encore  une  fois 
qu'il  n*a  pu  tirer  tout  le  parti  voulu]des  préparations  dont 
il  disposait,  et  cela  surtout  à  cause  du  temps  qu'ont 
absorbé  ses  recherches  sur  les  annexes  fœtales.  Ainsi 
s'explique  le  peu  d'extension  du  chapitre  consacré  à  l'or- 
ganogenèse. 

Il  s'occupe  d'abord  du  développement  de  la  corde  dor- 
sale. Ce  qu'il  a  observé  touchant  ce  développement  rap- 
pelle,  en  grande  partie,  les  résultats  obtenus  par  Heape 
chez  la  Taupe.  Une  fois  séparée  de  l'hypoblaste  (stades  IV 
et  suivants),  la  corde  se  présente  sous  forme  d'un  cordon 
cellulaire  qui  se  distingue  de  celui  de  la  plupart  des  autres 
vertébrés  par  la  petitesse  de  ses  dimensions;  sous  ce  rap- 
port, elle  se  rapproche,  au  contraire,  de  celle  de  la  Taupe. 
La  notocorde  se  termine,  en  avant,  dans  l'espace  étroit 
compris  entre  la  paroi  inférieure  du  cerveau  postérieur  et 
celle  du  cerveau  intermédiaire,  par  un  renflement  en  bou- 
lon (stade  IV);  on  ne  rencontre  aucune  trace  d'union  entre 
cette  extrémité  renflée  ei  l'invagination  hypophysaire. 

Vient  ensuite  l'exposé  des  résultats  fournis,  par  l'étude 
des  coupes  microscopiques,  au  sujet  du  développement  de 
la  moelle  épinière  et  des  ganglions  spinaux,  points  que 
Heape,  jusqu'à  présent,  a  passé  sous  silence  dans  ses 
recherches  embryogéniques  sur  h  Taupe.  La  première 
ébauche  des  ganglions  spinaux  se  rencontre,  dans  le  cours 
du  troisième  stade,  sous  forme  d'une  prolifération  paire, 
située  de  chaque  côté  du  sommet  (extrémité  dorsale)  du 
canal  médullaire,  prolifération  déjà  très  nette  en  avant, 
alors  qu'elle  est  encore  peu  distincte  dans  la  région  caudale. 
L'ébauche  ganglionnaire  s'insinue  entre  le  canal  médul- 
laire et  la  proiovertëbre.  En  même  temps,  on  trouve,  dans 


(  906  ) 

le  voisinage  immédiat  du  canal  médullaire,  des  cellules 
isolées  qui  n*appartiennenl  pas  aux  ganglions.  Certaines 
images  correspondent  à  celles  figurées  chez  la  Taupe,  et 
démontrent  que  des  éléments  étrangers  de  nature  cellu- 
laire pénètrent,  de  bonne  heure,  entre  les  cellules  du  canal 
médullaire;  peut-être  sont-ce  les  précurseurs  des  vaisseaux 
sanguins  qui,  à  une  époque  plus  avancée,  s'engagent,  en  si 
grand  nombre,  dans  le  tissu  de  la  moelle. 

Sans  plus  s'arrêter  au  stade  III,  Tauteur  fait  remarquer 
que  plusieurs  figures  auxquelles  il  renvoie  pourraient 
fournir  des  indications  concernant  le  développement  des 
vésicules  cérébrales,  celui  des  vésicules  oculaires  primi- 
tives, l'inflexion  céphalique,  la  genèse  des  vésicules  acous- 
tiques. 

Certains  phénomènes  apparaissant  dans  le  cours  du 
IV^  stade  l'occuperont  davantage.  Dans  ce  stade,  comme  le 
démontre  Tétude  des  coupes  transversales  contrôlée  par 
celle  des  coupes  longitudinales,  les  proliférations  latérales 
du  canal  médullaire  constituant  Tébauche  des  ganglions 
spinaux  forment  une  masse  cellulaire  continue;  celle-ci  se 
prolonge,  à  la  façon  de  mélamères,  du  côté  ventral;  elle 
prend  de  plus  en  plus  le  caractère  fihrillaire  pour  s^nnir 
ensuite,  comme  racine  dorsale,  aux  fibr<  s  de  la  racine  ven- 
trale, et  se  distribuer,  plus  tard,  à  l'état  de  nerf  spinal 
complet,  aux  tissus  de  l'organisme.  A  l'exemple  de  plu- 
sieurs emhryologistes,  His,  Sagemehl,  Balfour,  Onodi,  etc., 
notre  auteur  admet  que  funion  primitive  des  ébauches 
ganglionnaires  avec  la  moelle  disparait,  pour  faire  plate  à 
une  union  secondaire. 

Contrairement  à  une  opinion  très  généj'alement  admise' 
aujourd'hui,  d'après  laquelle  les  fibres  nerveuses  ou  tout 
au  moins  les  cylindres-axes  de  ces  fibres  >ont  d'origine 


(  907  ) 

médullaire,  raulcur,  retournant  à  Tancienne  opinion  de 
V.  Bacr  et  de  Re mak.  croit  pouvoir  attribuer  à  ces  élé- 
ments une  origine  mésoblastiqoo.  Il  décrit  et  figure  la 
prétendue  transformation  de  cellules  mésoblastiques  en 
libres.  En  admettant  qu'une  telle  transformation  ait  lieu 
—  et  je  dois  avouer  que  les  figures  de  Tauteur  ne  me 
paraissent  pas  absolument  démonstratives  —  on  peut 
encore  poser  la  question  de  savoir  :  l""  si  les  cellules  en 
voie  de  transformation  sont  bien  des  cellules  mésoblas- 
tiques. Je  rappellerai,  à  ce  propos,  que  le  D*^  Lahousse  a 
soutenu  cette  thèse  que  €  les  fibres  nerveuses  naissent 
aux  dépens  et  par  transformation  du  protoplasma  de  cel- 
lules (Torigine  médullaire  et  disséminées  au  sein  des 
tissus,  là  où  plus  tard  doivent  exister  des  nerfs,  transfor- 
mation qui  ne  se  fait  pas  simultanément  dans  toute  la 
longueur,  mais  graduellement  du  centre  à  la  périphé- 
rie (1).  »  Or,  on  l'a  vu,  notre  auteur  décrit,  dans  le 
stade  III,  dans  le  voisinage  de  la  moelle,  des  cellubs  iso- 
lées qui  n'appartiennent,  pas  aux  ébauches  ganglionnaires. 
Ces  cellules  sont-elles  de  nature  mésoblastique,  ou  bien 
de  nature  ectoblastique?  â*"  dans  l'hypothèse  que  les  cel- 
lules en  voie  de  transformation  appartiennent  au  méso- 
blastp,  vont-elles  former  réellement  les  fibres-axîles,  ou 
bien  donneront-elles  simplement  naissance  aux  enveloppes 
des  fibres  nerveuses,  savoir  la  gaine  médullaire  et  la  gaine 
de  Schwann?  Quoi  qu'il  en  soit,  l'auteur  attribue  la  même 
origine  mésoblastiqiie  à  un  cordon  fibrillaire  longitudinal 
qui  sert  d'union  entre  les  racines  dorsales  de  la  moelle. 

(i)  Recherches  histologiquet  sur  la  genè$e  des  ganglion»  et  des  nerfs 
spinaux.  Bull,  dr  l*Acad.  roy.  db  MioECiNB  db  Bblqiqub,  3*  série, 
t.  XIX,  n*  5.  —  Voir  aussi  notre  rapport  sur  ce  travail.  Ibio. 


(  908  ) 

Ce  cordon.  (Kobord  situé  en  dehors  du  (ubc  iiiéuullaire, 
est  annexé,  plus  lard,  par  ce  dernier.  Â  en  juger  par  ce 
qui  se  passe  chez  le  Hérisson,  ce  cordon  serait  ainsi  une 
formation  secondaire,  correspondante  ce  que  l'on  désigne, 
dans  la  moelle  adulte  des  mammifères,  sous  le  nom  de 
cordon  posiérieur.  Ajoutons  toutefois  que  fauteur,  à 
Texemple  d'autres  embryologistes,  considère  les  fibres 
radiaires  comme  provenant  du  canal  médullaire  primitif. 
Puis,  revenant  à  l'opinion  quil  défend  chaleureusement, 
il  décrit  et  figure  des  cellules  mésoblastiques  situées  dans 
l'espace  compris  entre  Tébauche  ganglionnaire  et  le  tube 
médullaire,  et  qui  montrent  une  grande  tendance  à  s'ap* 
pliquer  contre  ce  dernier;  elles  finissent  par  se  transfor- 
mer en  une  sorte  de  manteau  fibrillaire  entourant  la 
moelle.  Ce  manteau  aussi  serait,  par  conséquent,  d'origine 
mésoblastique. 

Une  structure  primitivement  cellulaire  est  attribuée 
aux  racines  antérieures;  l'attention  est  plus  particulière- 
ment attirée  sur  un  processus  de  ditférenciation  qu'on 
observe,  au  stade  IV,  à  Tendroitoù  ces  racines  sont  reliées 
à  la  moelle,  par  conséquent  de  chaque  côté  de  la  face  ven- 
trale de  celle  dernière.  Nous  ferons  remarquer  que  le 
D'  Lahousse,  dans  le  travail  déjà  cité,  signale  une  sem- 
blable excroissance,  au  côté  antéro-interne  du  canal  médul- 
laire, chez  le  Poulet. 

Au  stade  V,  comme  c'est  le  cas  pour  d'autres  mammi- 
fères, on  trouve  les  ganglions  spinaux  reliés  à  la  moelle 
par  plusieurs  cordons.  D'après  l'auteur,  cette  disposition 
s'explique  mieux  dans  l'hypothèse  admise  par  lui  au  sujet 
de  l'union  définitive  des  ganglions  spinaux  avec  le  tube 
médullaire,  qu'en  admettant,  avec  His,  Sagemehl  et 
d'autres,  que  les  fibres  secondaires  se  dirigent  du  gan* 


j 


(  909  ) 

glion  vers  la  moelle  ou  de  celle-ci  vers  le  ganglion.  La 
pénétration  de  fins  capillaires  sanguins  à  l'intérieur  du 
tissu  médullaire  est  très  évidente  à  ce  stade. 

Le  chapitre  se  termine  par  quelques  considérations  sur 
le  ganglion  du  trijumeau  au  V'  stade. 

Le  chapitre  VI  renferme,  sous  forme  de  propositions, 
le  résumé  des  principaux  résultats  obtenus  par  l'auteur. 
Pour  compléter  l'analyse  qui  précède  et  faciliter  ainsi 
l'appréciation  du  mémoire,  nous  avons  cru  utile,  au  risque 
de  nous  répéter,  de  traduire  le  résumé  susdit. 

1)  L'époque  de  la  reproduction,  chez  le  Hérisson,  tombe 
surtout  dans  le  courant  des  mois  de  juillet  et  d'août;  la 
portée  est  de  quatre  à  dix  jeunes. 

2}  La  formation  de  la  caduque  précède  la  fixation  de  la 
véhicule  blastodermique  à  la  paroi  utérine.  Cette  formation 
de  la  caduque  résulte  d'une  prolirération  cellulaire,  très 
active,  sous-épiihéliale.  L'épithélium  utérin  et  celui  des 
glandes  utérines  disparaissent  à  l'endroit  de  la  saillie  déci- 
duale.  En  même  temps,  le  nombre  des  vaisseaux  sanguins 
auga)ente. 

3)  La  vésicule  blastodermique  est  reçue  dans  une  cavité 
devenue  plus  voluniineuse  de  la  caduque;  du  côté  de  la 
lumière  utérine,  cette  cavité  est  bouchée,  non  seulement 
par  le  tissu  propre  de  la  caduque,  mais  encore  et  surtout 
par  un  bouchon  renfermant  beaucoup  de  sang. 

4)  A  une  période  plus  avancée  du  développement,  du 
lait  utérin  (et  probablement  aussi  du  sang)  apparaît  dans 
la  caduque  à  la  suite  d'une  déliquescence  du  protoplasme 
des  cellules  déciduales.  Les  lacunes  qui,  dans  les  premiers 
stades,  ont  pris  naissance  aux  dépens  de  la  lumière  des 
glandes,  se  remplissent  de  ces  produits  de  déliquescence, 
en  même  temps  que  s'établissent  des  anastomoses  entre 


(  910  ) 

les  plus  unes  ramifications  vasculairesde  la  caduque  el  les 
lacunes. 

5)  Ce  processus  atteint  son  maximum  de  développe- 
ment dans  la  caduque  placentaire  entièrement  développée; 
on  trouve  alors  des  lacunes  nombreuses  et  minuscules 
circonscrites  par  le  tissu  fœtal  allanloidien,  et  en  même 
temps  en  communication  directe  avec  les  vaisseaux  san- 
guins maternels. 

6)  La  fixation  de  la  vésicule  blastodermique  à  Tintérieuf 
de  la  cavité  de  la  caduque  a  lieu,  primitivement,  à  toute  la 
face  interne  de  cette  cavité;  au  moment  où  les  tiois  feuil- 
lets blastodermiques  sont  ébauchés,  une  zone  annulaire  de 
cette  face  interne  s*épaissit,  et  cela  à  l'endroit  où  le  disque 
blastodermique,  resté  libre,  s^infléchit  et  sapplique  à  la 
caduque. 

7)  Cette  zone  épaissie  est  le  précurseur  de  Taire  opaque 
(area  opaca)  ou  aire  vasculaire  {area  vasculosa). 

8)  En  même  temps  que  se  montrent,  dans  cette  zone, 
les  vaisseaux  omphalo-mésentériques,  et  que  la  circulation 
vitelline  s'établit»  de  puissantes  villosités  vitellines  vascu- 
larisées  se  développent,  à  partir  de  la  zone,  et  pénètrent 
dans  le  tissu  de  la  caduque. 

9)  On  trouve,  par  conséquent,  dans  les  jeunes  stades 
de  développement,  une  placentation  omphaloldienne  très 
significative;  la  structure,  le  développement  et  le  siège  du 
réseau  vasculaire  qui  lui  donne  naissance  correspondent 
entièrement  à  la  disposition  de  Tappareil  vitellin  chez  le 
genre  Opossum^  décrite  récemment  par  Selenka. 

10)  Dans  la  deuxième  période  de  la  gestation,  cette 
placentation  primaire  diminue  d'importance,  pour  faire 
place  à  la  placentation  secondaire  par  Tintermédiaire  de 
i*allanloîde. 


(9H) 

11)  La  séparalion  des  villosités  omphaloîdiennes  d'avec 
le  lissu  de  la  caduque  marche  de  pair  avec  la  délamination 
du  raésoblas(e  le  long  de  la  moitié  inrérieure  du  blasto- 
cyste;  le  sac  vitellin,  devenu  libre,  s*aplalîl  et  se  replie 
d'une  façon  toute  spéciale,  mais  en  même  temps  très 
régulière. 

12)  L*allantoïde,  qui  saille  d*abord  librement  dans 
t'espace  étroit  compris  entre  la  région  dorsale  de  Tembryon 
et  la  caduque,  et  se  trouve  délimitée  circulairement  par 
la  paroi  du  sac  vitellin  fixée  à  la  caduque,  se  caractérise 
par  une  paroi  montrant,  eo  divers  points,  une  assez  grande 
épaisseur.  Â  Tendroit  où  elle  s'applique  contre  la  caduque, 
elle  refoule,  devant  elle,  la  membrane  séreuse;  celle-ci 
n*est  pas  le  siège  d'une  prolifération  préalable,  et  s'insinue 
entre  les  lacunes  déciduales  dont  les  cloisons  de  séparation 
tombent  de  plus  en  plus  en  déliquescence.  Ce  mode 
d'accroissement  ne  peut  se  comparer  à  une  formation  de 
villosités. 

15)  Une  émigration  de  leucocytes  contribue  activement 
à  ce  rapide  accroissement  d'une  partie  de  la  paroi  allan- 
toïdienne.  Par  suite  de  cette  prolifération,  les  vaisseaux 
allanloïdiens  pénètrent,  de  toute  part,  entre  les  lacunes  de 
la  caduque. 

14)  La  fin  de  ce  processus  de  développement  de  l'allan- 
toïde  coïncide  avec  le  processus  indiqué  sub  5,  et  qui  a 
son  siège  dans  la  caduque.  La  partie  proliférée  de  l'allan- 
toïde,  de  même  que  la  caduque  placentaire,  affecte  alors  la 
forme  d'un  disque  aplati.  Ou  ne  peut  méconnaître  divers 
points  de  ressemblance  avec  le  placenta  de  mammifères 
tout  à  fait  supérieurs. 

15)  Le  bord  de  la  caduque  réfléchie  se  fixe  à  la  caduque 
planectaire.  La  caduque  réfléchie  est  relativement  beau« 


(  912  ) 

coup  plus  épaisse  dans  les  slades  précoces  que  dans  les 
stades  tardifs  du  développement.  Dans  les  phases  ulté- 
rieures, elle  se  soude  à  la  membrane  séreuse;  entre  les 
deux,  existe  une  couche  homogène  et  transparente. 

16)  L'embryon  possède  un  pro-amnios  très  développé. 

17)  La  limite  entre  le  pro-amnios  et  Tamnios  détinitif 
est  fournie  par  les  deux  veines  vitellines  (v,  omphalo^^ 
mesenterkœ)  qui  retournent  au  cœur;  dans  les  stades  plus 
avancés,  le  pro-amnios  a  disparu. 

18)  La  corde  dorsale  nait  très  distinctement  de  Thypo- 
blaste.  Dans  les  jeunes  slades,  le  cordentoblaste  est  très 
apparent;  lorsque  Tembryon  a  atteint  son  complet  accrois- 
sement, la  notocorde  se  présente  sous  forme  d'un  cordon 
cellulaire  très  développé. 

19)  Le  conduit  du  mésonéphros  se  développe  aux 
dépens  de  Tépiblaste. 

20)  Le  canal  médullaire  atteint,  dans  la  région  lom- 
baire, un  développement  tout  spécial;  le  sinus  rhoroboïdal 
est  encore  ouvert,  alors  que  la  gouttière  médullaire  est 
fermée  en  avant  et  en  arrière  de  lui;  sur  les  bords  du 
sinus,  les  parois  de  la  gouttière  médullaire  s'élèvent  nota- 
blement au-dessus  du  niveau  des  somiles  mésobiastiques. 

21)  Un  repli  continu  des  bords  supérieurs  (dorsaux) 
du  canal  médullaire  forme,  à  droite  et  à  gauche,  la  bande- 
lette ganglionnaire,  qui  ne  reste  pas  en  continuité  avec  le 
canal. 

22)  Pendant  un  certain  temps,  les  ganglions  spinaux 
sont  reliés  entre  eux,  par  rinlermédiaire  de  cellules,  dans 
le  sens  longitudinal. 

23)  Dans  un  stade  plus  avancé,  les  ganglions  spinaux 
sont  constamment  reliés,  au  canal  médullaire,  par  deux 
ou  un  plus  grand  nombre  de  cordons  (connectifs),  et,  de 


(913) 

chaque  côté,   avec   un   faisceau   fibrillaire  longitudinal, 
situé,  à  l'origine,  en  dehors  du  canal  médullaire. 

24)  Un  processus  spécial  de  différenciation  de  la  paroi 
du  canal  médullaire  précède  l'apparition  des  racines 
ventrales. 

25)  Les  troncs  nerveux  ne  naissent  pas  sous  forme  de 
pioliférations  du  canal  médullaire,  mais  in  /oco,  dans  le 
mésoblasie;  en  général,  la  participation  de  ce  feuillet  à  la 
formation  de  parties  du  système  nerveux  central  est  plus 
importante  qu'on  ne  l'admet  communément. 

Dans  l'appréciation  du  mémoire  que  nous  venons 
d'analyser,  nous  devons  surtout  avoir  en  vue,  eu  égard  à 
la  teneur  de  la  question,  les  deux  points  suivants  : 

i^  L'espèce  choisie  par  l'auteur  comme  objet  de  ses 
recherches  appartient-elle  à  un  ordre  de  mammifères 
dont  lembryogénie  n'a  pas  ou  n'a  guère  été  étudiée 
jusqu'ici? 

2"*  Quelle  est  la  valeur  des  résultats  obtenus  et  con- 
signés dans  le  mémoire? 

A  la  première  question,  nous  répondrons  affirmati- 
vement. En  effet,  excepté  les  travaux  bien  connus  de 
Heape  sur  le  développement  de  ta  Taupe  (Talpa  europea\ 
nous  ne  possédons  pas  de  recherches  embryogéniques 
suivies  sur  d'autres  espèces  de  Tordre  des  Insectivores;  et, 
en  ce  qui  concerne  le  Hérisson  {Erinaceus  europeus)^ 
espèce  choisie  par  l'auteur,  on  ne  peut  guère  citer,  comme 
il  le  rappelle  d'ailleurs,  que  les  observations  de  Needham, 
Rolteston,  Nasse  et  Ercolani  sur  la  placentation  de  cet 
animal.  C'est  aussi  avec  raison  que,  dans  sa  préface  et  en 
se  basant  sur  diverses  citations  de  Parker  et  de  Huxley 
l'auteur  fait  ressortir  toute  l'importance  morphologique 

3"'  SÉKIE,   TOME   XIV.  61 


I 

2 


I: 


< 


. 
1 


■ 

i 


do  l*ordre  des  Insectivores  et  celle  du  Hérisson  en  parti- 
culier. 

2^  Quelle  est  la  valeur  des  recherches  consignées  dans 
le  mémoire? 

Et  d*abord,  ferons-nous  un  grief  à  Fauteur  d'avoir 
fourni  une  histoire  incomplète  du  développement  du 
Hérisson?  Ceux  qui  s'occupent  d*études  embryogéniques 
peuvent  seuls  comprendre  les  difficultés  sans  nombre  dont 
ces  études  sont  entourées  :  Tassemblage  des  matériaux 
nécessaires  aux  recherches,  Tobservation  sur  le  vif,  le 
durcissement  des  objets  par  des  réactifs  divers,  leur  colo- 
ration, leur  débit  en  coupes  microscopiques,  Tétude  de  ces 
dernières,  puis  la  reproduction  des  objets  par  le  dessin  ou 
la  photographie;  tout  cela  ce  ne  sont,  en  définitive,  que  des 
préparations  préliminaires.  Reste  encore  —  et  c'est  incon- 
testablement le  travail  le  plus  difficile  —  la  saine  appré- 
ciation des  objets  qu'on  a  sous  les  yeux,  leur  comparaison 
avec  les  faits  connus  ou  avec  d'autres  objets  examinés 
déjà.  Rien  d'étonnant,  dès  lors,  que  l'auteur,  comme  il  en 
fait  la  remarque  en  divers  endroits  de  son  travail,  n'ait 
pu,  le  temps  lui  faisant  défaut,  tirer  tout  le  parti  voulu 
des  nombreuses  préparations  dont  il  disposait.  C'est  ce 
qui  justifie  l'épigraphe  en  tête  du  mémoire  :  <  Trado  quœ 
pot  ai.  » 

Sans  doute,  nous  eussions  été  heureux  de  rencontrer 
des  détails  sur  la  fécondation  et  la  segmentation  de  l'œuf; 
mais,  on  l'a  vu,  il  n'a  pas  dépendu  de  l'auteur  de  ne  pou- 
voir nous  renseigner  sur  ces  phases  si  intéressantes  du 
développement  ontogénique.  Seulement,  ne  faut-il  pas 
attribuer,  en  partie  du  moins,  à  cette  lacune  involontaire 
les  erreurs  signalées  plus  haut?  N'est-ce  pas  par  suite  du 
manque  des  stades  antérieurs  que  l'auteur  a  faussement 
interprété  certains  faits  concernant  les  stades  les  plus  jeunes 


(  915  , 

observés  par  lui?  Quant  à  la  placenlation  et  à  ce  qui  s'y  rat- 
tache, elle  est  traitées  avec  un  soin  particulier;  malheureu- 
sementy  nous  devons  le  répéter  encore,  tout  le  chapitre,  y 
consacré,  est  entaché  de  Terreur  commise  au  début.  Cest 
surtout  Textension  donnée  à  cette  partie  de  son  mémoire 
qui  n'a  pas  permis  au  concurrent  de  s'étendre  longuement 
sur  Torganogenèse.  En  effet,  la  corde  dorsale  et  les  gan- 
glions spinaux  sont  seuls  étudiés,  sous  ce  rapport;  mais, 
les  renseignements  fournis,  au  sujet  des  ganglions  spinaux 
surtout,  sont  nombreux  et  intéressants.  Si,  comme  cela 
ressort  de  ce  qui  précède,  nous  ne  partageons  pas  entière- 
ment les  vues  de  l'auteur  sur  ce  point,  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  cette  partie  du  travail  peut  être  considérée 
comme  une  utile  contribution  à  l'étude  de  la  genèse  des 
nerfs  et  à  certaines  parties  de  la  moelle  épinière. 

Si  maintenant  nous  envisageons  le  mémoire  dans  son 
ensemble,  nous  pouvons  affirmer  qu'il  est  d'un  travailleur 
sérieux,  bon  observateur,  au  courant  de  la  technique  et  de 
la  bibliographie.  Il  est  écrit  d'un  style  clair,  avec  ordre  et 
méthode.  Les  figures  dessinées  jointes  au  texte  sont  très 
belles;  quant  aux  photographies,  elles  ne  nous  ont  pas 
toutes  paru  également  démonstratives. 

Mais,  certaines  erreurs  signalées  dans  le  cours  de  ce 
rapport  enlèvent  incontestablementau  mémoire  une  grande 
partie  de  sa  valeur.  Il  serait  à. souhaiter,  dans  l'intérêt 
même  de  l'auteur,  de  voir  disparaître  ces  desiderata.  Pour 
ces  motifs,  nous  proposons  à  la  Classe  : 

1"*  De  surseoir  à  toute  décision  concernant  le  résultat 
du  concours; 

2""  De  maintenir  la  question  au  programme,  en  enga- 
geant l'auteur,  qui  a  pris  pour  devise  :  Trado  quœ  potviy 
à  compléter  et  à  corriger  son  œuvre.  » 


C  i>i6  ) 


<  L'élude  approfondie  qu'il  a  failede  l'organisation  des 
mammifères  vivants  ei  fossiles  a  amené  Huxlev  à  formuler 
l'opinion  que  les  Insectivores  occupent  «une  |)OsitioD  cen- 
trale parmi  les  mammifères  placentaires».  <  Celui  qui 
connaîtrait  tous  les  degrés  de  variations  de  structure  qui 
peuvent  exister  dans  l'ordre  des  Insectivores  et  celui  des 
Rongeurs,  ainsi  s'e^>t  exprimé  Téminent  naturaliste,  possé- 
derait la  clef  de  toutes  les  particularités  que  Ton  observe 
chez  les  Primates,  les  Carnivores  et  les  Ongulés.  >  L'or- 
ganisation des  mammifères  supérieurs  ou  enihériens  peut 
être  déduite  de  celle  des  Insectivores,  et,  de  tous  les  ani- 
maux de  cet  ordre  actuellement  vivants,  le  Gymnure  et  le 
Hérisson  s'éloignent  le  moins  du  type  euthérien.  «  Il  n'y  a 
pas  de  monothrème  connu,  dit  Huxley,  qui  ne  soit  beau- 
coup plus  différent  du  type  prolothérien,  ni  de  marsupial 
qui  ne  s'éloigne  davantage  du  type  métathérien  que  le 
Gymnure  et  même  le  Hérisson  [Erinaceus]  ne  s'éloignent 
du  type  euthérien.  > 

Il  y  a  longtemps  déjà  que  Huxley  a  exprimé,  pour  la 
première  fois,  cette  opinion  dans  ses  lectures  au  Collège 
royal  des  chirurgiens.  Il  l'a  élayée  depuis,  dans  une  série 
de  publications,  par  quantité  de  faits  que  les  découvertes 
paléonlologiques  des  vingt  dernières  années  ont  mis  en 
luir»ière,  et  l'on  peut  dire  qu'à  l'heure  qu'il  est  tous  les  zoo- 
logistes et  les  paléontologistes,  dont  les  noms  font  autorité, 
sf»  sont  ralliés  à  la  manière  de  voir  du  chef  incontesté  de 
rtcole  biologique  en  Angleterre. 

Un  intérêt  tout  spécial  s'attache  donc  à  la  connaissance 
(lu  développement  embryonnaire  des  Insectivores  en  géné- 
ral et  du  Hérisson  en  particulier.  C'est  assez  dire  que, 


(  9i7  ) 

dans  mon  opinion,  Tauteur  du  mémoire  ne  pouvait  faire 
un  meilleur  choix,  el  qu'en  prenant  le  Hérisson  comme 
sujet  de  recherches  il  a  répondu  complèlemenl  aux  vœux 
de  la  Classe. 

iMon  honoré  confrère,  M.  Van  Bamluke,  a  fail  une  ana- 
lyse étendue,  chapitre  par  chapitre,  du  travail  que  nous 
sommes  chargés  d'apprécier  :  il  a  fait  connaître  les  résul- 
tats que  Tauteur  a  obtenus  et  les  conclusions  qu'il  a 
déduites  de  ses  recherches.  Je  n'ai  rien  à  ajouter  à  cet 
exposé  et  je  me  rallie  sans  restriction  au  jugement  qu'il 
formule  sur  la  valeur  de  l'ouvrage  quand  il  dit  :  «  nous 
pouvons  affirmer  que  le  mémoire  émane  d'un  travailleur 
sérieux,  bon  observateur,  au  courant  de  la  technique  et 
de  la  bibliographie.  »  Je  suis  également  d'avis  que  les 
planches  sont  fort  belles  :  on  y  reconnaît  la  main  d'un 
artiste.  J'en  dirai  autant  des  photographies  :  elles  sont,  en 
général,  très  lines,  bien  détaillées  et  suffisamment  démon- 
stratives. Elles  témoignent  de  la  valeur  des  préparations 
obtenues. 

J'apprécie  hautement  tout  ce  que  l'auteur  a  dû  se 
donner  de  peine  pour  recueillir  et  utiliser  dans  l'espace 
de  trois  ans  le  matériel  précieux  qui  a  servi  à  ses  recher- 
ches. On  ne  peut  que  s'étonner  qu'il  ail  réussi  à  se  procurer 
des  embryons  de  Hérisson  en  aussi  grand  nombre  et  à  des 
stades  de  développement  aussi  différents.  Mais  il  faut  bien 
reconnaître,  d'autre  part,  que  ce  matériel  est  insuffisant 
pour  justifier  des  conclusions  quant  à  l'organogenèse.  Non 
seulement  le  mémoire  présente  d'immenses  lacunes,  mais 
il  est  défectueux  à  certains  égards,  en  ce  qu'il  renferme 
dts  erreurs  d'interprétation  graves. 

Le  plus  jeune  stade  que  l'auteur  ait  réussi  à  se  procurer 
est  représenté  par  des  vésicules  blasto<lermiqurs  avec 
embryon  formé  de  deux  couches  cellulaires.  Les  recher- 


(  9«8  ) 

ches  que  je  poursuis  depuis  une  s^ie  d*années  sur  Pcm- 
bryogénie  des  Cheiroplères  me  permettent  d'affirmer  que 
l'auteur  s'est  mépris  sur  la  signification  des  couches  con- 
stitutives du  blastocyste;  ses  dessins  ne  laissent  aucun 
doute  à  cet  égard. 

Au  stade  dont  il  s'agit  la  vésicule  est  formée  dans  toute 
son  étendue  de  deux  couches  cellulaires  :  Tépiblaste  fort 
épaissi  est  déjà  intimement  uni  à  la  muqueuse  utérine  et 
l'hypoblaste  formé  de  celhiles  plates^  dans  la  plus  grande 
partie  de  son  étendue,  est  immédiatement  accolé  à  la  face 
interne  de  la  vésicule  épiblastique.  Sous  l'influence  de 
beaucoup  de  réactifs  employés  pour  durcir  le  blastocyste, 
l'hypoblaste  se  détache  du  feuillet  externe  et,  tandis  que 
celui-ci  reste  uni  à  la  muqueuse  maternelle,  la  vésicule 
hypoblastique  se  rattatine  dans  la  cavité  délimitée  par 
l'épiblaste.  Dans  les  mêmes  circonstances,  la  partie  épi- 
blastique de  la  tache  embryonnaire  se  sépare  très  facile- 
ment du  reste  du  feuillet  externe  du  blastocvste. 

L'auteur  du  mémoire  a  pris  pour  le  blastocyste  la  vési- 
cule hypoblastique  ratatinée  et  il  considère  à  tort,  comme 
faisant  partie  de  la  caduque  en  voie  de  formation,  l'épi- 
blaste é|)aissi  du  blastocyste.  Il  rattache  donc  aux  tissus 
maternels  le  feuillet  externe  de  la  portion  extraembryon- 
naire de  la  vésicule  blaslodermique  et  cette  erreur  a 
entraîné  des  conséquences  graves  dans  l'interprétation 
des  phases  subséquentes  du  développement.  Une  partie 
importante  du  mémoire  est  Consacrée  à  l'exposé  de  la  for- 
mation des  caduques  et  du  placenta.  Chacun  comprendra 
combien  tout  cet  exposé  se  trouve  vicié  par  Tinlerprétation 
fautive  des  premières  phases  du  développement. 

Celte  méprise,  quelque  regrettable  qu'elle  soit,  est 
d'ailleurs  fort  excusable,  en  ce  qu'elle  résulte  de  l'impossi- 
bililé,  dans  laquelle  s'est  trouvé  rauleur,(le  se  procurer  des 


1 


(  919  ) 

Stades  préalables  à  la  fixation  du  blastocyste.  Nul  doute 
que  chez  le  Hérisson,  comme  chez  d'antres  mammifères,  la 
vésicule  blaslodermique  ne  s'unisse  très  tôt  à  la  muqueuse 
maternelle,  qu'elle  ne  remplisse  complètement  la  cavité  qui 
lui  est  réservée  et  que  la  limite  entre  Tépiblaste  embryon- 
naire et  l'épithélium  utérin  ne  disparaisse  de  bonne  heure, 
voire  même  avant  l'apparition  de  la  ligne  primitive. 

Une  période  fort  importante  du  développement  sépare 
les  stades  II  et  J  de  l'auteur.  C'est  pendant  cette  période 
que  se  forment  la  ligne  primitive  et  le  mésoblaste,  qu'ap- 
paraît le  canal  cbordal,  que  se  constitue  la  plaque  noto- 
chordale  et  que  se  montrent  les  premiers  ilôts  sanguins. 
Ceux-ci  sont  groupés  en  un  cercle  assez  rapproché  des 
bords  de  l'embryon.  La  confluence  de  ces  tlots  amène  la 
formation  du  sinus  terminal,  dont  le  diamètre  croit  avec 
l'âge,  en  même  temps  que  l'aire  vaseulaire s'étend.  L'auteur 
n'a  pu  fournir  aucun  renseignement  sur  cette  période  si 
importante  de  l'évolution.  11  n'a  pu  étudier  qu'un  seul 
embryon  se  rattachant  à  son  stade  II,  et  il  ressort  clai- 
rement des  dessins  et  des  photographies  que  cet  embryon 
se  prétait  mal  à  l'étude.  Soit  à  raison  des  manipulations 
auxquelles  il  a  été  soumis,  soit  par  l'action  des  réactifs 
employés  pour  la  durcir,  il  a  été  ployé  en  divers  sens, 
déformé  et,  par  suite,  rendu  peu  propre  à  être  débité  en 
coupes  orientées. 

Ce  que  l'auteur  considère  comme  étant  l'ébauche  de 
l'aire  vaseulaire  n'çst  que  la  région  marginale  de  cette 
formation,  c'est-à-dire  la  série  circulaire  des  Ilots  sanguins 
aux  dépens  desquels  se  forme  dans  la  suite  le  sinus  ter- 
minal. 

J*incline  à  croire  que  l'opinion  d'après  laquelle  les  pre- 
miers globules  sanguins  procéderaient  à  la  fois  du  méso- 
blaste et  de  l'hypoblaste  repose  sur  l'examen  de  coupes 


(  920  ) 

obliques,  faites  à  travers  les  îlols  sanguins  encore  séparés 
les  uns  (les  autres,  saillants  dans  la  cavité  blasiodermique 
et  recouverts  par  Thypohlasle.  Les  premiers  éléments  du 
sang  se  forment  à  une  période  du  développement  nota- 
blement plus  reculée,  et  les  figures  produites  établissent 
que  Tauteur  n'a  pas  eu  sous  les  yeux  les  stades  de  for- 
mation des  premiers  globules  sanguins,  mais  bien  des 
cavités  vasculaires  déjà  fort  étendues. 

Il  y  a  aussi  un  grand  écart  entre  les  stades  II  et  III  de 
Tauteur.  Pendant  la  période  qui  s'écoule  entre  ces  deux- 
stades,  les  ébauches  des  principaux  organes  se  consti- 
tuent aux  dépens  des  feuillets.  L'auteur,  n'ayant  pas  eu 
sous  les  yeux  d'embryons  d'âge  intermédiaire  entre  les 
stades  II  et  III,  s'est  trouvé  dans  l'impossibiié  de  fournir 
aucun  renseignement  sur  la  genèse  de  ces  ébauches. 
S'il  s'était  borné  à  décrire  objectivemi^nt  les  embryons  du 
stade  III  nous  n'eussions  eu  qu'à  constater  et  à  regretter 
l'existence  de  cette  lacune.  Mais  il  a  eu  le  tort  de  conclure, 
de  l'étude  des  embryons  qu'il  a  eus  sous  les  yeux,  aux  pro- 
cessus génétiques  de  quelques-unes  des  ébauches  et  par- 
ticulièrement de  la  notocorde  et  du  canal  segmi'ntaire.  il 
fait  dériver  de  l'hypoblaste  la  plaque  notocordale  et  rat- 
tache à  l'épiblaste  le  canal  segmentaire.  Or,  en  ce  qui 
concerne  la  notocorde,  il  est  bien  démontré  aujourd'hui 
qu'elle  ne  procède  pas  de  la  couche  interne  de  l'embryon 
et  que  le  sta'^e  figuré  par  l'auteur  résulte  d'une  inter- 
calalion  secondaire  de  la  plaqut*  notocordale  dans  Thypo- 
blaste  vitellin. 

L'auteur  conclut  de  ce  qu'il  trouve  le  canal  segmentaire 
soudé  à  l'épiblaste,  au  voisinage  de  son  extrémité  anté- 
rieure, à  l'o.  igine  ectodermique  de  cet  organe.  Je  suis  loin 
de  vouloir  révoquer  en  doute  l'exactitude  de  cette  opinion  ; 
mais  les  faits  observés  par  l'auteur  ne  justitient  pas  sa 


(  921  ) 

conclusion.  Comment  répondrnil-il  à  qnolqirtin  qui, 
acceptant  d'HJIieurs  la  parfaite  réalité  drs  faits  ob^iervés, 
exprimerait  l'opinion  que  ce  canal  segmentaire  piocëde  du 
mésohiaste  et  qu*il  se  soude  secondairement  avec  l'épi- 
blasfo?  Je  cherche  vainement  aussi  dans  les  observations  de 
Tauteur  la  preuve  établissant  que,  au  stade  dont  il  s^agil, 
les  échanges  matériels  entre  la  mère  et  le  fœtus  se  font 
par  la  face  externe  du  sac  vitellin. 

Les  écarts  sont  tout  aussi  considérables  entre  les  stades 
III  et  IV,  IV  et  V,  etc.,  qu'entre  les  stades  I  et  II  et  II  et 
III,  et  je  ne  Irouve  rien  qui  ne  soit  déjà  connu,  pour  plu- 
sieurs autres  mammifères,  dans  les  observations  de  Tauieur 
relatives  aux  stades  avancés  du  développement.  J'en 
excepte  les  résultats  qu'il  annonce  quant  à  la  genèse  des 
nerfs.  Sur  ce  point,  l'opinion  (ju'il  s'est  faite  est  en  oppo- 
sition formelle  avec  les  idées  qui  ont  cours  aujourd'hui. 
Les  faits  justifient-ils  la  manière  de  voir  de  Tauteur,  qui 
en  revient  aux  idées  de  Remak?  Il  faut  bien  reconnaître 
qu'ils  sont  loin  de  suffire  pour  entraîner  la  conviction, 
et  je  souscris  sans  restriction  aux  réserves  que  l'honorable 
premier  commissaire  a  cru  devoir  formulera  ce  sujet. 

Les  critiques  qui  précèdent  ne  m'empêchent  nullement 
(le  reconnaitre  de  grands  mérites  au  mémoire  qui  nous 
est  soumis.  Elles  établissent  que  plusieurs  conclusions 
sont  prématurées,  que  d'autres  sont  manifestement  enta- 
chées d'erreur.  Os  défauts  sont  dus  à  ce  que  l'auteur  n'a 
eu  à  sa  disposition  qu'un  matériel  insuffisant  et  il  est  à 
désirer,  non  seulement  dans  l'intérêt  de  la  science,  mais 
dans  rintérél  de  l'auteur  lui-même,  que  ces  premiers 
résultats  soient  complétés  et  n*visé$  avant  que  le  mémoire 
soit  livré  à  l'impression. 

L'auteur  s'est  parfaitement  rendu  compte  de  l'étendue 
des  lacune.N  que  j'ai  signalées,  et  il  «'xprime  l'espoir  de  les 


(  922  ) 

combler  à  bref  délai.  <  J'ose  espérer,  dit-il,  que  les  nou- 
veaux résultats  auxquels  j'arriverai  peut-être  après  Tenvoi 
du  mémoire  pourront  y  être  intercalés  avant  son  appari- 
tion. » 

Dans  ces  conditions,  j*estime  qu'il  y  a  lieu  de  suspendre 
toute  décision  en  ce  qui  concerne  le  résultat  du  concours; 
je  propose  à  la  Classe  de  maintenir  la  question  à  son  pro- 
gramme et  j'invite  l'auteur  anonyme  du  mémoire  à  com- 
pléter son  œuvre.  Nul  doute  qu'en  poursuivant  ses 
recherches  il  ne  parvienne  à  combler  des  lacunes  impor- 
tantes et  à  mériter  pleinement,  non  seulement  le  couron- 
nement de  son  mémoire,  mais  les  félicitations  de  tous  ceux 
qui  s'intéressent  aux  progrès  de  l'embryologie.  » 

M.  Félix  Plateau  déclare  se  rallier  complètement  aux 
conclusions  formulées  par  ses  savants  confrères,  MM.  Van 
Bambeke  et  Éd.  Van  Beneden. 

En  conséquence  des  rapports  qui  précèdent,  la  Classe 
n'a  pas  jugé  pouvoir  décerner  le  prix  au  mémoire  qui  lui 
a  été  soumis;  mais  elle  a  décidé  que  la  question  restera  au 
concours  pour  l'année  prochaine.  Elle  espère  ainsi  mettre 
l'auteur  à  même  de  compléter  ses  recherches,  et  de  pro- 
duire un  mémoire  qui  méritera,  non  seulement  d'être 
couronné,  mais  de  recevoir  les  félicitations  de  tous  ceux 
qui  s'intéressent  aux  progrès  de  l'embryologie. 

M.  Gilkinel  ayant  accepté  de  remplacer  M.  Spring 
comme  commissaire  pour  les  Mémoires  du  concours 
extraordinaire  sur  le  RepoissonnemenC  des  rivières,  la 
lecture  des  rapports  de  MM.  Gilkinet,  P.-J.  Van  Beneden 
et  de  Selys  Longchamps  aura  lieu  ultérieurement. 


(  923  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Sur  tin  nouveau  gtucoside  azoté  retiré  du  <  Linum  usitatis- 
siMUM.  —  CommuDication  prélknioaire;  par  A.  Jorissen 
et  E.  Hairs. 

Il  }'  a  quelque  temps  déjà,  Tun  de  nous  signalait  l'abon- 
dant dégagement  d'acide  cyanbydrique  auquel  donnent 
lieu  les  plantules  de  lin  écrasées,  et  étudiait  tes  conditions 
dans  lesquelles  ce  phénomène  est  le  plus  marqué  (1). 
Nous  rappellerons  que  le  rendement  le  plus  élevé  en  acide 
cyanhydrique  s'obtient  quand  on  opère  sur  des  plantules 
dont  Taccroissement  a  eu  lieu  à  la  lumière  et  dans  une 
atmosphère  normale,  tandis  que  les  plantules  étiolées 
fournissent  une  quantité  d'acide  beaucoup  plus  faible. 
Nous  comptons  revenir  prochainement  sur  l'étude  de  ces 
faits,  qui  présentent  un  réel  intérêt  au  point  de  vue  de  la 
physiologie. 

Dans  les  divers  essais  pratiqués  en  vue  de  procéder  au 
dosage  de  l'acide  cyanhydrique  produit  par  les  plantules 
ou  les  plantes  de  Linum  usitatissimum^  il  était  aisé 
de  constater  que  cet  acide  n'existe  pas  tout  formé  dans  le 
végétal,  mais  qu*il  provient  de  la  décomposition  d'une 
autre  substance,  comme  c'est  le  cas,  par  exemple,  pour 
l'acide  cyanhydrique,  qui,  dans  certaines  conditions,  prend 
naissance  aux  dépens  de  la  laurocérasine  du  laurier-cerise. 

Il  y  avait  donc  lieu  de  supposer  que  le  Linum  usitO" 

(4)  Voir  les  Phénomènes  chimiques  de  la  germination  ;  par  A.  Joris* 
«en.  Mémoire  couronné  par  rAcadémic,  i885,  coll.  in-8%  t.  58. 


(924) 

tUsimnin  iTiit'erme  i^oit  de  Tamygclaline,  soit  de  ia  taiiro- 
césarine. 

La  solubilité  de  Tamygdaline  et  de  la  laurocérasine  dans 
Talcool  i4  la  facilité  avec  laquelle  ces  deux  giucosides 
voisins  se  dédoublent  en  présence  de  Témulsion  d*amandes 
douces,  permettaient  de  rechercher  aisément  si  Tacide 
cyanhydrique  provenait  ici  du  dédoubleuienl  de  l'un  on 
de  l'autre  de  ces  giucosides. 

C'est  en  vain,  cependant,  que  l'extrait  alcoolique  des 
plantes  de  lin  fut  traité  à  diverses  reprises  par  l'émulsion 
d'amandes  douces;  même  après  vingt  heures  de  contact, 
il  n'était  pas  possible  de  constater  la  formation  d'acide 
cyanhydrique  dans  le  mélange. 

Dans  ces  conditions,  nous  étions  portés  à  croire  que 
le  glucoside  se  décomposait  pendant  la  préparation  de 
rextrait  alcoolique,  lorsqu'une  circonstance  fortuile  viol 
nous  montrer  qu'il  n'en  était  rien.  Avant  de  traiter  cel 
extrait  alcoolique  par  les  acides  dilués  à  Tébullition,  nous 
crûmes  devoir  essayer  l'action  de  la  poudre  de  certaines 
graines,  et  notamment  de  la  farine  de  lin,  sur  l'extrait  pré- 
paré. A  notre  grand  étonneinent,  le  mélange  dégagea  une 
forte  odeur  d'acide  cyanhydrique  après  quelques  heures 
de  contact.  L'alcool  enlevait  donc  aux  végétaux  étudiés 
un  composé  susceptible  de  fournir  do  l'acide  cyanhydrique 
quand  on  le  met  en  présence  de  la  farine  de  lin,  mais 
résistant  à  l'action  de  l'émulsine  des  amandes. 

Après  de  longues  recherches,  nous  sommes  parvenus  à 
isoler  ce  produit  à  un  étal  de  pureté  suffisant  pour  le  sou- 
mettre à  divers  essais.  Bien  que  les  données  que  nous 
possédons  sur  la  nature  et  les  propriétés  chimiques  de  ce 
composé  soient  encore  incomplètes,  nous  avons  tenu  à 
prendre  date  et  à  communiquer  à  l'Académie  les  résultats 
que  nous  avons  obtenus  jusqu'à  présent  en  étudiant  cette 


(  925  ) 

substance.  Comme  on  le  verra,  celle-ci  semble  devoir  être 
ajoutée  à  la  liste  des  rares  glucosides  azotés  qui  ont  été 
retirés  des  végétaux. 

Pour  préparer  ce  produit,  les  plantes  ou  plantules  de 
lin  sont  desséchées  à  une  température  aussi  bas^e  que 
possible,  on  les  épuise  par  de  Palcool  à  94^  puis  on  soumet 
la  teinture  obtenue  à  la  distillation.  On  reprend  le  résidu 
sirupeux  par  Peau,  on  filtre  sur  tiltre  mouillé  et  on  ajoute  au 
liquide  de  la  levure  de  bière  pour  faire  disparaître  le  sucre 
dont  la  solution  est  chargée,  quand  on  opère  au  moyen 
de  plantules.  Dès  que  la  fermentation  a  pris  (in,  on  tiltre, 
on  fait  bouillir;  puis  on  traite  la  liqueur  par  une  solution 
de  tanin. 

Il  se  produit  un  précipité  que  Ton  sépare  par  filtration. 
La  liqueur  est  alors  additionnée  d'acétate  plombique,  on 
iiltie  et  on  débarrasse  le  liquide  liltré  de  fexcès  de  plomb 
par  l'acide  sulfhydrique. 

La  solution  filtrée  est  évaporée  à  siccité.  On  reprend 
par  Taicool  absolu,  on  filtre  et  on  ajoute  au  liquide  d'un 
demi  à  un  volume  d'éther  ofiicinal;  on  filtre  et  on  répète 
au  besoin  ce  traitement. 

On  évapore  alors  à  siccité,  on  dissout  le  résidu  dans  IVau 
et  on  décolore  par  le  charbon  animal.  La  solution  décolorée 
est  évaporée  jusqu'à  ce  que  la  masse  coule  difficilement  et 
est  abandonnée  à  la  cristallisation  sons  la  cloche  d'un 
exsiccateur  à  acide  sulfurique,  ou  même  à  l'air  libre.  Ce 
résidu  ne  tarde  pas  à  se  prendre  en  une  masse  daiguilles 
blanches  groupées  autour  d'un  centre  commun;  celles-ci  se 
dissolvent  aisément  dans  l'eau  et  Talcool  et  possèdent  une 
saveur  légèrement  amère.  L'acide  sulfurique  concentré  ne 
les  colore  pas  en  violet  et  leur  solution  aqueuse  ne  réduit 
pas  la  liqueur  de  Fehiiug.  L'essai  au  sodium  permet  d'y 
constater  la  présence  d'une  forte  proportion  d'azote. 


(  926  ) 

■ 

Quand  on  ajoute  à  la  solution  aqueuse  du  produit  en 
question  une  pincée  de  farine  de  lin,  le  liquide  renferoie 
une  dose  notable  d'acide  cyanhydrique,  après  quelques 
heures.  L*émul$ion  d'amandes  douces  est  sans  action  dans 
les  mêmes  conditions. 

Lorsqu'on  dissout  cette  substance  dans  de  Teau  renfer- 
mant deux  centièmes  d'acide  sulfurique,  puis  que  Ton  fait 
bouillir  le  liquide  pendant  une  ou  deux  heures  dans  un  bal- 
lon surmonté  d'un  réfrigérant  à  reflux,  la  solution  se  charge 
d*acide  cyanhydrique.  Après  évaporation  et  neutralisation 
par  le  carbonate  calcique,  elle  réduit  la  liqueur  de  Fehiing 
et  fermente  quand  on  Tadditionne  de  levure  de  bière. 

1/acide  cyanhydrique  et  le  sucre  glucose  constituent 
donc  deux  des  produits  de  dédoublement  du  glucoside; 
nous  avons  lieu  de  supposer  qu*il  en  existe  un  troisième, 
mais  d'après  des  essais  comparatifs  que  nous  avons  faits 
en  opérant  sur  l'eau  distillée  de  plantes  de  lin  et  Teau  dis- 
tillée de  laurier-cerise,  ce  troisième  produit  ne  serait  pas 
Faldébyde  benzoïque. 

Nous  avons,  en  effet,  préparé  de  Peau  distillée  de  laurier* 
cerise  et  de  Peau  distillée  de  plantes  de  lin,  d*uoe  égale 
richesse  en  acide  cyanhydrique;  or,  tandis  qu'en  faisant 
bouillir  Teau  de  laurier-cerise  rendue  alcaline,en  présence  de 
l'oxyde  d'argent,  il  était  aisé  d'en  retirer  une  notable  quan- 
tité d'acide  benzoïque,  après  filtration,  acidulation  par  Tacide 
sulfurique  et  agitation  avec  de  l'éther,  nous  n'avons  obtenu 
qu'un  résidu  insignifiant  et  d'une  nature  différente  en  opé- 
rant de  la  même  façon  sur  l'eau  distillée  de  plantes  de  lin. 

Le  produit  en  question  se  distingue  donc  de  l'amygda- 
line,  notamment  par  ba  résistance  à  l'action  de  l'émulsine 
des  amandes  douces,  par  la  réaction  de  l'acide  sulfurique 
concentré  et  par  la  nature  de  l'un  des  produits  résultant 
du  dédoublement. 


(  927  ) 

Dès  que  nous  aurons  préparé  une  quantité  suffisante  de 
ce  coniposé,  nous  en  ferons  Tétude  complète,  et  nous 
aurons  Thonneur  de  soumettre  à  TAcadémie  les  résultats 
de  nos  recherches. 


Notice  sur  tes  Mélaêtomacées  austro- américaines  de 
M.  Ed.  André;  par  Alfred  Cogniaux,  professeur  à  TÉcole 
normale  de  TÉtat  à  Verviers  et  vice-consul  de  TEmpire 
du  Brésil. 

Les  Mélastomacées  dont  nous  donnons  ici  Ténumératiou 
ont  été  récoltées  par  M.  André  en  1875  et  en  1876,  prin- 
cipalemrnt  dans  la  Nouvelle*Grenade  et  TÉquateur. 

Il  y  a  plusieurs  années,  nous  avons  déjà  fait  connaître 
les  Cucurbitacées  récoltées  dans  le  même  voyage  d'explo- 
ration. On  a  vu  alors  que  la  collection  des  plantes  de  cette 
famille  était  fort  remarquable;  celle  des  Mélastomacées  ne 
Test  pas  moins,  car  elle  comprend  cent  trois  espèces  dis- 
tinctes et  une  variété.  Les  nouveautés  sont  au  nombre  de 
vingt,  dont  dix-neuf  espèces  et  une  variété. 

Nous  avons  donné  urie  description  détaillée  de  toutes 
les  espèces  inédites;  de  plus,  pour  les  autres  espèces,  nous 
avons  cru  utile  de  reproduire  les  notes  prises  sur  le  vif 
par  M.  André  et  concernant  généralement  soit  le  port, 
soit  la  taille  de  la  plante  ou  la  couleur  des  fleurs,  etc.,  en 
un  mot  des  caractères  d*autant  plus  intéressants  à  con- 
naître qu'on  ne  peut  généralement  les  observer  bien  exac- 
tement sur  les  échantillons  d'herbier.  L'indication  du  lieu 
natal  est  extraite  littéralement  de  ses  étiquettes,  et  les 
numéros  entre  parenthèses  sont  ceux  des  exemplaires  de 
sa  collection. 


(  928  ) 

Pour  ne  pas  toujours  répéter  les  mots  Kova  Granata  et 
Ecuador,  nous  avons  fréquemment  fait  usage  des  abré- 
vialions  N.  Gr.  et  £c. 


I.  Bucquelia  glulinosa  DC.  Prodr.  III,  HO,  ^.  rosea,nov.  var. 

Rami  supcrne  vix  gliitinosi.  Pedicelli  filiforiues,  â-4  cm. 
longi.  Flores  rosci. 

Ad  colles  prope  Chipaque  in  Cordillera  orientnli  Andium 
Novo-Granatonsim,  allit.  2800  m.,  Decembri  d875  (n»  1015). 

—  Ad  Boqucron  de  Bogota,  allit.  2900  m.,  !26  Januar.  1876 
(n<*1â65).  —  t  Frulex  2-3  m.  allus,  ramis  numcrosis,  apice 
conferlis;  floribus  cymosis,  speciosis,  roseis.  » 

Le  type  de  celle  espèce,  qui  se  rencontre  également 
dans  les  environs  de  Bogota,  a  les  jeunes  rameaux  souvent 
très  glulinonx,  les  pédicelles  longs  de  72-2  cm.  et  les 
fleurs  violeltes. 

9.  Rhjnchanthera  grandiilora  DG.  var.  nilcrophjlla  Naud.  in 
Ann.  Se.  iVal.  ser.  3.  XII.  211.  —  N.  Gr.  :  Ad  Alto  del  Potre- 
rilo  prope  Vijès  in  vallc  Caiica,  allit.  1780  m.,  30  Mart.  1876; 
ad  La  Laguna  in  vall.  flum.  Dagna,  altît.  1020  m.,  2  April.  1876 
(n*^  1076).  —  «In  humidis  montium,  rara.  Frulex  1-2  ra. 
rarius  2-3  m.  allus,  floribus  rubris  vel  rubro-violaccis.  > 

Cette  variété  n*avait  encore  élé  signalée  que  dans  la 
Guyane  hollaudaise. 

8.  Arlhrostemnia  campanulare  Triana,  MélnsL  35.  —  Prope 
Ibaguë,  ad  pedem  oricntaiem  montis  Tolima  in  Cordillera  ccn- 
irali  Novae  Granatac,  allit.  1410  m.,  4  Mart.  1876  (n»  2021). 

—  «  Hcrbacea;  flores  pulchrc  rosei,  pctalis  medio  dorso  ruber- 
rimis.  > 


(  929  j 

4*  Ernestia  ovata ,  nov.  sp. 

Caulc  ramoso;  rarnis  obscure  telragoDts,brevissiinedcnseque 
glanduloso-villûsis;  foliis  ovalis,  basi  rolundatis  et  saepîus 
Icviler  cmargiiialo-cordalis,  apice  abrupte  brevissiine  acutcque 
acumiiiatis,  7-ncrvii$,supra  dcnsiuscule  brcviterqueglanduloso- 
hirlellis,  subtus  brcviler  villoso-hirtcllis  praecipuc  ad  ncrvos 
nervulosque;  panicula  densiuscula,muIliflora;calycis  lubo  late 
campanuiato,  densiuscule  brevîterque  glanduloso-villoso,  seg- 
nienlis  lineari-subulatis,  sparse  pilosulis,  tubo  paulo  longiori- 
bus;  petalis  angustc  ovatis,  apice  subrotundatis,  utrinque  gla- 
berrimis  vel  apice  vix  glanduloso-pilosulis;  slaininibus  subsi- 
niiiibus,  majoruin  coniicctivo  iiifra  loculos  looge  producto 
arcualo  '/s  parle  (otius  longitudiiiis  a  basi  distincte  geniculalo 
ncc  calcarato,  ultra  lusertionein  filamciiti  antice  porrecto  et 
longe  biaristalo,  arislis  simplicibus,  rainoruin  connectivo  bre- 
vissiiiio  basi  poslicesubcalcaralo  antice  breviuscule  biaristato; 
ovai'io  4-locuiari,  verticc  Icviler  brevîterque  gland uloso-piloso. 

Suifrutcx  1  lu.  altus.  Raini  robusliusculi,  longiusculi,  crcclo- 
patuli,  subrecli,  fuscescciites,  subsimplices.  Petiolus  satis  gra- 
cilis,  tercliuhculus,  supra  vix  canaiiculalus,  brevissime  den- 
sequc  glanduloso-biriellus,  cinereo-fuscus,  i*/s-â7i  ^^» 
longus.  Polia  membranacea,  patula,  internodiis  saepius  duplo 
longiora,  margine  tcnuissinie  serrulata,  supra  laete  viridia  et 
opaca,  sublus  satis  pallidiora,  5^  cm.  longa,  4-6  cin.  lala; 
nervis  salis  gracilibus,  supra  vix  impressis,  subtus  salis  promi- 
nenlibus,  mcdiano  satis  crassiore,  cxlerioribus  caeleris  niulto 
graciiioribus  brevioribusque.  Paniculac  ereclae,  subpyrarai- 
datac,  subapbyllae,  1-2  dm.  longae,  ramis  paluiis,  gracilibus, 
loDgiuscuIis,  dichotome  ramulosis.  Pedicelli  subGliformcs , 
divaricali,  densiuscule  brevîterque  glanduloso-pilosî,  3-8  oim. 
longî.  Bracteolae  lineares,  patulae,  1-S  mni.  longae.  Calyx  fus- 
eescens,  lubo  obscure  iO-sulcato,  basi  oblusiusculo,  3  mm* 

■ 

longo,  apice  totidem  lato,  sêgmenlis  patulis,  levilcr  flexuosis, 
3-i  mm.  longis,  basi  vix  1  mm.  lulis.  Pclala  pulcbrc  rosea, 
palula,  basi  .suhrotundata,  tenuiier  mullincrvia,  8-U  mm.  longa, 

5"**   SÉRIE,   TOME   XIV.  62 


(  930  ) 

6  mrn.  lata.  Staminiim  filamenta  capillaria,  leviler  flexuosa, 
purpurascentia,  4-5  mm.  longa;  antlierae  linearcs,  paiilo 
flexuosae,  5  vel  3  '/«  ^^*  longae,  7t  ^^'  crassac,  connectivo 
infra  loculos  1  vcl  4-5  mm.  longos  produclo,  capillari,  basi 
dilalato,  aristis  tenuissimis,  1  </2  ^'^^  ^  ^^'  longis.  Ovarium 
ovoideum,  ]eviter4-sulcatum;  stylus  filiformis,  salis sigmoideo- 
flexuosus,  superne  non  vel  vix  incrassalus,  8-9  mm.  longus. 
Capsula  ovoidea,  fusca,  5  mm.  longa,  4  mm.  crassa.  Semina 
fulva,  creberrimeettenuissimefoveolata,  '/s  nini  longa,  '/i  ^^' 
crassa. 

Habitat  ad  Gerro  de  Anvila  prope  Panche  in  descensu  occi- 
dcntali  Andium  occid.  Novae  Granalae,  altit.  1400  m., 
i7Februari  i  876  (nM  70i). 

Cette  espèce  doit  se  placer  dans  la  section  Euernesiia^ 
entre  les  E,  tenella  DC.  et  £.  quadriseta  0.  Berg.  En  com- 
parant les  descriptions  que  nous  avons  données  de  ces 
deux  espèces  (in  Mart.  FI.  Bras.^  Melasl.  I.  227),  on  verra 
qu'elle  en  diffère  beaucoup.  Rappelons  seulement  que 
YE.  tenella  a  les  feuilles  oblongues^  à  5  nervures,  el  le 
connectif  des  grandes  élamines  éperonné;  VE.  quaclrhela 
a  les  feuilles  ovales-oblongues  et  les  arêtes  du  connectif 
des  grandes  étamines  profondément  bifides. 

&m  Pterolepts  pumîla  Gogn.  var.  y.  ramosa  Cogn.  in  Mart. 
FI.  Bras.,  JUelast.  I  264.  —  N.  Gr.  :  in  humidis  prope 
Jamundi,  ad  mediam  vallem  <  Cauca  »,  altit.  i025  m.,  iS  Apri- 
lis  1876  (n*»  2028).  —  c  Hcrbacea,  3-5  dm.  alta;  flores  albi.  » 

••  Pterogastra  diîaricata  Naud.  in  Ann.  Se.  naU  ser.  5.  XIII. 
35  (pro  parte).  —  JV.  Gr.  :  Ad  Caqueza,  in  declivitaie  oricn- 
Uii  Andium  bogotensium,  altit.  4800  m ,  30  Decembr.  1875 
(n*  98  i).  —  €  Herbacea;  flores  npbri,  fugaces.  » 

On  n'avait  jusqu'ici  signalé  cette  espèce  que  dans  le 
nord  du  Brésil  et  la  Guyane  anglaise. 


(  95*  ) 

9.  Tibouchina  Lindeiiiana  Cogn.  /.  r.  I.  547.  —  N.  Gr,  :  Ad 
Cerro  de  Anvila  prope  Panche,  allit.  4750  m.,  47  Februar. 
1876  (n®  474  4).  —  t  Frulex  2-5  m.  altus,  liabilu  erecio,  ramis 
apice  confertis,  floribus  pulcherrînie  rubris.  » 

Cette  espèce  a  d*abord  été  décrite  par  Beotham  {PL 
Hartvo.  181)  sous  le  nom  de  Pleroma  corymbosum;  mais 
des  raisons  de  priorité  nous  ayant  forcé  d'employer  le 
même  nom  spécifique  pour  une  autre  espèce,  nous  avons 
dédié  celle-ci  au  célèbre  explorateur  belge  M.  J.  Linden, 
qui  Ta  distribuée  autrefois  sous  les  numéros  103  et  733. 

8.  Tiboncbina  lepidota  Baill.  in  Adansonia,  KM.  74;  Cogn. 
L  c.  572.  —  In  syivis  primaevis  ad  Aguadita ,  in  Gordillera 
orientait  Andium  No  vœ  Granatœ  rara,  altil.  2 1 00  m.,  4  Febr.  1 876 
(n''4455).«  Arbor  45  metr.alta,  cyma  rotundata,cortice  caulino 
exfoliato  {Arbuti  Andrachne  instar)  cinnamomco,  floribus 
maximis  cœr-uleis  post  anlhesin  violaceis.  »  —  Inter  Salento  et 
Tambores  in  declivit.  occid.  mentis  Quindio,  altit.  4580  m., 
44  iMart.  1876,  et  ad  San  Pablo,  altit.  4270  m.,  22  Maii  4876 
(n°2546  part.),  c  Arbor  8-10  melr.  alta,  floribus  novis  pul- 
cherrime  purpurcis  vetcribus  violaceis.  »  —  Ad  Rio  Roble 
prope  Popayan,  altii.  4810  m.,  49  April.  4876  (n.2346  part.). 

9.  T.  lepidota,  var.  congestiflora  Cogn.  PL  Lehm.  in  Engl. 
Bot.  Jahrb.  VilL  47.  —  Ee,  :  Prope  San  Nicolas  ad  ripas  Rio 
Toachi,  allit.  4080  metr.,  24  Junii  4876 (n.  2546  part),  c  Arbor 
4-6  m.  aUa,  floribus  pur pureo- violaceis.  » 

10.  Tiboucbina  paleacea  Cogn.  in  Mart.  FL  Bras.,  Melast, 
I.  575.  —  N.  Gr,  :  Ad  Pié  de  San  Juan  in  decliv.  orient, 
monlis  Quindio,  allit.  cire.  2500  m.,  8  Mart.  4876  (n»  2265)  — 
«  Arbor  6-7  m.  alta.  cymfl  rolunda,  floribus  pulchcrrime  rubro- 
violaceis,  antheris  luteis.  > 


932 


; 


11.  Tiliouchina  Karstenii  Cogn.  /.  c.  I.  581.  —  Propc 
SusuiDuco  in  rcgioiic  Mclustoinaccarum  dilectiss.  Atidium 
orîcrit  Novae  Grariatae,  allil.  4^00  m.,  i  Januar.  1876  (n**  iHb 
et  913  pari.).  —  «  Frutcx  plur.  niclr.  altus,  floribus  violaceis.  » 

19.  Tiboucliina  bipcuicillala  Cogn.  /.  r.  I.  385.  —  Inlcr  San 
Miguel  et  Qiictaine  Cordillera  orient.  Novae  Granaïae,  alliu 
1950  m.,  31  Deecmbr.  1875  (n*  865).  —  <  Arbuscula  3-4  m. 
alla,  ramis  crassis  erectis,  floribus  ru  bris.  > 

13.  Tiboachina  gracilis  Cogn.  var.  8.  vulgaris,  /.  c.  1.  387.  — 
N,  Gr,  :  In  niontibus  Bogotensibus  meridicm  versus,  altiL 
2800  m.,  Deccmbri  1875  (n'*  915  part.).  —  «  Frutex  erectus, 
2-3  m.  altus,  floribus  rubris.  » 

14.  Tilrauchina  longifolia  Baill.  in  Adansonia,  XII.  74;  Cogn. 
l,c.  I.  402.  —  In  Venezuela  ad  littus  maris  prope  La  Guayra, 
allil.  12  m.,  2n  Novombr.  1875  (n«  100);  .V.  Gr.  :  ad  Carare 
sccuii  ripas  fluminis  Magdnlena,  altit.  350  m.,  7  Decembr.  4875 
(n**  409);  ad  Susuniuco  in  deelivit.  orient.  Andium  Bogolen- 
sium,  altit.  1240  m.,  1  Januar.  i876  (n*  823j.  —  «Frutex 
2  m.  altus,  rainosus.  » 

16.  Tibouchina  eillarls  Cogn.  —  Meriania  ciliaris  Vent.! 
Choix  de  PL,  tab.  34. —  Chaetogastra  ciliaris  DC.  Prodr.  IIL 
432.  —  Micranthella  ciliaris  Naud.  in  Ann,  Se,  naU  ser.  3. 

« 

XIII.  548.  —  Pleroma  ciliare  Triana,  MélasU  46,  tabl.  IIL 
fig.  51  0. 

Propc  Fusagasuga  ad  margines  sylvarum  Andium  orient. 
Novae  Granatae,  altiL  1900  m.,  6  Febr.  1876  (n«  4409). 
c  Sufifrutescens,  1  m.  alta,  floribus  roseis.  »  —  Ad  Pancbe  in 
dcclivil.  Andium  orient.  Magdalenam  versus,  altit.  1600  m., 
18  Fcbr.  4876;  propter  urbem  Ibaguead  pedem  occid.  montis 
Quindio,  altit.  1350  m.,  6  MarL  1876  (n«  1667).  «  Frutex  3  m. 
altus,  pauciramosus,  floribus  a! bis,  pctalis  obovalis.  » 


.  (  953  ) 

m.  Tibouchina  mollis  Cogn.  in  Mart.  FL  Bras.,  Mêlant.  1. 
349  in  adnot.  —  In  paludibus  et  locis  iniindatis  prope  Gumaral 
ad  pedcm  Cordill.  orient.  Novae  Granatae,  altit.  410  m., 
5  Januar.  1876,  cum  Mauritia  flexuoaa  crescens  (n°  1054). 
c  Planta  suffrutescens,  2  m.  altn;  ranii  assurgentcs;  corollac 
conspicuae  violaccae.  >  —  Ad  Paramo  de  la  Union  in  alla  valle 
Cancana,  altit.  circit.  2500  m.,  27  April  1876  (n*  2776  bis). 
«  Frutex  ramosus,  5  m.altus,  floribiis  copiosis  violaccis.  »  —  Ad 
Gasapamba,  prope  lacum  Andium  Laguna  Cocha  dictiim,  altit. 
cire.  5000  m.,  Maio  1876  (n*"  3085).  <  Arbuscula  4-5  m.  alta, 
floribus  roseo-violaceis.  >  —  Ad  Allô  de  Chocorral  in  vicinilate 
montis  ignovomi  Cumbal,  altit.  cire.  2800  m.,  20  Mail  1886 
(n*  5257  bis)  «  Frutex  5-4  m  altus,  ramosus,  floribus 
violaceis.  > 

19.  Tibouchina  laxa  Cogn.  —  Melastoma  taxa  Desr.  !  in 
Larok.  EncijcL  méth.  Bot.  IV.  41  —  Rhexia  xarmentosa 
Bonpi.!  Rhex.  23,  lab.  10.  —  Chaetogastra  sarmentosa  DC! 
Prodr,  III.  134.  —  Pleroma  laxiim  DC.Î  1.  c.  151;  Triana, 
MélasL  47,  tab.  III.  fîg.  31  j,  — £a.si'am/ra  «a rm en fo^a  Naud.! 
in  Afin.  Se,  nat,  ser.  3.  XIII.  130.  —  L.  laxa  Naud.  /.  c.  139 
et  Metast.  720.  —  Pleroma  sarmentosa  Hook.  f.!  in  Bot,  Magaz. 
tab.  5629. 

In  bumidis  apud  pratos  lomas  in  Andibus  centralibus 
Ecuadorensibu*;,  altit.  2800  m.  {n"  4550).  <  Frutex  dumosus, 
floribus  violaceis.  >  —  In  Gordillcra  ccntrali  Ecuadorensi,  altit. 
cire.  3000  m.  (n.  4562)  <  Frutex  2  m.  altus,  floribus  albis 
suavibus.  » 

18.  Tibouchina  pendula  Cogn.  PL  Lehm.  in  Engl.  Bot. 
Jahrb.  VIII.  18.  —  Ec.  :  Ad  ripas  fluni.  Pilaton  in  decliv. 
occid.  montis  Corazon,  altit.  1800  m.,  21  Junii  1876  (n''  3765). 
—  «  Flores  magni,  candidi,  speciosi.  » 


(  934  ) 

i9.  Tibouchina  arthrostemmoides,  nov.  spec  (sect.  Diotan- 
(iiera). 

Fruticosa;  ramis  obscure  tetragonis,  junioribus  breviuscule 
denseqiie  adprcssosetulosis  praecipue  ad  nodos,  vetustioribus 
subglabris;  foliis  brcvissinie  petiolatis,  rigidiusculis,  ovalis, 
basi  rotundatis  et  saepius  leviter  emarginato-cordatis,  apice 
aculis,  raargine  integerrimis,  7-nerviis  nervis  intcrmediis  basi 
brevitcr  coalilis,  ulrinque  brevissîme  subsparscque  adpresso- 
strigillosis  praecipue  sublus  ad  nervos;  floribus  majusculis, 
longiuscule  pedicellatis,  basi  minute  bibracteolalis,  ad  apîccs 
ramulorum  paucis  subcymosis;  calyce  dcnsiuscule  longeque 
adprcsso-strigoso,  tubo  campanulato-oblongo,  scgmentis 
linearibus,  breviuscule  ciliatis,  tubo  paulo  longioribus;  stami- 
nibus  satis  inaequalibus,  filamentis  glabris,  connectivo  infra 
locuios  breviuscule  producto,  glabro,  basi  valde  incrassalo; 
stylo  longiusculo,  glabro,  superne  non  vel  vix  inerassato,  apice 
trunealo. 

«  Arbuscula  5-6  m  alla,  ramosissima.  »  Rami  erecto- 
paluli,  graciles,  elongali,  rigidiusculi,  cinereo-fusei,  satis  raniu- 
losi.  Petiolus  gracilis,  tereliusculus,  longiuscule  denseque 
adpresso-selulosus,  2-6  mm.  longus.  Folia  patula  vel  subre- 
flexa,  internodiis  saepius  breviora,  utrinque  siccitate  viridi- 
fuscescentia,  4-6  cm.  longn,  2-3  7s  cm.  lata,  rameaiia  salis 
minora;  nervis  crassiusculis,  supra  satis  impressis,  sublus 
vaide  prominenlibus;  nervnlis  transversalibus  indislinctis.  Pe- 
dieelli  graciles,  teretiusculi,  dcnsiuscule  breviterque  adpresso- 
sfiigillosi,  4-2  cm.  longi.  Bracteolac  crectae,  rigidiusculae, 
oblongo-lineares,  fusccsccntes,  subglabrae,  2-4  mm.  longae. 
Calyx  fulvus,  tubo  6-7  mm.  longo,  apice  4  mm.  lato,  seg- 
men(is  ereclo-patulis,  rigidiusculis,  7-8  mm.  longis.  Petala 
rubra  vel  violacca,  palula,  obovata,  apice  oblique  subtruncata, 
margine  vix  ciliala,  utrinque  glabra,  45-17  mm.  longa, 
10-12  mm.  lala.  Staminum  filamenta  capillaria,  purpuraseen- 
lia,  6  vel  7-8  mm.  longa;  anihcrae  lincarcs,  supornc  salis 
•ttenuatae,  plus  minubve  arcualac,  4  vel  6  mm.  longne,  conncc- 


(  935  ) 

tivo  inl'ra  loculos  I  vel  3  mm.  longos  producto.  Ovarium  ovoi- 
deo  oblonguro,  superne  deiisiuscule  breviterque  setulosum; 
Stylus  filiformisy  apice  uncînatus,  8-10  mm.  longus.  Capsula 
angustc  obovoidea,  levitcr  6-sulcata,  superne  S-valvîs,  fera 
i  cm.  longa.  Semîna  fusca,  leviter  cochleala,  teouissîme  foveo- 
lata,  Vs  ^^-  longa»  7$  '">"•  crassa. 

Habitat  nd  Allaqucr  in  Cordillera  mcridionali  Andium  Novo- 
Granatensium,  allit.  990   m.,   Maio  1876;  ad  San  Pablo  in 

4 

regione  humidissima  Andium  Pastoensium,  altit.  1270  m., 
t22Maii  1876  (n.  3359). 

Parmi  les  nombreuses  espèces  de  la  section  Diotanthera^ 
aucune  n'a  un  port  analogue  à  celle-ci,  et  au  premier  coup 
d'oeil,  on  pourrait  croire  qu'elle  appartient  au  genre 
Arthrostemma^  quoiqu'elle  ait  absolument  tous  les  carac- 
tères floraux  du  genre  Tibouchina. 

tO.  Tîtcuchina  cerastifolia  Cogn.  in  Mart.  Fl,  Bras..,  Melast, 
I.  405.  —  Ec,  :  In  declivitate  occid.  montis  Corazon,  altit. 
1900  m.,  Junio  1876  (n""  1428  part).  --  <  Suiîrutex  ramis 
gracilibus,  floribus  roseis.  > 

La  découverte  de  cette  espèce  dans  la  république  de 
l'Equateur  est  très  remarquable,  car  elle  n'était  connue 
jusqu'ici  que  dans  les  provinces  méridionales  du  Brésil  et 
rUruguay.  Malgré  le  grand  éloignement  des  habitations 
de  l'Equateur  et  du  Brésil,  la  seule  différence  un  peu 
notable  que  nous  trouvons  entre  ces  plantes  est  que  celle 
du  Brésil  a  les  fleurs  pourpres,  tandis  que  M.  André  note 
pour  la  sienne  des  fleurs  roses. 

9t.  Tiboiicbina  grossa  Cogn.  in  Mart.  FL  Bras.^  MelasU 
I.  297.  —  N.  Gr.  :  Ad  Boqueron  de  Bogota,  altit.  2800  m., 
21    Decerabr.  1875  (n*  7i4).  c  Frutex  2-4  m.  altus,  ramis 


(  936  ) 

assurgentibus,  floribiis  atropurpurcis.*  — Ad  ParamodcChîm- 
balan  in  Gordillern  mcridionali  Novae  Granatac,  altit.  5000  m., 
4  Mail  i87G  (n®  2247  part.)  «  Flores  viride  sangninci.  • 

92.  Tiltoiichina  Andreana,  nov.  spec.  (scet.  Piirpurella). 

Frutîcosa;  ramis  obscure  tetragonis,  brevitor  dense  subad- 
presseque  strigosis  ;  foliis  parvis,  rigidis,  breviler  petiolatis, 
basi  rotiindati<{,apicc  obtusis  et  saepîu^  subrotniidalis,TnargÎTie 
subintegerrirois,  5-nerviis  nervis  latcralibus  liasi  breviter 
eoalitis,  supra  breviter  denseque  bullato-strîgosis  nsperri- 
misque,  subtus  pilis  brevissimis  patulis  rigidiusenlis  papillosis 
deose  birtellis  praecipue  ad  nervos  ;  floribus  magnis,  breviu- 
seule  pcdicellatis,  ad  apices  ramulorum  aggregalis  subc}  mosis, 
basi  bibracteatis  ;  calyce  longiuseule  densiuscule  subadpres- 
seque  strîgoso,  tubo  campanulalo-ovoideo,  segmcntis  nngnsfe 
ova(is,  apice  subrotundatis,  margine  mcmbrnnnccis  glabris 
ciliatisqne,  tubo  satis  brevioribus  ;  pctalis  extus  longiuseule 
denseque  villosis;  anthcrarum  eonncctivo  basi  in  calear  bifi- 
dum  producto. 

«r  Frutex  ramo^us,  5  m.  altus.  »  Rami  erecto-patuli,  robus- 
liusculi,  salis  brèves,  ferruginei,  satis  ramulosi.  Peliolus  gra- 
cilis,  teretiusculus,  breviter  dense  adpresseque  strigosus, 
2-4  mm;  longus.  Folia  patula,  internodiis  saepius  breviora, 
supra  vindi-eincrea,  subtus  cinerea,  4-1  '/*  <^ïn.  longa, 
7-42  mm.  lata;  nervis  crassiusculis,  supra  profunde  impressîs, 
subtus  satis  prominentibus;  nervulis  transvorsalibus  nume- 
rosis,  paulo  distinctis.  Pedicelli  robustiusculi,  breviter  den- 
seque strigosi,  V«'^  'A  en*  longi.  Bracteae  rigidiusculne, 
adpressae,  ovatae,  apice  rotundatae,  fuscae,  intus  subglabrae, 
extns  brevissime  subsparseque  hîrlellae,  T-IO  mm.  longae. 
Calyx  fuscus,  tubo  teretiusculo,  basi  rotundato,  fere  I  cm. 
longo,  7-8  mm.  Jato,  segmentis  erectis,  6  mm.  longis,  5  mm. 
latis.  Petala  atrosanguinea,  erecta,  obovata,  apice  subrotun- 
data,  inferne  longiuseule  attenuata,  2-2  ^/^  cm.  longa.  Stami- 
minum  61amenta  (imperfecte  evoluta)  glaberrima;  antherae 


i 


(  937  ) 

purpurnsccnlcs,  oblongo-lincares,  rcctac,  apice  tniocatac, 
6-7  mm.  longac,  I  ^/^  mm.  crassac,  conncclivo  infra  loculos 
4  mm.  long,  producto.  Ovarium  ovoideum,  supcrnc  brcvius- 
ciile  denseque  canesccnti-setulosum  ;  stylus  crassiuscuhis, 
atropurpurcus,  subrectus,  apîce  iruncatus,  1  ^/^  cm.  longiis. 
Capsula  perfecta  ignota. 

Habitat  ad  Boqucron  dcl  Quindio,  in  Cordillcra  cenlrali 
Novae  Granalae,  allil.  3i:j0  m.,  iO  Mari.  1876  (n»  2547  part.). 

Le  T.  Andreana  se  distingue  immédiatement  des  deux 
autres  espèces  de  la  section  Purpurella  par  ses  feuilles 
beaucoup  plus  petites^  dont  la  face  inférieure  est  couverte 
de  poils  papilleux  et  non  simples, 

99»  Braclij'otam  roi  midi  fol  in  m,  nov.  speo.  (srct.  Diccntrae 
Cogn.  in  Monagr,  Melast.  ined.), 

Ramis  obscure  tc(ragonis,  superne  pilis  patulis  longiusculis 
dense  hirtellis  ;  foliis  rigjdis,  subparvis,  breviter  pctiolatis, 
suborbicularibus,  marginc  subintegcrrimis,  7-ncrviis  nervis 
intermediis  basi  brevissime  coalitis,  supra  longiuscule  subad- 
presse denseque  sirigosis,  subtus  densissime  brevitcrque  villosis 
praecipuc  ad  nervos;  floribus  4-meris,  ad  apices  ramulo- 
rum  sacpius  aggregatis,  ebracteatis  vel  inicrdum  bractealib; 
calyce  dense  longe  adprosseque  villoso,  tubo  campanulato- 
obconieo,  segmentis  ovato-triangularibus,  apice  aculis,  basi 
contiguis,  tubumaequantibus  ;  pelalis  marginevixciliatis,  apice 
subrolundatis  ;  antbcris  lincaribus,  basi  longiuscule  bicalca^ 
ratis. 

€  Frutcx  ramosissimus,  2  m.  altus.  >  Rami  erecii  vel  crecto- 
patuli,  satis  graciles,  brèves Jevitcr  loriuosi,  ferruginei,infcrne 
plus  minusve  excoriali,  valde  ramulosi.  Peliolus  robusliuseu- 
lus,  tcrcliusfulus,  breviuseule  denseque  villoso-ln'rtcllus, 
2-7  mm.  longus.  Folia  oatuln.  iiilernodiis  subduplo  longiora, 
supra  viridia  vel  interdum  dilute  flaveseentia,  subtus  ^atis 
pallidiora  vel  rufescontia,  i  Vr^  cf^-  longa  et  fere  totidem 


(  938  ) 

lata;  nervis  crassiusculis,  supra  profundiuscule  impressis, 
sublus  satis  proiniiicnlibus.  Flores  brcviler  vel  brevissime 
pedicellati.  (]nlyx  fulviis  et  saepius  dilute  purpureus,  tubo 
teretiuscuio,  6-7  nim.  iongo,  apice  totidcm  lato,  segmeniis 
ereclis,  6-7  mm.  longis,  A  mm.  lalis.  Petala  ut  videtur  pur- 
pureo-violacea,  obovata,  basi  brevitcr  unguiculata,  tcnuissime 
plurinervia,  15-15  mm.  longa,  9-10  mm.  lata.  Staminum  fila- 
menia  subcapillaria,  purpurea,  5-6  mm.  longa;  anthcrae 
pallidae,  lineares,  superne  salis  alienualae,  subrcetac,  5-6  mm. 
longae.  Ovarium  anguslc  ovoidcum,  superne  longiuseule  den- 
seque  setulosum;  slyius  fîliformis,  airopurpureus,  fere  2  cm. 
lougus.  Capsula  ovoidca,  fuscescens,  8  mm.  longa,  5  mm.  crassa. 
Habilat  apud  c  Paramos  »  monlium  in  Andibus  Ecuado- 
rensibus  frequens,  allit.  3^200-5800  m.  (n°  4501). 

Celte  espèce  doit  être  rapprochée  du  6.  campanulare 
Triana,  qui  s*en  dislingue  facilement  par  ses  feuilles  étroi- 
lemeni  ovales,  à  5  nervures,  les  lobes  du  calice  deux  fois 
plus  longs  que  le  tube,  etc. 

94.  Brachjolum  cernuum  Triana,  Mélast.  48.  —  Ad  sum- 
mum nionlem  ignivomum  Azufral  in  Gordillera  raerid.  Novae 
Granalae,  allit.  cire.  4000  m,  48  Maii  1876  (n<>  5261).  — 
c  Frutex  i-2  m.  altus,  ramis  adpressis,  ereclis;  calycc  obscure 
minialo;  corolla  Iuleola.  » 

95.  Brachyolum  slrigosum  Triana,  /.  c.  49.  —  N.  Gr.  : 
Alto  del  Paramo  in  Cordillcra  Bogotensi,  allit.  r2850  m., 
14  Januar.  1876  (n**  1084);  ad  Guadalupc,  propler  urbem 
Rogola,  allit.  5150  m.,  25  Januar.  I87ô  (n*"  1^61),  —  c  Fru- 
tex 1-2  m.  allu5,  pauciramosus;  floribus  urceolalis,  alrovio- 
Inccis.  > 

•••  Brachjotiim  Andreanam,  nov.  spec.  (sect.  Adesmîae  Cogn. 
in  Monogr.  Melast,  ined,), 

Ramis  teretiusculis,  superne  subadprcsse  brcviler  denseque 


(  939  ) 

sCrigillosis;  foliis  rigidis,  parvis,  brevitcr  petiolatis,  ovalo- 
suborbieularibus,  basi  roiundalis,  apicc  oblusis  vel  subrolun- 
datis,  marginc  siibintcgcrriiuis,  5-iierviis  nervis  lalcralibus 
basi  brevitcr  coâiilis,  supra  callis  conicis  brevibus  apice 
subseiiferis  dense  onuslis,  sublus  selulis  brcvissimis  basi 
tuberculalis  densiuscule  birleliis  praccipue  ad  nervos  ncrvu- 
losquc;  Iloribus  5-meris,  ad  apices  ramulorum  solilariis  vel 
panels,  4-bractealis;  calyec  adprcssc  longe  denseque  scriceo, 
tubo  campanulato,segmentis  ovalis,acutis,  tubum  aequanlibus  ; 
anlheris  inappcndiculatis. 

Frutex  ereclus,  ramosissinius.  Rami  erecli,  robusliusculi, 
salis  brèves,  sordide  fusci,  inferne  denudati,  valde  raniulosi. 
Petiolus  robustiusculus,  teretiusculus,  breviuscule  denseque 
hirsutus,  5-5  mm.  longus.  Folia  patnla,  internodiis  2-3-plo 
longiora,  supra  fuscescentia,  sublus  cinerca,  Iâ-i7  mm.  longe, 
10-14  mm.  lata;  nervis  crassis,  supra  profunde  impressis, 
sublus  valde  prominentibus;  ncrvulis  transvcrsalibus  nume- 
rosis,  supra  indislinclis,  sublus  salis  proniinenlibus.  firaeteae 
imbricatae,  submembranaceae,  ovalo*suborbiculares,  intus 
glabrae  et  fuscescinles,  cxtus  canescenli-cincreae  et  densius- 
cule adpresseque  sericeae,  1  cm.  longae.  Galyx  canesccns, 
tubo  tcrctinsculo,  6  mm.  longo,  ùpice  7-8  mm.  lato,  segmenlis 
erectis,  rigidiusculis,  6  mm.  longis,  4-5  mm.  latis.  Petala 
c  viride  sanguinea  »,  suborbicularia,  marginc  brevissime 
ciliata,  1  '/«  cm.  longa.  Staminum  filamcnta  fîliformia,  glabra, 
purpurea,  5-6  mm.  longa;  anlherae  flavcsccnles,  oblongo- 
linearcs,  apice  attcnuntae,  subreetae,  4  mm.  longae.  Ovarium 
angusle  ovoideum,  superne  brevitcr  denseque  eanescenti- 
setuiosum;  slylus  filiformis,  purpureus,  2  cm.  longus.  Capsula 
subglobosa,  fere  i  cm.  crassa. 

Habitat  in  Andibus  eentralibus  Ecuadorensibus,  altit. 
5500  m.  (sine  n"*). 

Dans  la  section  Adesmiae,  le  B.  conferlum  Triana  est  le 
seul  qui  ait,  comme  Pespèce  que  nous  venons  de  décrire, 


(  940  ) 

les  fleurs  entourées  d'une  sorte  d'involucre  de  bractées, 
mais  le  B.  conferlum  a  six  bractées  au  lieu  de  quatre;  de 
plus,  ses  feuilles  sont  beaucoup  plus  petites,  ovales- 
oblongues,  à  trois  nervures,  etc. 

99*  Brachyotum  canescens  Trîana,  Mélast.  48.  —  N,  Gr.  : 
Ad  *  El  Penon  »,  prope  Sibatc,  in  dccliv  merid.  Andium 
Bogotensium,  allit.  2650  ni.,  A  Febr.  1876  (n*»  1464).  €  Frutex 
2-4  m.  altns,  ramis  depauperatis;  calycibus  coloratis;  eorolla 
albo-kiteola.  »  —  AH  Paramo  San  Fortunato  inier  Bogota  cl 
Fusagasiiga,  nltit  2880  m.  (n*»  1018).  «  Frulcx  1-2  m.  altus, 
pauciramosus;  floribus  urceolatis,  roscocilrinis.  « 

98.  Chaetolepis  microphjlla  Miq.  Comm.  Phytogr  7:2.  — 
Ad  Boqucron  de  Bogota,  in  decliviiate  occidentali  Andium 
orienl.  Novae  Granatae,  altit.  2780  m.,  2i  Dccembr.  1875 
(n**  736).  —  «  Fruticulus,  ramis  gracilibus;  floribus  flavîdis.  » 

99.  Aciods  paludosa  Triana,  Mélast.  5t.  —  N.  Gr.  :  Secus 
ripas  Rio  Guaro  ad  viam  Tuquerrcs-Barbaeoas,  altit.  1650  m., 
21  Maii  1876  (n<>  5412  part.).  —  t  Suffrutex  1  m.  altus,  flori- 
bus al  bis.  » . 


Aciotis  purpurascens  Triana,  /.  c.  52.  —  A^.  Gr,  :  In 
dcclivitate  orientali  Andium  Bogotensium,  allit.  circiter 
1600  m.,  Januario  1876  (n*»  5412  part.). 

81.  Monochaetuni  multiflorum  Naud.  in  Ann,  Sc.nat.  ser.  5. 
IV.  52  tab  2.  fig.  1  C,  XIV.  162.  —  .V.  Gr.  :  Ad  Bucnavista 
in  monte  Quindio,  altit.  cire.  2000  m.,  7  Mart.  1876  (n'»  2129). 
—  •  Flores  albi.  » 

89.  Monochaetum  Bonplandii  Naud.  /.  c.  IV.  51.  tab.  S. 
fig.  1  /?,  XiV.  165.  —  y.  Gr,  :  Ad  jugum  montium  Bogoten- 
sium in  dedi vitale  orientali,  altit.  2800  m.,  Decembr.  1875 
(n®  878).  —  «  Frutex  3-4  m.  altus,  ramis  erectis,  floribus 
roseis.  » 


(.  941  ) 

83.  Monochaetum  lineatum  Naud.  {.  c.  IV.  5± —  Ad  Tocoia, 
in  alta  valle  fluiu.  Dagna  in  Gordiiiera  occid.  Novae  Granalae, 
allil.  1500  m.,  2  Aprii.  1876  (n.^6i8).  c  Frutcx  ramosissiiuus, 
â  m  allus.,  ramisgracilibus;  floribus  rosois.  »  —  In  dccliviiate 
occid.  monlis  Corazon  Andium  Ecuadorensiuni,  altit.  cire. 
2500  m.,  22  Junii  i676.  «  Flores  pallidissîme  rosci.  » 

Celle  espèce,  déjà  connue  à  plusieurs  localilésdu  Pérou 
el  de  rËqualeur,  n*avail  pas  encore  élé  signalée  dans  la 
Nouvelle-Grenade. 

84.  Uonochaclum  Harlwegianum  Maud.  {.  c.  IV.  Si,  XIV. 
i61.  —  N»  Gr,  :  Ad  Fusagasuga,  in  declivilale  septentrionali 
Andium  Bogotcnsium,  allit.  4800  m.,  5  Febr.  1876  (n.  1428 
pari.).  «  Suffrulex  ramis  gracilibus;  floribus  roseis.  »  —  Ad 
alto  de  San  Juan  in  monte  Quindio,  aUil.circ.  2300  m.,  8  Mari. 
1876  (n"  2080).  c  Frutex  ramosissiraus,  2  m.  hKus;  floribus 
ru  bris.  > 

35.  Honochaeliim  Dijrloideum  Naud.  /.  c.  IV.  51,  lab.  2, 
fig.  1D,  XIV.  164. — AdBoqueron  de  Bogola,  in  Andibus  orient. 
Novae  Granalae,  altit.  2700  m.,  21  Decembr.  1875  (u.  711). 
c  Frutex  ramosus,2-3  m.  allus,  ramis  assurgenlibus.  >  —  Prope 
Moscofio,  in  deciiv.  orient.,  Cordillerae  orient.,  allit.  1700  m., 
Decembr.  1875  (n"  1196).  «  Frutex  2.  m.  allus,  ramosissimus, 
elegans,  floribus  pulchre  roseis.  » 


Monochaelum  Mcridense  Naud.  /.  c.  XIV.  165  — JV.Gr.i 

Ad  Burroblanco  et  Fusagasuga,  altit.  1 750-1800  n].,4cl5Fcbr. 
1876  (n*  1449). —  «  Frutex  plur.  mctr.  altus,  ramis  grucilibus, 
floribus  rubris.  » 


(  942  ) 

89*  Honocliaefum  Lindenîanum  Nnud.  /.  c.  XIV.  i58,  ^.  par- 
TiroHuni,  nov.  var. 

Planta  quam  in  lypo  villosior,  foliis  parvis,  -12-22  nini. 
longis,  6-iO  mm.  latis. 

A^.  Gr,  :  Ad  Alto  de  Viota  akil.  H  50  m.,  et  ad  Paramo  del 
Quindio.  allit.  3200  m.,  Febr.  et  Mari.  1876  (n»  2i05).  — 
t  Frulex  ramosissimus,  2-3  m.  altus;  floribus  albis,  antheris 
luleis»  conneclivi  append.  vtolacca.  » 

89.  Hei'iania  speciosa  Naud.  /.  c.  XVIII.  128.—  JV,  Gr.  :  Ad 
Rio  Roble  propc  urbem  Popayan,  altit.  18i7m.,19April.l876; 
alto  de  las  Piedras  prope Popayan,  ait.  1813m.,  20  April.  1876 
(n**  2020bis).  —  c  Flor  de  Mayo  incolarum.  Frutex  3-4  m. 
altus,  ramis  ercctis;  foliis  nileiilibus;  Ooribus  conspiciiisy 
rubro-violaceis.  » 

89«  Neriania  Trianae  Cogn.  PL  Lelim,  in  Engl.  BoL  Jahrb, 
Vlll.  19.  —  Ad  Alto  San  Antonio  prope  Tocota  in  Cordillera 
occid.  Andium  Granatensium,  altit.  1970  m.,  2  April.  187G 
(n.  2G20).  —  <  Frutex  3  m.  altus;  ramis  fastigialis;  floribus 
pulchérrimis,  rubris.  » 

40.  Meriania  nobilis  Triana,  Mélast,  66.  —  N.  Gr.  :  Creseit 
apud  Souson,  in  prov.  Antioquia,  allit.  circiler  2500  m., 
€  Amaraboyo  d'Antioquia^  dicta  (n*"  811];  ad  vias  propler 
urbem  Popuyan  rara,  allit.  1800  m.,  17  April.  1876  (n""  2768 
part.). —  cF/or  de  Mayo  del  monte  incolarum.  Arbor  15-20  m. 
alla,  peliolis  foliisquc  sublus  violaccis;  floribus  paniculatis, 
speciosissimis;  corollis  maximis,  rubro-violaceis.  » 

Celle  dernière  note  est  reproduite  sur  toutes  les  éti- 
quelles  des  feuilles  qui  appartieuDent  au  Miconia  majalis 
CogD.;  mais  nous  pensons  qu'elle  ne  convient  qu'au 
Meriania  nobilis. 


(  y*3  ) 

41»  Centronia  (omenlosa,  nov.  spec.  (sccl.  Brachjcentrum). 
Remis  obtuse  tetragonis,  junioribus  brevissimc  et  densius- 
cule  lomentoso-furfuraccis,  velustioribus  glabratis;  foliis 
rigidiusculis,  longiusculc  petiolalis,  angustc  ovatis  vcl  ovato- 
oblongis,  basi  rolundalis,  apicc  acuiiuscub's,  marginc  minu- 
tissime  obcrennlatis  vel  subintcgerrimis,  7-nerviis,  supra 
glabrîs  el  înterdum  leviter  bullatis,  subtus  dense  lomentosis; 
paniculis  termiualibus,  paiicîfloris  saepius  Irifloris;  floribus 
raagnis,  5nicris,  breviusculc  pcdicellalis,  basi  bibractcolatis  ; 
alabastris  ovoideo-oblongis,  su pcrne  longiusculc  rostratis  rostro 
profundc  5-fido;  calyce  dense  lomentoso,  tubo  campanulato, 
limbo  irregulariler  ruplo  saepius  bivalvî;  antheris  oblongo- 
lincaribus,  conneclivo  iufra  loculos  brevilcr  producto,  posticc 
appendice  obtusa  instructo^appendice  superne  tubcrculatovel 
subcalcarato;  ovario  5-loculari,  glabro,  vertice  integro  et 
rolundalo;  stylo  crasso,  stigmate  non  vcl  vix  dilatato. 

ce  Arbor  8-iO  m.  alla,raniis  apice  confertis,»  robusliusculis, 
,  elongaiis, leviter  nodosis,  inferne  saepius  denudalis,satisramu- 
losis,  cinerco-fuscis.  Petiolus  robustiusculus,  Icreliusculus, 
.  supra  non  canaliculatus,  rufescens,  dense  toraenlosus,  l-3cm. 
longus.  Folia  patula,  internodiis  multo  longiora,  supra  lacté 
viridia,  subtus  cancscenti-cinerea  vcl  înterdum  rufesccntia, 
1-1  7t  ^^^*  longa,5-9  cm.  lata;  nervis  robuslis,  supra  profun- 
diuscule  imprcssis,sublu$  salis  promincnlibus,  mcdiano  leviter 
crassiorc;  ncrvulis  transvcrsalibus  numerosis,  robustiusculis, 
supra  profundiuscule  impressis,  subtus  satis  promincnlibus  et 
vnlde  ramtiloso-rcliculalis.  Pcdunculus  communis  paniculae 
^li'i  dm.  longus,  robuslus,  obluse  tetragonus,  dcnsiuscule 
tomentosus;  pedicclli  dense  tomentosi,  \Vi  cm.  longi.  Brac- 
teolae  lanceolato*lineares,  rufesccnles,  ulrinque  tomentosae 
praecipue  exlus,  1-3  cm.  longae.  Alabaslrum  2  cm.  longum. 
Calyx  rufesccns,  tubo  tereliu^culo,  i  cm.  longo  et  apice  toii- 
dem  lato.  Petalaatrorubra,  late  irregularilerque  obovala,  roui- 


(  944  ) 

tiuervia,  ulriiiqiie  vix  furfuracen,  apice  oblique  sublruncata, 
I  7t  o^'  lonfÇri  ialaquc.  Staininum  ûiaincnta  subâlifonnia,  salis 
compressa,  i2-l5  mm.  longa;  antherac  subreclae,  apice  bre- 
vicer  altcnuatae,  iO-lâ  mm.  iongae,  1  7i  mni.  crassae.  Ova- 
rium  iiite  ovoideum,  fere  usque  ad  médium  adhaerens,  6  mm. 
longum;  styius  purpureus,  subreclus,  glaber,  2  cm.  longus. 
Capsula  perfeeta  ignola. 

Habilal  ad  margincs  syivarum  primaev.  in  Ândibus  Ecua- 
dorensibus  rara,  ailil.  5000  m.  (n**  4475). 

Celle  espèce  a  des  rappoits  a\ec  le  Centronia  excetsa 
Triana,  Mélast.  72;  mais  ce  dernier,  d'après  Bonpiand, 
est  seulement  une  herbe  multicaule  haute  de  2  à  3  mètres; 
de  plus,  ^os  Ceuilles  sont  espacées  et  un  peu  cordées  à  la 
base;  le  bouton  floral,  au  lieu  d'être  rostre,  est  obtus  au 
sommet,  etc. 

âf*  Caljptrella  cucullaU  Triana,  MélasL  7!2.  —  In  sylvis 
humidis  regionis  tcmperatae  Andium  central.  Ecuadorensium» 
ailil  âOOO  m.  (n°  4656).  «  Ârbor  5-6  m.  alla,  pauciramosa, 
floribus  aibis.  >  —  Secus  viam  Barbacoas  in  Andibus  meridion. 
Novae  Granalae,  allit.  1040  m.,  Maio  1876  (n*  3422).  «  Arbor 
6-8  m.  alla,  ramis  divaricalis;  foliis  conspicuis,  junioribus 
coloratis.  » 

4S.  Diplarpea  paleacea  Triana,  Mélast,  80  (nomcn  tantum). 
—  Prope  Allaquer,  pagum  Gordilicrae  meridion.  occid.  Novae 
Granalae,  allit.  990  m.,  35  Maii  1876  (n<>  5500).  —  c  Planta 
herbacea,  erecla,  5-10  dm.  alla,  iloribus  roseis.  > 

MM.  Bentham  et  Hooker,  qui  ont  décrit  le  genre  nou- 
veau Diplarpea  Triana  (Gen.  Plant.^  I.  756),  ne  donnent 
ni  le  nom,  ni  la  description  de  Tunique  espèce  qui  com- 
pose ce  genre.  M.  Triana  (Le.)  en  donne  le  nom,  mais  ne 


(  9iS  ) 

raccompagne  non  plus  de  l'indication  d'aucun  caractère; 
de  sorte  que  nous  n'avons  pu  connaître  sa  plante  que  par 
les  très  maigres  exemplaires  qui  se  trouvent  dans  quelques 
herbiers.  En  étudiant  ces  exemplaires  ainsi  que  ceux  de 
M.  André,  nous  avons  constaté  une  erreur  assez  grave 
dans  la  description  générique  de  MM.  Bentbam  et  Hooker* 
Nous  lisons,  en  effet,  dans  le  Gênera  :  c  Calycis...  lobi 
5,...  cum  dentibus  minoribus  allernali,  »  Nous  trouvons 
bien  au  limbe  du  calice  cinq  lobes  plus  grands  et  cinq  plus 
petits;  mais  ces  derniers,  au  lieu  A' alterner  avec  les  pre- 
miers, sont  extérieurs  et  insérés  exactement  sur  le  dos 
des  plus  grands,  particularité  qui  se  retrouve  dans  la  plu- 
part des  genres  de  la  tribu  des  Miconiées. 

ââ*  Monolena  ovata,  nov.  spec. 

Giaberrima;  rhizomate  crasso,  tuberoso,  brevi;  foliis  longe 
peliolatis,  lenuitcr  mcmbranaccis,  o\atis,  basi  rotundatis,  apice 
acuniinatis,  margine  subinlegerrimis  et  brevitcr  ciliatis, 
T-plioerviis,  utrinque  coucoloribus;  scapo  gracili,  glaberrimo, 
petiolo  paulo  brcviorc,  apice  !2>5  floro;  floribus  brevissime 
pedicellatis,  basi  subcbractcolatis;  calycis  lobis  iriangularibus, 
apice  obtusis,  tubo  paulo  brevioribus;  petalis  lato  obovatis. 

Petiolus  salis  graciiis,  laevis:,  viridis,  i  dm.  lougus.  Folia 
lacté  viridia,  plana,  1  */s  dm.  ionga,  8-9  cm.  Inta,  nervis  salis 
gracilibus,  non  promineniibus;  nervulis  transversalibus  salis 
distanlibus,  gracilibus,  flexuosis.  Scapi  erecti,  7-8  cm.  longi. 
Pedicelli  crassiusculi,  i-2  mm.  longi.  Calyx  viridis,  tubo  5  mm. 
longo,  apice  totidem  lato,  lobis  erectis,  S  mm.  longis.  Petala 
pulchrc  rosea,  tcnuiter  membranacea,  utrinque  giaberrima, 
subenervia,  fere  2  cm.  Ionga.  Slaminum  filamenta  capillaria, 
recta, 5-6 mm  Ionga;  antberae  oblongae,  apice  obtusae,  rectae, 
2  mm.  iongae,  conneclivo  infra  loculos  fere  1  mm.  long,  pro- 
ducto.  Capsula  perfecla  ignola. 

5""    SÉRIE,   TOME   XIV.  63 


(  946  ) 

Habitat  ad  Quebrada  Parada,  prope  Vitlavicencio  ad  pedem 
orient.  Gordillerae  Bogotanac  altit.  600  m.,  5  Januar.  4876 
(n-  1i83). 

Cette  espèce  est  voisine  du  M.  primulaeflora  Hook.  f., 
qui  en  diffère  principalement  par  ses  feuilles  coriaces, 
3-5  plinerves,  pourpres  à  la  face  inférieure,  et  par  les  lobes 
du  calice  arrondis. 

â5.  Leandra  melanodesnia  Gogn.  in  Mart.  Ft.  Bras.y  Melast 
H.  415.  —  Ad  El  Cascajal  in  decliv.  occid.  montis  Corazon 
Andium  Ecuadorensium,  altit.  1370  m.,  22  Junii  4876 
(n*  57&0).  —  c  Prutex  5-4  m.  altus,  ramis  elongatis,  floribus 
patlidc  roseis.  » 

âO«  Leandra  subseriata  Cogn.,  /  c.  75.  —  N.  Gr,  :  In  sylvis 
prope  Upin  et  ad  Hacienda  de  Saiilu  in  regione  dicta  llaoos  de 
San  Martin  ad  pcdem  orientalcm  Andium  Bogotensium,  altit. 
410-450  m.,  5-7  Januar.  4876  {n"  4151).  —  <  Arbuscula 
raroosa,  4-5  m.  alta.  » 

49*  Conosfegia  speciosa  Naud.  in  Ann,  Se,  nat.j  ser.  5.  XVI. 
109.  —  Panama,  in  sylvis  umbrosioribus  humidis,  aliit.  75  m., 
4  Augusli  1876  (n**  450l6t«).  —  «  Frulex  ramosus,  5-4  m. 
altus,  floribus  lacté  violaceis.  * 

ê,H.  Uiconia  Benthamiana  Triana,  Mélast,  102.  —  Ad  Que- 
brada de  Pususquer  in  Cordillera  meridionali  Andium  Novo 
Granatensium,  altit.  1800  m.,  Maio  4876  (n»  5394).  —  c  Frutex 
ramosus,  5-4  m.  altus,  floribus  albis,  corollis  ex  tus  roseo- 
pictis.  > 

ê».  lliconia  noUbilis  Triana,  l  c.  105.  —  N.  Gr.  :  Ad 
Timbio  in  valle  Cauca,  altit.  4890  m.  (n<>  2809).  — -  c  Arbor 
5-8  m.  alla;  foliorum  nervis  subtus  rubris;  floribus  albis; 
baccis  pulchre  roseis  dcmum  nigro-violascentibus.  » 


(  947  ) 

êO.  Miconia  macrophjUa  Triana^  /.  c.  105.  —  N.  Gr,  : 
Islitas  prope  Nnre  ad  ripas  fluminis  Magdalena,  in  sylva  pri- 
maeva  umbrosa  cum  Martinezia  caryolaefolia  crescens,  altit. 
i60  m.,  9  Dccembr.  1875;  siciis  ripas  Rio  Gualiquia  ad  pedciu 
Andium  orient.,  allit.  600  m.,  Januar.  1876  (n**  4t6).  — 
(  Arbor  4-6  m.  alla,  conspicua;  foliis  subtus  canis  vei  cinna- 
momeis;  floribus  paniculalis,  roseis.  > 

51.  Hiconia  caudafa  DC.  Prodr.  111.  187;  Triana,  L  c.  104 
(pro  parte  —  excl.  syn.).  —  Prope  Ibague,  ad  pedem  nionlis 
Tolima,  in  Cordillera  cenlralr  ?{ovae  Granalae,  altit.  1300  m., 
3  Mart.  1876  (n<*  1956).  —  c  Ârbor  6  m.  al  ta,  raroosa,  cyma 
pulchre  disposila;  foliis  roajoribus;  floribus  paniculalis,  paliide 
roseis;  anlheris  luleis.  • 

5/i.  Hiconia  aponeura  Triana,  /.  c.  106.  —  N.  Gr.  :  Prope 
Villavicensio,  ad  pedem  orienlalem  Andium  Bogolensium, 
altit.  503  m.,  12  Januar.  1876  (n"»  1178).  —  «  Arbuscula 
3-4  m.  alla,  ramis  paucis, 'ereetîs;  floribus  paniculalis, 
roseis.  > 

58*  Miconia  smaragdina  Naud.  in  Ann.  Se.  nat.  ser.  3.  XVI. 
186.  —  N".  Gr.  :  In  sylva  Salitrc  ad  pedem  orientalem  Cordil- 
lerae  Andinae  Bogotensis,  altit.  400  m.,  Januar.  1876 (n**  1060). 
—  €  Arbor  5-6  m.  alla,  ramis  gracilibus  ;  floribus  paniculaUs, 
albis.  « 

54*  Hiconia  sjniplocoidea  Triana,  MélasL  108.  —  N.  Gr,  : 
Ad  fiarro  Manco  prope  Fusagasuga  in  Andibus  orient.,  altit. 
circit.  1850  m.,  4  Febr.  1876  (n**  1496).  (f  Arbuscula  3-4  m. 
alta,  ramis  elongatis,  floribus  albis.  »  —  Ad  Pasco  in  Andibus 
orient.,  altit.  2200  m.,.1 1  Febr.  1876  (n''  1554).  t  Frutex.  %  m. 
altusy  ramis  divaricatis,  floribus  albis.  » 


(948) 

&&•  Miconia  Ibagueusis  Triaiia,  /.  c.  110.  —  .V.  Gr,  ;  Ad 
Caqueza  in  deciivilatc  orient.  Andiiim  fiogotensiuiu,  altii. 
2070  m.,  3i  Dccombr.  1875  (n"  903).  t  Fnilcx  ramosus,  2-4 m. 
nltiis.» — Ad  Arbalacz  propc  Pandi,  altit.  i400  m.,  8  Febr.  1876 
(n'iiô^).  «  Arbiiscula  3-5  m.  alta,  ramis  creclis;  floribus 
alhis.  • 

&••  Miconia  eiiodoufa  DC.  Prodr.  III.  185,  var.  ^.  oUongi- 
folia  DC.  —  N.  Gr.  :  Prope  pagum  Villaviccnsio,  ad  pcdeni 
oricMitalcni  Andium  Bogolensiuro,  allit  505  m.,  2  Janiiar.  1876 
(n**  938).  —  «  Arbusciila  5-6  m.  alta,  raniosa,  in  sylvis 
montium.  » 

69.  Uiconia  dccipiens,  nov.  spec.  (sect.  Euniiconia). 

Kamis  Icviter  comprcssis,  junioribus  pctiolis  pedunculisque 
brcvissimc  dcnseque  steilato-tomentosis  deraum  scabriusculis; 
foliis  magnis,  suliinembranaceis ,  brevilcr  pclioialis,  iale 
oblongo-Ionceoiatis,  infcrnc  satis  altenuatis  basi  acutis  et  ad 
petiolum  ievilcr  dccurrenlibus,  apice  subabrupte  brevilcr 
acuteque  acuminatis,  niargine  intcgcrriniis,  5-plinerviis,  supra 
glabris  lacvibusquc,  subtus  brevissîoie  et  deusiuscule  stellalo- 
pilosis;  pnniculis  inagnis,  tcrminalibus,  laie  pyramidatis, 
niultifloris;  floribus  5  mcris,  sessilibus,  minute  fasciculatîs, 
basi  breviier  Ijractcolaiis;  calyce  brcvissirae  dcnseque  slellato- 
piloso,  rruclifcro  subglabro,  lubo  canipanulaio-suburccolato, 
lirobo  brcvissime  5-lobato,  lobis  obtusis  extus  vix  lubcrcuiatis. 

Arboi*  10  m.  alla,  ramis  divaricatis,  robusliusculis,  elongatis, 
subroctis,  fcrrugiacis,  simplicibus.  Peliolus  robuslus,  angulato- 
suicalus,  supra  non  vel  vix  canalicuIalus^  ferrugineus,  circiler 
i  cm.  longus.  Folia  crecta  vel  crccto-palula,  intcrnodiis  multo 
loiigîora,  supra  siccilaie  nigricantia  et  opaca,  subtus  ferru- 
gînea,  in  eodem  jugo  sacpius  inacqualia,  1  7r^  Vi  ^^-  '^'^B^» 


(  949  ) 

6-ii  cm.  lata;  nervis  crassiubculis,  supra  profuiidiuscule 
impressis,  subtus  salis  promincnlibus^medianomultocrassiore, 
exterioribus  roargini  proximis;  nervulis  transversalibus 
numerosis,  crassiusculls,  subrcctis,  supra  leviter  impressis, 
subtus  valde  prominentibus  et  leviter  reliculato-ramulosis. 
Paniculae  erectae,  sordide  ferrugineae,  satis  trichotomc 
ramosae,  2-5  dm.  longne;  rami  patuli,  satis  graciles,  elongati, 
leviter  compressi,  valde  ramulosi,  basi  sacpius  bracteati. 
Bracteac  caducae,  patulae,  rigidiusculae,  lineari-subulatae,  dcQ- 
siuscule  slellalo-pilosae,  '/a*^  c™-  longac;  bracleolae  subulatae, 
leviter  flexuosae,  caducae,  2-3  mm.  longae.  Flores  «  albi  », 
perfecti  ignoii.  Bacca  nigricans,  subglobosa,  sparse  stellato- 
puberula,  5  mm.  crassa.  Semina  fui  va,  nitidula  et  laevia, 
breviter  angulato-pyramidata,  Vît  ^^'  l^n^a  c(  f<^i'c  totidem 
lata. 

Habitat  in  sylvis  regîonis  humidissimae  ad  Rio  Nembi,  in 
Cordillera  meridionali  Andium  Novo-Granalensiuni,  altit. 
900  m.,  23  Mail  1876  (n«  5455). 

Au  premier  abord,  cette  espèce  pourrait  être  prise  pour 
le  Miconia  impetiolaris  Don,  dont  elle  a  tout  à  fait  le  port; 
mais  il  est  facile  de  Ten  distinguer  à  ses  feuilles  pétiolées 
et  assez  longuement  atléniiées-aiguës  à  la  base,  tandis  que 
le  M.  impetiolaris  a  les  feuilles  sessiles,  auriculéos  à  la 
base  et  presque  ampiexicaules. 

Fille  a  aussi  quelques  rapports  avec  le  Miconia  phaeo'- 
phylla  Triana,  qui  a  des  feuilles  coriaces,  plus  longuement 
pétiolées,  à  veines  transversales  à  peine  visibles,  et  des. 
fleurs  pédicellées. 

58.  lliconia  versicolor  Naud.  in  Ann.  Se.  nat.  ser  3.  XVI. 
189.  —  N',  Gr.  :  Ad  Tocaima  in  decliv.  montium  flumen  Mag- 
dalena  versus,  altit.  5iO  m.,  Februar.  4876  (nM568). 


(  930  ) 

59.  Micopia  spicellala  BonpI.  Msc.  ex  Naud.  /.  c.  15i.  — 
W,  Gr*  :  Propter  urbem  GarUgo  in  valle  flumînis  Cauca,  altîl. 
990  m.,  17  Mari.  1876  (n*  2438).  —  c  Frulex  3-4  m.  altus.  » 


Miconia  albicaus  Triana,  Mélast.  i\6.  —  N",  Gr.  :  Ad 
Canitas  in  valle  Cauca,  ahil.  iâ50  m.,  43  April.  1876  (n*"  12739). 
—  c  Frutex  1-t2  m.  allus,  dumosus;  fluribus  albis,  petalis 
rcflcxis;  baccis  viridibus,  cdulibus.  Madroilo  incoiaruro.  b 

•t.  Uiconia  cblor«carpa,  nov.  spcc.(8cc.  Glosiocen(rum). 

Ra mis  obscure  tetragonis  supernc  leviterconipressis,junio- 
ribus  pctiolis  pcdunculisquc  densiusculc  furfuraceis,  vetusiio- 
ribus  glabralis;  foliis  subparvis,  coriaceis  rigidisque,  brevius- 
cule  pctiolalis,  ovato  oblongis,  basi  subrotundatis,  apice  obtu- 
siuscule  iongeque  acuminatis,  margine  inlegerrimis  et  satis 
revoluUs,  trinerviis,  supra  primum  densiusculc  stellalo-rurfu- 
rat;eisdemuniglaberrimislaevibusque,subtus  tenuissi me  dense 
adpresseque  loracnteHis;  paniculis  terminalibus  alaribusve, 
parvis,  pyramidatis,  subniullifloris;  floribus  5-meris,  breviler 
pedicellatis,  obracleolatis;  caiyce  dense  furfuraceo,  tubo  cam- 
panulato-suburceolalo.  limbobrcvissiroe5-lobato,lobis  obtusis, 
basi  remotis,  dorso  obscure  tuberculalis;  petalis  obovaiîs, 
apice  rctusis;  antheris  oblongo-linearibus,  inferne  satis  atle- 
nuali<,  connectivo  brcvissimc  producto  innppendiculato;  slylo 
brevi,  supornc  satis  incras*;a(o,  apice  iruncafo. 

Arbuscula  5-4  m.  alla.  Rnini  salis  graciles,  subrecti,  fusces- 
ccnlcs,  paulo  ramulosi.  Peliolus  crassiusculus,  obscure  angu- 
lalus,supra  Icvilercomprcssus  et  vix  canaliculalus^ferrugineus, 
Vf  1  Vi  <^i"-  longus  Folia  erccto-patula,  inlernodiis  duplo  Ion- 
giora,  supra  siccitate  lurida  el  nitidula,  subtus  ferruginea,  in 
eodem  jugo  saepius  paulo  inaequalia,  4-6  cm.  longa,  1  7s-3  Vt 
om.  lala;  nervis  crassis,  supra  profuridiucule  impressis,  subtus 
valde  prominentibus,  mcdiano  satis  crassiore;:  nervulis  trans- 
vcrsalibus  numerosis,  crassiitsculis,  subreelis,  supra   levitcr 


(981) 

impressis,  sublus  salis  prominentibus.  PaDicuIaeerectae,ferru- 
gineae,  leviter  ramosae,  4-5  cm  longae;  rami  erecto-patulû 
crassiusculi,  satis  brèves,  obscure  letragoni,  leviter  ramulosi; 
pedicelli  crassi,  subrecii,  1-4  mm.  longi.  Calyx  ferrugineuse 
tubo  teretiuscuio,  bas!  subrolundo,  superne  leviter  constrictO| 
3  mm.  longo  latoque.  Petala  atba,  patula  vel  reflexa,  1  7fln^>o< 
longa,  \'i  7«  ^^  ^^^  Staminum  filamenta  tenuissima,  satis 
flexuo<a,  t2  mm.  longa;  anlhcrae  paulo  arcuatae,  1  */«  ^^' 
longae.  Stylus  filiformis.  subrcctus,  ^  7s~3  ^"^'  longus.  Bacca 
viriiiis,  subglohosa,  4-5  mm.  crassa. 

Habitat  ad  Alta  de  la  Crnz  in  Andibus  Pasioensibus  Novae 
Granatae  mcrid  ,  allU.  3560  m.,  4  Maii  1 876  (n**  510G). 

Cette  espèce  est  voisine  du  M.  sclerophfjUa  Triana,  qui 
en  diffère  par  son  pétiole  comprimé  latéralement^  ses 
feuilles  notablement  plus  grandes  et  à  5  nervures,  ses 
fleurs  sessiles  et  fasciculées,  etc. 

et.  Miconia  Jongifolia  DC.  Prodr.  111, 184  (non  Naud.).  — 
JV.  Gr.  :  Secus  ripas  Rio  de  la  Vieja  propter  urbem  Cartago  in 
vallc  Cauca,  allit.  990  m.  et  propter  urbem  Buga  secus  ripas 
fluminis  Cauca,  allit  10^20  m.,  17-29 Mart!  1876  (n''  2454  part.), 
cr  Arbor  10  m.  alta,  ramosa,  iloribus  albis,  paniculalis,  suaveo- 
lentibus.  >  —  In  pratis  humidis  prope  Jamundi  in  valle  Cauca, 
allit,  1040  m.,  11  April.  1876.  (n«  Î2736).  «  Frutex  3  m.  altuf, 
floribus  albis.  » 

•a.  llicoBia  faha  DC.  /.  c.  180.  —  N.  Gr.  :  Ad  Carare  secus 
flum.  Magdalena,  altii.  145  m.,  7  Decerobr.  1875;  secus  ripas 
Guaitara  ad  pedem  orient*  Andium  Bogotcusium,  allit.  500  m., 
3  Januar.  1876  (n*"  279). —  «  Arbuscula  4-5  m  alta,  ramis 
assurgentibus;  foliis  erectis,  subtus  pulchre  cinnamomeis; 
floribus > 


(  952  ) 

•4*  Miconia  Andreana,  nov.  spec.  (sect.  Anililjarrbena). 

Remis  obtuse  tctragonis  supcrne  levitrr  comprcssis,  jiinio- 
ribus  (enuiter  furfuraceis  vetiistioribus  glabcrrimis  lacvi- 
busqué;  foliis  magnis,  rigidiusculis,  brevîuscule  petiolatis,  ova- 
tis,  basirolundalis  et  intcrdum  leviter  eroarginatis,  apîce  brevi- 
ter  acuteque  acuminatis,  margine  minute  serrulatis  et  brevitcr 
ciliatis,  7-9  nerviis,  supra  glaberrimis  lacvi busqué  et  élégante 
bullatis,  subtus  ad  nervos  nervulosque  leviter  furfuraceis  cae- 
teris  glabris;  paniculis  majuscnlis,  pyramidatis,  multifloris, 
satis  congestis;  floribus  5-mcris,  brevissime  pedicelintis,  basi 
minute  bracteolatis;  C4il}xe  densiuscule  furfuracco,  tubo  cam- 
panulato,  dentibus  roinutissimis,  laie  triangularibus,  acutis; 
petalis  obovatîs,  apice  sublruncalis  ;  antheris  oblongo-lineari- 
bus,  eonnectivo  basi  vix  bituberculalo;  stylo  subcapillari, 
glabro,  apice  leviter  dilataio. 

Frutex  vel  arbuscula  5-5  m.  nl(n,  robusta,  pnucirnmosa, 
ramis  erectis  vel  patulîs,  fuscescentibus,  leviter  ramulosis. 
Petiolus  crassus,  angiilato-sulcatus,  leviter  furfuraceus,  supra 
leviter  barbatus  non  vel  vix  canaliculalus,  S-6  cm.  longus.  Folia 
patula,  pulchrc  purpureo-metallica,  2-5 7t  dm.  longa,  iâ-22  cm. 
lata;  nervis  robustis,  supra  profundiuscule  impressis,  subtus 
valde  prominenlibus,  roediano  satis  crassiore,  cxterioribus 
caeteris  multo  gracilioribus  brevioribusque;  nervulis  transver- 
salibus  numerosissimis,  crassiusculis,  leviter  arcuatis,  supra 
profunde  impressis,  subtus  valde  promincntibus,  valde  ramo- 
loso-reticulatis.  Paniculae  erectae,  satis  ramosae,  \  Vi  ^^^' 
longae;  rami  patuli,  salis  graciles,  longiusculi,  leviter  corn- 
pressi,  densiuscule  furfuraceo-pubcruli,  valde  ramulosi,  basi 
interduro  bracteati  ;  pedicelli  saepius  vix  1  mm.  longi.  Brac- 
teolae  caducae,  adpressae,  oblongae,  acutiusculae,  4-2  mm. 
longae.  Calyx  dilate  roseus,  teretiusculus,  2  mm.  longus, 
i  Vs  nim.  latus.  Petala  rosea,  patula,  tenuiter  membranacea, 
2  mm.  longa  Stamfnum  filamenta  tenuissima,  flexuosa,  i  Vi- 


(  933  ) 

2  mm.  longa;  nntherae  siibrcctac,  1  Vi^'^i  iongnc.  Ovarium 
subglobosum,  glabcrrimum;  stylus  subrectus,  4  mm.  longus. 
Bacca  nigro-coerulea,  laie  subglobosa,  4-5  mm.  crassa. 

Habitat  in  declivitalis  occident,  montis  Quindio  Novo-Grana- 
lensium  ad  Salcnlo  (n*"  2525)  et  ad  Rio  Boquia  (n<>2808),aliit. 
1800  m.,  12-15  Mart.187G. 

Parmi  toutes  les  espèces  de  la  section  Amblyarrhena 
qui  ont  les  feuilles  et  les  rameaux  glabres  ou  presque 
glabres  et  les  fleurs  en  panicule,  celle-ci  se  reconnaît  sans 
difficulté  à  ses  très  grandes  Teuilles  munies  de  7-9  ner- 
vures, élégamment  bullées  et  d*un  beau  pourpre  à  reflets 
métalliques. 

•5.  Mtconia  asclepiadea  Triana,  MélasL  121.  —  iV.  Gr.  :  Ad 
Qucbrada  Tulpas  in  Ândibus  mcndionalibus,  altil.  975  m., 
Maio  1876  (n**  1167).  c  Frutex  ramo.sus,  gracilis;  floribus 
albidis.  In  regionc  pluviosissima  Cordillera  vigens.  7>  —  Ad  San 
Pablo,  apud  viam  Bqrbacoas,  altit.  1270  m.,  22  Maii  1876 
(n*  5336).  <  Frutex  2-5  m.  altus;  floribus  aibido-coerulesccn- 
tibus  (petalis  albis,  ovariis  coerulcis).  * 


Miconia  difficilis  Triana,  Mélast.  1 22.  —  N.  Gr.  :  Ad 
La  Ceja  dci  Quindio,  altit.  5140  m.,  10  Mart.  1876  (n«  2185 
part).  —  c  Flores  aibi,  antheris  luteis.  > 

•9.  Miconia  majalis,  nov.  spec.  (sect.  Ambljarrhena). 

Ramis  obtuse  telragonis  et  leviter  quadrisulcatis  supcrne 
pauio  compressis,  junioribns  peliolis  pedunculis  calycibusque 
tenuissimc  rurfuraceis,  vetustioribus  glabrislacvibusquc  ;  foliis 
longiuscuie  petiolalis,  magnis,  submembranaccis,  siccitate 
valde  fragilibus,  ovatis,  bas!  snbrolundatis  et  ad  peliolum 
breviter  decurrenlibns,  apice  abrupte  breviterqiie  acuroi- 
nnlis,  marginc  miiuitissime  rcmolcquc  dcnticulatis,  7-ncrvii<, 


(  954  ) 

supra  glaberrimis  laevibusquc,  subtus  ad  nervos  nervulosque 
tenuissime  punctato-furfuraccis  caeteris  glabratis  ;  paniculis 
termiiialibus,  amplis,  late  pyramidatis,  luultifloris;  floribus 
amplis,  5-mcris,  brevitcr  pedicellalis,  basi  bibracteolatis; 
calycis  lubo  hemisphaerico,  limbo  brevissime  5-lobalo,  lobis 
iate  rotuiidatis,  dorso  minute  denticulatis;  petaiis  late  irregu- 
lariterque  suborbicularibus,  utrinque  tenuissime  punclato- 
furfuraceis  ;  staminum  filamentis  crassis,  supernedensiuscuie 
glandulosis,  connectivo  dorso  incrassato  basi  non  producto  ; 
stylo  robusto,  brevissime  et  densiuscule  glanduloso,  stigmate 
amplo  pellato. 

Rami  robusti,  elongati,  fuscescentes.  Petiohis  robustus,  late- 
raliter  leviter  compressus,  supra  non  eanaliculatus,  siccitate 
fuscescens,  3-7  cm.  Ioh;*us.  Folia  palula,  supra  laele  yiridia  et 
nitidula,  subtus  yiridi-cinerea,  i  Vf^  V^  ^^'  '^"o^»  10-i6  cm. 
lata  ;  nervis  robustis,  supra  vix  iropressis,  subtus  valdc  pro- 
minentibus,  exterioribus  caeteris  multogracilioribus;  nervulis 
transversalibus  numerosis,  gracilibus.  leviter  flexuosis,  supra 
vix  impressis,  subtus  leviter  prominentibus,  tenuissime 
valde  ramuloso-reticulatis.  Paniculac  erectae,  satis  ramosae, 
2-2  7t  dm.  longae;  rami  patuli,  robusti,  elongati,  salis  com- 
pressi,  leviter  ramulosi,  basi  ebracleati  ;  pedicelli  crassi, 
5-7mm.iongi.  Bracteolae  caducae,  rigidac,  adpressac,  oblongo- 
lineares,  5-9  mm.  longae.  Calyx  teretiusculus,  siccitate  atro- 
fuscus,  10- il  mm.  latus.  Petala  palula,  obscure  pluriner- 
vulosa,  leviter  asymmetrica,  basi  non  vel  vix  unguiculata, 
circiter  1  cm.  longa  lataque.  Slaminum  filamenta  subrecta, 
6  mm.  longa;  antherae  oblongac,  subrectae,  apicc  subrotun- 
datae  et  minute  uniporosae,  4  mm.  longae.  Ovarium  5-loculare, 
ovoideum,  glabrum,  apice  leviter  intrusum,  usque  ad  médium 
liberum;  Stylus  subrectus,  i  cm.  longus,  sligmate  4  mm  lato. 
Bacca  ignota. 

Habitat  ad  rivos  propler  urbem  Popayan  Novo  Granaten- 
sium,altit.  1800  m.,  17  April.  1876  (n«  2768  part.).—  a  Flore 
de  mayo  del  monte  »  incolarum. 


(  9SS  ) 

Celle  espèce  a  de  grands  rapporls,  pour  Taspecl  el  l'or- 
ganisalion  de  la  fleur,  avec  les  Uiconia  macrantha  Triana 
(Mélasl.,  123)  elilf.  grandi flora  Cogn.  (PL  Lehm.  in  Engl., 
Bot.  Jahrb.  VIII.  25);  mais  ces  deux  derniers  onl  les 
feuilles  plus  étroiles,  oblongues  ou  oblongucs-Iancéolées 
el  seulenienl  à  5  nervures;  de  plus,  le  Jf.  macrantha  en 
diffère  encore  par  les  feuilles  aiguës  à  la  base  el  les  pétales 
oblongs,  et  le  M,  grandi  flora  par  les  feuilles  très  entières, 
la  panicule  pauciflore,  les  fleurs  dépourvues  de  bractées  et 
les  dents  du  calice  plus  longues. 

•9.  Niconia  Pichinchensis  Renth.  PL  ffarlw.  182.  —  Ec.  : 
In  declivitate  occid.  mentis  Corazon,  altit.  drcit.  2500  m., 
ai  Junii  1876  (n''  3748  bis).  —  «  Frutex  ramosus,  ramis  cion- 
gatis^  floribus  albis.  » 


Miconia  hjmenaiithera  Triana,  MélasL^  130.  —  Ec,  :  Ad 
Mîndo,  in  sepibus  sat  frequens,  altit.  2900  m.,  2  Junii  1876 
<n»3812). 

90«  Niconia  hemaloilemon  Naud.  in  Ann.  Se,  naf.,  ser.  3. 
XVI.  193.  —  N,  Gr.  :  In  sylvis  umbrosis  humidisque  ad  La 
Paila  in  vallc  Cauca,  altit.  930  m.,  26  Maii  1876  (n»  2426  bis). 
«  Frutex  3-4  m  altus,  floribus  albis.  » 

91.  Miconia  berna tostemon,  var.  glabrala  Tria Qa,Jlf é/ast.,  124 
(nomen  tanlum).  —  N.  Gr.  :  Ad  Parnmo  de  la  Union,  in  vallc 
fluminis.  Cauca,  altit.  1840  m.,  27  April.  1876  (n«  2937)  — 
«  Frutex  2  5  m.  allus,  ramosus  ;  floribus  albis  ;  slaminum 
filamentis  ru  bris,  anlberis  aureis  ;  iruclu  baccato,  viridi-roseo, 
punctis  albis  verrucosis  consperso.  » 

Celle  variété,  dont  M.  Triana  n*a  donné  que  le  nom, 


(  956  ) 

diiïèrc  du  type,  non-seulement  parce  que  la  plante  est 
presque  glabre  au  lieu  (Pélre  assez  densément  hérissée, 
mais  encore  par  plusieurs  autres  caractères,  tels  que  les 
feuilles  plus  longuement  pétiolées,  aiguës  à  la  base  et  non 
arrondies,  etc.  Nous  pensons  qu*il  y  aura  lieu  de  relever 
au  rang  d^espèce. 

9/i.  Miconia  scalira,  nov.  spec.  (sect.  Ambljarrhena). 

Ramis  obtuse  tetragonis  supernc  leviter  compressis,  junio- 
ribus  pelioli^  pednnculis  foliisquc  subtus  sctuiis  païuiis  brc- 
vibus  dcnsiuscule  hirsutis,  vetustioribus  glabralis  scabrisque; 
foliis  longiusculc  petiolatis,  rigidis,  ovato-oblongis,  basi  subro- 
tundatis,  apice  aculîusculis,  margine  lenuissimc  crenulatis, 
7-nerviis,  supra  dcnsiuscule  brcviterque  bullato-strigosis, 
subtus  crcbrc  rcliculato-foveolalis  ;  paniculîs  terminalibus^ 
parvis,  congeslis,  multifloris;  floribus  5-meris^  sessilibus,  basi 
ebractcolatis;  calyce  setulis  patulislongiusculis  rigidis  dcnsius- 
cule hirsuto,  tubo  campanulato-suburccolalo,  limbo  obscure 
S-lobato;  pelalis  laie  Iriangnlari-obovalis,  apice  truncatis  et 
saepius  leviler  reiusis;  afilheris  oblongis,  connectivo  basi  non 
producto  dorso  incrassato;  ovario  apice  leviler  setuloso;  stylo 
glabro,  stigmate  peltato. 

Rami  robustiusculi,  breviiisculi,  erecto  pntuii,  cinerco-fusci, 
salis  ramuiosi.  Peliolus  robustiusculus,  tereliusculus,  supra 
non  canaliculatus,  fuscus,  2-2  7i  ^"i*  longus.  Folia  erecto- 
palula,  internodiis  5-4-plo  longiora,  supra  siccitate  nigricanlia 
et  op^ica,  subtus  cinereo-rurcsceiuia,  7-10  cm.  longa,  4-5  cm. 
lata;  nervis  crassiusculis,  supra  profundiuscule  impressîs, 
subtus  satis  prominentibus,  extcrioribus  caeteris  multo  graci- 
lioribus;  nervulis  transvcrsalibus  numerosis,  crassiusculis, 
subreelis,  supra  leviter  iinpressis,  subus  satis  prominentibus, 
valde  ramuiosoreliculalis.  Panieulae  erectac,  paulo  ramo- 
sae,  4-6  cm.  longae.  Calyx  ci nereo- fuscus,  terctiusculus, 
2]  V*  ^^'  longus  latusquc.  Petala  ut  videtur  alba,  palula, 
2  mm.  longn  lalaquc.  Staminum  filameula  Rliformîa,  glabra. 


(957  ) 

satîs  compressa,  subrecta,  ^  mm.  longa  ;  anlherac  subrectae, 
apice  oblusae  et  minute  i-porosae,  i  ^/^  mm.  longae  Stylus 
subliliformis,  rectus,  4  mm.  longus.  Bacca  ignota. 

Habitat  in  Cordillcra  cenlrali  Ecuadorensi  haud  procul  a 
monte  Chimborazo,  aitit.  circit.  3000  m.,  Julio  1876  {n"  5880 
part.). 

Celle  espèce  a  certains  rapports  avec  le  Miconia  asper^ 
rima  Triaua,  qui  s*en  distingue  par  ses  rameaux,  ses 
pétioles,  ses  pédoncules  et  son  calice  couverts  de  s^ies 
apprimées,  ses  feuilles  à  face  supérieure  couverte  de  soies 
plus  Unes  et  à  base  non  ou  à  peine  bullée,  ses  fleurs 
tétra mères,  etc. 

9S*  NicoDia  Radula,  nov.  spec.  (scct.  Amlljarrhena). 

Ramis  terctiusculis,  junioribus  pctiolis  pedunculis  foliisque 
sùbtus  sclis  brcvissimis  infernc  incrassatis  dense  hirtellis; 
foliis  brcviiisculc  peliolatis,  rigidis,  ovatis,  basi  rotundatîs, 
apice  obtusis,  margine  subintegerrimis,  5-nerviis,  supra  appen- 
dicis  brcvibus  pyramidalis  apice  apiculatis  dense  onustis 
asperrimisque  ;  paniculis  terminalibus,  minutis,  paucifloris; 
floribus  5-mcris^  brevissime  pedicellatis,  basi  minute  bracteo* 
latis;  calyce  strigis  brevibus  inferne  valde  incrassatis  dense 
hirsuto,  tubo  campanulalo,  limbo  distincte  5-loba(o,  lobis 
brevibus,  obtusis,  dorso  minutissime  denticulatis;  petalis  laie 
irregularilerque  suborbicularibus,  apice  subtruncatis;  anlberîs 
ovoideo-oblungis,  conncctivo  basi  non  producto  dorso  incras- 
sato;  ovario  apice  brevissime  sctuloso;  stylo  brevissime  et 
densiuscule  glandulo^o-pilosulo,  stigmate  pcllalo. 

Rami  salis  graciles,  brcviusculi,  erecto-paluli,  fuscescentes, 
satis  rnmulosi.  Pctiolus  crassiusculus,  laleraliter  leviter  corn- 
pressus,  supra  non  canaliculalus,  rufescens,  */s-1  cm.  longus. 
Folia  pntula,  internodiis  duplolongiora,  supra  siccitate  cincreo- 
fusca,  subtus  rufesccntia,  5  */2-5  cm.  longa,  i  ^It-ô  cm.  lata; 
nervis  erassis,  supra  profundiuscule  impressis,  subtus  salis 


1 


(  988  ) 

promincntibiis  ;  nervulis  Iransversalibus  niimerosis,  paulo 
dislinclis.  Panîciilae  erectae,  levitcr  ramosae,  2-3  cm.  longae; 
pcdiceili  crassî,  rigidi,  2-5  mm.  longi.  Bracteolae  caducae, 
rigidac,  lanccolato-iinearcs,  dense  hirsulae,  2-5  mm.  longae. 
Calyx  cinereiii),  tcreiiusculus,  basi  obtusus,  5  mm.  longus 
latusquc.  Petala  crecto-patula,  subenervia,  2  */s  mm.  longâ 
lataque*  Slaminum  filamenta  filiformia,  patiio  compressa, 
brevissimc  subsparseque  gianduloso-pilosula,  i  '/^  "im.  longa; 
antherae  subreclae  ;  apice  rotundatae  et  minutissime  i- 
porosae.  Slyliis  subfiliformis,  reclus,  5  mm.  longus.  Bacca 
ignola. 

Habitat  in  Gordillera  centrait  Ecuadorensi  haud  procul  a 
monte  Chimborazo,  altit.  cire.  5000  m.,  Julio  1876  (n"*  3880 
part.). 

94*  Miconia  guborbicularis,  nov.  spcc.  (sect.  AoiMjarrheiia)* 
Rtimis  obscure  tetragohîs  superne  paulo  compressis,  junio- 
ribu<i  pcllolis  pedunculis  cnlycibus  foliisque  subtus  setulis 
brcvissimis  patulis  inferne  Icviter  inorassatis  dense  hirsutis; 
foliis  breviler  petiolalls,  rigidis,  suborbicularibus,  margine 
subintegerrimis,  .^-nervits,  supra  appendicis  brevibus  pyrami- 
datis  apice  npiculatis  densissime  onustis  asperrimisque;  pani- 
culis  terminniibus,  minutis,  pnncifloris,  latQ  pyramidalis; 
floribus  5-meris,  subsessilibus,  basi  ebracteolatis;  calycis  tubo 
late  campaniilato,  limbo  insigniter  5-lobato,  lobis  pellucidis, 
glaberrimis,  latc  obovato-cordiformibus,  basi  salis  constriclis, 
apice  prorundiusculcemarginatis,extus  basi  denticulalis,  tubo 
dimidio  brcvioribus;  pelalis  late  irregulariterque  suborbicula- 
ribus, apice  interdum  levitcr  relusis;  anlheris  oblongîs, 
conneclivo  basi  non  producto  dorso  incrassato;  ovario  glabre; 
stylo  densiuscule  breviterque  hirtello,  stigmate  subpeltato. 

Frutex  5-4  m.  altus.  Rami  brèves,  robustiusculi,  patuli, 
leviter  flexuosi,  inferne  denudati,  atro-fusci,  salis  ramulosî. 
Petiolus  robustus,   teretiusculus,   supra   non  canaliculatus, 


(  989  ) 

7-i2  mm.  longus.  Folia  patula,  internodiis  subduplo  longiora, 
supra  siccitatc  atro-fusca  et  opaca,  subtus  rufcscentia,  2  Vs* 
5  Va  ^^^'  longa  lataquc;  nervis  crassis  supra  leviter  impressis, 
sublus  satis  prominentibiis,  exlerioribus  caeteris  salis  gracilio- 
ribus;  nervulis  transversalibus  niimcrosis,  gracilibus,  redis, 
supra  paulo  distinctis,  siiblus  Icvitcr  prominentibus.  Pani- 
culae  ereclae,  pnulo  ramosae,  â-4  cm.  longae;  rami  paluli, 
brèves,  robusli,  vix  ramulosi,  basi  ebracteati.  Calyx  siccitate 
fuscescens,  tubo  teretiusculo,  basi  subacuto,  4-5  mm.  longo, 
apicc  totidem  lato,segmentis  crectis,  pallide  fulvis,  2-2  ^/a  mm. 
longis.  Pctala  alba,  erecta,  satis  asymmelrica,  basi  distincte 
unguiculala,  4  mm.  longa,  4-5  mm.  lata.  Staminum  fila- 
mcnla  subfiliformia ,  brevissime  subsparseque  glanduloso- 
pilosa,  inferiie  dilatata  et  satis  compressa,  2  ^/%-5  mm. longa; 
anlherae  subrectae,  apicé  obtusae  et  minute  uniporosac, 
2  mm.  longae.  Ovarium  fere  usque  ad  apicem  adhaerens;stylus 
crassiusculus,  4-5  mm.  longus.  Bacca  ignota. 

Habitat  in  regionc  frigida  Andium  Ecuadorensium,  altit. 
circit.  3700  m.,  Julio  i876  (n**  3989  bis). 

Ces  deux  dernières  espèces  n'ont  guère  d'aflinilé  qu'avec 
le  Miconia  scabra,  décrit  plus  haut,  et  il  est  facile  de  les 
distinguer  en  comparant  leurs  diagnoses.  Il  nous  suffira 
de  faire  remarquer  ici  que  le  M,  scabra  se  distingue 
nettement  des  deux  autres  par  les  filets  des  étamines  et 
le  style  glabres;  pour  les  M.  Radula  et  M.  suborbicularis, 
il  suffit  de  comparer  la  forme  des  feuilles  et  des  lobes  du 
calice,  qui  chez  le  dernier  sont  tout  à  fait  étranges  et 
uniques  dans  le  genre. 

9&.  Hiconii  goniostigmi  Triana,  Jlf^/a5^  iU.  —  Ad  Rio 
Guaiquer  et  ad  San  Pablo,  in  Andibus  merid.  Novae  Granaiac, 
allit  i040-i270mm.,  22-23  Maii  1876  (n«  3568).  —  t  Arbor 
iO  m.  alla,  floribus  albis,  calycibus  violaceis.  > 


(  960  ) 


90*  Mîconia  cardioplijlli,  no?,  spec.  (sect.  Ambljarrhena.) 
Remis  obscure  telragonis,  junioribus  petiolis  pedunculisque 
brevissime  denseque  slellalo-puberulis  et  sparse  loDgeque 
setulosis  praecipue  ad  nodos,  velustioribus  glabratis  et  sca- 
briusculis;  foliis  longe  peliolalis,  submembranaeeis,  ovato-cor- 
diformibus,  basi  profundiuscule  einarginatis,  apicelongiuscule 
acuteque  acuminatis,  margine  sublilitcr  serrulatis,  7-9-nerviis, 
supra  brcvis&ime  et  densiuscule  buiIato-strigil]osis,subtuscre- 
berrime  minuteque  foveolalis  et  brevissime  densiusculeque 
birteilis;  paniculis  icrminaiibus  alaribusvc,  majuscutis,  pyra- 
midatis,  subdiffusis,  multifloris;  floribus  5-meris,  sessilîbus 
vel  brevissime  pcdicellatis,  basi  subebracteolatis;  calyce  den- 
siuscule furfuraccopubcrulo,  tubo  campanulato-suburceolato, 
limbo  obscure  5-denliculato;  petalis  ovalo-suborbicularibus; 
antheris  oblongis,  connectivo  basi  non  producto,  postice  vix 
calcarato  vcl  innppendiculato;  ovario  glabro;  stylo  glabro, 
apice  truncalo. 

Frutex  3-4  m.  altus,  ramosus.Rami  graciles,  elongati,  ereclo- 
paluli,  leviter  flcxuosi,  cinereo-fusci,  leviter  ramulosi.  Pctiolus 
robustiusculus,  teretiusculus,  supra  non  vel  vix  (^naliculatus, 
rufescens,  4-0  cm.  longus.  Folia  pntula,  internodiis  â-3-pIo 
longiora,  supra  siccitate  atro-fusca  et  opaca,  sublus  salis  palli- 
diora,  in  eodcm  jugo  inlerdum  salis  inacqualia,  9-13  cm.  longa, 
6-10  cm.  lata;  nervis  salis  gracilibus,  supra  profundiuscule 
impressis,  sublus  leviter  promincntibus,  exlcrioribus  caeleris 
multo  gracilioribus  brevioribusque  ;  ncrvulis  transversalibus 
numerosis,  gracilibus,  paulo  flexuosis,  supra  salis  impressis, 
sublus  leviter  promincntibus,  valde  ramuloso-reliculalis. 
Paniculae  ereclac,  leviter  ramosae,  ^/s-l  '/^  dm.  longae;  rami 
patuli,  graciles,  elongati,  paulo  comprcssi,  leviter  ramulosi, 
basi  inlerdum  minute  bracteati.  Calyx  siccitate  atro-fuscus, 
teretiusculus,  2  Vt  mm.  longus  latusque.  Petala  siccitaie  fusca, 
rcflexa,  i  7s  mm.  longa.  Slaminum  (ilamcnta  filiformia,  glabra, 


(964  ) 

i  V|  mm.  longa  ;  antherae  subrectae,  apice  obtusae  et  minute 
i-porosae,  1  Vi'^  7*  ™™'  l<>Qgâc*  Stylus  filiformis,  subrectus, 
3-4  mm.  longus.  Baoca  nigricans,  subglobosa  polysperma, 
3-4  mm.  crassa. 

Habitat  iu  sylva  umbrosiore  ad  Mediacion,  io  declivitate 
orientali  montis  Quindio,  Cordillera  centrali  Novae  Granatae, 
altit.  circit.  2300  m.,  7  Mart.  1876  (a<>  2065). 

Les  feuilles  et  les  rameaux  de  cette  espèce  ont  beaucoup 
de  ressemblance  avec  ceux  du  M.  Lechleri  Triana;  mais 
ce  dernier  a  ses  inflorescences  et  son  calice  très  glabres 
eif  de  plus»  la  structure  de  ses  fleurs  en  difi%re  notablement. 

99.  Hieonii  papillon  Naud.  in  Ann.  Se,  nat.  ser.  3.  XVI. 
216.  —  Ee.  :  In  declivitate  montis  ignivomî  Pichincha,  versus 
urbem  Quito,  altit.  circit.  3000  m.,  3  Julii  1876  (n^  3880  part.). 

99*  Hleonia  aeilepholiles  Naud.  /.  e.  207.  —  N.  Gr.  :  Ad 
Quebrada  Âgonia,  inter  Tuquerres  et  Barbacoas,  altit.  1160  m., 
22  Mail  1876  (n*"  30286t/).  —  c  Herbacea;  caulis  simplez; 
flores  albi;  baccae  coeruleae.  » 

99.  Hiconîi  ocliricei  Triana,  Mélasi.  127.  —  N.  Gr,  :  Ad 
Alto  del  Tabano  prope  Pasto  et  ad  Piedra  Ancha,  inter 
Tuquerres  et  Barbacoas,  altit.  1940  m.,Maio  1876  (n*"  33076Û). 
—  «  Frutex  ramosus,  plur.  metr.  altus,  floribus  albis,  baccis 
albis.  > 

80.  MicoBla  silidfolii  Naud.  /.  c.  234.  —  N.  Gr.  :  Ad 
Paramo  de  Chipaque  in  Cordillera  orient,  altlL  2800  m., 
14  Januar.  1876  (n""  1081).  <  Frutex  2-3  m.  altus,  ramis  depau- 
peralis;  in  locis  ventosis,  passim.  i  —  Ec,  :  In  Andibus  Qui- 
tensibus  ultra  lineam  vegetationis  arboreae,  allit.  4000  m. 
(n^  3634).  <  Frutex  1-2  m.  altus;  flores  obscure  ignei  vel 
laterilii.  > 

S""*  SÉRIE,  TOME  XIY.  64 


(  962  ) 

91.  Miconia  erocci  Naud.  /.  c.  245.  —  iV.  Gr,  :  Âd  Âzufnl 
prope  El  Paramo  in  regione  frigida  Andiiim,  altit.  3000  m., 
«8  Mail  1876  (n''  5Sn66t«).  c  Frutex  5-6  m.  altus,  floribus 
albis.  >—  Âd  Ipiales,  allit.  3080  m.,  i  Jun.  1876  (n**  2185 parf.). 
c  Planta  tinctoria,  colorem  luteiim  proebens.  Vernaculi  Ama^ 
rillo,  »  —  Ec:  Ad  San  Florencio,  altit.  1580  m.;  prope 
Niebli  ad  pedem  niontis  ignivomi  Pululagua,  altit.  circiU 
2000  m.;  ad  £1  Tambillo  prope  Quito,  altit.  2800  m. ;  ad  ver- 
tices  montls  Corazon,  altit.  circit.  3200  m.  (n®  2185part, 
37776w). 

S9.  Hieonla  squamulosa  Triana,  L  c.  128.  —  N.  Gr.:  In 
montibus  Bogotensibus,  in  declivitale  occidenlali  Andium 
orientalium,  altit.  circit.  2800  m.,  21  Dccerobr.  1875  (n<*  738). 
—  <  Frutex  dumosus,  floribus  albis.  » 

88.  Uiconia  nodosa,  nov.  spec.  (sect.  Cremaniam). 

Ramis  obscure  tetragonis  superne  leviter  compressis, 
nodosis,  ad  nodos  densiuscule  et  longiuscule  selulosis  caeteris 
glabratis  demum  glaberrimis,  ad  insertionum  petiolô  distincte 
callosis;  foliis  breviuscule  petiolatis,  rigidis,  ovatis,  basi  leviter 
attenuatis  acutisque,  apice  subacuminalis  obtusisque,  margine 
subintegerrimis  et  saepius  leviter  revolutis,  triplinerviis  vel 
subtrinerviis,  utrinque  primum  sparse  Stella to-furfuraceis 
praecipue  subtus  demum  glaberrimis  laevibusque;  paniciilis 
terminalibus,  parvis,  pyramidatis,  submultifloris;  floribus 
5-meris,  sessilibus  vel  brevissime  pedicellatis,  ebracteolalis  ; 
calyce  glabro,  tubo  campanulalo-suburceolato,  lobis  brevissi- 
mis,  late  triangularibus,  obtusiusculis,  dorso  minutissime  den- 
ticulatis;  petalis  late  obovatis,  apice  subtruneatis;  antheris 
obversc  oblongis,connectivo  infra  loculos  brevissime  producto, 
basi  postice  breviuscule  acuteque  calcarato. 

Rami  lignosî,  salis  graciles,  efongati,  erecto-patuli,  leviler 


(  963  ) 

flexuosi,  salis  ramulosi,  juniores  purpurascentcs,  vetustiores 
cinerco-fusci.  Petiolus  satis  gracilis,  leretiusculus,  supra  Icviter 
canaliculatu$,priiiium  vix  furfuraceusdeinum  glaber,  8-1 3  mm. 
longus.  Folia  crecto-paliila,  iiiterDodîis  ï2-3-plo  longiora,  sicci- 
tate  nigricantia  el  nitiduia,  3  ^^G  cm.  longa,  2-5  cm.  lata; 
nervis  crassiii>culis,  supra  profuudiusculc  impressis,  sublus 
satis  prominentibus;  nervulis  Iransversalibus  numerosis,  te- 
nuissimis,  paulo  flexuosis,  supra  lenuiter  impressis,  subtus 
paulo  dislinclis.  Paniculae  erectae,  paulo  ramosae,  4-6  cm. 
longae;  rami  erecto-patiili,  satis  graciles,  longiusculi,  acutius- 
cule  tetragoni,  Icviter  ramulosi,  basi  ebracteati.  Calyz  siccitate 
oigricans,  obscure  5-  costatus,  basi  rotundatus,  apice  leviter 
constrictus,  ^  V^  ^^  longus  latusque.  Petala  subreflexa, 
1  V^'^  ^^^'  longa  lataquc.  Slaminum  filamenta  fiiiformia, 
1  */9-  2  mm.  longa;  anthcrae  paulo  arcuatae,  apice  Iruncatae 
et  late  biporosae,  i  V^  ^^-  longae.  Racca  perfecla  ignota. 

Habitat  ad  Alto  dcl  Tabano  propc  Pasto.  in  Cordill.  merid 
Novae  Granatae,  altil.  5:200  m.,  Maio  1876  (n*  3âOibis).  — 
Etiam  in  syivis  prope  Pasto  (Jamcson  n.  447  in  herb  Boiss.  et 
Deless.) 

Cette  espèce  a  de  grands  rapports  avec  le  Miconia 
tinifolia  Naud.;  mais  ce  dernier  a  des  feuilles  beaucoup 
plus  étroites  et  plus  acuminées;  ses  rameaux  sont  abso- 
lument glabres  aux  nœuds  el  dépourvus  d*un  rebord  cal- 
leux à  l'insertion  des  pétioles. 

84.  Hiconia  ligustrina  Triana,  /.  c.  128.  —  N.  Gr.  :  Âd 
Boqueron  de  Bagota,  altii.  2850  m.,  Decembri  1875  (n«'711  bis), 
c  Frulex  2  m.  altus,  ramosus,  floribus  albis.  >  —  In  regione 
frigida  Andium  centralium  rcpublicae  Ecuadorianae,  altit. 
circit  2900  m.  (n*  3091).  c  Frutex  ramosus,  2-3  m.  altus.  * 


(  964  ) 

86»  Miconii  tlieaezans  Cogn.  in  Mart.  FL  Bras.  Melast. 
IL  419,  var.  n.  parvifolia  Cogn.  /.  c.  422.  —  iV.  Gr,  :  Ad  Fusa- 
gasuga,  in  declivitale  Andium,  flumen  Magdalena  versus,  altîL 
circil.  1600  m  ,  5  Febr.  1876  (n"  1533).  —  t  Friitex  ramosus, 
floribus  aibis   » 

84I.  Miconia  corynibiformis,  nov.  spec.  (sect.  Cliaenopleura). 

Glabcrrima;  rainis  acute  tetragonis,  subquadrialatis,  alter- 
natim  hinc  et  iiuic  leviter  compressis;  foliis  majusculis,  bre- 
viuscuie  peliolatis,  coriaceis  rigidisque,  oblongis  vel  ova(o- 
oblongis,  basi  rotuiidatis,  apice  obtusts  vel  subacuminatis, 
margine  integerrimis  et  leviler  revolulis,  3-5-nerviis;  panieulis 
(erminalibus,  roajusculis,  corymbiforraibus,  multifloris,  con- 
geslis;  floribus  5-meris,  breviusculc  pedicellalis,  bnsi  ebracie- 
olatis;  calyeis  (ubo  suburccolatojobis  tenuiler  membranaceis, 
brevibus,  late  rotundatis,  exlus  basi  minute  dcnliculutis;  pela- 
lis  laie  rotundatis;  antheris  late  cuneatis,  apice  iatissime  uni- 
porosis  ctanlice  fere  usque  ad  basim  rimosis,  connectivo  infra 
loculos  salis  producto  et  incrassato,  basi  antice  leviter  bifide» 
poslicc  breviter  ealcarato;  stylo  glaberrinio,  crasso»  apice 
truncalo. 

Arbor  S-6  m.  alla.  Rarni  robusti,  brcviusculi,  subrecti,  sîm- 
plices,  siccitate  fuscescentes.  Pctiolus  robustus,  terctiusculus, 
supra  leviter  canaliculalus,  1  7*'^  ^^'  lougus.  Folia  erecla  vel 
erecto-patula,  internodiis  multo  longiora,  supra  laevia  siccitate 
opaca  et  nigricantia,  subtus  paulo  pallidiora,  1-2  dm.  longa, 
4-9  cm  Inla;  nervis  crassis,  supra  profundiuscule  impressis, 
subtus  valde  prominentibus,  mediano  satis  crassiore;  nervulis 
transversalibus  numerosissimis,  crassiuscuiis,  subrectis,  supra 
profundc  impressis,  subtus  valde  prominentibus  cl  tenuiler 
ramuloso-reticulatis.  Panicula  erecta,  robusta^  regulariter  tri- 
chotome  ramosa,  l-l  '/«  ^^  longa;  rami  erccti  vel  erecto- 
atuli,  elongali,  robusti,  tetragoui»  basi  ebracteati,  superne 


(  965  ) 

valde  ramulosi;  pcdicelli  crassi,  rigidi,a|)icc  ariicuiatî,  4-8 mm. 
longi.  Calyx  violaceus,  lubo  tercliuscuio,  6  mm.  longo  laloque, 
lobis  crectis,  pallidioribus,  VI f^  mm.  longis,  basis  3  mm.  latis. 
Petala  flavida,  crecta,  salis  concava,  4-5  mm.  longa  lalaquc, 
Staminum  filamenta  crassa,  vaido  compressa,  glabcrrima. 
S  mm.  longa;  antherae  pallidae,  reciae,  â  '/s  mm.  loiigac,  apico 
i'\  7t  Qim.  latae.  Ovarium  subglobosum,  triiocularc,  fcre 
usquu  ad  mcdiiim  adhaercns,  glaberrimum,  apice  minute  don- 
ticulatum;  stylus  reclus,  5  mm.  longus.  Bacca  perfecla  ignota. 
Hcibitat  ad  Alto  del  Tabano  in  Andibus  Pastoensibus  Novae 
Granatae,  altit.  3500  m.,  4  Mail  1876  (n<>  3061).  —  Ad  Casa- 
pamba  in  Cordîll.  orient.  Andium  Novo-Granatcnsium,  altit. 
3000  m.,  3  Mail  1876  (ii«  3031). 

• 
Nous  avonsjidécrit  les  fleurs  comme  dépourvues  de  brac- 

téoles  parce  que  nous  n*en  avons  pas  vu,  même  chez  celles 
qui  sont  encore  à  l'état  de  boulon;  cependant  comme,  dans 
les  espèces  qui  ressemblent  le  plus  à  celle-ci,  les  brac- 
léoles  sont  extréraemonl  caduques,  il  se  pourrait  qu'ici 
elles  fussent  déjà  tombées.  Il  semblerait  même  qu'au 
sommet  du  pé<licelle  on  en  voit  les  cicatrices. 

Le  M.  corymbiformis  n'a  d'espèces  analogues  comme 
port  que  les  M.  quadrangularis  Naud.  et  If.  Sintenisii 
Cogn.;  mais  ces  derniers  s'en  distinguent  surtout  en  ce 
qu*ils  ont  les  rameaux  obtusément  quadrangulaires  et  que 
le  ex)nnectir  des  élamines  n'a,  ni  antérieurement  ni  posté- 
rieurement, aucun  des  appendices  que  nous  avons  décrits 
plus  haut. 

M.  Tococi  Guyanensis  Aubl.  Pi.  Guian.  I.  438,  lab.  174.  — 
In  sylva  primaeva  prope  Upin,  ad  pcdem  Cordillerac  orientalia 
Novae  Granatae,  altit.  450  m.,  7  Januar.  1876  (n^  1189).  — 
c  Frulex  I  -2  m.  altus.  In  partibus  umbrosioribus  sylvarum.  » 


(  966  ) 

SS.  Tococa  platjphjlli  Benth.  PL  ffartw.  181  f  —  Ad  que- 
brada  de  Altaquer,  in  Cordillera  merid.  Andium  Novo-GrAna- 
tensium,  aliit.  990  m.,  Maîo  f  876  (n»  3460).  —  Arbor  5-6  m. 
alta,  caule  simplici;  foliis  maximis;  fioribus  paoiculatis;  fruc- 
tibus  pulchre  roseis,  baccatis.  » 

Une  seule  feuille  de  la  planle  portant  le  n""  5460  se 
trouve  en  herbier,  et  encore  a-l-elle  peut-être  le  pétiole 
incoofiplet;  c'est  pourquoi  nous  conservons  des  doutes  au 
sujet  de  sa  détermination. 

99.  Clideniia  hir(a  D.  Don  in  Mem.  Wern,  Soc,  IV.  509, 
var.  elegans  Griseb.  FI,  BrxL  W,  Ind  IsL  247  (excl.  syn).  — 
N,  Gr,  :  Ad.  Carare  prov.  Magdalena,  altit.  340  m.,  7  Decembr. 
4875  (n**  288)  —  «  Fnitex  dumosus,  3  m.  aitus,  floribus 
albis.  » 

IMI.  Clideniia  dentata  D.  Don,  /.  c.  508.  —  Ec.  :  Propter 
Rio  Pisagua,  in  declivitate  occid.  niontis  Chimborazo,  altit. 
circit.  500  m.,  il  Julii  1876  (n*  4074).  —  c  Prutex  3-4  m. 
altus,  floribus  albis.  » 

91.  Clidemia  spica(a  DC.  Prodr.  III.  159  (non  D.  Don).  — 
N,  Gr.  :  Ad  Susumuco,  in  Cordillera  orient.  Andium  Bogo- 
tensium,  altit.  1240  m.,  t  Januar.  1876  (n*"  817).  «  Arbuscula 
2-3  m.  alta,  floribus  albis.  »  —  Ad  Ibagué,  ad  pedem  orient, 
montis  Tolima,  altit.  1300  m.,  3  Mart.  1876  (n**  1965).  •  Fru- 
(ex  2  m.  al  lus;  floribus  minorîbus,  albis.  —  Inter  Allaquer  et 
£1  Paramo,  secus  viam  Barbacoas,  allit.  1050  m.,  24  Maii  1876 
{n^  3â95).  c  Arbuscula  4-6  m.  alta,  dumosa  ;  floribus  albis  ; 
fruclibus  baccatis,  violaceis.  > 


(  967  ) 

99.  Clidemia  rariflori  Benth.  in  Hook./ot/rn.  o/^ol. II. 308? 
—  N,  Gr.  :  Prope  Gumaral  ad  pedeni  orient.  Andium  Bogo- 
tensiuni,  altit.  380  m  ,  5  Januar.  1876  (n*  1057). 

Il  y  a  en  herbier  trois  exemplaires  de  la  plante  qui  porte 
le  n""  1057;  mais  tous  sont  dépourvus  de  fleurs  et  de  fruits, 
de  sorte  qu*il  nous  reste  quelque  doute  sur  leur  exacte 
détermination.  Si  celle-ci  était  bonne,  la  découverte  de 
M.  André  serait  fort  intéressante,  car  le  CL  rariflara 
n'avait  encore  été  observé  précédemment  que  dans  le  nord 
du  Brésil  et  la  Guyane  anglaise  (voyez  Cogn.  in  Mart. 
F/.  Bras,,  Melast.  IL  492). 


t.  Glidemia  pilosa  D.  Don,  in  Mem.  Wern,  Soc.  IV.  308 
{Calophysa  pilosa  Triana,  Mélust.  i  40).  — ^  N,  Gr.  :  Ad.  Susu- 
muco,  in  Cordillera  orientali  Andium  Bogotensium,  altit. 
1160  m.,  i  Januar.  1876  (n»  829).  —  «  Frutex  dumosus, 
3-4  m.  allus,  floribus  albis.  » 

•â.Clidemii  rulira  Mart.  Nov.  Gm.  et  Spec.  III.  152,  tnb. 
381.  —  N.  Gr.  :  Ad  Susumuco,  indeclivitate  orientali  Andium 
Bogotensium,  altit.  1160  m.,  1  Januar.  1876  (n^*  831).  <  Frutex 
dumosus,  floribus  albis.  » 

•&•  Bellacîa  grossularoldes  Triana,  Mélast,  141.  —  N.  Gr.  : 
Ad  Servi  ta  in  declîv.  orient.  Andium  Bogotensium,  altit.  650  m 
Januar.  1876  (n"*  1214).  —  c  Arbor  10  m.  alta,  ramis  paucis, 
erectis,  fronde  conspicua.  > 

ne.  Henriettella  trachjphjlla  Triana,  /.  c.  1 44. — N.  Gr.  :  Intcr 
Quetame  et  Susumuco,  in  Cordillera  orientali,  altit.  1300  m., 
31  Decembr.  1875  (n"  801).  —  «  Frutex  ramosus,  S-3  m.  altus, 
ramis  divaricatis,  floribus  candidis.  » 


(  968  ) 

99.  Ossaea  diTenifolia  Cogn  {Melastoma  diversifolia  Bonpi. 
Mélast  138,  tab.  59;  Clidemia?  diversifoUa  DC.  Prodr.  III. 
md;  Staphydium  diversifoliuiH  Naud.  in  Ann.  Se.  nat.  ser.  3. 
XVII.  322;  Octopleura  dioersifolia  Triana.,  Mélast.  145).  — 
N.  Gr.  :  Âd  Isla  Brava  secus  ripas  fluminis  Magdalena,  altit. 
70  m.,  3  Decembr.  1875  (n*  336).  —  «  Ârbuscula  5-6  m.  alu; 
ramis  multis,  gracilibus;  floribus  albis.  i 

Le  genre  Octopleura  de  Grisebach  ne  diffère  absolument 
du  genre  Ossoea  DC.  que  par  son  calice  fructifère  muni 
de  huit  ou  dix  côtes  longitudinales  plus  ou  moins  pro- 
noncées, qui  manquent  chez  le  second.  MM.  Benthara  et 
Hooker  {Gênera,  I.  770)  le  trouvent  très  naturel^  mais 
difficile  à  caractériser.  M.  Triana  (Mélast.  21)  juge  son 
caractère  distinctif  assez  faible;  mais  il  admet  cependant 
le  genre  comme  distinct.  Pour  nous,  nous  préférons  sur 
ce  point  suivre  Topinion  de  M.  Bâillon  (Hist.  des  PL,  VII. 
20),  qui  ne  le  trouve  pas  distinct  des  Ossaea.  Il  est,  en 
effet,  beaucoup  plus  faiblement  caractérisé  que  bien  des 
genres  que  tout  le  monde  s'accorde  aujourd'hui  à  réunir 
aux  Miconia. 

•S.  Blakea  caudata  Triana,  Mélast,  i  48. —  In  sylvis  primaevis 
propter  Upin  ad  pedem  Andium  orient.  Novae  Granatae, 
altit.  400  m.,  5  Januar.  1876  (n*'  1112).  c  Ârbor  4-5  m.  alta, 
ramis  elongatis,  sparsis  et  decumbentibus.  »  —  Seeus  ripas 
Rio  Nembri,  in  Cordillcra  occid.  merid.  Novae  Granatae,  ait. 
990  ni.,  22  Maii  i876  (n<>  3398  part.),  c  Ârbor  iO  m.  alta, 
ramis  paucis;  floribus  campanulatis,  albis.  In  regione  bumid. 
crescens.  » 


(  969  ) 

Blakea  subeonnata  0.  Berg  ex  Triana,  /.  c  —  Ec,  :  Ad 
Balsapamba,  in  sylva  primaeva  ad  pedem  montis  Chîmborazo, 
altit.  circit.  500  m.,  Julio  1876  (n»  3398  part,  et  4045).  — 
«  Ârbor  10  m.  alla,  ramis  elongalis;  floribas  speciosis, 
roseis.  » 

tOO.  Blakea  Andreana  nov.  spec.  (secl.  EuUakea). 

Ramis  glaberrimis,  acutiuscule  tetragonis;  foliis  magnis, 
crasse  breviterque  petiolatis,  crassiusculis,  ovalis  vet  ovato- 
ellipticisy  basi  apiceque  subrotundatis,  margine  integerrimis, 
praetermisso  iitroque  nervulo  marginali  trinerviis,  supra  i^laber- 
rimis  laevibusque,  subius  sub  lente  tenuissiroe  sparseque  fur- 
furaceo-puberulis  ;  floribus  amplis,  6-merîs,  ut  videtur  axilla- 
ribus  solitariisque,  crasse  longequc  pednnculatis  ;  bracteis  4, 
magnis,  crassis  rigidisque,  arcte  imbricatis,  late  suborbicula- 
ribus,  concavis,  interioribus  liberis  utrinque  glaberrimis  apice 
subtruncatis,'  exterioribus  usque  ad  médium  connatis  intus 
glabris  cxtus  leviler  furfuraceis  apice  subrotundatis;  calyce 
glabro,  tubo  campanulato,  lobis  brevissimis  latisque,  apice 
truDcatis;  pctalis  late  obovato-triangularibus,  apice  truncatis 
▼el  emarginatis  ;  anlheris  late  dolabriformibus,  pendulis,  apice 
oblique  subtruncatis,  connectivo  postice  longiuscule  acuteque 
calcarato;  stylo  incluso,  crasso,  glabro,  apice  leviter  attenuato. 

c  Arbor  6-8  m.  alta,  pauciramosa,  ramis  elongatis,  sparsis  », 
robustis,  cinereo-fuscis,  nodosis,  subrectis.  Petiolus  obtuse 
angulatus,  supra  subcanaliculatus,  glaber,  t-2  cm.  longus. 
Folia  ut  videtur  patula  vel  subreflexa,  intcrnodiis  5-4-plo 
longiora,  supra  ut  videtur  laete  viridia  et  opaca,  subtus  paulo 
pallidiora  et  ad  nervos  rubescentia,  2-2'/^  dm.  longa, 
12-16  cm.  lata;  nervis  crassis,  supra  leviter  impressis,  subtus 
satis  prominentibus;  nervulistransversalibusgracilibus,  leviter 
flexuosis,  supra  subimpressis,  subtus  pnulo  prominentibus, 
3-5  mm.   inter   se   distanlibu^.    Pedunculus    suhrrctus   vel 


C  970  ) 

reçu rvus, obscure  angulatus,  glaber  vel  vixfurfuraceus,  5-5 cm. 
]ongus,4-dmin.crassus.Bracteae8iccitatefusccscentGS,cnerviae, 
2-3  cm.  longae.  Calyx  siccitate  fuscus,  obscure  angulatus,  basi 
subrorundntus,  2  Vâ'^  ^i^-  longus  latusque.  Petala  albido-rosea 
et  rubro-marginata,  patula,  subenervia,  siccitate  coriacea  et 
rigidiuscula,  valde  asyininelrica,  basi  longiuscule  unguicutata, 
3  Vsr^  ^™*  longa  lataque.  Slaminum  filamenta  crassiuscula, 
levîier  compressa,  ginbra,  \  Vs  ^^^-  longa;  anlherae  i  cm. 
longae,  4-5  mm.  crassae,  calcare  1-i  ^/^  mm.  longo.  Ovarium 
G-locularc,  vcrtice  subplanum;  stylus  subrcctu;?,  i  ^/^  cm. 
longus.  Bacca  igiiota. 

Habitat  ad  Alto  dcl  Potrerito  prope  Vijcs  in  valle  fluminis 
Cauca  Novo  Granatensium,  attit.  1800  m.,  30  Martii  i876 
{n*  â691).  Incol.  c  Amaraboyo.  • 

Cette  espèce  nous  paraît  voisine  du  Blaken  quadran^ 
gularis  Triana,  la  seule  des  espèces  rapportées  jusqu'ici 
au  genre  Blakea  que  nous  n'avons  pu  étudier  dans  les 
herbiers,  et  dont  M.  Triana  n'a  d*ailleurs  recueilli  qu'un 
seul  exemplaire  incomplet.  D*après  sa  description,  le 
B.  quadrangularis  diffère  de  notre  espèce  par  ses  feuilles 
an  peu  plus  étroites  (oblongnes  ou  obovales-oblongaes), 
brièvement  acuminées^  ses  pédoncules  plus  longs  (8  cm.)« 
ses  bractées  externes  caudaio-acuminées ^  les  internes 
ohlongues-subaiguës  et  plus  longues  que  les  fleurs. 

Nous  devons  aussi  rapprocher  l'espèce  que  nous  venons 
de  décrire  des  Amaraboya  princeps  et  A,  amabilis  i,  Lind., 
figurés  dans  \^ Illustration  horticole  de  cette  année 
(vol.  XXXIV,  1887,  lab.  IV  et  IX).  Si  nous  nous  en  rap- 
portons aux  deux  planches  qui  représentent  ces  espèces, 
VA,  princeps  diffère  du  Blakea  Andreana  par  ses  feuilles 
scssiles,  d'un  rouge  carminé  en  dessous;  ses  fleurs  d'un 
rouge  carmin  uniforme,  en  cyrae  terminale  pauciflore,  et 


(974) 

son  style  beaucoup  plus  robuste.  VA.  amabilis  parait  avoir 
les  rameaux  cylindriques,  les  fleurs  également  terminales 
et  pourvues  d'un  style  longuement  saillant  au  delà  des 
étamines. 

Toutefois,  il  importe  de  remarquer  que,  d'après  ce  que 
M.  Lucien  Linden  a  bien  voulu  faire  répondre  à  une 
demande  de  renseignements  que  nous  lui  avions  adressée, 
ces  deux  Amaraboya  ne  sont  connus  que  par  des  aquarelles 
peintes  par  M.  Wallis  dans  ses  voyages  d'exploration.  Il 
faut  donc  voir  jusqu'à  quel  point  les  caractères  botaniques 
ont  été  iidèlemenl  reproduits  dans  ces  aquarelles,  qu'aucun 
botaniste  n'a  pu  contrôler  par  l'étude  des  plantes  elles- 
mêmes. 

Le  genre  Amaraboya,  dont  il  vient  d'être  question,  est 
pour  nous  absolument  identique  aux  Blakea,  L'examen  des 
deux  planches  citées  ne  nous  laisse  pas  le  moindre  doute 
à  cet  égard.  Nous  ne  pourrions  toutefois  discuter  les 
caractères  du  genre,  car  M.  Naudin,  qui  est  l'auteur  de  la 
description  générique  (/.  c,  p.  15),  ne  décrit  guère  que 
Yaspect  de  la  plante  et  non  ses  caractères  botaniques  réels; 
aussi  sa  description  ne  nous  apprend-elle  rien  des  affinités 
du  genre,  ni  de  sa  place  dans  la  série  naturelle,  ni  même 
de  la  tribu  à  laquelle  il  appartient. 

Nous  ferons  remarquer  en  outre  que  quand  il  dit  :  c  le 
coloris  (des  pétales)  contraste  avec  la  teinte  blanche  des 
étamines  rangées  en  cercle  autour  de  Vovaire  »,  il  a  évi- 
demment pris  le  style  pour  Vovaire,  comme  on  peut  le  voir 
par  l'examen  de  la  planche  IX.  Si  c'était  bien  l'ovaire  que 
les  étamines  entourent  dans  la  planche  IV,  le  style  serait 
nul,  et  nous  trouverions  ici  deux  caractères  qui  ne  se 
rencontrent  pas  ailleurs  dans  toute  la  famille  des  Mélas- 
tomacées. 


(  »72  ) 

Il  est  à  remarquer  que  le  nom  vulgaire  à^Amaraboyo, 
donné  par  les  habitants  de  la  Nouvelle*Grenade  aux  plantes 
dont  nous  venons  de  parler,  ne  les  désigne  pas  spécialement, 
puisque  c'est  aussi  le  nom  du  Meriania  nobilis  Triana, 
comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  (voyez  n"^  AO),  et  ainsi 
que  M.  Triana  Ta  signalé  bien  avant  nous  en  décrivant 
son  espèce  (Mélast.^  p.  67). 

101.  Blakea  Pyxidanthus  Triana,  Méloêt.  149.  —  N.  Gr.  : 
Ad  El  Hatico  in  valle  Cauca,  altit.  1800  m.,  U  April.  d876 
(n*  :2725).  —  c  Arbor  5-6  m.  alla,  floribus  albis,  extus  roseis» 
staminibus  semicoronantibus.  » 

109.  Topobea  Andreana,  nov.  spec. 

Ramis  obtuse  telragonis,  glaberrimîs  vel  apice  vix  furfu- 
raceis;  foliis  breviter  peliolatis,  rigidiusculis,  ovato-oblongis, 
basi  rotundatis  vel  leviter  emarginato-cordatis,  apice  abrupte 
longeque  caudato-acuminatis,  margine  integerrimis,  adjecto 
utroque  nervo  marginali  7-nerviis,  supra  glaberrimîs  laevi- 
busqué,  subtus  brevissime  subsparseque  hirlellis,  nervulis 
transversalibus  prominulis;  floribus  6-meris;  bracteis  ealyce 
aequantibus;  ealyce  glabro,  tubo  campanulato-suburceolato; 
ovario  libero,  apice  subrostrato  tenuiter  iâ-costato;  stylo 
gracili,  stigmate  truncato. 

c  Arbor  7-8  m.  al  ta,  ramis  perpaucis  »,  satis  gracilibus, 
arcuatis,  sordide  cioereis.  Peiiolus  satis  gracilis,  tortuosus, 
obscure  sulcatus,  lateraliter  leviter  compressus,  supra  anguste 
canaliculatus,  tenuiter  furfuraceo-puberulus,  2-2^/^  cm. 
loogus.  Folia  patula,  supra  siccitate  intense  viridia  et  opaca, 
subtus  rubro-fusca,  17-22  cm.  longa,  9-12  cm.  lata;  nervis 
robustis,  supra  profunde  impressis,  subtus  valde  prominen- 
tibus,  mediano  satis  crassiore,  ôxterioribus  caeteris  multo 
gracilioribus;  nervulis  transversalibus  crassiusculis,  subrectis, 
supra  distincte  impressis,  subtus  satis  prominentibus , 
4  i/^-S  mm.  inter  se  distantibus.  Flores  perfecti  ignoti. 


I 


(973) 

Habitat  ad  Quebrada  Cuyambe  in  Cordillera  merid.  Ândium 
Novo-Granatensium,  altit.  990  m.  (n*  4586).  <  In  sylvis 
primaevis  humidissimis.  » 

Cette  espèce  a  l'aspect  du  T.  subscabrula  Triana, 
Mélast.  150,  qui  s'en  distingue  en  ce  qu'il  a  les  rameaux 
couverts  d'une  pubescence  très  courte  et  étoilée,  la  face 
inférieure  des  feuilles  couverte  d'une  One  poussière  éparse 
et  étoilée,  les  bractées  de  moitié  plus  courtes  que  le 
calice,  etc. 

-108.  Topobea  pvnctulata  Triana,  Mèlast,  150.  — N,  Gr,  : 
In  rcgione  humidissima  apud  Rio  Nembi  Ândium  meridionali- 
occid.,  altit.  990  m.,  23  Maii  1876  {n^  3370).  —  t  Arbor 
14-15  m.  alta,  pauciramosa,  floribus  albis.  » 

104.  Topobea  gracilii  Triana,  L  c.  150.  —  N.  Gr.  :  Secus 
ripas  Rio  Guavo  in  Cordillera  occidentali,  altit.  1650  m., 
Maio  1876  (n*  5454  bis). —  c  Frutez  plur.  metr.  altus,  ramis 
elongatisy  raris.  » 


ÉLECTIONS  ET  PRÉPARATIFS  DE  LA  SÉANCE  PUBLIQUE. 

La  Classe  procède,  en  comité  secret,  aux  élections  pour 
les  places  vacantes.  Les  résultats  en  seront  publiés  dans 
le  compte  rendu  de  la  séance  publique. 

—  MM.  De  Tilly  et  de  Selys  Longcbamps  donnent  lec- 
ture, conformément  au  règlement,  des  discours  qui  com- 
poseront le  programme  de  cette  solennité,  fixée  au  16  de 
ce  mois. 


(  974  ) 


Gl.ilSSE  DES  SCIENCES. 


Séance  publique  du  46  décembre  1887 , 

M.  J.  De  Tilly,  directeur  de  la  Classe,  présideDt  de 
rAcadémie. 
M.  LiAGRE,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  Fr.  Crépin,  vice^irecteur ;  J.-S.  Slas, 
P.-J.  Van  Beneden,  le  baron  Edm.  de  Selys  Longciiamps, 
J.  G.  Houzeau,  G.  Dewalque,  H.  Maus,  E.  Gandèze, 
Gh.  Montigny,  Éd.  Van  Beneden,  G.  Malaise,  F.  Folie, 
Ëd.  Mailly,  Gh.  Van  Bambeke,  G.  Van  der  Mensbrugghe, 
Louis  Henry,  M.  Mourlon,  membres^  E.  Gatalan,  Gh.  de  la 
Vallée  Poussin,  associés;  P.  Mansion,  A.  Renard  et 
Léo  Errera,  correspondants. 

Assistent  à  la  séance  : 

Glasse  des  lettres  :  MM.  P.  De  Decker,  P.  Willems^ 
Gh.  Potvin,  P.  Henrard,  membres;  Alph.  Rivier,  associé. 

Glasse  des  beaux-arts  :  MM.  Éd.  Fétis,  le  chevalier 
Léon  de  Burbure,  Ernest  Slingeneyer,  Godfr.  Guffens, 
Joseph  Jaquet,  Jos.  Demannez,  P.-J.  Clays,  Gustave  Biot, 
H.  Hyoïans  et  le  chevalier  Edm.  Marchai,  membres. 


(  i)75  ) 
La  séance  est  ouverte  à  1  heure  et  demie. 

Sur  les  notions  de  force^  d'accélération  et  d'énergie^  en 
mécanique;  discours  par  J.  De  Tilly,  directeur  de  la  Classe, 
président  de  l'Académie  (1). 

Mesdames,  Messieurs, 

Lorsque  le  directeur  de  la  Classe  des  sciences  (astreint 
par  Tusage,  sinon  par  le  règlement  de  l'Académie ,  à  pro- 
noncer un  discours  en  séance  publique)  (2),  appartient  à  la 
section  des  mathématiques  pures,  le  choix  du  sujet  à 
traiter  constitue  pour  lui  un  embarras  sérieux. 

Un  ancien  adage  dit  que  les  mathématiques  régissent  le 
monde,  mais  elles  le  régissent  sans  Tamuser,  et  en  bornant 
même  mon  ambition  à  me  faire  écouter  avec  indulgence, 
je  sens  combien  la  tâche  exigerait  un  autre  talent  que  le 
mien. 

Aussi  ma  première  pensée  fut-elle  de  recourir  à  nos 
annales,  pour  y  rechercher  comment  certains  de  mes  pré- 
décesseurs se  sont  tirés  du  pas  difficile  qu'ils  ont  dû  fran- 
chir avant  moi. 

J'ai  vu  qu'ils  y  ont  réussi,  tantôt  par  le  choix  des 
parties  les  moins  abstraites,  touchant  aux  applications 
physiques^  astronomiques  ou  techniques;  d'autres  fois,  par 
un  compte  rendu  succinct  de  quelques-uns  des  travaux 
importants  accomplis  pendant  la  période  de  leur  direction, 
ou  des  principales  questions  soulevées;  enGn,  par  des 
généralités  intéressantes  sur  l'histoire  ou  l'enseignement 
des  mathématiques. 

De  ces  moyens,  il  semble  que  le  premier,  c'est-à-dire 
le  choix  d'une  application  pratique,  soit  pour  moi  le  plus 
natorellement  indiqué. 

On  sait,  en  effet,  que  l'enseignement  technique  donné 
aux  ingénieurs,  civils  et  militaires,  est  basé  principalement 


(  976  ) 

sur  les  sciences  mathématiques,  et,  réciproquement,  il 
serait  très  facile  d'indiquer  des  questions  de  théorie 
pure,  sur  lesquelles  l'étude  des  applications  a  exercé,  en 
quelque  sorte,  une  influence  réflexe. 

En  me  bornant  à  celles  où  la  science  belge  peut  reven- 
diquer une  part,  plus  ou  moins  directe  et  plus  ou  moins 
importante,  je  citerai  irois  exemples,  empruntés  au  métier 
que  je  professe. 

Les  appareils  électro-balistiques  ont  appelé  l'attention, 
même  des  théoriciens  purs,  sur  la  possibilité  de  mesurer 
des  temps  extrêmement  petits,  qu'on  s'était  borné  jusque- 
là  à  introduire,  dans  les  formules  de  mécanique,  d'une 
manière  abstraite,  sans  avoir  aucune  idée  nette  de  leur 
grandeur  ni  de  leur  mesure. 

L'étude  du  mouvement  des  projectiles  allongés  dans 
l'air  a  conduit  à  simplifier  et  à  perfectionner,  en  certains 
points,  la  théorie  du  mouvement  de  rotation  des  solides  en 
général. 

Enfin,  l'étude  du  mouvement  des  projectiles  dans  l'in- 
térieur des  bouches  à  feu  est  généralement  basée  aujour- 
d'hui sur  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  dont  elle  peut 
n'être  pas  seulement  une  application  remarquable,  mais 
aussi  une  cause  de  progrès. 

Sur  la  première  de  ces  questions,  je  ne  pourrais  rien 
dire  qui  n'eût  été  dit  déjà  par  les  éminents  inventeurs. 

La  seconde  présenterait  un  vif  intérêt  scientifique; 
mais,  malgré  l'invitation  bienveillante  qui  m'a  été  faite  à 
cet  égard  (3),  je  ne  pense  pas  que  le  moment  soit  venu  d'en 
entreprendre  l'exposé  et,  dans  tous  les  cas,  je  m'en  déclare 
actuellement  incapable. 

C'est  donc  à  la  troisième  seule,  c'est-à-dire  à  la  théorie 
de  la  chaleur,  que  je  puis  m'arréter,  mais  je  n'aborderai 
qu'une  seule  discussion  parmi  toutes  celles  que  ce  sujet 


(  977  ) 

pourrait  amener  :  c*esl  la  comparaison  entre  les  notions 
de  force,  d'accélération  et  d'énergie. 

Je  disais  tout  à  l'heure  qu'en  réfléchissant  aux  divers 
sujets  possibles  de  mon  discours,  j'avais  trouvé  dans  les 
précédents  de  l'Académie  l'indication  de  quatre  voies  dif- 
férentes :  les  applications,  le  compte  rendu  des  questions 
soulevées,  l'enseignement,  ou  l'histoire. 

Les  circonstances  me  permettent  de  suivre  simultané- 
ment ces  quatre  voies,  en  traitant  de  la  force,  de  l'accélé- 
ration et  de  l'énergie. 

Je  viens  de  montrer  comment  elles  se  rattachent  aux 
applications. 

Elles  rappellent  aussi,  mais  indirectement,  une  partie 
des  questions  soulevées  devant  la  Classe.  Je  dis  indireo 
tetnent,  car,  dans  le  débat  auquel  je  fais  allusion,  il  s'est 
agi  de  la  nature  même  de  la  force,  tandis  que  je  me  bor- 
nerai à  examiner  si  sa  notion  doit  être  maintenue  ou  aban- 
donnée en  mécanique  rationnelle,  et  je  ne  m'occuperai 
nullement  de  sa  nature. 

En  outre,  la  question  choisie  se  rapporte  dedeux  manières 
à  l'enseignement.  C'est,  d'abord,  dans  mon  coursa  l'École 
militaire  que  j'avais  introduit,  il  y  a  longtemps  déjà,  un 
exposé,  fait  d'après  mes  idées,  des  premiers  principes  de  la 
théorie  de  la  chaleur,  comme  préambule  du  mouvement 
du  projectile  dans  la  bouche  à  feu.  Mais,  ensuite,  la  ques- 
tion de  la  force,  de  l'accélération  et  de  l'énergie,  a  une 
importance  capitale  dans  l'enseignement  de  la  mécanique 
rationnelle. 

Quant  au  point  de  vue  historique,  c'est  le  plus  délicat 
de  tous,  et  j'aurai  soin  de  n'y  toucher  que  par  des  cita- 
tions empruntées  à  des  autorités  imposantes.  Pour  com- 
prendre le  danger  de  s'aventurer  davantage  sur  ce  terrain, 

3**  SÉRIE,  TOME  ZIT.  65 


(  978  ) 
il  suffira  d'observer  que,  clans  la  (béorie  même  de  la 
cbaleur,  donl  nous  parlons,  la  désignation  des  véritables 
inventeurs  du  principe  fondamental  a  donné  lieu  à  une 
polémique  très  vive,  et  qui  nVst  pas  épuisée. 

Avant  de  comparer  les  notions  de  force,  d'accélération 
et  d'énergie,  il  conviendrait  peut-être  de  les  déflnir;  maïs 
je  me  bornerai  à  prendre  les  précautions  nécessaires  pour 
qu'on  ne  puisse  les  confondre  entre  elles  et  considérer  ces 
trois  mots  comme  synonymes,  surtout  le  premier  et  le 
dernier  (force  et  énergie),  ce  qui  pourrait  arriver  si  Ton 
s'en  rapportait  au  langage  usuel. 

Sans  m'arréter  aux  nombreuses  définitions  possibleis, 
j'adopte,  pour  distinguer  la  force  de  l'énergie,  Pénoucé  de 
l'ouvrage  dont  j'aurai  principalement  à  combattre  les  ten- 
dances. 

Chaque  fois,  dit  Fauteur,  qu'un  transport  d'énergie  a 
lieu  d'une  portion  de  matière  sur  une  autre,  il  y  a  mouve- 
ment relatif  des  portions  de  matière  correspondantes,  et 
ce  que  Ton  nomme  valeur  d'une  force,  dans  une  direction 
quelconque,  est  tout  simplement  la  valeur  de  l'énergie 
transportée,  par  unité  de  longueur  du  déplacement  eflectué 
dans  cette  direction. 

Seulement,  je  retournerai  cet  énoncé,  car,  pour  l'auteur, 
l'énergie  est  le  principal  et  la  force  l'accessoire.  Je  suis 
d'un  avis  contraire,  et  je  dirai  donc  qu'une  énergie  com- 
muniquée est  le  produit  de  la  force  qui  la  communique 
par  le  chemin  décrit  dans  le  sens  de  l'eflbrt  exercé. 

Quant  à  l'accélération,  c'est,  comme  le  mot  l'indique, 
l'augmentation  de  vitesse  qui  serait  communiquée  au  bout 
d'une  seconde. 

Pour  parler  un  langage  plus  pratique,  la  force  est  ua 
nombre  de  kilogrammes,  l'accélération  un  nombre  de 


(  i>79  ) 

mètres,  Ténergie  un  nombre  de  kilogrnmmèlrcs.  Il  n*y  a 
donc,  entre  ell('S,  aucune  confusion  possible. 

Nous  nous  demanderons  maintenant  si  la  notion  de  la 
force  doit  réellement  subsister  dans  la  mécanique  ration- 
nelle, ou  si  elle  peut  être  com|)lètemeni  remplacée  par  la 
notion  des  effets  produits  (accélération  et  énergie). 

Aux  yeux  de  ceux  qui  n'ont  fait  aucune  étude  méca- 
ni(|ue,  le  choix  paraîtra  peut-être  indifférent;  mais  la 
plupart  des  autres  s'étonneront  de  m'entendre  dire  qu'il 
pourraitétrequestiondesupprimer,en  mécanique,  la  notion 
de  force.  Pour  justifi<T  ce  qu'ils  seraient  tentés  de  consi- 
dérer comme  une  énoruiité,  je  devrai  m'appuyer  sur  des 
citations;  mais,  bien  que  le  nombre  des  adeptes  de  la  sup- 
pression de  l'idée  de  force  soit  aujourd'hui  considérable, 
je  ne  citerai  (|ue  des  noms  célèbres. 

Je  di\iserai  ces  adeptes  en  deux  catégories,  suivant 
qu'ils  veulent  remplacer  la  force  par  l'accélération  ou  par 
l'énergie;  je  prendrai  comme  type  du  premier  système  les 
écrits  de  feu  M.  de  Saint- Venant,  membre  de  Tinstilut  de 
France  et  l'un  des  physiciens-mathématiciens  les  plus 
éminents  de  notre  temps; comme  type  du  second,  les  con- 
férences de  M.  Tait,  professeur  de  physique  à  l'Université 
d'Edimbourg,  dont  le  nom  fait  également  autorité. 

Voici  le  système  de  M.  de  Saint- Venant,  expliqué  par 
lui-même  (4)  : 

«  Dans  le  fait,  quel  que  soit  un  problème  de  méca- 
nique terrestre  ou  céle>te  proposé,  les  forces  n'entrent 
jamais  ni  dans  les  données,  ni  dans  le  résultat  cherché  de 
la  solution.  On  les  fait  intervenir  pour  résoudre,  et  on  les 
élimine  ensuite,  afin  de  n'avoir  finalement  que  du  temps, 
ou  des  distances,  ou  des  vitesses,  comme  en  commençant. 
On  conçoit  très  bien  qu'un  jour,  à  la  place  de  ces  sortes 


(  980  ) 

d'intermédiaires  d'une  nature  occulte  ol  métaphysique,  on 
puisse  n'introduire  et  n'invoquer,  pour  la  solution  des 
divers  problèmes  de  Tordre  physique,  que  ces  lois  avérées 
des  vitesses  et  de  leurs  changements,  suivant  les  circon- 
stances... Ce  ne  sera  pas  bouleverser  la  science,  ce  ne  sera 
qu'en  modifier  le  langage...  Il  est  donc  possible  que  les 
forces,  ces  sortes  d'êtres  problématiques,  ou  plutôt  d'ad- 
jectifs substances,  qui  ne  sont  ni  matière,  ni  esprit,  êtres 
aveugles  et  inconscients,  qu'il  faut  douer  cependant  de  la 
merveilleuse  propriété  d'apprécier  les  distances  et  d'y 
proportionner  ponctuellement  leur  intensité, soient  de  plus 
en  plus  expulsées  et  écartées  des  sciences  mathématiques. 
Elles  feraient  place  aux  lois,  non  seulement  géométriques, 
mais  aussi  physiques,  qui  règlent  les  circonstances,  les 
durées  et  les  grandeurs  des  changements  de  vitesse  et  de 
situation;  et  cela,  quel  qu'en  suit  l'agent  excitateur...  Le 
temps  n'est  peut-être  pas  bien  loin,  où,  sans  nier  aucune- 
ment le  principe  de  causalité,  qui  appartient  à  une  sphère 
d'idées  pins  élevée,  mais  en  laissant  la  cause  ou  les  causes 
à  leur  vraie  place,  qui  n'est  point  la  physique,  on  renon- 
cera à  la  prétention  d'en  faire  un  sujet  de  calculs...  on 
trouvera  sans  doute  le  moyen...  de  n'exprimer  plus,  en 
mécanique,  que  les  faits  réels  de  temps  et  d'espace,  en 
énonçant  et  en  appliquant  les  lois  de  leur  succession.  » 

Entre  ce  système  de  M.  de  Saint-VenaAt  et  celui  de 
M.  Tait,  que  nous  rencontrerons  tout  à  l'heure,  il  y  a  deux 
points  communs.  L'un  et  l'autre  refusent  de  considérer  la 
force  comme  une  réalité  objective.  C'est,  dit  M.  de  Saint- 
Yenantyunêtre  problématiqueàexpulser;  c'est,  dit  M.  Tait, 
une  idée  destinée,  avec  le  progrès  de  la  science,  à  êlre 
reléguée  dans  les  limbes.  L'un  et  l'autre,  donc,  pensent 
que  l'on  peut  construire  toute  la  science  mécanique  sans 
parler  de  forces. 


(981  ) 

Voilà  ce  qui  leur  est  commun.  Mais  voici  uù  ils  dif- 
fèrent : 

D'abord,  comme  je  Tai  déjà  dit,  le  premier  remplace  la 
force  par  Taccéléralion  et  le  second  par  Ténergie.  Mais 
ensuite,  le  premier  s'attache  principalement  à  prouver 
qu'il  est  possible  de  faire  un  traité  de  mécanique  sans  y 
parler  des  forces;  il  n'insiste  pas  longuement  sur  la  ques- 
tion des  réalités  objectives  et  n'indique  pas  un  moyen  clair 
de  distinguer  les  quantités  constituant  de  semblables  réa- 
lités de  celles  qui  n'en  sont  pas. 

Le  second,  au  contraire,  donne  très  peu  de  détails  sur  ce 
que  deviendrait  la  mécanique  rationnelle  dans  son  système; 
mais  il  explique  clairement  ce  qu'il  entend  par  une  réalité 
objective. 

En  un  mot,  tous  les  deux  expulsent  la  force,  mais 
M.  de  Saint- Venant  s'applique  surtout  à  montrer  comment 
on  peut  l'expulser,  et  M.  Tait  à  montrer  pourquoi  il  faut 
le  faire.  De  même,  en  discutant  leurs  idées,  je  ne  prendrai 
d'abord,  dans  chacun  des  deux,  que  sa  partie  la  plus 
développée.  Ensuite,  je  m'attacherai,  au  contraire,  à  signa- 
ler h  s  défauts  de  l'idée  qui  leur  est  commune,  et  les  incon- 
vénients qu'il  y  aurait,  d'après  moi,  à  supprimer  la  notion 
de  force,  qu'on  la  remplace  d^ailleurs  par  celle  d'accéléra- 
tion ou  par  celle  d'énergie. 

J'ai  donc  à  examiner  d'abord  le  système  de  M.  de  Saint- 
Venant,  dans  lequel  l'auteur,  tout  en  supprimant  la  force, 
la  remplace  partout  par  un  simple  symbole  analytique, 
dans  lequel  entrent  la  masse,  la  vitesse  et  le  temps,  et  trans- 
forme les  énoncés  en  conséquence. 

Sans  doute,  cela  est  possible,  mais  on  peut  aller  plus 
loin.  D'abord  la  distance,  la  masse  et  le  temps  sont  seuls 
d(S  idées  irréductibles,  ou  paraissant  telles.  La  vitesse 
n'e$t,au  fond,  que  le  quotient  d'une  distance  par  un  temps. 


(  982  ) 

Mais  ce  n'est  pas  loul  :les  dislances,  les  masses  el  le 
temps  peuvent,  comme  les  vitesses  et  les  forces,  être  éli- 
minés du  discours  et  remplacés  par  de  simples  nombres. 

Pour  bien  le  comprendre,  il  convient  de  penser  d'abord 
à  la  géométrie.  La  position  d'un  point  peut  y  être  déter- 
minée par  trois  nombres  (coordonnées).  Une  surface  peut 
s'y  représenter  par  une  équation;  une  ligne,  par  deux 
équations.  Or,  une  théorie  géométrique  quelconque  étant 
ainsi  traduite,  on  peut  y  faire  abstraction  des  idées  con- 
crètes de  point,  de  ligne,  de  surface,  pour  ne  plus  voir  et 
ne  plus  nommer  que  les  nombres  et  les  équations. 

Ainsi  entendue,  la  géométrie  n'est  plus  que  rex|)Osi- 
tion  de  certaines  propriétés  spéciales  des  groupes  de  trois 
nombres.  C'est  même  dans  ce  sens  qu'il  faut  absolument 
comprendre  les  géométries  à  n  dimensions,  que  certains 
auteurs  ont  développées,  en  supposant  n  plus  grand  que 
trois. 

Ces  géométries  ne  sont  pas  autre  chose  que  l'exposé  de 
certaines  propriétés  spéciales  des  groupes  de  n  nombres; 
mais,  tandis  qu'ici  l'on  trouve  avantage  à  donner  une  forme 
concrète  à  des  résultats  purement  analytiques,  la  poursuite 
des  idées  de  M.  de  Saint-Venant,  au  delà  du  point  où  l'au- 
teur a  cru  devoir  s'arrêter,  nous  amènerait,  au  contraire,  à 
chasser  de  la  géométrie  et  de  la  mécanique  toute  idée  con- 
crète, pour  ne  plus  y  voir  que  des  nombres  abstraits. 

Je  viens  de  montrer  comment  cela  est  évidemment  pos- 
sible et  même  déjà  fait  en  géométrie.  Ce  ne  serait  pas 
l)eaucoup  plus  difficile  en  mécanique.  En  effet,  l'état  méca- 
nique complet  d'un  point  comprend  sa  position  actuelle, 
ou  ses  trois  coordonnées;  sa  masse;  les  trois  composantes 
de  sa  vitesse,  qui  ne  dépendent  pas  des  quantités  précé- 
dentes, mais  que  l'on  peut  cependant  exprimer  par  les 
variations  des  coordonnées  relativement  au  temps;  les 


[  983  ) 
trois  composantes  de  la  force  motrice,  également  indépen- 
dantes, mais  exprimables  au  moyen  de  la  masse  et  des 
dérivées  secondes  des  coordonnées  par  rapport  au  temps. 
De  là  résulte  que  Tétat  mécanique  actuel  d'un  point  est 
déterminé  par  cinq  nombres  au  moins  et  par  onze  au  plus, 
selon  la  manière  d'envisager  la  question. 

Et  si,  dans  les  formules,  on  fait  ensuite  abstraction  du 
sens  concret  des  quantités  introduites,  la  mécanique  ne 
sera  plus  que  l'exposition  de  certaines  propriétés  spéciales 
des  groupes  de  cinq  ou  de  onze  nombres,  dont  l'yn  (la 
masse)  reste  constant  dans  chaque  groupe.  Il  faut  bien 
observer  qu'il  s'agit  de  propriétés  spéciales,  c'est-à-dire 
que  la  mécanique,  ainsi  entendue,  ne  serait  nullement 
l'équivalent  de  la  géométrie  à  cinq  ou  à  onze  dimensions. 

On  voit  donc  que  l'idée  de  M.  de  Saint-Venant  peut  être 
développée,  de  manière  à  franchir  de  beaucoup  les  bornes 
que  son  auteur  lui  assignait. 

Si  la  notion  de  force  doit  être  éliminée  parce  que  la  force 
n'est  qu'un  produit  ou  un  quotient  d'autres  quantités,  il 
semble  que  la  notion  d'accélération  et  celle  de  vitesse,  tout 
au  moins,  doivent  être  éliminées  pour  le  même  motif.  Ne 
disons  pas  que  cela  compliquerait  le  langage,  car  ce  n*est 
qu'une  question  de  plus  ou  de  moins  :  la  suppression  de 
la  force  complique  déjà  le  langage,  et  d'une  manière  très 
sensible.  Ne  disons  pas  non  plus  que  la  force  n'est  pas  une 
réalité  objective,  car  cette  qualité  peut  être  contestée  tout 
aussi  bien  à  l'accélération  et  à  la  vitesse.  D*aillours,  nous 
ne  savons  pas  encore  bien  ce  que  c'est  qu'une  réalité 
objective;  M.  Tait  nous  l'apprendra  tout  à  l'heure. 

En  attendant,  reconnaissons  que  l'introduction  des 
idées  de  M.  de  St-Venant,  même  considérablement  ampli- 
fiées, est  parfaitement  possible,  légitime  Jogique,  etdeman- 


(  984  ) 

dons-nous  seulement  si  elle  est  utile,  et  eu  quoi  consiste 
son  utilité,  car  elle  en  a  une,  même  d'après  moi,  mais  il 
importe  de  la  préciser  et  de  la  limiter. 

La  réduction  de  la  géométrie,  de  la  mécanique,  et  même 
de  certaines  questions  physiques  à  de  simples  problèmes 
d'analyse,  permet  de  démêler  nettement,  dans  Pexposition 
de  ces  sciences,  la  part  réelle  de  Texpérience  et  celle  du 
raisonnement. 

Une  science  exacte  se  compose  essentiellement  de  deux 
parties  distinctes  :  Tune,  qui  est  fondée  sur  l'observation  et 
Texpérience,  consiste  à  rassembler  des  faits,  et  à  en  con- 
clure, par  induction,  les  lois  et  les  principes  qui  serviront 
de  base  à  la  science;  l'autre,  qui  n'est  qu'une  branche  de 
la  logique  générale,  s'occupe  de  combiner  ces  princi|>es 
fondamentaux,  de  manière  à  en  déduire  la  représentation 
des  faits  observés,  et  à  prédire  en  outre  des  faits  nou- 
veaux (5). 

Mais  la  distinction  entre  la  partie  expérimentale  et  la 
partie  logique  de  la  science  n'est  pas  toujours  aisée. 

En  analyse,  nous  raisonnons  sur  des  symboles  que  nous 
avons,  en  quelque  sorte,  créés  nous-mêmes;  c'est  pourquoi 
les  difficultés  que  l'on  peut  y  rencontrer  n'ont  pas  le 
caractère  de  postulats  proprement  dits.  Il  n'y  a  point  là  de 
partie  absolument  expérimentale;  la  logique  y  règne  seule 
ou  presque  seule.  Mais  en  géométrie,  en  mécanique,  en 
physique  surtout,  on  se  trouve  en  présence,  non  plus  de 
symboles,  mais  de  faits,  dont  il  faut  tenir  compte,  si  Ton 
veut  que  le  dévelopjiement  ultérieur  de  la  science  théo- 
rique corresponde  aux  observations  et  à  l'expérience. 

Ces  faits  nous  sont  si  familiers  que  nous  sommes  tentés 
de  les  considérer  comme  évidents  et  nécessaires,  et  cepen- 
dant ce  serait  prétendre  que  l'univers  n'eût  pas  pu  être 
créé  autrement  qu'il  n*est. 


(  988  ; 

De  là  résulte  qu'en  cas  de  doute  sur  la  validiié  d'un 
raisonnement,  il  y  a  toujours  un  grand  avantage  à  réduire 
les  questions  à  l'analyse  pure,  pour  échapper  à  la  tentation 
de  confondre  des  faits  révélés  par  Texpérience  seule  (et 
qui  peut-être  ne  sont  qu'approximatifs)  avec  des  vérités 
démontrées,  ou,  si  l'on  veut,  avec  des  conséquences  pure- 
ment logiques  de  faits  antérieurement  acceptés. 

Les  traités  de  mathématiques,  même  de  mathématiques 
appliquées,  ne  peuvent  pas  être  de  simples  catalogues  de 
vérités  expérimentales;  une  fois  quelques  faits  posés,  on 
démontre  par  le  raisonnement  l'existence  d'autres  vérités 
qui  en  dépendent;  mais  quand  il  s*agit  de  prouver  des 
faits  que  l'expérience  journalière  nous  montre  comme 
presque  évidents  et  se  rattachant  aux  notions  premières, 
le  sens  mathématique,  même  le  plus  incontestable  et  )e 
plus  développé,  n'a  pas  toujours  sufli  pour  éviter  les  erreurs 
de  raisonnement;  et  l'on  a  vu,  par  exemple,  des  géomètres 
justement  célèbres  donner,  de  bonne  foi,  dans  leurs 
ouvrages,  de  prétendues  démonstrations  du  poslulalum 
d'Enclide,  lequel,  on  le  sait  aujourd'hui,  ne  peut  pas  se 
démontrer,  et  doit  être,  ou  bien  adopté  sans  démonstra- 
tion comme  un  fait  expérimental  simplifiant  la  géométrie, 
ou  bien  rejeté  comme  douteux  et  superflu,  mais  alors  au 
prix  de  grandes  complications,  et  pour  aboutir  à  des  for- 
roules  équivalentes  à  celles  de  la  géométrie  usuelle»  dans 
les  limites  de  nos  moyens  de  mesure. 

La  cause  qui  rend  si  difficile  la  distinction  du  vrai  et 
du  faux,  dans  la  démonstration  des  faits  que  l'on  est  habitué 
à  considérer  comme  évidents  par  l'expérience  journalière, 
a  été  résumée  par  M.  Bertrand  en  ces  termes  (6)  : 

«  La  géométrie...  conserverait,  même  après  ce  succès 
(c'est-à-dire  après  la  démonstration  du  postulai um  d'Eu- 


(  98«  ) 

clide),  des  difficultés  bien  aulremcnt  insolubles;  la  préleo- 
lion  de  faire  rc|)os(*r  la  science  sur  le  raisonnement  seul, 
sans  y  laisser  intervenir  le  sentiment  intime  relatif  aui 
idées  d^espace,  semble  absolument  chimérique;  Tévidence, 
quoi  qu'on  fasse,  doit  être  invoquée;  c'est  sur  elle,  seule- 
ment, que  peuvent  reposer  les  idées  premières  de  ligne 
droite  et  de  plan.  Un  être  autrement  organisé  que  nous  et 
privé  de  ce  sens  commun  que  l'on  invoque,  sans  parfois  le 
dire  explicitement,  pourrait  posséder  les  facultés  du  rai- 
sonnement les  plus  développées»  sans  devenir  capable 
d'étudier  la  géométrie  d'Euclide,  où  la  logique  lui  mon- 
trerait clairement  des  lacunes,  que  la  claire  vue  des  pre- 
miers principes  ne  saurait  combler  pour  lui.  » 

Il  y  a  certainement  du  vrai  dans  ce  passage;  mais  l'au- 
teur en  fait  immédiatement  une  application  abusive,  qui  le 
conduit  à  provoquer  Tinsertion,  dans  les  Comptes  rendus 
de  l'Académie  des  sciences  de  Paris,  d'une  démonstration 
contenant  les  paralogismes  les  plus  criants. 

Sans  doute,  en  voulant  tout  expliquer,  on  est  très  exposé 
à  tomber  dans  la  pesanteur,  l'obscurité,  la  minutie  (7);  mais 
ce  n'est  pas  une  raison  pour  ne  pas  rechercher  conscien- 
cieusement, lorsque  des  doutes  surgissent  sur  la  valeur 
d'une  théorie,  quels  sont  les  principes  réellement  invoqués 
et  employés,  comme  l'a  fait  M.  Darboux  à  propos  du 
parallélogramme  des  forces  (8);  ce  n'est  pas  une  raison, 
non  plus,  pour  introduire,  sous  prétexte  d'évidence,  des 
notions  douteuses  ou  inutiles. 

L'erreur  commise,  par  im  grand  nombre  d'analystes, 
dans  la  question  des  fonctions  continues,  a  contribué  à 
ramener  beaucoup  d'esprits  vers  des  idées  plus  rigoureuses, 
parce  qu'ici  l'erreur  portait,  non  seulement  sur  la  démon- 
stration, mais  sur  le  fait  même  que  l'on  prétendait  déaion- 


(  987  ) 

tFer;  tandis  quVii  géomélrie  le  raisonnement  seul  est 
reconnu  vicieux  :  le  fait  ofiatériel  n'est  pas  démontré 
inexact. 

Mais  à  l'époque  où  M.  Bertrand  écrivait  son  article, 
anssi  tranchant  dans  la  forme  (car  j'en  ai  cité  seulement 
les^arties  les  plus  anodines)  que  contestable  pour  le  fond, 
il  existait  en  France,  malgré  les  efforts  de  mon  ami  bien 
regretté  M  Hoûel,  une  véritable  prévention  contre  les  théo- 
ries développées  en  Allemagne,  en  Hongrie,  en  Russie  et 
en  Italie,  par  des  géomètres  éminents.  La  science  française 
a  su  se  dégager  aujourd'hui  de  cette  prévention  et  je  me  féli- 
cite d'y  avoir  contribué  en  présentant,  sous  une  autre 
forme,  des  théories  au  fond  identiques.  Je  m'en  félicite,  non 
par  un  vain  amour-propre,  mais  à  cause  de  la  satisfaction 
intime  d'avoir  contribué,  dans  la  mesure  de  mes  forces, 
au  triomphe  de  ce  que  je  crois  être  la  vérité  scientifique. 
Puissent  les  considérations  nouvelles  que  je  développerai 
aujourd'hui  avoir  le  même  succès,  le  seul  que  j'ambi- 
tionne. 

Après  avoir  parlé,  un  peu  longuement  peut-être,  du 
poslulatum  d'Euclide,  pardonnez-moi  de  citer  encore  un 
autre  exemple,  le  problème  de  la  quadrature  du  cercle. 
Mais  ici  je  serai  très  bref  et  me  bornerai  à  deux  remarques. 
D'abord,  si  Ton  est  parvenu  aujourd'hui  à  démontrer  que 
la  quadrature  géoiuétrique  du  cercle  est  impossible,  c'est 
précisément  en  traduisant  ce  problème  en  analyse  pure, 
et  en  faisant  complètement  abstraction  de  sa  signification 
géométrique.  Ce  fait  vient  donc  à  l'appui  de  l'idée  générale 
que  j'exposais. 

Mais,  en  dehors  de  cette  idée,  on  peut  signaler  un  fait 
piquant  :  c'est  que  l'opinion  publique  a  devancé  la  science 
positive  dans  cette  question  de  l'impossibilité  de  la  qua- 


(  988  ) 

drature  du  cercle.  En  i 869,  alors  que  PAcadémie  des  scien- 
ces de  Paris  accaeillail  encore  une  dénrtonstralion  du  posta- 
lalum  d'Euclide  (et  quelle  démonstration!),  elle  rejetait 
depuis  longtemps,  sans  examen,  tout  ce  qui  se  rapportait  à 
la  quadrature  du  cercle.  Eu  égard  aux  travaux  qui  avaient 
paru  à  cette  époque,  les  décisions  inverses  eussent  été  plos 
logiques.  Mais  aujourd'hui  on  peut,  sans  hésitation,  jeter  an 
panier  toutes  les  prétendues  solutions  de  ces  deux  pro- 
blèmes :  la  preuve  du  caractère  purement  expérimental  du 
postulatum,  déjà  sérieusement  ébauchée  en  1869,  a  été 
absolument  complétée  depuis  (9),  et  la  preuve  catégorique, 
scientifique,  de  l'impossibilité  de  la  quadrature  du  cercle, 
avec  la  règle  et  le  compas,  a  enfin  été  trouvée,  il  y  a  six  ans, 
par  M.  Lindemann  (10). 

Je  citerai  un  troisième  et  dernier  exemple  à  Tappui  de 
ma  pensée,  c'est  la  démonstration,  si  longtemps  cherchée, 
de  ce  prétendu  théorème  analytique  que  toute  fonction 
continue  aurait  une  dérivée.  Mais  ici,  je  m'attends  à  ce  que 
ceux  d'entre  vous  qui  m'ont  conservé  leur  bienveillante 
attention,  trouvent  l'exemple  mal  choisi  :  Comment,  me 
diront-ils,  les  idées  expérimentales  nous  poursuivent  donc 
jusque  dans  l'analyse?  N'est-ce  pas  le  renversement  de 
votre  thèse? 

Je  vais  prouver  que  c'en  est,  au  contraire,  une  confir- 
mation nouvelle.  Plusieurs  membres  de  notre  Aca- 
démie, dont  l'un  me  fait  l'honneur  de  m'écouter  en  ce 
moment,  ont  soutenu,  avec  beaucoup  d'autres  savants, 
que  toute  fonction  continue  devait  avoir  une  dérivées 
Moi-même,  j'ai  essayé  de  le  soutenir.  Nous  nous  sommes 
trompés.  Pourquoi?  Parce  que  nous  faisions  le  contraire 
de  ce  qu'il  faut  faire  pour  éviter  les  paralogismes  expéri- 
mentaux. Nous  parlions  de  fonctions  continues,  mais,  aa 


,  989  ) 

fond  de  notre  pensée,  il  y  avait  une  courbe  continue»  et  la 
vue  intérieure  de  cette  courbe  faussait  nos  raisonnements. 
Nous  nous  imaginions  à  tort  que  la  fonction  continue, 
telle  que  la  déOnissent  les  meilleurs  auteurs,  était  l'équi- 
valent ou  la  traduction  analytique  de  la  courbe  continue. 

Nous  introduisions  les  idées  concrètes  là  où  elles  n  exis- 
taient pas,  tandis  qu*il  faut  au  contraire  les  supprimer  là  où 
elles  existent,  quand  on  veut  juger  de  la  valeur  malhé- 
matique  d*un  raisonnement. 

Telle  est  donc,  exposée  aussi  nettement  que  j'ai  pu  le 
faire,  la  véritable  utilité  de  cette  abstraction  que  M.  de 
Saint- Venant  appliquait  simplement  à  la  suppression  de  la 
force,  mais  que  Ton  peut  compléter  par  la  suppression  des 
idées  d'accélération,  de  vitesse  et  de  beaucoup  d'autres 
encore. 

Mais  dans  quelle  mesure  de  pareilles  abstractions  doi- 
vent-elles é(re  introduites  dans  l'enseignement?  Voici,  à 
cet  égard,  le  résultat  de  mes  réflexions. 

Je  crois,  d'abord,  qu'il  faut  reprendre  la  question  d'un 
peu  plus  haut  et  se  demander,  en  thèse  générale,  si  l'on 
doit,  dans  un  cours,  adopter  les  méthodes  les  plus  scienti- 
fiques, ou  bien  les  méthodes  les  plus  élémentaires,  les  plus 
simples,  les  plus  rapides,  ceWes  qui  se  greffent  le  plus 
facilement  sur  les  notions  vulgaires? 

On  peut  soutenir  le  pour  et  le  contre.  On  a  soutenu  le 
pour  et  le  contre.  Je  dirai  même  :  J'ai  soutenu  le  pour  et 
le  contre,  et  si  cette  déclaration  n'est  pas  de  nature  à  aug- 
menter l'autorité  de  ma  parole»  elle  est  du  moins  un  gage 
de  mon  impartialité,  et  elle  me  servira  d'excuse  pour  les 
deux  citations  que  je  vais  emprunter  à  deux  de  mes 
ouvrages. 

J'ai  dit  que  l'exposition  la    plus    élémentaire   d'upe 


(  990  ) 

question  ne  doit  diffërer  de  son  expos^ition  la  plus  scienti- 
fique que  par  des  suppressions  (11). 

Avec  la  signification  que  j*a(tachais  à  ce  principe,  à 
répoque  où  j'écrivais  ces  lignes,  je  Padmets  encore;  mais 
j*ai  reconnu  depuis  qu'on  peut  lui  donner  un  sens  plus 
étendu,  et  alors  je  le  répudie.  La  signification  réelle  qu*il 
avait  dans  mon  esprit  était  déterminée  par  Pensemble  de 
Tarlicle  d'où  il  est  extrait.  Mais,  à  la  rigueur,  dans  l'expo- 
sition la  plus  scientiPique,  il  pourrait  ne  rester,  comme  je 
l'expliquais  tout  à  Theure,  que  de  l'analyse  pure.  On  pour- 
rait exposer,  non  seulement  toute  la  mécanique,  en  s^e 
passant  de  la  force  (et  de  bien  d'autres  idées),  mais  aussi 
toute  la  géométrie  en  se  passant  du  point,  qui  ne  serait 
qu'un  groupe  de  trois  nombres  (et  naturellement  en  s(^ 
passant  aussi  de  tout  le  reste).  Quand  ces  sciences  seraient 
ainsi  terminées,  dans  l'analyse,  on  ferait  observer  que  si 
Ton  admet  les  notions  vagues  possédées  par  le  vulgaire  sur 
l'espace,  la  masse,  le  mouvement  et  la  force,  on  peut  y 
adapter  les  calculs  déjà  faits,  et  qu'alors  chaque  théorème 
d'analyse  se  transforme  en  un  théorème  de  géométrie,  de 
cinématique  ou  de  mécanique. 

Ce  n'est  certes  pas  à  une  pareille  exposition  scientifique 
que  l'on  pourrait,  suivant  la  lettre  de  ma  citation  précé- 
dente, supprimer  encore  quelque  chose,  pour  la  trans- 
former en  exposition  élémentaire  :  il  ne  resterait  plus  rien 
du  tout. 

J'étais,  je  le  crois,  plus  près  de  la  vérité  pratique,  quand 
j'écrivais  ces  autres  lignes  :  <  Si,  d'une  part,  l'emploi  des 
trois  dimensions,  pour  parvenir  à  des  propositions  degéo- 
métrie  plane,  peut  être  critiqué;  d'autre  part,  il  est  cepeo- 
dant  avantageux  de  ramener  les  théories  habituellemeol 
réservées  au  plus  haut  enseignement  spéculatif,  à  d'autres 


I 


(  9»!  ) 
théories,  plus  complexes  au  fond,  mais  que  leur  utilité 
pratique  a  fait  entrer,  depuis  longtemps,  dans  renseigne- 
ment ordinaire  (12).  » 

On  saisira,  sans  doute,  Tanalogie  entre  ce  cas  et  celui 
de  la  mécanique. 

Certes,  on  n*a  pas  besoin  de  la  géométrie  descriptive 
pour  établir  la  géométrie  supérieure.  Mais  les  élèves  à  qui 
Ton  veut  donner  quelques  notions  de  géométrie  supé- 
rieure connaissent  déjà  la  descriptive.  N*esMl  pas  évident 
que  son  emploi  fera  gagner  beaucoup  de  temps? 

De  même  en  mécanique,  on  n'a  pas  besoin  de  la  force, 
voire  de  Taccéiération;  mais  les  élèves  les  connaissent 
(surtout  la  force),  el  leur  emploi  donne  aux  théorèmes  une 
forme  plus  tangible,  une  signification  plus  matérielle,  plus 
en  rapport  avec  des  notions  déjà  acquises. 

On  peut  adopter  un  système  mixte,  consistant  à  suivre  le 
second  principe  à  la  leçon  même  et  dans  le  grand  texte  du 
cours  écrit,  seule  partie  que  doivent  lire  lesélèves  ordinaires; 
mais  à  faire  remarquer,  dans  les  parties  en  petits  caractères, 
les  notes  au  bas  des  pages,  les  notes  finales,  les  appendices, 
qu'il  existe  des  méthodes  plus  scientifiques  et  plus  compli- 
quées, au  moyen  desquelles  on  pourrait  éliminer  certaines 
idées,  simplifiant  les  raisonnements  en  les  rattachant  à  des 
choses  connues,  el  préparant  en  outre  aux  applications, 
mais  qui  en  elles-mêmes  ne  sont  pas  indispensables;  et 
aussi  éliminer  certains  principes  que  Ton  a  admis  pour 
simplifier,  mais  que  Ton  peut  rattacher  à  d'autres,  ou  sup- 
primer complètement.  Ces  notes  et  appendices  pourront 
alors  renvoyer  aux  ouvrages  spéciaux  qui  ont  traité  les 
matières  au  point  de  vue  philosophique  ou  logique. 

MM.  Rouché  et  de  Comberousse,  dans  leur  géométrie, 
ont  suivi  la  marche  que  je  viens  d'esquisser;  mais,  jusqu'à 


^  992  ) 

ces  derniers  temps,  ils  ne  rappliquaient  pas  aux  fonde- 
ments mêmes  de  la  science;  ils  ne  disaient  pas  à  leurs 
lecteurs  qu'en  dehors  du  système  usuel  et  simple,  il  existe 
d'autres  systèmes  de  géométrie  plus  compliqués,  mais  tout 
aussi  logiques,  et  renfermant  une  constante  inconnue  que 
Ton  prend  égale  à  zéro  dans  la  géométrie  usitée;  que  les 
poslulatums  (d'Euclide  et  autres)  ne  sont  pas  indispen- 
sables, mais  ont  simplement  pour  effet  de  masquer  fexis- 
tence  d'autres  voies  de  raisonnement,  et  d'annuler  subrep- 
ticement la  constante;  qu'enfin,  nous  n*avons  et  n'aurons 
probablement  jamais  le  moyen  de  savoir  si  la  constante  est 
mathématiquement  nulle,  ou  seulement  physiquement 
nulle,  c'est-à-dire  trop  petite  pour  être  mesurée  par  nous; 
peut-être  un  jour  le  microscope  ou  le  télescope  jettera-l- 
il  de  nouvelles  lumières  sur  cette  question,  mais  actuel- 
lement c'est  difficile  à  admettre  (13). 

Tout  cela,  dis-je,  MM.  Rouché  et  de  Comberousse  le 
laissaient  ignorer  à  leurs  lecteurs;  ils  ont  comblé  cette 
lacune  depuis  la  cinquième  édition,  et  leur  ouvrage  offre 
aujourd'hui  un  des  modèles  les  plus  complets  de  ce  système 
mixte  auquel  je  faisais  allusion. 

C'est  surtout  dans  nos  grandes  écoles  techniques,  dont 
le  but  n'est  pas  précisément  de  former  des  savants,  mais 
bien  moins  encore  de  former  des  routiniei*s,  que  ce  sys- 
tème doit,  me  semble-t-il,  prévaloir  :  Exposer  la  science 
par  des  raisonnements  aussi  rigoureux  que  possible; 
cependant  marcher  droit  vers  les  parties  supérieures  et 
vers  les  applications,  puisque  le  temps  est  limité  et,  pour 
cela,  introduire  au  besoin  des  idées  auxiliaires  ou  prati- 
ques, dont  on  pourrait  se  passer  dans  un  cours  dont  la 
logique  pure  serait  le  seul  but;  mais  ensuite, dans  les  notes 
et  les  appendices  d'un  texte  imprimé  ou  autograpbié,  remis 


(  993  ) 

aux  élèves,  ju8tifler  la  marche  suivie  et  faire  voir,  eu 
reuvoyanl  aux  sources,  commeut  on  pourrait  la  rendre 
plus  philosophique,  en  la  compliquant. 

Ces  noteSi  je  Fai  déjà. dit,  ne  feraient  pas  partie  du 
cours  enseigné.  Elles  pourraient  servir  aux  très  bons 
élèves,  qui  aperçoivent  quelquefois  le  défaut  de  logique 
consistant  à  introduire,  dans  une  théorie,  une  idée  inutile 
et  sont  alors  déroutés,  ou  perdent  cooGance  dans  le  cours. 
Elles  auraient  en  outre  l'avantage  de  faire  apprécier  le 
cours  au  dehors,  d*augmenter  son  utilité  pour  les  anciens 
élèves  et  de  ne  pas  laisser  supposer  que  sa  simplicité  soit 
le  résultat  de  l'ignorance  du  professeur. 

Mais,  m'objectera-t-on,  vous  ne  dérendez  pas  Tidée  de 
force  en  elle-même;  vous  faites,  pour  l'enseignement,  une 
simple  concession  à  la  nécessité  résultant  des  idées  pré- 
conçues de  l'élève  et  des  limites  imposées  au  cours.  Si  vous 
pouviez,  d'un  coup  de  baguette,  extirper  du  cerveau  des 
élèves  l'idée  de  force  et  y  substituer  l'idée  complète  d'accélé- 
ration, n'y  aurait-il  pas  lieu  de  le  faire  et  de  remplacer  la 
force,  idée  inutile,  par  l'accélération,  qui  seule  est  réelle,  qui 
seule  est  la  manifestation  de  ce  que  vous  appelez  la  force? 

Même  dans  ces  termes,  je  ne  pourrais  pas  répondre  affir- 
mativement. Mais  le  moment  n*est  pas  encore  venu  de 
m'expliquer  complètement  à  cet  égard. 

^J'ai  discuté  surtout  jusqu'à  présent  (et  j'en  ai  dit  la  rai- 
son) la  question  de  savoir  comment  et  dans  quelle  mesure 
on  pourrait  supprimer  l'idée  de  force.  Je  vais  discuter 
maintenant  le  pourquoi  d'une  élimination  plus  complète, 
et  comme  j'arriverai  à  conclure  que  j'y  suis  opposé,  il  en 
résultera  que  je  me  garderais  bien  de  détruire,  si  même  je 
le  pouvais,  la  notion  première  de  force  que  les  élèves 
possèdent. 

3**  sÉBiE,  TOME  xnr.  66 


(  99^  ) 

Voici  donc,  maintenant,  le  résumé  des  idées  de  M.  Tait 
sur  la  question  qui  nous  occupe  (14)  : 

<  De  même  que  Tor,  le  plomb,  Toxygène,  etc.,  sont  des 
espèces  différentes  de  matières,  de  même  le  son,  la  lumière, 
la  chaleur,  etc.,  sont  des  formes  diverses  d^énergie,  celle-ci 
constituant,  comme  nous  le  verrons  bientôt,  une  réalité 
objective,  au  même  degré  que  la  matière...  La  grande 
preuve  de  la  réalité  de  ce  que  nous  appelons  matière,  la 
preuve  de  son  existence  objective,  est  l'impossibilité  de  la 
détruire  ou  d'en  créer,  par  aucun  des  procédés  qui  sont  à 
la  disposition  de  l'homme...  Cette  indcstructibilité  de  la 
matière  doit...  être  considérée  comme  la  preuve  de  sa  réa- 
lité objective. 

»  H  nous  reste  encore  à  parler  de  la  force...  Cette  notion 
nous  est  suggérée  directement  par  ce  que  l'on  nomme 
«  sens  musculaire  »;  c*est  lui  qui  nous  donne  la  sensation 
de  la  pression,  quand  nous  déplaçons  un  corps  avec  la 
main  ou  avec  le  pied. 

»  Mais  nous  devons  être  circonspects  avec  les  données  de 
nos  sens  dans  ces  matières...  La  définition  de  la  force,  telle 
qu'on  l'entend  en  physique,  est  comprise  implicitement 
dans  la  première  loi  du  mouvement  de  Newton;  elle  peut 
s'énoncer  ainsi  : 

»  On  appelle  force,  la  cause  qui  modifie  ou  tend  à  modifier 
Célat  naturel  de  repos  d*un  corps  ou  son  mouvement  recti^ 
ligne  et  uniforme» 

»  La  seule  difficulté  sérieuse  que  nous  sentons  ici,  pro- 
vient du  mot  cause;  ce  mot,  dans  les  choses  matérielles, 
implique  ordinairement  une  existence  objective.  Mais  nous 
n'avons  absolument  aucune  preuve  de  l'existence  objective 
de  la  force,  dans  le  sens  que  nous  venons  d'expliquer.  Ce 
que  nous  observons  réellement  dans  chaque  cas  où  Ton  dit 


(  995  ) 

qu'une  force  agit,  en  dehors  du  sens  musculaire,  c*esl  un 
transport,  ou  une  tendance  à  un  transport,  de  ce  qu'on 
appelle  énergie,  d'une  portion  de  matière  sur  une  autre. 
Chaque  fois  qu'un  tel  transport  a  lieu,  il  y  a  mouvement 
relatif  des  portions  de  matières  correspondantes,  et  ce  que 
Ton  nomme  valeur  d'une  force,  dans  une  direction  quel- 
conque, est  tout  simplement  la  valeur  de  Ténergie  trans- 
portée, par  nnilr  de  longueurdu  déplacement  effectué  dans 
cette  direction.  La  force  n'a  donc  pas  nécessairement  une 
réalité  objective,  pas  plus  que  la  vitesse  ou  la  position. 
Cependant  l'idée  de  force  est  encore  très  utile;  elle  intro- 
duit un  terme  nous  permettant  d'abréger  les  énoncés,  qui 
autrement  seraient  longs  et  fastidieux;  mais  avec  le  pro- 
grès de  la  science,  elle  est  très  probablement  destinée  à 
être  reléguée  dans  ces  limbes,  où  sont  déjà  relégués  les 
spires  de  cristal  des  planètes  et  les  quatre  éléments,  ainsi 
que  le  calorique  et  le  phlogiston,le  fluide  électrique  et  la 
force  odique  ou  psychique. 

>  Ce  n'est  que  depuis  relativement  peu  d'années  qu'on  a 
généralement  reconnu  l'existence  dans  le  monde  physique 
de  quelque  chose,  qui  a  une  réalité  objective  au  même  titre 
que  la  matière,  quoiqu'elle  ne  soit  pas  aussi  tangible; 
aussi  sa  conception  a-t-elle  mis  beaucoup  plus  de  temps 
à  pénétrer  dans  l'esprit  humain.  Ce  que  l'on  appelait  «  les 
impondérables  »,  que  Ton  considérait  comme  de  la  matière 
—  tels  que  la  chaleur  et  la  lumière  —  ont  été  reconnus, 
par  une  méthode  purement  expérimentale  —  la  seule 
sûre  — ,  pour  différentes  variétés  de  ce  que  nous  appelons 
énergie,  quelque  chose  qui,  sans  être  matière,  doit  tout 
aussi  bien  être  reconnu,  à  cause  de  son  existence  objec- 
tive, que  niroporte  quelle  portion  de  matière.  Le  grand 
principe  de  la  conservation  de  Ténergie,  d'après  lequel 


(  996  ) 

aucune  portion  d'énergie  ne  peut  être  ni  détruite  ni  créée 
par  aucun  des  procédés  à  notre  disposition,  est  simplement 
une  affirmation  de  Tinvariabilité  de  la  quantité  d'énergie 
dans  l'univers,  une  proposition  faisant  pendant  à  celle  de 
l'invariabilité  de  la  quantité  de  matière.  » 

Voilà  encore  une  citation  un  peu  longue,  mais  impor- 
tante, car  elle  montre  nettement  la  tendance  de  l'auteur, 
et  je  crois  devoir  en  discuter  quelques  points  essentiels, 
aOn  de  montrer  pourquoi  elle  me  laisse  dans  le  doute,  et 
m'oblige  à  m'appuyer  sur  des  considérations  toutes  diffé- 
rentes pour  décider  si  la  notion  de  force  doit  ou  non  être 
conservée. 

L'auteur  dit  que,  dans  la  déGnition  qu'il  donne  de  la 
force,  la  seule  difficulté  sérieuse  provient  du  mot  cause. 
J'estime,  au  contraire,  qu'il  y  en  a  une  autre,  très  grave, 
à  laquelle  il  ne  songe  point,  et  que  je  me  réserve  de  déve- 
lopper à  propos  du  principe  de  Tinertie,  car  ce  principe  et 
la  déflnition  de  la  force  sont  intimement  liés. 

Il  dit  ensuite  que  l'on  ne  peut  observer  réellement  qu'un 
transport  d'énergie,  ou  une  tendance  à  un  tel  transport. 
Je  ne  me  rends  pas  bien  compte  de  la  manière  dont  on 
observe  la  tendance  au  transport,  quand  le  transport  lui- 
même  ne  se  produit  pas.  Il  me  semble  que  si,  dans  ce  cas, 
on  peut  observer  quelque  chose,  c'est  une  pression  ou  une 
force.  Mais  continuons.  <  Chaque  fois  qu'un  tel  transport 
a  lieu,...  ce  que  l'on  nomme  valeur  d'une  force...  est  tout 
simplement  la  valeur  de  l'énergie...  >  Et  quand  il  n'y  a  que 
tendance  au  transport,  quelle  est  la  valeur  de  la  force? 
Deux  hommes  également  robustes  tirent  aui  deux  bouts 
d'une  barre  rigide.  Il  n'y  a  pas  de  mouvement.  Y  a-t-il  ou 
n'y  a-t-il  pas  de  forces?  L'auteur  s'en  explique  ailleurs,  et  je 
suis  obligé  de  le  citer  encore,  car  dans  une  discussion  avec 


i 


(997) 

des  esprits  que  je  dois  reconnatlre  comme  supérieurs,  la 
moindre  erreur  de  texte  pourrait  me  valoir  Taccusation, 
ou  bien  de  dénaturer  leurs  idées^  ou  bien  de  combattre 
des  chimères. 

Voici  donc  ce  que  dit  M.  Tait  de  Tétat  d*équilibre  (15)  : 
€  ...  Une  force  produit  toujours  un  effet.  Il  n'y  a  pas  de 
forces  se  détruisant  mutuellement,  Tune,  prévenant,  pour 
ainsi  dire,  Taction  de  Pautre...  la  science  que  Ton  appelle 
statique  n*exisle  pas  pratiquement.  Il  n*ya  pas  de  destruc- 
tion de  forces,  il  y  a  neutralisation  des  effets  des  forc^s^ 
ce  qui  est  tout  autre  chose.  Une  force  produit  toujours  son 
effet,  et  si  deux  ou  plusieurs  forces  produisent  des  effets 
qui  se  neutralisent,  nous  avons  un  équilibre  permanent. 
Mais  ce  ne  sont  pas  les  forces,  ce  sont  simplement  leurs 
effets  qui  se  détruisent.  Nous  en  avons  l'exemple  le  plus 
commun  dans  un  poids  qui  repose  sur  une  table.  La 
pesanteur  agit  toujours  :  le  poids  est  constamment  tiré 
vers  le  bas  par  Tattraclion  de  la  terre,  mais  en  même 
temps  il  est  constamment  tiré  vers  le  haut  par  la  résistance 
de  la  table,  et  les  deux  efforts  produisent  à  chaque  instant 
une  certaine  quantité  de  mouvement  :  l'un  produit  une 
quantité  de  mouvement  dirigée  verticalement  de  haut  en 
bas,  l'autre  produit  la  même  quantité  de  mouvement  de 
bas  en  haut.  Ces  quantités  de  mouvement  correspondent 
à  des  vitesses  égales  et  contraires,  mais  ce  sont  les  vitesses 
et  non  pas  les  forces  qui  se  neutralisent  mutuellement.  » 
M.  Tait  attribue  ces  idées  à  Newton,  mais  il  les  approuve; 
quant  à  moi,  elles  me  paraissent  bien  peu  claires;  j'y  vois 
bien  peu  de  réalité  objective;  pour  moi,  c'est  la  résistance 
de  la  table  qui  neutralise  le  poids,  et  quant  aux  vitesses, 
elles  ne  se  produisent  pas,  et  n'ont  donc  pas  besoin  de  se 
neutraliser. 


(998) 

Mais  n*anlicipons  pas;  nous  n*avons  pas  épuisé  encore 
les  remarques  à  faire  sur  la  citation  principale  empruntée 
à  fouvrage  de  iM.  Tail. 

<  La  force  >  dil  l'auteur,  c  n*a  donc  pas  nécessaireroenl 
ude  réalité  objective,  pas  plus  que  la  vitesse  ou  la  posi- 
tion. >  Pas  plus  que  la  vitesse  ou  la  position!  Cest  bien 
cela,  et  je  trouve  la  comparaison  tout  à  fait  juste,  au  point 
de  vue  de  Tauteur,  mais  compromettante  dans  sa  sincérité. 

Si  ridée  de  force,  l'idée  de  vitesse  et  l'idée  de  position 
sont  équivalentes  sous  le  rapport  de  la  réalité  objective, 
pourquoi  la  première  seule  doit-elle  aller  rejoindre  les 
spires  de  cristal  et  le  phlogiston? 

Et  d'ailleurs,  examinons  de  plus  près  cette  réalité  objec- 
tive que  Ton  concède  à  l'énergie,  au  même  titre  qu'à  la 
matière,  mais  à  elles  deux  seulement.  Tout  le  monde 
comprend  ce  que  l'on  entend  par  Tindestructibilité  de  la 
matière,  ou  par  cette  proposition  que  la  somme  des 
masses  contenues  dans  l'univers,  ou  dans  une  partie  de 
l'univers  supposée  complètement  séparée  des  autres  par- 
ties, reste  toujours  constante.  Mais  je  doute  fort  que  tout 
le  monde  comprenne  aussi  bien  la  constance  de  la  somme 
des  énergies. 

L'énergie  effective  d'une  molécule,  ou,  pour  être  plus 
précis,  d'un  point  matériel,  se  mesure  en  faisant  le  pro- 
duit de  la  moitié  de  sa  masse  par  le  carré  de  sa  vitesse. 
Admettons  qu'il  n'y  ait  aucune  difficulté  à  mesurer  ainsi 
toutes  les  énergies  effectives  et  à  en  faire  la  somme,  qai 
comprendra  donc,  d'après  les  théories  nouvelles,  outre  les 
fliouvements  visibles,  la  chaleur,  le  son,  l'électricité  d^vna- 
mique,  et  les  autres  mouvements  vibratoires. 

Quelques-unes,  la  majorité  peut-être  des  personnes  qui 
ont  une  teinte  vague  de  la  physique  moderne,  s'imagi- 


(  999  ) 

neroiit  que  c*est  cette  somme  des  énergies  visibles  et  des 
énergies  vibratoires  qui  doit  rester  constante  dans  la  suite 
du  temps. 

n  n*en  est  rien  cependant.  Elle  peut  augmenter  ou 
diminuer.  Nous  supposerons,  pour  fixer  les  idées,  qu^elle 
diminue;  mais  cela  ne  peut  pas  arriver  sans  un  change- 
ment dans  les  positions  relatives  des  molécules  (ou  des 
points  matériels);  la  diminution  étant  due  à  ce  changement 
de  position,  et  un  changement  de  position  inverse  pouvant 
restituer  ultérieurement  l'énergie  perdue,  on  considère 
fictivement  cette  partie  perdue  elle-même  comme  une 
énergie  spéciale,  qu'on  appelle  énergie  de  position  ou 
potentielle,  et  dès  lors  il  est  tout  naturel  que  la  somme 
de  toutes  les  énergies,  y  compris  cette  énergie  potentielle, 
devienne  constante. 

Si,  au  reste  d*une  soustraction,  on  ajoute  le  plus  petit 
nombre,  on  retrouve  le  plus  grand.  C'est  tout  le  secret  du 
<  grand  principe  de  la  conservation  des  énergies.  » 

Pour  ceux  qui  admettent  l'idée  de  force,  Ténergie 
potentielle  est  le  maximum  possible  de  la  somme  des 
travaux  futurs  des  forces  intérieures;  même  sans  la  force, 
mais  avec  Taccélération,  on  peut  démontrer  que  Ténergic 
potentielle  est  une  certaine  fonction  déterminée  des  coor- 
données des  points  ;  mais  ces  deux  explications,  d^ailleurs 
fort  abstraites,  ne  peuvent  être  données  en  ces  termes  si 
l'on  ne  veut  considérer  que  les  deux  prétendues  réalités 
objectives  :  masse  et  énergie.  Il  faudra  donc  dire  de 
l'énergie  potentielle  ou  latente  ce  que  l'on  disait  autrefois 
de  la  chaleur  latente  :  c'est  une  énergie  actuellement  dis- 
parue, mais  qui  reparaîtra  tôt  on  tard,  et  ce  n'est  qu'en 
ajoutant  cette  énergie  disparue  à  celle  qui  subsiste  que  l'on 
obtient  un  total  constant. 


(  iOOO  ) 

Insistons  sur  la  réapparilion  de  l'énergie  latente,  pour 
éviter  jusqu'à  l'apparence  d'exagérer  les  côtés  faibles  de 
l'opinion  adverse. 

J*ai  dit  qu'un  changement  de  position,  contraire  de  celui 
qui  a  eu  lieu,  pourra  restituer  ultérieurement  l'énergie 
perdue.  Non  seulement  cela  est  possible,  mais  cela  est 
probable,  d'après  tous  les  faits  connus.  Il  est  probable  que 
toute  énergie  réelle,  qui  aura  été  perdue  par  des  change- 
ments de  position  des  molécules,  sera  regagnée  plus  tard, 
tandis  que  l'inverse  n'est  pas  vrai  :  une  énergie  réelle 
gagnée,  surtout  à  l'état  de  chaleur,  a  beaucoup  moins  de 
probabilité  d'être  reperdue. 

Il  est  donc  assez  naturel  déconsidérer  les  énergies  per- 
dues comme  devant  être  regagnées  tôt  ou  lard,  comme 
étant  des  énergies  futures,  latentes,  potentielles. 

Disons  donc  que  les  auteurs  de  la  théorie  de  la  chaleur 
(ou  plus  généralement  des  énergies)  ont  eu  une  idée  heu- 
reuse, juste  et  utile;  qu'ils  ont  créé  une  fiction  ingénieuse; 
mais  ne  disons  pas  qu'ils  ont  découvert  une  réalité  objec- 
tive au  même  titre  que  la  matière. 

Il  résulte  de  tout  ce  qui  précède  que  ni  les  idées  de 
H.  de  Saint- Venant,  ni  celles  de  M.  Tait,  ne  suffisent  pour 
me  convertir  à  la  suppression  de  la  notion  de  force. 

Mais  à  loutes  les  raisons  que  j'en  ai  données,  je  dois  en 
ajouter  deux  autres,  que  je  crois  importantes. 

D'abord,  ni  dans  l'un  ni  dans  l'antre  de  ces  auteurs,  je 
ne  trouve  rien  qui  se  rapporte  à  la  question  du  mouvement 
absolu,  ou  de  l'immobilité  absolue  dans  l'espace.  Or,  je  ne 
crois  pas  qu'il  soit  possible  de  se  passer  de  cette  idée. 

Le  célèbre  Duhamel  a  exprimé,  à  ce  sujet,  une  opinion 
tout  à  fait  contraire  i  la  mienne  : 

€  Pour  nous,  dit-il  (16),  le  repos  absolu  est,  non  plus  une 


(  1001  ) 

chose  impossible  à  reconnaître,  mais  loiil  simplemeni  uo 
non-sens,  car  ce  serait  la  coïncidence  avec  les  mêmes 
points  immobiles  de  Tespace,  auxquels  nous  n'accordons 
aucune  existence,  et  dont  la  fixité  prétendue  est  une  chi- 
mère, dont  la  simple  notion  ne  pourrait  être  ni  définie,  ni 
sentie,  c'est-à-dire,  ne  pourrait  s'acquérir  ni  par  l'esprit, 
ni  par  les  sens. 

>  On  ne  pourrait,  en  effet,  définir  l'immobilité  de  ces 
points  qu'en  l'admettant  déjà  dans  d'autres,  c'est-à-dire 
par  un  cercle  vicieux.  Et  quant  à  Tévidence  obtenue  par 
les  sens,  on  ne  peut  Finvoquer,  puisque  les  hommes 
n'aperçoivent  que  des.  repos  ou  mouvements  relatifs, 
de  sorte  que  la  conceplion  de  repos  ou  de  mouvement 
absolu,  loin  de  pouvoir  être  rangée  parmi  les  idées  pre- 
mières, admises  par  le  sentiment  de  Tévidence,  ne  sérail 
qu'une  vague  rêverie  dont  le  fond  serait  un  cercle  vicieux. 

9  Abandonnons  donc  cette  fausse  notion, dont  Tinulilité 
est  d*ailleurs  évidente,  car  tous  les  principes  que  Ton 
établirait  en  l'admettant,  ne  pourraientjamais  être  fondés 
que  sur  des  observations  et  des  expériences  relatives.  Et 
à  quoi  bon  partir  du  relatif  pour  établir  par  induction  un 
absolu  imaginaire,  d'où  l'on  tirerait  ensuite  des  principes 
applicables  au  relatif,  qui  est  la  seule  chose  réelle? 

»  Ne  vaut-il  pas  mieux,  après  avoir  établi  les  principes 
sur  le  relatif,  les  appliquer  directement  au  réel,  sans 
remonter  à  un  absolu  fantastique,  pour  l'abandonner 
immédiatement  après?  > 

Il  semble  que,  dans  ce  passage,  Duhamel  ait  voulu  dire, 
non  seulement  que  l'immobilité  n'existe  nulle  part  dans 
l'univers  matériel,  mais  en  outre  qu'il  est  même  impossible 
de  la  concevoir  et  de  la  définir  scientifiquement. 

Or  il  suffirait  évidemment  de  la  concevoir  et  de  la 


^  1C02   ) 

(léiinir,  pour  |)Ouvoir  introduire  en  mécanique  un  sy>tèaie 
d'axes  immatérieis,  invariables  et  immobiles,  auxquels  on 
rapporterait  tous  les  mouvements,  sans  prétendre  pour 
cela  que  certains  points  matériels  partagent  rimmobilîlé 
de  ces  axes. 

La  définition  d'un  système  immobile  comprendrait  deux 
définitions  :  celle  d'un  système  sans  transialion  et  celle 
d'un  système  sans  rotation. 

Sur  le  premier  point,  je  me  range  à  l'avis  de  Duhamel. 
Il  est  impossible,  à  l'aide  des  notions  généralemeot 
admises,  de  définir  un  système  sans  translation.  En  trans- 
lation, tout  est  relatif  :  le  mouvement  et  le  repos  absolu 
sont  indéfinissables  pour  nous. 

En  rotation,  il  n'en  est  pas  de  même;  car  si  tout  y  était 
relatif,  que  signifieraient  les  expériences  du  corps  tombant 
librement  (mines  du  Freiberg),  du  pendule  de  Foucault  et 
du  gyroscope? 

Qu'entendrait-on  par  la  manifestation  dynamique  do 
mouvement  diurne  du  globe? 

La  question  de  savoir  si  c'est  la  terre,  ou  si  c*est  le  sys- 
tème des  étoiles  fixes,  qui  tourne,  serait  une  question  vide 
de  sens,  si  l'on  ne  comprenait  que  les  mouvements  relatifs. 
On  n^pondrait  que  chacun  des  deux  tourne  par  rapport 
à  Pautre,  et  c'est  tout  ce  que  Ton  pourrait  savoir  (17). 

Ëviden)ment,  il  n'en  est  pas  ainsi.  En  géométrie  et  en 
cinématique,  il  est  impossible  de  définir  le  mouvement 
absolu,  mais  les  notions  dynamiques,  c'est-à-dire  celles  de 
masse  et  de  force,  nous  en  fournissent  le  moyen. 

Ce  moyen,  il  faut  nécessairement  l'employer;  et  les 
auteurs  qui  croient  pouvoir  se  soustraire  à  cette  obli- 
$»alion,  qui  croient  pouvoir  se  passer  à  la  fois  de  la  notion 
de  force  et  de  la  notion  rPimmobilité  dans  Tespace,  sont 


(  1003  ) 

obligés,  ou  bien  d^éviter  Tétude  approfondie  des  questions 
analogues  à  celles  que  je  viens  d'indiquer  (pendule  de 
Foucault,  par  exemple),  ou  bien  d'introduire  dans  celte 
étude  des  erreurs  de  raisonnement  qui  se  compensent;  et 
leur  compensation  n'a  rien  dV.tonnant,  puisque  Ton  con- 
naît presque  toujours  d^avance  le  résultat  auquel  on  doit 
arriver. 

Leur  première  erreur  consiste  dans  la  manière  dont  ils 
expliquent  le  principe  de  l'inertie;  la  seconde,  dans  la 
manière  dont  ils  appliquent  ce  même  principe. 

Son  énoncé  étant  à  peu  près  le  même  partout,  je 
prendrai  le  plus  explicite. 

«  1"*  Si  un  point  matériel  est  en  repos  dans  l'espace,  il 
reste  en  repos  tant  qu'aucune  force  n*agit  sur  lui; 

2*  Quand  un  point  matériel  est  en  mouvement,  si 
aucune  force  n'agit  sur  lui ,  son  mouvement  est  rectiligne 
et  uniforme  (18).  » 

Ainsi,  d*après  ces  auteurs,  le  principe  de  l'inertie  con- 
siste en  ce  qu'un  point  matériel,  snr  lequel  n'agit  aucune 
force,  doit  rester  immobile,  ou  décrire  une  droite  d'un 
mouvement  uniforme. 

Mais  tout  point,  répondrai-je,  décrit  une  droite  d'un 
mouvement  uniforme,  pourvu  que  cetle  droite  elle-nȐme 
possède  un  mouvement  convenable.  Il  manque  donc 
quelque  chose  à  la  définition,  tout  au  moins  un  mot 
important. 

Ce  n'est  pas  seulement  une  droite  que  le  point  doit 
décrire,  mais  une  droite  fîxe^  une  droite  immobilej  ei  dont 
tous  les  points  sont  immobiles,  c'est-à-dire  qu'elle  est 
même  dépourvue  de  tout  glissement  dans  le  sens  de  sa 
longueur. 


(  1004  ) 

Cesl  évidemment  cela  que  Ton  veut  dire,  mais  si  on  le 
disait,  on  amènerait  immédiatement  une  question  cap- 
tieuse. Qu'est-ce  qu'une  droite  fixe  ou  immobile?  Nous 
sommes  à  la  première  page  de  la  mécanique.  Comment 
vous  assurez-vous  qu'une  droite,  ou  même  un  point,  est 
immobile?  Quel  est  le  système  de  comparaison  auquel 
vous  les  rapportez  pour  juger  de  leur  immobilité  ou  de 
leur  mouvement? 

La  plupart  des  auteurs  ne  répondent  pas  à  cette  ques- 
tion; ils  restent  dans  le  vague;  mais,  heureusement,  il  n*y 
a  que  trois  hypothèses  possibles,  et  en  les  adoptant  suc- 
cessivement, nous  ne  pourrons  être  accusés  d'interpré- 
tation fautive. 

Ou  bien  le  principe  de  l'inertie  se  rapporte  à  un  sys- 
tème invariable  arbitraire^  qui  est  simplement  considéré 
comme  immobile,  par  convention;  ou  bien  il  se  rapporte 
à  un  système  déterminé  pris  dans  l'univers  matériel;  ou, 
enfin,  il  se  rapporte  à  un  système  réellement  doué  de 
l'immobilité  absolue  (que  l'on  considère  celle-ci  comme 
notion  première,  ou  qu'on  en  donne  une  explication). 

La  première  méthode  est  celle  qu'on  serait  tenté  d'attri- 
buer à  la  plupart  des  auteurs  (car  leurs  intentions  ne  se 
devinent  pas  toujours).  Alors  les  forces  qu'ils  mettent  en 
jeu  soni,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  des  forces  relatives 
au  système  qu'ils  considèrent  conventionnellement  comme 
immobile;  on  peut,  bien  cerlainement,  continuer  la  dyna- 
mique théorique  dans  cet  ordre  d'idées;  on  obtient  ainsi 
une  espèce  de  mécanique  relative  ou  idéale,  assez  ana- 
logue à  ces  exposés  purement  analytiques  auxquels  j*ai 
fait  allusion  au  début  de  ce  discours,  et  tous  les  calculs 
réussiront,  sans  nul  doute,  jusqu'au  bout. 

C'est  le  cas  de  dire,  avec  M.  Tait,  que  l'on  peut  tout 
admettre,  tant  que  l'on  ne  fait  pas  d'expériences. 


(  lOOS  ) 

Mais  il  est  bien  eoteodu  que,  dans  cette  méthode,  quand 
on  parle  d'une  translation  ou  d'une  rotation  quelconque, 
elle  est  relative  à  des  axes  invariablement  liés  au  système 
arbitraire  de  comparaison. 

il  en  résulte  qu'aucune  application  n*est  possible.  On  en 
fait  cependant,  mais  alors  on  répudie  l'hypothèse  fonda- 
mentale, ou  du  moins  on  n\  reste  pas  fidèle.  Quand,  par 
exemple,  on  traite  du  mouvement  du  pendule  à  la  surface 
de  la  terre,  et  que  l'on  attribue  à  celle-ci  une  rotation 
déterminée,  on  change  de  système;  car  ce  n'est  certai- 
nement pas  par  rapport  à  des  axes  arbitraires  que  la  terre 
possède  cette  rotation. 

Sans  doute,  on  n'avertit  pas  du  changement,  pas  plus 
que  l'on  n'a  expliqué  tout  d'abord  le  système  adopté;  mais 
ces  rélicences  ne  sauraient  influer  sur  ma  critique,  puisque 
je  vais  admettre  toutes  les  hypothèses  possibles  sur  ce  que 
l'on  ne  dit  pas. 

Dans  la  seconde  méthode,  on  prend  un  système  de  com- 
paraison (admis  comme  invariable  de  forme),  dans  l'uni- 
vers matériel.  En  pratique,  on  n'a  jamais  fart  jouer  ce 
rôle  qu*à  la  terre,  au  soleil,  ou  au  système  des  étoiles  fixes. 

Mais  si  les  lois  dynamiques  étaient  rigoureuses  par  rap- 
port à  la  terre,  la  trace  laissée  sur  le  sol  par  le  pendule  de 
Foucault  devrait  être  une  ligne  droite  invariable,  que  la 
terre  tourne  ou  qu'elle  ne  tourne  pas.  Or  cette  trace  varie 
pendant  l'expérience;  donc  l'hypothèse  est  inadmissible. 

Je  n'insiste  pas,  puisque  sur  ce  point  il  y  a  accord  una- 
nime. 

On  ne  peut  pas  non  plus  attribuer  raisonnablement  à  la 
terre  une  rotation  (diurne)  par  rapport  au  soleil. 

Considérons  donc  le  système  des  étoiles  fixes.  Celui-ci  a 
été  adopté,  comme  terme  de  comparaison,  par  des  auteurs 


(  1006  ) 

éminentSy  et  malgré  cela  il  est  presque  aussi  inadmissible 
que  les  précédents.  C'est  ici  le  Tond  de  ma  thèse  et  le 
point  où  j'ai  surtout  besoin  d^attcntion. 

Les  lois  dynamiques  ainsi  comprises  ne  sont  plus  en 
opposition  avec  Texpérience  de  Foucault,  mais  celle-ci,  au 
lieu  d*éire  contradictoire,  devient  insignifiante. 

Rappelons,  en  effet,  ce  que  nous  avons  remarqué  tout  à 
rheure,  que  quand  on  parle  d'une  translation  ou  d'une 
rotation  quelconque,  elle  est  relative  au  système  de  com- 
paraison. 

Vous  donnez  donc  à  la  terre,  dans  votre  anaivse  du 
mouvement  du  pendule,  une  rotation  par  rapport  au 
système  de  comparaison,  ou  aux  étoiles  fixes.  L'analyse 
vous  indique  qu'alors  le  pendule  doit  décrire  sur  le  sol 
une  certaine  trace,  qui  n'est  pas  une  ligne  droite.  Vous 
constatez  par  l'expérience  qu'il  en  est  ainsi.  Que  pouvez- 
vous  en  conclure?  Que  la  terre  possède  effectivcnent  le 
mouvement  que  vous  lui  avez  attribué,  c'est-à-dire  une 
rotation...  relative,  par  rapport  aux  étoiles  fixes.  Mais  per- 
sonne n'en  doutait.  Ce  n'est  pas  cela  qu'on  est  en  droit  de 
vous  demander  de  conclure  de  l'expérience  de  Foucaait. 
Vous  devez  pouvoir  en  déduire  logiquement  que  la  terre 
tourne  d'une  manière  absolue,  sans  quoi  votre  logique, 
votre  mécanique  et  votre  analyse  se  montrent  intérieures 
au  simple  bon  sens  de  la  masse  du  public. 

Je  puis  encore  m'expliquer  autrement,  bien  que  je  ne 
le  croie  pas  indispensable.  Admettez  pour  un  instant  que 
la  loi  d'inertie,  telle  que  vous  la  posez,  soit  absolument 
vraie  par  rapport  au  système  des  étoiles  fixes,  mais  que 
cependant  ce  système  tourne,  et  que  la  terre  soit  immo- 
bile. L'expérience  de  Foucault  réussirait  encore. 

Ce  n'est  donc,  ni  par  rapport  à  des  axes  arbitraires,  ni 


(  1007  ) 

par  rapport  à  la  lerre,  ni  au  soleil,  ni  même  par  rap- 
port aux  étoiles  fixes,  mais  bien  par  rapport  à  des  axes 
absolument  immobiles  (au  moins  en  rotation),  qu*il  faut 
établir  le  principe  de  l'inertie;  sans  quoi,  après  avoir 
manqué  de  logique  dans  l'explication  du  principe,  on  est 
condamné  à  en  manquer  une  seconde  fois  dans  l'applica- 
tion, ou  bien  à  n'aboutir  qu'à  des  résultats  inexacts  ou 
insigniflants. 

En  partant,  au  contraire,  d'un  système  de  comparaison 
immobile,  les  conclusions  deviennent  rigoureuses.  La  terre 
tourne  d'une  manière  absolue  dans  l'espace;  et  comme  la 
vitesse  de  rotation  absolue  que  le  calcul  lui  assigne  est 
égale,  dans  les  limites  des  observations,  à  sa  vitesse  de 
rotation  relative  par  rapport  au  système  invariable  des 
étoiles  fixes,  nous  en  concluons  que  ce  dernier  est  aussi, 
sensiblement,  un  système  immobile. 

La  notion  d'immobilité  absolue  est  donc,  non  pas  inu- 
tile, comme  le  disait  Duhamel,  mais  au  contraire  indispen- 
sable. 

Et  ne  dites  pas  non  plus,  avec  ce  savant,  qu'elle  est 
inintelligible  pour  vous,  puisque  vous  pouvez  l'expliquer, 
la  matérialiser  en  quelque  sorte,  dès  le  début  de  la  méca- 
nique, comme  je  l'ai  montré  il  y  a  longtemps,  par  la  notion 
de  force,  ou  simplement  de  point  libre  (19);  ne  dites  pas 
davantage  que  cette  notion  vous  est  elle-même  étrangère, 
car  on  l'emploie  aussi  dans  l'explication  habituelle  do 
principe  de  l'inertie;  et  d'ailleurs,  vous  la  possédiez  dans 
votre  enfance,  vous  n'avez  pu  vous  en  affranchir  que  par 
un  effort  contre  nature  (20),  et  il  vous  faudra  moins  de 
temps  et  de  travail  pour  y  revenir  qu'il  ne  vous  en  a  fallu 
pour  la  perdre. 

Et  pourquoi  cette  propriété,  que  possède  la  notion  de 


(  1008  ) 

force,  de  nous  conduire  à  l'idée  indispensable  d'immobilité 
dans  Tespace  (au  moins  en  roiaiion),  n*est-elle  pas  partagée 
par  les  notions  d'accélération  et  d'énergie? 

Ceci  encore  mérite  d'être  examiné  de  près. 

Au  lieu  de  considérer  des  points  libres,  on  pourrait 
prendre  des  points  sans  accélération,  ou  des  points  à 
énergie  constante,  ou  à  énergie  nulle. 

Mais  commencera- t-on  par  définir  l'accélératioD  et 
l'énergie?  Alors  on  retombe  dans  le  relatif. 

Supposons  qu'on  ne  le  fasse  pas  et  qu'on  invoque  réel- 
lement des  notions  premières.  Celle  d'accélération  Duile 
équivaut  au  point  libre,  tout  en  étant  moins  claire;  celle 
d'énergie  nulle  équivaut  à  l'immobilité,  et  celle  d'énergie 
simplement  constante  ne  suffirait  pas  pour  définir  l'im- 
mobilité, même  en  rotation,  car  il  faudrait  y  joindre  la 
constance  de  la  direction,  ce  qui  ramènerait  aui  idées 
antérieures. 

En  résumé,  on  se  représente  plus  facilement  un  point 
matériel  débarrassé  de  l'action  de  toute  force,  de  toute 
pression,  de  toute  influence  externe,  que  dépourvu  de  tout 
mouvement;  parce  que,  dans  le  second  cas,  il  faut  un  terme 
de  comparaison  et  non  dans  le  premier.  L'emploi  de  l'idée 
de  force,  pour  arriver  à  celle  d'immobilité,  ne  constitue 
donc  pas  une  vaine  question  de  mots,  mais  peut  aider  réel- 
lement certaines  intelligences  à  ramener  des  notions  com- 
pliquées à  d'autres  plus  simples  pour  elles. 

11  reste  entendu  que  si  l'on  accepte  à  priori^  comme 
notion  claire,  celle  de  immobilité  absolue,  l'idée  première 
de  force  n'est  plus  nécessaire  et  peut  être  supprimée  par- 
tout, sauf  les  réserves  que  nous  avons  faites  en  ce  qui  con- 
cerne l'enseignement,  et  celles  que  nous  ferons  encore 
relativement  à  l'intervention  possible  des  volontés. 


(  1009  ) 

J'ai  dit  que  si  l'on  commence  par  définir  l'accélération 
et  rénergie,  on  retombe  dans  le  relatif. 

En  effet,  l'accélération  d'un  point  matériel  varie  suivant 
le  système  de  comparaison  adopté.  Elle  ne  reste  la  même, 
par  rapport  à  deux  systèmes  différents,  que  si  l'un  de  ces 
systèmes  possède,  comme  seul  mouvement  par  rapport  à 
l'autre,  une  translation  uniforme. 

La  variation  d'énergie  d*un  point  et  son  énergie  totale 
sont  plus  relatives  encore.  Elles  sont  différentes,  par 
rapport  à  deux  systèmes  de  comparaison  quelconques,  si  ces 
derniers  ne  sont  pas  reliés  invariablement  l'un  à  Tautre. 
On  ne  pourra  donc  définir  ni  raccélération,  ni  surtout  la 
variation  d*énergie  ou  Ténergie  totale,  sans  dire  par 
rapport  à  quel  système  on  les  considère  (21  ). 

Enfin,  je  désire  présenter  une  dernière  remarque.  On 
trouvera  peut-être  qu'elle  s*écarte,  plus  que  le  reste,  des 
sciences  purement  mathématiques,  mais  il  me  semble 
qu'elle  s'impose  à  notre  esprit,  lorsque  nous  réfléchissons 
aux  lois  mécaniques  qui  régissent  l'univers. 

J'ai  admis  qu'on  peut,  en  théorie  pure  et  abstraction 
faite  de  l'enseignement,  se  passer  complètement  de  l'idée 
de  force,  pourvu  que  celle  d'un  système  immobile  la  rem- 
place, soit  directement,  soit  par  l'intermédiaire  de  la  force 
et  du  point  libre,  que  Ton  abandonnerait  ensuite. 

Mais,  si  je  l'ai  admis,  c'est  parce  que  je  vois  clairement 
que  tout  énoncé  mécanique  usuel,  comprenant  des  forces, 
pourra  être  facilement  transformé  de  manière  à  ne  plus 
comprendre  que  des  accélérations  ou  des  énergies. 

Par  exemple,  la  loi  de  la  gravitation  universelle  peut, 
conformément  aux  idées  de  M.  de  Saint-Venant,  se  trans- 
former en  disant  que,  lorsqu'un  point  matériel  donné  est 
animé  d'une  certaine  vitesse  (ou  d'une  certaine  énergie)  et 

5"*   SÉUIE,   TOME   XIV.  67 


rï 


(  iOlO  ) 

que  les  autres  poiuts  matériels  occupent  des  positions 
données  par  rapport  au  premier,  il  en  résulte  des  varia- 
tions déterminées  de  la  vitesse  (ou  de  Ténergie).  Dans 
renoncé  ordinaire,  les  positions  relatives  des  points  maté- 
riels déterminent  les  forces,  et  celles-ci  déterminent  les 
mouvements;  mais  on'peut  supprimer  la  force,  comme  un 
intermédiaire  inutile. 

Cet  exemple  comprend  même,  au  fond,  tous  les  cas 
possibles,  si  Ton  admet,  avec  Laplace,  que  Tétat  présent 
de  l'univers  est  le  résultat  nécessaire  de  son  état  passé  et 
la  cause  unique  dé  son  état  futur  (22). 

Mais  ici  apparaît  une  difficulté  sur  laquelle  on  tenterait 
vainement  de  fermer  les  yeux.  Si  l'état  futur  de  l'univers, 
après  un  temps  quelconque,  était  déterminé  par  son  état 
actuel  ;  si  tout  se  réduisait  à  un  jeu  de  molécules  ou  de 
points  matériels,  que  nulle  volonté  libre  ne  viendrait  jamais 
modifier;  toutes  nos  actions,  tous  nos  mouvements,  tous 
les  résultats  de  nos  travaux  seraient  aussi  déterminés 
d'avance,  et  il  serait  bien  inutile  de  nous  imposer  à  nous- 
mêmes  des  actions  parfois  pénibles,  pour  atteindre  un  but 
sur  lequel  nos  peines  n'auraient  aucune  influence.  Mais 
ceux  mêmes  qui  admettent  aveuglément  la  doctrine  résu- 
mée par  Laplace  se  gardent  bien  d  y  conformer  leur  con- 
duite. Cette  doctrine  conduirait  droit  au  fatalisme,  et  pour 
y  échapper,  il  faut  tout  au  moins  ajouter  quelque  chose  à 
ridée  de  Laplace  :  <  l'état  de  l'univers  à  chaque  instant 
résulte  de  son  état  dans  l'instant  qui  précède,  modifié  par 
les  lois  naturelles  qui  ont  exercé  leur  action  dans  l'inter- 
valle des  deux  instants,  et  par  l'intervention  incessante  de 
volontés  qui  s'imposent  à  la  matière  et  qui  modifient  ses 
lois  ordinaires  ». 

Parmi  ces  volontés  figure  en  première  ligne,  ou  le  plus 
habituellement,  la  volonté  ou  le  libre  arbitre  de  l'homme, 


(  ion  ) 

qui  modifie  à  chaque  inslant  les  lois  naturelles,  en  produi- 
saul  des  mouvements  qui  ne  se  fussent  certainement  pas 
produits  d'eux-mêmes,  sans  son  intervention,  et  qu'il  a 
choisis  à  son  gré. 

Mais  comment  et  dans  quelles  limites  le  libre  arbitre  de 
Thomme  produit-il  ces  mouvements  ? 

Lorsqu'une  volonté  se  traduit  en  acte,  il  faut  bien  qu'un 
premier  point  matériel,  pris,  par  exemple,  dans  le  cerveau, 
se  mette  en  mouvement,  ou  modiûe  la  trajectoire  qu'il 
allait  décrire.  Comment  la  volonté  donne-t-elle  le  mouve- 
ment à  ce  premier  point  matériel,  ou  simultanément  à 
plusieurs  points  matériels  qu'elle  déplace  ou  fait  dévier  en 
premier  lieu? 

Rassurez-vous.  Je  n'essaierai  pas  de  vous  l'expliquer.  Je 
ne  veux  loucher  ni  à  la  métaphysique,  ni  à  la  philosophie, 
ni  à  la  physiologie,  sciences  qui  ne  sont  pas  de  mon 
domaine.  Mais  les  explications  que  l'on  en  a  données  et 
celles  que  l'on  pourra  proposer  encore  se  divisent  en  deux 
catégories  bien  tranchées,  suivant  que  l'on  introduit,  ou 
non,  une  force,  comme  moyen  d'action  de  la  volonté. 

Comme  exemple  bien  remarquable  de  la  possibilité 
d*une  explication  où  l'on  n'introduit  pas  de  force,  je  citerai 
la  théorie  de  H.  Boussinesq  (23),  basée  sur  une  idée 
brillante,  mais  dont  la  justesse  est  controversée.  Dans  ce 
système,  l'usage  du  libre  arbitre  ne  modifierait  que  les 
positions,  les  distances,  les  vitesses,  mais  non  l'énergie 
totale,  y  compris  celle  de  l'organisme.  Dans  l'autre,  au 
contraire,  la  somme  des  énergies  varie  d'une  quantité 
égale  au  travail  de  la  force  introduite,  au  moins  si  Ton 
n'en  introduit  qu'une  seule  à  la  fois  (24). 

C'est  à  l'expérience  à  se  prononcer,  si  elle  le  peut, 
entre  les  deux  systèmes.  Mais  ce  serait  empiéter  sur  ses 
droits  que  de  supprimer,   dès  aujourd'hui,  la  noiioa 


(  1012  ) 

première  de  force,  comme  cause  d*un  mouvement  ne 
provenant  pas  nécessairement  d'un  autre  mouvement 
antérieur,  ni  de  la  disposition  relative  des  molécules; 
car  alors  Tune  des  deux  explications  possibles  serait  con- 
damnée à  priori^  à  moins  de  dire  que  la  volonté  produit 
directement  faccélération  ou  l'énergie,  ce  qui  ne  serait 
que  remplacer  un  mol  par  un  autre. 

Résumons  donc,  en  quelques  paroles,  cette  discussion 
peut-être  un  peu  longue. 

La  notion  première  de  force  est  aussi  réelle  et  moins 
relative  que  celles  qu'on  voudrait  y  substituer.  Elle  aide 
à  concevoir  et  à  déflnir  dès  le  début  l'immobilité  absolue, 
qui  est  elle-même  une  notion  indispensable.  Elle  peut 
enfin  devenir  nécessaire  pour  expliquer  l'action  des  volon- 
tés extérieures  sur  le  monde  matériel. 

Quant  à  la  suppression  momentanée  dé  l'idée  de  force, 
et  d'autres  idées  concrètes,  elle  peut  avoir  son  utilité  dans 
la  partie  philosophique  des  sciences,  mais  ne  saurait  être 
conseillée  pour  la  pratique,  ni  pour  l'enseignement  ordinaire. 

En  dehors  du  cas  spécial  que  je  viens  d'indiquer,  la 
suppression  de  Vidée  de  force  parait  désavantageuse,  et  la 
suppression  du  mot  ne  serait  qu'un  tour  de  force  inutile. 

J*en  conclus  que  la  mécanique  rationnelle,  basée  sur 
ridée  de  force  et  sur  la  statique,  telle  qu'elle  a  été  créée 
par  les  travaux  de  tant  d'hommes  illustres,  depuis  Archi- 
mède  jusqu'à  Lagrange  (25),  n'est  pas  à  la  veille  d'être  rem- 
placée par  une  autre  mécanique,  où  n'entreraient  que  des 
accélérations  ou  des  énergies. 

Faisons  servir  toutes  les  idées  nouvelles  au  complément 
et  au  perfectionnement  de  Tancien  corps  de  doctrine,  mais 
ne  renversons  pas,  sous  prétexte  de  le  reconstruire  avec 
des  matériaux  neufs,  le  plus  beau  monument  scientifique 
que  les  siècles  nous  aient  légué. 


(  1013  ) 

Surtout,  soyons  modestes.  Ne  croyons  pas  posséder  la 
vérité  tout  entière,  ni  la  posséder  seuls.  Accueillons  toutes 
les  idées  scientifiques  qui  nous  paraissent  pouvoir  con- 
tribuer au  progrès  tel  que  nous  le  comprenons,  et  respec- 
tons celles  que  nous  n'accueillons  pas. 

Pratiquons  cette  philosophie  simple  et  sincère  qui  con- 
siste à  ne  jamais  nous  payer  de  mots  et  à  aller  toujours 
au  fond  des  idées  et  si,  sur  le  terrain  de  la  discussion 
scientifique,  nous  rencontrons  des  adversaires,  ne  disons 
pas  qu'ils  ne  sont  pas  sérieusement  convaincus;  qu'ils  sont 
curieux  de  disputer,  non  de  s'instruire;  qu'ils  poursuivent 
le  caprice  d'une  débauche  de  logique;  que  leurs  théories 
sont  la  preuve  d'une  folie  inoffensive  ou  d'une  bêtise  per- 
nicieuse. 

Ces  expressions  malsonnantes  sont,  malheureusement, 
des  citations  empruntées  à  quelques-uns  des  auteurs 
célèbres  que  j'ai  eu  l'occasion  de  nommer  dans  ce  discours. 

La  science  n'y  peut  rien  gagner.  Ceux  qui  lui  auront 
apporté  le  plus  de  faits,  le  plus  d'idées,  le  moins  d'erreurs, 
et  le  moins  d'injures,  auront  le  mieux  mérité  d'elle  et  de 
l'humanité.  —  (Applaudissements.) 

NOTES. 

(1)  Les  parties  les  plus  abstraites  de  ce  discours  ont  été  suppri- 
mées lors  de  la  lecture  en  séance  publique. 

(2)  D'après  les  statuts  organiques,  adoptés  par  arrécé  royal  du 
i*'  décembre  4845,  la  Classe  doit  rendre  compte  de  ses  travaux  dans 
sa  séance  publique  annuelle  (art  48). 

(5)  Annales  de  la  Société  scientifique  de  Bnixelfes,  2*  année,  1877- 
1878,  seconde  partie,  p.  259. 

(4)  Mémoireh  de  la  Société  impériale  des  sciences,  de  l'agriculture  et 
des  arts  de  Lille,  année  1865. 


(  iOU  ) 

On  peut  voir  aussi  les  Principes  de  mécanique,  fondés  sur  la 
einématique  du  même  auteur,  lithographies  en  4851  chez  Hayet, 
avenue  de  S'-CIoud,  19,  Versailles;  notamment  le  chapitre  V  (p.  64 
à  83). 

(5)  HoiÎBL.  Du  rôle  de  l'expérience  dans  les  sciences  exactes.  Prague, 
4875. 

(6)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris,  4869, 
2*  semestre,  p.  4365. 

(7)  GiLBiRT.  Cours  d'Analyse  infinitésimale,  3*  éd.,  4887,  p.  VI. 

(8)  Cours  de  mécanique,  par  M.  Despeyrous,  avec  des  notes  par 
M.  G.  Darboux.  Paris,  Hermann,  4884-4885. 

(9)  HoÛBL.  Note  sur  l'impossibilité  de  démontrer  par  une  eotutruc- 
tion  plane  le  principe  de  la  théorie  des  parallèles,  dit  postulatum 
d'Euclide.  Procès-verbaux  de  la  Société  des  sciences  physiques  et  natu- 
relles de  Bordeaux.  Séance  du  30  décembre  4869.  (Mémoires, 
4'«sérîe,  t.  VIII,  4872). 

De  TiLLY.  Compte  rendu  d'un  ouvrage  de  géométrie  non  eucli- 
dienne de  M.  Flye-S'"- Marie  {Bulletin  des  sciences  mathématiques 
et  astronomiques,  publié  par  MM.  Darboux  et  Hoûcl,  t.  III,  4872). 
Rapport  sur  une  lettre  de  M.  A.  Genocchi  à  M.  A.  Quetelel  {Bulletin 
de  V Académie  royale  de  Belgique,  2*  série,  t.  XXXVI,  4  873). 

Essai  sur  les  principes  fondamentaux  de  la  géométrie  et  de  la 
mécanique  {Mémoires  de  la  Société  des  sciences  physiques  et  naturelles 
de  Bordeaux,  2«  sér.,  t.  III,  4878). 

Je  ne  cite  que  les  ouvrages  dans  lesquels  Pimpossibilité  de  démon- 
trer le  postulatum  est  établie  d'une  manière  formelle  et  explicite; 
mais  il  est  bien  entendu  qu'elle  Tétait  déjà  implicitement  dans  des 
travaux  antérieurs,  notamment  ceux  de  Lobatchefsky,  Bolyai, 
Riemann  et  Beltrami. 

(40)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris,  t.  XCV, 
ci  Aï athematische  Jnnalen,  t.  XX,  4882. 

(44)  Mémoire  sur  diverses  questions  de  balistique,  4876,  p.  29 
{Bévue  belge  d'art,  etc.,  4'«  année,  4876,  t.  II).  Cette  opinion  avait, 
d*ailleurs,  été  formulée,  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes,  par 
M.  Hoûel  {Essai  critique  sur  les  principes  fondamentaux  de  la 
géométrie  élémentaire.  Paris,  Gauthier-Villars,  4867). 

(42)  Bapport  sur  les  travaux  de  l'Académie,  4872,  p.  446. 


C  1015  ) 

(i5)  L'idée  que  le  microscope  ou  le  télescope  pourrait  jeter  un 
jour  de  nouvelles  lumières  sur  les  relations  géométriques  rigoureuses 
qui  régissent  l'espace  est,  jusqu'à  présent,  purement  spéculative, 
même  pour  le  télescope.  En  effet,  d'après  les  calculs  de  Lobatschefsky, 
les  observations  astronomiques  indiquent  que,  pour  un  triangle  dont 
les  càiés  seraient  à  peu  près  égaux  à  la  distance  de  la  terre  au  soleil, 
la  somme  des  angles  ne  diffère  pas,  de  deux  droits,  de  trois  dix- 
millièmes  de  seconde. 

Quant  au  microscope,  je  n'en  ai  parlé  qu'à  titre  de  curiosité,  et 
voici  ce  que  j'ai  voulu  dire  : 

Âpres  Cauchy  («i*  leçon  de  physique  générale),  M.  de  Saint- Venant 
fait  observer  (Annales  de  la  Société  scientifique  de  Bruxelles,  2*  année, 
1877-4878,  supplément,  pages  S7  et  28),  que  l'on  pourrait,  à  la 
rigueur,  mesurer  l'étendue  par  un  comptage  des  points  ou  des  atomes 
d'éther,  etc.  11  n'y  a  pas  contradiction  à  supposer  que  l'on  puisse 
ainsi,  grâce  au  perfectionnement  indéfini  des  instruments  d'optique, 
arriver  à  une  évaluation  de  la  distance  de  deux  points,  d'une 
exactitude  incomparablement  supérieure  à  celle  que  l'on  peut  obtenir 
aujourd'hui.  Or,  la  mesure  rigoureuse  des  distances  détermine  le 
système  de  géométrie  qui  existe  réellement. 

En  effet,  il  y  a,  entre  n  points,  "  "~  distances,  et  à  partir 
de  n  =:  5,  il  existe  une  relation  entre  ces  distances,  relation  qui 
n'est  pas  la  même  dans  les  divers  systèmes  de  géométrie,  et  qui  con- 
tient le  paramètre  constant  de  la  géométrie  réelle.  De  là  résulte  que 
la  mesure  rigoureuse  de  dix  distances  ferait  connaître  ce  paramètre. 

(14)  Conférences  sur  quelques-uns  des  progrès  récents  de  la  physique, 
par  P.-G.  Tait,  professeur  de  physique  à  l'Université  d'Edimbourg; 
traduit  de  l'anglais,  sur  la  troisième  édition,  par  M.  Krouchkoll;  Paris, 
Gauthier- Villars,  1887,  pp.  8  et  suivantes. 

(15)  P.  42. 

(16)  Des  méthodes  dans  les  sciences  de  raisonnement,  t.  IV,  p.  224. 

(17)  Il  en  est  tout  autrement  de  la  question  de  savoir  si  c'est  la 
terre  qui  tourne  autour  du  soleil,  c'est-à-dire  qui  possède  un 
mouvement  de  translation  autour  du  soleil,  ou  bien  si  c'est  le  soleil 
qui  possède  le  mouvement  correspondant  autour  de  la  terre.  Ici  l'on 
possède  un  terme  de  comparaison  et  la  question  se  résout  en  mou  - 
vcment  relatif,  par  rapport  au  système  des  étoiles  fixes. 


(  1016  ) 

(18)  Despetrous,  Cours  de  mécanique  déjà  cité,  1. 1,  p.  194. 

M  9)  Cesi  en  1878  que  j*ai  exposé  cette  théorie,  dans  mon 
ouvrage  déjà  cité:  «  Essai  sur  les  principes  fondamentaux  de  la 
géométrie  et  de  la  mécanique  ».  Je  Tai  basée  sur  la  considération  de 
trois  points  libres.  On  pourrait  essayer  de  n*en  prendre  que  deux, 
mais  alors  les  équations  obtenues  seraient  insuffisantes  et  laisseraient 
quelque  chose  d'indéterminé. 

Au  lieu  de  points  libres,  on  pourrait  aussi  considérer  des  points 
uniquement  soumis  à  leurs  actions  mutuelles,  exprimer  celles-ci  par 
dés  fonctions  des  masses  et  des  distances,  et  mesurer  un  nombre 
de  distances  suffisant  pour  déterminer  toutes  les  inconnues.  Ce 
système  est  évidemment  plus  compliqué,  au  point  de  vue  analytique, 
que  celui  des  points  libres;  mais  peut-être  plus  facile  à  réaliser  prati- 
quement, surtout  pour  trois  points,  puisque  Ton  pourrait  prendre  le 
soleil,  la  terre  et  la  lune.  Ainsi,  une  étude  minutieuse  du  mouvement 
de  ces  trois  corps  (supposés  réduits  à  trois  points)  pourrait  conduire 
à  la  construction  d'un  système  sans  rotation  ni  accélération,  et  faire 
constater  directement  le  mouvement  de  rotation  de  la  terre. 

Lorsqu^un  pareil  système  de  comparaison  a  été  construit  d^une 
manière  quelconque,  par  exemple  au  moyen  de  trois  points  libres,  ce 
qui  est  la  méthode  la  plus  simple,  il  faut  admettre  que  les  autres 
points  libres  décrivent  aussi  des  droites,  d'un  mouvement  uniforme, 
par  rapport  à  ce  système  de  comparaison,  et  c^est  en  cela  que  consiste 
le  principe  de  Pinertie.  J'ai  donné  des  détails  à  ce  sujet  dans  mon 
ouvrage  précité.  Ce  principe,  habituellement  exprimé  en  disant  que 
les  points  libres  décrivent  des  droites,  se  trouve  ainsi  complètement 
expliqué  quant  à  la  partie  qui  était  inintelligible  à  priori;  et  quant 
à  Pautre  partie,  c'est-à-dire  la  notion  de  point  libre,  je  n'ai  fait,  an 
fond,  que  la  conserver. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  le  principe  ou  l'axiome  de  l'inertie  qui 
se  réduit  à  la  considération  des  systènics  sans  rotation  ni  accéléra- 
tion; il  en  est  de  même  du  second  postulat  ordinaire  de  la  dynamique: 
celui  de  l'indépendance  des  effets  simultanés  des  forces  et  du  mouve- 
ment antérieurement  acquis. 

Voici  donc,  d'après  ma  manière  de  comprendre  les  choses,  les 
véritables  énoncés  des  deux  premiers  axiomes  de  la  dynamique. 


(  mi  ) 

I.  A aciome  de  l'inertie,  —  Un  système  sans  rotation  ni  accélération 
étant  obtenu  au  moyen  de  trois  points  libres,  tous  les  autres  points 
libres  décrivent  également  des  droites,  d*un  mouvement  uniforme, 
par  rapport  à  ce  système,  et  par  conséquent  aussi  par  rapport  a  tous 
les  autres  systèmes  sans  rotation  ni  accélération,  lesquels  ne  possè- 
dent, relativement  au  premier,  qu'une  translation  uniforme. 

II.  Aanamede  Vittdépendance.  —  La  seule  loi  déterminée  de  com- 
position d'une  vitesse  acquise  et  d'une  force  agissante,  qui  puisse 
rester  la  même  pour  tous  les  syslèmcs  sans  rotation  ni  accélération 
(ou,  plus  généralement,  pour  tous  les  systèmes  ne  possédant,  Tuo  par 
rapport  à  l'autre,  qu'une  translation  uniforme),  est  celle  qui  oblige  la 
vitesse  acquise  et  la  force  résultante  k  produire  séparément  leurs 
effets,  et  qui  amène  finalement  le  point  matériel  à  l'extrémité  de  la 
diagonale  du  parallélogramme  construit  sur  les  deux  droites  qui 
seraient  décrites  séparément,  ce  point  matériel  décrivant  en  réalité, 
non  pas  cette  diagonale,  mais  bien  une  parabole  dont  la  diagonale 
est  la  corde. 

Nous  ne  considérons  qu'une  seule  force,  car  s'il  y  en  avait 
plusieurs,  on  pourrait  d'abord  les  réduire  k  une,  par  le  principe  de 
la  composition  des  forces  (établi  comme  il  l'est  par  M.  Darboux),  et 
l'introduction  d'un  système  de  forces  en  équilibre. 

Nous  devons  donc  accepter  ces  deux  axiomes  de  la  dynamique, 
non  seulement  comme  des  résultats  d'expérience,  mais  comme  des 
résultats  d'une  seule  et  même  expérience:  celle  qui  nous  montre 
qu'il  n'y  a  jamais  pour  nous,  ni  utilité,  ni  possibililé,  de  distinguer 
entre  un  système  absolument  immobile  et  un  autre  qui  ne 
posséderait,  par  rapport  au  premier,  qu'une  translation  uniforme. 

Ainsi,  la  seule  partie  qui  reste  admissible  des  idées  de  Duhamel 
sur  le  mouvement  absolu  et  le  mouvement  rclalif,  domine  en  réalité 
toute  la  dynamique  et  en  constitue  presque  l'unique  principe  fonda- 
mental; car  le  troisième  axiome,  celui  de  l'action  et  de  la  réaction, 
est  d'une  nature  toute  différente  et  appartient  presque  autant  à  la 
mécanique  physique  qu'à  la  mécanique  rationnelle. 

Le  procédé  employé  pour  nous  rendre  compte  de  l'immobilité  en 


(  1018  ) 

rotation  consiste,  au  fond,  à  faire  la  mécanique  à  rebours,  et  k 
prendre  des  données  telles  que  les  lois  mécaniques  se  vérifient  pour 
ces  données. 

Depuis  la  publication  de  mon  mémoire  de  4878,  j*ai  reconnu 
qu^en  Angleterre  on  est  allé  plus  loin  dans  cette  voie.  J*en  ferai 
juger  par  la  citation  suivante  (The  laws  of  motion,  by  R.  F.  Hnîr- 
head;  Philosophical  magazine,  june  1887),  que  je  traduis  librement: 

«  Que  Ton  conçoive  un  système  matériel  divisé  en  une  infinité  de 
particules,  dont  les  plus  grandes  dimensions  linéaires  soient  toutes 
infiniment  petites.  Attribuons  à  chaque  particule  une  certaine 
valeur,  que  nous  appellerons  sa  masse  conventionnelle.  Adoptons 
un  système  de  comparaison  invariable,  mais  arbitraire,  et  une 
mesure,  aussi  arbitraire  ou  conventionnelle,  du  temps.  Appelons  le 
produit  de  Taccélération  de  chaque  particule  multipliée  par  sa  masse 
conventionnelle,  la  force  apparente  de  cette  particule.  Il  devient 
alors  possible  de  choisir  les  masses  conventionnelles,  la  mesure 
arbitraire  du  temps  et  le  système  de  comparaison,  de  manière  que 
les  masses  conventionnelles  et  les  forces  apparentes  aient  entre  elles 
des  rapports  susceptibles  d'être  exprimés  par  les  lois  des  sciences 
physiques,  par  exemple  la  loi  de  Tindestructibilité  de  la  matière,  la 
loi  de  Pégalité  de  Taction  et  de  la  réaction,  la  loi  de  la  gravitation 
universelle,  les  lois  des  actions  électrique,  magnétique,  élastique, 
capillaire,  etc.  Un  pareil  système  étant  choisi,  les  masses  con- 
ventionnelles et  les  forces  apparentes  qui  en  font  partie  sont  alors 
de  véritables  masses  et  de  véritables  forces.  La  mesure  arbitraire  du 
temps  indiquera  des  temps  absolus,  et  le  système  de  comparaison 
n'éprouvera  absolument  ni  rotation,  ni  accélération.  • 

Pignore  complètement  si  ces  idées  ont  été  émises,  pour  la 
première  fois,  avant  ou  après  la  publication  de  ipon  mémoire 
de  1878,  et  j'attache  d'ailleurs  peu  de  prix  à  cette  circonstance. 

Mais  je  ferai  observer  que  Ton  accepte *assez  facilement,  comme 
notions  premières,  les  mesures  des  distances,  des  temps,  des  masses  et 
des  forces,  que  Ton  peut,  d'ailleurs,  réduire  à  troiis,  tandis  que  la 
notion  de  l'immobilité  est  d*une  autre  nature.  En  ne  cherchant  à 
définir  que  celle-ci,  j'ai  pu  en  faire  une  détermination  précise  et  en 
quelque  sorte  géométrique.  L'auteur  que  je  viens  de  citer,  en  voulant 


(  1019  ) 

aller  plus  loin,  doit  se  borner  à  affirmer  la  possibilité  de  régler 
ses  données  de  manière  à  satisfaire  aux  lois  dynamiques,  mais  il  ne 
saurait  en  effectuer  de  détermination.  «  Qui  trop  embrasse,  mal 
élreint.  »  Malgré  cela,  j'ai  cru  devoir  appeler  Tattention  sur  cette 
idée,  qui  est  incontestablement  plus  générale  que  la  mienne. 

(30)  MoiGNO,  StcUique;  Préface,  p.  zxiii. 

(21)  On  remarque  cependant  que  bien  des  auteurs  parlent,  non 
seulement  de  variations  d'énergie,  mais  des  quantités  totales  d'énergie 
existant  dans  un  système  matériel.  Il  serait  alors  nécessaire  de  fixer 
un  terme  de  comparaison,  car  l'énergie  est  aussi  relative  que  la 
vitesse,  plus  relative  que  l'accélération  ou  la  force. 

(^â)  Laplacb  (T/iéorie  analytique  des  probalnlilés,  3*  édition;  Paris, 
V«  Courcier,  4820;  Introduction,  pp.  ii  et  m),  s'exprime  ainsi  : 

•  ,Nou8  devons  donc  envisager  l'état  présent  de  l'univers  comme 
l'effet  de  son  état  antérieur,  et  comme  la  cause  de  celui  qui  va  suivre. 
Une  intelligence  qui,  pour  un  instant  donné,  connaîtrait  toutes  les 
forces  dont  la  nature  est  animée,  et  la  situation  respective  des  êtres 
qui  la  composent,  si  d'ailleurs  elle  était  assez  vaste  pour  soumettre 
ces  données  à  l'analyse,  embrasserait,  dans  la  même  formule,  les 
mouvements  des  plus  grands  corps  de  l'univers  et  ceux  du  plus  léger 
atome  :  rien  ne  serait  incertain  pour  elle,  et  l'avenir,  comme  le  passé, 
serait  présent  à  ses  yeux.  » 

Je  ne  prétends  pas,  bien  entendu,  qu'en  écrivant  ces  lignes, 
Laplace  ait  voulu  exclure  complètement  les  mouvements  volontaires 
et  le  libre  arbitre,  mais  il  est  certain  que  les  expressions  dont  il 
s'est  servi  ont  été  souvent  comprises  dans  ce  sens,  et  celles  qui  les 
précèdent,  à  la  même  page  de  l'Introduction,  sont  de  nature  à 
justifier  cette  interprétation. 

(23)  Conciliation  du  véritable  délerminieme  mécanique  avec  Vexiê* 
tence  de  la  vie  et  de  la  tiberté  morale,  par  M.  J.  Boussinesq,  professeur 
à  la  faculté  des  sciences  de  Lille.  Paris,  Gauthier- Villars,  1878. 

(2i)  Hais  rien  n'empêche  de  supposer  que  la  volonté  agisse 
simultanément  sur  plusieurs  points,  et  cette  idée  peut  servir  à  lever 
bien  des  contradictions  apparentes.  Déjà  en  agissant  sur  deux  points, 
on  pourrait  conserver  la  somme  des  énergies.  Mais,  au  moyen  des 


(  1020  ) 

actions  simultanées  sur  (rois  points,  on  peut  satisfaire  à  toutes  les 
intégrales  connues  des  équations  de  la  dynamique,  c'est-à-dire  à  celle 
des  forces  vives,  à  celles  des  aires,  et  à  celles  de  la  conservation  do 
mouvement  du  centre  de  gravité  général;  car  il  suffit,  pour  cela,  de 
résoudre  une  seule  équation,  contenant  trois  indéterminées.  En  effet, 
dans  le  plan  des  trois  points  d^application,  prenons  un  point 
arbitraire,  ce  qui  Introduira  deux  indéterminées.  Joignons  les  trob 
points  d^application  à  ce  point  arbitraire,  et  suivant  Tune  des  droites 
ainsi  obtenues,  introduisons,  au  sommet  correspondant,  une  certaÎDe 
force,  qui  sera  notre  troisième  indéterminée.  Suivant  les  deux  autres 
droites,  appliquons  les  forces  qui  feraient  équilibre  à  la  première 
si  le  système  était  rigide.  Il  est  visible  que  ces  forces,  transportées 
au  centre  de  gravité,  ne  modifieront  pas  le  mouvement  de  ce  point; 
de  même,  la  somme  de  leurs  moments  étant  nulle  par  rapport  à  un 
axe  quelconque,  elles  n*influeront  pas  sur  les  intégrales  des  aires; 
il  ne  restera  qu'à  annuler  la  somme  des  travaux  des  forces,  c'est-à- 
dire  à  relier  nos  trois  indéterminées  par  une  seule  équation.  Les  trois 
forces  agissantes  seraient,  à  chaque  instant,  réglées  de  cette  manière. 

Ainsi  donc  la  vérification,  même  parfaite,  pour  l'univers  entier 
ou  une  de  ses  parties  séparée  des  autres,  des  trois  grandes  lois  qui 
régissent  les  systèmes  matériels  livrés  à  eux-mêmes,  ne  prouverait 
encore  rien  contre  l'action  incessante  de  forces  émanant  des  volontés 
libres. 

(35)  Je  m'arrête  à  I^agrangc,  sans  méconnaître  les  mérites  de  ses 
successeurs.  Après  lui,  d'autres  hommes  éminentsont  pu  pcrfectioiuier 
les  principes,  ou  développer  les  résultats,  surtout  en  ce  qui  concerne 
la  rotation  des  solides,  l'intégration  des  équations  dynamiques, 
Tintroduction  de  forces  vives  réelles  qui  étaient  autrefois  considérées 
comme  des  agents  spéciaux;  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'à 
partir  de  Lagrange  la  mécanique  peut  éirC  considérée  comme  finie, 
en  tant  que  corps  de  doctrine,  puisqu'elle  est  réduite  à  l'analyse. 


(  1021  ) 


—  H.  le  baroD  Edmond  de  Selys  Longchamps  vient 
prendre  place  au  bureau  pour  faire  la  lecture  suivante  : 

Révision  des  poissons  d'eau  douce  de  la  Faune  belge. 


I. 


La  connaissance  des  poissons  d'eau  douce  européens 
est  restée  assez  longtemps  stationnaire  après  les  grandes 
publications  d*Arlédi  (1758),  de  Linné  (1766)  et  de 
Bloch  (1782)»  toutes  du  siècle  dernier. 

Çà  et  là,  il  est  vrai,  on  décrivait  isolément  des  espèces 
nouvelles  que  les  ouvrages  généraux,  tels  que  ceux  de 
Gmelin  (13*  édition  du  Systenia  naturœ)  de  Lacépède 
(1789-1803),  et  de  Sonnini  (1803-1804),  enregistraient  à 
leur  place  systématique  —  mais  c'était  souvent  une  œuvre 
de  compilation  édifiée  sans  critique  suffisante  et  sans  com- 
paraison directe  des  espèces  admises  de  cette  façon,  sur  la 
foi  des  auteurs  qui  les  avaient  établies. 

Il  en  est  autrement  des  ouvrages  ichthyologiques 
publiés  dans  la  première  moitié  de  notre  siècle.  Cuvier 
élabora  les  siens  non  plus  par  voie  de  compilation,  mais 
d'après  ses  observations  personnelles,  d'abord  dans  son 
Règne  animal^  puis  dans  l'Histoire  naturelle  des  poissons 
commencée  en  1828  avec  la  collaboration  de  Valenciennes, 
et  continuée  par  ce  dernier  jusqu'en  1849.  C'était  une  ère 
nouvelle  que  le  grand  naturaliste  inaugurait. 

En  même  temps,  I^uis  Âgassiz,  qui  avait  acquis  une 
connaissance  profonde  des  poissons  et  qui  créait,  on  peut 


(  1022  ) 

le  dire,  Tlcblhyologie  fossile,  mettait  au  jour  daos  divers 
mémoires  (1828-1839)  ses  recherches  sur  les  poissons 
d'eau  douce,  et  le  prince  Charles  Bonaparte  publiait  (1852- 
1841)  sa  Fauna  italicay  dans  laquelle  beaucoup  d'espèces 
nouvelles  sont  décrites  et  splendidement  figurées. 

Bon  nombre  de  Faunes  locales  virent  le  jour,  proposant 
des  espèces  nouvelles  d'après  les  principes  alors  admis»  et 
qui  dirigèrent  également  Heckel  et  ses  collaborateurs 
dans  leurs  importants  mémoires. 

Mais,  à  partir  du  commencement  de  la  seconde  moitié 
du  XiX*  siècle,  la  connaissance  des  procédés  de  piscicul* 
tore  et  les  études  des  spécialistes  et  des  biologistes,  ont 
fait  faire  un  nouveau  pas  en  avant  à  la  science  ichthyolo- 
giqne  en  constatant  Texistence  fréquente  de  Thybridité  et 
la  variabilité  de  plusieurs  espèces. 

Il  fallait  donc  réaliser  une  réforme  tenant  compte  de 
ces  observations  nouvelles.  Le  résultat  fut  une  réduction 
daos  le  nombre  des  espèces  admises  par  Agassiz,  Bona- 
parte, Heckel  et  Valenciennes.  Le  professeur  Th.  Van 
Siebold,  de  Munich,  en  a  été  le  promoteur  principal  dans 
son  excellent  livre  :  c  Les  poissonê  d'eau  douce  de  VEu^ 
rope  moyenne  (1863).  Le  pasteur  Job.  Andréas  Jâckel 
(1864-1866)  et  M.  Victor  Fatio  (1882)  ont  travaillé  d'après 
les  mêmes  principes,  qui,  espérons-le,  pourront  être  con- 
sidérés comme  les  bases  définitives  de  la  science. 

J'ai  pensé  qu'il  était  temps  aujourd'hui  de  rectifier 
d'après  ces  données  nouvelles  ce  que  j'ai  dit  de  nos 
poissons  dans  la  Faune  belge,  qui  date  de  quarante-eioq 
ans  (1842). 

Dans  ma  Faune  belge  (1842),  qui  n'avait  pas  la  préten- 
tion d'être  autre  chose  qu'un  catalogue  raisonné  de  nos 


(  1023  ) 

animaux  vertébrés,  j'avais  accordé  une  place  à  part  à  la 
famille  des  Cyprinides,  en  donnant  une  courte  diagnose 
des  genres  et  des  espèces  qui  la  représentent  chez  nous. 
J'avais  fait  celte  exception  au  plan  général  de  l'ouvrage, 
parce  qu'il  y  avait  à  faire  connaître  la  nouvelle  classifica- 
tion et  les  découvertes,  toutes  récentes  alors,  faites  par  les 
ichthyologisles  les  plus  célèbres  de  ce  temps.  Il  y  avait 
aussi  à  fournir  des  diagnoses  de  plusieurs  formes  que 
j'avais  recueillies  dans  nos  rivières  et  que  j'avais  commu- 
niquées successivement  à  ces  savants  illustres  :  Âgassiz, 
Bonaparte,  Heckel.  Ils  furent  unanimes  pour  les  déclarer 
nouvelles  et  voulurent  bien  aussi  contrôler  la  détermina- 
lion  des  espèces  déjà  connues.  Leur  gracieuse  interven- 
tion, d'un  prix  inestimable  pour  moi,  couvrait  en  même 
temps  ma  responsabilité. 

A  cette  époque,  ces  savants  spécialistes  étaient  générale- 
ment portés  à  admettre  parmi  les  Cyprinides  un  grand 
nombre  d'espèces  représentatives,  cantonnées  en  général 
d'après  les  grands  bassins  hydrographiques,  l'altitude,  et 
dans  certains  lacs. 

L'existence  de  formes  résultant  de  l'hybridité  était  à 
peine  soupçonnée  ou  même  absolument  révoquée  en 
doute,  lorsque  les  pécheurs  de  profession  les  qualifiaient 
de  bâtardes. 

De  là  le  rang  d'espèces  attribué  à  ces  croisements  dont 
la  véritable  origine  est  aujourd'hui  reconnue.  Les  études 
auxquelles  ou  s'est  livré  depuis  une  trentaine  d'années 
sont  venues,  en  effet,  contredire  en  partie  les  appréciations 
des  maîtres  de  la  science  que  j'avais  consultés  en  1840  et 
1841.  Il  est  juste  cependant  de  reconnaître  qu'en  décrivant 
et  en  nommant  ces  formes,  nouvelles  selon  leur  manière 


(  <024  ) 

de  voir,  ils  ont  appelé  sar  elles  ratteDlion  des  observa- 
teurs et  provoqué  de  nouvelles  investigations,  qui  ont  ea 
pour  résultat  de  faire  connaître  jusqu'à  un  certain  point 
rinfluence  des  milieux,  l'existence  de  l'hybridité  et  les 
limites  de  la  variabilité. 

C'est  ainsi  que  se  construit  et  se  contrôle  avec  le  temps 
l'édifice  du  progrès  scientifique,  auquel  chacun  apporte 
SQCcessivement  des  matériaux  de  plus  en  plus  éprouvés. 

En  comparant  en  détail  les  Cyprinides  d'un  même 
groupe,  provenant  de  rivières,  de  lacs  ou  d'étangs  de 
diverses  contrées  européennes,  on  constatait  que  plusieurs 
des  caractères  sur  lesquels  on  avait  cru  pouvoir  fonder  de 
de  nouvelles  espèces,  en  quelque  sorte  géographiquement 
cantonnées,  étaient  plus  ou  moins  variables,  non  seulement 
selon  les  rivières  dont  elles  provenaient,  mais  encore  dans 
un  même  cours  d'eau,  de  sorte  que  les  difllérences  observées 
se  comblant  peu  à  peu,  il  fallait  réduire  bon  nombre  de 
ces  prétendues  espèces  nouvellement  décrites  au  rang  de 
races  locales  ou  même  de  simples  variétés. 

Je  citerai  parmi  les  caractères  employés,  variables  dans 
une  certaine  mesure,  la  taille,  le  profil  (longueur  et  hau- 
teur du  corps),  l'épaisseur,  la  coloration  générale,  la  lar- 
geur et  la  couleur  de  l'œil,  et  même,  dans  une  limite 
étroite  il  est  vrai,  le  nombre  des  rayons  des  nageoires 
dorsale  et  anale  et  celui  des  rangées  d'écaillés  au-dessus 
de  la  ligne  latérale  et  dans  la  série  longitudinale  qui  la 
constitue. 

On  reconnaissait  encore,  quant  aux  proportions  du 
corps  et  de  l'oeil,  qu'elles  subissaient  souvent  des  modi- 
fications leur  donnant  un  aspect  particulier  à  l'époque  du 
frai,  et  pouvaient  induire  en  erreur  sur  l'identité  d'indi- 
vidus appartenant  cependant  à  la  même  espèce. 


(  ^023  ) 

Après  avoir  éliminé  les  espèces  nominales  fondées  sur 
des  variétés,  des  races  locales,  des  individus  h  Tépoque  du 
frai  ou  sur  des  hybrides,  il  faul  encore  considérer  une 
dernière  catégorie  de  poissons  d'un  aspect  spécial,  qui  ont 
parfois  été  décrits  comme  espèces  séparées  :  ce  sont  des 
exemplaires  stériles.  On  les  a  observés  surtout  parmi  les 
carpes  et  les  sahnones.  La  différence  avec  les  types  est 
notable  notamment  à  l'époque  où  ces  derniers  frayent.  La 
cause  de  cette  anomalie  est  encore  inconnue. 

Cest  au  pasteur  Jâckel  et  au  professeur  von  Siebold 
que  Ton  doit  principalement  les  recherches  qui  les  ont 
conduits  à  reconnaître  de  simples  hybrides  en  des  formes 
qui  avaient  été  décrites  comme  espèces,  telles  que  la  carpe 
bâtarde  (Cypr.  Kollarii,  Heckel  —  C  striatus,  Holandre). 
Lorsque  Tillustre  von  Siebold  me  fit  Thonneur  de  venir 
visiter  ma  collection  aux  vacances  de  Pâques  en  avril  1867, 
il  préjugeait  d'avance  quelle  serait  la  disposition  générale 
des  dents  pharyngiennes  des  hybrides  présumés  que  je  lui 
présentais,  et  j'ajoute  que  Texamen  prouvait  qu'il  ne  se 
trompait  pas.  Chez  les  hybrides  les  dents  participent  plus 
ou  moins  de  celles  des  deux  espèces  mères,  et  sont  souvent 
variables  d'individu  à  individu.  Il  en  est  de  même  des 
rangées  d'écaillés,  de  la  manière  parfois  irrégulière  dont 
elles  se  terminent  à  la  crête  du  dos,  enfin  du  nombre  des 
rayons  des  nageoires  les  plus  caractéristiques. 

La  quantité  d*individus  hybrides  que  Ton  rencontre  est 
en  général  restreinte.  On  ne  les  observe  que  dans  les 
eaux  où  existent  les  deux  espèces  dont  ils  proviennent. 

Une  expérience  que  j'ai  faite  m'a  prouvé  l'exactitude  de 
ces  principes  relativement  à  la  prétendue  Brème  de 
Léuckart  (Abr.  Leuckarti,Hecke\  —  Abr.  Heckelii  Selys). 
J'ai  introduit  un  certain  nombre  de  Brèmes  ordinaires 

3"^*  SÉRIE,  TOME   XIV.  68 


(  1026  ) 

(Abr.  brama)  dans  uo  étang,  à  Longchamps-sur-Geer,  où 
celte  espèce  n'existait  pas  auparavant.  Ils  s'y  sont  pro- 
pagés, et  trois  ou  quatre  ans  après,  j'y  trouvais  quelques 
Brèmes  de  Leuckarl,  qui  sont  le  produit  du  croisement  de 
«a  Brème  ordinaire  et  de  la  rosse  {Leuciscus  rutilus). 

Les  procédés  de  la  fécondation  artificielle  en  usage  dans 
la  pisciculture  ont  aussi  fourni  la  preuve  de  la  possibilité 
des' croisements  que  Ton  y  a  obtenus  entre  des  espèces 
voisines  dans  la  famille  des  Salmonidés. 

A  mon  avis,  la  fréquence  des  croisements  à  Tétat  spon- 
tané chez  les  Cyprinides  démontre  combien  sont  rappro- 
chés les  genres  nombreux  qu'on  a  établis  en  subdivisant, 
je  dirais  presque  à  l'infini,  le  grand  genre  Cyprinus  de 
Linné,  que  Cuvier  (Règne  animal^  1828)  laissait  encore 
nominalement  intact,  puisqu'après  en  avoir  exposé  les 
caractères  généraux,  il  ajoutait,  c  Nous  le  subdivisons 
en  sous-genres,  ainsi  qu'il  suit,  etc.  > 

Pour  arriver  à  créer  les  nombreux  nouveaux  genres 
entre  lesquels  on  l'a  démembré,  on  a  poussé  à  l'extrême 
l'usage  du  caractère  tiré  des  dents  pharyngiennes,  qui  a 
pour  premier  inconvénient  d'être  un  caractère  de  l'organi- 
sation interne,  qui  ne  peut  être  constaté  que  par  la  dissec- 
tion. On  a  reconnu  d'ailleurs  que  ces  dents  sont  parfois  un 
peu  variables  chez  une  même  espèce;  qu'elles  s'usent  avec 
le  temps,  sont  souvent  caduques,  et  capables  de  se  renoa- 
veller  après  leur  chute. 

Afin  de  rendre  la  connaissance  de  nos  Cyprinides  acces- 
sible à  tout  le  monde  et  considérant  que  ces  animaux 
forment  des  groupes  si  voisins  et  de  mœurs  si  semblables, 
je  préfère  ne  voir  dans  l'examen  des  dents  pharyngiennes 
que  des  caractères  confirmatifs,  qui  du  reste  ne  sont 
jamais  en  opposition  avec  les  caractères  externes. 


(  1027  ) 

Nous  possédons  eo  Belgique  vingt  et  une  espèces  de 
Gyprinides.  Or,  en  s'appuyant  sur  des  différences  souvent 
minutieuses,  fournies  par  les  dents  pharyngien  nés,  on  en 
est  arrivé  à  constituer  pour  elles  autant  de  genres  qu'il  y  a 
d'espèces  I  Me  devrait-on  pas  en  conclure  qu'il  s'agit  de 
caractères  bien  plutôt  spécifiques  que  génériques?... 

Valenciennes  classe  nos  espèces  en  6;  Giînther  en  14; 
Blanchard  en  1S;  Bonaparte  en  16;  Fatio  en  16  ou  17; 
von  Siebold  en  17  coupes.  C'est  en  cumulant  les  coupes 
proposées  par  eux  que  l'on  arrive  à  21  genres. 

Quant  à  moi,  me  bornant  aux  caractères  externes  recon- 
naissabtes,  je  trouve  11  genres,  dont  plusieurs  peuvent 
être  répartis  en  petites  sections. 

Siy  pour  désigner  les  formes  hybrides,  on  acceptait  la 
nomenclature  adoptée  par  von  Siebold  et  Heckel,  le 
nombre  des  genres  se  trouverait  encore  augmenté.  Ces 
auteurs,  ayant  constaté  qu'ils  présentent  des  caractères 
mixtes,  différant  en  conséquence  de  ceux  des  deux  types 
dont  ils  proviennent,  proposent  de  les  ériger  en  genres 
particuliers  et  d'intercaler  ces  nouvelles  coupes  dans  le 
système. 

Ce  sont  : 

Carpio,  Heckel  (Cyprinus.  x  Cyprinopsis). 
Abramidopsis,  Siebold  (Blicca.  x  Leuciseus). 
Bliceopsis,  Siebold  (Blicca.  x  Scardinius). 
Scardinopsis,  Heckel  (Scardinius.  x  Leuciseus). 

En  tenant  compte  de  la  combinaison  des  caractères 
qu'offrent  d'autres  hybrides  provenant  desgenres  >l/6umu«, 
Squalius,  TelesteSf  Chondrostoma^  etc.,  il  faudrait  créer 
encore  de  nouveaux  genres  et  de  nouveaux  noms. 


(  1028  ) 

Je  regrette  de  ne  pouvoir  me  rallier  à  cette  manière  de 
voir  d'un  maître  tel  que  von  Siebold,  qui  place  ces  genres 
hybrides  au  même  rang  que  les  coupes  normales  :  Elles 
sont  d'une  nature  toute  différente.  On  ne  peut,  non  plus, 
les  intercaler  toujours  entre  les  deux  genres  parents, 
puisque  nous  voyons,  par  exemple,  les  Alburnus  produire 
des  croisements  avec  quatre  genres  divers. 

Geoffroy-Sainl-Hllaire,  dans  sa  Tératologie,  a  édifié,  il 
est  vrai,  pour  les  monstres,  une  nomenclature  par  familles, 
genres  et  espèces;  mais  ces  cas  tératologiques  ne  s*y 
trouvent  pas  mélangés  avec  les  types  normaux.  Cest  une 
étude  spéciale,  qui  forme  un  tout  homogène. 

M.  Victor  Fatio  a  proposé  un  autre  système  pour  la 
nomenclature  des  hybrides.  Il  construit  le  vocable  qui 
équivaut  à  la  désignation  générique  par  la  combinaison  du 
nom  des  deux  genres  dont  l'hybride  provient,  et  celui  de 
l'espèce  par  une  combinaison  analogue  des  noms  spéci- 
fiques des  deux  espèces  parentes.  L'exemple  d'un  des 
hybrides  les  mieux  connus,  le  Cyprinus  Buggenhagii  de 
Bloch  (Abramis  Leuckarlif  Heckel  —  Abr.  Heckelii,  Selys) 
fera  bien  comprendre  la  formation  et  l'application  de  la 
nomenclature  de  M.  Fatio.  Le  poisson  en  question  provient 
du  croisement  de  VAbr,  brama  et  du  Leuciscus  rutilus^  de 
sorte  que  M.  Fatio  le  nomme  :  Leucisco- Abramis  rutilù^ 
brama. 

C'est  un  système  logique,  mais  qui  nécessite  pour 
désigner  un  hybride  l'emploi  de  quatre  mots  dont  la  con- 
traction, deux  par  deux,  n'est  pas  toujours  euphonique.  La 
place  à  donner  à  ces  espèces  bâtardes  et  leur  dénomina- 
tion peuvent  même  soulever  des  difficultés,  car  il  est  près* 
que  certain,  à  en  juger  par  ce  qui  se  passe  chez  d'autres 
classes  d'animaux,  que  chaque  hybride  peut  se  produire 


(  4029  ) 

ce  que  j^appeilerai  eu  partie  double.  Je  m*explique  :  Je 
suppose,  partant  toujours  du  même  exemple  cité  plus 
haut,  que  les  œufs  de  ÏAbramis  bramai  fécondés  par  le 
m&le  du  Leuciscus  ruiilus,  donneront  naissance  à  un 
hybride  un  peu  différent  de  celui  qui  est  produit  lorsque 
ce  sont  les  œufs  du  Leneiseus  rutilas  qui  sont  fécondés  par 
le  m&le  de  YAbramis  brama. 

Tout  le  monde  connaît  des  exemples  de  ces  croisements 
en  deux  sens  différents,  témoin  le  Mulet^  produit  de  Tàne 
et  de  la  jument,  et  le  Bardeau^  produit  du  cheval  et  de 
rànesse. 

Dans  la  Révision  de  nos  poissons  qui  se  trouve  à  la  fin 
de  ce  discours,  j'ai  trouvé  plus  simple  d*énumérer  tous  les 
hybrides  à  la  suite  les  uns  des  autres,  et  de  les  désigner  de 
la  façon  suivante:  prenant  toujours  pour  exemple  le  pré- 
tendu Abramidopsis  Leuckarli  cité  plus  haut,  je  le  signa- 
lerai donc  ainsi  :  Abramis  brama,  x  Leuciscus  rutilus. 

Les  poissons  hybrides  sont-ils  féconds,  soit  entre  eux, 
soit  avec  des  individus  de  race  pure?  On  ne  possède  pas 
de  données  certaines  pour  répondre  à  cette  question.  Ces 
produits  étant  peu  fréquents,  on  peut  croire,  se  basant 
d'ailleurs  sur  ce  qui  se  constate  chez  les  mammifères  et 
les  oiseaux,  que  la  stérilité  est  la  loi,  la  fécondité  Texcep- 
tioo.  Il  faudrait  instituer  des  expériences  au  moyen  de 
risolement  des  hybrides  d*une  même  sorte  dans  des  étangs 
séparés,  pour  s'assurer  si  ces  Tormes  peuvent  se  repro- 
duire au  point  de  constituer  des  races  fécondes. 

Je  viens  de  signaler  des  questions  d'ordre  scientifique 
qui  pourront  être  élucidées  par  les  procédés  de  piscicul- 
ture actuellement  en  usage.  Je  n'ai  pas  à  m'étendre  aujour- 
d'hui sur  les  avantages  que  cette  industrie  nouvelle  promet 
aux   populations,  en  facilitant  le  repeuplement  de  nos 


(  1030  ) 

rivières.  J'ai  résumé  son  liisloire  rétrospective  chez  nous 
jusqu'en  1866,  dans  le  dibcours  Sur  la  pêche  fluviale  en 
Belgique^  que  j'ai  prononcé  à  la  séance  publique  de  noire 
Classe,  le  16  décembre  de  la  même  année.  —  Plus  tard, 
en  1885,  dans  un  article  sur  le  Repeuplement  de  nos 
cours  d'eau,  inséré  dans  les  Bulletins  de  la  Société  natio- 
nale d'Acclimatation  de  Paris,  j'ai  exposé  quelle  était  alors 
la  situation,  et  ce  que  l'on  projetait  de  faire  pour  y 
remédier.  J'annonçais  la  constitution  par  le  Gouvernement 
(en  1882)  d'une  commission  chargée  d'étudier  les  ques- 
tions qui  se  rattachent  au  repeuplement  des  cours  d'eaa. 

Cette  commission,  composée  d'abord  de  dix  membres, 
n'est  p:is  restée  inactive.  Elle  a  examiné  un  grand  nombre 
de  documents  relatifs  à  ce  qui  a  été  fait  à  l'étranger,  et 
donné  son  avis  sur  ce  qui  pouvait  être  tenté  chez  nous. 

Depuis  1884,  des  quantités  notables  d'alevins  de  plu- 
sieurs espèces  de  salmonidés  ont  été  déposées  dans  les 
petites  rivières  de  la  rive  droite  de  la  Meuse  qui,  par  fa 
nature  de  leurs  eaux  et  du  sol  sur  lequel  elles  coulent,  ont 
été  jugées  favorables  aux  salmonidés.  —  Des  échelles  i 
saumons,  dont  l'aménagement  sera  successivement  amé- 
lioré, ont  été  établies  à  plusieurs  des  barrages  de  la  Meuse 
qui  formaient  obstacle  à  la  remonte  des  saumons. 

Nos  Chambres  législatives  avaient  enfin  voté  en  1877 
une  loi  sur  les  cours  d'eau  non  navigables  ni  flottables^ 
puis  une  autre  loi  sur  la  pêche  fluviale  en  1881. 

Lorsque  leurs  dispositions  auront  été  bien  exécutées  et 
que  le  respect  qui  leur  est  dû  sera  entré  dans  nos  mœurs 
(ce  qui  malheureusement  n'est  pas  encore  arrivé),  ces  lois 
pourront  protéger  le  poisson  contre  le  braconnage,  et 
contre  la  pollution  des  rivières  par  les  matières  qu'on  y 
déverse  et  qui  font  périr  le  poisson. 


ij 


r 


(  1031  ) 

Je  viens  de  prononcer  le  mot  :  pollution  des  eauxl 
C^est  malheureasement  la  plus  grande  pierre  d'achoppe- 
ment, l'obstacle  véritable  auquel  viennent  se  buter  les 
efforts  du  Gouvernement  et  de  la  Commission  de  repeuple- 
ment. 

Noire  regretté  collègue  de  cette  Commission,  feu  M.  de 
Clercq,  inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées,  dans 
un  travail  important  rédigé  à  la  demande  de  M.  le  Ministre 
des  Travaux  publics,  écrivait  à  ce  sujet  :  c  II  ne  peut  être 

>  question  d*interdire  les  industries  dont  le  sort  est  lié  à 

>  rinlérél  général;  mais  il  importe  de  ne  déverser  les 

>  matières  dans  les  cours  d'eau,  qu'après  qu'elles  ont  été 

>  traitées  par  les  moyens  les  plus  efficaces  pour  les  débar- 

>  rasser  de  leurs  principes  malfaisants  pour  les  poissons, 

>  et  qui  le  sont  dans  une  proportion  au  moins  aussi 

>  grande  pour  les  animaux  qui  boivent  ces  eaux  corrom^^ 

>  pues. 

>  On  ne  peut  donc  considérer  la  pollution  comme 

>  suffisamment  atténuée,  tant  qu^on  ne  pourra  pas  y  faire 

>  vivre  le  poisson,  > 

Le  principe  essentiel  de  la  pisciculture  pratique  c'est 
de  ne  répandre  les  alevins  que  dans  les  eaux  où  ils  peuvent 
vivre;  autrement  ce  ne  seraient  pas  des  poissons,  ce  serait 
de  Fargentque  l'on  jetterait  à  l'eau  en  pure  perte. 

En  conséquence  on  ne  peut  songer  à  peupler  de  Salmo- 
nidés les  rivières  de  la  rive  gauche  de  la  Sambre  et  de  la 
Meuse,  ni  celles  du  bassin  de  l'Escaut,  ce  qui  embrasse 
les  deux  tiers  du  territoire  de  la  Belgique.  Si  leurs  eaux 
Q'étaient  pas  contaminées,  elles  seraient  excellentes  pour 
recevoir  une  population  de  Cyprinides,  de  perches,  de 
brochets  et  d'anguilles,  en  choisissant  les  espèces  appro- 
priées à  la  nature  du  terrain,  de  la  végétation  aquatique  et 


' 


(  i052  ) 

des  petits  animaux  dont  les  poissons  forment  leur  nourri- 
ture. 

Mais  la  Commission  de  repeuplement  n*a  pu  jusqu'ici 
proposer  aucune  mesure  de  ce  genre  au  Gouvernement, 
parce  que  presque  toutes  ces  rivières  (si  pas  toutes)  et 
une  grande  partie  de  leurs  a£Quen(s  sont  polluées  ou  même 
empoisonnées  par  les  eaux  et  les  résidus  qu'y  déversent 
les  usines,  à  un  tel  point  que  le  poisson  a  disparu,  de  même 
que  la  plus  grande  partie  des  végétaux  et  des  petits  ani- 
maux (insectes,  vers,  coquillages)  nécessaires  à  sa  sub- 
sistance. 

C'est  frappé  de  cet  obstacle,  qu'on  n'a  pas  essayé 
jusqu'ici  d'écarter  ou  d'atténuer  par  de$  mesures  efficaces, 
que,  peu  de  mois  après  le  vote  de  la  loi  sur  la  pèche  fluviale, 
à  la  fin  de  1881,  j'offris  à  l'Académie  d'instituer  un  prix 
à  décerner  au  concours  de  i884,  dont  la  condition  prin- 
cipale à  remplir  était  :  c  La  recherche  et  l'indication  des 

>  moyens  pratiques  de  purifier  les  eaux  à  la  sortie  des 

>  fabriques  pour  les  rendre  compatibles  avec  la  vie  do 

>  poisson  sans  compromettre  Vinduêtrie,  en  combinant  les 

>  ressources  que  peuvent  offrir  la  construction  de  bassins 
»  de  décantation,  le  filtrage,  enfin  remploi  des  agents 

>  chimiques.  > 

L'Académie  voulut  bien  accueillir  la  proposition  dans  sa 
séance  du  1*'  avril  1882;  mais  à  l'époque  fixée,  qui  était 
le  1"  octobre  1884,  aucun  mémoire  ne  lui  étant  par- 
venu, l'auteur  proposa  de  proroger  le  concours  jusqu'au 
1*'  octobre  1887,  en  écartant  au  besoin  quelques  condi- 
tions subsidiaires  du  programme  primitif. 

Cette  fois  dés  Mémoires  en  réponse  à  la  question  de 
concours  ont  été  envoyés. 


(  1033   . 

Nou8  ignorons  encore  quelles  seront  les  conclusions  des 
rapporteurs  auxquels  ils  sont  soumis  en  ce  moment. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  de  fait  qu*après  la  mise  en 
vigueur  des  règlements  établis  en  Angleterre,  plusieurs 
rivières  contaminées  ont  été  assainies,  et  que,  d'après  des 
documents  communiqués  à  la  Commission  de  repeuple- 
ment, certaines  usines  allemandes  ont  réalisé  le  même 
résultai  et  ont  utilisé  avantageusement  les  produits  de  la 
purification.  Pourquoi  n'en  serait-il  pas  de  même  chez 
nous  ? 

L'industrie,  qui  en  somme  est  la  propriété  particulière 
et  le  profit  de  ceux  qui  l'exploitent,  est  une  des  sources 
principales  de  la  prospérité  publique.  Il  ne  peut  être 
question  de  prendre  des  mesures  qui  en  empêcheraient 
l'exercice. 

Hais  il  est  juste  qu'elle  soit  astreinte,  dans  la  mesure 
du  possible,  à  ne  pas  être  nuisible  aux  autres  intérêts  en 
jeu  qui,  dans  leur  ensemble,  sont  également  respectables, 
puisqu'à  titres  divers  ils  sont  l'apanage  de  toute  la  popula- 
tion. C'est  la  thèse  qu'énonçait  naguère,  mais  d'une  façon 
beaucoup  plus  absolue,  un  hygiéniste  éminent,  membre  de 
l'Académie  de  médecine. 

Il  est  pénible,  en  effet,  d'avoir  à  constater  que  dans  une 
étendue  considérable  du  pays,  les  habitants  qui  possédaient 
des  sources,  des  ruisseaux  et  des  puits  d'eau  pure  indis- 
pensable à  l'alimentation,  à  la  salubrité  et  à  l'hygiène 
publique  en  voient  successivement  frustrés. 

Là,  les  eaux  sont  taries  par  les  travaux  souterrains  des 
naines;  ailleurs  les  usines  les  confisquent  pour  leurs  chau- 
dières et  leurs  lavages  et  en  déversent  le  résidu  corrompu 
dans  les  cours  d'eau.  Les  grandes  villes  s'étendent;  elles 


V  iOU  ) 

réclament  sans  cesse  une  augmenlalion  dans  leur  distri- 
bution d^eaux,  qu*elles  veulent  capter  par  le  drainage  du 
sous-sol,  ou  bien  prétendent  les  amener  de  fort  loin,  en 
accaparant  les  sources  ou  les  rivières  si  nécessaires  cepen- 
dant aux  campagnards  victimes  de  ces  expropriations 
pour  cause  de  nécessités  urbaines,  dommages  que  rien  ne 
peut  compenser.  La  cause  de  ces  exigences  s'expliqae 
par  Taugmentation  excessive  de  la  population  dans  notre 
pays,  où  rémigration  est  difficile  et  répugne  à  ses  instincts. 

Comme  conséquence  de  cette  situation  économique,  le 
travail  manque  fréquemment  et  manquera  davantage  à 
mesure  que  cet  excès  de  population  croîtra  et  que  les 
mines  marcheront  vers  leur  épuisement. 

Quant  aux  poissons,  cette  nourriture  saine,  qni  fut  si 
abondante  et  à  la  portée  de  tous  les  habitants  riverains  de 
nos  cours  d*eau,  ces  poissons  qui  faisaient  en  même  temps 
le  bonheur  du  paisible  pécheur  à  la  ligne  et  le  délassement 
de  l'ouvrier  en  ses  jours  de  fête  ou  pendant  ses  moments 
de  repos,  il  n'existent  presque  plus  dans  nos  provinces  les 
plus  fertiles,  et  si  la  science,  qui  accomplit,  il  est  vrai,  des 
miracles  inattendus  en  ce  siècle  de  progrès,  ne  parvient 
pas  à  concilier  les  intérêts  et  les  exigences  dont  je  viens 
d'esquisser  le  tableau,  les  poissons  d'eau  douce  ne  se  verront 
bientôt  plus  que  dans  les  aquariums  ou  dans  les  musées, 
où  ils  prendront  place  parmi  les  espèces  éteintes,  à  la  suite 
des  animaux  préhistoriques. 


(  4035  ) 


II 


Catalogue  raisonné  des  poissons  d'eau  douce 

de  la  Faune  belge. 

Dans  la  Faune  (i842)  j*ai  suivi  la  classification  du  prince 
Charles  Bonaparte,  qui  avait  adopté  plusieurs  des  ordres 
établis  par  Âgassiz,  fondés  sur  le  caractère  des  écailles, 
notamment  les  Cfénotdes  et  les  Cycloïdes. 

Les  études  faites  depuis  ont  prouvé  que  l'emploi  de  ce 
caractère  souffrait  là  différentes  exceptions,  de  sorte  que 
ces  deux  ordres  ont  été  généralement  abandonnés,  bien 
que  d'une  manière  générale  ils  répondissent  aux  Âcan- 
thoptérygiens  et  aux  Malacoptérygiens  de  Cuvier. 

La  classification  de  Jean  Mûller  semble  aujourd'hui  la 
plus  naturelle.  Celles  de  Siebold  et  de  Gûnther  n'en 
diffèrent  guère. 

C'est  pourquoi  je  suivrai  presque  tout  à  fait  cette  der- 
nière, adoptée  dans  son  grand  ouvrage  Catalogue  of  FisheSf 
dans  lequel  se  trouvent  décrites  toutes  les  espèces  de 
poissons  connues  jusqu'en  1870. 

Dans  la  Faune  belge,  les  noms  vulgaires  des  poissons  en 
dialecte  flamand  n'étaient  pas  indiqués.  Grâce  à  M.  le  pro- 
fesseur P.-J.  Van  Beneden,  qui  les  a  donnés  dans  la  Patria 
belgica,  j'ai  pu,  en  le  copiant,  combler  cette  lacune;  c'est 
donc  à  lui  que  l'on  est  redevable  de  ce  complément. 

J'ai  pu  compléter  ou  corriger  un  petit  nombre  de  noms 
wallon-liégeois  d'après  le  vocabulaire  des  noms  wallons 


(  1036  ) 

d'animaux  de  fen  Charles  Grandgagnage  (18S7).  Ceux-là 
sont  sigoés  :  Gggg.,  entre  parenlhèses. 

M.  le  D'  Victor  Fatio  ayant  décrit  avec  un  soin  scrupu- 
leux les  dents  pharyngiennes  des  Cyprinides,  je  lui  ai 
emprunté  plusieurs  de  ces  signalements  pour  la  diagnose 
des  genres,  en  ayant  soin  d'ajouter  sa  signature  à  ces 
emprunts. 

Dans  la  Faune  belge  se  trouvaient  les  diagnosesde  toutes 
les  Cyprinides.  Je  n*ai  pas  cru  nécessaire  d'en  faire  la 
réimpression,  mais  j'ai  ajouté  naturellement  la  descrip- 
tion sommaire  de  ce  qui  est  nouveau,  notamment  pour 
les  hybrides. 

Cependant,  les  formules  numériques  des  rayons  pour  les 
nageoires  dorsale  et  anale,  ainsi  que  pour  les  rangées 
d'écaillés  au-dessus  et  au-dessous  de  la  ligne  latérale  et  le 
nombre  d'écaillés  sur  cette  ligne  sont  si  utiles  pour  la 
détermination,  que  je  n'ai  pas  hésité  à  les  reproduire  après 
le  nom  de  chaque  espèce. 

Les  abréviations  pour  ces  formules  sont  les  suivantes  : 

D.  Nageoire  dorsale; 

A.  Nageoire  anale; 

Super.  Le  nombre  de  séries  d'écaillés  au-dessus  de  la 
ligne  latérale; 

Infer.  Celui  des  séries  d'écaillés  au-dessous  de  cette 
ligne; 

Later.  Le  nombre  des  écailles  (en  longueur)  sur  cette 
ligne. 


(  1037  ) 
ORDRE  1.  —  ACANTHOPTÉRTOIEHS. 

{Cténoides,  Agassiz,  en  partie.) 

Famille  1.  —  PERCIDES. 
Genre  :  PEBCA.  —  Perche. 

1.  Peroa  flaTlatllls,  L.  —  Perebe  de  rlTlère. 

£n  wallon  Perco  et  Piche,  —  En  flamand  Bae$» 

Commune  dans  presque  toutes  nos  rivières»  mais 
préfère  les  eaux  vives,  sans  exiger  cependant  comme  la 
Truite  un  fond  pierreux.  En  général  ces  deux  poissons 
semblent  s'exclure.  On  ne  trouve  pas  la  Perche  dans 
TAmblève  ni  le  Bocq,  où  la  Truite  est  commune. 

Genre  :  ACKBINA,  Cuv.  -—  Gremille^ 

s.  Aeerlna  eemva»  L.  — -  firenllle  so^JOBalève. 

En  wallon  Oggi.  —  En  flamand  Post, 

Commune  dans  la  Meuse  et  plusieurs  de  ses  a£Duents  à 
fond  pierreux.  Elle  existe  cependant  dans  la  Nèthe,  la  Lys 
et  autres  cours  d'eau  du  bassin  de  TEscaut,  tels  que  les 
affluents  de  la  rive  gauche  du  Démer. 

Famille  II.  —   TRIGLIDES. 
Genre  :  COTTCS,  L.  —  Chabot. 

3.   Cottvs   folilo,    L.   >—  Cbaliot   tètarA. 

En  wallon  Chabot,  —  En  flamand  Clabotskop, 

Très  commun  dans  la  Meuse  et  les  rivières  à  fond  pier^ 
reiix  qui  s'y  jettent;  aussi  dans  la  Lyâ,  le  haut  Escaut  les 
affluents  de  la  rive  gauche  du  Démer,  les  ruisseaux  des 
environs  d- Anvers  ;  se  tien  t  isotis  les  pierres. 


(  1038  ) 

Famille  IIL  —  GASTÉROSTÉIDES. 
Gbnrr  :  OASTEBIMTEVS,  L.  —  Gastérotie. 

4.    €8— eg— «eM   «e«le««v«,    L.    —   CSMitér««te    éplnoehe. 

En  wallon  Spinette,  —  En  flamand  Stekebok,  Paddesteker,  KraeyvUch, 

Uoe  grande  divergence  d'opinions  existe  entre  les 
auteurs  sur  la  question  de  savoir  s*il  y  a  en  Europe  une 
ou  plusieurs  espèces  d'Épinoches  à  trois  épines  dorsales, 
qui  seraient  confondues  sous  le  nom  de  G.  aculeatus,  L. 

Cuvier  et  Yalenciennes  ont  d*abord  établi  quatre 
espèces  :  chez  le  trachurus^  Cuv.  (aculealuSf  Blanchard),  les 
côtés  du  corps  sont  entièrement  armés  de  plaques  osseuses 
jusqu'à  la  nageoire  caudale,  les  dernières  formant  une 
carène  prononcée. 

Chez  le  semiarmaluSf  Cuv.  (de  même  que  chez  le 
semi'loricalus,  Cuv.  Val.  et  le  neuslriantrSy  Blanchard), 
Tarmature  ne  va  que  jusqu'au  niveau  de  la  première 
partie  de  la  nageoire  dorsale  pour  reparaître  ensuite  sous 
la  forme  d'une  carène  de  petites  plaques  avant  la  nageoire 
caudale. 

Chez  le  leturus^  Cuv.  et  Val.,  les  plaques  latérales  ne 
dépassent  pas  le  bout  des  nageoires  pectorales.  Le  reste 
des  flancs  est  nu  jusqu'à  la  nageoire  caudale.  L'armature 
est  analogue  chez  argyropomuSf  brachycentrusj  Mra" 
canthuBj  Cuv.  et  Val.,  et  chez  les  Baillonii,  argenta^ 
tissimus  et  elegansj  Blanchard,  qui  ne  seraient  que  des 
sous-races. 

Pour  proproser  ses  nouvelles  espèces,  le  professeur 
Blanchard  a  utilisé  les  caractères  fournis  par  les  plaques 
de  l'armature  latérale,  la  forme  des  épines  du  dos,  da 
ventre  et  celle  du  prolongement  postérieur  du  bassin. 

EnÛD,  M.  H.-E.  Sauvage,  dans  sa  révision  des  Ëpinoches 


C  1059  ; 

(Nouvelles  archives  du  Muséum,  4874),  admet  pour  les 
deux  continents  arctiques  trente-deux  Gastérostes  à  trois 
ou  quatre  épines,  et  douze  Épinochettes  à  huit  ou  onze 
épines  dorsales. 

Siebold,  Fatio,  Canestrini  sont,  au  contraire,  partisans 
de  n'admettre  qu'une  seule  espèce  pour  le  groupe  de 
Vaculealus,  mais  variable  selon  les  localités  (i). 

Le  D'  Giinther  rapporte  aussi  a  une  seule  espèce  les  trois 
races  principales  européennes  mentionnées  plus  haut; 
mais  il  admet  quelques  autres  formes,  entre  autres  le  5pi- 
nulosus,  Yarrell,  qui  a  quatre  épines  dorsales. 

Pour  moi,  d'après  Texamen  de  nombreux  exemplaires 
belges  des  trois  races  principales,  je  les  considère  comme 
appartenant  à  une  seule  espèce,  et  M.  Gehin  est  du  même 
avis  pour  les  Ëpinoches  de  la  Lorraine,  qui  se  rapportent 
toutes  à  la  race  leiurus,  qu'il  répartit  en  six  variétés 
principales,  parmi  lesquelles  se  rencontre  la  variété  à 
quatre  épines. 

En  Belgique  la  race  (type)  aculealus  ne  se  trouve  que 
vers  la  côte  dans  les  eaux  saumàtres,  les  huitrières  aux 
environs  d'Ostende  et  dans  le  bas  Escaut. 

La  race  semiarmatus  provient  des  mêmes  localités,  de 
même  que  sa  sous-race  semiloricatus.  Ces  Ëpinoches  des 
eaux  saumàtres  sont  toutes  mieux  armées  de  plaques 
latérales  que  celles  des  eaux  douces.  Le  blanc  des  côtés 
du  corps  est  nacré,  argenté.  Cependant  j*ai  trouvé  dans 
les  fossés  saumfttres,  derrière  les  dunes,  de  petits  exem- 
plaires également  brillants,  mais  un  peu  moins  armés. 

La  race  leiurus  est  commune  dans  un  grand  nombre 

(1)  Voyes  le  Prospetto  critico  de  Canestrini  ainsi  que  les  obser^ 
▼ations  du  0'  Piolo  Bonizzi  :  Sutte  variera  deUa  specie  G*  aeuieatui, 
dans  les  Arch.  pour  li  zoologie,  etc.  (Florence,  1869,  pige  I5d). 


(  1040  ) 

de  sources  el  de  ruisseaux  de  Tintérieur  de  la  Belgique. 
Cependant,  je  ne  i*ai  pas  rencontrée  dans  les  cours  d'eau  à 
Truites  qui  descendent  de  TArdenne  et  du  Gondroz. 

Cette  race  existait  dans  le  Geer  en  nombre  immense 
avant  rétablissement  des  sucreries.  Aujourd'hui  elle  est 
reléguée  dans  les  sources  attenantes  à  cette  rivière. 

J*ai  trouvé  dans  des  paniers  d'éperlans  quatre  exem- 
plaires de  cette  race,  très  argentés,  à  épines  dorsales  très 
denticulées,  mais  pas  un  seul  sans  ces  dentelures.  — 
Dans  la  Meuse,  à  Liège,  trois  individus  à  épines  longues 
par  rapport  au  sternum.  —  Dans  le  Geer,  au  contraire, 
les  épines  du  sternum  sont  généralement  courtes  par 
rapport  à  celui-ci;  les  épines  dorsales  sont  fortement  mais 
irrégulièrement  denticulées.  Il  y  a  cinq  ou  six  plaques  laté- 
rales, —  il  s*y  trouve  des  exemplaires  encore  plus  grands 
que  le  Bailloniif  Blanchard  (brachycenlrus)^  dont  un  a 
sept  plaques  latérales. 

Enfin,  au  milieu  de  ces  nombreux  exemplaires  recueillis 
autrefois  dans  le  Geer,  j'en  ai  pris  un  pourvu  de  quatre 
épines  dorsales  non  dentelées,  ce  qui  le  ferait  rapporter  au 
spinulosus  de  Yarrell;  mais  je  suis  porté  à  croire  que  ce 
n'est  qu'une  aberration  individuelle  et  non  une  race, 
puisque  je  n'ai  vu  que  ce  seul  exemplaire  (1). 

Le  D'  Bamps,  parmi  beaucoup  d'exemplaires  ordinaires 
du  bassin  du  Démer,  en  a  pris  (dans  le  Stiemer)  également 
un  à  quatre  épines  non  dentelées  (les  deux  antérieures 
longues)  —  et  un  individu  (Étang  de  Curange)  n'ayant  que 
deux  épines  dorsales,  qui  sont  très  fortement  dentelées,  la 
troisième  étant  avortée.  Ce  serait  une  variété  nouvelle , 
que  Ton  pourrait  nommer  biaculeatus. 


•*-*' 


(4)  Il  y  a  lieu  toutefois  de  faire  de  nouvelles  recherches  sur  cette 
forme  singulière  de  même  que  sur  les  autres  races  ôitées. 


(  4041  ) 


En  flamand  De  Tiendoomige  Stekelbaars, 

Je  D*ai  rencontré  jusqu'ici  en  Belgique  que  la  race  sans 
carène  caudale,  séparée  par  Cuvier  sous  le  nom  de  G.  lœvis 
(à  laquelle  M.  Fatio  rapporte  les  G.  Icevis  —  lotharingicus 
—  et  breviceps  du  professeur  Blanchard). 

Elle  se  trouve  dans  le  Geer.  Je  Tai  rencontrée  également 
dans  les  fossés  derrière  les  dunes  d*Oslende  et  dans  de 
petits  ruisseaux  de  la  rive  droite  de  la  Meuse  près  de 
Maestricht.  M.  le  D'  Van  Bambeke  me  signale  TÉpino- 
chetle  aux  environs  de  Gand,  et  M.  le  D'  Bamps  dans  les 
affluents  du  Démer. 

La  race  type  (G.  pungitius,  L.)  que  je  n*ai  pas  encore 
trouvée,  se  distingue,  éit-on,  de  la  lœvis  par  une  mince 
carène  latérale  de  cinq  très  petites  écailles  ou  plaques 
s'étendant  du  niveau  postérieur  des  nageoires  dorsale  et 
anale  jusqu'à  la  caudale.  M.  Fatio  n'admet  qu'une  seule 
espèce.  La  burgundianus  de  M.  Blanchard  serait  aussi  une 
sous-race  du  type»  ayant  comme  lui  une  petite  carène 
caudale. 

Nos  Épinocbettes  ont  d'ordinaire  iO  rayons  à  la 
nageoire  dorsale  et  9  à  l'anale.  Les  épines  dorsales  sont  au 
nombre  de  huit  ou  neuf.  Il  m'est  impossible  de  les  rap- 
porter absolument  à  l'une  des  formes  de  la  lœvis  décrites 
par  M.  Blanchard.  La  taille  est  trop  faible  pour  son  lœvis 
proprement  dit.  D'après  la  courbure  du  bout  de  la 
mâchoire  inférieure  et  la  branche  montante  de  Farmure 
thoracique  non  élargie,  elle  ressemble  à  son  breviceps  des 
environs  de  Caen,  mais  les  épines  dorsales  ont  une  petite 

3"*    SÉRIE,    TOME    XIV.  69 


(  1042  ) 

membrane  en  voilure  comme  son  lotharingicus  des  ruis- 
seaux de  la  Moselle,  affluents  de  la  Meuse  près  de  Saiot- 
Mihiel.  M.  Blanchard  a  reçu  des  environs  de  Lille  la  forme 
typique  {pungitius)  à  carène  caudale.  Il  lui  attribue  dix 
épines  dorsales,  quelquefois  onze.  Il  est  probable  qu'elle 
existe  dans  quelques-uns  de  nos  ruisseaux  affluents  de 
TEscaut  en  Hainaut  ou  en  Flandre.  La  lotharingicus 
n'aurait  que  huit  épines;  la  breviceps,  neuf  ou  dix.  Pour 
M.  Géhin,  la  forme  habitant  les  affluents  de  la  Meuse  en 
Lorraine  est  la  tœvis. 

ORDRE  II.  —  ANACANTHIEN8. 

(Ma  iacoptéi^gkns  Jugula  ires) 

Famille  I.  —  FLEURON ECTI DES. 
Genre  :  PliEVBOIVECTES,  L.  -—  Pleuroiiede. 

6.  Pleuroaecfefl  flesw,  L.  —  Pleiir«Dec(e«  flei. 

En  flamand  Bot,  Botje. 

Très  commune  dans  les  eaux  saumàtres  de  l'Escaut, 
qu'elle  remonte  assez  haut,  dans  la  Lys  jusqu'à  Gand, 
la  Nèthe  jusqu'à  Westerloo  et  la  Dyle  jusqu'à  Malioes. 
Observée  accidentellement  dans  la  Meuse  et  à  l'embou- 
chure de  l'Ourthe,  également  aussi,  mais  très  rarement, 
dans  la  Moselle.  * 

L'aberration  P.  passer  Bloch  (exemplaires  sénestres) 
n'est  pas  très  rare. 

Famille   il.   —   GADIDES. 
Genre  :  liOTA,  Cuv.  —  Lote. 

7.    Lola   vulgarls,    Cuv.    —    t.ote   eommuDe. 

En  wallon  Boulotte,  —  En  flamand  Lomp, 

Meuse,  Ourlhe,  Escaut,  Lys,  assez  commune. 


(  1043  ) 
ORDRE  m.  —  PHT80STOHE8. 

(Malacoptérygiens  Abdominaux  et  Apodes), 

Famille  I  —  CYPRINIDES. 

SoiiS' famille   1.  COBITINES. 

Genre  :  MISdCBAIIJS,  I^cép.  —  Misgume. 

8.  nUssnriivs  twtmUlmj  L.  —  MIsipmBe  d^étADf. 

D.  7.  A.  G.  Dix  barbillons. 
En   flamand    Weeraal,   Donderaal. 

Se  trouve  daos  les  eaux  vaseuses  affluentes  de  TEscaut, 
la  Lys,  la  Nèthe,  etc.  Assez  commune  aux  environs  de 
Louvain  et  en  Campine,  dans  les  ruisselets  d'irrigation  de 
toute  la  vallée  du  Démer,  d'après  le  D'  Bamps.  Aussi  dans 
le  bassin  de  la  Moselle.  Je  ne  Tai  pas  encore  observée  dans 
celui  de  la  Meuse. 

Je  me  rallie  à  l'opinion  de  Gunther  qui  adopte  pour 
cette  espèce  le  genre  Misgurne  proposé  par  Lacépède.  Par 
ses  dix  barbillons,  il  se  distingue  facilement  des  Cobitis  et 
des  Acanthopsis  qui  n'en  ont  que  six. 

Genre  :  C)OBITIS,  L.  ~  Loche. 

9.   Cobitis  barliaivla,    L.  —   t.oehe  flraiiehe. 

D.  iO.  A.  8.  Six  barbillons. 
En  wallon  Motteye. 

Vit  dans  la  vase  et  dans  les  herbes  aquatiques  de  la 
plupart  des  rivières  et  même  dans  des  ruisseaux  qui  sont 
presque  à  sec  pendant  Tété. 

Autrefois,  en  Hesbaye,  on  faisait  d'excellentes  fritures 
avec  ce  petit  poisson.  Mais  il  est  devenu  rare  et  disparaît 
des  cours  d'eau  contaminés  par  les  industries  agricoles. 


(  1044  ) 

Genre  :  ACAIiTHOPSlS,  Àgassiz.  —  AcatUhopsis.  . 

10.  Aeaatliopsls  tieiil*.  —  Aeantliopsls  rvbMiée. 

D.  8.  A.  7.  Six  barbillons. 
En   wallon   Popioule  (Gggg.). 

Commune  dans  TOurthe,  aussi  dans  la  Meuse  et  dans 
certains  affluents  de  TEscaut.  Elle  a  disparu  de  la  Vesdre 
depuis  que  celte  rivière  est  empoisonnée.  Elle  se  tient 
sous  les  pierres.  M.  Van  Bambeke  me  l'indique  dans  la  Lys. 

M.  Géhin  dit  que  c'est  à  tort  que  Holandre  a  rapporté 
les  exemplaires  de  la  Moselle  au  Cobitis  spilura  de 
Garlier,  de  Liège  (MSS.),  attendu  que  ce  sont  bien  des 
tcenia^  ce  qui  est  vrai.  Mais  Terreur  provient  de  Valen- 
ciennes,  qui  avait  écrit  à  Garlier  que  ses  C.  tœnia  for- 
maient une  espèce  nouvelle. 

Sons-famille  IL  —  CYPRININES. 
Genre  :  QOBIO,  Âg.  —  Goujon. 

11.  Colilo    flnvlatllls,    Ag.   ~    Cionjon    flvTlatlle. 

D.  10.  A.  9.  Super.  VI.  Infer.  IV.  Later.  43. 
En  wallon  Govion,  —  En  flamand  Geuve. 

Commun  dans  les  rivières  ;  aussi  dans  les  étangs. 
Genre  :  BABBIIS^  Cuv.  —  Barbeau. 

12.  BarbM  flnvIatllUi,  Ag.  —  Barbeau  fliiTlatlle. 

D.  11.  A.  8.  Super.  XI.  Infer.  IX.  Lî?ler.  60. 
En  wallon  BarbaL  —  En  flamand  Barbeel. 

Habite  la  Meuse  et  ses  affluents  à  fond  pierreux  ;  se 
trouve  aussi  dans  des  affluents  de  l'Escaut.  Dans  le 
l)assin  du  Démer,  d'après  le  D'  Bamps. 


i 


(  1048  ) 

Variété.  Le  barbeau  jaune  (b.  var.  auratus^  Falio). 

Tout  le  corps  d'une  couleur  orangé-coriacé,  excepté  le 
dessous  jusqu'à  Tanus  qui  est  blanc.  Toutes  les  nageoires 
d'un  rouge  carmin.  Décrit  d'après  un  exemplaire  de  grande 
taille,  pris  dans  l'Ourthe  en  1750  et  peint  d'après  nature 
pour  le  comte  d'Horion,  alors  grand  maître  du  prince- 
évéque  de  Liège.  D'autres  poissons  de  l'Ourthe  étant 
admirablement  peints  par  le  même  artiste,  je  ne  doute 
nullement  de  l'exactitude  du  tableau,  d'autant  plus  que 
M.  Fatio  signale  un  exemplaire  presque  semblable  pris 
dans  un  aJQQnent  de  l'Âar  en  1878. 


Genrr  :  TimCA,  Ag.  —  Tanche. 

13.    Tliiea    ehryslilfl,    Ag.   —    Taaehe    dorée. 

D.  12.  A.  11.  Super.  XXXI.  lofer.  XXI.  Later.  95. 
En  wallon  Tinche.  —  En  Qamand  Laauw. 

Se  trouve  dans  presque  toutes  les  rivières;  aussi  dans 
certains  étangs  marécageux.  C'est  dans  les  bassins  et  les 
abreuvoirs  alimentés  par  des  eaux  pluviales  grasses  que 
l'on  multiplie  le  mieux  cet  excellent  poisson ,  le  meilleur 
à  mon  avis  de  toutes  les  Gyprinides.  Je  n'ai  pas  vu  en 
Belgique  la  variété  allemande  nommée  Tanchor  (Cypr. 
tincauraïuSy  Lacép.);  nos  tanches  ont  toutefois  des  cou- 
leurs vives,  et  l'œil  en  général  rouge  carmin. 


(  1046  ) 


Genre  :  CYPRIIVCS,  L.  —  Cyprin. 

14.   Cyprlnvs  carplo,   L.   —  Cyprin   earpe. 

D.  22-24  A.  8<9.  Super.  YI  (v).  Infer.  VI  Later.  37-38. 

Eo  wallon  Cdpe.  —  En  flamand  KarpeL 
Crrainos  RicihA,  carpio  et  blatus,  Selys,  F.  ôe/^e,  ■«■  If,  15  et  14. 

Gommun  dans  les  étangs;  en  pelil  nombre  dans  les 
rivières.  C'est  un  poisson  d*origine  étrangère,  importé  sans 
doute  dans  le  pays  vers  la  Hn  du  moyen  âge. 

La  Carpe  ne  se  multiplie  pas  dans  les  eaux  de  source, 
à  moins  qu'elles  ne  soient  réchauffées  par  des  écoulements 
d'abreuvoirs  ou  de  champs  cultivés.  En  Campine  on  l'élève 
en  grand.  11  faut  trois  ans  pour  qu'elle  parvienne  à  la  gros- 
seur nécessaire  pour  être  livrée  au  commerce.  On  réserve 
certains  étangs  gras  pour  l'alevinage;  l'année  suivante  od 
pèche  les  alevins  pour  les  distribuer  dans  un  second  étang, 
puis  dans  d'autres  un  an  après.  On  prétend  que  dans  les 
derniers  il  ne  faut  pas  placer  beaucoup  plus  d'une  centaine 
de  Carpes  par  hectare.  On  les  pèche  pour  la  vente  la  qua- 
trième année  et  l'on  sème  des  céréales  au  fond  de  l'étaog 
mis  à  sec,  c'est  une  sorte  d'assolement  successif. 

Le  nombre  de  ces  étangs  en  Campine  a  singulièremeol 
diminué  depuis  cinquante  ans,  par  suite  de  l'extension  des 
plantations  de  pin  sylvestre  et  de  la  culture. 

L'espèce  est  fort  variable.  Dans  la  Faune  belge  j^ai  décrit 
séparément  deux  races,  que  Bonaparte,  Âgassiz  et  Heckel 
considéraient  comme  espèces  distinctes  : 

i""  C.  regina,  Bp.  (hungaricus,  Heckel),  de  forme 
allongée,  à  dos  peu  élevé; 

^  C.  elatus,  Bp.,  forme  ramassée,  à  dos  élevé. 


(  1047  ) 

A  côté  de  ces  races,  qui  se  croisent  entre  elles,  il  existe 
desimpies  variétés  qui  se  maintiennent  lorsqu'on  les  isole. 
Telles  sont  la  Carpe  à  grandes  écailles  (C.  macrolepidotus, 
Klein;  C.  Rex  cyprinorum,  Bloch;  specularis,  Lacép.)  qui 
a  été  importée  d'Allemagne  dans  quelques  étangs  de  la 
province  de  Namur  et  des  Flandres,  et  la  Carpe  sans 
aucune  écaille  (C.  nuduSf  Bloch;  coriaceus^  Lacép.).  Je 
ne  crois  pas  que  celte  dernière  existe  en  Belgique. 

Le  C.  striatus^  Holandre;  Selys,  F.  belge,  n""  15,  pi.  9, 
est  un  hybride  avec  le  carassius,  de  même  que  le  C.  Kol- 
larii,  Heckel.  (Voyez  plus  bas  le  chapitre:  Hybrides.) 

En  France  on  nomme  Carpeaux  des  individus  stériles. 
Ils  sont,  dit  M.  Fatio,  remarquables  par  leurs  formes 
ramassées,  le  dos  charnu,  les  lèvres  épaisses  et  le  corps 
très  comprimé  vers  l'anus.  Les  organes  de  la  reproduction 
sont  atrophiés. 


Genre  :  CYPRIIVOPSIS,  Fitzinger.  —  Cyprimpsis» 

15.   CyprinoiMl*  caraaslvs,  L.  —  Cyprlnopsls  emrmmmln, 

D.  18-21.  A.  8-9.  Super.  VII.  Infer.  V.  Laler.  34. 

CTrunus  oiBBUO,  molks  et  cakamics,  Selys,  F.  6e/(;e,  d«*  16,  17  et  18. 

Vulgairement  Carpe  à  la  lune.  —  En  flamand  Maankarpel. 

On  élève  cette  espèce  et  ses  races  dans  la  plupart  des 
étangs  vaseux.  Elle  a  l'avantage  de  pouvoir  vivre  et  se  mul- 
tiplier dans  de  petites  mares  et  des  abreuvoirs  d'eau  plu- 
viale; c'est  donc  une  ressource  pour  les  localités  qui  ne 
possèdent  pas  d*eau  courante.  On  ne  la  rencontre  que  rare- 
ment dans  les  rivières. 

Dans  la  Faune  belge  ]W  décrit  comme  espèces  distinctes 
le  C.  gibelio  (Gibële)  de  Bloch,  qui  se  distingue  par  un  dos 
beaucoup  moins  élevé  et  moins  comprimé,  en  un  mot  par 


} 


(  iOiS  ) 

une  stature  analogue  à  celle  du  C.  carpioy  type;  pois  le 
C.  moles,  Âgassiz,  qui  est  intermédiaire  entre  les  deux 
races,  dont  il  n*est  probablement  qu'un  métis. 

Il  ne  faut  pas  s'étonner  de  ces  variations  chez  des  pois- 
sons qui  sont  vraisemblablement  d'origine  étrangère.  Les 
variétés  que  Ton  rencontre  chez  le  poisson  rouge  de  la 
Chine  (C.  auratus,  L.),  qui  est  du  même  groupe,  sont  bien 
plus  extraordinaires. 

Je  suis  porté  à  croire  que  la  forme  primitive  est  la  race 
gibeliOf  dont  le  profil  est  plus  conforme  à  celui  des  espèces 
exotiques  du  même  genre»  et  que  les  carassius  à  dos 
excessivement  bossu  et  comprimé  sont  plutôt  une  aberra- 
tion produite  à  la  suite  de  la  culture. 

M.  Blanchard  maintient  pourtant  la  distinction  entre  le 
carasiius  et  le  gibeliOj  s*appuyant  sur  la  forme  des  écailles 
de  cette  dernière,  dont  le  bord  basilaire  n'offre  que  de 
légères  sinuosités  et  non  les  festons  si  prononcés  do 
carassius.  Il  en  donne  la  figure  pages  238  et  241. 

Malgré  la  grande  similitude  entre  les  Cyprinus  et  les 
Cyprinopsis,  je  me  décide  à  accepter  aujourd'hui  cette 
dernière  coupe  parce  qu'elle  se  distingue  facilement  par 
le  manque  de  barbillons. 

Genre  :  BHODEVS,  Àg.  —  Bouvière. 

16.  Rbodevs  iimarii«,  Ag.  —  BonTlère  amère. 

D.    12.   A.   11-tâ.   Super.  XI.   Infer.  XL   Laler.   30  environ. 
En  wallon  Platte  mouse.  —  En  flamand  Biuervoom. 

Se  trouve  dans  la  Meuse,  à  Liège,  etc.  Aussi  dans  le 
bassin  de  la  Moselle.  Les  pécheurs  disent  qu'elle  vît  dans 
la  vase.  Commune  à  Gand  dans  la  Lys. 


(  1049  ) 

Genre  :  ARBAMlSy  Cuv.  —  Brème. 

Heckel  a  réparti  dos  deux  espèces  de  Brèmes  en  deux 
genres  :  les  Abramis  [A.  brama)  ayant  les  dents  pharyn- 
giennes sur  un  seul  rang,  et  les  Blicca  [A.  hjorkna)  ayant 
ces  dents  sur  deux  rangs.  Siebold  a  adopté  ce  démembre- 
ment. 

M.  Fatio  s'y  est  soumis,  tout  en  avouant  que  les  deux 
poissons  sont  excessivement  voisins  et  qu'il  ne  les  aurait 
considérés  que  comme  simples  sous-genres,  s'il  n'avait  cru 
à  l'importance  de  ce  caractère  des  dents.  J'ai  déjà  dit 
dans  mon  discours  préliminaire  pourquoi  je  ne  pouvais 
me  rallier  à  ce  système,  d'autant  moins  que  pour  les  Blicca 
ces  dents  sont  fort  variables  en  nombre.  Dans  la  Faune 
belge  j'ai  donné  comme  caractères  génériques  des  Brèmes  : 
dents  sur  un  double  rang^  ce  qui  n'est  pas  exact  pour 
VA.  brama.  On  a  dit  que  j'avais  donné  les  caractères 
d'après  un  Blicca.  Pour  me  justiOer  je  cite  la  note  que  j'ai 
insérée  page  192  où  je  dis  :  <  Pour  ce  qui  est  des  carac- 
»  tères  génériques  tirés  des  dents  pharyngiennes,  je  me 
»  suis  borné  à  les  transcrire  d'après  M.  Agassiz^  n'ayant 
»  pas  eu  l'occasion  de  les  vérifier  sur  toutes  les  espèces.  > 

Sous-GENRE  I.  —  ABRJLMIS,  Cuv.  Heckel,  Siebold,  Fatio. 
Dents  pharyngiennes  sur  un  seul  rang. 

17.  Abramis  brama,  L.   —  Brème  ordinaire. 

D.  12.  A.  27-30.  Super.  XIUXIV.  lofer.  Vl-VIII.  Later.  »3-58. 
En  wallon  Grande  Dr  âme.  •—  En  flamand  Brasem. 

Commun  dans  la  Meuse  et  les  affluents  de  l'Escaut;  se 
aiultiplie  beaucoup  dans  les  étangs,  les  canaux,  etc. 
C'est,  je  crois,  le  poisson  qui  était  établi  au  moyen  âge 


(  1080  ) 

dans  les  étangs  des  abbayes,  avanl  rintroduction  de  la 
Carpe. 

Il  varie  beaucoup  pour  la  coloration  et  les  proportions 
suivant  Tâge  et  la  nature  des  eaux  (Voyez  le  signalement 
des  variétés  dans  la  Faune  belges  page  217). 

On  considère  maintenant  comme  identiquesà  VA. brama: 

Ahramii  vetala,  Heckcl. 

—  microlepidotus,  AgHssiz. 

—  farenus,  Linné. 
--        argi/reus,  Agassi z. 
~       Gehinif  Blanchard. 

M.  Géhin,qui  se  borne  à  reproduire  dans  son  ouvrage  la 
description  de  r.4.  Gehini  du  professeur  Blanchard,  paraît 
douter  que  Tespèce  soit  réellement  distincte  ;  ce  serait 
plutôt  selon  lui  une  variété  ou  race  nommée  haute  Brème 
par  les  pécheurs  de  la  Moselle. 

Sous-genre  II.  —  WLICCA,  Hcckel. 
Dents  pharyngiennes  sur  deux  rangs. 

18.  Abrainls  bjorkna,  L  —  Brème  bordellère. 

D.    11.    A.    22-26.    Super.    X.    Infer.    V.    Later.   48-52. 

En  wallon  Brame,  —  En  flamand  Blei»  Bliek, 
Abkaiiis  blicca,,  Bloch  ;  Selys,  F.  belge. 

Commun  dans  la  Meuse  et  les  cours  d*eau  du  Brabant. 

Facile  à  distinguer  de  la  brama  parle  nombre  des  ran- 
gées d*écailles  au-dessus  de  la  ligne  latérale,  au  nombre 
de  dix  seulement  (an  lieu  de  là  à  14). 

Dans  la  Faune  j'ai  adopté  le  nom  de  6/tcca,  Bloch,  qui 
était  généralement  admis,  mais  on  a  constaté  que  celui  de 
bjorkna,  Linné,  appartient  à  la  bordelière,  de  sorte  que 


(  lOSl  ) 

je  me  soumets  à  la  loi  de  priorité,  suivant  eu  cela  les 
auteurs  récents. 
Les  noms  synonymes,  d'après  M.  Fatio,  sont  : 

latiM,  Gmelin. 
laskyr,  Pallas. 
aryyroleuea,  Heckel. 
phêfja,  Leske. 

Genre  :  ASPIVS,  Âgassiz.  —  Aspe. 

Agassiz  a  fondé  le  genre.  Aujourd'hui  on  Ta  démembré, 
réservant  le  nom  (VAspius  à  VA.  rapaxy  dont  je  n'ai  pas  à 
m'occuper,  et  chez  qui  le  ventre,  après  les  ventrales,  est 
écailleux,  tandis  que  Heckel  et  les  auteurs  plus  récents 
nomment  Albumw  les  espèces  chez  qui  les  écailles 
n'atteignent  pas  la  crête  du  ventre  dans  cette  partie. 

Il  m'est  impossible  de  trouver  là  un  caractère  assez 
important  pour  y  voir  autre  chose  qu'un  sous-genre. 

M.  Fatio  a  proposé  un  troisième  démembrement  sous  le 
nom  de  Spirlinus  pour  le  bipunctatus  qui  est,  dit-il  avec 
raison,  intermédiaire  sous  plusieurs  rapports  entre  les 
Abramis  et  les  Albumus.  Le  principal  caractère  réside 
dans  les  dents  pharyngiennes.  Par  les  motifs  que  j'ai  déjà 
invoqués,  je  ne  l'admets  qu'en  qualité  de  sous-genre. 

Sous-genre  L  —  8PIRI4IIVIJS,  Fatio. 

Dents  pharyngiennes  en  ongle  crochu  au  sommet  et 
sur  deux  rangées  :  %&  —  4,2  (%A  ou  5,2)  ;  une  arête  nue 
en  arrière  des  ventrales.  La  dorsale  un  peu  en  arrière  des 
ventrales  (Fatio). 

Le  D'  Gunther  place  parmi  les  Abramis  l'espèce  type. 
Je  serais  tenté  d'adopter  cette  opinion,  en  prenant  en 
considération  la  forme  générale  du  poisson. 


(  i052  ) 

D.   11.  A.   18-19.   Super.   IX-X.   Infer.  IV-V.  Laler.  50-52, 

En  wallon  Goge.  —  En  flamand  Zwart  gestipte  alvertyen. 

Je  Tai  observé  dans  la  Meuse,  l'Ourthe,  I^Amblève. 
CotDine  M.  Van  Beneden  indique  le  nom  flamand,  je  sup- 
pose qu'il  existe  dans  quelques  affluents  supérieurs  de 
TEscaut.  Il  fréquente  les  eaux  vives.  xM.  le  D'  Bamps  ne 
l'a  pas  observé  dans  le  bassin  du  Démer. 

Le  Baldneri  de  Yalenciennes  est  de  la  même  espèce, 
mais  revêtu  de  la  coloration  plus  brillante  de  l'époque  do 
frai. 

Sous-genre  II.  ~  ALBIJRIVIJS,  Heckel. 

Dents  pharyngiennes  allongées  franchement  peclinées 
et  sur  deux  rangs  2,5  —  5,2,  une  arête  nue  en  arrière  des 
ventrales.  La  dorsale  très  en  arrière  des  ventrales  (Fatio). 

20.  Asplos  alburnua,  L.  —  Aspe  »Me. 

D.  H.  A.  18-âl.  Super.  VUI.  lofer.  iV.  Laler.  50. 

En  wallon  AblMe,  —  En  flamand  Alvertje, 
Aspiua  ALBoanoiDM,  Seiys,  F.  belge,  n^  Si. 

Commune  dans  TOurlhe  et  autres  affluents  de  la  Meuse 
à  eaux  vives,  moins  fréquente  dans  le  fleuve.  Paraît  rare 
dans  quelques  cours  d'eaux  du  bassin  supérieur  de 
l'Escaut.  Commune  cependant  dans  la  Lys  ainsi  que  dans 
la  Herk  et  le  Mombeek,  affluents  de  la  rive  gauche  du 
Démer. 

Dans  la  Faune  je  l'ai  décrite  comme  espèce  distincte 
sous  le  nom  à^Aspius  alburnoides^  Selys,  parceque  Agassiz 
et  Heckel  ont  considéré  comme  nouvelles  les  Ablettes  que 


(  10S3  ) 

je  leur  avais  communiquées;  maintenant  Siebold  et  Fatio 
réunissent  à  Valburnus  cette  forme  et  (l*autres,  qui  pas- 
sent de  Tune  à  Tautre;  ce  sont,  selon  Fatio  : 


ochrodon,  Fitzinger. 
oblusus,  Hcckel. 
lacuêtrit,  Heckel. 
mirandella,  Blanchard. 
brevicepSf  Heckel. 
Fabrœi,  Blanchard. 


Genre  :  LEVCAIP^PIIJN,  Heckel  et  Kner.  —  Leucaspe. 

Corps  ramassé»  subcylindrique;  dos  arqué ,  ventre 
caréné  entre  les  nageoires  ventrales  et  Tanale.  Bouche 
ascendante,  la  mâchoire  inférieure  redressée,  son  extré- 
mité pénétrant  dans  un  enfoncement  formé  par  les  inter- 
maxillaires, la  mâchoire  supérieure  comme  échancrée  au 
milieu.  Caudale  fourchue.  Dorsale  courte,  Tanale  un  peu 
plus  longue  que  la  dorsale. 

Écailles  non  striées,  très  caduques.  Ligne  latérale 
incomplète  s'arrétant  à  la  huitième  ou  au  plus  à  la 
douzième  écaille. 

Dents  pharyngiennes  variables,  sur  un  ou  sur  deux  rangs; 
leur  rangée  interne  ayant  à  droite  quatre,  rarement  cinq 
dents;  à  gauche  cinq  dents,  quelquefois  une  petite  en 
plus  devant  la  rangée  interne  de  droite.  Couronnes  des 
dents  internes  comprimées  dentées  en  scie  et  courbées  en 
crochet  au  bout. 

Ce  genre  n'était  pas  connu  lors  de  la  publication  de  la 
Faune. 

Par  la  direction  de  la  bouche  il  se  rapproche  des  Âspes, 
mais  s'en  distingue  facilement  par  la  nageoire  anale  courte 
et  la  ligne  latérale  incomplète.  Ce  dernier  caractère  l'éloigné 
des  Leuciscus  qu'il  rappelle  par  la  nageoire  anale  courte. 


(  10S4  ) 

21.  Ijeacaiiplaa  dellBeAtnii,  Heckel.  —  Le«e»Ape  déll^aé. 

D.  il.  A.  U.  Super.  IV.  lofer.  VIl-VIU.  Laier  AS. 

Synonymie  :  SouALioa  dblimbatvs,  Heckel 

LiiictscD6  sTviiPHALiciit,  Valcnc.,  pi.  49rt. 
Aspixis  oursuNKA,  Czernay,  KeK&ler. 
Lbucaspios  abbdptijs,  Heckel  et  Kner 
OwaïAMKA  GzKMiAY,  Dybowsky. 

Yeux  grands.  Dessus  du  corps  verdàtre,  les  côtés  et  le 
dessous  argentés  avec  une  nuance  obscure  à  la  place  où 
serait  la  ligne  latérale  vers  la  queue.  Nageoires  pâles. 

Cette  espèce  si  intéressante  et  tout  à  fait  nouvelle  pour 
notre  Faune,  a  été  découverte  pour  la  première  fois  en 
Belgique,  par  M.  Éoaile  Gens.  Il  a  publié  une  notice  fort 
intéressante  à  ce  sujet  sous  le  titre  de  Noie  sur  un 
poisson  d'eau  douce  nouveau  pour  la  Faune  belge  (Bullet. 
Agad,  belg.,  février  i886).  Il  l'avait  trouvée,  en  1880, 
dans  les  eaux  du  fortin  n""  4  de  l'ancienne  enceinte  des 
fortifications  d'Anvers,  près  de  la  Longue  rue  d'Argile.  Ce 
poisson,  dit-il,  nage  à  la  surface  de  Teau  en  troupes  nom- 
breuses. 

M.  le  D'  Bamps,  dont  l'attention  fut  éveillée  par  la 
découverte  de  M.  Gens,  a  eu  la  chance  heureuse  de 
retrouver  le  delineaius^  au  printemps  de  1886,  dans  une 
perite  mare  appelée  Begyne  Poel  aux  portes  de  HasselL 
C'est  un  étang  minuscule,  tourbeux,  qui  n'est  alimenté  que 
par  les  eaux  pluviales.  Le  delineatus  y  est  fort  nombreux 
et  n'a  pour  compagnon  que  quelques  carpes  et  de  très 
petites  tanches  (voyez  la  notice  du  D' Bamps,  Sur  quelques 
espèces  rares  de  Vertébrés  de  la  Belgique  observées  dans  le 
Limbourg  belge.  Bullet.  de  l'Agad.  de  Belg.  Août  1887). 

L'espèce  n'a  été  observée  jusqu'ici  que  dans  quelques 


(  1055  ) 

contrées  de  l'Europe  orientale, centrale  et  méridionale:  en 
Russie  méridionale,  Moravie,  Gallicie,  Poméranie,  Cour- 
lande,  Prusse  orientale,  lac  Zaraco  (Stymphale)  en  Morée, 
presque  toujours  dans  des  localités  isolées. 

Au  premier  abord  on  la  prendrait  pour  un  alevin  d*une 
espèce  de  Leuciscus  ou  d'Aspius. 

D'un  autre  cdté,  par  sa  taille  excessivement  petite 
(6  centimètres  au  plus),  elle  rappelle  le  véron  (Phoxinus). 

Genre  :  lifiVCISCIJS,  Cuv.  —  Meunier. 

Je  ne  puis  me  décider  à  considérer  comme  des  genres 
tranchés  les  coupes  nombreuses  qui  ont  été  proposées  en 
démembrant  ce  genre,  dont  les  formes  diverses  passent  de 
Tune  à  Tautre.  Pour  moi  ce  sont  de  simples  sous-genres. 
Dans  les  caractères  donnés  dans  la  Faune  il  faut  corriger 
celui  attribué  (d'après  Âgassiz)  aux  dents  pharyngiennes. 
Elles  ne  sont  pas  toujours  sur  deux  rangs  :  il  n*y  en  a 
qu*un  dans  le  sous-genre  Leuciscus  (type  :  rutilus). 

Sous-genre  I.  —  IDVS,  Heckel. 

Dorsale  naissant  au-dessus  des  ventrales.  Dents  pharyn- 
giennes un  peu  crochues  au  sommet,  non  pectinées,  sur 
deux  rangées  3,5—5,3  (Fatio). 

22.  LenclAcos  Idan,  L.  —  Meanler  Ide. 

D.  11.  A.  13  (12  à  14).  Super.  IX  (VIII).  Infer.  IV-V.  Later.  55-Ô0. 

En  wallon  Wenne. 
Ctprihcs  iDus  et  idbabci,  L.  —  Jbsu,  Blocb. 

Commun  dans  plusieurs  cours  d*eau  du  bassin  de 
TEscaut,  rare  dans  la  Meuse.  Non  observé  jusqu'ici  dans 
la  Lys  ni  dans  le  Démer. 


(  1056  ) 

Heckel  a  cru  voir  deus  espèces  parmi  celles  que  je  lui 
ai  communiquées.  La  seconde  que  j*avais  indiquée  avec 
doule  sous  le  nom  de  L.  negleclus  aurait  la  tête  plus 
longue,  le  corps  moins  haut,  la  bouche  étroite,  les  écailles 
moins  nombreuses  (YIII  au  lieu  de  IX  rangs  supérieurs; 
55  latérales  au  lieu  de  60);  mais  il  existe  des  intermé- 
diaires. Ces  variations  se  rencontrent  surtout  chez  les 
espèces  possédant  des  écailles  nombreuses  comme  Yidus, 

La  superbe  race  érythrine  (Cypr.  orfus^  L.),  considérée 
longtemps  comme  distincte,  n'a  pas  été  encore  trouvée 
chez  nous.  C'est  par  erreur  que  Yalenciennes  a  dit  qu'elle 
existait  dans  les  rivières  de  la  Hollande  (voyez  ma  lettre 
dans  la  Revue  zoologique,  janvier  1845). 

Sous-genre  II.  —  SCARDIIVIIJS,  Bonaparte. 

Bouche  oblique.  Dorsale  en  arrière  des  ventrales.  Dents 
allongées  très  pectinées,  sûr  deux  rangs  3,5—5,3  (Fatio). 

23.  I<eaclscu«  erylhroplhalmaM,  L.  —  Meanler  rotensle. 

D.  11  (1-2).  A.  13-15.  Super.  VU  (VUl).  Infer.  IV.  Laler.  40-43. 
En  wallon  Rossette  et  Roêse  difond. 

Commun  dans  presque  toutes  les  rivières,  mais  surtoul 
dans  celles  d*eau  vive.  Aussi  dans  les  étangs.  Se  distingue 
bien  du  rutilus  par  la  bouche  ascendante  et  la  nageoire 
dorsale  en  arrière  de  3  à  5  écailles  par  rapport  aux 
ventrales. 

Malgré  son  nom  spécifique,  l'œil  est  en  général  jaune, 
rarement  rougeàtre. 

Je  possède  une  variété  érythrine.  C'est  un  jeune  exem- 
plaire des  environs  de  Bruxelles,  analogue  pour  la  couleur 
à  la  var.  orfus  de  l'ide,  et  à  la  jaune  du  barbeau.  L'œil  est 
rouge  vif,  le  dessus  de  la  tête  rougeàtre,  le  dos  brun-jau- 


(  1057  ) 

nÂtre,  la  dorsale  el  Tanale  rouges,  les  autres  blanches  à 
rayons  rouges. 

Appartiennent  comme  synonymes,  races  ou  variétés  de 
Yerythrophlhalmus^  selon  M.  Fatio  : 

L.  ecBmleseens,  Yarrell. 
rufnUo,  Dp. 
Scardafa,  Bp. 
hetperidieus,  Nardo. 
dergle,  Heckel. 
Platizza,  id. 
maerophtahnuSf  id. 

Sous-Genre  III.  —  liEUClSCUS,  Cuv.  {Leucos 
et  GardonuSy  Bp.,  1846). 

Bouche  terminale  ou  subinfère.  Nageoire  dorsale  nais- 
sant au-dessus  des  ventrales.  Dents  pharyngiennes 
ramassées,  recourbées,  un  peu  ou  non  pectinées,  but  un 
seul  rang  6  ou  5^5  ou  6  (Fatio). 


2i,  Leaclsevs  rulllns)  L.  —  Meunier  m 

D.  13  (12).  A.  15-14.  Saper.  VIII  (VII).  Infer.  VI.  Later.  45-46. 
En  wallon  Rotêette,  Blanc  Pehon,  —  En  flamand  Gewoone  voom. 

Lbvgucus  Sbltsii,  Heckel,  Selys,  F.  Mge,  n"  t7,  pi.  6. 

—  jBtxt,  (exel.  •yn.),  F,  bêlgt,  no  ts,  pi.  6. 

—  muTiLot,  L.,  F.  belge,  ii«  99,  pi.  7. 

—  mvTiLoiDu,  Selys,  F.  belge,  n«  30,  pi.  7. 

Très  commun  partout,  excepté  dans  les  ruisseaux  de 
TArdenne. 

Espèce  très  variable. 

D'après  les  études  de  von  Slebold,  Fatio,  etc.,  il  y  a 
lieu  de  supprimer  presqje  toutes  les  espèces  que  Ton  a 

O"*   SÉRIE,   TOME    XIV.  70 


(1058) 

établies  à  ses  dépens,  et  de  ne  les  signaler  qu'à  litre  de 
simples  races  plus  ou  moins  locales  qui  passent  encore 
parfois  de  l'une  à  l'autre,  probablement  par  le  métissage. 
Telles  sont  celles  qui  figuraient  dans  la  Faune  belge 
en  1842,  avec  l'approbation  de  Bonaparte,  Âgassiz,  Heckel 
et  Valencienncs  : 

1"*  Leuciscus  rutiloides^  Selys  —  à  dos  plus  arqué, 
élevé,  comprimé.  Tête  étroite.  Œil  plus  petit,  jaune  pâle. 
Aucune  des  nageoires  n'est  jaune  ni  orangée.  Ces  cou- 
leurs sont  remplacées  par  de  locracé  terne,  surtout  aux 
ventrales  et  aux  pectorales.  Rare;  observée  dans  la  Meuse. 

^  Leuciscus  Selysii,  Heckel.  Corps  peu  élevé,  presque 
cylindrique.  OËil  très  grand,  jaune.  Tête  large.  Le  rouge 
des  nageofres  moins  vif  que  chez  le  rulilus  type.  Le  plus 
souvent  orangé;  dos  bleuâtre. 

Cette  forme  est  la  plus  commune  dans  les  étangs  de  la 
Hesbaye.  La  grande  largeur  apparente  de  l'ceil  et  le  dos 
et  le  venhe  amincis,  peuvent  être  en  partie  attribués  à 
l'amaigrissement  qui  se  produit  dans  ces  parties  à  l'époque 
du  frai. 

Dans  Texplication  des  planches  de  la  Fiiune  belge^ 
page  295,  je  disais  déjà  à  propos  de  la  planche  6  repré- 
sentant le  Jeses  et  le  Selysii  :  €  Ces  deux  espèces,  telles 
»  qu'elles  sont  figurées  ici  d'après  nature,  sont  bien  diffé- 
»  rentes  quant  à  la  proportion  de  Tœil  et  de  la  tête,  et 

>  cependant,  malgré  l'opinion  de  M.  Heckel  sur  leur  diver- 
»  site,  je  soupçonne  toujours  que  le  L.  Selysii  n'est  qa'un 

>  état  différent  de  la  Jesse,  peut-être  ce  poisson  au 
»  moment  du  frai,  car  j'ai  trouvé  dans  les  étangs  à  Longer 

>  champs-sur-Geer  beaucoup    dindividus  que  je  ne  sais 

>  à  laquelle  des  deux  espèces  rapporter.  Tous  deux  ont  la 

>  înême  formule  numérique  et  les  yeux  jaunes.  » 


(  1059  ) 

3®  LejeseSf  Selys  (excL  syn.),  se  trouve  dans  les  mêmes 
localités  que  le  Selysii  et  lui  ressemble  par  la  coloration, 
mais  Tœil  est  plus  petit  et  le  corps  plus  épais.  Ce  serait 
une  sous-variété,  se  rapportant  peut-être  à  la  variété 
crassa^  de  Patio,  si  ce  n'est  que  ceux  de  cet  auteur  ont 
l'œil  rouge  comme  la  forme  type  n"*  4; 

4"^  Mon  rutilus^  L.  (type)  est  apporté  en  grand  nombre 
au  marché  de  Bruxelles.  Les  yeux  sont  rouge-aurore,  les 
nageoires  ventrales  et  anale  orangées,  à  rayons  rouge3y 
presque  comme  chez  Yerythrophthaltnus.  On  trouve  aussi 
dans  la  Meuse  cette  forme.  Le  dos  est  verdâtre  (bleuâtre 
chez  le  Selysii). 

Selon  Siebold  et  Fatio,  il  faut  réunir  au  rutilus  : 

L,  jaetdus,  Jurine. 
prasinus,  Ag. 
decipieni,  Ag. 
Selysii^  Heckel. 
jeses,  Selys. 

rutiloides,  Selys,  Valénc. 
Pausingeri,  Heckel. 
Hvidus,  Heckel. 
palieni,  Blanchard. 


Sous-GENRE  IV.  ^VALIIJSy  Bonap.  . 

Bouche  terminale  ou  subinférieure,  nageoire  dorsale 
naissant  au-dessus  des  ventrales.  Dents  pharyngiennes 
crochues  au  sommet,  pectinées  ou  non,  sur  deux  rangs  : 
3,5-5,3  (Fatio). 

Bonaparte  divise  encore  ce  groupe,  appelant  celui  du 
Chevaine  Sqvalius^  et  appliquant  le  nom  de  Leuciscus 
{Sensu  stricliori)  à  la  vandoise  (G.  leuciscus  L.)« 


(  loeo  ) 

25.  LeocUeus  cepliAluS)  L.  —  Heoaler  elieTalBe. 

D.  10-11.  Â.  tO-1 1.  Saper.  TII.  lofer.  IV.  Later.  45 
En  wallon  Gvenne  (Givenne,  Gggg.)  et  Mouni.  ^  En  flamand  Schieier. 

L.  ooBDLA,  Guy.  —  F.  6e/^,  n<»  t4. 

Très  commun  dans  la  Meuse  et  ses  affluents,  mais  pas 
dans  les  eaux  dormantes  ni  les  étangs;  aussi  dans  les 
afiBuents  supérieurs  du  bassin  de  TEscaut,  du  Démer  etc. 

J*ai  adopté  maintenant  le  nom  de  cephalus^  parce  que 
c*est  bien  Kespèce  de  Linné,  au  dire  des  naturalistes  suédois, 
tandis  que  son  C.  dobula  est  synonyme  de  son  C.  leueiscus 
(la  vandoîse). 

Suivant  Siebold  et  les  auteurs  récents,  il  faut  réunir  au 
cephalus 

L.  idus,  Bloch  fexcl.  synon.). 
dobula,  Guvier,  Ag.,  Bp.,  Selys. 
jeses,  iuriiie. 
friffidus,  Valenc. 
latifroM,  Niiss. 
ehtatratus,  Blanch. 
meridionalis,  Blanch. 

26.  Leveifloii*  srlstoglne,  L.  -^  Heosler  ▼andolse. 

D.  10-11.   A.   It.  Super.   Vlll-IX.   Infer.  IV.   Laier.   51-55. 

En  wallon  Raiion  et  Raignon,  —  En  flamand  Witvtsch 
L.  AR«mvs.  Àg.,  Selyt,  F.  belgt,  n9  33. 

Commun  dans  les  rivières  d'eau  vive  et  limpide  comme 
rOurthe,  l'Âmblève,  et  aussi  dans  la  Meuse  et  certains 
affluents  supérieurs  de  TEscaut.  Rare  dans  le  Démer. 

L'espèce  est  assez  \^riable  d'apparence.  J'avais  cm 


(  <06i  ) 

d'abord  y  dislinguer  deux  races,  trouvant  dos  exemplaires 
à  bouche  plus  étroite,  à  corps  plus  comprimé  et  ayant  en 
général  moins  d'écaillés  en  hauteur  (7  rangs  supérieurs  au 
lieu  de  8),  mais  je  n'ai  pu  constater  de  ligne  de  démarca- 

m 

tion. 

Les  noms  de  Linné  ayant  la  priorité,  j'adopte  celui  de 
grislagine.  Dobula  du  même  auteur  y  appartient  égale- 
ment paratt-il,  mais  il  a  l'inconvénient  d'avoir  été  géné- 
ralement attribué  au  cephalus.  Quant  à  la  dénomination 
dWgenteus  Ag.,  il  Tant  bien  y  renoncer  comme  étant  plus 
récente. 

A  cette  espèce  les  auteurs  rapportent  : 

L.  Lancoitriensiâ,  Yairell. 
roitratut,  Ag. 
roden»,  Ag* 
majalis,  Ag. 
burdigalensis,  Blanch. 
lepuseului,  Heckel. 
chalybœus,  Heckek 
Bfamensi»,  Blaneh. 

Genre  :  PHOKIIVVS,  Ag.  —  Véron. 

Ajouter  aux  caractères  :  ligne  latérale  incomplète;  dents 
pharyngiennes  un  peu  crochues  au  sommet,  non  pectinées; 
sur  deux  rangs:  2,5*4,2  ou  2,4-4,2  (Fatio). 

27.  Pli*xiBa0  IatIs,  Ag.  —  Tér^B  Ummm. 

A.  iO.  A.  10.  Super.  XVII.  Infer.  XIV.  Later.  environ  88. 

En  wallon  GrevL 

Très  commun  dans  la  Meuse,  FOurthe  et  les  ruisseaux 
des  Ardennes.  Je  l'ai  vu  également  dans  les  flaques  d'eau 
des  tourbières  aux  environs  de  Bastogne. 


(  1062  ) 

A  Liège,  dans  la  Meuse,  il  se  platt  au  débouché  da 
égouts. 

Genre  :  CHOlVDRIMTOll A,  Ag.  —  Chondrostome. 

Ajouter  aux  caractères  :  dents  pharyngiennes  en  couteau 
plus  au  moins  effilé;  sur  un  seul  rang,  variables  en  nombre: 
8-6;7-7;ou6-S(Fatio). 


28.    Cli*«dro«toiiia    nasas,    —   ChoBdr*s(«iiàe    bi 

D.  12-13.  A.  13-14.  Saper.  IX.  lofer.  VI.  Laler.  60-66. 
En  wallon  Hotiehe  (le  jeune,  Balowe,  Gggg.).  — -  En  flamand  NeusviMch, 

Excessivement  commun  au  mois  de  mai  dans  la  Meuse, 
'  rOurthe  et  autres  affluents  de  la  Meuse  à  fond  pierreux; 
moins  fréquent  pendant  les  autres  saisons. 

Variété  :  Cbo«drosf*m«  «araCas,  Schàfer  (Mosel  Faana). 

Corps  brun-doré,  ventre  plus  clair;  écailles  bordées  de 
blanc  argenté. 

Un  autre  exemplaire,  signalé  par  M.  de  la  Fontaine,  est 
analogue,  mais  il  y  a  15  rayons  à  la  dorsale  et  à  Tanale  et 
67  écailles  sur  la  ligne  latérale. 

M.  de  la  Fontaine  dit  que  les  pécheurs  luxembourgeois 
donnent  le  nom  de  Goldmakrele  à  cette  aberration,  que  Ton 
trouve  quelquefois  dans  la  Moselle  et  son  affluent,  la  Sure. 


(  1063  ) 


Famille  II.  —  SALMONIDES. 
Genre  :  OOREGOIVUS,  Artedi.  —  Carégone. 

S9.   C*res*Bas  oxyrhynelias,    L.   —    Corésoae   •syrliya^ae 

SaUIO   LATARBTUt,  Bloch. 

En  flamand  Uouting, 

Habile  avec  l'Éperlan  l'embouchure  de  TEscaut  et  les 
eaux  saumàlres  du  canal  de  Terneuzen. 

Il  remonle  accideutellemeDl  la  Meuse.  M.  le  professeur 
Edouard  Van  Beneden  en  a  reçu  un  individu  de  taille  rela- 
tivement grande,  péché  non  loin  de  Liège.  Ceux  que  j*ai 
recueillis  au  marché  de  Bruxelles  se  trouvaient  mêlés  iso- 
lément dans  les  paniers  d*Éperlaus,  avec  quelques  Gaste- 
rosteus  aculeatus  type,  qui  habite  aussi  les  eaux  sau- 
màtres. 

Les  autres  espèces  de  Corégones  habitent,  au  contraire, 
les  lacs  profonds  delà  Suisse  et  du  Nord. 

Genre  :  THYMAIXIJS,  Cuv.  ^  Ombre. 

30.  Tbymallvfl  ▼ol^rU,  NUss.,  —  Ombre  comniBBe. 

En  wallon  Ombe. 

Se  trouve  dans  quelques  cours  d*eau  de  TArdenne  et  du 
Condroz,  tels  que  l'Amblève,  TAisne,  a£Quents  de  TOurthe; 
l'Eau  Noire,  à  Saint-Hubert,  dépendant  de  la  Lesse;  le 
ruisseau  d'Hamois,  affluent  du  Bocq.  Accidentellement 
dans  la  Meuse  et  dans  TOurthe. 

Le  cbaulage  des  terres  est  considéré  comme  principale 
cause  de  sa  diminution  et  de  son  extinction  partielle. 


' 


(  1064  ) 


iV.-B.  Cest  par  une  fâcheuse  dislraclion  que,  dans  la 
Faune  belge,  en  adoptant  pour  ce  poisse  o  le  nom  spéci- 
fique vexiliifer,  proposé  par  Agassiz,  je  l'ai  traduit  en 
français  comme  0.  chevalier. 

Le  poisson  nommé  en  français  Omble  chevalier  est  do 
genre  Saumon  (Salmo  umbla  L.  et  Salmo  salvelinus,  id.). 
Il  n'existe  pas  en  Belgique,  mais  se  rencontre  accidentelle- 
ment dans  la  Moselle,  descendant  des  lacs  des  Vosges.  En 
ce  moment,  on  essaie  de  Tacdimater  dans  le  nouveau  lac  ^ 
formé  par  le  barrage  de  la  Gileppe. 

Genre  :  OSMERIJS,  Artedi.  —  Éperlan. 

31    RperlAii   «HHaAlre.    ~    ••merns   eporlaiiaii,    L. 

Commun  à  l'embouchure  de  l'Escaut,  qu'il  remonte  en 
automne  pour  frayer  parfois  en  amont  d'Anvers.  M.  Van 
Beneden  (père)  cite  Rumpst  comme  le  lieu  de  la  pécbe 
principale  de  cet  excellent  petit  poisson. 

Genre  :  SALMO,  L.  —  Salmone. 

On  a  voulu  subdiviser  le  genre  Salmo  en  autant  de 
genres  qu^  nous  possédons  d'espèces,  sur  de  légères  diffé* 
rences  dans  la  disposition  des  dents  vomériennes.  Il  m'est 
impossible  do  me  rallier  à  ce  système. 

32.  0«lBi«  Milar,  L   —  0«liiioiie  Mi«Bi«ii« 

En  wallon  Sdmon,  le  jeune  âge,  AUon  et  Spiterai  (Gggg*„ 
en  ancien  liégeois,  Ancrawe  (Gggg.).  —  En  flamand  Zalm, 

Remonte  régulièrement  et  eu  assez  grand  nombre  U 
Meuse  en  automne,  pour  aller  frayer  dans  ses  afflueots  i 
fond  pierreux,  jusque  dans  l'Ardenne,  lorsque  les  moulins 
à  eau  ne  l'en  empêchent  pas. 


(  1065  ) 

Le  noml>re  des  saunions  a  singulièremcnl  diminué 
depuis  rétablissement  des  barrages  cl  la  canalisation  d*une 
partie  de  la  Meuse.  On  s'occupe  de  rétablissement  d^échelles 
à  saumons  aux  barrages,  pour  obvier  à  ce  grav^  préjudice 
causé  à  une  pèche  qui  était  fort  lucrative.  Il  est  très  rare 
que  le  saumon  remonte  l'Escaut. 

Ceux  que  les  mœurs  du  saumon  intéressent  trouveront 
tous  les  renseignements  voulus  dans  le  livre  de  M.  Gens 
sur  la  pisciculture  (voir  les  notes  bibliographiques). 


Note,  9alBi«  iratta.  L.  Siebold.  —  0aliii«Be  Mian^née. 

Vulgairement  Truite  de  mer.  Truite  saumonée, 

Sauio  aioihtidi,  Valeoeiennet. 
Salmo  lacuitam  et  Salmo  tbutta,  L. 

Une  grande  confusion  existe  relativement  à  divers  pois- 
sons appelés  vulgairement  Truites  saumonées. 

Il  est  encore  très  douteux  si  le  S.  trutta  qui  habite  la 
mer  et  remonte  les  rivières  pour  frayer  se  rencontre  dans 
la  Meuse.  Cesl  possible,  mais  ce  n'est,  pas  bien  constaté. 
On  le  confond  peut-être  avec  le  saumon  à  l'époque  (On 
automne)  où  la  chair  de  celui-ci  est  très  pâle. 

Le  poisson  que  les  pécheurs  de  nos  ruisseaux  appellent 
Truite  saumonée  est  tout  bonnement  la  truite  ordinaire, 
mais  à  chair  un  peu  jaunâtre  ou  rose.  On  ne  connaît  pas 
bien  la  cause  de  cette  coloration,  qui  n'est  pas  rare  et  qui 
s*observe  chez  des  individus  pris  au  milieu  de  ceux  à  chair 
blanche,  dont  ils  ne  diffèrent  nullement  sous  d'autres 
rapports  II  esta  remarquer  d'ailleurs  que  M.  Van  Bemmelen 
ne  l'admet  pas  parmi  les  poissons  des  côtes  de  Hollande. 


e  10C6  } 

93.  Salmo  ffarl«,  L.  —  Salaioiie  trnlce. 

En  wallon  Treutte. 

Espèce  commune  autrefois  dans  lous  nos  cours  d*eau  à 
fond  pierreux  du  bassin  de  la  Meuse. 

Aujourd'hui  elle  a  lout  à  fait  disparu  de  la  Vesdre 
à  cause  de  Tempoisonnement  de  l'eau  par  les  fabriques 
de  Yerviers  ;  elle  a  été  chassée  de  la  Sambre  de  la  même 
manière;  mais  elle  existe  encore  dans  différents  ruisseaux 
de  la  rive  droite  de  la  Meuse,  notamment  dans  la  Berwinne« 
rOurthe,  TAmblève,  le  Bocq,  la  Lesse,  la  Semois  et  d*aulres 
cours  d^eau  du  Luxembourg. 

On  connaît  des  variétés  obscures  (S.  sylvaticus)  et 
d'autres  pâles. 

Pour  des  détails  sur  celle  espèce,  je  renvoie  égalemenl 
à  l'ouvrage  de  M.  Gens  sur  la  pisciculture. 

Famille  III.  —  CLUPÉIDES. 
Genre  :  AliOSA,  Cuv.  —  Alose. 

34.    Al«Mi    vulffarU,    Cav.   —    Alose   «oMMaae. 

En  wallon  AUne  et  Abeye,  à  Namar,  Oubie,  —  En  Qamand  Eljte. 

r  Remonte  la  Meuse  en  grand  nombre  du  10  avril  au 
commencement  de  mai.  Elle  était  fort  commune  à  Liège 
àcelte  époque  avant  l'établissement  des  barrages  et  arrivait 
jusqu'à  Huy,  parfois  jusqu'à  Namur.  Comme  elle  ne  peut 
plus  franchir  ces  obstacles,  on  ne  la  pèche  plus  qu'en  des- 
sous du  barrage  de  Visé,  et  bon  nombre  de  celles  qui  se 
vendent  à  Liège  proviennent  de  la  Meuse  hollandaise.  Elle 
se  trouve  aussi  dans  le  ba»  Escaut. 


(  1(H)7  ) 


35.    Al«a*   fluia,    Cut.    —    Alo«e    Unie. 

En  flamand  Meyvisch  {Schoi  à  la  Panne). 

Très  commune  dans  TEscaut  qu'elle  remonle  dans  le 
mois  de  mai,  un  peu  plus  tard  que  Talose  commune; 
M.  Van  Beneden  constate  que  Ton  en  prend  aussi  à  la  c6te 
et  dans  Tarrière  port  d*Osleude,  et  que  les  petits  poissons 
connus  à  Ostende  sous  le  nom  de  Scardegnes^  que  Ton 
prend  en  abondance  à  l'estacade  du  port,  joe  paraissent  être 
en  général  que  des  jeunes  de  cette  espèce. 

Il  la  signale  aussi  dSins  là  Meuse,  probablement  dans  la 
basse  Meuse;  car  les  pécheurs  à  Liège  ne  connaissaient 
qu'une  sorte  d*alose. 

Comme  le  dit  le  professeur  Blanchard,  Cuvier,  le  pre- 
mier,  distingua  la  fin  te  qui  se  caractérise  par  sa  forme 
plus  allongée,  ses  dents  plus  fortes  aux  deux  mâchoires, 
et  cinq  ou  six  taches  noires  le  long  des  flancs.  M.  Blan- 
chard appuie  avec  raison  la  séparation  d*après  Tobserva- 
tion  de  M.  Troschel,  professeur  à  Bonn,  qui  reconnut  que 
chez  la  finte  les  arcs  branchiaux  portent  un  nombre  de 
lamelles  bien  moins  considérable,  39  à  43  chez  les  deux 
premiers,  33  à  34  sur  le  troisième,  23  à  27  sur  le  qua- 
trième; tandis  que  chez  Talose  commune  il  y  en  a  99  à 
118  sur  le  premier  arc,  96  à  112  sur  le  deuxième,  74  à  88 
sur  le  troisième,  enfin  56  à  65  sur  le  quatrième. 


1 


(  1068  ; 


Famille    IV.    —   É  SOC  IDES. 

Genre  :  ESOX,  L.  —  Brochet. 

36.    Rsox    Inelait,    L.   —    Br«ehei   «•■iiiiaB. 

En  wallon  Bicheu  —   En  flamand  Snoek, 

Se  trouve  dans  les  rivières  et  les  étangs  de  toute  la 
Belgique. 

Famille  V.  —  MVRÉNIDES. 
Genre  :  AlvemiiLA,  Cuv.  —  Anguille. 

37.   AnfalIlA   ▼nlffarlfly   Gav.   —   Ansnllle   e^amiaBft. 

En  wallon  Awele,  —  En  flamand  Paling  et  ÀaL 

Commune  dans  toutes  les  eaux,  également  sur  la  côte 
et  à  l'embouchure  de  TEscaut. 

On  croit  généralement  que  la  reproduction  n'a  lieu  que 
dans  Peau  salée  ou  saumàtre,  où  descendent  à  la  fin  de 
l'automne  beaucoup  d*anguilles;  cependant,  M.  le  profes- 
seur Yan  Beneden  pense  qu'elles  se  reproduisent  égale- 
ment dans  Peau  douce,  qu'elles  sont  ovovivipares  et 
déposent  leurs  jeunes  dans  une  espèce  de  nid  au  milieu  de 
la  vase. 

Je  n'ai  pas  connaissance  toutefois  qu'on  ail  jamais 
trouvé  dans  nos  étangs  ni  dans  nos  rivières  supérieures 
ces  filaments  si  petits  qu'on  appelle  la  montée^  qui  sont  de 
très  jeunes  anguilles  et  qui  se  voient  par  myriades  aa 
printemps  à  l'embouchure  des  fleuves  dans  les  eaux 
saumàtres. 

Dans  des  étangs  sans  issue  où  l'on  place  de  jeunes 


C  1069  ) 

anguilles,  elles  y  piospèrent  et  devieoDeat  énormes,  mais 
ne  produisent  pas.  Dans  ceux  qui  ont  une  communication 
avec  une  rivière  ou  un  ruisseau,  de  jeunes  anguilles  ont 
rinstinct  de  pénétrer,  mais  toujours  après  avoir  atteint 
une  certaine  taille,  au  moins  celle  de  la  petite  lamproie. 

Dans  la  Faune  j'ai  admis  comme  espèces  les  trois  formes 
acuHrostris,  mediorosiris  et  latirostris,  démembrées  de  la 
vulgaris  par  Yarrell.  On  a  même  poussé  plus  loin  encore 
la  subdivision  en  espèces. 

Mais  des  intermédiaires  existent  dans  la  forme  apparente 
de  la  tête  et  des  mâchoires,  de  sorte  que  Siebold  ne  recon- 
naît qu'une  seule  espèce;  Guntber  en  admet  deux  :  la 
vulgaris  {acutirostris)  et  la  latirostris,  s'appuyanl  princi- 
palement sur  la  situation  du  commencement  de  la  nageoire 
anale  et  sur  le  développement  des  lèvres. 

Je  ne  me  permets  pas  d'émettre  une  opinion  entre  ces 
deux  grandes  autorités. 

ORDRE  IV.  —  GANOIDE8. 

Famille  :  ACIPENSÉRIDES. 
Genre  :  ACIPEIUSEB,  B.  —  Esturgeon. 

3S.    Aelpenscr    ■tnrlo,    L.    —    Eninrseon    •rëlnalre. 

Commun  à  Tembouchure  de  l'Escaut  et  de  la  Meuse, 
qu'il  remonte  au  printemps,  assez  souvent  jusqu'à  Liège 
et  quelquefois  plus  haut. 

iV.  B.  Rien  n'est  venu  confirmer  l'apparition  d'une 
seconde  espèce,  que  feu  le  D"  Constant  Yan  Haesendonck 
pensait  avoir  vue  à  Anvers,  et  que  j'avais  d'abord  soup- 
çonné pouvoir  se  rapporter  à  VA.  lalirostris  de  Yarrell  et 
ParnelL 


(  1070  ) 


Noie. 

Aucun  poisson  de  Tordre  des  Plagiostomes  n'habite  le» 
eaux  douces  de  la  Belgique.  Cependant^  M.  le  professeur 
Edouard  Van  Beneden  a  constaté  à  Liège  même  la  capture 
d'un  jeune  individu  de  la  Raie  bouclée  {Raïa  clavaia,  L.). 

C'est  un  fait  accidentel  fort  curieux. 


ORDRE    V.    —   CTCLOSTOMES. 

Famille  :  PÈTROMYZONIDES. 
Genre  :  PETROilVZO!V9  L.  —  Lamproie. 

39.    Pelromysoii    luArliias,    L.    —    I««iiiprole    de    ater. 

En  flamand  Zeelamprey. 

C'est  un  poisson  de  mer  qui  remonte  assez  souvent 
l'Escaut  et  même  la  Meuse  belge  en  avril  et  mai.  M.  Van 
Beneden  mentionne  qu'on  l'a  pris  aussi  dans  le  Démer; 
M.  Van  Bambeke  m^indique  qu'on  l'a  trouvé  accidentel- 
lement dans  la  Lys. 

Le  jeune  âge  est  encore  inconnu. 

40.  Petromysom  flaviACiiu,  L.  —  liamprole  de  rivière. 

En  wallon  Amprote.  —  En  flamand  Ragenoog, 

Se  trouve  dans  la  Meuse,  l'Ourthe,  l'Escaut  et  quelques^ 
uns  de  leurs  affluents.  Peu  commune.  Rare  dans  le  Démer. 
On  ne  connaît  pas  le  jeune  âge. 


(1074  ) 

,  N.  B.  —  M.  le  professeur  P.-J,  Van  Beneden  {Bullef. 
Acad.  Belg.^  1875,  II,  p.  549,  fig.  1-5)  a  décrit  une  espèce 
nouvelle  de  Lamproie  qu'il  a  dédiée  a  feu  M.  d'Omalius, 
sous  le  nom  de  Petromyzon  Omalii.  Elle  esl  commune, 
dit-il,  entre  Nieuport  et  la  Panne,  etTeu  M.  Eug.  Coemans 
Ta  vue  à  Blankenberghe.  Les  pêcheurs  de  crevettes  la 
prennent  communément  dans  leurs  filels.  M.  Malm  Ta 
trouvée  en  Norwège. 

Cette  forme,  qui  n'a  pas  encore  été  observée  dans  les 
eaux  douces,  est  voisine  de  la  fluvialilis.  M.  Gunther  pré- 
tend même  qu'elle  n'en  est  pas  spécifiquement  distincte. 
Les  pécheurs  belges  la  nomment  en  flamand  Lamprey^ 
et  PrikkeL 

Dans  ses  additions  à  la  faune  ichtyologique  de  nos 
c6le&  [Bullef.  Acad.y  1885),  M.  le  professeur  Edouard  Van 
Beneden  fils  dit,  à  propos  de  l'opinion  de  Gunther  et 
d'autres  ichtyologistes  :  t  J'hésite  beaucoup  à  croire  que 
»  ces  doutes  (sur  la  validité  de  l'espèce)  soient  fondés. 
»  Le  P.  Omalii  a  un  tout  autre  faciès  que  le  fluviatilis. 

I  II  a  le  corps  comprimé  transversalement;  il  a  du  côté 
»  du  ventre  f  t  des  flancs  des  reflets  argentés  très  accusés; 
»  la  tète  est  comprimée  et  beaucoup  plus  petite  que  chez 
»  le  fluvialilis,  La  bouche  a  une  autre  forme  et  une  autre 
»  position;  les  papilles  labiales  sont  très  difliérentes.  i 

II  donne  ensuite  des  renseignements  sur  la  taille,  qui  varie 
de  15  à  52  centimètres,  et  sur  les  organes  sexuels  qui,  chez 
le  plus  grand,  n'étaient  encore  qu'au  tiers  de  leur  dévelop- 
pement, de  sorte  que  chez  cette  espèce  (si  elle  subit  une 
métamorphose)  l'adulte  continuerait  à  s'accroître.  L'intes- 
tin est  aussi  très  large ,  tandis  qu'il  est  très  grêle  chez  le 
fluviatilis. 


(  1072  ) 

M.  Edouard  Van  Beneden  étant  un  excellent  observa- 
teur, je  suis  fortement  porté  à  croire  à  la  validité  de  l'es- 
pèce^  qui  assez  probablement  sera  observée  plus  tard  dans 
le  bas  Escaut,  cequi  lui  donnerait  droit  à  figurer  parmi  nos 
poissons  de  rivière. 


41.  Pclr«niyKOii  bramehlalls,  L.  —  I.aiuprole  branelilAle. 

En  wallon  Trawpire  (Troue  pierre). 

PmoMTxoM  Planiki,  Bloch.,  Selys,  F.  belgêf  no  Si  (Adulte). 
Ammocatii  BKàRCHiiLis,  L.  Selys,  F,  Mge,  n9  53»(Larve). 

Habite  la  Meuse  et  une  partie  de  ses  affluents;  je  Tai 
trouvée  jusqu'aux  environs  de  Virton  dans  les  eaux  cou- 
rantes. Commune  dans  le  Bocq.  Également  dans  certains 
affluents  de  TEscaut,  Dyle,  Démer.  Pas  encore  observée 
dans  la  Lys. 

L*adulte  s'altacbe  aux  pierres,  surtout  à  celles  des  bar- 
rages et  des  vannes,  en  s'y  fixant  par  sa  bouche  formant 
ventouse  à  la  manière  des  sangsues. 

La  larve,  dont  la  bouche  a  une  toute  autre  conformation, 
a  été  décrite  par  Linné  sous  le  nom  de  P,  branchialis^ 
nom  spécifique  qui  a  la  priorité  sur  celui  de  Planeri^  Blocb. 
Duméril  a  constitué  pour  celte  larve  le  genre  Ammocœles, 
C'est  à  M.  Aug.  Muller  que  l'on  doit  la  découverte  inatten- 
due de  la  métamorphose  étonnante  que  subit  cette  espèce 
et  qui  a  lieu  sans  doute  aussi  chez  les  autres  Petromyzon. 
Cette  larve  ressemble  à  un  ver  de  terre  et  se  tient  dans  la 
vase  pendant  deux  ou  trois  ans,  puis  la  métamorphose 
s'accomplit  en  peu  de  temps.  L'adulte  transformé  Tait  sa 
ponte  et  meurt  probablement  bientôt  après. 

Dès  1808  (dans  le  Journal  de  physique,  de  chimie  et 
d'histoire  naturelle  de  Paris,  page  549),  M.  d'Omalius 
d'Halloy  a  publié  un  mémoire  sur  la  Planeri  et  la  bran- 


(  1073  ) 

chialis,  dont  il  avait  observé  les  mœurs  dans  le  Bocq  à 
Halloy.  Il  lit  connaître  la  grande  différence  dans  les  formes 
et  les  habitudes  de  ces  deux  espèces  nominales,  dont  on 
n'a  constaté  que  cinquante  ans  après  l'identité  spécifique, 
par  la  découverte  de  ce  genre  de  métamorphose,  unique 
jusqu'ici  parmi  les  poissons. 

III. 

CYPRINIDES  HYBRIDES. 

A.  Gyprinus  carplo»  L.  x  Cyprinopsis  carassius,  L. 

D.  23.  Â.  8-9.  Saper.  VII-VIII.  Infer.  VI.  Later.  36. 

CTruMus  KoLLABu,  Heckel,  Blanchard. 

C  STAUTDS,  Holandro  ;  Selys,  F.  Mgê,  09  15,  pi.  IX. 

G.  SinoLoi,  Jiickel. 

G.  iLATUf  (pars),  S«ly8,  F.  belge,  n9  14. 

Gakvio  Kollabu,  Heckel,  Siebold. 

G^aAMo-CTrainus  Vouso-cAano,  Fatio. 

Vulgairement,  Carpe  blanche  ou  bâtardée.  —  En  wallon,  Moldiuse  (Gggg.). 

Ces  hybrides  sont  assez  communs  dans  les  étangs  où  se 
trouvent  ensemble  le  C.  carpio  et  le  C.  carassius. 

Leur  dos  est  moins  élevé  lorsqu*ils  proviennent  de  la 
race  gibelio  du  carassius.  Tel  est  Texemplaire  que  j'ai 
figuré  dans  la  Faune  belge  sous  le  nom  de  striatus 
Holandre. 

Le  C.  Sieboldiij  Heckel,  provient  de  la  variété  rex  cypri- 
norum  du  C.  carpio. 

Les  barbillons  sont  excessivement  courts.  L'une  des 
deux  paires  est  parfois  tout  à  fait  atrophiée, 

Yalenciennes  et  Blanchard  n'ont  pas  cru  à  Thybridité. 

Heckel  forme  un  genre  spécial  pour  cet  hybride,  sous  le 
nom  de  Carpio. 

5"**   SÉRIE,   TOME   XIV.  71 


(  1074.  ) 

B,  CyprinuB  Gafplo»  L.  x  Gyprinopsfs  auratos,  L. 

J'ai  vu  ce  produit  dans  un  étang,  à  Hontaine  (province 
de  Namur),  chez  M.  le  baron  d*Huart. 

li  atteint  une  taille  plus  forte  que  le  poisson  rouge  de 
la  Chine  (C.  auratus).  Il  possède  de  petits  barbilloos. 
Sa  coloration  est  d'un  brun  doré  plus  rougeâtre  que  la 
carpe. 

M.  Géhin  l'a  également  observé. 

C'est  ici  le  lieu  de  noter  que  le  Cyprinopsis  auratus,  L. 
s'acclimate  facilement  dans  nos  étangs,  et  se  multiplie 
abondamment  surtout  dans  les  bassins  dont  l'eau  à  une 
température  assez  élevée.  Je  n'ai  pas  numéroté  cette 
espèce  parmi  celles  de  notre  Faune,  parcequ'elle  a  été 
importée  de  la  Chine  et  n'existe  pas  à  l'état  spontané  dans 
nos  cours  d'eau. 

c,  Cyprinus  Carplo,  L.  x  Tlnca  Gbrysitis,  Agas&îz. 

M.  Emile  Gens  (dans  son  rapport  sur  l'Exposition  de 
Berlin  en  188Ô)  en  a  vu  des  exemplaires  produits  artificiel- 
lement chez  M.  Robert  Echardt,  à  son  établissement  de 
pisciculture  de  Lubhinchen,  près  de  Guben. 

N.'B.  Pas  encore  observé  en  Belgique. 

D.  Abramis  brama,  L.  x  Leaciscus  erythropthalmus,  L. 

D.  13.  A.  20-âi.  Super.  X-XI.  Infer.  V.  Later.  48. 

Bleuâtre  en  dessus,  blanchâtre  sur  les  côtés  et  eo 
dessous.  Dorsale  gris  clair;  lobes  de  la  caudale  mêlés 
d'ocracé  au  bout;  anale  gris  pâle,  un  peu  ocracée  au  bord 
basai,  ainsi  que  les  ventrales.  Pectorales  un  peu  olivâtres. 


(  1078  ) 

Museaa  peu  renflé,  mâchoires  égales,  la  bouche  fendue 
vers  le  bas  comme  chez  Verythrophthalmus.  Œil  blanc 
jaun&lre  clair,  avec  une  lâche  supérieure  foncée,  compris 
deux  fois  entre  son  bord  postérieur  et  celui  de  Topercule. 
Corps  modérément  comprimé.  Dos  peu  tranchant;  sa  crête 
bien  garnie  d*écailles. 

La  position  de  la  nageoire  dorsale  rappelle  Verythroph- 
thalmus, étant  plus  en  arrière  que  chez  Thybride  de  brama 
avec  rutilus,  dont  il  diffère  encore  par  la  tète  plus  courte, 
l'œil  plus  grand  et  les  deux  mâchoires  égales. 

J'en  ai  observé  quelques  exemplaires  dans  l'étang  à 
Longchamps-sur-Geer,  depuis  que  j'y  ai  introduit  Y  A. 
brama. 

â\  .Abramls  brama,  x  Leuclscùs  rutilus»  L. 

D.  12-13.  A.  18-20.  Super.  X  (rarement  XI>.  Infer,  V.  Later.  48-53. 

AiAAMXt  LiucKABTi,  Heck.  Vanlenç. 
A.  HscKiui,  Selys,  F.  Mg9y  nP  3»,  pi.  VIII. 
CTrainni  BuacniBAflu,  Blocb.  Valenc.  —  Blanchard. 
AiBAKBorsif  LincKAmn,  Siebold. 
Livcisco-AïaAKt  BVTiLO-BaAMA,  Fatîo* 

Se  rencontre  assez  souvent  dans  nos  rivières  et  nos 
étangs.  En  1842,  je  l'ai  décrit  comme  espèce  nouvelle  sur 
l'avis  de  Heckel,  qui  le  croyait  distinct  de  son  Leuckarti, 
parce  qu'il  lui  trouvait  le  corps  plus  svelte,  le  dos  moins 
arqué  et  le  nez  plus  charnu. 

Maintenant  on  sait  que  l'un  et  l'autre  ne  sont  que  des 
croisements  de  brama  et  de  rutilus.  Il  a  paru  dans  mon 
étang,  â  Longchamps-sur-Geer,  peu  d'années  après  Fintro- 
duction  du  brama.  Il  faut  ajouter  comme  un  des  caractères 
propres  à  le  distinguer  de  brama,  l'absence  de  ligne 
dénudée  sur  le  dos. 


(  1070  ) 

?  F^  Abramis  brama,  L.  x  Asplus  albumus»  L. 

M.  Géhin  parle  d'un  poisson  que  les  pécheurs  de  la 
Moselle  appellent  Ablelle-brème  qui,  selon  eux,  n*esl 
qu'un  métis  de  Ta/Aurnu^  cl  du  brama  et  qui  serait  beau- 
coup plus  haute  que  Valburnus.  tlle  atteindrait,  selon 
Holandre,  6  pouces  sur  une  hauteur  de  1  pouce  4  lignes. 
On  la  pèche  souvent  dans  les  fossés  de  Metz  et  dans  la 
Moselle.  11  ajoute  qu'elle  doit  être  identique  avec  mon 
alburnoide.  Kn  cela  il  y  a  erreur,  la  race  que  j'ai  nommée 
ainsi  n'ayant  pas  le  corps  notablement  plus  élevé  que  le 
type. 

C'est  probablement  un  hybride,  comme  le  pensent  les 
pécheurs. 

G.  Abramis  lijorkna,  L   x  Leuciscus  erythropbtliatmus,  L. 

D.  11.  A.  10  (20).  Super.  VIII,  infer.  V.  Later.  U, 
Abrahu  jlbaamokctildi  (pars),  HoUndre. 

BlICCOPSIS  ABAAMOKUTILOt,  Sîebold. 

Buccopsif  vaTTHAOPHTBALMoiDBS,  Jâekel. 
ÀBaiMis  ciHOHÀHsiinf,  Anjubault  {in  liUertt). 
Sciaoo-aucci  BaTTBao-uoaERA,  Fatio. 

Apparence  du  Leuciscus  erythrophthahnus,  mais  le  rouge 
des  nageoires  ventrales  et  pectorales  terne.  Museau  pointu 
(non  renflé  comme  chez  le  bjorknaeilerudlus),  M&choires 
égales,  bouche  penchée  en  bas.  Œil  grand,  blanc  jaunâtre. 

Nageoire  dorsale  commençant  un  peu  après  le  niveau 
des  ventrales.  Dorsale  et  anale  enfumées,  les  pectorales 
gris  pâle,  ventrales  et  anale  rougeâtre  terne;  cette  dernière 
fort  pointillée  de  noirâtre,  surtout  à  sa  base.  La  ligne 
médiane  du  dos  et  la  carène  ventrale  couvertes  par  les 
écailles.  Dents  pharyngiennes  sur  deux  rangs,  pectinées 


(  i077  ) 

ou  (lenticuléesy  moins  Tortemenl  que  chez  Verythroph- 
thalmus. 

J*ai  recueilli  quelques  individus  au  marché  de  Bruxelles. 
Feu  M.  Anjubault,  du  Mans,  m*en  a  adressé  des  exem- 
plaires de  la  Sarthe.  C'était  un  observateur  excellent 
qui  avait  parraitement  distingué  (mais  comme  espèces 
distinctes)  les  hybrides  marqués  E,  G,  H  de  cette  notice. 
En  1855  il  publia  les  poissons  qu'il  connaissait  alors,  dans 
le  département  de  la  Sarthe. 


B,  Abramls  l^orkna,  L.  x  Leoclscus  rutilas,  L. 
D.  H.  A.  18.  Saper.  VllI,  lofer.  V.  Later.  45-46. 

AimAïuf  AMAMomuTiLvt,  HoUndre  (Pars),  Blanchard. 
A.  BuMBiniAflii,  S«l}rs,  F,  helf€,  n»  34  (née  Blocb.) 
'    Bliccomm  ABBAHomuTiLut,  SIebold. 
Liociaco-BuccA  KimLo-uoBiiii,  Fatio. 

Ressemble  beaucoup  à  Thybride  de  Bjorkna  et  d'erj^** 
throphthalmus,  mais  ce  dernier  a  la  mâchoire  inférieure 
un  peu  plus  longue  que  la  supérieure,  le  museau  moins 
obtus  et  la  nageoire  dorsale  placée  plus  en  arrière;  enfin 
les  dents  pharyngiennes  sur  deux  rangs  et  bien  pectinées. 
Ici,  au  contraire,  elles  sont  sur  un  rang  ou  deux  rangs 
selon  les  individus,  d*après  Fatio;  les  principales  un  peu 
crochues  avec  un  sillon  médian  et  peu  ou  pas  pectinées. 

Selon  M.  Faiio,  cet  hybride  et  le  précédent  ont  été 
confondus  par  Holandre  et  même  par  Siebold. 

J*en  ai  rencontré  quelques  exemplaires  au  marché  de 
Bruxelles. 


(  1078  ) 

/.  Abramls  BJorkna^  L.  x  Aspias  albarnus»  L. 
D.  11.  À.  22.  Super.  VIII.  lofer.  IV.  Later.  47. 
Bucconu  ÂLBUAHivoMUA,  Sîebold,  page  108. 

M.  le  professeur  von  Siebold  mentioooe  un  poisson 
dont  ii  trouva  un  exemplaire  au  marclié  de  Kœnigsberg 
en  septembre  1860.  11  lui  sembla  intermédiaire  entre 
bjorkna  et  alburnus.  Il  était  long  de  5  7s  pouces  sur 
1  Vi  de  haut.  Il  le  désigne  dans  cette  note  sous  le  nom  de 
Bliccopsis  albùrniformis.  La  direction  de  la  bouche  est 
ascendante  sans  aucune  échancrure  à  la  mâchoire  supé- 
rieure et  sans  renflement  au  menton.  Le  corps  ramassé 
paraît  très  comprimé.  Le  dos  n'a  pas  de  crête  nue,  tandis 
que  la  carène  ventrale  montre  une  raie  sans  écailles. 

Les  dents  pharyngiennes  dans  la  formule  2,5  —  5,2  de 
même  que  le  nombre  des  écailles  rappellent  Thybride 
entreô/orA'im  et  rutilus,  tandis  que  les  rayons  des  nageoires 
dorsale  iet  anale,  comme  le  profil  après  la  nageoire  posté- 
rieure, le  rapprochent  de  Valburnus. 

J.  Leuciscus  erythroiihUialmas,  L.  x  Leuciscos  ralilaSy  L. 

D.  13  (3-t-lO).  A.  12  (2-i-lO).  Super.  VIU,  Infer.  IV.  Laler.  43. 

ScABoinortit  aucbn,  Jiekel. 

ScABMnomt  AjvBiOBMOt,  Selyt,  Congrès  de  Chartres,  1869. 

.  LbOCISCO-ScâBAIMUS  BCTILO'BBTTHBOnTHAUlDS,  Fatîo. 

Diffère  extérieurement  de  rutilus  par  le  corps  plus  com- 
primé, la  bouche  assez  ascendante  (moins  que  chez  Very- 
throphihalmus)  et  la  dorsale  commençant  deux  écailles 
plus  loin  que  le  niveau  des  ventrales.  J'ai  rencontré  ces 
exemplaires  dans  rétang  à  Longchamps-sur-Geer,  produits 
par  le  croisement  de  Verythrophthalmus  avec   la  race 


(  1079  ) 

Selysii  du  rutilus.  Comme  coloration  ils  diffèrent  de  cette 
race  par  les  nageoires  ventrales  et  anale  rouge  vif  (orangé 
chez  le  Selysii)^  le  dos  verdàtre,  Tœil  jaune  vif.  Cest  ce 
croisement  que  j*ai  signalé  sous  le  nom  d^amphigenus. 
(Congrès  de  Chartres.) 

J*ai  trouvé  aussi  un  exemplaire  qui  se  rapprochait 
davantage  de  Verythrophthalmus  p^t  la  dorsale  de  ojize 
rayons  seulement,  mais  reconnaissable  toujours  par  cette 
dorsale  placée  moins  en  arrière. 

M.  Jâckel,  qui  a  étudié  avec  soin  cet  hybride,  dit  que  les 
dents  pharyngiennes  sont  variables,  étant  parfois  sur  un 
rang,  d'autres  fois  sur  deux  rangs;  les  principales  sont  plus 
grêles  que  chez  le  rutilus;  leur  couronne  généralement 
pincée  et  pectinée. 

Ses  exemplaires  n'ont  que  onze  rayons  à  Tanale,  sept 
rangs  supérieurs  d'écaillés  et  quarante  à  quarante-deux 
à  la  ligne  latérale.  Les  nageoires  ventrales  et  anale  jaune 
rougeâtre.  ils  proviennent  du  m/t7tf<typeetde  l'eryihroph' 
thalmus;  c'est  ceux-là  auxquels  il  a  donné  le  nom 
d'anceps. 

/T.  LeuGlscus  erythroplitlialmus,  L.  x  Asplns  albumus,  L. 
D.  11.  A.  17-18.  Saper.  VIII.  Infer.  IV.  Laler.  45-46. 
LBOciscot  RomiBAiismi,  Jickel. 

ScABDO-AUDMUt  BETTimO-LOCIDIIB,  Fatïo. 

Bouche  ascendante,à  m&choire  inférieure  fort  redressée, 
plus  longue  que  la  supérieure,  qui  est  un  peu  échancrée. 
Yeux  assez  grands,  blanc  verdàtre  avec  une  tache  supé- 
rieure foncée;  tout  l'iris  pointillé  d'obscur  ainsi  que 
l'opercule  et  l'espace  entre  les  écailles  (peut-être  effet  de 
la  saison  printanière). 

Dessus  du  corps  verd&tre,  les  côtés  et  le  dessous  blanc 


(  1080  ) 

assez  argenté.  Dorsale  et  caudale  olivâtres;  pectorales  plus 
pâles;  ventrales  à  peine  ocracées;  anale  notablement 
jaune  orangé  à  son  bord  ventral  et  dans  sa  première 
moitié.  La  dorsale  commençant  3-4  écailles  plus  loin  que 
lès  ventrales. 

Cet  bybride  est  impossible  à  confondre  avec  la  van- 
doise  [Leuc.  grislagine)  dont  il  a  assez  la  stature,  si  l'on 
considère  sa  bonche  ascendante  à  mâchoire  inférieure  plus 
longue  que  la  supérieure,  son  corps  plus  comprimé  et  les 
rayons  nombreux  de  la  nageoire  anale  (17-18  ati  lieu 
de  il). 

Distincte  de  l'hybride  dolabratus  par  ce  grand  nombre 
de  rayons  à  Tanale,  de  Vidus  par  ce  même  caractère  la 
bouche  ascendante  et  le  petit  nombre  d*écai Iles  de  la  ligne 
latérale. 

Je  n'ai  rencontré  que  trois  exemplaires  de  ce  rare  croi- 
sement. C'était  au  printemps,  au  marché  de  Bruxelles. 


L.  Leaeiscns  cephalas,  L.  x  Asplas  alburnns,  L. 
D.  11.  A.  14.  Super.  VIII.  Infer.  IV.  Later.  44-45. 

Livascm  dolabeatub,  Holandre  ;  Setyt,  F,  belge,  no  25,  pi.  5. 
ALBUBNut  DOLÂBBàTut,  Sïebold,  Blaochard, 
ÀLBumiiua  DOBULOiDBS,  Gûother. 

SqUJUJO  -ÀLBUBIfVi  CBPHàLO-tOCIDUB,  PâtlO. 

Ressemble  beaucoup  â  VAspius  albumus^  mais  s'en  dis- 
tingue bien  par  la  mâchoire  inférieure  ne  dépassant  pas  la 
supérieure,  et  la  nageoire  anale  plus  courte  (14  rayons  au 
lieu  de  19-21). 

Signalé  d'abord  par  Holandre  dans  la  Moselle  et  ses 
afiDuents. 


.      (  1081  ) 

M.  Leuciscus  grlslaglne,  Ag.  x  Asplas  albarnus»  L. 

Squauos  kfinnkwn,  Selys,  Congrès  scîent.  de  Chartres,  1869,  page  113. 

Feu  M.  Anjubaalt,  naturaliste  très  distingué  du  Mans, 
auteur  d'une  Revue  des  poissons  de  la  Sartbe  iD*a  envoyé 
en  i860  différents  poissons  de  cette  rivière  parmi  lesquels 
il  avait  déterminé  les  hybrides  dolabralus  (du  cephalus  et 
de  Yalburntis). 

Le  professeur  Siebold  les  ayant  examinés  chez  moi, 
en  1867,  a  reconnu  que  fun  d'eux  y  appartenait  en  effet; 
mais  qu'un  autre«  par  le  diamètre  de  la  tête  et  la  bouche 
plus  étroite,  ainsi  que  par  la  forme  des  nageoires  anale 
et  dorsale,  appartenait  à  un  croisement  non  encore  décrit 
entre  le  L.  grislagine  et  Valôurnus;  c'est  pourquoi  je  l'ai 
signalé  au  Congrès  scientifique  de  Chartres  en  1869  en  le 
dédiant  à  M.  Anjubault. 

D'après  le  système  de  nomenclature  de  M.  Fatio,  on 
devrait  le  nommer  Squalio-'Albumus  leucisco^lucidus. 

N.  Cliondrostoma  nasas,  L.  x  Lenclscas  eephalws,  L. 
D.  il-12.  A.  11  Super.  VIII-IX.  Infer.  III-IV.  Later.  Si. 
SQDAuo-caoïiDmofTOKA  cmALo-HAtus,  Patio,  pages  706  i  1t3. 

Cet  hybride  n'a  pas  encore  été  observé  en  Belgique, 
mais  il  est  presque  certain  qu'il  doit  s'y  produire,  car  les 
deux  espèces  parentes  sont  communes  dans  la  Meuse, 
et,  d'après  les  renseignements  fournis  à  M.  Fatio,  il  n'est 
pas  très  rare  dans  le  haut  Rhin,  à  Bàle.  Cet  auteur  a  donné 
de  longues  et  judicieuses  descriptions  de  trois  individus, 
un  peu  différents  les  uns  des  autres,  qu'il  a  examinés. 
Je  ne  puis  mieux  faire  que  de  renvoyer  à  son  ouvrage 
pour  les  détails. 

Qu'il  me  suffise  de  dire  que  le  museau  et  la  iK)uche  sont 
plus  ou  moins  intermédiaires,  se  rapprochant  cependant 


(  1085Î  ) 

davantage  de  ceux  du  nasus.  Il  en  est  de  même  du  nombre 
des  rayons  des  nageoires  dorsale  et  anale.  Les  rangées 
d'écaillés  sont  dans  le  même  cas,  et  le  nombre  pour 
la  ligue  latérale  est  franchement  intermédiaire;  45  chez 
le  cephalus.  —  S2  chez  Thybride.  —  60  chez  le  nasus. 

D'autres  hybrides  sont  encore  mentionnés  parmi  les 
Cyprinides  européennes,  notamment  par  MM.  Siebold, 
Gûnther  et  Falio  dans  leurs  ouvrages  respectifs;  mais 
comme  les  espèces  dont  ils  sont  issus  ne  se  trouvent  pas 
en  Belgique,  ce  n'est  pas  le  lieu  d'en  donner  le  signalement* 
L'un  des  mieux  connus  est  le  croisement  du  nasus  et  du 
Leuciscus  Agassizii.  Il  a  été  décrit  comme  espèce  par 
Agassiz  sous  le  nom  de  Chondrostoma  rysela. 

Gûnther  décrit  encore  : 

Albumus  Alhorella.  X  Leuciscus  aula, 
A .  alborclla»  x  L.  ukliva. 
Chondrostoma  polylepis,  X  Barbus  Bocagei, 
Ch,  polylepis,  X  Leuciscus  Arcasii, 
Ch,  Miegii,  x  Barbus  Graellsii. 

UAbramis  erythrapterus,  Agassiz,  décrit  par  Valen- 
ciennes,  d'après  un  dessin,  est  probablement,  selon  Fatio, 
un  hybride  d'un  Abr.  Bjorkna  avec  un  autre  genre  de 
Cyprinide.  Sa  formule  est  celle-ci  : 

D.  10.  A.  15.  Saper.  VI.  lufer.  VI.  Later.  40. 

Mais  si  le  nombre  des  rangées  d'écaillés  figurées  sur  le 
dessin  est  exact,  il  serait  absolument  insolite  en  tant 
([\x^ Abramis.  Je  dois  croire  que  le  dessinateur  s'est  trompé; 
je  suis  porté  à  penser  que  le  dessin  est  inexact  et  que  le 
prétendu  Abr,  erythrapterus  est  une  simple  variété  de 
Verythrophthalmus.  Le  nombre  de  rayons  me  semble 
l'indiquer. 


(  4085  ) 


IV 


QUELQUES  NOTES  BIBLIOGRAPHIQUES. 


Il  est  à  propos,  pour  lermioer  cette  revision,  de  fournir 
quelques  renseignements  sur  différents  ouvrages,  mémoires 
ou  notices,  que  j'ai  eu  à  consulter  relativement  aux  pois- 
sons d*eau  douce  qui  se  trouvent  en  Belgique;  en  com- 
mençant par  ceux  qui  ont  été  écrits  et  publiés  chez  nous. 

Je  parlerai  ensuite  de  plusieurs  publications  relatives 
aux  poissons  du  Bassin  de  la  Moselle,  dont  certains 
aflQuents  prennent  leur  source  dans  nos  Ardennes;  puis  de 
la  Hollande,  vers  laquelle  nos  deux  fleuves,  la  Meuse  et 
l'Escaut,  se  dirigent. 

Enfin  je  citerai  un  petit  nombre  d'ouvrages  généraux 
concernant  la  France,  l'Allemagne,  la  Suisse,  l'Italie  et 
l'Angleterre. 

Il  ne  s'agit  pas,  on  le  voit,  d'une  véritable  bibliographie, 
mais  simplement  d'appeler  l'attention  sur  ce  qui  sera  le 
plus  utile  à  étudier  pour  les  Belges  qui  voudraient  s*occu- 
per  encore  de  nos  poissons  d'eau  douce. 

Il  est  presque  certain  que  Ton  ne  rencontrera  plus  d'es- 
pèces à  ajouter  au  présent  catalogue,  mais  il  reste  encore 
beaucoup  à  faire  pour  l'étude  des  races  ou  variétés  locales 
et  surtout  pour  celle  des  hybrides  (dont  la  liste  est  sans 
doute  incomplète).  Il  y  a  aussi  à  rechercher  l'origine 
sexuelle  de  chacun  d'eux,  puisque  l'on  doit  croire  qu'ils  se 
produisent  en  partie  double,  ainsi  que  je  l'ai  expliqué  dans 
le  discours  préliminaire. 


(  1084  ) 


BEIiOIflUE. 

EoM.  DE  SELYS  LONGGHAMPS. 

Faune  belge.  V*  partie,  indication  méthodique  des 
Mammifères 9  Oiseaux,  Reptiles  et  Poissons  observés 
jusqu'ici  en  Belgique.  Liège  1842.  (La  2*  partie  n'a  pas 
paru). 

Quoiqu'une  révision  détaillée  de  nos  poissons  ait  été 
donnée  plus  haut  Je  pense  utile  de  cumuler  ici  le  sommaire 
des  Additions  et  rectifications  qu'il  y  a  à  Taire  à  la  Faone 
de  1842,  pour  Tusage  des  personnes  qui  la  possèdent.  Il 
s'agit  des  poissons  d'eau  douce,  qui  sont  énumérés  dans 
les  pages  183  à  229.  Leur  total  s'élève  à  55  espèces. 

Il  faut  commencer  par  éliminer  les  numéros  suivants, 
qui  sont  de  simples  races  : 

N'  19.  Cyprinus  regina,  Bp.  (Race  de  C.  earpio). 

i  4.  C,  elatus,  Bp.  (Race  de  C.  earpio), 

16.  C.  gibelio,  Bl.  (Race  de  Cyprinopsis  caroêstui), 

17.  C.  moles,  Ag.  (Race  de  Cyprinopsis  earassius), 

26.  Leuciscus  neglectiu,  Selys  (Var.  de  £.  idus)» 

27.  L,  Selysii,  Heckel  (Race  de  £.  rutilus), 

28.  £.  jeses,  exel.  syn.  (Race  de  L,  rutilus). 
30.  L,  rutiloides,  Selys  (Race  de  £•  rutUus), 

32.  Aspius  albumoides,  Selys  (Var.  dM.  Mumtu), 
41.  Salmo  inUla,  L.  (Apparition  non  constatée). 
47-48-49.  Les  trois  espèces  d'AnguiUa  ne  sont  peot-étre  qae 
des  raees  d'à,  vulgaris» 


(  1088  ) 

Il  faut  également  écarter  les  suivants  qui  sont  des 
hybrides  : 

N°  m,  Cyprinuê  striatus,  Holandre  (C.  carpio  x  C.  earcuêius), 
â5.  Leueiscui  dolabr<ilus,  Hol.  (L,  dobula  X  A.  albumus), 
54.  Abramis  Buggenhagii  (afframorutihu,  Hol.  ^  Abramis 

bHcea  X  Leumctu  rutilus). 
59.  J,  Heekelii,   Selys  (Leuekarti,   Heck.  as  il6rofiiû   6ra- 

ma  X  Leuc,  nttilus,  L.). 

Le  genre  Ammocœtes  étant  reconnu  maintenant  comme 
fondé  sur  la  larve  du  Petromyzon  Planeri^  Bloch,  le  n"*  52 
est  à  supprimer.  Mais  le  nom  de  Planeri  étant  plus  récent 
que  celui  de  branchialis  de  Linné,  Tespèce  doit  s*appeler 
P.  Wanchialis, 

Au  contraire,  il  faut  ajouter  aux  poissons  d'eau  douce  : 

Leucaspius  delineatus,  Heckel,  et  les  deux  espèces  ana- 
dromes  des  eaux  saumàtres  :  Osmerus  eperlanusj  L.,  et 
Coregonus  oxhyrkynckuSy  L.  qui  dans  la  Faune  sont  pla- 
cées à  l'Appendice  parmi  les  poissons  de  mer  n""  35  et  56. 

Peut-être  aussi  le  Petromyzon  Omalii^  P.-J.  Van 
Beneden,  s'il  remonte  dans  l'Escaut,  et  s'il  est  réellement 
distinct  du  P.  fluviatilis. 

En  janvier  iUli {Revue  zoologique  publiée  par  M.  Guérin 
Meneville),  j'ai  publié  une  lettre  ayant  pour  objet  la  recti- 
fication de  plusieurs  erreurs  qu'avait  commises  M.  Valen- 
cienues  dans  le  tome  XVII  de  son  Histoire  des  poissons, 
qui  venait  de  paraître,  à  propos  de  diflerentes  Cyprinides 
de  ma  Faune  belge,  dont  je  lui  avais  communiqué  les 
types. 


(  i086  ) 

En  1854,  dans  uq  discours  prononcé  à  TAcadémie  Sur 
la  Faune  de  Belgique,  je  n'ai  rien  changé  à  ce  que  j*avais 
publié  dans  la  Faune.  M,  le  professeur  Canlraine  m*sivait 
indi(|ué  par  erreur  VAspro  vulgaris  qui  figure  aux  addi- 
tions. Il  faut  Teffacer. 

En  1867,  dans  un  autre  discours  académique  Stir /a 
pèclie  fluviale  en  Belgique^  j*ai  déjà  indiqué  presque 
toutes  les  corrections  à  Taire  à  la  liste  de  1842,  en  élioiî- 
nant  les  simples  races  et  les  hybrides,  comme  je  le  fais 
aujourd'hui. 

Le^  indications  sur  les  mesures  à  prendre  pour  s'oppo- 
ser à  la  destruction  du  poisson  sont  encore  à  recommander. 
Seulement  j'ai  parlé  des  poissons  de  la  rivière  du  Geer  au 
moment  où  ils  allaient  disparaître.  Il  n'y  en  a  plus. 

Au  Congrès  scientifique  de  Chartres  en  1869  (Chartres, 
1870),  j'ai  donné  (page  110)  une  liste  rectifiée  de  nos 
Cyprinides,  les  répartissant  en  trois  catégories  : 

1**  20  espèces  très  certaines; 

2"  9  races  ou  variétés  locales; 

Z""  9  hybrides,  dont  plusieurs  n'avaient  pas  été  signalés 
jusque-là. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  nationale  d'acclimatation 
de  Paris  (mars  1885}  se  trouve  un  article  que  j'ai  publié 
Sur  le  repeuplement  des  cours  d'eau  en  Belgique.  Il  avait 
pour  objet  de  faire  connaître  l'étal  de  la  question  en  Bel- 
gique :  pisciculture;  causes  du  dépeuplement;  appuyani 
sur  le  résultat  de  la  corruption  des  eaux  par  les  résidus 


(  4087  3 

industriels  ;  enfin,  appel  à  Tatlention  des  hommes  compé- 
tents sur  un  prix  que  j'ai  mis  à  la  disposition  de  TAcadémie 
pour  obtenir  la  solution  de  cette  question,  sans  laquelle 
toute  autre  mesure  restera  inefficace. 


Avant  1842.  il  a  paru  deux  listes  des  poissons  de  la 
province  de  Liège.  La  première  par  le  botaniste  Richard 
COURTOIS  dans  ses  Recherches  sur  la  statistique  de  la  pro- 
vince de  Liège  (Liège  i828).  Cet  auteur  indique  23  espèces 
avec  les  noms  wallons.  Ce  n'est  pas  complet,  mais  c'est 
exact.  On  voit  qu*à  cette  époque  la  Truite  pouvait  encore 
vivre  dans  les  eaux  de  la  Vesdre. 

La  seconde  liste  Tournie  par  Alexandre  CARLIER, 
conservateur  de  l'Université  de  Liège,  se  trouve  dans  le 
Dictionnaire  géographique  de  la  province  de  Liège^  publié 
par  Philippe  Yan  der  Maelen  (Bruxelles,  i831).  Elle  con- 
tient 35  espèces;  c'est  le  fonds  de  celle  de  Courtois  com- 
plétée  par  Tauteur  et  par  l'indication  de  quelques  espèces 
que  je  lui  ai  indiquées. 

M.  le  professeur  P.-J.  VAN  BENEDEN  a  publié  des 
Mémoires  d'une  grande  importance  sur  les  poissons  de 
mer  de  nos  côtes. 

Le  premier  :  Les  poissons  des  côtes  de  Belgique  et  leurs 
commensaux  (Mém.  de  l'Académie,  t.  XXXVIII,  1870), 
fait  avec  tout  le  soin  qui  caractérise  les  travaux  de  notre 
illustre  confrère,  comble  un  grand  vide;  car  dans  la  Faune 
belge  je  n'avais  été  à  même  de  donner  qu'une  liste  très 
incomplète  de  nos  poissons  de  mer,  41  espèces  en  tout, 
dont  quelques-unes  y  sont  inscrites  à  tort.  M.  VanBeneden 
en  signale  plus  de  90. 


(  i088  ) 

Dans  un  second  travail,  Tarlicle  :  Poissons  et  Pêche 
(publié  en  1875  dans  la  Patria  belgica  de  M.  Eug.  Vao 
Bemmel),  il  entre  dans  de  nouveaux  détails  sur  les  espèces 
marines,  leur  pèche  et  le  commerce  auquel  elle  donnent 
lieu.  Quant  aux  poissons  d'eau  douce  qui  y  figurent  éga- 
lement, Fauteur  ne  les  signale  que  brièvement.  Ce  sont  les 
mêmes  que  celles  que  j*ai  mentionnées  dans  la  Faune 
belge,  si  ce  n'est  qu'il  n'a  pas  cru  devoir  parler  de  ceux  des 
Cyprins  qui  ne  sont  que  des  races  locales,  des  variétés  ou 
des  hybrides.  On  peut  regretter  qu'il  n'en  ait  pas  donné 
la  synonymie  et  la  critique,  il  faut  au  contraire  se  réliciler 
de  ce  qu'il  ait  été  à  même  de  donner  les  noms  vulgaires  en 
flamand  pour  tous  nos  poissons  marins  et  fluviatiles. 

En  1883,  M.  Éo.  VAN  BENEDEN  a  publié  dans  les 
Bulletins  de  l'Académie  une  notice:  Additions  à  la 
Faune  icfityologique  des  côtes  de  Belgique,  qui  ajoute  sept 
espèces  au  catalogue  de  M.  P.-J.  Van  Beneden  et  donne 
de  nouveaux  renseignements  sur  beaucoup  d'autres. 

Avant  de  terminer  la  citation  des  principaux  auteurs 
belges  qui  se  sont  occupés  de  nos  poissons,  j'ai  à  faire 
connaître  en  quelques  mots  les  travaux  persévérants  et 
éminemment  pratiques  de  M.  Emile  GENS,  docteur  en 
sciences  naturelles,  professeur  à  Verviers.  Je  suis  l'ordre  de 
publication  : 

1879.  De  la  protection  des  poissons  d'eau  douce  en 
Belgique.  —  C'est  un  petit  mémoire  écrit  peu  de  temps 
avant  la  discussion  de  la  loi  sur  la  pèche,  il  indique  les 
meilleurs  moyens  à  prendre  pour  atteindre  le  but  désiré. 


(  1089  ) 

1880.  Rapport  au  Ministre  de  l'Intérieur  sur  TExpo^ 
zition  de  pèche  et  le  Congrès  de  pisciculture  de  Berlin.  Il 
a  vu  dans  les  aquariums  de  rExposition  des  hybrides  de 

Saltno  salar,  Ç  x  5.  farh,  cf. 
S.  salveKnus,  ^  x  S,  laeustris,  çf, 
S.  fario^  Ç  x  5.  salvtUnuSf  çfy 

tous  produits  de  rétablissement  de  Hunningue,  puis  de 
rétablissement  de  Lûbbinchen  :  Cyprinus  Carpiq  x  Tinca. 
Vient  ensuite  une  liste  des  poissons  d*eau  douce  de  Bel- 
gique, mais  qui  n*est  pas  tout  à  fait  complète  (34  espèces). 

i885.  Notions  sur  les  poissons  d'eau  douce  en  Belgique ^ 
la  pisciculture,  Tentrelien,  le  repeuplement  des  eaux, 
suivies  de  la  nouvelle  loi  sur  la  pèche. 

Les  deux  pages  d*introduction  résument  parfaitement 
furgence  de  s'occuper  du  repeuplement  des  eaux  et  les 
moyens  d'y  arriver. 

Ce  qu'il  dit  de  la  viciation  des  eaux  (p.  SO)  est  à 
retenir. 

La  seconde  partie  du  livre  qui  traite  de  la  pisciculture 
pratique  est  un  excellent  manuel  pour  tous  ceux  qui 
voudront  s*occuper  de  cette  industrie. 

1886.  Notice  sur  un  poisson  nouveau  pour  la  Faune 
belge  {BvhL.  Acao.  Belg.,  février  1886). 

M.  Gens  fait  connaître  en  détail  dans  cet  article  le 
Leucaspius  delineatus,  qui  est  certainement  la  découverte 
la  plus  curieuse  qui  ait  été  faite  depuis  quarante  ans  parmi 
DOS  poissons  d'eau  douce.  C'est  en  effet  la  seule  espèce  à 
ajouter  à  ceux  que  j'ai  signalés  dans  la  Faune  belge  en 
1842. 

3"*  SÉRIE,  TOME  XIT.  72 


(  1090  ) 

1887.  M.  le  D'  Ch.  BAMPS  :  Note  sur  quelques  espèces 
rares  de  la  Faune  des  Vertébrés  de  Belgique  (Bull.  Agab. 
Belg.,  août),  a  publié  un  article  daos  lequel  il  donne  Tbisto- 
rique  du  Leucaspius  delineatus  qu'il  venait  de  retrouver  à 
son  tour  aux  portes  de  Hasselt,  découverte  d*autant  plus 
intéressante,  qu'il  est  probable  que  l'espèce  n'existe  plus  à 
Anvers.  Les  notes  manuscrites  qu'il  a  bien  voulu  m'adresser 
récemment  sur  les  Poissons  du  bassin  du  Démer  m'ont 
permis  d'indiquer  avec  certitude  les  espèces  de  la  Campine 
limbourgeoise. 


BASSIIV  BE  liA  MOfiEIXE. 

Quelques  petits  cours  d'eau  qui  prennent  leur  source 
dans  la  province  de  Luxembourg,  notamment  la  Witz 
près  de  Bastogne ,  la  Sure  près  de  Neufchàteau  et  TAlteri 
non  loin  d'Arlon,  appartiennent  au  bassin  de  la  Moselle, 
dans  laquelle  ils  se  jettent  un  peu  en  amont  de  Trêves 
par  la  Sure,  après  avoir  traversé  le  Grand-Ducbé  de 
Luxembourg. 

Nous  ne  savons  pas  au  juste  quels  sont  les  poissons 
de  la  Moselle  qui  peuvent  remonter  jusqu'en  Belgique  par 
ces  minces  aiQuents;  mais  ce  que  nous  savons,  c*est  que 
la  Faune  de  la  Moselle  est  identique  avec  la  nôtre. 

Le  point  de  départ  de  l'étude  des  poissons  de  la  Moselle, 
c'est  Texcellente  petite  Faune  du  département  delà  Moselle 
par  feu  M.  HOLANDBE  (Metz  1836).  C'était  un  obser- 
vateur consciencieux  et  judicieux,  avec  lequel  je  me 
trouvai  en  rapport  dès  cette  époque,  et  dont  j'utilisai  les 
travaux  en  1842,  à  raison  des  quelques  ruisseaux  de  la 
province  de  Luxembourg  qui  se  jettent  dans  la  Moselle, 
comme  je  l'ai  dit  plus  haut. 


(  i091  ) 

Ed  i844,a  paru,  à  Trêves,  un  ouvrage  en  allemand  : 
Moselfauna  oder  Handbueh  der  Zoologie^  parM.  SCHAFER 
(1^  partie  :  Vertébrés).  Quarante-huit  espèces  sont  énu- 
mérées,  concordant  avec  celles  de  Holandre  et  de  ma 
Faune  belge. 

En  i866,  M.  J.-P.-J.  KOLZ,  garde  général  des  forêts 
du  Grand-Duché  de  Luxembourg,  publie,  à  Paris,  la 
3*  édition  de  son  Traité  de  pisciculture  pratique,  fort  utile 
pour  ceux  qui  s'occupent  du  repeuplement. 

En  i868,  parait,  à  Metz,  la  JRec;i^ton  des  poissons  qui 
vivent  dans  les  cours  d'eau  et  dans  les  étangs  du  dépar^ 
tementde  la  Moselle^  par  M.  J.-B.  GËHIN.  Ce  livre,  qui  ne 
contient  qu'une  centaine  de  pages,  est  fondé  sur  de  bonnes 
observations  originales. 

M.  Géhin  constate  (comme  nous  le  faisons  chez  nous) 
que  les  barrages,  et  surtout  les  produits  insalubres  déversés 
par  rindustrie,  sont  la  cause  de  la  destruction  du  poisson, 

On  lira  avec  intérêt  les  considérations  étendues  de 
fauteur  sur  le  Darwinisme,  les  variétés,  les  races,  les 
hybrides,  etc.,  théories  qu'il  adopte.  Vient  ensuite  la  revi- 
sion des  espèces  de  la  contrée,  d'accord  en  général  avec 
la  réforme  de  von  Siebold,  à  laquelle  je  me  suis  également 
rallié. 

M.  Alphonse  DE  LA  FONTAINE,  luxembourgeois,  a 
publié  une  Faune  du  pays  de  Luxembourg.  La  partie  qui 
concerne  les  poissons  a  paru  en  1872. 11  décrit  et  figure 
la  variété  du  Chondrostoma  nasus  nommée  aurata  par 
Schâfer,  et  continue  à  considérer  comme  espèces  propres 
les  hybrides  décrits  parmi  les  Cyprinides.  Les  descriptions 
sont  correctes. 


1092  ) 


PAYS-BAS. 

Le  bassin  de  la  Meuse  et  de  TEscaut  se  prolongeant  en 
Hollande,  il  est  intéressant  de  comparer  notre  Faune  avec 
celle  des  Pays-Bas. 

M.  A.-A.  VAN  BEMMELEN  nous  fournit  pour  le  faire 
un  excellent  documenl  publié  dans  les  Bouwstoffèn  voor 
eene  Fauna  van  Nederland  (lome  111, 1866),  sous  le  titre 
de  Lijst  van  visschen  in  Kederland  toaargenomen. 

Les  poissons  d'eau  douce  qui  y  sont  mentionnés  sont 
les  mêmes  que  ceux  de  la  Belgique^  si  ce  n*est  qu*oo  n*a 
pas  encore  constaté  la  présence  du  Leucaspius  delineatus^ 
et  que  celle  du  Phoxinus  lœvis  et  du  Pelromyzon  branchia- 
lis  {planert)  sont  douteuses.  Il  faut  ajouter  toutefois  que 
quelques  Silurus  glanis  ont  é(é  observés  dans  Tancienne 
mer  de  Harlem,  mais  celte  partie  du  pays  dépend  plutôt 
du  bassin  du  Rhin,  et  ils  avaient  peut-être  été  importés(l). 

Les  poissons  de  mer  énumérés  se  retrouveront  sans 
doute  presque  tous  sur  nos  côtes. 

De  la  concordance,  on  pourrait  dire  complète,  entre  les 
poissons  d'eau  douce  de  la  Belgique  avec  ceux  de  la  Hol- 
lande et  du  bassin  de  la  Moselle,  je  conclus  qu'ils  consti- 
tuent une  seule  Faune,  et  que  nous  devons  supposer  que 
toutes  les  espèces  en  sont  maintenant  connues. 


{{)  Plusieurs  Siturus  glanis  placés  il  y  a  longtemps  dans  fëtang 
du  Jardin  botanique  de  Bruxelles  y  ont  parfaitement  vécu  ;  mats  c*esl 
un  poisson  très  destructeur  dont  on  ne  peut  conseiller  rintroductlon 
dans  nos  eaux. 


(  1093  ) 


FRAIVCfi. 

Histoire  naturelle  des  poissons^  par  Cuvier  et  Yaleo- 
cieoDes,  ouvrage  général  en  18  volumes,  commencé  en 
1828,  continué  depuis  la  mort  de  Cuvier  (en  183â)  par 
Vairnciennes,  mais  non  achevé. 

Le  tome  XVII,  publié  en  1844,  contient  les  Cyprinides. 
Ce  volume  laisse  à  désirer.  Il  s'y  trouve  un  certain  nombre 
de  races,  décrites  comme  espèces,  de  même  que  des 
hybrides,  que  Tauteur  n'a  point  reconnus  comme  tels. 

Dans  la  Revue  zoologiquc  de  Guérin-Méneville  (janvier 
1845),  j'ai  fait  à  ce  volume  quelques  rectifications  concer- 
nant les  espèces  de  ma  Faune  belge^  telles  que  je  les 
cx)nsidérais  alors. 

Les  poissons  d'eau  douce  de  la  France^  par  le  professeur 
EMILE  BLANCHARD  (Paris,  1866). 

Ouvrage  indispensable  à  ceux  qui  s'occupent  de  la 
Faune  française.  Il  est  accompagné  de  bonnes  figures 
dans  le  texte.  A  consulter  avec  fruit  les  pages  1  à  119 
contenant  Thistoire  générale  des  poissons  depuis  les 
auteurs  anciens  jusqu'à  nos  jours;  l'analomie,  l'ostéologie, 
la  classification.  La  description  des  genres  et  des  espèces 
occupe  les  pages  125  à  523.  Enfin,  la  partie  économique 
et  la  législation  (pages  534  à  641)  sont  d'un  intérêt 
général. 

Il  ne  m'appartient  pas  de  discuter  ici  la  valeur  de  cer- 
taines espèces.  Je  me  contente  d'émettre  l'opinion  que, 
d'accord  avec  Siebold  et  Fatio,  je  ne  puis  admettre  pour  le 
moment  les  nombreuses  espèces  décrites  dans  le  genre 


(  1094  j 

Gasterosteusj  et  que  j'adople  la  manière  de  voir  de  ces 
auteurs,  qui  est  également  celle  de  Giînther,  en  ce  qai 
concerne  les  hybrides  de  la  famille  des  Cyprinides. 
M.  Blanchard,  suivant  en  cela  Valenciennes,  Bonaparte, 
Agassfz  (et  Heckel  dans  ses  premiers  travaux),  n'a  pas 
accepté  Tintervention  de  l'hybridité,  —  de  là  quelques 
espèces  son4  à  éliminer. 


Die  Susswasserfische  von  Mitlel  Europa^  par  le  profes- 
seur C-TH.-E.  VON  SIEBOLD  (Leipsig,  1863). 

C'est  un  traité  d'une  valeur  capitale  pour  la  connais- 
sance des  Poissons  de  l'Europe  moyenne.  De  très  bonnes 
figures  se  trouvent  dans  le  texte. 

L'exposé  de  la  Littérature  est  des  plus  importants,  de 
même  que  les  parties  où  il  est  question  des  hybrides  ei 
des  caractères  tirés  des  dents  pharyngiennes  des  Cypri- 
nides. Ce  livre  est  absolument  au  courant  de  ce  qui  a  pa 
être  observé  jusqu'alors.  Il  est  bien  regrettable  que  la  tra- 
duction française  qui  avait  été  prévue  n'ait  point  para. 

Andreas-Johannes  JACKEL,  pasteur  à  Sommerdorf, 
près  de  Thann,  a  donné  dans  les  Correspondenz  Blatt 
der  zoologisch-mineralog .  Verein  in  Regensburg  (Ratis- 
bonne),  en  1865  et  1866,  d'excellentes  observations  sur 
les  Cyprinides  hybrides. 


(  1098  ) 


Faune  des  Vertébrés  de  la  Suisse  (volume  IV,  Poissons), 
par  le  D'  Victor  FATIO,  Genève,  1882. 

C'est  une  première  partie  qui  contient  les  anciens 
Acanthoptérygiens  et  les  Cyprinides,  avec  5  planches  et 
178  figures  dans  le  texte. 

Il  est  impossible  de  louer  assez  ce  travail.  Le  déve- 
loppement qui  est  donné  aux  descriptions  minu- 
tieuses et  à  l'histoire  particulière  de  chaque  espèce  est  tel 
que  les  vingt-neuf  espèces  de  Suisse,  dont  vingt-six  Cypri- 
nides qui  y  figurent,  occupent  un  volume  de  786  pages; 
certaines  espèces  des  contrées  limitrophes  y  sont,  il  est 
vrai,  ajoutées  pour  comparaison. 

Les  descriptions  sont  absolument  parfaites.  Le  seul  re- 
proche qu'on  pourrait  leur  adresser  est  d'être  trop  longues, 
parce  qu'elles  sont  minutieusement  complètes,  ce  qui  en 
rend  l'étude  un  peu  fatigante;  mais  l'article  de  chacune 
étant  précédé  d'une  diagnose  assez  détaillée  obvie  à  cet 
inconvénient. 

Ce  traité  offre  encore  le  grand  avantage  de  vulgariser 
en  langue  française  une  bonne  partie  des  recherches  de 
Siebold,  en  les  complétant  par  ce  qui  a  été  observé  pendant 
les  dix-huit  années  qui  se  sont  écoulées  depuis  la  publi- 
cation du  livre  magistral  du  professeur  de  Munich. 

Nous  attendons  avec  impatience  le  seconde  partie  des 
poissons  de  Suisse. 


(  1096  ) 

ITAIilE. 

Quelques  années  après  l'achèvement  de  la  Fauna  italica^ 
si  riche  en  observations  nouvelles  sur  les  Verlébrés  de  ce 
grand  pays,  le  prince  Charles  BONAPARTE  a  publié 
différents  mémoires  ichlhyologiques.  Je  citerai  comme 
spécialement  bons  à  consulter  pour  les  Cyprinides  : 

1®  Cyprinidarum  Europœ  catalogus  methodicus  dans 
les  Auidu  Congrès  des  savants  italiens  de  Milan  en  1844. 
11  est  suivi  de  rectifications  nombreuses  sur  le  XVil'  vo- 
lume des  poissons  de  Valenciennes  concernant  les  Cypri- 
nides italiennes.  L'auteur  s'y  livre  à  une  critique  excessi- 
vement vive  de  la  manière  dont  ces  espèces  sont  traitées 
dans  ce  volume. 

2"  Catalogo  methodico  dei  Pesci  europei  (Atti  du  Con-^ 
grès  des  savants  italiens  de  Naples  en  1846). 

Le  trop  grand  nombre  d*espèces  de  Cyprinides  que 
Bonaparte  admet  semble  principalement  dû  à  la  pro- 
pension qu'avait  le  grand  zoologiste  à  croire  à  une  grande 
diversité  d'espèces  de  ce  groupe,  selon  les  bassins  hydro- 
graphiques et  les  lacs  où  elles  seraient  cantonnées.  Il  n'a 
pas  eu  connaissance  de  l'hybridité  —  ou  tout  au  moins  il 
n'y  a  pas  cru. 

Le  professeur  GIOVANNI  CANESTRINI,  chargé  de  la 
classe  des  poissons  dans  la  nouvelle  Fauna  italica^ 
répartit  les  Cyprinides  d'Italie  en  quatorze  genres,  com- 
prenant vingt  et  une  espèces.  Ce  travail  est  important  à 
consuller,  parce  qu'il  réforme  celui  du  prince  Bonaparte» 
conformément  aux  observations  de  Siebold,  en  citant, 
comme  simples  synonymes,  les  espèces  nominales  beau- 
coup trop  nombreuses  établies  par  Bonaparte. 


(  1097  ) 

AlieiiETERRE. 

Catalogue  of  Fishes  in  the  Brilish  Muséum  ^  par  le 
D'  Albert  GUNTHER^ 

Travail  colossal  en  8  volumes»  commencé  en  1859,  ter- 
miné en  1870. 

6,845  espèces  sont  décrites  avec  soin.  Le  nombre  des 
poissons  connus  en  1870  était  évalué  par  l'auteur  à 
9,000  espèces  environ. 

C'est  pour  le  moment  le  travail  général  le  plus  complet 
que  je  connaisse  et  que  je  puisse  recommander. 


V. 

CONCOURS  POUR  LA  PURIFICATION  DES  EAUX, 


A  titre  de  document,  je  reproduis  ici  le  programme  du 
Concours  pour  la  purification  des  cours  d'eaUj  tel  qu'il  a 
été  adopté  par  T Académie  en  1882. 

c  Le  Gouvernement  a  proposé,  et  les  Chambres  ont 
adopté  une  loi  qui  a  pour  objet  la  conservation  du  poisson 
et  le  repeuplement  des  rivières* 

»  L'obstacle  capital  qui  empêche  actuellement  d'at- 
teindre ce  but,  c'est  la  corruption  des  eaux  dans  les  petites 
rivières  non  navigables  ni  flottables,  qui  sont  contaminées 
par  des  matières  solides  et  liquides,  déversées  par  diflé- 
rentes  industries,  et  incompatibles  avec  la  reproduction  et 
l'existence  des  poissons. 

>  L'Académie  fait  appel  à  la  science  pour  faciliter 
Taccomplissemenl  des  vues  des  pouvoirs  publics. 


(  1098  ) 

»  Acceptant  la  proposition  d'un  de  ses  membres,  qai 
met  généreusement  à  sa  disposition  une  somme  de  trois 
mille  francSf  elle  demande  une  étude  approfondie  des 
questions  suivantes,  à  la  fois  chimiques  et  biologiques  : 
c  1®  Quelles  sont  les  matière^  spéciales  aux  princi- 
pales industries  qui,  en  se  mélangeant  avec  les  eaax 
des  petites  rivières,  les  rendent  incompatibles  avec 
l'existence  des  poissons  et  impropres  à  ralimentalion 
publique  aussi  bien  qu'au  bétail  ; 
»  ^  La  recherche  et  l'indication  des  moyens  pratiques 
de  purifier  les  eaux  à  la  sortie  des  fabriques  pour  les 
rendre  compatibles  avec  la  vie  du  poisson,  sans  compro- 
mettre l'industrie,  en  combinant  les  ressources  que 
peuvent  offrir  la  construction  de  bassins  de  décantalioo, 
le  filtrage,  enfin  remploi  des  agents  chimiques; 
»  3®  Des  expériences  séparées  sur  les  matières  qui, 
dans  chaque  industrie  spéciale,  causent  la  mort  des 
poissons  et  sur  le  degré  de  résistance  que  chaque 
espèce  de  poisson  comestible  peut  offrir  à  la  destruc- 
tion ; 

»  4<'  Une  liste  des  rivières  de  la  Belgique  qui,  actuelle- 
ment, sont  dépeuplées  par  cet  état  de  choses,  avec  Tindi- 
cation  des  industries  spéciales  à  chacune  de  ces  rivières, 
et  la  liste  des  poissons  comestibles  qui  y  vivaient  avant 
rétablissement  de  ces  usines.  » 
Lorsque  la  question  a  été  remise  une  seconde  fois  au 
concours,  dont  le  délai  fut  prorogé  au  1*' octobre  1887,  il 
a  été  ajouté  que,  si  le  mémoire  est  jugé  satisfaisant  poar 
la  solution  des  deux  premiers  paragraphes  (1*  et  2^),  une 
somme  de  deux  mille  francs  pourra  lui  être  décernée, 
quand  même  aucune  réponse  ne  serait  faite  aux  §§  5"*  et  4* 
de  la  question. 


(  1099  ) 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  proclame»  de  la  maaière 
suivaDte,  le  résultat  des  concours  et  des  éleclious  : 


CONCOURS  ANNUEL  DE  LA  CLASSE  (1887). 

Un  mémoire  portant  pour  devise  :  Kumeri  regunt 
mundunij  a  été  envoyé  en  réponse  à  la  question  suivante 
des  sciences  mathématiques  et  physiques  : 

On  demande  des  recherches  nouvelles  sur  l'écoulement 
linéaire  des  liquides  chimiquement  définis^  par  des  tubes 
capillaires,  en  vue  de  déterminer  si  l^on  peut  appliquer 
aux  liquides  Vhypothèse  des  molécules,  telle  que  l'étude  des 
gaz  nous  l'a  fait  connaître. 

Conformément  aux  conclusions  des  rapports  des  com- 
missaires qui  ont  examiné  ce  travail,  le  prix  n'a  pas  été 
décerné. 

Un  mémoire  portant  pour  épigraphe  :  Trado  quœ  potuip 
a  été  envoyé  en  réponse  à  la  question  suivante  des 
sciences  naturelles  : 

On  demande  des  recherches  sur  le  développement  em- 
bryonnaire  d'un  mammifère  appartenant  à  un  ordre  dont 
l'embryogénie  n'a  pas  ou  n'a  guère  été  étudiée  jusqu'ici. 

Les  commissaires  chargés  d'examiner  ce  mémoire  ont 
été  unanimes  à  lui  reconnaître  de  grands  mérites;  mais 
quelques  prémisses  sont  erronées,  d'où  résultent  quelques 
conclusions  prématurées. 


(  HOO  ) 

En  conséquence,  la  Classe  n'a  pas  jugé  pouvoir  lai 
décerner  le  prix  ;  mais  elle  a  décidé  que  la  question  reste* 
rail  au  concours  pour  l'année  prochaine..  Elle  espère  ainsi 
mettre  Tauteur  à  même  de  compléter  ses  recherches,  et  de 
produire  un  mémoire  qui  méritera,  non  seulement  d*ètre 
couronné,  mais  de  recevoir  les  félicitations  de  tous  ceux 
qui  s'intéressent  aux  progrès  de  Tembryologie. 


ÉLECTIOiNS. 

La  Classe  des  sciences  a  eu  le  regret  de  perdre,  celte 
année,  deux  de  ses  membres  titulaires  :  Laurent-Guillaume 
DE  KoNiNCK,  de  la  section  des  sciences  mathématiques  et 
physiques,  et  François-Léopold  Cornet,  de  la  section 
des  sciences  naturelles. 

Ont  été  élus  : 

Membres  titulaires,  MM.  Paul  Mansion,  professeur  à 
l'Université  de  Gaod,  et  Joseph  Delbobuf,  professeur  i 
rUniversité  de  Liège. 

Correspondants  y  MM.  Charles  Lagrange,  astronome  i 
rObservatoire  royal  de  Bruxelles,  et  Léo  Errera,  profes- 
seur à  l'Université  de  la  même  ville. 

La  Classe  a  élu,  en  outre,  en  qualité  d'Associé  étranger  : 
M.  JuLius  Thomsen,  professeur  à  l'Université  de  Copen- 
hague. 


(  HOl  ) 

Prix  quinquennal  des  sciences  raturelles. 

Sur  le  rapport  du  jury  chargé  de  juger  la  huitième 
période  (1882-86)  du  concours  quinquennal  des  sciences 
naturelles,  le  Roi,  par  arrêté  du  29  novembre  dernier,  a 
décerné  le  prix  de  cinq  mille  francs  à  M.  Edouard  Vao 
Beneden,  membre  de  la  Classe  des  sciences  de  TAcadémie» 
professeur  à  TUniversité  de  Liège»  pour  son  ouvrage 
intitulé  :  Recherches  sur  la  maturation  de  Cœuf,  la  fécon- 
dation et  la  division  cellulaire. 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Briart.  —  Compte  rendu  de  rexcursion  de  la  Société  mala- 
cologique  de  Belgique.  Note  sur  la  structure  des  dunes. 
Bruxelles,  1886  ;  exlr.  in-8''  (37  p.). 

Briari  et  Cornet. —  Description  des  fossiles  du  ealcaîre  gros* 
fier  de  Mgds,  4*  partie.  Bruxelles,  1887;  extr.  in-8*  (124  p.,  pi.). 

Bouzeau  (/•  C).  —  Annuaire  populaire  de  Belgique,  1888. 
Mons;  in-i2. 

Delhœuf{J). —  Expérience  devant  servir  à  Texplication  de.ia 
vertu  curative  de  Thypnotisme.  Paris,  1887;  extr.  in-12  (3  p.). 

Barlez  (C.  de).  —  Kaushitaki-Upanishad,  avec  le  commen- 
taire du  Gankarananda,  etc.  Louvain,  1887  (46  p.). 

Scheler  {Aug,),  —  Dictionnaire  d*ë]ymologie  française 
d'après  les  résultats  de  la  science  moderne,  3*  éd.  Bruxelles, 
1888;  vol.gr.  in-8«. 

-*  Anhang  zu  Friedrich  Diez*  etymologiscbem  Wdrtcrbuch 
der  romanischen  Sprachen,  5.  Ausgabe.  Bonn,  1887;  in-8* 
{115  p.). 


(  H02  ) 

Bousseau  (Jean).  —  Le  Masëe  des  plâtres  au  Palais  des 
Académies.  Bruxelles;  extr*  ia-8^  (58  p.). 

—  Les  ancienoes  portes  de  Berehem  et  de  Borgerhoat  k 
Anvers.  Bruxelles;  extr.  in-8**  (57  p.). 

—  Monuments  et  peintures  de  Pise  :  Le  Campe  Santo. 
Bruxelles,  4869;  in-8*  (41  p.). 

—  L'Espagne  monumentale  et  quelques  architectes  fla- 
mands. Bruxelles,  i87i  ;  in-8®  (97  p.). 

Preudhomme  de  Borre  {A.).  *—  Matériaux  pour  la  faune 
entomologique  de  la  province  du  Brabant  :  Coléoptères, 
quatrième  centurie.  Bruxelles,  i887;  extr.  in*8*(45  p.). 

De  Bail  (Z.).  —  Masse  de  la  planète  Saturne  déduite  des  obser- 
vations des  satellites  Japet  et  Titan,  faites  en  i885  et  en  1886* 
Bruxelles,  1887;  extr.  in-4''  (18  p.). 

Colinet  (Ph,),  •—  L'histoire  des  religions;  nouvel  examen  du 
cours  de  M.  le  comte  Goblet  d'Alviella  à  propos  de  sa  réponse 
&  mes  premières  objections.  Bruxelles,  1887;  extr.  in-S*"  (35  p.). 

—  M.  Thiele  et  la  méthode  dans  <  l'histoire  des  religions  >. 
Louvain,  i887;  extr.  in-8*  (5  p.). 

Horion  {Ch.),  —  La  question  sociale  et  les  partis  politiques, 
solutions  scientifiques  :  collectivisme  et  progressisme.  Bruxelles, 

1888;in-8«(lâ8p.). 

Ferguut  (Jan). — Makamen  en  Ghazelen,  proeven  Oosterscher 
poëzie,  ^  druk.  (J.  Van  Droogenbroeck).  Roulers,  1887;  pet. 
in-8'',  portrait. 

Evrard  (F.).  —  Troisième  note  sur  les  observations  des 
coups  de  foudre  en  Belgique.  Bruxelles,  4887;  extr.  in-8* 
(50  p.,  tableaux). 

DiscailUs  {Ernest).  —  Un  chanoine  démocrate,  secrétaire 
du  général  Vander  Mersch.  Bruxelles,  1887;  in^"*  (92  p.). 

Detroz.  —  Des  irrigations  et  des  dessèchements  (chapitre  III 
du  Code  rural  belge)^  discours.  Liège,  1887;  in-8*  (67  p.). 

Aforren  {Éd.),  —  La  Belgique  horticole,  1885.  Liège, 
vol.  in-8*. 


(  H03  ) 

Cogniaux  (il.).  -—  Flora  Brasilieosis  :  fascicu I us  G  :  Melâstoma- 
eea  IP.  Leipzig.  1887;  vol.  in-folio. 

Forir{H.).  —  GontribulioDs  i  Tëtude  du  système  crëcacë  de 
la  Belgique,  II  et  III.  Liège,  1887;  extr.  in-8*  (77  p.,  pi.). 

Conservatoire  royal  de  musique  de  Bruxelles.  —  Annuaire, 
11®  année.  Bruxelles,  i887;  pet.  in-8^ 

Koninklijke  vlaamsehe  Académie  voor  taal-  en  letlerkunde 
—  Jaarboek,  1887.  —  Versiagen  en  mededeelingen,  1***  en  ^* 
aflevering,  1887.  Gand;  1  vol  et  2  cah.  in-8^ 

Archives  de  biologie,  t.  VI,  1887.  Gand;  in-8*. 

Académie  d'archéologie  de  Belgique.  —  Bulletin  :  4*  aér* 
des  Annales,  X  k  XIII.  Annales,  tome  XLI.  Anvers;  in-8^ 

Académie  royale  de  médecine  de  Belgique.  —  Procès-ver^ 
baux  des  séances,  i887.  Bulletin,  1887.  Mémoires  couronnés, 
t  VIII,  2'  à  4«  fasc.  Bruxelles;  in-8^ 

Analecta  Bollandiana,  t.  V,  3;  VI,  1-5.  Bruxelles,  1886-87; 
în-8». 

Annales  des  Travaux  publics,  t.  XL! V,  n*"  4  ;  XLV,  1 ,  % 
ln-8*. 

•    Ministère  des  Affaires  Étrangères.  —  Recueil  consulaire, 
t  LVl  à  LX.  Bruxelles;  in-8*. 

Ministère  de  l'Agriculture,  etc.  —  Bulletin  administratif, 
U  UL  —  Bulletin  de  l'agriculture,  tomes  II  et  III.  —  Rapports 
des  agronomes  de  l'État  sur  les  cultures  expérimentales  de 
1885-1886. 

Musée  royal  d'histoire  naturelle  de  Belgique.  — -  Bulletin, 
I.  IV,  4;  V.  Bruxelles;  in-8*. 

Observatoire  royal  de  Bruxelles.  —  Annuaire  pour  1888. 

—  Annales,  nouvelle  série,  t.  VI. 

Revue  de  l'horticulture  belge  et  étrangère,  L  XIII,  1.  Gand^ 
1887;  in-8». 

Cercle  archéologique  de  Mans.  —  Bulletins,  5*  série,  IL 
Mons,  1887. 

Société  archéologique  de  Namur. — Annales,  t  XVII,  1**  Iiv« 

—  Bibliographie  nàmuroise,  1**  partie,  4*  liv.  In-8*. 


(  im  ) 

Société  archéologique,  NivelleSm  —  ÂDoales,  III,  3  et  3. 
In-8«. 

Oudheidskundige  kring  van  het  land  van  Waa$.  —  Annaleo, 
deel  XI,  aflevering  â  en  3.  S*-Nicolas  1886-88;  in-8\ 


Allehaghb  et  ÂUTaicHB-HoNcaiB. 

Rohrbeck.  (D'  Hermann).  —  Chemische,  physikaliscbe, 
pharmaceutische  Apparate.  Berlin,  4887;  în-8*  (104  p.). 

•  Sierneck  {Robert  von).  —  Der  neue  Pendel  Apparat 
des  miiitâr-geographischen  Institutes.  Vienne,  1887;  in-^ 
(54  p.,  1  pi.). 

—  Trigonometrische  Bestimmung  der  Lage  und  Hôhe  eiol- 
ger  Punkte  der  Haupstadt  Prag.  Vienne,  1887;  in-8''  (24  p.). 

Handelstatistîsches  Bureau  in  Hamburg,  —  Uebersicbteo 
des  hamburgischen  Handels  im  1886.  In-4\ 

Statisiisches  Bureau,  Budapest, — Publicationen,  XXI.  In-8*. 

Archaeologische  Gesellschafï  zu  Berlin.  —  47.  Programm  : 
das  ionische  Capiltel.  Berlin,  1887;  in-4^ 

Université  de  Marbourg.  —  Dissertations  el  tbëses  de 
1886-87;  76  br.  in-8«>  et  in-4«. 

Université  de  Fribourg  {Bade).  -^  Dissertations  et  thèses 
de  1886-87;  66  br.  in-8»  etin-4». 

Naturforschender  Verein,  Brunn.  —  Verbandlungen, 
XXXIV^,  Baud.  —  IV.  Bericbte  der  metcorologîschcn  Commis- 
sion, Jahre  1887.  Brûnn,  1886;  in-8^ 

Oberhessische  Gesellschaft  fur  Natur-^und  Heilkunde.  — 
25.  Bcricht.  Giessen;  in-8*. 

«  Naturforschende  Gesellschaft,  Friburg,  —  Bericbte,  erster 
Band,  1886.  In-8^ 

•  Verein  fur  Erdkunde,  —  Mittheilungen,  1887.  Halle,  1887; 
in-80. 

<  Verein  fur  Naturwissenschafi  zu  Braunschweig.  — 
5.  Jahrcsbericbt,  1881-85.  In-8^ 


(  1108  ) 

Internationale  Zeitechrif  fur  allgemeine  Spraehwissensehaft, 
Band  III,  2.  Leipzig,  1887;  gr.  in-8*. 

Akademie  der  IVissemehaflen  zu  Berlin.  —  SiUuagsbe- 
ricbte,  4886,  N'  40-53  ;  1887/N'  i  .18.—  Abhandlungen,  1886. 

-»  Politîsche  Correspondenz  Friedrich 's  des  Grossen^ 
Bd.  XIV. 

Geographische  Anstalt^  Gotha.  —  MiUheiluogCD,  1887.  — 
Brgânzungsheft,  N"  86-88.  Gotha,  1887;  in-4\ 

Gesellschaft  der  Wisseneehaften  zu  Leipzig.  —  Mathem. 
phys.  Qasse  :  a)  Abhandlungen,  Bd.  XIII,  N*  8-9;  XIV,  1-4; 
6)  Berichte,  1887.  Philos.-hist.  Classe  :  a)  Abhandlungen,  Bd. 
X,  3-7.  Berichte,  1886,  2;  1887,  2,  3. 

K.  bayerische  Akadeniie  zu  Miinchen.  —  Philos.-philol. 
Classe,  Silzungsberichte,  1886,  4;  1887,  1-3.  —  Sitzungsbe- 
riebte,  math.-physikal.  Classe,  1886-87.  —  Abhandlungen  XV, 
3;  XVI,  1.  —  Rcde  auf  Leopold  von  Ranke  (von  Giesebrecht), 
von  Siebold  (Hertwig]  und  von  Fraunhofer  (von  Bauernfeind). 

Bepertorium  der  Physik,  Mûnchen,  Band,  XXIII,  1-5, 
1887;  in-8*. 

Ungar.  geologische  GeeeUsckafij  Budapest.  —  Mittheilun- 
gen,Band  VIII,  1-4.  ZeiUchrift  XVI,  7-12;in-8«. 

Société  adriatica  di  scienze  naturali  in  Trieste.  —  Bolle- 
tino,  X.  In-S*". 

Geologische  Reicheanstalt,  Wien.  —  Jahrbuch,  Jahrg., 
1886.  Bd.  XXXVI,  2-4;  1887.  —  Verhandlungen,  1887.  — 
Abhandlungen,  Bd.  XII,  1-4. 

Anthropologisehe  Gesellschaft  in  Wien.  —  Mîttheîlungeni 
Bd.  XVI,  3  und  4;  XVII,  1. 

Akademie  der  Wissenschaften  zu  Wien.  —  Anzeiger/1887. 
ln-8*. 

K,  k.  naturhistorisches  Bofmuseum,  —  Annalen,  II,  3,  4. 
Vienne;  in-8% 


.^**  SÉRIE,  TOMK  XIT.  73 


{  llOti  J 


Am^biqoe. 

Jameson  (J.  Franklin),  —  Willem  Usselinx,  founder  oftbe 
dutch  and  swedîsh  West-India  Companîts.  New-York,  4887; 
in-8»  (230  p.). 

Ashburner  (Charles- A.).  —  The  géologie  distributiou  of 
oatural  gas  in  the  United  States.  Saint- Louis,  1886;  io-8* 
(Si  p.,  cartes). 

—  The  géologie  relations  of  the  Nanticokc  Disaster.  1887; 
in.8«(l6p). 

California  Academy  of  sciences.  —  Bulletin,  II,  7;  in-8*. 

Observatory  of  Yale  University,  —  Transactions,  roi.  1, 4. 
New-Havcn,  4  887  ;  vol.  in-4^. 

Smithsonian  Institution.  —  Miscellaneous  collections,  yoL 
XXII-XXVI,  4882-85.  Washington;  5  vol.  in-8«. 

—  Scientific  writings  of  Joseph  Ilcnry,  vol.  I  and  IL 
Washington,  4886;  2  voL  in-8'. 

New-York  Academy  of  sciences.  —  Transactions,  vol.  IV, 
4884-85.  Ânnals,  IV,  4  and  2.  Jn-8^ 

New-Orleans  Academy  of  sciences, — Papers,  4886-87.  ïn-8*. 

Washburn  Observatory,  —  Publications,  vol.  V.  Madisoo, 
4887;  in-8». 

Wagner  free  Instilute  of  science  of  Philadelphia.  ^  Trans- 
actions, vol.  I.  In-8^ 

Bureau  of  Education^  Washington,  —  Report  for  4884-85. 
Circulars  and  Bulletins,  4885;  4887,  u«*  4  and  2. 2  vol.  in-8*. 

American  Association  for  the  advancement  of  science.  — 
Proceedings,  34*^  and  55^  meeting,  4885-86.  Salem,  4886-87; 
2  vol.  in-8». 

I^.  S,  Geological  Survey,  —  Bulletin,  n»'  27-39.  Monograpbs, 
vol.  X  and  XI.  Washington  4886. 

Sociedad  mexicana  de  historia  natural.  —  La  Naturalesa, 
t.  VII,  u»'  49-24;  2«  série,  I.  Mexico,  1886;  in-4% 

John  Bopkins  University,  Baltimore.  ^—  American  chemî- 


(  H07  ) 

cal  journal,  vol.  VIII,  6;  IX,  i-6.  —  American  journal'  of 
phîlology,  vol.  VlIIy  i-3.  —  American  journal  of  mathematies, 
vol.  IX,  2-4;  X,  i.  —  Circulars,  n*«  55-59.  —  Sludies  from 
the  biological  laboratory,  vol.  IV,  i-i.  —  Sludies  in  historical 
and  polilical  science,  5^^  séries,  III-XI. 

Boston  Society  of  natural  hisiory,  —  Proceedings,  vol. 
XXIII,  part.  "L  —  Memoirs,  vol.  lil,  n""*  12  and  13. 

American  Aeademy  of  arts  and  sciences,  Boston,  —  Pro- 
ceedings, XXI,  2;  XXII,  I,  3.  —  Memoirs,  vol.  XI,  part.  4, 
n^'  4  and  5. 

Muséum  of  comparative  zoôlogy,  at  Harvard  Collège, 
Cambridge.  —  Bulletin,  vol.  XIll,  2-5.  —  Memoirs,  XVI,  i  and 
2.  —  Annual  reporl  for  1880-87.  In  S\ 

Academia  nacional  de  ciencias  en  Cordoba.  —  Boletin,  t.  IX, 
3  y  4.  Actas,  V,  3 

Estados  Unidos  Mexicanos.  —  Informes  y  documentos 
relativos  a  comercio,  agricullura  e  industrias,  1886,  17,  18; 
1887,  cnero-junio.  Mexico,  1887;  in-8*. 

American  geographical  Society  at  JVew-York. —  Bulletin, 
1885,  4  et  5;  1886,  2,  4,  5;  1887,  1-3.  New-York;  in-8'. 

War  Department,  Washington,  Signal  Office.  —  SammBry 
of  international  meleorogieal  observations.  1886. 

—  Wealher  Review,  1887,  jan.-june. 

American  philosophical  Society,  Philadelphia.  —  Procee- 
dings, vol.  XXIII,  n"  lî24;  XXIV,  n«  125.  In-8«. 


Espagne  et  Portugal. 


Academia  de  ciencias,  Madrid.  —  Revista  de  los  progresos, 
XXlI,2y  3.  In-8». 

—  Mcmorias,  tomo  XI,  1887;  vol.  in-4*. 

Jornal  de  sdencias  mathematicas  e  astronomicas  (F.  Gomes 
Teixeira),  vol.  VII,  4-6  ;  VIII,  I.  Coïmbre;  in-8«. 


1 


(  1108  ) 


France. 

Les  fêtes  d*Arles.  Inaiiguralion  du  monument  Amédée 
Pichot,  30  avril,  4»'  et  â  mai  1887.  Paris,  1887;  in-8*  (65  p.). 

Him  {G.'A)  —  Hemarqiies  sur  un  principe  de  physique 
d'où  part  M.  Clausiiis  dans  sa  Nouvelle  théorie  des  moteurs  i 
vapeur.  Paris,  1888;  extr.  in-i"  (15  p.). 

Moissan  (Henri),  —  Recherches  sur  Tisolcment  du  fluor. 
Paris,  1887;  in-8«(64p.). 

Pagart  d'Hermansarl.  —  Les  cygnes  de  Saint-Omer  :  fiefs 
et  hommages;  la  garenne  du  roi.  Saint-Omer,  1887;  îo-8'' 
(21  p.). 

Pascaud  (H,),  —  De  Tévaluation  des  apports  en  nature 
dans  les  Sociétés  anonymes.  Paris,  1887;  extr.  in-8^(4  p.). 

—  Le  régime  des  Sociétés  anonymes;  les  cas  de  nullité  et  de 
responsabilité.  Paris,  1887;  extr.  in-4"  (2  p.). 

—  Des  droits  du  bailleur  agissant  en  vertu  de  son  privilège 
et  du  tiers-acquéreur  de  bonne  foi  sur  les  meubles  garnissant 
la  ferme  ou  la  maison  Paris,  1887;  extr.  in-8''  (11  p.). 

Daly  {César).  —  Revue  générale  de  Tarchitecture  et  des 
travaux  publics,  1886  et  1887.  In-i^ 

de  Witte  (le  baron  J.)  et  Lasteyrie  {Robert).  —  Gazette 
archéologique,  1887.  Paris;  in-4*. 

Académie  de  médecine^  Paris.  —  Bulletin,  1887.  Paris; in-8*. 

Académie  des  inscriptions,  Paris.  —  Comptes  rendus  des 
séances  de  l'année  1887.  In-8*. 

Académie  des  sciences ,  Paris.  —  Comptes  rendus  des 
séances,  1887.  OEuvres  de  Laplace,  tome  VIL  In-4*. 

Annales  médico-chirurgicales ,  Paris,  4887^  n*"  1,  2,3. 
In.8\ 

Ministère  de  l'Instruction  publique  à  Paris.  —  Bulletin 
du  comité  des  .travaux  historiques  et  seientiCques  :  (a)  sec- 
tion d'histoire  et  de  philologie,  1886,  3  et  4;  (6)  archéologie. 


(  n09  ) 

4886,   3  et  4i  (c)  scleuces  cconomiques  et  socialea,  1886* 
In.8«. 

—  Bibliographie  des  travaux  historiques  et  archéologiques 
publiés  par  les  Sociétés  savantes  de  la  FrancCi  3*  liv,  In-4% 

—  Bibliographie  des  Sociétés  savantes  de  la  France,  par 
B.  Lefèvre-Pontalis.  Paris  1887;  in-4\ 

—  Documents  inédits  sur  l'histoire  de  France  :  comptes  des 
bâtiments  du  roi,  t.  II*  Vol.  in-4^ 

—  Répertoire  des  travaux  historiques,  III,  4. 

Muèée  Guimet.  —  Revue  de  Fhistoire  des  religions,  t.  XIV, 
1-3;XV,  1-3.  Paris;  in-8». 

—  Annales,  tomes  XI  et  XII.  In-4^ 

Répertoire  universel  de  médecine  dosimétrique,  1887,  jan- 
vier, mars,  juillet,  novembre  et  décembre.  Paris;  in-8^ 

Société  géologique  de  France.  —  Bulletin,  t.  XIV,  8;  XV, 
i-5.  —  Mémoires,  3'  série,  t.  IV,  3.  Paris;  in-8®  et  in«4^ 

Société  des  sciences  naturelles^  Rouen.  —  Bulletin,  1886, 
i"  semestre,  iii-8"*. 

Société  archéologique  du  midi  de  la  France^  Toulouse.  — 
Bulletin,  n«"«  série,  n"  I  à  3.  —  Mémoires,  t.  XIV.  I'^  livr. 


Grandb-Brbtagnb,  Irlande  et  Colonies  britanniques. 

Linnean  Society,  London.  —  Zoology  :  Transactions,  vol.  IV, 
1  and  ±  Journal,  vol.  XIX-XXI,n»'  H4-li7;  426  429.  BoUny : 
journal,  vol.  XXII-XXIV,  n-  143-149;  131-138.  —  Trans- 
actions, vol.  II,  n*'  9-14.  ^  Proceedings,  october  1886  and 
july  1887. 

/ndia  Office  of  trigonometrical  branch,  —  Account  of  the 
opérations  of  the  great  trigonometrical  Survcy  of  India, 
vol.  IVa.  Dehra  Dun,  1886;  vol.  in-4\ 

Birmingham  philosophical  Society.  —  Proceedings,  V,  2, 
1886-87.  In.8». 


(  4H0  ) 

*  Asiatic  Society  of  Bengal.  —  Praceedings  and  Journal 
parts  1,  II.  —  Bibliolhcca  Indica  :  new  séries,  n"**  596-607, 
6iO-62i;  old  séries,  n«'  â36-26l.  Calcula;  in-8«. 

Geologicat  Survey  oflndia^  Calcutta.  —  Records,  vol.  XX, 
â,  3.  —  Memoirs  în-4*:  ser.  X,  toI.  IV;  ser.  XIÏ,  vol.  IV,  â; 
ser.  XIII,  vol.  !,.  part.  6. 

Meteorological  Department  of  the  Government  of  India, 
Calcutta.  —  Indian  meteorological  Memoirs,  vol.  IV,  2  and  5. 
. —  Report  on  the  meleorology  of  India  in  i885.  —  Charts  of 
the  Bay  of  Bengal  and  adjacent  sea  north  of  the  Equator.  — 
Weather  charts  of  the  Bay  of  Bengal.  —  Meteorological  obser- 
vations recorded  at  six  stations  in  India,  1886,  seplember-dec.  ; 
1887.  Galcnlta;  in-i**. 

Cambridge  philosophical  Society,  —  Proceedings,  vol.  Vï, 
1,  ±  Transactions,  vol.  XIV,  â. 

Geological  Society  oflretand.  —  Journal,  vol.  XVII,  pari,  i  ; 
XVIII,  i  and  2.  Dublin,  1887;  in-8«. 

Botanical  Society,  Edinburgh.  —  Transactions  and  pro- 
ceedings, vol.  XVI,  5.  In-8'. 

Observalory,  Greenwich,  —  The  Nautical  almanac  and 
astronomical  ephemeris  for  theyear  1891.  Londres,  1S87;  vol. 
in-8». 

Society  of  antiquaries  of  London.  —  Proceedings,  second 
séries,  vol.  XI,  3.  —  Archaeologia,  vol.  L. 

Royal  /nstitute  of  british  architecte,  London.  — -  Proeee- 
dings,  18^7.  —  Transactions,  new  séries,  III.  Londres;  in-4*. 

Royal  asiatic  Society  of  Great  Britain  and  Ireland^  Lon^ 
don,  —  Journal,  vol.  XVIII,  parts  3  and  4;  XIX,  i,  â.  —  Jour- 
nal of  the  China  brandi,  XIX,  3  and  4;  XXI,  3-6. 

Royal  Society,  London,  —  Transactions,  vol.  177, 1  and  2. 
Proceedings,  1887. 

Zoological  Society^  London,  —  Proceedings,  1 886  and  1887. 
—  Transactions,  vol.  XII,  4-6. 


(  un  ) 

Nalural  history  Society  of  Montréal. — The  canadian  record 
of  science,  vol.  II,  6-8;  in-8''. 

Instiiute  ofmining  and  meclianîcal  engineers.  —  Traasae- 
lions,  vol.  XXXVI,  i-î.  NewcasIle-upon-Tyne;  in-8*. 

Canadian  Institute,  Toronto.  —  Proceedings,  vol.  lV,-2; 
V,  i.  In-8'. 


Italie. 

Massalongo  (/2o6erfo).  —  Eiiologia  e  patogenesi  :  rîcerche 
bacleriologiche.  Rome,  4887;  in-8''(iO  p.). 

Maltese  (F.).  —  Monismo  o  nîchilismo,  vol.  I  c  II.  Victoria, 
1887;  2  vol.;  in-i8. 

Società  italiana  délie  scienze^  Roma.  —  Memorie  di  mate- 
matîca  e  di  fisica,  série  terza,  tomo  VI.  Naples,  1887;  vol. 
in-4^ 

Aecademia  délie  scienze  deW  htituto  di  Bologna.  — 
Memorie,  série  IV,  tomo  VU.  In-4'. 

Osservatorio  di  Brera  in  Milano.  —  Publicazioni,  n''  7, 
parte  â  :  Osservazioni  di  Stella  cadenti.  —  N*  26  :  Osservazioni 
meteorologiche,  1882.  Milan,  1887;  3  vol.  in-4^  —  N*»  :29: 
Operazioni  per  deterrainare  la  differenza  délie  longitudini 
fra...  Montsouris. .  di  Brera  in  Milano. 

Aecademia  economico-agraria.  —  Atti,  -1'  série,  IX,  4.  Flo- 
rence, 1887;  in-8*. 

L'industria,  Rivista  tecnica  ed  economica  illustrata,  vol.  I. 
Milan,  1887;in-4^ 

htituto  lombardo  di  scienze  e  lettere,  Milano.  —  Rendiconti, 
▼oi.  XVIll.  —  Memorie  (scienze  matematiche  XV,  4;  XVI,  1. 
—  Memorie  (leltere)  XVI,  5. 

Zoologische  Station  zu  Neapel.  —  Zoologischer  Jahrcsbe- 
richt,  1885,  MV.  Naples;  in-8^ 

Società  venetO'trentino  di  scienze  naturali.  —  Bulletlino, 
t  IV,  1.  Padoue;  in-8^. 


(  mî  ) 

Ciréolo  tnatematico  di  Palermo,  —  Reodiconti,  1,  n*  4 

Société  toscana  di  scienze  natvrali,  Pisa.  —  Attî,  ?ol.  VIII, 
i,  2.  —  Processi  verbali,  1887.  Pise;  in-8^ 

R  Accademia  dei  Lincei,  —  Ifemorie  de  la  classe  di  science 
morali  e  fisiche,  elc,  ser.  3%  vol.  XII;  ser.  4*.  vol.  I.  Reodî- 
oonti,  vol.  III.  Rome;  in-4'. 

A.  Accademia  délie  science  di  Torino.  —  Atti,  vol.  XXII. 
Turin,  1887;  in-8^ 


Pats-Bas,  Luxembourg  et  Indes  néerlandaises. 

m 

Verwijs  en  Verdam  {D'  /.).  —  Middelnederlandsch  woop- 
denboek,  deel  II,  9'«  tôt  iV  afleveriog.  La  Haye,  1887  ;  in-8*. 

De  dieUche  Warande^  deel  V,  aflevcring  76.  Amsterdam, 
1886;  in-8^ —  Nieuwe  reeks,  eerste  jaargang,  n**  i.  Gaod, 
La  Haye,  1887;  in-8^ 

BataafschgenoQtschap  der  proefondervindelykewijsbegeertt 
te  Rotterdam.  —  Steven  Hogendijk  herdacht,  1787-1887 
(Huet).  Rotterdam,  1887;  in-4»  (^6  p.). 

Catalogus  van  de  militaire  geneeskundige  Bîbliotheek  te 
Wellevreden.  Batavia,  1887;  in-8". 

Bataviaasch  Genootschap  van  Kunsten  en  Weienschappen, 
Batavia.  —  Tijdschrift,  deel  XXXI,  4-6.  Notulen,  deel  XXUI, 
3  en  4;  XXV,  1 .  —  Catalogus  der  archeologiscbe  en  numisma- 
tische  vcrzameling.  —  Dagh-register  gebouden  int  Kasteel 
Batavia  (1640-1641). 

École  polytechnique,  Delfl.  —  Annales,  1886,  3*  et  4*  livr.; 
1887,  2«  livr.,  1-3.  Leyde;  in-4*. 

Jardin  botanique  de  Buitenzorg.  —  Annales,  vol.  VI,  â; 
Vil,  I.In-8«. 

Instituut  voor  de  taal^,  land-  en  volkenkunde  van  Neder- 
andech'Indië.  —  Bijdragen,  5^  reeks,  II,  3-4^  La  Haye  ;  in-8*. 

Société  hollandaise  des  sciences,  Harlem.  —  Archives  néer* 


(  <<<3  ) 

landaises  des  sciences  exactes  el  iialuicllcd,   i.  XXi,  '1-b; 
XXII,  1*3.  Mémoires,  IV,  4;  V,  1. 

Nederlandsche  entomologische  Vereeniging.  —  Tijdschrift, 
deel  XXX.  La  Haye;  in-8^ 


Russie. 

Espéranto  (D').  —  Langue  internationale,  préface  et  manuel 
eomplet.  Varsovie,  1887;  pet.  in-8'  (48  p). 

Société  impériale  des  amis  d'histoire  natyretUy  efc,  — 
Bulletin,  1887,  n""!  Moscou;  in-8^ 

Société  des  naturalistes  de  la  Nouvelle  Russie,  —  Mémoires, 
t  XII,  1.  Odessa,  1887  ;  in-8«. 

Physikalisches  Central- Ohservatorium. —  Ânnalen,  1886, 1. 
Saint-Pétersbourg,  i887;in-4\ 

Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou.  —  Bulletin, 
4886,  3  et  4;  1887, 1,  2,  3.  —  Nouveaux  mémoires,  t.  XV,  4. 

Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg.  —  Mémoires, 
t,  XXXI V,  4-13;  XXXV,  1-7.  Bulletin,  1887.  —  Repertoriuro 
fur  Météorologie,  Band  X;  Snpplementband,  II,  III,  IV.  In-4^ 

Société  ouralienne  des  sciences  naturelles,  Ekatkerinebourg. 
—  Bulletin,  t.  X,  1.  In-4% 

Comité  géologique  à  Saint- Peler shourg.  —  Mémoires,  vol.  II, 
n"»  2;  IV^,  1.  —  Bulletin,  1886,  7-11;  1887,  avec  supplément. 


SUÉDI,   NORWÂGE   ET   DaNEHARK. 

institut  géologique  de  la  Suède.  —  Carte  géologique, 
textes  et  cartes,  série  Âa,  n'«  9i,  94,  97-99,  iOI  et  102; 
série  A 6,  n*"  Il  et  12.  Textes:  série  B6,  n»  5;  série,  C,  n^*  65, 
78-91.  Stockholm,  1887. 


(  iWA  ) 

Société  royale  des  sciences  à  UpsaL  —  Nova  acta,  seriei 
lerliae,  XIII,  2.  In-i» 

Insiilut  météorologique  danois.  —  Annuaire  roëlëorolo- 
giquc  pour  1884,  â'  partie;  1885, 1'*  el  3*  parties. Copenhague; 
iu-4*. 

K.  Vitterhets,  Historié  och  Antiquitets  Akademien,  Stock- 
holm —  Ântiqvarisk  Tidskrift,  Delen  IX,  1,  3;  X,  1-4.  — 
Manadsblad,  i886.  In-8«. 

Académie  royale  de  Copenhague,  —  Mémoires,  Classe  des 
sciences,  6*  série,  vol.  IV,  3-îJ.  Oversigt,  1886,  3;  1887,  i,  2. 
—  Rcgesta  diplomatica  historiae  Danicae,  ser.  secunda,  t.  I,  5. 
Copenhague;  in-S""  et  in-4*. 

Société  des  antiquaires  de  Copenhague.  —  Aarboger,  4886, 
4;  1887,1,2. 


SUISSB. 

Commission  géologique  suisse.  —  Carte  géologique  de  la 
Suisse;  feuilles  V,  XXI,  XXV  et  titre.  —  Matériaux  pour  la 
carte  géologique  de  la  Suisse.  22*  livraison,  texte  et  allas. 
Supplément  à  la  24^  livr.  IL  Genève,  Berne,  1887;  4  feuilles 
in-plano  el  3  volumes  io-4*. 

Astronomische  Atittheilungen .  (R.  Wolf),  LXVIII-LXX. 
Zurich;  in-8^ 

Société  vaudoise  des  sciences  naturelles.  —  Bulletin,  n**  95 
et  06.  Lausanne;  in-8* 


impérial  Universily  of  Japan.  —  Journal  of  the  collège 
of  sciences,  vol.  1,  3, 4.  Tokyo,  1887;  10-4**. 

Deutsche  Gesellschaft  fur  IValur-und  Vôlkerkunde  Ost- 
asiens,  —  Mittheilungen,  Hefl  36  und  57.  Yokohama,  1887; 
in-4«. 


(  ms  ) 

Encontre,  durant  Tannée  1887,  rAcadémîea  reçu  les  recueils 
ainsi  que  les  publications  des  Sociétés  savantes  dont  les  noms 
suivent  : 

Anvers.  Chronique  des  beaux^arU  et  de  la  littérature.  •— 
Dfi  vlaamsche  school  —  Société  de  géographie.  —  Société  de 
médecine. 

Bruxelles.  L'Abeille,  revue  pédagogique.  —  Annales  d'ocu- 
listique.  -  Association  belge  de  photographie. —  Bibliographie 
de  la  Belgique.  —  Ciel  et  Terre.  —  Commission  royale 
d'histoire.  —  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie.  — 
Moniteur  industriel  belge.  —  Institut  de  droit  international 
et  de  législation  comparée.  —  Sociétés  d'Anthropologie ,  de 
Botanique^  d'Électriciens,  d'Entomologie,  de  Géographie,  de 
Malacologie,  de  Microscopie,  de  Médecine  publique,  de 
Numismatique,  de  Pharmacie,  des  Sciences  médicales  et 
naturelles.  —  Société  scientifique. 

Enghien.  Cercle  archéologique. 

Gand.  L'Illustration  horticole.  —  Messager  des  sciences 
historiques.  —  Revue  de  l'instruction  publique,  —  Société  de 
médecine. 

Liège.  LÉcho  vétérinaire.  —  Société  des  Bibliophiles  lié- 
geois, —  Société  tu édicO' chirurgicale. 

Louvain.  Journal  des  beaux-arts  et  de  la  littérature. 

Berlin.  Deutsche  chemische  Gesellschaft.  —  Geologische 
Gesellschaft.  —  Gesellschaft  fur  Erdkunde.  —  Gesellschaft 
fur  Anthropologie,  Ethnologie  und  Urgeêchiehte.  —  Physio- 
logische  Gesellschaft. 

Giessen.  Jahresbericht  ûher  die  Fortschritte  der  Chemie. 

Halle.  IVaturwiss.  Verein  fur  Sachsen  und  Thûringen. 

léna.  Medic-naturunssenschaftliche  Gesellschaft. 

Leipzig.  Astronomische  Gesellschaft.  —  Archiv  der  Mathe- 
matik  und  Physik.  —  Zeitschrift  fur  algemeine  Sprachwis- 
senschaft. 

Strasbourg.  Société  des  sciences,  agriculture  et  arts  de  la 
Basse-Alsace. 


1 


(  <H6  ) 

Boenos-Ayres.  Sodedad  cientifica  Argentina, 

New-Hayen.  Journal  of  sciences  and  arts, 

Philadelphie.  Franklin  Inslilute.  —  Hisiorical  Instiiuie.  — - 
Academy  ofnalural  sciences. 

Rio  de  Janeiro.  Club  de  Engenharia,  —  Observatorio.  — 
Sociedade  de  geographia. 

Madrid.  Sociedad  geografica.  —  Aeademia  de  la  histaria. 

Amiens.  Sociélé  industrielle. 

Caen.  Société  des  beaux-arts. 

Lille.  Bulletin  scientifique  du  Département  du  Nord.  \ — 
Société  géologique. 

Marseille.  Société  scientifique  industrielle, 

Paris.  L'Astronomie  {Flammarion).  —  École  normale  supé- 
rieure, —  Journal  de  ragricullure  (Barrai).  —  Le  Cosmos.  — 
La  Nature. — Le  Progrès  méditai. — Moniteur  scientifique,  — 
Revue  britannique.  —  Revue  des  questions  historiques.  — - 
Revue  politique  et  littéraire.  —  Revue  scientifique  de  ta 
France,  —  Revue  numismatique.  —  Revue  internationale  de 
l'électricité.  —  Semaine  des  constructeurs.  —  Société  nationale 

m 

d agriculture.  —  Société  zoologique.  —  Société  de  géographie. 
—  Société  mathématique.  —  Société  philomatique.  —  Sodité 
d'anthropologie.  —  Société  météorologique, 

Saint-Omcr.  Société  des  antiquaires  de  la  Morinie. 

Toulouse.  Société  franco- hispano-portugaise.  —  SociéU 
d'histoire  nalureUcé 

Valenciennes.  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Edimbourg.  Royal  physical  Society. 

Londres.  Anthropologieal  Institute. — Astrononiical  Society. 
— Chemical  Society. -^Entomological  Society.  —  Geographical 
Socieiy.  —  Geological  Society,  —  Bistorical  Society.  —  Insti- 
tution  of  mechanical  engineers.  —  Institution  of  civil  engi- 
neers. — Institution  ofGreat  Britain.  —  Numismatie  Society. 


— JUathematieal  Society.  —  Meteorologieal  Society.''^  Micro^ 
seopieal  Society.  —  Statistical  Society. 

Brescia.  Ateneo. 

Florence.  Société  entomologica  italiana,  —  Rivista  scien- 
tifico-industriah.  — -  Biblioteca  nazionale  centrale. 

Modène.  Società  dei  naturalisti, 

Rome.  Bulletin  del  vukanismo  italiano.  —  Comitato  di 
artigliera  e  geniOm  —  Ministeriordei  lavori  publici.  — -  Biblio» 
teca  nazionale  centrale  Vittorio  Emanuele. 

SAÎot-Pëtersbourg.  Socié{è  de  géographie.  —  Sociiti  de 
chimie. 

Stockholm.  Entomologisk  Tidskrift.  —  Nordiskt  medieinsk 
Àrkiv. 

Genève.  Société  de  géographie. 
Zavich.  Natur for schende  Gesellschaftm 


BULLETIN   DE   l'aCAUÉMIE   HOYàLR   Dk   BRLGlVjUE. 


TABLES  ALPHABÉTIQUES 

DU  TOME  QUATORZIÈME  DE  LA  TROISIÈME  SÉRIE. 


1887. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


A. 

Académie  des  lettres,  sciences,  arts  et  agriculture  de  Metz.  —  Adresse 
son  programme  de  concours  pour  1887-1888, 187. 

Académie  de  Stanislas,  à  Nancy.  —  Adresse  le  programme  :  1«  du 
prix  de  chimie  (fondation  Paul  Bonfils),  187;  â»  du  prix  Herpin 
à  décerner  en  1889,  377. 

Alberdingk'Thijm  (Paul),  —  Hommage  d*ouvrage  (Dietsche  Warande, 
nieuwe  reeks,  n«  1),  842;  note  sur  ce  fascicule  par  Gh.  Piot,  846. 

Alvin  {La  famille).  —  Remerciements  pour  Thommage  rendu  aux 
funérailles  de  Louis  Alvin,  177. 

Anonymes.  —  Rapports  de  MM.  Spring,  Van  der  Mensbrugghe  et  Stas 
sur  le  mémoire  de  concours  concernant  l'écoulement  linéaire  des 
liquides  chimiquement  définis,  par  des  tubes  capillaires,  879 , 
888,  892;  rapports  de  MM.  Van  Bambeke,  Van  Beneden,  Éd.  et 
F.  Plateau  sur  le  mémoire  de  concours  concernant  le  développe- 
ment embryonnaire  du  Hérisson,  893,  916, 922. 

Anthone  (/.).  —  Envoi  de  son  troisième  rapport  semestriel,  388; 
communication  au  Ministre  de  l'appréciation  faite  sur  ce  travail 
par  la  section  de  sculpture  (M.  Marchai,  rapporteur),  861. 

AtM  {Edmond  Van).  —  Soumet  une  étude  expérimentale  sur  l*in- 
fluence  du  magnétisme  et  de  la  température  sur  la  résistance  élec- 
trique du  bismuth  et  de  ses  alliages  avec  le  plomb  et  Tétain,  873* 


TABLE  DES  AUTEURS.  lliH 


fi. 


Baird  {Spencer  Fullerton),  —  Annonce  de  sa  mort,  534. 

Bambéke  (C.  Yan).  —  Rapports  :  voir  Anonymes,  Corin,  Francotte, 
Henrijean,  Julin. 

Bamps  (C.)>  —  Note  sur  quelques  espèces  rares  dé  la  faune  des 
vertébrés  de  la  Belgique,  observées  dans  le  Limbourg  belge,  369; 

.  avis  exprimé  sur  ce  travail  par  M.  Ëdm.  de  Selys  Longchamps,  194. 

Beneden  [Éd.  Van),  —  Les  genres  Ecteimascidia  Herd.  Rhopalea 
PmL.  et  Sluiteria  (nov.  gen.).  Note  pour  servir  à  la  classification 
des  Tuniciers,  19;  nouvelles  recherches  sur  la  fécondation  et  la 
division  mitosique  chez  TAscaride  mégalocéphale.  Communication 
préliminaire,  215;  lauréat  pour  la  huitième  période  du  concours 
quinquennal  des  sciences  naturelles,  690, 1101  ;  élu  correspondant 
de  l'Académie  royale  des  sciences  de  Berlin,  690;  félicitations  au 
sujet  de  ces  distinctions,  690.  —  Rapports:  voir  Anonymes, 
Francotte,  Julin,  Pelsener,  Pergens, 

Beneden  (P.-J.  Van),  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  Guinard,  398, 

;  455;  délégué  à  la  célébration  de  l'anniversaire  du  D^  Donders,  536; 
réélu  membre  de  la  Commission  des  finances,  69â.  —  Rapports  : 
voir  Drion,  Julin,  Pelsener,  Pergens. 

Bertolotti  (A.)-  —  Propose  de  donner  le  nom  de  Rubens  à  une  des 
mes  de  Rome,  487. 

Biot  (Gust.).  —  Rapport  :  voir  Lenain. 

Borlée  {Le  Df).  —  Hommage  d'ouvrage,  187. 

Bormans  {Stanislas).  —  Discours  prononcé  aux  funérailles  de 
J.-F.  Tielemans,  directeur  de  la  Classe  des  lettres,  377.  —  Rapport  : 
voir  Pasquet, 

Boxmeer  {Philippe  Van),  —  Lauréat  (mention  honorable)  du  grand 
concours  d'architecture  de  1887, 387,  504. 

Briart  {Alp.).  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  Guinard,  398,  455; 
hommage  d'ouvrages,  691.  —  Rapport  :  voir  Klément  et  Benard, 

Brunin  {Charles).  —  Avis  favorable  sur  son  buste  en  marbre  de 

.    Louis  Melsens,  178. 

Burlmre  {Le  chevalier  Léon  de),  —  Rapport  :  voir  Martin. 


11:20  TABLE  DBS  AUTEURS. 


C. 

Casembroot  (L.  de).  —  Lauréat  du  concours  des  cantates  françaises , 
485,  504;  Les  suppliantes  (cantate  couronnée)  avec  tradactioa 
flamande  (De  Smeekenden)  par  Em.  Hiel,  506,  516» 

Catalan  (Etig.).  —  Présente  pour  la  collection  des  Mémoires  in-4»  un 
travail  intitulé  :  Nouvelles  propriétés  des  fonctions  X«,  70S* 

Chalon  (R.),  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  847. 

Clays(PJ.).  —  Son  portrait  lui  est  demandé  pour  la  galerie  des 
peintres  célèbres  du  Musée  des  Offices  à  Florence,  677. 

Cogniaux  (Alfred).  —  Description  de  quelques  cucurbitacées  noa« 
velles,  346;  notice  sur  les  Mélastomacées  austro-américaines  de 
M.  Ed.  André,  9^;  rapports  sur  ces  travaux  par  F.  Grépin,  196, 
878;  hommage  d'ouvrage,  691. 

Corin  (/.).  —  Sur  la  circulation  du  sang  dans  le  cercle  artériel  de 
Willis,  90;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  FrédericqetVanBambeke, 
7,  8;  action  des  acides  sur  le  goût,  616;  rapports  sur  ce  travail 
par  MM.  Del  bœuf  et  Fredericq,  536,  539. 

Cornet  (Feu  F.L.):  —  Hommage  d'ouvrage  ait  en  son  nom,  691. 

Crépin  (F.).  —  Rapports  :  Voir  Cogniatix. 

Cumont  (Franz).  —  Rapports  de  MM.  Wagener,  Willems  et  Roersch 
sur  son  travail  imprimé  dans  les  Mémoires  in-8»  et  intitulé  s 
Alexandre  d'Abonotichos  :  Un  épisode  de  l'histoire  du  paganisme 
au  II«  siècle  de  notre  ère,  124, 1^* 

D. 

à^Aguiar  (Antonio-Auçiisto).  —  Annonce  de  sa  mort,  534. 

Damry  (A.).  —  Soumet  un  travail  sur  la  détermination  de  la  pression 

■  du  vent  en  grandeur  et  en  direction,  873. 

Daniel  (Nie.).  —  Dépôt  aux  archives  de  sa  lettre  relative  au  mouve- 
ment perpétuel,  194. 

d'Aumale  (S.  A.  R.  le  duc).  —  Accuse  réception  de  son  diplôme 

^  d'associé,  108. 

De  Decker  (P.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  des  finances,  847. 

De  Bail  (L.).  —  Soumet  un  travail  intitulé:  masse  de  la  planète 
Saturne  déduite  des  observations  des  satellites  Japet  et  Titan,  £ûtes 
en  1885  et  1886  à  l'Institut  astronomique  de  Liège,  188  ;  rapports 
de  MM.  Houzeau  et  Folie  sur  ce  mémoire  imprimé  dans  le  Recueil 
in-4o,  403,  405. 


TABLE  DES  AUTEURS.  i12i 

De  Braey  (MicheC),  —  Lauréat  (2«  prix)  du  grand  concours  d'architec- 
ture de  1887, 387,  504. 
De  Groot  (GuiL).  —  Rapport  :  voir  Anthone. 
De  Heen  (P.).  —  Détermination  de  la  loi  théorique  qui  régit  la 

compressibilité  des  gaz,  46;  hommage  d'ouvrages,  187. 
De  Keersmaecker  (Le  D»).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  399. 
De  Keyser  (Nicaise),  —  Annonce  de  sa  mort,  386. 
De  Koninck  (L.-G.).  —  Annonce  de  sa  mort,  486  ;  discours  prononcé 

à  ses  funérailles  par  J.  De  TiUy,  189. 
Delaborde  {Henri),  —  Hommage  d'ouvrage,  678. 
Delaey  (C-H.)-  —  Hommage  de  travaux  manuscrits  déposés  aux 

archives,  2, 194, 399. 
Delaurier.   —  Soumet  une  note  intitulée  :   Recherches   sur    les 

causes  probables  de  l'explosion  d'un  récipient,  etc.,  691  ;  rapport 

de  M.  Spring  sur  ce  travail  qui  est  déposé  aux  archives,  875. 
de  la  Vallée  Poussin  (Ch,),  —  Rapport  :  voir  Klément  et  Renard. 
Delb(Buf{J.).--13ioxnm2i%e  d'ouvrages,  2,  691;  élu  membre  titulaire, 

1100.  —  Rapport  :  voir  Corin, 
De  Man  (Gustave).  — ■  Annonce  de  sa  mort,  387;  discours  prononcé 

Il  ses  funérailles  par  Ch.  A.  Fraikin,  388. 
Demannez  (Joseph),  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 

finances,  861.  —  Rapport  :  voir  Lenain. 
Deruyts  (Jacques).  —  Développements  sur  la  théorie  des  formes 

binaires,  53;   rapport   sur  ce  travail   par  MM.   Le   Paige  et 

Mansion,  4,  5. 
Deruyts  (François).  —  Sur  la  représentation  des  involutions  unicur- 

sales,  322;  sur  la  théorie  de  l'involution,  650;  rapports  sur  ces 

travaux  par  MM.  Le  Paige  et  Mansion,  199,  543,  544. 
Detroz,  —  Hommage  d'ouvrage ,  842. 
De  Wulf(Ch.).  —  Lauréat  (1^  prix)  du  grand  concours  d'architecture 

de  1887,  387,  504. 
Discailles  (Ern.).  —  Hommage  d'ouvrage  (Un  chanoine  démocrate, 

secrétaire  du  général  Vander  Mersch),  842;  note  sur  cet  opuscule 

par  Alp.  Le  Roy,  842. 
Danders  (F.-C.).  —  Souscription  pour  la  fondation  d'une  institution 

scientifique  à  l'occasion  de  son  soixante-dixième  anniversaire,  399. 
j)ormal  (V.).   —  Remis    en  possession  de  son  billet   cacheté, 

déposé  en  juin  1887,  691.  —Voir  Malaise  (note  sur  les  poissons 

devoniens). 

S"*   SÉRIE,  TOME   XIV.  74 


il 22  TABLE   DES  AUTEURS. 

Ihion  (fils),  —  Des  races  et  des  variétés  dans  Tespèce  Mcstkla 

puTOAius,  365;  avis  exprimé  sur  ce  travail  par  MM.  P.  J.  Van  Bene- 

den  et  de  Selys  Longchamps,  194. 
Droogenbroeck  (J.  Van), — Lauréat  du  concours  des  cantates  flamandes, 

485,604.  ' 

Ducretet  (E.).  —  Sa  note  manuscrite  sur  un  enregistreur  mécanique 

et  automatique  de  signaux,  etc.,  est  déposée  aux  archives,  535. 


Errera  {Léo).  —  Élu  correspondant,  1100. 
Evrard  (F,),  —  Hommage  d*ouvrage,  691. 


F. 

Faider  (Ch.),  —  Chargé  de  faire  la  notice  de  feu  J.-F.  Tielemans,  375; 
réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des  finances,  847. 

Faider-Gallait  (fih.),  — Annonce  la  mort  de  son  beau-père  Louis  Gallait, 
856. 

Faye  (H,),  —  Hommage  d'ouvrage,  3. 

Ferron  (Eug.). — Remis  en  possession  de  son  travail  manuscrit  concer- 
nant rinsuffisance  du  système  suivi  par  Cauchy  (Théorie  de  la 
lumière),  636. 

Fétis  (Éd.),  —  Délégué  auprès  de  la  Commission  administrative;  178; 
se  charge  d'écrire  la  notice  de  Louis  Gallait,  857;  éloge  de 
Louis  Gallait,  857.  —  Rapport  :  voir  Verbrugge, 

Fievez  {Ch.),  —  Nouvelles  recherches  sur  le  spectre  du  carbone,  100; 
rapport  sur  ce  travail  par  M.  Stas,  9. 

Folie  {Fr.),  —  Note  relative  à  la  troisième  partie  de  sa  Théorie  des 
mouvements  diurne,  annuel  et  séculaire  de  Taxe  du  monde,  202; 
hommage  d'ouvrages,  400, 873;  délégué  à  la  célébration  de  l'anni- 
versaire du  D' Donders,  536.  —  Rapports  :  voir  De  Bail,  Ronkar, 
StroobanL 

Forir  {H,),  —  Hommage  d'ouvrage,  187, 

Fraikin  {Ch,),  —  Avis  favorable  sur  son  buste  en  marbre  de 
L.-P.  Gachard,  109,  178;  discours  prononcé  aux  funéraiUes 
d'Auguste  De  Man,  388;  les  prix  de  Rome,  leur  institution  et  leur 
but  (discours),  492;  réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  861.  —  Rapport  :  voir  Anthone, 

Fraipont  (/.).  —  Honunage  d'ouvrages,  3, 187. 

Francotte  (P.).  —  Hommage  d'ouvrages,  3;  Contribution  à  l'étude  du 


TABLE  DES  AUTEURS.  1125 

développement  de  l'épi physe  et  du  troisième  œil  chez  les  reptiles. 
Communication  préliminaire,  810;  rapport  sur  ce  travail  par 
MM.  Ëd.  Van  Beneden  et  Ch.  Van  Bambeke,  699,  702. 
Fredericq  (Léon).  —  Hommage  du  tome  I  des  travaux  de  son  labo- 
ratoire, 2;  délégué  à  la  célébration  de  Tanniversaire  du  D^  Donders, 
536.  —  Rapports  :  voir  Corin,  Henrijean, 


GcUlait  (Lotiis),  —  Annonce  de  sa  mort,  856;  son  éloge  par  Ëd.  Fétis, 
857. 

Gevaerl  (F.  A.).  —  Membre  du  jury  du  grand  concours  de  composi- 
tion musicale  de  1887, 178.  —  Rapport  :  voir  Martin, 

Gilkinet  (Alf,).  —  i«'  commissaire  pour  l'examen  des  Mémoires  sur 
le  concours  relatif  à  la  purification  des  eaux ,  922.  —  Rapports  : 
voir  HairSy  Jorissen, 

Giovanni  (F.  di), — Hommages  d'ouvrages,  110, 456;  note  sur  ses  opus- 
cules intitulés  :  Topografia  antica  di  Palermo.  —  Critica  religiosa 
e  filosofica,  par  Alph.  Le  Roy,  110. 

Gluge  (Th,)  —  Réélu  membre  de  la  Commission  des  finances,  692. 

Goblet  (TAlvidla  (O  Etig.),  —  Hommage  d'ouvrage,  376. 

Gouvernement  anglais.  —  Hommage  d'ouvrage  (Challenger  Reports), 
690. 

Guffens  (Godfr.).  —  Son  portrait  lui  est  demandé  pour  la  galerie  des 
peintres  célèbres  du  Musée  des  Offices,  à  Florence,  488. 


U. 

Hairs  (E.).  —  Sur  un  nouveau  glucoside  azoté  retiré  du  Linum  usita- 
TissiMUM,  923;  rapports  sur  ce  travail  par  MM.  Stas  et  Gilkinet,  874. 

Mariez  (C.  de).  —  Hommage  d'ouvrages  :  1»  Le  texte  originaire  du 
Yih-King,  sa  nature  et  son  interprétation,  456;  note  sur  ce 
volume  par  P.  Willems,456;  2o  Kaushitaki-Upanishad,  842;  note 
sur  cet  opuscule  par  Alph .  Le  Roy,  844.  —  Note  bibliographique  : 
voir  Monseur. 

Heckers  (Pierre).  —  Lauréat  (1«'  prix)  du  grand  concours  de  compo- 
sition musicale  de  1887,  485,  505  ;  exécution  de  sa  cantate,  506. 

Benne  {Alexandre),  —  Chargé  d'écrire  pour  l'Annuaire  de  1888  la 
notice  d'Alph.  Vandenpeereboom,  456. 

Hennequin  (Emile).  —  Hommage  d'ouvrage,  534. 


4424  TABLE   DBS  AUTEURS. 

Henrijean  (F.).  —Application  de  la  photographie  à  l'étude  de  l'électro- 
tonus  des  nerfs,  80;  rapport  sur  ce  travail  par  HM.  Fredericq  et 
Van  Bambeke,  6,7. 

Uiel{Em,).  — De  Smeekenden,  traduction  de  la  cantate  couronnée 
«  Les  suppliantes  »,  516» 

Him  (G.  A.)  —  Hommage  d'ouvrages,  400,  873. 

HoUzendorff  {Franz  de),  —  Hommage  d'ouvrage  (Principes  de  la  poli- 
tique), 410;  note  sur  ce  volume  par  Alp.  Rivier,  445. 

Houzeau  (/.  C).  —  Hommage  d'ouvrage,  694.  —  Rapports  :  voir  De 
Bail,  Jenkins,  Smith  (John  Barker),  Stroobant. 

Uymans  (H.).  —  Remet  pour  l'Annuaire  sa  notice  sur  J.  Franck,  485; 
fait  part  de  la  proposition  de  M.  Bertolotti  de  donner  le  nom  de 
Rubens  à  une  rue  de  Rome,  487;  s'engage  à  écrire  la  notice  de 
N.  De  Keyser,  678.  —  Rapport  :  voir  Lenain, 

I. 

Ibânez  (Charles).  —  Hommage  de  livraisons  de  la  carte  topographique 
de  l'Espagne,  534. 


Jaquet  (Jos,).  --  Rapport  :  voir  Anthone. 

Jenkins  (/.).  —  Soumet  une  note  intitulée  :  On  Forecasting  the 

Weather,  535;  lecture  du  rapport  fait  par  M.  Houzeau  sur  ce  travail 

déposé  aux  archives,  693. 
Jarissen  (A.),  —  Sur  un  nouveau  glucoside  azoté  retiré  du  Lonni 

usiTATissiMUM,  923;  rapport  sur  ce  travail  par  HM.  Stas  et  Gilkinet, 

874. 
Julin  (Ch.),  —  Avis  exprimés  par  KMi  Van  Beneden,  père  et  fils,  et 

Van  Bambeke  sur  sa  demande  de  subside  à  l'effet  de  pouvoir 

se  rendre  à  Manchester,  au  Congrès  de  l'Association  britannique 

pour  l'avancement  des  sciences,  494. 

K. 

Kervyn  de  Lettenhove  {Le  baron  /.-B.-Jf.-C).  —  La  dernière  séance 
du  Conseil  avant  le  Supplice,  671. 

Kirchhoff  {Gustave),  —  Annonce  de  sa  mort,  534. 

Elément  (C).  —  Sur  la  nature  minérale  des  silex  de  la  craie  de 
Nouvelles,  contribution  à  l'étude  de  leur  formation,  773;  rapport 
sur  ce  travail  par  MM.  de  la  Vallée  Poussin  et  Briart,  695, 699. 

Kolliker  {A.  von).  —  Hommage  d'ouvrage,  3. 


TABLE   DES  AUTEURS.  1125 


Lagrange  (Ch,),  —  Hommage  d'ouvrage,  3  ;  élu  correspondant,  1100. 

Lapon  {Edmond).  —  Lauréat  (second  prix)  du  grand  concours  de 
composition  musicale  de  1887,  485,  505» 

Laurent  (Ê,),  —  Remis  en  possession  de  son  pli  cacheté  déposé 
le  1"  août  1885,  399. 

Laveleye  {Ém,  de).  —  Remercie  pour  les  félicitations  qui  lui  ont  été 
adressées  à  l'occasion  de  sa  nomination  de  membre  du  Sénat 
académique  de  l'Université  de  Saint-Pétersbourg,  375  ;  membre  du 
jury  pour  le  prix  Guinard,  398,  455.  —  Notice  bibliographique  : 
voir  Monge  (L.  de), 

Leboucq  {H,).  —  Hommage  d'ouvrage,  536. 

Lebrun  (Paul).  —  Lauréat  (second  prix)  du  grand  concours  de  compo- 
sition musicale  de  1887, 485,  505. 

Lenain  (Louis).  —  Communication[au  Ministre  de  l'appréciation,  faite 
par  la  section  de  gravure,  de  son  envoi-copie  réglementaire,  861. 

LePaige  (C).  —  Sur  les  éléments  neutres  des  involutions,  211.  — 
Rapports  :  voir  Deruyts. 

Le  Roy  (Alp.)  —  Rapport  :  voir  Weddingen  (Van).  —  Notes  bibliogra- 
phiques :  voir  Discailles,  Giovanni  (di).  Mariez  (de),  Wiliquet. 

Liagre  (/.-3f.-/.).  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  Guinard,  398,  456. 

Lindelôf  (L.).  —  Hommage  d'ouvrage  (Trajectoire  d'un  corps  assujetti 
à  se  mouvoir  sur  la  surface  de  la  terre  sous  l'influence  de  la  rotation 
terrestre),  400;  note  sur  ce  travail  par  M.  Van  derMensbrugghe,  400. 

IjOomans  (Ch,).  —  Remet  le  manuscrit  de  sa  notice  sur  G.  Nypels,  666. 


M. 

Mailly  (Éd.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  des  finances,  692. 
Malaise  (C).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  186;  sur  la  découverte  de 

poissons  devoniens  dans  le  bord  nord  du  bassin  de  Namur,  771. 
Mansion  (P.).  —  Hommage  d'ouvrage,  400;  élu  membre  titulaire,  1100. 

—  Rapports  :  voir  Deruyts. 
Marchai  (Le  chev.  Edm.).  —  Remet  pour  l'Annuaire  sa  notice  sur 

J.  Geefs,  489.  —  Rapport  :  voir  Anthone. 
Martin  (Joseph).  —  Avis  de  la  section  de  musique  sur  sa  note  déposée 

aux  archives  et  intitulée  :  Proposition  d'une  base  harmonique,  490. 
Maus  (H.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  des  finances,  692. 


1126  TABLE   DES  AUTEURS. 

Middeleer  (/.).  —  Lauréat  du  concours  d'art  appliqué  (sujet  de 

peinture),  486,  503;  remercie,  489. 
Ministre  de  V Agriculture,  de  VIndustrie  et  des  Travaux  publics.  — 

Envoi  d'ouvrages,  2,  i09,  376,  398,  455,  534,  665,  841  ;  fait  savoir 

qu'il  a  commandé  à  M.  Vinçotte  le  buste  de  M.  Alvin,  177. 
Ministre  de  la  Guerre.  —  Hommage  d'ouvrage,  535.  . 
Monge  {Léon  de).  Hommage  d'ouvrage  (Études  morales  et  littéraires. 

Épopées  et  romans  chevaleresques),  666;  note  sur  ce  volume  par 

Ém.  de  Laveleye,  668. 
Monseur  {Eugène).  —  Hommage  de  l'ouvrage  suivant  :  Canakya.  — 

Recension  de  cinq  recueils  de  stances  morales,  376;  note  sur  cet 

opuscule  par  Ch.  de  Harlez,  381. 
Montald  (C.)-  —  Allocation  de  sa  pension  de  lauréat  du    grand 

concours  de  peinture  de  1886,  387. 
Montigny  {Ch.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 

finances,  692;  influence  des  bourrasques  sur  la  scintillation  des 

étoiles,  703. 
Mourlon  {Michel).  —  Sur  une  nouvelle  interprétation  de  qxielques 

dépôts  tertiaires,  15;  sur  les  dépôts  rapportés  par  Dumont  à  ses 

systèmes  laekenien  et  tongrien  au  S.  E.  de  Bruxelles,  598. 
Murray  {John).  —  Hommage  d'ouvrage,  690. 
Musée  d'histoire  naturelle.  —  Hommage  d'ouvrage,  2. 

W. 

Neyt  {Adolphe).  —  Nouvelles  recherches  sur  la  fécondation  et  la 
division  mitosique  chez  TAscaride  mégalocéphale,  215. 

Niesten  (L.).  —  Remarques  au  sujet  de  l'éclipsé  totale  de  soleil  da 
19  août  1887,  449;  soumet  un  travail  intitulé  :  Les  plans  plané- 
taires et  l'équateur  solaire,  535» 

O. 

O'Dtm  de  Revel  (/.).  —  Hommage  d'ouvrage,  376. 

V. 

Pascaud{H.).  — -  Hommage  d'ouvrages,  376. 

Pasquet  {Em.).  —  Soumet  un  travail  intitulé:  Sermons  de  carême  en 
dialecte  wallon,  666;  rapports  de  MM.  Scheler  et  Bormans  sur  ce 
travail  qui  sera  imprimé  dans  les  Mémoires  in-8o,  847, 855. 

Pauli  {Adolphe).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  spéciale  des 
finances,  861. 


TABLE  DES  AUTEURS.  1127 

Pdseneer  (Paul),  —  Envoi  à  l'examen  de  son  rapport  sur  les  résultats 
de  ses  études  à  la  Station  zoologique  de  Naples,  186;  commu- 
nication au  Ministre  de  l'appréciation  de  ce  rapport  faite  par 
MM.  Van  Beneden,  père  et  fils,  et  Plateau,  402. 

Pergens.    —  Demande  à    pouvoir    occuper,   en  1888,    la   table 
réservée  aux  Belges  à  la  Station  zoologique,  à  Naples,  S34;  commu- 
nication au  Ministre  des  rapports  faits  sur  cette  demande  par    • 
MM.  Van  Beneden,  père  et  fils,  et  Plateau,  692. 

Philippson  (Martin).  —  Note  bibliographique  :  voir  Vollgra/f. 

Piot  {Ch.).  —  Délégué  au  Congrès  de  la  Fédération  historique  et 
archéologique  de  Belgique,  109  ;  remet,  pour  l'Annuaire  de  1888,  le 
manuscrit  de  sa  notice  sur  L.-P.  Gachard,  375  ;  réélu  membre  de  la 
Commission  des,  finances,  847;  hommage,  avec  note  bibliogra- 
phique, du  tome  VI  de  la  Correspondance  du  Cardinal  de  GranvelU, 
376,  379.  —  Voir  aussi  Alberdingk-Thijm, 

Plateau  (F.).  —  Hommage  d'ouvrage,  399,  536  ;  recherches  expéri- 
mentales sur  la  vision  chez  les  Arthropodes  (première  partie), 
a.  Résumé  des  travaux  effectués  jusqu'en  1887  sur  la  structure  et 
le  fonctionnement  des  yeux  amples;  b.  Vision  chez  les  Myriopodes; 
(deuxième  partie),  c.  Vision  chez  les  Arachnides,  407,  545. 
—  Rapports  :  voir  Anonytnes,  Pelsener,  Pergens, 

Poskin  (Ach.).  —  Hommage  d'ouvrage,  188. 

Prost  {Eug.).  —  Sur  le  sulfure  du  cadmium  colloïdal,  312  ;  rapport 
sur  ce  travail  par  MM.  Stas  et  Spring,  197, 198. 


H. 

Radoux  (/.-T.).  —  Membre  du  jury  du  grand  concours  de  composition 
musicale  de  1887, 178. 

Renard  (A. -F.),  —  Sur  la  nature  minérale  des  silex  de  la  craie  de 
Nouvelles,  contribution  à  l'étude  de  leur  formation,  773;  rapport 
sur  ce  travail  par  MM.  de  la  Vallée  Poussin  et  Briart,  695^  699. 

Reychler  (A.).  —  Sur  un  mode  de  préparation  de  la  phénylhydrazine, 
450;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  Stas  et  Spring,  403. 

Rivier  (AlpJ),  —  Membre  du  jury  pour  le  prix  Guinard,  398,  455.  — 
Note  bibliographique  :  voir  Holtzendorff. 

Robert  (Alex.).  —  Rapport  :  voir  Verbrugge. 

Roersch  (L.)-  —  Barthélémy  Latomus,  le  premier  professeur  d'élo- 
quence latine  au  Collège  royal  de  France,  132.  —  Rapport  :  voir 
Cumont. 


1138  TABLE  D£S  AUTEURS. 

Rankar  (E.),  —  Note  sur  les  oscillations  d'un  pendule  produites  par 
le  déplacement  de  Taxe  de  suspension,  296;  rapport  sur  ce  travail 
par  M.  Folie,  195;  hommage  d'ouvrage,  400. 

Rousseau  (Jean),  —  Chargé  de  faire  la  notice  de  feu  G.  De  Man,  387; 
hommage  d*ouyrages,  860  ;  Fra  Beato  Angelico,  863. 


^. 


Samuel  (Ad.).  —  Hembre  du  jury  du  grand  concours  de  composition 
musicale  de  1887, 178;  réélu  membre  de  la  Commission  spéciale 
des  finances,  861.  —  Rapport  :  voir  Martin. 

S<^ieler  (Auguste).  —  Hommage  d'ouvrage,  842.  —  Rapport  :  voir 
Pasqvet. 

Selys  Longchamps  {Le  baron  Edm.  de).  —  Hommage  d'ouvrage,  399; 
revision  des  poissons  d'eau  douce  de  la  faune  belge,  lOâl.^ 
Rapports  :  voir  Bamps,  Drion, 

Siret  (Ad,),  —  Désigné  pour  écrire  une  notice  sur  feu  N.  de  Keyser, 
387  ;  regrette  de  ne  pouvoir  accepter  celte  mission,  678. 

Slingeneyer  (Ernest),  —  Son  portrait  lui  est  demandé  pour  la  galerie 
des  peintres  célèbres  du  Musée  des  Offices,  à  Florence,  488;  réélu 
membre  de  la  Commission  spéciale  des  finances,  861.  —  Rapport  : 
voir  Verbrugge. 

Smith  (John  Barker).  —  Soumet  une  note  intitulée  :  A  new  philosophy, 
691;  rapport  de  M.  Houzeau  sur  ce  travail  qui  est  déposé  aux 
archives,  877. 

Société  des  sciences  naturelles  de  Hambourg.  —  Annonce  la  célébration 
de  son  cinquantième  anniversaire  de  fondation,  398. 

Souillart  (L.).  — •  Hommage  d'ouvrage,  536. 

Spring  (W.).  —  Sur  une  relation  entre  l'élasticité  optique  et  l'activité 
chimique  dans  un  cristal  de  spath  d'Islande,  13;  sur  la  vitesse  de 
réaction  du  spath  d'Islande  avec  quelques  acides,  725;  simple 
observation  au  sujet  d'un  travail  de  M.  W.  Hallock  intitulé  :  The 
Flow  of  Solids,  etc.,  595  ;  de  l'action  du  chlore  sur  les  combinaisons 
sulfoniques  et  sur  les  oxysulfures  organiques  (A»  communication), 
736.  —  Rapports  :  voir  Anonymes,  Delaurier,  Prost,  ReyMer, 
Winssinger, 

Stallaert  (/.).  —  Lecture  d'une  note  relative  aux  modifications 
réglementaires  des  grands  concours  (Prix  de  Rome),  487,  682; 
rapport  sur  le  concours  annuel  d'art  appliqué  (peinture),  679. 


TABLE  DES  AUTEURS.  Ii29 

StasiJ.S.),  —  Rapports  :  voir  Anonymes,  Fievez,  Hoirs,  Jorissen^ 

Prost,  "Reychler,  Winssinger. 
Stecher  (/.).  —  Vondel  et  la  Belgique,  460. 
Stephani  (Ludolphe).  —  Annonce  de  sa  mort,  108. 
Stroobant(Paul). — Observations  physiques  de  Saturne,  faites  en  1887, 

à  rObservatoire  royal  de  Bruxelles,  638;  rapport  sur  ce  travail 

par  MM.  Folie  et  Houzeau,  541,  543. 

T. 

Takon  (Victor).  Hommage  d'ouvrage  (Les  origines  de  la  métallurgie 
au  pays  d'Entre-Sambre-et^Meuse),  666  ;  note  sur  ce  volume  par 
Alph.  Wauters,  666. 

Terhy  (F.).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  2;  soumet  un  travail  intitulé  : 
Études  de  l'aspect  physique  de  Jupiter  (2^  partie).  Observations 
faites  à  Louvain  à  la  lunette  de  Secrétan,  de  1882  à  1885,  535. 

Tfwmsen  {Julitts).  —  Ëlu  associé,  1100. 

Thonissen  (/.-/.).  —  Réélu  membre  de  la  Commission  des  finances, 
847. 

Tiberghien  (G.).  — Hommage  d'ouvrage,  110. —  Rapport  :  voir  Weddinr 
gen  (Van). 

Tielemans  (/.  François).  —  Annonce  de  sa  mort,  375;  discours 
prononcé  à  ses  funérailles  par  S.  Bormans,  377. 

TUly  (/.  De). — Discours  prononcé  aux  funérailles  deL.-G.  de  Koninck, 
189  ;  sur  les  notions  de  force,  d'accélération  et  d'énergie  en  méca- 
nique (discours),  975. 

Truyman  {Ferdinand).  —  Lauréat  (2^  prix)  du  grand  concours 
d'architecture  de  1887,  387, 504. 

V. 

Van  der  Mensbrugghe  (G.).  —  Remet,  pour  l'Annuaire,  le  manuscrit  de 
sa  notice  sur  F.  Duprez,  186;  petite  expérience  relative  à  l'influence 
de  l'huile  sur  une  masse  liquide  en  mouvement,  205;  dépose  un 
biUet  cacheté,  873.  —  Rapport  :  voir  Anonymes.  —  Note  bibliogra- 
phique :  voir  Lindelôf. 

Vander  Straeten  {Edmond).  —  Envoi  à  l'examen  d'une  1"  série  de 
Bulletins  formant  le  résultat  de  ses  recherches  à  Leyde  et  à 
Munich,  489. 

Van  der  Stricht  (0.).  —  Hommage  d'ouvrage,  400. 


4130  TABLE    DES  AUTEURS. 

Vander  Veken  {Guillaume).  —  Envoi  à  Texamen  de  son  premier 

rapport  semestriel,  860. 
Verbrugge  lE.),  —  Rapport  de  MM.  Fétis,  Slingeneyer,  Robert  et 

Verlal  sur  son  6^  rapport  semestriel,  178;  communication  d'une 

lettre  dfe  PAcadémie  royale  des  beaux-arts  d'Anvers  relative  à  son 

envoi  réglementaire,  392. 
Verlat  (CL),  —  Son  portrait  lui  est  demandé  pour  la  galerie  des 

peintres  célèbres  du  Musée  des   Offices,   à  Florence,  488.  — 

Rapport  :  voir  Verbrugge, 
Verstraete  {Léopold).  —  Dépose  un  billet  cacheté,  399. 
Vinçotte  «  T.).  —  Chargé  d'exécuter  le  buste  de  Louis  Alvin,  177.  — 

Rapport  :  voir  Antkone. 
Vollgra/f  {J.  C).  —  Hommage  d'ouvrage  (M  Tvllii  Giceronis   pro 

M.  Cœlio  oratio  ad  ivdices),  666;  note  sur  ce  volume  par  M.  Phi- 

lippson,  669. 

W 

Wagener  (Aug,).  —  Rapport  :  voir  Cumont. 

Wauters  {Alph.).  —  Hommage,  avec  note  bibliographique,  de  la 
^  livraison  (canton  de  Léau)  de  sa  Belgique  ancienne  et  moderne, 
113;  sur  l'Épistémonomie  de  feu  Philippe  Van  der  Maelen,  ancien 
membre  de  l'Académie,  129.  —  Note  bibliographique  :  voir  Tahon, 

Wauters  {Êm.),  —  Élu  correspondant  de  l'Institut  de  France,  488  ; 
son  portrait  lui  est  demandé  pour  la  galerie  des  peintres  célèbres 
du  Musée  des  Offices,  à  Florence,  488. 

Weddingen  (A.  Van).  —  Lecture  des  rapports  de  MM.  Tiberghien  et 
Le  Roy  sur  son  travail  (imprimé  dans  les  Mémoires  in-8»)  intitulé  : 
Les  tendances  spontanées,  dans  leurs  rapports  avec  l'objectivité 
et  la  certitude  des  connaissances  rationnelles,  385. 

Wiliquet  (C).  —  Hommage  d'ouvrage  (Le  mien  et  le  tien),  458  ;  note 
sur  cet  opuscule  par  Alp.  Le  Roy»  458. 

Willems  (P.).  —  Rapport:  voir  Cumonf.— Note  bibliographique  :  voir 
Harlez  (de). 

Winssinger  (C).  —  Sur  quelques  dérivés  nouveaux  de  l'alcool  hepti- 
lique  normal,  comparés  à  leurs  homologues,  760;  rapport  sur  ee 
travail  par  MM.  Spring  et  Stas,  693,  694;  de  l'action  du  chlore  sur 
les  combina  isons  sulfoniques  et  sur  les  oxysulfures  organiques 
(4<^  communication),  736. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Anatomie,  —  Voir  Zoologie, 

Astronomie,  —  M.  L..  de  Bail  soumet  un  travail  intitulé  :  Masse  de  la 
planète  Saturne  déduite  des  observations  des  satellites  Japet  et  Titan, 
faites  en  1885  et  en  1886  à  l'Institut  astronomique  de  Liège,  188; 
rapports  faits  par  MM.  Houzeau  et  Folie  sur  ce  Mémoire  imprimé 
dans  le  recueil  in4o,  403,  405;  théorie  des  mouvements  diurne, 
annuel  et  séculaire  de  Taxe  du  monde,  III^  partie,  par  F.  Folie, 

.  202;  observations  physiques  de  Saturne,  faites  en  1887,  k  TObser- 
vatoire  royal  de  Bruxelles,  par  Paul  Stroobant,  638;  rapport  sur 
ce  travail  par  MM.  Folie  et  Houzeau,  541,  543;  remarques  au  sujet 
de  Téclipse  totale  de  soleil,  du  19  août  1887,  par  L.  Niesten,  449; 
M.  Terby  soumet  un  travail  intitulé  :  Études  sur  Taspect  physique 
de  Jupiter  (deuxième  partie).  Observations  faites  à  Louvain,  à 
la  lunette  de  Secretan,  de  1882  à  1886,  535;  M.  Nysten  soumet  un 
travail  concernant  les  plans  planétaires  et  Téquateur  solaire,  535. 
Voir  Météorologie  (pour  la  scintillation»  et  Spectroscopie, 

Beaux-arts.  —  Voir  Concours  (Gramfa).  Prix  de  Rome,  Histoire  des 
beaux-arts.  Musique, 

Bibliographie.  —  Notes  sur  les  ouvrages  suivants  :  Dietsche  Warande, 
nieuwe  reeks,  n^  1  /Alberdingk-Thijm,  P.\  par  Ch.  Piot,  846;  un 
chanoine  démocrate,  secrétaire  du  général  Vander  Mersch  (Dis- 
cailles, Ern.),  par  Alp.  Le  Roy,  842;  topografia  antica  di  Palermo. 
—  Critiea  religiosa  et  filosofica  (V.  di  Giovanni',  par  Alp.  Le  Roy, 
110;  le  texte  originaire  du  Yih-King,  sa  nature  et  son  interprétation 
(C.  de  Harlez),  par  P.  WiUems,  456;  Kaushitaki-Upanishad  (G.  de 
Harlez),  par  Alp.  Le  Roy,  844;  Principes  de  la  politique  (Holtzen- 
dorfif  (F.  de),  par  A.  Rivier,  115;  trajectoire  d'un  corps  assujetti  à 
se  mouvoir  sur  la  surface  de  la  terre  sous  Tinfluence  de  la  rota- 
tion terrestre  (LindelÔf,  L.),  par  G.  Van  der  Mensbrugghe,  400; 
études  morales  et  littéraires.  Épopées  et  romans  chevaleresques 
(Léon  de  Monge),  par  E.  de  Laveleye,  668;  Canakya.  Recension  de 
cinq  recueils  de  stances  morales  (Monseur,  Eugène>,  par  Ch.  de 


M  52  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Harlez,  381;  Correspondance  du  cardinal  de  Granvelle  (tome  Yl 
par  Gh.  Piot),  par  l'auteur,  379;  '),es  origines  de  la  métallurgie  au 
pays  d'Ëntre-Sambre-et-Meuse  (Y.  Tahon),  par  Alph.  Wauters,  666; 
H  Tvllii  Giceronis  pro  M.  Goelio  oratio  ad  ivdices  (Yollgraflf, 
J.  G.)t  par  M.  Philippson,  669;  Belgique  ancienne  et  moderne.  Can- 
ton de  Léau  (Alp.  Wauters),  par  l'auteur,  113;  sur  l'Épistémonomie 
de  feu  Philippe  Yan  der  Maelen,  par  Alp.  Wauteurs,  129;  le  mien 
et  le  tien  (G.  Wiliquet),  par  Alp.  Le  Roy,  458* 

BiUeis  cachetés  déposés  par  HM.  Terby,  2;  Malaise,  186;  le  D'  De 
Keersraaecker,  399  ;  Léopold  Yerstraete,l399  ;  Yan  der  Mensbnigghe, 
873;  M.  Emile  Laurent  est  remis  en  possession  de  son  billet  cacheté 
déposé  dans  la  séance  du  1«'  août  1885,  399;  M.  Donnai  remis  en 
possession  de  son  b  llet  cacheté  déposé  le  4  juin  1887,  691. 

Biographie,  —  Barthélémy  Latomus,  le  premier  professeur  d'élo- 
quence latine  au  Collège  royal  de  France,  par  L.  Roersch,  132; 
discours  prononcés  aux  funérailles  :  1®  de  L.-G.  de  Koninck  par 
J.  De  Tilly,  189;  2»  de  J.  F.  Tielemans  par  S.  Bormans,  377; 
dp  d'Auguste  De  Man  par  G.  A.  Fraikin,  388;  éloge  de  Louis  Gallait 
par  Éd.  Fétis,  857.  —  Yoir  Notices  biographiques  pour  l'Annuaire, 

Biologie.  —  Yoir  Physiologie  et  Zoologie., 

Botanique.  —  Description  de  quelques  Gucurbitacées  nouvelles,  par 
A.  Gogniaux,  346;  sur  les  Mélastomacées  austro-américaines  de 
M.  Ed.  André,  par  A.  Gogniaux,  927;  rapports  sur  ces  travaux 
par  F.'  Crépin,  198,  878. 

Buste  des  académiciens  décédés.  —  Avis  favorable  sur  le  buste  en 
marbre  de  L.-P.  Gachard,  exécuté  par  Gh.  Fraikin,  109, 178;  le  buste 
de  L.  Alvin  a  été  commandé  à  Th.  Yinçotte,  177;  avis  favorable 
sur  le  buste  en  marbre  de  L.  Melsens,  exécuté  par  Ch.  Brunin,  178. 

C. 

Chimie.  —  Sur  une  relation  entre  l'élasticité  optique  et  l'activité 
chimique  dans  un  cristal  de  spath  d'Islande,  par  Y^althère  Spring, 
13;  sur  la  vitesse  de  réaction  du  spath  d'Islande  avec  quelcpies 
acides,  par  W.  Spring,  725;  simple  observation  au  sujet  d'un  travail 
de  W.  Hallock  intitulé  :  The  Flow  of  Solids,  etc.,  par  W.  Spring, 
595;  sur  le  sulfure  de  cadmium,  par  Eug.  Prost,  312;  rapport  sur  ce 
travail  par  HM.  Spring  et  Stas,  197, 198;  sur  un  mode  de  prépara- 
tion de  la  phénylhydrazine,  par  A.  Reychler,  450;  rapport  sur  ce  tra- 
vail par  MM.  Stas  et  Spring,  403;  de  l'action  du  chlore  sur  les  combi- 
naisons sulfoniques  et  sur  les  oxysulfures  organiques,  quatrième 
communication,  par  W.  Spring  et  G.  Wissinger,  736;  sur  quelques 


TABLE   DES  MATIÈRES.  il 55 

dérivés  nouveaux  de  l'alcool  heptilique  normal  comparés  à  leurs 
homologues,  par  C.  Wissinger,  760;  rapport  de  MM.  Spring  et  Stas 
sur  ce  travail,  693,  694;  sur  un  nouveau  glucoside  azoté,  retiré  du 
«  Linum  usitatissimum  »,  par  MM.  Jorissen  et  Hairs,  E.,  923;  rap- 
port sur  ce  travail  par  MM.  Stas  et  Gilkinet,  874.  —  Voir  Concours 
de  la  Classe  des  sciences,  Spectroscopie. 

Commission  administrative,  M.  Fétis,  membre,  178.  —  chargée  de  la 
publication  des  œuvres  des  anciens  musiciens  belges.  Renvoi  k  son 
examen  d'une  première  série  de  Bulletins  formant  le  résultat  des 
recherches  faites  par  M.  Edm.  Vander  Straeten  à  Leyde  et  à  Munich, 
489.  —  spéciale  des  finances.  Réélections  :  sciences,  69â;  lettres, 
847;  beaux-arts,  861. 

Concours,  —  Les  institutions  suivantes  adressent  leurs  programmes  : 
Académie  des  lettres,  sciences,  arts  et  agriculture  de  Metz,  187; 
Académie  de  Stanislas,  à  Nancy  (prix  de  Chimie.  Fondation  Paul. 
Bonfils  et  prix  Herpin),  187,  377.  —  Voir  Prix. 

Concours  de  la  Classe  des  beaux-arts  (1887).  —  Jugement  (art  appliqué), 
486;  rapport  de  M.  J.  Stallaert  sur  les  sujets  de  peinture,  679; 
remerciements  de  M.  J.  Middeler,  lauréat,  486;  proclamation  du 
résultat,  S03. 

Concours  de  la  Classe  des  lettres.  —  Programme  pour  1889, 117. 

Concours  de  la  Classe  des  sciences  (1887).  —  Mémoires  reçus,  188; 
rapports  de  MM.  Spring,  Van  der  Mensbrugghe  et  Stas  sur  le 
mémoire  concernant  l'écoulement  linéaire  des  liquides  chimi- 
quement définis,  par  des  tubes  capillaires,  879, 888,892;  rapports  de 
MM.  Van  Bambeke,  Ëd.  Van  Beneden  et  F.  Plateau  sur  le  mémoire 
concernant  le  développement  embryonnaire  du  Hérisson,  893, 916, 
922;  proclamation  desjésultats,  1099.  —  Concours  extraordinaire 
(purification  des  eaux).  Mémoires  reçus,  402  ;  M.  Gilkinet,  premier 
commissaire  pour  l'examen  de  ces  mémoires,  922. 

Concours  des  cantates  (1887).  —  Lauréats,  485;  Les  Suppliantes,  par 
L.  de  Gasembroot  (cantate  couronnée),  506;  De  Smeekenden, 
vertaald  door  Em.  Hiel,  516. 

Concours  (Grands).  Prix  de  Rome.  — ■  Lecture  par  M.  Stallaert  d'une 
note  relative  aux  modifications  réglementaires,  487;  renvoi  de 
cette  note  à  l'examen  de  la  Commission  des  prix  de  Rome,  682; 
les  Prix  de  Rome,  leur  institution  et  leur  but;  discours  par 
C.-A.  Fraikin,  492.  —  Architecture  (1887).  Lauréats,  387;  procla- 
mation des  résultats,  504.  — •  Gravure  (1881).  Communication  au 
Ministre  de  l'appréciation  de  l'envoi-copie  réglementaire  du  lauréat 


1154  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Lenain,  861;  (1886)  envoi  à  l'examen  du  premier  rapport  du 
lauréatVanderVeken,  860.— Musique  (1887».  MM.  Gevaert,  Samuel 
etRadoux  désignés  pour  faire  partie  du  jury,  178;  lauréats,  485; 

'  proclamation  des  résultats,  505  ;  exécution  de  la  cantate  de 
M.  Heckers,  506.  —  Peinture  (1883/.  Appréciation  du  sixième 
rapport  du  lauréat  É.  Verbrugge,  178  ;  lettre  de  l'Académie  royale 
des  beaux-arts  d'Anvers  relative  à  l'envoi  réglementaire  du  même 
lauréat,  392;  (1886)  arrêté  conférant  à  M.  Montald  sa  pension  de 
5,000  francs,  387.  -—  Sculpture  (1885).  Envoi  du  troisième  rapport 
du  lauréat  Anthone,  388;  communication  au  Ministre  de  Tappré- 
dation  de  ce  rapport,  861. 

Concours  décennal  des  sciences  philosophiques,  —  Formation  de  la  liste 
double  des  candidats  pour  le  choix  du  jury,  398, 454,  847. 

Ccncours  quinquennal  des  sciences  sociales  (première  période). 
M.  le  Ministre  adresse  des  exemplaires  du  rapport  du  jury,  376; 
—  de  littérature  française  [hmiïème  période).  Formation  de  la  liste 
double  de  candidats  pour  le  choix  du  jury,  455,  670;  —  des  sciences 
naturelles  (huitième  période).  —  M.  Ëd.  Van  Beneden,  lauréat,  690, 

1101. 

Concours  triennal  de  littérature  dramatique  en  langue  française 
(dixième  période).  —  Formation  de  la  liste  double  de  candidats 
pour  le  choix  du  jury,  455, 670. 

Congrès,  —  M.  Plot,  délégué  au  Congrès  de  la  Fédération  historique 
et  archéologique  de  Belgique,  109. 

D. 

Dons.  —  Ouvrages  imprimés  par  :  Alberdingk-Thijm  (P.),  842; 
Borlée  (Le  Dm,  187;  Briart  (Alp.),  691;  Cogniaux,  691;  Cofnet 
(feu  F.-L.),  691  ;  De  Heen,  187;  Delaborde,  678;  Delbœuf,  2,  691; 
Detroz,  842;  Discailles,  842;  Évrard(F.),  691;  Faye,  3;  Folie,  400, 
873;  Forir,  187;  Fraipont,  3, 187;  Francotte,  3;  Fredericq  (t.),  %; 
Giovanni  tV.  di),  110,  456;  Goblet  d'Alviella  (le  G^Eug.),  376;  Gou- 
vernement anglais,  690;  Harlez  (G.  de),  456,  842;  Hennequin  (B.), 
534;  Him,  400,  873;  Holtzendorff  (F.  de),  110;  Houzeau  (J.), 
691;  Ibanez  (Gh.>,  534;  Kolliker  (A.  von),  3;  Lagrange  (Ch.),3; 
Leboucq  (H.),  536;  Lindelôf  (L.\  400;  Mansion(P.\  400;  Ministre  de 
l'Agriculture,  de  l'Industrie  et  des  Travaux  publics,  2,  109,  376, 
398,  455,  534,  665,  841;  Ministre  de  la  Guerre,  535;  Monge 
(Léon  de),  666;  Monseur  (£ug.),  376;  Murray  (J.»,  690;  Musée 
royal  d'histoire  naturelle,  2;  0'  Dru  de  Revel,  376;  Pascaud  (H.), 
376;  Plot  (Ch.),  376;  Plateau  (F.),  399,  536;  Poskin  (Ach.),  188; 


TABLE  DES  MATIÈRES.  i15S 

Ronkar  (E.),  400;  Rousseau  (J.),  860;  Scheler  (Aug.),  842; 
Selys  Longchamps  (le  baron  Edm.  de),  399;  Souillart  (L.),  336; 
Tahon  'V.),  666;  Tiberghien,  140;  Van  der  Stricht  (0.),  400;  Voll- 
graflf  (J.-C.),  666;  Wauters  (Alph.),  109,  110;  Wiliquet  (C), 
456.  —  Ouvrages  manuscrits,  par  G.-H.  Delaey,  %  194,  399. 

E. 

Élections,  nominations,  distinctions.  —  Classe  des  suences  : 
M.  Ëd.  Van  Beneden  lauréat  pour  la  huitième  période  du  concours 
quinquennal  des  sciences  naturelles,  et  correspondant  de 
TAcadémie  royale  des  sciences  de  Berlin,  690;  MM.  Paul  Mansion 
et  J.  Delbœuf  élus  membres  titulaires;  MM.  C.  Lagrange  et 
Léo  Errera  élus  correspondants;  M.  J.  Thomsen  élu  associé,  1100. 
—  Classe  des  lettres  :  Mgr  le  duc  d'Aumale  accuse  réception  de 
son  diplôme  d'associé,  108;  M.  Ëm.  de  Laveleye  remercie  ses  con- 
frères pour  leurs  félicitations  au  sujet  de  sa  nomination  de  membre 
du  Sénat  académique  de  l'Université  de  Saint-Pétersbourg,  375.  — 
Classe  des  beaux-arts  :  M.  Ëm.  Wauters  élu  correspondant  de 
rinstitut,  488;  les  portraits  de  MM.  Slingeneyer,  Guffens,  Verlat, 
Ëm.  Wauters  et  Clays  sont  demandés  pour  la  galerie  des  peintres 
célèbres  du  Musée  des  Offices,  à  Florence,  488,  677.  —  Voir 
Commissions. 

G. 

GéologiCj  minéralogie  et  paléontologie.  —  Sur  une  nouvelle  interpré- 
tation de  quelques  dépôts  tertiaires,  par  Michel  Mourlon,  15;  sur 
les  dépôts  rapportés  par  Dumont  à  ses  systèmes  laekenien  et  tongrien, 
au  S.-E.  de  Bruxelles,  par  Michel  Mourlon,  598;  sur  la  nature 
minérale  des  silex  de  la  craie  de  Nouvelles,  contribution  à  l'étude 
de  leur  formation,  par  A.  F.  Renard  et  C.  Elément,  773  ;  rapport 
sur  ce  travail  par  MM.  de  la  Vallée  Poussin  et  Alp.  Briart,  695,  699; 
sur  la  découverte  de  poissons  dévoniens  dans  le  bord  nord  du 
bassin  de  Namur,  par  C.  Malaise,  771. 

H. 

Histoire.  —  La  dernière  séance  du  Conseil  avant  le  Supplice,  par 

le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  671. 
Histoire  des  beaux-arts.  —  Fra  Beato  Angelico,  par  J.  Rousseau,  862; 

nom  de  Rubens  donné  à  une  rue  de  Rome,  487» 


H  56  '  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Histoire  des  re/igrwTW.— Rapports  de  ÎIM.  Wagener,  Willems  et  Roersch 
sur  un  travail  de  M.  F.  Cilmont,  imprimé  dans  les  Mémoires  in^ 
et  intitulé  :  Alexandre  d'Abonotichos  :  Un  épisode  de  Thistoire  du 
paganisme  au  II«  siècle  de  notre  ère,  124, 128. 

Histoire  littéraire.  —  Barthélémy  Lalomus,  le  premier  professeur 
d'éloquence  latine  au  Collège  royal  de  France,  par  L.  Roersch,  132; 
Vondel  et  la  Belgique,  par  J.  Stecher,  460;  M.  Ëm.  Pasquet  soumet 
un  travail  intitulé  :  Sermons  de  carême  en  dialecte  wallon,  666; 
rapports  de  MM.  Scheler  et  Bormans  sur  ce  mémoire  qui  figurera 
dans  le  Recueil  in-8Ô,  847,  855. 


JubUés  et  Fêtes,  —  Cinquantième  anniversaire  de  la  fondation  de  la 
Société  des  sciences  naturelles  de  Hambourg,  3d8  ;  liste  de  sous- 
cription pour  la  fondation  d*une  institution  scientifique  k  Toccasion 
de  la  célébration  du  soixante-dixième  anniversaire  du  professeur 
Donders,  399;  MM.  P.-J.  Van  Beneden,  Folie  et  Fredericq  délégués 
à  ce  jubilé,  536. 


Mathématiques.  —  Développements  sur  la  théorie  des  formes  binaires, 
par  Jacques  Deniyts,  53;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  Le  Paige 
et  Mansion,  4,  5;  sur  la  représentation  des  involutions  unicursales, 
par  François  Deruyts,  322;  rapport  sur  ce  travail  par  C.  Le  Paige, 
199;  sur  la  théorie  de  Tinvolution,  par  Fr.  Deruyts,  650;  rapport 
sur  ce  travail  par  MM.  Le  Paige  et  Mansion,  543,  544;  sur  les 
éléments  neutres  des  involutions,  par  C.  Le  Paige,  211  ;  M.  Ferron 
est  renùs  en  possession  de  son  manuscrit  intitulé  :  Sur  l'insuffisance 
du  système  suivi  par  Cauchy  (Théorie  delà  lumière),  536;  M.  Catalan 
présente  pour  les  Mémoires  in-4»  une  suite  à  ses  précédents  travaux 
intitulée  :  Nouvelles  propriétés  des  fonctions  X„,  702.  —  Voir 
Mécanique. 

Mécanique.  —  Note  sur  les  oscillations  d'un  pendule  produites  par  le 
déplacement  de  l'axe  de  suspension,  par  E.  Ronkar,  296;  rapport 
sur  ce  travail  par  F.  Folie,  195;  sur  les  notions  de  force,  d'accélé- 
ration et  d'éner^e,  discours  par  J.  De  Tilly,  975;  dépôt  aux  archives 
d'une  lettre  de  M.  Nie.  Daniel,  Mal-Mets  de  (Asie  mineure^  relative 
au  mouvement  perpétuel,  194. 
Météorologie  et  physique  du  globe.  —  M.  B.-G.  Jenkins  soumet  une  ' 


TABLE   DÇS  MATIÈRES.  11^7 

note  intitulée  :  On  Forecasting  the  weather,  635;  avis  de  M.  Houzeau 
sur  ce  travail  déposé  aux  archives  à  titre  de  communication  d'attente, 
693;  influence  des  bourrasques  sur  la  scintillation  des  étoiles,  par 
Ch.  Montigny,  703;  M,  Damry  soumet  une  note  concernant  la 
pression  du  vent  en  grandeur  et  en  direction,  873. 
Musique.  —  Avis  de  la  section  de  musique  sur  une  note  de  M.  J.  Martin 
de  Visé  intitulée  :  Proposition  d*une  base  harmonique,  490.  — 
Voir  Concours  (Grands),  Prix  de  Rome, 

Sécrologie.  —  Annonce  de  la  mort  de  MM.  Ludolphe  Stephani,  108; 
Laurent-Guillaume  de  Koninck,  186;  J.-F.  Tielemans,  375;  N.  De 
Keyser,  386;  G.  De  Man,  387;  Louis  Gallait,  856;  G.  Kirchhoff,  534  ; 
Spencer  Fullerton  Baird,  534;  Antonio-Augusto  d'Aguiar,  534. 

Notices  biographiques  pour  V Annuaire.  —  F.  Duprez  par  G.  Van  der 
Mensbrugge,  186;  L.-P.  Gachard  par  Ch.  Piot,  375;  Alp.  Vanden- 
peereboom  par  Ch.  Henné,  456;  Joseph  Franck  par  H.  Hymans, 
485;  J.  Geefs  par  le  chev.  Edm.  Marchai,  489;  G.  Nypels  par 
Ch.  Loomans,  666  ;  M.  Ch.  Faider  écrira  la  notice  de  J.-F.  Tielemans, 
375;  M.  Éd.  Fetis  celle  de  Louis  Gallait,  857;  M.  J.  Rousseau  celle 
de  G.  De  Man,  387  ;  M.  Siret  désigné  pour  faire  une  notice  sur 
N.  De  Keyser  est  remplacé  par  H.  Hymans,  387, 678. 

O. 

Ouvrages  présentés.  — }m\\(}\yil^\  août,  392;  octobre,  527;  novembre. 
6«3;  décembre,  i  101. 

P. 

Philosophie.  —  Lecture  des  rapports  de  MM.  Tiberghien  et  Le  Roy  sur 
un  mémoire  de  M.  A.  Van  Weddingen  intitulé  :  Les  tendances 
spontanées,  dans  leurs  rapports  avec  l'objectivité  et  la  certitude 
des  connaissances  rationnelles  (imprimé  dans  le  Recueil  in-8o),  385  ; 
M.  John  Barker  Smith  soumet  une  note  intitulée  :  A  new  philosophy, 

■  691;  rapport  de  M.  Houzeau  sur  ce  travail  qui  est  déposé  aux 
archives,  878. 

Photographie.  —  Voir  Physiologie  (travail  de  M.  Henrijean). 

Physiologie,  —  Application  de  la  photographie  à  Tétude  de  Télectro- 
tonus  des  nerfs  (communication  préliminaire),  par  F.  Henrijean, 

S*"'   SÉRIE,   TOME   XIV.  75 


il 38  TABLE  DES   MATIÈRES. 

80;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  L.  Fredericq  et  Van  Bambeke, 
6,  7  ;  sur  la  circulation  du  sang  dans  le  cercle  artériel  de  Willis, 
par  J.  Corin,  90;  rapport  sur  ce  travail  par  MM.  L.  Fredericq  et 
Van  Bambeke,  7,  8;  action  des  acides  sur  le  goût  par  J.  Corin,  616; 
rapports  sur  ce  travail  par  MAL  Delbœuf  et  Fredericq,  536,  539.  — 
Voir  Zoologie. 

Physique.  —  Détermination  de  la  loi  théorique  qui  régit  la  compres- 
sibililé  des  gaz,  par  P.  De  Heen,  46;  petite  expérience  relative  à 
l'influence  de  l'huile  sur  une  masse  liquide  en  mouvement,  par 
G.  Van  der  Mensbnigghe,  205  ;  dépôt  aux  archives  d'une  note  de 
M.  E.  Ducretet  sur  un  enregistreur  mécanique  et  automatique  des 
signaux  transmis  par  les  télégraphes  et  par  les  projecteurs 
optiques,  53.*);  M.  Delaurier  soumet  une  note  sur  les  causes  proba- 
bles de  l'explosion  d'un  récipient,  691  ;  rapport  de  M.  Spring  sur 
ce  travail  déposé  aux  archives,  875;  M.  Edm.  Van  Aubel  soumet  un 
travail  intitulé  :  Etude  expérimentale  sur  l'influence  du  magnétisme 
et  de  la  température  sur  la  résistance  électrique  du  bismuth  et  de 
ses  alliages  avec  le  plomb  et  l'étain,  873.  —  Voir  Chimie  et  Conamrs 
de  la  Classe  des  sciences. 

Poésie.  —  Voir  Concours  des  Cantate.s. 

Prix  Castiau.  —  Programme  (troisième  période),  ll20. 

Prix  de  Saint-Génois.  —  Programme  de  la  première  période,  123. 

Priv  de  Stassart.  (Notic^e  ^ur  un  Belge  célèbre.)  Programme  de  la 
cinquième  période,  122.  —  {Question  d'histoire  nationale.) 
Programme  de  la  quatrième  période,  122. 

Prix  Guinard.  —  Envoi  au  Ministre  d'une  liste  supplémentaire  de 
noms  j)Our  le  choix  du  jury,  375  ;  membres  du  jur\',  398,  455. 

Prix  Joseph  De  Keyn.  —  Programme  (4«  concours,  deuxième 
période),  119. 

Prix  Teirlinck.  —  Programme  de  la  première  période,  124. 


S. 

Séances.  —  Classe  des  scie>'Ces  :  2  juillet,  1;  6  août,  185;  8  octo- 
bre, 397;  5  novembre,  524;  3  décembre,  689;  15  décembre,  872; 
16  décembre  (séance  publique),  974.  —  Classe  des  i^ttres  : 

4  juillet,  108;  l*»"  août,  374;  10  octobre,  454;  7  novembre,  665; 

5  décembre,  841.  —  Classe  des  beaux- arts  :  7  juillet,  177; 
4  août,  386;  6  octobre.,  484;  27  octobre,  488;  30  octobre  iséance 
publique*,  401;  10  novembre,  077;  i"  décembre,  8,-)6. 


TABLE  DES  MATIÈRES.  1159 

Spectroscopie,  —  Nouvelles  recherches  sur  le  spectre  du  carbone,  par 
Ch.  Fievez,  100;  rapport  sur  ce  travail  par  M.  Stas,  9. 

Subsides.  —  Avis  favorable  sur  la  demande  de  subside  faite  par 
M.  Julin  k  Tefifet  de  pouvoir  participer  au  congrès  organisé,  à 
Manchester,  par  TAssociation  britannique  pour  Tavancement  des 
sciences,  194. 


Zoologie.  —  Les  genres  Ëcteinascidu  Herd.  Rhopalea  Phil.  et 
Sluteria  (nov.  gen.).  Note  pour  servir  à  la  classification  des 
des  Tuniciers,  par  Éd.  Van  Beneden,  19;  nouvelles  recherches  sur 
la  fécondation  et  la  division  mitosique  chez  TAscaride  mégalocé- 
phale,  Communication   préliminaire  par  Éd.  Van   Beneden   et 
Adolphe  Neyt,  215;  contribution  à  l'étude  du  développement  de 
l'épiphyse  et  du  troisième  œil  chez  les  reptiles.  Communication 
préliminaire  par  P.  Francotte,  810;  rapport  sur  ce  travail  par 
MM.  Éd.  Van  Beneden  et  Ch.  Van  Bambeke,  699,  702;  recherches 
expérimentales  sur  la  vision  chez  les  Arthropodes  :  l^c  partie,  a) 
Résumé  des  travaux  effectués  jusqu'en  1887    sur   la  structure 
et   le    fonctionnement   des   yeux   simples,    b)  Vision  chez  les 
Myriopodes;  2*  partie.  Vision  chez  les  Arachnides,  par  F.  Plateau, 
407,  545;  revision  des  poissons  d'eau  douce  de  la  Faune  belge  par 
le  baron   Edm.  de  Selys  Longchamps,  1021  ;  des  races  et  des 
variétés  dans  l'espèce  Mustela  Putorics,  par  A.  Drion,  365;  avis 
exprimé  &ur  ce  travail  par  MM.  P.-J.  Van  Beneden  et  Edm.  de  Selys 
Longchamps,  194  ;  note  sur  quelques  espèces  rares  de  la  faune  des 
vertébrés  de  la  Belgique^  observées  dans  le  Limbourg  belge,  par 
le  Dr  Bamps,  369;  avis  exprimé  sur  ce  travail  par  le  baron  Edm. 
de  Selys  Longchamps,  194;  envoi  à   l'examen  du  rapport  de 
M.  Paul  Pelseneer  sur  le  résultat  de  ses  études  à  la  Station  zoolo- 
gique de  Naples,  186;  communication  au  Ministre  de  l'appréciation 
faite  de  ce  travail  par  MM.  Van  Beneden,  père  et  fils,  et  F.  Plateau, 
402;  M.  Pergens  demande  à  pouvoir  occuper,  en  1888,  la  place 
réser\'ée  aux  Belges  à  la  Station  zoologique   de   Naples,  534; 
communication  du  Ministre  des  rapports  faits  sur  cette  demande 
par  MM.  Van  Beneden,  père  et  fils,  et  F.  Plateau,   692.  —  Voir 
Concours  de  la  Classe  des  sciences.