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BULLETINS
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
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LETTRES ET DES BEAUX-ARTS l)E BELGIQUE.
BULLETINS
DE
L'ACADEMIE ROYALE
l)ES
SCIENCES, DES I.ETTRES ET DE8 BEAUX-ARTS
DE BELGIQUE.
IRENTB-NBUYIEMB ANNEB.— 2°-'' SERIE, T. XXX.
BRUXELLES,
F. HAYEZ, IMPRIMEUB DE i/aCADEMIE ROYALR DE ItELGIQUE.
1870
* ■■*
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAOX-ARTS DB BEL6IQDB.
1870. — N« 7.
CLASS£ DES SCIEHCES.
Seance du S juillet 1870.
M. G. Dewalque, directeur, president de TAcad^mie.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
. Sont presents : MM. J. d'Omalius d'Halloy, L. de Ko-
niDcky P.-J. Van Beneded, Edm. de Selys Longchamps,
le vicomte B. du Bus, H. Nyst, Th. Gluge, L. Melsens,
J. Liagre, F. Duprez, Ch. Poelman, Ern. Quetelet, H. Maus,
M. Gloesener, A. Spring, E. Candeze, F. Donny, Ch. Mon-
ligny, M. Steichen, A. Brialmont, £. Dupont, membres;
E. Catalan, Ph. Gilbert, assoctes; Ed. Mailly et F. Folie,
correspondants,
^"^^ S^.RIE, TOME XXX. i
1
{ 2)
CORRESPONDANCE,
La classe apprend la morl de Tun de ses associ^s de ia
section des sciences naturelles, M. Moreau de Jonnes,
n6 en Bretagneen 1776, d^cede k Paris au commencement
du mois de juin dernier.
— M. le Ministre de la guerre transmet la 6™* livraison
de la Carte topographique de la Belgique. ^
— M. le baron de Gericke, Ministre des Pays-Bas,
adresse, au nom de son gouvernement, un nouvel exem-
plaire des feuilles 14, 19 et 20 de la Carte g^ologique de la
Neerlande.
Remercfments.
— Les etablissements suivants accusent reception du
dernier envoi annuel de publications acad^miques : Tin-
stitut des ing^nieurs civils de Londres, la Soci6t6 royale de
physique d'fidimbourg, I'Observatoire d'Oxford, I'Academie
de Stanislas k Nancy, la Soci6t6 des sciences naturelles de
Luxembourg, la Soci^le des naturalistes de Giessen, Tuni-
versit6 de Koenigsberg , I'Academie royale des sciences de
Munich, TUniversite de Dorpat et TUnivcrsite de I'liltat de
New-York, k Albany.
— La Society des naturalistes de Fulda adresse ses pre-
miers travaux.
— M. Ed. Robin, de Paris, communique de nouveaux
C 5 )
documehts manuscrils et imprimes sur ses travaux. — Re-
inerclmenls el (Mpdt aiix archives.
— MM. F. Terby et G. Bernaerts adressenl, Tun pour
Louvain et Tautre pour Malines, la lisle des orages obser-
ves depuis lei" Janvier 1870 jusqu'i ce jour.
— M. Cavalier communique le resume de ses observa-
tions m^t^orologiques failes k Ostende pendant les mois
de mai el juin derniers.
— La classe rcQoit de ses membres les ouvrages sui-
vants en hommage :
i^ Cours d' analyse de Vuniversile de Liege : Algebre,
Calcul differentiel. Premiere par tie du calcul integral, par
M. E. Catalan; i vol. in-8°;
2** Lesprogres recents de la zoologie en France; comptc
rendu du rapport deM. Milne-Edwards, par M. Bellynck;
i broch. in-8** ;
3** De lafonction poteiitielle et du potentiel, par R. Clau-
sius, traduit de I'allemand par M. F. Folic; i vol. in-8°. —
Remerciments.
— Les travaux manuscrils suivants seront Tobjet d'un
examen :
1** Recherches sur la constitution de I'acide phloretique
et sur I'acide sulfo'hydrocynamique, pSiT M. Lucien de
Koninck. (Commissaire&: MM. Melsens et Stas.)
2® £tude zoologique et anatoinique du genre Macrosto*
mum et description de deux especes nouvelles, par M. Ed.
Van Beneden. (Commissaires : MM. P.-J. Van Beneden et
Poelraan.)
3^ Observations sur la rencontre accidentelle du chlo-
(4)
rure amtnonique dans le bassin houiller de Liege, par
M. Renier Malherbe. (Commissaires : MM. de Koninck et
Dewalque.)
4* Note sur le slereograplie de poche et $ur son emploi
pour lever des plans^ bdtiments^ etc, au moyen de la pho-
tographie, par M. J.-F. Plucker. (Commissaires : MM. Liagre
et Candfeze.)
RAPPORTS.
Sur Vexistence de puits naturels dans la crate senonienne
du Brabant; par M. F. Van Horen.
« La notice dont je viens de reproduire le litre et sur
laquelle la classe a demand^ un rapport est relative ^ des
cavit^s que M. Van Horen a observ^es dans la craie pres
de Jandrin et qu'il considere comme des puits naturels.
La craie dont il s'agit faisant partie du massif cr^tac^
de Maestricht, od Ton connait depuis longtemps de nom-
breux puits naturels, la d^couverte d'autres puits ne serai t
pas, en elle-mSme , une circonstance qui demanderait une
mention sp^ciale , mais les details que I'auteur donne sur
la disposition des mati^res qui remplissent ces cavit^s et
sur les couches qui les recouvrent me paraissent m^riter
d'etre publics.
L'auteur indique imm^diatement au-dessus de la craie
une couche d'argile brune de 4 ^ 5 centimetres d'^paisseur,
laquelle, au lieu de remplir les cavit^s, se prolonge le long
de leurs parois comme les salbandes des filons. Vient en-
( S )
suite une assise de sable plus ou moins melange de ma-
tieres ^trang^res et qui se prolonge dans Tinterieur des
cavit^s au milieu de I'argile qui en tapisse les parois. La
surface sup6rieure ' de celte assise sableuse n'esl plus
affect^e par les depressions des cavit^s, ce qui annonce
que la formation de celles-ci et leur remplissage ^taient
terminus lorsque la couche sableuse a cessS de se d^poser.
Sur ce depdt sableux se Irouve une couche de 60 centi-
metres que Tauteur appelle diluvium et quil dit composee
de silex brisks et de cailloux. Yient ensuite le d^pot de
limon qui joue un role si important dans la Hesbaye.
Le pen d'^levation de I'escarpement ou I'auteur a fait
ses observations ne lui ayant permis de suivre les cavites
qu'il d^cril que sur une profondeur de 14 d^cim^lres, il y
a de ces cavites qui pourraient bien etre des poches rem-
plies de haut en bas plutdt que des puits, mais je crois que
c'est avec raison que I'auteur appelle ;)Mt7s les deux cavites
representees sur sa planche, car je ne con^ois pas, si la
plus grande de ces cavites s'^tait remplie de haut en bas ,
comment ses parois pr^senteraient I'esp^ce de tuyau argi-
leux que Ton y repr^sente, tandis que ce tuyau se com-
prend facilement dans la supposition des Ejaculations inte-
rieures, puisque de premieres ejaculations argileuses ont
pu remplir la cavitE et ensuite d'autres Ejaculations sa-
bleuses se faire jour au milieu de Targile.
Quant a la terminaison qQe presente la petite cavite
figurEe sur la planche, elle pent provenir de ce que sa
direction a deviE de celle du plan de Tescarpement.
J'ai rhonneur de proposer k la classe dVdonner Tim-
pression dans le Bulletin de la notice de M. Yali Horen et
de la planche qui Taccompagne. ]»
/ ( 6 )
JHappo»'§ tie Mf. fyetraf^rte.
€ Lc rapport de notre venere confrere, M. d'Omalius
d'Halloy, a suffisamment fait connaitre a TAcademie le
sujet el la valeur de la note de M. Van Horen. Mais puisque
mon savant maitre^ en discutant les fails observes par
Tauteur, croit y Irouver de nouvelles preuves en faveur de
I'opinion qui consid^re les puits naturels comrae creus6s
de bas en haul, et ayant servi k des ejections geys^riennes
dont les restes les remplissent, Je ne puis laisser ignorer
qu'ilm'est inapossible de me rallier k cetle maniere de voir,
bien que je sois partisan , d'une naaniere gen^rale, de I'hy-
pothese des Ejections geys^riennes, si vaillamment sou-
tenue par M. d'Omalius d'Halloy.
Tandis que Ton ne connait pas de puits naturels fermes
par le haul, on en a observe beaucoup qui sont fermes par
le bas, ce qui oblige k admeltre qu'ils ont 6te remplis par
le baut. Je n'h^site pas a considerer tous nos puits naturels
de la craie comme se trouvant dans ce cas. Pour ce qui
concerne ceux que M. Van Horen a observes dans la craie
de Jandrain , M. d'Omalius « croit qu'un certain nombre de
» ces cavites pourraient bien elre des poches remplies de
» baut en bas, plutdt que des puits. d Remarquons d'abord
que cette derniere expression tend k definir les puits par
un reraplissage de bas en baut : c'est 1^ ce qui est en ques-
tion. 11 n'y a pas a h^siter, selon moi, sur le mode de rem-
plissage des petites cavites dont il s'agit. Mais mon savant
matlre ajoute : « Je crois que c'est avec raison que I'auleur
» appelle pjuiis les deux cavites representees sur sa plancbe,
D car je ne con^ois pas, si Ja plus grande de ces cavites
D s'etait remplie de baut en bas, comment ses parois presen-
(7)
» teraienl I'espece de tuyau argileux que Ton y represenle,
> tandis que ce tuyau se comprend ais(5iaent dans la sup-
» position des Ejaculations int6rieures. d
Je suis amen6 a dire que j'appr^cie la chose tout autre-
ment. Je consols difficilement des puits remplis d'argile se
rouvrant pour laisser passer des sables, et je ne concois
pas comment, en ce cas , le courant aurait m^nagE le tuyau
argileux sur la presence duquel M. d'Omalius a bas6 son
raisonnemcnt.
Pour moi, la formation de la couche d'argile qui tapisse
regulierement les puits dont nous parlons s'explique aisE-
ment. En effet, celle argile ne se borne pas k revetir Tin-
terieur de la cavitE creusee dans la craie, en passant sur
toutes ses inegalites; elle recouvre de m^me toute la sur-
face supErieure de cette roche. Sa formation resulte de
rinliltration des eaux superficielles, qui arrivent i la craie
chargEes de particules limoneusesen suspension, lesquelles
s'arretent k la surface de la craie, roche inflniment moins
permeable que les sables qui la recouvrent, el y forment
lentemenl la couche argileuse dont il s'agit, tandis que la
craie est dissoute par Tacide carbonique.
Je me joins volontiers i M. d'Omalius d'Halloy pour
proposer k la classe d'insErer dans son Bulletin la note de
M. Van Horen avec la planche qui Faccompagne. »
« Vous venez d*enlendre que notre savant confrere
M. Dewalque ne partage pas ma fa^on de penser sur la for-
mation des puits naturels par des ejaculations inlericures.
Je suis loin de dire qu'il a tort, car je reconnais que le plus
(8)
grand nombrc des g^ologues n'est pas de mon avis et que,
dans les questions hypolhdliques de ce genre, la diversite
d opinion est la regie ginerale.
Jc ne rep^lerai pas ici ce que j'ai dit dans d'aulres occa-
sions, en faveur de la Iheorie des ejaculations; je me bor-
nerai k faire connaitre les motifs qui m'empechent de me
rallier k Topinion attribuant k des infiltrations venues d'en
haut la formation de la couche d'argile qui , dans le cas
dont il s'agit , repose entre le sable et la craie, ainsi que
celle du tuyau argileux dont sont tapissees les parois du
plus grand des puits figurfe par M. Van Horen. Jetie peux,
en effet, concevoir comment des infiltrations qui se seraient
produites apres la formation de la couche de sable auraient
pu former une couche reguli^re d'argile entre ce sable et la
craie, ni comment ces infiltrations auraient pu tapisser les
parois du puits sans s'etre etendues dans la masse sableuse
qui remplissait celui-^ci. La supposition que j'ai indiquee
me parait plus simple et plus en rapport avec la disposition
des sables et des argiles de nos grands filons, oil ces ma-
tieres se presentent quelquefois comme si Tune avait 6te
seringu6e dans I'autre.
Notre savant confrere semble desapprouver la maniere
dont je distingue les puits naturels et les poches; mais
comme je suppose que les puits ont ete formes par des
emanations sorties de I'int^rieur de la terre, tandis que les
poches sont evidemment des cavit^s creusees et remplies
par des causes ext6rieures, il convient que j'indique le
sens dans lequel je fais usage de ces denominations, p
Conform6ment aux conclusions de ses rapporteurs, la
classe vote Fimpression du travail de M. Van Horen dans
les Bulletins.
(9)
Sur les trous vitellins que presenfent le$ (Bufs fecondes des
Amphibiens, par le docteurC. Van Bambeke.
« M. le doctcur Van Bambeke, pr^paraleur d*anatomie
compar^e k I'Universite de Gand, dont TAcad^jpie a public
I'an dernier le m^moire sur le developpemenl de Toeuf du
Pelobate, a adress^ k la classe une notice concernani une
particularity digne d'allention qu*il a observ^e sur les (Bufs
fecondes des Amphibiens.
Au raois de juiu 1868, il constate, pour la premiere
fois, sur des oeufs fecondes d'AxoIotI, imm^diatement
apr^s la ponte, Texistence de fossettes ou trous a la sur-
face du vitellus. Ces trous, visibles k un faible grossisse-
ment, occupent les deux hemispheres, mais principalement
le superieur ou fence; ils sont en nombre tr^s- variable,
de un a douze; disposes sans ordre apparent, parfois ires-
rapprocbes et meme plus ou moins confondus entre eux.
Quelquefois, au lieu de trous, il se rencontre des sillons
ou gouttieres qui ne resultent pas de la fusion de plusieurs
trous. Les fossettes non fusionnees sont reguli^rement
circulaires, et il est k remarquer que le diametre de ces
derni^res est sensiblement le meme. L'aspect des trous
varie selon qu'ils siegent sur ITi^misph^re fonc6 ou sur
rh^misph^re clair.
Ces trous vitellins ne se rencontrent pas seulement sur
I'oeuf des Axolotls, mais se voient aussi sur ceux des Tri-
tons Alpeslris, Taenialus et Helveticus. M. Van Bambeke
les a constates egalement sur les ceufs des Batraciens
(10)
anoures. Uii scul auleur en fait mention, c'est Remak,
qui les a signales sur Toeuf de la grenowille verte. Mais
cet auteur a commis une double erreur : « La premiere,
» qu'il imporle surtout de relever, j^ c'est que Remak a
decrit corame trous vitellins, la fovea germinativa; la se-
coude, c'est qu'il affirme que Provost et Dumas ont deja
parle de I'existence de ces trous; celle-cin'est, pour ainsi
dire, que la consequence de la premiere, car ces auleurs
n'ont aper^n que la fossette germinative qu'ils appellent
improprement cicatricule. Apres s'etre arrfit^ un instant
sur le dianietre variable des trous chez les diverses especes,
M. Van Bambeke insiste sur ce point qu'il ne les a observes
que dans les cas oil les spermalozoides avaient pu arriver
au contact des ovules. Les trous vitellins, contrairement a
ce qui arrive pour la fossette germinative, ont disparu ou
ne tardent pas a disparailre du moment que le premier
meridien s'est form6.
Apres avoir ^tabli les apparences exterieures de ces
perforations, M. le docteur Van Bambeke s'occupe de la
maniere dont les trous vitellins se comporlent par rap-
port a rinterreur de Toeuf.
Pour cela il se sert du proced6 qui lui a donn^ d'excel-
lenls r^sullats dans son etude sur le developpement du
P6lobate brun : il a recours k des coupes minces, trans-
parenles, obtenues sur des oeufs pr^alablement durcis. II
a pu demon Irer de cette maniere que ces trous sont Ten-
tree d'un conduit, dont le trajet est indique par sa colora-
tion fonc^e et qui aboutit k une dilatation, sorte de nw-
cleus terminal, g^n^ralement de forme ovalaire, enloure
d'une sorte de zone constitute par des stries rayonnantes
de la substance vitelline. La longueur, la direction de ces
conduits varient beaucoup. Nous ne suivrons pas Tauteur
( H )
clans la description minutieuse qu'il en fait, parce qu'il
nous faudrail tout copier de peur d*oubIier un detail essen-
tiel. Nous preferons renvoyer au travail lui-meme ainsi
qu'^ la planche qui Tacconipagne.
A quoi faut-il attribuer ces conduits? II nous parait
hors de doute qu'il s'agit de la penetration d'un corps
Stranger dans Finterieur du vitellus; a Taspect general des
V conduits, leur petit diametre et notamment la presence du
» pigment entraine dans leur interieur, ne permeltent pas,
» nous semble-l-il, une autre explication. » Le corps etran-?
ger ne serait autre, d'apr^s Topiuion de M. le doct^.ur Van
Bambeke, que le spennatozoide; Newport n*a-t-il pas vu,
en effet, les sperinatozo'ides traverser la membrane la plus
interne de I'oeuf et disparaitre? Notre auleur avoue n'avoir
jamais vu cette penetration, signalee par le naturaliste an-
glais, mais celle-ci lui est prouvee par la disposition des
trous et des conduits : ils out un diametre sensiblement
uniforme chez chaque espece, plus grand chez celles dont
Ics spermatozoides sont plus volumineux (Tritons et Axo-
lotl); la disposition spirale ou ondulee des conduits s'ex-
plique par le mode de progression de ces animalcules
quand ils perforent les membranes (serpentine motion,
Newport). Les trous, generaleraentronds, forment parfois
des especes de sillons ou gouttieres; cette variante s'ex-
pliquerait encore par le mode de penetration des elements
fecondaleurs qui, d'apres Newport, percent les membranes
perpendiculairement ou sous un angle incline legerement
de I'un ou de Taulre cote. Enfin les trous vitellins dispa-
raissent au moment « de Tapparilion du premier meridien,
» c'est-a-dire a une epoque oil Taction des spermatozoides
» est devenue inutile. » Par tons ces motifs M. Van Bam-
beke croit done que ces trous vitellins sonl le resullal de
( 12)
la penetration des spermatozoides dans Tinterieur de I'oeuf.
11 avaitcru d'abord pouvoir en inffirer une hypothese jetant
quelque lumi^re sur Taction ult^rieare de ces elements
fecondaleurs et « vu la Constance des trous vitellins, la
> ressemblance de leurs dilatations terminales avec les
» noyaux des spheres de segmentation , la plus grande fre-
> quence de ces dilatations dans la zone sus-^quatoriale »
il supposa « qu'une de ces dilatations pourraitbienpersister
> el devenir le nucleus, point de depart de la fragmentation.
> Mais une telle mani^re de voir, ajoute I'auleur, n'est pas
> soutenable en presence de ce qui se passe dans Toeuf des
> Anoures; 14, les trous vitellins sont Texception et cepen-
» dant les oeufs completement priv6s deces trous se deve-
» loppent; ils ne sont done pas une condition n^cessaire de
» la fecondation et ne doivent pas 6tre consideres comme
» la voie normale suivie par les spermatozoides. >
Je suis port6 a accepter Texplication que fournit I'au-
teur sur ce detail d'embryologie comparee; je regrette
seulement qu'il n'ait pu nous donner cette opinion que
sous forme d'hypothfese et que Tobservation directe ne lui
ail pas perrais de Tavancer comme un fait r6el. Esperons
que plus lard il seia plus heureux et qu'il parviendra a
nous fournir la demonstration sensible de la penetration
des spermatozoides dans I'ovule par les trous vitellins.
Quoi qu'il en soil, j'ai I'honneur de vous proposer d'im-
primer dans les Bulletins de FAcad^mie le travail de
M. Van Bambeke, d'adresser des remerciments k I'auteur
etdeTengager h continuer ses recherches int6ressantes. »
( i5)
Hmppowi a» M. Sehwann.
« Quoique le fait de la penetration des corpuscuies
spermatiques dans le vitellus paraisse dtre definitivement
acquis a la science , des observations qui viennent la con-
firmer et qui donnent plus de details sur leur marche et
leur fin doivent fitre re?ues encore avec int^r^l. Le travail
de M. Van Bambeke renferme des observations de ce genre.
Remak avait d6ja observe sur Toeuf f^cond^ de Rana viri-
dis un grand nombre de trous qui paraissent traverser
les enveloppes de I'oeuf. II les assimile k la fossette ger-
minative. M. Van Bambeke a constat^ des ouvertures
analogues, plac^es irregulierement sur I'oeuf feconde de
TAxoIotl, de plusieurs esp^ces de Tritons et de Batraciens
anoures. Ses recherches rendent fort probable I'opinion que
ces trous sont des traces du passage des corpuscuies sper-
matiques dans rint^rieur du vitellus. En voici les preuves :
ces Irons n'existent pas avant la fecondation et sont dis-
perses irregulierement sur toute la surface de Toeuf , mais
de preference sur la face superieure opaque; leur dia-
metre est le meme sur chaque espece d'animal et plus
grand que chez une autre^ espece, lorsque les spermato-
zoides respectifs ont un volume plus grand; si Ton durcit
I'oeuf et si Ton y fait ensuite des coupes minces, on pent
reconnattre dans le vitellus un canal commen^ant au trou ,
penetrant jusqu'^ une certaine profondeur du vitellus,
quelquefois jusqu'au quart du diametre et se terminant 1^
par un petit eiargissement; les parois de ce canal sont
colorees par du pigment qui paraft avoir ete enlraine de
la couche coloree de la surface du vitellus vers I'interieur.
Ces raisons sont concluantes : des lors ces trous se dis-
( 1* )
tinguenl de la fossettc germinative par le fail que celle-ci
cxislc dej^ avant la fecondalion. II me semble probable
que des traces analogues du passage des spermatozoides
se trouveront chez d'autres oeufs si on les examine a un
moment assez rapproche dela fecondalion accomplie; peul-
etre cliez les animaux sigtiales la cicatrisation s'opere-t-elle
plus lentement que chez les autres.
Je m^associe volonliers aux conclusions de mon hono-
rable confrere, M. Poelman. d
Conform^ment aux conclusions de ces rapports, la
classe vote Timpression du travail de M. Van Bambeke
dans les Bulletins.
Esquisse geologique sur le Maroc, par M. Mourlon, d'apres
une collection de roches et de fossiles recueillis par
M. ring6nieur Desguin.
« M. ring6nieur Desguin a rapport6 du Maroc une col-
lection de roches et de fossiles qu'il a donn^e au Musee
de Bruxelles,et M. Mourlon, apr6s avoir fait une 6tude
sp^ciale de ces objets ainsi que des notes de M. Desguin ,
a r6dig6 k leur sujet la notice pr^sent^e i I'Academie.
Cette notice, qui annonce que son auteur est tresau
courant de la science, donne non-seulement des details
interessants sur des contr6es presque inconnues, mais elle
rectifie quelques-unes des rares notions que Ton avail sur
une par tie de ces'contrtes.
(15)
J'ai, eo consequence, I'honneur de proposer i la classe
d'ordonner Timpression de la notice de M. Mourlon dans
le Bulletin, p
M. Dewalque, second commissaire , ayant adhere aux
conclusions de ce rapport, la classe vote I'impression de la
notice de M. Mourlon dans les Bulletins,
Note stir les surfaces a courbure moyenne constante,
par M. De Tilly.
Jla|»|»o»*f de .flf. JP. Mi'oiie.
€ Le travail qui estsoumis k Tappr^ciation de la classe
louche k Tune des questions qui ont le plus pr^occupe les
geonietres depuis Euclide. Jusqu'au commencement de ce
siecle , pcrsonne n'avait song6 k douter un instant de Texac-
tilude absolue du postulatum invoqu6 par le cel^bre geo-
metre grec, quoiqu'on ne fiit pas enti^rement satisfait des
differentes demonstrations qu'on avait essay6 d'en donner;
mais il s'est trouv^ r^cemment des esprits qui ont &t& jus-
qu'i le regarder comme n'^tant qu'approximalivement
exact, c'est-^-dire, pour m'exprimer math6raatiquement,
qu*ils I'ont rejet^ comme absolument faux.
Peut-etre leurs idees fussent-elles tomb^es dans I'oubK
si elles n'avaient ete appuy^esde I'aulorite de Gauss; mais
en les voyant concorder avec celles de cet Eminent ana-
lyste, plusieurs geomelres les ont reprises, et sont arrives
ides r^sultats gen^raux sur la geometric de certains genres
de surfaces, r^suitats auxquels on aurait pu parvenir par
( 16 )
une autre voie , mais qui ont 6l6 provoqu^s par ces recher-
cbes sur le postulatum.
Avanl d'aborder Texamen du travail de M. De Tilly, je
crois d'aboid devoir me prononcer cal^goriquenoienl contre
Topinion 6mise par Lobatsch.ewsky , et qui semble partagee
parM. Houel, que le postulatum d'EucIide serait faux;en
laissant de cdt6 les demonstrations qui en ont ete donnees
par Legendre et par notre savant confrere M. Lamarle , je
n'en veux d'autre preuve que celle qui est fournie par les
geometres memes qui le nient. lis conviennent, en effet,
que la trigonometrie sph^rique est4nd6pendantedu postu-
latum, et que, si le plan pouvait etre regarde comme coin-
cidant rigoureusement avec une sphere d'un rayon infini,
le postulatum serait demontre; mais loin d'admettre Tiden-
tite du plan avec une sphere d'un rayon infini , ils ont 6te
jusqu'a donner a celle-ci le nom d'horisphere. Si on leur
repond que Poncelet a prouv6 que Tenveloppe de I'espace
indefini (enveioppe qui est bien certainement une sphere
d'un rayon infini) est un plan, ils diront que la demonstra-
tion de Poncelet repose implicitement sur le postulatum.
Examinons done directement ce que peut 6tre une ho-
risph^re : soit un plan horizontal, et deux spheres de
meme rayon tangentes k ce plan en un m^me point. Tune
au-dessus, I'autre en dessous; pour qu'elles deviennent
des horisph^res, il faut que leur rayon devienne infini ; or,
aussi longtemps que la sphere ne coincide pas avec le plan,
jopourrai certainement en imaginer une autre, comprise
entre cette premiere et le plan , dont la courbure sera
moindre, et le rayon , par consequent, plus grand; le rayon
de la premiere n'est done pas infini. On n'arrive evidem-
ment k la limite que quand les deux spheres coincident
entre elles et avec le plan ; et ici, comme parlout, le pas-
(17)
sage a la iimitc determine un cliangemcnt dans la nature
de la grandeur variable, el la liiiiite des spheres n'est plus
une sphere. C'est parce que Ton regarde souvenl Tinfini-
menl grand , ainsi que rinfiniiiient petit, comme des gran-
deurs reelles, que Ton arrive a des consequences dont
I'etrangctd, pour ne pas dire plus, frappe les esprils aux-
quels une longue habitude ne les a pas rendues fami-
lieres.
Mais , tout en rejetant les consequences fondees sur la
negation du poslulatum, on pent parfaitement admettre
qu'un geometre n'invoqtie pas ce postulatum dans ses tra-
vaux, et Ton n'aura pas le droit de s'etonner qu'il n'arrive
k aucune contradiction : il ne fait, en somme, qu'oraettre
un principe, sans le remplacer par un principe contradic-
toire : ses resultals seronl done, les uns, d'accord avcc
lous ceux qui ne reposent pas sur ce principe; les autres,
plus generaux que ceux auxquels ce principe sert de base,
mais renferniant ceux-ci comme cas particuliers.
Cesl k ce dernier point de vue que s'est place M. De
Tilly. Dans un travail ant^rieur qui a paru dans les rae-
moires de I'Acad^mie, il a pos6 les bases d'une cinema-
tique qui ne serait pas fondle sur le postulatum, et c'est
ft
des formules mSmes de cette cin6matique qu'il part dans
son travail actuel.
En examinant avec attention le point de depart de la
cinematique, il m'a sembl^ qu'on pourrait en d^duire le
postulatum, et je me suis demande si celui-ci n'est peut-
Hre pas contenu implicitement dans ce point de depart
m6me.
Cette deduction pourrait se faire en peu de lignes : mais
pour monlrer clairement qu'il n'y a pas quelque pi^ge
habilement cache sous des formules qu'on est trop dispose
2"® s6rie, tome XXX. 2
(48)
k admettre, tant elles sont familieres, j'accentucrai tous
les poinls qui sembleraient pouvoir impliqiier un poslulat,
ce qui in^enlrainera certainement k quelques longueurs^
j'indiqucrai ensuite quel est le passage qui repose peuU
^tre, au fond, sur un postulat deguis^.
Supposons un point anime d'une vitesse t; le long d^une
droite AB, et cette droitese Iransporlanl avec une vitesse
t en restant constamment pcrpendiculaire k une droite
AC; si les deux longueurs AB et AC representent ces deux
vitesses, ii est clair que la position du point mobile, apres
I'uniti de temps, se trouvera k Fextr^mit^ D de la droite
CD perpendiculaire k AC et ^gale en longueur a AB; nous
nommerons AD la vitesse resultanley etnous la represent-
lerons par V.
Pour distinguer la vitesse du point mobile^ sur la droite
AB, de celle dont cette droite est anim^e, nous convien-
drons d'appeler la premiere : vitesse propre, et la seconde :
vitesse de transport.
Si nous nous donnons la r^sultante AD , et les directions
descomposantes, nous determinerons leurs grandeurs, en
vertu de la defmition , en abaissant du point D une perpen-
diculaire DC sur la direction de la vitesse de transport :
DC sera la vitesse propre, AC la vitesse de transport.
Les grandeurs de ces deux vitesses ne dependent done
quede la grandeur de la resultante , et des angles comple-
mentaires a et ^ que la direction de cette resultante fait
avec celles des composantes.
II s'agit avant tout de prouver que ces composantes v
et t sont donn^es par des expressions de la forme
v = Vy(a); « = V^(/3).
Ce point sera 6tabli en vertu de la remarque soulign^e
(19)
plus haul, si Ton parvient a faire voir que, si v Qi t devien-
nent n (bis plus grands, V deviendra ce ineme nombre de
fois plus grand.
Or, si pour representer Ics vitesses nv ei nt, Ton choi-
sit une unil6 de longueur n fois plus petite que la prec6-
dente, il est clair que ces vitesses seront representees de
nouveau par AB et AC, et que leur resultante le sera done
par la raeme longueur AD que precedemment; cetle resul-
tante sera done devenue n fois plus grande, puisqu elle est
mesur^e par une unite de longueurn fois plus petite.
On pourrait arriver au meme r^sultat en choisissant, au
lieu d^une unite de longueur, une unite de temps n fois
plus petite dans le second cas que dan^ le prenaier.
Ceci admis, il s'ensuit done que :
La Vitesse propre du point est egale a la resultante mul-
tipliecpar tine certaine fonction 9 de Vangle de leurs di-
rections; et que la vitesse de transport est egale a la resul-
tante multipliee par une certaine fonction vl; de Vangle de
leurs directions,
II est evident, du reste, que les formes de ces fonctions
restent les memes, quelle que soit la grandeur de Tangle.
Actuellement, si nous d^composons la vitesse propre et
la vitesse de transport chacune en deux composantes, Tune
de transport suivant une perpendiculaire a la resultante,
Fautre propre suivant cette resultante m^me, il est clair
que les deux composantes dirigees suivant la perpendicu-
laire doivent 6tre egales, sans quoi la resultante ne serait
pas dirigee suivant AD.
Or, en vertu des conclusions precedemment soulign^es,
la premiere de ces composantes est v\p ((3) ou Vcp (a) 4j ((3) ;
la seconde est tf (a) ou V^ ((3) v^ (a).
(20)
De \k r^sulte que les deux fonctions ^^ et ^ sont identi-
ques, ou, en d autres termes, que chacune des deux com-
posantes peut Stre prise indiff^remment comme vitesse
propre ou eomine vitesse de transport , sans que la r^sul-
tante change.
Mais si nous prenons maintenant v pour vitesse de
transport, et t pour vitesse propre, ia r^suitante qui
devra, comme nous venons de le dire, Stre la m^me que la
pr^c^dente, se trouvera, d'apr^s la definition, en ^levant
k Textr^mite de AB une perpendiculaire ^gale k AC; Tex-
tr^mit^ de cette perpendiculaire sera Fextr^mit^ de la
r^sultante, et tombera par suite au point D mSme; les
deux triangles ACD et ABD sont done ^gaux, et, par
suite, les angles en D sont respectivement ^gaux i a et
k p\de sorte que lesquatre angles A , B , C, D sont droits,
ce qui est le postulatum sous une autre forme.
Mais cette demonstration n'implique-t-elle elle-mSme
aucun postulat? Nous n'oserions I'affirmer; car le raison-
nement que nous avons fait pour ^tablir que les compo-
santes t? et ^ sont de la forme V(pa et V^P pourrait, sem-
ble-t-il , se transporter en g^om^trie pure sous une forme
peu diffi6rente, et impliquerait alors le postulat suivant,
que M. Delbceuf place en t^te de la g^om^trie (1) :
On demande que tout quantum homogene puisse etre
considere comme Vimage reduite ou agrandie d'un quan--
turn plus grand qu plus petit.
Nous avons dit, en effet, que si les composantes devien*
nent n fois plus grandes, la r^sultante ledevientaussi; et
(i) ProMgomdnes philosophiques tie la g^om4lrie, p. 148. Li^ge.
J. Desoer.
quoique nous n'ayons pas change la grandeur de la figure
dans DOtre demonstration, il n'est pas certain cependanl
qu'au fond de Tartifice que nous avons employ^ ne soit
cache le postulat en question.
Quoi qu'il en soit, ii parait ^tabii, par ce qui precede,
que la cin^matique , si elle n'implique pas le postulat, y
conduit n^cessairement. On pourra dire k la verite, que nos
raisonnements ne sont applicables que dans le cas ou , des
deux vitesses composantes. Tune est une vitesse propre el
Tautre une vitesse de transport, mais qu'ilsne le sont plus
du moment ou les deux vitesses sont consider^es comme
simultanees; nous r^pondrons que dans ce cas m^me, la
proportion naliie des composantes k la r^sultante doit
s'etablir par un raisonnement identique k celui dont nous
avons fait usage; et alors, encore une fois, ou ce raison-
nement implique le postulat, ou il le renferme comme con-
sequence.
Apres ces d^veloppements, dans lesquels I'importance
du sujel m'a oblig^ k entrer, sur le point de depart du tra-
vail qui a pr^c^d^, dans les m^moires de TAcademie, celui
qui est soumis en ce moment k la classe, je n'ai plus que
quelques mots k ajouter relativement a ce dernier travail.
Comme le fait remarquer I'auteur, c'esl la lecture d'un
travail de M. Beltrami qui lui a sugger^ I'idee de d^duire de
sa cinematique abstraite les r^sultats Irouves par le geo-
m^tre italien; et il y arrive avec la plus grande aisance.
Cette concordance entre des r6suitats de m^thodes si diff^-
rentes temoigne en faveur de la logique de ces deux m^-
thodes. Ce qu'elles pr^sentent de plus reroarquable , c'est
que leurs r^sultats, que Ton avail consid^r^s d'abord comme
apparlenant k une geomelge purement imaginaire, sont
enli^remenl applicables k la g^ometrie euclidienne des sur-
( 22 )
faces h courbure raojenne conslante el negative, appeltes
pseudospheres par M. Beltrami.
L'auteur pense, avec M. Houel, que Ton peut tirer de la
celle conclusion qu'il est desormais impossible de demon-
irer le postulalum dans le plan , puisque celte demonstra-
tion serait ^galement applicable sur une pseudosphere ,
pour laquelle le postulatum n'a pas lieu. Cependant, si Ton
pouvait prouver qu'un quadrilat^re forme de deux lignes
geod^siques et de deux 6quidislanles sur une surface a
courbure moyenne constanle peut avoir quatre angles
droits, et cela ne semble nullement impossible, le postu-
latum serait demontr^ (1).
Pen familier avec celte geometric, cen'est que sous ton tes
reserves que je fais cette objection, & Fappui de laquelle
semble venir toutefois la deduction que j'ai faile prec6-
demraent du postulalum au moyen de la cin^matique plane.
II est vrai que par demonstration du postulatum Tauteur
semble entendre une demonstration tout k fait directe,
comme celle qui consisterait k prouver par construction
qu'une perpendiculaire et une oblique doivent se rencon-
trer; et, dans ce cas, la^demonstration qu'il donne de I'im-
possibilit^ de cette preuve par construction, me semble
satisfaisante.
Par son travail , M. De Tilly a apporte son contingent a
ces recherches qui meritent de fixer rattention des philo-
sophes, et desquelles sorlira un jour une demonstration du
postulatum qui convaincra les plus incredules.
(1) C'esl ainsi, par exemple, que si la geometric non euclidienne de la
sphere peut demontrer que les quatre angles d'un quadrilalere forme de
deux meridiens et de deux paralleles sent droits, on en deduira le postu-
latum dans le plan.
(23)
J'ai done Thonneur de proposer k la classe Tinsertion du
travail de M. De Tilly dans ses Bulletins el de voter des
remercinoents k Tauteur pour son interessanle communi-
cation. »
« L'analyse que notre savant confrere, M. Folie, vient
de donner du m6moire de M. De Tilly, facilite beaucoup ma
t^iche, et je remercie mon collegue d'avoir bien voulu, k
ma demands, se charger des fonctions de premier commis-
saire. Je me bornerai done k preciser quelques points de
la question.
Et tout d'abord , je tiens a constater que le travaiJ actuel
de M. De Tilly est 6crit dans la geometric ordinaire ou
euclidienne. Si , pour ne pas rep^ter tons les calculs , I'au-
teur renvoie a eeux qu'il a d^veloppfe dans ses Etudes de
cinematiqueabstraite, ii n*en est pas moins vrai que c'est
d'une maniere tout euclidienne qu'il ^tudie aujourd'hui
les surfaces k courbure moyenoe constante, surfaces
dans lesquelles la propri^te correspondante au postulatum
n'existe pas.
Je tiens ^galement a constater que je partage les doules
que notre savant confrere exprime lui-meme, au sujet de
la rigueur des trois essais de demonstration du postulatum
qu'il donne dans son rapport.
D'abord, le theor^me de Poncelet qu'il rappelle implique
efFectivement le postulatum.
En second lieu , de ce que Ton pent faire passer, par un
meme point d'un plan, une infinite de spheres tangentes
dont la courbure decroit indiifiniment, ce n'est pas une
(24)
raison pour en conclure rigoureusement que ce plan lui-
meme est la limite de la sphere, en d'autres termes, que
I'horisphere des g^ometres non euclidiens n'est autre
chose que le plan.
En troisieme lieu enfin, c'est avec raison, me semble-t-il,
que M. Folie se demande k lui-nr^rae si sa demonstration ,
tir^.e de la cinematique, nimplique pas le postulatum : en
eflfet, elle s'appuie implicitement sur la notion de la simili-
tude des triangles, laquelle depend du postulatum. D'ail-
leurs, cette demonstration prouverait trop , car elle pent se
repeler sur la sphere, pour un point assujetti a se mouvoir
sur cette surface, et de la elle conduit a des consequences
qui sont en opposition avec la geometric euclidienne.
La demonstration du postulatum ne serait meme pas
acquise si I'on pouvait prouver, comme le demande notre
confrere, qu'un quadrilatere, forme de deux lignesgeod6-
siques et de deux equidistantes, sur une surface a courbure
mojenne conslante, pent avoir quatre angles droits. En eflfet,
il n'existe pas, jusqu'aujourd'hui du moins, une th^orie des
surfaces k courbure moyenne conslante qui soit indepen-
dante du postulatum : on ne pourrait done pas invoquer
cette theorie pour demonlrer le postulatum lui-meme.
J'ai cru devoir entrer dans.ces details, afin de preciser
nettement Tinterpretation que je donne a certains points
du rapport de notre savant confrere, au sujet desquels il
etait reste quelques doutesdans mon esprit. Je me rallie,
du reste, enti^rement aux conclusions de ce rapport. »
Conformement aux conclusions de ces deux rapports,
la classe vote Timpression du travail de M. De Tilly dans
les Bulletins,
(23)
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
line remarque sur radmission d'une force vitale en physio-
logie; par M. le D' Gluge, membre de TAcad^mie.
J'aurais voulu ne pas prendre part k la discussion qu'a
soulevee M. d'Omalius, malgre le respect affectueux que
Je professe pour notre illustre confrere, parce que je ne
pense pas qu'une telle discussion puisse amener un re-
sultat utile pour une Acadi^mie des sciences; mais la
communication faite a la Corapagnie par notre savant con-
frere, M. Poelman, a fait quelque bruit k I'etranger; on
somme pour ainsi dire les professeurs de physiologic de
la Belgique de declarer s'ils adoptenl encore une force
vitale sp^ciale. Mes opinions sur ce point sont parfaite-
ment connues; elles sont publiees dans mon Manuel de
physiologie[\y Neanmoins voici en pen de mots ma pens^e.
II existe deux classes de connaissances produites par
rintelligence humaine. Les premieres sout le resultat du
travail des organes des sens , combine avec celui du cer-
veau. Quand on a decouvert les lois d'apres lesquelles les
phenom^nes de la nature se produisent , alors naissent les
sciences; selon le mot profond de Bacon. « A'on estscientia
nisi imiversalium y singularium non est sciential » Eh
bien, la force vitale est dans ce cas; personne n'a pu jus-
qu'a present par une m^thode scientifique connue en de-
(I) Edition If, 1854, p. 11
(26)
monlrer I'exislence. Nous voyons des phenomenes des
corps vivants , nous ne savons rien d'une force speciale ;
et noire devoir est d'etudier le corps vivant avec les raemes
moyens et d'aprte les monies m^thodes que les corps
dits inertes. Les progr^s modernes de la physiologic sont
dus k cette vue large des ph^nom^nes de la nature. On
n'adinel plus sans demonstration Texistence d*une force
diiferenle pour la naissance d'une plan^te et d'un animal.
Magendie (1) me disait un jour que ce serait le plus grand
service qu'on piit rendre a la physiologic si Ton parvenait
k demontrer que la contraction musculaire est un ph^no-
mene purement physique et chimique sans Tintervention
d'aucune force vitale. On est parvenu k le demontrer.
Qu'on se soil trop souvent h&le d'appliquer nos connais-
sances physiques et chimiques actuelles k I'interpr^tation
des organismes vivants, je ne le conteste pas, mais cela ne
prouve rien pour I'existence d'une force vitale speciale.
Quant au rapport des forces avec la matiere, je ne com-
prends pas Texistence d'une force separee de celle-ci, et le
mot d'un grand philosophe, que la force est une cause qui
se suffit k elle-meme, est et reste une enigme pour raoi.
II n'y a qu'uhe cause qui se suffit k elle-meme, et celle-14
(1) Qu'il me soil permis de rappeler, a celte occasion , qu'en 1838 j'ai
cree a notre universiie de Druxelles le cours de physiologic experiraen-
lale, qui avail 6le puremeni Iheorique jusqu'alors et celui d'analomie
palhologique. Sorli des legons de Magendie, le createur de la physiologic
experimenlale moderne, el honore de son amitie, grSce k la recoinnnan-
datioQ de M. de Humboldt , j'aurais voulu conlinuer sur le domaine de la
physiologic des travaux que j*ai dti reslreindre principalement ^ celui de
Fanatomie palhologique. La position modesle des professeurs de notre
universiie libre ne leur pcrmel pas, comme a ceux de TEtat, de s'occuper
exclusivement de la science.
( 27 )
esl inabordabie ^ la science humaine. A la seconde serie des
connaissances produites par Fintelligence apparliennent
celles qui concernent le moi libre et imperissable; ce sonl
des connaissances que j'appellerai d'inluilion, parce qu'il
n'est pas possible d'endonner la demonstration scientifique
comme de celles de la premiere ciasse ; elles sont accept6es
de contiance par ceux qui ne peuvent accomplir le mcme
travail iutellectuel; elles sont d^veloppees de generation
en g^n^ralion, modiliees par les races et les lieux. Nier k
cause de Tabsencede demonstration scientifique Texistence
de ce moi libre et imperissable, c'est retourner au matc-
rialisme brutal du negre sauvage de TAfriquc centrale dont
nous parle sir Samuel Baker dans son voyage a la decou-
verte des sources du Nil.
Rectification a la notice sur un nouveau genre de pois-
sons de la craie superieure (i), par M. L. de Koninck,
mcmbre de TAcademie.
A la seance du mois de fevrier dernier j'ai decrit une
espece de poisson pour laquelle j'ai et6 oblige de creer
un nouveau genre, par la raison que je n'ai pu la rap-
porter k aucun des genres actuellement connus. Malheu-
reusement le nora dWnkistrodus ayant deja &i6 employe
par M. Debey (2), je me trouve dans la necessit6 de le
changer en celui de Ancistrognathus , qui m'a ^t^ sugg^re
par sir Philippe de Malpas Gray Egerton , et qui a I'avan-
(1) Bulletins de Mead., 2" serie, t. XXIX , p. 75.
(2) Voir Plclel , Traite de paUontologie , t. 1 ,p. 253,
(28)
lage d'ex primer encore mieux son caractere de plaque
dentale, tout en conservantrindication de la forme qu'elie
possMe et qui a donn^ lieu au nom primitivement choiisi.
M. Melsens communique verbalement quelques* expe-
riences sur la vitalite de la leviire de biere; elles font suite
aux communications d^posees dans les seances de juin et
d'aout 1866 et de Janvier 1868.
En ce qui concerne la levure de biere , les experiences
nouvelles confirment compl^tement les anciennes.
M. Melsens expose ensuite le r^sultat d'exp6riences rela-
tives au vaccin; ii a refroidi k 80"C au-dessous de z^ro en-
viron du virus vaccin d'origine jennerienne; la dur^e du
refroidissement a h& de plus d'une heure, et malgre Taction
du froid, le virus vaccin avait conserve son activite sp^ciale.
La vaccination par du virus prealablement soumis au
refroidissement a &ie pratique par M. le D' Jacobs; M. Mel-
sens donne lecture de la lettre de ce savant m^decin.
Note sur les surfaces a courbure moyenne constante; par
M. J.-M. De Tilly, capitaine d'artillerie, professeur a
rficole militaire.
Les surfaces dont la courbure moyenne est constante se
divisent en trois categories, suivant que cette courbure est
nulle, positive on negative.
Les surfaces dont la courbure moyenne est nulle (sur-
faces d^veloppables) peuvent s^appliquer sur un plan par
une simple flexion de leurs elements, sans extension , con-
traction, d^chirure, ni duplicature. On en d^duit aisement
(29)
que la g^om^trie (ou si I'on veut la Irigonom^trie ) des
figures trac6es sur une surface developpable est la m^me
que celle des figures Irac^es sur un plan , pourvu que Ton
remplace les lignes droites par les lignes g^odesiques de
la surface developpable, lignes g^od^siques parmi les-
quelles se trouvent les g^n^ralrices recliiignes dans ce
cas particulier.
Les surfaces dont la courbure moyenne constanle est
positive peuvent s'appliquer de la mSme mani^re sur une
sphere, et leur g^om^lrie est la m^me que celie de la sur-
face spb^rique, les lignes g^odesiques rem plaint les arcs
de grand cercle.
Ces r^sultats sont connus , mais il restait une lacune en
ce qui concerne la g^ometrie des surfaces dont la courbure
moyenne constanle est negative. Elle vient d'etre combine
par M. Beltrami, professeur k Tuniversit^ de Bologne f),
qui a d^montr^ que la g^om^trie euclidienne de ces sur-
faces, que j'appellerai , d'apres lui, pseudosph^res , est la
m^me que la geom^trie non euclidienne du plan.
A ce geom^tre revient done la priorite de cette d^cou-
verle (**), que Ton doit considerer comme iroportante,
puisque la g^om^trie des surfaces en question se trouve
ainsi faite, tout d'une pi^ce, par les g^ometres non eucli-
diens, et k leur insu.
Ceci pos6, et au risque d'etre rang^ au nombre de ces
calculateurs studies dont parle Poinsot, qui vout apr^s
(*) Saggio d'interpretazione della geometria non euclidea , Giornale
di matematiche, t. VI, 1868; traduit par M. HoucI et ins^r^ dans les
Annates scientifiques de I'Ecole normale superieure, I. VI , 1869.
(**) 11 y avail cependant sur les propri^tes des surfaces pseudosphe-
riques quelques travaux anlerieurs que M. Beltrami siguale lui-meme.
(30)
coup rechercher dans leurs formules des resultals qu'ils n'j'
eussent point vus si d'aulres ne les y avaient decouverls
par des voies differentes; je demande ia permission de faire
observer que, pour celui qui connait les raisonnemenls
et les calculs developpes dans mes Etudes de mecanique
abstraite (*), le th^oreme de M. Beltrami peut se d^mon-
trer en moins de lignes que ce savant n'y eonsacre de pages.
En effet, si je considere une figure trac^e sur une sur-
face k courbure constante (nulle, positive ou negative);
que je la fasse glisser sur cetle surface en la deformani
par flexion, mais sans extension, contraction, d^chirure,
ni duplicature, et que j'assujettisse deux de ses points k
decrire la ligne g^odesique qui les joint, je puis appelcr
un pareil mouvement une translation. Si, au contraire,
j'assujettissais un point k rester immobile, je pourrais
appeler le nouveau mouvement de la figure une rotation,
Des lors, celte belle definition donnee par M. Lamarle :
« Une courbe plane est la trace d'un point qui glisse
sur une droite mobile, qui est la taugente, pendant que
cette droite tourne autour de lui dans le plan, d peut se
transformer et s'etendre comme suit :
« Une courbe trac6e sur une surface a courbure moyenne
constante est la trace d*un point qui glisse sur une ligne
geod^sique tangenie k la courbe, pendant que cette ligne
geod^sique tourne autour de lui dans la surface, » le mot
tourne etant compris dans le sens qui vient d'etre attache
k la rotation sur une pareille surface.
Que Ton reprenne main tenant les Etudes de mecanique
abstraite, depuis la page il , mais en se pla^ant dans la
{*) Tome XXI des M^moires couronnis et autres m&moires publies par
TAcademie royale de Belgique. (Coll. iD-8<>.)
(31 )
geom^irieeuclidienne;queron remplace partout Texprcs-
sion plan par surface a courbure moyenne constanle et
Texpression droite par ligne geodesique; que Ton fasse
toujours tourner simultan^ment le syst^me des deux lignes
geodesiques, langenle et normale, el glisser celle-ci par
translation avec le point decrivant; que Ton engendre les
circonferences et les equidistanles comme dans le plan ,
sauf i tenir compte des conventions pr6cedenles{ ce qui
rend circR el eqR enti^rement d^lermin^es en fonction
de R , ainsi que a> en fonction de t; et de R , dans ces deux
courbes, d'apr^s des propriet^s connues des surfaces con-
sider6es, et Ton s'apercevra tres-aisement que tous les
raisonnements subsistent comme je I'avais d6]k remarqu6
(pp. 27 et 34) -pour la sphere, surface a courbure uni-
forme. Mais maintenant il suffit qne la courbure moyenne
soil constante.
On ne fera aucune hypoth^se sur le signe de eqB. — 1
sauf k remarquer que ce signe reste toujours le m^me sur
une meme surface. II faudra done se conformer aux pres-
criptions des pages 32 et 35, c'est-^-dire que les Equa-
tions (13) k (16) et (21 ) devront s'Ecrire :
' 'AA'
IT CO
(15). . . . e/yAA'— 1==d=
^ ^ ' v' circ i
(14). . . eq {a -{- b) = eq aeq b7h-j-civcb,
(15) i =[eq^ a ^ J circ a,
4
(16) eq(a -^ b) = eq aeqb:±i \/{eq*a — 1) {eq*b — 1).
circ2R t / circ*R
(21. . . . -r-j7-=2\/l±— — .
(32)
Moyennant ces modifications et quelques autres moins
imporlantes qui ne sauraient arrfiter un g^ometre, on ne
Irouvera aucune difficulte jusqu^au moment de Tintegra-
tion (p. 22). Alors il faudra choisir enlre la premiere inte-
grale indiquee k cette page et la seconde (p. 30) ou, en
d'aulres termes, enlre les trois hypothtees R'= 1 , R' < i ^
R' > 1, mais ce choix m^me ne saurait 6tre douleux. En
effet, 1** sur les surfaces d^veloppables on a R' = l puis-
qu'elles doivent pouvoir 6tre superpos^es par flexion sur
un plan ; 2** pour les surfaces h courbure moyennc con-
stanle et positive on a R' < 1 , puisqu'elles sont develop-
pables sur une sphere; 3° sur les pseudospheres on a R'> 1 ,
puisque sans cela leur geometric serait celle du plan ou
celle de la sphere, et des lors elles seraient developpables
sur Tune de ces surfaces, ce qui est impossible puisqu'elles
n'ont pas meme courbure moyenne; d'ailleurs on verra
plus loin que les pseudospheres ont des lignes g^odesiques
asymptotes entre elles, ce qui exclut I'analogie parfaite
avec le plan et la sphere.
Prenanl done R' > 1 , comme dans la geometric non
euclidienne, on pent poursuivre toutes les conclusions de
mon memoire et il en r^sulte que la geometrie euclidienne
des pseudospheres est la meme que la geometrie non eucli'
dienne du plan. De meme on pent consid^rer la cin^ma-
lique, la statique et la dynamique des syst^mes plans
^tablis dans ce memoire comme ^tant la cinematique, la
statique et la dynamique des syst^mes de points mat^riels
assujettis i se mouvoir sur une pseudosphere.
En somme, la methode que j'ai expos6e pour obtenir
les formules fondamentales de la geometrie non eucli-
dienne possede, par rapport aux autres methodes con-
(53)
nues (*), outre Fa vantage de n'employer que des construc-
tions planes et des quantil6s r6elles, de se rfeumer en
quelques resultats simples et de eonduire tout naturel-
lament aux applications m^caniques, celui de se prater
mieux k I'interpr^tatiou des resultats, du moins en ce qui
concerne la g^om^trie plane.
De cette interpretation r^sulte, comme le fait reniar-
quer, avecraison, M. Hoiiel (**), quMI est desorroais im-
possible de demontrer le postulatum d'Cuclide sans sortir
du plan, puisque, si Ton y parvenait, ce ne pourrait etre,
k moins de cercle vicieux, que par Femploi de propri^tes
communes aux deux sciences eiiclidienne et non eucli-
dienne; d^s lors la demonstration pourrait ^tre r^petee,
mot pour mot, dans la science euclidienne, sur les sur-
faces a courbure* moyenne constante negative ou pseudo-
spheres, oh elle conduirait, par consequent, a une con-
clusion fausse, puisque la geometric et la mecanique de
ces surfaces ne sont pas les memes que celles du plan.
On volt done qu*a Tavenir toute demonstration du
postulatum par la geometric plane ou la mecanique des
systemes plans pent etre reieguee, sans examen, dans les
{*) Lobalschewsky, cit^ dans mon memoire pr^c^ent; Bolyai, La
science absolue de Vespace, traduit par M. Hoiiel ; Battaglini, Comptes
rendusde l'Acad4miedes sciences physiques et malMmaliquesde Naples,
juiu 1867; Giornale di matematiche , t. V, p. 217, traduit par M. Hoiiel et
insert aux Nouvelles annales de mathimatiques , t^^ serie, t. VII , 1868.
(**) Hoiiel, iVb/e sur VimpossihiliU de demontrer, par une construction
plane y le principe des paraMles dU postulatum d'Euclide; extrait des
Nouvelles annales de matMmatiques , S^es^rie, t. IX, 1870,^p. 3. Ce
memoire est aussi insere sous une forme un peu diff^rente dans les Proces
verbaux des stances de la SociH6 des sciences physiques et naturelles
de Bordeaux; seance du 30 decembre 1869. (Voyez pp. 6 k 8 de cette
edition. )
2"** S^RIE , TOME XXX. 3
casiers oii dorment les projets de mouvement perp^*
(uel f ).
Quant k Tinterpr^taiion dc la g^om^trie non euclidienoe
a Irois dimensions, elle a &i& faite aussi par M. Beltrami ('*)
en s'appuyant sur la consideration analylique des espaces
k pliis de trois dimensions. D'accbrd avec M. Hoiiel (***),
je pense que, dans Tetat actuel de la question, on ne pent
pas decider d^une maniere absolue si la demonstration
du poslulatum d'Euclide est encore possible par Temploi
des trois dimensions. J'espere y revenir.
S'il s*etail agi d^s Tabord, non pas d'^tablir toule la
geometric des pseudospb^res , comme cela vient d'etre
fait, mais seulement de prouver que le postulatum n'est
pas demontrable par des constructions planes, on edt pu
proc^der d'une maniere plus simple.
Que Ton consid^re une courbe plane, rapport^e k des
axes rectangulaires, langente a Taxe des x, asymptote
k Faxe des 2/ et ayant pour Equation :
et qu'on la fasse tourner autour de I'axe des y, on engen-
drera ainsi une pseudosph^re de revolution, ou du moins
(*) Hoiiel, iVo/c sur VimpossibililS, etc,, edition de Bordeaux, p. 8.
C^*) TMorie fondamentale des espaces de courbure constante: Annali
01 Matematiga pdra eo appligata, !2™« serie, t. II, traduit par M. Hoiiel
et insure dans Ics Annates scientifiques de TEcole normale sup^rieure,
t VI, 1869. On peut voir aussi, a eel egard , Helmholtz : Sur les fails qui
seroent de base a la giomelrie , extrait des actes de la Society d'bistoire
naturelle et de medecine de Heidelberg, I. IV, et traduit par M. Hoiiel.
(***) Voir la note (**) de la page precedente.
( 3S )
ie noyau de cetle surface dont les nappes superposees
s'enroulent indefiniment sur ce noyau.
Alors, par des methodes connues, on s'assurera trfes-
ais^ment :
1° Qu*en chaque point de celle surface Ie produit des
rayons de courbure des sections principales est constant
et 6gal.& — a^ ( — parce que ces sections laissent Ie plan
tangent entre elles), d'oii r^sulte qu'une partie quelconque
de cette surface peut glisser sur la surface par flexion , mais
sans extension, contraction, d^chirure ni duplicature;
2** Qu'entre deux points quelconques de celle surface
il exisle une seule ligne geod^sique, ou un seul plus court
cheniin sur la surface, ce que Ton voit en amenant ces deux
points sur une meme ligne geodesique meridienne par Ie
glissement d'une portion de surface qui Ie contienl.
Ccia suffit pour prouver que loute demonstration du
postulatum sur Ie plan reussirait aussi sur la pseudosphere
de revolution; or, 1^ Ie principe des paralleles ne peut pas
exi^ter puisqu'on voit clairement que loutes les lignes
geod&iques meridiennes sont asymptotes entre elles.
La demonstration ainsi presentee ne peut soulever que
des objections de detail faciles k refuter.
Je me borne, en ce moment, a en rencontrer deux,
qui paraissent les plus importantes.
V On pourrait dire que Ie plan jouit d'une autre pro-
priety fondamentale que ne possede pas la pseudosphere ,
Ie retournement. On repondra que Ie retournement n'est
jamais necessaire dans la geometric plane ; on Temploie
. quelquefois pour demontrer rapidement Tegalite de deux
figures, mais celle egalite peut toujours se demontrer
autremenl.
2^ On pourrait dire que les lignes geodesiques ne sont
(36)
pas infinies dans les deux sens et s*arrStent brusquement
au parall6le maximum , mais eela n'infirme en rien la pos-
sibility de rep^ter sur la pseudosph^re les constructions
qui seraient cens^es d^montrer le postulatum sur le plan,
car ces constructions devant, dans chaque hypothese pos-
sible, 6tre limit^es, on pourrait toujours les commencer
sur la pseudosph^re en un point situ6 assez loin du paral-
lele maximum pour qu'elles ne pussent jamais arriver
jusqu'a ce parall^le.
II reste k indiquer quelle est, dans Tinterpretation des
formules non euclidiennes, le sens precis de la quantity M.
Dans le plan M=oo ; dans la sphere de rayon Uy on a
M = 27ra ( p. 32, des Etudes de mecanique abstraile.)
On a d^j^ vu que, dans la pseudosphere de revolution,
a pent 6tre consid^r^ comme jouant le rdle de rayon pseu-
dosph^rique, parce que la courbure s'exprime par — 7^^-
Je dis de plus que Ton a M = ^^a, comme dans la sphere.
Pour cela , on pent remarquer que circ a et circ x sont
deux arcs semblables d'horicycles pseudosph^riques dont
les rayons g^od^siques difi%rent de s , arc eompris entre
les points dont les abscisses sont x et a. On a done
M/?^<^±^^ ^^JClLtfA
o 2 ^ " ^J[i
~ = —- = e" (puisque fcst infini).
D'oii
M , a
s = — loc - •
2n ^ X
D'autrepart,
s
=y'^v^-(iF=«'<-
(37)
La comparaison des deux valeurs de s fournit M=27ra9
ce que Ton trouverail aussi en exprimant de deux ma-
nieres Taire de r^volulion engendr^e par s autour de Taxe.
Dans toute autre surface k courbure moyenne constante,
M a nalurellement la m^me valour que dans la surface
plane, la sphere ou la pseudosphere de revolution sur la-
quelle elle pent se d^velopper.
Sur ['existence de puits naturels dans la craie senonienne
du Brabant y par F. Van Horen, docteur en sciences
naturelles, k Saint-Trond.
11 y a deux ans environ, le hasard me fit rencontrer,
dans la craie senonienne du Brabant, des excavations sem-
blables k celles qui sont designees sous le nom de <r puits
naturels » ou « orgues g^ologiques. » Je n'attribuai pas
alors k celte d^couverte assez d'importance pour la juger
digne de la publicity; mais comme une observation de
m^me nature, quoique d'un m^rite plus grand, s'est pre-
sentee dernierement a TAcademie , mes propres rechercbes
m'ont sembie acquerir un inter^t d'actualiie, et je crois
utile de les relater brievement.
Les puits dont je viens de parler s'observent entre Jan-
drain et VVanzin, dans un affleurement escarpe de la craie
senonienne. Us ont, en general, la forme d'un cone ren-
verse et tr^s-allonge, k section circulaire ou elliptique. A
partir de leur base, parfois dilatee en entonnoir, ils descen-
dent en s'attenuant avec une grande regularite, et lorsque
leur extremite inferieure est accessible , Ton peut constater
qu'ils se terminent en pointe emoussee.
(38)
Leurs dimensions sont (res-variables et, en moyenne,in-
ferieures a celles des puits observes en d'autres localites.
Parfois leur longueur ne depasse que quelques decimetres.
En revanche, j'ai poursuivi les puits les plus considerables
sur une profondeur de 1",10 el 1"',40 sans pouvoir en
atteindre la terminaison que cachent les eboulis. Le dia-
m^tre de leur base atteint un maximum de 60 centimetres.
II est de 55 centimetres dans le puits A, de largeur
moyenne, que repr^sente la planche ci-joinle. Une section
passant k mi-hauteur du puits B mesure H centimetres
de diametre.
La craie (I) presente, k cet affleurement, une surface
ravinee et tres-irr^guli^re. Elle est fine et d'une purele
remarquable, renferme des grains assez rares de glauconie
plus ou moins alteree, et n'est que tr^s-faiblement argi-
leuse, bien qu'elle soit traversee, en quelques endroits, par
des bandes minces d'argile verte. Elle ne contient d'autre
fer que celui qui entre dans la composition des grains de
glauconie.
Une couche d'argile brune (II, a), de 4 i 5 centimetres
d'epaisseur moyenne, couvre en tous points la surface de
la craie. Cette argile est eminemment ferrugineuse etdoit
sa coloration a la limonile dont elle est impregnee. Par
suite de ce caracter^, elle ne saurait etre consideree comme
le r^sidu laisse en place par la dissolution des couches su-
perficielles de la craie. Elle se continue sur les parois des
puits et les tapissejusqu'au fond.
Au-dessus de cette argile vicnt un sable en general
assez fin, legerement argileux, pen glauconifere, et con-
tenant des particules crayeuseset blanchalres qui sont cal-
careuses, mais a un degre Irop faible pour donner avec les
acides une effervescence bien marquee. Une partie des
(39)
grains dojot il se compose cof)siste en parUcules de silex,
de couleur variable. Quelques-unes de cclles-ci conservenl
encore, sur une partie de leur surface, la couche blan-
chatre qui caract^rise les silex de la craie.
Cette couche sableuse se subdivise en deux zones assez
vagvement d^finies.
L'inffirieure (11, b) se distingue de la sup6rieure par une
couleur plus brun^tre et une composition plus ferrugi-
neuse. Elle contient de rares feuillets d'argile verle et des
bandes tr^-^minces d*une argile brun^tre identique a celle
qui surroonte la craie. Le sable qui la constitue se con*
tinue dans les puits (1) et les remplit a I'inl^rieur de la
couche argileuse qui en rev6t les parois. II s'y charge acci-
dentellement de petits fragments d'une argile coloree en
noir par des mati^res ligniteuses. Ses lignes de stratifica-
tion sont paralleles k la surface de la craie, dont elles sui-
vent toutes les inegalit6s. A leur passage au-dessus des
puits, elles ne montrent aucune inflexion.
La seconde zone (IF, c) est jaun^tre. Elle renferme, prin-
cipalement k sa partie sup^rieure, d'abondants debris de
tuifeany dans la disposition desquels il est diilicile de re-
connaitre une stratification r^guliere. Une partie de ces
debris doivent etre rapport^s au « tuffeau de Lincent; »
d'autres montrent plus d'analogie avecrle tufleau maestrich-
tien. lis ont, en g^n^ral, perdu presque completemenl la
nature calcareuse que cesroches pr^senlent dans les loca-
lites du voisinage.
La limite sup^rieure de la couche sableuse aflecte une
direction k pen pres entierement independanto des ine-
{\) Quelques puils dc tres-petije dimension sont loutefois remplis exclu-
sivcmenl par I'argile brune.
(40)
galites de lacraie. Cette couche presente^en moyenne^inie
puissance de pres de 1 m^tre. Des deux zones qui la com-
posent, la sup^rieure est la plus developpee.
Les sables precedents sont surmontes d'un diluvium (III)
epais de 60 centimetres environ el compost de silex gros
et brises, mei^s a des cailloux de grosseur variable. La stra-
tification de ce diluvium ne s'est point d^rang^e.
La coupe se termine par une couche peu puissante de
limon brun (IV).
Dans la description pr6c6dente j'ai mentionne, k diverses
reprises, que la stratification des couches sup^rieures a la
craie n'a pas subi d'alteration. En d'autres localites,notam-
ment a Maestricht et au Norfolk, il a ^te constate, au con-
traire, que le terrain sus-jacent aux puits s'est effondre
pour les remplir, et Ton a conclu de ce fait que T^rosion des
puits natureis est posterieure au depot des roches qui les
recouvrent, et doit ^tre attribute k Tinfiltration des eaux
pluviales. Cette double bypotbese est combattue par la dis-
tribution r^guli^re des couches de Jandrain. Celle-ci prouve
a r^vidence que les puits de cet endroit se sont for^s an-
t^rieurement au d^pdt de la couche argilo-sableuse qui
leur est immediatement sup^rieure (1).
L'^ge de ces puits ne saurait n^anmoins etre fixe avec
une approximation suffisante, par suite de Tincertitude qui
regno sur la place que cette couche elle-m^me doit occuper
dans la s^rie des terrains. Dumont, sur la carte desaffleu-
rements, rapporte cette derni^re k Triage inferieur du sys-
teme landenien. Cette determination, bas^e vraisembla-
blement sur des considerations purement stratigraphiques.
(1) Peut-etre, a Maestricht et k Norwich, le role des eaux pluviales
s'cst-il borne a Telargissement de cayiles dej^ existanles.
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Iit/i. G-. Sevcrcif7zs,B-- -ujoelhs
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B
(41 )
ne me semble point pouvoiritre admise. Les sables de Jan-
drain sent, en effet, ^videmment posterieurs aux roches
dont lis ren ferment les debris. Parmi ces derni^res nous
avons mentionn^ le « tuffeau de Lincent; » et, d'autre
pari, les parcelles d'argile ligniteuse me semblent provenir
du land^nien sup^rieur. D'apres ces donn^es , les sables
cit^s seraient posterieurs a la totality du systeme lande-
nien. Leur composition min^ralogique n'offre d'ailleurs pas
assez d*analogie avec les autres systemes tertiaires des en*
virons pour qu'on puisse les identifier avec ces derniers.
Eu egard k leur nature d^tritique, je serais plutdt dispose
k les considerer comme le prelude de la formation diiu-
vienne. N^anmoins, en I'absence de fossiles, je pr^fere
m'abstenir d'^mettre, sur la date de leur depdt, des hypo-
theses qui ne seraient pas suffisamment confirmees par la
ratification des faits.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
ECHBLLE iloi.
I. Graie.
IL Couche argilo-sableuse, d'un ^ge iiideteimine.
a. Bande d'argile.
b. Zone de sable brun-rougeaire.
c. Sable jaun^tre, avec fragments de tutl'eau.
in. Diluvium.
IV. Limon brun.
X. Eboulis.
A et 6. Puits nalurels.
(42)
Esquisse geologique sur le MaroCj par M. Michel MourloD,
aide-natural isle au Mus^e royal de Bruxelles.
Le Musee de Bruxelles ayant re^u une collection de
roches et de fossiles recueillis au Maroc par M. Tingenieur
Desguin, et I'^tude de cette collection nous ayant 6te con-
fiee, nous nous sommes attaches a en tirer le meilieur
parti possible. Malheureusement, M. Desguin a ^te peu
Tavorise par le temps durant son voyage , et la maladie,
jointe au manque de courtoisie des Arabes, Ta souvent
emp6ch6 de poursuiyre ses recherches comme il eiil ete
desirable de le faire dans Tinteret de la science geologique.
Toutefois, malgre ces circonstances d^favorables, le nom-
bre des materiaux qui nous sont passes par les mains
nous parait suffisant pour que nous pi*(ssions tenter de
Jeter quelque lumiere sur les terrains auxquels ilsse rap-
portent.
M. Desguin a d'abord visite les environs de la petite
ville de Mazagan (Ydida), situ^e sur la c6te et a Test du
cap de cc nom; il penetra ensuite dans Tint^rieur jusqu'au
marche de TIat ou Tziata, k mi-chemin de Maroc, puis il
explora le littoral oceanique a partir du cap Saffy, au sud,
jusqu'^ Mazagan et Azimour, au nord. II se rendit eniin
par mer a Tanger, donl il parcourutles environs, et ter-
mina ses excursions au Maroc en penetrant jusqu'^ Fas
ou Fez, qui en est Tune des capitales.
De tout cet itin^raire il n'y a que la partie avoisinant
Tanger qui ail ete visitee par un g^ologue avant que
M. Desguin penetrat dans ces contr^es inhospitalieres.
Quant aux aulres parties, elles etaient, on pent I'affirmer,
( 43 )
lout a fait vierges d'investigations scientitiques, et c'est 1^
surlout ce qui nous engage a presenter a I'Acaddmie cette
note, quelque incomplete qu'elle puisse 6lre.
I. — AziMOUR , Mazagan et Saffy.
Toute la region exploree par M. Desguin , tant sur la
c6te, dans le court espace qui s6pare Mazagan d'Azimour,
que dans Tint^rieur, fait partie de la province de Doukala,
si reroarquable par son ^tendue et sa grande fertilite. Cest
un pays de plaine et par cela meme tr^s-ingrat pour T^tude
de la g6ologie. Nous esp^rons, n^anmoins, que I'exaroen
des echantillons qui y out ete recueillis, joint aux notes
qu'a bien voulu nous communiquer M. Desguin, nous
permettra de donner, au moins, un aperQu de la geo-
logic de cette contr^e.
Le terrain qui constitue la plaine de Doukala est le plus
souvent reconvert par la terre v^getale et n'apparatt gufere
h la surface que sur les collines pen ^levees que Ton y
rencontre ^^ et \k. Les Echantillons provenant des envi-
rons de Mazagan, et particulierement ceux recueillis au
SSE. de cette ville, dans un endroit appelE Sidi-Moussa,
nous semblent bien caracteriser ce terrain sous le rapport
lithologiqiie. Gesontd'abord des calcaires lufaces, parfois
crayeux et blanch^tres, dans lesquels sont intercalEs des
cailloux ainsi que des cpquilles marines telles que solen ,
venus, modiole, cardium,i etc. Les caract^res de cetlc
roche pr^sentent de si grands traits de ressemblance avec
ccux que d^crit M. Coquand pour les travertins de la
partie septentrionale du Maroc (1), que noussommes portes
(1) Bull, de la Soc. geolog. de France, I IV, p. 1 188.
( 44 )
a leur attribuer uoe origiDe commune el k les regarder
soitcomme appartenant k un terrain fluvio-marin, soit, a
I'exemple de M. Coquand pour ses travertins, comme fai-
sant partie d*un terrain d'eau douce remani^ par les cauK
de la mer. Outre ces calcaires tufac^s, qui semblent faire
compl^teroent d^faut k une certaine distance de la cole,
nous avons un calcaire grossier blanch^tre, des siles: et
un calcaire fetide bleu^tre rappelant, jusqu'a un cerlaio
point, ie calcaire gris cendre ou noir^trc et bitumineux
que d^crit M. VUle dans son terrain saharien (1), avec
cetle difference, toutefois, que ce dernier est le plus sou-
vent caract^rise par la presence de petites paludines,
tandis que le ndtre Test par de petites perforations ver-
miculiformes.
Les depressions, parfois considerables, que presentent
ce terrain sont occupees par un conglomerat tr^s-poreux
a petits grains passant au calcaire grossier et que Ton ex-
ploite dans le pays comme pierre de construction. Quoique
ce conglomerat renferrae en abondance une vari^te d'he-
lice que M. Nyst rapporte k Y Helix vermiculata, espece
vivant actuellement dans la contr^e, et se trouve, en outre,
associe k un limon sableux calcarif^re egalement k helice
et d'apparence recente, il serait aussi lemeraire , pensons*
nous, d*assigner une date contemporaine k ce conglomerat
que de rapporter les assises qui le supportent au terrain
saharien de M. Yille, en se basant uniquement sur la na-
ture min^ralogique d'un nombre aussi restreint d'echan-
tillons que celui que nous possedons. On verra neanmoins,
par ce qui va suivre, que interpretation qui parait le
(1) Voy. Ann, des mines, t. VII, 1865, et Voyage d! exploration dans
les bassins du Hodna et du Sahara, Paris, 1868.
(48)
mieux s^accorder avec les faits observes en difiT^rcnts
points de la region qui nousoccupe, consiste ^ regarder
les roches d^crites jusqu'ici corome appartenant au terrain
post-pliocene.
En parcourant la plaine de Doukala, tant'au nord jus-
qu'^ Azimour, qui en est la capitale et se trouve situ^e a
trois lieues de Mazagan et k quarante metres au-dessus du
niveau de la mer , que vers le sud^ le sol est reconvert de
cailloux crayeux. Pen avant d'arriver au marche de TIat,
qui est le point le plus meridional dans Tinterieur du
Maroc sur lequel nous possedions quelques donnees , le sol
change tout k fait d'aspect : les cailloux crayeux dispa-
raissent, et une immense plaine de sables et de cailloux
quartzeux s'^tend au loin. C'est k la limite de ces cailloux
crayeux, dans un endroit appel^ Si-Ammer, que se trouve
un escarpement produit, sans doute, par quelque ^boule-
ment recent. La partie inferieure de cet escarpement se
compose d'argile et de marne rouges ferrugineuses , puis
vient une couche, form^e en majeure parlie d'huttres,
dans laquelle se rencontre aussi la Teredina personala
et que M. Nyst croit pouvoir rapporter au terrain 6oc6ne ;
ensuite une seconde couche fossilif^re qui semble bien
repr^senter le terrain mioc^ne. Parmi les coquilles re-
cueillies dans cette derniere couche , M. Nyst y a d^ter-
min^ :
Balanus sulcatujs.
Pecten Beudanti.
Area,
Buccimmi prismaticum ?
Conus.
Enfin, k la partie sup^rieure de Tescarpemenl se re-
trouvent les assises decrites pr6c6demmenl.
(46)
Si cet escarpement de Si-Ammer temolgne ainsi de
I'existence des terrains eocene et miocene dans celte re-
gion marocaine, I'examen des points les plus Aleves dc la
c6le occidentale depnis Safify ou Azfl, dans la province
d'Abda jusqn'a Mazagan, tend k elablir aussi Texislencc
du terrain pliocene dans celte meme region. Et, en effet,
si nous nous transportons au cap Saffy, qui a plus de ceni
soixante-dix metres d'altitude, rious le voyons forme d'lin
calcaire argileux rouge^tre dans lequel abondent les Cy-
clostomes, les Cylindrelles et surtout une variete d'Heliee
qui ue pent 6(re confondue avec celle de Mazagan a cause
de sa petite taille.
Ce caractere, joint a la nature mineralogiquc de la
roche ainsi qu*^ certaines considerations sur les rapports-
stratigraphiques qui noussemblenl devoir exister entre cc
terrain et ceux dont Tescarpement de Si-Ammer nous a
devoile la presence, nous ont porte k regarder ce calcaire
a helice comme devant rentrer dans la partie supi^rieure
de la serie tertiaire. Et ce qui parait devoir donner un
certain caractere de certitude k cette mani^re devoir,
c'est que M. Coquand croit aussi pouvoir ranger ce cal-
caire k helice, d*apr^s la description que nous lui en avons
donn^e, dans le terrain saharien qu'il regarde comme
pliocene sup6rieur.
Toutefois, si nous r^flechissons que, d'une part,
M. Ville persiste k consid6rer le terrain saharien comme
quaternaire, et que, d'autre part, M. Coquand ne formule
son opinion qu'en se basant sur ce qu'il a observe en
Alg^rie etdans la province de Constantino, et, par conse-
quent, sous toutes reserves, nous ne pourrons evidemment
regarder la presence du terrain pliocene , dans la region
qui nous occupe, comme un fait d^finilivement acquis a la
( 47 )
science que par suite d'observations ult^rieures suscep-
tibles d'etablir la r^alite de nos conjectures.
En continuant k longer la c6te, on arrive au cap Cantin
qui n'a que soixante metres d'altitude et ou Ton remarque
des cavites creusees par hs flots dans un calcaire grossier
blanch^tre. A quelques lieues de lii, on rencontre, apr^s
avoir traverse le fleuve Aher, une montagne de ce nom
form^e d'un calcaire k h^lice analogue h celui du cap Saffy ;
et il n'est pas sans importance de voir ce calcaire a h^lice
former les points les plus &\e\6s de la c6te, car dans le cas
ou ce serait bien r^ellement un calcaire pliocene, comme
nous le supposons, on pourrait constater dans cette partie
du Maroc, comme cela a d^j^ &i& fait en plus d'un point
de TAtlas , Fexhaussement des assises subapennines, tandis
que ces dernieres conservent leur horizontalite dans le
Sahara, ce qui tend k ^tablir, comme on le sait, que le
soul^vement de I'Atlas appartient bien au systeme de la
chalne principale des Alpes.
A pariir de la montagne d*Aher jusqu'^ Mazagan, les
^chantiilons recueillis pr^s des mines de Titt ou Tett, k
Sidi-Bousid et sur divers points de la c6te se composent
de marnes Manch&tres, de gres et eniin d'un calcaire gros-
sier analogue a celui que nous avons indiqu^ plus haut
comme faisant partie du terrain post-piioc&ne des envi-
rons de Mazagan.
II. — Taisger et ses environs.
M. Desguin, en se rendant au Maroc, ignoraft Texis-
tence du m^moire de M. Coquand sur la partie septen-
trionale de cette con tree. Cela est d'autant plus regrettable
que ce travail eut ^te pour lui un guide pr^cieux et lui
(48)
eAt £vit^ bien des courses inutiles en appelant directemen t
son attention sur les points les plus iraportants a ^lucider
aux environs de Tanger. II ne sera cependant pas sans
int^rdty pensons-nous , de rapprocher les faits que nous
croyons pouvoir dMuire de notre 6lude de eeux observes
par M. Goquand il y a plus de vingt ans.
Le terrain qui domine aux environs de Tanger est ca-
ract^ris^ , d*apres M. Coquand, par la presence de fucoides,
et ce savant Ta consid^r^ comme le repr^sentant de la
craie superieure, partageanten cela Terreur que faisaient,
du reste, tous les g^ologues k cette ^poque. Aujourd^hiii
que les travaux de Pareto sur I'apennin septer^trional, ainsi
que ceux de M. Studer et d'autres geologues sur le terrain
nummulitique de la Suisse ont apport^ la lumiere sur ce
point, on est d'accord pour regarder le terrain k fucoides
comnae superieur au terrain nummulitique proprement dit
et comme devant rentrer, par consequent, dans la partie
superieure du terrain eocene.
Mais les fucoides sont-ils bien r^ellement aussi abon-
dants aux environs de Tanger que Tassure M. Coquand?
G'est ce don t. nous sommes amenes k douter par Texanien
des veg^taux fossiles que renferme la collection du Musee.
Et, en effet, nous cri!kmes aussi tout d'abord que ces der-
niers etaient bien les fucoides dont parle M. Coquand,
mais Texamen qu'a bien voulu faire M. Goemans de ces
v^g^taux est venu modifier consid^rablement notre opi-
nion sur ce point. Ge dernier nous a fait remarquer , en
effet, que tous les ^chantillons de notre collection appar-
tiennent^ la m^me esp^ce et que, tout en se rapprochant
fort de certaines algues secondaires et tertiaires connues
sous les noms de Phymatoderma j d^Alcyonidiopsis et de
Granularia^ ils ne reproduisent pourtant exactement au*
(49)
cun de ces types. Certains. ecliaDtillons presentent mtoe
un corps central et une enveloppe corticale distincle, ce
qui est contraire k la structure anatomique des algues.
L'exislence de ces deux couches rappellerait plul6t, d'apres
M. Coemans, ces polypiers coralliens oil Ton trouve une
tige centrale dure et une couche dermatique spongieuse
et molle dans laquelle vit Tanimal. Or, si i'on reflechit que
dans le Coral rag d'Angleterre et de la Rochelle, par
exemple, les chondrites s'y trouvent associes aux coraux,
nous serons amenes a montrer quelques reserves dans la
determination rigoureuse du terrain qui renferme ces ve-
g^taux fossiles. Ce terrain, qui est tres-developpe aux
environs de Tanger, comme nous i'avons deja fait remar-
quer, a une composition min^ralogique qui inspire encore
davantage le doute et vient en quelque sorte justifler nos
reserves* Voici, d'apres les donnees que nous poss^dons,
quelles nous paraissent elre la disposition et la nature
min^ralogique de ce terrain : un sysl^me de gres, de
psammites et de schistes occupe un tr^s-grand espace et
pent meme 6tre suivi sur tout le littoral, k parlir de Tan-
ger jusqu'au cap Spartel (ras Chbertil), k Touest el jusqu'au
cap Malabat k Test. C'est ce m^rae systfeme que Ton re-
trouve puissamment developp^ en allant de Tanger a Fas
ou Fez, comme nous le verrons plus loin. Les grte sont
g^neralement poudinguiformes et le plus souvent rouges
ou bigarrfe; ils sont tr^s-ferriferes et Ton y rencontre fre-
quemment des fissures remplies de limonite; quelquefois
ils sont charbonneux et renferment m^me de petits nids
de houille; ils sont associes a des schistes ainsi qu'^ des
psammites peu coherents, parfois friables et g^neralement
schistoides et micac^s; quelquefois aussi les psammites
se pr^sentent sous la forme de nodules.
2™* SfeRIE, TOME XXX. 4
Au del^ du cap Spartel, vers le sud et le long du lit-
toral oc^aniquc, des calcaires siliceux jauDdtres, concr^-
tioDH^s et 'parfois rooge&tres et poudinguiformes , suc-
c^dent aux gr^s^ tandis qu'au cap Malabat ce sont des
schistes niicaces qui apparaissent k la surface. Malheureu*
sement, nous n'avons rien qui puisse nous renseignelr sur
rSge de ces calcaires.
Le systeme de gr^s, de psammites et de schistes dont
il vient d*£tre question limite^ en quelque sorte, tout un
autre terrain d'apparence plus r^cente et qui se compose,
d'apr^s les mat^riaux de notre collection , d'argile rou-
ge&tre, d'argile smectique (gassoul des Arabes), d'argile
gypseuse, de marne schisto'ide, de calcaire siliceux, de
calcaire argileux bleu&tre (alb^r^ze), de maciguo, de
schistes noirfttres k v^getaux fossiles et enfin de schistes
tr^s-fissiles, doux au toucher, de couleur verte et rouge
lie de vin et alternant avec des couches d'ocre et de san-
guine. Dans une tranch^e au cimeti^re des juifs k Tanger,
ces schistes sont associ^s k des lits minces de calschistes,
k des amas de sperkise et sont reconverts en stratification
discordante par un conglom^rat madr^porique , des con-
cretions siliceuses et des sables de formation r^cente.
Une particularity int^ressante, k propos de ce terrain,
• c*e8t que Ton y rencontre , tout autour de Tanger et k
une certaine distance de cette ville, depuis Tembouchtire
de la riviere des juifs jusqu'a Gharf, sur la route de Tanger
k T^tuan , un calcaire aux formes les plus bizarres : tantdt
on croirait y voir les cornets de Tamp^lite de Ghokier ou
bien encore les cone en cone des Anglais; d*autres fois, au
contraire, il semble que ce soient de v^ritables formes
organiques, et notre v6ner6 confrere, M. d'Omalius d'Hal-
toy, qui a bien voulu les examiner, croit que Ton a fait
(SI )
renlrer dans le r^gne organique des corps qui lemerilaient
moins que ceux dont il est ici question. M. Coquand , an
conlraire, assimile ces calcaires, d*apr^s la description que
nous lui en avons denude, ^ ceux qu'il a observes dans le
fiysch de I'apennin bolognais et qu'il regarde comme en-
(ierement inorganique. Sans vouloir nous ^tendre davan-*
tage sur la nature de ces calcaires, nous ferons remarquer
que si ce^derniers sont bien r^ellement analogues ^ ceux
que M. Coquand a observ<§s en Italic, nous sommes auto-
ris6s k les regarder comme contemporains du terrain au
sein duquelon les rencontre aux environs de Tanger. Et,
en effet, celui-ci repr^sente bien la partie sup^rieure du
terrain Eocene ou flysch si bien caracteris^ en Toscane, et,
ce qui le prouve, c'est la presence du terrain cretace, sur
lequel il repose, ^ Souani et ^ Meharain , villages situes k
peu de distance et au sud de Tanger.
Parmi les fossiles recueillis dans ces localites les inoc^-
rames et les huitres dominent. M. Nyst y a reconnu :
Ostrea IVicaisei.
Ostrea syphax, Coq.
Gtobichoncha ponderosa ?
Trigonia (moules).
Radiaires (ind^t.).
L'existeiice du calcaire a inoc^rames, aux environs de
Tanger, constitae un fait des plus interessants pour la
geologic du Maroc en ce qu'il nous montre la similitude
existante, sous le rapport des terrains secondaires et ter-
iiaires, entre cette contr^e et la province de Constantine,
ou M. Coquand a constat^ que le terrain Eocene repose
toujour s sur un calcaire a inoc^raraes.
Reste maiotenant a savoir quel est Vkge du syst^me de
( S2 )
gres, dc psammiles et de schistes qae nous avons vu
limiter, sur tout le littoral aux environs de Tanger, le
terrain dont il vient d'etre question. M. Goquand com-
prend ce systeme sous la denomination de gres a fucoides
et croit pouvoir le ranger aujourd'hui dans la partie infe-
rieure du terrain 6oc6ne. Malgre toute Tautorite qui s'at-
tache aux travaux de ce g^ologue dans la partie qui nous
occupe, nous somnies amenes, n^anmoins, k form uler sur
r&ge de ces gres une opinion diff^rente de la sienne, et ce
qui justifiera, pensons-nous, celte t6m6rit6 de notre part,
c'est que, d'apr^s le m^moire lui-m6me de M. Coquand,
ces gres doi vent etre bien pen caract^rises, si toutefois
ils existent, entre Tanger et T6tuan, ainsi que sur tout
Tespace parcouru au Maroc par M. Goquand; tandis qu'ils
prMominent, au contraire, sur la plupart des points qu'a
visites M. Desguin aux environs de Tanger et k une assez
grande distance au sud de cette ville.
Ces gr^s sont k peu pr^s compl^tement depourvus de
fossiles, et quant aux veg^taux qu'ils renferment et que
M. Coquand rapporte aux' fucoides, nous croyons avoir
suffisamment justifi6 nos reserves sur leur veritable na-
ture. Si done nous faisons abstraction de ces v^getaux
problematiques , les caract^res pal6ontologiques nous fai-
sant d^faut, il ne nous restera plus, pour determiner I'age
de nos gres, que les caracteres mineralogiques. Quoique
ces derniers soient gen^ralement insuffisants, nous croyons
cependant devoir appeler Tattenlion^es g^ologues sur les
analogies vraiment remarquables qui semblent exister
entre nos gres et ceux de Nubie, du Liban, d'Egypte et
du Sinai dont parle M. Lartet dans son Essai sur la geo^
logic de la Palestine et des contrees avoisinantes qui a si
brillamment inaugure la nouvelle revue g^ologique de
(53)
MM. Hubert et Alph. Milne-Edwards (1). La description
que fail M. L. Lartet des gr^s de Nubie et des roches qui
]ui sont associees est si conforme a celle que nous avons
doon^e plus baut des gres, psammites et schistes des en-
virons de Tanger qu'elle nous semble de nature k jeter
un jour nouveau sur TSge de ces derniers en 6tablissant,
en quelque sorte, le synchronisme de ces deux terrains.
Or, comme M. Lartet et, avant lui, les geologues Botta,
Blanche, Ebreniberg, Lefevre et Russeger ont cru pou-
voir classer les gr^s de Nubie dans la partie la plus inf6-
rieure du terrain cr^tac^, et cela en Tabsence presque
complete de fossiles, nous avons tout lieu de croire qu'il
en est de mfinie pour les gr^s de Tanger et que, loin
d'apparlenir k la p^riode lertiaire, comme le pense M. Co-
quand, c'est bien plut6t au commencement de la periode
cretacee qu'il faut faire remonteria date de leur apparition.
Nous ne pouvons evidemment presenter celte nouvelle
interpretation des gres de Tanger que sous toutes reserves,
puisqu'il Tie nous a point 6te donn6 de les ^tudier sur
place. Toutefois nous ferons remarquer que s'il est inte-
ressant de retrouver au Maroc et sur une grande 6cbelle
les gres d'Orient qui ont excite k un si haul point I'atten-
tion des geologues, cela n'a rien qui doive nous etonner,
puisque, comme le rapporte M. Lartet dans I'excellent
ouvrage pr6cit6, MM. Renou et Ville, d'une part, ont
depuis longtemps d^ji signalc en Algerie Fexistence de
gres blancs et rouges que le premier de ces observateurs
rapporte au terrain cretace, et que, d'autre part, M. Co-
quand a d^crit dans son Memoire sur la geologic et la pa--
leontologie de la province de Constantine (2) des gres
(1) Voy. Ann. des sciences geologiques, t. I et 11.
(2) MSm, de la Soc, d* Emulation de la Provence , t. II , p. 29.
(84)
saos fossiles de treole k quarante metres d'epaisseur,
alternant avec des argiles et des marnes friables et se
presentanl dans cette contree a la partie inferieure du
terrain crelace.
IIL — Tanger a Fas ou Fez.
Les donnees que nous avons sur la region comprise entre
Jes villes de Tanger et de Fas ou Fez, s6par6es Tune de
I'autre d'environ cinquante lieues, sont malheureusement
peu considerables. Nous esperons n^anmoins, a I'aide
des renseignenients qu'a bien voulu nous communiquer
M. Desguin, de pouvoir donner au moins une idee ap-
proximative de la geologic, tout k fait inconnue jusqu^ici,
de cette region.
Le terrain des environs de Tanger que nous avons rap-
porte au flysch, se poursuit jusqu'^ une certaine distance
au sud de cette ville; il est interrompu, comme nous
Tavons vu plus haut, par le calcaire a inoc^rames qui
apparait a la surface aux villages de Souani et de Mfha-
rain. Au dela nous retrouvous les gres que nous avons vus
si bien developpes sur tout le littoral, k partir de Tanger
jusqu'au cap Spartel. Ces gres sont diriges de Test a
Pouest et inclines vers le nord; ils se presenlent en cou-
ches puissantes et forment k eux seuls des chaines de
montagne considerables. Parmi ces dernieres la plus im-
portante est celle qui determine le bassin du d^troit de
Gibraltar et dont la direction est du nord-est au sud-
ouest.
Au point ou M. Desguin Ta gravie et qui est Tunique
defil^ pour se rendre a Fas, cette chaine est appelec Hdk-
bel'Hamra (terre rouge), a cause des gres rouges el
bigarres dont elle est exclusivement composee. En pour-
(53)
suivant vers le sud , on entre dans le versant de l*oc^an
Atlantique, le pays est toujours montugneux et jasque
pres de la \iile d'Alksar, situ6e au 55^ degr^ de latitude
et au 8* degre de longitude environ, les grfes ne cessent
de se montrer que sur les plateaux, ou des argiles et des
sables les recouvrenl fr^quemment, et dans les vallees,
ou se trouve un ealcaire dont nous ne possedons point
d'echan til Ions, mais qui, d'apr^s M. Desguin, serait iden-
tique k ceux de Souani et de Meharain que nous savons
appartenir au terrain cr^tac^. La grande extension de ces
gr^s dans Tinterieur du Maroc est encore un caractere qui
semble devoir les rapprocher des gres dc Nubie, lesquels,
en effet, peuvent etre suivis en Orient, comme le rap-
porle M. Larlet, sur une 6tendue de vingt degres depuis
le Liban jusqu'^ TAbyssinie.
A partir du point ou se terminent les gres, s'etend une
immense plaine au milieu de laquelle s'^leve la ville d'AI-
ksar et qu'arrosent le Warou appele aussi Oued-el-Ksar et
YOued^el-'Kous (fancien fleuve Luccos des Romains). Au
deli de ce fleuve, le sol est reconvert de cailloux roules
et d'un poudingue ferrugineux, lequel constitue de puis-
santes assises dans la partie montagneuse qui limite au
sud la grande plaine.
C'est ici qu'apparait , pour la premifere fois, une roche
constituant aussi k elle seule des chaines de montagnes
considerables. Cette roche a Faspect d'une argile endurcie,
elle happe a la langue, mais ne se d^laie pas dans Teau,
ce qui nous parait bien representer les caracteres de Tar-
gilite de Cordier; et comme elle fait leg^rement efiferves-
cence avec les acides, nous croyons pouvoir la rapporter
a Targilite calcarifere mentionn^e par M. d'Omalius dans
son excellent Prectij clementaire de geologic.
(56)
«
Au de\k dcs montagnes d'argilite calcarifere et dc pou-»
dingue ferrugineux, on traverse, avant d'arriver i Fas,
les pays d'Elgharb el d'OuIed Eissa qu'arrosent plusieurs
cours d'eau iinportants. La nature des echantiilons qui en
proviennent nous senable indiquer la presence, dans celie
par tie du Maroc, d'un terrain analogue k celui qu'a observe
M. Coquand dans la partie tout k fait septentrionale de
cette contree, aux environs de T^tuan, et que ce g^ologue
rapporte k la p^riode jurassique en le divisant en quatre
elages distincts caracteris^srespeclivement pardesmarnes,
des dolomies, un calcaire gris k odeur de petiole et un
calcaire lithographique avec silex pyromaque. Or, nous
retrouvons precisemenl dans notre collection, outre de
nombreux silex, un calcaire gris f6tide et une doloraie
presentant tous les caracteres indiqu^s par M. Coquand
pour celle de T^tuan et particulierement la propri^te d'of-
frir une surface rugueuse et d6chiquel6e. Cette doloraie
est tres-abondante dans la region qui nous occupe et parait
aussi former k elle seule plusieurs grandes chaines de
montagnes. II ne serait done pas sans importance de pou-
voir determiner avec precision P^ge du terrain auquel elle
se rapporte. Malheureusement lout ce que nous pouvons
faire, c'est de constaler les analogies exislantes entre ce
dernier el le terrain jurassique de Tetuan que M. Coquand
n'a pu determiner lui-raeme qu'a I'aide de caracteres mi-
neralogiques et straligraphiques.
Nous avons encore, dans notre collection, quelques
echantiilons de calcaire coquillier recueillis ^galement dans
le pays d'Ouled Eissa, non loin de la riviere d'O. Mhellah,
et qui rappellenl les roclies analogues du Muschelkalk;
mais s'il est vrai de dire, pour celle partie du Maroc
comme pour celle qu'a visitee M. Coquand, que le calcaire
(S7)
jurassique revele souvent les caracteres du Muschelkalk,
nous aurons encore un indice de plus de la presence du
terrain jurassique dans rinl^rieur du Maroc.
L'argilite calcarifere, dont nous avons parle plus haul,
est aussi •tres-r^pandue dans toute la region qui nous oc-
cupe, et sa couleur blanche tres-prononc6e permet de
reconnaitre k une grande distance les montagnes qui en
sent fornixes. Parmi celles-ci nous citerons le raont Kili-
kha, ou ont <^t^ recueillis les echantillons de notre collec-
tion. Mais c'est surtout k parlir de la terre de Borais, dont
le sol est compost d'un limon rouge de brique trfes-ferru-
gineux et calcarifere, jusque pres de Fas, que cette roche
est le plus abondante.
Les poudingues que nous avons signales plus haut dans
la grande plaine d'Alksar se retrouvent aussi dans la pro-
vince d'Ouled Eissa, ainsi que dans celle d'Elgharb, ou ils
sont traverses par un dyke d'6cIogite.
Ces poudingues paraissent etre tout a fait ind^pendants
de I'argilite, et s'il nous etait permis de conjecturer sur
Tage deces roches, en nous basant uniquement sur leur
aspect cxt^rieur et sur leur nature mini^ralogique, nous
dirions que les poudingues semblent etre de formation
tertiaire, tandis que I'argilite parait plutot devoir ^tre
rang^e dans la serie sccondaire.
Citons enfin, pour terminer, les depots de sel gemme
et de gypse diss6min6s danscetle partie du Maroc et dont
on trouve des traces jusque dans le terrain tuface de Fas
ou Fez.
(58)
Sur les trous vitellins que presentent les ceufs fecondes des
Amphibiens, parle docleur Van Bambeke, preparateur
d'anatomie compar^e et de physiologie humaine a TUni-
versile de Gand,
I.
En observaol pour la premiere fois (juin, 1868) des
oeufs r<6condes d*AxoloU imm^diatement apr^s la ponle,
je remarquai moyennant un faible grossissement, a la sur-
face du vitellus, des esp^ces de fossetles ou trous (Gg. 3).
Constamment je retrouvai ces trous sur la grande majo-
rite des oeufs provenant de pontes ult^rieures et examines
dans les conditions qui pr^cMent. lis occupent les deux
hemispheres, mais principalement le sup^rieur ou fonce.
Leur nombre, du reste, est tres-variable : tantdt il n'ea
existe qu'un seul, tandis que d'autres fois j'en ai compte
jusqu'a douze. lis sont disposes sans ordre apparent; par-
fois certains d'entre eux sont tres-rapproch^s , et il peut
meme arriver que deux ou un plus grand nombre se con-
fondent plus ou moins; il n'est pas rare non plus de ren-
contrer des sillons ou goutti^res qui ne resultent pas de la
fusion de plusieurs trous et dont Texistence peut s'expli-
quer,d'une autre maniere, comme nous le verrons bient6l
(Bg. 1 et 2).
Les fossettes non fusionn^es sont r^guli^rement circu-
laires, et il est digne de remarque que le diam^tre dc ces
derni^res est sensiblement le meme: on dirait, si une telle
comparaison est permise, des pertes de substance pro-
(89)
duites par unseul emporte-pi^e. L'aspect des trous varie
selon qu'ils si^gent sur I'h^misphere fooce ou sur lli^*
misph^re clair. Sur le premier, ils se presentent sous
forme de points obscurs entour^s d'un bourrelet qui tran-
che souvent sur le reste de Toeuf par une (einte plus pale;
sur rhemisphere infMeur ils apparaissent comme des ta-
ches gris4tres, et, en cet endroit, le bourrelet est raoins
evident.
Ces trous vitellins sonl-ils propres a Toeuf des Axoiotis
seulenient? Dans le but de r^soudre cette question, j*exa-
minai, au printemps de Tannee derniere, les OBufs de la
plupart de nos Tritons indigenes {Tr. alpeslrisy Laur.,
Tr. taeniatuSf Schneid., Tr. helveticusy Razouroowski
{palmipes, Lair.) (1). Chez toutes ces especes, je ren-
contrai une disposition en tout comparable a celle des
oeufs du Siredon, L'oeuf du Tr, alpestris (2) , qui, sous le
rapport du volume et de la coloration, ressemble beaucoup
k celui du p6rennibranche mexicain, est aussi celui qui
s'en rapproche le plus par I'aspect exterieur des Irons
vitellins (Og. 1 el 2). Chez les deux aulres especes [Tr.
taenialus et helvelicus) que nous avons pu examiner, cet
aspect est quelque peu modifie par la coloration plus p^le
de rhemisphere superieur.
Mais il n*y a pas que Toeuf des Urodeles qui pr^senle
les trous vilellins, on les trouve aussi sur celui des B^tra-
ciens auoures, et dej^ Remak les avail signales chez la
(1) Jereussis a trouverun mile el une femelledu Tr. crislalus., Laur.,
tres-rare dans les environs de Gand , niais je n'obtins pas d'oeufs de cette
espece.
(2) 11 n'esl question ici que de Poeuf propremenl dil , abstraction failc
des couciies enveloppantes.
(60)
grenouille verle. Voici ce qu*il dit en note a la page 130
de son grand ouvrage (1) : < Sehr aiiffalend sind an dem
» befruditeten Eie vor der Furchung iind selbst nach
» dem Beginn derselben eine Anzahl zerstreuter dunkeler,
j> schon von Prevost und dumas [Ann. des sc. nat., t. II,
» 1824, p. 165) erkannter Punkte^ die auf dem braunen
i> Felde bei 15 facher Vergrosserung hervortreten. Am
» obere pole des Eies pflegt einer durch seine Crosse
» sich auszuzeichnen, die Punkte machen den Eindruck
» von Gruben oder Lochern. Auf dem unteren hellen
» Felde unterscheide ich zu^eilen auch eine grosse An-
» zahl heller Punkte, die den dunkelen Punkten der
» oberen Halfte zu entsprechen scheinen. i> Getle note,
que nous transcrivons en entier, renferme une double
erreur. La premiere, qu'il importe surtout de relever, est
celle-ci : d*apres Remak, un des trous situes au pole su-
perieur de Toenf se distingue des autres par son volume;
or, ce pr6tendu Irou est la /brea germinatti)a qui n'a rien
de commun avec les trous en question (comparez les
(ig. 5 et 4). Deja Prevost et Dumas, dit le m^me auteur,
out reconnu les trous vitellins; nous avons en vain chercbe
la moindre allusion k ce sujet dans le c^lebre travail de
ces savants embryologistes. lis parlent, il est vrai (p. 109
et non p. 165, le m^moire ou il est question du d^veloppe-
ment de Toeuf de la grenouille finissant ^ la page 121)
d'une tache circulaire qui n'est autre que la fossetle ger-
minative et qu'ils appellent improprement cicatricule; el
c'est ce qui explique sans doute la citation de Remak, cet
auteur rangeant la fovea parmi les trous vitellins.
(1) Untersuchunyen Uber die Enlwickelung der Wirbelthiere, Berlin,
1851.
(61 )
Nous avoDs vu les Irous vitellins sur les {Biifs de la
Grenouille verte, de celle a tempes noires el du P6lobale
bruD. Chez ces differeots anoures, ils sont conslamment
plus pedis que ceux de I'cBuf de J-Axololl el des Trilons
(comparez la fig. 1 6 de la pi. IX de Touvrage de Remak
et nos fig. 1 & 5). Je doule qu'un observaleur, m^me dou6
d^excellents yeux, piil les apercevoir sans le secours de la
loupe ; il n'en est pas ainsi pour les esp^ces cilees en der-
nier lieu. En oulre Texislence des Irons vilellins nous a
paru Sire moins conslanle sur les oeufs des Balraciens
anoures que sur ceux des Urodeles; ici elle est la rfegle,
I^, au contraire, elle devieal Texceplion. Cest tout ce que
nous pouvons dire, pour le moment, des ceufs k Irons
vitellins des anoures, le temps nous ayant manquS pour
les soumellre a Texamen microscopique ; nous poss^dons
toutefois une preparation d'ceuf f6cond6 de Pelobale qui
montre que , dans TintSrieur de la substance vitelline, ces
trous sont comparables k ceux de Foeuf des Urodeles.
QuoiquMI en soil, ii sera surtout question, dans le pre-
sent travail , des trous vitellins des oeiifs d'AxolotI et de
Tritons.
Examinons d'abord dans quelles conditions les trous
vitellins se prSsentent. N'ayant point eu jusqu'ici Tocca-
sion de dissSquer une femelle adulte d'AxoIotl , nous igno-
rons quels sont les caracteres de Toeuf encore renferm^
dans Toviducle chez cette espSce; mais nous pouvons
affirmer que chez les Salamandrines cities plus haul , Tosuf
ne presente, avant la ponte, aucune trace de fossette on
de trous (l).Cest aussi vainement que nous les avons
(1). II est hien entendu qu'il nepeuletre questiOD ici de la fossette ger-
minative.
(62)
cherch^s sur les (eufs pondus par des femelles s^parees
des mdles. Partout, au contraire, oili les spermalozoides
peuvent arriver en contact avec le globe vitellin, on trouve,
dans rimmense majority des cas, les trous en question :
c'est ainsi qu'on constate leur presence sur les oeufs presque
imm^diatement apr^s la ponte , et qu*on pent aussi les
rencontrer sur ceux extraits du cloaque : il r^sulle,en
effet, des recherches de Gegenbauer que lesspermatozoides
evacu^s sous forme de paquets, sortes de spermato-
phores, sont appliques, par le m^le, sur le cloaque de la
femelle (1). Ceci explique parfaitement la facile penetra-
tion des Elements f^condateurs dans le cloaque.
Les trous vitellins ont g^n^ralement disparu quand le
premier m^ridien apparatt; et, dans tous les cas, ils ne
tardent pas k le faire. II est k remarquer qu'il n*en est pas
de meme de la fossette germinative que Remak confond
avec les trous vitellins. Elle perd en effet quelques-uns de
ses caracteres, — on constate notamment la disparition
du point central, — mais elle persiste sous forme d'uoe
tache pk\e encore tres-apparente , non-seuiement aprte la
formation du premier meridien , mais meme avec le frac-
tionnement en huit et en seize.
II.
£tude migrosgopiqub des trous vitellins.
Pour savoir comment les trous vitellins se comporient
dans I'int^rieur de Toeuf et avant de pouvoir ^mettre quel-
que hypoth&se sur leur signification , nous disposions d*une
(1) GrundxUge der Fergieichenden aruUomie, 2<>< Auflage. Leipzig ,
1870, p, 891.
( 63 )
seule ressource : Texamen de coupes transparenles faites
sur les (Bufs pr^alablemeDl durcis. Nous avons en reoours ,
dans ce but, k la m^thode indiqu^e dans notre travail sur
led^veloppemenl du Pelobate brun(i).
Mais avant d'eutamer I'^lude microscopique des trous
vitellins, et pour mieux comprendreleur disposition, il ne
sera pas inutile de nous arrSter un instant sur certains
caractdres de structure de Toeuf apres la ponte. On voit sur
les coupes transparentes de la sphere vitelline de TAxolotl
et des Tritons, comme, du reste,de celle des Batraciens en
g^n^ral, que la coloration fonc^e de I'b^mispbdre sup^-
rieur est limit^e k la couche corticate (voir fig. 5,6 et 7).
Cette couche, qui disparait k Tendroit de la fossette ger-
minative, atteint sa plus grande ^paisseur (en moyenne
24 a) sur les parties lat^raies de celle-ci, puis s^amincit
graduellemeut en allant vers T^quateur au niveau duquel
elle s'arr^te g^n^ralement. On remarque en outre, dans
I'h^misphere sup^rieur, une zone moins fonc^e que la
couche corticate dont elle est fr^quemment s^par^e par un
espace plus clair. Quand la coupe passe par le centre de
I'ceuf et dans un plan perpendiculaire k I'^quateur en tra-
versant la fossette germinative, on constate souvent la
presence d*un noyau plus p^le k Tendroit de cette der-
niere, noyau que la zone fonc^e semble contourner : aussi
est-ce g^n6ralement sous la fovea que cette zone se rap-
proche le plus du centre de la sphere vitelline.
Dans Toeuf de TAxoiotl, la zone fonc^e affecte une dispo-
(1) Recherches sur le d4veloppement du Pelobate brun (Pelobatus
fuscuSj Wagl.)f t. XXXI V des M^moires couronn^s et M^moires des
SAVANTS Strangers , pablie par rAcademie rojrale des sciences , des lettres
el des beaux-arts de Belgique , 1 868.
(64)
sition toute sp^ciale et qu'on ne reDContre point cbez les
Salamandrines ni chez les Balraciens anoures (fig. 7). Sur
UD fond plus color^ d'ailleurs que celui des parties avoisi-
nantes, des granules fonc^s Torment une sorte de reseau
pigmentaire consistant en une infinite de corps ^toiles dont
les prolongements s*anastomosent entre eux a la maniere
de ceux des cellules du tissu connectif; plusieurs des pro-
longements des corps les plus excentriques aboutissent a
la Peripherie de Toeuf (fig. 8).
Dans I'oeuf f^conde de TAxolotl , aussi bien que dans
celui des Trilons, on ne decouvre d'abord aucune trace de
noyau. L'endroit plus p^le qui correspond k la fovea n*a
certainement pas cette signification; ce qui le prouve, c*esl
que, g^n^ralement, les m^ridiens ne passent pas par cette
Ibssette. Pas plus que dans Toeuf du Pelobate, nous n'avons
renconlr6,dans riiemisph^re superieur,la cavit6 et le canal
y aboutissant decrits par von Baer (1).
C'est dans rh^misphere superieur qu'on rencontre sur-
tout les trous vitellins; nous verrons que leurs renflements
terminaux ne depassent pas ordinairement la zone foncee
de cet hemisphere.
L'h^misphere inf^rieur ne presente rien de remarquable ;
il est toujours peu colore, et les elements vitellins y sont
bien visibles et plus volumineux que ceux de la zone
fonc6e de rh^misph^re superieur.
Si nous passons k Texamen microscopique des trous vi-
tellins, nous voyons que, dans les coupes les mieux r^us-
sies, il est permis de les suivre depuis leur origine a la p^-
riph^riede I'oeuf jusqu'i!i leur terminaison dans Tint^rieur
(1) Fmc» cit.
(68)
du vitellus (fig. 5, 6, 9 et 10). On y rcmarque alops deux
parlies dislijoctes : nn conduit indique par sa coloration
fonc^e et une dilatation, sorte de nucleus, k laquelle le
conduit aboutit. La longueur de celui-ci, y conopris son
renflement terminal , sa direction varient. Gette derniere
est g^n^ralement rectiligne quand le conduit est court,
mais ceiuirci se prolonge-t-il davantage , sa direction est
celle d'une ligne courbe ou d'une ligne brisee; d*autres
fois on observe une disposition en spirale ou ondulee li-
mit^e k une partie du conduit ou se montrant sur tout son
irajet; ce dernier 6tat £tait surtout evident sur un ceuf de
Triton fielveticus (dg, H).
Nous avons trouve comme plus grande longueur des
conduits, en mesurant une ligne men^ede la base k Tori-
gine de la dilatation nucleaire, 264 fx., soil a peu pres le
quart du diametre de Toeuf. Toutefois, par suite de la cour-
bure des conduits, leur extr^mit^ interne est plus rappro-
ch^e de la peripheric que du centre du globe vitellin. Leur
largeur, gen^ralement plus considerable k la base (16 fx.),
diminue apres un trajet plus ou moins long, pour conserver
alors le mSme diametre (en moyenneS fx.) jusqu'i la dila-
tation terminale.
Dans .quelques coupes qui semblent n'avoir enlam6
qu'une certaine longueur du conduit, nous voyons ce der-
nier se bifurquer brusquement de mani^re k figurer une
sorte de T ou dT renvers^ ((ig. 12). D'autres Ibis un simple
eiargissement remplace les deux branches du T (Gg. 7).
On a Yu que le trajet du conduit est indiqu6 par une
coloration plus fonc<^e; il est manifeste que cette coloration
est due k la penetration du pigment de la couche corticale
dans rinterieur du vitellus. La zone fonc^e de Themisphere
sup^rieur semble suivre ce mouvement. Dans quelques
2'"' S^RIE, TOME XXX. 5
(66)
circonstances, el en ^loignant ou rapprocliant robjectif,
on voit deux lignes fone6es limilant un espace plus clair;
ceci se remarquc raremenl a la base du conduit ou I'accu-
noulation du pigment est considerable.
Sur les coupes, la dilatation terminale a g^neralement
une forme ovalaire , le grand axe de Fovale prolongeant
celui du conduit lui-mSme. Gomme maximum de longueur
de cet axe, je trouve 32 ^. La longueur du petit axe est en
moyenne de 16 /x., soit la moiti6 de celle du precedent. La
dilatation terminale se distingue par sa coloration plus
claire; un pigment fonc6, semblable k celui de la trainee,
ne se retrouve qu'i la p6riph6rie de la dilatation nucl^aire;
tout autour de celle-ci est une espace de zone formee par
des stries rayonnantes de la substance vitelline; Tetendue
de cette zone 6quivaut ^ peu pr^s k la plus grande longueur
de la dilatation elle-mSme. La zone perinucl^aire est ge-
neralement plus p^le que le vitellus qui I'entoure. Enfin il
n'est pas rare de rencontrer une sorte de nucl^ole au centre
de la dilatation.
' Tels se presentent les trous vitellins sur Themisphere
sup^rieur. Ceux, beaucoup plus rares, de rh^misph^re in-
fi6rieur s*en distinguent surtout par leur coloration moins
foncee; Tabsence d'une couche de pigment k la peripherie
de cette partie de Toeuf explique cette difference.
On conceit ^galement que Taspectdes preparations doit
varier d'apres que les trous vitellins ont M entam^s en-
ti^rement ou en partie, dans le sens de leur axe ou per-
pendiculairement k ce dernier (fig. 5, a droite).
(67)
III.
A quoi faul-il allribuer les conduits que nous venons
de d^crire? D'abord il nous parait hors de doute qu'il
s*agit de la penetration d'un corps Stranger dans Tint^rieur
du vitellus; Taspect g^n^ral des conduits, leur petit dia-
metre, et notamment la presence du pigment entraine
dans leur int^rieur, ne permettent pas, nous semble-t-il,
une autre explication. Quant in la nature du corps pene-
trant, nous devons, jusqu'a ce moment, nous contenter
d*emettre une hypoth^se, mais qui a pour elle une grande
somme de probabilite : les agents penetrants seraient les
spermatozoides. Yoici les principaux arguments en faveur
de celte mani^re de voir.
Nous s&vons dej^ que les oeufs dans Toviducte et ceux
non fecondes ne presentent pas de trous vttellins.
Newport (1) el apres lui BischoffetLeuckart(2)ont vu les
elements fecondateurs penetrer par des mouvements actifs
a travers les differentes couches enveloppant I'oeuf des Ba-
traciens jusqu'a la membrane la plus interne (membrane
vitelline?) (5) en contact intime avec le vitellus. Jusque-1^
les trois observateurs que nous venons de citer sont d'ac-
(1) On the Impregnation of the ovum in the Amphibia (First and se-
cond series, 1850 et 1852).
(2) Bestcltigung des von D^ Newport bei denBatrachiern und />• Barry
bei den Kaninchen behaupteten Eindringent des Spermatosoiden in das
i?t. Giessen,1854.
(5) Une revision des enveloppes de l*oeuf des Batraciens, sarloat au
point de vue comparalif , est necessaire; nous ne nous y arr^terons pas
aujourd'hui.
(68)
cord ; raais Bischoff el Leuckarl ii'ont passurpris les sper-
matozoides perforanl la membrane vitelline; tout au plus
ont-ils aper^u qiielques-uns de ces animalcules dans Tes-
pace compris entre cette membrane et le vitellus au mo-
ment de la formation du premier m^ridien. Newport, au
contraire, avance, dans son second ra^moire (1), qu'il a vu
les spermalozo'tdes traverser la membrane et disparaitre.
C'est tout ce que, dans un examen de ce genre, Topacif^
de Toeuf permetlrail de constaler. Nous avons examine,
d'apr^s la, m^thode pr6conis6e par les auteurs qui pr6c6-
dent, les oeufs de la Grenouille verte, de TAxolotl et des
Tritons, raais jamais, jusquici, soil sur des oeufs fScond^s
naturelleraent,soit sur ceux qui T^taient artificiellement,
nous n'avons vu la penetration i travers la membrane vi-
telline, signaiee par Newport. Toulefois nous altachons
assez peu d'imporlance k ces resultats n^gatifs : il s'agit,
en efTet, d'observations trfes-d6licates, et TexceHent analo-
miste anglais les avail repet^es un grand nombre de fois
avant de surprendre les spermatozoides pergant la mem-
brane la plus interne de Toeuf ; il cite, du reste, comme t^-
moins de sa decouverte, les noms de plusieurs savants.
Aussi croyons-nous que les observations de Newport four-
nissent un s^rieux argument k Tappui de Thypoth^se que
les trous vitellins sont produits par les spermatozoides.
Une autre preuve est fournie par la disposition de ces
trous memes. Nous avons vu que leur orifice pr6sente, pour
chaque esp^ce, un diametre sensiblement uniforme; chez
les Tritons et les Axolotis, ce diametre est toujours plus
considerable que chez les Batraciens anoures; or, il est k
(1) Loc. cit., note a la page 271.
( 6» )
remarquer que les spermatozoides des derniers soot plus
petits que ceux des Urod^les, dont le diamelre transverse
est surtout augment^ par la pr^euce d'une sorte de cr^te
ondulante. 11 y aurait done un rapport entre la largeur
des trous et T^paisseur des spermatozoides. D'un autre
cdt^, la disposition en spirale ou ondulee que pr^sentent
parfois les conduits s'explique parfaitement par le mode
de progression ( 5er/)en/me motion) des spermatozoides au
moment oit ils perforcnt les membranes (1).
Nous avons vu aussi que les trous sont g^n^ralement
rends, mais que d'autres foisils sont remplac^s par des
especes de sillons ou gouttieres. Le mode de penetration
des elements fecondateurs observe par Newport pent en-
core expliquer ces differences : ces elements, dit le savant
anglais, sont dirig^s par rapport k Ja membrane vitelline :
€ Usually peripherally, but sometimes inclined at slight
» angles to one side on the other (2). i^
Eutin nous savons que les trous vitellins disparaissent
au moment de Tapparition du premier meridien ou , dans
tons les cas, pen de temps apres le debut de la segmenta-
tion , c'est-^«dire a une epoque oil Taction des spermato-
zoides est devenue inutile (3).
Si les trous vitellins sont en effet produits par les sper-
matozoides — et nous ne voyons guere d'autre explication
possible — viennent-ils jeter quelque lumiere sur Taction
produite par ces elements fecondateurs dans Toeuf des
(1) Voir Newport, he. xit., p. 274 du second memoire.
(2) lb., p. 275.
(3) G'est ici le lieu de dire que les ceufs morts sont frequemnient recou-
vei'ts de tacbes et de depressions de formes variables qu'il imi>orte de ue
pas confondre avec les trous vitellins.
(70)
Balraciens? La Constance des trous vitellins chez I'Axo-
lotl et les Tritons , la ressemblance de leurs dilatations
terminales avec les noyaux des spheres de segmentation ,
la plus grande frequence de ces dilatations dans la zone
suS'^quatoriale , nous firent d'abord supposer qu'une de
ces dilatations pourrait bien persister et devenir le nucleus ,
point de depart de la fragmentation. Mais une telle ma-
ni^re de voir n'est pas soutenable en presence de ce qui
se passe dans Toeuf des anoures; I&, nous Tavons vu pr^ce«-
demment, les trous vitellins sont Texception , et cependaot
les oeufs, compl^tement priv6s de ces trous, se developpent ;
ils ne sonl done pas une condition n^cessaire de la fecon-
dation et ne doivent point Stre consid^r^s comme la voie
normale suivie par les spermatozoides.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Les figures 5-12 sont dessin^s, k la chambre claire, d'apres des
ooupes transparentes.
Fig. 1 et 2. CUufs fecondes de Triton alpestris, Laur., une quinzaine de
fois grossis el debarrasses des couches enveloppanles^,
montrant une par lie de la fovea germinaliva et plasieurs
trous vitellins.
— 3. (£uf d'Axolotl examine dans les memes conditions , montrant
aussi une partie de la fovea et quelques trous vitellins.
— 4. OEuf d'AxolotI vu par le p61e superieur pour montrer Telat de la
fossette germinatlve imm^diatement apres la ponte.
— 5. Coui)e transparente d'oeuf de TV. alpestris, montrant a gauclie
un trou vitellin complet ( conduit et dilatation terminale).
Hartnack , Syst. 2 , ch. CI.
'v.;?i',-j-, ik/t de- 7'Ai-ad. Ro^^ ^ ^df7a':^:ie
(71 )
Kig. 6. Coupe transparente d'oeuf de Tr. alpeslris, montranl trois irous
vitellinsdaDsl'hemispbere saperieur. Meme grossissement.
— 7. Coupe d'oeuf d'Axolotl. On y voit un Irou vitellin el la disposi-
tion, caract^ristique cbez cetle espece , du reseau pigmen-
laire de la zone foucee sus-equaloriale. Meme grossissement.
— 8. Fragment d'une coupe transparente d'oeuf d'Axololl , forlement
grossi (Hartn. Syst. 5, cb. CI ), pour monlrer la disposi-
tion du reseau pigmentaire.
— 9. Fragment de la coupe representee fig. 6 , plus fortement grossi
(150).
— 10. Fragment de la coupe representee fig. 5, au meme grossissement
que la figure pr^cedenle.
— 11. Fragment de coupe d'oeuf de rrf7oy» Ae/t^e/tcti^^ Razoumowski;
la section a entame, sur une certaine longueur, un con-
duit vitellin et sa dilatation terminale; le conduit est on-
dule. Meme grossissement que pour les figures 9 et iO.
— i'i Fragment de coupe d'oeuf d'AxolotI , montrant un conduit vitellin
bifurque. M^me grossissement que pour les figures 9 k 1 1 .
(72)
CLASSE DES LETTRES.
Seance du 4 juillet 1S70.
M. E. Defagqz , directeur.
M. Ad, Qcjetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage, J. Rou-
lez, P. Gachard, Ad. Borgnet, Paul Devaux, P. De Dec-
ker, F.-A. Snellaerl, J. -J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, Ch.
Faider, le baron Kervyn deLetlenhove, R, Chalon, Ad.
Malhieuv J.-J. Thonissen, Th. Juste, F6lix N6ve, Alph.
Wauters , Henri Conscience, membres ; Nolet de Brauwere
Van Steeland et Auguste Scheler, associes; N. Laforet el
Alph. Le Roy, correspondants.
M. L. Alvin, membre de la classe des beatix-arlSy et
M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assistent k la seance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de rinl^rieurenvoie pour TAcademie uii
exemplaire du tome II de la Correspondance de Margue-
rite d'Autriche, duchesse de Par me, avec Philippe II
[19 decembre 1561 — 6 jtiin 1565). — Remerctments.
Le meme haut fonctionnaire transmet, pour ^tre dislri-
bues a dix-sept membres de la classe, dix-sepl exemplaires
( 73 )
du meme volume, formant suite k I'envoi du tome V^ de ce
recueil, fait aux'mSmes acad^miciens le 19 Kvrier 1868.
— La classe renvoie k l*examen de MM. Snellaert, Con-
science et De Decker le travail manuscrit suivant de
M. Frans de Potter : Hebberechts Godshuisj gewoonlijk
Schreiboom genaamd.
— M. le secretaire perpetuel communique les listes qu'il
a fait dresser, pour les commissions d*histoire et de litt^-
rature flamande, des institutions qui ont accuse reception
du dernier envoi annuel des publications de ces commis-
sions.
— M. R. Chalon fait hommage des Supplements qu'il
vient de publier en 1 cah. in-4'* k ses Recherches $ur les
monnaies des comtes de Namur. — Remerclments.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Th. Juste donne lecture de la notice quMI a consacree
a la vie et aux travaux de feu Ed. Ducpetiaux, notice des-
tin^e a paraitre, avec le portrait du d^funt, dans VAnnuaire
de mi.
— La stance a et6 terminee par une communication
verbale de M. Gachard , relative a un episode in^dit de
la journee du 25 aoiit 1830 concernant la mani^re dont
ont ete sauvegard^s les batiments du Mus^e de Tindustrie,
a Bruxelles.
(74)
GLASSE IIES BEAUX-ARTS.
Seance du 7 juillel 1810.
M. Ch.-A. Fraikin, direcleur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. L. Alvin, N. De Keyser, F.-J. Felis,
G. Geefs, C.-L. Hanssens, A. Van Hassell, Joseph Geefs,
F. De Braekeleer, Ed. F6lis, Edmond De Busscher, Alph.
Balat, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure, J. Franck,
Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slinge-
neyer, Alex. Robert, membres; Ed. de Biefve etBosselet,
correspond ants.
M. J. Nolet de Brauwere van Steeland, associe de la
classe des lettres ^ assiste k la stance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de Tinterieur annonce que M. Tinant,
statuaire , vient de terminer le modele du buste de feu M. Ic
commandeur de Nieuport, et il exprime le d^sir qu'un ou
deux des membres statuaires de la ^lasse veuillent bien
examiner ce module, k Teffet de renseigner le gouverne-
(78)
inenl sur le point dc savoir s'il y a lieu d'en auloriser Texe-
cution en marbre.
Conform^ment aux dispositions prises en assemblee
generate du 12 mai 1868, par les trois classes, au sujet
des bustes des acad^miciens d^funts, il est decide que le
renvoi de cette d^pficbe aura lieu k la classe des sciences,
S laquelle le commandeur appartenait le plus sp6cialement
par ses travaux et dont Tavis, par consequent, doit 6lre
entendu avant qu'elle salisfasse au d^sir qu'ex prime le
gouvernement.
— M. L. Alvin offre un exemplaire du troisifime volume
de sa Galeriedes Con/ewiporam^. Get ouvrage est consacre
a F.-/. Navez^ sa vie, ses wuvres et sa correspondance, —
La classe remercie M. Alvin pour cet hommage.
— La Soci^te acad^mique d'arcbilecture de Lyon exprime
le d^sir, en offrant le premier volume de ses travaux, de
recevoir, par contre, les publications academiques. — Ac-
cept6.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Un ^change de considerations a eu lieu en Ire plusieurs
membres au sujet de diverses questions artistiques.
(76)
OUVRAGES PRESENTES.
Gachard (P.). — Corrcspoddance de Mai^ueritc d'Aulricbe,
duchesse de Parme, avec Philippe II, tome II (i9 decembrc
1501-5 juin 1565). Bruxelles, 1^70; in-4«.
Alvin {L.y — Galerie de contemporains : Fr. J. Navcz , sa
vie 5 ses oeuvres et sa correspondance. Bruxelles, 1870; in-12.
Chalon (/?.). — Recherches siir les monnaies des comtes
de Namur. Supplements. Bruxelles, 1870; in-i"".
Mathieu (Ad.). — Gloire, amour, charite. Poesie lue a la
stance publique de la elasse des lettres de TAcademie royaie ,
le 1 1 mai 1870. Bruxelles ; in-S**.
Catalan (Eugene), — Cours d'analysc de runiversile de
Liege. Algebre, Calcul differentlel. Premiere pariie du calcul
integral. Bruxelles, 1870; in-8<».
Bellynck [A), — Les progres rdcents de la zoologie en
France ; corapte rendu du rapport de M. Milne-Edwards. Paris-
Bruxelles, 1870; in-8».
Van Raemdonck (/.) — Gerard de Cremer ou Mercator,
geograpbe flamand. Saint-Nicolas, 1870; gr. in-8^
Graindorge (J.). — Question de licence, problemc de rae-
canique. Paris, 1870 ; ili-8^
Graindorge (/.). — Sur quelques integrates definies. Paris,
1870,in-8\
Falisse ( V.) et Graindorge (/.). — Traite d'algebre elemen-
taire, 1^* partie. Liege, 1870; in-8*».
Pasquier-Nalinne (Ch,), — Resume d*un travail sur les
produits et les sous-produits de la distillation des houilles.
Li^ge, 1870;in-8«.
De Potter (Frans) en Borre (Pieter). — Geschiedenis der
rederijkerskamcr van Veurne. Gand, 1870; in-8**.
Degive (A.) et Van Herlsen {£,). — Observations relatives
(77)
h la virulence ct a la contagion de la phthisic tiiberculeu$e.
Bnixelles, 1870; in-8^
Musee de Vindmirie de Belgique, — Bulletin, tome LVII,
rk°« 4 a 6. Bruxelles, 1870; 3 cah. in-8».
Commissions royales d'art et d'archeologie a Bruxelles. —
Bulletin, 9«* annee, n°« 5 et 6. Bruxelles,, 4870; in-S".
SocieU royale de numismalique a Bruxelles. — Revue de
la numismatique beige, 5"'' serie , tome II, 3"** livr. Bruxelles,
i870; in-8».
Bevuede Betgique^ 2'"'' anne«, 6*°* Jivr. Bruxelles, 1870;
in-8«.
VAbeilley revue pedagogique publieeparTh. Braun,XVI'"*
annde, S""*, 4"^' et 5"* livr. Bruxelles, 1870; 3 cah. in-8".
Societe royale des bemtx-^arts et de littSrature de Gand. —
Annde 1869-4870, 1" et 2'"*' livr. Gand, 1870; in-8^
MeSsagerdes sciences historiques, 1870, n° 3. Gand; in«8".
Jnstitut archeologique de la province de Luxembourg ^ a
Avion, — Annales , tome Vl, 1*' cahicr. Arlon j 1870; gr. in-8^
Bataviaasch genootschap van kunsten enwetensehappen. —
Verbandelingen , vol. XXXIII;1 vol. ia-4°; — Tijdschrift,
vol. XVI, 2-6; XVII, i-6; XVIII, 1; 10 cah. in-S^ -Notulen,
vol. IV, 2; V, VI, VII, 1 ; 4 cah. in-8*»; — Catalogus der ethno-
graphische afdeeling van het museum; 1 cah. in-8''; — Gatgalpgus
der nuroismatische afdeeling van bet museum; 1 cah^ in-S^
Begnault ( F.). — Relation dcs experiences pour determiner
les loisi et les donates physiques necessaires ^u calcul des ma-
chines k feu. Tome III. Paris, 1870; in-4\
Barral (7.-^1.). — L'agriculture du nord de la France.
Tomes I et II. Paris , 1870; 2 yol. In-S^
Travaux de reforme dans les sciences midicuUn el naUU'
relies dus a M. Edouard fiobin, Pam^ 18^9; i»-8*.
Mehay. — Note sur les areometres a ppi^s oon^t^t et l^ur
emploi d^ns les 9ucreri«$ et tea di»tillfi?ie6i Conipi^ne, 1870;
in-8«.
ffovelaeque {Abel}. — Note mv la prononeiation et la trans-
(78)
criplion de deux sifflantes sanscrites. Paris, 1869; ia-8'*.
SuppUment a la note sur la fondation de I'ancien porf de
Cherbourg par Hile de Caligny {Louis Roland), Paris, 187(1;
in-8^
icole impMale poly technique , a Paris, — Journal , t. XXVI,
iS"** cahier. Paris, 1870; in-4".
Society giologique de France, a Paris, — Bulletin, 2*"* serie,
tome XXVI , 1869, n» 7 ; tome XXVII ,1870, n" 2 et 3. Paris;
3 call. in-8®.
Societe mMeorologique de France, — Annuaire, tome XVI,
1868, Bulletin des seances, feuilles 20-25. Paris, 1870; cah.
in-8«.
Societe de biologic de Paris. — Comptes rendus des seances
et memoires, tome II de la i^ s<5rie, 1865. Paris, 1866; in-8".
Revue des questions historiques, i"* annce, 16"*' livr.
Paris, 1870; gr. in-8".
Societe des antiquaires de Picardie, a Amiens, — Bulletin ,
annee 1870, n* I.Amiens, 1870; in-8^
Academic imperiale des sciences , lettres et arts d' Arras. —
Mdmoires, 2* serie, tome III. Arras, 1869, in-8".
Societe academique de* Maine et Loire, d Angers, — Me-
moires, tomes XXI ^ XXIV. Angers, 1867-1868; 4 broch. in -8«.
Societe d'JE mutation du Doubs, a Besan^on, — Memoires,
Z'' serie, 10* vol.2« p. 1864-1869; 4« serie, 3* et 4«vol, 1867-
1868. Besan^on, 1868; 3 vol. in-8^
Societe imperiale des sciences naturelles de Cherbourg, —
Memoires, tomes XIII et XIV (2« serie, tomes III et IV). Cher-
bourg, 1868-1869; 2 vol. in-8».
Societi dunkerquoise pour I' encouragement des sciences, des
lettres et des arts, — Memoires, 1867-1868, 1868-1869, 13* el
14* vol. Dunkerque, 1869; 2 vol. in-8^
Societe des sciences naturelles de Strasbourg, — Bulletin ,
2* annde, n" 8, 9 et 10 (fin). Strasbourg, 1869; 3 feuilles
in.8«.
Societe impiriale d'agriculture de Valenciennes. — Revue .
(79)
ngricole, 22"* annec, lome XXIV, n" 4. Avril. Valenciennes,
i870;in-8^
Societe academique d' architecture de Lyon, — Annates,
tome I". Exercice 1867-1868. Lyon , i869;gr. in-8''.
Society de geographic de Paris. — Bulletin , S"® serie; 1869,
Janvier a decembre, 1870, Janvier a mars. Paris; 4 cab. in-8".
KonigL'prevssische Akademie der Wissenschaften zu Ber-
lin. — Monatsberiebt, Marz, April und Mai 1870. Berlin^ 1870;
3 cab. in-8^
Sternwarte zu Bonn. — Astronomiscbe Beobacbtungen von
Dr. Fr. W. A. Argelander, VIP" Band, 2 Abtb. Bonn, 1870;
in-4''.
Mittelrheinischer geologischer Verein zu Darmstadt. —
Karten und Mitlbeilungen : section Alsfeld und section Allen-
dorf-Treis. Darmstadt, 1869-1870; 2 cab. in-8" avec carte.
Verein pur Nalurkunde zu Fulda. — Bericbt, I. Fulda,
1870;in-8°.
Speyer (Oscar). — Die Ostracoden der Casseler Tertiiirbil-
dungen. Cassel, 1865; in-8^
Speyer (Oscar), — Systematisches Verzeicbniss der in der
nachsten Umgebung Fulda's vorkommenden Land- und Siiss-
wasscr- Concbylicn. Fulda, 1870; in-8°.
Archiv der Mathematik und Physik, berausgegeben von
J.-A. Gruncrt, LI Tbeil, 4 Heft. Greifswald, 1869; in-S*.
Naturhistorisch - medizinischer Verein zu Heidelberg. —
Verbandlungen, Band V, 5. Heidelberg, 1870; in-8".
Historische Commission bei der K, Akademie der Wissen-
schaften zu Munchen. — Gescbicbte der Stadt Rom, von
Alfred von Reumont. HP" Band, 2^* Abtb. : Das modcrne Rom.
Berlin, 1870; in-8''.
Verein fiir vaterldndische Naturkunde in Wurttemberg zu
Stuttgart. — Wurttemb. naturw. Jabresbefte^ Jabrg. XXV, 2
und 5 Heft. Stuttgart, 1869; in-8^
Kongelige Danske V idenskabernes Selskab i Kjobenhavn.
— Vidensk. Selsk. Skrifter, S**' Raekke, Naturvidenskabelig
(80)
og niatlieraalisk afd., 8 Bd., VI, VII, 9 Bd., I, hislorisk og |Jji-
losophisk afd., 4 Bd., IV. Gopenhague; 4 cah. in-4". — Over-
sigt, i869, n"" 5. Gopenhague; in-8^
Ethnological Society of London. — Journal , vol. 1 , a"' 2 ,
3, 4; vol. II, n^' i , 2. Londres, 1869-1870; 5 cah. in-8\
Scientific opinion, part XX, vol. 3, June 1870. Londres;
in-4°.
A catalogue of Maps of the British possessions of India
and other parts of Asia, Londres, 1870; in-8°.
The american journal of science and arts, second series ,
vol XLIX, n**' 146, 147. New-Haven, 1870; 2 cah. in-8°.
Peabody institute, Baltimore. — Mr. Peabody's letter of
September 22, 1869. Baltimore, 1870; in-8\
Academic imperiale des sciences de Saint-Petershourg. —
Memoires, tome XIV, n*»» 8, 9 (dernier); tome XV, n°M ,2,
3 et 4. Siiint-Petersbourg ; 6 cah. in-4° ; — Bulletin , tome XIV,
n**' 4, 5et 6 (dernier). Saint- Petersbourg; 3 cah. in-4".
Physikalischer central- observatoriums zu St.'Petersburg.
— Jahresbericht fur 1869. St.-Pdtersbourg, 1870; in-4\
Societd Reale di Napoli. — Rendiconto delle tornate e dei
luvori deir Accademia di scienze morali e politiche, anno IX**,
quaderno di Gennaio a Marzo 1870. Naples, 1870; in-8''.
Luvini {Giovanni), — Saggio di un corso di fiscia elemen-
tare proposto alle scuolo italiane , quarta edizione. Turin , 1 868 ;
in-12.
Luvini (Giovanni). — Alcunc sperienze e considerazioni in-
torno air adesione tra solidi e liquidi. Turin, 1870; in-8*'.
Academia real das sdmcias de Lisboa. — Jornal de scien-
cias mathematicas, physicas e naturaes. Num. 9, Junho de
1870. Lisbonne, 1870; in -8^
Soci^dad de ciencias fisicas y naiurales de Caracas. — Var-
gasia , num. 4, 5, 6, 7. Garacas, 1868-1870; 4 cah. in-8".
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEADX-ARTS DB BELGIQDE
1870. — N*> 8.
€LASSE DES SGIEHGES.
Seance du 6 aout 1870,
M. G. Dewalque , directeur, president cle rAcad6mio.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. J. d'Omalius d'Halloy, L. de Ko-
ninck, P.-.I. Van Beneden, H. Nyst, Gluge^, Melsens,
J. Liagre, F. Duprez, Poelman, E. Quetelet, H. Maus,
M.GIoesener, A. Spring, CandSze, Eug.Coemans, F.Donny,
Ch. Monligny, Steichen, E.Dupont, membres; E.Catalan,
Ph. Gilbert, associes; C. Malaise, Louis Henry, Al. Briarl,
correspondants.
2*"" Sl^RIE, TOME XXX. 6
( 82 )
CORRESPONDANCE,
La classe apprend la mort de Tun de ses associes,
M. Jean-Th6odore Lacordaire, Aec&d^k Li6ge, le 18 juillet
. dernier, k T^ge de soixante-neuf ans et quatre mois.
Les condol6ances de la CompagniQ ont ^t^ exprimees
par M. le secretaire perp^tuel k la famille du d^funt.
» Le corps a 6t^ transport^ en Picardie, et le service,
suivi de Tenterrement, a eu lieu k ftosiferes, le vendredi
22 du m^me mois.
La Compagnie n'a pu , k cause de ces dispositions, dele-
guer de deputation aux fun^railles de cet Eminent confrere
et y faire exprimer ses regrets.
— M. le Ministre de rint^rieur et plusieurs membres
de ]a classe envoient diff6rents ouvrages imprimis destines
a la biblioth^que. Ces livres seront mentionn^s au Bulletin
de la stance.
— Le mSme haut fonctionnaire a donn^ connaissance
que M. Tinant, artiste statuaire, a termini le modele du
buste de feu le commandeur de Nieuport et a demand^
que la classe des beaux-arts ddl^guat deux de ses mem-
bres, k I'effet de renseigner le Gouvernement sur le point
de savoir s'il y a lieu d'autoriser rex^cutiou en marbre de
ce module.
La classe des beaux-arts, saisie de cette communication
dans sa derni^re stance, a decide qu'il en serait ref^r^
k la classe des sciences, k laquelle le d^funt devait plus
( 83 )
sp^cialement apparlenir par ses iravaux. Celle-ci, confor-
m^ment an r^glemcot sur les bustes, nomrae commissaires
MM. Ad. Quetelet et d'Omalius, tous les deux anciens con-
fr^resdu d6funt, pour prendre une decision sur la demande
du Ministre.
M. d'Omalius a d^clar^ s'en referer a Tavis de M. Ad.
Quetelet, qui se joindra aux commissaires que designera
la classe des beaux-arts.
— Les soci^tes savantes dont les noms suivent remer-
cient pour les derniers envois et adressent leurs r^cenls
travaux :
La Soci6t6 Pbilomatique de Paris; la Soci^te deBiologie,
k Paris; la Soci6l6 Induslrielle, i Angers; la Society An Ihro-
pologique, k Londres; la Soci^t^ Entoraologique, k Lon-
dres; la Soci6t6 Math^matique , k Londres; la Society des
naturalisles, k Dresde; la Soci^te des naturalistes, a Gies-
sen; la Soci6t6 des sciences, k Harlem; le Comit^ g^olo-
gique d'ltalie, k Florence; le Bureau de la recherche
giologique de la Su6de, ^ Stockholm; I'Acad^mie imperiale
de m^decine, k Saint-P^tersbourg; la Soci^t^ des sciences
physiques et naturelles, k Caracas.
— M. F. Terby adresse de nouveaux renseignements
sur les orages observes cette ann^e k Louvain, ainsi que
sur r^clipse de lune du 12 juillet dernier.
— M. Altenrath communique des observations sur un
bolide aper<;u k An vers le 26 juillet, vers dix heures trois
minutes du soir.
— M. Cavalier transmet le r^sum^ des observations
(84)
m^t^orologiques faites k Ostende pendant le mois de
JuilletlSTO.
— M. Ad. Quetelet pr6sente ses observations sur I'etat
de la vegetation k Bruxelles le 21 avril dernier.
M. Malaise pr^sente les meraes observations pour Gem-
bloux.
— La Society hollandaise des sciences a Harlem com-
munique le comple rendu de sa stance publique annuelle
du mois de mai 1870.
CONCOURS DE 1870.
M. le secretaire perpetuel annonce que le terme fatal
du concours de cette annee est expire depuis le 1*' aofit.
Le seul m^moire re^u le 50 mai dernier (1 ) concernait
la premi£:r£ question du programme; il portait pour titre :
Etude.sur les procedes suivis pour determiner les elements
du magnetisme terrestre. ■ — MM. Gloesener, E. Quetelet
et Montigny ont ete nommes commissaires.
— Un anonyme exprime le desir de voir reculer le
terme fatal, afin de pouvoir presenter un travail en reponse
k la sixiJSME QUESTION dc ce concours : Faire connaitrey
nolamment au point de vue de leur composition y les roohes
(1) Voir Bulletins, 2"«e s^rie, I. XXIX, p. 065.
(85)
plutoniennes ou eonsiderees comme telles, de la Belgique el
de VArdenne.
La classe ne peut, d'apr^s les r^glements, acceder a
cette demande, mais elle en prend acte pour revenir sur
cette question , lorsqu'elle s'occupera de la formation de
son procbain programme.
RAPPORTS.
Recherches sur la constitution de Vacide phloretique el sur
I'acide sulfohydrocinnaniique , par M. L. de Koninck.
« Dans le travail soumis au jugement de la classe,
M. Lucien de Koninck a eu pour but de recbercber la place
que Tacide phloretique doit occuper dans la s^rie des acides
aroma tiques. II a essay^ ainsi de soumettrea une verifica-
tion exp^rimentale , I'bypotbese de MM. Glaser et Bucba-
nan qui consid^rent Tacide pblor^tique comme de Tacide
ortbo-oxypb^nyl-propionique normal. Les diffi^rents et in-
g^nieux essais quMl a tenths dans cette direction n'ont pas
conduit au resultat pr^yu. Sous ce rapport le travail de
M. L. de Koninck ne contient que le r^cit de Tinsucc^s de
ses tentatives, mais il est des circonstances ou la connai^-
sance des insucces pr^sente un veritable intir^t. Cette con-
uaissance cmpecbe d'autres cbimistes de s'engager dans la
meme voie.
La note de M. de Koninck est terminee par une etude
( 86 )
(le I'acide sulfohydrocinnamique et de ses composes metal-
liqucs.
Cette parlie est trailee avec beaucoup de soin. Elle est
appuy6e d'analyses qui me paraissent parfaitement exe-
cutees et qui rev^lenl une veritable habilete.
J'ai Thonneur de proposer k la classe d'ordonner I'im-
pression de ce travail dans le Bulletin de la seance et de
voter des remercimenls k Tauteur. p
M. Melsens s'^tant rallie aux conclusions de son savant
confrere, la classe a vot6 Tirnpression de la notice de M. de
Koninck dans les Bulletins.
tltude zoologique et anatomique du genre Macrostomum el
description de deux especes nouvelles; par M. Edouard
Van Beneden.
« 11 existe dans Teau douce et dans Teau de mer des
animaux a robe ciliee, d'un tres-haut interet sous divers
rapports. Le naturaliste qui veut se faire une bonne idee
de la division du travail, surtout dans les appareils de la vie
de conservation, ne saurait en trouver de plus favorables.
Ce qui prouve principalement leur importance , c'est qu'ils
optete, dans ces dernieres annees, I'objetdes recherches
des plus eminents naluralistes : MM. Oscar Schmidt, Max
Scbullze^ ClaparMe et d'aulres s'en sont activement oc-
cup^s.
Nous voulons parler des Turbellaries Rhabdoceles.
( 87 )
M. £d. Van Beneden a rencontr^ dans le eours de ses
recherches deux de ces formes enti^rement nouvelles pour
la science; Tune d'eau douce, Tautre marine; il a ^tudi^
avec soin leurs divers appareils.
Sous le rapport syst6matique» M. £d. Van Beneden
trouve que Tanatomie des difl(6rentes esp^ces du genre
Macro&tomnm differe suffisammeni des autres Rhabdoc^les
pour en former une famiUe distincte dans laqueile il cr^e
deux genres nouveau^, Omalostomum et Mecynostomum.
m
L'esp6ce nouvelle d'eau douce qu'il a d^couverte pres
de Lotttain se place dans le genre Macrostomum, sous le
nom de M. viride. •
L'autre esp^ce marine nouvelle prend rang dans le
genre Omalostomum, sousle nom.d'O. Claparediiy k cdte
de rO. SchuUzii. Le genre Mecynostomum ne renferme
qu'une seule esp^ce, le M, auritum, observ6 par M. Schuitze.
La notice qui 'est soumise a notre examen est faite avec
le mSme soin que les travaux pr6c^dents de Tanteur, et
une belle planche, repr^senlant tout Tanimal et son orga-
nisation, i'accompagne ; nous n'hesitons done pas k deman-
der k TAcad^mie d'en ordonner Timpression dans les Bui-
tetins. 9
Conform^ment aux conclusions dece rapport, la classc
vote rimpression de la notice de M. Edouard Van Beneden
dans les Bulletins.
(88)
Nole Stir le stereog raphe depoche^ etc, par M. Plucker.
€ La note de M. Plucker se compose de deuK parties :
l"" L*application de la pbotograpbieau lever des. plans;
S"" La description d'un instrument portatif de photo-
graphie.
Dans la premiere partie, Tauteur expose la m^tbode
basee sur Temploi des vues perspectives pour la construc-
tion des plans, metbode dont Beautemps*Beaupre paratt
avoir le premier conseill6 Tusage. On la trouve d^crite
dans rinstruction redig<^e par ce savant en 1835, lors du
voyage autour du monde entrepris par la frigate la Bonite.
Cette m^thode permet aux navigateurs de relever, dans
uue reconnaissance rapide, la configuration generate des
contrees qu'ils explorent , et meme celle des rivages qu'ils
ne peuvent aborder.
L'execution en est fort simple. De deux stations sepa-
rees par une distance connue, par exemple, de deux
embarcations au mouillage, on dessine avec soin les per-
spectives suivant lesquelles se profilent les objets dont on
veut determiner la position sur le plan; deux angles ob-
tenus en visant, des deux extremit^s de la base, un meme
objet comprisdans les deux perspectives, suffisent ^ faire
Forientation, et il ne reste plus ensuite k Top^rateur (\\\'k
combiner sur le papier, ^ I'aide d'une construction g^o-
melrique, les deux vues pittoresques qu'il a dessinees,
pour transformer celles-ci en un plan, dont Texactitude
est proportionnelle k la precision de son dessin.
La metbode de Beautemps-Beaupre fut vivement re-
(89)
commaod^e par le colonel Leblanc; mais son emploi se
repandit peu , et resta limits k quelques cas speciaux.
Le chef de bataillon du g^nie Laussedat, professeur a
r£lcole polytecbnique , coAvaiucu des avantages que pr6-
sente celte m^lhode , et persuade que son abandon presque
g^n^ral devait Stre attribae k la difiiculte qu'offr e le paysage
d'aprte nature , et k rinsufflsance de T^ducation artistique
re<;ue par les ingenieurs , s'appliqua k modifier les condi-
tions d'ex^cution, de telle sorteque la representation exacte
des perspectives (At possible, m^e a un dessinateur peu
experiment^. II atteignit ce but par I'emploi de la cbambre
claire instrument qui fournit des perspectives fort exactes.
La substitution des eprenves photographiques aux vues
dessin^s k la main dans la ebambre claire fut la conse-
quence naturelle des progrfes realises par la photographic,
et elie simpliGa considerablement Tapplication de la m^-
thode Beautemps. Des experiences faites en 1861 et 1862
par les ofiiciers du g^nie de la garde imperiale constate-
renl Tefficacite de la nouvelle melhode, et, en 1865, le
general Morin mettait sous les yeux de TAcademie des
sciences de Paris le r^sultat le plus important de ces
experiences : le plan detailie de Grenoble el de ses envi-
rons, d*une exactitude parfaite, embrassant une etendue
de plus de 20 kilometres carres, et execute entierement au
moyen de vingt-neuf vues photographiques prises de huit
stations differentes. Les operations sur le terrain n'avaienl
pas exige plus de soixante beures, et le travail de cabinet
a ete terroine k Paris en moins de deux mois.
De ce qui precede, il resulte que I'emploi des perspec-
tives photographiques , tel que M. Plucker Tindique dans
sa note, compte depuis longtemps deja au nombre des
methodes topographiques.
( 90)
L'appareil decrit dans la note ne differe de la chambre
noire, adoptee par la plupart des photographes voyageurs,
que par quelques details de construction, dont les uns
ont pour but de faciliter I'orientation , et les aulres de
rendre rinstrument portatif.
La question de rendre portative la chambre noire a donn6
naissance k une foule de combinaisons , mais eile est tout
k fait accessoire : chaque photographe la r^sout k sa fa^n,
et reste convaincu qu'il a trouvela meilleure solution.
La photograpble des voyages s'est cependant enrichie,
depuis quelques ann^es, de plusieurs instruments remar-
quables , parmi lesquels on peut citer les suivants : 1*" Tap-
pareil automatique de Bertsch , qui permet d'op6rer sans
qu'il soit necessaire de mettre au foyer; et ^ la chambre
noire pholograpbique de Dubroni, qui sert en mSme temps
de laboratoire pour op^rer en pleine lumi^re.
L'inslrument de M. Plucker ne pr6sente pas, comme
ceux-ci, une modification essenlielle de la chambre noire
ordinaire. G'est tout simplement ce dernier appareil, dis-
pose de mani^re k pouvoir dire d^mont^ en trois parties : la
chambre proprement dile , le pied et le genou. Or, il existe
des instruments analogues, qui ne se composent que de
deux parlies, la chambre et le pied, et qui sont tres-porta-
tifs, parce que le genou y fait partie du pied, etque celui-ci
ne prdsente pas plus de volume qu'une canne ordinaire.
La note de M. Plucker est r6dig6e avec clart6 et simpli-
city; mais elle ne renferme rien de neuf, et, pour ce
motif, je crois devoir m'abstenir d'en proposer I'impres-
sion dans nos recueils. Je me bornerai done k demander k
la classe que des remerciments soient adress6s k I'auteur
pour sa communication. ]»
( 9i )
< Ainsi que vient dc le dire mon savanl collogue M. le
colonel . Liagre , la notice de M. Plucker se compose de
deux parties : la premii^re traite de I'application de la
photographic au lever des plans. Sur cette mati^re je
decline toute competence et m'en r^f^re enti^rement k
Tavis du premier rapporteur.
Quant k la seconde partie, je pense que Tappareil qu'y
decrit M. Plucker a divers merites que ne poss^dent pas
les instruments de Bertsch etDubroni, le dernier notam-
ment ^tant plu&ing^nieux que pratique, et que, en conse-
quence , la publication en serait utile.
Mais en presence de TinsufiSsance scientiiique de la
premiere partie , TinterSt de la notice se reporte tout en-
tier dans la seconde qui s'adresse plus particuliereraent aux
photographes. Ceux-ci ayant leurs publications sp^ciales,
je pehse qu'elle y trouvera mieux sa place.
Je me rallie done aux conclusions du premier rapport. »
Conform^ment aux conclusions de ces deux rapports ,
la classe vote des remercimenls k Tauteur pour sa commu-
nication et en decide le d^pdt aux archives.
— Une note de M. P. Guyot , de Nancy, sur le dosage
des fluorures solubles, sera ^galement d^pos^e aux ar-
chives; cette note ayant d^ji paru dans un recueil scienti-
iique, la classe ne pent en ordonner Timpression.
(92)
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur les forces viiales, nouvelle communication de M. J. -J.
d'Omalius d'Halloy, membre de TAcad^raie.
Les eclaircissements que, malgr^ mon insuffisance, je
me suis permis, dans nos stances des 2 avril el 4 juin (!)•
de demander k nos confreres phjsiologistes, relativement
aux opinions sur les forces nitales, nous ont valu trois
savanles communications; mais ces beaux travaux ayant
ete Merits avantque mes questions eussent ete imprim^es,
leurs auteurs n'ont pas ^te a meme de s'en occuper d'une
maniere sp^ciale.
Le premier, M. Poelman (2), nous aexpos6 les principes
generaux de son enseignement, et, bien loin de chercher
a defendre les opinions qui me paraissent presenter des
diflicultes, il s'est borne a d^velopper une th^orie ou,
comme moi, il admel Texistence des forces vitales.
Le second, M. Schwann, dont les "travaux ont si puis-
samment contribu^ aux progres de la physiologic moderne,
est entre (5) dans des considerations qui vont au dela des
eclaircissements que j'avais demandes et qui sont d'un
ordre trop eleve pour que je puisse les aborder. Toute-
fois, comme mon savant confrere se declare adversaire de
(1) Bulletins de I' Academic royale de Belgique, i870, 1. XXIX, p. 680.
(2) Ibid. , p. 469.
(5) Ibid. , p. 683.
( 93 )
la force vilale et compare raccroissementdeselres vivants
a la cristallisatioD , je me permettrai, quel que soil mon
respect pour un maitre aussi c6l6bre, de dire qu'il y a,
selon moi, une 6norme difference entre Taccroissement
des ^tres vivants et la cristallisation. En effet, cetle der-
ni^re, due 4 une propriety inherente 4 la matiere, a tou-
jours lieu lorsqu'elle n'est pas empAch^e par une cause
quelconque. L'aiitre, au contraire, n'a lieu que quand la
matiere a ^te douee de la vie par Taclion d'un etre vivant.
Je dirai encore que M. Schwann admettant qu'ily a chez
rhomme un principe immat^riel , il me semble qu'il poui^
i*ait ^galement admettre Texistence, chez les aotres dtres
vivants, d'une force ind^pendante de la matiere.
Le Iroisidme , M. Gluge, qui s'est aussi rendu e^l^bre
par des ouvrages de physiologie, repousse (1) la force vi-
tale comme une hypothese dont la science n'a pas besoin ,
et , quoi qu'il ne dise pas d'une maniere trandi^ par
quelle autre hypothese il la remplace, il est Evident qu'il
suppose que les ph6nom^nes de la vie sont dus auK forces
physico-chimiques, puisqu'il ajoute que Ton n'admet plus
maintenant sans demonstration Fexistence -d'une force
differente pour la naissance d'une plan^te et d'nn animal.
Or, cette hypothese me parait absolumenl contredife par
la circonstance que le mouvement vital ne se mantfeste
que quand il a ^t^ communique k la matiere par nn 6tre
vivant; et, quoique nous ne soyons pas a m^me de de-
mon trer d'une maniere positive comment se sont forroees
les planetes, je crois que nous en savons assez pour pou*
voir assurer qu'elles ne sont pas nees par voie de genera-
tion comme les animaux.
— — ^ ■ ■ I ■ I I < I !■ ■ ■ ' ■ ■ I . .1 I . »
(1) Bulletins de I'Acad^mieroyalede Belgique, i870, 1. XXX, p. 25.
(94)
Mon savant confrere dit ensuite que Ton est parvenu a
(l^montrer que la contraction rouscuiaire est un ph6no*
mene purement physique. Si cette assertion se rapporte
aux moQvements que Ton produit au moyen de F^lectri-
cit^ dans les muscles d'un animal mort depuis peu, je
r^ponds que ce ph^nomtee annonce seulement que les
musetes de cet animal oni eaoserve une organisation qui
permet a T^lectricit^ de produire des effets analogues k
ceux que determinaient les forces vitales, car si ce pfa^no-
m^ne 6tait dA k des forces inseparables de la matidre , il
ne cesserait pas d'etre possible d6s que les muscles com-
mencent k s'alt^rer. Cette inseparability ne serail pas plus
prouv^e si Tassertiou doot il s'agit , a jant un sens beau-
coup plus etendu , indique que son auteur partage Topinion
que Taction des nerfs sur la mati^re se transmet au moyen
de reiectricite, car ce serait seulement une application
du principe 6nonce dans ma communication du 4 juin,
c'est-i-dire que I'hypothfese des forces vitales n'empfiche
pas d'admettre que les effets de la vie sur la mati^re
s'exercent au moyen des forces pbysico-chimiques , de la
m&me manidre qu'un industriel dispose les choses de fa^on
a mettre ces forces dans le cas de decomposer des corps
et d'en former de nouveaux.
M. Gluge dit encore qu'il ne con^oit pas de forces sans
matiere , et je conviens qu'une force ne pent se manifester
k nos yeux si elle n'agit pas sur la matiere ; mais est-ce \k
une raison sufBsante pour pouvoir dire que la force ne
peut exister sans la matiere? Pouvons-nous dire que la
force qui anime une bille en mouvement est inseparable
de la matiere de cette bille, puisque cellen^i perd son
mouvement au boiit d^un temps determine?
Je me permets ces nouvelles observations dans Tespoir
(9S)
qu'elles pourront porter nos savants physioiogistes k ne
pas trouver au-dessous d'eux de r^pondre aux trois ques-
tions que je leur avals soumises, savoir :
Pourquoi la matiere ne peut-elle s'organiser sans in-
tervention d'un etre vivant?
Pourquoi les etres vivants, qui sont g^n^raiement com-
poses des mSmes elements, se reproduisent-ils en coiiser-
vant rimmense quantite de formes qui lescaract^risent?
Pourquoi ces i&tres sont-ils soumis a la mori?
J'avoue que, dans Fhypolh^se de rins^parabilit^ de la
force et de la matiere pour les pk^omenes de la vie, il
m'est impossible de concevoir une reponse k ces ipois
questions, tandis que, dans Thypotbese des forces vitales,
leur solution me parait aussi simple que celle de la bille
qui, k la suite d'un choc, se meut en suivant la direction
imprim^e et s'arrete au bout d'un temps en rapport avec
la force du choc.
H. P.-J. Van Beneden fait une communication verbale
sur ses divers travaux concernant les baleines.
< ....On ne possede^ dit-il ensuite, aucun renseigne-
ment positif sur le point de savoir si la baleine de la mer
d'Okhotsk et du detroit de Behring est la meme que celle
qui habite la cote du Groenland et du Spitzberg. J'espere
toutefois que cette question pourra recevoir biei|t6t quel-
ques ^claircissements. Yoici ce que m'6crit sur ce sujet
•
notre illustre confrere M. von Baer, dans une letlre datee
de Dorpat :
c Je prends un grand int^ret k vos travaux sur les ce-
» tac^s; depuis longlemps j'ai voulu m'occuper de ce
(96)
» groupe de mamraiftres, mais le defaut de mal6riaux des
» musses de Sainl-Petersbourg et de Konigsberg m'en a
D emp6ch6.
» En recevant voire travail sur la distribution geogra-
» phique du genre Balaena, j'ai profite du voyage de
» M. von Maidel , qui est parti pour le nord de la Sib^rie
» et qui se rend jusqu'au pays des Tschoukchi, pour lui
» recommander: I'^de s'assurer jusqu'ou s'6lend la baleine
» de ces c6ies; 2** d'apporler, si e'est possible, une t6te
j> de ce c6tace avec ses fanons. M. von Maidel n'est pas
p zoologiste, mais, k la demande du gouvernement russe,
T> ii va passer un 6t6 et deux hivers dans ces conlrees, et
D il ne d^pendra point de lui s'il ne recueille pas de pr^-
D cieux renseignements.
» Que voire carte sur la distribution g^ographique des
1^ baleines est exacte egalement dans ces contr^es, il n'y
p a pas ^ en douter, mais il ne pent pas etre nuisible de
D nous assurer s'il n'y a pas de baleines h Touest et sur
D les bords de la glace. Des morses, on n'en a pas vu non
)> plus k Touest, mais on en comprend aisement la raison :
p c'est qu'il n'y a point de Fucus et que ces plantes raa-
D rines avec les mollusques bivalves qui s'y attachent
» forment leur principale nourriture. C'est, du reste, en-
]> core une question de savoir si les baleines de ces pa-
D rages appartiennent a la m^me esp^ce que celles du
7> Groenland et de la baie de Baffin! Les morses ne sont
» pas lout k fait les morses de I'ouest, leurs canines sont,
» sans comparaison, plus fortes; si cette diffiSrence indique
» une esp6ce i part ou une variety, qui pent le savoir!
» Dans la distribution geographique des Baleinopteres,
j> je ne vois pas figurer la Baleinopt^re qui est si commune
D an cap Nord. J'ai rapporte moi-m6me un cr^ne de cette
(97)
i> esp^e, k travers la I.aponie, h Saint-P^tersbourg. Je me
» propose de le faire dessiner el de vous en envoyer le
» dessin. Probablemenl vous reconnaitrez I'espece. »
M. Van Beneden pense que c'est de la Balacnoplera
borealis que M. von Baer a rapporle le cr^ne. II fail remar-
quer ensuite, d'apres une note que le docteur Gray vienl de
publiera Londres, que sir George Grey, le gouverneur de la
Nouveile-Z^lande, a obtenu une tele de baleine de Tile de
Kawan (Nouvelle-Zelande), qu'il a presenlee au mus^e de
Wellington, el que celle t^le indique I'existence d'une
esp^ce toute distincte dans ces parages. M. le docteur Gray
la rapporle k la Balaena {Neobalaena)marginata, II reste a
savoir si celle espece occupe la Iroisienie zone de riiemis-
ph^re auslral , zone qui s'elend enlre le cap de Bonne-
Esp^rance et TAustralie.
M. Van Beneden se propose de presenter bientdl a
I'Acad^mie un travail sur le sujeldont il vienl d'enlretenir
la classe.
Stir la determination de Vairede Vellipsoide;
par M. E. Catalan , associe de I'Acad^mie.
L'illustre inventeur de la Ih^orie des fonclions ellip-
tiques a repr^senle, par deux formules diff^renles, Faire A
d'un ellipsoide quelconque. La premiere formule, sur la-
quelle Legendre n'a peut-elre pas suiBsammenl insist^,
permet de developper A en s6rie; la seconde, qu'il obtient
en d^composant la surface en rectangles formes par des
lignes de courbure^ contient une somme d'inl^grales ellip-
tiques, des deux premieres esp^ces, respectivemenl mul-
2"® S^RIE, TOME XXX.* 7
(98)
tipH^es par des constantes. Malbeureusement, la decom-
position dont il s'agit conduit k des calculs tr^s-penibles ,
malgre les reductions, presque inesper6es, dues au g^nie
de I'auteur.
Aucun g^ometre, que je sache, n'avait simpliB6 la so-
lution du probleme resolu par Legendre, lorsque, en 1839,
je fis connaitre (*) une metho Je indirecte , applicable k un
grand nombre de cas, et qui conduit rapidement k la se-
conde formule de Legendre.
II y a cinq ans, k propos de I'byperboloide gauche, j'ai
fait observer que cette m^thode equivaut k la decomposi-
tion de la surface en rectangles formes par des sectioj^is
paralleles a I'un des plans principaux etpar leurs trajec-
toires orthogonales (**).
Dans la note que j'ai Thonneur de pr&enter k I'Aca-
demie,je fais voir que le premier proc6d6 de Legendre
6quivaut, lui-m6me, a la decomposition dont je viens de
parler. Si le grand geomfetre n'avait pas ete s^duit par les
« resultats elegants i> que « semblait promettre (***) p Tem-
ploi des lignes de courbure, il aurait, tr6s-probableraent,
trouv6 la m^thode k laquelle je suis parvenu en 1839.
I.
L'^quation de Tellipsoide 6lant
/«'S -.'S m''i
^ y ^ M ,M\
h— H = 1, (1)
a p y
(*) Journal de Liouvilley tome IV, p. 323.
(**) Melanges mathematiques , pp. 7, 8.
(***) Tram des foncliom elliptiques , tome I", p. 352.
( 99 )
Taire lolale est donn^e (*) par la formule
dans laquelle les variables x, j/, positives , satislbnt a la
condition
De plus, pour fixer les id^es, on suppose
a > p > r. (4)
La premiere melhode de Legendre consiste k fa ire
js'=ayco8e, x' = asinflsin ^, y' = psin 0cos 5>, (5)
d*apres.lesconditionjs (4),
1 > a > 6 > 0. (7)
Au moyen d'un calcul tres-simple, dont on pent voir le
detail dans I'ouvrage cite, la forraul&(2) devient
A = SajB /^^ /^^ dyd^ sin B l/i — (o*sin* 5^-t-6«cos«f) sin'fl : (8)
0 0
c'est celle-ci que le c^lfebre auteur d^veloppe en s6rie.
(*) Fonct. ellipt., tome I«s p. 352.
(**) Pour rendre plus facile la comparaison des precedes, j*ai l^gdrement
modifie les notations employees par Legendre.
•,
• • - ••• •
• •
.. • - •
•
(100)
II.
Dans le Memoire sur la reduction d'une classe d'inte-
grales multiples (') , la formule (2) est remplac^e par
les variables x, y, respeclivement (5gales i ac'a, j/'P, satis-
font k la condition
«^'-*-y*<'^. (iO)
Soient
F (v) = rCdxdy [/i — a*x' — 6y , (11)
on d^monlre ais^ment (**) que
/^* dv
A = -8ap/ — F(i;).
(15)
Pour calculer F (v) , ou sa deriv^e F'(»), je suppose
X = w sin y , y = M cos Y ; (14)
j'obtiens
F (v) = / * rfr / wc?w V/l ^ (o* sin* T H- 6* cos* w) uX**) , (1 5)
0 0
-F'(v)=— / "^dYl/l— (tt*sin*T-t-6'cos*M')(1— V*);
(*) Journal de Liouville, lome IV.
('*) Journal de Liouville, t. IV, pp. 330 etsuivantes.
(***) l\ est inutile, quant ^ present, de metlre F (v) sous forme d'inle-
grale definie simple.
w w
( iOl )
puis
^ dY / rft? l/i — (tt* sin* T -f- 6 - cos' Y) ( I — V*). (1 6)
0 0
Si Ton fait v = cos 0, les forraules (8), (16) rentrent
Tune dans Fautre. Done la methode fondee siir la variation
du parametre v lie differe-pas^ au fond^ de la premiere
methode de Legendre,
HI.
Les trajectoires orthogonales des sections paralleles au
plan des x'y\ ou les lignes de plus grande pente de J'ellip"
soide^ sont caraclerisees par la condition
6V dy'
Soient rfs I'el^ment d'une ligne de niveau ^ dcr Tel^ment
d'une trajectoire :
rfA ^ dsd7.
Premierement, si Ton differentie I'^quation (1) en suppo-
sant z' conslante, et que Ton fasse
— = Sltlf, — = cos^,
on a
rfx'=-l/r'-: ^'*cos /^'/' rfi/'=^l/r'— J3'*sin/rf/, (18)
y/y'-z"
ds = df i/a* cos* f -4- p* sin* -/. (1 9)
* • • • •. • ••!
• ••*•• • •
( d02 )
En second lieu, Tequalion (1), differentiee par rapport
aux Irois variables, donne
pVrfx' -4- «*t/'rfy' = — ^ z'dz' ;
d'ou, a cause de la relation (17) :
ou , ce qui est equivalent :
ap* z'(i;s' sin -f
dx' = -
^y = -
^ \/y«__2'* a* cos*/ -+- p'^sin*^'
o?p z'dz' cos y'
r \/y«_ 2'* a* cos*/ -f /3*sin*^'
II resulte, de ces valours :
\
d\ = -d^'dzVU^-^r^r'' - ^'')(a*cosV-f-|3*sin*/) ;
y
ou plutdt, si Ton fait usage des abreviations (6) , que Ton
integre, et que Ton multiplie par8 :
^ = ^ f^H f dz'\/y'-.(r'-z'% (tt*sinV'+6*cosV).(21 )
Cetle nouvelle expression , si Ton remplace z' par y cos G,
ser^duitencoreala formule (8);donc,coranienousravons
annonce, la premiere methode de Legendrc equhaut a la
decomposition de la surface en rectangles formes par des
lignes de niveau et des lignes de plus grande pente.
• •r ••••••
* •
( 103 )
IV.
Soil, dans la derniere ^galit^, z' = yX : il vienl
A = Sap f^^'l f ^^ V/(a'sin'y'-t- 6»cos' {.')().«—!) -t- 1 . (22)
En g^n^ral ,
f rfil/P;i« + Q = i
>/pTq.-Q-/V/p-^^p^Q
i/p
V^Q
on
/"diV/Pi'+Q=i
0
2l/p \/pTQ-\/P
done, dans la formuie (22), I'int^grale relative k "k est
i 1 I— o'sin'y'— 6'cos^-/ ,1 -t-Vo'sin'y' -4-6'cos'?'.
- ^ l/a* sin^ / -♦- 6* cos* / i _-V/o«sin*/ -t-'t^cos'/
Si Ton fait
a' sin* y' -^ 6* cos' ^' = R*,
cette formuie se change en
A = 27rai3 -♦- 2a
Mais, si Ton suppose
?/'*■ (s
R /
1 ^ R
1 — R
o = sinfx, 6=aA,
(23)
(24)
(25)
( 104 )
on a (*) :
A = 27rr' +
done
E{A,f^)-H?^\/l4'F(fc,p); (26)
f 1 — a*sin*y — b'^cos^f 1 n- l/a*sin^'^ -f- //cos*^
1 /^f1— a*i
sin* ^ -♦- 6* cos* y i — l/a* sin* ^ -t- 6' cos* ^
1 — a
2
== »/(l— «»)(l -6')— 1 + aE(fc,^)-f- F(it,M);
a
relation probablement connue. Elledevient, pour a =1 :
\ -. 62 ^.^ cos* cfdf 1 -+- l/i-(1— 6*)cos*?»
/ — g =— JH- E, (fc).
^/ l^l — (1 — 6*)cos*y 1 — l/j— (l-6*)cos*y
Lorsque 6 = 0, eelte nouvelle egalite se r^duit a
/
';? f . cot - 9 = ;
cos ^ * "2^ 4 !2
ce qui est exact (**).
Enfin, si Ton fait 6 = 0 dans la relation (27), on Irouve
eette autre formule, assez simple :
X
1 />f 1-a*sin*y 1-4-asiny /.- ^ x
— / (if : 1- : — = a(l/i — a^ ~i ) + arcsina.
T,/ sin » 1 — asm v ^ ^
(*) Journal dc Liouville, tome IV, p. 328.
('*) Sur quelques questions relatives aux fonctions elliptiqueSy p. 11 .
•
• •
•? ••• - •
• •• • -• • • • •
• ••• \ •
( 105 )
Reckerches sur la conslilution de I'acide phlorelique, el sur
Vajcide sulfohydrocinnamique, par M. L.-L. de Koninck,
docleur en sciences et ingenieur honoraire des mines.
I.
La serie de con^pos^s organiques comprise aujourd'bui
sous le nom d'acides aroma liques, forme sans contredit
Tune des classes les plus interessantes de ces composes.
Depuis que M. Kekul^, par sa Iheorie de la conslilution
du benzol, type de tous les composes aromatiques, a
montr6 la direction qu'il y avail k suivre, F^tude de ces
corps a fait des progres rapides et remarquables.
La Iheorie fait pr^voir pour la plupart des composes
aromatiques un nombre d'isoraeres qui augmenle rapide-
menl avec le nombre des atomes de la molecule et celui
des ^I6ments qui y sonl reprfeenles. Une des series les
plus riches en isomeres connus est celle des acides dialo-
miques unibasiques de la formule C^H^^O^ {^)i ^ celle
serie appartiennenl : I'acide melilotique, I'acide hydro-
paracoumarique, I'acide phenyllactique, I'acide xylelini-
que, I'acide oxymesitylenique, I'acide phIor6li(iue, I'acide
isophlor^lique et I'acide tropique. La conslilution des cinq
premiers est parfailement connue, mais il n'en est pas de
meme des trois aulres ; nous avons essaye de combler celle
lacune en cherchant k determiner la constitution de I'acide
phlorelique.
MM. Glaser el Buchanan, dans leur inldressanl travail
(!) Theoriquemenl 67 isomeres sonl possibles.
V '^
( 106 )
sur la syn these de Tacide hydroparacoumarique (1), emi-
rent riiypolhese que Tacide phlor^tique est de I'acide or-
tbooxyphenylpropionique normal, correspondant aux acides
m^lilotique et hydroparacoumarique qui sont , Inexperience
Fa prouve, les acides oxyph^oylpropioniques normaux, le
l)remier, de la s^rie des m6tad6riv6s du benzol , le second ,
de la s6rie des parad6riv6s.
Sur rinvitation du D** Glaser m^me , nous avons cherche
h verifier exp6rimentalement son hypothese.
Deux voies nous etaient ouvertes : la premiere, que
nous pourrions nommer analytique, consistait k remplacer
dans Tacide phlor^tique, I'atome d'hydroxyle OH par un
atome d'hydrogine H; I'aulre, la voie synth^tique, consis-
tait a introduire k la place convenable, dans I'acide phenyl-
propionique normal , un atome d'hydroxyle en remplac^-
ment d'un atome d'hydrog^ne. Nous avons essaye d'abord
d'alleindre notre but k I'aide de la premiere m^thode el, a
cet effet, nous avons cherch6 a transformer Facide phlor^-
tique en un bichlorure , en le soumettant k la distillation
avec un exc6s de perchlorure de phosphore; mais nous
avons pu nous convaincre avec M. Hlasiwelz, qui a fait la
meme experience, que dans cette reaction, il ne se pro-
OH
duit que le monochlorure Cfi H^ < ^^, _ ^jj* _ qq ^,
Cette m^thode nous faisant d6faut, nous avons eu re-
cours a la seconde. Mais sachant que MM. Glaser et
Buchanan avaient tenle de la realiser k I'aide des derives
nitre et brome, et qu'ils ont iie conduit^, dans I'uu comme
dans I'autrc cas,i I'obtention d'un paraderive qui n'est
autre que I'acide hydroparacoumarique, nous avons espere
que le radical SO^H aurait d'autres tendances que NO^ et
(I) Zeilschrifl fUr Chemie. Ig""" annee, p. 193.
' • • ••• \ •
( 107 )
Br, et que par son interm^diaire nous pourrioiis obtenir un
ortboderive, les m^tad^riv^s ne se produisant que rare-
ment, et par voie iodirecte.
Nous pr^par^ines, par consequent, de la maniere que nous
indiquerons plus lain, de Tacide suifohydrocinnamique.
En attendant, le professeur von Barth publia les resultats
qu'ii avait obtenus par la fusion de racide phloretique avec
un exc^s de potasse; par cette operation Tacide phlore-
tique est transform^ en actde paraoxybenzoique. On doit
conclure de 1^ que dans Tacide phloretique les deux chaines
laterales ont la mcme position relative que dans Tacide
hydroparacoumarique et on est conduit h admettre que la
cause de la difference reside dans la constitution du groupe
carbon^.
Nous ne pouvions plus esp^rer obtenir de I'acide phlore-
tique au moyen de la fusion du sulfohydrocinnamate de
potassium, mais cetle operation avait encore de riul6rel,
car elle pouvait nous fournir un nouvel acide, ou au moins
des donnees nous permettant de determiner la s^rie a la*
quelle apparlient I'acide sulfohydrocinnamique.
Tons les essais que nous avons faits nous ont donn^
de I'acide benzoique, dont I'identite a ete coustatee par sa
maniere de se sublimer, par son point de fusion' et par
I'analyse de son sel de baryum.
II.
Stir I'acide sulfohydrocinnamique.
Pour preparer cet acide, on dissout de I'acide liydrocin-
namique dans un melange d'acide sulfurique ordinaire
et d'acide sulfurique fumant; on chaulfe jusqu'a 125*^0,
(108)
temperature a laquelle on maintient la dissolution pen-
dant environ une heure, puis on la verse dans une assez
grande quantite d'eau; I'acide hydrocinnamique non trans-
form^ se pr^cipile en gouttelettes buileuses ou cristallise
par refroidissement de la liqueur; on le s^pare par d^can-
tation. La m^lhode generalement employee pour s^parer
un sulfacide de Texc^s d'acide sulfurique auquel il est
forceraent melange, methode qui consiste k traiter le me-
lange par un excfes de carbonate de baryum ou de plomb,
n'est pas applicable sans modification, dans le cas qui nous
occupe; Tacide sulfobydrocinnamique donne, avec un
exc^s de ces carbpnales, des composes pen solubles. Pour
tourner cette difiiculte, nous avons traite le melange
d'abord par une quantite decarbonate de baryum insuffi-
sante, puis nous y avons ajout6 de Teau de baryte jusqu'i
cessation de precipitation. Arrive k ce point, nous sepa-
rames la liqueur du pr6cipit6 de sulfate, et nous la divi-
s&mes en deux parties egales; Tune de ces parties fut
rendue neutre au papier de tournesol, au moyen de la
baryte, puis ajout^e a la seconde; de cette maniere on a
en dissolution du sulfohydrocinnamate acide de baryum
que Ton en retire pjar evaporation et qui se pretebien a la
puridcation.
On pent egalement mettre a profit pour I'obtention du
sulfacide, la propriete qu'il a de former un sel de cuivre
insoluble dans I'eau; dans ce cas, au lieu de saturer par
le carbonate et Thydrate de baryum, on neutralise par le
carbonate de sodium; on concentre la liqueur par evapo-
ration et on enleve le sulfate de sodium qui cristallise par
le refroidissement; on etend de nouveau avec de I'eau et
on porte k robullilion; Taddition d'une dissolution de
sulfate de cuivre determine la formation d'un precipite
( 109 )
bieu p4ie qu'oii laisse deposer et qu'on separe par fil-
tration.
Pourextraire I'acide de ce sel, on le met en suspension
dans Teau et Ton traite par nn courant d'acide sulfhydriqne.
Voici les propriet^s de I'acide sulfohydrocinnamique et
de quelques-uns de ses sets.
Acide sulfohydrocinnamique C^H^^SO-'^
Get acide a 6t6 obtenu en prc^cipitant, soit une dissolu-
tion du sel acide de baryum par la quantity exactement
n6cessaire d'acide sulfurique, soit une dissolution du sel
acide de cuivre ou de cadmium par I'acide sulfhydriqne.
On filtre, puis on 6vapore au bain-marie; on s'arrfite quand
la liqueur prend une consistance sirupeuse, et on laisse
I'operation se continuer sous I'exsiccaleur ; il se forme S la
surface une mince croAte cristalline, et dans la liqueur il
se depose des cristaux hexagonaux aplatis qui nous ont
paru devoir 6tre rapport6s au syst^me clinorhombique.
L'acide est tr6s-soluble dans I'eau; il est meme deli-
quescent k I'air charge d'humidit^ : une petite quantity
laiss^e k I'air se trouve tantdt crislallisee, tanldt dissoule ,
suivant les conditions d'humidit^ et de temperature.
H n'a pas ete possible d'obtenir cet acide sous une forme
convenable pour I'analyse, mais la composition de ses sels
ne laisse pas de doute sur la formule qu'on doit lui attribuer.
Snlfohydrocinnamate acide de potassium C^ H^ K SO^.
Ce sel a et6 obtenu en precipitant exactement une dis-
solution de snlfohydrocinnamate acide de baryum, par le
sulfate neutre de potassium; il est tres-soluble dans I'eau
( no )
et sc depose de 3a dissolution dans ce liquide, sous forme
de croutes blanches; pour I'oblenir cristallis^, on ajoule
de Talcool k sa dissolution concentric et chaude; il se
depose par refroidissement en paillettes blanches nacrees.
II est exempt d'eau de cristallisation. Un dosage de potas-
sium a fourni le r6sultat suivant :
0^',7^54 ont donn^ par calcination avec de I'acide sul-
furique 0«',2514 de sulfate neutre de potassium.
TROUV^. CALCULI.
K«/o 14.32 14.58
Sidfohydrocinnamate de potassium SC^HJK^SO^ H- H^O.
On Tobtient en neutralisanl une dissolution du sel pre-
cedent; il cristallise par refroidissement d'une dissolution
saturee dans Talcool 6tendu, en petits prismes clinorhom-
biques aplatis parall^Iement k leur plan de sym^trie;
chauffe sur une lame de platine, il fond, puis se boursoufle
en degageant une odeur aromatique et laisse un charbon
volumineux.
0'^',4249, chauffifis progressivement jusqu'ii 160^C, ont
perdu 0^0121.
TROUV^. CALCULI.
H«0"/o .... 2.85 2.86
La meme quantity de substance a donn6 0*',2230 de
sulfate neutre de potassium.
TROUV^. GALGUL^.
K% 23.53 24.77
( m )
Sulfohydrocinnamate neutre (Tammonium
C»H«0SO^2NH3h.H2O.
On dissout racide libre dans un excfes d'anunoniaque ct
Ton abandonne a I'evaporation spontan6e ; le sel se depose
k Fetat cristallin; mais on I'obtient plus beau et plus pur
en ajoutant de I'alcool absolu k une dissolution aqueusc
chaude et concentric; il se depose alors par refroidis-
seraent en lames rhorabiques transparentes.
0«%6312 de substance ont donn6 0«',4368 de platine.
TROUV^. CALCULI.
NH«o/o .... H.92 12.06
C'est de cette determination que nous avons conclu a la
presence d'une molecule d'eau de cristallisation, la deter-
mination directe de Teau dans les sels ammoniques ^tant
toujours plus ou raoins sujette k caution. Anhydre, le
sulfohydrocinnamate neutre d'aramonium devrait conte-
nir 12,88 % d'ammoniaque.
Sulfohydrocinnamate acide de baryum
C«8H*8BaS2Oi0-h3H2O.
Brut, c'est-i-dire encore fortement colore, il se depose
par refroidissement d'une' solution aqueuse satur^e, en
croutes dures et compactes; purifie, il est Wane et se de-
pose en mamelons h^risses de pointes cristallines. Tl cris-
tallise le mieux d'une solution contenant une petite quan-
tity d'acide libre. C'est par I'analyse complete de ce sel que
( 112 )
nous avons cl6termin6 la formule de Tacide* sulfohydrocin-
namiquc; voici Ics differents r^sultals obtenus :
I. 1*',5125 de substance ont perdu par dessiccation it
H5**C dans un courant d'air sec 0*^^I04 d'eau.
II. 0*^4624 de substance ont donn6 par combustion
0^,1569 d'eau. (Le dosage du carbone a &i6 manqu^ par
suite d'un accident.)
Til. 0*%4232 de substance ont donne par combustion
0^5246 d'acide carbonique et 0'%1523 d'eau.
lY. 0^,4495 de substance ont donn6 par precipitation , au
moyen d'acide sulfurique, 0*',1601 de sulfate de baryum.
V. 0%%64 de substance ont donn^ par precipitation ,
au moyen d'acide sulfurique, 0*',2026 de sulfate de ba-
ryum.
VI. 0^',4541 de substance, fondue avecdu carbonate de
sodium et du nitrate de potassium, ont donne par precipi-
tation, au moyen du chlorure de baryum, 0"^,3316 de sul-
fate de baryum,
Exprim^s en centi^mes, les resultatssont les suivants :
I. II.
III. IV.
V.
VI.
CALCULE.
c . .
— —
33.65 —
—
33.29
H . .
- 3.77
3.97 —
—
—
3.70
Ga . .
— —
- 20.94
21.03
21.11
S . .
— —
— —
—
10.03
9.86
Eau .
. 8.62
— __
8.32
Sulfohydrocinnamate neutre de baryum
C9H8BaSO^-hH20.
On ajoule a une dissolution du sel pr6c6dent, de Thydrate
de baryum en l^ger exces; on precipite Texces par un
courant d'acide carbonique et on filtre. La liqueur laisse
( 115 )
d^poser, aussi bien par evaporation spontan£e que par
Evaporation au bain-marie, des croi^tes blanch&tres non
crista! lines. Nous ne sommes pas parvenu a obtenir ce sel
a Tetat cristallisE.
1*^,7554 de substance ont perdu 0*%0876 par dessic-
cation.
TROUY^. CALCULI.
HH)«/a .... 8,05 4.70
LMnexactitode de cette determination provient appa-
remment de I'^tat d'agr^gation du sei.
1^,6478 de substance, privee de son eau, ont donnE
par precipitation , au moyen de Tacide sulfurique, 1^,0530
de sulfate de baryum.
TROOV^. CALCOL^.
BaWo 37.53 37.57
Sulfohydrodnnamate acide de cadmium
C«8HJ8CdS«O»0H-4H2O.
On pr^cipile exactement par le sulfate de cadmium une
dissolution de sel acide de baryum et Ton Evapore. Le sel
de cadmium cristallise facilement; la quantity que nous
avions k notre disposition Etait trop faible pour que nous
pussions obtenir des cristau.\ bien d^tinis.
l*',1950de substance ont perdu pardessiecation k 125°C,
(r,1326.
TROUVl CALGULli.
H»ov« . ; . . n.io nai
La mSme quantity de substance, dissoute dans Peau et
2"' SfeRIE, TOME XXX. 8
( Hi )
traitee par un courant d*acide sulfhydrique, a donn^
0'^',26S0 de sulfure de cadmium.
TROUV^ CALCULI.
Cd% 17.24 17.45
Sulfohydrocinnamate neutre d'argent C^H^Ag^SO"*.
Dans rinleaiion de preparer le sel acide, nous avons
melange des dissolutions chaudes de sulfohydrocinnamate
acide de potassium et de nitrate d'argent; par refroidis-
sement, il s'est depos^ des paillettes blanches nacr^esque
nous avons recueillies et analysees.
0^^,8489 de substance ont donn^ 0«',5461 de chlorure
d'argent, soit :
TROUVE.
Ag'>/o 48.43
I.e sel etait exempt d'eau.
Ce resultat nous donna la preuve que nous avionsobtenu
le sel neutre; en effet, celui-ci contienl :
CALCCLE.
Ago/o 48.63
Le sel acide qui se forme evidemment d'abord se de-
double done en acide libre et en sel neutre.
Sulfohydrocinnamate acide de cuivre
C*8H>»CuS*O»0h-4H2O.
En precipitant exactement une dissolution de sel acide
de baryum par une dissolution de sulfate de cuivre, on
obtient une liqueur verte qui, par concenlralion, prend
( 415 )
une couleur vert-6naeraude magnifique et laisse deposer
un sel cristallis6 vert-pomme et un sel bleu fk\e amorphe.
Ce dernier est le sulfohydrocinnamate basique de cuivre;
pour eviter sa formation, il faut ajouter a la liqueur une
assez forte proportion d'acide libre.
L'analyse du sel cristallis6 nous a donn^ les r^sultats
suivants :
i ",6070 de substance ont perdu par dessicca lion 0*',! 898.
TROUV^. CALCULI.
H«0«/ 11.80 12.13
La mSme quantite de substance contenait 0'',1708 de
cuivre.
Rapport^ a la matiere seche :
TROUY^. CALCULI.
Cuo/o 12.05 12.06
Rapport^ k la matiere humide :
TROUV^. CALCULI.
Cu«/o 10.65 10 69
Sulfohydrocinnamate basique de cuivre.
Ce sel a une grande tendance k se former, ainsi que le
montre sa production pendant Tevaporation d'une disso-
lution de sel acide. II se depose apr^s quelques instants
d'une dissolution de sulfohydrocinnamate neutre de potas-
sium additionn6e de sulfate de cuivre. II est amorphe et
insoluble dans I'eau. L'analyse fournit des r^sultats qui se
rapprochent de la composition calcul^e pour la formule
(116)
C<8H<8Ca3SSO<2 + 3H30; le sel aurait alors la coosii-
lution repr^stintte par. ia forrante ei-dessous :
~™ ^CH« — CB«— C06 — CU--OH
"^CH' — CH«-r-COO.— C»-OH.
Un atome de cuivre (Ca) dialomique, en se subsiitu^nt
aux deux atomes d'hydrogfene des radicaiii'SO^H de deux
molecules d'acide, tient celles-ci rfiunies; ies deux autres
atomes de cuivre sc subslUuent par une affinite aux atomes
d'hydrogfine des radicaux COOH etont Icjursecondie affihil^
satisfaile chacun par un atome d*hydroxyle OH.
Qu*il nous soil permis , en terminant, d'exprimer notre
reconnaissance h M. le professeut Kekul6, sous la direction
duquel ce travail a ite fall, et h M. le doctcur Glaser, qm
nous en a inspire I'id^e.
EUide zoologique et analomique du genre Macrostomum el
description de deux especes nouvelleSy par M, Edouard
Van Beneden, docleur en sciences nalurelles.
Dans une eau stagnante des environs de Lou vain (fosse
dit du Moulin de fer),j*ai decoilvert,au mois dejuillet
de Tannic derniere, une jolie Turbellariee qui, par I'en-
serable de son organisation, se rapproche beaucoup d*un
Rhabdoc^le d^crit depuis longtemps par (Ersted (i) sous
le nom de Mncrostamum hisirix. J'ai Thonneyr de pre-
<1) OEtsXe^i Bnttouff einer systemaliaehen Eintheiiung und spedellen
Beschreibung der PlaUioUrmer. Copenhague, 1844.
(H7)
scnter a la elasse lai deseription die eet anrmal nouveau
pour la science^ €t'je propose de le designer sous le nom
de Macros tomum viride>_
Dans moo m^moire sur la composiiioa et la significa-
tion de lWf(1)Vj'ai figure pi. IV, fig.dO,un autre Rhabdo-
cele nouveau , lrotiv6 enf abondarice au iiiilieu des Fucoidees
el des Zpst^raeees s.ur les cdles de Bretagne (Concarneau).
Cet£e ^pece est .yoisine de celle que Claparede a trouv^e
k Saipt-YaasJ sur la cd^e de Normandie et qu'il a d^crite
sous le uomieMqcro&lomum Schultzii {^). J'ai dedie I'es-
peiQ^iiouvelle^ tr9^y^e ea Bretagne^au c^l^brei naturalisle
de Gen6vey',Qn J'^pela»t Macrostomum Claparedii, Je
donnerai id la description de celle. jolieespece, et je ferai
suivre ritMdo,^^ ces formes nouvelles des considerations
qui m'ant porjle-^erigep ep f^miUe le genre Macrpslomum
et a y etablir Irois coupes g^n^riquesj.. ,
Macrostomum vfridf, Ed. Van Ben.
Cette es|)6ce atteint une longueur d,e deux millimetres
environ, sjijr que largeur moyenne d'un demi-milJimetre.
Elle.se fait iQ^qt (('abordi remarquerpar sa coloration d'un
vert brun^tre, qui depend de ce que Tintestin est gen^-
raljapdent ramptii 4,'uae jqii^^ntUe C9nsideral)le de debris de
differenles.alguesi de,nayic^l|es et d'autres plantes mono-
cellair^s. C'Q$]t. pour rappeler , cette particularite que je
propose Je.Aorp spepifique da vinrff
■ * ■ I ^.^ I j j P I I I ^ nil I I >| # H ii*# * t i| I j I I I V T ■ ■! > ■.!■>■ I <j ■ ■ ■ I ij ,1 I -. \^
(I) ' Edouard Van Beneden-, fhch^rches sw la camposHiori et la aigni-
ficalion de I'ceuf, Mtu. cour. de l'Agad. roy. de Belgique, t. XXXIV.
(2) ^douard Claparede, Beobachtungeniiber Analomie undEntwickc-
lungsgeschichle wirbettoser Thiere an dor KUste von Normandie an-
gestellL
(H8)
Legerement aplati dans toute sa longueur et tronque en
avant, le corps s'^largit progress) vement d'avanten arriere
jusque vers le milieu de sa longueur et se termine par une
expansion caudale organisee de fa^on k pouvoir fonction-
ner comme une sorte de ventouse.
Je donnerai successivement la description des differents
appareils.
TEGUMENTS.
Toute la surface du corps, k Texception de Texpansion
caudale , est couverte de cils vibratiles Ires-greles et Irte-
courts. Les cils sont implant^s a la surface d'une membrane
cutanee a pen pres transparente, form^e d'une substance
fondamentale finement granuleuse, dans laquelle. se trou-
vent repandues des v^sicules claires serrees les unes centre
lesautres. Ces v^sicules ont une forme ellipsoidale regu-
liere, et a premiere vue on les prendrait pour des elements
cellulaires; Max Schultze (1) a demontre que ces corps
v^siculaires ne sont pas des cellules, et qu'il faut les consi-
derer plutdt comme des lacunes situees dans la substance
protoplasmatique de la peau.
On trouve dans la coucbe cutanee une quantite consi-
derable de petits b&tonnets formes d'une substance refrin^
genie de nature organique, mais non chitineuse. Ces baton-
nets ont la forme de massues, a grosse extr^mite dirig^e
vers Texterieur; ils sont uniform^ment distribues dans la
peau, oil ils occupent, soit la substance granuleuse. qui
separe les ^l^ments v^siculaires transparents , soit I'inte-
rieur m^me de ces ^l^ments. .
La surface du corps est presque compl^tement depour-
(1) Max SchuUze, Naturgeschichte der Turbellarien.
(HP)
vue de soies longues et raides semblables a celles que pre-
sente le Macrostomum histrix. On en trouve neanmoios
trois ou quatre de chaque c6te de la ligne m^diane k Tex-
tr^mit^ ant^rieure du corps.
Je \ieDs de dire que Textremit^ caudale est organis^e de
fagon k pouvoir foDClionuer comme veutouse : sur tout son
pourtour, elle estcouverte de petiles papilles transparenles
et contractiles, qui , par ieur extremity libre , peuvent con-
tracter adherence avec ies corps solides sur lesquels rampe
Tanimai. Entre ces papilles, on trouve (^k ei\k quelques
soies raides, d'une longueur peu considerable. Ces soies
prennent chez le Macrostomum Schultzii un enorme deve-
ioppement et donnent a cette partie du corps un aspect
tout particulier (1).
Dans r^paisseur de Texpansion caudale, ies b^tonnels
sont plus nombreux que dans Ies autres regions du corps.
Sur toute la surface de Tanimal, la peau, nettemenl deli-
mitee, est s^par6e du parenchyme sous-jacent par une ligne
de demarcation nette et tranchee. II n'en est pas ainsi
dans Texpansion caudale. — Dans cette region on distingue
une couche de (ibrilles musculaires affectant une disposi-
tion rayonn^e. Dans le restedu corps je n'ai pas observe, sous
la peau, la couche de fibres musculaires que Max Schultze
a reconnue cbez on grand nombre de Rhabdoceles.
.SYSTfeME NERYEUX.
II consiste en une bande transversale de substance ner-
veuse tres-dislincte an milieu du parenchyme du corps,
grace k une transparence plus grande que celle des organes
(1) Claparede , /oc. ciU pl- IV, fig. 1
( 120 )
avoisinants. Elle est situ^ k peu de distance au-devanl du
buibe buccal etpr^sente deux renflements lat^raux , relies
enlre eux par une partie moins ^largie, une sorte de com-
missure. Ces deux renflements lat^raux rappelient la com*
position de^ centres nervenx des Turbellarr^ plus Aleves,
Chez lesquefeon trouve deux ganglions relife entre eux par
une commissure m^diatie. La bande nervease se prolonge
sur les deux cdt^s de la ligne m^diane en un cordon blan-
cb&lre qui se dirige en arrifere et en dehors et qu'on ne
pent suivre que dans un court trajet.
Organes de sens.
Un peu en arrifere de I'organe nerveux central, imme-
diatement au-devant du bulbe buccal, on trouve les yeux.
lis sont au nombre de deux et consistent en une simple
tache de pigment norr, eniour^e d'une zone circulaire
transparente, probablement de nature nerveuse, qui est en
continuity de substance avec la masse nerveuse centrale.
On n'y trouve aucune trace d'un organe refringent compa-
rable i un cristallin.
Apparefl digestif.
II est formi dun bulbe musculaire volumineux, s'ou-
vrant k Text^rieur par une fente longitudinale (la l>oucbe),
et d'un reservoir allonge, termine en cul-de-sac k Textr^-
mit4 posterieure du <5orps (rinlestin). Les parois de Tintestin
ne sont pas rectilignes; elles sont irr^guli^rement ondulees
ou plissees , de fa^on k circonscrire un grand nombre de
diverlicules lat^raux , dont la forme et la disposition varient,
a chaque instant, par suite des mouvements que le canal
( 121 )
digestif execute. Pendant ces mouvements de contraction
de I'intestin yon reconnatt aisemenl Texistence d'une cavile
distincte situee entre les parois inteslinales el le paren-
chyme du corps. Elle est remplie d'un liquide incolore,
qui recoil les protiuits de la digestion et qui fait fonction de
sang. Dans I'^paisseur des parois du tube digestif on recon-
natt des cellules arrondies ou ovo'ides , dans lesqueUes on
distingue un ou plusieurs globules r6fringents de coloration
brunlitre. Dans lesdifferents individus que j*ai eus sous les
yeux, le lube digestif itail renapli de debris de v^g^taux
et surtout de navicelles de differentes dimensions. Je n'ai
pu constaler dans rinlestin T^xistence d'un mouvement
vibratile, observe par Max Schultze chez le Macrostomum
histrix,
Appareil EXCR6TE€R.
0. Schmidt (1) et, apr^s lui, Max Schultze (2), onl decril
chez certains Turbellaries un appareil vasculairo dans le-
quel circule un liquide incolore et transparent. Get appareil
s'ouvre a Texterieur , comme Ta monlr6 0. Schmidt , ct le
liquide y est mis en mouvement par Taction de cils vibra riles
Ires-longs, inserts sur les parois des vaisseaux. 0. Schmidt
et Max Schultze ont d^signe cet appareil sous le nom de
sysl^me aquifere; ils le considerenl comme servant k la cir-
culation de I'eau oxyg^nee k Tinterieur de I'organisme, et,
par consequent, k la respiration.
J'ai constat^ I'existence d'un double sydt^me de vais-
seaux Ires-compliques chez le Macrostomum viride. Aux
(i) Oscar Schmidt, Die Bhabdocwlen Slrudelwilrmer dessUssen Was-
«0rj. Jena, 1848.
(2) Loc. ciL
( m )
deux coles du corps on voit un canal transparent decrire
des ondulations irregulieres ; il donne naissance a un grand
nombre de branches coUaterales qui se portent, les unes
en avant, les autres en arriere, pour s'anastomoser entre
elles et avec le ironc principal; ces branches coUaterales
donnent naissance a des rameaux de plus en plus grSles,
qui se ramifient dans le parenchyme du corps. Aux deux
extremiles de Tanimal le Ironc principal se r^sout en
branches ramifl^es tr^s-tenues; les ironcs les plus volumi-
neux se Irouvent vers le milieu du corps. Je n*ai pu decou-
vrir les points ou ces canaux s'ouvrent h I'exterieur.
Get appareil presente les plus grandes analogies avec
I'appareil vasculaire des Tr^matodes et des Cesloides; et
comrne il est bien etabli que chez ces Helminthes le sys-
t6mc vasculaire est un appareil excreleur, je suis tres-porte
a croire, contrairement a Topinion emise par 0. Schmidt
et Max Schultze, qu'il joue le meme rdle chez les Rhabdo*
celes. La respiration doit s'op6rer avec la plusgrande faci-
lile par la surface du corps toute couverle de cils vibratiles
et depourvue de cuticule, et Ton ne voit gu6re la necessite
pour ces animaux d'avoir un appareil aquifere pour faci-
liter les ph^nom^nes de respiration. L'existence d'un appa-
reil excreteur n'avait pas encore ^t6 signal^ jusqu*ici chez
les Macrostomiens.
Appareil sexuel.
Gomme tons les Rhabdoceles , le Macrostomum viride
est hermaphrodite. L'appareil femelle,comme I'appareil
m^le, est constitu^ de deux moiti^s semblables : il existe
deux ovaires et deux testicules. Les testicules sont situes
au-devant des ovaires aux deux cdtes du corps, et on les
voit en grande partie ^ c6te du tube digestif.
(.123)
Appareil male.
II se conslitue^comme nous venons de ie dire, de deux
testicules pourvus chacun d*uD canal deferent, qui est, en
grande parlie, cache par les ovaires. Ces canaux se reu-
nissent en un canal excreleur unique, qui aboulit^ a la
partie poslerieure du «orps, k une vesicule ^eminale dont
les parois se continuent avec un p6ni$ corn^. La vesicule
s^minale et le penis sont entoures d'une couche de fibres
musculaires de forme circulaire, destinees k comprimer la
vesicule pendant Taccouplement et a produire Ti^jaculation
du sperme.
Les testicules out une forme ovoide allongee a grosse
extremity dirig6e en arriere. L'extremite anterieure est
remplie d'une masse granuleuse; dans la partie la plus
elargie, on voit des faisceaux de filaments spermatiques
enroules en boule et a differents degres de developpement.
*
Appareil femelle.
II se constitue de deux ovaires allonges en forme de
tubes, a grosse extremity dirigee en arriere et en dedans.
Ces tubes, depourvus de parois propres, sont creuses dans
le parenchyme du corps. L'extremii6 anterieure dcs deux
tubes est remplie d'une masse protoplasmatique tenant en
suspension desnoyaux plus ou moins volumineux, qui sont
les jeunes vesicules germinativos. Dans la partie la plus
large du tube, les oeufs tendent k sindividualiser et a se
separer les uns des autres, grace a Tapparition de siilons
dans la masse protoplasmatique commune : ces siilons pro-
gressent de la peripheric vers le centre du tube; ils out
pour eilfit de separer les ceafs cTabord fondusen nne masse
comniiiae et de deliinileraulour de cbaqoe v^icule germi-
native une eoucbe dislincte de protoplasme.
Chez tons les Rhabdoeriks les Yemenis nutricifs du
vitellus se d^veloppent daes des glandes distindes que
j'ai appel^es deutoplasmigenes (1). Dans les Macrostornvm
il n'exisle pas deglande sp^ciale pour l'6labarfUion des ele-
ments nutritifs du vitellus : c'est le protoplasme des oeufs
qui fait fonclion de cellules s^cr^loires, et TcBuf elabore
lui-meme, aux d6pens du liquidc nourricier, les il^ments
destines k nourrir le futur embr}X)D« Cependant, thez le
Macrostomum viride , il se d^veloppe dans le parenebyme,
qui eotoure les omfs les plus avancite , des cellules chargdes
degranulatioDS vitellines, qui p^n6trentdan»le protoplasme
des oeufs encore d^potirvus de membrane^, pour se fondre
avcc le corps protoplasmatiqoe de I'oeuf. C'est 14 un pheno-
mene d'une haute importance. II demontre bien la vraie
signilication des glandes qui ont porte cbez les Tren^atodes
le nom de vitellogeties : ces glandes n«(£Iaborent ni le vitel-
lus de Toeuf , ni an produit comparable 5 Talbumine des
oiseaux; elles s^cretent Ies41<^ments nutritifs du vitellus :
Ic deufcc^lasme. An point de vue de la th6orte cellulaire,
le fait observe cbez le Macrostomum viride a nne grande
importance : une cellule protoplasmaii<}ne peut done bien
ceriainement manger une autre cellule et la faire p^n^trer
k son int^rieur. La forme ruditneiitaire da deutoplasmi-
g^ne cbez notre esp^ce montre bren qm Tappareil sexuel
du Macrostomum viride est interm4diaireen!re rappareil
complete des autres Rbabdoc^les et Totaire simple des
' ■ - -
(t) Edouard Van Bencden, Recherches sur la compost (ion et Id signi-
fication de Vosuf.
( 125 )
auires Macros tomiens ^ des Dendrocelies el des Nemertiens.
Souvent on troovie' an oeaf conapi^tenient d£vel^pp(3 el
pourvu d'une membraQe mince, incoiore et transf)aren(e
enlre ies eitr^mil^ posl^rieores des deux ovaires. Je ri'ai
pud^c<mvrir rorifioe par ofii Ies OBufs sont ^vacu6$.
Omalostomom Claparedh, Ed. Van Ben.
Stnon. Macroslomum Claparediiy Ed. Van Ben. {Mem. iur la compoi, et la
signif. de I'oeuf, pi. IT, fig. 10).
Cette espece est marine. Je I'ai troav^e en assez grande
aboadanee au milieu de diffSrents Fucoides et de Zostera,
siur Ies €6le8 de Ja Bretagne (Goncarneau). Longue de 0,5
h 0,6 de millimetre, elle priisente un corps fasiforme qui,
comme cfaez le Macrastomum viride, se termine par une
expansion caudate organis^e de fa^on a permettre k Tani-*
mal de se fixer sur Ies corps solides.
La peau, d'une ^paisseurpeu considerable, est reeou-
verte de cils vibratiles beaucoup plus longs que oeiix du
Macrostomum viride. Elle se distingue surlouten ee qu^elle
renferme des b^tonnets tres*allonges, dont Textr^mite
cfBl^e depasse la surface du corps de la moiti^ de leur lon-
gueur environ. Ces bdtonnets affectent la forme de piquants
et sont uniformiSmenl r^partissur toute la surface du corps,
k Texception de Texpaosion caudale ou ils font complete-
menl defaut. Glaparede a observe chez Tespece qu'il a
decrite sous le nom de Macroslomum Schukzii (irouvd^
Saiut-Yaast-la'^Hongiie sur Ies c6ies de Normandie), la
roeme particularity : < Die St'abeben hervorragen elwas
mil ihren Spitze fiber der Oberflache der Haut. p Mais Ies
b4lonnets sont tres-peu volumineux chez I'espece des cdtes
de Normandie. lis sonl rudimentaircs, compares k ceux
( 126 )
de Tesp^ce observie 4 Concarneaa , et chez cette derniere
lis ne sent jamais , comme chez le Macrostomum Schultzii,
disposes en faisceaux de trois Mtoonets.
li n'existe pas k la surface du corps de soies raides et
d^licales comme- celles que Clapar^de a signal6es chez I'es-
p^ce qu'il a d^crite. L'extr6mit6 caudale elargie est cou-
verte de petites papiilesd'une extreme delicatesse, transpa-
rentes etcoutractiles; par leur extremity libre elles peuvent
s'attacher, comme le feraient autant de petites ventouses
pedicul^es, aux corps solides avoisinants, et Pexpansioa
caudale du Macrostomum Claparedii peut jouer le rdle d*un
organe d'adhesion tr^&-puissant.
Je n'ai pas trouv6 de traces du systeme nerveux. Les
yeux cansisteot en deux taches oculaires form^es d'un
pigment fonc^. lis out une forme circulaire et sont plus
volumineux que dans les autres especes du m4me genre.
Comme chez I'esp^ce marine d^crite par GlaparMe, ils se
trouvent situ^s derrtere le bulbe buccal , tandis que chez
le Macrostomum histrix et chez le viride ils sont places
en avant de la bouche.
Le bulbe buccal, sittt6 tout pr^s de Textr^mit^ ant6-
rieure du corps, pr&ente une forme ovalaire : il est com-
prim^ lat6ralement et s'ouvre k I'ext^rieur par une fente
longitudinale, qui mesure la moiti^ environ de la longueur
du bulbe. Au bulbe buccal fait suite un intestin k parois
delicates que je n'ai pu saisir dans toute la longueur du
corps, et qui n'est bien reconnaissable que dans la moiti^
anterieure de Fanimal , oh il renferme des d6bris d'algues
marines. II n'existe pas de traces d'appareil excr6teur.
L'appareil sexuel femelle est unique et situe sur la
ligne mediane; il consiste en un tube aveugle k parois
( 127 )
propres, dont rextr^mit^ ant^rieure est remplie d'line
masse protoplasroatique commuDe , tenant en suspension
des noyaux cellulaires qui sont les v6aicules germinatives
en voie de formation.
Le germig^ne des Macrostomwn ne differe done en rien
d'essentiel de celui des autres Rhabdoc^les. Mais chez eax
le protoplasme ne se d^limite en une couche distincte au-
tour des v^sicules qu'apr6s s'^tre charg^, dans la partie
infi^rieare du canal, qui fait fonction de deutoplasmigene,
de globules refringents, qui sont les elements natritifsdu
vitellus. Cette delimitation du protoplasme autour des v^-
sicules germinatives se fait k la suite d'un ^tranglement
qui apparait entre deux oeufs voisins et qui s'aceuse de
plus en plus, jusqu'^ ce qu'a ia fin Toeuf le plus avance se
detache compl^tement des autres. Ceux-ci forraent par
leur reunion une veritable chaine, en continuite de sub-
stance avec le liquide pretoplasmatique ^ noy4ux qui rem*
plit Textr^mite en cul-de-sac du tube sexuel. II y a done
cbez cette esp^ce fusion complete entre le germigene et le
deutoplasmigene : les deux parties constitutives du vitellus
se ferment dans un seul et meme organe, et les oeufs
eiaborent eux«mdmes les elements nutritifs pour le futur
embryon.
L'appareil femelle est pourvu d*un orifice sexuel distinct
de celui qui sert i r^limination de la liqueur m^le, comme
c'est, du reste, le cas chez les diffi6rentes especesdu genre
Macrosiomum. Ce caract^re distingue encore les Macros-
tomiens de tous les autres Rhabdoc^les. Le genre Convo-
lula seul se trouve, sous ce rapport , dans le m^me cas que
les Macrostomiens.
L'appareil male, silu6 pres de I'extr^mite post^rieure
du corps 9 se constitue de quelques vesicules spermig^nes,
( 128 )
d'une v^sicule s^minale et (run p^nis cofd^ dont les parois
se contiouent avec celles de la v^sicule s^minale.
On le voit, ie Macrosiomum Claparedii presenle de
grandes analogies d'organisation avec Tesp^ de la Mancbe
d^crite par Clapar^de ; mais ces deux espdces i^'^loiguent
beaucoup du Macrostomum histrix ei d^at M^rostomum
viride. Leur organisation est beaueoup plus simple, et
celte simplification s'accuse par Tabsence de certains ap-
pareils comme par T^tat plus rudimentaire que revdtent
d'autres organes.
A Texemple de OErsted , 0. Schmidt a bas^ la classifica^
tion des Rhabdoceles sur les caracti^restir^s de la constitu-
tion et de la position de la boucbe, et, aux quatre divisions
^tablies par OErsted, il en a ajout^ deux autres : celle des
Opistomiens et celle des Schizostomiens.
Xa famille des Schizostomiens , caract^ris^e par une
bouche consistant en une fente longitudinale , situ6e pres
de I'extr^mit^ ant^rieure du corps, comprend deux genres:
le genre Schizostomum et le genre Macrostomum. Max
Schultze a adopts cette classification.
Une classification bas^e sur un caractere unique ne
pcul £tre acceptee comme classification naturelle qu'^ la
condition que ce caractere entraine avec lui des modific>a-
tions dans Tensemble de Torganisation. ^organisation du
genre Schizostomum est tres-diff(Srente de celle des Macros-
tomiens et se rapprocbe beaucoup plus des M^sostomiens.
Le bulbe musculaire, que 0. Schmidt d^signe sous le nom
de OS suctorium, est bien certainement le bulbe buccal , et
Torgane qu'il consid^re comme Tentr^e du tdbe digestif
a une tout autre signification.
S'il faut ranger le genre Schizostomum dans la famille
( 129 )
des M^sostomiens, il ne reste dans ta sixieme division des
Rhabdoc^les, telle qa'elle a ^l^ ^tabiie par 0. Schmidt et
adoptee par Max Schultze, qae le seul genre Maa'os-
tamum, k moins d'admettre avec V. Cams (1 ) que les genres
Orthastomuvn y Schizoprora, ConvolutUf Teleostomum^
Proporus et Varticeros appartiennent k la mdme famille.
Mais il est bien ^yident que e'est la un groupement pure-
ment artificiel: la famille des Schizostomiens renfermerait,
dans ce cas, des organisations essentiellement diff^renles,
et qui n'ontque ce seul caract^re commun d*avoir labouche
situee k Textremit^ ou pr^s de Textr^mite ant^rieure du
corps.
L'organisation des diflTerentes esp^cesdu genre ilf acro^^
iomum diffi^re suffisamment de celle des autres Rhabdo-
c^les pour justifier la creation d'une famille des Macros-
tomiens, ayant la mSme importance que les divisions
d6sign6es sous le nom de ProstomienSf Mesos tomiens y
Derostomiens et Opistomiens.
La famille des Macrostomiens se caract(&rise :
l"" En ce que le germigene et le deutoplasmigene sont
confondus en un seul et m^me organe; 2° en ce qu*il
existe deux pores genitaux, Tun m&le, I'autre femelle;
Z"" en ce que la bouche consisle en une fente longiludinale
conduisant dans un bulbe musculeux, situ£ tantdtau-
devant, tantdt derridre les taches oculaires; A"" les yeux
manquentou consistent en une simple tache pigmentaire;
lis sont constamment d^pourvus de cristallin.
Les deux premiers caracteres separent les Macrosto-
miens de tous les autres Rhabdoc^les. Par la constitution
(i) V. Gams ond Gerstagker, Handbueh der Zoologie.
2"* S^RIE, TOME XXX. 9
( 130 )
de leur appareii sexuel les Macrostomiens se rapprocbeni
des N6mertiens et des Dendroc^les.
Mais rorgaDisalion est loin d'etre uuiforme dans cette
famille : le Macrostomum auritum decrit par Max Sehultze
se distingue de I'espece primitivement connue et d^crite
par (Xrsted, 1** en ce qu'il est depourvu d'yeux; 2° en ce
qu'il pr^sente un organe servant k Taudition et qui est
situ6 sur la ligne m^diane au-devant de la bouche. On
n'en trouve aucune trace chez les autres Macrostomiens.
Au contraire, I'espfece d'eau douce que j'ai d6crite sous
le nom de Macrostomum viride est tr^s-voisine du Macros^
tomum histrix, et Tespece msirine que j'ai fait connaitre
sous le nom de Macrostomum Claparedii se rapproche
beaucoup de Tesp^ce marine decrite par ClaparMe sous le
nom de Macrostomum Schultzii,
Les esp^ces qui rentrent dans la famille des Macrosto«
miens se rangent autour de trois types d'organisation ,
qui, ^ cdt^ de caracteres communs^ pr^sentent entre eux
des differences suffisantes pour justifier I'i&tablissement de
trois genres distincts. Je propose de conserver le nom g6ne-
rique de Macrostomum pour Fancienne esp^ce decrite par
QErsted, k cdt^ de laquelle se place la nouvelle espece
d*eau douce : le Macrostomum viride.
Les deux esp^ces marines se distinguent du genre
Macrostomum, en ce que leur appareii sexuel femelle est
simple et en ce que Tappareil m^le consiste en quelques
v6sicules spermig^nes situ^es dans le voisinage du penis.
Je propose pour ces esp^ces le nom g^n^rique de Omalos^
tomum (de opaAo;, aplati), pour rappeler Taplatissement
lateral du bulbe buccal. Ce genre comprend deux especes :
YOmxilostomum Schultzii et VOmalostomum Claparedii.
Le Macrostomum auritum, M. Sch., se distingue des
( *51 )
precedents par Texistence d'un organe de I'audilion et par
I'absence d'yeux. Je propose pour lui le nom de Mecynos-
tomum (fAj/xyyfi), allonger), qu'il juslifie fort bien , par Tallon-
gement considerable de la fente buccale. Le genre com-
prend I'esp^ce Mecynostomum auritxim.
IIIAGR08T0MUN , dlrsted.
Ge genre comprend des especes d'eau douce. L'appareii
fcmelle est double. L'appaveil mSle comprend deux teslicules
places au-devant des ovaires. Les yeux sont silues au-devant de
la bouche. II n'existe pas de trace d'otolithe.
Macrofltoamin hlatrlz, (Ursted.
La surface du corps est couverte de soles raides et allongdes.
La partie postdrieure du corps n'est pas transformde en appa-
reil d'adhesion. Le pdnis a la forme d'un crochet recourbe.
Station, Eaux douces de TAlIemagne du Nord. G6tes de la
Baltique (1).
MAerofllomain Tlrlde^ Ed. V. Ben.
Le corps est d^pourvu de piquants dans la plus grande par-
tie de sa surface. L'extrdmite caudale est organis^e de facon
k foiictionner comme le ferait une ventouse. Le penis est re-
courbd en S.
Station. Eaux stagnantes des environs de Louvain.
(1) Gette espece, souvent observee dans Teau douce » a ete trouvee
par 0. Fabricius et par Max Schultze dans les flaques d'eaa stagnante le
long des c6tes de la Baltique.
( 132 )
Genre OmALOSTOMUJII, Ed. V. Ben.
Ge genre comprend des especes inarines. L'appareil sexual
femelle est simple. L^appareil m^Ie consiste en quelques vesi-
cules spermigenes disposees autour du pdnis^ derriere les
ovaires. Les yeuxsont situes derriere la bouche. II n'existe pas
d'otolithe.
•■nalofliomani SchnliBll, Glapar.
Synon. Macrostoiidv Schultxii. (Glapar., Beob. iiber Anal.und Eniwick,
wirbelloser Thiere.)
A la surface du corps on trouve de petits baton nets depas-
sant a peine la peau , et rcuni^ en fascicules; ils sont entremeles
dc soies raides et ddlicates. La partie posterieure du corps ,
transformde en ventouse, presentedespapilles d'adhesion entre
lesquelles on trouve de longues soies trSs-effilees. Lo bulbe buc-
cal est situ^ fort loin de Textremite anterieure du corps.
Station. C6tes de Norraandie. S'-Vaast.
Omalosiomatti Claparedtt, Ed. V. Ben.
Si/non, Macrostomum Glaparbdii. {Recherches sur la composition et la tigni-
fkalion de Voeuf, pi. IV, fig. 10.)
La surface du corps est couverte de batonnets qui depassent
la peau de la nioitid de leur longueur. Elle est ddpourvue de
soies. La partie posterieure du corps, couverte de papilles
d'adhesion, est d^pourvue de soies et de piquants. Le bulbe
buccal est tres-rapproche de rextreraitd anterieure du corps.
Station. C6les de Bretagne. Concarneau.
Genre MECYNOSTOinUM, Ed. V. Ben.
L'appareil sexuel feraelle est double. L'appareil ra^le con-
siste en quelques vesicules spermigenes disposees autour dc
I'orifice sexuel. Les yeux manquent. Sur la ligne mcdiane, au-
devant du bulbe buccal , existe un otolitlie unique.
Station. C6tes de la Baltique.
Mari'rtstomutii viride. Ed. V.
C 133 )
Espece. JMeeynostomam aarKuia y M. Scb.
SynoH. MictosTovDK auritdk. (MasL SchuUze , Beilrdge zur Katunjeschichte
der Tnrbellarien.)
Tableau synoplique.
FAMILLB.
MAGROSTOMIENS.
Magrostomuh, OErst . .
Ohalostomum , £d. V. Ben.
Megynostohuh , Ed. V. Ben.
M. histrix, OErst.
M. Viride, Ed. V. Ben.
0. Schultzii, Clap-
0. Claparedii, Ed. V. Ben.
M. auritum,M. Sch.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Macrostomum viride.
c. Peau.
en. Centres nerveux.
y. Yeux.
n. Gordons nerveux qui portent des centres.
fb. Fente buccale.
bb. Bulbe buccal.
i. Intestin.
ce. Ganaux excretetirs.
I, Testicules.
cd. Ganaux deferents.
vs, Vesicule seminale.
p. Penis.
g. Germigene.
cv, Gellules deutoplasmatiques.
0. OEuf mur pourvu d'une membrane.
( 134 )
GLA8SE DES LETTRES.
Seance du i"^ aout i870.
M. E. Defacqz, directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents: MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage, J. Rou-
lez, P. De Decker, F.-A. Snellaert, M.-N.-J. Leclercq,
M.-L. Polain , Ch. Faider, le baron Kervyn de Leltenhove,
R. Chalon, Ad. Mathieu, J.-J. Thonissen, Alph.Waulers,
Conscience, membres; Nolet de Brauwere, Aug. Scheler,
associes; E. De Laveleye, fimile de Borchgrave, corres-
pondanls.
M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences ,
assiste k ia seance.
CORRESPONDANCE.
M. le Minislre de rinterieur adresse divers ouvrages im-
primes pour la bibliolheque de rAcademie. — Remerci-
ments.
— Les Archives de I'Enapire, FiEcole imp^riale des
Charles et la Soci^t^ de geographic , k Paris , la Soci^ie
, ( 135 )
d'histoire et d'archeologie de Ch&hons-sur-Sadne , la Sociel6
des antiquaires de Londrcs, la Bibliothcque de la ville de
Berne, TUniversite de Gottingue et rUniversit6 de Vienne
remercient pour le dernier envoi de publications acade-
miques.
— La Society des antiquaires de Londres a saisi cette
occasion pour completer, par un volumineux envoi de ses
travaux, la collection qu'en possfede la Compagnie.
— La Soci6t6 hollandaise des sciences de Harlem com-
munique son programme de concours de Tannee 1872.
— M. le baron Kervyn de Leltenhove prfeenle un
exemplaire du tome XI des Chroniques de Froissart, qu'il
vient de publier dans la collection des oeuvres des grands
ecrivains du pays. — Remerciments.
— La classe re^oit^ egalement, de divers membres,
I'hommage des ouvrages suivants et en remercie les au-
teurs :
1° Discours prononce par le baron /. de Witte tors de
son installalion, dans la seance du 45 mat 4870 ^ de pre--
sident annuel deVAcademie d'archeologie de Belgique;
2° Cnriosites numismaliques , 16® article; 3** Don Juan
Peres, notices par M. R. Chalon ;
4** Anneessens, poeme, par M. Ad. Mathieu; 3® Edition.
( 136 )
l:t£GT10NS.
MM. Augusle Schelef et Alphonse Le Roy onl et6 de-
signes pour faire partie de la commission academique
chargee de la piiblicatioo d'une colleclioa des oeuvres des
grands ecrivaijasdu pays.
COMMUNICATIONS ET tEGTURES.
Sur une inscription lutine relative a un attentat contre la
vie de Vempereur Septime Severe et de la famille impe'
rialCf par M. J. Roulez, membre de TAcademie.
Dans mon rapport sur les memoires envoyes k notre
dernier concours en r^ponse k la question sur Septime
Severe , j'ai signale (1), entre autres, une inscription latine
de la Tunisie, qui avait echappe aux recherches des con-
currents et qui contient une allusion i nn ev^nement du
regae de c^t empereur. La note dans laqueUe j'ai essaye
de determiner cei ev^nement ayant prLs une 4rop grande
extension pour etre jointe k mon rapport, j'ai cru devoir
la teniren reserve et la communiquer ulterieurement k la
classe.
L'inscdption, comme je Tai dit, est gravee sur un autel
(i) Bulletins de VAcademie royale de Belgique , 3« ser., i. XXIX , p. 525.
( 137 )
d^terr6 dans la vilie du Kef, Tancienne colonie romaine
Sicca Veneria; en void le lexte, tel qu'il est donn^ par le
voyageur fran^ais, M. Gu^rin , I'auieur de la decouverte (1 ) :
lOV! • OPT • MAX
CONSERVATOBI « SAN
CTlSSmORVM « PRINCI
4
PVM • D • D • N • N
IMP • CAES • L • SEPTIMI • SEVERI • PER
TINACIS • AVG • ARAR • ADIA
B • PART • MAX • FORTISSIMl
FELICISSIHI • PONT • MAX • TR
POT • XVI • COS • III • P • P • ET
IMP • CAES • M • AVRELl • ANTO
NlNl • PII • AVG • PARTHICl • TR • POT
XI • IMP • II -COS • lii • p • p • ei P. Sept
imi ' Getae * nobilissimi
Cktes • cos ' u (2). ET • iVLiAE • Aug
HATRIS • AVG • ET • CASTRORVM
OB • CONSERVATAM • EORVM • SA
LVTEM • DETECTIS • INSIDIIS
BOSTIVM • PVBUCORVM
D D P P
A Jupiter fr^s-6on, trh-grandy conservateur des princes
ires-saints, nos maitresj Vempereur Cesar L, Septime
Severe, Pertinax, Auguste, Arahique , Adiabinique , Par*
ihique tres-grand , trhS'Vaitlant y trbs-heureuxy grand-pon-
tife, investi de h puissance tribunitienne pour la 16' foiSj
(1) Voyage archdologique dans la r4gence de Tunis, t. II, p. 6:2.
(2) La fin de la douzi^me ligne, la treizi^me et le commencement de la
qaatof zi^me offr^t nile ^cune, provenadt de oe qu- apr^ h mort de Geta,
Garacalla ordonna de marleler le nom et les litres de son frere sur les in-
scriptions dans tout Tempire. La restitution conjecturale , imprimee en
caract^res ilaliques, est de moi.
( 138 )
Qonsul pour la 3% pdre de la patrie et I'empereur Cesar
M, Aurile Antonin, Pieux, Auguste^ Parthique, revitu
de la puissance tribunitienne pour la 11* fois, acclami im-
perator pour la SI", consul pour la 3% p^re de la patrie
(et de P. Septimius Geta, tresAllustre Cesar j consul pour la
SI'fois), et de Julie, Auguste, rn^re d'Auguste et des camps,
en reconnaissance de la tonservation de leurs jours , par
la revelation d'un conlpldt forme par des ennemis publics.
(Get autel a ^t^ erige) d^apres un decret des Dicurions, aux
frais de la colonic,
Nousdevons, avant tout, fixer T^ge de Tinscription. II se
d^duit d'une maniSre g^n^rale d'abord de certaines ^pi-
thetes accol6es aux noms des deux empereurs en comme-
moration de Jeurs vicioires : Tatlribution a Severe de celle
de Parthique Ires-grand, et k Caracalla de celle de Par-
thique, indique une date post^rieure a la seconde guerre
contre les Parlhes (1 ), et l^bsence k la suite de ces 6pith6tes
de celle de Britannique,' pour le pfere conime pour le fils,
accuse une date ant^rieure a leur expedition dans la Bre-
tagne. Ensuite le titre de mater Augusti, et non Augusta-
rum, donne k rimp^ratrice Julie, prouve qu'^ T^poque oil
rinscription fut redigee,Geta u'avait pas encore re?ule titre
d'Auguste, lequel lui fut confere, comme on sait, apr^s
son arriv6e, en Bretagne, Tan 209 apres jesus-Cbrist (2).
Mais rinscription Tournit d'autres indices ^ qui permettent
d'en fixer la date d'une maniere plus precise : nous y trou-
vons mentionnfe le scizieme tribunat de Severe et le on-
(1) Sur les medailleS) le surnom de Parthique tres-grand est donn^ k
Severe i partir de I'annee ^00, el h Caracalla depuis rating 201. Voir
Ecltel, Doctrina Nummor. Veter., t. VII, p. 192 el p. 222.
(2) IbicL, p. 250,
( 139 )
zieme tribunat de Caracalla, qui tous les deux tombent
dans Fannie 208 (1 ) ; c'est ^galement Tannee du tmsierae
coDsulat de ce dernier. Toutes ces donn6es diverses con-
courent done k 6tablir qu*il faut placer en 208 I'^rectron
de notre monument epigraphique.
Dans celte meme ann6e eut lieu le depart de Severe et
de ses ills pour la Bretagne, et les mSdailles de Severe, de
Caracalla et de G^ta (2) nous apprennent qu'il fut pr^c^de
d'un congiarium au peuple. Mais les auteurs anciens ne
font mention ni d'un complot contre la vie de ces princes,
ni d'aucun fait qui s*y rattacherait de pr^s ou de loin. II
n'est question dans Thistoire de Severe que d'un seul
attentat contre sa vie , dont Tauteur aurait 6li son prdfel
du pr^toire Plautien et qui , vrai ou faux , amena la chute
et la fin tragique de ce favori de Tempereur.
Get 6v^nemenl est raconte par deux historienscontem-
porains, mais leurs versions sont differentes. Selon Dion
Cassius (5) , Garacalla, qui avait ^pous^ la fille de Plautien,
fatigu6 bien vite de la tutetle de son beau-pere, et voulant
s'en defaire k tout prix, sugg^ra k Saturninus et k deux
autres centurions une accusation contre le pr^fet du pre-
toire : ceux-ci vont reveler a Severe que Plautien les a
charges, eux el sept aulres officiers, de tuer les deux Au-
gustes, et ils montrent Tordre ^crit qu'ils se sont fait re-
mettre. Le pr^fet du pr^toire est immedialement appele
au palais; 1^^ tandis qu'il se justifie et que Severe prete
Toreille k ses paroles, Garacalla s'elance sur lui, lui arrache
son epee, le frappe du poing et Tetit tue de sa propre
(1) Eckel, au^ endroits cites h la note precedenie et p. 187 el p. 206*
(2) Ibid., p. 230.
(3) LXXVI,21,3. sw.
( 440 )
main s'U ii*en out ete empSch^ par sm p^re; mai& Plaulien
ne put tapper k la mort; un eeelave du prince la lui
donna sur i'ordre de son maitre.
D'apres H^rodien (1), Plautien, effray^ du refroidisse-
ment de S^v^^e k son 4gard et des menaees de Caracalla,
prit la r^s<rfution^ poiir ne pas succomber lni«-mdme, de
faire p^rir les deux Augustes et de s'emparer de Tempire.
II cboisit pour Tex^ution de son projet un tribun oiiHtaire
du nom de Saturninus^ dans lequel il ayait la plus grande
confiance. Cehii^ei aecepte la ptoposilioB, mais exige on
ordre ^rit, et, muni de cette piSee , va r^v^ter le complot
k S^v^re. Comme rempereur ne voulait pas y erbire, Satur-
ninus fait appeier Plautien, sous le pr^xte que le crime
est consomm^4 Le pr^fet du pr^toire accourt et, introduit
dans I'appartemeut do i'empereur, il y trouve, au lieu de
deux cadavres, le pere et le fils vivants; il se trouble, ne
sait expliquer sa presaice au palais k une heure inac-*
coutum^e, ni surtout pourquoi il porte une cuirasse sous
ses vdtements, et Caracalla ordonne k ses gens de le mas«
sacrer.
Les deux historiens ne se contredisent qu'en un seul
point essentiel. Le r6cit d6 Dion r^duit Tattentat k une
infame machination de Caracalla; celui d'Herodien pre-
sente Plautien comme Tauteur du complot form^ pour
satisfaire son ambition. On regarde g^neralement , et avec
raison, ^elon moi, la version de Dion Cassius comme la
vraie, mais je ne crois aucunement que celle d'H^rodien
ait et6 arrang6e par cet historien. Je soupc^nne, au con-
trairc, que la premiere n'a 6t6 connue que de peu de per-
(1) III, 11 , pp. 83-94, ed. Bekker, Leips. 1855.
( 14-1 )
sonnes et dans ceitaines spheres de la soci6l6 , tandis que
la seconde seule a eu cours dans tepidblie et a &\ii propagee
dans tout Fempire.
Suivant le r^cit d'H^rodien, Severe et son fite ne dureni
leur saliit qu'^ la r^vdation de SatQrniniis; oette particu-
larity conoorde parfaitement avec la phrase de notre in-
scription : Ob eonaervatofm satutem eorum dete^k insidih
hostium publicorum. Le mot in^idicB (1) caract^rtse conve-
nablement le menrtre pr6m6dite centre les deoxeivipe-
reurs, d(Hit les assassins devaient s'ap|iraeher sdusd6 faux
pr^testes. Dans le teste d'H6rodien (2), Caracalla quatifie
Plantten d'ennemi^ et cV^ pap ce mot qu*it edt ^galement
d^signe aveo ses complices dans noire inscription. II re^t
sans doute l^ette designation, mi pdree qa'il a 4t6 r^elle-
ment d^eiar^ emiemi par le s6nat (S), soit h cause de la
nature de I'attentat qui est un crime de i^se^majest^ , c%st-
&-^dire contre (a rSpublique ou oontre Tempereur, dans
leqoel edle-'Ci se personnifiait (4).
(1) Gic. ep^l ad AtUe. Xli,iO. « Maredlus InskKis interfectus est » ;
Ad Q. Fr, l\, 3| 4 : « losidiis yitse $\i^ o ; Cat. II , 12 : a Insidias cssBdis
atque incendiorum deposcere « ; fr. 5, § 5, Dig. de S. G. Silau. 29,5 u in-
carianecatus vel medici insidiis •; fr. 15, § 1, Dig. de Manum. Vend.
40,2 : « contra latrones tueri (dominam) insidias detegere »; Theod.
Cod, iX, 7. c. 4, f I ad leg. juK de adult. :« Harttx) mortis par»se' insi-
dias » ; /cL IX, 38, c. de induig. crim; a insidise venenorum •.
(2) III, 11 , p. 94 : fovsucoLt rdv ftvJpa <5; oiJLoX(yyovfj:iya^ noXeittov,
(3)- Fr. 5, § 1 , Dig, de cap. minut. 4,5 : Quos senatus hostes judicavit
(vel.) lege lata ». HosHs a ici Tacception d*ennemi de la patrie, et il ne
pavall pas que Taddition de pub^Hcus ajoute quelque chose k cetle idee.
Les deux mots reunis se rencontrent non-seulement dans notre inscrip-
tion, mais eneore ebez Tite Li v. VI, 19, o& tls sont appKcpi^ ^ Manllus ,
et dans le Cod. Theod. X , 8,4 de bon. vac.
(4) Ulpian fr. 11 Dig. ad leg. jul. Itfaj. 48,4 : « Hostili animo adversus
( 142 )
Le pr^tendu attentat de Piautieo fut commis Tan 205
ou 204 aprte J6su&-Cbrist (1) et Tautel de Sicca Veneria fut
erig6f comme nous I'avons vu, en I'ann^e 208. II s'ecoula
done un interyalie de quatre k cinq ann^es entre Fevene-
ment et la consecration du monument comm6moratif. Con-
form^ment k I'usage le plus frequent, les titres donnes aux
princes sont ceux qu'ils portaient k I'^poque de la redac-
tion de I'inscription et non pas en Tannic od eut lieu le
crime qu'elle mentionne.
Suivant les r^cits de Dion et d'H^rodien, Severe et Cara-
calla auraient &i& seuls d^sign^s par Plautien au fer des
centurions, tandis que, selon le t^moignage de notre in-
scription, la vie de G^ta, second fils de Severe, et celle
de rimperatrice auraient ^galement 6t6 en danger. Nous
devons conclure de 1^ que , loin de Rome, dans les pro-
vinces, les proportions de I'attentat auront ^t^ exag^rees.
Du reste la colonic de Sicca Veneria n'a pas ^t^ seule
k rendre graces aux dieux pour Theureuse conservation de
la famille imp^riale. Le mus^e du Louvre possede un mo-
nument epigraphique d^terr^ k Philippeville, Tancienne
Rusicada (2) , et qui se rapporte, je pense , au mdme ^v^ne-
ment. Des monuments semblables auront probablement ete
rempublicam vel principem animatus * ; Paul. Sent, V, 29,1 : « Lege julia
majestatis tenetur is cujus ope coDsiliove adversus imperatorem vel rem-
publicam arma mota sunt ».
(i) Eckel, ouvr. cit, p. 183.
(2) Clarac, Mus^e de sculpture , U II, part. II. Inscriptions , pi. LXXI ,
n«> 14 : lovi o. m. || Apennino \\ conserva || tori \\ Dominor || tin. || fortis-
simo II rum II felicissimo || rumque \\ imperatorum : Orelli Henzen 5613.
La mutilation d'une n ^ la Eixi^me ligne prouve que Tinscription ne peut
avoir ete r^digee avant Tannee 209, dans laquelle G^ta a et^ cr^ Auguste.
( 145 )
eleves dans d'autres locality Don-seulement de TAfrique,
mais d*autres provinces de Tempire, et je ne serais nulle-
meat surpris que les recherches des concurrents ne Ics
missent^ mSine d*ajouter de nouvelles inscriptions k celles
que j'ai signal^s k leur attention.
( iU )
CLASSE DCS BEA.UX-ARTS.
Seance du 4 aout 1S70,
M. Ch.-A. Fraikin, directeur.
M. Ad. Qubtelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. L. Alvin, N. De Keyser, G. Geefs,
G.-L. Hanssens , J. Geefs, Ed. F^tis , Edm. De Busscher,
J. Portaels, Alph. Balat, Aug. Payen, le chevalier L^on de
Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq,
Ern. Slingeneyer, Alex. Robert, membres; Ed. De Biefve,
correspimdanL
M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assiste h la stance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de TiDt^rieur adresse un exemplaire de
Touvrage intitute : F.-/. Navez, sa vie, ses csuvres ei sa
correspondance, par M. L. Alvin. — Remerctments.
— L'Academie d'arch^ologie de Belgique communique le
programme de son concours pour 1872, dans lequel figure
une question concernant les beaux-arts.
( 44S )
RAPPORT&
La Society des architectes du d^partement du Nord , k
Lille, en adressant le programme de son premier concours
d! architecture sur oeuvres executeesy avait demande h la
classe ses bons conseils sur ce systeme de concours et avait
exprim6 le d^sir de voir accepter la mission de juger les
conditions pr^cisees par le programme. Ces pieces avaient
&i6 renvoyees a la section d'arcbitecture.
M. Balai donne lecture du rapport qu*il a formute k ce
sujet et.auquel ont souscrit MM. De Man et Payen.
La classe v^pr^s avoir entendu Tavisde differenls mem-
bres sur ce document , decide que communication ofiScieuse
de Topinion emise par ses commissaires sera donnee a la
Soci^t^ de Lille.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Lorsdu dernier concours de composition musicale , deux
cantates, celles deJIM. Mathieu et Pardon, ont obtenu, k
parity de voix, un second prix. D'aprds communication
minist^rielle, la premiere de ces cantates sera ex^cut^e
dans la prochaine stance publique.
La classe est consultee sur le point de savoir si I'execu-
tion de la deuxiSme cantate peut Stre admise dans la mSme
solennit^.
^^ S£r1E, tome XXI. iO
( 146 )
En presence de Tavis favbrable ^mis par la section de
musique, on s'accorde k desirer que les deux cantates
soient ex6cul6es.
— Un membre saisit celte occasion pour demander
qu'une stance supplementaire ait lieu au commencement
du mois de septembre, afin que la classe soit k raeme de
faire tous ses pr4paratifs pour la stance publique annuelle.
Cette proposition est admise et la reunion supplemen-
taire est flxee au jeudi 8 septerobre.
— La classe s'est ensuite occupee des dispositions a
prendre pour le prochain jubile s^culaire. Elle a, en con-
sequence, charg6 Irois de ses membres de s'entendre s^r
les moyens de realiser, en ce qui la concerne, les disposi-
tions prises lors de la derniere assemblee g^n^rale des irois
classes.
OUVRAGES PRfiSENTfiS.
Commission royale d'histoire, a Bruxelles. — Chroniques
beiges : Carlulaire de Tabbaye de Saint-Trond, public par
M. Cb.Piot. Tome 1". Bruxelies, 1870; iii-4". — Compte rendu
des seances , 5™'' s^rle , tome XII , i *' bulletin. Bruxelies , 1 870;
in-8«.
Quetelet (Ad.). — Annales meteorologiques de robservaloire
royal de Bruxelies, S'"^' annee, Janvier h juin 1870. Bruxelies;
C feuilles in-4*.
Commission academique de publication des oeuvres des
( U7 )
(jrands ecrivains du pays. — OEiivres de Froissart, piibliecs
par M. Ic baron Kcrvyn de Lcltcnhovc* Clironiques , lome XI.
Bruxellcs, 1870; in-8".
Commission royal e de publication des anciennes lois et
ordonnances de la Belgique. — Coulumes des pays de Liege,
par J.-J. Raikem et M.-L. Polain. Tome [". Bnixelles, 1870;
in-4".
Exposition universelle de Paris en 1867, — Jury beige.
Documenls et rapports. Bruxelles, 1870; 4 vol. in-8^
Conseils provinciaux des neuf provinces de la Belgique.
— Expose de la situation administrative pour Tannee 1870.
Annexes a Texpose de 1 868 du Ilainaut, d'Anvers et de Namur;
12 vol. in-8^
Caisse de prevoyance etablie a Mons en faveur des ouvriers
mineurs. Commission administrative. Rapport annuel de 1869.
Mons, 1870; in-4».
De Wilte (/.). — Disrours prononce lors de son inauguration
de president annuel dei'Academie d'arcbeologie de Belgique
dans la scanee du 25 mai 1870. Anvers, 1870; in-8".
Chalon. (/?.). — Curiosiles numismatiques, XVI™* article.
Bruxellcs, 1870; in-8^
Chalon (/?.). — Don Juan Peres. Bruxellcs, 1870; in-8°.
Mathieu (Adolphe), — Anneesscns. 5™* edition. Bruxellcs,
1870: in-8«.
Catalan (F.), — Remarques sur une note de M. Darboux ,
relative a la surface des centres de coiirbure dune surface
algcbrique. Paris, 1870; in-4*.
Henry (L), — Nouvelle mctbode gencrale de preparation
des combinalsons organiques cblorobromees. Paris, 1870;
in-8".
Henry (Louis), — Sur la tribrorabydrine. Paris, 1870;
in-4".
Henry (L.). — Untersucbungen iiber die Aetberderivatc
der Mebratomigen Alkobole und Saiiren. Berlin, 1870; in-8^
( 148 )
Le Roy (Alphonse). — Notice sur la vie el Ics travaux de
Jean-Baptiste Brasseur. Rome, 1869; ia-4''.
Desguin {Pierre), — filudc sur le Maroc, accoinpagnee de
deux cartes. Arivers, 1870; in-8°.
Thielens {Armand), — Acquisitions de la flore beige depuis
la creation de la Soci^te royale de botanique jusques et y com-
pris I'annee 1868. Mons, 1870; ia-8\
[Weemaes {E.),] — Trojaansche oorlog. Vondaanmelding
en Mededeeling. Anvers, 1870; in-8^
Chalon{Jean). — Revue des Loranthacees. Mons, 1870; in-8°.
Genard (P.). — Antwerpsch arcbievcnblad, derde dcel,
Bladz. 43-59 en tilel en tafel. Anvers, i870; in-8".
Sulbout. — Le Luxembourg, IV'"'' fascicule. Arlon; gr. in-8*.
Lelievre (X.). — Institutions namuroises. Institutions judi-
ciaires du comte de Namur. Namur, 1870; in-8**.
Revue de Relgique, 2"* ann^e, 7"* et 8"*® livr. Bruxclles,
1870;2cah. in-8".
Societe royale de botunique de Belgiquey a Bruxelles. —
Bulletin, tome IX, n<* 1. 9°*® annee. Bruxelles, 1870; 1 cah.
in-8«.
'Societe paleonlologique et archeologique de Varrondisse-
merit judiciaire de Charleroi. — Documents et rapports ,
tome III. Mons, 1870; in-8».
La Belgique horticole y ju'm et juillet 1870. Liege; in-8\
Musee de I'industrie de Belgique, a Bruxelles. — Bulletin,
n" 7 et 8. Bruxelles, 1870; 2 cah. in-4°.
Academie royale de medecine de Belgique. — Mcmoires cou-
ronncs et autres memoires, collection in-8% tome l*'. 2""' fas-
cicule. Bruxelles, 1870; in-8^ — Bulletin, annee 1870,
o"*^ serie. Tome IV, n** 5. Bruxelles, 1870; cah. in-8*.
Annates d'oculistique , SS""* annee, tome LXllI; 5"" ct
e^Mivr. Bruxelles, 1870; cah. in-8^
L'Abeille, publice par Ch. Braun, XVI"** annee, 4"'« a 6"*
livr. Bruxelles, 1870; 3 cah. in-8".
( 149 )
Van de Casteele (Desire) el Van derStraeten (Edmond). —
Maitres de chant et organisles de Saint-Donatien et de Saint-
Sauveur a Bruges. Bruges, 1870; in-8".
Janssens {£,). — Annuaire de la raortalite dans la ville de
Bruxelles pendant Tannee 1869. 8"« annec. Bruxclles, 1870;
in-8^
Delesse. — Lithologie. Paris, in-8°;
Delesse. — Lithologie der Meer der alien Welt. Berlin , 1870;
in-8*.
Perrey (Alexis). — Note sur les Iremblemcnts dc lerre en
1868, avec supplements pour les annees anlerieures de 1845
a 1867. (XX VI"* releve annuel.) Bruxelles, 1870; in-8°.
Revue hritannique, 1870, n" 7. Paris; in-8".
Societe de geographic de Paris, — Bulletin , avril-mai 1 870.
Paris ; cah. in-8°.
Societe geologique de France ^ a Paris. — Bulletin , 2'"" scric,
tome XXVII, 1870, n*> 4. Paris; in-8«.
Revue et magasin de zoologiepure et appliquee, par M F.-E.
Gucrin-M^neville. 1870, n« 6. Paris; cah. in-8\
Revue des cours scientifiques de la France et de I'etranger.
7"* annee, n*» 27 a 39 Paris, 1870; 13 cah. in-4^
Revue des cours litteraires de la France et de I'etranger,
1"^' ann^e, n" 27 a 39. Paris, 187(1; 13 cah. in-4^
Academic imperiale des sciences, lettres et arts d' Arras. —
Memoires, 2'"* serie, tome II. Arras, 1868; in-8°.
Societe imperiale havraise d'etudes diverses, — Rccucil des
publications, 34"' et 35'"* annees, 1867 et 1868. - Proces-
verbaux des stances des 8 Janvier, 14mai, 9 juillcl, 10 scp-
tembre, 12noveml)re1869 el 14 Janvier 1870. Le Havre, 2 vol.
in-8*» et 5 feuilles in-8°.
Societe imperiale des sciences, a Lille. — Memoires, 1869.
3"" serie, 7'»« vol. Lille, 1870; in-8«.
Comite flamand de France, a Lille. — Bulletin : tome IV,
nM2; tome V, n*> 6. Liile, 1870; 2 cah. in-8".
( ^so )
Sociele libra d' emulation , Hu commerce el de IHndusirie de
la Seine-In ferieure, a Rouen. — Bulletin des Iravaux, 1868-
1869, n" 12. Rouen, 1869; in-8^
Sociele archeologique, historique et scienlifique de Soissons,
— Bulletin, 1''*' serie, tome XX; 2™* sdrie, tome I avec com-
plement. Soissons, 1866-1868; 5 vol. in-8^
Sociele imperiale d'agricullure , a Valenciennes. — Revue
agricole,22™*annec,tome XXV, n"' 5 et 6. Vfilencienncs, 1870;
2 call. iii-8\
I/ollandsche Maalschappij der Wetenschappen ie Harlem.
— Verhaudelingen, S""* serie, tome I, 1 et 2. Harlem; 2 call.
in-4**; — Archives, tome V, 1''% 2*"'^ et 5"* livr. Harlem; 3 call.
in-8°.
Maalschappij der Nederlandsche letter kunde ie Leiden. —
Gcdichten van Willem van Hildegaershercli, uitgegeven door
D-^ W. Bisschop en D^ E. Verwijs. La Hayc, 1870; in-8''.
Koninklijke Natuurknndige Vereeniging in Nederlandsch
Indie. — Natuurkundig tijdschrift, deel XXXI, T*^' serie,
dccl I, aQev. 1-3. Batavia, 1869; in-8".
Kops (Jan). — Flora Batava , voortgezet door F. W. Van
tlcdcn, 2rr en 212* aflev. Leyde, 1870; 2 call. in-i«.
Onderzoekingen gedaan in het physiologisch laboraforium
der Leidsche Hoogeschool, uitgegeven door 0' A. Heynsius.
Twecde deel. Leyde, 1870; in-8°.
Owen (Richard). — Monograph on the british fossil celacea
from the red crag N" I. Containing Genus Ziphius. Londres,
1870; in-i».
Society of antiquaries of London. — Archaeologia, vol. 52
a 40, l'^*' p., 41 et 42, l'^*' p. Londres, 1847 a 1869; 20 cah.
in-4^ — Proceedings, second series, vol. 1, II , HI, IV, n" 1 1\ 7.
Londres, 1859-1869; 29 cah. in-S". — Lazamons brut, or
chronicle of Britain; a poetical semi-Saxon paraphrase of the
Brut ofWacc, by sir Fred. Madden. Londres, 1847; 3 vol.in-8^
Asiatic SocieUj of Bengal at Calcutta. — Journal, part I, n* 1 ,
( isi )
d870; —Proceedings, n*> IV, april 1870. Calcutta; 2 cah. in-8".
Chemical Society of London.— Journal^ new series, vol. VII,
may-june-jiily 1870. Londres; 3 cah. in-8".
Royal geographical Society of London. — Proceedings,
vol. XIV, n" 11. Londres; cah. in-8''; — Journal, vol. XXXIX,
1869. Londres; 1 vol. in-8^
London Mathematical Society. — Proceedings, vols. I and H j
from January 1865 to noveraber 1869. Londres; 2 vol. in-8^
British Meteorological Society of London. — Proceedings,
vol. I, n«« 5-8; vol. II, n°» 9-20; vol. Ill, n-*' 21-32; vol. IV,
n*' 55-44; vol. V, n"" 45-49. Londres, 1863-^870; 43 cah. in-8°.
Numismatic Society o^f London. — The Numismatic chro-
nicle, 1870, part II. Londres; in-8®.
Anthropological Society of London. — The Anthropological
review, n"* 2-5, 9-29. Vol. I a VIII; nouvelle serie, vol. I,
n^' 1. Londres; 25 cah. in-8". — Memoirs, vol. I, II, III,
1865-1869. Londres; 5 vol. in-8^ — TranslaUons : l" Waitz's
introduction to anthropology; 2" on the phenomena of hybri-
dily in the genus homo by D*" Paul Broca; 5° the plurality of
the human race, by George Pouchet; 4° lectures on man, by
Carl Vogt; 5° Blumenbach (J.-F.) — Lives and anthropolo-
gical treatises; 6'' Lake habitations and prehistoric remains by
B. Gastaldi ; 6 vol. in-8\
Statistical Society of London. — Journal, vol. XXXIII,
part II, June 1870. Londres; in-8".
Zoological Society of London. — Transactions, vol. VII ,
parts 1-2. Londres, 1869-1870; 2 cah. in-8^ — Proceedings
for the year 1869, parts II -HI, inarch -juae, november and
december. Londres, 1870; 2 cah. in-8°.
Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. —
Sitzung der Mathem.-Naturw. Clgsse, Jahrg. 1870, n°» XIII,
XIV, XV, XVI, XVII. Vienne, 1870; 5 feuilles in-8».
Geographische Anstalt zii Gotha. — Miltheilungen , 1 6. Band,
VI und VII. Gotha, 1870; 2 cah. in.4".
( 152 )
Physikalischer Verein zu Fmnkfurt 'am Main. — Jahres-
Bericht, Jahr 1868-1869. Francfopl S/M., 1870; in-8^
Oberlausitzische Gesellschaft der Wissenschaften zu Gor-
lilz, — Scriptores rerum Lusaticarum , neue folge, IV'" Band.
G6rHtz,1870;in-8«.
Aslronomisehe Gesellschaft zu Leipzig. — Vierleljalips-
si'lirift, \^' Jahrg., 5'" Heft. (Juli, 1870). Leipzig, 1870;
in-8°.
Sveriges geologiska undersbkning till Stockholm. — Tionde
Haftet. Bladen 51 , 32, 55, 54 och 55 : Upsala, Orbyhus,
Svenljunga, Anial och Baldersnas, Samt Geologisk Ofversegts-
karta ofvcr Bergarterna pa Ostra Dal« Stockholm, 1870; 5 cah.
in-8" el 7 carles in-plaoo.
Soci4ie imperiale geographique de Russie^ a Saint- Peters-
bourg, — Compte rendu des travaux pour 1869; — Bulletins,
tome V, n" 2 i 8; tome VI, n*" 1 a 4; — Memoires, tome II.
Saint-Petersbourg, 1869; 1 vol. et 12 cah. in-8*» (en russe).
i?. Comitato geologico d'ltalia nel Firenze. — Bollettino ,
anno 1 870, a« 6. Floreivee, 1 870 ; ia^\ .
Commissioner of patents of the United States, — Annual
report for the year 1867. Washington, 1868; 4 vol. in-8".
Observalorio de marina de San Fernando. — Anales , sec-
cion 2% observationes meteorologicas, ano 1870, enero^abril.
San Fernando, 1870; gr, in-4^
Instituto historicOy geographico e ethnographico do Brasil
no Rio de Janeiro. — Revista trimensal, tome XXJI, parte 2';
lomo XXIII , parte 1'. Rio Janeiro, 1869-1870; 2 cah. in-8".
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LKTTRESET DES BEADX-ARTS DE BELGIQOE.
1870. — No- 9 ET 10.
GLASSE DES BEAVX-ARTS.
Seance du 8 septembre 4870.
M. F.-J. F^Tis, doyen d'&ge, occupe le fauteuil.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont prisents : MM. L. Alvin, C.-L. Hanssens, J. Geefs,
F. De Braekeleer, Ed. F^tis, Edm. DeBusscher, Alp. Balat,
le chevalier L^on de Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad.
Sirel, J. Leclercq, Em. Slingeneyer, Alex. Robert, mem"
bres; Ed. de Biefve, correspondant.
2"* SfiRIE , tome XXX. 1 1
( 1S4 )
CORRESPONDANCE.
La classe est inform^e que les dispositions n^cessaires
sont prises avec le Departement de Fint^rieur pour Texe-
cutioD, par rercbestre du Conservatoire royal, de la partie
luusicale de la stance publique procbaine. II ne reste plus
b. la classe qix'k determiner le jour et I'beure ainsi que le
prograoime de cette solennit6, dans laquelle seront ex6cu-
t^es les cantates de MM. Matbieu et Pardon, qui ont ob-
tenu, en partage, un second prix au grand concours de
composition musicale de Tann^e derniere.
— M. le Minislre de Tint^rieur transmet une copie du
proces-verbal du jury qui a jug6 le grand concours de pein-
ture de 1870. II en r6sulte que le premier prix a 6t6 d6-
cern6 , k Punanimit6 , moins une voix , k M. Xavier-Auguste
Mellery, de Laeken, et qu'un second prix a ete accorde,
k I'unanimite, k M. Cbarles Ooms, de Desscbel.
Conform^ment k la demande de M. le Ministre, ce r6-
sultat sera proclam6 en stance publique de la classe.
— M. Ad. Quetelet fait connaitre que la classe des
sciences I'a d6s]gn6, conjointement avec M. d'Omalios, qui
a d^clar6 s'en r6fi6rer k son confrere, pour appr6cier, avec
les deux statuaires que la classe des beaux-arts est appel^e
k designer dans la stance de ce jour, la ressemblance et le
m^rite artistique du buste de feu M. le commandeur de
Nieuport.
MM. G. Geefs et Fraikin seront pri^s de se joindre k
M. Quetelet et de faire un rapport.
( im )
CONCOURS DE 1870.
Un m^moire poptant pour litre : Stude de V influence ita-
lienne sur I' architecture dans les PayS'Bas, et pour devise:
€ Si Tarchitecture est la mesure du degr£ de civilisation
et de g^nie d'un peuple, est-ce i tcftt que le peuple romain
occupe la premiere ligne? » a 4t6 envoy6 en r^ponse aux
deuxieme et troisieme questions suivantes du concours de
cette ann6e :
1** Rechercher I'epoque a laqvelle V architecture a subi,
dans les Pays-Bas, Vinfluence italienne.
2® Apprecier Rubens comme architecle,
€ En r^unissant les deux questions mises au concoiirs
par la classe des beaux-arts : 1® Rechercher Vinfluence ita-
lienne sur C architecture dans les Pays-Bas; 2^ Apprecier
Rubens comme architected I'auteur du m^moire a ^t^, en
quelque sorte^ entrain6 & faire I'histoire complete de la
p^riode od les Pays-Bas virent naitre , grandir et d^e-*
n^rer Tarchitecture de la Renaissance ^ dont tant de grands
maitres nous out laisse des oeuvres remarquables,
Le plan du travail est bien coordoxm^; I'auteur le divise
en six chapitres.
Dans le premier, il s'attache k d^montrer comment
ritalie, pen sympathique au style sombre et m^lancolique
de Tart ogival, s'^prit, au contraire, des splendeurs de
(186)
Tart oriental, des campaoiles dores et des brillantes mo-
sai'quesdu style byzantin; comment, par on retour insen-
sible, mais progressif vers les traditions que Ini avail
l^gu^es rantiquit6, elle vit 6clore au XV** si^cle cet art
nouveau qui prit nom Renaissance italienne; comment
cette resurrection intellectuelie, ramenant aux formes
pures et ^I^gantes de Tantiquit^^ ouvrit une ere nouvelle
aux arts, aux lettres et aux sciences.
II indique par quelles circonstances cette renovation se
r^pandit bientdt en Espagne et en France; enfin, il inu-
m^re la nombreuse phalange d'artistes et d'^crivains qui,
« k cette epoque, dit-il , offrit au monde le plus magniflque
D spectacle de Fextension du genie humain. >
Dans le deuxi^me chapitre, Tauteur aborde la premiere
question et recherche par quelles influences la Renaissance
italienne si'introduisit aux Pays-Bas; le systdme qu'il pr^-
sente est tres-ingenieux et trfes-logique : « La cause pre-
» mi^re, dit-il, doit dtre attribute k la representation des
]> motifs du style de la Renaissance et aux fonds d*archi-
» tecture dontnos peintres, qui avaient fait le pilerinage
D d'Ttalie, encadraient leurs compositions. » II cite les
nombreux artistes qui les reprodiiisirent dans leurs ta-
bleaux et attirerent ainsi Tattention sur ces formes nou-
velles et elegantes.
A la suite des peintres vinrent les graveurs et imagiers.
« Bientdt, dit-il, les sculptures, les meubles,les vitraux,
D les manuscrits et les menus accessoires somptuaires
» reproduisirent le sysl^me decoratif de la Renaissance;
9 I'architecture, aux Pays-Bas, ful peinte et sculptee avant
» d'etre b^tie. »
Toutefois, il ajoule que les premiers jalous de notre
histoire de la Renaissance monumentale b^tie n'eurent pas
( 1S7 )
pour auteurs des artistes indigenes, et il attribue la pre-
miere construction de ce style, ^lev^e k Bruges en 1495
(I'hdtel consulaijre des Biscaiens)^ k un artiste espagnol.
Le type de celte construction est le seul argunaent sur
lequel il fonde son dire.
L'auteur fait ensuite une longue enumeration des con-
structions du genre italien <^lev6es dans les Pays-Bas par
DOS architectes; il en donne de nombreux et int^ressanls
details; mais il ne semble pas s'^tre attach^ k la recberche
des travanx ex^cut^s par des artistes italiens, dont cepen-
dant quelques noms sont connos : il ne cite que le Milanais
Pizzoni, arcbitecte de la catb^drale de Namur (S^-Aubin),
et Servandoni, arcbitecte florentin, qui fit I'hdtel d'Ursel
k Bruxelles, le cb^teau du due d'Arenberg k Engbien et
un autre cb4teau pres d'Alost.
Le troisieme cbapitre est eonsacr^ a la d^adence du
style it^ien aux Pays-Bas, oil les jesuites , appel^s en 1586
par le prince de Parme, < propagerent, dit l'auteur, les
» f r6cef les borominiens et ^difierent dans les principales
9 villes une foule d'^glises , de colleges et autres 6tablis-
» semen ts dans le style que cet ordre, alors considera-
» blement r^pandu, avait adopts k Rome et dont le type
> ^tait Veglise du Jesu, »
'Les tendances decora tives et tb^dtrales de cette epoque
influ^rent sur les conceptions architecturales dont les
lignes, de plus en plus tourment^es, contournees, se
charg^renl pen a pen d'ornements, de bossages, de com-
parliments, de consoles enroulees, de cartoucbes zoo-
pbites, de valves, de coquilles dites de saint Jacques, etc.
C'est alors que parut la premiere publication arcbitec-
tufale de la decadence italienne dont les motifs, dit-il , sont
encore sees et timides.
( *88 )
li'auteur d^taille ensuite les nombreus^ conslructioos
des j^suites et d'autres ordres religieux ; il ^num^re les
arcbitecies ]qs plus c^l^bres de cette periode aiosi que
leurs (Buvres,
Daos ee cbapitre fort long et un peu diffus, il y a cer-
taines reticences et certaines incertitudes* G'est ainsi que,
page 57, il cite parmi les ceuvres de Jacob Yan Cannpen
la maUon du prince Maurice a La Haye, et que, pages 64
et65, en parlant de Pierre Post, il indique egalement,
coomie etant une de ses constructions, la maison du prince
Maurice a La Haye, dont il fait un pompeux eloge.
L'auteur du m^moire aborde ici Tautre question et con-
sacre k Rubens et k son ecole les quatri^me et cinqui^me
chapitres,
11 dit comment les motifs de la decadence ilalienne^
trait^s jusqu'alors par nos architectes d'une mani^re froide
et monotone, prirent, sous Tillustre maitre, un^ allure
plus m^le, plus puissante et plus exub^rante, en harmonie
enOn avec le caractere ^leve et la fougue du graud peintre;
comment, par ses conceptions pittoresques et d^coratives,
il sut exercer une influence telle qu'il modifia le style de
Tarchitecture aux Pays*Bas et cr^ la Renaitsance italo-
flamande, aux proportions massives, aux saillies accusees
et aux formes plantureuses, et comment il forma une
nombreuse et brillante ^cole.
II passe en revue tous les travaux du domaine de Tar-
chitecture que Ton doit k Rubens; il cite, en les refutant,
ceux qui lui sont attribu^s; il explique les causes de cette
pr^tendue paternity, et, apr^s une description fort d^taillee
de la maison du cel^bre peintre k An vers, et de ses splen-
dides compositions d'arcs de triomphe et de cbars executes
pour les fetes donn^es par cette ville, il termine en faisant
( ^89 )
lenum^ration des ceavres de ses Aleves et de scs imi-
tateiirs.
c Cependaot, ajoute-t-il, les traditions primitives al-
» laient en s'amoindrissant , et, apr^s trois gi^n^rations
» d'artistes, le style Rubens avait quelqne peu perdu de la
i> fougue prin>esauti6re des anciens jours. >
Au sixieme et dernier chapitre, Tatitenr nous monlre
le style rocaille, patronn^ par M"** de Pompadour, r^nant
chez nous, sans partage, de 1760 ^ 1780. c Alors, dit-il,
» notre d^dence ^tait complete, et ce furent des ^tran-
» gers qui vinrent chez nous relever le noble an de Vitruve
> dont lis appliqu^rent les principes a de nombreuses con-
9 structionsd'hdtels, de chateaux, d'abbayes, etc. »
€ Yinrent, dit-il, les malheurs de la Republique, le
» premier Empire, le r^ne de Guillaume sous lequel les
9 tendances architecturales se port^rent vers les etudes de
» Tantiquit^ : celles^ci, en 1825, firent place au roman*
9 tisme et a la resurrection du grand art ogival. Enfin,
]> de nos jours, dit-il, domine F^clectisme absolu de
» style uni k Paffranchissement de la pens^e artistique. »
Ce travail, fort ^tendn , g6neralement bien charpente et
dont ce qui precede est une rapide analyse, denote chez
Fauteur des connaissances s^rieuses et temorgne de nom-
breuses recherches; ce m^moire pent etre considere comme
une (Buvre aussi complete que permettent de la faire les
documents parvenus jusqu'4 nous; il est ecrit avec un
certain brio, dans un style gen^ralement facile et correct;
toutefois, I'auteur devrait etre invite k revoir son travail ,
k rectifier certains passages , i en completer et corriger
certains autres.
Je pense qu'il y a lieu d'accorder h Fauteur la recom-
pense proposee, tout en laissant k Fappreciation de la
( ifio )
.clause U cas excepUopael qai ae pp^eate par. la reunion
d^ (lotti. qii^stion$r Icait^s dans ce m^sioire. »
M. Afph. B4lat, second commissaire , s^est ralli6 aux
conclusions dii rapport ci-dessus.
ilappoW fie jy« JBfifotfCif^ P'0t40,
< Le m^mmre en F^poDse ^ la deoxieme question du
programme de i 870 renferme des aper^us judkieux rela*
t^vemeot 4 I'mfluencedu go&t italien sur Parcbitect^re
daii& 1^ Pays-Bas, depuis son origine jusqu'ii la deca-
dence k iaqmlh aboutirent see exc^i On y trouve d'ex*
csellents renseignements sur les aircbitectes qui ont ap*
pliqu^^ dabs DOS provinces, lesprincipes de ia renaissance
italienne, aisisi.que sur kurs travaux. /e souscris volon-
tiers aux:: ^loges donniSs par mon bonoraUe cdtdgue,
M. De MffBTy & I'auteur de c6 travail; mais je ne puis adopter
les condusions qui tendent ^ lui faire atuibuer le prix
foude par FAcad^mie, k cause des imperfections qui le
ddparent «t qu*une revision attentive devra feire dispa-
raitte^ avant qn'il soit possible d'en voter I'impression.
Ge^ qbi maaque en premier lieu , dans le m^moire sor
leqiffil nous avons j^nous prononcer, oe sont les vues
d'eBsemUe. On y raaoarque beaueoup de particutarites
interessantes asspr^ent, maiB dont Teadiainement est
tr4^p vagueinent indiqu^. Les faits y etouffei»t ^ en quetqoe
sorle, les id^es. II y a eu, ^ I'introduction du style italien
d'arebi^ture dans les Pays-Bas, des causes g^n^rales que
( 161 )
je ne troiive pas suffisamment ibdiqu^es. On ne voit pas
assez comment tes aitisles flamaiids furent ames^s k d^
serter les traditions de I'^cole nationale , pour subir Tin-
fluence italienne.
L'auteiir a exprimd certaines id^s que l-Academie parat-
trait apprjouver si elle couronnait soa mdmoire, et cootre
lesquelles elle doit, au contraire, protester. G'est ainsi
qu'en parlant de Goeberger, il dit qu'il : c fut ^ la fois
artiste et habile constructeur , deux qualit^s qui semblent
s*exclure. > Ges qualit^s. s'exclueot .si peu, que leur reu-
nion est certaioement indispensable. Gelui qui n'est pas
k la fois arlisle ei cokistructeur n^est pas no arcfaiteete; ii
ne poss^de pas I'efisemble des facult^s et des connais*
sances qui lui sont B^essaires pour exerc^ son art
L'auteur dit aiUeuis que : < L'art de la renaissance ne
pouvait manquer de tomber Aum le pagantsme. SMI filit
reste exclusivement c^^tien^ il n'aurait pas retF0uv6 ia
forme 9 c'esl^ii^ire qu'il serait mcompiet. > Gela pourrait,
jasqu'a an obtain point, se dice de la peinlure et de la
sculpture, bien que la n^oessit^, pour ces deux arts, de
s'impr^gner de paganisme soit loin d'^re d^montr^; inais
I'archftecture^ que Tauteur du m^moife doit ^voir parti-
cuii^rement en vue, repousse absolumenC Tapplieation de
cette th^i^ie. Uarchitectore ogtvale ^tait un art complet.
La renaissance a cr6^ un style nomveau formd du melange
de deux styled, el nous ne mdconnaissons pa^s le mSrite
des combioaisons qn'ont obtenues les artistes du seiaitoe
siiele par la fusion des deux ^Mineols; mais elle n'a pas
eompi^6 rarcl»teclure du moyes &ge qui^tait entiiire, et
dont les formes n'avaient nullement besom d*6tre perfee-
tionn^s.
Youlant rendre pleine justice k Vredeman De Vries,
( l«i )
excellent artiste auquel Androuet Du Cerceau a fait de
nombrenx emprunts, Tauteur parle de ce dernier dans
des termes trop pen mesures; il le qnalifie iesordide bou^
tiquier d'ceuvres d'art; de maitre huguenot avide d'ecus.
m
« Vredeman, dit-il, ^tait en relations amicales avec An-
drouet Do Cercean, Tarchitecte parisien qui , en retour
de ses sonnets et de ses bons offices , ne se gSna pas de
le piller effront^ment. » Ce n^est pas ainsi qu'il convient
de parler de Tauteur des Plus excellents bdtiments de
France y m^me en reconnaissant qn'il a souvent copi£
Vredeman De Vries. L'expos^ des fails suffit, en pareil
cas; il est inutile de recourir k Tinjure, surtoul en ^rivant
un ouvrage s^rieux. Ajoutons que I'architecte parisien si
maltrait^ par Tautcur du memoire ^taitd*Orl^ans.
En parlant de T^tat de Tarchitecture en France au
XVII'"*' siAcle, I'auleur s'exprime ainsi : « Sous la protec-
tion ^ciairee du cardinal de Richelieu, il se forma une
g^n^ration d^arlistes qui , proc^dant h la fois des Italiens
)3t des Fiamands, allait enfin donner ^ lornementation la
physionomie toute fran^aise qu'elle eut sous Louis XIV et
sous la r^gence. > II fallait, sous peine de faire passer
pour une ironie une proposition sincere et vraie, dire ce
que cette generation d'artistes ajouta , de son propre fonds,
aux emprunts qu'elle faisait k I'ltalie et k la Flandre pour
composer un style fran^is.
L'auteur, par inadvertance , tombe dans des contradic-
tions plus apparentes que r^elles sans doute, qui provien-
nent de ce qu'il ne pise pas toujours assez les expressions
qu'il emploie et de ce qu'en ^crivant il va au 6e\k de sa
pensee. En parlant de Rubens comme architecte, dans
diff^rents passages de son memoire, il exprime snr ce
maitre des opinions qui ne sont pas tout a fait d'accord.
( m)
Tantdt il signals son influence comme dangeretise et tant6t
il Texalte. Aprds aYoir dit (p. 42) : a Si Rubeos n'^tait
pas veou au moode, Yetiius eti probablement lail dcole
et ramen^ par son influence notre architecture anx grands
modules italiens du commencement du XVI""^ sidcle; mais
en vertu du prestige que possdde le g^nie^ le goi^t et les
tendances de son illustre ^leve devaient fatalement pr^*
valoir , » il s'exprime aiusi ( p. 74 ) : « Ge qui demeure
incontestablement av^r^, c'est que, dans le seul Jivre des
Arcs de trioa4)hey Rubens compte des compositions archi-
tecturales titaniques dont les moindres suffiraient pour le
placer bien haut au tirmament de Tart pr^s de ces demi-
dieux qui s'appellent Iclinus, Gerard de SaihtrTroad ou
Brunellescbi. » L'auteur ^rit avec conviction, nous en
sommes certain; mais il c^de trop ^ Fentrainement de son
id^e du moment, oubliant ce qu'il a pu dire auparavant.
Une juste proportion n'a pas ^t6 ^tablie par I'auteur
entre les diverses parties de son m^moire. II en est aux-
quels il a donn^ trop de developpements, tandis que d'au-
tres sont trait^es, au contraire, trop sommairement. Grand
admirateur de Yredeman De Yries, artiste tres-remarqua-
bles d'ailleurs , Tauteur s'etend avec une complaisance exa-
g^ree sur sa biographie et sur ses oeuvres qu'il analyse
minutieusemen^, sans oublier de tracer de sa personne un
portrait oil pas la moindre particularity n'est omise. C*est
une monograpbie introduite au milieu d'un travail general
et qui 9 quelque interessante qu'elle puisse £tre, n'en nuit
pas moins a rharmonie de Tensemble. D'autres maiires sont
iniiniment rooins bien trait^s que Yredeman, proportion-*
nellement k leur m^rite.
L*auteur dit (p. 15) que : c En 1529 un maitre inconnu,
Brugeois de naissance, ex^cuta la fameuse cbeminee du
( 164 )
Franc de Bruges dont la renbmm^e est europ6enne. h La
chemiD^e du Franc de Bruges n*est pas Tceuvre d'un
mattre inconna. On sail aujourd'hui qu*elle fut ex^cutee
d'apr^s les: des^rns de Lancelot Blondeel , le peintre bru-
geois, second^ pour la conduite du travail par Guyot Ban-
grant de Malines. On a mSme les noms des sculpteurs qui
fnrent charges de ^'exficution.
Le chapitre VI du ra^moire pourrait etre avantageuse-
ment retranchi. L'auteur y parle sommairement des tra-
vaux d'architeclore ex^ent^s au commenceoient de cesiAcle.
II en dit trop on trop pen sur ce sujet qui, dans tons les
cas, est Stranger i la question pos6e par rAcad^mie. Ce
qu'il app^He une Conclusion n'en est pas une. Ce fragment
ne prfeente pas de vues d'ensemble; H n'est qu'un r^sum^
inutile des chapitres pr6c^ents auxquets il n'ajoute rien.
II y a des noms et des termes techniques qui appellent
des rectifications. Je citerai notamment les alterations sni-
vantes : Vredeman Vries poor De Vries, Lanschonias
pour Lampsonius (I'auteur d'nn ^loge de Lambert Lom-
bard); triglype pour triglyphe (un des otnements de la
frise de I'ordre dorique). Pour ce dernier mot, je croirais
k ud lapsus calami, s'il n'^tait, k vingt reprises, mal ortho-
graphic dans le eouratit du m6moire.
La redaction du m^moire a grand besoin d'^U^e revue.
II serait irijuste d*exiger que Fanteur d*uii travail sur une
question isp^ciale de stcienoe on d*art ftt preuve d*un m^rite
litteraire transcendant. Ce qn'on reprocbera k celoi-ci,
ce n'est pas de n'avoir point fait du style , c*est, au coa-
traire, d'en avoir Voulu trop fah*e, en cboisissant mal ses
modules. Au lieu d'exposer les faits et les ideas avec sim-
plicity, il tombe dan^ Tabus des phrases sonores et des
formules ampouldes qui ont cours dans certaines pro-
( im )
dQctioQ$ da la petite Htt6ratqre franfiaise cQDjbsmpQraine.
Qaelquefois aussi il pousae la faoiili^i;it^,4}i. style, juisqu'^
la triviality. II y.a, sous ce double rapport, beaucoup k
corrig<^ dans le lo^pioire , avant qu'il ,p^]sse etre livr^ k
riatpressioD.
La devise ne fait point, k propreipent parier^ partie
d'un memoirede concours. Capendaqt celle qu'a .plac^e
notre auteur en tete de son travail ne me semble pas
pouvoir dtre pass^ sous silence ^ p^rqe qu'elle renferme
I'enonc^ d*mie proposition absolument fausse,. Yoiei cette
devise : Si V architecture est la mesur$ du d^gre de civili-
sution ei de genie d'un peuple, est-ce a tort que, le peuple
romain <Kcupe, la. premiere ligne? Nous r^pondnons que
c'est assur^ent ^ tort, $*il ^tfiit vrai que le peuple roipain
occupltlapreoiiiri^. b'gne^ dans la spbi^re d'id^s oik se
place I'auteun G'est aux Grecs, createiurs des ordres d'ar-
cbiteciure, .qu'appartient de droit le premier rang parmi
les nations class^es d'apres les litres que donn/ent les ma-
nifestations du g6nie artiste. Cette superiority ne leur a
jamais ^t^ contest^e , que nous sachions. A Texception de
Tare et de ses d^riv^s, les Romains^ n'oat rien iqv^t^ en
arcbiteclure ; ils oDt tout emprunt^ aux Grecs. Us n'opt
trouv^, comme artistes, que Tordre composite, melange
d'iomque et de eorinlhien, ainalgameide deux elements
d*origine grecque. La [proposition contenue dans la devise
du sK^moire n'est done pas admissible, H j'ai cm devoir
signaler k Tauteur la m(§prise qu'il a commise en. Tinscri-
vant en tilede son ol^moire.
En r^um^) si rauteur a fait sou vent preuve de s^voir
elde sagaciti6 dans le courant de sq% travail, il n'a, pas
fMToduit uoe oeuvre assez satisfaisante^ dans son ensemble,
pour que rAcad(§mie puisse luj accorder la m^daille d'or.
( 466 )
Je m voterais que pour uoe recompense qui aurait ie
caractere d'un, encouragement. j>
A la suite d'uo ^change d'observatioos eutre les com*
missaires el differed ts membres , la classe d^ide, en prin*-
cipe,qu'on ne peut pas admeitre que deux questions soient
trait6es dans an g^ul m6moire, m^me lorsqu'dles offrent
de certains points de contact, par la raison que Tune
d'elles doit presque infailliblement dire sacrifi^ k I'autre
qui Tabsorbe et s'oppose a ce qu'elle regoive tons les deve-
loppemeuls auxquels elle donnerail lieu, si on reovisa*
geail s^par^ment.
La classe conslale^ en second lieu , que eel tnconv^nient
s'esl pr6sent6 dans la ciroonstance dont il s*agit, I'auieur
du m6moire re^u par TAcademie ayant seulement trail^
comme Episode la question relative k Rubens consid^r^
comme architecte, qui aurait pu donner lieu k un travail
plus ^tendu et plus complet.
Ayant egard aux oonstd^rations {M^^sept^es par I'un des
commissaires et auxquels les deux autres d^clarent se
rallier, la classe decide que le m^moire en r^ponse k la
question : ^tudier Vinflxience italienne sur Varchitecture
dans les Pays'Bas, tout en renfermant des parties fort bien
trait^es, presente des imperfections qui ne permettent pas
de lui accorder la mMaille d'or. La classe n'hc^siterait pas
k d6cerner a son auteur la m6daille d*argent, si, en Tac-
ceptant et en se faisant connaitre , celui-ci ne se privait de
la possibilite de prendre part k un nouveau concours sur la
m6me question. Elle pense mieux consul ter les int^rets de
cet auteur, aussi bien que ceux de I'Acad^mie qui doit
d6sirer de ne couronner et de ne publier que des travaux
enti^rement satisfaisants, en remettant la question au
( 167 )
concours, eet ajournement permettant k I'aoteur de revoir
son m6inoire , de le completer, d*ea faire disparattre les
imperfections qui lui ont &i& signal^es par les commis-
saires, de le corriger enfin sous le rapporl de la forme.
Ainsi envisag^e, ia simple remise de la qu^s^tion au con-
coursest plus honorable et plus avantageuse pour Tauteur,
que ne le serait robtention de la m6daitie d'argent.
La classe -decide done que la question : Etudier fin^
flvence ilalienne sur f architecture dans les Pays^Bas, sera
de nouveau portee au programme de fann^e prochaine.
Elle arr^te , en outre, que la question : Apprecier Rubens
comme architected disparattra du programme du prochain
concours, pour^^tre, s'il y k lieu, reproduite ultMeu*
rement.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
f^a classe s'est occup6e des pr6paratifs de la seance
publique annuelle, qui fera encore I'objet d'une reunion
pr^paratoire laquelle aura lieu la veille de cette solennit^.
(468)
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Seance du 23 septembre 4870.
M. Ch.-A. Fraikin, directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. L. Alvin, F.-J. F^tis, Guillaume
Geefs, Cb.-L. Hanssens, J. Geefs, Ferd. De Braekeleer,
£d. Fetis, Edm. De Busscher, Portaels, Alph. Balat, Aug.
Payen, J. Franck, Gustave De Man, Ad. Siret, Julien Le-
elercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, memfrres.
CORRESPONDANCE.
Une lettre du palais annonce que le Roi , Protecteur de
la Compagnie, assistera k la stance publique de la classe.
M. le Ministre de Tint^rieur a fait part, ^galement , que
Sa Majest6 honorera de sa presence cette solennit^.
— S. A. R. Monseigneur le comte de Flandre a fait
exprimer ses regrets de ne pouvoir assister k la meme
stance.
— M. le Ministre de Tint^rieur informe qu'd d^faut du
(169)
Temple des Augustins, c'est au Palais ducal que devra avoir
lieu la stance publique^ donl la date est fix^e au samedi,
24 de ce mois, k une heure.
Une leltre dumfime D^partemeht a anndnc^ I'ex^cution
des cantates de MM. Mathieu et Pardon , qui out obtenu , en
partage, le second prix lors du grand concours de compo-
sition musicale de 1869.
PR^PARATIFS DE LA STANCE PUBUQUE. "
Conformeraent k Tarticle 15 dii rfeglement int^rieur,
M. Ch.-A. Fraikin donne lecture du discours qu'il se pro-
pose de prononcer en sa qualite de directeur.
M. Ad. Quetelet donne, k son tour, connaissance des
pieces qu'il lira , en sa quality de secretaire perp6tuel , pour
proclamer les r6sultats du concours de la classe et ceux
du grand concours de peinture de cette ann^e.
M. le secretaire perp6tuel annonce, en m^me temps, que
toutes les dispositions son t prises pour la solennite du len-
demain.
2"*'' Si^RlE, TOME XXX. ^ 12
( 170 ).
GL4SSE DES JBEAIJX-iiRTS.
Seance publique du 2i septembre 1870.
(Au Palais ducal, a 1 beura)
M. Ch.-A. Fraikin , directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp6tuel.
Sont presents : MM. L. Alvia, F.-J. Ffilis, Goiriauine
Geefs, Ch.-L. Hanssens , Jos. GeeCs, Ferd. De Braekeleer,
Ed. Fdtis, Edffl. De Busscher, AlphiHise Balat, Ang.
Payen, le chevalier L6on de Barbure, J. Frainek^ Gost.
De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Sliiigeneyer, Alex.
Rohevi, membres,
Assistaient k la j^aoce :
Classe des scuinces. — MM« Dewalqoe , dtrecteur el ipt^
sident de rAcad^mie, Du Mortier, U de Kooinck) le
vicomte B. du Bus, H. Nyst, Gluge, Melsens, J. Liagre,
F. Duprez, Poelman, Ern. Quetelet^ M. Gloesener, Ch.
Montigny, E. Dupont, membres; E. Lamarle, E. Catalan »
associes; Ed. Mailly, correspondant.
Classe des lettres. — MM. Sleur, J, Roulez, Gaebard,
P. De Decker, M.-N.-J. Leclercq, IML-L. Polaio, le baron
J. de Witte, Ch. Faider, le baron Kervyn de. Letteobove,
R. Cbalon, Th. Juste, Felix Neve, Alph. Wauters, H. Con-
science, membres^ J. Nolel de Brauwere van Steeland, '
associe.
( 171 )
Le programme de la solennit^ se composait de :
i"" Fausf laatste Nacht, traduction flaraande, par
M. E. Hiel , de la scSne lyrique avec choeurs de M. Gustave
I^Sy^9 d'Anvers, laur^at dn concours des caotates fran-
^isesde 1869; musiqae de M. F6\\x Pardon, second prix,
en partage,. du grand concours de composition musicale
de la mSme ann^e ;
2*^ Discours de M. Ch.-A. Fraikin, directeur de la classe;
3'' Proclamation , par M. Ad. Quetelet, ^ecr^taire perp^-^
tuel de I'Acad^mie, des r^sultats des concours de Tannee
1870;
4" La demiere Ntiit de Faust, sc6ne lyrique avec
choeurs, paroles de M« Gustave Lagye , musique de M. Emile
Malbieu, seeond prix , en partage, du grand concours de
composition musicale de 1869.
Le texte original des paroles des cantates a d6}k ^i& im-
prim^ , avec la traduction flamande , dans le compte rendu
de la s^nce publique de la classe des beaux-arts du mois
de sepiembre 1869 (1), solennit^ dans laquelle ont ^i& pro-
clam6s les r^sultats du concours des cantates, ainsi que dn
grand concours de composition musicale de cette ann^e. Le
premier prix de ce concours a et6 d^cern6 k M. J.-B. Vanden
Eeden,deGand.
Le Palais ducal avait re^ju une ornementation speciale
pour la circonstance.
Une foule nombreuse et ^I^gante remplit la grande salle,
ainsi que les loges.
S. Exc. M. Savile Lumley , ministre pl6nipotentiaire de
- - ^ — ^ -
(1) Voir Bulletins, ^ s6rie, tome XXYIf I , page 305.
( 172 )
la Grande-Bretagne , assiste k la solennit^ dans la loge
diplomatique.
A une beure , Sa Majesty le Roi , Proteeteur de FAca-
d^mie, qui avait fait prdtenir qn-ii se proposait d'assister a
la stance, est arriv^ accompagn^ de Sa Majesty la Reioe et
d'une suite compost de M. le comte Th. YanderstraeleiH
PoDthoz , grand marshal de ia coor, de M. le colonel
comte I. Vanderstraeten-PoQthoz^ aide de camp, de H"*''
la comtesse d^Yves et to comtesse d'Ursel, dames du pa-
lais, ainsi que de M. le capitaine bapon Vaa Rode, ofiScier
d'ordonnance. '
Le bureau de la classe, composd de M. Gh.^A. Fraikin ,
drrecteur ; et de M. Ad. Quetelet , seor&taire perp^tuel , aiosi
que M. Dewalque, president de TAcad^mie, et M.le baron
Kervyn de Lettenhove, membrede la ciasse des lettres et
Ministre de Tint^rienr, sont ail^ recevoir Lours Majest^s k
la porte du grand vestibule d'entr^e- •
Apr^s les compliments d*usage , Leurs Majesty ont 6t&
conduites k la loge rojale.
M. Pardon, auteur de la cantate flamande , a pris la
direction de Torchestre du Conservatoire royal pour I'exi-
cution de son oeuvre, qui a &ii interpr^t^e par M"^ Gob-
baerts , MM. Warnots et de Ligne , la SoeiiSt^ de Choeurs
rOrph6on ^ de Bruxeiles, et des dames amateurs.
De vifs applaudiissements ont accueilli cette cantate*
M. Gh.-A. Fraikin a pris ensuite la parole en quality de
directeur et a prononc^ le dtsconrs suivant :
€ Messieurs,
» Nous voyons toujours avec un nouveau plaisir se
renouveler les f^tes de septembre, qui terminent les beaux
jours de Tannic. Le public se souvient avec oi^ueil des
:( in )
temps passes et contemple aTec une sorte de reconnais-
sance Tavenir qui lui est encore pr6par6.
^ Cette fois, son bon&eair est molns complete au milieu
des ^v^nemeots d^sastrenx qui out eu lieu autour de nous.
MaiS; n'ayant pu les pr^venir, la Belgique ,se console en
songeant au soulagement qu^elle eherche k y apporter et
en tendant une main amie dux malheureux qu'elle a vus
tomber. La pius sincere sympalbie se r^pand autour d'elle,
elle ne songe qu'aui souffrances de ses fr^res.
» Pour nous distraire en ces tristes circonstances , fi^lici-
tons-nous de pouvoir jeter les yeux sur notre histoire ei
spdcialement ThiGftoire des beaux-arts^ lesquels ont tou-
jours fait la consolation de Thomme dans ses instants d'an-
goisse et de douleur.
9 PermettezHaioi done de porter vos regards vers ces
travaux heureux qui sotilagent Tboi^me au milieu de ses
peineset lui pr^parenijiaaveoir qu'ii envisagera toujours
avee satisfaction : je veux parler des jours donnas aux
beaux-arts, source tranquille pour les pen pies qui savent
les culti^rer, et qui forment des titres bonorables pour son
pass^.
» Pour ne parler que des arts, les triompbes que pent
citer la Belgique lui vaudront toujour^ Festime des autres
nations. On verra avec plaisir un petit pays, tel que le
ndtre, qui a pu, pendant des guerres continuelles qui Ten-
touraient, cuhiver la musique de la maniere la plus bril-
lante, jusqu'k Roland de Laitre et durant plus de denx
sidles. Toutes les capitales de TEurope ont possede des
musiciens beiges ^minents, qui occupaient alprs les pre-
miers rangs; et il en fidt de m^me pour la peinture, la
sculpture et tous les arts dn dessin. On n^oubliera jamais la
grande ^cd^Ie flamande et son illustre cbef Rubens, autour
( 474 )
duquel se groupaient les artistes qui comptaieni, entre
autres, !e c616bre Van Dyck.
» Mais ce que I'^lranger perd peut-6tre trop de vue ,
c'est la grande et belle 6cole de Van Eyck, de Tillustre
inventeur de la peinture k I'buile, que les peintres les plas
renomm^s de TEurope venaient visiter avec des sentiments
de respect et de sympathie.
i> Ce respect etait bien merite , car cette ecole eiit seule
sufli, comme, en Allemagne, celle d'Albert Diirer, pour
faire le plus grand bonneur k la Belgique; elle pouvait se
soutenir dignenoent, avec ses nombreux Sieves, au milieu
des 6coles les plus c^l^bres qui se formaient alors.
i> Le grand nom de Rubens a peut-etre nui k cette
gloire , que nous sommes fiers de poss^der aussi. II sem*
blerait que le Beige n'est capable que de suivje les pas de
ce grand maitre anversois» en oubliant le merite de sa
premiere 6cole.
]> En louant Rubens, ce prodige par sa fermete dans le
grand art qu'il a professe avec tant de distinction; en le
meltant k la tete des peintres qui ont sp^cialement en vue
le mouvement et la hardiesse du dessin, on a trop oubli^,
peut-^tre , qu'il existait en Belgique une autre ^cole , celle
de Van Eyck, qui semble chercher son triomphe au mi-
lieu de la tranquillity et de la gr^ce de ses compositions.
Quoique ex6cut6s aux premiers jours de la Renaissance,
ses ouvrages se rangent encore au premier rang dans la
peinture que I'art pourrait nommer, a Tinstar des lettres,
la peinture sacree,
i> Bien des connaisseurs ont pr^tendu, avec raison sans
doute^que cet artiste illustre ^tait peut-etre un chefd'^cole
plus silr que le c^l^bre Rubens, dont rimmeose talent
semble enti^rement concentre dans sa persg^nne.
( 175 )
» Le repos, la disposition tranqaille des sujets convien-
nent mieux au peintre, en general, que les mouvements
violents, que les poses, en quelque sorle forcees, qui ne
sent cr^^es que par le sentiment et une profonde connais-
sance du jeu'des miiscles et de Tanatomie. Ce dernier genre
de peintore ne peut convenir qu'^ des artistes habiles ayant
la connaissanceintime d'une foule de difficuU^s et d*un art
port^kson plus haut point de d^veloppement ; tandisque
Fart plus tranquille de Van Eyck permet i^ une grande
d^lfcatesse de sentiments et de perceptions d'^x primer ses
pensees et d'etudier les efifels divers du tableau.
» Si nous rappefons ici T^cole de Van Eyck, si opposee
k celle de Rubens , ce n'est certes pas pour diminuer le m6-
rite de Tun de ces grands maltres et pour augmenler celui
de Tautre. Nous n'avons d'autre but que de faire valoir
Tavantage immense qu'a poss^d6 notre petit pays de for-
mer, sous deux des grands maitres qu'a vus naitre la pein-
ture, deux talents atissi divers et aussi remarquables; c'est
d'insister surtout sur le manque de justice qu*il y aurait k
n'estimer pas suflisamment fun, tout en croyant relever
Taulre. Tous deux resteront debout dans leur grandeur,
et nous serons toujours heureux de pouvoir les montrer
comme les deux figures artistiques les plus imposantes
qu'ait produites la Belgique. lis formeront k Jamais ses
plus beaujt litres de gloire et chacun, dans son genre, ser-
vira de modfele. »
L'assembl^e a r^pondu par des applaudissements k ce
sympathique t^moignage exprim^ en feveur de T^tat ac-
tnel du pays, ainsi que pour les souvenirs artistiques in-
voq«fe k cetle occasion.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp6ttiel, a prodam6 en-
( 176 )
suite^ de la maniere suivante, les r^ultats des coDcours
de I'ann^e 1870 :
GONGOURS DE LA GLASSE.
Un m^moire portant pour litre : l^tude de I'influenee
Ualienne sur Varchitecture des Pays-Bas, et pour devise :
Si rarchitecture est la mesure du degr6 de civilisation et
de g^nie d'un peuple, est-ce k tort que le peuple romain
occupe la premiere ligne? — a 6i6 envoy6 en r6ponse aux
deuxi^me et troisiSme questions du programme de con-
cours de cette ann^e.
Con form^men faux conclusions des commissaires char-
g6s d'examiner ce travail , la classe a pris les resolutions
suivantes :
Aux termes des principes qui regissent ses concoui^s,
I'Acad^mie ne peut admettre qu'un m^moire soit pr^sent^
comrae solution de plus d'une question; en consequence,
la classe a recherche k quel sujet Toeuvre r^pondait le plus
directement et, de I'avis de ses trois commissaires, elle a
reconnu que c'^tait au deuxi^me, concernant I'^poque a
laquelle Farchitecture a subi, dans les Pays-Bas, I'influence
italienne.
Tout en appr^ciant le veritable merite du m6moire, la
classe n'a pu, conform^ment aux conclusions des rapports,
lui d^cerner la m^daille d'or. Elle a d^cid^ que la question
sera r^serv^e pour un prochain concours et elle esp^re que
le concurrent y reproduira son oeuvre, apres avoir tenu
compte des observations|des commissaires.
GRAND GONGOURS DE PEINTURE.
Conform^ment aux resolutions du jury charge de juger
le grand concours de peinture de 1870, institu^ par le
(m)
Gouvernement aupres de TAcad^mie royaledes beaux-arls
d'Anvers, le premier prix a 6le d6cern6 k M. Xavier-Au-
guste Mellery, de Laeken.
Un second prix a ^le d6cern6 k M. Charles Ooms, de
Desschel (province d'Anvers).
Le sujet du concours 6lait : Le prophete £lie va trouver
le rot Ochosias et lui predit sa mort.
Les deux Iaur6ats sont venus reeevoir, des mains de Sa
Majesty, la r^compens^ qu'ils avaient m^ril^e. Le Roi a bien
voulu les complimenter sur leurs succ^s.
m
M. Emile Mathieu est aII6 ensuite prendre la place de
chef d'orchestre pour diriger son oeuvre, faile sur les pa-
roles fran^aises du poeme couronn^. Celle cantale a el6
interpr^tee par M"* Gobbaerls, MM. Warnots et Mathieu,
la Soci6te des Choeurs de Bruxelles et des dames amateurs.
L'assemblee a vivement applaudi ce morceau.
Sa Majesty, qui avait manifest^ le d^sir de se faire pre-
senter MM. Pardon et Mathieu, a accueilli avec sa gracieuse
bienveillance habituelle M. Mathieu, seul present, accom-
pagn^ de M. F.-J. F6tis, et lui a adress6 ses compliments.
Leurs Majestes se sont ensuite retirees, reconduiles par
le bureau de la classe.
( 178 )
CLASSE »W.S ^CIMJUCM^
Smnc0du$octQ/)fe187O»j
M! (j.DEWALQUfi, directear/preisident de rAcad^mie.
M. Ad. 'Qcet^le^ ,' secretaire perp6tuel.
Sont presents : MM. J. d'Omaliua d'Halloy, J.*Su Slas^
L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Long-
chdin{)»$^vte vieomte B./du Bus^U^i^jfit/Glugfiy Melseas,
J, Uape^ F.Duj)«e{(4 Poedinan; E^ Qiieteiieiy H. Mans,
M.Gioe^a0r^ A^Spring^'Caiid^ge^ F«. DoBQy^Gb^MoDtigay^
SXekhen^ 6). I)ufQMi^ menibres; El Lamarte, fi, Catalan^
ass^om; EJdf.V9rr]^i/Sd. Mailly et A. Briajfl, corres-
' \ CORRESPONDANCE,
M. le Ministre de rinterieur, par trois leltresdififerentes,
a ad ress6, divers ouvrages destines & la bibliolh^que.
-^' M. L; Henry, cotrespoftdant, envoie, i titre d'hom-
mage, line houVelJe brochnre de sa composition. — Remer-
cimentsl
— Le8 ^tablissement? do»t tes tioms suit^t accuseni
r^cepiioa d6 deraier eavoiide pufalicatiofis acad^miques, et
( 479 )
quelqiies-uns adressent, par contre, ieurs r^cents travaux :
le Mus^e Teyler, k Haiiem, I'Acad^mie des sciences de
Rouen, I'ln^ltut natfonal ^e Genive, 4a86(^6(i6 linn^enne
de Londres, la Soci^te royale g^ographique et la Soci6t6
math^matique de la mSme ville , TOffice m^teorologique
de Calcutta, ia Soci^t^ imp^riale des oaturaiistes et la
direction des Mus^ de Moscou , rA(^d6mie des sciences
de Hongrie, a Pes^h, rAcadiSwie de$ sciences ^t I'pb^^r-
vatoire de Madrid , I'Acad^mie royfile des s^ieoc^? e\j la
section g^ologique de la direction g^n^rale des travaux
g^odfeiques de Lisbonne. ^
— L'Institut Smithsonian, de Washington , iransmet,
en fld^me temps queses derniers travaux, lis pubtications
des ^tablissements scientiflqnes des £2tats<<TJdis' en rda«
tions d*4cbange avec^ la Gompagnie. €es '^taUlissements
sont : la Biblioth^ue pqblique d'Albany, I'Acad^ie des
sciences de Boston et la Soci^t^ d*histoire natureHe de la
mdme vijle, TAssociation am^ricaine pour Tavancement
des sciences , TAcad^mie des sciences de Chicago , le Lycee
d'histoire naturelle de New-York , TAcad^mie des sciences
naturelles de Philadelphie, la Soci^t^ philosophique et
FAssociation pbarmaceutique de la m^me ville, la Soci^te
d'histoire naturelle de Portland, I'lnstitut d'Essex k Salem,
FAcad^mie Peabody des sciences, de la mdme ville, les
d^partements de Tint^rieur, de la tr&orerie, de Tagricul-
ture et de riostruction publique k Wasbingtop^ D^s f?emer-
ctments sont aussi adress^s par q\ielqiies«unj$ die ces ^ta-
biissements pour Tenvoi des travaux de TAcademie*
— MM. Terby et Desnineaux commumqueat Ieurs
observations, fiitea k Loovain tAk Kain^ pr^s de Toornai,
( 180 )
sur Taurore bor^ale du 24 septembre dernier, qui a ete
^galemenl observ^e par MM. Ad. et Ern. Quetelet k TObser-
vatoire de Bruxeiles.
— M. Duprez envoie le r6sum6 de ses observations m^-
t^orologiques faites k Gand en 1869, destin^ au recueil des
pb^nom^nes p6riodiques.
— M. le secretaire annonce avoir re^u de M. Tcrby,
pour Louvain; de M. Berna^rts, pour Malines; de M. Cava-
lier, pour Ostende; de M, Vertriest, pour Somerghem ; de
M. Brauck, pour Chimay, et de M. D. Leclercq , pour Liege,
des notes sur les orages de cette ann^. Ces observations
paraitront dans le Bulletin k ia suite des documents sem-
blables relev^s pour Bruxeiles par I'Observaloire royal.
— Les travaux manuscrits suivants seront Tobjet d*un
examen :
1° Recherches physicO'Chimiques sur les Articules aqua^
tiques, premiere partie, par M. Felix Plateau. — Commis-
saires : MM. Schwann, Gluge et Poelm^n;
2° Sur un principe de statique maleculaire avance par
M. Liidtge, par M. G, Vander Mensbrugghe. — Commis-
saires : MM. J. Plateau el Duprez.
RAPPORT.
Depuis la derniere stance, M. Perreul, k Iseure, prfes de
Moulins, a adresse une communication sur la d^couverte
d'une nouvelle force motrice.
M. Liagre, k qui cette note a 6t6 renvoy6e pour examen ,
( 181 )
doDDe lecture de son rapport. Conformement aux conclu-
sions qu'il pr^sente , la classe decide le depot aux archives
du travail de M. Perreul, ainsi que du rapport auquel il a
donne lieu.
l^LEGTIONS.
La classe se constitue ensuite en comity secret pour
s'occuper des candidatures aux places d'associ^s de la sec-
tion des sciences naturelles de venues vacantes par le d6cis
de MM. Moreau de Jennys et Lacordaire. Elle est appel^e
k prendre, en mSine temps, une decision relativcment aux
places de correspondants.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Les Echmeis et les Naucrates dam leurs rapports avec
les poissons qu'ils hantent; par M. P.-J. Van Beneden,
membre de TAcad^mie.
Depuis quelque temps d6j^ , je guettais Toccasion de
visiter deux poissons dont le genre de vie et la nourriture
sont encore probl6matiques; je veux parler des Echeneis
ou Remora et des Pilotes ou Naucrates; les premiers
s'attachent, comme on le sait, aux grands poissons bons
nageurs, par les plaques de la t^te, les autres sont accom-
pagn^ des Requins ou les accompagnent toujours, associa-
tion qui leur a valu le nom de Pilotes,
Ces Echeneis \ivent-ils aux d^pens des poissons aux-
( 182 )
qtieteils s'attacheRt, ou se noQiTissent-ils poor fear propre
compte par tear propre iiidastrie?Eii "d'aiitres termes, $ont-
its ' parasites oa eommensaax, ne demandant ati Sqaale
qu'une place pour alter pfus fite, on gtte poor dtre plus
en sttrbt^ ?
Oe6 P</oi6s viven^its de quelques (Minis des Requins,
desrestes q^i tombentde lenr proie, oo p6chent-its, eomme
les Requbs edxi-mdmes/dans les m^mes eaux?
Le miisee de Loavain ne m'avait pas fourni assez de
mal^iaut pour la Boiutton de ee probl^me ; je n'avais de
ces getir^s int^ressants que des poissons de petite taille^
conserves dans la liqueu*, et donl t'estoniac 6tait compte
tement vide.
J*ai proflte de mon passage k Londres^ me rendant k
VAM0cittiion britannique de Liverpool, pour meltre*^ con-
tribution les magaifiques collections du British Museum,
que les savants ditieefeiirs de tel ^Cabfissement unique
mettent si obKgeamment 4 la disposition de tons ceux qui
travaiiteiit. Mon savant confrdre et ami le doeteur Giintber,
qui a 80tt$ sa direceion' la ciasse des poissens et des Rep^
tfies^a bien voutci m'atder k onvrir an certain nombre
d'entre ook> etgr&ee k sa complaisante cooperation, nous
avoiis^pu mieux nousassurer de leur genre de vie que si
noas avions visits les parages quils faantent.
En ottvrantleurestomac, nous avonspris ^onnaissanee
de l^r mena, et voici le r^sultat de cette visite domici*
liaire.
Le premier poisson que nous examinonis est tm Echeneis
Naucrates de Bahia; son eslomac est vide sauf on fragment
de eoquille que nous croyons devoir rapporter au genre
Halialiii
Le secMd est on B^neis remora de SS centimetres de
( 1«3 )
lou^jh pea pife?:, proveaant de Sainfce-fl^l^e, Sm esto-
mac est pldo. En rouvrant , uousy txoiiypi^iiQi i^fiarfeiiii
de poisson q^^ le.resmplit prei^up cpfflpl^temj^il, et des
vert^bres i^QJi^s dopt^ la elmir e$|L dig^e<^ , .
Dans un autre Echeneis remora nous trouTQpa plu**
sieurj^.p^i^.poi^flp de 4^x. cepti^jfiJipesideplDiftgipp^^ir-
teiiaq.t^i une-ip^fnejesp^p^, .(> g^t, w^<lH.led^
iher, de Jeiine^. PUg^^^., {iVau<Pr«*^« df^cfpr ) doqiiiCJi^vicr^
fi|it un^ence.npiiye^u^Qas ,^6 aqn^ deii^aiic/^r^.I^eibQijal
L'^tiquette. jM)j:tait <)/d. <^{J^o% .aiM^i^iifi^
L^.questji^];! est dp^t <#;id^ fjOttr.jesi t^l^nei^ : ife
mangent des poissons vivants; ils ne vivent pas aux, di^ns
des Squales m^ h^m^h- Hjs s'^taWjssjea* , fe ne- knr, de-
mandentqu'up^^placQ.paiar altei: plus vlt^et^e.suiileAtet.r
dans les fn^^s ^ef^i^if* ^ raide j^. lew pi?^pre.. industries ils
ne sont pas; plus pa^^^itesdespois&aiisqiii les portent;^ qm^
les cavaliers. ne^Bont; parasjfe^ du ,eJwv8l qufil^ iiiontent.
lis se seryeatdes Itequins patu! ^ti^e ^nduHs^4)lii$'tite.el
plus loin dans des eaux p0issonneu^a« oii^ ih ppiirroiit
packer k c^ de leur, hdilie* L^ B^«ift$,:et If^ 'Ecbeneja
mangent jusqu*4 unqertain pojnl 4^0^ les: meioes .esiuit
et j'aUais.dire ds^ns le j»6fi)e; pUl^.:pui58tt3Jls.id»Qi»saent
tons les deux c^ qi^i ^st h le^r qoip^sjen^in^eppuriUt/graii*
dear cpmnfe pwr le godt, et^ k c^ poiatd^ vue, oes pois-
sons soQt dei.Nf^l^ <^Ofmnen^ux« Jl^ se nQiirn$^Qt comme
les Coronules et les Tubicinelles qui ont'6lu domicile fiiNr
la t6te ousftr )e dps de^^a/m^. , - , i ; :r . :
Majs comin^iBt tnouve^-oa daa^ t'estpmaCs du pi^mier
un morcesiu de coquiUe d'^o^to/isi daa^. la s^cpnd quel-
ques yert^bres d'un poisson, quelques vert^bres seulem^^r
et uB BLOi^Q^au. die ppisi^ co^ip^.aUv miiiey dit cerpsi?
( iSi )
Ces vert^bres proviennent 6videmment d'une amorce,
dont I'Echeneis a diger6 la chair, et le morceau de poisson
en place est I'amorce qu'il venait d'avaler au moment
ou il a ei& pris et mis dans la liqueur. En examinant les
l^vres on en trouvait la preuve : la peau ^tail d6chir6e par
rhamcQon au-dessus des os maxillaires.
Quant au morceau decoquille, 11 est a supposer que ce
n'est pas VEcheneis qui est all6 chercher ce Mollusque au
fond de la mer , mais qu'il a ava1£ et diger6 le poisson qui
s'en est repu.
Nous avons ensuite fait la visite de quelques Pilotes qui
n'avaient pas moins de 55 centimetres de long.
L'estomac du premier renfermait un morceau de poisson
et des pelures de pomme de terre ; il portait comme seule
indication de lieu : c de FOc^an. d
Dans un second nous avons troov6 des crustac^s de
15 millimetres de long. ,
Dans un troisi^me Testomac contenait ^galement des
debris d'un poisson qui le remplissaient compl^tement; il
provenait de Madire.
Un quatri^me renfermait encore des crustac^s (le Ty-
phis rapax, Edw. et un autre Amphipode encore ind6-
termin^) , un morceau de peau de poisson et un debris de
fucus.
Le Pilote est done egalement ichthyopbage et crusto-
phage, et Ton pourrait mtoe dire qu'il est omnivore puis-
qu'il avale indistinctement tout ce qu'il trouve sur son
passage.
II a aval6 les debris de pommes de terre qu'on a jet6s par-
dessus bord , il a avaie le poisson qui a servi d'amorce , et
il n'a pas dMaigne les crustaces ni les autres corps flot-
tants qu'il a trouv^s k sa port^e.
( 188 )
On peul en conclure qu'il n'y a d'auire rapport entre le
Pilote et le Requin que de vivre dans les mdmes eaux;
chacun d'eux guette avec avidil6 la p^ture qui est propor-
tionn^e k sa laille.
J*avais done soup^onn^ k tort que le Pilote nage avec
les Squales dans le but d'ailraper les restes de leurs repas
ou de sucer les f^ces dont la substance nutritive n'est sans
doute pascompletement dpuisee.
— M. Van Beneden fait ensuiie une communication
verbale au sujet des intentions de M. Dohrn , de Ji&na, de
poursuivre I'^tude de la vie des animaux dans des aqua-
riums qui seraient organises, d'abord dans la M^diter-
ran6e, k Naples, puis dans d'autres mers, de mani^re
k offrir aux naturaliste^ tout le materiel n^cessaire. II
demande en m6me temps, au nom de i'auteur, que TAca-
demie veuille bien accord er son appui moral k la realisa-
tion de cette idee , destinee k apporler de grands change-
men ts dans la science.
La classe accede k ce d^sir.
2™* SfiRIE, TOME XXX. 13
( 486 )
CLASSE DES LETTRES.
Seance du 10 petobre 487&y
M. E. Defacqz , directeur.
M, Ad. QuETELET, secretaire perp^tueL,
Sont presents : MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage, J. Rou-
lez, Gachard^ A. Borgnet, Paul Devaux^ F.-A. Snellaert,
J.-J. Haus , M.-N.-J. Leclercq , le baron de Witle, le baron
Kervyn^le'Leltenhove, R. Chalon , Ad. Malhieu , J.-J. Tho-
nissen, Th. Juste, F^lix Nfeve, Alph. Wauters, H. Con-
science, wc^nftres; J. Nolet de Brauwere van Steeland et
Aug. Scheler , associes.
M. L. Alvin, membre de la classe des beaux^arts, et
Af. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assistent k la stance.
CORRESPONDANCE,
La classe est inform^e de la mort de M. Alexis Bogaers,
Tun de ses associ^s, d^c^de subitement k Spa, le 11 aoiHt
dernier, line lettre de condoleance a ^t^ ^erite k la TanHlle
du d6fuDt.
— M. le Ministre de rint^rieur fait parveiiir, pour la
bibliotheque de la Compagnie* un exemptatre de Von*
( 187 )
vrage intitule : Biographies contemporaines : Le baron de
Gerlache, ancien president du Congres national , etc., par
M. Th. Jaste.
M. le comte Arrivabene, fissoci^ , adresse , k titre d'hom-
mage, un exemplaire de son livre portant pour titre :
Alcuni scrilti nmrali ed economicL
M. Ad. Mathieu offre un exemplaire de sa derniere
composition po^tique , intitul^e : Sursum corda !
Des remerctments sont Tot^ par la classe pour ces
diffi^ents dons.
— UAcad^mie dliistoire de Madrid, la Commission
imp^riaie arch^ologique de Saint-P^tersbourg et la Soci^t^
historique de Pensylvanie, k Philadelphie, remercienl
pour le dernier envoi de publications acad^miques.
=?
RAPPORTS.
HebberechtS'Godshuis , gewoonlijk Schreiboom genaamd ,
notice par M. Frans De Potter.
€ Les ifistittttions de bienfaisanoe que nous devons aux
vertus de nos p^res s'en vont rapidement, surtout dans
Fancienne capitale de la Flandre. Si le raarteau destruc-
teur travaille en foveur des finances des hospices, entre les
mains desqods la plupart decesinstitutions^taientpass^es,
(1S8)
k coup sAr i[ brise le chatnon <|uitaua<$lmit1e'pri&sent m%
temps ant^rieurs. Les institotkms de bi^n^ii^iice i9o6t an
m^iue degr^ que nos liAtels de ville, que ^6^ b^ffirois, que
nos cath^drales, les t^moins historiqtieft de fespfit qin, isiax
diffSrents slides , prdsidait k notre itiotfreAieHrfioei^. Leor
aboIitioD successive tte peut done Hte entisa^^e pftr les
Flamands que comine faisant partie d'OM oeuvre de deis*
tructioD dirig^e centre Fespric national. CW atesi que le
fait est apprec]6 par la grande majork^: '
La derni^re de ces fondations entev^e d^ns la vilte de
Gand k son institution primitive, est Tbospite Hebbereeht,
plus connu sous le nom de Schfeibodm (arbre pleureur).
Le m6moire que M. Frans De Potter pr^seieite i la'-cksse',
en renferme lliistoire et donne un tabkau de^on orgatiisa-
tion. L^ouvrage se divise en trois parties, traltant 4e Vim-
toire, de la fondation, de Torganisation, de la ebapeite
Schreiboom et de la devotion qui s'y raltache. Les sources
consul t^es par I'auteur sent les archiveis de Taiibaye de
Saint-Pierre au mont Blandin, lez^and, cons^v^es aox
archives de la Flandre orientale , et (es livres des comptes
de rhospice d6pos£s aux m^m^s archiVee^.
La commune de Saint-Pterre, annex^e^la tlRe de Gand
sous le regime fran(^is, poss^dait jadis deux bdpitaux, I'un
refuge de \ieillards, Tantre destrn^ ku sotilagement de ma-
lades indigents et aii logement de pdterms. Le premier ^ait
connu sons le nomde Sint'Geest'k&spit(ial{Mp\\j9A du Saint-
Esprit), Tautre sous celui de Bebbeihechts^Godihuts (baspioe
de Hebberechtj. C'est de ce dernier qiie M. De Potter voos
presente la monographfe.
A en croire les apparences, ee serait k tine'famille Heb*
berecht que Thospice de ce nom diVt son existence. Cest
r^ellement ce que SandeTus, et a)[yrdi^1ni tbtts eeox-qiii
,( 189 )
wt tml^ilfi quQ$AiQnv pc^i^^f^l:- Saf^d^i^ etaii ini$ sur
€eU6.ii»)ieitpai!,Cpi:p^lif» Vw* 4er Mo^r©, avoqatau conseil
i9iii{^r.:Sinie0fuii, p4ikn 4fi]e^u^^4e. heerenprela^ van
Smt'Pkieri^S>^^: cat wvrage, Van dej Moere dfeigne
Wwme fofl^a^^pi; de.l!^taWissemeiit.^ea9 .He^bbj^re^^t, mort
.e»i1527* irVjnev^rdfil'bistpriien s$ coipprjepd en parlie par
le faJ^u'amXyiif sjeiilc^ I'l^pfie^JDefamiJle E{ebberecht 6lait
encore dans Taisanqe^* ]M*iD^:PaUer doute.du f^it, d'ahord
panlfi qw0 Mi^Qn, jl^^gO Tabbf^yei de SaintTPieTre avail Wad*
]ni«i9Ur$it0ii'd^!r(bwpi£ey.efi$uite.pa^ uo acta
deiSga f i^aft^du^iRT^t dfj^Sa^^itTpi^rre, rhospice est de-
sjgoti 5QU$ Ui4^n)iQaiip9 d^ haspUalifi HaQbertiy et dans
4ift\aMlre mt^^^A^^.so^s.^l^iAe^^^ Ec-
beftf.l^'.nQjp[^:^eMebberech4' serait done
M tr^uc4ionfth^Uf^ ilu noo;r:la|[|iD J^c&er/245>
Cepeu^iniiVmimi diJk mempire: croit i la possibilile
qu%n membi^ ck \^ famUla Hebberecht ait plus tard par-
tiaip^ i I'^agrandis^^imant de rinsttlutiop. ,Pans un travail
puUt^odeppij^^ OQe M* De Poller a presen^^ son m^moire,
M. Van LokerenttlM I savant bi^torjograpb^ de Tabbay^ de
S0totfrPi€«fre>5nP95 apprend qure^d^a en 1246 et 1277,
diverjS6& d^ay^nafinrept faitea^ Thospioe {Me$safferjies
Hifime^hiH^i^Sx 1 870 » pp. 231 ^55). M.Yan Lokeren
68C Element; d'a(;^<»rd avec noire auleur sur Torigine
de te fqndaUon; Sfjloalui, « d^s piMes authentiques 6ta-
bli^eDtque^ise j:efuge ej^isCait d^j^ en 1259 et que Torigine
j60 doitt dtfse attii^Q^ a ra^^aya df $aini-Pi.erre mSme. ]>
Apr^s les origines, Tauteur traile de rorgauisatiou de
i!bOBpi€^M i^u^ Xyf 3i^le rjnstitutipn Hebbereebt poss^dait
d^^ temrea I da^Sipluaieurs communes de la Flandre^ ainsi
que deiSi r^nte^ $ur dea^ biens-fands; de plus elle jouissail
( 190 )
en partidpatiCH) de plusieurs ^molumefiU dimn^s par Tab-
baye.
Le refuge ^taitdirig^ par une ^updrieure, appel^e M6re
ou Maltresse (Moedery Meesteresse) ^ appartenaot parfois A
Tune des premieres families de Gand. Elle tenail rang
parmi les prebendiers, dootle nambre variait de seise i
quarante. Aux jours de £St6 eile jouissait de^quelqi^spri*
vil^ges innocents.
Les prebendiers etaient divis^ en deux eateries :
les uns avaient deoieare fixe dans I'hoi^ke^ ies aulres y
avaient libre sortie. Get externat etatt permanent on tein<^
poraire; dans le dernier cas on s'ffbs^tait ie lour pour
travailler et on rentrait le soir. Les prebendiers apparte*-
naient indistinctement aux deux sexes^ et il a*etdft pas
itire de rencontrer dans Tasile mari et femni^. A. partir dn
XVIIP siede les bommes en sont exclus et ra tt'admet que
de vieilles femmes pauvres. L'admissfon etait au pouvoir
exclusif dn pr^lat de Saint-Pierre.
Le pr^beudier detait pourvoir au moins k isa aourriture,
ce qui se lalsse deduire de la nature des subsides qu'il re-
cevait. La pension etait d'un escalin par semaine; de plus
on recevait une livre de gros pour bois de ebauffage et deux
escalins pour legumes. II y avait en outre des subsides ex-
traordinaires kh Noel, au earnaval, k la veille du meis de
mai (meigeld)^ k la saint Jean. On etait mime parfois regale
de pain chaud , qui figure au budget . personnel pour )a
somme de trois sols. Cela se pratiquait au XVIIP siede.
Le total des depenses pour tons les prebendiers montail
alors a la somme de soixante^dnq livres dix-sept escalins
quatre gros. En 1787 les revenus de I'hospice etaient de
sept cent trois livres *un escalin six gros; les depenses, de
six cent qcmtre^vingt^quatorze livres seize escalins.
( <91 )
• Jjes slipuiatioas pour Tentr^e dans I'^iaUissement diff^-
rarent, mais elles ^taient toules favorables aux pr^bendiers
et k leurs h^itiers. L'iaventaire des bieus de B^trix Van
dePale, d6ei§dee ea 1402, accuse an avoir sup^rieur k dix-
hiiit livresde gros, Cette petite fortune proveaait peul*6lre
ea partie d'^nomies failes sur les subsides, en partie du
travail pendant le sejour de cetle personne k Thospice. II
etait d'usage qu*on y iil&t le lin.
II notts reale un regiement d'ordre int^rieur de Tannde
1446, determinant les devoirs r^ciproques des chefs et des
pr^bendiers* Un acte de nommation remontant k I'annee
i309 oonsiate les droits et les devoirs des administra-
teurs*
La troisidme partie du m^moire traite de la ehapelle at-
tenante k Thospioe , connne «ous le nom de ehapelle de
^<^re^Dani6^ux-Neiges , ou de ehapelle de Notre-Dame
au Sck^tiboom^ Cest un expose bistorique des differents
travaux ex^cut^s k rentreiien eC k TembeUissement de
cette Qba|>eUe, devenue c616bre comme lieu de pelerinage
visits surtout par des m^res afiiig^es de la perte ou de la
maladie d'un enfant ch£ri.
/ Le m^mdire de M. De Potter, expose avec elart^, appuye
denombreuses pi^s justificatives en en tier ou en extraits,
^i uu precieux monument pour Thistoire de la society
flamande aux siecles pr^o^dents, et Ogurera avec honneur
dans le Bulletin de TAcad^mie. »
HmpporB ffe Jf . C9n9eiene0.
. « Je partage Fopinion de mon honorable confrere,
M. Snellaert» sur le m^rite de la notice presentee k I'Aca-
(199)
d^mie par M. De Potter, et suis ^galement d'avis qii'il y a
lieu d'accorder k ce travail une place dans le Bulletin. >
• i ->'%*• 5
Jl€i|i|»9t*l de Jr. 0e M^eher
♦ .t.
« Je m'as^qcie auxappr^iatioiis de mes deux hooora-
bles confreres et j'adbere k leurs conclusions. >.
•- • •• •
* . '. . ' . ■
. Conforui^iqent aux conclusion^ dq ses coniinissaires^ la
ciasse vote rimjuession de ce$ rapports ain$i que de la
notice de M. De Potter dans les Bulletins.
i
COMMUNfCATlONS ET LECTURES.
, ,iyi^ le barpn. K/erv.yu, de Letteohove donae lecture d'une
npiiil^ T;ititMJ[ee : Le^ interpolations des- manuscrits de
Eri^mart, i^lm^ qu'il.a fait precederde considerations
verbales ^r te mem^ 3u}6tw
Goa)n)e.ce, travail ^t destine a u^e publieatton sp^cial^,
il ne paraitra pas, .d*a{^r^s le d^sir de IVutettr> dans les
Bulletins.
■ v
( 193 )
he droit crifriinel de la Grece legendaire; par M. J.-J. Tho-
nissen , membre de TAcad^mie.
Au deli des limites des temps historiques, rimaginalion
puissante et f^cohdg des Grecs avail p1ac£ tout un monde
plein de iomiere et de vie, oix les dieux et les hommes,
rivalisant dli^rolsme et de g^nie, livraient des batailles,
b&lissaient' des cit^s, fondaient des dynasties royaies et
inventaient les arts qui devaient illustrer la race privile-
giiee d^s Heilignes. Les philologues et les historiens ont
lengtemps pr^tendu que les merveilles de ce monde my-
thique ^taienl des foils reels, des ^v^nements ordinaires,
exalt^s et embellis par Texaltation po^tique des aMes et
le patriotisme orgueilleusement credule des masses; mais
cette pretention, malgr6 Tesprit ing^nieux et sagace de
ses d^fenseurs, a dA c^der devant les recherches appro-
a
fondles et la critique plus severe des savants de noire
si^Ie. II est aujourd'hui d^montr^ que les poemes attri-
bu^s k Homi^re , k H^siode et aux autres chantres de Fsige
h^roiqne ne fournlssent aucune indication certaine et
irrecusable sor tes dvenemeats ant^rieurs au IX"" siecle
avMt notre ere. On peat admirer les charmes de la 1^-
gende, la richesse et les m&les beant^s de la po^sie
epique;'mai$ on ne doit y voir, k un degr6 quelconque,
les annates primitives du monde bell^niqne (i).
(1) .11 est assuremenl possible que des fails hisloriqaes se trouvent
mel^ ^ oes fables; mais nous n'aTons aacan moyen de les discerner avec
certitude. M. Grote {Histoire de la Grece , pr^f.) fait commencer rhistoire
r^elle des Grecs ^ la premiere olympiade, c*est-^- dire en 776 avant
Jesus-Christ.
( in )
II eiKesUuHnemeiiltoPsque, faisant^ibatracljfim des exploits
doa hpros ist 4e$ di6u& » ao on vf e le^ poemes l^gendaices de
Id Gr^edans le Beul dessein d'y qbestihar df s iableaux de
la Vie 6tde9 £oatittaea«df» HeUi&n^ aud^bot des temps his-
jtoiiiipiii^s. Onyjtfojui^e'dloi^ des iadioes iic^n^br^tti^^ d6$ ten-
seigftaiiefl>ts pnkt«v>d^i kaditiofis el i^e$ ^xemplies doat
la critique (a piue^ausCl^e ne saoraU ^^eoiioditfe Fiiopor*
iaooe^ Aece|»4aat avecoirgii^j^ TorgaAiisatipBifiKieialedeleur
patrife ^'igoofaat la* lei^dii^ pisogcea icoftiliniide: rhuinaQit^ ,
saim Gonhais^anodLdea'iQceaffs, des laogaesiei* d^^
.tionsi do&idutrbsi pe«!pkfi,.tesr poetos le^.n^ietix dou^s ne
pmmttiX i^bapper^ ila ft^siBtlfide hepi:oAui4e3,$0os uoe
forme plus ou^m^insibarilkiHei ies. id6^s e( Jes habitudes
di^Jeurs eontemporains* Tan^is que rimaginatioii suffisait
poqri iQi^eoi6r idesj l4tte$ gigaqteBquds Qt dqs aye^tves
mferMQJIIeus^v r^a^ etie jrap^ode^^ danaJ!espr€ssiofi d^
sentfttleii]^:etd^$jA<e««a»rj&ll^i@arf^r«^ieQt.:J^^
de la soci^t^ au milieu de laquelle its avaient toujours vecu,
qui avait seule frappS leurs regards et dans laquelle ils
voyaienit le- type^le plus i6ieT6 de la eiYUtsation de leur
siede. Dannaint a leurji Wros une beantg dfvitie, une force
surhumaiDe, its leur attribuai^nt des exploits <^t des triom-
pbes.d4paas9P.t .le&.pwportipns 4aJa,,\ie ?4elie; mats ces
h^ros*pr0digieu&(re5t)aieiil desGrecset conservaJenl, dans
le$ relations de la vife sociale, toules les habitudes et tous
les pi;^jug^s de, lieuys/c^qpt^ropprains. L'OI^ lui-meme
n'&imii cpi'une cit^ greeque idi§aUsee» ou regaaieot les
li»ities',> les passiotis ^ les intriguea^t les jalousies qui di--
vrsaientiesGWcsd6'l'&geh6rol(j[ufetlK ' ' '
- 'u M — "■■_'■ ,■ .' ' — "■' V (V 7^ — .. ';:. 5^;.;.' , • ■'.' "n '. ' — '
(1) Jtipile»^, erttc^ Mlfiet^ye aptielalt le' pltt^ grtlttd des rois, convoqaait
Tagora des dieux , comme Agamemnon convoquait Tagora des bommes,
( 195 )
Tout en reBa^ganD & I'idee d'appliqnef aa< s^^t^ebis-
i6ri(}ue et cbroQologkpi^ mx 6?^Qdmebtg 4e la t^^ade
grecqae, on pent -dooe, cosbme Fa dit MJ Grole, meltre
ces ^t^nemeiits k piroflt coiniM-manummts pr^eiie&x d^un
elat de sod^t4, de sentimenit et d^kitellfgenoe, -qiii doit
£tre le point de d^paM de toirtes les iQ^nestigalionsMSfurJes
id^es et te^ eontumes de la race beU^nique (1). i
C'est en nous plaint ^ ce pci»nt de viie, que nous oons
sommes demand6 qoelles itaientles fiotio^s que 4e$ Grec^
de eetle ^poqiie reeol^ avaient deia hatore^ de Hexepcice
et de6 r^ultats d^ la jostiee erimineUe; en dlautreslepmes^
ce qu'^tait le droit de pahir panni les aqodlres d^Arisiote
et de Plalon!) & Tanbe des temps histdriqines. -
Nous allons essayer de repmidre k oelte questton , au-*
tant que le permetlent la p^nurie et le caractere inoomplet
des renseignements qui nous tot ^le ti'aitsmis par les
poemes bom^riques et les traditiei^ plas i^4entes (^^
I ' ,
el Th^is resnpHssaU ie rOle de hirmiiltmde, VIJI.^l; XK,4ietsuW.;
edit. Didot). Aris(ote coustatait c^ fait irrecusable quand il c^^it que les
Grecs avaieat dono^ leurs habitudes aux dieux, de meme qu'ils les repre-
senlaienl k leup image. (Po/i7., liv. I , c. 1.) ■ • ' •
(1) Hi^oire de la OtSce, tome II, page i93tie1a tr^ctetioiv fk'dn^ise. ^
(3) NoQs atons sartout cpnsQUe 4es Q^avras a^trilni^s i Honpereel k
Hesiode, parce qu'elles renferment le dep6t le plusaDcienetJe .plus com-
plet des traditions qui se rapportent aux moeurs de-la Grece primitive.
C*est k ce litre que nous invoquons leur aulorit^, sans nous preoccuper
des controverses soulevees au sujet de leur composition et-^ letirJ^e.
Parmi les sources post^rieureay oous-aYODS .9Ccoi^^ iu»e,9|teiit|on iNiriicju*-
li^re aux poetes tragiques qui ont pris pour tbeme^ de i^rs.travaux ^es
ev^nements emprunt^s k T^ge h^roique. Malgre les erreurs/Ies contra-
dictions et fes anachronlsme^qa*oii remarquedans tears trag^dies,il est
incoat^table ^ue Qelles-ci CQQUennent upe.paftie (»)iisid4;rablQ,d(ts tradi-
tions pojmlaii*es de la Grecq.
y\ :
-J'^\ ».l M' -ii ' -.■•-'*^> *'^ -il' /: H.jj. ;-•;;• ;'ii "hi^M/'.ii. ''-/'...•..■ «'.; .
le; droit e.laienl.(lfs^9flW¥aUQ4s I^; maiUfp^ t^^r
jugeaient ies diff^rends qui sorgissaient entre leurs peu-
"ptes (1). * C'est te flls de Saturne/disair H&iode, qui a
ft £aits (2)« ]t Toote^led^^olitanieddestii^es^ ^rol^0erle$
faibfi^, J^^abstiiiie/ Fbrdr^'Ji k' yiol^toce ; a .mainteni^'la
coDCorde au sein des cites ^t des fainilies.^taieat le pro-
duU} d'vn^ maiiife&tatim direete etvperniao^nie de la vo-
loiit6 diVifte, L'irdAe A^ fa Ipi, avec ffe sens ^tta mtite que
lui attribueDt Ies nation^ modernes, o^existait pas dans la
SQci.^t6 bftm^rique, oii le ittdme «i(* servail k jd^jgner tea
oracles d^sdieux etied droits desmartels(9^f(rrF^) (5). Ho^
j(i) ./liadf^ U Safr^.SSO; Uy 197$ IX^^v i^ 0(ft/w<f«, XIX, i7d. H^
:(2>.lie£j0rav0^l££ etfe^fiitr&;y. 279^ 280; MiuCebrs :(Did6(V
<5h#;tidtf, i>^8;il, iOerV, 76l;fX, W/99. OdywArylX, 211k
Hfm»eik Apoltw^i.V^^iiAioA'^^U^iiHitnnx v. 9; Hois
verrons plus loin que, dans le langage (l*HMi6fe9;^0e&<74^>9^€t'dfpL<d^o'->
#^«a 80Di< syniHigwDies. . .' :.-!•• ; "■ .' •
Qqel^iHbli Je9 r«i«u^ ^i(>» <^ptTf mr, djft^eni le;jugiMDeot» le
fait de juger (lliade, XVI, SB7. Ody^Ue, XI » Sl^) el mtoe TftoUOfi 4e
< 4#7 )
m^re ne connaissait pas mSme le terme dont les poetes ,
les historiehs et les philosophes plus rapproch^s de nous
se sont servis pour d^signen les lois buniaioes (ySyLoi) (1).
Les splieres aujourd'hui distinctes de la religion, de la mo*
ralit^ et dudrc^'^tiiicNilt^Oiilbil^i^^l^ of^ unite non en-
core developp6e (2).
'A^VMa^ki^tii fe teis'iigbtirfette^ fet^ti^lVe de la
rdce^efleii^u'^vc^s {H«^^ l)H^ttiitiv^^
dte Si rtj^«cSVfe,^tfs;une^^^ d^ns
1^ ^5tiM)ofi^)iie1ng6ntetii et ]|^t^ ta'myf
thdtt^^6 de' h^ Qt^c^'jfti^HheJ'tbxim^k^
filies piiissafils, des'd^tei^es imriiortiEill^s.>La L6i oii tlS^uit^
130; ?^Vl, 91 , 4d5; XXIV, ^86. Les j^eupLep barbares el sans loi^ sont dits
.aivdsoiiveitiri»tetMfi^^ iKUlii/ tk^clis
qi^ le.rifoU.Avt?»W^^U,rtfs.p%rUca^^^^ i^ifi^f p^.teilRfioMcSipji
(yoy. HermaAn.U^cr Gesetz, Gesetzgebung, etc., in ^riechischei\^lW^
thurneipffk siiiv.Yfe6ttWue, i849)/Cetle dfsiiniriori est icVkns im-
portabds, pofij^iiie Idtite^'f^slii^isl^T^tioidteiiidrit'etliieiit i^gp^i^s divides.
XIV,56;XVlII, 2^5,508; XIX, 43, 168; XXIV, 255. Hymne d Apollon,
€e3Xk>adlli6QS st» rbri|?ihe'^^YMie ilU drpil o6t&Lr0tftLjaiiafe odtt)|ii$te-
ment abandooBeds enXr^isft. ^fs Sophpetei QS«fiij^-rof » t: Sd3'>et dufiv^
ThQcydide>livi1Iv«l STM^iaitOto^ ^i^/liv. < .Yil r pv^ 377, .^dil^S^fai^lder
^naot): fDemeslb&ed; P/«<2/o2/^, ^OA^rtf 4*iao<mt^; TD^^idjLbVdinl^lius
(]Mt)t(; ebpysippef ^di6 par,PiuUiqud9>;(?tffttt«^'cli(>f^ ifoioimip,
(1) Dans Les travaux et les jours d'H^siode, on noMSMAiredasttS toh te
]iiot»^/iio<, aunngolier* L^h6«Biird6<^mot4im»V&i«xted*fIohidl^a cl^^
Ae 8Jgi»fe|ttra(*sfepbe<tt^^rj^pp/, li^^^
(2) Nagelsbach, Homerische Theologie, sect. V, p. 23.
( 108 )
{s^){i)j ta Jusliee<Mi1e lk6k{&bcif^{^4VOfdve{E^iibf)^
et'leJSeraiQntC'ojBiM^ (l),tiiin6form&eB persbimeft viviamtes
etd?aies> t!^8erYeBiuB (Mtunent-s^^e k la fraude, d la
viotencev k la ri^volte, au parjure,^ rkiiquil^ soas touted
sea fermes. La Juatiee surioat, fliie deTMtnseiiu roi
des dieiix , assise ^ c6t6 da trdne de aofi p^, ne se iasse
jamais do iimomet les ^erfmes tt Ae r^ciamer ienr chki-
msnl BWttufUat ^« EHe est (a dialfitiutrice'iilfaitlibtedea
.\i\ Tb^ml9 (de T^f^Oi iqpi mftMstiaqaedidse'^ saipkice, sjoabolistf
tout c^.ijai e^ jjfsi^ et I6g^ tout ce qui est confocme am. «xi^nce$ de
la vie sociale (voy. la note 3 de la page 196). Dans rOlympe^ eJle convoqae
rassemMee des ili^ux et distiibue aux immortels la part qui leur revient
dan^ 1^ tonquets c^lesves {Ifiade , XX , 4 et suIt.; XV, 87 ec sniv.). Sur la
terre, elle preside aux a^semblees des rois et de& p9uple&, et lemr bn^ire
les id^s gen^r^gses, les reflations utiles (0^89^e, II, Q8 et suW. lUade^
I, 238; XI i 779, 807; XIV, 386). Hesiode en fait la fille du Giel, la soeur
de Saturne, ta mere des Heures et des Parques. Th^ogonie, v. 133, 901
et suiv. Gomp. Appollodove, liv. I» c. 3, § 1» el Bymne a Jupiter (XXII),
v. 2>5.
(2) Suivant Hesiode (Th4ogonie^ v. 901 et suly.) ^t ApoUodore (Uv, f,
c. 3, S 1) Aui/ est Tune des filles de Jupiter et de Themis. — Au d^bat
de la TMogonk, Hdsiode distSngue tr^s-neltement emre 0i^p/{ et Auof
(V. 85, 86)^
Pour la signification ordinaire des mots Bi^t(; et ^tjcn dtns le texte
d^Homdre, voy. la note 3 de la page 196.
(3) Ewofiu] , Tune des Heures, ^tait aussi Olle de Jupiter et de The-
miS;(Pi$siode, TMogmiStV. 901, 902; ApoUodore, U v. I, €« 3, S 0-
Homdre garde le silence sur Euvo/ccuf, et H^iode n'en parle qu'^ Pen-
droit que nous venous de clter.
(4) * Op^co; , tils de la Discorde , frappe les juge^ i^iques, les hommes
injustes et surlout. oeux qui se reudenl coupables de parjure* (H^aiode,
Th^ogonie, v. 231 et suiv. ; le^ Iravanx §t les jours, y, 2ia, 804 et suiv.)
Gomp. Sophocle, (Mdipe a Colonne, v. 1766 et ,1767.
(5) Hesiode lui assigne formellement ce r61e (Les tnvoaudB et les jours,
V. 236 et suiv.). ~ Cooh)., v, 220 et suiv. D^mostb^De> Plaidoyer confre
Aristogiton, 1 1 ; ^dit. di^e. Sqpbocle, OEdipe a Cokmnej 1382.
Nemesis ou la Vengeance divine ne se trouve pas encore personnifite
( m )
dons 6u d^s oMlimfsnt^ c^testes^ soivant qua kisJh<>^emes;
se mpproebent^oui s'^lQign6iit.d€6, .>M)i^ <de I'liqiiite^. <<L»
» lusike^ditHi6siodevfiiiit4mJ4NirapairtrioBiphep
1 jufie. JBUe^'mdigQe* etJr^aiUipa]:loal quelle se voit
1^ outr.ag^e. 9^|Ie$. bommes^ d^Yorateiirs.de {NPtseut^
». {i^p<kfQLm)f .»4tq fl^dcfot de \ Qriini0el&. aini^ls. fiftiivecie
» d'ttP fttt^gei ^iii&parKSoiif t en ptei«raDilcfitf£ds ef le&toH
t b^diea pjGm{^v.^pQria]it h malh^r jl c^xi ^ Kaak
» chass^e et n*ont pas jug4 avec droiture. Mais ceox qoi.^
» ne s'^rtent pas du droit sentier, voient fleurir leurs
» villes etprosplrer tear8peuple^4:la(paii^ o^lte noiirrfee
* Aes jennes gens' {KoupoTpifCi) J rfegile datas Tear pays , et
» jamais Jupiter h la longue vue ne Ijeujr ^pyoie I^ gperre
» d^streu^e. Jitn^ai^ la famine on la hontea'^ttainli ees
» iDortels ^qnitdbl^ ; iis e^l^brenl paisiblement ienrs
» joyeux festins; Ja terre leur prpdigue upelabondante
» nourriture; pour enx^ Ifi cheoe d^s inooLagni^fPpfta
» d^glaads sur sa.ckne qides abeiUes d^s.^s flanes;;
» leurs brebis sontcharg^es d*une ^paisse toison..... Mais
» qnand les mortels se livrent k riujure fune^t^ et aUx
» actions vici^ses^ Jupiter.^ h longue vue* lew ioflige an
» prompt ch&timent..... Du haut des cieux, il d^cfaatne h
» la fois deux grands fl^aux^ la peste et la famine v^t I^^i,
> peupIesp(Sri5sent{l)l 1^ ^ , =
Un \astei syst^e de <eroyanees religieuses, destinies Si
■ I ■ if ■■■ ^ ■«■ I I ■ 1^1 >!■ >l I PIBIi] f -tf^P* »^l.i^H
dans Hom^e. On end^cottrre toat Ira plus'une nblion fndeci^e danS fes
passages suivaiits : HUxd^, Xlfl, il9, 422; XIV, 80, 556{ xlVlI, 254.
Odyssie, F, 550; II, »36;XVll,48l. Celte notion est plus d^velopp^e,
mais toujours incomplete dans }es Serifs d^^siode (voy. ThSogonie,
V. 223.; Les Iravauw et les fours, v. 195 et sulv.).
(t) Les tra»auax et les jours, t. 59. 217-266; tradnction de If. Bignan.
— Nous retieAdrons plnS loin sof cette influence de la justice quant k la
destinte des peapies chez lesquels elle est bonor^ ou m^nnue.
( 200)
agir $ur la conscience et k brider les passions des malfai>-
teurs, ^lait la consequence naiurelle de cetle th^ogonie pri-
mordiale. Partout oil le violateur dn droit, le contemptear
de la Justice, portait ses pas on dirigeait ses regards, il
trouTait la colere divine personnifl^ de mani^re k troubler
profond^ment Timagination d'une race superstilieuse et
crMule. Messagers infatigables de la Justice, tout un
peuple de g^nies immortels, plac^ sous les ordres de Ju--
piter, parcourait les cit6s et les campagnes, pour observer
les actions bonnes ou mauvaises des hommes, et surtout
celles des grands. « 0 rois, disait H^iode^ redoutez le cbd^
» timent, car les immortels, m^l^s parmi les bommes,
» aper^oivent ceux qui rendent des arrets iniques, sans
» craindre la vengeance divine. Par I'ordre de Jupiter, sar
» la terre fertile, trente mille g^nies, gardiens des mortels,
> observent leurs jugements et leurs actions coupables ,
> et, revfitus d'un nuage, parcourent le monde entier (i). »
Caches sous des d^guisements divers, les dieux les plus
puissants de I'Olympe ne d^daignaient pas de visiter la
terre, pour d^couvrir les iniquites et recueillir les im-
precations des victimes du crime (2). Compagnes insepa-
rables du remords, embl^mes vivants de la colore divine,
les redoutables Erinnyes, que toute injustice irritait, que
Teffusion du sang rendait furieuses, s'attacbaient pour ainsi
dire aux flancs des coupables, les arrachaient au sommeil,
les torturaient dans leur corps et dans leur kme , aiin de
venger ceux qui ne savaient pas se venger eux-m^mes (3).
(1) H^iode, Les Iravaux et les jours, v. 122, 252 et suiv.
(2) Odyss^ , XVII , 485-487.
(3) Iliade^ IX, 455 el sulv., 571; XV, 204; XIX, 87 et suiv., 258 el
suiv.; XXI, 412. Odyss^e, II, 135; XI, 280; XVII, 475; XX, 78. Suivant
H^siode, les firinuyes font une ronde mensueUe pour veoger le sermeDt
{ aoi )
Enfio, au sommat deoette ioiaiigabl^ et iofi^iHibtepoUce
diviae, — s'il efiit permis de s'^xprioier de la MOtl^i r^f^^*-
naitJagraodaet ioaj6i^tu^$i& figure: du fil^de 9aMi!?Qi@^dfl
dieu arm^ dela foudre, qi^i faisait pfos^p^er les,faniilles
des jasies et esLteffannait l^s^eriwo^/^ avoQ twte loBf 4^8-
cendai^^ (1 ). . ,; .
AiAsi les lohj 0(1 pour mieux dire las ^^oatiimeaoali^
nales, B'^taieDt,pa& seoLeioant divin^S) psgp Jeiiirioi^p^^;
elles joui^aient, ea outre, de la.prQtqciip^ jo^^ss^nte,
de la sauvegaii^de invisible d#s ;ba)^i{sa)i3. JiWiKHMrteia de
rOlynipe* Quapt ^u. b|ijt de la l^isdpUoniqii^U^^iCrjmi^
nelJe, 11 ^ait toutsiussi clairamepln ^yiQbQU$6 idaA$ lei^
croyaDces poputaires. Spu8 la protfqUon det Jupitavy Tadr
versaire indomp table da Mar^v la Dr4Mt ,(4i»i»>, l-Ofdri?
(evvo^) et la Paiit (Eip^Kif), fille$ a^gM^te^ da Th^i^ at
du roi des diaux, marcbaient.da/Qooaert.at :v(9iUa|€aiA'SU|'
lea iravaux des sjiortels. (2). c j&eouta la. vo^> da Ja JHstiea,
{Les Iravaux et les jours, v. 186, 803 et m\s^. Dans le seiil passage oU
Homdre parle d'un chatiment k subir dans la vie future, il afflrme que
les Erinnyes punissenl le parjure mgme au del^ de ta iotnhe (lliade ,
XIX, 258-*ie0). Comp. Apollodore, III, 7. Pausaiiias, IX', 5;}^; 30. Big-
rodole,IV,149. «
Pour connaitre le parti que les poetes tragiques ont tire de la croyance
aux Erinnyes, 11 suffit de lire les Eumenides d^Eschyle. Yoy. encore
Euripide, Oreste^ v. 516 et suiv. Sophocle, £lec(re , v. HO el saiv., 1386
et sttlv. . ' . i ■
(1) Hiade, I, ^8, 339; III, 104 et suiv., ^76 et suiv., 208 et suiv.;
IV, 160 et suiv., 234 et suiv.; XVI, 584 et suiv.; XIX, 258 et suiv.
Odyssee, 1 , 278 et suiv. ; XIII, S13 et suiv.; XIV, 83 et suiv., 284; XXII ,
39 et suiv. Hesiode, Les travaux et les jours ^ v. 217-290, 520 et suiv.
€k>mp. Eschyle, Cho4phoreSf v. 659 et suiv.
(2) lliade , V, 888 et suiv. Hesiode, TMogonie , v. 901-903.
2"" S^RIE, TOME XXX. 14
( 202 )
» sMcrie H^stode^etrenonce pour toujoors k la vioieBce,
» teJl^ 69t la loi qne le fil8 de Saturne a impos^e aux loor*
» tel8. II a permisaux oiseaux rapid^s, aaxaDimaux sau*
» vages, de se d^vorer lea uns les aatresv, parce qa'ii
» n'existe point de justice parmi eux ; mais il a donne
» aux homooies cette justice, le plus {Hr6cieux des l)ien-
» fails L'ordre est pour les otortels le premief des
9 biens, le d^sordre le plus grand des maux (1). >
Quelques si^cles plus tard, quand la Gr^ce eut atteint
Kapogeedesa glorieuse civilisation, D^mosthene disait en-
core aux Ath^niens : « L'Ordre(Euyo^ti7), ami de T^uite,
est le plus ferme souUen des villes et des peuples (2). »
Depouill^s des fleurs de {'imagination et des charmes de
la po^sie, ces sentences et ces symboles voulaieni dire que
la l^islation doit avoir pour fin derniere la security des
personnes et la protection des propri6t6s.
II.
Exercice du pouvoir judiciaire,
Le caraclSre profond^ment religieux que nous venons
d'assigner au droit primitif de la Gr^ce se retrouve dans
Texercice du pouvoir judiciaire.
Les Grecs d'Hom^re et d'Hesiode ne connaissaient pas
ces precautions minutieuses, ces restrictions jalouses , qui
vinrent plus tard modifier et limiter Texercice de Tautorite
supreme, k T^poque brillante ou le seul nom de Thomme
(1) Hesiode, Ls8 travaiuB et les jours, y. 274 et suiv., 471 , 472.
(:2) Plaidoyer contre Aristoffiton^ 11. (Edit cit.)
( 205 )
iDvesti d'uii pouToir absolu (rt^pawo;) faisait fp^mir dMndi-
gDatioD les fiers eitoyeds de Sparle et d^Alhdnes. Totltes les
foiactioDs politiqoes que eomportait la soci^ti^ rud^ ei f^ri-
mitive des temps b^roiques ^taient CoBcentr^es am oiains
dei&rois. Ceux^i n^^taient pas seuiemenlle^ chefs l^gitimed
de la cit^, les hoinfiies les plus puissaots et les pt0$ redou^
tes : ils exer<;aient uoe ai2torit6 divine^ ils 6taient les repre>*
sentants, les d^li^gu^s^ les < 6l6ves de Jupiter (/sitf^evkq;
^loTptfieg), D qm (eor avait donn^ le sceptre , embi^me *de la
puissance souveraiue (1). Uo conseil (p<ji;:^if), comp^^ tf Aja-
ciens oa de Chefs {r4p(>vr€<i) (2) el si^geant &cms leur pi-^si-
dence, ne les g<§nait pas plus que l*assembM^ populbire
(iyopjf) qu'lls convoquaient, dirigeaient et rompftienl an
gr6 de leur caprice, a 11 faut, dit Homere, un seul roi,
» un seul chef, k qui le fils de Saturne accorde, pour gou^
» verqer les hommes, le sceptre et les droits {trxijirTp^u rif^t
» 0^p/(TTa;). » Hesiode se faisait T^cho fiddle des tradi-
tions religieuses et politiques de ses ancetres, quand il
s'^criait : « Les rois viennent de Jupiter. » En fait, leur
pouvoir etait quelquefois m^connu, quand Tige ou les in-
(1) lliade,\, 258; II, 101 €t suiv., 196, 197, 445; IX, 98, 106 el suiv. ;
XVII, 54, 251. Odyss^e, IV, 591; X, 266; XIX, 179. Bfmm dBacefm^,
V. 11.
(2) Le mot d^sigDe k la fois un vieillard, un chef, un homme d'un rang
^lev^. Les vers 404 et suiv. du chant 11 de Vlliade prouvent clairement que
les Anciens de T^ge heroique, pas pi as que les Andens dlsra€l» n^^ialedt
pas toujours des vieillards. Quelquefois Qom^e enoiploie les ternoes
tf i/oxTf ? , dpi(TTot , dpKTTyje^ , sntKpoLTiovTe^ , KOLroLK0ipcLveovTS(i , etc. Par-
fois m4me il se sert du mot ^oLailvis^ ; mai« iilors reosea»bte-de la phi>ase
permet toujours de les distinguer des rois proprement dits. Voy. J Hade,
II, 188,405, 789; HI, 149; XVllI, 505 et suiv. Odyss^e, l, 595-401;
VI , 54, 54; XXI ,21 , et les testes cil^s k la oote suivaute.
(aw)
tirm^ti^si ayaient alEaiUi l^rs forces; mais, en droit, iis
^taieAt incontest^bleineMt les m^li^res (1).
U sujQBt de rappeler cses faito pour prouver im'oa ^t
JoiA alora des tb^riee ^avaut^.et eocapliqu^esy i Taide
4edqtt^leB Iq pbiloaopbe deS^agyr^ «.'e^n^.de , prouver
(tue4ou» les aitoyeas doivani; ^e ossoei^)^ h rexjercice de
la jMridiciion. crooineUe (2)4 Coqs^e las , vFiqjs 4^ Hade,
^ui vidai^fit lea dAfferendfi et pi^ii^94eiil>^ maUsiiteiirs
aunottt d^'Brahm^, l6s roia gr,ec6.d^8 ^mem l^geodaires
rm<iaienti 1^ j untied ^^ v^artu. d*OQ^ deli^gatioo, divide, he
maiabieQ de •F'^pdrd et, la conaervaMoo de^ ceufuim^ na-
iionaies figmaiaitit au premier rang d^lisiurs. devoirs; le
commikiHl^aMDt et la lari^iion ^iaiant les attribats du
(1) On a beaucoup ecrit sur le caracl^re de ta royaut^ grecque, de
fnetneque sur les attributions de (a povXif et de ri^^j^tf. Ge D*est (as lei
le lieu de renouveler ce d^bat. L'opinion que nous avons ^mise s^appuie
sur de nombreux textes d'Hom^re. Voy., outre les lextes cites a la note 1
de la page 205., fliade^ I, 80^ 176; II, 48 et 3d$v^ 98 et saiv,^ 196-206,
aii-276; IV, 558,- V, 4645 VII , 365 et suiv.; IX, 9 et snir., 6& et salv.,
96"! 06; X, 195 «t sviv. ; Xlf ,215, 214; XVil, ^58^251 ; XVIH, 512, 515;
XfX , 51. OdysB^e , 1, 89, 90, 270 et suiv.; II , 6 , 7^14, 25 6t suiv., 22aet
sui?;rni, 157-, IV, 174 01 suiv., 691 j V, 7 et saiv.; VII, ii, 1S6» 187;
XI, 255; XVI, 40O et suiv.; XVlIi, 85, 557 el suiv. Gbea^ les Pbeacieos,
un roi r^gnait avec le concojirs de ddUze chefs ^mais III Bi^rae le foi pro-
noffoe ceHe senteiice significative : « Mon pouvoir tieiit lieude.celui du
pettpl^, « et Homdre ajoote : « Les Pb^aoieas le respie^tent cojnme une
divinite n (Odyssee, VI, 197; VII) 11; Vllf, 586 et suiv.; XI, 555). A
Hhdqtre ; Laerte, ayant perdu ses fonses , est^obHge dese reSftgier k la cam-
pagne; mais les tisurpatlons des pr^tendants a'ont pas aoeamti ses droits
toykvLX (Ody^^e, I, 587). Gomp. H^lode, Th^ome, t. 96. CftlUmaqae ,
Bytnne t Jupiter*; v. 79; Tbucydide, 1 , 5. Pausafltas-, VU^ 6«2.Soiibocle,
i4fi%&ne, 666 et suiv. E^chyle, Prom^thih MeAoffi^, v* ^14. Eatipide,
F^cti5e,v.555,55e.
(2) Polidqm, TiV. Vllf , t. 2. {Mt. Bartli^eitty Saiot-Hiiaipe.) Platen
avait Willis la mdmepena^e {Loii, VI^ 561); 6dit. Scboeider (Didot).
( 205 )
sceptre qu^lenr *vait doAiwS it toi des dieaX'. BaiiB'le
langage h la fois ^neirgiqtie et nalif dlf om^eV l^s rcfe soht
par exceHeiicie 'fe^:ja»titiiei*d de fed^s peiif)leife {4i>cx&^hoi ,
^A'ffro^Ao/) (4). 'JHpitei* les inspire et Hicafev mvifeJbte i
tfcsye^x mortals, se ptoce Jk leiirs cWfis quand Hs'ireftideiii
fa justice ail ^petipfe^ (2). De ttiStoe eoeote qu6 1e» rdis^'de
rindebr&bthanique, i\^ ahireiit fes b^fi^ictiobs ddlestds
sttflimation ^iiHsgOFuVerneht, s'ils rendefll?id^s?y»^«fid6ttls
^quftdbles. Hom^re De cdntiait pds de gloirepW^lat^tite
que ceHedu Jtigie qaf b^lHe par Ja sagesse ef J'^ijuit^'ife-iges
arr^t^ ! i Qiiatid^ les i^ois , ^it-il , maintietiueut la j^dstioe,
> feiir gloire s^^H^e ju8qu*attx d^Ux. Aetwir "d'edQC'lcte
i dbaiDp^ fertiles prodiiisent d« richer fi»dksM$;tes
-» arbres plknt soii&kJaix jde&iruilaL;Jes traup.e^ mul-
» tiplient coDstainmeDt; la mer abonde en poissons, et
»^«ou$ leurslois les peuples praiiquent.Ia, vertu(S)* » i&fais
^5. Bymm aM^rcui^\.\. 3f3-3S4. H^sfocte /TA^hiigonte, v. ^1 etsuiv.,
8S let mfv.;^Leitramux et ksjom'Sf ^;274:et ^aivi; fVa^irnl^i XXfll
(64litv Lebl^. Li&'rDi) wa^ de lupiter Juge sur la iern \e&-^i^^fBi^^^s
vivaQts,coinmD'lflDos statae daos les tisfe^ sur lea co«(e^t{aion$ qisA, $Rr-
gfssenteDtrele5dmes<0(;fy£^de^XI, 560). ..
(3) H^fiiode, Th^g&aie^y. 434. Leatmmuopet le$ jours i ^* 9, 36^>,
(3)^ Odys8^e, XlXy 109 efcsniv. ;i tl>a(Ui£tion de Mi GifUfit.'C(Hnp.. He^iode,
Th4ogorvi^, v. 80 et s«f«r^ Zid4 /rdjbuwas #^ iujoiATB, v. :23iSkS37. . ,
Dans leiMNai>a-^i)Aafma^£idalra, on tronve ies.memas cr^;smM3es.po-
pQlaires. Le roi qui foil fleurir la justice atlire sur soti peuple.toute^^.Ies
beD^ietieos celestes. Son t'oyanme prosp^re % «Diiime un avbre ai^rqse
9 avee soin. « De meme qif lodra (roi du Clel) Terse de T^au en aban-
dance, le roi » renapUssaDl scrupuleusement sa mission de juge , repai^d sur
ses peuples une pluie de bienfaits. Sa renommee s'etsnd dans le niond e
« comme une gootte d'huile de sesame dans uiie onde pure. » Voy. mes
ttudes sur thiatoire du droit <}riminel des p&uple^anmm, L 1 , p. 1^
( 206 )
auasi^ qnand ils sont infid^les k leur oiissjon divine, ie roi
des dieux s*irrite et couvre de calamit^gi la terre oil la jus-
tice g^mit sous les coups de ceux qui doivent en etre ies
premiers soutiens. « Souvenl, dil le cbantre de I'lliade,
» la terre d^pouill^e g^mit sous le poids de sombres tem-
» petes, dans Ies jouru^es d'automue, ou Jupiter verse
> d'abondantes pluies, irrit^ contre Ies bumaias qui, k
» Fagora, jugent avec violence en torturant le droit, cbas-
p seiot la ju3tice et ae craignent pas la vengeance des
» dieux. Alors tous Ies fleuves d^bordent, Ies torrents
» decbirent Ies flancs des collines, Ies ondes gonfl6es se
» precipitent de la cime des monts, courent k grand
D bruit jusqu'a la mer et d^lruisent Ies travaux du labou-
> reur (1). *
Cependant Ies rois n'etaient pas seuls investis du droit
de juger. Dans Ies poemes bom^riques, comme dans Ies
antiques annales d'lsrael, on trouve des Anciens (rif»yr£<),
qui siegent sur la place publique et rendent leurs arrets a
la face du ciel et sous Ies yeux du peuple (2). Nous ver-
rons plus loin que cbaque cite grecque avait ^ I'agora
c une enceinte sacr^e, b ou ces magistrats delib^raient et
se pronoA^ieat sur ies diff^reods qu'on venait soumettre
k leur appreciation. lis ne s'assemblaient pas a de longs
intervalles, quand des faits sortant de la spb^re des ^v^
nements ordinaires venaient inqui^ter et troubler Ies ci-
toyens. Leur existence se rfivfele, au con traire, avec tous
(1) I Hade , XVI, 384 et suiv. Yoy. ci-dessus, page 199, une citation ana-
logue d'H^iode.
(2) llicide, XVIII , 503, et ci-dessus note 2 de la page 203. — Voy., pour
Ies Anciens d'lsrael et poor leurs fonctions judiciaires, mes Eludes cilees
a la nole 3 de la page 205.
( i07 )
}es caracteres d'uHe institutioii permaQente. lis si^eaient
depuis le matin jusqn'a TheuFe du repas du soir(l), et
leur juridictioD s'exei^ait pour ainsi dire sans relliebe , au
point que le melodieux poete d'Asera adresse de violents
rq>ro€hes a ceux qui, au lieu d'enseroencer leurs etiamps,
de soigner leur b^tail et d'engranger leur p^eolte, pas-
saient de tongues heures sur la place publique, pour
s»ivre les proems et se repattre de scaodales judiciaires.
a 0 Pers&s, disait-ii k son fr^e, grave bien ces oonseils
» au fond de ton kme Ne regarde pas les proems d*un
» eeil curieux et n'^coute pas les plaideurs sur la place
D publique. On n'a pas de temps k perdre dans les que-
» i*elles et les contestations, lorsque pendant la saison
]> propice on n'a pas amass^, pour toute Tann^ , les fruits
i» que produit la terre et que prodigue C^r^s (2). »
Mais quel ^tait lecaract^e r^el, ou pour mieux dire, le
caractere l^gal de ces juges, dans leurs rapports avee les
plaideurs et avec la puissance publique? £^taient<ils, comme
Font cru Plainer et Waebsmuth, de simples concilia teurs,
des arbitres dep(^rvus de tout pouvoir coercitif, que les
plaideurs eux-m^mes choisissaient parmi les hommes que
Tage^ le savoir ou les services rendus d^signaient a la
conGance de leurs concitoyens (5)? Doit-on voir en eux
des juges proprement dits, que les parties iot^ress^es
(2) Les travaux et les jours, v. 27 et suiv. — La c^lebre sc^ne judicial re
figuree sur le boudier d'AchiHe et dont nous parlerons plus loin est de-
crite par Homere comme un eveoement ordinaire de la vie des Grecs.
(3) Plainer, Notiones juris et justilicB, ex HOmeri et Hesiodi carmi"
nibus expUcaUSf p. 77. — Wacbsmulh, Hellenische Alterthumskunde ,
t. II, pp. 164 et 165. (Edit, de 1829.)
( 208 )
cboisisBaient Hbrenttn t parmi Jes Anoiens de la d%t {i) ?
Faul^il les <:on6id6fer ' comaie des mstgisOrats permanents
d^sigo^s* pur* ieS' rm , par rassjearfai^'de6' A'Dciens [ptnfXij)
ou par le peuple? Convient-il, enfin, d'admettre qo'il
eaistait entre eax Bt Jes fois une r6partiUei[Y>de i$oinp6~
tenoi^^ ea ce^fstoKf qoe'eeux^ci d(§cidaienlt st^k les oi^uses
leslpliisgjra^ei^'(2)? • '- • * "
' Ofiiidfirit'renotioeri vouIxHT r^soodiie loutes ces qiies-
tioosavectiinel'CeHitade en0B^e.'La rareti§ dto testes et
rineohf^eiice 'des ^itradilidtis "qtri s6 rapportent i cet &ge
l^intam ddJaGr^oecomnmttdefittTiie extr^m^^
t'eiiBineii des iprobldmes- histdrique& Ilnous setnble cepea-
da«t5 qiie Fiiypmhtee feiisfe par WachsanuCh et Platner
doil'dtm^^ideiBiBfettt ^cart6e. Foarquoi laumit^on impo96
a da' sioiple^ toikd\itiimr$\f i cl6s iatenai^diaifes dSpMrtos
de tom^autt^it^ effBclive, I-ob)igatfOQ d-entendre les jrfai-
dittwet iesi^molns en presence do peuple^ de d^ifterer
^1 dejugef sur la place puMiq«e? L'^dat de cette puWicite
satis Itmites serait Md k Tencontre du but poursuivi par
les parties 'intApea$6es. €e n*eSt qu'i I'iSgard d.'ime sentence
obligatdire qtie la garantie de la publicity, en d'autres
te^mes; le CMtrdlede la nation petit ^tre raisonnabiement
CKig^ On ne' doit pas datantag^ s'arriSler k Tid^e d'one
magistrature permanente ^lue par le peuple rassembl^ k
Tagora. Dans la soci^t6 hom^rique , le peuple ^tait con-
voque pour assister a Texamen ou k la promulgation des
decisions prises par les rois et les chefs. On Jui permettait
(I) Hypottafese ndse en avam par Scfaoemann {Grieehisi^his AUerthUtMr,
t. I,p. 38). '-'-■■•
(^) Gette quesdoii est pit^ee, mavs boh r^solue, dans Fdavrage de
Scboemanii que nous yeaonsde citer (p.-2^.
( 209 )
de maiufester son approbation ou son m^contentemeDt par
de^ aeclamations >ou de» raarmures; mais il ne participait,
k UD d^r^ qiielconqae, k Feiercicede la puissance pu«-
blique.
A notre aviB^ le sysl^me le plus conforme k Torganisa-
tioB de la soeij^i^ hom^rique consiste k attribu^r au roi le
pouvoir de designer les Anciens charges de remplir les
ftmctioQS de juge. D'^ne part, la juridiction ^taii incon-
testablement Ton des attribtils essentiels de la royaut6;
car c'^tai t aux rois que Jupiter avait donn6 , avec le sceptre,
te droit et Tobligation de statuer sur les diffi6rends qui sur-
gissaient entre leurs sujets. D'auire part, la sc^ne judi-
eiaire f^ur^e sur le bouelier d'Achille prouveque les juges,
au RHXinent ou ils se levaient pour prononcer la sentence,
pra^aient en main le sceptre , embl^me de Fautorit^ souve-
raine (1). Get usage, comnie d'autres pratiques judiciaires
que jQOtts allons decrire , eilt ^t^ pen compatible avec le
rdle de simples arbitres depourvus d'une d^l^gation de la
puissance publique. On pent pr^sumer k bon droit que
Temploi da sceptre avait pour but de rappeler que I'exer*
cice de la juridiction restait toujours une Emanation de
la dignity royale. Les juges ^taient les repr^eniants , les
del^guesdu roi qui ne voulait ou ne pouvait pas juger lui-*
mfime (2)*
(1) IHade, XVIII, 50b.
(2) Le sceptre, coosid^r^ comme embldme de la dignite royale, joue
un grand r61e dans les poemes homeriques. L'expression rois (Ucor^s
du sceptre revient saps cesse {^Taivrov^g pcsaiXeifg)* De \k les lodutiOQs :
]es peuples soot soumis k leur sceptre, payez vos tributs sous son
sceptre » etc. Les rois allies d'Again^noo prenuent en main le sceptre,
quand ils parlent a Tagora; ilselevent le sceptre quand ils foB( une {mto-
( 210 )
Comme dernier trait de cette organisation prioiitive, it
importe de remarqaer que, d*apres plusieurs passages
d'Hom^re et d'H^siode, les coutumes de T&ge h^roique
n^admettaient pas, en dehors de la jaridietion royale, de
tribunaux composes d'un juge unique; niais le nombre de
magistrals requis pour rendre one seutenee valable nous
est completement inconno (1).
llf.
Procedure,
La simplicity de la procedure egalaii celle de Torganisa-
tion judiciaire.
Nulle part on ne decouvre,^ cette ^poque eloignee, une
trace quelconque de la ih^orie savante, mais rigoureuse-
ment conforme k la 'nature des choses,. qui voil dans le
delit un^ atleinte aux int^rels collectifs de la soci^te et
confie a celle-ci le soin d'en assurer la repression. Ici I'in-
dividu directement Ifee par le crime apparait seul en cause.
S'il garde le silence, le coupable echappe a loute peine.
S'il accepte un dedommagement, la soci^te n'intervient
que pour ratifier et faire executer les conventions arretees
messe solennelle. Les herauls portent le sceptre. On jure par le sceptre, etc.
IHade, I, 234-240; II, 86, 101; VII, 277 et suiv., 412; IX, ISO; X, 321
et suiv. ; XXIII , 568. Ochfss^e, II , 37, 231. — Pour la forme du sceptre et
les aulres questions soulev^es k ce sujel, voy. Seboemann , ouvr. ciL, 1. 1,
p. 55 et suiv.
(i) Daus un seul passage de VOdyss^e (XH , 439) , il est parl^ d'un jage
ausingufier; mais ailleurs Hom^reen parle toujours au pluriel {/Hade ,
XVI, 5S6, 587; XVII I, 506). Hesiode, rappelant le proc^ iojuste que lui
avait inlenle son frere Perses , mentionne egalement plusieurs juges {Les
travaux et les jours, v. 38, 220 , 221 , 248 et suiv.).
( an )
entre les parties. Biea des si^cles devaient s'^couler avant
le jour oil le legislatear criminie], a la suite d*une inter-
minable s6rie d'efforts et de deceptions, devait entin com-
prendre que, dans la sphere du droit p6nal, les souffrances
individuelles renferroent toujours des lesions sociales.
Quelques vers de la c^lebre description du bouclier
d'Achille nous fournissent, sous des couleurs vives et sai-
sissantes, le tableau d'un proces jug6 par des magistrats
de r^ge heroique.
€ Plus loin, dit le poete, une grande foule est rassembl^e
» ^ Tagora. De violents d^bats s'^levent. II s'agit du rachat
» d'un meurtre ; Fun des plaideurs affirme I'avoir entiere-
» ment pay6; Tautre nie I'avoir re^u. Tons deux d^sirent
» que le diff^rend soit vid6 au mojen d'une enquete (ixi
9 laropi) (1). Le peuple, prenant partie pour Tun ou
> pour Tautre, appiaudit celui qu'il favorise. Les herauts
» r^clament le silence; et les Anciens, assis dans Fen-
» ceinte sacr^e, sur des pierres polies, crapruntent les
» sceptres des herauts k la voix retentissante. lis s*ap-
» puient sur ces sceptres lorsqu'ils se Invent et prononcent
i> tour k tour la sentence. Devant eux sont deux talents
» d'or destines k celui qui aura le roieux prouve la justice
» desa cause (2). »
(1) Noas uous ^cartons ici de la traducUon de M. Giguet, portant :
« Tous deux desirent que les juges en decident. « Le mot tcrcop , celui
qui sait, est souvent employe pour designer uu temoin, au lieu de /uapru;
ou /xaprupo^. Dans les lois de Solon , les temoins sont appeles iSuki , ceua^
qui savent. Voy. Schoemann, op, cit, 1. 1, p. 50. — Les Grecs de celte
epoque compreuaient si Men Timportance de Tenqu^te, qu'Ilesiode pro-
clame la maxime &uivante : • Ne badine pas m^me avee ton frere sans
Tasisistance d'un temoin. » (Les travaitx et les jours ^ v. 371.)
(2) Iliade , XVIll , 497 et suiv.
Ce predeux fragment, npprocfa6'de (fuelque&aHtres
pifisigesid'Homi^pe dt d'fl^tode 4 fail>«saoiteni6Dt ieoanattfe
iei»lbnfieis^6a^i!a)es deriiislriiciion etdu'jug^ '
ISiegeq^t depnis te matra joisqu'av^i^&s dU'Soiir (1)^ Je&
yugesisei r^tmi^saieat ii I'agoca ydans le>^oasiQage (des aa«*
tels (2), sous les ifeg^&d«a dieuseti^u^penpbi peadaul
<|iBe de&h^pants ^ porleiirs de aspires ,: maraliradjantrrdi^dre
ei repvm^iimi le^ maatfestations^^apfois braj'iafttesi des
syndpatisiieB de la lcuite(3). ABSi» sixrcdes jtUg^j de fpietre^
comme les juges des, vieilles sagas du Nord , daos ube m^
eeisrte 8kaH^(ii}^it4{ jeiJMX4j):qtit'le8>$6paraUcdfi^ assisUiits,
ils/avaiefit ^ta^l^ce d'euxi le ^manctetB^ et Jedefeodewr,
^galefideafi asfis, maiscSQ teYaaltouni atonrpoicir.eGiDpoaei?
leiirs pti^teotioiis (4)l .Les magrslratST recevaient enaaifae
les; d^posiljdiis deS't^oias e( d^Uti^rateot v sans d^sefiH
paprer^ suria soiutkm lidonneri^ lUige<^La dMibhtBiioA
t .1'
(2) //mde,xi, 807,808.
(5) Au V. 800 due: XVllf de Vlliade, Tuti des plaideurs settible s^adreS-
ser air peuple. Celui-ci /eu-^ffbt , manlf^Uit s^^ syta[^athies par des acda-
malia«s et des: mataiiKes, mais le$ 4noi<sQs ■ jageaieiat senl^. Honieie
applique aw^ assistants Tepitbete d'Apfu^oi, fautore^ (Iliade , v. S03).
PlusieuFS siecles apres, il arrivait encore k Ath^nes qiieraccusateurou le
pr^veuu s'adressail direciemenl au peuple. (Voy. Eschfne, Ih^ocds de
tambassa^, 185, 184; Otu$toreBattici, edit Didoti t;Il, ^.:dS).--« Pme
les aatres coniro verses, philologiqnes avixquelley les y* 4^7 et suiv. da
c. XV n I ont donne daissance, on pent consul ter Plainer, op. cit., p. 77 et
suiv.; mais eel auteur se trompe ^videmment lorsque, pour revoqueren
doute la publicite des d^bats, il affirme que les mots : >aot (Tftv oiyopij, etc.,
peuvetil s'appliquer anx i^m?»ins' tie la nece d6nt U -desieriptioD ptecMe
eelle de ia sc^ne jodimire. . ^
(4) Dans ks.eOfera, oil Minos -cofttiQue a retnplir le rdle de juge poor
les contestations qui surgissent entre les kmes , les. pUidears se leYent
quand lis exposent leurs griefs {Odyssee, XI, 568^571 >. .
( 2i5 )
lermmee, il9 $e levaient, emproniaient le sceptre* des
Mrauts et prwfifti^eiK la seiiteiite. Um oertadne vsiteari
probabiemeQiifd^tefininiJe^a^iie iriboDai^ dtnk ^posi£e
dans renceinte et devena^l k. propria de edui^qaioirte-
Bflit ^l^n de 'eause*- G'litaU :su i'^and deia^partie ssceopi^
han^elQ peiaejdir|i>iaideur>t^Ba!<k'aire(l). ) . «-
€es reoseigiieineiitsMnt preei&etolaiiis; mais Ids douses
reeommefioent anssit^t^que^ latssaot dei cdteles fprmes
Bien jse peitMiVe qiie Jes l^mDiosiassent obl%i^6de ptAl&t
sernient; maisv sand enoo^if le reproehe de selivrer^
dm conjedUTesibasardeusto, od peut'sopposm^queileiserr
meat 6tai t fn^quemmant MUre mx ptaideum y soil par les
jusesv saitpar lapartie adversev; Quaiid on lit lea poSmes
baib^riqueB, ilJbstimpo8sibledeiDe:paaiitD^vivetiient frapp^,
d'une part, de la frequence du serment dans toutes les con-
jonctures de la vie des personnages, d'autre part, du carac-
t^re redoutable que lui attribuent les chefs et les peiiples.
T)m^JHy^rke,ff^,Mmure, on yoit c^.dieu , encore fip fan t,
jS6 declarer pc^^ k affirmer* sous serment qu'iJ^ n'la pas vole
les boeufiS'd'Apolion (2). Dans le« jeos fan^bfes c^bres
par Acbille aiitour da bAcher de Patrocle, Antiloque est
forc^ de renoncer au prix de la course des chars ^parce
qu'il refuse de prater le serm^t que MSn^las M .d^f«re
en ces termes : t Viehs pir6s de tnoi, ^d rejetotf deitfj^ter !
' ' I . j ,. . I ■ 1 f ■ - ■ -' ..:. i :'...■ ' ^ : . ■ . . . i/r. . . ^r . . . : ■ . ■ 1 I . 1 ; ■ 1 ■ . ■ -.. ■ .♦ ■ ■
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(i\ Iliads, Xiv807;;XVI,3»7; XVIII^,49T et Mlv. Ody«f^> Sil> 459.
Bymne d Mercure, v. 324. Hesiode, Les IravatmH Ub jotirs , v.S9i Sui-
v«it 06 p<)et8, le tp«iiiii^e jwit 4^ (msilkteeatix jiigements.
(/Wd.,v.766'«tSuiy.) • <
(2) V. 274 et suiv., 585 e t suiv.
. ( 214 )
* Viens, comme le droit Vindique ( ... J efft<; l^riv); place-
» toi debout devant tes coursiers et ton char, prends daos
> tes mains ie fouet dont lu les excitaii&, touche tes cour*
> siers et jare que eest involontaipemeiit et non par
t artifice que tu as embarrass^ moo char (1). » Oq jurait
par Jupiter, par Ie eiel, par Ie soleil, la terre et les mers,
par Tofode sacree du Styx-, par tous les 4ieus: infernaui ,
et Ton ^tait profond^ment convaincu que jamais le par-
jure n'6chappait au chdtimeat. « Sous la terre, s'6crie le
» chantre de Tlliade, les firinnyes vengeresses font expier
9 aux humains les serments trompeurs La mort et les
» afflictions attendent les coupables Si, d^s mainte*
]> nant^ Ie roi de I'Olympe refuse de les puair, il ies
9 atteindra plus tard (2). » Les dieux ni6mes<^taieat s^ve-
rement ch&ties quand lis manquaient k la foi jur^e (5).
Gominent admettre que les plaideurs et les juges nV
vaient pas aper^u les avantages judiciaires du serment,
dans une soci6t(l oti il etait si souvent pr^tiqu6 et ou les
croyances religieuses lui donnaient une sanction redou*
table? Une telle snpposition est d'autant plus inadmissible
qne , datis Les travaux et les jours , le poete d'A^ra , apr^
avoir longtemps parl6 des plaideurs et des juges, place k
(1 ) made, XXni , 441 , 870 et suiv.
(2) made, XIX, 258-260; III, 278, 279; IV, 160 el suiv., 27f , 272.
Quelquefois le sermenl ^tait aceompagn^ d^impr^caiions {made, II f, 98
et suiv.) Comp. Iliade, XXII, 254, et Hesiode, Les travaux el les jours,
V. 282 et suiv.
Les figypliens, les Hebfeux et beaucoup d'autres peuples de Tantiquil^
croyaient fermement que la divinile se chargeait elle-m^me de la puoi'-
tion exemplaire du faux sermenl. Voy. mes Etudes sur fhistoire du droit
criminel des peuples anciensy 1. 1, p. 130; t. II, p. 141.
(3) Hesiode, Theogonie, v, 793 et suiv.
( 218 )
la fin de son discours ces paroles significatives : « £viie
:» les cinqaiemes jours ^ qui soot fuuestes et terribles; car
p on dit que ks Briojoiyes parcoureat alors ia terre, ea
p vengeant Horcos- qae la Diseorde enfanta pour !e eh&ti-
» ment des parjures (1). j> Toul nous permet de croire
que Platon ne s'eesurtait pas des traditions pjriaiitives de la
GrSce, qnand il disait que Rbadamanthe avait fait du ser-
mon t uft moyen de decision judiciaire (2).
II est plus dif&cile de savoir de quelle maniere les juges,
dont rintervention ^tait si fr^quemment requise (5), fai*
saient comparaitre les plaideurs et les tenH>ins r^calci-^
trants, de quelle mani^re ils faisaient accepter et ex^euter
leurs arrets. A cet egard , les poemes cycliques gardent un
silence absoiu. On peut tout au plus presumer que les he-
rauts, « porteurs de sceptres, » qu'on trouve cou&tam-
ment k Tagora, k cdte des juges, interveoaient k la fois
dans Tassignalion des pr^venus et dans I'ex^cution dea
jugements (4). II est au moins certain que les moyens
d'ex6cution ne manquaient pas; les plaintes d'Hom^re
et d'H^siode sur les malheurs causes par les jugements
ioiques suffiraient seules pour en fournir la preuve. Com-
ment le dernier auraitril signal^ Tabus de la justice comme
le mal dominant de son ^poque , si les sentences judiciaires
0)V. 802-804.
(2) Lois, X\l, p. 485; edit. Schneider (Didot).
(3) Voy. ci-dessus , p. 206.
(4) II importe, en effet, de remarquer que la confiscation des valeurs
deposees au pied du tribunal ne fournissait pas toujours le moyen de se
tirer d'embarras. Hesiode par|e de proces internes du cheX d'usurpation
d'immeubles , de deplacemenl de boroes , etc. U dit que le bon juge fait
restituer les choses derobees. Th^ogonie, v. 88 el sulv.; Les Iravaux ct
les jours y 57 et suiv.
( 216 )
n'avaient 6i& que de vaines et impuissanles formules ? II
semble m^me.que la partie l^^e, agissant sous sa respon-
sabilit^ persoDoelie, avail le droit de s'emparer du delin-
quant et de le d^tenir jusqu'au jour des debats, k moins
qu'il ne fourntt une caution suffisante pour r^pondre de
toutes les consequences ^ventuelles du d^lit. Telle est du
moins la conclusion quMI est permis de d^diiire de T^trange
Episode concernant Mars et Yulcain, raconl^ au buiti^me
cbant de TOdyss^e. Pendant que Mars, pris au pi^ge,
g^mit dans les merveilleux filets tendus par le forgeron
divin, Neptune dit a ce dernier : € Romps ces liens, et je
» te promets que ce dieu (Mars), au gr^ de tes d^sirs^ te
» paiera Tamende de Tadult^re (^/%aVp*a)- — Ab! r^pond
» rillustre boiteux, on ne donne pas de pareils ordres.
> La caution des m^cbants est une mauvaise caution
» (ittXoLi kyyuat). Comment pourrai-je te contraindre dans
p I'assembl^e des immortels , si Mars fuyait , ayant ^cbapp^
p S sa dette et k mes liens? — Si Mars, r^pond Neptune ,
» prend la fuite pour se soustraire k sa dette , je te payerai
» moi-mdme ce qui sera dA. — Ab! dit le dieu outrage, je
> ne puis ni ne dois refuser ta parole (1). »
Telles sont les notions incompletes que, dans T^tat ac-
tuei de la science , nous poss^dons de la procedure usit^e
parmi les Grecs, k Taube des temps bistoriques.
T^cbons maintenant de savoir comment les contempo-
rains d'Hom^re et d'Hesiode envisageaient les d^lits et les
peines.
(I) Odyssde.Wn, 332,347 et suiv.
( 217 )
IV.
Les dUits et le$ peines.
U ne faut pa8 demaoder aui^ Helleaes de T^ge h(ipi-
rique un code criminel oil les d^lits et les peines soleot
d^termin^s avec une pr^cUion rigpureuse, Depuis plu-
sieurs siecles, les H^breuii; poss^daiejQt les ; aijhnir^bles
d^crets de Molse, quaud les Grecs, eacore priv6s de Vn^e
de r^criture, a'avaient d'autres lois qu'uq ,peUt n^fribr^e
de coutumes plac^es spus T^gide des croyapci^ r^igje^ises.
A leurs yeux, le delit 6tait siroplemeot iid fail dommagea-
ble, qui l^itimait, ^ defaut de payement d'uQe aoieiftdf ou
composition^ Texercice d*uae yeage^n^e^ taptdt iqdividitelle
et tantdt collective, suivantque Tacte ^tait attentatoire aux
iut^r^ts g^n^raux du people ou aux iat^ir^ts parliculiers
d'un ou de plusieurs ^itoyens.
Quand le fait 6tait de la nature de ceux que les codes
modernes rangent dans la cattigorie des crimes dirig^s
centre T^tat, le peuple lui*m£me, I6s^ d^s ses int^rSts
collectifs^ dans sa vie nationale , se ruait sur le couppble
et le faisait disparaitre du nombre des vivants. La lapi*
dation etait alors le ch^timent ordinaire, et c'est en ce
sens qu'Hector dit k P^ris ; a Les Troyens sont trop crain-
» tifs; ils auraient dejA dik te donoer un vetement de
» pierre pour te punir des maux que tu leur causes (1 ). »
(1) Iliade, 111,57. Comp. Odyss^e, XVI, 580 et suiv., 424 et suiv.
Eschyle, Agamemnon, y. 1616, oil le choear (Ht k £giste : « Gondamn^
par le peuple, tu seras lapide. » — Dans TAjax de Sophocle, les soldats
veulent Eraser Teucer sous une grele de picrres (v. 719 et suiv.; 251).
Voy. aussi Euripide, Ore«/0 , v. 442; Pausanias, II, 32. — M^medans
2°^® SilRIE, TOME XXX. 15
( 218 )
Parfois aussi les rois, pour assurer rex^cution des ordres
que r^damait le salut public ou le maintien de la s6curite
g^n^rale , y attachaient comme sanction une menace de
mort ou d'exil centre ceux qui oseraient les enfreindre;
et, dans ce cas, la peine ^tait ex^cut^, sans forme de
proces^ par des soldats d6sign6s k cette fin ou par la
foule (1). Le sacrilege, la trahison, la concussion, I'espion-
nage, la r^volte, en un mot, tons les crimes dirig^s centre
les int^r^ts g^n^raux, n'avaient pas d'autre r^pressitm.
Gelle-ci ^tait subordonn6e aux rancunes et aux passions
des chefs, aux exag^rations et aux perils des entratne*-
ments populaires. Suivant Tdnergiqae adage qu'Hom^re
place sur les levres de Nestor, le perturbaleur du repos
public ^tait sans loi, sans famille et sans foyer (ce6/|x^(rrov9
dvicTTiozy afpijTbip). La pa trie cessait de prot^ger le flls dena-
ture qui Tattaquait dans ses int^rets essentiels (2).
A regard des d^lits dirig^s centre les personnes, c'etait
encore la vengeance qui servait de premier ei6ment de
repression. Dans le doifiaine du droit criminel , F£tat ne
se croyait nullement oblige de cfa&tier les auteurs d^actea
attentatoires aux droits prives des citoyens. La commu-
naute nationale ne se preoccupait, comme telle, que des
les temps bisloriques, les exemples de cette execution sommaire ne man-
quent pas. Voy. Thucydide, V, 60. Pausanias, Vlll/23.
Chez les Juifs, le jugement de zele 6tait fonde sur le m^me principe.
(1) Odyss^e, XVI, 376 et suiv. Les poeles grecs qui ont pris le sujet de
leurs travaux dans les traditions de Tage herojque, rapportent de nom-
breux exemples de cet usage. Dans V Antigone de Sophocle, Cr6on(v. 35
et suiv.) ordonne de faire lapider par le peuple ceux qui donueFont la sepul-
ture a Polynice. Dans Les Septdevant Thdbes, d'Eschyle (v. 196 el suiv.)>
Et^cle tient le m^me langage. Voy. encore Eurlpide, Los PMniciennes,
V. 1632 et suiv. II est inutile de multiplier ces citations.
(2) //«ade,IX,63.
( 219 )
seuls attentats qui mena^aient directemeot et immMiate-
ment son exbtence, son repos on son bien-^tre. Au del^
de ce eercle restreint^ la famille de rindividu 16s6devait
ellermdme puDtr les coopables, et ceax-d, pour.^chapper
k oette F^elion iaevitAble , n'avaieat d'auire moyen que
Foffm d'uae iodeuiDit^. Si ceUe«ei ^tait aceef^tee, le droit
de vengeanee disparaissail ayec toutes ses coos^quaioes.
Les juges nloterTenaieiit que pour assurer le payi^iieut de
la somine stipul^e (1).
Od a pr^teado que ies coutuii^s g^n^Ies de 1'^ h^-
roSque eoBsacraient Je prineipe du talioa, qui est A6]k un
premief prpgr^ dans la sfbkre du droit p^nal , un premier
obstacle k i'iacticm brutaie et d^sordonn^e de la vengeance
indiTidaelle , en ce sens qu'il s'oppose k ce que Tintensit^
du ehl^timeat d^fvass^ celle de I'oflense reQue. U est pro<p
bable que les HeU^nes de cette ^poque ^talent parvenus k
un degr4 suiBsant de culture intelleetuelle pour aperee-
voir les avantages de cette r^gle , qu'on d^ouyre k Fori-
gine de la l^islation criminelle d'une fouie de peuples.
Les Grecs les plus ^clair^s out professe cette opinion.
Aristote fait remonter la loi du tation jusqn'ik Rhada-
naanthe (2). Le plus ancien des poetes lyriques, Archi-
loque , s'^criait : « Je connais une grande r^gle^ c'est de
» rendre exaeteoieut le nial k celui qui me Ta inflig^ (5). »
Eschyle ajoutait,dans les Gho^phores : c Mai pour mal est
» la sentence des vieux dges (4). > Mais il n*en est pas
(1) Voy. cl-ctessttSyp. 911.
(2) Morale ANicomaqMy liv. V^ c. 5.
(3) Th^ophili^ e|nseopt AiUiocheni , od Autolycum Ubri. HI , liv. il , S7.
(4) V.3i3, 314. Gomp.^ v« 121 et 9uiv.,et Agamemnon ^ v. 1560 eisuiv.
Sophocle, CEdipe d Colonne, 229 et sui?., 270 et suiv. D^moslti^nes,
Plaidoyer contre Timocrate, 139, 140.
n
( 220 )
moins vrai que les (exles d'Hom&re et tl'H^siode, lavoqu^s
par le8 jumoonsultes et les philologoes do XIX^ siecle
pour ^iabiir rexisteoce de ce mode de retribution daos la
soei^t^ hbm^fique^ sout loin de foumir des arguments
d^isifs. Ces textes prouveut que les h^ros d'Homere
avaient le sentiment profond , inn6 dans la conscience ho-
maiue , de la l^gitimit^ de la souffrance mfl%6e a Tauteur
d'une action injuste et Yiolente; mais ils n'attestent pas
que la vengeance ne pouvait , sans devenir eriminelle i
son tour, d^passer les proportion^ de Tinjure. 11 est diffi-
cile d'apercevoir le principe du talion dans le discours si
sou vent cite d'H^cube a Priam : < ... Que ne puis-je, atta-
in cfa^e aux flancs d'Acbille, d^vorer ses entrailles. Ses
» actes auraient alors re^u leur juste recompense (1). > La
question n'est pas m^me r^soiue par le vers d'H^tode que
nous a conserve Aristote et oti celui«ci croit reconnaitre
Tesprit de RJbadamanthe : « S'il eprouvait ce qu'ii fit anx
» autres, ce serait Teffetd'unedroite justice (2). »
(1) /(iad0, XXIV, 212, 213.
(2) Morale d Nicomaque, liv. V, c. 5. — Plainer (Op, ciL, p. 115 et
157) Yoit uoe preuve de.radmission de la regie du talion dans les mots
avTtrx ipya {Jliade, XXIV, 213; Odyss^e , XVU, 51 , 60). II cite encore
les vers 378 et 379 du premier cbant de VOdys84e , oil Telemaque prie les
dieux de faire tomber sur les pr^tendants une punition merit^e. II se pre-
vaut enQn d'un vers d'H6siode,oU le poete, apr^s avoir bi^m^ Thomme
qui s'enrichit par la violence, s'ecrie : a Jupiter s'irrite coutre cet bomme
» et lui envoie un cb^timent terrible en echange de ses iniquit^s. > (Les
travaua)ei lea jours, v. 334.) II est Evident que ces textes ne prouvent
clairement qu'une seule cbose , la conscience de la l^gilimit^ de la peioe.
lis sont plutdt des maximes morales quedes r^les de legislatioii. M. Her-
mann (Uber Grunds&Ue und Anwendung des Srafrechis im griechis-
schen AUerthume, pp. 6 et suiv.) reproduit ropinion de Plainer, en y
ajoulant quelques sentences emprunl^es h des philosophes et h des poetes
(224 )
Le seul fait mcontestable y c'est que , pour ies d4lits
contre Ies personnes , tout le syst&me de repression con-
sistait dans nn droit de vengeanoe individnelle, susceptible
d'etre remplace par ane indemnity ou amende, iibrement
accept6e par rindividu 16se ou par Ies membres de sa fa-
n^Ule.
Cette amende, qui portait des noms divers (1), n'^tait
pas fixe oomme dans Taneien droit germanique. D^battue
entre Fagresseur et la victime, elle variait suivant Tinten-
site de I'outrage et ['importance de la Idsion causae par le
deiit. II est meme essentiel de remarquer que le dommage
materiel ne servait pas seul de base an calcnl des parties
interess^es. Une part de la somme exig^e ou ofFerte servait
de compensation k i'injnre rcQue, au trouble cause, k Tat-
teinte portee k la dignite de Thomme (2). Au IIP cbant
de I'iliade, dans le traite qu'il propose aux Troyens, Aga-
memnon reclame, outre la restitution d'Heiene et celle des
tresors enleves k Meneias, « Tindemnite (r/pa;) qu'il con-
vient de payer (3). » Au XXIP chant de I'Odyssee, Ies pre-
tendants, pour apaiser la colore d'Ulysse, offrent k celui-ci
des bceufs , de Tor et de Tairain, independamment du prix
post^rieurs a Hesiode.Maisil s*agit pr^cis^ment de savoir si ces sentences
reproduisenl exactement Ies ideesdes contemporains et des predecesseurs
du poete d*Ascra.
(1) 7ro/v)f (lliadej III, 290; IX, 633, 636; XVIII, 498), t/^)/, princU
palemeni quand il s*agit de dommages causes aux biens {lliadCy III, 286,
288, 459; V, 532. Odyss^e, XXII, 57), iioixdypiot^ en mali^re d^adultere
{Odyssey VIII, 332), M {fliade, XIII, 669. OdyssSe, II, 192). Comp.
Pausanias, III, i5.
(2) En employant te mot somme dans le sens de valeur , nous n'enten-
dons pas resoodre la question de savoir s'll y avait de Targent monnaye
du temps d^Uomdre.
(3) iliade^ III, 285, 286,290, 459.
( 222 )
des comestibles qu'ils avaient d^vor^ dans son palais :
« Nous ne larderons pas, discnt-ils, a d^oarner la ven-
» geanee en presence de tdus les citoyaas. Tout ce que
» nous avons d^vor^ dans ton palais, nous t'en -donneroim
» le prix ; chaeun de nous t'am^nera des bceufs, de Tair^To,
» de Tor, Jusqu'a ce que ton coeur se r^jouisse. Avant eetk
» expiation, personne nepeut U reprocher ta colere (i). »
Parfois mdme, Tamende 6tait uniquement esig^e k cause
du trouble caus^. Au III* chant de TOdyssie, Tun desfou-
gueux adorateups de Penelope menace arnsi I'augure Ha-
lithers^s : « Prends garde! Si tu abuses de Fascendant de
» I'Age et du savoir, pour exciter ce jeune homme (T6I6-
» maque), en le trompant par des paroles irritantes ,
> nous te ferons payer une amende ( e^Aj/ ) dont tu ne t'ac-
» quitteras pas sans douleur (2). » II y avail dans celte ma-
niAre d'envisager la reparation p^cuniaire un premier Ele-
ment de progr^s, nn premier jaioii dans la tongue s^rte
d'essais qui devaient, plusieurs sidles pins tai^d , conduire
les legislateurs k la notion rationnene de Tamende pe-
nale (3).
C'est surtoiit en mati^re d'homicide que ces moenrs
judiciaires de la Grece homerique se manifestent avec le
caract^re que nous venons de leur atlribuer.
Malgr^ la gravity du crime et la perturbation sociale qui
en est la consequence inevitable, r£tat n'intervenait pas
dans la repression du meurlre; c'6tail, a ses yeux, une af-
faire de famille (4).
(1) Odyss^e, XXII, 55 et suiv.
(2) Odyss^e, II , i87 el suiv.
(3) Plainer {Op. cit.^ p. 1 16) a dej^ fall remarquer que rinderanite D^elait
pas la simple reparalion du dommage maleriel.
(4) Dans les temps posterieurs, Alhenes se vantait d'avoir la premiere
( 225 )
La famille du mort ^tait seule charg^e de venger le saug
yets6; c'etait k la fois son droit at son devoir. Le fils, le
p6re, le frdre, qui ch&tiaient Fassassin, n'^taient pas seule-
ment sans reproche aux yeux de leurs concitoyens; ils se
coavraient de gloire en r^pandant de leurs propres mains
le sang des eoupables. « Iguores^tu , dit Miner ve en s'adres-
» sant au fits d'Ulysse, ignores-tu quelle gloire s'est ac-
» quise, parmi tons les hommes, le divin Oreste poor
» avoir immol^ le perfide £gisthe, meurtrier de son illustre
» p^re (1). » L'immolation de Tassassin 6tait unesortede
sacrifice expiatoire offert aux manes de la victime (2).
Mourir sans vengeance 6tait un malhear et une honte (3).
La famille qui restait impassible en presence du meurtre
de Tun des siens se couvrait d'infamie : a Nous ne pour-
> rons plus vivre sans honte, ei cet outrage rejaillira sur
» nous jusqu'^ la post^rit^, si nous ne vengeons pas nos
» fils et nos fr^res, !> s'^crient les parents des pr^tendants
tu^s par Ulysse (4). Les rois m6mes, quand ils versaient le
sang de leurs sujets, n'^taient pas k Tabri de cette ven-
geance obligatoire. Homere le savait si bien que, pour
expliquer la vie paisible d'Ulysse apr^s le massacre des
admis des actions judiciaires |>our caasede meurtre (Isocrate, Pandgyrique,
10). Cette maniere de voir ^tait compt^tement etrang^re k la Grece home-
rique.
(1) Odyss^e, 1,298 el suiv. — Au cbant 111, Homere ajoute : « Les Grecs
» lui dooneront une grande gloire et les hommes k venir le celebreront. a
Voy. Iliade, IX, 563 et suiv. Odys84e,\, 40, 41 ; III, 197, 198, 203,204,
307 ; IV, 346, 347 ; XXII , 480 et suiv.
(2) « Qu'il est beureux pour le beros qui n'est plus de laisser ud fils qui
» leveDge!»Ody5«^0,ni,196.Comp. 11,143, et//ia«fe,XlV,484et483.
(5) Telemaque souhaite ce malbeur aux pretendants. Odyssee^ 1,380;
II, 143. Comp. lliade, XIII, 639; XIV, 484, 485.
(4) Odyssee , XXIV, 430 et suiv.
( 224)
pr^teodants^ il est oblige de faire descendre Jupiter de
rOIytapi, < afin dWaeer chez lefr oitoyeDS d'ltbaquele sou-
» venir du' meurtre de leurs flis et de leurs fp^esr(l}. »
La ccfutame avait d'autant plus de foree <|u*elie ^taUsane-
tionn^epar les oroyanoes religieuses^ Au sem de rassem-
bl^e des' dieax, Minerve, arppvenaut qu'£giathe est tooib^
sous les coups da fils d'AgamemnoQ , dit k Jupiter : c Le
» li6co8 est ^tendu^ frapp^ d'un eoup m^ritie. Perisse de
> mtoe quiconque rimitera (2). » Piusieurs siMes aprte
Homere, So|ibode^ cberchani dai» ces antiques traditions
le sujet de rnue.>de aes tragedies immortelles, moutra la
YiHe de Thebes plong6e daus la desolation , liyr6e a la fa-
mine ei k, la peste, parce que le sang de Laiqe ^tait rest£
sa&s veogesuiee (3).
■*AH««Maa«Mi*MWM**>a^Hii«ai^B-*«i**ai<^i^B*^
(i ) Odyssee , XXIV, 353 , 450 ei Suiv., 484 , 488. Bf inen-e die- m^me vient
recondite!* les (kux t>ftkt)d (v. 348 et suiv.). '
(9) Odysfiiid, 1 , 47. Cpmp. fiasiode^ fiouclier (TiJerculey v. 14 et suiv.
ApolMore, liv. lU^ c. 7, § 6..
(3) OEdipe rot , v. 14 et suiv. ; 100 et suiv. Ici, comme dans sa tragedie
d^6lectre\ Sophocle expose la rdgle de la vengeance da $ang avec ane
eiag^ration po6tu}ue.'(Vof tHeotre, v. 344 et suiv., 41%^ 1415 et suiv.) On
peut.eD.dire autant d'Escbyle {Cho&phores , 63 et suiv., 400 et suiv., 530
321). — Quoi qu'il en soit, la vengeance du sang existaii dans la Grece
primitive avec la plupart des caracteres qu'elie presente dans les antiques
coutumes de TDrient. (Voy; mes Etudes mr CMsiaire du droit criminel
des peupks antiens , t. lii p. ^8 et enivjj. Mais oo ae renooatre dans les
poemes hom^riques aucune distinction entre rbonaicide volontaire et Tbo-
mieide iiwokmiaipe, distinction qu'on trmive dan« Je dcoit mosaique ei
dans le droit grec plus rapproch^ de nous.
On s'est demamle si, k defaut de parents, le meurtre poavait Stre veige
par d^autres citoyens. 11 nous semble, comraei^ Plainer fOp. et<.,pp. 121-
132), Qa*uoe t^jftonse n^ative doit resulter des vers suiv. : Odyssie, XV,
272,275;XXltl, H8 et suiv. 11 est vrai qu'du vers £75 on parle de freres
et de€OiDpagoois(sTa/); maiseeux^ci n*y Qgurent que comme assoeies a
la poursuite faite par les membres de la femiiie.
• ( 225 )
Pour ^bapper it ee redoutable p^ril, le meurlrier n'avait
d aotre moyen que la fuite sur Ic sol Stranger. Aa XV^
cbant de TOdyssee, Theoclym^ne dit a T^l^maqoe, au
moment oii celui-ei va s^eloigner des rivages d'Argos :
« J'abandoDiie ma patrie^ oi!i j'ai immol^ un eitoyen d'uoe
» puissante famille. Ses nombreux fr^res, ses compa-
» gnons (1) habiient Argos^ f6conde en coursiers, et
» exercent un grand pouvoir sur les Grees. Je fuis pour
» ^viter de tears mains la mort et la sombre Parque.
» H^ias , ma destin^e est d^errer d^ormais parmi les hu-
» mains! Re^is-moi sur ton navire en suppliant, ne
» sooffre pas qu'ils m'arrachent la vie : car sans doute, ils
» me poursuivent (2). » Le sang appelant le sang, la fuite
du coupable avait &i6 favoris^e k la fois par les mceurs et
par la religion, parcequ'on y voyait le moyen de. pr^venir
une longue s^rie de meurtres. L'opinion publique impri-
raait une fl^trissure k Tindividu qui tachaitde sesoustraire
a I'exil, apr^s avoir r^pandu le sang de son semblable; elte
ne voulait pas que Thomme puissant et riche, qui se trou-
vait en presence d'adversaires faibles etd6sarmes» pAts'af-
franehir de eette coutume salutaire (3). On chercbait dans
la fuite du raeurlrier le r^sullat que le grand legislateur des
Hebreux avait si admirablement oblenu par Tinstitution
des villes d'asile. Aussi le fugitif devenail-il un suppliant
{iKETtfi) et se troQvait-il comme tel sous la protection spe-
<l) Vey., pour le rdlede ces compagnons, la note precedente.
<2) Odyssie, XV, 271 et.suiv.
(3) Telle est pent-^tre rexpKcalion naturelle des v. tlS et siiiv. du
cbant XXIII de VOdyss^e , qui oat donue lien k ianl de commeitiaires.
Hercale lu^mtoe, ayant involontairement tue £uDome» sesoumet k
Texil , pour temoigner de sod respect euvers la loi ( ApoUodore ,11 ,7,6).
( 226 )
dale <fes dieux (1). On esp6rail qae son absence caltnerait
]e^ haines, iafif^lblifiait les ressentiments et faciliterait de la
sOf te raeceptati<m d'une indemnil^ p^cuniaire (2).
■La famille, inveslie du droil de chfttJer les meurlriers,
^viili; ell efitet/Ia factift* de leur accordcr le pardon moyen-
Dant tine compositron on amende [noivif). Chez les races
6£BiHtqae&, }es parents qui renon^aienlt k la vengeance,
qni ae^l^laieiit « le prix da sang !>,^taient marques d'ane
taehe itid6l6bfte de hontcl et d'infamie (5); mais aueun in-
^ifee d^o s^littieiit Analogue ne se r5v6fe dans les poem^
honfii^riqufes. Le chantre de TtHade d^crit comme un 6ve-
nemenrt ordinaire de la vie desGrecs^f^pisode judiciaire
figfif^ snr to bouelier d'Achille (4). Rien n'empfichait les
parents d'accepier la rangon du meurtre, qnand m^ttie la
vieiime ^lait urt fils on un fVflre. « H^ros sans mis6ricorde!
i dlt Ajari Si Aehllle:* N'accepte-t-on pas la ran^on do
» meurtre d'uii Mri6 et mfeme d'un fils? Oiii, le meurlrier
1^ reste parml le pehple Ibrsqu'll a paye une forte amende.
> Son ennfemi Consent it calmer soti &me kn recevant one
» riche ran^on (ttou' diroThaq) (S). ^ Non-seulement la fa- '
(1) /iifldlfliXYl, 37*5XXIV,477 et sulv. Ody^s^, V, 447, 448; VII,
164i leSJHesiode, Bmtciier d'AchilU, v, 13, 83-8«.
(2) Dans les poemes d'Homere et d'Hesiode , oii voit frequemment appa-
Tiiitre •des individns 'Obliges de fair leur pdtrie,pairce qallsont verse ie
sang d'un conciloyen. iliade, II, 664; XIII, 696; XV, 335, 432; XVI,
574; XXIIIv 8B,'86;i XXIV, 4«(>, 48^: 0#5^, XHfi ^9, 272,273;
XIV; 380v«at; XV, 224, 272; XXIH, 117 el suit. H^siode, Bouciier
d'AoMUe, U^ 13,! 84 ; Fmgm^ita, LIU. €onip. Apoltodore, lir. II, c. 7«
(3) Moise avaji'meine exfpressement defendu- PacceptaUon de la raii^on
d'fin homicide folDntliipe. (Voy/pour les peuples orientamt, mes Etude$
cite^ \ ii ll\ p^i 1 83 tet sui v , 288 et sui v.)
(4y Vdy. ei-46fesil*, p. 2M
($) //ta(i0,lX,C32etsuiy.
( 2?7 )
mille qui transigeait ^ctiappait k toqVe fl^tri^$i3Jt^^ ^ai^^oii
hl^mail celies qm se inoRtraieQLmeji^QraMe^Cl)^ La^boote
n'atleignait qm Ws Grimes qui rast^i^nt i^o^pssibl^ eq .pr/e-
sance. du crioie per p^^r4 surla per^oniiQ ;d'un 4^ ieqrs.
V^m^ 4u lopr.t etait een^^ veng!§6 , ses iriftnos, irrjit^s
js^apai^ajept i quand Tassas^ia avait ^ faree^ d^* a6.d^>-
pquillei^ d'u^e {)arUe plu$ ou moias ,^aiiisid^rabl0,d6./9Qn
patiimoioe. Ausai^ des rin$taiit que |a iraasacMoa ^l^it
condue^ le droit de vepg^eance cessait, ie coupable repre-
nait son rang dan^ la spdetd civile.^t rel)gie4ise^(2)>, ^isi
des. cont^st^iQnS:Sur.gi$saieiit ^r r^x^euiion.dqjCoDrtratr
les juges eiai60t9ppele^)^. decider (5): Oo aeti^Qihve.dPOfi
Jes vers d'Hono^re et d'Hesioda auwue Iracc? dci o^jUe piiri**
iication reljgieiise qui , ji une^ ap(>qu^ plus jr^cen tie v^^it
r^putee iDdisj)eiisabie. pour permettxe TaoQC^ de i'a^m et
des temples^ ^lui.qiii avaj^^u le malbe^r de y^p^ndre le
sang humaifi ; Homere a'emploie pas uoe seule foii^ l^s iqots
/xivfff^a^ ayoi i iiXfrn, qu'oR reocoDtre SI MqueiQ»^i dfdQS
les cBuvres ,plus r^ceales pour designi^r Ja.soi^Ulurp con-
tract6epar rhamicide.(4). ,, . ,
IX, 632 et suiv.), o^mbine avec eekli dePhoeiiix (iJiactej'lX* 49S «t
(S)' « II r#$t« (le ieioiirfcriear^ut.>a ptiy^ lau'ancdn) pantit l^peaiile, ^ dit
Am HUade , XK , m4()* ... • . \
^) La preuve de/c^lte »l!egati(Hi^ reBSonJi VAMente. de Utidle6iirip&kni
da boQcUer d'AohiHe* -*- £$ahyle Af dmcLejis^r^ 'iChdiphoWt, 09'«t
suiv, 400 ei suiiF.) m dhaqt que le aajig absorb^ pabK laT terle \idssSQ one
teobe qui ae pml leire iai v4e que par le saag ehi meuvtiner. / • i
(4) Dana VllM^,^^ ^^oil rauleur de riMinf iicide: MqueDfecir ks oito^iis
et les etrangers, sans leur imprimer a«e&ne'$OHUkifie:(IX>^ 092 el-smir.;
will, 498; XXIll, 175 et suiv.; XXIV, 4eN>,4SIK A« tbautXXIlde
rOdyss^e, Ulysse, au lieude faire des lustrations el d'iuvoquer )e$ dieux ,
( 228 )
Ep mati^re de d^Iits eontre les ukbufs^ Homere ne mw*
tionne que radullere; il nous appfeod que h violation de
la foi coDjugale ^tait punie d*une ameode, iodepeDdam*-
meptd^e la restitMUon dea pr^seoto de ooce (Mpa) (1).
All VIII'' chant de TOdyssee, les dieuxi k Taspect de Mars
et de Vi^ou^ $»urpris en JQagr^aL d^lit, se diseni enireeux :
< La, perver^ild ne vaut pas la vertu. Le .pfesaot atteutl
•
p r^gile* Yulcain, malgr6 son iufirmil^^ Tempofte par son
» adresse sur Mars, le plus rapide des dieux, et il obtiendra
» Tan^eude due pour adultere (fic^^arpia) (2). » Quant au
vol ^t aux autres aXtentats contre les bieos, il esl. difficile de
dire en quoi consislait leur repression. Le voleur dev-aitnl
simplcment indemniser la personne d^pouill^e? Etait-il
tenu, cQiAme dans le droit mosaique et, plus tardi dans ie
droit ath^nien, de pa^er plusieurs fois la vale^ur des objets
d6rob6s? Les d^pr^datio]>s, qui l^itimaieat b guerre avec
les p^upl^s (Strangers, doanaient-elles ouverture h un cer-
tain droit de vengeance entre concitoyens? II est probable
que ce^ qujestioas ne s^ont jamais qompletement r^lues.
"**<
so^coDtente de l)rtller du soufre daus la salle qii£ le sang des pretejidanls
av^U H)ULU^eet remplie d'uoe vapeur ioliecte (v. 481 ^i suiv). Plainer
{Op, cit., p. 121) et Lobeck {Aglaophamus seu de tiieologiae Myslicae
Graecorum causis, t. l, p. 300, 1. 11, pp 967-969) ont tres-bien prouve
que les mythographes et les bisloriens grecs ont commis un anacbro-
ntame en attfibuant ^ Tepoque d^Hom^re la purlfiefttion religiease des
meurtriers. Le plus.ancien exemple de cette purification se trouvedans
les fragments de Pepopee d'ArcUnus, de Milet,ou Ton voit Ulysse purifier
Achilledu meurlre de Thersite. — L*opinion de Plainer et de Lobeck n*esl
cependferiU pits uniVersellement admise. Mtiller (tlie Dorier, t. T, p. 338,
en note) el Wacbsmutb (Out?, cit., t. II , p. 162) , d'autres auteurs encore,
pretendent que le silence d'Hom^re ne suffit pas pour nous autoriser a
affirraer que la purification religieuse n'eiait pas osit^e de son temps.
{i) Od^«s^0,VIIf,3f8,3i9.
(2) Odyes4e, VIII , 329 et sulv.
( 229 )
Ud seul fait se trouve ^ Tabri de toute cofitestation ; c'est
rexistence de coutumets fixes, de r^gled g^ii^rdlement
admises^, destinies h garantir les droits de ia ptDprfet^
individuelle. L^ accents indign^s d^Hom^re et d'H^sickle,
quand ils parienl des magrstrats iniijlies qui jugenl atec
violence et t tewrureiyt le droit >, supposent raauifestenient
qne les homines chargfe de dispenser h justice avaient
k suhrre un criterium plus sftr et plus 6\evS que ies' inspi^
rations mobiles de leur conscience individuelle. *
Le vol de fruits et de betail, principales richess^s des
Grecs de ce siecle, n'^tait pas rare; mais, lei encore,
le sentiment religieux venait supplier S I'insuiBsance et
aux lacunes de la legislation positive. L'individu qui ^'ap--
propriait le bien d'autrui encourait k la fois la colere des
dieox et le m^pris de ses eoncitoyens. « La lib^ralilfi est
> utile, dit H^i^ode, mais la rapine est funeste et ne cause
» que la mort... Celui qui, fort de son impudence^ coramet
» nn larcin, malgr^ la n^dicit^ du profit, sent le remords
» d^hirer son ctetir (1). » La reprobation du cfd et de
la terre atteignait m^me celui qui commettait des d^pr^^
dations $ur le sol Stranger : <k Le& dieux bienheoreux ,
> s'^crie Homire , balssent la violence et honorenl parmi
» les hommes la justice et r^quit^. Les mechaiits tiiemes,
» lorsqu'ils fondent sur une terre etrangfere, Iprsqu'ils
» s'emparent du butin que Jupiter laisse tomber en lairs
» mains, ne voguent point vers leurs foyers avee leurs na-
» vires remplis, sans que la crainte de la vengeance divine
» tombe en leurs esprits (2). » Par contreJe juge qui, gar-
(1) Le$ travaux et les jours j v. 357 et suiv-
(2) Odyss^e, XIV, 83 et suiv. — 11 suffitde cUer ces vers pour prouver
combien quelques auteurs modernes, reproduisant une erreur commise
(250)
dien incorruptible du droit, ch&tiait la rapine et faisait res-
tituer les objets d^robes, ^tait entour^ du respect et de
Tamour de ses concitoyens; il devenait un personnage
presque divin : « Tandis qu'il marche dans la ville, dit
» H6sipde, les citoyens remplis d*untendre respect Tin vo-
» quent comme un Dieu; et il britle au milieu de la focde
» assemblee. » Sa gloire ^iaft sans rivale « lorsque, ne
» s'^cartant jamais du droit sentier^ il rendait une justice
» ^ale aux Strangers et k ses concitoyens (1). »
■ ■ liliafcl » »i^< |Illll»Oll >■■!■■> ■■!> i»i>lil>B)l|l ' l|li>;i>l|llJt>B W^^m^^ II III
■ I
par ThucydiJe (1» 5), se trompent en afiirmant que les Crecs d'Hom^re
avaSent si peu 1e sentiment de h proprl^l^ , quMIs envtugeaieiit ooMiiie
licivea la pinlerie et les depredations oominifies au detrimept des eunoi-
gejr$. .Nestor* H.est veai, demande h Tel^maque, cdmme le cyclope k
Uijfsse : « Pourquoi sillonnez-voCis les humides chemins? Est-ce poar
» quelquc ndgoce, oii naviguez-vous h raventar^ comme des pirate's, qui'
» errent en etposani ieor vie et portent te mailkeur ehea les Strangers
» (Octf^$^^ 111 , 71 et.satv. ; IX , 232 et $uiv ). > Mais i que oette demande
fiHt.oiiiAQ fA^ pas blessante pour ceuxJi qui on Tadressait, il est certain
que les d^redalions en pays Stranger, hors le cas de guerre, ^taienl
sev6rement inlerdites. (Voy. bdyssSe,\\\ , 42S et sulv.) D^jSi dans Tati-
tiqnit^, Talf^gaiion de Thucydide avait^t^ re/Qt6e par Arlsiarque* (Yoy.
S. Sbhoi. adi Odk^ lUtli.Etistathe, p. 14^5.) D'autres prauves ontete
recueWies par Schoemann {Ouvr. oiL^ 1. 1, pp. 44 et 45). Les exemples cU^
par PlaUier { Op, c}7.»p. 124 et suiv.) sont des faits de guerre..
(1) H'esiode,TA^og'on/e, V. 91 et suiv. Les travaux et les fourSt.v.iSS
et suiv. — H eithie Icf une remarquable aiialogle eatre Ids tradiUons primi*
iiroi des (^ree^ et eelles des Hel)reux. Hesiode dit qm les juges iocorrap-
tiUe^ brillent c^mme des dieux. jtfoise les appelle des bommes divins , dea
dieux (Elohim). (Voy. mes 6tudes cit.> t. I , pp. 200 et suiv.)
(234 )
V.
< ' !
Cot^clmion. .. . , .
* • » • . » *
En (lejroierr^sultat, il suffit de combiner les fails exposes
dans les lignes qui precedent, pour savoir que la legisla-
tion crimin^ile de la Grece h^roique ^tait immensement
inf^rieure k celle de la Jud^e et de Tlnde br^hmanique.
Dans la sphere de la procedure et de Torganisalion ju-
diciaire, on remarque Tabsenee de ioiitie notion du carao
t^re antisocial du d^lit. M^me pour le meurlre, qui ^tait
incontestabiemeat le crime dominant de T^poque Ja pour-
suite et la repression di^pendaient, k tous^gards, du oapriee
des parties I6s6es, et rien ne permet de supposer, avec
Schoemann(l),qu'une exception exislailau detriment de
ceux qui avaient assassine leurs procbes parents. Tandis
que, chez les H6bretix, il ^tait s^vdreraenl defenda da
recevoir la « ran<;on du sang » , parce que Ton ne voulait
pas que les coupables pussent trpuver dans leurs richesses
le moyen de racheter leur vie; pendant que, chez les aulr.es
peupies contemporains de I'Asie, Fopinion ptiblique fl^-
trissait ^nergiquement la famifle qui abdiquait son droit
de vengeance, aucune iclee de hlktae ou deliohte n'attei-
gnait le Grec qui, moyennant uue indemnite pi^Mniaire,
consentait k se rteoncilier avec le roeurtrier de I'un des
siens. La publicity des d^bats et dii jugement forme , avec
I'obligation de rendre une justice ^gale aux citoyens et aux
Strangers (2), le seul cdt^ par lequel les juges d*Hom^re
(1) Ouv. cit., 1. 1» p. 48.
(2) H^siode, Les travaux et les jours, v. 225, 326.
( 252 )
et d'H^siode se rapprochent des Anciens qui siegeaient aux
portes des villes dlsrael. Encore ceux-ci 6taieot*iIs pris
dans tout le peuple, tandis que les magislrats grecs appar-
tenaient exclusivement k la classe privil^gi^e des conseillers
el des compagnons du roi (repovreg).
Dans le domaine du droit p^nal propremeat dit, la ven-
geance individuelle et I'amende constituaient, avec la lapi-
dalion ou I'exil pour les crimes dirig^s contre I'£tat , tout
le syst^me de repression. Quand le peuple tout entier se
sentait les^, il tuait Je coupable ou le contraignait k fuir
au del^ des fronli^res; tandis que, si Tacte n'avait pro-
duit qu'un dommage individuel, la partie l^s^e etait senle
charg^e du soin de chatier Tagresseur, k moins que ce-
lui-ci ne pr^f^r^l payer uue indemnity. On n'avait pas
meme vaguement entrevu la doctrine sup^rieure qui, en
altribuant au pouvoir social la mission de punir les d^lits,
met k la disposition de r£tat des moyens de contrainle et
de repression inlerdits aux simples citoyens. Hom^re, il
est vrai, parle de cachots d'airain (1); il attribue k Hector
le projet de fixer honteusemenl la tSte de Patrocle sur un
vil poteau (2); il nous montre des corps d^coup^sen lam-
beaux (3), des cadavres jet^s aux chiens et aux vau-
tours (4), des captifs charges de liens (5), des hommes et
des femmes mutil^s, pendus, frappes de glaives (6). Mais
ces r^ciusions et ces morts violentes sont le r^sultat de
(1) Iliade, V , 586. Gomp. Hesiode, TMogonie^ v. 729 et suiv.
(2) i/tade, XVUI, 177.
(3) OdyM^d,XVIlI,339.
(4) Uiade^W , 393. Odyss4e, 111 , 259.
(5) Odt/««ce,XV, 232. Comp., XI, 292 el suiv.
(6) Odyssie, XXII, 445, 471 , 474 et suiv. Comp., 173 et suiv., et XXI
500,501.
( 235 )
vengeances royales ou de haines populaires, et nalleinent
le produit regulier, legal , d'une sentence judiciaire. En
les transformant en peines usitees parmi les Grecs de cette
epoque lointaine , on agirait conrnie les jurisconsultes de
Tavenirqui, lisant les lamenlables exploits de la Terreur,
voudraient convertir en peines fran^aises du XVIII* siecle
les mitraillades de Lyon ou les noyades de Nantes.
line telle legislation ne pouvait offrir de garanties s4-
rieuses pour le maintien de I'ordre, la defense des faibles ,
la s^curite des citoyens depourvus des dons de la fortune.
C'^tait surtout dans sa force personnelle et dans Tappui
de sa famille, que rindividu devait chercher une protec-
tion que ne lui fournissaient pas les institutions rudiraen-
taires de la vie politique. Toujours arme, le Grec de T&ge
l^gendaire se prot^geait en se raontrant constamment pr6t
k opposer la force k la force (1). Ce fait est d'autant plus
incontestable que , malgr^ la vivacity des croyances popu-
laires et les menaces incessantes de la colore divine, les
juges etaient loin de se montrer inaccessibles k la corrup-
tion , k rintrigue , k la v^nalite la plus scandaleuse. Homere
les menace de la colore du ciel (2) , et Hesiode ne trouve
pas d'accents assez ^nergiques k son gr^ pour fl^trir ces
juges « d6vorateurs de presents [Scopofdyoi) i> qui osent
outrager la justice, fille de Jupiter, vierge auguste, que
les dieux mdmes, habitants de TOIympe, redoutent et
v6n6rent (3).
(1) Thucydide, 1, 6. Odyss^e.Wl, 70 et suiv.
(2) Voy. ci-dessus, pp. 199, 206. Goinp. Hesiode, Fragment 127 : « Les
» presents persuadeot les dieux, les presents persuadent les rois ven^ra-
» bles. n
(3) Hesiode, Les travaux et les jours , V , 256 et suiv.
2"''' sI:rie, tome xxx. 16
1
( 254 )
II est probable que, dans les malieres p^nales, le rdle
de ces juges se bornait k statuer sur le payemenl des com-
positions, lorsqu'il s'agissait d^attentats contre les per-
sonnes, et sur les demandes en restitution et en indem-
nites, quand le d^bat avait pour point de depart un delit
contre les propri^tes. A certains 6gards, on pourrait meme
af&rmer que la juridiction criminelle proprenient dite
n^existait pas dans la Gr^ce hom^rique; puisque la sen-
tence venait toujours aboutir k des condamnations civiles.
£clair6s et integres, les tribunaux ^taient d*un faible
secours aux ppprim^s; corrompus et v^naux, its deve-
naient les complices et les soutiens des oppresseurs. Pour
connaitre les miseres et les souffrances qui devenaient irop
souvenl le lot du plaideur d^pourvu de richesses et d'in-
fluence, il suffit de lire la fable de T^pervier et du rossignol
racontee par H^siode : « Un epervier venait de saisir un
» rossignol k la voix sonore et I'emportait k travers les
]> nues. D^chir6 par ses serres recourbees, le rossignol
p g^missait tristement; mais T^pervier lui dit avec arro-
> gance : Malheureux! pourquoi ces plaintes? Tu esau
» pouvoir du plus fort; quoique chanteur harmonieux,
» tu vas oil je te conduis; je peux k mon gre ou faire de
» toi mon repas ou te rendre k la liberie. Ainsi parla
> Tepervier au vol rapide et aux ailes ^tendues. Malheur
» k rinsens6 qui ose lutter contre un ennemi plus puis-
> sant (1)! » •
Au milieu des d^sordres et des violences qui deparent
la soci^t^ hom^rique, le jurisconsulte d^couvre cependant
quelques 6l^ments de progr^s, quelques germes de reno-
(1) Les travaux et les jours , v. 201 et suiv.
( 235 )
vatioQ. La publicity des d^bats, la solennit^ du jugemcnl,
la recommandation de rendre une justice ^gale au citoyen
et k Tetraoger, Texistence d'une amende depassant les
proportioos du dommage materiel, d^nolent ud premier
pas dans les voiesde la science. D'autre part, des lois plus
^lev^es et plus completes devaient r^sulter ud jour de la
perception nette etclairedu but que le l^gislateur doit
s'efforcer d'aiteindre, jointe au sentiment vif et profond
de Texcellence de la justice et de la grandeur des bienfaits
qu'elle r^pand sur les peuples qui ne s*^cartent pas de ses
imp^rissables d^crets (1). Mais, ici m^me, combieu les
poetes grecs ne sont-ils pas inferieurs au legislateur inspire
des H^breux, disant aux descendants de Jacob, plusieurs
Slides avant la naissance d'Homere : c Rechercbez ar-
p demment la justice; ne vous d^tournez ni k droite, ni
9 k gauche; n'ayez point d*^gard k la quality des per-
9 sonnes Maudit soit celui qui viole la justice dans la
» cause de I'etranger, de la veuve et de Torphelin. Maudit
1 soit celui qui rcQoit des presents pour r^pandre le sang
» innocent (2)! j> A. quelle distance ne sont-ils pas d^-
pass^s par le legislateur myst^rieux de I'lnde br^hmanique,
quand celui-ci, exaltant la mission providentielle du G^nie
du ch^timent, fait ressortir, avec une admirable Eloquence,
la grandeur du r6le que la justice criminelle est appelee k
jouer au milieu des institutions nationales (3).
Dans Fordre religieux , les Grecs d'Hom^re et d'H^siode
(1) Voy. ci-dessus, pp. 199 et 202.
(2) Deut4ronome, XVl, 18-20; XXVII, 19-23. Voy. mes i^tu des , cil.,
1. 1, pp.200 et suiv.
(3) Lois de Manou, VII, 14-21 , et mes Etudes, cit., t. I , pp. 10 et
suiv.
( 236 )
etaient parvenus k combiner un vaste systeme de repres-
sion, oi toutes les exigences Etaient prevues, ou lous les
details se trouvaient r^gl^s, depuis la police judiciaire qui
constate le d^lit jusqu'^ I'inlervention inevitable du juge
qui en assure le ch^timent. Comment ces memes Grecs,
places sur le terrain de la vie pratique , n'avaient-ils trouve
que les coutumes incoherentes, rudimentaires, que nous
venons d'esquisser? Ce phenom^ne n'est pas rare dans This-
toire de la legislation. Bien souvent les id^es s^ei^vent at
la lumiere p^n^tre dans Tune des spheres du droit, pendant
que les t^nebres et la barbaric continuent k regner dans
toutes les autres. Mais cette situation n'est que transitoire.
Tdt ou tard le mouvement se d6veloppe , Tesprit de critique
gagne du terrain et la legislation tout entiere entre reso-
lilment dans la voie des reformes.
C'est Tune des intirmites de Tesprit humain de ne jamais
apercevoir la verite dans toute son etendue. Presque tou-
jours, la science et le progres sont le'resultat d'efiforts
seculaires, et la seule gloire que cbaque generation puisse
ambitionner, c'est d'ajouter quelques pierres a un edifice
qui doit grandir sans cesse et dont elle ne pent pas meme
entrevoir les proportions definitives.
Nil sine magno
Vita labor e dedit mortalibus (1 ) !
(1) Horace » Satires ^ liv. I, s. 9.
( 237 )
Hebberechts-Godshuis , gewoonlijk Schreiboom genaamd;
notice par M. Frans De Potter.
Van lieverlede verdwijnen in ons land de instellingen
van liefdadigheid , door de vroomheid en de edelmoedig-
heid onzer middeleeuwsche voorouders opgericht. Thans,
dat een der oudste en nuttigste gesticbten van dit slag in
de stad Gent opgehouden heeft le bestaan, komt bet
ons voor, dat de tijd gekomen is eene historische scbets
op te hangen van dit afgescbafte godshuis, gedurende meer
dan zes bonderd jaren de scbuilplaats des beboeftigen ou-
derdoms.
In 't S'-Pietersdorp te Gent bestonden er vroegertijds
twee bospitalen : een voor ouderlingen, en een voor beboef-
tige zieken. De Spieghel van de eerweerdighe heeren pre^
taeten van de oude, wytvermaerde ende exempte abdye van
Sente Pieters, door M"" Cornelis van der Meere, advocaat
in den Raad van Ylaanderen en grii&er van 't opperleen-
hof van S*-Pieters, in 1682 opgesteld, meldt dat eene.dezer
wijkplaatsen , in de XIV* eeuw door Jan Wort opgericbt,
onder den naam van 't Hospitael van den H. Geest bekend
was. Het andere, geslicbt om oude lieden te ontvangen,
en doortrekkende pelgrims gedurende drie dagen te ber-
bergen, zou, volgens Sanderus, te danken zijn aan eenen
rijken Gentscben poorter, Jan Hebberecht, naar wien bet
zijnen naam zoude gekregen bebben [Flandria illustrata,l).
De ridder Dierigkx, in zijne Memoires sur la ville de Gand,
en al de andere scbrijvers, die over dit bospitaal bandel-
den , zegden dit getrouwiijk na.
\
( 258 )
Men veroorlove ons dit feit , althans voor een deel , id
twijfel te trekken. Dat M'' Cornelis van der Meere de
sticbtiog aan Jan Hebberecht toeschrijft, hoeft niet te ver-
wonderen : te zijnen lijde,immer$,was de genoemde wijk-
plaats voor beboeftigen sedert lang onder den naam van
Hebberechts-Godshuis bekend^ en de familie Hebberecht,
die sedert de middeleeu\¥en iii Gent verbleef, was toen
nog begoed. Wat Sander us belreft, naar alien schijn heeft
deze, bij 't opstellen zijner historische schets van Gent,
CoRNELis VAN DER Meere eenvoudig nageschreven.
Er zijn twee redenen, welke ons doen aarzelen Jan
Hebberecht als sticbter van het godshuis te erkennen : de
eerste is gegrond op het feit, dat volgens de oudste oor*
konde met betrekking tot de instelling, en die tot het jaar
1260 opklimt, het bestuur toen reeds der S^-Pietersabdij
toebeboorde. Inderdaad , de charter van gemeld jaar, in-
houdende dat de verzorgers van 't hospitaal vijf bunder
bouwland te Deurle gekochl hadden, zegt duidelijk, dat
die aankoop met de toestemniing des prelaats geschied was,
en behelst geen woord , hetwelk grond laat om te onder-
stellen, dat een derde persoon er gezag of toezicht over
had (I).
De tweede reden , onzes dunkens niet minder geldig dan
(1) (1 Universis praeseDtes litteras inspecturis, Gerardus domiDus de
Bodes , miles , et Mabilia ejus uxor domina de Wlndeke et de Weda , sa-
lutein in Domino. Noverit universitas vestra quod provisores bospilalis
villae sancti Petri Gandensis, noslro interveniente consensu, emerint
justo et legitime praetio mediante, erga' Walterum de Walenbeke, ad
opus dicti hospitalis , quinque bonaria terrae arabilis jacentis in parochia
de Dorle in loco qui dicitur Hameeds.... » (1260).
( Charters der St-PietersaJbdij. Provinciaal
archief van Oost-Vlaanderen.)
( 239 )
de voorgaande , om alle denkbeeld nopens eenen wereld-
lijken stichter uit te sluiten, is, dat ten jare 1269 het bos-
pitaal aangeduid wordt onder eenen naam, naar welken de
familie Hebberecht zelve den haren bekomen heeft : « Jo-
» bannes de Scalda, divina permissione abbas sancti Petri
» Gandensis, totusque eonventus ejusdem loci coiices-
D simus hospitali Hecberti, in villa nostri existenti... — »
In eene andere oorkonde, van den 21 September 1275,
leest men : « Hospitali sancti Ecberti (1)... » Dit laatste
stuk neemt, onzes inziens, alien twijfel weg. Er kan bier
geene quoestie zijn van eene familie Hebberecht, niaar wel
van een den H. Egbert toegewijd gesticbt. En inderdaad !
niet alleen is Hebberecht de Nederlandsche vorm van Eg-
berlus, maar, afgaande op den grafzerk van Jan Hebbe-
recbt, veelks opscbrift wij verder mededeelen, kan deze
bezwaarlijk ais stichter aangemerkt worden, aangezien hij
eerst in 1527 stierf , en dus niet in 1274 kon heilig ver-
klaard zijn....
De sticbtingsakte van bet bospitaal^ is niet tot ons ge-
komen ; altbans zij is in geen der cartulariums der S*-Pie-
tersabdij overgescbreven, noch maakt het onderwerp eener
charter van gemeld sticht uit. Hoeft dit te verwonderen?
Er zijn meer leemten in de archieven der S*-Pietersabdij ,
hoeveel daar ook van zij overgebleven. De volgende aan-
teekening van Cornelis van der Meere, met betrekking
(1) •« Universis.praesentes litteras inspecturis Theodoricus divina per-
missiona abbas totusque couventus sancti Petri Gandensis, saiulem in
Domino. Noverint universi quod nos tenemur annuatim hospitali sancti
Ecberti in tribus et dimidio modiis tritici , talis quale mplendinum dictum
Glapscietein communi lucratur de jure... Datum, anno Domino MCCiLXXV,
in die beati Mathei apostoli et evangelisti. »
(Voormelde charters.)
1
( 240 )
tot den oorsprong, is bloot als een verzinsel te beschouwen
— immers de steller daarvan had slecbts eenen blik in 't
archief der abdij te slaan, om van de ongegroDdheid zijner
bewering overtuigd te zijn. « Het voorzegde hospitael, »
(zoo lezen wij in ziJQ werk), c hecft zyn beginsel geDomeD
» ten jaere 1402, wanneer den prelaet van S*-Pieters, on-
j> derhoort hebbende dat er differente arme lieden door de
j> groote koude ende ellende by nachte op strate gbestor-
> ven waren, ghedreven synde door conapassie, beeft doen
» oprechten op syne jurisdictie , ter plaetse, alwaer stont
» het cruyce van den H. Hegbertus,een hospitael ter eeren
i> van den H. Geest ende van de H. Moeder Gods Maria,
> alwaer hy uyt mededoogentheid heeft beginnen I'aen-
» veerden eenige der ellendigste menseben.... »
De ridder Dierigx, wiens haat tegen de kloosters nit
zijne, onder bloot historiscb oogpunt zeer verdienstelijke
schriften, blijkt, beticht dus de S*-Pietersheeren gansch ten
onreohte van schriftvervalsching , ten einde het geloof te
doen ontstaan, dat; de naam van Hebberechty den stichter,
in dien van S. Ecberli zoude veranderd geworden zijn : van
uitschrabbing of overschrij ving eens woords is op die oor-
konden geen het minste spoor.
Ook heeft Dierigx het mis, daar hij beweert, dat de ab-
ten van S*-Pieters zich in de XV« eeuw de meesterschap
van 't hospitaal begonnen toe te eigenen. De waarheid is,
dat zij er toen reeds lang in het voile, onbetwiste bezit van
waren. De oudstovergeblevene rekening van 't hospitaal,
opklimmende tot het jaar 1401, draagt ten hoofde deze
volgende regelen , welke daaromtrent geenen den rainsten
twijfel overlaten : « Deze rekeninghe was overghegheven
» her Janne Milote^ moonch van sente Pieters^ her Wan-
D tren tKinde, priester, ende Willemme Hutenhove, ten
( 244 )
> BETELE ENDE BT ZEKENEN GOMMISSIEN VAN MINEN HEERE
> YAN SENTE PlETERS. >
De abten van meergemeld sticht waren , overigens , al-
tijd naijverig op bet recht, dat zij in 't godsbuis badden :
deoudste begefingsakten van provenen, tot de XV* eeuw
opklimmende, zijn ook te dien opzicbte zeer duidelijk. De
prelaten schrijven er in , dat bun « de disposilie van Eb^
» brechts hospitale gheheel ende alleene toebehoirt ( 1 ) »
en was er eene plaats door de proviseerders of bezorgers
der inricbting toegewezen, dan werd dit, uitwijzens bet
volgende stuk, door den abt bekraebtigd :
« Confirmatie van eenre provenden, vercocht in Ebbrechts
» hospttael.
» Wij Jan, etc. doen te wetene alien lieden, dat overmids
dat ons ghebleken zijn zekere node, daer in dat Ebbrecbts-
hospitael, gbestaen in onse doorp van sente Pieters bij Ghend
es , ende mids de beede van eersamcn ende wisen lieden ,
dies ons gbebeden bebben , wij den proviserers van Eb-
brechts bospitale gheconsenteert bebben, dat zij eenen Pie-
ters Van der Doerent ende Margriete Willaerts, Pieters wet-
teleke wive vors., de provendc int vors. hospitael vercopen
mochten. Ende ons bij baren letteren ende baren zeghel
blijct, dat zij ghedaen bebben in der manieren, dat hare let-
tren inhauden, dor.de welcke onse presente ghesteken zijn ,
so eist dat wij den selven coop ratifyeren ende confirmeren
by desen presenten (2) >
Is er geene enkele oorkonde, die voor de sticbting door
Jan Hebberecbt pleit, andere, daarentegen, lalen onder-
{\) Tweede Charterboek der S^-PietersabdiJ, bl. 20. Prov. arch.
(2)/dem,bl. 19.
( 242 )
stellen, dat het hospitaal wel degelijk door de abdij in het
leven werd geroepen . Door de voormelde charter van 1269,
om slechts van 6ene te gewagen, droeg de toenmalige pre-
laat van S*-Pieters het godshuis acht bunder heide op,
gelegen te Guntersvoorde , bij 't moeras van Zv«^ijnaarde,
onder beding, leder jaar in de voorraadschuur zijner ge-
meenschap voor ieder afgestaan bunder 6en holster haver
te geven. — Ons^Junkt, dat de abt dergelijke gift niet zou
gedaan hebben aan een godshuis, over hetwelk hij geen
voile gezag zou hebben gehad.*
Was nu Jan Hebberecht geheel en al vreerad aan de lief-
dadige inrichting? Bij ontstentenisaan stellige oorkonden
is deze vraag moeilijk te beantwoorden; zelfs de jaartdlleo,
welke men betrekking tot den Gentschen poorter opgeeft,
doen grooten twijfel over de echtheid der beweringen onl-
staan. Het grafschrift, dat wij hier naar Sander us naede-
deelen, helpt het raadsel zeker niet oplossen :
Anno Domini 1 527 in crastino
Nativitatis Beatae M ariae Virginis
OBIIT... DICTUS de TaNNIIS. OrATE
PRO EO.
Jan Hebberecht overleed dus in 1327. Hem eenen ou-
derdom toekennende, die maar zelden bereikt.wordt, bij
voorbeeld tachtig jaren, dan zou hij geboren zijn in 1247,
en 't godshuis op een-en-twintigjarigen leeftijd — on-
derstellende dat het in 1268 tot stand kwara — gesticht
hebben. Nu, kan men aannemen dat een jongeling zieb
van een aanzienlijk gedeelte zijner fortuin zoude ontbloot
hebben om een godshuis te stichten? Dergelijk gedacht
althans komt zelden op in de eerste jeugd, wanneer de
( 243 )
geest doorgaans naar stoffelijke genietingen slreeft. —
Maar het gesticht beslond reeds in 1239, gelijk eene on-
loochenbare oorkonde getuigl, en zoo vervall van zelf alle
gissing aan de oprichting door Jan Hebberecbl, wiens
naam met het bovenstaande woord Taniis geene hoege-
naamde overeenkomst heeft. Mogelijk is Jan Hebberecbt
een bij uitstek zorvuldig proviseerder van 't godshuis ge*
weest; mogelijk beeft bij de stichting.uitgebreid tot de
kostelooze berberging, gedurende drie dagen, der door-
trekkende pelgrims, docb, wij berbalen het, dit alles is
slecbts gissing : oorkonden daarover zijn niet in te roepen.
De prelaten van S*-Pieters lieten altijd eene groote be-
zorgdheid voor de liefdadige wijkplaats des beboeftigen
ouderdoms blijken.
In den beginne der XV*' eeuw bestonden de inkomsten
van 't godshuis uit renten, gevestigd op grondgoederen te
&*-Pietersdorp, in de stad Gent en elders; voorts bezat de
instelling landen te Deurle, Zwijnaarde, AfsneS, Nazareth,
S'-Baafs-Vijve, S**-Maria-Oudenhove, S*'-Maria-Lierde, Dik-
kele, Merelbeke, Landskouter, 't goed te Worme in Vel-
zeke, enz., enz.
Jaarlijks bad het godshuis ook eenige voordeelen van de
in 't S'-Pietersdorp uitgaande processien ; de rekening over
het dienstjaar 1401-1402 houdt daaromtrent den volgen-
den post in : « Item van apporte, als men ons Vrouwen
> omdrouch 't sente Pieters, 5 sehellinghen. Item van den
» beckene (1) ten aflate tonser Vrouwen tsente Pieters,
» 4 sch. 3 den- (2). >
(1) Beckene, bekken , offerschaal.
(2) Archie f der S'-Pietersabdij,
( 244 )
Hel getal provenen verschilde tusschen de 16 en 40.
Ten jare 1401 waren er 39; in 1405, 35; in 1680, 17, en
op verschillige tijdstippen der vorige eeuw bedroeg het
getal aldaar onderhoudene personen slechts 16. De moe-
der of overste telde in het onderhoud voor twee provenen,
dit wil zeggen,'dat zij van alles, wat den inwonenden lie-
den, hetzij in spijs, drank, brandbout of geld, als anders-
zins verstrekt werd, het dubbel genool.
In 1520ontving elke^provenier voorfzijn onderhoud,
iederen zaterdag, 4 schellingen parisis; eike maand 2
schellingen ; op den kerraisdag, of 't verjaarfeest der kerk-
wijding, 2 schellingen; op Vastenavond, tarwe bloem voor
1 groot , om koeken of wafels te bakken , en te Kerstdag
en op S^-Jansfeest , 4 schellingen.
Gedurende de XVIIP eeuw beliep de onderstand tot
1 schelling groote in de week; voor kermisgeld en op
den Vastenavond, 8 grooten; 6 grooten voor c heetbrood; »
8grooten voor S*-Jansgeld; 1 pond groote voor houtgeld;
8 grooten voor Kerstavondgeld ; 1 schelling 2 grooten voor
Meigeld; 2 schellingen voor « polagegeld, » hetgeen, voor
alien, eene jaarlijksche som van 65 pond 17 schellingen
4 grooten bedroeg (1). — De geneesheer, die de zieken
verzorgde, ontving jaarlijks de som van 2 pond 6 schel-
lingen 8 grooten tot loon.
De begeving der provenen behoorde, zoo wij reeds zeg-
den, den abt van S*-Pieters toe. Er werden zoowel mannen
als vrouwen opgenomen, althans naar 't schijpt tot de
XVIII* eeuw, wanneer men er nog slechts oude behoeflige
(1) De inkomsten van H hospitaal beliepen in 1787 tot 703 pond 1 schel-
liDg 6 grooten; de uitgaven tot 694 pond 16 schellingen.
( 245 )
vrouwen aaovaardde (1). Mannen werden ook weleens in
de plaals van vrouwen, deze ook ter vervanging van man-
nen, ingevolge de omstandigheden , aanvaard (2).
Zeer dikwijis zien wij aan man en vrouw van een zelfde
gezin, te gelijken tijde, de herbergzaamheid schenken.
Aldus in 1525 aan Lukas Meere en zijne echtgenoote
Christina Manniens; in 1566 aan Frans de Cueninck en
Joanna Haecx, en meer anderen.
De voorwaarden, mils welke de behoeftigen in *t ge-
sticht werden opgenomen, waren in de begevingsakte
duidelijk bepaald. Ter inlichling deelen wij hier een dezer
stukken mede :
« Allen den ghenen, die dese presente lettren zullen zien
ofte hooren lesen, Gheeraert, bij den ghedooghe ens Heeren
abt van sente Pieters cloostere, by Gendt, van sente Bene-
(1) tt De Yii« dach van Laumaend int jaer Xllll<= XII, ter beden vau
Pieter Sersymoes , Pieler Vecke , Jan vander Maren, Jan Strijc ende Da-
neels Forlmuer, sheeren cnapen in Ghent, word ghegheven bij minen
beere de provende ende stede in Ebbereciits hospitael Janne Wandelaert,
ivaer af den vors. Janne zijn lettereu ghegheven onder mijns heeren se-
ci*eten zeghel , zuike als beboirt. »
(Tweede Charterboek van S*- Pieters,
bl. 20 Y^ Prov. arch.)
« Item den lesten dach van Septembre int jaer XIIII« XUI gaf mijn
vors. heere Margrieten van Grayloodt, Jans wijf van den Eyghenen, tbroot
ende provende int vors. hospitael , doen ledich staende bg den doot van
Willem Waelkine.... »
{Idem.)
(3) « In 1546 werd opgenomen Jacob van Hecke, na H overlijden van
Gillls de Valckenaere; in 1537 Anlooa Deuijs, in de plaats van Barbara
Van Ecke; in 1562 Jan de Burchgrave, na H overlijden van Philip van
Roo; in 1594 Pieter vander Goten, na den dood van Govaert.... »
( 246 )
dictus ordene, int biscopdom van Doornijcke, saluut in onzen
Heere. Doen te wetene dat wij, dien de dispositie van Ebbrechts
hospitale, ghestaen in ons dorp ende heerscepe van sente Pie-
ters bij Ghendt, alleene ende gbeheelicken toebehoort, omme
Godswille ende ter bede ende contemplatie van goede lieden
ende bij speciale gratie hebben ghegbeven ende bij dezen pre-
senten lettren gheven onsen gheminden in Gode, Jacop van
Hecke, filius Gillis, de provende ende stede van den voors. hos-
pitale^ ghevallen bij den overJijdene van Gillis de Valckeneere,
met alien den rechten, vervallen, prouffijten ende emolumen-
ten , die daertoe behooren mogben , in aire vormen ende ma-
nieren, dat dertigh andere provengiers int voor-s. hospitaal
ghecostumeert zijn te hebbene, ofte hebben zullen, belmuden
dies dat bij, Jacop, houden, doen ende draghcn zal alzulcke
obedientie, dienst ende servituten, als andere provengiers ende
provengierigghen van den zelven hospitale ghecostumeert zijn
te doen ende houden , sender eenighe nieuwicheden als van
andere sepultnre te begheerne dan alleeniie int keerckhof van
onser Liever Vrauwe keercke binnen onsen voorseyden dorpc
ende heerscepe, ofte andersins yet voort te stellene.
» Ende voort, dat bij al zijngoet tzijnen incommene brin-
ghen zal int voorseyde hospitael, ende dat daeraf boven zijn
redelike teere ende coste naer zijn doot blijven zal, zal den
zelven hospitale toebehooren, zonder dat eenichsins bij vorme
van ghiften van testamente ofte anderssins wech te moghen
ghevene ofte verminderen. Ontbieden daeromme ende beve-
len onsen ontfanghere, die nu es ende hier naemaels weseo
zal, dat hij hem Jacob hiertoe ontfanghen ende in possessie
s telle, ghelijc daertoe behoort ende ghecostumeert es, hem
doende ende latende ghebruucken onser voors. gratie ende
ghifte zonder eenich wederzegghen, want wijt alzoo ghehou-
den ende volcomraen willen hebben. In oorconden desen pre*
senten lettren ghegheven onder onsen secreten zeghele, hier
( 247 )
an ghehanghen den veerthiensten dach in Meye int jaer ons
Ueeren duust vijf hondert sesse ende veertig (i). »
Volgens bovenslaande akte moet al het goed , door de
proveniers na hunnen dood achtergelaten, aan 't godshuis
blijven; maar er zijn voorbeelden, dat van deze schikking
afgezien en eene andere gemaakt werd. Zoo vinden wij,
dat Frans de Geuninck en zijne vrouw Joanna Haecx ten
jare 1567 werden aangenomen , onder beding dat, na den
dood van den laatsllevende, hunne erfgenamen twee pond
betalen zouden ten profijte der inslelling , naits weike som
zij over hel nagelaten goed vrijelijk beschikken mochten.
In 1503 was Pieler van der Cote aanvaard, op voor^
waarde, dat na zijn overlijden zijn bed aan 't geslicht
blijven, of zijne erfgenaraen de som van een pond betalen
zouden; een andere, in 1594 aangenomen, moest een bed
achterlaten < ghesloffeert met alle sijne loebehoorten, enz. »
Dergelijke bepalingen laten toe te oordeelen , met welke
inschikkelijkheid het godshuis , ten opzichte der prove-
niers , bestuurd werd.
De lieden, welke het brood des hospitaals verkregen,
behoorden , vooral in de middeleeuwen , niet alle tot den
eigenlijk gezegden behoefligen stand. De oudste ons be-
kende hospitaalrekening, die van het jaar 1401-1402, toont
dit duidelijk aan. Inderdaad , wij lezen er in, dat de nala-
tenschap eener zekere Beatrijs van der Pale, op hetzelfde
tijdstip, tot ruim 18 pond groote beliep (2).
(1) Charters der S*'Pietersabdij, Doos 1500-1509. Prov. archief.
(2) « Dit es tgoeds, dat bleef na Beatrisen vander Pale. Eerst Id ghelde
II noble Vlaemsche, i inghele, i Macheleere, i Pieter, i Manekin maille,
( 248 )
Onder de k meesterigghen > of moeders van het hospi-
taai vinden wij zelfs meer dan eenen naam van oudadel-
lijke familien : Elisabeth de Gruulere, onder andere, ver-
vulde die belrekking tot het jaar haars overlijdens, 1548.
In geval van ziekte werden de proveniers goed verzorgd;
wij lezen in de hospitaalrekening over het dienstjaar 1572-
1573, dat de toenraalige moeder, gedurende hare ziekte,
Franschen en Rijnschen wijn en « deversche ander deli-
cieuse spijzen » verkreeg. EIke provenier, van welken
stand hij ook in de maatschappij was, bekwam na zijo
overlijden eene ordentelijke begrafenis. Wij zien uit de
rekeningen der XV® eeuw, dat de lijken toen geolied, en
doorgaans door de Broeders van de Vest, dit waren de Celle-
broedersy grafwaarts werden gedragen. De meesteriggeo
allien werden in de kapei des gestichts, de anderen op
het parochiekerkhof van S'-Pieter3 begraven.
maken xv lib. ii s. ende in bescedenen ^^helde iii lib. x s. gr., comt
xviii lib. XII s.
» Juwelen binnen baus vercocht :
» Margarete van Waes, i graweu froc met de caproene.
» Lijsbet van der Gronen, i ghemingden froc.
» Margarete van der Dorens, van i witten roc.
» Glais Drabbe, van in percussenen.
» De vrouwe Daens , van xii lib. tinenwercs, elc lib. ii s., maect xxiiii s.
» De beghine die so achterwaerde , i pot, i kelel, ende i becskin, van
al... xviii s.
» Item de selve beghine , van i coursette.
x> Galleken djoncwijf, van eenen cuerse.. »
« Up de maerct vercocht :
0 Item van eenen bedde ontfaen in lib. iiii s.
• Item van i scaprade , i lys, iii sittecassene , ii hoyken , ii quaede scriD-
kine,iii lib. vii s. »
a Als van den goede, dat bleef na de doot van Boudin Zeghers so re-
kenen de proviserers niet ontfaen , mids dat sijn wijf de proviseurs dede
bleken bij zekeren brleven ende bezegeldhede, dat de achterste van hem
( 249 )
Wij loonden hooger aan , dat in 't hospitaal ook echtpa-
ren werden aanvaard, — eene bij uitslek edelmoedige ge-
dachte , welke men in deze laalste tijdens weleens beweerd
heeflals eene nieuwigheid te moelen invoeren.
Ook waren er proveniers , die niet in 't hospitaal ver-
bleven, maar ten huize, hetzij lijdelijk, hetzij bestendig,
ondersteund worden — een andere vorm van liefdadigheid
welken men insgelijks als eene verbetering of vinding van
onzen tijd onlangs te Gent heeft heringevoerd.... Reeds in
den beginne der XV"*® eenw was dit « uutwonen » gedoogd.
Ter bewijze hiervan diene het volgende uittreksel uit de
rekening over het dienstjaar 1401-1402 :
< Dit sijn de provengiers van Ebbrechts hospitale, die in
hleven al tgoed behouden soude sijn leven, ende dan getroawelike laten
den hospilale. »
» Onlfaen van goede, dat bleven es na de dode provengiers binnen
desen jare , ghestorven int hospitael.
» Eerst van der vrouwen van Praet.
» In ghelde ii noble Vlaemsche, i Pieter, i Rijnscbe gulden, i Holians
gulden, dewelke maken xi lib. xviii s., ende in bestedenen gelde xiiu lib.
X s.
» In juweleu binnen den huus verkocht :
» Eerst de vrouwe Daens, xxmi lib. lenewercs, elc lib. ii s., maect
XLVIII s.
. » Item deselve vrouwe van eerenwerke, xv lib., elc lib. ii s. iiu den.,
maect xxxv s.
» Item noch deselve van lodenen ghewichte vi'/, lib, elc lib. mid.,
maect ii s. ii d.
)> AUise vander Dorent van een wafelizer ende van een groenen ca-
proene , van elken vi s., xii s.
» Verkocht up de maerct :
» Scaprade, scrinken, tafele, scraghe, forcbier ende oude cleederen ,
waer af van al men ontQuc xiii lib. iii s., etc.
» Somme van dezen lxxx lib. xxiii d. gr. »
( Voormeld archie f. )
S"**" SjilRIE, TOME XXX- ' 17
( 250 )
$i;hebreke gheweest sijn van haren weecghelde te ontfane, mids
dat sij buten waren, elc ii s. vi d. de weke, anno XIUl'' ende een.
» P. Goelaerd, xi weken.
» Jan de Vrieze, in weken.
» Glais Drabbe, i weke.
» Lievin Hudgebout, xui weken.
» Jan Venant, i weke.
» Lijsbette sBaermakers , lu weken.
» Margareta van Waes , x weken.
» De vpouwe van Carrebrouc, i weke.
» Margareta Scoemans, i weke.
» Clara Moeraerts , i weke.
» De eruderigghe , i weke. — Somme xi lib. xvn s. vi d.
paris. j>
Dit gebruik bleef in zwang tot in de XVil^ eeuw, immers
de rekening over 1616-1618 maakt er nog gewag van :
« Eerst betaelt bij ordonnantie verbale van mijn eerw. heere
den prelaet ende proost ande provengiers van den voors. hos-
pitale, te weten , die binnen woonen,.*, xlhi lib. xix s. gr.
» Ende aengaende de provengiers, die huyten den godshuuse
woonerif die plaebten tehebbene eenen stuver ter maendt. •
De moeder had gezag over de andere proveniers , als-
mede den last , deze in de ehristelijke leering te onder-
wijzen; te waken, dat ze te behoorlijken tijde hunne
godsdienstige plichten kweten, en hen des morgans en des
avonds door 't geklep der bedeklok ter kapel te roepen (1).
(1) « Gadwalus, bij de graiie Godts ende des H. Apostels Stoel Tao
Roomen, abt der exempte abdije van St Pielers , nevens Geiid , enz. Doen
te weten dat wij\ aen me alleen d*administratie ende dispositie van het
hospitael van 0. L. Vr.,'geseyd Ebberechts hospitael, ende der cappelle
vant selve , staende ontrent de Petricellepoorte, is toekomende, soo ler
causen van sijne primitive fondatie, giften ende continuele weldaedea
( 2S1 )
Boven haarloon (20 pond groote in de vorige eeuw),ge-
noot zij nog eenige kleine voordeelen, zooals 't gebruik van
eeaen afzonderlijken tuin; eenen eierkoek op de kermis,
wanneer de andere gasten een witbrood bekwamen, enz.
De kermisdag werd vanouds in 't hospitaal met luister en
zeer genoeglijk doorgebracht. 't Was, zoo wij reeds zegden,
het tijdstip, waarop het wafelijzer voor den dag gehaald
werd, evenals het Vastenavondfeest door eenen koekebak
werd gevierd (1). Eerstgemeld gebak was samengesteld uit
bloem , kruiden en zeem , en had , denken wij , den vorm der
als vaa de stigtinge ende erbauwinge der selve, onlangs door ons ge-
daen , mils het overlijden van Agnes van Maldert, in haer leven meestersse
in het voorseyd hospitael, in haere plaetse gesteld hebben haere zuster
Rosa van Maldert, haer gev^de de niagtom de arme vrouwkens preben-
daire in het selve hospltael le regeren volgens gewoonte, ende de selve
t'onderhoaden in de calholijke religie ende vreese Godts, hun behooriijk
te cathechiseren ende instrueren, als ook te corrigeren in alles , waerin
sij sauden misdoen, mitgaders hun, siek sijnde, behulpsaem te sijn,
ende wel te sorghen , dat zij tijdelijk de HH. Sacrameuten outfangen , als
ook alle morgende en avonde door de klocke de selve te vermaenen tol
hetgebedj peys ende vrede te doen onderhouden, ende te beletten alle
oneenigheden — waervoor sij sal genieten de gewoue jaerlijkschegagie
ende in het selve hospitael haere woonste genieten. Vervolgens ordon-
neren wij, soo aen den heer ontfanger van het selve hospitael ende ea-
pelle als aen alle, die aldaer prebende genieten ofte woonachlig sijo, de
selve Rosa van Maiden als meestersse te erkennen, ende versoeken alle
andere haer behulpsaem te sijn.
» Dese onse commissie maer duereude tot ons wederroepens, verleent
in onse abdije den 8 Maert 1788. »
GuDWALUs, abt van S^-Pieters.
(Meergemeld archie f.)
(1) u Item van cruude, van zeeme, van blommen, daer men de wa-
felle af biech, die men deelde ter widinghe der priesters ende der <jlerc-
ken.... nil s.
» Item betaelt van blommeghelde te Vastelavonde , xxxi proveiigiers,
elkenxii xxxi s. »
(Rekening van 1425.)
n
( 252 )
lekkere Kortrijksche wafels van heden — « wafelkins, >
zoo men 'l in de rekening over het jaar 1470 beslempelL
De priesters en kapelbedienden, die op gemelde plechtig-
heid de goddelijke diensten verrichlten, werden er mede
bij mee en bier vergast.
De gezonde en tol werk bekwame proveniers brachten
hunnen tijd niet in ledigheid door. De rekeningen der XV*
en XVI* eeuw leeren ons, dat er gesponnen werd. Het voor
'thospitaal noodige linneu werd er echter nietgeweven (1).
De moestuin van 't gestichl, waarvan nog heden een
klein deel is overgebleven , strekte zich aanvankelijk tot
aan de Petercellepoort, langsheen de stadsvesl, uit. 't Was
een gebruik met verscheidene koeien , voorzien van eenc
weide (2) en een wachthuizeke (3), welk laatste doorde
Gentenaren in de XVI* eeuw werd afgebroken.
De wederzijdsche plichten der overste en der proveniers
vinden wij uitgedrukt in 't reglement, dat door den pre-
laat der S-Pietersabdij in 1468 werd uitgevaardigd. W^ij
zien uit dit stuk, dat de provenier, in de algemeene avond-
gebeden afwezig, gestraft werd met eene boet van 12 pen-
(1) tt Item in sent Giliis daghe , ten candellaren omme keerseo mede
t^ coopene , doer mede dat de provengiers spinnen^ es belaelt ii s. p. »
{Rekening van 1470-1471 eo aodere.)
u Item betaelt van eenen stieke iijwaets te wevene omme int hospitael
te besighene binnen desen jare, xxxvi s. iv d. gr. »
( Rek. )
(2) « Item Giliis Seys te gratien gbedaen van siner buerlnghen vander
sindinghen in de Veste , mils dat de scapen m^ns heeren van Vlaenderen
of weedden ende der inbringben , xv s. »
{Rekening over 1445-1446 )
(3) u Item van Philips Gausse ende Coppin, die verheghent ende vcr-
vast bebben twakehuusekin , staende up de Veste , ii lib. viii s. p. »
{Idem over 1541-1542.)
( 2§3 )
ningen ; wie deze gebeden meer dan tweemael in de week
verzuimde bij te wonen, of zonder verlof der Moeder
builen 't hospitaal vernachlte, verbeurde al den onder-
stand, op welken hij die week recht had. De proveniers
waren verplicht zwarle of grauwe kleeren te dragen, zon-
der versierselen. Elkaar onbeleefd toespreken of mishan*
delen, ongehoorzaamheid jegens de overste, werd ook met
boete gestrafl. — De Moeder, van haren kant,mocht nie-
mand verlof geven om uit bet gebed te blijven of buiten
't geslicht den nacht door te brengen, tenzij om geldige
redenen; meer dan tweemaal in de week mocht zij dit
geenen provenier toestaan, tenzij in geval van ziekle. Het
openen en sluiten der deuren op de door 't reglement
bepaaJde uren , alsmede de bewaring der sleutels, was haar
voorts opgedragen (1 ).
(1) « Wij Philips, bij den gbedooghe ons heeren abdt van sente Pieters
clooster bij Ghend, wien de dispositie ende Iregement van Ebbrechls
hospitale, ghestaen ende gheleghen binnen onsen beerscepe van sente
Pieters, bij Gbend , gheheel ende alleene toebehoort, doen te wetene alien
lieden, dat wij, om te onderhoudene den dienst Gods ende te voedene
paeys onder de provengiers vanden vors. hospitale, zij man of wijf, van
wat state dat zij zijn, ende omme tproflBjt vanden zelven hospitale, ach-
tervolgbendedeorbuerlijkeende lovelijke ordonnancien vanden zelven hos-
pitale, hebben gheordonneert ende ghemaect, ende hij desen presenten
ordonneren ende maken zekere statuten ende ordonnancien om die ton-
derhouden te zijn van nu voorlane, in der manieren bier naervolgbende.
Eersl zo bevelen wij ende ordonneren den provengiers van den vors.
hospitale, dat elc van bemlieden, zij man ofte wijf, zij van den begbinsel
toeten hende tsavens ter bedingben int voors. hospitael , up de verbuerte
van twalif penninghen paris., die af teslane vanzijnder provenden ten
hende van der weke, het en zij bij orlove van der meesterigghe, ende zo
wie meer dan twee waerven de weke ter vors. bedinghe ghebreect,
binnen den hospilaele , die zal verbueren de ghebeele provende van dier
weken. Item zo wie buuten den vors. hospitaele vernacht zonder oorlof
van den meesteriggben , die zal verbueren zijne ghebeele provende van
( 254 )
Minder is ons bekend aangaande bet eigenlijke godshuis
voor de arme , door Gent reizende pelgrims, weike er gedu-
dier weken. Item dat de meeslerigghe niemant oorlof gheven en zai
vander bedinghen te blevene Doch om bulen le vernacbleDe, bet en zij
om redelijke noddsaken. Item dal de meesteiigghe niement oorlof gheven
en zal van der bedinghen te blivene meer dan twewaerfsten de weke,
bet en ware dat zij Int godshuus ziec lagben. Item dat de vors. meeste-
riggbe niement oorlof gheven en zal om buten te vernachten om wat
noodsaken dat zij , boven twee nachten de weke. Item dat de vors. mees-
terigghe zal ghehouden zijn alle de dueren van den vors. hospitaele te
doen sluten, van Baefmesse tot Paeschen tsavens te zeven hueren, ende
tsmorghens ter redelijker hueren in claren daghe open te doen doene,
ende van Paeschen tot Baefmesse doen sluten zal de vors. dueren te ne-
ghen hueren van den avende , ende die tsmorghens open te doen doene ter
redeliker bueren als boven , van welken dueren zij de sluetels onder baer
nemen zal ter hue»*en als die dueren gbesloten zuUen zijo, ende niement
huut noch in laten binnen den tijde, dat de dueren behooren gbeslooten
te zijn. Item dat de vors. meeslerigghe ende elc van den vors. proven-
giers hemlieden simpelic draghen zullen ghecleet met zwaerten ofte met
grauwen, ende dabiten ghemaect simpelic, aizo et behoort. Item zo wan-
neer eenich van den vors. provengiers, zij man of wijf, den anderen
qualic toespreken zal , zal de mesdade ghe verliesen de heelft van zijoder
provende van dier weke. Item zo wie dat handslaet in quaetheden an
eenen anderen , die zal ghecorrigeert zijn ter ordonnancie van ons. Item
zo wie de meesteriggbe zeggben zal eeneghe scofSerichede, die zal zijne
provende verliesen eene weke lane. Item die hand an de meeslerigghe
sloeghe in quaetheden die zal slaen Tonser correctien. Item zo wie van
den vors. provengiers, zij man of wijf, alle zijn goed int vors. hospitael
niet brocht en heeft, ghelijk d'inhouden' van den lelteren van zijoder
ghifien wel verclaert, dat hij dat goed int vors. hospitael bringhe tus-
schen dit ende Kersavonde naest commende , up de peine zijn broot te
verliesene. Ende omme dal alle dese dinghen zullen bliven wel onder-
houden , zo hebben wij dese le(tren doen zeghelen met onsen zeghel int
jaer ons Heeren duust vier bondert achte ende tsestich, den tiensten
dagh van Novembre. »>
{Oorspronkelijk stuk, op perkament, voor-
zien van een {geschonden) zegel in roo-
den was, — Provinciaal archie f.)
, ( 255 )
w
rende drie dageo kosteloos geherbergd en gespijsd werden.
Instellingen van dien aard , welke men schier in alle steden
onzes lands heeft aangelrofifen , waren eene hoogsle nood-
zakelijkheid in eenen tijd, loen voor kleine zoowel als voor
groote misdrijven vonnissen werden uitgesproken, die eene
bedevaart naar meer of min vergelegene plaatsen voor-
schreven (1). Manslag, diefte, zelfs eenvoudige overlre-
ding van de politieverordeningen, beleedigingen , enz. ,
werden veelal door eene bedevaart geboet, hetzij naar bid-
plaatsen in ons land, hetzij naar Spanje, Duitsehland, Italie
of bet Heilige Land, volgens de gewichtigheid der misdaad
of overtreding. De verzorging der pelgrims, die in Hebbe-
rechts godshuis ook, in geval van ziekte, tot bun voile
herstel verpleegd werden, beboort niet, zoo wij meenen,
tot de oorspronkelijke sticbting, maar was er reeds in de
XV* eeuw in zwang. Gewoonlijk ontvingen zij er erwten-
soep, en bekwamen er in den winter vuur, om zich te ver-
warmen (2).
Een mannelijke bediende was gelast, hen 's avonds naar
bed te geleiden en des och tends te wekken (3).
(i) Uitwijzens een stuk, in H kerkarcbief van Ooslakker bewaard , werd
ten jare 1770 een inwoner dier gemeente veroordeeld om, tot slraffe
eener verergernis in zijne parochiekerk , boven de betaling eener boel,
eene bedevaart naar 0. L. Vrouw van Schreiboom te doen.
(2) tt Item ghegheven voor de passanten ende pr» vanden hospitale
van Baefmesse 98 tot Paeschen 99, om polaige te raaken, twee sacken
erweten .... vi lib. xv s. iiii gr. «
v( Item gbecocbt tot beboufve van den vorn. bospitale om de passanten
tsnavens te gheven drij hondert mutsaerts.... xxxvi s. «>
(/?6&emngf ot?er 1598-1599.)
(3) « Item betaelt den cnape , die binnen desen jaere de aerme lieden
int hospitael snavons te bedde gbedaen beeft ende smorghens uutgbe-
laten , xxvi sch. p. «
(/dm over 1520-1521.)
( 256 )
Hoe goed beheerd, hoe bloeiend ook, bad bet gesticht
tocb somlijds met moeilijkheden te kampen. De aairwe-
zigheid van landloopers en bedelaars in den tuin , of zelfs
in de kapel, bracbt meermaals de vrome bewoneren der
schuilplaats in opscbudding. De rekening van 1569-1570
maakt gewag van eenen « manspersoon, versleghen van
eenen under en bedelaercy 's morgens ter clocken, » terwiji
talrijke rekeningen der XVIP eeuw eenen post bebelzen
als degene, dien wij over 't jaar 1659-1660 aantrefiFen :
« Item aen d'officieren van d'aerme caemer omme somtijts
» te coramen besoucken thospitael, om te sien of daer
t> gheen vaghebonden ofte verloopen soldaeten logieren,
1 voor bun brandewyngbelt ende nienwejaeren , iii lib.
]» nil scbellingben groote. »
Een laatste woord over bet besluur der goederen , aan
'I bospitaal toebeboorende. Wij spreken booger van de
bezorgers of proviseerders. De recbten en plicbten dezer
bedienden staan volkomen uitgedrukt in eene aanstellings-
akte van den jare 1399, weike wij bier letterlijk laten
volgen :
« Wij Gheeraerd , bij den ghedoeghe ons Heeren abd van
S. Pieters, etc. Doen te wetene alle lieden , dat omme dat
Ebbrechts hospital, gestaen in ons dorp ende herseep van senle
Pieters bii Ghend, te onse despositie staet, ende wij omt vor-
siide hospital met reden en bij besceede gheregiert te zine, be-
trouwende in de trouwc ende neerstigheid van onse beminde
Gherem van Oestrem ende Janne Widaeghem, dezelve Gherem
ende Janne hebben ghestelt ende ghemaect ende by dezen pre-
scnte stellen ende maken proviseurs ende onlfanghers van den
vors. hospital, van alle den landen, mersschen, heeltwin-
ninghen, ervehke renten ende alle andre emolumenten ende
profiten, den vors. hospitale toebehorende, waer dat gestaen
( 287 )
of gheleghen zij, wederroepende alien andren proviscnrs ende
ontfanghers van den vors. hospitale, die voor de date dezer
presente ghesiin hebben; heinlicden ghevende vullen macht,
autoriteit en special bevel , de pachte van de pachlers of sculden
van al den vors. landen, heeltwinninghen , ervelike rentcn,
ende alle andre emolumenten ende profiten den vors. hospitale
toebehoorende , waer dat zij ghestaen en gheleghen siin,aIso
zij nu verpacht staen of 'also zijse naermaels eener terrain van
IX jaren lane ende daer onder, te loyalen pachte verpachlcn
zullen te profite van den vors. hospitale, metgadcrs den
achterstellen , die men de vors. hospitale sculdich ende tachlcr
cs , te ontfane. De huusen van. den vors. hospitale , binnen
ende buten, waer zij ghestaen zijn, te reparerenen, ende te
ghereke te houden. Gomende int vors. hospital den ghone, die
wij den provende ghegheven, of zij bij ons ottroye vercochl
sullen hebben te vercoepenen, tprovengiers liven of bij ter-
minen, tghelt van sulcken vercochten provendcn ende ca-
nieren, metgaders daer naer de dood der provingiei*s van de
vors. hospitale bliven sal, te ontfane : de sculden daer af in
wette te trecken voer zo wat heeren, jugen of justiciers, dat
hem ghelieven ende behoeren sal, gheestelike of weerlike,
ende daer te vervolghene ende elc sonderlinghe toten vullen
payementen, quittantien van dies zij ontfaen sullen hebben,
up dat mens begeert gheven. Alle ervelike renten ende lasten
diet vors. hospital bij causen van sinen goeden sculdig mach
wesen, betalende, ons lettren van quittantie, certificatie ende
declaratie van dies zij betaelt sullen hebben in de voors. saken,
metgaders goeder, ghetrauwer ende clare rekeninghe van al
dies huerlieder vorsiide ontfang bcloept of beloepen sal , of de
sculds vullewettich overbringhende, te doene. Omt welke wel
en ghetrouwelike ende ten profite van den vors. hospitale te
doene, wij den vors. Gherem , om dat hii de meeste pine heeft,
gheconsenteert hebben elx jaers xu pond par. Vlacmscher
munten , ende de vors. Janne elx jaers x pond par. der raun-
ten vors., also langhe als zie ontfanghers wesen sullen , etc. »
( 258 )
Thans eenige woorden over de kapel van het hospilaal.
Deze bidplaals staat onder de bescherming van. 0. L
Vrouw van Zeven Weeen, ook 0. L. Vrouw ter Sneeuw
en 0. L. Vrouw ten Schreiboom geheeten. De eerste dezer
benamingen hoeft voor de christenen geene uitlegging;de
Iweede wordt door geene oorkonde of legende opgehelderd.
De oclaaf van 0. L. Vrouw ter Sneeuw word jaarlijks van
5 lot 13 Augusli in de kapel gevierd. Wat de derde betreft,
onder welke de bidplaals, en zelfs gansch het gesticbt,
doorgaans door het volk genoerad wordt, deze komt van
de verbeelding der groep op 'Ihoogaltaar voort. Maria, de
borst door zeven zwaarden doorstoken, zit aen den voet
eens booms, en houdl op hare knieen 't lijk haars Zoons,
van 't Kruis afgedaan. Deze verbeelding werd tijdens de
middeleeuwen gewoonlijk de Nopd Gods geheeten. — De
hier bedoelde boom, in den vorm van een kruis gesneden,
is een wilg, treurwilg, weleer schretende boom, of bij ver-
korting schreiboom genaamd (1).
Nopensde goddelijke diensten in de kapel is onsbekend,
dat deze gedurende de XVI* eeuw gemeenlijk door Min-
derbroeders werden verricht. Men las er alsdan drie missen
in de week. De verjaring van de kerkwijding werd, zoo
( 1 ) Buiten de Petercelle of Kortrijksche poort , tusschen H eiode ?aa deu
Schreiberg en den Molenberg , stond er vroeger een eeuwenoude boom ,
Schreiboom geheeten. Onder zijne lommerrijke scbaduw knielden bede-
vaarders en voorbijgangers, ter vereering van 't houten kruis, dat aao
dien boom bevestigd was. Dit houteu kruis werd ten jare 1310 vervangen
door een in Aalslerschen of Brabantscben steen, door Jao Eebins ten
koste van S'-Jacobsgodshuis gemaakt. Weinigen tijd daarna werd ter-
zelfde plaats een kapelleke gebouwd, toegewijd aan 0. L. Vrouw, en hel-
welk op eene landkaart der XVII« eeuw, in 't provinciaal arcbief van Genl
l)erustende, onder den naam van Schreiboom is aangeduid.
( 259)
wij reeds gezien hebben, feeslelijk herdachl : op dien dag
kwam nu eens de schgolmeesler der S'*-Pielersabdij met
zijne leerlingen (1), dan de zangkapel der hoofdkerk de
diensten door musiek en slemgeluid opiuisteren (2). —
Eene charier van 1521 leert ons, dat Willem de Brune
toen de som van 120 ponden Ylaamsch aan het godshuis
opdroeg, om er eene kapelnij te slichlen (3).
Krachlens eene bulle van pans Clemens X werd in de
kapelden IGApril 1716 eene broederschap van O.L.Vrouw
van Zeven Weeen opgericht. Een Notilieboekje, onder H
archief der S'-Pietersabdij berustende, behelst het relaas
van een groot getal mirakelen, door voorspraak van de
Moedermaagd in deze bidplaats geschied , en gestaafd door
notarieele attestatien. De toeloop van geloovigen was hier
ongemeen groot; immerskranken van alio slag vieiden zich
met de verwachting, dat zij er hun herstel bekomen zou-
den. Bracht die godsvrucht het hospitaal voordeel bij,
't was evenwel niet zonder grooten last en moeilijkheden :
vooral in de rekeningen der XVII* eeuw leest men van
geschenken , « ghegheven aen de ofliciers van de Aerme
i> Kamere, voor een nieuwjaer, om de schoyers etc., iiyt
i> Hebberechts hospitael te jaeghen... d
Er kwamen pelgrims van alle kanten,die, gelijk in
(1) « Item den scoolmeester met zijoeu kinderen van der messen te
ziiighene, viii s. »
( Rekening tan 't h ospitaal, i 445- 1 446.)
(2) u Betaelt an M^* Mattbijs , saogmeestere van S^ Baefskeercke , voor
vijf jaereu ghesongben te hebben met sijne sanghers ende criaelen in de
kerckwijdingbe van den voorn. hospitaele , xxv s. gr. »
{Reken. van 1521-1526.)
(3) Arcbief der Burgerlijke Godsbuizen van Gent.
( 260 )
andere bedevaartplaatsen, eene kleine gedenkenis van hier
raeedroegen (1). In den aanvang der XVII ^ eeuw was op
het zoogenaamde papieren vaantje eene prachlige koper-
gravuur, in-4° formaat, 0. L. Vrouw van den Schreiboora,
en in 't verschiet de kapel afgebeeld. Men las er 't volgende
jaarschrifl op :
Onse Lieve Vranwe van Schrejiioom , gevieri op
dlieerlichede van S*" Picters ncvens Gliend.
Dies Late MlraCULa eXUberant.
DagheLYCX Ware MlraCkeLg (i 722).
Eene andere afbeelding der kapel, ook in vorm van be-
devaartvaantjens/werd ten jare 1847 door C. Onghena,
van Gent, gegraveerd.
Voor de geloovigen, die de kapel van 0. L. Vrouw ten
Schreiboom bezochten , was een handboekje vervaardigd ,
te Gent in 1720 gedrukt, en getiteld : Litanie, gebeden
ende lofsanck tot de A, H. maget Maria van Schret/boom,
Dit boekje behoort tegenwoordig lot de zeldzaamheden. —
Bij Boudewijn Manilius werden ten jare 1663 een paar
berijrade gebeden ter eercf van 0. L. Vrouw van Schrei-
boom gedrukt, eindigende met de volgende regelen : « Als
» men yet particuliers van Onse Lieve Vrouwe begbeert,
» men leest het neghen daghen , van den eenen saterdagh
» tot den anderen , ende men krijcht hier door baete. » —
Dit alles moge strekken tot een bewijs van het vertrouwen,
met welk de christenen deze bidplaats bezochten.
Sedert de X V*' eeuw was de kapel met een schoon kunsl-
(1) De kaarseii en wassen beeldekeiis , hier jaarlijks door de bedevaar-
ders opgeofferd , badden gemiddeld eene waarde van 156 pond groole of
omirent 1,722 franken onzer tegenwoordige munt.
( 261 )
gewrochl versierd : de Gentsche beeldsnijder Daneel Hoy-
BAERD (Heybaerd?) vervaardigdc er in 1427 eene altaar-
tafel of beeldwerk met figuren voor, weike niet min dan
36 pond 18 schellingen 4 deniers groote kostte, eene re-
delijk goede som voor dien tijd. Tot het belalen dezer som
badden eenige edelmoedige personen ten beloope van 27
pond 4 schellingen*4 deniers bijgedragen (1).
De rekening over 't dienstjaar 1408-1409 maakt gewag
« van baste, daer men de matte mede maecte, die in de
capelle leeght, » en in de XV^ eeuw werd de vloer op 't
feest van Kerstdag en Paschen, gelijknoede op de wijdings-
verjaring, naar het toen algemeen in zwang zijnde gebruik,
met stroo belegd. In de XVP eeuw vinden wij vdor het
altaar eene metalen kroon hangen (2).
(1) tt Dat hier naer volghende es den cost, die wij ghedaen hebbeii
om de tafele te doen maken in Ebbrechts ospitael , in de capelle up den
outaer, als wijse bestaetden te doen makene an Daneele Hoybarde,
van lijfcoop, vi s. »
tt Item van der tafele te doen makene ende te stofferene, als sobeslaet
was in staes wercke te makenne an Daneel voers., betaelt xxxvi lib. »
« Item om als de tafele gbehaelt was , doe deden wij bezien were-
liedeu , die hem wel der an bevroeden oft dwerc vuicommen was , alsoet
Daneel voers. beleede te makenne. Doe wasser verdronken vi s. »
tt Item van der tafele te halenne van Daneels voers. toet int bospKael
XIV d. Somme x^ixvi lib. xiiii s. iiii d. »
'» Hier teghen hebben wij te baten van den goeden lieden , diere ler
tafele bouf ghegheven hehben.... tsameu xxvii lib. lui s. iiii d. »
tt Item betaelt Lauwereins Gheerbout van den gordinen , ijserin roeden
te cuertenne ende te makene, ende van den haken, daer de gordin-
roeden in ligghen , ende van eenen ijsere , dat ghesleghen es om d'aulaer
tafelle in de capelle,... viii. »
{Beken. van 1427-1428.)
{^) « Item betaelt der meesterigghe van dat zo heeft doen maken de
crooue in de capelle up ende nedergaende net eender wippe.... xii s. »
( 262 )
Thans treft men nog in de bidplaats, onder andere ver-
sierselen,kleine tafereelen aan, voorstellende deff. Coleia,
S. Bonaventuruy S. Antoon van Padua, en de Zeven Weeen,
het laatstgenaelde door Jan van der Plaetsen.
Tijdens de vorige eeuw waren de diensten in deze bid-
plaats zoo zeer vermenigvuldigd , dat de pastoor der paro-
chiekerk van S*-Pieters het noodig oordeelde, den prelaat
der abdij te verzoeken, de uitbreiding der godsdienstoefe-
ningen, weike der parochiekerk nadeel toebrachten , tegen
te gaan (1).
(1) » Aen den eerweirdighsien heer prelaet der exempte abdije ©on
5'« Pieters nevens Ghendt. •
« Verthoonende in alle eerbiedigheyt heer ende meester Winwalocus
Pliara/jjn, religieus der voorDoemde exempte abdije van S" Pieters ne-
vens Gbendt, ende pastor der parochiale kercke van Onse L. Vronwe
Sinte Pieters vornoemt, dat sij , siende de toecommende mine ende on-
derganck van onse parochiale kercke, doordien dat de kercke, om soo te
segghen, verlaeten wordt van de parochianen, lef oorsaecken van de
parochiale diensten, die ghedaen worden in de cappelle van Schreyboom;
men distribueert er de H. Communie, men weydter de Lichtmis keirsen,
op Asschewoensdagh men geeft er cruyskens , men heeft emu cortelijckse
een solemnele octave geviert van de geloovigbe zielen , waerloe de gene-
gene weekelijks een oort uytlegghen, de welcke tot soo eenen grooten
nomber ghecomen sijn , dat het sjaerlijcks ontrent de hoodert guldens
uytbrenght. Desen jaere 1766 op den feestdagh van H. Cruysverheffin-
gbe wederom eene solemnele misse en lof. Sijnder eenighe ghebuerten ,
besonderlijck van buylen de Petercelle-ende Heuverpoorte, de welcke
eenige votive ofle zielmissen plaghten te doen celebreeren in bun paro-
chiekercke, sij gaen van gelijckeu naer de voorseyde capelle van Schrey-
boom; men gaet daer te offeren, men stelt daer lijkbaere, soo datter
anders uiei en manqueert als begraeven, hetgone allenskens soude vol-
ghen , waer het saecke daer niet in voorsien en wiert ; welcke nieuwig-
heden ten meeslen deele begonst zijn tsedert de pastor jj ven .0. L.
Vrouwekercke door Ul. eerweirdigheyts religieusen bedient wort, ende
groote schaede ende prejudicie toebringen aen de moederkercke. Dan ge-
( 263 )
Hospitaal en bidplaats werdea verscheidene malen her-
bouwd. Het houten gewelf, achter 't altaar, alsmede de to-
ren, bekwamen eene herstelling in 't jaar 1427 (1); de ge-
bouwen van 't hospitaal werden ten jare 1436 tot beloop
van ruim 145 pond hersteld; in 1510 werd het toreken
vernieuwd, en bekroond met een ijzeren kruis, dat de
Gcntsche schilder Jan de Schooner kleurde en ver-
guldde (2).
merckt ick dusdanoighe'schaedeUjcke nieawighedea niet en can beletten ,
sonder niijne oversten te kennen, oorsaecke ik mij tot uwe eerwaerdig-
heyt keere.
» Biddende believe gedient te wesen, gb^considereert de redenen
voorscbreven, ende de aermoede, waerin onse kercke sigh vindt, van te
beletten, dat men in de capelle van Scbreyboom in toecomende geen paro-
cbiaie diensten meer en sal celebreren, in prejudicie van de moeder-
den Suppliant, .
W. Pharazun , pastor 6. M. Gandae. »
(1) « Betaelt Pieter Cuenicxdonc van den zolderkin te makenne bachten
den outaer in de capelle ende boven an de torre te makenne ant hoeft
vander scelle iii ijseren banden te slane... x s. »
( Rekening van 1 427-1 428. )
<2) « Item betaelt Pb. Kerstiaen, Bouwijn de grafmaker ende noch
een anderen cnape van tgat te maken, daer torrekin staet, vander stel-
lingbe te makenne ende doude torrekin ofte doene, al tsamen in lib.
xviii s. p. »
« Item van \^ iii« correelen, betaelt v s. gr. elc duust, xv lib.
XVIII s. p. »
a Item ghecocht bij Govaert Douwe witle steeue , omme tselve torre-
kijn , ende die te doen hauwen van Jan van Dickele xxi lib. xix s. p. »
« Item betaelt Pieter Litteljans van eenen ijserin cruuce up torrekin
te maken ende ander ijserwercb verbesicht an tselve torrekijn , xiiii lib.
XV s. nil d. p. »
tt Item betaelt Jan de Scooner van tselve cruuce te schilderen ende
vergulden iiii lib. xvi s. p. »
(Idem van ioiO-roli.)
( 264 )
Eene andere herbouwing des hospitaals had plaats ia
1 541 , en kostte 471 pond 7 schelliugen 5 deniers pari-
sis (1); vijf jaren later werd eene som van 614 pood 18
s. p., in <( leparatien ande nieu htiusen i> besteed; in 1548
eene som van 45 pond 12 sch. voor twaalfduizend ver-
wrochte baksteenen. Omtrent bet jaar 1555 bouwde men
eenige panden. Eindelijk werden hospitaal en kapel in
1771 en 1772 gansch berbouwd; daarvoor deed de abt
van S'-Pieters, Godwal Seiger, een verscbot van ruim
9,000 pond, terwiji bet geslicbl zelf er voor 9,335 pond
15 scbellingen groole, of 56,014 gulden 14 stuivers toe
bijdroeg. Het zijn deze gebouwen, zeer eenvoudig van
stiji , welke beden nog bestaan.
Het groote portaal, alsook de kapel, zijn versierd met
talrijke portretten van kinderen, die bij bunne geboorte,
of tijdens eene ziekte, door bunne ouders aan Maria wer-
den toegewijd.
Het beeld der Moedermaagd, in de kapel bewaard,is
zeer oud, en onlsnaple aan de woede der Geuzen en Sans-
Culotten. Het is op de feestdagen ombangen met bet oude
kleed van goudlaken en gebloemde brocade. Gbristus en
Maria bebben ieder eene rijke, met edelgesteenten ver-
sierde kroon van zilver op bet boofd; de zeven zinnebeel-
dige zwaarden zijn van betzelfde metaal.
Zeggen wij nog, aleer deze beknopte gescbiedenis van
een der oudste en seboonste liefdadigbeidsinstellingen
onzer stad te sluiten , dat bet in de kapel van 0. L. Vrouw
van Scbreiboora Mas, dat de nieuwgekozene prelaten der
(1) « Betaell Joes vanden Veegate van xl™ coreelsteeneu , die hij ghe-
leidt beeft int hospitael, te in lib. p. van den duust , comt cxx lib. p «
( 268 )
S*-Pietersabdij, bij hunne blijde intredey door twee of drie
andere abteo bijgestaan, pontiticaal werden gek]eed,en
\an hier processiewijs, met den baljuw, de schepenen,
meiers en griffiers hunner heerlijkheid naar de abdijkerk
werden geleid.
2"* S^RIE, TOME XXX. 18
( 266 )
CLASSE DES BEAVX-ARTS.
Seance du 6 octobre 1870,
M. Ch.-A. Fraikin, directeur.
M. Ad. Qubtelet, secretaire perp6tuel.
Sont presents : MM. L. Alvin, F.-J. F6tis, G. Geefs,
C.-L. Hanssens, J. Geefs, F. De Braekeleer, Ed. F6tis,
Edm. De Busscher, Alph. Balat, Aug. Payen, le chevalier
L6on de Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Le-
clercq , Em. Slingeneyer, Alex. Robert , membres.
PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1871.
La classe adopte les quatre questions suivantes pour le
concours de cette ann6e :
PREMIl^RE QUESTION.
Sous quelles formes I'idee satirique s'est'elle manifestee
dans Vart flamand du moyen age? Indiquer les principaux
monuments des arts graphiques et plasliques ou cette idee
a recu son expression.
( Wl )
DEUXI&ME QUESTION.
. Exposer Vetat de la musique aux Pays-Bos et dans le
pays de Liege durant le XVIIP Steele. Indiquer quels ar^
tistes compositeurs et virtuoses beiges se sont distingues a
cette epoquey tant dans les provinces beiges qu'd Vetranger,
TROISI^ME QUESTION.
Rechercher Vepoque a laquelle V architecture a subiy dans
les Pays'Bas , influence italienne, Indiquer les person-
nages auxquels on doit attribuer cette influence et citer les
ceuvres des artistes.
QI^ATRIJfellE QUESTION.
Faire Vhistoire des ateliers de gravure qui, du com-
mencement du XW siecle a la findu XVIII siecle, ont
exisli dans la ville d'Anvers. Citer les noms et indiquer la
nationalite des artistes y peintreSj dessinateurs^ graveurs
qui ont travaille pour ces ateliets. Apprecier leurs ouvrages
au point de vue special de Vart du graveur.
La valeur des m^dailles d'or, presentees comme priK,
est port^e k la somme de huit cents francs pour la pre-
miere et la deuxi^me question ; elle sera de mille francs
pour la troisi^me et la quatri^me.
Les m^moires destines aux concours doivent ^tre Merits
lisiblement, r^diges en fran<;ais, en latin ou en flamand,
et adress^s, francs de port, au secretaire perp^tuel avant
Iel*'juinl871.
L'Acad^mie demande la plus grande exactitude dans
(26»)
les cilalions et exige que les auteurs indiquent les Editions
et les pages des livres quMIs citeront.
Od n'adtnettra que des planches manuscrites.
Les auleurs ne mettront point leur nom k leur ouvrage;
lis n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans
un Lillet cachet^, renfermant leur nom et leur adresse.
Faute par eux de satisfaire h cette formalite, le prix ne
pourra leur etre accord^.
Les ouvrages remis aprSs le lernie prescril ou ceux donl
les auleurs se feront connaitre, de quelque mani^re que ce
soil, serontexclus du concours.
Les auteurs des m^moires ins^r^s dans les recueils de
TAcad^mie ont droit k recevoir cent exemplaires particu-
liers de leur travail. lis ont, en outre, la faculte de faire
tirer des exemplaires,, en payant k rimpntneur une indem-
nity de quatre centimes par feuille.
L'Acad^mie croit devoir rappeler aux concurrents que
les m^moires qui ont ^t6 soumis k son jugement restent
d6p6s6s dans ses Archives comme ^tant devenus sa pro-
prt^t^. Toutefois , les auteurs peuvent en faire prendre des
copies k leurs frais, en s'adressant, k cet effet, au secre-
taire perp^tueK
La elasse s'occupe ensuite des questions pour le eon-
cours de 1872, mais elle remet la formation du programme
de cette ann6e ^ la prochaine stance.
( 269 )
COMMUiNlCATIONS ET LECTURES.
M. fid. F6ds donne lecture de la derniere partie de ses
Etudes sur I'art. ^
La classe reraercie Thonorable academicien pour cette
communication 9 et decide, d'apres le desir de Fauteur,
que Tensemble du travail prendra place dans le volume
sous presse des M^moires in-8".
OUVRAGES PRfiSENTfiS.
Juste (Theodore). — Les fondateurs de la monarchic beige :
Le baron de Gcrlache. Bruxelles, 1870; in-S**.
Mathieu (Ad.). — Stirsum corda ! poenM3. Bruxelles, 1870;
in-8^
Morren (Ed.). — Sur rinfluence de la lumierc; */* feuille
in-8'>.
ffenry [£.). — Action du penlaohlorurc el du pentabro-
m«re de phosphore sur divers^ ethers. Paris, 1870; in-S**.
De Cannaert d'lJamalt {Arthur). — Qiielques mots sur la
campagne actuelle. Malines, 1870; in-8^
D'Otreppe de Bouvette'{Alb.). — Essai de tablettes lid- •*
geoises, 108* livr. Lidge, 1870; in-i2.
Mevlemans (Auguste). — La Roumanie et le prince Charles
de Hohenzollern. Precis hislorique ct appreciation commer-
ciale. Bruxelles, 1869; in-8°.
^
(270)
Meuletnans (Auguste), — L'empire du Maroc et ses rela-
tions commerciales avec la Belgique; 2' Edition. Bruxelles,
i870;in-8\
Meuletnans (Auguste), — La Republique de I'Equateur.
Bruxelles, 4870; in-8.
Meuletnans (Auguste). — L'Egypte et ses relations cooimer-
ciales avec la Belgique. Bruxelle^, 4870; in-8^
Meuletnans (Auguste), — La Serbie au point de vue du com-
merce beige. Bruxelles, 4870; in-8^
Sociele de Vhistoire de Belgique. — Collection de mdmoires,
a*"" serie, XVII"* siecle : Histoire de Tarchiduc Albert, par
M. de Montpleinchamp, annot^e par A.-L-.P. de Robauix de
Soumoy. Bruxelles, 4870; in-8''.
Societi d' Emulation, d Bruges. — M^moires, HI'"* serie,
tome V, n" 2-3. Bruges, 1870; in-8^
L' Illustration horticole, tome XVII, 5"* el 6*"* livr. Gand,
i870;in-8».
Commissions royales d'art et d'archeologie, a Bruxelles.—
Bulletin, IX' annee,n" 7 et 8. Bruxelles, 1870; in-8^
Academie d'archeologie de Belgique, a Anvers. — Annales,
2* serie, tome VI, 1", 2" et 3" livr. Anvers, 1870; 2 cah. in-8*.
Institut archiologique liegeois. — Bulletin, tome X, 2* livr.
Liege, 1870; in-8^ — Catalogue descriptif du musee provin-
cial de Lidge (premiere suite). Liege; in-8^
Societe malacologique de Belgique. — Annales, tome IV,
annee 1869. Bruxelles; in-8^
Societe historique et litteraire da. Tournai. — Bulletin,
tome XIV. Tournai , 1 870 ; in-8^
Annales des travaux publics^ tome XXVIII. Bruxelles, 4870;
in-8*.
Le Bibliophile beige y V* ann^e, liv. 7, 8, 9 et 10. Bruxelles,
1870; 4 cah. in-8».
Societe royale de numismatique , a Bruxelles. — Revue de
la numismatique beige, 5' serie, tome 11, 4' livr. Bruxelles,
1870; in-8'.
( 271 )
Revue de I'instruciion publique en Belgique, — XVIII* an-
D<5e, 2* et 3* livr. Gand, 1870; 2 broch. m-8^
Journal des beaux-arts et de la litterature, sous la direction
de M. Ad. Sirel. — Xlh annee, n^ 43, 14, 15, 16, 17, 18 et
19. Saint-Nicolas, 1870; 7 feuilles in-4*.
L'Abeille, revue p^dagogique, par Th. Braun.— XVI* annee,
7" et 8* liv. Bruxelles , 1870; 2cah. in-8^
De Vlaamsche school, jabrg. 1870, 12^13, 14 en 15. aflev.
Anvers ; 4 feuilles in-4''.
Annales d'oculistique, 33* annee, 1'* et 2' livr. Bruxelles,
1870; cab. in-8*.
La charite sur les champs de batailUf VI* annee, n"" 1, 2 et
3; juillet, aotkt et septembre 1870. Bruxelles, 3 feuilles in-4*.
La Tribune veterinaire, V'ann^e, 7* a 9* fascicules. Bruxelles,
1870; 3 cab. in-8».
Annales de VUectricite medicale, XI* annexe, 4* h 6* fasci-
cules. Bruxelles, 1870; 3 cab. in-8*.
Soeiite de pharmacie de Bruxelles yXW^ annee, n**7a 9.
Bruxelles, 1870; 3 cab. in-8*.
Echo medical et pharmaceutique beige , P* ann^e, n** 1, 2,
3,4,5 et 6. Bruxelles, 1870; 6 cab. in-8^
La Presse medicale beige, XXII* annee, n** 40 k 52.
Bruxelles, 1870; 13 feuilles in-4^
Academic des sciences de Paris. — Comptes rendus bebdo-
madaires des stances, tome LXXI, n*' 1 a 7. Paris, 1870;
7 cab. in-4'*.
Journal de V agriculture, fonde et dirig^ par J.-A. Barral,
1870, tome III, n** 96, 97, 98 et 99. Paris, 1870; 4 cab. in-8".
Bulletin hebdomadaire de Vagriculture, fondd et dirigd par
J.-A. Barral, annee 1870, n** 27 h 38. Paris, 1870; 12 cab.
in-8«.
Revue de V instruction publique, de la litterature et des
sciences, en France et dans les pays Grangers, XXX* annee,
n" 14 i 24. Paris, 1870; 11 doubles feuilles in-4«.
( 272 )
Revue des cours seientifiques de la France et de I'eirangery
1^ aanee, n~ 40 et 4i. Paris, 4870; 2 cah. in-4*.
Revue des cours litteraires de la France et de I'etranger,
VlPann^, n" 40 ct4i. Paris, 1870; 2 cah. iii-4°.
Nouvelles m^Uorologiques, 1870, n* 7. Paris, 1870; cah.
iD-8».
Revm hebdomadaire de chimte, {Hibii^esousladirecUonde
M. Ch. Mene, W ann^e, n«* 36 i 41. Paris, 1870; 6 cah. in-8*.
Societe de geograpkie de Paris. — Bulletin, juin 1870.
Pans ; in^".
Society philomatique de Paris. — Bulletin, tome Vll, Jan-
vier, fevrier et mars 1870. Paris; in-8°.
Societi des antiquaires de Pieardie, a Amiens. — Bulletin,
annee 1870, n"" 2. Amiens; in-8\
La Sante publique , n«* 77 a 84. Paris, 1870; 8 feuilles in-4*.
Societe des antiquaires de la Morinie, a Saint-Omer.—
Bulletin historique , XVIII' annee, 69% 70% 71 « et 72* livr.
Annde 1869. Saint-Omer ; 2 cah. in-8*.
Vreede. — Redevoering uitgesprokcu op het XI' Nedcr-
landsch taal-en letterkundig congress te Leuven op 6 Septem-
ber 1 869. In-8^
Koninklijk instituut voor de taal-land-en volkenkunde van
Nederlandsch Indie. — Bijdragen, derde volgreeks, V**' deel,
I**' stuk. 'S Gravenhage, 1870; in-8°.
Historische genootsehap gevestigd te Utrecht. ^ Kroniek,
25'" jaarg., 1869, ¥«*• serie, S**' deel. Utrecht, 1870; in-8«..—
Werken , uieuwe serie, n' 5 : Membrials and time-s of P. P. Ju-
riaan Quint Ondaatje, by Mr. G. M. Davies. Utrecht, 1870;
in-8«.
Naturforseher Gesellschaft in Bern. — Mitthcllungen aus
dem Jahre 1869. N' 684-711. Berne , 1870: in-8^
Schweizerische naturforschende Gesellschaft in Bern. —
55. Jahrcsversammlung in Solotliiirn , am 23, 24 und 25. Au-
gust 1869. Jahresbcricht 1869. Solothurn, 1870; in-8^
( 273 )
Deutsche geologische GeselUehaft zu Berlin. — Zcitschrift,
XXII. Band, 3. Heft. Berlin ,1870; in-S'*.
Zoologisehe Gesellschaft zu Frankfurt A.I M. — Der zoolo-
gische Garten, XI. Jahrg., n' 4 zu 6, i870. Franeforl S./M,,
4870;6cah. in-S^.
Justus Perthes 'geographischer Anstalt zu Gotha. — Mil*
theilungen Ton Dr. A . Petermann, i 6. Baud , Vlil uad IX. Gotha,
i870;2cah. in-4«.
Archiv der Mathematik und Physik, herausgegebcn von
J.-A. Grunert) LII. Theil, I. Heft. Greifswald, 1870; in-8°.
ffeidelberger Jahrbucher der Literatur yUnier Mitwirkiing
der vier Facultaten , LXIII"^*' Jahrg., 4*", 5**S 6»« und 7^" Hefte.
April und Juli 4870. Heidelberg, i870; 2 cah.in-a^
Konigliche physikalisch-oekonomische Gesellschaft zu Ko-
nigsberg. — Geologische Karte der Provinz Preussen : Sect.
4. Tilsit. Das Memcl Delta. Berlin, 1870; in-folio.
KdnigL Bayer. Akademie der Wissenschaften zu Miinchen.
— Sitzungsberichte, 1870, I, Hefte 2, 3, 4. Munich, 1870;
5 cab. in-8^ — Abhandlungen dermath.-phys.Classe,X. Band,
3. Abth.; — Abhandlungen der philos.-philol. Classe, XII.
Band, 1. Abth.; — Die Entfaltung der Idee des Menscheu durch
die Wcllgeschichte, Vortrag von Wilhelm Preger. Munich^
1870;3'Cah. in-4''.
K. K. Sternwarte zu Prag. — Magnetische und raelcoro-
logische Bcobachtungen iin Jahre 1869, XXX'""' Jahrgang.
Prague, 1870; in-4*.
Anthropologtsche Gesellschaft in Wien. — Mittheilungen,
1. Band , n' 4. Vienne, 1870; cah in-8».
K. K. Geologische ReichsanstaU zu Wien. — Abhandlungen,
IV, 9 und 10 : Die Fossilcn Moliusken des tcrtiaer-beckens
von Wien, von-Dr. Moritz Homes, II. Band, Nr. 9 und 10 : Bi-
valven. Vienne, 1870; in-4». — Jahrbuch, Jahrg. 1870, XX.
Band, n' 2. Vienne; in-8".
K. K. Universitdt zu Wien. — Offentliche Vorlesungen im
Wint«r-Semester 1870-71. Vienne ,1870; in-4°.
(274)
K. K. Zoologiseh^Botanisehe Gesellsehafi in Wien. — Ver-
handlun^n , Jahrgang 1869, XIX. Band. Yienne, 18^; io-R*.
Von FrattenfeU (Georg ritier), — Beitrage zur Fauna der
Nicobaren, III. Vienne, 4869; in-8^
ifasskarl (Carolus). — CommolinaceaB indicse, imprimis ar-
chipelagi indici , adjectis noanullis hisoe terris alienis. Vienne,
i870;in-8«.
Kongelige danske Videnskabernes Sdskabs i KjSbenhavn.
— Overaigt, 1868, n<> 6; 4869, n« 4; 1870, n"" 1. Copenhague;
3 cah. in-^''.
Academie imp4riale des sciences de Saint- Peterri>ourg. —
Memoires; VII* s^rie, tome XV^ n"*' S ii 8 et dernier. Saint-
Petersbourg, 1870; 4 cah. in-4^ — Bulletin, tome XV, n«' 1
et 2. Saint-P^tersbourg, 1870; 2 cah. in-8*.
Imperalorskij Sini^ Pelerburgskij Universiiet v tecinye
50 lit. Istorieeskaja zapiska sosttivlennaja W. W. Grigorjerym.
Saint-Petersbourg, 1870;in-8^
Sravvtitelnij slowar ttiretsko-tatarskieh narecij. SoeL Bu-
dagato dip. ^-oL Saint-P^lersbourg, 1869 ; in-8^
Commission imperiale archiologique y d SainUPHenbourg.
— Corapte rendu pour Tannee 1868, avec un atlas. SainwPd-
tersbourg, 1869; 1 vol. in-4^et 1 Cah. in-folio.
Europaeus (/>.*£.-0.). — Die finnisch-ungarischen Spra-
chen und die Urheimath des Mensehengesehl^chtes. Helsingfors;
in-12.
Brandt (/.*F.). — ErgSnzungen und Berichtigungen zur
Naturgeschichte der Familie der Alcideu. Saint^Petersbourg,
1869;inr8».
Brandt.(J.'F,) — Uber das Haarkleiddesausgestorbenen nor-
dischen (biischelhaarigen) nashorns (Rhinoceros tiehorhinus).
Sain t-P^tersbourg , 1 869 ; in-8^
Brandt {J.^F.) — Ueber die von fierrn Magtster Adolph
Gbebel auf seiner persiscben Reise bei der Stadt Maragha in
der Provinz Aderiieidjan gefundenen Saugethierreste. Riga,
1870; in-4*.
( ^75 )
Brandt (/.-F.) — Neue llntersiichtfngen iiber die in den
altaischen Hohlen aufgefundenen Saugethierreste, ein Beitrag
zur quaternaren Fauna des Russischen Reiehes. Satnt^Pdters-
boupg, i870;in-8^
Societe imperiale des natnralisies, d Mosceu, — Bulletin,
ann^ 1869, n"" 4. M(yscou ,4870; in-8^
Societe imperiale d' agriculture de Moscou. — Journal,
tome IV, n« 2. Moscou, 1870; iii-8^
Arriv(d)ene {Jean). — Alcuni scritti moral! ed ecenomici,
preceduti da un dlscorso del prof. Dino Carina. Florence,
-i870;in-12.
Zantedeachi (Fr.) — Delle burrascbe dell'- atmosfera solare
e della possibile loro connessione colle burras6he de^r atmos-
fera terrestre. Venise, 1870; in-S".
Zantedeschi (Fr,). — Intomo air elettro-cbtinica applicala
air industria e alle belle art!. Padoue , 1870; ithS"*.
Societd italiana di scienze naturali di Milano. -^ Atti ,
vol. XII, fasc. II,fog]i 16al 26. Milan, 1870; cab. tn-8^
/?. comitato geologico d' Italia net Firenze, — BoUettino,
anno 1870, n»» 7 e 8. Florence, 1870; in-8».
Society of antiquaries of London. — Archaeologia , vol. 42,
part 2. Londres, 1870; 1 vol.in*4*.
Geological Society of London. — Quarterly journal, vol.
XXVI , pari 3 (n«» 103). Londres ; in-8*.
Linnean Society of London. — Transactions, vol. XXVI,
part 4; vol. XXVII, parts 1 and 2* Londres, 1869-1870; 3 cab.
in-4^
Institution of civil engineers of London. — Minutes of
Proceedings, vol. XXIX*-XXX. Session 1869-1870, parts I and
II. Londres, 1870; 2 vol. in-8^
Mathematical Society of LoHdon. — • Proceedings, n"* 21,
22-24, 25, 26, 27, 28 and 29-31. Londres, 1870; 5 cab. ]Q-8».
Meteorological Society of London. — Proceedings, vol. V,
n° 50. Londres, 1870; in-S". — Meteorology of England,
( 276 )
during tbc quarter ending juoe 30, i870. Londres, 1870;
in-8°.
The English mechanic and mirror of Science (Scientific opi-
nion). --Vol. XI, n- 276, 277, ^1 , 282, 283. Londres, 1870;
5 cah. in-4*. . -
Nature, a weekly illustrated Journal of Science, 1870,
n*** 56 a 50, Londi*es ; 1 3 cah. gr. in-8".
Badcliffe ohsei^vatory , Oxford. -* ResuHs of astronomical
and meteorological observations made in the year 1867, under
the superintendance of the rev. Robert Main. Vol. XXVII.
Oxford, 1870; in-8^
Asiatic Society of Bengal at Calcutta. -^ Proceedings, may
und June 1870; — Journal, part II, n* 2, 1870. Calcutta;
5 cah. in-S**.
Smithsonian Institution at Washington. — Coatributions
to knowledge, vol. XVI. Washington, 1870; 1 vol. in-4**; —
Miscellaneous collection, vol. VIII and IX. Washington, 1869;
2 vol. iu-8*»; — Report, 1868. Washington, 186^; in-8P,
Portland Society of natural history ^^ — Third Report of the
Commissioner of Fisheries of the St-ate of Maine, 1869# Au*
gusta, 1870;in-8^
American Academy of arts and sciences ^ Boston, -r- Pro-
ceedings, vol. VIll, 1-17. Boston, 1868; in-8*>.
Boston Society of natural history. — Proceedings , vol. XU,
feuilles 18-26, avril-mai 1869, titre et table; vol. Xill,
feuilies 1-14, aout 1869 — mars 1870. Boston; in-8'»; —
Address delivered on the centennial anniversarv of the birlh
of A. von Humboldt, by Louis Agassiz. Boston, 1869; in-8^
American association for the advancement of science. —
Proceedings, XVII°^^ meeting, held at Chicago, Illinois, Au*
gust 1868. — Programme. Cambridge, 1869; in-8^
Academy of sciences of Chicago. — Transactions, vol. 1 ,
part 2. Chicago, 1869; in'4«; -— Board of Trade , 1867, 1868,
1869. Chicago; 3 vol. in-8°.
( 27.7 )
Lyceum of natural history at NeuyYorL-^ Annah, vol. IX,
fcuillcs 40-20 (feb. 1869-mapch 1870). New-York; in-8^
American philosophical Society held at Philadelphia,^ Pro-
ceediags, voL XI, n^'^ 8t2 and 85. Phikdelpbie, 1869-1870;
2 cah. in-8».
Academy of natural sciences at Philadelphia. — Journal,
new series, vol. VI, part IV; vol. VII, second series. Phila-
delphie, 1869; 1 vol. et un cah. in 4°; — * American journal
of eonchology, 4869-1870, voL V, parts 1-2. Pbiladelphie,
1 cab. in-^^; — Proceedings, 1868. Pbikidelpbie; 6 cah. in-8^
Details of an unpaid claim on France for Sl4y000,000
francs, guaranted by the parole of Napoleon ///. Phtladel-
phie, 1869;in'8».
Peabody Academy of science, at Salem. — Record of ame-
rican entomology for the year 1868, edited by A.-S. Packard.
Salem, 1869; in-S"^; — First annual report of the trustees,
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United States coast Survey , Washington, — Report of the
superintendanee showing the progress of the Survey during
the year 1866. Washington, 1866; in-4^
Monthly report of the deputy special commissioner of the
revenue f in charge of the bureau of statistics, Treasury De-
partment, months ended July 51 , 1869-january 51 , 1870«
Wasthington; 7 cab. in-4^
Department of agriculture at Washington, -^ Annual rc-
porl for 1868; ~ Monthly reports for 1869. Washington;
2 vol. in-8^
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tions, voL VI) part 1, 1868. Salem, 1870; in-8°; — Bulletin,
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[Cass {General),] — France :its king, ^ourt, and govern-
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The AlboMy dirutory for the year commencing July, 4 ,
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Third annual catalogue of the officers and students of Vas-
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Harvard CoUege. — Catalogas, 4860. Cambridge near Bos-
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Barnard {Daniel D.\. •>— Speeches and reports in the
assembly of New- York at the annual session of 4858. Albany,
48S8; in-8'.
Sumner (Charles), -*- The scholar, the jurist, the artist,
the philanthropist , an address before the Phi Beta Kappa
Society of Harvard University. Boston, 4846; in•^^
Clinton (Q^orge W.)» — An address delivered at the closing
exercises of the twenty- third term of the normal school of
the State of New-York, July 44), 4856. Albany, 4856; in-^.
Ganneit {Ezra S.). *^ An address delivered at the foneral
of rev. William Bllery Ghanoing , D. D., in the Federal Stneet
meeting-house, October 7, 4842. Boston, 4842; in-^.
Prison discipline Society , Boston, -*- Twenty-fifth annual
■
report of the board of managers, may 4850. Boston, 4850;
in-8".
Univetriity of th0. Stale efBfeuyYork^ ai Albany. ^^-^ £igbty-
iirst and eighty-second annual repont of the regents, Albaov,
4868-4869; ^ vol. iu-S^; — Fifty- saeood annual report of
the trustees. Albany^ 4670; in^S*.^ Twenfyrsceond annual re-
port of the regents on the eondilion lof ilbe fltaie erinnet of
natural hi8U»*y, 4869. Boston, 4869; in-^.
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BULLETIN
DE
L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BEL6IQDE.
4870. — No H.
CLASSE DES SCIENCES.
Seance du 5 novembre 1870,
H. G. Dewalque , directeur, president de TAcad^inie.
M. Ad.Quetelbt, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. J. d'Omalius d'Halloy, J.-S. Slas,
L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Long-
cbamps, le vicomle B. du Bus, H. Nyst, Melsens, Gluge,
J. Liagre, F. Duprez, Poelmau, E. Quetelet, H. Maus,
M. Gloesener, A. Spring, Cand^ze, Eugene Coemans,
F. Donny, Ch. Monligny, Steichen, Brialmont, E. Dupont,
membres; E. Catalan, associe; Ed. Morren, C. Malaise,
A. Bellynck, Ed. Mailly, A. Briart el H. Valerius, corres-
ponSants.
2T* s£rie, tome XXX. i9
^ t
( 282 )
CORRESPONDANCE.
Les societ^s savantes dont les noms suivent remercient
pour les derniers envois; quelques-unes adressent, en
m^roe temps, leurs r^cenles publicatioDs : TAcad^mie
royale des sciences de Munich, la Soci^te chimique de
Berlin, la Soci^t^ royale des sciences de Copenhagae, la
Soci6t^ g^ologique d'fidimbourg, TOffice met^orologiqoe
de Calcutta, la Soci^te de geographic et de statislique de
New-York.
— M. G. Schenzl, directeur de TObservatoire de Bnde
(Pesth), annonce que son gouvernement a resolu la crea-
tion d'observatoires sous la direction d'un institut central,
k la tete duquel il a &i6 place, pour les observations m^t^o-
rologiques en Hongrie.
— M. Ad. Quetelei, en pr^sentant une note sur Taurore
boreale des 24*25 octobre dernier, observee a Brnxelles,
k Louvain, k Kain (pres de Tournai), k Gembloux, etc.,
communique la liste des orages observes pendant cette
ann^e a Arendonck, pres d'Anvers, par M. Coomans, et i
Gembloux, par M. Malaise.
L'impression de ces documents aura lieu dans le fin/-
leliuy avec les observations semblables rei^ues d&jk pour
d'autres localit^s du pays. Ce travail sera suivi du tableau
que M. Quetelet a dress6 , afin de montrer la marche des
orages en Belgique et leur frequence pendant Tann^e con-
ran te.
-— La classe regoit 6galement communication de notes
sur les phenom^nes p^riodiques des animaux et des plaotes.
• ( 283 )
Ces observations, qui prendront place dans les Memoires
in-4% comprennent I'^tal de la v^g^tation k Waremme,
le 21 octobre 1870, par M. de Selys Longchamps et k
Bruxelles, par M. Qiielelel; k Gembloux , le 21 avril et le
21 octobre, par M. Malaise; k Melle, le 21 octobre, par
H. Bernardin.
— Les travaux manuscrits snivants sonl renvoy6s k des
rapporteurs :
i° line balenoptere capturee dans I'Escaut en 1869,
m^moire par M. P.-J. Van Benedcn. — (Gommissaires :
MM. du Bus et de Selys Longcbamps.)
2"* Note stir le stereographe de poche, par M. Plucker.
— (Comrnissaires : MM. Liagre et Candeze.)
3° Fails nouveaux concernant le selenium, note par
M. P. Guyot. — (Commissaire : M. Melsens.)
— M. Gluge offre un exemplaire de son discours inaugu-
ral prononce, conime recteur de I'Universit^ de Bruxelles,
en seance publique du 10 octobre dernier. — Remerct-
ments.
RAPPORTS.
Recherches physico-chimiques sur les articules aqnaliqties;
m^moire par M. F. Plateau.
n M. F6lix Plateau a 6ludi^, dans un m^moire assez
^tendu, Taction des sels en dissolution dans Teau et Tin-
fluence de Teau de mer sur les articules aquatiques d'eau
n
( 284 )
douce 9 de m^ine que I'influence de Teau douce sur les
crustac^s inarms.
L'aclioD des differents sels absorb^s par la peau des
vertebres a ele etudi^e depuislongtemps; j'ai fait conoat-
Ire, ily a une trenlained'annees, Taction singuliere d'une
solution de bicarbonate de soude et d'autres sels sur la
gvenomWe {Unlersiichung en y II, 1841, p. 75); mais ces
sortes de'recherches n'avaient pas 6te faites, que je sache,
sur les vertebres. M. Plateau a done t^ch6 de remplir une
lacune qui existe dans la physiologie compar^e.
II me serait impossible de donner un resume de ces
recherches, donl le r^sultal est formula en un grand nom-
bre de conclusions. Je pense que les observations de M. Pla-
teau peuvent interesser les naluralistes, et j'ai Thonneur
de proposer Tinsertion de son travail dans les Memoires de
la Compagnie. i»
M. Poel man, second commjssaire, souscrit a ce rapport.
^ De nombreuses experiences out dej^ ete faites sur la
question de savoir si des animaux, surtout des poissons,
vivant dans Teau douce, peuvent continuer k vivre dans
I'eau de mer et vice \ersk. M. F61ix Plateau a Iraite cette
question pour les articules aquatiques et Ta poursuivie plus
loin que ses devanciers ne Tavaient fait.Comme on pouvait
s'y attendre, il trouve pour les articules d'eau douce, trans-
port's dans I'eau de mer, que ceux qui ont une respiration
a'rienne supportent ie changement, tandis que ceux qui
ont une respiration branchiale et cutan'e meurent d'au-
tant plus vite que cette respiration est plus d'velopp^e.
( 283 )
Par quelle propri^t^ I'eau de mer tue-t-elle? Esl-ce parce
qu'elle est un milieu plus dense? ou est-ce par Tune ou
I'autre des substances qu'elle renferme en solution?
Dans les experiences de M. Plateau, la plupart des arti-
cules essayes vivaient h I'aise et tous existaient plus long-
tenops dans une solution de sucre de la densite de Teau de
mer que dans celle-ci m^me.
La density du milieu n'est done pas la cause de la mort.
Pour essayer si ce sont les sels de la mer, et quels sels,
qui produisent I'effet nuisible, M. Plateau prepare des solu-
tions des principales substances min^rales de Feau de mer,
de chlorure sodique, potassique et magn^sique, et de sul-
fate magn^sique et calcique. Chaque solution ne contient
qu*une ou deux de ces substances, en quantity telle que le
poids du sel soit ^gal k celui de toutes les mati^res fixes
de I'eau de mer.
L'exp^rience montre que les solutions des cblorures
sodique ou magnesique ont un efiet aussi nuisible que Teau
de mer meme^ tandis que les sulfates restenl k peu pres
sans effet.
M. Plateau demon tre que les animaux d*eau douce vivant
dans Teau de mer, ou dans ces solutions, absorbent dans
leur corps des cblorures et en rendent si on les place plus
tard, apres un lavage ext^rieur soigne, dans une petite
quantity d'eau distill^e. Les sulfates dans ces conditions
sont h peine absorb^s par Tanimal et une solution de sul-
fate magnesique ne tue pas, quand meme elle a une den-
site semblable k celle de Teau de mer.
Une seconde s^rie d'exp^riences comprend les articul^s
marins ploughs dans Teau douce. Tons meurent au plus
tard apr^s neuf heures, et Tanalyse constate qu'ils aban-
donnent du sel marin de leur corps k I'eau douce ambiante.
( 286 )
Ici aussi la daisite diff6rente do milieu n*est pas la cause
de la mort, puisqu'ils ne vivent pas plus longlemps dans
de I'eau suer^e de la density de Feau de mer que dans Teau
douce. Le sel marin est done la condition indispensable de
leur existence.
M. F^lix Plateau fait ressortir que tons ces faits s*ex-
pliqnent par les lois de Pendosinose, de la diffusion et de
la dialyse, et que c'est le peu de diffusibilit^ des sulfates
qui rend comple de Tinnocuit^ de ceux-ci compar6e aux
chlorures.
Je m'associe volontiers aux propositions de mes h<mo*
rabies confreres en proposant Timpression da travail de
M. F^lix Plateau dans les Memoires de TAcad^mie. >
Conform^ment k ces conclusions, rimpression du travail
de M. Plateau est vot6e.
Sur un principe de slatique moleculaire avance par
M. Lucltge; note par M. G. Van der Mensbrugghe.
<K Un jeunepbysicienallemand,M.Liidtge,a public r^cem*
ment une note dans laquelle il cherche a 6tablir que la
tension d'une lame liquide augmente k mesure que T^pais-
seur de cetle lame diminue. 11 cite, a Fappui de cette pro-
position, pi usieurs experiences, dont la principale consiste
k r6aliser, k chacun des orifices d'un tube cylindrique creux,
•
une lame liquide convexe; selon lui, si les deux lames sont
formees du mtoe liquide, mais ont des epaisseurs diffe-
( 287 )
rentes, la plus mince se montre toujours moins courbe que
I'autre^ et accuse ainsi une tension plus forte.
Corame ce resullat est en opposition directe avec ceux
de mes propres experiences; comme, d'ailleurs, il n'a sa
raison d'etre dans aucun principe th^orique; comme, enfin,
M. Liidtge ne donne pas de details sur sa maniere d'op^rer,
j'ai pri6 M. Van der Mensbrugghe de r6p6ter I'experience
dout il s'agit, en prenant toutes les precautions pour evi-
ter les causes d*erreur; c'est ce qu'il a bien voulu faire, el
il a consign^, dans la note actuelle, la description minu*
tieuse de son proc^d^; or les r<^suUa(s qu'il a obtenus
confirment pleinement les miens, et Ton doit en conclure
que M. Liidtge a et^ trompe par quelque cause perturba-
trice inaperQue. M. Van der Mensbrugghe donne, en outre,
I'explication rationnelle d'une autre des experiences dii
physicien allemand. II se borne 1^, et je pense, avec lui,
que cela est suffisant.
La note soumise k mon examen me parail oflrir beau-
coup d'int^ret, en ce qu'elle lend k emp6cher qu'une opi-
nion erron^ene se propage; j'ai done Thonneur de proposer
rinsertion de cetle note dans les Bulletins de rAcademie.]>
Gonform^ment aux conclusions de ce rapport, auquel a
adher^ M. Duprez , second commissaire, la classe vole I'im-
pression de la note de M. Van der Mensbrugghe dans les
BuUelins,
(288)
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Aurore borSale des 24 et SS octobre 4870, observ^e k
rObservatoire royal de Bruxelles (1).
Le ph^nomene a 6t^ annonc^ le 24, k midi, par un ac-
croissement dans la d^clinaison magn^tique. Plus tard «
Pintensit^ de la force magn^tique a ^galement augmente.
* Le soir, par un ciel nuageux, on a pu voir les lueurs
de Taurore. Vers H Vs heures, il s'est forme dans I'ONO.
une plaque ros6e qui projelait un rayon jusqu'au zenith.
Le 25 au matin les aimants s'6taient calm^s, quoique
rintensile tiit plus faible que les jours pr^c^dents; mais a
5 heures, ils ^taient de nouveau compl^tement troubles.
A 4 heures , la d^clinaison se trouvait augmentSe de plus
d'un degr^ et la force 6tait devenue ^norme.
La d^clinaison a ensuite diminu^ assez rapidement^et,
dans la soiree elle etait en dessous de la valeur moyenne.
L'in tensity, qui ^tait restee tr^s-grande, a flechi brusque-
ment apr^s 6 heures , et toute la soiree elle est restee un
pen faible.
A 6** 20", on a vu le beau phenomene de la nuee rouge.
Le ciel ^tait completement convert, mais avait partout
(1) Pour les autres aurores bor^ales observees en 1870, voir Bulletins,
2»« s^rie, tome XXIX, pages 16, 63, 176, 536; tome XXX, page 179.
( 2^9 )
une teinte rose vif, uniforme, qui a persiste environ iO mi-
nutes. Vers 6** 40", plaque d'un rouge vif vers le z^nilh;
elle passe ensuite dans le NE. A 7 heures , partout oil les
nuages paraisseiit moins epais, on vott des plaques rouges.
A 7** 25™, le ciel est convert, il n'y a plus de couleur.
Vers 8** 35", le ciel se dteouvre en partie; on voit la
lueur blanche de Taurore dans le N. et le NO. sur un fond
de nuages sombres. A 8^ 45'", plaque d'un beau rouge
cerise dans TOSO., k SO"" de hauteur, et lueurs rougeStres
dans Test. Vers 9** 10", plaque d*un beau rouge cerise dans
le NE., k Sty de hauteur, qui disparait apres 5 beures.
A iO heures, plaque rouge dans I'OSO., une autre dans
I'E.; au-dessusdes blancheurs de Paurore, dans le NO.,
long nuage uni et plus baut teinte rouge.
A 10** 10", rayons verlicaux dans le NO., Tun d'une teinte
rouge&tre, Tautre blanc.
A 10^31™, beau rayon rouge s'^levant verlicalemenl un
pen k Test de ^ de la grande Ourse ; en meine leraps la
plaque rouge dans f OSO. et celle de I'E., un pen vers le
nord , augnienlent de vivacity.
Ce rayon persiste seulement pendant deux minutes.
AH*" 24", lueur rougeatre de peudedur^e dans le NE.
Des Eclairs ont ^te observes pendant la soiree dans le
NE. et le NO.
D'apres des communications revues de MM. Terby , k
Louvain, Malaise, k Gembloux, Cavalier, i Oslcnde, Flo-
rimond Desrumeaux, a Kain, pres de Tournai, Van G^el,
a Lokeren, les manifestations de cette aurore ont ele ob-
serv6es ^aiement dans ces localit^s.
( 290 )
Notes sur les orages observes en Belgique pendant
ranneeWOii).
La classe a insure , depois plnsieurs ann^es, dans ses
Bulletins f les observations failes dans diff^rentes localites
da pays sor les orages et les manifestalions 6leclriqaes.
. Pendant Fannie qui vient de s'ecouler, le concoars aclif
d intelligent des personnes qui ont bien voulu, dans ces
divers lieui , ol)server ces pbenom^nes, ne m'a pas fait de-
faut. J'ai I'honneur de communiqner k la classe le r^sultat
de leurs observations, comprenant les mois d'octobre 1 869 a
octobre 1870, que je fais pr6c6der des notes recueillies ^a-
lement pendant celte p^riode k TObservatoire royal (Ad. Q.).
Bruxelles.t- Observatoire royal.
(Du U' ociobre 1869 au l*** novembre 1870.)
1869. — Le 2 octobre, Eclairs dans le NO. a partir de
7 heures du soir.
Le 4 novembre, k 6 7^ heures du soir, pluie melee de
grfile; Eclairs ensuite. — Vers 6 Va heures, tempete, el
vers 9 heures, nouveaux Eclairs dans I'E.
Le 10 novembre, eclair vers 6 V* heures du soir.
Le IS decembre, all** 2S"* du matin , forte averse m^lee
de neige; peu de temps apr6s, forte (;r£le. A 11** 40",
coup de tonnerre.
(I) Pour la lisle pr^cedente d'orages , voir Bulletins, 2™* seric , l. XXIX,
pp. 531 & 345 et 404 a 425.
( 29i )
1870. — Le 22 mai, k \ V2 h. du matin, Eclairs dans TO.
A midi 25 minutes, roulement de lonnerre; orage et
pluie aprds i beure de rapres-midi.
Led Juin, a 3 Vj h. de rapr^-inidi, fort orage : deux
coups de tonnerre, averse, grfile. L'orage cesse vers 4 V2 h.
Le 46 juin, queiques Eclairs le soir.
Le S3 juin f entre 10 et 11 h. du soir, eclairs dans le N.
Le 25 juin, vers 4 V2 faeures du matin, forte averse et
deux violents coups de tonnerre.
Le 1*^ juillety k\\ 1/2 heures du soir, Eclairs dans le NC.
Le 9 juillet y k midi 30", orage; averse a 1 heure.
De 8 ^ 8 V2 heures du soir, nouvel oi^ge , dans le NO.
Le lOjuilltiy vers minuit et a 3 b. du matin , orage et
pluie.
Le 41 juillet, vers 4 V2 heures du mating orage.
Vers 9 V* heures du soir, eclairs et tonnerre.
Le 42juillet, vers 9 V2 h. du soir , Eclairs ; pluie k 10 h.
Le 25 juillet, a 6 ^U heures du soir, gouttes de pluie;
de 7 3/4 heures k minuit, pluie et orages intermittents.
Le 26 juitlet^ a 2 V2 heures de Taprte-midi, le ciel se
couvre de nimbus, puis il commence h pleuvoir; orage
et forte averse ensuite, jusque vers 5 ^U heures.
Le 27 juittet, vers 4^/4 h. de I'apr^s-midi, orage dans le^
NO. ; plusieurs forts coups de tonnerre se font entendre.
Vers 9 */2 heures du soir, et aprfes, Eclairs dans fc NO.
Le28 juillety aprSs 9 heures du soir, Eclairs.
Le 30 juillety i 8 '/a heures du soir, pluie el orage; a
9 heures, Eclairs dans le SO.
Le 34 juilletj de 10 V2 heures ill heures du matin,
orage et forte pluie; la pluie continue encore apr^s Torage.
Vers 11 V2 heures du soir, Eclairs dans I'ONO.
Le 5 aout, de 4 ^ 5 h. de Tapr^s-midi, orage ct pluie.
Le 9 aout, tonnerre vers 4 heures de I'apr^s-midi.
( 292 )
Le 19 aout, entre 2 Va et 3 Vs heures d« matin, orage
el forte pluie mel^e degrele.
Le27 aoiu, k midi, pluie; k midi 5 minutes, roulement
de tonnerre.
Le 6 septeml^e, k 2 7* t. de Fapres-midi , orage et pluie.
Le 9 octobre, le ciel , beau raprfes-midi , se couvre vers
4 V2 h. , surtout dans TO. et le N. A 4'* 40"*, coup de ton-
nerre; a 4'* 45", deux eclairs lointains dans TO. sonl suivis
de faibles roulements de tonnerre. Vers 5 h., forte averse.
— Pluie le soir k partir de H % heures.
Le S5 octofcre, Eclairs vers H '/^ heures dii soir, pen-
dant une aurore bor^ale.
Le 26 octobre, Eclairs dans le NO. et le NE. pendant la
soiree.
Le 37 ociobre, Eclairs le soir dans I'E., le N. et le NO.
Le 2S octobre, k 9^ 50°* du soir, fort Eclair dans le
NNE.; quelques instants apres, roulement de tonnerre
lointain.
De 9 Va k 10 Va heures, averses intermittentes.
LouvAiN. — M. F. Terby.
(Du 1^' ociobre 1869 au 1« novembre 1S70.)
1869. — Le 8 decembre, a 10 h. du soir, pluie; nom-
breux reflets semblables k des eclairs lointains dans le N.
Le IS decembre f vers IP 45" du matin, grele, puis
quelques coups de tonnerre; a midi 30 minutes, la direc-
tion du vent ^tait 0. (1).
1870. — Le 16 mat, ^ 5 h. du matin, tonnerre prolonge;
■ 111 ■ ■ II y^— »— ^1— —I ^— »ii II I »M— ^
(1) La direclion du vent est prise d'apres les Duages.
( 295 )
pluie; elle augineale ^ 5*» 10™; k 3*» 30"*, direction du vent :
SSO. La nu6eorageuse coiivrait TE., le SE. et le S.
Le 22 maiy k midi 2"", pluie tranquille; ciel orageux
dans le NO. el le N.; i midi 25", direction du vent : SO.
De I'' 45" du soir k 2»» 20", orage passant du SO. a TE. ;
deux coups de tonnerre et pluie l^gere.
Le 6 juin, de 2^» 28" k Z^ 4" du soir, orage passant de
FE. au S. Direction du vent ; NE. A 2*» 44", gouttes de
pluie, puis vent violent et grands tourbillons de poussiere;
k 2^ 49", averse mel^e de grele, eclair et fort coup de
tonnerre; a 2*» 52", Tintervalle entre T^clair et le tonnerre
6tait d'environ'9secondes;a2**54", il 6tait de ISsecondes.
A 3^ 46", orage lointain passant par le NNO; quelques
coups de tonnerre; a 4 heures, averse.
Le 10 juin J vers 5 beures du soir , J'ai cru entendre nn
coup de tonnerre excessivemeut prolonge dans TElNE.;
Duees sombres et orageuses dans le NO. et le N. pendant
cette apres-midi. Apres 7 heures, un pen de pluie.
Le 17 juin, a 6'' 55" du niatin ^ tonnerre; petite averse
entre 7 et 8 heures. Direction du vent : 0. Le tonnerre
s'est encore fait entendre dans le lointain k 9^ 30" et vers
10 heures. — Coups de vent aprds cet orage.
Le 23 juin, k Q^ 15" du soir, Eclairs.
Le 25 juin y k 4*» 40" du matin, tonnerre; ciel sombre
dans le N.; averse; direction du vent : NO.
Le 8 juiltet, apres 8'» 15" du soir, nuages orageux,
surtout dans le S. J'ai cru enlendre quelques coups de ton-
nerre tr^s-lointains dans le SSE. et le SE.
Le 9 juillet, de midi 35" k l^ 35", orage passanl du S.
au N. A 1** 20", grosses gouttes de pluie et vent; i 1*>25",
averse, vif Eclair et coup de foudre; un arbre a ^te fou-
droy^ k cette heure k H6verl6, pr6s de Louvain. A 1*» 35",
Eclairs et tonnerre dans le N. et le NO.
( 294 )
A Z^ 40"*, tonnerre dans le S. et le SSE.; pluie a
3»»45«.
De 7^ 13" 4 7b 53", orage passant da SO. au NO.
Direction du vent k 7** 13" : SO. A 7*» 43", averse; eHe
repren4 k 1^ 51".
Nouvel orage a S^ f 0" ; Eclairs roageSitres ; k S^ 20",
Ir^vif Eclair el fort lonner re.
A 8^ 3^, ^Jairs continueis dans TE.
A 9»» 38", ils partem k la fois da SO., da S., da SE., de
TE. et da NO; roolements lointains de lonnerre. A 10^ 5",
Eclairs encore dans le N. et I'E.
Le H juillety vers 9*> 10" du soir, Eclair , puis quelqoes
roulements de tonnerre vers TO.; ensuite averse, qui dure
encoreilO** 15".
Le 25 juillet, de 8^ 15" du soir k S^ 5^, un orage
lointain passe du SO. k I'O. ; Eclairs et tonnerre. A 9*> 18",
pluie de coiirte durie. Des eclairs se montraient encore
aprte 10 beures.
Le W juillet, de 2*» 10" da soir k 3*» 15", violent orage
passant da SSE. au N. et ao NO. Direction du vent k
^ 35" : S. A 2*» 10", gouttes de pluie; averse tres-ibrte a
2*^39". A 2^ 42", trait presque vertical et coup de foadre
au SE. du lieu d'observation ; quelqties instants apres, vif
^lair et violent coup de foudre presque simultaD^.
L'a verse, toujdurs lrte-ai)ondante, ne diminae qu'4 3^8".
De 3'» 20" k A^ 20", second orage tr^s- violent passant
du S. an N. La pluie est de noaveau tr6s-abondante. A
3*» 39", a 3^ 43" et k 3^ 44", coups de foudre blatant k
pen de distance du lieu d'observation.
D'aprfes les renseignements que fai recueillis, Irois
points de la villeont et^ foudroy^s; je citeraisp^cialemenl
la fabrique de papiers peints de M. Everaerts, situ^e k pen
de distance de mon habitation.
( 295 )
Le 2!7 juillety vers 2 heares da soir, roulements de ton-
nerre; nuage orageux dans le S., le SO. et le SSE. A
3*> 50"*, tonnerre plus frequent dans le SE.; direction du
vent : ENE.
Vers O^* 30", Eclairs lointains dans le SE. et I'E.
Le 30 juillety dfes 7 heures da soir, tonnerre fr^qaent
dans le SSE. Direction du vent : SE. Le ciel se coavre de
nuages cuivr^s k 7*' 53°° et an violent orage semble se pre-
parer. A 8 heures 9 beaux traits de Jupiter dans ie S.; ton-
nerre apr^s 19% puis apres 12"; vent et pluie. Get orage
s*eloigne ensuite par le SO. et TO. A 9^ 45"", Eclairs dans
rO. 11 pleut encore.
Le 51 juillet, de 9^ 30"" du matin k midi , nuages ora-
geux passant du SE. et du S. k TO et au NO.; Ie tonnerre
gronde toule la matinee; pluie assez abondante.
A 9" 50"* du soir, eclairs dans TE., puis dans le N£.
Le I"" aout , vers 5 heures du soir, j'ai cru entendre un
coup de tonnerre lointain; nimbus dans ie N.; direction
du vent : 0. ; quelques gouttes de pluie. A 6^ 3"*, coup de
tonnerre; nimbus dans le S., le SO. et TO., averse; a 6^ 25"*,
direction du vent : NO.
Le 5 aout, k 2** 57"* du soir, tonnerre ; ciel orageux dans
le N. II vient de tomber un pen de pluie.
De 3** 49"" k 4** 35"*, nuages orageux dans le NO.; roo-
lements de tonnerre; direction du vent : SO. Tonnerre plus
frequent k 4** 35"*; vent.
A 5** 15"*, encore quelques coups de tonnerre; petite
pluie ensuite.
Le 9 aoui, de 3** 15"* du soir k 3^ 24"*, orage passant du
NO. au SO. A 3^ 21"*, iro peu de pluie; direction du vent:
NNE.
Le 19 aoui, de 3 ^ 4 b. du matin , Eclairs nombreux
( 296 )
et brillants; roulemenls de tonnerre et pluie assez abon-
dante. Jusqu'^ 3** 7", riotervalle entre Ttelair et le ton-
nerre est success! vement : 6 secondes, HS 8% 3*. De 3**
H" a 3** 25", il d^croit de nouveau de 9^ i 3». A 3»» 55",
les Eclairs se produisaient dans le S.; ce centre ezplosif
passe au SE. a 4 h. Direction du vent a 4 h. : ONO.
A 1** 41" du soir^ coup de tonnerre; gouttes de pluie;
nuee orageuse passant par le SO.; direction du vent : NO.
A 1^ 52", le ciel est ^galement orageux dans TE.
Le SO aoutj averses dans la matinee; kW 31" du ma-
tin, tonnerre prolong^; nu6e orageuse dans I'E. el TENE. ;
direction du vent : NO.
De 2'^ 7" du soir i 2*» 19", orage passant de TO. a I'OSO.;
quelques coups de tonnerre. A 2** 19", tonnerre sec, mais
6loign6. Direction du vent : NO.
A 3 heures , averse. De 3** 53" a 4** 9" , orage passant
de I'ENE. k FE.; direction du vent : NO.
Le 26 aoui, k 3** 45" du matin, eclairs et tonnerre ^loi-
gn6s. A 4 heures, direction du vent : NO.; les Eclairs ont
lieu dans TE.
Le 2!7 aoiitf de midi 4" a midi 27", orage passant du
NO. a rO. A midi 27" un peu de pluie.
De l** 52" du soir k 2*» 40", orage allant du NE. k VK;
k 2 heures, pluie.
Le 30 aoutj k\\^ 54" du matin , tonnerre dans le NO.;
k midi 7", un peu de pluie; direction du vent : NO. En-
suite les nuages occasionnent un obscurcissement tres-
sensible et une averse pendant laquelle se sont produits,
vers midi 38", deux Eclairs assez lointaius, suivis de ton-
nerre.
Le 5 septembre^ vers 3 h. du soir, on a enlendu deux
coups de tonnerre. A 4h., la direction du ventetait OSO.
( 297 )
Le 6 septembre, vers 2'' 20"" du soir, coup de tonnerre
et pluie. A Z^ 50°*, tonnerre; del orageux dans le SO. Di-
rection du vent : SO.
Le9 octobre, de 5** lo"* i ^^ 50"* du soir, nuees ora-
geuses allanl du NO. et du iN. k I'E. et au SE. Eclair et
deux coups de tonnerre. A 5 Va heures, averse.
LeSS octobre, Eclairs dans le N. pendant toute la dur^e
d'une aurore bor^ale.
Le 37 octobre y Eclairs dans le N. le soir; vers 9 heures,
quelques coups de tonnerre. A 10** 10°*, averse.
Le 28 octobre, k 7 V2I1. et i 10 li. du soir, Eclairs dans le N.
Malines. — M. G. Bernaerls.
(Du 1*' QCtobre 1869 au 1" octobre 1870.)
1869. — Le 27 octobre, i 2** 25°* du soir, neige tr6s-
forte, vent 0.; coup de tonnerre prolong^ a 2^ 45"*.
Le 4 novembre, on assure avoir aper^u quelques (Eclairs
lointains vers 6** 45"* ou 7 heures du soir.
1870. — Le 46 maiy k 4** 30"* du matin environ, deux
coups de tonnerre; a 5 heures, forte pluie.
A 2^ 5"* du soir, un orage assez faible passe du SO. dans
I'E.
Le 22 mat, k midi V:2, roulement de tonnerre dans le
SO. ; decharge plus rapprocli^e k 1 heure ; pluie.
Le 6 juin, k 2** 55° du soir, coup de tonnerre assez faible
dabs le SE.
A 3** 20"* du soir, orage venant du NE., vent fort, pluie;
un peu de gr^Ie 4 3** 40°*.
Le 25 juin, k 4** 10" du matin, coup de tonnerre assez
intense. La foudre torabe pres de Wavre-Notre-Dame.
L'orage parait marcher >ers le NO.
2°*® SI^RlEy TOME XXX. 20
( 298 )
LeSjuillet, i 10^ 35"* du matin, forte pluie; coup de
tonnerre lointain 4 10** 45™.
Le 9 juillet, kV 20"" du matin , Eclairs trfts-faibles.
A 1** 10" du soir, fort orage venant du S., 6clairs fre-
quents , tonnerre peu bruyant , forte pluie.
Le soir, 4 7** 40™, quelques coups de tonnerre lointain;
i 8** 35™ un orage assez faible passe du S. dans le NE.; vers
8** 50™, les Eclairs deviennent tr6s-fr6quents dans TE.
Eclairs \ifs et nombreux dans I'OSO., i H ^/i.heures.
Le iO juillet, k minuit 10™, nombreux eclairs brillants
et coups de tonnerre dans TO.; a minuit 30™, forte pluie;
Torage se perd ensuite dans I'ONO.
Le U juillet, k Q^ 5™ du matin et k 9^ 10™ du soir,
Eclair et coup de tonnerre.
Le 25 juillel, a 8** 10™ du soir, eclair et coup de ton-
nerre; pluie a 8** 26™.
A 9** 15™, Eclairs assez frequents dans TO.; I'orage passe
dans rONO. k 9^ 25™, en donnant quelques coups de ton-
nerre assez faibles et tr^s-^loign^s.
A lO** 50™ elk 11*" 5™ du soir, Eclair et coup de ton-
nerre; pluie assez forte, mais de courte dur^e , a H** 10™.
Get orage semble se diriger du SO. au NE.
Le 36 juillet, k 2** 35™ du soir , coups de tonneiTe dans
I'E. et dans le SE. ; a 3 heures dans le SE. et ie SO. Le
cenlre explosif du SO. atteint le zenith vers 3** 20™ en don-
nant des Eclairs vifs, des coups de tonnerre violents et one
pluie torrentielle m^l^e d'un peu de gr6le. A 3** 40™, des
Eclairs presqne non interrompus el de forts roulements de
tonnerre se produisent dans le N. Les d^charges continoent
dans le lointain jusque vers 4** 30™.
Le27 juillet, kZ^U heures du soir, coups de tonnerre
dansleNE.
( 299 )
A 5 heures , Eclairs el coups de tonnerre dans le NO. et
le SO. Cet orage semble se diriger vers le S. ou le SO.
Le S8 juillet, k minuit* eclairs dans le S. et le SE., rou-
lements de tonnerre (res-faibles et tres-61oign6s.
A minuit V2, ies d^charges se produisent dans le S.
Le 30 juillet , i 8** 10" du soir, Eclairs et coups de ton-
nerre lointain.
Le 51 juillet f k 10*" 15™ du matin, coups de tonnerre
dans le S.
Le 3 aout, a 5** 10" du soir, forte averse; coup de ton-
nerre lointain k 5** 43".
Le 5 aout, vers 2 V2 ou 2 ^U heures du soir, tonnerre
lointain. A 4 heures, tonnerre dans le S. , puis dans le
SE.; enfin a 4»» 20" dans le NE.
A 4 V2 heures du soir, nouvelles d^charges dans le S.;
I'orage passe k 4^ 35" dans le'SE.; Ies detonations de-
viennent tr6s-fortes a 4** 50"; k 4'* 55", Ies eclairs et Ies
coups de tonnerre se produisent dans le NE.
Le 9 aout, coup de tonnerre vers 3 heures du soir.
Le 18 amity vers 11 heures du soir , coups de tonnerre
lointain.
Le 49 aout, fort orage de 2 V2 k 3*/^ h. du matin; pluie
mod^r^e. Les d^charges se produisent principalement dans
TE. et le SO. L'orage semble se diriger du N. au S.
A 8^ 30" du soir, Eclair dans I'O. ?
Le 20 aouty tonnerre lointain vers 4 heures du soir.
Le 27 aout, k 11^ 45" du matin, forte averse; k midi
forts roulements de tonnerre dans le S. et le SO. Vent : 0.
Le 30 aout, ill '/i heures du matin, coups de tonnerre
dans le NO., puis a midi 10" dans le NK.
Le 3 septembre, ^ \^ 55" du soir, coup de tonnerre
lointain.
( 300 )
A 5*» 40"^ Eclair brillanl et coup de tonnerre; forte
pluie; vent sup^rieur : OSO.
Le 6 seplembre, k 2** 55" du soir, Eclair et coup de ton-
nerre dans rO., suivi de quelques decharges plus faibles et
plus ^loign^es. Vent sup6rieur : S.
Le 8 septembref de 3*» 30" k 4*» 30" du matin , on as-
sure avoir aper^u des Eclairs dans le N.
Arendonck (1). — M. C. Cooinans.
(Du 1«' Janvier au 25 octobre 1870.)
Le 3 maiy enlre 10 et H heures du matin, des coups de
tonnerre sont entendus au NO. Averses intermittentes pen-
dant toute la journee, non accompagn^es de decharges
^lectriques; direction des nuages : NO. k SE.
Le 1'^juin, entre 5^ 30™ el 6 heures du soir, forte pluie
et gr6Ie; quelques coups de tonnerre.
Le 3 juin, enlre 10 et 11 heures du matin , pluie ; ton-
nerre tres-eloign6.
Le Sjuirif vers 6 heures du soir, orage lointain dans le
N. et le NE.
Le 6 juin, k 2** 45" du soir, orage au NE.; pluie et
gr6le.
Le Hjuin, entre 4 et 4'* 30" du matin, ainsl qu'i 8 heu-
res, tonnerre lointain au SO.
Le S3 fain, vers 4 heures de Tapres-midi, la tempera-
ture, tr^s-elevee, baisse subitement. Des orages semblent
traverser Textr^me horizon NE., se dirigeant vers le S. De
9»» 15" i 9^ 45" du soir, Eclairs dans le SE.
(1) LocaliU situ^e sur la frontiere NE. de la province d^Anvers.
( 301 )
Le 9 juillet, de 2** 30"** h Z^ 30" du soir, orage assez vio-
lent. — Nouvel orage de 8 Vj heures i 9^ 48".
Le fS juillet y a midi 45", tonnerre loin tain an S.
Le i 5 juillet, vers 2^ 45" du soir, forte pluie d'orage,
puis d^charges 61ectriqnes.
Le i6 juillet, a 2*" 15" du soir, orage lointain dans le
SO.
Le S5 juillet J vers 10 heures du soir, Eclairs dans TO.,
puis tonnerre 6loign£; pluie l^ere: L'orage paratt se mas-
ser au S. ; les Eclairs continuent.
Le S6 juillet^ vers 3 et 5 heures du matin, tonnerre
lointain.
A 2*> 15" du soir, tonnerre 6Ioigne dans I'E.
A 3*» 30", un orage se forme i TO. A 6 heures, il sevit
avec beaucoup d'intensit^; pluie tr6s-forte. 11 s'6Ioigne
ensuite lentement vers I'E.; les Eclairs persistent dans
cette direction jusque vers 9 heures.
Le 37 juillet^ vers 3 heures du soir, orage dans le
SE., puis dans le SO. A 8*» 45" du soir, Eclairs dans TE.
et dans le SE.; ils persistent tonte la soiree.
Le 50 juillet, vers 5 heures du soir, orage dans le N. et
TE., se dirigeant au S.
Le 5 aoiit, k 4^ 30" du soir , orage k TO., se dirigeant
au N.; tonnerre lointain.
Le 19 aout, de 2*> 15" du matin i 3*» 30" environ, orage;
Eclairs presque continus dans toutes les directions, princi-
palement le NE. ; quelques coups de tonnerre rapproch^s;
forte pluie.
Vers 2 heures du soir, tonnerre lointain.
Le 2S aout , vers 9*» 30" du soir, Eclairs dans le N.
Le 26 abut, k 1 heure du matin et ensuite , Eclairs.
Le 6 septembre, k 2** 35" du soir, orage k I'horizon 0.,
( 302 )
se dirigeant vers le N.; tonnerre eloign^. Vers 5** 15°, pluie.
Le 1i octobre, vers midi, un coup de tonnerre lointaia
parait avoir ^l6 entendu ; ciel tourment^.
Le 25 octobre, k 9 heures du soir , pendant une magni-
fique aurore bor^ale qui dure depuis 6 heures, quelques
eclairs tr^-^loign^s au N.
SoMERGEM (1). — M. P. Verlriesl.
(Du i*' Janvier au i" oclobre 1870.)
Le 15 Janvier, vers 8 */2 h. du soir, Eclair suivi d'un long
roulemenlde tonnerre, i TO.; direction des nuages: ONO.
Le 5 mars J vers 8 heures du soir, Eclairs au S. et au
SSO.; un peu de pluie pendant la nuit.
Le 16 mat J vers 1 heure de Tapr^s-midi , deux coups de
tonnerre k I'E.; vent 0. tres-faible. La nu6e orageuse
s'avance vers I'E.
Le23mai, enlre 7 heures et7*»10° du matin, trois faibles
coups de tonnerre; vent d'apr^s les nuages : SO. De ?•»
15" i 7^ 20°, quelques grosses gouttes de pluie; a 7*>30°,
le tonnerre gronde encore k TO., oil Tborizon est convert
de nuages orageux jusqu'au N.
Le 6 juin, le ciel est serein le matin et le vent NNE.;
k midi de petits cumulus se ferment k Thorizon E. A 4 b.
du soir, vent un peu fort du NNO., tonnerre k I'E.; direc-
tion des nuages : ENE. ; a 5 V^ h., quelques grosses gouttes
de pluie; Torage passe ensuite de I'ENE. au SSE.
Le 17 juin, au matin, un orage passe du SSO. k
I'ENE. ; quelques gouttes de pluie k 7 72 heures. Le ciel
est 6galement orageux k TO.
(1) Entre Gand et Bruges.
( 303 )
Le 24 juiiij k 9^25" du soir, Eclair et un coup deton-
nerre au NO.; vers 10 heures, un peu de pluie.
Le 25 juifiy a 3^/4 heures du matin, orage; pluie inter-
mittente.
Le i"" juillety k 7 heures du soir, tonnerre lointain;
I'orage passe de I'ONO. au NE. A9'/2 heures, nouvel orage,
au NO.; de 10*» 15" k 10 72 heures, pluie tranquille.
Le 9 juillet, i 5 h. du matin , le vent 6tait k I'ENE.; a
10 V2 h., il tourne au SSO. Vers midi je crois entendre le
tonnerre au SE. A 1 ^U heure, orage et un peu de pluie
jusqu'i 2 h.; I'orage passe lentement dii SSO. au NE. A
75/4 heures du soir, le tonnerre gronde encore faiblement
au S. et au SE, et quelques goultes de pluie tombent.
Tout k coup, a 8*^ 20", un tres-vif Eclair est suivi
presque imm6diatement d'un formidable coup de ton-
nerre : la foudre vient de lomber sur un arbre, k quelque
distance du lieu d'observation. La pluie augmente un peu
k 8 V2 heures et cesse a 8^/4 heures.
A 95/4 heures, Eclairs Ir^s-vifs au S. et tonnerre.
Depuis 11^/4 heures jusqu'i minuit^* (le 10), orage
tr^s-violent et forte pluie m616e de grele; Eclairs tres-vifs
et tonnerre bruyant presque sans interruption ; vent fort.
L'orage s'avance lentehaenl vers le N., puis la pluie et le
vent diminuent pour cesser k minuit.3/4.
La foudre est tomb^e pendant la nuit en qnatre endroits
difffirents de Somergem, mais toujours sur des arbres.
Dans une autre commune elle a mis le feu k une maison
et a tu6 un jeune homme.
Le 15 juillet, k 1 */2 h. de Tapres-midi , tonnerre au SO.
Le 25 juillety le tonnerre gronde sourdement a parlir
de 5 V2 heures du soir; a 6 V2 heures, un faibleorage passe
du SO. au NNO.; k 7 heures, tonnerre lointain dans le S.
L'orage ne cesse que vers 9 V2 heures.
( 304)
Qu^lques gouttes de pluie entre 6 et 7 hcures du soir et
k 8V2 heures, pendant 5 minutes.
Direction du vent : ^ 5 h. du matin, ENE.; & 8 b., E.; a
.midi,ESE.;Ji 1 h. du s6ir,SE.; i 4 h., SSO. ; 4 4 3/* h.,
0. ; & 5 */i h., NO., et enfin k 6 h., 0.
Le 26 juillety temps orageux le matin; 1e tonnerre se
fait entendre au S. ; direction du vent : SO. De 6^ 55"
jusqu'aTlO™, pluie k tr^-grosses gouttes; Forage s*avance
du S. au NO.; direction du vent : NO.
A midi le ciel se couvre uuifoi*mement au S. et Ton en-
tend le tonnerre dans cette direction ; de 2 V^ heures a
5 Vi heures, gouttes de pluie. L'orage se dirige ensuite tres-
lentement au NNE. et.paralt k peu pres stationnaire; on
en tend encore le tonnerre k 6^ 15"*.
Le 27 juillety de 4 heures i 7*> 20" du soir, orage; pluie
tranquille depuis 7 ^JA heures jusqu'i 7 ^U heures.
Le 50 juillet, k 9 V2 h. du soir, Eclairs et tonnerre tres-
^loign6, au SE.; quelques gouttes de pluie pendant la nuit.
ft
Le 51 juilletf k midi, orage lointain passant du NE. au
NO.; de midi k 1 heure un peu de pluie, ainsi que de
5 */i heures k 5 V2 heures.
Le 4*" aouty Ji iOV^ heures du matin, tonnerre au NO.;
k 2 heures de Tapres-midi, tonnerre k TO.; pluie tran-
quille depuis 4 heures jusque vers 4*» 15".
Le 5 aout, k 2^ 45°" de I'apr^s-midi, orage allant du S.
auNE.; pluie tranquille.
Forte pluie pendant la nuit.
Le 9 aout, k midi 20°*, orage et pluie. De 2 4 3 heures
du soir, un nouvel orage passe de TENE. au SE.
Le 19 aduty k minuit V4, orage : tr^s-vifs Eclairs et ton-
nerre bruyant; la foudre tombe sur un arbre de notre
commune. De 7 V^ ^ 8 V^ heures du matin , pluie ; rafales
de pluie a ^0^ 20".
( 305 )
Le 20 aout, i H** iO"» du matin el a 4^ 55«* da soir,
grosses goiittes de pluie m6l6es de grele. A S'* 10" irois
conps de tonnerre au SE.; h 5*^25™ coup de tonnerr^dans
le NE. Pluie le soir et pendant la nuit.
Le 26aout, ^ 6 V^ heures du matin , faible orage venant
de rONO.; pluie jusqu'a 8 heures. A 8*/^ heures, la pluie
recommence el le tonnerre gronde k TO. el au NO.
A 9^ 25™ du matin , nouvel orage et pluie continue
jusqu'a 10V2 heures.
Le 27 aouty k i^ 15™ du soir, faible orage allant au SE.
Le 29 aoiit, k 7 */* heures du soir, coup de tonnerre au
S. ; la nuee orageuse se dirige vers le SSE.
Le 3 septembrcy pluie depuis 5 heures du matin jusqu'i
iO^li Tieures. A midi 72 , le vent inf^rieur etait NO., le su-
perieur SO; i l** 55™ le vent souffle assez fort de TO.
A l** 40™ orage et tres-grosses gouttes de pluie; a ^^
43™, la pluie devienl plus intense et continue jusqu'a 2 V2
heures. Ond6e depuis 3*» 45™ jusqu'a. 3*» 53™.
Led septembrey petite pluie depuis 5*/* heures du matin
jusqu'a 73/4 heures. — Vers 1 heure de I'apres-midi, ton-
nerre au S. : I'orage semble passer du S. k I'ENE.; sa plus
grande inlensite a lieu vers 2*» 20™. La pluie, qui etait
faible k 1 heure, augmente vers 2 heures, puisdiminue
pour redevenir plus forte vers 4^/4 heures du soir.
Le9ociobre, k ^ V4 heure de I'apr^s-midi, un orage
passe^ du SO. a I'E. — A 3 ^/i heures, nouvel orage qui
se dirige egalement vers I'E.; forte pluie pendant 15 mi-
nutes et Eclairs tr^s-vifs; un coup de tonnerre assez fort.
Le 25 octobre, eclairs au NNO. pendant unc anrore
boreale.
Le 26 octobre^ eclairs k I'OSO. k 7 V2 heures du soir.
Le 27 oclobre, orage k 5 heures du soir. A 6'' 5™, Eclair
( 306 )
tres-vif suivi presque immediatement d'un coup de ton-
nerre ^ rouleraents pleins et ^clatants; grele abondanle au
meme moment, pendant 7 minutes.
A 8 ^i heures, nouvel orage dans le NO. A 8 */2 heures,
assez forte pluie mel^e de grele.
A 9 heures, Eclairs dans le NNO.
Le 28 octobre, vers 7 heures du soir, eclairs a TO. A
8 */4 heures, Eclairs et tonnerre au NO.; k S^ 25"", forte
averse m^l^e de grele.
A 9 heures, on en tend encore le tonnerre; des eclairs
assez vifs se montrent aussi dans le NO.
OsTENDE. — M. J. Cavalier.
(Da 1" Janvier aa l"novembrel870.)
Le S2 ma?V pendant la nuit et jusqu'a 9 heures du ma-
tin, orage.
Le 17 juin, de ^^ 50" a &" SO*" du matin, orage : forts
roulemenls de tonnerre 6loign6, eclairs et un peu de pluie.
Vent : OSO.; pression atmosph^rique : 757°*"*,39; tempe-
rature de I'air : 18°40 C.
Le 24 juiriy de 8** 45" i 9^ 30"" du^oir, orage : vifs
Eclairs et forts coups de toryierre; averse de pluie et de
grele de 6'"",i. Vent inferieur : 0., vent d'apres les nua-
ges : NO; pression atmosph^rique : 758""",10; tempera-
ture: 13^45.
Le i'^juillet, k 9^ 30" du soir, orage et forte pluie;
vent : OSO.
Le 9 juillet, .de &" 25" k &" 55" du soir, orage tres-
violent, eclairs et tonnerre continus, averse de pluie
et de grele donnant 23"",35. Pression -atmospherique :
757""J0; temperature : 22°20; vent inferieur : N; vent
( 307 )
des nuages : 0. — Entre 6** 35" et 6** 40", il y eut Irois
Eclairs violaces, suivis de tres-forls coups de tonnerre; a
6** 45", un trait de feu, produisant un sifflemenl aigu, passa
du ciel au rivage, i quelques pas Ji TO. de Tancien pliare;
ce coup de foudre produisit une violente secousse. La
foudre est encore tomb^e a trois reprises , deux fois en
ville et une fois dans les dunes, k I'E. A 8 heures du soir,
le barom^tre inarquait 7o7"",53 et le thermometre accu-
sait une temperature de 19°; la direction du vent infe-
rieur 6lait OSO.
Le S5 juillety k ^^ 30" du soir, orage. — A 9 heures,
eclairs, du NO.au NE.
Le 51 juillety de 1 ^ 5 heures du soir, temps orageux ;
tonnerre lointain.
Le 18 aout, de 10 V2 Ji 11 72 heures du soir, violent
orage ; eclairs continuels. Enlre 11** et IP 15", la foudre
est tomb^e trois fois sur la mer; vent : NNO.
Le 19 aoiity de 1*" lo" a 2 heures du matin, vifs eclairs
et fort tonnerre, grele et pluie; la foudre est tomb6e dans
les environs d'Ostende.
Le 25 aout, de 10 V2 h. k 10** 50" du soir, orage precede
d'un tourbillon allant du NNO. k TO.; pluie, 6clairs el ton-
nerre 6loign6.
Le 26 aoutj de 5 ^ 7 7^ h. du matin, orage et averse de
grele.
Le 5 septembre, i 10 heures du soir, tonnerre 6loigne.
Le 21 octobrCf a 5 72 heures du soir, violent orage : Ires-
vifs Eclairs et fort tonnerre; vent inf^rieur : SSO, vent des
nuages : ONO; averse de grele pendant 5 minutes, don-
nan t 4"",95 d'eau.
Enlre 7 V2 et 8 heures, nouvel orage, accompagne de
pluie et de gr^le.
Le 28 octobrCf k 6 V2 heures du soir, eclairs a TE,
( 308 )
Gerpinnes. — M. V. Van G^el.
<Du i" Janvier au i^*" septembre 1870.)
Le 16 mat J tonnerre lointain vers 4"* 5" da soir ; na6e
d'orage venantde TO.; pluie, forte un moment. Roulements
frequents de tonnerre de 4** 15" Ji 4'' 20™.
La pluie cesse vers 4'' 30™ et Torage disparait a TE.
Le 6 juitiy vers 5 heures du soir, roulements de ton-
nerre lointain; orage venant de I'E. Pluie douce vers 4
heures du soir ; elle cesse vers 4** 30™.
Le 16 juiuj vers 9 V2 heures du soir, Eclairs au S.
Le 17 juiriy ^ 8^ 30™ du matin, roulements de tonnerre
lointain.
Le 9 juillety vers 2** 45™ du soir, roulements de ton-
nerre lointain; nu6e orageuse a TO.
A 7** 35™ et i 7** 45™, coup de tonnerre; orage venant
du SO.
A 7** 58™, roulementde tonnerre; I6g6re averse.
Temperature etouffante. La pluie dure dix minutes.
L'orage disparait au NE.
A 8^ 15™, Eclair violac6 caract^ristique, suivi de roule-
ments de tonnerre.
A 8** 55™, eclairs frequents; forte pluie inlermittente.
Le ciel est orageux sur tout Thorizon. La pluie cesse
vers 10 heures.
Le 10 juillety temps orageux toute I'aprfes-midi.
Le 1 / juillety de 5 a 6 heures du matin, roulements de
tonnerre; pluie douce.
A midi, orage venant du S.; roulement de tonnerre loin-
tain.
A 7** 20™ du soir, roulements de tonnerre; quelques
gouttes de pluie* Orage allant du SO. au NE.
( 309 )
Temps excessivemeut orageux loule la journee.
A 9 heures du soir, Eclairs au S., suivis de coups de
tonnerre. Pluie.
Le iSjuUlet, de «^ 45™ k 9** 30™ du soir, Eclairs au S.;
roulements de tonnerre loiotaio ; quelques gouttes de pluie.
(Observalion faite a Lokereo.)
Le W juilletf roulements de tonnerre vers 1*" 15" du
soir; orage venant de TO. A 1** 25™, pluie. A 1** 30™ et i
1** 35™, eclairs suivis de coups de tonnerre; la pluie re-
double d'intensit^. A i^ 45™, pluie forte, mel6e de grfilons
assez remarquables par leur dimension. A 1^ 50™, coup Je
tonnerre. LVage disparalt k TESE.
XV' 56™, nouvcl orage approchanl du SSO.; eclair
suivi de coup de tonnerre. La pluie cesse pour reprendre
vers 2 h. ; elle est de pen de dur^e. L'orage s'eloigue ^ TE.
Le 25 juillety roulements de tonnerre vers 8 heures du
soir; quelques gouttes de pluie. L'orage disparait dans le
N; Eclairs et roulements de tonnerre vers cette parlie de
I'borizon .
Le26 juillet, a 5** 45™ du soir, roulements de tonnerre:
orage venant de TO. A 6*» 15™, 6clairs; k &^ 30™, pluie;
eclairs suivis de coups de tonnerre. La pluie cesse vers 7 h.
A 8 heures du soir et pendant toute la soiree, Eclairs et
roulements de tonnerre au S.
Le 27 juillety vers 8 heures du soir, Eclairs et roule-
ments de tonnerre; quelques gouttes de pluie. Vers 9*»30™,
Eclairs i I'ENE.
Je saisis Toccasion de faire ici la remarque, que tous les
orages venant de TO se sont pour ainsi dire partag^s en
deux parties k environ une lieue et demie d'ici. Tune se
dirigeant vers le N., Taulre vers le SE.
Eu ^gard aux localit^s distantes de Gerpinnes d'un cer-
( 310 )
tain rayon , nous avons ^l^ bien mal partag^s par la pluic
durant tout T^te.
Le 50 juillety de 6heures a6^ 30" du soir, roulements de
tonnerre continuels. A 6*» 45", quelques gouttes de pluie;
coups de tonnerre plus rapproch^s. Arc en ciel k I'ESE.
Roulements de tonnerre jusque vers 8 heures.
£clairs pendant toute la soiree. Orage dans le N.
Le5l juillet, roulements de tonnerre de 9 heures k 9^30"
du matin,
A 9*» 55", pluie l^g^re; elle cesse vers lO** 15". Tempe-
rature excessivement douce.
A 11*^ 50", roulements de tonnerre.
Le S aouty vers midi 30", orage venant de TO.; roule-
ments de tonnerre. Forte pluie, qui dure jusqu'a l** 10".
A 3 h. du soir, nouvel orage venant de TO.; roulements
de tonnerre; vent violent. L'orage disparait au N. Pluie
de 3*» 12" k 5*» 40". Le tonnerre continue igronder.
Le 9 aoiit, k 3*^ 50" du soir, orage venant de TE.; rou-
lements de tonnerre. A 4 heures, eclair suivi de tonnerre.
Pluie, cessant vers 4^ 20"; elle reprend dans la soiree.
(Observation faite a Lokeren.)
Le 10 aouty de T^ 30" k 8 heures du matin, roulements
de tonnerre lointain.
Le 20 aoutf k 2*» 50" du soir, roulements de tonnerre
lointain.
Le 26 aout, k 10*' 50" du matin, orage venant de TONO.;
roulements de tonnerre con tin us. Pluie.
A H^5", Eclair suivi de tonnerre; la pluie redouble
d'intensil^. Grele.
A H** 10", Eclair suivi imm^diatement d'un coup de
tonnerre.
A H*> 12", Eclair et coup de tonnerre.
L'orage disparait vers ll'^ 30".
( 311 )
Chimai. — M. Brauch.
(Du l*' Janvier au V aout 1870.)
Le 4 marsy vers 2'* 30°' du soir, tonnerre.
Le IS maty de H^ 30" du soir ^ minuit 50" (le 16),
Eclairs; un coup de tonnerre; pluie cette nuit,
Le 18 maty a H*» 30" du soir, Eclairs.
Le 221 maiy a midi 30", tonnerre et vent violent; a V'
30" du soir, pluie.
Le 16 juiiiy a 10 heures du soir, Eclairs.
Le 9 juilletj i 2*» 30" du soir, deux coups de tonnerre.
De 9^ 15" 4 9»» 30", Eclairs; forte pluie vers 9»> 30".
Le 11 juilleiy orage entre 4 el 5 h. du matin ; forte pluie.
Le 26 juillety fort orage a partir de 6*»20" du soir;
pluie abondante h 7** 5"; \es eclairs se montrent et le ton-
nerre gronde encore all heures.
Le27juillet, vers H heures du soir, Eclairs et tonnerre ;
forte pluie vers minuit.
Le 50 juillet, tonnerre k 5*» 40" du soir.
Le 51 juillet, orage depuis midi 30 minutes jusqu'i
1 Vah. du soir; pluie.
Gembloux. — M. C. Malaise.
(Dq 1^' Janvier au 1" novembre 1870. )
Le 26 mai, de 1 7^ ^ 2 heures du soir, pluie abon-
dante et quelques coups de tonnerre. Vent du NO.
Le 6 juin, de 2 a 3 heures du soir, pluie abondante et
quelques coups de tonnerre. La foudre incendie le clocher
de Gembloux.
Le9 juillety de 8 i 8 Va heures du matin, orage; pluie
abondante. Vent du SO.
( 312 )
Le S3 juillet, entre 2 et 3 heures du soir , orage au S.;
venti^du SO.
Le 26 juillet^ de 6 & 8 heures du soir, orage au S.;
vent du SO.
Le 27 juillet, de 1 i 2 heures du soir, violente averse
et coups de lonnerre frequents. Vent du SE.
Le 3/ juillet^ de 9 V^ i lO'/s heures du matio, orage et
coups de tonuerre. Vent du SO., tourhant ensuite au NE.
Le 26 aoxit, de 11 k 12 heures du matin, pluie abon-
danle el plusieurs coups de tonnerre. Vent du NO.
Le 30 aout, de 5 i 7 heures du soir, orage a I'E. et
au S. Vent du SO.
Le 21 octobre, vers 9 heures du soir, Eclairs au NE.
Li6ge. — M. D. Leclercq (i).
(Du 1" septeinbre 1869 au 3 septembre 1870.)
1869. — Le 2 octobre, de 7 i 9 h. du soir, Eclairs a TO.
Le IS decembrey vers 1 heure du soir, orage accompa-
gn6 de pluie et de grele ; vent sup6rieur : ONO.
1870. — Le 16 maiy vers 5 heures du soir, quatre coups
de tonnerre se font entendre; pluie peu abondante, a
larges gouttes.
Le 6 juiiiy vers 1 '/a heure de faprte-midi, orage, pluie
et grele; vent superieur : NE. A 4 V^ heures, averse et
deux coups de tonnerre.
(1) Les notes sur les orages observes a Liege sont exlrailes d'uQ me-
inoire que M. D. Lecleccq a adresse ^ TAcademie Ce travail porfe pour litre :
Sur les orages et les lempStes a Liege et dans la province ^ du i"" septent"
bre 1869 au /•* septembre 1870,
( 315 )
Le 2!5 juiuy k 5 heures du matin , tooQerre.
Le 9 juillet, vers 4 heures du soir, pluie peu abon-
dante; orage ensuite. A 8 */« heures , nouvel orage au NE.
Le U jiiillet, vers 5 h. de I'apr^s-midi, coup de lon-
nerre. Orage de 8^/4^9 ^/i h. du soir; pluie peu abondante;
Le iSl juillet, vers 10 heures du matin, orage; vent
d'apr^s les nuages : SO.
Le iOjuillet, vers 2 heures de Tapres-raidi et de 5 V^ i
4 heures , orage et un peu de phiie.
Le 25 juillel, h 4 heures de I'apres-midi , 6clair suivi
d'un trAs-fort coup de tonnerre; quelques goutles de pluie
ensuite. — A minuit la pluie 6tait abondante et des 6clair^
sillonnaient encore le ciel.
Le 27 juillet, tonnerre vers midi; violent orage et forte
pluie ensuite. Vent sup^rieur : NE.
De 9 heures du soir k minuit , nouvel orage.
Le 28 juillety vers 6 heures du soir, un fort coup de
tonnerre se fait entendre; il est suivi d'une pluie assez
abondante.
Le 50 juillety Eclairs et tonnerre , non accompagn^s de •
pluie.
Le 31 juillety k 8 heures du matin , Eclairs et tonnerre.
Le vent inf^rieur, qui ^tait NE. au commencement de
Forage, s'est fix6 k ONO. k 9 heures el k S. vers midi.
A ce moment, six grondements sourds se sont produits.
Vers 3 */* heures de Tapres-midi , pluie et tonnerre.
Le y**^ aouty k midi, coup de tonnerre suivi de pluie.
Le 5 aouty tonnerre vers 4 heures de I'apres-midi. —
Midairs le soir et forte pluie pendant une heure environ.
Le 19 aouty de 4 Va ^ 8 Va heures du matin, fort orage
accompagne d'une pluie abondante. Les nuages sontame-
2"** Sl^RIE, TOME XXX. 21
( 314 )
n^s par un vent SE-SSE., qui passe success! vemeQt par S.,
SSO., SO., OSO. Le veut inf<6rieur, de NO. qu'il 6tait au
commeDcement de Torage, a pass^ k SO. pendant les ma-
nifestations ^iectriques , puis&ONO., NNO., et il est enfin
revenu i NO.
La foudre est tomb^e k Chinee , k Herstal et k Vieoune.
Les 22 et 25 aout^ roulements de tonnerre lointain.
Le24 emit, ki\ heures du soir , orage et pluie.
Le 25 aouty vers 4 heures du soir, tonnerre lointain.
Le 26 amt, k 4 heures du matin , Eclairs et tonnerre.
Le 27 aouty de IVa heure de Faprds-midi k 2*»42",
Eclairs et tonnerre. Le vent sup^rieur 6tait NO., et le
vent infi§rieur a pass^ de TONO. & NE. pour sooffler de ce
point pendant Forage.
Le 5 septembre, k midi , coup de tonnerre suivi de pluie.
Le vent sup^rieur passe du SO. k TO.
A midi 7^9 Eclairs et tonnerre non accompagn^s ni soivis
de pluie.
A 4 heures de I'apres-midi, nouvel orage; la foudre tombe
en plusieurs endroits, mais sans causer de grands degits.
LiJ^GE. — M. G. Dewalque.
(Da 1" Janvier an !«' no?embre 1870.)
Le 16 maiy orage vers 5 heures du soir.
Le 6 juin, orage v^rs 1 heure de Tapres-midi.
Le 25 juin, vers 5 72 heures du matin, violent orage i
Aubel; la foudre tombe sur Teglise, mais ne cause que
des deg&ts insignifiants.
Le 9 juillety orages avec pluie, k Li^ge, k 3, 9 et
10 heures du soir.
( 31S )
Le H juilletf orage loialain de 5 7* ^ 8 heures du soir.
Le ISjuillet, orage avec pluie 4 10 heures du matin.
Le 30 juillet, de 6 i 8 heures du soir, orage avec pluie.
Le 3/ juillet y oTSige et pluie k 3 heures du soir.
Le 7 aout, k 6 heures du soir, orage et pluie.
Le 19 aouty vers 3 h.du matin, orage avecpluieetgrdle.
Nouvel orage, avec pluie, k 9 V* heures du matin.
Le 24 aouty orage lointain vers 11 heures du soir.
Le 23 aoiity coup de tonnerre vers 3 h. de I'apres-midi.
Le 27 aout, orage vers 1 ^U heure de I'aprfes-midi.
Le 5 septembre, orages avec pluie, k midi 25"™, 1" iS™
du soir el 4 heures. La foudre tombe en divers endroits
et occasionne quelquea d^4ts.
Le 29 octobre, tonnerre vers 3 heures du matin.
Nous avons indique dans le tableau suivant les dates
auxquelles se sont produits, dans les difliSrents lieux
d'observation, les orages de I'annee 1870, afin de per-
mettre de mieux juger de leur marche et de leur frequence.
(316)
RtSVll
»
BRUILELLES.
LOUVAIN.
MALINES.
ARENDONCK.
SOHERGEl.
(Qbiervaioiie.)
{U, T9rhj.)
(X. BcrnaerU.)
(M-Gooanana.)
(M. VertHsi.)
•
»
»
»
»
43jaDTier.
»
»
»
9
3 mars*.
B
»
»
3 mai.
a
»
46 iiiai.
46 mai.
D
46 mai.
22mai.
22 —
22 -
W
22 -
»
»
»
V
k
»
»
»
4,3 et5juin.
a
6 juin.
6 juin.
6 juin.
6 juin.
6 juin.
»
40 —
»
N
»
46 juin *.
47 —
»
47 juin.
47 join.
23 * et 25 jain.
23*et25juin.
25 juin.
23
24et25joia.
4"juillet*.-
»
2 juiilet.
»
4«- juiilet
9 -
8et9juillet.
9 —
9 juiilet.
9 -
40 -
»
40 -
»
a
44 -
44 juiilet.
41 -
B
a
42* - .
h
»
42 et 43 juiilet.
43 juiilet.
»
»
»
46 juiilet.
B
25juillct.
25 juiilet.
25 juiilet.
25 -
25juUleL
26 —
26 -
26
26 —
26 -
27 -
27 —
27 -
27 —
27 -
28* —
»
28 -
»
a
'SO —
30 juiilet.
30 -
30 juiilet.
SDjoilleL
34 —
34 —
34 -
B
31 -
»
4e»' aoat.
»
»
4« aoAt.
5 aiOtiL
5 -
3 et 5 aoat.
5 aoat.
5 -
9 -
9 —
9 —
a
9 - '
49 -
49 et 20 aoat.
48, 49 et 20 aoat.
49 aoat
49et20aoAL '
»
a
B
22*-
»
B
26 aoat.
»
26*-
26 aoat
27 aoat.
27 -
27 aoat.
»
27 -
»
30 —
30 -
B
29 -
»
3 septembre.
3 septembre.
»
3 septembre.
6 septembre.
6 -
6et8 * —
6 septembre.
6 -
9 octobre.
9 octobre.
44 octobre.
9 octolire.
25*et26*octob.
25* -
25* —
25*cl«-oeLj
27*et28 —
27et28*octob.
27et28od. j
(1) Toote date aul
Tie d'ao aat^risqva In
idlqae qve dea ^elain i
temUwunI oat ii6 obaei
*▼£§•
Poor Malin«8 1
ea obaerratiooa a'arW
ftent au i** octobre, p
oar Ar«iidoack aa IS 0(
etobr«,pavfiuplM"
(*) Obtcrration fi
iltc k Lokerea.
1
(317)
ORAOBS fiE 1870 (<).
OSTEKDE.
GERPINNES.
CUIMAI.
GEMBLOUX.
LIEGE.
■—
—
—
—
(MM. Lrclereq et
(M. Cavalier.)
(M.VanGerl.)
(M. Brauili.)
(li.MalBi9«.)
D«wnlque.)
»
»
»
»
B
9
»
4 niars.
B
»
»
u
u
»
»
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if) mai.
45 et 48* mai.
B
46 mai.
22 mai.
»
22 mai.
B
»
»
»
»
26 uiui.
B
»
»
»
B
B
D
6 juin.
»
6 juin.
6 juin.
»
»
B
B
B
17 juin.
16 * et 47 juin.
46 juin*.
w
B
24 -
»
»
B
25 juin.
1*' juillet.
»
»
»
B
9 —
9 juillet.
9 juillet.
9 juillet.
9 juillet.
»
40 -
»
»
»
»
11 -_
41 juillet.
n
41 juillet.
»
42,*)-
»
»
42 -
M
16 -
»
» /
46 -
25 juillet *.
t5 —
»
25 juillet.
25
»
26 —
26 juillet.
26 —
B
1
»
27 -
27 -
27 -
27 juillet.
»
9
B
»
28 -
9
«W juillet.
30 juillet.
»
30 -
81 juillet.
31 -
31 —
31 juillet.
31 -
»
»
»
4" aoul.
»
5 aoilt.
a aoi^l.
5 -
»
9(^)ct40-
B
7 —
18 et 49 aoat.
20 -
»
49 -
»
»
»
22, 23 et 24 aoflt
25 et 26 ao(kt.
26 SioUt,
26 aot^t.
25 et 26 -
V
B
27 aoat.
»
30aoiil.
B
»
B
3 septembre.
5 septenibre.
B
B
»
•
»
U
B
B
»
27et28*oclob.
27 octobre *.
29 octobre.
■ 1* Mptembre ei pov
irChimaiaal'^aout. 1
sues vont jasqu'au 1"
novembre pour let aal
reslocalil^s.
( 318 )
Au moment de terminer Fimpression des notes qui pre-
cedent, nous avons encore re?u de M. Coomans les ren-
seignements suivants sur les orages observes k Anvers
pendant Tann^e 1870.
Anvers. — M. C. Coomans.
(Du 1«' Janvier au !«>' novenibre 1870.)
Le 5 marsy entre 9 et 10 heures du soir, stairs eloi-
gn^s dans le SE.
Le 4'" juin, de 5** 30™ k 6 heures du soir, pluie tor-
rentielle et grele; quelques d^charges ^lectriques ensuite.
Le 6 jiiin^ k 4'» 30" du soir, orage venant du NE.; a
4** 45"*, pluie assez forte mSl^e de gr^le. L'orage s'^loigne
vers rOSO.
Le Qjuillel, vers 1 heure du soir, un orage venant do
SO. couvre I'horizon SE. et I'E. Vers 2^ 10", ThorizoD
s'^paissit aussi a 10. et au SO. L'orage, ailant du SO. au
NE., passe sur Anvers; un coup de foudre parait avoir
atteint le paratonnerre de la calh^drale.
Vers 8 heures du soir, orage au N.; il s'^loigne ensuite
dans cette direction. A 11*» 30", 6cJairs vifs au SO.
Le 10 juillety k 12** 30" du matin , orage venant du SO.
Le 20 juillet\, i P 47" du soir, orage du NE.; averse.
Le 26 jiiillety k i^^ 50" du matin, un orage passe au
S. d'Anvers, se dirigeant de TO. a TE.; quelques coups de
tonnerre rapproches.
A 1*> 20" du soir, nouvel orage, de memc direction que
le pr^c^dent; tonnerre lointain.
A 3"> 30", orage au S.
Le 27 juillet, orage vers 2 heures du soir.
(319)
Vers S"" -JS", orage venant du SO. et se dirigeanl i I'E. ;
«
lonnerre lointain.
Vers 6 heures du soir, nouvel orage venant du N.; forts
coups de tonnerre. Au-dessus d'Anvers, Torage semble se
diviser; les decharges electriques cessent compl^tement
ensuite. Plusieurs coups de foudre paraissent avoir port6
dans la partie S. de la ville.
Le 3 aoiity k 6 heures du soir, tonnerre loin lain k I'E.,
au S. et au SO.
Le S aout, k 5 heures du soir, un orage venant du S.
passe sur Anvers; i 4^ 15", forte averse.
Le 8 aoutj de 1^ i^T ^ 5 h. du soir, orage passant par
I'horizon S., se dirigeant a TE. ; tonnerre lointain. A 4 h.,
un nuage orageux occupe tout'Ie SE., le S. et le SO.
Le 9 aout, k 2^ 45*° du soir, deux coups de tonnerre
ont ete entendus. L'orage semble passer du SO. au N., au-
dessus de I'Escaut et de la Flandre. — Pluie k partir de
5 heures.
Le f9 aouty de 2 a 5 heures du matin, orage; pluie
tres-intense.
Le 20 aout, pendant toute la journ^e, ciel tres-tour-
ment6.
Vers4*»15™ du soir, lonnerre lointain; coups spora-
diques.
Le 22 aoiity vers 9 heures du soir, Eclairs dans le NO.
Le 26 aoiity a 2 heures du matin environ, tonnerre
lointain; eclairs durant loute la nuit. ^
Le 6 septembre, a 2*» SO"* du soir, orage au S., se diri-
geant vers le NE.; coups de tonnerre jusqu'i 2'»50'".
Le 27 octobre, de S^ 15"* k 8^ 4S'" du soir, orage au S. ;
pluie torrentielle.
( 320 )
»
Une Balcenoptera musculus capturee dans VEscaut; notice
par M. P.-J. Van Beneden, membre de rAcad6mic.
J'ai i'honneur de presenter k la classe un m^moire (i)
renfermant la description du squelette d'une Bal^noptere
qui s'est fait capturer Tannee derni^re dans I'Escaut et que
mon fils a eu le courage de sauver de la destruction , mal-
gr6 r6tat de putrefaction avanc^e dans lequel se trouTait le
cadavre au moment oti il en a fait I'&cquisition.
Cette Bal6noptere est venue pr6cis6ment se faire pren-
dre au moment ou une discussion s^^tait ^lev^e entre
mon savant ami le docteur Gray, du British Museum^ et
moi , sur la valeur attribute, au point de vue systematiqae,
k la bifidite de la premiere cdte de ces animaux. Le doc-
teur Gray a etabli parmi les baleines et les Balenopteres
des genres qui reposent principalement sur ce caractere
et qui, i mon avis du moins, n'ont pas de raison d'etre.
La bifidit6 de la premiere cdte est, non une disposition
normale, mais une conformation acciden telle dont le zoo-
logistene peut pas plus tenir compte dans la systematisa-
tion que des anomalies et des monstruosit^s.
C'est une anomalie pareille k celle que nous presente le
grand squelette de Bal6nopl6re d'Ostende, 6chou6 eo 1827,
et une nouvelle preuve que le genre Sibbalditts, ainsi que
le genre Hunterius, doivent etre supprim6s.
Le cetace qui est venu ^chouer dans FEscaul est une
vraie Bal^noptere ordinaire de I'espece qui penetre parfois
dans k M^diterran^e et que Ton coonatt gen^ralemcnt au-
jourd'hui sous le nom de Musculus,
(1) Voir la presentation de ce memoire page 283.
( 321 )
L'annee 1869 a ete particuHerement favorable a la ceto*
logic : ind^pendamment de la baleine qui a fait son entree
dans TEscaut vers le milieu du mois de mai, un individu
m^le de la meme espece a ^t6 trouv^ en mer, a quelques
lieues du Havre, et remorque par des pSeheurs anglais, k
deux milles a Test de Portsmouth. II avait 61 pieds de lon-
gueur. G'est le 20 novembre qu'on Ta trouve flottant, en
proie aux attaques des poissons et des oiseaux. Au mois
de d^cembre, une femelle de Bal^nopt^re est entree dans
le Frith of Forth, en Ecosse, et Ton est parvenu beureu-
sement h la capturer; c*est evidemment une femelle chas-
s^e de ses parages habituels et qui cherchait k p^n^trer
dans une baie pour y mettre bas. Elle portait un baleineau
qui n'avait pas moins de vingt pieds de longueur. Le Mys-
ticite du Havre a ^t^ ^tudie par M. Flower (1), qui Ta
reconnu pour une Balcenoptera musculus, Gelui d'Ecosse
a i5t6 d6crit en partie par le professeur Turner, qui Ta rap-
porte k la BalcBtioptera Sibbaldii (2).
Le professeur Turner, d*£dimbourg, qui a pu eludier la
femelle adulte et le foetus, qui est du sexe m^le, nous ap-
prend, dans sa notice int6ressante sur le sternum et les
OS innomines, qu*une autre femelle de la meme espece,
egalement grosse, est allee se perdre sur les coles de
Shetland au mois d'octobre (5).
(1) Flower, Notes on four specimens of the common Fin-whale (Pliy-
salus antiquorum) stranded on the south coast of England. Vroceed.
ZooL. Soc, 1869.
(2) Prof. Turner, Prelim, notice of the great Fin-4vhale recently stran-
ded at Longniddryy in-8*. Edimbourg, 1869-70.
(3) Prof. Turner, On the sternum and ossa innominata of the Longnid-
dry whale (Balsenoptera Sibbaldii). Journal of anatomy and puysiolout,
vol. IV.
( 3M )
JNous avons done eu dans la mSme ann^e quatre Balenop-
C§res qui soot venues se perdre sur les c6tes d'Europe, ei
toules les quatre appartiennent aux deux grandes especes
qui ban teat r^ulidrement le nord de FAtlaDtique. N'y
a*t-il pas lieu de sapposer que ceite apparition est le re-
suital de la nouvelle peche qui est organis^e en Idande)
non pour les baleines qui ont disparu , mais pour les Ba-
I^ooptSres que Ton dedaignait jusqu'^ present?
Sur un principe de slatique moleculaire avance par
M. Lv4tge; par M. G. Van der Mensbrugghe, rep^titeur
a I'universit^ de Gand.
D'apres les travaux de M. Plateau (1) et de Dupre (2),
la tension des lames liqiiides est tout a fait independanle
de leur ^paisseur, taut que cette derniere surpasse le
double.du rayon d'activil6 sensible de Tattraction mole-
culaire; au-dessous de cette liniite, la force contractile
iraitendiminuant.Or, dans une note r^cente(5), M. Liidlge
a cberche k prouver que les lames liquides acquierent, au
contraire, unc tension d'autanl plus forte qu'elles devien-
nentplus minces. Voici Texperience principale sur laquelle
Fauteur appuie sa conclusion :
11 realise deux lames planes aux extr^mites d'un cy-
(1) Recherches exp^rimenteUes et tMoriquessur les figures dSquilitre
des liquides sans pesanteur, ^°^* s^rie, §§ 31-33 (M£h. de Ckcxo i>c
BELG.,t. XXXIII, isei).
(2) TMorie m^canique de la chaleur , chap. IX ; Paris, 1869.
(3) Ueber die Spannung flUssiger Lamellen{Xyy. de M. Poggemmirff,
1870, vol.CXXXIX, p.efO).
( 3^ )
lindre ei^ox, puis il insiiffle de Tair a rinterieur, <)e ma-
Diere a rendre ees lames convexes; si les tensions de
celles-ei sont ^gales, ce qui a lieu n^ecssairement quand
on n'emploie qa*un seul et meme liquide, les deux calottes
laminaires doivent eiercer la meme pression et avoir con-
seqi^mment la meme eourbure; le eontraire a lieu dans
le cas ou les tensions sont inegales, c'est-^-dire quand on
se sert de deux liquides diff^rents. Mais, d'aprte M. Liidtge,
il est possible de constater aussi des differences de eour-
bure dans deux calottes form^es du meme liquide : il
suffit, pour cela, de produire la seconde lame.lorsque la
premiere montre d^j^ des couleurs; en soufflant alors de
I'air dans le cylindre, on pent voir loujours, selon I'au-
teur , que la calotte r^alisee en dernier lieu a le plus grand
rayon , et qu'ainsi la- lame la plus mince a la plus forte
tension. € Ges experiences, » dit M. Liidtge, <i ont ^te faites
avec des cylindres en verrc et en metul, avec de Teau de
savon et une solution de bois de Panama , et bien que des
mesures precises n'aient point paru nteessaires, Tepreuve
faite sur desi lames de solution de savon j> (sans doute le
liquide glyc^rique de M. Plateau) « a montre qu'en cinq
minutes la tension s'esl accrue de 2,8 a 2,84. »
Comme ces faits sont en disaccord formel avec les
observations si rigou reuses de M. Plateau sur les lames
liquides, ce physicien m'a pri<5 de soumetlre au contrdle
d'exp^riences precises la conclusion de M. Liidtge; ce
contrdle parait d^autanl plus utile que le physicien alle-
mand n*indique ni les dimensions des cylindres dont il
s'est servi, ni la position qu'il leur donne, ni le degr6 de
convexity des calottes r6alis6es, ni les moyens qu'il em-
ploie pour constater les differences de eourbure des deux
lames; d'autre part, il ne se demande point si , outre le^
( 324 )
differences des teastons des deux calottes, iln'y a pas
d'autres causes pouvaot donner lieu k des differences 6Btre
les flecbes des deux lames. II sembie done, k priori, que ie
principe avanc6 par M. Ludlge se trouve etay6 sur des
faits d^pourvus de precision et de nettet^; d*aiileurs ce
principe n'est en rapport avec aucune id^e theorique ad-*
raiser En consequence, je vais d^crire quelques expe-
riences de v^ritication que j'ai lach6 de rendre aussi rigou-
reuses que possible.
Apres avoir fixe horizontalementv sur un support con-
venable , un cylindre creux en fer blanc de 4 centimetres
de diam^tre et de 15 centimetres de longueur , j'araeneeu
contact avec Ie bond de cbaque ouverture pr^alableaieDt
mouille de liquide glycerique, une lame plane realis^e
dans un anneau de 7 centimetres de diametre, que j'en*
l^ve ensuite, et j'obliens ainsi deux lames planes qui
ferment Ie cylindre; alors, au moyen d'un tube effile ega-
lement mouill6 de liquide glycerique, j'insuffle de fair a
rinterieur de Tappareil, jusqu'au moment oti les calottes
produites sont un pen moindres que des hemispheres.
Comme Ie gaz introduit est plus chaud que Tair ambiant
(je souffle avec la boucbe), j'attends six a huit minutes,
pendant lesquelles je depose constamment des gouttes de
liquide glycerique k la partie sup^rieure de chacune des
lames; ces gouttes, en se distribuant en partie k la sur-
face des Ogures laminaires, les empechent de s^amincir.
Quand je juge que les deux faces de chaque calotte sont
en contact avec de Tair k la m^me temperature, je vise au
sommet de Tune des lames avec la lunette d*un cath^to-
metre dont Taxe est horizontal et parallele k celui du
cylindre; des ce moment, je laisse s'amincir graduelle-
ment la lame dont Ie sommet a ^t^ mis au point, tandis
( 325 )
que, par le depdt de gouUes successives, je maintiens k
Fautre lame une ^paisseur pour laquelle se montrent lou-
jours le rose et le vert des derniers ordres; de celte ma-
niere, des deux calottes dont je compare les tensions,
Tune a une fipaissear sensiblemenl constanle, et Tautre,
devenanl de plus en plus mince, ne larde pas a $e colorer
des teintes les plus vives , surlout vers la partie sup^rieure.
En operant ainsi , j'ai constat^, 4 diverses reprises, que,
pendant toute la dur^e de la lame la plus mince (dix 4 vingt
minutes (1), I'image du sommet de cette lame dcmeure en
contact a\'ec le fil vertical du reticule. A la v^rite, j'ai
observe parfois, dans cette image, de petites deviations
tantdt h droite, tant6t a gauche du fil du reticule, mais
elles n'ont comport^ jamais que 10 Ji 15 centiemes de
millimetre. II est done permis de conclure de 14, contrai-
rement au principe de M. Liidtge, que la tension est restee
sensiblement la m^me dans Tune et dans Tautre des deux
calottes laminaires.
J'ai dit plus haut que je rendais les deux lames a peu
prds h^misph^iques ; c'est, en effet, de cette mani^requ'on
se place dans la condition la plus avantageuse pour obser-
ver une variation ^ventuelle de tension* dans la calotte la
plus mince; pour le demontrer, il suffit de chercher la re-
lation qui existe enlre les accroissements infiniment petits
que prennent la fl^clie et le rayon de courbure de la calotte
en question. Soient p la pression exerc^e par chacune des
calottes, r le rayon des spheres auxquelles elles appartien-
(1) Le liquide giycerique que j*ai employe etail prepare depuis fort
longtemps, de sorte qa'il avail perdu une partie de ses proprieles; ainsi,
une bulle d'un decimetre de diametre d^posee sur un anneau, d'npres la
methode de M. Plateau , persistait au maximum une heure.
( 326)
nent, et i la tension coramune des deux lames soppos^es de
mSiue epaisseur; on aura la relation connue : p »» — . Cete
pos6f si, dans Tune des calottes, t prend nn accroissement
infiDimenl petit, p el f varienl aussi, de maniere qu'on
pent 6crire :
rdt — tdr
dp = i — ;
cette calotte ayant change de diiaensious, Tautre lame
limilera aussi un volume different, mais raccroissemeBi
de pression y sera le meme , et donne par
tdr'
ici I'epaisseur n'ayant pas varie, la tension est demeur^e
la m^me , tandis que le rayon r a pris un certain accroisse-
ment dr\ Or, il est ais6 de prouver que dr' = dr. En effel,
si \=frei y =fr' sont les volumes limit^s par lesdeux
calottes, on a evidemmenl dS==^f'rdry d\'^=f'r'dr' ; mais
la somme Vh- V est constante, et r' est primitivement
egal 4 r; done dV=: — dV et dr' = — dr. II resulte de
\k que
rdt — tdr tdr
dp = ^' :«2
7'
d'ou
rdt
dr = — -
2t
done Taccroissement dr du rayon est proportioouel au
rayon r lui-mdme. II convient, par consequent, d*operer
sur des lames assez grandes ; c'est pourquoi j'ai donn^ ao
cylindre un diamfetre de 4 centimetres, et Ton ne peal
( 327 )
guere d^passer cette valeur sans diininuer beaueoup la
dur^e des lames.
Pour obtenir maiutenant dr en fonction de Taccroisse*-
ment de la flecbe /*de la calotte la pbs mincer, noiQmf>ns
p le rayon du cylindre et remarqnons que
r =
et
II s'ensuit que
d'oii
2/-
dr=-. ' -df.
Le maximum de d/* correspond done a /'=p, c'est-i-dire
qu'il importe, comme je Tai dit ci-dessus, de donner aux
calottes un rayon aussi rapproche que possible de celui du
cylindce. II ne faut pas , cependant , que Tune ou I'autre
lame d^passe quelque peu Themisph^re, car, dans ce cas,
r^quilibre peut 6tre rompu par les causes les plus minimes.
Dans le calcul que je viens d'effectuer, j'ai fait abstrac-
tion de la variation qu'^prouve la pression de Pair int^-
rieur au cylindre en vertu d'une variation de tension de
Tune des lames; de ce cbef, cette pression ne varie, en
effet , que d'une quantite tout h fait negligeable.
Si, dans les observations pr^c^dentes, je n'ai pas com-
part entre elles les fltehes des deux calottes, le motif en
est que ces filches peuvent dtre in^gales non-seulement
^
( 328 )
par suite d'uDe difference entre les tensioDs des deux
lames, mais encore parce que les bases du cylindre me-
tallique peuvent n'^tre pas exacteoient circulaires, egales
et paranoics; or, ces conditions doivent 6lre ^videmment
r^unies, pour que, & ^galite de tension des lames qui s*ap-
puienl sur les bases , les fleches soient rigoureusement
Egales entre elles. II faut, en outre, donner au cylindre ia
position horizontale, sans quoi Taction de la pesanteur
diminue un pen la fl^che de la lame situee le plus haut,
tandis qu*elle augmente celle de la lame inferieure. II est
probable que M. Liidtge est arrive k sa proposition pour
n'avoir pas fait usage d'un proc6d6 entiferement indepeu-
dant de Tune ou de Tautre des causes perturbatrices que
je viens de signaler.
L'auteur a cru pouvoir appuyer encore son principc sur
Texp^rience suivante : Quand un fil de cocon fix^ en deux
points d'un anneau en fil de fer est ins6r6 dans une lame
de liquide glyc^rique occupant cet anneau et l^gerement
inclin^e k Tborizon, ce fil dessine d'abord une sorte de chai-
nette dont le sommet est en bas, puis se relive pen k pen
et finit par devenir convexe vers le haut. M. Liidtge ex-
plique ce mouvement ascensionnel en disant que, des deux
parties dans lesquelles le fil de cocon partage la lame, la
sup^rieure est plus mince que Tinf^rieure et a cons^uem-
ment une plus forte tension. Or j'ai r^p^t^ un grand
nombre de fois cette experience avec un anneau solide
de 7 centimetres de diam^tre, et j'ai constate le plus sou-
vent que^ au bout de quelques minutes, la lame inferieure
montre les couleurs les plus vives, surtout dans le voisi-
nage des points d*attache du fil, tandis qn'k la partie su-
perieure ne s'observent que le rose et le vert des derniers
ordres, du moins k queique distance de Tanneau solide. On
( 329 )
voit que, si le priucipe de M. Ludtge ^lait exact, Iq fil de
cocon, au lieu de monler, devrait, au contraire,descendre
davaotage et se tendre de plus en plus. Mais comment se
rendre compte du mouvement reel du ill, si Ton ne pent
Tattribuer k une difference entre les tensions des portions
laminaires qu'il s^pare? Je crois que la th^orie de ce ph6-
nom^ne est la suivante :
On sait que le fil est baign^ par deux petites masses li-
quides concaves dont les surfaces se raccordent avec les
faces sup^rieure et inf^rieure des portions laminaires ad-
jacentes : or imaginons un plan normal au fil en un de ses
points, et supposons la section de ce fil circulaire ; evidem-
ment le plan dont il s'agit coupera le systeme suivant les
lignes representees dans la figure ci-jointe, od, pour plus
de clarte, on a fortement exag^r^ les dimensions effec-
tives. Soient a Tangle que fait avec le plan de la lame la
tangente au point de contact de Tune des surfaces concaves
et de la section du fil d*un c6te de celui<ci, ^ Tangle cor-
respondant au point de contact situ6 de Tautre cdt6, y Tin-
clinaison de la lame , t la tension du liquide glyc^rique et
p le poids de Tensemble de la section du fil et des petites
masses liquides qui y adherent; en regardant les quatre
petites surfaces courbes comme sym^triques par rapport
au plan moyen de la lame, nous aurons pour la condition
d'^quilibre du systdme :
2J cos a = 2< cos p -4- p sin y.
2"* SfeRIE, TOME XXX. 22
( 330 )
Celle equation montre 1** que si y=^o^ e'est-a-dire si
raniicau solide est horizon lal, on a a=p, ce qui clait
evident a priori; 2' que si y est assez faible, et qu'en
outre, oc est notablement moindre que (3, la conaposaale
2^ cos a peut I'ernporter sur la somme des deux autres et
d^s lors il doit se produire un mouvement asceusionnel
du systeme ; 3° que ce mouvement peut s'effectuer d'au-
tant mieux aux divers points du fil, que (3 I'emporte da-
vantage sur a; si )/=:90% le poids total p agit de haut en
bas, et ce n*est plus qu'aux points oil a est de beaucoup in-
ferieur ^ P, que le til prend un mouvement vers le haut.
Ges consequences th^oriques sont parfaitement confirmees
par Tobservation directe; ce qui precede verifie deji les
deux premieres; quant a la troisi^me, on constate, en rea-
lity, qu'avec une lame liquide verticale, le fil ne manifeste
un mouvement ascensionnel qu'aux portions les plus voi-
sines des points d'attache; les portions moyennes du fil
lendent, aucontraire, ^ abaisser le systeme, parce que ie
poids p y est trop grand et qufe (3 y est 6gal k a.
Les faits dont il vient d'etre question montrent d^ja fort
bien que les portions laminaires les plus minces n'exerceot
point la plus forte traction : c*est ce qn*on peut encore coo-
stater en laissant tomber un leger nuage de poudre de ly-
copode a la surface d'une lame inclin^e et presentaot vers
le haut des couleurs du premier ordre : on aper^it alors
non des mouvements ascendants, mais des deplacements
tout k fait irr^guliers qui ne peuvent ^tre dus qu'a un dd-
faut d'homog^neit^ dans les parties constitutives de la
lame.
Pour terminer cette note, je vais d^crire une autre ex-
perience assez curieuse et qui me parait encore en opposi-
tion absolue avec les id^es de M. Liidtge. Aprte avoir r6a-
( 331 )
lis^ ane lame dans ua anneau solide de 7 centimetres de
diam^tre, je depose sur celte lame un contour ferm^ en
ill de cocon et ayant une douzaine de centimetres de lon-
gueur, puis je creve la portion laminaire interieure au fil;
j*obtiens ainsi, comme je I'ai dit dans une autre communi-
cation, un contour parfaitement circulaire et qui se main-
tient h pen pr^s en ^quilibre dans une portion quelconque
de la tame restante, pourvu que I'anneau solide soit exac-
tement horizontal; jincline alors d'environ 10"* le plan de
cet anneau ; k Tinstant mdme , le contour flexible se meut
vers la partie superieure de la lameet y demeure en ^qui-
libre, aussi longtemps que cette derni^re a une ^paisseur
suffisante; mais quand, au bout de quelques minutes, la
lame s'est amincie jusqu'^ montrer des couleurs vers le
haut, le contour mobile descend peu k peu, bien qu'il faille
admettre que T^paisseur de la lame est plus forte au-des-
sous qu'au-dessus du fil de cocon ; ce mouvement continue
graduellement, k mesure que I'amincissement k la lame est
plus prononce; au bout d*un quart d'heure, le contour cir-
culaire louche la partie inferieure de Tanneau solide.
Cette experience pent ^expliquer d'une mani^re fort
simple : la lame liquide et le contour circulaire en fil de
cocon ferment un ensemble de parties ponderables qui
sont mobiles les unes par rapport aux autres; cons^quem-
ment, requilibre ne pent avoir lieu k chaque instant qu'^
la condition que le centre de gravity du syst^me soit le
plus bas possible; or quand la lame est relativement
epaisse, c'est-i-dire ne montre pas encore de couleurs,
le fil de cocon et la petite masse qui y adhere ont un poids
negligeable par rapport au liquide consutuant cette lame ;
c'est pourquoi le contour gagne le haut de la figure, dont
le centre de gravity est alors aussi bas que possible. Mais
( 352 )
bientdt la lame se colore et s'amincit de plus en plus ; il
doit done arriver un moment oil le fil aura un poids plus
grand qu'une portion laminaire de meme circonf^rence , et
sera entrahi6 par consequent vers le bas; aussi on le voit
descendre lentement, ainsi que je Tai dit, jusqu'4 ce que
son poids predominant tui fasse occuper la partie infe-
rieure de la lame.
Pour contrdler cette explication, il suffil de d^poser alors
une s^rie de gouttes de liquide glycerique ^ la partie sup^-
rieure de la lame : au bout de qtielques iqstafits, T^paisseur
de cette demi^re augmente et Ton constate que le con-
tour mobile remonte peu & pen jusqu'^ la partie la plus
eiev^e.
— La classe, en dernier lieu, s'est constitute en comity
secret, d'aprfes I'articIeTdu reglement general, pour d^li-
b^rer sur les candidatures aux places vacantes.
( 333)
€LASSE DES LETTRES.
Seance du 7 novembre 1810.
M. J.-J. Haus, vice-direcleur, occupe le fauteuil.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage, J. Kou-
lez, Gachard, A. Borgoet, Paul Devaux, F.-A. Snellaert,
M.-N.-J. I-.eclercq, M.-L. Polaio^ le baron de Wille,
Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon,
Ad. Malhieu, Tb. Juste, F^lix Nive, Alpbonse Wauters,
H. Conscience, membre's; J. Nolet de Brauwere, Auguste
Scheler, asl^ocies; N.-J. Laforet el Em. de Borchgrave,
correspond ants,
M. L. Alvin, membre de la classe des beaux- arts , et
M. Ed. Mailly, correspondanl de la classe des sciences,
assistent a la seance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de Tint^rieur demaude, par deux depe-
ches difTSrentes, la liste double des candidats pour les ju-
rys cbarg^s de juger le concours quinquennal d'histoire
nationale (5"* p^riode) et le concours quinquennal des
sciences morales et politiques (4™%p6riode).
La classe a proc^d^, en comit^ secret, & la formation de
ces listes, qui seront communiquees k M. le Ministre.
( 334 )
— La classe revolt, k litre d'hommage, les ouvrages sui-
vants :
V Tome I" de la Chronique des dues de Btmrgogne,
edil6e par M. le baron Kervyn de Lettenbove et publi^e
dans la collection des chroniques beiges in^dites de ia
Comnaission royale d'histoire; 1 vol. in-4'*;
^ La premiere partie du tome III (Br^s- Charlemagne)
de la Biographic nationale, M\i6e par la Commission aca*
d^mique chargee de cette publication; 1 cahier grand in-S"*;
3° Pi6ce de vers, par M. Ad. Mathieo; in-8*.
M. Gachard presente, au nom de M. Armand Basehet,
•un exemplaire de I'ouvrage qoe ce savant a consacre aox
Archives de Venise et qui est pr6c6d^ de la dedicace sui-
vante : « A Messieurs de rAcADi^MiE royale de Belgiqce. »
Des remerciments sont vot^s pour ces difG^rents dons.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Une THjfcODiCJfcE AU iV' SINGLE. — Tite de Bostro; notice
par M. N.-J. Laforet, correspondant de TAcad^mie.
U faut avoir longtemps vecu dans le commerce des pbi*
losophes de Fantiquit^ et des ^crivains des premiers siecles
de notre 6re pour comprendre ce quHl a coiit6 d'efforts et
de pers^v6rante Anergic au christianisme pour nettoyer, si
je puis le dire, la raison humaine; pour la d^gager de cette
masse d'erreurs, de prejug^s, de sophismes, qui la para-
lysaient et T^touffaient en quelque sorte en la souillant;
pour la rendre enfin a elle-mfime, en lui restituant son
r
( 335 )
eclat naturel et sa vraie puissance. Sans doute , les apolo-
gistes Chretiens combattaient pour la foi ^vang^lique; mais
ils combattaient tout autant pour la revendication des
droits dc la raisoo naturelle, fondement necessaire de la
foi; il suffit, [)our s*en convaincre, d'ouvrir les Merits
du philosophe saint Justin , de Teflullieo , de Clement
d'Alexandrie, d'Origene, de Minucius Felix. Tout I'ensei-
gnement chretien visait k relever la raison de ses mines
et k retablir dans leur piiret6 les grandes lignes de la reli*
gion noturelle. Et ces legions de martyrs dont le sang coula
presque sans interruption durant trois siecles, quel ^(ait
on r^alite leur crime aux yeux de la societ6 pa'ieone? Cest
qu'ils refusaient desacritier k des superstitions qui ^taient
un opprobre pour la raison et un outrage pour la con-
science.
Quand le paganisme fut k demi vaincu par la puissance
manifestement divine de la religion de Jdsus-Christ, il se
produisit parmi les lettres qui s'obstinaient k ne pas s'in-
cliner devant Tautorile de I'Eglise chr^tienne un mouve-
ment profondement desordonn^ de deviation iutellectuelle
et morale, mille fois plus dangereux pour la raison que les
extravagances des religions paiennes. Ce mouvement phi-
losophico-religieux est tr6s-connu dans I'histoire sous le
nom de gnoslicisme. Les gnostiques ne combattent plus
directement le christianisme; ils s'honorent, au coutraire,
de lui emprunter bien des elements, sauf a les alterer et a
les corrompre en les m^langeant a des theories moiti^ hel-
l^niques, moiti6 orienlales, et en noyant le tout dans un
oc^an de reveries enfantees par une imagination en d6lire.
Le gnosticisme v^cut longtemps, se produisant sous les
formes les plus varices. La plus celebre et la plus vivace
de ces formes fut sans contredit le manich^isme, si forte-
( 336 )
meDt r^fut^ par r^crivain doDt je veux eatreleoir aojour-
d'hui la classe.
Vous n'ignorez pas, Messieurs, qu'^ia tin du XYH'' sie>
cic, un esprit tres-d6ii^ et tres-sublil, maisfaux, le seep-
tiqiie Bayle , teata de rehabiliter la th^rie maDicbeenDe
desdeux priDcipes contraires en Topposant , sous forme
d'objeclion iusoluhle , k Texistence du mal sous ^empire
d'un Dieu unique et infinimeni boo. Cost cette tentatiTe
insens^e de Bayle qui valut k la scienee la Theodic4e de
Leibniz, ce chef-d'oeuvre incomparable de haute Erudition
et dc vraie philosophie. Observons en passant que le lerme
de Theodicee est de la creation de Leibniz, et qu'il Tem-
ploie dans son sens ^tymologique et propre, comme expri-
mant, non une doctrine complete snr Dieu, mais la justi-
fication de la Providence. La th^se que Bayle essaya de
rajeunir avait &i^ r^fut^e avec ^clat d^s les {»*emiers . si^
cles du christianisme par plusieurs de nos apologistes; car
cette th^se, si contraire qu'elle soit a la raison et au boo
sens, ^tait au fond de la plupart des conceptions religieu-
ses et philosophiques du paganisme. Mais aucun ^crivain
aneien ne la r^futa aussi completement ni avec plus de
puissance que Tite de Bostra. A ce litre seul, il m^rite, a
a coup si^r , une place distinguee dans les annates de la
philosophic; et je m'^tonne que les plus r^ents historiens
allemands Taient pass6 sous silence (1) : il y 14 un impar-
donnable oubli. II importe d'introduire cette valevr nou-
velle dans la circulation scientifique.
(1) MM. A. Sloekl et Huber, dans leor Histoire de la phHosophie des
Peres, ont ouhlie lotalement cet auteur, qui avait beaucoup plus de litres
k y figurer que d'autres ^ qui ils y out donne place. Bitter D*en parle pas
non plus,et M. Ueberweg ne le menlionne pas davantage dans sou Ma-
nuel, d*ailleurs si complel.
( 537 )
Tite appartient au IV" siecle comme Athanase, Basile,
Gregoirede Nazianze, Gregoire de Nysse, Ambroise, Au-
gusUn et tant d'autres esprits superieurs qui ont fait de ce
si^la r&ge d'or de la litt^rature chretienne. II etait evdque
de Bostra, m^tropoie de TArabie. II fut persecute par Ju-
lian TApostat. On ne connait pas exac(ement la date de sa
mort; on sail seuiement qu'il mourut sous Fempereur Va-
leDB (1), par consequent avant Tann^e 578. Saint J^rdme
le compte au nombre des P^res qui sont aussi verses dans
les doctrines des philosophes et dans Ferudition profane
que dans la science sacr^e (2).
L'ouvrage du savant 6v^que de Bostra contre les maui-
ch^ens comprend quatre livres. Nous poss^dons les trois
premiers dans leur langue originale, en grec. Le texte grec
du quatrieme est perdu; nous n*en avons plus que Vargu-
menu Ce livre a ^teretrouve rteemment dans une traduc-
tion syriaque parmi les nombreux manuscrits du monas-
tere de Nitrie; M. Lagarde a publie cetle version syriaque
a Leipzig, en 1859. Ce quatrieme livre appartient, commo
le troisieme, a la th6ologie positive.
La solution du probleme de I'origine et de la nature du
mal suppose, Messieurs, une connaissance exacte de Dieu
et de ses rapports avec le monde. La metaphysique est au
fond de toutes les questions, et par une raison fort simple,
c'est qu'elle est la region des principes. Pour peu qu*on
veuille approfondir une question el ne pas s'arreter aux
surfaces, qui ne peuvent satisfaire que la demi-science, on
rencontre necessairement la metaphysique. Aussi le mani-
ch^isme a-l-il sa tbeorie sur Dieu et surf origine des choses
(1) Saint Jerome, De viris illustribus, c 102.
(2) Epist. 70 {At. 84) , ad Magnum, § IV.
( 338 )
en geoerai, et Ton ne peut r^futer pbilosophiquement sa
doctrise du mal qu'en remootant jusqa'Ji cette th^orie, oil
la doelrine duraalprendsa source. Tite Ta parfaitemeat
compris. li combat le systeaie manicheeo sur le terrain de
la mdtapliysique plus encore que sur k terrain de la morale
proprement dite. Je sigoalerai en peu de mots les principes
qu'il oppose aux doctrines du manich^isme sur les causes
^ternelles du moiide et sur la nature des substances cr^ees;
puis je parlerai de son explication de Torigine da mal.
I.
De Dieu et de ses rapports avec le monde.
Le manicheisme tient par ses racines &«la philosophie
paienne, qui, ignorant les vrais rapports de Dieu avec le
monde, n'a jamais eu une idee nette du mal moral et a ton-
jours incline k en chercher la cause dans un principe sub-
stantiellement mauvais. Tite entre dans beaucoup de de-
tails surlesdoctrines m^me secondaires des manicheens(l).
Je me bornerai a resumer ce qu*il dit des points fondamen-
taux ou de la m^tapbysique du systeme.
Manes, voulanl d^montrer que Dieu n'est point I'auteur
du mal, place k cdt^ de lui un principe mauvais, incree et
vivant comme lui, toujours en lutte et en guerre avec lui;
principe que Dieu est impuissant a detruire, puisque, etant
iucr^e et ^ternel, sa substance est absolument indepen-
dante. C'est ainsi que, pour fuir la fum^e, comme dit le
proverbe , Man^s se jette dans le feu (2). II y aurait done
(1) Adversus manichaeoSt lib. I, c. 13-20, ap. Migne, Patrologia
graeca, t. XVIH.
(2) Ibid., lib. I , c. 1 .
( 559 )
a c6te du Dieu parfait et infinimem bon un priDcipe eler*
nei on un Dieu essenliellement roauvais, le mat eo per-
sonne, independaot du Dieti parfait et son rival. Le monde
est TooTrage de ces deux prinoipes oppos^, quoiquc lebon
prineipe seul ait agi en vue de ie produire (i). Le mauYais
principe se confond avee la mati^re. Cellerci s'agilait sans
ordre^ engendrant, croissant ^ se ddveioppant, produisant
de nombreuses puissances, et ignorant Texistence du Bien
absolu. Lorsqu'elie le ccmnut^ die tenta de s'^lever.vers
lui et d'usurper son domaine. Le Bien envoya une certaine
puissance destin^e k moderer la mati^re en Tattirant k elle.
Cette rencontre s'accomplit. La matiere s'unit k la puis-
sance en voy^e par le Bien , elle Tabsorba , et de ce melange
naquit le monde. Le monde est le melange des contraires.
De l^ des choses bonnes et des cboses mauyaises, suivant
qu'elles participent de la puissance divine ou de ta ma-
tiere (2). Ukme vient du bon principe, le corps et la chair
du mauvais (5). L'action de Dieu n'a pas pu delruirelemal
inherent aux choses materielles; ellesdemeurent fatalement
mauvaises, et notre corps est conime une bele fauve que
r^me ne r^ussit pas pleinement k charmer (4). Le mat est
dans la nature mSme des choses; il y a des substances es-
sentiellement mauvaises. Rien ne pent les rendre bonnes.
Ces doctrines accusent manifeslement une notion trte-
fausse de la nature de Dieu et de I'origine des choses.
R^pondant a cette imagination manich^enne, que la
matiere vit Dieu et se porta vers lui, Tite observe que,
(1) /Wd.,c.l2.
(2) Ibid.
(3) Ibid., c. 13.
(4) Ibid., c. 53 el passim.
C 340 )
loin de voir Dieu, la mati^re ne peut pas mdme eu coDDal-
tre Texistence. II distingue alors tr^s-justement entre con*
naltre qu*une chose est et voir Tessence de cette chose.
Nous Savons que Dieu est^ nous le connaissons dans une
certaine mesure ; mais nous ne pouvons pas le voir dans
son essence. La raison, en nous enseignant que Dieu existe,
nous dit en m^me (emps qu'il ne peut y avoir qu'an seul
principe eternel et infini. Les notions naturclles [al xari
fuffiy ivvoixt) ne permettent point d'admettre deux prtncipes
conlraires des choses. Aucun d'eux ne serait infini. Tun
£tant limits par Tautre; tons deux seraient born^s. Or,
c'est une impi^t6 de limiter Dieu et de ne pas confesser
qu*il est inflni (1). C'est tout k fait en dehors des notions
communes (rm koivw hvotav exrd^) , qui nous dictent que
Dieu est parlout et que sa nature est infinie (2). Non , la
raison naturelle ne reconnait point deux principes contrai-
res quant k la substance. Ces principes auraient n^cessai-
rement bien des choses communes. D'abord ils auraient de
commun le nom de substance, et seraient ainsi, en tant
que substance, non pas contraires, mais semblables. En-
suite tons deux seraient vivants et en outre incr^es. Mais
sMl en est ainsi , s'ils ont absolument les m^mes caract^res,
les m^mes propri^tes, loin d'etre contraires, ils ne seront
pas mSme dissemblables, et la pens^ n*apercevra pas
de diff(Srence en ire eux (5).
En parlant du bon et du mauvais principe, continue
^
(1) ... dp*oiiy (TUfinenspaT/xevcv sxoirepov darfpaj r^v oCktWv sdroi, xi
O'J^srpcv drepiopKTTOv' nepiopiieiv 6^ Karouffloiu tsv Ot'oy, xat p^ aTrfpayrcvt
ei^evoLt re koli ojxoXoye7v, ttw; oO Iiolv 0LtTeth\ ibid.yC. 5.
{i) Ibid.
(3) Jbid.j c. 8.
{Ui )
notre pbilosophe, les manich^ens mettent les qualit^s
avant la substance, ce qui est absurde. Quoiqu'il ne con-
vienne point d'employer le terme de qualite quand 11 s'agit
de Dieu, n^anmoins Velre a une priority de raison sur la
maniere d'etre; et Vetre ici est marqu6 par ces mots : une
substance vivante et increee (1). Diront-ils que des qualit^s
contraires sont survenues k ces deux prlncipes? Rien de
plus absurde qu'une pareille assertion ; car il ne survient
rien k ce qui est incr^^ : ce qui n*a pas re^u T^tre ne re-
(oit pas la maniere d*£tre, il n'y a pas d'accident dans T^tre
par soi et absolu (2). Dans les £tres .cr^^s et relatifs, on
rencontre des qualit6s contraires^ bien que les substances
comme telles ne soient pas oppos^es les unes aux autres.
Ainsi le blanc et le noir dans le corps, la vertu et le vice
dans r^me. Parmi les qualit^s des substances finies, les
unes sont inseparables des etres od elles se trouvent, d*au-
tres leur sont purement accidentelles et peuvent en 6tre
s^par^es. Mais en Dieu toute quality est exclue ; ce qu*on
affirme de lui c'est lui-mdme^ car il est simple et exempt
de toute composition (5). 11 est essentiellement parfait et
infini.
II n'y a done pas deux principes ^ternels contraires, il
n*y a qu'uu seul Stre par soi , principe de Texistence de
tous les etres (4). Les naanicheens veulent qu'on appelle
ivyoi^ Tp6noi( T/va rd e]yat rov roioy^e flvai npoTepeuet, To 6i elvou
ffif/Aau/fra/ x^^ ouaia yhd re xai ayivvyiroq. Ibid,, c. 9.
(2) ... ayewiJTa yip ov^ev eniffu/i^iyet * Z yap rd eivaufjaii iiriffuysmf^
rouTCd ov^k rd rouiffSi: eHvat. Ibid.
(3) ... It2 6i rov Beou nstaa fihv iroiortu sK^itXijraty eneiiif ye ov^h
uv KaXetrai, trepw irctpaOrov anXovi yip kol 0L<juvBer6^ hrtu. Ibid.
(4) ... ev T^^ai fiSyov a>j;Ow; ev, roJi nMi rov Hvau oipxQv, Ibid., c. 10.
( 542 )
la mati^r^de tous les nomg contraires a ceux qu'on donne
k Df6u. Si Dieu est iumiftre, la mati^re, principe contraire,
sera t^n^bres; s'il est le bien, elle sera le mal. Que si noas
noHimons Dieu la v6rit^ par soi {a:^roa>i/9my), il faudra
manifestetnent appeter son contraire le mensonge (-psv^o:).
Mais comment ce qoi est v^ritablement (ra 6L)ifBo^ ov), ainsi
qu'ils raffirment, peut-il Hre mensonge? L'elre, r^tre
veritable, est necessatrement vrai comme tel, it ne saurait
dtre mensonge. De mSme, si le bien en soi est nomaie in«-
corruptibility (iT^a^poix), le mal devra ^tre appet^ CLorrup-
tion (f^dpa). Corruption de quoi? Du bien? Impossible.
Corruption de la corruption mdme? Alors quelle reali7«
peut<-elie avoir? Mais cela n'a pas de sens. La corruption
suppose une chose autre qo*elle-mdme, une chose qui se
corrompt. La corruption pure^ se corrompamt elle-mdme,
si Ton peut ainsi parler, c'est Tabsence de toute r^atit^ d^s
Torigine. Tout cela r^pugne k la raison. Ce qui est incr66
et ^ternel est inaccessible k la corruption et k la mort :
rincr66 est au-dessus de Tordre p6rissable (4).
Voiii certes, Messieurs, vme page de solide «t forte m^
taphysiqne. Le principe du mal on le mal absolu, oppose
par le manich^isme an principe du bien, au bien absolu,
loitt d'etre une r^alit^ ^ternelle, vivante, active, souverai-
nement puissante, ne se peut (^oncevoir que comme la
supreme privation de toute r^lit^. fje mal, ainsi que le
r6p6te fr^quemment T^v^que de Bostra, n'est que la pri-
vation du bien , comme Terreur est la privation de la verity,
la mort la privation de la vie, les t^nftbres la pcivation de
irava yap rou f^dprGu rd ayhnfTov, Ibid., c. H.
( 345 )
la lumidre (1). II n'y a pas plus de mal ^ternel et subsistant
en soi qu'il n'y a d'erreur ou de mort ^ternelle eUubsUn-
tielle.
Ce que la lumi^re est au corps, poursuit notre phtloso-
phe, la v^rite Test k Vkme, et ce que les t^n^bres soni aux
yeux, rignorance et le mensange le sent k Tesprit. Ni les
t^nebres ni Terreur ne sont substantieljes ou ne possMeot
de r^lit^ propre; la lumidre et la v^rite sont seules r^el-
les (2). Cest Dieu qui est la v^rit6 par soi* Et c'est parce
qu'il est la v^rit6 qu'il est lumjere, non pas lumidre sensi-
ble, mais lumi^re intelligible; car la Iqinidre intelligible
u'est autre cbose que la lumi^re de la v6rit6 (5).
Le manicheisme ne reconnatt point la creation propre-^
ment dite,et le monde est pour lui un melange d'^l^ments
^man^s de la nature du principe du mal et de la nature de
Dieu. L'&me des choses, nous Tavons vu, est une puissance
divine absorbee par la matiere, et i'4me de Thomme en
particulier est une Emanation du bon principe (4). II suit
de la, remarque fort justement Tite, que si les &mescou-
pables souffrent et sont punies, Dieu punit en elles sa pro-
pre nature; ce qui est le comble de Tabsurde. D'nn autre
cdte, si elles ne sont pas punies, quoique coupabtes, que
devient la notion du mal , qui se rassasre de jouissances en
cette vie et est k Tabri de tout ch&timent dans rautre(S)?
Enfin, ou Dieu a uni volontairement T^me au corps, et
' (1) C/: lib. n,c 17, 18 et 19.
(2) Lib. II, c. 19.
(5) ... ei y^p ^ 6 9^; , ^ voffrdv, ou yap ^if opxrw^ fQ^ 6fjXov^ otq
aAjfOcia * ^ yap voepdy ov^v aXXo^ nX^ aAi^Ofioe;. ibid,
(4) Lib. I, c. 29.
(5) /6id.,c.31.
( 344 )
alors il est la cause des p^ch^s des homines, puisque cetle
unioQ est la source fa tale de tout peche; ou il a et^ forc6
d'6tablir cette union, et ainsi il a ^te vaincu par le mat (1).
Le dogme d'un Dieu unique, cr^ateur de tout ce qui
existe, peut seul expliquer rationnellement, avec I'origine
des choses , Torigine du mal et le Yrai caract^re de Tordre
moral tout entier. Dieu seul est par soi , tout le reste est
son ouvrage, et toutes les oeuvres de la creation sont
bonnes et dignes de sa sagesse (2). D'oii vient done ie
mal? Tres-certainement il ne vient pas du Cr^ateur, et il
ne le faut chercher dans aucune des r^alit^s telles qu'elles
sont sorties de ses mains. Les manich^ens, pour soutenir
leur insoutenable syst^me , se plaisaient ^ produire cer-
tains d^fauts apparents de la nature, ils nommaienl
des 6tres malfaisants et dangereux. L'eveque de Bostra
leur r^pond en developpant cette these, si profondement
vraie, et que les progr^s de la eosmologie ont si bien jus-
tifl^e depuis, que tous les Stres sont bons, mais diverse-
ment bons, faits pour des usages divers; que nul des etres
qui composent Tunivers n'a ^t^ cr^e sans raison , que les
plus petites choses comme les plus grandes , soit au ciel ,
soit sur la terre, ont leur raison d'etre; qu'un lien etroit
rattache toutes les parties du monde comme les membres
d'un mSme corps, et que vouloir en retrancher quetque
chose comme superflu et inutile serait mutiler Foeuvre
enti^re de la creation (5). — Je ne suivrai pas Tauteur dans
les developpements, d^ailleurs n^cessairement tres-incom-
(1) /6id.,c.24.
(2) ... Ilia ^i oipx^j *rwv cXwv, xai f/^ Qed^ 6 rot TroLvra ^jffjuoupyjjffoc^f
xjiAa re xai r$; avrov aofixg a^toL, Lib. II, c. 1.
(3) Ibid.
( 34S )
plets, qu'tl donne k cette grande thtee en r^futant les
objections de detail du maQich^isme; quMI saffise de I'avoir
signal^.
II faut voir desormais comment, apr^s avoir ^cart^ les
principes de la theorie manich^enne sur Torigine et la
nature du mal , il resout lui-m^me ce probl^me si plein
d'un douloureux intdret.
IL
De la vraie source du mal moral et de la sagesse du gou"
vernement de la Providence,
Le mal moral n'apparatt sur la terre que dans Thomme
et par Thomme : il a sa source dans la liberty humaine (1).
Le mal, c'est tout ce qui se fait contre la raisbn ; user des
choses contrairement k la raison , c'est p6cher : la raison
nous a 6te donn^e pour juger les choses naturelles el en
r^gler Temploi (2). II n'y a que les etres dou^s de raison
qui puissent pecher. Le mal moral est une deviation libre
de Tordre trac6 par la raison, cet ordre 6tant Texpression
de la sagesse et de la volont6 de Dieu. La raison et la
liberty se supposent, et tout ^tre raisonnable est par la
radme un 6tre libre. Tile revient, a diverses reprises, sur
ce point capital, que le p6ch^ n'est point de Tordre mate-
riel ou physique, comme le pr^tendaient les manicheens,
maisde Tordre moral et libre; qu'il reside dans des actes.
(1) Adversus manich., lib. II, c. 1 et2.
(2) ... c3;flya/ d^apr/ocy jrxu xb napa, Xvyov npoLTTOfiLSVou,,^ rav koltol
fuatv if ofkoytaTOi xpij(Tt; iroiet Tjyv ait-oLpTtouf ' XSyoq Se «v Ijiiiv SoKifioLo--
T/jc3; Twj/ KOLTOL fuctv, /6id., c. 2.
2*"* Sl^RIE, TOME XXX. 23
( 346)
non dans des substances. La mati^re, dit-il , ^tant priv^
de raison, est par elle-m^me incapable de mal moral. En
nous, ce n'est point la concupiscence qui fait par soi le
p6ch6 , c'est le choix et la libre determination de la vo-
lont6, qui ^claire la raison ; s*il y a absence de raison, il y a
absence de faute. Ce n'est point Taction malerielle en soi
qui constitue le mal; autrement le juge qui inflige la mort
au coupable commettrait un homicide comme Tassassin (1).
Dieu a cr^^ Thomme intelligent et libre, connaissant le
bien et le mal et pouvant choisir Tun ou Tautre. Et pour-
quoi Dieu a-t-il donn^ & Thomme ce p^rilleux pouvoir
d*oti devaient sortir tant de maux? La r^ponse est facile,
suivant T^v^que de Bostra. Si I'homme eflt ^t^ cr64 im-
peccable, il ne serait pas devenu bon, dans Tacception
morale de ce mot ; la verlu pour Thomme suppose cetle
possibility du mal (2). Qu'on n'objecte point que cette
possibility du mal est un d^fauten soi, qu'elle accuse une
imperfection manifesteet que, par consequent, elle nede-
vrait pas se rencontrer dans un ouvrage ordonn^ par la
sagesse infinie. Dieu a cr^^ Thomme parfait , mais homme,
c'est-a-dire 6tre fini et born^, k la fois spiritne) et cor-
porel, m&\& aux choses sensibles au milieu desquelles il
est appel6 k vivre en exer^ant sur elles une vraie royaut6.
Simple creature, creature libre associ^e a la mati^re,
rhomme est naturellement, k ce double titre, sujet k d^
vier, comme il est capable de marcher dans la droiie ligne
de la raison. II ne faut pas ici comparer Thomme k Dieu.
Dieu est souverainement bon et juste par nature, parce
(1) Lib. I, c. 11, 25 . 27 et 28.
(2) El yap nsitobfycey ^jx5? o Bed; A^uvxrovi nxvttf npdi auapriav, o-jx
civ ysyovoL/xsv a.yoLBotK,r» X, Ibid , c. 2.
( 547 )
qu'il esl I'filre ^ternel el absolu; il est impeccable, il ne
pent pas faire le mal , non par impuissance et faiblesse,
mais parce gu'il est parfail et que la volonte est imtnuable
dans le bien , identique k sa nature (1). II n'en saurait 6tre
ainsi de rhomme. II n'est pas identique au bien; c'esl una
creature qui a une destinee morale k accoraplir et qui pent
I'atteindre ou la manquer suivanl qu'elle s'unira au bien
ou s'en d^tournera. La vcrtu , chez Thomme soumis de la
sorte a Tepreuve que reclame la nature, doit etre le r6-
snltat de Teffort el du travail propre (2). Nous choisissons
enlre la verite et Terreur corame nous choisissons entre
le bien et le mal ; et Dieu a du nous permeltre I'erreur
afin de rendre m6ritoire le choix de la verite (3).
Cette liberty de choisir entre le vrai et le faux , enlre la
verlu et le vice, est tout ensemble an bienfait et un hon-
neur pour I'homme ; car c'est par elle qu'il s'^leve et de-
vient digne d'^loge (4).
Ce sonl 1^, Messieurs, des principes profondement vrais
et qui, par la mani^re surloul dont ils sont pr^sent6s, d6-
celent un penseur. Cependant I'^veque de Bostra, dans
ies developpements ou il entre pour les mellre davantage
en lumiere, ne demeure pas toujours 6gal k lui-mSme; il
lui arrive d'employer des raisonnements qui ont peu de
valeur, et il tombe dans des longueurs et des redites qui
nuisent k la marche de son argumentation : le traits contre
les Manicheens est plein de choses sol Ides , mais on se trom-
perait en y cherchant un modele de composition litteraire.
(i) Lib. I,c. 2etS.
(-2) Ibid., c. 3.
(3) Ibid., c. 19.
(4) Ibid., c. 4.
i
( 348 )
Notre philosophe ne se borne pas k expliquer et a jusli-
fier Texistence du mal moral dans un naonde qui est tout
entier I'ouvrage d'un Dieu inflninaent bon et juste; il en-
treprend de prouver la sagesse de la Providence dans le
gouvernement de Thumanit^, et d'expliquer cette distri-
bution des biens et des maux physiques qui choquait tani
les manich^ens. II a soin , en discutant cette these, de rap-
peler deux principes incontestables que la philosophic , au-
Jourd'hui encore, est trop souvent tent^e d'oublier , savoir
que Dieu est la sagesse infinie, et que I'esprit de rhomme,
6tant fini et borne, 'ne pent pas tout comprendre. Nous
comprenons quelque chose, et ce que nous comprenons,
observe-t-il, de Teconomie providentielle suffit pour nous
autoriser k en affirmeria sagesse, la m^me oil nous ne la
comprenons pas. Dieu veut que nous ayonsfoi en lui; nous
Savons avec certitude qu'il est inQniment sage et que Tuui-
vers est son oeuvre : pourquoi douterions-nous de la sagesse
de sa conduite alors meme que nous ne pouvons nous en
rendre compte d'une fa^on positive et claire? Ne serait-ce
pas une intolerable pretention, k des intelligences bornees,
de vouloir p^n^trer toutes les voies d'une intelligence sans
bornes? Non, Thomme ne doit pas tout comprendre dans
I'oeuvre de la providence de Dieu; ce serait contraire k la
nature des choses (1). II y voit un pen, et ce peu lui garan-
tit sufBsamment la sagesse de tout ce qu'il ne voit pas (2).
On prenait texte, pour accuser le gouvernement de la
Providence, des in^galites qui r^gnent parmi les hommes,
du cortege de miseres qui suit partout la race humaine,
(1) Lib. II, c. 23, 28,
(2) Ta (Ji^ oXiyoL xaTaXa|x6avo/xfva TtffTig yu/srut Twy ^i^ xaraXaix-
CawpieVwy, Ibid.y c. 25.
( 349 )
du triomphe trop frequent du vice sur la vertu. Theme re-
pris et d^velopp^ avec un certain ^clat dans les temps mo-
dernes par Bayle, k qui Leibniz, ainsi que je le rappelais
au d^but de ce travail, r^pondit avec la hauteur et lalar-
geur du g^nie par ses immortels Essais de theodicee. J'ana-
lyserai rapidement les r^ponses de I'eveque de Bostra k ces
recriminations aveugles d'esprits ^gares ou corrompus.
II ne faut pas oublier que Tite suppose constamment
que rhomme, dans la condition pr^sente, n'est plus tel
que Dieu Ta fait a I'origine, qu'il est d^chu par la faute de
ses premiers parents, et que cette d^ch^ance entraine n6-
cessairement apres elle bien des maux physiques. Dieu a
sans doute prevu la chute en creant Thomme et en lui ac-
cordant la liberie; mais Thomme, nous I'avons vu, ne se
con^oit pas sans la liberty, et ceite liberie, naturellement
faillible , devait se gouverner elle-meme et choisir entre le
bien et le mal. La provision de Tabus d'une chose si excel-
lente et d'ailleurs inherenle h la nature raisonnable pou-
vait-elle d^tourner la sagesse infinie de la cr^er? fividem-
ment non. Ces principes pos^s , voyons les faits de la vie
humaine en eux-memes.
On se plaint des inegalit^s de la vie. Notre philosophe
repond que ces in^galit^s sont le fait de Thomme et non de
Dieu. Dieu nous donne k tous la m^me nature avec les
m^mes facult^s, la meme ^me, le m^me corps; tousnais-
sent, grandissent, se d^veloppent de rodme et out la meme
fin. Dieu a ^tabli de la variety parmi les hommes, mais
nulle inegalit^ r^elle et proprement dite (i). Les in^galites
(i) ... rou d'j e'iif rd-dvitTov ryj; rov &eov 6totKij(T£COi ^ 7ro/x/).tay, oifit
aviGor^xoL Toi^ KOLB'ijfAXi avTiBivTOi] lib. II, c. 11 ; ibid., c. 7.
( 350 )
proviennent de la liberie humaine, dont les actes ont des
consequences qui se prolongenl h travers les generations.
D'ailleurs pourquoi faire tant de bruit de cette inegalite, la
plus remarquee de toutes, de la richesse et de la pauvret6?
Est-ce que la richesse rend n^cessairement Thomme heu-
reux, meme en ce monde? Non, ni la richesse ne rend heu-
reux ni la pauvret^ malheureux (1). Le bonheur est int^-
rieur, il a son si6ge dans Tame, il est le privilege de
r^me qui fait ce pourquoi Dieu Fa creee, c'est-a^lire qui
pratique la vertu. Pauvrete et richesse, ce sont la des cho-
ses du dehors qui n'atteignent pas rhomme lui-meme : le
riche et le pauvre ne different que par I'exterieur (2). Au
reste, la richesse et la pauvrete ont leur raison providen-
tielle, elles doivent, dans les desseins de la sagesse de
Dieu, s'harmoniser et se servir muluellement dans I'inie-
ret moral de riiomme (3). Cest k cet interet moral qu'il
faut toujours en revenir, puisqu'il est vraiment le centre
de tout pour une creature intelligente et libre; c'est de ce
point de vue qu'il faut juger les choses humaines et appre-
cier le gouvernement de la Providence. L'essentiel pour
rhomme en cette vie est d'acqu^rir de la vertu, le reste
est accessoire (4). Or, les soufTrances, les calamiteset les
fl6aux peuvent etre tres-utiles pour la pratique de la vertu.
Trop souvent la prosperite enivreet aveugle, elle asservit
rhomme aux biens apparents de ce monde et le pr^cipite
dans le desordre; c'est alors qu'une calamite qui s'abat tout
(1) ... e>(>>; 6e ovre rd tXdvtsIv iioucdptov, auVf to revEaOou IXesivov.
Ibid.y c. 8.
(2) *AX>>)jXoiy S^ ^lOLfipooiTi /LcSyov rj Twv e^aOsv jrfp/6o>y. Ibid., c. 8.
(3) Ibid., c. 7.
(4) Ibid., c 7.
( 351 )
a coup sur lui le rappelle au devoir et au sentiment de sa
vraie destin^e : nous avons besoin de temps a autre de ces
secousses qui reveillent uotre ^me et Tarrachent aux seduc-
tions ^nervantes de la mollesse (1). L'auteur developpe
avec quelque detail cette th^se f^conde de Futility morale
des maux physiques. II montre comment les biens et les
maux sont distribu^s de mani^re k empecher, autant que
possible, rhomrae d'oublier Dieu et de s'oublier lui-mSme.
Dieu veut, dit-il, que nous senlions notre incessanle de-
pendance a son egard, que nous implorions son assistance
quand nous souffrons, que nous lui rendions graces lors-
que Ja temp^te apais^e, le calme et la serenite renaissent,
confessant qu'il est le maitre supreme et que tout est enlre
ses mains. Ces vicissitudes des biens et des maux servent
merveilleusement k nous tenir ^veill^s et k reporter notre
ame vers Dieu (2).
Que si, comme on le voit assez frequemment, le juste
est persecute, tandis que le mediant triomphe, quel grief
y a-t-il 1^ contre la sagesse du gouvernement de la Pro-
vidence? Cest un d^sordre sans doute, mais qui est le
resifltat de la liberty humaine, le don le plus beau et le
plus glorieux de la sagesse et de la bont^ de Dieu. D'ail-
leurs, Dieu fait sortir Tordre de ce d^sordre, qui est I'ou-
vrage de Tliomme. Par 1^ en effet le juste est eprouv6; s'il
r^pond k la gr&ce, sa vertu grandit, s'^pure, se perfec-
tionne ; et , en echange de ces persecutions d'un jour, il se
prepare une ample moisson de gloire immortelle (3).
(1) ... SiovroLi yoLp avBp^roi xcei rotovTOiv rivm 0LV3Lfjivi!i(7SW Kara. kcu~
poy;, 7rp3€ rh ^leyeipeadciu rdv voDv, jcoil t^« nXebvOi; pcKTTcavifq a7ra>>aT-
TScBat, Ibid.f c. 14.
(2) ma., c. 15.
(3) /6td., c.9etl0.
( 382 )
L'^fflinent moralisie observe encore que dans une na-
tion I'injustice et la tyrannie des chefs sont un juste cMti-
ment des faules des sujets (1). II ajoute que Dieu permet
les guerres, qui provienoent de la faute des bommes (2),
comme il permet d'autres maux d^cbain^s sur le OMHide
par la mecbancet^ bumaine : permission necessaire, dit-il,
pour metlre fin au p6cb^ tout en le cb&tiant (3). Que le
juste tombe k la guerre, continue-t-il , c'est un bienfait
pour lui, car il re^oit le fruit de ses travaux, la mort le
met en possession du bonbeur du ciel.
Voila, Messieurs, le r^sum6 des consid^ations que
Tev^que de Bostra d^veloppe en r^ponse aux objections
du manicb^isme conlre la sagesse du gouvernemenl de la
Providence. La liberty bumaine et le caract^re de la vie
pr^sente, vie d'^preuve et de preparation, suffisent k ex-
pliquer les d^sordres od les disciples de Manes s'imagi-
naient follemenl d^couvrir Taction d'un principe mauvais
par essence.
Apr^s avoir discut^ les doctrines manicb^ennes sur le
terrain de la pbilosopbie, Tite les combat dans leur appli-
cation k nos saintes £crilures. C'est I'objet des deux der-
niers livres de son ouvrage. Je ne le suivrai point sur ee
domaine purement tb^ologique; qu'il me suffise d'indiquer
le point de vue g^n^ral de cette nouvelle pol^mique.
Manes rejetait TAncien Testament comme Toeuvre du
mauvais principe; il n'acceptait quele Nouveau Testament,
(1) Lib. II, c. 10.
(2) ... cnep ivBpunuUf a>>oy%t $eov nltffifiiXijfia.. Ibid.,c. 11.
(3) ... iS(7T£ 7io>f/uo? oux t^yov Beov^ olXIol (Tvyx'^P^^^^ dvoLyxaJa. ei;
fjt.kv uTOiplocv Tiiiapioiq Kara r.^q a/xapr/lxs^, koltol 6k t6 aXijOkq , f/; TtXoi
avriji. Ibid., c. 12.
( 353 ) .
qu'il regardait, dans la plupart de ses parties du moins,
comme Toeuvre du bon principe, eo opposition avec les
enseignements donnes au peuple juif ; quelques parties du
Nouveau Testament lui paraissaient aussi marquees du
cachet du mal, et il les condamnait bautement : ce sec-
taire, plus paien que chretien , ne recevait des livres sacres
du christianisme que ce qu'il croyait pouvoir interpreter,
sans tenir d'ailleurs grand compte des lois de Texegese,
conformement k son absurde th^orie. L'^veque de Bostra
n'a pas de peine k montrer la saintete des £critures que
Taucien peuple de Dieu a 16gu^es aux Chretiens et a faire
ressortir T^clatante harmonie des deux Testaments.
L'etude de ce remarquable trait6 contre les manicb^ens
iu'a plus d'une fois j*emis en memoire les Essais de theo"
dicee de Leibniz. Ces deux Merits ont le meme objet ge-
neral, la justification de la Providence, et presenlent
assez sou vent des considerations semblables. L'oeuvre de
Leibniz est assurement tres-superieure k celle de Tapolo-
giste du IV"*" siecle; il est pourtant regrettable que Tim-
mortel auteur de la Theodicee n'ait pas insist^ davantage,
dans la question du mal moral et de ses suites , sur le r6le
necessaire de la liberte humaine dans les conditions ou
elle doit s'exercer en cette vie. L'evdque de Bostra a
mieux compris que le pbilosophe allemand ce role capital
de la liberte. II ne sera pas bors de propos de consigner
ici, en terminant, deux observations d'un caractere ge-
neral oil le grand philosopbe du XYII™® siecle ne fait que
reproduire en d'autres termes les principes si bien exposes
par r^crivain dont nous venons d'analyser le travail. Je
veux parler de la possibility du mal moral et des preten-
dus defauts que des esprits k vue naturellement tres-
courte s'imaginent d^couvrir dans Toeuvre de Dieu. « On
( 354 )
peut, dit Leibniz, prendre le mal nn^laphysiquement,
physiquement et moralemenl. Le mal metaphysique con-
siste dans la simple imperfecUon , le mal physique dans la
souffrance, et lemal moral dansle peche(l}. ]> Le mal me-
taphysique ne peut pas ne pas exister dans le monde,
puisque toute creature est de soi imparfaite et limit^e. Le
mal physique et le mal moral ne sont pasnecessaires, mais
leur possibility resulte du mal metaphysique (2). « II y a
une imperfection originale dans la creature avant le p^che,
parce que la creature est limit^e essentiellement; d'oii
vient qu'elle ne saurait tout savoir et qu'elle se peut trom-
per el faire d'autres fautes (3). » L'intelligence el la vo-
lonte de la creature, etanl imparfaites, peuvent faillir et
s'^carter de leur voie ; de 1^ I'erreur 61 le p6ch^.
Quant aux vices qui semblent d^parer le monde et que
relevaient si flerement les manich^ens, n'y a-t-il pas, re-
marque Leibniz, une souveraine impertinence a condam-
ner de la sorte une oeuvre dont on ne connait qu'une
imperceptible partie? Le peu que nous en connaissons
exaclement nous r^vele un artifice merveilleux ; ne se-
rait-il pas rationnel d*en induire que les parties que nous
connaissons mal , et od nous croyons apercevoir des im-
perfections et des d^fauts, doivent d^celer la meme sagesse
a celui qui les voit nettement telles qu'elles sont? € Si quel-
ques-uns, ajoule ce grand homme, alleguent Texperience
pour prouver que Dieu aurait pu mieux faire, ils s'erigenten
censeurs ridicules de ses ouvrages , et on leur dira ce
qu'on r^pond k tous ceux qui critiquent le precede de
(1) TModicee, n.'ii.
(2) Ibid.
(3) Ibid., n. 20.
( 3S5 )
Dieu, et qui de cetle mfime supposition, c'esl-a-dire des
pr^tendus defauts du monde, en voudraient inferer qu*il
y a un mauvais Dieu, ou du moins un Dieu neutre entre
le bien et le mal;... on leur repondra : Vous ne con-
naissez Iq monde que depuis trois jours, vous n'y voyez
guere plus loin que votre nez, et vous y trouvez k redire.
Attendez k le connaltre davantage, et y considerez surtoul
les parlies qui presentent un tout coraplet..., et vous y
trouverez un artifice et une beauts qui va au del^ de Tima-
gination. Tirons-en des consequences pour la sagesse et
pour la bont6 de Tauteur des choses, encore dans les
choses que nous ne connaissons pas (i). >
(1) Theodic^e, n.l94.
( 386 )
GLASSE DES BEAIIX-ARTS.
Seance du 3 novembre 1870.
M. Ch.-A. Fraikin , directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perpetuel.
Sont presents : MM. L. Alvin, N. De Keyser, F.-J. Felis,
G. Geefs, Ch.-L. Hanssens, A. Van Hasselt, J. Geefs, Ferd.
De Braekeleer, Ed. Fetis, Edm. De Busscher, J. Portaels,
Alpb. Balat, Aug. Payen, le chevalier Leon de Barbure,
J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slin-
geneyer, Alexandre Robert, membres^ Robert -Fleury,
associe.
M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des. sciences,
assiste a la stance.
CORRESPONDANCE.
La classe a perdu, au commencement de cette ann^,
Tun de ses associ^s de la section de peinture, M. Je^n-
Victor Schnetz, d^c^de k Paris au mois d'avril i870.
— M. le secretaire perpetuel annonce qu'il a pris les
f
( 357 )
dispositions n^cessaires pour faire paraitrc, vers la fin dc
Fannie, YAnnuaire de 1871. Ce recueil coraprendra trois
notices, a vac portraits, de membres de la classe : celle de
M. Navez par M. Alvin, de M. Leys par M. Ed. Fetis, el
de M. de Beriot par M. F. F^lis,
M. le baron de Wilte, de la classe des lettres, a bien
voulu consacrer ^ Tun desassocife d^c^d^s, M. Gerhard,
une notice qui parattra ^galement dans ce volume.
La classe des sciences aura une notice sur M. von Mar-
tins, par M. Spring, et la classe des lettres une notice, avec
portrait, surM. Ed. Ducpetiaux, par M. Th.* Juste et une
notice sur M. P. Van Duyse, par M. Snellaerf.
' Elections.
Conform^ment ^ Tarticle 2 du r^glement g^n^ral, les
sections de peinture, de sculpture, d'architecture el de
musique se sont r6unies avant la stance, pour dresser la
lisle double des candidats aux places vacantes.
La classe, apr^s avoir approuv^ les presentations faites
par les diffi^rentes sections, decide la comnaunication de ce
docunoient k lous les membres, avant la prochaine stance.
( 3S8 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Loi de periodicite de Vespece humaine; notice par
M. Ad. Quetelet (I), secretaire perp6luel de i'Aca-
demie.
Vers la fin de I'annee 1814, au moment oil les lycees
cessferent d exister dans nos provinces, mes premiere d6-
lassements me port^rent vers les arts du dessin et vers la
po6sie. C'est alors que me vint ^galement Tid^e de m'oc-
cuper des proportions de Thomme et de reunir tous les
travaux qui avaient et6 faits sur ce sujet important. Eo
me fixant a Bruxelles, je ne perdis cependant pas de vue,
au milieu de mes occupations, la theorie de Thomme et
celle de sa conformation physique, comme le prouvent les
(1) A Pepoque de la r^organisatioo de rAcademie royale de Belgique,
en 1846, la classe des beaux-arts eDtreprit uoe grande oeuvre qui avail
pour objet de mettre en evidence le developpement des travaux de uos
ancetres et de rappeler les phases de notre brillante histoire, particu-
lierement pour la musique et pour les arts du dessin , qui ont place la
nation beige en premiere ligne. Ghacun des membres voulut concourir a
payer ce juste tribut de reconnaissance aux artistes des temps passes. Uue
commission, composeede MM. F. Fetis,A.Van Hasselt, Alvin, Bock,Scbayes
et Quetelet, fut nommee pour diriger cette entreprise nationale, et les
membres prirent Tengagement de s'occuper d^s lors de ces vastes tra>
vaux. L'un d'eux presente aujourd'hui son tribut dans cet hommage pa-
triotique. M. Quetelet depose les premieres feuilles imprimees de son
AnlhropomMrie ou de son ouvrage sur les Proportions du corps hu-
main.
( 359 )
premiers volumes des m^moires de TAcad^mie royale de
Bruxelles. Mais je ne pus 6tudier ee sujet que dans mes
loisirs; et, plus tard, aid6 de plusieurs de mes collogues de
TAcademie, je parvins k r6unir ces documents sur la plus
grande echelle. Je citerai particulierement MM. Madou,
Navez, Calamatta, Robert; el, d'une autre part, nos plus
habiles anatomistes, MM. Gluge, Schwann, Spring,
Guielte, etc.; je recueillis en m6me temps les mesures
et les dessins des modules qui m'^taient n6cessaires. Mes
relations avec les artistes et les savants Strangers me
permirent egalement de recourir aux connaissances de
MM. Godefroy Scbadow, le docteur Cams, Horace Vernet,
Villerm^, Jomard, le docteur Granville, etc.
Les savants qui se sont occupes des ouvrages nombreux
sur les proportions de Thomme, se rappelleront peul-elre
que Ics meilleurs documents ne donnent que les dimen-
sions de quelques figures les mieux dessin^es d'apres leur
jugement. Ainsi, le traite de Claude Audran^ g^n^ralement
employ^ dans les ateliers de peinture et d'architecture, ne
fait connaitre que les statues les plus c^lfebres de Tanti-
quit^. On ne pent certes accueillir de meilleurs choix; mais
c'est r^duire toute la th6orie des proportions de I'homme
aux dessins d'une douzaine de chefs-d'oeuvre, qui sont
effectivement ce qu'on pent imaginer de plus beau et de
plus Elegant dans la stature humaine.
Quelques figures, dans les meilleurs ouvrages memes ,
suilisent pour en d^duire les dimensions g^n^rales; je n'en
excepte pas meme les traites de Schadow et de Leonard
de Vinci.
Ce serait r6duire singulierement la science des propor-
tions de Thommeque de la comprendre dans un cadre aussi
^troit. C'est cependant devant d'aussi vastes lacunes dans
( 360 )
la connaissance de la structure humaine,que la science s^est
arr^tee jusqu'^ present. Je ne parlerai pas eusuite de la
structure et des proportions des enfants : Raphael, le pre-
mier, sentit le besoin de rem^dier aux d^fauts ^normes de
conformation que Ton remarquait encore dans les oeiivres
des peintres qui ont devanc^ son £cole. Ces hearts toute-
fois ne se montrent pas che^ les artistes anciens.
II ^tait done utile de connaitre ce qui avail £te entrepris
jusqu'4 ce jour pour fixer, chez les diflf^rents peuples, la
connaissance du corps humain. Cette int^ressante ^tude
avail ^t^ faite par les plus grands hommes qui onl concouru
a la renaissance des arts : puis, on s'en est lenu au peu de
renseignements qui ont ele recueillis. Aujourd'hui meme,
nous en sommes encore ^ peu pr^s au mSme point. Le pre-
mier livre de mon ouvrage rappelle, autant que possible,
tout ce qui a ^t^ fait chez les diif^rents peuples et aux
diverses^poques pour connaitre les proportions humaines.
Je me suis donn6 beaucoup de peine pour m'en procurer
Fensemble et en presenter les r^sultals.
Dans le livre suivant, a la connaissance de Vindividu, je
l^chede substituer la connaissance deVespece, et c'est ce
travail immense qui m'a cMt^ tant de soins, malgre robli-
geance et les lumieres des amis 6clair6s qui ont bien voula
m'aider. J'ose croire aujourd'hui que ces longs et penibles
travaux m*ont conduit k la d^couverte de quelques lois
d'une grande f6condit6, a c6t^ desquelles on aurait lou-
jours pass^ infructueusement en suivant la marche adoptee
jusque-li. Je me bornerai, cette fois, k indiquer une seule
de ces lois, comme ^tant Tune des plus simples : je parle
de la taille de Thomme, pour un ^ge donn£.
Je suppose, par exemple, que, dans un pays quelconque,
on ait mesure tons les hommes de vingt ans et qu'on les
( 361 )
ait classes d*apr6s Tordre de grandeur : toutes ces tallies ,
depuis la plus grande jusqu'^ la plus petite, devraieot se
succ^der, semblerait-il , d'une maniere d6sordonnee; elles
suivent, au contraire, en r^alit^, Tordre le plus r^gulier.
La premiere fois que j'eus Toccasion de faire cette re-
marque> ee fut au sujet d'un ensemble de consents qu*on
avait mesur^s, en abandonnant ceux qui tombaient en deqk
ou au deli des tallies demand^es par la loi. La curiosity de
cet ensemble me porta k rechercher si les nombres, non
^employ^s dans le calcul, pourraient se placer en comple-
tant la loi. Ge complement se v6rifia en effet.
J'ai essay^, de§ lors d'examiner si cet ordre remarquable,
que j'avais observe pour la France, sur les tailles militaires
inscrites, se v^riGerait aussi pour la Belgique. Je reconnus
identiquement la mSme loi et je ne fis point difficulte de
rindiquer, tant le principe paraissait ^videmment ^tabli;
mais on h^sitait k y croire. Les hommes les plus s^rieux
cependant ^tudierent la marche des nombres, et les An-
glais, ainsi que les Am^ricains du Nord, ne firent aucune
difficult^ d'avouer la proposition contre laquelle, disaient-
ils, des preventions s'^taient d'abord 61ev6es chez eux.
Les savants am^ricains et les £cossais v^rifi^rent aussi,
comme je Tavais d^ji fait, cette loi sur la poitrine des
hommes de leurs armies et elle se montra avec la plus
grande Evidence. Depuis ce temps, M. le professeur Bodio
a reconnu, de son cdt6, d'apres trois annees d'observation ,
Fexistence de la mdme loi sur les tailles des miliciens de
ritalie (i i'exception des provinces v^nitiennes). Qu'on me
permette de rappeler ici ces diffi^rents nombres : les per-
sonnes habitudes aux sciences d'observation n'auront pas
besoin d'explications , je crois, pour me comprendre.
2"** SfiRIE, TOME XXX. 24
( 562 )
DISTRIBUTION DE 1,000 HOMMES PAR ORDRE DE TAILLES (»)•
VALEUR
m^trlque.
France (*).
Belgiqtie (>>.
EUti Uai8(4).
Elats-OnU {*),
lialie (S).
4,33
d,36
1,39
4,42
4,45
4,49
4,52
4,54
4,57
4,60
4,62.
4,65
4,68
4,70
4,73
4,76
4,79
4,81
4,84
4,87
4,90
4,92
4,94
4,96
2,00
0,5
4,6
4,3
11
2i
44
73
105
132
145
140
118
87
WW
oo
32
16
7
3
1
0,3
»
»
»
»
»
4,000
0,4
0,3
4
3
7
44
28
53
407
436
460. ,
450
436
407
53
28
44
7
3
4
0,3
0,4
4,000
»
»
2
»
»
3
9
24
.42
72
107
437
453
446
121
86
63
28
43
5
2
V
»
4,000
»
■»
»
1
4
11
24
45
.75
409
137
150
142
117
84
52
28
13
6
2
1
4,0 0
5
22
47
80
416
4S0
4a6
450
116
80
47
22
o
1,5
4,000
{*) Les botnmes tiiaicDt meiuHf au mdmeAge (vera 20 ans) en France, en Belgiqne el en Italic.
En Am^rique, les lei/iea avaient eu lieu dans un Age pins avaneii; ajontons auMi que TAme-
rieain des Ciats-Unis est pins grand, en g^n^al, que riiomme du centre de I'Europe.
(S) ThioHedu probabiUli$, par Ad. Quetelet , page 401, vol. ln-8*, 1846.
(S) Phjfiiqut »odale,i»* Edition, Ad. Qaelelet, I*' vol. 1869.
(4) Congrit statialique dt Berlin, S"* vol., page 748, 1865 , et InvtsttgatUmt in the AuUurop^
logical (faiiilicf, ete., by B.-A. Gould, 1 vol. tn-8*, 1869, Hew- York.
(B) PhyHqut loeialtf S"« Mition , tome II, page W, in-S*, 1869.
( 363 )
L'exemple concernant la France avait attir6 toute mon
attention. Quelque incomplet qu'il fut, je cherchai cepen-
dant a rattacher aux nombres conniis ceux que je pouvais
croire en avoir ete detaches. Je regardai ce genre de pro-
bleme comme digpe de la plus grande sollicitude, parce
que, dans les terraes donn6s, je Irouvais une suite et une
sym^trie que je so4ip§onnais devoir exister aussi dans les
chiffres qui me manquaient. Je finis, avee beaucoup de
soins, par retablir la s^rie des nonobres formant lacune :
jetrouvai egalennent, pour la Belgique, la serie des nom-
bres dont je donne la serie moyenne pour plusieurs pro-
vinces. Des savants Strangers voulurent bien s'occuper
alors du meme probleme; ils firent, de leur cdt6, les re-
cherches n^cessaires pour s'eclairer sur la valeur de la loi
que j'indiquais, J'ai eu le bonheur de voir ainsi plusieurs
hommes de talent repondre a ma demande et me fournir,
pour la continuite de mes recherches, les m^mes armes
que quelques-uns croyaient d'abord tournees contre moi ;
c'est de cette mani^re que j'obtins les cbnfirmations de la
loi trouvee, successivement dans dififerents pays.
Vers ces derniers temps, les Am^ricains d'une part et
les ficossais de Taulre, en operant sur plusieurs corps de
leurs troupes, ont trouve que la meme loi s'observe sur la
circonference des poitrines. Je dirai plus : cette loi est
applicable non-seulement 5 la grandeur des merabres du
corps, mais encore au poids des hommes, h leur force et a
tons leurs elements physiques. J'aurai I'occasion de parler ,
dans une autre circonstance, de la beauts et de la coordi-
nation de ces lois, qui lient enire elles toutes les facultes
de Thomme et qui en forment, on peut le dire, un des
elements les plus remarquables de la creation, sous le
rapport des propriet^s auxquelles elles donnent lieu.
( 364 )
Cette loi de ]a periodicity de Tespece bumaiDe nc s'ap-
plique pas seulement k I'homme et en g^n^ral k la nature
vivante, on la retrouve encore de la maniere la plus pro-
nonc^e dans les phenom^nes physiques, dans ceux de la
m^teorologie , par exemple. Je me permettrai de citer un
seul exemple, pour faire juger de sa f^condite et de la
necessity de ne pas envisager les ph^nom^nes relatifs a
rhonune, comme ^tant isol^s et purement accidentels.
II existe des lois remarquables dont quelques-unes sont
de la g^n^ralite la plus grande, et qu'il importe de connah
tre, surtout si I'on chercbe k determiner Tbomme sous le
rapport de Vespece et non de Yindividualite.
Ce que je viens de dire sur Fordre des tailles dans Tes-
pece bumaine , et en general sur tons les dtres vivants,
s*observe ^galement sur la marcbe des temperatures. Void
ce que je faisais connaitre, il y a plus de dix-buit ans (1),
dans notre classe des sciences, k propos de variations de
temperature qui suivent exactement les mdmes lois que
les variations de la taille bumaine. Les pbenomenes ne
sont pas les m^mes, mais les effets sont identiques; c*est-
^-dire que la loi des variations tbermometriques, pendant
les temps plus ou moins bumides et pendant le coursd^une
annee, subit les memes variations que presente Tordredes
tailles de Tbomme pour un m^me ^ge. Pour permettre d*en
juger, j'ai compare, pendant un espace de neuf annees
(1842 a 1850), les temperatures des pluies aux tempe-
(1) Bulletins de VAcad^mie royale de Belgique (classe des sciences),
le 3 juillet 1852, t. XIX, 2" partie, pp. 303 et suivantes. — Sur le clinuU
de la Belgique t 5« parlie. — Sur les pluies ^ t. IX, pp. 86 et suivantes des
Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles, 1852. — Meteorologie
de la Belgiquey par A. Quetelet, 1 vol. in-8S p. 167; an. 1867.
( 365 )
ratures moyennes des memes epoques dans les circonstan-
ces ordinaires; puis j'ai classe les ecarts en plus et en
moins par ordre de grandeur. J'ai trouve ainsi que, sur
1562 observations, 188 m*ont donne des ecarls absolument
mils ou ned^passanl pas un demi-degre centigrade; deux
observations m'ont donne, pour plus grand ecart en plus,
10 degr^s, et une seule m*a donne — 10"* : lous les autres
ecarts ont ele compris entre ces deux valeurs; 682 etaient
positifs et 692 n^gatifs. Je les ai classes en groupant
ensemble ceux qui Etaient d'lm meme nombre de degr^s,
sans differer d'un demi-degre en plus ou en moins; ce qui
m'a fourni 21 groupes qu'on Irouvera, dans le tableau ci-
joint, 5® colonne; et, dans la coionne suivante, se trouvent
les m^mes nombres reduits proportionnellement de mani^re
A donner pour somme 1000. En jugeant de I'avenir par le
passe, j'etais done auloris6 k considerer comme egales les
chances d'avoir des ecarts lhermom6triques positifs ou n6-
gatifs.
Si Ton compare ces nombres i ceux qui sont donnes
dans la 7* colonne du tableau et qui resultent imm6diate-
ment du calcul (les nombres sont ranges d'apres la courbe
binominale) y on trouvera qu'ils en different moins qu'ils
ne different entre eux. Ainsi , Ton a compte 108 observa-
tions pour lesquelles la temperature pendant les pluies s'est
ecart^e de -i- 1** de la temperature habituelle; et 121 pour
lesquelles Fteart de la temperature a ete de — 1°. Ces
ecarts different entre eux plus qu'avec le nombre 119 que
donne la tbeorie. Les deux groupes suivants sont 115 et
105; ce dernier est identiquement le m^me que celui
donne par la theorie; les deux groupes suivants encore sont
75 et 87: la th6orie donne 80, et ainsi de suite.
. I
( 366 )
Les ecarls par rapport k la temperature normale pen-
dant les pluie8 se soot done produits comme se pr^sente-
raienl des boules blanches et noires en meme nombre sor-
tant d'une urne par groupes de 20 el pouvant donner
toutes les combinaison§ possibles , depuis celle qui ren-
ferme 20 boules nx}ires jusqu*^ celle qui renferme 20 bou-
les blancbes. Le groupe le plus probable est celui oil les
boules blanches et les boules noires sont en nombre ^gal;
et, dans notre exemple, ou les hearts positifs sont com-
penses par les ecarls n^gatifs. Ainsi, des anomalies de
temperature pendant les pluies se neutralisent dans les
resultats generaux de Tann^e. La marche des chiffres est
ici exaclement la m^me que dans Texemple donn^.
La ligne binominale marque, par la grandeur de ses or-
donnees, le nombre plus on moins grand d'individus d*un
m^medge, en partant du.point central oil se trouve I'homme
moyen^ et en allant vers les maximum et minimum, soit
vers Tordonn^e superieure (les geants), soit vers Fordoo-
n^e inf^rieure (les nains). D'une aulre part, la ligne bino-
minale marque, par la grandeur de ses ordonnees, Tinfluence
des pluies sur I'etat thermometrique de Tair : en partant
du point central, ou se trouve la temperature moyenne qui
arrive le plus frequemment, on remonte i Tordonn^e su-
perieure (temp, maximum) , ou Ton descend k rordonnee
la plus basse (temp, minimum).
( 567 )
BCART
dela
TBVPliaATVMB
Bomate.
NOMBRE I>'0BSERVATIOMS
de
1813
k
1844.
iO«
0
9
4
8
3
7
•6
6
13
5
27
4
42
3
54
2
66
i
76
0
62
i
70
2
U
3
5i
4
25
5
21
6
43
7
7
8
4
9
0
iO
0
TOTAUX.
1845
k
1847.
595
0
4
4
4
49
28
27
54
49
62
58
54
30
•29
4
6
4
4
0
495
— La classe s'occupe cnsuite de diff^rents objets a
Tordre du jour, concernant le jubil6 s^culaire de TAca-
d^mie et une proposition faite par le comit^ directeur de
la caisse centrale des artistes beiges.
— Avaot de lever la stance, M. le directeur adresse des
[
( 368 )
felicitations k M. Roberl-Fleury, present a la reunion. L'ho-
norable associe remercie pour ce temoignage : il est heu-
reux, ajonle-t-il, de saisir cette occasion pour offrir ses re-
merclments lant pour son election que pour la uaauiere
dont ses compatrioles soiU accueillis dans notre pays.
OUVRAGES PR£SENT£S.
Commission royale d'histoire , a Bruxelles. — Chroniqucs
relatives a riiisloire de Ja Belgique sous la domination des
dues de Bourgogne, publiees par M. le baron Kervyn de Let-
tenhovc , tome I". Bruxelles, 1870; in-4°.
Commission de la biographie nationale. — Biographic
nationaie, tome III, 1'** partie (Bres-Charlemagne). Bruxelles,
1870; gr. in-8^
Universite de Liege. — Reouverture solennelle des cours,
an n(5e 1870-1871. Liege, 1870; in-8*.
Commissions royales d'art et d'archeologie d Bruxelles, —
Bulletin, IX»« annec, n'* 9. Bruxelles, 1870; in-8^
Gluge {Th.), — La liberie d'enseigner et la liberty d'ignorer,
discours. Bruxelles, 1870; in-8°.
Bougard (X.). — Preparation a la langue universelle. Liege,
1870; in-8*.
Francken {Victoy). — Manuel de chimiegen^rale theorique.
Bruxelles-Liege, 1870; 2 vol. in-12.
Devillers (Leopold), — Description analytique de carlu-
( 569 )
laires et de chartriers , accompagn^e du texte de documents
utiles a Phistoire du Hainaut, tome V. Mons, 1870; in-8^
Messager des sciences historiques, annee 1870, 5"* livr.
Gand, 1870; in-8«.
L illustration horticole, 3"* s^rie, 1*' vol., 7'*« livr. Gand,
1870;gr. in-8*.
Annales de I'ilectricite mMicale, XI"* annee, 7'"% 8"' ct
Q"** fascicules. Bruxelles, 1870; 3 cah. in-8'*.
Institut royal grand-ducal de Luxembourg. — PuUica-
lions de la section des sciences naturelles et mathematiques,
tome XI, ann^es 1869 et 1870. Luxembourg, 1870; in-8^
Societe des antiquaires de la Morinie a Saint-Omer, -^
Bulletin historique, XIX"** annde, 73"* et 74"' livr. Saint-
Omer, 1870; in-8*.
Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte,
!'«', 11^' iind III"' Jahrg, n^' 1-14. Berlin, 1867-1870; in-8^
Heidelherger Jahrbucher der Literatur, unter Mitwirkung
der vier FacuUalen; LXIII"*' Jahrg., 8«" Heft. August 1870.
Heidelberg; in-8^
Finska Vetenskaps-Societetens til Helsingfors. — Ofversigt,
XII, 1869-1870; -- Bidrag till Kannedom af Finlands natur
och folk, XV°'»«-XVI°^* Haflete. Helsingfors, 1870; 3 cah.
in-8«.
Societe imperiale d'agriculture de Moscou. — Journal, 1870,
n° 3. Moscou ; in-8'' (en russe).
Accademia pontificia de Nuovi Lincei, Roma. — AUi,
anno XXII, sessiones 1*-7*. Rome, 1869; 3 cab. in-4^
Edinburgh geological Society. — Transactions , vol. 1 ,
part III. Edimbourg, 1870; in-8\
Royal geographical Society of London, — Proceedings,
vol. XIV, n«« 3-4. Londres, 1870; 2 cah. in-8^
Statistical Society of London. — Journal, vol. XXXllI,
parts, September, 1870. Londres ; in-8^
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Asiatie Society of Bengal at Calcutta, — Proceedings,
august, 1870. Calcutta ; in-S^
Blanf'ord (Henry F,). — Report of the meteorological repor-
ter to the governmeot of Bengal. — Meteorological abstract
for the year 1869. Calcutta, 1870; in-4°.
New-York State agricultural Society, at Albany, — Transacr
tions, 1867, vol. XXVII. Albany, 1868; 2 vol. in-8\ — First
and second reports on the statistics, pathology and treatment
of the epizoolic disease known as the rinderpest. Albany, 4867;
in-8°.
Chamber of commerce of the State of New-York. — Eleventh
annual report for the year 1868-69. New -York, 1869;
in-8^
Swinburne (John). — Compound and comminuted gun-shot
fractures of the thigh. Albany, 1864; in-8^
Manual for the use of the legislative of the State' of New-
York, 1870, Albany, 1870; iii-12.
A nnual report of the general agent for the relief of sick and
wounded soldiers of the State of New-York. Albany, 1865;
in-8^
Legislative honors to the memory of president Lincoln.
Albany, 1865; in-8*'.
Lewis ( Tayler). — State rights : a photograph from the
ruins of ancicn Greece. Albany, 1865; in-8".
Annual message of the governor of the Stale of New-York,
1868, 1870, Albany, 1868-1870; 2 vol. in-8».
National Board of Trade held in Richmond.^ Proceedings
of the second annual meeting. December, 1869. Boston, 1870;
in-8\
Johnson [Edwin-F.), — Railroad to the PaciBc Northern
route. Its general character , etc. New-York , 1854; in-8*.
Charter of the city Albany, as amended by the Legislature
of 1870. Albany, 1870; in-8^
( 571 )
Fifth and fourth annual report of the metropolitan fire
department of the city of New-York. New-York, 1869-4870;
2 vol. in-8*.
American geographical and statistical Society at New-
York. — Journal, 1870, vol. II, part II. New- York, 1870;
in-8«.
American Society of civil engineers at New-York. —
Transactions, n^XIV. Regular meeting, march 10 ih., 1870.
New-York; in-8".
Rufes and regulations of the Green-wood cemetery, 1870.
New-York; in-8*».
Cooper Union for the advancement of science and art at
New-York. — Annual report of the trustees, 1864, 1866,
1869. New-York; 3 cah. in-8«.
Insurance department of the State of New-York. — Reports
1867-1869. New-York; 3 vol. in-8».
Annual report of the State geologist of New-Jersey ^ for
1869. Trenton, 1870; in-8«.
Annual report of the ad judant general of the State of New-
York, vol. I. Albany, 1865; in-8«.
Extra American exchange and review. Philadelphic; 'in-8°.
New-York association for improving the condition of the
poor. -— ao'*" and 26'»» annual reports. New-York, 1868-1869;
2 cah. in-8^
Report on the state of the New-York hospital and Bloo-
mingdale asylum for the year 1869. New -York, 1870;
in.8\
University of the State of New-York at Albany. — SS*"*
annual report of the condition of the state cabinet of natural
history. Albany , 1 869 ; in.8^
Hitchcock (C.-H.). — First aryiual report upon the geology
and mineralogy of the State of New-Hampshire. Manchester,
1869; in-12.
(572 )
Introductory report of the commissioner of patents for
1865. Washington, 4864, in-8«.
Wilson {H,), — New-Yopk city Business directory, 1867-
1868. New-York; in-1 2.
Wilson {H.). — Trow's New-York city directory, vol.
LXXX I , i 868. New-York ; in-8^
BULLETIN
DE
L'AGADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LBTTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQDE.
1870. —N« i±
GLASSE DES SCIENCES.
Seance du 3 decembre 1870.
M. G. Dewalque, directeur, president de l'Acad6mie.
M. Ad. QuETELET, secretaire perp6tuel.
Sont presents : MM. J. d'Omalius d'Halloy, J.-S. Slas,
L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Long-
champs, le vicomte B. du Bus, H. Njst, Gluge, Melsens,
J. Liagre, F. Duprez, Poelman, E. Quetelet, H. Maus,
M. Gloesener, A. Spring, Candeze, Eugene Coemans,
F. Donny, Ch. Monligny, Steichen, E. Dupont, membres;
Th. Schwann, E. Lamarle, E. Catalan, associes; C. Ma-
laise, A. Bellynck et Ed. Mailly, correspondants.
2"** SfeRIE, TOME XXX.
( 574)
CORRESPONDANCE.
MM. les questeurs du S^nat et de la Chambre dcs repre-
sentants adressent des cartes de tribune reserv^e pour la
session legislative de 1870-1871.. — Remerctments.
— La Soci^teentomologique italienne de Florence, de
creation r^cente, demande Techange des publications. —
Accord^, pour les Bulletins et VAnnuaire,
— Les etablissements suivants adressent leurs derniers
travaux et remercient pour Tenvoi des publications acad^
miques : la Soci^l^ danoise des sciences, i Copenbagne;
la Society des sciences de Finlande, a Helsingfors; la So-
ciety d'agriculture de Moscou; TAcad^mie des Nouveaux-
Lync^es, a Rome; TObservatoire de marine de San-Fer-
nando, pr^s de Gadix; la Soci^te geographique et slalis-
tique de New -York; FObservaloire du college Harvard, k
Cambridge (£lats-Unis), et FObservatoire naval de Was-
hington.
— M. Aug. Bellynck presenle ses observations bola-
niques sur Teffeuillaison et la floraison observees k Namur
pendant Tann^e 1870, ainsi que Tetat de la vegetation,
dans la meme localile, le 21 octobre dernier.
— Les travaux manuscrils suivants sonl presenles :
1* Note sur Vextension des tlieoremes de Pascal etde
Brianchon aux courbes planes et aux surfaces du troisiime
( 375 )
ordre et de la troisieme classe, par M. F. Folic. — Com-
missaires : MM. Gilbert et Catalan ;
2° Note swr une methode propre a determiner la d«5-
tance de la terre au soleil^ par M. Griffe. — Commissaires :
MM. Liagre el E. Qiietelet.
l^LEGTIONS.
Les membres sortants de la commission speciale des
finances pour 1870, MM. le vicomle B. du Bus, Van Be-
neden, Wesmael, Liagre et Gluge sont r6elus, k Tunani-
mil6, pour Tannic 1871.
RAPPORTS.
Memoire de M. Van Beneden sur une Balenopfere capturee
dans I'Escaut^ en 1869; extraits du rapport de M. le
vicomte Du Bus.
« ... Les vert^bres sont I'objet de nombreuses et d'impor-
tantes observations. Mais ici je ferai une remarque k pro-
pos de ce passage sur la septieme cervicale : « Comme dans
» tous lescetac^s, Tapophyse transverse inferieure manque
» et on n'en decouvre meme pas de trace. » L'absence de
cette apophyse pent etre constante dans les cetac^s de la
faune actuelle, mais je suis en mesure d'aiBrmer qu'il y a
( 376 )
des dauphiDs de la p^riode terliaire dont la septidme cer-
vicale porte une apophyse transverse inferieure bien d6ve-
lopp6e.
L'animal qui fait I'objet de ce m^moire offre encore une
particularity tout k fait accidentelle. Les os de Favant-bras
de Tun des menabres ont H& brisks et perces d'un trou que
Tauteur attribue, non sans raison, a Teffet d'une de ces
balles expjosibles dont les baleiniers se servent depuis
quelques annees pour s'assurer de leurs proies. Get acci-
dent paratt avoir produit les osteophytes qui couvrent une
partie de la surface ext^rieure de ces os et y forment une
esp6ce de gaine protectrice. Une photographic jointe au
m6moire en donne une idee exacte. Les affections de ce
genre, qu'elles soient dues k une cause ext^rieure ou non,
ne sont pas rares chez les cetacfe. Le beau squelette du
Mysticetus du Mus6e de Bruxelles en offre un exemple
remarquable dans ses premieres verlebres caudales. Les
c6tac6s de la periode tertiaire n'en sont pas exempts non
plus, et je puis citer plusieurs cas d'osteophytes plus ou
moins developp^s dans des vertebres de dauphins du crag
d'Anvers... »
Conformement aux conclusions favorables de ce rap-
port, ainsi qu'aux conclusions identiques du rapport dont
M. Edm. de Selys Longchamps, second commissaire, a
donn^ lecture, la classe vote Timpression du travail de
M. P.-J. Van Beneden dans le recueil des M^moires in-4".
( 377 )
Note sur le stereographe de poche, par M. Plucker. '
« La nouvelle note de M. Plucker est un abr6g6 de celle
sur laquelle j'ai d^ja eu rhonoeur de faire un rapport dans
la stance du 6 aout dernier. L'auteur, ^laguant de son
premier travail les considerations th^oriques qui se rap-
portaient k une m^thode g^n^rale d6ja connue, insiste par-
ticulierement aujourd'hui sur la description du stereogra-
phe de poche iniagine par lui, et sur les avantages que
prfeente cet instrument, au point de vue de la facility du
transport et de la simplicite des manipulations.
L'instrument de M. Plucker, que j'ai eu sous les yeux
et que j'ai vu op^rer, est, en effet, tres-portatif, tres-sim-
ple, et pent rendre d'excellents services aux topographes
qui voudront faire concourir la photographic au lever des
plans. J'ai, en consequence, I'honneur de proposer k la
classe d'inserer dans son Bulletin la note de M. Plucker. »
M. Candeze, second commissaire, s'est joint k son hono-
rable coUegue, M. Liagre, pour prier I'Academie de pu-
blier dans les Bulletins la note en question.
Conformement a ces conclusions, le travail de M. Pluc-
ker paraitra dans les Bulletins.
— Une notice de M. P. Guyot, sur le seleniumy qui avail
eie renvoy^e k I'examen de M. Melsens, sera d^posee aux
archives.
1
( 378 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Uaurore boreale du 19 novembre 1870; note de M. Ad.
Quetelet , direcleur de TObservatoire de Bruxelles.
Apres les brillantes aurores bor^ales des mois de sep-
tembre et d'octobre de cetle ann^e, nous avons eu, le 19
novembre, uue nouvelle apparition de ce beau phenomene.
A 9 heures du soir,les barreaux aimant^setaient deranges:
la declinaison et Tintensit^ avaient sensiblement diminue
et sont resides faibles. J'ai eu I'occasion d'observer ce ph6-
nom^ne avee mon fils, pendant toute la soiree.
A 9 h. 33 m., deux rayons se sont 6lev^s entre T^toile 5
et jf de la queue de la grande Ourse; celui de Torienl 6tait
rougeatre et I'autre jaunalre.
A 9 h. 46 m., un large rayon s'est forme par Tazimuth de
28"" ouest environ ; il n'a pas persist^ plus de trois minutes.
Vers 10 h. 25 m., une lueur rouge se montreau-dessus
du fond sombre de I'aurore, a une hauteur de 20*" k 25*.
Cette lueur passe par ade la Lyre. A 10 h. 40 m., elle se
voit pres de (J du Cygne. Ensuite, elle s'est affaiblie et Ton
n'a plus distingue de rayons.
L'aurore boreale a 6t6 ^galemenl observ^e k Louvain par
M. Terby, et a Verviers, d'aprds la remarque de M. De-
walque.
— A 10 h. 20 m., on a vu dans le NO. un petit m^teore
d'aspect rouge&lre, qui a paru raser les ^toiles inf^rieures
de la lete du Dragon : il semblait se mouvoir vers I'ENE.
presque horizontalement, puis est descendu dans une
courbe fortement parabolique. Sa raarche ^tait lente.
( 379)
Stir ['apparition periodique des eloiles plantes du mois de
novembre WO; note de M. Ad. Quetelet, direcleur de
rObservatoire de Bruxelles.
Le beau pb^Dom^ne des ^toiles filantes, doDt la periode
du mois de oovembre des anuses 1866 et 1867 a donne
de si brillants resultats, a ete cootrarie, cetle ann^e, k
Bruxelles par T^lat nuagcux du ciel. Au surplus, pendant
une ^claircie qui a dur6 environ une heure, je n'ai aper^u ,
en observant avec mon tils, qu'une seule etoile filante.
A Louvain, I'elat du ciel, d'apres ce que m'a 6crit
M. Terby, a egalemenl empecb^ les observations.
M. H.-A. Newton, du college Yale (New-Haven, Conn.),
m'^crit, k la date du 19 novenabre, qu'un petit nombre de
m^t^ores sen lenient ont ete aper^uscetteann^e, le 14 no-
vembre, 4 New-Haven.
c Six de nous , dit-il , veill^rent depuis 1 1 h. 5 m., le 15
au soir, jusqu'4 5 h. 45 m. du matin^ le 1 4. Nous vimes dans
cet intervalle 155 m^tiiores : 79 seulement avaient leur
point d*^mergence dans la constellation du Lion, et encore
pour une partie d'entre eux, cette irradiation n'etait, selon
toute probabilit<^ , qu'accidentelle. J'en conclus que le
nombre de vrais m^t^ores de novembre n'^galait pas celui
des m^t^ores sporadiques. Des nuages s'^leverent entre 5
et 4 heures et couvi irenl le ciel k pen pres jusqu'4 1'au-
rore. Nous piimes nous convaincre, en regardant a travers
des ^claircies, qu'il n'y a pas eu d'augmentation sensible
d*activite jusqu'4 six heures du matin.
» Le 15 novembre, au matin, trois observateurs avaient
aper^u, en trois heures, k partir de minuit et demi, 51 me-
( 380 )
leores, dont 6 seulement fureot sigoal^s comme semblant
^merger de la constellation du Lion. .
» Le ciel fut nuageux dans la nuit du 15. Le 14, entre
11 heures du soir et minuil, j'eus la chance de voir quel-
ques espaces clairs du ciel, mais il n*y avail pas d'apparence
de m^teores; aucun ne fut aper^u.
» Le nombre absolu des m^t^ores visibles pendant ces
nuils n'a ^t^ probablement que le tiers ou le quart dece
qu'il aurait &ie par un ciel sans lune.
> M. B.-V. Marsh, k Burlington, N. J., vit trois etoiles en
une heure et demie, commenQant k 1 Y^ h. du matin, le 14:
11 d'entre eux etaient de vrais m6t6ores de novembre.
j> M. leprofesseurC.-G. Rock wood, k Brunswick, as-
sist6 de deux personnes, compta 82 m^t^ores en 2 h.
12 m. , le m^me matin : 66 d'entre eux rayonnaient da
point plac6 dans la constellation du Lion.
» — II y eut une aurore bor^ale, le matin du 14. Les
grandes aurores bor^ales du 14 octobre et du 24 octobre
furent ici tres-remarquables. La derniere offrit une bande
curieuse de lumi^re rosee, large de 10 a 15 degr^,
placee vers I'^quateur, et qui persista pendant plusieurs
heures. »
Observations sur Vosteographie des Cetaces, par M. P.-J.
Van Beneden , membre de FAcad^mie.
Dans le num^ro du mois de septembre dernier des
Annals and Magazine of natural history, le docteur
J.-G. Gray, du British Museum^ fait quelques observations
sur YOsteographie des Cetaces que je publie k Paris avec
la collaboration de M. Paul Gervais. — Comme plusieurs
( 381 )
de ces remarques soDt adress^es par erreur k mon colla-
borateur, tandis que moi seul je suis responsable de tout ce
qui a et^ imprim^ jusqu'^ present, je me trouve, quoique
bien a regret, dans la necessite de rectifier quelques inexac-
titudes qui ont echapp6 au directeur du British Museum.
D'abord, le docteur Gray assure, je ne sais sur quel
fondement, que c'est moi qui fais les frais de cette publi-
cation, qu'il veut bien qualifier de beautiful and expensive
work. C'est une erreur ! Ce n'est pas moi, c'est M. Arthus
Bertrand qui a entrepris cette publication, comme il avait
entrepris la grande oi^t^ograpbiede Blainville; c'est a nous,
auteurs, a fournir le texte et le dessin des planches.
Je me suis charge de tout ce qui concerne les Baleines,
et M. Gervais des G^todontes. Les livraisons qui ont paru
n'ont pour objet que les premiers de ces animaux, et c'est,
par consequent, a moi que s'adressent les observations
critiques. Sans les ^venements politiques, une nouvelle
livraison aurait suivi de pres les aulres avec ma signature
seule a la fin des baleines.
Je ne me rends pas compte pourquoi le docteur Gray,
au lieu de s'ocGuper de notre publication en commun,
comme il Tannonce, commence par des observations sur
un livre que M. Gervais a publie seul sur la zoologie et la
pal^ontologie en France. II ne m'appartient pas de r^pondre
au nom de mon collaborateur, quoique je trouve les obser-
vations du docteur Gray fort peu justifi^es , et quand le
moment opportun arrivera , M. Gervais ne se trouvera pas
en peine, je pense, de justifier ses assertions. — Esp6rons
que le moment n'est pas ^loigne od les hommes de science
pourront reprendre a Paris leurs paisibles travaux.
Le point principal sur lequel je suis encore toujours
en disaccord avec le docteur Gray, concerne I'importance
( 382 )
systematique de la premiere cdte de certains cetac6s. Le
savant directeur est revenu sur cette question et maintient
toutes ses divisions g^n^riques. Dans la derniere seance de
la classe (1), j*ai apporie k cette discussion un nouveau fait,
qui y mettra fin, je le crois du moins; depuis lors, j'ai con-
state un nouvel exemple decdtecervicalesupplemenlaire
dans un jeune squelette de Dugong des iles Philippines,
pr6par6 avec soin par le docteur Semper. Le professeur
Reinhardt a ^galement signal^ la presence d'une cdle sup-
pl^mentaire cervicale dans un squelette d'Orca de Groen-
land.
Prendre cette anomalie pour base de r^tablissemenl
systematique des genres ou des espfeces est, nous le r6pe-
tons, contraire k tout principe rationnel de classification.
Ce qui, du reste, aurait du, depuis longterops, oiivrir
les yeux, c'est que la premiere cdte de la grande balenop-
tere de Tile Marguerite, qui est au Museum k Paris, pre-
sente des traces de cette bifurcation et que cette division
se reproduit 4galement a Textremit^ inf^rieure de ce roeme
OS. Pour etre rigoureux, il faudrait ^galement erigeren
genres distincts ceux qui pr^sentent la biGdit6 inferieure.
On trouve cetle derniere disposition dans plusieurs sque-
lettes de Mysticetes et de Cetodontes.
II s'agit ici de faits et non de th^orie , et ce n^est pas ma
faute si ces observations ont pour effet de rayer du cata-
logue toute une categoric de genres et d'especes.
La question est de savoir si la bifidit^ de la premiere
cdte est un ^tat normal ou une anomalie accidentelle qui
se reproduit cbez plusieurs mammiferes et qui nVst meme
pas tr6s-rare cbez Thomme. Le docteur Gruber a public,
(1) Voir Bulletins de rAcadmie, 2^ s6rie, t. XXX, p. 320.
( 383 )
naguere, un memoire fort inl^ressant sur la c6le cervicale
supplmenlaire chez rhomme, dans les m^moires de I'Aca-
d^mie des sciences de Saint-P(5lersbourg(l).
Le second point sur lequel nous ne sommes pas d'ac-
cord est relatif k la distribution geograpbiqne des baleines
par zones.
II n'est pas d^montr^, d'apres le direcleur du British
Museum, que la baleine francbe n'ait pas eu autrefois, k
I'epoque de la grande peche, une extension plus grande
que celle qu'elle a aujourd*bui, et si son aire geographique
n'a pas ^te moins limitee qu*elle ne Test maintenant. Cela
revient a celle question : Cuvier a-t-il eu raison de croire
que la baleine, chass^e dans la Manche jusqu'^ la fin du
XVII* siecle, a recul6 successivement devant les baleiniers
pourse r^fugier finalement au milieu des glaces?
Cuvier a ele induil en erreur par Scoresby, le ci5l6bre
baleinier, qui a ^crit le livre le plus important sur cette
pfiche. A r^poque ou Scoresby a commence la peche de la
baleine, le Nordcaper avait dej^ presque disparu. H ne pou-
vait faire mention que de la baleine francbe, la seule qu'il
eiki a perdue.
De 1780 k 1850, on a tenu note a Holsteinsborg (2) de
toutes les baleines capturees; les registres qui renferment
ces notes ont ete compulses par le professeur Reinbardt, de
Copenbague, et il en resulte que la baleine du Groenland
qnitte ces parages pour retourner au nord aumoisd^avril.
A Disco-Bay, un pen plijs au nord, elle arrive k peu pres
(1) Tom€Xin,no2.
(2) II y avail des etablUseinents danois ^ Sukkertoppen (65° 25'et38'),
k Holsteinsborg (66- 15'), a Godbavn (69» 15') et ^ Omenak (71«>). Esch-
richt.
( 384 ) *
en m^me temps, mais quitte plus tard. Pendant Vei& on ne
la voit qu'au 78* degr^.
Pendant plus d*un quart de si^cle, on n'en a jamais vu
d^passer le 64* degr6, si ce n'est deux ou trois jeunes qui
ont 6l6 captures au 62* et an 61* degr6.
Aujourd'hui que ces animaux sont presque delruits, les
quelques rares individus qui se montreot font encore leur
apparition k la meme ^poque et dans les memes parages.
Ne peut-on pas rigoureusement conclure de ces fails
que la baleine est conGn^e dans des limites d^terminees,
que ces limites sont, aujourd'hui comme autrefois, au sud,
le 64* degr^, et que Ton a eu tort de croire que la baleine
chass^e par les Basques dans la Manche avait fui devant
I'homme , pour se r^fugier au milieu des glaces?
La baleine francbe est un animal polaire qui Emigre
p^riodiquement, qui a ses stations Gxes et qui ne francbit
pas le 64* degr^.
Peut-on admettre que ce m^me animal, qui ne quitte
pas les glaces du cercle polaire, soil venu autrefois visiter
r^guli^rement la Mancbe ou le golfe de Gascogne?
C'est le grand merite de feu notre ami Eschricht d'avoir
combattu cette idee et d'avoir d^montr^ que la baleine
chass^e par les Basques formait une espece k part, hantant
seulement les regions temp^r^es du nord de TAtlantique.
Les baleiniers islandais du XII* siecle distinguaient deja
deux sortes de baleines, Tune au sud et I'autre au nord. Les
naturalistes Du Hamel, Camper et mSme Lac^pede s'ac-
cordent a dire que la baleine que les Hollandais appelaient
NordcapeVy les Norw^giens et les Islandais Sldtbak ct les
Frangais Sarde, que cette baleine faisait son apparition en
hiver dans le golfe de Gascogne, qu'au prin temps ellese re-
tirait vers les bancs de Terre-Neuve et la c6te d'Am^rique.
( 38S )
11 est ^galement reconnu qu'en Am^rique, surtout vers le
voisinage du cap God, il se faisait une pSche de la baleine
en ^l6.
Cette baleine que Ton p^chait dans la Manche a ^t^ la
premiere d^truile,et si par hasard il s'en pr^sente encore
en Europe, c'est toujours au milieu de Fhiver. C'est au mois
de f^vrier 1854 que la derniere a fait son apparition. Nous
ne savons posilivement k quelle 6poque de'l'ann^e la ba-
leine que le professeur Al. Agassiz a pr^par^e pour le
mus^e de Cambridge a H& captur^e, mais nous avons
tout lieu de croire que c'est en 6l6 , puisque le courageux
savant est rest^ sur place pendant plus de quinze jours^
ayant souvent les jambes jusqu'aux genoux dans le putri-
lage; il n'aurait pu conduire ainsi ce travail pendant Thiver.
Nous aurions done pour cette seconde esp^ce , comme
pour la premiere, des stations fixes en hiver et en ^t^, et
nul doute que ces stations ne correspondent avec I'epoque
de la parturition et Tapparition de la p&ture. On a reconnu,
dans les deux h^misph^res^ que les femelles se retirent
dans les bales pour mettre bas pendant que les m&les
restent au large.
Si pendant un long laps de temps, et k T^poque surtout
oil cette p^cheetait florissante, ces animaux ne sont pas
sortis des limites od ils sont confines , il est a supposer
qu'ils ne les ont pas franchies dans d'autres circonstances
ou k d'autres ^poques, et il nous parait clairement ^tabli
aujourd'hui que Cuvier a eu tort de croire que la baleine,
chassee par les Basques, ^tait la m^me que celle qui est
confin^e aujourd'hui dans les glaces du cercle polaire.
Ces animaux sont presque d^truits sur les cdtes du
Groenland etau Spitzberg, mais ceux, en petit nombre,
qui ont surv^cu, font encore aujourd'hui leur apparition
dans les m^mes parages k la mSme ^poque.
1
( 386 )
La baleine australe parait en 4te sur la cdte d'Afrique,
el c*esl en hiver qu'on fait la p^che dans les parages des
lies Tristan d'Acunha.
S'il en est ainsi pour les deux esp^ces les mieuK con-
nues, et que tous les faits bien constates pour d'autres
especes s'accordeul avec ceux-ci, ne peut-on pas en inferer
que les baieines des deux hemispheres se comportent de la
m^me maniere?
La baleine captur^e sur la cdte d'Amerique et k laquelle
le professeur Cope a donne le nom de Balcena cisarctica
est, selon nous, la meme qui faisait jadis regulierement
son quartier d'hiver en Europe. Le docteur Gray ne partage
pas cet avis.
Pour resoudre directement par Tobservation cette inte-
ressanle question, nous nous sommes adress4 au profes-
seur Cope, qui a bien voulu nous envoyer de Philadelphie
un OS d'oreille de sa nouvelle espece. Nous avons prie le
professeur Reinhardt, de Copenhague, de comparer cetos
d'oreille avec celui du squelette de Pampelune de son
mus^e, le seul connu actuellement en Europe.
Quoique le premier os provienne d'un adulte et le se-
cond d'un jeune, ce qui rend la comparaison plus difficile,
il est cependant evident, d'apr^s le professeur Reinhardt,
qu'il n'y a rien qui fasse supposer que ces os proviennenl
d'une espece dislincte. Et ce qui, pour moi, est de loule
evidence, c'est qu'ils indi(|uent tous les deux des affinites
beaucoup plus grandes avec la baleine australe qu'avec la
baleine duGroenland. Le professeur Reinhardta bien voulu
nous envoyer le dessin de cet os et ses dimensions, et nous
sommes persuade que les deux squelettes proviennent de
la m^me espece.
( 387 )
Cesl Tavis aussi d*Eschrichl et du professeur Reinhardt ,
que les baleines capturees par les Ang1o-Am6ricains sur les
cdtes de Nao tucket et de New-Englaod sont des Sardes.
Du reste, la science sera bienldl en possession de la
description du squelelte de Saint-Sebastien par le profes-
seur Reinhardt, et le professeur Al. Agassiz ainsi que le
professeur Cope ne tarderont sans doute pas k faire con-
nailre, dans tous leurs details, les squelettes des musees
de Cambridge et de Pbiladelphie.
Je me permettrai de citer, au sujet de cette partie de
mon travail, Topinion d'une savante autorit^, M. von Baer,
de TAcademie de Saint -Petersbourg, qui s'est occup6 de-
puis pres d*un demi-si^cle de c^lte question; et celle d*un
homme pratique qui a parcouru, k di verses reprises, les
mers du Sud et le nord du Paciiique, le capitaine Jouan
de Cherbourg.
. « Dass ihre Zeichnung der Verbreitung, auch in
diesen Gegenden , im allgemeinem richtich ist, kann nicht
bezweifelt werden. Aber es kann nicht schaden zu erfah-
ren ob nicht weiter westlich und zwar am Eisrande zu-
weilen Wallfisch sich zeigen », m'ecrit von Baer. « Que
YOtre dessin de la repartition des baleines, ^gaiemenl dans
ces contrees, est en general exact, cela ne pent 6tre r6-
Yoque ien doute; mais il ne pent nuire de s'assurer si plus
loin k Touest, et surtout le long des glaces, il n'existe pas
de baleines. »
« Votre distribution g^ographique des baleines
s'accorde bien, tr^s-bien, avec ce que disenl les baleiniers
les plus dignes de foi, et, de plus, elle concorde parfaite-
ment (pour ce qui est du nord du Pacifique) avec ce qui a
6ie reconnu de la direction des courants dans cette partie
du globe, direction qui joue un grand rdle dans I'affaire des
( 388 )
grands c^tac^s, j> m'^crit le capitaine Jouan de Cherbourg,
apr^s la publication de ma notice.
En r^sum^ donc^ nous croyons pouvoir mainlenir les
propositions suivautes :
I"" La bifidit^ de la premiere cdte est un £tat anormal,
resultant de la presence d'une cdte cervicale, qui se repro-
duit dans plusieurs mammif^res, mais plus particulierement
dans I'ordre des c6tac6s ;
2° II existe deux especes de baleines v^ritables (Rigth-
whales) au nord de TAtlantique et sur les cdtes du Groeo-
land, l^une la baleine franche , nomm^e aussi la baleine de
Greenland , I'autre la sarde ou le Nordcaper ;
S*" Ces deux esp^ces ont chacune leurs stations a des
epoques fixes et ne frequentent point les m^mes eaux ; les
limites meridionales de Tune sont les limites septentrio-
nales de I'autre ;
4^ C'est la m^me esp^ce qui visite les cdtes d'Europe en
hiver et les cdtes d'Am^rique en ^iL
Note sur le stereographe de poche, par M. J. Plucker, sous-
lieutenant d'artillerie, k Anvers.
L1d6e d'enaployer la photographic pour les operations
topographiques ne date que d'hier; cependant elle a deji
et6 realis6e dans divers pays, en France et en Prusse, par
exemple, et plusieurs lev^s, faits h Taide des dessins pro-
duits par la lumiere, ont montr^ ce que Ton pouvait atten-
dre de la nduvelle m^thode et en ont fait ressortir les avan-
tages et les inconv^nients.
Cette m^thode, qui permet de faire la topographic d'un
terrain sans le parcourir en tous sens, et qui enregistre
(389 )
rapideraent tous les elements d'lm leve, offre, en outre, le
pr^cieux avantage de reproduire, sous une forme pittores-
que (par les vues stereoscopiques surlout), I'aspect des
lieux; de plus, elle reduit le temps n^cessaire aux opera-
tions sur le terrain in une duree bien moindre que celle
exig6e par les methodes ordinaires. Ces qualites rendent
la pholograpliie Ires-precieuse pour les reconnaissances
militaires, les voyages d'exploration , etc.
Un des inconvenients qu'offrail Temploi dela photogra-
phic etait la necessity d'emporter avec soi un materiel
considerable, lourd et volumineux. Voici comment s'ex-
prime k ce sujet, dans son rapport, la commission militaire
nommee a Toccasion de Texposition universelle de 1867
[Revue militaire fran^aisey novembre 1869) :
< En tout ^tat de cause, il parait desirable de
» reduirc a de plus modestes proportions le materiel n6-
» cessaire aux operations photographiques; il serait au
» moius difficile k un officier, charge d'une simple recon-
p naissance, de transporter a sa suite tous les instruments
» qui ont sei;Yi k r^tablissemeut du plan presente a I'expo-
» silion et qui fait Fobjet de ce rapport ........ La
]» reduction des appareils a de plus petites dimensions et
» la simplification des manipulations, noussemblent des
9 perfectionnements indispensables pour vulgariser Tap-
p plication de la photographic a r^tude du terrain. »
C*est apres avoir d^crit les appareils photographiques
exposes, tels que ceux de MM. Chevallier, Dubroni , etc.,
dont cependant elle faisait T^loge et ressortir le merite,
que la commission a emis les vceux ^nonc^s ci-dessus.
Les diverses considerations indiqu^es plus haut m'ont
amene k presenter k T Academic le ster^ographe de poche,
qui est un appareil photographique peu volumineux et (r^s-
2""® s£rie, tome XXX. 26
( 390 )
l^ger, tout en etant assez complet pour pouvoir servir aux
operations topographiques. Toutes les parlies du ster6o-
graphe peuvent etre mises en poche, sauf le pied, qui forme
une canne de dimension usuelle. Les photographies que
Ton obtient k Taide decet appareil sont, on ster^oscopiques,
ou simples, et ont alors de 85 k 95 millimetres de cdte.
(Elles peuvent elrc agrandies.) Le poids total du stereo-
graphe, y compris le pied, est de I kilog. 300; en y ajou-
tant celui de douze plaques, suffisant pour faire trois lours
d*horizon , il ne d^passe pas 2 kilog., poids qui n'est nulle-
ment gSnant, puisquMI pent etre r^parti dans les poches de
I'operateur.
Le temps n^cessaire k la mise en stalion du stereographe
est de une minute seulement ; le temps de pose varie, sni-
vanl la lumi^re, de quinze a soixante secondes. On peut
faire un tour d'horizon en moins d'une demi-heure, et ciuq
minutes suffisent pour prendre une vue st^reoscopique, y
compris le montage et le demon tage de TappareiL
Quant au leve des plans, le slereographe est approprie
u la m^thode employee en Prusse, en 1867, par le depar-
tement de la guerre (1), laquelle est plus simple et plus
complete que la m^tbode fran^aise (Laussedat el autres).
Cette derniere exige,en effel, que Ton releveles stations
de I'appareil photographique k I'aide des instruments topo-
graphiques ordinaires, tandis que la m^lhode prussienne
determine la position de ces poiuls par la photographic
seule.
Pour employer cette m^thode, il faul :
(1) Voir la Zeitschrifi pUr die preussischen Artillerie und Ingenieur
Offiziere ; annee 18G8.
( 59i )
1^ Que la plaque sensible et I'objectif puissent tourner
aotoor d'oFO axe vertical ;
2" Que dans ce moavement la plaque reste constammenl
verticale, et Taxe de Tobjeetif horizonial ;
3** Que I'on puisse faire un tour d'horizon complet.
Le sl^r^ographe remplit ces diverses conditions. II est
muni, en outre, d'uiie aiguille aimant^e, destin^e k Torien-
(ation de la base du lexL De plus, les tubes formant le
pied peuvent s'ajuster bout k bout, de fa^on a former un
double ou un triple metre, subdivis^, qui peut servir a
mesurer les longueurs.
DESCRIPTION.
Le st(^r£ographe de poche se compose :
1" De la chambre noire. La chambre noire est automa-
tique ({). Elle est form^e d'un cadre en bois (caoutchouc
durci, m^tal) relie k Tobjectif par une pyramide quadran-
gulaire en drap, et par deux ^triers metalliques. Ces diver-
ses parties se rabattent les unes dans les aulres et restent
r^unies pendant le transport. Repliees, leur volume est
celui d'un parall^lopip^de de 12* X JO* X 2*,5; aussi se
mettent-elles facilement en poche.
La chambre noire se distingue de celles employees ac-
tuellement, par son petit volume d'atK)rd, provenant de
Fabsence de la planchette de base et du verre d^poli, et
ensuite par les appendices suivants :
a. Quatre pointes, fix^es k I'interieur du cadre au milieu
(1) D'apres le principe que les images des objets silues k plus de ciu-
quanle fois la distance focale de Pobjectif (soil k 3n,73 el au del^ pour
l<* st^reograpbe), se formenl loutes au foyer principal.
( 392 )
des parois ei qui, en se projetani siir la photograpbie,
donnent les extremites de deux droites, se coupant a angle
droit, et dont rintersection est la projection du centre
optique de Tobjectif sur le plan de Timage;
6. Un (il k plomb universe!, servant k rendre verticale
Tune des droites indiquees ci-dessus et borizontale, Tautre;
c. Un oculaire et un guidon, pour diriger Taxe de Tob-
jeclif vers les points de repere, pris sur le terrain ;
d, line aiguille aimantee,destin^e a determiner I'azimut
de la base du leve;
€. Un pivot, muni d'un repere.
2** Des chassis. Les cbftssis diflferent compl^tement de
ceux on usage. Us se composent de deux lames de carton,
ou de m^tal mince, r^unies par deux r^glettes, raunies en
leur milieu de pelites bandes faisant saillie, et contiennent
chacun deux glaces de 18 cent, sur 9,5 cent.; leurs bouts
sont ferm^s par de petits liroirs metalliques. Le volume
des ch&ssis est moindre que le double de celui des glaces
qu'ils contiennent.
Dans les chsissis en usage, les glaces sensibles sont fixes
et se demasquent a Taide de tiroirs, glissant devant elles
dans des coulisses (ce qui fait que leur volume est si con-
siderable), tandis que, dans les chassis du ster^ographe,
ees tiroirs sont supprimes et ce sont les glaces elies-memes
qui p^netrent dans la chambre noire, pour y Sire impres-
sionnees. Une aiguille d'acier sert k pousser les plaques
dans I'appareil, tandis qu'un crochet plat, en acier ^gale-
ment, a pour fonction de les faire reutrer dans les chassis,
apr&s qu'elles ont subi Taction de la lumiere.
3** Du trepied. Le tr^pied se compose d'un genou hemi-
sph^rique k crochet et.de quatre tubes, rentrant Tun dans
I'autre, pour coustituer une canne de 18 millimetres de
( 393 )
diam^tre (i). Le plus gros de ces tubes est plus court que
les trois autres et if est termiue, k Yun de ses bouts, par
ia demi-sph^re du genou qui sert de pommeau k la canoe;
Fautre extr^mil^ du tube porte une bague mobile, divis^e
en six ou sept parties egales, et correspondant au pivot de
la chanibre noire. Getle bague mobile scrt a pbotographier
un tour d^horizon en six ou sept vues partielies, ie repere
dont le pivot est muni venant se placer, pendant la rota-
tion de la chambre noire, successivement en regard de
cbacune des divisions de la bague, qui sont numerotees.
La demi-sphere joue dans un creux circulaire, pratique
dans une piece triangulaire en bois ou en m^tal, et s\y (ixe
a Taide d'un crochet, muni d'une vis de traction. La piece
triangulaire porte trois tenons^ charnieres, servant k atta-
ft
cher les trois tubes du pied.
Ce nouveau genou a Tavantage de se demontcr facile-
ment, d'etre moins volumiiieux et plus ferme que le genou
spherique ordinaire, le contact dans ce dernier ayant lieu
irregulierement, tandis que, dans celui du st^reographe, il
se fait sur une zone fixe.
Le proc^de pholographiquc a employer, avec le stereo-
graphe, est le collodion sec (tannin melang6 de dextrine et
d'acide gallique). II permet d'eviter Temploi des produils
chimiques sur le terrain , et est aussi sAr que le collodion
humide, si Ton a soin d'essayer, au prealable, une des gla-
ces, car toutes celles qui sont prepar^es en mSme temps,
dans les memes bains, ont les memes propri^t^s. Les pla-
ques se conservent bonnes pendant plusieurs mois etsont
toujours prates a etre employees. Elles ont, de plus, Tavan-
(1) M. Ie D' Candeze est le premier qui ail employe irols lul)es, iTiUruiil
Tiiu dans raulre^comme Irepied.
( 394 )
tage de ne pas exiger un temps de pose exact, comme cela
a lien avec les plaques humides; on obtient de bonnes
epreuves, m£me si la pose a 6te double ou triple de celle
qui eAt ii& strictement n^cessaire. (Voir, a ce sujet, la mo-
dification que j'ai apport^e au mode de ddveloppement du
collodion sec, et qui a ^t^ d^crite dans le Bulletin beige de
la photographiey numero de mai 1870.)
— La stance a <^te termin^e par une communication
verbale de M. P.-J. Van Beneden , sur le Protoptems an-
necteus de Gambie (Afrique); cet animal, qui intrigue
beaucoup les zoologistes , est tant6l reptile, tantdt poisson,
ainsi que le fait remsirquer.M. Van Beneden. On pcnse
qu'il forme un groupe interm^diaife : il respire par des
branchies , des poumons et par des narines s'ouvrant dans
la bouche. Son genre de vie est tr^s-extraordinaire.
La classe decide que sa seance publique annuelle aura
lieu le vendredi, 16 de ce mois, a 1 heure, dans la Grand*
salle des Academies, au Mus^e.
Une seance preparatoire aura lieu le jeudi, 15, pour pro-
ceder aux elections, au jugemenl du concours et s*oceuper
des preparatifs de la solennite du lendemain.
( 395 )
CLASSE D£S LETTRES.
Seance (In 3 deceinbre 1870.
M. J.-J. Haus, vice-directeur, occupo le fauleuil.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents: MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage, J. Rou-
lez, Gachard, A. Borgnet, Paul Devaiix, F.-A. Snel-
laerl, le baron de Witte, le baron Kervyn de Lettenhove,
R. Chalon, Ad. Mathieu, Tb. Juste, U. Giiillaume, Felix
Neve, Alph. Wauters, H. Conscience, membres; J. Nolet
de Brauwere van Sleeland, Aug. Scheler et Am^dee
Thierry, de I'lnstitut de France, associes; Ena. de Borch-
grave , correspondant.
MM. L. AWm^ membre de la classe des beaux^arts,
Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences et
Eicbhoff, de rinslilut de France, assistent a la seance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de Tint^rieur demande que la classe
s'occupe de la formation de la liste double des candidats
pour le jury qui sera charg6 de juger le concours triennal
de lilt^raturevdramalique tlamande (5* p^riode).
La classe a procede, en comity secret, ^ la formation de
cette liste, qui sera communiquee a M. le Ministre.
( 396 )
— Le meme haul fonctionnaire a fait parvenir , pour la
bibliatheque de TAcademie, le tome V de la Description
analytiqu£ des cartulaires et charlriers de la ville de
Mvns, par M. L. Devillers. — Remerciments.
— MM. les quesleurs du Seuat et de la Cbambre des
representanls adressent des cartes de tribune r(Bserv6e
pour la session legislative de 1870-1871. — Remerci-
ments.
— Le Mus^e n^erlandais d'antiquites, k Leyde, annonce
renvoi de la 25^ livraison des JEgyptische monumenten.
— Le Mus6e germanique de Nuremberg , FAcademie
des sciences morales et politiques de Madrid , la Societe
des antiquaires de Londres et I'Universite de Saint-Louis
(fitats-Unis)j^ remercient pour le dernier envoi de publica-
tions acaddmiques.
— M. L. Galesloot, cbef de section aux arcbives du
royaume, auteur d'une note sur differenles antiquites des
environs de Bruxelles, inseree dans les Bulletins (2* serie ,
tome XXVIII , p. 506), annonce qu'il va reprendre ce sujel
dans un memoirequ'il presentera bientot a TAcademie.
— La classe recoil, en bommage, les ouvrages sui-
vanls :
1** Napoleon III et la Belgique; le Iraite secret, d'apres
des docvments nouvcaaXy par M. Tb. Juste;
^1^ Commentaire du Code penal beige, tome 111, H*,
l^"" et IS'' livraisons, par M. G. Nypels.
Remerciments.
( 397 )
CONCCWJRS DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE
G^LJ^BRE.
La classe est inform^e que le double concours extraor-
dinaire de Stassart pour une notice sur Mercator et une
notice sur Van Dyck , dont le terme fatal expirait le 30 no-
vembre dernier, n'a pas donn^ de resultat.
Sur la demande de la classe des beaux-arts, saisie de
ce fait , le concours sera proroge. Le nouveau terme fatal
sera indiqu^ ultdrieurement.
ELECTIONS.
La commission speciale des finances pour 1870, com-
post de MM. De Decker, le baron de GerlacLe, Ch. Faider,
Gachard et M.-N.-J. Leclercq , est maintenue pour 1871.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Marie de Brabant, duchesse de Baviere (1256); par
M. fimile de Borchgrave, correspondant de TAcademie.
II y aurait un livre inl^ressant et curieux k ^erire sur
rhisloire des princesses beiges mariees, pendant I'^poque du
moyen age, h Telranger. Occupes que nous sommes, un peu
exclusivement,a ne consid^rer que le c6l6 interne, si j'ose
parler ainsi, de notre passe, nous n^gligeons trop souvent
de suivre les traces que laisserent plusieurs noms beiges
( 598 )
dans diverses coutrees de I'Europe et nous oubiions, sauf
Tune ou Taulre exception, les personnages qui, i celle
meme ^poque, formaient presque le seul lien , mais un lieo
vivant,entre laBelgique et les autres nations. Pen de pays
virent, autant que le ndtre, les Qlles de leurs princes, con-
tracter^ T^trangerdes alliances illustres. La listeen serait
longue & dresser; cependant, sans vouloir les enum^rer
toutes, nous pouvons en rappeler quelques-unes. Des le
onzi^me si6cle, une princesse de Flandre, Mathilde, fille
de Baudouin V, alia s'asseoir sur le trdne d'Angleterre avee
le premier roi normand qui loccupa, Guillaume le Con-
queranl. Une autre, Adele, fille de Robert le Prison, regna
en Danemark avec Saint-Ganut. La premiere femme de
Pbilippe-Auguste fut encore une princesse flamande, Isa-
belle, fille de Baudouin YIIL La maison de Brabant ne
contracta pas de moins nobles unions. Une fille du due
Henri I ^pousa Tempereur Othon IV, et Marie, fille de
Henri HI, devint la femme de Philippe le Hardi, roi de
France; enfin, une fille de Jean le Victorieux parlagea le
Ifdne des C^sars d'Allemagne avec Tempereur Henri VU.
Philippine de Hainaut fut couronnee reiue d'Angleterre
par son ^poux £douard HI, et sa tante Marguerite epousa
Tempereur Louis de Bavi^re. Une autre princesse beige,
Yolende de Namur , monta avec son mari , Pierre de Cour-
tenay, sur le trone de Byzance qu'avait d6j& occupe son
frere I'empereur Baudouin I. On sail k quelles hautes desti-
nies parvint la famille ducale de Luxembourg. Les prin-
cesses de cette maison eurent leur part de cette gloire.
Beatrix, soeur de Jean rAvengle, fnl la premiere femme
de Charles-Robert, roi de Hongrie : les deux nobles races
d'Anjou et de Luxembourg s'unissaienl dans les conlrees
voisines deTOrient. Marie, sceur d(3 Beatrix, fiit mariee i
( 399 )
Charles IV le Bel , roi de France. Cette Enumeration s'al-
longerail considerablement si Ton voulait y comprendre les
princesses qui s'allierent k des comtes et dues souverains ,
hors des Pays-Bas. Ce c6i& de notre hisloire nationale n'a-
t-il pas trop €i6 laissE dansrombre?ll ne saurail.^tre, dans
tous lescas, superflu de le signaler.
Quoi qu'il en soil, Texistence de ces femmes illuslres ne
s'ecoulait pas toujours dans ToisivetE sterile des cours ,
comme on pourrait etre tent6 de le croire. Plus d'une
d'entre elles fut initiee k la polilique de son mari et joua,
au t^moignage des cbroniqueurs, un rdle dans les desti-
nies de sa nouvelle pa trie. D'autres ne furent pas a I'abri
des persecutions de la fortune. On veut des romans, a dit
quelque part M. Guizot : Que ne regarde-t-on de pr^s h
rhistoire ! Rien n'est plus vrai. II y a telle et telle de nos
princesses que les poetes ont chanties et dont Texistence
agit^e se pr^terait aux romans les plus emouvants. C'est
qu'on trouve dans Thistoire, dtudi^e dans ses recoins inti-
mes, tout comme dans le roman proprement dit, les
mSmes passions humainesamenan ties m^mes catastrophes,
et cela k un degrE plus eminent, puisque r^motion du
drame s'y double de tout rint^ret de la verity. Qui ne se
souvient de la terrible et touchante histoire de la reine de
France, Marie de Brabant, sauvee par son frdre, Jean le
Yictorieux , des persecutions d'un ministre corrompn et de
la jalousie d'un roi ombrageux ? Une autre prrncesse de
Brabant, nomm^e egalement Marie, et tante de la gra-
cieuse reine de France, fut, comme cette derniere, accusEe
d'un crime odieux; mais moins heureuse qu'elle, elle ne
vit pas un fr^re chevaleresque voler a son secours et elle
succomba sous la colere d'un epoux aveuglE. G'Etait la du-
chesse de Baviere. Son histoire est presque inconnue chez
( 400 )
nous et il nous a paru qu'elle m^ritait d'etre lir^e de I'ou-
bli. Le but de cette etude est done, non point d'terireune
biographie de la princesse, — ce que le defaut de sources
ne permet pas, — mais de rassembler les traits principaui
que nous ont conserves les chroniqueurs contemporains
pour faire revivre, si imparfaitement que ce soit, dans le
cadre des ^venements de T^poque, la flgure de Finfortu-
nee Marie de Brabant. Le r^cit qui va suivre sera comme
un cbapitre ddtach^ de ce livre in^dit dont nous parlions
plus haut.
I.
A r^poque oii se pass^rent les evenements que nous al*
Ions essayer de retracer, I'Allemagne etait plongee dans
Tanarchie. Elle traversait une des phases les plus critiques
de la lutte du sacordoce et de Tempire. La, comme en Ita-
lic, le parti guelfe luttait a\ec les papes, les communes
lombardes et tons les amis des franchises provinciales pour
le maintien des municipes, des droits locaux, des autono*
mies historiques, tandis que le parti gibelin poursuivait,
avec les empereurs de lamaisondeHohenstaufen.rabsorp-
tion des petites nationalites et la centralisation au profit
du pouvoir absolu. On connait les effets de cette lutte san-
glante sur laquelle il serai t superflu d'iosister ici. Maishien-
tdt les rivalites de personnes sc meierent aux interets po-
litiques. Frederic II vit s'opposer de son vivant, comme
antiempereur, d*abord Henri-Raspon , landgrave de Thu-
ringe(124>6),et, un peu plus tard, le jeune comte Guillaume
de Hollande; d^courage, trahi par la fortune et abandonne
de ses anciens partisans, il alia mourir de chagrin au fond
d'un chateau du royaume de Naples. Get ^v6nement ne mo-
diOa pas sensiblement la situation. Guillaume etait, a la
( 401 )
vdrite, elu roi des Romaios; mais tin grand nombre de
princes et de seigneurs ne voulurent point le reconnailre,
et se donnerent pour souverain le tils de Frederic [I, Con*
rad IV, dej^ roi de Sicile et de Jerusalem. Par suite de ces
d^chirements int^eurs, la puissance des princes s'etait
accrue peu a peu el elevee bienldljusqu'a la superiority
terriloriale (Landeshoheit)..
Si les grands tirerenl parti de cet etat de choses pour
etendre et accroitre leur fortune politique, une fouie de
petits vassaux en protiterent pour s'enrichir aux d^pensde
leurs voisins. I.es guerres privies devinrent d'une fre-
quence inusitee. Voici un tableau rapide de la situation
vers le milieu du treizieme siecle, telle que la d^peint un
chroniqueur : « Tandis qu*augmentait Tagitation des par-
tis en Allernagne, les dissensions civiles prirent des pro-
portions inou'ies. Le plus fort opprimait le plus faible.
Certains chevaliers vivaient de rapines, exercaient intpu-
n^ment des brigandages, maraudaient sur les chenains pu-
blics, dressaient des guets-apens de tout genre. D'autres
volaient, pillaient, tuaient pretres, bourgeois, paysans,
marchands, partout oti il y avail le moindre espoir de bu-
tin. Quelques seigneurs prelevaient des impdts sans cesse
nouveaux el ecrasaient leurs vassaux sous le poids des
corvees et des tailles. La plupart d*entre eux, d^daignant
de reconnaitre le nouveau roi, n*ob^issaienl plus aux lois
de TEmpire, mais se cr^aient des lois k eux-ifiemes. Les
Prisons el les Flamands refus^rent d'ex^cuter les ordres
qu*ils avaient re^us. Et il n*y avail personne pour affermir
la monarchic, battue en br^che de toutes parts (i). »
(i) Aventini, Annates Boiorum, Ingolstadt , 1554, pp. 606, 697.
( 402 )
La paix ne r^gnait pas davanlage de ville k vilie, de pays
it pays. Pour porter remade k cette situation on tout an
moins pour en att^nuer les consequences, soixante villes
rh^nanes et autres form^rent entre elles une alliance offen-
sive et defensive contre tous les perturbateurs de la pais
publique. Au noAibre de ces villes ^taient Aix-la-Chapelle,
Cologne, Luxemboui^, Bonn, Mayence, Worms, Stras-
bourg, B&le, Fribourg, Brisach, Heidelberg, Franc-
fort,* etc. Puis, ayant besoin d*un chef , elles pri^rentle
due Louis de Bavi^re, pala tin du Rhin, d'entrer dans la
ligue. Le due accepla. Ce fut le signal d'une recrudescence
d'hostilit^s. Louis de Bavi^re donna ordre alors k ses
troupes de se joindre k celles des villes conf^d^r^es et se
disposa k se mettre k leur tSte.
Toutefois, comme sur ces entrefaites, il avait ^pous^ la
princesse Marie de Brabant, il assigna k sa jeune femme,
pour residence , le chateau de Donav^erth, oCi elle atten-
drait son retour, en compagnie de sa belle-soenr, la reine
Elisabeth de Sicile.
La maison de Bavi^re, k laquelle venail de s'allier la
famille ducale de Brabant, comptait au nombre des plus
illustres de TEurope. On sait que les Bavarois ^taient un
des principaux peuples de race germanique qui s'^tablirent
en Europe lors des grandes migrations. lis obeis^aient i
des princes indigenes qui conserv^rentlongtemps une in-
d^pendance absolue. Lorsqu'ils se trouv6rent trop faibles
pour r&ister efficacement aux hordes des Avares et des
Huns, lis invoqii^rent le secours des rois franks. Gvkce a
cet appel, Charlemagne put r^duire la Bavi^re en province
franke. Apres le premier partage de ses fitals, opere, en
817, par Louis le Pieux, le fils cadet de ce prince, Louis,
plus lard surnomme le Germanique , devint roi de Bavi^.
( ^3 )
Ses descendants gouvern^rent le pays jiisqu*a rexlinctiou
de la famille carolingtennc qui tmil avec Louis TEnfant
en 911. Alors, un chefindig^ne, Arnould, fut reconnu par
les grands et le clerg6 comme due de Baviere. II descendait
de la famille des Sebeyern, famiile qui s'etait etablie, pen-
dant les migrations, sur les bords du Danube , aux envi-
rons de Ratisbonne et comptait, des les premiers temps,
parmi les plus nobles et les plus puissantes de la Baviere.
Les Sebeyern se vantaient d'avoir eu plusieurs alliances
avec les Garolingiens.
Les Bavarois voulaient qu'Arnould pr!t le titre de roi.
Mais Conrad T, ayant ^t^ elu Empereur, pretendit main-
tenir Tinlegril^ de TEmpire, el Henri I, qui lui succ^da,
mauifesta le m^me dessein. Arnould dut done renoncer
au litre royal, reconnut Henri pour suzerain de toute la
G^rmanie, lui preta bommage et rcQut la Baviere comme
ducbe souverain et independant, Arnould U espera,en
947, que Tempereur Otbon I Finvestirait des m^mes pre-
rogatives; mais son espoir futde^u. Olbon donna le ducb^
k son propre fr^re Henri , prince turbulent et ambitieux k
qui il voulait enlever tout pretexle de r^volte. Arnould
recourut aux armes. II fut vaincu. La famille de Sebeyern
se vit ainsi privee de la souverainet^ de la Baviere et dut
se r^signer a vivre dans ses terres patrimoniales.
Pen k pen elle se subdivisa en plusieurs brancbes, de-
signees sous le nom de leur fief principal. Celte de Wit-
telsbach en est k la fois la plus importante et la plus
connue. Les Sebeyern v^curent loin des orages poliliques
qui bouleverserent TAIIemagne et, s'ils reprirent un ins-
tant les armes, ce fut pour combattre les infideies. Au
bout de deux siecles, nous les voyons se ranger du cdte
des Hohenstaufen , dont ils devinrenl les plus (ideles
( .404 )
allies. L'empereur Fr^d^ric-Barberonsse nomma le comte
de Scheyern-Dachau due de Croatie et de Dalmatie, el
comme le fils de ce dernier n'eiit pas d'enfant, tous ses
biens pass^rent aux Wittelsbach que repr^sentait alors
Othon VI.
Ce fut pour recompeoser les services d'Othon que Fre-
deric lui donna le duche de Bavi^re (1160) qu'une sen-
tence des princes allemands venait d'enlever k Henri le
Lion, de la maison des Guelfes. Sans donte le duch6 n'avait
plus son ^tendue primitive; des terriloires considerables
en avaient et6 detaches; mais ce n*en ^tait pas moins en-
core un noble apanage.
Othon, devenu, comme due, le premier de ce nom,
^pousa une princesse beige, Agn^s, fille de Louis, comte de
Looz, et r^sida d*ordiuaire au chateau de Kelheim dont
son fils Louis I garda le surnom. Son petit-fils, Othon 11,
le GlorieuXy rendit i sa maison son antique dclat el obtint
le palatinat du Rbin. II ful p^re de Louis 11, 1'epoux de
Marie de Brabant.
Comment le prince de Bavi^re fut-il amen^ k demander
la main de la princesse Marie? £tait-ce la un mariage d'in-
clinalion tel qu'on en vit quelquefois entre souverains au
moyen ^ge? £tait-ce plutdt une union arrangee entre les
families, comme il arrivait le plus souvent? C'est h cette
derni^re hypothfee qu'il semble qu'on doive s'arreter.
On connait les destinies glorieuses de la maison de Bra-
bant et nous avons rappel^ les alliances illustres qu'elle
contracta , recherch^e qu'elle 6tait par les rois et les empe-
reurs. Lepere de la future Spouse du due de Baviere ^lail
Henri II, que son caract^re loyal et chevaleresque fit sur-
nom mer le Magnaninye. II avail Spouse, en premieres
noces, Marie de Souabe, fille de Tempereur Philippe,
( 405 )
assassine k Bamberg par Othon de Wittelsbach, cousin des
souverains de la Baviere (1208). Henri, IIP du nom, son
fils ain^, lui succ^da. Sa fille ain^e, Mathilde, ^pousa Ro-
bert, comte d'Artois, du sang royal de France. Une autre
de ses filles, Beatrix, devint Ja bru de sainte Elisabeth de
Hongrie, ducbesse de Thuringe, par son manage avec
Herman, fils de la sainte. EnQn, la cadette des filles du
premier lit de Henri II, Marguerite, prit le voile.
Devenu veuf, Henri le Magnanime convola, en se-
condes noces, avec Sophie, fille de sainte Elisabeth,
laquelle lui donna deux enfants, £lisabeth , ainsi nomm^e
en I'honneur de sa v^n^rable grand*m^re , et marine au
comte de Brunswick, et Henri, surnomm^ TEnfant, parce
qu'il n'avait que neuf ans a la mort de son pere. Louis
TEnfant fut le premier prince de Hesse et devint le fon-
dateur d'une dynastie i laquelle les ^venements de 1866
out enlev^ sa souverainet^ six fois s^culaire.
II n'dtait pas inutile d^elablir k grands traits la g^n^a-
logie des parents de Marie de Brabant, que nous aurons
acheve de faire connaitre en disant que Marie, T^pouse du
due de Baviere, 6tait la seconde fille du premier lit de
Henri le Magnanime.
H.
Sur la naissance, TMucation et la jeunesse de la prin-
cesse Marie, les auteurs de Tdpoque gardent le plus impe-
netrable silence. Ce qui paratt certain, c'est qu*elle fut,
d^s son bas &ge, fiancee au due de Baviere. < Dans une
cour pieni^re, tenue le 6 Janvier 1236, dit une chronique,
Tempereur Frederic II et d'autres princes firent en sorte
que la fille (ou une fille?) du due de Brabant fAt fiancee
2"* SfeRIE , TOME XXX. 27
( 406 )
au due de Bavifere (1). » S'agit-iJ bien ici de la princesse
Marie? II est permis de le supposer, puisque ce futelle
qui ^pousa plus lard le due Louis. Celui-ei , n6 au eb&teaa
de Heidelberg, le 13 avril 1229, n'avait alors que sept aos:
nous verrons plus loin k quelles eonjeetures pent donner
lieu la reeherehe de Tage de la princesse. Enfin la par-
ticipation effective de I'Empereur et de plusieurs autres
princes a eet arrangement permet dinduire que le mariage
en question devait servir de couronnement k Tune ou
Tautre combinaison d'£tat. Gar ce n'est pas d'aujourd'faui
que datent les unions bashes sur des convenances de fa-
mille ou destinies k ^tablir ou a cimenter des interets
politiques. Quels ont pu etre , dans le cas actuel, la com-
binaison ou les interets poursuivis par Frederic H et ses
amis? L'histoire ne fournit point de donnees positives a
cet 6gard. Quoi qu'il en soit, il est evident que cette pro-
messe de mariage ne pouvait, aux yeux du droit naturel,
engager que ceux qui I'avaient faite; toutefois, d'apres les
id^es revues, elle devait tier mSme ceux qui en avaient
et6 I'objet. Cest ainsi que, vingt ans plus tard, se eonclut
Tunion entre le due Louis de Baviere el la princesse Marie
de Brabant.
La date exacte du mariage ne saurait etre precisee;
mais divers indices permettent de la placer a Tannee 1255.
Voici les motifs qui, jusqu'i preuve contraire, nous font
adopter cette opinion.
(1) c ... Imperator curias . . . condixerat eo anno, videlicet apud Mo-
guntiam priraam, secundam apud Augustam in festo beati Martini, ter-
ciam in epipbania domini apud Rhenum. Ubi eliam Imperator et alii
principes egerunt ut filia ducis Brabancie filio ducis Bavarie copularetur •
Jnnales Scheftlarienses , ap. Perlz. — Bohmer, Witlelhachische Reges-
en, conjecture que ce fut k Haguenau, p. 17.
( 407 )
A la mort du due Othon II le Glorieux, son fils atn£,
Louis, aurait dd recueiHir seul Th^ritage de ses£tats; mais,
par des causes qui sent demeur^es inexpliqu^es, Henri,
frSre cadet du due Louis, ^leva des pretentions sur une
partie considerable du territoire, et, apr^s une lutte qui
dura pr6s de deux ans, les freres en vinrent k un arrange-
ment qui se termina par un partage. Louis eonserva la
Baviere superieure, le pays situ^ vers les Al pes, les do-
inaines h^reditaires de la maison de Wittelsbach, la vi-
comte de Nuremberg avec les biens et juridictions y appar-
tenants, enfin le Palatinat du Rhin. Henri re^ut la Bavi^re
inferieure, le long du Danube et de Tlsar, le margraviat
de Cham, le comt6 de Bogen, etc. Cette transaction ent
lieu k Landshut, le 25 mars 1255 (1). C'est, parait-il, pen
de temps apr^s que Louis ^pousa Marie de Brabant (2);
car, le 14 octobre de la m^me annee, il entra dans la
confederation des villes du Rhin (5) dont nous avons parle
plus haut, et c'est alors qu'il assigna, nous Favons dit,
pour residence , a sa jeune femme le chateau de Dona-
werth. II semble done que Ton puisse admettre, toujours
jusqu'i preuve contraire, que le mariage eut lieu entre le
mois de mars et le mois d'octobre 1255 (4).
(1) Bobmer, Wittelsbach. Begesten^ a" 1255, p. 25. — Aventini i4?i-
naleSy 1. c. — S5IU, Ludwig der Strenge, p. 31 , Niirnberg, 1837.
(2) « Ludovicus Mariam sororem Hainrici Brabant in uxorem ducit,
novamque nuptam cum Elisabelba sorore regina Palestinae Werdeae
Sueviae habiiare jubet, ipse^d hhenum contendit. » Avent.,1. c.
(3) Bohmer , Wittelsbach. Regesten , p. 26.
(4) Tolner, Bistoria Palal%n.y t. II, p. 401; I'auteur d'un article sur le
meurtre de Marie, public dans le Archiv fUr Geschichte, Statistik^ Lite-
ratur und Kunst, de Hormayr, 1828, pp. 105-109; Raumer, Geschichte
der Bohenstaufen, 3« Edition, t. IV, p. 347, et d'autres historiens placent
le mariage le 2 aoilit 1254, sans appuyer cette indication d*aucune preuve.
( 408 )
Un detail, en apparence iosignifiant^ confirme peut-etre
indirectement cette induction. L'attachemeDt des Wit-
telsbacb pour la maison de Hohenstaufen 6tait iradilioo-
nel. Olhon II, le Glorieux, avait tout sacrifi^ pour Frede-
ric II — sa fille Elisabeth avait epous6 le fils de Conrad IV
— et il pref^ra mourir dans Tinterdit de TEglise que
d'abandonner la cause de TEmpereur. Le due Louis h^rita
de ces sentiments. II soutint energiquement les droits de
son beau-fr^re Conrad contre le roi des Romains, Guil-
laume de Hollande , et se montra Tadversaire de ce der-
nier, m^me apr^s la mort de Conrad, dont il soutint alors
le tils Conrardin. Cependant, dans une circonstance uni-
que, il donna une preuve de d^vouement ou, si Ton aime
mieux, de d^f^rence envers le roi des Romains. Voici i
quelle occasion.
Apr^s la mort de Conrad IV (1254), plusieurs villes im-
p^riales du Rbin reconnurent pour suzerain Guillaume de
Hollande. La redoutable forteresse de Trifels , pr^s Lan-
dau , ouvrit ses portes au jeune roi qui put se montrer 14
dans tout F^clat de sa dignity. Toutefois, un grand nom-
bre de seigneurs rest^rent rebelles k son autorite, et Tan
d'eux, le comte Herman de Rietberg, alia si loin qu*il osa
faire prisonni^re, avec toute sa suite, la princesse de Bruns-
wick, femme du roi Guillaume, laquelle se rendait k Tri-
fels, et la retenir captive dans son chateau (nov. 1255).
A la nouvelle de cet attentat, le due Louis de Baviere alia
assi^ger le cb&teau de Rietberg et fit delivrer la reine
(4 decembre).
Que ce fut Ik simplement un acte de courtoisie chevale-
resque envers une noble femme, rien n'est plus possible;
mais on y pent voir aussi une conduite inspir^e par des
motifs de haute convenance. Par son mariage avec Marie
( 409 )
de Brabant, le due Louis ^tait devenu le cousin germain
de Guillaume de Hollande dont la m^re, Mathilde, ^tait la
soeur du p^re de Marie. Guillaume avail ^pous£ une prin-
cesse de Brunswick, le mari d*£lisabeth de Brabant, soeur
de Marie. Sans vouloir accorder plus dimportance qu'il
ne convient aux alliances de famille, on pent supposer,
avec quelque vraisemblance , que les liens multiples d*une
parent^ si procbe ne furent pas sans influence sur la de-
termination que prit Louis de Bavi^re de delivrer la jeune
reine des Roiiiains, et peut-elre les prieres de Marie ne
furent pas dtrang^res k cette determination. Aussi bien ,
les bistoriens s'accordent k reconnaitre que ce fut le seul
service que rendit Louis au roi des Romains, et son nom
ne figure pas une fois, parmi les t^moins, dans les cbartes
de Guillaume de Hollande (1).
IIL
Le cb^teau de Donawertb 4tait situ6 dans une ile for-
mic par le Danube et son affluent, la Wernitz, au milieu
d'une con tree rianle et pittoresque (2). B&ti sur un rocber,
au commencement du X"" siecle, par le comle Hupald de
Dillingen, et nomm6 Mangoldstein du nom de Mangold,
fils du comte, le cb^teau servit de residence aux membres
de cette famille, jusqu'& Texfinction des derniers de la
(1) Bobmer, /. c, p. 27. — Soltl, /. c, p; 34.
(2) Wdrth^ werth, werd, signifie, dans le dialecte de rAllemagne
m^ridionale, tie ou terrain d'alluvion. La WerDilz, qui prend sa source
pr^s du chateau de Schillingsfurst, se divise en deux bras, forme ceile tie
ou worth et, ^ quelque cent pas plus loin oil les bras se rejoignent,ellese
jette dans le Danube.
( 410 )
race, en 1191. II devint alors la propri^t^ des Hohenstaa-
fen et passa bientdt apres aux dues de la haute Bavi^re.
C'est la que la princesse de Brabant alia habiter avecsa
belle-soeur, la reine Elisabeth, la jeune veuve de CoDrad(l).
Conrad, ^lu roi des Romains, en opposition k Guillaume de
Hollande, £tait mort le 20 mai 1254, k Lavello, dans la
basse Italie, oCi il s'^tait rendu pour prendre possession de
Naples. [1 ne laissait qu'un enfant de deux ans , le jeune
Conradin, qui devait un jour porter sa t^te sur Fechafaud.
Get enfant ^tait le dernier rejeton de cette celebre maison
de Hohenstaufen nagu^re si puissante en Allemagne, qui,
dans ses opinidtres efforts pour reunir I'ltalie k TEinpire et
la poss^der a titre h^r^ditaire, s'etait lanc^e dans one lutte
acharnee contre les papes et les villes libres de la Penin-
sule, qui avait, dans des guerres incessantes, entreprises
pour realiser ce plan irrealisable, sacrifie repos et fortune
et s^etait finalement vou^e k une mine complete.
Deux dames ou damoiselles , dont Thistoire a conserve
les nomSy tenaient compagnie a la duchesse de Baviere et
k la reine de Sicile : c'etaient Mathilde de Peilstein et He-
lica de Prennberg.
Les princesses et les autres habitants de Donawerth ne
tard^rent pas a recevoir des bulletins de victoire : i'expedi-
tion du due Louis r^ussit completement. II abolit les noa-
veaux imp6ts, assi^gea les chateaux des detrousseurs, en
rasa un grand nombre, fit pendre les plus coupablesd'entre
les brigands, ramena les rebelles au devoir, et chassa de
leurs terres ceux qui ne voulurent point se soumettre.
Puis, ^tendant le cercle de ses operations, il fit entrer dans
(1) Elisabeth n'avait qu'uoe vingtaine d'ann^s. On Tavait mari^oa
plutdt fiancee a Conrad des le 1 seplembre 1246.
( in )
la ligue les plus influents des princes et seigneurs voi-
sins (1) et procura ainsi quelque repos i son pays £puis6.
II ne restait plus k soumettre qu'une seule ville, la fiere
cit£ d'Augsbourg, dont les bourgeois deGaient toutes les
attaques du due. Pour en venir k bout, Louis etal^it un
camp retrancb^ autour de la ville et r^solut de reduire les
habitants par la famine. C'est k ce moment qu'un drame
lugubre vint assombrir son existence, drame dont la le-
gende s'est empar^e, que les chroniqueurs et les hislo-
riens ont racont^ diversement, sur lequel plane encore une
obscurit6 redoutable, et dont on ne parviendra peut-Stre
jamais k percer le myst^re.
Parmi les seigneurs de la suite du due, aucun ne pos-
sedait sa coufiance et son amiti^ au meme degr6 qu*un
chevalier, renomm^ par ses vaillants exploits, qui £tait,
suivant les uns, le sire d'Ottlingen, suivant d'autres, le rau-
grave Ruchon ou Henri de Peilstein. Pendant les veillees
qui avaient precede la campagnedu Rhin,le chevalier avait
^te admis , avec les autres gentilshommes de la cour pa-
latine,^ jouer aux Rebecs avec la duchesse. Marie de Bra-
bant avait rhabitude de lui dire vous {ihrzen)^ tandis
qu'elle tutoyait [diizen) d'autres personnes de son entou-
rage. Le seigneur la supplia de lui faire la meme faveur;
mais, soit que la princesse vouMt r^server comme une
gr^ce ce qu*il semblait r^clamer comme un droit, soit en-
core, ce qui est plus probable , qu'elle pressenttt que c^tte
(1) Entre autres, les archeveques de Mayence, de Cologne et de Treves;
les eveques de Worms, de Strasbourg, de B^le et de Metz ; les waldgraves
Conrad et Emicbon; Tbierry, seigneur de Katzenellenbogen ; Frederic et
Ulbylde de Linange; Bercbtold de Ligenbagen ; Poppon et Sophie de Zuricb
Ulrlc de Ferrette, Gerlach de Lunebourg, etc.
( iU )
demande cachait des arri6re-pens6es dont elle ne pouvait
encore d^m^ler loute la porlee, tant y a«t-il qu'elle refusa.
Le seigneur revint a la charge : la princesse refusa de
nouveau et avec plus d'energie.
Siipces eotrefaites, la guerre comment et, comme nous
Tavons dit, traina en longueur. Le si^ge d'Augsbourg re-
tarda le reiour du due a Donawerth, bien au deli du terme
qu*il avail fixe. Fatigu^e de sa solitude, la princesse ecrivit
a Louis de Bavi^re pour le prier de revenir au chateau de
Donawerth et de con6er le commandement des troupes k
Tun de ses capitaines. Elle Ecrivit en mSme temps an
chevalier que, s'il pouvait determiner le due k revenir,
elle lui accorderait volontiers,Ji son retour, ce qu'elle avait
toujours refus^ jusque-li. Elle ecrivit cela naivement, sans
penser k mal et sans se douter que cette phrase devait lui
etre imput^e k crime et devenir la cause de sa niorC. Puis,
elle confia les deux leltres k un messager , le pressant de
faire diligence.
Le messager partit, arriva au camp, plus lard nomrn^
Friedberg, et remit au due la missive qui lui ^taitdestin^e.
II s*informa en meme temps du chevalier. — Que lui
veux-tu? demanda brusquement le due Louis au porteur
de la lettre. — J'ai un message pour lui de la part de la
duchesse, r^pondit I'homme.
Aussitdt le d^mon de la jalousie mordit le prince au
coeur. — Donnez-moi le message, dit-il, avec le plus grand
caFme, a I'^tranger; je le remettrai moi-m^me au sire, lors-
quMl sera de retour. En effet, le chevalier op^rait une di-
version du cdt^ oppos^ de la ville ou se trouvait le prince.
Le messager, sans defiance, remit la lettre au due, et
s'eloigna.
Rest^ seul , Louis de Bavi^re donna libre cours a sa
fureur.
( 413 )
D'une main treroblante, ii ouvre la lettre et d^vore des
yeux les quelques lignes envoy^es par la duchesse. Ces
paroles, dont il ne saisit pas Ic veritable sens, lui semblent
une confirmation ^vidente de ses soup<;ons; point de doute,
il exisle un commerce adullere entre sa femme et le che-
valier, el il jure, par les serments les plus formidables, de
punir sans retard T^pouse infid^le.
II monte a cheval et, suivi de deux ecuyers, quitte le
camp au galop.
On arriva dans la nuit au chateau de Donawerth. Le
clairon des sentinelles eut bientdt r6veill6 les habitants.
Marie de Brabant et sa belle-soeur, la reine Elisabeth, ne
furent pas les dernieres a accourir. Aussitdt, d*une voix
^trangl^e par la colore, le due reproche i sa femme son
infidelity et, en meme temps, il tire de son sein la lettre ac-
cusatrice. Laprincesse s'explique alors Tindignation de son
^poux; mais comme elle se sait innocente, elle lui parte
le langage de la raison et de la v£rit6, et Jui expose sans
detours le pr^tendu myst^re. Elle ne fait qu*exciter da van-
tage la fureur de Louis de Bavi^re qui lui annonce qu'elle
va mourir. En vain elle jure qu'elle est innocente et fait
appel k tons ceux qui Tentourent; en vain la reine Elisa-
beth, prostern^e aux pieds de son fr^re, t&che de Tapaiser
par ses larmes et ses prieres ; en vain elle le conjure de
differer une vengeance dont il ne se repentira que trop
tdt : tout est inutile.
Louis, qui semble en proie k un acc^s de d^mence, donne
ordre au soldat qui ^tait de garde, de trancher la t^te de
rinfortun^e princesse, et celle-ci, en entendant cet arret
barbare , s'^vanouit. Le shire ob6it machinalement, et la
t^te de Marie de Brabant alia rouler aux pieds de son
mari. La reine Elisabeth s'enfuit ^pouvant^e. Mais la vue
( 414 )
du sang, loin de calmer le due, ne fit qu^augmenter sa
rage. Comme la suivante de la duchesse, Helica de Prenn-
berg, lui reprochait sa folle cruaut6, le due la frappa lui-
m^me et il ordonna de pr^cipiter de la tour la femme du
gouverneur du eMteau , qu'il aceusait d'etre la eompliee
de I'adult^re.
Cette horrible trag^die se passait le 18 Janvier 1256.
Une tradition ajoute que dans la nuit qui suivit le erime,
le due Louis, en proie k un affreux cauchemar, et deji
poursuivi par le remords vengeur, vit apparaitre au pied
de son lit le speetre de sa femme. La tete adherait au tronc,
seulement une bande de sang de la largeur du doigt lui
entourait le col comme un collier naturel. Des larmes rou-
laient des yeux de Marie de Brabant et elle dit d*une voix
plaintive k Louis de Baviere qu'elle venait lui pardonner
sa cruaul^; mais que, pour expier son crime aux yeux des
hommes, il devait se rendre k Rome et accomplir la peni-
tence que le souverain pontife lui imposerait.
Quoi qu'il en soit de cette vision, lorsque le due de
Baviere parut le matin aux yeux de ses serviteurs, on re-
marqua avee stupeur que ses cheveux avaient blancbi pen-
dant cette nuit fatale : il n'avait que vingt-sept ans.
Avant d'aller plus loin, passons au crible de la critique
le r^cit qui precede.
{A continuer,)
( 415 )
GLASSE DES BEAUX- ARTS.
Seance du 1'^ decembre 1870.
M. Ch.-A. Fraikin , directeur.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. L. Alvin, F.-J. F^lis, G. Geefs,
A. Van Hasselt, J. Geefs, Ed. Fetis, Edm. De Busseher,
Alph. Balat, Aug. Payen, le chevalier L^on de Burbure,
J. Franck, G. De Man, Ad. Sirel, J. Leclercq, Em. Slin-
geneyer, Alexandre Robert, membres; De Biefve, corres-
pondant.
M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assiste a la stance.
CORRESPONDANCE.
Une circulaire de M. le gouverneur du Brabant, relative
au Te Deum du 15 novembre dernier pour la fete patro-
nale du Roi,aete conimuniqu^e k MM. les acad^miciens.
— M. le Ministre de Tint^rieur adresse un exemplaire
du budget de son d^partement pour 1871. — Remerct-
ments.
( 416 )
— MM. les questeurs du S^nat et de la Chambre des
repr^sentants adressent des cartes de tribune reserve
pour la session legislative de 1870-1871. — Remerciments.
— M. le secretaire perp^tuel signale, parmi les der-
ni^res publications acad^miques parues, la premiere par-
tie du tome III de la Biographie nationale.
— M. F.-J. F6tis pr&ente la notice qu'il vient de r&li-
ger sur la vie et les travaux de Charles de B^riot, membre
de la classe, d^c^d^ le 8 avril 1870. — Des remerciments
sont adress^s k M. F6tis pour ce travail, qui prendra place
dans VAnnuaire sous presse.
GONCOURS DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE
GEIjEBRE.
M. le secretaire perpetuel signale que le concours pour
une notice sur Van Dyck, au sujet duquel la classe a et^
consult^e , et dont le terme fatal expirait le 30 novembre
dernier, n'a pas donn^ de r^sultat. — II en sera r^f^re k la
classe des lettres, qui a ouvert ce concours, comprenant
aussi une notice sur Mercator. Une prolongation du d6lai
fatal sera demand^e.
Elections.
La commission sp6ciale des finances de la classe, insti-
tute en vertu de Particle 41 du r^glement g^n^ral et com-
pos^e, pour 1870, de MM. L. Alvin, F.-J. F^tis, Fraikin,
G. Geefs et Partoes, est maintenue pour 1871.
( *17 )
CONCOURS POUR 1872.
La classe inscril, d^s h present, les questions suivantes
au programme de concoars de cette ann^e :
PREMliiRE QUESTION.
Faire Vhistoire de la sculpture en Belgique aux XVII"^'
et XVllf^ siecles.
deuxi£:me question.
Apprecier les travaux des peintres beiges qui ont fleuri
dans la seconde moitie du XVIlt^ siecle.
Une m^daille d'or, de la valeur de mille francs, estdes-
tin^e k la premiere question, et une medaille d'or, de la
valeur de six cents francs, est r^serv^e a la seconde.
Le terme fatal expirera le 1" juin 1872.
Les formalit^s k remplir sont les m&mes que pour le
concours de iSli (1).
(1) Voir Bulletins, ^* s^rie, tome XXX , pages 267 et sniv.
( 418 )
CL/lSSe D£S SCIENCES
Seance du 15 decembre 1870.
M. G. Dewalque, direcleur, pr&ident de TAcad^mie.
M. Ad. Quetelet , secretaire perp^tuel.
Sont presents : MM. J. d'Omalius d'Halloy, J.-S. Slas,
L. de Koninck, P.-J. Van Beneden , Edm. de Selys Long-
cbamps, le vicomte B. du Bus, Gluge, Melsens, J. Liagre,
F. Duprez, Poelman, E. Quetelet, H. Maus, M. Gloesener,
A. Spring, Candeze, Eug. Coemans, F. Donny, Ch. Mon-
tigny, Steichen, Brialmont, E. Dupont, membres; E. Ca-
talan, associe; A. Bellynck, correspondant.
CORRESPONDANCE.
Une lettre du palais informe que Leurs Majest^s ne
pourront, k regret, assister k la s^nce publique du
16 decembre.
S. A. R. le comte de Flandre a fait connattre egalement
quMl ne pourrait se rendre k Tinvitation de la classe.
— M. le Ministre de Tint^rieur adresse une copie d'un
arr6t6 royal du o d^embre, nommant M. L, Gallait, direc-
( 419 )
teur de la classe des beaux-arts pour 1871, president de
rAcademie pour la mSme ann^e.
— Le mSme haul fonctiounaire fait parvenir, pour la
Bibliotheque, les iivraisons 213 et 214 de la Flora batava.
— Remercimenls.
— L'observatoire royal de Berlin remercie pour le der-
nier envoi de publications acad^miques.
— M. Ad. Quetelet communique une lettre de M. H-.-A.
Newton, de New-Haven (fitats-Unis) , sur I'apparition des
^toiles fliantes de la periode du mois de novembre. — Cette
lettre prendra place apres la communication sur le meme
sujet, pr6sent6e lors de la derni^re stance.
— M. le secretaire perp^tuel pr^sente le r&um6 des ob-
servations m^t^orologiques faites k Somergem, pendant le
mois de novembre 1870, par M. P. Vertriest.
— M. L. de Koninck offre, au nom des auteurs,
MM. L.-L. de Koninck fils et Dietz , Touvrage suivant :
Manuel pratique d'analyse chimique appliquee a I'indus-
trie du fer. — Remerciments.
— MM. Gilbert et Catalan sont nomm^s commissaires
pour I'examen d*un m^moire de M. Saltel, intitule : These
sur certains systemes de courbes geometriques.
( 420 )
GONGOURS DE STASSART POUR UNE NOTIGE SUR UN BEL6E
II est donn^ connaissance de la prorogation , par la classe
des lettreSy du coDCours pour la Dotice sur Mercator, au
sujet duquel la classe des sciences avait H& consult^e.
Elections.
La classe procMe, en comity secret, conformeroent a
I'article 2 du reglement g^n^ral, au remplacement de deux
associ^s de la section des sciences naturelles, MM. Moreau
de Jonn^s et Lacordaire, d^c^d^s pendant le courant de
I'annee 1870. Elle procede 6galement k I'election de deux
correspondants.
Le r^sultat de ces nominations sera proclam^ en stance
publique de la classe.
CONCOURS DE 1870.
Un seul m^moire a 6i^ re<;u en r^ponse au concours de
cette ann^e.
II concernait la premiere question , ainsi eon^ue :
Examiner et discuter les precedes suivis pour determi"
ner la declinaison, Nnclinaison et Vintensite magnetiques
( 421 )
du globe terrestre, ainsi que les variations seculaires et
■
diurnes^ el porlait pour devise :
Si I'on consid^re I'intensit^ magn6tique horizontale en admetlant
la distinction des saisons , et en ayant ^gard k la variation diurne ,
• on trouve des r^saltats assez remarquables.
(Ad. Qdetelet, Physique du globe.)
Void les rapports des commissaires qui avaienl et6 char-
ges d^examiner ce travail :
< I.es elements du magn^tisme du globe terrestre sont
de plusieurs esp^ces :
La d^cliaaison et Tinclinaison relatives de Taiguille ai-
mantee ou du barreau aimant^ en un lieu quelconque du
globe, sa d^clinaison el son inclinaison absolues, c'est-i-
dire exprim^es par une unit^ fixe et d^termin^e, les inten-
siles totales relative et absolue du magnetisme terrestre,
ainsi que leurs composantes horizontales et verticales en
un lieu quelconque de la terre.
Quelles sont les methodes les meilleures a suivre pour
determiner le plus exaclement possible chacun des ^le-
menls pr^nommes?
Ces elements eprouvenl chacun trois sorles de varia-
tions, des variations seculaires, periodiques et diurnes.
Quels proc6d& faul-il employer pour determiner chacune
de ces variations aussi exaclement que possible?
Quel est le mode de suspension le plus.exact de Taimant
mobile soumis a Texperience? Faul-il preferer les aimanls
mobiles, legers (de moins de 50 grammes, par exemple), k
des aimanls mobiles lourds (de 2, de 4, de 6 kilogrammes),
2™* S^.RIE , TOME XXX. 28
( 422 )
ou r^iproquement ? Comment atl^oue-t-OD les r^istances
au mouvement de TainiaDt mobile, telles que le frotle-
ment, la resistance et les couranls d'air, les momeDts
d'inertie, la torsion des ills de suspension, Tinfluence de
la temperature sur les aimants, et comment tient-on
compte par le calcul des effets nuisibles de la torsion des
tils de suspension, et de la temperature qu*on ne peut em-
pficher d'agir?
Les questions k traiter, on le voit, soot oomhreuses,
et plusieurs sont difficiles et delicates. II faut decrire bon
nombre d'instruments,en exposer et en appr^cier la theo-
rie, et Justifier celle-ci par des experiences et des obser-
vations. Une exposition raisonn^e et critique des metho-
des perfectionnees et r^centes , propos6es pour r^soudre
les questions indiqu^es pr^cedemment, constituerail un en-
semble (corps) de doctrines sur le magn^tisme terrestre qui
serait fort utile.
La question pos^e par I'Academie avait precis^ment pour
but de provoquer un* travail de ce genre.
Nous allons maintenant voir comment et jusqu'^ quel
point ce but a ^te atteint par Fauteur de la r^ponse faite i
cette question.
Le m^moire soumis k mon examen se compose de deui
parties distinctes. La premiere est th^orique, Tautre con-
tient la description des instruments recents principaux,
leurs applications et la maniere de s'en servir.
Dans un avant-propos , I'auteur fait voir les difficultes
inh^rentes k T^tude du magn^tisme terrestre. II passe en-
suite, sans donner de plan explicatif des mati^res k trai-
ter, au sujet m^me de la question. Dans les quatre pre-
miers paragrapbes, il explique longuemenl la distribution,
rinductton et la conservation de la force magnetique dans
( 423 )
les aimaots, et la constiiiilion de celte force dans leurs
diff^rentes parlies.
Dans le § V, portant le tilre : Aimantation, I'auteur ex-
pose d'abord comment se developpe le magn^tisme dans
un barreau d'acier par Tinfluence d'un barreau aimanle; il
d^crit toutesles m^thodes d'aimanlation connues, les com-
pare entre elles et en deduit comme consequences : 1"* que
la m^thode de la simple touche est tres-commode et tr6s-
•
bonne pour aimanter des barreaux lagers, et que, en outre,
elle est susceptible de donner beaucoup de force si Ton
emploie des inducteurs puissants; 2^ que toutes les m^tho-
des donnent des r^sultats plus forts quand on applique
I'inducteur sur toutes les faces du barreau; 5° que la m^-
thode de la double touche k p6les fixes et separ^s en con-
tact avec le barreau d'acier, les pdles sup^rieurs 6tant r6u-
nis par un barreau de fer, est tres-puissante ; 4° que par
ia m^thode d'aimantation h Taide d'un 6lectro-aimant a
deux branches, anim6 par un courant 6lectrique tr^s-in-
tense, on developpe dans les barreaux d'acier des magn^-
tismes plus puissants que par toutes les autres m^thodes ,
et que, en outre, cette m^tfaode n'est pas seulement la plus
puissante, mais aussi la plus commode, la plus prompte
et la plus propre k ne pas donner lieu k des points conse-
quents.
Apres avoir appr^ci^ les m^thodes d'aimantation, I'au-*
teur expose successivement dans le m^me paragraphe les
lois d'aimantation par frictions successives, constal^es, il y
a di}k longlemps, par M. A, Quetelet^ et les lois de la de-
|)erdition du magn^tisme des barreaux aimant^s. D'apr^s
a.A.Quetelety < I'aimantation primitive est toujoursia plus
:» puissante : elle ne fait que s'affaiblir par les renverse-
» ments successifs de la polarity ; mais les differences de-
[
( 424 )
» viennent de plus en plus faibles '^ mesure que les ren-
» versements se multiplienl. »
< Le retablissement de la polaril6 primilive est toujours
» le plus facile, landis que riDversion devient de plus en
» plus difficile k mesure que le nonibre d'inversions s*ac-
» croit. »
< Le maximum de force d'un barreau ou d'une aiguille
» ne s'acquiert que par des frictions completes, c'est-a-
» dire failes sur toutes les faces. Les aimants inducteurs
» donnent, toutes choses egales, aux barreaux de memes
» dimensions qu'eux , une force magn^tique ^gale a celle
» qu*ils possedent, et, dans les barreaux de dimensions
D difierentes, les forces acquises sont comme les cubes des
» dimensions homologues. d
« Quand on opere sur des aimants avec des inducteurs
» plus faibles qu'eux, on affaiblil les premiers. »
On sail qaun barreau d'acier aimanl^ r^gulierement et
abandonne k lui-m^me, perd petit a petit de sa force; mais
cette d^perdition se fait-elle suivant une certaine loi? Con-
tinue-l-elle indefiniment ou s'arr6te-l-elle apres qu'elle est
parvenue k une certaine limite de decroissement? M. Han-
steen, savant physicien et astronome norw^gien, a le pre-
mier cberch6 k d^montrer que la deperdition dont il s'agit
^tait soumise k une loi, et il a trouve que cette loi de de-
croissement suivait une progression geometrique , jusqu*a
une certaine limite au dela de laquelle elle restait conslante.
II a observe qu'un de ses aimants n'atteignait la limite ile
dt^croissement qu^au bout de quatorze ans et demi, tandis
qu'un autre s'en approcbait au bout de sept mois. L*auleur
du m^moire qui nous occupe n'admet pas la loi de Han-
sieen; il rapporte des experiences de lA.Lamont qui prou-
vent que la temperature exerce une notable influence sur
( 425 )
les forces des aimants en modifiant leur degr6 de trempe,
influence donl Hansteen ne tenait pas compte dans ses
recherches.
A la On du paragraphe YI, Tauteur recommande que
I'acier k choisir pour en faire de bons aimants, soil homo-
gene, d'une constiluiion mol^culaire uniforme et k grains
fins; < autrement la trempe, » dit-il, < ne sera pas uni-
» forme non plus; le barreau s'aimantera diificilement et
i> k un faible degr^. » Quant au mode de la trempe, < le bar-
reau, » dit Tauteur, « ne devra pas etre tremp6 trop chaud
ou brA16. Le bon acier fondu anglais (d'une densite de 7,79
k 7,93) devra 6tre chaufl(§ graduellement et trfes-uniforme-
ment jusqu^au rouge brillant (prenant dans le feu les cou-
leurs jaune-paille) et puis etre immerg6 soudain dans une
grande masse d'eau froide. j> C'esl ce mode de trempe qui
parait k I'auteur tr^s-propre k donner de bons aimants.
Quels poids faul-il donner aux aimants mobiles dans
les recherches magn^tiques? Le c^lebre Gauss s'est servi,
dans ses savantes recherches sur le magnelisme terrestre,
d'aimants de deux, de quatre, meme de dix kilogrammes;
M. Lamont, au contraire, apr^s avoir essaye des aimants
lourds et des aimants lagers de cinquante, de quatre-vingts
grammes et m^me des aiguilles qui, dans plusieurs expe-
riences, ne pesaient que quelques grammes, a reconnu
qu'il y avait avantage k se servir d'aimants legers : car les
aimants minces prennent rapidement la temperature du
milit'u environnant et ils atteignent une grande r^gularite,
ainsi que le degr^ de trempe convenable dans tons les
points; enferm^s dans des boites etroites et par consequent
hors de toute influence des courants d^air, ils indiquent,
d^apr^s les observations de M. Lamont^ les deviations de
leurs positions d'equilibre promptement et exactement. Ces
( 426 )
raisons sonl celles qui determinent Tauteur k adherer i
ropinioi> du savant astronome de Munich.
Dans le § VII, Tauleur determine, par des considera-
tions tant dynamiques que statiques, la mesure des forces
inagnetiques, el il ^tablit cette mesure en vue du magne-
tisme terrestre, en adoptani Tunit^ de force magn^tique
propos^e par Gauss.
Dans le § VIII, ayant pour titre : Quelques proprietes
des aimants simples^ est espos^, sous la forme purement
tbeorique, Fensemble des questions que comporte Tetude
du magnetisme terrestre et qui sont k resoudre dans les
observatoires magn^tiques. Cest ainsi qu'en mecanique
on traite d'abord la theorie du pendule simple ou fictif et
qu'apres on expose celle du pendule compost.
Dans le § IX, intitule : Moment magnetique d'un aimant
compose, Tauteur determine le moment magnetique d'un
aimant compost et enseigne k trouver la vraie direction de
Taxe magnetique d'un aimant.
Dans le § X, portant le titre : Oscillations d'un aimant
horizontal, resistance, moment d^inertie^ Fauteur etablil
d'abord une formule g^nerale qui conduit k I'expression
de la dur^e des oscillations d*un aimant compost, en fonc-
tion de son moment magnetique et de son moment d'iner-
tie; il determine la duree pour le cas oil Tamplitude de
Taimant a une valeur finie et dans celui oA cette ampli-
tude est inftnimenl petite. Quant aux procedes k suivre
pour compter les oscillations, il prefere celui suivi par
A, Quetelet k celui adopte par Gauss. Ce dernier pointe aa
passage de Taiguille dans le meridien , ce qui oblige Tob-
servateur a se tenir plus pr^s de finstrument que si Tod
pointe aux extremites de Tamplitude, comme font A, Que-
telet et Sabine; la difference des observations faites par
Gauss et A, Quetelet ne montait qu'4 0",05.
( 427 )
Dans ce meme paragraphe , I'auteur ^tudie la resistance
due au froltement des pivots des aiguilles, celle de Fair
proporlionnelle k la vitesse, et celle de la torsion; il re-
commande meme de ne pas negliger la resistance d'un sim-
ple fil de soie et introduit dans la formule des oscillations les
coefficients de correction relatifs aux resistances. L'auteur
indique comment oh determine par le calcul le moment
d'inertie de Taimant si sa forme est reguli^re, et comment,
dans les autres cas , on le determine par le proc^de de
Gauss.
Dans le § XI , qui est intitule : Action reciproque de deux
aimants horizontaux, Tauteur veut, sans aucun doute,
exprimer Taction magn^tique du globe terrestre sur une
et sur deux aiguilles, ou, en d'autres termes, Tinlensite
relative et I'intensite absolue du magn^tisme terrestre.
L'intensite magnetique de la terre se determine en faisant
osciller une aiguille aimant^e placee dans le meridien ma-
gnetique, en tenant compte de Tinfluence de tons les coef-
ficients correcteurs dont nous avous appr^cie les effets pr^-
cedemment. Si elle (Faiguille) conservait toujours la meme
force magnetique, dans tons les lieux et dans tons les
temps, on obtiendrait la valeur absolue de la force magne-
tique du globe terrestre ; mais cela n'ayant pas lieu, on ne
determine ainsi que l'intensite relative. Pour'obtenir Tin-
tensite absolue, il faut determiner Fintensite magnetique
du globe, independamment Au magnetisme de Taiguille.
C'est i Poisson que revient I'bonneur d'avoir resolu le
premier ce probleme important. Sa methode consiste k
faire osciller separement, par Tinfluence du magnetisme
terrestre, deux aiguilles a et 6, la premiere de Tintensite
magnetique fei la seconde de Tintensite /*', k placer en-
suite les centres de gravite de ces deux aiguilles sur la
( 428 )
lu^me ligne parall^le k h force directrice du globe dans le
m^me meridien , et k faire osciller a sous rinfluence da
magnetisme du globe terrestre et de b en repos; de faire os-
ciller ensuile b sous Finfluence de la terre et de a en re-
pos. Par cette m^thode, on obtient trois equations dont les
seconds membres contiennent les quantil^s k determiner
par les experiences, et dont les premiers membres sont res-
pectivement xf, xf ei ff ^x etant I'intensite cherchee de
la terre. On voit qu'en multipliant la premiere Equation
par la seconde, et qu*en rempla^ant le produit ff par sa
valeur d^duite de la troisieme, on connaitra x, les au-
tres quanlites 6tant k determiner, comme on vient de le
dire, par des experiences. Poisson n'a pas cherche ces
donnees exp^rimen tales, «t, de plus, il avait choisi deux
aiguilles a et 6 d*inclinaison et plac^es dans le meridien
magnetique, ce qui occasionnait des difficult^s, puisque
MM. Moser et Riess n'ont pas r^ussi k verifier sa m^thode
exp^rimentale.
L'auteur du m^moire expose, discute et critique la me-
(hode de Poisson , que M. Lamont a perfectionnee en em-
ployant des aiguilles horizontales, comme le montre Tau-
teur.
Gauss a propose une autre m^thode pour r^soudre le
m^me problfeme; elle consiste : 1" k faire osciller, par
I'aclion magnetique du globe, une aiguille aimantee hori-
zontale plac^e dans le meridien magnetique; ^'^ k faire de-
vier la meme aiguille du meridien par un aimant fixe per-
pendiculaire au meridien et passant, s'il etait prolonge, par
le milieu (ou le centre) de I'aiguille ; cet aimant, place k la
distance r, faisait devier la m^me aiguille d'un angle v; or,
avec ces quantites t; et r et toules celles contenues dans
Texpression t de la duree connue des oscillations de Tai-
( 429 )
guille, Gauss a form^ deux equations au moyen desquelles
il eliminait la force magnetique M de i'aiguille, ealcu-
lait, par consequent, independamment de M, la compo-
sante horizon tale T du raagnetisme de la terre, et, par
suite, la force naagn^tique totale, en mnltipliant T par le
cosinus de Tangle de rinclinaison magnetique du lieu d'ob-
servation. En exprimant ce produit par Tunit^ adoptee par
Gauss , on obtenait Tintensit^ cherch^e pour le lieu d'ob-
servation.
L'auteur du memoire expose, avec quelques simplifica-
tions , tons les calculs faits par Gauss et meme ceux assez
longs que I'illustre savant a fails pour obtenir toutes les
corrections n^cessaires et desirables.
Dans le § XII , intitule : Influence de la temperature,
Tauteur montre comment il faut tenir compte de Finfluence
de la temperature sur les aimants, laquelle modifie la
trempe de ceux-ci et fait varier par suite leur inlensite
magnetique..
Par tie descriptive et appliquee. — Dans cette partie,
l'auteur du memoire dont nous parlous ne pouvait guere
faire autre chose qu'eraprunter la description des princi-
paux appareils faite par leurs auteurs memes, ou par ceux
qui s'en servent le plus fr^quemment. lis sont e.videmment
le mieux k memede fournirles donnees de leurs observa-
tions et de leurs experiences , et aptes a juger ou S appr6-
cier les qualites des instruments employes. Aussi, Tauteur
du memoire dont nous parlous a-t-il du elre simple histo-
rien de la description et des usages des appareils.
Quant k la redaction, elle est claire et correcte. Des
figures aidenl encore h en rendre la lecture plus facile.
Yoici cependant quelques additions a faire, qui ren-
draient le travail plus complet :
( 430 )
1** L'auteur n'a pas donn^ de precede pour compter le
nombre d'oscillalions;
2"" II n'a pas parl^ de rinfluence de Tequation person-
nelle dans les observalions, ni de la mauiere de TatteDuer
aulant que possible;
S"" II aurait pu insister plus sur les avantages qu'on troa-
verait k faire les observations a distance des instruments;
4° II n'a pas indiqu^ le proc^d6 d'Arago, consistant k
determiner la force magn^tique d'une aiguille aimant^e
tournant par Tinfluence d'une plaque de cuivre en rotation
dans un plan perpendiculaire k la direction de la force ma-
gn^tique de la terre, et par consequent hors de toute in-
fluence de cette force, afin de Texprimer ensuite par une
valeur absolue fixe et determinee;
5"* L'auteur ne touche pas la question si importante de
savoir si les observations par I'enregistrement automatique
obtenu soit par le proc^de mecanique de Lamont^ soit par
la photographic, soit enfin par I'electricite, sont aussi
exactes que celles faites d'apr^s les methodes suivies gen^-
ralement; href, il edi et^ important d'examiner l"" s'il y a
avantage k employer les methodes que je viens de ciler;
2° de faire voir en quoi consiste cet avantage;
6° L'auteur a omis de d^crire les appareils Electro-
dynamiques inventus par W. Weber, et d^pos^s aujour-
d'hui k I'observatoire de Goettinguej pour faire toutes les
observations sur le magnetisme du globe terrestre. II pa-
rait que les observations deviennent beaucoup plus sim-
ples et les r^sultats au moins aussi exacts.
Le memoire dont nous nous occupons a toutefois exige
beaucoup de recherches et coute k l'auteur de grandes
peines pour rassembler les mat^riaux divers et nombreux
qui y sont exposes. II contienl pen de fails nouveaux,
( 43i )
sauf la solutioD d'un probl^me k peine ^nonc^ par Gauss ,
relatif aux momeols magnetiques, et de grandes simpliO-
calions introduites dans les calculs relatifs k la th^orie de
rinclinateur magn^tique. La question proposee, il est vrai,
ne demandait pas pr^cisement du nouveau,elle exigeait
surtout {'exposition et Tappr^ciation critique des procedes
existants.
La premiere partie du m^moire contient des connais-
sances ^l^menlaires qu'il conviendrail de relrancher et
d'autres qu'on pourrait abreger et simplifier, mais qui,
cependant, n'alt^rent en rien le fond du memoire, qui
renferme de tres-bonnes choses. Ce travail, ainsi reforme,
deviendrait un ouvrage vraiment utile k la science, parce
qu'il contiendrait, r^uni en un petit volume, tout ce quil
est int^ressant de connattre sur la grave question du ma-
gnetisme du globe terrestre.
En consequence, nous proposons d'accorder le prix a
Tauteurdu m^moire. >
€ Le magn^tisme terrestre est une des branches de nos
connaissances qui fixe le plus I'attention en ce moment;
outre Tinteret extreme quWre au savant cetie force mys-
t^rieuse, qui est liee si 6troitement avec la th^orie mol6-
culaire des corps et avec la constitution de notre globe, le
ph^nomene brillant de I'aurore bor^ale et les bouleverse-
ments atmosph^riques qui accompagnent souvent les
grands mouvements de I'aiguille aimant^e, attirent force-
ment Fattention des personnes les moins port^es k obser-
ver les ph^nomenes de la nature.
( 432 )
Quand on veut exprimer num^riquement I'intensit^ de
C€tte force et la grandeur des angles qui tixent sa direction
dans I'espace, on se Irouve en presence d'un grand nom-
bre de questions d^licates, qui exigent le concours de I'ha-
bile observateur et du savant calculateur. Les conditions
que doit remplir un bon ainoant, les appareils au moyen
desquels il doit etre observe, les precautions qu'il faut
prendre pour 6viter les causes d'erreurs, les formules qui
doivent etre employees pour faire passer dans le domaine
scientifique les rdsultats imm^diats de Tobservation, sont
autantde parlies differentes qui demandent ^galement tous
les soins du physicien. La question pos^e par rAcad^mie
offrait d'autant plus d'inl^r^t, que le raagn^tisme terrestre
^tant une science toute recente, les diverses recherches
math^matiques et physiques qui Font amende k son etat
actuel se trouvent diss^niinees dans un grand nonibre de
recueils sou vent difficiles k consul ter.
Le nDemoire parvenu en reponse k la question, et qui
porte pour ^pigraphe : c Si Ton considere, etc., » est divise
en dix-sept chapitres. Les six premiers sont consacr& a
etablir les definitions preliminaires, k exposer les lois de la
distribution du magn^tisme dans les barreaux etadecrire
les differents proc^d^s d'aimantation. Je crois inutile d'in-
sister sur cette partie du travail, qui fait Tobjet d'un exa-
men si complet dans le savant rapport du premier com-
missaire.
Dans le cbapitre YII, Tauteur aborde la question de la
mesure des forces magn^tiques. On sait que Gauss, le pre-
mier, a fourni, il y a une quarantaine d'ann^es, des proc6-
d^setdes m6lhodesde calcul, qui ont permis de determiner
avec une grande precision la valeur de Tinlensite absolue
du magn^tisme terrestre. Des essais avaient d^j^ ete tentes,
( 433 )
a la virile, raais ils avaient donne des r^sultals peu satis-
faisants. Gauss, adoptaot pour unit^ de lemps la seconde
de temps moyen solaire, pour unit6 de longueur le milli-
metre et pour unite de poids le milligramme, a choisi comme
unite de (luide magnetique la quantite de fluide qui, agis-
sant sur une autre quantity de fluide ^gale, produit sur la
masse 1 ^ la distance 1 une acceleration ^gale ^ 1.
Si Ton fait osciller un barreau horizontal suspendu par
son centre de gravity et qu'on determine la duree d'une
oscillation infiniment petite , on peut calculer en fonction
de cette duree et du moment d'inertie du barreau la valeur
de la composante horizontale du magn^tisme terrestre
multipli^e par le moment magnetique du barreau. Pour
trouver la premiere quantite, il faut doncelrminer le mo-
ment magnetique du barreau ; c'est ce que Gauss, adoptant
une id^e deja emise par Poisson, a execute en faisant in-
tervenir un second barreau fixe nomme barreau diiflecteur.
Celui-ci peut occuper des positions diverses, mais genera-
lement on le place horizontalement, au meme niveau que
le premier aimant et sur la.ligne normale au meridien
magnetique men^e par le point de suspension. Le barreau
suspendu se trouve alors devie de sa position d'equilibre et
prend une position nouvelle sous Tinfluencedu magn^tisme
de la terre, de Taction du barreau deflecteur et de la torsion
du fil de suspension. La nouvelle equation amene une
nouvelle inconnue, le moment magnetique du second bar-
reau, mais comme on peut faire agir celui-ci dans plusieurs
positions, on a les elements necessaires pour eiiminer les
moments des deux barreaux et trouver enfin I'expression
numerique de la composante horizontale du magnetisme
terrestre. On en deduit immediatement la force totale,
quand on connatt rinclinaison. Tel est en quelques mots
( 434 )
le principe de la methode que la science doit i Gauss.
L'auteur du memoire commence par etablir les condi-
tions d*equilibre et de mouvement des aimants simples
agissanl Tun sur faulre ou soumis k Taction directrice da
globe. L'aimant simple est un appareil ficlif compose de
deux points magnetiques de polarites contraires, reunis
par une Hgne droite rigide et sans pesanteur; en admeltant
qu'un point magnetique agit sur un autre point magneti-
que, proportionneilement k la quantity de fluidequ'il con-
tient et suivant ie rapport inverse des carr^ des distances,
comme I'a avanc^ Tobie Mayer, et comme cela a et6
demontr^ depuis, on peut aisement traiter toutes les
questions qui se rattachent k un tel syst^me m(§cdniqae.
Abordant ie cas des aimants composes, Tauteur donne
avec soin les moyens de calculer les di verses corrections
qu'il faut faire subir aux r^sultats des observations avant
de les employer dans Ie calcul; il traite de la reduction du
temps d'oscillation d*un barreau dont les amplitudes attei-
gnent une certaine grandeur au temps d'oscillation dans un
arc ^vanouissant. La resistance de Tair au mouvement d*un
barreau oscillant, les frottements des pointes et des axes,
la torsion des fils Gxent ensuite son attention. La determi-
nation du moment d*inertie d'un corps, qui est un calcul
fort simple quand le corps est homog^ne et geom^trique,
devient une question delicate quand il s'agit de barreaux
munis d'accessoires, tels qu'etriers, etc. ; Tauteur indique
les m^thodes employees par Gauss et par M. Lamont pour
les evaluer. Enfin il. traite de rinfluenee de la temperature,
qui agit de deux manieres diff^rentes, soit en changeant
les dimensions des corps, ou en alterant leur magn^tisme.
Dans le chapitre XI, la ih^orie de Taction r^ciproque
de deux aimants composes est expos^e d'iine maniere
( 43S )
tr6s-compIete. Les calculs de Poisson el de Gauss y sont
donoes en detail daus le cas du mouvement vibratoire
et dans I'hypothese de I'elat statique. Les modifications
apport^es par M. Lamont i ces deux methodes, solt en pla-
tan t les aiguilles horizon tales ou en disposant le barreau
d^flecteur normalement k Taiguille d^viee, au lieu de le
mettre normalement au m^ridien magn^tique, y sont
rappel6es, ainsi que les changements que ces dispositifs
apportent dans les formules.
Apres avoir ainsi expose les diverses m^thodes propo-
s^es pour la mesure de la force magnetique absolue, Tau-
teur decrit les appareils en usage pour determiner la force
horizontale relative, tels que Fappareil bifilaire ou les in-
struments portatifs destines k faire osciller une meme ai-
guille horizontale dans des lieux diff^rents.
Les chapitres XIII et XIV sont consacr6s k la descrip-
tion des appareils destines a observer la direction de la
force magnetique ; ils sont divis^s en deux classes : les incli-
nom^tres, qui servent a mesurer Tangle que fait la direction
de la force magnetique terreslre avec un plan horizontal ,
et les declinometres, qui mesurent Tangle compris entre la
projection horizontale de cette force et le meridien astro-
nomique.
Enfin Tenregistrement automatique des donn^es du
magnetisme est etudie dans le chapitre XVL L'auteur exa-
mine successivemenl les proc^des employes depuis long-
temps k Munich par M. Lamont, la m^lhode propos^e par
un de nos savants confreres et enfin Tenregistrement pho-
tographique.
Le m^moire est termini par quelques details pratiques
sur la forme et les dimensions des instruments, sur leur
installation et les procddds d'observation en usage.
( 436 )
Je pense que le memoire pr^sente au concours repood
bien a la question posee par TAcademie. II y a certaine-
ment quelques lacunes; d'aulre part, quelques chapilres
auraieot pu etre abreges en supprimaot des details pea
interessants, mais, dans son ensemble, ce travail sera
utile aux progres du magn^tisme terrestre; j'ai en conse-
quence I'honneur de proposer k la classe d'accorder le prix
k son auteur.
« En presence des rapports des deux premiers commis-
saires, rapports auxquels il serait difficile de rien ajouter,
je me bornerai k dire que je me rallie entierement aux
observations de mes honorables confreres et k leur appre-
ciation sur le merite du travail que j'ai examine. L'auleur
a satisfait aux conditions les plus importantes qui de-
coulent de la question mise au concours, dans son expose
des principaux procedes de determination des Elements du
magneiisme terrestre, et cela, apr^s avoir d^veloppe les
considerations tbeoriques sur lesquelles reposent ces pro-
cedes. Get expose offre ainsi, sous une forme convenable,
un ensemble de donnees qu'il sera tres-utile de trouver
reunies pour Tobservation de ce grand pbenom^ne naturel.
A la verite, le travail presente quelques lacunes qui ont
ete signaiees : ainsi, Tauteur aurait dil s'etendre sur les
procedes d'enregislrement pbotographique des variations
magnetiques; il se borne a decrire sommairement, comme
il le dit lui-meme, Tun des sysl^mes de M. Brooke qui
fonctionnent, depuis plus de vingt ans, a Tobservatoire de
C 437 )
Greenwich, en passant sous silence les appareils magne-
iographiques de m6me esp^ce que M. F. Ronalds a install^s
a I'observatoire de Kew, vers la m^me 6poque. Toulefois
les remarques que nous a sugg6r6es un examen attentif
de ce travail, et dont les raisons d^etre sont susceptibles
d'etre att6nu6es, comme les premiers rapporteurs le pro-
posent, laissent au memoire son m^rite r^el. Je me joins
done volontiers k mes savants confreres, en ayant I'hon-
neur de demander k la classe de decerner le prix k Tauteur
du travail. >
La classe , conformement aux conclusions favorables des
rapports qui pr6c6dent, vote la m^daille d'or k I'auteur du
memoire presente. L'ouverture du billet cachet^ joint k ce
travail fait connaitre qu'il est dA k M. Louis Perard , pro-
fesseur de physique k Tuniversit^ de Li^ge.
PR^PARATIFS DE LA STANCE PUBLIQUE.
Conformement k Tarticle 17 de son r^glement int^rieur,
la classe entend la lecture pr^alable des pieces destinies k
la stance publique du lendemain et prend les dispositions
definitives pour I'organisation de cette solennit6.
2"**^ s6rie» tome XXX. 29
( 438 )
GLASSE DES SCIEHCES.
Seance publique du 16 decembre 1870.
M. G. Dewalque, directeur, president de TAcademie.
M. Ad. Quetelet, secretaire perp^tuel.
Sont presents: MM. J. d'Omalius d'Halloy, L. de Ko-
ninck, P.-J. Van Beneden, le vicomte B. du Bus, H. Nyst,
Gluge, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, Poelman, E. Que-
telet, M. Gloesener, E. Candeze, F. Donny, Ch. Montigny,
E. Dupont, membres; Lamarle, E. Catalan, A. Bellynck,
associes; Ed. Morren et Ed. Mailly, correspondants.
Assistaient k la stance :
Classe des lettres : MM. Sleur, J, Roulez, Gacbard, Paul
Devaux, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, Ch, Fai-
der, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon, Tb. Juste,
le general Guillaume, Alpb. Wauters, H. Conscience, mem-
bres; J. Noletde Brauwere van Steeland, associe.
Classe des beaux-arts : MM. Cb -A. Fraikin, directeur;
L. Alvin, GuillaumeGeefs, Jos. Geefs, Ed. F^tis, Edm. De
Busscber, Auguste Payen , le cbevalier Leon de Burbure,
J. Franck , Gust. De Man , Ad. Siret, Julien Leclercq et
Alex. Robert, membres.
( 439 )
M. G. Dewalque , directeur, a ouvert la stance par un
discours, vivement applaudi, Stir la marche des sciences
minerales en Belgique. Ge travail parattra plus loin.
M. Aug. Bellyuck, associ^, a ensuite donn^ lecture de
la notice suivante :
Les anomalies chez Vhomme et chez les animaux.
Messieurs ,
Je oe m^attendais nullement, il y a quelques jours, a
rhonueur de prendre aujourd'bui la parole dans cette en-
ceinte; la redaction precipit^e de mon travail reclame done
I'indulgence de naes auditeurs.
Le snjet, Messieurs, dont je viens vous entretenir, c'est-i-
dire Les anomalies chez Vhomme et chez les animaux, n'est
pas seulement de nature k piquer Iji curiosity, il jette en
mSme temps de grandes lumieres sur Thistoire des ani-
maux et surtout de Thomme, et son £tude acquiert chaque
jour une plus grande importance.
La science des anomalies ou monstruosites a re^u le
nom de teratologie, et il importe, avant tout, de la bien
d^fmir. La teratologic dont il est ici question comprend
r^tude des deviations organiques que Thomme et les ani-
maux apportent en naissant. On ne considere done pas
comme telles les deformations dues k des accidents pos-
terieurs k la naissance, ou k des maladies, non plus que
les diflbrmites provoqu^es k dessein par des parents dena-
tures. II n'est pas rare de rencontrer sur nos foires de ces
etres deformes que la cupidite exploite, et au sujet des-
( 440 )
quels la police n'est pas toujours assez en ^veil. Cest aux
auteurs de ces atrocit^s qu'il coDviendrait, a juste litre,
d'appliquer le nom de monstres, mais daus un ordre d'id^es
different de celui qui fait le sujet de cet eutretien.
HiSTORiQUE. — Nous ue somroes plus au temps oil les
monstres ^talent des objets d'epouvaote et des presages de
calamit^s. line famine, u.ae guerre, une ^pid^mie, trou-
vaient toujours un pr^curseur dans quelque £tre difforme
contre lequel les lois ne manquaient pas de sevir. — Jus-
qu'au XVII""* si^cle, on approuva les lois grecques et ro-
maines qui condamnaient i mort les enfants affect^s de
monstruosit6, et ce n'est qu'en 1 605 que le m6decin Rio-
Ian avan^a, comme une nouveaut^ bardie, qu*on pouvait
d^sormais se dispenser de faire p^rir les sexdigitaires , les
macroc^pbales , les grants et les nains, et qu'il suflSsait de
les soustraire a tons les regards; quant aux autres, il vou-
lait qu*on les mit ^ mort sans d^lai. C'est par allusion a
cette coutume barbare qu'un dicton populaire repete en-
core de nos jours, qu'iV faut etouffer le monstre.
On couQoit en eifet que nos p^res, dans leur simplicite,
aient 6i6 saisis d'effroi en entendant les recits fantastiques
accr^dit^s de leur temps, ou en examinant les figures hor-
ribjes don I fourmillent les ouvrages d'Ambroise Pare,
d'Ulysse Aldrovande, de Fortunio Liceti et de Caspar
Scbott. Dans la plupart de ces figures cependant, comme
dans les personnagcs de la fable, il existe ordinairement
un fond de v6rit6. Ces prelendus portraits n'ont pas 6ie
faits d'apres nature; tons les caract^res sont exag^r^s, les
membres sont agenc^s d'une mani^re impossible, et on y
repr^sente k T^tat adulte des monstres qui ne naissent ja-
mais viables. — Trop souvent aussi des voyageurs cr^
dules ont accueilli avec confiance des traditions fondees
( 441 )
sur des fails mal observes. G*est aiasi que des peuples igno-
rants, voyant pour la premiere fois des hommes k cheval,
s'imagiD^rent que le cavalier et sa mooture ne faisaient
qu'un : c'est Torigine probable des centaures. — II n'est
pas rare non plus de rencontrer chez des brocanteurs de
mauvaise foi des aniroaux fabriqu^s de toutes pieces, r^u-
uissant sur un in^me individu des parties empr unties k
des especes diverses. Plus d'uu naturaliste s'est laiss^ du-
per de la sorte, et Cuvier lui-meme, nomrn^ expert par
les tribuuaux pour coostater si un gros poisson n'^tait pas
form^ de la reunion de deux petits, h^sita longtemps et
eut bien de la peine k d^in^ler la fraude. II est facile k un
empailleur adroit de surajouter k un animal une tete ou
un membre. La greife animale pent m^me op^rer des an-
nexions de ce genre sur des animaux vivants, et produire
aussi des monstres doubles. On con^oit d^s lors que des
t^moins dignes de foi d^posent en faveur de faits que la
nature d^savoue et qui ne sont dus qu'^ la supercherie.
Ce ne fut que vers le milieu du XVIII"** siecle que les
pr^juges commenc^rent k tomber et que les monstres de-
vinrent des sujets de curiosity et d'un int^r^t vague. Mais
il faut arriver k ces derniers temps pour voir les anomalies
devenir un objet int^ressant d'etude, et repandre la lu-
miere sur Tanatomie et la physiologie.^Les monstruosit^s
ne sont plus desormais un d^sordre aveugle; des lois ont
preside k ces productions insolites, etdans bien des cas il
a ^t^ possible de les faire nattre k volont^.
On nous permettra d*ex poser bri^vement les deviations
les mieux constatees, et de faire voir comment certains
faits, en passant par la bouche du vulgaire, ont ^te plus
d'une fois denatures.
Isidore Geoffroy S^-Hilaire fait remarquer que les ano-
( 442 )
malies portent sur la suppression des organes, sur leur
nombrej leurs connexions ^ leur position^ leur volume, leur
forme ^ leur composition elementaire^ ou sur plusieurs de
ces conditions r^unies.
I.
Toutes les anonialies ne pr^sentent pas la m^me gravity.
En g^n^ral, celles qui ne portent que sur des organes ayant
plusieurs homologues, comme les vert^bres, les cotes, les
doigts, les dents, les pattes, les anneaux du corps, les ar-
ticles des antennes..., ne nuisent en rien aux fonctions de
la vie et passent souvent inapergues.
Parmi les anomalies peu graves, il faut citer en premiere
ligne le nanisme et le gigantisme. On a vu des nains dans
tons les pays, et notre honorable secretaire, M. Ad. Que-
telet, qui a toujours eu tanl i coeur le progres des sciences,
en a signale plusieurs en Belgique dans le courant de ce
si^cle; il leur a consacr^ des notices int^ressantes dans les
Bulletins de TAcad^mie (1),. — La taille des plus petits ne
paratt pas avoir ^t6 au-dessous de SO centimetres. Depuis
longtemps on a rel^gu6 parmi les fables Thistoire de ce
nain ^gyptien auquel Nic^pbore Galliste ne donne qae la
taille d'une perdrix, et celle du poete Aristratus qui, au
rapport d'Ath^n^e, ^tait tellement petit qu'il ^cbappait k
la vue. — On attribue g^n^ralement le nanisme k un mau-
vais £tat de sant6, et on ne le rencontre gu^re cbez les
animaux a T^tat sauvage. — Au temps oA les nains ser-
vaient k Tamusement des princes, ou a vu des marchands
en faire une branche de commerce et chercher k arreter
(1) Bulletins, !'• s6rie, t. XVII; 1850.
( 443 )
le d^veloppement de quelques malheureux enfants en les
tortnrant par des bandelettes.
Les geants aussi ont eu leur histoire fabuleuse. L'aca-
d^micien Henrion, en 1718, assignait k Adam 125 pieds,
k Kve 118, et k leurs descendants une taille graduellement
decroissante. Ces statures extraordinaires accreditees chez
les anciens n'^taient bashes que sur des temoignages mal
precises ou indignes de confiance , et les pretendus osse-
ments de grants decouverts a diverses ^poques etaient des
OS d'el^phants, de roastodontes, de cetac^s, et d'autres
grands aniroaux. — Les tallies gigantesques bicn consta*
tees ne s'^lfevent gufere au dela de 8 i 9 pieds, et le g^ant
Goliath dont il est fait mention au l""' livre des Rois ne
paratt pas avoir d^passe celte limite. — Les grants sont en
general faibles de corps et d'esprit, lents et paresseux, et
leur vie est courle. Berkeley, au si^cle passe, parvint, par
certains principes hygieniques, k produire sur un enfant
une taille d'environ 8 pieds, mais le geant mourut vieux k
20 ans. — On ne connait pas non plus de geants parmi les
animaux.
L'accroissement de la taille, qui s'arrete ordinairement
a repoque de la puberte, presente parfois une precocite
anomale, Le recueil de PAcademie des sciences de Paris
de 1758 mentionne un enfant de six ans qui avait une
taille de six pieds et la barbe d'un homme de trente ans;
d^s lors il cessa de croitre et devint contrefait.
Toutefois Taugmentation et la diminution de volume ne
sont pas toujours reparties d'une maniere egale sur tout
le corps, comme dans le nanisme et legigantisme; on a vu
des tetes de geant sur des epaules de nain et d'autres par-
ties du corps egalement disproportionnees. — Certains in-
dividus ont une predisposition au developpement du sys-
( 444 )
leme adipeux; t^moin les femmes des Boschimans qui, k
rinstar des chameaux, portent en croupe une ^norrae ioupe
de graisse. — II en est de meme du sysleme pileux. —
Plusieurs de ces anomalies peuvent r^sulter d'un arr^t par-
tie! de d^veloppement, ou d'un d^veloppement trop rapide,
et, par une sorte de balancement des organes^ on voit sou-
vent un organe se d^velopper aux d^pens d*un autre.
Les oiiganes, en conservant leur volume normal, peu-
vent aussi d^vier dans leur forme. La deformation de la
tete des idiots et des hydroc^pbales, et celle de divers
membres, se rencontre chez les animaux aussi bien que
Chez rhomme.
Les anomalies de couleur ne sont pas moins remarqaa-
bles. On sait que la coloration de la peau n'est que super-
ticielle; sa mati^re colorante est produite k Tint^rieur de
r^piderme, et suivant que ce pigment est plus ou moins
abondant, Undividu est noir ou blanc, ou pr^sente une
nuance interm^diaire. La cause de cette anomalie nous
^chappe enti^rement. Cbez les albinos, la matiere colo-
rante fait completement d^faut; chez le negre elle atteinl
son maximum; des uns aux autres, la transition est insen-
sible. Les animaux aussi nous fournissent un grand nombre
d'exemples d^albinisme et de melanisme, meme k I'^tat sau-
vage. — Si le melanisme est partiel, il donne lieu parfois
k ces taches bien connues qui peuvent ressembler k cer-
tains objets, et que le vulgaire attribue a Timagination de la
m^re. C^tait une de ces taches irr^guli^res que portait sur
la poi trine une petite fille n^e k Valenciennes en 1795; on
crut y voir la figure du bonnet de la liberty ; il n*en fallut
pas davantage, aux yeux du gouvernemenl de ce temps-lji,
pour m^riter k la m^re un dipldme de patriotisme et une
pension de 400 francs.
(448 )
Quant aux anomalies de structure, on a signal^ des pla-
ques ou des prolongements corn^squi recouvraient lapeau.
Le fait le plus connu est celui d'un Anglais, nomm^ Lam-
bert, surnomra6 VHomrne pore-epic : il s'est reproduit pen-
dant trois generations, et il a ^t^ parfaitement observe et
decrit en 1802 par le docteur Tilesius.
La disposition des parties s'^carte aussi parfois des re-
gies ordinaires. Oh a vu le cerveau, les poumons, le coeur,
les visceres, les reins..., hors de leur place accoutumee. —
Le renversement du pied ou pied-bot et la torsion des au-
tres membres ne sont pas rares. — Les dents, les ongles,
les poils, les cornes..., prennent aussi tres-souvent des di-
rections insolites. — Enfin, le d^placement des vaisseaux,
des nerfs, des muscles, des ligaments..., est egalement tres-
frequent.
La connexion des organes entre eux offre aussi de nom-
breuses anomalies. Tantdt les dents sont hors de rang et
entremeiees comme un bataillon en deroute; tantdt les
divers canaux du corps vont d^boucher par des voies inac-
coutumees. — Ici, les ouvertures naturelles, la bouche,
I'anus, les conduits auditifs, les narines, les paupieres,
riris. sont iroperfores, et il faut les ouvrir violemment
par une incision; li, au contraire, il existe des perfora-
tions du diaphragme, de Forobilic, de la joue..., dues k
un arret de developpement. — Chez les uns, par un de-
veloppement outre mesure, c'esl la fusion des yeux, des
conques auditives, des reins, des poumons, des hemis-
pheres cerebraux, des doigts, des dents, des c6tes, c'est
Fadherence de la langue au palais; chez les autres, ce sont
des divisions et des fissures, dont plusieurs donnent lieu,
chez rhomme, au bec-de-lievre y h la gueule-de-loup, et k la
division de la langue comme chez les reptiles.
( 446 )
Le nombre joue , a son tour, un grand r61e dans les ano-
malies du r^gne animal. On a vu des individus totalement
priv6s de dents; un autre, par compensation , en avail jus-
qu'i 72. — Les cdtes et les verlebres, surtout celles de la
queue, se trouvent aussi parfois reduites; d'autres fois, au
conlraire, it s'en pr^sente de surnum^raires. La bifurcation
d'une cdte cbez plusieurs c^tac^s (baleines , baleinopteres)
avail donn^ lieu k la creation de genres nouveaux ; un de nos
honorables collogues, M. P.-J, Van Beneden, a fait voir qu'il
n'y avait \k qu'une anomalie accidcntelle et queces genres
inlrus n'ont nulle raison d'etre. — On a vu plus d*une fois
des doigls manquer a I'appel, et dans d'autres cas, en re-
vanche, on en comptait jusqu'a 6, 7 et 8 i chaque membre.
Ce qu'il y a de remarquable, c'est que cesdoigts multiples
peuvent se transmettre par g^n^ration , et les families de
sedigiti n'6taient pas rares chez les Romains. — Quelque-
fois aussi on a vu les poils faire d^faut, comroe cbez les
chiens turcs, tandis qu'on a connu des bommes dont tout
le corps <^tail velu.
La plupart des anomalies de ce premier embrancbement
ne pr^sentent rien de grave et n'empficbent point I'indi-
vidu qui en est affect^ de parvenir k T^ge adulte. II en est
de meme dans la categoric qui va suivre et h laquelle on a
donn^ le nom d'H^Ti^ROTAXiEs.
IL
Ici, tousles organes internes out une disposition inverse;
ceux qui sont ordinairement a droite se trouvent du cdt^
gaucbe, et cela a Tinsu de celui meme qui offre ce pb6no-
m^ne. Nos journaux ont fait connattre, il y a pen d*ann^es,
un de ces cas d'inversion splanchnique cbez un professeur
( 447 )
d'anatomie d'une de nos universit^s, et qu'oD n'a pu con-
stater qu'aprfes son decfes ( 1 ). — M. Dareste a trouve que cetle
inversion, trfes-rare chez I'homme et chez les mammifferes,
est trfes-fr^quente chez les embryons de poule, et il est par-
venu k la produire arliGciellement. II lui a suffi pour cela
de placer les oeufs de fagon que leur axe f(it dans une si-
tuation oblique par rapport k Taxe des tuyaux de chaufTe
de la couveuse, et que leur pdle aigu fflt plus 6lev6 que
leur pdle obtus; il faut en ro^me tenops un certain abaisse-
ment de temperature; de cette maniere on provoque un
exces de developpement a la gauche de I'embryon et, par
suite, une inversion organique. Mais, dans cette experience,
les poulets sont toujours hydropiques, et on n'a pu jus-
qu'ici les faire eclore.
Certains animaux dont la forme n*est pas sym^trique
peuvent m^me presenter une inversion generate qui se
manifeste a Fexterieur, et il n'est pas rare de rencontrer
des escargots dont la coquille tourne en sens inverse, et
des poissons pleuronectes, comme le turbot, qui portent
du cdie droit leurs deux yeux qui normalement se trouvent
du cdte gauche. En un mot, c'est I'etat normal vu dans un
miroir.
III.
Les hermaphrodismes f dont on a tantparle k tontesles
^poques, sont aussi des anomalies qui Torment une divi-
sion a part. Cette reunion des deux sexes sur le meme in-
dividu est T^lat normal de certaines classes d'animaux;
chez les autres, elle est accidentelle. II est k remarquer que
(1) M. Dresse, professeur k I'universite de Li^^e.
( 448 )
bien souvent I'liermaphrodisme n'est qu'apparent. Lors-
qu'il existe chez les mammif^res et surtout chez rhomme,
Tun des appareils est toujours rudimeDtaire, le developpe-
menl de Tun entrave celui de Tautre. C'esl k tort qu'on a
voulu expliquer cette anonialie par la fusion de deux indi-
vidus; rindividu est toujours unique. — Parmi les fails
mentionn^s par les auteurs, nous ne pouvons passer sous
silence ceux que M. Siebold a observes pendant quatre ans
dans une ruche d'abeilles. Presque tons les individus diffe-
raient entre eux. L'uh ^tait ro^le du cdt^ droit et femelle
du cdt^ gauche ; T.autre 6tait mk\e par devant et femelle
par derri^re, et r6ciproquement ; celui-ci 6tait male k Tin-
terieur et femelle k Texterieur; celui-li, interieurement
m41e d'un cdt6 et femelle de I'autre, offrait le contraire au
dehors; chez plusieurs, les anneaux du corps ^taient alter-
nativement m^les et femelles; en un mot, la nature sem-
blait avoir ^puis^ chez eux toutes les combinaisons imagi-
nables..
IV.
Nous arrivons k une 4'"'' cat^gorie de faits anormaux ,
beaucoup plus graves et auxquels surtout on a donne le
nom de monstruositj^s. Les uns ne possedent que les ele-
ments d'un seul individu, les autres sont des monstres dou-
bles ou triples, Parmi les premiers nous citerons des indi-
vidus priv^s de bras et de jambes, et dont les mains et les
piedssontins^r^sdirectemenl surle tronc;on leuradonne
le nom de PhQcomef.es parce qu'on les a compares a des
Phoques. — Quelques-uns ont des membres priv6s de
doigts, d'autres n'ont pas de membres du tout, ou n'ont
que les membres inf^rieurs. Ces sortes de monstruosit&
ne sont nullement incompatibles avec la vie. — II en est
( 449 )
autrement lorsqu'il y a fusion plus ou moins complete des
membres abdominaux , qui^ souvent alors, sont terminus
par un pied unique ou par un simple moignon, comme on
repr^sente ies sir^nes de la fable; la vie, dans ce cas, n'est
que de quelques heures. II en est de meme lorsqu'il y a
Eventration des visc^res, deformation ou hernie du cer-
veau, et k plus forte raison quand le cerveau manque.
Parmi Ies autres monstres qui ne naissent pas non plus
viables, on pent citer encore ceux qui pr^sentenl I'alro-
phie de Tappareil nasal, ainsi que le rapprochement ou la
fusion desyeux. Ges derniers, pourvus d'un oeil unique
dans une orbite mediane> rappellent Ies Cyclopes de la
fable. Le nez atrophia est reduit k une petite trompe qui
atteint rarement la longueur d'un nez normal. Eh bien,
cette rhinocephalie a suffi aux anciens pour leur faire ad-
mettre des hommes a t^te d'EIEpbant , et ils Ies ont figures
dans leurs livres par un adulte muni d'une t^te veritable
d*un de ces animaux, avec sa longue trompe, ses Enormes
defenses, et ses grandes oreilles pendantes. — L'atrophie
de la face, qui reunit Ies deux oreilles sur la ligne mE-
diane, ne permet non plus qu*une vie 6ph6mere. — Lorsque
la t^te elle-m^me est atrophi^e ou qu'elle fait compl^te-
ment defaut, ou bien lorsque le corps privE de visc^res est
reduit k une simple bourse, la vie cesse avec la rupture du
cordon ombilical.
Enfin, le corps peut Stre reduit k une masse irr^guli^re
compos^e surtout d'os, de dents, de poils et de graisse;
dans cet Etat d'imperfection, il ne saurait vivre qu'en para-
site aux depens de sa m^re. Ces masses inertes ont pour-
tant leur existence propre, et leur gestation peut durer
un demi-si^cle ; on leur a trouvE parfois des dents de la
seconde dentition. Les anciens attribuaient k ces moles la
( 450 )
faculte de marcher sans membres , de voler sans ailes , et
de rentrer a volont^ comme ies Didelphes dans la cavit^
oil s'6tait op6r6 leur d^veloppement.
Jusqu^ici nous n'avons parl4 que des monstres simples.
II en est d'autres cbez lesquels on trouve r^unis Ies Ele-
ments de deux sujets. Les monstres doubles sont aussi
tres-varies cbez I'bomme et cbez les animaux. 11 est k re-
marquer que Tunion a presque toujours lieu par les faces
homologues, el que les organes des deux sujets sont dis-
poses plus ou moins sym6triquement des deux c6t^ da
plan d^union.
Dans la plupart des cas, Ies deux individus offrent le
m^me degrE de d^veloppemenl, et cbacun contribue pour
sa quote-part k la vie commune. — Buflbn a d^crit lon-
guement le monstre bi-femeile connu sous le double nom
d'H^lene et de Judith; ces jumeaux Etaient nes en Hongrie
en 1701 etmoururenti vingt-deux ans. L'union avaitlieu
par derri^re. — On a vu aussi des jumeaux qui Etaient
unis front a front, et qui vEcurent dix ans. D*autres adhE-
raient entre eux par le sommet de la tete, d'autres par
leurs bassins. — Les deux freres siamois, nes en 18H et
encore en vie en ce moment, sont reunis par rextr6mil6
inf^rieure du sternum; plus d'une fois ils ont songe i se
faire sEparer. Une operation de ce genre avail, dit-on^
reussi vers la fin du XVIIl"* si6cle : c'^taient deux soeurs
qu'on avail d^sunies des leur enfance. — On a vu des
unions encore plus iniimes et plus Etendues, oil il n*y avail
plus qu*une seule cavilE tboracique; dans un pareil cas,
la mort date de la naissance.
Quelquefois les deux t^tes sonlconfondues, et le monstre
a. deux visages; la moitiE de cbaque face appartient aiors
au m^me individu. La viability de ces Janus est iropro-
( >tsi )
bable; a plus forte raison lorsque la fusion est encore plus
grande el que Isi, t^le parail unique et simple. — II faut
rel^guer parmi les fables ces lievres k buit pattes dont
quatre paraissent sur le dos, et qui, poursuivis par le
chasseur et fatigues de courir, sereiournent brusquement
sur les pattes rest^es inactives et recommencent k courir
de plus belle. Ces monstres ne sont pourtant pas impossi-
bles, mais leur viability n'est pas probable.
On a beaucoup parl6 du monstre nomme RiUa-Chris'
Una n^ en Sardaigne en 1829, et qui mourut a Paris 4g6
de buit mois; il n'^tait double qu*i sa par tie sup<^rieure;
Tune des jambes appartenait k Ritta et Tautre k Christina,
comme le prouvait le chatouillement. La mort de la pre-
miere entraina celle de sa sceur. — On cite ^galement un
monstre bi-m&le du meme genre qui mourut en Ecosse a
Yingt-huil ans.
Enfin , la fusion des deux corps pent aller jusqu*^ faire
croire au premier abord qu'on n'a affaire qu'^ un seul
individu.
Pour completer ce tableau, il ne nous reste plus qu'^
signaler les monstres parasitaires. — Qu'on se figure un
individu normal porlant sur lui un autre individu tr^s-petit
et vivant i ses depens. Ce parasite reste ordinairement
stationnaire, tandis que son hdte poursuit sa croissance;
il peut £tre plus ou moins complet ou se trouver r^duit a
quelques membres. La vie de ces etres paVait purement
veg^tale, et les actions exerc6es sur eux sont souvent per-
Ques par le sujet principal. — Un des parasites les plus
singuliers que Ton connaisse est reduit k une lele de gran-
deur ordinaire ins^r^e par son sommet sur le sommet de
la t^le principale. Vepicome le plus counu est celui qui
naquit au Bengale en 1785. Lorsqu'il vint au monde, la
n
( 452 )
sage-femme ^pouvant^e le jeta dans le feu , mats on Ten re-
lira et il gu^rit de ses blessures; il mourut k Ykge de cinq
ans de la morsure d*une vip^re. La t^le accessoire ^tait
pen sensible ; elle semblait pourlant partager les joies et
surlout les chagrins de la iSte normale. Un monstre sem-
blable , mais plus imparfait, a 6i& signal^ en 1828 par le
docteur Vottem de Li^ge.
Ce qui semble surtout d^passer les limites du vrai, c'est
Yendocymie, c'est-i-dire le parasilisme par inclusion. Le
parasite plus ou moins informe est emboit^ dans I'indi-
vidu normal. Cette inclusion pent avoir lieu dans une
poehe sous la peau ou dans rabdoinen, et cette sorte de
gestation, ordinairement inaper^ue pendant la vie du pro-
prietaire, n'est devoilee que par Tautopsie. On a vu un
homme de cinquante ans porter dans son corps un de ces
parasites qui vivait k ses depens. Dernierement encore,
uos journaux rapportaient un fait semblable , et leur t^-
moignage aura rencontr^ plus d'un incr^dule. Et pourtant
la science a donn^ de ces faits une explication assez natu-
relle. II est probable que le plus petit de ces jumeauxa
adh^r^ aux intestins du plus grand , lorsque ceux-ci ^taient
encore pendants bors de Tabdomen ; la rentr^e des intes-
tins du sujet principal a eu pour r^sultat la traction et
I'inclusion de Tautre.
Mais il est temps de mettre fin k cette Enumeration dej4
bien longue. — Les monslres triples^ beaucoup plus rares,
sont soumis aux mSmes lois que les monstres doubles. —
On ne counait pas de monstres quadruples.
II est k remarquer que le nombre des anomalies d^croit
k mesure qu'on descend dans la sErie animale. Elles sont
bien plus communes chez les animaux domestiques et sur*
tout chez I'homme , et quelques-unes sont transmissibles
( 453 )
par generation. — Les filres affect^s par les anomalies Jes
plus graves n*ont aucune chance de viability, k moins qu'ils
ne vivent en parasites sur des sujets bien portants.
Chez les monstres doubles , il y a duality physique et
morale; la sensibility n*est commune que pres des points
de contact. Soumis pendant toute leur vie aux m^mes in-
fluences, ils ont souvent les memes id^es, les monies d^sirs ; .
il y a chez eux parity , mais non unit^; ils ne pensent et
n'agissent pas toujours de la meme mani^re, et plus d'une
fois on les a vus en mesintelligence. — Tons les monstres
doubles observes jusqu'ici ^taient ou bim^les ou bife-
melles. — Enfin, les monstres moitie hommes, moiti^ ani-
maux, auxquels croyaient nos aieux, et que le sceptique
Voltaire admettait de la meilleure foi du monde, sont pu«
rement imaginaires ; une hybridit^ de ce genre sera tou->
jours impossible.
Quant aux causes des anomalies, ce sont des perturba-
tions qui peuvent pr^c^der la f6condation, ou Faccompa-
gner ou la suivre. Un grand nombre de cas sont dus k une
violence ext^rieure ou k de fortes impressions morales.
Mais c*est k tort que le vulgaire attribue des anomalies
delerminees d'avance k imagination de la mere. Sans
doute le moral pent influer sur le physique au point de
mettre obstacle au developpement normal; mais un objet
que Ton voit^ que Ton craint ou que Ton desire, n'aura
jamais assez de puissance pour imprimer son image sur le
corps d'un enfant qui n'est pas n^.
L'etude des lois qui president ^la formation des anoma-
lies a permis, dans beaucoup de cas, de produire arliGciel-
lement des monstres. — On a exp^rimente sur les oeufs de
la poule en les secouant,en les maintenant dans des posi-
tions insolites, en enduisant partiellement la coquille d'une
2"' SfeRIE, TOME XXX, 30
( 454 )
substance impermeable a rair, et on a obtenirdes poussiDS
iocomplels, estropi^s de toutes les fagons. Mais c'est sur*
tout en donnant k Toeuf un§ certaine position par rapport
a la chaleur que M. Dareste a pu produire des anomalies
pr^vues d'avance. II a constat^ aussi qu*une temperature
sup^rieure k 40 degr^s determine souvent le nanisme, et
il conclut que TarrSt de developpement est la cause pro-
cbaine de la plupart des monstruosit^s simples. — M. Le-
reboullet a oper^ sur des oeufs de brocbet, et il a obtenu
des poissons doubles et triples.
L'ensemble des fails que nous venous d'exposer nous
fait voir ]usqu*oili la nature pent s'ecarter de sa marche
ordinaire. La nature, sans doute, n'a pas epuis^ toutes ses
ressources ; plusieurs anomalies que presentent les ani-
maux pourraient egalemenl se retrouver chez Thomme, et
r^ciproquement; mais it est des limites qui ne seront pas
d^passees.
•Comme on pent lentrevoir, r^tude des anomalies est
propre k dissiper bien des pr^jug^s, el k faire tomber bieo
des r^cits absurdes; elle joue un grand rdle dans Tana-
tomie J la physiologic et la zoologie. — Elle a aussi des
rapports intimes.avec la medecine legale : plus d*une fois
on a souleve devant les tribunaux des questions de sexe et
de viabilile; les avocats peuvent avoir k discutertles cas
de succession^ de mariage^ de vengeance des lois chez les
etres doubles. — Enfin, la tbeologie k son tour peut y ap-
prendre que tout ^tre vivant n^ de la femme, quelle que
soil sa forme, est un elre humain; que dans les monstres
doubles, aussi bien que dans les unitaires, les plus impar-
fails sont egalemenl dou^s d'une kme cr^^e k Timage de
Dieu, el que mellre fin k rexislence de ces eires est no
crime d'homicide dans les mSmes conditions que chez les
( 458 )
£tres normaux. — Enfin^nous pouvons conclure de ce(
expos^ q?ie dans Toeuvre du Cr^ateur rien n'est laiss^ au
hasard; les deviations les plus elranges ont leurs lois, et
I'ensemble de ces lois porte la lumi^re sur le plan g^n^ral
de la creation. En un mot, cette 6tude est digne de tout
point qu'on s'y livre et qu on en tienne compte dans Ten-
seignement.
Avant de passer k la proclamation des r^sultats du con-
cours et des Elections, M. le secretaire perpetuel s'est liev^
pour annoncer que M. le baron Kervyn de Letlenhove, Mi-
nistre de Tint^rieur et membre de la classe des lettres,
ayant ete force de s'absenter avant la fin de la seance, il
allait donner lecture des arretes royaux de promotion et
de nominations suivantes dans I'Ordre de Leopold :
1® Au grade d'officier^ M. Constantin Wesmael, membre
de la classe des sciences, president du conseil de surveil-
lance du Musee royal d'histoire naturelle;
^ Au grade de chevaliers^ MM. Dewalque (G.), direc-
teur de la classe des sciences et professeur a I'universit^
de Liege; Nyst (P.-H.) et I'abb^ Coemans (E.), membres
de la classe des sciences; Nfeve (F.), membre de la classe
des leltres; le chevalier de Burbure,(L6on) et Siret (Ad.),
membres de la classe des beaux-arts.
Les acclamations de TassemUee ont accueilli chacune de
ces nominations.
( 456 )
M« le secretaire perp^tuel a, en dernier lieu, proclame
les r^sultats suivants du concours et des Elections :
CONCOURS DE 1870.
Un seul m^moire est parvenu k la elasse en r6p<)nse au
concours decelteannee. II concernait la premiere question
du programme et portait pour litre : Elude sur les procedes
suivis pour determiner les elements du magnetisme terres-
tre^ Sa devise etait:5i Fon considere Vintensile magnetique
horizontale en admettant la distinction des saisohs, et en
ayant egard a la variation diurne, on trouve des resultats
assez remarquables, (Ad. Quetelet.)
ft
Conform6ment aux conclusions favorables des rapports
des commissaires charges d'examiner ce travail , la elasse
a decerne sa m^daille d'or k Tauteur, M. Louis P^rard,
professeur de physique a Tuniversit^ de Li^ge,
M. P6rard, present k la seance, est venu recevoir, des
mains de M. le directeur, la recompense academique.
Elections.
Pendant Tannee qui va s'^couler, la elasse a perdu deux
de ses associ^s de la section des sciences naturelles, MM. La-
cordaire et Moreau de Jonn^s. Elle a appel^, par ses suf-
frages, k ces places vacantes, M. Charles Darwin, membre
( ^^7 )
de la Society royale de Londres ,et M. Auguste Bellynck,
professeur au college de la Paix , a Namur, el d&]k corres-
pondant de la classe depuis le 15 dicembre 1865.
La classe a ^lu en meme temps deux correspondanls,
M. Edouard Van Beneden , docteur en sciences naturelles
et laur^at de la Compagnie, a Liege, et M. De Tilly (J.-E.),
capitaine commandant d'artilierie et professeur k TEcole
militaire, k Bruxelles.
Coup d'oeil sur la marche des sciences minerales en Belgique,
discours prononc^, lors de la §^ance publique de la classe
des sciences du 16 decembre 1870, par M. G. Dewalque,
directeur de la classe des sciences el president de TAca-
demie.
Messieurs,
II y a trente-cinq ans, k noire premiere stance publi-
que, Cauchy retra^ait dans celle enceinte le tableau des
progres de la geologic accomplis chez nous depuis la
reorganisation de TAcad^mie. Appel^ par I'usage k Phon-
nenr de prendre aujourd'hui la parole devant vous, j'ai
cru que I'exemple donn^ par cet emment ing^nieur ^tait
bon k imiter, et qu'un expose succinct des nouveaux pro-
gres de celle science dans noire pays ne manquerait peut-
etre pas d'Si-propos ni d'inl^rdt. Sans doute je suis le pre-
mier k reconnaitre tout ce qu'une revue de ce genre a de
Irop special , et je sens mieux que perspnne mon impuis-
sance a en dissimuler Taridite sous le charme de la forme;
( 458 )
mais les patriotiques sympathies doDt \ous accompagnez
ia marcbe des sciences sur le sol beige, et la haute impor-
tance que vous y attachez, sont bien failes pour rassurer
mes craintes et m'enhardir k affronter un p^ril oik j'aurai
du moins la consolation de pas succomber en vain. Je me
permettrai done, Messieurs, aprfes un rapide coup d'oeil
]et6 sur les recberches r^centes des auteurs beiges dans le
champ de la min^ralogie, de vous signaler les principaux
r^sultats des travaux plus nombreux et plus varies qu'ils
ont entrepris dansle domaine de la geologic.
Renfermee dans d'etroites limites, ne possedant qu*un
tr^s-pelit nombre de roches ^ruptivesetdes gites m^talli-
ftres peu varies, la Belgique n'est guere riche en espfeces
min^rales; et cette circonstance explique en parlie pour-
quoi Ton s'y est moins livre qu'ailleurs aux recberches
min^ralogiques. Ce n'est que de loin en loin que nous y
voyons parattre quelques notices consacr^es k la descrip-
tion de la delvauxite (1), de la hatchettite (2), etc. (3);
aussi, ce que nous savons de la composition de nos min^-
(1) DamoDt, Notice sur une nouvelle espece de phosphate ferriquef
1838 , Bull, de l'Agad. de Brux., t. V, p. 296. — A la page 147 du meme
volume setrouve un extrait d'une letlre de Delvaux, contenant une pre-
miere analyse de cette espdce.
(2) Gbandelon, Notice sur la hatchet tine de Balda%-Lalore, commune
de Chokier, province de Li^ge , ibid., p. ^96.
(3) Duprez, Note sur raerolithe tombed Saint'DenisWestrem , 1855,
Bull, de l'Agad. roy. de Belg., t. XXJJ,2« part., p. 54.
Van Beneden , Sur un a^rolithe tomh^ en Belgique , le 7 d4cemhre 1863;
ibid., 2« s6rie, t. XVI , p. 621 . — Dewalque, idem ; ib., p. 622.— Haidinger,
idem, t. XVII, p. 137.
D'Omalius d'Halloy, Sur des echantillons de phosphate de chaux de-
cQUverts d Ramelotpar M. Dor; ibid., t. XVIII, p. 5.
6. Dewalque, Note sur le gisement de la chaux phosphatee en Bel-
gique; ibid., p. 8.
( 459 )
raux les plus interessants est dii presque exclusivement,
j'ai le regret de devoir le dire, ^ des savants Strangers.
Aucune de nos rocbes 6ruplives D*a ^t^ analysee; et nous
D'aurioDS que des pr^somptions touebant leur composi-
tion, si un savant ingenieurde Paris, M. Delesse, n'avait
fait connaitre celle du porphyre de Quenast et de Les-
sines (1). II y a pourtant tout lieu de croire qu*un travail
d'ensemble sur nos eurites, nos diorites, nos porphyres et
les rocbes scbistoides , probablernent m^tamorphiques, qui
s'y lient, permettrait d*en ^tablir la classification d*une ma-
ni^re positive, et nous fournirait des ^l^ments indispen-
sables a la solution des problemes qui se rattachent k leur
formation. Aussi, comprenant tout I'interet qu'il y a a
combler cette lacune, la classe des sciences a-t-elle mis
cette question au concours. Esperons que, parmi nos
jeunes cbimistes, si nombreux, il s'en trouvera d'assez
z^les pour tenter Fentreprise, d*assez babiles pour la me-
ner a bonne fin. On pent dire bardiment k celui qui r^us-
sira , quil aura attacb^ son nom k une oeuvre qu*on ne
reprendra pas de sitdt.
Les minerais m^talliques ont donn^ lieu, on le con^oit,
k de nombreuses analyses, tant dans les usines que dans les
^colesdes mines; mais les premieres sont bien rarement
publi^es , et toutes ont principalement pour but le dosage
du metal qu'il s*agit d'obtenir et celui de quelques impu-
ret^s de nature k le souiller. L'^cole des mines de Li^ge
fait connaitre chaque ann^e les r^sultats d'analyses nom-
breuses de nos minerais de fer , de zinc et de plomb; mais
ce n'est pas la min^ralogie qui est appel^e k en profiter.
(i) Stir le porphyre de LetsineSf Bull, de l^Agad. rot. de Belgiqce,
t.XVll, l'«parlie,p.328.
( 460 )
Les eaux miu^rales de noire pays ont exerc^ le talent
de quelques-uns de nos meilleurs chimistes; n^anmoms,
i] suifit de jeler un coup doeil sur le tableau comparatif
des analyses qui en ont ^te faites k diverses 6poques, pour
reconnaitre que leur composition est encore bien impar-
faitement connue (1). L'^tude des variations que cette
composition presente suivant les conditions meteorolo-
giques, est encore ^ faire. C*est li, il est vrai, un travail
difficile et de longue haleine; mais les localit^s qui tirent
de pareilles sources le principal ^l^ment de leur prosp^
rit6, ont tout int^ret k faire connaitre quelle en est exacfe-
ment la composition. Nous avons appris avec une vive sa-
tisfaction que la ville de Spa, suivant Texemple donne par
tant de villes ^trang^res, a confie la tache d*analyser ses
eaux min^rales k une commission comp^tente (2).
Si r^tude d^laillee de nos min^raux n*a pris jusqu'ici
qu'un faible essor, il serait injuste de ne pas signaler nos
progr^s tres-r^els pour la statislique min^ralogique. D^ji
nous poss^dions, sur les esp^ces qu'on rencontre chez nous,
les vari^t^s qu'elles pr^sentent, parfois meme leur compo-
sition, de pr^cieux renseignements consignes pour la plu-
part dans des m^moires couronnes par TAcademie avant
1835. Dumont y a beaucoup ajout^ dans sa description du
terrain ardennais et du terrain rhenan; puis, coordonnant
(1) Voir dans mon Prodrome (Tune description geologique de la Bel-
gique, Liege, 1868,auquelje crois pouvoir renvoyer pour les ci la lions, le
lableau oU j'ai l4cb6 de rendre ces analyses aussi comparables que pos-
sible.
(2) MM. Cbandelon , professeur de chimie inorganique , et Kupfersch-
laeger, professeur de docimasie a Puniversile de Liege ; MM. Donny, pro-
fesseur de chimie industrielle , et Swarts, professeur de chimie generate
.^ runiversite de Gand.
( 461 )
l^s donnees fournies parses devauciers et celles qu'il devait
a ses longues observations, I'iilustre savant que je viens de
nommer nous a donn^ (1), avec I'enumeration de loules
nos espfeces minerales, findication de leurs principales va-
ri^tes, des localites oix elles ont ^te trouv^es et des terrains
auxquels elles appartiennent.
Des travaux d'un autre ordre n'ont pas ete moins
utiles.
Depuis quarante ans, un savant et v^n^r^ confrere s'est
acquis des droits tout particuliers k notre reconnaissance,
non-seulement par des m^moires originaux , mais encore
par la publication d'ouvrages g^neraux qui ont beaucoup
contribu^ k r^pandre le goiit de la science et i en faciliter
r^tude. Sous le tilre d'£lements, de Precis ou d'Abrege de
geologie, M. d'Omalius d'Halloy a publi6 successivement
jusqu*^ huit Editions d'un ouvrage (2) dans lequel une part
(i) Tableau des terrains de la Belgique rangSs dans I'ordre de super-
position. Tableau des min^raux et des roches quHls renfermenl ranges
m^lhodiquement. Indication sommaire du gisement des mineraux et des
roches et de leurs principaux usages ; Exposje de la situation-du royaume
DE Belgique, 1841-1850. Brux., 1852; in-4o — Reimprime sous le titre :
Coup d'ceil sur le gisement et sur les principaux usages des mindraux
et des roches en Belgique; (Brux., s. d.), gr. in-4<> de 12 pages.
(2) Voici les litres de ces publicatioDs, sur lesquelLes nous auroDS k
revenir ;
Elements de geologie, Paris, 1831; in-8«>. — Reimprime k Bruxelles,
en 1852, sans la participation deFauteur.
Introduction a la geologie ou premiere partie des elements cThistoire
naturelle inorganique. Paris, 1833; in-8».
Elements de geologie, 2«n« edit. Paris, 1835; in-8».
Elements de geologie ou seconde partie des elements d^inorganomie
particulidre , 3™« edit.; Paris, 1839; in-8«.
Elements de geologie , seconde partie des elements d'histoire naturelle
( 462 )
plus ou moiDS considerable est faite k la miQ^ralogie. Eo
1831, il se borne k donner une classiflcation des roches;
mais, deux ans plus tard, son Introduction a Vitude de la
geologie est consacr^e en grande partie k Tex pose m^tho-
dique de nos connaissances sur les min^raux aussi bienque
sur les roches. L'auteur annonce inodestement que son
seul but ^lant d'etre utile aux commen<^ants, il a g^n^rale-
ment suivi le Traite de Beudant, paru depuis pen, sauf
pour la classiflcation, don I le principe appartient surtout a
Brongniart; mais le lecteur y trouve k chaque pas Tem-
preinte de ce jugement silr et de cette critique fine et
sagace dont r^minent naturaliste nous a donn^ tant de
preuves et que nous admirions encore tout r^cemmeDt.
Aussi, la plupart des modifications qu'il a propos^es ont
et6 favorablement accueillies.
On doit ^galement k Dumont un grand travail d*en-
semble sur la min^ralogie syst^matiquc; Les Tableaux
analytiques des mineraux et des. roches, que notre savant
mattre a inserts dans le tome XII des Memoires de TAca-
d^mie, ^tant pen connus, je vais en dire quelques mots.
On sait que la plupart des min^ralogistes font inter-
venir, dans la definition de Tesp^ce min^rale, k la fois la
composition et la forme; mais aussi tdt I'accord cesse, et il
inorganique, 3°>« Mil., Braxelles , 1858; in-8*>. — Sans la participation de
Tautear.
Introduction d la geologie, premiere partie des 4l6ments dliistoire na-
turelle inorganique ,^^ edit., Bruxelles, 1838; ln-8".
Des roches consider4es mineralogiquement. Paris, 1841 ; in-S^
Precis elemenlaire de geologie. Paris, 1843; inS^.
Abr4ge de geologie. Bruxelles, 1853; 4 vol. in-i^. {Encycl. Jamar).
Idem. Paris-Bruxelles, 1855; 1 vol. in.l2.
Idem, 7>»« edit., Bruxelles, 1862; in-8«.
Precis elementaire de geologie, S^* edit., Paris-Bruxelles, 1868; in-8».
( 463 )
existe des classiflcations purement cristallograpbiques ,
comme d'autres soDt puremeDt chimiques. De plus, que
Tod r^unisse ou noa en uue seule espice deux mtn^raux
dimorphes, il y a deux maniferes d'6lablir une classification
oil iDlervient la chimie, suivant que Ton constitue les fa-
milies d'apr^s la nature de Tel^ment min^ralisateur ou
electro-n^gatif, ou bien d'aprte celle du m6tal mineralis6
ou de Tel^raent 6lectro-positif. Sans entrer dans plus de
details, disons tout de suite que Dumont, adoptant la d^fir
nition ordinaire de I'esptee, r6unit dans la meme fainille
les esp^ces qui ont le meme 616ment 6lectro-negatif et cet
^I6ment lui-m^me : il distribue ensuite les families en deux
classes, les min^raux comburables et les combur6s;ces
classes sont divisees en ordres, dans lesquels les families
sont rang6es par Tensemble des propriet^s. Somme toute,
cette classification est encore une des moins imparfaites
que nous poss^dions.
Nous ne pouvons en dire autant de la distribution des
especes dans les families. Comme Tindique le nom de Ta-
bleaux analytiques donn^ a son travail , Dumont s'est ef-
forc^ de combiner la m^tbode analytique, autant que pos-
sible dichotomique, avec la m^thode naturelle, afin de
faciliter aux commen^ants la determination de I'espece,
c'est-^-dire la recbercbe du nom ^ donner k T^cbantillon
qu'ils ^tudient. Des tentatives de ce genre seront toujours
infructueuses; aussi I'auleur est-il arriv^ parfois k des divi-
sions purement artificielles , et k des rapprochements qui
ne sont certainement pas dans la nature (J).
XI) MenlionDons eDCore i° de Glaussen: Essai dune nomenclature et
cIcLsaification des roches (Tapr^s leurs caract^res chimiques, min^ralo^
giques et geologiques. Bruxelles, 1845;in-8<>; opuscule rare, ipai^ que
( 464 )
VoyoDS maintenant les r^sultats principaux des recher-
ches g^ologiques.
A vec la publication de VEssai sur la geologie du nord de
la France^ en 1808, commence une periode de plus d*an
quart de si6cle pendant laquelle M. d*0malius d'Halloy,
dans les moments qu'il peut d^rober^aux affaires politiques,
prend une part active aux controverses scientifiques et
d^veloppe habilement la classification qu'il vient d'6bau-
cher, tandis que les concours ouverts par TAcad^mie sur
la constitution de nos diverses provinces am^nent dlmpor-
tants progres. C'est alors que Belpaire faisait connaitre les
changements survenus sur nos cdtes, que Drapiez decrivait
le Hainaut, Cauchy^ la province de Namur, M. Sleininger
et Engelspach-Lariviere, cellede Luxembourg, Dumont et
Davreux, celle de Li^ge, Galeotti , celle du Brabant. Le
m^moire de Galeotti, bien que public en 1837, appartient
encore k cette periode ^ qui se termine pen de temps
apr^s le rapport par lequel Cauchy a inaugur^ nos stances
publiques.
Une deuxi^me periode, caract^ris^e par la preponde-
rance du rdle de Dumont, me parait commencer en 1836,
lorsque le gouvernement lui confie, sur la proposition de
rAcad^mie,'la mission de dresser la carte g^ologique de
notre pays. A partir de ce moment , et tandis que noire
je ne puis analyser ici. 2o Lambotte : Traite de mindralogie pratique.
Bruxelles, 1842; in-12. 5® G. Dewalque : Atlas de cristallographie.
Liege, 1859; in-8*». (Get oavrage a ^te public pour mes eleves; malbeo-
reusemenl les planches ont paru sans le bon a tirer, el il s^y esl glisse
plusieurs erreursde notation, faciles d'ailleurs ^ corriger ^ I'aide de I*ex-
plication des6gures.) Enfin , tout recemment la Societe des sciences, des
arts et des lettres du Hainaut a couronne uu Manuel de mineralogie pra-
tique, du ^ M. C. Malaise, correspondant de TAcad^mie,
( 465 )
savant mailre se devoue tout entier a T^lude du sol belg6,
ses ^mules semblent se retirer de ia lice par respect pour
sa mission officielle.
Au lieu de suivre ici I'ordre chronologique des publica-
tions, il me semble preferable d'examiner successivement
les progres r^alis^s dans la connaissance de chaque terrain.
La methode stratigraphique que Dumont avait employee
avec tant de succes dans ses recherches sur la province de
Liege, lui resta toujours chere, et il finit par la pr^coniser
exclusivement. En faisant rejeter, dans Tetude de la struc-
ture des pays accident^s, toute conclusion tir^e de la su-
perposition apparente des Stages, il avait montre la cause
de nombreuses erreurs oil ses devanciers 6taient tombes,
et ouvert k la science la direction dans laquelle elle afait,
depuis lors, de si etonnants progres. Aussi la m^daille d'or
de Wollaston , la plus haute distinction dont dispos^t la So-
ft
ciet^ geologique de Londres, vint-elle a juste titre r^com-
penser uned^couverte aussi importante. Mais il nesuffitpas
qu'une m^tho(|^ soit bonne pour que tons lesr^sultats qu'on
en obtient soient exacts et demontr^s. Certes, dans la dis-
cussion que Dumont souleva plus tard a propos de la valeur
relative des donn^es fournies par les caract^res stratigra-
phiques — ou geom6triques , comme il les appelait , — et
par les caract^res paleontologiques, tous les geologues se
joindront k lui pour affirmer que la stratigraphie bien Sta-
bile ne le c^dera jamais k la pal^ontologie ; mais la ques-
tion delicate, — on fa parfois perdu de vue, — est pr^ci-
s^ment de savoir si la' stratigraphie est bien ^tablie. Nous
en avons une preuve dans le premier rapport de Dumont
sur la carte g^ologique (1). Appliquant sa methode au ter-
(1) Rapport sur les Iravaux de la carle geolpgique en 1838; Bull, de
l'Acad. de Bruxelles, t. V, p. 634.
y
( 466 )
rain ardoisier, il chercba k determiner i'&ge relatif de ses
diverses assises; roais Tessai etait pr^matur^. II le recon-
nut plus tard et pril sa revanche. En 1849, il pr^senta i
rAcad^mie, poar Sire transroise au gouvernemenl, la carte
g^ologique manuscritede la Belgique,et le rapport final (1)
dans lequel il expose les modifications apportees ^ ses voes
ant^rieures et la classification i laquelle il s*est arrete. Le
terrain ardoisier y est remplace par deux autres, Tardeit-
naU et le rhenan j divis^s chacun en trois systemes et s^
par^s par le d^faut de parall^lisme des couches, autrement
dit, par une discordance de stratification. II s'empressa de
publier les documents k Tappui dans deux m^moires d^
taill^ (2) dont les conclusions, en ce qui conceme TAr-
denne, nous paraissent devoir Stre maintenues.
En 1830,Dumont,adoptantla classification de M. d*Oma-
lius d'Hklloy, separait le terrain houiiler du terrain an-
thraxif^re. Il divisait ce dernier en quatre Stages, dans
Tacception g^ologique du mot, alternativement calcareax
et quartzoschisteux. En 1836, il reconnut que Tetage
quartzoschisteux inl'^rieur devait etre subdivise en deux;
et cette distinction a ^t^ confirmee par ses successeurs. En
1849, la carte geologique ne pr^sehte que des modifica-
tions de detail. Le. terrain houiiler perdait son rang pour
devenir le syst^me sup6rieur du terrain anthraxif^re. Les
divisions ant^rieuresde cette derniire formation sont grou-
pies en deux systemes : Tun est appel^ condrusien, et
form^ de deux etages, le sup^rieiir, calcareuxj Tinf^rieur,
(1) Bapportsur la carte geologique de la Belgique^ Bull, de l*Aca».
ROT. DE Belgique » t. XVI, 2« part., p 551.
(2) M4moire sur le terrain ardennaiSt Mtu. de l'Acad. de Bruxelles,
t. XX, 1847. — M^moire sur le terrain rh^an^ Uiu. de l*Acad. rot. dc
BEL(iiQ»E,l. XXII, i848»
( 467 )
quartzoschisteux; Tautre est design^ sous le nom d*et/e-
liefiy et comprend de meme un ^tage calcareux et un
^tage quartzoschisteux. Les deux etages design^s sous ce
dernier nom sont divis^s, k leur tour, en deux parlies.
Ces divisions ^taient bien Stabiles, quelle que soit la ma-
niere suivant laquelle on les groupe; aussi se sont-elles
pr^t^es k des perfectionnements que nous verrons tout k
rheure.
Ajoutons que Dumont divisait, d^s 1830, Tetage calca-
reux du systfime condrusien — notre calcaire carboniftre
— en trois assises, une inferieure , ou calcaire k crinoides,
une moyenne , ou dolomie , et une superieure , ou calcaire
k productus. Cette division fut attaqu^e au nom de la pa-
l^ontologie. Dumont reduisit ses contradicteurs au silence,
moins en leur rappelant les preuves qu'il avait apport^es
a Tappui de sa mani^re de voir, qu*en les invitant k faire
connattre les localit^s od Ton trouverait la demonstration
du contraire.
En 1842, Dumont preseiita k TAcademie la description
des terrains secondaires qui constituent la partie m^ridio-
nale de la province de Luxembourg (1); mais on doit re-
connattre que ce m^moire renferme des vues erron^es k
cdte de pages trfes-instructives, et qu'il a pass6 presque
inaperQu dans les discussions que suscita T^tude de ces ter-
rains. La mani^re defectueuse dont Tauteur expose la con-
stitution du terrain triasiquetientprobablementaux bornes
trop ^troites qu'il crut pouvoir assigner k ses excursions.
Quoi qu'il en soil, on doit reconnattre qu'il a bien vu les
fails, tout en se trompant sur leur interpretation. Quant
(1) M4mo%re sur lee terrains triasique etjurassique de la province de
Luxembourg , M^ii. de l'Acad. de Broxelles , t. XV.
( m )
au terrain jurassique , la plupart des divisions qu'il y a £ta-
blies ont ete conserv^es par ses successeurs.
Les systemes que Dumont avait reconnus, en 1850, dans
le terrain cr^tac^ de la province de Li^ge, et dans lesquels
il voyait les Equivalents des divers termes de la s^rie an-
glaise, furent maintenus sous des noms nouveaux , sauf
quelques changements de detail, sur la carte manuscrite
de 1849, oil ils formerent quatre des cinq systemes qu'il
Etablissait pour la Belgique, le cinqui^rae Etant forme de
roches propres au Hainaut. Sur la carte imprim^e qui
parutdeux ans plus tard^ il y ajouta le systeme heersien,
placE plusconvenablement, jusque-1^9 a la base du terrain
tertiaire. Malheureusement, les details qu'il publia sur ces
formations, et les renseignements qu'on trouve dans ses
cours, Etaient fort incomplets et manquaient parfois des
developpements n^cessaires sur les preuves qu'il avait r6u-
nies. Nous verrons que les Iravaux plus recents ont fini-
gen^ralement par constater I'exactitude des resultats aux-
quels cet eminent straligraphe est arrivE. Quant au paral-
lEIisme qu'il admellait entre ses subdivisions et celles des
pays voisins, et raeme entre celles des deux massifs du
Limbourg et du Hainaut, il y avait lieu k examen; et de
longues discussions , qui ne sont pas termin^es , ont amen^
de grands changements dans les id^es qui prevalent au-
jourd'hui.
Le terrain tertiaire , qui occupe presque toute la parlie
basse de notre pays, attira I'un des premiers les observa-
tions de Dumont, qui en donna, en 1839 (1), une pre-
miere classification, notablement difiterente de celleque
(1) Rapport sur les travaux de la carte gSologique pendant Vann^e
1839, Boll, de i/Acad. de Bruxelles, t. VI, 2* part, p. 464.
■ ( 469 )
Galeotti avail propos^e peu de temps auparavant. II divi-
sait alors ce terrain en six syst^mes, subdivis^s en assises
caraclerisees par leur composition el leurs fossiies. 11 rap-
portail les trois premiers, designes sous les noms de lan^
denien, de bruxellien el de tongrien, au tertiaire inf^rieur
de la France el de TAngleterre; les deux derniers, savoir
le hesbayen et le campinien, ^taient consid^r^s comme ter-
tiaire sup6rieur; quant au quatri^me, le dies Hen, Duniont
ne le pla^ait qu'avec doule dans le tertiaire superieur, a
cause des incertitudes qui r^gnaient encore k regard des
fossiies qui s'y rencontrent. En 1849, il augmenta le nonl-
bre des divisions en etablissantliuit syst^mes, tout en re-
porlant le hesbayen et le campinien dans le terrain quater-
naire; oti Ton pent s'^tonner qu'ils n'aient pas ^t^ places
tout d'al)ord. Bientdt deux nouvelles divisions porterent k
dix le nombre des syst^mes figures sur la carte imprim^e,
oil ils sont represent^ parquatorzeteinles. Diverses notes
post^rieures sont consacr6es k d^raontrer plusieurs points
importants, notamment la place assignee k Targile de
Boom dans la s6rie,et k etablir le paralielisme de ces Stages
avec ceux qui onl 6t6 reconnus en France et en Angle-
terre (1).
* (I) Note sur la position geologique de Vargile rup4lienne et sur le
synchronisme des formations tertiaires Me la Belgique, de VAngleterre et
du nordde la France; Bull, de l'Acad. rot. de Belg , t. XVIII, 2« part.,
p. 179. — Note sur la decouverle dune couche aquifdre a la station de
Hasselt; ibid., t XVIII, 2* part., p. 579. — Coupe du puits artesien de
Hasselt; ibid., l.XIX, \^ part., p. 29 — Observations sur la constitution
geologique des terrains tertiaires de VAngleterre ^ compares a ceux de la
Belgique; ibid., t. XIX, 2« part., p. 344. — Coupe des terrains tertiaires
de VAngleterre y ibid., I. XIX, 3« pa^l., p. 535,
2"* s6rib, tome XXX. 31
( 470 )
CitODs encore deux notes, Tune (1) relative aux matieres
de filons, pour lesquelles Dumont propose le nom de tor-
rains geyseriens, expression qui a ^t^ aussitdt re^ue dans
fa science; Tautre (2), faisant ressortir la valeur des r^sul-
tats fournis par Tobservation des mouvements lents du sol,
pour ^tablir le synchronisme des subdivisions d*un mdme
terrain dans des contr^es voisines. L'importance de ces
vue$ ^gale leur nouveaute.
La carte g^ologique de la Belgique fut suivie, k de courts
intervalles, de ia carle du sous-sol de notre pays, de la
carte geologique de la Belgique et des provinces voisines,
et enfin de celle de TEurope. La l^gende de ces deux der-
ni^res resume de la fa^on la plus sommaire quelques vues
nouvelles sur la classification des terrains. Ces cartes n'ont
jamais ^l^ d^pass^es-sous le rapport de I'exactitude, j'allais
dire de la minutie des details; et nous sommes loin de par-
tager Tavis de quelques savants, aux yeux desquels les
divisions qu'elles offrent sont trop nombreuses.
II nous reste k mentionner la controverse que Dumont
souleva en 1847 sur la valeur relative de la stratigraphie et
de la pal^ontologie (3). Non content de montrer que Tetnde
(1) Note sur la division des terrains en trots classes daprds leurs modes
de formation^ et sur Vemploi du mot geyserien pour designer la troi-
sieme de ces classes; Boll, de l'Acad. rot. de Belg., t. XIX, 2< parL^p. 18.
(2) Note sur I'emploi des caract^res gSometriques resultant des mou-
vements lents du sol, pour Stahlir le synchronisme des formations giolo-
giques ; ibid., t. XIX , 2« part., p. 514.
(3) Sur la valeur du caractere paleontologique en geologie; ibid., I. XIV,
1" part., p. 292. — De Koniocli, Sur la valeur du caracth'e palt^onto-
logique; ibid , t. XIV, 2« part., p. 62. — Remarques sur lanotice concern
nant la valeur du caractere paleontologique en geologie , lue par M. de
Koninck d la stance pr^cedente; ibid., p. 113. — De Koninck, R^pUque
a M. Dumont; ibid., p. 249. — Note eh reponse a la replique deM.de
Koninck; ibid., p. 382. »
( ^71 )
patiente des caract^res stratigraphiques permettait d'arri-
ver k la solution des problemes g^ognostiques le^ plus
compliqu^s^ il s'efifor^a de prouver que les conclusions
fournies par T^tude des fossiles 6taient n6cessairement
entach6es d'erreur. Je tfai pas Tintention de rentrer dans
la discussion. II faudrait d^abord bien poser la question; et
beaucoup de savants reconnaitront, je crois, que, si elle
est posee dans les termes absolus ou Dumont F^nonce ,
plusieurs de ses arguments sont restes sans r^plique. Tout
au moins adniettra-t-on que le principe fondamental des
applications de la paleontologie ^ la stratigraphie ^tait
sujet k caution. Mais, d'autre part, nombreux sont les cas
ou la stratigraphie est absolument impuissante, tandis que
les donn^es pal^ontologiques ^chappent k de justes cri-
tiques et peuvent d6s lors 6tre employees avec s6curil6.
Si je ne me trompe, la science doit se f^liciter des attaques
que Dumont a dirig^es contre la paleontologie. Les grandes
facilit^s que la connaissance des fossiles fournit aux g^o-
logues, avaient fini par entrainer de forts bons esprits en
dehors des limites du droit chemin, tandis que d'autres,
moins solides, s'^garaient tout k fait. On en venait k faire
de la geologic dans le cabinet, d'aprfes I'examen de quelques
^cbantillons, et k classer les formations comme les tiroirs
d'une collection, sans se demander quelle etait la valeur de
ces syslemes en presence des faits observes sur le terrain.
Dans une telle situation, cette controverse ne.pouvait
qu'amener d*heureux resultats, en obligeant les savants a
scruter de plus pr6s la valeur de leurs m^thodes, et en
les amenant a reconnaitre les precautions a prendre dans
les supplications. Depuis lors, la paleontologie a ^l^ mieux
comprise, et son importance s'est accrue dejour en jour.
A cdte de cet avantage g^n^ral , il est juste de signaler
( 472 )
(le ficheux r^sultats que cette discussion amena dans
notre pays. Au moment oil Dumont la souleva, son col-
logue, M. de Koninck, venait d'ouvrir un cours facultatif
de pal^ontologie, dont le succes — qu'on pouvait esp^rer
des connaissances d'un pal6ontologiste si distingue — eilit
probablement decide Tinscription de cette science au oom-
bre des branches du haul enseignement. Malheureusement,
Fascendant des opinions de Dumont fit deserter le nouveau
cours par les Aleves de T^cole des mines; etcomme il ne se
presente pas, chaque ann^e, des aspirants au doctoral en
sciences, ces lemons facultatives ne tardOrent pas k etre sup-
primdes. Aussi, si cette branche importante ne figure pas
encore dans les programmes de I'enseignement oiBciel, c'est
surtout k Tinfluence de Dumont qu*il faut s'en prendre.
Si la p^riode dont nous nous oecupons est riche des
travaux de Dumont, elle n*a guOre vu paraitre d*aulres
recherches g^ologiques que des ecrits sp^ciaux,dus k nos
ing^nieurs des mines, et relatifs k nos mines de fer et de
houille. Leur nature, aulant que le cadre restreint dans
lequel je dois me renfermer, m'empechent de les analyser
ici. Je citerai notamment la description des gttes de mi-
nerai de fer de la province de Namur par M. Rucloux,
aujourd'hui ingenieur en chef k Li^ge (1), du Hainaut par
M. V. Bouhy (2), et de la Campine par Bidaut (3); les
(i) Notice sur les dSpdtsmiHalli fires de la province de Namur; 1849;
Ann. des travaux publics de Belg., t. VIII, p. 157. — Deuxiime note sur
les d^pdts mHalll feres de la province de Namur; 1851 ; ibid.) t. X, p. 33.
(2) Notice sur le gisement et Vexploitatiqn du mineral de fer dans la
province de Hainaut; 1855^ M^u. de la Soc. des sciences, des arts et
DES LETTRES DU Hainaut, 2« sede, t. iV, p. 203; et Ann. des trav. publ.
DE Belg., t. XIV, p 223.
(3) Etudes des minerais de fer de la Campine; Ann. des trav pcbl.
DE Belg., t V, p 481 , et t. VII, p. 32i.
( 473 )
etudes sur les mines de houille de la Belgique (1), par ce
deroier ingenieur; celles, plus developp^es, qu'il publia
plus tard sur le bassin de Gharleroi.(^), et celles de
M. V. Bouhy sur les houilles du Hainaut (3); un memoire
interessant de notre savant confrere, M. Houzeau, sur les
souleven)ents>qui ont affecte le sol de notre pays (4); les re-
cherches de M. Poncelet, ingenieur des mines, sur les gites
ardoisiers de TArdenne (5); celles de M. Clement, aussi
ingenieur des mines, sur la geologic de cette region (6);
celles de M. N. Dewael sur les environs d'Anvers (7); et,
enfin, cedes par lesquelles M. Alph. Belpaire, ingenieur
des ponts et chauss^es, reprenant un sujet dont Tetude
avait contribue h faire ouvrir a son p^re les portes de
TAcad^mie, a developp^ nos connaissances sur I'instabilite
de nos cdtes (8). Au moment ou Ton se preoccupe des enva-
hissements de la mer et de Tensablemeut de l*Escaut,qu*on
(1) De la houille et de son exploitation en Belgique , spScialement dans
la province de Namur, avec une carte geologique en deux feuilles;
Brux., etabiiss. geograpb., 1837, iD-4^
(2) ttudes minerales. Mines de houille de Varrondissemcnt de Chary
leroi. Brux., 1845, gr. in-i", 6 pi.
(5) De la houille et, en particulier, des diverses especes de houille
explores au Couchant de Mons (Belgique); Mods, 1855, in-S".
(4) Sur la direction et la grandeur des soulevements qui ont affecte le
solde la Belgique; Mem. de l'Agad. roy. de Belg., t. XXIX.
(5) Des gites ardoisiers de VArdenne; Ann. des trav. publ. de Belg.,
I. VII,p. 305;elt. VIU,p. 60.
(6) Description geologique de la partie septentrionale de la province'
de Luxembourg; 1849;-Ann. des trav. pcbl. de Belg., t. VllI, p. 213.
/ (7) Observations sur les formations tertiaires des environs d^Anvers;
Boll, de l'Acad. roy. de Belg.. t. XX, 1'* part., p. 30. *
(8) De la plaine maritime depuis Boulogne jusqu'en Danemark
(2« partie). Anvers, 1855. (La premiere partie est la r^impression du me-
moire couronn^ d'Ant. Belpaire sur ce sujet).
( 474 )
nous permette cle signaler ces sujels aux observateurs con-
venablemeut places pour suivre de pres des phenomenes
g^ologiques si itnportants.
Toulefois, il faut faire ici une exception pour M. d*Oaia-
lius d'Halloy, dont ractivit^ ne s'est jamais ralentie. Outre
diverses notes originates (1) et des rapports aussi ioteres-
sants que nombreux, on lui doit particuli^rement son
Coup d'ceil sur la geologie de la Belgique (2) , dans lequel ii
r^suma, d'une fa^on aussi Elegante que concise, Tetat de nos
connaissances, en 1842, sur la constitution geologique de
notre pays ; puis diverses editions de ses Elements de geo-
logie ^ dont j'ai constat^ plus haut i'beur^use influence. Les
derni^res renferment un chapitre consacre a la geologie
speciale de ia Belgique, reproduction du Coup d'oeilj
soigneusement revue et mise k la bauteur des progres les
plus recents.
Mentionnons encore la Carte miniere de la Belgique'.
Apres avoir cbarge Dumont de dresser la carte geologique
du pays, le gouvernement ne tarda pas a d^creter Texe-
cution d'une carle miniere, qui ressortissait au departe-
ment des travaux publics et qui fut confiee aux ingenieurs
du corps des mines. En 1842, parut la Carte administrative
(1) Particulierement : Notice sur le gisement et Voriginedes depdtsde
minerdis, (Targile, de sable et de phthanite du Condroz ; Boll, de l^Acas.
ROYALE DE Brux., t. VIII, 1" part., p. 3i0. — Note sur les demieres revo-
lutions g^ologiques qui onl agiU le sol de la Belgique; ibid., 2™« part,
p. 237. — Sur I'origine de quelques d^pdts d*argHe et de sable tertiaires
de la Belgique ; ibid., t. IX, l'« part., p. 26. — Note sur le gres de Luxem-
bourg ; ibid., t. XI, 2'*»e part., p. 292. — Note sur les barres diluviennes;
ibid., t. XIII, 1" part., p. 24S. — Sur les revolutions du globe terrestre;
ibid., t. XIV, 2«'« part,, p. 298. — Sur les depdts blocailleux; ibid., I. XV,
1" part., p. 361.
(2) Bruxelles , in-8«>. ,
( ^75 )
et industrielle, comprenant les mines, minieres, carrieres^
usinesy ftCj de la BelgiquCy dressee par les ingenieurs des
mines et publiee sous la direction de I'ingenieur en chef
Cauchy, oeuvre plutot statistique et administrative que
g^ologique. Une carte mini^re proprement dite reslait a
ex^cuter, mais diversps causes retarderent d'ann6e en an-
nee la publication coordonn^e des nombreux documents
recueillis par Tadministralion. Nous verrons tout k Theure
ce qui en advint dans la p^riode suivante.
Une troisi^me p^riode commence a la mort de Dumont.
Brise par le travail, ce maltre Eminent fut ravi^dans toute la
force de Tage, au pays qu'il honorait et k la science qui lui
devait tant, sans avoir pu d^velopper les r^sultats acquis
par ses laborieuses investigations. Apr^s lui , la carriere
est libremeut ouverte k tous, et une jeune g^n^ration, en-
courag^e a y entrer, se signale dans ces luttes fecondes
que FAcad^mie, renouant le fil de ses traditions, provoque
de nouveau sur le terrain geologique. Pour esquisser Thi^-
toire des progres que nous avons vu realiser, je suivrai
encore Tordre des formations; mais j&dois signaler d'abord
des travaux d'un caracl^re plus general.
Je mentionnerai en premier lieu les dernieres Editions
de VAbrege ou Precis de geologic de M. d'Omalius d*Hal-
* loy ; elles renferment, outre le chapitre consacr^ a la geo-
logic de la Belgique, des listes de fossiles de nos divers
etages, communiqu^es par nos meilleurs pal^ontotogistes,
presentant ainsi des garanties particulieres d'exaclitude,
et partout consultees avec int^ret. M. Houzeau nous a
donne, outre une Geographie physique de la Belgique (1),
(1) Essai dune geographie physique de la Belgique, au point de vue
de rhistoire et de la description du globe. Bruxelles, 1854; in-S".
( 476 )
son Histoire du sol de I' Europe (1), livre aussi interessant
qalnstructif , faisant ressortir riiiOueoce de la nature et du
relief du sol sur le caractere des populations et les migra-
tions des peuples. M. Le Hon (2) a defendu avec yn talent
remarquable Fhypolhese d'Adhemar sur Ja p^riodicite des
deluges. M. Mourlon nous a donne une- bonne these Sur
roriginedes volcans et des tremblements de terre (3). Entin,
dans le Prodrome d'une description geologique de la Bel-
gique (4) , je me suis efforc^ de condenser tout ce qu'on
sait sur la g^ologie de notre pays; je dois beaucoup aux
savants confreres qui m*ont fourni des listes de fossilcs, les
plus completes qui aienl encore paru.
Depuis la publication du mempire de Dumont sur le ter-
rain ardenuais, on n*a public que de rares observations
sur cette puissante formation. J*y ai recueilli une fuco'ide,
puis M. C. Malaise, professeur k Tlnstitut agricole de Gem-
bloux et correspondant de TAcad^mie, en a trouv^ une se-
conde espece, ainsi que des traces de trilobites (5). Le
m6me g^ologua, associe k un confrere etranger, M. J. Gos-
selet, aujourd'hui professeur k la faculte des sciences de
Lille et auteur d*importantes decouvertes dans nos ter-
rains primaires (6), a 6tudie le contact de ce terrain avec
(i) Bruxelles, 1857;m-8».
(2) P^iodicitides grands deluges. BruxeUes, 1858; in-8«; M^m. deu
SOCI^T^ DES SCIENCES, DES ARTS CT DES LETTRES DU HaINACT, 2™« Seiie,
t. V. -- Influence des his cosmiques sur la climafoiogie el ia geologie :
complement rectifkatif de Vouvrage inlilule : Periodicity des grands
deluges; Brux.,1858, in-8".
(3) Bruxelles, i867; in-8».
(4) Liege. 1868; in-8*.
^5) Sur des corps organises trouv^s dans le terrain ardennais; 1866;
Bull, de l'Acad. roy. de BELG.,2>°«serie, t. XXI, p. 666.
(6) Mem, sur les terrains primaires de la Belgique , des environs
d'Avesnes et du Boulonnais. Paris, 1860; in-8«.
( 477 )
le rh^nan, et confirm^ d'uDc mani^re incontestable Fexis-
tence de la discordance de stratification signal^e par Du-
mont. Ces observateurs semblent disposes a rapporter le
terrain ardeqnais au silurien, dont je parlerai k Tinstant;
neanmoins.je le considere comme plus ancien. En outre,
ils proposent pour ce terrain une nouvelle classification,
que Ton peut resumeren quelques mots (1). Selon eux, il
n'exisle aucune preuve de superposition entre les diverses
assises que Ton peut y distinguer; Topinion de Dumont
manque done de preuves; de sorte que le plus simple est
de consid^rer les superpositions apparentes comme expri-
mant la realite de$ faits. On est ainsi conduit a admettre
quatre divisions dans la valine de la Meuse, ou Dumont
n'en reconnaissait que deux; viendrait ensuite le systeme
salmien. Toutefois, le systeme de Fumay pourrait etr^
r^quivalent du salmien, au lieu de forjmer la division in-
ferieure. J'ai expose ailleurs (2) les motifs qui me font con* *
server la classification de Dumont.
La partie de Tancien terrain ardoisier qui vient au jour
dans les valines du Brabant ou sur la rive droite de la
Sambre et de la Meuse, avait^t6 rapportee par Dumont
aux deux premiers systemes de son terrain rhenan. A la
suite du memoire de M. Gosselet, qui la rangeait dans le
terrain silurien, d'apres les fossiles qu'il y avait recueillis,
une discussion s'engagea devant I'Academie et fit constater
enfin Texactitude de la decouverte du jeuue g^ologue fran-
^ais (5). Ce resultat est dA sp^cialement aux laborieuses
_^ . _^ /
(1) Sur le terrain silurien de I'Ardenne; 1868; Bulletin de l'Acad,
ROY. DE Belgique, 2«serie, t. XXVI, p. 61.
(-2) Ibid.,%. XXV, p. 413.
(3) Gosselet : Note sur des fossiles siluriens decouverts dnns le massif
rh6nan du Condroz; Boll, de la Soc. geol. de France, 1861 , l. XVIII ,
p. 538. — Malaise ; De Vdge des phyllades fossiliferes de Grand-Manii
(.478 )
recherches de M. Malaise. Sur rinitialive de M. d'Omalius
d'Halloy, I'Acad^mie mil au concours de nouvelles eludes
sur ce terrain, et elle a couronn6, raonee derniere,un
memoire deM. Malaise, ou Tauteur constate que tons le$
fossiles deji connus qu*il y a rencontres, au nombre de
46, appartiennent k la partie moyenne du terrain silurien.
Quant a ia stratigraphie de cette region , les opinions
de Peminent auteur de la carte geologique n'ont subi que
de l^eres modifications.
Le terrain anthraxifi^re a aussi donne lieu a d'iaipor-
tants travaux. Je ne puis que faire allusion i ceux qui out
eu-pour objet T^tude des animaux et des plantes dont il
renferme les debris , et parmi ces travaux je me reproche-
rais de ne pas citer ceux qui ont fait la reputation de notre
savant confrere, M. de Koninck. Reunissant tons les docu-
ments, j'ai pu dresser une liste qui comprend 935 especes
animates pour le calcaire carbonifere seulement. Pour me
borner ^ la geologic, voici les principaux r^sultats qui
demeurent acquis.
Au voisinage de TArdenne, au milieu de schistes gris
pres de Gemhloux; Bull, de l'Acad. royale oe Belg., 1861 , 2»* serie»
I. XIII, p. 168. — G. Dewalque : Rapport sur la note de M. Malaise,
ibid., p. 118. — D'Omalins d^Halloy : Sur une nouvelle Edition de CAbregi
de geologie; Bull, de la Soc. g^oi^ de France, 186!2, t. XIX, p. 9!21.—
Barrande : Existence de la faune seconde silurienne en Belgique ; \UA^
p. 754. — Id. : R^ponse d M.d'Omaiiuis au sujetdes fossiles siluriensde
la Belgique; ibid., p. 924. — Gosselet : Stir les terrains primaires de la
Belgique; Bull, de l'Agad. rotale de Belg., 1862, 2*"< serie, t XV,
p. 171. — G. Dewalque : Note sur les fossiles siluriens de Grand-Manil
pres de Gemhloux; ibid., p. 416, et Boll, de la Soc. gi£ol. de FRAsa,
1863 , t. XX, p. 236. — Malaise : Sur V existence en Belgique de nouveaux
gites a faune silurienne; Bull, de l'Acad. royale de Bblg., 1864,
I. XVIII, p. 321.
( 479 )
caracteris^s par des fossiles speciaux , se moritre une bande
calcaire assez puissaote, qui s'amiocit giadiiellemeot vers
TEsl, et que Duniont avail consider^e comme form^e par
r^tage calcareux de son systeme eif^lien el rallach^e k la
graiide bande du calcaire de Givel. Les Iravaux de divers
geologues y avaienl d^j^ signale des fossiles parliculiers,
el le m^moire de M. Gosselet insisla sur ce poinl. De nou-
velles.recherches onl mis hors de doule I'ind^pendance de
ce calcaire, qui apparlienl a la m^me p^riode que les
schistes qui Tenlourenl, el ne se rallache pas au calcaire
de Givet, comme Dumonl Tavail repr6senl6 sur sa
carle (1). Ce fail imporlanl, donl en doit snrlonl la con-
naissance a la paleonlologie , a ete pleinemenl confirme
sous le rapporl slratigraphique.
Les memes geologues avaienl appele ratlenlion sur un
ensemble de schisles el de calcaires silu^s , dans le bassin
du Condroz , a Tint^rieur de la grande bande du calcaire de
Givel, et donl ils proposaienl de faire un ^lage dislincl,
caracl^ris^ surloul par ses fossiles. C'esl ce que de nou-
velles recherches onl confirme ; el cet 6tage est g^nerale-
menl connu aujourd'hui sous le nom de calcaire et schistes
de Frasne (2). C'esl encore a Talliance si f^conde de la
paleonlologie el de la stratigraphie que nous devons ce
r^sullal.
Nous avons aussi perfectionne nos connaissances sur le
calcaire carbonif^re, elage calcareux du systeme condru-
sien de Dumonl. D^ja M. Gosselet avail montr6 que le cair
(1) G. Dewalque : Notice sur le systeme eifelien dans le bassin du
Condroz; Bull, de l'Acad. rotale de Belg., 1861, 2°** serie» t. XJ,
p. 67.
(2) im.
( 480)
caire de TourDai,a crinoides et k Spirifer mosquensis,
en forme la partie inferieure , et le calcaire de Vise, k gros
producriis, la partie superieure. Dumont I'avail doji de-
roontre en 1830, et il est facile de verifier sur le terrain
Texactitude de ses assertions, malgre les contradicteurs
qu'elles ont rencontres. D^veloppant une subdivision dont
le germe se trou ve dans le m^moire de M. Gosselet, M. E. Du-
pont, aujourd*hui oiembre de TAcad^mie et directeur da
musi^e royal d'histoire naturelle de Bruxelles, distingua
dans cet etage six assises an lieu de trois; puis, pour mieux
appuyer ses vues, il donna une petite carte g^ologique des
environs de Dinant, k lYcbelle de 7^*<x>o, dans laquelle
chaque assise est figur^e. Cest \k cerlainement un travail
fort remarquable, meme pour ceux -qui n'admetlent pas
toutes les idees de Tauteur sur la repartition geographique
de ces diverses subdivisions (1). Nous sommes d^accord
pour reconnailre que les assises V et VI correspondent a
la dolomie et au calcaire k productus de Dumont; mais,
tandis que je considere les assises I i IV comma formto
aux d^pens du calcaire k crinoides de mon savant maitre,
(1 ) E. Dupont : Notice sur les gUes de fossiles du calcaire carbonifere
des bandes de Florennes et de Dinant; 1861 ; Bull, de l^Acad. rotale
DE BELGiQUEf 2« serie, t. XII, p. 293. — Sur le calcaire carbonifere de la
Belgique et du Hainaut frangais; 1863; ibid , I. XV, p. 86. ~ Noliceswr
le marbre noir de Bachant (Hainaut frangais); 1864; ibid., l. XVH,
p. 181. — EssaieTune carte g^ologique des environs de Dinant; 1865;
ibid., t. XX, p. 616; et Bull, oe la Soc. g^ol. de France , 1867, t. XXIV,
p. 669.
Voy. aussi le Compte rendu de la sesiion extraordinaire de la Societe
geologique de France a Liege; Bull, de la Soc. geol. de Fra:ccg, 1863,
t. XX, pp. 850 ik 873. Les reserves que j*ai faites alors, uotammeDt siir les
lacunes, ont ete reproduites dans mon Prodrome ^ et je ies maintieos
encore.
( 481 )
M. E. Dupont pretend que cette derni^re division corres-
pond seulement a soo assise I , et que les assises II k lY
sont restees ioconnues k Dumont. L'ignorance oh cet ha-
bile observateur serait reste k cet egard s'expliquerait,
selon lui, par les lacunes que presenle la s^rie, c'est-i-
dire par Tabsence habituelle de cerlaines assises dans les
regions que Dumont a particulierement expior^es.
Le bassin anlbraxifere de Namur, compris entre les
bandes siluriennes du Condroz et du Brabant, n'a pas ^
donn^ lieu k inoins de discussions que le massif du Con-
droz, auquel se rapportent surtout les observations qui
precedent; mais la connaissance que nous en avons est
moins avancee.
Au nord de ce bassin, la carte g^ologique represente une
bande, interrompue sur de longs espaces, qui appartient
k r^tage quartzo-schisteux du sysleme eifelien; elle est
suivie, vers Tint^rieur du bassin, d'une hande form6e par
r^tage calcareux du m6me systeme; puis viennent une se-
conde bande de T^tage quartzo-scbisteux, une seconde de
r^tage calcareux eifelien, et, enfin, les bandes successives
que Torment normalement les trois Stages du systeme
condrusien. M. d*Omalius d'Halloy, malgre les opinions
contraires qui se sont fait jour, semble persister k consi-
d^rer cette disposition comme exacte; et cette opinion est
ant^rieure chez lui k la publication de la carte g^ologique.
N^anmoins, on admet g^n^ralement aujourd*hui une dis-
position diffi^rente : les deux bandes eifeliennes ne pr6-
senleraient point de retour; mais il existerait 1^ une nou-
velle s^rie, dont les termes, malgre une analogic apparente
avecles precedents, s'en distingueraient netlement, sur-
tout par leurs fossiles, et dont les rapports avec la s^rie
du Condroz restent k determiner. Ici commencent les
( 482 )
obscurit^s. Certaioes opinions ont £te reconnues erronees;
mais on n*est pas encore parvenu k 6tablir d^finilivement
quels sont dans le Condroz les equivalents des assises dont
il Skagit (1).
Les travaux concernant I'^tage houiller ne sont pas aossi
nombreux que Timportance industrielle de cette formation
permetlrait de Tesp^rer. M. Godin a public un Essai de roc-
cordement des couches de houille des environs de Liege (2),
et M. J. Jacques, le r6sultat de ses recherches sur la houille
du m£nie bassin (5). M. R. Malherbe a donne una no-
tice sur les caracteres qui pen vent servir k raccorder ces'
couches (4). Enfin , tout recemment, M. E. de Cuyper a fait
paraltre un travail inl^ressant sur la partie de cette for-
mation qui avoisine Fontaine-I'^vdque (5) et oili Ton vient
de d^couvrir de nouvelles richesses en charbon de terre.
II me resterait k exposer les modifications que les Etudes
pal6ontologiques ont fait introduire dans le mode de grou-
pement des divers Stages du terrain rh^nan et de Tan-
(1) Voy. le memoire d^j^ cite de M. Gosselet, ma Notice sur le systeme
eifdlien dans le bassin de Namur; 1862; Bvll. de l'Acad. rotale de
Belgique , ^* s^rie, t. XIII , p. 146 ; le Compte rendu de la session extra-
ordinaire de la Society geologique de France a L\6ge; Boll, de la ^c.
G^OL. DE France, 1863, t. XX , pp. 832 ^ 845; et moo Prodrome.
(2) Ann.. DES travaux publics de Belgique, I860; t XIX, p. 243.
(3) iltudes sur la houille du bassin de Liege j Revue universelle des
MINES, de la M^TALLURGIE.. , SOUS LA DIRECTION DE M. Ch. DE CcYPER;
Li^ge, 1867, t. XXII, p. 149. (Mem. cour. par rAssociation des ingenieurs
sortis de Tecole de Liege.) *
(4) Des caracteres g6ologiques propres au raccordefnent des couches
de houille; 1867; Ann. des trav. publ. de Belg., t. XXV, p. 191.
(5) De failure generate du terrain houiller dans un bassin interme-
diaire^dit du Centre-Sudfdans le Bainaut; Revue universelle des
MINES, etc Liege, 1870, t. XXVIII, p. 33.
(483 )
tbraxifi^re; mais le cadre dans lequel je dois me resserrer
ne me permet que de mentionner cette consequence im-
portante des travaux que je viens d'indiquer.
Je rappellerai ici que TAcademie, saisissant I'occajsion
d'etre agr^aUe au public savant et aux industriels, qui
appellenl de leurs voeux une description du systeme houil-
ler analogue a celle que Dumont a donnee du terrain ar-
dennais et du rh^nan, a mis cette question au concours en
i861 sur ma proposition /et I'a prorogue pour un terme
de deux ans en 1865. J'ajoute avec regret que cet appel
n'a pas &i& entendu, quoique la bienveillance du gouver-
nement eAt ajout^ une somme de 2,000 francs k celle dont
FAcad^mie pouvait disposer pour le prix.
Pen de temps apr^, Tadministralion des mines donna
one organisation nouvelle au travail relatif k Tex^cution
de la carte minidre dont elle restait charg^e. Un service
^p^cial fut cr^e, sous la direction de M. Ting^nieur prin-
cipal J. Van Scherpenzeel-Thjm, et un credit de 15,000
francs lui fut allou6 annuellement. Gr^ce a ces ressources
et au talent du directeur, I'oeuvre fit des progres; et Ton
remarqua avec int^rSt, k Texposition Internationale de
Paris, il y a trois ans, sept feuilles repr^sentant Failure
des couches de houille entre Li^ge ei Seraing, le proc6d6
ing^nieux destine k la repr^senter, et les nombreuses
coupes verticales k Tappui , recueillies avec un soin scru-
puleux. Depuis lors, cette carte a dd s'^tendre, et Ton
attend avec impatience la publication de la partie qui est
achev^e. II n'entre dans Tesprit de personne qu'elle doive
rester en portefeuille : chacun comprend que, en ajourner
la publication jusqu'i ce qu'elle soit complete et definitive,
ce serai t d^cr^ter qu'elle ne sera jamais mise a la disposi-
tion du public qu'elle int^resse k un si haut degr^.
^
(484)
Les terrains secondaires du Luxembourg n'ont pas
moios occup^ les observateurs ; et je crois pouvoir dire
que les longues discussions auxquelles ils ont donn^ liea
ont amen^ Tun des progr^s les plus importants qu'on
puisse constater dans T^tat de nos connaissances geolo-
giques depuis vingt ans. J'ai donn^ une description som^
maire du terrain triasique (1); et j'aurai prochainement
Toccasion d'exposer quelques modifications k apporter au
classement de ces d^pdts par rapport aux formations con-
lemporaines de Test de la France et du sud de FAIIe-
magne. Quant au terrain jurassique, dont la. constitution
^tait surtout controvers^e, les g^ologues me paraissent
s*accorder aujourd'hui sur la disposition reelle de ses
assises, notamment sur la solution de la question, si vive-
ment debattue depuis cinquante ans, des rapports qui
existent enlre les gr^s dits de Luxembourg et les marnes
k gryphee arqu^e (2). Les gres sont contemporains des
marnes; ces deux roches passent lat^ralement de Funei
Tautre, et dans chacune on pent distinguer di verses zones
que la paleontologie permet de r^uuir k celles de Tautre (5).
(1) Prodrome d'une description g^ologique de la Belgique; Liege,
1868, in-8«;p. 117.
(2) Dans ma Descnption duiias de la province du Luxembourg , Liege,
1857, j*ai donne la lisle des travaux publies sur ce terrain; elle neoom-
prend pas moius de quarante ecrits, donl vingt cinq avaieut paru depuis
1851. Je crois pouvoir y renvoyer, en y ajoutant : Terquem et Pielle:
Le lias inferieur de la Meurthe^ de la Moselle, du grand-duche de
Luxembourg, de la Belgigue^ de la Meuse et des Ardennes; Bcll. de la
Soc. GEOL. DE France, 186^, t. XIX, p. 52:2; d'Omalius d'Halloy : Pr^is
degeologie; Bruxelles, liJcSj et mon Prodrome d'une description g6olo^
gique de la Belgique ; Liege , 1868.
(5) Le sens des denominations qui ont ete employiees a teliemeni varie,
surtout pour celle de gres de Luxembourg, qu'il m^est impossible de resq-
(485 )
II ne reste guere de doute que sur le classement de la limo-
nite oolitbique exploitee dans cette region sous le nom de
mineite. Quoiqu'elle soil rangee par presque tous les g6o-
logues a la partie sup6rieure du lias , je n'ai pas encore
abandonn^ I'opinion qui la considere comme la base du
syst^me bathonieo, autrement dit, de Toolithe inf^rieur.
G'est surtout k la pal^ontologie que nous sommes rede-
\ables de nos prc^r^s dans la connaissance de ce terrain.
Je rappellerai, k ce propo^, que les listes d'animaux fos-
siles trouves dans cette formation de Ja province de Luxem-
bourg, tant par mon excellent confrere et ami, M. Ghapuis,
et moi-mSme, que par des observateurs Strangers, com-
prennent aujourd*hui 236 especes pour le lias inf^rieur
(avec rinfra-lias), 82 pour le lias moyen, 55 pour le lias
sup^rieur et 120 pour P^tage bajocien (y compris la limo-
nite oolitbique de Mont-Saint-Martin). II y a trente ans, on
n'en connaissait presque aucune. Ges nombres permettent
d'appr^cier, non-seulement le,s progres de nos connais-
sances paleontologiques, mais encore le degr^ de certitude
des conclusioos qu'on peut tirer du rapprochement de ces
listes avec celles qui ont ^t6 dress^es dans les pays voisins.
J'arrive au terrain cr^lac^, et je menlionne en premier
lieu une notice d'A. Toilliez, ing^nieur au corps des mines,
k Mons (1) : elle passe en revue toutes les formations ,
mais elle est surtout inl^ressante pour le terrain qui nous
occupe, qui etait si imparfaitement connu, et dans lequel
mer ici , k la fois avec concision et clart^ , cette longue controverse et le r<i-
saltat qui parait deQnitivement acquis. Le lectour desireux de trouver plus
de details ^ ce sujet pourra consulter mon Prodrome et ma Description
du lias,
(1) Notice g^ologique et statistique sur les carri^res du Hainaut;
Moos, 1858; M^h. de la Soc. des sciences , des arts et des lettres du
Hainaut, 2«"« ser., t. V.
2"**^ sfeniE, TOME XXX. 52
^
( 486 )
il mention'ne plusieurs esp^ces de fossiles, d'un gijsement
certain. 11 s'^loigoe de DumoDl en mettant au uoSme niveau
le tourtia hervien (du Hainaut) et le tourtia nervien.
line notice de M. Horion, docteur en sciences naturelles
et en m^decine , a Li^ge , est aussi consacr^e au terrain
cr^tace de noire pays (1). Disciple de Duinont, Tauteur
admet les divisions de son maitre et en donne une des-
cription plus d^taillee que ses devanciers; mais la pal^on-
tologie Tamdne k rectifier certains parallelismes. II fait
connattre quelques nouveaux fossiles de la meulej et
la rapporte au gaull des Anglais; n^anvioins^ entraioe
par Topinion conomune, il r6unil les deux tourtias de
Mons et de Tournai, sur la separation desquels Dumont
avail insist^.
Nous devons encore citer le Guide de M. Ch. Lehardy
de Beaulieu (2); les Coupes geologiques des morls^ter"
rains de MM. Gilles et Harz6, ing^nieurs au corps des
mines, k Mons (3) , qui ont precis6 Tallure des d^pdts dont
nous parlons; les communications de MM. de Binckhorst,
Malaise, Gonthier, etc. (4).
(1) Notice sur le terrain cr^tacS de la Belgique; Bull, de la Soc.
GtioL. DE France , 1859, ^^^ ser., t. XVI , p. 635.
(2) Guide mineralogiqueet paliontologique dans le Hainaut et VEntre-
Sambre-et'Meuse ; Mons, 1861; Mi^m. de la Soc. des scisNCESy des lettres
ET DKS ARTS DU HaJNACT.
(3) Coupes geologiques des morls-terrains recouvrant le cotnble nord
du bassin houiUer du Couchant de Mons. (1 861.)
(4) J. Binckhorst van Binckhorst : iVo/tce giologique sur le terrain cri-
tac^ de Jauche et de Ciply; 1868; M^m. de la Soc. des sciences deLii^ge,
l.Xlll,p.3^7.
C. Malaise: Note sur le terrain cr4tac6 de Lpnz^e; Bull, de l'Acad.
ROY. de Belg., 1864, amo ser, t^XVIII, p. 317.
£. Gontbier : Note sur deux lambeaux de terrain cr^taee dans la pro-
vince de Namur; Bull de l'Agad. rot. de Belg., 1867, S"* ser., I. XXlll,
p. 403.
1
( 487 )
MM. Briart el Cornet nous ont donne la premiere des-
cription de la formation cretacee du Hainaut. Attaches a
de grands charbonnages, ces habiles ingenieurs avaient eu
i s'occuper des morts- terrains qui recouvrent le bassin
houiller de cette province. Un concours ouvert a Mons par
la Soci^te des sciences, des arts et des lettres leS engagea
k entrer dans la lice, et nous leur devons un m^moire qui
figure avec bonneuf dans les recueils d'une societe dont
nous ayons k louer rintelligente initiative (1). Depuis cette
6poque, continuant leurs etudes en commun, ils ont pre-
sent^ a TAcademie diverses notices et les premieres parties
d'un travail plus eiendu (2). Parmi les resultats principaux
qu*on leur doit, je citerai : l"" Tuuite de composition du
systeme aachenien , que des observations plus restreintes
avaient fait subdivisex, et une hypothese ingenieuse, mais
controversee , du mode de formation de ces depdts; 2** la
(1) Cornet el Briarl : Description mineralogique, paleontologique et gdo-
lotjique du terrain crHace de la province de Hainaul; 1866; M^m. de la
SOG. DES SCIENCES, DES ARTS ET DES LETTRES DU HaINAUT , 1867, 5™^ S^He ,
t. 1.
(2) £tude sur le terrain cr^tace du Hainaut. — Premiere parlie : Des-
cription mineralogique et stratigraphique de V4tage infer ieur; 1866;
M^M. GOUR. ET MEM. DES SAVANTS ETRANGERSDE L'AgAD. ROT. DE BeLGIQUE,
1867, t. XXXllJ. A ce travail est joint : Description des v^g^taux fossiles
rencontres par MM. Briart et Cornet dans leurs investigations du ter-
rain crHace du Hainaut, par M, E. Coemans. — Description min&ralo^
gique , geologique et paleontologique de la meule de Bracquegnies ; 1866;
Mem. GOUR. etm^h. des savants Strangers de l^Acad. roy. de Belgique),
1868, t. XXXI v. — Note sur Vexisiencey dans CEntre'Samhre-et-Meusey
d^un d^pdt contemporctin dn systeme du tufeau de Maestricht, et sur I'dge
des autres couches cretacees de cette partie du pays ; Bull, de l*Agad.
ROT. DE Belgique , 1866, a™" serie, t. XXII, p. 5:29. — Notice sur les de-
pdts qui recouvrent le calcaire carbonifere a Soignies; ibid., 1869,
t. XXVIl, p. 11. — Sur la division de la craie blanche du Hainaut en
quatre assises ; 1868. Reserve pour Timpression dans lesM^M. de l'Acad^
BQT. DR Belgique.
( 488 )
(lecouverle, dans la meule, de nombreux fossiles repr^sen-
tanl la faune du green sand de Blackdown, dans le De-
vonshire : la place k assigner k ce dernier d<^pdt n'^tant
pas encore nettement fix^e, MM. Horion et Go$selet(l)
rapportent la meule k T^poque du gaull, tandis que nos
confreres, suivant une opinion plus generalement admise,
la rattacbent au gres vert, qui a suivi imm^diatement le
gault; S** la coniirmation, longtemps cherchi^e en vain, de
la place que Duraont avait assignc^e au tourlia de Tournai
dans la s6rie cr^tac^e de cette region ; 4° la division de la
craie blanche en quatre assises bien distinctes par leurs
fossiles, sinon par leurs caract^res min^ralogiques. D'apr^
les listes de fossiles qu'ils ont dressees, on connait aujour-
d'hui 10 especes aach^niennes, 95 dans la meule, 458 dans
le tourtia de Tournai et de Montignies-sur-Roc, 46 dans
le syst^me nervlen, 34 dans le s^nonien et 155 dans le
maestricfatien de Giply. Les fossiles du syst^me aach^nien
sont des v^g^taux nouveaux pour la science, et nous en
devons la connaissance ^ notre savant confrere, M. E. Coe-
mans, dont le talent nous permet d'esp^rer que nous cod-
naitrons bientdt nos veg^taux fossiles aussi bien que leurs
contemporains du rdgne animal (2). Les especes de la meule
ont &i^ d^crites par MM. Cornet et Briart.'Un grand nom-
bre de celles qu'on cite dans les antres divisions sont dues
(1) Observations au sujet des travaux g^ologiques de MM. Cornel et
Briartsur la meule de Bracquegnies; Boll, de l'Agad. rot. de Belgiqde,
1870, 2«« s^rie, t. XXIX, p 689.
(2) Trois semaines sont ik {^ine ^coulees depuis le jour oh je me faisais
Techo de nos esperances, et notre excellent confrere est couche daos la
tombe, apr^s deux jours de maladie. C'est une perte douloureuse pour la
classe des sciences oil il ne comptait que des amis, une perte irreparable
pour la science k laquelle il avait voue tous les moments qui n'etaient pas
r^clam^s par sa charite.
( 489 )
aux recherches persev^rantes de M. le baron de Ryckholt.
Voyons mainlenant quelques r^sultals acquis k la geo-
logie'du terrain tertiaire. i° MM. Cornet at Briart ont d6-
couvert un nouvel 6tage (1), qui constitue le terme inf6-
rieur de notre s^rie, et qui rappelle singulierement , par
ses caract^res ext^rieurs comme par ses nombreux fos-
siles, le calcaire grossierde Paris, notablenient plus recent.
2"" Le systeme heersien, place par Dumont dans le terrain
tertiaire, puis dans le cr6tac6, avait ^l^ r^int^gre dans le
premier par M. Hebert; de nouvelles recherches ont con-
firn)^ ce r^sultat (2) , et fourni un certain nombire d'ani-
maux et de plantes jusqu'alors inconnus. 3° M. le major
Le Hon a public des materiaux iraporlauts pour la connais-
sance des environs de la capitale (3), notamment sur le^
mouvements des eaux k Tepoque bruxellienne. i"* La partie
infifirieure du systeme laekenien a ete ratlachee au bruxel-
(1 ) Cornet et Briart : Note sur la cU^couverte, dans le Hainautj en des-
sousde sables rapporUs par Dumont au landenien, d'un calcaire gros-
sier avec faune tertiaire; Bull de l^Agad. roy. de Belgique, 1865,
t. XX, p. 757. — G. Dewalque i Rapport sur cette note; ibid., p. 721. -—
D^Omalius d'Halloy : Rapport sur la meme note; ibid., p. 727. — Cornet
et Briart: Note sur r extension du calcaire grossier de Mons dans la val-
ine de la Maine; ibid., 1866, 1. XXII, p. 523. — G. Dewalque : Rapport
sur cette note; ifctd., p. 262; et Prodrome, p. 185. — Cornet el Briart :
Description des fossiles du calcaire grossier de Mons ; premiere partie ;
Gastdropodes ; 1869; Mem. gour. de l'Agad. roy. de Belgique, t. XXXVl.
(2) G. Dewalque : Prodrome ^ p. 187.
(3) Terrains tertiaires de Bruxelles ; leur composition , leur classe-
ment, leur faune et leurflore; Bull, de la SoGr g^ol. de Frange,1862,
2™« serie, t. XIX , p. 804: — Hebert : Observations sur les syslemes
bruxellien et laekenien , faites a C occasion du m^moire de M. Le Hon ;
ibid , p. 832. — LeHon : R^ponseaux observations de M. Hubert; ibid.,
1 863, t. XX , p. 193.— G. Dewalque : Compte rendu de la session extraor-
dinaire de la Soci^i6 geologique de France a LiSge; ibid., p. 761 ; et
Prodrome, p. 203.
C 490 )
lien (1) parsuile de considerations ^galement empruntees
i r^tude des denudations qu*a subies ce d^pdt. 5"" La couche
fossilif^re du Bolderbcrg, par laquelle Dumont terminait
son syst^me bold^rien, a ete reunie an diestien (2), auquel
elle apparlient a tous egards. Enfin, G"", le systeme scaldi-
sien a ^t^ reconnu h Test d'Anvers, dans une partie assez
considerable de la region qui est representee comme dies-
tienne sur la carte geologique (5). En outre, de nombreuses
observations ont ete recueilHes sur les fossiles des divers
etages de ce terrain, specialement par notre savant confrere
M. Nyst, et elles ont vivement edaire les rapports de ces
formations avec les depdts contemporains des pays voisins.
Nos connaissances sur les terrains quaternaires laissaient
beaucoup k desirer lorsque Dumont fut enleve a la science.
Aujourd'hui, nous avons reussi k etablir diverses subdivi-
sions; et si tout n'est pas connu^ tant s'en faut, des pro-
gres ont ete accomplis, surtout dans retude de la vaste
nappe de limon que Dumont designait sous le nom de
systeme hesbayen. On sait aujourd'hui que ce depdt est
forme de deux assises distinctes, Tinferieure, plus jaune,
et la superieure, plus rouge. La premiere devient sableuse
vers le bas et manifestement stratitiee, puis elle se lie a
un depdt caillouteux sur lequel nos connaissances sont
encore incompletes. Forme tantdt de cailloux routes venus
de nos terrains anciens, tantdt de galets de silex cretace;
ailleurs, constitue de silex du m^me dge, plus ou moins
brises, mais non rouies, qui semblent les debris restessur
place k la suite de la disparition d*une puissante assise de
craie, ce depdt parait neanmoins, par la similitude des
(1) G. Dewalque: Prodrome, p. 203.
(2) Nysl, 1861. — G. Dewalque : Prodrome, p. 222.
(5) Nysl , 1858. -- G. Dewalque ; Prodrome, p. 227.
. ( 491 )
conditions de gisement oil onM'observe , n'elre que I'ex-
pression variable d*un m^me ph^nom^ne, un diluvium
caracl^ristique du commencement de nos formations qua*
ternaires. II faul probablement y rattacher les graviers qui
forment la base dcs sables campiniens, dans lesquels je ne
serais pas ^loigne de voir les contemporains des sables limo-
neux stratifii^s que Ton trouve au-dessus des cailloux (I).
Mais d'autres depdts caillouteux sont bien plus impar*
faitement connus. Je signalerai surtout a Tattention des
Observateurs les cailloux roules de quartz blanc qui sont
si communs sur la rive gauche de la Sambre et de la
Meuse, et dont les plus limpides ont ^t^ celebres sous le
nom de diamants de Fleurus; puis les cailloux anguleux
que Ton observe parfois k la base du limon rouge.
Sur I'iniliative de notre savant confrere, M. Van Be-
neden , TAcademie recommanda au gouvernement de nou*
velles recherches dans nos cavernes, et celui-ci, avec une
liberality qui est d*un bon exemple , a bien voulu charger
M. E. Dupont de reprendre I'^tude des d^pdls qu'elles
renferment ; ce jeune g^ologue s'est acquitt^ de celte mis-
sion avec un succes retentissant. II r^sulte de ses labo-
ricuses recherches que ces cavernes contiennent aussi des
depots de deux ^poques : T^tage inf^rieur est form6 de
cailloux roules venus de TArdenne et susceptibles de man-
quer souvent , de sables plus ou moins stratifies et d*un
(1) G. Dewalqae: Prodrome f p. 236 Si 2S0. — Voy. aussi: Delanoue :
De I* existence de deux loess distincts dans le nord de la France; Bull.
DE LA Soc. G^OL. DF FRANCE, 1867, ^n** scric , t. XXIV , p. 160; et E. Du-
pont ; £tude sur le terrain quaternaire des valines de la Meuse et de la
Lesse dans la province de Namur; Bull, db l*Agad. boyale de Belg.,
1866 , 2™« serie, t. XXl, p. 366; el Etudes sur cinq cavernes explorers
dans la vallee de la Lesse et le ravin de Falmignoul pendant I'He de 1866 ;
ibid., t. XXIII,p. 244.
( 492 )
limon jaun^tre; le sup^rieur, de cailioux aDguleux, de
tout volume, venus du voisinage ou meme tombes des pa-
rois, puis d'un limon rougeatre, qui se lie fr^quemment
vers le haut, k une masse secnblable , mais renfermanl des
debris de I'^poque actuelle (1).
On doit k MM. Cornet et Briart la description detaillee
d'une des plus belles coupes des limons et des cailioux (2).
lis y ont aussi reconnu les restes des anciens travaux par
lesquels, longtemps avant la p^riode historique, les habi-
tants de ce pays exploitaient le silex de la craie pour la
confection de ces baches taill6es qu'on trouve si abondam-
ment sur le plateau de Spiennes.
De sop cdt6, M. Van Horen , docteur en sciences natu-
relles k Saint-Trond , a appel^ Tattention sur des particu-
larit^s int^ressantes que Ton observe dans le terrain qua-
ternaire des environs de Tirlemont (3). L'existence de blocs
partiellement lustres et comme strips a donn^ lieu a une
controverse qui pent ^tre consideree comme termin6e,de-
puis la note de M. Moreau sur ce sujet (4).
9
(i) Notice sur les fouilles scientifiques ex4cuUes dansjes cavemes de
Furfoos; Bull, de l' Acad, rot ale de Belg., 1865, t. XX, p 244. — Etude
sur les cavernes des bords de la Lesse et de la Meuse; ibid., p. 824. —
l^tude sur le terrain qualernaire des valines de la Meuse et de la Lesse
dajis la province de Namur ; ibid., t. XXI, p 566. — 6tude sur cinq
cavemes explorees dans la valine de la Lesse et dans le ravin de Fal-
mignoul pendant Nte de 4866 ; il)id., t. XXIII , p. 244.
(2) Sur ddge des silex ouvr^s de Spiennes ; Boll, de l'Agad. rotale
DE Belg , 1868, 2'°« s^rie, t. XXV, p. 126. — Rapport sur les d^couvertes
giologiques et arcMologiques faites a Spiennes , en 4867 , par MM. Briart,
Cornet et Houzeau de Lehaye; Men. de la Sog. des sc., des arts et dbs
LETTRES DU Hainaut ; MoBs , 1868, 3"« serie, t. II, p. 355.
(3) Note sttr quelques points relatifs a la gdologie des environs de Tir-
lemont; Bull, de l'Acad. rotale de Belg., 1868, 2n>e serie, t. XXV, p. 645.
(4) Notes sur le grds landenien; ibid., t! XXIX , p. 490.
( 495 )
EnOn, M. Clement, dans un bon travail sur les mine-
rals de fer de Luxembourg (1), a tr6s-bien decrit les gites
dits d'alluvion de cetle province.
Nos terrains plutoniens n'ont donne lieu k aucune pu-
blication. Un nouveau gisement de diorite a ete decouvert
pres de Stavelot par mon frere, M. Frangois Dewalque,
alors conservateur des collections minerales de I'universite
de Li^ge. J'ai resume dans mon Prodrome ce qu'on salt
sur ces terrains, pen d^velopp^s chez nous, et j'ai expos6,
k cette occasion , quelques vues parliculi6res sur les rap-
ports mutuels des diverses roches qui s'y rencontrent.
Youlant encourager les recherches dans cette voie, TAea-
d^mie, sur ma proposition*, a mis cette question au con-
cours;mais cette ^tude ne pourra ^tre men^e a bonne iin
sans'des analyses multipliees, oper^es sur des echantiltons
recueillis avec discernement. Les observateujrs auront sur-
tout k se mettre en garde contre les alterations que ces
roches subissent facilement, et k rechercher la part k faire
au metamorphisme dans leur production.
Les terrains que Dumont a appeles geys^riens ont une
haute importance par leur valeur industrielle comme gites
de minerals; aussi ont-ils suscit6 quelques travaux relatifs
aux amas de limonite qui sont exploit^s activement sur
nombre de points, et qui forment un des elements princi-
paux de la richesse min^rale de notre pays. Toutefois,
comme ces travaux ont 6t6 entrepris par des ing^nieurs
places k un point de vue particulier, la geologic n'y tient
point la place qu'elle pourrait revendiquer. M. Franquoy,
(1) Apergu de la conslUution gdologique el de la richesse min^raledu
Luxembourg ; 6tenduet nature, composition et usages des gites ferri^
feres de la par tie m^ridionale de cette province; ArloD, 1864, in-S",
7 pi.
n
( 494 )
iogenieur au corps des mines, a Li^ge, a d^crit les gites
de la province de ce nom (1), el les a represenl^s sur une
carte exlraite de celle de Dumont. M. J. Dejaer, ing^nieur
au corps des mines, actuellement k Mons, a fait connaitre
en detail une par tie de ceux de la province de Namur ou
son service I'a fait r^sider longlemps; et, profitant de nom-
breux documents que lui a lib^ralement communiques
M. ring^nieur en chef J. Rucloux, il a joint k son travail
des cartes k grande ^chelle de plusieurs des gites les plus
remarquables (2).
Tout en applaudissant au talent dont out fait preuve
deux de mes anciens Aleves, et en signalant un zele trop
rare pour n'fitre pas encourage, je voudrais qu'il me fut
permis de leur recommander, comme k ceux qui vou-
draient marcher sur leurs traces, un examen plus appro-
fondi des questions g^og^niques que souleve I'^tude de ces
formations, et ia discussion des vues qui ont et^ emises sur
ce sujet par divers savants et que personne n'est mieux
qu'eux en mesure de verifier.
Les mines de manganese, de zinc, de plomb, de pyrite,
n'ont donne lieu, que je sache, a aucune publication.
C'est \k, on doit I'avouer, une lacune f^cheuse pour Fin-
dustrie comme pour la geologic. La manifere d'etre de ces
depdts est sujette k varier consid^rablement suivant les
localites, et la connaissance de ces variations est d*autant
plus importante pour I'industrie que , loin d'etre acciden-
(1) Description des §Ues, caractere minSralogique et teneur des mi-
nerais de fer de la province de Liege; Revue universelle des mines ,
t. XXV et XXVI; 1869.
(2) Notice sur quelques gites de minerai de fer de la province de
Namur; 1870j Ann. des travaux publics de Belgique , t. XXVIII.
( 498 )
telles, elles sont li^es k un ensemble de circonstances dif-
ficiles peut-^tre k appr^cier, mais affectant une certaine
conslance dans tout district minier. Aussi imporle-t*il in
eelui qui entreprend une exploitation rn^tallique d'etre
renseigne sur failure habituelle des gites de la contr^e.
La tradition ne suppl^e qu'imparfaitement aux documents
Merits; et cette tradition, puissante dans certains pays oA
rindustrie est autrement organis^e, ne parvient pas a se
cr^er chez nous. Je, ne sais si la description d^taill^e de
nos mines m^talliques nuirait a des int^rSts respectables,
mais je suis convaincu qu'elle aurait evit^ bien des m6-
comptes. II est k craindre que Tindustrie n'en ^prouve
d'autres a Tavenir, quand on aura perdu le souvenir des
recherches infructueuses qui ont et^ entreprises de nos
jours, ou lorsque nos descendants, reprenanl Texploita^
tion des mines que nous abandonnons, se trouveront en
face de Tinconnu , semblables a nos contemporaius qui s'ef-
forcent de remettre k fruit les mines d^laiss^es par ceux
qu'ils sont reduits k appeler les auciens. El, si je mc per-
mets de parler de la sorte, je suis loin,qu'on le sache, de
vouloir critiquer les ing^nieurs attaches k ces exploita-
tions : je n'ai d'autre d^sir que de les encourager k avoir
assez de foi en eux-memes pour publier une foule de ces
faits qu'ils ont Tbabitude de communiquer lib^ralement
aux savants qui les interrogent.
Messieurs, en terminant cette revue dont les bornes,
forc^mcnt restreintes, m'ontcontraint, bien malgr6 moi, de
passer sous silence des ecrits dignes d'attention, vous me
pardonnerez de vous soumettre une reflexion accompagn^e
d'un voeu.
Vous n'aurez certes pas ete sans reraarquer la part bo-
( 496 )
Dorable que la pal^ontologie peut revendiquer dans les
progres que je viens d'^num^rer. Unie a la stratigraphie,
cette science, nous I'avons vu, nous a aides h faire de
pr^cieuses conqu^tes; il y a plus, d'importantes decou-
vertes, celles du terrain silurien et du calcaire de Mons,
par exemple, lui reviennent exclusivement. Et cependaot,
lacune regrettable bieu que sou vent signal^e, T^lude de la
pal^ontologie ne figure encore, ni au programme 'du doc-
torat en sciences naturelles, ni k celui des ecoles sp6ciaies
du gouvernement. Un fait qui devrait frapper tons les
yeux rend cet oubli encore plus elrange. Si nos ing6-
nieurs peuvent revendiquer tons les memoires relatifs a
nos mines de fer et de houille, les publications qui con-
cernenl nos terrains de sediment — en mettant k part les
travaux de deux ing^nieurs qui ont puis6^ Mons le goAt
de la pal^ontologie — ne sont-elles pas k pen pres exclu-
sivement I'oeuvre de docteurs en sciences qui, gr&ce k leurs
connaissances zoologiques et aux conseils de leurs maitres,
ont pu aborder les trail^s g^n^raux de paleontologie, puis
certains ouvrages speciaux dont Tintelligence les a mis en
possession de ressources nonvelles, aujourd*hui indispen-
sables? Ces faits ont bien leur eloquence. Messieurs, el ils
me font esperer que vous partagerez volontiers le voeu que
j'ose ^metlre dans cette enceinte, de voir bientdt accorder
a une science aussi utile la place qu'elle merite k tant de
titres dans le haut enseignement.
►oca^'
( 4-97 )
OUVRAGES PRfiSENTfiS.
Mathieu {Ad.). — Appel a Ja charite en faveur des victimes
de la guerre, poesie. Bruxelles, i870; in-8°.
Juste (Theodore).. — Napoleon III et la Belgique. Le traite
secret d'apres des documents nouveaux. Bruxelles, i870;
in-8°.
Nypels [J.'S.'G.). — Comraehtaire du code penal beige,
4"* et 3"'' livr. du tome II et i'* livr. du tome IV. Bruxelles,
i870; 3 cah. gr. in-8^
De Koninck (L.-L.) et Dietz (Ed.), — Manuel pratique
d'analyse chimiqae appliqiide a Tindustrie du fer. Lidge-Paris ,
i87i; petit in-8^
Eichhoff. — ; Conference sur Tethnographie el la geographic
historique. Bruxelles, 1870; in-8^
Daniell (W^v-F.). — Notice sur quelques condiments chi-
nois fournis par la famille des Xanthoxylacees, traduite par
M. A. Pr^udhomme de Borre. Gand, i870; in-8**.
Deby (Julien), — Notice sur la chaleur reelle ou effective
consid^ree comme nn mode de la force dans son application li
la th^orie des machines k vapeur. Bruxelles, i870; in-S*".
D'Olreppe de Bouvette [Alb.]. — Essai de tablettes lie-
geoises, 107"*' et iOQ"" livr. Liege, 1870; in-i2.
' Society de Vhistoire de Belgique j a Bruxelles. — Mdmoires
de Martin-Antoine Del Rio sur les troubles des Pays-Bas du-
rant Tadministration de don Juan d'Autriche, i576-i578; texte
latin inedit avec traduction frangaise , etc., par Ad. Delevigne.
Tome II. Bruxelles, i870; in-8°. — Chronique des ^v^nements
les plus remarquablcs arrives a Bruxelles de 1780-1 827, pu-
blide par L. Galesloot. Tome I. Bruxelles, 1870; in-8^
( 498 )
Musee de I'industrie de Belgique, — Bulletin, tome LVIII,
n'*' 4, 5, 6. Bpuxelles, 1870; 5 cah. in-8».
Revue de Belgique, 2"* annee, 10"% 11"% iS"" livr.
Bruxelles, 1870; 3 cah. in-8*.
VAheille, revue pcdagogique publiee par Th. Braun, 16°'
annde, 9% iO""* el ii"' livr. Bruxelles, 1870; 3 cah.in-8^
Willems-Fonds te Gent. — N" 67. Jaarboek van het Wil-
leras-Fonds voor 1871. Gand, 1870; in-8^
Journal des beaux-arts et de la litt^rature , paraissant sous
la direction de M. Ad. Siret; IS""" annee, n*" 20 a 24;. Saiot-
Nicolas, 1870; 5 feuilles in-4».
De Vlaamsche School , 1870. Bladz. 17, 1 8, 1 9 el 20. Anvers ;
4 feuilles in--4^
Bulletin des archives d'AnverSy tome IV, 1" livr. Anvers,
1870;in-8'>.
Sociele royale de botanique de Belgique. — Bulletin , tome
IX, n° 2. Bruxelles, 1870; in-8^
Academic royale de medecine de Belgique. — Menioires
couronnds et autres mdmoires, collection in-8% tome I, 3*°*
fascicule. Bruxelles , 1870;jn-8^ — Bulletin, 3"** s^rie, tome
I V, n« 9. Bruxelles , 1 870 ; in-8«.
Societe des sciences medicales et nat'urelles de Bruxelles,
— Journal de medecine, 28"* annee, octobre a d^cembre.
Bruxelles, 1870; 5 cah. in-8°.
Annates de medecine veterinaire, 19™*' annee, 40"** a 12"*
cahiers. Bruxelles, 1870; 5 cah. in-8".
La charite sur les champs de bataille, O™** annee, n'" II
et 12, dfembrc 1870. Bruxelles; 2feuillcs 10-4°.
Societe de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin , 14"* annee,
n" 10 a 12,oclobre-deccmbre. Bruxelles, 1870; 3 cah. in-8*.
Annales d'oculistique, 33"* ann^e, 3"* el 4"* livr. Bruxelles,
1870; cah. in-8^
La presse medicate 6e/5fe, 22"* annee , n"* 27 k 52. Bruxelles,
1870; 13 feuilles in-4\
( *^ )
Echo medical et pharmaceutique beige, i ^* annde, n"' 7 et 8.
Bruxelles, i870; 2 cah. in-8".
Le Scalpel , ^S"* annee, n" 1 4 k 26. Li%, 1870; 1 3 feuilles
in-4**.
Societe de pharmacie , a Anvers, — Journal, 26""* annee,
juillet a decembre. Anvers, 1870; 3 cah. in-8".
Bulletin d'hygiene, i*"* annee, n" 4:Bruxelles, 1870; feuille
in-8°.
Annales deVelectricite medicate , 11°'*^ annee, 7"* a O"* fas-
cicules. Bruxelles, 1870; 3 cah. in-8°.
Jnstitut grand-ducal de Luxembourg, — Publications de la
seclion historique, annee 1869-1870, III. Luxembourg, 1870;
in-4*'.
De Colnet'd'Huart, — M^rnoire sur la thdorie mathema-
tique de la chaleur et de la lumierc. Luxembourg, 1870; in-8%
Leemctns (C). — Aegyptische monumenten van hct Neder-
landsche Museum van oudheden te Leydcn, 25*" aflevering of
2* aflevering van de Hi* afdeeling. Leyde, s. d.; in-folio.
Bulletin scienlifique , historique et litteraire du departe-
ment du Nord, a Lille. — Deuxieme annde, n° 1 1 , novqrabre
1870. Lille; in-8«.
D'Antas (Miguel). — Les faux don S^bastien; dtude sur
rhistoire de Portugal. Paris , 1 866 ; in-8^
Konigliche Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Ab-
handlungen aus dem Jahre 1869. Berlin 1870; 2 vol. in-4*'. —
Monatsbericht , Juni-August, September und October 1870.
Berlin ; 3 cah. in-8''.
Deutsche chemische Gesellschaft zu Berlin. — Berichte,
IIP*' Jahrg., n" 16, 17, 18, 19. Berlin, 1870; 4 broch. in-8^
Archdologischer Gesellschaft zu Berlin. — Berichte, n® 9,
1869. — Dreissigstes Programm zum Winckelmanns Fest, von
H. Heydemann, 1870. Berlin; 2 cah. in-4°.
Geographischer AnMalt aus Justus Perthes zu Gotha. —
Mittheilungen , 16. Band, 1870, X, XI und XH. Gotha; 3 cah.
in-4*'.
( SOO )
Heidelberger Jahrbucher der Literatur, LXIII"**' Jabrg., 8.
Heft. Heidelberg, 1870; in-8\
Astronomische Gesellschaft zu Leipzig. — Vierteljahrs-
schrift, V. Jahrgang, 4. Heft (October 1870). Leipzig, i870;
in -8".
Zittel {Carl Alfred). — Denkschrift auf Christ. Erich Her-
maon von Meyer. Munich, 1870; in-4''.
Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien, — Sit-
zung der mathem.-naturw. Classe, Jahrg. 1870, n®' 21-27.
Vienne, 1870; 7 feuilles in-8\
K. K. geologische Reichsanstalt zu Wien, — Jahrbuch,
Jahrg. 1870, XX. B^ n° 5. — Verhandiungen , 1870, n" 10-
12. Vienne; 2 cah. gr. in-8".
Von Haidinger [Wilhelm riiter\ — Der 8 November 1845.
Jubel-Erinnerungstage Riicklick auf die Jahre 1845 bis 1870.
Vienne, 1870; in-8«.
Anthropologische Gesellschaft in Wien, — Mittheikmgen,
l.Band,n*> 5. Vienne, 1870, in-8^
Colding {A.), — Extrait d'un mdmoire sur les lois des eou-
rants dans les conduites ordinaires et dans la mer. Copen-
hague, 1870; in-4".
Dorpater Naturforscher-Gesellschaft. — Sitzungsberichte ,
IIP" Band, 1"" Heft, 1869. Dorpat, 1870; in-12. — Archiv
fiir die naturkunde , 1"* serie, VI''" Band, 1 . Liefer. ; — 2*' se-
rie, Vir^Band, 2^' Liefer. Dorpat, 1870; 2 cah. in-8^
Kiirlandische Gesellschaft fiir Literatur und Kunst zu
Mitau, — Sitzungsberichte aus dem Jahrc 186D. Mitau;
in-4°.
Societe imperiale d' agriculture a Moscou, — Journal, tome
V, n" 4. Moscou ; in-8'*. — (lomple rendu de rassemblee gene-
rale du 22 mars 1870 (v. st.). Moscou; in-8*' (en russe).
SociUe imperiale des naturalistes a Moscou. — Bulletin,
annde 1 870 , n° j . Moscou ; in-8".
Kohne {baron B, v.), — Der Tempel des Capitolinisclien
Jupiter (Nach den Miingen) ; in-8''
( SOI )
Kdhne (baron B. v.), — Nekrolog : P.-J. Sabatier. — F.-A.
VossbeVg ; in-8*.
Carrara (Fr.). — Opuscoli di diritto criminale, seconda
edizione, vol. I, II e III. Lucques, i870; 5 vol. in-8''.
Carrara (Frascesco). — Programma del corso diritto crirai*
nale dettato nella R. University di Pisa. Parte speciale, vol. VI.
Lucques, i870; in-8°.
Savi {Paolo) et Fideli {FidHe). — Storio naturale e medica'
delle acque inineralt delF alta val di nievole e specialmente di
quelle R. R. Terme di MontecatiDi. Pise, i£70; in-8^
Bellucci [Giuseppe). — Sull* ozono, note e riflessioni. Prato,
1869;in-i2.
Societd entomologica italiana nel Firenze, — BuUettino,
anno P et anno 11% trimestri i% 2% 3\ Florence, i869-i870;
7 cah. in-8*.
R, Accademia delle scienze dx Torino. — Atti, vol. V, Disp.
i*-7*; appendice al vol IV. — Notizia storica dei lavori fatti
dalle classe di scienzi fisiche e matematiche negli anni i864 e
1863. Turin ; 9 cah. in-8^
Regio observatorio dell' Universitd di Torino. — Bollet-
tino meteorologico ed astronomico, anno IV, 1869. Turin,
1870; feuille in-4<> oblong.
Geological Society of London. — Quarterly journal , vol.
XXVI, part 4. Londfes, 1870; in-8^ — List, november, 1 st.,
1870; in.8«.
Chemical Society of London. — Journal, ser. 2, vol. VIII,
atigust-october 1870. Lbndres, 3 cah. in-8°.
Numismatic Society of London. — The numismatic chro-
nicle, 1870, part III. Londres, in-8^
Institution of civil engineers of London. — The education
and status of civil engineers, in the unitad kingdom and inXo-
reign countries. Londres, 1870; in-8^
Society of antiquaries of London. — Proceedings , second
series, vol. IV, n** 8. Londres, 1870; in-8".
^"^^ S^RIE, TOME XXX. 33
( 802 )
Nature, a weekly illustrated journal of science , vol. HI,
n*' 51 a 60. Londres, i870; 10 cah. in-4\
Royal Dublin Society. — Journal, n*" 59. Dublin, 1870;
in-8\
Owen (/?.). — On Remains of a large extinct Lama (Palau-
chenia magna, Ow.) from quarternary Deposits in the valley
of Mexico. Londres, 1870; in-4^
Asiatic Society of Bengal, at Calcutta, — Journal , part I,
n°2, 1870. Calcutta, I870;in-8«.
Fm DV Tome XXX de la 2'"'' s^rie.
BULLETINS DE l'aCAD^MIE KOTALE DE BELGIQUE.
TABLES ALPH4BfiTIQllES
DU TOME TRENTlfiME DE LA DEUXifiME S^RIE.
1810.
TABLE DES AUTEURS.
A.
R
Altenrath, -^ Communique ses observations sur un bolide observe ^ An-
versle26juilletl870, 83.
Alwn (L.). — Hommage d*ouvrage, 75; reelu membre de la commission
speciale des Gnances de la classe des beaux-arts, pour 1871, 416.
Anonyme. ~ Oemaode de voir reculer le terme fatal du coucours de la
classe des sciences pour 1870, 84.
Arrivabene (U comte), -^ Hommage d'ouvrage, 187.
BcUat {Alph.). — Lecture de son rapport sur le programme de concours
de la Societe des architectes de Lille, 145.
Baschet (jirm.), — Hommage d'ouvrage, 334.
Bellynck (A.). — Hommage d'ouvrage, 3; presentation des observations
botaniques faites k Namur en 1870, 374; notice sur les anomalies chez
rhomme et chez les animaux, 439; elu associe de la classe des sciences,
457.
Bernaerts (G.). — Orages observes a Malines du 1" octobre 1869 au t«'
octobre 1870, 3, 180,297.
504 TABLE DBS AUTEURS.
Bemardin, — D^p6t de ses observations botaniques failes Ik Melle ie 21
octobre 1870, 283.
Bogaers {A.). — Addodco de sa mort, 186.
Branch. — Orages observes ^ Chimay du l*** Janvier au \^ ao&t 1870, 180,
311.
C.
Candize {E.), -^ Commlssaire pour ies notes de M. Plnclter sar Ie stereo-
graphe de poche, A, 283; rapports sur ces notes, 91, 377.
Catalan (E.), — Hommage d'ouvrage, 3; note sur la determination de Taire
de I'ellipsoide , 97 ; commissaire pour la note de M. Folie conceruant ies
thtor^mes de Pascal et de Branchion, 374; commissaire poor Ie me-
moire de M. Saltel intitule : Thdse sur certains systemes de courbes geo-
metriques, 419.
Cavalier (/.). — Envoi du resume de ses observations met^rologiques
faites h Ostende en mai, juin et juillet 1870, 3 ; orages observes ^ Oslende
du 1» Janvier au 1«' novembre 1870, 180, 306.
Chalon (R.). — Dons d^ouvrages, 73, 135.
Coemans {E.). — Nomme chevalier de TOrdre de Leopold, 455.
Conscience {ff.). — Commissaire pour la notice de M. De Potter intitolee:
Hebberecbts-Godshuis, etc., 73; rapport sur ce travail, 191.
Coomans (C). — Orages observes k Arendonck du l"' Janvier an 25 oc-
tobre 1870, 282, 300; orages observes k Anvers du 1» Janvier aa 1«
novembre 1870, 318.
D.
Darwin {Ch,), — £lu associe de la classe des sciences, 456.
De Borchgrave (E.). -r- Marie de Brabant, duchesse de Baviere (1256);
notice (premiere partie) , 397.
De Burbure (Ie chev. L), — Nomm6 chevalier de i'Ordre de Lipoid, 455.
De Decker' {P.), — Ck>mmissaire pour la notice de M. De Potter intitolee :
Hebberechts-Godshois, etc., 73; rapport sur ce travail, 192; r^u mem-
bre de la commission sp^iale des finances de la classe des lettr^ pour
1871,397.
De GerUiche {Ie baron). — R^elu membre de la commission speciale des
finances de la classe des lettres, pour 1871, 597.
4
De Koninck {Laurent). — Ck)mmissaire pour Ie travail de M. MalherbecoD-
cernant la rencontre accidentelle du chlorure ammonique dans Ie bassin
bottiller de Li^ge, 4; rectification k la notice sar un-noaveau genre de
poissons de la craie sup^rieure, 27.
TABLE DBS ADTBUBS. 505
De Koninck {Lucien). — Recherches sur la coostitution de Tacide phlor^-
tiqae et sur Tacide sulfohydrocinnamique, 3 1 i05; rapports de MM. Stas
et Melsens sur ce travail, 85, 86; hommaged'ouvrage, 419.
De 'Man (G). — Rapport sur le memoire de concours intitule : Etude de
rinfluence italienue sur Farchitecture dans les Pays-Bas, 155.
De PoUer (F.y — Hebberecbts-Oodshuis, gewoonlijk Schreiboom ge-
naamd, 73, 237; rapports de MM. Snellaert, Conscience et De Decker
sur ce travail, 187, 191, 192.
De Selys Longchamps {Edm.) — Dep6t de ses observations bolaniques faites
ik Waremme le 21 octobre 1870, 283; commissaire pour le memoire de
M. P.-J. Van Beneden intitule : Une balenoptere capturee dans TEscaut
enl869,t6tVI.
Desrumeaux (/?.)• — Communique ses observations sur Taurore boreale
du 24 septembre 1870, 179.
De Tilly {J.-M.). — Note sur les surfaces kcourbure moyenne constante,
28; rapports de MM. Folic et Liagre surce travail, 15, 23; elu corres-
pondant de la classe des sciences, 457.
Dewalque (G). — Commissaire pour le travail de M. Malherbe concemant
la rencontre accidentelle du chlorure ammonique dans le bassin bouiller
de Liege, 4; rapport sur la notice de M. Van Horen intitulee: Sur
Texistence de puits naturels dans la craie senonienne du Brabant, 6;
orages observes k Liege du 1«' Janvier au l^^novembre 1870, 314; dis-
cours sur la marcbe des sciences min^rales en Belgique, 459, 457;
nomme chevalier de TOrdre de Leopold , 455.
De Witte [le baron /.). — Hommage d'ouvrage, 135.
Dieiz (Ed.). — Hommage d'ouvrage, 419.
Dohm {Ant.). — Communication verbale de M. P.-J. Van Beoeden , sur son
projet relatif k T^tude de la vie des animaux dans les aquariums, 185.
D'Omalius {J.^B.). — Rapport sur la note de M. Van Horen intitulee : Sur
Texislence de puits naturels dans la craie senonienne du Brabant, 4;
supplement k ce rapport, 7; rappolrt sur la note de M. Mourlon intitule :
Esqaisse g^oiogique sur le Marpc, 14; commissaire pour lebuste de
M. de Nieuport , 83, 154 ; note sur les forces vitales, 92.
Du Bus {le vicomte B.). — Commissaire pour le memoire de M. P.-J. Van
Beneden intitule : Une balenoptere captur6e dans TEscaut en 1869, 283;
extraits de son rapport sur ce travail , 375 ; r^eiu membre de la commis-
sion speciale des finances de la classe des sdences^ pour 1871, tdid.
Duprex (F.). ~ Envoie le resume de ses observations met^orologiques
faites k Gand en 1869, 180; commissaire pour la notice de M. Van der
Mensbniggbe intitulee : Sur un principe de statique mol^culaire avanc^
par M. Liidtge, ibid.
^06 TABLE DBS AUTEDRS.
F.
Faider (Ch.). — Reelu membre de la commission speclale des finances de
la classe des lettres, pour 1871, 397.
Fetis (Ed.). — Rapport sur le memoire de concours intitule : £tude de
rinfluence italienne sur Tarchi lecture dans les Pays-Bas, 155; lecture
de la derni^re partie de ses Etudes sur Tart, 269.
FH%6 (F.'J.). — Presentation d'une notice sur Ch. de Beriol, 416; reelu
membre de la commission speciale des finances de la classe des beaux-
arts , pour 1871, ibid.
Flaiidre (S. A. R. le comte de). — Regrets de ne pouvoir assister ^ la
seance publique de la classe des beaux-arts et a la seance publique de
la classe des sciences, 168, 418.
Folie (F.). — Hommage d'ouvrage, 3; rapport sur la note de M. De Tilly
concernant les surfaces k courbure moyenne constante, 15; pr^ntatioo
d*un travail sur Textension des theoremes de Pascal et de Briancbon,
374.
Fraikin (Ch.^A.). — Commissaire pour le buste deM.de Nieuport, 154;
discours pronouce k la seance publique de la classe des beaux-arts, 172;
reelu membre de la commissi<$n speciale des finances de la classe des
beaux-arts, pour 1871, 416.
G.
Gachard (P.), — Communication verbale concernant un Episode ineditde
la revolution de 1830, 73; reelu membre de la commission speciale des
finances de la classe des lettresi, pour 1871, 397.
Galesloot {L). — Annonce qu'il pr^sentera k TAcademie un memoire sur
differentes antiquites des environs de Bruxelles, 396.
Gallait (L). — Nomm^ president de TAcademie pour 1871, 418.
Geefs (G.). — Commissaire pour le buste de M. de Nieuport, 154; r^ela
membre de la commission speciale des finances de la classe des beaux-
arts, pour 1871,416.
Gilbert (Ph.). — Commissaire pour, la note de M. Folie concernant les
tbeor^mes de Pascal et de Brianchon, 374; commissaire pour le me-
moire de M. Saltel intitule : Tb^se sur certains syst^mes de coorbes
geom^triques , 419.
Gloesener (M.). — Commissaire pour le memoire de concours coDcemaDt
les proc^des suivis pour determiner les elements du magnetisme ler-
restre, 84 ; rapport sur ce travail, 421 <
TABLE DES AUTEURS. 507
Gluge (Th.). — Une remarque sur radmission d'une force vitale en phy-
siologie, 25; commissaire pour le m^inoire de M. F. Plateau intitule :
Recherches physico-chimiques sur les articul^s aqualiques, 180; rap-
port sur ce travail , 283 ; bommage d*ouvrage , ibid. ; reelu membre de
la commission speciale des finances de la classe des sciences, pour 1871,
375.
Griff4. — Presentation d'une note sur une melhode propre a determiner
la distance de la terre au soleil , 375.
Guyot (P.). — D^p6t aux archives de sa note sur le dosage des fluorures
solubles , 91 ; presentation d'une notice sur le selenium , 283; dep6t de
ce travail aux archives, 377.
H.
Henry {L). — Hommage d'ouvrage , 178.
Juste (Th). — Lecture d'une notice sur ^d. Ducpetiaux, 73; bommage
d'ouvrage , 396.
K.
Ket'vyn de Lettenhove [le baron). — Dons d'ouvrages, 135, 354; lecture
d'une notice intitulee : Les interpolations des manttscrits de Froissart,
192.
I-
Lacordaire {Th). — Annonce de sa mort, 82.
Lafbret {N.-J.). — Une Tbeodicee au 1V™« siecle: Tite de Boslra; notice,
334.
Leclercq (/).). — Orages observes a Liege du l«'septembre 1869 au 3 sep-
tembre1870, 180,312.
Leclercq (M.^N.-J.). — Reelu membre de la commission speciale des
finances de la classe des letfres, pour 1871 , 397.
Le Roy {A.). ~ Nomme membre de la commission chargee de4a publica-
cation d'une collection des oeuvres des grands 6crivains du pays, 136.
Liagre (7.). — Commissaire pour les notes de M. Plucker sur le stereo-
grapbe depocbe,4) 283; rapports sur ces notes, 88, 377; rapport sur
la notice de M. De Tilly concernant les surfaces k courbure moyenne
constanle, 23; lecture de son rapport sur une notice de M. Perreul
508
TABLE DES AUTEURS.
concernant une nouvelle force motrice, 180; commissaire pour la oole
de M. Griffi6 relative a la delermiDation de la distance de la terre aa
soleil, 375; reelu membre de la commission sp^ciale des finances de la
classe des sciences, pour 1871 , ibid,
M.
Malaise (C.).— Dep6t de ses observations botaniques faites ^ Gembloux le
21 avril et le 21 octobre 1870, 84, 283; orages observe k Gembloux
du I*' Janvier au 1« novembre 1870, 282, 311 .
Maiherbe {it.). — Presentation d'un travail concernant la rencontre acci-
dentelle du chlorure ammonique dans le bassin houiller de Liege , 4.
Mathieu (Ad.), — Dons d*ouvrages, 135, 187, 334.
Mathieu (E.). — Execution de sa cantate intitulee : La derniere nuit de
Faust, 145, 177.
Mellery (X,). — Laureatdu grand concours de peinture de 1870 (1" prix),
154, 177.
Melsens (L.). — Commissaire pour la note de M. Lucien de Koninck con-
cernant les acides phloretique et sulfohydrocinnamique, 3; communi-
cation verbale sur la lev&re de biere et le vaccin, 28; commissaire pour
la note de M. Guyot concernant le selenium , 285.
Ministre de la guerre {M. le). — Envoi d*ouvrage , 2.
Ministre de rinterieur ( M. le ). — Envois d'ouvrages, 72, 82, 134, 144,
178, 186, 396, 415, 419; envoi de dix-sept exemplaires du tome II de la
Correspondance de Marguerite d'Autriche, 72; buste de M. de !..ep-
port, 74, 82; r^sultats du grand concours de peinture de io70, 154;
inlbrme que ie Roi assistera ^ la seance publique du 24 septembre et
que celle-ci aiira lieu au Palais ducal, 168; demande la lisle double
a
des Jurys des concours quinquennaux d*bJstoire et des sciences morales
et politiques, et du jury du concours triennal delitt^rature dramatique
flamande , 333 , 395 ; envoi d'une copie de Tarr^te royal nommant M. Gal-
lait president de TAcademie pour 1871 , 418.
Ministre des Pays-Bas {M. le). — Envoi d*ouvrages, 2.
Montigny {Ch,). — Commissaire pour le memoire de concours concernant
les proc^d^s suivis pour determiner les Elements du magnetisme ter-
restre, 84 ; rapport sur ce travail, 436.
Moreau de Jonnis {A.). — Annonce de sa mort, 2.
Mourlon (Jf.). -- Esquisse g^ologique sur le Maroc, 42; rapports de
MM. d*Omalius et Dewalque sur ce travail , 14, 15.
TABLE PES AUTEURS 509
4
Neve (F.). — Nomine chevalier de TOrdre de Leopold , 455.
Nypels {G,). — Hommage d'ouvrage , 396.
Nyst {H,). — Nomme chevalier de TOrdre de Leopold, 455.
O.
Ooms {€.). — Laureat da grand concours de peinture de 1870 (2«« prix),
154,177.
P.
Pardon (C). — Execution de sa cantate inlitulee : La derniere unit de
Faust, 145, 172.
Partoes {H,). — Reelu membre de la commission sp^ciale des finances de
la classe des beaux-arts ^ pour 1871 , 416.
PSrard (L). — Auteur du memoire de concmirs sur le magnetisme, cou-
ronne par la classe des sciences, 437, 456.
Perreul. — Lecture du rapport de M. Liagre sur sa notice concernant une
nouvelle force motrice, 180.
Plateau (F.). — Presentation d'un memoire intitule : Recherches physico-
chimiques sur les articulesaquatiques, 180; rapports de SIM. Gluge,
Poelman et Schwann sur ce travail, 283, 284.
Plateau (/.). — Copamissaire pour la notice de M. Van der Mensbrugge
intitulee : Sur un principe de statique mol^culaire avance par M. Liidtge,
180 ; rapport sur ce travail , 286.
Plucker (i.-F.). — Presentation d'une note sur le ster^ograpbe de poche >
4 ; rapports de MM. Liagre et Cand^ze sur cette note, 88, 91; presenta-
tion d*une nouvelle note sur le meme sujet, 283; rapports deMM. Liagre
et Gandeze sur ce travail, 377; impression , 388.
Poelman {€.). — Commissaire pour la notice de M. l£d. Van Beueden con-
cernant les M acrostomum , 3; rapport sur ce travail, 86; rapport sur
le memoire de M. Van Bambeke concernant les trous vitellins que
presentent les oeufs fecondes des amphibiens, 9 ; commissaire pour le
memoire de M. F. Plateau intitule : Recherchee physico-chimiques sur
les ar ticules aquatiques , 1 80 .
^10 TABLE DES AUTEURS.
Quetelel (Ad.). — Commissaire pour le buste de M. de ^ieuport, 83,
154; dep6t de ses observations botaoiques faites k Bruxelles le 21 avril
el le 21 oclobre 1870, 285; aurore boreale des24 et 25 octebre 1870,
288; orages observes k Bruxelles du 1«' octobre 1869 au 1«' novem-
bre 1870, 290; loi de periodiche de Tespece humaiue, 358; aurore
boreale du 19 novembre 1870, 378; sur rapparition periodique des
^toiles filantes du mois de novembre -1 870 , 379; presentation d'une
leltre de M. Newton sur le meme sujet, 419.
Quetelel (E). — Commissaire pour le memoire de concours concernant
les procedes suivis pour determiner les elements du magnetisme ter-
reslre, 84; rapport sur ce travail, 431; commissaire pour une notice
de M. Griffe concernant la determination de la distance de la terre aa
soleil^ 375.
R.
Robert'Fleury. — Assiste ik la stance du 3 novembre 1870 de la classe
des beaux-arts, 368.
Robin (Ed). — Envoi de documents manuscrits et imprimes, 2.
Rot des Beiges (5. M. le). — Fait savoir quMl assistera k la seance pubiique
de la classe des beaux -arts, 168; fait exprimer ses regrets de ne pou-
voir assistera la seance pubiique de la classe des sciences, 418.
Roulez (/.). ^— Sur une' inscription latine relative h un attentat contre la
vie de Tempereur Sep lime Severe et de la famille imperiale, 136.
. "S. .
Saltel. — r Presentation d'un memoire intitule : These sur certains sys-
t^mes de courbes g^om^triques , 419.
Scheler (Aug.). — Nomme membre de la commission chargee de la publi-
cation d'une collection des oeuvres des grands ecrivains du pays, 136.
Schenzl (G.). — Annouce quMl est nomme direcleur de rinstitut meieo-
rologique de Bude, 282.
Schnelz (J.-V.). — Anuonce de sa mort, 356.
Schwann (Th.). — Rapport sur la note de M. Van Bambeke concernant
les trous vitellins que presentent les oeufs fecondes des ampliibiens, 13;
commissaire pour le memoire de M. F. Plateau intitule : Rechercbes
TABLE DES AUTEURS.
511
pbysico-chimiques sur les articules aquatiques , 180; rapport sur ce tra-
vail , 284.
Siret (Ad.). — Nomm^ chevalier de TOrdre de Leopold, -455.
SneUaerl [F.-A.). — Commissaire pour la notice de M. De Potter iotitu-
l^e : Hebberechts-Godshuis, etc., 73; rapport sur ce travail, 187.
Society acadSmique d^architecture de Lyon. — Demande TechaDge des
publications, 75.
Soc%it6 des architectes du deparlement du Nord , d Lille. — Rapports de
MM. Balat, de Man et Payeu sur son programme de concours, U5.
SociiU entomologique de Florence. — Demande Techange des publica-
tions , 574.
Stas (J.-S,). — Ck)mmissaire pour la note de M. Lucien de Koninck con-
cernant les acides phloreiique et sulfobydrocinnamique, 3; rapport sur
ce travail, 85.
T.
Terby (F.). — Orages observes k Louvain du 1" octobre 1869 au !«' no-
vembre 1870, 3, .83, 180, 292 ; communique ses observations sur Tau-
rore boreale du 24 septembre 1870, 179.
Thonissen (/.-/.). — Le droit criminel de la Gr^ce l^endaire; notice, 193.
V.
Van Bambeke {€.). — Sur les trous vitellins que presentent les oeufs fe-
condes des ampbibiens, 58 ; rapports de MM Poelman et Schwann sur
ce travail, 9, 13. -
Van Beneden {Ed.). — !^tude zoologique et anatomique du genre Macros-
tomum et description de deux especes nouvelles, 3, 116; rapport de
dM. Poelman et P.-J. Van Beneden sur ce travail , 86 ; 6lu correspon-
dant de la classe des sciences , 457.
Van Beneden (P.-i.). — Commissaire pour la notice de M. Ed. Van Be-
neden concernaut les Macrostomum ^ 3; rapport sur ce travail, 86;
communication verbale sur ses divers travaux concernant les baleines,
95; les Ecbeneis et les Naucrates dans leurs rapports avec les poissons
quMls hantent, 181 ; communication verbale sur un projet de M. Dohrn
concernant Tetude de la vie des animaux dans les aquariums, 185; pre-
sentation d'un memoire intitule : Une balenopl^re capturee dans TEscaut
en 1869, 283; rapports de MM. du Bus et de Selys sur ce travail, 375,
376; notice sur une Balcenoptera musculo capture dans TEscaut,
5i2 TABLE DCS AUTEURS.
320; reela oieoibre de la commission speciale des finances de la classe
des sciences, pour 1 87 1 , 375; observations sur I'ost^ographie des c^taces,
380; communication verbale sur le Prolopterus annectetu de Gamble,
304.
Van der Mensbrugghe {G.). — Sur un principe de statique mol^ulaire
avanc^ par M. Liidtge, 180, 322 ; rapports de MM. J. Plateau et Duprez
sur ce travail, 286, 287.
Van G4el (V.). — Orages observes k Gerpinnes du !«' Janvier au !«' sep*
tembre 1870, 308.
Van Horen (F.). — Sur Texistence de puits naturels dans la craie seno-
nienne du Brabant, 37 ; rapports de MM. d'Omalius et Dewalque sur ce
travail, 4,6,7.
Vet^triest {P.). — Orages observes a Somergem du 1*' Janvier au l^'oclo-
bre 1870, 180, 302 ; dep6t du resume de ses observations meteorolo-
giques faites k Somergem pendant le mois de novembre 1870, 419.
W.
Wesmael (C). — R^lu membre de la commission speciale des finances
de la classe des sciences , pour 1871 , 373 ; promu au grade d'officier de
rOrdrede Leopold, 455.
TABLE DES MATIfeRES.
Anatomie. — Sur les trous vitellins que presenteni les oeufs fecondes des
amphibiens, par M. C. Van Bambeke, 58; rapports de MM. Poelman et
Schwann sur ce travail , 9, 1 3. — Voir Zoologie.
Archeologie. — M. L. Galesloot annonce quMl pr^sentera ik rAcad^mle iin
m^moire surdiff^rentes antiquites des environs de Braxelles, 396.
Architecture. — Lecture des rapports de MM. Balat, de Man et Payen sur
le proj^mme de concours de la Soci^te des architectes de Lille, 145;-
rapports de MM. de Man , Balat et Ed. Fetis sur le memoire de concours
intitule : Etude de Tinfluence ilalienne sur Tarchitecture dans les Pays-
Bas, 155-, 160.
ArrSl4s royaux. — M. Gallait nomm^ president de I'Acadtoie pour 1871,
418; M. Wesmael promu au grade d'officier de I'Ordre de Leopold,
MM. Dewalque, Nyst, Coemans, Neve, de Burbure et Siret nomm^s jche-
valiers , 455.
Astronomic. — Renseignements communiques par M. Terby sur Teclipse
de lune du 12 juillet 1870, ainsi que par M. Alienrath sur un bolide vu
a Anversle 26 du m^me mois, 83; presentation, par M. Griffe, d*une
note sur la determination de la distance de la terre au soleil , 375 ; sur
Tapparition periodique des ^toiles filantes du mois de novembre 1870;
notede M. Ad. Quetelet, 379; presentation , par M. Ad. Quetelet, d*une
lettre de M. Newton sur le meme phenom^ne observe aux ^tats-Unis,
419.
Biographic. — Lecture, par M. Tb. Juste , d'une notice sur Ed. Ducpe-
tiaui, 73; presentation , par M. F.-J. Fetis, d'une notice sur Ch. de Be-
not, 416.
Botanique. — Voir Ph4nom^nei periodiques.
Bustes des academiciens decides. — MM. Ad. Quetelet, d'Omalius, G. Geefs
et Fraikin nommes commissaires pour le buste de M. de Nieuport , 74 ,
82, 154.
5i4 TABLE DES MATI^RES.
c.
Chimie. — Recherehes sur la coiistitulion de Tacide phlorelique et sur
Tacide sulfohydrocinnamique, par M. L.-L. de Kooinck, 3, 105; rap-
ports de MM. Stas et Melseos sur ce travail , 85, 86; d^p6t aux archives
d'ane note de M. Gayot sur le dosage des flaorures solubles, 91 ; presen-
tatioD, par M. Guyot, d*une note concernaot le selenium, 383; dep6t de
cettenote aux archives) 377.
Commission de la Biographie nationals. — Presentation du tome III
(Br^-Gharlemagne) de la Biographie , 334.
Commission pour la publication des csuvres des grands ecrivains du
pays. — Hommage du tome XI des Chroniques de Froissart^ par M. le
baron Kervyn de Lettenhove, 135; MM. Scheler et Le Roy nOmmes
membres de la commission, 136.
Commission royale dhistoire, — Hommage du tome !«' de la Chronique
des dues de Bourgogne, public par M. le baron Kervyn de Lettenhove,
334.
Concoursde la classe desheaux-arts. — Rapports de MM. de Man, Balat
et Ed. Felis sur le memoire en reponse aux 2« et 3« questions du con-
cours de 1870, et intitule: Etude de rinfluenceitalienne sur Tarchitec-
ture dans les Pays-Bas, 155, 160; programme pour 1871,266 ; questions
pour 1872, 417.
Concoun de la classe des sciences. — Mempire regu en reponse k la pre-
miere question du concours de 1870, concernant les procedes suivis
pour la determination des elements du magnetisme terrestre, 84; rap-
ports de MM Gloesener, Ern. Quetelet et Montigny sur ce travail, 421,
431, 436; M. Perard laureat, 437, 456; demande d'un anonyme de voir
reculer le terme fatal du concours de 1870, 84.
Concours de peinture (grand), — MM. Mellery eUOoms laureats du coq-
coursde"l870, 154, 176.
Concours de Stassarl pour une notice sur un Beige cSldbre. — Proroga-
tion du terme fatal de ce concours, 397, 416 , 420.
Concours quinquennal des sciences morales et poliliques. — Formation
de la liste double du jury pour la 4« periode, 333.
Concours quinquennal d'hisloire nalionale. — Formation de la liste
double du jury pour la 5« periode, 333.
Concours triennal de litter ature dramatique flamande. — Formation de
la liste double du jury pour la S" periode, 593.
TABLt: DBS MATl^RES. 515
D.
Discours. — Discours prononce par M. Fraikin a la seance publique de la
classe des beaux-arls, 172; discours sur la marche des sciences mi-
• nerales en Belgique , par M. Dewalque , 439 , 457.
Dons. — Carte topographique, par M. le Ministre de la guerre, 2; cartes
geologiques, par M. le Ministre des Pays-Bas , ibid.; documents impri-
mes et manuscrils, par M. Ed. Robin, ibid. ; ouvrages, par M. Catalan, 5;
par M. Bellynck, ibid.; par M. Folic, t6jd.; par M. le Ministre de Tinte-
rieur, 72, 82, 134, 144, 178, 186, 396, 415, 419; par M. Chalon, 73,
135; par M. Alvin, 75; par M. le baron Kervyn de Letlenhove, 155,
534; par M. J. de Witte, 135; par M. Matbieu, 135, 187, 334; par
M. Henry, 178 ; par M. Arrivabene, 187 ; par M. Gluge , 283 ; par M. Bas-
cbet,' 334; par M . Th. Juste, 596; par M. Nypels, ibid,; par MM. L. de
Koninck et Dietz ,419.
E.
li lections et nominations. — MM. Scheler et Le Roy nommes membres
de la <x>mmission academique cbargee de la publication des oeuvres des
grands ecrivains du pays, 156; MM. Du Bus, Van Beneden, Wesmaef,
Liagre el Gluge re^lus membres de la commission sp^ciale des finances
de la ciasse des sciences, pour 1871, 375; MM. De Decker, de Gerlache,
Faider, Gachard et M.-N.-J. Leclercq reelus membres de la commission
speciale des finances de la classe des letlres, pour 1871 , 397 ; MM. Alvin,
F.-J. Feiis, Fraikin, G. Geefe et Partoes reelus membres de la com-
mission speciale des 'finances de la classe des beaux-arts, pour 1871,
416; M. Gallait nomme president de TAcademie pour 1871, 418;
MM. Darwin et Bellyuck ^lus associes de la classe des sciences, MM. Ed.
Van Beueden et J.-M. De Tilly elus correspondants, 456, 457.
Apigraphie. — Sur une inscription latine relative ik un attentat contre la
vie de Tempereur Septime Severe et de la famille imperiale, par M. Rou-
lez,136. •
EstMtique. — Lecture , par M. l^d. Felis,de la derniere partie de ses
Etudes sur Tart', et impression de ce travail dans le tome XXIl des
Memoires in-8«», 269.
G.
G^ologie et Mineralogie. — Presentation, par M. Malherbe, d*un travail
intitule : Observations sur la rencontre accidentelle du cblorure ammo-
nlqu<' dans le bassin bouiller de Liege, 3j note sur Texistence de puils
546 TABLE DES MATli^RES.
natarels dans la crale s^noDieane du Brabant , par M. Van Horen, 37;
rapports de MM. d*0malius et Dewalque sur cette note, 4, 6, 7; es-
quisse gtologique sur le Maroc, par M. Mourlon, 42; rapports de
MM. d*Omalias et Dewalque sur ce travail ,14,15; discours , par M. De-
walque, sur la marcbe des sciences min^raies en Belgique,459, 457.
H.
ffistoire, — Hebberechls-Godshuis, gewoonlijk Schreiboom genaamd,
par M. F. De Potter, 73, 257; rapports de MM. Suellaert, Conscience
et De Decker sur ce travail, 187, 191 , 192 ; communication verbale de
M. Gacbard sur un Episode de la journee du 25 aoilt 1830 a Bruxelles,
73; le droilcriminel de la Grece legeodaire; notice par M. Thouissen,
193; Marie de Brabant, ducbesse de Bavi^re (1256), notice (l'« partie),
par M. E. de Borchgrave, 397. — Voir tpigraphie.
Hisioire littdraire. — Lecture, par M. le baron Kervyn de Lettenhove,
d'une notice surles interpolations des mauuscrits de Froissart, 192.
Ugislation. — Voir Histoire,
M.
Mathdmatiques pures et appliqu^es. Note sur les surfaces ^ cour-
bure moyenne constante, par M. De Tilly , 28; rapports de MM. Folic
et Liagre sur ce travail, 15, 25; sur la determination de Taire de Tellip-
soide, par M. Catalan, 97; presentation, par M. Folie, d^une note sur
Textensiou des iheor^mes de Pascal et de Briancbou, 374 ; presentation,
par M. Saltel, d'un memoire intitule : Th^se sur certains syst^mes de
courbes g^ometriques, 419.
M^canique. — Rapport verbal de M. Liagre sur une nole de M. Perreul
relative k une nouvelle force motrice, 180.
MSUorologie et Physique du globe. — Communication, par M. Cavalier,
des r^sum^s m^teorologiques de mai,juiuet juillet 1870 pour Ostende,
3, 83 ; presentation d'observations faites sur Taurore bor^ale du 24 sep-
tembre 1870, 179; presentation, par M. Duprez, du resume des ob-
servations meteorologiques faites k Gand en 1869, 180; M. Schenzl
annonce la creation d'un observaloire meteorologique ik Bude-Peslb,
282; aurore boreale des 24 et 25 oclobre 1870, 288; orages observes
TABLE DES MATIERES. 5i7
ea Belgiqae en 1870 : k Bruxelles, par TObservatoire , 290; k Louvain,
par M. Terby , 292 ; k Malines , par M. Bernaerts , 297 ; k Anvers , par
M. Coomans, 300; k Somergem, par M. Vertriest, 302; a Ostende,
par M. Cavalier, 306; k Gerpinnes, par M. Van Geel, 308; k Chimay,
par M. Branch , 311 ; k Gembloux, par M. Malaise, ibid. ; a Li^ge, par
M. D. Leclercq, 312; k Liege, par M. Dewalque, 314; k* Anvers, par
M. Coomans, 318; Taurore boreale da 19 novembre 1870; note de
M. Ad. Qaetelel, 378; dep6t des observations meleorologiques faites a
Somergem, pendant le mois de novembre 1870, par M. Vertriest, 419;
rapports de MM. Gloesener, Ern. Quetelet et Montiguy, sur le m^moire
de concours concernaut les proced^s suivis pour la determination des
elements du magnetisme terrestre, 421 , 431 , 436.
Musique. — Execution des canlates de MM. Matbieu et Pardon ,143,
172, 177.
N.
N^crologie. — Annonce de la morl de M. Moreau de Jonn^s, 2 ; de M. Th.
Lacordaire, 82; de M. Bogaers> 186; de M. Schnetz, 336.
O.
Ouvrages pr^sentes, — 76 , 146, 269 , 368 , 497.
«
P.
Pal^ontologie. — Rectification a la notice sur un nouveau genre de pois-
sons dela craie sup^rieure, par M. L.-G. de Koninck, 27.
Peinture, — Discours de M. Fraikin sur Tecole de Van Eyck et Tecole
de Rubens, 172.
PhSnomenes periodiques. — Depot, par M. Ad. Quetelet, des observa-
tions botaniques faites k Bruxelles en 1870, 84, 283; id. par M. Malaise,
pour Gembloux, 84, 283; id. par M. de Selys Longchamps, pour Wa-
rerame, 283; id. par M. Bernardin, pour Melle, ibid,; id. par M. Bellynck ,
pour Namur, 374.
Phitosophie. — Une Theodicee au IV«si^cle : Tite de Bostra, notice par
M. Laforet , 334.
Photographie. -r- Voir Topographie,
Physiologie. — Une remarque sur Padmission d'une force vitale en phy-
siologie, par M. Gluge, 25; communications verbalesde M. Melsens sur
2"** S^RIE, TOME XXX. 54
518 TABLE DES HATIERES.
la vitalite de la lev&re d^ blere et du virus vaccio, 28{ sur les forces
vitales, par Bf. d'Omalius, 92.
Physique. — Sur un principe de statique moleculaire avance par
M. Liidtge, notice par M. Van der Mensbrugghe, 180, 522; rapports de
MM. Plateau ci Duprez sur ce travail ,286, 287.
Physique sociale, — Loi de p^riodicite de Fespece bumaine, par M. Ad.
Quelelet, 358.
Publications academiques, — Demandes d'ecbaoge, 75,374.
R.
Rapports. — Rapports de MM. d'Omalius.et Dewalque sur la note de
M. Van Uoren concernant les puits naturels de la craie senonienne da
Brabant, 4; de MM. Poelman et Schwann sur la notice de M. Van Bam-
beke concernant les trous vitellins que preseutent les oeufs fecondes
des amphibiens, 9, 15; de MM. d'Omalius et Dewalque sur la note de
M. Mourlon intitulee : Esquisse geologique sur le Maroc, 14, 15; de
MM«^ Folic et Liagre sur la note de M. De Tilly concernant les surfaces a
courbure moyenne constante, 15, 25; de MM. Stas et Melsenssuria
notice de M. L.-L. de Koninck concernant les acides pbloretique et sul-
fohydrocinnamique, 85, 86; de MM. Poelnran et P.-J. Vau Beneden sur
la notice de M. Ed. Van Beneden concernant les Macrostomum, 86;
de MM. Liagre et Gandeze sur la prennidre note concernant le st^reo-
grapbe de poche, presentee par M. Plucker, 88, 91 ; lecture des rapports de
MM. Balat, de Man et Payen sur le programme de concours de la Society
des architectes de Lille, 145; rapports de MM. de Man, Balat et Ed. Fe«
tis sur le memoire de concours intitule : Etude de Tinfluence italieDiie
sur Tarchitecture dans les Pays-Bas, 155, 160; rapport verbal de
M. Liagre sur une note de M. Perreul relative k une nouvelle force mo-
trice, 180; rapports de MM. Snellaert, Conscience et De Decker sur la
notice de M. De Potter intitulee : Hebberecbts-Godshuis,etc., 187, 191,
192; de MM. Gluge, Poelman et Schwann sur le memoire de M. F. Pla-
teau concernant des recherches physico-cbimiques sur les articules
aquatiques, 285, 284; de MM. F. Plateau et Duprez sur la note de
M. Van der Mensbrugghe intitulee : Sur un principe de statique mol^o-
laire avance par M. Liidtge, 286, 287; de MM. Du Bus et de Selys sur le
memoire de M. P.-J. Van Beneden relatif a une balenoptere capturee
dans TEscaut, 575, 576; de MM. Liagre et Candeze sur la seconde note
de M. Plucker concernant le stereographe de poche, 577; de MM. Gloe-
TABLE DES HATIERES. 519
sener , Ern. Quetelet et Montigny sur le memoire de concours concer-
nant les proc^es sutvis pour, determiner Ics elements du magnetisme
terreslre , 421 , 431 , 436. .
S.
Seances pubiiques. — Preparalifs et programme de la seance (>ublique de
la classe des beaux-arts, 154, 167, 169, 171:; lettre du Palais informant
quele Roi assistera k cette seance, 168; preparatifs de la seance pu-
bliqae de la classe des sciences , 394, 437; le Roi et le CoiJ)te de Flan-
dre font exprimer leurs regrets de ne pouvoir assister a cette seance,
418.
T.
Teratologic. — Les anomalies chez Thomme et cbez les animaux, notice
par M. Bellynck, 439.
Topographie. — Presentation d'une note sur le stereograpbe de pocbe,
par M. Plucker, 4; rapports de MM. Liagre et Gandeze sur cette note,
88, 91 ; note sur le stereograpbe de pocbe, par M. Plucker, 283, 388 ;
rapports de MM. Liagre el Gandeze sur cette nouvelle note, 577.
Z.
Zoologie, — Etude zoologique et anatomique du genre Macrostomum et
description de deux esp^ces nouvelles , par M. Ed. Van Beneden, 3, 1 16;
rapport de MM. Poelman el P.-J. Van Beneden sur ce travail, 86; com-
munication verbale de M. P.-J. Van Beneden sur les baleines, 95; presen-
tation de recbercbes pbysico-cbimiques sur les arlicules aquatiques ,
par M. F. Plateau, 180; rapports de MM. Scbwann, Gluge el Poelman
sur ce travail , 283 , 284; les Ecbeneis et les Naucrates dans leurs rap-
ports avec les poissons quMls bantent, par M. P.-J. Van Beneden, 181 ;
communication verbale, par le m^me, sur un projet de M. Dobrn relatif
^r^tudedela vie des animaux dans les aquariums, 185; presentation,
par le m4me, d'un memoire sur une balenoptere capiur^e dans PEscaut
en 1869, 283; rapports de MM. Du Bus et de Selys sur ce travail, 375,
376; une Balcenoplera musculus captur^e dans TEscaut, notice par
M. P.-J. Van Beneden, 320; observations sur Tost^ograpbie des cetaces,
par le m^me, 380; communication verbale, par le meme, sur le Pro-
topterus annecteus de Gambie, 394.
ERRATA.
Page 3, ligne 7, eu remontant, au lieu de : sulfo-hydrocynamique , lisez :
sulfohydrocinnamique.
— 144, — 6, en remontant, au lieu de : intituU, lisez : intituU,
— 145, — 7, au lieu de : le desir de voir accepter, lisez : le disir de lui
voir accepter.
H
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J. .
39015066663000
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